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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES   SÉANCES 
DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


PARIS.    —    lUPBlMblRIB   GAUTHIER- VILLARS    ET   v}',    QDAl    DES    GRANDS-ALGUSTINS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES   SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

EN  DATE  DU  13  JUILLET  1835, 

PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME   CENT-SOIXANTE-DOU/IEME. 

JANVIER  —  JUIN  1921. 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS  et  C'%  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES    COMPTES   RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 
Quai  des  Graads-Augustins,  55. 

1921 


ÉTAT  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

Ail  1='  JANVIER  19-2 1 


SCIEIVCES  MATHEMATIQUES. 


Section  I".    —    Géométrie. 


Messieurs: 


Jordan  (Marie-Ennemond-Camille),  o.  «. 
Appell  (Paul-Émile),  G.  o.  «. 
Painlevé  (Paul),  *. 
HUMBERT  (Marie-Georges),  o.  *. 
Hadamard  (Jacques-Salomon),  *. 
GouRSAT  (Edouard-Jean-Baptiste),  *. 

Section  II.    —  Mécanique. 

BOUSSINESQ  (Joseph-Valenlin),  O.  *. 
Sebert  (Hippolyte),  c.  *. 
Vieille  (Paul-Marie-Eugène),  G.  o.  «. 
Lecornu  (Léon-François-Alfred),  o.  *. 
Kœ'nigs  (Paul-Xavier-Gabriel),  *. 
Mesnager  (Augustin-Cliarles-Marie),  o.  *•. 

Section  III.  —  Astronomie. 

Deslandres  (Henri-Alexandre),  o.  ». 
Bigourdan  (Guillaume),  o.  *. 
Baillaud  (Edouard-Benjamin),  c.  *. 
Hamy  (Maurice-Théodore-Adolphe),  *. 
Puiseux  (Pierre-Henri),  *. 
Andoyer  (Marie-Henri),  *.. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 
Sectiox  IV.   —  Géographie  et  Navigation, 

issieurs  : 

Grandidier  (Alfred;,  o.  «. 

Bertin  (Louis-Emile),  C.  *. 

Lallemand  (Jean-Pierre,  dit  Charles),  O.  *. 

FoURNiER  (  François-Ernesl),  G.  C.  *,  %. 

Bourgeois  (.loseph-Emiie-Uoberl),  <;.  o.  *. 

Favé  (Louis-Eugène-Napoiéon),  C.  *. 

Sectiox  V.  —  Physique  générale. 

LIPPMANN  (Jonas-Ferdinand-Gabriel),  G.  o.  *. 
ViOELE  (Loiiis-Jules-Gahriel),  C.  *. 
BouTY  (Edtnond-Marie-Léopold),  o.  *. 
ViLLARD  (Paul),  O.  *. 
Branly  (Désiré-Eugène-Edouard  ),  o.  *. 
Berthelot  (Paul-Alfred-Daniel). 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Sectiox  VI.  —  Chimie. 

Lemoinë  (Clément-Georges),  o.  «. 

Haller  (Albin),  G.  o.  «. 

F^E  Chatelier  (Henry-Louis),  c.  *. 

Moureu  (Franrois-Cbarlcs-Léon),  c.  *. 

BouRQUELOT  (b]lic-Emile),  ». 

N 

Sectiox  VII.  —  Minéralogie. 

Barrois  fCbark's-Eugène),  O.  *. 
DOUVILLÉ  (Joseph-IIenri-Ferdinand),  O.  «. 
Wallerant  (Frédcric-Félix-Auguste),  ft. 
Termier  (Pierre-Marie),  O.  *. 
Launay  (Louis-Auguslc-Alphonse  DE),  O.  «. 
Ha  UG  (G  us  lave-Emile),  *. 


ÉTAT    DE    l'académie    AU    l'""   JANVIER     iQ'-il. 
Seotiox  VIII.  —   Botanique. 

Messieurs  : 

GuiGNARD  (Jean-Louis- Léon),  c.  *. 

BONNIER  (Gasloa-Etigènc-Mai-ie),  O.  *. 

Mangin  (r.ouis-Alexaiidre),  c.  «;. 

COSTANTIN  (Julien-Noël),  *. 

Lecomte  (Paul-Henri),  ^. 

Dangeard  (Pierre-Augustin-Clément),  *. 

Section  IX.  —  Economie  rurale . 

Roux  (Pierrc-Paul-Euiile),  G.  c.  *. 
SCHLŒSING  (Alphonsc-Tliéopliile),  O.  *.' 
Maquenne  (Léon-Gervais-Marie),  ». 
Leclainche  (Aug'usle-Louis-Emmanuel  ),  C.  *. 
ViALA  (Pierre),  o.  *. 
Ll.NDET  (Gaston-Aimé-Léon),  o.  *. 

Sectio.v  X.  —  Anatomie  el  Zoologie. 

Ranvier  (Louis-Antoine),  o.  *. 
Perrier  (Jean-Oclave-Edmond),  c.  ■». 
Bouvier  (Louis-Eugène),  o-  *. 
Henneguy  (Louis-Félix),  o.  #. 
Marchal  (Paul-Alfred),  *. 
N 

Section  XI. Médecine  el  Chirurgie. 

Arsonval  (Jacques -Arsène  d'),  c.  «. 
Laveran  (Gliarics-Louis-AIplionse),  c.  *. 
RlCHET    Robert-Charles),  c.  *. 
QuÉNU  (lùlouard-André-Victor-Alfred),  c.  *. 
WiD.VL  (  Fernand-Georges-lsidore),  C.  *■. 
N 


ACADEMIE  DES  SCIENCES. 


SECRETAIRES  PERPETUELS. 


Picard  (Charles-Éniile),  c.  «,  pour  les  sciences  malhématlques. 
Lacroix  (François-Anloine-Alfred),o.ft,  pour  les  sciencesphysiques. 

ACADÉMICIENS  LIBRES. 

Freycinet  (Louis-Charles  DE  Saulses  de),  o.  ft. 

Haton  DE  LA  GouPiLLiÈRE  (Julien-Napoléon),  G.  o.  *. 

Bonaparte  (le. prince  Roland). 

Carpentier  (Jules-Adrien-Marie-Louis),  C.  *. 

Tisserand  (Louis-Eugène),  G,  c.  «;. 

Blondel  (André-Eugène),  o.  ft. 

Gramont  (le  c*'  Antoine-Alfred-Arnaud-Xavier-Louis  de),  O.  ft. 

FOCH  (le  maréchal  Ferdinand),  G.  c.  *:,  S. 

Janet  (Paul-André-Marie),  O.  *. 

Brei'ON  (Jules-Louis). 

MEMBRES  NON  RÉSIOVIV  rS. 

Sabatier  (Paul),  o.  *,  à  Toulouse. 
GouY  (Louis-Georges),  ft,à  Lyon. 
DepÉret  (Charles-Jean-Julien),  *,  à  Lyon. 
Flaiiault  (Charles-llenri-Marie),  O.  *,  à  Montpellier. 
KiLiAN  (Charles-Constant-Wilfrid),  *,  à  Grenoble. 
Cosserat  (Eugène-Maurice-Pierre  ),  à  Toulouse. 

APPLICATIONS  DE  L  V  SCIENCE 
A  L'INDLSTUIE. 

Leblanc  (Charles-Léonard-Amiand-Maurice),  *,  à  Paris. 
Bateau  (Camille-Eduiond-Auguste),  *,  à  Paris. 
Charpy  (Augustin-Georges-Alberl),  a,  à  Paris. 
GHARDONNET(lecomteLouis-Marie-HilaireBERMGAUDDE),*,àParis. 
Lumière  (Louis-Jean),  c.  *,  à  Lyon. 
Laubeuf  (Alfred-Maxime),  O.  ft. 


ÉTAT    DE    l'académie    AU    l"'   JANVIER     1921, 

ASSOCIÉS  ÉTRAIVGERS. 


Messieurs  : 


Albert  I'''  (S.  A.  S.),  pi-incc  souverain  de  Monaco,  G.  c.  *. 

Van  der  Waals  (Joannes  Diderik),  à  Amsterdam. 

Lankester  (sirEdwin  Kay),  à  Londres. 

LoRENTZ  (Hendrik  Anloon  ),  à  Haarlem  (Pays-Bas). 

Geikie  (sir  Archibald),  O.  *,  à  Ilaslemere,  Surrey. 

Volterra  (Vito),  c.  *,  à  Rome. 

Hale  (George  Ellery),àMounlWilsonObservatory  (Californie). 

Thomson  (sir  Joseph  John),  à  Caml)ridge  (Angleterre). 

Walcott  (Charles  Doolittle),  à  Washington. 

CiAMlciAN  (Giacomo),  *,  à  Bologne  (Italie). 

MiCHELSON  (Albert  Abraham),  à  Chicago  (Étals-Unis). 

N 


CORRESPONDANTS. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

Section  I".    —   Gcomt'lrie  (10). 

ScHVS'ARZ  (Hermann  Amandus),  à  Griinevvald,  près  de  Berlin. 

INIittag-Leffler  (Magnus  Gnstaf),  c.  ft,  à  Djursholm  (Suède). 

Nœther  (Max),  à  Erlangen. 

GuiCHARD  (Claude),  à  Paris. 

Hilbert  (David),  à  Gôttingen. 

LA  Vallée  Poussin  (Charles-Jean-Gustave-Nicolas  de),  à  Louvain, 

BlANCHi  (Luigi),  à  Pise  (Italie). 

Larmor  (sir  Joseph),  à  Cambridge  (Angleterre). 

Dickson  (Léonard  Eugène),  à  Chicago  (États-Unis). 

RiQUiER  (Charles-Edmond-Alfred),  à  Caen  (Calvados). 


ACADEMIE    DES    SCIEN'CES. 


Section  II.  —  Mécanique  (lo). 
Messieurs  : 

Vallieim  l"réd(''i-ic-M;uio-Eiiimamiel  ),  o.  *,  à  Veisailles. 

WiTZ  (  Maric-Josepli-Aiinc),  à  Lille. 

Levi-Civita  (Tullio  ),  à  Rome. 

ScHWOERER  (Emile),  *,  à  Colmar. 

Sparre  (le  comte  Magnus-Louis-Maric  UE  ),  à  Lyon. 

Parenty  (Henry-I^oiiis-Joseph),  *,  à  Paris. 

AriÈS  (Louis-Marie-Josepli-Kmmanuel),  O.  *,  à  Versailles. 

Waddell  (,]olin  Alcxander  Low),  à  Kansas  City,  Missouri. 

TOHRES  (^>L'EVEl)0  (  Leoiiardo),  à  Madrid. 

N 


Sectiox  111.  —  Astronomie  ( i6). 

Stephan  (^Jean-Marie-Kdouard),  O.  s,  à  Marseille. 

Van'DE  Sande  Bakhuyze.x  (Ileiidrik   Gerardus).  c.  *,  à  Leyde 

(Hollande). 
Christie  (sir  William  Henry  Mahoney),  à  Down  (Angleterre). 
Gaillot  (.lean-Baptisle-Aimable),  o.  *,  à  Chartres  (  lùire-el-Loir). 
TURNiiR  (Herbert  llall;,  à  Oxford. 

Kapteyn  (Jacol)us  Cornélius),  «;,  à  Groningiie  (Hollande). 
Verschaffel  (Aloys),  à  Abbadia  (Basses-Pyrénées). 
Lebeuf  (Auguste-Mctorj,  i^,  à  Besançon. 
Dyson  (sir  Frank  Walson),  à  Greenwich. 
GoMNESSiAT  (François),  *,  à  Alger. 

Campbell  (William  Wallace),  à  Mount  Haniilton  (Californie). 
Fabry  (Louis),  à  Marseille. 
FOWLER  (Alfred  ),  à  Londres. 

N 

N 

N 


Sectiox  IV.  —  Géographie  et  Xavigalion  (lo). 

TeffÉ  (le  baron  de),  à  Petro[)olis  (Brésil). 
Nansen  (Fridtjof  ),  c.  ft,  ii  LysaUer  (Norvège). 


ETAT    DE    l'académie    Al"    l"'   JANVIER    l()'2l. 
Messieurs  : 

Colin  (Edouard-lCIio),  l'i  Tiiiiaiiaiivo. 
IIedin  (Sveii  Andors),  c.  *,  à  SlncUliolin. 
Hn.DEBRAND   HiLDEBRANDSSOX  (  Huyo),  O.  w,  à   Upsal. 

Davis  (William  Morris),  *,  à  Cambridge  (Massacliusells  ). 
Amundsen  (Roald),  g.  o.  «,  à  Ivrisliania. 
TiLHO  (Jean-Augusle-Marie),  o.  #;,  à  Paris. 
Lecointe  (  Cieorges),  c.  *,  à  Uccle  (Belgique). 
Watts  (  sir  Pliilip),  à  Londres. 

Section  V.  —   Physique  générale  (lo). 

Blondlot  (  Prosper-Ilené),  o.  *,  à  \ancy. 
Benoît  (Justin-Miranda-René),  o.  *,  à  Courbçvoie. 
<îuiLLAUME  (Cliarles-Édouard),  O.  *,  à  Sèvres. 
Arrhemus  (Svante  Augusl),  à  Stockholm. 
Mathias  (Emile-Ovide-Joseph),  *,  à  Clermont-Ferrand. 
Dewar  (sir  James),  à  Cambridge  (Angleterre). 
OxNES  (  Hecke  Ivamerlingh),  à  Leiden  (Hollande). 
NN'eiss  (Pierre  )  la;,  à  Strasbourg. 
N 

^ 


SCIEIVCES    PHYSIQUES. 

Sectiox  VI.  —  chimie  (lo). 

P'ORCRAND  DE  CoiSELET  ( Hippolylc-Robert  DE  ),  *,  à  Montpellier 

Guye  (Philippe-Auguste),  *,  à  Genève. 

GuNTZ  (Antoine-Nicolas  ),  *,  à  \ancy. 

Graebe  (Cari),  à  Franctort-sur-le-Main. 

Barbier  (  François-Antoine-Philipiie),  o.  *,  à  Bandol  (\ar). 

Grignard  (  François-Augustc-Victor  ),  ?,-,  à  Lyon. 

Walden  (  l'aul),  à  Riga. 

SOLVAY  (Frnest-Gaston),  c.  #,  à  Bruxelles. 

Paterno  di  sessa  (  le  marquis  Lmanuele),  g.  o.  #,  à  Rome. 

Perkix  (William  Henry),  à  Oxford  (Angleterre). 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Section- VII.    —  Minéralogie  (lo). 

Messieurs  : 

TsCHERMAK  (Gustav),  à  Vienne  (Aulriclie). 

BrÔGGER  (Waldeinar  Christoferj,  c.  ft,  à  Krisliania. 

Heim  (Albert),  à  Zurich. 

Lehmann  (Otto),  à  Karlsruhe. 

Grossouvre  (Marie-Félix-Albert  Durand  de),  o.  *,  à   Bourges. 

Becke  (Friedrich  Johann  Karl),  à  Vienne  (Autriche). 

Friedel  (Georges),  ft,  à  Grafenstaden  (Alsace). 

Bigot  (Alexandre-Pierre-Désiré),  à  Caen  (Calvados). 

Lugeon  (Maurice).  O.  a.  à  Lausanne. 

N 


Sectiox  VIII.  —   Botanique  (lo). 

Pfeffer  (Wilhelm  Friedrich  Philipp),  à  Leipzig. 

Warming  (Johannes  Eugenius  Biilow),  à  Copenhague. 

Fngler  (Heinrich  Guslav  Adolf),  à  Dahlem,  près  de  Berlin. 

De  Vries  (Hugo),  à  Lunteren  (Pays-Bai,). 

VuiLLEMlN  (Jean-Paul),  à  Malzéville  (  Meurlhe-et-Moselle). 

Battandier  (Jules-Aimé),  à  Alger. 

Sauvageau  (Camille-François),  à  Bordeaux. 

Chodat  (Robert-Hippolyle),  *,  Palmella,  Pinchat,  près  de  Genève. 

Leclerc  du  Sari. on  ('Albcrt-Mnlliiou  ),  à  V(''néjnn  (G;ird). 

^ 


Sectiox  IX.  —  Économie  rurale  (lo). 

Gayon  (Léonard-Ulysse),  o.  *,  à  Bordeaux. 

Winogradski  (Serge),  à  Pélrograd. 

Godlewski  (Emil),  à  Cracovie. 

l'ERRONCrro  (Eduardo),  o.  ^,  à  Turin. 

Wagner  (Paul),  à  Darmsladt. 

Imbeaux  (Charles-Edouard-Augustin),  o.  *,  à  Nancy. 

Bauland  (Joseph-Antoinc-Félix),  o.  s,  à  Saint-Julien  f  Ain). 


ÉTAT    DE    L'ACA.DÉMIE    AU    l"'   JANVIER    I()2I. 


i3 


Messieurs  : 

Neumann    (Louis-Georges),  o.   «,   à   Saint-Jean-de-Luz  (Basses- 
Pyrénées). 
Trabut  (Louis),  ft,  à  Alger. 
Effront  (Jean),  à  Bruxelles. 


Section  X.  —  Analomie  et  Zoologie  (lo). 

Simon  (Eugène-Louis),  •»,  à  Paris. 
Lœb  (Jacques),  à  New-York. 
Ramon  Cajal  (Santiago),  c.  *,  à  Madrid. 
BOULENGER  (George-Albert),  à  Londres. 
Bataillon  (Jean-Eugène),  o.  «;,  à  Strasbourg. 
Cuénot   (Lucien-Claude),  à  Nancy, 
Vayssière  (Jean-Baptiste-Marie-Albert),  à  Marseille. 
Brachet  (Albert-Toussaint-Josepli),  *,  à  Bruxelles. 
Lameere     (Auguste-Alfred-Lucien-Gaston),    à     Saint-Gilles-lez- 
Bruxelles  (Belgique). 
ViGUlER  (Antoine-François-Caniille),  à  Alger. 


Section  XI.  —  Médecine  el  Chirurgie  (lo). 

Câlmette  (Léon-Cbarles-Albert),  c.  «,  à  Paris. 

Manson  (sir  Patrick),  à  Clonbur  (Angleterre). 

Pavlov  (Jean  Petrovitch),  à  Pètrograd. 

Yersin  (Alexandre-John-Émile),  c.  *,  à  Nha-Trang  (Annam) 

Bergonié  (Jean-Alban),  o.  *,  à  Bordeaux. 

Depage  (Antoine),  à  Bruxelles. 

Bruce  (sir  David),  à  Londres. 

Wright  (sir  Almrolh  Edward),  à  Londres. 

NiCOLLE  (Charles-Jules-Henri),  «;,  à  Tunis. 

N 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE    DU    LUNDI  5,JA>JVIER    1921. 

l'Uf':SIDEN(;E  DE  M.  Hi;nhi  DKSLANDIiKS.  PUIS  DE  M.  J.EMOINE. 


M.  IIevki  Dcsi.andres,  Président  sortant,  fait  connaître  à  rAcadémic 
l'état  où  se  trouve  l'impression  des  recueils  qu'elle  publie  et  les  change- 
ments survenus  parmi  les  Membres  et  les  Correspondants  pendant  le  cours 
de  l'année  1920. 

Étal  de  rimpression  des  recueils  de  l'académie  au  \"  janvier  J  92  i . 

Comptes  rendus  des  séances  de  r Académie.  —  Le  tome  166  (  i"'  semestre  de 
Tannée  1918)  est  paru  avec  ses  tables  et  a  été  mis  en  distribution. 

Les  numéros  des  2'  semestre  de  l'année  1918,  i"'  et  2"  semestres  de 
l'année  1919,  i*''  et  2""  semestres  de  l'année  1920  ont  été  mis  en  distribu- 
tion, chaque  semaine,  avec  la  régularité  habituelle. 

Mémoires  de  r  Académie.  —  Le  tome  LVH,  2*^  série,  est  sous  presse. 

Procés-rerhaux  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences,  tenues  depuis  la 
fondation  de  l'Institut  jusqu  au  mois  d'août  i835.  —  Le  tome  IX,  années 
i828-i8'3i ,  et  le  tome  X,  années  i832-i835,  sont  sous  presse. 

Annuaire  de  l'Académie.  —  L'Annuaire  pour  192 1  est  paru  et  est  mis 
ea  distribution  au  cours  de  cette  séance. 


l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Membres  décédés  depuis   le  i''    janvier  1920. 

Section  de  Cliimic.  —  M.  Armand  GAUiiEn,  le  27  juillet. 

Section  d\Anatornic  et  Zoologie.  —  \l.  Yves  Dei.age,  le  7  octobre. 

Section  de  Médecine  et  C/iiruri^ie.  —  M.  Félix  <îlyo.\,  le  21  juillet. 

Académiciens  lihres.  — -  \l.  Adolphe  Cakvot,  le  21  juin. 

Associés  étrangers.  —  M.  Slmox  Scii\vexde\er,  à  Berlin,  le  27  mai. 

Membres   élus  depuis   le    1"  Ja/n'/er    ](j'20. 

Section  de  Mécanique.  —  M.  Augisti.v  Mesxager,  le  i""'  mars,  en  rempla- 
cement de  M.  Marcel  Deprez,  décédé. 

Section  d^Économie  rurale.  —  M.  Léon  Li.\det,  le  i5  mars,  en  rempla- 
cement de  M.  SciiLœsiNG  père,  décédé. 

Division  des  applications  de  la  science  à  rindiistrie.  —  M.  3Ia\i>ie  Laibeif, 
le  22  mars. 

Associés  étrangers.  —  M.  Giacomo  Cia.mkiax,  à  Bologoe  (Italie),  le 
iG  février,  en  remplacement  de  Sir  Wu.liam  Ra.msav,  décédé;  M.  Albert- 
AitRAHAM  MicHELsoN,  à  Cliicago  ( Etats-Unis ) ,  le  2>  février,  en  rempla- 
cement de  lord  Rayi.i.I('.ii,  décédé. 

Membres  à   remplacer. 

Section  de  Chimie.  —  M.  Ar>iaxd  Gautier,  mort  le  :>.- juillet  1920. 
Section  d' AruUomie et  Zoologie.  —  M.  Yves  Delagi:,  mort  le  ~  octobre  1920. 
Section  de  Médecine  et  Chirurgie.  —  M.  Félix  Guvox,  mort  le  'i  juillet  1920. 
Académiciens  libres.  —  M.  Adolphe  C.uixor,  mort  le  '.i  juin  1920. 
Associés  étrangers.   ■-  M.  Suiox  S«;iiwEXDE>En,  mort  le  27  mai  i()20. 

Correspondants   décèdes   depuis   le   {"janvier  ig*.iO. 

l'our  la  Section  de  Géométrie .  —  M.  Zeutiiex,  à  (lopenliasjue,  le  G  janvier. 

Pour  la  Section  de  Mécanif/ue.  —  M.  Voicr,  à  (loltingen,  le  i''>  décem- 
bre 1919;  M.  lîin'Lvix,  à  Gand,  le  21  janvier  1920. 


SKA.NCi:    Dr    ')    J.VNVIF.R    I921.  I7 

Pour  la  Section  (P Astronomie.  —  Sir  Joseph  Lockyer,  à  Devon  (Angle- 
terre), le  17  septembre  19-20. 

l'oiir  la  Section  de  Minéralogie.  —  M.  Damel-Paulixk  (M'^iir.EitT,  à  Laval, 
le  17  septembre  1920. 

Pour  la  Section  de  Botanique .  —  M.  Jeax-Louis-EmiM':  liocoiMt,  à  Blois, 
le  4  février  i9'.io. 

Pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.  —  M.  .lEAX-PiEimE  Morit, 
à  Lyon,  le  2.")  juillet  1920. 

Correspondants  élus  depuis  le  \"  janvier  \\y-^.o. 

Pour  la  Section  de  Géométrie.  —  M.  Luigi  Biaxciii,  à  Pise,  le  16  février, 
en  remplacement  de  M.  \  no  VoLiERnA,  décédé;  Sir  Joseph  Larmor,  à 
Cambridge  (Angleterre),  le  i5  mars,  en  remplacement  de  M.  Liapolnoff, 
décédé;  M.  L.-E.  Dicksox,  à  Chicago,  le  17  mai,  en  remplacement  de 
M.  Eugène  Cosserat,  élu  membre  non  résidant;  M.  Charies  Kiquier, 
à  Caen,  le  i4  juin,  en'remplacement  de  M.  H.  ZErTHEX,  décédé. 

Pour  la  Section  de  Mécanique.  —   M.  L.  Tonni<;s  Quevedo,  à   Madrid, 

le  21  juin,  en  remplacement  de  M.  Boilvin,  décédé. 

Pour  la  Section  d'Astronomie.  —  M.  Alfueu  Fowf.eh,  à  Londres,  le 
i""  mars,  en  remplacement  de  M.  Eomund  ^^  eiss,  décédé. 

Pour  la  Section  de  Physique  générale.  —  Sir  James  Dewak,  à  Cambridge, 
(Angleterre),  le  8  mars,  en  remplacement  de  M.  Blasehna,  décédé; 
M.  K\.MERLixoii  O.xnes,  à  Lcydc,  le  7  juin,  en  remplacement  de  Sir 
^YILLIAM  CuooKES,  décédé;  M.  Pierre  W'uss,  à  Strasbourg,  le  i4  juin,  en 
remplacement  de  Sir  J.-J.  Thomson,  élu  associé  étranger. 

Pour  la  Section  de  Chimie.  —  M.  W.-H.  Perkiv,  à  Oxford,  le  10  mai, 
en  remplacement  de  M.  (jiacomo  Ciamician,  élu  associé  étranger. 

Pour  la  Section  de  Minéralogie.  —  M.  Maurice  Luueox,  à  Lausanne, 
le  9  février,  en  remplacement  de  M.  Cn.  D.  Walcott,  élu  associé  étranger. 

Pour  la  Section  de  Botanique.  —  M.  Rorert  CiionAi-,  à  Genève,  le 
2  février,  en  remplacement  de  M.  Charles  Flaiiault,  élu  membre  non 
résidant;  M.  Mathieu  Leclerc  du  Sarlox,  à  Toulouse,  le  9  février,  en 
remplacement  de  M.  W.-G.  Faui.ow,  décédé. 

C.  R.,  1931,  I"  Semestre.  (T.  17,',  N»  1.)  2 


l8  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

Pour  In  Si'ct/on  iF Andluniie  cl  Zoolo^if.  —  M.  Camillk  Vigvier,  à  Alger, 
le  23  février,  en  remplacement  de  M.  Grsr,\r  Iîktzius,  décédé. 

Pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.  —  M.  Charles  Xicoi.le.  à  Tunis, 
le  2  février,  en  remplacement  de  M.  Rai'11ai;i,  Lkpim:,  décédé. 

Correspondants-   à   remplacer. 

Pour  la  Section  de  Mécanique.  —  M.  AV.  Voi<;t,  mort  à  (jôttingen,  le 
i3  décembre  19 19. 

Pour  la  Section  dWstronomie.  —  M.  Pickeri.ng,  mort  à  1  Observatoire 
du  Harvard  Collège,  à  Cambridge  (Massachusetts),  le  3  février  1919; 
M.  George:  Ellerv  Hai.e,  au  Mount  Wilson  (3bservatory  (Californie),  élu 
associé  étranger,  le  10  mars  1919;  Sir  Normax  Lockyer,  mort  à  Salcombe 
llegis,  Sidmouth  (Angleterre),  le  16  août  1920. 

Pour  la  Section  de  Physique  générale.  —  M.  Albert  Miciielsov,  à  Chicago, 
élu  associé  étranger,  le  2j  février  1920;  M.  Auguste  Kigiii,  mort  à  Bologne, 
le  8  juin  1920. 

Pour  la  Section  de  Minéralogie.  —  M.  OEuleut,  mort  à  Laval,  le  17  sep- 
tembre 1920. 

Pour  la  Section  de  Botanique.  —  M.  FiouoiEit,  mort  à  Blois,  le  .'i  février  1920. 

Pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.  —  M.  Pierre  Morat,  mort  à 
La  Roche  Vineuse  (Saône-et-Loire),  le  2:")  juillet  1920. 


En  prenant  possession  du  fauteuil  de  la  présidence,  M.  (».  Lemolxe 
s'exprime  en  ces  termes  : 

Mes  chcrj  Confrères, 

Je  liens  tout  d'abord  à  vous  expiimer  ma  vive  reconnaissance  pour  le 
grand  honneur  que  vous  m'avez  fait  en  me  coniianl  la  présidence  de  nos 
séances  pour  l'année  r()2i. 

Si  celle  royauté  éphémère,  motivée  par  mes  vingt  années  d'académicien, 
m  exposait  à  des  tentations  d'orgueil,  j'en  serais  piéservé  par  le  souvenir 
écrasant  des  savants  illustres  qui  nous  ont  précédés  ici,  ces  hommes  que  les 
jeunes  générations  ne  connaissent  que  par  leurs  œuvres,   mais   que  j'ai 


SÉAXCE    DU    3    lA.NVIER    1921.  19 

connus  personnellement.  Pour  la  (Chimie,  en  pailiculier,  Dumas,  dont  la 
figure  grandit  poui'  moi  à  mesure  qu'elle  s'éloigne  dans  le  passé:  \N  urtz, 
Fremy,  Devillc  et  ses  collaborateurs,  Berliielot,  Scldu'sing. 

Je  n'oublie  pas  la  bienveillance  de  ces  grands  savants.  Celte  bienveillance, 
nous  tenons,  à  notre  tour,  à  l'assurer  à  la  généi'ation  qui  nous  suit.  Les 
jeunes  gens  d'élite  ne  se  rendent  pas  asse.-:  compte  de  la  vive  sympathie 
qu'ils  inspirent  aux  hommes  de  science  qui  sont  leurs  aînés  dans  la  carrière.  * 

Ces  encouragements  pour  les  chercheurs  sont  l'une  des  fonctions  de 
l'Académie  des  Sciences.  Par  les  prix,  par  les  fondations  dont  elle  dispose, 
elle  veut  leur  venir  en  aide  de  toutes  manières  pour  leuis  travaux.  >{ous  y 
tenons  d'autant  plus  qu'aujourd'hui  un  grand  danger  menace  la  Science 
française  :  on  l'a  déjà  signalé  et  l'on  ne  peut  trop  y  insister.  Le  nombre  des 
jeunes  gens  se  dévouant  aux  recherches  de  science  pure,  dans  toutes  les 
branches  de  l'activité  intellectuelle,  tend  à  devenir  de  plus  en  plus  restreint. 
.Je  n'ignore  pas  l'importance  des  recherches  de  science  appliquée.  Mais  la 
science  pure  reste  la  base  de  tous  les  progrès  matériels  :  c'est  la  «  poule  aux 
œufs  d'or  »  qu'un  grand  pays  doit  avant  tout  favoriser.  Honneur  aux  jeunes 
savants  qui,  sans  trop  regarder  au?^  difficultés  de  la  vie,  ont  le  courage  de 
se  dévouer  aux  recherches  originales  sans  envisager  un  profit  immédiat  et 
se  laissent  aller  au  charme  de  la  poursuite  de  la  vérité  inconnue. 

Il  me  semble  également  utile  d'appeler  votre  attention  sur  le  développe- 
ment de  l'action  extérieui'e  de  l'Académie,  l'.lle  doit  être  moins  qu'autrefois 
une  société  fermée.  Il  est  désirable  qu'elle  se  relie  aux  autres  groupements 
scientifiques  en  leur  offrant  un  point  d'appui.  Déjà  nous  nous  sommes 
engagés  dans  cette  voie  :  c'est  dans  cette  même  salle,  par  exemple,  qu'ont 
eu  lieu  les  premières  réunions  du  Comité  national  de  Géodésie  et  de  Géo- 
physique. Il  serait  important  de  développer,  sous  une  forme  ou  sous  une 
autre,  ces  relations  de  confraternité  avec  les  savants  qui  ne  siègent  pas 
encore  au  milieu  de  nous. 

Votre  élu  manquerait  aux  devoirs  de  sa  charge  si,  à  l'exemple  de  ses  pré- 
décesseurs, il  ne  vous  soumettait  pas  quelques  améliorations  désirables. 

Le  bruit  des  conversations  gêne  trop  souvent  nos  séances.  Il  est  vrai  que 
l'Académie  est  un  salon  où  l'on  aime  à  échanger  des  idées  utiles.  Mais  pour 
les  entretiens  un  peu  prolongés,  la  salle  de  l'Académie  française  offre  un 
asile  commode  dont  on  peut  toujours  disposer. 

Souvent  aussi  on  entend  mal  les  communications  parce  que  nos  confrères 
ne  parlent  pas  assez  haut.  .le  leur  demande  d'élever  la  voix  davantage. 


20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

On  a  déjà  exprimé  k-  désir  de  ne  pas  trop  relarder  l'heure  de  l'ouverture 
effective  de  nos  séances.  Pour  réaliser  celte  réforme,  il  faudrait  une  extrême 
exactitude  pour  les  commissions  qui  précèdent  la  séance. 

Je  no  veux  pas  commencer  l'année  192 1  sans  offrir  en  votre  nom  à  tous, 
nos  meilleurs  remercîments  à  ceux  de  nos  confrères  qui  ont  dirigé  nos 
réunions  en  1920  :  d'abord  à  nos  chers  secrétaires  perpétuels  qui  forment 
la  base  de  notre  Vcadémie  et  qui  ont  un  si  admirable  dévouement;  ensuite 
à  notre  Président  sortant,  M.  Deslandrcs,  qui  nous  a  animés  par  son  activité 
juvénile  et  par  son  enthousiasme  pour  les  merveilleux  progrès  de  lAstro- 
nomie  physique.    " 


MEMOIRES  ET  COM3IUi\ICAriOîVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  PRRPt,TVF.i.\)résen[.e  ['  Annuaire  de  /'  Ac^i(/émie  rfes  Sciences 
pour  I 92 I . 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  certaines  fondions  sc  rntliichant 
à  (tes  surfaces  fermées.  ISote  de  M.  Emile  Picakd. 

1.  Dans  des  recherches  déjà  anciennes  ('),  j'ai  indiqué  comment  on 
pouvait  faire  correspondre  à  une  surface  fermée  certaines  fonctions  se 
présentant  comme  solutions  particulières  d'équations  aux  dérivées  partielles. 
Ces  fonctions  comprennent,  comme  cas  très  particuliers,  des  fonctions 
étudiées  à  d'autres  points  de  vue,  les  fonctions  \„  de  Laplace  par  exemple 
et  d'autres  fonctions  analogues.  Je  crois  utile  de  résumer  ici  les  résultats 
que  j'ai  obtenus  à  ce  sujet  dans  divers  Mémoires,  et  dont  l'élude  pourrait 
être  approfondie. 

2.  Soit  une  surface  fenuée  dont  l'élément  linéaire  est  donné  par  l'ex- 

(')  Sur  l'équilibre  calorifirjiie  d^une  surface  fermée  rayonnant  au  dehors 
{Comptes  rendus,  l.  131,  1900,  p.  1/199);  Sur  une  équation  aux  dérii-ces  partielles 
du  second  ordre  relative  à  une  surface  fermée  correspondant  à  un  équilibre  calo- 
fique  (Annales  de  l'École  Normale  supérieure,  'i'  série,  l.  26,  1909). 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1921.  21 

pression 

ds"  =:  E  du-  -T-  2  F  du  c/c  4-  G  (^i''. 

Je  considère  l'équation  aux  dérivées  partielles  relative  à  V 


,)  1 

du            dr 

)^i{ 

du           oc 

du 

\    v'liG-1'^    / 

^KG  -  F- 

=  c{u,v)s/EG  —  V'\ 


Celte  équation  correspond,  pour  c(//,  <■)  toujours  positif,  à  un  problème 
d'équilibre  calorifique  avec  rayonnement  de  la  surface,  Y  désignant  la 
température.  Nous  désignerons  dans  la  suite  le  premier  membre  de  l'équa- 
tion précédente  par  AV. 

3.  En  nous  bornant  ici  au  cas  de  c  =  i,  envisageons  l'équation 


(i)  AV  =  /.s  KG  — F- V, 

où  X  est  un  paramètre  constant.  <  )n  peut  établir  qu'il  existe  une  infinité  de 
valeurs  singiilirres  de  A  toutes  négatives  (  A  =  o  est  la  première  d'entre  elles), 
pour  lesquelles  il  existe  une  ou  plusieurs  intégrales,  uniformes  et  non  iden- 
tiquement nulles,  de  l'équation  (i)  et  partout  continues  sur  la  surface. 

Une  application  immédiate  est  relative  à  la  sphère  de  rayon  un. 

L'équation  (1)  est  alors 

cos9  --jr  -h  sinô— —  -+-  -^-^  --—  r=  /sin9V 
dd  da-        Hin9  d'y- 

en se  servant  des  coordonnée?  polaires  0  et  -p  sur  la  sphère.  On  trouve  faci- 
lement que  les  valeurs  singulières  sont 

/.  r=  — /i(/i  H- 1), 

/i  étant  un  entier  positif,  et  pour  celte  valeur  de  A,  il  y  a  2/i  +  i  fondions  V 
linéairement  indépendantes;  ce  sont  les  fonctions  \„  de  Laplace. 

Le  cas  du  tore  est  à  examiner  après  celui  de  la  sphère.  En  désignant 
[)ar  r  le  rayon  du  cercle  méridien,  et  par  R  la  distance  de  son  centre  à  l'axe 
de  révolution  (R  >  r),  l'équation  (1)  est  ici 

•  ,,.  ..à-y  ■         ,r,  ^  '^y  (^'^         1  /  rj  s     »• 

-(K  —  rcoi'j)-^—:  +  iin'jj(n  —  /-coscp)— \-  r-—-  :=  /(H  —  rcosQ>)r\  . 

r  '       à'j-  '  09  d'\i- 

où  0  et  'I  représentent  deux  angles  dont  la  signification  géométrique  est 
évidente,  et  qui  varient  de  o  à  2-.  <  )n  pourrait  rechercher  les  valeurs 
singulières  de  A  correspondant  à  cette  équation   et  les  fonctions  corres- 


22  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pondantes.  Le  cas  particulier  où  V  ne  dépend  que  de  o  conduit  à  l'équation 
dilTérentiellc  linéaire  ordinaire 

"  (R  —  /■  coso)-  —r-r  -+-  si  M  -.^  (  H  —  /co-'j)  -;-  —  '/./■{[{  —  r  cos'j)\  =  o. 

/•  '       ao'  (l'o  '  ' 

Cette  équation  donne  un  exemple  simple  d'équation  diiïérenlielle  linéaire 
ayant,  pour  certaines  valeurs  d'un  paramètre  A,  une  solution  périodique. 

4.  D'autres  problèmes  peuvent  se  poser  relativement  à  l'équation  (i). 
Tout  d'abord,  si  À  dans  cette  équation  n'a  pas  une  valeur  singulière,  il  y 
aura  une  solution  uniforme  sur  la  surface  et  partout  continue,  sauf  en  un 
point  où  elle  aura  un  infini  logarillimique  correspondant  à  une  source  de 
clialeur  avec  un  flux  donné. 

Soit  maintenant  X„  une  valeur  singulière  pour  la(|uelle  l'équation 


{■i)  AV  =  7„v'KG-F^V 

admet  une  ou  plusieurs  intégrales  continues  sur  toute  la  surface.  Soient  de 
plus  donnés  n  points  sur  celle-ci 

(fl„6,),   {a,_,b,) (e>,„/>„) 

et  les  coefficients  respectifs 


A,,  A,, 


Existe-t-il  une  intégrale  de  l'équation  (2),  ayant  les  points  singuliers 
(«,,  bj),  du  type  des  sources  de  clialeur,  avec  le  flux  A,  ? 

La  réponse  à  cette  question  est  la  suivante  : -En  désignant  par 

V|,  V, \', 

les  V  solutions  partout  continues,  linéairement  indépendantes  de  l'équa- 
tion (2),  la  condition  nécessaire  et  suffisante  s'exprime  par  les  v  relations 

\,\',(/U,  ^',  )+ A,V,(«.,  A,)  -+-...  4-A„\,(rt,„  ^,)  =  o. 

où  /  prend  ks  valeurs  i,  2,  . . . ,  v. 

.").  Pour  prendre  un  exemple  particulier,  revenons  au  tore  dont  j'ai  dit 
plus  haut  un  mot.  il  revient  au  même  de  considérer  les  solulions  double- 
blement  périodiques  de  l'équation 

.„,  0'\       0'\       .. 

or-        Oy 

nous  faisons  X  =  i  ([ui  n'est  pas  une  valeur  singulière.  I^c  premier  problème 


SÉANCE    DU    3    JA.WIIIR    I921.  23 

du  para^raplie  précédenl  revient  à  trouver  rinlégrale  unifonue  de  l'équa- 
tion {3),  ayant  une  période  a  par  rapport  à  /;,  et  une  période  h  par  rapport 
à  V.  et  continue  sauf  au  point  (a,  !i)  et  à  ses  lioinologues  dans  les  rectanolcs 
des  périodes  qui  sont  des  sources  de  chaleur,  lia  solution  est  la  suivante  (')  : 
On  forme  la  fonction 


qui  est  définie  pour  ;  négatif.  L'expression 
répon  J  à  la  question. 


dz 


AI.  BiGouBDAv  présente  un  Volume  qu'il  vient  de  pulilier  pour  faciliter 
la  classilîcatio:!  bibliograpliique  des  questions  relatives  à  l'Astronomie  et 
aux  Sciences  connexes. 

C'est  un  tirage  à  part,  assez  fortement  remanié,  de  ce  qu'il  avait  donné 
d  lus  le  Biillelin  astronomique  de  1919  (2''  Partie  :  Rck'hc  i>vnérale  des  iravaiia.- 
(Ktrono'nifjuex),  où  l'on  a  reconnu  la  nécessité  de  désigner  chaque  (juestion 
par  un  noml)re  classificateur,  afin  de  faciliter  les  recherches. 

On  connaît  de  nombreux  essais  tentés  pour  classer  rationnellement 
l'ensemble  de  nos  connaissances  :  il  suffit  de  rappeler  ceux  de  A. -M.  Am- 
père, d'A.  Comte  et  de  II.  Spencer  au  xi\'' siècle;  mais  aucun  d'eux  n'est 
parvenu  à  s'imposer. 

A  défaut  de  classification  rationnelle,  il  a  donc  fallu  adopter  quelque 
systè.ne  artificiel,  pour  satisfaire  des  Ijesoins  manifestes,  d'ordre  pratique. 
Mais  sur  ce  terrain  de  convention  il  n'existe  pas  davantage  de  classement 
qui  soit  universellement  adopté. 

Aujourd'hui  deux  surtout  sont  en  vogue  pour  les  Sciences  :  celui  de  1'//;- 
tirnnlional  Caldloguc  of  Scientijir  Literalitre  (I.  C.  S.  L.),  patronné  par  la 
Rovtil SacielY  de  Londres,  et  celui  de  M.  Melvil  Dewey,  connu  sous  le  nom 
de  Classifïcalion  décimale  (C.  D.). 

En  présence  de  la  difficulté  de  faire  un  choix,  j'ai  donné  les  deux  concur- 
remment; toute^MS  pour  l'Astronomie  j'ai  rendu  l'un  et  l'autre  plus  expli- 

(')  E.  Fi  lAiiD,  Sur  quelques  problèmes  relatifs  à  l'équation  \u  ^=  k- u  {Bullelut 
de  la  Société  matii'hnati jue  de  France,  t.  28,  1900,  p.   186). 


24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cites,  tout  en  conservant  aulant  que  possil)le  les  cadres  adoptés  jusqu'ici. 

Ces  deux  classifications  procèdent  d'ailleurs  de  la  même  idée,  qui  nous 
paraît  éminemment  juste  et  pratiquement  très  utile  :  diviser  et  subdiviser 
chaque  branche  de  nos  connaissances  jusqu'à  réduction  à  des  éléments  sensible- 
ment /tomoi^énes  et  peu  étendus,  que  l'on  désigne  |iar  une  phrase  courte  ou 
rubrique^  puis  affecter  convenlionnellemenl  à  chaque  rulirique  un  numéro 
ou  cliilTre  classificateur. 

Cela  fait,  imaginons  que  sous  chacun  de  ces  numéros  un  ait  inscrit  les 
litres  des  (3uvrages,  Mémoires,  etc.,  qui  traitent  du  sujet  correspondant, 
et  qu'en  outre  l'ensemlile  ait  été  distrihiié  dans  l'ordre  croissant  de  ces 
numéros.  Alors  le  Tahh'au  des  riihriques  de  la  science  considérée,  avec  le 
numéro  correspondant,  sera  comme  une  c/^y  permettant  soit  de  classer  les 
matières,  soit  de  se  reporter  directement  à  ces  matières  quand  le  classe- 
ment a  déjà  été  fait.  C'est  ce  Tahleau  de  classement  à  cle/qm  est  donné  ici 
pour  l'Astronomie  et  les  Sciences  connexi-s.  Géodésie  et  Géophysique. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  l'à^e  des  phénoitiènes  de  charriage  dans  la  région 
d'Avignon.  Mote  de  \1M.  Pikkre  Teioiiku  et  Lkojjce  Joleaid. 

L'existence  de  phénomènes  de  charriage  a  été  signalée  par  l'un  de 
nous  ('),  l'an  dernier,  à  la  hordure  occidentale  de  la  plaine  d'Avignon. 

Le  relief  calcaire  du  plateau  de  Villeneuve,  qui  domine  la  rive  droite  du 
Rhône  depuis  Sauveterre  jusqu'à  Aramon,  est  formé  presque  entièrement 
par  la  série  néocomienne.  La  succession  des  assises  crétacées  s'y  présente 
ainsi,  de  la  hase  au  sommet  (-)  :  i"  des  calcaires  cruasiens  à  Parahoplites 
cruasensis.  correspondant  au  Hauterivien  et  au  Barrêmien  inférieur;  -1°  des 
marno-calcaires  barutéliens,  synchroniques  du  Barrêmien  moyen.  Les  cal- 
caires urgoniens,  classés  aujourd'hui  dans  le  Barrêmien  supérieur,  n'appa- 
raissent qu'un  peu  plus  à  l'Ouest,  au  delà  d'une  ligne  N  55°  E  allant  de 
Nîmes  à  Chàleauneuf-Calcernier.  Les  calcaires  cruasiens  sont  bien  dévelop- 
pés, vers  le  .\ord,  en  face  d'Avignon,  et  vers  le  Sud,  entre  La  Vernède  et 
Aramon;  les  marnes  barutéliennes  occupent  le  synclinal  qui  se  dessini- 
entre  ces  deux  masses  calcaires,  au  voisinage  du  château  des  Issarts.  Un 
polit  lambeau  lutétien  à  Planorbis  pscudo-ammonius  a  été  découvert  par 


(')  [*iEi'.itK  TiiR.MiKii,  tjoinpies  rendus,  t.  1(58.  1919.  [i.  laQ'- 

('-)  L.  .lol-KAi'O.  Géologie  (lu  Conilat,     l'eirains  noogèiies.  11.   kiis.  pi.  l-lll. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  25 

M.  Caziot  au  nord  d'Aramon,  près  de  la  ferme  de  la  Choisily,  tandis  que 
plus  au  Sud,  au  voisinage  de  la  station  Aramon  du  chemin  de  fer  P.-L.-M., 

E.  Pellat,  accompagné  de  M.  Depéret,  trouvait  un  lambeau  de  marnes 
roses  à  Hélix  Itaniondi .  Des  affleurements  de  mollasse  miocène  avaient  été 
depuis  longtemps  indiqués  en  plusieurs  points  du  plateau  :  leur  répartition 
entre  les  dililt'rentos  subdivisions  du  Burdigalien  et  de  FHelvélien  a  été  pré- 
cisée par  l'un  de  nous  ('),  en  même  temps  que  Tattribution  à  l'Oligocène 
supérieur  (Clialtien)  des  marnes  à  Hélix  d'Aramon  et  d'une  localité  voi- 
sine, Sainl-Pierre-du-Terme. 

Entre  le  Miocène  et  le  Crétacé  s'intercale,  à  La  Vernèdc,  à  Saint-Picrrc- 
du-Terme  et  à  Aramon,  une  série  d'épaisseur  très  variabl(\  parfois  très 
épaisse,  tantôt  chaotique,  tantôt  vaguement  stratifiée,  formée  de  blocs 
volumineux  empruntés  au  subslratum.  Délimitée   par  MiVI.  L.  Carcz  et 

F.  Fontanncs  sur  la  feuille  Avignon  de  la  Carte  géologique  au  77^,  elle  a 
reçu  des  auteurs  de  cette  feuille  la  notation  <■'.  En  réalité,  elle  correspond, 
comme  l'un  de  nous  (-)  l'a  montré,  à  une  brèche  d'origine  mécanique,  ou 
mylonite,  en  relation  évidente  avec  des  phénomènes  di'  charriage  de  grande 
amplitude. 

Les  observations  que  nous  avoTis  faites  sur  le  terrain  cet  été  nous  ont 
permis  de  préciser  l'âge  de  ces  mouvements  tectoniques.  Nous  avons  cons- 
taté, en  effet,  que  le  lambeau  des  marnes  à  Hélix  d'Aramon  fait  partie  inté- 
grante de  la  masse  mylonilisée.  Tandis  qu'au  nord  et  à  l'ouest  de 
Sainl-Piorre-du- Terme  les  brèches  soûl  fortement  cimentées,  près  de  la 
gare  d'Aramon  elles  nianquenl  souvent  de  cohésion.  Les  marnes  à  Hclix, 
qui  p:irticipent  à  leur  constitution,  ne  se  présentent  plus  tout  à  fait  sous 
leur  faciès  habituel.  Dans  la  tranchée  de  la  voie  ferrée,  au  nord-est  de  la 
gare  d'Aramon,  le  Burdigalien  inférieur  à  Pecten  Davidi  repose  sur  les 
marnes  roses  à  Hélix,  mélangées  de  blocs  calcaires  cruasiens;  des  morceaux 
de  mylonite  consolidés  sont  même  inclus  dans  ces  amas  hétérogènes  ('). 

(')  L.  JoLHAUD,  Géologie  du  Comtat,  Tenalns  néogènes,  1,  jgoJ-igoj,  p.  20  et  suiv., 
et  Bull.  Soc.  géol.  France,  t.  8,  1908,  p.  41. 

(^)  PiEHRF  Termier,  loc.  ctl .  Dans  celle  Note  préliminaire  de  1919,  1  âge  du  char- 
riage qui  a  produit  la  mylonile  est  indiqué  comme  anlé-liehélien.  (l'est  anlé-burdi- 
galieii  qu'il  faut  lire,  la  l)ase  de  la  niolla--se  miocène  étant  ici,  sans  aucun  doute  po>- 
siiile,  d'âge  burdigalien. 

1')  Le  point  précis  cil  l'on  peut  ol>^er\er  ce  mélange  de  la  mylonite  aux  marnes 
roses  à  Hélix  se  trouve  à  l'nviron  i''"'  de  la  gare  de  voyaj;eui-  d'Aramon  du  côté  du 
Nord-Est,  dans  le  talus  tl'un  petit  chemin  qui  loni;i'  le  liord  nord  de  la  voie  feri-éc 
P.-L.-M. 


26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Un  peu  plus  au  Nord,  au  kilomc-lre  yo'i,  à  la  hauteur  du  moulin  à  vent  de 
Sainl-Pierre-du-'l'cïmc,  on  relrou\<',  sous  le  Miocène,  une  zone  bréchi- 
foniic  mal  consolidée,  comprenant  aussi  des  marnes  roses  oligocènes.  (3n 
obs&i've  ainsi,  dans  '«"S  deux  localités  où  a  été  cons<T\é  TOligocène,  une 
allure  de  la  zone  de  contact  du  Crétacé  et  du  Miocène  identique  à  celle 
reconnue  sur  les  points  où  ces  deux  systèmes  sont  directement  en-relation. 
[>a  mylonite  se  présrnle  partout  inlimemcnl  liée  à  son  substratum;  à 
Aramon  et  à  Sainl-Pierre-du-Terme,  des  blocs  de  cette  brèche  seul 
e.iglobés  dans  les  marnes  roses,  tandis  que,  au  Nord  et  à  rOu<-st,  les 
brèches  sont  plus  ou  moins  irrégulièrement  distribuées  au  voisinage  de  la 
surface  des  calcaires;  tantôt  ceux-ci  sont  à  peine  écrasés,  tantôt  ils  sont 
même  intacts. 

La  Carte  géologique,  feuille  Aiii^/io/i.  figure  avec  la  même  notation  <■■'  des 
affleurements  d'une  roche  comparable  à  celle  de  La  \  ernède,  sur  la  rive 
gauche  du  Ilhùnc,  en  face  d'Aramon,  près  du  hameau  des  Bouisses,  dans  la 
Monlagnette.  Le  petit  massif  calcaire,  au  relief  tourmenté,  qui  a  reçu  ce 
nom  imagé,  est  constitué,  au  Nord  et  à  l'Ouest,  entn-  Barbenlane  et 
Boulbon,  par  des  calcaires  cruasiens  ;  au  Centre,  vers  Sainl-Micliel-de-Fri- 
gollei,  par  des  marno-calcaires  barutéliens:  au  Sud,  au-dessus  de  Tarascon, 
par  des  calcaires  urgoniens. 

A  l'ouest  des  Bouisses,  ou  voit,  par  endroits,  les  calcaires  cruasiens  se 
raylonitiser;  localement,  les  brèches  ainsi  formées  sont  recouvertes  par  le 
Burdigalien  inférieur.  Ces  myloniles  correspondent,  comme  celles  de 
La  Vernède  et  d' Vranion,  à  des  charriages,  qui  ont  découpé  les  calcaires 
crétacés  de  la  région  d'Avignon  en  une  série  d'écaillés. 

Les  surfaces  de  chevauchement  qui  délimitent  ces  écailles  plongent  uni- 
formément au  Sud-Est.  La  Montagnelle  correspond  à  une  écaille  supé- 
rieure, peut-être  dédoublée  vers  les  Bouisses.  Au-dessous  vient,  comme  l'a 
montré  l'un  de  nous  ('),  une  seconde  écaille,  séparée  de  la  première  par  la 
zone  mylonitique  d'Aramon  et  de  Saint-Pierre-du-  Terme,  zone  à  la(juellese 
mélangent  les  marnes  roses  à  Hclix.  A  celte  seconde  écaille  appartient  le 
plateau  néocomien  de  Yilleneuve-lez-  Vxignon;  et  c'est  elle  encore  qui,  à  une 
cinquantaine  de  kilomètres  plus  à  l'Ouest,  apparaît,  écrasée  i-t  morcelée, 
dans  les  hlippe'!  de  la  plaine  d'Alais. 

Cette  secondeéciille,  au  cours  du  charriage,  a  été  sensiblcmenl  réduite 
e  1  épaisseur  à  la  base.  Dans  le  plateau  de  Villeneuve,  elle  débute,  comme 

(')   riiMutK    l'iRMiin,  l<ic.  cit. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  192I.  27 

nous  avons  dit,  par  les  calcaires  cruasieiis,  au-dessus  desquels  viennent  les 
marno-calcaires  barutéliens.  Les  calcaires  urgoniens  ne  sont  pas  représen- 
tés dans  ce  relief,  alors  qu'ils  existent  dans  la  Monta gnelle.  Par  contre,  ils 
jouent  un  rôle  largement  prépondérant  dans  la  formation  des  klippcs 
d'Alais.  Un  décollement  dans  la  nappe-écaille  de  \  illeneuve-Alais  semble 
donc  s'être  produit,  habituellement,  au  niveau  des  marno-calcaires  baru- 
téliens, entre  les  deux  masses  calcaires  cruasienne  et  urgonienne. 

Les  hlipprs  d'Alais  semblent  toutes  reposer  sur  un  complexe  d'argiles, 
de  calcaires,  de  grès  et  de  poudingues  à  petits  éléments  (').  Assez  haut 
dans  cet  ensemble,  on  a  trouvé,  à  Auzon,  une  dentition  à'Acerutlicriunt 
minuliun  ;  M.  Roman  (-),  qui  a  étudié  les  restes  de  ce  Hbinocérolidé,  les 
place  à  un  «  niveau  très  élevé  de  l'étage  Stampien...,  à  la  limite  de 
l'Aquitanien  ».  Le  substratum  des  klippes  d'Alais  serait  exactement  syn- 
cbronique  des  marnes  d'Aramon  et  daterait  de  l'Oligocène  le  plus  élevé 
(Cbattien).  La  successinn  relevée  mix  eiwirons  d'Alais  concorde  donc  avec  la 
coupe  d'Aramon.  en  ce  qu\  concerne  l'âge  des  charriages  de  la  région  ;  ces 
mouvements  lectonifpies  se  sont  effectués  après  l'Oligocène  cl  avant  le  Miocène, 
très  iTuisemblablement  entre  le  Chalticn  et  l' Aquitanien.  Quant  à  la  question 
de  savoir  si  les  poudingues  à  gros  galets  de  calcaires  crétacés,  qui  surmon- 
tent normalement  l'Oligocène  sur  le  bord  ouest  de  la  plaine  d'Alais  et  que 
l'on  a,  jusqu'ici,  rapportés  à  l'Aquitanien,  sont  antérieurs  ou  postérieurs  à 
ces  charriages,  ou  encore  leurs  contemporains,  elle  demeure  pendante  et 
appelle  de  nouvelles  observations. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  l'emploi  des  latitudes  gèoceniriques  pour  faciliter 
V  identification  des  petites  planètes.  Noie  ( ')  de  M.  Loris  Fabkv. 

La  circulaire  138  de  l'Observatoire  de  Marseille  publie  une  Note  de 
M.  le  directeur  de  l'Observatoire  d'Alger,  qui  signale  que  deux  petites 
planètes  (1  l't  2)  ont  été  photographiées,  dans  le  cliché  o''2o'",  +  1°  de  la 
Carte  du  Ciel,  à  Alger,  le  4  décembre  1910  à  7'' 55'"  l.  moy.  d'Alger. 


(')  l'iEitRB    Termieh   el  Oeoiicks  l'^iiEDEL.    Comptes  rendus,    l.    1()8,  1919,  p.  io3^- 
io38.  Voir  aussi  I'aui.  Tiiiéry.  Comptes  re/u/us.l.  169,  1919,  p.  583. 
(-)   Les  Rhinocérolidés  de  l'Oligocène  d' Europe,  191  i.  p.  So. 
(')  Séance  du  ■?.-  décembre  igîo. 


28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Voici  If'S  positions  approchées  de  ces  astres,  rapportées  à  l'équinoxc 
moyen  1915,0  : 

1 R=o''i9'",3         D=-+-o"47'         ,u(')=:4-22'  —2'         grr=ii,6 

2....  o'-aS"»,!  -f-(>°-i''  +14'  + ''-'  l'i-" 

I.a  Note  ajoute  :  «  Il  parait  difficile  d'identilier  ces  positions  avec  celles 
de  planètes  connues  ». 

Voilà  donc  encore  un  problème  réputé  difficile,  que  les  procédés  que 
j'emploie  depuis  plusieurs  années  vont  nous  permettre  de  résoudre. 

Ici  nous  n'avons  qu'une  seule  position  pour  chaque  planète,  et  les  mouve- 
ments mesurés  sur  les  plaques  photographiques,  conclus  d'un  court 
intervalle  de  temps,  sont  souvent  peu  précis.  Je  laisse  donc  de  côlé  la 
méthode  que  j'ai  indiquée  dans  le  Bulletin  astronomique,  t.  30,  p.  49»  pour 
utiliser  les  éphémérides  d'opposition  qui  ont  été  publiées. 

INIais  les  positions  observées  se  trouvent  à  deux  mois  de  l'opposition  et 
un  mois  après  la  fin  des  éphémérides.  L'extrapolation  des  ascensions  droites 
et  déclinaisons  devient  alors  très  incertaine,  parce  que  les  planètes  se 
trouvant  près  de  la  station,  leurs  mouvements  varient  rapidement  ït  même 
changent  de  signe. 

On  peut  remédier  à  cet  inconvénient  en  utilisant  les  latitudes  géocen- 
triques,  lesquelles  varient  plus  régulièrement  que  les  1\  et  D. 

Les  latitudes  présentent  aussi  certaines  particularités  facilement  recon- 
naissables  à  première  vue.  Ainsi  la  date  de  l'opposition,  comparée  avec  la 
longitude  du  nœud,  montre  immédiatement  si  une  planète  est  près  du  nœud 
ascendant,  auquel  cas  la  latitude  héliocentrique  est  faible  et  varie  positive- 
ment; —  ou  près  du  noîud  descendant,  et  la  variation  est  alors  négative.  La 
latitude  géocentrique  suit  à  peu  près  la  même  marche  que  la  laliludc 
héliocentrique,  et  la  seule  onnsidéralion  des  distances  au  Soleil  r  et  à  la 
Terre  A  fait  comprendre  quelle  marche  doit  suivre  la  latitude  géocentri(juc. 
Car  les  deux  latitudes,  li  et  p,  sont  liées  par  la  relation  simple 

sin  3  =  —  si  11  h  ; 

ou  approximativement  p  =  -r  A,  les  angles  étant  petits. 

Si  la  date  d'opposition  montre  qu'une  planète  est  à  90"  de  ses  nœuds,  la 


(')   I.es   inoiiveiniMiU  i|Ut!  j'lriilii|iie   ici   sont   ceii\   iloniiés   |i.ir   l'dhsei'v  aleiir:   après 
vcrificalioii,  ceiiv  ddinios  par  la  cliciilaire  sont  tleii\  fuis  liop  forls. 


SÉANCE    DU    3    JANVIICR    1921.  29 

lalitude  héliocenlrique  est  égale  à  rinclinaison  /,  et  la  latitude  géocenliiqiie 
est  à  peu  près  -ri.  Comme  le  rapport  -r  est  presque  toujours  inférieur  à  2,  la 
latitude  géocentrique  iic  peut  guère  dépasser  le  double  de  l'inclinaison. 

Ces  considérations  peuvent  grandement  aider  pour  l'identification  des 
planètes  qui  sortent  des  éphémérides. 

Le  calcul  des  latitudes  géocentriques  n'est  pas  difficile;  cependani,  je 
simplifie  encore  en  remplaçant  la  latitude  par  la  distance  de  la  planète  à 
l'écliptique,  mesurée  sur  le  cercle  horaire. 

Pour  obtenir  cette  distance,  il  suffit  de  prendre  dans  la  Connaissance  des 
Temps,  à  l'éphéiuéride  du  Soleil,  la  déclinaison  de  l'écliptique  qui  corres- 
pond à  W,  puis  de  retrancher  cette  déclinaison  de  D. 

Ainsi,  dans  le  cas  actuel,  le  prolongement  à  vue  des  ascensions  droites  et 
déclinaisons  montre  que  la  planète  1  se  trouve  dans  la  même  région  du  ciel 
que  (^"  Mnèmosyme  et  (i3j)  Alceste.  Mais  cela  est  très  insuffisant  pour 
l'identifier  avec  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  planètes.  En  calculant  rapide- 
ment les  dislances  à  l'écliptique,  comme  je  viens  de  le  dire,  on  trouve  : 

191:..  '^?j.         Diir.  (124).      Difr,  (Ûïï).       Dill. 

Septembre  23 -h5.i4  ,  +1  — i  .-î^ 

OclolMc     I '         4 .33        ~ ''  —  8       ~^  1 .3:j       '~l 

»  9 3.49  —17  1  . 4 1 


3.  2       y         -26       -  ..45    __: 

.4       ~f  -34      "^  ..48  ^ 


Novembre  2 -1-1.27  '*■'  — 4i  '-'T' 

D'autre  part,  les  ,T\,  D  et  U  observés  de  la  planète  I,  comparés  avec  la 
déclinaison  de  l'écliptique,  prise  dans  la  Connaissance  des  Temps,  donnent 
de  même  : 

igio  décembre  4  n  miniiil  de  Greenwicli  : 
distance  à  l'écliplique  :z= — 1°  19',  variation  en  i  joiir=:  — 4- 

Extrapolons  les  Tableaux  ci-dessus  du  2  novembre  au  [\  décembre,  ce 
qui  fait  quatre  intervalles  de  huit  jours.  Pour  '^. ,  les  différences  premières 
passant  par  un  maximum,  nous  tenons  compte  des  diirérenccs  troisièmes 
prisas  constantes  et  égales  à  leur  valeur  moyenne  -1- i .  Pour  (nj^,  nous 
prenons  les  différences  troisièmes  nulles  et  les  différences  secondes  égales 
à  -I-  I.  Nous  obtenons  ainsi  les  valeurs  calculées  : 


3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

1915  décembre  4  .1  niinuil  de  dreenw  icli  : 

.■û  ;    dislance  à  réclipli(|ue  =  — 1°  I  1',  \ari;itionen  i  jourz^  —  4'; 

lîT.         »  ..  — "°59'.  ..  ..  o  ; 

(î^-       »  ..  —  ""'iS',  "  "  o- 

Pour  \^i .  la  position  concorde  mieux  avec  l'observation,  —  r'19',  que 
pour  'jtT  .  'l'oulefois  Fincerlitude  de  Textrapolalion  et  aussi  Técarl  possiljle 
en  longitude,  qui  provoque  un  écart  en  latitude,  laissent  encore  un  doute. 

(  le  doute  disparait  si  l'on  considère  le  mouvement,  car  seul  celui  de  ^, 
concorde;  il  reste  donc  seulement  à  examiner  de  près  cette  planète. 

De  même  pour  la  planète  2,  qui  se  trouve  dans  la  région  de  'u^,  Urda 
(voir-  Tableau  ci-dessus). 

Nous  calculons  alors,  avec  des  logaritbnies  à  quatre  décimales,  deux  ou 
trois  colonnes  d'éphéméride,  en  utilisant  les  Tables  numériques  que  j'ai 
calculées  en  188")  sous  la  direction  de  Callandreau,  Bulletin  astronomique, 
t.  2,  p.  468.  Et  obtenons  ainsi  : 

•iT      Mnénwsyne.  lïiléments  publiés  dans  les  Astr.  .\ac/i.,  I.  iW.  p.   104  : 
4  décembre  igiJ,  à  niinuil  de  (ireenw  icii.  —  l'^i|uiu.  niov.   kji  J>o. 

li.  D.  .Mouvemenl*. 

l'osilion  calculée o'''2i",3  -ho"5i'  -i-.!2*         —2' 

Ligne  de  recherclie  :  pour  -t-  1  niinule  en  .U.  correction  en  D=+  i',8. 
iManèle  1  observée o''i9"',4  -t-o°47'  +22*         — 2' 

Obs.  -cale —  '"Ny  —  V 

pour  —  '"'.9  en  .U.  correction  en  D  =: —  3'.    l'>arl  de  l'orbile  —  1'. 

L'identité  de  la  planète  I  avec  .v^)  Mnémosync  se  trouve  ainsi  prouvée. 
Kl  l'on  voit  de  même  que  2  est  idm tique  à  (Hii)  . 

Il  est  bon  aussi  d'examiner  les  grandeurs. 

Pour  (^  Mnémoayne  (gr  =  6,ô),  le  calcul  donne  à  la  date  1915  dé- 
cembre /)  : 

logA  —  0,359;         log/- =  o,4'"»',         ^' +  5log  A/- -- io,(); 

mais  c'est  un  f.iit  connu  que  cette  formule  ne  donne  des  grandeurs  exactes 
ijue  pendant  jo  jours  environ  avant  et  après  l'opposition,  l'.n  debors  de  cet 
intervalle  de  80  jours,  les  grandeurs  obtenues  sont  plus  brillantes,  d'environ 
une  demi-grandeur,  que  celles  qui  sont  observées.  Nous  tenons  toujours 
compte  de  cela  dans  nos  épbéméridos.  La  grandeur  calculée  le  '\  décembre 


StlANCI-    DU    3    JANVIER    1Ç)21.  3l 

i()i5,  Ga  jours  apivs  ro[)posilion,  se  Iroiive  ainsi  êlre  ii,i  environ,  qui 
concorde  suflisauinienl  avec  la  valeur  observée  i  i,(i. 

l'our  (kt,)  Un/a  (gr  =  9,4),  le  calcul  donne  pour  191:)  décembre  l\, 
.v)  jours  après  Topposilion,  gr=  i''i,o,  qui  est  exaclemenl  la  grandeur 
oiiservée. 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  poinl  de  fusion  de  Vheplane  cl  la  loi  d'allernance 
des poinls  de  fiisio/i.  Noie  (  '  )  de  M.  I\.  de  Foucr.wd. 

Lors  d'un  précédcnl  travail,  exécuté  en  1896,  en  collaboration  avec 
Paul  Henry,  mon  très  regretté  collègue  de  l'Université  de  Louvain,  et 
publié  récemment  ('^),  nous  avions  été  conduits  à  reprendre  la  détermi- 
nation du  point  de  fusioa  de  l'octane  normal,  pour  lequel  M.  Gultmann 
avait  donné  (^)  —  98", 2,  soit  i74°)8abs. 

Deux  déterminations  très  concordantes  nous  avaient  fourni  —  S']°,[\, 
soit  2i5",6  abs.  pour  l'octane  (^),  nombre  très  différent  de  celui  de 
<  iuttmann,  alors  que  cependant  nous  avions  retrouvé,  à  très  peu  près  pour 
l'hexane,  le  point  de  fusion  donné  parle  même  auteui'  :  —  95",  soit  178°  abs., 
au  lieu  de  —  9'3",5. 

L'intérêt  de  cette  reclilîcalion  réside  dans  ce  fait  ({ue,  tandis  que  les  points 
d'ébullition  croissent  très  régulièrement  d'un  terme  à  l'autre  dans  les  difl'é- 
lenles  séries  de  composés  homologues,  les  courbes  (très  peu  nombreuses 
faute  des  données  nécessaires),  que  l'on  peut  dresser  pour  les  poinls  de 
fusion,  indiquent,  presque  toujours,  une  alternance  des  poinls  de  fusion 
des  homologues  successifs  de  condensation  en  carbone  paire  ou  impaire.  Il 
semble  y  avoir  pour  chaque  série  deux  courbes  :  l'une,  reliant  les  poinls  de 
fusion  des  termes  pairs;  l'autre,  plus  basse  que  la  première,  reliant  les 
points  de  fusion  des  termes  impairs;  ces  deux,  courbes  forment  un  faisceau 
qui  se  rétrécit  peu  à  peu  et  finit  par  se  confondre  sensiblement  avec  ure 
courbe  moyenne  unique  pour  les  condensations  en  carbone  très  grandes. 

Déjà,  en  1H77,  Baeyer  avait  signalé  ("')  cette   particularité  pour    les 


(')  Séance  du  i-  décembre  1920. 

(-)   Congrès  de  Strasbourg  de  CA.  F.  A.  S.,  juillet  1920. 

(')  /.  Amer.  Cliein.  Soc,  t.  20,  1907,  p.  347. 

(*)  Noire  octane  élait  pur  :  E  corrigé  ^r  i  25",.)  ;     D  ."-=  0,7183. 

(•')  BericIUe,  t.  10.  1S77,  p.  1286. 


32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diacides  de  la  série  oxalique 

C==485<'(').  C'=4o5°,  C'-453".  C-^iî;..".  G'==42i",  C—Sjô»,  C''=4>3°,  0'  =  3-9°. 

Louis  Henry  y  a  insisté  de  nouveau  en  i8iS5  (-),  en  faisant  remarquer 
que,  si  l'on  passe  d'un  ternie  pair  à  un  terme  impair  immédiatement 
supérieur,  la  courbe  s'abaisse  pour  se  relever  ensuite  de  ce  terme  impair  au 
terme  pair  qui  suit. 

En  1890,  M.  Massol  (')  a  l'ail  la  môme  observation  pour  les  monoacides 
gras,  pour  lesquels  il  a  donné  les  courbes  complètes  de  G'  à  C". 

En  1904,  Otto  Biath  (')  a  publié  un  tableau  d'ensemble  de  tes 
remarques  qui  s'appliquent  aussi  à  quelques  amides,  aux  diamines  pri- 
maires normales  et  aux  carbures  foruiéniques  du  C'  à  C^'. 

Cependant  les  données  un  peu  incomplètes  et  soment  imprécises  que 
nous  avions  sur  les  points  de  fusion  des  carbures  forméniques  de  C  à  C* 
semblaient  indiquer  deux  portions  de  tourbe  qui  ne  se  raccordaient  pas  : 
l'une,  de  C  à  C",  montrait  une  alternance  très  marquée,  des  «  dents  de 
scie  »  très  nettes,  avec  abaissement  et  relèvement  de  la  courbe;  l'autre, 
de  C"  à  C^^,  en  prenant  le  nombre  de  Guttmann  pour  l'oclane,  s'élevait 
constamment,  a\ec  des  dents  de  scie  beaucoup  moins  accusées  et  sans 
raccord  possible  avec  la  première.  Et  justement,  dans  cette  région,  le  point 
correspondant  à  G" H'"  manquait. 

Mais  en  adoptant  le  point  de  fusion  rectifié  pour  Foclane  (2i5",G  abs.), 
les  deux  portions  de  la  courbe  se  raccordent  parfaitement,  et  nous  avons 
pu  annoncer,  comme  résultat  de  notre  tracé,  que  le  point  de  fusion  inconnu 
de  riieplane  devait  être  très  voisin  de  179"  abs. 

J'ai  cherché  récemment  à  vérifier  expérimenlalenienl  cette  déducli(Ui  en 
préparant  de  l'heptane  pur  et  en  en  déterminant  le  point  de  fusion. 

J'ai  obtenu  sans  difficulté  l'heptane  avec  un  1res  bon  rendement  par  la 
méthode  (irignard.  Après  rectification  il  bouillait  à  -t-98'',8  sous  760™'", 
et  sa  densité  D"  était  de  0,7010  (au  lieu  de  -f-  98°,  j  el  0,7018). 

Deux  déterminations  très  concordantes  (')  m'ont  donné  pour  son  point 
de  fusion  :  —  9/1",  5  et  —  90°,  soit  en  moyenne  178",  25  abs. 

C)  Ou  plus  exaclemenl' :  46'.'' abs. 
(-)    Coinplcs  rendus,  t.  100,  i885,  p.  Go. 
(')   Bull.  Soc.  cliiin.,  3'  série,  t.  l!î.   iSi)"),  p.  86j. 
(')  Z.  fur  pliysikal.  ('Iiciii.,  t.  .'iO.  ii)n'|,  p.  .',3. 

{')  Pour  ces  expériences,  le  mieux  est  d'employer  un  bain  d'élher  ordinaire  anliydre 
préalablement  solidifié  en  grande  partie  dans  l'air  liquide,  ce  qui  donne  • — 113";  on 


SÉANCE    DU    3    JANVII'R    I921.  33 

Ce  résultai  se  confond  avec  le  nombre  prévu  (17;)"  al)s.). 

J'ajoute  (|iu%  tout  rccriniiiPiil,  M.  Jean  Timmernians  a  précisé  ( ')  le 
point  de  fusion  du  [jropanc,  que  l'on  no  connaissait  encf)re  rpriniparfaite- 
ment,  et  qui  est  de  ■ —  i7iS",8,  soit  SS^/^abs. 

On  a,  dès  lors,  tous  les  points  de  fusion  des  carbures  forniénicpies, 
deC'àC-'. 

La  courbe  complète  vérifie  bien  la  loi  d'alternance  ou  des  «  dents  de  scie  »  ; 
mais  pour  les  premiers  ternies  seulement,  jusqu'cTC',  il  y  a  alternativement 
chute  et  relèvemeni  de  la  courbe,  puis  de  C"  à  C'  il  y  a  un  palier;  au-dessus 
la  courbe  s'élève  constamment  d'un  terme  à  l'autre,  mais  toujours  plus 
dans  le  passag-e  d'un  terme  impair  à  un  terme  pair  que  pour  les  intervalles 
voisins,  ce  cjui  donne  encore  l'aspect  caractéristique  des  «  dents  de  scie  ». 

Je  me  propose  de  rechercher  si  cette  loi  s'applique  aux  séries  voisines  : 
carbures  éthyléniques  ou  acétyléniques  par  exemple.  Mais  pour  les 
éthyléniques  on  ne  connaît  encore  que  le  premier  terme,  pour  les  acéty- 
léniques deux  ou  trois  seulement. 

Les  cyclanes  fournissent  déjà  un  plus  grand  nombre  de  données  : 

C^=l47°,  C'?  C'  =  20^°.  C'''=  2-Q°,5,  C':=26l°,  C*rn284",5; 

malgré  la  fâcheuse  lacune  relative  au  cyclobutane  C''H%  ces  nombres 
suffisent  pour  faire  prévoir  une  alternance  aussi  marquée  que  pour  les 
premiers  carbures  forméniques,  avec  abaissement  et  relèvement  de  la  courbe 
alternativement,  les  termes  pairs  ayant  toujours  un  point  de  fusion  plus 
haut  que  leurs  voisins  immédiats. 

On  devrait  conclure  de  ce  fait  que  le  point  de  fusion  du  cyclobutane 
serait  voisin  de  —  5o°,  soit  223"  abs. 

J'ai  essayé  également  une  vérification  avec  les  si/tiiics  de  Stock.  On  en 
connaît  quatre  termes  : 

SiH'=:88",         SiMi«=  i4(,°,5,         Si3H«=:i56°,        Si*  H'»  =  179»,  5, 

les  différences 

52°.  5,     10°, 5     et    20°,  5 

place  ce  bain  clans  une  large  éprouvelle  Dewar  non  argentée,  et  l'on  y  introduit,  dans 
un  petit  tube  à  essai  fermé  l'heptane,  soit  liquide,  soit  solidifié;  on  agile  la  masse 
d'éther  en  fusion  comme  pour  une  expérience  crjoscopique,  et  l'on  saisit  bien  l'instant 
où  l'heptane  se  solidifie  ou  entre  en  fusion.  La  température  est  donnée  par  un  llier- 
monièlre  à  toluène  liaudin. 

(')  y.  Chimie  physique,  t.  18,  1920,  p.  i34. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  \1%  M»  1.)  3 


34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sont  alternalivenirnt  grandes  et  pclilcs:  la  courbe  monte  eonstamment, 
mais  plus  vite  de  Si  à  Si'  et  de  Si'  à  Si'  que  de  Si-  à  Si'.  C'est  la  même 
règle  que  pour  la  poition  supérieure  de  la  courbe  dos  carbures  formé- 
niques;  on  peut  même  prévoir,  par  extrapolation,  un  point  de  fusion  voisin 
de  190°  abs.  pour  Si' II'-  et  de  2o5°  abs.  pour  Si" H",  lesquels  sont  encore 
inconnus. 


PHOTOGRAPHIE.  —   Sui-  la  reconstitution  de  certains  détails  imisihies 
des  tahJrait.r  anciens.  Note  (  '  )  de  M.  H.  Parentï. 

A  propos  d'une  Communication  récente  dans  laquelle  M.  A.  (Jihéron 
préconise  l'emploi  de  la  radiograpbie  pour  reconnaître  les  tableaux  anciens, 
(voir  ci-dessus  p.  67)  j'ai  l'honneur  de  rappeler  que  le  9  juin  I9i3(-)  j"ai 
indiqué  les  résultats  que  j'avais  obtenus  dans  cette  recherche  au  moyen  de 
la  photographie.  Seul  d'abord,  puis  avec  le  concouis  d'un  photographe 
radiographe  M.  A.  Golti,  j'ai  réussi  à  allribuer  un  très  grand  nombre  de 
tableaux  à  des  maîtres  anciens  tcjs  que  Rubens,  Rembrandt,  Van  Eicke 
le  Titien,  Andréa  del  Sarto,  etc.  et  en  dernier  lieu  Raphaid. 

Ma  découverte  d'un  Rembi-andt  au  musée  de  Calais  a  été  sanctionnée  par 
une  enquête  officielle  du  Ministère  des  Beaux-Arls.  Et  dans  cette  même 
visite,  l'objectif  de  MM.  Gates  et  Guillemin  a  fait  revivre,  sans  aucune  main- 
d'œuvre  et  sans  déplacement  du  tableau,  les  invisibles  écritures  d'un 
Jugement  de  Paris  allribué  sans  preuves  à  Rubens,  et  notamment  les  noms 
(les  personnages,  les  signatures  :  P.  I'.  llubens  et  la  date  :  i*'' juin  i('>i9. 

Dans  mes  recherches  de  Lille  que  l'occupation  et  les  pillages  allemands 
ont  fâcheusement  interrompues,  nous  avons  reconnu  que  la  photographie 
directe  en  noir,  (|ui  met  en  jeu  la  transparence  indéniable  des  couches 
superficielles  des  tableaux  est  préférable  à  la  radiographie  qui  utilise  la 
transparence  de  la  toile  subjacente  et  de  .ses  apprêts. 

La  photographie  des  couleurs  n'a  pas  ajouté  de  précision  supérieure  aux 
palimpsestes  qui  sont  des  écritures,  des  monogrammes  dont  Rembrandt 
faisait  gi'and  usage,  mais  souvent  des  figures  et  même  de  véritables  tableaux 
dissimulés  dans  les  fonds  etqu'u-nc  opération  bien  conduite  fait  apparaître 


(')   Séance  (lu   .- dérejnljre  ig.'.o. 

(  -  )   II.   I'ahkmv.    Sur  lu   recoiislUitlion   par  clkln'   pliotographique   de  certains 
dtitails  invisibles  des  lahleaux  anciens  [Comptes  rendus,  t.  I.ÏC),  igiS,  p.  1878). 


SÉANCE    DU    3    JANYll'.R    1921.  35 

avec  un  fini  comparable  h  celui  du  sujet  principal.  Une  malencontreuse 
bombe  a  détruit,  dans  le  laboratoire  de  M.  Ciolli,  une  grande  partie  de  mes 
clicliés  dont  je  n'ai  conservé  que  les  plaques  de  projection  fort  l'cduilcs  de 
plusieurs  conférences  faites  à  Lille  avant  la  guerre. 

Sur  les  tableaux  que  j'ai  réussi  à  attribuer,  je  citerai  comme  exemples  de 
sujets  recouverts  par  les  fonds  :  1°  un  Chrisl.  à  la  Madeleine  de  Rubens  dont 
le  paysage  dissimule  des  scènes  bibliques  fort  délicatement  étudiées;  2"  un 
portrait  (T'iso)  de  Léonard  de  Vinci,  peint  par  Rapbaël,  dont  le  fond 
recouvre  de  nombreux  R.  S.  et  V.  L.,  enfin  des  médaillons  sur  lesquels  j'ai 
pu  reconnaître  le  Christ  et  Saint-Pierre.  Les  noms  Raffaello  Sanzio  et 
Leonardo  da  Vinci  suivent  correctement  les  lignes  du  dessin  et  se  lisent  sur 
les  arcades  sourcillières,  dans  les  yeux,  sur  les  narines  et  les  lèvres  et  enfin 
dans  la  barbe  du  portrait.  La  date  est  i5i5.  Pour  obtenir  ces  palimpsestes, 
il  convient  dans  le  tirage  du  positif  de  sacrifier  les  figures  principales  et  de 
tirer  les  fonds  à  part  en  très  clair. 

En  résumé,  je  rappelle  ici  la  priorité  scientifique  de  mon  invention 
de  1913,  que  j'ai  divulguée  avec  le  plus  grand  désintéressement. 

BOTANIQUE.  —  Les  aberi-alions  de  la  symétrie  florale. 
Note(')de  M.  Paul  Yuii.i.emix. 

La  fleur  peut  être  symétrique  quand  ses  appendices,  en  nombre  défini, 
se  groupent  en  verlicilles.  La  symétrie  de  la  fleur  comporte  un  certain 
degré  d'approximation.  On  convieni  de  faire  abstraction  des  dissemblances 
résultant  de-l'apparition  successive  des  membres  homologues  et  des  inéga- 
lités de  développement  qui  les  amènent  à  se  recouvrir  ou  qui  altèrent 
faiblement  leur  symétrie  propre.  Les  limites  de  celle  tolérance  ne  sont 
édictées  par  aucun  règlement  ;  c'est  afl'aire  de  tact.  Toutefois,  il  n'est  pas 
permis  de  faire  abstraction  des  différences  morphologiques,  quelles  que  soient 
l'analogie  superficielle,  la  similitude  apparente  des  pièces  hélérologues. 

Ces  conventions  admises,  nous  excluons  les  fleurs  évidemment  asymé- 
triques, qu'elles  soient  indéfinies  quant  à  la  quantité  ou  la  qualité  de  leurs 
membres,  ou  spiromorp/ies,  c'est-à-dire  formées  d'appendices  insérés  sur 
une  spire  à  tours  lâches;  puis  nous  divisons  les  fleurs  symétriques,  selon 
qu'elles  ont  un  ou  plusieurs  plans  de  symétrie,  en  fleurs  zygomorphes  et 
fleurs  aclinomorphes. 

(')  Séance  du  27  décembre  1920. 


36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  types  ne  sent  pas  immuables.  La  Tératologie  enregistre  une  foule  de 
dérogations.  Je  nommerai  si'iuomoiumiosk  la  substitution  de  fleurs  spiro- 
morphes  aux  Heurs  symétriques,  actiinomoui'IIOSe  la  substitution  de  fleurs 
actinomorphes  à  des  fleurs  zygomorphes  ou  asymétriques,  zYr.oMORPiiosE  la 
substitution  de  fleurs  zygomorpbes  à  des  fleurs  asymétriques  ou  actino- 
morpbes. 

La  spiromorphose  a  élé  signalée  par  Morren  sous  le  nom  de  speiranlliie, 
qui  convient  aussi  bien  à  la  spiromorpbie  normale. 

L'aolinomorphose  est  souvent  décrite  sous  le  nom  de  pélorie;  mais  si 
toute  actinomorphose  est  une  pélorie,  la  réciproque  n'est  pas  vraie;  la 
i-égularisalion  est  limitée  aux  enveloppes  florales  dans  la  pélorieclassique 
de  Linné;  l'actinomorplioseestimpossible  tantque  les  nombres  de  membres 
des  cycles  sont  premiers  entre  eux. 

La  zygomorphose  n'a  pas  retenu  Tatlention.  Les  faits  qui  s'y  raltaclient 
sont  mentionnés  incidemment  et  épars  dans  la  littérature.  11  importe  de  les 
grouper  dans  un  Chapitre  spécial  de  la  Tératologie.  Les  fleurs  atteintes  de 
zygomorphose  difl'èrent  entre  elles  par  la  nature  et  l'origine  de  l'anomalie. 

D'ai'Uks  sa  NAITRE,  la  zygomorphose,  comme  la  zygomorphie  normale,  est 
Dièdlune.  oblique  ou  transversale.  La  première  se  confond  avec  la  symétrie 
bilatérale. 

Les  appendices  floraux  sont  modifiés  dans  leur  configuration,  leur 
position,  leur  nombre. 

La  fixité  normale  des  nombres  définis  est  inscrite  sui'  le  dingramme  de  la 
fleur.  On  distingue  le  diagramme  empirique  et  le  diagramme  théorique. 
Le  premier  est  construit  d'après  les  données  réelles;  le  second  est  le  même, 
complété  éventuellement  par  l'indication  de  membres  dont  la  place  est 
prévue  par  les  règles  phyllotaxiques  et  que  l'on  suppose  avortés  ou  latents. 
Le  diagramme  empirique  est  complet  s'il  ne  diffère  pas  du  diagramme 
théorique,  incomplet  s'il  renferme  moins  de  membres  que  le  second.  Dans 
le  premier  cas,  la  fixité  normale  ne  peut  être  altérée  que  par  avortement  ou 
par  addition  de  pièces  supplcnwnlaircs .  Dans  le  second,  le  réveil  insolite  des 
membres  latents  ajoute  des  membres  complémenKiires  qui  restreignent  ou 
effacent  la  différence  entre  le  nombre  empirique  et  le  nombre  tbéori(jue. 

Dans  (piantité  d'espèces,  la  configuration  et  le  nombre,  au  lieu  d'être 
'  fixes,  oscillent  habituellement  dans  certaines  limites.  11  importe  de  sé[)arer 
V  oscillai  ion  normale  delà  déformation  et  de  l'augmentation  ou  de  la  dimi- 
nution exceptionnelles. 

D'ai'Iu'cs  son  5ioi)E  i>e  l'iiODi'CTioN,  la  zygomorphose  est  exogène  ou  endo- 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I92I.  3; 

gène.  Dans  le  premier  cas,  la  déformation  est  limitée  aux  pièces  prévues 
dans  une  fleur  complète;  dans  le  second,  elle  frappe  simultanément  plusieuis 
fleurs  confondues  en  une  seule  (svnant/iie)  ou  assez  rapprochées  pour 
s'influencer  réciproquement  (parasyiiantliic)-^  elle  peut  même  s'étendre  à 
des  portions  de  l'appareil  végétatif  envahissant  les  fleurs.  Bien  que  les 
modifications  morphologiques  les  mieux  localisées  soient  la  traduction 
visible  de  troubles  nutritifs  dont  l'étendue  nous  échappe,  nous  nous 
renfermerons  dans  la  limite  des  données  objectives  on  plaçant  la  cause 
prochaine  de  la  zygomorphose,  soit  dans  la  fleur  elle-même,  soit  au  delà. 
C'est  sous  la  réserve  de  cette  convention  qu'il  faut  entendre  les  termes  de 

ZYGOMORPHOSE  ENDOGÈNE  et  de  ZYGOMORPHOSE  EXOGÈNE. 

Pour  fixer  les  idées,  je  choisirai  des  exemples  de  chaque  section  parmi 
quelques  centaines  d'anon)alies  observées  sur  le  Tropœohirn  majus. 

La  conliguralion,  la  position,  le  nombre  des  appendices  sont  définis  dans  la  (leur  de 
Capucine.  La  fleur  normale  est  asymétrique.  L'actinomorpliie  est  empêchée  par  les 
caractères  imprimés  par  l'appareil  sécréteur  à  la  lèvre  postérieure.  La  zygomorpliie 
est  troublée  au  début  du  développement  par  la  déviation  du  sépale  antérieur.  Ce 
sépale  Sg,  le  troisième  du  cycle  interne  du  calice,  s'écarte  de  la  médiane  vers  la  droite 
dans  les  fleurs  dextres,  vers  la  gauche  dans  les  fleurs  sénestres;  il  se  fusionne  avec  le 
dernier  sépale  du  cycle  externe  S3  et  forme  avec  lui  une  pièce  mixte,  plus  herbacée 
dans  la  moitié  externe  que  dans  la  moitié  interne.  Les  deux  pièces  antérieures  du 
calice  ne  peuvent  être  symétriques,  l'une  S,  gardant  le  type  externe,  l'autre  83+,; 
ayant  un  type  mixte. 

Les  carpelles,  superposés  aux  sépales  externes,  s^nt  déviés  dans  le  même  sens,  ainsi 
que  les  étamines,  dont  les  trois  premières  répondent  aux  sépales  internes.  Une  fleur 
séneslre  ressemble  à  l'image  d'une  fleur  dextre  dans  un  miroir  placé  latéralement.  Ni 
l'une  ni  l'autre  n'a  de  symétrie  propre, 

La  cause  initiale  d'asymétrie,  provenarht  de  la  concrescence  d'un  sépale  externe  avec 
un  sépale  interne,  sera  supprimée:  i^si  la  pièce  mixte  Sj+g  disparaît;  'î°  si  le  sépale  S,; 
s'aflVanchit  du  sépale  S3.  Les  deux  alternatives  se  réalisent  et  entraînent  la  zygomouimiose 

ENDOGÈNE. 

1°  Dans  l'observation  228,  l'ordre  de  déhiscence  des  étamines  indique  une  fleur 
dextre.  Le  pétale  antérieur  a  di«>paru;  il  reste  un  seul  sépale  antérieur  S,;  la  troisième 
étamine  épisépale  est  avortée  comme  Sj,  le  troisième  carpelle  comme  S3;  les  deux 
carpelles  sont  médians  comme  l'unique  étamine  antérieure  survivant  à  l'avortement  du 
pétale.  Parfaitement  zygomorphe,  la  fleur  228  est  d'ailleurs  normale.  La  fleur  11.5  n'en 
difl'ère  que  par  la  bifurcation  de  l'éperon,  la  persistance  des  deux  étamines  antérieures 
et  des  trois  carpelles,  dont  la  suture  antérieure  est  exactement  médiane. 

2°  Dans  les  observations  323,  316,  223,  le  sépale  médian  S5  est  dégagé  de  S3  symé- 
trique à  S,.  Le  pétale  médian  est  dissocié  en  deux  pièces  symétriques  P,  et  V^  accom- 
pagnées chacune  d'une  étamine  E;,  Eg  sans  préjudice  de  E3  médiane  comme  Se.  La 
suture  antérieure  du  pistil   n'est   nullement  déviée.    La  zygomorphose   médiane   n'est 


38  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

tioiiblée  que  par  des  modificalions  accessoires  :  petit  éperon  seiui-iiivaginé  sur  le 
pétale  latéral  droit  (323),  concrescence  du  même  pétale  avec  son  élamine  (31C), 
pétale  antérieur  gauche  filiforme  (223).  Dans  celte  dernière  fleur,  ainsi  qu'il  arrive 
fréquemment  en  cas  de  dilatation  de  la  lèvre  antérieure,  les  pétales  postérieurs  sont 
fusionnés  en  une  pièce  médiane;  il  en  est  de  même  des  étamines  correspondantes. 

La  ZYGOMORPiiosE  EVOGÈNE  résulte  de  la  fusion  de  deux  rudiments  dans  les  exemples 
suivants  : 

Dans  l'observation  277,  la  lèvre  postérieure  est  normale;  seulement  les  deux  éta- 
mines postérieures  sont  les  premières  épipétales  H.,  Ej;  les  pétales  correspondants 
ont  donc  la  valeur  de  Po,  l'un  dextre,  l'autre  sénestre.  Le  pistil  se  compose  de  quatre 
ciirpelies  orthogonaux;  les  transversaux  sont  C^  dextre  et  C3  sénestre.  La  lèvre  anté- 
rieure n'a  que  deux  pétales  symétriques  a^ec  les  deux  dernières  étamines  et  un  sépale 
médian  Si.  Malgré  l'absence  de  Sj  et  de  l'élamine  correspondante,  il  existe  trois  éta- 
mines épisépales  ;  les  deux  premières  sont  conformes  au  diagramme  dextre;  E,,  placée 
à  gauche  en  avant  de  Ej,  provient  d'une  composante  sénestre.  L'écartenieut  de  ces 
deux  pièces  est  le  seul  obstacle  à  la  zvgomorphie. 

Dans  l'observation  337,  les  sépales  externes  médians  sont  communs  aux  deu\  Heurs 
conlluentes.  Les  vestiges  symétriques  de  deux  S3  se  reconnaissent  à  la  virescence  du 
bord  antérieur  des  sépales  internes  de  la  lèvre  postérieure.  Le  sépale  S,-,  est  médian, 
superposé  à  S,,  entièrement  libre.  Sa  largeur  et  la  bifurcation  de  l'élamine  médiane  E^ 
attestent  sa  double  origine.  La  même  dualité  se  manifeste  dans  l'éperon  muni  d'une 
cloison  médiane  prolongée  par  un  petit  pétale  concrescenl  à  son  étamine  Pj-t-Es 
commun  aux  deux  composantes.  Les  pétales  voisins  représentent  Pj  comme  dans  la 
synanthie  précédente.  L'étamine  qui  fait  pendant  à  E3  gauche  est  concrescente  à  E^. 
Les  étamines  Eg,  E,  répondent  aux  pétales  latéraux,  dont  le  gauche  est  avorté.  Le 
pistil  tricarpe  a  la  cloison  antérieure  exactement  médiane. 

La  zygoraorphose  est  parfaite  dans  l'observation  162.  La  fleur  dilïère  de  277  par 
l'absence  de  l'étamine  perturbatrice  E,.  C,  a  la  même  position;  mais  les  carpelles 
transversaux  sont  confondus  avec  le  postérieur  en  une  loge  médiane  surmontée  de 
deux  stigmates  symétriques. 

La  Heur  de  l'observation  22  s'en  dislini;ue  par  l'avortemenl.  du  sépale  et  du  carpelle 
postérieuis,  la  fusion  des  pétales  postérieurs,  la  séparation  des  carpelles  transversaux 
dans  la  portion  ovarienne  comme  dans  la  portion  stigmatique.  On  croirait  le  pistil 
retourné. 

Le  pistil  a  la  même  apparence  dans  l'obserN  alion  3().  De  plus,  la  lè\  re  posléiieure 
est  réduite  à  un  sépale  inteine  médian  comme  l'étamine  correspondante,  la  lèvre  anlé- 
l'ieure  à  un  sépale  externe  médian  et  à  une  pièce  superposée  où  l'on  distingue  dans 
chaque  moitié  le  rudiment  d'un  pétale  et  d'une  élamine,  P,  de  chaque  composante. 
Les  deux  pétales  bien  dé\eloppés  avec  leurs  étamines  sont  exactement  transversaux. 

La  fleui'  de  l'obserx  ation  33  est  presque  identique,  seulement  elle  a  (|ualre  carj)elles 
diagonaux,  l'antérieur  gauche  un  peu  difiTorme. 

La  Heur  de  l'observation  6  a  quatre  élamines  et  quatre  sépales  orthogonaux,  quatre 
étamines  entre  quatre  pétales  et  quatre  carpelles  diagonaux.  Les  pétales  postérieurs 
Mont  munis  chacun  d'un  é|)eron  dUlinct.  Sa  zygomorpho>e  est  parfaite. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    1921.  3g 

S.  A.  s.  le  prince  Albkrt  de  Monaco  fait  hommage  à  rAcarloniie  des 
fascicules  LVH  et  LVIII  des  nésiilttils  4(es  campagnes  srienliliijues  arcomjdics 
sur  son  yacht  :  Lanes  dWcliniiiin-s,  par  Cii.  Graviku;  Elude  t/Wna/oDiie 
cof/iparéc  sur  les  Poissons,  par  Josr.i'ii  Nusi!ai;m-Hii.aiu)\vicz. 


PLIS  CACHETES. 

M .  Ji'i,ES  Cesario  demande  roiiveiture  d'un  pli  caciiclé  reru  dans  la 
séance  du  22  juillet  191H  et  inscrit  sous  le  n°  8557. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Président,  contient  un  Mémoire 
ntitulé  :  Heclierches  sur  le  roi  {'n  général  cl  ses  applications  à  raviation. 

.([Renvoi  à  l'examen  de  M.  A.  Râteau.) 


CORRE  SPOND AXCE . 

M.  le  Secrétaike  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  de  la  Correspon- 
dance : 

1°  Un  Mémoire  descriptif  (dactylographie)  déposé  à  l'appui  d'une 
demande  de  brevet  d'invention  en  France  et  en  Angleterre  pour  procédé 
et  installations  pour  Futilisalion  électromécanique  des  marées,  formée  par 
Andué  Defour.  (Présenté  par  M.  G.  Bigourdan.) 

2°  Note  sur  la  purification  et  l'amélioration  des  colons  égyptiens,  par 
M.  Victor  M.  Moséri.  (Présenté  par  M.  H.  Lecomte.) 

3"  Deux  caries  géologiques  dressées  par  F.-L.  PEitrinA  de  Sous\  :  Esboi^o 
geologico  da  parte  occidental  do  Norlc  de  Angola,  I()i6,  el  Esboço  gcologico 
da  parle  occidental  do  Sul  d'A  ngola,  1 9 1 5 . 

MM.  CoBLENTz  et  Lagrula  adressent  des  remercîments  pour  les  distinc- 
tions que  l'Académie  a  accordées  à  leurs  travaux. 

M.  J.  JoLLY  adresse  des  remercîments  pour  la  subvention  qui  lui  a  été 
accordée  sur  la  fondation  Loulreuil. 


4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Su7-  cerlaïnes  équations  diJjl'érr/itirUes 
linéaires  complètement  intégrahles.  Note  de  M.  Axgelesco,  pré- 
sentée par  M.  Appell. 

1.  LeiMME.  —  PC'^")  ^'  Q(^')  ^'''?"'  (leur  polynômes  quelconques  m  x 
respectivement  du  degré  p  et  du  degré  </,  p  >  q,  r expression 

r       '^'/  ir.,   /^'P  '/''"''v* 

/  — 0 

,  ^„          /7i(//?  —  i).  .  .(m  —  «  +  i)  ,  ,      , 

o<<  L     = est  un  polynôme  du  degré  n  —  q. 

"'  l  .1.  .  .11  ■'  O  1  1 

Pour^  =  I.  la  proposition  est  évidente.  Supposons  ce  lemme  vrai  pour  Q 
un  polynôme  quelconque  du  degré  q\  nous  allons  montrer  qu'il  lest  aussi 
pour  Q  un  polynôme  du  degré  </  +  i.  Considérons  pour  cela  l'expression 

d\i 
ct.v 


(2)  (/j-7)E~(.r-o:)- 


où  a  est  une  constante  arbitraire,  expression  qui  est,  d'après  nos  hypo- 
thèses, un  polynôme  du  degré  p  —  q  —  i.  Si  nous  ordonnons  l'expres- 
sion (2)  d'après  les  dérivées  successives  de  P,  le  coefficient  de  (—  i)'-/-? 
sera 

En  tenant  compte  que 

on  voit  facilement  que  ce  coefficient  (3)  peut  s'écrire 


cr 


<r/x'/+'- 


De  sorte  que  l'expression  (2),  qui  est  un  polynôme  de  degré/;  —  (7  +  i)- 
se  met  précisément  sous  la  forme  (i).  où  q  est  remplacé  par  y -(-  i  et  Q 
par  (x  —  ».)(). 

2.  Nous  allons  nous  servir  de  ce  lemme  pour  former  et  intégrer  une 
classe  d'équations  dilTérenlielles  linéaires. 

Supposons  que  l'équalion  Q(.r)=^o  a  loutes  ses  racines  distinctes  et  soient 
a,,  a^,  ...,  a^  ces  racini's.  Si  dans  l'expression  lî  nous  faisons  P  =  (.r  —  a,)'', 
a,  étant  une  quelconque  de  ces  racines,  on  voit  que  chaque  terme  de  celte 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  4l 

somme  est  divisible  par  (  ;r  —  'J-,)''"'''  '  ;  mais  d'après  notre  lemme,  l'expres- 
sion M  est  un  polynôme  du  degré /j  —  q,  il  résulte,  dans  ce  cas,  que  V.  doit 
être  idenliquemenl  nulle.  Donc  l'équation  diiïérentielle  linéaire 

a  pour  intégrale  parliculière  (  r  —  7.,)''.  Par  suile  son  intégrale  générale 

sera 

y  =  C,(.r-  a,)/'+  C-(.î^  -  «2)"  +  .  •  •  +  C,,(.p  -  a,,)". 

Cas  (les  racint's  égnh's.  —  Ce  cas  se  traite  immédialemcnt,  soit  par  la 
méthode  de  d'Alembert,  soit  à  l'aide  de  notre  lemme. 

Supposons,  en  effet,  que  x,  soit  racine  double  de  Q(^)  =  o.  Alors  si  nous 
remplaçons  dans  E,  P  par  (C.r -h  C)  (o^  —  a,)''-',  C  et  C  étant  deux 
constantes  arbitraires,  cette  expression  est  encore  identiquement  nulle.  Par 
suite,  les  deux  intégrales  particulières  de  l'équation  (/|)  correspondant  à 
la  racine  double  a,-,  sont  x(x  ~  x,)''"'  et  {x  —  o^,)''~',  ou  bien  (a;  —  a,)''  et 
(.r  —  y./)''  '.  Si  3c,  était  une  racine  multiple  d'ordre  s,  les  s  inlégrales  parti- 
culièr.is  correspondantes  sont  {x  —  7./)'',  {x — •x,)''-"',  ...,  {x  —  dc,- )''"*"*"' . 

Extension.  —  Dans  l'équation  (4)  nous  avons  supposé  jusqu'à  présent 
p  entier;  cette  restriction  n'est  pas  nécessaire  :  p  peut  être  une  quantité  qiu-1- 
co/ique.  Carie  premier  membre  de  (4)  devient,  en  remplaçant_/par  (.r  — a,)'', 
un  polynôme  du  degré  q  en  p  qui  est  nul  pour  toutes  les  valeurs  entières 
de  p  supérieures  à  q.  Ce  polynôme  doit  donc  être  identiquement  nul. 

Cas  limite.  —  Soit 

Q(.r)  =  A^/.rî-i-  A,,_,  j"/-'  +  .  .  .  +  „. 

Si  nous  faisons  dans  l'équation  différentielle  (4)  le  changement  r  =:  —  - 
et  si,  après  avoir  divisé  par/»'',  nous  faisons  croître  />  indéfiniment,  l'équa- 
tion (4)  se  réduit  à  l'équation  différentielle  à  coefficients  constants 

.    d'iy  di-'y  . 

Nous  retrouvons  l'intégrale  générale  de  cette  équation  en  écrivant  l'inté- 
grale générale  de  léquation  (4)  sous  la  forme 


■=  G,    I  +  -^      4_  C',    I  +  -^      +  . . .  +  C,    .  + 


et  en  faisant  croître  p  indéfiniment. 


I\1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉCANIQUE.   —  Sur  les  chocs  dans  les  (■n^reri<ii:;cs  de  cliangenienl  de  vitesse 
des  automobiles.  iNole  (')  de  M.  A.  Petot,  présentée  par  M.  Appell. 

I.  Avant  d'aborder  le  problème  du  choc  dans  les  trains  d'engrenages, 
tel  qu'il  se  pose  praticjuenient  pour  l'automobile,  il  y  a  lieu  de  considérer 
le  cas  schématique  de  deux  engrenages  isolés.  O  et  O'.  Soient  a,  a'  les 
rayons  de  leurs  circonférences  primitives;  I  et  l' leurs  moments  d'inertie; 
w,  c.  Cl)',  c'  leurs  vitesses  angulaires  et  linéaires  à  l'instant  de  la  mise  en 
prise,  avec  r>  t'';  u  la  vitesse  linéaire  commune  après  le  choc;  ûî  et  ra'  les 
deux  percussions  égales  et  de  sens  contraires,  exercées  par  O'  sur  O  et 
par  O  sur  O;  et  —  A(v  la  perte  totale  de  force  vive.  Nous  avons  négligé 
le  frottement  dans  une  première  approximation,  ce  qui  revient  à  admettre 
que  la  ligne  d'action  des  deux  percussions  ro  et  cï'  passe  par  le  point  de 
contact  C  des  circonférences  primitives;  nous  désignerons  par  a  l'angle  de 
cette  ligne  avec  la  tangente  commune  en  C  à  ces  deux  circonférences. 

Si  l'on  pose 

(i)  1  =  ma'^,         l'=  m' a"^, 

en  désignant  par  m  et  m'  des  masses  convenables,  on  trouve 

,    ,  mv  H-  m'  r' 

(2)  u  = —, 

m  -+-  m 

'  inm'{\-—  y)      1 

(01  ra  ^  ■ —  ) 

m  -h  m         cos5< 

,  min'{v  —  v'Y 


expressions  presque  identiques  à  celles  obtenues  dans  le  cas  du  choc  direct 
de  deux  sphères  de  masses  m  et  «i,  complètement  dépourvues  d'élasticité. 
Par  exemple,  avec  les  engrenages  à  développantes  de  cercle,  qui  sont  les 
seuls  employés  dans  les  boîtes  de  vitesses,  on  a  d'ordinaire  a  =  i5°,.et,  par 

suite,  — —  =  i,o3').  valeur  très  voisine  de  l'unité. 

2.  De  là  il  est  facile  de  passer  à  l'élude  des  chocs  qui  se  produisent  dans 
les  trains  d'engrenages;  les  raisonnements  sont  les  mêmes  et  les  calculs  à 
peine  plus  compli(iués.  Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  l'arbre  O  porte 
un  deuxième  engrenage  O,,  en  prise  au  point  C,  avec  un  autre  Oj,  et.  de 

C)  Séance  du  27  décembre  1920. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  43 

int'ine  ([ue  l'aibic  ()'  porie  un  deuxième  engrenage  O,.  en  prise  au 
point  C'i  avec  un  autre  O.,  ;  tous  ces  engrenages  étant  à  développantes  avec 
la  même  valeur  de  l'angle  a.  Deux  cas  sont  à  considérer,  suivant  que  les 
percussions  modifient  ou  non  le  sens  des  contacts;  nous  commencerons  par 
ce  dernier.  11  en  est  ainsi,  par  exemple,  quand  O,  est  conduit  par  0._,  et 
que  O',  conduit  G',. 

Conservons  pour  O  el  O'  les  notations  précédentes,  et  désignons  par  /;, 
c,  // et  f'  les  rayons  des  circonférences  primitives  des  engrenages  O,,  O^, 
0|,  O',,  et  par  J  et  .1'  les  moments  d'inertie  de  Oo  el  de  O!,.  Si  l'on  pose 


(5) 

1  =  ma-. 

(<i) 

V z=.  m'a'' 

on  trouve 

(7) 

(8) 

(9) 

J  =  iii.,c',  M  =  m 


M  r  +  M'  c' 


M  4-  M' 
M  M' (<■  —  (■') 


A(r  =  - 


M  +  M'        cosa 

MM'(i'—  r'i- 
M  +  M'       ' 


comme  dans  le  cas  simple  de  deux  engrenages  isolés. 

Ces  conclusions  doivent  être  complètement  modifiées  quand  les  percus- 
sions changent  l'ordre  des  contacts;  nous  allons  le  montrer  sur  un  exemple. 
Supposons  que  O,  conduise  O^  et  (|ue  O',  soit  conduit  par  ()...  11  se  produit 
alors  à  l'instant  du  choc  de  (  )  contre  (  )'  deux  changements  de  contact,  l'un 
en  C|  entre  <),  et  i)^?  et  l'autre  en  (1\  entre  (_),  el  ()',,  en  sorte  que  les 
engrenages  O^  et  (  >'j  n'interviennent  pas  dans  ce  premier  choc,  mais  seule- 
ment dans  d'autres,  qui  ont  lieu  presque  immédiatement  après,  à  la  reprise 
du  contact.  On  a  ainsi  dans  ce  cas,  au  lieu  d'un  seul  choc,  nécessairement 
assez  violent,  parce  qu'il  met  enjeu  les  masses  totales  des  deux  trains,  une 
suite  de  chocs  moins  im[)ortants,  se  succédant  à  des  instants  exti'êmemenl 
rapprochés.  Les  considérations  précédentes  permettent  d'étudier  successi- 
vement tous  ces  chocs  partiels  dans  l'ordre  où  ils  se  produisent. 

3.  Enfin,  pour  donner  un  exemple,  sous  forme  concrète,  des  problèmes 
de  choc  qui  se  posent  à  propos  de  la  manœuvre  du  changement  de  vitesse, 
nous  supposerons  que  l'on  passe  de  la  première  vitesse  à  la  seconde.  On 
sait  que  l'on  débraye  à  fond,  de  manière  à  mettre  en  jeu  le  frein  d'em- 
brayage, dont  l'effet   s'ajoute   à  ceux  du  frottement  de   la  fourchette  de 


44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

débrayage;  il  en  résulte  que  l'arbre  inlcnnédiaire  tend  à  se  ralentir  moins 

vite  que  le  primaire. 

On  peut  alors,  pour  étudier  lecbocqui  se  produit  au  passage  des  vitesses, 
utiliser  les  résultats  obtenus  plus  haut,  en  faisant  jouer  aux  arbres  inter- 
médiaire et  secondaire  les  rôles  respectifs  des  arbres  O  et  O'.  C'est  d'ail- 
leurs ici  l'engrenage  O,  qui  conduit  O2,  en  sorte  que  l'arbre  primaire 
n'intervient  pas  dans  le  choc  principal,  mais  seulement  dans  les  suivants, 
ce  qui  est  avantageux.  Cela  suppose  que  la  vitesse  linéaire  de  O  n'ait  pas 
été  abaissée  au-dessous  de  celle  de  O',  aussi  ne  doit-on  user  qu'avec  pré- 
caution du  frein  d'embrayage. 

Pour  ce  qui  est  du  choc  du  pignon  conique  sur  la  couronne  du  diffé- 
rentiel, il  paraît  plausible,  à  cause  de  la  grande  longueur  de  l'arbre  secon- 
daire, d'admettre  qu'il  se  produit  avec  un  certain  relard,  et  que,  par  suite, 
le  choc  principal  intéresse  seulement  l'arbre  intermédiaire  et  l'arbre  secon- 
daire, les  autres  n'en  recevant  ensuite,  par  contre-coup,  que  des  réactions 
très  atténuées.  Ces  questions  seront  traitées  avec  plus  de  détails  dans  le 
troisième  volume,  actuellement  à  l'impression,  de  mes  recherches  sur  la 
Dynamique  de  l'automobile. 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Ail  sujet  de  hi  détermination  (V  un  crilérc  (le  fatigue 
'générale  des  moteurs  à  combustion  interne.  Note  (')  de  M,  Ditmanois, 
présentée  par  M.  Bertin. 

Le  moteur  Diesel,  par  son  rendement  économique  élevé,  la  possibilité  de 
brûler  des  combustibles  liquides  peu  volatils,  par  conséquent  peu  coûteux 
et  peu  dangereux,  présente  un  intérêt  industriel  considérable. 

C'est  le  moteur  idéal  des  sous-marins  el  des  cargos.  A  puissance  égale, 
et  par  rapport  à  une  installation  de  machine  à  vapeur  et  chaudière  à  combus- 
tible liquide,  il  permet  une  économie  de  3o  à  65  ])our  100  de  combustible, 
une  diminution  d'encombrement  de  3o  à  5o  pour  100  el  l'économie  de 
toute  la  main-d'œuvre  du  personnel  de  chaufle.  A  un  autre  point  de  vue, 
c'est  également  le  moteur  indiqué  de  toutes  les  installations  électricpies  de 
secours,  car  il  permet  la  possibilité  d'une  mise  en  route  immédiate  à  air 
comprimé. 

Par  contre,  la  réalisation  d'un  tel  moteur  présente  des  difficultés  spéciales 

(')  Séance  du  27  décembre  1920. 


SÉANCE    DU    â    .lANVIER    I921.  45 

résiillanldes  teinpc'Taluies  élevées  auxquelles  sont  soumises  certaines  pièces  : 
soupapes,  culasses,  fonds  de  piston,  en  conlact  avec  les  gaz  enllammés. 
Alors  que  dans  la  machine  à  vapeur  il  suffit  de  calculer  les  pièces  en  tenant 
compte  des  efforts  mécaniques  faciles  à  déterminer,  un  tel  procédé  est 
insuffisant  pour  les  moteurs  à  combustion  interne,  et  particulièrement  les 
moteurs  Diesel.  C'est  la  difficulté  d'évaluer  a  priori  la  fatigue  résultant  des 
phénomènes  thermiques  qui  a  été  cause  de  tant  de  déboires  dans  la  réali- 
sation de  ces  moteurs,  et  particulièrement  des  moteurs  très  poussés  destinés 
aux  sous-marins. 

C'est  dans  le  but  de  combler  cette  lacune  que  nous  avons  été  conduit  à 
la  recherche  et  à  la  détermination  d'un  critère  de  fatigue  générale.  On  peut 
considérer  que  les  phénomènes  thermiques  sont  concrétisés  par  la  tempéra- 
turc  de  la  paroi  interne,  car  lorsque  la  température  de  cette  paroi  s'élève, 
la  température  des  points  localement  les  plus  chaufTés  s'élève  corrélative- 
ment, ce  qui  en  accélère  la  destruction,  et  l'on  conçoit  que,  dans  ces  condi- 
tions, l'étude  de  la  variation  de  température  de  la  paroi  interne  puisse 
donner  un  renseignement  utile  sur  l'endurance  et  par  conséquent  la  fatigue 
du  moteur.  Ceci  posé,  en  étudiant  le  refroidissement  des  cylindres  de  mo- 
teurs, dans  les  différents  cas  possibles,  nous  avons  été  conduits  à  exprimer 
les  variations  de  température  de  la  paroi  interne  et  à  déduii-e  la  valeur  du 
coefficient  de  fatigue  générale  *I>  sous  la  forme 

p  étant  l'ordonnée  moyenne  du  diagramme,  N  lenombre  de  tours  par  minute,  e  l'épais- 
seur de  la  paroi. 

Comme  la  puissance  F  a  pour  valeur 

F  —  KnD^CNp, 

K  étant  une  constante,  D  l'alésage,  C  la  course,  n  le  nombre  de  cylindres, 

on  déduit 

4»  = 


K«D^C 


Ce  coefficient  est  susceptible  de  diverses  simplifications,  suivant  les  cas 
envisagés;  il  s'applique  aux  différents  types  de  moteurs  thermiques. 

En  tout  état  de  cause,  ce  coefficient  permet  de  concrétiser  la  fatigue 
thermique  en  fonction  uniquement  des  caractéristiques  géométriques  et 
mécaniques  de  la  machine  :  course,  alésage,  nombre  de  tours,  nombre  de 


46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cylindres,  puissance.  C'est  h'i  l'intérêt  fondamental  d'un  tel  coefficient 
puisqu'il  doit  permettre  a  priori,  avanl  construction,  d'éliminer,  par 
comparaison  avec  les  moteurs  antérieurement  construits,  les  conceptions 
vouées  à  l'insuccès  et  d'économiser  ainsi  les  pertes  de  temps,  d'argent  et 
de  confiance  qui  en  résulteraient  et  qui  se  sont  mallieureusement  produites 
trop  souvent. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Compresseur  à  membrane .  Note(') 
de  M.  II.  CoRBLix.  présentée  par  M.  M.  Leblanc. 

Les  compresseurs  à  membrane  offrent  un  certain  nombre  d'avantages  qui 
sont  principalement  : 

La  suppression  du  graissage  :  les  gaz  sont  comprimés  à  l'abri  de  tout 
lubrifiant,  ce  qui  évite  les  encrassements  de  clapets,  de  robinets,  etc.,  rend 
inutiles  les  purgeurs  et  séparateurs  d'buile,  permet  de  comprimer  des  gaz 
attaquant'les  lubrifiants  et  d'obtenir  tous  les  gaz  sous  pression  à  l'étal  de 
pureté; 

La  possibilité  de  comprimer  des  gaz  attaquant  les  garnitures  et  les  métaux 
employés  d'ordinaire  dans  la  construction  des  compresseurs;  le  choix  des 
meilleures  matières  pour  le  plateau  inférieur  et  pour  la  membrane  étant 
beaucoup  plus  facile  (on  peut  à  cet  effet  superposer  plusieurs  membranes 
dont  une  inattaquable); 

La  suppression' des  inconvénients  des  presse-étoupes  et  des  garnitures  de 
piston  et,  par  suite,  des  fuiles,  des  frottements  exagérés  el  de  l'écbauffement 
qui  en  résulte  :  le  piston  de  la  pompe  de  l'appareil  dont  il  est  question  ici 
travaille  dans  l'eau  et  ses  fuiles  sont  récupérées; 

11  n'y  a  plus  aucune  perte  de  gaz  du  fait  du  compresseur  dans  les  cycles 
fermés  des  machines  frigorifiques  à  compression. 

Jusqu'à  présent  ces  compresseurs  à  membrane  n'ont  pas  été  employés 
avec  succès  tant  à  cause  des  mauvaises  dispositions  adoptées  pour  la  com- 
mande de  la  membrane,  que  des  difficultés,  qui  se  présentent  dans  la 
levée  de  celle-ci  de  la  surface  des  plateaux  limitant  sa  course  el  dans  son 
application  sur  ces  plateaux. 

L'appareil  que  nous  avons  construit  donne  des  résultais  pratiques  satis- 
faisants. 

La  figure  représente  une  coupe  verticale  schématique  de  l'ensemble. 

(')  Séanco  du  f.'  déceinijie  1920. 


SÉANCE    DU    3    JAWIER    1921.  ^7 

La  meinbiaiio  A,  serrée  eiilie  deux  |)lalcaiix  B  el  C,  laissant  entre  eux 
une  cavité  en  forme  de  deux  troncs  de  cônes  à  angle  très  ouvert  cl  ayant 
nicine  base,  oscille  en  allant  s'appliquer  successivement  sur  ces  deux  |)!a- 
teaux,  grâce  à  une  pompe  hydraulique  D,  refoulant  ou  aspirant  un  licpiide 
à  travers  les  trous  du  plateau  supérieur. 


Compresseiii-  à  iiieinlirane  :  coupi^  verticale  scheinalique. 

C'est  en  somme  un  compresseur  à  piston  liquide, la  membrane  ne  servant 
qu'à  limiter  ce  liquide. 

La  pompe  est  munie  d'une  soupa[)e  E  et  d'un  reniflard  F  qui  ne  devraient 
s'ouvrir  ni  l'un  ni  l'autre  s'il  n'y  avait  aucune  fuite,  mais  qui  sont  des 
organes  de  sécurité.  Un  réglage  de  course  facile  et  précis  est  disposé  sur  le 
vilebrequin  et  permet  de  réduire  au  minimum  le  jeu  de  ces  organes. 

Avec  le  compresseur  à  membrane  en  fonctionnement  on  [)eut  monter  en 


48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

une  seule  |)hase  de  la  pression  atmospliériquc  à  une  pression  de  plus  de 
loo'^s  j)ar  centimètre  carré. 

La  compression  est  voisine  de  la  compression  isolliermique  :  le  gaz  est 
comprimé  en  lame  mince  animée  d'une  grande  vitesse,  entre  une  masse 
métallique  et  une  membrane  également  métallique  de  l'autre  côté  de 
lacjuelle  se  trouve  un  liquide  animé  lui  aussi  d'une  grande  vitesse.  De  là, 
réduction  de  force  motrice  et  économie  dans  les  systèmes  réfrigérants  qui 
suivent  généralement  les  compresseurs. 

Il  est  possible  de  faire  tourner  ce  compresseur  à  membrane  à  des  vitesses 
très  diverses. 

On  peut  aussi  envisager  l'obtention  de  très  bautes  pressions  avec  un 
assemblage  des  plateaux  et  de  la  membrane  suffisamment  résistant. 


•ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Lyon,  pendant  le  troisième  trimestre  de  1920.  Note  de 
M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  13.  Baillaud. 

Il  y  a  eu  88  jours  d'observation  dans  ce  trimestre  ( ')  et  voici  les  prin- 
cipaux faits  qu'on  en  déduit  : 

Taches.  —  Malgré  un  Jiombie  de  groupes  de  laclies  moindre  (3i  au  lieu  de  'nj), 
Taire  totale  enregistrée  est  plus  grande  que  précédemment  (-)  (3468  millionièmes  au 
lieu  de  2o83);  cet  accroissemenl  de  la  surface  lacliée  est  dû  à  des  formations  plus 
importantes,  en  septembie,  que  dansles  mois  précédents.  La  naissance  du  plus  remar- 
quable de  ces  groupes  a  mis  lin  à  l'absence  de  lâche  constatée  le  28  aoùl  ;  son  dévelop- 
pement rapide  l'a  rendu  visible  à  l'œit  nu  dès  le  2  septembre,  et  la  durée  de  sa 
dispaiition,  en  contournant  le  limbe  occidental,  a  été  de  plus  d'un  jour,  les  8 
et  9  septembre  {''). 

Dans  la  répartition  des  groupes,  on  remarque  1  i;roupe  en  jilus  au  sud  de  l'équateur 
(18  au  lieu  de  17),  et  16  en  moins  au  nord  (16  au  lieu  de  82). 

La  latitude  moyenne  de  l'ensemble  s'équilibre  à  égale  distance  de  l'équateur.  mais 
a  augmenté,  avec  —  i2°,5  et  -4-  r',",5  au  lieu  de  —  10°, o  et  +  io°,7. 

Au  cours  des  observations  dans  ce  trimestre,  on  a  noté  cinq  jours  sans  tache. 

Régions  d'activité.  —  Les  facules  enregistrées  sont  en  décroissance  :  on  a,  en  elTet, 
i3o  groupes  au  lieu  de  i52  el  i  1 '1,7  millièmes  au  lieu  de  120,. "i- 


(')   Avec  l'aide  de  M"- Gmii  lor. 
(')  \o\r  Comptes  rendus,  t.  171,  iij'.o,  p.   \\>.a. 

(^)   La   persistance   de  ce  groupe  s'est   nianifestée   diins   les   i\ii»\    rolalions   solaires 
suivantes. 


SÉANCE  nu  3  JANVIER  1921.  49 

La  diminution  se  ra|)|)orte  toute  à  l'héniisphère  austral  avec  28  groupes  en  moins, 
soit  60  au  lieu  de  83,  et  l'on  a  i  groupe  en  plus  dans  l'autre  hémisphère  avec  le  nombre 
de  70  au  lieu  de  69. 


Ta 

BI.KAU    I. 

—  Tacf 

IM. 

Dalel 

.Nombrs 

l'usa 

Lalitutleft  ui 

uvtniius. 

Surfaces 

Dates 

Nombre 

Pass. 

Latitudes 

moyennes. 

Surfaces 

extrtmes 

d'obier- 

au  mer. 

— -         

^^^^ — 

Dioyennt^s 

extrêmes 

d'obser 

au  mer. 

' ^ 

-           ■■ — ■ 

moyenne 

il'obserr. 

TBtlons. 
J 

central, 
iiillet  I 

s. 

t-)'iO.  —  0, 

N. 

rcduIlBi. 

il'obser». 

talions. 

central. 
Août 

S. 

(suite). 

N. 

dulles 

■r.-  8 

l3 

',9 

+  i3 

■lUu 

10  17 

8 

■5,7 

+  11 

Go 

•i8-2>) 

2 

^,7 

—  «I 

7 

12-23 

12 

18,1 

—  22 

166 

?.8-r.i 

12 

4,„ 

— 14 

324 

i3   16 

4 

18, G 

— 13 

21 

0 

1 

-1 ,  i 

—  7 

4 

l3-22 

7 

19,3 

-HT  1 

2.-) 

i)-i() 

2 

12 

7,9 
9i9 

—  5 

-l-iG 

5 

38 

21-27 

7 

27,9 

+  1  I 

44 

j-  I  ) 

8-18 
I  i 

0 

I 

1 4 ,  ■'. 
17,1.1 

-  4 

-H    8 

'9 

48  j 

—  15° 

5  -l-ii" 

G 

ij  20 

5 

21,4 

— 13 

'9 

Septemh 

re.  —  0 

07. 

17-29 

12 

23,3 

'-hll 

ic>3 

I-  5 

3 

1,9 

— 12 

5 

22-28 

5 

24,9 

-H   8 

5 

'.-  7 

6 

■>-,4 

-HlG 

12 

20 

■ 

23,6 

—  3 

5 

29-  9 

1 1 

2,9 

-14 

766 

23-   .', 

ij 

28,9 

-i-i3 

92 

12-16 

5 

10, G 

-l-IO 

42) 

2  )  -   ") 

KiO  j. 

-il,! 

—  1 4 

99 

9-16 
26-3o 

8 
5 

i3,i 
24,4 

—  12 

-t-i4 

95 

— 11°, 

-1-11° 

5 

i5i 

2 1  -3o 

9 

27,4 

—  10 

5i 

Août 

—  0, 10. 

■4 

22-  4 

I 
1 1 

28,3 
28,6 

— 12 

-h  20 

3 

408 

28-30 

3 

2, 1 

—  7 

iS 

-27-  4 

7 

29,9 

-i-i3 

1 10 

3o 

I 

2,  ) 

— 20 

2 

24-  5 

-14 

10 

3o,o 

99 

(1-7 
2-7 

2 

4 

3,3 
6,1 

-h  12 

-t-i3 

i5 
10 

76  j 

,6 

— 12° 

3  +14° 

Tableau  II.   —   Distribuiion  des  taches  en  latitude. 


Juillet 

Août 

Septembre. 

Totaux.. 


90'.      kO°.        30".         20*. 


.Nord. 
10*.        20*.      30'. 


»  5 
I  J 
3     i3 


Surfaces 

ToUui 

totales 

Dentuelt. 

réduites. 

'4 

982 

9 

36i 

1  I 

2123 

3468 


Tableau  III.  —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


0'.     10*.       20*.      30°.    ko*.  90°. 

5     10      6       »  » 

5     16       3       I  » 

5     12       6       »  i 

i5     38     i3       I  I 


C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  172.  N°  1. 


5o 
42 
38 

i3o 

4 


Surfaces 

totales 
réduiies. 

46,1 
32,8 
35,8 

'■4,7 


5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


NAViGAiio.x.  — Sur  le  guidage  des  navires  à  l'entrée  des  ports  et  chenaux 
par  un  câble  électricpie  immergé.  Note  (')  de  MM.  L.-A.  Herdt  et  R.-B. 
Owens,  transmise  par  M.  A.  Blondel. 

Au  cours  de  la  dernière  guerre,  des  expériences,  et  même  des  instal- 
lations, ont  été  exécutées  dans  dilTérents  pays  pour  le  guidage  des  navires 
à  l'entrée  des  ports  et  chenaux  à  Taide  d'un  câble  immergé,  parcouru  par 
des  courants  alternatifs. 

On  nous  permettra  de  rappeler,  à  cette  occasion,  que  celle  méthode 
a  été  imaginée  par  nous  en  collaboration,  il  y  a  de  longues  années,  et  a  fait 
l'objet  de  notre  part  de  différentes  publications  et  d'expériences  publiques. 

Notre  système  avait  été  pris  en  considération  par  le  Ministre  de  la 
Marine  canadienne,  l'honorable  M.  Raymond  Fréfontaine,  à  Ottawa,  qui 
fit  voter,  en  igoS,  une  somme  de  6000  dollars  pour  faire  des  expériences 
officielles  à  Sorel,  sur  le  fleuve  Saint-Laurent.  Ces  expériences  furent  entre- 
prises en  mai-juin  1904,  puis  exécutées  en  présence  du  Ministre  et  des 
autorités  navales  canadiennes  en  juillet  1904  et  les  journaux  en  ont  rendu 
compte. 

iVotre  système  consistait  essentiellement  dans  les  parties  suivantes  :  un- 
câble  électrique  est  immergé  et  placé  sur  le  lil  du  fleuve  au  centre  du 
chenal;  il  reçoit  d'une  distribution  un  courant  électrique  alternatif  de 
5o  périodes,  faisant  retour  par  l'eau  du  fleuve.  Le  courant  agit  par  induc- 
tion sur  un  système  détecteur  formé  de  deux  cadres  en  bois  d'environ 
3  pieds  carrés,  portant  environ  1000  tours  de  fil  de  cuivre  très  fin;  les 
bobines  sont  reliées  chacune  à  un  récepteur  téléphonique. 

Un  des  cadres  pivote  autour  d'un  axe  horizontal  et  l'autre  autour  d'un 
axe  vertical;  le  premier  indique  le  déplacement  à  droite  ou  à  gauche  des 
navires  par  rapport  au  centre  du  chenal;  le  second  est  utilisé  pour  indiquer 
les  courbes  du  chenal.  L'opérateur  qui  manœuvre  les  cadres  les  place  de 
façon  à  n'entendre  aucun  son  et  il  estime  la  position  du  navire  par  rapport 
aux  cadres  d'après  l'angle  que  forme  le  premier  cadre  avec  le  plan  hori- 
zontal (un  indicateur  placé  dans  la  chambre  du  pilote  lui  indi(juait  direc- 
tement la  position  exacte  du  navire). 

Les  expériences,  qui  devaient  être  continuées  avec  un  remorqueur  à 
coque  d'acier,  furent  interrompues  par  la  mort  de  M.  Préfontaine.  Nous 

(')   Séance  du  •>.-  ilécembre  igao. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    1921.  5l 

avons  comiiiiiiii([ué  d'ailleurs  les  résultats  qui  précèdent  et  un  échantillon 
du  câble,  le  2  mars  1908,  à  M.  Blondel,  à  la  suite  d'une  lettre  qu'il  nous 
avait  adressée  le  21  janvier  1908,  nous  signalant  que  ce  système  pourrait 
peut-être  trouver  une  application  en  France  dans  un  chenal  à  aménager  en 
mer  sur  une  distance  de  So""". 

Il  ne  fut  pas  donné  suite  à  ce  moment  à  ce  projet  à  cause  des  frais  élevés 
qu'entraînait  l'installation  du  système  en  comparaison  d'autres  procédés 
qui  pouvaient  alors  suffire  en  temps  de  paix.  Mais  la  guerre  a  montré  tout 
l'intérêt  de  notre  méthode  et  il  est  à  supposer  que  les  applications  en 
deviendront  nombreuses  dans  l'avenir;  c'est  pourquoi  il  nous  parait 
opportun  d'en  rappeler  aujourd'hui  l'origine. 

Il  est  bien  évident,  d'autre  part,  que  la  méthode  peut  être  susceptible  de 
nondjreuses  modifications  et  de  perfectionnements  (');  en  particulier, 
l'invention  des  audions,  qui  sont  employés  maintenant  dans  tous  les  appa- 
reils de  réception  pour  en  augmenter  la  sensibilité,  trouve  une  application 
toute  naturelle  avec  nos  câbles  récepteurs.  On  peut  également,  comme 
l'ont  fait  différents  expérimentateurs  pendant  la  guerre,  augmenter  la  fré- 
quence du  courant  pour  donner  au  son.  du  téléphone  une  note  plus  musi- 
cale. Si  nous  avons  employé  du  courant  à  5o  périodes,  c'est  parce  que 
c'était  le  seul  que  nous  avions  alors  à  notre  disposition. 


PHYSIQUE  MAïHÉiMATlQUE.  —  Potentiels  Scalaire  el  i^ecteur  dus  ail  mouvement 
^de  charges   électriques.   Note  de   M.    Liënard,   présentée  par    M.   L. 
Lecornu. 

Le  professeur  Anderson  a  exposé  récemment  dans  le  Philosophical  Maga- 
zine {&  série,  vol.  40,  août  1920,  p.  228)  une  méthode  pour  déterminer  les 
potentiels  scalaire  et  vecteur  dus  au  mouvement  de  charges  électriques. 
Cette  méthode  le  conduit,  pour  le  potentiel  scalaire  d'une  charge  e  animée 

(')  M.  Blondel  nous  a  fait  d'ailleurs  savoir  récemment  que  MM.  Audouard  el  Fioch 
ont  complété  le  système  à  cadres  mobiles  placés  suivant  l'axe  du  navire  par  l'addi- 
tion de  deux  cadres  auxiliaires  fixes  placés  à  bâbord  et  à  tribord  en  dehors  du  navire, 
et  qu'ils  ont  procédé  à  une  élude  beaucoup  plus  complète  que  nous  avions  pu  le  faire 
du  champ  électromagnétique  produit  jjar  le  câble  immergé.  Mais  cela  ne  modilie  pas, 
croyons-nous,  le  principe  même  de  la  méthode  qui  repose  sur  le  repérage  au  moyen 
de  cadres  détecteurs  influencés  par  les  courants  électromagnétiques  d'un  câble  élec- 
trique immergé  au  tond  de  la  mer  ou  d'un  fleuve. 


47:  ,  ^^  c  -1-  (/ 

,.(, 

u.\ 

"   "  f  —  a 

c) 

,1 

e 

52  ACADÉMIE    DES   SCIENCES 

d'une  vitesse  «,  à  l'expression 

II 

2- 

(0 

au  lieu  de  l'expression 

(2) 


que  j'avais  donnée  en  1898  {Kclairap;c  électrique,  l.  16,  p.  S)  et  que 
Wiechert  a  obtenue  de  son  côté  (^Archives  néerlandaises,  1900,  p.  S/ig).  En 
laissant  de  côté  le  facteur  4"^^  tenant  à  la  dillërenco  des  unités  adoptées,  les 
expressions  (i)  et  (2)  concordent,  comme  on  le  voit  facilement,  lorsque  le 

carré  de  -  est  négligeable,  mais,  en  général,  elles  sont  en  désaccord.  En 

présence  de  cette  divergence,  il  m'a  paru  utile  de  rechercher  un  procédé  de 
démonstration  de  la  formule  (2)  qui  permette  de  découvrir  où  est  l'erreur 
de  la  iNote  du  Philosophical  Magazine . 
H. -A.  Lorentz  a  établi  que  l'équation 

-Lg;_A.^  =  47rp(..,r,=,0 

admet  la  solution 

/■  /'  ru(x',   y' ,  z' ,B)  fl.r'  dy'  ilz' 

(3)  ^{x,y.z,t)=j  j  j^^     '-'        '  J  ■ 

avec 

(4)  B=t-'-, 

r  est  la  distance  du  point  a?,  y,  s  au  point  x' ,  y',  :•'. 

Je  prends  un  système  de  coordonnées  curvilignes  ^,  y],  C  entraîné  avec  les 
charges  p.  ^,  yj,  '(  sont  des  constantes  pour  une  charge  donnée  de  et  la  posi- 
tion d'une  telle  charge  de,  à  l'instant  6,  est  définie  par  des  équations 

(5)  ,r'=/(i,n,  ç,  ô),        /=«(4, -0,  Ç,  S),        z'=^]>a,-n.:,B). 
Les  composantes  de  la  vitesse  de  la  charge  sont 

rf.r'  ^   i)f  rfy'  d'^  dz' fj^' 

Je  fais  maintenant,  dans  l'intégrale  triple  de  l'équation  (3),  le  change- 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1921.  53 

ment  de  variables  défini  par  les  relations  (5),  ^,  t],  'C  étant  les  nouvelles 
variables  d'intégration  substituées  à  .v',  y' ,  z' . 

Dans  ce  changement  de  variables,  ce,  y,  z,  t  doivent  être  traitées  comme 
des  constantes,  mais  0  comme  une  variable  dépendant  de  x' ^  y',  z'  par  la 
relation  (/j).  DifTérenliant  la  première  équation  (5),  il  vient 


d.v': 


à/ 


àf 


d.f . 


5t''^-^""  +  t'«-|l- 


■r'  )  cLv' 


L  c  /■         J  C  V  ~  c 


dz' 


Ox' 


dl 


d(\ 


f/Ç. 


Les  règles  connues  des  changements  de  variables  dans  les  intégrales  mul- 
tiples permettent  de  déduire,  de  cette  relation  et  des  deux  analogues  obte- 
nues par  permutation  tournante,  que  la  relation  qui  régit  le  changement  de 
variables  est 


".c    ' 

V   —  X 

Il    , 

y  —  y 

"x 

c 

'• 

C 

c 

c 

Il  y        . 

■     j' 

"> 

y  -y' 

") 

.,,,,,       àf>(x',  v'  z') 
dx  dy  dz'  =  -—--^. -—  df  du  rtC. 


L'indice  0  mis  dans  l'expression  du  jacobien        '.^  ' — '-^  signifie  que  les 


àl,  Yi,  Ç) 


dérivées  sont  prises  à  9  constant. 

Le  déterminant  du  premier  membre  se  réduit  à  i  —  ^ 
et  le  changement  de  variables  transforme  (3)  en 


llj.  (  X  —  x'  ) 


ou  1 > 


àiiix',  y\  z')    .. 


?J 


fk(x' 


^  —  d^r/'n  (/C  représente  le  volume  au  d(  \,  -ex,  'C)  temps  0  de  l'élément 

û?^,  (i-c\,  (fC  et  le  produit  de  ce  volume  par  p  est  la  charge  de  de  l'élément.  On 
peut  donc  écrire 

■1^ 


de 


{-?] 


54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Lorsqu'il  n'y  a  qu'une  charge  élémentaire,  on  retombe  bien  sur  l'expres- 
sion (2). 

M.  Anderson  a  raisonné  comme  si  l'on  pouvait  écrire  de  =  p  dx'  dy'  dz\ 
tandis  que  l'analyse  ci-dessus  montre  clairement  que  l'on  n'en  a  pas  le  droit. 

TÉLÉGRAPHIE  SANS  FIL.  —  h'Auilcs  dr  nidiogoniométrie.  Note  de 
MM.  G.  FERitrË,  R.  JouAUST,  lî.  i^Iesny  et  A.  Pekot,  présentée 
par  M.  II.  Deslandres. 

On  sait  que  la  réception  des  signaux  de  T.  S.  F.  à  l'aide  d'un  cadre 
mobile  autour  d'un  axe  vertical  permet,  par  l'observation  du  son  fourni  par 
le  téléphone  récepteur,  de  déterminer  la  direction  suivant  laquelle  les  ondes 
électromagnétiques  parviennent  au  cadre;  c'est  le  principe  de  la  radiogo- 
niométrie qui  a  été  indiqué  dès  1902  par  M.  Blondel,  et  dont  les  premières 
applications  pratiques  ont  été  réalisées  en  France  pendant  la  guerre  par  la 
Télégraphie  militaire.  Ces  applications  doivent  prendre  une  importance 
croissante,  tant  dans  la  navigation  maritime,  par  l'installation  de  nouveaux 
postes  côtiers  radiogoniométiiqiies  et  de  phares  hertziens  dont  les  bateaux 
relèvent  les  gisements,  que  dans  la  navigation  aérienne,  pour  permettre 
aux  aéronefs  de  reconnaître  de  nuit  leur  route  et  leurs  points  d'atterrissage. 

Dans  les  conditions  nornvales,  la  précision  atteinte  est  de  l'ordre  du  degré  ; 
mais  la  cjuestion  n'est  pas  aussi  simple  qu'elle  le  parait  a  priori;  il  arrive  en 
effet  que  l'azimut  d''un  poste  ne  reste  pas  fixe,  mais  varie  d'une  façon 
capricieuse  dans  le  cours  de  il\  heures  et  que  parfois  la  détermination  ne 
puisse  pas  se  faire  avec  précision,  aucune  direction  du  cadre  ne  donnant 
d'extinction.  Ces  phénomènes,  observés  pour  la  première  fois  par  l'un  de 
nous  ('  )  à  Corfou  en  novembre  1916,  ont  donné  lieu  à  de  nombreux  travaux 
très  intéressants,  tant  en  France  qu'à  l'étranger.  Nous  nous  sommes  pro- 
posés de  chercher  à  en  découvrir  les  causes  et,  à  cet  effet,  un  poste  récep- 
teur a  été  établi  dans  le  parc  de  l'Observatoire  de  Meudon,  muni  de  tous 
les  perfectionnements  utiles.  Ce  sont  les  premiers  résultats  obtenus  pendant 
la  période  qui  s'étend  de  fin  mai  à  octobre  de  l'année  1920  que  nous  avons 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie. 

Les  stations  étudiées  ont  été  :  Lyan,  Hanovre,  Rome,  Nantes  et,  d'une 
manière  moins  suivie,  Annapolis;  Clifden,  Moscou,  etc. 

(  '  )  VIesny,  Bulletin  de  la  Commission  d'études  de  T,S.  f  .de  la  Marine,  octobre  191 8. 


SÉANCE    DU    'i    JANVIER    I921.  55 

'  Tout  d'abord,  quel  que  soil  le  poste,  l'azimut  déterminô  de  jour  est  très 
voisin,  sinon  identique  à  Tazimut  géographique  ;  pour  le  poste  de  Hanovre, 
par  exemple  entre  9''  et  19'',  l'erreur  maximum  a  été  1°. 


S      C      f      S      ?      ^o    AI     'l^^ 


Mais  il  en  est  tout  autrement  dès  que  la  nuit  se  produit  :  Au  début  des 
recherches,  c'est-à-dire  en  mai-juin,  on  a  constaté  qu'une  brusque  déviation 
se  produisait  entre  21''  et  22''  pour  le  poste  de  Hanovre,  entre  2o''3o°' 
et  2i''3o"  pour  celui  de  Lyon,  à  laquelle  succédait  une  déviation  de  sens 
contraire,  plus  ou  moins  importante,  atteignant  une  quinzaine  de  degrés, 
qui  durait  jusqu'au  lever  du  Soleil.  La  première  déviation  diminua  progrès-  /^Vî 
sivement  d'amplitude  pour  disparaître  vers  le  mois  de  novenibie;  son'-"^ 


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56  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

maximum  sur  Hanovre  fui  observé  le  <)  juin,  il  a  été  de  73",  ce  qui  revient 
à  dire  que  Hanovre  était  alors  entendu  dans  une  direction  voisine  de  celle 
de  Londres,  en  quelques  minutes  la  direction  changea  de  io5°etle  poste 
était  entendu  dans  la  direction  de  Metz.  La  figure  ci-dessous  représente 
reuspmble  des  relevés  effectués  sur  Hanovre  dans  la  période  compiise  de 
la  fin  du  moi  de  mai  au  mois  de  septembre  1920. 

Sur  le  poste  de  Nantes,  les  résultats  obtenus  indiquent  des  dévia- 
tions nocturnes  de  sens  contraire  à  celles  de  Hanovre  et  de  Lyon,  et 
sur  le  poste  de  Rome,  les  déviations  se  répartissent  de  part  et  d'autre  de 
l'azimut  vrai,  sans  qu'il  y  ait  de  décalage  appréciable  dans  les  heures 
d'apparition  et  de  cessation  des  troubles.  Ceci  montre,  de  toute  évidence, 
qu'il  s'agit  de  réfractions  intenses,  se  produisant  dans  le  milieu  où  les  ondes 
se  propagent;  on  ne  peut  en  localiser  l'origine  au  poste  d'émission,  cai'  ces 
anomalies  se  produisent  à  la  même  heure  pour  des  postes  dont  la  longitude 
diffère  de  9°, 5;  de  plus,  dans  des  expériences  de  réception  faites  simul- 
tanément à  Brest  et  à  Meudon,  des  anomalies  se  sont  produites  sur  un 
même  poste  d'émission  à  des  heures  différentes.  Il  s'agit  probablement 
d'effets  analogues  aux  réfractions  que  l'on  envisage  en  optique  et  que  le 
mirage  illustre,  dont  l'origine,  non  encore  précisée,  peut  être  rattachée 
à  la  variation  de  l'ionisation  et  vraisemblablement  à  des  condensations 
atmosphériques,  dont  les  rôles  à  l'égard  des  ondulations  électromagné- 
tiques sont  certainement  extrêmement  différents  de  ceux  qu'ils  ont  vis- 
à-vis  des  ondes  lumineuses  ordinaires. 

Souvent,  lors  des  perturbations,  il  n'y  a  pas  de  position  d'extinction 
nette,  ceci  indique  que  les  ondes  doivent  parvenir  au  cadre  récepteur 
suivant  deux  ou  même  plusieurs  directions,  avec  des  différences  de  phase 
d'autant  plus  marquées  que  la  longueur  d'onde  est  plus  petite,  produisant 
ainsi  une  vibration  elliptique  de  force  magnétique,  qu'il  serait  bien  inté- 
ressant de  pouvoir  analyser.  Il  est  arrivé  que  l'orientation  d'un  poste  de 
petite  longueur  d'onde  (Soo")  n'a  pu  être  déterminée,  le  son  du  téléphone 
ne  présentant  pas  de  minimum  discernable  pendant  la  rotation  du  cadre. 
L'intensité  du  rayonnement  reçu  doit  d'ailleurs  varier  avec  la  différence 
de  phase,  tout  comme  dans  le  mirage  optique  il  se  produit  des  franges 
d'interférence  ('). 

Nous  comptons  pouvoir  préciser  ces  idées  quand  l'appareil  de  mesure 

(')  MacÉ  de  LfiriNAï  el  A.,  i^iiiior,  CoiUrihiition  a  l'clude  du  mirai^e  {Annales  de 
Chimie  el  de  Physique,  6"  série,  t.  27,  1892). 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  67 

des  intensités  des  signaux,  (|ue  nous  installons,  sera  complètement  au 
point. 

D'autre  part,  nous  avons  signalé  plus  haut  que  l'on  pourrait  déjà  dire 
que  les  phénomènes  observés  dans  les  dernières  semaines  sont  diiïérents  de 
ceux  des  premières,  en  ce  sens  que  la  forte  déviation  observée  au  coucher 
du  Soleil  a  disparu.  Il  y  a  dans  ce  fait  l'indication  très  nette  d'une  influence 
saisonnière,  dont  l'étude  nous  occupe  actuellement,  et  que  nous  espérons 
pouvoir  expliciter  d'ici  peu. 

RADIOGRAPHIE.   —   La  rddiographie  des  lablcaiix.  iNote  (')  de  M.  André 
Ghëron,  présentée  par  M.  Lippmann. 

C'est  en  Allemagne  que  paraissent  avoir  été  faites,  en  igi/h  les  premières 
recherches  sur  la  radiographie  des  tableaux,  relatées  par  Faber  dans  la 
Zcitsc/irifl/ur  Miiscurnkundc. 

Elles  ont  été  poursuivies  en  Hollande  par  le  D''  Heilbron,  d'Amsterdam, 
qui  est  arrivé  à  des  résultats  fort  curieux.  Nous  avons  pu,  pour  notre  part, 
faire  en  France  quelques  expériences. 

Voici  en  quelques  mots  le  principe  de  la  méthode.  On  sait  que  le  degré 
de  transparence  des  corps  aux  rayons  X  dépend  du  nombre  et  du  poids  des 
atonies  qui  les  constituent.  Or  il  y  a  dans  un  tableau  trois  choses  à  consi- 
dérer :  le  support  (toile  ou  panneau  de  bois),  l'enduit  dont  ce  support  est 
recouvert  et  enfin  les  couleurs  qui  composent  l'image. 

Le  support  est  toujours  très  transparent,  mais  la  toile  encore  plus  que  le 
bois. 

Pour  ce  qui  est  de  l'enduit,  il  semble  résulter  de  documents  que  nous 
avons  sur  la  fabrication  des  couleurs  et  la  préparation  des  toiles  et  panneaux 
que  les  anciens  étendaient  sur  leurs  supports  un  mélange  de  carbonate  de 
chaux  et  de  colle,  relativement  transparent  aux  rayons  X.  Actuellement, 
au  contraire,  on  se  sert  presque  exclusivement  d'un  enduit  à  la  céruse, 
beaucoup  plus  opaque. 

Quant  aux  couleurs  ayant  servi  à  l'artiste  pour  composer  son  sujet,  elles 
sont  aussi  d'un  poids  atomique  et  par  conséquent  d'une  transparence  aux 
rayons  des  plus  variables.  Les  unes,  comme  le  blanc,  sont  et  ont  toujours 
été  presque  exclusivement  composées  de  sels  lourds,  de  plomb  ou  de  zinc; 

(')  Séance  du  i3  décembre  igao. 


58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

elles  opposent  donc  un  sérieux  obstacle  au  passage  des  rayons.  D'autres, 
comme  le  bitume  et  la  plupart  des  noirs,  sont  extrêmement  légères  et  se 
laissent  très  facilement  traverser.  Enfin,  entre  ces  deux  extrêmes,  nous 
trouvons  toute  une  série  d'intermédiaires. 

Mais  un  certain  nombre  de  couleurs  qui  étaient  autrefois  à  base  de  sels 
minéraux  sont  aujouidhui  parfois  formées  de  substances  végétales  beau- 
coup plus  transparentes  comme  la  garance.  Il  en  est  de  même  pour  cer- 
taines couleurs  modernes  à  base  d'aniline. 

Or  il  est  bien  évident  que,  pour  obtenir  une  bonne  image  radiogra- 
|)hique  d'un  tableau,  deux  choses  sont  essentielles  : 

1°  La  transparence  du  support  et  de  l'enduit  ; 

2"  L'opacité  relative  des  couleurs  ou  du  moins  de  certaines  des  couleurs 
employées  dont  les  contrastes  formeront  l'image. 

Ces  conditions  se  trouvent  précisément  réunies  dans  les  tableaux  anciens. 
Au  contraire,  les  tableaux  modernes  pourvus  d'un  enduit  assez  opaque 
recouvert  de  couleurs  souvent  plus  transparentes  aux  rayons  donnent  des 
images  beaucoup  moins  parfaites  et  souvent  même  presque  invisibles. 

Tout  en  se  gardant  de  conclusions  hâtives,  on  peut  donc  espérer  parfois 
trouver  par  la  radiographie  un  indice  sur  Tàge  d'un  tableau  et,  par  consé- 
quent aussi,  sur  son  authenticité. 

Un  autre  résultat  est  de  pouvoir,  grâce  aux  rayons  X,  mettre  en  évi- 
dence tous  les  dégâts  qu'a  subis  un  tableau  au  cours  des  siècles  malgré  les 
restaurations  les  plus  habiles.  En  effet,  comme  il  s'agit  d'œuvres  anciennes, 
l'enduit  et  les  couleurs  employés  à  la  restauration  seront  d'une  fabrication 
et  probablement  d'un  poids  atomique  difleient  et  se  traduiront  sur  la 
plaque  par  de  véritables  taches  à  contours  parfaitement  limités  décelant 
des  ravages  parfois  insoupçonnés. 

Enfin,  et  c'est  là  peut-être  le  côté  le  plus  intéressant  de  ces  recherches, 
la  radiographie  des  tableaux  réserve  bien  des  surprises.  Voir  un  tableau 
par  transparence,  c'est  connaître  en  partie  son  histoire.  Outre  que  l'artiste 
lui-même  peut  avoir  modifié  son  œuvre  au  cours  même  de  son  exécution, 
les  truquages,  les  additions,  les  repeints  dont  elle  a  pu  être  l'objet  nous 
sont  révélés;  sans  parler  des  découvertes  imprévues  de  tableaux  entiers 
disparus  sous  des  œuvres  nouvelles. 

Les  deux  premières  épreuves  présentées  :  la  \  ierge  de  Stella  et  le 
Bouquet  de  fleurs  montrent  bien  le  contraste  entre  la  radiographie  d'un 
tableau  ancien  et  celle  d'un  tableau  moderne. 

La  première  a  des  contours  assez  nets  et  l'on  y  reconnaît  les  personnages. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  ^p 

D'aulre  part,  elle  révèle  dans  le  bas  du  tableau  des  restaurations  dont  on  ne 
soupçonne  pas  l'étendue  sur  l'original  Sur  la  seconde,  au  contraire,  aucune 
image  n'est  visible  à  part  celle  des  trois  fleurs  blanches,  seules  formées 
d'une  couleur  assez  opinpie  pour  porter  une  ombre  à  travers  l'enduit  à  la 
céruse  qui  recouvre  certainement  la  toile. 

r^e  tableau  de  l'Enfant  royal  en  prière,  de  l'École  française  du  xv*"  siècle, 
appartient  au  Musée  du  Louvre  où  il  a  été  radiographié  dernièrement.  Les 
Conservateurs  du  Musée  supposaient  d'après  certains  documents  que  le 
fond  primitif  du  tableau  avait  subi  des  dégradations  importantes,  et  qu'on 
les  avait  masquées  il  y  a  peut-être  un  siècle  au  moyen  du  fond  noir  uniforme 
.que  l'on  voit  aujourd'hui;  la  radiographie  que  nous  avons  faite  a  pleinement 
confirmé  cette  hypothèse,  et  a  révélé  les  dégâts  très  importants  d'un  fond 
primitif  plus  clair  apparaissant  à  travers  le  fond  noir  actuel  très  transparent 
aux  rayons. 

Ensuite  vient  une  radiographie  faite  par  le  D''  Heilbron  d'Amsterdam.  Il 
s'agit  d'une  «  Crucifixion  »  d'Engelbrechtsz.  L'un  des  personnages,  à 
droite  au  pied  de  la  croix,  nous  apparaît  double;  une  restauration  fut  faite, 
et  sous  la  femme  à  genoux  ([)ortrait  de  la  donatrice)  on  trouve  le  moine  en 
prière  que  révélait  déjà  la  radiographie.  Les  photographies  du  tableau 
prises  avant  et  après  sa  lestauration  nous  montrent  le  service  qu'ont  rendu 
les  rayons  X  en  permettant  de  restituer  à  l'œuvre  du  maître  son  intégrité 
première. 

Enfin  la  dernière  radiographie  est  celle  d'un  tableau  représentant  une 
petite  scène  flamande  :  des  gens  qui  dansent  et  font  de  la  musique.  Il  avait 
été  attribué  autrefois  à  van  Ostade.  La  radiographie  en  est  dfs  plus 
curieuses.  Elle  ne  présente  pas  trace  des  personnages  (à  part  la  tête  de  l'un 
d'eux  que  l'on  devine  au  centre  de  l'image),  mais  par  contre  apparaissent 
sur  l'épreuve  deux  paons,  deux  canards  et  deux  poules,  dont  les  contours 
sont  des  plus  nets.  Il  y  a  évidemment  deux  tableaux  superposés  sur  un 
même  panneau  de  bois.  Le  premier,  celui  des  animaux,  est  vraisemblable- 
ment ancien,  puisque  aucun  enduit  opaque  ne  nuit  à  la  netteté  de  son  image. 
Le  second,  le  faux  van  Ostade,  est  probablement  moderne,  puisque  les 
couleurs,  sauf  les  blancs,  en  sont  presque  uniformément  transparentes  aux 
rayons. 


6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  /es  doubles  décompositions  salines  et  la 
loi  des  phases.  Note  (')  de  M.  Etien.ne  Rexgade,  présentée  par 
M.  Henry  Le  Chatelier. 

En  nous  appuyant  sur  la  loi  des  phases,  nous  avions  annoncé  antérieure- 
ment (-)  que  l'action  d'une  petite  quantité  d'eau  sur  un  mélange  en  excès 
de  deux  sels  à  ions  différents  provoquait  nécessairement  l'apparition,  à 
l'état  solide,  de  l'un  des  deux  autres  sels  conjugués. 

Se  guidant  sur  des  notions  d'ailleurs  assez  vagues  de  stabilité, 
M.  Raveau  (')  a  conclu  récemment  que  le  mélange  des  deux  sels 
NO'Na  et  AmCl  doit  subsister  sans  décomposition  au  contact  d'une 
petite  quantité  d'eau.  Nous  croyons  interpréter  fidèlement  sa  pensée  en 
la  résumant  de  la  façon  suivante  :  Dans  deux  couples  de  sels  conjugués, 
il  existe  un  couple  instable  et  un  couple  stable  :  le  premier  a  la  propriété 
de  se  transformer  au  contact  de  l'eau  en  donnant  un  mélange  de  trois  sels; 
le  second  reste  inaltéré  dans  les  mêmes  conditions. 

La  vérité  est  entre  ces  deux  affirmations  contraires.  Nous  nous  proposons 
de  montrer  aujourd'hui  que,  pour  le  mélange  NO'Na  et  AmCl,  les 
phénomènes  se  passent  bien  comme  nous  l'avions  prévu.  Si  l'on  met  ces 
deux  sels  en  présence  d'eau,  un  troisième  sel,  le  chlorure  de  sodium, 
apparaît  à  l'état  cristallisé  à  côté  des  deux  autres;  en  revanche,  il  existe 
des  couples  salins  qui  peuvent  demeurer  en  équilibre  au  contact  de  l'eau, 
sans  qu'une  troisième  phase  solide  apparaisse. 

i"  Considérons  d'abord  le  mélange  NO"  Na,  AmCl,  et  supposons,  comme 

l'admet  M.  Raveau,  que  l'eau  le  dissolve  sans  décomposition.  La  solution 

en  équilibre  avec  un  excès  des  deux  sels  sera  saturée  à  la  fois  par  rapport 

à  chacun   d'eux.  Désignons,  suivant  la  notation   adoptée  précédemment, 

par  P  et  Q  les  concentrations  correspondantes.  Ces  deux  sels  ne  peuvent 

exister  à  l'état  dissous  qu'en  équilibre  avec  une  certaine  proportion  des 

sels  du  second  couple  NO^Am  et  NaCI,  dont  nous  appellerons  /•  et  s  les 

concentrations.  En  vertu  de  la  double  décomposition  qui  leur  a  donné 

naissance,  on  a  nécessairement  r  ^^s.  D'autre  part,  la  loi  d'action  de  masse 

donne  la  relation 

P'Q'  =  K  r-' s'"' . 

(')  Séance  du  27  rléceiiibre  1920. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  165,  1917,  p.  aSy. 

(')  Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  019. 


SÉANCE    DU    3    JAWIER    1921.  61 

que   Ton    peut    remplacer,   comme   première   approximation   clans   le   cas 
actuel,  par 

Or,  si  l'on  considère  les  coefficients  de  solubilités  des  quatre  sels,  on  voit 
que  la  solubilité  S  du  chlorure  de  sodium  est  très  voisine  de  P,  tandis 
que  Q  lui  est  de  beaucoup  supérieure.  Donc  .y=yPQ  est  certainement 
supérieur  à  S,  c'est-à-dire  que  la  solution  est  sursaturée  en  chlorure  de 
sodium.  Donc  celui-ci  doit  cristalliser,  c'est-à-dire  que,  contrairement  à 
notre  supposition  primitive,  le  mélange  NO'Na  -H  AmCl  est  partiellement 
décomposé  par  l'eau  avec  dépôt  de  NaCl. 

Mais  la  loi  d'action  de  masse  sous  la  forme  où  nous  l'avons  écrite  n'est 
que  grossièrement  approchée;  d'autre  part,  les  valeurs  que  nous  connais- 
sons de  P,  Q,  S  sont  les  solubilités  des  sels  isolés,  tandis  qu'il  faudrait 
considérer  ici  les  solubilités  simultanées.  Néanmoins,  l'écart  entre  S  et  v^PQ 
est  tel  que  l'on  peut,  tout  au  moins,  tenter  l'expérience  en  espérant  qu'elle 
donnera  un  résultat  positif. 

Ce  résultat  est  des  plus  nets  :  en  plaçant  sous  le  microscope  une  goutte 
d'une  solution  saturée  de  AmCl  à  la  température  du  laboratoire  et  y 
projetant  quelques  cristaux  de  MO'Na,  on  voit,  en  même  temps  que 
ceux-ci  se  dissolvent  peu  à  peu,  des  cubes  deNaCl  prendre  naissance  tout 
autour. 

D'autre  part,  en  agitant  un  mélange  de  So^  de  NO'Na  et  aS^  AmCl, 
soit  o^^^ôSS  et  o'""',467,  en  présence  de  14*^  d'eau,  durant  5  heures  à  22", 
et  essorant,  nous  avons  obtenu  une  solution  qui  contenait,  en  atomes- 
milligrammes  : 

^  \>- 

/  Am io4o  (  Am il\0 

Pour         \  Na g'io  Soit,  \  Na i3o 

ioo«  d'eau  :  y  Cl 63o  pour  ii^'  d'eau  :  j  CI 89 

(  NO'' i34o  (  NO^' 187 

La  partie  non  dissoute  contenait  donc,  par  difTérence  ; 

NO'Na 401  =  33,2 

AmCl 321   ;=    17,3 

NaCI 57  =     3,3 

Il  s'est  donc  bien  formé  par  double  décomposition  du  chlorure  de  sodium 
cristallisé. 

Cette  composition  est  très  différente  de  celle  du  liquide  en  équilibre  avec 
le  mélange  solide  NO'Na,  NO'Am,  AmCl  (i)  que  nous  avons  donnée 


62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

anlérieuremenl,  et  qui  provenait  de  l'action  de  i'ean  sur  un  mélange 
de  NaCl  avec  un  excès  de  NO' Ain.  Par  contre,  comme  on  devait  s'y 
attendre,  et  comme  nous  l'avons  vérifié,  elle  est  identique  à  celle  qui 
résulte  de  l'action  de  l'eau  sur  un  mélange  de  NO'Am  avec  un  excès 
de  NaCI,  mélange  qui  se  décompose,  par  suite,  en 

NO'Na  +  AmCl-t-NaCl  (2). 

Il  y  a  donc,  à  la  température  ordinaire,  deux  mélanges  lei'naires(i)  01(2) 
et  deux  seulement,  qui  peuvent  subsister  sans  changement  au  contact  d'une 
petite  quantité  d'eau.  Tout  autre  mélange  de  deux,  trois  ou  cjuatre  sels, 
contenant  les  quatre  ions,  se  décompose  en  donnant,  suivant  les  cas,  l'un 
ou  l'autre  des  mélanges  (i)  et  (2). 

2°  Plus  généralement,  si  l'on  met  au  contact  de  l'eau  deux  sels  quel- 
conques à  ions  différents,  appartenant  au  «  couple  stable  »  (stabilité  toute 
relative,  d'après  l'exemple  précédent),  le  même  raisonnement  prouve  qu'il 
apparaîtra,  ou  non,  un  troisième  sel  solide,  suivant  que  la  concentration  de 
ce  troisième  sel  dans  la  solution,  reliée  par  la  loi  d'action  de  masse  aux- 
solubilités  des  deux  sels  donnés,  sera  supérieure  ou  inférieure  à  sa  solubilité 
propre. 

En  particulier,  si  les  deux  sels  donnés  sont  tous  deux  moins  solubles 
(jue  les  deux  sels  conjugués,  ils  resteront  seuls  en  présence  de  la  solution. 

Ces  phénomènes  ne  sont  aucunement  en  contradiction  avec  la  règle  des 
phases  :  dans  le  cas  où  deux  sels  seulement  restent  en  présence  de  leur 
solution,  les  concentrations  des  deux  autres  sels  dissous  sont  égales  entre 
elles.  Au  contraire,  si  l'un  de  ces  deux  derniers  sels  cristallise  en  partie,  les 
concentrations  deviennent  diflerentes.  Il  y  a  donc,  dans  le  premier  cas,  un 
constituant  indépendant  de  moins  que  dans  le  second. 

L'action  de  l'eau  sur  les  mélanges  salins  devient  encore  plus  compré- 
hensible quand  on  étudie  le  phénomène  inverse,  c'est-à-dire  l'évaporation 
isothermique  des  solutions. 


CHlMlii:  ANALYTiQL'lî.  —  .1  propos  d^incNole  de  M.  A.  Holland  sur  des  réac- 
tions microchimiques  de  V acide  iodique.  Réclamalion  de  priorité.  Note  de 
M.  G.  Demgès,  présentée  par  M.  Ch.  Moureu. 

Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  des  Sciences  dans  sa  séance  du 
i5  novembre  1920  et  insérée  dans  les  Comptes  rendus  du  23  novembre  sous 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  IQÎI.  t'3 

le  titre  :  Hé<tr/i()n.i  niicmchimiques  de  Vacidc  iodiquc,  M.  A.  BoUand,  de 
Cracovie,  étudie  les  formes  microcrislallines  que  donne  directement  cet 
acide  avec  les  sels  de  tliallium,  de  bai-yum,  strontium,  calcium,  manganèse, 
iimmonium  et  ceux  des  métaux  alcalins,  et  commence  sa  communication 
|)ar  la  phrase  suivante  :  «  Les  réactions  microchimiques  de  l'acide  iodique 
n'étaient  pas  connues  jusqu'à  présent.  » 

En  écrivant  cet  article,  M.  Bullund  n'a  certainement  pas  eu  connaissance 
des  divers  travaux  que  j'ai  publiés,  depuis  le  début  de  1920,  sur  les  réac- 
tions microchimiques  de  l'acide  iodique,  et  dont  trois  ont  été  présentés 
à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  le  Professeur  Moureu  et  ont  pour  titres  : 

J.  L'acide  iolique,  réactif  microcliimiquc  des  combinaisons  snlubles  et 
insolubles  du  calcium,  du  baryum  et  du  strontium  {^Comptes  j-endus,  t.  170, 
1920,  p.  996). 

La  même  Note  (avec  3  figures)  a  été  développée  dans  le  Bulletin  de 
(a  Société  de  Pharmacie  de  Bordeaux,  1920,  p.  85. 

IL  L'acide  iodique,  réactif  microcliimique  caractéristique  de  V ammoniac 
gazeux  (iwec  i  Cigare)  (^Co?)iptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  177). 

Ili.  Réaction  mici'ochimique  du  ?ri'/iuni,  sa  différenciation  du  baryum 
par  l'acide  iodique  (_avec  2  figures)  {Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  633). 

Les  autres  Notes  ont  pour  litre  : 

Action  du  gaz  ammoniac  sur  les  solutions  concentrées  d'acide  iodique  (en 
commun  avec  M.  Barlot)  (Bulletin  de  la  Société  chimique  de  France,  l\^  série, 
t.  27,p.  8>4); 

Microréactions  de  Vion  iodique.  Emploi  spécial  de  l'acétate  de  thallium 
pour  déceler  cet  ion  dans  les  nitrates  de  soude  du  Chili  (avec  2  ligures)  (/y»/- 
letin  de  la  Société  de  Pharmacie  de  Bordeaux,  1920,  n"  21  1  ). 

Ces  diverses  publications  contiennent,  ou  à  peu  près,  tout  ce  qu'a  fait 
connaître  M.  Bolland  dans  sa  Note,  et  montrent,  à  l'évidence,  ma  priorité 
sur  les  microréactions  de  l'acide  iodique. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Propriétés  et  constitution  du  groupement  (OCCP). 
Note  de  MM.  André  Kli.vg  et  Dainiel  Florentin,  présentée  par 
M.  Haller. 

Au  cours  des  études  que  nous  avons  poursuivies  antérieurement  sur  les 
produits  de  substitution  chlorés  des  chloroformiates  (' )  et  carbonates  de 

(')  A.  Kling,  D.  Flokentin,  A.  Lassieur,  H.  Schmutz,  Comptes  rendus,  l.  1(59,  1919, 
p.  1166. 


64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inélhj'Ie  ('),  nous  avons  observé  que  la  substitution  complète  du  chlore  à 
l'hydrogène  dans  le  radical  méthyle  du  groupement  —  OCH'  y  faisait 
apparaître  des  propriétés  anormales.  Nous  avons  été  de  ce  fait  amenés  à 
admettre,  qu'au  cours  de  la  substitution,  le  radical  oxyde  de  méthyle  subis- 
sait une  modification  de  structure. 

(l'est  ainsi,  qu'en  particulier,  en  réagissant  sur  les  alcools  le  groupement 
en  question  fournit  la  réaction  suivante  : 

ROCCP+  iR'OH  — CO(OR')''-)-RCI+  2HCI 

qui  en  réalité  comprend  deux  phases  successives  :  production  d'un  chloro- 
formiate  alcoolique,  puis  transformation  de  ce  dernier  en  éther  carbo- 
nique neutre. 

De  même,  avec  l'eau  d'aniline,  il  fournil  quantitativement  la  diphényl- 
urée,  réaction  grâce  à  laquelle  un  dosage  tout  à  fait  précis  de  ce  groupe- 
ment est  possible. 

On  iwit,  d'après  ces  exemples^  choisis  parmi  les  plus  typiques,  que  le  grou- 
pement —  OCCP  se  comporte,  non  pas  comme  s'il  était  l'analogue  d'un  pro- 
duit de  substitution  du  r a diccd  méthyle,  mais  bien  comme  s  il  était  constitué  par 
l'association  d'une  molécule  de phosgéne  à  un  atome  du  chlore. 

Ce  caractère  est  d'ailleurs  absolument  général,  ainsi  que  nous  l'avons 
constaté  en  examinant  les  propriétés  du  même  groupement  dans  diverses 
autres  séries  organiques  aliphatiques. 

Par  exemple,  l'oxalate  de  trichlorméthyle,  étudié  par  Cahours  (-), 
fournit  avec  l'alcool  méthylique  une  molécule  d'oxalate  de  méthyle  et  deux 
molécules  de  carbonate  de  méthyle.  De  même  l'acétate  de  méthyle  hexa- 
chloré  :  CCI'' CO^  CCI',  étudié  par  Cloez  ('),  puis  par  Anschiitz  et 
Emery  (''),  donne  avec  l'eau  de  l'acide  trichloracétique  et  de  l'oxychlorure 
de  carbone  :  et  avec  l'alcool  éthylique  du  trichloracétate  et  du  chlorofor- 
miate  d'éthyle. 

De  même  l'oxyde  de  méthyle  hexachloré,  étudié  par  V.  Regnault  (°), 
subit,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  une  décomposition  donnant  naissance 
à  du  tétrachlorure  et  à  de  l'oxychlorure  de  carbone,  etc. 

Cette  manière  d'envisager  la  fonction  du  groupement  trichloré  permet 

(')  A.  Kling,  D.  FloiibiMi.n,  E.  Jacoii,  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  234. 

(^)  Afin,  de  Ph.  et  Ch.,  3«  série,  t.  19,  18/17,  P-  342. 

(»)  Ibid.,  i.  17,  i846,  p.  297. 

(')  Ibid.,  2"=  série,  t.  71,  1889,  p.  896. 

(")  Liebig's  Ann.,  l.  273,  p.  59. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1921.  65 

de  prévoir,  non  seulement  toutes  les  réactions  chimiques  des  élhers  méthy- 
liques  perchlorés,  mais  encore  leurs  propriétés  physiologiques.  En  outre, 
il  est  intéressant  de  remarquer  que  ces  éthers  perchlorés  sont  parfois  des 
agents  de  synthèse  fort  intéressants,  témoin  l'oxalate  de  méthyle  perchloré 
qui  contient  en  puissance  le  chlorure  d'oxalyle(C1.0C  —  CO.Cl,  2COCI-). 

Parmi  les  élhers  trichlorés,  le  chloroformiate  de  méthyle  trichloré  et  le 
carbonate  de  méthyle  hexachloré  sont  particulièrement  intéressants  puisque, 
dans  notre  conception,  le  premier  doit  être  considéré  comme  le  produit  de 
condensation  de  deux  molécules  de  phosgène  et  le  second  comme  son 
trimère,  ce  qui  se  vérifie  exactement  en  fait. 

Des  considérations  qui  précèdent,  il  s'ensuit  que  les  élhers  méthyliques 
perchlorés,  tout  au  moins  lorsquils  agissent  dans  les  conditions  de  milieu 
convenables^  affectent  une  structure  différente  de  celle  que  possède  l'éther 
méthylique  qui  leur  a  donné  naissance. 

La  tautomérisation  qu'ils  subissent  peut  s'exprimer  de  la  façon  suivante  : 

(I)  R_0-CCI'    -^    R-0  =  CCP  (II) 

I 
Cl 

ou  encore  en  faisant  intervenir  la  notion  de  liaison  supplémentaire 

(III)  R  — 0  =  CCI- 

Cl 

la  seconde  forme  et  la  troisième  ayant  elles-mêmes  tendance  à  se  scinder  en 
une  molécule  de  phosgène  et  une  molécule  de  dérivé  chloré. 

Dans  le  but  de  rechercher  si  les  liaisons  nouvelles,  que  l'on  est  en  droit 
de  supposer  exister  dans  les  élhers  méthylés  trichlorés,  ont  une  répercussion 
sur  leurs  propriétés  optiques  ('),  nous  avons  examiné  quelles  étaient,  pour 
les  chloroformiates  de  méthyle  mono,  di  et  trichlorés,  les  valeurs  respec- 
tives des  réfractions  et  dispersions  moléculaires  (^). 

Les  résultats  de  nos  mesures  sont  reproduits  ci-après  : 


(')  Rappelons  que  la  réfraction  atomique  du  clilore  présente  des  anomalies  dans  le 
cas  des  chlorures  d'acides  (  Eisenlohr). 

(-)  Ces  déterminations  ont  été  faites  avec  un  appareil  Pulfrich,  mis  aimablement  à 
notre  disposition  par  M.  Ilaller,  en  son  laboratoire. 

C    R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  1.)  5 


66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Kéfrdctiiiii  inoicculaire. 

I  ~^  ^_^ Dispersion 

KaieHa.  Raie  Hy.  moléculaire. 

Com|)Osés.  Trouvé.       Calculé.  Trouvé.       Calculé.  Trouvé.    Calculé. 

Cliloroforniiate  de  méthyle 

monochloré  (') 22,66        22,589  28,87        28,186  0,71        0,597 

Cliloroformiale  de  méllnle 

dicliloré 27,68       27,429  28,40       28,168  Oi77       0,784 

Chloroforiniate  de  méthyle 

Irichloré 32,54        82,270  33,44        82,142  0,90      ,0,872 

On  voit,  qu'aux  erreurs  d'expérience  près,  il  n'a  pas  été  constaté  de 
différence  sensible  entre  les  valeurs  trouvées  et  celles  calculées  pour  la 
structure  normale  —  OCCP.  Mais,  de  ce  résultat  négatif,  on  ne  saurait 
tirer  un  argument  définitif,  attendu  que  l'on  n'est  qu'insuffisamment  fixé 
sur  la  valeur  de  la  réfi'action  moléculaire  de  l'oxygène  télravalent,  qui  est 
peut-être  très  voisine  de  celle  de  l'oxygène  appartenant  à  un  groupe- 
ment OH. 

En  terminant,  nous  ferons  remarquer: 

1°  Qu'il  est  vraisemblable  que  les  dérivés  comportant  le  groupement 
—  O  — GHCI-  sont  eux-mêmes  susceptibles  de  réagir  sous  une  forme 
tautomère,  attendu  qu'en  s'hydrolysant,  ils  ne  fournissent  pas  d'acide 
formicpie,  mais  de  l'oxyde  de  carbone,  bien  que,  dans  les  conditions  de 
l'hydrolyse,  l'acide  formique  ne  soit  pas  décomposé. 

2°  Que  l'aptitude  à  réagir  sous  une  forme  tautomère  n'apparaît  que 
quand  le  carbone  est  lié  directement  à  l'oxygène;  la  dimélhylcétone  hexa- 
chlorée,  par  exemple,  réagit  normalement  et,  en  présence  des  réactifs,  se 

scinde  ainsi  :  Cl^C  —  i  GO  —  GCP. 
i 
3°  Qu'en  outre,  Gardner  et  Fox  ('-)  ont  montré  que  la  chloropicrine  se 

décomposait  lentement  en  oxychlorure  de  carbone  et  en  chlorure  de  nitro- 

syle,   réaction  permettant  de  supposer  que  ce  corps  est  susceptible  de 

prendre  la  forme  tautomère  0  =  N  —  0^G  =  Gl-. 

■■■■■-  I 
Gl 


(')  Ce  corps  renferme  8,8  pour  100  de  dérivé  dicidoré  qu'il  a  élé  impossible  de 
séparer  par  distillation  fractionnée. 

(')  Journal  0/  C hem.  Soc,  t.  115,  1919,  p.  11S8. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  67 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —   L'isoméne  èthylpnique  des  styrolènes  w  bromes. 
Noie  ('  )  de  M.  Charles  Dupraisse,  présentée  pai-  M.  Ch.  Moureu. 

L'étude  du  nouveau  cas  d'isomérie  étliylénique  que  j'ai  fait  connaître  (-) 
tire  un  intérêt  spécial  du  fait,  très  peu  fréquent  que  les  deux  styrolènes  co 
bromes  stéréoisomeriques  sont  liquides  à  la  température  ordinaire,  tout  en 
présentant  d'incontestables  caractères  de  pureté  (').  Quelques  particula- 
rités méritent  d'être  soulignées. 

I.  Couleur  et  odeur.  —  L'examen  superficiel  des  deux  isomères  révèle 
immédiatement  deux  particularités  frappantes  :  l'un  des  deux  corps,  celui 
qui  était  anciennement  connu,  manifeste  une  légère  coloration  jaune  pâle, 
qui  se  fonce  à  la  longue,  tandis  que  l'autre  est  et  reste  incolore.  De  plus,  ils 
ne  possèdent  pas  la  inême  odeur  :  le  premier  a  une  odeur  agréable  rappe- 
lant la  jacinthe,  le  second  a  une  odeur  empyreumatique  rappelant  le  gou- 
dron de  houille. 

IL  Transformations  réciproques .  —  Les  deux  composés  paraissent  èlie 
stables  sous  l'influence  de  la  chaleur  :  on  peut  les  distiller  dans  le  vide  sans 
modifier  leur  point  de  fusion. 

En  revanche,  ils  sont  très  sensibles,  quoique  d'une  façon  inégale,  à  l'action 
de  la  lumière.  Exposés  à  la  lumière  solaire,  ils  se  transforment  tous  les 
deux  rapidement,  et  l'on  observe  au  bout  de  peu  de  temps,  pour  chacun 
d'eux,  un  abaissement  du  point  de  fusion. 

Cette  simple  expérience  laisse  prévoir  que,  dans  certaines  conditions, 
il  peut  s'établir  un  équilibre  entre  les  deux  formes.  L'existence  d'un  état 
d'équilibre  entre  les  deux  formes  stéréoisomeriques  d'un  composé  éthylé- 
nique  a  été  déjà  plusieurs  fois  signalée;  j'ai  eu  moi-même  l'occasion  d'en 
citer  un  exemple  très  net  dans  un  travail  antérieur  (*).  Mais  ici,  grâce  à  un 
concours  de  circonstances  avantageuses,  l'obtention  de  l'état  d'équilibre 
peut  être  observée  avec  une  facilité  et  une  netteté  remarquables.  Je  me 
contenterai  d'exposer  deux  expériences  très  concluantes. 

a.  On  introduit  séparément,  dans  deux  tubes  à  essai,  les  deux  isomères 

(')  Séance  du  27  décembre  1920. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  960. 

(')  Il  convient  de  mentionner,  à  ce  sujet,  les  intéressanles  recherches  de  MM.  Cha- 
vanne  et  Van  de  Valle  sur  les  dichlorures  et  dibromures  d'acétylène  {Bull.  Soc.  chini. 
Belg.,  l.  26,  1912,  p.  287;  t.  27,  igiS,  p.  209),  ainsi  que  sur  l'ot-bromopropène 
{Comptes  rendus,  t.  158,  191/4)  p.  1698). 

(')  Comptes  rendus,  l,  158,  191/41  P-  1698. 


68  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

purs  el,  dans  un  troisième,  leur  mélange  à  parties  égales.  Si  l'on  prend 
aussitôt  le  point  de  fusion  du  contenu  des  trois  tubes,  on  trouve  respecti- 
vement pour  les  deux  premiers  :  -h  7°  et  —  7°,  tandis  que  le  contenu  du 
troisième  ne  cristallise  que  difficilement  dans  la  neige  carbonique  et  t-e 
trouve  complètement  fondu  en  dessous  de  —  20°.  On  expose  alors  les  tubes 
à  la  lumière  solaire  pendant  une  heure,  et  l'on  prend  de  nouveau  les  points 
de  fusion  :  dans  chacun  des  trois  tubes  le  liquide  cristallise  facilement  dans 
le  mélangé  réfrigérant  et  donne  comme  point  de  fusion  finissante  ■+-  1° 
environ.  Bien  distincts  avant  l'insolation,  ces  liquides  se  sont  donc  trans- 
formés en  un  mélange  unique. 

b.  On  expose  simultanément  à  la  lumière  solaire  deux  tubes  contenant 
séparément  les  deux  isomères  et  l'on  prend  de  temps  à  autre  les  points  de 
fusion. 

Dans  le  tube  qui  contenait  primitivement  l'isomère  anciennement  connu 
(fus.  +7"))  on  constate  quele  point  de  fusion  finissante  s'abaisse  gra- 
duellement pour  se  fixer  aux  environs  de  4-  2". 

Dans  le  tube  où  l'on  avait  introduit  l'isomère  nouveau  (fus.  —  7°),  on 
observe  aussi,  au  début,  un  abaissement  de  la  température  de  fusion.  Cet 
abaissement  d'abord  assez  lent  s'accélère  bientôt,  jusqu'au  point  où  la  cris- 
tallisation ne  peut  être  que  difficilement  amorcée.  La  température  de  fusion 
finissante  passe  par  un  minimum  et  s'élève  aussitôt  pour  atteindre  et  se  fixer 
sensiblement  au  même  point,  -+-  2°,  que  dans  le  cas  de  l'autre  isomère. - 

Durée  Points  de  fusion  finissante. 

l'insolation  Premier  Deuxième 

(minutes).  isomère.  isomère. 

'• -(-6,5  —     7 

3 H-6  -     7 

8 +5  —  7 

i3 -t-4  —  7>5 

18 -h3,5  -  8 

a3 -1-3,5  -  8 

aS -1-3  —  8 

38 -H  2-,  5  —  8 

48 -1-2,5  —  9 

58 -t-2,5  —20 

6t H-  2,5  —  6 

64 H-  ! ,  5  —  2 

66 -(-2,5  -I-  0,5 

76 -+-  -3,5  -)-  2 

i46 -(-2  -t-2 

Pendant  les  23  [irciiiières  [uiimles,  l'insolalion  a  clé  faible  ((iii  d'un  a|ircs-niiili); 
l'expérience  a  été  cnnlinuéo  le  lendeinain  vers  midi. 


SeANCE    DU    3    JANVIER    1921.  69 

Ces  expériences  se  prêtent  à  des  mesures  qui  seront  efTectuées  dès  que  les 
circonstances  le  permettront.  Dès  maintenant,  elles  suscitent  plusieurs 
remarques  : 

1°  L'é({uilil)re  est  très  déplacé  en  faveur  de  l'isomère  au  point  de  fusion  le 
plus  élevé,  c'est-à-dire  de  l'isomère  anciennement  connu  qui  est  par  consé- 
quent l'isomère  stable. 

2°  Contrairement  à  toute  attente,  cesl  Cisomère  stable  qui  se  transforme 
le  plus  facilement  sous  l'influence  de  la  lumière.  Cette  curieuse  observation 
a  été  confirmée  :  conservé  à  la  demi-obscurité  pendant  3  mois,  l'isomère 
stable  a  subi  la  transformation  complète  jusqu'à  l'équilibre,  tandis  que, 
dans  les  mêmes  conditions,  l'autre  s'est  maintenu  sans  aucune  mcdilication. 

Cette  anomalie  étrange  semble  se  trouver  en  contradiction  avec  les 
principes  de  la  mécanique  chimique,  en  particulier,  avec  la  loi  d'action  de 
masse.  Elle  fera  l'objet  de  recherches  nouvelles. 

3°  Les  propriétés  organoleptiques  se  modifient  au  fur  et  à  mesure  que 
progressent  les  transformations.  L'odeur  du  mélange  d'équilibre  est  la 
même  dans  tous  les  cas  et  se  rapproche  de  celle  de  l'isomère  stable. 

4°  Les  recherches  en  vue  de  l'obtention  à  l'état  de  pureté  d'isomères 
clhyléniques  doivent  être  entourées  de  précautions  extrêmes  pour  éviter 
Tes  influences  isomérisanles.  La  préparation  et  la  purification  des  styro- 
lènes oj  bromes  ont  été  effectuées  dans  l'obscurité  presque  complète. 

On  voit,  en  effet,  qu'il  suffit  d'un  temps  1res  court  d'exposition  à  la 
lumière  pour  que  le  second  isomère  puisse  passer  inaperçu,  et  il  paraît 
naturel  d'attribuer  à  cette  cause  les  insuccès  de  ceux  qui  ont  cherché  précé- 
demment à  isoler  le  second  isomère  du  styrolène  w  brome.  C'est  ainsi  que 
C.  Liebermann  (')  a  noté  dans  certains  cas  le  point  de  fusion  -1-  2°  qui  est 
précisément  le  point  de  fusion  du  mélange  d'équilibre.  De  même,  K.  v. 
Auwers  (^),  dans  la  longue  série  d'expériences  qu'il  consacra  à  la  recherche 
du  second  isomère,  obtint  parfois  également  des  échantillons  de  styrolène 
w  brome  dont  la  fusion  se  produisait  «  entre  0°  et  +  7°  ».  Ces  divers  échan- 
tillons ont,  sans  aucun  doute,  subi  une  transformation  isomérique  sous 
l'influence  de  la  lumière. 


(')  Berichle,  t.  27,  1894,  p.  204. 
C)  Berichte,  t.  4.5,  1912,  p.  1795. 


^O  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  métaux  alcalins  sur  les  êthers-oxydes. 
Note  (')  de  M.  J.  Durand,  transmise  par  M.  P.  Sabatier. 

Les  étliers-oxydes  ont  été  considérés  jusqu'ici  comme  sans  action  sur  les 
métaux  alcalins,  propriété  implicitement  supposée,  en  particulier,  pour 
priver  d'eau  et  d'alcool  l'éther  ordinaire,  soit  par  digestion  à  froid,  soit 
par  rectification  sur  le  sodium.    . 

Depuis  longtemps  j'avais  cru  remarquerque  de  l'oxyde  d'éthyle  àpeu  près 
pur,  abandonné  sur  un  excès  de  sodium,  à  l'abri  de  l'air  humide,  dégageait, 
pendant  des  mois,  de  l'hydrogène,  tandis  que  le  vase  se  remplissait  peu  à  peu 
d'une  gelée,  formée,  en  partie  au  moins,  d'éthylate  sodique.  Cette  observa- 
tion m'a  conduite  reconnaître  que  tous  les  éthers-oxydes  (R  —  O  —  R') 
réagissent  plus  ou  moins  aisément  sur  les  métaux  alcalins. 

Les  circonstances  qui  favorisent  la  réaction  sont  principalement  : 

la  négativité  des  radicaux  R  et  R'; 
l'accumulatioB  des  fonctions  «  éther-oxyde  »  ; 
réiévation  de  la  température; 
l'étal  fondu  du  métal  alcalin; 
l'ébullition  du  liquide. 

Ces  (leuxdernières  circonstances  permettent  au  métal  de  se  débarrasser  de 
la  couche  protectrice  formée,  suivant  les  cas,  d'un  alcoolate,  d'un  phénate, 
de  bulles  gazeuses,  de  produits  résineux,  ou  de  matières  charbonneuses. 

Voici  quelques  résultats  obtenus  avec  des  éthers  de  divers  types  : 

1°  Oxydes  d'alcoyles.  —  L'oxyde  d'ét/iyle  (Eh.  35°),  préalablement  rec- 
tifié avec  soin  sur  du  sodium,  attaque  peu  à  peii  ce  métal,  à  l'ébullition, 
avec  formation  d'alcoolate  et  d'hydrogène  gazeux.  Mais  les  conditions 
restent  désavantageuses,  car  la  température  est  peu  élevée  et  le  métal 
solide.  Avec  l'alliage  de  composition  KNa,  qui  est  liquide  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  l'attaque  est  plus  vive,  surtout  à  l'ébullition. 

Pour  Voxyde  d''isoamyle  (Eb.  176°),  l'attaque  par  le  sodium,  déjà  nette 
à  froid,  devient  1res  vive  à  l'ébullition,  température  où  le  métal  est  fondu. 
Avec  KNa,  la  réaction  s'amorce  à  froid,  puis  s'intensifie,  de  sorte  que, 
dans  quelques  instants,  le  vase  se  remplit  d'une  gelée  épaisse,  où  dominent 
les  amylates  alcalins. 

(*)  Séance  du  27  décembre  1920. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  7I 

2"  Oxydes  mixtes  d'alcoyles  et  d'aryles.  —  Uanisol  (Eh.  1 55")  est  vive- 
ment attaqué  à  chaud  par  le  sodium;  de  même  le  phénétol. 

Le  l'érntrol {Eh.  2o5°)  est  nettement  attacjué  par  le  sodium.  En  chauffant 
un  peu,  la  réaction  se  poursuit  d'elle-même;  la  température  s'élève,  ce  qui 
amène  la  fusion  du  métal;  le  liquide  reste  d'abord  incolore  et  limpide,  puis 
la  réaction  devient  très  violente,  jusqu'à  formation  d'une  gelée  épaisse,  qui 
immobilise  le  métal.  Pendant  cette  réaction,  il  se  dégage  de  l'hydrogène. 
Avec  KNa,  la  réaction  commence  à  froid,  se  continue  d'elle-même  et  donne 
rapidement  la  même  gelée. 

\j''oxYde  de  benzyle  et  d'éthylc  est  vivement  attaqué  par  le  sodium, 
surtout  dès  que  celui-ci  est  fondu.  L'attaque,  une  fois  commencée,  se 
poursuit  spontanément  et  conduit  à  une  gelée.  Avec  KNa,  l'attaque 
commence  à  froid  et  produit  en  une  minute  une  gelée  consistante. 

3°  Oxydes  d'aryles.  —  Uoxyde  de phényle  (Eb.  253°)  réagit  bien  avec  le 
sodium,  surtout  dès  que  celui-ci  est  fondu.  Bientôt  le  métal  s'entoure  d'une 
matière  charbonneuse.  L'attaque  devient  très  vive  et  la  masse  charbonne 
entièrement. 

Mécanisme  de  la  réaction.  —  i"  La  première  phase  est  la  formation  d'un 
phénate  ou,  à  défaut,  d'un  alcoolate: 

R  —  O  —  R'  +  Na  -V  R  —  O  —  Na  +  R'  -  . 

1°  Le  radical  R' — ,  qui  ne  peut  exister  à  l'état  libre,  abandonne  de 
l'hydrogène,  au  moins  dans  un  grand  nombre  de  cas,  et  donne  des  produits 
condensés. 

3"  S'il  s'est  formé  un  phénate,  celui-ci  peut  être  attaqué  par  le  métal 
alcalin,  avec  formation  de  résines  ou  charbonnement. 

Je  me  propose  d'étudier  en  détail  l'action  des  métaux  alcalins  sur  les 
éthers-oxydes-des  types  ci-dessus  et  des  autres  types  (oxyde  de  vinyle, 
d'éthylène,  de  diphénylène,  de  cyclohexyle,  etc.),  pour  établir  le  mécanisme 
de  cette  réaction  et  la  nature  des  produits  obtenus. 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  Vexistcnce  de  plans  différenciés  équidistants  nonnaux 
à  l'axe  optique  dans  les  liquides  anisotropes  {^cristaux  liquides).  Note  (')  de 
M.  F.  Graxdjea.\,  présentée  par  M.  de  Launay. 

Pour  expliquer  les  belles  couleurs  que  les  liquides  anisotropes  négatifs 
donnent  par  réflexion,  plusieurs  auteurs  ont  fait  l'hypothèse  d'une  division 

(*)  Séance  dii  27  décembre  1920. 


72  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  ces  liquides  en  lames  parallèles  d'épaisseur  constante,  à  la  surface 
desquelles  la  lumière  se  rélléchirait.  Un  tel  système  de  lames  doit  fonc- 
tionner en  effet  comme  une  sorte  de  réseau  favorisant  certaines  longueurs 
d'onde  et  détruisant  les  autres,  suivant  qu'il  y  a  ou  non  concordance  de 
phase  entre  les  ondes  réfléchies.  Un  raisonnement  très  simple  montre  que 
les  vibrations  favorisées  sont  données  par  Tégalité 

(i)  id cosi ^  /cl, 

dans  laquelle  d  est  l'épaisseur  d'une  lame,  i  l'angle  d'incidence  des  rayons, 
k  un  nombre  entier  quelconque  et  X  la  longueur  d'onde,  dans  le  milieu  de 
la  vibration  considérée.  C'est  la  même  formule  que  pour  la  diflraction  des 
rayons  X  par  les  cristaux. 

J'ai  été  surpris  de  constater,  en  étudiant  un  liquide  à  grande  biréfiin- 
gence  et  à  très  grand  pouvoir  rotatoire  dextrogyre,  le  cyanbenzalamino- 
cinnamate  d'amyle  ('),  que  de  telles  lames  sont  parfaitement  visibles  au 
microscope,  malgré  la  faible  valeur  de  d.  Il  suffit  pour  cela  d'observer  le 
liquide  dans  une  fente  de  clivage  d'un  minéral  à  clivage  parfait  comme  les 
micas,  le  talc,  l'orpiment,  etc.  La  fente  doit  être  provoquée  au  moment  de 
l'expérience,  afin  qu'elle  soit  d'une  parfaite  propreté;  on  y  introduit  un 
.petit  fragment  du  cyanbenzal  et  l'on  porte  sur  la  platine  chauffable  du 
microscope;  après  fusion,  le  liquide  anisotrope  remplit  la  fente  par  capilla- 
rité et  s'oriente  normalement  au  support  cristallin.  On  l'observe  donc  dans 
la  direction  de  son  axe  optique  et  sous  des  épaisseurs  variables  depuis  zéro 
au  bord  (c'est-à-dire  au  fond  de  la  fente)  jusqu'à  un  maximum.  La  tempé- 
rature peut  varier  entie  la  fusion  des  cristaux  solides  (T,)  et  la  transfor- 
mation en  liquide  isotrope  (T,)  (-). 

Le  liquide  est  divisé  en  bandes  parallèles  au  bord,  séparées  les  unes  des 
autres  par  des  lignes  absolument  nettes.  Ces  lignes  sont  des  lieux  d'égale 
épaisseur  du  liquide;  on  les  voit  très  bien  sans  analyseur,  mais  beaucoup 
mieux  entre  niçois  croisés,  à  cause  de  l'opposition  des  deux  teintes  (ju'elles 
séparent;  r()[)position  est  d'ailleurs  beaucoup  plus  fortement  marquée  à 
basse  température  qu'au  voisinage  de  T^.  J'appellerai  piovisoirement  ces 
lignes  des  lignes  de  niveau,  car  elles  ont  tout  à  fait  l'allure  des  courbes  de 
niveau  équidistanles  d'une  carte  topographique.  Ce  sont  les  intersections 
avec  le  support  cristallin  d'une  série  de  plans  parallèles  qui  traversent  tout 
le  liquide.   Les  plans  sont  prescpie  parallèles  aux  parois  de  la  fente  de 

(')  Sur  une  petile  quantité  préparée  par  M.  Mauguin. 

(')  9?"  e.l  io5°  d'après  VorUmler  et  Hutli,  mais  il  y  a  facilement  surfusion. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  7^ 

clivage  et  c'est  le  défaut  de  parallélisme  exact  qui  les  fait  rencontrer  ces 
parois. 

L'équidistance  d  est  facilement  mesurable.  En  lumière  monochroma- 
tique, par  exemple  en  lumière  du  sodium,  on  observe  la  fente  de  clivage 
avant  remplissage  par  le  li([uide.  Elle  donne  des  anneaux  de  Newton  qui 
font  connaître  très  exactement  l'épaisseur  en  chaque  point.  On  laisse 
ensuite  pénétrer  le  liquide  et  l'on  compte  le  nombre  des  lignes  de  niveau 
pour  les  mêmes  épaisseurs.  Par  exemple,  on  trouve  que  le  12*  anneau 
sombre  (en  lumière  transmise)  correspond  à  la  18®  ligne  de  niveau  à  T,  et 
à  l'intervalle  entre  la  i5®  et  la  16"  ligne  à  T,,  ce  qui  donne,  en  appelant  d^ 
et  û?2  les  équidistances  à  T,  et  T^, 

i^j  -+-  i!-y5,89.io-=^  =  i8^,  =  i5,5f/,, 
d'où 

f/,  =  I  ,88.  lo"'  cm  ,  c/o  =:  2  ,  18.  lO"""  cm. 

Les  équidistances  sont  donc  de  l'ordre  du  tiers  de  la  longueur  d'onde  de  la 
raie  D. 

On  voit  combien  la  variation  de  d  est  considérable  pour  une  faible 
variation  de  la  température.  En  outre,  le  sens  est  bien  conforme  à  ce  que 
l'on  sait  sur  la  lumière  réfléchie,  car  on  observe  des  longueurs  d'ondes 
décroissantes  (par  exemple,  le  rouge  passe  au  vert)  quand  la  température 
baisse;  donc  f/,  qui  est  proportionnel  à  X  d'après  l'égalité  (i),  doit  bien 
diminuer  avec  la  température. 

Quand  on  a  vu  les  lignes  de  niveau  dans  une  fente  de  clivage,  on  peut 
les  voir  sur  la  surface  libre  du  liquide  reposant  sur  un  clivage  cristallin. 
Il  faut  naturellement  observer  des  gouttes  très  plates  pour  que  les  lignes  de 
niveau  soient  bien  séparées.  On  les  voit  alors  très  nettement,  mais  dans  des 
conditions  cependant  un  peu  moins  bonnes  qu'entre  deux  clivages.  Par 
contre,  on  observe  un  nouveau  phénomène  très  remai-quable  :  la  surface  du 
liquide,  examinée  à  un  fort  grossissement,  n'est  pas  lisse.  Elle  est  ordinaire- 
ment marquée  par  un  grand  nombre  de  petites  rides  courbes  dont  la  figure 
ci-après  donne  une  idée.  Ces  rides  s'intercalent  en  files  entre  deux  lignes 
de  niveau  successives.  Elles  sont  d'autant  plus  régulières  que  les  lignes  de 
niveau  sont  plus  régulières  elles-mêmes.  Par  exemple,  elles  sont  souvent 
parfaites  au  voisinage  de  la  ro'^  ligne.  Elles  se  déplacent  souvent  toutes 
ensemble  en  gardant  bien  leurs  intervalles  et  en  restant  toujours  comprises 
entre  les  mêmes  lignes  de  niveau.  Le  sens  de  leur  courbure  est  parfaitement 
défini  :  si  l'on  parcourt  une  de  ces  rides  de  son  point  le  plus  haut  à  son 


74  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

point  le  plus  bas,  on  tourne  dans  le  sens  des  aiguilles  d'une  montre,  c'est- 
à-dire  que  la  rotation  est  droite.  Cette  curieuse  propriété  est  évidemment 
en  relation  avec  le  pouvoir  rotatoire  du  liquide. 


Dans  les  observations  qui  précèdent,  le  support  cristallin  joue  seulement 
le  rôle  d'une  surface  propre  et  homogène.  Sa  nature  n'intervient  pas,  tandis 
que  la  perfection  du  clivage  est  absolument  nécessaire  à  la  netteté  des 
observations.  On  peut  voir  cependant  les  lignes  de  niveau  avec  le  verre, 
entre  un  porte-objet  et  un  couvre-objet  bien  nettoyés.  On  réussit  mieux  en 
donnant  au  couvre-objet  de  petits  chocs  qui  rendent  les  lignes  plus  régu- 
lières. 


GÉOLOGIE.  —  Su?'  les  oscillations  glaciaires  des  temps  quaternaires  et  les 
mouvements  correspondants  de  la  lithosphère.  Mote  de  M.  Ph.  ]\égris, 
présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Dans  deux  Notes  récentes  ('),  j'ai  traité  la  question  de  l'invasion  des 
glaces  dans  les  Alpes  pendant  les  temps  quaternaires,  ainsi  que  de  leur 
retrait  à  l'époque  actuelle,  en  attribuant  ces  phénomènes  à  des  mou- 
vements épirogéniques  d'élévation  d'une  part,  d'aflaissement  d'autre  part. 
J'ai  de  même  expliqué  les  oscillations  intermédiaires  des  glaciers  par  la 
succession  de  surrections  et  d'affaissements  en  corrélation,  cette  fois,  avec 
la  surcharge  et  la  décharge  de  l'écorce  par  les  neiges.  Je  crois  devoir 
donner  plus  de  précision  au  jeu  de  ces  dernières  oscillations. 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  J920,  p.  i  191;  t.  171,  1920,  p.  728. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  7^) 

Dès  que,  à  la  suite  des  mouvements  épirogéniques  d'élévation,  tels  que 
je  les  ai  définis  dans  ma  Note  du  18  octobre,  les  glaces,  à  l'origine  des  temps 
quaternaires,  se  sont  accumulées  sur  les  parties  culminantes  des  Alpes,  la 
surcharge  provenant  de  cette  accumulation,  s'ajoutant  au  poids  de  l'écorce, 
Fa  emporté  sur  les  forces  antagonistes,  à  savoir  la  poussée  de  la  masse 
fluide  interne  et  la  ténacité  de  l'écorce;  la  tendance  à  l'affaissement  se 
déclarait,  affaissement  qui  amenait  une  augmentation  de  la  fusion  des 
glaces  pendant  la  saison  chaude,  et  une  diminution  de  l'accumulation  des 
neiges  pendant  la  saison  froide.  La  première  époque  interglaciaire  était 
ainsi  inaugurée.  Après  une  décharge  suffisante  de  glaces,  l'équilibre  étant 
obtenu  entre  les  forces  antagonistes,  l'affaissement  s'arrêtait.  La  fusion  des 
glaces,  cependant,  se  continuant,  l'équilibre  ne  tardait  pas  à  être  de  nou- 
veau rompu,  en  sens  inverse,  l'allégement  produit  par  la  fusion  amenant 
un  mouvement  ascensionnel  de  l'écorce;  ce  mouvement  se  continuait  tant 
que  la  fusion  pendant  la  saison  chaude  l'emportait  sur  l'accumulation  des 
neiges  pendant  la  saison  froide,  et  il  ne  cessait  que  lorsque  fusion  et  accu- 
mulation parvenaient  à  s'équilibrer;  en  même  temps  prenait  fin  l'époque 
interglaciaire.  Une  nouvelle  phase  glaciaire  allait  commencer  et  c'est  ainsi 
que  les  phénomènes  se  sont  répétés  dans  les  Alpes,  pendant  les  époques 
giinzienne,  mindélienne,  rissienne,  wûrmienne. 

Ce  mécanisme  cependant  n'explique  pas  les  différences  qui  existent  entre 
les  différentes  extensions  glaciaires,  pourquoi,  par  exemple,  les  extensions 
mindélienne  et  rissienne  furent  beaucoup  plus  considérables  que  les  deux 
autres.  Il  nous  faut  donc  admettre  qu'indépendamment  de  ces  mouvements 
secondaires,  causes  des  oscillations  glaciaires,  les  mouvements  épirogé- 
niques d'élévation  signalés,  dans  notre  dernière  Note,  à  l'origine  des  temps 
quaternaires,  ont  continué  à  agir.  Il  semble  d'ailleurs  qu'il  existe  des 
preuves  plus  directes  de  cette  action  dans  les  dislocations  que  présentent 
les  formations  quaternaires  dans  la  région  alpine. 

Ces  dislocations  peuvent  provenir,  il  est  vrai,  de  trois  causes  différentes  : 
soit  des  mouvements  épirogéniques  fondamentaux  ci-dessus,  soit  des  mou- 
vements secondaires  dus  à  la  surcharge  ou  à  la  décharge  de  l'écorce  par 
les  glaces,  soit  des  mouvements  épirogéniques  d'affaissement  qui  ont 
amené  la  fin  de  l'époque  glaciaire;  et  il  est  difficile  de  faire  la  part  de  ces 
diverses  causes.  Cependant  deux  catégories  de  faits  semblent  devoir  être 
attribués  aux  mouvements  épirogéniques  fondamentaux  d'élévation  qui 
ont  amené  les  phénomènes  glaciaires  et  auraient  persisté  pendant  toute 


76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'époque  glaciaire,  malgré  les  interruptions  produites  par  les  afTaissements 
d'ordre  secondaire,  pendant  les  époques  interglaciaires.  C'est  ainsi  que  les 
moraines  de  l'époque  de  Mindel,  dans  les  Alpes  orientales,  dépassent  les 
moraines  de  l'époque  de  Riss,  tandis  que  dans  la  Suisse,  la  France  et  la 
région  du  Pô,  c'est  le  contraire  qui  arrive  (Penck  et  Brijckneii,  Die  Alpen 
in  dem  Eiszeit,  p.  ii55-ii56),  ce  qui  conduit  M.  Penck  à  admettre  une 
surrection  des  Alpes  à  la  suite  de  la  glaciation  de  Mindel,  surreclion  qui 
aurait  épargné  les  Alpes  orientales.  A  l'appui  de  cette  manière  de  voir 
vient  l'augmentation  de  pente  des  cailloutis  des  plateaux  de  la  Suisse  jus- 
qu'à 10  et  12  pour  100,  au  lieu  de  3  pour  100,  qu'ils  possèdent  à  l'Est. 
Mais  il  ne  semble  pas  que  même  les  Alpes  orientales  aient  été  épargnées 
complètement  par  les  mouvements  épirogéniques  d'élévation.  C'est  ainsi 
que  les  vallées  de  l'Iller  et  de  la  Lech,  à  chaque  époque  interglaciaire,  ne 
se  sont  pas  contentées,  pour  atteindre  leur  profil  d'équilibre,  du  creusement 
de  la  nappe  de  cailloutis  qui  avait  encombré  leur  lit  pendant  l'époque  gla- 
ciaire immédiatement  précédente,  mais  ont  vu  ce  lit  entamé  jusqu'au- 
dessous  de  la  nappe  de  cailloutis  glaciaire  {Ibid.,  p.  121),  preuve  que  le 
soubassement  antéquaternaire  s'est  soulevé  par  rapport  à  la  position  qu'il 
avait  occupée  pendant  l'époque  interglaciaire  précédente,  et  cela  même  à 
l'époque  de  Wiirm  dont  les  nappes  de  cailloutis  ont  aussi  été  creusées  jus- 
qu'au-dessous de  leur  lit. 

Cette  dernière  surrection  fut  suivie  des  mouvements  épirogéniques 
d'alfaissement  post-glaciaire,  dont  il  a  été  question  dans  ma  Note  du 
18  octobre.  Nous  avons  vu  précédemment  comment  ce  dernier  affaissement 
fait  partie  des  mouvements  grandioses  de  l'Europe  occidentale  et  des 
régions  atlantiques,  phénomènes  auxquels  se  rattache  la  formation  du 
Gulf-Stream,  qui  déposait  en  Islande,  à  près  de  200"^  d'altitude,  les  bois 
du  golfe  du  INlexique,  altitude  qui  permettait  au  Gulf-Stream  de  s'étendre 
librement  jusqu'aux  rivages  de  la  Sibérie  et  même  de  les  envahir.  La 
Sibérie,  réchauffée  ainsi  par  le  Nord,  put  fournir  une  végétation  suffisante 
à  l'alimentation  des  grands  pachydermes,  aujourd'hui  ensevelis  sous  la 
neige.  C'était  l'époque  de  l'optimum  de  température.  Avec  l'abaissement 
du  niveau  marin,  connexe  des  eiïoudrements  de  la  lithosphère,  les  eaux 
chaudes  du  Gulf-Stream  furent  gênées  dans  leur  marche  et  n'atteignirent 
plus  la  Sibérie  ;  la  mer  s'établit  peu  à  peu  dans  ses  limites  actuelles,  et  en 
même  temps  s'établissait  le  climat  de  nos  jours. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921,  77 

(îÉOI.OCilE.   —  Obscivalions  sur  les  allumions  anciennes  de  la  Seine. 
Noie  (')  de  M.  E.  Chaput,  transmise  par  iNI.  (^Ii.  Depéret. 

Les  alluvions  anciennes  de  la  Seine  et  de  ses  affluents  sont  assez  déve- 
loppées pour  que  l'on  ait  souvent  essayé,  depuis  les  travaux  bien  connus  de 
Belgrand,  de  reconstituer  les  anciens  lits  du  fleuve  d'après  les  terrasses 
alluviales  étagées  sur  les  flancs  des  vallées.  Les  difficultés  de  cette  étude 
tiennent  surtout  au  grand  développement  des  méandres,  dont  les  déplace- 
ments soit  latéralement,  soit  vers  l'aval,  ont  substitué  aux  plaines  alluviales 
anciennes,  primitivement  horizontales,  des  plaines  à  pente  douce,  inter- 
rompues par  de  faibles  gradins;  les  terrasses  locales,  secondaires,  ainsi 
formées,  doivent  évidemment  être  éliminées  dans  un  essai  de  coordination 
applicable  à  toute  une  grande  vallée.  Je  me  propose  de  signaler  ici  quelques 
terrasses  essentielles,  dont  le  plateau  supérieur  est  bien  conservé,  et  qui 
correspondent  à  des  phases  imporlantes  de  remblaiement  dans  l'évolution 
du  fleuve. 

Seine  Maritime.  — Deux  terrasses  sont  particulièrement  remarquables  :  a.  A  l'em- 
bouchure de  la  Risle,  le  plateau  de  Berville-Conteville,  à  33""-35"',  limité  par  une 
falaise  de  craie  cénomanienne,  est  une  belle  surface  de  terrasse,  de  4''™  de  longueur 
environ  :  sous  des  limons  épais  de  plusieurs  mètres,  les  cailloutis  exploités  à  la  «  Côte 
de  Conteville  »  ont  été  traversés  par  un  puits  sur  10"°  d'épaisseur.  Ce  sont  des  allu- 
vions mixtes,  provenant  surtout  de  la  Risle,  où  dominent  des  sables  ferrugineux  à 
silex  roulés,  avec  quartz  peu  nombreux  dans  les  lits  de  cailloux  roulés. 

b.  Bien  distincte  de  la  précédente,  la  terrasse  de  la  Forêt  de  Brolonne,  au  sud  de 
Caudebec,  avec  prolongement  sur  la  rive  droite  (Jumièges,  le  Trait)  a  une  très  grande 
extension.  Le  plateau  supérieur  est  à  SS^-ôo"  ;  aux  sablières  du  Trait,  les  alluvions 
paraissent  former  un  remblaiement  continu  de  20";  les  sables  sont  très  rubéfiés,  les 
graviers  <;omprennenl  des  quartz  de  i"""'  au  maximum;  quelques  graviers  calcaires 
sont  conservés  dans  la  profondeur  :  les  gros  cailloux  roulés  ne  comprennent  plus 
guère  que  des  silex  de  la  craie.  Aucun  fossile  n'a  été  recueilli,  à  ma  connaissance, 
dans  les  exploitations  actuelles;  un'  fragment  de  molaire  à''Eleplias  priinigenius 
Blum.,  indiqué,  au  Musée  de  Rouen,  comme  provenant  du  Trait,  aurait  été  trouvé 
dans  d'anciennes  sablières,  à  un  niveau  inférieur. 

Au-dessus  de  ces  alluvions,  on  trouve,  près  de  la  Batterie  de  la  Uève,  à  100"  d'al- 
titude, des  dépôts  altérés,  à  graviers  de  quartz  souvent  peu  roulés,  assimilés  parfois  (^) 


(')  Séance  du  27  décembre  1920. 

(-)  G. -F.  DoLLFUS,  Relations  entre  la  structure  géologique  du  bassin  de  Paris  et 
son  hydrographie  {Ann.  de  Géographie,  t.  9,  1900). 


^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

aux  a  sables  granitiques  »  peut-être  miocènes  de  la  région.  M.  Depéret  (Notes  citées 
plus  loin)  a  pensé  au  contraire  que  ces  dépôts  étaient  des  alluvions.  A  mon  avis, 
l'existence,  dans  ce  terrain,  de  cailloux  roulés  de  silex  et  même  de  quartz  montre  qu'il 
s'agit  bien  d'alluvions  ayant  emprunté  une  partie  de  leurs  matériaux  à  des  sables  gra- 
nitiques antérieurs.  La  topographie  indique  que  cette  terrasse  de  loo"  se  prolonge 
par  les  plateaux  d'Harfleur,  de  Gainneville,  etc.,  au  moins  jusqu'à  Tancarville.  On  ne 
voit  nettement  les  cailloutis  qu'en  quelques  points  (environs  d'Hardeui-,  Tancarville); 
ils  sont,  ailleurs,  masqués  par  des  limons  dont  l'épaisseur  peut  dépasser  i5"'  (Gainne- 
ville). En  amont  de  Tancarville,  quelques  plateaux  (forêts  du  Trait  et  de  Rouraare) 
prolongent  encore  cette  terrasse,  en  contrebas  de  la  surface  ondulée  (  1 3o"'- 1 So"" )  du 
pays  de  Caux. 

Les  caractères  des  divers  dépôts  précédents  indiquent  bien  des  alluvions 
fluviatiles  et  non  des  sédiments  marins;  malgré  la  proximité  de  la  mer  dans 
cette  région,  le  littoral  était,  aux  moments  de  la  formation  des  terrasses, 
bien  au  delà  de  la  côte  actuelle  vers  le  Nord-Ouest  :  des  faits,  même  récents, 
montrent  le  recul  progressif  du  rivage;  en  outre  on  observe  que  les  val- 
leuses  de  la  côte  ont  été  creusées  par  des  cours  d'eau  coulant  non  vers 
la  côte  actuelle  (environs  de  Bléville),  mais  en  sens  inverse,  vers  la  rivière 
d'Harfleur.  Le  recul  du  littoral  a  donc  fait  disparaître  non  seulement  les 
petites  vallées  qui  sans  doute  autrefois  débouchaient  sur  la  côte,  mais 
encore  les  têtes  des  vallées  anciennes  à  écoulement  vers  l'intérieur.  On  ne 
peut  dès  lors  espérer  retrouver  autour  du  Havre  aucun  dépôt  marin  cor- 
respondant aux  niveaux  de  terrasses  indiqués. 

Malgré  cela,  il  est  bien  certain  que  les  niveaux  de  la  mer  étaient  sensi- 
blement ceux  des  terrasses  fluviales  correspondantes  :  S^^'-SS™,  55'"-6o'", 
qS'^-ioo™;  la  pente  des  terrasses  en  question  est  en  effet  pratiquement 
nulle,  comme  celle  de  la  Seine  maritime  actuelle. 

On  remarquera  d'ailleurs  que  les  altitudes  précédentes  concordent  avec 
celles  que  M.  Depéret  (')  a  été  conduit  à  admettre  pour  les  lignes  de  rivage 
de  trois  des  étages  distingués  par  lui  (Tyrrhéiiien.  Milazzien,  Sicilien) 
dans  le  (Quaternaire  des  régions  que  n'a  affectées,  à  cette  époque,  aucun 
mouvement  épirogénique  ;  ceci  permet  d'autre  part  de  fixer  avec  vraisem- 
blance l'âge  des  terrasses  de  la  Seine  Maritime. 

Seule  des  lignes  de  rivage  étudiées  par  M.  Depéret,  la  ligne  monaslirienne 
(iS^-ao"")  n'est  pas  représentée  dans  la  Seine  Maritime  par  une  terrasse  à  surface 
supérieure  conservée;  il  existe  toutefois,   au  pied  des  coteaux  d'Yville  et  de  Saint- 

(')  Cii.  DsPÉnET,  Essai  de  coordination  chronologique  générale  des  temps  qua- 
ternaires {Comptes  rendus,  Notes  de  1918  à  1920). 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921,  ^9 

Martin-de-Boscherville,  des  alluvions  fines,  jjIus  récenles  que  celles  de  la  terrasse 
de  35™,  el  dont  raliilude,  dépassant  i5",  n'alleinl  jias  20"  (vallée  morte  d'Yainville)  ; 
elles  représentent  sans  doule  la  terrasse  de  i5™-20"'  que  nous  retrouverons  mieux 
développée  plus  en  amont. 


PHYSIQUE  GÉNÉRALE.  —  Contributioji  à  l'histoire  des  tremblements  de  terre. 
Note  de  M.  Eugène  Mesnari»,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnicr. 

Ayant  enregistré  pendant  trois  années  consécutives  les  tremblements  de 
terre  importants,  les  cyclones,  tempêtes,  raz  de  marée  et  éruptions  volca- 
niques signalés  dans  le  monde  entier,  et  noté  dans  le  même  temps  les  indi- 
cations météorologiques  du  Bureau  Central  et  les  vérifications  locales  faites 
à  Rouen,  dans  le  but  de  rechercher  des  relations  de  cause  à  effet  entre  ces 
divers  {)hénomènes  mondiaux  et  la  météorologie  dans  l'Europe  occidentale, 
il  m'a  été  possible  de  faire  les  remarques  suivantes  : 

I.  Les  faits  recueillis  étant  confondus  dans  leur  ordre  chronologique,  on 
est  frappé  de  voir  avec  quelle  facilité  des  intervalles  de  temps  de  10  jours 
ou  d'un  multiple  se  retrouvent  en  passant  de  l'un  à  l'autre.  Des  intervalles 
de  7  jours  et  de  4  jours  se  rencontrent  également,  mais  ils  se  renouvellent 
moins  fréquemment  pour  les  séismes. 

L'impression  de  lignée  continue  se  ressent  nettement  lorsque,  au  bout 
de  10,  de  20,  de  3o  ou  même  de  4o  ou  5o  jours,  on  retrouve  d'autres  trem- 
blements de  terre;  et  elle  se  précise  d'avantage  encore  lorsque  les  jours 
d'absence  sont  marqués  par  des  faits  météorologiques  notables  qui,  envi- 
sagés sous  un  certain  angle,  paraissent  correspondre  à  des  manifestations 
d'énergie.  D'autres  séismes  auraient  pu  se  produire  certains  decesjours-là  ; 
ils  semblent  avoir  été  évités;  mais  on  retrouve  la  trace  du  passage  de  la 
vague  d'énergie  qui  aurait  pu  les  faire  naîlie. 

Au  fond,  le  contraire  serait  surprenant,  et  s'il  est  prouvé  un  jour  qu'il 
existe  une  cause  commune,  insoupçonnée  jusqu'ici,  du  domaine  de  la  Phy- 
sique générale  et  de  l'Astronomie,  et  capable  d'engendrer  des  phénomènes 
aussi  ditîérents,  on  doit  s'attendre  évidemment  à  ce  que  les  circonstances 
favorables  à  la  production  des  séismes  ne  soient  pas  toujours  offertes  par 
le  sol. 

Exemples.  —  a.  S.  Vera-Cruz,  S.  bords  du  Hljlii.  3-4  janvier  1920,  à  S.  Mexique, 
i3-i4  janvier  (  10  j.);  à  S.  Vancouver  et  S.  mer  du  Marmara,  24  janvier  (  10  j.). 

b.  S.  Fort-de-France,  21  mars  1920,  à  S.  Uzèclies,  Limoges,  etc.,  lo-i  1  avi  il  (20  j.)  ; 
à  S.  enregistré  à  Tolède,  20  avril  (lo  j.). 


8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  intervalles  peuvent  se  rattacher  à  une  époque  de  s\zygie  : 

c.  N.L.,  éclipse  sans  pluie,  lo  novembre  1920,  à  S.  Pyrénées-Orientales,  20  novembre 
(  10  j.)  ;  à  S.  Aude  et  Ariége,  3o  novembre  (10  j.)  ;  à  N.L.,  lo  décembre,  S.  Amérique 
centrale  (10  j.). 

Une  série  peut  se  compliquer  beaucoup  par  les  autres  phénomènes  et  s'élargir  sur 
deux  ou  plusieurs  jours  : 

d.  Vague  de  chaleur  Algérie,  tempête  Manche,  8-9  août  1920  à  gr.  pluies  Japon, 
orqges  Midi  et  N.  Italie  (Savone),  18-19  (10  j.);  à  P.L.,  anticyclone,  gr.  raz  de  marée 
Ordomari  (Sakhaline),  28-80  (10  j.);  à  S.N.  Italie,  Côte-d'Azur,  S.  Régie  d'Emilia, 
7-8  septembre  (10  j.);  à  gr.  pluies  or.  Vierzon,  vent  or.  Marseille,  gr.  pluies  Italie, 
•7~'9  ('o  j-);  à  gr.  brouillard  New-York,  P.L.,  S.  Crihuela  (  Espagne),  27-29  (10  j.)  ;  à 
trombe  d'Angoulême,  vent  or.  Toulon, 'tempête  or.  Nantes,  S.  Algérie,  7-8  octobre  (10  j.); 
à  S.  Pérou,  vent  or.  Nîmes,  trombe  Paris,  pluies  générales,  S.  Bagnères-de-Bigorre,  vio- 
lente éruption  volcanique  Mexique,  17-19  (le  j.)  ;  à  P.L.,  gr.  pluies,  27-29(10  j.)  ;  à  gr. 
neiges  Turin,  gr.  pluies,  6  novembre  (10  j.);  à  cyclone  Palerme,  tempête  Méditer- 
ranée et  Manche,  16-18  (10  j.);  à  P.L.,  S.  Ponte-Vedre  (Espagne),  tempête  Pas-de- 
Calais,  S.  Pyrénées-Orientales,  26-28  (10  j.);  à  nébulosité,  gr.  neiges  Pyrénées,  cyclone 
Bourbonnais,  6-8  décembre  (10  j.);  S.  Alger,  gr.  S.  mondial,  S.  Rome,  S.  Argentine, 
i6-i8  décembre  (10  j.).  Rien  d'intéressant  ni  de  net  auparavant. 

II.  Les  tremblements  de  terre  se  produisent  fréquemment  un  jour  d'anti- 
cyclone ou  d'insolation  totale,  ou  tout  simplement  de  forte  hausse  baromé- 
trique; mieux  encore  après  plusieurs  jours  d'anticyclone  et  de  sécheresse. 

Les  tremblements  de  terre  suivants  se  sont  produits  après  des  périodes 
d'anticyclone  variant  de  deux  à  huit  jours  : 

S.  Guatemala,  i5  décembre  1917;  S.  la  Séréna  (Chili),  20  mai  1918;  gr.  S.  Sidney, 
8  juin;  S.  Toulon,  11  août;  S.  Alicanle,  10  septembre  1919;  S.  Pérouse  et  S.  Sienne, 
i4  septembre;  '>.  Rome,  22  octobre;  S.  Goris,  près  Tillis,  22  février  1920;  S.  Fort- 
de-France,  21  mars;  S.  Los  Angeles,  28  juin  ;  gr.  S.  mondial,  iG  décembre. 

On  fait  une  remarque  analogue  pour  certains  raz  de  marée,  des  cyclories- 
et  de  grands  orages;  de  même  pour  les  orages  magnétiques  coïncidant  avec 
le  passage  au  méridien  de  foyers  solaires  très  actifs,  les  troubles  radiotélégra- 
phiques  avec  vague  de  chaleur  (gr.  taches  sol,)  du  lo-i  i  août  1919,  et  ceux 
constatés  à  Sidney,  4  février  1920,  10  jours  après  le  S.  de  Vancouver  et 
mer  de  Marmara,  et  qui  firent  songer  à  des  signaux  martiens. 

III.  Un  tremblement  de  terre  met  fin,  en  générai,  à  une  période  anti- 
cyclonique et  sèche.  Dès  qu'il  se  produit,  le  même  jour  ou  peu  de  jours 
après,  le  vent,  la  tempête,  les  neiges  ou  la  pluie  apparaissent  plus  ou  moins 
localisés  selon  les  circonstances  :  ils  paraissent  se  faire  sentir  en  de  nom- 
breux points  de  la  surface  du  globe. 

.    Si  nous  groupons  en  un  faisceau  ces  seules  remarques,  nous  constaterons 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  Iy2I.  81 

que  les  tremblements  de  terre  n'apparaissent  pas  à  une  date  (|uelcon(|ue  et 
qu'il  y  a  lieu  de  considérer  une  sorte  de  relation  en  fonction  du  tenqjs 
écoulé,  l^n  même  tcjnps  nous  noierons  des  rapports  entre  les  séisuies  et 
certains  étals  de  l'almosplière  (anlicyclone,  sécheresse,  liautes  pressions 
barométriques  )  auxquels  ils  mettent  fin  habituellement  en  provoquant  des 
précipitations  pluvieuses. 

Nous  pouvons  donc  en  conclure  que  toutes  les  théories,  basées  sur  un 
mouvement  de  l'écorce  terrestre  et  ayant  par  suite  un  certain  caractère 
accidentel,  sont  susceptibles  d'être  mises  en  doute  ;  de  même  pour  celles, 
assez  récentes,  qui  font  abaisser  ou  soulever,  et  avec  possibilité  de  tremble- 
ment de  terre  dans  le  sens  des  deux  mouvements,  un  compartiment  du  sol, 
d'abord  en  équilibre,  puis  surchargé  ou  délesté,  par  alluvions  ou  érosions, 
après  de  grandes  pluies  de  tremblement  de  terre  :  les  pluies  ne  se  produi- 
sent qu'après  les  tremblements  de  terre,  donc  elles  ne  sauraient  intervenir 
dans  ce  cas. 

Il  est  probable  qu'une  sorte  de  marée  magnétique  est  constamment  mise 
en  mouvement  par  l'apport  journalier  des  radiations  électromagnétiques 
et  radioactives  du  Soleil  ;  des  courants  telluriques  ou  autres  s'y  produisent 
indéfiniment;  une  déperdition  considérable  d'électricité  et  de  radiations 
diverses  à  travers  l'espace  compense  cet  apport  d'énergie. 

Mais  il  est  probable  également  que  ce  milieu  magnétique  est  éminem- 
ment susceptible  d'être  iniluencé  par  toutes  les  causes  extérieures  provenant 
de  l'atmosphère  ou  des  astres  eux-mêmes,  et  que  les  variations  d'énergie 
qui  peuvent  se  produirent  engendrent,  en  se  surajoutant  aux  autres  cou- 
rants, de  véritables  points  nodaux  auxquels  correspondent  les  séismes  et 
les  événements  météorologiques  marquants. 

On  peut  supposer,  par  exem[)le,  qu'au  moment  d'un  anticyclone,  l'air 
fortement  ionisé,  cessant  de  devenir  bon  conducteur  de  Télectricilé  parce  que 
ses  molécules  dissimulent  complètement  la  vapeur  d'eau,  une  surcharge  se 
produit  de  ce  fait  dans  le  champ  magnétique  et  rend  imminente  une  rup- 
ture d'équilibre.  L'air  est  ramené  assez  brusquement  à  un  élat  où  la  vapeur 
retrouve  son  point  de  saturation;  l'électricité  et  la  chaleur  se  dégagent, 
engendrant  des  forces  vives  diverses  et  l'agitation  :  cyclones,  tempêtes  ou 
vents,  neiges  et  pluies  sont  alors  la  conséquence  des  dépressions  formées. 

Le  phénomène  se  traduit  autrement  dans  le  sol.  Là,  les  molécules,  diffi- 
cilement mobilisables,  cherchent  à  se  dégager  les  unes  des  autres  en 
poussées  Irépidantes  s'irradiant  et  oscillant  en  tout  sens  :  c'est  le  tremble- 
ment de  terre,  plus  facile  à  rencontrer,  comme  on  le  sait,  dans  les  terrains 

C.  lî.,  1921,  I"  Semeslip.  (T.  KJ,  N"  1.)  " 


82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soulevés  et  disloqués  et  où  se  conserve  peiit-êire  encore  une  énergie  latente, 
réserve  du  lointain  passé  où  un  travail  mécanique  énorme  se  produisit. 


liO PANIQUE.  —  Plantes  salées  et  période  des  anomalies.   Note  de  M.  Pieiiiîe 
LESA«iE,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnicr. 

Depuis  1911,  je  fais,  chaque  année,  des  cultures  de  Lepidiiim  xalii'iim 
pour  savoir  si  cette  plante,  arrosée  à  l'eau  salée,  prendra  des  caractères 
capables  de  se  reproduire  quand  on  supprime  le  sel  marin  dans  les  arro- 
sages, afin  de  rechercher  s'il  y  a  hérédité  de  ces  caractères.  J'ai  terminé  la 
dixième  campagne  ;  pour  ce  motif  et  parce  que  des  indications  tendent  à  se 
préciser  dans  les  résullats,  bien  que  ceux-ci  paraissent  de  médiocre  impor- 
tance, je  crois  utile  de  passer  en  revue  cette  période  décennaire  pour  insister 
sur  quelques  points. 

Dans  la  direction  des  expériences,  il  fallait  envisager  les  variations  atlri- 
buables  à  la  concentration  des  arrosages,  à  leur  mode  d'application  (en 
surface,  en  profondeur,  etc.),  et  à  la  durée  de  ces  expériences.  J'ai  adopté 
les  arrosages  en  profondeur.  Quant  à  leurs  concentrations,  je  les  ai  variées, 
mais  j'ai  ilù  les  employer  assez  faibles  pour  être  certain  de  poursuivre  ces 
expériences  pendant  plusieurs  années  en  s'assurant,  chaque  année,  une 
récolte  de  graines  capables  de  germer  l'année  suivante.  A  ce  point  de  vue, 
on  peut  imaginer  une  série  continue  et  décroissante  de  concentrations  dans 
lesquelles  trois  valeurs  critiques  sont  intéressantes  :  1°  CM,  valeur  au- 
dessus  de  laquelle  la  plante  ne  peut  vi\  re,  mais  au-dessous  de  la(juclle  la 
vie  est  possible;  2°  Cm,  valeur  plus  petite  que  CM,  au-dessus  de  laquelle  la 
plante  peut  vivre,  mais  ne  donne  pas  de  graines  on  en  donne  qui  sont  mal 
conformées,  ne  germent  pas,  et  au-dessous  de  laquelle  les  graines  obtenues 
peuvent  germer;  3°  Cs,  valeur  inférieure  à  Cm,  et  à  laquelle  correspon- 
draient les  débuis  de  l'action  modificatrice,  à  effets  héritables,  si  cette  action 
est  possible;  ce  serait  le  seuil  de  l'excitation  utile.  Dans  mes  expériences, 
je  devais  chercher  à  opérer  entre  CsetCm,  \aleurs  qui  ne  peuvent  ctie 
connues  qu'après  de  longs  tâtonnements. 

D'autre  part,  pour  répondre  au  but  de  ces  recherches,  il  fallait  s'attacher 
de  préférence  à  des  modifications  aussi  nettes  (pie  possible  et  susceptibles  de 
persister  (juand  la  salure  n'agit  plus.  Parmi  les  modifications  ou  caractères' 
•des  plantes  salées,  la  carnosilé,  le  développement  du  tissu  en  palissade,  la 
réduction  des  méats  intercellulaires,  la  diminution  de  la  chlorophylle,  ne 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  83 

m'ont  pas  paru  se  prêter  avantageusement  à  l'observation,  soit  parce  que 
cescaiactères  ne  sont  nets  que  sous  l'influence  de  la  salure,  soit  parce  qu'on 
ne  piMit  les  observer  que  dans  les  plantes  traitées  entre  les  limites  Cm  et  CM. 
Ce  dernier  cas  est  applicable  certainement  à  la  diminution  de  la  chloro- 
phylle et  à  la  coloration  jaunâtre  des  plantes  salées.  Je  laisse  donc  de  côté 
ces  caractères  à  avenir  douteux,  au  moins  pour  le  moment. 

Kn  revanche,  d'autres  caractères  se  prêtent  mieux  à  des  comparaisons 
utiles  :  taille  des  plantes,  poids  et  proportions  des  grosses  graines.  C'est  ce 
que  montre  le  tableau  suivant  donnant  les  variations  de  ces  caractères 
pendant  les  cinq  dernières  années  (1  916-1920)  :  première  partie,  pour  les 
plantes  salées,  S,,  et,  pour  les  plantes  témoins,  T,;  deuxième  partie,  pour 
les  plantes  arrosées  toutes  à  l'eau  douce,  mais  provenant  des  graines  de 
plantes  salées  l'année  précédente,  S.^,  ou  de  plantes  témoins,  T,. 

•ji'osses  graines  Poids 

Année  Taille.  pour  1000.  île  1000  grosses  graines 

riillu'rc.  S,.  T,.  S,.  T,.  S,.  T,. 

1916 3rî""  38""  399  745  2^583  3,oo5 

1917 19  34  y^g  816  2,472  3,074 

1918 23  3.5  i48  716  2,55i  2,916 

1919 2.)  36  98  901  2,33i  2,765 

1920 38  42  668  832  2,754  2,812 

Sj.  T,.  S,.  'i',.          s,.  T„. 

1916 46  36  673  800  2,702  3,142 

1917 37  32  543  794  2,687  3,19(1 

1918 35  32  712  829  2,766  2,864 

1919 4o  36  749  8i4  2,488  2,784 

1920 63  41  864  887  2,897  ■^839 

Il  faut  dire  que  les  comparaisons  ne  peuvent  se  faire  correctement  que 
pour  la  même  année,  car,  si  le  sol  était  identique  pour  toutes  les  cultures 
de  chaque  année,  il  était  différent  d'une  année  à  la  suivante. 

D'après  ce  tableau,  il  y  aurait  dans  les  plantes  salées  une  taille  plus  faible, 
des  grosses  graines  moins  nombreuses  et  plus  légères  que  dans  les  témoins. 
J'ai  déjà  dit(')que  ces  trois  caractères  sont  corrélatifs  et  peuvent  se  trouver 
dans  des  plantes  a  l'état  de  souffrance,  laissant  entrevoir,  tout  au  plus,  une 
hérédité  de  dégénérescence.  La  deuxième  partie  du  tableau  tendrait  à 

(')  PiEnitE  Lesage,  Caractères  des  plantes  salées  et  faits  d'hérédité  (?)  (/?ec.  géii. 
de  Botanique,  1916,  p.  4^4)- 


)  ■  o 


84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

corriger  celle  opinion,  car,  à  pari  l'année  1920,  malj^ré  leur  taille  plus 
grande,  les  So  présenlenl  encore  des  grosses  graines  moins  nombreuses  el 
plus  légères  que  celles  des  témoins.  Il  y  a  là  des  observa  lions  à  suivre  allen- 
livemenl  dans  les  prochaines  expériences,  pour  voir  s'il  n'y  aurait  pas  autre 
chose  que  de  la  dégénérescence. 

Un  autre  caractère,  déjà  perçu  dès  1913,  se  retrouve  dans  la  forme  des 
graines  :  celles  des  plantes  salées  sont  arrondies,  dodues,  relativement  plus 
courtes  que  celles  des  témoins.  J'ai  donné  la  photographie  de  graines 
de  191B  (')  où  ce  caractère  est  assez  net  el  marque  suffisammeiil  les  diffé- 
rences entre  les  graines  des  T  et  celles  des  S,  et  même  des  S^,  indiquant 
encore  pour  celles-ci  une  amorce  à  l'hérédilé.  La  comparaison  des  graines 
de  1920  confirme  cette  manière  de  voir  par  un  autre  procédé.  Pour  faire 
celle  comparaison,  j'ai  pris,  à  un  grossissement  convenable,  la  longueur  et 
la  largeur  des  graines,  et  calculé  les  rapports  de  ces  dimensions;  voici  ces 
rapports  pour  4  cultures  placées  2  à  2  dans  des  carrés  différents  :  pour  S,, 
1,54  ;  pour  T|,  1,98;  pour  S.,  i,58;  pour  To,  i,93. 

Enfin,  dans  celte  année  1920.  une  autre  modification  a  retenu  mon  atten- 
tion :  la  faime  anormale  de  quelques  fruits.  Le  fruit  normal  présente 
2  loges.  J'ai  observé,  pour  la  première  fois,  des  fruits  à  3  loges  el  même  à 
4  loges  el  en  plus  grand  nombre  dans  les  plantes  salées,  S,,  que  dans  les 
témoins.  C'est  ainsi  que,  sur  5o  à  60  pieds  portant  plusieurs  milliers  de 
fruits,  j'ai  noté,  pour  S,,  66  fruits  à  3  loges  el  6  à  4  loges;  pour  T,,  8  fruits 
à  3  loges  seulement;  pour  S^,  i  seul  fruit  à  3  loges;  el.  pour  une  plate- 
bande  de  contrôle  el  d'essais  divers,  comprenant  plus  de  1600  pieds  ordi- 
naires, je  n'ai  compté  que  3  fruits  à  3  ailes.  Je  m'en  tiens  à  celte  seule 
indication,  pour  le  moment,  au  sujet  de  cette  nouvelle  modification;  mais 
je  suis  amené  à  me  poser  la  question  suivante  :  après  10  ans  de  culture,  en 
serais-je  arrivé  à  une  menace  de  rupture  d'équilibre,  à  une  période  où  un 
léger  affolement,  précurseur  de  faits  nouveau.x,  s'annoncerait  par  ces  ano- 
malies? 

C'est  un  nouvi'au  niolif  pour  continuer  ces  expériences. 

(')  l'iERRE  Lksagk,  Sur  la  slobilisalion  de  caractères  dans  tes  piaules  salées 
{Comptes  rendus,  l.  168,  1919,  [).  ioo3). 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1921.  85 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Cnnlribtilion  à  Féliidc  du  mécanisme  de  l'ar/àni 
fertilisante  du  soufre.  Note  de  M.  G.  Nicoias,  prcscnirc  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

Un  certain  noml)r(^  de  recherches  ont  étahli  que  le  soufre  en  Heur,  ajouté 
au  sol  à  des  doses  con\enables,  se  comporle  comme  un  engrais  et  accroît 
les  rendements.  Le  soufre,  l'un  des  élémenls  indispensables  à  la  vie  du 
végétal,  exerce  sur  celui-ci  au  moins  une  double  aciion.  Il  lui  fournit 
d'abord,  par  son  oxydation  bactérienne  dans  le  sol,  de  l'acide  sulfurique, 
directement  assimilable,  dont  la  présence  permet  en  outre,  surtout  dans  les 
terres  non  calcaires,  l'absorption  de  certains  éléments  minéraux  (potasse, 
oxyde  de  fer,  alumine  et  même  manganèse);  il  facilite,  d'autre  part,  le 
travail  des  bactéries  ammonisantes  et  nitrifiantes  et  met  ainsi  à  la  disposi- 
tion de  la  plante  de  plus  grandes  quantités  d'azote.  Tels  sont  les  faits 
acquis  expérimentalement  sur  le  rôle  du  soufre. 

On  a  même  pensé  qu'il  favorisait  le  développement  des  nodosités  radi- 
culaires  des  Légumineuses.  Des  expériences  entreprises  dans  le  but  de 
préciser  ce  dernier  point,  en  191 8,  à  Alger  et,  en  1920,  au  Jardin  dos 
Plantes  de  Nancy,  avec  le  Pois,  le  Haricot,  le  Lathyriis  Ochrus  et  le  Lupinus 
a/biis,  cultivés  dans  des  pots  à  la  terre  desquels  j'ajoutais  du  soufre  à  la 
dose  de  100''*^,  200''^  et  Soo'^'''  à  l'hcclare,  ne  m'ont  donné  aucun  résultat 
bien  net,  peut-être  par  suite  de  la  richesse  en  azote  du  substratum  (terreau 
des  jardiniers). 

Ces  expériences,  si  elles  mettent  une  fois  de  plus  en  relief  l'action  fertili- 
sante du  soufre,  ainsi  qu'en  témoignent  les  chiffres  suivants  pour  le  Haricot 
Souvenir  de  Dreiiil  : 

Poids 

Nombre  ~~^ —  • — ~ 

de  graines.  des  graines.  d'une  graine. 

B  g 

Sans  soufre i3  4)900  0,876 

loo^ô  de  soufre 12  5,3io  o,l\6?, 

2oo''8  »         10  f'.y^S  Oï57i4 

3oo''B  »         12  5,ii5  0,426 

sont  intéressantes  surtout  à  un  autre  point  de  vue.  Elles  montrent  que  le 
soufre  est  susceptible,  à  doses  convenables,  de  favoriser  la  nutrition  car- 
bonée des  végétaux.  Voici  la  répartition  de  l'amidon  dans  les  organes 
végétatifs  (à  l'exception  des  feuilles  desséchées  au  moment  de  la  récolte) 
du  Haricot  et  du  Pois  : 


86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Tige  (base).                                              Tigelle.  Haciru;  (  base). 

1.  Ainiilon    très    rare    dans         Amidon    très    ran:    dan>  Vniidoii     larc     (L.is     !<■ 

Il' parenchyme  ligneux             le  parenchyme  ligneux  parenchyme      ligneux 
secondaire  et  à  la  péri-              secondaire,  assez  al)on-  secondaire  cl  à  la  péri- 
phérie de  la  moelle.                  dant  à  la  périphérie  de  phérie  de  la  moelle, 
la  moelle. 

2.  Id.                                                 Id.  Id. 

3.  Amidon    abondant    dans         Amidon     1res    abondant  Amidon    abondant    dans 

le  parenchyme  ligneux  dans  le  parenchyme  le  parenchym<' ligneux 
secondaire  et  à  la  péri-  ligneux  secondaire,  secondaire  et  à  la  péri- 
phérie de  la  moelle.  abondant  à  la  péri-  pliéi'ie  de  la  moelle, 
phérie  de  la  moelle. 
'i.  Amidon  très  rare  dans  Amidon  très  rare  dans  Amidon  rare  dans  le 
le  parenchyme  ligneux  le  parenchyme  ligneux  parenchyme  ligneux 
secondaire,  rare  à  la  secondaire,  abondant  secondaire  et  à  la  péri» 
périphériede  la  moelle.             à   la  périphérie  de   la  phérie  de  la  moelle. 

moelle. 

1.  Sans  soufre;   '2.  loo''»  de  soufre  ;  '■).  îoc"*"  de  soufre  ;  k.  3oo''s  de  soufre. 

POIS. 
'I'i!;r  (li.Tse).  Racine  (base). 

Sans  âoufic I^as  d'amidon.  Pas  d'amidon. 

loo''*  de  soufre \midon  très  rarç  dans  le  Id. 

liber  secondaire. 

20o'<B  de  soufre Id.  Id. 

Soo'^s  de  soufre Amidon    abondant    dan>         Amidon    assez    abondant 

le  liber  secondaire  et  dans  les  rayons  médul- 

dans   la   moelle,   assc/.  laires   du    bois   secon- 

abondant   dans   le   pa-  daire. 

renchyme  ligneux   se- 
condaire. 

A  doses  convenables,  variables  avec  chaque  espèce  (■200''"  à  l'Iiectare 
pour  le  llarirol,  'ioo'^s  pour  le  /'oà),  le  soufre  favorise  \a  for/ndlion  de  ra/m- 
don  el  l'aclion  plinlosynlliétique  dont  ce  dernier  n'est  que  la  conséquence. 
Nous  savons  déjà  parMazé  et  Demolon  que  le  soufre  est  nécessaire  au  déve- 
loppement de  la  chlorophylle,  que  son  absence  provoque  la  chlorose  et  (ju'il 
exalte  le  vert  chlorophyllien.  Far  suite  de  cette  action  sur  le  [jigafenl  verl, 
la  décomposition  du  gaz  carbonique  atmosphérique  est  activée,  le  carbone 
est  lixé  en  plus  grandes  quantités  et  mis  on  dépôt  sous  la  fornic  d'amidon  : 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  87 

des  reclierclies  sur  les  échanges  gazeux  de  rassimilalion  confirmeraient 
vraisemblablement  cette  assertion. 

11  semble  bien,  d'après  ces  observations,  qu'au  rôle  déjà  important  attri- 
bué au  soufi'c,  tant  comme  aliment  sous  la  forme  d'acide  sulfurique,  que 
comme  agent  catalylique  dans  l'assimilation  de  l'azote  du  sol,  puisse 
s'ajouter  l'inlUience  également  essentielle  qu'il  exercerait  sur  la  fixation  du 
carbone  atmosphérique  par  suite  de  son  action  sur  la  chlorophylle. 

\\n  raison  de  cette  influence  multiple,  son  emploi  en  agriculture  mérite- 
rait d'être  soumis  à  des  recherches  approfondies. 


MYCOLOCIE.   —  Sur  un  nouveau  réactif  ({es  LacUiircs  el  des  Riissuh's 
à  saveur  acre.  Note  de  M.  Bari-ot,  présentée  par  M.  L.  Mangin. 

Au  cours  des  recherches  que  nous  avons  entreprises  sur  les  réactions 
colorées  des  champignons  supérieurs,  et  dont  les  résultats  ont  été  déjà 
parliellement  publiés  ('),  nous  avons  fait  une  série  d'observations  intéres- 
santes, en  soumettant  les  échantillons  examinés  à  l'action  d'un  réactif 
nouveau  à  base  de  pentachlorure  d'antimoine.  On  sait  d'ailleurs  que  ce 
dernier  corps  possède  la  propriété  de  donner  facilement  de  très  nombreuses 
réactions  colorées  avec  une  foule  de  substances,  les  carbures  d'hydrogène 
notamment,  lorsqu'il  est  en  solution  dans  le  tétrachlorure  de  carbone  (-). 

Le  produit  dont  nous  nous  sommes  servis,  el  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de 
chloroanlimoniate  de  mélhyle,  a  été  signalé  en  1876  par  Carlelon  Williams  (');  c'est 
un  solide,  fusible  vers  80°;  il  s'emploie  en  solution  dans  l'alcool  mélhylique.  I^es 
meilleures  concentrations  semblent  celles  pour  lesquelles  la  teneur  en  chlore  est  com- 
prise entre  20  et  3<j  pour  100;  les  solutions  trop  concentrées  ou  trop  diluées  donnent 
des  colorations,  ou  noires,  ou  à  peine  sensibles.  En  remplaçant  l'alcool  métliylique 
par  ses  homologues  supérieurs,  éthylique,  propjliques,  amyliques,  etc.,  on  peut  pré- 
parer une  série  de  léactifs  qui,  dans  l'ensemble,  agissent  tous  de  la  même  façon. 

Beaucoup  d'espèces  mycologiques  sont  insensibles  vis-à-vis  du-  chloroanlimoniate, 
ou  donnent  des  colorations  trop  lentes  à  apparaître  pour  être  utilement  employées 
dans  la  diagnose.  C'est  ainsi  qn  Ainanita  phalloïdes  prend,  au  bout  de  plusieurs 
minutes  seulement,  une  teinte  saumon  pâle,  au  contact  du  chloroanlimoniate 
d'umvle;  mais  cette  action,  bien  que  spécifique  parmi  les  Amanites  communes,  n'est 
pas  assez  rapide  pour  être   pratiquement   applicable.  l'ar  contre,   Amanila  citrina 

(')   Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  679,  el  t.  171,  1920,  p.  1014. 

(-)   lliLPERT  et  WoLF,  Deulsche  Chem.  Gesells.,  l.  4(5,  1913,  p.  2215-2218. 

(^)  Carleton'  Williams,  Journ.  Chem.  Soc,  t.  2,  1876,  p.  463. 


88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

réagil  inimétliateinenl  en  brun  foncé  (ii°  00,   ilu  Code  de  Couleurs  de  Klincksicck  el 
N'alelle),  caracléiislique  de  cette  espèce. 

Mais  c'esl  pour  les  Lactaires  et  surtout  les  lîussules  que  les  phénomènes 
présentent  leniaximum  d'intérêt.  En  effet,  dans  ces  deux  genres,  les  espèces 
à  saveur  acre  se  comportent  de  façon  analogue;  il  n'est  plus  nécessaire  de 
les  goûter  pour  en  faire  la  détermination,  rapplicalion  du  chloroanlimoniale 
suffit,  (^esl  ainsi  que  Russnla  eineùca  et  Lactanu.s  jnperatus  se  co\orçnl  en 
gris  plombé  (483)  intense,  au  bout  de  quelques  secondes  de  contact,  quelle 
que  soit  la  portion  examinée  du  carpophore.  Une  telle  similitude  faisait 
prévoir  l'analogie  des  principes  acres  des  deux  espèces;  l'expcricnce  a  con- 
firmé ces  vues,  el  nous  avons  pu  exliaire,  de  quelques  kilogrammes  de 
cliampigtions  frais,  plusieurs  grammes  de  deux  substances  qui  paraissent 
idenliques. 

Ces  composés  sont  assez  instables;  conservés  en  tubes  scellés  ils  jaunissent 
peu  à  peu,  perdent  leur  saveur  qui,  au  début,  est  extrêmement  forte  et 
poivrée,  et  ne  se  colorent  plus  au  contact  du  chloroantimoniate-de  mélliyle. 
Ils  sont  détruits  par  ébullition  avec  l'eau  ou  l'alcool  ordinaire,  ce  qui  ne 
permet  pas  d'employer  ces  deux  dissolvants  pour  les  extraire. 

L'extraction  des  substances  actives  se  fait  commodément  en  employant 
l'éther,  à  froid;  il  suffit  de  laisser  macérer  les  champignons  coupés  en 
fragments  grossiers,  dans  l'éther,  pendant  12  à  i5  heures;' il  se  foiine 
deux  couches  liquides  :  la  plus  dense,  btiinàlre,  et  renfermant  surtout  de 
l'eau,  esta  rejeter;  l'élhcr  qui  surnage  est  recueilli,  el  une  évaporalion  dans 
le  vide  donne  un  corps  blanc  biillanl,  en  gros  cristaux  mous,  feuilletés, 
quelquefois  avec  des  formes  dendri tiques,  et  (jui  constitue  le  principe  actif. 
La  réaction  colorée  avec  le  chloroanlimoniate  de  méihyle  est  immédiate, 
très  intense,  sur  un  fragment  minuscule. 

Toutes  les  Russules  acres  se  colorent  de  la  même  façon,  mais  avec  une 
intensité  plus  ou  moins  grande  en  rapport  avec  la  teneur  en  matière  active. 
Parmi  les  nombreuses  espèces  examinées,  nous  citerons  comme  r.éagissant 
fortement  : 

JUissiila  (J  /i'/f/ii\  dont  l'extrait  étheré  abandonne  par  évaporation  des 
cristaux  d'aspect  foliacé,  d'odeur  forte,  irritante,  et  dont  la  saveur  rappelle 
celle  de  VAriim  mnculalwn ;  la  chair  se  colore  en  gris  verdâtre  (  1.")8  ); 

Rassulfi  atropunmraa,  R.  fœlens,  IL  ntiiscosn,  R.  oclifolenca,  IL  rinhicea 
se  colorent  en  gris  plombé,  comme  Rii.ssitla  rmelicn ; 

Riissulii  sangitinea  donne  un  bleu  vert  intense  (K)^). 

(,)uant  aux  espèces  comestibles,  ou  bien  elles  ne  se  colorent  pas  du  tout 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1921.  89 

(/iuasiila  aiirata,  H.  Irpida,  It.  rirrsccns)  ou  bien  elles  deviennent  à  la  longue 
légèrement  bleuâtres,  et  la  teinte  disparaît  au  bout  d'un  certain  temps  ;  telles 
sont  :  Ilussuld  aziiren,  R.  cvano.ranlha,  R.  delica,  R.  oramrni'nicolor,  R.  lutea, 
R.  olhacca. 

Nous  attirons  parliciilièreincnl  l'altenlion  sur  Russida  rosea  ((^)uél('l)  qui 
se  comporte  de  lacon  toute  spéciale;  cette  espèce  est,  jusqu'à  présent,  la 
seule  qui  prenne  une  coloration  vert  pré  intense  (276)  et  instantanée,  en 
présence  du  réactif  slibié,  et  cela  en  tout  point  touché  par  l'opérateur,  sauf 
sur  la  cuticule  du  péridium  dont  le  pigment  gêne  l'observation.  L'action 
n'est  pas  localisée,  mais  généralisée  dans  tous  les  tissus. 

En  essayant  d'extraire  la  substance  active  par  l'éther,  en  suivant  la  même 
méthode  que  pour  les.  autres  Russules,  nous  avons  pu  obtenir  un  corps 
blanc  jaunâtre,  cristallisé  en  prismes  allongés,  groupés  en  amas  radiés,  et 
qui  donne  la  réaction  colorée  avec  le  maximum  d'intensité.  Le  produit 
ainsi  préparé  paraît  beaucoup  plus  stable  que  le  composé  acre  de  Russida 
emclica.,  et  se  conserve  sans  altération  sensible  pendant  plusieurs  mois. 

Riissida  rosea  donne  une  réaction  différente  si  elle  est  desséchée  ou  trop 
avancée  :  la  teinte  verte  fait  place  à  du  brun  rouge  plus  ou  moins  intense  ; 
la  production  du  corps  actif  est  certainement  liée  de  façon  très  intime  aux 
phénomènes  vitaux  et  aux  transformations  qui  les  accompagnent. 

Il  est  intéressant  de  remarquer  que  Rnssula  rosea  est  caractérisée  par  un 
certain  nombre  de  réactions  chimiques  qui  lui  sont  bien  spéciales,  et  lui 
confèrent  une  indiscutable  individualité;  M.  Maire  a  en  effet  montré  (') 
que  les  réactifs  sulfovanillique  et  sulfoformolique  agissent  sur  elle  d'une 
façon  toute  particulière. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  lj>i  (1(1  «  loiil  OU  rien  »  oii  (le ronst(ii)C('  foiictioiiiiclle, 
relative  à  l' action  du  testicule  considcrê  comme  i^lande  endocrine.  Note  (-) 
de  M.  A.  PÉZARD,  présentée  |)ar  \I.  Edmond  Perrier. 

Nos  expériences  sur  les  (iallinacés  ont  établi  que  de  menus  fragments  de 
teslicuk,  implantés  naturellement  ou  artificiellement  sous  le  péritoine  des 


(')  Dali.  Soc.  Mj'cot.,  \.  2(>,  ii)io,  p.  98  el  suiv, 
(^)  Séance  du  i5  novembre  1920. 


90  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

castrais,  suffisent  à  assurer  le  dévelo[)|)cment  des  caractères  morpholo- 
giques et  psychiques  conditionnés  par  le  testicule.  En  réalité,  pour  être 
efficace,  la  masse  de  lissu  testiculairc  ne  doil  ])as.  chez  le  coq.  être  infé- 
rieure à  0*^,5  environ;  mais  une  fois  ce  minimum  réalisé,  les  caractères  se 
développent  intégralement,  sans  fraclionnemenl  aucun.  Ce  chiffre  moyen, 
0*^,5,  eicctic  loi  du  «  tout  ou  rien  »  ressorlent  clairemcnl  d'une  statistique 
|)ortant  sur  26  coqs  étudiés  par  nous,  et  de  plusieurs  séries  d'expériences 
qui  en  constituent  le  conirôle. 

1"  Stdlàtique.  —  26  coqs  de  races  diverses,  mis  en  observalion  à  la  slalion  pliysio- 
logique  du  Collège  de  France,  et  comprenant  : 

a.  7  mâles  normaux; 

b.  8  castrais  Iransplaiilés,  à  caractères  de  nifiles; 

c.  4  castrais  transplantés,  à  caractères  de  castrats; 
(1.  7  castrats. 

A  l'autopsie,  faite  après  que  les  caractères  sexuels  ont  alleinl  leur  équilibre  défi- 
nitif, nous  déterminons  la  masse  m  de  tissu  lesticulaire  et  nous  vérifions  la  structure 
iiistologique  de  ce  tissu.  La  longueur  de  la  crête  L  nous  fournit  un  critère  précis  de  la 
masculinité  des  sujets. 


N". 

m. 

L. 

N°. 

«( . 

L. 

N". 

m. 

!.. 

1... 

'\  2 

I  10 

10.. 

B 
I  .  ."> 

82 

19... 

traces 

().5' 

2... 

28 

106 

11... 

1  ..5 

r  10 

3... 

20 

ii3 

12.. 

I 

78 

20... 

0 

56 

h... 

'1 

81 

13.. 

1 

187 

21... 

0 

55 

3... 

1  2, 

5 

1 15 

li.. 

0. 7 

97 

22... 

0 

55 

G... 

() 

97 

1.5... 

0.5 

1  1 1 

23... 

0 

57 

7.  . 

S. 

,3 

Sii 

2V .  . . 

G 

5'i 

1().  . 

0. 1 

59 

25... 

0 

58 

8... 

2 

r  |ô 

17... 

0,  1 

()0 

26... 

0 

63 

9... 

2 

85 

18.., 

.  traces 

62 

l.,'c.\au)eii  comparatif  des  colonnes  m  et  l^  montre  nettement  (pi'aucuii 
parall(''lisme  n'e.xiste  entre  la  masse  de  tissu  conditionnant  el  la  grandeur 
du  caractère  conditionné.  Sans  doute,  les  coqs  1  à  lô  présentent  des  crêtes 
inégales,  mais  cela  tient  à  ce  que  nos  observations  portent  sur  des  animaux 
de  races  différentes  :  races  à  grandes  crêtes  (Leghorn  doré),  à  crête  moyenne 
(Dorking),  à  crête  petite  (Orpington  fauve  ou  noir,  Faverolles);  en  tout 
cas,  l'ensemble  de  leurs  caractères  sexuels  est  [pleinement  développé.  Les 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    igit.  9I 

coqs  15  à  2()  possèdent  des  masses  insignifiantes  de  tissu  lesliculairc  ou 
n'en  possèdent  pas  du  tout  :  crête  petite,  pâle;  aucun  attribut  sexuel.  Le 
nombre  :  0^,5,  qui  est  la  limite  inférieure  des  masses  efficaces  introduit 
ainsi  une  discontinuité  absolue  entre  l'état  sexué  et  l'état  neutre;  nous 
n'avons  jamais  pu  obtenir  un  état  intermédiaire  stable. 

■2°  Expériences  de  contrillc.  —  n.  Dans  le  Mémoire  de  F.  Koussay  relatif  à  l'aclion 
lia  légime  carné  exclusif  chez  les  co(|s,  nous  avons  décou\erl  un  résultai  semblable  : 
les  sujets  qui  possèdent  plus  de  os, 7  de  testicule  sont  devenus  des  mâles  normaux 
(crête  développée,  instincts  combatifs);  ceux  qui  ont  moins  de  os.y  sont  notés  comme 
craintifs  et  non  batailleurs  (caractères  de  castrats). 

0.  Dans  un  Mémoire  de  Foges  (1902),  nous  constatons  que  des  coqs  porteurs  de 
Iransplants  sont,  ou  bien  des  mâles  normaux,  ou  bien  des  chapons  parfaits. 

r.  ObsenaCion  personnelle.  —  (loq  Leghorn  doré  né  en  mars  /920.  l'ériode  de 
puberté  ;  mai  à  septembre.  l'résenle  depuis  lin  août  une  paralysie  des  membres  pos- 
térieurs, mais  continue  à  s'alimenter.  Le  iS  septembre,  la  crête,  qui  atteignait 
1 1>"""  de  longueur  commence  à  régresser  et  nous  diagnostiquons  une  régression  du 
testicule.  L'animal  meurt  le  22  octobre.  A  l'autopsie  :  testicules  très  petits,  nious 
avec  tissu  interstitiel  en  assez  bon  état,-  et  canaux  séminifères  en  régression. 
//(  =:  ûs,  '1  (au  lieu  de  i5e  environ). 

{'niitlilioiis  dctcrminaiiles  (le  hi  piihcrté.  —  Noire  étude  comparée  offre, 
en  sens  inverse,  l'image  de  ce  qui  se  produit  lors  du  développement  du  coq. 
Il  y  a  lieu  de  penser  que  l'apparition  de  la  puberté,  dès  le  troisième  mois, 
correspond  au  moment  oîi  les  glandes  reproductrices,  en  voie  d'accrois- 
sement, franchissent  le  minimum  efficace.  Leur  action,  iiiiUc  aiipnrfn'nut^ 
crée  (i'rinl>lèe  la  condition  chimique  de  milieu  qui  permet  à  l'animal 
d'atteindre  son  équilibre  sexué. 

A  cette  interprétation,  comme  à  la  loi  du  «  toutou  riei)  »,  on  pourrait  faire  une 
objection.  S'agit-il  bien,  en  réalité,  d'une  cause  pondérale;  n'existe-t-il  pas,  entre 
testicule  prépubéraLet  testicule  pubère,  ou  bien  entre  iransplant  inactif  et  transplant 
efficace  une  difTérence  histologique  qui  rendrait  mieux  compte  des  faits.  Ce  n'est  pas 
le  cas  :  les  Iransplants  non  fonctionnels  ont  la  même  structure  que  les  autres  :  canaux 
séminifères  incontestables,  souvent  avec  spermatozoïdes;  tissu  interstitiel  plus  ou 
moins  abondant.  Quant  au  testicule  du  poulet,  s'il  subit,  vers  le  troisième  mois,  un 
accroissement  rapide,  cela  tient  à  l'établissement  de  la  spermatogénèse  et  à  la  dimi- 
nution marquée  du  tissu  interstitiel,  mais  il  n'y  a  aucune  crise  histologique  dans  la 
glande. 

Conslancc  fonctioniu'Ue .  —  L'identité  qui  existe,  chez  nos  différents  sujets, 
entre  l'action  de  masses  testiculaires  dont  les  extrêmes  sont  os,5  et  42"  nous 


92  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

paraît  devoir  s'appliquer  aux  difTérents  états  du  testicule,  chez  un  animaf 
en  voie  d'évolution  sexuée.  —  Ainsi,  dans  les  conditions  normales,  une  très 
petite  fraction  (j^  par  exemple)  de  riiarniozone  tcsticulaireejît  utilisée  pour 
le  maintien  du  caractère  conditionné  ;  le  reste  est  «  sécrétion  de  luxe  »  pour 
employer  l'expression  de  E.  Gley.  Cela  revient  à  dire  que  Faction  du  testi- 
cule est  constante  à  partir  du  moment  où  celte  glande  entre  en  jeu. 

Coiichisinus.  —  i"  L'action  morphogène  du  testicule,  chez  les  coqs,  est 
soumise  à  la  loi  du  «   tout  ou  rien   »  ; 

1°  Plusieurs  séries  d'expériences  convergentes  permettent  de  fixer  à  o*^,  5 
environ  la  masse  du  minimum  efficace; 

3°  La  loi  du  «  tout  ou  rien  »  entraine,  comme  conséquence,  la  loi  de 
constance  fonctionnelle. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  r action  antiscorbtitiqur  de  la  pomnie  de  terre  crue,  hroyée 
et  intacte.  Note  de  M.  Bezssoxoff,  présentée  par  M.  Roux. 

D'après  le  premier  travail  de  A.  Holst  sur  le  scorbut,  la  pomme  de  terre 
crue  aurait  un  rôle  antiscorbutique  dans  le  régime  alimentaire  des  équi- 
pages des  bateaux.  En  191 2- 191 3,  A.  Holst  et  Frolich,  dans  leur  remarquable 
travail  sur  le  scorbut  expérimental  du  cobaye,  signalent  l'action  antiscor- 
butique de  la  pomme  de  terre  fraîche  administrée  après  cuisson  ('). 

Vu  la  place  importante  occupée  par  la  pomme  de  terre  dans  notre 
alimentation,  il  nous  paraissait  intéressant  d'a[)porter  quelques  précisions 
sur  sa  richesse  en  principes  antiscorbutiques.  A  cet  effet  nous  avons  étudié 
l'action  antiscorbutique  de  la  pomme  déterre  crue,  non  pelée,  sur  le  cobaye 
soumis  au  régime  avoine-eau. 

D'autre  part  nous  avons  entrepris  de  comparer  l'action  antiscorbulique 
d'une  quantitéjdurnalière  déterm/ie'e  de  pomme  de  terre  crue  intacte  à  celle 
de  la  même  quantité  broyée  à  la  presse  hydraulique  et  administrée  aussitôt 
au  cobaye  sous  forme  de  jus  et  de  marc.  Nous  nous  sommes  aussi  proposé 
de  déterminer  la  valeur  aiitiscorbutique  de  ces  deux  fractions  prises 
isolément.  Les  cobayes  employés  furent  choisis  après  triage. 

Il  résulte  de  nos  expériences  que  : 

(')  Les  cobaves  employés  par  ces  auteurs  lel'usèrenl  de  manger  la  pummr  de  lerre 
crue. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I921.  93 

i"  L'action  anliscorbulique  de  la  pomme  de  terre  intaclc  pelée  (jeune  à 
chaif  jaune,  n'ayant  pas  développé  de  cortex  vert)  égale  celle  des  végétaux 
à  action  antiscorbutique  marquée,  tels  que  le  choux  ou  le  pissenlit. 

Deux  cobayes  soumis  au  régime  avoiiio-eau-pomme  de  terre  crue  intacte 
[)elée  ([5"  par  animal  et  par  jour)  fureiil  tués  le  83'' jour  de  rexpériencc; 
aucune  trace  de  scorbut  à  l'autopsie. 

2°  La  pomme  de  terre  broyée  exerce  à  dose  égale  une  action  anliscorbu- 
lique bien  inférieure  à  celle  du  tubercule  intact. 

Quatre  cobayes  soumis  au  régime  avoine-eau,  5*-'  de  marc  et  10""'  de  jus 
obtenu  en  broyant  la  pomme  de  terre  crue  à  la  presse  hydraulique.  La 
quantité  de  pomme  de  terre  broyée  donnée  aux  animaux  correspondait  à 
celle  de  la  pomme  de  terre  intacte  de  l'expérience  précitée. 

Les  quatre  cobayes  succombèrent  au  cours  de  l'expérience.  Un  cobaye 
mourut  le  70*  jour  du  régime  avec  des  lésions  scorbutiques  particuliè- 
rement bien  caractérisées  à  l'autopsie.  Les  trois  autres  moururent  les  Si*",  52*" 
et  5G'^  jours  du  régime  avec  de  faibles  signes  de  scorbut  à  l'autupsie. 

3°  Le  jus  extrait  par  pression  de  la  pomme  de  terre  crue  possède  une 
action  antiscorbutiqne,  mais  cette  action  est  plus  faible  que  celle  des  quan- 
tités équivalentes  de  pomme  de  terre  intacte. 

Quatre  cobayes  furent  mis  au  régime  avoine-eau-jus  de  pomme  de  terre, 
extrait  par  pression  de  pomme  de  terre  ayant  hiverné  et  donné  aux  animaux 
deux  heures  et  demie  environ  a[)rès  le  commencement  de  l'extraction. 

Deux  cobayes  recevaient  3o""'  de  jus  par  animal  et  par  jour;  ils  mou- 
rurent au  28*^  jour  du  régime.  Deux  cobayes  recevant  par  jour  4o™'  de  jus 
vivaient  encore  au  3o'^  jour  (le  dernier)  de  l'expérience.  L'un  d'eux  déclinait 
rapidement,  mais  l'état  de  l'antre  restait  satisfaisant. 

Deux  autres  cobayes  reçurent  par  jour  10™'  de  jus  rapidement  extrait 
d'une  pomme  de  Icvfq  fraîchement  récoltée.  Un  cobaye  mourut  au  4t>'' jour, 
l'autre  périt  accidentellement  au  3o''jour.  Les  courbes  des  poids  des  deux 
cobayes  avaient  la  même  allure. 

4"  L'action  du  marc  seul  est  presque  nulle.  Le  marc  obtenu  par  broyage 
de  la  pomme  de  terre  crue  ajouté  au  jus  extrait  par  la  même  opération  ne 
renforce  pas  d'une  façon  appréciable  l'action  anliscorbutique  de  ce  dernier. 

Trois  cobayes  reçurent,  en  plus  de  l'avoine-eau,  une  dose  journalière  de 
marc  de  pomme  de  terre  (restant  après  extraction  du  jus).  Celte  dose  variait 
entre  ']^,S  et  lo^  par  animal  et  par  jour.  Les  animaux  succombèrent  les  26", 
29''  et  32*' jours  du  régime. 


94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  longévité  des  i5  cobayes  témoins  mis  au  régime  avoine  fut  :  27  jours 
(i  cobaye),  25  jours  (i  cobaye),  22  jours  (i  cobaye),  18  jours  (2  cobayes). 
Les  10  autres  succombèrent  entre  les  12'"  et  i5*  jours. 


HISTOLOGIE.  —  Rapport  des  nrniitrs  avec  les  tissus  dans  la  cornée. 
Note  de  M.  J.  IVageotte,  présentée  par  M.  Marchai. 

Il  existe  dans  la  cornée  une  disposition  qui  mérite  d'être  mise  en  évidence 
parce  qu'elle  permet  de  préciser,  dans  des  conditions  particulièrement 
favorables,  certains  rapports  généraux  entre  les  neurites  et  les  tissus  qu'ils 
tiaversonl. 

On  sait  (jue  les  plexus  superficiels  émettent  des  branches  perforantes  qui, 
après  s'être  dirigées  obliquement  vers  la  face  antérieure  de  la  cornée,  tra- 
versent la  membrane  de  Bowmann  et  se  résolvent  en  arborisations  de  libres 
sous-épilhéliales  très  fines  et  très  longues. 

Ces  fibres  sont  appliquées  sur  la  face  antérieure  de  la  membrane  de 
Bowmann,  011  elles  forment  ce  que  l'on  appelle  le  plexus  de  Cohniieim. 
Chez  le  lapin,  elles  courent  parallèlement  entre  elles  et  se  dirigent  radia- 
lement  vers  le  centre  de  la  cornée;  mais  elles  émettent  aussi  des  collaté- 
rales qui  restent  dans  le  même  plan  qu'elles  et  qui  s'cntre-croisent  en 
donnant  l'illusion  d'un  plexus. 

De  cet  ensemble  de  fibres  partent  à  angle  droit  des  collatérales  qui 
traversent  toute  l'épaisseur  de  l'épithélium,  pour  aboutir  aux  couches  les 
plus  superficielles  de  cet  épilhélium.  Arrivées  là,  ces  collatérales  donnent 
naissance  chacune  à  une  arborisation  de  rameaux  qni  s'éparpillent  irrégu- 
lièrement à  la  surface  de  la  cornée  et  se  terminent  par  de  petits  renfle- 
ments. 

Or,  voici  le  fait  intéressant  :  dans  toutes  les  parties  de  cet  appareil  ner- 
veux qui  sont  situées  en  arrière  de  la  membrane  de  Bowmann,  c'est- 
à-dire  en  tissu  nïèsodermicjue^  les  neurites  sont  emprisonnés  dans  une  gaine 
névroglique  disposée  en  réseaux;  tandis  que  dans  toutes  les  parties  situées 
en  tissu  ectodermique,  les  neuiites  sont  dépourvus  de  gaines  et  cheminent 
nus  entre  les  cellules  épithéliales. 

La  coloration  vitale  au  bleu  de  méthylène  ou  la  méthode  Ctijal  colorent 
électivement    les   neurites.    On  peut    colorer  isolément  la    gaine    nêvro- 


SÉANCE    DU    3    JANVIEK    I921.  pS 

j;li(|iie  à  l'aide  de  l'Iiématéine,  suivant  une  tecliiii(|ue  (jm-  j'ai  fait  con- 
naître précédemment  ('). 

Fics  impréi;nations  à  l'or  colorent  la  névroglie  aussi  bien  que  les  ncu- 
rilcs;  c'est  pourquoi,  dans  les  préparations  faites  par  les  méthodes  usuelles 
au  ciiloi'ure  d'or,  les  branches  perforantes  figurent  des  bag:ilettes  réguliè- 
rement cylindriques  et  d'apparence  homogène.  Mais  aussitôt  qu'elles  ont 
atteint  la  membrane  de  Bowmann,  un  léger  renflement  marque  la  termi- 
naison de  la  i;aine  névroglique  et  l'on  en  voit  sortir  des  neurites  qui  désor- 
mais sont  nus  et  qui  se  distinguent  facilement  des  branches  du  plexus  par 
leur  gracilité  et  leur  aspect  moniliformc.  Chaque  branche  perforante  con- 
tient I,  2,  3,  quelquefois  ]  neuiites,  ([ui  s'échappent  de  son  extrémité  en 
formant  comme  les  lanières  d'un  fouet.  (^)uand  il  n'y  a  qu'un  seul  neurite, 
on  distingue  néanmoins  très  bien  le  point  où  il  sort  de  la  gaine  névroglique, 
parce  qu'il  change  brusquement  de  direction,  devient  plus  fin  d  monili- 
fornie. 

La  formation  des  plexus,  dans  les  tissus  mésodermiques  de  la  cornée, 
est  uniquement  le  fait  de  la  névroglie  qui,  ici  comme  dans  tous  les  nerfs 
sans  myéline,  présente  une  disposition  rétiforme:  mais  les  neurites  contenus 
dans  ces  plexus  ne  s'anastomosent  pas  entre  eux.  Lorsque  les  neurites 
deviennent  inlra-épithéliaux,  ils  abandonnent  en  même  temps  la  névroglie; 
dès  lors,  ils  peuvent  se  croiser  et  venir  en  contact  les  uns  avec  les  autres, 
mais  ils  ne  s'anastomosent  jamais,  comme  on  ])eut  aisément  s'en  assurer 
par  un  examen  pratiqué  dans  de  bonnes  conditions,  et  ils  ne  forment  pas 
de  plexus  véritables. 

Dans  la  cornée,  les  neuiites  n'entrent  donc  pas  en  contact  avec  les  tissus 
d'origine  mésodermique;  ils  en  sont  toujours  séparés  par  une  gaine  névro- 
glique qui,  comme  eux-mêmes,  provient  de  l'ectoderme.  Mais  lorsqu'ils 
arrivent  dans  un  tissu  ectodermique,  et  qu'ils  se  retrouvent  ainsi  dans  leur 
feuillet  d'origine,  ils  cheminent  au  contact  des  éléments  épithéliaux,  qui 
jouent  à  leur  égard  le  même  rôle  que  les  éléments  névrogliques  à  l'égard 
des  neurites  contenus  dans  les  nerfs  périphériques  ou  dans  les  centres 
nerveux. 

J'ai  pu  m'assurer  que  Cette  loi  est  générale  et  que  nulle  part  dans  l'éco- 
nomie l'élément  nerveux  n'entre  en  contact  avec  les  éléments  mésoder- 


(')  J.  Nageotte,  Syncytium  de  Sc/n\anii  en  forme  de  cellules  hévrog'liqiies  dans 
la  cornée  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  t.  70,  '91 1)- 


96  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

iniques,  sauf  peut-être  les  l'acines  antérieures  à  leur  sortie  de  la  uioelle 
p;adiint  une  pîriole  trèi  courte  du  développement  embryonnaire;  chez 
l'adulte,  les  neuritessont  contenus  dans  des  territoires  ectodermi(|ues  d'où 
ils  ne  peuvent  s'échapper  que  lorsqu'ils  rencontrent  un  épithéliuni  de 
même  origine  embryonnaire.  En  somme,  la  migration  du  système  nerveux 
au  sein  du  mésoderme,  pendant  l'évolution  phylogénique  des  êtres  vivants, 
se  fait  par  la  pénétration  de  tractus  formés  de  tissu  nerveux,  qui  conservent 
une  délimitation  rigoureuse,  sans  qu'il  y  ait  de  mélange  entre  les  éléments 
anatomiques  de  ce  tissu  nerveux  et  ceux  des  tissus  mésodermiques  envahis. 


ZOOLOGIE.  —  Vamoiir  malernel  chez  la  Raie  Torpille.  Note  (  ')  de  M.  Rai>iiael 
Dubois,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Une  forte  Torpille  (  Torpédo  inormorotœ  L.),  sur  le  point  de  faire  ses  petits, 
ayant  été  amenée  au  Laboratoire  maritime  de  Physiologie  de  Taïuaris-sur- 
Mer,  je  la  fis  placer  dans  un  panier  en  osier,  lequel  fut  immergé  dans  le  parc 
de  l'établissement. 

L'animal  donnait  à  ce  moment  de  fortes  secousses  électriques  et  ces 
dernières  ne  furent  pas  dangereuses  pour  les  petits  avant  leur  naissance, 
car,  le  lendemain,  on  en  trouva  sept,  tous  bien  vivants,  accolés  sous  le 
ventre  de  la  mère  ;  ils  étaient  nés  pendant  la  nuit.  La  Torpille  mère  parais- 
sait tout  aussi  vigoureuse  que  la  veille,  mais  elle  ne  donnait  plus  de 
secousses  électriques.  On  pouvait  la  manier  très  facilement  dans  le  panier 
tant  que  ses  petits  étaient  près  d'elle. 

Ces  derniers  ayant  été  pris  pour  des  expériences,  la  Torpille  jnère  se 
remit  à  donner  de  fortes  secousses  comme  avant  la  naissance  de  ses  petits. 

Cette  observation  montre  que  la  décharge  électrique  n'est  pas  seulement 
réflexe,  elle  est  réellement  volontaire  et  consciente.  La  mère  sait  (jue  la 
secousse  pourrait  être  dangereuse  pour  ses  petits  et  elle  la  supprime 
intentionnellement,  malgré  les  excitations  qui  ordinairement  la  déclenclieiit 
instantanément. 

Il  est  curieux  de  constater  encore  que  les  décharges  sont  inollensivcs 
pour  les  petits  tant  qu'ils  sont  dans  le  ventre  de  la  mère.  Ils  se  trouvent 
protégés  de  la  même  manière  que  les  organes  internes  de  la  luile  élcctii(|ue. 

(')  Séance  du  27  décembre  1^20. 


SÉANCE    DU '3   JANVIER    I921.  97 


BACTÉRIOLOGIiî.  —  Action  bactéricide  du  rayonnement  que  donnent  les  tubes 
radifcres  employés  en  radiumlhèriipie .  Note  (' )  de  iNIM.  Ci-uzet,  U<»ciiai\  et 
KoFMAK,  présentée  par  M.  A.  d'Arsonval. 

Nos  l'echerches,  qui  ont  porté  surtout  sui'  le  bacille  pyocyanique  et  sur 
le  bacille  d'Eberth,  ont  été  cflectuées  en  immergeant  dans  les  cultures  en 
bouillon  peptoné  un  tube  à  paroi  de  platine  de  o"°\  5  d'épaisseui-  et  con- 
tenant 5o'"*5  de  RaBr^,  2H-0.  Les  cultures  étaient  elles-mênips  contenues 
dans  des  tubes  de  verre  ayant  10""°  de  diamètre  intérieur. 

Nous  avons  d'abord  constaté  que  l'action  du  rayonnement  est  nulle  sur 
les  cultures  âgées  de  24  heures.  Dans  une  première  expérience,  l'irradia- 
tion a  duré  trois  jours  et,  dans  une  seconde  expérience,  cinq  semaines; 
l'ensemencement  des  cultures  irradiées  et  des  cultures  témoins  n'a  donné 
aucune  différence  soit  dans  l'abondance  des  cultures  après  24  heures,  soit 
dans  la  morphologie  des  microbes  (bacille  pyocyanique). 

Fj'action  es't  retardante  sur  les  cultures  en  état  de  développement  rab'nti, 
c'est-à-dire  sur  celles  obtenues  en  ensemençant  un  tube  d'eau  peptonée 
avec  une  ou  deux  gouttes  de  culture  de  24  heures  et  en  laissant  le  tube  à 
la  température  du  laboratoire  (16"),  au  lieu  de  le  placer  dans  l'étuve  à  77°, 
de  manière  à  ra-lenti^"  le  développement  de  la  culture.  Dans  ce  cas,  l'irra- 
diation a  été  poursuivie  pendant  sept  jours;  les  tubes  témoins  ont  poussé 
au  bout  de  48  heures,  tandis  que  le  tube  irradié  a  présenté  un  retard  de 
1 2  jours  (bacille  pyocyanique). 

Nous  avons  alors  cherché  l'action  des  appareils  radifères  sur  les  cultures 
à  Vétat  de  vie  latente.,  c'est-à-dire  sur  celles  obtenues  en  ensemençant  un 
tube  d'eau  peptonée  avec  une  ou  deux  gouttes  de  culture  d'un  microbe  et 
en  laissant  le  tube  dans  la  glace.  Dans  ces  conditions,  les  cultures  ne  se 
développent  pas;  mais  si,  quelle  que  soit  la  durée  du  séjour  dans  la  glace, 
on  place  ensuite  le  tube  dans  l'étuve  à  3^°,  les  microbes  se  reproduisent 
abondamment;  ils  étaient  à  l'état  de  vie  latente  pendant  le  séjour  dans  la 
glace.  Une  série  d'expériences  nous  ont  montré  que  dans  ces  conditions  le 
bacille  pyocyanique  (race  F)  pouvait  être  détruit  par  une  irradiation  de 
7  jours,  soit  8400  mg-heures  de  bromure  de  radium  hydraté,  et  le  bacille 

(')  Séance  du  ■>.']  décembre  1920. 

C.  R.,  igîi,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  1.)  7 


9©  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

d'Eberlh,  par  une  irradiation  de  12  jours,  soit  i4ooo  mg-heures.  Les 
témoins  donnaient  des  cultures  abondantes  en  4 ^^  heures  après  le  séjour 
dans  la  glace. 

Les  résultats  précédents  pouvaient  laisser  supposer  que  le  rayonnement 
des  appareils  radifères  in  fertilise  le  bouillon,  sans  avoir  d'action  directe 
sur  les  microbes;  mais,  ayant  soumis  de  l'eau  peptonée  à  une  irradiation 
de  7  jours  et  l'ayant  ensuite  ensemencée  (bacille  pyocyanique)  ainsi  que 
deux  tubes  témoins,  nous  n'avons  obtenu  aucune  différence  entre  les  trois 
cultures.  Le  milieu  n'est  donc  pas  infertilisé  par  le  rayonnement. 

On  a  vu  plus  haut  que  pour  détruire  le  bacille  d'Eberth  il  faut  une  dose 
plus  forte  que  pour  détruire  le  bacille  pyocyanique.  Nous  avons  constaté, 
en  outre,  qu'un  échantillon  de  colibacille  n'est  pas  influencé  par  la  dose  de 
8400  mg-heures,  qui  est  cependant  mortelle  pour  le  bacille  pyocyanique  F. 

La  dose  bactéricide  varie  donc  avec  l'espèce;  mais  elle  varie  aussi  avec 
les  races  d'une  même  espèce.  Ainsi  pour  un  bacille  pyocyanique  de  la  race 
P  de  Gessard,  la  dose  précédente  a  produit  un  simple  retard  de  12  heures 
et  non  la  stérilisation,  comme  avec  le  bacille  de  race  F. 

En  outre,  en  prolongeant  le  séjour  des  cultures  dans  la  glace  12  jours 
après  la  fin  de  ^a  période  d'irradiation,  on  obtient  la  destruction  du  bacille 
d'Eberth  avec  une  dose  de  9600  mg-heures  (8  jours  d'irradiation)  qui  avait 
seulement  déterminé  un  simple  relarddans  le  dévelopj:)ement  de  la  culture 
à  la  fin  de  l'irradiation.  Pour  se  manifester  complètement,  l'action  du 
radium  demande  donc  une  certaine  période  latente. 

Il  y  avait  enfin  lieu  de  rechercher  quelle  est  la  partie  du  rayonnement 
qui  possède  l'action  bactéricide  :  les  radiations  y,  seule  partie  du  rayonne- 
ment primaire  du  radium  pouvant  traverser  la  paroi  de  platine  du  tube 
radifère,  ou  les  rayons  (3  secondaires,  émis  à  la  face  émergente  du  tube  de 
platine.  Nous  avons  éliminé  les  rayons  secondaires  au  moyen  d'un  écran  en 
verre  de  1°"°  d'épaisseur  enveloppant  le  tube  radifère  à  paroi  de  plaline;  il 
s'est  produit  alors  après  une  irradiation  dans  la  glace  d'une  durée  de 
7  jours,  puis  d'une  durée  de  i5  jours,  un  simple  retard  dans  le  développe- 
ment du  bacille  pyocyanique,  mais  non  plus  la  stérilisation.  Ainsi,  de  tout 
le  rayonnement  mis  en  jeu  par  l'appareil  radifère,  les  rayons  {3  secondaires, 
émis  en  faible  proportion,  paraissent  seuls  bactéricides.  Les  tubes  radifères 
employés  en  radiumthérapie  ont  donc  un  faible  rendement  si  on  les  utilise 
dans  un  but  de  stérilisation ,  et  cela  explique  (pie  pour  pouvoir  faire  absorber 
aux  microbes  la  dose  mortelle,  nous  avons  dû  placer  ceux-ci  en  état  de  vie 


SÉA^CE-  DU    3    JANVIER    I921.  99 

latente.  Au  contraire,  les  auteurs  qui,  avant  nous,  ont  obtenu  l'action 
bactéricide  mélangeaient  l'émanation  aux  cultures  ou  faisaient  agir  des 
appareils  radifères  laissant  passer  les  rayons  a  et  [3  primaires;  ils  avaient 
une  forte  proportion  de  rayons  bactéricides  et  pouvaient  arriver  à  la  stéri- 
lisation sans  arrêter  au  préalable,  comme  nous  avons  été  obligés  de  le  faire, 
le  développement  des  cultures. 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Le  inicrohc  hactériophagc,  agent  d^ùnrntinile  dans  ta  peste 
el  le  harhone.  Noie  de  M.  F.  u'IIekklle,  présentée  par  M.  Koux.    - 

Je  n'avais  eu,  jusqu'ici,  l'opportunité  de  rechercher  le  microbe  baclério- 
phage  que  dans  des  maladies  présentant  des  manifestations  intestinales  : 
dysenteries  bacillaires,  fièvres  entériques,  typhose  aviaire;  dans  toutes  ces 
maladies,  j'avais  réussi  à  isoler  un  microbe  baclériophage  actif  contre  la 
bactérie  pathogène.  Il  était  intéressant  de  vérifier  si  le  fait  restait  limité 
aux  maladies  intestinales  ou  s'il  s'agissait  d'un  phénomène  général  de 
défense. 

Dans  le  courant  du  mois  de  juillet  dernier,  j'ai  pu  étudier  une  sévère 
épizootie  de  barbone  qui  sévissait  dans  l'ouest  de  la  Cochinchine.  Au 
moment  où  l'épizootie  louchait  à  sa  fin  dans  les  villages  de  la  commune  de 
Thoi-Binh,  j'ai  prélevé  des  échantillons  de  déjections  de  nombreux  buffles 
sains,  vivant  dans  des  étables  où  des  animaux  avaient  succombé  peu  de 
jours  auparavant;  ils  avaient  donc  résisté  à  la  contagion.  Dans  toutes  les 
déjections  examinées,  j'ai  reconnu  la  présence  d'un  baclériophage  actif 
contre  la  bactérie  du  barbone,  baclériophage  que  j'ai  pu  isoler  el  cultiver. 
Je  n'ai  pu  le  rechercher  chez  le  convalescent  :  on  n'a  pu  m'en  désigner 
aucun,  tout  buffle  atteint  mourant  dans  les  vingt-quatre  heures.  Le  baclé- 
riophage actif  contre  la  bactérie  du  barbone  ne  se  rencontre  qu'exception- 
nellement dans  les  déjections  de  buffles  vivant  dans  des  régions  indemnes. 

J'ai  entrepris  des  recherches  en  vue  de  déterminer  les  conditions  de 
l'immunisation  parles  cultures  du  microbe  baclériophage.  Outre  l'intérêt 
que  présentait  la  découverte  d'une  méthode  de  protection  contre  une 
maladie  d'une  importance  économique  considérable  en  Extrême-Orient, 
le  barbone,  par  sa  nature,  se  prêle  admirablement  à  une  élude  sur  l'immu- 
nité. Nous  pouvons  déjà  faire  connaître  que  l'injection  au  buffle  d'une 
minime  quantité  d'un  bactériolysat  obtenu  en  faisant  agir  le  baclériophage 


lOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

actif  sur  une  culture  de  la  bactérie  du  barbone,  confère  à  l'animal  l'état 
réfractaire  vis-à-vis  de  l'épreuve  expérimentale. 

En  venant  en  Cochincliine  j'avais  l'intention  de  rechercher  si,  dans  la 
peste  humaine,  la  défense  était  également  assurée  par  un  bactériophage.  Il 
ne  m'a  pas  été  possible  de  le  rechercher  chez  le  convalescent,  car,  outre  que 
les  convalescents  sont  rares,  la  maladie  n'a  fait  cette  année  que  peu  de  vic- 
times en  Cochinchine.  En  septembre,  une  petite  épidémie  localisée  a  été 
signalée  dans  la  ville  de  Bac  l^ieu,  qui  constitue  d'ailleurs  un  foyer  inter- 
mittent; une  dizaine  de  cas  se  sont  produits,  tous  suivis  de  décès.  Une  épi- 
démie de  peste  humaine  n'étant  que  la  conséquence  d'une  épizootie 
murine,  j'ai  pensé  que  si"  ma  théorie  de  la  défense  de  l'organisme  par  les 
bactériophages  était  exacte,  les  rats  survivants,  c'est-à-dire  qui  ont  résisté 
à  la  contagion  ou  ont  guéri,  devaient  présenter  dans  leurs  excréments  un 
bactériophage  actif  contre  le  bacille  de  Yersin.  Cette  fois  encore,  l'expé- 
rience a  confirmé  la  théorie.  J'ai  fait  prélever  des  excréments  de  rats  en 
quatre  endroits  dilTérents  de  Bac  Lieu  :  tous  quatre  contenaient  un  bacté- 
riophage extrêmement  actif  que  j'ai  pu  isoler  et  cultiver  en  série.  Je  me 
propose  de  recherciier  le  degré  d'immunité  conféré  par  ces  cultures,  et 
d'étudier  les  conditions  de  leur  application  comme  vaccin  dans  la  prophy- 
laxie de  la  peste  humaine. 

Je  signale  également  qu'ayant  eu  roccasion  d'observer  des  élevages  de 
vers  à  soie  où  sévissait  la  flacherie,  j'ai  constaté  que  la  défense  chez  ces 
insectes  était  également  le  fait  d'un  microbe  bactériophage. 

La  conclusion  à  tirer  de  ces  nouvelles  recherches,  c'est  que  la  défense  par 
bactériophage  constitue  un  fait  général.  Chaque  fois  qu'un  organisme  ani- 
mal guérit  d'une  maladie  bactérienne,  chaque  fois  qu'un  animal  résiste  à 
l'infection,  on  peut  isoler  du  contenu  intestinal  une  souche  du  microbe  bac- 
tériophage active  contre  la  bactérie  pathogène.  En  cas  de  septicémie  on 
peut  parfois  constater  le  passage  subséquent  dans  la  circulation  du  microbe 
bactériophage,  mais  toujours  d'une  manière  momentanée.  L'habitat  nor- 
mal et  permanent  du  microbe  bactériophage,  c'est  l'intestin. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1921. 


MÉDECLNR  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  transformation  néoplasir/iie  ries  fibres 
niusculiiirrs  striées  a^'ec  métastases  riscérales  flans  révolution  du  sarcome 
expérimental  des  oiseaux.  Noie  de  MM.  Aiexander  Pai.ve  et  Ai-bkkt 
Pevron,  prés(mtée  par  M.  Roux. 

Nos  recherches  poursuivies  en  collaboration  sur  le  sarcome  infectieux 
des  oiseaux  viennent  de  conduire  à  une  constatation  décisive  en  faveur  de  sa 
nature  néoplasique  que  les  auteurs,  en  majorité,  continuent  à  contester. 

Pour  pouvoir  réfuter  l'a^serlion  que  la  lésion  sérail  un  «  simple  granulcme  »  déve- 
loppé auK  dépens  d'éléments  lymplio-conjonctifs,  nous  avons  aboidé  l'étude,  négligée 
jusqu'ici,  des  premiers  slades  en  examinant  jour  par  jour  sur  coupes  sériées  les  nodules 
obtenus  par  injections  de  filtrat  d'une  part  dans  le  tissu  conjonclif  (bajoues  et  crêt'-s), 
d'autre  part  dans  les  fibres  musculaires  du  pectoral. 

Dans  le  premier  cas  nous  avons  vu  que  le  mode  d'organisation  de  la  tumeur,  rappe- 
lant certaines  tendances  évolutives  du  mésenchyme  embryonnaire  des  oiseaux,  diffère 
totalement  de  celui  des  lésions  inflammatoires  banales  qu'on  réalise  par  exemple  en 
ajoutant  au  filtrai  une  terre  à  diatomées. 

Pour  le  muscle  nos  recherches  ont  été  précédées  par  celles  de  Pentimalli  (')  à  qui 
revient  le  mérite  d'avoir  signalé  le  premier,  avec  la  réaction  précoce  des  éléments 
lyrapho-conjonclifs  et  des  cellules  fixes,  une  prolifération  conséculive  des  fibres  mus- 
culaires. 

Mais  l'auteur  italien,  dont  les  recherches  surtout  expérimentales  ne  portaient  pas 
spécialement  sur  l'histogenèse,  n'a  pas  cru  devoir  formuler  de  conclusions  iléfinitives 
sur  la  signification  de  celle  prolifération. 

Pour  apporter  une  démonstration  rigoureuse  et  élective  de  la  transfor- 
mation néoplasique  du  muscle  nous  avons  cherché  d'une  part  à  réduire  au 
minimum  la  réaction  des  éléments  conjonctifs  interstitiels.  A  ce  point  de 
vue  notre  filtrat  de  tumeur  fraîche  est  préférable  à  l'extrait  desséché 
employé  par  Pentimalli  (')  en  suspension  dans  le  liquide  de  Ringer  sans 
filtra  lion  ni  centrifugalion  préalables. 

D'autre  part,  nous  nous  sommes  efforcés  de  réaliser  une  néoplasie  à 
marche  lente"  afin  que  les  métastases  viscérales  aient  le  temps  de  se  déve- 
lopper. Sur  ces  deux  points  et  particulièrement  sur  le  dernier,  les  résultats 
ont  été  probants,  comme  le  montre  le  protocole  ci-dessous. 


(')  Pentimalli,  Tuniori  dei  Polli  {I^o  Sperimenlale,  avril  1917). 


I02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Un  coq  adulle  reçoit  dans  le  pectoral  i '^"''  de  filtrat  sur  boutjie  Chaniberiand  L*.  La 
tumeur  se  dés'eloppe  très  leiileiiient.  —  47  jours  ;i|)rès,  l'animal  sacrifié  montre  des 
noyaux  méiastatiques  dans  le  foie  et  les  poumons. 

Examen  de  la  tumeur  pectorale  au  voisinage  des  muscles.  —  Les  fibres  muscu- 
laires normales,  de  coloration  lie  de  vin  après  le  trlchrome  au  bleu  d'aniline,  paraissent 
infiltrées  d'éléments  cellulaires  volumineux  à  forme  ovoïde  assez  régulière,  dont  le 
cytoplasme  finement  vacuolisé  ou  réticulé  au  centre  montre  souvent  à  la  périphérie 
une  mince  coque  de  fibrilles  ordinairement  homogènes,  mais  parfois  striées.  A  mesure 
qu'on  s'éloigne  des  fibres  musculaires  ces  éléments  diminuent  de  volume;  ils  s'isolent 
parfois  à  l'état  globuleux  ou  fusiforme  au  milieu  d'une  gangue  de  nature  collagène, 
mais  le  plus  souvent  s'anastomosent  en  un  réseau  fenêtre.  Cette  dispo-iiion  qui  sera 
décrite  ailleurs  avec  plus  de  détails  correspond  en  fait  à  la  structure  des  myomes;  et 
les  grands  éléments  à  cytoplasme  rose  sont  en  réalité  des  myocytes  provenant  dune 
dédifîérenciation  des  fibres  musculaires  dont  les  stades  successifs  peuvent  être  suivis 
aisément  au  niveau  du  noyau,  du  sarcoplasme,  et  des  fibrilles.  La  disposition  typique 
des  vacuoles  au  centre  de  la  cellule  correspond  à  celle  des  disques  sarcoplasniiques 
de  la  fibre  mu--culaire  embryonnaire.  La  condensation  remarquable  de  la  chromaiine 
au  centre  du  noyau,  sous  forme  d'une  masse  sphérique  ou  d'un  ruban  allongé  et  épi- 
neux, n'est  aulie  que  celle  des  myocytes  bien  connue  des  anatomopathologislcs  eu 
particulier  dans  la  régression  des  fibres  musculaires  du  myocarde.  Ces  formes  ne 
sauraient  être  rapportées  à  l'évolution  des  éléments  d'un  sarcome  conjonclif  banal. 

Une  seconde  disposition,  correspondant  sans  doute  à  une  dédiiTérencialion  plus 
avancée,  reproduit  le  stade  syncylial  du  développement  de  la  fibre  striée.  On  voit 
persister  un  fragment  plus  ou  moins  étendu  de  la  gaine  sarcolemmique  et  du  myo- 
plasme,  alors  que  le  reste  de  surface  de  section  de  la  fibre  est  transformé  en  un  plas- 
mode  réticulé  parsemé  de  petits  noyaux. 

Ajoutons  que  ces  dispositions  caracléiistiques  des  fibres  striées  —  les  seules  que  nous 
voulons  retenir  ici  —  se  dégiadent  progressivement  pour  aboutir  à  des  aspects  de 
sarcome  banal,  dans  lesquels  il  devient  impossible  de  fixer  la  part  originelle  des  deux 
proliférations  cotijonctive  et  musculaire. 

Métastases  viscérales.  —  Elles  paraissent  s'effectuer  par  voie  sanguine  et  repro- 
duisent les  diverses  dispositions  de  la  tumeur  primitive,  avec  quelques  variations 
secondaires.  Dans  les  noyaux  hépatiques,  les  cavités  endothéliales  vasculaiies  sont 
peu'-êlre  plus  nombreuses  et  plus  régulières;  le  type  néoplasique  fusiforme  prédo- 
mine. Dans  les  poumons,  (]ui  leur  offraient  sans  doute  des  conditions  plus  favorables 
de  développement,  les  grands  myocytes  se  sont  multipliés,  atteignent  des  dimensions 
considérables  et  présentent  parfois  des  fibrilles  striées,  alternant  avec  des  zones  de 
sarcoplasme  réticulé. 

La  persistance  des  caractères  morphologiques  du  muscle  strié,  dans  cette  métastase 
pulmonaire,  est  particulièrement  à  souligner. 

Eti  résumé,  au  boni  de  sept  semaines,  nous  trouvons  dans  le  grand 
pectoral  une  néopl.isie  cousliluée  d'éléments  en  majorité  musctilaires  (jui 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  ip2I.  Io3 

continue  de  s'accroître  rapidement  par  sa  péiiphérie  aux  dépens  des  fibres 
striées  normales,  et  dans  laquelle  la  réaction  lymphoconjonctive  (plasmo- 
cyles  éosinophiles,  etc.)  est  aussi  minime  que  secondaire. 

Dans  le  foie  et  les  poumons,  les  noyaux  métastatiques  assez  anciens  et 
déjà  organisés  reproduisent  la  structure  du  néoplasme  initial. 

Or  les  niétaslasses  viscérales  des  tumeurs  réalisées  par  filtrat  aux  dépens 
du  tissu  coujonctif  des  bajoues,  c'est-à-dire  sans  participation  originelle  des 
fibres  musculaires,  ne  nous  ont  jamais  montré  ces  grands  myocytes  caracté- 
ristiijiies.  On  doit  encore  admettre  que  le  virus  filtrant  d'un  sarcome  dérivé 
primitivement  du  tissu  conjonctif  peut  exercer  son  action  de  prolifération 
et  de  flexion  morphologique  aussi  bien  sur  les  fibres  musculaires  striées  que 
sur  leurs  éléments  interstitiels. 

Sur  ce  point,  l'expérience  que  nous  venons  de  rapporter  a  levé  nos  der- 
nières hésitations  :  Depuis  longtemps  l'examen  d'un  grand  nombre  de 
tumeurs  obtenues  par  greffe,  nous  avait  conduits  à  penser  que  la  proliféra- 
tion musculaire  se  produit  également,  mais  à  un  moindre  degré,  lorsque  la 
tumeur  est  transmise  par  greffe  intra-peclorale  (sans  doute  parce  que  la  dif- 
fusion du  virus  hors  du  greffon  s'effectue  alors  plus  lentement?). 

Cette  participation  des  fibres  musculaires  au  développement  de  la  greffe, 
qui  découle  du  reste  aisément  de  l'action  du  filtrat;  n'avait  pas  été  signalée 
jusqu'ici. 

La  séance  est  levée  à  i6  heures  et  demie. 

A.    Lx. 


Io4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Tome   156,    i'^"'  semestre   ipiB.) 

Notes  diverses  de  M.  de  Saint- Aubin  ; 

Page  433  (sé<nce  du  10  février),  page  ii3i  (séance  du  i4  avril),  p:ige  2112  (lablj 
des  matières),  au  lieu  de  G.  de  Sainl-Aiibin,  lire  .1.  [Jacques]  de  Saint-Aubin. 


(Séance  du  G  décembre  1920.) 

Note  d?  M.  A.  de  Gramont,  Tableau  des  raies  de  grande  sensibilité  des 
éléments,  destiné  aux  recbercbes  anal^'tiques  : 

Page  1107,  Etain,  3"  colonne  (oculaire),  au  lieu  de  524,7.  '"'^  4524,7',  4"  colonne 
(crown  uviol),  ajouter  3173,0;  Fer,  3"  colonne,  au  lieu  de  44o4i3,  lire  44o4)8. 

Page  1108,  Molybdène,  4"  colonne,  ajouter  3524,7;  f'Ial'ne,  3'  colonne,  au  lieu  de 
53oi,6,  lire  53oi,o;  5"  colonne  (quartz),  supprimer  2734.9;  Silicium,  4"  colonne, 
ajouter  39o5,5;  Sodium,  ajouter  2802,8. 


(Séance  du   \'5  décembre   1920.) 

Note  de  M.  Ph.  Glangeaud,  Sur  les  traces  laissées  dans  le  Massif  Central 
français  par  les  invasions  glaciaires  du  Pliocène  et  du  Quaternaire  : 

Page  1222,  ligne  3  en  remontant,  au  lieu  de  ne  présente  plus  aucune  trace  gla- 
ciaire, lire  ne  présente,  d'après  M.  Boule,  que  de  rares  traces  glaciaires;  ligne  2  en 
remontant,  au  lieu  de  moraines  ont  disparu,  lire  ont  presque  complètement  disparu. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI    10  JANVIEIl   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georgi:s  LEMOIXE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ENTOMOLOGIE.   —  Utilisation  des  Coccinelles  contre  les  Insectes  nuisibles  aux 
cultures  dans  le  Midi  de  lu  France.  Note  de  M.  Paul  Marcbal. 

La  méthode  consistant  à  opposer  à  certains  Insectes  ravageurs  des  para- 
sites ou  des  prédateurs  vivant  à  leurs  dépens,  et  notamment  des  Coccinelles, 
a  pris  dans  ces  dernières  années  un  très  grand  développement  dans  divers 
pays  étrangers  et  particulièrement  en  Californie.  Des  insectariums  spécia- 
lement aménagés  pour  la  multiplication  de  ces  Insectes  bienfaisants  ont  été 
édifiés  dans  les  districts  où  dominent  les  cultures  fruitières,  les  uns  étant 
fondés  par  l'Etat,  d'autres  par  les  propriétaires.  Le  but  de  ces  installations 
fut  d'abord  d'élever  des  parasites  ou  des  prédateurs  exotiques  et  de  les 
acclimater  pour  enrayer  la  propagation  désastreuse  de  certains  Insectes 
nuisibles  accidentellement  importes  de  diverses  parties  du  globe.  Mais  ces 
établissements  ne  se  bornèrent  pas  à  cette  œuvre  d'acclimatation  quieutpour 
conséquence  l'acquisition  de  nombreuses  espèces  utiles,  nouvelles  pour  la 
faune  du  pays;  ils  visèrent  ensuite  la  production  intensive  de  certains  de 
ces  auxiliaires,  choisissant  parmi  eux  les  plus  efficaces  et  les  plus  facilement 
maniables,  de  façon  à  avoir  toujours  des  réserves  prêtes  à  être  dirigées  sur 
les  cultures  envahies. 

Dans  notre  pays,  le  littoral  méditerranéen  qui,  en  raison  de  la  douceur 
de  son  climat  et  de  la  multiplicité  des  plantes  diverses  que  l'horticulture  y 
a  concentrées  de  toutes  les  parties  du  monde,  ne  se  prête  que  trop  à  l'inva- 
sion des  Insectes  nuisibles  exotiques,  semblait  particulièrement  désigné 
pour  y  mettre  en  pratique  les  méthodes  américaines. 

G.  R.,  J921,  I''  Semestre.  (T.  17Î,  N°  2.)  ^ 


lo6  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

L'événement  qui  motiva  une  première  intervention  dans  cette  voie  fut 
l'apparition  au  cap  Férat,  en  1912,  d'une  redoutable  Cochenille  austra- 
lienne, Viccrya  Piirchasi.  On  se  rappelle  comment  une  petite  Coccinelle,  le 
Noviiis  cardùiah's,  ci;alement  originaire  d'Australie,  et  qui  avait  fait 
merveille  dans  d'autres  pays  où  l'/cprja  avait  été  accidentellement  importé, 
nous  permit  d'enraver  rapidement  les  ravages  de  cet  Insecte,  qui  avait  pris 
un  caraclère  des  plus  alarmants. 

Depuis  celte  époque,  un  inseclarium  a  été  créé  à  Menton,  et  l'un  de  ses 
principaux  objectifs,  en  dehors  de  l'étude  des  ennemis  des  cultures  et  des 
divers  moyens  de  lutte  qui  leur  sont  applicables,  est  de  rechercher  les 
parasites  ou  prédateurs  qui  peuvent  être  utilisés  pour  comballre  les 
Insectes  nuisibles  de  la  région,  puis  de  tenterJeur  acclimatation  et  leur 
multiplication,  en  créant  des  foyers  de  l'espèce  utile  partout  où  apparaissent 
des  nouveaux  foyers  de  l'espèce  nuisible.  Je  me  bornerai,  dans  cette  Note, 
à  appeler  l'attenlion  sur  une  Coccinelle  nouvelle  pour  notre  faune,  que, 
grâce  à  la  généreuse  collaboration  de  M.  L.-O.  Howard,  diiccteur  du 
Bureau  d'Entomologie  de  Washington  et  de  !\I.  Harrj'  Smith,  directeur  de 
l'insectarium  de  Sacramento  (Californie),  nous  avons  établie  aux  environs 
de  Menton. 

Connue  sous  le  nom  de  Cryplo/œ/ntis  Mo/itroii:ieri  Muls.,  elle  est  comme 
le  Ntwius  cardinalix,  d'origine  australienne,  et  c'est  aussi  de  Cochenilles 
fort  nuisibles  aux  cultures  méridionales  qu'elle  se  nourrit;  mais,  dédai- 
gnant Vlcerya,  elle  s'attaque  aux  Cochenilles  blanches  (Pseinlococciis)  qui, 
accompagnées  de  la  fumagine,  font  dépérir  les  plantations  d'Orangers  et  de 
Citronniers,  ainsi  que  d'autres  cultures  fort  diverses  do  la  région.  Cette 
Bète-à-bon-Dieu  offre  d'autant  plus  d'intérêt  pratique  qu'on  ne  lui  connaît 
pas  de  parasite  secondaire  limitant  sa  multiplication.  VMc  a  été  introduite 
par  Koebele,  d'Australie  en  Californie  en  1892,  et  plus  lard,  au  cap  de 
Bonne-Espérance  et  aux  îles  Ilawaï,  où  elle  a  rendu  de  grands  services 
contre  les  Cochenilles  blanches.  C'est  par  centaines  de  mille,  et  d'une  façon 
en  quelque  sorte  industrielle,  qu'on  l'élève  aujourd'hui  dans  les  insec- 
tariums  de  Californie  et  en  particulier  à  Alhambra,  sa  multiplication  étant 
intensifiée  par  le  forçage  des  générations  en  hiver  :  indépendamment  du 
bénéfice  qui  a  été  retiré  de  sa  siini>le  acclimatation,  on  trouve  ainsi  profit 
à  la  multiplier  artificiellement  et  à  la  répandre  par  milliers  dans  tous  les 
endroits  où  les  Cochenilles  peuvent  faire  un  retour  offensif. 

Le  premier  envoi  qui  fut  le  point  de  départ  de  nos  élevages  à  Menton 
nous  a  été  adressé  en  juillet  1918  de  Sacramento  et  comportait  une  quin- 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1921.  107 

zaine  de  larves  et  trois  adultes  de  Cryplolwnms,  un  second  envoi  compor- 
tant environ  5oo  exemplaires  nous  parvint  au  début  de  l'année  1919  ('). 

Au  printemps  de  celte  même  année,  la  multiplication  dans  les  cages  du 
laboratoire  sur  pousses  de  pommes  de  terre  cbargées  de  Cochenilles 
blanches  s'était  poursuivie,  sans  avoir  recours  au  forçage,  avec  une  inlcii- 
sité  suffisante  pour  permettre  la  dispersion  à  l'air  libre. 

Les  colonisations  furent  faites  par  M.  Poutiers,  chef  des  travaux  de 
rinsectarium,  depuis  le  mois  de  mai  jusqu'au  mois  d'octobre,  pendant  les 
années  1919  et  1920.  Kn  1919,  chacune  des  colonisations,  était  faite  avec 
un  groupe  de  5o  à  200  individus;  et  un  millier  d'Insectes  fut  au  total 
libéré  en  réparlissant  les  lots  dans  diverses  propriétés  ou  promenades 
publiques  de  Menton,  de  Garavan  et  de  Cabbé-Roquebrune.  En  1920, 
avec  trois  milliers  d'individus,  de  nouveaux  foyers  furent  créés  sur  d'autres 
parties  du  territoire  de  Menton  et  sur  celui  de  la  principauté  de  Monaco. 
Des  colonies  furent  en  outre  expédiées  en  Algérie  et  en  Italie. 

Celte  année  nous  avons  trouvé  des  Cryplolœmus  en  quantité  abondante 
sur  plusieurs  points  où  nous  avions  établi  des  colonies  en  1919  et  dans  des 
endroits  éloignés  des  nouveaux  foyers  de  1920.  Nous  avons  acquis  ainsi  la 
certitude  que  ces  Insectes  avaient  pu  passer  l'hiver  en  plein  air  sous  le 
climat  de  Menton  malgré  une  température  anormalement  rigoureuse  et  s'y 
étaient  maintenus  d'une  année  à  l'autre,  de  façon  à  y  continuer  leur  multi- 
plication. 

Dans  une  culture  d'Orangers,  où  une  colonisation  avait  été  faite  au  mois 
d'août  1919,  en  dépit  d'une  taille  sévère  faite  depuis  cette  époque,  taille 
qui  créait  une  condition  particulièrement  défavorable  à  la  conservation 
des  Coccinelles,  les  Cryplolœmus  s'étaient  multipliés  en  telle  abondance 
que  tous  les  pieds  contaminés  par  les  Cochenilles  blanches  en  portaient  un 
nombre  plus  ou  moins  grand  et  que  l'invasion  de  Cochenilles  entra  en 
rapide  régression. 

On  peut  conclure  de  ce  qui  précède  que  le  Cryptolœrnus  Montrouziei-i  est 
en  bonne  voie  d'acclimatation  sur  notre  littoral  méditerranéen  et  qu'il  y 
remplira  le  rôle  utile  qu'il  joue  dans  les  autres  pays  où  il  se  rencontre,  en 
s'attaquant  aux  Cochenilles  blanches  souvent  si  préjudiciables  aux  cultures 
méridionales  et  si  résistantes  aux  diverses  méthodes  de  traitement. 

(')  L'élevage,  commencé  ii  Paris  sous  la  surveillance  de  M""=  VuilFet  et  de  M.  Vays- 
sière,  fut  continué  à  Menton  par  M.  Poutiers,  qui  assura  en  outre  l'hivernalion  par 
une  saison  particulièrement  rigoureuse  et  la  multiplication  dès  le  printemps  19^0  en 
vue  des  colonisations  en  plein  air. 


Io8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


M.  A.  Hai-lek  s'exprime  en  ces  termes  : 

Les  deux  conférences  inlitulées  :  V Industrie  chimique  pnidanl  la  guerre, 
que  j'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie,  ont  été  faites 
l'année  dernière  à  la  Société  d'encouragement  pour  l'Industrie  nationale. 

Elles  ont  eu  pour  objet  de  montrer  les  efforts  réalisés  par  le  Service  des 
Poudres  et  l'Industrie  chimique  dans  le  domaine  de  la  fabrication  des 
Poudres,  des  Explosifs  et  de  quelques  autres  produits  ayant  joué  un  rôle 
important  au  cours  de  la  guerre.  INous  y  montrons  comment,  de  14* 
de  poudre  B  qu'il  fabriquait  par  jour  en  août  igi/j,  le  Service  de  l'État  est 
arrivé,  peu  à  peu,  à  produire  367'  dans  les  24  heures,  sans  compter 
le  nombre  respeclable  de  tonnes  dont  il  assura  la  fabrication  aux  l^tats- 
Unis. 

Nous  y  faisons  voir  également  l'effort  produit  quant  à  la  fabrication  des 
explosifs  nitrés  et  nitrates  pour  laquelle  rien  n'était  pour  ainsi  dire  prévu, 
la  matière  première  nous  venant  de  l'étranger  et  notamment  de  l'Alle- 
magne. Le  développement  de  cette  fabrication  se  traduit  par  les  chiffres 
impressionnants  de  800'  par  jour  au  mois  de  juillet  1817,  alors  qu'au 
début  de  la  guerre  il  atteignait  à  peine  8'  à  9'. 

Dans  ce  chiffre  ne  sont  pas  compris  les  explosifs  chlorates  et  perchloratés 
dont  nos  usines  pri\ées  ont  réalisé  la  fabrication,  à  raison  de  17V,  a\ec 
possibilité  de  la  porter  à  3oo'  dans  les  9.!\  heures. 

Pour  obtenir  un  tel  rendement,  il  a  fallu  créer  et  agrandir  des  poudreries, 
s'assurer  de  la  collaboration  de  l'industrie  privée  pour  la  production  des 
matières  premières,  inno\er  de  nouvelles  fabrications,  comme  celle  de 
l'acide  azotique  synthétique,  afin  de  parer  à  la  pénurie  éventuelle  des 
nitrates  du  Chili,  dont  les  arrivages  étaient  entraxés  par  la  campagne  sous- 
marine  de  l'ennemi. 

La  première  conférence  porte  précisément  sur  la  piéparalion  de  ces 
matières  premières  indispensables  :  acide  sulfurique,  olcum,  acide  azotique, 
alcool,  élher,  benzols,  phénol,  nitrate  d'ammonium,  etc.,  dont  les  unes 
étaient  tirées  de  l'étranger  et  dont  les  autres  n'étaient  produites  que  d'une 
façon  restreinte  et  proportionnée  aux  besoins  d'avanl-guerre. 

La  seconde  de  ces  conférences  a  été  consacrée  à  la  fabrication  des  ])0udre>. 
des  explosifs  nitrés  et  nitrates  :  acide  picri(pic,  tolilc,  xyllte,  nilionaphta- 
lines,  chlorates  et  perchloratés,  fabrication  dont  nous  avons  signalé  plus 
haut  le  développement  graduel. 


SÉANCE    DU    lO    .lA.WlER    1921.  109 

Nous  monlrons  onlin  que  le  Service  des  Poudres  est  encore  venu  en  aide 
à  l'aviation  en  lui  produisant  du  peroxyde  d'azote  pour  ses  panclastites,  et 
au  matériel  chimique  de  guerre  pour  lequel  il  a  monté,  à  Angoulême,  la 
t'abrication  de  l'ypérite. 

Un  tel  résultat  n'a  pu  être  obtenu  qu'avec  le  concours  éclairé,  et  plein 
de  dévouement,  d'un  nombreux  personnel  d'ingénieurs  et  de  chimistes 
auxquels  les  usines  privées  comme  celles  de  l'Iltat  ont  su  l'aire  appel  et  qui 
lecevaient  les  directives  du  Service  des  Poudres  du  Ministère  de  laGuerre. 


M.  Gaston  Iîo.wier  offre  à  l'Académie  le  Tome  l\  de  la  Flore  complète 
illustrée  de  France,  Suisse  et  Belgique.  Ce  volume,  accompagné  de  plus 
de  600  figures  en  couleurs  reproduites  d'après  des  photographies,  renferme 
la  fin  des  Rosacées,  les  Crassulacées,  Saxifragées,  Onagrariées,  Paronycliiées, 
(irossulariées,  etc.,  ainsi  que  la  majeure  partie  des  Oinhcllifères. 

'      GÉOLOGIE.   —  Sur  un  ancien  lit  glaciaire  du  Rhône  entre  Lèaz  et  le 
Pont-Rouge  des  Usses  {Haute-Savoie).  Note  de  MM.  Maikice  Luueox 

et  J.  ViLLEMAGXE. 

La  géologie  du  quaternaire  des  environs  de  Bellegarde  a  donné  lieu, 
depuis  très  longtemps,  à  une  série  de  recherches.  Dans  ces  dernières  années, 
ces  territoires  ont  été  l'objet  de  travaux  très  jjrécis  dus  à  MM.  W.  Kilian 
et  J.  Revil  (  ')  qui,  par  des  découvertes  d'une  haute  importance  et  par  une 
analyse  des  faits  révélés  par  leurs  prédécesseurs,  ont  pu  donner  un  aperçu 
synthétique  du  plus  haut  intérêt.  Ils  ont  montré  que  deux  complexes  gla- 
ciaires s'emboîtaient  en  long  comme  en  hauteur  entre  le  fameux  défilé  du 
Fort  de  l'Ecluse  et  Bellegarde  :  un  régime  élevé  de  moraines  puissantes 
d'une  phase  de  retrait  du  glacier  wiirmien,  ayant  à  sa  base  des  alluvions  de 
progression,  domine  un  régime  de  moraines  plus  basses  appartenant  à  la 
récurrence  néowiirmienne  (Kilian)  subdivisible  en  deux  stades,  celui  de 
Léaz  en  aval  el  celui  de  Longeray-CoUonges  en  amont. 

Sous  ces  moraines  de  récurrence  existe  un  dépôt  lacustre  bien  connu 
dans  le  défilé  du  Fort  de  l'I'xluse.  Il  serait  antérieur  à  la  phase  de  récur- 
rence, reposant  sur  un  subslratum  rocheux  de  profondeur  inconnue. 

(')  W.  Kilian  et  J.  Ri;vii,,  Étn  tes  sur  la  périnde  pléistocène  clan';  la  partie  moyenne 
.du  bassin  du  llliône  (Annales  de  l' Unive/sité  de  Grenoble,  t..  20,  191S). 


IIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Le  défilé  du  Fort  de  l'Écluse  aurait  donc  débuté  dès  l'époque  rissienne, 
peut-être  avant.  Il  se  serait  approfondi  t,'raduellenicnt  (par  l'efTet  alternatif 
des  érosions  glaciaires  et  interglaciaires).  Puis  quand  les  glaces  de  l'époque 
Aviirmienne  se  furent  retirées,  l'érosion  proprement  fluviatile  commença 
son  creusement  en  descendant  au-dessous  du  tliahveg  actuel.  Un  lac  s'éta- 
blit dans  le  délilé,  puis  le  glacier  de  récurrence  néovviirrnien  réoccupa  le 
défilé  qu'il  remblaya  et,  à  son  départ,  le  llhône  commença  son  travail  non 
encore  terminé  en  cboisissant,  à  l'est  du  roclier  de  Léaz,  par  épigénèse, 
localement,  un  nouveau  passage. 

Cette  histoire  est  cependant  plus  compliquée  encore. 

Lorsqu'on  examine  des  hauteurs  de  Grésin  le  caiion  molassi([ue.  on  reste 
frappé  par  un  spectacle  d'une  saisissante  grandeur.  Subitement,  à  environ 
800"'  en  amont  du  l'uisseau  de  Parnant,  les  hautes  parois  cessent  et  foni 
place  à  une  vallée  plus  largement  ouverte,  aux  versants  beaucoup  plus 
adoucis.  De  fait,  à  partir  de  ce  point  jusqu'au  rocher  de  Léaz,  le  Rhône  ne 
s'écoule  plus  entre  des  parois  rocheuses,  mais  entre  des  dépôts  glaciaires  et 
fluvioglaciaires  [)lus  ou  moins  stratifiés,  avec  des  lentilles  de  conglomérat^, 
sur  lesquelles  il  coule.  La  molasse  indiquée  par  la  carte  géologique  n'existe 
pas. 

Le  Rhône  entre  donc  brusfjuemeni,  à  angle  droit,  dans  un  pays  molas- 
sique  et  la  surface  de  la  molasse  est  plus  élevée  (45o"'  environ)  que 
l'alluvion  lacustre  (33o'")  et  fluvioglaciaire  (4oo'"  à  4^0"')  du  défilé.  Ce 
fait,  joint  à  celui  de  l'absence  complète  de  parois  rocheuses,  laisse  supposer 
qu'une  ancienne  vallée  doit  evister  par  où  s'écoula  l'ancien  glacier  wiirmien 
et  le  Rhône  infra  ou  interglaciaire. 

Cette  ancienne  vallée  que  l'on  amorce  ainsi  le  long  du  Rhône  s'étend  en 
efl'et,  très  large,  sur  tout  le  territoire  de  Clarafond  et  de  Vanzy  et  débouche 
dans  celle  des  Usses,  entre  le  Pont-Rouge  et  Mons.  Nulle  part,  sur  ce 
grand  espace,  nous  n'avons  trouvé  trace  des  affleuremenls  de  molasse 
signalés  par  la  caile  géologique  dans  les  vallons.  Partout  il  n'existe  que 
des  terrains  mobiles  dans  les  moraines  sous  lesquelles  apparaissent,  an 
voisinage  des  Dsses,  des  conglomérats  fluvioglaciaires  de  la  progression 
wiirmienne. 

La  paroi  rocheuse  orientale  de  cette  ancienne  vallée,  (jue  nous  désignerons 
par  l'expression  de  tronçon  de  Clarafond,  n'est  pas  connue,  entièrement 
cachée  par  les  pentes  glaciaires  qui  s'élèvent  vers  le  Vuache.  La  paroi  occi- 
dentale est  aisée  à  amorcer.  On  la  voit  superbe  le  long  du  ruisseau  de 
Parnant,  à  l'ouest  de  Fretière,  puis,  après  avoir  disparu  sous  le  glaciaire, 


SEANCE  DU  :o  JANVIER  1921.  III 

elle  réapparaît,  lor.-iqiic  Ton  approclic  des  IJsses,  (ju'clle  alleinl  près  du 
Pont-Rou^e. 

Dans  le  versanL  droit  de  la  vallée  des  Usses,  les  conlours  de  la  molasse, 
sous  les  conglomérais  Ihivioglaciaircs,  permettent  du  reste  de  dessiner  la 
forme  en  auge  de  l'anlitpie  vallée,  dont  le  fond  se  montre,  par  le  fait  du 
non-raccordement  de  ses  versants,  plus  profonds  que  la  vallée  actuelle.  La 
basse  vallée  des  Usses  n'est  donc  que  le  tracé  d'une  vieille  vallée  du  Hhone 
abandonnée  par  son  maître. 

Les  moraines  qui  comblent  celte  antique  dépression  s'élèvent  aux  envi- 
rons de  Goo'",  à  Clarafond,  sur  la  ligne  de  partage  des  Usses  cl  du  Ubône. 
Elles  s'apparentent  avec  celles  qui  dominent  Bellegarde.  L'antique  dépres- 
sion ne  serait  donc  qu'une  auge  wiirmienne. 

Il  est  à  noter  que,  dans  le  canon  molassique,  on  aperçoit  dans  les  deux 
versants,  en  amont  du  pont  de  Grésin,  la  section  d'une  vallée  comblée  par 
les  conglomérats  iluvioglaciaires  et  qui  ne  peut  guère  être  que  l'ancien  tracé 
de  la  Valscrinc  antéwurmienne. 

Comblée  par  les  moraines  wiirmiennes  et  les  alluvions  de  progression,  la 
vieille  vallée  Nord-Sud  (le  tronçon  de  Clarafond)  n'a  plus  laissé  place 
pour  le  Rlione  après  le  retrait  du  glacier  wùrmien.  Le  Kliône  a  été  barré- 
Le  lleuve  surélevé  a  cherché  un  autre  chemin  et  c'est  alors  que  s'est  formé 
le  lac  du  défilé  du  Fort  de  l'Ecluse  dont  la  retenue  n'a  jamais  été  expliquée. 

Au  lieu  de  marcher  normalement  vers  le  Sud,  le  Rhône  s'est  alors  dirigé 
vers  le  Nord-Ouest  et  s'est  surimposé  dans  les  molasses  et  plus  lard  dans 
rUrgonien  pour  y  scier  son  célèbre  cafion.  Ainsi  s'expliquent  les  coudes  si 
singuliers  du  Rhône  entre  le  Fort  de  l'Ecluse  et  Bellegarde,  et  cette 
découverte  a  d\iutres  conséquences. 

Aujourd'hui,  la  vieille  vallée  se  rouvre  peu  à  peu  sous  l'action  de  l'érosion 
régressive  des  tributaires  des  Usjos  cl  du  Rhône.  Nombreux  sont  les 
glissements  de  terrain  dans  ces  moraines  argileuses.  Là,  justement  où  l'on 
projette  un  canal  de  navigation  par  le  torrent  de  Saint-Pierre,  en  existent 
de  nombreux  qui  rendent  le  canal  aussi  inexécutable  que  le  serait  le  tunnel 
en  charge  que  l'on  a  également  projeté,  pour  utiliser  la  chute  du  Rhône, 
en  détournant  urte  part  considérable  du  débit  du  fleuve  vers  la  vallée  des 
Usses  :  ce  tunnel  à  grande  section  devant  traverser  les  matériaux  meubles 
des  moraines  qui  remplissent  la  vieille  vallée  dans  sa  section  amont.  Une 
autre  conséquence  découle  encore  de  l'existence  du  vieux  tronçon  de 
Clarafond.  Nulle  part  nous  n'avons  su  voir  le  fond  rocheux  de  la  vallée 
^vurmienne.  La  profondeur  du  vieux  thalweg  est  inconnue.  Si  l'on  excepte- 


112  ACADEMIE   DES    SCIENCES, 

les  seuils  rocheux  des  tronçons  épigénétiques  du  fleuve,  nulle  part,  entre  la 
Balme  près  Yenne  (Savoie)  à  la  cote  de  200'"  environ  jusqu'au  lac  Léman 
(370"),  le  Rhône  poslglaciaire  n'a  al  teint  le  fond  des  antiques  vallées  inter- 
glaciaircs.  Tout  haut  harrage  que  l'on  projetterait  dans  les  poinls  où  le 
fleuve  s'écoule  à  l'aplomb  des  anciens  thalwegs  risquerait  de  rencontrer 
des  difficultés  d'exécution  insurmontables.  Tel  serait  le  cas  d'un  barrage 
que  l'on  voudrait,  par  exemple,  construire  de  l'amont  du  défilé  de  (îrésin 
au  rocher  de  Léaz.  Ainsi  une  découverte  géologique  qui  ne  peut,  au 
premier  abord,  ne  présenter  qu'un  intérêt  de  curiosité,  prend  une  impor- 
tance exceptionnelle  quand  on  envisage  l'utilisation  do  la  force  hydraulique 
du  fleuve. 


CORRESPOND A^ CE . 


M.  E.  FAir.fi-FuEMiET  adresse  un  Rapport  sur  les  travaux  efl'ectués  avec 
la  subvention  accordée  sur  le  Fonds  Bonaparte  en  1919. 

M.  Tui  FiEU  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  compter  au  nombre  des 
candidats  à  la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie, 
par  le  décès  de  M.  Gityo/i. 

MM.  Marcel  DELÉi'i.vEet  Camille  Matigvox  prient  l'Académie  de  vouloir 
bien  les  compterau  nombre  des  candidalsàlaplace  vacante,  dans  la  Section 
de  Chimie,  par  le  décès  de  M.  Armand  (iaiilier. 

M.  le  MivisTRE  DE  L'Ar.RicrLTiRE  invile  l'Académie  à  lui  désigner  trois 
de  ses  Membres  qui  occuperont,  dans  le  Conseil  supérieur  des  stations 
agronomiques  et  des  Laboratoires  ai^ri'v/rs,  1rs  trois  places  vacantes  par  le 
décès  de  M.  Armani/  Gautier  et  par  l'expiration  des  pouvoirs  de  MM.  L. 
Guinnard  et  A.-T/i.  Sc/iia'si/ts\ 


M.   le    Seckétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Knei iiéli(iae  générale,  par  Fri.ix  Michald.  (Présenté  par  M.  Routy.) 


SÉANCE    DU    lO    JAWIEK    1921.  Il3 

ASTRONOMIE.  —  Ohsi'nvilio/i.u/c  la  cornclc  SkjeUcnip(\ç^io  h),  faites  à  Vèijun- 
toriiil  coudé  (Ici'  Obseivaloire  de  Nice .  Note  de  M.  A.  Si:iiau.>iasse,  présentée 
par  M.  B.  Baillaud. 

Monibvc 

Dates.                 'l'cmps  moyen                                                       tic  l.og.  fact.  Déclinaison         I.oy.  tact. 

igiO.                        lie  Nice.                A3l.                    AiÔ.          comp.  Jl  apparenle.        paiall.  apparenle.             parall.       * , 

h         m      s               111        s                        ,         „  h         m        s                     ^                              ".      '         " 

Dec.     16 15.29.22     +1.48,01     — '>.'i9>''-     ïJl'o       9.io.r)5,o3     6,071         — '1.52.22, 5       0,820     1 

»       20 17.   5.   2     — 3.   3,78    — J.47,3     18:10       9.30.44,99     9,222         -1-0.56.38,8       0,778     2 

»       23....     16.21.35     4-0.25,46    — '..21,8     18:10       9.44-3o,oi     8,935         -i-5.i6.58,2    .  0,736     3 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison. 

néduction  Réduclion 

M  moyenne  au  Déclin,  moyenne  au 

^,  Gr.  19-20,0.  jour.  19':!ll,0.  jour.  Aiilorilés. 

1 8,0         9.   9.    2,09       -+-4,3!         — 4-ai-i2,9       — 20,4  btrasboiiig  .Kj-i 

2 8,4         9.3o.|4,38       -h4,39         -f-i.   0.49,6       —20,4         i  (Abb.  6i53 -f- Alb.  38i3) 

3 8,6         94i-   0,10       -1-4, 4'J         +5.19.45,9       —25,9         Leipz  II  0256 

Remarques.  —  Décembre  16.  —  Comète  de  grandeur  10, 5  présentanl  une  conden- 
sation mal  définie  entourée  d'une  nébulosité  très  diffuse,  de  i',5  environ  de  diamètre. 
Décembre  23.  —  La  Lune  éclaire  forleinent  pendant  l'observation. 


ASTRONOMIE.  —  Éléments  provisoires  de  la  nouvelle  comète  ïC)-20  b  (Skje/feriip). 
Note  de  MM.  G.FAYEret  A.  Schau.masse,  présentée  par  M.  B.  liaillaud. 

En  utilisant  les  observations  obtenues  les  16,  20  et  23  décembre  par 
M.  Scbaumasse,  à  l'aide  de  l'équalorial  coudé  de  l'Observatoire  de  ISice, 
on  a  déduit  le  système  d'éléments  paraboliques 

T  =:  1920,  décembre  1 1,  o6i5,  temps  moyen  de  Greenwicli  ; 

o        r        it 

oT,  =  107.47.   7  J    .     _     _ 

i    =    22.    8.5o  >   Kclipliqiie  et  èquinoNe  moyens  de  1920,0, 

f.j  =340.55.    7    ) 

log^  :=  O,o6o32. 

•         ,     ,.  ,,-x       ^x   (  cos3flf>,  ==— 4",8 

Représentation  du  heu  nioyei.  (O  —  O)  <  ,„  ,„  ,. 

i  J       ^  '  j  </j3  =-t-  4  ,6 


.<s. 

^^ ^ 

Ncmbre 
cle 

A.l\. 

AP. 

coin  par. 

Grandnir. 

■2"'  l'so 

-t-6'.27'i5 

24:6 

10,  .5 

1.49,39 

+  3.40,2 

24:6 

1  0 ,  .ï 

1.^.  f.irl. 

Distance  [lulairc 

Loy.  fact. 

uallaxc. 

apparente. 

parallaxe. 

'  :  -^67,, 

75.    2.46,2 

o,7i3„ 

r,6o8„ 

72.26.18,1 

0,716,, 

Il4  ACADEMIE    Di:S    SCIEXCES. 


ASTRONO.MIE.  —  Observations  dclacomcieSkji'llcrup  faites  à  V  Observatoire  de 
Bordeaux  {équatoriul  de  o™, '5%).  Noie  de  M.  H.  Godak»,  présentée  par 
M.  B.  Baillaïul. 


lil-iO  Dec.    3o I 

19:>l  Janv.      i ■>. 

l'ositions  (ippiu  entes  de  la  comète. 

Temps  moj'cii         Ascension  droite       L 
Date  de  Greenwicli.  apparente.  p; 

Il        m        s  h        m        s 

1920  Dec.    3o. .      11.48.   (),g         10.  i3.    \  ,iji 
1!V2!  .laiiv.     !..      11.12.   6,8  10.20.19,87 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 

■dnclion 

n  jour.  Atilnrité?. 

„     "    ,  r>    .     ,,|       ,     D  (    H-lS"        10''  12™       El.  44 

i-ai).S  Cal.  l'iiol.  B\.   .  ,  ,     ,        ^     Z 

{  -+-1I)"     10''  lO""     ht.  57 

^  (  A  .G.  Berlin  A  4  i  H 

^''''''       I  <;al.  l'hot.  B\.     +17°     K^''20'"     P:t.42 

Erratum.  —  01>iervalii>n  du  17  décembre  1920  {Comptes  rendus  du  27  décembre 
1920):  ait  lieu  de  i  1 ''4  i"'3  i\  2.  /(V'c  Temps  moyen  de  Greenwicli  1  2'' 18'", 43", 9. 


CHIMIE  .MI.N'ÉRALE.  —  Sur  les  polymolyhdatcs  tétrahiisi(jucs. 
NoLe  de  M.   S.  Posternak,  préscnléc  par  M.   L.   Matiucniic 

Les  polymolybdatfs  lu'xabasiques,  cl  particulièn-mcnl  les  mcmlnvs  sii[)é- 
riciirs  de  la  série,  subissent,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  des  aciiles  miné- 
raux en  excès  ou  de  MoO'  à  chaud,  une  dislocation  hydroiyîinuo,  avec 
production  de  fragments  asymétriques  ayant,  d'un  cùlé.  trois  oTchydryles, 
combinés  ou  non  avec  une  basi-,  de  l'autre  un  seul  oxhydrylc,  à  l'eiKhoit  de 
la  rupture  de  la  chaîne,  (j'cst  là  l'origin»-  des  polymolybdales  fétrabasiques, 
groupe  nouveau  jusqu'ici  complètement  méconnu. 

Les  composés  de  ce  genre  étaient  envisagés  comme  des  mélamolybdah-s 
dibasiques  parce  que,  à  l'exemple  de  Svandbcrg  et  5truve,  on  y  dosait  l'eau 


Ascension  droite 

Réduction 

Dîstance  polain 

r,r. 

moyenne. 

au  jour. 

moyenne. 

8,5 

io.'i4"'58'78 

-t-4,53 

74.55.47.7 

s,  fi 

10.22.   7,94 

-f-l,3l 

73. 2'.. 24,0 

SÉANCE    V>V    lO    JANVIER    1921.  Il5 

par  calcinalion  ou  par  dinérriicc  ce  (jui  laissail  confondre  Feaii  de  cristal- 
lisation avec  fi'lli'  de  coiislilulion.  Dans  le  Tableau  ci-dessous  sont  récapi- 
tulés les  polyinolyhdaLes  lélral)asi(]ucs  menlionnés  dans  mes  précédenles 

Noies  ^'): 

l'olviiKilvljilaU-s  tclr;il)aii(|iiL-s.  Sels  lioxalKisi^iucs  gciuTalcuii. 

(NaO)-OH.MoO(O.MoO-)-OH  -t-61lM» 3  .\a-O.7Mo0'4- 2?.  Il'O 

(NIIM:))nioO(O.MoO  =  )'OH 3(NH')-.i2l\IoO'  +  6Il^'0 

(Nll'0)3MoO(O.Aro02)"OIl 3(NH')MJ.9MoO^+7HMJ 

l\H'0(OII)-iVIoO(O.MoO-)'OII -^ii-<) Liqueur  inoiylKlIfiue  ;i  chaud 

L'élude  de  la  liqueur  molybdique  nous  en  fournil  d'autres  e.veniples. 

En  examinant  les  changements  di'  composition  du  pliospliomolybdale 

d'ammoniaque  (-),  nous  étions  arrivé  à  la  conclusion  qu(^  l'acide  molyb- 

diqui',  en  solution  fortement  acide,  devait  se  trouver  à  l'étal  léliamolyb- 

dique.  Il  est  possible,  en  elTel,  de  préparer  li-  télramolybdate  trihydroryam- 

moniquc 

Nll'0(OII)-MoOiO.MnO=iH1Il-(-5IPO 

en  mélangeant  100""'  d'une  solution  de  molybdatc  d'ammoniaque  ordiraire 
à  10  pour  100  avec  16""' de  liqueur  molybdique  ou  avec  25""'  de  SO''H- 
deux  fois  normal  et  10?  de  sulfate  d'ammoniaque.  Ce  sel  perd  "iH^O  dans 
le  vide  sulfurique  et  encore  H-0  à  l'éluve,  de  i3o°  à  iGo". 

Roseriheim  (^),  qui  a  préparé  le  même  corps  autrement  et  y  a  dosé  l'eau 
par  dilîérence,  en  avait  fait  un  octomolybdale  (  Ml')-0.8MoO' +  i3H-0, 
en  se  conformant  à  l'ancienne  classification  d'Ullik  (*  ). 

Les  propriétés  de  ce  sel  sont  curieuses  et  significatives  pour  la  théorie  des 
polymolybdates.  Dissous  dans  l'eau  et  ainsi  soustrait  à  l'influence  d'un  excès 
d'acide,  il  se  recondense  et  devient  instable;  ses  solutions  aqueuses,  chauf- 
fées au  bain-marie  jusqu'à  l'apparition  d'un  trouble  ou  maintenues  à  l'éluve 
à  4o°,  déposent  des  courtes  aiguilles  ayant  la  composition  d^un  peutamnlyl)- 
datc inhydroxyammoniquc  \  H  '  G (  OH )'-  Mo O  ( O .Mo O- )  '  OH ,  sel  anhydre 
perdant  H'O  de  constitution  de  [3o"  à  160^,  comme  tous  les  composés  de 
celte  série  ayant  deux  oxydryles  voisins.  Rosenheim  et  Félix  {'')  le  considé- 
raient comme   un  décaniolybdate  (NH')-0.ioMoO'+ 3H^0,  pour  les 

(')  Coniples  rendus,  t.  171,  1920,  p.  iô.")S  et  iîiS. 

(-)  Coniples  rendus,  t.  170,  1920,  p.  930. 

(')  Zeitsch.  f.  anorg.  Cliemie,  t.  15,  1897,  p.  180. 

(*)  Ann.  der  Cli.  und  Pharin.,  t.  Hvk,  1867,  p.  i(\\  el  Sio. 

(")  Zeitsclu  f.  anorg.  Chemie,  t.  79,  I9i3,  p.  29;. 


Ilb  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inèiiies  raisons  que  précédemment.  Les  eaux  mères,  concentrées  sur  S041-, 
laissent  cristaliiseï-  le  dodécamolybdatc  liexammonique. 

Si  l'on  recristallise  deux  fois  le  tétramolybdate  précédent  dans  4  parties 
d'eau  à  7:")",  en  ayani  soin  de  filtrer  la  partie  insoluble,  on  le  transforme  en 
Iridécamolybdatc  lribydroxylriammoni({ue 

(  Nll'0,^MoOiO..Mo()M"<)..MoO(OH)^-f-i9lI-U 

que  nous  connaissons  déjà  pour  l'avoir  obtenu  dans  d'autres  conditions. 

L'insoluble,  cristallisé  en  aiguilles  prismatiques,  forme  environ  3  pour  100 
du  tétramolybdate  mis  en  œuvre;  il  présente  la  composition  de  Vhexamo- 
lyhdale  triliydroxyammoidque  NH*  O (OH  )-  Mo O (O.Mo O^ )''  (  )H  +  H- O . 

Le  même  hexamolybdale  tétrabasique  se  dépose  spontanément,  à  la 
longue,  dans  les  liqueurs  molybdiques,  sous  forme  de  sédiment  gris  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  les  cristaux  jaunes  de  MoO'.2H-0  dont  l'appa- 
rition est  plus  tardive. 

Il  est  évident  que  tous  ces  polymolybdates  tétrabasiques,  qui  contiennent 
au  maximum  7  chaînons  molybdiques,  proviennent  de  la  décomposition 
d'un  sel  plus  complexe  existant  dans  la  liqueur  molybdique  à  côté  du 
fragment  tétramolybdique.  On  peut  l'en  séparer  par  dialyse  :  l'acide 
nitrique,  le  nitrate  et  le  tétramolybdate  d'ammonium  sont  rapidement 
éliminés,  tandis  que  le  polymolybdate  complexe  reste  dans  le  dialyseur 
pendant  assez  longtemps. 

On  obtient  ainsi,  après  G  jours,  une  solution  dans  laquelle  le  rapport 
MoO'  :  NH^=  i3.  Il  s'agit  donc  du  IrUléramnlybdaie  pentahydroxyainmo- 
nique 

^H■•  0(  OU  )2  Mo  O(n.MoO^)"  O.Mo  0(011)' 

qu'il  n'a  pas  été  possible  d'obtenir  à  l'état  cristallisé,  mais  (pie  l'adjonction 
de  nitrate  d'ammonium  précipite  sous  forme  de  sel  tribydroxylriammo- 
nique. 

D'ailleurs,  l'acide  molybdique  soi-disant  colloïdal  que  (iraham  ('  )  avait 
préparé  par  dialyse  d'une  solution  d'orthomolybdale  de  soude,  fortement 
acidifiée  par  11  Cl,  a  une  composition  analogue.  Après  élimination  du 
chlore,  l'acide  molybdique  et  la  soude  restant  dans  le  dialyseur  s'y  trouvent 
dans  le  rapport  de  iii  ou  i3,  suivant  la  durée  de  l'opération  ;  on  ne  réussit 
donc  pas,  comme  on  le  voit,  à  préparer  l'acide  tridécamolybdique  libre  en 
suivant  la  méthode  de  Graham. 

(')  Comptes  rendus,  l.  39,  iSfi'i,  p.  \-\. 


SKAXCK    1)1'    lO   JAXVIEU    If)2I.  ITJ 

Cesfaitsconfirmenl.de  nouveau  celte  notion  iinporlante  que  la  conden- 
sation de  l'acide  molylidiquo  a  une  limite  qui  est  atteinte  par  la  formation 
de  l'acide  Iridécaniolybdic/iie.  Ils  démontrent  aussi  que  la  classification 
courante  en  ortlio,  meta  et  paramolyhdates,  avec  les  différences  profondes 
qui  les  séparent,  n'a  pas  de  raison  d'être.  Il  n'existe  que  deux  groupes  de 
molybdates:  i"  les  polymolybdates  hexabasiques  dont  les  ortho  et  para- 
molybdates  ne  sont  que  des  cas  particuliers  ;  et  2°  les  polymolybdates  tétra- 
basiques  qui  dérivent  des  précédents  par  rupture  bydrolytiquc  de  leur 
chaîne. 

Il  va  sans  dire  que  ces  recherches  ne  touchent  en  rien  à  la  question  des 
hétéropolymolybdates  qui  reste  entière. 

GÉOLOiilE.  —  Observations  sur  les  allmions  anciennes  de  la  Seine. 
Note  (')  de  M.  E.  Ciiaput. 

Les  trois  niveaux  fondamentaux  de  terrasses  (SS^-SS",  55™-6o™, 
qS^-iod"^),  indiqués  précédemment  pour  la  Seine  maritime,  existent  aussi 
plus  en  amont,  nettement  caractérisés,  avec  adjonction  d'une  terrasse 
de  i5'"-2o'°  (-). 

Autour  de  Rouen,  où  les  paliers  supérieurs  des  terrasses  ont  été  souvent 
détruits  au  cours  des  déplacements  des  méandres,  il  faut  cependant  noter, 
outre  la  terrasse  d'Oissel  (altitude  relative  18'"),  celle  du  Rond-Point  des 
Bruyères  (35'")  nettement  isolée  par  des  talus.  Les  alluvions  de  cette  ter- 
rasse sont  visibles  surtout  aux  gravières  de  Trianon,  près  du  Grand- 
Quevilly,  où  leur  base  repose  à  20'"  sur  la  craie;  on  y  trouve  des  graviers 
granitiques  et  porphyriques  de  i""-2'^'"  encore  reconnaissables,  tandis  que 
les  cailloutis  plus  élevés  sont  plus  décomposés. 

La  région  parisienne,  déjà  très  étudiée,  est  plus  importante  par  suite 
des  documents  paléontologiques  et  de  la  grande  extension  d'une  terrasse 
remarquée  depuis  longtemps,  celle  des  «  hauts  niveaux  »  de  Belgrand.  Il 
faut  observer  d'abord  que  le  niveau  d'éliage  est  de  26'"  à  l'entrée  de  la 
Seine,  dans  Paris,  pour  s'abaisser  à  20'°  à  Bezons  :  les  altitudes  relatives 

(')  Séance  du  3  janvier  192  i. 

(-)  I^oiii"  les  faits  déjà  connus,  on  trouvera  de  nombreux  renseignements  dans  les 
Ouvrages  classiques  de  MAI.  Ilaug  {Traité  de  Géologie)  et  Lemoine  {Géologie  du 
Bassin  de  Paris).  Je  renvoie  à  ces  Ouvrages  pour  les  travaux  de  Belgrand  et  pour  la 
plupp.rt  des  publications  sur  les  alluvions  de  la  Seine. 


Il8  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

doivent  être  prises  par  rapport  à  ces  étiages,  pour  les  comparaisons  avec  le 
Quaternaire  des  autres  vallées.  Or  la  terrasse  des  hauts  niveaux  a  son 
palier  supérieur  à  ()4™-65"'  près  de  l'entrée  de  la  Seine  dans  Paris  (plateau 
de  la  rive  gauche  au-dessus  d'Ivry,  et  de  là,  vers  la  place  d'Italie);  la  même 
terrasse  est  à  6o'°-63'"  autour  de  la  porte  de  Vanves;  l'altitude  relative  est 
donc  comprise  entre  36'"  et  4o"'. 

La  faune  «  chaude  »  de  Montreuil  (^Elephns  fiiitiquiis  Falc,  ll/tinoceros 
Mcrcki  Kaup)  provient  de  ses  graviers  de  fond.  Laville  ('  )  a  signalé  une 
molaire  à'Elephas  mcridionalis  JNesti,  provenant  du  plateau  d<'  Bicêtre, 
mais  h^s  lamelles  de  cet'.c  molaire  sont  ])lus  serrées  que  dans  les  dents 
typiques  (ÏEL  mcridioiidli.s ;  l'échantillon  parait  se  rapporter  plutôt  à  VEI. 
intermedi  II  s  Jour  dan  (^  E.  trogoiitherii  Pohlig).  L'épaisseur  du  remblaie- 
ment dépasse  8"'  à  Montreuil,  et  comme  il  s'agit  d'un  dépôt  de  bord  de 
vallée,  l'épaisseur  a  dû  être  bien  supérieure  dans  l'axe  de  la  plaine  allu- 
viale. 

Les  alluvions  des  «  bas  niveaux  »,  qui  ont  fourni  la  «  faune  froide  »  à 
Elephas  primigenius  Blum.  et  Rhinocéros  tichorhiiius  Cuv..  avec  outillage 
varié  comprenant  en  particulier  des  racloirs  moustéricns,  atteignent  une 
altitude  relative  d'au  moins  12™  à  Grenelle,  Levallois,  etc.,  mais  le  palier 
supérieur  n'est  jjas  conservé  ici  au  voisinage  même  du  fleuve.  Dans  la 
région  Colombes,  Petit-Colombes,  Bezons,  ce  palier  est  bien  séparé  par  un 
talus  des  alluvions  modernes  ;  il  est  à  3()"'-40'",  soit  une  altitude  relative  de 

l6™-20"'. 

Une  terrasse  importante  domine  celle  des  hauts  niveaux;  son  palier  est 
très  étendu  dans  la  forêt  de  Sénait  à  85'"-9o"',  soit  55'"-6o'"  au-dessus  de 
Fétiage.  A  Eliolles,  la  base  des  cailloutis  ravine  les  marnes  vertes  à  70'"; 
l'épaisseur  du  remblaiement  dépasse  donc  i5™.  Les  alluvions  sont  très 
altérées,  rubéfiées,  avec  roches  cristallines  très  décomposées.  En  aval  de 
Paris,  le  liond-Point  des  Bergères,  près  Puteaux,  montre  les  mêmes 
cailloutis  :  la  base  descend  à  65"",  le  sommet  forme  une  terrasse  étroite 
à  77°'-8o"'.  Les  alluvions  correspondant<'S  forment  une  partie  de  la  forêt  de 
Saint-Germain,  dominant  Poissy  (-)  (73'")  et  couvrent  le  plateau  entre 
Vernouillet  l't  Chapet  jusqu'à  70'"  (57™  au-dessus  del'étiage). 


(')  Lavillk,  Le  Pliocène  à  El.  meridionalis  dans  le  dcpartemenl  de  la  Sciiw 
(  Feuille  des  Jeunes  Naluralislcs,  1906.  p.  1 53- 108). 

(-)  G. -F.  Doi-LFUS,  iS'oUce  sur  une  nouvelle  carie  ^'cologiijue  des  environs  de 
Paris  {Congrès  géol.  inl.,  Z'  sesôioD,  Borliii,  1880). 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I92I.  I19 

Il  s'agit  donc  d'un  niveau  très  étendu,  qu'on  suit  d'autre  pail  vers  l'a  mont 
jusqu'au  voisinage  du  confluent  du  Loing,  à  gS^-gS'"  (plateau  dominant 
Thoiuei7  et  Clnimpagne,  à  l'altitude  relative  SS^-Sô""). 

Dans  celle  dernière  région,  plusieurs  placages  allu\iaux  s'éièveni  au- 
dessus  de  la  terrasse  précédente,  jusqu'à  une  centaine  de  mètres  au-dessus 
de  la  Seine  (Samoreau  :  voir  la  deuxième  édition  de  \;\  feuille  de  Sens  pav 
M.  Thomas).  Les  mêmes  cailloutis  existent  sur  le  plateau  formant  le  sommet 
du  mont  de  Villeccrf,  où  M.  Thomas  les  a  considérés  comme  miocènes. 
Mais  les  sables  granitiques  visibles  plus  à  l'Est  (dans  les  bois  entre  Saint- 
Agnan  et  les  Joncheries  par  exemple),  au-dessus  du  Stampien,  ont  le  faciès 
typique  des  sables  de  la  Sologne,  sans  cailloutis;  au  contraire,  sur  le  mont 
de  Villecerf  on  trouve  essentiellement  des  cailloux  roulés  (chailles  de  plus 
de  2o'"',  silex  crétacés  et  sparnaciens,  gros  quartz,  etc.).  Il  s'agit  là  de  véri- 
tables alluvions,  venues  du  Sud.  En  réalité,  vers  le  Sud,  les  cailloutis 
contemporains  se  distinguent  difficilement  de  ceux  du  Sparnacien,  mais  la 
variété  des  éléments  et  l'existence  de  quelques  gros  quartz  de  plusieurs  centi- 
mètres permettent  de  les  reconnaître  en  certains  points  (par  exemple  au  nord 
de  Chàteiiurenard,  à  l'altitude  i-]^).  D'autre  part  ces  dépôts  se  relient  facile- 
ment, par  la  topographie  actuelle,  à  ceux  qui  couvrent  les  plateaux  de  la 
Puisaye  et  du  Nivernais,  à  une  centaine  de  mètres  au-dessus  de  la  Loire, 
et  que  j'ai  étudiés  antérieurement  ('  ). 

Ainsi  quatre  terrasses  très  étendues,  correspondant  à  des  phases  de  grands 
remblaiements,  peuvent  être  suivies  dans  la  vallée  de  la  Seine,  du  confluent 
de  r\onne  jusqu'à  la  Manche,  sans  variations  bien  notables  des  altitudes 
relatives,  chaque  terrasse  correspondant,  comme  le  pi'ofil  actuel,  à  un  état 
d'équilibre  suffisamment  avancé.  La  plus  élevée  de  ces  terrasses,  celle  de 
g5"'-ioo'"  (Sicilien),  est  due  à  un  fleuve  venant  surtout  de  la  vallée  de  la 
Loire  en  amont  de  Gien. 


GÉOLOGIE.  —  Evolution  miiiéralugique  des  minerais  de  fer  oolilhique  de 
France,  indépendante  du  fadeur  temps.  Note  de  M.  L.  Cayeux,  présentée 
par  M.  IL  Douvillé. 

La  règle  que  j'ai  formulée  en  manière  de  conclusion,  à  la  suite  de  mon 
étude  des  minerais  de  fer  oolithique  primaires  de  France,  s'applique  égale- 

(')   K.  CiiAPUT,  Recherches  sur  Icx  terrasses   aUuvialcs  de  la  Loire   (A/m.    U/iù'. 
Lyon,  (.  I,  1917,  p.  ',!). 


126  ACADEMIE    DES    SCIEXCES, 

ment  à  la  plupart  des  minerais  de  fer  lorrains.  C'est-à-dire  qu'ils  ont  franchi 
successivement  des  slRdes  calcviircs,  carbonates^  silicolés  et  Iièmatisés,  lorsque 
leur  évolution  minéralogique  présente  le  maximum  de  complication.  Dans 
ces  conditions,  il  est  tout  naturel  de  penser  que  le  facteur  temps  a  joué  un 
rôle  décisif  dans  la  formation  des  minerais  lorrains.  S'il  en  est  ainsi,  il  faut 
s'attendre  à  observer  un  lien  très  étroit  entre  la  composition  minéralogique 
d'un  minerai  donné  et  sa  position  dans  la  série  des  couches,  soit  avec  son 

A  cet  égard,  voici  ce  que  nous  enseignent  les  faits.  La  succession  ascen- 
dante des  couches  montre  sept  horizons  distincts  :  les  couches  verte,  noire  et 
brune,  constituant  le  faisceau  inférieur;  les  couches  grise  et  jaune,  formant  le 
faisceau  moyen  et  la  couche  rouge  représentant  avec  les  culcoires  ferrugi- 
neux le  faisceau  supérieur. 

Or  il  résulte  de  l'analyse  d'un  grand  nombre  d'échantillons,  empruntés 
aux  différentes  couches,  que  le  fer  carbonate  et  le  fer  silicate  (chlorite,  ber- 
ihiérine)  réalisent,  en  moyenne,  leur  maximum  de  fréquence  dans  le  fais- 
ceau inférieur  et,  par  conséquent,  le  plus  ancien;  que  ces  deux  composés 
ferrugineux  se  retrouvent  encore  dans  le  faisceau  moyen,  mais  avec  une 
moindre  abondance,  et  qu'ils  deviennent  très  rares  et  manquent  presque 
toujours  dans  le  faisceau  supérieur,  c'est-à-dire  le  plus  récent.  Par  contre, 
le  fer  oxydé  atteint  son  maximum  de  fréquence  dans  le  faisceau  supérieur, 
et,  pour  tout  dire,  c'est  dans  la  grande  généralité  des  cas  le  seul  et  unique 
composé  ferrugineux  représenté  à  cet  étage. 

Étant  donné  l'ordre  d'enchaînement  indiqué  plus  haut,  il  est  de  toute 
évidence  quey^///.v  les  mineruis  de  Lorraine  sont  anciens^  moins  leurs  composés 
ferrugineu.r  sont  transformés.  J'insiste  sur  le  point  que  ladite  règle  se 
dégage  avec  une  extrême  netteté  de  mes  analyses  micrographiques.  Kn 
conséquence,  tout  se  passe  comme  si  le  facteur  temps  était  resté  étranger 
au\  métamorphoses  des  minerais  lorrains,  conclusion  diamétralement 
opposée  à  celle  qui  nous  paraissait  dc\oir  être  l'expression  de  la  vérité. 

En  sortant  du  domaine  particulièrement  visé  ici,  des  faits  du  même  ordre 
sollicitent  en  foule  notre  attention.  On  sait  notanmient  que  le  fer  carbonate 
inclus  en  bancs  et  rognons  dans  le  terrain  houiller  est  resté  carbonate 
jusqu'à  nos  jours.  Que  si  nous  remontons  plus  loin  dans  le  passé,  les  mine- 
rais oolithiques  siluriens  de  la  presqu'île  armoricaine  nous  fournissent,  en 
grand  nombre,  des  exemples  de  sidérose  et  de  bavalite  non  modifiées,  en 
dépit  do  la  haute  antiquité  des  dépôts  auxquels  ces  éléments  sont  incor- 
porés. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1921.  121 

I'3n  revanche,  des  minerais  plus  rccenls  que  ceux  de  Lorraine,  tels  les 
minerais  oolilliicjues  bajociens,  calloviens  et  o.vfordiens,  sont  presque  tous 
hématisés,  c'est-à-dire  arrivés  au  terme  ultime  de  leurs  transformations. 

Bref,  la  rè^^Ie  énoncée  plus  haut,  à  savoir  que  révolution  minéralogique 
des  minerais  de  fer  lorrains  est  indépendante  du  facteur  temps,  est,  croyons- 
nous,  une  loi  générale  pour  les  minerais  de  fer  oolithique  de  France,  et  je 
ne  suis  pas  éloigné  de  croire  cju'elle  l'est  pour  tous  les  minerais  de  fi-r 
d'origine  sédimentaire.  Il  va  sans  dire  que  les  parties  des  gîtes  situées  au- 
dessus  du  niveau  iiydrostati(pie  ne  sont  nullement  en  cause  dans  la  présente 
étude. 

BOTANIQUE.   —   A  propos  de  la  conslitulion  morphologique  du  cytoplasme. 
Note  ("■)  de  M.  A.  GuiM.iii!i>io\D,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Tva  question  de  la  conslitulion  morphologique  du  cytoplasme  a  donné 
lieu  à  tant  de  controverses  qu'il  m'a  paru  opportun  d'expliquer  à  l'aide 
d'un  schéma  la  conception  à  laquelle  nous  ont  amené  dix  années  de 
recherches. 

Prenons  les  cellules  du  foie  de  Grenouille  (I)  :  Sur  une  préparation 
traitée  par  la  méthode  de  Regaud,  on  voit  de  nombreuses  mitocbondries, 
qui  se  détachent  nettement  du  cytoplasme  peu  coloré.  j^Ces  éléments  en 
forme  de  grains,  bâtonnets,  filaments  (I,  en  M),  constituent  le  chondriome 
de  la  cellule.  On  aperçoit,  en  outre,  dans  le  cytoplasme  de  petites  vacuoles 
incolores  (Y).  Sur  le  frais,  on  constate  que  lo  chondriome  ne  se  colore  pas. 

Si  nous  examinons  maintenant  le  thalle  d'un  Saprolegnia  à  l'aide  de  la 
même  méthode,  nous  y  retrouvons  un  chondriome  très  semblable  avec  des 
vacuoles  incolores.  Sur  le  vivant,  on  observe  en  outre  des  granulations 
graisseuses  que  ne  colorent  pas  les  méthodes  mitochondriales.  Les  colora- 
tions vitales,  qui  ne  teignent  pas  le  chondriome,  permettent  de  suivre  la 
formation  des  vacuoles  dont  le  suc  fixe  énergiquement  les  colorants;  celles- 
ci  apparaissent  comme  des  canalicules  allongés  qui  ensuite  s'anastomosent 
en  réseau,  puis  se  fusionnent  en  grosses  vacuoles.  M.  Dangeard,  n'ayant 
pas  vu  le  chondriome  de  ce  Champignon,  admet  que  ce  que  l'on  a  désigné 
sous  ce  nom  dans  les  Champignons  et  les  animaux  correspond  aux  formes 
initiales  du  système  vacuolaire  et  aux  granulations  graisseuses  qu'il  nomme 
microsomes, 

(')  Séance  du  27  décembre  1920. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  \T1,  N»  2.)  9 


122  ACADEMIE    DES    SCIEXCES. 

Dans  un  Vci;cliil  supérieur,  |)ar  exciiiple,  dans  les  cellules  épidermiqucs 
de  la  feuille  dVm  ^e/7/i'^//»VYZ  (II)  nous  retrouvons  un  chondrioine  absolu- 
ment semblable  à  celui  de  la  cellule  du  foie,  et  des  vacuoles  (\)  incolores. 
Sur  le  vivant,  on  conslale  que  le  chondriouie  se  [)résente»avec  le  même 
aspect  {  III  ;;  seulement,  on  observe,  en  nuire,  un  grand  nombre  de  petites 


iir 


vu  vin 

I.  Cellule  (lu  foie  (le  greiiouillc  (  na-tliode  de  lîegaud);  II.  Celliil.-  .le  lV|iul.inii-  rit-  la  iV-uille  d/ris 
germaiiica  (ni(jnic  md'lliodc)  ;  III.  kl.,  colorée  vitalement;  IV.  kl.,  les  \acuolcs  stiile^;  liguracs; 
\'.  Id..  le  cliondriome  seul  lii;uié;  VI.  kl.,  le;  gninulalioiis  graisseuses  seules  (igur(;cs;  \  II.  Id.,  les 
plasiidi's  seuls  figurés;  VIII.  lil.,  les  niiloi  lioudries  inaclives  seules  figurées.  (Schéma.) 

granulations  graisseuses  {Gg)  qui  se  distinguent  des  mitochondries  granu- 
leuses (M)  par  leur  vive  réfringence,  et  ({ue  la  méthode  de  llegaud  ne 
colorait  pas.  linfin  les  vacuoles  renferment  aussi  un  suc  qui  prend  les  colo- 
rants vitau.v.  ce  (pii  pci-mel  de  suivre  leur  naissance;  celles-ci  apparaissent 
sous  forme  de  filaments  (III,  N  )  qui  ressemblent  beaucoup  à  des  niito- 
chondiies,  mais  les  méthodes  milochondriales  ne  les  colorent  pas.  Ces  lîla- 


SÉANCE    DU    lO    JAXVll  11    U)2I.  12'i 

nu'iils  que  nous  appellerons  primonliu  drs  fctciiu/cs  s'auastonioscnl  on  un 
réseau  dont  les  nœuds  se  rendent,  puis  ?<■  séparent  en  pelilcs  vacuoles  qui 
se  fusionnent  ensuite  en  i,'rosses  vacuoles.  Cependant  ici  nous  constaterons 
une  particularité  :  eu  ellet.  les  chondrioconlcs  (C)  peuvent  élaborer  à  cer- 
taines phases  de  petits  grains  d'amidon;  ce  sont  les  mêmes  éléments  qui, 
dans  d'autres  cellules,  forment  la  cidorophylle  et  les  pigments  .vantoplivl- 
liens  et  carotiniens;  au  contraire,  les  mitochondries  granuleuses  ou  en 
forme  de  courts  bâtonnets  ne  participent  pas  à  ce  phénomène.  Cependant 
ces  deux  catégories  d'éléments  ont  exactement  les  mêmes  caractères  chi- 
miques; ils  ont  aussi  les  mêmes  formes,  car  les  chondrioconlcs  dérivent 
des  mitochondries  granuleuses,  et  les  mitochondries  granuleuses  peuvent, 
à  de  certains  moments,  prendre  la  forme  des  chondriocontes  typiques.  Il 
existe  donc  dans  les  cellules  des  végétaux  chlorophylliens  deux  variétés  de 
mitochondries,  dont  l'une  correspond  aux  plastides.  Cependant  ces  deux 
variétés  ne  diffèrent  que  par  leur  fonction  physiologicjue. 

Tous  les  auteurs,  sauf  M.  Dangeard,  sont  d'accord  sur  l'existence  de  ces 
éléments.  Seulement,  tajidis  que  les  uns  ont  admis  que  les  plastides  repré- 
sentent une  variété  spéciale  de  mitochondries  se  différenciant  à  partir 
des  mitochondries  indifférenciées  des  cellules  embryonnaires,  les  autres 
pensent  que  les  deux  catégories  conservent  leur  individualité  au  cours  du 
développement  et  représentent  des  éléments  de  nature  différente,  n'ayant 
de  commun  que  leurs  formes.  Selon  eux,  seuls  les  éléments  qui  ne  jouent 
pas  le  rôle  de  plastides  seraient  des  mitochondries.  Nos  recherches  démon- 
trent, au  contraire,  que  les  deux  variétés  conservent  bien  leur  individualité 
au  cours  du  développement,  mais  que  toutes  deux  rèpo/idenl  à  la  dèfinilion 
des  mitocJiondries  et  sont  absolument  semblables  aux  mitochondries  de  la 
cellule  animale.  Aussi  admettons-nous  que  la  cellule  des  végétaux  chloro- 
phylliens se  distingue  delà  cellule  des  autres  litres  vivants  par  la  coexis- 
tence de  deux  variétés  de  mitochondries,  dont  l'une  affectée  à  la  photo- 
synthèse. Cette  dualité  des  mitochondries  serait  donc  la  condition  de 
la  photosynthèse. 

Au  contraire,  M.  Dangeard  a  formulé  une  interprétation  toute  différente. 
Pour  lui,  ce  cpie  l'on  a  décrit  comme  chondriome  dans  la  cellule  animale  et 
dans  les  Champignons  correspond  aux  primordia  des  vacuoles  qu'il  rassemble 
sous  le  nom  de  vacuoine  et  aux  microsomes  qui  constituent  le  sphéromc. 
Quant  aux  plastides  qui  forment  le/jA/.v/fV/o//2e,  ce  sont  des  éléments  spéciaux 
aux  végétaux  chlorophylliens  et  qui  sont  bien  distincts  du  chondriome. 
Cette  interprétation  qui  repose  surtout  sur  des  observations  vitales  n'est 


124  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pas  foiii])iilible  avec  l'enspmble  des  faits.  En  efl'et.  le  chondriome  ne  peut 
corrcspondri-,  ni  au  système  vacuolaire,  qui  ne  se  colore  que  très  rarement 
parles  méthodes  mitochondrialcs,  ni  auxmicrosomes  brunissant  par  l'acide 
osmique,  qui  laisse  incolores  les  mitochondries. 

On  voit  qu'il  est  aujourd'hui  définitivement  établi  que  le  cytoplasme  est 
une  substance  d'apparence  homogène  qui  contient  en  suspension  trois 
catégories  d'élémenls  : 

I''  Un  chondriome  dont  une  partie,  dans  les  Végétaux  chlorophylliens,  est 
affectée  à  l;i  photosynthèse  ; 

1°  Des  vacuoles  (I)  ; 

3"  Des  granulations  graisseuses. 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  théories  de  la  mynnécopJiilie. 
Note  de  M.  E.  Ue  Wiloema-n',  présentée  par  M.  H.  Lccomte. 

Dans  une  élude  présentée  à  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  natu- 
relle de  Genève,  M.  le  professeur  Chodat  et  M.  Carisso  ont  proposé  une 
nouvelle  théorie  de  la  myrmécophilie  (^). 

Pour  ces  auteurs,  les  formicaircs,  ou  myrmécodomaties,  de  divers  autres 
botanistes,  (piand  elles  se  présentent  sous  la  forme  de  renllements,  auraient 
pour  origine  une  galle  causée  par  des  insectes.  Ils  se  basent  sur  des  obser- 
vations faites,  en  Amérique  du  Sud  (Paraguay)  sur  des  Cordia  et  V Acacia 
Cavenia  Hook.  et  Arn.,  par  le  professeur  Chodat. 

Nous  ne  voulons  pas  discuter  l'exactitude  des  observations  du  professeur 
Chodat,  bien  au  contraire,  nous  serons  d'accord  avec  lui  pour  admettre 
que  dans  bien  des  cas  les  fourmis  ne  sont  pas  les  causes  directes  des  cavités 
qui  se  forment  dans  certains  végétaux  myrmécodomes.  Nous  sommes 
comme  lui  persuadé  que  des  galles  peuvent  être,  à  la  sortie  de  l'insecte  qui 
les  a  formées,  envahies  par  des  fourmis.  Des  matériaux  de  plantes  congo- 
laises qui  nous  sont  passés  par  les  mains  semblent  appuyer  nettement  cette 
manière  de  voir. 

Mais  nous  ne  pouvons  admettre  la  généralisation  de  la  théorie  proposée 
par  M.  Chodat  et  M.  Carisso  spécifiant  que  tout  renllement,  abritant  ou 
])ouvant  abriter  des  fourmis,  chez  des  myrmécophytes,  ait  pour  origine 


('  )    Une  nom  elle  ihcm  ic  de  la  inyrnircopliylie  {(\  II.  des  séances  de  la  Société  de 
Physique  et  d' Histoire  naiiire/le  de  Genèce.  \ol.  37,  n°  1,  janviei-inars  igao). 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I92I.  125 

une  piqûre  d'insecte.  Le  cas  de  V Acacia  Cavenia,  comme  celui  des  Con/iii  de 
l'Amérique  du  Sud,  ne  nous  paraît  pas  pouvoir  être  généralisé. 

Chez  des  Acacia  à  épines  renllées,  le  gonflement  de  l'épine  n'est  pas 
toujours  dû  à  la  présence  d'un  hôte  quel  qu'il  soit.  On  cultive  au  Jardin 
botanique  de  Bruxelles,  sous  le  nom  de  Acacia  cuhcnsis,  une  plante  à  épines 
stipulaires  qui  dès  le  jeune  âge  montrent  déjà  une  tendance  au  renflement. 
Quand  elles  sont  encore  vertes,  elles  renferment  au  centre  une  sorte  de 
moelle  lâche  qui,  petit  à  petit,  disparaît  en  suite  de  l'augmentation  de 
volume,  et  laisse  une  cavité  dans  laquelle  il  n'y  a  pas  trace  d'insecte. 

Quand  les  épines  sont  adultes,  que  la  feuille  est  tombée,  il  n'y  a  pas 
d'ouverture  à  ces  stipules;  elles  ne  deviennent  pas,  dans  ces  conditions  de 
culture,  des  domaties.  Ici  donc  le  renflement  et  le  creux  sont  formés  sans 
la  présence  de  l'insecte  perceur,  ni  de  la  fourmi  habitante. 

Nous  avons  antérieurement  insisté  sur  la  myrmécophilie  dans  le  genre 
Scaphopetalum  (').  Comme  on  le  sait,  la  domatie  est  ici  formée  par  un  sac, 
repli  du  limbe  foliaire,  formant  renflement  entre  deux  nervures  basilaires, 
et  dans  ce  cas  aussi  il  ne  peut  être  question  de  piqûre.  Dans  les  feuilles  de 
cette  plante,  dont  nous  avons  suivi  le  développement  dans  les  serres  du 
Jardin  botanique  de  Bruxelles,  on  voit  apparaître  le  repli  dès  le  jeune  âge; 
d'abord  peu  accusé,  mais  cependant  net,  il  se  développe  en  sac  avec  l'âge 
par  suite  de  la  croissance  du  limbe  et  de  la  rigidité  des  deux  nervures 
devant  limiter  l'ouverture  de  la  cavité. 

11  en  est  de  même  pour  d'autres  myrmécophytes,  par  exemple  Cola 
Laurenlii  (-). 

Il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  ici  que  parfois  les  feuilles  peu  développées 
de  la  base  des  rameaux  des  ScapJwpclaliim,  ou  des  boutures  faites  à  l'aide 
de  très  jeunes  rameaux,  ne  présentent  pas  de  trace  de  pochette;  elles  pos- 
sèdent un  limbe  réduit,  plan  et  peu  inéquilatéral  à  la  base  ;  elles  n'ont 
donc  pas  fourni  de  domatie. 

Il  faut  remarquer  en  outre  que,  au  point  de  vue  de  la  domatie,  il  arrive 
souvent  que  toutes  les  feuilles  d'un  rameau  ne  sont  pas  équivalentes.  Nous 
avons  souvent  observé  des  diiïérences  dans  le  caractère  acarodomatien  dans 
la  même  espèce,  suivant  l'emplacement  des  feuilles  sur  le  rameau  et  suivant 
la  saison  où  se  forment  les  feuilles  (*). 

(')  Dk  Wiluewa-x,  Missiun  Laurenl^  \ol.  l,  p.  c.cxix  l'I  p.  ^nn  et  sulv.,  c.  lii;. 
(-)  Di;  Wii.DEMAN,  Mission  Laurenl.  \ol.  1,  p.  4o3  et  siiiv. 

{')  De  \ViM)KM,iN,  Noies  sur  queliiacs  acaropliyles  {Ulém.  Soc.  scient.  Driiuclles, 
t.  30,  1906,  p.  287  el  suiv.). 


126  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  faudrait  donc  pour  ï Acacia,  les  Scaphopetahim  el  Cula  |jrécités, 
admettre  qu'il  y  a  «  malfornuilion  hérédilaire  »,  comme  le  disait  Beccari. 
Mais,  nous  basant  sur  ces  faits  qui  paraissent  indiscutables,  nous  n'oserions 
pousser  plus  loin,  et  dire  qu'il  y  a  adaptation  I 

Nous  sommes  persuadé  que  la  myrmécophilie  est  un  phénomène  très 
répandu  parmi  les  végétaux,  mais  qu'il  ne  peut  être  expliqué  par  une 
théorie  unique.  La  m  vrmécophilie  se  présente  d'ailleurs  sous  des  aspects 
très  variables. 

Avec  le  professeur  Chodat  el  M.  Carisso,  nous  admettons  que  dans  bien 
des  cas  cette  myrmécophilie,  allant  jusqu'à  offrir  un  gîte  à  la  fourmi,  est 
secondaire. 

Mais,  en  outre,  nous  prétendons  que  dans  la  plupart  des  cas  elle  n'est 
nullement  une  symbiose,  au  sens  du  mot,  mais  un  parasitisme,  comme  le 
soutenait  Kohi  (');  parasitisme  en  général  1res  néfaste  au  myrmécophyte. 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  «  L^rains  de  fucosanc  »  des  PJiéophycèes. 
Note  de  M.  li.  Ma\gexot,  présentée  par  M.  L.  Mangin, 

Les  cellules  des  Phéophycées  sont  remplies  di'  globules  réfringents  de 
tailles  diverses,  llansteen,  qui  les  considérait  comme  formés  par  un  hydrate 
de  carbone,  leur  a  donné  le  nom  de  grains  de  fucosanc.  Les  travaux  anté- 
rieurs de  Schmilz,  Berthold,  Ruckuck,  ceux,  postérieurs,  de  (>rato,  et  sur- 
tout les  récents  mémoires  de  Kylin,  monlrent  que  ces  globules  appar- 
tiennent en  réalité  à  plusieurs  formations  différentes.  Certains  d'entre  eux 
sont  constitués  par  une  substance  bien  définie  par  Cralo,  puis  par  Kylin, 
qui  en  a  indiqué  tous  les  caractères;  c'est  un  composé  à  fonction  phénoliquc, 
présentant  des  réactions  de  la  phloroglucini>  (coloration  rouge  par  une 
solution  de  vanilline  dans  HCl). 

C'est  â  ces  globules  que  l'on  réserve  maintenant  le  nom  de grai/isde  fuco- 
sanc. Leur  nature  et  leur  signification  morphologique  ont  toujours  excité 
la  curiosité  des  algologues.  Crato  les  considère  comme  des  jt/nxodes,  c'est- 
à-dire  comme  des  organites  fondamentaux  de  la  cellule,  constants  chez  tous 
les   végétaux,  doués  d'une  certaine  vitalité  et  capables  de   se  déplacer. 


(')  11.  Koiii..  /)ie  Aineisen/jjlaiizen  des  tropisc/ien  Afrika  mit  besonderen  lieriick- 
sichligiing  ihrer  biologisclien  \'erli('iltiiisse.  Miiiisler,  1909.  Voir  De  'Wildeman, 
Clerodcndron  à  tiges  /islii/ciiscs  (C .  />'.  Soc.  de  Iliologic,  l.  83,   1920,  p.  ôSa)- 


SÉANCE    DU    lO   JA>"VIER    192I.  127 

grâce  à  des  inouvoineuls  aina-boïdcs,  le  long  des  lral)t'culcs  proloplas- 
miques.  Kylin  en  fait  des  vacuoles  spécialisées  pour  conlenir  le  lucosane; 
il  admet,  après  Hansteen,  que  ces  vésicules  naistenl  aux  dépens  des  cliro- 
nialophores,  tandis  que,  pour  Le  Touzé,  les  grains  se  fornieraicnl  autour 
de  plasles  spéciaux.  Au  cours  des  recherches  que  nous  poursuivons  sur  la 
cellule  des  Algues,  nous  avons  réalisé  une  série  d'observations  précises  qui 
nous  permettent  d'envisager  les  grains  de  fucosane  d'une  autre  façon  que 
ne  l'ont  fait  les  précédents  auteurs. 

l'^n  dissocianl  avec  précaution  un  conceptable  de  Fucus  dans  une  solution  de  bleu 
de  crésyl  dans  l'eau  de  inei-,  on  colore  presque  instantanément  le  fuccsane,  dont  les 
grains  apparaissent  teints  en  Isleu  pur  (' ).  On  peut  employer  aussi,  mais  avec  moins 
de  succès,  le  bleu  de  Nil  ou  le  rouge  neutre.  Dans  les  cellules  des  poils  qui  entourent 
les  organes  reproducteurs,  les  aspects  que  l'on  observe  sont  souvent  des  plus  instructifs. 
Beaucoup  de  ces  cellules  ne  renfermejit  que  de  tout  petits  grains  fucojane,  évidem- 
ment au  début  de  leur  formation.  Ces  grains  apparaissent  en  liberté  au  milieu  des 
vacuoles,  où  ils  sont  doués  de  mouvements  rapides.  Si  l'observation  se  jirolonge,  on 
assiste  à  leur  précipitation  sur  la  paroi  protoplasmique  de  la  vacuole,  où  ils  ne  tardent 
pas  à  se  (i\er  plus  ou  moins  intimement.  On  peut  suivre  pas  à  pas  cet  intéressant 
phénomène  :  on  voit  un  ou  plusieurs  des  grains  colorés  se  rapprocher  de  la  paroi 
vacuolaire,  en  même  temps  que  l'amplitude  des  mouvements  diminue.  Bientôt  le 
granule,  souvent  plus  ou  moins  ovoïde,  se  fixe  à  la  masse  cytoplasmique  par  une  de 
ses  extrémités  et,  autour  de  ce  point  d!allache,  il  continue  à  osciller,  toujours  plus 
lentement,  jusqu'au  moment  où  il  s'arrête  tout  à  fait.  Dans  d'autres  cellules,  par 
exemple  dans  les  cellules  des  hyplies,  le  fucosane  apparaît  en  beaucoup  plus  gros 
grains,  presque  toujours  adhérents  aux  trabécules  piotoplasmiques  ;  on  en  observe 
cependant  parfois  d'isolés  au  milieu  de  la  vacuole  où  ils  sont  animés  de  mouvements 
de  rotation  assez  lents.  Mais  cet  aspect  est  exceptionnel,  les  gros  grains  de  fucosane 
sont  très  généralement  fixés.  Il  semble  que  l'on  puisse  interpréter  ces  faits  en  consi- 
dérant les  grains  de  fucosane  comme  des  précipités  intra-vacuolaires  d'un  composé 
pliénolique;  ces  grains  grossissent;  et  lorsqu'ils  ont  atteint  une  certaine  taille,  ou 
lorsque  la  cellule  est  troublée  dans  son  fonctionnement  (lorsqu'elle  est  manipulée  par 
exemple),  ils  se]  déposent  sur  la  paroi  de  la  vacuole  et  s'y  fixent.  Notons  en  outre  que 
ces  grains  paraissent  avoir  une  consistance  plutôt  visqueuse  que  solide,  comme  eu 
témoignent  les  expansions  et  les  déformations  qu'ils  présentent  lorsque,  fixés  dans  le 
cytoplasme,  ils  sont  soumis  à  des  tractions  ou  à  des  compressions;  ce  sont  sûrement 
ces  aspects  qui  ont  trompé  Cralo  en  lui  donnant  l'impression  de  mouvements 
ama>boïdes;  et,  comme  la  plasmolyse  ccuitiacte  et  ratatine  les  grains  de  fucosane,  or, 
peut  penser  qu'ils  sont  formés  d'une  substance  fortement  hydralée. 

(')  Nous  nous  sommes  toujours  assuré,  an  moyen  i\<-  la  réaction  de  la  vanilline 
chlorhydrique,  qu'il  s'agissait  bien  des  grains  de  fucosane  et  non  de  globules  d  une 
autre  nature. 


128  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Dans  nos  coloralions  par  le  bleu  de  crésyl,  nous  avons  souvent  réussi  à 
teindre  en  violet  le  suc  des  jeunes  vacuoles.  Celles-ci,  dont  la  forme  est 
grossièrement  polyédrique,  souvent  très  allongée  et  parfois  même  filamen- 
teuse, renferment  par  conséquent  un  composé  liquide.  Nos  essais  pour 
reconnaître  la  nature  de  cette  substance  sont  restés  vains.  Ce  ne  peut  être 
de  la  mélacbromatine,  car  celte  substance,  définie  par  plusieurs  réactions 
microcliimiques  précises,  n'existe  pas  chez  les  Fucacées.  A.  Meyer  n'a  pu 
l'y  déceler  et,  dans  toutes  nos  tentatives,  nous  n'avons  pas  été  plus  heureux 
que  lui. 

La  teinte  violette,  métachromatlque  par  conséquent,  du  suc  vacuolaire, 
n'indique  pas,  en  coloration  vitale,  la  présence  de  métachromatinc;  c'est 
seulement  l'indice,  semblc-t-il,  d'une  réaction  alcaline  de  ce  suc.  Peut-être 
s'aglt-il  d'un  composé  phénolique  liquide,  lequel,  en  se  précipitant  pro- 
gressivement, produit  les  grains  de  fucosane.  Car  il  paraît  certain  que  la 
substance  du  fucosane  est  parfois  à  l'état  liquide.  Sur  coupes  fixées  et 
colorées  par  la  méthode  de  Ucgaud,  où  l'on  distingue  parfaitement  le  fuco- 
sane, grâce  à  la  teinte  jaune  brunàlre  que  lui  conlère  le  bichromate  de  K, 
on  voit  celui-ci,  dans  certains  groupes  de  cellules,  sous  forme  de  plages 
d'aspect  homogène  ou  très  finement  granuleux,  ce  qui  indique  une  substance 
fluide.  iNIais,  dans  presque  tous  les  tissus,  il  esta  l'état  granuleux. 

Il  est  dillicile  chez  les  Fucacées  (  l'iictts,  Pclvetia  ou  Ascophylluni),  de 
reconnaître,  sur  des  coupes  minces,  les  rapports  des  grains  de  fucosane 
avec  le  protoplasme,  car  celui-ci,  formé  de  mailles  très  fines,  est  peu  appa- 
rent. Par  contre  dans  les  cellules  axiles  des  méristèmes  de  Cladostephus  (C. 
spongiosasY^nv  exemple),  le  cytoplasme  est  très  abondant  et  creusé  seule- 
ment de  vacuoles  assez  petites;  la  plupart  de  celles-ci  sonl  occupées  par  un 
grain  de  fucosane,  parfaitement,  isolé  en  leur  milieu.  Si,  comme  nous 
l'avons  fait,  on  compare  de  telles  préparations  avec  des  coupes,  obtenues 
aussi  par  la  méthode  de  RegaucJ,  d'organes  de  plantes  vasculaires  riches 
ou  composés  phénoliques,  l'analogie  est  frappante  :  dans  un  cas  comme 
dans  l'autre,  on  ^oit  les  \acuolcs  occupées  par  des  précipités  granuleux  de 
teinte  jaune. 

Nous  en  arrivons  donc  à  rapprocher  les  grains  de  fucosane  des  préci- 
pités vacuolaires  des  autres  \égétaux.  Certains  de  ceux-ci,  condensés  en 
granules  au  sein  de  la  vacuole,  dans  les  conditions  normales,  les  cyano- 
plastes  par  exemple,  sont  particulièrement  comparaliles  à  nos  globules  de 
fucosane.  L'analogie  entre  ces  globules  et  les  autres  précipités  connus  de 
substances   lannoïdiques   n'est  pas  aussi   remarquable,   car,   dans  les  cas 


SÉANCE    DU    lO   JANVIl-R    1921.  1 29 

auxquels  nous  faisons  allusion,  le  précipité  granuleux  n'existe  qu'en  faible 
quantité  ii  l'état  normal,  mais  les  diverses  manipulations  requises  pour 
l'examen  vital  l'augmentent  considérai)!ement.  11  ne  faut  d'ailleurs  tirer  de 
ces  faits  que  la  notion  d'une  inégale  stabilité  des  différents  colloïdes  vacuo- 
laires  :  très  instables  dans  les  vacuoles  à  fucosane,  ils  le  sont  moins  dans 
les  vacuoles  tannokliques.  Et  nos  observations  semblent  donc  bien  démon- 
trer que  les  grains  de  fucosane  ne  sont  pas  des  formations  spéciales  aux 
Pbéophycées;  ce  ne  sont  ni  des  organites  vivants,  coiimie  le  voulait  Crato, 
ni  des  vacuoles  spécialisées,  comme  l'admet  Kylin.  Ce  sont  simplement,  au 
moins  quant  à  leur  mode  d'apparilion,  des  formations  très  communes  cbez 
les  végétaux  verts. 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  le  rôle  respcclif  des  trois  bases  :  potasse^  chaitx^ 
magnésie,  dans  les  plantes  cultivées.  Note  de  M.  II.  Lagatc,  présentée  par 
M.  L.  Lindet. 

Le  développement  récent  de  l'emploi  et  du  commerce  des  engrais 
magnésiens,  particulièrement  sous  forme  de  dolomie  calcinée,  est  un  fait 
qui  mérite  l'examen  des  agronomes.  Les  travaux  de  Lœw  et  un  assez  grand 
nombre  d'cssais-culturaux  montrent  que  l'addition  au  sol  de  magnésie  et  de 
chaux  peut,  dans  certains  cas,  être  plus  avantageuse,  que  l'addition  de  chaux 
seule.  Il  nous  a  paru  intéressant  d'examiner  pour  quelles  plantes  l'analyse 
des  récoltes  suggère  plus  spécialement  cette  pratique. 

Parmi  les  substances  minérales  qu'absorbe  le  végétal,  considérons  la 
potasse,  la  chaux  et  la  magnésie.  On  sait  que  d'autres  bases  interviennent 
pour  la  constitution  et  le  fonctionnement  des  végétaux;  mais,  dans  les 
plantes  terrestres,  ces  trois  bases  ont  une  importance  particulière,  qui  jus- 
tifie leur  dosage  habituel  dans  la  plupart  des  études  sur  l'alimentation  des 
végétaux.  Admettons  que  chacune  de  ces  bases  remplit  un  rôle  spécifique; 
en  d'autres  termes,  qu'elles  ne  peuvent  se  remplacer  l'une  l'autre. 

Nous    pouvons    adopter    comme    commune    mesure    l'équivalent    uni- 

,       .          KM)    Ca()    Ms;()      ,,-,•,  •    •    1     1  -,  1     1 

basique  ,  — — >  — ^^ — >  c  est-a-dire  la  quantité  de  l^ase  susceptible  de  neu- 
traliser un  équivalent  d'acide,  par  exemple  36,  5  d'acide  chlorhydrique. 

On  connaît  d'autre  part  les  exigences  des  récoltes  relativement  à  ces  trois 
bases;  empruntons-les,  par  exemple,  à  un  Ouvrage  classique  :  Les  Engrais, 
par  iVliinlzet  A.-Ch.  Girard.  Les  chiffres  de  potasse,  de  chaux  et  de  magnésie 
inscrits  dans  cette  statistique  analytique  peuvent  servir  au  calcul,  et  l'on 


l3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peul  se  poser  le  problème  suivant  :  5///-  loo  èquùmlerils  basiqurs  (itli-ibuables 
à  r ensemble  des  trois  bases  potasse,  chaux  et  magnésie,  combien  en  rei'ie/it-ii  à 
chacune  d'entre  elles  dans  les  dii'erses  récolles  ? 

On  obtient  ainsi  un  tableau  dont  voici  quelques  lignes.  : 

Potasse.  Cliaux.  Masni'sic. 

Blé /,3,4  28,3  28,3 

.Maïs 491  '  23,9  27,0 

Belterave  siicriére -'i^-'  24,0  34,8 

Luzerin- 21,2  67.4  i',4 

Les  diverses  récoltes  présentent  une  répartition  très  diverse  des  100  équi- 
valents basi(jucs  attribuables  à  ces  trois  bases.  Pour  mieux  se  rendre  compte 
de  cette  diversité  et  pour  permettre  les  comparaisons,  il  est  commode  de 
substituer  au  tableau  numérique  un  graphique  où  le  résultat  fourni  par 
chaque  récolte  est  figuré  par  un  point.  On  peut  à  volonté  utiliser  la  repré- 
sentation graphi([uc  sur  la  surface  d'un  triangle  équilatéral  ou  sur  la  surface 
d'un  triangle  rectangle  isoscèie.  Si  nous  adoptons  ce  dernier  mode  de  repré- 
sentation, nous  avons  la  répartition  indiquée  par  la  figure  ci-contre. 

L'e.\amen  de  ce  graphique  suggère  d'intéressantes  remarques  aux  points 
de  vue  physiologique  et  agricole  :  nous  aurons  l'occasion  de  les  développer 
dans  un  autre  Recueil.  Pour  l'emploi  rationnel  des  engrais  magnésiens,  il 
convient  de  porter  son  attention  sur  la  médiane  partant  du  sommet  de 
l'angle  droit  :  elle  correspond  au  rapport 

nombre  d'équivalents  de  chaux 

I  >  =  i rn — ^^^ — i ; r^  =  '  • 

nonibie  a  équivalents  de  magne>iu 

On  sait  que  ce  rapport  a  fait  l'objet  d'importantes  éludes  expérimentales 
de  Lœw  et  de  ses  disciples.  La  statistique  analytique  présentée  par  notre 
graphique  montre  que,  parmi  les  plantes  cultivées,  la  bellerave  sucrière 
surtout  et.  à  un  moindre  degré,  la  betterave  fourragère,  le  maïs  et  la  pomme 
de  terre  correspondent  à  un  rapport  R  <  i;  en  d'autres  termes,  ces  plantes 
demandent  à  la  magnésie  plus  d'action  chimique  qu'à  la  chaux.  Le  blé  en 
demande  exactement  autant  à  chacune  des  deux  bases;  l'avoine,  le  seigle, 
l'orge,  le  sarrasin  à  peu  près  autant.  Ces  constatations  analytiques 
expliquent  les  résultats  expérimentaux  obtenus  récemment  avec  la  dolomie 
calcinée,  plus  particulièrement  sur  les  plantes  citées  plus  haut.  Par  contre, 
il  ne  parait  pas  justifié  d'attendre,  pour  toutes  les  plantes  cultivées,  des 
résultats  du  même  ordre. 


SÉANCE  DU  lO  JAXVIER  1921,  l3l 

Les  lignes  (médianes,  parallèles  au\  cnlés)  tracées  dans  le  triangle  déliniitenl  des 
aires  particiilièrenient  intéressantes  : 

1°   Petits  triangles  rectansles  avant  un  sommet  commun  avec  le  grand  triangle  :  si 


30  40  50 

ÉQUI  VA  LE  NTS 


60 
DE 


70  80 

CHAUX 


le  point  représL'iilatif  >'\'  trouve  situé,  l'une  des  bases  représente   une  alcalinité  supé- 
rieure à  la  somme  des  alcalinités  des  deux  autres. 

2°  Quadrilatères  ayant  pour  sommets  le  centre  de  figure  et  uu  sommet  du  grand 
triangle  :  si  le  point  représentatif  s'\  troiive  situé,  l'une  des  bases  représente  une  alca- 
linité supérieure  à  l'alcalinité  de  chacune  des  deux  autres  considérée  séparément. 


l32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMEXTALE.  —  Sur  un  ensemble  de  phénomènes  de  l'ordre 
erpêritnental  et  clinique  permettant  d' étudier  l'état  fonctionnel  de  V  appareil 
vestibulaire  dans  ses  rapports  avec  l'équilibration  organique.  (600  observa- 
tions peisonnelles.)  Document  retiré,  en  la  Séance  du  29  novembre  1920, 
du  pli  cacheté  n*'  8444  déposé  le  i5  octobre  1917  par  M.  Etiexxe 
Lombard. 

L'ensemble  de  ces  phénomènes  repose  sur  les  deux  observations  sui- 
vantes : 

Première  observation.  —  La  fixation  d'un  objet  placé  latéralement,  à 
courte  distance  et  à  45°  par  rapport  au  plan  sagittal  de  la  tèle,  pourvu  que 
l'objet  utilisé  comme  point  de  fixation  soit  et  reste  mobile  avec  la  tète 
(dispositif  du  bandeau  de  l'otocalorimctre).  s'accompaone,  au  bout  de  peu 
de  temps,  pour  un  angle  de  45",  plus  rapidement  si  l'angle  augmente,  d'une 
rotation  lente  de  la  tète  du  même  côté  que  l'objet  utilisé  comme  point  de 
fixation.  Si,  à  ce  moment,  on  commande  au  sujet  de  «  fermer  les  yeux  », 
et  si  on  lui  fait  exécuter  l'épreuve  du  bras  tendu  à  la  hauteur  de  l'épaule, 
par  mouvements  rapides  et  de  pronalion  et  de  supination  de  lavant-bras  et 
de  la  main,  épreuve  portant  sur  le  bras  contre-latéral,  on  observe  une  dévia- 
tion de  ce  bras  du  côté  opposé  à  la  fixation,  plus  marquée  pendant  les 
mouvements  rapides  de  pronation  et  de  supination  et  pendant  l'arrêt  de  la 
main  en  supination. 

Cette  observation  est  d'autant  plus  facile  à  mettre  en  évidence  que  les 
vestibules  (appareil  vestibulaire)  sont  plus  hypeiexcitables  ou  que  leur 
excitabilité  est  momentanément  augmentée. 

Deuxième  observation.  —  Pendant  l'épreuve  calorimétrique  portant  sur 
le  canal  horizontal  d'un  côté,  dans  la  position  verticale  du  canal,  ou  voisine 
de  la  verticale,  en  arrêtant  le  courant  d'eau  refroidissant  (à  27°,  3oo""'  et 
3  minutes)  dès  l'apparition  de  la  première  ou  des  premières  secousses 
nystagmiques,  et  sans  fixation  convergente  latérale,  mais  par  examen 
monoculaire  (l'autre  œil  étant  masqué),  on  observe,  les  paupières  étant 
fermées  et  maintenues  fermées  pendant  un  moment  par  une  pression 
légère  de  la  pulpe  des  pouces  de  Vohser\i\lcuv  prenant  point  d'appui  sur  la 
racine  du  nez  :  i"  une  augmentation  ou  une  exagération  de  l'amplitude  des 
secousses  nystagmiques  pendant  la  pression  légère  des  pouces  sur  les  globes 
oculaires;  2"  une  inclinaison  et  une  rotation  de  la  tète  du  côté  du  vestibule 
en  expérience;  3"  si  l'on  exécute  l'épreuve  des  deux  bras  tendus  à  la  hauteur 
des  épaules,  la  rotation  des  bras  vers  le  côté  du  vestibule  en  expérience, 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I921.  I.S3 

rolalion  plus  apparente  sur  le  membre  liomolatéral  et  dans  rallitudc  de  la 
supination,  après  une  série  de  mouvements  de  pronation  et  de  supination, 
au  moment  de  l'arrêt  en  supination;  4"  si  l'expérience  est  prolongée,  on 
observe  en  même  temps  cbez  certains  sujets  des  oscillations  du  tronc  (le 
sujet  est  assis  sur  un  tabouret)  avec  menace  de  rupture  d'équililjre.  L'en- 
semble de  ces  quatre  pbénomènes  est  connu  et  a  été  observé.  Mais  les 
pdiiiciildrilés  de  cette  deuxième  observation  sont  les  suivantes  : 

Première  phase.  —  Si  pendant  la  pliase  nyslagniique  (yeux  fermés),  rolalion  el 
inclinaison  de  la  lêle,  rolalion  des  membres  supéiieiirsel  oscillations  du  tronc,  avec  mani- 
feslations  objectives  de  déséquilibre  imminent,  on  fail  brusquement  ouvrir  les  yeux  et 
n\er(7(er;«i<(?«//o/i(commedansrobser\  ation  première)  un  objet  placé  latéralement  (45°) 
à  courte  dislance,  solidaire  des  mouvements  de  la  lête  et  dans  un  sens  opposé  à  celui 
du  vestibule  examiné,  on  note  la  suppression  très  rapide  des  oscillations  du  tronc  avec 
menace  de  rupture  d'équilibre  :  dans  un  certain  nombre  d'observations,  le  sujet  indique 
la  disparition  parallèle  et  presque  immédiate  de  la  sensation  d'entraînement  et  d<' 
cluite,  cette  sensation  étant  indiquée  comme  entraînant  le  sujet  vers  le  côté  du  vesli- 
bule  en  expérience  {correction  par  fixation  latérale  opposée)  ('). 

L'observation  est  alors  continuée  de  la  manière  suivante  : 

Deuxième  phase.  —  Le  nystagmus  horizontal  rythmique,  provoqué  par  l'épreuve 
calorimétrique  dure  un  certain  temps  et  va  en  s'atténuant:  la  fixation  latérale  opposée 
étant  maintenue  et  avec  attention  on  observe  le  retour  progressif  à  l'altitude  droite  de 
la  tèie  (position  de  face,  médiane,  tête  droite)  ;  la  déviation  des  membres  supérieurs 
diminue  progressivement  avec  léger  retard  sur  la  correction  à  l'inclinaison,  rotation 
de  la  tête.  On  s'assure,  en  ordonnant  ay  sujet  de  fermer  les  yeux  de  temps  en  temps  et 
commandant  l'épreuve  des  bras  tendus,  avec  mouvements  de  pronalion  et  de  supina- 
tion, (]ue  cette  déviation  vers  le  ^estibule  en  expérience  n'existe  plus.  La  tête  est  alors 
médiane  elles  bras  non  déviés  pendant  l'élévation  commandée. 

Troisième  phase.  —  Elle  succède  sans  interruption  à  la  deuxième  phase,  si  l'on 
maintient  la  fixation  latérale  et  attentive  du  côté  opposé  au  vestibule  en  expérience. 
Mais  cette  iixalion  peut  être  supprimée  et  les  constatations  qui  suivent  se  fout  aussi 
les  yeux  fermés  :  1°  une  rotation  de  la  lêle  du  côté  de  la  fixation  (côté  opposé  au 
vestibule  en  expérience);  1"  une  rotation  des  membres  supérieurs  dans  le  même  sens 
pendant  l'épreuve  des  bras  tendus. 

(;"esl  la  contre-rotation  de  la  tèle  et  des  bras  (elle  correspondrait  théoriquement  à 
un  postpostnvslagmus  des  yeux  pendant  Tépreuve  classique  de  rotation  ou  au  post- 
nyslagmus  signalé  après  le  nystagmus  observé  dans  l'épreuve  calorimétrique  bien 
connue.  Ce  n'est  encore  qu'une  hypothèse). 

Quatrième  phase.  —  Pendant  la  conlre-rotalion  de  la  tèle,  on  commande  au  sujet 
de  fermer  les  yeux;  on  tourne  (mouvement  passif)  seulement  la  tête  du  côté  du  vesti- 
bule en   expérience,  les  yeux   toujours  fermés,  et  la  tète  maintenue  dans  la  posilioii 


(')  Ainsi  l'ai-je  dénommée. 


l3/j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

corrcspoiidant  à  la  tliiecliori  du  rci:;irj  lioii/.onlal.  Le  sujet  niiiiiilieul  la  tèlr  dans 
celle^TTlTL'Diî  (rolaliori  sur  Icpaule). 

L'épreuve  du  bras  tendu  est  commandée  par  élévation  rapide  à  la  hauteur  de 
l'épaule,  alternative  ou  simullanée  et  avec  mouvements  de  supination  et  de  pronation 
de  la  mainel  de  l'avant-bras.  On  observe  avec  une  grande  rietleté,  chez  les  sujets  à 
réactions  nerveuses,  rapides  et  précises,  la  contre-rotation  des  bras,  contre-rolalion 
bien  plus  marquée  sut'  le  bras  contre-latéral  et  pendant  l'arrèl  de  la  main  en  supi- 
nation. 

Celte  deuxième  observation  est  cii  (|ueli|ue  sorte  le  complémi'nt  de  la  première,  en 
ce  sens  qu'on  fait  intervenir  le  phénomène  expérimental  provoqué  par  lépreuve  calo- 
rimétrique, les  efl'ets  tardifs  de  ce  phénomène  et  leur  mise  en  évideiu-,e  par  l'altitude 
volontairement  maintenue  de  la  tète  après  rotation  très  lente,  active  ou  mieux  passive, 
le  canal  liorizontal  étant  ramené  à  un  plan  qui  ron-espond  sensiblement  au  plan  de  ce 
canal  dans  l'attitude  du  regard  horizontal." 

L'ensemble  de  ces  phénomènes  paraît  devoir  |)ermetlre  l'étude  non  dissociée  des 
eflets  récipro(|ues,  des  influences  d'ordres  visuels  et  oculo-nioleurs,  veslibulaires,  de 
sensibilité  générale  (sens  articulaire),  influences  réciproi(ues  ou  influences  sur  les 
actions  motrices  volontaires. 

Pendant  la  quatrième  phase  de  l'observalion  II  (deuxième)  l'attitude  des  bras  et  de 
la  tète  est  une  véritable  attitude  d'équilibre  dynamique.  Aussi  ai-jc  donné  à  cette 
phase  de  l'épreuve  dans  mes  observations  le  nom  de  «  épreuve  du  balancier  ».  Cette 
épreuve  est  d'autant  plus  nette  qu'il  s'agit  de  sujets  à  réactions  nerveuses,  rapides  et 
précises.  Elle  l'est  beaucoup  moins  chez  les  hésitants  ou  les  sujets  à  réactions 
ralenties  . 


PHYSIOLOGIE.  —  Action  anlicodgidaiite  de  l (ividc  niidéuine  du  pancréas. 
Stabilité  el  caractères  du  plasma  nucléaté.  iNole  (')dc  M.  Dovov,  présentée 
par  M.  Charles  Uichet. 

I.  L'aclioa  anticoagulante  des  acides  nucléiqties  démontre  la  partici- 
pation des  noyaux  cellulaires  aux  phénomènes  de  sécrétion  et,  plus  parti- 
culièrement, l'origine  nucléaire  de  la  sécrélion  interne  (antitlirombinc) 
([ui  maintient  la  fluidité  du  sang.  Les  faits  quej'ai  découverts  ont  donc  une 
signification  générale  {-).  Je  cherche  à  réaliser  les  conditions  expérimenlales 
les  plus  démoastratives,  les  plus  exclusives  de  toute  cause  d'erreur  et  les 
p'us   faciles   à   contrô'er.  Accessoirement,  l'emploi  d'un   acide  nucléique 


(')   Séance  du  3  janvier  192 1. 

(-)  Dans  rni.Note  précédente.  Comptes  rendus,  27  dècemltre  ii)!o,  jiage  i4o2, 
ligue.îo,  au  lieu  de:  Cliaque  échantillon  est  additionné  de  (.Ss  de  sang,  il  faut  lire: 
Cliafiuo  échaiUillon  est  adilitionnc  do  -.'.o^'  de  sanir. 


SÉANCE    DU    lO    JANYIKR    1921.  l35 

appropriL-  pcnnel  de  préparer  facilcincnl  un  plasma  relalivcmcnl  stable, 
convenant  parfaitement  à  des  démonstrations  de  cours. 

11.  J'ai  indi(|né  ['acide  nucléique  de  Finteslin  comme  très  favorable  au\ 
expériences.  L'acide  du  pancréas  convient  aussi  bien,  sinon  mieux. 

E  rpérience.  —  Oa  isole  a'"?  de  pancréas  de  bœuf  des  tissus  voisins,  L'acide  est 
eaiail  en  siiivanl  la  mélliode  de  Neuiiiann. 

*■    Le  |n-odait,   très  lilaiic,  est  (Miiplové  ajjiés  avoir  élé  lavé  plusieurs  fois  à   Talrool  et 
l'éllier,  puis  séclié  dans  le  \ide. 

(  »u  dissoul  oS,io5  d'aciile  dans  ij""'  tl'une  solution  conlenanl  pour  1000  d'eau 
distillée,  4'  '11'  cliloruie  de  sodium,  à»  de  carbonate  de  soude.  L'acide  se  dissout 
niéuie  à  froid,  mais  ou  leriuinc  Fopéralion  en  chaufî'ant  pendant  fjuelqurs  instants  au 
bain-niarie.  La  solution  e^l  mltenient  acide  au  tournesol. 

On  reçoit  dans  le  liquide  ainsi  préparé  6ob  de  sang  directement  de  la  carotide  d'un 
chien.  On  agile  longuement  et  vivement,  puis  on  centrifuge  immédialemeni,  à  grande 
\iteise,  le  mélange,  sauf  quelques  centimètres  cubes  que  l'on  conserve  dans  un  tube 
à  essai  pour  l'observation  du  sang  total.  On  obtient  uneséparation  parfaite  du  plasma, 
des  globules  blancs  et  des  globuli-5  rouges;  le  plasma  est  absolument  limpide,  sans  la 
moindre  trace  d'iiémolyse. 

On  prépaie  dans  des  petits  tubes  les  écliantillons  suivants  :  i  et  2,  conlenanl  4'^'"'  de 
plasma  el  1  j  ou  aogouUei  de  sérum  de  sang  de  chien  ;  3  et  4,  contenant  4""' de  plasma 
l'I  1')  ou  20  gouttes  d'une  solution  à  10  pour  100  de  chlorure  de  calcium;  5  et  6,  conle- 
11, ml  du  plasma,  du  sérum  et  du  chlorure  de  calcium  dans  les  proportions  indiquées  ; 
7,  du  plasma  seul. 

Li'i  écliantillons  5  et  6  conlenanl  plasma,  sérum  et  chlorun^  de  calcium  ont  pris  en 
masse  en  moins  de  10  heures.  Sepl  jours  plus  tard  l'échantillon  7  coagule  mais  incom- 
plélrmenl;  les  échantillons  i,  2,  Set  '\  sont  toujours  liquides,  mais  présentent  de 
pulils  llucons  de  fibrine  qui  se  sont  constitués  peu  à  peu.  J'ai  chaulTé  au  hain-marie 
d.i  plasma  nucléalé  peu  api'ès  sa  séparation  des  globules;  le  fibrinogéue  a  coagulé 
e.itre  .")6"  et  ôS". 

L'échantillon  de  sang  total  a  donné  les  résultais  suivants  :  Huit  heures  après  la 
s  lignée  le  plasma  est  naturellement  séparé  des  globules;  les  hématies  sont  intactes, 
disposées  en  piles;  on  constate  des  amas  de  globules  blancs;  pas  de  fibrine.  Cinq  jours 
pl'js  tard  les  hématies  sont  crénelés  et  ont  une  tendance  à  se  mettre' en  amas;  un  peu 
tie  fibrine  se  forme. 

Du  plasma  provenant  d'une  autre  expérience  faite  exaetenieul  dans  les  mêmes  con- 
ditions présentait  après  huit  jours  des  llocons  peu  importants  de  fibrine.  L'addition 
à  >""'  de  ce  plasma  de  10  gouttes  de  sérum  el  de  10  gouttes  d'une  solution  de  chlorure 
de  calcium  à  10  pour  100  provoqua  en  quelques  heures  la  prise  en  masse;  l'échan- 
tillon témoin  était  toujours  liquide  à  ce  moment. 

Le  ihvmol  ne  s'oppose  pas  à  l'action  coagulante  du  mélange  sérum  el  chlorure  de 
calcium. 

L'acide  nucléique  n'empêche  pas   la  puliulation  microbienne  dans  le  plasma  ('). 

(')  Méthode  de  Neumann  :  consulter  Arch.  f.  Anat.  11.  P/ns.,  suppl.  B.  18S9, 
p.  .')52,  el  A.  MoREL,  Précis  de  ledinique  chimique,  p.  637. 


l36  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

TOXICOLOGIE.  —  Sur  la  Inxirilé  des  carho/ialrs  cl  cJilorooirhniKiles  de  inélJiylc 
chlorés.  Note  (  '  )  de  MM.  Axdijè  Mayer,  H.  Magne  et  L.  Pi.axtefoi., 
pi'éscntée  par  M.  Henneguy. 

Certains  carbonates  et  clilorocarbonatesde  nnkh\le  clilorés,  entre  autres 
propriétés  ph\siologiques,  en  présentent  une  qui  leur  confère  une  redou- 
table toxicité  :  lorsqu'ils  sonl  inhalés  sous  forme  de  vapeurs,  ils  déterminent 
chez  les  Mammifères  des  lésions  de  l'appareil  pulmonaire  se  traduisant  par 
l'apparition  d'un  o'dème  aigu,  qui  peut  être  assez  intense  pour  amener  très 
rapidement  la  mort  du  sujet. 

Il  était  intéressani  de  rechercher  comment  celle  |>ro[)riété  varie  lorsque 
varie  la  constitution  de  la  molécule.  Nous  avons  pu  le  faire  grâce  aux 
travaux  de  MM.  Grignard.  Rivât  et  E.  Urbain  d'une  pari,  André  Kling, 
D.  Florentin  et  E.  .lacob  d'autri'  part  (-)quioiit  préparé  la  série  des  carbc- 
nales  et  chlorocar])onales  de  mélh\Ie  chlorés  et  nous  en  ont  confié  des 
échantillons.  Les  différents  corps  essayés  figurent  dans  ce  Tableau  : 

ict         2  a  3  Cl.         kQ  5a  ta 


r3=C0 


\  •X)chh\]      ^och^.       ^.CHa^ 


\o'0«^:........<o^''^«'£-_CO'«-^"^'.l.-CO-°-"" 

-a  XI  *ci  'Cl. 

Les  essais  ont  été  faits  sur  des  lapins,  des  coba\es,  et,  en  outre,  pour 
certains  corps,  sur  des  chiens,  trois  sujets  au  moins  de  ciiaque  es[)èce  étant 
utilisés  au  cours  de  chaque  expérience.  Ees  animaux  respiraient  pendant 
i5  minutes  un  mélange  titré  d'air  et  de  vapeur  toxique,  puis  étaient  al)an- 
donnés  à  eux-mêmes. 

Nous  allons  rapidement  résumer  nos  résultats.  Les  grapliiques,  qui 
portent  en  ordonnées  les  doses  mortelles,  ex|iriment  quelques-unes  de  nos 
expériences,  celles  qui  ont  été  faites  en_  utilisant  les  corps  préparés  par 
MM.  Grignard,  Rivât  et  Urbain. 

(')  Séance  du  3  janvier  1921. 

(-)  André  Klimi,  D.  Fi.orknïin  ei  I!.  Jacob,  Comptes  rendus,  l.  IG!(,  1919,  p-  loîd 
et  1 166;  t.  170,  uj-îo,  p.  1 1  I  et  aS^.  —  Gni(;NARi>,  Hivat  el  \'a).  l  rbaix.  Comptes  rendus, 
t:  169,  1919,  p.  1143. 


SÉAXCE    DU    II)    JANVIER    l.)2  1.  187 

1.  Toxicité  des  carbonates  de  méthyle  chlorés.  —  l.  Influence  de  la  position 
des  atomes  d'halogènes.  —  En  laissant  invariable  une  des  chainos  du  carbo- 
nate de  iiiélliyle  et  en  chlorant  progressivement  l'autre  on  constate  que  : 

A.  Si  la  chaîne  intacte  ne  contient  pas  de  chlore,  on  augmeiite  la  toxicité 
en  chlorant  l'autre  chaîne  et  beaucoup  en  la  chlorant  une  fois;  l'addition 
d'un  nouvel  atome  de  chlore  augmente  encore  la  toxicité,  mais  moins  que  ne 
l'avait  fait  l'addition  du  premier  atome  de  chlore  et  l'addition  d'un  troi- 
sième moins  que  ne  l'avait  fait  l'addition  du  second.  Ceci  se  traduit  sur 
les  courbes  par  le  fait  que  la  pente  diminue  progressivement  sans  changer 
de  sens. 

B.  Si  la  chaîne  intacte  contient  i'"  de  chlore,  on  augmente  beaucoup  la 
toxicité  en  fixant  sur  l'autre  chaîne  2"  de  chlore;  l'addition  d'un  troisième 
atome  de  chlore  ne  semble  pas  augmenter  la  toxicité  lorsque  les  essais  sont 
faits  sur  le  lapin,  mais  elle  l'augmente  encore  lorsqu'ils  sont  faits  sur  le 
cobaye. 

.  C.  Si  la  chaîne  intacte  contient  2"*'  de  chlore,  l'addition  de  i-'"  de  chloreà 
l'autre  chaîne  n'augmente  pas  la  toxicité  lorsqu'on  expérimente  sur  le  lapin, 
la  diminue  même  quand  on  fait  les  essais  sur  le  cobaye. 

D.  Si  la  chaîne  intacte  contient  3"'  de  chlore,  on  diminue  le  pouvoir 
toxique  pour  le  lapin  et  pour  le  cobaye  en  chlorant  une  fois  l'autre  chaîne; 
on  Taugmenle  pour  tous  deux  en  fixant  2"'  de  chlore  sur  l'autre  chaîne. 

2.  Influence  du  nombre  d'atomes  d'halogènes.  —  Si  l'on  examine  quel 
pouvoir  toxique  confère  à  la  molécule  l'addition  successive  de  6^'  de  chlore, 
on  voit  qu'on  augmente  ce  pouvoir  jusqu'à  roblenlion  d'un  produit  trichloré. 

L'addition  d'un  nouvel  atome  de  chlore  diminue  la  toxicité  si  le  produit 
trichloré  précédemment  foru)é  ne  contenait  de  chlore  que  dans  une  seule 
chaîne;  elle  ne  la  change  pas  si  le  produit  précédent  contenait  :>*'  de  chlore 
dans  une  seule  chaîne,  i*'  de  chlore  dans  l'autre.  La  fixation  de  2"' de  chlore 
augmente  très  notablement  la  toxicité;  la  répartition  symétrique  ou  la 
moins  dissymétrique  des  atomes  de  chlore  diminue  le  pouvoir  toxique. 

IL    TOXICM'É    DES    CHLOROCARBONATES    DE    MÉTHYLE    CHLORES.     —     Le   chlorOCar- 

bonate  de  méthyle  devient  de  plus  en  plus  toxique  lorsqu'on  chlore 
progressivement  la  molécule  jusqu'à  l'obtention  du  produit  trichloré. 
L'augmentation  du  pouvoir  toxique  est  de  moins  en  moins  grande  quand 
on  passe  d'un  terme  à  l'autre  jusqu'à  devenir  nulle  dans  le  cas  du  lapin  ou 
très  faible  dans  le  cas  du  cobaye,  ce  qui  se  traduit  sur  les  courbes  par  une 
pente  de  moins  en  moins  accentuée. 

IIL  Comparaison  entre  les  <;arbonates  et  les  chlorocarbonatks  de  méthyle 
CHLORÉS.  —  Celle  comparaison  ressort  de  l'examen  du  graphique  2. 

CM,,  içfii.i"  Semestre.   (T.   172,  N- 2.)  <0 


i38 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


1°  Le  premier  fait  frappant  est  qu'à  nombre  d'atomes  de  chlore  éj^al  les 
chlorocarbonates  sont  plus  actifs  que  les  carbonates. 

1°  Dans  les  trois  séries,  le  nombre  d'atomes  de  chlore  influe  sur  le 
pouvoir  toxique  quelle  que  soit  la  position  que  ces  atomes  de  chlore 
occupent  dans  la  molécule  de  carbonate  de  mélhyle. 

Toxicité  des  carbonates  et  chlorocarbonates  de  méthyle  chlorés  (Lapin). 
I.  Les  concentrations  minima   mortelles  sont  II.  Les  concentrations  mi"ima  mortelles  sont 

exprimées  en  grammes.  exprimées  en  molécules-grammes. 

o«    la    g|a   ia  ufx   sa   bo.    ,      ,     oa   ict  £a  iu.  hu  set  fia 


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a.  Le  pouvoir  toxique  s'accroît  proj^ressivement,  mais  de  moins  en 
moins,  jusqu'à  ce  que  3"'  de  chlore  aient  été  fixés. 

h.  Il  reste  ensuite  sensiblement  stationnaire  ou  diminue  par  l'addition 
d'un  nouvel  atome  de  chlore. 

c.  Dans  la  série  des  carbonates,  l'additijn  de  deux  nouveaux  atomes  de 
chlore  augmente  considérablement  le  pouvoir  toxique. 

Les  corps  les  plus  toxiques  —  qu'on  exprime  les  pouvoirs  toxiques  en 
grammes  ou  en  fractions  de  molécules-grammes  —  sont  donc  ceux  dans 
lesquels  les  deux  chaînes  sont  saturées  par  du  chlore  :  chlorocarbonate  de 
méthyle  trichloré;  carbonate  de  méthyle  hexachloré,  ce  second  corps  étant 
plus  toxique  que  le  premier. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I921.  iSg 

Viennent  ensuite  ceuv  dont  une  sen'e  chaîne  est  saturée  de  clilorc,  mais 
dans  ce  cas,  à  poids  égal,  les  chlorocarlionates  sont  plus  toxiques  que  les 
carbonates. 


ZOOLOiîlK.  —  Sur  1(1  présence  d'un  Batracien  Urodéle  en  Afrùjue 
inlcrlropicalc.  Noie  de  M.  I'aul  Chabanauo,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

Au  cours  du  voyage  que  j'ai  entrepris  en  Afrique  occidentale  (fin  sep- 
tembre 1919  à  juin  1920),  j'ai  découvert  une  larve  d'Urodèle  dans  la  région 
forestière  du  sud  de  la  Guinée  française  où  ces  animaux  étaient  réputés 
faire  défaut.  La  capture  a  été  faite  par  moi-même,  en  péchant  au  troubleau, 
après  le  coucher  du  Soleil,  dans  le  marigot  de  Diéké,  village  situé  par  'j'^ii' 
de  latitude  Nord  et  11°  18'  de  longitude  Ouest  de  Paris,  sur  le  versant 
océanique,  à  quelques  heures  de  marche  du  Mani,  qui  forme  en  cet  endroit 
la  frontière  guinéo-libérienne,  et  dont  le  marigot  de  Diéké  est  un  affluent. 
L'altitude  est  voisine  de  Soo".  La  date  de  capture  se  place  entre  le  1  5  et  le 
20  mars  1920. 

J'avais  primilivement  rapporté  celte  larve  au  /"r/io/i  Po//e<J  Gervais  ('),  nprès  com- 
paraison avec  des  larves  un  peu  plus  âgées  de  celte  espèce  qui  figurent  dans  la  collec- 
tion du  Muséum,  et  dont  elle  ne  m'avait  semblé  différer  par  aucun  caractère  essen- 
tiel :  analogie  du  faciès,  de  la  coloration  et  des  caractères  buccaux;  identité  du 
nombre  des  myomères.  La  conformation  toute  particulière  des  membres  antérieurs 
m'inspire  les  plus  grands  doutes  sur  la  légitimité  de  cette  détermination.  Ces  membres 
sont  atrophiés  à  leur  extrémité  qui  s'arrondit,  aux  poignets,  en  un  moignon  aplati, 
spaluliforme,  dont  la  transparence  ne  laisse  apercevoir  aucune  trace  de  processus 
squelellique.  Ils  sont,  en  outre,  dirigés  obliquement  en  haut  et  en  rrrière  et  appli- 
qués contre  les  flancs,  dans  une  position  qui  les  condamne  à  une  immobilité  à  peu 
près  complète.  Par  contre,  les  membres  postérieurs  sont  normalement  développés  ;  le 
gauche  a  été  mutilé,  mais  le  droit  est  intact  et  pourvu  d'orteils  allongés  et  palmés. 

La  présence  de  Triton  Poireti  Gerv.  en  un  lieu  aussi  éloigné  du  Maroc,  son  pays 
d'origine,  et  doué  d'un  climat  aussi  différent,  ne  s'expliquerait  que  bien  difficilement, 
même  en  faisant  appel  à  l'interprétation  commode  du  transport  accidentel  des  œufs 
par  les  Oiseaux.  L'hiatus  qui  sépare  l'Atlas  du  Fouta-Djallon,  tête  nord  de  la  chaîne 
des  montagnes  de  Guinée,  et  la  faible  altitude  de  Diéké  ne  permettent  guère  d'invo- 
quer l'influence  de  ce  facteur  altitude,  qui  explique  par  ailleurs  la  dissémination  vers 
le  Sud  des  Urodèles  asiatiques  et  surtout  américains. 

(')  Bulletin  du  Comité  d'Études  historiques  et  scientifiques  de  l'Afrique  Occi- 
dentale Française,    1920,  p.  490  et  49' • 


l4o  •  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D'autre  part,  la  coiiformalion  paradoxale  des  membres  antérieurs,  dont  le  déve- 
loppement normal  précède  celui  des  postérieurs,  doit-elle  être  rangée  au  nombre  des 
caractères  constants  d'une  forme  encore  inédile,  ou  bien  n'est-elle  qu'un  simple  acci- 
dent tératologique  ?  Autant  de  problèmes  qui  se  posent,  auxquels  la  ca])ture  d'autres 
individus  et  surtout  'de  l'adulte  pourra  seule  apporter  la  solution. 

Des  quatre  espèces  qui  représentent  les  Urodèles  en  Afrique  et  qui  toutes  sont 
confinées  au  nord  de  l'Atlas,  trois  sont  spéciales  à  cette  faune  {Triton  Poireli  Gerw, 
7 riton  J/agenmulleri  hat..  Triton  HV//</a  Micliah.)  et  la  quatrième,  Salaniundra 
maculosa  Laur.,  se  rétrouve  largemenl  distribuée  en  Europe. 

Il  me  paraît  utile  de  signaler,  en  terminant,  les  aftirmalions  répétées 
suivant  lesquelles  la  présenee  de  «  lézards  »  aurait  été  constatée  à  l'ifité- 
rieur  des  puits  creusés  dans  la  ville  de  Kankan;  assertion  que  j'ai  le  regret 
de  n'avoir  pu  vérifier.  Rien  ne  s'oppose,  en  vérité,  à  ce  que  certains  Gecko- 
nidcs  (Hemidaclylus  Brooki  Gray,  ou  autres)  très  communs  en  Afrique  occi- 
dentale et  amis  de  l'obscurité,  aient  élu  domicile  dans  les  interstices  du 
revêtement  en  pierres  sèches  qui  tapisse  la  paroi  interne  de  ces  puits;  mais 
ne  peut-on  supposer,  après  la  découverte  du  Triton  de  Diéké,  que  ces  pré- 
tendus «   lézards  »  ne  seraient  autres  que  des  Batraciens  Urodèles? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  présence  d'un  représentant  de  cet  ordre  en  Afrique 
tropicale  est  un  fait  définitivement  acquis  à  la  science;  c'est  un  nouvel 
indice  de  l'importance  des  richesses  qu'il  nous  reste  encore  à  découvrir 
dans  cette  partie  du  globe  oi'i  s'étend  l'un  des  plus  vastes  territoires  de 
notre  empire  colonial. 


A  16  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


La  séance  est  levée  à  18  heures. 

É.  P. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    17  ,I\NVIi:i;    1021. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geohoes  LE.MOIXR. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


GÉOMÉTRIE   INFINITÉSIMALE.    —   Sur  les  couples  (le  deux  congruences  O, 
polaires    réciproques    par    rapport    à    un    complexe    linéaire.    Note    de 

M.   C.   GuiCHARD. 

J'appelle  congruence  O,  la  congruence  formée  par  les  tangentes  à  la  pre- 
mière série  des  lignes  de  courbure  d'une  surface. 

Je  prends  comme  troisième  axe  de  coordonnées  l'axe  du  complexe;  je 
suppose  cet  axe  vertical. 

Soient  alors  B  et  C  deux  surfaces  dont  les  premières  tangentes  princi- 
pales possèdent  la  propriété  indiquée;  B,  et  C,  les  seconds  foyers  des  con- 
gruences  O,  correspondantes.  On  sait  que  B,  et  C  d'une  part,  B  et  C, 
d'autre  part,  décrivent  des  surfaces  polaires  réciproques  par  rapport  au 
complexe. 

Soient  alors  a,  A,c,  f/  les  projections  horizontales  des  points  B,,  B,  C,  C,  ; 
6  et  c  décrivent  des  réseaux  2()  ;  d'après  la  théorie  générale  des  congruences 
qui  sont  conjuguées  par  rapport  à  un  complexe  linéaire,  les  réseaux  a  et  c 
se  correspondent  par  orthogonalité  des  éléments;  donc  a  décrit  un 
réseau  2O;  il  en  est  de  même  de  d.  Donc 

Les  réseaux  focaux  de  la  congruence  plane  ah  sont  des  réseaux  2O. 

Réciproquement,  si  l'on  connaît  une  telle  congruence  plane,  on  pourra 
résoudre  le  problème  posé  en  effectuant  une  seule  quadrature. 

En  effet,  les  réseaux  focaux  de  la  congruence  orthogonale  à  ah  seront 
aussi  2O;  faisons  tourner  cette  congruence  orthogonale  de  90°,  ce  qui 
l'amène  en  cd.  Les  réseaux  a  et  c  sont  tels  que  la  première  tangente  de  l'une 

c.  R.,  192 1,  (••  Semestre.  (T.  172,  N°  3.)  '  ? 


I  ')2 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


soit  parallèle  à  la  seconde  tangente  de  l'autre.  D'après  les  résultais 
établis  dans  ma  Note  du  lo  mai  1920,  il  y  aura  parmi  les  réseaux  paral- 
lèles à  B,,  un  réseau  dont  la  polaire  réciproque  est  parallèle  à  C.  Le  pro- 
blème posé  sera  alors  résolu. 

Le  réseau  a  étant  2O  sera  la  projection  d'un  réseau  O,  A;  de  même  il  y 
a  un  réseau  0(  D)  qui  se  projette  suivant  d.  Les  surfaces  A  et  B  d'une  part, 
D  et  C  d'autre  part,  possèdent  la  propriété  suivante  : 

Ces  surfaces  sont  rapportées  à  leurs  lignes  de  courbure  ;  la  seconde  tangente 
principale  de  la  première  surfiice  et  In  première  tangente  principale  de  la 
seconde  surface  sont  dans  un  même  plan  vertical. 

La  recherche  des  congruences  planes  dont  les  réseaux  focaux  sont  2O 
revient  à  trouver  dans  un  espace  d'ordre  4  un  réseau  dont  les  congruences 
focales  sont  2L  Voici  comment  on  obtient  ces  réseaux.  Soit 


x^  X.,  X3  .1'; 

Vl  f-l  J3  J\ 

^l  Ç2  ^3  4i 

•fli  ri,  -n-.,  O; 


un  déterminant  orthogonal  d'ordre  4  ayani  pour  rotations 


a  =  (j)  SI  n  t 
_  do 


e  —    -r — 5 

an 
y  =  —  siml/. 


m  =  (ocoso, 


où  o)  est  une  constante.  l*]n  écrivant  les  relations  qui  doivent  exister  entre 
les  rotations,  on  trouve 


(') 


t)-9    


Ou  dt' 


nz  siii  o  cos'^, 


-r !—    :=  SI  11  7  COS  S), 

OU  av 


Le  problème  est  du  (jualiième  ordre;   mais  les  équations  (i)  sont  équiva- 
lentes aux  deux  suivantes  : 


(2) 


an  Or  '        '  Ou  av 


de  sorle  qu'il  suffit  d'avoir  deux  solutions  de  l'équation  des  surfaces  à 
courbure  totale  constante.  Mais  on  peut  aller  plus  loin  et  énoncer  le  résultat 
suivant  : 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I921.  1 43 

Si  l'on  connaît  deux  surfaces  à  courbure  totale  constante  rapportée  à  leurs 
nsymptotiques,  on  pourra  sous  forme Jinie  obtenir  tous  les  éléments  d'un  délei- 
ndnant  A. 

Soit  alors  (M)  un  réseau  O  de  l'espace  d'ordre  4  qui  correspond  au 
déterminant  A;  je  mène  les  normales  Ma;  et  M/;  je  désigne  par  (j  le  premier 
foyer  de  la  congraence  M.r';  par  H  le  second  foyer  de  Mr;  par  G  y  la 
seconde  tangente  de  G;  par  H./'  la  première  tangente  de  H.  Les  cosinus 
directeurs  des  droites  G7'  et  Wx'  sont  donnés  par  les  formules 

y'i;  =r  jp/.  cos  9  —  r;  /..  si  n  cp . 

On  vérifie  facilement  que  les  droites  Gy'  et  H.k'  décrivent  des 
congruences  2I  ;  les  réseaux  G  et  H  possèdent  donc  la  propriété  indiquée  : 
ces  réseaux  se  correspondent  d'ailleurs  par  orthogonalité.  Il  suffit  mainte- 
nant de  couper  ces  réseaux  par  un  même  plan  isotrope,  on  obtiendra  ainsi 
les  congruences  planes  (r//>)  et(rû?);  on  imprimera  à  la  seconde  une  rotation 
de  90"  pour  la  placer  dans  la  position  indiquée  au  début. 

En  réduisant  les  réseaux  G  et  H  à  des  réseaux  points,  on  obtiendra  des 
surfaces  (A),  (B),  (G),  (D)  qui  ont  même  représentation  sphérique  que 
les  surfaces  cherchées.  Les  coordonnées  des  points  qui  décrivent  ces  surfaces 
sont  : 

X3  = 


(A) 

X3  -t-  l.l\ 

x,= 

(B) 

\    -           •^'' 

X,  r^ 

'            J'3   +  if, 

(C) 

x,=        '^     , 

\,=: 

(D) 

Y  _       •^'' 

X,  =  - 

•^': 

y'.. 

y, 

Vi 

i 

y\ 

,  +  'y\ 

i 

i 

x,= 


ELECTIONS. 

MM.  L.  GuKiNAUD,  G.  Lemoine,  A.-Th.  Sciilœsimg  sont  élus  Membres 
du  Conseil  supérieiu-  des  stations  agronomiques  et  des  laboratoires  agricoles. 

MM.  J.  Vioi.i.E  et  U.  Bourgeois  sont  élus  Membres  du  Comité  consul- 
tatif de  l'Office  national  météorologique  au  Sous-Secrétariat  d'Etat  de 
l'Aéronautique. 


l44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRE  SPOND  AIVCE . 


M.  le  Seckétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

jo  PniT2  Sar\sin  et  Jean  Roux,  Nova  Calcdonia.  Recherches  scientifiques 
en  Nouvelle-Calédonie  et  aux  îles  Loyalty  :  B.  Botanique.  Rédaction  Hans 
Sr.HiNZ  el  A.  GuiLLAUMiN,  vol.  I,  Livre  II.  (Présenté  par  le  Prince  Bona- 
parte.) 

2°  Conlribulion  à  l'étal  des  relations  existant  entre  les  circula/inns  atmo- 
sphériques, l'électricité  atmosphérique  cl  le  magnétisme  terrestre,  par  Ali  ukd 
ViALAY.  (Présenté  par  M.  G.  Lemoine.) 

3°  Notice  sur  les  titres  et  travaux  scientifiques  de  Paul  Lkvy.  (Présenté  par 
M.  Hadamard.) 

4°  Eléments  d' électrotechnique  générale,  par  E.  Barré.  (Présenté  par 
M.  A.  Blondel.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  -tiyant  un  nombre  fini  ou 
infini  de  branches.  Note  de  M.  Théodore  Varopoulos,  préscnlée  par 
M.  Hadamard. 

1.  Celle  Note  l'ail  la  suile  do  ma  Communication  précédenle  (');  jeme 
propose  de  faire  connaître  ici  d'autres  résultats,  qui  n'avaient  pas  de  place 
dans  mes  Notes  antérieures. 

TiiKORi'.ME  I.  —  Une  transcendante  algéhroide  m  =  cp(;)  (jueleoiuiue  à 
V  branches  satisfaisant  à  une  équation  de  la  forme 

u'  +  A,  (c  )  «■'  -I  +  As  (=  )  u'-^-  +  .  .  .  +  A,_,  (  :;)  //  +  A,(::  )  =  .,, 

oii  A,(-)  désignent  des  fonctions  entières  et  où  il  n'y  a  aucune  relation  de  la 
forma' 

Cl  A,(:)  4-  C.2  A2(;)  +.  .  .-t-  fv  Av(,;)  :=c  {c^  c^^  c^,  ...,  c,  étant  des  constantes), 

prend  dans  le  domaine  de  IHnfini  toutes  les   râleurs,  sauf  peut-être  v  -f-  i , 
l'infini  compris. 

(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  i368. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I921.  l45 

Ou  encore  : 

L'exposant  de  comrrgcnce  de  la  suite  des  zéros  de  V équation  q  =  '^{z) 
(où  q  nesl  pas  une  valeur  exceptionnelle)  ne  saurait  être  inférieur  à  l'ordre  de 
la  transcendante  algéhroïdr  u  =  z>(z)  pour  plus  de  v  +  i  valeurs  de  la  con- 
stante q. 

2.  Le  théorème  I  s'étend  encore  à  d'autres  fonctions  u  =  o{z)  plus  géné- 
rales, définies  par  une  équation  de  la  forme  suivante  : 

;  F  ( :.  u)  +  II'  H-  A ,(;)«"-'  +  ...  +  A^-i ( ; ) «  +  A,, ( c)  =  .», 
/(;,  (0  + A,(3)K''-'-HA,(;)"''-'-t----+Av_,(^)M-t-A,(j)  =  o, 

F(z-,  u)  élant  une  fonction  uniforme  quelconque  de  u  el  enlière  en  z  avec 
un  ordre  de  grandeur  inférieur  au  plus  grand  e*''''  des  ordres  de  grandeur 

des  fondions  entières 

), 

A,(  =  )     (j  =  i,  2,  ...,  V)         et        /{:.,  Hl=:y^a,i,i)iJ.,{z), 

I 

les  ['■i{z)  ayanl  un  ordre  de  grandeur  toujours  inférieur  à  e'''''  (/-i^l:;!), 
A  désigne  un  entier  quelconque  et  les  '/,(»)  des  fonctions  uniformes  quel- 
conques de  u. 

Nous  supposons  toujours  qu'il  n'y  a  aucune  relation  de  la  forme 

(9)  c.  A,(.-)  -f  c,  A,(  =)+...  +  c,  A,(;)  =  C. 

3.  Soit  =  =  ^(«)  la  fonction  inverse  de  //  =  ^(s)-  Nous  avons  le  théo- 
rème suivant  : 

Le  nombre  des  points  critiques  d'ordre  (')  di(férent  de  zéro  de  la  fonction 
z  =  ^""(w)  ne  dépasse  jamais  V  +  1 ,  Vinfini  compris. 

4.  Soit  une  équation  différentielle  de  la  forme  suivante 

(5)     Au.(  =  )  +  Ap,_,(;)«-4-.  ..4- A,(:)(/!J-'H-  uV--^z<^{u,  u'.  u",  .  ..,  «  '")  =  o, 

et  désignons  par  e^"''  le  plus  grand  des  ordres  de  grandeur  des  fonctions 
entières  A, (s),  A^C^),  ...,  A(j.(s)  entre  lesquelles  il  n'y  a  aucune  relation 
de  la  forme  (G). 

Considérons  une  intégrale  u  =  q(z)d(i  notre  équation  diflërenlielle  (') 
qui  satisfait  encore  à  d'autres  équations 

«'=:/),(«),         u"^  /i,{u),         11'"=:  /i-j{a),  ...,  «'"'  =  /(„((/), 

$(«,  u',  m",  (/'",  ...,  m''");=F(;/), 

(')  G.  Rémoundos,  Sur  les  points  critiques  transcendants  {Annales  de  la  Faculté 
des  Sciences  de  Toulouse,  1°  série,  t.  9).  /oS^^      -~    ^  *S 


w 


^9- 


l/»6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  les  fondions /;,(»), /io(m) ^h,('t)j  F(m)  soni  bien  délerininéps  pour 

chaque  intégrale  u  =  q(:-)- 
Si  l'équalion 

A|i(  ;  )  +  A^._,  (  3  )  «  4-  ...  4-  A,  (  j)  «IJ-'  +  «t^  4-  ;  F  («)  =  <> , 

qui  sera  bien  satisfaite  par  rinlégrale  «  =  q{:),  est  irrécluctilile  (c'est-à-dire 
ne  définit  qu'une  fonction  unique),  nous  aurons  le  théorème  suivant  : 

Pour  toute  intégrale  u  =  f/{z)  de  l'équation  différentielle  ('),  le  nombre  des 
valeurs  deu  exceptionnelles  non  parfaites  (d'après  la  terminologie  de  M.  lîé- 
moundos)  est  égal  au  plus  à  \i.,  l'infini  non  compris. 

J'i-n tends  par  là  que  : 

Véquntion  u^^q{z)  ti  admet  pas  un  ntmdtre  fini  de  racines  pour  plus  de 
u.  râleurs  finies  de  u. 

Ou  encore  plus  précisément  : 

La  densité  des  racines  de  V équation  u  ^  q{  z)  ne  saurait  être  inférieure  à 
celle  qui  convient  à  une  fonction  entière  d'ordre  de  grandeur  c*'"  '  pour  plus  de 
p.  valeurs  de  u  (l'infini  non  compris). 


MÉCANIQUE.  —   Essai,  (i  l'emboutissage,  des  tôles  minces. 
Note  de  M.  Charles  Frémoxt,  présentée  par  M.  Léon  Lecornu. 

fjes  essais  de  traction  et  de  flevion  des  liMes  minces  présentent  certaines 
difficultés  d'exécution,  aussi  beaucoup  de  praticiens  préfèrent-ils  effectuer 
les  essais  des  tôles,  de  3"""  d'épaisseur  et  au-dessous,  par  emboutissage 
statique. 

Dans  cet  essai,  un  poinçon,  de  forme  et  de  dimensions  déterminées, 
emboutit  l'éprouvette  de  tôle  .et  l'opérateur  mesure  laflécfie  d'emboutissage 
au  moment  de  la  rupture  de  la  calotte. 

Mais  ce  moment  de  U  rupture  de  la  calotte  n'est  pas  précis,  et,  en  outre, 
il  peut  être  choisi  à  des  degrés  différents,  suivant  l'usage  auquel  est  destinée 
la  tôle  essçiyée. 

Une  tôle  destinée  à  être  utilisée  pour  sa  raideur  doit  travailler  sans  se 
déformer  d'une  manière  permanente,  c'est  donc  sa  limite  d'élasticité  ou, 
plus  pratiquement,  le  début  de  la  fissuration  à  l'emboutissage  qu'il  importe 
de  mesurer^  tandis  que  pour  une  tôle  destinée  à  être  utilisée  [)our  sa  résis- 
tance vive  c'est  la  quantité  de  travail  nécessaire  pour  effectuer  la  perforation 
complète  de  l'é[)rouvette  qu'il  importe  de  mesurer. 


SÉANCE    DU    17    JANVIKR    192I.  lt\'J 

Pour  ine  renseigner  sur  la  j^randeur  croissante  de  la  flèche  pendant  la 
rupture  graduée  de  la  calotte  emboutie,  j'ai  pris  une  bande  d'aluminium 
de  2"""  d'épaisseur  et  je  l'ai  emboutie  avec  un  poinçon  à  extrémité  splié- 
riijue  de  10"""  de  diamètre  et  une  matrice  de  16'"'"  de  diamètre. 

La  ligure  i  représente  le  diagramme  de  cet  emboutissage  statique. 


Fig.  I.  —  Diaiiriiinme  de  sept  emboutissages  successifs  à  flèche  croissante. 

J'ai  ensuite  effectué  dans  les  mêmes  conditions  d'exécution,  des  embou- 
tissages à  flèche  croissante,  en  me  guidant  sur  le  diagramme  précédent 
pour  arrêter  l'opération  à  chacun  des  points  singuliers,  c'est-à-dire  aux 
inflexions  de  la  courbe. 

La  figure  2  est  la  photographie  de  ces  emboutissages  successifs,  au 
nombre  de  sept,  vus  du  côté  de  la  proue. 


Fig.  a.  —  Vue  des  proues  de  sept  emboulissages'successifs  à  flèche  croissante. 

On  voit  que  les  quatre  premières  proues  sont  seulement  fissurées,  elles 
correspondent  à  des  flèches  d'emboutissage  de. 3"""  à  _V""'  de  profondeur; 
les  trois  autres  proues  sont  partiellement  rompues  sous  des  flèches  variant 
de  4'"'"  à  9'"'"  de  profondeur. 

Un  agent  réceptionnaire,  chargé  de  relever  dans  cet  essai  la  flèche  d'em- 
boutissage au  moment  de  la  rupture  de  la  calotte,  pourra  choisir  une  flèche 
quelconque  comprise  entre  3'""  et  9'"™.  Pour  éviter  cette  imprécision,  il 
faut  donc,  au  cahier  des  charges,  imposer  l'enregistrement  du  diagramme 
et  limiter  l'emboutissage  au  point  i,  c'est-à-dire  à  la  première  Inflexion  de 
la  courbe,  pour  les  tôles  utilisées  pour  leur  raideur. 

Pour  les  tôles  utilisées  pour  leur  résistance  vive,  il  est  plus  pratique 
d'effectuer  l'essai  d'emboutissage  au  choc,  avec  le  poinçon  et  la  matrice 


l/|8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

servant  à   l'einboutissag'e  slaliquc,  et  de   mesurer  la  quantité  de  travail 
dépensée  pour  transpercer  l'éprouvette  de  tôle  mince. 

C'est  ainsi  que  j'ai  trouvé  par  celte  nouvelle  méthode  d'essai  dynamique 
de  tcMes  minces  : 


Dépense  de  travail. 


Pour  une  l"le  d'acier  de i  d  épaisseur. 

»  '  ,y  i  » 


Pour  une  l<'>le  de  cui\  re  rouge  de. .  .       i  »  5 

i>  de  laiton  de i  ,Ô3  «  7 

n  d  aluminium    de •!  »  3,5 

Pour  les  tôles  d'acier  de  i""'"  d'épaisseur  ayant  servi  à  la  confection  des 
casfjiies  de  soldats,  j'ai  trouvé  i  '1''^  pour  des  tôles  de  casques  anglais  el  "j^' 
pour  des  tôles  de  casques  français. 


HYDRODYNAMIQUE.  —  Sur  l' écoulement  initial  d\in  lit/uic/epar  un  ori/ice 
brusquement  ouvert.  Note  de  M.  Hrkri  Vim.at. 

A  la  suite  de  la  publication  d'un  Mémoire  de  M.  Signorini  (Rendiconti  di 
Palermo,  l.  41,  191G),  M.  Langevin  a  fait  connaître  la  façon  de  déterminer 
la  distribution  initiale  des  pressions  (ou  des  accélérations)  lors  de  l'ouver- 
ture brusque  d'un  orifice  dans  un  vase  contenant  un  liquide  primitivement 
au  repos.  M.  H.  Nev^ne  {Bulletin  des  Sciences  mathématiques,  1920,  j).  220) 
a,  dans  un  intéressant  article,  montré  sur  un  cas  très  particulier  qu'au 
début  de  l'écoulement  toul  le  débit  était  fourni  par  les  bonis  de  l'orifice. 
Comme  le  phénomène  intervient  j»our  expliquer  la  production  des  anneaux 
de  fumée  (ou  de  liquide)  dans  des  expériences  classiques,  il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  préciser  les  conditions  dans  lesquelles  ce  résultat  reste  exact. 

Plaçons-nous  d'abord  avec  M.  Vergue  dans  le  cas  de  deux  dimensions. 
Soient  :  a,  la  portion  de  paroi  brusquement  sup|)rimée  sur  le  profil 
A,  +  a, -f- A^;  \j..,  la  surface  libre,  et  >'  l'ordonnée  d'un  point  de  a,  par 
rapport  à  [x.,.  Transformons  le  domaine  du  plan  z  =^  x  -\-  iy  qui  nous  occupe 
en  un  rectangle  d'un  nouveau  plan  Z  dont  les  côtés  correspondent  à  a,,  A., 
[j..^,  A|.  L'application  d'une  formule  générale  de  mon  INlémoirc  {Àctu 
matlicmuticd,  t.  40,  p.  loi-i'jS  )  permet  de  mettre  la  fonction  CT(  =  yj  4-  l'y) 
de  M.  Langevin  sous  la  forme 


ivr,'—  ^  j    <i»(oi.;(z-  i)-i-:{7.-i-  t)]di-h 


•iciri3. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1921.  l49 

avec  la  condition 

*I>(\)  n'est  autre  que  la  fonction  g-y  exprimée  au  moyen  de  la  variable  X, 
sur  le  bord  inférieur  du  rectangle  dans  le  plan  Z. 

D'autre  part,  un  procédé  de  transformation,  analogue  à  celui  que  j'ai 
donné  (Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  ij<J8)  pour  des  domaines  à 
connexion  double,  prouve  que  la  correspondance  entre  les  plans  :  et  Z 
entraîne  une  égalité  de  la  forme 

^.  -   '    /■"'l.|,ii;i7.-/l+:,7,  +  /ll,//  +  I  f  (;,,^,i;,(Z-,V)+;,(Z  +  ".l."-^j'    '  G,(/)lsl/— 'V|+riZ  +  ,V:!./^ 

7?Z  =  """"'■'•     '° 

Un  bord  A  de  l'orifice  du  plan  z  correspond  à  Z  =  o.  En  ce  point  les 
fondions  F(/)  et  (•■,(/)  sont  égales  aux  angles  9,  et  o,,  que  font  avec  Tbo- 
rizon  les  tangentes  en  A  à  A,  et  a,  (orientées  dans  le  sens  direct).  (  )n  peut 
conclure  de  laque,  au  voisinage  de  Z  —  o, -^  se  comporte  comnieCZ         "    . 

Si  u'  et  c'  sont  les  composantes  de  l'accélération,  on  déduira  de  ce  qui 
précède 

H'-jr'=(P  +  jQ)— . 

Lorsque  le  point  considéré  se  rapproche  du  bord  A,  les  formules  ci-dessus 
permettent  de  montrer  que  P  tend  vers  —  $'(+0),  el  que  Q  ne  difiére 
de   — log  A  que  d  une  quantité  iinie. 

D'où  une  discussion  facile  à  faire  ensuite,  et  d'où,  en  supposant,  pour 
fixer  les  idées,  que<I>'(+  o)  existe  etsoit  finie,  il  résulte  que  pour  s,  —  9(i<C:;' 
u'  (en  général)  et  c'  (toujours)  deviennent  infinis  au  bord  A;  au  contraire, 
ils  sont  nuls  si  9,  —  90 >  -•  Le  cas  intermédiaire  o,  —  9,,=  -;  pf^"t  coin- 
[lorter  diverses  circonstances  dont  on  trouvera  ailleurs  le  détail. 

Par  exemple,  si  le  vase  est  à  fond  horizontal  avec  des  bords  faisant  de 
part  et  d'autre  l'angle  y.  avec  l'horizon,  on  trouve,  en  désignant  par  Zj  cl 
Z'  de  nouvelles  variables,  et  par  a,  l>,  c,  p,  c/,  cinq  constantes  : 

CT  -(-  t  ro^  ^  — - —  A  , 
^  =^-  p'-^  {74-  c'-f'CAl-  /y'f^;         Z,=  «S«(Z'|3«i,"),), 

a 
.  ,       iq-  {a^Sn^Z'  —  b-)^ 


(k'Sn-'Z'  —  ï)''      CnZ'DnZ' 


l5o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

En  un  bord  (Z'=  2co,  par  exemple)  on  voit  que  raccélération  devient 
infinie.  11  y  a  exception,  si  la  portion  détachée  du  fond  est  le  fond  tout 

entier   (o  =  A),    alors    raccéléralion    devient    infinie    pour    a<;'',  nulle 
pour  a  >  -)  et  elle  reste  finie  pour  a  =  -•  Ceci  est  conforme  aux  résultats 

généraux  ci-dessus.  C'est  seulement  si  u'  et  v'  sont  infinis,que  lout  le  débit 
initial  proviendra  des  bords. 

La  théorie  se  généralise  au  cas  de  trois  dimensions,  auquel  cas  on  peut 
traiter  explicitement  divers  exemples  particuliers. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  In  varialiondu poin'oir  rotntoire  (le  incidc  Inrlriquc. 
Note  (')  de  \1.  II.  de  Mallemanx,  présentée  par  M.  Haller. 

I.  On  sait  que  l'addilion  aux  solutions  aqueuses  d'acide  tarlrique  droit 
de  certains  composés  minéraux  dérivant  <'n  général  d'acides  _/V«7v/^'5  (acides 
borique,  antimonique,  arsénique,  molybdiquo,  lungstique,  de.)  (-) 
(m'j;menti'  le  pouvoir  rotatoire  de  c»^s  solulions  dans  une  mesure  consi- 
dérable. 

Un  récent  travail  de  Darmois  (•')  montre  que  cetle  variation  doit  être 
attribuée  à  une  action  chimique,  introduisant  dans  la  solution  un  composé 
défini  à  pouvoir  rotatoire  élevé. 

Nous  avons  signalé,  dans  une  Noie  précédente  (*),  une  modification  du 
pouvoir  rotatoire  de  l'acide  tarlrique  qui  semble  d'un  genre  nettement 
différent. 

a.  Contrairement  aux  observations  que  nous  venons  de  rappeler,  le 
pouvoir  rotatoire  diminue  d'abord,  puis  change  de  signe. 

h.  La  dispersion  paraît  suivre  une  loi  caraclérislique,  (pii  relie  les  varia- 
tions observées  par  addition  de  toute  une  série  de  sels  métalliques. 

En  permutant  dans  cette  série  les  différents  éléments  constiluiifs  de 
chaque  sel,  on  semble  n'agir  que  sur  Vintensité  du  phénomène  et  non  sur 
sa  nature  spécifique. 

Les  groupes  de  corps  rappelés  au  début  ne  présenleni  absolument  rien 
d'analogue. 

(')  Séance  du  27  ciécemliie  igao. 

(')  BiOT,  Annales  de  Chimie  et  de  P/iysir/tie,  iS'i't,  i85o,  1860.  —  Giîr.nf.z,  Comptes 
rendus,  l.  lOV  à  ll'i. 

( ')   I'].  I3AKM0IS,  Comptes  rendus,  t.  17i,  1920,  p.  349. 
(')  Mali.fmann,  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  gS. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I921.  l5l 

Les  faits  que  nous  signalons  se  rapproclical  par  contre  des  variations 
observées  dans  les  solutions  a(jUfuses  d'acide  tartri(]ue  pur,  de  coiiccntrci- 
litins  (lijlï'rcnlrs,  ou  dans  les  solutions  de  cet  acide  réalisées  au  moyen  de 
mélanges  de  certains  liquides  organiques. 

Toutefois,  dans  le  cas  actuel,  les  variations  peuvent  devenir  beaucoup 
plus  importantes. 

II.  Nous  compléterons  aujourd'hui  nos  résultats  relatifs  à  CaCP  en 
donnant  à  titre  de  comparaison  quelques  valeurs  correspondant  à  l'action 
d'un  certain  nombre  de  solutions  salines  de  nature  différente. 

C<Hic.  ";\,  en  volume  [  a  ]  -^ 

— — ^ —  - — —— (les  solutions  ['^}i  (laies  du  Hg)  rapportés  à  l'acide. 

N.ituro  on  acide  dac.  tartr.  pur  Tcui-  — ^ -~- — ^ 

du  sel.              en  sel.          lartri(|iie.  (  même  conc.).  péralnre.           0;\.578.           Ol^-SIG.           Oi^, 'ilJ-^.           Oi',  430. 

iNaCI 24.8  39,1  +9)1  17  —  3,2  —  4^4  —  8,0  — 17,5 

CaCl-.  ....  42i7  3o,a  -t-io.a  »  — 4''>5  — 49iO  — 64,9  — 95, o 

Si'CJ- 4i  ■?.ïi,'è  +10,9  19  — 16,3  — '9,4  — -27,1  — 43,2 

BaCI- 28  47.0  +8,'.  17  —11,2  — 13,5  —19,0  —33,8 

MgCI- 2.5  19,1  +11,9  "  -t-   7,4  +7)5  +6,8  -t-  3,8 

ZnCI- 22  24,4  -Hii,K  i8  +  9,6  +  9,9  +  9,9  -(-  8,0 

Na(NO*)...  36  21,8  -hii,3  18  +0,2  —0,6  —  3,(.  —10, 5 

Ca(NO^)^.  4o  21,8                   ..  20  — i4,o  —17,0  -24,1  —38,9 

Sr(N03)'-..  32  21,8                    ..  »  —5,4  —7,0  -12,0  -22,5 

Ba(i\0-')-..  8  21,8                    ,)  18  +   5,2  -h  4,9  +  3,7  ■^-    1,0 

Nous  avons  coniUilé  des  vurliilions  du  même  genre  pour  un  cerliiiii  nombre  d'autres 
sels. 

Nous  mentionnerons  encore  l'aclion  de  KCl,  LiCI,  NH'CI  :  le  pliénomène  se  com- 
plique alors  par  suite  de  la  précipitation  d'une  certaine  quantité  de  larlrate  acide. 

Les  rolalions  restent  toutes  droites  pour  KCl  et  LiCl  :  dans  le  cas  de  NH*CI,  la 
courbe  de  dispersion  coupe  l'axe  des  abscisses;  Jes  rotations  sont  gauches  dans  le  bf»«. 

Le  Tableau  précédent  indique  d'une  manière  générale  (bien  que  les  concentrations 
n'y  soient  pas  comparables)  Vordre  dans  lequel  se  rangent  les  dilTérents  sels  au  p(jinL 
de  vue  de  leur  maximum  d'elTet  respectif. 

L'ensemble  de  nos  mesures  nous  a  permis  de  dégager  les  faits  suivants  : 

a.  Pour  les  concentrations  égales  (  '  )  ce  sont  les  métaux  alcaliiTo-terreux 

qui  donnent  rabaissement  le  plus  grand  :  cet  effet  croît  très  fortement  quand 

(')  L'ell'et  dépend  naLurellement  de  la  solubilité  du  sel  considéré  :  si  la  saturation  a 
lieu  pour  des  concentrations  très  différentes,  l'ordre  général  correspondant  à  l'effet 
niiixiinuin  peut  subir  des  inversions,  comme  c'est  le  cas  par  exemple  pour  NO'Na 
el(NO')-Ba. 


l52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

on  passe  des  métaux  alcalins  au  Ca  (')  puis  il  décroît  en  correspondance 
avec  l'ordre  de  classification  naturel  :  Ca,  Sr,  Ba,  Alg,  Zn. 

Il  est  plus  grand  pour  les  chlorures  (|ue  pour  les  nitrates  et  les  sulfates 
solubles. 

h.  L'effet  croît  avec  la  conceniralion  du  sel  et  de  l'acide  tartrique  :  il 
croît  aussi  avec  la  valeur  du  rapport  ".  ,  <  mais  semble  alors  passer  par  un 
maximum. 

c.  Un  accroisseuienl  de  température  modifie  l'effet  dans  le  sens  qui  cor- 
respondrait à  une  dilution. 

III.  Le  tracé  des  courbes  de  dispersion  est  particulièrement  instructif;  le 
faisceau  ain^i  constitué  jouit  sensiblement  de  la  propriété  suivante  : 

Une  courbe  quelconque  divise  les  ordonnées  comprises  entre  deux  courbes 
fixes  dans  un  rapport  conslant  ("). 

On  sait  que  cette  relation  énoncée  pour  la  première  fois  par  Darmois  (') 
caractérise  les  mélanges  en  pro[)ortions  variables  de  deux  corps  actifs. 

On  remarque,  en  outre,  que  les  courbes  de  dis[)ersion  de  l'acide  tartrique 
pur('')  se  rattachent  exactement  au  faisceau  précédent. 

Il  semble  qu'une  cause  analogue  détermine  les  variations  du  pouvoir  rota- 
toire  dans  les  deux  cas. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  — '  Réactions  réversibles  de  l'oxyde  de  carbone  sur 
les  oxydes  de  fer.  Note  (*)  de  M.  Georges  Ciial'dkox,  préseiilée 
par  M.  II.  Le  Chatelicr. 

D'api'ès  Moissan  (^),  la  réduction  du  sesquioxyde  de  fer  par  l'oxyde  de 
carbone  donne  successivement  les  différents  oxydes  : 

SFe^O'+GO  =  2Fe'0'+C0S 
Fe^O»  +  CO  ^  3FeO  +  CO% 
FeO    +C0     ^         Fe      +C()^ 

(')  L'impoiliince  ilelefrel  dû  à  CaCI^  permet  de  rc-'coniiiiilii'  des  iraces  de  ce  corps 
d;uis  li's  si)lutions  concentrées  d'acide  larlrique. 

(-)  l/approximation  à  tolérer  ne  dépasse  jamais  les  limites  imposées  par  les  erreurs 
d'uxpérieiiee. 

(^)   F.  liAiiMOis,  Ann.  Cil.  J'h..  l.  22,   i;)M. 

(*}  L(^  groiipcMneiil  des  courbes  de  dispersion  rolatoire  de  l'acide  larlrii|iie  pur 
suivant  un  réseau  de  Darmois  a  déjà  été  signalé  par  Hriilial  (7Vic.se,  l'aris,  ii)i.i). 

('')  Séance  du  lo  janvier  1921. 

('■)   Ann.  Pli.  et  Ch.,  5°  série,  l.  21,  1880,  p.  lyy. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1921.  l53 

Les  doux  dernières  réactions  sont  limitées  par  l'oxydation  du  fer  et  de 

l'oxyde  ferreux  par  l'anhydride  carbonique. 

A  l'équilibre  pour  une  température  donnée,  la  composition  de  la  phase 

gazeuse  est  délerminéc.  Baur  cl  (ilassner  (')  ont  mesuré  ces  équilibres  à 

différentes  températures  entre  îoo"  et  1000". 

Nous  avons  repris  cette  étude  avec  un  dispositif  permettant  l'emploi  de 

la  méthode  interférentielle  pour  l'analyse  du  mélange  gazeux. 

L'appareil  est  moulé  de  façon  à  faire  parcourir  aux  gaz  un  circuit  coniprenanl  :  le 
tube  laboratoire  placé  dans  un  four  élecliique  à  résistance,  la  cuve  d'un  rétractomètre 
et  une  chute  de  mercure  assurant  la  circulation.  On  peut  donc  suivre  à  chaque  instant 
l'établissement  de  l'équilibre;  en  outre,  ce  brassage  de  la  phase  gazeuse  augmente  les 
vitesses  de  réaction. 

Au  début  des  expériences,  un  poids  connu  d'oxvde  ferrique  est  placé  dans  l'appareil, 
et  nous  introduisons  successivement  des  solumes  connus  d'oxyde  de  carbone;  après 
chaque  réduction,  l'équilibre  étant  obtenu,  nous  mesurons  à  difierentes  températures 
la  composition  de  la  phase  gazeuse;  le  volume  d'oxyde  de  carbone  nous  donne  la 
composition  du  mélange  des  deux  phases  solides  définissant  le  système  étudié. 

Nous  avons  trouvé  ainsi,  au-dessous  de  SSo",  un  seul  système  correspon- 
dant à  l'équation 

(I)  Fe»0'  +  4C0     ^     4COM-3Fe. 
Au-dessus  de  5So°,  il  y  a  deux  équilibres  avant  d'arriver  au  fer  : 

(II)  FeMJ'+CO     —     3FeO-i-CO% 

(III)  FeO    -4-CO     ;-     Fe        +  CO^ 

Le  diagramme  ci-dessus,  résumant  nos  mesures,  est  formé  de  trois 
branches  de  courbes  correspondant  à  ces  systèmes. 

Sur  la  ligure,  nous  avons  tracé  la  courbe  de  dissociation  de  l'oxyde  de  carbone; 
elle  partage  le  plan  en  deux  régions;  dans  la  zone  des  basses  températures,  où  se 
dépose  du  carbone,  les  équilibres  étudiés  sont  métastables. 

(Les  points  marqués  par  une  croix  sont  obtenus  par  réduction;  ceux  marqués  par 
un  point,  le  sont  au  contraire  par  oxydation.) 

Les  trois  phases  solides  coexistent  en  équilibre  à  58o°. 
Il  y  avait  lieu  de  penser  que  l'oxyde  ferreux  était  instable  au-dessous  de 
cette  température,  et  qu'il  devait  se  transformer  en  un  mélange  de  fer  et 

(')  Z,  /.  l'h.  Oh.,  t.  43,  1903,  p.  354. 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


<ôô  s'ôô  fôô  7ÔÔ  JôB  ?'oô  iô'cô  ÎToc 


(I)  (II) 

Ces  pliolograpliies  sont  prises  (I)  sui-  l'oxyde  ferrein  fondu,  (II)  après  le  leouil. 


SÉANCE    DU    17    JA.WIER    HJ2 1 .  1 55 

d'oxyde  magnétique  conformêmenl  à  la  réaction 
4FeO     =i     l'eM;)i+Fe. 

Nous  avons  pu  constater  directement  cette  transformation  qui  est  réver- 
sible. 

Dans  une  [)remière  série  d'essais,  nous  sommes  parti  d'oxyde  ferreux 
préparé  en  fondant  un  barreau  d'acier  au  chalumeau  oxhydrique;  la  masse 
fondue  est  composée  en  majeure  partie  d'oxyde  ferreux;  après  sept  jours 
de  recuit  à  5oo°  dans  un  tube  scellé,  nous  avons  obtenu  une  substance  atti- 
rable  à  l'aimant,  donnant  dans  une  solution  de  sulfate  de  cuivre  un  dépôt 
métallique;  enfin,  l'examen  micrographique  d'une  surface  polie  est  encore 
plus  suggestif;  après  le  recuit,  on  voit  apparaître  un  réseau  formé  de 
lamelles  brillantes  de  fer.  Inversement,  toutes  ces  propriétés  disparaissent 
après  avoir  maintenu  cet  échantillon  pendant  quatre  heures  à  800°. 

D'autres  essais,  effectués  sur  de  l'oxyde  ferreux  préparé  à  900°  par  la 
méthode  de  Debray,  ont  donné  des  résultats  aussi  concluants  que  les  pré- 
cédents. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —    Décomposition  catalytique  des  acides  chloracèti(jues . 
Note  de  M.  J.-B.  Senderens,  présentée  par  M.  G.  Lcmoine. 

La  décomposition  catalytique  des  acides  organiques  RC(_)-H  se  fait, 
comme  je  l'ai  montré  ('),  suivant  l'équation 

(  1  )  2  RCO .  011    =    11^  0  +  CO-  +  RCOR. 

Célone. 

En  est-il  de  même  pour  les  acides  organiques  halogènes?  L'acide  mono- 
chloracélique,  par  exemple,  donne-t-il  la  dichloracélone  symétrique, 
suivant  l'équation 

(2)  2C1I*CIC0.0H     =     1I^0h-C0^-i-CH-CI.G0.C1I=CI. 

C'est  ce  que  je  me  suis  proposé  d'examiner,  en  commençant  par  les 
acides  chloracétiques  sur  lesquels  j'ai  fait  agir  trois  catalyseurs  d'activité 
bien  difTérente  vis-à-vis  des  acides  organiques  :  la  thorine,  le  Adolin  elle 
noir  animal. 

(')  Afin.  Cldm.  Pliys.,  février  igiS. 


l56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

TiioRiNF..  —  La  lliorine  esl,  avec  la  zùcone,  le  meilleur  catalyseur  des 
acides  organiques.  Elle  Iransforme  l'acide  acétique  en  propanone  dès  la 
température  de  235"  (lempêrature  de  l'intérieur  du  tube),  avec  (jC)  pour  loo 
de  CO-,  ce  qui  correspond  presque  ihéoriquement  à  l'équation 

(3)  aCii^co.oii    =    iiM) -HC(>^^-CH^(;(>.(:l^'. 

\vec  l'acide  monocliloracéllqne,  la  décomposition  commence  à  220°,  mais 
elle  ne  répond  nullement  à  l'équation  (2).  H  se  dégage  en  effet  d'abon- 
dantes fumées  de  H  Cl  que  l'on  absorbe  dans  un  flacon  laveur,  à  la  suite 
duquel  on  recueille  les  gaz  qui  ont  comme  composition  : 

l'i-iiipci-iilure. 

'-•5I>'.              31U".  3'i(l". 

Gaz.  carbonique 38,2           /^n  4". 6 

Oxyde  de  carbone Gi  ,■>.           :'>9.9-  58,6 

'Résidu 0.6             0,8  0.8 

100,0  1011,0  100,0 

[^e  liquide  recueilli  ne  renfermait  ni  chloracétone,  ni  chlorures  de 
carbone,  mais  simplement  une  solution  aqueuse  de  II  Cl  mêlée  d'une 
petite  quantité  de  cblorure  d'éthylène.  La  thorine  s'était  fortement  char- 
bonnée. 

L'acide  monocliloracétique  se  décompose  donc  sous  riiilhience  de  la 
thorine  en  H  Cl,  CO-,  CO  et  carbone  qui  se  dépose. 

Avec  l'acide  tricldonicétique ,  la  décomposition  par  la  thorine  se  fait  déjà 
à  210".  L'analyse  du  gaz  a  donné  : 

'l't*in[iéi'ahire. 

<  >\ycliioriire  de  carbone 1  ,5  1,8 

Gaz  carbonique 63,8  6.1,4 

n\yde  (le  cai-l)one 33,5  32,8 

Uésidu 1,2  I 

Tola  I 1 00 ,  G  100,0 

Le  li(piide  recueilli  tient  en  dissolution  de  l'acide  chlorliydrique  et  est 
un  mélange  de  chloroforme,  Cil  Cl%  qui  bout  à  Go"-()'^)",  dï-lhylène 
perchloré,  C^CI%qui  boufà  1 1 8"- 120",  avec  un  peu  d'élhane  pcrchloré. 
C-'C1%  cristaux  d'odeur  camphiéc,  fusibles  vers  uSo"  el  subliniables  bien, 
au-dessous  de  cette  température. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1921.  1  57 

Ti.T  formation  de  ces  corps  peut  se  tirer  des  réiirlions  suivantes  : 

(/,!  cci'.coMi   =   (;ll(;l'-^-(;<»■^ 

(5)  '  2(:CI-^C()-H    =    C-^CI*  -+- '..1101  +  200', 

(6)  9.C(;i'COMI     =     C-CI'-'  +  MM')    +C02+CO. 

La  ihorine  se  charhonne  légèrenienl  durant  l'opcralion. 

Kaolin.  -  -  Le  kaolin  est  un  des  catalyseurs  les  plus  médiocres  des  acides 
organiques.  Il  ne  commence  à  agir  sur  l'acide  acétique  que  vers  35o'\  avec 
un  rendement  en  propanone  correspondant  aux  54  pour  100  de  gaz  carbo- 
nique que  renferme  le  gaz  dégagé. 

Vis-à-vis  des  acides  cliloracétiques,  l'activité  du  kaolin  se  relève  et  se 
rapproche  de  celle  de  la  tliorine.  Le  kaolin,  en  effet,  décompose  Tacide 
monochloracétique  vers  25o''  et  l'acide  trichloracétique  vers  2^0°^  en 
donnant  sensiblement  les  mêmes  produits  liquides  et  gazeux  que  la  thorine. 

Noir  ammai,.  —  Ainsi  qu'il  résulte  d'expériences  faites  en  commun  avec 
M.  Aboulenc.  le  noir  animal,  soigneusement  lavé  à  l'acide  ou  provenant  du 
sang  calciné,  exerce  sur  l'acide  acétique  une  action  très  difï'érente  de  celle 
du  kaolin  et  surtout  de  la  thorine  (').  Avec  l'acide  monochloracrtique,  au 
contraii'e.  le  noir  animal  se  comporte  comme  ces  deux  catalyseurs,  soit  au 
point  de  vue  de  la  température  de  la  réaction,  soit  au  point  de  vue  des 
produits. 

Il  n'en  est  plus  de  même  pour  l'acide  Irichloracèiicjue  que  la  thorine  et  le 
kaolin  décomposent  en  produits  complexes,  tandis  que  le  noir  animal  le 
transforme  presque  exclusivement  en  chloroforme.  La  réaction  commence 
vers  230°  et  se  poursuit  régulièrement  jusqu'à  3oo°  comme  le  montre  le 
Tableau. 

Température. 

■25l>.                   270".  300". 

Gaz  carbonique 86,5               85,8  85,2 

Oxyde  de  carbone 12, 5                i3,2  i3,8 

Résidu I                       I  I 

100,0  100,0  100.0 

La  proportion  de  CO-,  qui  était  de  G4  pour  100  avec  le  kaolin  et  la 
thorine,  monte  à  86  pour  100  avec  le  noir  animal. 

Le  liquide  recueilli  renfermait  85  pour  100  de  chloroforme,  le  reste  étant 
un  mélange  de  C-Cl',  C-CK'  avec  du  HCl  dissous. 

(')   Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  io64. 

C.  K.,  1931,  i"  Semestre.  (T.  172,  N»  3.)  I '-Î 


l58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  réactidii  de  heaiir  hi|)  piépoiuléranle  esl  donc 

<;<;!  <;nMi    =    ciici'  ,- 1:0-. 

On  pouvail  espérer  (jue  le  cliloral  CClH^OH  donnerait  égulenienl  du 
chloroforme  par  perle  de  CO  ;  j'ai  conslalé  qu'avec  le  noir  animal  comme 
avec  la  ihoriiie,  ilsuhil  une  toiil  anlre  décomposition, 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  (Icii.i-  /lo/iiuloi^iies  du  sulfure  (VéAlixlènc  :  le 
tlu'<)i)r<)p(inr-\  .i  cl  la  thiobulanc-i.'i.  Note  de  \IM.  ^Iaiicki.  l)i;i,i:i>i\E 
et  l*iiîKRK  «lAFrKUx,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Los  (juelques  recherches  entreprises  pour  préparer  les  homologues  du 
sulfure  d'élhylène  n'ont  jamais  fourni  jusqu'ici  que  des  masses  amorphes 
de  condensation  inconnue,  qui,  bien  (pi'appelées  des  noms  correspondants 
(sulfures  de  propylène,  d'amylène  ),  ne  représentent  nullement  des  dérivés 
sulfurés  simples.  Il  nous  a  donc  semblé  intéressant  de  préparer  au  moins 
quelques-uns  des  véritables  homologues  du  sulfure  d'éthylène,  ne  fût-ce 
que  pour  établir  plus  amplement  l'existence  des  combinaisons  à  chaîne 
hétérocyclique  formée  de  deux  atonies  de  carbone  et  d'un  de  soufre;  cela 
devait  aussi  pei-mettre  quelques  compaiaisons  avec  les  termes  isomères  à 
chaînes  carbonées  plus  longues. 

Nous  avons  réalisé  ces  préparations  en  généralisant  la  réaction  précé- 
demment employée  (')  :  action  du  sulfure  neutre  de  sodium  (contenant  un 
peu  de  sulfhydrale)  sur  le  chlorosulfocyanate  ou  le  disulfocyanate  de 
propylène  et  le  bromosulfocyanate  ou  le  disulfocyanate  de  butylène,  dérivés 
des  carbures  dihalogénés  en  1.2. 

Sans  entrer  dans  aucun  des  dolails  qu'on  liouvera  ailleurs,  nous  indi(iuerons  senle- 
mcnl  le  chemin  suivi  pour  n'avoir  (]ue  des  produits  de  constitution  connue. 

l'our  le  suifuie  de  propylène,  nous  sommes  j)artis  d'alcool  propyli(|ue  nor;nali 
dcsliydiali'  par  catalyse,  celui-ci  a  fourni  du  prop_)lèj)e  que  nous  avHuis  transformé  eu 
l)]|iiorMure;  ce  dernier  a  été  ensuite  changé  en  di^nlfocvaiiate  qui  a  été  liailé  par  !.■ 
Miilnii'  de  sodium.  Une  autre  partie  de  noire  proj]\lcrie  a  élé  cliangée  en  ilii(ii.>lM(i- 
mures  Cil'.C.HCI.CIlMîr  et  Cl  P.  Cil  15r.(  :i|-Ci,  et  ceuv-ci,  en  chorosnlloc^anale  cl 
disultocvanale,  l'un  d  l'aulie  Ir.uisl'orniahles  en  sulfui-e  de  propylène. 

l'our  le  sulfure  de  liulvléue.  on  e^l  parti  de  l'alcool  bulylique  normal  pui-  (|u'il  e-t 
aujourd'hui  facile  de  ^e  procurer;  on  ne  l'a  pas  transformé  en  bulvièiie  parcalal\se. 
cette  réaction  donnant  un  mélanine. 

(  '  I    M.  Hri.ia'iM!,  Cniiipu-s  rvntltis,  I,  171,  i;)io,  p.  Jii. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I921.  [^Ç) 

On  l'a  l'iliéi'llii'  pm-  l'acide  broniliydriqiio  en  bromure  de  bulvie  normal;  une  partie 
de  celni-ii  a  t'tf  iliangée  en  bulylène-i  .■'.  |iar  la  [mlasse  alcooli(|ne  (rendements  lii''> 
faiijle<).  )nil->  l'ii  liiliroiiiure  par  le  iironie.  Iiie  antre  |)arlie  a  été  lironiée  au  soleil, 
suivant  les  indioiil  inns  de  Ueboid  (');  le  lilliromoliiiliiane-i  .  •>.  [i  été,  enlin,  change  par 
ad  Ion  d'une  niolécuie  de  sulfoC}anate  en  nu  jnélange  de  l)riimosuirocvaMatt'  et  dr 
disulfiji-x  anale  séparables  par  distillation  dans  le  \ide;  avec  den\  molécules,  on  n'a 
c|ne  du  disuiroc\  anale.  r>romosulfoc\'anale  et  di?ulfoc\  anale,  traités  [jar  le  Milliue  de 
sodinni,  ilonnent  le  sulfure  de  butylène. 

Toutes  ces  opérations  sont  séparément  assez  faciles  à  exécuter,  mais  le  rendement 
linal  est  laible.  F^ai'  exemple,  1'^°  de  bromure  de  bntyle,  mis  eu  œuvre  en  passant  |)ar 
lu  réaction  de  Kelionl,  fouinit  une  vingtaine  de  grammes  de  sulfure  <le  butviéni'  brnl: 
il  est  \rai  ([n'une  partie  du  bromure  de  bnl\le  est  i-écupéiée. 

Le  sulfure  de  pi'0[)\  l(''iie  ou  lliiopropane-i  .  2  el  le  sulfure  de  butylène 
normal  ou  lliiobutane-i  .2  sont  des  liquides  parfaitement  incolores,  mobiles, 
d'odeur  spéciale,  forte,  non  alliacée,  rappelant  celle  du  sulfure  d'étliylène, 
insolubles  dans  Ti'au,  miscibles  aux  solvants  organiques. 

Le  Tableau  ci-dessous  indique  les  principales  constantes  de  ces  corps,  y 
compris  celles  du  sulfure  d'éthylène,  ainsi  que  celles  des  isomères  à  clialuc 
carltonée  plus  longue  décrits  par  !VL  (  IricbUévitch-Trokhimovsky  : 

II',;.  -Nil.  lîMi,.      I1.-II.  pnur.s. 

I  , (10.")  I  •  ii|i  18  1  7  ,  l 'i         7  >9'^ 

O, (,)()')  I    ,    \-i,.y  •>    .1)7  N,    I    I 

i),i_)'i  '1  I  ,47"'i.v         26, (j  I         8,16 

I  .11.")  1  1  ,.")o6.v,  !  I  .  _'|  '1  7  ,  ■")N 

o ,  Q77  i,483.,|,~         îG,.):")         7>87 

"'97'.i         I  .  18718-  '.Ct/i''         -.is; 

Ce  Tableau  montre  manifestement  la  volatilité  plus  grande  des  tliio- 
dérivés-i.ii,  ainsi  que  leur  densité  plus  faible,  de  beaucoup,  comme  si 
l'attraction  moindre  du  soufre  pour  deux  atomes  de  carbone  contigus  pro- 
voquait un  moindre  resserrement;  ce  qui  fait  que,  bien  que  la  réfringence 
soit  plus  faible,  la  réfraction  moléculaire  arrive  néanmoins  à  un  cliifl're 
élevé,  qui  est  même  supérieur  à  celui  des  dérivés  tri  et  tétramétbylénitpies. 

(')  I",.  lÎKiioii.,  Coiiijj/es  /c-ndiis,  t.   113,  i8l)I,  p.  "iSy. 


I'Iji.I. 

1. 

CI! -.Cil' 

' — S — ' 
Cil^CII.CIl' 

.").i-.".6 

Il 

-.S-- 

III. 

idl'.CII.CII-.CJI'.  .  . 

cir^cip.cir^ 

s      J 
cii-.cii^r.ii.cii  .. . . 
^— s— ' 

(;ii-.(,ip.cii-.(^di-. . . 
s         ' 

.         1(1  1- lu." 

I\. 

V)i 

\. 

Kili 

VI. 

nS 

l6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  réactifs  exercent  sur  les  sulfures  de  propylène  et  de  butylène  des 
actions  qui  semblcnl  plus  douces  ((ue  sur  le  sulfure  d'éthylène.  L'acide 
sulfurique  forme  une  gelée  transparente;  l'acide  chlorhydrique  semble  se 
combiner;  l'acide  acétique  ne  polymérise  pas;  l'acide  nitrique  oxyde; 
l'ammoniaque  et  les  alcalis  concentrés  forment  peu  à  peu  des  masses 
visqueuses,  etc.  Les  sels  des  métaux  lourds  (argent,  mercure,  or,  platine) 
forment  des  précipités.  L'iodure  de  niétbyle  engendre  des  combinaisons 
peu  stables.  La  pyridine  brunit  à  leur  contact,  comme  avec  le  sulfure 
d'étbylène,  mais  sans  former  de  masse  solide.. 

Les  deux  sulfures  préparés  depuis  G  mois  ne  semblent  pas  encore  s'être 
polymérisés,  ce  qui  indique  évidemment  que  c'est  le  premier  terme  de  la 
série  des  sulfures  d'éthylène  qui  est  le  plus  instable. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  S)/i//irsr  de  i'dcidr  cya/iif/iir  par  o.rydtilion  de 
la  formamide  el  de  l'aciilr  r»./7/A/;/Vy//r.Note  de  M.  lî.  Fosse,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

I.  Dans  l'oxydation  des  substances  organiques,  en  milieu  ammoniacal, 
ou  a  souvent  constaté  la  présence  de  l'acide  oxamique  et,  aussi,  mais  plus 
rarement,  celle  de  la  formamidc. 

L'acide  oxamique  se  forme,  en  elfet,  lorscpi'on  oxyde  :  le  glycocolle 
I  Engel  ('),  Drecbsel  (-),  llalsey  (^)|;  les  acides  aminés,  l'albumine 
(Halseyj;  la  gélatine  (Kulscher  et  ses  élèves)  (  ');  le  glucose,  la  glycérine, 
les  acides-alcools  dissous  dans  l'ammoniaque  (Halsey). 

La  formamide  a  été  obtenue  par  l'action  de  MnOMv  sur  le  métbanol  et 
le  glycocolle,  en  présence  de  NH',  ainsi  qu'aux  dépens  de  l'oxyde  de  car- 
bone et  de  iNlP,  sous  l'influence  de  l'eflluve  (  Losanitscli  et  .lovitschilsch)  (^) 
ou  des  radiations  ultraviolettes  (D.  Berlhelot  et  Gaudechon  )  (  "). 

L'une  et  l'auti'e  de  ces  deux  amides  se  convertissent  en  urée  j)ar  oxyda- 


(')  t'^NiiRi.,  Comptes  reiula.t,  l.  70,  i>^7/l,  p.  SoS. 

(-')  DiiF.ciisiîL,  lic.richle  der  K.  K.  Gescl.  d.  \\  isx.,  iS-d. 

(•')  Hai.sbv,  Zeit.f.  pit.  Ch.,  t.  '>n,  1H9S,  p.  :^),."i. 

(')  KtJTSCllER  el  ZlCKCRAI-K,   Sl'/Z.  (I .    A.    /'/■.      (/,.   (I.   Il  .,   I(|03.  —    Kl  TSCIIEn  el  SciIENK, 

liericltle^  i9''i>  P-   «g*'*^- 

(■■^1  I.osA.MSTcii  el  .lovnsciHTScH,  liericlite,  l.  30,  l'^^ii;,  p.  i  i!~!. 

(")  I).  liEiniiEi.OT  el  Gaudechon,  Comptes  re/idii.s,  i.  l.'iO,  i<)i(),  |).  itnj^ 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1921.  161 

lion  p('rinangani([ue  |  IIofmcislL'r  ('),  l'ippingcr  (")|,  on  éleclrolylique 
(^ Fichier)  Ç). 

2.  lùilre  la  formainide  on  l'acide  oxainiciue,  d'une  |)art,  cl  leur  produil 
d'oxydalion,  l'urée,  d'autre  part,  esl-il  possible  de  saisir  l'acide  cyanique 

II.CO.NIl-  4-0  =  C0NII  -h  if-O 

Mi-.co.coMi  +  0  -coNii  ^  iim:)  +  (:o=. 

Espérant  atteindre  ce  but,  Halsey  traite  par  Mn  O'  Iv  ces  deux  corps.  Le 
précipité  produit  par  le  sons-acétate  de  plomb,  lavé,  est  chauffé  avec  le 
sulfate  d'ammonium,  afin  de  transformer  en  urée  le  cyanate  de  plomb, 
éventuellement  formé.  L'urée  ne  put  être  décelée,  ni  par  précipitation,  ni 
par  la  réaction  colorée  de  Ludy. 

Il  est  facile  de  montrer,  grâce  aux  méthodes  d'analyse,  déjà  décrites  (^), 
que  l'acide  cyanique  se  forme  dans  l'oxydation  de  la  for'mamide  et  de  l'acide 
oxamique. 

3.  SyNTMKSK  HE    I.'aCIDK  CYVNIOUi:  AUX  DICI'ENS  DE   I,,V    1  OU.MAAniJli.     —    Ou    ajOUtC, 

en  plusieurs  fois,  en  agitant,  MnO'K,  pulvérise  (5^),  à  de  la  formamide 
(i""'  =  is,i4),  dissoute  dans  de  l'ammoniaque  concentré  (10™').  Durée  de 
l'oxydation  :  i5  minutes.  Volume  de  liquide  :  27""'. 

Foirnalion  de  l'urée  p(ir  chauffage  de  1(1  liqueur  avec  INH'Cl.  —  2""'  delà 
solution,  non  chauffée  ou  chauffée,  une  lieure,  vers  93°,  avec  NH' Cl,  au 
reflux,  reçoivent  de  l'acide  acétique  (7""  )  et  du  xanlhydrol  en  solution 
mélhylique  à  ~  (i""')  : 

\,nilli,\l-iii-éc  pour  -J-^        l  ICI'  poui-  10(1-  furiiiaiTiirlc. 

Li(|Liicle  non  cliaulié ll•ace^  traces 

T^iquide  cliauné  avec  MI' Cl.  .  .  o*',!!:'!  r  ^''iQ'^ 

Réactions  coloi-ées.  —  A  la  liqueur  on  ajoute  NO'Ag,  puis  NO 'H,  dilue, 
de  manière  que  la  réaction  soit  à  peine  alcaline.  Le  précipité  (cristaux  mi- 
croscopiques), séché,  puis  broyé,  avec  KCl  et  acétate  de  cobalt,  donne 
une  coloration  bleue  intense,  au  contact  de  la  vapeur  d'eau  exhalée  par  la 
bouche. 

Le  perchlorure  de  fer,  très  dilué,  colore  en  violet  bleu  le  produit  de  la 
trituration  du  sel  d'argent  avec  du  chlorhydrate  d'hydroxylamine. 

(')  HoFMEisrER,  Archiv.  f.  e.vp.  P.  11.  P/i..  i.  :}",  iSg6,  p.  '^26. 

(-)  fM'i'ixURii,  /Jeilr.  :.  Cli.  l'Ii.  u.  II.,  l.  (i,   H)""»,  p.  '|!^i. 

(')  l'icMïER,  Zeii.  f-  Hk'Clr.,  l.  IS,   i.)i  >.  p.  (i'17. 

(')  I!.  l'ossi;,  Cvniptes  rendus,  igiu,    l.   171,  lyio,  |).  635  el  -j-i-î. 


l62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

4.  Sy.miiksk  1)1,  i,"\(.iiir.  cvamui  i'.  Aix  nri'i.Ns  uv.  i,'ai:idko\amiui  i;.  —  On  oxyde 
l'oxanicTle  (rainiiioniaquc  (i*^),  dissous  dans  volumes  égaux  d'eau  cl 
d'aïamoniaque  (lo""'),  par  Mn()''K  (5"),  en  cliaufîanl  légèrcnienl.  ^  o- 
1  urne  :  2'")""". 

Fornidlion  de  l'iirri'  />ar  c/ii/i/J/tt-^i'  de  la  liqueur  <ivci:  M  1'  Cl  : 

I  rce  p.Mii    lini- 
\;inlljyl-ijioo  pniir  ,'"".  oxaiiMln  (r,iriMri(iiii.H|iir, 

Lii|iiirle  non  <-liniiiré o-.ooo  06.00 

Ll(]iii(le  cliiiiilTé  avec  MIM;!.,.  ot.oo.'iS  ir.o.l 

Hèaclums  ccdorvcs.  —  M  l'une  ni  l'autre  de  ces  réaclions  ne  peuvenl  èlre 
ohlenucs  avec  le  volumineux  précipité  brut,  formé  surtout  d'oxalale,  pré- 
paré comme  ci-dessus.  Cependant,  si  on  l'épuisé  par  très  peu  d'eau,  à 
l'ébullition,  la  liqueur  fdlrée  abandonne,  en  minime  quantité,  des  cris- 
taux brillants,  produisant  1rs  deux  réactions  colorées  caractéristiques. 


CHIMIE  ORGAMOUl-:.   —  I.' iiulo.vydation  dit  slyrolnie  v.  hrtiinr. 
Note  de  M.  CiiAKi.iis  DniiAissi':.  présentée  [)ar  M.  Cli.  Moureu. 

Ainsi  ipie  je  l'ai  signalé  précédemment  ('),  le  styrolène  y.  brome 
(]'■  H'  —  (^  Br  =  (  111-  s'oxyde  très  facilement  à  l'air. 

Si  l'on  abandonne  celte  substance  dans  un  récipient  non  bouclié,  on  ne 
larde  pas  à  voir  apparaître  des  aiguilles  cristallines.  Ces  aiguilles  sont 
constituées  par  la  bromacétopbénone  C'H'*—  CO  —  CIl'-Br.  Il  y  a  donc 
tixation  d'un  atome  d'oxygène  suivant  l'équation 

CMI'lir-i-  0  =  011   (t  l!i. 

A.  On  remarque  que  Talome  de  brome,  situé  primilivemcnt  en  a,  se 
trouve  en  [losilion  p,  après  oxydation.  Cette  réaction  était  de  nature  à 
faire  naître  des  doutes  sur  la  constitution  du  styrolène  brome  :  il  paraissait, 
en  etTet,  plus  naturel  d'admettre  que,  par  oxydation,  le  styrolène  brome 
de  formule  (]'H'C  Br  =--  CIP  aurait  fourni  la  pbénylbromacélaldébydc 

C'  ii--(;iii;i -ciio  ( ')• 

(')   (outiller  rr/it/iis.  I.   171,  i(|-.>.o,  p.  (|(»i. 

(■)  Après  ce  f|iii  a  l'ic  exposé  dans  une  prccéduiile  \olc  sur  la  cuiislilulicm  do  la 
bromol)en/.alacéloplionone  Cil» — (  ;il  —  C  I5r  —  CO  —  C' II',  l'aUenlion  se  iroiive 
encore  ici  appeli'C  sur  les  difficiillés  ((u'ollro  la  dèleriiiinalioii  exacte  d'une  conslilii- 
lioii.  iiiLMiie  peu  coiiipli(|iu;o,  si  l'on  lienl  à  éviter  loule  cause  d'erreur. 


SKANC1-:    DU    17    ,I.\>VIKU    l()3I.  ll»3 

(-cpciiclanl  la  ronslitulion  de  ci;  caihiire  Itioiiio  ayant  élc  élnhiie,  dans  le 
Iravail  cité,  par  une  méthode  (jiii  oITrc  de  grandes  garanties  d'exactitude, 
j'ai  recherché  si  d'autres  cas  analogues  de  migration  d'halogène  n'avaient 
pas  été  déjà  signalés.  Ces  recherches  sont  restées  infructueuses  :  ni  les 
Traités,  ni  les  Mémoires  consultés  ne  décrivent  de  migrations  de  ce  genre. 

\\n  revanche,  j'ai  relevé  d'anciennes  expériences,  pui)liccs  en  i87<S  par 
Demole  ('^),  doni  l'interprétation  avait  échappé  à  l'auteur,  par  suite  d'une 
erreur  de  conslilution  (-),  et  qui  se  rapprochent  singulièrement  du  phéno- 
mène déciit  ci-dessus. 

Demole  a  constaté,  en  cIVcl.  ([uc  rélhylène  diluomé  C13r-  =  Cil-  s'oxyde 
spoulanément  à  l'air  en  donnant  le  hromurc  de  l'acide  mouobi'omacétiquc 
ClI-iîr — C()Bi-.  Il  y  a  donc,  sans  aucun  doute,  migration  d'un  atome  de 
brome  au  cours  du  processus  d'auloxydation.  Le  cas  du  dérivé  chlorohromé 
est  encore  plus  démonsliatif  :  à  partir  de  (]Cll)r  =  CH^  on  obtient,  par 
oxydation  spontanée,  un  mélange  de  chlorure  de  bromacétyleCH-Br  — CO(ï! 
et  de  bromure  de  chloracétyle  CH-Cl  — COlîr.  Cet  exemple  montre  que 
la  migration  [)cut  intéresser  aussi  bien  l'un  des  deux  atomes  d'halogène  que 
l'autre,  et  toujours  de  préférence  aux  atomes  d'hydrogène. 

Si  l'on  admet  avec  divers  auteurs  (■')  que  la  lixation  d'ox\gènc  se  pro- 
duise dans  cette  réaction  suivant  le  mécanisme  suivant  : 

o  o 


on  est  obligé  de  conclure  que  dans  risomérisalion  de  l'oxyde  d  clhylènc 
instable,  formé  transitoiremenl.  un  atome  d'halogène  se  déplace  toujours 
de  prcférrncc  à  un  atome  (F hydrogène. 

Il  semble  donc  que  la  migration  d'halogène  loin  d'être  une  anninalic, 
comme  on  aurait  pu  être  tenté  de  le  penser  n  priori,  soit  la  règle  générale. 
Ainsi  la  transformation  en  bromacétophénone  du  styrolène  a  brome,  au 
lieu  de  contredire  la  constitution  primitivement  attribuée  à  celte  substance, 
lui  fournirait  au  contraire  un  nouvel  appui. 

H.   Du  reste,  le  fait  même  que  le  styrolène  x  brome  s'oxyde  facilement  à 

(  ')   K.  rJEMdu;.  Ber.,  t.  2,  p.  3i").  —  V..  Dkmoi.i-  el  11.  l>i  fut.  IhûL.  p.  1'..)'.. 
{'^  ]  Li  véritable  coiislilulion  ;i  l'U' élalilie  par   A  ii-chillz  1 /jV/ ..  l.   12.  p.  2076). 
(')   ICn(Jleii  et  Weisueiu;.  t'.mnuNN,  Si  u  ihnckh,  otc. 


l6/|  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'air  confirme  une  fois  de  plus  sa  formule.  Il  résulte,  en  effet,  d'observations 
glanées  dans  divers  Mémoires,  que  l'accumulalion  de  groupements  électro- 
négatifs sur  une  double  liaison  facilite  l'oxydation  spontanée:  mais  le 
pbénomène  d'autoxydalion  est  incomparablement  plus  net  quand  les  grou- 
pements électronégatifs  sont  distribués  d'une  façon  dissymétrique.  Si  X 
et  \  sont  des  groupements  électronégatifs,  le  composé  X^  C  =  C  = 
s'oxydera  beaucoup  plus  vite  à  l'air  que  le  composé  isomère  —  XC  =  CV  — . 
Je  me  contenterai  de  citer,  comme  exemple  1res  caractéristique,  le  cas 
du  dijibénylétbylèiie  dissymétrique  (C'H' )-C  =  CH-(' )  dont  la  facile 
auloxydation  a  été  constatée  (il  se  forme  de  la  benzopliénone 

C'H'  — CO  — OU' 

et  de  l'aldéhyde  formique  CH'-  O  ),  alors  que  le  dipiiénylétbylène  symétrique 
C°H'  —  Cil  =  CH  —  C''I1'',  ou  stilbène,  ne  paraît  pas  s'oxyder  sensible- 
ment à  l'air. 

Parmi  les  trois  styrolènes  monobromés  que  j'ai  décrits,  l'un  s'oxyde 
spontanément,  avec  une  intensité  beaucoup  plus  grande  que  les  deux 
autres.  On  doit  en  conclure,  d'après  ce  qui  précède,  que,  dans  ce  composé, 
les  deux  groupements  électronégatifs  CH'  et  Br  sont  distribués  d'une 
manière  dissymétrique  par  rapport  à  la  double  liaison  :  par  suite,  en  dehors 
de  toute  autre  raison,  la  formule  dissymétrique  C'H^CBr  =  (JH-  devra 
être  adoptée  de  préférence  à  la  formule  symétrique  C^H'CH  =;  CHBr.  Le 
styrolène  brome  facilement  autoxydable  devra  être  considéré  comme  le 
styrolène  a  brome  C^H*CBr  — CH',  ce  qui  confirme  la  constilulioii 
[)rimitivement  établie. 

C.  Cette  facile  transformation  en  bromacétophénone  pourrait  être  la 
cause  des  propriétés  physiologiques  du  styrolène  a  brome.  Ce  composé  est, 
en  effet,  nettement  lacrymogène,  mais  son  action,  assez  faible  immédiate- 
ment après  la  distillation,  augmente  au  fur  et  à  mesure  que  se  prolonge 

(')  M.  TiFi'EXiiAi',  tlull.  Soc.  chint.,  3^'  série,  l.  27,  p.  1066. 

Celles  auloxydation  ou  d'autres  analogues  pourraient  periuellre  de  décider  si  le 
i^roupemenl  phénjle  ou  ses  homologues  sont,  en  tant  que  groupements  éleclronégatifs, 
susceptibles  de  subir  une  migration  semblable  à  la  migration  signalée  plus  liaul  îles 
atomes  d'halogènes  :  on  observerait  alors,  comme  réaction  accessoire,  la  formation 
d'une  quantité  plus  ou  moins  importante  dedésoxybenzoïne  C''!!* —  Cil- —  CO  —  C^H' 
ou  de  composés  analogues,  suivant  le  processus  décrit  plus  liaul. 

Le  cas  du  styrolène  a  brome  ne  laisse  pas  voir,  en  ellel,  lequel  des  deux  groupe- 
ments CUi'  ou  Jlr  a  subi  la  migration. 


SÉAiXCK    DU    ly    JANVIER    I921.  16S 

l'aclion  de  Tair;  il  ne  serait  pas  impossible  que  le  pouvoir  lacrymot^èiie 
soil  dû  à  la  présence  de  la  broinacétopliénone,  dont  raclion  irritante  est 
bien  connue. 

1mi  résumé  : 

i"  Quand  les  processus  d'antoxydalion  sontaccoiin)ai;nés  de  pliénomèncs 
de  migration,  ce  sont  les  atomes  électronéj^atifs  cpii  paraissent  émigrer  de 
préférence  aux  atomes  d'hydrogène.  La  migration  électronégative  parait 
donc  être  la  règle  générale. 

2"  L'autoxydation  d'une  liaison  éthylénique  est  d'autant  plus  intense 
que  les  groupements  électronégatifs  sont  distribués  autour  d'elle  d'une 
manière  plus  dissymétrique. 

3°  Le  phénomène  d'autoxydation  du  styrolène  y.  brome  contirme  la 
constitution  qui  lui  a  été  attribuée. 

'1"  Les  propriétés  irritantes  du  styrolène  a  brome  paraissent  être  dues  à 
la  bromacétophénone  à  laquelle  il  donne  naissance. 


GÉOr.OGlE.  —  Moavrnienis  tectoniques  inlcri^laciaircs  et  jjo.sl^/aciairrs  dr 
l' e.vlrèinité  orienldlc  des  Pyrénées.  [\ote  de  M.  Octave  Mengel,  présentée 
par  M.  Pierre  Termier. 

J'ai  montré  (')  que  le  retrait  de  la  mer  de  280'"  avait  été  suivi  d'une 
débâcle  glaciaire  dont  les  dépôts  constituent,  soit  les  anciens  cônes  de 
déjections  démantelés  que  l'on  trouve  sur  le  pourtour  du  Roussillon  et  de 
l'Ampurdan,  soit  les  éléments  de  sédimentation  des  anciens  lacs  du  Conilenl 
et  de  la  Cerdagne.  En  Cerdagne,  ces  sédiments  reposent  sur  les  argiles 
blanches  sableuses  et  ligniteuses  que  les  auteurs  rapportent  au  Miocène  et 
qui  avaient  commencé  dès  cette  époque  l'envasement  de  cette  large  dépres- 
sion si  curieusement  étalée  à  i5oo'"  au  centre  des  massifs  de  la  ligne  de 
faite  de  l'extrémité  orientale  des  Pyrénées.  Dans  cette  région,  la  glaciation 
contemporaine  de  la  mer  de  28o"'])araît  s'être  exercée  suivant  un  réseau 
hydrographique  assez  différent  de  celui  de  la  glaciation  suivante  (-) 
auquel,  cependant,  il  se  raccorde  parfois  (vallée  de  Carol  )  par  des  ruptures 
de  pente  donnant  le  «  type  pyrénéen  »  dit  des  glaciers  suspendus.  C'est  à  la 


(')  CoDipIcs  rendus,  l.  170,  içcio,  p.  003. 

(-)().  MRN(iiîi.,  lîliides  de  i^éogrupliie  phy-sujuc  sur  les  l'y  renées  catalanes  {liiill. 
Seal,  du  Canigou  du  C.  A.  F.,  1911,  Perpignan). 


l66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

coiiosioii  produite  par  les  eaux  ciiianant  de  cette  calotte  glaciaire  qu'est 
(là  le  palier  supérieur  des  vallées  ('). 

La  glacialioii  conlcmpoiaiuc  delà  merde  loo™  a  laissé  des  traces  plus 
nettes.  C'i^sl  à  .sa  déliàcle  que  je  rappoilr  la  deuxième  série  de  cônes  de 
déjections  du  Roussillon,  le  palier  inférieur  des  vallées,  et  les  coi'iloiis 
littoraux  morainiques  fies  anciens  lacs  du  revers  nord  du  Caiiigou  el  de  la 
Cerdagne. 

La  période  iiilerglacialre  parait  avoir  été  une  période  de  démantèlement 
énergique.  La  sédimentation  (pii  en  a  été  la  conséquence  se  présent(;  sous 
la  forme  d'alternances  de  cailloux  roidés,  d'argiles  à  blocs,  d'argiles  gré- 
seuses et  paifois  ligniteuses,  d(>  calcaire  lacustre  (  ^  inça  à  Marquixanes). 
(]et  ensemble  est  bairé  de  ."i  à  G  lits,  plus  ou  moins  épais,  de  cailloulis 
argileux  forlemeni  rubéfiés;  indices  d'exposilions  répétées  el  prolongées  à 
l'air  atmosphérique  par  suite  d'arrêts  momenlanés  successifs  dans  la  sédi- 
nii'ntatioii.  La  similitude  de  celle  répétition  de  faciès  dans  les  dépressions 
pradéenne  et  cerdane  montre  que  la  sédimentation  y  passait  simultanément 
parles  mêmes  phases.  Dans  les  depuis  dederdagne  toutefois  j'ai  constaté 
une  allernance  de  lits  ù  cailloux  striés  et  non  striés.  Je  n'ai  pu  faire  jusqu'ici 
|)areille  observation  dans  ceux  de  l'rades,  vraisemblablement  parce  que  les 
glaciations  partielles  qui  se  sont  produites  enli'c  les  deux  périodes  glaciaires 
ne  sont  pas  descendues  jusqu'au  (^onllent. 

Dans  les  deux  régions,  les  sédiments  interglaciaires  sont  recouverts  par 
les  dé|)i')ts  morainiques  de  la  deuxième  glaciation.  Ils  s'étendent 
jusqu'à  '140'"  enlrc  ICstoher  et  Marquixanes  (je  les  ai  retrouvés  dans  la 
vallée  du  Tech,  près  de  Montferrer,  à  la  cote  490).  En  Cerdagne,  les  dépcUs 
moi'ainiques  sont  sensiblement  en  concordance  de  plongement  a\ec  les 
sédiments  iuterglaciaires.  Sur  le  pourtour  méiidional  du  bassin,  l'ensemble 
plonge  à  letJléncur  de  la  dépression,  c'est-à-dire  à  coulrc-[)ente  du  versant 
du  massif  de  bordure,  avec  des  pendages  variant  de  ">"  S\\  à  (So"  S  en 
allantdu  massif  silurien  du  l'nigmalau  massif  nummulilique  de  la  Sierra 
de  Cadè.  Sur  le  bord  septentrional  de  la  cuvette,  les  dé[)ôls  plongent  nor- 
niiileinenl  vers  le  Sud,  mais  avec  un  pendage  plus  accusé  que  le  conqiorte 
la  nature  des  sédiments.  Dans  la  région  de  l'rades,  les  moraines  repoisent 
horizontalement  en  discordance  sur  les  dépôts  interglaciaires,  ()u'ils  ont 
d'ailleurs  all'onillês.  Ceux-ci,  sur  la  bordure  sud  de  la  dépression,  plongent 


_  (  ')  ().  Mknkkl,  h'ssai  sur  le  creusement  tics  vallées  de  la  Tct  et  du    7ecli  {llull. 
Siir/cté  .I,'/'.,  Se.  Ci  Lett.  des  /'jié/ices-O/ic/itides,  I.  W,   i\l>>~-  l'i'i  pi^nmii). 


StiANCI',    DU    17    .lA.Wll'U    l<)2  1.  167 

(1(^  )")  "  VOIS  ri'.st-Xord-lisl  ;  sur  l;i  hoidiiie  iioid,  In  jUMuliii^o  ne  dopasse  [las 
■-!;')"  MMi  le  Siid-SiKl-l']>^t.  ImiIic  les  deux,  les  slralcs  passent  à  Thoiizoîilale 
avec  ((ucl(|iies  ondiilalioiis.  Le  parallélisme  de  ces  slrales  à  coinposilioii 
lillioloj^iqiie  si  variée  indique  que  la  sédinientalion  s'est  faite  hoiizonta- 
li'Mient  dans  toute  la  largeur-  de  la  dépression. 

He  ces  observations,  il  sendjle  résulter  les  conclusions  suivantes.  Lntre 
les  deux  périodes  glaciaires,  conlemporaines  des  mers  de  280'"  et  100"',  le 
mouvement  général  aucjuel  est  due  la  régression  marine  se  serait  traduit  sur 
le  revers  nord  des  Pyrénées  orientales  par  deux  mouvements  locaux  simul- 
tanés. L'un  (>r()f;-é/ii(/iic,  réveil  de  l'effort  de  plissement  longitudinal  post- 
oligocène; l'autre  e/>iroi^rni//ui',  orlliogonal  au  premier,  entraînant 
l'exliaussemciit  du  seuil  reliant  les  massifs  de  Caren(;a  et  de  Madrés.  Le 
premier  pr<)\o(jua  un  effondrement  du  bassin  de  la  Cerdagne,  sous  l'action 
d'une  tendance  à  la  reprise  du  clievaucliement  vers  le  Nord  du  Nummuli- 
tique  espagnol.  Je  vois  un  témoin  de  cet  effondrement  dans  la  montagne 
de  Llivia  si  nettement  détachée  du  palier  glaciaire  Odeillo-Targasonnc 
dont  elle  faisait  partie.  Dans  la  région  de  Prades,  le  mouvement  orogé- 
nique parait  ne  pas  s'être  exercé  au  delà  de  la  dernière  période  glaciaire  et 
si'mble  s'être  borné  à  un  resserrement  de  la  déjiression,  avec  maximum 
d'effet  sur  le  versant  du  Canigou.. 


.\1A(;nÉTIS.\IE  TERRES! m:.  —  Viilcurs  (les  èléinenls  inagnéliqucs  à  /'Ol/seivatoirr 
dit  Val-Joyi'iix  lin  V'  /an\ter  i\y2i.  [Note  de  M.  Ch.  nri'orit. 

Les  observations  magnétiques,  organisées  en  1901  à  l'Observatoire  du 
Val-Joyeux  par  le  Bureau  Central  météorologique,  ont  été  continuées 
en  i()'-2o  dans  les  mêmes  conditions  ([ue  les  années  précédentes. 

Les  valeurs  des  éléments  magnétiques  au  i"' janvier  i()2i  résultent  de  la 
moyenne  des  valeurs  horaires  relevées  au  magnétographe  Mascart  le 
>[  décembre  et  le  i"  janvier,  rapportées  à  des  mesures  absolues  toujours 
faites  par  M.  J.  Itié  à  des  dates  qui  précèdent  et  suivent  immédiatement 
le  i"' janvier. 

La  variation  séculaire  des  diilërents  éléments  est  déduite  de  la  compa- 
raison entre  les  valeurs  actuelles  et  celles  qui  ont  été  données  pour  le 
1''' janvier  1920  ('). 

(')  Conijjles  icndtis,  t.  170,  1920,  p.  A^b. 


l68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Valeurs  absolues  et  varialio/i  séculaire  des  élénienls  magncliqucs 
à  rObser\'aloire  du   Val-Joyeux. 
Latitude  :  /(So/^q' '6";  longilude  :  2°o'52"  E.  Gr. 
\aliurs  al^suhies 

l'cpoque  1921 -fl.       Variiiliun  >.i  riil.iire. 

Déclinaison i2"48,5o  — 9-97 

Inclinaison Ç)\° !\\\    8  -!-(>'.   - 

Composante  horizontale o,  igôliô  — 0,00009 

)>  verticale n,;^i595  -t-o,oooo3 

I)  nord 0,19176  -ho,()oOo4 

»  ouest (>,o436o  — 0,00057 

Force  totale o,  46110g  — 11,11(111111 

La  série  des  observations  magnétiques  du  \  al-Joyeux  comprend  actuel- 
lement 20  années.  La  déclinaison  était  au  i"  janvier  1901  i5"  it\\'\  ;  elle  a 
ainsi  diminué  en  20  ans  de  a'^aG';  la  variation  séculaire,  qui  était  d'environ  4' 
en  1901  est,  depuis  1913,  supérieure  à  9'. 


BOTANIQUE.  —  Modificalion  de  lu  forme  el  de  la  .structure  d'une  Mous.se 
(Hypnuin  commutatum  Hc(U^\)  maintenue  en  .submersion  dans  l'eau. 
Note  de  M.  Ad.  Dawy  de  Vihvii.i.e,  présentée  par  M.  (iaslon  Bonnier. 

L'actiou  du  milieu  a([ualique  sur  le  développement  des  Mttscinèes  a  été 
à  peine  étudiée  jusqu'ici  :  je  me  propose  de  mettre  en  évidence  Fimportanco 
physiologique  de  ce  facteur.  Les  Muscinées  se  prêtent  très  facilement  à  des 
cultures  expérimentales  dans  l'eau.  Le  mieux  est  de  procéder  ainsi.  Dans 
un  tube  à  essai,  on  fait  glisser,  à  l'aide  d'un  agitateur,  une  petite  touiïe  de 
l'espèce  (pie  l'ou  veut  étudier,  après  l'avoir  soigneusement  lavée.  Ou 
remplit  ce  tube  d'eau  et  on  le  couvre  d'un  petit  cône  de  papier  qui  protège 
le  liquide  contre  la  chute  des  poussières  atmosphériques,  sans  nuire  à 
l'aération.  Il  faut  renouveler  cette  eau  tous  les  quinze  jours  environ. 

Les  expériences  étant  ainsi  conduites,  voici  ce  que  j'ai  constaté  clic/ 
Vllypnum  commutatum  Hedw.  Cette  Mousse  forme,  dans  la  nature,  des 
touffes  d'un  vert  clair,  au  premier  printem])S,  qui  se  foncent  et  jaunissent 
pendant  l'hiver.  Les  tiges,  hautes  de  5""-io"",  se  partagent  en  branches 
pennées;  elles  portent  des  feuilles  disposées  sur  trois  rangs,  séparées  par 
des  entre-nœuds  mesurant  o""","2.  (^es  feuilles  sont  un  ])eii  plus  grandes  sur 
l'axe  [)rinci[)al  que  sur  les  axes  latéraux;  elles  ont  une  forme  (>\ale  Irian- 


SEANCE  DU  17  JAxviEn  igsr.  169 

t^iilaire  et  se  terminent  par  nn  aciinien  falcit'oiine  cl  denté,  ainsi  qnc  la  l)ase 
(les  feuilles.  De  pari  et  d'autic  de  la  nervuie  médiane  iwjslenl  toujours  un 
ou  deux  plis  longitudinaux.  Les  cellules  ilu  llnihe  sont  llexueuscs  et 
allongées.  11  existe  aussi  des  feuilles  accessoires  ovales-subulées  et  un 
feutrage  de  rliizoïdes  brunâtres. 

Voici  maintenant  les  transformations  qui  se  sont  produites  après  six  mois 
de  culture  en  milieu  aquatique.  Toute  trace  de  la  ramification  pennée 
caractéristique  de  celte  espèce  a  disparu,  ce  qui  la  rend  méconnaissable. 
Les  tiges  se  sont  très  allongées  el  atteignent  i8""-2o""  au  lieu  de  5"°-io"". 
Les  entre-no'uds  mesurent  o'""',4,  soit  le  double  de  ce  qu'ils  sont  normale- 
ment. Les  feuilles,  qui  se  formèrent  tout  d'abord  à  la  base  des  rejets  venus 
dans  l'eau,  sont  étroitement  ovales-lancéolées,  quatre  fois  plus  petites  que 
chez  le  type.  Dentées  sur  tout  leur  contour,  elles  ne  sont  pas  plissées. 

L'acumen  falciforme  a  disparu.  Les  cellules  ont  changé  de  taille  et 
de  forme  et  sont  devenues  polygonales  allongées.  Les  feuilles,  qui  se 
développèrent  ensuite,  présentent  presque  les  mêmes  caractères;  elles  sont 
toutefois  un  peu  plus  grandes,  mais  restent  encore  trois  fois  plus  petites 
(jue  celles  du  type  :  surtout,  caractère  important,  les  membranes  sont 
devenues  d'une  extrême  ténuité.  Aussi  les  tissus  développés  dans  l'eau  sont 
tellement  mous  (jue  les  tiges  sont  incapables  de  se  soutenir  dans  l'air.  Les 
feuilles  accessoires  sont  très  réduites,  quand  elles  ne  font  pas  défaut.  Les 
rliizoïdes,  également  réduits,  forment,  çà  el  là,  des  houppes  sous  les 
feuilles.  De  plus,  ces  pousses  aquatiques  sont  d'un  vert  pâle,  agréable  à 
l'oùl.  car  les  grains  de  chlorophylle  sont  moins  nombreux  et  d'une  teinte 
plus  faible.  Le  Tableau  suivant  donne  le  résultat  des  mesures  elFecluées. 

llyjiniim  coniniiilali/n)    Uedw T\  pe  aL'rien.  Type  aquuliqiie. 

.      Feuilles  Fouilles  (les  Feuilles  Feuilles 

Organes   examines .les  lises  raminaaliuns       dëTolopljées       développées 

(  iiriiiciiialos.  latérales.  au  déliul.  à  la  On. 

Longueur  totale  des  feuilles 3,2  1,8  o,5  0,8 

Largeur  »  »        o,g  o,-  o,4  o,4 

Cellule  des  oi-eillettes  :  longueur.  .  0,080  o,ii3o  0,021  0,027 

»  »  largeur....  o.ni.ï  0,01.")  0,012  o,oi.î 

Cellules  du  limlje  :  longueur (i,o3()  0,0.01  0.018  ii,(i2/j 

>i  »  largeur i),oii(i  11,006  o,nii(3  o.ood 

»        de  l'acumen  :   longiieui.  .  .  0,0-2  0,060  0,021  (),o38 

»  ))  largeur o.inn)  o,i>o6  0,0116  ci,oi;g 

LIne  preu\e  convaincante  de  l'influence  du  milieu  aquatique  réside  dans 
ce  fait  que  quelques  rejets  ont  dépassé  de  i""  le  niveau  de  l'eau  maintenu 


I-yo  ACADitMIE    DES    SCIENCES. 

sensiblement  constant  :  on  peut  y  observer,  entie  autres  caractères,  une 
tendance  à  la  ramification  pennée  qui  a  lolalemenl  dispaïuc,  je  Pai  dit, 
dans  la  partie  sid)nierj;ée. 

Des  expériences  poursuivies  simultanément  avec  d'autres  espèces,  telles 
(jue  VUypniiiii  irlqiit-tntni  I..,  et  des  cultures  de  diverses  Mousses  et  d'Hépa- 
ti(jues  à  thalle  que  jr  tais  acluelleiuenl.  me  permettent  de  conclure  à  Tin- 
lluence  profonde  de  la  vie  en  milieu  aquatique  sur  le  dé\  elop|iement  des 
Miiscinéi's. 

Ces  résultats,  conformes  aux  observations  faites  en  i885  par  M.  (]os- 
lanlin  à  la  suite  de  cultures  expérimentales  de  Phanérogames,  apportent 
une  nouvelle  preuve  en  faveur  des  théories  de  l^amarck,  et  montrent  ipie 
l'adaptation  au  milieu,  sans  cesse  prolongée,  est  un  facteur  très  important 
dans  l'évolution  e(jntinue  des  êtres  vivants. 


l'IlYSIOLOGIE  VlîiiÉTALE.  —  Aclioii  dr  Id  cliloropicri i\r  siiv  lu  fnriillé 
'j,eri)uncitirfi  i/r.s  graines.  Note  (')  de  M.  E.  .^Iii:»ii.,  présentée  par 
M.  E.  lîoux. 

Plusieurs  savants  ont  montré,  dans  des  Notes  précédentes  (  Coiiij>tes  ren- 
dus, 1919  et  1920)  que  la  chloropicrine  possède  un  pouvoir  insecticide  |iuis- 
sant,  susceptible  d'être  utilisé  efficacement  pour  la  destruction  de  certains 
parasites.  Il  était  important  de  déterminer  l'action  de  la  chloropicrine  sur 
la  faculté  germinative  el  la  valeur  culturale  des  graines. 

Diins  une  cpieuve  préalable  de  grande  ciiluiif,  plusieuis  i]iiiiitau\  de  dilléreiiles 
-eniences  infestées  (pois,  haricots,  blé,  etc.)  ojit  été  traités,  snit  en  arrosant  les  saes 
fertiles,  selon  la  technique  indiquée  par  M.  (i.  lierlrand,  soit  en  plaçant  la  chloropi- 
crine dans  des  récipients  voisins.  A  la  dose  de  ao'"'"  par  mèti-e  cube  d'espace,  ou  par 
sac  de  80'''-'  environ,  la  bruche  des  pois  (liruvliiis  pisi).  la  bruche  des  haricots  (/irii- 
c/i us  oùlect us)  el  \e  c\iaiencon  du  blé  {Calandra  graniaria)  furent,  dans  les  deu\ 
cas,  radicalement  détruits  après  a4  heures  de  contact,  sans  que  la  faculté  ijerminative 
ait  paru  altérée.  L'abiiile  du  h\i{SiU)lroi;<t  cerralella)  fut,  de  même,  complètement 
supprimée,  dans  des  conditions  semblables. 

Dans  une  seconde  série  d'essais,  poursuivis  au  laboratoiie,  des  échanlillons  de 
i;raines  de  plusieurs  plantes  cultivées  furent  placés  dans  des  coupelles,  réunies  sous 
une  grande  cloche  de  verre,  el  soumis  pendant  des  temps  variables  ((i,  l'î,  •x'x,  '|8, 
'•f.  el  96  lieuies)  à  l'inllueuce  de  doses  de  chloropici'ine  allant  de  i5""'à.5o""  par  mètre 
cube.   V  la  sortie  de  la  cloche,  les  semences  étaient  mises  en  ijerminalion  sous  papier- 

(')   Séance  du  10  janvier  19.JI. 


SÉANCE    DU    I-    .JANVIER    I921.  171 

lillrc,  à  l'air  liljie  sans  ('■liive,  iM  rdiiiparaliv  eniciil  à  des  Idts  Icnidiiis  non  liailc.-.  I.:i 
liMii()L'raUii'c,  [HMidanl  le  liailcnicnl  ri  la  ;;i'rni  inalioii,  oscilla  anloni-  de  11" 
(i'\lirnies  <o"  et  '.o'iSj.  La  rnaicliu  lin  (le\  eloji|n'nicnt  îles  graines  fui  suivie  scilyncn- 
senii  ni  jusiiu'à  moisissiiic  des  individus  non  germes;  mais  le  j  élevé  de  toutes  les 
iiliservaliiins  journalières  étant  très  eneoinlirairt,  nous  rions  homeronsà  indiquei',  dans 
les  'l'ahleanx  suivants.  In  valeui'  delinilive  de  la  l'acnlli'  ^erminalixe  des  dill'eri'nls  luis 
de  senienei's  ('ral)lean\  I  et  II). 

Taiu.fai:   1.  —   /■'((i-iillé  f^enuiniitii'f  après  (rullciiiciil  à  l'j""   i/i-  c/i/oropicfi/ic 
par  mi' Ire  eu  lu'. 

IULIT.- 

<lii   liiiiU-ruenl.  lik-,  l!i/.  l.liiiriMc.        I.iii.  l.eiMillr.     Im-mii-iic  .      Ilcisini. 

Il  (^  témoin  )...  .  100  Su  (iç)  mu  mo  mu  mu 

()  lieures 90  S'i  .jo  1  ou  lou  lou  lou 

I  >.        ) 8>,  79  (il  1 00  1 00  I  im  I  ou 

>.'\         )i         ■JO  ^t)  .j8  100  lui)  100  lUO 

_jS          »         66  60  j'i  100  IIJO  liiO  ion 

-■'.          I)         69  .il)  6.5  100  lui)  mil  lui) 

96        )i         71  .iN  64  100  lui.)  100  100 

'I'aiii.kai'   II.  —  l'\iciillé  i;r>'mi/iati\e  après  trailciiieitt  11  .îo""'  i/e  r/ilorapicri/ic 
par-  mètre  cahe. 
Un  no 
.In   liiiilonii'iil.  lile.  lîel  li-iiiv.'.  l.iii.  i.iNlilIf.       l'^iiiign  e.        li.'sMiii. 

i)  (témoin) 100  ->.  100  100  mu  luu 

tJ  heures S'i  61  9.")  99  luo  100 

I  !       »        36  6.5  96  100  luu  100 

'.  I       »       3>.  .')S  1)1  11)3  mu  Kio 

TAlii.KAi    III.    -  lùiei'fiie  ucrinirialii'c  du  bic.  traité  à   !o'"''  de  cliloropici  inc 
par'  mètre  eu  lie. 

\pparilii)n  du  |ii'eiiiiei'  uernie.  .  .  .  .3"  jour  ■'.''  )''  .^'' j'  3"-'  j''  3''  j'  '\''  j''  .")''  j'' 

!'l  junr~.  .     .           .V'i  (■).■)  .|o  53  :■)              7  u 

6       »...           73  77  69  .').S  .'19           411  ■) '1 

S        <      ....           N.")  S.',  76  ().j  .j.S           .54  .30 

lu       .     ....          9',  SS  Su  71  6)           ,57  6-). 

La  clilofO[jicrine  exerce  donc  une  action  ceiiaine  sur  la  facnllé  ^ei'iiiina- 
li\e  qui  varie  coiisidérableinent  avec  la  naltne  de  la  graine.  CerLaiiies 
semences  supportent  sans  aucun  inconvénient,  et  pendant  des  temps  assez 
longs,  des  doses  relativement  élevées  d'insecticide;  les  légumineuses,  en 
particulier,  manifestent  une  résistance  remarijuable,  sans  doute  due  à  la 
nature  de  leurs  tégunieiits;  le  lin  possède  la  même  immunité,  sauf  aux 


172  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

fortes  doses,  «iiii  commencent  à  atteindre  la  vitalité  des  graines  au  hoiil  de 
G  heures,  i'ar  contre,  les  graminées  montrent  une  grande  sensibilité  à 
l'action  loxicjue  de  la  cliloropicrine,  même  lorscju'elle  ne  se  poursuit  que 
|)endant  quelques  heures. 

Avec  i')""'  seulement  et  un  bref  contact  de  ()  heures,  la  faculté  germina- 
live  du  blé  subit  déjà  une  din)inution,  qui  s'accentue  très  vile,  et  plus  rapi- 
dement avec  l'accroissement  des  doses  employées  (|u'avec  la  durée  du 
traitement.  Ce  résultat  corrobore  celui  énoncé  par  Picetti  et  Heniardini 
('9^7)  T^'  *^"'^  constaté  un  abaissement  de  3o  pour  100  dans  la  faculté  ger- 
minaïive  du  blé,  sous  Tinlluence  de  20""'  de  chloropicrine  s'exerçant 
pendant  une  semaine.  Cette  perte,  dans  nos  essais,  n'augmente  guère  avec 
un  contact  prolongé,  mais  elle  atteint  un  taux  relativement  considérable 
avec  les  doses  élevées;  les  mêmes  faits  se  remarquent  pour  le  riz. 

Le  chanvre  et  la  betterave  supportent  mal,  également,  les  vapeurs 
toxiques,  mais  la  valeur  médiocre  des  graines  employées  (révélée  par  le 
développement  imparfait  des  témoins)  trouble  quelque  peu  les  résultats; 
ceux-ci  montrent,  toutefois,  cjue  l'action  de  la  chloropicrine  paraît  [uoins 
profonde  sur  ces  semences  que  sur  les  céréales. 

[j'énergie  germinalive  a  été  aflectée,  elle  aussi,  par  le  traitement  et. 
généralement,  dans  un  sens  défavorable,  d'autant  plus  accusé  (pie  les  doses 
et  les  durées  de  contact  étaient  plus  grandes.  Cependant,  lorsque  celles-ci 
sont  faibles,  on  observe  parfois  une  légère  accélération  de  la  germination 
(lin,  blé,  fenugrec).  Le  Tableau  III  résume  les  principales  constatations 
faites  sur  le  blé  (  '  ). 

Conclusions.  —  t"  La  destruction  des  insectes  parasites  des  semences 
(bruches,  charançon,  alucite,  etc.)  peut  être  assurée  par  l'emploi  de  la 
chloropicrine,  agissant  pendant  i[\  heures  à  la  dose  de  i.j'"''  à  ao™'  par 
mètre  cube.  [Jn  contact  plus  prolongé  et  des  quantités  plus  élevées  ne 
paraissent  pas  utiles. 

2°  L'action  de  la  chloropicrine  sur  les  semences  varie  a\ec  la  natui'e  des 
graines,  la  dose  employée  et  la  durée  du  traitenienl. 

Insensible  sur  certaines  semences  (légumineuses,  lin,  etc.),  elle  all'ecle, 

(')  Un  fait  curieux  et  qu'il  coinienl  de  signaler  est  la  renian|uable  \iguenr  des 
giaiiies  do  légumineuses  qui,  toutes,  ont  germé  à  hki  pour  loo  el  dans  un  délai 
maximum  de  5  jours;  dans  la  plupart  des  cas,  les  semences  de  Bersim  (irèlle  d'Alexan- 
drie) se  sont  même  dé\eloppées  complèlemeiit  en  /jS  heures. 

Toutes  les  graines  utilisées  ont  été  récoltées  an  Maroc  et  pio\  iennenl  do  la  ilornliro 
récolle. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1921.  1^3 

au  contraire,  la  facultij  et  l'énergie  gerininalives  de  quelques  autres 
(chan\re,  betterave,  et,  en  particulier,  céréales).  Cette  influence  défavo- 
rable augmente  généralement  avec  les  quantités  utilisées  et  la  durée  de 
contact.  Dans  les  conditions  requises  pour  la  désinfection,  elle  peut  dimi- 
nuer de  3o  pour  100  le  pouvoir  gerrainatif  du  blé,  et  les  doses  plus  fortes 
sont  encore  plus  nuisibles;  par  contre,  les  semences  de  légumineuses  mani- 
festent une  immunité  absolue. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  le  mécanisme  chimique  de  l'assimilation  du  gaz 
carbonique  par  les  plantes  vertes.  Note  de  M.  P.  Mazé,  présentée  par 
M.  Roux. 

Quand  on  se  propose  d'expliquer  la  formation  des  produits  immédiats 
qui  résultent  de  l'assimilation  du  gaz  carbonique  par  les  plantes  vertes  (  '), 
on  est  conduit  à  attribuer  un  rôle  fondamental  à  l'hydroxylamine. 

L'existence  de  cette  base  dans  les  feuilles  est  rendue  certaine  : 

1°  Par  la  transformation  de  l'ammoniaque  en  composés  oxygénés  de 
l'azote  et  ii'ce  versa,  qui  s'y  réalisent  normalement  (-). 

Ces  transformations  comportent  de  nombreux  composés  intermédiaires 
dont  les  principaux  sont  : 

AzO^H  ->  AzOMt  —  AzH^OH  =i  AzIP. 

L'hydroxylamine  doit  figurer  dans  cette  double  série,  parce  que  les  phé- 
nomènes d'oxydation  et  de  réduction  réalisés  par  la  cellule  vivante,  se 
font  graduellement  et  n'intéressent  qu'un  seul  atome  d'oxygène  par  étape. 

Je  n'ai  pas  réussi  jusqu'à  présent  à  mettre  directement  l'hydroxylamine 
en  évidence  dans  les  milieux  nitrifiants  ou  dénilrifiants;  mais  cela  ne  veut 
pas  dire  qu'on  n'y  parviendra  pas  bientôt  en  mettant  en'  œuvre  un  artifice 
d'expérience  approprié.  11  est  vraisemblable,  en  effet,  que  l'hydroxylamine 
se  combine  aux  aldéhydes  et  aux  cétones  pour  donner  des  oximes,  et  c'est 
en  vertu  de  cette  propriété  même  qu'elle  joue  le  rôle  que  l'examen  des  faits 
lui  assigne. 

('  )  P.  Mazé,  Recherches  sur  l'assimilation  du  gaz  carbonique  par  les  plantes 
vertes  {Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  1891  ). 

(-)  P.  Mazé,  Recherches  sur  la  présence  d'acide  nitreux  dans  les  cellules  végé- 
tales et  animales  {Comptes  rendus,  t.  153,  1911,  p.  357),  dans  la  sève  des  végétaux 
supérieurs  {Fbid.,  l.  155,  1912,  p.  781)  et  Annales  de  VI.  P.,  t.  25,  p.  289  et  869. 

C.  R.,  1921,  i-  Semestre.  (T.  172,  N»  3.)  l3 


I  74  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

2"  l*ar  la  présence  constante  de  l'acide  nilreux  libre  et  celle,  assez  fré- 
quente, de  l'acide  cyanhydii((ue,  deux  dérivés  des  oxiines. 

Agissant  d'abord  comme  base,  Tliydroxylamine  fixe  le  gaz  CO"  et  forme 
l'une  ou  l'aulredes combinaisons CO-AzH^OH,  CO'H-AzH-OlI,  pbysio- 
logiquement  équivalentes. 

Or,  on  a 

CO^ÂzIl'OII     =    H  — CHO  + A/.O-H. 

Le  formol  n'existant  pas  dans  les  feuilles  vertes,  il  faut  poser,  pour  se 
conformer  entièrement  aux  résultats  expérimentaux  : 

(rt)  aCO^AzlPOU     =     ClPOli -CHO-i- AzOMI. 

L'acide  nitreux  et  l'aldéhyde  glycolique  qu'on  obtient  ainsi  existent  dans 
les  feuilles  de  sureau,  et  il  se  trouve  précisément  que  ces  feuilles  ne 
renferment  ni  alcool  éthylique  ni  acide  acétique,  faits  que  j'ai  établis  par 
une  méthode  sur  laquelle  je  reviendrai. 

L'aldéhyde  acétique,  très  répandu  pourtant  dans  les  feuilles  vertes,  peut 
provenir  de  l'aldéhyde  glycolique  par  réduction  et  la  transformation  (a) 
serait  le  procédé  général  de  réduction  du  gaz  carbonique.  Mais  il  est  hors 
de  doute  que  l'aldéhyde  acétique  résulte  aussi  de  l'oxydation  directe  de 
l'alcool. 

Quelle  que  soit  son  origine,  il  peut  servir  de  base  à  la  formation  d'une 
autre  série  de  corps  par  voie  de  combinaison  avec  l'hydroxylamine,  en  pas- 
sant par  les  oximes. 

On  a  alors 

CIP  — CHO-i-CO^AzII^OII     =    CH»  — CHOH  —  GHO-1- AzOMl, 

c'est-à-dire  l'aldéhyde  lactique  et  l'acide  nilreux  présents  dans  la  feuille  de 
peuplier. 

On  conroil  aisément  que  les  aldéhydes  glycolicjue  et  lactique  peuvent 
engendrer  d'autres  combinaisons,  soit  par  hydratation  ou  condensation, 
soit  par  oxydation,  soit  encore  par  de  nouvelles  combinaisons  a\ec  l'hydro- 
xylamine. 

Quant  à  l'acide  cyanhydriquc  et  à  racétylméthylcarbinol  on  doit  les 
considérer  comme  étant  déjà  des  produits  d'élaboration  ('). 

On  doit  remarquer  maintenant  que  toutes  les  transformations  envisagées 
jusqu'ici  peuvent  se  faire  uniquement  avec  le  concours  de  l'énergie  fournie 

(')  I'.  Mazé,  loc.  cil. 


SÉANCE   DU    17    JANVIER    1921.  175 

par  la  combustion  respiratoire.  On  a  donc  le  droit  d'admettre  que  ces  pro- 
cédés sont  très  répandus  chez  les  cellules  vivantes,  mais  qu'ils  y  sont  mas- 
qués par  le  phénomène  inverse  de  la  combustion  respiratoire  (jui  libère  un 
volume  de  gaz  CO"  bien  plus  élevé  que  celui  qui  est  assimilé  par  voie  de 
réduction. 

Par  contre,  ces  procédés  deviennent  la  règle  exclusive  chez  les  ferments 
nitrifiants  qui  empruntent  précisément  leur  carbone  au  gaz  carbonique. 

L'équation  de  la  fermentation  nitreuse  peut  s'écrire  : 

2(C0^\zll^Oll)    =    CIIMJH  — CHO  +  AzOMI, 

et  celle  de  la  fermentation  nitrique  : 

■j[3  A/.0- Il  +  11^0  +  CO- -f-  O] 

-y  :>. [ CO-  Âz  11^ OH  4-  2  Az O^ H  +  O ] 
^CH^OII  -  CHO  +  6ÂzO'H. 

L'énergie  nécessaire  étant  fournie  par  la  transformation  directe  de 
l'ammoniaque  en  acide  nitreux  dans  la  fermentation  nitreuse,  et  par 
l'oxydation  de  l'acide  nitreux  dans  la  fermentation  nitrique,  c'est  l'azote 
qui  fait  les  frais  de  la  combustion  respiratoire  ;  et,  en  conséquence,  il 
s'accumule  à  l'état  d'acides  nitreux  ou  nitriques  dans  les  milieux  nitri- 
fiants. 

Les  végétaux  supérieurs  mettent  en  œuvre  l'énergie  des  radiations 
solaires  pour  réaliser  la  transformation  de  l'acide  nitreux  en  hydroxylamine 
suivant  l'équation 

(b)  AzO^FI-i-H'^O    =    AzH'^OH  +  O"-     ('). 

En  réunissant  (a)  et  (h)  on  a 

■>.(CO^AzII=OH)-+-2H2  0 
ou 

2(C0'lPAzlI^0H) 
->CH^OH  —  CHO  H- 2Az02H -h  2H^O 
^CH^OH  — CH0  +  2ÂzH^0H  -t- 2  0% 

d'où  il  résulte,  en  même  temps,  que  rr-r^  =  i. 


(  ')  La  décomposition  de  l'acide  nitreux  est  une  fermentation  que  les  feuilles  de  maïs 
réalisent  dans  le  vide  avec  mise  en  liberté  d'oxygène  et  production  corrélative  d'azote 
et  de  protoxyde  d'azote.  (P.  Mazé,  Annales  de  l'I.  P.,  t.  2.5,  p.  878. ) 


176  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Temps  (le  lalcnce  dans  les  expériences  (le  Iransnlan- 
lalion  testiculaire  cl  loi  du  «  lout  ou  rien  ».  Note  de  M.  A.  Pèzard, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Dans  un  travail  antérieur  ('),  nous  avons  étudié  le  cas  de  jeunes  coqs 
castrés,  chez  lesquels  des  transplantations  de  testicule  ont  fait  reparaître  les 
caractères  mâles  :  instinct  sexuel,  chant,  ardeur  belliqueuse,  grand  déve- 
loppement et  rulilance  de  la  crête  et  des  organes  similaires.  De  plus,  chez 
deux  sujets  que  nous  avons  suivis  d'une  façon  continue,  nous  avons  constaté 
que  la  réapparition  des  caractères  mâles  11'' est  pas  immédiate  :  durant  les 
trois  semaines  qui  suivirent  la  transplantation,  les  deux  animaux  présen- 
tèrent les  mêmes  phénomènes  de  régression  que  les  castrats  témoins.  Nous 
avons  imputé  ce  «  temps  de  latence  »  à  la  durée  d'implantation  des  nodules 
testiculaires.  De  nouvelles  observations,  faites  sur  des  coqs  accidentellement 
transplantés,  nous  conduisent  à  une  interprétation  plus  précise  et  montrent, 
en  outre,  que  le  tissu  tesj.iculaire  est,  pendant  la  période  de  latence,  sans 
action  sur  le  sujet  (côté  négatif  de  la  loi  du  «  tout  ou  rien  »). 

Le  Tableau  suivant  est  relatif  à  sept  coqs  porteurs  de  transplants  (la 
transplantation  a  été  effectuée  au  moment  de  la  castration).  Nous  indi- 
quons, pour  chacun  d'eux,  le  temps  de  latence,  compté  en  semaines  : 

\  iicirnnes  oliservations.  Nouvelles  observations. 

N- •}■?..  24.^  1.  2~      3.  i.  5. 

Temps  de  latence ■).,-  1,9  ->         3         6         6         o 

Le  graphique  ci-conlre  est  relalif  au  coq  n"  V  (11°  10  de  la  scrie  Legliorn  doré). 
La  double  évolution  s'est  accomplie,  chez  cet  animal,  avec  une  régularité  remar- 
quable; le  tracé  continu  figure  la  longueur  de  la  crête.  Nous  y  avons  ajouté,  pour 
comparaison,  la  courbe  des  longueurs  de  la  crête  chez  un  castrat  (  trait  discontinu 
descendant),  et  chez  un  mâle  normal  (trait  discontinu  ascendant  ). 

L'examen  du  gniphique  type  conduit  à  distinguer,  dans  l'évolution 
consécutive  à  la  transplantation,  deux  périodes  successives  très  différentes  : 
réi^ression  puis  reprise. 

La  régression  de  la  crête  a  commencé  et  s'esl  poursuivie  suivant  le 
mode  normal  :  angle  habituel  avec  la  verticale,  au  départ  de  la  courbe, 

(')  A.  Pézarii,  Les  condilionncmcnts physiologiques  des  caractères  sexuels  secon- 
daires chez  les  Gallinacés  {Bull.  Biol.  France  et  Belgique.  Paris,  1918). 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I92I.  I77 

allure  parabolique  du  tracé.  11  y  a  même  parallélisme,  jusqu'au  point  II 
entre  cette  courbe  et  celle  que  fournit  le  castrat  témoin.  Ainsi,  durant  les 
dix  premières  semaines,  V action  du  tissu  lesliculaire,  cependant  présent 
dans  le  péritoine,  s'est  montrée  rigoureusement  nulle. 


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Temps  de  latence  relalif  aux  expériences  de  transplantations  tesliciilaires  et  loi  de  «  tout  on  rien  ». 

La  seconde  partie  de  la  courbe  (segment  de  reprise)  débute  au  point  R 
et  ce  segment  prend  tout  de  suite  l'allure  qui  caractérise  la  croissance  de  la 
crête  chez  les  raàles  normaux.  Dans  nos  premières  expériences,  nos  gra- 
phiques figuraient  un  raccord  tangentiel  entre  les  deux  segments;  le  point 
anguleux  II  marque  une  discontinuité  très  nette  entre  les  deux  périodes. 


l'^S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  réalilé,  il  n'y  a  aucune  conlradiclion  enlre  les  <leux  séries  de  résultats.  Dans  le 
premier  cas,  castration  et  transplantation  avaient  été  eliectuées  sur  des  coquelets  à 
crête  peu  évoluée  :  le  temps  de  régression  (deux  à  trois  semaines)  a  pu  s'écouler  tota- 
lement avant  la  reprise  fonctionnelle  des  transplanls;  dans  nos  récentes  observations, 
au  contraire,  la  régression  n'était  pas  terminée  au  moment  où  les  transplanls  sont  entrés 
en  acti\ilé. 

A  quelle  cause  faut-il  attribuer  le  temps  de  latence?  On  doit  remarquer 
tout  d'abord  qu'il  est  très  variable  suivant  les  sujets  :  nul  chez  le  coq  n°  1  I , 
sa  durée  s'étend,  chez  les  autres  coqs,  de  deux  à  six  semaines.  D'autre  part, 
ces  derniers  n'ont  reçu  que  des  masses  minimes  de  tissu  génital,  alors  que 
le  n°  11  en  a  reçu  plusieurs  grammes,  c'est-à-dire  une  quantité  supérieure 
au  minimum  efficace  (').  Il  semble  donc  que  le  temps  de  latence  correspond, 
non  à  la  durée  d'implantation  du  tissu  testiculaire,  mais  au  temps  que  met 
la  masse  de  ce  tissu  pour  atteindre  o^,  5. 

Nous  admettons  en  outre  que,  durant  cette  période  latente,  l'action  du 
tissu  implanté  consiste  à  vaincre  ou  à  neutraliser  une  condition  physico- 
chimique qui  empêche  la  crête  et,  d'une  façon  générale,  les  caractères  mâles 
proprement  dits,  de  développer  leurs  potentialités.  Le  mininmm  efficace 
constituerait  un  seuil  auquel  on  pourrait  donner  le  nom  de  seinl  morpho- 
^é/ie. 

PHYSIOLOGIE.  —  Le  seuil  de  l'audition.  Note  de  M.  Marage, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Toutes  les  fois  qu'on  ne  peut  enregistrer  les  vibrations  sonores,  on  est 
obligé  de  les  écouter  ('). 

Si  l'on  veut  faire  des  expériences  comparables  avec  des  auditeurs  diffé- 
rents, le  récepteur  oreille  doit  être  vérifié,  ce  qui  revient  à  déterminer  le 
coefficient  auditif  de  chaque  écouteur. 

C'est  ainsi  que,  soit  à  propos  du  repérage  des  canons,  des  avions  ou  des 
sous-marins,  soit  dans  le  réglage  d'appareils  télégraphiques  et  télépho- 
niques, on  est  conduit  à  faire  des  recherches  sur  la  variation  de  la  sensibi- 
lité auditive  pour  les  diverses  sortes  de  vibrations. 

Plusieurs  des  résultats  que  j'ai  obtenus  ont  déjà  été  publiés;  il  me  suffira 


(')  Le  tact  n'intervient  (jue  pour  des  bruits  ou  des  sons  en  nombre  très  limité  (bruit 
de  tambour  ou  de  grosse  caisse,  coups  de  canon,  explosion  diin  obus,  etc.). 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I921.  I79 

de  les  rappeler  en  quelques  mois,  au  cours  de  ce  travail,  eu  renvoyant  à  la 
Noie  parue  dans  les  Comptes  rendus. 

i"  Sons  faibles  et  sons  forts.  —  Il  convient  d'abord  de  définir  ce  que  l'on 
appelle  un  son  faible  et  un  son  fort  :  en  effet,  lorsque  l'on  dit  :  la  millième 
partie  d'un  son  fort  est  un  son  fort  ;  la  millionième  partie  d'un  sou  fort  est 
un  son  faible,  on  n'est  pas  très  bien  fixé  sur  la  valeur  de  l'un  ot  de  l'autre. 

Voici  un  fait  d'expérience  : 

a.  Un  son  produit,  dans  une  sirène  à  voyelles,  par  un  courant  d'air,  sous 
une  pression  de  -^  de  millimètre  d'eau  est  très  bien  entendu  par  une  oreille 
à  laquelle  ce  son  est  transmis  au  moyen  d'un  tube  de  caoutchouc  muni 
d'une  membrane  vibrante. 

L'oreille  perçoit  le  changement  d'intensité  produit  par  une  aui;montalion 
de  pression  de  ■—  de  millimètre  d'eau;  c'est  un  son  faible,  car  il  ne  fatigue 
pas  l'oreille  qui  peut  le  supporter  plusieurs  minutes. 

h.  Si  le  son,  dans  les  mêmes  conditions,  est  produit  par  une  pression  d'air 
de  iD™"  d'eau,  souvent  il  ne  peut  être  supporté  par  l'oreille  que  pendant 
60  secondes  au  plus  :  cest  un  son  fort;  mais  une  variation  brusque  de  pres- 
sion de  I  de  millimètre  d'eau  est  encore  perçue. 

L'oreille  peut  donc  enregistrer  des  variations  très  faibles  d'intensité,  que 
le  son  soit  faible  ou  fort,  mais  quand  le  son  est  fort,  l'oreille  se  fatigue  très 
vite. 

2°  Sons  justes  et  sons  faux.  —  a.  Un  son  simple  n'est  jamais  faux,  quel 
que  soit  le  nombre  de  vibrations  qui  le  produit;  par  conséquent,  il  n'est 
nullement  nécessaire  que  ce  son  représente  une  note  de  la  gamme. 

b.  Un  son  complexe  est  juste  lorsque  le  son  fondamental  est  en  rapport 
harmonique  avec  les  sons  composants;  il  est  faux  dans  le  cas  contraire. 

L'oreille  est  excessivement  sensible  aux  sons  faux,  et  ne  peut  les  sup- 
porter, tandis  qu'un  son  juste,  n'étant  pas  désagréable,  ne  produit  pas  le 
rétlexe  de  défense,  il  faut  souvent  l' écouter  pour  r  entendre. 

Si  l'attention  fait  défaut,  ce  qui  est  fréquent,  le  début  du  son  n'est  signalé 
qu'un  certain  temps  après  son  apparition.  Donc  le  seuil  de  r  audition  est 
beaucoup  plus  rapidement  atteint  pour  les  sons  faux  que  pour  les  sons  justes. 

3°  Sons  graves  et  sons  aigus.  -  Dans  des  Notes  précédentes  (')j'ai 
démontré  que  l'oreille  était  beaucoup  plus  sensible  aux  sons  aigus  qu'aux 
sons  graves;  par  exemple,  si  la  voyelle  synthétique  i  émise  sur  la  note  ul- 

(')  Comptes  rendus,  t.  140,  igoS,  p.  87. 


l8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

est  entendue  à  70'",  pour  la  transmettre  à  i25"\  il  suffit  a  une  énergie 
100  fois  plus  faible  si  elle  est  émise  sur  la  note  /«";  il  en  est  de  même  pour 
les  autres  voyelles. 

De  telle  sorte  que  si  l'on  prenait  comme  abscisses  les  diverses  notes, 
comme  ordonnées  les  diverses  pressions  d'air  correspondant  à  chaque  son  : 
l'acuité  auditive  normale,  pour  des  sons  de  hauteur  ditTérenle,  ne  serait 
pas  représentée  par  une  ligne  horizontale. 

Ceci  est  vrai  quel  que  soit  le  timbre  :  une  même  voyelle  est  mieux 
entendue  sur  une  note  aiguë  que  sur  une  note  grave,  mais  il  est  vrai  de  dire 
que  certaines  voyelles  sont  mieux  entendues  que  d'autres  émises  avec  la 
même  énergie  parce  qu'elles  contiennent  des  harmoniques  plus  aigus. 

4.  Transmission  des  vibrations.  —  Quand  on  transmet  les  vibrations  à 
l'oreille  par  un  tube  muni  d'une  membrane  vivante,  on  peut  à  volonté 
diminuer  ou  augmenter  l'énergie  avec  laquelle  les  sons  agissent  sur  l'oreille 
en  faisant  varier  la  nature  du  tube.  Un  tube  métallique  transmet  les  vibra- 
tions avec  toute  leur  énergie;  un  tube  en  caoutchouc  en  absorbe  une  partie 
d'autant  plus  grande  que  ses  parois  sont  plus  minces. 

Une  application  intéressante  est  la  suivante  :  on  peut  à  volonté  augmenter 
ou  diminuer  la  force  d'un  tube  acoustique  en  le  composant  de  deux  parties  : 
l'une,  métallique,  l'autre  en  caoutchouc,  pouvant  coulisser  l'une  dans  l'autre. 
Le  maximum  de  force  a  lieu  quand  le  tube  métallique  est  seul,  le  minimum 
quand  c'est  le  tube  de  caoutchouc. 

5.  Bruits,  vibrations  musicales  et  parole.  —  L'oreille  peut  percevoir  trois 
sortes  de  vibrations  :  les  bruits,  la  musique  et  la  parole,  et  chaque  oreille 
est  inégalement  sensible  à  chacune  de  ces  sortes  de  vibrations. 

J'ai  montré  antérieurement  que  cela  tenait  aux  différents  centres  céré- 
braux auxquels  arrivent  les  terminaisons  du  nerf  acoustique  ('). 

Celte  différence  de  sensibilité  est  assez  difficile  à  mettre  en  évidence  dans 
l'oreille  normale;  elle  est  au  contraire  très  facile  à  dépister  dans  les  sur- 
dités consécutives  aux  méningites  cérébro-spinales.  Ces  sujets,  en  effet, 
arrivent  souvent,  après  rééducation,  à  percevoir  d'abord  les  bruits,  puis  la 
musique  et  en  dernier  lieu  la  parole;  c'est  comme  s'ils  possédaient  trois 
oreilles  distinctes,  chacune  étant  sensible  à  une  sorte  de  vibration  et  il 
n'est  pas  rare  de  trouver  des  sujets  n'entendant  pas  la  parole  et  percevant 
très  nettement  le  faible  choc  d'un  crayon  sur  une  table. 

{')  Comptes  rendus,  t.  IVl,  iQoS,  p.  782. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I921.  181 

Conclusions.  —  i"  Dans  les  recherches  acoustiques  quand  on  emploie 
'oreille  connue  récepteur,  il  fant  déterminer  le  coefficient  auditif  de  chaque 
écouteur,  c'est-à-dire  son  acuité  audilive  pour  les  diverses  vihrations  :  un 
;ujct  qui  n'a  pas  la  même  acuité  pour  les  deux  oreilles  ne  peut  déterminer 
a  direction  d'un  son. 

■2°  (^uand  il  s'agit  de  vihrations  très  énergiques,  on  doit  s'arranger  de 
açon  à  diminuer  leur  intensité,  car  si  l'œil  est  éhloui  par  une  lumière  trop 
vive,  l'oreille  est  assourdie  par  un  son  trop  intense  et  l'on  ne  peut  plus  se 
fier  aux  indications  qu'elle  fournit. 

3°  L'oreille  entend  mieux  les  sons  aigus  que  les  sons  graves. 

!["  L'oreille  est  très  sensihle  aux  sons  faux;  on  n'a  donc  pas  besoin  de  les 
écouter  pour  les  entendre. 

PHYSIOLOGIE.  —  Rccherclies  cxpêi-iincnlales  sur  le  coloslrnm. 
Note  de  M^L  Ch.  Porcher  et  L.  Panisset,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

L'étude  histologique  du  colostrum  a  depuis  longtemps  montré  que  ce 
produit  renferme,  à  côté  des  globules  graisseux,  constituants  normaux  du 
lait,  des  éléments  mùriformes  :  les  corpuscules  de  Donné.  Malgré  les  nom- 
breuses recherches  dont  ceux-ci  ont  été  l'objet,  on  est  encore  loin  d'être 
d'accord  sur  leur  signification. 

Les  recherches,  notamment  de  Duclert,  de  Bab,  de  Weill  et  Thévenet, 
confirmalives  de  celles  de  Czerny,  tendent  cependant  toutes  à  établir  que 
les  corpuscules  de  Donné  sont  des  leucocytes  chargés  de  gouttelettes  grais- 
seuses. La  plupart  des  expérimentateurs  ne  sont  d'ailleurs  arrivés  à  cette 
conclusion  qu'au  prix  des  difficultés  de  l'étude  histologique,  et  avec  les 
incertitudes  de  toute  découverte  basée  seulement  sur  la  morphologie. 

A  la  lumière  des  idées  et  des  travaux  de  l'un  de  nous  (')  sur  la  rétention 
du  lait  dans  la  mamelle,  il  nous  a  paru  qu'il  devenait  facile  de  se  faire  une 
opinion  sur  ce  qu'était  le  colostrum,  sur  ce  à  quoi  il  correspondait  au  point 
de  vue  général  des  réactions  biologiques. 

Le  colostrum  est,  au  premier  chef,  un  produit  de  rétention.  Pour  nous,  le 
fonctionnement  physiologique  de  la  cellule  mammaire  n'a  pas  deux  manières 
différentes  de  s'exprimer  et  nous  estimons  qu'il  n'est  pas  exact,  au  fond,  de 
dire  que  la  mamelle,  avant  le  part  et  dans  les  quelques  jours  qui  suivent, 

(')  Ch.  Porcher,  La  rétention  lactée  {Comptes  rendus.^  i.  170,  1920,  |).  963,  et 
Arch.  de  Méd.  des  Enfants,  octobre  et  novembre  1920). 


l82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sécrète  du  colostrurn;  c'est  du  lait  qu'elle  donne,  mais  du  lail  dont  nous 
n'avons  qu'une  image  déformée  par  des  actions  pha^ocytaires;  en  d'autres 
termes,  le  cotostrum  est  un  relùiual  de  phagocytose  d\in  lait  antérieurement 
produit . 

Le  lactose,  le  plus  abondant  des  crislalloïdes,  est  résorbé  rapidement,  et 
il  nous  suffit  d'invoquer  les  lois  de  l'osmose,  pour  on  comprendre  la  dispa- 
rition; mais  l'élimination  plus  difficile,  plus  lente,  des  colloïdes  (matières 
protéiques)  qui  sont  en  pseudo-solution  et  des  globules  gras,  insolubles, 
qui  sont  en  suspension,  réclame  l'intervention  des  leucocytes. 

Nous  avons  créé  expérimentalement  des  conditions  qui  correspondent  à 
celles  que  réalise  la  rétention  intra-mamniaire  en  injectant  du  lail  stérile 
dans  le  péritoine  du  cobaye.  Nous  avons  noté  la  série  régulière  des  pbéno- 
mènes  souvent  observés  :  résorption  de  la  partie  liquide  du  lait,  disparition 
rapide  du  lactose,  dépôt  en  divers  points  de  la  séreuse,  au  milieu  d'un 
liquide  visqueux,  d'amas  irréguliers,  allongés  ou  en  plaques,  assez  sem- 
blables à  de  la  fibrine  coagulée,  mais  qui  sont  en  réalité  uniquement  cons- 
titués par  des  leucocytes  collés  les  uns  aux  autres. 

Au  premier  examen,  il  semble  qu'il  faille  établir  une  diflérence  essen- 
tielle entre  le  colostrurn  et  ce  que  donne  l'injection  intra-périlonale  de  lait 
chez  le  cobaye.  En  réalité,  il  n'y  en  a  pas;  le  processus  qui  intervient  dans 
l'attaque  du  lait  est  le  même  dans  les  deux  cas  et,  seule,  la  difîérence  des 
milieux  imprime  une  distinction  facile  à  comprendre.  Dans  la  mamelle, 
une  sécrétion  faible,  mais  continue,  alimente  sans  cesse  la  phagocytose,  et 
c'est  pourquoi,  dans  le  colostrurn,  on  trouve  toujours  de  la  caséine  et  du 
lactose;  dans  le  péritoine,  il  n'y  a  pas  de  mouvement  sécrétoire  centrifuge 
et  la  phagocytose  joue  seule;  le  lactose  disparaît  très  rapidement  et  totale- 
ment puisqu'il  n'est  pas  renouvelé  et  l'intervention  des  leucocytes  s'exerce 
largement  et  facilement. 

L'étude  histologitpie  des  dépôts  péritonéaux  faisant  suite  à  l'injection  de 
lait  nous  a  montré  que  les  leucocytes  sont  des  poly-  et  des  mononucléaires. 
Les  polynucléaires  prédominent  quand  le  prélèvement  est  fait  quelques 
heures  ((>  à  7)  après  linjeclion  de  lait,  alors  que  ce  sont  les  mononucléaires 
qui  sont  les  plus  nombreux  quand  les  animaux  sont  sacrifiés  au  bout  de 
2/1  heures.  Mais  qu'il  s'agisse  de  l'une  ou  de  l'autre  variété  des  leucocytes, 
toutes  deux  se  montrent  capables  d'englober  les  globules  graisseux  du  lait 
injecté.  Les  globules  gras  ne  sont  pas  toujours  distribués  régulièrement 
dans  le  leucocyte,  (juelquefois  ils  sont  peu  nombreux;  d'autres  fois,  ils  les 
bourrent  au  point  d'en  masquer  le  noyau,  et  les  leucocytes  ont  alors  tout  à 


SI' ANGE    DU    17    JANVIER    1921.  l83 

fait  l'aspect  des  corpuscules  mùriformes  de  Donné,  tels  qu'on  les  rencontre 
dans  le  coiostruin.  On  peut,  de  plus,  constater  que  des  globules  graisseux, 
en  général  des  plus  gros,  par  conséquent  plus  difficilement  phagocytahles, 
circulent  librement  entre  les  corpuscules  de  Donné  complètement  formés 
ou  plus  ou  moins  remplis  de  globules  graisseux  plus  petits. 

11  devenait  intéressant  de  voir  ce  que  donnerait  l'injection  intrapérito- 
néale  de  lait  bomogénéisé  dont  la  matière  grasse  est  fragmentée  en  globules 
si  petits  qu'ils  ne  montent  plus  à  la  surface  pour  faire  crème.  Dans  ces  con- 
ditions, L'englobeinenl  total  de  la  graisse  est  réalisé,  les  globules  butyreux, 
du  fait  de  leurs  très  faibles  dimensions,  ont  tous  été  phagocytés;  il  n'y  en 
a  plus  un  seul  circulant  en  liberté  entre  les  corpuscules  de  Donné  bourrés 
de  graisse,  parfaitement  mûriformes  et  très  finement  granuleux;  mais  que 
le  px'élèvement  soit  fait  tôt  ou  tard  (même  après  17  heures  de  séjour  dans 
le  péritoine),  ce  sont  toujours  les  polynucléaires  qui  prédominent,  ce  sont 
eux  surtout  qui  ont  englobé  la  graisse  et  qui  se  sont  mués  en  corpuscules 
de  Donné.  Des  mononucléaires  sont  également  présents  chargés  aussi  de 
globules  gras  et  mûriformes,  mais  ils  sont  toujours  moins  nombreux  que 
les  polynucléaires.  Celte  prédominance  nette  et  constante  des  polynu- 
cléaires nous  parait  devoir  être  rapportée  aux  dimensions  fort  minimes 
qu'ont  les  globules  gras  dans  le  lait  homogénéisé;  les  polynucléaires  rem- 
plissent à  l'égard  de  ceux-ci  leur  rôle  préférentiel  de  microphages. 

Cette  constatation  nous  semble  devoir  apporter  un  argument  de  grande 
valeur  dans  la  question  souvent  discutée  de  savoir  si  les  corpuscules  de 
Donné  sont  des  mono-  ou  des  polynucléaires.  A  notre  avis,  les  deux  grandes 
variétés  de  leucocytes  sont  susceptibles  d'intervenir  ici;  le  rôle  le  plus 
important  est  toutefois  dévolu  aux  mononucléaires  qui  paraissent  être  les 
agents  des  résorptions  lentes  et  de  la  défense  durable,  comme  c'est  le  cas 
avec  le  produit  de  sécrétion  lorsqu'il  séjourne  dans  la  mamelle. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  des  radiations  lumineuses  sur  Vazotobacter. 
Note  (')  de  M.  E.  Kayser,  présentée  par  M.  P.  Viala. 

Dans  une  Note  précédente  (")  nous  avons  fait  voir  que  l'azotobacter 
était  sensible  aux  diverses  radiations  lumineuses,  et  que  c'étaient  surtout 
les  radiations  jaunes  qui  favorisaient  la  fixation  de  l'azote. 

(')  Séance  du  10  janvier  1921. 

{-)  Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  969. 


I04  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  celte  propriété  se  maintenait  constante 
pendant  une  série  de  générations  et,  par  suite,  comment  se  manifestait 
l'action  lumineuse  vis-à-vis  de  générations  de  différents  âges  cultivées,  tou- 
jours  dans  les  mêmes  conditions  d'éclairage  et  provenant  de  la  même 
origine. 

Le  milieu  de  cultuie  employé  contenait  i,8i  pour  loo  de  glucose  et  i.agS  pour  loo 
de  niannite,  et  était  additionné  des  sels  minéiaux  habituels;  les  cultures  étaient  faitus 
dans  des  vases  coniques,  en  faible  épaii-seur  de  liquide,  placées  dans  des  conserves 
jaunes,  vertes  et  bleues  ;  comme  conijjaraison,  deux,  cultures  étaient  placées  à  la 
lumière  blanche  et  deux  autres  maintenues  à  l'obscurité;  la  température  constante 
était  27°;  l'analyse  a  été  faite  après  trois  semaines.  Le  glucose  a  été  dosé  par  la  mé- 
thode Bertrand,  la  teneur  en  raannile  déterminée  par  dilTérence  à  l'aide  des  extraits; 
l'azote  a  été  dosé  par  la  méthode  Kjeldalil  dans  la  masse  microbienne  recueillie  sur 
filtre  taré  et  dans  les  liquides  de  culture.  Les  poids  microbiens  obtenus  diil'éraient 
dans  des  limites  allant  de  25™s  à  Go""»',  toujours  en  faveur  de  la  troisième  génération, 
sauf  pour  les  cultures  des  conserves  jaunes  où  la  différence  n'était  que  de  4'"^. 

D'une  façon  générale,  toutes  les  cultures  de  la  sixième  génération  étaient  d'un 
jaune  plus  pâle  ;  les  cultures  des  conserves  jaunes  présentaient  seules  la  couleur  jaune 
du  li(tuide  avec  reflets  verdùtres. 


Couleur. 

Noire, 
l'ilanche. 

Jaune. 

\erle. 

lîlene . 


,3^ 
(  6- 

i  3= 

I  3° 

(  3^ 
(G" 

i   C)" 


A/.olc  fixe 

Glucose  coiisoniUH' 

Maïuiile 

Lléliuite 

par  gramme 

— 

- 

— — .^_ 

— 

Somme 

d'hyilrate 

pour  100 

pour  100 

lies  hy,lnile-i 

Azote  total 

(le  carbone 

total. 

fourni. 

totale. 

fom-iiie. 

(U'i'ruits. 

fixe. 

consommé. 

1.2795 

47.' 

0,591 

29.9 

.!87' 

8"574 

4  "582 

0.789 

29.0 

0 , 1 2 1 5 

6  ,  2 

0,9105 

4,36o 

4,785 

I ,32^5 

39.9 

I , 2680 

65 , 3 

2 ,  596 

i8,3oo 

7,060 

0,927 

34, < 

0,333 

17,1 

1 ,  260 

5,9io 

-'1,7 '4 

1 ,3o35 

38,1 

0,996 

5i,3 

2  ,  2()5 

10,246 

4.464 

1 , 0 1 5 

28,3 

0,370 

19,0 

1 ,  3S5 

8,823 

6,343 

0 ,  9o3 

3 1 ,  •>. 

0, 1  17 

8,5 

1 ,  o5o 

9,673 

9,212 

0,705 

28,1 

0,075 

3,8 

o,84o 

6,.3o 

7.290 

",954. 

35,  t 

0 , 1 92 

9.9 

1  .  146 

9,695 

8,459 

"•979 

36,0 

0,32l 

i('),5 

( ,  3oo 

8,5.7 

6 ,  55y 

L'expérience  apprend  (jue  la  ipianlilé  lolale  d'azote  assimilé  a  été  ton- 
jours  plus  forte  avec  la  troisième  génération,  le  taux  varie  avec  la  colora- 
tion à  laquelle  la  culture  clail  soumise;  la  différence,  très  élevée  pour  la 
luiiiièrc  blanche,  entre  les  deux  générations  est  lelativcnienl  faible  pour  le 
jaune  et  le  bleu.  On  constate  d'ailleurs  qu'avec  le  nombre  de  générations, 
les  cultures  de  la  lumière  blanche  se  colorent  de  moins  en  moins  et  de  plus 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1921.  l85 

en  plus  lentement,  la  coloration  persiste  dans  toutes  les  autres  couleurs 
avec  des  nuances  variées. 

L'azote  fixé  par  unité  d'hydrate  décomposé  est  minimum  dans  le  jaune 
où  le  microbe  travaille  le  moins  économiquement;  le  pouvoir  assimilateur 
a  surtout  diminué,  avec  la  sixième  génération  poui-  le  vert,  le  blanc  et  le 
noir. 

Il  est  à  noter  que  la  proportion  de  glucose  brûlé  est  toujours  plus  élevée 
pour  la  troisième  génération,  sauf  pour  le  bleu;  nous  remarquerons  éga- 
lement que,  par  cette  couleur,  la  sixième  génération  a  détruit  plus  de 
mannite  que  la  troisième  génération. 

Le  taux  des  hydrates  brûlés  est  le  plus  élevé  pour  les  cultures  exposées  à 
la  lumière  blanche  et  jaune,  il  est  minima  pour  le  vert;  en  présence  du 
glucose,  la  mannite  n'y  a  été  que  faiblement  attaquée;  c'est  encore  pour 
cette  couleur  que  la  différence  entre  le  taux  d'azote  total  fixé  par  les  deux 
générations  est  bien  plus  élevé  que  pour  le  bleu  et  le  jaune. 

Des  expériences  en  cours  nous  renseigneront  sur  le  point  de  savoir  s'il  y 
a  moyen  de  faire  acquérir  à  la  bactérie,  ayant  subi  l'influence  des  radica- 
tions  lumineuses,  ses  anciennes  propriétés,  voire  même  les  renforcer;  elles 
nous  montreront  en  outre  jusqu'à  quel  taux,  on  pourra  diminuer  le  pou- 
voir assimilateur  de  cette  bactérie. 


MICROBIOLOGIE.  —  Su/-  l'iidsorptioii  du  virus  aphteux. 
Note  de  MM.  H.  Vallée  et  H.  Carisé,  présentée  par  M.  E.  Uoux. 

Des  recherches  déjà  fort  anciennes  sur  l'anémie  infectieuse  du  cheval  et 
la  maladie  des  jeunes  chiens  nous  ont  permis  de  constater  qu'à  l'exemple 
des  toxines  microbiennes  les  virus  filtrants  sont  susceptibles  d'adhérer  à  des 
corpuscules  de  très  petites  dimensions,  mis  en  suspension  dans  les  liquides 
qui  les  supportent. 

Nous  avons  poursuivi  ces  études  sur  le  virus  aphteux  et  constaté  qu'il 
jouit  de  cette  même  faculté. 

Si  au  liquide  obtenu  par  liltration  sur  bougie  Chamberland  L,  d'un 
broyage  d'épithélium  aphteux  en  eau  physiologique,  on  ajoute  une  quantité 
convenable  d'hématies  de  bœuf  lavées,  celles-ci,  après  agitation  et  contact 
de  quelques  instants,  fixent  en  abondance  les  éléments  encore  inconnus  de 
la  virulence  aphteuse. 

Lavées  plusieurs  fois  à  l'eau  physiologique  et  reprises  par  centrifugation. 


l86  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

les  hématies  ainsi  traitées  conservent  leur  virulence.  Inoculées  sous  la  peau 
à  des  bovidés,  elles  déterminent  chez  ces  sujets  l'évolution  de  la  fièvre 
aphteuse  sous  une  forme  classique. 

I^'expéricnce  peut  être  répétée  avec  le  même  succès  en  utilisant  comme 
éléments  adsorbants  des  corps  microbiens,  tels  que  le  pneumocoque  et  le 
staphylocoque. 

Il  était  légitime  d'admettre  que,  fixé  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  sur  des 
éléments  figurés,  le  virus  aphteux  devenait  susceptible,  en  certaines  condi- 
tions, d'une  phagocytose  totale.  L'expérience  n'a  pas  ruiné  cet  espoir. 

Tardivement  phagocytées  lorsqu'elles  sont  d'extraction  récente,  les 
hématies  lavées  sont  au  contraire  rapidement  reprises  par  les  cellules 
blanches  lorsqu'elles  sont  tuées  par  un  séjour  de  /^8  heures  à  la  tem- 
pérature de  o"  à  +  2°.  Sous  cette  forme  dernière,  chargées  de  virus  dans 
les  conditions  précédemment  énoncées,  elles  reproduisent  encore  la  fièvre 
aphteuse  par  inoculation  sous-cutanée  pratiquée  même  à  faible  dose.  Elles 
ne  la  déterminent  plus  par  inoculation  intra-veineuse  de  quantités  beau- 
coup plus  considérables. 

De  même,  des  bactéries  tuées,  sensibilisées  par  un  sérum  approprié, 
éléments  facilement  phagocytés,  chargées  de  virus  aphteux  par  adsorplion 
et  inoculées  à  poids  précis  dans  les  veines  de  bovidés  sensibles,  ne  pro- 
voquent point  l'évolution  de  la  fièvre  aphteuse,  tandis  que  celle-ci  succède 
à  l'inoculation  sous-cutanée  moins  favorable  à  une  phagocytose  rapide  et 
totale  du  virus. 

Il  va  sans  dire  qu'il  est  une  limite  au  phénomène  et  que  des  doses  5o  et 
loo  fois  supérieures  de  virus  adsorbé  se  montrent  pathogènes,  quel  que 
soit  le  mode  d'inoculation  choisi. 

Selon  les  doses  utilisées  encore  et  alors  même  que  la  phagocytose  du 
virus  adsorbé  est  totale,  l'opération  provoque  ou  non  l'évolution  d'une 
poussée  fébrile  sans  apparition  de  symptômes  aphteux. 

Une  seule  inoculation  de  virus  adsorbé,  effectuée  en  ces  conditions,  ne 
suffît  malheureusement  point  à  immuniser  les  animaux  soumis  à  l'expé- 
rience. Ainsi  se  trouve  confirmée  cette  constatation,  faite  depuis  longtemps 
déjà  avec  MlVl.  Nocard  et  Koux,  de  la  nécessité  de  l'évolution  d'un  aphte 
au  moins  pour  l'obtention  d'une  immunité  antiaphlcuse  appréciable. 

Les  faits  indiqués  en  cette  ÎSote  nous  paraissent  devoir  être  féconds  en 
leurs  conséquences.  Ils  montrent  avec  quelle  prudence  il  faut  conclure  à 
l'existence  de  virus  intra-globulaires  dans  les  infections  au  cours  desquelles 
le  microscope  ne  révèle  point  avec  évidence  la  présence  dans  les  hématies 


SÉANCE   DU    17    JANVIER    i^^l .  1H7 

d'un  élément  anormal  indultilable.  Ils  permettront  d'obtenir  pour  diverses 
maladies  dues  à  des  virus  filtrants  des  suspensions  pliagocylabics  propres 
à  des  tentatives  d'immunisation  encore  irréalisables.  Ils  faciliteront  enfin, 
dans  les  mêmes  conditions,  la  préparation  de  virus  sensibilisés. 

.Nos  recherches  se  poursuivent  sur  ces  données,  mais  il  nous  a  paru  sage 
de  livrer,  sans  plus  tarder  aux  chercheurs,  un  élément  d'études  que  certains 
utiliseront  avec  profit. 


C03IITE  SECKET. 


La  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  par  l'organe  de  son  IJoyen,  pré- 
sente la  liste  suivante  de  candidats  à  la  place  vacante   par   le   décès    de 
M.  Guy on  : 

En  première  ligne,    ex  cequo   el  par  ordre  j   MM.  Pierre  Bazy 

alphabétique (  Pierre  Delbet 

(   MM.  «Iean-Louis  Faure 
En  seconde  ligne,   ex  œquo  et   par  ordre  ]  Henri  Hartmann 

alphabétique j  Félix  Legueu 

[  Théodore  Tuffier 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 


L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 


A  16  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


La  séance  est  levée  à  18  heures  et  demie. 


A.  Lx. 


l88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du  29  novembre   1920.) 

Note  de  M.  Richard  Birkeland,  Résolution  de  l'équation   générale  du 
cinquième  degré  : 

Page  1049,  ligne  2,  au  lieu  de  ^t=^  —  i^c^,  lire  [3i  =  — ('4^''. 


(Séance  du  27  décembre   1920.) 

Note  de  M.  liicliard  liirkcltind,  Résolution  de  l'équation  algébrique  géné- 
rale par  des  fonctions  hypergéomélriques  de  plusieurs  variables  : 

Page  1371),  formule  (2),  au  lieu  de  ^/^v'-U\<li'  .  .  .  l'u's^' ,  lire  ix''^"+  l^'H'-  ■  ■  If/L'i  ; 
ligne  22,  au  lieu  de  la  somme  — /,.  étendu?,  lire  la  somme  l,-,,  étendue;  ligne  24.  au 
lieu  de  kl,  /il,  . . .,  /.„-i  =0,  i ,  3,  . . .,  «  —  2,  lire  Zi,  ^2»  •  •  ■>  "''-n-i  =;  o,  i,  2,  . . .,  /(  —  2 ; 
ligne  26, 

au  lieu  de  s  ^  /.j  -t-  2  /.■,+  .. .  +(  /(  —  2  )  ^„_,  —  />■,  +  i , 

lire  5  =  z,  +  2x2-1-  ...  +  (/i  —  y  )  /„_,  —  z,  -H  i. 

Page  iSyi,  formule  (3),  ligne  2, 

au  lieu  de  <^i=-  h,  mod(«  —  1),         «),=  /•■/,+  />/  ("  —  '). 

lire  «x  ^  z),  m  od  (  /i  —  i  ) ,         «x  =  z)  -1-  /.  >.  {n  —  i  )  ; 

ligne  34,  au  lieu  de    {h  =  2,  3,  .  .  . ,  «  —  1),     lire    ()i  =  2,  3,  .  .  . .  «  —  i). 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI   24  JANVIER   1921. 

PRESIDENCE  DE  M.  Georges  LEMOINE. 


IJIEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOîVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Après  le  dépouillement  de  la  Correspondance,  M.  le  Président  s'exprime 
en  ces  termes  : 

J'ai  la  douleur  d'annoncer  à  l'Académie  des  Sciences  la  mort  de  notre 
confrère  M.  Georges  Himbeut. 

Depuis  longtemps,  nous  ne  le  voyions  que  rarement  à  nos  séances.  Son 
état  de  santé  l'avait  obligé  à  vivre  la  plus  grande  partie  de  l'année  à  la 
campagne.  Depuis  deux  mois  environ,  sa  maladie  s'étant  aggravée,  il  s'était 
réinstallé  à  Paris.  Il  y  est  mort  avant-hier,  22  janvier  1921,  soutenu  dans 
de  très  pénibles  souffrances  par  sa  foi  chrétienne  dans  une  vie  meilleure. 

M.  Humbert  était  né  à  Paris  le  7  janvier  iHSq.  Il  était  entré  le  premier 
à  l'Ecole  Polytechnique  en  1877  et  en  était  sorti  dans  le  corps  des  Mines. 
Il  avait  passé  une  thèse  de  docteur  es  sciences  en  i885.  Prof'jsseur  à 
l'Ecole  des  Mines,  il  était  devenu  ingénieur  en  chef,  puis  inspecteur  général. 
En  même  temps,  il  était  entré  dans  le  corps  enseignant  de  l'École  Polytech- 
nique, sur  la  présentation  des  Conseils  :  répétiteur  en  1884,  il  était  devenu 
professeur  d'Analyse  en  i885.  Très  aimé  de  ses  élèves,  il  leur  faisait 
comprendre  les  questions  les  plus  difficiles;  ses  leçons  étaient  des  modèles 
de  clarté  :  il  les  a  réunies  dans  un  livre  très  apprécié. 

M.  Humbert  était  également  professeur  au  Collège  de  France  depuis 
1912,  époque  de  la  retraite  de  M.  Camille  Jordan  qu'il  avait  suppléé 
pendant  plusieurs  années. 

Porté  de  très  bonne  heure  sur  les  listes  de  présentation  de  la  Section 

C.  R.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  17Î,  N»  4  )  ^4 


igo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  (jéomélrie,  il  avait  été   élu  membre    de  l'Acadcinie  des  Sciences  le 
18  mars  1901. 

L'œuvre  mathématique  de  M.  Ilumberl  est  très  considérable  el  très  ori- 
ginale. J'éprouve,  je  l'avoue,  beaucoup  d'embarras  à  essayer  d'en  rendre 
compte  :  on  sait  qu'aujourd'hui  les  mathématiques  ont  atteint  une  éléva- 
tion extraordinaire  au-dessus  des  enseignements  classiques  de  nos  grandes 
écoles  ou  de  la  licence  es  sciences,  élévation  presque  impossible  à  atteindre, 
même  pour  ceux  qui  n'ont  pas  perdu  contact  avec  ces  disciplines  de  spécu- 
lation pure  d'un  si  vif  intérêt  pour  leur  jeunesse.  Le  témoignage  de  nos 
confrères  les  plus  compétents  peut  cependant  en  donner  une  idée  générale. 

Les  Mémoires  de  M.  Huuibert  se  rattachent  à  la  fois  à  l'analyse  et  à  la 
géométrie  et  traitent  principalement  de  la  théorie  des  courbes  el  des  sur- 
f  ices  algébriques.  L'un  de  ses  premiers  travaux  a  consisté  à  exprimer  sous 
une  forme  précise  et  explicite  les  conditions  pour  qu'une  intégrale  abélienne 
ait  une  valeur  algébrique.  Vinrent  ensuite  des  compléments  importants  et 
féconds  à  la  théorie  des  surfaces  cyclides. 

Mais  c'est  surtout  sur  le  théorème  d'Abel  que  se  sont  dirigées  les 
recherches  de  notre  confrère.  Certains  systèmes  de  diflérenlielles  algé- 
briques ont  une  somme  rationnelle.  Il  fallait  déterminer  la  valeur  elîeclivc 
de  cette  somme.  M.  Humbert  a  trouvé  une  transformation  qui  y  conduit 
facilement.  De  nombreuses  conséquences  en  sont  résultées. 

On  remarque  encore  uue  longue  série  de  recherches  sur  l'application  des 
transcendmtes  à  la  géométrie.  Les  monographies  qui  se  rattachent  à  ces 
questions  sont,  dit-on,  des  modèles  d'élégance  et  de  clai'té. 

En  1892,  le  prix  Bordin  avait  été  décerné  à  M.  Humbert  pour  les  appli- 
cations de  la  théorie  générale  des  fonctions  abéliennes  à  la  géométrie. 
L'auteur  compléta  par  deux  Mémoires  d'une  très  grande  valeur  celui  qui 
avait  été  couronné. 

Le  travail  le  plus  remarquable  peut-être  de  M.  Humbert  est  relatif  aux 
transformations  singulières  des  intégrales  hyperellipliques  el  aux  multi- 
plications complexes  qui  en  résultent.  M.  Hermite,  dans  un  Mémoire 
célèbre,  avait  indiqué  toutes  les  transformations  possibles  des  intégrales 
hyperelliptiques  lorsque  les  périodes  restent  arbitraires;  mais  si  elles  sont 
reliées  par  certaines  relations  spéciales,  de  nouvelles  transformations 
peuvent  être  réalisées  ;  c'est  ce  qu'a  montré  M.  Humbert. 

L'importance  de  toutes  ces  publications  est  établie  par  l'impulsion  qu'en 
a  reçue  l'arithmétique  supérieure. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I92I.  igi 

Depuis  son  éleclion  à  l'Académie,  M.  Humbert,  toujours  dominé  par 
raltrail  de  la  recherche  malhémali(iue,  n'a  [)as  cessé  sa  production  scienti- 
fique: il  s'est  occu[)é  surtout  des  formes  quadratiques  et  des  dévelop[)e- 
ments  en  fractions  continues. 

Cette  poursuite  constante  de  la  vérité  abstraite  était  jointe  chez 
M.  Humbert  à  une  grande  élévation  d'idées  sur  les  problèmes  de  la  vie. 
Elles  l'ont  soutenu  au  milieu  des  vicissitudes  de  l'existence  aussi  bien  que 
les  affections  dont  il  était  entouré.  D'un  caractère  charmant,  il  n'avait  que 
des  amis  dans  tous  les  milieux  auxquels  il  se  trouvait  mêlé.  Pour  ma  part, 
j'éprouve  un  grand  chagrin  à  voir  disparaître  l'un  des  plus  aimables  repré- 
sentants de  la  génération  qui  me  suit,  l'un  de  nos  plus  éminents  élèves  de 
l'Ecole  Polytechnique,  sous  tous  les  rapports  un  modèle  pour  les  jeunes  qui 
viennent  après  nous. 

Une  des  grandes  satisfactions  de  M.  Humbert  avait  été  de  voir  son  fils, 
sorti  également  de  l'Ecole  Polytechnique,  s'adonner  comme  lui  à  la 
recherche  mathématique,  fixer  sa  vie  par  un  excellent  mariage  et  devenir 
professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier;  malheureusement 
atteint  en  même  temps  que  son  père  d'une  maladie  très  sérieuse,  il  n'a  pu 
assister  à  ses  derniers  moments. 

A  la  digne  veuve  de  notre  confrère  si  aimé  et  à  ses  enfants,  j'otfre  au  nom 
de  l'Académie  des  Sciences  l'expression  attristée  de  nos  plus  vifs  regrets  et 
le  témoignage  de  notre  profonde  sympathie. 

La  séance  sera  levée  en  signe  de  deuil  aussitôt  après  l'éleclion  d'un 
membre  de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurg-ie. 


M,  André  Blondel  informe  l'Académie  qu'une  cérémonie  commémo- 
rative  du  centenaire  des  découvertes  fondamentales  d'A.MPÈRE  en  électro- 
dynamique vient  d'avoir  lieu  au  village  d'Ampère  (États-Unis).  L'Aca- 
démie était  représentée  par  M.  MaiUoiix. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  Vâge  des  phénomènes  de  charriage  dans  les  montagnes 
de  Gigondas  (  Vauduse).  Note  de  MM.  Pierre  Tehmier  et  Lêoace  Joleaud. 

Les  montagnes  de  Gigondas  dessinent  au  sud-ouest  du  Ventoux  plusieurs 
lignes  de  crêtes,  où  l'érosion  a  sculpté,  dans  des  barres  de  calcaires  juras- 


ig2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

siques  parfois  dressés  verlicalemenl,  toute  une  série  de  drntclles  et  à'' aiguilles, 
telles  que  le  rocher  du  Turc(63o"'}  et  la  pyramide  de  Saint-Amand  (734"'). 
Leur  modelé,  au  profil  hardi  et  profondément  déchiqueté,  contraste  avec 
l'aspect  tabulaire  des  plateaux  du  Languedoc  et  avec  la  physionomie  mas- 
sive des  chaînons  du  Dauphiné  et  de  la  Provence. 

La  géologie  de  ces  montagnes  a  fait  l'objet  de  nombreux  Mémoires  de 
stratigraphie.  M.  Léenhardt  (')  en  a  donné  une  excellente  description,  plus 
spécialement  des  terrains  jurassifjues  et  crétacés  :  marnes  du  Callovien  et 
de  rOxfordien,  marno-calcaires  de  l'Argovien  et  du  Rauracien,  calcaires 
lités  du  Séquanien  et  du  Kimméridgien  inférieur,  calcaires  massifs  du 
Kimméridgien  supérieur  et  du  Porllandien,  calcaires  marneux  du  Berria- 
sien,  marnes  du  Valanginien  moyen,  calcaires  du  Valanginiensupérieuretde 
l'Hauterivien.  F,  Fontannes  (-)  a  esquissé  la  succession  des  terrains  oligo- 
cènes et  miocènes,  dont  l'étude  a  été  reprise  plus  tard  par  l'un  de  nous  (')  : 
calcaires  à  empreintes  de  Poissons,  marnes  multicolores  et  gypses  du 
Sannoisien,  sables  et  calcaires  à  Mclanoides  Laurœ  du  Stampien,  mollasse 
marneuse  de  l'Aquitanien,  mollasse  calcaire  du  Burdigalien,  argiles  et 
grès  de  l'Helvétien. 

Indépendamment  de  ces  diverses  formations,  les  montagnes  de  Gignndas 
présentent,  surtout  au  Sud-Est,  de  larges  affleurements  d'autres  terrains, 
que  M.  Léenhardt  a  réunis  sous  le  nom  à'/iorizon  de  Suzelte.  F.  Fontannes 
a  figuré  ce  complexe  sur  la  feuille  Orange,  de  la  Carte  géologique  détaillée, 
avec  la  notation  e'~'.  Depuis,  l'un  de  nous  a  montré  qu'il  y  a,  là  dedans, 
non  seulement  de  l'Eocène,  mais  aussi  du  Trias  (').  Le  Trias  est  beaucoup 
plus  développé  que  T l'Eocène.  Quand  ces  deux  terrains  se  touchent,  leur 
contact  est  anormal. 

L'Eocène  est  surtout  développé  dans  le  pays  raviné  et  boisé  qui  s'étend 
au  nord  du  Petit-Montmirail,  des  Petites-Eaux  et  de  Beaumes-de-Venise. 
Il  est  en  parfaite  continuité  avec  TOligocèno,  comme  le  montre,  par 
exemple,  la  coupe  du  ravin  des  Crotles,  où  nous  avons  observé,  sous  le 
Sannoisien,  une  épaisseur  de  j*iusieurs  centaines  de  mètres  de  sables,  de 

(')  Étude  géologique  de  la  région  du  !\Ioiit-Venloux,  i883. 

(-)  Le  groupe  d'Aix  dans  le  Dauphiné,  la  Provence  et  le  lias  Languedoc,  ifSS.">. 
p.  35-53. 

(^)  L.  Joi.KAUi),  ('amples  rendus,  t.  l'iV,  nji>;,  p.  3'|5,  el  l.  1V3,  p.  li.io;  liull.  Soc. 
géol.  l'rance.  t.  8,  igoi^»,  p.  4'!  Géologie  du  Coniiat,  Terjiiiiis  néogéiies,  l.  ii,  1912, 
pi.  III,  lig.  21. 

('  )    L.  JOLEAII),   loC.  cil. 


SÉANCE    DU    24    JANVIl-R    1921.  igS 

grès,  d'argiles  et  de  conglomérais.  Des  bancs  calcaires,  qui  s'intercalent 
vers  la  partie  inférieure  de  cet  ensemble,  sont  sans  doute  l'équivalent  des 
calcaires  à  Planorhis  pseiido-ammoniiis  de  la  région.  Ce  Gastropode  a, 
d'ailleurs,  été  signalé  par  F.  Fonlannes  (')  à  la  grange  Peyrier,  dans  un 
vallon  à  l'est  de  Suzette.  La  série  éocène  de  Gigondas  se  continue  sur  le 
revers  sud-occidental  du  Ventoux,  où  elle  présente  également,  entre 
Grillon  et  Jocas,  des  calcaires  dont  la  position  straligraphicjue  ne  laisse  pas 
de  doute  sur  leur  âge  lutélien.  11  semble  donc  très  probable  que  la  série 
dèlrilique,  ai'ec  irilercalalions  calcaires  vers  la  base,  da  rai'in  des  Crottes,  cor- 
respond à  r Éocène  moyen  et  supérieur. 

Le  Trias  est  surtout  développé  au  sud-est  des  barres  jurassiques,  depuis 
Souiras  et  Urban  jusqu'au  pied  de  l'arête  calcaire  burdigaliennc  qui 
entoure  la  cuvette  de  Malaucène.  Ce  terrain  est  constitué  par  des  cargneules 
et  dès  argiles,  auxquelles  sont  associés  localement  des  gypses  et  des  cal- 
caires dolomitiques  jaunâtres  en  plaquettes.  Sa  couleur  générale,  jaune  ou 
rougeàtre,  contraste  avec  le  gris  noir  de  l'Oxfordien  et  avec  le  blanc  du 
Jurassique  supérieur. 

A  droite  et  à  gauche  du  chemin  de  Lafare  à  Suzette,  ce  Trias  repose,  par 
une  surface  de  contact  presque  horizontale,  sur  les  marnes  du  Callovo- 
oxfordien  :  vers  sa  base,  on  observe  fréquemment  des  mylonites,  qui  se 
lient  intimement  aux  cargneules.  La  superposition  constante  de  ces  forma- 
lions  au  Jurassique  avait  induit  en  erreur  MM.  Léenhardt  et  Fontannes, 
qui  faisaient  des  cargneules  le  terme  le  plus  inférieur  du  Tertiaire  conti- 
nental des  montagnes  de  Gigondas.  En  réalité,  cette  situation  stratigra- 
phique  apparente  est  simplement  la  conséquence  du  charria<j;e  sur  le  Juras- 
sique d'une  nappe  de  Trias  (-)  depuis  longtemps  signalée  par  l'un  de  nous  ('  ). 
L'épaisseur  du  Trias  charrié  est  souvent  supérieure  à  100"';  elle  peut 
atteindre  Soo".  Il  repose  indifféremment,  avec  une  allure  transgressive, 
sur  les  divers  termes,  plissés  énergiquement,  du  Secondaire  et  du  Nummu- 
litique.  Des  débris,  parfois  très  gros,  de  calcaire  portlandien,  se  mélano;ent, 

(')  Loc.  cit.,  p.  rî-^S. 

(')  Des  roches  variées  y  sont  emballées.  Ain>i  M.  Léenhaidl  (loc.  cit.,  p.  i32)  y  a 
indiqué  des  calcaires  à  articles  d'Eiicrines  de  faciès  iiifraliasiqiie;  dans  d'autres  cal- 
caires il  a  trouvé  des  aptychus  peut-être  néocomieiis.  Raspail  (in  Léenhahdt,  loc.  cit., 
p.  i3i,n''2)y  aurait  observé,  dan^  des  grès,  des  fossiles  analogues  à  ceux  d'Uchaux 
(Turonien)  et  Rénaux.  (Ibid.,  p.  210,  n°  1),  dans  des  calcaires,  un  Lychnits  du  Daiiien, 

Cj  L.  JoLEAUD,  Comptes  rendus,  t.  IVS,  1907,  p.  i23.j. 


194  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

çà  et  là,  dans  la  mylonite,  aux  cargneules  écrasées  et  aux  calcaires  triasiques 
brisés. 

Le  charriage  est  certainement  postérieur  à  l'Oligocène.  La  coupe  donnée 
par  M.  Léenhardt  (')  du  coteau  qui  porte  le  village  de  Ciillon  est  particu- 
lièrement instructive  à  cet  égard  :  des  cargneules  subordonnées  au  conglo- 
mérat miocène  viennent,  là,  en  recouvrement  sur  les  marnes  vertes  avec 
gypses  et  calcaires  du  Tongrien-Ludien.  Ailleurs,  ces  terrainsse  retrouvent 
localement  dans  les  replis  de  la  nappe  triasit^ue,  entre  Lafare,  Suzette  et 
Malaucène  :  ainsi  M.  Léenhardt  y  signale  dans  le  ravin  de  la  Combe,  au 
sud-est  de  Suzette,  l'intercalation  dans  les  cargneules  d'un  lambeau  d'Oli- 
gocène, auquel  est  accolé  un  petit  paquet  de  marnes  oxfordiennes;  plus  en 
amont,  au-dessus  de  Gardon,  et  plus  à  l'Est,  vers  Bonfils  et  Cleyrier,  des 
marno-calcaires  tongriens  s'insinuent  également  dans  la  masse  des  car- 
gneules (■).  Le  Trias  a  certainement  recouvert  l'Oligocène  dans  la  plus 
grande  partie  du  massif:  nous  en  avons,  en  effet,  retrouvé  un  minuscule 
affleurement  sur  le  Tongrien,  au  contact  du  Néocomien,  à  l'ouest  de  la 
grange  Fabre,  le  long  du  chemin  de  Suzette  à  Malaucène. 

La  nappe  de  Gigondas  a  été  mise  en  sa  place  avant  le  Miocène,  comme  le 
montre  la  disposition  générale  des  terrains  au  voisinage  de  la  pyramide  de 
Saint-Amand.  Le  point  culminant  du  massif  est,  en  eOel.  occupé  par  un 
lambeau  de  mollasse  burdigalienne,  beaucoup  plus  étendu  vers  le  Sud  que 
ne  l'indique  la  carte  de  Fontannes.  11  s'avance,  d'une  part,  jusque  près  de 
Suzette,  d'autre  part,  jusqu'à  la  font  au  Buis.  Non  loin  de  cette  source,  où 
il  avait  déjà  été  figuré  par  M.  Léenhardt,  il  repose  nettement  sur  la  nappe 
triasiquc.  et  son  conglomérat  de  base,  plus  ou  moins  bréchoide,  en  remanie 
les  éléments  calcaires  ou  dolomitiquos. 

En  somme,  la  nappe  de  Gigondas  est  exactement  du  même  âge  que  les 
écailles  de  la  Montagnelte,  du  plateau  de  Villeneuve-lez-Avignon,  et  que 
les  klippes  d'Alais.  Les  mouvements  tectoniques  qui  leur  ont  donné  nais- 
sance se  sont  effectués  après  l'Oligocène  et  avant  le  Miocène,  très  vraisem- 
blablement entre  le  Chatlien  et  l'Aquitanien  ('). 

La  nappe  de  (iigondas  a  naturellement  été  affectée  par  les  momemcnts 
miocènes,  qui  se  sont  produits  après  V Hclvétien.  Au  nord  de  Heaumes, 
MM.  Léenhardt  et  Fontannes  ont  attribué  à  l'Oligocène  des  gypses  incon- 

(')  Loc.  cit.,  |).  17?,,  fig.  3'.. 

(*)  Lèknhardt,  Inc.  cit.,  p.   i33-i.i<). 

(^)  P.  TiiRMiEit  el  L.  Joi.KAi'D,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  2.'|. 


SÉANCE   DU   24   JANVIER    I921.  igS 

testablomcnt  triasiques.  Ceux-ci,  au  sud  du  moulin  de  Mitre,  sur  la  rive 
droite  du  ruisseau  de  Salelte,  viennent  directement  en  contact  avec  la 
mollasse  à  Peclcn  Dmidi,  dont  les. couches  sont  fortement  redressées, 
Lors(}u'on  suit  la  crête  burdigalienne  vers  l'Ouest,  on  voit  s'intercaler 
i;raduellement,  entre  le  Miocène  et  le  Trias,  une  série  d'assises  subverti- 
cales correspondant  aux  différents  termes  de  l'Oligocène  l't  de  l'Eocène  qui 
ont  été  coupés  en  biseau  par  la  nappe  :  au  contact  de  l'Eogène  et  du  Trias 
se  développe  une  plus  ou  moins  grande  épaisseur  de  brèches.  Des  mouve- 
ments posthumes  ont  d')nc  fait  ici  déborder  la  nappe  liiasique  qui  a 
redressé  rÉogène  et  renversé  sous  elle  le  Miocène,  par  suite  de  la  poussée 
au  vide,  depuis  le  \oifinage  de  Beaumes  jusque  près  des  Crottes.  Le  Néo- 
gène demeure  au  contraire  faiblement  incliné  en  dehors  du  massif,  dans  la 
plaine  de  Carpentras  notamment.  Des  faits  analogues  s'observent  aussi 
bien  au  Nord-Ouest,  près  de  Gigondas,  qu'au  Nord-Est,  en  bordure  de  la 
cuvette  de  Malaucène. 

Nous  avons  dit  que  le  manteau  de  la  nappe  triasique  qui  s'étale  de 
Suzette  au  moulin  de  Mitre  a  recouvert  indifféremment  les  divers  étages 
du  Jurassique,  du  Crétacé  inférieur,  de  FEocène  et  de  l'Oligocène.  Les 
mouvements  tectoniques  qui  ont  donné  naissance  à  celte  nappe  ont  repris 
dans  les  replis  de  la  nappe  des  lambeaux  du  substratum.  Ils  n'ont  cependant 
pas  modifié  profondément  les  dislocations  de  l'Auloehtone,  dont  l'orienta- 
tion se  retrouve  non  seulement  dans  les  arêtes  tithoniques  des  Dentelles  et 
de  La  Roque  Alric,  mais  encore  dans  les  barres  urgoniennes  du  Barroux. 
Les  relations  de  ces  accidents  tectoniques  et  des  assises  détritiques  éocènes 
témoignent  de  l'âge  pyrénéo- provençal  de  ces  plis,  comme  pouvait,  d'ailleurs, 
le  faire  prévoir  leur  direction  WSW-ENE  :  les  conglomérats  si  développés 
aux  abords  de  Crillon,  au  pied  de  la  terminaison  occidentale  du  Ventoux, 
correspondent  slratigraphiquement  et  tectoniquemenl  aux  poudingues  de 
Palassou  du  re\ers  nord  des  Pyrénées. 

Le  pli  Ventoux-Lure,  magistralement  décrit  par  ALM.  Léenhardt  et 
Ivilian.  serait  donc  un  pli  provençal  de  direction  générale  Ouest-]'>st,  ayant 
rejoué  après  le  Miocène.  De  même  les  écailles  de  la  Montagnelte  et  du 
plateau  de  Villeneuve-lez-Avignon  sont  formées  par  le  groupement  de  plis 
provençaux  Ouest-Est  que  recoupent  obliquement  les  surfaces  de  charriage 
d'Aramon-Saint-Pierre-du-Terme,  des  Bouisses,  etc. 

L'ensemble  de  la  nappe  trinsique  de  Gigon  las  et  de  son  substratum  affecté 
par  les  dislocations  provençales  a  été  aussi  replissé  lors  de  la p/iase  alpine.. 
Celle-ci  s'est  traduite,  non  seulement  par  une  remise  en  mouvement  de  la 


igC>  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

nappe,  mais  aussi  par  une  accentuation  des  dislocations  WSW-1m\E  et 
par  une  surélévation  du  vaste  bombement  elliptique  à  grand  axe  Nord-Sud 
Vaison-Gigondas  :  le  Burdigalien  a  été  ainsi  porté  au  centre  du  massif 
jusqu'à  la  côte  734,  tandis  qu'à  la  périphérie  les  difTérents  étages  miocènes, 
y  compris  le  Pontien,  dessinent  des  auréoles  concentriques  que  recoupent 
transversalement  les  affleurements  de  Pliocène  marin. 

En  somme,  trois  îèries  de  mouvements  tectoniques  se  sont  succédés  dans  les 
montagnes  de  Gigondas  :  i"  la  pliose  des  plissements  pyrénéens  W  SW'-ENE 
contemporains  de  V Eocène  moyen  et  supérieur  (  '  )  ;  1°  la  phase  de  charriage 
des  nappes  postérieure  à  COligocéne  (^Chatlien)  et  antérieure  au  Miocène  (Aqui- 
tanien)\  3°  la  phase  des  mouvements  alpins,  datant  du  Miocène  supérieur 
(Pontien^  et  consistant  ici  dans  la  surrection  d'un  dame  allongé  du  Sud  au  Nord 
avec  renversement  local,  en  quelques  points  de  sa  périphérie,  des  terrains  anté- 
miocènes  sur  le  Miocène  lui-même.  Dans  ce  dernier  mouvement,  il  y  a  eu 
glissement  de  la  couverture  miocène  sur  les  terrains  plissés  sous-jacents  ; 
et  c'est  ainsi  qu'au  sud  de  Suzette,  on  peut  voir,  traînant  sur  le  Trias,  et 
sur  les  mylonites  triasiques,  des  lambeaux  d'une  autre  mylonite,  bien  plus 
récente,  à  débris,  pêle-mêle,  de  Burdigalien  et  de  Portlandien. 

OPTIQUE.    —   Sur  un  théorème  d'optique  géométrique,  et  son  application 
au.v  systèmes  de  prismes.  Note  (')  de  M.  G.  Gouv. 

1.  Dans  divers  systèmes  optiques,  on  peut  trouver  aisément  la  marche 
des  rayons  et  des  ondes  jiour  un  certain  faisceau,  que  nous  appellerons 
privilégié,  tandis  que  les  autres  faisceaux  présenlenl  plus  de  difficultés. 
Nous  allons  montrer  que,  de  la  connaissance  du  faisceau  privilégié,  on  peut 
déduire  les  propriétés  d'un  faisceau  peu  difl"érent,  par  une  construction 
très  simple. 

Nous    considérons    un    système    formé   de   corps   homogènes  (^),   qui 

(')  Ce  plissemenl  WSW-ENKa  élé  e.vlrèinemenl  énergique  :  il  consiste  en  des  plis  très 
aigus  dans  une  série  anlérieuremenl  afleclée  par  des  glissements  élémentaires  et  où 
beaucoup  d'étages  avaient  élé sujjprimés,  du  fait  de  ces  glissements.  Les  conlacts  des 
divers  étages  du  Jurassique  et  du  Crétacé  sont  presque  tous  anormaux. 

(*)  Séance  du  17  janvier  1921. 

{'■')  Celte  condition  de  riiomogénéilé  n'est  pas  nécessaire,  comme  on  le  verra  en 
suivant  la  démonstration;  il  suffit  que  les  propriétés  optiques  ne  varient  pas  rapide- 
ment d'un  point  à  un  autre.  Nous  l'introduisons  pour  ne  pas  compliquer  l'exposé 
inutilement. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1921.  I97 

peuvent  être  anisolropes,  dont  les  surfaces  utilisées  n'ont  ni  discontinuités 
ni  rayons  de  courbure  très  petits.  La  lumière  est  liomogcne;  le  faisceau 
incident  et  le  faisceau  émergent  sont  dans  des  milieux  isotropes  dont  les 
indices  sont  //,  et  n.^. 

Considérons,  à  Torigine  du  temps,  um-  onde  incidente   \,  et  l'un  de  ses 
rayons  R,  ;  soient  A^  l'onde  émergente  correspondant  au  temps  t,  et  R.  la 


continuation  du  rayon  R,  ('  ).  Soient  C,  le  point  de  l'onde  V,  qui  est 
sur  R|,  et  Cj  le  point  de  l'onde  A,  qui  est  sur  R^. 

Considérons,  à  l'origine  du  temps,  une  autre  onde  a^  ;  soit  D  son  inter- 
section avec  R,  ;  posons 

£-Dc;. 

Au  temps  t,  Tonde  correspondante  est  a.,\  elle  coupe  W..^  au  point  V.. 
Soient  />  celui  des  rayons  de  Tonde  «,  qui  passe  par  le  point  D,  et  r.,  la 
continuation  de  ce  rayon.  L'angle  a  de  R,  et  de  /•,  est  supposé  très  petit. 

Le  point  D  est  un  centre  d'ébranlement  qui  produit  une  onde  élémen- 
taire qui  coupe  normalement  R^  en  un  point  G,  tel  que  CjG  =  î— '>  et  qui 
est  tangente  en  H  à  a.^. 

L'angle  des  directions  de  R^  et  de  i\  n'est  pas  grand  par  rapport  à  a.  En 
effet,  si  nous  suivons  les  rayons  R,  et  7-,  dans  leur  marche,  nous  voyons 
qu'à  chaque  réflexion  ou  réfraction,  l'angle  de  leurs  directions  se  trouve 
multiplié  par  un  nombre  de  grandeur  modérée  (-).  Mous  voyons  de  même 


{')  Nous  donnons  au  mot  rayon  le  sens  e\acl  qu'il  possède  dans  la  théorie  de  la 
double  réfraction. 

C)  Cela  n'est  plus  vrai  pour  la  réfraction  avec  émergence  rasante,  ni  pour  la  réfrac- 
lion  conique;  nous  excluons  ces  deux  cas. 


igS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  HE  cl  H(i  sont  de  l'ordre  de  /a,  en  désignant  par  /  une  longueur 
médiocre;  le  parcours  dans  le  système  n'étant  pas  gra-nd. 

Considérons  maintenant  le  plan  qui  passe  par  r,  et  par  le  point  G,  et  les 
intersections  parce  plan  de  l'onde  a.,  et  de  l'onde  élémentaire  G II  :  soient  p 
et  p'  leurs  rayons  de  courbure.  Appelons  VI  la  projection  de  l'-  sur  ce  plan. 
L'angle  de  Gl'>  et  de  Gl']'  est  de  l'ordre  de  a;  nous  pouvons  donc  écrire 

2    \       p  ù        / 

GE  est  donc  de   l'ordre   de  grandeur  de  a'-   multiplié  par  une   longueur 

médiocre  ('),  et  nous  pourrons  regarder  le  point  G  comme  appartenant  à 

l'onde  a.,. 

2.   Il  n'y  aurait  rien  à  en  conclure  si  les  normales  à  A^  et  à  «.,  variaient 

très  rapidement  avec  les  coordonnées  du  point  1"].  Mais  ce  n'est  pas  ainsi 

que  se  pose  le  problème  pliysique.  Les  ondes  A,  et  a,  sont  toujours  planes 

ou  sphériques;  les  surfaces  des  divers  milieux  n'ont  jamais  de  petits  i-ayons 

de  courbure,  en  sorte  que  GH,  l"]H,  p  et  p'  varient  lentement,  en  grandeur 

et  direction,  avec  les  cooi données  a^,  y,  z  du  point  1^.  Par  suite,  J"',,v',  z' 

,           ,                1         .       1          •       /.                       T                (Mx' — -lA     d(u' — .r) 
étant  les  coordonnées  du  point  G,  on  peut  dire  que   — — r- — ->   y- — > 

— —  >  et  les  dérivées  analogues,  sont  de  l'ordre  de  — r^  ou  de   ny.-, 

l  étant  une  longueur  qui  n'est  pas  petite,  et  n  un  nombre  de  grandeur 
modérée. 

Supposons  que  la  construction  soit  faite  pour  tous  les  points  E  de 
l'onde  (i.,-^  appelons  (i\  la  surface  passant  par  tous  les  points  G.  Soient  L, 
et  1%  deux  points  intiniment  voisins  pris  sur  r/.,  et  G,  et  G.,  les  points 
correspondants  de  n\.  Les  coordonnées  de  E,  et  de  Eo  sont  .r.  v,  sel  x  -\-  cLi\ 
y  -f-  dy,  z  -^  dz\  celles  de  ( i ,  et  de  Go  sont  .r',  y\  z'  et 

dx'   ,  ()x'   ,         ôx'    , 

dx  dy  à: 

et  de  même  pour  les  deux  autres.  Ces  dérivées,  d'après  ce  que  nous  venons 

(')  Gela  est  vrai  ruùme  si  o'  est  très  petit,  puismie  l'anL;le  — —  est  de  l'ordre  de  y.. 

Pour  éviter  des  coinplicalions  inuliles.  no;is  e\ciiions  le  cas  où  o  est  très  petit;  it 
siffil  alors  de  cansidérer  les  ondes  A,  et  «»  dans  une  position  plus  a\ancée,  loin  des 
foyers  ou  des  caustiques. 


SÉANCE    DU    2/}    .TA.NVIER    1921.  199 

de  dire,  dilTèrent  de  l'iinilé  par  un  terme  de  l'ordre  de  a-.  Par  suile,  l'angle 
des  direclions  des  tangentes  I'-,  1'.  et  (i,  G.  estdc  l'ordre  de  a-,  tt,  comme  F., 
esl  quelconque,  il  en  est  de  même  de  l'angle  des  normales  de  ^/.,  et  de  ^z^. 

Nous  pouvons  donc  dire  que  /a  distance  de  deux  ondes  simii/Ui/iées  de 
deiiv  faisceaiuv  peu  différents^  mesurée  sur  le  même  rayon  de  l'un  d'eux,  vaut 
un  même  nombre  île  longueurs  d'onde  à  l'entrée  ei  à  la  sortie  du  système,  avec 
une  erreur  du  second  ordre  [lour  les  normales. 

3.  Nous  allons  envisager  maintenant,  comme  première  application,  le 
problème  général  de  la  vision  d'un  objcl  un  peu  éloigné,  à  travers  un  sys- 
tème quelconque  de  prismes  et  de  miroirs  plans,  qui  serait  sans  doute  dif- 
ficile par  un  calcul  direct.  Les  constructions  sont  assez  simples  pour  que 
nous  donnions  seulement  les  énoncés. 

Les  prismes  que  nous  considérons  sont  en  général  anisotropes;  leurs 
arêtes  sont  orientées  d'une  manière  quelconque;  le  système  est  placé  dans 
rair('). 

Le  faisceau  privilégié  est  un  faisceau  parallèle,  qui  resle  tel  dans  tout 
son  parcours.  Appelons  nappe  l'ensemble  des  rayons  qui  sont  dans  un 
même  plan.  Lue  nappe  du  faisceau  incident  reste  une  nappe  dans  tout  le 
parcours.  Deux  nappes  qui,  à  l'entrée  étaient  parallèles  et  ix  la  distance  /, 
sont  encore  parallèles  à  la  sortie  et  leur  distance  /j  est  proportionnelle  à  /, . 

La  section  droite  du  faisceau  privilégié  incident  est  arbitraire;  suppo- 
sons, pour  faciliter  l'exposé,  que  ce  soit  un  carré  de  côté  <i,  dont  deux  côtés 
sont  liorizontaux.  La  section  droite  du  faisceau  privilégié  émeigent  est 
alors  un  parallélogramme.  Appelons  b  les  longueurs  des  côtés  qui  corres- 
pondent aux  côtés  horizontaux  du  carré,  c'est-à-dire  qui  rencontrent  les 
mêmes  rayons,  c  les  longueurs  des  autres  côtés,  et  w  l'angle  aigu  du  paral- 
lélogramme. 

Le  point  P,  infiniment  éloigné,  produit  le  faisceau  privilégié.  Considé- 
rons une  ligne  PP'  perpendiculaire  à  ce  faisceau,  et  dans  un  plan  vertical; 
soit  Y  la  grandeur  apparente  de  celte  ligne.  L'onde  issue  de  P'  forme,  avec 
l'onde  privilégiée  issue  de  1',  un  angle  dièdre  y,  dont  l'arête  est  un  des  côtés 
horizontaux  de  notre  carré.  A  la  sortie,  daprès  notre  construction,  l'onde 

(  ^  )  Il  esl  facile  d'étendre  les  résultats  donnés  plus  loin  au  cas  où  le  faisceau  incident 
et  le  faisceau  émergent  sont  dans  des  milieux  d'indices  «1  et  n^,  comme,  par  exemple, 
pour  la  vision  d'un  objet  au  fond  de  l'eau.  Il  suffit  de  multiplier  les  grandeurs  appa- 
rentes des  images  par  —  ,  et  les  distances  des  droites  focales  par  —  • 


200  ACADEMIE    DES    SCIEN'CES. 

issue  de  V  forme,  avec  Fonde  issue  de  I',  un  an^le  dièdre  y  — ■ — >  dont 
Tarêle  est  un  des  côtés  b  du  parallélogramme. 

Ainsi  la  ligne  PP'  est  vue  dans  une  direction  perpendiculaire  aux  côtés  b 

du  parallélogramme  (  '  ),  et  sa  grandeur  apparente  est  multipliée  par  — : —  • 

Si  la  ligne  PP'  était  horizontale,  elle  serait  vue  dans  une  direction  per- 
pendiculaire aux   côtés  c  du  parallélogramme,  et  sa  grandeur  apparente 

,  ....               a  , 

serait  multipliée  par  -r-. 

Il  est  facile,  d'après  cela,  de  construire  Fimage  d'un  objet  quelconque 
à  Finfini,  qui  est  à  la  fois  tournée,  déformée,  agrandie  ou  rapetissée. 

4.  Ce  qui  précède  s'applique  encore  quand  l'objet  est  moins  éloigné, 
mais  il  se  produit  alors  de  l'astigmatisme.  Soit  un  point  P,  sur  l'axe  du 
faisceau  privilégié,  à  la  distance  L  de  l'entrée  du  système.  Considérons,  sur 
la  section  droite  du  faisceau  privilégié,  un  cercle  inscrit  dans  notre  carré. 
L'onde  sphérique  issue  de  P,  passe  par  ce  cercle  et,  à  son  pôle,  elle  le 

dépasse  de  ny  Sur  la  section  droite  du  faisceau  privilégié  émergent,  tra- 
çons une  ellipse  tangente  aux  côtés  du  parallélogramme  en  leurs  milieux; 
par  cette  ellipse  passent  les  rayons  du  faisceau  privilégié  qui  ont  passé  par 
le  cercle.  Soient  h  et  k  les  longueurs  des  axes  de  cette  ellipse.  Cette  courbe 
est  y  indicatrice  de  la  surface  de  Fonde  émanée  de  P,,  qui,  au  centre,  est  en 

saillie  de  — p-  Il  en  résulte  que  les  deux  focales  virtuelles  sont  parallèles  aux 
axes  de  cette  ellipse,  et  se  trouvent  aux  distances  L  —  et  L  A;- 

La  connaissance  du  parallélogramme  nous  donne  donc  tous  les  rensei- 
gneinenls  utiles  sur  la  vision  d'un  objet  un  peu  éloigné.  Le  faisceau  privi- 
légié et  son  parallélogramme  sont  déterminés  si  l'on  connaît  seulement, 
dans  chaque  milieu,  la  vitesse  normale  d'une  certaine  onde  plane  et  la 
direction  de  son  rayon  (^). 

L'astigmatisme  et  la  déformation  de    Fimage    disparaissent  ensemble 

(')  Le  sens  de  l'image  sur  celle  direclioii  esl  donne  par  ce  fait  i|ue  les  arêles  des 
deux  dièdres  sont  sur  les  cùlés  du  cairé  el  du  |iarallélûgramnie  cjui  »e  correspondent. 

(')  On  peul  s'étonner  qu''il  soit  possible  de  trouver  les  directions  d'un  petit  groupe 
de  rayons,  sans  connaître  la  forme  d'un  élément  de  la  surface  d'onde  de  ciiaque 
milieu.  L'examen  de  la  construclion  de  lluygens  nous  monlre  que  le  terme  ((ui  en 
dépend  esl  du  second  ordre. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I921.  201 

quand  le  parallélogramme  se  réduit  à  un  carré  (').  Le  rapport  des  gran- 
deurs apparentes  de  l'image  et  de  l'objet  est  alors  ^;  il  peut  y  avoir  une 
rotation  de  l'image  par  rapport  à  l'objet. 

Nous  examinerons,  dans  une  autre  Note,  ce  que  deviennent  ces  relations 
dans  les  cas  usuels. 

ÉLECTIONS. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre 
de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  en  remplacement  de  M.  Guyoïi. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  de  votants  étant  58, 

M.  Pierre  Bazy  obtient 29  suffrages 

M.  Jean-Louis  Faure       »       12         » 

M.  Pierre  Delbet  »       10        » 

M.  Henri  Hartmann        »       5        » 

M.  Félix  Legueu  »       i         » 

M.  Théodore  Tuffier        «       i         » 

Au  second  tour  de  scrutin,  le  nombre  de  votants  étant  58, 

M.  Pierre  Bazy  obtient 36  suffrages 

M.  Jean-Louis  Faure       »         12         » 

M.  Pierre  Delbet  »         8        » 

M.  Henri  Hartmann         »         2        » 

M.  PiEBRE  Bazy,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Son    élection  sera  soumise  à  l'approbation   de    M.  le  Président  de  la 
République. 

(  ')  C'est  le  cas  de  la  curieuse  luneUe  astronomique  que  consliui>it  Amici  sans  len- 
tilles, avec  4  prismes  pareils  (Hersciiel,  Traité  de  la  Lumière,  t.  1,  n°  153). 


1   1  3  R  A  R  V  •  rc] 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  F.  CounTY,  Obseivtitions  des  orages  de  iC)\C)  dans  les  départements  de  In 
(il ronde  et  partie  de  la  Dordogne.  Expérience  des  piuagrètes  électriques .  (Pré- 
senté par  M.  J.  Vielle.) 

2"  Quelques  notes  surla  familleLa  Caille.  (Présenté  par  M.  G.  Bigourdan.) 

3°  Annuario  degli  Istituti  scientifici  italiani,  direlto  dal  Prof.  Silvio 
PivANO  délia  R.  Università  de  Parma.  (Présenté  par  M.  ^  ilo  Volterra.) 

4°  Sir  Noi;m\n  Lockvei;  K.  C.  B.,  F.  li.  S.  May  17,  i8'3G-August  16, 1920. 

M.  L.  Lapicque  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  compter  au  iiomine 
des  candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie 
par  le  décès  de  M.  i\'es  Delage. 

M.  Léov  Guillet  adresse  un  Rapport  relatif  à  Temploi  de  la  subvention 
qui  lui  a  été  accordée  sur  la  Fondation  Loutreud  en  i<)i7. 


CHRONOMÉïRlE.  —  Les  déplacements  élastiques  transverses  du  centre  de 
gravité  du  spiral  cylindrique  et  des  doublets.  Note  (')  de  M.  Jules 
Andrade. 

I.  Le  déplacement  Iransversc  du  centre  de  gravité  du  spiral  cylindrique 
d'étendue  angulaire  d'équilibre  P,  dans  chacune  des  phases  de  sa  déforma- 
lion  élastique,  peut  cire  déterminé  à  l'apjiroximalion  de  ^j  par  la  métliode 
di'  Résal  et  Caspari. 

Et  efTectivemcnt  Caspaii,  dans  sa  théorie  du  spiral  Le  Roy,  a  indiqué 
pour  le  déplacement  considéré  une  niéliiode  ayant  pour  objet  de  fournir  les 
coordonnées  du  centre  de  gravité  en  se  bornant  aux  termes  principaux  de 
l'ordre  de  j— 

Les  formules  proposées  sont  cependant  inexactes,  et  l'erreur  eût  pu  com- 
promettre les  belles  conclusions  du  Mémoire  de  187G;  par  bonheur,  en  ce 

(')  Séance  du  10  janvier  1921. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1921.  2o3 

qui  concerne  l'objet  esscnliel  de  ce  Mémoire,  c'est-à-dire  rcslimalion  du 

moment  transmis  .lu  balancier  d*un  clironomètre  à  rapproximation  de  •rrjt 

les  erreurs  faites  sur  les  deux  coordonnées  transverses  se  compensent  ftnalc- 
inenl,  et  la  justilicalion  de  la  niélhode  de  Le  lioy  n'est  pas  ébranlée  par 
l'oubli  de  deux  termes  individuellement  non  négligeables. 

If.  Toutefois,  comme  la  position  précise  du  centre  de  gravité  du  ressoit 
réglant  des  chronomètres  importe  à  plusieurs  applications  nouvelles,  je  me 
propose  d'indiquer,  par  la  présente  Note,  la  rectification  qu'exige  le  calcul 
de  Caspari. 

L'origine  des  coordonnées  transversesélant  le  pied  de  l'axe  du  balancier, 
l'ave  des  X  étant  dirigé  vers  la  projection  du  piton  sur  le  plan  transverse, 
et  enfin  l'axe  des  Y  se  déduisant  du  premier  axe  par  une  rotation  d'un 
quadrant  exécutée  dans  le  sens  où  le  spiral  se  ferme,  nous  désignerons  par  ;/ 
la  rotation  qui  sépare  la  position  actuelle  du  balancier  de  sa  position  d'équi- 
libre ;  l'étendue  angulaire  co  du  spiral  déformé  est  alors  P  -1-  ?/  ;  posons,  avec 
les  notations  mêmes  de  Caspari, 


1  -^  .  , 

(1)  1  A  =  P  (w  +  sincij)  — ^(i — cos'aj); 

j  __  4  »(i  — cosoQ 

(a 

mais  nous  conserverons  les  termes  en  a  et  i,  trop  tôt  négligés  par  Caspari. 
En  posant 

l    J,  r=  /       (  I cos; sin  :  1  (  1  —  coiz r y  z  ]  dz, 

T      r   f      "  ^  ■    \f  ■        «       f'\  ^ 

(   J,=  /  I cosz sin  ;       sin  c z ■     az, 

1    '   ■,'„    \      2  2      y  V  -I       ^y 

nous  observons  cependant  que  le  c/ianip  angulaire  (Finie grution  est  très 
gran  l  el  que  le  facteur  c»^  devant  l'un  des  termes  a  oui)  nous  oblige  à  retenir 
ces  termes. 

Dès  lors,  envisageons  les  coordonnées  x,  el  y,  de  la  projection  du  centre 
de  gravité  sur  le  plan  transverse;  celles-ci  sont  déterminées  par  les  for- 
mules 

(  r  =  P  -_  —  J 
(3)  ''        ^        "'''    " 

I    '  —  —i 

Dès  lors,  conformément  à  la  précaution  à  prendre  pour  le  terme  co-  appa- 


2o4  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

raissanl  dans  J,  ou  J^,  nous  obtenons  d'abord 

l  ,i-.  ^  1 1 0)  —  un  fj)  —  -  ',)- 

(3/-)  l 

■  COS  'j) 


I  1^'  / 


formules  dont  les  termes  ^co*  et  ;5  w-  avaient  été  omis  par  Caspari,   puis 
finalement  les  formules 

V.r,^— sino)  H — — p(i  +  cosu), 

[  71=  p('  — cosoO  4-  ^sin'.). 

III.  Ces  formules  deviennent  plus  simples  pour  des  doublets,  mais 
supposons  d'aljord  que  le  spiral  étudié  soit  un  spiral  Le  Roy,  c'est-à-dire 

que  P  =  (2n±-j-,  //  désignant  un  nomjjre  entier;  si  nous  posons,  en 

outre,  î  ^  ±  I,  les  formules  (4)  deviennent 

(  R  R,,  .      ^ 

Ix,  =;p£COS«  H —  (i  —  cSiii«), 

/  ,>i  =  7;(i4-ssin  u)  H —  £  coi  II. 

I\  .  Considérons  un  doublet  sinusoïdal  de  deux  spiraux  Le  Roy,  le  spiral 
associé  ayant  les  axes  0\o  et  OYo,  mais  comptons  u  positif  dans  le  sens  de 
l'enroulement  de  fermeture  du  premier  spiral,  nous  aurons  pour  le  second 
spiral  à  écrire  les  formules  (5)  après  changement  du  signe  de  «,  ce  qui  nous 
donne  pour  ce  second  spiral 

(  Fl  R«,  .       ^ 

i    JC.,^^  jj  l  COi  II j^(l  4-  £  sin  II  ), 

(  5  bis  )  < 

)  R  .  .       ,        R  ^/ 

/  7j=:  j;{i  —  ci\n  II)  — —  s  COi  II. 

Y.  Si  le  doublet  a  ses  viroles  confondues,  les  axes  OX,  et  0\.^  sont 
o[)[)osés  el  les  axes  OY,  et  OY,  coïncident,  en  sorte  que  les  coordonnées  ?, 
et  r, ,  du  cenlre  de  grmiU'  du  doublet,  rapportées  aux  axes  du  premier  spiral, 
seront 

I    ^    _    .r,  —  .r,   ï\u 

(6)  I  ■*  ^*' 


SfAXCE  DU  2'i  JANVIER  I921.  2o5 

VI.  Si   le   doiihlet  a   ses  viroles  opposées,   les   axes   OX,  el  OX^  sont 

confondus,  mais  les  axes  OV,  et  (  )\  ,  sont  opposés;  et  les  coordonnées  du 

centre  de  gravité  du  doublet  toujours   rapportées   aux  axes  du   premier 

spiral  seront 

[  .l■^-^-.l^.i        K  Wit 

l   «,  = ;=  —  £  cos  n —  £  sin  «, 

I  y,  —  V,        l{      .  I>  Il 

I    f,   = =  —  £  sin  (^  +   — -  £  cos«. 

VII.  La  trajectoire  rectiligue  des  formules  ((i)  est  parallèle  au  diamètre 
fixe  des  pitons;  mais,  des  formules  (7),  on  déduit  une  trajectoire /-c/r/aVc 
parallèle  au  diamèlre  des  viroles. 


MÉCANIQUE.  —  Horloge  mécanique  à  échcippeinenl  libre. 
JNfole  (')  de   M.   Cii.   Féry,   présentée   par  M.    Bigourdan. 

I.  Il  existe  comme  on  sait,  eu  liorlogerie,  deux  grandes  classes  d'échap- 
pements : 

1°  Les  échappements  à  repos  frottants; 

2°  Les  échappements  libres. 

Dans  la  première  classe,  la  roue  d'échappement  est  arrêtée  entre  le  pas- 
sage de  chaque  dent  par  l'échappement  lui-même  qui  est  muni  de  parties 
concentriques  à  son  point  d'oscillation,  et  nommées  pour  celte  raison 
repos  frotlanls.  A  celte  classe  appartiennent  l'échappement  à  cylindre  des 
montres,  et  l'échappement  à  ancre  de  Graham  des  pendules  ordinaires  ou 
astronomiques. 

Dans  la  seconde  classe,  où  la  roue  d'échappement  es-l  arrêtée  par  une 
pièce  auxiliaire,  indépendante  du  balancier,  ce  dernier  ne  se  trouve  en  rela- 
tion avec  les  rouages  qu'au  moment  où  il  passe  au  point  mort,  là  où  il 
reçoit  son  impulsion,  puis  il  termine  librement  son  oscillation  sans 
éprouver  de  frottements  solides.  On  nomme  pour  cette  raison  ces  systèmes  : 
échappements  libres.  A  cette  classe  appartient  l'échappement  à  ancre  des 
montres,  el  celui  dit  à  détente  qui  est  utilisé  dans  les  chronomètres  de 
marine. 

Il  est  bien  connu  que  les  échappements  libres  donnent  des  résultats  très 
supérieurs  à  ceux  fournis  par  les  échappements  à  repos  frottants,  et  l'on  peut 

(')  Séance  du  i- janvier  1921. 

C.K.,  11^11,1"  Semestre.   (T.  172,  N"  4.)  l5 


2.)6  ACADÉMIE    DF-.S    SCIENCES. 

s'élonncr   de   voir  les  liorloges  a.slronomiqucs  figurer  clans  la  classe  des 

écliappemcnls  les  moins  précis. 

La  raison  en  est  qu'il  est  assez  facile  d'appliquer  le  princii)e  des  échappe- 
ments libres  aux  b:il  mciers  circulaires  comme  ceux  des  montres  ou  des 
clironoinètres,  tindis  que  le  pendule  recliligne  des  horloges  s'y  prêle  très 
mal  cl  (pie  les  solutions  indiquées  jusqu'ici  sont  relativement  compliquées. 

Disons  toutefois  que  de  nombreuses  solutions  mécaniques  de  ce  pro- 
blème ont  été  données,  cl  que  les  lioiloges  directrices  de  l'Observatoire  de 
Paris  sont  munies  d'un  échappement  libre  dû  àTbomas  Reed;  elles  n'échap- 
pent pas  au  reproche  de  la  complication  et  de  la  délicatesse  de  Téchappe- 
mciil. 

II.  La  présente  Note  a  pour  but  de  décrire  une  solution  très  simple  de 
ce  problème  ('  ). 


B';     ^ 


Considérons  {fîg.  i)  la  roue  d'écinppcmenl  B  d'une  horloge  qui   tend 
à  tourner  sous  l'action  du  rouage  et  du  poids  moteur. 

(')  Une  penduletle  à  demi-secondes  munie  de  ce  nom  el  écliappemenl  a  été  soumise 
au  concours  l'ieirel;  elle  \  a  obtenu  le  premier  prix. 


SÉAN'CE    DU    -i'a    .'ANVIHR    ly2I.  207 

L'ancre  A,  pivolée  en  (.),  porte  un  levier  muni  d'un  conlrcpoids  M  ijui 
fait  appuver  ce  levier  sur  la  vis  V  peutlanl  les  niomenls  d'arrêt  de  la  roue 
d'échappement. 

L'autre  extrémité  de  ce  levier  porte  une  pierre  arrondie  P' ou  un  galet. 

Le  pendule  porte  aussi  une  pierre  arrondie  P  qui,  lors  du  passage  par  la 
verticale,  viendra  abaisser  le  levier. 

Analysons  de  plus  près  ce  qui  se  passe  lorsi[ue  le  pendule  passe  par  la 
verticale  : 

Pendant  que  le  pendule  abaisse  l'extrémité  du  levier,  il  se  produit  un 
certain  travail  qui  consiste  à  soulever  la  masse  M  placée  de  l'autre  côté  du 
levier;  de  ce  travail  il  faut  retrancher  néanmoins  celui  utile,  produit  par 
la  réaction  de  l'incliné  /  qui  reçoit  la  pression  de  la  pointe  de  la  dent  a  de 
la  roue  d'échappement. 

Lorsque,  après  le  passage  exact  par  la  verticale,  l'extrémité  P'  du  levier 
remonte  sous  l'action  combinée  de  la  masse  M  et  de  la  dent  />,  qui  réagit 
sur  l'autre  plan  incliné  /de  lancre,  le  pendule  reçoit  son  impulsion. 

Remarquons  cjue  le  travail  total  ainsi  communiqué  au  pendule  est  indé- 
pendant de  la  valeur  de  la  masse  M;  il  est  égal  à  la  somme  des  impulsions 
dues  aux  deux  levées  de  l'ancre. 

Comme  dans  tous  les  échappements  libres,  nous  trouvons  ici  que  le  sys- 
tème oscillant  est  soumis  à  une  action  retardatrice  tout  d'abord,  c'est  ce 
que  les  horlogers  appellent  le  dégagement,  puis  à  une  action  accélératrice 
beaucoup  plus  grande  a[)pelée  Vimpitlsion. 


^L  Lippmann  a  démontré  autrefois  que  seule  la  restitution  dans  la  ver- 
ticale  n'a  aucune  influence   sur   la   marche  du   pendule   (').   L'analyse 


(  '  )  5"/'  l  entretien  du  inotneinent  penduhiire  sans  pertiirbalion  (  t^^omptes  rendus, 
l.  127,  1898,  p.  i5). 


•2o8  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

détaillée  de  la  reslitulion  dans  récliappemenl  précédent  montre  que  pour 
les  petits  arcs  les  effets  font  retarder  le  pendule. 

Si  OP  représente  les  marches  diurnes  d'un  pendule  libre  en  fonction  de 
Tamplilude  OA,  la  courbe  arP  représentera  les  marclies  du  même  pendule 
commandé  par  l'échappement  précédent. 

On  voit  facilement  que  la  courbe  arP  passant  par  un  maximum  au 
point  /•  donnera,  pour  l'amplitude  correspondant  à  ce  point,  un  isochro- 
nisme  bien  meilleur  que  celui  correspondant  au  pendule  théorique. 

J'avais  proposé,  dans  une  i\ote  déjà  ancienne,  de  donner  à  celle  ampli- 
tude le  nom  à\iiiiplilu(le  de  réglai:;t'  (  '  ). 


ÉLECTRODYXAMIQUE.  . —  Éncii^ie  Heclromagnctiquc  et  poiendcl  thermo- 
(lYnamique  (/'un système  di- courants.  Note  (")  de  M.  A.  Liéx.\rd,  présentée 
par  M.  L.  Lecornu. 

Soit  un  système  de  courants  i  placés  en  présence  de  substances  magné- 
tiques. Un  déplacement  élémentaire  des  conducteurs  des  courants  ou  des 
corps  magnétiques  donne  lieu  à  la  production  d'un  travail  6?c.  En  même  temps 
les  variations  d'aimantation,  qui  accompagnent  les  modifications  du  champ, 
entraînent  un  certain  dégagement  de  chaleur  </Q.  Le  principe  de  la  conser- 
vation de  l'énergie,  joint  à  la  loi  fondamentale  de  l'induction,  permet 
d'établir  facilement  entre  (/(?,  dQ,  l'énergie  interne  U  et  les  flux  <I>,  $'  à 
travers  les  divers  circuits  conducteurs,  la  relation 

(  I  )  d<f  +  rfQ  -h  dV  —  1  i  d'iK 

La  relation  (i)  est  emplo\ée  notamment  en  Llectrotechnique  pour  éva- 
luer le  travail  des  machines  dynamos  en  négligeant  ou  calculant  approxi- 
mativement le  terme  d(). 

Je  me  propose  de  tenir  compte  exactement  de  ce  terme,  mais  en  me 
bornant  au  cas  de  corps  magnétiques  dénués  d'hystérésis.  Dans  ces 
conditions,  les  phénomènes  sont  réversibles,  ^Q  est  delà  forme — STt/S, 
T  étant  la  température  absolue  et  S  l'entropie  d'une  région  (finie  ou  infi- 
niment petite)  où  la  température  est  uniforme.  L'équation  (i)  devient 

(  2  )  fA~  -  i  T  dS  +  dV  —  l  i  dil>. 

(')   Comptes  rendus,  t.  14-0,  igoô,  p.  nifi. 
(-)  Séance  du  17  janvier  192 1. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  192I.  209 

On  peut  l'écrire  idenliquement 

OU  encore 

(3)  (/iy-i-lSdT-^l<h(/i  =  —dll, 

en  posant 

C)  II  =  U  -  iTS  -  i(a». 

Les  relations  (3)  et  (  /|  )  montrent  que  la  différentielle  totale 
d&  +  IS  (/T -h  l<i>  di 

est  une  différentielle  exacte  Supposons  les  variables  normales,  au  sens 
donné  au  mot  normal  en  thermodynamique.  Alors  r/G  ne  peut  dépendre 
des  (IT  eldi,  car  de  simples  variations  de  températures  ou  d'intensités  de 
courants  n'entraînent  aucun  déplacement,  rfe  ne  peut  contenir  que  des 
différentielles  des  variables  x,  y,  . ..,  autres  que  les  r/T  et  r/t  qui  fixent  la 
fjrme  et  la  position  du  système. 

Par  suite,  l'équation  (3)  donne,  par  identification  des  deux  membres, 

(5)  f/C  =  — f/f  ,11, 

(6)  ^=--rr' 


(-)  '^  = 


Suivant  l'usage,  le  symbole  f/, ,  représente  une  différentiation  effectuée 
à  T  et  i  constants. 

Les  équations  (5)  et  (G)  montrent  que  la  fonction  H  joue  le  rôle  d'un 
potentiel  thermodynamique.  Mais,  tandis  que,  dans  les  cas  habituels,  le 
potentiel  thermodynamique  se  réduit  à  Li  —  TS,  on  a  ici  d'après  (4) 
l'expression  plus  compliquée  H  =:  U  —  DTS  —  Sî(l>. 

Les  équations  (7)  permettent  de  calculer  la  vabur  de  H.  Ces  équations 
montrent  d'abord  que  les  fonctions  <1>,  $',  «I>",  ...  satisfont  nécessairement 
à  des  équations  de  condition  telles  que 

àf       J«I.- 
(^)  ■^=^- 

Cei  équations  se  rédiiisenl  à  celles  qui  expriment  la  loi  de  réciprocité  des 
coefficients  d'induction  mutuelle  dans  le  cas  où  les  corps  magnétiques  sont  ù  perméa- 
bilité constante. 


2IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'intégration  des  équations  (7}  donne 

(9)  \\=z—f         (a>r//H-<I)V/'-4-...)-+- F(T,  .r, /,  ...). 

L'intégration  indiquée  par  rappoit  aux  i,  /',  ...   est  prise  en  laissant  les 
T,  X,  y,  .. .  constants. 

¥Ç\\x,y,  ...)  représente  évidemment  la  valeur  du  potentiel  thermo- 
dynamique pour  le  même  système  supposé  sans  courant,  car  les  équations 
(4)  cl  (9)  se  réduisent,  pour  /  =  j'  = . . .  =  o,  à 

H  —  \—1\'S  —  V(V,j:.  y,  ...). 

Comme  nous  ne  nous  préoccupons  que  des  phénomènes  d'origine  électro- 
magnétique, nous  pouvons  laisser  le  terme  F(T,  x,  . . .)  de  côté  et  prendre 
simplement 

(10)  ji=— r       («tf/i  +  aj'f//' -+-...)• 

*^  0,  0.  ,. . 

H  étant  ainsi  déterminé,  les  équations  (5)  et  ((>)  donnent  le  travail  et 
l'entropie,  tandis  que  l'équation  (4)  permet  d'évaluer  \j  ;  on  trouve 

ou,  en  tenant  compte  de  (G)  et  (  7), 

^     '  à\  1)1 

Pour  i  =^  o,  on  retombe  sur  la  relation  connue 

1=11 -t:^. 


ÉI,ECTRIC1TÉ.  —  Sur  une  n()u\eUc  propiirli-  de  carps  faibUmcnl  conducteurs 
de  iéleclricitè.  Note  de  M.  Cî.  IIkuovi.,  présentée  par  M.  Lijtpmann. 

J'ai  indiqué  précédemment  ( ')  les  conditions  dans  lcs(|ueiles  des  corps 
faiblement  conducteurs,  Iraveisés  par  un  courant,  impressionnaient  une 
plaque  photographique  ;  je  ne  me  suis  point  occupé  alors  de  la  cause 
produisant  l'impression. 

(')  Comptes  rendus,  l.  171,  ii).!i>,  p.  lo^i. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I921.  211 

Pour  expliquer  l'aclion  produite  sur  la  plaque,  deux  liypollièscs  «c  pré- 
sentent naturellement  à  l'esprit  : 

a.  Le  passage  du  courant  produit  une  cLclroivse  de  Tciiu  ou  des  sels 
que  contiennent  les  feuilles  de  papier  ou  les  conducteurs  employés  ;  les  gaz 
dégagés  impressionnent  la  plaque  photographique  par  simple  c  intact  avec 
les  sels  d'argent  de  la  couche  sensible. 

i>.  Il  se  produit  des  aigrettes  ou  des  étincelles  (analogues  à  celles  du 
carreau  étincelant)  et  la  plaque  photographique  est  impressionnée. 

I.  La  première  hypothèse  paraît  tout  d'abord  justifiée  par  l'augmenta- 
tion de  l'effet  que  l'on  constate  quand  on  emploie  des  feuilles  de  papier 
humidifiées.  Mais  elle  se  heurte  aux  objections  suivantes  : 

1.  Il  faut  admettre  que  le  dégagement  des  produits  de  l'élcctrolyse  ne  se 
fait  pas  seulement  aux  électrodes,  mais  aussi  dans  toute  la  masse  de  l'élec- 
trolyte  ;  ceci  admis,  on  s'explique  cependant  mal  que  ce  dégagement  soit 
plus  intense  aux  coupures  ou  aux  incisions  siipeificielles  présenlées  par  la 
feuille  ou  le  conducteur. 

2.  Le  phénomènese produit  à  distance(il  est  vrai  1res  faible,  1'"™  ou  2""") 
et  permet  d'obtenir  l'ombre  portée  d'obstacles  placés  entre  la  feuille  impres- 
sionnante et  la  plaque  photographique. 

3.  L'impression  se  produit  encore,  mais  beaucoup  moins  forle,  lorsque, 
au  lieu  de  feuilles  de  papier,  on  prend,  après  les  avoir  rayées,  des  lames  de 
celluloïd,  de  fdjre  de  bois,  de  verre,  de  mica  ou  de  quartz,  substances  pour 
lesquelles  on  voit  moins  bien  quelle  électrolyse  et  quel  dégagement  gazeux 
pourraient  se  produire. 

4.  Enfin  il  y  a,  dans  le  voisinage  des  électrodes,  une  impression  d'appa- 
rence particulière  lorsque  Von  place  entre  la  plaqite  et  la  feuille  impression- 
nante une  lame  de  quartz  nu  de  fluorine  suffisamment  mince;  l'épaisseur  des 
lames  interposées  et  l'aspect  de  l'impression  ne  permettent  pas  de  supposer 
que  les  gaz  émis  ont  pu  atteindre  la  plaque  et  produire  cette  impression. 

L'action  des  gaz  produits  est  donc  insuffisante  pour  expliquer  l'efTct  : 
ceci  ne  veut  pas  dire  que  les  gaz  émis  sont  sans  action  sur  la  plaque,  on 
constate  souvent  que  les  parties  de  la  plaque,  non  recouvertes  par  la  feuille 
et  dans  son  voisinage,  sont  impressionnées,  celte  dernière  impression  peut 
être  due  à  une  simple  action  de  contact  des  gaz  produits. 

II.  L'impression  photographique  présente  une  dissymétrie;  comme  dans 
le  cas  de  l'aigrette  lumineuse,  l'action  est  plus  vive  du  côté  du.  pôle  positif. 
Cependant  si  l'on  donne  au  mot  aigrette  son  sens  habituel,  noire  deuxième 
hypothèse  est  également  à  rejeter  : 


212  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

1.  Parce  que  l'efTet  commence  à  se  manifester  pour  une  différence  de 
potentiel  de  iGo  volts,  il  est.  net  pour  240  volts  el  très  net  pour  820  volts 
(dans  le  cas  de  feuilles  de  papier  et  pour  une  distance  des  électrodes  de  4'™)- 
Ces  voltages  ne  sont  point  ceux  pour  lesquels  l'aigretle  se  manifeste  ordi- 
nairement; il  est  d'ailleurs  probable  que  l'efTet  se  produirait  encore  pour 
des  voltages  plus  faibles,  si  l'on  prenait  des  plaques  plus  sensibles  ou  des 
poses  plus  longues. 

2.  L'œil,  même  reposé  par  une  longue  présence  à  rol)SCurité  viiiperçuil 
rien  sur  la  feuille  de  papier  ou  sur  le  conducteur  que  le  courant  traverse. 

Il  ne  semble  pas  non  plus  y  avoir  pi'oduction  ou  augmentation  de  lumi- 
nosité quand  on  place  sur  la  feuille  une  substance  Ouorescente  ou  phospho- 
rescente. 

Toutefois,  si  la  conductibilité  des  corps  employés  est  trop  grande  ou  si 
l'on  prend  des  voltages  trop  forts,  de  petites  étincelles  se  produisent  aux 
points  de  contact  du  conducteur  et  des  électrodes. 

.3.  Dans  les  conditions  ordinaires,  il  ne  se  produit  pas  d'impression  si 
l'on  interpose  entre  la  plaque  photographique  et  la  feuille  active  une  lame 
de  mica  ou  de  quartz  suffisamment  fpaisse,  une  lame  de  quartz  de  3"""  ou 
une  lame  de  mica  de  —  de  millimètre  ne  laissent  passer  aucune  impression. 
Il  est  facile  de  s'assurer  que  l'aigreite  visible  impressionnerait  dans  tous 
ces  cas. 

4.  Quand  on  examine  à  réleclromètre  la  conductibilité  du  milieu  gazeux 
environnant,  on  trouve  qu'il  y  a  une  ionisation  dont  les  caractères  sont 
ncllcmeiit  distincts  de  ceux  de  la  conductibilité  produite  par  l'aigreite.  Les 
caractères  de  celte  ionisation  permettent  d'ailleurs  de  déduire  dos  rensei- 
gnements intéressants  sur  la  nature  de  l'effet  que  nous  étudions. 

111.  Parmi  les  représentations  mécaniques  [)Ossibles  du  phénomène,  il 
en  est  une  qui  se  rapproche  de  la  deuxième  hypothèse  et,  en  la  complétant, 
rend  sans  valeur  les  objections  qui  précèdent  :  Tout  se  passe  comme  s'il  y 
avait,  aux  points  où  sont  les  discontinuités  de  résistance,  des  chutes  de 
potentiel  suffisantes  pour  produire  des  décharges  disruptivcs  soit  dans  le 
conducteur  lui-même,  soit  dans  le  milieu  environnant.  Les  décharges  ainsi 
produites  seraient  accompagnées  de  l'émission  d'un  rayonnement  très 
absorb.ib'.e,  dont  il  est  possible  de  préciser  les  caractères,  et  qui,  comme  les 
radiations  ullravioleltes  et  les  rayons  X,  agirait  sur  la  plaque  photogra- 
phique, mais  n'impressionnerait  pas  l'œil. 


SÉANCE    DU    24    JANVIER    1921.  2l3 

ACOUSTIQUE.  —  Sur  bi  propai^alion  du  son  du  canon  à  grande  dislance  : 
Périodicité  annuelle.  Note  de  M.  Maurice  Colmgxox,  présentée 
par  M.  Bigourdan. 

J'ai  montré  dans  une  Note  antérieure  (')  que  le  son  du  canon  du  front 
s'était  entendu  à  Louviers  (Eure),  presque  uniquement  du  commencement 
de  mai  au  commencement  de  septembre,  pendant  la  période  du  23  juin  191 5 
au  iG  mai  19 17.  La  fin  des  oljserva lions,  du  17  mai  191 7  au  lonoveuibre  191 8, 
nionlrera  que  la  loi  de  la  périodicité  annuelle  s'est  vérifiée  jusqu'à  la  fin  de 
la  guerre. 

Une  difficulté  s'est  présentée  dans  l'évaluation  de  N  et  1,  les  18  juin, 
ij  et  18  juillet  1918,  les  détonations  se  confondant  en  un  roulement 
continu.  Pour  calculer  N,- nombre  des  détonations  par  minute,  et  I,  total 
des  intensités  par  minute,  j'ai  utilisé  une  modalité  très  générale  de  l'audi- 
tion, modalité  qui  consiste  dans  le  rapport  existant  entre  les  auditions  en 
différents  points  d'observation. 

Une  résonance  ayant  s,?l périodicilé particulière  a  influé  aussi  sur  l'évalua- 
tion de  N.  Des  groupes  de  détonations,  de  l'ordre  4  par  seconde,  parais- 
saient provenir  de  détonations  uniques,  chaque  groupe  étant  formé  de 
plusieurs  sons  composants  à  intensité  souvent  décroissante;  dans  ce  cas,  j'ai 
compté  une  détonation  pour  2,  3,  ...,  5,  ...,  10,  ...,  20  sons  composants.  J'ai 
distingué  chaque  détonation  composée,  en  191(3  et  1917,  d'après  l'oreille, 
m  1918,  d'après  l'oreille  et  le  calcul  des  probabilités. 

Abrchialions  du  Tableau  suivant  (voir  t.  107,  p.  333). 

J.    nombre  des  jours  d'observalion,  groupés  suivanl  certaines  similitudes. 

M,  nombre  de  minutes  d'observalion. 

Il"  minimum-minute, 
N,  nombre  de  coups  par  minute      1     „  .  .      . 

'  .  '.     '  •    ■?."  mavimum-minute, 

1,    total  des  intensités  par  minute   j   .,  .      . 

■^10"  moyenne-minute. 

Vents.  Direction  :  le  quadrant  NE  ou  q.  NE  comprend  les  vents  de  N  inclus  à 
E  exclu;  q.  ES  :  vents  de  E  inclus  à  S  exclu,  elc.  —  l'orce  :  nombres  entre  paren- 
thèses (      ). 


(')  Comptes  rendus,  t.  1G7,  '9i<S,  p.  333. 


21 4  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


.1.  M.  N.  I.  N.  I.  N.  I.                                  Vcnls  et  rcmainucs. 
1917. 

1 7-3 1  mai i5  Sna  o  o  i33  ?.3o  17,8  26,8  q.ME(-2-5)-q.ES(i-5)-q.S\\(i-2)-q.WN(  1-7) 

I-  3  juin 3  ',S  \  -,  ii5  (73  ) ',  1 ',5  Si  ri-SWi  i)-SSU"(2i-S(3)-WSW(2)-SSWiî'i 

4-6     » 3  II»  o  o  8',  i.,S  M  49  S(i-3i-SSE(i-v..)-SjSlt:(i) 

7-8     »    ■'.  (ii  «  o  25<>  i.o(M)  Sf  197    ■  S(i(-SW(2-i)-N-S(i) 

9-f9      »    II  '|lii  o  o  2)0  i.).f>o  3(i  gd  q.  M!;(  2)-q.  ESi  i-3)-q.  S^VM-4)-q.^\■^■l 'i 

20-29      »    1"  '<9î)  i  6  i4o  fido  jg  17G  q.S\A'(i-7)-q.W.\ii-6i 

3n  jiiin-6  juillel 7  341  r)  o  128  32o  29  Cr  q.NEi  i-7)-q.S\Vi  i-2!-q.'\VN(3) 

7  juillet 1  77  ■>■  3  200  1.21H1  \ii  123  S(i)-SE(i) 

8  »       I  ")t>  <>  o  25o  i.lioo  ^i9  41  i  \VS\V(6-5-3) 

9-14      »       (i  190  o  o  200  i.ddo  :8  iiK  W(3)-WN\V(2)-\VSW(2;)-S\Vm-3) 

l5-28       » ri  439  i  I  270  1.190  7i  193  q.  NE(2)-q.RS(2)-q.SW(2-6)-q.W.\(i-5) 

29-31       »       3  224  o  o  201  44s  92  2ot  SSW(i-4)-N(i-5;)-\VS\Vi3)-i>iiM-.i  )) 

1-10  août 10  394  o  o  197  600  ")8  i3t)  q.  \E(  i)-q.ES(  i)-q.S\V(2-5)-q.\VNi  i-C)) 

11-16     »    6  2()-.  G  i3  197  531  6',  161  SW(3-7)-S(i-3)-W(2-3) 

17-26      »    10  517  o  o  i83  47S  27  48  q.S\V(l-5)-q.WN(i-4) 

27     »    I  G7  ()  o  32  63  3,8  3,7  violente  tempête  SW(7-9) 

28  aoùt-4  septembre.  S  363  o  o  i3i  i'(()  17  29  q.  SW(i-7)-q.\\N(i-4) 
5-6  septembre  ...".  .  2  62  o  o  o  00  o  S\V(î)-S('2)-\(2) 

7-8           ■>           2  47  00  0,7  0,3  0,12  0,07  E\E(3)-\V.\\V(')-WSW(i) 

9  sept.-3i  liée 9)  802  00  o  00  o 

1918. 

4-lijanvier 3  17  o  o  o  00  o  q.  NE(4)-q.  ES-q.S\\'-q.  \\'.\(i-5) 

12       11 1  0  8  7  29  22  23  18  S(3)  neige 

i3-3i       »       14  91  o  o  o  00  o  q.SW(i-8)-q.WN(3) 

1-7  février 5  :\(\  o  o  loS  m.  3«  3o  \VSW(i-6)-S\V 

8  févriei-2i  mars...  23  190  00  o  00  o  q.NEi  i-4)-q.  ES(6)-q.  SWi  i-di-rj.  WNi  i-Ci) 

22-2C  mars 5  90  o  o  i3  2,i  :>.  o,i  >i.NW(  i-3)-q.NE 

>7  mars-9  avril 12  1S7  00  2  0,6  0,01  u,o5    q.NE(T-3)-q.ES(2-5)-q.S\V(3-7)-q. WN12-6  ) 

lo-n  avril 2  4»  o  o  G5  Ci  12  6  NN\V(i)-N(i)-SE(2) 

12-24     »     '2  1 59  o  o  o  o  o  o  q.NEi  i-6)-q.  ES(i)-q.SW{2)-q.  \V\(2-G) 

25-3o     »     5  102  o  o  G2  57  2,4  2,6  W(2)-.\E(2)-NNW(2-4) 

I-  7  mai 7  1G8  o  o  68  rJg  i3,2  9,8  NE-SE(i-2i-SW(i)-S(i)-NW(2) 

8-9     »     2  67  o  o  ii5  323  40  S[  SE(i-2j-.\(i-2)-W(i) 

10-11     »    2  72  I)  0  8  5  (>,52  0,17  N(  r)-NE(i-2)-SV\(i-2i 

12-17     "    ''  ■•'•iir  "^  "  '7^  Mo  i4,3  14, G  q.ES(  i-3i-q.S\\(i-5)-q.W\i  1-2) 

1S-21     »     '1  210  o  o  5i  GG  2,9  2,8  S.SW(i)-SË(i)-I':(i)-E\E(i)-NE(i) 

VA  inai-7  juin 17  G>4  "  o  I7'^|  'i(o  24  29  q.  NEfi-3)-q.  ES(i-2)-q.S\V(l)-q.\VNi  i-G) 

8-18  juin Il  )47  o  o  5oo  2.5oo  JS  loG  q.  N'l';(i-G)-q.  S\V(  i-5)-q.\V.N(i-C) 

19-24     ) '■'  3o4  o  o  99  190  i4  25  q.NE(i)-q.S\V(4)-q.VVN(i-6l 

2'.  28     >.     4  2>.()  o  (.  168  474  42  G3  ii.XE(3)-q.S\V(2-5)-q.WN(i-3) 

29  juin-7  juillet 9  5ii  00  14G  412  21  27  q.  NEi  i-3)-g.EN(3)-q.SW(2)-q.WN('i-2) 

8-11  juillet 1  239  2  I  192  338  G4  loG  \V(i-6i-SWu-7)-WSWi2) 

i>-i3       »       2  i3S  o  o  i32  400  ".3  loG  \VSW(i-4)-S\V(6)-\\(i-3»-W{SW(3) 

li       ..       1  iG'.  <i  n  i.-.oi)  S.<M.n  Tm  G>)  S.^Wd-Gj-WjSWXi-G] 

l5        > I  G3  ■))  83  I.)(in  8.(i<H>  I08  I.9U)  .S\Vil-4i 


SÉANCE  DU    24  JANVIER    I921.                                           21 5 

Min.  Max.  M.iy- 

.1.  M.  N.      I.  N.  I.  N.  I.                                    Vents  el  remarques. 

1918. 

l6-i7Juillet •>-  Vio  o      o  i(i8  .\>.\  K.  .5',  SW(3H)-SSAV(3-7)-S-fSW(3) 

18-19      »       ■'.  S8  Si     (In  icM)  Hoo  lis  '.87  Si))-WS\V(a-5)-SW(3-4) 

■>o      »       1  107  o       o  70i>  -)i>  91.  I")",  WS\V(i)-S(i)-SSWii-l) 

2i->6       »       r,  ■î(m>  :>.     0,1  ■>!(;  irfi  91  loS  q,S\V(2-7)-q.  W>(î-7) 

27-31       ..       5  3C.8  o       o  ■>>-  3<>7  3'.  /|>-  N\V([-6hI\NW(i-5;-Eo) 

I-  i  août i  3.S7  o       o  li'i  -ei  V.  9-)  N(i)-\\Xi-l)-NVN\V(ij-q.SVV(i-5) 

(i-  .,      »    1  3ii  o       o  '.00  400  V.  77  N\V('i-5)-SSW(3)-W(i-3i-WNW(3) 

io-i5      »    6  3(;-,  „       o  ir,8  14-,  8.7'  \>.  q.>ll!:(3)-q.ES('2-3)-q.SVV(t-2)-q.\VN(i-4) 

it;-2i      ).    (■)  -îgi  o       o  l'.C.  189  i5.7  iG  W(i-(i)-WNW(4)-NNW(2-3)-WS\V(i) 

•li      > I  ")(i  o       o  lot  'Il  il  il)  S\V(  i-2)-grande  chaleur  35° 

0,3-29      »    7  3m  o       o  1  i(i  Ki)  i,-.  3. S  q.NE(2)-q.ES(->-)-q.SW(2-3)-q.W\(2-C) 

3o      >.    \  ■>-<  o       (I  o  00  o  NiN\V(4)-N\V;3)-N(i) 

il  aoùt-iSsept li  738  00  i'>S  >"io  g.d  7,8  q.  S\V(2-r))-q.WX(i-6j 

1 ',-16  septembre....       3  i4'  00  o  00  o  S(2-4)-SVV(i)-W(2-3)-\V.NW 


17-21 


189 

11 

0 

ii; 

1S9 

0 

0 

45 

1 .  iGo 

0 

0 

0 

o ,  08     SW(2-3)-\VSW(3)-S(2  i-SS  W 


22  sept. -8  octobre. .  .      17        '189         o       o  45  'o       o."),       o,  iG     q.  S\V(>-G)-q.  WN(  i-G) 

9  octobre-io  iiov..  .      'y     i.iGo       o       o  o  o  o  o       q.  XE(i-4)-q.ES(i-')l-q  S\V(i-())-q.WiV(i-4) 


CHLMIE  MINÉRALE.  —  Syslémotique  et  constitution  des  dérivés  de  l'acide 
molybdique.  Note  ('  )  de  M.  L.  Forsén,  présenlce  par  M.  Haller. 

On  peut  faire  dériver  tous  les  molybdates  connus  de  deux  acides  for- 
mulables  comme  suit  : 

Acide  mol vbdiq lie Mo'O'- JI'^ 

Acide  mélamolybdique  . Mo'-O'-ll'- 

Ce  n'est  qu'en  attribuant  à  l'acide  molybdique  la  formule  triple  : 
]VIo'0'-H''(=  3iVIo(J''II-),  que  l'on  peut  rendre  compte  de  l'existence  des 
divers  molybdates  : 

Mo'O'-M  H'  représente  les  lieNaraoljljdates 

Mo^O'-M-H'  »  les  irimolybdi.les 

Mo'O'-M'H'  »  les  dimolybdates 

Mo^O'-M'H-  »  les  sesqiiimolybdates 

.Mo^O'^M'''H'  »  des  sels  non  désignés  parliciilièremenl 

iMo'O'-M"  »  .  les  orlhomolybdates 

(')  Séance  du  17  janvier  1921. 


2l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  atomes  d'hydrogène  mis  en  évidence  dans  ces  formules  ont  des  fonc- 
tions acides.  En  effet,  les  orthomolybdates  sont  neutres  à  la  phtaléine  du 
phénol.  Les  autres  moljbdates  précédcMiinent  mentionnés  sont  acides.  Le 
ternie  de  leur  titrage  avec  cet  indicateur  marque  la  formation  d'orthomolyb- 
dale.  Un  certain  nombre  de  molybdatesacides  perdent  facilement  plus  d'eau 
que  les  constitutions  précédentes  le  feraient  prévoir,  et  ils  se  transforment 
en  anhydrides.  C'est  ainsi  que  le  résidu  de  la  dessiccation  à  l'air  sec  et  à  la 
température  ordinaire  de  la  plupart  des  trimolybdales  répond  à  la  for- 
mule Mo''()"M-H-.  Le  trimolybdale  de  potassium  ordinaire  desséché 
devient  complètement  anhydre  MoM  )"'K-.  Le  sesquimolybdate  de  lithium 
MoM)"Li''  cristallise  anhydre  de  sa  solution  acide.  Mais  en  solution  ces 
divers  sels  correspondent  aux  types  formulés  au  début  de  cet  article. 

Il  parait  exister  des  molybdatos  de  rubidium  et  de  potassium  du  type 
MoM.)' -M 'II  qui  n'ont  pas  reçu  de  noms  particuliers. 

Les  sels  que  l'on  désigne  du  nom  de  paramolylnlates  n'ont  pas  de  compo- 
sition définie.  Les  différents  auteurs  donnent  des  formules  avec  des  pro- 
portions telles  que  M':Mo%  M*  :  Mo%  M":  Mo',  M*  :  Mo'.  Les  paramo- 
lybdates  paraissent  être  des  crislaux  mixtes  de  dimolybdates  Mo'O'^M^H' 
et  de  trimolybdates  Mo'0'  =  M-H''. 

C'est  ainsi  que  les  corps  désignés  du  nom  de  paramolylidates  de  sodium 
sont  des  ci-istanx  mixtes  de  deux  c.«[)èccs  au  même  degré  d'hydratation  : 

Dimolybdale xMo'O'^NaHP -+- 8H=0 

Trimolybdale Mo^O'^iNa^Ii^-l- 8H=0 

C'est  seulement  pour  des  proportions  bien  déterminées  entre  MoO'  et 
Na(^H  que  l'on  peut  ol)tenir  (d'après  iiosenheim)  le  paramolybdate  de 
sodium  correspondant  à  ia  formule  MoM  )-■  \a'IL  +  iliH-O  avec  les 
rapports  atomiques  Mo"  :  Na^  préconisés  dans  ces  dernières  années. 

L'ensemble  des  faits  conduit  à  donner  à  l'acide  molvbdique  :  i"  une 
formule  triple,  2"  une  représentation  cyclique 

O   OH  011 

/Mo  — 0\       /.O 

/"  I  \  ^" 

o   011  011 


SÉAXCE  DU  24  JANVIER  19a  I.  21 7 

Pour  cxiiliqucr  la  formation  des  anlivdrides,  j'ai  été  coiidiiil  à  adinellre 
les  qualie  représentations  spatiales  suivantes: 


Ir.ins.    1  cis 


Iruns,  2  cis. 


La  formation  facile  des  anhydrides  internes  correspond  seulement  au\ 
portions  cis.  Je  citerai,  à  titre  d'illuslration,  la  formation  des  composés 
Mo'M)"Li'',  Mo'0"(NH'')-H'-  et  la  préparation  d'un  nouvel  anhydride 
molyhdique  Mo'()"H''  que  j'ai  obtenu  bien  cristallisé.  Ces  formules  m'ont 
ensuite  suggéré  la  possibilité  d'isomères.  (  )n  en  connaît  effectivement 
quelques-uns. 

Ainsi  l'acide  molyhdique  blanc  Mo'M)'-H°  (auquel  on  attribue  généra- 
lement la  formule  Moi  )'  H-)  est  connu  sous  deux  formes  qui  se  distinguent 
par  leur  inégale  aptitude  à  perdre  de  l'eau  (Rosenheim). 

J'ai  reconnu  qu'il  existait  deux  trimolybdates  de  potassium  de  com- 
position 

Mo^O'»K-+  SHM!). 

Ces  sels  se  distinguent  par  la  façon  dont  ils  se  déshydratent  à  la  tempéra- 
ture ordinaire  dans  une  atmosphère  sèche.  Alors  que  l'un  perd  rapidement 
la  totalité  de  son  eau,  l'aulre  en  perd  lentement  les  deux  tiers  seulement. 

Les  trimolybdates  de  sodium  Mo-'0'"Na-,  aq.  plus  ou  moins  hydratés, 
qui  ont  été  successivement  décrits,  sont  si  diflérents  entre  eux  qu'on  ne 
saurait  attribuer  les  difïérences  aux  degrés  d'hydratation,  mais  à  des  diffé- 
rences plus  profondes  de  constitution. 

D'une  façon  générale,  la  formule  proposée  plus  haut  permet  de  prévoir 
des  isomères  de  position,  cis  et  Irans,  et  des  isomères  optiques. 

Il  est  i)robable  que  l'augmentation  énorme  du  pouvoir  rotatoire  de  cer- 
tains acides  organiques,  lorsque  ceux-ci  se  combinent  avec  des  composés 
de  l'acide  molybdique  (Gernez).  est  liée  à  l'existence  des  isomères  optiques 
que  suppose  la  théorie  précédente. 


2l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


CHIMIE  GÉ  N'ÉRALE.  —  Sur  la  conccnlralioii  isi)lhenni<iue  d'une  stilulion  préparée 
à  punir  rie  deti  v  sels  à  ions  différents.  Note  (  '  )  de  M.  EriEXXE  Rexgade, 
piéseiUéc  par  M.  Henry  Le  Chalelier. 

Supposons;  qu'on  évapore  à  lempératiire  conslanle  (V>2  )")  une  soliilioii 
de  y.  malécnles  de  NO""  Am  el  [3  do  NaCl.   Il  se  produit  réqnilibrr 

NO'Am  +  INaCI  =^   NO'Na  +  AmCI. 
/'  1  '■  *' 

les  coiiconlralions//,  y,  ;■,  .v  étant  reliées  par  la  loi  d'action  de  masse 

pq  =  ,-.v. 

Durant  la  concenlratidn,  il  arrivera  qu'un  ou  plusieurs  des  sels  cristal- 
lisent ;  appelons  nr,  y,  p,  a  les  masses  déposées,  et  x  l'inverse  du  volume  de 
)a  solution.  En  exprimant  que  la  somme  de  chaque  espèce  d'ions  en  pré- 
sence est  égale,  soit  à  a,  soit  à  ji,  on  obtient  quatre  équations  (dont  trois 
seulement  sont  distinctes)  reliant  entre  elles  a-,  p,  tj,  r,  s  et  éventuellement 
GT,  •/,  p,  a.  D'ailleurs,  dès  qu'une  de  ces  quatre  dernières  variables  appa- 
raît, la  valeur  correspondante  de  p,  q,  r  ou  s  devient  déterminée  et  égale 
au  coeflicient  de  solubilité  du  sel,,P,  Q,  R  ou  S.  Il  y  a  donc  cinq  variables 
liées  par  quatre  équations,  de  sorte  que  la  seule  variable  indépendante 
esta;  et  que  les  autres  peuvent  s'exprimer  en  fonction  de  .r  et  des  cons- 
tantes a,  ^,  P,  Q,  R,  S. 

Ne  pouvant  développer  ici  les  calculs,  nous  donnerons  simplement  la 
représentation  géométrique  des  résultats,  en  portant  r  on  abscisses,  et  en 
ordonnées  dans  le  sens  positif  Ov,  les  concentrations  p,  y,  /•,  s,  el  dans  le 
sens  négatif  Ov'  les  valeurs  de  ro,  y,  p,  a.  Nous  ferons  varier  x  de  zéro 
(dilution  infinie)  à  l'infini  (évaporalion  à  sec). 

Supposons  d'abord  a  <  [3.  Au  début  de  la  concentration,  les  quatre  sels 
sont  intégralement  dissous,  les  valeurs  de  p,  q  el  r  =  .v  sont  représentées 
par  trois  droites  issues  de  l'origine  {/iif.  i). 

L'apparition  du  premier  précipité  correspond  à  la  pren)ière  rencontre  de 
l'une  de  ces  trois  droites  avec  la  parallèle  à  Ox  représentant  la  saturation 
correspondante.  NaCl  étant  ici  le  moins  soluble  des  quatre  sels,  et  </  la 
plus  inclinée  des  trois  droites,  le  point  (i  sera  le  premier  point  de  rencontre 

(')  Séance  du  3  janvier  1921 . 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1921.  219 

et  les  premiers  cristaux  seront  formés  de  NaCI,  ce  que  rex|)érience  vérifie. 
A  partir  de  ce  moment,  les  points yj  el  r  =  s  décrivent  deux  arcs  de  para- 
boles EH,  FI,  le  point  1/  la  droite  GQ  el  le  point  /  un  arc  do  cubique. 
L'apparition  du  dépôt  salin  a  donc  produit  une  discontinuité  ;  nous  dirons 
qu'une  deuxième  étape  de  concentration  a  succédé  à  la  premicie. 


La  cristallisation  de  AmCl  amène  une  troisième  étape,  durant  laquelle 
les  poids  (7  et  /  augmentent  dans  le  précipité;  q  et  s  sont  constants,  p  çt  r 
décrivent  de  nouveau  deux  droites  issues  de  l'origine.  Enfin  NO'Na  cris- 
tallise à  son  tour  (quatrième  étape);  la  masse  de  ce  sel  dans  le  précipité 
tend  asymptotiqucmenl  vers  a  suivant  un  arc  d'hyberbole  ;  il  en  est  de  même 
de  T,  tandis  que  y  tend  vers  [^  —  a.  Il  y  a  donc  redissolulion  graduelle  du 
NaCI.  Quant  à  la  solution,  elle  prend  une  composition  constante,  q  —  Q, 

/•=rR,^=  8,7^  =  1/^-  Au  point  sec,  on  trouve  a  molécules  de  N(3'Na, 

ade  AmCI,  et  |îi  -  a  de  NaCI. 

Si  l'on  suppose  a  >  p,  mais  très  voisin  de  [i.  (nous  ne  pouvons,  faute  de 
place,  discuter  les  valeurs  plus  grandes  de  a),  le  premier  sel  à  cristalliser 
sera  encore  NaCI  {fig.  2),  et  il  n'y  aura  rien  de  cbangé  jusqu'à  la  qua- 
trième étape;  mais  celle-ci  ne  pourra  plus  se  prolonger  jusqu'à  sec,  puisque 
3  —  3c  est  <  o.  Une  cinquième  étape  commencera  au  moment  où  NaCI 
sera  complètement  redissous,  et  la  composition  du  liquide  redeviendra 
variable,  q  diminuant  et  yj  croissant  jusqu'à  ce  qu'on  atteigne  la  satura- 
lion  P  en  NO' Am.  Ce  sel  cristallise  alors  à  son  tour,  el  son  poids  cî  dans 
le  précipité  augmente  durant  la  sixième  étape  ainsi  engendrée,  en  tendant 
vers  a  —  3,  tandis  que  p  et  cr  tendent  chacun  vers  3.  La  concentration  de  la 

US 
solution  est  redevenue  constante,  avec  la  composition  Pj  -p-'  R  et  h. 

Inversement,  les  diagrammes  lus  de  droite  à  gauche  expliquent  immé- 
diatement la  dissolution  progressive,  dans  une  quantité  d'eau  croissante, 
d'un  mélangée  de  i\aCl  et  NO-'Am. 


220  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

On  étudierait  de  façon  semblable  l'évaporation  d'une  solulion  faite  à  par- 
tir des  X  et  3  molécules  de  deux  sels  quelconques  à  ions  différents.  On  trouve 
onze  cas  possibles,  formant  deux  groupes  suivant  le  résultat  de  l'évapora- 
tion à  sec  :  ou  bien  celui-ci  reproduit  les  a  et  [5  molécules  des  sels  généra- 
teurs, ou  bien  il  donne  Jil  molécules  de  cbacun  des  sels  conjugués  avec  a  —  ^i 
molécules  du  sel  générateur  en  excès  (a  >3).  Dans  le  premier  groupe, 
l'évaporation  se  termine  en  trois  étapes  si  les  deux  premiers  sels  à  cristalli- 
ser sont  les  deux  sels  générateurs;  le  couple  générateur  est  alors  «  stable  » 
au  sens  absolu,  les  sels  conjugués  n'apparaissant  pas;  si  c'est  un  des  sels 
conjugués  qui  apparaît  durant  la  deuxième  ou  la  troisième  étape,  l'évapora- 
tion complète  exige  une  quatrième  étape,  le  sel  conjugué  disparaissant  au 
point  sec  pour  reparaître  sous  l'action  d'une  trace  d'eau  (couple  à  slabililé 
limite).  Dans  le  deuxième  groupe,  à  couple  générateur  instable,  on  observe 
soit  quatre  étapes,  soit  six  quand  le  premier  des  sels  générateurs  qui  cristal- 
lise est  celui  qui  a  été  introduit  en  plus  faible  proportion. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  1(1  G-mélhylisatine. 
Note  de  M"'' J.  Boxxefoy  et  de  M.  Jn.  Mautixet,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

La  G-métbylisatine  a  été  préparée  par  W.  Findeklee  (')  qui  en  a  fixé  la 
constitution.  Mais  ce  corps  n'a  été  obtenu  que  péniblement  et  en  très  pelile 
quantité.  A  partir  de  la  mélaloluidine  on  peut  a  priori  obtenir,  soit  la 
4-méthylisatine,  soit  la  6-méthylisatine. 

En  fait,  nous  avons  effectué  la  transformation  de  la  métatoluidine  en 
méthylisaline  par  deux  méthodes  différentes  et  nous  sommes  arrivés  dans 
les  deux  cas  à  la  G-méthylisatine  de  Findeklee. 

La  métatoluidine  se  condense  avec  les  étliers  mésoxaliques  au  sein  de 
l'acide  acétique,  à  l'ébullilion.  Nous  avons  ainsi  isolé  à  partir  du  mésoxalate 
de  méthyle  :  le  6-méthyldioxindol-3-carbonate  de  mélhyle  (F.  248''-25o"  ). 
et,  à  partir  du  mésoxalate  d'éthyle,  le  (j-mélhyld:oxindol-3-carbonate 
d'élhyle  (F.  i8G"). 

Par  saponification  à  l'air,  ces  éthers  se  décarbo\ylent,  le  dioxindol  formé 
s'oxyde,  la  solution  se  colore  en  brun,  puis,  par  agitation  à  l'air,  prend  la 
teinte  jaune  caractéristique  d'un  isatate  alcalin.  De  celle  solulion  les  acides 
minéraux  précipitent  l'isatine  libre. 

('  )   ^^  •  I"i.m>i:ki.ki:,  /ler..  l.  3S,  p.  .>543. 


Sl'CANCE    DU    24    JANVIER    1 92 1 .  22  1 

Ce  procédé  utilise  donc  coiiuïk'  intermédiaire  la  formation  des  étiiers 
dioxindolcarhoniqiies,  dans  celui  qui  suit  on  emploie  la  formation  de  la 
dimétalolyllhiourée. 

Celle-ci  se  prépare  commodément  par  l'action  du  sulfure  de  carbone 
sur  la  mélatoluidine  en  présence  d'eau  oxygénée.  Celte  diméthyl-3. 3'- 
thiourée  déjà  connue  (')  est  traitée  au  bain-marie  par  le  cyanure  de 
potassium  et  le  carbonate  de  plomb  en  milieu  bydro-alcoolique.  On  obtient 
ainsi  avec  facilité  l'iiydrocyanodimétatolylcarbondiimide  de  formule 

CsN 

/->_«_i  =  ._/-> 

Ce  sont  de  petits  cristaux  jaune  pâle  qui,  après  plusieurs  cristallisations 
dans  l'alcool,  fondent  à  i2(S". 

Ce  corps  bien  sec  est  dissous  dans  le  benzène  et  traité  pendant  4  heures 
à  4o°  par  trois  fois  son  poids  de  chlorure  d'aluminium.  La  solution  se  colore 
en  rouge  violacé,  on  ajoute  de  la  glace,  on  décante  et  l'on  sèche  la  couche 
surnageante  qui  contient  la  métatoluide  de  la  6-mélhylisatine.  La  cristalli- 
sation est  fort  pénible,  nous  avons  pu  cependant  isoler  des  cristaux  qui 
fondent  à  65°-6-]°.  Le  produit  est  soluble  dans  l'alcool,  le  benzène,  le  sulfure 
de  carbone,  l'acide  acétique.  Cette  anilide  d'isatine  traitée  par  l'acide  chlor- 
hydrique  dilué  à  l'ébullition  se  scinde  en  métatoluidine  et  en  6-méthylisa- 
tine.  La  6-méthylisatine  cristallise  soit  en  cristaux  rouges,  soit  en  superbes 
aiguilles  soyeuses  dorées,  variété  d'aspect  souvent  observée  sur  les  isatines. 
Elle  donne  une  phénylhydrazone  déjà  décrite.  Traitée  en  solution  acétiqjie 
par  la  fondue  technique  de  phénylglycine,  elle  donne  le  métyl-6-indol- 
3-indol-2-indigo  (F.  3o^°).  Sa  cuve  teint  la  laine  et  la  soie,  elle  a  même 
un  peu  d'affinité  pour  le  coton  qui  se  colore  seulement  en  mauve  très  pâle. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Dèrwés  des  dicétoncs  1.4  et  de  la  semicarbnzide. 
Note  de  M.  E.-E.  Blaise,  présentée  par  M.  Haller. 

Poursuivant  l'étude  des  propriétés  des  dicétones  1.4,  j'ai  été  amené 
à  examiner  l'action  de  la  semicarbazide  sur  les  dicétones. 

J'ai  constaté  d'abord  qu'en  opérant  dans   les  conditions   ordinaires  on 


(')  Weitu,  Landolt,  Bev.,  l.  8,  p.  719. 

C.  R.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  17Î,  N°  4.)  *" 


222  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

oblienl  simplement  'des  disemicarbazoïies.  Celles-ci  constituent  des 
poudres  cristallines  blanches,  à  peu  près  insolubles  dans  presque  tous  les 
solvants.  L'intérêt  que  présentent  ces  corps  est  d'être  facilement  transfor- 
mables en  N-uréopyrrols. 

Si  Ton  dissout  la  disemicarbazonc  de  l'acétonylacélone  dans  l'acide  for- 
miquc  cristallisable,  en  tiédissant  au  baiii-marie,  puis  qu'on  ajoute  un 
excès  d'eau,  on  obtient  un  précipité  constitué  par  un  corps  coinpicteuicnt 
diflérent  du  produit  initial.  Ce  corps  cristallise  dans  l'alcool  en  belles 
aiguilles,  fondant  à  245°  (point  de  fusion  inslanlanée  sur  bain  de  mercure). 
il  dérive  de  la  disemicarbazonc  par  élimination  d'une  molécule  de  semi- 
carbazide  et  constitue,  comme  le  démontrent  ses  propriétés  et  sa  synthèse, 
le  ^-uréo-aa'-diméthylpyrrol 

CH'  GII» 

I  I 

Cir— (:  =  N- MI -CO  —  NH^  C1I=C\ 

I  =     NIl^—Nll—CO- NH^-H      I  )  N  _NI1 -CO- NI1-. 

Gin—  C  =  N-NH -GO  — NIP  GH  =  G/ 
I  I 

GIP  GIP 

Cet  uréopyrrol,  réduit  par  le  zinc  et  l'acide  chlorhydrique,  se  dédouble 
en  urée  et  aa'-dimêthylpyrroline  identique  à  celle  que  j'ai  obtenue  anté- 
rieurement par  hydrogénation  du  \ -oxy-aa'-diméthylpyrrol  ou  de 
Paa-diméthylpyrrol.  Il  s'agit  donc  bien  d'un  dérivé  pyrrolique  et  non  pas 
d'un  dérivé  pyridazinique.  J'ai  néanmoins  tenu  à  vérifier  synthéliquemenl 
le  fait. 

On  voit  aisément  que  la  synthèse  du  N-uréodiméthylpyrrol  peut  être 
réalisée  par  action  de  l'acide  isocyanique  sur  le  N-aminodiméthylpyrrol  et 
j'ai  été  amené  à  rechercher  pour  ce  dernier  corps,  qui  ne  paraît  avoir  été 
qu'entrevu  par  Bulow  [fieric/ite,  t.  35,  p.  43 1 1)  une  méthode  de  préparation. 
L'action  de  l'acétylhydrazine  sur  l'acétonylacétone,  en  milieu  acétiijue, 
donne  aisément  Je  N-acétylaminodiméthylpyrrol,  qui  forme  de  belles 
aiguilles  fondant  à  i38°-i39".  Malheureusement,  ce  corps  n'est  pas  hydra- 
table  par  les  alcalis,  et  les  acides  minéraux,  par  contre,  déterminent  un 
dédoublement  profond,  avec  élimination  d'hydrazine.  Au  contraire,  le 
N-formylaminodimélhylpyrrol  (aiguilles  fusibles  à  178")  se  laisse  aisément 
hydrater  par  la  potasse  a((ueuse  et  fournit  le  iN-aminodiméthylpyrroi.  Ce 
deinier  fond  à  Sa"  et  bout  à  109"  sous  21""";  il  possède  une  odeur  légère- 
ment indolique  et  constitue  une  base  faible,  très  peu  soluble  dans  l'eau,  mais 
soluble  dans  les   acides  étendus.  Il  possède   les  propriétés  habituelles  du 


SÉANCE   DU    2^4    JANVIER    1921.  223 

groupement  NH''  hydraziaique  et  se  combine  avec  les  aldéhydes  et  les 
cétones;  enfin,  il  donne  avec  l'acide  isocyanique  un  N-uréodimétliyipyrrol 
identique  à  celui  qui  résulte  de  l'action  de  l'acide  formique  sur  la  disemi- 
carbazone  de  l'acétonylacétone. 

De  ces  faits  et  de  ceux  que  j'ai  signalés  antérieurement,  se  dégage  nette- 
ment la  conclusion  suivante  :  les  dicélones  i . '1  ne  donnent  de  dérivés  pyri- 
daziniques  (ju'avec  Fliydrazine  elle-même.  Dans  ce  cas,  au  moins  avec  les 
dicétones  acycliques,  on  n'obtient  pas  les  diliydropyridazines  prévues,  mais 
un  mélange  de  pyridazines  et  de  tétraliydroridazines.  Avec  les  dérivés 
monosubstitués  de  l'bydrazine  :  phénylhydrazine,  acétyl-  et  formylhydra- 
zine,  semicarbazidc,  il  ne  se  forme  que  des  dérivés  pyrroliques. 

Il  faut,  en  outre,  remarquer  que  certains  dérivés  de  l'acétonylacétone 
ont  été  obtenus  en  partant  de  l'élher  diacétylsuccinique,  par  élimination 
ultérieure  des  deux  carboxyles.  Or,  il  n'est  nullement  indifférent  de  partir 
de  l'éther  ou  de  la  dicétone.  C'est  ainsi  que  l'acétonylacétone  donne  exclu- 
sivement, avec  l'hydroxylamine,  une  mono-  et  une  dioxime,  tandis  qu'avec 
l'éther  diacétylsuccinique  on  obtient  immédiatement  un  dérivé  N-oxypyrro- 
lique.  De  même,  tandis  que  le  dipropionylélhane  fournit  avec  l'bydrazine 
des  dérivés  pyridaziniijiies,  l'élher  diacétylsuccinique,  dans  les  mêmes 
conditions,  donne  un  mélange  de  dérivés  pyridaziniques,  et  pyrroliques 
(BuLOW,  loc.  cil.).  Il  semble  donc  que  l'existence  des  deux  carboxéthyles  [3 
cétoniques  contenus  dans  la  molécule  de  l'élher  diacétylsuccinique  favo- 
rise la  production  de  composés  pyrroliques,  ce  qui  s'explique  par  le  fait 
que  ces  deux  carboxéthyles  concourent  à  donner  à  la  molécule  la  forme 
diénolique,  favorable  à  la  production  de  dérivés  pyrroliques. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Noin'elle  inèlhodc  gènérali'  de  préparalioli  ilcs  aminés 
à  partir  des  aldéhydes  ou  des  cétones.  Note  de  M.  Georges  Micinonac,  pré- 
sentée par  M.  Charles  Moureu. 

1.  Dans  une  Note  récente,  j'ai  montré  que,  par  hydrogénation  cataly- 
tique  de  l'hydrobenzamide,  on  pouvait  obtenir  très  facilement  soit  la 
benzylamine,  soit  la  dibenzylamine  (').  Au  point  de  vue  de  la  préparation 
des  aminés,  il  y  avait  lieu  d'examiner  s'il  était  bien  nécessaire  d'isoler 
l'hydramide  et  si  l'action  simultanée,  en  présence  de  nickel,  de  l'ammo- 

(')  G.  Mkjnoxac,  Comptes  rendus,  t.  171,  igio,  p.  1 1  (8. 


2  24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

niaque  et  de  l'iiydrogène  sur  l'aldéhyde,    ne  conduirait  pas    au    même 
résultat. 

L'ammoniaqne  en  solution  alcoolique  se  combine  très  facilement  aux 
aldéhydes,  et,  presque  immédiatement,  l'aldimine  (RCH  =  NH)  formée 
se  polymerise.  ou  se  condense  avec  élimination  de  gaz  ammoniac.  La  nature 
des  produits  condensés  diffère,  pour  les  premiers  termes,  avec  chaque  aldé- 
hyde; mais,  à  mesure  que  le  poids  moléculaire  s'élève,  on  tend  vers  le  type 

hydrohenzamide  (  .  ,,.,  ~  ,- /CH  R  j. 

L'action  simultanée  de  l'ammoniac  et  de  l'hydro.uène  sur  les  aldéhydes 
se  ramènera  donc  à  l'hydrogénation  des  substances  complexes  résultant  de 
la  condensation  de  l'aldimine  ou  à  l'hydrogénation  de  ces  substances  envoie 
de  formation. 

Si  l'on  envisage  les  combinaisons  de  l'ammoniac  avec  les  cétoiies,  on 
remarque  que  l'acétone  conduit  à  la  diacélone  aminé  CHCO-X  et  à  la  tri- 
acétone  aminé  C°H''ON  (substances  renfermant  de  l'oxygène).  Thomse  (') 
a  montré  que  les  cétones  homologues  de  l'acétone  et  l'acétophénone  dis- 
soutes dans  de  l'alcool  saturé  d'ammoniac  conduisent,  après  un  temps  très 
long  (plusieurs  semaines  et  même  plusieurs  mois)  ou  sous  l'influence  d'une 
température  élevée  (i5o°-i8o°),  à  des  produits  complexes  de  la  forme 


D'autre  part,  j'ai  observé,  dans  certaines  conditions,  la  formation  des  céti- 

mines  iw/G  =  NH  par  l'action  directe  de  l'ammoniac  sur  les  cétones  ('-). 

On  pouvait  donc  penser  que  les  substances  décrites  par  Thomœ  devaient 
résulter  de  la  condensation  de  la  célimine,  et  que  celle-ci  prend  naissance, 
môme  à  la  température  ordinaire,  par  action  de  l'ammoniac  sur  les  cétones 
en  solution  dans  l'alcool  absolu 

J|,^CO-hMtP    ^     ]^,^C  =  \H  +  H=0. 

Dans  un  tel  milieu,  il  paraît  difficile  d'isoler  la  cétimine  qui  se  trouve  en 
équilibre;  mais  elle  pourra  être  mise  en  évidence  par  sa  transformation  en 

(')  TiioJi.K,  Arc/i.  der  P/ia/ni..  t.  2'i3,  p.  291-296  et  393-099;    t.  "2VV,    p.  (">  1 1-(').'|.5 
el  663-664. 

(-)  G.  MiGNONAC,  Comptes  rendus,  t.  Kj'J,  1919,  p.  ■207. 


SÉANCE    DU    24    JANVIliR    1921.  225 

ainine  primaire.  Au  cours  de  recherches  sur  rhydroi;énalioii  des  nitiiles,  des 
oximes,  de  l'hydrobenzaniide  ('),  j'ai  remarqué,  en  eiïet,  que  le  groupe- 
ment (  ^C  =  NH  )  five  plus  facilement  l'hydrogène  que  le  groupement 
(  ~/C  =  O  ) ,  et,  en  outre,  que  l'on  peut  préparer  un  catalyseur  fixant  à  peu 
près  uniquement,  dans  des  conditions  expérimentales  déterminées,  l'hydro- 
gène sur  la  fonction  (    /C  =  NH  j. 

Un  tel  catalyseur,  mis  en  œuvre  en  présence  d'hydrogène  et  d'ammo- 
niac dans  une  solution  alcoolique  de  cétone,  provoquera  la  transforma- 
tion de  la  cétimine  en  aminé  primaire,  ce  qui  aura  pour  conséquence  de 
supprimer  la  formation  des  substances  complexes  qui  ont  la  cétimine  pour 
origine. 

L'expérience  a  entièrement  confirmé  ces  prévisions. 

2.  A  la  suite  de  ces  différentes  remarques,  j'ai  pu  établir  une  méthode  très 
simple  de  préparation  des  aminés  primaires  à  partir  des  aldéhydes  et  des 
cétones  et  vérifier  sa  généralité  en  l'appliquant  à  l'obtention  d'un  certain 
nombre  d'amincs,  qui  ont  pu  être  préparées  avec  des  rendements  satisfai- 
sants. 

Pour  la  mise  en  œuvre  de  cette  méthode  on  prépare  une  solution  de  gaz 
ammoniac  sec  dans  l'alcool  absolu  (7  à  8  pour  100  de  NH"*);  on  dissout 
l'aldéhyde  ou  la  cétone  dans  un  volume  d'alcool  ammoniacal  tel  qu'il  ren- 
ferme la  quantité  théorique  d'ammoniac  pour  la  formation  de  Tiniine 
(1™°'  de  NH^  pour  1'"°'  d'aldéhyde  ou  de  cétone)  (-),  et  dans  la  solu- 
tion on  introduit,  à  l'abri  de  l'air,  le  catalyseur  (nickel  divisé").  On  soumet 
le  mélange  à  une  agitation  énergique  dans  une  atmosphère  d'hydrogène 
maintenue  à  une  pression  voisine  de  la  pression  atmosphérique.  Dans  ces 
conditions  et  à  la  température  ambiante  (i5"-20°),  l'hydrogénation  a  lieu 
régulièrement,  on  l'interrompt  quand  l'absorption  de  l'hydrogène  devient 
trop  faible. 

Après  séparation  du  catalyseur,  l'aminé  est  isolée  par  les  méthodes  habi- 
tuelles. La  quantité  d'aminé  obtenue  correspond  sensiblement  à  l'hydro- 
gène fixé. 

L'aldéhyde  élhjlique  (85,6)  conduit  à  un  mélange  (6s)  à'élhylamine  et  de  diéthyl- 
ainine. 


(')   Comptes  rendus,  l.  170,  1920,  p.  gSG;  t.  171,  1920,  p.  i  i4  et  p.  1148. 

(^)  Dans  le  cas  des  célones,  un  excès  d'ammoniac  (i""',»  à  2™°')  est  préférable. 


226  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

V aldéhyde  butylique  (loS)  à  un  mélange  (7?)  d«  biity lamine  et  de  dilnttylainine 
contenant  surtout  la  base  primaire  (58). 

V(rnanthol  (aSs)  a  fourni  l'heply lamine  (i4°)- 

Valdéhyde  benzoïque  a  conduit  à  un  mélange  à  parties  égales  de  bsnzjlamine  et 
de  benzalbenzylamine. 

h'aldéhyde  p-éthylbenzoïquc  (')  (aSs)  donne  surtout  la  p-élhylbenzylamine  {\%i). 
Cette  base  bout  à  ioo''-ioi''  sous  10™'", 5;  elle  donne,  à  l'air,  un  carbonate  facilement 
dissociable  sous  l'action  de  la  chaleur. 

L\/cc'lone  (12S)  conduit  à  Visofiropy lamine  (7^,5)  et  à  une  petite  quantité  de  diiso- 
propylamine  (is).  Avec  la  mélhylhexylcétone  (ia-,8)  il  se  forme  uniquement  de 
Voclylamine-2  (laS);  de  même  la  cyctofre.ranone  {\b«)  donne  aisément  la  cyclohexyl- 
amine  (12s).  Dans  le  cas  de  Vacélophénone  el  de  la  propiophénone,  l'hydrogénation 
est  lente,  les  aminés  correspondantes  a-p/iényléthylamine  el  cx-p/ié  ny  Ipropy  la  mi  ne 
sont  obtenues  avec  des  rendements  de  aS  à  35  pour  100.  Par  traitement  d'une  cétone 
élhylénique,  la  mét/tylheplénone,  j'ai  pu  préparer,  avec  de  bons  rendements  (60  pour 
100),  l'aminé  correspondante,  sans  hjdrogéner  la  liaison  éthylénique;  Vamino-6-mé- 
tliyllieplène  bout  à  lâô^-iôS"  :  nj,"' =  1 ,4460;  le  picrate  fond  à  iii°-ii2°  et  l'oxalale 
à  ao2°-2o3<';  ces  caractères  identifient  la  base  avec  celle  qu'a  obtenue  Wallach  en 
réduisant  l'oxime  de  la  méthylhejiténone  ('-). 


GÉOLOGIE.  —  Les  monts  de  la  Margeride  ;  leurs  éruptions  porphyriqucs  ;  leurs 
cycles  d'érosion  cl  leurs  glaciers.  ?S'ole  de  M.  Ph.  Glaxceaud,  présentée 
par  M.  Pierre  Termier. 

Les  inonts  de  la  Margeride  (i3oo'°-i554'")  constituent  ce  bourrelet  anti- 
clinal surtout  archéo-granitique  de  direction  NNO,  qui  sur  60'"°  de  long 
cl  sur  lo"""  à  iS"""  de  large  culmine,  au  Nord,  une  ancienne  pénéplaine  oli- 
gocène couverte  de  volcans  démantelés  (de  looo""  à  1 100™).  Au  Sud  el  au 
Sud-Est,  par  le  plateau  granitique  du  Palais  du  Roi  (i44o")  et  les  Trucs  de 
Forltinio  (1540")  et  de  Randan  (i554"),  ils  s'élèvent  au-dessus  des  causses 
de  Monde  (ii5o'"),  de  la  plaine  jurassique  de  Montbel  (1257")  el  de  la 
vallée  du  Lot. 

A  l'Ouest,  ils  se  dressent  au-dessus  d'une  longue  dépression  oligocène 
disloquée  el  volcanique  en  partie  déblayée  (de  800"  à  900'"),  jalonnée  par 
la  Truyère,  cependant  qu'à  l'Est,  des  pentes  plus  douces,  un  versant  plus 
élalc,  conduisenl  à  la  gorge  pittoresque  el  volcanique  de  l'Allier  (600"'). 


(')   G-t  aldéhyde  a  été  préparé  par  la  méthode  île  M.  Somnielct  (action  du  /)-éth\l- 
chloruie  de  benzyle  sur  riiexaméthyléne-tétramine). 
(■')  Waixacii,  Annalen  der  Chemie,  t.  30Î),  p.  aS. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1921.  227 

Le  territoire  montai^neux  de  la  Margeride,  assez  bossue  au  Nord,  est 
parsemé  de  nombreuses  touil)ières  sur  ses  bauteurs  (i3oo'"). 

I.  Il  y  a  une  dissyinêtrie  et  un  contraste  marqué  des  deux  rersanls  Est  et 
Ouest.  Celui  qui  regarde,  à  l'Ouest,  la  dépression  oligocène  tombe  brustpie- 
ment  sur  celte  dépression,  par  une  suite  de  gradins  rapprocbés,  résultant 
d'effondrements  du  flanc  anticlinal  de  la  Margeride  en  une  série  de  compar- 
timents. Aussi  la  montagne  apparaît-elle  plus  massive  de  ce  côté  que  sur  le 
versant  Est. 

En  debors  de  ces  particularités,  l'ensemble  offre  sous  les  bauls  sommets 
une  succession  de  paliers  correspondant  à  cinq  cycles  d'érosion,  ipie  l'on  peut 
suivre  sur  les  flancs  et  les  vallées  pénétrant  fortement  dans  la  montagne  où 
ils  s'emboîtent  :  notamment  le  long  des  vallées  de  la  Seuges  et  de  la  Desges. 

Entre  Saugues  et  les  points  élevés,  on  relève  la  série  suivante,  qui  les 
syntbétise  : 

1°  llestes  de  1res  vieilles  surfaces  tojjo^rap/iiq/ies  apparaissant  en  saillie, 
de  i/[Oo'"  à  i5oo"',  au-dessus  d'une  deuxième  surface  topograp/iique  déve- 
loppée entre  i3io'"  et  1220'",  dans  laquelle  s'enfoncent  en  général  les 
cirques  d'érosion  et  glaciaires,  les  vallées  glaciaires  à  faible  pente  et  souvent 
tourbeuses  (vallées  mijres  ou  séniles).  A  l'ouest  de  Gbàteauneuf-de-Randan, 
les  restes  des  première  et  deuxième  surfaces  sont  également  manifestes. 

Le  troisième  cycle  comprend  des  plateaux  très  étendus  (io9o"'-io5o"')  au 
Nord  et  à  l'Est  vers  Moncbamp,  Védrines-Saint-Loup,  Grèzes,  etc.,  culmi- 
nant des  paliers  (iooo'"-99o"^)  qui  correspondent  au  quatrième  cycle,  longeant 
les  vallées  qu'ils  dominent  de  60"' jusqu'à  Saugues,  tandis  que  des  restes  de 
terrasses  ou  de  méplats  s'observent  à  1 5'"  seulement  au-dessus  des  vallées 
dans  le  même  territoire  (931)'"  ). 

Mais  à  partir  de  la  dépression  alluviale  de  Saugues  qui  a  servi  de  niveau 
de  base  momentanée  aux  cours  d'eau  du  quatrième  cycle,  les  rivières 
s'enfoncent  rapidement  sur  '600™  de  baul  dans  le  socle  cristallin,  pour 
atteindre  l'Allier  actuel  par  des  gorges  sauvages  (^cinquième  cycle)  que  l'on 
utilise  pour  la  houille  blanche.  Les  ruptures  de  pentes  principales  séparent 
le  deuxième  et  le  troisième  cycle,  et  le  quatrième  et  le  cinquième.  Les 
cycles  d'érosion  observés  dans  la  Margeride  sont  les  homologues  de  ceux 
des  monts  du  Forez,  chaîne  également  dissymétrique,  d'altitude  à  peu  près 
semblable,  où  M.  Briquet  et  moi  les  avons  étudiés. 

On  les  retrouve  dans  les  grandes  régions  volcaniques  (où  ils  sont  rem- 
placés parfois  par  des  cycles  d'érosion  glaciaire),  dans  la  Chaîne  des  Piiys, 
dans  le  Plateau  dé  JNIillevaches  et  le  Mont  Lozère.  Trois  cycles  ont  été 


220  ACADEMIE    DES    SCIEXCES. 

reconnus  par  M.  Demangeon  dans  le  Limousin  et  par  David  dans  la  mon- 
tagne Noire.  Les  inférieurs  sont  en  relation  avec  des  terrasses  alluviales 
pliocènes  et  quaternaires.  Il  sera  donc  probahlement  possible  d'établir  une 
synthèse  de  ces  cycles  et  de  les  dater. 

IL  Le  granité,  1res  po/-p/iyro'ù/e,  avec  cristaux  d'orthose  de  G""  à  lo*^'" 
de  long-,  riche  en  biolite,  est  la  roche  dominante  de  la  chaîne,  dans  la 
partie  sud  et  centrale.  Il  est  fortement  altéré,  parfois  sur  plus  de  lo"'  d'épais- 
seur, et  présente  en  certains  points  (Malzieu)  de  curieux  ravinements 
résultant  de  cette  altération,  simulant  ceux  que  l'on  observe  dans  les 
argiles.  Au  Nord,  s'étend  surtout  Varchéen  avec  failles  NE  et  NW 
(gneiss,  micaschistes,  schistes  à  séricite,  amphibolites,  etc.).  L'ensemble 
est  traversé  au  Nord  de  bosses  de  gnmitc  à  mtiscovite  plus  ou  moins  ramifié 
(mont  Chouvet,  Le  Clou),  avec  fréquence  de  tourmaline  en  nids,  comme 
la  muscovite.  Sur  presque  toute  l'étendue  de  la  chaîne  affleurent  de  mul- 
tiples et  long  liions  NE  et  NW  (atteignant  jusqu'à  8*"")  de  microgranitc 
à  biotitc,  de  porphyre  pèlru-siliceuv,  en  relation,  dans  certains  cas,  avec 
des  restes  de  coulées.  Plusieurs  de  ces  filons  ont  été  figurés  par  Eabre  sur 
la  feuille  de  Largentière  (environs  de  la  Panouse,  Saint-Paul-le-Froid),  par 
M.  Boule  sur  la  feuille  de  Mende  (La  Villedieu)  et  par  Fouqué  en  quelques 
points  de  la  feuille  de  Saint-Flour;  mais  si  l'on  lient  compte  des  observa- 
lions  faites  sur  cette  dernière  feuille,  où  affleurent  également  des  filons  de 
rhyolite^  de  porphyrite  et  de  kersantite  (Lajo,  Paulhac,  Miolane),  on  peut 
dire  que  la  Margeride  ressemble  beaucoup,  au  point  de  vue  de  ces  érup- 
tions, au  nord  des  monts  du  Forez  et  de  la  Madeleine.  Elle  a  dû  être  le  siège 
au  Carbonifère,  comme  ces  dernières,  de  multiples  éruptions  volcaniques 
représentées  aujourd'hui  seulement  par  les  cheminées  d'ascension  des 
laves  et  quelques  restes  de  coulées.  Les  filons  àequaitz.  permolriasiques  qui 
accidentent  celte  région  achèvent  d'établir  la  similitude  des  deux  terri- 
toires réduits  par  l'érosion  à  leurs  racines  carbonifères. 

III.  Les  news  et  les  glaciers  ont  recouvert  la  Margeride  au  moins  à  deux 
reprises,  mais  le  modelé  glaciaire  et  les  restes  de  moraines  ne  sont  pas  tou- 
jours discernables,  en  raison  de  l'altéiation  profonde  et  rapide  des  roches 
de  ce  territoire,  ainsi  qu'il  a  été  dil  plus  haut.  Je  les  ai  cependant  observés 
sur  les  deux  versants. 

La  haute  vallée  de  la  Desges  et  ses  affluents  sont  entourés  d'un  cercle  de 
collines  (dont  l'altitude  s'élève  de  i/|Oo"'  à  1/197'")  présentant  à  leur  base 
des  cirques  glaciaires  occupés  par  des  tourbières,  se  continuant  par  des 
vallées  en  U  (au  pied  des  monts  Chauvet,  Mongrand   1497'")  et  olTrant 


SÉANCE  DU  2|  JANVIER  I921.  229 

qiiel(|iies  verrous  et  des  resles  de  moraines.  Les  environs  de  Paulliac  sont 
parliculièrenienl  caractérisliqiies  à  cet  é^ard. 

\a\  première  i;lacialion  y  est  figurée  par  des  replats  avec  blocs  errali(}ues 
échelonnés  entre  1250"  et  1200'",  et  la  deuxième  vers  ii25'".  On  les 
retrouve  entre  Pompeyrin  et  La  Beyssère-Saint-Mary,  à  Liconesse  (huttes 
moutonnées),  à  Freysscnet-Chazelal  (verrou  avec  alluvions  fluvio-gla- 
ciaires), ainsi  que  dans  le  grand  cirque  de  Dux-Miolanes,  à  l'ouest  de 
Maizieu,  à  des  altitudes  analogues. 


GÉOLOGIE.  —  Sii7-  la  répdi-tiiinn  et  iallure  des  bassins  phosphalés  dans 
le  Maroc  'occidental.  Note  (')  de  M.  J.  SAVoimiiv,  présentée  par 
M.  Ch.  Depéret. 

Le  Maroc  présente  de  riches  gisements  de  phosphates  sédimentaires 
éocènes  (sables  blancs  ou  grisâtres)  dans  la  région  dite  :  Plateau  de  lieni- 
Meskine,  ou  d'El  Borouj-Oued  Zcm.^  qui  se  continue  vers  Kasba  Tadla.  Leur 
étendue  méridienne  varie  de  i"""  à  So'^'",  pour  une  longueur  Est-Ouest  de 
plus  de  i2o'"°\  On  sait  que  le  tonnage  à  espérer  dépasse  3  à  4  milliards  de 
tonnes. 

J'ai  observé  d'autres  gisements  dans  les  bassins  hydrographiques  de 
l'Oum  er  Rebia,  du  Bou  Chane,  du  Tensift  et  de  l'Oued  Kçob. 

1°  Bassin  des  Ahmar-Bcliamna.  —  La  moyenne  vallée  de  l'Oum  er  Rebia 
sépare  le  grand  plateau  des  Beni-Meskine  de  celui  des  Selam-R'eraba-Oulad 
Delim,  où  l'Eocène  est  transgressif  sur  le  Primaire  et  l'Archéen  (-).  Les 
surfaces  des  deux  plateaux  sont  formées  des  mêmes  calcaires  lutétiens  à 
Tliersitées,  concordants  sur  un  faisceau  de  bancs  calcaires,  marneux,  sili- 
ceux e.1  phosphatés  qui  constituent  l'étage  Suessonicn. 

Si  l'on  connaît  bien  le  nombre,  la  puissance  et  la  teneur  des  couches 
phosphatées  dans  le  plateau  nord  de  l'Oum  er  Rebia,  aucune  prospection 
n'a  été  faite  au  Sud;  mais  je  puis  y  mentionner  la  présence  de  ces  couches, 
toujours  sableuses,  dont  on  voit  les  déblais  autour  de  certains  puits  arabes. 
Des  blocs  silico-phosphatés  caractéristiques  (fréquemment  intercalés  vers 


(')  Séance  du  27  décembre  1920. 

(-)  Il  repose  sur  le  Crétacé  supérieur  à  l'Est  vers  la  Gada  des  Selam  R'eraba  (chez 
les  Rehamma)  et  sur  le  Crétacé  moyen  à  l'Ouest,  près  la  Zaouïa  Sidi  b.  Madhi  er  Rhouati 
(chez  les  Ahraar), 


23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  toit  do  certaines  couches  à  El  Boroiij-Oued  Zerii)  jonchent  aussi  le  sol  sur 
les  pentes  méridionales  du  Bou  Chane. 

Ce  bassin  s'étend  en  latitude  sur  une  longueur  de  plus  de  80'""  à  Test  du  lac  Zinia, 
pour  une  largeur  niaxima  de  So*"".  La  moitié  environ  de  son  étendue  (Sud-l"sl)  est 
probablement  noyée  sous  le  niveau  hydroslati(|ue. 

Les  cartes  de  MNL  Brives  et  Gentil  indiquent  l'Eocène  iiiféiieur  à  l'ouest  du  lacZima, 
en  bordure  de  la  plaine-hinlerland  de  Safi.  il  ne  peut  s'agir  que  de  \i  retombée  d'une 
(lexure,  au  bord  de  la  falaise  crétacée,  car  celle-ci  fait  partie  d'un  grand  affleurement 
où  domine  le  Cénomanien  gypseux,  jusque  dans  le  douar  Biassa.  Celte  indication 
témoignerait  néanmoins  de  l'existence  du  Suessonien  sous  une  partie  du  Néogéne 
littoral. 

u"  Hésidus  sii/jerficie/s  de  C/iichaou/i.  —  Je  désigne  ainsi  les  affleurements 
éocènes  mentionnés  par  MM.  Brives  et  Lemoine  le  long-  de  la  route  Moga- 
dor-MarraUech  (Ank  cl  Djeincl,  Raïat,  Tilda),  à  l'exclusion  de  ceux  qui' les 
caries  figurent  le  long  de  l'oued  Chichaoua  et  que  je  n'ai  point  observés. 

Les  calcaires  à  Thersitées  forment  ici  des  tables  étroites^  rappelant  les  «  gour  » 
désertiques.  Le  Suessonien  occupe  autour  d'elles  une  étendue  irrégulière,  dont  j'ai 
relevé  les  contours  déchiquetés.  La  plus  grande  dimension  Iîst-<)aest  est  d'eux  iron  iS'*"', 
pour  Kl'""  Nord-Sud. 

Les  tra\au\  de  prospection  ont  fait  connaître  au  Tilda  l'existence  de  bancs  utiles 
moins  riclies  qu'à  El  Borouj.  La  tiaiuliée  de  la  route,  aux  Uaïat,  montre  un  banc 
exploitable  interrompu  pai-  une  faille. 

On  n'y  connaissait  pas  l'existence  de  bancs  phosphatés. 

3°  Synclinal  des  Medala.  —  Cet  affleurement,  dont  l'étude  est  facile  au 
Khemis  des  Meskala,  est  serré  dans  le  crétacé  qui  forme,  au  nord  du 
Mtouga,  une  série  d'ondulations.  (îrossièremenl  elliptique,  il  mesure  25"''" 
de  long,  sur  une  largeur  méridienne  de  o'^'". 

Un  curieux  témoin  de  Suessonien  (où  \a  couverture  lulétienne  manque) 
s'en  détache  et  forme  le  plateau  du  Zned,  dont  la  superficie  n'excède 
pas  3oo'"'. 

La  prospection  de  ces  deux  gisements,  séparé  [par  un  seuil  crétacé  large  de  i'"" 
(route  du  Tieta  el  Hanchen  au  Khemis  Meskala)  est  encoie  à  faire.  [L'existence  de 
bancs  phosphatés  que  j'y  ai  \  us  est  seule  acquise. 

4"  Témoin  du  Jbll.  —  Une  minuscule  trace  de  calcaires  à  silex  est  au 
flanc  sud  du  -Tiiil  (DjebelJhil,  sur  la  carte  au  ,^„'^,„„  «  Dar  Kaïd  Mtougui  »). 
C'est  la  poitile  d'un  synclinal  relayant  le  précédent  vers  l'Est  et  presque 
tout  enfoui  sous  la  plaine  alluvionnaire  dos  Oulad  Jemmouna.  La  partie 


SÉANCE    DU    ll\    JANVIEK    I921.  23 1 

visible  occupe  quelques  iieclares.  On  y  reconnaît  des  traces  de  bancs  silico- 
phosphatés. 

.'1°  Hassin  cri/ni  n'TanoiU.  —  J'ai  précisé  (,  '  )  la  position  stratigraphique 
d'un  aflleurement,  bord  sud  de  synclinal,  à  Inii  n'Tanoul.  Ce  pli  se  ferme 
à  l'Ouest  à  S"""  de  la  Zaouia  Sidi  Abd  cl  Moumen.  Il  se  prolonge  vers  l'Est, 
à  la  lisière  de  l'Atlas,  jusqu'au  delà  d'Amismiz.  Sa  terminaison  orientale 
est  figurée  par  MM.  Brives  et  Gentil  au  pied  du  plateau  de  Kik.  La  presque 
totalité  du  bassin,  dont  la  largeur  peut  atteindre  i5'""à  20""",  est  cachée 
sous  les  alluvions  oligocènes  et  quaternaires. 

Celle  siliialion  est  fâclieuse,  au  point  de  vue  induslriel,  à  cause  du  bassin  hydrolo- 
gique, probablement  artésien,  noyant  les  piiosphales.  La  prospection  faite  à  Imi 
n'Tanout  et  à  Kahira  a  donné  des  résultats  jugés  encourageants,  mais  la  remarque  ci- 
dessus  leur  enlève  toute  valeur  pratique. 

6"  Bassin  de  Tanaout  ou  du  Haouz.  —  J'indique  ce  bassin  sur  la  foi  des 
cartes  géologiques.  Il  est  séparé  de  celui  d'Imi  n'  Tanout  par  le  grand  seuil 
éocrétacique  et  paléozoïque  reliant  le  plateau  de  Kik  à  Tameslouht,  que  je 
n'ai  point  franchi. 

La  disposition  tectonique  y  doit  être  la  même  que  dans  le  précédent  bassin  et  le 
phosphate  peut  s'y  trouver. 

Il  resterait  à  rechercher  des  jalons  le  leliant,  vers  le  Nord-Est,  au  synclinal  de 
Kasba  Tadia,  parDemnal  et  l'oued  Abid. 

En  résumé,  les  grandes  étendues  tabulaires  des  Béni  Meskine  et  des 
Oulad  Delim  sont,  de  beaucoup,  les  plus  importantes  pour  l'avenir  indus- 
triel. Auprès  de  ces  immenses  richesses,  les  résidus  de  Chichaoua  n'ont 
qu'un  intérêt  théorique  :  ils  montrent  la  continuité  du  régime  tabulaire 
jusqu'au  delà  des  Djebilel  et  le  retour  à  la  situation  peu  ou  point  trans- 
gressive  du  Suessonien.  Les  autres  bassins  nous  renseignent  sur  l'orogénie 
de  l'Atlas  :  la  netteté  de  leur  plissement  et  leur  remplissage  par  la  puissante 
formation  continentale  aquilanienne  mettent  en  valeur  l'importance  du 
mouvement  orogénique  pyrénéen,  à  la  bordure  du  grand  et  du  moyen 
Atlas. 

Quant  à  la  transgression  suessoniennc,  que  j'ai  notée  au  sud  de  Ben 
Guérir  et  jusqu'au  lac  Ziina,  elle  témoigne  d'oscillations  euslatiques,  non 
accompagnées  de  plissement.  On  sait  d'ailleurs  que  ce  régime  caractérise 
toute  l'évolution  paléogéographique  du  Maroc  occidental  durant  les  temps 
secondaires. 

(')   Comptes  renduf!,  t.  171,  1920,  p.  807. 


232  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTAI.E.  —  Action  nocive  des  feuiUcs  mortes  sur  la  germiiiiilion . 
Note  de  M.  Auguste  Lumikrk,  présentée  par  M.  (iastoii  Boniiier. 

En  chercliant  à  découvrir  les  causes  du  rylliine  saisonnier  et  du  réveil  de 
la  terre,  qui  sont  indépendantes  des  variations  de  température,  nous  avons 
antérieurement  (')  émis  l'iiypothèse  que  les  produits  solubles  renfermés 
dans  les  feuilles  mortes  et  les  débris  des  plantes  annuelles,  ainsi  que  ceux 
qui  résultent  de  leur  fermentation,  pourraient  peut-cHre  jouer  ua  rôle  dans 
ce  phénomène  périodique. 

Pour  vérifier  cette  supposition,  nous  avons  fait  tout  d'abord  macérer 
pendant  12  heures,  dans  2'  d'eau  de  pluie,  des  lots  de  5oos  de  débris  de 
végétaux  morts,  puis  de  feuilles  de  marronniers,  de  platanes  et  d'arbres 
fruitiers  divers,  ramassées  immédiatement  après  leur  chute. 

Les  liquides  de  macération  recueillis  sont  sensiblement  neutres,  colorés 
en  brun  plus  ou  moins  foncé  et  réduisent  très  nettement  la  liqueur  de 
Fehling  à  l'ébullition  ;  ils  donnent  un  précipité  noir  vcrdàtre  par  le  per- 
chlorure  de  fer  et  des  matières  colorantes  par  condensation  avec  les  dia- 
zoïques.  Ces  solutions  sont  donc  douées  de  propriétés  réductrices  très 
nettes  et  paraissent  renfermer  des  corps  phénoliques. 

Elles  s'opposent  complètement  à  la  germination  des  graines. 

Après  une  première  macération,  si  nous  remplaçons  le  liquide  relire  par 
un  égal  volume  d'eau  de  pluie,  nous  obtiendrons  un  nouvel  extrait  plus 
dilué,  mais  qui  empêche  de  la  même  façon  la  levée  des  graines. 

En  continuant  ainsi  des  épuisements  méthodiques,  nous  avons  constaté 
qu'il  fallait  en  poursuivre  la  série  de  nombreuses  opérations  pour  avoir  une 
liqueur  qui  n'agit  plus  sensiblement  sur  la  germination. 

Dans  la  nature,  les  feuilles  mortes  et  les  débiis  végétaux  subissent  une 
désorganisation  progressive  pour  aboutir  finalement  à  l'iiumus  et  il  nous  a 
paru  également  important  d'étudier  l'action  des  produits  qui  prennent 
naissance  aux  premiers  stades  de  leur  désagrégation. 

A  cet  effet,  nous  avons  abandonné  ces  débris  à  la  fermentation  spontanée 
à  l'air  libre,  dans  les  conditions  liabiluelles  de  leur  transformation  et  nous 
avons  constaté  que  leurs  premières  modifications  s'efTecluenl  sous  l'in- 
fluence de  micro-organismes  dont  le  plus  impoitant  est  un  bacille  de  l'espèce 

(')  Auguste  I-uihièke,  Le  réveil  de  la  terre  amble  (Coni/Ues  rendus,  l.  171,  1920, 
p.  868). 


SÉANCE    DU    2/i    JANVIER    1921.  233 

coll.  Ail  fur  el  à  mesure  qu'elle  se  poursuit,  le  milieu  devient  acide,  il  se 
colore  davantage,  prend  une  odeur  aromatique  prononcée;  an  bout  de 
3  mois  de  fermentation,  le  liquide  d'extraction  est  rouge  brun,  très  difficile 
à  fdtrer;  dès  qu'une  portion  est  passée  au  travers  du  filtre,  elle  se  trouble 
en  absorbant  l'oxygène  de  l'air;  sa  surface  se  recouvre  d'une  pellicule  irisée 
et,  si  l'on  procède  à  des  fîltrations  successives,  les  mêmes  phénomènes  se 
reproduisent  par  suite  de  la  formation  de  produits  d'oxydation  insolubles. 

Cette  solution  possède  aussi  des  propriétés  réductrices  analogues  à  celles 
des  macérations  préparées  immédiatement  après  la  chute  des  feuilles  et 
exerce  les  mêmes  effets  d'inhibition  sur  la  germination  des  graines. 

De  nombreux  essais  sont  actuellement  en  cours  afin  de  préciser  les  diffé- 
rences que  peut  présenter  la  flore  microbienne  des  débris  pendant  le  cours 
de  leur  désintégration;  ces  essais  auront  ainsipour  but  de  déterminer,  avant 
l'attaque  de  la  cellulose  et  des  hydrates  de  carbone,  déjà  étudiée  par  d'autres 
auteurs,  la  composition  des  produits  intermédiaires  élaborés  dans  ces  fer- 
mentations et  leurs  propriétés  ainsi  que  les  variations  qui  peuvent  être 
observées  dans  ces  différents  éléments  quand  on  passe  d'une  espèce  végétale 
à  une  autre  ou  lorsqu'on  change  de  climat. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'explication- que  nous  avons  donnée  du  réveil  de  la 
terre  semble  bien  confirmée  par  ces  premiers  résultats. 

On  sait,  en  effet,  que  la  germination  est  caractérisée  par  des  oxydations 
d'une  grande  intensité;  en  l'absence  d'oxygène,  elle  n'est  pas  possible;  or, 
au  moment  de  la  chute  des  feuilles  et  de  la  mort  des  plantes  annuelles,  les 
pluies  dissolvent  les  corps  solubles  réducteurs  renfermés  dans  ces  matériaux 
et  imprègnent  le  sol  de  substances  qui  tendent  à  absorber  l'oxygène  pour 
leur  propre  compte  en  privant  la  graine  de  cet  élément  absolument  indis- 
pensable à  sa  levée. 

Au  début  de  la  désorganisation  des  débris  végétaux,  les  mêmes  phéno- 
mènes peuvent  se  poursuivre  pendant  un  certain  temps  encore. 

Après  la  chute  des  feuilles,  la  terre  demeurera  donc  stérile  jusqu'au  jour 
où  l'oxygène  atmosphérique  ayant  pénétré  dans  le  sol,  soit  directement,  soit 
par  sa  dissolution  dans  les  eaux  de  pluies,  aura  complètement  oxydé  les' 
produits  réducteurs  qu'elle  renfermait. 

Ce  mécanisme  permet  de  comprendre  toute  l'importance  du  labourage 
qui  ramène  à  la  surface  les  couches  profondes  imprégnées  d'agents  stéri- 
lisants dont  l'action  paralysante  est  ainsi  plus  complètement  annihilée. 

Il  explique,  en  outre,  le  réveil  de  la  terre  qui  se  manifeste  aux  premiers 
jours  du  printemps,  alors  que  le  relèvement  de  la  température  a  permis  de 


234  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

liàter  la  fin  de  ces  réactions  dont  le  cycle  se  trouve  terminé  à  celte  époque 
de  l'année. 

Nous  nous  proposons  de  poursuivre  ces  expériences,  non  seulenienl  pour 
apporter  plus  de  précision  dans  l'étude  du  phénomène  de  biologie  végétale 
qui  nous  occupe,  mais  aussi  dans  l'intention  de  rechercher  des  moyens 
de  pouvoir  rendre  à  la  terre  d'une  façon  précoce  la  fécondité  qu'elle  perd 
momentanément  en  hiver  du  fait  des  substances  réducliices  dont  nous 
avons  nionU'é  l'origine.  11  est  inutile  d'insislei-  sur  Tintérèt  que  pourrait 
présenter  la  solution  d'un  tel  problème. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Su?-  la  présence  iVacidc  ciuinique  dans  1rs  fciiilles 
de  quelques  Conifères.  Note  de  M.  Geor«es  Tanket,  présentée  par 
M.  L.  Maquenne. 

L'acide  quinique,  découvert  primitivement  dans  le  quinquina  (Hof- 
mann,  1790),  a,  jusqu'à  ce  jour,  été  surtout  rencontré  dans  la  famille  des 
Rubiacées  :  dans  les  (Quinquinas,  les  Uemijias,  le  Café,  le  Caille-Lait  de 
nos  prairies.  Il  existe  aussi  dans  les  feuilles  de  certaines  Kricacées  :  lîusse- 
role,  Airelle  myrtille  et  différents  autres  genres  de  Vaccinium;  on  l'a  cnlin 
signalé  dans  les  feuilles  de  Tabac,  de  Betterave  et  de  Groseillier  noir. 

Je  viens  à  mon  tour  de  constater  sa  présence  dans  les  feuilles  de  (piel(]ues 
Abiétinoes. 

L  Des  feuilles  de  Cèdre  (^Crdrus  Lihani)  sont  traitées,  à  deux  reprises, 
par  cinq  fois  leur  poids  d'alcool  à  70"  bouillant.  L'extrait  alcoolique  est 
déféqué  par  le  sous-acétate  de  plomb,  puis  privé  de  plomb  par  SO'H-  et 
d'acide  acétique  par  agitation  avec  de  grandes  quantités  d'éther.  La 
liqueur,  franchement  acide,  est  neutralisée  à  la  baryte,  puis  amenée  en 
sirop  :  celui-ci  est  privé  de  ses  sucres  par  des  épuisements  à  l'alcool  bouil- 
lant. Le  résidu,  surtout  constitué  par  un  sel  organique  de  baryte,  est 
dissous  dans  l'eau  et  additionné  de  sous-acétate  de  plomb  :  le  sel  basique 
de  plomb  ainsi  précipité  est  décomposé  par  H- S  :  on  évapore  sa  solution, 
on  reprend  par  l'alcool  à  95°  bouillant  qui  sépare  des  sels,  on  chasse  l'alcool 
et  l'on  concentre  la  soluti(m  aqueuse  qui  abandonne  lentement  de  beaux 
cristaux  d'acide  quinique.  Des  eaux  mères  on  retire  encore  un  peu  d'acide 
en  l'insolubilisant  à  l'étal  de  quinale  de  chaux. 

L'acide  quinique  cristallise  anhydre.  Ti-ès  soluble  dans  l'eau,  il  l'est 
peu  dans  l'alcool  fort  :  il  se  dissout  à  i4"  dans  5o  parties  d'alcool  à  9^", 


SÉANCE  DU  l!\    JANVIER  1921.  235 

3i  parties  d'alcool  à  90°,  i/|  parties  d'alcool  à  80°,  6,6  parties  d'alcool  à  60". 
Sa  soliilion  aipieusc  a  pour  pouvoir  rotatoire  [aj^^  —  4^")  2.  Ghaufle  avec 
un  mélange  de  SO'H-et  deMnO-il  donne  lieu  à  la  production  de  quinone 
qu'on  isole  par  sublimation.  Ses  sels  de  calcium  cl  de  baryum  contiennent 
les  quantités  tbéori(jues  de  Ca  et  de  Ba. 

(^uant  à  son  point  de  fusion,  il  a  été  trouvé  notablement  supérieur  à  celui 
indiqué  par  Hesse  (161°, 6)  et  reproduit  dans  la  plupart  des  livres  clas- 
siques :  au  bloc  Maquenne  ou  en  tube  effilé  fermé,  les  cristaux  ne  fondent 
qu'à  i83°-i84". 

Des  feuilles  de  Cèdre,  récoltées  dans  la  région  parisienne,  ont  ainsi 
donné,  au  mois  de  juilliH,  un  rcndemenl  de  5''' d'acide  cristallisé  par  kilo- 
gramme (rapporté  aux  feuilles  à  100").  En  décembre,  l'acidité  libre  des 
feuilles  avait  diminué  d'un  tiers  :  on  n'a  alors  pu  isoler  que  2«  d'acide  au 
kilogramme. 

II.  Au  cours  de  ce  travail,  on  a  été  amené  à  rechercher  les  modifications 
que,  comme  dans  le  cas  de  l'acide  tartrique  et  de  l'acide  malique  (Gernez), 
le  molybdale  d'ammoniaque  apporte  à  la  valeur  du  pouvoir  rotatoire  de 
l'acide  quinique.  On  a  ainsi  constaté  que  des  additions  progressives  de  ce 
sel  changent  notablement  ce  pouvoir  rotatoire.  Rapporté  à  i'""'  d'acide  qui- 
nique, on  le  voit  d'abord  passer  de  sa  valeur  initiale  à  un  premier  maxi- 
mum [a]n=  —  63"  pour  ,'-  de  molécule  de  molybdate,  puis  décroître  jus- 
qu'à —  54°, 8  pour  J  de  molécule,  pour  remonter  enfin  à  la  valeur  limite 
—  71°, 7  avec  \  molécule  (i»  d'acide  quinique  pour  i4""'  de  solution). 

De  telles  solutions,  longtemps  abandonnées  à  elles-mêmes,  déposent 
lentement  un  polymolybdate  peu  soluble,  analogue  à  celui  que  M.  Darmois 
a  récemment  signalé  comme  se  formant  dans  l'action  du  molybdate  d'am- 
moniaque sur  l'acide  malique  :  en  même  temps  le  pouvoir  rotatoire  subit 
de  nouvelles  modifications.  Au  bout  de  deux  mois  et  demi,  le  minimum 
était  tombé  à  |a]i,—  —  21°  :  le  premier  maximum  ne  varie  pas,  le  second 
remontant  légèrement  à  [aj,,  =  —  7V)  7- 

Cette  action  sensibilisatrice  du  molybdate  d'ammoniaque  peut,  dans 
certains  cas,  aider  à  la  recherche  de  l'acide  quinique  et  servir  de  base  à  une 
méthode  approchée  de  dosage,  étant  donné  que  le  pouvoir  rotatoire  de 
l'acide  augmente  des  deux  tiers  par  l'addition  d'un  excès  de  molybdate  ('). 

III.  La  recherche  précédente  a  été  étendue  à  un  certain  nombre  deConi- 

(')  L'augmeiilalion  globale  du  pouvoir  rotatoire  de  l'acide  quinique  sous  l'induence 
du  molybdale  d'ammoniaque  avait  déjà  été  signalée  par  liimbach  et  Schneider  {Z.  f. 
physik.  C/i.,  t.  hk,  1908,  p.  467)-  L'existence  des  trois  points  critiques  que  je  signale 
ici  n'a  cependant  pas  été  vue  nettement  par  ces  auteurs. 


236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fères,  doni  l'acidité  libre  des  feuilles   était  du  reste  très  variahle,  dans  le 
rapport  de  i  à  8. 

Les  tentatives  d'isolement  sont  restées  négatives  dans  le  cas  de  l'If 
(Taxinécs)  et  du  Genévrier  (^Cupressinées).  Dans  le  groupe  des  Abiétinées, 
on  n'a  pas  trouvé  d'acide  quinique  dans  l'Epicéa  ni  dans  le  Sapin;  par 
contre,  le  Mélèze  (Lari-v  eurojvva)  m'a  fourni  des  résultats  à  rapprocber  de 
ceux  du  Cèdre,  mais  avec  des  différences  sensibles  suivant  la  provenance 
des  écbantillons  analysés.  Des  Mélèzes  de  la  forêt  de  Fontainebleau  (juillet) 
ont  donné  3^,5  d'acide  par  kilogramme  de  feuilles  (à  loo")  :  le  rendement 
a  atteint  5'''  pour  des  feuilles  récoltées  au  même  moment  dans  une  vallée 
des  Haules-Alpes,  à  i8oo™  d'altitude.  On  retrouve  donc,  dans  ce  cas  par- 
ticulier, l'influence  du  climat  sur  la  biologie  d'un  même  végétal,  aussi 
nette  au  point  de  vue  chimique  qu'elle  l'est  souvent  au  [)oint  de  vue  mor- 
phologique. Cet  exemple  est  à  rapprocher  de  l'augmentation  de  la  teneur 
en  quinine  et  en  cinchonine  des  Quinquinas  cullivés  aux  altitudes  élevées, 
de  la  richesse  en  essence  des  Lavandes  croissant  en  monlagne,  de  la  com- 
position variable  de  l'essence  de  Crisle-Marine  selon  les  points  de  sa 
récolte  (Delépinc  et  de  Belsuuce),  et  de  bien  d'autres  encore. 


MORl'llOL03IE.  —  De  l'action  totirlnllninidirc  de  Icau  sur  le  corps  cl  la  queue 
des  Oiseaux  plongeurs.  Note  de  M.  A.  Mag\an,  présentée  par  M.  lulmond 
Perrier. 

J'ai  montré,  en  collaboration  avec  M.  F.  Houssay('),  que  les  Oiseaux 
aquatiques  se  distinguent  des  autres  groupes  d'Oiseaux  par  une  aile  peu 
large,  et  cela  quelle  que  soit  leur  sorte  de  vol,  plané  ou  ramé.  En  outre, 
chez  ces  Oiseaux  d'eau,  l'acuité  de  l'aile  étant  très  grande,  la  queue  se 
trouve  raccourcie,  alors  que  les  autres  Oiseaux  s'opposent  aux  précédents 
par  une  aile  moins  aiguë  et  une  queue  plus  longue. 

J'ai  essayé  de  détailler  davantage  ces  conclusions  par  une  analyse  plus 
serrée  et,  à  la  suite  de  nouvelles  observations,  j'ai  été  amené  à  adopter  le 
groupement  suivant  pour  les  Oiseaux  (jue  j'ai  étudiés,  tellement  les  résultats 
(pie  j'obtenais  étaient  caractéristiques,  lorsqile  je  comparais  la  longueur  de 
la  (}ueue  mesurée  en  centimètres  à  la  racine  cubique  du  poids  exprimé  en 
grammes. 

(')  l".  lIoussAY  el  A.  Magnan,  IJ'envergure  et  la  queue  chez  les  Oiseaux  {Comptes 
rendus,  t.  15'».,  IC)I2,  p.  Sg). 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  192 1 .  287 

Rapport 
Poids  Longueur      de  l'envergure 

du  relative  ;i  la  largeur 

corps.  de  la  queue.         de  l'aile. 

Rapaces  diurnes i443,90  2,6  5,6 

Corvidés 255  2,6  \,i 

A.  [  Passereaux 43, 20  2,3  4,'' 

Rapaces  nocturnes 587  2,2  5,5 

Gallinacés,   Colombins 56o,5o  1,7  5,3 

Palmipèdes  à  grandes  ailes 2026,70  1,7  8,7 

,  Grands  Ecliassiers 2662  i  ,5  6 

I  Petits  Echassiers 280,40  i  ,3  6,7 

\  Oiseaux  plongeurs 892  0,8  7 

11  ressort  de  l'examen  de  ce  Tableau  qu'il  exisle  bien  deux  séries  d'Oiseaux 
très  distinctes  : 

1°  La  série  A,  formée  d'Oiseaux  terrestres,  chez  lesquels  l'acuité  de  l'aile 
est  assez  petite  et  la  longueur  de  la  queue  assez  grande. 

2°  La  série  B,  constituée  par  des  Oiseaux  habitués  à  vivre  dans  les 
régions  aquatiques,  qui,  de  ce  fait,  ont  souvent  à  supporter  les  efî'ets  de 
grands  courants  d'air  et  chez  lesquels  l'acuité  de  l'aile  est  plus  grande, 
tandis  que  la  queue  est  courte. 

^L1is  on  peut  se  rendre  compte  que  les  Oiseaux  plongeurs  possèdent  une 
queue  extraordinairement  réduite,  plus  réduite  que  celle  des  autres  Oiseaux 
fréquentant  les  rivages  ou  les  marais,  mais  ne  menant  pas  la  vie  aquatique. 
J'ajouterai  que  les  chiffres  que  je  donne  ne  représentent  pas  des  moyennes 
factices,  puisque  la  longueur  relative  de  la  queue  varie,  pour  les  espèces 
étudiées,  de  2  à  3,3,  chez  les  Rapaces  diurnes  par  exemple,  et  seulement 
de  G,  3  à  1,1  chez  les  Oiseaux  plongeurs. 

On  sait,  comme  plusieurs  auteurs  l'ont  établi,  que  les  Poissons  ont  leur 
extrémité  postérieure  effilée.  Cet  effilement  de  la  partie  postérieure  de  leur 
carène  est  la  conséquence  de  l'action  tourbillonnaire  de  l'eau  qui  a  eu  aussi 
pour  effet  de  provoquer  une  inversion  du  corps,  avec  compression  dans  le 
plan  horizontal  à  l'avant  et  dans  le  plan  vertical  à  l'arrière,  ainsi  que  l'a 
montré  C.  Weyher  ('). 

Or  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  remarquer  que  ce  modelage  par  l'eau 
s'est  exercé  sur  les  Oiseaux  plongeurs  de  façon  identique,  effilant  la  partie 

(')  G.  Weyher,  Revue  générale  des  Sciences  pure.>  et  appliquées,  i5  janvier  igoS. 
C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  172,  N"  4.)  '  '7 


238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

postérieure  de  leur  corps  et  réduisant  les  rectrices  en  longueur  et  en  poids, 
souvent  au  point  de  les  faire  disparaître  presque  complètement,  et  cela  est 
vrai  aussi  bien  chez  les  Palmipèdes  et  les  Echassiers,  que  chez  les  Pas- 
sereaux plongeurs  tels  que  les  martins-pccheurs  dont  la  longueur  relative  de 
la  quL'ue  est  de  i,i.  alors  que  pour  les  autres  Passereaux,  celte  longueur 
est  en  moyenne  de  2,  3. 

J'ai  constaté  d'ailleurs  que  d'autres  déformations  avaient  été  apportées 
au  corps  des  Oiseaux  plongeurs  en  raison  de  leur  déplacement  à  une  cer- 
taine vitesse,  quelquefois  assez  grande,  dans  le  milieu  aquatique.  Tout 
d'abord  leurs  membres  postérieurs,  pressés  par  les  courants  d'eau,  se  sont 
placés  dans  le  prolongement  du  corps  en  même  temps  que  les  jambes  se 
soudaient  plus  ou  moins  à  celui-ci.  En  outre,  ces  Oiseaux  ont  subi,  comme 
les  Poissons,  une  inversion  à  deux  nappes  plus  ou  moins  masquée,  la  com- 
pression postérieure  dans  le  plan  vertical  étant  la  plus  nette  et  se  traduisant 
particulièrement  chez  les  grands  plongeurs  comme  les  grèbes  elles  plon- 
geons, par  un  applalissoment  des  tarses  dans  ce  même  plan. 

Celte  forme  générale  de  fuselage  que  l'on  observe  chez  les  Oiseaux  plon- 
geurs aussi  bien  que  chez  les  Poissons  méritait  d'être  signalée,  car,  étant 
donnée  sa  généralité,  elle  nous  parait  susceptible  d'applications  pratiques. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  5///'  Id  seiiii-f)cri)U'(ihllilé  bioloiiit/itc  des  p/iifn.s  cxté- 
rieiiirs  des  Sipiinciilidrs.  Note  (  '  )  de  M.  C  Dekhuvsen,  transmise  par 
M.  Y.  Delage. 

Les  liquides  cavitaires  des  invertébrés  marins  sont  isotoniques  avec  l'eau 
de  mer  ambiante.  On  pourrait  admettre  que  les  parois  sont,  du  moins  en 
partie,  perméables  pour  l'eau,  les  gaz  et  les  sels.  Les  expériences  suivantes 
vont  montrer  que  la  paroi  extérieure  du  Phascolosomd  ruigarc  et  du  Sipiin- 
ciilus  nudus  est  bio/ogù/uemenl  semi-perméahle^  c'est-à-dire  que  l'eau  pure, 
CO-  et  O-  passent  avec  une  rapidité  incomparablement  plus  grande  que 
les  sels. 

Ces  animaux  sont  des  sacs  vermiformes,  à  parois  musculaires  fortes, 
tapissées  à  l'extérieur  par  un  épiderme,  constitué  d'une  seule  couche  de 
cellules,  couvertes  par  une  cuticule  épaisse,  tandis  que,  à  l'intérieur,  on 

(')  Séance  du  20  septembre  1920. 


SÉANCE   DU    2/|    JANVIER    I921.  289 

trouve  un  épilliélium  à  cils  vibratils.  La  cavité  générale  très  vaste  est 
remplie  du  liquide  pcriviscéral.  Elle  communique  avec  le  milieu  ambiant 
par  deux  pores  excréteurs,  toujours  bouchés.  Ce  n'est  qu'une  seule  fois, 
au  cours  d'expériences  avec  une  centaine  d'individus,  que  nous  avons  vu 
en  sortir  le  liquide  périviscéral,  très  facilement  reconnaissable  à  sa  couleur 
rougeàtre,  due  aux  nombreuses  hématies  chargées  de  hémérythrine.  L'ani- 
mal était  en  excitation  considérable  sous  l'action  du  chloroforme.  En  capti- 
vité, les  animaux  vident  leur  tube  digestif  et  ne  prennent  pas  le  sable.  Aussi 
n'avalent-ils  de  l'eau  de  mer  qu'en  quantités  négligeables.  Nous  avons, 
dans  la  pesée,  un  moyen  très  simple  pour  étudier  l'action  de  la  pression 
osmolique  du  milieu  ambiant.  La  quantité  du  liquide  périviscéral  est  d'en- 
viron 58,6  pour  100  du  poids  des  Phascolosomes,  de  57,7  à  62,8  pour  100 
du  poids  des  Siponcles.  Le  point  de  congélation  de  20™',  empruntés  à 
10  Phascolosomes,  était  :  — 2°,  et  contenait  en  chlorures,  calculées  comme 
NaCl:  2,925  pour  100.  Chez  un  Siponcle  nous  en  avons  trouvé  3,25 
pourioo,  exactement  la  même  quantité  que  dans  l'eau  de  mer.  Le  point 
de  congélation  en  est  :  — 2°,o3  en  riioyenne. 

1.  Un  Phascolosome  en  très  bon  état,  pesant  3%  123,  est  lavé  dans 
5,45  pour  100  de  NaNO'  (à  peu  près  isotonique  avec  l'eau  de  mer),  puis 
porté  en  100™'  d'eau  distillée.  5  minutes  après  il  pèse  3°, 470;  remis  dans 
l'eau  de  mer  il  pèse  après  3  heures  S'"',  i45  ;  le  lendemain  3^,  1 27.  L'eau  dixiillée 
ne  contenait  qiCune  trace  de  Cl,  correspondant  à  moins  de  o"'°,2  de  NaCl. 
Le  liquide  périviscéral  a  absorbé  18,8  pour  100  d'eau  sans  dommage. 

2.  Poids  originel  du  Phascolosome:  2^,429;  après  10  minutes  dans 
H-0  :  2^,932,  donc  35,35  pour  100  de  dilution  du  liquide  périviscéral. 
Remis  dans  l'eau  de  mer,  après  3  heures,  il  pèse  2^,610. 

3.  Poids  originel:  4^,3o8;  après  20  minutes  dans  70""'  deH-O  :  4''j973. 
L'animal,  très  vigoureux,  avait  contracté  ses  muscles  et  réduit  sa  surface 
autant  qu'il  pouvait,  ne  diluant  son  liquide  périviscéral  que  de  26,6 
pour  100.  L'eau  d'où  il  sortait  contenait  4'"^)  39  de  NaCl.;  2  heures  dans 
l'eau  de  mer  réduisent  le  poids  à  4^)675. 

4.  Un  Phascolosome,  peu  vigoureux,  pèse  3°j8Go  ;  10  minutes  dans  l'eau 
distillée  portent  son  poids  à  4^)735,  donc  38,7  pour  100  de  dilution  du 
liquide  périviscéral  ;  après  20  heures  dans  l'eau  de  mer,  il  pèse  encore  4")  1 5o. 

5.  Trois  Phascolosomes  bien  portants  :  L  7",  8,  pèse  :  après  3o  mi- 
nutes ('),   9^^, 5,    donc   37   pour  100  de  dilution   du  liquide  périviscéral; 

(')  En  eau  douce  contenant  io"'8  de  NaCl  par  100'™". 


24o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

45  minutes  après  remise  dans  l'eau  de  mer,  8", 9;  iG  heures  après,  8% 5.  — 
H.  >",(),  pèse  :  après  ^)0  minutes  ('),  4%2,  donc  28,5  pour  100  de  dilution 
du  li(juide  périviscéral;  4^  minutes  après  remise  dans  l'eau  de  mer,  3*, 9; 
I G  heures  après,  3'^, 7.  —  III.  3^,7,  pèse:  après  3o  minutes  (').  4%^j  donc 
4i  pour  100  de  dilution  du  liquide  périviscéral;  45  minutes  après  remise 
dans  l'eau  de  mer,  4%2;  16  heures  après,  3", 9. 

G.  Trois  autres,  moins  bien  portants  :  I.  4'">4)  après  80  minutes  dans 
3oo""'  d'eau  distillée,  5%9;  18  heures  après,  l'animal,  plutôt  moribond, 
avait  4% 2.  —  II.  4%  2,  après  80  minutes  dans  3oo""'  d'eau  distillée,  5% 4'. 
18  heures  après,  l'animal,  moribond,  avait  3%8.  —  III.  iS5,  après  80  mi- 
nutes dans  3oo™'  d'eau  distillée,  2%  3;  18  heures  après,  l*animal,  moribond, 
avait  2^,3. 

7.  Un  Phascolosome  en  bonne  condition,  pesant  2", 993,  est  mis  dans 
une  solution  de  12"  de  NaCl  en  loo"  d'eau;  après  20  minutes,  2', 772: 
remis  dans  l'eau  de  mer  après  2  heures,  il  pèse  2', 955. 

Il  résulte  de  ces  chiffres  que  l'état  de  l'animal  joue  un  o;rand  rôle  dans  le 
passage  de  l'eau  et  des  sels  à  travers  la  paroi. 

8.  Deux  Siponcles  très  bien  portants  pesaient  Go-,o  et  64%  5;  10  minutes 
dans  de  l'eau  de  mer  diluée  d'un  volume  égal  d'eau  douce  portent  leur 
poids  à  64''', 5  et  69", 3.  Après  19, heures  dans  l'eau  de  mer,  nous  trouvons 
59^,1  et  64-, 3;  mais  2  jours  après,  le  second  pesait  67^3  (sans  avoir  eu 
du  sable  à  sa  disposition).  Ils  avaient  dilué  leur  liquide  périviscéral 
de  i3  pour  100. 

9.  Le  Siponcle  de  67", 3  transporté  dans  de  l'eau  de  mer,  où  l'on  avait 
dissous  II", o5  de  NaCl  pur,  perd  en  10  minutes  i^,3.  Après  G  heures 
dans  l'eau  de  mer  il  en  regagne  i%8.  Son  liquide  périviscéral  contenait 
3'"', 087  pour  100  de  NaCl  :  diminution  tout  à  fait  explicable  par  l'absorption 
de  3", 5  d'eau  pure  dans  les  expériences  décrites. 

Nous  préparons  un  liquide  hypotonique  A  en  mélangeant  900""'  d'eau 
de  mer  avec  100""'  d'eau  douce,  et  un  liquide  bypertonique  H  en  dissol- 
vant 3% 5  de  NaCl  pur  dans  i'  d'eau  de  mer.  Donc  10  pour  100  de  dilution 
et  10  pour  100  de  concentration. 

(')  l£ri  eau  douce  conlenant  io™8  de  NaCl  par  ioû™\ 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1921, 


241 


.Dans  l'eau 

de  mer 

Après 

Le  liq.  pér. 

Après 

Le  liq.   pér. 



^' 

l'oids 

■,'0  m  imites 

1  ,lnn,-  absoi-lR 

■.'Il  niiniiles 

a  donc  perdu 

après 

après 

11-   I-.'   Pl.asr. 

en  A. 

p.  mil  (■)■ 

en   H. 

p.  100  (=). 

1   lieure. 

:i  heures 

2,goi.. 

2' 970 

4,1 

« 

» 

B 
2,953 

» 

3,264.. 

3,355 

4,75 

» 

» 

3,294 

4,6J5.. 

4,765 

4 

i> 

.1 

» 

4^,635 

3,562.. 

3,598 

1 ,725 

» 

» 

.. 

3,56o 

3,730.. 

3,835 

4,8 

» 

). 

» 

3,790 

2,733.. 

2,793 

3,625 

» 

.. 

» 

2 ,725 

3,773.. 

3,860 

3,94 

» 

» 

» 

3,785 

2,810.. 

>. 

» 

2^773 

2,25 

2,802 

» 

2,33i.. 

I. 

» 

2,270 

4,1 

2,325 

). 

3,445.. 

» 

« 

3,255 

9>4 

» 

3,4o8 

4,062.. 

» 

» 

3,900 

6,8 

3,993 

3,545.. 

» 

)> 

3,428 

5,6 

" 

3,520 

3,38o.. 

,. 

« 

3,3o8 

3,6 

.1 

3,352 

3,067.. 

» 

» 

3,9i5 

7,39 

). 

2,988 

Quand  le  milieu  ambiant  subit  des  variations  de  concentration  suppor- 
tables, les  animaux  se  défendent.  Ils  absorbent  moins  d'eau  dans  le  milieu 
hypotonique  qu'ils  n'en  perdent  dans  le  milieu  iiypertonique  au  même 
degré.  Est-ce  que  c'est  leur  défense  musculaire  qui  combat  la  pression 
osmotique?  Ce  serait  un  moyen  efficace  contre  le  gonflement,  impuissant 
contre  le  dégonflement;  d'ailleurs  les  animaux  s'étendent  dans  le  milieu 
dilué.  Nous  croyons  plutôt  au  rôle  des  cellules  de  l'épiderme  dans  la  défense. 
Les  gaz  respiratoires  traversent  la  paroi  :  Pbascolosomes  et  Siponcles 
n'enfoncent  dans  le  sable  qu'une  partie  très  peu  étendue  de  leur  corps  :  la 
trompe  ou  le  pôle  apical  sortent.  Les  tentacules  ne  s'étendent  que  rarement. 
Nous  n'avons  pu  trouver  d'indications  d'un  passage  de  sels  par  la  paroi  tant 
qu'elle  était  en  état  normal.  C'est  donc  bien  la  seini-pciméabililé  biologique. 


(')  En  moyenne  4,49  pour  100  d'eau. 
(-)  lîn  moyenne  6, S'.',  pour  100  d'eau. 


l[\1  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


CHIMIE  BIOLOGIQIE.  —  Les  végétaux  iiifcrirurs  et  les  facteurs  accessoires 
de  la  croissance.  Note  de  M.  Pirrre  Goy.  présentée  ]iar  M.  Gaston 
Bonnier. 

Depuis  que  le  problème  des  vitamines  a  été  posé  au  sujet  des  animaux 
supérieurs,  bien  des  chercheurs  se  sont  demandés  si  les  végétaux,  et  notam- 
ment les  monocellulaires,  avaient  besoin  de  tels  composés  organiques  pour 
mener  à  bien  leur  évolution.  De  l'avis  de  cjuelques  auteurs,  la  question  ne 
fit  aucun  doute  et  ceux-ci  répondirentpar  l'affirmative;  pour  d'autres,  il  ne 
saurait  y  avoir  la  moindre  comparaison  à  ce  sujet  entre  les  végé-taux  et  les 
animaux;  enfin,  certains  ont  admis  de  la  part  des  infiniment  petits  une 
sensibilité  marquée  à  de  tels  composés  sans  que  la  présence  de  ces  corps 
revête  un  caractère  obligatoire  pour  leur  développement. 

Nous  nous  sommes  donc  proposé  de  chercher  si  vraiment  la  présence  de 
certains  composés  organiques  était  une  cause  sine  qua  non  au  développe- 
ment des  végétaux  inférieurs,  si  ceux-ci  bénéficiaient  d'un  apport  de  corps 
organique  à  action  spécifique,  et  enfin  dans  l'affirmative  si  ces  composés 
étaient  des  vitamines,  pouvaient  y  être  assimilés  ou  non. 

Nous  nous  sommes  servi  à  cet  efi'et  du  Saccharoniyces  cerevisiœ  comme 
sujet  d'expérience  et  du  Mucor  Miicrdo  en  fait  de  générateur;  toutefois  nous 
n'avons  pas  circonscrit  nos  recherches  à  ces  deux  espèces,  ayant  expéri- 
menté sur  bon  nombre  d'autres  sujets,  entre  autres  Aspergil/us  niger. 
Pénicillium  glaucwn,  Baçillus  niegaloriwn  et  plusieurs  autres  Bacilles, 
Diplobacilles  et  Streptocoques. 

Il  ressort  de  nos  recherches  : 

I"  <jue  les  végétaux  inférieurs,  notamment  ceux  précités,  n'exigent  pour 
leur  développement  aucun  corps  organique  pouvant  de  près  ou  de  loin 
être  assimilé  aux  vitamines,  ce  terme  étant  pris  au  sens  habituel  du  mot, 
car  ils  poussent  admirablement  en  milieux  minéraux  apjiropriés  sans  la 
moindre  trace  de  facteurs  accessoires;  ces  solutions  composées  de  corps 
strictement  purs  ayant  été  de  plus  stérilisées,  pendant  i  heure  So  minutes, 
à  i3o°; 

1°  Que  CCS  mêmes  végétaux  voient,  outre  leur  métabolisme  modifié,  la 
vitesse  de  leur  prolifération  accrue  dans  des  proportions  surprenantes 
Tsans  augmentation  toutefois  de  poids  final  récolté)  par  le  simple  apj)ort  de 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I921.  243 

quelques  fractions  d'un  milieu  minéral  analogue,  mais  où  avait  proliféré 
auparavant  soit  une  espèce  identique,  soit  un  végétal  très  différent; 

3°  Que  le  corps  organique  communiquant  une  telle  propriété  à  ces 
milieux,  et  que  nous  avons  réussi  à  isoler  d'une  culture  de  Mik-oj-,  parl'étlier, 
à  l'état  pur  et  cristallisable  ne  révèle  sa  propriété  accélératrice  qu'une  fois 
porté  en  solution  au  bain-marie  à  HS^-go",  la  perdant  seulement  vers  i68°- 
170°  (chaleur  sèche  n'entraînant  pas  sa  carbonisation)  et  n'ayant  pas  l'air 
de  souffrir  beaucoup  d'un  passage  à  l'autoclave  pendant  i  heure  3o  minutes, 
à  i'3o°. 

Nous  pouvons  d'ores  et  déjà  affirmer  que  ce  corps  est  un  composé  car- 
boné à  fonction  acide,  fusible  aux  environs  de  i  "5'^  sans  laisser  de  cendres, 
non  précipitable  par  l'acide  phosphotungstique,  ne  présentant  aucun  des 
caractères  d'un  amino-acide  quelconque,  et  ne  décelant  pas  trace  de  phos- 
phore on  d'azote. 

Dissoute  dans  l'eau  et  évaporée  sur  lame,  la  cristallisation  de  cette  subs- 
tance vue  à  fort  grossissement,  rappelle  certaines  feuilles  de  fougère;  mais  si, 
par  exemple,  on  la  porte  lentement  à  son  point  de  fusion  elle  ne  tarde  pas  à 
se  séparer  en  deux  parties  :  l'une  pulvérulente  reste  au  fond  du  récipient 
qui  la  contient,  tandis  que  l'autre  se  condense  sur  les  parois  affectant  une 
nouvelle  forme  cristalline  de  système  prismatique,  d'ailleurs  relrans- 
formable  en  la  première,  à  peu  de  chose  près,  à  la  suite  d'une  nouvelle 
dissolution  et  évaporation.  Ni  la  partie  cristallisée,  ni  celle  pulvérulente  ne 
possède  plus  d'action  sur  le  développement  des  levures  ;  cette  qualité  du  reste 
ayant  été  annihilée  par  chauffage  avant  qu'aucune  modification  physique 
ne  nous  ait  frappé. 

Il  nous  a  été  possible  d'obtenir  des  résultats  analogues  à  ceux  fournis  par 
ce  corps  au  moyen  d'extraits  de  tissus  végétaux,  parmi  ceux-ci  seuls  les  jus 
de  citron  et  d'orange  se  révélèrent  comme  activant  sans  même  avoir  besoin 
d'être  chauffés  préalablement;  mais  par  contre  ces  dernières  résistèrent 
comme  les  précédents  à  des  températures  qui  auraient  détruit  sans  nul 
doute  possible  les  facteurs  accessoires  dénommés  A  et  B. 

Nous  nous  baserons  sur  les  faits  suivants  pour  conclure  à  la  non-idenlilé 
des  corps  appelés  ritti/tiincs  d'avec  relui  trouvé  au  cours  de  nos  recherches  : 

i"  Besoin  d'un  chauffage  antérieur  pour  rendre  actif  ce  composé  orga- 
nique ; 

2°  Non-destruction  de  celui-ci  par  la  chaleur  humide,  même  à  haute 
température; 


244  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3°  Présence  de  ce  corps  dans  les  grains  de  riz  décortiqués. 

Par  contre,  le  peu  de  matière  o™",  8  pour  5o™'  de  liquide  de  Mayer  néces- 
saire au  plein  effet  de  son  action  vis-à-vis  des  levures  et  des  végétaux  infé- 
rieurs en  général,  sa  destruction  par  le  radium  et  par  ébuUition  en  solution 
alcaline,  sa  plus  grande  résistance  aux  rayons  ultraviolets,  et  enfin  son 
caractère  véritablement  accessoire  nécessitant  un  couvert  des  éléments 
minéraux  indispensables  pour  agir  efficacement,  font  que  par  certains  côtés 
ce  composé  prend  figure  de  véritable  vitamine  de  croissance,  non  indispen- 
sable à  la  vie  des  infiniment  petits,  mais  singulièrement  efficace  quant  à 
leur  prolifération. 

11  résulte  des  rechercbes  précédentes  que  les  vitamines  ne  sont  pas  indis- 
pensables aux  végétaux  inférieurs;  toutefois  l'évolution  de  ceux-ci  est  consi- 
dérablement influencée  par  un  corps  organique  que  nous  avons  isolé,  à 
l'état  pur  et  cristaliisable,  de  cultures  de  Mucor  Miicede  en  milieux  synthé- 
tiques. 

Ce  composé  n'agit  qu'après  avoir  été  chauffé  a  85''-9o''  et  perd  sa  pro- 
priété vers  170°.  Il  ne  présente  aucun  caractère  propre  aux  acides  aminés. 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Diabète ct glycémie. ^o\.Qà^'S\}A.U..Yim&RX 
et  F.  Rathery,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Dans  des  conditions  physiologiques,  bien  déterminées,  un  individu 
normal  présente  une  glycémie  qui  lui  est  propre  et  qui  peut  être  regardée 
comme  sensiblement  fixe.  Cette  glycémie  fonctionnelle  doit  servir  de  base 
à  des  comparaisons  ultérieures. 

On  observe,  dans  divers  états  physiologiques  ou  pathologiques,  une  aug- 
mentation sensible  de  la  teneur  en  sucre  du  sang,  augmentation  qui  peut 
coïncider  avec  la  présence  ou  non  du  sucre  dans  l'urine.  Si  l'on  admet  que 
l'hyperglycémie  conditionne  la  glycosurie,  et  qu'on  prenne  le  passage  du 
glucose  dans  l'urine  comme  réactif  de  l'hyperglycémie,  on  constate  qu'il 
existe  toute  une  marge  où  l'hyperglycémie  peut  s'exercer  sans  effet  glyco- 
surique,  et  cela  jusqu'à  un  cei'taintaux  (pii  d'emblée  déclenche  l'élimination 
du  glucose  par  le  rein.  Nous  appellerons  hyperglycémie  liminaire  la  teneur 
en  sucre  du  sang  nécessaire  pour  produire  le  seuil  de  la  glycosurie,  (lette 
hyperglycémie  liminaire  est  nettement  individuelle. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I921.  245 

Faute  de  pouvoir  comparer  la  glycémie  des  sujets,  atteints  de  diabète,  à 
la  glycémie  fonctionnelle  de  ces  mêmes  sujets  lorsqu'ils  étaient  en  bonne 
santé,  nous  avons  été  obligés  de  tourner  la  difficulté.  Voici  le  mode  opéra- 
toire que  nous  avons  adopté  pour  l'étude  de  la  glycémie  des  diabétiques, 
cliez  lesquels  il  est  possible,  par  un  régime  strict  ou  par  le  jeûne,  de  faire 
disparaître  le  sucre  urinaire. 

1°  négiine  strict. —  A  un  diabétique,  présentant  de  la  glycosurie,  nous 
faisons  une  première  prise  de  sang  et  nous  déterminons  la  teneur  du  plasma 
veineux  en  sucre  libre  et  sucre  protéidique.  Le  diabétique  est  ensuite  soumis 
à  un  régime  strict,  pauvre  en  hydrates  de  carbone,  comprenant  :  œufs, 
viande,  légumes  verts,  beurre,  vin  et  eau.  En  général,  vers  le  troisième  jour 
de  ce  régime,  le  diabétique,  du  type  envisagé,  est  devenu  aglycosurique. 
Ce  régime  est  prolongé  pendant  8  jours,  temps  au  bout  duquel  est  fait  un 
nouvel  inventaire  en  sucre  du  plasma  veineux.  Ensuite,  on  améliore  ce 
régime  sous  le  rapport  des  sucres  en  y  introduisant  un  aliment  riche  en 
un  hydrate  de  carbone  déterminé  (pomme  de  terre  par  exemple),  et  l'on 
cherche,  dans  les  conditions  précisées,  la  capacité  de  fixation  du  sujet 
considéré  vis-à-vis  de  cet  hydrate  de  carbone,  dont  les  prises  sont  progres- 
sivement augmentées,  jusqu'à  ce  que  l'urine  de  24  heures  ne  renferme  plus 
que  des  traces  de  sucre.  A  ce  moment,  nous  diminuons  très  légèrement 
la  dose  de  l'aliment  hydrocarboné  de  façon  à  faire  disparaître  complètement 
le  glucose  urinaire  (urine  de  24  heures),  et,  par  une  troisième  prise  de 
sang  ('),  nous  déterminons  ce  que  nous  appellerons  V indice  glvcémùj ne  de 
tolérance,  c'est-à-dire  la  teneur  en  sucre  libre  et  sucre  protéidique  du  plasma 
veineux  à  ce  moment. 

Les  modifications  que  nous  avons  constatées  à  la  suite  de  ces  différentes 
épreuves  peuvent  être  résumées  ainsi  :  chez  la  plupart  des  diabétiques  du 
type  envisagé  on  constate,  après  8  jours  de  régime  strict,  un  abaisse- 
ment très  net  de  la  teneur  du  plasma  veineux,  à  la  fois  en  sucre  libre  et  en 
sucre  protéidique.  Cette  teneur  se  relève,  à  la  suite  du  régime  de  tolérance, 
tout  en  restant  inférieure  à  la  teneur  initiale.  L'indice  glycémique  de  tolé- 
rance prend  ainsi  une  teneur  intermédiaire  en  sucre  libre  et  sucre  pro- 
téidique. A  chaque  individu  correspond  un  indice  particulier. 


(')  Les  trois  prises  de  sang  sont  faites  à  une  veine  du  bras,  le  matin  à  jeun,  10  heures 
environ  après  le  repas  du  soir,  à  S  jours  d'intervalle.  11  suffit  pour  la  détermination  de 
l'indice  glycémique  de  8"^™'  à  lo*^"''  de  plasma  lluoré. 

'      G.  R.,  1931,  !"♦  Semestre.  (T.  17Î,  N°  4.)  '" 


246  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

D'autres  modalités  ont  été  observées  :  à  la  suite  du  régime  de  tolérance, 
le  taux  du  sucre  libre  peut  remonter  et  même  dépasser  le  taux  initial 
(correspondant  à  la  première  saignée  et  à  l'état  de  glycosurie),  mais  le 
sucre  protéidi({ue  se  maintient  à  un  taux  inférieur,  ou  vice  lersa.  Avec 
certains  cas  on  assiste  aux  différentes  pliases  d'un  jeu  de  compensation 
entre  le  sucre  protéidique  et  le  sucre  libre. 

Quand,  initialement,  la  teneur  en  sucre  protéidique  est  peu  élevée,  les 
variations  du  sucre  protéidique  sont  peu  accusées. 

2°  Jeûne.  —  Pendant  le  jeûne,  la  teneur  du  plasma  veineux  en  sucre  libre 
et  en  sucre  protéidique  subit  une  baisse  notable.  Exemple  : 

Sucre  libre  Sucre  proléiilique 
pour  100.  pour  100. 

Avant  le  jeinie i»-',  33  )P,88 

Pendant  le  jeûne ''*"!99  i^,3i 

Diabète  consomptif.  —  Dans  le  diabète  consomptif,  avec  acidose,  on 
peut,  au  cours  du  jeûne,  observer  deux  sortes  de  phénomènes  :  i°  la  teneur 
du  plasma  en  sucre  libre  et  en  sucre  protéidique  augmente  et  les  symptômes 
de  coma  apparaissent;  2°  les  signes  d'acidose  disparais-sent,  la  glycosurie 
s'atténue  considérablement  ou  cesse;  le  taux  du  sucre  libre  et  protéidique 
baisse  dans  le  plasma.  Exemple  : 

Sucre  libre  Sucre  proléidii|ue 
pour  100.  pour  100 

Avant  le  jeûne 4^ï3i  os,8i 

Pendant  le  jeûne 3^, 65  O"»  io 

Conclusions .  —  Des  recherches  faites  sur  45  diabétiques  nous  déduisons 
les  conclusions  suivantes  :  1°  chaque  diabétique  a  un  indice  glycémique  de 
tolérance  qui  lui  est  propre  ;  2°  un  chiffre  élevé  de  cet  indice  est  en  rapport 
avec  un  pronostic  réservé;  3°  la  valeur  de  l'indice  glycémique  proléidi(jue. 
qui  n'avait  pas  été  envisagé  jusqu'ici,  paraît  revêtir  un  intérêt  tout  parti- 
culier ;  4°  l'étude  de  l'indice  glycémique  donne  le  moyen  de  suivre  des 
modalités  de  diabète  que  le  simple  examen  des  urines  ne  permet  pas  d'envi- 
sager. Dans  la  pratique  courante,  une  seule  prise  de  sang,  faite  dans  les 
conditions  précitées,  permet  de  caractériser  l'indice  glycémique  de  tolé- 
rance. 


A  iG  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


SFANCE    DU    2/j    JANVIER    1921.  '247 


COMITE  SECUET. 


La  Section  de  Chimie,  par  l'organe  de  son  Doyen  M.  Lemoine,  pré- 
sente la  liste  suivante  de  candidats  à  la  place  vacante  par  le  décès  de 
M.  Armand  Gautier  : 

En  première  ligne,    ex  œquo   et  par  ordre  (  MM.  Auguste  Béhal 
alphabétique (  GEonr.ES  Urbaiiv 

!MM.  Emile  Blaise 
Albert  Colson 
Marcel  Delëpine 
Paul  Lbbeau 

A  runanimité,  l'Académie  adjoint  à  cette  liste  le  nom  de  M.  Camille 
Matignon. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  18  heures. 

K.  P. 


24^'  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du  3  janvier  1921.) 

Etal  de  l'Académie  des  Sciences  au  i'^"' janvier  1921  : 

Page  16,  à  la  liste  des  Membres  élus  depuis  le  1"'' janvier  1920,  ajouter  : 
Académiciens  libres.  —  M.  J.-L.  Breton,  le  29  novembre. 

Page  i^,  ligné  11,  au  lieu  de  M.  Vito  Voltkrra,  décédé,   lire  M.   Vito  Noltekha, 
élu  Associé  étranger. 

Note  de  M.  R.  de  Forcrand,  Sur  le  point  de  fusion  de  1  heptane  et  la  loi 
d'alternance  des  points  de  fusion  : 

Page  3i,  lig.ie  8,  au  lieu  de  exécuté  en  1896,  lire  exécuté  en  1916. 

Note  de  M.  A.  Liénard,  Potentiels  scalaire  et  vecteur  dus  au  mouvement 
de  charges  électriques  : 

Dans  toutes  les  formules  des  pages  52  et  53,  lire  partout  /•  au  lieu  de  c. 


(Séance  du   17  janvier  1921.) 

Note  de  M.  C/uirh's  Frêinont,  Essai,  à  l'emboutissage,  des  tùics  minces  : 
Page  148,  lignes  6  et  i4,  eu  lieu  de  Kg,  lire  kgni  (kilogrammètres). 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI   51  JANVIER   1921. 

PRESIDENCE  DE  M.  Gkoiu;es  LE.MOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMFE. 


M.  le  Mi.visTRE  DE  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
ampliation  du  Décret,  en  date  du  28  janvier  192 1 .  approuvant  Téleclion  que 
l'Académie  a  faite  de  M.  Pieiire  Iîazy  pour  remplir  la  place  d'Académi- 
cien titulaire  devenue  vacante,  dans  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie, 
par  suite  du  décès  de  M.  Félix  Guyon. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Pierre  Bazy  prend  place  parmi 
ses  confrères. 


Après  le  dépouillement  de  la  Correspondance,  M.  le  Président  s'exprime 
en  ces  termes  : 

L'Académie  des  Sciences  vient  d'avoir  la  douleur  de  perdre  encore  un 
de  ses  membres,  M.  Emile  Iîourquelot,  décédé  le  26  janvier  après  une 
courte  maladie  qui  s'est  terminée  brusquement. 

M.  Bourquelot  était  né  à  Jandun  (Ardennes)  le  21  juin  1 85 1 .  Il  s'adonna 
de  bonne  heure  à  l'étude  de  la  pharmacie,  mais  il  se  dirigea  bientôt  vers 
la  carrière  scientifique.  Interne  en  pharmacie  en  1873,  il  devint  pharma- 
cien des  hôpitaux  de  Paris  en  1878.  H  fut  attaché  au  corps  enseignant  de 
l'Ecole  supérieure  de  Pharmacie  comme  préparateur  de  cryptogamie,  puis 
comme  chef  des  travaux  de  micrographie.  Ueçu  agrégé  au  concours  de  1889, 
il  soutint  la  même  année  en  Sorbonne  une  thèse  de  docteur  es  sciences 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  5.)  ^9 


230  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

naturelles.  En  iSqS,  il  fut  chargé  à  l'École  de  Pharmacie  du  cours  de  phar- 
macie galénique  et  devint  professeur  de  ce  même  enseignement  en  1897. 

Il  fut  élu  Membre  de  l'Académie  de  Médecine  en  1897. 

En  1912,  nous  lui  décernions  le  prix  Jecker. 

Il  fut  élu  Membre  de  l'Académie  des  Sciences  pour  la  Section  de  Chimie 
le  2  juin  1919. 

La  Cliimie  a  un  domaine  tellement  vaste  qu'elle  touche  d'une  part  à  la 
Physique  et  même  aux  Mathématiques,  de  l'autre  aux  sciences  naturelles. 
C'est  dans  cette  dernière  région  que  M.  Bourquelot  a  toujours  dirigé  ses 
recherches.  Sa  thèse  de  doctorat  avait  pour  sujet  l'étude  faite  à  RoscofT  des 
phénomènes  chimiques  de  la  digestion  chez  les  Mollusques  céphalopodes. 
11  se  trouva  ainsi  dès  ses  débuts  aux  prises  avec  les  ferments  digestifs  qui 
sont  des  ferments  solubles.  C'est  sur  les  ferments  solubles,  envisagés  surtout 
au  ()oint  de  vue  chiuiique,  qu'ont  porté  toutes  ses  recherches  :  chapitre 
très  s[)écial  de  la  science,  mais  qu'il  a  approfondi  avec  une  admirable  persé- 
vérance. 

On  sait  que  les  ferments  solubles  (appelés  souvent  enzymes)  sont  des 
corps  organiques  complexes  formés  de  carbone,  d'hydrogène,  d'oxygène 
et  d  azote  qui  déterminent  des  réactions  sans  s'altérer  eux-mêmes,  comme 
le  font  nos  catalyseurs  minéraux.  Les  types  classiques  en  sont  :  la  diaslasc 
qui  change  l'amidon  en  glucose  en  lui  ajoutant  de  l'eau;  l'invertine  qui,  de 
la  même  manière,  change  le  sucre  de  canne  en  glucose  et  lévulose;  l'émul- 
sine  qui  dédouble  l'amygdaline  en  glucose  et  en  essence  d'amandes  amèrcs 
avec  acide  cyanhydrique,  l'amygdaline  étant  ainsi  un  glucosule. 

Avant  les  recherches  de  M.  Bourquelot,  on  connaissait  10  glucosides  :  il 
en  a  découvert  14  nouveaux. 

11  a  découvert  en  même  temps  G  ferments  solubles  nouveaux.  Il  semble 
que  les  êtres  vivants  disposent  pour  les  réactions  de  leur  organisme  des  fer- 
ments solubles  les  plus  variés. 

M.  Bourquelot  s'est  également  occupé  d'une  autre  classe  de  ferments 
solubles,  les  ferments  oxydants  dont  un  savant  japonais,  M.  Hikobokuro 
Yoshîda,  avait  découvert  l'existence  en  i883.  M.  Bourquelot,  en  collabo- 
ration avec  M.  Gabriel  Bertrand,  a  fait  connaître,  en  1895,  les  ferments 
oxydants  des  champignons  qui  expliquent  leur  coloration  à  l'air,  et  il  a 
développé  ces  recherches. 

Une  partie  très  originale  des  travaux  de  notre  confrère  est  l'emploi  sys- 
tématiipie  des  ferments  solubles  pour  trouver  la  composition  des  principes 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  25 1 

végétaux  sur  lesquels  ils  peuvent  exercer  leur  action  :  c'est  ce  qu'il  appelait 
la  méthode  biochimique.  Par  exemple,  à  l'aide  de  l'invertinc,  ferment 
soluble  qui  dédouble  le  sucre  de  canne,  on  arrive  à  découvrir  le  sucre  dans 
un  produit  végétal,  en  s'appuyanl  sur  l'observation  de  la  lumière  polarisée. 

Un  autre  résultat  très  curieux  est  l'incorporation  des  différents  alcools 
au  glucose,  sous  l'influence  des  ferments  solubles,  pour  former  des  alcools- 
glucosides.  Ceux-ci,  inversement,  peuvent,  sous  l'influence  du  même  fer- 
ment, mais  en  présence  de  l'eau,  s'iiydrolyser,  c'est-à-dire  fixer  de  l'eau  pour 
redonner  l'alcool  et  le  glucose. 

Cette  réaction  el  les  réactions  analogues  constituent  la  découverte  essen- 
tielle de  iM.  Bourquelot  :  la  démonstration  définitive  de  la  réversibilité  de 
l action  des  ferments  solubles.  Le  même  ferment  qui  dédouble  un  glucoside 
peut  le  reconstituer  quand  on  change  les  conditions  de  l'expérience,  notam- 
ment quand  on  opère  avec  de  l'alcool  en  excès.  Il  se  produit  un  équilibre 
entre  deux  réactions  in\  erses  comme  dans  l'éthérificalion.  Celle  synthèse 
de  glucosides  et  de  certains  sucres  (appartenant  à  la  catégorie  des  polysac- 
charides)  expliquera  sans  doute  plusieurs  réactions  de  la  vie  des  végétaux. 

Ces  diverses  recherches  ont  été  publiées  dans  3oo Notes  environ,  insérées 
dans  les  Comptes  ren'lus  de  l' Académie  des  Sciences  ou  dans  le  Journal  de  P/ia?'- 
macie  et  de  Chimie.  Elles  n'ont  pu  être  accomplies  qu'avec  l'assistance  de 
beaucoup  de  collaborateurs  quieux-mènips  ont  étendu  dans  difl"érentes  direc- 
tions l'œuvre  de  leur  maître  :  l'un  de  ses  grands  mérites  a  élé  d'avoir  suscité 
de  nombreuses  vocations  scientifiques  autour  de  lui. 

M.  Bourquelot  était  un  grand  travailleur,  il  restait  l'a  journée  entière  à 
son  laboratoire.  Il  a  ainsi  passé  une  quarantaine  d'années,  paisiblement,  à 
la  recherche  désintéressée  de  la  vérité  scientifique  el  à  l'accomplissement 
de  ses  devoirs  professionnels. 

Resté  célibataire,  il  avait  près  de  lui  une  excellente  famille.  Un  de  ses 
frères  était  resté  dans  le  pays  d'origine,  gardant  le  foyer  paternel.  Un  autre, 
ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  était  depuis  longtemps  à  Paris. 
M.  Bourquelot  était  très  aimé  de  ses  neveux  et  nièces. 

D'un  caractère  modeste,  il  avait  recommandé  expressément  qu'il  n'y  eût 
à  ses  funérailles  aucun  discours  et  aucune  députation  officielle.  Après  la 
cérémonie  religieuse,  l'inhumation  a  eu  lieu  dans  le  pays  natal. 

A  tous  les  parents  de  notre  regretté  confrère,  l'Académie  des  Sciences 
ofTre  l'assurance  de  sa  très  vive  sympathie. 


252  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


M.  BiGouRDAix  (')  .1  romis  à  la  bibliothèque  de  l'Instilut,  il  y  a  quelque 
temps  déjà,  un  Glolir  céleste  à  Jaliludr  rarifibli-  cl  à  pôle  mobile,  dont  il  avait 
été  chargé  de  surveilbr  la  construction  (voir  Rapport  sur  la  Fondation 
Debwiisse  pour  191 1,  p.  76).  Cotte  construction,  interrompue  par  la  guerre, 
a  duré  assez  longtemps. 

Le  globe,  couvert  en  fuseaux  de  papier  figurant  les  constellations. 
a  o'",5o  de  diamètre  et  est  disposé  pour  permettre  de  résoudre  graphique- 
ment diverses  questions  chronologiques.  Il  est  porté  par  un  pied  d'acajou 
à  trois  branches,  à  roulettes  et  à  vis  calantes,  qui  en  soutient  le  centre 
à  i"  de  hauteur  environ.  Ce  pied  se  termine,  à  ia  partie  supérieure,  par 
un  cercle  de  métal  muni  d'un  niveau  sphérique  et  représentant  l'horizon. 
A  son  tour,  cet  horizon  supporte  un  méridien  qui  peut  s'incliner  dans  son 
plan,  pour  correspondre  à  une  latitude  quelconque  et  qui,  par  le  moyen 
d'un  axe  diamétral,  porte  dans  son  intérieur  un  système  de  deux  cercles 
concentriques  et  rectangulaires  :  l'un  de  ceux-ci  est  un  second  méridien, 
l'autre  l'équateur.  La  sphère  est  suspendue  à  un  second  axe,  diamétral 
aussi,  qui  est  porté  par  le  second  méridien  et  qui  fait,  avec  le  premier  axe, 
un  angle  variable  que  l'on  peut  rendre  égal  à  l'obliquité  de  l'écliptique. 
Le  mouvement  autour  du  second  axe  est  commandé  par  un  engrenage 
conique  placé  au  pôle  sud  de  l'écliptique  et  qui  permet  de  commander  et 
d'arrêter  à  volonté  le  mouvement  autour  de  ce  second  axe;  ce  mouvement 
étant  ainsi  arrêté,  le  globe  ne  peut  être  déplacé  qu'autour  du  premier  axe, 
et  alors  sa  rotation  figure  le  mouvement  diurne. 

Pour  avoir  égard  à  la  précession,  il  suffit  de  libérer  la  sphère  dans  le 
second  méridien  et  de  la  placer  dans  la  position  correspondant  à  l'époque 
considérée. 

A  l'exception  de  l'horizon,  qui,  soutenu  par  du  bois,  est  plus  mince, 
ces  divers  cercles  ont  12™"'  d'épaisseur  et  20'"'"  de  largeur:  tous  sont 
divisés. 


NAVIGATION  .MARITIME  ET  AÉRIENNE.  —  M.  L.  Fa\é,  en  faisaul  hommage  à 
l'Académie,  de  Gra/i/nVjites  destinés  éi  la  détermination  des  Routes  orlho- 
di-omiques,  s'expriuie  comme  il  suit  : 

Pour  tracer  sur  les  cartes  marines,  en  projection  de  Merralor,  la  route 
d'un  point  à  un  autre,  on  joint  d'ordinaire  ces  points  par  une  droite.  La 

('  )  Séance  du  i\  janvier  1921 . 


SÉANCE  nu  3l  JANVIER  1921.  253 

courbe  qui,  sur  la  sphère  terrestre,  correspond  à  cette  droite,  n'est  pas  la 
plus  courte  de  celles  que  l'on  peut  tracer  entre  ces  points,  car  c'est  une  Io.vd- 
dromie,  et  non  un  arc  de  grand  cercle. 

On  peut  réaliser  une  économie  de  temps  cl  de  combusliMe,  notable  pour 
de  longs  parcours,  en  faisant  suivre  au  navire,  non  plus  la  loxodromic  mais 
l'arc  de  grand  cercle  auquel  on  a  donné  le  nom  de  route  orlhodromique. 

Le  tracé  de  ces  arcs  et  la  détermination  des  angles  de  route  reposent  sur  la 
résolution  de  triangles  sphériques.  On  s'est  ingénié  depuis  longtemps  à 
remplacer,  pour  cette  application,  le  calcul  logarithmique  par  des  procédés 
plus  simples  et  plus  rapides;  aucun  d'entre  eux  n'est  devenu  d'un  usage 
général. 

Pour  la  navigation  aérienne,  le  gain  de  temps  et  l'économie  de  combus- 
tible sont  également  d'une  haute  importance  et  la  simplification  du  tracé  de 
la  route  la  plus  courte  n'est  pas  d'un  intérêt  moindre.  L'un  des  procédés 
entre  lesquels  on  a  le  choix  consiste  à  substituer  à  la  projection  de  Mercator 
la  projection  centrale  ou  gnomonique,  sur  laquelle  tout  grand  cercle  est 
représenté  par  une  droite;  cette  solution  paraît,  au  premier  abord,  convenir 
particulièrement  à  cette  application.  Des  cartes  ont  été  établies  dans  ce  sys- 
tème de  projection  en  1878,  par  le  commandant  Hilleret,  et  il  semble  facile 
de  les  modifier  et  de  les  compléter  pour  répondre  aux  besoins  de  la  navi- 
gation aérienne. 

Mais  on  reconnaît,  par  une  étude  détaillée,  qu'aux  inconvénients  qui  ont 
empêché  ce  procédé  de  prendre  l'extension  que  paraissait  comporter  son 
élégance,  s'en  ajoutent  d'autres  résultant  de  ce  que  les  parcours  à  envisager 
ne  sont  plus  limités  aux  océans. 

La  solution  nouvelle  consiste  dans  l'emploi  d'une  feuille  transparente 
sur  laquelle  sont  tirées  des  courbes  cotées  représentant,  en  projection 
de  Mercator,  une  série  de  grands  cercles  coupant  l'équatcur  aux  extrémités 
d'un  même  diamètre.  Si  cette  feuille  est  appliquée  sur  un  planisphère 
représentant  l'ensemble  du  globe  dans  ce  même  système  de  projection, 
de  façon  que  les  droites  équatoriales  coïncident,  une  translation  latérale 
permet  d'amener  les  points  de  départ  et  d'arrivée  marqués  sur  le  plani- 
sphère, à  se  trouver  sous  une  même  courbe.  Cette  courbe  est,  en  général, 
située  entre  deux  de  celles  qui  sont  tracées,  dont  on  fractionne  facilement 
l'intervalle  à  vue,  avec  une  approximation  suffisante  si  elles  sont  assez  rap- 
prochées. En  opérant  par  tâtonnement,  on  amène  très  rapidement  le  gra- 
phique à  la  position  voulue  et  l'on  peut,  soit  décalquer  l'arc  de  courbe  utile 
sur  le  planisphère,  soit  en  relevant  les  coordonnées  géographiques  d'un  cer 
tain  nombre  de  ses  points,  le  reporter  sur  une  carte  quelconque. 


254  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Une  deuxième  famille  de  courbes  d'une  autre  couleur  permet,  d'une 
part,  de  mesurer  la  distance  ortliodromique:  d'autre  part,  par  un  artifice 
très  simple,  de  déterminer  l'angle  de  roule  avec  une  exactitude  plus  grande 
que  par  une  mesure  directe  au  rapporteur. 

Un  premier  graphique  s'applique  à  un  planisphère  spécial  embrassant 
l'ensemble  du  globe,  sauf  les  régions  polaires;  un  second  se  rapporte  au 
planisphère  terrestre  en  trois  feuilles,  publié  antérieurement  par  le  Service 
Hydrographique,  qui  convient  particulièrement  à  l'étude  des  itinéraires 
aériens. 

La  route  la  plus  courte,  au  point  de  vue  géométrique,  n'est  pas  toujours 
celle  qu'il  convient  de  suivre,  mais  on  peut  poser  en  principe  qu'il  est 
nécessaire  en  navigation  maritime  à  vapeur  et  même  à  voile,  ainsi  qu'en 
navigation  aérienne,  de  la  prendre  comme  base  de  discussion  pour  trouver 
l'itinéraire  le  plus  avantageux.  L'économie  qu'elle  permet  de  réaliseï- peut 
sembler  négligeable  pour  de  courts  trajets,  mais  il  faut  remarquer  qu'elle 
se  multiplie  par  le  nombre  des  voyages  et  qu'elle  augmente  plus  rapide- 
ment que  la  distance  à  franchir.  Les  avantages  de  la  navigation  aérienne 
seront  d'ailleurs  d'autant  plus  grands  que  l'on  pourra  effectuer,  sans 
escales,  des  trajets  de  plus  en  plus  longs. 

Pour  réaliser  des  économies  dont  l'importance  deviendra  de  plus  en  plus 
sensible,  les  marins  et  les  navigateurs  de  l'air  doivent  ne  négliger  dans 
aucun  cas  la  considération  de  l'orthodromie;  les  nouveaux  graphiques 
leur  apportent,  à  cet  effet,  toutes  facilités. 

Ces  graphiques  se  prêtent  à  une  autre  application. 

Les  rayons  hertziens  suivent  sur  la  surface  de  la  Terre,  abstraction  faite 
des  perturbations,  des  arcs  de  grands  cercles.  La  délermination  de  l'orien- 
tation à  donner  aux  appareils  pour  l'émission  et  la  réception  des  signaux 
de  T.  S.  F.  s'effectue  au  moyen  de  ces  graphiques  avec  une  grande  facilité. 
et  ils  seront  d'un  emploi  avantageux  pour  l'élude  et  la  pratique  de  la  radio- 
goniométrie. 


BOTANIQUE.  —  Observations  sur  une  Aligne  citllivér  à  V obscurité 
depuis  huit  ans.  Note  de  \l.  A. -P.  Daxgeaud. 

On  sait  qu'une  plante  verte  conservée  à  l'obscurité  s'étiole,  perd  sa 
chlorophylle  et  ne  renferme  plus  au  bout  d'un  certain  temps  que  des 
pigments  carotinoïdcs  :  c'est  le  cas  de  la  Barbe  de  capucin. 

D'autre  part,  il  est  facile  de  constater  qu'une  graine  qui  germe  en 


SÉANCE  DU  3t  JANVIER  I921.  255 

l'ahsence  de  lumière  fournit  une  [)lantule  qui  reste  incolore,  tant  que  la 
radiation  n'intervient  pas. 

La  production  de  la  chlorophylle  semble  donc  liée  d'une  ra(;on  étroite 
et  même  nécessaire  à  l'aclion  de  la  lumière. 

Il  existe  pourtant  d'assez  nombreuses  exceptions  à  cette  règle  :  ainsi  cer- 
tains végétaux,  comme  les  Fougères  et  plusieurs  Algues  {ChloreUa,  Scene- 
desrnus,  Stichococcus)  conservent  leur  couleur  verte  à  Tobsourité. 

Ce  verdissement  chez  les  Algues  privées  de  lumière  a  été  signalé  déjà 
par  un  certain  nombre  d'auteurs  (Artari,  Radais,  Malruchot  et  Molliard, 
Chodat,  Kufferath)  :  il  y  avait  place  cependant  pour  une  expérience  de 
longue  durée  du  genre  de  celle  dont  je  vais  maintenant  indiquer  les  prin- 
cipaux résultats. 

La  culture  initiale  du  Scenedesmiis  aculiis  m'a  été  fournie  aimablement 
par  notre  confrère,  le  professeur  Chodat  de  Genève  :  les  cultures  que  je 
présente  aujourd'hui  à  l'Académie  proviennent,  par  repiquages  successifs 
opérés  tous  les  deux  ou  trois  mois,  d'une  culture  placée  à  l'obscurité  com- 
plèle  le  9  janvier  1913  :  comme  les  repiquages  sont  efîeclués  en  quelques 
secondes  et  à  tâtons,  on  peut  dire  que  les  milliers  de  générations  qui  se  sont 
succédées  dans  les  différents  milieux  nutritifs  employés  n'ont  jamais  reçu 
de  lumière  depuis  huit  ans  :  or  ces  cultures  sont  aussi  vertes  que  celles  qui 
ont  été  conservées  à  la  lumière  et  d'autre  part  l'examen  du  spectre  d'absorp- 
tion de  la  chlorophylle  ne  montre  aucune  différence  dans  les  deux  séries. 

Après  une  expérience  aussi  longue,  on  peut  donc  affirmer  que  la  chlo- 
rophylle, chez  le  Scenedcsiniis  aciitus  se  forme  en  l'absence  d'une  action 
proche  ou  lointaine  de  la  lumière  :  on  pourra  cujiwer  cette  Algue  indéfini- 
ment à  l'obscnrité  sans  quelle  cesse  d'être- verte^  à  condition  bien  entendu  de 
lui  fournir  un  milieu  nutritif  favorable . 

Tous  les  milieux  de  culture  ne  conviennent  pas  à  une  expérience  de  ce 
genre;  celui  auquel  je  me  suis  arrêté  en  utilisant  les  renseignements 
fournis  par  Grintzesco  et  Chodat  est  constitué  de  la  manière  suivante  :  Eau 
distillée,  1000»;  nitrate  de  calcium.  0^,5;  chlorure  de  potassium,  o^jS;  sul- 
fate de  magnésium,  o»,5;  phosphate  de  potassium,  o",5;  sesquichlorure  de 
fer,  traces;  glucose,  i  pour  100;  peplone,  0^,8;  le  tout  rendu  solide  par 
2  pour  100  de  gélose.  Il  est  bon  de  temps  en  temps  d'utiliser  un  milieu 
liquide  :  on  supprime  alors  simplement  la  gélose. 

En  augmentant  la  dose  de  glucose,  on  obtient  des  colonies  étiolées,  plus 
ou  moins  incolores  :  il  arrive  également  qu'avec  la  dose  normale,  le  centre 
des  colonies  âgées  soit  incolore;  mais  un  nouveau  repiquage  remet  les 
choses  en  état. 


256  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Le  Scenedcsnius  se  reproduit  vraisemblablement  au  moins  une  fois  par 
24  heures.  Dans  mes  cultures,  la  nutrition  liolopbylique,  c'est-à-dire  Fassi- 
railalion  du  carbone  de  CO-  sous  Tinlluence  de  la  radiation  a  donc  été 
suspendue  au  cours  de  ces  huit  années  d'obscurité,  pour  des  milliers  de 
générations. 

Il  était  dès  lors  intéressant  de  voir  dans  quelles  conditions  la  fonction  se 
rétablirait  à  nouveau  en  présence  de  la  lumière;  or,  j'ai  pu  constater  que  le 
dégagement  d'oxygène,  en  milieu  liquide,  se  produit  déjà  parfois  à  la 
lumière  électrique  au  bout  de  5  heures  d'exposition,  d'où  cette  conséquence 
un  peu  inattendue  : 

La  disparition  complète  de  la  fonction  chlorophyllienne  pendant  des  années 
n'a  pas  en  plus  d'effet  sur  l'Algue  que  les  quelques  heures  d'obscurité  à  laquelle 
elle  est  soumise  chaque  nuit  dans  la  nature.  Cette  constatation  n'est  guère  en 
accord  avec  tout  ce  que  nous  savons  par  ailleurs  des  effets  du  non-usage 
d'une  fonction  chez  les  êtres  'vivants. 

Les  modifications  dans  la  morphologie  de  l'Algue  et  sa  structure  sont 
très  profondes  et  nombreuses  :  beaucoup  sont. dues  à  l'influence  d'un 
milieu  nutritif  solide;  d'autres  résultent  de  l'absence  de  lumière.  Il  est 
difficile,  sinon  impossible,  de  faire  la  part  exacte  de  chaque  facteur  dans 
les  changements  observés  ;  mais  ces  caractères  nouveaux  ne  possèdent 
aucune  fixité  :  ils  disparaissent  rapidement  sitôt  que  l'Algue  est  replacée 
dans  son  habitat  ordinaire  ou  simplement  en  milieu  nutritif  Hquide:  leur 
étude,  surtout  celle  qui  concerne  les  variations  de  structure,  est  cependant 
fort  instructive. 

La  structure  normale  du  Scenedcsnius  acutus  comporte  des  colonies 
de  deux,  quatre  ou  huit  cellules  associées  latéralement  (L  fig-  i)  :  ces 
cellules  sont  allongées  en  pointe  à  leurs  deux  extrémités,  d'où  le  nom  de 
l'espèce.  Sous  la  membrane,  on  trouve  un  cytoplasme  qui  renferme, 
comme  dans  toute  cellule  végétale  ('),  un  plnstidome  avec  phistes  C,  un 
vucuorne  avec  me tachromatine  et  corpuscules  mètachromatiques  et  un  sphé- 
rome  avec  microsonies  :  le  noyau  qui  est  situé  d'ordinaire  au  milieu  du 
cytoplasme  comprend  une  membrane  nucléaire,  un  nucléole  cential  et  un 
nucléoplasme  homogène  ou  finement  granuleux  (L  fîg-  2). 

he  plastiJome  est  représenté  par  un  chlomplaste  unique  C  disposé  laté- 
ralement et  occupant   une  partie  plus  ou  moins  grande  de  la  cellule  :  il 


C)  l'.-A.  DAMîEAnD,  Sur  la  distinction  du  ciiondriome  des  auteurs  en  vacuonie 
plaslidome  et  spliéronie  {Comptes  rendus,  X.  !()!),  1919,  p.  loo"));  La  structure  de  la 
ellule  végétale  et  son  mctaholisnie  (Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  709). 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  267 

renferme  en  son  centre  un  pyrcnoïde  entouré  d'une  couche  d'amidon  : 
à  Pintérieur  du  plaste  et  selon  les  conditions  de  l'assiniilalion  chloropliyl- 
lienne,  on  trouve  ou  non  des  granules  amylacés. 

Le  spliéromc  comprend  un  petit  nombre  de  microsomi's  réfringents  Mt  qui 
sont  susceptibles  de  se  transformer  en  i;lobulcs  d'huile. 


Le  vdcuome  mérite  un  examen  spécial,  car  il  ressemble  tout  à  fait  à  celui 
que  j'ai  observé  chez  beaucoup  d'Algues  unicellulaires  {Chlamydomonas 
Gonium,  etc.).  Le  bleu  de  crésyl  fait  apparaître  dans  le  cytoplasme  un 
nombre  variable  de  sphérules  métachromaliques  de  grosseur  différente. 
Ces  sphérules  M  correspondent  à  des  vacuoles  élémentaires  dont  le 
contenu  est  dense  et  formé  de  métachromatine  en  solution  colloïdale  :  ce 
sont  donc  des  métachromes. 

On  sait  que  ces  métaclH-omes,  dans  les  cellules  végétales,  s'allongent 
ordinairement  en  bâtonnets  ou  en  filaments  qui  s'anastomosent  ensuite  en 
réseau  avant  de  s'unir  pour  donner  les  vacuoles  ordinaires  :  ici,  chez  le 


258  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Scenedesmux,  l'évolution  du  vacuome  s'arrête  au  stade  des  inétacliromes  de 
forme  sphérique.  Je  n'ai  vu  qu'une  fois  les  niétacliromes  s'allonger  en  fila- 
ments plus  ou  moins  contournés  :  il  s'agissait  d'une  culture  sur  agar  glu- 
cose, venant  de  lobscurité  et  placée  à  la  lumière,  après  addition  du  liquide 
nutritif  indiqué  ci-dessus.  Le  nombre  des  métacliroines  et  leur  grosseur  scfnt 
très  variables  :  à  l'intérieur,  il  ne  se  forme,  sous  l'influence  du  colorant 
vital,  qu'un  seul  corpuscule  mélachromatique  qui  se  confond  avec  la  vacuole 
ou  ne  s'en  trouve  séparé  que  par  un  mince  intervalle;  assez  rarement  et 
seulement  avec  des  vacuoles  plus  grosses,  en  nombre  réduit,  il  y  a  préci- 
pitation de  plusieurs  corpuscules  métacliromatiques. 

La  multiplication,  chez  le  Sccncdrsmus  acutus,  a  lieu  de  la  manière  sui- 
vante :  dans  chaque  cellule,  le  noyau  se  divise  suivant  l'axe  et  une  cloison 
médiane,  perpendiculaire  à  cet  axe,  intervient  qui  sépare  le  corps  en  deux 
moitiés  ;  chaque  moitié  s'allonge  de  façon  à  devenir  progressivement  paral- 
lèle à  la  seconde  moitié.  Si  la  paroi  de  la  cellule  mère  se  gélifie  à  ce  stade, 
on  a  une  colonie  de  deux  individus  qui  restent  accolés. 

Le  plus  souvent,  chacune  des  moitiés  subit  également  une  division  trans- 
versale, d'où  l'aspect  si  fréquent  des  cellules  mères  en  division  (  I,  /ig.  6)  ; 
chacune  des  quatre  cellules  ainsi  formées  s'allonge  suivant  l'axe;  lorsque 
la  membrane  de  la  cellule  mère  se  gélifie,  les  quatre  cellules  filles  s'étalent 
sur  un  même  plan,  en  restant  parallèles,  d'où  la  forme  si  curieuse  des  colo- 
nies ([,/7^.  3-7). 

Pendant  ceU3  multiplication,  la  division  du  noyau  est  accompagnée  par 
Cille  du  chloroplastaet  la  cellule  mère,  comme  les  cellules  filles,  possèdent 
de  nombreux  métachromes  dans  leur  cytoplasme. 

Dans  les  cultures  conservées  à  l'obscurité,  les  modifications  qui  portent 
sur  la  morphologie  des  cellules  et  leur  strucluie  se  retrouvent  pour  la 
plupart  dans  les  cultures  ordinaires  maintenues  à  la  lumière  :  seule,  la 
disparition  du  pyrénoïde  semble  être  en  rapport  direct  avec  l'absence  de 
lumière. 

Si  celte  disparition  du  pyrénoïde  était  devenue  définitive,  on  aurait 
obtenu  par  ce  séjour  prolongé  de  l'Algue  à  l'obscurité  une  espèce  ou  tout 
au  moins  une  variété  nouvelle  :  or,  il  n'en  est  rien  :  duns  les  cultures  replacées 
à  la  lumière  et  en  milieu  liquide^  le  pyrénoïde  fait  son  a/jparition  dés  le  qua- 
trième Jour  chez  quelques  cellules  :  au  bout  d'une  dizaine  île  jours,  tous  les 
inelividus  en  sont pounus. 

La  conclusion  importante  qui  se  dégage  de  cette  observation,  au  point 
de  vue  de  la  systématique  est  celle-ci  :  I. a  présence  ou  l'absence  de  pyrénoïde 


SÉANCE    DU    3l    JANVIER    1921.  2,59 

dans  une  Algue  constitue  un  caractère  systématique  de  premier  ordre,  à  condition 
que  celle-ci  soit  étudiée  dans  son  liahitat  ordinaire. 

Les  variations  d'ordre  morphologique  qui  se  produisent  clicz  le  Sccnedes- 
nnis  acutus  avec  les  différents  milieux  nutritifs  employés,  ont  été  trop  bien 
décrits  par  Chodat  pour  qu'il  soit  nécessaire  .d'y  revenir  ici  puisque 
l'obscurité  ne  semble  pas  intervenir  comme  un  facteur  important;  je  me 
contenterai  donc  d'étudier  les  principales  modifications  qui  portent  sur  la 
structure  cellulaire. 

hes  cidlures  sur  carotte  à  l'obscurité  qui,  au  début,  fournissaient  rapide- 
ment de  belles  colonies,  sont  devenues  par  la  suite  presque  impossibles 
à  réaliser  :  après  les  réensemencements,  les  colonies  restaient  microsco- 
piques. 

En  général,  les  cellules  de  forme  ovale  ou  même  complètement  sphériques 
sont  hypertrophiées,  volumineuses  :  la  meml>rane  s'est  épaissie  fortement 
montrant  parfois  des  stries  concentriques  :  elle  se  colore  par  le  vert  d'iode 
et  par  le  bleu  de  crésyl,  prenant  avec  ce  dernier  réactif  une  couleur  rouge 
vineux  :  le  chloropilaste  plus  ou  moins  décoloré  contient  de  nombreux 
grains  amylacés  (')  ;  les  métachromes  sont  également  nombreux  dans  le 
cytoplasme;  certains  individus  renferment  un  grand  nombre  de  chloro- 
plastes  distincts  chargés  de  granules  d'amidon  :  on  trouve  çà  et  là  des 
sporanges  donnant  naissance  à  quatre,  huit  ou  seize  spores  (\\,  fig.  i-3). 

Parfois,  dès  le  quinzième  jour,  les  cellules  se  trouvent  arrêtées  dans  leur 
multiplication  :  elles  sont  devenues  sphériques  el  ont  subi  une  sorte  d'en- 
kystement;  le  chloroplaste  unique  est  très  développé,  presque  incolore; 
comme  dans  tous  les  cas  de  décoloration,  la  teinte  verte  est  visible  seule- 
ment autour  de  certains  grains  amylacés,  que  l'on  pourrait  j>rendre  faci- 
lement pour  des  chloroplastes  distincts;  les  métachromes,  nombreux  et 
assez  gros,  remplissent  le  cytoplasme  (II,  fig.  5).  Beaucoup  de  ces  indi- 
vidus renferment  plusieurs  noyaux  et  montrent  à  leur  intérieur  des  prolon- 
gements internes  de  la  membrane,  métachromatiques  comme  elle  et  très 
irréguliers  (II, //,!>■.  5). 

Les  cultures  ordinaires  sur  gélose  à  l'obscurité  sont  restées  jusqu'ici  vigou- 
reuses: elles  fournissent  assez  rapidement  de  belles  colonies. 

Dans  les  colonies  jeunes,  tous  les  individus  ont  une  belle  couleur  verte 


(')  Il  est  nécessaire  de  noter  que  par.toiit,  dans  ces  cultures,  l'amidon  ne  pi-ésente 
pas,  avec  les  réactifs  iodés,  une  couleur  bleue,  mais  une  teinte  rougeàlre  qui  est  celle 
de  l'amylodextrine. 


26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(III, //i,''.  8-10),  le  chloroplasie  est  souvent  fragmenté  en  4,  8,  iG,  3a  cor- 
puscules discoïdes  à  contour  irrégulier  (l\l,  /ïg.  2-4);  cliacun  d'eux  est 
parfois  rempli  de  nombreux  petits  grains  amylacés  serrés  les  uns  contre  les 
autres.  Ces  individus  à  nombreux  chloroplastes  se  transforment  par  des 
divisions  plus  ou  moins  simultanées  de  leur  contenu  en  sporani;es  à  4,  8, 
16  ou  même  32  spores  (III,  /ig.  3-G),  de  nombreux  métacliromes  sont 
visibles  dans  chaque  cellule. 

Sur  des  cultures  âgées,  le  centre  est  occupé  par  des  cellules  plus  ou  moins 
incolores,  avec  seulement  quelques  granules  amylacés  et  parfois  un  cristal 
de  Caroline;  on  ne  dislingue  plus  sur  le  vivant  aucune  différence  entre  le 
ehloroplaste  et  le  cytoplasme  (III,  //i,'\  12);  l'emploi  du  colorant  vital 
permet  de  reconnaître  ce  dernier,  en  y  rendant  visibles  les  métachromes, 
alors  que  les  granules  d'amidon  sont  localisés  dans  le  plaste.  Dans  la  zone 
de  bordure  qui  est  restée  verte,  les  cellules,  pour  îa  plupart,  montrent  les 
caractères  qu'elles  ont  dans  les  colonies  jeunes. 

Des  cultures  anciennes  m'ont  permis  de  rencontrer,  au  milieu  d'indi- 
vidus de  toutes  dimensions,  des  cellules  sphériques  à  membrane  épaisse, 
atteignant  une  taille  considérable,  et  renfermant  des  grains  d'amidon 
relativement  énormes  (lll,/îg.  i3);  ces  grains  d'amidon  ont  le  volume 
des  petits  individus  {lll,  Jig.  l/^),  quelques-unes  possèdent  encore  un  peu 
de  chlorophylle,  certaines  sont  incolores,  elles  renferment  toutes  de  la 
métachromat?ne  en  abondance,  et  parfois  plusieurs  noyaux;  cette  produc- 
tion exagérée  d'amidon  est  due,  évidemuient,  à  une  rupture  d'équilibre 
dans  les  phénomènes  de  nutrition. 


M.  Edmond  Peruikii  offre  à  l'Académie  un  A  olumc  qu'il  a  consacré  à  la 
Terre  avant  r Histoire.  Dans  ce  Volume  sont  étudiées  successivement, 
d'après  les  données  actuelles  de  la  Science,  la  naissance  de  la  Terre,  les 
transformations  successives  des  continents  et  des  mers  et  les  conditions 
d'apparition  de  la  vie.  11  est  difficile  de  contester  aujourd'hui  ([ue  les  êtres 
vivants  aient  lentement  évolué  et  que  les  formes  actuelles  descendent  de 
formes  antérieures  qui  se  sont  lentement  modifiées  et  dont  beaucoup  ont 
disparu.  Les  causes  de  leur  évolution  ou  de  leur  disparition  commencent 
à  être  connues;  un  Chapitre  a  donc  été  consacré  à  l'exposé  des  principes 
d'une  généalogie  explicative  des  organismes,  principes  qui  ont  été  d'abord 
appliqués  à  l'histoire  de  la  formation  des  grands  types  de  végétaux.  Sont 
ensuite  étudiés  les  animaux  lamifiés  fixés  au  sol  et  les  animaux  libres  dont 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  IQîf.  261 

le  corps  est  segmenté;  viennent  après  les  animaux  dont  l'organisme  a  été 
profondément  remanié  à  la  suite  de  changements  d'altitude  et  qui  sont  tous 
issus  dos  vers  annelés,ce  sont  les  Echinodermes  couchés  sur  le  cùlé gauche, 
les  Mollusques  descendant  d'animaux  nageurs  le  dos  en  bas,  les  Vertébrés 
et  los  Tuniciers  descendant  de  V Amplno.rus  d'abord  pleuronecte,  puis  se 
renversant  de  manière  à  faire  de  sa  face  ventrale  et  réciproquement,  comme 
l'avait  pressenti  M.  (îeofTroy  Saint-Milaire,  en  raison  de  la  tachygénèse  du 
système  nerveux.  L'histoire  du  peuplement  de  la  haute  mer  et  des  conti- 
nents fait  l'objet  de  Chapitres  spéciaux,  el  un  exposé  de  la  faune  et  de  la 
llore  aux  diverses  époques  géologiques  termine  l'Ouvrage. 

PHYSIQUE.  —  Le  diamèlre  rectiligne  de  F  hydrogène. 
Note  de  MM.  E.  Mathias,  C.-A.   Crommeli.v  et  H.  Kameri.i\gu  Ox.ves. 

1.  Nous  avons  mené  à  bien,  au  laboratoire  cryogène  de  Leyde,  l'élude  de 
la  courbe  des  densités  de  Fhydrogène  entre  le  point  critique  (  —  aSg^jQi  G.) 
et  le  point  d'ébuUition  (  —  aSa^j^G  C).  Des  études  antérieures  avaient 
déterminé  les  densités  du  liquide  entre  le  point  d'ébullilion  et  le  point  de 
solidification  ('),  ainsi  que  la  température  et  la  pression  critiques  (-). 

2.  Nos  appareils  étaient  à  peu  près  les  mêmes  que  dans  les  recherches 
qui  viennent  d'être  mentionnées  et  auxquelles  nous  renvoyons  pour  les 
questions  de  détail.  Le  cryostat  seul  différait  essentiellement  des  bains  de 
liquides  employés  dans  les  recherches  portant  sur  d'autres  gaz.  Comme  il 
n'existe  pas  de  corps  bouillant  sous  la  pression  atmosphérique  et  les  pres- 
sions plus  faibles  entre  —  289°, 91  C.  et  —  252", 66  C.  ('),  nous  avons  fait 
usage  d'un  cryostat  à  vapeur  d'hydrogène  surchauffée,  dans  lequel  la 
vapeur  d'hydrogène,  obtenue  par  l'évaporalion  du  gaz  liquéfié,  est  chauffée 
au  moyen  d'un  courant  électrique  (')•  Grâce  à  un  réglage  automatique  du 
courant,  nous  avons  pu  maintenir  la  température  constante  à  o°,oi  près 
pendant  plusieurs  heures  consécutives. 

(')  II.  Kamerlingh  Onnes  el  C.-A.  Crommelin,  Communications  fro/n  llie  phrsical 
Laboralory  of  Leide/i,  11°  137  a  (  Versl.  Kon.  AI;.  Amsterdam,  juin  igiS). 

('-)  II.  IvAMEiiLiNGH  Onnes,  C.-A.  Cro.mmelix  el  P. -G.  Catii,  Comm.,  n"  loi  c  {Versl. 
Kon,  Ak.  Amsterdam,  mai  1917). 

{")  Le  néon  excepté.  Mais  ce  corps  n'est  utilisable  que  dans  un  très  petit  intervalle, 
entre  — 2^5°, 92  G.,  son  point  délïullition,  et  — 249°,  76  son  point  de  solidification. 

(')   II.  KAiiiiiiLiXG  OxNES,  Comm.,  n°  \o\  a  {Versl.  AI;.  Amsterdam,  fi'\rier  1917)- 


262  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  températures  ont  été  déterminées  à  Taide  de  deux  thermomètre?  à 
rêsislance  de  platine  comparés  directement  au  thermomètre  à  liélium  dans 
le  même  cryostat. 

L'hydrogène,  originaire  des  appareils  utilisés  pour  la  litjuéfaclion  de  ce 
gaz,  purifié  et  distillé  à  sa  température  d'ébuUition,  pouvait  être  considéré 
comme 'absolument  pur.  La  série  entière  de  nos  déterminations  a  exigé  la 
préparation  d'environ  170'  d'hydrogène  liquide  et  d'environ  l\oo^  d'air 
liquide. 

Nous  avons  admis  pour  le  poids  d'un  litre  d'hydrogène  dans  les  condi- 
tions normales  le  nombre  de  Morley,  soit  o'^joSgS'yS. 

3.  iSous  avons  réuni  dans  le  Tableau  suivant  les  nombres  trouvés  pour 
les  densités  0  et  0'  du  liquide  et  de  la  vapeur  saturée  à  la  même  tempéra- 
ture 0  (échelle  absolue  thermodynamique)  et  pour  l'ordonnée  v  du  dia- 
mètre. JNous  y  avons  joint  les  nombres  concernant  la  région  de — 253"  C. 
à  — 259''C.  déterminés  en  iQiS  par  deux  d'entre  nous,  l'ensemble  étant 
utilisé  pour  le  calcul  du  diamètre  rectiligne. 


<) 

1' 

.1- 

(0l)S.) 

y  (obs.) 

en  ileg.  C. 

en  .lej:.  K. 

ô(o1js.). 

S'(obs.).  ,1 

i(ol,S.).    1 

i-rcalc). 

—r 

(cale). 

->■  (' 

calc). 

—'240,07 

32°  52 

0,043 16  ' 

i),oi92'.  o,()3i  19  1 

i),o3i  38 

— 0 

,00009 

— c 

r  100 
'.29 

—24.,  83 

' 31,26 

5ooi 

i366 

3i84 

3178 

-H 

06 

-1- 

'9 

— 243,03 

3o,o6 

54oi 

loSi 

3241 

3225 

-h 

16 

-t- 

49 

-244,3o 

^^8.79 

5740 

0S06 

3270 

3275 

~ 

0! 

— 

06 

—245,73 

27,36 

6o5o 

061 3 

3332 

333 1 

-h 

01 

+ 

o3 

—247.79 

25, 3o 

6416 

o4o5 

34 1 1 

34 1  i 

— 

01 

— 

o3 

-249.89 

2  3,20 

6724 

0264 

3494 

3495 

— 

01 

— 

o3 

—252,68 

20,  4  I 

7081 

oi35 

36oS 

36o5 

-+- 

•  o3 

H- 

oS 

— 353,24 

'9,H5 

7,37 

01  16 

0627 

36',  7 

00 

00 

-253,76 

.9.33 

7192 

0101 

3647 

3648 

— 

01 

— 

o3 

—205,19 

'7-90 

7344 

0064 

3704 

3704 

00 

00 

—  255,9() 

17,10 

742. 

0049 

3736 

3735 

-1- 

01 

-1- 

o3 

-256,75 

16,34 

7^9^ 

oo38 

3766 

3765 

-+- 

01 

-H 

o3 

— 257,23 

1 5 ,  86 

7538 

oo3i 

3784 

3784 

•  00 

00 

-2.58,27 

14,82 

763 1 

0020 

3826 

3825 

-)- 

01 

-1- 

o3 

Les  valeurs  calculées  de  l'ordonnée  du  diamètre,  déduites  des  valeurs 
observées  par  la  méthode  des  moindres  carrés  en  laissant  de  côté  les  trois 
valeurs  les  plus  proches  du  point  critique,  sont  données  par  la  formule 

V  (cale.)  =-r  —  o,o63  5 10  —  0,000  39']  02 9. 


SÉANCE    DU    3l    JANVIER    192I.  203 

Le  coefficient  iiiigulairc  du  diamètre  est 

a.  -- —  0,000  394  02  ; 

c'est  la  plus  petite  valeur  qu'on  ail  jamais  trouvée. 

La  formule  du  diamètre  donne,  à  la  température  critique  —  2^9", 91  C, 
pour  la  densité  critique  :  A  =  o,o3. 

Le  coefficient  critique 

H0A       „      „ 


(0  =  température  critique  absolue,  -  =  pression  critique,  R  =•  constante 
des  gaz)  fournit  aussi  la  plus  petite  valeur  de  cette  grandeur. 

4.  Les  déviations  du  diamètre  sont  pour  la  plupart  petites  etne  dépassent 
guère  j-^,  en  sorte  que  nous  pouvons  conclure  que  l'hydrogène  obéit  à  la 
loi  du  diamètre  rectiligne.  Cependant  les  trois  points  du  diamètre  les  plus 
proches  du  point  critique  montrent  un  ensemble  d'écarts  plus  considérables 
dont  le  plus  grand  atteint  7^.  L'azote  nous  a  montré  des  déviations  du 
même  genre  et  même  beaucoup  plus  graves  (-^);  pour  l'argon,  les  dévia- 
tions conservent  le  même  caractère,  mais  sont  très  peu  prononcées. 

Nous  ne  donnerons  pas  d'explication  de  ces  anomalies.  Quoiqu'il  soit 
possible  qu'il  y  ail  de  petites  déviations,  il  nous  parait  bien  plus  probable 
que  les  déviations  constatées,  à  cause  même  de  leur  allure,  ont  leur  cause 
dans  quelque  défaut  de  la  méthode,  peut-être  même  dans  quelque  irrégula- 
rité de  la  condensation  de  la  vapeur  contre  les  parois  du  dilatomètre, 
laquelle  se  manifesterait  principalement  au  voisinage  du  point  critique. 

5.  Les  données  que  nous  avons  obtenues,  combinées  avec  les  tensions  de 
la  vapeur  saturée,  permettent  le  calcul  de  la  chaleur  de  vaporisation  L  et  de 

la  grandeur 

f/L       L 
"'-"'  =  ^-^T' 

dans  laquelle  m  et  ««'sont  les  chaleurs  spécifiques  du  liquide  et  de  la  vapeur 
saturée  à  T".  Dans  une  Note  ultérieure  nous  donnerons  les  valeurs  de  ces 
grandeurs,  non  seulement  pour  l'hydrogène,  mais  aussi  pour  les  autres 
corps  :  l'oxygène,  l'argon,  l'azote,  dont  nous  avons  déterminé  le  diamètre. 
Ces  expériences  ont  été  faites  à  l'aide  de  la  subvention  prise  sur  le  fonds 
Bonaparte,  que  l'Académie  a  bien  voulu  attribuer  à  nos  travaux,  et  pour 
laquelle  nous  lui  exprimons  notre  gratitude. 


264  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


ELECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre 
de  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  M.  Armand  Gautier,  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  de  votants  étant  Go, 

M.  Auguste  Béhal       obtient 3-  suffrages 

M.  Albert  Colson  »       lo         » 

M.  Georges  Urbain         »       lo        » 

M.  Camille  Matignon      »       3        » 

M.  Auguste  Béhal.  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages-,  est 
proclamé  élu. 

Son    élection  sera  soumise  à  l'approbation  de    M.  le  Président  de  la 
République. 

Par  0  1  voix  contre  i  à  M.  E.  H.  Frost,  M.  Er\est  AV.   Krowx   est  élu 

Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  d'Astronomie,  en  remplace- 
ment de  M.  l'icAeri/io,  décédé. 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  .1.  Iloucii,  Le  compas  de  navigation  aèrirnne. 

■i"  Les  progrès  de  la  Chimie  rn  i;)ir).  Traduction  française  autorisée  des 
Annual  Mrpnrls  on  the  Progress  of  Chemistry  for  1919,  vol.  XIV,  issued  by 
ihe  CiiKMK.AL  So(:u:ty,  publiée  sous  la  direction  de  Andrk  Kling. 


L'Académie  des  Sciences  de  Lisbonne  adresse  l'expression  de  ses  condo- 
léances à  l'occasion  du  décès  de  M.  Armand  Gautier. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I92I.  205 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  (tiitomorphes. 
Note  de  M.  Guioo  Fubixi. 

Dans  une  Note  antérieure  (').  M.  Cî.  Giraud  cite  le  tliéorème  suivant, 
énoncé  par  moi  dans  mon  Traité  :  Introduzione  alla  teoria  dei  gruppi 
discontinui  e  délie  funzioni  automorfe. 

Un  groupe  G  de  colllnéalions  réel'es,  privé  de  transformations  infinité- 
simales, qui  transforme  en  elle-même  une  forme  quadratique  du  type 

\  =:  j'\  -\-  x:,  —  ..ri  —  j'I  —  ...  —  a;, 

(ou,  ce  qui  revient  au  même,  une  forme  réductible  au  type  précédent  au 
moyen  d'une  collinéation  réelle),  opère  d'une  manière  proprement  discon- 
tinue sur  les  points  imaginaires  de  la  quadrique  V  =  o. 

Il  trouve  que  ce  théorème  est  en  contradiction  avec  un  de  ses  résultats. 
Et  il  a  parfaitement  raison;  mais  la  contradiction  disparaît  bien  facilement. 
Il  suffit  de  répéter  dans  V  énoncé  du  théorème  une  condition,  que  je  suppose 
satisfaite  dans  ma  démonstration,  sans  l'avoir,  par  distraction,  énoncée  expli- 
citement. Dans  ma  démonstration,  on  parle,  en  effet,  seulement  des  points 
imaginaires  A  de  la  quadrique.  qui  jouissent  de  la  propriété  suivante  : 
La  variété  polaire,  par  rapport  à  la  quadrique  V,  de  la  droite  réelle  qui  passe 
par  A,  rencontre  la  quadrique  en  des  points  imaginaires.  Et  si  l'on  énonce 
explicitement  cette  condition,  dont  ma  démonstration  fait  usage,  mon 
ancien  théorème  coïncide  avec  le  théorème  découvert  récemment  par 
M.  Giraud. 

ANALYSE  MATHÉMATiQUi:.  —  Sur  une  classe  de  fonctions  multiformes. 
Note  de  M.  Théodore  Varopoulos,  présentée  par  M.  P.  Appell. 

1.  Dans  cette  courte  Note,  je  me  propose  de  préciser  et  de  compléter  les 
résultats  que  j'ai  obtenus  dans  mes  Notes  antérieures  (■)  et  surtout  d'établir 
des  classes  étendues  de  fonctions  d'un  nombre  infini  de  branches  qui 
n'admettent  qu'un  nombre  fini  de  valeurs  exceptionnelles. 

Soient  la  fonction  a  =  9(:;)  définie  par  une  équation  de  la  forme 

(I)  ¥  {z,  u)  =  \,{z)  +  \,{z)„  +  .K,{z)„'-  -\-.  .  .-^  \„{z.)u"  +  .  .  .=  0 

(')   Comptes  rendus,  t.  \~\,  1920,  p.  i365. 

(-)  (Jotnples  rendus,  t.  171,  1920,  p.  991,  i2no  et  i368. 

C.  R.,iQ-ii,i"  Semestre.  (T.  172,  N"  5.)  20 


266 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


et  e^"''''  Tordre  de  grandeur  de  la  fu/iclion  cnliére  A„(  :  )  |  /«  =  o,  i ,  2,  . . . ,  oc] 
et^^''  le  plus  grand  des  ordres  de  grandeur  de  toutes  les  fonctions  A„(;). 
Supposons  que  r'""'  décroît  lorsque  n  croit  indéfiniment,  de  sorte  que 
l'on  puisse  désigner  une  valeur  v  de  n  assez  grande  mais  fixe,  telle  que  l'iné- 
galité ii'p-v  entraine 

;J.(/■)>|J(/■;^ 

OÙ  0  >  I  quelconque,  à  partir  d'une  valeur  de  r  =  |  ^  |. 

Si  le  rapport  p^''^'^''  des  ordres  de  grandeur  des  coefficients  A,+,(;;), 
Ai{z)  tond  vers  zéro  avec  -  à  partir  d'une  valeur  /•„  de  r,  nous  aurons  l'iné- 
galité 

M,(  ;,  iij)\  <ci'-"-)'"'. 

a  étant  assez  pelil,  quel  que  soit  le  nombre  itj,  ou 

\{,  {z,ii)  =  Av+,  (  --  )  "■'+'  +  A,_^,  (  :  )  «^+2  _^  _  . 

comme  l'a  démontré    M.   Rémoundos  dans  sa  thèse   intéressante    Sur  les 

zéros  (Pline  classe  de  Jonclioiis  /ransce ridantes. 

Dans  ces  conditions,  nous  arrivons  à  l'énoncé  suivant  : 

TiiKORK.ME.  —  L'ensemble  de  râleurs  exceptionnelles  (E),  (E,),  (E.)  (')  ne 

surpasse  Jamais  v  -+-  2,  rin/ini  compris. 

En  effet,  l'élimination  des  Ponctions  A„(;),  A,  (::),  ...,  A.,(;)  entre  les 

équations 

F(c,  Hy)  =  cp,(:),  /=:  I,  2,  3,  ...,  V, 

F(.-,  uj)  =  Uj ( Oe«''--\        y  =  V  +  I ,  V  -t-  2 

(ce  qui  est  toujours  possible),  où  les  o,(-)  désignent  des  fondions  entières 
croissant  moins  vite  que  e''-''"',  nous  conduit  à  l'identité  suivante  : 

2  ff,  cp,  (  c)  +  rtv4-,  Pv+,  (-■)f''^'"''"  +  «V-H2  r*v-,-2  (  :)eU"''-"'  =^  a,Rv(  -",  ",), 

OÙ  ai  a  la  valeur  suivante  : 

I       II,       11: 


I     II,-,     ",-., 

I     iii+i     ii'f^  I 


"v  +  ! 


(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1930,  p.  991. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  267 

et  puisque  aucune  des  valeurs  '/j+d  "via  ne  fait  partie  de  rensemble  (l'".i), 
qui  comprend  ici  toutes  les  valeurs  exceptionnelles  de  //  pour  lesquelles  le 

rapport 

F(z,  II,)  :  ^"(i,  </y)  ^r  const.  ; 

d'autre  part,  les  exponentielles  e"-''*'"',  r'-' *'"'  croissent  comme  e^^''\  nous 
avons  ainsi  une  identité  qui  réalise  bien  les  conditions  exigées  par  le 
théorème  fondamental  de  M.  Borel  \^[émom'  sur  les  zéros  des  fondions 
entières  (Acfa  ruathematica.  t.  20,  1897)]. 

2.   Si  entre  les  fonctions  entières  A„(:),  A,(r),  ...,  A.,(z)  il  n'y  a  pas 
de  relations  linéaires  de  la  forme 

C„Ao(;)  +  C,A,(0+---  +  CvA,(;)  =:/(:), 

qjd  Cg,  C|,  C^,  ...,  Cv  sont  des  constantes  et  si  la  fonctionyi;)  croît  moins 
vite  que  c^''''",  a  étant  un  nombre  positif  assez  petit,  nous  aurons  le 
théorème  suivant  : 

Le  nombre  total  des  valeurs  exceptionnelles  de  In  fonction  11  =  y{~-)  dé/inie 
par  l'équation  (  1  )  ne  surpasse  jamais  v  +  2,  l'infini  compris. 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  P'arialion  d'une  trajectoire  conique  sous  V action 
d'une  résistance  de  milieu.  Note  de  M.  Alex.  Véronnet,  présentée  par 
M.  P.  Appel). 

Le  grand  axe  et  l'excentricité  sont  reliés  aux  constantes  de  la  conique  et 
aux  valeurs  r  gIv  du  rayon  vecteur  et  de  la  vitesse  en  un  point  quelconque 
par  les  formules 


Supposons  une  résistance  infinitésimale,  ou  une  percussion  directement 
opposée  à  la  vitesse  c,  qui  introduise  une  perturbation  instantanée  w'^  de  v"^. 
On  obtient  pour  les  variations  correspondantes  de  a  et  e 

La  variation  du  grand  axe  est  toujours  de  même  sens  que  celle  de  v'^  ou  v. 
Par  conséquent  une  résistance  de  milieu  a  toujours  pour  effet  de  diminuer 
le  grand  axe  d'une  trajectoire,  quel  que  soit  le  point  de  la  trajectoire  où 


268  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

elle  s'exerce,  et  quelle  que  soit  la  forme  de  cette  trajectoire.  Considérons 
d'abord  une  trajectoire  hyperbolique.  L'axe  a  est  négatif.  Si  l'eircl  delà 
résistance  persiste  et  se  renouvelle,  cet  axe  croît  en  valeur  absolue,  passe 
par  l'infini,  devient  positif,  puis  décroit  indéfiniment.  La  trajectoire  hyper- 
bolique devient  parabolique,  puis  elliptique,  et  le  grand  axe  de  cette  ellipse 
diminue  indéfiniment. 

Pour  une  hyperbole  ou  une  parabole,  oe-  a  toujours  le  signe  de  w'-  et 
l'excentricité  e  diminue  toujours  quel  que  soit  le  point  de  la  trajectoire. 
Une  trajectoire  hyperbolique,  e>>i,  devient  donc  d'abord  parabolique, 
puis  elliptique,  comme  on  l'a  vu. 

On  peut  exprimer  v'^  et  /•  en  fonction  de  l'anomalie  excentrique  ii  et, 

d'autre  part,  la  résistance  du  milieu  en  fonction  d'une  certaine  puissance  ii 

de  la  vitesse  et  inverse  d'une  puissance  //'  de  la  distance  au  centre.  On 

aura 

,    >  -  .       2rt(i  —  e'-)      ecoiii       ,  „  .  ,  i'"    , 

(2)  oe'=  — i— 01%  a,a— _/,        rfi. 

/M  I  +  ('  cos(^  /•"' 

Pour  une  ellipse,  le'-  s'annule  et  change  de  signe  pour  /■  =  a,  c'est-à-dire 
au  sommet  du  petit  ave  de  l'ellipse.  Une  résistance  de  milieu  diminue 
l'evcenlricilé  quand  elle  s'exerce  dans  la  moitié  de  la  trajectoire  qui  est  du 
côté  du  périhélie.  Elle  l'augmente,  au  contraire,  quand  elle  s'exerce  dans 
l'autre  uioitié.  Poincaré  avait  déjà  fait  remarquer  qu'il  devait  en  être  ainsi 
au  voisinage  du  péribélie  et  de  l'aphélie,  sans  déterminer  la  ligne  de  démar- 
cation. (Hypothèses  cosmogoniqiK's,  p.  i25.) 

Prenons  alors  la  variation  instantanée  oe  correspondant  à  oc-  pour  deux 
points  symétriques  du  petit  axe  (cosu  ayant  des  valeurs  égales  et  de  signes 
contraires)  et  pour  la  même  longueur  (/*.  On  obtient  la  variation  de  e  durant 

une  révolution  complète  en  intégrant  par  rapport  à  ;/  de  o  à  - 


''  "  (i  —  e-cos'//)-         - 

OÙ  l'on  a  cos«  >  o. 

Chaque  élément  d'intégration  esl  nul,  et  jjar  conséquent  aussi  oc,  si  l'on 
a  «  4-  /(' ;=  I,  c'est-à-dire  /?'=  o  et  //  =  i,  ou  /i  =  o  et  n' ^  1  comme  limites. 
L^  excentricité  d'une  orbite  elliptique  ne  varie  pas,  si  la  résistance  esl  proportion- 
nelle à  la  vitesse,  ou  inverse  de  la  distance. 

On  aura  oc  <^o  et  l'excentricité  décroit  si  n  +  n"^  i,  c'est-à-dire  «>  i 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  269 

OU  /('>  I.  On  aura  oc  >  o  et  rexcentricilé  croit  si  l'on  a  /«  +  /«'<  r  el  il  faut 
alors  «  <;  I  el  /«'<]  I.  VexcentrUlté  cVune  orbite  elliptique  tend  rers  celle  d'un 
cercle,  si  la  résistance  est  proportionnelle  à  une  puissance  supérieure  à  l'unité 
pour  la  ritesse  ou  pour  l'inverse  du  rayon.  Dans  le  cas  contraire,  rexcentricilé 
augmente  et  Vellipse  s'aplatit  de  plus  en  plus  et  tend  vers  une  droite. 

Par  exemple,  pour  «'=  o  et  «  =  2,  résistance  proportionnelle  au  carré 
de  la  vitesse,  on  a 

^  ,  ,  «s    r  '      COS-  (/  r/ii 

J      y  1 —  c'- co%-  Il 


(4) 


Dans  le  cas  limite  n  ==  «'=  o,  l'ésistance  indépendante  de  la  vitesse  et  de 
la  distance,  on  obtient  la  même  expression  pour  or,  mais  avec  le  signe 
contraire. 

On  peut  remarquer  par  le  développement  du  numérateur  de  (3)  que  oe 
est  toujours  proportionnel  à  c  comme  dans  (4  ).  La  variation  est  de  plus  en 
plus  faible  à  mesure  que  l'ellipse  tend  vers  le  cercle  (deuxième  cas),  et  de 
plus  en  plus  rapide  à  mesure  qu'elle  se  rapproche  de  la  droite  (troisième  cas). 

Dans  le  cas  d'une  orbite  circulaire,  f  =  o  et  par  conséquent  oe  =  o. 
Supposons  une  faible  perturbation  qui  donne  à  l'orbite  une  légère  excen- 
tricité. Dans  les  deux  premiers  cas,  u  -!-  n'^i,  la  résistance  du  milieu  tend 
à  détruire  cette  perturbation,  ou  ne  l'augmente  pas.  Le  moinement  circulaire 
est  stable.  Dans  le  troisième  cas  /*  +  «' <C  ij  la  résistance  tend  à  augmenter 
cette  perturbation  et  l'excentricité.  Le  mouvement  circulaire  est  instable. 

Si  l'on  désigne  par  0„  l'angle  du  grand  axe  avec  la  direction  prise  pour 
origine,  on  aura 

,..,  /'  ,  r.  r    ^  ■^r  ,  2  SI  O"  a  COS"  a   /     C-  \    ^    , 

(5)  i-=i  +  ecos  5-.9„  ,  èB,  =  e'--. ^-77^1 '     '•"' 

qui  donne  la  variation  de  la  longitude  du  périhélie,  proportionnelle  à  e'. 

On  voit  en  résumé  que  la  variation  oa  de  a  est  indépendante  de  l'excen- 
tricité e.  Celle  de  l'excentricité  e  est  multipliée  par  e  pour  une  révolution, 
celle  du  périhélie  par  e^  en  chaque  point.  Si  l'orbite  est  presque  circulaire, 
ce  seront  des  infiniment  petits  du  premier  et  du  second  ordre,  au  moins, 
par  rapport  à  oa.  Ces  variations  seraient  à  peu  près  du  même  ordre  pour 
une  orbite  très  aplatie  et  tendant  vers  une  droite. 


270  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

AÉRODYNAMIQUE.  —  Sur  les  instollatinns  exoérimcnlalcs  de  recherches 
aèrodynamiques.  Noie  de  M.  Jean  Vii.ley,  présentée  par 
M.  L.  Lecornu. 

Dans  une  Note  récente  ('),  M.  Margoulis  a  développé  des  considéra- 
tions très  suggestives  relatives  à  l'emploi  de  souf  fleries  aérodynamiques 
mettant  en  circulation  de  l'anhydride  carbonique  sous  pression  élevée  et 
à  basse  température.  Cette  méthode  expérimentale  permettrait  de  réaliser 
sur  des  modèles  réduits  des  nombres  de  Reynolds  égaux  à  ceux  des  avions 
et  dirigeables  réels  évoluant  dans  l'atmosphère.  Elle  permettrait  même 
de  réaliser  en  même  temps,  par  le  choix  convenable  de  la  température, 
entre  la  vitesse  relative.!^  du  modèle  par  rapport  au  gaz  et  la  vitesse  du 
son  k'   dans   celui-ci,  un   rapport   égal   à   celui  de  l'appareil  réel  en   vol, 

'^ 
soit  -  =  -• 

Ce  projet  fort  intéressant  mérite  d'être  examiné  dans  la  préparation  des 
programmes  de  recherches  expérimentales  relatives  à  l'aérodynamique;  il 
doit  être  envisagé  sous  deux  points  de  vue  différents  :  d'une  part,  le  point 
de  vue  utilitaire  immédiat  qui  vise  à  rendre,  si  possible,  plus  efficaces  les 
essais  pratiques  des  modèles  réduits  d'appareils  complexes;  d'autre  part,  le 
point  de  vue  scientifique,  qui  vise  à  découvrir  et  préciser  le  mécanisme  des 
réactions  aérodynamiques  sur  des  solides,  d'abord  simples,  puis  de  plus 
en  plus  complexes,  pour  en  tirer  des  lois  qui  puissent  guider  a  priori  (et 
peut-être  dans  des  voies  très  nouvelles)  la  construction  aéronautique. 

a.  Au  point  de  vue  des  essais  de  modèles  réduits,  la  première  question 
qui  se  pose  est  d'estimer  l'importance  du  bénéfice  réalisable. 

La  valeur  du  rapport  -  influe  sur  la  forme  des  ondes  élastiques  qui 

s'éloignent  du  solide;  elle  aurait  donc  une  importance  piimordiale  dans  le 
cas  où  l'énergie  dissipée  par  ces  ondes  serait  une  partie  notable  de  l'énergie 
dépensée.  En  fait,  on  s'accorde,  en  général,  à  considérer  qu'elle  n'intervient 
pas  de  façon  sensible  dans  la  valeur  de  la  résistance  pour  les  vitesses  nette- 
ment inférieures  à  la  vitesse  du  son  (ce  qui  revient  à  considérer  la  compres- 
sibililé  du  fluide  comme  prali(piement  négligeable  aux  vitesses  qui  inté- 
ressent acluellemenl  l'aéronautique). 

Le  rôle  du  nombre  de  Reynolds  —  a  été,  par  contre,  niis  expérimenla- 
lement  en  évidence  à  ces  mêmes  vitesses.  I/égalité  des  nombres  de  Reynolds 

(')   Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  997. 


SÉANCE    DU    3l    JANVIER    1921.  27 1 

exprimo  la  condition  pour  que,  dans  deux  expériences  à  comparer,  les 
forces  d'inertie  et  les  forces  de  viscosité  (proportionnelles  aux  gradients 
tangentiels  de  vitesse)  soient  modifiées  dans  le  même  rapport.  Cela  permet, 
non  d'évaluer  quantitativement,  mais  de  définir  qualitativement  les  cir- 
constances qui  peuvent  réduire  l'importance  pratique  de  la  condition  de 
Reynolds,  et  par  conséquent  aussi  les  sacrifices  à  consenti]'  pour  la  satis- 
faire : 

Les  forces  (le  ^•iscosité,  bien  qu'elles  joiienl  loujoiirs  un  rôle  primordial  dans  ramol- 
lissement ultérieur  des  mouvements  imprimés  à  l:i  masse  lluide,  peuvent  n'intervenir, 
dans  la  réaction  exercée  sur  le  solide,  que  par  des  termes  pratiquement  négligeables 
auprès  des  réactions  d'inertie.  C'est  ce  qui  se  passe  par  exemple  lorsque,  pour  une 
famille  de  corps  homnihéliques  de  forme  géométrique  simple,  la  loi  de  résistance 
kl-v'^  reste  pratiquement  vraie,  dans  de  l'air  invariable,  pour  des  variations  impor- 
tantes de  la  dimension  /  de  référence.  La  condition  de  Reynolds,  nécessaire  en  toute 
rigueur,  est  alors  pratiquement  sans  importance. 

Inversement,  il  pourrait  arriver  que  la  condition  de  Rej'nolds  devienne  insuffisante, 
et,  de  ce  fait,  pratiquement  peu  inléressante  ;  par  exemple,  si  des  réactions  de  con- 
tact autres  que  les  forces  proportionnelles  aux  gradients  de  vitesse  (c'est-à-dire  non 
introduites  dans  l'équation  généiale  hydrodynamique)  intervenaient  de  façon  notable. 
Dans  le  cas  des  fluides  gazeux,  les  distances  inlermoltculaires  sont  assez  grandes  pour 
que  les  actions  de  contact  entre  molécules  restent  probablement  négligeables,  auprès 
des  échanges  de  quantité  de  mouvement  entre  couches  voisines  qui  constituent  le 
phénomène  normal  de  viscosité;  il  semble  donc  que  seule  l'influence  du  polissage  des 
surfaces  solides  puisse  introduire  dans  les  résultats  des  divergences  liées  à  la  nature 
des  molécules.  Dans  les  milieux  liquides,  les  résultats  des  essais  effectués  jusqu'ici  à 
des  vitesses  faibles,  et  dans  des  conditions  géométriques  simples  (tuyaux,  frottements 
tangentiels  de  disques,  etc.),  semblent  prolonger  ceux  obtenus  dans  l'air,  conformément 
à  la  même  équation  générale  du  mouvement  des  fluides  incompressibles  (compte  tenu 
de  la  densité  p  et  du  coefficient  de  viscosité  normale  fx)  ;  ces  essais  ne  suffisent 
peut-être  pas  cependant  pour  affii-mer  que,  dans  ta  résistance  globale  exercée  par  un 
liquide  sur  un  solide  de  forme  complexe  à  des  vitesses  très  variées,  les  décollements 
de  filets  (qui  jouent  un  rôle  si  important  dans  la  valeur  de  la  résultante)  ne  seront  pas 
influencés  de  fiu;on  appréciable  par  les  propriétés  spécifiques  des  molécules  (mises  en 
évidence  pjr  les  phénomènes  de  lubrification  et  par  les  variations  de  viscosité  des 
fluides  en  fonction  de  la  pression). 

De  là  résulte  seulement  que,  dans  l'élat  actuel  des  données  expérimen- 
tales acquises,  il  y  a  encore  lieu  d'être  prudent  pour  extrapoler  d'un  fluide 
à  un  autre  des  résultats  d'essais  de  résistance  :  il  faudra  être  sûr  de  ne  pas 
introduire  ainsi  des  erreurs  du  même  ordre  que  celles  qu'on  cherche  à  éli- 
miner; cela  exige  encore  tout  un  ensemble  de  recherches  expérimentales 
comparatives  que  le  Service  technique  de  l'Aéronautique  a  entrepris  de 
réaliser  progressivement. 


272  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

b.  Au  point  de  vue  des  recherclies  scientifiques,  la  soufflerie  proposée 
par  M.  Margoulis  permettrait  sans  aucun  doute  des  expériences  très  inté- 
ressantes pour  l'élude  comparée  des  phénomènes  aérodynamiques  dans 
divers  gaz.  Il  ne  faut  pas,  toutefois,  perdre  de  vue  que  presque  tout  reste 
à  faire  pour  arriver  à  analyser  et  interpréter  les  phénomènes  aérodyna- 
miques dans  l'air;  et,  pour  cela,  il  importe  avant  tout  d  y  poursuivre  des 
recherches  expérimentales  méthodiques  en  étendant  progressivement  le 
champ  de  \ariation  des  vitesses  réalisables  et  des  dimensions  des  solides,  en 
étudiant  des  formes  géométriques  de  complexité  croissante,  et  en  faisant 
variei",  si  possible,  la  pression  et  la  température. 

En  résumé,  et  c'est  la  conclusion  à  laquelle  nous  aboutissons  immédia- 
tement, la  réalisation  de  souffleries  à  gaz  carbonique  sous  forte  pression 
parait  intéressante;  mais  elle  doit  être  envisagée  en  complément  et  non  pas 
en  remplacement  des  installations  d'expérience  dans  lair  atmospliérique 
(tunnels,  chariots  et  dispositifs  auxiliaires  d'étude  des  filets  d'air),  qu'il 
importe  avant  tout  de  perfectionner  et  même  de  multiplier  si  l'on  veut 
pouvoir  espérer  des  progrès  sérieux  dans  la  science  aérodynamique  (et, 
par  contre-coup,  dans  l'Aéronautique  pratique).  Des  tunnels  étanches  et 
capables  de  résister  à  des  différences  de  pressions  notables  entre  riiilérieur 
et  l'extérieur  étendraient  fort  utilement  le  champ  des  recherches  expéri- 
mentales nécessaires  pour  arriver  à  ces  progrès;  leur  réalisation  soulève 
d'ailleurs  de  sérieux  problèmes  de  construction. 


PHOSPHORESCENCE.  —  Action  des  rayons  rouges  et  infra-rouges  sur  les 
substances  phosphorescentes.  Note  de  M.  Maurice  Curie,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

L'action  extinctrice  qu'exerce  la  partie  la  moins  réfrangible  du  spectre 
sur  les  substances  phosphorescentes  est  un  phénomène  connu  depuis  long- 
temps; il  a  été  observé  sur  les  sulfures  alcalino-terreux  et  sur  le  sulfure  de 
zinc.  On  peut,  par  exemple,  projeter  un  spectre  sur  une  de  ces  sidjstances, 
au  préalable  fortement  insolée  à  l'aide  d'une  source  riche  en  rayons  de 
courtes  longueurs  d'ondes;  on  o!:)serve  que  la  place  où  s'étalaient  les  rayons 
de  grandes  longueurs  d'ondes  est  rendue  obscure.  On  pîul  constater  aussi 
que  ces  sulfures,  exposés  au  soleil,  s'insolent  mieux  derrière  un  verre  bleu 
absorbant  une  partie  des  radiations  rouges.  D'autre  part,  avec  le  sulfure  de 
zinc  notamment,  il  y  a,  au  début  de  l'action  des  rayons  rouges,  un  bref  ren- 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  278 

forcement  dV'clat  suivi  d'une  cluite  brusque;  la  quantité  de  lumière  resti- 
tuée pendant  l'extinction  par  les  rayons  rouges  est  bien  inférieure  à  celle 
restituée  lors  de  l'extinction  normale  (travaux  de  Becquerel,  Lenard, 
Nichols  et  Merritt,  Ives  et  LuUiesh,  etc.).  M.  Perrin  a  observé,  comme 
je  l'ai  remarqué  de  mon  enté,  que  l'on  ne  peut  provoquer  une  réappari- 
tion de  luminosité  par  cliauffage;  certains  échantillons  m'ont  cependant 
donné  un  faible  retour  de  luminosité,  mais,  à  l'examen  à  la  loupe,  j'ai  cons- 
taté la  présence  de  points  lumineux  montrant  qu'il  y  avait  tribolumines- 
cence  sous  l'action  de  la  chaleur. 

Les  divers  expérimcnlaleurs  ont  fait  agir  successivement  les  radiations 
excitatrices  cl  extinctrices.  Dans  le  but  d'essayer  l'action  de  ces  rayons  à 
faibles  fréquences  sur  les  substances  fluorescentes,  j'ai  employé  simulta- 
nément des  radiations  excitatrices  et  extinctrices.  La  source  excitatrice  est 
une  lampe  à  mercure  munie  d'un  verre-filtre  à  l'oxyde  de  nickel  ;  ce  verre 
a  deux  bandes  de  transmission;  le  centre  de  l'une  d'elles  coïncide  avec  la 
raie  du  mercure  oi'jSGG,  qui  est  transmise  sans  diminution  appréciable 
d'intensité;  l'autre  bande  est  dans  le  rouge,  région  dans  laquelle  l'arc  à 
mercure  n'émet  précisément  pas  de  rayons.  Avec  une  épaisseur  de  filtre 
convenable,  on  peut  avoir  un  faisceau  excitateur  invisible;  cette  combi- 
naison du  verre  à  base  de  nickel  avec  l'arc  à  mercure  a  été  préconisée  par 
M.  Wood,  de  qui  je  liens  le  filtre  qui  m'a  servi  dans  ces  essais.  La  source 
extinctrice  est  une  lampe  à  arc  munie  d'un  verre-filtre  fortement  chargé  en 
oxyde  de  cuivre,  qui  laisse  passer  les  radiations  du  début  de  l'infra-rouge 
et  une  très  faible  partie  du  rouge  visible  seulement;  ce  rayonnement  était 
concentré  en  un  cercle  de  quelques  millimètres  de  diamètre  sur  la  substance 
à  étudier.  On  réalisait,  avec  celle-ci,  une  surface  de  luminosité  homogène, 
soit  en  coulant  sur  une  plaque  de  verre  un  mélange  de  substance  et  d'une 
dissolution  de  celluloïd  dans  l'acétone,  ou  bien  en  se  servant  de  soie  teinte 
avec  une  substance  organique  fluorescente. 

Dans  ces  conditions  : 

1°  Avec  le  sulfure  de  zinc  phosphorescent  on  observe,  à  l'endroit  où  l'on 
concentre  les  rayons  infra-rouges,  une  tache  noire  sur  fond  d'une  très  belle 
luminosité;  si  l'on  déplace  la  plage  de  sulfure,  on  met  en  évidence  le  ren- 
forcement d'éclat  signalé  ci-dessus;  il  apparaît  une  tache  lumineuse  suivie 
d'une  traînée  très  sombre,  derrière  le  passage  du  faisceau  de  rayons  infra- 
rouges. Ce  renforcement  d'éclat  varie  en  intensité  et  en  durée  avec  la 
substance  phosphorescente  :  avec  un  sulfure  de  zinc  à  phosphorogène 
cuivre  de  nuance  verte,  il  était  très  bref  et  bien  moins  intense  qu'avec  un 


274  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

sulfure  de  zinc  à  phosphorogène  manganèse  de  nuance  jaune.  En  dt»hors  de 
ces  échanlillons  de  ma  préparation,  j'ai  essayé  des  sulfures  de  zinc  très 
lumineux  et  de  teintes  très  diverses,  variant  entre  le  rouge  orangé  et  le 
violet,  obtenus  par  M.  A.  Guntz.  Tous  ces  sulfures  donnent  les  mêmes 
apparences. 

Il  est  à  signaler  que  le  sulfure  de  zinc  violet  s'insole  parfaitement  à  la 
longueur  d'onde  peu  inférieure  o^,3GG,  alors  que  le  sulfure  de  calcium 
violet  à  phosphorogène  bismuth  s'insole  fort  mal  dans  ces  conditions; 
d"autre  part,  bien  qu'à  phosphorescence  très  courte,  ce  sulfure  de  zinc  est 
très  sensible  à  l'action  des  rayons  rouges. 

2°  Avec  une  substance  fluorescente,  on  n'observe  aucune  tache  ni  varia- 
tion d'éclat  à  l'endroit  où  sont  concentrés  les  rayons  infra-rouges.  Les 
essais  ont  porté  sur  des  plages  de  celluloïd  chargé  en  nitrate  d'urane,  sul- 
fate double  d'urane  et  de  potasssium,  platinocyanure  de  baryum,  ainsi  que 
sur  de  la  soie  teinte  avec  l'esculine,  les  rhodamines  B  et  6  (1,  la  fluores- 
céine. 

Cette  deuxième  série  d'essais  vient  à  l'appui  d'une  théorie  récente  du 
phénomène  qui  repose  sur  l'agitation  par  résonance  des  atomes  de  soufre. 
Dans  des  expériences  en  cours,  je  cherche  à  mettre  cette  action  en  évi- 
dence. 


SPECIROSCOPIE.    —    Sur   les  spectres  corpiisciildires    des   élèmenls.    Note 
de  M.  Mai'rice  de  Broglib,  présentée  jiar  M.  E.  Bouly. 

On  sait  que  les  corps  éclairés  jiar  les  rayons  X  émettent  deux  sortes  de 
radiations;  des  rayons  X  caractéristiques,  dits  de  fluorescence,  et  des  élec- 
trons photo-électriques  de  grande  vitesse. 

La  connaissance  des  premiers  constitue  la  nouvelle  spectroseopie  de 
haute  fréquence;  les  seconds  ont  élé  jusqu'ici  beaucoup  moins  étudiés;  ils 
offrent  cependant  un  intérêt  au  moins  égal. 

Ces  électrons  photo-électriques  sont  caractérisés  par  leur  vitesse;  la 
méthode  de  déviation  dans  un  champ  magnétique,  qui  a  permis  l'étude  des 
rayons  ^  des  corps  radioactifs,  s'applique  encore  pour  mesurer  cette  gran- 
deur. On  peut  ainsi  obtenir  un  véritable  spectre  de  vitesses  des  corpuscules 
expulsés. 

Au  laboratoire  de  sir  Ernest  Ilulherford.  Rawlinson  et  Robinson  (")  ont 

(')  PlùLMag.,  ...l'i. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  27$ 

ol)lenu  des  lignes  plus  ou  moins  nettes  avec  des  radiateurs  de  fer  et  de 
plomb;  Kang  Fu  Hu  (i)  a  montré  que,  pour  l'argent  et  Tétain,  on  enregis- 
trait deux  lignes,  qui  paraissaient  correspondre  aux  raies  K  des  métaux 
employés  par  l'intermédiaire  de  la  relation  des  quanta;  c'est-à-dire  que 
k'Lirà  vitesses  r  seraient  reliées  aux  fréquences  v  des  raies  par  la  relation 

-  7)H-  m  //v. 

2 

.l'ai  reprisée  genre  d'expériences,  et  des  observations  qui  portent  déjà 
sur  des  éléments  allant  du  molybdène  (rang  42)  au  baryum  (rang  56)  m'ont 
permis  de  retrouver  les  raies  Iv  de  ces  corps  transposées  sous  forme  de 
rayons  corpusculaires. 

On  voit  de  plus,  et  c'est  une  constatation  importante,  qu'à  un  endroit  du 
spectre,  correspondant  à  la  bande  d'absorption  Iv  des  éléments,  prend  place 
une  bande  d'émission  ^élective  de  corpuscules  photo-électriques,  à  bord  net 
du  côté  des  faibles  énergies;  c'est-à-dire  que  les  électrons  du  début  de  la 
bande  possèdent  la  vitesse  correspondant  au  quantum  de  la  discontinuité 
d'absorption  des  rayons  X,  la  bande  s'étendant  du  côté  des  vitesses  plus 
grandes.  Ce  point  complète  le  parallélisme  entre  les  deux  émissions. 

De  plus,  il  semble  exister  d'autres  bandes,  mais  ce  dernier  résultat  ne  peut 
être  donné  que  sous  réserves.  Ce  que  je  veux  signaler  aujourd'hui,  c'est 
que,  dans  le  spectre  corpusculaire  des  éléments,  on  retrouve  tous  les  traits 
des  spectres  de  rayons  X,  raies  et  bandes  comprises.  L'énergie  absorbée 
aux  dépens  des  rayons  incidents  se  retrouve  dans  le  spectre  de  vitesse  des 
électrons  secondaires,  sous  la  forme  de  groupes  homogènes,  correspondant 
aux  raies,  et  de  fond  conlinu  à  début  brusque,  correspondant  aux  bandes 
d'absorption,  qui  deviennent  ainsi  des  bandes  d'émission  électroniques. 

La  comparaison  de  ces  résultats  avec  les  idées  émises  par  Barkla  (notam- 
menl  dans  les  Philosophical  Transactions  de  1917,  Bakerian  lecture^  est  très 
intéressante. 


(')  Physical  Rei'tetv,  1918. 


276 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


ÉLECTRICITÉ.  —  Complèmenl  à  la  lliéorie  de  la  réaction  d'induit  pour 
les  alternateurs  saturés.  Note  de  M.  André  Léauté,  transmise  par 
M.  A.  Blondel. 

Dans  une  ÎNole  antérieure  ('),  étudiant  la  réaction  des  alternateurs  saturés 
à  pôles  saillants,  je  suis  parti  du  diagramme  de  M.  Blondel  pour  déteiminer 
les  variations  de  l'intensité  (ou  delà  puissance)  en  fonction  dudéphasagedans 
une  machine  fonctionnant  avec  une  tension  aux  bornes  et  une  excitation 
constantes.  Le  problème  se  ramenait  à  construire  le  lieu  que  décrit  l'extré- 
mité du  vecteur  représentant  la  force  électroniotrice  joubertique.  J'ai  montré 
que  ce  lieu  est  un  limaçon  de  Pascal,  quand  il  existe  une  relation  linéaire 
entre  la  force  électroniotrice  directe  et  l'intensité  réactive,  et  j'en  ai  déduit, 
comme  résultat  essentiel,  que  le  nombre  de  paramètres  dont  dépend  le  pro- 
blème est  égal  à  trois.* 

11  est  important  de  savoir  si  l'on  aboutit  à  une  conclusion  analogue  pour 
les  inducteurs  à  enroulement  cylindrique,  lorsqu'on  prend  le  diagrammede 
Potier  pour  base.  Pour  simplifier,  nous  négligerons  les  fuites. 

Xaus  conservons  nos  nolalions  précédentes  (');    en    outre,    nous   appellerons   .1   le 


couranl  d'excitation  et  a  le  coefficienl  d'équivalence  des  intensités  inductrice  et 
induite.  Nous  réservons  sur  le  diagi-amme  un  angle  £  entre  OC  et  OD  (  ftg.  1)  pour 
tenir  compte  de  l'hystérésis. 

Pour  mettre  en  évidence  la  variation  de  riiiteiisilé  en  fonction  du  dépha- 
sage, une  première  méthode  consiste  à  chercher  le  lien  du  point  (1,  car  la 


(')  Comptes  rendus,  t.  1G.3,  1917,  p.  1106. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  277 

longueur  AC  est  proportionnelle  à  l'intensité  et  l'angle  de  ACavcc  ()\  fixe 
le  déphasage.  Menons  par  C  une  droite  Cil  faisant  avec  le  [irolongeinent 
de  OC  un  angle  0  défini  [)ar 


l;iiig(o  +  î) 


et,  sur  d'Ile  droite,  marquons  un  point  H,  tel  que  les  deu\  triangles  ACH 
et  ODE  soient  semblables.  Le  rapport  de  similitude  m  est  indépendant  de 
l'intensité.  Donc  le  lieu  de  H,  quand  le  déphasage  varie,  est  un  cercle  de 
centre  A  et  de  rayon  —>  v  étant  l'échelle  des  intensités  sur  la  figure. 

Ce  premier  résultat,  dans  lequel  l'iiypollièse  de  la  linéarité  de  la  caractéristique 
n'est  pas  encore  intervenue,  permet  de  tracer  le  lieu  de  C,  point  par  point,  au  moyen 
d'une  construction  analogue  à  celle  qu'a  fait  connaître  récemment  W.  G. -II.  Perrin  ('), 
mais  qui  parait  être  d'une  exécution  plus  rapide.  Traçons  la  caractéristique  de  la 
macliine  à  circuit  ouvert  (y?,A'.  2)  el  menons  par  l'origine  O  une  droite  0£  faisant 
avec  Taxe  des  X  et  au-dessous  de  lui  un  angle  i]>  défini  par  l'égalité 

,             cos  0 
tang'i  =:  -. — ^• 


D'un  point  quelconque  de  la  caractéristique,  abaissons  la  perpendiculaire  sur  OX, 
et  par  son  intersection  /  avec  OX  menons,  jusqu'à  sa  rencontre  /*  avec  0£,  une  droite 
faisant  l'angle  ô  avec  la  verticale.  Pour  avoir  un  point  du  lieu  de  C,  il  suffit  de 
marquer  sur  le  cercle,  lieu  de  H,  un  point  H  dont  la  dislance  à  l'origine  soit  égale 
à  nh;  puis,  sur  OH  pris  comme  base,  de  tracer  un  triangle  égal  à  /(/'/;.  Le  sommet  y 
vient  s'appliquer  en  un  point  du  lieu  cherché. 

Pour  les  alternateurs  saturés,  la  caractéristique  peut,  dans  la  zone  de 
travail,  être  assimilée  à  une  droite  ne  passant  pas  par  l'origine.  Sans  revenir 
sur  la  justification  de  celte  approximation  qui  figurait  déjà  dans  ma  précé- 
dente Couimunication,  nous  écrivons  : 

(|]\citation  lésultante)  =—  «  4-  i  X  (f.  e.  m). 

Sur  Cil.  prenons  à  partir  de  C  une  longueur  CI  égale  à '-^^ On 

cherche  le  lieu,  non  plus  du  point  C,  mais  du  point  I,  qui  peut  lui  être 
substitué  ;  en  effet,  si  l'on  trace  un  vecteur  AA'  faisant  avec  OX  au-dessous 
de  lui  {fig.  i)  l'angle  0  et  dont  la  longueur  soit  — ;-,  la  longueur  A'I  est, 
comme  l'était  AC,  proportionnelle  à  l'intensité. 

C)  G. -H.  Perrin,  /?.  G.  E.,  t.  8,  n°  3,  1920. 


2^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  lieu  de  I  peut  êlrc  construit,  car  H  décrit  un  cercle,  et  la  longueur  III 
ainsi  que  Fanglc  HIO  sonl  const;ints.  Le  procédé  graphique  pour  traci,-r  le 
lieu  est  analogue  à  celui  par  lequel  on  peut  dessiner  un  liinaçon  de  Pascal, 
lequel  est,  d'ailleurs,  un  cas  particulier  de  cette  courbe.  Le  résultat 
présente  donc  une  certaine  similitude  avec  celui  qui  correspond  au 
diagramme  de  M.  Blonde!,  bien  qu'il  soit  moins  simple. 

-Mais  une  différence  fondamenlale  entre  les  deux  théories  se  révèle  dans  le 
nombre  de  paramétres  qui,  de  trois,  est  porté  à  quatre.  Nous  avons  vérilié  que, 
tout  au  moins  dans  le  cas  particulier  où  le  déphasage  interne  diminué  de 
l'angle  d'hystérésis  est  nul,  le  nombre  des  paramètres  est  irréductible  pour  une 
mac/iine  saturée. 

Ce  résultat  est  d'autant  plus  inattendu  que  la  théorie  de  M.  Blondcl 
introduit,  en  apparence,  un  coefficient  supplémentaire  :  celui  de  réaction 
transversale.  Il  montre  l'intérêt  qu'il  y  a  à  perfectionner  la  théorie  de  la 
réaction  d'induit,  en  n'introduisant  que  le  minimum  de  paramètres. 


CHI.MIE  PHYSiQUi:.  —  Application  de  la  loi  d'hydrolyse  à  hi  détermination 
des  poids  moléculaires.  Note  de  M.  H.  Colin  et  de  M"'  A.  Chaudux, 
présentée  par  M.  IL  Le  Chatelier. 

Nous  avons  montré  que  l'inversion  diastasique  du  saccharose  est  régie 
dans  sa  marche  par  le  rapport  des  concentrations  du  sucre  et  de  l'enzyme  ; 
à  une  quantité  fixe  «,  de  catal\seur,  mesurée  par  un  certain  volume  d'une 
solution  diastasique  donnée,  correspond  un  poids  déterminé  a,  de  saccha- 
rose; si  à  «,  centimètres  cubes  de  diaslase,  on  oppose  une  niasse  a  de 
saccharose,  inférieure  ou  égale  à  r/,,  la  vitesse  d'h\drol\se  décroît  pendant 
toute  la  durée  de  Tcxpérience  suivant  la  loi  de  \\  ilheim\  ;  si,  au  contraire, 
le  poids  a  de  sucre  est  plus  grand  que  a,  ,  la  vitesse  reste  constante  tant  que 
l'excès  de  sucre  n'a  pas  disparu,  elle  diminue  ensuite  justju'à  la  fin  de  la 
réaction. 

Les  mêmes  faits  se  reproduisent  lorsqu'on  substitue  au  sucre  de  canne  le 
raffinose,  le  genlianose,  etc.,  c'est-à-dire  les  pol\saccharides  tributaires  de 
l'invertine  et  sur  lesquels  le  ferment  agit  d'une  façon  identique,  en  décro- 
chant la  molécule  de  lévulose  qu'ils  renferment.  On  doit  donc  pouvoir 
vérifier  que  les  poids  des  différents  sucres  susceptibles  de  Jixer  la  même  quan- 


SÉANCE  DU  3£  JANVIER  igar.  279 

tité  n,  de  sucrase  sont  entre  eux  comme  leurs  poids  moléculiiircs,  c'est-à-dire 
comme  les  nombres 

34.2     (saccliarose  ^  C'-Il-'-O"), 

594     (raffinose  =  C'«H='20">-l-5H'0), 

5o4     (genlianofe  =  (C'»II"0'«), 


Nous  avons  livdrohsé,  dans  des  conditions  identiques  de  teneur  en 
sucrase  et  de  température,  des  solutions  de  saccharose,  de  raffinose  et  de 
^enlianose  de  diverses  concentrations,  /e  sucre  étant  toujours  en  excès  par 
rapport  à  l'enzyme.  Voici  une  expérience  à  titre  d'exemple  ; 

Conditions  e.r péri  mentales. 

Concenlration  en  sucrase...      S'"'',!')  pour  100 

.      1  .Saccliarose  .  .  .      5"', 4 5o  pour  100 

Concenlratioiis  en  sucre....       Il  Rafllnose 5i5..5oo  » 

'm  Genlianose  .  .  .      4"i26o         « 

Teuipéralure 16°,  .'j 

Dans  le  Tableau,  x  désigne  la  quantité  de  sucre  transformée  à  chaque 
instant  dans  100™'  de  solution,  et  .r,^,  —  x^  la  quantité  hydrolysée  pendant 
l'unité  de  temps. 

Tciijps  I.  .Saccliarose.  II.   liafliiiose.  III.  Genlianose. 

quarts  d'Iicure.  x.  j;,^,  —  x,.  x.  a:,^, —  .«',.  x.  ^t*\ — ■'^r 

t  ï  g  g  s  s 

I i,o58  1,0.58  0,172  ",'72  0,080  0,080 

2 2,126  1,068  0,359  "i'87  0,1611  0,080 

3 3,192  1,(166  0,543  0,184  11,240  0,080 

4 3,780  11,588  0,718  .1,175  0,32..  ..,..80 

5 4>'99  .1,4  m  0,9.16  11,188  »  » 

6 4i5o5  0,3.16  1.081  1,170  «1,487  11,167:2 

7 '.  .          »                  ))  1,265  o,r84  1'^  » 

8 »                  »  1,45'  0,186  ".647  .1,160:2 

i.v »                 »  i,8i3  0,062:2  0,821  1,174:2 

12 »                 »  2,137  0,324:2  0,986  ii,i65:2 

i4 »                 »  2,38i  0,254:2  1,1 5o  11,164:2 

16 »                  »  »  »  I  ,  3oo  .  1 ,  1 5o  :  2 

18 »                  »  2,775  .1,394:4  r,474  .1,134:2 

20.........          »                 »  »  »  i,6ii3  0,129:2 

22 »                 »  3,078  .i,3o3:4  '1693  0,090:2 

26 »                 »  B  »  .1,833  o,i4o:4 

On  voit  que  les  poids  de  saccharose,  de  ratfinose,  de  gentianose  qui 


28o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

subsistent  dans  les  solutions  (juand  la  vitesse  d'h\drolyse  commence  à 
décroître  sont  compris  entre  2.^,-238  et  1^,6-0,  3^,487  et  3''',  i63,  2^,786 
et2e,G,')7. 

11  est  facile  de  resserrer  Tintervalle  et  de  déterminer  exactement  pour 
quel  poids  de  sucre  le  phénomène  change  d'allure;  il  suffit  pour  cela  de 
faire  varier  les  conditions  expérimentales.  On  trouve  ainsi  que  les  poids  de 
saccharose,  de  raffinose,  de  gentianose  qui  peuvent  s'unir  à  une  même 
quantité  de  sucrase,  correspondant  à  3'"', G  de  la  solution  diastasique 
employée,  sont  égaux  à  \^,S3,  'P,  18  et  2*"', 69,  c'est-à-dire  à  la  même  frac- 
lion  de  leurs  poids  moléculaires  : 

1.83       .„.  .  3,18  2,69       „ 

-—-  =  53.0X10-':  -r^=53Cxio  »;  -^r^  =r  534  X  10— . 

342  594  304 

Donc,  étant  donné  un  groupe  de  corps  de  masses  moléculaires  M,,  M^, 
Mj,  .. .,  M„,  tous  h\drol\sés  de  façon  identique  par  un  même  ferment,  on 
a,  en  désignant  par  a,,  a.^,  O3,  .  • .,  ^/„  les  poids  de  ces  différentes  substances 
capables  de  fixer  des  quantités  égales  d'enzyme, 

rt,   a.,  «3  ^_  a„  _ 

et  la  loi  d'h\drol\se  permet  de  calculer  les  poids  moléculaires  de  tous  les 
termes  de  la  série  en  fonction  de  l'un  quelconque  d'entre  eux. 


CHI.VIIE  ORGANIQUE.  —  Piépariition  ral(dyli(jui'  d" (imlnes  scconildires  el  essai 
d'alcoylation  de  ces  bases.  Note  (')  de  xM.  Alpho.vse  3Iailiie,  transmise 
par  M.  Paul  Sabatier. 

La  transformation  des  bases  de  Schiff,  en  aminos  secondaires,  par  hydro- 
génation de  leurs  vapeurs  au  contact  du  nickel  au-dessus  de  220°,  ne 
conduit  pas  à  un  bon  rendement,  par  suite  de  la  destruction  partielle  de  la 
base  primitive,  qui  se  coupe  à  l'endroit  de  la  double  liaison  en  donnant  une 
aminé  primaire  et  un  hydrocarbure  (-) 

RCIIr:rMV4-  '.  H-     =     liC^P+R^'lI^ 
Afin  d'éviter  cette  scission,  corrélative  de  l'emploi  d'une  haute  tempéra- 

(')  Séance  du  a'i  janvier  1921. 

(■)  V.  Maimik,  liull.  Soc.  c/iim.,  i.  2"i.  igi'».  p.  3ii. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  a8l 

lure,  j'ai  essayé  d'cITectuer  la  fixation  de  l'hydrogène  sur  les  bases  de 
Schiff  à  l'élal  liquide  en  les'  mélangeant  à  une  petite  quantité  de  nickel 
divisé  et  en  dirigeant,  dans  le  liquide  chauffé  à  170",  un  courant  d'hydrogène, 
(iràce  à  une  agitation  violente,  le  métal  catalyseur  est  maintenu  constam- 
ment en  suspension  dans  le  li(juide.  Dans  ces  conditions,  l'hydrogénation  a 
lieu  d'une  manière  très  aisée  et  régulière  :  i^a  basé  primitive  se  change  en 
aminé  secondaire  sans  que  Ton  puisse  observer  une  scission  de  la  molécule. 

La  benz-ylidéne  (iniline ,  C'IPCH  =  NCH',  se  transforme  totale- 
ment, après  /|5  minutes  d'hydrogénation,  dans  la  hcnzylpliénylamine, 
C'H^CH-NIIC^H^,  qui  se  dépose  en  cristaux  fondant  à  3G°. 

La  henzylidènc  orthotoliiidinc,  C*H'CH  =  NC'H''CH%  qui  bout  à  3o5", 
fournit,  après  3o  minutes,  un  liquide  qui  cristallise  immédiatement 
par  simple  refroidissement  en  aiguilles  fondant  à  55".  C'est  la  benzylorlho- 
tolylamine^  C'H'CH-MHCH^CH' .  Cette  réaction  est  totale;  toute 
l'imine  liquide  primitive  est  changée  en  composé  cristallisé. 

La  benzylidènt'  paralohddinc  fond  à  53".  Par  agitation  avec  du  nickel, 
à  une  température  de  160°,  l'hydrogène  la  change  au  bout  d'une  heure  en 
un  composé  liquide,  bouillant  à  3io"-3i2°.  C'est  la  benzylparaudylamine, 
dont  la  phénylurée,  obtenue  par  action  de  l'isocyanate  de  phényle,  fond 
à  123°- 127°. 

Comme  dans  le  cas  précédent,  il  y  a  un  changement  net  dans  la  nature 
physique  du  produit  primitif,  ce  qui  permet  de  suivre  aisément  la  marche 
de  la  réaction. 

La  benzylidéne  métaloluidine  bout  à  3i5°.  Agitée  avec  du  nickel,  à  160"- 
170°,  elle  est  transformée  par  un  courant  rapide  d'hydrogène,  dans  l'aminé 
secondaire,  la  benzylmélatolylamine^  qui  est  un  liquide  bouillant  à  3 12°. 

Elle  fournit,  avec  l'isocyanate  de  phényle,  une  urée  cristallisée  fondant 
à  i59°. 

La  benzylidéne  anisidine  para,  C  H"  CH  =  N  .  C"  H''  OCH',  dont  le  point 
de  fusion  est  de  72°,  conduit  dans  les  mêmes  conditions  à  la  benzylmèlhyl- 
oxyphènylamine,  CH^CH^NHCH'OCH^  qui  cristallise  en  aiguilles 
fondant  à  64°-65°. 

Dans  toutes  ces  hydrogénations  pratiquées  à  basse  température,  il  n'y  a 
pas  de  scission  de  la  molécule.  Je  n'ai  jamais  rencontré  d'aminés  phéno- 
liques  dans  les  produits  transformés. 

Ayant  préparé  par  ce  procédé  des  quantités  importantes  d'aminés  secon- 
daires, j'ai  essayé  de  les  alcoyler  pour  les  transformer  en  aminés  tertiaires, 

C.  U.,  192 1,  I"  Semestre.  (T.  17-2,  N°  5.  )  21 


282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  appliquant  la  méthode  calalytique  que  j'ai  fait  connaître  avoc  M.  de 
Godon,  pour  la  métliylation  de  l'aniline,  des  toluidines,  etc.  ('). 

Le  mélange  des  vapeurs  de  benzylphénylamine  et  de  méthanol  en  excès, 
dirigé  sur  de  l'alumine  chauffée  à  38o°-4oo",  fournit  un  produit  qui  se  sépare 
en  deux  couches  :  l'inférieure  est  constituée  par  de  l'eau-alcool,  ayant 
dissous  une  dose  importante  d'aldéhyde  formique;  la  couclie  sui)érieure, 
soumise  à  la  rectification,  abandonne;  d'abord  un  peu  d'alcool,  puis  jus- 
qu'à 125°  du  toluène,  caractérisé  par  son  dérivé  dinitré,  et  entrej89''-i96'', 
on  recueille  une  fraction  très  importante,  entièrement  soluble  dans  l'acide 
chlorhydrique. 

Elle  ne  contient  pas  d'aniline.  Traitée  par  l'anhydride  acélique,  elle 
produit  un  écliaulTement  notable,  i""',  additionné  de  2™'  d'anhydride 
acétique,  a  fait  monter  instantanément  le  thermomètre  de  i4"  à  29". 
Elle  fournit  à  froid  un  chlorhydrate  de  dérivé  nitrosé,  en  belles  aiguilles 
rouges  dont  la  décomposition  par  la  soude  conduit  au  composé  nitrosé, 
qui  est  formé  par  des  cristaux  verts  fondant  à  85".  C'est  la  nilrosodiiné- 
ihylaniline.  Il  s'est  donc  formé  par  mélhvlalion  de  la  base  primitive,  de  la 
diinéthylaniline  et  de  la  monométhylanilinc  dont  la  présence  a  été  indiquée 
par  l'échaulTeuicnt  produit  par  l'anhydride  acétique. 

Ou  voit  que  dans  l'alcoylation  de  la  benzylphénylamine,  au  contact 
d'alumine,  il  y  a  eu  scission  de  la  molécule  en  deux  tronçons  CH^CH- 
et  C'IPIMf.  Il  est  vraisemblable  qu'en  présence  de  l'hydrogène  naissant 
provenant  de  la  décomposition  du  méthanol, 

CIl'OH     =    11^  I- IICOII, 

ces  deux  résidus  se  sont  complétés  pour  donner  du  toluène  et  de  l'aniline. 
Celle-ci,  au  contact  de  l'alcool  en  excès,  a  conduit  à  un  mélange  de  mono 
et  diméthylaniline  : 

G«il^Nll^+CIIM)ll     =    IIM) +  C«H^M1CII\ 

c«H'Nri2H-.!c;iiM)ij    =    'ii-o  i-C''ii'N((:ii')-. 

Les  aminés  secondaires  décrites  plus  haut  subissent  une  transforuialion 
analogue  par  alkylalion.  En  particulier,  le  mélange  benzylparatolylaminc 
et  d'alcool  ordinaire,  passant  en  vapeurs  sur  l'alumine  à  38o"-4oo",  donne 
un  produit  qui  se  sépare  en  deux  couches  :  l'une,  formée  d'eau-alcool- 

(')  A.  MAM.iir!  l'i  i)i:  Godox.  Comptes  rendus,  1.  IGO,  njiS,  p.  .\{'ij  et  5i>i. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  283 

aldéhyde,  qui  fournit  une  combinaison  cristallisée  avec  le  bisulfite  de 
soude,  et  l'autre,  après  séparation  de  toluène,  distille  entre  2o5"  et  2i5°; 
elle  est  constituée  par  un  mélange  de  paraloluidines  monoélliylée  et 
diétliylée. 

Cet  essai  d'alkylation  catalytique  des  aminés  secondaires  mixtes, 
CMPCH^NHAr,  ne  conduit  pas  à  des  aminés  tertiaires.  Toutes  ces  bases 
se  dédoublent  au  contact  du  catalyseur  en  donnant  du  toluène  et  des 
aminés  phénoliques  méthylées  ou  éthylées. 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  La  balance  du  chlore  pendant  la  fabrication  du  sucre 
et  la  teneur  de  la  betterave  en  chlore.  Note  de  M.  Emile  Saillard,  pré- 
sentée par  M.  L.  Maquenne. 

Dans  des  Communications  précédentes  ('),  j'ai  établi  la  balance  de 
l'azote,  de  la  potasse,  de  la  soude,  de  l'acide  phosphorique  pendant  la 
fabrication  du  sucre.  Je  voudrais  compléter  ce  travail  en  établissant  la 
balance  du  chlore. 

Les  dosages  de  chlore  ont  été  faits  sur  un  poids  déterminé  de  cendres  au 
moyen  d'une  solution  titrée  de  nitrate  d'argent  et  par  un  titrage  en  retour 
avec  une  solution  titrée  de  sulfocyanure  de  potassium,  l'alun  de  fer  étant 
employé  comme  indicateur. 

Il  a  été  tenu  compte  du  chlore  contenu  dans  les  eaux  de  puits  qui  ali- 
mentaient la  batterie  de  diffusion  (0^,02  par  litre). 

Dans  les  fabriques  qui  font  du  sucre  blanc,  la  production  de  mélasse  est 
d'environ  4''^  pat"  loo'^s  de  betteraves  et  le  chlore  contenu  dans  les  jus  de 
diffusion  passe,  pour  la  presque  totalité,  dans  la  mélasse.  Il  ne  peut  y 
avoir,  pendant  le  travail,  que  des  pertes  de  chlore  insignifiantes  ou  négli- 
geables. 

La  teneur  en  chlore  des  betteraves  à  sucre,  des  mélasses,  des  eaux  de 
puits  varie  quelque  peu  d'une  usine  à  l'autre,  d'une  année  à  l'autre,  etc. 
Les  résultats  qui  suivent  sont  des  moyennes  se  rapportant  à  une  dizaine  de 
fabriques  de  sucre  : 

(')  Comptes  rendus,  l.  1G6,  1918,  p.  697,  et  l.  170,  1920,  p.  129, 


284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cour  100. 

Chlore  clans  la  betterave 0,016 

y         Chlore  dans  la  mélasse o,3o 

Chlore  de  la  bellera\e  passé  dans  les  résidus  de  (linUsion..  19 

Chlore  lie  la  betterave  passé  dans  la  mélasse So 

Perles  indéterminées i 

Il  peut  être  intéressant  de  savoir  comtnent  se  répartit,  entre  les  dillërenles 
parties  de  la  plante,  le  chlore  pris  dans  le  sol  par  la  racine. 

Voici  les  résultats  qu'ont  donnés  des  échantillons  de  betteraves  à  1  7  pour 
100  de  sucre  prélevés,  au  commencement  d'octobre  1920,  dans  un  champ 
de  Seine-et-Oise  et  analysés  immédiatement,  après  nettoyage  avec  une 
brosse  et  essuyage  avec  un  linge. 


Limbes 

Pétioles  avec  nervure  principale  des  limbes. 

Collets 

Racines  décolletées 


r'oids  inoyen 

Cl.l.. 

ire  pour  100 

pour 

Eau 

<le 

une  plante. 

pour  100. 

matière  sèche. 

127 

84,3 

I 

296 

85,9 

1,8 

49 

79.2 

0,34 

53o 

75,3 

0,08 

Soit,  dans  la  plante  entière,  1,2  de  chlore  pour  100  de  sucre  de  la  racine 
décolletée,  chillre  qui  peut  varier  suivant  les  conditions  de  culture. 

Ces  résultats  montrent  que  ce  sont  les  pétioles  qui  accusent  la  teneur  en 
chlore  la  plus  élevée.  L'observation  s'applique  aussi  aux  betteraves  fourra- 
gères. 

Ce  travail  a  été  fait  avec  la  collaboration  de  M.  Wehrung. 


ANTHROPOMÉTRIE.  —  Kluch'  et  mensurations  de  117  Belges.  Note 
de  MM.  Léon  Mac-Auliffe  et  A..  Marie,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

Les  individus  étudiés  par  nous  étaient  exclusivement  des  hommes  dont 
l'indice  céphalométrique  a  tout  d'abord  permis  le  classement  suivant  : 

Belles  Français 

(pour  100).  (pour  100). 

Dolichocéphales •">,98  2,68 

Mésocéphales 28,94  23,28 

Hrachycéphales 5i  ,28  5o,  i4 

llvperbrachycéphales 18,80  23,90 

Ces  résultats  confirment  l'existence  d'une  dolichocéphalie  plus  frétjuenle 
et  d'une  hyperbrachycéphalie  plus  rare  chez  le  peuple  belge  que  dans  le 
nôtre.  Les  travaux  de  nos  devanciers  ont  indiqué,  en  effel  (voir  les  Tableaux 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  285 

de  Denilver),que  l'indice  céphalique  des  Belges  flamands  ressortit  à  la  rnéso- 
cépbalie  (79,  5),  tandis  que  celui  des  Belges  wallons  a  comme  carach'-rislique 
la  sous-bracliycéplialie  (82,2  V 

Pour  des  raisons  de  voisinage,  d'affinité,  de  communaulé  de  langue,  etc., 
les  Belges  wallons  dominent  à  Paris,  d'où  le  chiffre  de  81,  5  que  nous  trou- 
vons comme  indice  céphalique  moyen  sur  les  individus  soumis  à  nos  obser- 
vations. Bertillon  indique  d'ailleurs  un  chiffre  très  voisin  pour  l'ensemble 
de  la  Belgique  (80,93). 

La  taille  moyenne  des  Belges  est  plus  élevée  que  la  notre.  Nous  l'avons 
trouvée,  comme  Bertillon,  de  i'",669,  et  nos  statistiques  paraissent  indiquer 
que  les  plus  petites  tailles  doivent  s'observer  chez  les  Belges  brachy- 
céphales. 

Voici  les  caractères  soniatiques  moyens  du  Belge  d'après  les  chiffres 
relevés  par  nous  : 

Taille,  i'",G69;  buste,  o"',893;  envergure,  i^j^iS;  coudée  gauche, 
o°\454)  médius  gauche,  o'",  1 14;  auriculaire  gauche,  o"',o88;  pied  gauche, 
o"\259;  longueur  de  tête,  o",i9i;  largeur  de  tête,  o™,i56;  diamètre  bizy- 
gomatrique,  o™,i4o;  oreille  droite,  o"',o6f\. 

Les  caractères  chromatiques  des  cheveux  et  des  yeux  offrent  un  réel 
intérêt,  surtout  si  on  les  compare  aux  nôtres  et  à  ceux  des  populations  euro- 
péennes méridionales  comme  les  Espagnols  dont  nous  avons  parlé  récem- 
ment (')  et  une  série  à  l'étude  de  iV-^  Italiens. 

En  voici  les  traits  principaux  : 

Comparaison  des  couleurs  des  cheveux  des  Belges,  des  Français, 
■  des  Espagnols  el  des  Italiens. 

Belges  :  Français  :         Espagnols  :         Italiens  : 

117  cas  6Gj'2  cas  l'^2  cas  142  cas 

(pour  100).        (pour  100).        (pour  100).        (pourlOO) 

lilond  albinos »  0,01  »  » 

»       clair 2,67  1,24  »  » 

»       moyen 5,35  4>5o  0,81  i,''i7 

»       foncé 8,o3  5,5o  5,-3  4>4i 

Chàlain  clair 28, 21  i^i'"?  7 1^7  6,61 

»        moyen 38,39  42,97  27, o4  36, 02 

Il        foncé II, 5o      .       22,98  4o,i6  42,64 

1)         noir.- 0,89  2,70  ïij47  2,94 

Noir  pur .  0,89        '        i,83  '^•,4^  2,20 

Roux  clair 0,89  0,10  »  » 

»      moyen »  o,3i  »  » 

»      foncé »  o ,  3o  »  » 

»      blond 2,07  1,06  0,81  ",7'i 

»      châtain 2,07  2,25  3,28  2.94 

(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  1077. 


286  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Ces  chiffres  semblent  établir  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  pigmen- 
tation des  cheveux  est  en  relation  avec  la  latitude  et  l'ensoleillement.  En 
Europe  les  populations  méridionales  sont  les  jilus  pigmentées. 

La  couleur  noire  pure  des  cheveux  est  par  contre  exceptionnelle  en 
Europe,  occidentale;  elle  est  probablement  d'origine  asiatique,  si  l'on  en 
juge  par  la  |)roj)ortion  extraordinairement  élevée  des  cheveux  de  cette 
couleur  que  nous  avons  observés  chez  les  Ilomanichels  même  français 
(26,6  pour  100). 

Broca  envisageait  Térythrisme  comme  pathologique  ;  Di'uiker  l'attribuait 
seulement  au  mélange  de  sang  de  plusieurs  races  blanches,  brunes  ou 
hlondes;  nos  recherches  donnent  raison  à  Broca,  en  ce  sens  que  les  cheveux 
roux  paraissent  s'apparenter  à  l'albinisme,  qu'on  les  constate  en  proportions 
très  voisines  cliez  les  différents  peuples  européens  avec  une  prédominance 
toute  naturelle  chez  les  peuples  dont  la  pigmentation  des  cheveux  est  peu 
prononcée. 

Nous  avons  établi,  par  ailleurs,  au  cours  de  notre  étude  de  6652  Fran- 
çais (')  qu'il  existe  un  parallélisme,  sinon  absolu,  du  moins  très  notable, 
entre  le  développement  du  pigment  des  cheveux  et  des  iris  :  plus  la  pigmen- 
tation des  yeux  s'accentue,  plus  se  développe  celle  des  cheveux  et  inverse- 
ment. L'étude  de  notre  série  de  1 17  Belges  confirme  cette  loi  une  fois  de 
plus  ainsi  que  le  montre  le  Tableau  suivant  : 

Comparaison  des  couleurs  des  yeux  des  Belges^  des  français, 
des  Espagnols  et  des  Italiens. 

Belges  :  l-'i'aiiçais  :        ICspagnols  :  Ilalicns  : 

ll'i  cas  0652  cas  127  cas  l.!(j  cas 

(pour  IDfl).        (pom-lOO).        (pourlOU).        (pour  100). 

Impigmentés  (bleus) 2i,-.'>  i8,r)8  7>87  4i92 

Peu  pigmentés. .  ; \^i.'^.\  'yi.'S'x  4')73       "      4o>84 

Très  pigmenlés 2>.\,t<'\  '^S.^j  50,87  54,22 

A  pigment  jaune 24,3'|  21,76  11,81  'QjO' 

))          orange 2t),86  20,76  2(),(j>  2i,t>3 

»         châtain ' 7  j ^9  2 1  , 96  ■>.'\  J\o  2 '1 , 64 

»          marron  en  cercle .'5,21  6,70  2,36  7:74 

»         marron  verdâtre 8,6()  7,24  21, 25  '5)49 

»         marron  pur '^75  ^'97  2,36     ■  6,35 

(')  Vai.  IJavi.h  el  Léon  Mac-Ah.iii'k,  /('ec.  gêner,  des  Sciences,  u"'  l.'i-lC,  aoùl  1920. 


SPANCK  DU  3r  JANVIER  1921.  287 


BIOLOGIE.  —  Sur  In  croissance  des  Poissons  maintenus  en  milieu  de  tempé- 
rature constante.  Note  de  M.  P.  Ai-diké,  présenlce  par  M.  Kdmond 
Peirier. 

La  conslance  de  la  lempératutc  du  milieu  était  réalisée  au  moyen  d'un 
mélange,  en  proportions  délînios,  des  eaux  d'un  puits  artésien  (32°)  et 
d'une  source  {^^"),  dont  les  températures  sont  invariables  pendant  toute 
l'année. 

Au  point  de  vue  des  résultats  expérimentaux,  il  y  a  lieu  de  distinguer  les 
Poissons  Eurythermes  dos  Sténothermes. 

EuiiYTiiEiîiMES  [Cypriniis  carpis  L.,  Carossius  aurntus  L.,  Sca/dinius  erytro' 
phthalmus  L.)  : 

a.  T.  —  i4°  à  i5".  —  l.  La  croissance  est  régulière  et  continue.  Sa 
courbe  ne  présente  pas  la  succession  de  paliers  et  d'ascensions  rapides 
observés  dans  des  conditions  expérimentales  différentes. 

2.  Dans  l'ensemble,  la  taille  demeure  inférieure  à  celle  des  animaux 
soumis  aux  variations  saisonnières  de  température.  Après  quatre  ans,  elle 
n'atteint  pas  la  moitié  de  celle  des  Poissons  élevés  dans  des  conditions 
naturelles,  compte  tenu  du  nanisme  de  confinement  qui  affecte  les  sujets 
placés  dans  des  bassins  de  faibles  dimensions  et  que  nous  avons  signalé  par 
ailleurs. 

3.  Les  paliers  des  périodes  de  production  sont  absents.  Ceci  trouve  son 
explication  dans  le  fait  que  les  glandes  sexuelles  des  animaux  maintenus 
dans  de  telles  conditions  n'offrent  qu'un  métabolisme  restreint,  n'abou- 
tissant jamais  à  la  production  d'éléments  sexuels. 

h.  T.  =  20°  à  21°.  —  l.  L'accroissement  en  longueur  est  aussi  régulier 
que  dans  l'expérience  précédente,  mais  il  est  plus  rapide.  Il  présente 
chaque  année  un  palier  d'une  durée  de  2  mois  à  2  mois  et  demi,  correspon- 
dant à  la  période  d'élaboration  sexuelle.  Les  organes  génitaux  prennent 
un  développement  normal  et  leur  structure  histologique  est  la  même  que 
celle  des  animaux  élevés  en  liberté.  Il  n'y  a  pas  cependant  émission  des 
éléments  sexuels  et  les  glandes  ne  tardent  pas  à  rentrer  en  régression.  La 
croissance  paraît  légèrement  accélérée  à  ce  moment. 

'2.  A  la  fin  de  la  première  année,  la  taille  est  un  peu  inférieure  à  celle  des 
Poissons  témoins  (^  environ).  A  2  ans,  il  y  a  égalité  de  dimensions  entre 
les  uns  et  les  autres.  Après  3  ans,  ceux-là  ont  de  2*='"  à  3''"  de  plus  que 
ceux-ci.  En  tenant  compte  du   nanisme   de  confinement,   il  est  de  toute 


288  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

évidence  que  la  croissance,  dans  ces  conditions,  est  beaucoup  plus  rapide 
que  celle  des  animaux  soumis  aux  alternances  annuelles  de  température. 

c.  T.  =  24"  à  2.5°.  —  l.  Cette  disproportion  est  encore  plus  marquée 
à  ces  températures  qui  correspondent  aux  optima.  La  dillerence  de  taille, 
au  bout  de  4  ans,  va  du  simple  au  double,  en  faveur  des  sujets  placés  dans 
les  conditions  de  l'expérience. 

2.  La  croissance  est  moins  régulière  que  chez  les  animaux  maintenus 
à  des  températures  moins  élevées.  Elle  procède  par  paliers  nettement 
accusés,  de  durée  et  de  fréquence  irrégulières.  L'un  des  paliers  est  en 
correspondance  évidente  avec  la  période  d'élaboration  sexuelle;  d'autres 
n'ont  avec  celte  période  aucune  relation.  La  croissance  se  produit  donc 
par  à-coups.  Il  semble  qu'après  une  période  de  croissance  rapide,  l'orga- 
nisme fatigué  ait  besoin  de  repos. 

3.  La  présence  et  la  répartition  de  ces  paliers  de  repos  sur  la  courbe 
permettent  de  se  rendre  compte  que  la  croissance  et  la  reproduction  sont 
indépendantes  l'une  de  l'autre.  Leurs  inscriptions  graphiques  peuvent, 
pendant  un  temps,  coïncider  ou  se  confondre,  mais  elles  n'en  sont  pas 
moins  distinctes  et  seulement  superposées.  Celte  dissociation  fonctionnelle 
met  en  évidence  l'indépendance  relative  du  Sonia  et  du  Germe n ,  dont  la 
séparation  précoce  a,  depuis  longtemps  déjà,  été  mise  en  lumière  par  les 
travaux  des  biologistes. 

d.  T.  =  3i°  à  32°.  —  l.  L'irrégularité  est  encore  plus  sensible.  Les 
paliers  se  succèdent  dissemblables  dans  la  durée  et  dans  l'espacement. 
A  des  périodes  d'ascensions  courtes  et  rapides  succèdent  de  plus  ou  moins 
longues  phases  de  repos.  On  assiste  à  un  véritable  afîolement  de  la  fonction. 

2.  A  un  moment  donné,  les  paliers  de  croissance  se  superposent  au  palier 
de  reproduction  qui,  lui,  conserve  son  caractère  de  régularité  et  de  cons- 
tance, montrant  encore  plus  nettement  la  dissociation  des  deux  manifesta- 
tions vitales. 

3.  Une  précocité  plus  grande  peut  se  montrer  dans  la  date  d'apparition 
du  palier  sexuel.  En  aucun  cas  cependant  cette  avance  n'a  dépassé  une 
trentaine  de  jours. 

4.  Dans  fensemblc,  la  croissance  se  ralentit  et  n'atteint  pas  celle  des 
animaux  laissés  en  liberté. 

SiK.NOTiiKPiMKS  {Siihnd  (  riiims  Mitch.,  Sa/vc/inus  fonlinalis  Mitch.)  : 
a.  T.  =  i5"  à  iG".  —  1.   Celte  température  correspond  à  l'optimum  de 
croissance.  Celle-ci  dépasse  parfois  de  trois  fois  celle  des  Poissons  soumis 
aux  variatioifs  lliermi({ues  annuelles.  Cette  poussée  rapide  n'est  pas  sans 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  289 

intérêt  au  point  de  vue  pratique.  Elle  donne  une  explication  des  diiïérences 
de  poids  et  de  taille  que  l'on  constate  chez  les  sujets  de  même  âge  provenant 
d'établissements  de  pisciculture  différents,  l^^lle  fournit  aussi  des  indica- 
tions sur  les  meilleures  conditions  à  réaliser  dans  les  élevages. 

2.   Comme  précédemment,  l'accroissement  procède  par  bonds  successifs. 

h.  T.  =  20"  à  22".  —  Beaucoup  de  Poissons  ne  résistent  [)as  à  ces  tem- 
pératures. Le  nombre  des  décès  est  très  élevé  au  bout  d'un  temps  relative- 
ment court.  La  croissance  de  ceux  qui  résistent  est  considérablement 
ralentie. 

c.  T.  =  26°  à  27°.  —  Quelles  que  soient  les  précautions  prises,  aucun 
Poisson  ne  résiste  dans  ces  conditions  de  température. 

BIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.    —  Vinsùiicl  parcdyscur  des  Araignées. 
Note  de  \\.  Etienne  Rabaud,  présentée  par  M.  P.  Marcbal. 

Dans  une  Note  antérieure  ('  ),  j'ai  montré  que  les  Hyménoptères  vulné- 
rants  ne  «  choisissaient  »  en  aucune  manière  le  point  du  corps  de  leur  vic- 
time correspondant  à  un  ganglion.  L'aiguillon  ne  pénètre  que  dans  la 
mesure  où  il  rencontre  un  interstice  articulaire.  Il  était  tout  indiqué  d'exa- 
miner la  même  question  chez  les  Araignées. 

Suivant  J.-H.  Fabre,  les  Thomises  saisiraient  leur  proie  de  façon  à 
piquer  droit  sur  un  g'anglion,  tandis  que  les  Kpeires  les  piqueraient  en  un  point 
quelconque.  La  différence  proviendrait  de  ce  que  les  premières  captureraient 
presque  exclusivement  des  Abeilles,  tandis  que  les  secondes  prennent  toute 
proie  qui  tombe  sur  leur  toile  et  no  sauraient  connaître,  pour  toutes,  le  point 
vulnérable. 

Cette  différence  n'existe  pas.  Les  Thomises  capturent  bien  d'autres 
Insectes  que  les  Abeilles,  et  elles  les  capturenl  tous  en  les  saisissant  par  une 
partie  quelconque  du  corps.  Qu'il  s'agisse  de  Tliomisus  onusti/s,  de 
Misumena  vatia,  de  Synema  glohostim,  le  temps  nécessaire  à  l'installation  de 
la  paralysie  ne  semble  en  rapport  ni  avec  la  taille  relative  de  l'individu  qui 
mord,  ni  avec  le  point  d'application  de  la  morsure.  Dans  tous  les  cas,  la 
paralysie  survient  rapidement.  J'ai  vu  une  Abeille,  mordue  à  la  partie  pos- 
térieure du  thorax  et  immédiatement  lâchée,  devenir  immobile  au  bout  de 
5o  secondes.  Une  Mouche  commune  mesurant  8™™  de  long,  mordue  à  la 

(')  L'inslincl  paralyseur  des  Hyménoptères  vtilnéranls  {Comptes  rendus,  t.  165, 
1917,  p.  680). 


290  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

partie  moyenne  de  l'abdomen  par  un  Misumenn  latia  mesurant/)'""',  devient 
immobile  en  i  minute.  Les  morsures  d'Araignées  '  plus  volumineuses 
n'agissent  pas  plus  rapidement. 

Une  fois  abolis  ou  très  diminués  les  mouvements  de  la  proie,  la  Tiiomise 
la  fait  souvent  tourner  entre  ses  pattes  et  vient  appliquer  sa  bouche  sur  une 
région  du  corps  différente  de  celle  sur  laquelle  a  porté  la  morsure  initiale. 
Fréquemment,  cette  région  est  l'articulation  céphalo-thoracique,  corres- 
pondant, si  l'on  veut,  à  la  «  nuque  »  dont  parle  Fabre.  Mais  il  importe  de 
remarquer  que  l'application  des  chélicères  et  de  la  bouche  sur  ce  point  a 
lieu  au  moment  où  la  victime,  presque  sans  mouvements,  ne  saurait  ni  se 
défendre,  ni  s'échapper.  D'ailleurs,  la  membrane  céphalo-thoracique  n'est 
pas  un  point  plus  privilégié  qu'une  autre  membrane  aiticulaire.  La  marche 
des  événements  se  reconstitue  de  la  faeon  suivante  :  saisissant  sa  victime 
par  n'injporte  quelle  partie  du  corps,  l'Araignée  plante  souvent  ses  chéli- 
cères sur  des  téguments  assez  résistants;  lorsque,  la  victime  immobilisée,  la 
succion  commence,  ces  téguments  y  font  obstacle;  l'Araignée  est  donc 
amenée  à  changer  sa  bouche  de  place,  jusqu'au  moment  où  elle  rencontre 
une  surface  de  moindre  résistance. 

En  somme,  les  Thomisides  ne  procèdent  pas  autrement  que  les  Épeirides; 
les  unes  comme  les  autres  se  comportent,  au  point  de  vue  de  l'inoculation 
du  venin,  de  la  même  manière;  elles  frappent  au  hasard,  il  suffit  que  les 
chélicères  puissent  pénétrer. 

Le  parallélisme  se  prolonge,  d'ailleurs,  assez  loin,  el  derrière  l'indiffé- 
l'ence  apparente  du  point  d'inoculation  existe  un  déterminisme  précis.  Pour 
les  Araignées,  comme  pour  les  Sphégiens,  la  façon  dont  le  prédateur  saisit  sa 
victime  dé[)end  de  la  position  relative  des  deux  individus  au  moment  où  ils 
se  rencontrent.  Le  fait  est  très  net  quand  on  introduit  une  Mouche  ou  une 
Abeille  dans  un  tube  renfermant  une  Thomise.  Il  n'est  pas  moins  net 
lorsqu'un  Insecte  tombe  sur  la  toile  d'une  l<>peiride;  tantôt  l'Araignée  arrive 
suivant  une  direction  [)erpendiculaire  à  l'axe  longiludinal  de  la  proie, 
tantôt  suivant  une  direction  perpendiculaire  à  l'axe  transA  ersal. 

Dans  le  premier  cas,  l'Araignée  aborde  la  proie  par  côté  et,  tout  en 
l'enveloppant  de  sole,  lui  imprime  un  mouvement  de  rotation  sur 
l'axe  longitudinal  ;  dans  le  second  cas,  elle  l'aborde  par  l'une  des  extré- 
mités et  la  fait  tourner  sur  l'axe  transversal.  Dans  les  deux  cas,  le  mouve- 
ment de  rotation  dure  un  temps  variable  et,  quand  il  cesse,  la  partie  du 
corps  de  la  victime  qui  se  trouve  en  face  de  l'Araignée  est  forcément  quel- 
conque :  c'est  celte  partie  que  mord  l'Araignée. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I92I.  291 

Ces  indications  concernent  exclusivement  la  première  morsure.  Celle-ci 
reste  unique  quand  elle  est  ellective,  c'est-à-dire  quand  la  résistance  des 
téguments  de  la  proie  ne  s'oppose  pas  à  la  pénétration  des  chélicèt-es.  Dans 
le  cas  contraire,  l'Araignée  mord  à  plusieurs  reprises,  sans  aucun  ordre, 
tout  le  long  du  corps,  jusqu'au  moment  où,  rencontrant  une  membrane  de 
moindre  résistance,  les  cliélicères  s'accrochent  et  pénètrent. 

Si, la  proie  demeure  immobile  ou  bouge  peu,  les  morsures  se  succèdent 
sans  interruption;  si  la  proie  s'agite,  l'Araignée  cesse  de  mordre  et  reprend 
le  mouvement  d'enveloppement.  J'ai  pu  provoquer  des  alternatives  de 
morsures  et  d'enveloppement  pendant  plus  de  45  minutes  en  jetant  un 
Carabus  viohiccus  sur  la  toile  d'une  Argiope  brunneicld.  Encore  ai-je  arrêté 
l'expérience  qui  menaçait  de  durer  indéfiniment,  aucune  partie  des  tégu- 
ments du  Coléoplère  ne  permettant  la  morsure. 

Quant  à  l'action  du  venin  des  Epeires,  elle  varie  infiniment,  suivant 
les  proies,  pour  une  même  Araignée.  Il  n'est  pas  exact  de  dire,  avec  Fabre, 
que  la  paralysie  doit  s'installer  lentement  pour  que  l'Araignée  ait  à  sa. 
disposition  une  proie  conservant  un  reste  de  vie  jusqu'à  la  fin  du  repas. 
Parfois,  l'action  du  venin  est  1res  rapide.  Au  bout  de  5  minutes,  un  Homhns 
teirestris  n'a  plus  que  de  légers  mouvements  spasmodiques  de  rextrémité 
des  tarses;  mais  au  bout  de  45  minutes  il  a  repris  son  activité.  Au  contraire 
un  Gryllide,  OEcanthus  pelluscens  ment\.?,\xv\e.  coup.  Sur  les  Acridiens,  proies 
fréquentes  des  Epeires,  l'elTet  du  venin  varie  suivant  les  individus.  J'ai  vu 
des  Sicnobolhrus  bicolor  mourir  rapidement  et  d'autres  se  remettre  de 
la  blessure;  les  Abeilles  et  les  Guêpes,  vite  paralysées,  ne  survivent  pas. 

Au  surplus,  Argiope  branneichi  accepte  sans  la  moindre  difficulté  les 
proies  mortes  qu'on  lui  tend  au  bout  d'une  pince  et  les  mange.  11  y  aurait, 
d'ailleurs,  beaucoup  à  dire  sur  la  façon  dont  mangent  les  Epeires  :  elles 
enduisent  extérieurement  leurs  proies  d'un  liquide  qui  fait  penser  à  une 
sorte  de  digestion  externe;  et  le  fait  que  la  proie  est  progressivement  réduite 
en  bouillie  appuie  cette  suggestion. 


PHYSIOLOGIE.  —  L'insuffisance  respiratoire  aux  très  hautes  altitudes  et  sa 
correction  par  les  injections  sous-cutanées  d'oxygène.  Note  de  M.  Raoul 
Baveux,  présentée  par  M.  Roux. 

Une  injection  sous-cutanée  d'oxygène,  faite  sur  un  sujet  en  bonne  santé 
augmente  son  débit  respiratoire;  on  peut  s'en  assurer  en  le  faisant  respirer 


292  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  travers  un  spiromètre  pendant  un  lempe  égal,  avant  et  après  l'injection. 
L'excès  du  second  volume  d'air  sur  le  premier  rcprésenle  numériquement 
le  pouvoir  ainplilicateur  de  l'oxygène  sous-ciitané,  sur  la  ventilation  pul- 
monaire. 

Ce  résultat  expéi  imenlal,  que  je  crois  nouveau,  démontre  que  c'est  par 
voie  indirecte  que  l'oxygène  sous-cutané  active  l'hémalose.  Son  appli- 
cation m'a  permis  d'évaluer  la  puissance  d'action  des  injections  d'oxygène 
sur  l'asphyxie  des  très  hautes  altitudes,  pendant  l'expédition  que  j'ai  faite, 
en  1919,  à  rOhservaloire  du  mont  Blanc  au  moyen  des  ressources  mises  à 
ma  disposition  par  M.  J.  Vallot.  J'y  ai  déterminé,  pendant  neuf  jours,  mes 
valeurs  spirométriques  avant  et  après  oxygénation  sous-cutanée;  je  les  ai 
comparées  aux  valeurs  similaires  déterminées  à  Paris  et  à  Chamonix  avant 
mon  ascension,  puis,  de  nouveau,  à  Chamonix  et  à  Paris,  après  mon  retour 
du  mont  Blanc.  J'ai  ainsi  effectué  cinq  séries  d'expériences  donnant  un  total 
de  soixante  (lélrrminations  en  trente  séances.  Je  me  suis  toujours  servi  d'un 
spiromètre  très  sensible,  avec  soupape  de  Tissot. 

La  pression  barométrique  et  la  température  de  l'air  ont  été  notées  à 
chaque  altitude  pour  corriger,  en  les  ramenant  à  o"  et  760"""  les  chiffres 
spirométriques.  Sans  cette  correction,  ils  n'indiqueraient  que  la  venti- 
lation pulmonaire  relative,  et  ils  ne  seraient  pas  comparables;  celle  correc- 
tion étant  faite,  ils  indiquent  les  l'entilalions  absolues  qui,  seules,  corres- 
pondent aux  valeurs  pondérales  de  l'oxygène  aspiré,  quelle  que  soit  Taltilude 
où  on  les  ait  recueillies. 

Le  Tableau  suivant  donne  les  moyennes  de  chacune  de  mes  cinq  séries. 
Les  respirations  sont  comptées  par  minute;  les  débits  respiratoires  en  litres 
et  fractions  de  litre.  Nous  utiliserons  uniquement  le  débit  par  minute,  qui 
varie  en  fonction  des  deux  autres  quantités  et  qui  les  résume. 

Taiîleau  I. 

Moyennes  respiratoires  avant   et   a/ircs   oxygénation    sous-cutanée    (H,    HavouxV 

Paris.  Cliamoiiix.  Moiil  Ulanc.  Clianionix. 

Années  Avant  Obseivaloiie  Après 

1910  et  1920.  Il'  mont  lilanc.  Vallot.  le  mont  tilanc. 

Oxygène. 


Avant.  Apiès,  Avant.  Apirs.  \v:uit.  Apios.  Avant.  Apivs. 

Hespirations. .  .      17  16,6  18,*  il'),'i  i(),S  \-^ù  iS,<.  1 '| , '| 

Débit-imilé .  .  .        ",79       ijf'9           <'.*>-i       <>,IS")           o.'ii       <s.")8           "-99  '•■^7 

Dêbil-iiiiiiiilo.  .      iL-V!  if^.i"!  ii.ii.">  i.î.()'i            '^.71  i".7i  i8.()'.>  19.73 


Kiiss. 

Guilleniard. 

Baveux. 

générale 

5,59 

8, .4 

18,67 

8,37 

5,00 

7,o3 

I  I  ,60 

7,38 

4,o4 

5,58 

8,63 

5,66 

SÉANCE  DU  3l  JANVIKR  1921.  298 

L'examen  des  cliilTres  de  débit  consignés  dans  ce  'rabicau  permet 
d'énoncer  les  deux  proposilions  suivantes  : 

1°  Le  débit  respiratoire  absolu  diminue  rjuand  r altitude  augrn-nle. 

2."  A  toutes  les  altitudes,  F  injection  sous-culanée  iPoxYgèiK' corrige  l'insuf- 
fisance progressif  du  débit  respiratoire. 

Ma  première  proposition  est  corroborée  par  les  résultais  spiromélriqucs 
qu'ont  obtenus,  au  mont  Blanc,  avant  les  miennes,  les  recherclies  de 
J.  Vallot  ('),  de  Kuss  (-),  et  de  Guilleniard  et  Moog  ('). 

Ces  auteurs  ont  expérimenté  sur  14  sujets,  d'âge  et  de  poids  différents, 
au  cours  de  six  expéditions  réparties  sur  une  période  de  huit  années.  Leurs 
chiffres  concordent  entre  eux  et  avec  les  miens. 

Tableau  II. 

Moyennes  de  ventilation  aljsolue  prises  à  diverses  altitudes. 

Moyennes 
J.  Vallot. 

Plaine 6,11 

Chanioûix 5,42 

Mont  Blanc 4,42 

Ma  seconde  proposition  est  démontrée  par  la  comparaison  entre  les 
cliiffres  de  débit  que  j'ai  obtenus  avant  et  après  oxygénation,  car  on  voit 
que  ces  derniers  sont  toujours  plus  forts  que  les  premiers.  Cette  comparaison 
permet  de  calculer  dans  quelle  proportion  l'oxygénation  sous-cutanée  peut 
compenser  l'insuffisance  respiratoire  à  la  très  haute  altitude  do  l'Observa- 
toire du  mont  Blanc. 

Déficit  respiratoire  en  passant  de  Chanionix  au  mont  Blanc. 

Lilres  d'air 
par  minute. 

Sans  oxygénation  hypodermique 2  ,g4 

Avec  oxygénation  hypodermique i  ,44 

Diminution  du  déficit  par  l'oxygénation 1,.50 

L'oxygénation  sous-cutanée  donne  donc  une  amélioration  de  cinquante 
et  un  pour  cent  dans  la  ventilation  pulmonaire  à  la  très  haute  altitude  de 
l'Observatoire  du  mont  Blanc  (435o™). 

(')  J.  Vallot,  Annales  de  l'Observatoire  nietéurologiijue  du  mont  Blanc.  Expé- 
ditions de  1898,  1899  et  1900,  t.  6,  igoS. 

(-)  G.  Kiss,  Comptes  rendus,  t.  14-1,  1903,  p.  270.  /^S 

(^J  GuiLLEHARD  Cl  MooQ,  Comptes  rendus,  t.  14o,  19117,  p.  828.  /^  ■  c*^^  ' 

i>^  ^<^- 


294  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Un  calcul  très  simple  montrerait  que,  d'après  ces  chiffres,  une  injection 
sous-cutanée  d'oxygène  permettrait  de  respirer  aussi  amplement  à  Sooo™ 
d'altitude  qu'on  respire,  sans  oxygénation,  à  l'altitude  de  (>hamonix.  Or 
j'ai  montré  (')  que  l'effet  utile  des  injections  d'oxygène  peut  durer  une 
vingtaine  d'heures. 

Nous  voyons  cependant  qu'il  reste  encore,  à  l'altitude  du  mont  Blanc,  un 
déficit  respiratoire  de  49  pour  100. 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  la  nature  du  choc  anaphylactique. 
Note  de  MM.  Auguste  Lumière  et  IIenri  Couturier,  présentée  par 
M.  Roux. 

Dans  des  recherches  publiées  antérieurement  (-),  nous  avons  montré 
que  l'injection  intra-vasculaire  d'un  précipité  insoluble  et  inerte,  constitué 
par  du  sulfate  de  baryte  émulsionné  dans  du  sérum  artificiel  isoloniquc  et 
isovisqueux,  permettait  de  provoquer  non  seulement  des  symptômes  iden- 
tiques à  ceux  du  choc  anaphylactique,  avec  tous  ses  caractères,  mais  aussi 
des  lésions  et  des  troubles  semblables  à  ceux  de  l'anaphylaxie  chronique  ;  la 
similitude  de  ces  effets  tendait  donc  à  faire  attribuer  la  crise  et  les  acci- 
dents de  l'anaphylaxie  à  une  cause  physique  plutôt  qu'à  des  phénomènes 
chimico-loxiques. 

Pour  confirmer  celte  hypothèse,  nous  avons  réalisé  les  expériences 
suivantes  : 

Des  cobayes  ont  élé  sensibilisés  au  mojen  d'injeclions  sous-cutanées  de  sérum  de 
cheval  de  -^  de  centimètre  cube.  Vingt  jours  après  cette  préparation,  l'injection 
intra-cardiaque  de  \  de  centimètre  cube  du  même  sérum  amène  chez  ces  animaux 
des  accidents  qui  débutent  au  bout  de  20  à  3o  secondes.  Une  minute  plus  tard 
environ,  les  témoins  ainsi  traités,  tombent  sur  le  côté  et  meurent  vers  la  fin  de  la 
deuxième  minute. 

Si  l'on  administre  par  la  même  voie  à  d'autres  animaux  du  même  lot  o''"'',5  d'émul- 
sion  barytique  à  0,265  pour  100,  puis,  3o  secondes  après,  la  dose  mortelle  de  sérum, 
on  n'observe  alors  que  des  troubles  légers  et  passagers,  ne  se  manifestant  qu'à  partir 
de  la  deuxième  minute;  pendant  quelques  lieures,  les  sujets  eu  expérience  demeurent 
hérissounés,  mais  ils  se  rétablissent  bientôt  i:omplètement  ayant  ainsi  toléré,  sans 
dommages  appréciables,  des  doses  qui  les  auraient  infailliblenienl  lues  Siins  l'injection 
préalable  de  suspension  barylique. 

{^ )  Comptes  rendus,  t.  169,  19 19,  p.  i  179. 

(■-)  Auguste  LiinikRE  et  Mrnri  Goutuiueii,  Sur  le  clioc  provoqué  par  rinlroduction 
de  substances  inertes  dans  la  circulation  {Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  1 172). 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I921.  29,6 

(^>uaiul,  I  mimite  après  la  première  injeelion  immunisante,  on  en  prali(|ne  une 
seconde  dix  fois  plus  concentrée,  le  coliaye  la  supporte  parfaileuieul  bien  et  peut 
recevoir  au  bout  de  24  heures  l'inoculation  anaphylactique,  mortelle  chez  les  témoins, 
sans  présenter  d'autres  symplùmes  que  du  prurit  et  un  peu  d'in(|uit-lnde,  troubles  qui 
disparaissent  en  un  quart  d'heure. 

L'iiniiiuiiité  contre  le  choc  anapliylactique  vrai,  créé  par  le  précipité 
inerte,  n'a  donc  qu'une  durée  assez  limitée,  mais  elle  n'en  est  pas  moins 
réelle  et  complète;  elle  est  effective  aussi  contre  l'anaphylaxie  passive  et 
contre  les  chocs  déterminés  par  l'introduction  de  certains  colloïdes  dans  la 
circulation.  Les  expériences  que  Bordet  a  instituées  avec  le  sérum  gélose 
conduisent  d'ailleurs  à  des  résultats  semblables. 

Nous  avons  voulu  montrer,  par  les  essais  complémentaires  rapportés 
plus  haut,  que  l'immunisation  contre  le  choc  pouvait  être  également  réalisée 
au  moyen  d'un  corps  inerte  n'intervenant  q\u&  physiquement. 

In  verse  nient,  la  vaccination  contre  le  choc  anaphylactique,  par  le  pro- 
cédé des  doses  subintrantes  de  Besredka,  protège  aussi  temporairement, 
contre  le  choc  barytique,  les  animaux  qui  y  sont  soumis.  C'est  ainsi  que 
des  cobayes  sensibilisés  comme  nous  l'avons  indiqué,  puis  vaccinés  par  des 
injections  variant  de  ^-  k  -^  àQ  centimètre  cube  d'antigène,  peuvent,  une 
demi-heure  après  ce  traitement,  tolérer  des  doses  mortelles  d'émulsion  de 
sulfate  de  baryte  en  ne  présentant  que  des  symptômes  insignifiants  et 
même  aucun  trouble  suivant  les  quantités  d'antigène  administrées  préala- 
blemeiit. 

La  durée  de  l'immunité  dans  ce  cas  est  aussi  longue  que  le  traitement 
inverse  et  peut  se  prolonger  pendant  il\  heures. 

Toutes  ces  expériences  tendent  à  montrer  que  les  causes  du  choc  ana- 
phylactique sont  les  mêmes  que  celles  des  crises  anapliylactoïdes  résultant 
de  l'introduction  brusque  de  substances  insolubles  dans  la  circulation. 

Si  l'état  d'antianaphylaxie  durable  créé  par  la  vaccination  au  moyen  des 
doses  subintrantes  est  bien,  comme  le  fait  remarquer  Besredka  ('),  la 
pierre  de  touche  la  plus  importante  de  l'anaphylaxie  vraie,  elle  n'est  point 
celle  du  choc  pi^oprement  dit  car,  en  réalité,  l'état  de  protection  conféré 
par  les  faibles  doses  d'antigène  ne  constitue  une  vaccination  contre  le  choc 
que  pendant  quelques  heures  après  lesquelles  les  sujets  ainsi  traités,  soumis 
de  nouveau  à  des  injections  d'un  mélange  de  sérum  d'un  autre  animal  sen- 


(■)  A.  Besredka,  Anaphyloloxine  el  anaphylaxie  {Annales  de  l'Institut  Pasteur, 
lai  1920,  p.  334). 


296  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sibilisé  el  du  même  antigène  ou  dun  précipité  inerte,  n'échappent  plus  à  la 
crise;  ils  ne  sont  point  immunisés  d'une  façon  persistante  contre  le  choc 
mais  sim[)lement  désensibilisés. 

Les  inoculations  suhintrantcs  ayant  en  (|uel(jue  sorte  saturé  les  éléments 
précipitahles  du  sang,  de  nouvelles  quantités  d'antigène  ne  peuvent  plus 
déterminer  la  formation  de  précipité  et  il  n'y  a,  par  conséquent,  plus  de 
choc  possible.  L'emploi  de  ces  doses  subintrantes  conduit  donc  à  deux 
résultats  distincts  : 

i"  Une  immunisation  temporaire  générale  contre  tout  choc  quel  qu'il 
soit; 

1°  Une  désensibilisalion  spécifique  de  l'animal  dont  le  sang  ne  peut  plus 
réagir  sur  l'antigène  sensibilisant  pour  donner  le  précipité  indispensable 
à  la  production  du  choc. 

Les  efl'els  de  protections  réciproques  que  nous  venons  de  rapporter 
semblent  bien  constituer  une  démonstration  cruciale  de  l'identité  du  méca-- 
nisme  du  choc  dans  tous  les  cas  considérés. 


MICROBIOLOGIE.  —  Essais  de  vaccination  conlrc  le pcdadisme  des  oiseaux  dû 
au  Plasmodium  relictum.  Note  de  MM.  Etie.vne  et  £d.>io.\d  Seu^e.nt, 
présentée  par  M.  Roux. 

On  admet  que  le  paludisme  ne  confère  pus  une  immunité  absolue,  mais 
que  toutefois  les  paludéens  dont  l'infection  est  passée  à  l'état  chronique  ont 
une  immunité  relative,  c'est-à-dire  qu'ils  ne  réagissent  plus  aux  réinfections. 
Nous  avons  cherché  à  voir  si,  dans  le  paludisme  des  oiseaux,  il  est  possible 
d'obtenir  l'immunité  relati\e,  sans  passer  par  le  stade  initial  d'infection 
aiguë  toujours  grave  et  même  mortel  dans  un  tiers  des  cas. 

Nous  avons  essayé  déjà  l'inoculation  de  sporozoïtes  conservés  invitro  (*). 
Sur  24  sujets,  7  avaient  acquis  par  ce  procédé  l'immunité  relative  immé- 
diate sans  phase  d'infection  aigu*'. 

Dans  une  nouvelle  série  d'expériences,  nous  avons  utilisé,  pour  atteindre 
ce  but,  non  pas  un  virus  vieilli,  mais  un  viius  prélevé,  soit  chez  le  mous- 
tique, soit  chez  l'oiseau,  pendant  la  période  d'incubation. 


(')  lvriK>>E  et  Ei)MO.M>  Skrgent,  Sur  Vimniunilé  ilnns  le  paludisme  des  oiseauu-, 
Conscii'alion  in  vilro  des  sporozoïtes  de  l'Iasmodiuni  relictiiiii.  Iminiinité  relathe 
ohli-nue  par  inueulalion  de  ces  sporozoïtes  {Comptes  renlus,  l.  I.'il.    uji".  p.  107). 


SÉANCE   DU   3l    JANVIER    I921.  297 

jo  J/^irus  prélevé  pendant  son  évolution  sporogonique  cliez  /'i'n.yetVe  (Gulex 
pipiens).  —  Nous  considérons  comme  période  d'incubation  le  slade  de  12 
à  1 5  jours  de  durée  (à  une  température  de  25°  à  So")  pendant  lequel  le  virus 
se  présente  sous  forme  de  zygotes  enkystés  dans  la  paroi  de  l'estomac  du 
moustique,  avant  l'apparition  des  sporozoïtes. 

On  injecte,  dans  le  péritoine  d'un  canari,  quatre  ou  cinq  estomacs  de  Ca/ex  nourris, 
6  jours  auparavant,  de  sang  d'oiseau  riclie  en  Plasmodiuni.  Les  estomacs  présentent  de 
très  nombreux  zygotes  de  3o!*  à  !\oV-  de  diamètre  ;  on  n'y  voit  pas  encore  de  sporozoïtes; 
ils  sont  broyés  dans  de  l'eau  chlorurée  à  7,5  pour  lobo.  L'expérience  est  faite  sur  huit 
canaris. 

Aucun  de  ces  oiseaux  ne  présente  d'immunité  consécutive  :  l'inoculation 
de  virus,  faite  1 5  jours  après  rinjection  des  zygotes,  est  suivie,  comme  chez 
les  témoins,  d'une  infection  intense. 

2"  Virus  prélevé  pendant  son  évolution  chez  l'Oiseau  (Canari)  (Expériences 
faites  en  inoculant  aux  oiseaux  du  sang  parasité).  —  La  période  d'incuba- 
tion est  celle  qui  sépare  le  moment  de  l'inoculation  de  celui  de  l'apparition 
des  parasites  dans  le  sang  périphérique.  La  durée  de  cette  période  varie 
de  3  à  10  jours,  elle  est  en  général  de  6  jours. 

Nous  injectons  dans  le  péritoine  de  61  canaris  une  goutte  de  sang  de 
canaris  inoculés  24  ou  48  heures  auparavant. 

A.  Dans  une  première  série  de  recherches,  une  seule  injection  de  sang 
prélevé  48  heures  après  l'inoculation  donne  l'immunité  relative  à  2  sujets 
sur  i3. 

B.  Dans  une  deuxième  série,  une  seule  injection  de  sang  prélevé  24  heures 
après  l'inoculation  donne  l'immunité  relative  à  3"  sujets  sur  12. 

C.  Dans  une  troisième  série,  deux  injections,  répétées  à  8  jours  d'inter- 
valle de  sang  prélevé  48  heures  après  l'inoculation  donnent  l'immunité  rela- 
tive à  5  sujets  sur  18. 

D.  Dans  une  quatrième  série,  deux  injections,  répétées  à  8  jours  d'inter- 
valle, de  sang  prélevé  24  heures  après  l'inoculation  donnent  l'immunité 
relative  à  3  sujets  sur  18. 

Chez  les  témoins,  la  proportion  des  oiseaux  naturellement  réfractaires 
est  infime  :  0,72  pour  100  (7  sur  963  au  i5  décembre  1920).  Donc 
99,28  pour  100  des  témoins  s'infectent  gravement  à  la  première  épreuve. 

Au  contraire,  si  l'on  résume  les  résultats  obtenus  sur  les  61  sujets  traités 
par  le  sang  de  canaris  inoculés  depuis  24  ou  48  heures,  on  voit  que  i3  au 

c.  R.,  192 Semestre.  (T.  n2,  N°  5.)  22  • 


298  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

total  ont  acquis  rimmunité  relative  immédiate  (2  i  ,3  pour  100);  les  autres 
s'infectent  «gravement  à  la  première  épreuve. 

Les  i?>  sujets  «  acclimatés»  cl'eml)lée  ont  été  suivis  2  et  3  mois;  4  d'entre 
eus  ont  subi  2  et  3  inoculations,  auxquelles  ils  ont  résisté,  sauf  un  qui 
s'infecte  à  la  troisième  inoculation,  3  mois  après  Tinjcclion  immunisante. 

On  peut  donc  conclure  :  Le  sang  d'un  oiseau  prélevé  pendant  la  jxh-iodf 
(rinciibalion  du  paludisme  des  oiseaux,  c'est-à-dire  avant  l'apparition  des 
parasites  dans  le  sang  périphérique,  n'est  jamais  infectant  et  peut  conférer, 
dans  21,3  pour  100  des  cas,  l'immunité  relative  à  des  sujets  neufs  sensibles. 


HYGIÈNE.  —  Le  rôle  des  mouches  dans  le  transport  de  germes  pnt/ioiiénes 
étudié  par  la  technique  des  éleva<^cs  aseptiques.  Mote  de  M.  E.  Woi.i.man, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

Le  rôle  des  mouches  en  tant  que  véhicules  de  microbes  pathogènes  a  fait 
l'objet  de  très  nombreuses  recherches.  Nous  citerons  celles  de  Ficker,  de 
Faichnie,  de  Graham-Smith,  de  Ledingham,  de  Marchoux,  pour  ne  parler 
que  des  plus  récentes  (').  A  part  quelques  cas  particuliers  où  le  microbe 
étudié  est  facile  à  mettre  en  évidence  (bacille  tuberculeux,  b.  de  la  lèpre), 
de  telles  recherches  se  heurtent  à  de  grosses  difficultés  du  fait  de  la  richesse 
de  la  flore  bactérienne  normale  de  ces  insectes.  On  a  évalué,  en  elîet,  à 
plusieurs  millions  le  nombre  de  bactéries  couramment  transportées  par  une 
mouche  ('■').  L'isolement  d'un  germe  pathogène  quelconque  est  dans  ces 
conditions  pénible  et  aléatoire.  Cet  isolement  devient  presque  impraticable 
pour  les  bactéries  du  groupe  du  h.  typhique  ç\.  des  paralyphiques^i  particu- 
lièrement importants  au  point  de  vue  tjui  nous  occupe.  Un  grand  nombre 
des  bactéries  normales  de  la  mouche  se  rapproche,  en  effet,  des  germes  de 
ce  groupe  :  ni  la  morphologie,  ni  l'aspect  des  colonies,  ni  les  réactions 
biochimi(jues  ne  permettent  de  les  en  distinguer;  seules  les  méthodes 
sérologiques  peuvent  donner  un  résultat  ('). 

(')  On  Irouvera  la  bibliographie,  ainsi  que  la  tcrbniijue  et  la  marche  de  nos  expé- 
riences, dans  le  travail  détaillé  qui  païaîtra  pi'ochaineiiienl  dans' les  Annotes  de  l' Ins- 
titut Pasteur. 

('■')  D'après  Coix,  Lewis  et  Glynn,  ce  nombre  s'élèverait  à  5oo  millions  pour  les 
mouches  capturées  dans  des  endroits  très  soiiillés  (Journ.  of  Hyg.,  Vl). 

(')  Gv.k\\>i.y\-'è>i&\i\\.  Files  and  Diseuse,-^.  i23. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  299 

Il  nous  a  semblé,  pour  toutes  ces  raisons,  que  la  question  inérilail  d'être 
reprise  par  la  technique  des  élevages  aseptiques  (').  Les  expériences 
deviennent,  dans  ces  conditions,  schématiques  :  le  milieu  de  culture  reste 
stérile  ou  présente  une  culture  pure  du  microbe  employé.  T.'absencc  de 
germes  autres  que  celui  introduit  par  Texpérience  permet  de  recourir  à  des 
épreuves  particulièrement  sensibles  :  ensemencement  en  milieu  liquide, 
inoculation  dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil  (b.  tuberculeux),  etc. 

Enfin,  le  germe  pathogène  étant  soustrait  à  l'action  de  la  flore  normale  se 
trouve  dans  des  conditions  particulièrement  favorables;  les  résultats  posi- 
tifs obtenus  dans  ces  conditions  semblent  pouvoir  être  considérés  comme 
des  résu/latx  /imites. 

Les  mouches  peuvent  être  contaminées  soit  à  l'état  de  larves,  lorsque  le 
développement  se  fait  dans  des  matières  renfermant  des  microbes  patho- 
gènes, soit  à  l'état  d'irisecle  parfait.  De  là,  deux  séries  d'expériences.  Dans 
la  première,  il  s'agissait  de  rechercher  chez  l'adulte  les  germes  englobés  à 
l'état  de  larves.  En  cas  de  résultat  positif,  il  était  intéressant  de  savoir 
comment  se  faisait  le  passage.  Dans  la  deuxième  série,  nous  devions  établir 
comment  se  comportaient  les  mouches  aseptiques  contaminées  à  l'état 
adulte. 

I.  Les  expériences  de  la  première  sécie  ont  porté  sur  les  larves  de  la 
mouche  à  viande  {Calliphora  vomitoiïa),  celles  de  la  mouche  verte  (Lucilia 
césar)  et  celles  de  la  mouche  domestique.  Les  œufs  aseptiques  (")  étaient 
déposés  sur  de  la  cervelle  stérilisée  pour  les  deux  premières  espèces,  sur  du 
crottin  de  cheval  stérilisé  pour  la  mouche  domestique.  A  l'éclosion  des 
larves  on  introduisait  dans  le  milieu  une  suspension  de  microbes  pathogènes  : 
b.  lypMque,  b.  dysentérique  (Shiga),  b.  tuberculeux.  C'est,  en  effet,  la  con- 
tamination par  les  bactéries  du  groupe  du  typhique  et  des  dysentériques 
qui  doit  se  réaliser  le  plus  souvent  dans  la  pratique,  les  larves  pouvant  ren- 
contrer ces  germes  dans  les  déjections  de  malades  ou  de  porteurs.  Le 
bacille  tuberculeux  peut,  lui  aussi,  être  éliminé  en  quantité  avec  les  déjec- 
tions (Calmette)  et  présente,  d'autre  part,  un  intérêt  particulier  par  suite 
de  sa  grande  résistance  à  Faction  de  facteurs  nocifs  :  dessiccation,  etc.  Enfin, 


(')  Au  cours  de  raïuiée  dernière,  nous  avons  pu  étendre  celle  lecliniciue  à  l'élevage 
de  la  mouche  domestique  et  obtenir  des  générations  aseptiques  successives  de  cet 
insecte. 

(2)  Pour  la  technique,  voir  Annales  de  l' Institut  Pasteur,  t.  25,  p.  79. 


3oO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  quelques  expériences,  nous  nous  sommes  adressé  à  la  hnctcridie  char- 
bonneuse, microbe  sporulé  qui  dans  la  nature  peut  également  se  rencontrer 
dans  les  habitats  des  larves  de  muscidés. 

Dans  un  certain  nombre  de  cas,  le  contenu  des  pupes  a  été  ensemencé 
soit  aussitôt  après  la  transformation  des  larves,  soit  plus  tard,  lorsque  l'éclo- 
sion  ne  se  produisait  pas  :  dans  tous  les  cas  nous  avons  obtenu  une  culture  pure 
et  abondante  du  microbe  contaminant. 

Dans  la  majorité  des  expériences  les  pupes  étaient  transportées  dans  des 
tubes  stériles  après  ou  sans  stérilisation  préalable  au  sublimé  à  2  pour  1000 
pendant2à  3  minutes  et  lavage  à  l'eau  stérile.  Dans  tous  les  cas  et  quel  q'u  eût 
été  le  germe  infectant,  les  mouches  êcloses  de  pupes  ainsi  stérilisées  se  sont  mon- 
trées aseptiques.  (  Ensemencement  sur  gélose  et  en  bouillon  pour  les  larves 
contaminées  de  b.  typhique,  de  b.  dysentérique ,  de  charbon;  broyage  et  ino- 
culation dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil  à  des  lapins,  pour  le  b.  tubercu- 
leux bovin.)  Pour  ce  qui  est  de  mouches  êcloses  de  pupes  qui  n'avaient  pas 
été  stérilisées,  un  certain  nombre  ont  donné  des  cultures  du  microbe  conta- 
minantl  (6.  typhique,  b.  dysentérique). 

Cesexpérience.-î  permettent  de  conclure  que  les  germes  pathogènes  englobés 
par  les  larves  ne  passent  pas  à  l'insecte  parfait.  Toutefois,  dans  la  pratique, 
celui-ci  peut  se  contaminer  par  les  microbes  adhérant  à  la  surface  de  la  pupe. 
II.  Les  expériences  de  la  deuxième  série  ont  porté  exclusivement  sur  la 
mouche  domestique.  C'est,  en  eiïet,  cette  espèce  qui  entre  surtout  en  ligne 
de  compte,  à  l'état  adulte,  au  point  de  vue  de  la  dissémination  des  germes 
pathogènes  pour  l'homme. 

Après  avoir  été  contaminées  par  des  cultures  pures  de  b.  typhique,  do 
b.  dysentérique  ou  de  b.  tuberculeux  (une  seule  expérience),  les  mouches 
étaient  recueillies  dans  des  ballons  stériles  contenant  du  coton  hydro()hile 
imbibé  d'une  petite  quantité  d'eau  et  de  lait.  Conservées  dans  ces  conditions, 
les  mouches  ensemencent  abondamment  le  microbe  en  question  {b.  typhique 
ou  b.  dysentérique)  pendant  tout  le  temps  que  dure  l'expérience  :  plus  de 
trois  semaines  dans  certains  cas.  Cet  ensemencement  se  fait  aussi  bien  par 
la  surface  du  corps  (pattes  et  trompe)  que  par  les  déjections. 

Si,  au  contraire,  on  leur  fait  changer  de  ballon  tous  les  jours  ou  tous  les 
deux  jours,  on  constate  que  très  rapidement  les  mouches  se  débarrassent  de 
leurs  germes  et  redeviennent  aseptiques.  Dans  certaines  expériences  cette 
auto-stérilisation  était  complète  au  bout  de  huit  jours.  Dans  runi(|ue  expé- 
rience faite  avec  le  b.  tuberculeux  ce  germe  avait  disparu  quatre  jours  après 
l'infection  (inoculation  dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil). 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  3oi 

Ces  expériences  élablissent  (jiie  les  mouches  contaminées  restent  infectantes 
pendant  un  temps  assez  court  (quelques  jours).  Eloignées  de  la  source  de 
contamination,  elles  se  débarrassent  très  vite  (probablement  niécaniqueinenl) 
des  germes  infectants. 


MÉDECINE.  —  L'élimination  et  la  fixation  des  novarsenicaux  thérapeuti- 
ques. Note  (')  de  IVÏVI.  Kohn-Abrest,  Sicard  et  Pakaf,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

Les  recherches  de  l'un  de  nous(-)  établissaient  que  l'ensemble  des 
viscères  de  près  de  3  pour  loo  de  nos  contemporains  contiennent,  outre 
l'arsenic  «  normal  »,  des  doses  d'arsenic  anormales.  Mais  ces  dernières 
r;sLent  cjixipriàes  entre  i  et  2  milligrammes.  Elles  sont  donc  très  faibles  et 
inférieures  à  celles  que  l'on  trouve  dans  les  viscères  des  personnes  ayant 
réellement  succombé  à  l'empoisonnement  arsenical. 

Les  données  ci-dessus  onl  été  déduites  de  l'analyse  des  viscères  de  116  personnes 
prises  au  hasard  des  morts  violentes  ou  subites,  survenues  à  Paris  entre  igii  et  1918; 
mais  sans  qu'il  s'agisse  d'empoisonneinenl  par  l'arsenic.  Parmi  ces  sujets  devaient  se 
trouver  une  certaine  proportion  de  syphilitiques,  traités  au  moyen  des  arsenobenzols. 
Aussi  ces  recherches  confirment-elles,  ce  que  l'on  savait  déjà  (')  de  la  prompte  élimi- 
nation de  ces  composés.  Elles  ont  contribué  à  distinguer,  dans  certains  cas  de  la 
chimie  légale,  l'arsenic  «  vénéneux  »  de  l'arsenic  simplement  «  médicamenteux.  ». 

Depuis  ces  recherches,  nous  avons  systématiquement  rassemblé  les  cas 
dont  nous  étions  saisis,  de  personnes  ayant  succombé,  alors  qu'elles  étaient 
réellement  soumises  plus  ou  moins  anciennement  à  des  traitements  novarse- 
nobenzoliques.  A  de  rares  exceptions  près,  la  mort  de  ces  sujets  n'a  pas  été 
consécutive  à  l'intoxication  arsenicale;  mais  à  révolution  naturelle  de  la 
maladie  (cancer,  ramollissement  cérébral,  anévrisine,  etc.). 

La  destruction  des  matières  organiques,  des  viscères  pris  isolément,  en  vue  de  la 
recherche  de  l'arsenic,  a  été  ellectuée  par  nos  procédés  habituels  :  chlorate  de  potasse 
et  gaz  chlorhydrique  (*);  mélange  sulfonitrique  (^),  calcination  en  présence  de 
magnésie  seule  ("),  ou  d'un  mélange  de  magnésie  et  de  nitrate  de  magnésie  (').  L'ar- 

('  )  Séance  du  24  janvier  1921 . 

(^)  E.  KoHiN-A.BREST,  Travaux  du  Laboratoire  de  Toxicologie  à  la  Préfecture  de 
Police  et  Bull.  Soc.  Méd.  légale,  1918. 
(^)  Notamment  d'après  Bongrand. 
(*)  Ogier.  (^)  Bartlie  Deniges.  (")  Geneuil.  (')  Kohn-Abrest. 


3o2 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


senic,  dans  les  produits  de  la  deslriictioii,  a  lonjours  été  reclierclié  et  dosé  au  moyen 
de  l'appareil  de  Marsh. 

l^es  résultats  de  nos  reclicrclics  ont  été  rassemblés,  suivant  le  mode  d'in- 
jection du  produit,  et  de  la  durée  écoulée  entre  la  dernière  injeclion  et  la 
mort.  Comme  produit  injecté,  il  s'est  presque  toujours  agi  des  mélanges 
formant  les  spécialités  à  base  de  dioxydiamidoarsênobenzohnéthylène  sul- 
foxyhile  de  soiide^  mais  dont  la  définition  laisse  à  désirer. 


i 
I 

I 

? 
I 


'Placés  représenta lifs  fies  quantités  d'arsenic  retrouvées  dans 
les  viscères  de  personnes  traitées  plus  ou  moins  ancien- 
nement par  les  dérives  des  arsénobenzols,  notamment  par 
le  novarsénobenzol  (914). 


eigiig  Iminimum  habituelf 


p./Arsanic  pisudo normal) 

——.^-^firiertic  narmal} 


01294567831  _  ^_^  ^ ^ 

en  ABClSSES/c  nombrB  dsjours  «cou/as  errttv  h  c/emisrv  iryaction  et  h  dévii  du  malada 

Le  tracé' n"  1  indique  quelles  quantités  d'arsenic  on  a  retrouvées  en  cas  d'injections  intraveineuses. 
Le  tracé  n  "  2  indique  quelles  quantités  d'arsenic  on  a  retrouvées  après  injections  sous-cutanées. 
L'ordonnée  =  lo  —  exprime  la  quantité  d'arsenic  formant  la  limite  inférieure  de  ce  que  l'on 
trouve  habituellement  dans  les  viscères  en  cas  d'intoxication  arsenicale  aiguë.  L'ordonnée  =  i  — 
exprime  la  quantité  d'arsenic  «  pseudo-normale  »  que  l'on  trouve  très  fréquemment  de  nos  jours 
dans  les  viscères  liuuiains.  L'ordonnée  =  o,io  —  exprime  la  quantité  d'arsenic  dite  normale. 

Le  taux  de  l'injection  variait  de  o*-',  i.5  à  o''',2o;  et  la  tjuantité  totale  de 
produit  qui  a  été  administré,  avait  atteint  chez  certains  sujets  plus  de  lo^^C) 
en  quelques  semaines,  d(!ux  mois  ejiviron. 

Di\  cas  concernaient  des  personnes  traitées  par  injections  inlr/n'ei- 
iieuscs  et  sept  cas,  par  injections  sous-cutanécs.  Le  temps  écoulé  entre  la 
dernière  injection  et  la  mort  (due  à   des  causes  diverses)   variait   entre 


(')    Nous  indiquerons  les  détails  dans  un  Mémoire. 


SKANCE  DU  3l  JANVIER  1921.  3o3 

/fî  minutes  cl  120  jours.  Les  grapliiques  ci-conlrc  représentent  les  quantités 
crarscnic  retrouvées,  et  permettent  de  se  rendre  compte  de  la  lixalion  et  de 
l'élimination  des  «  novarsénobenzols  »  ('). 

Les  conclusions  (jiie  nous  croyons  devoir  tirer  de  nos  recheixlics  sont  les 
suivantes  : 

L  Au  point  de  vue  c/i'/»iy?/'' ; 

i"  L'élimination  des  «  novarsénobenzols  »  donnés  en  injection  intravei- 
neuse parait  très  rapide  et  autant  que  celle  des  autres  arsénohenzols.  Elle 
est  ralentie  (de  moitié)  lorstju'il  s'agit  d'injections  sous-cutanées. 

2°  I^es  organes  où  l'on  a  retrouvé  l'arsenic  dans  les  cas  susvisés  sont  par 
ordre  de  teneur  croissante  :  poumons,  intestins,  rate,  rein,  foie.  Quant  au 
cerveau,  en  cas  de  traitement  intraveineux,  et  quelles  qu'en  soient  la  durée  et 
l'intensité,  ce  viscère  ne  contient  pas  de  traces  notables  d'arsenic,  ou  tout 
au  plus  des  doses  relativement  très  faibles  (0^,0002).  Mais  il  en  contient 
plus,fréquemment,  et  en  doses  plus  élevées  (0^,0002  à  08,00075)  apiès 
traitement  sous-cutané  (  -). 

3°  La  présence  dans  l'encéphale  de  doses  d'arsenic  atteignant  plusieurs 
milligrammes  présente  une  signification  pathologique  et  constitue  un  indice 
de  l'intoxication. 

IL   Au  point  de  vue  de  V expertise  toxicologique  : 

Nos  recherches  confirment  les  indications  données  par  l'un  de  nous  et 
que  nous  formulons  actuellement  ainsi  : 

i"  Il  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  de  la  présence  de  très  petites  quan- 
tités d'arsenic,  soit  environ  i'^°(^),  pour  la  totalité  réunie  des  viscères 
humains. 

2°  Lorsque  les  doses  trouvées  sont  comprises  entre  1  "'^  et  3"'^,  elles  ne  pré- 
sentent guère  d'autre  intérêt  que  d'être  l'indice  d'un  traitement  thérapeu- 
tique arsenical.  On  les  trouve  généralement  dans  le  foie,  les  reins,  l'intestin, 
sans  ordre  de  priorité  immuable. 

3°  Même  la  présence  dans  les  viscères  de  3'""  à  7™°  d'arsenic,  compte  tenu 

(')  Un  seul  cas,  non  compris  parmi  les  précédenls,  fait  exception  et  a  montré  la 
présence  de  plusieurs  centigrammes  d'arsenic  dans  les  viscères  9  jours  après  la 
dernière  injection  d'un  «  novarsénobenzol  ». 

(^)  La  reclierclie  de  l'arsenic  dans  les  liquides  céphaloracliidiens  des  sujets  en  cours 
de  traitement  novarsenical  ordinaire,  nous  a  donné  des  résultats  négatifs. 

(')  Arsenic  «  pseudo-normal  »  à  peu  près  constant  de  nos  jours,  chez  l'homme  et 
dépassant  notablement  les  quelques  centièmes  de  milligrammes  d'arsenic  «  normal  », 
signalé  il  y  a  une  vingtaine  d'à  n  née  s  par  A.  Gautier  et  G.  Bertrand. 


3o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  sa  répartition,  n'est  pas  en  désaccord  avec  l'hypothèse  d'un  traitement 
novarsénobenzolique  datant  de  i  jours  à  25  jours,  le  composé  étant  en  voie 
d'élimination  normale. 

4°  Par  contre,  la  présence  dans  les  viscères  de  cenli grammes  d'arfcnic 
s'accorde  pleinement  avec  l'hypothèse  d'une  intoxication  arsenicale. 

En  résumé  :  Au  point  de  vue  clinique^  nos  recherches  encourag;ent,  en 
matière  novarsenicale,  à  pratiquer  des  traitements  répétés  et  prolongés;  de 
préférence  par  injection  sous-cutanée; 

Au  point  de  vue  toxicologique ^  elles  contribuent  à  la  distinction  si  diffi- 
cile et  si  importante  au  point  de  vue  judiciaire,  entre  les  traces  que  laisse 
dans  les  viscères,  l'arsenic  médicamenteux  et  celles  qu'y  laisse  l'arsenic 
riénéneux. 


A  17  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  17  heures  et  demie. 

A.  Lx. 


ERRATA. 


(Séance  du  27  décembre   1920.) 

Note  de  M.  Georges  Giraud.,  Réponse  à  une  Note  de  M.  Fubini  sur  les 
fonctions  automorphes  : 

F^age  i365,  lignes  22  et  .î3,  la  parenllièse  ne  doit  être  fermée  c[n  après  les  mois  :  au 
moyen  d'une  collinéalion  réelle. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI   7   FÉVRIEll    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georges  LE.MOIXE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'AGADÉMFE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instkcction  publique  et  des  Beaùx-Arts  adresse 
ampliation  du  décret,  en  date  du  4  février  192  r,  approuvant  l'élection  que 
l'Académie  a  faite  de  M.  Augiste  Iîéhal  pour  occuper,  dans  la  Section  de 
Chimie,  la  place  vacante  par  le  décos  de  M.  Armand  Gautier. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Auguste  Béual  prend  place 
parmi  ses  confrères. 

OPTIQUE.  —  Sur  les  systèmes  de  prismes  à  arêtes  parallèles. 
Note  de  IVU^G.  Gouv. 

1.  Dans  une  Note  récente  ('),  nous  avons  étudié,  au  moyen  d'une 
construction  géométrique,  la  vision  d'un  objet  un  peu  éloigné  à  travers  un 
système  quelconque  de  faces  réfringentes  ou  réfléchissantes  planes,  les 
milieux  optiques  étant  en  général  anisotropes,  et  le  système  placé  dans 
l'air.  Nous  allons  ici  nous  restreindre  au  cas,  souvent  réalisé,  où  toutes  ces 
surfaces  sont  parallèles  à  une  même  direction,  que  nous  prendrons  rcm'crt/^. 
Nous  nous  bornerons  à  énoncer  les  résultats,  dont  la  démonstration  est 
immédiate. 

Le  faisceau  privilégié  incident  provient  d'un  point  P  à  l'infini.  Sa  section 

(')  Comptes  rendus,  t.  1T2,  1921,  p.  196. 

C.  R.,  1921,  i~  Semestre.  (T.  172,  N°  6.)  ^3 


3o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

droite  él;iiil  aihitrairc.  nous  admettrons,  comme  précédemment,  que  c'est 
un  carré  de  côté  a,  dont  deux  côtés  sont  liorlzontaux.  Le  faisceau  privilégié 
émergent  fait  avec  la  verticale  le  même  anglc'cjue  le  faisceau  incident.  Sa 
section  droite  est  un  paiallélogramme;  deux  de  ses  côtés,  qui  correspondent 
aux  côtés  du  carré  contenus  dans  des  plans  verticaux  ('),  sont  eux-mêmes 
dans  des  plans  verticaux,  et  leur  longueur  est  (i\  les  deux  autres,  de  lon- 
gueur/>,  correspondant  aux  côlés  horizontaux  du  carré,  peuvent  être  plus 
ou  moins  inclinés;  l'angle  aigu  du  pardUélogramme  est  oj. 

2.  Appelons  Largeur  du  faisceau   la  dislance  des  plans  verticaux  qui  le 

limitent.  A  l'entrée,  la  largeur  /,  =  a;  à  la  sortie,  la  largeur  1.^=^  bs'ini». 

Si  rolijel  Pi''  à  l'inlini  est  horizontal  et  de  grandeur  apparente  y,  il  résulte 

de  notre  conitruclion  que  l'image  est  aussi  horizontale  et  que  sa  grandeur 

«  ^ 

apparente  est  7-^ — ■. —  =  y-r- 

Le  pouvoir  grossissant  du  sysli'/ne  poir  un  oitjcl  hoiizontal  est  donc  le  rap- 
port des  largeurs  du  faisceau  à  rentrée  et  à  la  sortie  :  c'est  la  généralisation 
de  la  loi  connue  pour  un  prisme  ordinaire. 

Pour  un  objet  PI''  contenu  dans  un  plan  vertical,  l'image  a  une  direc- 
tion  perpendiculaire  aux  côtés    b    du    parallélogramme,  et  sa   grandeur 

appareille  est  -. Il  est  facile,  d'après  cela,  de  construire  l'image  d'un 

objet  très  éloigné  quelconque,  qui  est  en  général  déformée,  agrandie  ou 
diminuée. 

Pour  l'astigmatisme,  il  n'y  a  rien  à  noter  de  particulier  sur  la  construc- 
tion déjà  donnée,  qui  consiste  à  tracer  l'ellipse  tangente  aux  côlés  du  paral- 
lélogramme en  leurs  milieux;  ses  deux  axes,  de  longueurs /*  et/-,  donnent 
les  directions  des  deux  focales  virtuelles,  et,  le  point  lumineux  étant  à  la 

distance  L,  ces  focales  sont  aux  dislances  l>—  et  F^-^- 

a-  a- 

3.  Minimum  de  déviation.  —  Appelons  0  la  déviation  produite  par  le 
système,  et  A  la  projection  de  0  sur  un  plan  horizontal. 

Considérons,  dans  le  faisceau,  un  observateur  vertical  qui  voit  venir  à 
lui  les  rayons.  Si  les  réflexions  sont  nulles  ou  en  nombre  pair,  les  ra\ons 
qui  ont  passé  par  un  des  côtés  non  horizontaux  du  carré  se  trouvent,  à  la 
sortie,  du  même  côté  de  l'observateur.  Si  donc  l'objet  PP'  est  horizontal, 
le  point  P' est  pour  lui  du  même  côté  du  point  P  dans  l'image  et  dans 
l'objet. 

(')  C'eil-à-Jire  qui  sont  icncoiUics  par  les  mêmes  rayons. 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    19'il.  807 

Admettons,  ce  qui  est  ordinaire,  que  les  prismes  sont  dis|)Osés  di'  telle 
sorte  que  chaque  réfraction  produise  une  déviation  projetée  de  même  sens. 
Alors  A  est  délini  sans  ambiguïté,  et  les  angles  seront  comptés  positivement 
dans  ce  même  sens.  Supposons  que  le  point  P'  se  déplace  horizontalement 
en  tournant  d'un  angle  d^  autour  d'un  axe  vertical  passant  par  le  sys- 
tème. L'image  de  P'  tournera  autour  de  cet  axe  dans  le  même  sens,  de 
l'angle   d'^j-   La  déviation  A  prend  l'accroissement  dl  : 

Si  nous  parlons  de  l'incidence  rasante  pour  arriver  à  l'émergence 
rasante,  j- varie  de  o  à  œ,  augmentant  avec  ^.  comme  on  le  voit  en  consi- 
dérant isolément  chaque  réfraction,  il  y  a  donc  une  position  pour 
laquelle  -7^  =:  o,  et,  en  partant  do  ce  point,  A  augmente  dans  les  deux  sens 

dp 
(et  de  même  ù),  car  /,  —  l.,  est  du  signe  de  d"^. 

.  Si  nous  laissons  fixe  le  faisceau  incident  et  faisons  tourner  le  système 
autour  d'un  axe  vertical,  il  en  résulte  qu'on  observe  un  minimum  de  dénation 
quand  les  largeurs  du  faisceau  à  Ventrée  et  à  la  sortie  sont  égales.  Comme 
pour  le  grossissement,  on  a  ici  la  même  loi  que  pour  un  prisme  ordinaire, 
mais  l'égalité  de  largeur  ne  correspond  plus,  en  général,  à  l'égalité  des 
angles  d'incidence  et  d'émergence,  même  pour  un  seul  prisme  anisotrope. 

On  remarquera  aussi  qu'en  général,  le  minimum  de  déviation  ne  fait  pas 
disparaître  l'astigmatisme  ni  la  déformation  de  l'image. 

Si  toutes  les  réfractions  ne  sont  pas  de  même  sens,  la  condition  /,  =  l., 
peut  correspondre  à  un  maximum  au  lieu  d'un  minimum. 

Si  le  système  comporte  un  nombre  impair  de  réflexions,  les  rayons  qui 
ont  passé  par  un  des  côtés  non  horizontaux  du  carré  changent  de  côté  pour 
l'observateur;  par  suite,  l'image  de  PP'  est  de  sens  opposé  à  l'objet.  11  en 

résulte  que  l'on  a  ^A  =  (  ^  -1-  i  jf/j*i.  Si  l'on  fait  tourner  le  système,  la  condi- 
tion /,  = /.,  correspond  au  point  où  le  faisceau  émergent  tourne  avec  une 
vitesse  angulaire  double  de  celle  du  système. 

4.  Admettons  maintenant  que  les  rayons  incidents  sont  hovizontaux.  Si 
les  milieux  sont  isotropes,  ou  si  la  surface  d'onde  de  chacun  d'eux  a  un 
plan  de  symétrie  horizontal,  le  parallélogramme  devient  un  rectangle,  dont 
le  côté  vertical  est  a.  11  en  résulte  qu'un  objet  vertical  est  vu  tel  et  sans 
grossissement,  tandis  que,  comme  précédemment,  un  objet  horizontal  est 


3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

VU  tel  el  avec  le  grossissement  j--  Les  deux  droites  focales  sont,  l'une  hori- 
zontale, à  la  même  dislance  L  que  le  point  lumineux,  l'aulre  verticale,  à  la 
distance  Lyf  • 

Si  les  largeurs  /,  et  !..  sont  égales,  il  y  a  à  la  fois  minimum  de  déviation 
et  absence  d'astigmatisme  ainsi  que  de  déformation  pour  les  images.  Ces 
avantages  sont  les  mêmes  que  si  chaque  prisme  était  au  minimum  de 
déviation  ('). 

En  particulier,  pour  un  speclroscopc  à  deux  prismes  pareils,  on  peut 
fixer  l'un  el  rendre  l'autre  solidaire  de  la  lunette  d'observation,  de  manière 
que  les  axes  du  collimateur  et  de  la  lunette  fassent  toujours  le  même  angle 
avec  la  première  et  la  dernière  face.  Les  avantages  du  minimum  sont  réalisés 
sans  complication  mécanique,  et,  en  outre,  rien  ne  se  perd  du  faisceau,  si, 
l'on  donne  à  cet  angle  fixe  la  valeur  qui  correspond  au  minimum  de  dévia- 
tion de  chaque  prisme  pour  le  violet  (-). 

Si  le  système  comporte  un  nombre  impair  de  réflexions,  comme  dans 
certains  spectroscopes,  il  n'y  a  pas  de  minimum  de  déviation  pour 
l'ensemble,  mais  l'absence  d'astigmatisme  et  de  déformation  est  encore 
réalisée  pour  /,  ==  4. 

5.  Réseanv.  —  Tout  ce  que  nous  avons  dit  s'applique  aussi  bien  aux 
ondes  paragéniques  des  réseaux  qu'aux  ondes  proprement  dites.  En  parti- 
culier, pour  un  réseau  plan  à  traits  verticaux,  il  y  a,  dans  le  sens  horizontal 

seulement,  un  grossissement  de  l'image  égal  à  j-,  en  appelant  /,  la  largeur 

du  faisceau  incident  et  4  celle  du  faisceau  diffracté;  fait  connu  et  important 
pour  les  applications  des  réseaux  à  l'étude  des  protubérances  solaires. 
L'astigmatisme  et  la  déformation  disparaissent  quand  on  a  /,=/.;  en 
même  temps,  s'il  s'agit  d'un  réseau  transparent,  il  y  a  un  minimum  de 
déviation. 


(')  Sauf  pourtant  si  l'objet  est  liés  lajjproclié,  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  le  spec- 
lroscopc. 

(')  C'est  le  dispositif  de  njon  spectrophotoraètre  {Annales  de  Chimie  cl  de  Phy- 
sique., 5°  série,  t.  18,  1879).  La  méthode  encore  employée  par  les  constructeurs, 
qui  consiste  à  faire  pivoter  chacun  des  deux  prismes  pour  le  mettre  au  minimum  de 
déviation,  est  vicieuse  en  ce  que  le  faisceau  est  fortement  diaphragmé  aux  extrémités 
du  spectre,  là  où  il  serait  le  plus  nécessaire  de  ne  pas  perdre  de  lumière. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  192I.  3o9 

S.  A.  S.  le  Pbince  de  Monaco  fait  hommage  à  l'Académie  des  fasci- 
cules LV  et  LVI  des  Héstiltats  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur 
son  yaclil par  Albert  /"'',  prince  soM-erain  de  Monaco,  publiés  sous  sa  direction  : 
Madréporaires provenant  des  campagnes  des  yachts  Princesse-Alice  et  Hiron- 
delle II  (i8g3-i9i3),  par  Cii.  Guaviku ;  Contribution  à  Vanatomie  du 
Simenchelys  parasilicus  (iill,  par  Maurice  Jaouet. 


CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

E.  Kaysep,,  Microbiologie  appliquée  à  la  fertilisation  du  sol  et  Microbio- 
logie appliquée  à  la  transfornmtion  des  produite  agricoles  (4"  édition).  (Pré- 
sentés par  M.  Lindet.) 


ANALYSÉ  MATHÉMATIQUE.  —  Résolution  de  l 'équation  algébrique  générale 
par  des  fonctions  hyper  géométriques  de  plusieurs  variables.  Note  (')  de 
M.  Richard  Birkeland,  présentée  par  M.  E.  Goursat. 

Le  résultat  établi  dans  une  \ote  antérieure  (Co/^p/r.v /v7;^///.v,  t.  171,  1920, 
p.  1370)  peut  être  complété  comme  il  suit.  On  a,  d'après  la  formule  (7)  de 
cette  Note,  F(v)  et  /'(v)  ayant  la  même  signification. 

F' (y  )=: V    ""', 


la  sommet  étant  étendue  à  toutes  les  valeurs  entières,  non  négatives,  satis- 
faisant à  l'égalité  a,  +  a.-i-. . .+  a„_|  =  r.  Donc 

/(y)'-F'(j)=-  — ^y'— ^ r^^^ ;hl'...hJ^Ù-^y'-'-9, 

•'    •'  •'  Il  —  1  .— J  ai  !  a,! .  .  .a„_,  !     -  "    ^  j 

('  )  Séance  du  i(\  janvier  192  1 . 


3lO  ACADÉMIE    DES. SCIENCES. 

le  noml)re  p  étant 


P 

o  = — 

'  n 

il  vient 


0^ — ,  p  =  2  «2  +  3  a,  + . . .  +  (  /) 


>)     ,, 


Quand  V  devient  égal  à  l'unité,  F{  y)  =  }'  ""'  devient  une  des  racines  de 
l'équation  v""'  =  i.  Soit  v  une  racine  primitive  de  cette  dernière  équation, 
et  supposons  que  F(r)  devient  v'  quand  y  devient  i,  i  étant  un  des  nom- 
bres I,  2,  3,  . ..,  n  —  I.  Si  nous  posons  dans  les  formules  (5)  et  (6)  de  ma 
Note  précédente  V  ^  i,  a  =  —  Z,  et  si  nous  introduisons  les  valeurs  de  F(0  ) 
ety"(0),  la  formule  de  Lagrange  (6)  donne  une  racine  c,  de  l'équation  algé- 
brique (4)  par  la  formule 

'  ..-d     «  —  1        jLd  a,!  a,!  .  .  .  a,,_,  !  '     '       "   '' 

/•— -1 

i_ 

carj''*=  y  "^'  devient  pour  y  =:  i  égal  à  v'''.  En  donnant  à  t  successivement 
les  valeurs  i,  2,  ...,  n  —  i,  nous  obtenons  les  n  —  i  des  racines  de  l'équa- 
tion (4).  Nous  avons 

la  somme^  étant  étendue  à  toutes  1rs  valeurs  entières,  non  négatives  de  a,, 
«2,  . . .,  y.„_,  ;  le  système  de  valeurs  a,  =  -j..,  = . . .  =  jc.,_,  =  o  est  excepté.  Si 
nous  introduisons  1=^1^^  Ih.,  =  A,  //*.,  =  /.,,  . . .,  ///„_,  =  /„_,,  l'équation  algé- 
brique (/))  devient  l'équation  considérée  (i)  dans  ma  Note  précédente  et 

^  «—I  «1!  «jl  •  •  -«n-l' 

Introduisons  maintenant,  comme  dans  ma  Note  précédente, 

«>,  =  X),  H-  /.x  (  «  —  i)  (■/,  =  I,  2,  .  .  .,  «  —  l), 

X)  étant  positif  el  moindre  que  n  —  t,  nous  pouvons  écrire  la  somme  précé- 
dente 

,.  -  v'o-  V  .v.< /■'.,//,      /•/.„  , V  (-■^''"'  (p^')(p  +  2)...(p  +  /--i)  ^^   ,,.        J     - 

^^  -  '  X^        Il  —  I  «I  !  «,!  .  .  .  «n     1  ! 


SÉANCE    DU    7    Fl.VRlER    1921.  3ll 

en  introdi:isanl  "C,  = /"  ',.'^2  = /""',  ...,-„_,  = /"ij.  La  première  somme  V 

X 

est  élcndiie  à  toutes  les  valeurs 

X|  =  O,    I  ,    2,    .  .  .,   /(  —  1,        Xo=^  O,    I  ,  2,    .  .  .  ,    «  —  2,        .  .  .,        X„.  ,  =  O,    I  ,    2,    .  .  .  ,    /(  —  2, 

La  seconde  somme  V  est  étendue  à  toutes  les  valeurs  entières  et  positives 

A- 

et  les  valeurs  nulles  de  /(•,,  /"o,  . . .,  kn-\-  Le  système  de  valeurs 

est  excepté.   Le   nombre  ^  =  Xo -+- 2X3 -1- . . . -1- («  —  a)/.,,.,  —  /.,  +  i   est 
congru  à  jo  (module  n  ^- 1).  Mais  la  série 


.  (p  +  !)(&+   2)...  (p  +  '•  —  !). 


est  l'élément  d'une  fonction  hypergéométrique  de  n  —  i  variables  '(,, 
'Ç.,,  ...,  C„_, ,  ce  que  nous  avons  démontré  dans  ma  Note  précédente.  Le 
tliéorème  est  donc  démontré.  Nous  pouvons  donc  exprimer  chaque  fonc- 
tion algébrique  par  une  somme  de  fonctions  hypergéomélriques  d'un  cer- 
tain nombre  de  variables,  et  nous  avons  trouvé  ces  fonctions  hypergéomé- 
lriques. 

Dans  l'équation  algébrique  (i)de  ma  Noie  précédente,  nous  avons  sup- 
posé le  coefficient  de  la  première  puissance  de  v  égal  à  l'unité.  Nous 
pouvons  aussi,  par  une  transformation  convenable,  supposer  que  le  coef- 
ficient de  ('''  soit  égal  à  l'unité.  Nous  avons  alors,  au  lieu  de  (i),  à  consi- 
dérer l'équation 

et  nous  pouvons  trouver  n—p  des  racines  exprimées  par  une  somme  de 
fonctions  hypergéomélriques.  Nous  pouvons  facilement  trouver  les  condi- 
tions de  convergence  des  séries  hypergéomélriques  obtenues. 


ÉLASTICITÉ.  —  Sur  le  cas  de  Poincnré  dons  la  ihéorie  de  1^ élasticité. 
Note  de  M.  E.  Jouguet,  présentée  par  M.  L.  Lecornu. 

L    Poincaré  a  montré  comment  on   pouvait  étudier  les  petites  défor- 
mations d'un  solide  élastique  à  partir  d'un  état  initial  où  les  tensions  ne, 
ne  sont  pas  nulles.  Nous  nous  proposons  d'examiner  quelques  propriétés 
thermodynamiques  des  solides  élastiques  dans  de  telles  déformations.  Elles 


3l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

contiendront  naturellement  comme  cas  particulier  les  propriétés  des  petites 
déformations  des  liquides  et  des  gaz.  ^ 

Les  formules  relatives  aux  coefficients  thermodynamiques  des  solides 
élastiques  ont  été  données  par  Voigt.  Mais  cet  auteur  ne  considère  que  des 
états  initiaux  voisins  d'un  état  naturel  à  tensions  nulles.  D'une  manière 
analogue,  Duhem,  dans  ce  qu'il  a  dit  du  cas  de  Poincaré.  a  toujours  supposé 
implicitement  que  les  tensions  dans  l'état  initial  étaient  petites  (  ').  C'est 
de  ces  restrictions  que  nous  voudrions  nous  affranchir. 

IF.  Loi  de  réciprocité.  —  L'état  initial  est  supposé  quelconque  mais  homo- 
gène et  de  densité  r.  Soient  Ç,  •/],  C  les  déplacements,  p  et  0  la  densité  et  la 
température  absolue  d'un  état  déformé  quelconque.  Le  potentiel  interne 
de  l'unité  de  masse  $  est  fonction  de  0  et  des  six  fonctions  c,  et  y,  associées  à 
la  déformation  (notations  de  M.  M.  Cosserat). 

Marquons  par  l'indice  zéro  une  valeur  correspondant  à  £,=  v,=  o  et 
posons 

'     J-   I    10^1    -H    1    ïo'i    +   '    30=3    "1 } ■    /l     "■ ~f /2   "< ; /3 

4  I  4 

-*-  U,o-/,(£,  -+-  £3)  +  U,„-/,(£3+  £,)  -^  UsoyjCîi  +  £2) 

-H-U,„y.y3  4-  -U20  73-/I+  ^^^Bo/r/î- 

Les  p  et  les  U  sont  fonctions  de  la  température  0. 

Les  formules  de  M.  Boussinesq  (Cosserat,  premier  Mémoire,  équation  Gi) 
donnent  l'expression  des  tensions  N  et  T.  Si  la  déformation  est  infiniment 
petite  et  SI,  en  outre,  elle  est  supposée  pure,  il  est  facile  de  voir  que  ces  for- 
mules donnent,  au  second  ordre  près, 

(.)  \ 

Dans  le  cas  particulier  où  les  tensions  dans  l'étal  initial  sont  supposées 
petites,  on  a  simplement 

N,-     d<b        T,      (;<!> 

/•         </£,  /•         ôy, 

et  cela  pour  une  déformation  quelconque,  non  forcément  pure. 

A  partir  d'un  étal  initial  où  les  £  el  les  y  sont  nuls,  considérons  deux 

(')  Nous  enlendoii'.  (lar  tensions  petites  des  leii>ion>  comparables  à  celles  que  pro- 
voquent les  défoinialions  iiifiMiiiieiil  peliles  envisagées  à  pailir  de  lélul  initial. 


ja>     dv 

T,       J«l>        dV 

-X-     , 

àzi        Oi, 

p        â'/i       d'/i 

SÉANCE  DU  7  FÉVRIEH  1921.  3l3 

modifications  in fininicnl  petites  6^î,  (h(,  d&  et  0£,  oy,  o0  qui  soient  /lomogénrs 

elpiirrs.  Les  équations  (i)  nionlrenl  que  l'on  a,  cm  désignani  p.TP  S  l'en- 
tra» 

-(3)     ^  df~)  oJ/-(-^  (/(y\  6y,-+-d&  Ô5  =  V  5  l'^A  f/î, -(-^  0  ("7)  ''■'''  "^  ''''®  "'^• 

C'est  l'expression,  pour  les  corps  élastiques,  du  lliéorème  général  connu 
sous  le  nom  de  loi  de  réciprocité  de  lord  Ra yleigh. 

Si  l'élat  initial  est  très  voisin  d'un  état  naturel  à  tensions  nulles,  la  loi  (3) 
s'applique  à  deux  déformations  infiniment  petites  quelconques.  Elle  con- 
tient alors  comme  cas  particulier  le  théorème  de  l'éciprocité  de  Bclti. 

III.  Chaleurs  spécifiques .  —  La  loi  (3)  permet  d'étendre  au  cas  de  Poin- 
caré  les  formules  données  par  Voigt  pour  les  états  voisins  d'un  état  naturel 
à  tensions  nulles. 

Prenons,  pour  modification  0,  une  élévation  de  température  00  à  N  et  T 
constants  et  posons 

C 

ôc/^  a,  00,  oy,=  i3,ô0,  oS=:7rô0. 

Pour  modification  d,  prenons  une  élévation  de  température  c/Q  à  défor- 
mation nulle  et  posons 

La  loi  (3)  donne 

Prenons  maintenant,  pour  transformation  0,  une  transformation  isentro- 
pique  11,  Ay,  A0  (AS  =  o)  et,  pour  transformation  f/,  une  élévation  de  tem- 
pérature à  déformation  nulle.  La  loi  (3)  donne 

(5)  - /■|A0=2^'^^'+]S'^'■^■'''• 
Envisageons  une  transformation  isotherme  Dî,  Dy,  DS  (D0  =  o)  pro- 
duisant dans  les  tensions  N,  Tles  mêmes  variations  que  la  transformation  A. 
Les  formules  (4)  et  (5)  donnent  alors 

(6)  _  ,.^A0:=2  A,Dc,4-2B,Dy„ 

(7)  ^  =  :^ ±^ 

'        ;^A,A.,+;^B,-Ay, 


3r4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(4),  (5),  (6),  (7)  sont  les  formules  de  ^  oigt.  Pour  les  solides  isotropes, 
(/j)  et  (7)  deviennent 

c-c  [ds)  c      3/.-H2M.  +  .V  +  — (^J 


0  3  X  -t-  2  fji  4-  2  V  c  3  A  -H  2  /JL  4-  2  V 

expressions  qui  diiïèrent  des  deux  expressions  analogues  données  par 
Duhem,  par  la  présence  de  a  4- v  cà  la  place  de  a.  Cette  formule  (8)  est 
d'ailleurs  identique  à  la  formule  de  Reecli  pour  les  fluides,  qu'elle  com- 
prend comme  cas  particulier. 

I\  .  Célérité  des  ondes.  — -  Dans  une  \ole  antérieure  (')  nous  avons  étudié 
les  célérités  des  ondes  d'accélération  pour  les  solides  isotropes  dans  le  cas 
de  Poincaré.  Ces  célérités  sont-elles  réelles? 

Duhem  a  nionlvé  ( liec/icfc/ies  sin- 1' /ilaslicité,  3'' Partie)  que  cette  question 
se  rallaclie  à  celle  de  la  stabilité.  Mais  les  résultais  de  cet  auteur  doivcnl 
être  révisés  si  l'on  envisage  des  tensions  non  petites  dans  l'état  initial.  Sans 
entrer  dans  le  détail  de  cette  révision,  disons  que  les  paragraphes  l\  et  \  II 
du  Chapitre  II  peuvent  être  maintenus  à  condition  d'y  remplacer  A  et  M 
par  A  -h-  II(,  et  M  — 11,,.  La  modification  ne  change  ni  le  résultat  suivant,  ni 
le  degré  de  rigueur  (non  absolu )  avec  lequel  il  est  démontré  :  la  stabilité  de 
l'équilibre  entraîne  la  réalité  des  célérités  des  ondes  transversales  et  longi- 
tudinales. 


CHRONOGRAPHIE.  —  C/u-onoiiraphe à poinlctgc p/iotograp/uque pour  la  mesure 
des  durées  brèves  à  mouvernenl  harmonique,  —  ou  à  mouvement  circulaire 
uniforme  au  moyen  des  ftgin-es  de  Lissajous.  iNole  de  M.  A.  Guillet. 
présentée  [)ar  M.  G.  Lippmann. 

Au  cours  de  recherches  comportant  la  mesure  précise  de  durées  relati- 
vement brèves,  j'ai  été  conduit  à  employer  une  disposition  de  chronographe 
à  pointage  photographique  d'une  manipulation  commode  et  sûre  (-). 

En  raison  de  l'étendue  du  champ  de  fréquence  des  oscillations  de  flexion, 
de  la  masse  vibrante  et  de  l'amplitude  qu'elles  admettent,  j'ai  adojjlé  le 
diapason  comme  vibra teur  définissant  par  sa  période  T  l'unité  auxiliaire  de 
temps  choisi. 

(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  5i>. 

(')  Grâce  à  la  I*"on(liUion  Clt-menl  l'élix.  iinune  décision  l)iunveillanle  de  rAciuléiiiie 
des  Sciences  m'a  allribni-e  en  1920,  j'ai  pu  consiniire,  avec  l'aide  de  M.  (lii.  l'.nlres- 
sengle,  un  modèle  à  peu  près  définilif  de  cel  appareil. 


SÉANCE  DU  7  FKVIUER  I921.  3l5 

Le  stylet  eniegislroiir  est  constitué  par  l'image  O'  que  donne  un  miroir 
spliérique  M  de  rayon  U  solidaire  du  diapason  avec  un  degré  de  liberté, 
d'un  très  petit  trou  O,  fortement  éclairé,  percé  dans  un  disque  opaque 
situé  dans  le  plan  du  centre  du  miroir.  Ue  la  sorte,  le  stylet  O'  décrit, 
dans  ce  plan  et  d'un  mouvement  liaimonique,  une  trajectoire  rectiligne 
horizontale  A'O'A. 

Comment  pointer,  à  un  instant  donné,  la  position  occupée  par  ce  stylet 
malgré  le  mouvement  rapide  dont  il  est  animé? 

Il  suffit,  pour  cela,  d'imprimer  au  miroir  un  mouvement  de  grande  accé- 
lération initiale  autour  d'un  axe  horizontal.  Alors  le  stylet  O'  se  détache 
presque  verticalement  de  sa  trajectoire  et  revient  à  sa  position  première 
après  avoir  tracé  un  diagramme  de  son  mouvement.  Dans  certains  cas,  il 
suffit,  pour  pointer  la  position  de  O',  d'agir  sur  le  disque  de  façon  à 
déplacer  le  trou  O. 

Les  vibrations  du  diapason  sont  enregistrées  par  le  stylet  optique  O'  sur 
une  large  pellicule  sensible  couvrant  la  périphérie  d'un  tambour  formé 
d'une  feuille  cylindrique  d'aluminium  montée  sur  la  roue  d'un  vieux  rouet 
enfermée  dans  une  boîte  obscure.  Ce  tambour  est  entraîné  par  un  mouve- 
ment d'horlogerie  à  une  vitesse  telle  que  les  vibrations  successives  soient 
suffisamment  séparées  sans  dépense  inutile  de  pellicule. 

Pour  un  long  enregistrement,  on  substitue  au  tambour  un  magasin 
à  pellicule  avec  dérouleur  et  récepteur,  d'un  type  analogue,  à  la  largeur 
près,  à  celui  que  le  télégraphe  et  le  cinématographe  ont  vulgarisé. 

Le  plus  souvent,  le  nombre  entier  de  périodes  T,  contenu  dans  la  durée 
de  l'événement  étudié,  est  connu  ou  rafudement  déterminé,  et  il  suffit  de 
faire  porter  l'effort  de  répétition  sur  la  mesure  de  la  fraction  complé- 
mentaire de  période;  alors,  suivant  les  cas,  une  plaque  sensible  ou  une 
longue  pellicule  fixe  tendue  horizontalement  suffit. 

Enfin,  l'opérateur  a  seulement  à  pousser  le  levier  libérant  le  mouvement 
d'horlogerie,  la  succession  et  la  durée  des  autres  opérations  que  comporte 
l'expérience  étant  réglées  par  des  exC'Mitriques,  convenablement  décalés 
les  uns  par  rapport  aux  autres,  montés  sur  l'axe  du  tambour  et  comman- 
dant chacun  un  circuit  électrique.  Ce  jeu  d'excentriques,  dont  je  me  suis 
servi  en  1892  ('),  se  prête  aux  combinaisons  variées  que  la  succession  des 
opérations  d'une  mesure  quelconque  peut  exiger. 

Après  développement  et  fixage,  on  compte  le  nombre  entier  de  périodes 

(')  Détfiriniaation  directe  d'un  kilohm  absolu  {Comptes  rendus  des  Travaux  de 
l' Ecole pratùjue  des  Hautes  Études,  1892). 


3l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

comprises  entre  les  deux  pointés  P,  Q,  et  il  ne  reste  plus  qu'à  exprimer 
les  temps  complémentaires,  définis  par  les  deux  pointés  P,  Q  et  les  extré- 
mités A  ou  A'  des  oscillations  correspondantes  comprises  dans  la  durée 
totale  du  phénomène. 

Pour  cela,  on  relève  sur  le  cliché,  au  moyen  d'une  vis  microméliique,  les 
lectures  qui  correspondent  aux  translations  A',  P,  Q,  A,  dans  l'ordre  où 
elles  se  présentent  en  allant,  par  exemple,  de  A'  vers  A.  Le  pas  de  la  vis 
étant  pris  comme  unité  arbitraire  de  longueur,  on  a  alors  A'A=:rt, 
A'P  =  v,,  A'Q  =  V2  et  par  suite  l'élongation  r/sinco/ est  positive  ou  néga- 
tive suivant  que  le  point  considéré  est  situé  entre  O'  et  A  ou  entre  A'  etO'. 

Les  époques  auxquelles  le  stylet  passe  en  un  mêuie  point  P  sont 
donc  données  par  la  formule  ï=  -— T,  dans  laquelle  a  =  2K--i-a„ 
ou  (2K  -+- 1)-  —  aj,  selon  que  le  passage  en  P  a  lieu  de  A'  vers  A  ou  de  A 
vers  A',  k„  étant  le  plus  petit  angle  admettant comme  sinus. 

Comme  l'examen  du  diagramme  indique  immédiatement  le  sens  des  mou- 
vements du  stylet  lors  des  pointages,  les  temps  qu'il  y  a  lieu  d'associer  pour 
exprimer  la  durée  du  pliénouiène  enregistré  sont  déterminés  sans  ambi- 
guïté. 

A  une  erreur  d'appréciation  t  dans  le  relevé  d'un  pointé  correspond  une 
erreur  î'  de  la  mesure  de  temps  telle  que 


Pour  <i  =  2o''"\  et  l'on  peut  obtenir  aisément  1'"  ouda\antage  à  l'aide 
d'ampliiicateurs  spéciaux  adaptés  au  diapason,  une  fréquence  basse  N  =  100 
et  une  indécision  £  =  io~-cm  : 

(0 


120(564 


v-s 


La  sensibilité  décroît  lorsque  le  pointage  a  lieu  de  plus  en  plus  près  de  A 
ou  de  A',  mais  il  est  à  remarquer  que  dans  le  mouvement  harmonique  la 
presque  totalité  de  la  période  s'écoule  au  voisinage  immédiat  des  positions 
extrêmes  A  et  A';  ainsi  : 

Poiil-=o  0,2  n,4  0,6  0,S  11,8(16  I 


SÉANCE    DU    7    l'ÉVRIEK    1921.  3l7 

Pour  que  la  sensibilité  soil  réduite  de  moitié,  il  faut  atteindre  le  dernier 
dixième  de  la  course  vibratoire. 

Si  i  était  la  largeur  de  l'image  d'une  fente  lumineuse  projetée  sur  la 
pellicule,  la  loi  (1)  serait  la  loi  pliotométrique  de  la  pose  harmonique  de 
l'image.  La  sensibilité  de  la  méthode  est  limitée  seulement  par  la  sensibi- 
lité des  plaques  ou  des  pellicules  ainsi  éprouvées. 

Si  l'on  tient  à  enregistrer  les  temps  à  l'aide  d'un  stylet  optique  animé 
d'un  mouvement  de  rotation  circulaire  véritablement  uniforme,  comme  on 
cherche  à  le  faire  dans  la  méthode  du  miroir  tournant,  il  convient  d'opérer 
avec  deux  diapasons  en  synchronisme,  vibrant  à  angle  droit  et  en  quadra- 
ture sous  la  même  amplitude;  le  spot  du  miroir  à  pointage  décrit  alors, 
d'un  mouvement  uniforme,  une  trajectoire  circulaire  le  long  de  laquelle  on 
peut,  et  de  diverses  façons,  effectuer  les  pointés. 

Le  rapport  des  sensibilités  des  méthodes  d'enregistrement  harmonique 
et  du  miroir  tournant  a  pour  expression  NRO„  :  N'  R';  N,  X'  étant  les  fré- 
quences; R,  II'  les  rayons  des  miroirs  et  0„  l'angle  d'oscillation. 

PHYSIQUE.  —  Pi/c  à  dépolarisation  par  V  air .  Note  (')  de  M.  Ch.  Férv, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

L  La  dépolarisation  par  l'air  n'a  donné  jusqu'ici  que  des  résultats  peu 
encourageants  et  il  n'a  subsisté  aucun  élément  dépolarisé  uniquement  par 
l'oxygène  de  l'air  atmosphérique. 

C'est  cependant  de  ce  côté  que  je  me  suis  tourné  lorsque,  au  cours  de  la 
guerre,  M.  le  général  Ferrie  voulut  bien  me  faire  part  des  ennuis  rencontrés 
dans  l'emploi  des  piles  au  manganèse,  et  de  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  rem- 
placer ce  produit. 

Le  bioxyde  de  manganèse  français  ne  présente  pas  en  effet  les  propriétés 
physiques,  ni  la  pureté  indispensable  pour  servir  de  dépolarisant,  et  nous 
ne  pouvions  plus  en  faire  venir  de  l'étranger. 

Tel  a  été  le  motif  des  études  que  j'ai  entreprises  sur  ce  sujet,  ainsi  que  de 
celles  ayant  pour  but  la  construction  d'un  petit  accumulateur  à  liquide 
immobilisé,  pou\ant  remplacer  la  pile  sèche  et  qui  m'a  valu  une  récom- 
pense de  l'Institut  (-).  J'espère  pouvoir  présenter  d'ici  peu  cet  accumula- 
teur. 

(')  Séance  du  3i  janvier  1921. 

(^)  Subvention  sur  la  fondation  Clément  Félix.  1919. 


3i8 


ACAUKMIt:    DES    SCIENCES. 


il.  Je  me  suis  demandé  tout  d'ab3rd  quelles  soiil  les  causes  qui  ont  pu 
s'opposer  à  la  réalisation  prali(|ue  d'un  élément  employant  un  aussi  bon 
dépolaiisant  que  l'oxygène  dont  Taclion  doit  être  conslante,  non  seulement 
parce  qu'il  est  un  corps  simple,  mais  aussi  |)arce  qu'il  est  illimité. 

11  faut  remarquer  tout  d'abord  ([ue,  comme  une  règle,  dans  tous  les  élé- 
ments employés  couramment,  le  zinc  sous  forme  de  bâtonnet,  de  lame  ou  de 
cylindre  occupe  toute  la  hauteur  du  liquide;  or  ce  métal  très  oxydable 
tend  à  se  combiner  avec  l'oxygène  dissous,  et  prive  ainsi  Li  solution  de  son 
gaz  dépolarisant. 


PILE  FERY-i 

B^i^S.G.D.G. 


|[VlEin"R 


15 


20 


I     '     '     ' 
25 


'     '    '    I 
40- 


IV51 


N2  2 


N55 


Comme  c'est  par  la  surface  du  liquide  (jue  se  produit  la  dissolution  de 
l'oxygène,  c'est  là  aussi  que  l'usure  locale  du  zinc  à  circuit  ouvert  est  le 
plus  rapide,  l'expérience  a  montré  depuis  longtemps  que  les  bâtonnets  des 
piles  de  sonnerie,  où  les  périodes  de  repos  sont  longues,  se  coupent  généra- 
lement à  la  surface  de  la  solution  de  sel  ammoniac. 

Ces  deux  remarques  indi(pienl  iii'llement  (]ue  le  zinc  doit  être  placé  le 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I921.  '6ig 

])lus  loin  possible  de  la  surface  du  liquide,  c'est-à-dire  tout  au  fond  de 
l'élément.  La  forme  d'une  lame  horizontale  est  la  meilleure,  car  tous  les 
points  da  métal  seront  dans  une  même  sti'ate  horizontale,  c'est-à-dire  de 
même  densité  et  de  composition  constante,  ne  donnant  pas  lieu  à  du 
courant  parasite  d'un  point  à  l'autre  de  l'électrode  soluble. 

Pour  avoir  une  faible  résistance  intérieure,  les  deux  électrodes  zinc  et 
charbon  ne  doivent  pas  être  trop  distantes  l'une  de  l'autre;  mais  d'autre 
part  le  charbon  doit  baigner  dans  la  solution  superficielle  aérée  qui  constitue 
le  dépolarisant. 

Ces  deux  conditions  qui  semblent  un  peu  contradictoires  sont  remplies 
par  une  électrode  verticale  de  charbon  =  cylindre,  prisme  ou  tube  occupant 
toute  la  hauteur  de  la  pile,  et  dont  la  partie  inférieure  n'est  distante  que  de 
quelques  millimètres  de  la  plaque  de  zinc  placée  au  fond. 

m.  La  figure  i  donne  la  coupe  d'un  élément  ainsi  réalisé  et  dont  le 
fonctionnement  est  le  suivant  : 

Dès  que  l'élément  travaille,  les  ions  CF  du  chlorure  d'ammonium,  qui 
est  le  sel  employé  pour  préparer  la  solution  excitatrice,  se  portent  sur 
le  zinc  où  ils  donnent  du  chlorure^  de  zinc  ZnCl-  dense  qui  reste  au  fond 
du  vase. 

D'autre  part,  2>;H*  se  porte  sur  le  charbon  et  donne  avec  de  l'eau  la 

solution 

2  NH'  -t-  2  II'-O  =  2  NH'OH  +  11-. 

La  solution  légère  d'ammoniaque  ainsi  formée  monte  à  la  surface  du 
Jiquide,  tandis  que  les  ions  hydrogène  polarisent  le  pied  du  charbon. 

Dès  qu'on  ouvre  le  circuit,  le  charbon  recouvert  d'hydrogène  en  bas,  et 
baignant  dans  un  liquide  aéré  à  sa  partie  supérieure,  constitue  une  véritable 
pile  à  gaz  fermée  sur  elle-même.  Les  courants  qui  prennent  ainsi  naissance 
entre  les  deux  extrémités  du  charbon  ont  pu  élre  mis  en  évidence  en 
employant  un  charbon  coupé  en  deux;  ce  sont  eux  qui  dépolarisent 
l'élément. 

La  distance  entre  les  deux  électrodes  doit  être  petite  comme  nous  l'avons 
dit  et  la  solution  qui  remplit  cet  intervalle  est  du  chlorure  de  zinc  dont  la 
cjnstitution  ne  changera  plus  dès  cjue  des  cristaux  apparaîtront  sur  le 
charbon  vers  le  ^  de  sa  hauteur  ;  toute  nouvelle  dissolution  du  zinc  ne  servira 
qu'à  accroître  le  volume  des  cristaux  bien  connus  d'oxychlorure  de  zinc  et 
.d'ammonium  qui  prennent  naissance  dans  toutes  les  piles  à  sel  ammoniac. 
La  grande  constance  de  cette  pile,  son  rendement  théorique  puisqu'elle 
n'a  pas  d'usure  locale,  l'absence  de  sels  grimpants,  et  aussi  l'économie  due 


320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  la  suppressfon  du  bioxyde  de  manganèse,  ont  été  1res  appréciés  par 
l'Administralion  française  dos  Postes  el  Télégraphes  (')  où  ces  éléments 
fournissent  un  service  trois  fois  plus  long  que  les  anciennes  piles. 


MAGNÉTISME.  —  Anomalie  de  diliitulion  accompagnant  la  tninsformatinn 
magnéli'ine  de  la pyrrholine  et  de  lamagnélilc.  Note  de  M.  P.  Cheveaaud, 
présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

L'anonaalie  de  dilatation  corrélative  de  la  variation  thermique  du 
magnétisme,  observée  pour  la  première  fois  dans  les  ferronickels  par 
M.  Ch.-Éd.  Guillaume,  puis  retrouvée  dans  le  fer  a,  le  nickel,  la  cémen- 
lite,  etc.,  parait  être  une  conséquence  habituelle  delà  transformation  réver- 
sible des  subslances^  ferromagnétiques.  Je  me  suis  proposé  de  rechercher 
comment  les  transformations  de  la  pyrrhotine  et  de  la  iiiat;iictite  affectent 
la  dilatation  de  ces  minéraux. 

Pyrrholine  {Jig.  i  et  2).  —  La  dilatabilité  de  la  pyrrhotine  augmente 
rapidement  avec  la  température;  puis,  au  voisinage  de  820°,  apparaît  un 
phénomène  critique  caractérisé  par  un  brusque  el  notable  accroissement  de 
longueur;  la  courbe  de  dilatation  reprend,  au  delà,  une  direction  peu 
différente  de  celle  qu'elle  avait  au  départ.  Au  refroidissement,  la  courbe 
de  retour,  très  voisine  de  la  première  dans  la  partie  quasi  verticale,  s'en 
écarte  progressivement  et,  après  refroidissement,  l'échantillon  a  subi  un 
allongement  de  plusieurs  millièmes. 

Si  Ton  répète  l'expéricrice  {Jig.  i,  courbe  2),  on  constate  des  phéno- 
mènes analogues.  Mais,  alors  que  la  température  de  brusque  ascension 
demeure  sensiblement  constante,  l'accroissement  de  longueur  correspon- 
dant diminue  d'amplitude  à  mesure  qu'on  réitère  les  chauffes,  d'abord 
rapidement,  puis  de  plus  en  plus  lentement.  Comme  le  montrent  les  courbes 
de  la  figure  2,  les  propriétés  irréversibles  subsistent  quand  la  pirrhotine  a 
été  préalablement  chauffée  cinq  fois  à  l\oo°. 

J'ai  renoncé  à  élucider  le  méciuiisme  de  Tirréversibilité  de  la  pyrrhotine, 
car  je  me  préoccupais  surtout  de  préciser  le  caractère  de  sa  transformation. 
Or  le  changement  de  longueur  quasi  réversible  et  presque  isothermique 
autour  de  820°  correspond,  très  probablement,  à  une  véritable  transfor- 
mation allotropique  (avec  changement  de  phase)  analogue  au  changement 

(')Voir  Annales  des  Postes,  Télégraphes' el  Téléphones,  S'  année,  n° '1,  iQn.i, 
p.  654. 


iTyi^i^koli 


o     loo    2oo     5oo     ^bo 


Fi:;.   r.  —  Pvrrliotinc  vierge. 


6 

^^^          ryrvnoluae 

5 

/ 

f^ 

3 

\           1 

z 

\V^ 

1 

è^ 

o 

SS^»3^^v,2gP      ?oo       4foo 

l'i, 


—  Pynhotine  préalablement  cliaulTée 
5  fois  à  4o"". 


Courbes  de  dilatation  dilTérentielles  :  Pyrrliotine  (Ech°"de  25""'),  Baros  (  Éch""  de  jo"'"'),  tracées 
automatiquement  par  le  dilatomètre. 

L'abscisse  est  proportionnelle  à  la  dilatation  de  l'écliantillon  de  Baros  et  l'ordonnée,  à  la  diircrer.ce 
de  dilatation  des  deux  écbantillons.  Pour  éviter  l'enchevêtrement,  les  i  ourbes  d'une  incnie  ligure 
ont  été  décalées  entre  elles  d'une  petite  quantité  dans  le  sens  des  ordonnées. 


\ 

Ma  gTi  élite 

/'' 

/i 

1  1 

'   1 

'    1 

/'     ' 

,       ! 

/        1 

/         1 

/■           \ 

O 

^\^\>o     3oo 

4bo  /    300         * 

JOO 

5oo 

900 

1 

^"^>- 

^ 

^~^ 

\ 

^ 

\ 

-2 

"^  - 

5 

lO^ 

^0 


Fig.3. —  Courbe  de  dilatation  différentielle:  Magnétite  vierge  (Ech°"  de    o"'»  ,  Baros  (  Kclr"  de  ' 
(traits  pleins).  Courbe  dérivée  en  traits  et  points. 

24 


C.  R.,  1921 


'  Semestre.  (T,  17Î,  N°  6.) 


3a2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'état  aL:^y  du  fer.  Celle  liypothèse  est  confirmée  par  une  observation 
de  M.  Weiss(')  :  le  coefficienl  d'aimantation  de  la  pyrrholine  est  presque 
indépendant  de  la  lempéralure  au  delà  de  320°;  la  variété  de  pyrrholine 
stable  à  chaud  est  donc  nne  substance  paramagnéliquo.  dont  le  point 
de  Curie  est,  non  pas  à  820°,  mais  à  une  température  extrêmement  basse. 

Comme  Ta  déjà  noté  M.  Weiss,  la  pyrrholine  se  comporte  donc  tout 
autrement  que  la  plupart  des  substances  ferromagnétiques. 

Magnéiite  (/ïg.  3).  —  Après  un  recuit  de  quelques  minutes,  la  dilata- 
tion de  la  magnétile  devient  presque  exactement  réversible  dans  tout  le 
domaine  des  lempéralures  inférieures  à  celle  du  recuit.  Le  coefficient  de 
dilaUilion  vrai  qui,  à  0°,  est  sensiblement  égal  à  8. 10'",  augmente  avec  la 
température  d'une  manière  accélérée,  alleinl  à  S^o"  (lempéralure  peu  diffé- 
rente du  point  de  Curie  magnétique  déterminé  par  M.  Weiss)  (^)  un 
maximum  extrêmement  accusé  :  2'i .  io~%  puis  décroît  rapidement  au  delà. 

La  transformation  de  la  magnétile,  prestjue  rigoureusem'ent  réversible 
et  largement  étalée  dans  l'échelle  des  températures,  s'efl'ectue  certaine- 
ment sans  changement  de  phase.  Elle  paraît  donc  entièrement  comparable 
à  celle  de  la  cémentile  et  à  celle  des  ferronickels  réversibles;  mais,  pour 
interpréter  l'allure  des  courbes  de  dilatation,  il  faut  admettre  que  la 
forme  [3,  stable  à  chaud  de  la  magnétile,  est  moins  dense  que  la  forme  a, 
stable  à  froid  :  la  transformation  réversible  a=i|5  entraîne  donc,  dans  le 
domaine  de  température  où  elle  est  active,  une  accélération  de  la  dilatation 
thermique  normale.  La  magnétile  fournil  ainsi  un  evemple  bien  carao'.érisé 
d  anomalie  positii'e . 

Vers  680",  la  courbe  différentielle  présente  une  singularité  qui  ressort 
avec  plus  d'évidence  sur  la  courbe  dérivée;  ce  phénomène  coïncide  avec  la 
variation  progressive  de  la  constante  de  Curie,  observée  par  M.  Weiss 
auteur  de  la  même  température  (');  par  contre,  les  brusques  changements 
de  cette  constante,  qui  surviennent  à  625°  et  766",  n'agissent  pas  sensible- 
ment sur  l'allure  de  la  dilatation. 


(')   I'.  Wkiss  et  G.  l'oEX,  AiinaïUalioii  des  corps  ferroinai^iiéli(jiics  [Journal  de 
Pltysit/iie,  5"  série,  l.  1,  p.  ']5:i). 

(*)  P.  Wkiss  et  FoEX,  toc.  cil.,  p.  -^^. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1921.  323 


THERMODYNAMIQUE.  —  lùicrgie  élcctromagnéliquc  et  potentiel  thermody- 
namique d'un  système  de  courant.  Note  de  AI.  A.  Liënakd,  présentée  par 
M.  L.  Lecornu. 

J'ai  donné,  dans  une  précédente  Communication  ('),  les  expressions 
du  potentiel  thermodynamique,  de  l'énergie  et  de  l'entropie  d'un  système 
de  courants  en  présence  de  corps  magnétiques  sans  hystérésis.  Je  me  pro- 
pose d'étudier  quehjues  applications  des  formules  établies. 

Soit,  tout  d'abord,  le  cas  d'un  seul  circuit  électrique  avec  substances 
magnétiques  à  perméabilité  indépendante  de  l'état  de  saturation.  Alors 
$  =  L?',  le  coefficient  de  self  L  ne  dépendant  que  de  T  et  des  variables 
normales,  et  les  relations  (10),  (6),  (5)  et  (11)  de  la  précédente  Note 
deviennent 

H=— -L/-,         S=^«^^,         rft  =  -!-f/|L 
2  1     (ji  2 


et 

(,2)  TJ  =  1(L  +  T|^).•^ 

Un  autre  auteur  avait  donné  (-)  la  formule 

„.,  <-'=5('---'-|^)'-. 

qui  est  en  contradiction  avec  la  précédente. 

Pour  obtenir  la  formule  (12'),  l'auteur  a  été  obligé  de  faire  plusieurs 
hypothèses  qui  ne  sont  conciliables  entre  elles  que  pour  i  =  o.  Mais  dans  ce 

cas  particulier  le  signe  devant  le  terme  T  -^f  est  indifférent. 

Revenons  au  cas  général  d'un  système  de  courants  quelconques  dans  un 
espace  à  trois  dimensions.  ïïU  et  âc  représentant  les  vecteurs  induction  et 
force  magnétique,  on  sait  que  l'on  a 

et  de  même 

(i3)  liltdi=-^    jHî^dXdM. 

(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  208. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  127,  189S,  p.  Soj. 


324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  la  formule  (i3),  di  e\.  dx.  sont  des  variations  de  courant  et  de  force 
magnétique  dans  un  système  au  repos  et  à  température- constante. 

Je  me  bornerai  au  cas  de  milieux  isotro[)es  et  restant  isotropes  en  se 
déformant.  Pour  de  tels  corps,  en  absence  d'hystérésis,  les  vecteurs  îÎ!;  et  5c 
ont  même  direction,  d'où  résultent  les  identités 

liU  âë  --  iiS,3C         ( iJU  rfJC  =  ii'.>  dX.). 
Soit  en  outre 

ilî)  :=  '■^(•^^,  1 ,  ^)i  f  =  volume  spécifique 

la  relation  entre  ii!.  et  JC  pour  la  matière  qui  constitue  l'élément  c/w.  Il  sera 

commode  de  poser 

■.X 
j        o(X.T,a)dX  =  '\/{X,'l\rr), 

d'où 

On  déduit  de  là,  en  vertu  de  (lo)  et  (i3), 

=  —7^   f-UX,T.<7)</<,u 

Par  suite, 

(}H  I      rdû>{X,T,G)  ^ 

—  —  —    '  a'j). 


O'V 


La  formule  (i6)  se  justifie  comme  suit  :  lorsque  la  température  varie, 
tout  étant  au  repos  et  les  intensités  de  courants  restant  constantes,  le  champ 
se  modifie  par  suite  des  modifications  de  perméabilité.  A  une  variation  oT 
de  la  température,  coircspond  pour  H  une  variation 

[^T-J  \0X  ÔV      )  kv.J   dl  \tJ 

La  seconde  intégrale  est  identiquement  nulle,  ce  qui  justifie  la  rela- 
tion (iC).  Cela  résulte  de  ce  (jue  le  vecteur  m.  a  une  distribution  solénoidale, 
tandis  que  le  vecteur  03C  a  une  distribution  irrotationnelle,  les  courants 
n'ayant  pas  varié  d'intensité  pendant  la  modification. 


SÉANCE    DU    7    rÉVKIER    1921.  325 

On  trouve  ensuile  facilemenl 

^T.J  fiT.J  Ô.XL 

L'enlropie  derélément  f/to  est  -; ^dL<i  et  la  quantité  de  chaleur  absorbée 

dans  une  modiQcation  élémentaire  est  j—di  '^dii^y  le  symbole  de  différen- 
liation  s'appliquant  aussi  bien  à  r/co.  s'il  y  a  changement  de  volume,  qu'à  ~- 

Quant  au  travail  r/t,  son  expression  est  susceptible  de  prendre  diverses 
formes  que  je  me  propose  d'étudier  dans  un  travail  plus  étendu. 

Les  formules  se  généralisent  facilement  pour  les  corps  non  isotropes  ou 
ne  restant  pas  isotropes  en  se  déformant. 

Dans  le  cas  de  substances  à  perméabilité  indépendante  de  l'intensité  du 
champ,  les  formules  précédentes  deviennent 

i(!,  =  a(T,  c7)3€,         ■^^-u.X-, 
'  '  '        2  ' 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Anomalie  de  dilatalion  des  alliages  or-cuivre.  Note 
de  MM.  x\lbert  Portevix  et  Jeax  Durand,  présentée  par  M.  H.  Le 
Chatelier. 

Les  alliages  or-cuivre,  à  l'état  brut  de  coulée,  présentent,  aux  teneurs 
voisines  de  20  pour  100  Cu,  une  très  grande  fragilité  (')  qui  disparaît  par 
trempe.  Cet  effet  de  la  trempe,  connu  et  utilisé  par  les  lamineurs  de  métaux 
précieux,  résulte  d'une  transformation  qui  a  été  reconnue  au  moyen  de 
l'analyse  thermique  par  N.  Kurnakow,  S.  Zemczuzny  et  M.  Zasedatelev(-). 
Nous  avons  continué  l'étude  de  ces  alliages,  interrompue  par  la  guerre,  en 
procédant  à  des  déterminations  dilatométriques.  La  transformation  est 
accompagnée  à  réchauffement  par  une  dilatation  brusque  de  plusieurs 
millièmes.  La  figure  i,  relative  à  un  alliage  à  25.2  pour  100  Cu,  donne  les 
courbes  d'échauffement  et  de  dilatation  tracées  au  moyen  du  dilalomètre 


(')  A.  PoRTEviN  et  Jean  Durand,  Revue  Met.,  l.  Ki.  1919,  p.  i49- 
(^)  Journ.  liisl.  Metals,  1916,  et  Rev.  Mél.,  l.  16  bis,  1919,  p.  î25. 


326 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


différentiel  Chevenard  (').  L'anomalie  se  manifeste  vers  4oo°  à  l'écliaulVe- 
ment  el  vers  Sjo"  au  refroidissement. 


A- 

iô' 

■/ 

n^ 

c::^ 

0 

^ 

2«o 

Soo 

'    1 

4oh 

iflO      "^00 

-/ 

^^ 

^ 

-2 

Fig.  I.   —  Alliage  recuit  préalaljleriiont   à  700°. 


En  procédant  sur  le  même  alliage,  préalablement  trempé  à  l'eau  (à  700" 
en  barreaux  de  S'"'", 5  ]de  diamètre),  à  une  série  de  cycles  thermiques,  on 


Fig.  2.  —  Alliage  inilialemenl  trempé  ^  7110°  ilans  l'eau. 

Aliscisses  :  Températures  en  degrés. 

Ordonnées  :  Allongements  diiïéreuliels  par  unité  de  longueui'. 

obtient  le  résultat  donné  par  la  fij^ure  2.   reproduisant  5  cycles  successifs 
allant  depuis  100°  jusque  vers  55o°;  les  courbes  ont  été  décalées  de  5""' 


(')  llprouveltcs  de  35'""'. 5  de  lonsneiir  opposées  à  un  étalon  de  Marcs  do  5o™'"  de 
Jongueiir. 


SÉANCE  DU  7  FÉVUIER  I921.  827 

environ  pour  éviter  leur  siiperposilioii.  Jusqu'à  3o()",  le  revenu  de  l'alliagei 
initicilemenl  trempé  provoque  une  contraction  progressive;  mais  le  quatrième 
cliaulîage,  poussé  jusqu'à  4t>o",  donne  la  dilatation  brus([ue  tignalée  plus 
haut;  la  comparaison  des  courbes  4  et  5  montre  en  outre  que  l'anomalie 
due  à  la  transformation  devient  moins  importante  lorsque  l'alliage  a  été 
préalablement  porté  à  une  température  atteignant  ou  dépassant  la  trans- 
formation à  l'échaufTement,  c'est-à-dire  a  été  recuit. 

Ces  phénomènes  sont  comparables  dans  une  certaine  mesure  à  ceux  que 
l'on  obtient  avec  les  aciers  trempés.  Il  convient  d'ailleurs  de  remarquer  que 
les  anomalies  de  dilatation  sont  de  sens  inverse  dans  les  deux  cas. 

Dans  ces  conditions,  il  nous  est  apparu  nécessaire  de  reprendre,  avec 
M.  Chevenard,  l'étude  du  mécanisme  de  la  trempe  des  alliages  or-cuivre. 
Etant  donnés  l'importance  et  le  sens  de  l'anomalie,  cette  étude  permettra 
vraisemblablement  d'apporter  des  précisions  au  sujet  de  la  question  des 
vitesses  critiques  de  trempe,  des  modifications  de  volume  consécutives  à  la 
trempe,  etc. 


CHIMIE   MmÉRALE.    —    Systèmalique   et   constitution   des  dérivés  de   l'acide 
molybdiqiie  II.  Note  (')  de  M.  L.  Forsé.v,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une-  Note  précédente,  j'ai  signalé  que  les  molybdates  sont  les 
dérivés  d'un  acide  molybdique  hexabasique  Mo^'O'-H"  auquel  j'attribue 
une  constitution  cyclique 

OH 

OH     I     O 

\l  .• 
Mo     O 

O^ />Mol-OII 

Mo     O        ^011 

OH     I     O 
OH 

On  peut  obtenir  en  cristaux  purs  l'acide  anhydre  Mo^O"H''  auquel 
on  peut  rattacher  les  nombreux  sels  anhydres,  tels  que  ]VIo^O"Li*, 
Mo''0"(NH' )-H-,  etc.  Les  sels  anhydres  absorbent  l'eau  en  solution  et 
possèdent  toutes  les  propriétés  des  dérivés  de  l'acide  molybdique  Mo^O'^  H^ 

Les  tétramolybdates 

4(MoO'jM20aq. 

(')   Séance  du  3 1  janvier    1021.  ,^  ^  ~^^  ,      c      \ 

j  L  I  B  R  ARY  =cj 


328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  les  octomolybdates 

8(MoO'')\POa.|. 
dérivent  d'un  autre  anion. 

C'est  ce  que  montrent  pour  ces  sels  le  mode  de  formation,  les  courbes  de 
neutralisation,  ainsi  que  la  solubilité  des  sels  alcalinoterreux.  La  différence 
entre  Fanion  du  trimolybdate  [Mo'0'-]H*Na-etranion  du  tétramolybdate 
de  sodium  de  formule  brute  4(MoO')Na-0  aq.  apparaît  lorsqu'on  ajoute, 
aux  solutions  de  ces  sels,  de  l'acide  chlorli ydrique  ou  de  la  soude.  On  obtient 
alors  des  solutions  dans  lesquelles  (abstraction  faite  de  NaCI)  le  rapport 
Mo  ;  Na  est  le  même,  mais  qui  sont  acides  ou  alcalines  par  rapport  à  Ihé- 
lianthine  suivant  qu'on  est  parti  du  tri  ou  du  tétramolybdate. 

L'isomorpbisme  des  tétratungstates  avec  les  pbosphododecatungstates, 
les  silicododecatungstates  et  les  borododecalungstales  complexes,  exige 
dans  la  molécule  des  tétratungstates  la  présence  de  12  atomes  de  tungstène 
(Copaux).  D'après  l'analogie  des  composés  du  tungstène  et  des  composés 
du  molybdène,  on  est  conduit  à  supposer  que  les  tétramolybdates  et  les 
octomolybdates  doivent  également  être  interprétés  comme  des  dodeca- 
composés  contenant  12  atomes  de  molybdène. 

La  teneur  en  eau  de  cristallisation  des  sels  de  ^a  des  acides  complexes 
contenant  Si  et  P,  de  l'octomolybdate  de  sodium  et  de  l'acide  molybdique 
jaune,  devient  la  même  lorsqu'on  ramène  toutes  ces  formules  à  Mo'-  : 

[PoMo"0'Ul«]iNa^-h  i8H'0, 

[SiOMo'20"H«]iVa'+ i8H"-0, 

[Mo'^O'-Mr'JH^Na^-HiSH^O, 

[Mo"'0"H»]H«+iSll-0. 

On  connaît,  pour  les  combinaisons  du  tungstène,  des  sels  du  même 
genre  au  même  degré  d'hydratation  et  qui  sont,  de  plus,  isomorphes 
entre  eux. 

Les  réactions  de  formation  des  sels  complexes  tribasiques  et  des  octo- 
molybdates deviennent  claires  si  on  les  ramène  aux  formules  analogues 

[1^0Mo'20*'-ir']Ii3+a/olale      -      [POMo•20'•Ml'>]M^ 
[SiOMo'-O'Ul"]!!'-!- azotate    -y     [SiOMo'^O'MP]  HM», 

[Mo'n)"H'-'JH'=+azoiale     ->  [  Mo'^'O'MI'']  I1\M'. 

La  formule  la  plus  probable  pour  l'acide  métamolybdique  est  ainsi 

|Mo'm:)''MI"]ii''. 

Les  sels  principaux  sont  les  sels  tribasiques  et  bexabasiques  : 
Tétramolybdates  (  Mo"0"H'']M''; 
Octomolybdates  [Mo'-0'  =  H"JH'M\ 


SÉANCE    DU    7    l'i:VRIER    1921.  829 

On  doit  mettre  H"  dans  le  noyau,  puisque  Ton  ne  peut  pas  préparer  de 
sels  plus  basiques  que  les  sels  hexabasiques  ;  l'acide  métamolybdique  donne, 
en  effet,  avec  une  plus  grande  quantité  d'alcali,  des  sels  de  l'acide  moiyb- 
dique  Mo^O'  =  H«. 

L'acide  molybdique  jaune  (ordinairement  formulé  MoO^+  2 H'- O)  est, 
comme  on  l'admet  généralement,  l'acide  métamolybdique.  11  doit  donc  être 
formulé  [Mo'-0''H"] H"  +  18IPO.  On  sait  qu'il  se  décompose  facilement 
en  acide  molybdique  par  l'action  de  l'eau.  J'ai  réussi  à  produire  la  transfor- 
mation inverse  de  l'acide  molybdique  en  acide  métamolybdique  en  le 
cbauffanl  avec  de  l'acide  chlorhydrique  el  une  petite  quantité  d'acide 
nitrique, 

MCI 
Il-O 

La  réaction  renversable  analogue  est  déjà  connue  pour  les  sels  corres- 
pondants : 

11=0 

L'acide  métamolybdique  est  donc  un  produit  de  condensation  de  quatre 
molécules  d'acide  molybdique  Mo^O'-H";  on  peut  présenter  la  foi-mule  de 
constitution  de  la  façon  suivante  : 


/OH 
0           \" 

0 

HO/''"^ 

L    , 

o^"<:oH 


ou 

Mo— ÔH 
O 


/OH 


O^      \0H 


L'acide  mélamolybdique  doil  être  considéré  comme  hexabasiquc.  Toute 


33o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  série  de  faits  relatifs  à  la  fonnalion  des  complexes  permet  d'affirmer 
que  ce  sont  les  hydroxyles  isolés  (on  caraclères  gras  dans  la  formule)  qui 
ont  le  caractère  acide. 

L'acide  mélamolybdique  a,  d'après  cette  formule,  la  composition 

[Mo^O^MI'^']!!''. 

Mais  cette  formule  montre  que  l'acide  métamolybdiqne  donne  naissance  par- 
ticulièrement aux  anhydrides  [Mo'-O'-H"] IP  et  [Mo'-0-"'JIl^  semblables 
aux  anhydrides  de  l'acide  molybdique.  Les  résidus  secs  des  tclia  et  oclo- 
molybda tes  correspondent  à  la  formule  générale  [iVlo'-O'^H^JH";  les  télia- 
molybdates  anhydres,  comme  par  exemple 

[Mo'^O^'KMr-)"     et     [iMo'^Oî-']Rb'> 
correspondent  à  l'anhydride  complet  [  Mo' -0''' J  H''. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  T acide  i.sntine  5-sttlfonif/iie. 
Note  de  MM.  ♦!.  Martinet  et  O.  Dorxier,  présentée  par  ^L  A.  Haller. 

Jusqu'ici,  l'isatine  n'avait  pas  été  sulfonée;  on  avait  seulement  signalé 
sa  dissolution  en  jaune  brun  dans  l'acide  sulfurique  fumant,  à  chaud,  avec 
une  vive  effervescence. 

Pourtant  nous  sommes  arrivés  facilement  à  introduire  un  groupe  sulfoné 
dans  l'isatine. 

La  règle  d'Ifollemann  relative  à  l'orientation  des  substitutions  dans  un 
noyau  benzéniquc  nous  permet  de  prévoir  l'introduction  du  groupe  SOMl 
en  position  5:  mais  les  migrations  de  ce  groupe  sont  fréquentes  dans  l'acte 
de  la  sulfonation.  Il  importe  donc  de  vérifier  cette  prévision. 

Vorlaender  et  Schubart  (')  ont  démontré  par  synthèse  que  le  carmin 
d'indigo  était  le  sel  de  sodium  de  l'acide  5-5'-disulfonique,  et  Schlieper  (-)r 
par  oxydation  de  ce  produit,  est  arrivé  à  une  isatine  identique  à  celle  que 
nous  obtenons  [)ar  sulfonation  directe  :  ce  qui  fixe  bien  la  place  de  la  subs- 
titution. 

Nous  avons  opéré  de  la  manière  suivante  : 

i6'  d'isatine  sont  dissous  dans  48"  d'acide  sulfuii(|ue  fuiuant  à  -.'.o  pour  loo  d'anliv- 
dride.  La  niasse  est  cliautrée  au  iiain-niarie  pendant  3o  minutes,  puis  veisoe  sui'  de  lu 
glace  pilée.  (  )a  évapore  la  solution  jusqu'à  consistance  sirupeuse  ;  par  rerroidisseiuenl, 
il  se  forme  une  bouillie  cristalline  de  l'acide  sulfoniqiie  cherché.  Cristallisé  de  l'élher 

(')  h.  Voiti.AiîNomi  et  Fil.  Sciubmit,  Deutsche  client,  fies..  1.  ti'i,  p.  if^(>a. 
(-)  A.  et  G.  Snii.iRi'iîR,  Liebigs  Aunalen,  I.  120,  p.  6. 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    192I.  33l 

ncéliqiie  lioiiillaiil,  il  forme  une  poudre  ciislallini'  jaune  oinu;;(',  très  soluMc  dans 
Teau  el  dans  l'alcool.  l'rojelé  sut-  le  l>loc  Maquenne,  il^loiid  vois  i.'i3°  en  un  iiciuide 
l'ougeàlre.  La  solution  jaune  orangé,  d'acide  isatine-sulfonique  Imitée  par  les  alcalis, 
se  coloie  en  violet  foncé,  puis  peu  à  peu  vire  au  jaune  comme  il  était  à  prévoir.  Elle 
contient  le  sel  neutre  de  l'acide  5-sulfoisatique. 

Nous  avons  préparé  une  série  de  ces  sels  el  les  avons  idenlifiés  avec  ceux 
de  Schlieper  (/oc.  cit.). 

Ces  sels  dibasiques  li\tilês  par  l'acide  chlorhydrique  en  excès  se  lacla- 
misenl  rapidement,  à  l'ébuUilion,  assez  lentement  à  froid  en  donnant  les 
sels  monobasiques.  Ceux  d'entre  eux  dont  le  sulfate  est  soluble  se  pré- 
parent plus  facilement  en  versant  le  produit  de  sulfonation  de  l'isatine  dans 
une  solution  concentrée  et  refroidie  du  clilorure  mélallique. 

Le  sel  de  potassium,  cinstalliscavec  une  molécule  d'eau,  forme  de  longues 
aiguilles  jaune  d'oj,  groupées  en  rosettes. 

Le  sel  de  baryum  cristallise  de  sa  solution  aqueuse  en  petites  aiguilles 
rouge-bichromate.  On  l'obtient  moins  hydraté  en  cristaux  jaune  paille  par 
cristallisation  dans  l'acide  chlorhydrique  concentré. 

Nousa  vous  caractérisé  l'acide  isaline  5-sulfonique  par  sa  phényihydrazone 
qui  forme  de  petites  aiguilles  jaunes  (K.  vers  27o"avec  décomp.).  Elle  donne 
un  sel  de  baryum  jaune  et  un  sel  de  potassium  en  aiguilles  jaune  citron  très 
soluble  dans  l'eau  et  dont  la  solution  a  beaucoup  d'affinité  pour  la  laine  et 
la  soie  qu'elle  teint  en  une  belle  nuance  jaune  vert,  rappelant  colle  obtenue 
avec  le  jaune  de  quinoléine;  cette  phényihydrazone  est  un  isomère  du 
jaune  d'isaline. 

Par  action  de  l'hydroxylamine  sur  l'isatine  sulfonate  de  potassium,  nous 
avons  préparé  l'oxime  correspondante  :  longues  aiguilles  jaunes  qui  s'eflleu- 
rissent  dans  le  vide  et  sont  solubles  dans  l'eau. 

Son  sel  d'argent,  en  paillettes  jaune  pâle  est  peu  soluble  dans  l'eau 
froide. 

L'isatine  sulfonate  de  potassium  condensé  en  milieu  acétique  avec  l'in- 
doxylc  donne  facilement  l'indirubine.  Elle  forme  un  feutrage  d'aiguilles 
violettes.  En  solution  aqueuse,  elle  teint  en  bain  acide,  la  laine  et  la  soie, 
en  nuance  violette.  Sous  l'action  réductrice  de  l'hydrosulfile  de  soude 
elle  donne  une  cuve  jaune  cjui  a  peu  d'affinité  pour  les  fibres. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.   —  Considêrntions  sur  l'endoderme.  Note  de  M.  II.  Bouygues, 
préscnlée  par  M.  Gaslon  Bonnier. 

Dans  ma  dernière  Noie  (')  j'ai  désigné  sous  le  nom  d'écorce  l'ensemble 
des  tissus  parenchymateux  situés  à  la  périphérie  du  système  libéro-ligneux 
et  limités  à  Tcxtérieur  par  Tépidernie. 

En  définissant  ainsi  celle  région,  j'ai  eu  surtout  pour  but  de  montrer  que, 
contrairement  à  ce  qui  est  admis  actuellement,  celle-ci  n'est  diiïérenciée 
dans  la  tige  qu'à  partir  du  moment  où  la  première  ébauche  du  système 
libéro-ligneux  apparaît  au  sein  du  mérislème  général. 

Or  cette  notion  d'écorce,  sans  limite  vers  l'intérieur,  enlève  complète- 
ment à  l'endoderme  son  rôle  déllmitatif,  lequel  est  de  séparer  l'écorce  du 
cylindre  central. 

Cette  modification,  ainsi  introduite  dans  le  schéma  classique,  est  impor- 
tante et  présente  des  avantages  appréciables,  comme  on  peut  en  juger  par 
ce  qui  suit. 

On  sait  en  effet  que  bon  nombre  de  pétioles  par  exemple  ('-)  possèdent 
des  faisceaux  libéro-ligneux  concentriques  individuellement  entourés  d'une 
assise  de  cellules  en  tous  points  identique  à  l'endoderme  qui  entoure,  dans 
les  rhizomes  ou  les  tiges  aériennes  des  mêmes  plantes,  le  système  libéro- 
ligneux. 

Or,  malgré  l'analogie  profonde  de  ces  assises  entre  elles,  il  est  impos- 
sible, à  cause  de  la  définition  actuelle  de  l'endoderme  ( '),  de  les  désigner 
sous  ce  dernier  nom.  Si  partant,  en  effet,  des  idées  classiques,  on  effectue 
des  recherches  d'origine  et  de  développement,  on  est  amené  à  reconnaître 
que  les  gaines  des  faisceaux  concentriques  sont  des  dépendances  du  méris- 
tème  vasculaire  (*),  tandis  que  l'endoderme  est  considéré  comme  dépen- 
dance du  méristème  cortical.  Il  n'est  donc  pas  possible  de  rendre  identique 
des  assises  d'une  origine  aussi  différente.    Du  reste,  M.  Gaston  Bonnier 


(')  II.  UouïGUES,  /.e  méristème  vasculaire  de  la  lige  et  sa  dii-ision  en  régions 
{Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  926). 

(■-)  H.  BoLYGUES,  Structure,  origine  et  développement  de  certaines  formes  anor- 
males du  pétiole  des  Dicotylédones  (  Th.  Doct.  Sci.,  l'aris,  27  juin  1902). 

(')  Van  Tiegiirm,  Les  canaux  sécréteurs  des  plantes  {Ann.  Sci.  Aat.  Bot.,  5''  série, 
l.  IC,  1872,  p.  96. 

(')  H.  Bjuygues,  Sur  l'interprélalion  an  atomique,  etc.  (Soc.  lincenne  de  Bor- 
deaux. 1902,  p.  85). 


Sb■•A^'CK    DU    7    FÉVRIER    I92r.  333 

avait  déjà  senli  lui-même  cette  iiiif)ossil)ilité,  car  dès  kjoo  (  '  ),  dans  l'exposé 
qu'il  lit  de  ses  savantes  recherclies  sur  les  méristèmes  foliaires,  il  fut  amené 
à  employer  les  expressions  d'endoderme  général  et  d'endoderme  spécial, 
pour  désigner,  par  la  première,  la  dernière  assise  du  méristème  cortical,  et 
par  la  deuxième,  l'assise  entourant  chaque  faisceau. 

On  sait  encore  que,  dans  la  tige  à' Equiseturn  lùnosum,  chaque  faisceau 
est  entouré  d'une  assise  d'éléments  plissés  exactement  semblables  à  ceux 
d'un  endoderme  (^).  On  sait  aussi  que  celui-ci  manque  tout  autour  de 
l'ensemble  des  faisceaux  de  la  tige. 

Or,  malgré  la  ressemblance  complète  des  éléments  de  ces  gaines  fascicu- 
lairos  avec  ceux  d'un  endoderme,  il  n'est  pas  pofesible  d'établir  une  analogie 
quelconque  entre  ces  diverses  assises  puisque  les  gaines  fasciculaires  n'ont 
rien  de  cortical  (■').  En  outre,  du  fait  qu'un  endoderme  ne  délimite  pas  ici 
l'écorce  du  cylindre  central,  il  est  classique  de  dire  que  celui-ci  n'existe  pas 
et  que  l'organe  considéré  est  astélique. 

Donc,  pas  d'endoderme  autour  de  l'ensemble  des  faisceaux,  pas  de 
cylindre  centra!.  Mais  alors  remarquons  en  passant  combien  sont  nom- 
breuses les  liges  où  il  n'existe  pas  d'endoderme  autour  de  la  région  vascu- 
laire;  combien  sont  nombreux,  par  conséquent,  les  cas  d'astélie  et,  par 
suite,  combien  la  notion  du  cylindre  central  perd  de  sa  valeur  au  point  de 
vue  général. 

On  sait  enfin  que  dans  le  rhizome  de  Pleris  aqnilinn  il  existe  des  foima- 
t  ons  libéro-ligneuses  spéciales  individuellement  entourées  d'une  assise 
d'éléments  identiques  à  ceux  d'un  endoderme.  On  sait  aussi  qu'il  est  clas- 
sique de  voir,  dans  chacune  de  ces  formations,  un  cylindre  central  et  de 
désigner,  sous  le  nom  d'ècorce,  le  parenchyme  général  au  sein  duquel  ces 
formations  sont  plongées  (^).  Il  en  résulte  que  chaque  gaine  plissée  reçoil, 
de  ce  fait,  le  nom  à' endoderme.  Or  ces  gaines  sont  en  tous  points  seml)lal)les 
aux  gaines  que  nous  avons  déjà  rencontrées  dans  les  exemples  précédents. 
Mais,  encore  ici,  ne  faut-il  point  songer  à  établir  entre  elles  la  moindre 
analogie,  puisque  les  gaines  du  rhizome  sont  considérées  comme  dépendance 
d'une  région  qu'on  appelle  ècorce. 

(')  G.  BoNMF.R,  Sur  la  différencialion  des  tissus  vasculaires  de  la  feuille  et  de  la 
lige  {Comptes  rendus,  t.  131,  igoo,  p.  1276). 

(-)  Van  TiiiGHEM,   Traité  de  Botanique,  1891,  p.  76.5. 

(')  II.  Bouygues,  Contribution  à  Vétude  'du  système  libéro-ligneux  des  Crypto- 
games vasculaires  {Soc.  linn.  de  Bordeaux,  t.  39,  1906,  p.  ]25). 

(•)  Vax  Tieghe.m,  lac.  cit.,  p.  765. 


33/t  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  exemples,  comme  on  le  voit,  suffisent  à  nous  montrer  les  inconsé- 
quences anatomiques  qui  résultent  des  idées  admises  de  nos  jours  sur  la 
division  de  la  tige  en  régions,  dès  le  point  végétatif  même,  et  sur  le  rôle 
qu'on  fait  jouer  à  l'endoderme  dans  celte  division. 

Or,  en  considérant  Técorce  comme  un  reste  du  mérislème  général, 
dépossédée  de  toute  limite  du  côlé  interne,  toutes  les  impossibilités  précé- 
dentes disparaissent.  L'endoderme  redevient  en  effet,  dans  ce  cas,  la  simple 
assise  de  cellules  telle  que  Caspary  l'avait  définie,  c'est-à-dire  l'assise  qui 
entoure  toujours,  lorsqu'elle  existe,  une  formation  ou  un  ensemble  de  for- 
mations libéro-ligneuses. 

En  somme,  avec  la  notion  d'écorce  sans  limite  inlerne,  l'cndodenne  n'est 
plus  une  constante  anatomique  de  la  tige;  il  en  devient  une  particularité. 

Si  nous  avions  avant  tout  le  souci  de  l'intérêt  historique,  nous  devrions 
d'abord  délaisser  l'expression  d'endoderme,  reprendre,  quoique  inexacte, 
celle  de  membrane  protectrice  créée  par  Caspary,  et  appliquer  exclusive- 
ment celle-ci  aux  assises  ponctuées  sur  leurs  parois  latérales  et  entourant 
une  formation  vascnlaire. 

Mais  on  sait  que  la'  présence  des  ponctuations  ne  constitue  pas,  pour  la 
gaine  protectrice,  un  caractère  spécifique  d'une  fixité  absolue.  On  sait  aussi 
que  souvent  les  formations  libéro-ligneuses  sont  entourées  d'une  assise  de 
cellules  se  distinguant  très  nettement  des  cellules  voisines  grâce  à  des  carac- 
tères aussi  spéciaux  que  variés.  Une  telle  assise  semble  isoler,  pour  ainsi 
dire,  du  reste  des  tissus  voisins  les  formations  vasculaires  qu'elle  entoure. 
Aussi  nous  semble-t-il  rationnel  de  l'assimiler  à  la  gaine  protectrice  de 
Caspary,  même  lorsqu'elle  est  dépourvue  de  ponctuations  sur  les  parois 
latérales  de  ces  éléments. 

En  résumé,  il  y  aurait  lieu,  à  notre  avis  : 

1°  De  ne  plus  faire  de  l'endoderme  la  limite  entre  l'écorce  et  le  cylindre 
central  de  la  lige; 

2"  De  voir  en  lui  une  parlicularité  et  non  une  constante  anatomique  : 
particularité  qui,  du  reste,  peut  être  retrouvée  soit  dans  le  pétiole,  soit  dans 
le  limbe  autour  de  si-s  nervures  ; 

3°  D'étendre  enfin  les  noms  d'endoderme  ou  de  gaine  protectrice  à  toute 
assise  se  distinguant,  d'une  façon  quelconcpie,  des  tissus  voisins,  et  entou- 
rant directement  une  formation  libéro-ligneuse  isolée  ou  un  groupe  de  ces 
formations. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1921.  335 

BIOLOGIE.  —  De  la  Tion-tojcicité  du  citlvie pour  le  inihUou. 
Nolt>  de  M.  cl  M"""  G.  Vii.LEDiEu,  présentée  par  M.  P.  Viala. 

L'emploi  des  sels  de  cuivre  dans  les  bouillies  anlicryptogamiques  a 
loujours  élé  considéré  comme  indispensable  depuis  la  publicalion  des 
travaux  de  Millardet  ('),  travaux  concernant  la  toxicité  des  solutions  de 
sulfate  de  cuivre  d'un  ordre  voisin  de  celui  du  millionième,  pour  les  zoos- 
pores du  mildiou.  De  ce  fait  Millardet  avait  déduit  une  série  d'hypothèses 
pour  e\pli(iuer  l'action  des  bouillies  bordelaises  neutres  ou  légèrement 
a'calines  sur  le  mildiou.  Il  admettait  : 

i"  Que  dans  les  bouillies  ci-dessus  il  se  formait  de  l'oxyde  de  cuivre 
devenant  à  l'air  de  l'hydrocarbonate; 

2"  Que  cet  hydrocarbonate  ou  l'oxyde  étaient  dissous  par  les  eaux  do 
pluie  ou  de  rosée  contenant  de  l'acide  carbonique  et  de  l'ammoniaque  (ou 
du  carbonate  d'ammoniaque); 

3'^  (^iie,  dans  cette  eau  cuivrée,  les  conidies  libérant  leurs  zoospores, 
celies-ci,  grâce  aux  traces  infinitésimales  de  cuivre  qu'elles  y  trouvaient, 
étaient  condamnées  à  une  destruction  certaine. 

Dans  des  Notes  antérieures  (-),  nous  avons  en  partie  infirmé  ces  hypo- 
thèses en  démontrant  : 

1°  Que  par  l'action  d<'  la  chaux  sur  des  solutions  de  sulfate  de  cuivre 
les  produits  obtenus,  en  réalité,  sont  constitués  par  di's  sulfates  basiques 
de  cuivre; 

2°  Que  le  sulfate  basique  et  l'hydrocarbonate  de  cuivre  ne  peuvent 
donner  que  des  solutions  bien  inférieures  à  l'ordre  du  millionième  avec  les 
eaux  de  pluie; 

3°  Pour  la  troisième  hypothèse,  il  nous  avait  été  possible  de  faire  vivre 
du  mildiou  de  la  pomme  de  terre  sur  des  solutions  de  sels  de  cuivre  à 
acides  convenablement  choisis,  mais  nous  avons  préféré  montrer  directe- 
ment que  les  conidies  de  mildiou  pouvaient  germer,  libérer  leurs  zoospores 
et  que  ces  zoospores  pouvaient  évoluer  et  germer  à  leur  tour  dans  une  solu- 
tion contenant  de  l'hydrocarbonate  de  cuivre,  dissous  dans  le  carbonate 
d'ammoniaque. 

Nous  avons  eu  recours  pour  cette  expérience  au  Phytophlliora  infcstans 
(mildiou  de  la  pomme  de  terre)  cultivé  sur  des  tranches  de  pomme  de  terre 
non   étérdisées;  nous  avons  employé  une  solution  d'hydrocarbonale   de 

(')  Millardet,  Traitement  du  mildiou  et  du  rot,  1886. 
(-)   Comptes  rendus,  t.  171,,  1920,  |>.  36o  et  787. 


336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cuivre  dissous  à  saluration  dans  des  solutions  de  carbonate  d'ammoniaque 
au  ■— ^  ou  au  j^,  limite  qu'on  ne  peut  dépasser,  car  le  carbonate  d'ammo- 
niaque agit  alors  lui-même  et  sans  le  secours  du  cuivre  pour  entraver  le 
développement  des  zoospores. 

Une  telle  solution  contient  d'ailleurs  80  à  100  fois  plus  de  carbonate 
d'ammoniaque  que  les  eaux  de  pluie  ou  de  rosée;  elle  réalise  la  solution 
idéale  la  plus  favorable  à  la  dissolution  de  l'hydrocarbonate  de  cuivre,  car 
en  général  les  dépôts  de  bouillies  étant  acides  ou  alcalins,  seul  un  des  élé- 
ments du  carbonate  d'ammoniaque  peut  agir,  circonstance  moins  heureuse 
pour  la  solution. 

Ces  solutions  ont  été  préparées  de  la  manière  suivante  :  dans  la  solution 
«*"  sTnny  o"  7Vir;rj  de  carbonate  d'ammoniaque  on  a  ajouté,  pour  100™'  de 
solution,  0°,  5o  ou  1°  (constituant  un  grand  excès)  d'hydrocarbonate  de 
cuivre  pur,  sec  et  bien  exempt  d'alcali;  on  agite  vivement  pendant 
i5  minutes  et  l'on  filtre  sur  un  filtre  serré. 

Dans  une  partie  de  la  liqueur,  on  recherche  la  présence  du  cuivre  par  le 
ferrocyanure  de  potassium  en  liqueur  acétique  (pour  100™'  de  solution  on 
ajoute  2  gouttes  de  ferrocyanure  au  j^  et  4  gouttes  d'acide  acétique).  Cette 
solution,  au  colorimètré^  correspond,  pour  sa  teneur  en  cuivre,  à  une  solu- 
tion de  T^T^nJTpj  ou  ^^^  de  sulfate  de  cuivre  cristallisé. 

Dans  des  chambres  humides  (méthode  de  la  goutte  suspendue),  on  place 
quelques  gouttes  de  ces  solutions  où  l'on  ajoute,  à  l'aide  d'un  fil  de  platine, 
des  conidies  de  mildiou  prélevées  sur  cultures  obtenues  sur  tranches  de 
pommes  de  terre.  Les  chambres  humides  sont  mises  à  l'étuve  à  -l-i5° 
ou  +  16°;  au  bout  de  qo  minutes  environ,  les  conidies  germent  et  l'on  peut 
suivre  au  microscope  l'évolution  des  zoospores  issues  de  ces  conidies;  leurs 
mouvements  se  continuent  pendant  au  moins  une  demi-heure  à  la  tempéra- 
ture du  laboratoire  (i3°)  sans  se  ralentir,  puis  elles  se  fixent  et  elles  germent 
comme  dans  l'eau  ordinaire. 

Cette  expérience  achève  de  détruire  l'hypothèse  émise  par  Millardet  qui, 
dans  ses  expériences,  n'employait  que  le  sulfate  de  cuivre,  sulfate  de  cuivre 
dont  l'entité  disparait  complètement  dans  les  bouillies  neutres  ou  alcalines. 

Elle  démontre  d'une  façon  indiscutable  que  ce  n'est  pas  au  cuivre  qu'est 
due  l'action  des  bouillies  anticryplogamiques  et  qu'il  n'intervient  pas,  ainsi 
qu'on  l'avait  admis  jusqu'à  ce  jour,  comme  toxique,  à  doses  infinitésimales, 
des  zoospores  du  mildiou. 

Ou  peut  donc  désormais  envisager  sûrement  la  possibilité  de  la  suppres- 
sion du  cuivre  dans  les  bouillies  anticrypiogamiqucs. 

i\ous  nous  proposons  de  continuer  cette  (  tude. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I921.  337 

PHYSIOLOGIE.  —  Le  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  tes  phénomènes  du  choc. 
Note  (')  de  M.  W.  Kopac/.ewski,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Dans  deux  Notes  toutes  récentes,  MM.  A.  Lumière  etClievrotier  (-),  tout 
on  se  déclarant  partisans  de  noire  théorie  de  floculation  micellaire  de  l'ana- 
pliylaxie  et  des  chocs  par  contact,  ont  en  même  temps  formulé  des  réserves 
quant  au  rôle  éventuel  de  la  tension  superficielle  dans  ces  phénomènes. 
Partant  d'un  fait  connu  de  la  floculation  de  deux  sérums  hétérogènes,  les 
auteurs  ont  recherché  systématiquement  les  substances  capables  de  disperser 
le  floculé  formé  (').  L'hyposulfite  de  soude  à  5  pour  100  s'est  montré, 
in  vitro,  doué  de  cette  propriété  et  l'injection  déchaînante  du  sérum,  dilué 
de  son  volume  de  cette  substance,  a  été  inoffensive.  Dans  ces  conditions 
d'expérimentation,  il  est  possible  de  conclure,  non  à  la  dispersion  d'un 
floculé  formé,  mais  uniquement  à  l'empêchement  de  cette  floculation. 

Nous  étions  curieux  de  savoir  si  la  tension  superficielle  ne  joue  vraiment 
aucun  rôle  dans  ce  processus  antifloculant,  et  voici  nos  mesures. 

Densité     Tension  superficielle 
à  en  dynes 

N»'.  Substances.  ib°  C.         par  centimètre.      Viscosité. 

1.  L'eau  distillée 0,9991  -3, 00  1,0000 

2.  Solution  physiologique  à  8  pour  100 i,oo45  73,21  1,0019 

3.  Hyposulfile  de  soude  à  5  pour  100 1,0240  69,62  1,8260 

k.  Sérum  humain  normal i  ,0280  66,35  l  ,8860 

5.  »  dilué  à  moitié  avec  H^O i,oi5o  69,15  i,3263 

6.  »  dilué  à  moitié  avec  la  solution 

physiologique i,oi65  67,84  i,326i 

7.  »  dilué  à  moitié  avec  hyposulfite 

de  soude  à  5  pour  100 1,0275  63,63  1,8273 

8.  Sérum  du  cobaye  normal i  ,0228  68,27  i  ,8869 

9.  »  dilué  à  moitié  avec  tPO.  .  .      1,0124  73,42  1,1242 

10.  »  dilué  à  moitié  avec  la  solu- 

tion physiologique i,oi3o  71,28  i,i25i 

11.  >>  dilué  à   moitié   avec    hypo- 

sulfite à  5  pour  100 i,02i5  60,93  1,12.58 

Il  apparaît  nettement  que  la  tension  superficielle  du  sérum  est  diminuée 
par  l'hyposulfite  de  soude,  et  ceci  non  seulement  par  rapport  au  sérum 
dilué  dans  l'eau  distillée  ou  dans  la  solution  physiologique,  mais  aussi  par 
rapport  au  sérum  normal,  tel  qu'on  l'injecte  pour  déterminer  le  choc.  Une 
fois  de  plus  le  rôle  de    la  tension  superficielle  est  sûrement  établi.   La 

(')  Séance  du  3i  janvier  1921. 

(^)   A.* Lumière  et  H.  Chevrotier,  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  741  et  1172. 
(')   Nous  employons  ce  terme  au  lieu  de  précipitation  puisqu'il   s'agit  d'un  phéno- 
mène colloïdal  et  non  de  chimie  pure,  régi  par  des  lois  diflérentes. 


C  R.,  1951,  I"  Semestre.  (T    172,  N- 6.) 


25 


338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

suppression  du  choc  anaphylactique  par  l'hyposulfite  constitue  donc  un  fait 
de  plus  à  l'appui  de  notre  théorie,  un  fait  d'autant  plus  intéressant  qu'issu 
d'une  orientation  diirérenlc.  Et  il  ne  peut  pas  en  être  autrement  :  la  flocu- 
lation (phénomène  traduisant  la  labilisation,  le  bouleversement  de  l'équi- 
libre colloïdal)  dépend  de  l'aug'menlalion  de  la  tension  superficielle,  de  la 
diminution  de  la  viscosité,  de  l'introduction  d'une  charge  électrique  nou- 
velle. Il  est  possible  que  d'autres  facteurs  y  interviennent  (facteurs  encore 
inconnus  aujourd'hui);  il  est  probable  aussi  qu'aucun  des  facteurs  connus 
n'agit  pas  seul  mais  associé  aux  autres;  il  est  évident,  enfin,  que  la  flocula- 
tion du  sérum  ne  nécessite  pas  des  perturbations  énormes,  le  complexe 
colloïdal  sanguin  étant  excessivement  labile,  comme  le  prouve  suffisamment 
l'extrême  facilité  de  provoquer  les  différents  états  de  chocs  par  contact 
par  l'introduction  d'une  substance  physiquement  étrangère  à  ce  milieu. 

Si  donc  on  admet  notre  théorie  de  floculation,  on  ne  peut' pas  formuler 
des  réserves  quant  au  rôle  éventuel  de  la  tension  superficielle  dans  la 
suppression  des  phénomènes  du  choc.  El  d'autre  part  MM.  Lumière  et  Chevro- 
lier  ont  apporté  en  faveur  de  cette  théorie  une  autre  preuve  :  des  expé- 
riences sur  la  production  du  choc  par  des  injections  directes  dans  le 
système  circulatoire  des  suspensions  fines  de  sulfate  de  baryum. 

Remarquons  en  passant,  que  Foa  et  Aggazzotli,  Wasserraann  el  surtout 
Thiele  et  Eniblelon  en  1913  ont  bien  décrit  les  phénomènes  du  choc, 
observés  à  la  suite  d'injections  intraveineuses  de  substances  colloïdales,  ainsi 
que  de  suspensions  fines  de  sulfate  de  baryum,  de  carmin,  de  kaolin,  etc., 
et  les  ont  assimilés  aux  phénomènes  d'anaphylaxie.  Toutefois,  les  lésions 
à  l'autopsie  et  les  symptômes  cliniques,  d'après  leurs  observations, 
ainsi  que  d'après  nos  propres  expériences,  ne  sont  pas  tout  à  fait  identiques 
à  celles  du  choc  anaphylactique.  Soulignons  un  seul  point  observé  :  la  coa- 
gulation intravasculaire  du  sang  et  la  formation  des  caillots  sont  très  rapides, 
tandis  que  dans  le  choc  anaphylactique  on  observe  régulièrement  un  retard 
de  la  coagulation  sanguine.  Il  est  peut-être  prudent  de  ne  pas  généraliser 
et  d'apporter  plus  de  finesse  dans  l'observation  de  ces  phénomènes. 

Mais  au  point  de  vue  qui  nous  intéresse,  MM.  Lumière  et  Chevrotier 
ont  eu  soin  d'incorporer  leur  suspension  dans  un  liquide  «  isotonique  et 
isovisqueux  »  pour  «  faire  la  part  dans  ces  troubles  anaphylactoïdes  des 
effets  dus  aux  modifications  de  la  tonicité  et  de  la  tension  superficielle  du 
sang  et  de  ceux  qui  peuvent  résulter  de  la  seule  présence  dans  le  torrent 
circulatoire  des  particules  insolubles  ». 

Tout  d'abord  soulignons  que,  dans  le  travail  des  auteurs,  il  n'y  a  pas  de 
données  sur  l'isolonicilé  du  li{juide  injecté  au  point  de  vue  de  la  tension 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1921.  339 

superficielle.  Mais  cela  n'a  aucune  importance  pour  démontrer  que  dans  les 
conditions  des  expériences  des  auteurs  la  viscosité,  la  tension  superficielle, 
l'isolonicité  n'ont  aucun  rôle  à  jouer,  puisque  les  «  particules  insolubles  » 
au  lieu-de  se  former  m  situ,  grâce  à  l'intervention  justement  de  ces  forces 
et  au  profit  des  micelles  colloïdales  du  sang,  sont  introduites  directement 
et  toutes  faites.  Dans  ces  conditions,  seule  une  bougie  Ghamberland  ou 
un  ultra-filtre,  installé  à  l'entrée  des  petits  vaisseaux,  peut  préserver  l'ani- 
mal du  choc,  les  «  particules  insolubles  «,  charriées  par  le  torrent  sanguin 
arrivant  automatiquement  dans  les  capillaires,  provoquent  la  coagulation 
et  les  obstruent.  La  différence  est  capitale.  Il  est  donc  aisé  de  comprendre 
les  nuances  observées  dans  les  chocs  par  injection  des  suspensions,  aussi 
bien  dans  leur  symptomatologie  que  dans  les  lésions  anatomo-patholo- 
giques  et  dans  la  modalité  de  leur  suppression  ('). 

En  résumé,  les  expériences  de  MM.  Lumière  et  Chevrotier  apportent 
seulement  un  fait  nouveau  :  la  suppression  du  choc  anaphylactique  par  la 
dilution  du  sérum  lors  de  l'injection  déchaînante  par  son  volume  d'hypo- 
sulfite  de  soude.  Le  mécanisme  de  cette  suppression  s'explique  par  la  dimi- 
nution de  la  tension  superficielle  du  sérum,  produite  par  cette  substance,  et 
constitue  un  argument  de  plus  à  l'appui  de  notre  théorie  du  choc.  D'autre 
part,  on  vient  de  signaler  en  faveur  de  cette  orientation  physiqus  :  la  sup- 
pression du  choc  par  les  arséno-benzènes,  constatée  par  M.  Sicard,  avec  le 
carbonate  de  soude  ou  de  la  dyspnée  toxique  sine  materia  signalée  par 
M.  Lhermitte  avec  le  sérum  glycosé. 

Toutes  ces  modalités  de  la  suppression  des  chocs  par  contact  sont  la  con- 
clusion logique  de  la  théorie  de  floculation  micellaire  la  base  des  chocs 
humoraux  et  cellulaires. 


HYGIÈNE.  —  Iniluence  de  l'état  de  division  des  gouttelettes  microbiennes 
sur  l' ensemencement  des  terrains  de  culture.  Note  de  M.  A.  Trillat, 
présentée  par  M.  Roux. 

J'ai  montré  dans  de  précédents  travaux  (^)  relatifs  au  transport  aérien 
des  germes  et  à  leur  localisation  parle  froid  (')  que  l'ensemencement  de 


(  '  )  Le  fait  que  rinjeclion  iiUracardiaque  ne  produit  pas  de  ce  choc,  parle  encore 
en  faveur  de  cette  difîérence. 

(')  Comptes  rendus,  t.  157,  igiS,  p.  iS^y. 
(')  Comptes  rendus,  t.  158,  igiAi  P-  5i8. 


•3/»0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

terrains  de  culture  solides  ou  liquides  dont  la  surface  était  exposée  à  des 
nuages  microbiens  se  faisait  très  facilement.  Ce  mode  d'ensemencement 
est  en  réalité  l'image  de  ce  qui  se  passe  dans  la  vie  courante  lorsqu'une  sur- 
face comme  celle  d'un  objet,  d'un  vêtement,  d'une  muqueuse  ou  de  toute 
autre  substance  pouvant  servir  de  terrain  de  culture  est  exposée  à  l'air  qui 
renferme  souvent  de  nombreuses  poussières  microbiennes  en  suspension. 
J  ai  cherché  à  me  rendre  compte  de  la  difîérence  que  ce  mode  d'ensemence- 
ment pouvait  présenter  au  point  de  vue  de  la  marche  du  développement 
microbien  avec  l'ensemencement  pratiqué  directement  en  mélangeant  la 
semence  microbienne  avec  le  milieu  de  culture.  Les  observations  que  j'ai 
recueillies  m'ont  paru  assez  intéressantes  pour  justifier  leur  publication  dans 
cette   Note. 

Un  essai  comparatif  sur  gélose  avec  le  B.  prodigiosas  m'avait  déjà 
montré  par  la  numération  des  colonies  que,  pour  les  mêmes  doses  de  mi- 
crobes, le  développement  de  la  culture  par  ensemencement  superficiel  au 
moyen  d'un  nuage  microbien  présentait  une  avance  notable  sur  l'ensemen- 
cement par  la  dilution  des  microbes  dans  le  terrain  de  culture. 

Pour  mieux  étudier  le  phénomène,  j'ai  cherché  un  germe  dont  on  pût 
suivre  facilement  le  développement  dans  un  terrain  de  culture  approprié  et, 
dans  ce  but,  je  me  suis  adressé  au  ferment  lactique  dont  l'activité  peut 
être  facilement  mesurée  en  dressant  une  courbe  d'acidification. 

Sous  deuv  récipients  cylindriques  de  4o',  on  dispose  des  cristallisoirs  plais  de  même 
diamètre  renfermant  la  même  quantité  de  lait  écrémé  décaséinifié  et  étendu  de  «on 
volume  d'eau.  Les  liquides  de  culture  du  premier  récipient  sont  ensemencés  suivant  la 
teclinique  ordinaire  par  une  quantité  connue  d'une  éraulsion  aqueuse  de  ferments 
lactiques  extrêmement  étendue  et  dont  la  dilution  variait  de  -rèwô  ^"  Tôo'oo?-  Dans  le 
deuxième  récipient,  on  pulvérise  le  même  poids  d'émulsion  et  l'on  découvre  les  cristal- 
lisoirs en  suivant  le  procédé  déjà  indiqué  ailleurs.  Après  une  durée  d'exposition 
variable,  les  liquides  ensemencés  par  les  deux  procédés  sont  portés  à  l'éluve  et  l'on  dose 
leur  acidité  après  un  temps  déterminé.  Il  y  a  lieu  d'observer  que,  par  suite  de  diverses 
circonstances,  les  surfaces  des  cultures  découvertes  ne  reçoivent  en  réalité  qu'une  très 
faible  fraction  (environ  ^i^  d'après  mon  évaluation)  de  l'émulsion  utilisée.  Je  rappel- 
lerai aussi  que  la  vitesse  de  chute  des  gouttelettes  sur  le  terrain  de  culture  est  inverse- 
ment proportionnelle  à  son  volume  :  d'après  mes  essais,  elle  est  d'environ  i""  en 
lo  minutes  pour  des  gouttelettes  dont  le  diamètre  est  d'environ  \v-,  ce  qui  est  d'ailleurs 
conforme  h  la  loi  de  Stock. 

Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  comparatifs  obtenus  au  cours  de 
quelques  essais  pris  comme  exemples. 

Les  chiffres  représentent  en  milligrammes  la  (juantité  de  Na  OU  nécessaire 
pour  saturer  l'acidité  de  loo'^"'  de  liquide  de  culture  (^Acidité  iiiiliale  en 
acide  lactique  :  So'"''  par  litre.  Durée  d'incubation  :  i8  heures). 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    1921.  34 I 

N"  des  essais.  I.  II.        III.        IV.         V.         VI.       Vil.     Mil.      IX. 

Ensemencement  direct 180     170     i3o     170     280     120       .5o      100     aSo 

Ensemencement  jiar  surface.     290     280     290     210     Sso     290     i3o     igo     3io 

A  la  longue,  les  acidités  se  rapprochent.  Dans  certains  essais,  rensemcii- 
ccmenl  direct  reste  infructueux.  Les  résultats  montrent  donc  que  pour  des 
doses. extraordinaireinent  faibles,  l'ensemencement  superficiel  s'esl  traduit 
au  début  dans  mes  conditions  d'expérience  par  une  plus  grande  activité 
microbienne. 

On  peut  expliquer  ainsi  le  mécanisme  de  ce  phénomène  qui  doit  évidem- 
ment s'appliquer  d'une  façon  générale  aux  germes  aérobies. 

1.  La  pulvérisation  d'une  émulsion  microbienne  donne  lieu  à  une  libé- 
ration considérable  de  germes  par  suite  de  la  fragmentation  des  gouttelettes 
et  de  l'ensemencement  des  gouttelettes  d'eau  naturellement  en  suspension 
dans  l'atmosphère  qui  en  résulte  (  '  ). 

2.  Les  germes  aérobies,  aérés  par  la  pulvérisation  et  déposés  sur  une 
surface  exposée  à  l'air,  sont  dans  des  conditions  de  vitalité  plus  favorables 
que  lorsqu'ils  sont  répartis  dans  la  masse  du  terrain  de  culture. 

3.  La  surface  couverte  par  la  chute  des  gouttelettes  microbiennes  est 
considérable,  malgré  le  poids  infime  de  l'émulsion  microbienne  mise  en 
jeu.  La  somme  des  surfaces  dessphérules  tend  en  effet  vers  l'infini  à  mesure 
que  leurs  surfaces  diminuent  et  que  leur  nombre  augmente  (-). 

La  division  d'un  agii;lomérat  microbien,  circonstance  qui  se  produit  sous 
l'effet  d'une  action  mécanique  dans  une  foule  de  cas  journaliers,  notamment 
dans  l'acte  de  parler  et  de  tousser,  augmente  en  quelque  sorte  à  l'infini  la 
puissance  d'ensemencement  des  projections  microbiennes  en  multipliant 
les  contacts.  On  peut  dès  lors  entrevoir  le  rôle  important  joué  par  cette 
multiplication  microbienne  dans  la  propagation  de  la  contagion  :  on 
comprendra  mieux  comment  les  surfaces  offertes  par  les  voies  respiratoires, 
les  vêtements,  et  dans  un  autre  ordre  d'idées  par  les  aliments  comme  le  lait, 
peuvent  être  très  largement  ensemencés  par  un  poids  infinitésimal  de 
germes  quand  ceux-ci  se  trouvent,  par  suite  des  circonstances,  sous  la  forme 
spéciale  que  je  viens  d'étudier. 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  1291. 

(^)  Un  simple  calcul  montre  qu'un  agglomérat  de  quelques  millimètres  cubes  formé 
de  microbes  d'une  dimension  de  -j-ffô  "^^  f^  "^  pourrait  fournir  un  nombre  de  sphérules 
microbiennes  capables  de  couvrir  plusieurs  mètres  carrés. 


342  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

HYGIÈNE.  —  Sur  l'emploi  des  polysulfures  alcalins  pour  neutraliser  certains 
gaz  toxiques.  i\ote(')de  MM.  Desghez,  (îuillemard  et  Labat,  présentée 
par  M.  J.-L.  Breton. 

Nous  avons  donné  (-)  les  formules  de  quelques  solutions  qui  permettent, 
employées  en  pulvérisations,  d'assainir  l'atmosphère  contaminée  par  cer- 
taines vapeurs  toxiques.  En  terminant,  nous  appelions  l'attention  sur  ce 
fait  curieux  que  le  polysulfure  de  sodium,  que  nous  avons  appliqué  à  la 
neutralisation  de  la  chloropicrine,  convient  également  pour  d'autres  gaz 
suffocants.  Comme  il  s'agit  de  faits  qui  intéressent  l'hygiène  industrielle, 
nous  avons  cru  devoir  effectuer  les  déterminations  nécessaires  pour  fixer  les 
rapports  à  observer  entre  les  proportions  de  produits  toxiques  et  la  quantité 
de  solution  à  pulvériser.  Si  l'on  adopte,  pour  cette  solution  neutralisante, 
la  formule  suivante  :  foie  de  soufre  sodique,  240''';  lessive  des  savonniers, 
i4o™';  eau,  quantité  suffisante  pour  i',  solution  mère  que  l'on  dilue  en 
l'additionnant  de  10'  d'eau  au  moment  de  l'emploi,  les  expériences  con- 
duisent à  des  résultats  qui  ont  été  condensés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Quantité 

de  Volume 

produit  toxique  de  solution 

dans  la  étendue 

pièce  de  ÎO""".  à  pulvériser. 
I 

Chloropicrine b^  ''ï 

Cliloramine(3o'  de  chlore  saliiréb  d'aiiiiiionlaqiie).  12 

Chlore 20'  12 

Oxychlorure  île  carbone 2'  18 

Acroléine 3"^"''  1 2 

Broinacétone ^i"""  1 2 

Chloroformiale  de  mélhyle  chloré 3'^'"''  12 

Chloroforiniate  de  mélhyle  surchloré 3""''  2^ 

Bromure  de  benzyle 1 '"'"', 5  2^ 

lodure  de  benzyle 1 ''"'', 5  7.!\ 

Mélanges  : 
'{   Bromure  de  benzyle o'''"\  "3  /  , 

^  '  ,  '  1         >  2^1 

j   Bromacélone ("^"'jD  \ 

Chlore 20'  )             „- 

Oxychlorure  de  carbone 19"  \ 

1  Chlore 20'  l                . 

(  Chloropicrine l'^^ô  ) 

(')  Séance  du  3i  janvier  1921. 

{')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  1177. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I921.  343 

(lomnie  on  le  voit,  ces  résultats  établissent,  pour  noire  solution,  une 
polyvalence  très  étendue.  Il  faut  mentionner  que  des  essais  comparatifs, 
elTectués  avec  des  solutions  de  monosulfure  de  sodium,  de  richesse  en 
soufre  égale  à  celle  de  la  solution  précédente,  ont  montré  que  ce  sel  doit 
être  employé  en  quantité  un  peu  supérieure,  pour  neutraliser  une  même 
dose  de  chloropicrine. 

La  solution  mère  se  prépare  facilement,  à  chaud,  en  i5  minutes,  le 
soufre  libre  que  contiennent  tous  les  poiysulfures  entrant  en  combinaison 
avec  la  soude.  Si  l'on  opère  à  froid  et  en  agitant,  la  solution  du  sulfure 
n'est  complète  qu'en  45  minutes;  de  plus,  le  soufre  libre  ne  disparaît  qu'à 
la  longue. 

La  composition  des  solutions  varie  avec  la  qualité  du  produit  employé. 
Les  foies  de  soufre  du  commerce  peuvent  être,  en  effet,  rapportés  à  deux 
types  distincts  ; 

1°  Le  foie  de  soufre  H;  plaques  gris  blanchâtre  à  l'extérieur,  présentant 
une  zone  brune  au  centre  de  la  tranche.  L'analyse  donne  pour  100  parties  : 
soufre  actif  (à  l'état  de  polysulfure),  i5,5o;  hyposulfite  anhydre,  35,55; 
une  très  faible  quantité  de  sulfate  anhydre  (moins  de  1,00).  Il  faut  ajouter 
une  notable  proportion  de  soufre  libre. 

2"  Le  foie  de  soufre  S;  plaques  gris  blanchâtre  à  l'extérieur,  présenlant 
à  l'intérieur  une  zone  brun  rougeâtre  qui  occupe  presque  toute  la  hauteur 
de  la  tranche.  Pour  100  parties,  l'analyse  donne  :  soufre  actif,  18,24; 
hyposulfite  anhydre,  '(,74;  sulfate  anhydre  17,  i3.  La  proportion  de  soufre 
libre  est  très  faible. 

Il  faut  attribuer  ces  différences  de  composition  non  seulement  à  la  nature 
des  matières,  mais  encore  à  la  température  à  laquelle  a  été  porté  le  mélange 
de  soufre  et  de  carbonate,  dans  la  préparation.  Les  recherches  de  Vau- 
quelin,  de  Gay-Lussac,  de  Berzélius,  de  Fordos  et  Gélis  établissent  en 
effet  qu'entre  25o°  et  3oo°,  on  observe  surtout  la  formation  d'hyposulfite, 
comme  produit  accessoire,  alors  qu'au-dessus  de  3oo°  ce  sel  se  transforme 
en  sulfure  et  sulfate.  Comme,  d'autre  part,  la  réaction  du  soufre  sur  le 
carbonate  de  sodium  s'opère  à  température  plus  élevée  qu'avec  le  sel  de 
potassium,  on  s'explique  la  richesse  fréquente,  en  sulfate,  du  foie  de  soufre 
sodique.  Ces  faits  s'accordent  également  avec  notre  observation,  à  savoir 
qu'un  foie  de  soufre  sulfaté  fournit  des  solutions  plus  riches  en  sulfure 
qu'un  foie  riche  en  hyposulfite.  Pour  ces  raisons,  la  richesse  en  soufre  actif 
des  solutions  mères  expérimentées  par  nous  a  varié,  pour  le  foie  H, 
de  35  à  4o  pour  100,  et,  de  4o  à  45  pour  100,  pour  le  foie  S.  Bien  que  l'ex- 


344 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


périence  nous  ait  montré  que  ces  deux  composés  ont  sensiblement  la  même 
activité  vis-à-vis  des  gaz  toxiques,  la  solution  de  foie  riche  en  hyposulfite 
présente  cependant  l'inconvénient,  après  la  neutralisation  de  fortes  quan- 
tités de  chlore,  de  donner  naissance  à  de  l'acide  chlorhydrique  d'odeur 
piquante,  inconvénient  qui  ne  se  produit  pas  avec  la  solution  de  foie  riche 
en  sulfate.  Pour  cette  raison,  c'est  à  notre  second  type  de  foie  de  soufre  que 
vont  nos  préférences.  Ses  solutions  laissent  déposer,  à  basse  température, 
des  cristaux  de  sulfate  de  soude.  11  n'y  a  pas  à  craindre  que  ces  cristaux 
obturent  l'embout  pulvérisateur,  si  on  laisse  refroidir  la  solution  avant  de 
l'introduire  dans  les  flacons  et  si  on  ne  la  verse,  dans  les  appareils  Vermorel, 
qu'à  travers  les  fdtres  dont  ils  sont  munis. 


A  i6  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE    SECUET. 


La  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  par  l'organe  de  M.  Edmond  Pcrrûr 
remplaçant  le  doyen  empêché,  présente  la  liste  suivante  de  candidats  à  la 
place  vacante  par  le  décès  de  M.  Yves  Delage  : 


En  première  ligne ^  ex  œqiio 
par  ordre  alphabétique   .    .    .    . 


En  seconde  ligne,   ex  œquo 
par  ordre  alpliahêlique.    .    .    . 


MM.  Charles  Gravier 
Louis  Joubin 

MM.  Raoul  Anthony 

Matrice  Cauli.ery 
Félix  Mesnil 
Louis  Roule 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 


La  séance  est  levée  à  18  heures  trois  quarts. 


É.    P. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    14   FÉVRIER    lî)21. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  GiiouGRS  LEiMOINE. 


MEMOIRES  ET  C03IMUIVICATI0IVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


CHIMIE.  —  Sur  les  doubles  décompositions  salines  et  leur  représentation 
géométrique.  Note  de  M.  Henry  Le  Chatelier. 

L'étude  des  doubles  décompositions  salines  est  rendue  assez  complexe 
par  la  multiplicité  des  cas  à  envisager.  Dans  cette  Note  je  voudrais  signaler 
les  avantages  d'une  représentation  géométrique  particulière,  celle  du  dia- 
gramme carré,  employé  déjà  au  cours  de  mes  recherches  sur  la  fusibilité  de 
mélanges  de  carbonates.  Je  prendrai  comme  exemple  la  double  décompo- 
sition saline  étudiée  récemment  par  M.  Rengade  : 

NaNO^-)-NH<CI  =NH*NO' +  NaCI. 

Ions a   y  (3    ô        ,3    -^  a    5 

Sels A  B  C  D 

Groupes AB  CD 

Pour  la  représentation  géométrique  de  systèmes  semblables,  Van't  Hofî 
employait  comme  coordonnées  les  quatre  arêtes  partant  du  même  sommet 
d'un  octaèdre.  Il  conslruisaitainsi  une  figure  dans  l'espace  dont  il  donnait 
les  projections  orthogonales  sur  deux  plans  perpendiculaires.  On  obtient 
une  représentation  d'une  lecture  beaucoup  plus  facile  en  se  servant  d'un 
diagramme  à  base  carrée,  combiné  avec  le  système  des  plans  cotés.  On 
peut  représenter  la  composition  d'un  mélange  de  quatre  sels  récipro- 
quement transformables  les  uns  dans  les  autres,  en  portant  en  ordonnées 
les  ions  acides  et  en  abscisses  les  ions  métaux.  Il  y  a  nécessairement  égalité 
entre  les  ions  des  deux  espèces;   la  somme  des  ordonnées  sera  toujours 

c.  R,,  1921,  I"  Semestre.  (T.  I7'î,  N°  7.)  2^ 


346  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

égale  à  la  somme  des  abscisses.  Prenons  un  mélange  renfermant  au  total 
une  molécule  de  sels  et  traçons  un  carré  ABCD,  dont  le  côté  sera  pris 
comme  unité.  Nous  compterons  les  ions  Cl,  de  C  vers  B,  et  les  ions  NO', 
de  B  vers  C;  les  ions  Na,  de  C  vers  A,  et  les  ions  NH*,  de  A  vers  C.  Le 
point  O,  par  exemple,  pris  à  l'intérieur  du  carré  ABCD,  correspond  à  un 
mélange  de  sels  renfermant  au  total,  pour  une  molécule  de  mélange,  les 
quantités  suivantes  de  quatre  ions  : 


Na 

NO" 

Cl 

....       y  r=:  o  ,  2 
....       0  =  0,8 

NH* 

(3  =  (.,3 

!  ,0 

1  ,0 

Pour  représenter  sur  ce  diagramme  la  concentration  de  la  solution,  on 
élève  au  point  O  une  perpendiculaire  au  plan  du  carré  et  l'on  porte  sur 
cette  verticale  une  longueur  égale  au  poids  d'eau  dans  lequel  est  dissoute 
la  molécule  totale  du  mélange  des  différents  sels.  Ces  quantités  d'eau, 
empruntées  aux  recherches  de  M  Rengade,  sont  indiquées  entre  paren- 
thèses, sur  la  figure,  pour  certains  points  Intéressants  du  diagramme.  On 
pourrait  également  représenter  la  concentration  de  la  dissolution  en  portant 
sur  cette  ordonnée  le  nombre  de  molécules  du  mélange  dissoutes  dans 
ioqs  d'eau. 

Passons  en  revue  les  divers  problèmes  dont  cette  représentation  facilite 
la  solution. 

PpiF.MiF.ri  CAS  :  Détermination  îles  mélanges  de  trois  sels  de  composition 
identique  à  celle  du  mélange  considéré.  —  Une  infinité  de  mélanges  de  quatre 
sels  peuvent  représenter  également  une  même  composition  globale;  le  pro- 
blème est  donc  indéterminé.  On  peut  obtenir  cette  même  composition  par 
un  mélange  de  trois  sels  seulement,  mais  dans  ce  cas  le  nombre  des  solu- 
tions est  limité.  Un  calcul  algébrique  très  simple  donne  quatre  solutions, 
dont  deux  seulement  sont  acceptables,  les  deux  autres  conduisant  à  des 
quantités  négatives  pour  la  proportion  de  l'un  des  trois  sels. 

Le  diagramme  carré  donne  la  solution  du  même  problème  sans  aucun 
calcul.  Traçons  les  deux  diagonales  du  carré  et  les  ordonnées  parallèles  aux 
côtés,  passant  par  le  point  O.  Appelons  a,  i,  c.  d  les  intersections  de  ces 
deux  systèmes  de  lignes.  Les  longueurs  des  segments  A«,  ah,  /;B  et  Ce.  cd. 
dD  sont  proportionnels  aux  nombres  de  molécules  des  trois  sels  donnant 
une  composition  identique  à  celle  définie  par  la  position  du  point  O.  Si 
nous  projetons  ces  segments  sur  un  côté  du  carré  et  si  nous  prenons  comme 
unité  de  molécule  la  longueur  de  ce  côté,  les  quantités  de  ces  divers  sels, 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  IQar.  347 

exprimés  en  molécules,  sont  représentés  par  les  projeclions  des  sep;menls. 
Nous  désignerons  ces  projections  par  le  symi)ole  (  )  embrassant  la  lon- 
gueur du  segment.  On  trouve  ainsi,  par  simple  lecture,  les  quatre  solutions 
suivantes,  dont  les  deux  premières  seules  conduisent  à  des  valeurs  toutes 
positives: 

Na^O'    =(B6l=          7=0,-1.                 „                (Ba)—      0,7  —(«/)=— 0.1 

NH'CI     —(\a)—         (3  =  o.2  (cd)   =0.1       (.\.h)=      o,S 

NH»NO'=                    »  {Dd)  =o,>.  —  (ab)  =~o.'>  {Dc]=      o.:i 

NaCl        =(f7i)  =a  — -/-(..S  (Ce)  =0,7                   ..  (Cd}  =  .     o,S 

2°  Surface  de  saturation.  --  Si  l'on  part  d'une  solution  avec  un  excès  d'eau 
suffisant  pour   maintenir  la  totalité  des  sels  en  dissolution,  et  que  l'on 


évapore  progressivement  cette  solution  à  température  constante,  on  verra 
à   un  certain   moment  l'un   des   sels  cristalliser.    L'ensemble  des  points 


3  48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

représenlillifs  de  la  concentration  correspondante  constitue  la  surface  de 
saturation.  Cette  surface  sera  composée  de  plusieurs  nappes,  sur  chacune 
desquelles  le  même  sel  se  dépose  le  premier.  Ces  nappes  se  coupent  suivant 
des  lignes  que  l'on  peut  projeter  sur  le  plan  horizontal  du  carré;  elles 
correspondent  au  dépôt  simultané  de  deux  sels  différents.  Enfin  ces  lignes 
se  rencontrent  elles-mêmes  en  des  points  correspondant  au  dépôt  simultané 
de  trois  sels.  Ce  sont  les  points  invariants,  que  l'on  appelle  encore  points 
eutectiqiics. 

Les  expériences  de  M.  Rengade  permettent  de  tracer  pour  la  température 
de  i5°  le  diagramme  de  la  figure  i.  La  zone  DEIF  correspond  au  dépôt  de 
NaCl;lazone  CGJK,  au  dépôt  de  NO'NH'';  la  zone  AFIJC,  au  dépôt  de 
NaNO'jCl  la  zone  BEIJK,  au  dépôt  de  NH'Cl.  Aux  points  I  et  J,  les  sels  se 
déposent  avec  la  composition  globale  qu'ils  possèdent  dans  la  solution, 
c'est-à-dire  que  le  nombre  de  chacun  des  ions  déposés  simultanément  corres- 
pond aux  ordonnées  de  ces  deux  points  I  et  J.  On  aurait  le  nombre  de 
molécules  de  chacun  des  trois  sels  déposés  à  ces  points,  en  déterminant  les 
intersections  des  ordonnées  de  ces  points  avec  les  diagonales  du  carré  et 
appliquant  la  règle  énoncée  plus  haut. 

3°  Marche  de  la  cristallisation.  —  A  partir  du  moment  où  le  premier  sel  a 
commencé  à  cristalliser,  la  continuation  de  l'évaporation  modifie  constam- 
ment la  composition  du  mélange  resté  en  solution  et  occasionne  un  déplace- 
ment du  point  figuratif  donnant  la  composition  de  la  dissolution. 

Pour  le  point  O,  le  premier  sel  déposé  sera  NaCl  et  le  point  figuratif 
de  la  solution  se  déplacera  suivant  la  ligne  DOK;  cela  résulte  de  ce  que  le 

rapport  ^Tû  n'est  pas  modifié  par  le  dépôt  de  NaCl.  En  K,  le  second 
sel  rvH'Cl  commence  à  se  déposer  et  alors  le  point  figuratif  de  la  solution 
suit  la  ligne  Kl;  il  arrive  finalement  au  point  eutectique  I,  où  la  solution 
gardera  une  composition  invariable,  tant  que  trois  sels  subsisteront  en  con- 
tact avec  elle.  Dans  l'exemple  actuel,  l'évaporation  à  sec  laissera  un 
mélange  des  trois  sels  NaCl,  NaNO'  et  NH*  Cl,  dont  le  nombre  de  molécules 
sera  donné  par  les  projections  des  segments  de  la  diagonale  ('//'),  (B/') 
et  (Art). 

4°  Quantité  de  sel  déposé.  —  Il  peut  être  intéressant  de  connaître  à  un 
moment  quelconque  de  l'évaporation,  la  quantité  de  chaque  sel  déposé, 
c'est-à-dire  le  nombre  de  molécules  pour  une  molécule  mise  priiuilivement 
en  expérience. 

La  quantité  de  NaCl  déposée  en  K  est  donnée  par  Je  rapport  -p-î-  ou 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1921.  349 

bien,  so  rappelant  que  le  côté  du  carré  représente  l'unité  de  molécules  ou 
d'ions,  on  mène  la  ligne  KB  et  par  O  une  parallèle  à  cette  ligne,  et  la 
longueur  du  segment  projeté  BX-  donne  le  nomijre  cherché  de  molécules 
de  NaCI.  A  partir  de  K,  on  a  à  la  fois  un  dépôt  de  NaCl  et  Nil' Cl.  On 
trouve  la  proportion  des  sels  déposés  en  traçant  la  ligne  BI  et  prolongeant 
la  ligne  DOK  jusqu'en  L.  Une  parallèle  menée  par  O  à  BL  donne  le  seg- 
ment B/qui  représente  le  nombre  total  de  molécules  de  NaCl  déposées  en 
arrivant  en  I. 

On  aurait  par  un  procédé  semblable  la  proportion  de  NH'Cl  dépose  en 
même  temps.  Il  suffit  de  projeter  le  point  L  sur  le  côté  BD  par  une  paral- 
lèle à  la  ligne  DI.  Pour  éviter  la  confusion,  cette  parallèle  n'a  pas  été  tracée 
sur  le  diagramme. 

Enfin,  en  I,  commence  à  se  déposer  NO^Na.  Après  l'évaporation 
à  sec  la  proportion  déposée  de  ce  sel  sera  représentée  par  le  segment 
(Bb)  =  ^.  Supposons  que  ce  sel  se  dépose  d'abord  seul,  le  point  figu- 
ratif suivra  la  ligne  AIN  et  s'arrêtera  à  un  point  N  déterminé  par  l'inter- 
section d'une  droite  menée  par  D  parallèlement  à  la  ligne  IP. 

En  joignant  BN  et  prolongeant  jusqu'à  l'intersection  avec  la  ligne  DI, 
le  segment  (NQ)  donnera  la  nouvelle  quantité  de  NH'Cl  déposée  au 
point  I.  Enfin  le  dépôt  de  NaCl  doit  ramener  la  solution  au  point  I 
puisque  celui-ci  est  un  point  invariant,  où  la  composition  de  la  solution  ne 
peut  changer.  La  longueur  QI  donnera  la  proportion  de  NaCl  mise  enjeu 
simultanément  avec  les  deux  autres  sels.  Mais  ce  segment  étant  dirigé  vers 
le  sommet  du  carré,  au  lieu  de  s'en  éloigner,  est  négatif,  c'est-à-dire  qu'une 
partie  du  sel  déjà  déposé  se  redissout.  Les  constructions  graphiques  précé- 
dentes montraient  d'ailleurs  que  la  quantité  de  NaCl  déposé  en  arrivant 
en  I  était  déjà  supérieure  à  la  quantité  totale  qui  doit  se  trouver  dans  le 
mélange  après  dessiccation  complète.  Celle-ci  est  égale  à  a  —  y,  c'est-à-dire 
est  représentée  par  le  segment  {Oh),  projeté  sur  le  côté  du  carré  parallèle- 
ment à  la  diagonale  AB,  soit  Bo.  Or  Bo  est  plus  petit  que  B/  trouvé  précé- 
demment pour  la  quantité  totale  de  sel  déposé  en  arrivant  en  I. 

5"  Redissolution  de  l'un  des  sels  au  point  invariant.  —  Cette  redissolution 
de  l'un  des  sels  lorsque  l'on  arrive  au  premier  point  invariant  I  est  un  fait 
nouveau,  très  important,  découvert  par  M.  Rengade.  Le  mode  de  repré- 
sentation géométrique  employé  ici  permet  de  prévoir  très  simplement  dans 
quel  cas  il  y  a  redissolution  de  l'un  des  sels  et  dans  quel  cas  la  redissolution 
est  complète,  de  telle  sorte  que  la  solution,  après  avoir  traversé  un  état 
invariant,  redevient  univariante  et  se  met  alors  à  suivre  la  ligne  IJ  pour 


35o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

aboutir  linalement  à  un  second  point  invariant  .1,  où  les  trois  sels  en  pré- 
sence se  précipitent  simultanément  jusqu'à  évaporation  à  sec. 

Dans  le  cas  où  le  premier  sel  déposé  est  NaCl,  c'est-à-dire  que  le 
point  représentatif  du  mélange  initial  tombe  dans  la  zone  DEIF,  NaCl 
se  redissout  en  I,  si  ce  point  invariant  est,  par  rapport  à  la  diagonale  AB, 
du  coté  opposé  au  sommet  D;  c'est  le  cas  envisagé  ici.  Si  au  contraire  le 
point  I  est  du  même  côté  que  le  sommet  D,  NaCl  continue  à  se  déposer 
au  point  invariant. 

Lorsque  le  point  invariant  I  est  du  côté  opposé  au  sommet  1)  et  qu'il  y  a 
redissolution  de  NaCl,  celle-ci  est  incomplète  tant  que  le  point  originel  O 
est  du  même  côté  de  la  diagonale  que  le  sommet  D.  Il  reste  finalement  du 
NaCl  dans  le  mélange  sec.  Si  au  contraire  le  point  (_)  est  de  l'autre  côté  de 
la  diagonale,  c'est-à-dire  du  même  côté  que  le  point  I,  la  redissolution  est 
complète,  le  système  redevient  de  nouveau  univariant  et  il  arrive  finale- 
ment au  second  point  invariant  .1.  Si  enfin  le  point  O  se  trouve  sur  la  dia- 
gonale AB,  NaCl  acbève  exactement  de  se  redissoudre  au  moment  où 
l'évaporation  à  sec  se  termine  et  le  mélange  sec  ne  renferme  que  deux  sels 
NaNO^eiNH'Cl. 

Il  est  facile  de  vérifier  que  tous  ces  résultats  sont  en  plein  accord  avec  les 
conséquences  déduites  de  la  loi  des  phases. 


HYDRODYNAMIQUE.  —  Sw  le  mouvement  rtirié  ilrsjluides. 
Note  de  M.  L.  Lecorxu. 

Dans  le  mouvement  non  permanent  d'un  Huide,  on  peut,  à  chaque  ins- 
tant, considérer  trois  courbes  convergeant  en  un  point  fixe  quelconque,  A, 
et  définies  de  la  façon  suivante  : 

i"  La  iriijectoire  C,  est  le  lieu  des  positions  successives  d'une  même  molé- 
cule, située  en  A  à  cet  instant  /  ; 

li"  La  file  de  molécules,  C^,  ou,  simplement,  la  file,  est  le  lieu  des  posi- 
tions occupées  à  l'instant  /  par  toutes  les  molécules  (|ui  ont  passé  ou  passe- 
ront successivement  en  A; 

3"  La  ligne  de  couranl  {\  est  la  courbe  menée  par  A  et  assujettie  à  être 
une  enveloppe  de  trajectoires  prises  dans  leurs  positions  actuelles. 

Je  me  propose  de  préciser  ici  les  positions  respectives  de  ces  courbes  au 
voisinage  de  A. 

Il  est  évident  (jue,  dans  le  cas  du  mouvement  |iermanenl,  C,,  C.j,  C.,  coin- 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I921.  35l 

rident  et  dcinourenl  invariables.  Ici,  au  contraire,  ce  sont  des  courbes  dis- 
tinctes et  qui  se  dét'ormenl  |)rot(ressivenient.  Plaçons  en  \  l'origine  des 
coordonnées  el  appelons  0  l'instant  du  passage  d'une  molécule  déterminée. 
Si  l'on  connaît  le  mouvement  du  iluide,  on  peut,  pour  cette  molécule, 
exprimer  chacune  des  coordonnées  .*',  j,  s  en  fonction  de  f  et  0.  Ces  trois 
fonctions  s'annulant  pour  f  =  0,  nous  écrirons 

(!)  .T  =  {1-0)1     y^^{t—o)r„     z  =  (i-0)t:, 

expressions  où  ^,  y],  Z  désignent  des  fonctions  de  /  et  0  qui  demeurent  finies 
pour  /  =  0. 

Les  équations  (i),  quand  on  y  prend  /  el  0  comme  variables  indépen- 
dantes, définissent  une  surface  S  présentant  en  A  un  point  singulier.  En 
attribuant  à  0  une  valeur  constante  et  faisant  varier  t,  on  obtient,  quel  que 
soit  0,  une  trajectoire  située  sur  S.  En  faisant  inversement  varier  0  sans 
faire  varier  t,  on  obtient,  quel  que  soit  t,  une  file  située  également  sur  S. 
Cette  surface  est  donc  à  la  fois  le  lieu  de  toutes  les  courbes  C,  et  de  toutes 
les  courbes  Co  passant  en  A. 

A  l'instant  t,  la  vitesse  V  de  la  molécule  qui  se  trouve  en  A  s'obtient  en 
dérivant  les  équations  (i)  par  rapport  à  t  et  faisant  ensuite  ^  —■  t.  Il  vient 
ainsi,  pour  les  composantes  de  cette  vitesse, 

(2)  "  =  i,         f'  =  ri,         iv=x^         (6=0- 

en  sorte  que'?,  •/),  'Ç  sont  les  paramètres  directeurs  de  la  tangente  en  Aà  C,. 

Au  même  instant,  les  paramètres  directeurs  de  la  tangente  à  Co  s'ob- 
tiennent en  dérivant  les  équations  (i)  par  rapport  à  0,  puis  faisant  0  =  /, 
ce  qui  donne    —  ^,  —  •/],  —  '(.  On  voit  que  C,  et  C„  se  touchent  en  A. 

C^i,  d'après  sa  définition,  touche  aussi  C,  et,  par  conséquent,  C^,. 

Voyons  maintenant  à  quoi  conduit,  quand  on  tient  compte  des  quantités 
du  second  ordre,  la  comparaison  des  trois  courbes. 

Pour  la  trajectoire  C,,  il  y  a  une  accélération  totale  y,,  dont  on  obtient 
les  composantes  u\,  p, ,  i\\  en  dérivant  une  seconde  fois  par  rapport  à  f,  puis 
faisant  ô  =  ï,  ce  qui  donne 

(3)  «^=^J7'     '^^'-j]^     "^.=^"^7     ^^=')- 

En  ce  qui  concerne  C.,  remarquons  cjne  celle  courbe  peut  être  regardée 
comme  étant  la  trajectoire  d'un  mobile  dont  les  positions  sont  définies  par 
les  équations  (  i),  en  admettant  que  0  désigne  le  temps,  tandis  que  /  joue  le 
rôle  d'une  constante.  L'accélération  /_,  de  ce  mouvement  se  calcule  alors 


352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'une  façon  analogue,  et  Ion  trouve  que  ses  composantes  sont 

(4)  u,=-.-^,        '■^=-^^'        -^=-^^        (^  =  0- 

EnGn  la  ligne  C^  est,  à  l'instant  /,  décrite  par  un  mobile  animé,  en  chacun 
des  points  où  il  passe,  de  la  vitesse  actuelle  de  l'élément  qui  se  trouve  en  ce 
point.  Ceci  posé,  on  a,  pour  un  déplacement  effectué  sur  cette  courbe, 

,  du  dv    ,         di\'   ,         /    du  du  du\    , 

dx  dv    •'        dz  \    dx  dy  d:  ) 

D'ailleurs  la  composante  u^  de/',  \érifie  la  formule  connue 


du   -        du 

du           du 

—^ — (-  "  -; — y 

-  (' Y-  d' 

dt           dx 

dv          dz 

De  même  pour  les  deux  autres  axes. 

Il  suit  de  là  que  l'accélération /,  sur  Cj  est  la  différence  géométrique 
entrey,  et  \  accélération  locale,  dérivée  géométrique,  par  rapport  au  temps, 
de  la  vitesse  en  A. 

Cette  accélération  locale,  /„,  s'obtient  de  la  façon  suivante  :  La  diffé- 
rentielle totale  de  w,  quand  /  et  0  varient  simultanément,  est 


du=.$,d,+  ^4M^  d\{t-o)f\ 


dt      ^  dO 


Pour  que  .r,  y,  z  soient  et  demeurent  nuls,  il  faut  et  il  suffit  que  l'on  ait 
/  =  0,  dt  =  <!<),  d'où 

du  =  {  —^  +  —j-  ]  d/, 
\dl        d9j 

dv,  dw  se  calculent  de  même.  On  a  donc  dans  ces  conditions 

r-  du  ùi        dl  àf  _  df)  ^  an  c^ic  _  JÇ        d^  , 


Telles  sont  les  couq)osantes  de/',,.  Celles  de  y',  sont,  par  suite, 

,^,  ,        di        dl  ,        dv,        dû  ,        d'Ç        dHi  /a       ,^ 

(^^         "^=Ji-j9'        ''^  =  Tt-W        '''^=dï~dÔ       ^^  =  '^- 

On  voit  que,  géomélriciuement  parlant,  y,  esl  la  moyenne  dey,  el  dey^. 

Connaissant  V,/|, y'.,, y.,,  on  en  déduil,  par  le  procédé  connu,  la  grandeur 
et  la  direction  des  rayons  de  courbure  des  trois  courbes. 

i*our  un  mouvement  permanent,  ^,  r^,  '(,  dépendent  de  Tunique  variable 


SÉANCE    DU    l4    l'ÉVRIER    192I.  353 

/  —  0  ei  l'on  vérifie  alors  que  l'accélération  locale  est  nulle,  tandis  que 
j\ijiij\  se  confondent. 

Ces  considérations  conduisent  à  envisager  remploi  éventuel,  en  hydro- 
dynamique, d'un  genre  spécial  de  variables  indépendantes.  Dans  le  système 
de  Lagrange,  on  pose 

équations  où  a\,,  r,,,  '„  désignent  les  coordonnées  initiales  d'une  molécule 
et  X,  y,  -  ses  coordonnées  actuelles.  Les  variables  indépendantes  sont 
*'o)  J'o'  ^0'  '•  ^^^  li^'i  ^^  cela,  choisissons  une  surface  arbitraire  2  et. expri- 
mons les  coordonnées  de  l'un  quelconque  de  ses  points  au  moyen  de  deux 
paramètres  À,  fx.  Les  coordonnées  d'une  molécule  sont  connues,  à  l'instant/, 
si  l'on  se  donne  les  valeurs  de  X,  [j.  au  point  A  où  cette  molécule  franchit  S 
et  l'instant  0  de  son  passage.  On  a  ainsi 

x  —  <^^Çk,y.,B,t),         y=.<f,{l,  ij.,  6,  t),         z  =  c^,(l,  p.,  0,  t), 

et  les  variables  indépendantes  deviennent  A,  i^.,  9,  /.  Dans  les  questions 
examinées  plus  haut,  X,  jx  étaient  des  constantes  et  l'origine  était  placée 
en  A.  En  supprimant  cette  double  restriction,  on  obtient  des  équations 
aussi  générales  que  celles  de  Lagrange  et  pouvant,  dans  certains  cas,  leur 
être  avantageusement  substituées. 

M.  L.vvERAN  présente  le  tome  13  du  Bulletin  âc  la  Société  de  Pathologie 
exotique  (année  1920). 

ÉLECTIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre 
de  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  remplacement  de  M.  Yves  Déluge, 
décédé. 

Le  nombre  de  votants  étant  58, 

M.  Louis  Joubin  obtient 3 1  suffrages 

M.  Charles  Gravier  »  i3         » 

M.  Maurice  Caullery        »  6        » 

M.  Félix  Mesnil  »  5        » 

M.  Louis  Lapicque  »  2  ^      » 

M.  Paul  Portier  »  i  suffrage 


354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

M.  Louis  Joubix,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu. 

Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
République. 

CORRESPOND AXCE . 

L'Académie  est  informée  que  M.  le  Recteur  de  I'Univeiisitk  de  Virginie 
invite  l'Institut  de  France  à  se  faire  repréfcnter  aux  cérémonies  de  la  célé- 
l)ration  du  centième  anniversaire  de  la  fondation  de  ce':  établissement,  qui 
auront  lieu  du  3i  mai  au  3  juin  1921. 

M.  Mittag-Leffler  adresse  des  condoléances  à  l'occasion  du  décès  de 
M.  G.  Humbert. 

M.  le  Secrétaire  perpétiei,  annonce  à  l'Académie  le  décès  de 
M.  Pfeffer,  Correspondant  pour  la  Section  de  Botanique,  survenu  à 
Leipzig,  le  3i  janvier  1920. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

EuGKNE  Simon,  Histoire  nalunUr  (/es  Tvoc\\'\\ida^  (.synopsis  e/ ca/aloi^iie). 
(Présenté  par  M.  E.-L.  Bouvier.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fondions  automorphes. 
Note  de  M.  Georges  Giraud. 

L'accord  paraissant  établi  sur  la  proposition  dont  il  a  été  question  entre 
M.  Fubini  et  moi  ('),  je  me  permets  d'ajouter  quelques  mots  pour  éviter 
tout  malentendu.  La  condition  dont  M.  Fubini  parle  maintenant  n'est 
formulée  explicitement  nulle  part,  ni  dans  l'énoncé,  ni  dans  la  démonstra- 

(.')  Comptes  rendus,  i.  171.  igio,  p.  iSG  et  1365;  t.  172,  i()9.i.  p.  'iC'). 


SÉANCE    DU    l4    l'KVRIER    I92I.  355 

lion  de  son  Livre,  où  un  fail  équivalent  (le  fait  que  le  cône  /,  =  0  est  à 
génératrices  imae^inaircs)  est  même  présenté  comme  une  conséquence  de 
riiypolhèse,  insuffisante  et  reproduite  explicitement  dans  l'énoncé,  que  le 
|)oint  considéré  n'est  pas  sur  une  génératrice  rectiligne  réelle  de  la  qua- 
drique  V  =  o;  il  était  donc  facile  au  lecteur  de  ne  pas  apercevoir  la  condi- 
tion exacte.  L'énoncé  reproduit  par  M.  Fubini  dans  sa  dernière  Note,  et 
où  celte  hypothèse  insuffisante  ne  figure  point,  n'est  pas  celui  de  son  Livre, 
mais  celui  de  son  Mémoire  antérieur  (licndiconli  del  Circolo  mateinaliro  di 
l>(ili-rmo,  I.  21). 

iMifin  Findépendancc  de  mes  recherches  est  évidente  aussi  en  ce  qui 
concerne  le  reste  du  Chapitre  visé  de  mon  Livre,  puisque  les  propositions 
qui  s'y  trouvent  n'oni  pas  d'analogue  dans  le  Livre  de  M.  Fubini. 

AiNALYSlC  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  quelques  points  de  (a  lliéorir  des  nombres. 
Note  de  M.  Théodore  Varopoui.os,  présentée  par  M.  Appell. 

I .   Soit  un  polynôme  0(^.17) 

o(,r)  =  xV-+  «i.j-C-'-i-  aïX\'---^ .  .  .  -\-  a^:^^x  -4-  fl,j., 

OÙ  les  nombres  a,,  «2»  •  •  • .  «11  ne  sont  pas  tous  algébriques.  Considérons 
une  équation  de  la  forme 

(l)  9(.r)rrAt'^ 

les  nombres  A,  y.  étant  algébriques.  Alors,  dans  le  cas  où  x  :^  o,  le  second 
membre  de  celle  équation  (i)  sera  un  nombre  transcendant,  conformément 
au  théorème  de  M.  Lindemann  bien  connu. 

M.  Hémoundos,  dans  son  Mémoire  :  Sur  quelques  points  de  la  théorie  des 
nombres  ('),  a  démontré  que  les  racines  de  l'équation  (1)  sont  des  nombres 
transcendants  et  qu'une  équation  de  cette  forme,  admettant  des  racines  algé- 
briques, doit  être  considérée  comme  exceptionnelle. 

Appelons  (E)  l'ensemble  des  valeurs  algébriques  de  x  pour  lesquelles  ^(a;) 
est  un  nombre  algébrique;  (E')  l'ensemble  des  valeurs 'algébriques  de  .x- 
telles  que  ^{x)  soit  de  la  forme  A  f"  (A,  a  étant  algébriques  et  difîéreuls 
de  zéro).  Deux  nombres  x^,  ,v.,,  de  l'ensemble  (E'),  seront  appelés  équi- 
valents lorsque  le  quotient  cp (a;,  )  :  '^(^•2)  =  algébrique. 

('}  Annales  scientifiques  de  l'Ecole  Normale  supérieure,  3'  série,  l.  '2-i,  1906. 


356 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


Soit  encore  (E,)  l'ensemble  des  valeurs  (E')  non  équivalentes.  Dans  ces 
conditions,  je  veux  établir  un  théorème  analogue  à  celui  que  j'ai  énoncé 
déjà  ('),  et  qui  concerne  la  théorie  des  fonctions  multiformes. 

Théorème.  —  L'ensemble  des  valeurs  (E),  (E,)  ne  surpasse  jamais  le 
nombre  p.. 

En  efïet,  l'élimination  des  nombres  «,,  a.,  . .  .,  a^  entre  les  équations 

(!f{Xi)  —  \i  [j=:l,  2,   ...,   (fX  — l)], 

(A,  a  étant  des  nombres  algébriques  et  A^,  y.j^o)  (ce  qui  est  toujours 
possible)  nous  conduira  à  l'égalité  suivante 

|X-1 

(3)  2  >.,A, -(-  ^p,  A,xe^ +>.,.+  ,  A^_^,  e«.+.=  >., 

1 

analogue  à  l'identité  de  M.  Borel  où 


et  puisque  a^^  ay_+,  et  les  coefficients  A^A^,  \^^+,  A^^,  --^  o,  d'après  le  théo- 
rème de  Lindemann  l'égalité  (2)  est  impossible. 

CoROLLAnîE.  —  Le  nombre  des  valeurs  équivalentes  ne  surpasse  jamais  [/. — i. 

Je  signale  le  fait  que  le  Mémoire  susdit  de  M.  Réinoundos  m'a  été  très 
utile  dans  mes  recherches  en  question. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  détermination  des  congruenees  de 
droites  dont  le  plan  moyen  est  donné,  ^otc  de  M.  Axel  Egnell,  présentée 
par  M.  Appell. 

Dans  la  recherche  des  congruenees  de  droites  dont  le  plan  moyen  est 
donné  on  peut  laisser  de  coté  le  cas  où  ce  plan  ne  dépendrait  que  d'un  seul 
paramètre.  Il  y  correspondrait,  en  effet,  des  congruenees  dont  l'un  des 


(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  991. 


SÉANCE    DU    14    KÉVRIER    192I.  357 

foyers  serait  rejeté  ;i  l'infini  et  pour  lesquelles  on  ne  pourrait  définir  un  plan 
moyen. 

Soit  S  une  surface  quelconque,  non  développable,  enveloppe  d'un  plan  II. 
Désignons  par  a;,,  x.j,,  a;^  les  coordonnées  du  point  M(.r)  qui  décrit  la 
surface  S,  par  X,,  X.,  X3  les  cosinus  directeurs  de  la  normale  en  M.  Il 
s'agit  de  déterminer,  dans  le  plan  II,  un  point  l'(  =  )  qui  soit  le  centre  do  la 
congruence  sur  la  droite  D  passant  par  P  et  perpendiculaire  au  plan  II. 

Supposons  la  surface  S  rapportée  à  deux  familles  de  lignes  para- 
métriques C„,  C^,  quelconques.  Les  deux  vecteurs,  dont  les  paramètres 
directeurs  sont -^  et -p  respectivement,  sont  parallèles  au  plan  II  et  ne 
sont  pas  parallèles  l'un  à  l'autre.  Les  coordonnées  d'un  point  P(z)  quel- 
conque du  plan  n  peuvent  alors  être  exprimées  sous  la  forme 

^  '  du       ^  âf 

La  condition  pour  que  le  point  P  soit  le  centre  de  la  congruence  sur  D 
peut  s'écrire  comme  suit  : 

\^   àz    dX\      \^  âX    d3\ 
^   '  \      au    ai'  \      \       ou    or  I 

Les  deux  termes  figurant  au  membre  gauche  de  cette  relation  désignent 
des  déterminants  dont  on  obtient  les  trois  lignes  en  affectant  aux  X  et  aux  z 
les  indices  i,  2,  3  successivement. 

Si,  dans  l'équation  (2),  on  substitue  à  :;  la  valeur  (i),  on  trouve  une 
relation  qui  peut  être  réduite  à  la  forme  suivante  : 


,.  dX   dx  I 


^,^      ô  r    !..  ^X    dXU       d  \p\^  dX    dX\-\      \      dx    dX\      \      dX 

(3)  -r-    «   X,-T-)  -rr-\  H-T-pP^i-r-'T-      +Xî-r-'  -irH--^iT~ 
du\_    \       du     di'W      dv\^\    'du     dv  \\      \      du    dv  \      \     'du 

Désignons  par  H  et  par  K  la  courbure  moyenne  eî  la  courbure  totale  de 
la  surface  S,  par  E,  F,  G  les  coefficients  habituels  de  Gauss,  par  w  la 
quantité 

w  =  ^EG  —  F-. 

L'équation  (3)  prend  alors  la  forme  très  simple 

(4)  ^(aKa))  + jJ;([3Kco)  +  Hoj:rzo. 

Des  quantités  a  et  [3  on  peut  donc  choisir  l'une  arbitrairement;  l'autre  se 
trouvera  ensuite  déterminée  par  une  quadrature. 


358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'équation  (4)  donne  lieu  à  plusieurs  remarques  intéressantes.  Tout 
d'abord,  on  voit  que  si  l'on  connaît  une  solution  (a, ,  p,  )  de  cette  équation, 
on  peut,  sans  quadrature,  déterminer  toutes  les  solutions  sous  la  forme 

I       âo  or,  l       ÔJ 

Ko)  i)^-  ^         \\',\  du 

cp  étant  une  fonction  arbitraire  de  a  et  de  c.  En  pailiculier,  si  le  point  P(r) 
décrit  la  surface  moyenne  d'une  certaine  congruence  C,  le  centre  P(  s)  de 
toute  congruence  ayant  même  plan  moyen  que  C  sera  déterminé  par  les 
formules 

1  [ù-a  dS.        tjy  ()\\ 

^'''  "  ~-^  "•"   I        rJ\    <^.\  I   V  j7'   Ou  ~  ôii  7Â^  )  ' 

Si  l'enveloppée  moyenne  S  est  une  surface  minima,  le  point  MO')  qui 
décrit  cette  s,urface  est  le  centre  de  la  congruence  des  normales  de  S.  La 
formule  (5)  détermine  donc  toutes  les  congruences  de  droites  admettant 
comme  enveloppée  moyenne  une  surface  minima  donnée. 

Appelons  caractérislique  principale  d'une  congruence  la  droite  Ml'  qui 
joint  les  deux  points  qui  se  correspondent  sur  l'enveloppée  moyenne  et  sur 
la  surface  moyenne.  L'équation  (4)  fournit  encore  la  solution  du  problème 
suivant  :  Déterminer  toutes  les  congruences  de  droites  dont  les  caractéris- 
tiques principales  enveloppent,  sur  l'enveloppée  moyenne  S,  une  famille  de 
courbes  donnée  F.  En  effet,  clioisissons  sur  S  comme  lignes  paramétriques 
la  famille  C„,  conjuguée  des  trajectoires  ortbogonales  de  F,  et  une  seconde 

famille  C,,  quelconque.  Le  vecteur  —  est  alors  parallèle  à  la  tangente  de  F 

et  il  suffit  de  poser  dans  la  formule  (/j)  p  =  o,  pour  avoir  la  solution 
cherchée  : 

V  étant  une  fonction  arbitraire  de  v. 

Parmi  les  congruences  déterminées  par  (4)  on  peut  rechercher  quelles 
sont  les  congruences  de  normales.  Si  l'on  rapporte  la  surface  S  à  dcu.v 
familles  de  lignes  paramétriques  dont  la  représentation  sphérique  forme  un 
système  isotherme,  on  trouve  la  solution  suivante  : 

,.  Ô'a  ^..  ÛQ 

y.  K  fj)  ;:3  -;—  ;  p  K  'jj  =;  -r-^  » 

au  ^  dv 


SÉANCE    DU    l/j    FÉVRIER    I921.  SSg 

la  l'onction  o  devant  satisfaire  à  la  condition 

-r-T,  -h  -rt  +  Hwrro. 
Ou-        Ov- 

Kn  particulier,  si  S  est  une  surface  mininia,  on  peut  déterminer,  sans 
(juadrature,  toutes  les  congruences  de  normales  qui  admettent  S  comme 
enveloppée  moyenne.  Les  courbes  Y,  enveloppes  des  caractéristiques  prin- 
cipales de  la  congruence,  forment,  avec  leurs  trajectoires  orthogonales, 
deux  familles  de  lignes  conjuguées  d'un  système  isotherme  de  la  surface. 

Si  le  plan  moyen  II  enveloppe  une  certaine  courbe  C,  les  congruences 
correspondantes  se  déterminent  toutes  sans  quadrature. 

Enfin,  si  le  plan  II  passe  par  un  point  fixe,  on  trouve  une  solution 
analogue  à  (3),  mais  où  le  terme  indépendant  de  a  et  p  a  disparu.  Le 
résultat  est  donc  le  même  que  si  le  plan  II  enveloppe  une  surface  minima. 
Ainsi,  pour  déterminer  les  congruences  cherchées,  on  peut  prendre  une 
surface  minima  quelconque,  construire  les  congruences  qui  admettent  cette 
surface  comme  enveloppée  moyenne,  puis  contracter  la  surface  minima  en 
un  seul  point  en  laissant  invariables  la  direction  des  caractéristiques  prin- 
cipales et  des  droites  de  la  congruence  ainsi  que  la  longueur  des  segments  MP. 
Cette  construction  s'applique,  en  particulier,  si  Ton  veut  déterminer  les 
congruences  de  normales  dont  le  plan  moyen  passe  par  un  point  fixe. 
Rappelons  que  M.  Appell  a  déterminé  toutes  ces  congruences  de  normales 
en  montrant  qu'à  chacune  d'elles  se  trouve  associée  une  certaine  surface 
minima.  La  méthode  exposée  ci-dessus  conduit  au  même  résultat  en 
l'étendant  à  des  congruences  quelconques. 


HYDRODYNAMIQUE.  —  Sur  les  mouvements  cycUcjues  il' un  fluide  limité 
pai  un  mur,  et  contenant  un  solide.  Note  de  M.  He.vri  Vii.lat. 

Soit  D  le  domaine  d'un  plan  z(:^œ  -{-  iy),  compris  entre  un  solide  S 
donné,  et  un  mur  (plan  ou  courbe)  R;  on  suppose  Dillimité  au  moins  dans 
une  direction.  Un  courant  fluide  occupe  ce  domaine;  il  provient  de  l'infini, 
et  vient  entourer  S  de  part  et  d'autre  (il  ne  s'agit  donc  pas  d'un  simple 
mouvement  de  rotation  autour  de  S).  Suivant  que  la  variation  du  potentiel  tp 
a  ou  n'a  pas  la  même  valeur  le  long  des  deux  bords  de  S  suivis  par  le 
courant,  le  mouvement  est  acyclique,  ou  cyclique. 

Si  l'on  se  place  dans  le  premier  cas,  on  peut  former  tous  les  mouvements 


36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

correspondants,  en  appliquant  les  résultats  de  mon  Mémoire  précédent  ('). 
On  applique  d'abord  D  sur  une  couronne  d'un  plan  Z,  en  appliquant  les 
résultats  en  question,  puis  on  fera  une  opération  analogue  concernant  le 
domaine  du  plan  /'(=  (p  +  r]/)  qui  correspond  à  D.  Ce  dernier  domaine  est 

1       •      1  >    II  •!•  loirZ 

un  demi-pian  perce  d  une  coupure  recliligne;  en  posant /  =  —^,  on  aura 

entre  Z  et  /'  la  relation 

/  = ^'-L,  ,'^'    ''      — ^Ç(2Wi<  — '.'.ùiic,) -H /p(2&j,c,  +  w3)     4-consl. 

(A  et  l'i  étant  des  constantes); 
avec  une  condition  pour  exprimer  que  le  domaine  du  plan  y  est  fermé  : 

(l)  J)(2f,),C, -h(,)3)4-  -i  =0. 

Le  problème  s'acbève  ensuite  facilement.  On  peut  démontrer  que  si  le  mou- 
vement est  cyclique,  bien  que  le  problème  se  pose  alors  tout  autrement,  il 
se  résout  par  les  mêmes  équations,  en  supprimant  simplement  la  condi- 
tion (i).  Ce  fait  tient  à  ce  que  ~  reste  analytique  dans  le  plan  coupé,  et  que 

par  conséquent  une  intégrale  de  certaine  fonction  F(s)-^  prise  le  long 
d'un  chemin  fermé  entourant  la  coupure,  est  indépendante  de  ce  contour 
fermé. 

Pour  indiquer  un  exemple,  si  le  profil  de  S  est  circulaire  et  le  mur  H  rec- 
tiligne,  on  utilisera  entre  c  et  Z  la  relation 


ni 


Ze--™"' 


La  vitesse  à  Tinfini  du  courant  sera  V  =  -^  ^,v,  '  • 

La  pression  exercée  par  le  fluide  sur  S  n'aui^a  qu'une  composante  non 
nulle;  un  calcul,  que  l'on  ne  peut  reproduire  ici,  donne  pour  cette  pression 


-2.'.) 


On  est  ramené  à  intégrer  une  fonction  clli{)tiquc  et  deux  fonctions  pério- 
diques de  seconde  espèce  avec  des  multiplicateurs  spéciaux.  L'intégrale 
indéfinie  ne  peut  être  obtenue  ;  mais,  dans  le  cas  actuel,  diverses  transfor- 

(')  Annales  de  r Kcole  [\'onnal(\  1921. 


SÉANCE   DU    l4   FÉVRIER    1921.  36l 

malions,  et  une  [iropriété  que  je  démontre  relative  à  la  fonction 

,,.,.-. ..,-.(0^.('--'--''.\ 

conduisent  à  rcxpression  sous  forme  finie 

L   1  2  (.)  1  J 

De  là  on  peut  tirer  diverses  conséquences  intéressantes.  On  constate  que  le 
théorème  de  Joukowski,  relatif  à  la  circulation  du  fluide  indéfini,  ne 
s'applique  pas  ici,  où  le  fluide  n'est  pas  illimité  dans  tous  les  sens. 

Des  cas  nombreux  se  traitent  d'une  façon  semblable  et  permettent  d'étu- 
dier diverses  particularités  de  mouvements.  Les  exemples  traités  ainsi  se 
trouvent  être  précieux,  non  seulement  en  eux-mêmes,  mais  parce  que  de 
lels  mouvements  se  présentent  comme  essentiellement  utiles  pour  la  cons- 
truction des  mouvements  avec  sillage  dans  le  régime  non  permanent,  ainsi 
que  je  l'ai  montré  dans  une  Note  antérieure  ('). 


CINÉMATIQUE.   —  Méthode  graphique  pour  V élude  des  trains  èpicycloidnux . 
Note  de  M.  Pol  Havigneaux,  présentée  par  M.  (i.  Ivœnigs. 

Lorsqu'on  veut  étudier  les  vitesses  angulaires  simultanées  de  deux 
membres  d'un  train  épicycloïdal  dont  le  troisième  membre  se  trouve  soit 
immobilisé,  soit  animé  d'une  vitesse  angulaire  connue,  on  n'aperçoit,  à 
simple  inspection  des  formules,  ni  la  grandeur,  ni  le  sens  relatif  de  ces 
vitesses.  Encore  moins,  lorsqu'il  s'agit  de  mécanismes  complexes  pouvant 
comporter  plusieurs  trains  épicycloïdaux  ayant  un  ou  deux  membres  com- 
muns, ainsi  qu'il  se  présente  pour  de  nombreux  types  de  changement  de 
vitesses.  Cela  est  gênant  dans  la  pratique. 

La  méthode  graphique  exposée  ci-dessous  présente  l'avantage  de  mettre 
en  évidence,  avec  une  précision  fonction  seulement  de  l'échelle  adoptée 
pour  le  dessin,  toutes  les  combinaisons;  toutes  les  possibilités  d'un  train 
épicycloïdal  simple  ou  complexe.  Elle  est  particulièrement  féconde  dans 
les  recherches  d'avant-projet  d'un  mécanisme. 

Son  principe  repose  sur  la  propriété  suivante  : 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  iQio,  p.  653. 

G.  R.,  1901,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  7.)  ^7 


362  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Théorème.  —  Etant  donnés,  d'une  part,  trois  membres,  P,Q,1\,  d'un  liain 
é|)icycloïdal,  et  d'autre  part  troispoinls,  P,Q,ll,  figuratifs  respectiv<'mentde 
chacun  des  membres,  et  répaitls  sur  une  droite  horizontale  de  telle  faron  que 
l'un  d'entre  eux,  R  par  exemple,  divise  le  segment  P,(^>,  joignant  les  deux 
autres  dans  un  rapport  algébrique  égal  au  rapport  algébrique  des  vitesses 
que  possèdent  respectivement  ces  deux  membres  quand  K  est  fixe,  chacun 
des  points,  ou  niembi-es  F  et  Q,  jouit  vis-à-vis  des  deux  autres  points,  ou 
membres,  de  la  même  propriété  qui  est  par  conséquent  réciproque. 

Coiolldire.  —  Une  droite  passant  par  le  point  figuratif  d'un  membre 
supposé  immobilisé  coupe  les  verticales  élevées  aux  deux  autres  points, 
à  des  hauteurs  représentant  algébriquement,  à  une  certaine  échelle,  les 
vitesses  conjuguées  de  ces  deux  membres. 

Méthode  graphique.  —  Pour  éviter  les  transformations  pénibles  dans 
l'étude  d'un  train  dont  on  connaît  par  exemple  la  raison  géométrique,  il 
suffit  de  i-épartir  sur  une  droite  comme  indiqué  ci-dessus,  les  points  figu- 
ratifs des  trois  membres  pour  avoir  les  autres  rapports  par  simple  lecture. 

Généralisation  du  corollaire.  —  En  l'hypothèse,  aucun  des  trois  membres 
n'est  fixe,  une  droite  du  plan  coupe  les  verticales  élevées  en  P,  Q,  R,  en 
des  points  a,  [3,  y  tels  que  les  hauteurs  Pa,  (^[i,  Ry,  représentent  toujours 
en  grandeur  et  sens,  à  une  certaine  échelle,  des  vitesses  simultanées  des 
trois  membres. 

On  peut  donc  compter,  sur  deux  des  verticales,  des  hauteurs  égales  par 
exemple  au  nombre  de  tours  par  minute  des  deux  membres  figurés,  et  lire 
le  nombre  de  tours  correspondant  à  la  rotation  du  troisième  membre. 

Chaque  droite  du  plan  est  figurative  d'un  mouvement. 

Vitesse  angulaire  d' un  satellite  dans  respaveet  vitesse  d'un  satellite  sur  son 
axe.  —  On  peut  placer  en  plus  sur  le  diagramme  le  point  figuratif  d'un 
membre  satellitaire  (il  suffit  de  considérer  sa  liaison  avec  deux  membres 
déjà  figurés,  soit  par  exemple  l'une  des  roues  centrales  et  le  bâti). 

On  aura  sa  vitesse  angulaire  dans  l'espace  par  le  point  d'intersection 
avec  la  droite  figurative  du  mouvement  considéré.  Il  suffira  d'ailleurs  d'en 
retrancher  algébriquement  la  vitesse  du  bâti  (ou  porte-satellite)  pour  avoir 
en  grandeur  et  sens  la  vitesse  du  satellite  sur  son  axe. 

Trains  complexes.  —  Quand  plusieurs  trains  ont  des  membres  communs, 
il  suffit  de  faire  le  diagramme  pour  trois  membres  d'un  des  trains,  et  de 
placer  sur  la  droite  chacun  des  autres  points  figuratifs  en  supposant  le 
membre  correspondant  accouplé  à  deux  membres  du  train  déjà  ligure.  Et 
ainsi  de  suite  et  de  proche  en  proche,  s'il  y  a  plus  de  (jualre  membres. 


SÉANCE    DU    l4    l'ÉVRIER    I921.  363 

Chaque  droite  issue  de  l'un  des  points  P,  T,  O/P  fournit,  parlcsordonnéi^s 
qu'elle  détermine  sur  les  verticales  des  autres  points,  les  valeurs  conjuguées 
dos  vitesses  angulaires  des  mennbres  mobiles  quand  on  rend  successi- 
vement fixe  l'un  des  membres  P,  T,  Q,  R, 

On  lit  sur  le  même  diagramme  toutes  les  combinaisons  pouvant  résulter 
de  l'emploi  de  trois  des  quatre  membres,  c'est-à-dire  de  l'emploi  do  quatre 
trains  épicycloidaux  PQï,  PRT,  UQT,  PQT. 

Toute  droite  du  plan  coupe  encore  les  verticales  élevées  en  ces  points 
à  des  hauteurs  représentant  à  une  certaine  échelle  les  vitesses  conjuguées 
des  membres  figurés  par  les  points. 

On  placerait  sur  ce  diagramme  le  point  figuratif  du  satellite  s'il  y  avait 
utilité. 


MÉCANIQUE.   —   Sur  les  systèmes  (irticulés  déformahles  ou   Iransjormablcs. 
Note  de  M.  Bektr^vnd  Gambier,  présentée  par  M.  G.  Kœnigs. 

1.  M.  Bricard  a  signalé  (^Nouvelles  Annales  de  Malhémadqucs,  no- 
vembre 1920)  des  mécanismes  intéressants. 

Dans  l'espace  (ou  dans  le  plan),  m  points  donnés  A,  d'une  première  série 
sont  reliés  chacun  aux/)  points  By  donnés  d'une  seconde  série  par  un  total 
de  mp  tiges  rectilignes  rigides;  cela  constitue  un  mécanisme  à  m  +/>  nœuds 
d'articulation,  en  génénil strictement  l'ndé/'ormable. 

En  cffel  Ijj  étant  le  nombre  qui  mesure  la  distance  A,By,  l'ensemble  des 
équations  A,By  =  /;y,  où  les  coordonnées  des  points  A,-  et  By  sont  prises 
comme  inconnues,  est  un  système  de  tnp  équations  contenant  3(m  +p)—  6 
paramètres  de  forme  pour  l'espace,  ou  2(m  +  p)  —  3  pour  le  plan.  Sim>6, 
/>>-4dans  l'espace,  ou  m^  3, p'^3  dans  le  plan,  le  nombre  d'équations 
surpasse  le  nombre  d'inconnues;  si  les  seconds  membres  /,y  sont  pris  au 
hasard,  il  y  a  incompatibilité;  mais  si  les  Ijj  sont  les  nombres  mesurés  sur 
la  configuration  donnée,  le  système  est  compatible  et  l'on  peut  avec 
les  mp  tiges  données  reconstruire  le  mécanisme,  supposé  démonté,  soit 
dans  sa  configuration  primitive,  soit  dans  la  configuration  symétrique  de 
celle-là  par  rapport  à  un  plan  ;  en  général,  il  n'y  aura  pas  d'autre  solution, 
nous  avons  donc  un  mécanisme  indéformable. 

Mais  le  système,  compatible,  peut  avoir  une  ou  plusieurs  solutions  diffé- 
rentes, isolées  :  le  mécanisme  est  alors  transformable  ;  on  passe  d'une  confi- 
guration à  une  autre  par  un  démontage  suivi  d'un  remontage. 


364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  syslème,  compatible,  peut  admettre  une  infinité  de  solutions  dépen- 
dant d'un  paramètre  arbitraire  :  c'est  un  système  déformahle. 

On  [)eut  imaginer  des  combinaisons  de  ces  propriétés  :  une  config^ura- 
tion  non  susceptible  de  déformation  continue  peut,  après  démontage,  être 
remontée  dans  un  nouvel  état  susceptible  cette  fois  de  déformation  con- 
tinue. Ou  bien  deux  séries  de  déformations  continues  peuvent  exister  sépa- 
rément, un  démontage  étant  nécessaire  pour  passer  d'un  étal  de  la  première 
série  à  un  état  de  la  seconde;  on  peut  au  contraire  dans  ces  deux  séries 
obtenir  un  état  A' embranchement ,  c'est-à-dire  une  configuration  commune 
aux  deux  séries  et  telle  que  si  cbaque  point,  au  cours  de  la  déformation 
continue  de  la  première  série,  y  arrive  avec  vitesse  nulle,  on  puisse  aban- 
donner cette  première  série  et  aiguiller  le  mécanisme  dans  la  déformation 
de  la  seconde  série. 

2.  On  peut  imaginer  que  les  nombres  m  et/»  grandissent  indéfiniment  : 
les  points  A  sont  répartis  sur  une  courbe  (ou  surface)  (A),  les  points  B  sur 
une  courbe  (ou  surface)  (B).  On  suppose  qu'à  la  courbe  (A)  on  associe 
une  courbe  («)  telle  qu'il  existe  une  correspondance  ponctuelle  entre  un 
point  A  et  un  point  a  ;  de  même  (B)  est  associée  à  une  courbe  (A)  et  l'on 
doit  avoir  AB  —  ah,  quels  que  soient  A  sur  (A)  et  B  sur  (B).  Nous  négli- 
geons bien  entendu  un  déplacement  d'ensemble  de  (A),  (B)  ou  une 
symétrie  cfTecluée  sur  ce  syslème.  La  détermination  des  mécanismes  de 
courbes  (ou  surfaces)  est  plus  aisée  que  celle  des  mécanismes  à  nombre 
fini  de  points. 

Une  solution  banale  est  fournie  par  une  courbe  (A)  réduite  à  un  jioint  et 
une  courbe  (B)  arbitraire,  dont  on  déplacerait  cliatpie  point  arbitrairement 
sur  une  sphère  ayant  son  centre  en  A. 

//  existe  dans  V espace  à  trois  dimensions  un  mécanisme  transformable,  non 
déformable,  et  un  seul  :  il  se  compose  de  deux  quadriques  liomofocales,  dont 
l'une  peut  être  an  plan. 

Pour  la  réalité  de  la  transformation,  i)  et  Q'  seront  deux  (juadriques 
homofocales  non  sécantes;  le  fait  curieux  est  que  (^  s'écliange  avec  (V  et 
(Y  avec  (^  ;  Q  et  Q'  appartiennent  à  une  même  famille  de  Lamé,  dont  les 
trajectoires  orthogonales  sont  les  intersections  des  deux  familles  homofo- 
cales associées  :  ce  sont  ces  trajectoires  qui  établissent  la  correspondance 
ponctuelle  entre  (^  et  Q'.  Celte  proposition  a  déjà  été  signalée  par  Ivory. 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'un  mécanisme  soit  iléfor/nable 
est  qu'il  comprenne  comme  première  courbe  une  conique  (ou  une  droite),  ou 
hie/i  qu'il  se  conqjose  de  deux  courbes  planes  dans  deux  plans  rectangulaires. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I921.  365 

.'5.  Je  classe  d'abord  les  déformations  possibles  formant  une  suite  conti- 
nue, sans  embrancliement.  Il  y  a  alors  qualic  types  seulement. 

Premier  type  :  une  surface  (te  révolution  et  son  axe.  —  Nous  pouvons 
prendre  l'axe  pour  courbe  (a  )  et  réduire  la  surface  à  une  courbe  (^)  tracée 
au  basard  dans  l'espace  :  cbaque  point  de  (a)  reste  invariant,  cbaque 
point  de  {h)  tourne  d'un  angle  arbitraire  autour  de  l'axe  («). 

Deuxième  type  :  une  droite  et  une  courbe  plane  arbitraire  dans  un  plan 
perpendiculaire  à  la'  droite,  —  Soient  (o,  o,  g)  et  {x^y,  o)  les  points  (|ui 
engi'udrent  la  droite  et  la  courbe.  On  écrit 

Z-  —  ;^  +  // ,         \^  +  Y-'  =  ,r-^  -H  )-2  —  /, , 

OÙ  //  est  un  [)aramètre  de  déformalion  arbitraire;  il  reste  une  fonction 
arbitraire  d'une  variable  dans  la  déformalion,  X  et  Y  n'étant  liées  à  .r,  y 
que  par  une  seule  équation. 

Troisième  type  :  une  conique  et  une  courbe  arbitraires .  —  La  déformation 
comporte  un  seul  paramètre  arbitraire  :  on  peut  transformer  la  conique  en 
une  conique  bomofocale,  non  sécante  si  l'on  se  borne  à  la  déformation  réelle. 
Soient  (rt|,  a.,,  o)  le  point  qui  engendre  la  conique,  (6,,  b^,  b.^)  le  point  qui 
décrit  la  courbe.  Supposons  pour  fixer  les  idées  la  conique  à  centre  et 
rapportée  à  ses  axes 


On  éi 


\/a-' 


\ 

_.v/p-^- 

G 

B 

T: 

A,  =  o, 


,2_G       (3= -G' 


pour  déterminer  la  contlguration  dépendant  du  paramètre  arbitraire  C,  qui 
pour  C  =  o  se  réduit  à  (a),  (b). 

Quatrième  type  :  deux  courbes  planes  arbitraires  dans  deux  plans  rectangu- 
laires. —  La  déformation  dépend  de  trois  paramètres  arbitraires.  Prenons 
pour  plan  {x(.)y)  celui  de  {a),  pour  plan  {xOz)  celui  de  (b)  :  là-position 
de  l'origine  sur  la  droite  Ox  sera  le  premier  paramètre  arbitraire;  le  choix 
fait,  (a)  sera  lieu  du  point  (a,,  «o,  o)  et  {b)  celui  du  point  (/>,,  0,^3). 


366  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Nous  écrirons  avec  deux  nouveaux  paramètres  ai'bilraires  /  et  C  : 

B,=  ^,        B\-i-hl  =  b\  +  bl-hC,        B.,  =  o; 

pour  /  =  I ,  C  =  G,  on  a  simplement  («),  (h). 

Une  seconde  solution  de  la  déformation  s'obtient  dans  ce  cas  en  écrivant 
avec  deux  paramètres  7u  et  C  : 

Ai  =  ai — m,         A]  + Al  =  (oi  +  m)^+ al —C,         A3=o, 

Ces  deux  solutions  peuvent  être  condensées  dans  Tunique  système  où 
figurent  les  trois  paramètres  l,  m,  C  : 

A,=  lîti  —  m,         AJ  + A5  =  («,  -h  niy-h  a\  —  C, 
bi  =/B,- w,         b\  4- 6^  =  (B, +  /«)'-+ B|  —  C. 


A-ÉROXAUTIQUE.  —  Une  série  de  t^ols  en  liélicoptère  libre  monté  effectués  les  i5, 
28  et  2.Ç)  janner  1921.  Note  de  M.  Etienne  OEhmichen,  présentée  par 
M.  J.-L.  Breton. 

L'appareil  dont  il  s'agit  est  destiné  à  des  recherches  méthodiques  sur 
l'utilisation  par  l'aviation  des  hélices  sustentatrices. 

Il  comporte  deux  hélices  à  deux  branches,  d'un  profil  spécial,  et  d'un 
diamètre  de  6™,4o.  Les  hélices,  tournant  en  sens  inverse  l'une  de  l'autre, 
sont  placées  aux  extrémités  d'un  châssis  en  bois  armé  portant  un  moteur 
de  25  chevaux  à  deux  cylindres,  de  modèle  ancien  (type  Dutheil-Chalmers 
1910). 

Le  profil  des  hélices,  ou  plutôt  des  sustentateurs,  dont  les  |)ales  sont 
constituées  par  des  surfaces  sensiblement  cylindriques,  avec  une  certaine 
inclinaison  de  leurs  génératrices  en  dessous  de  l'horizontale,  a  élé  Iracé  de 
telle  sorte  que  lesdites  pales  soient  très  larges  au  voisinage  du  moyeu  et 
amincies  vers  leurs  pointes.  Elles  rappellent  l'aspect  des  ailes  de  certains 
sphinx  crépusculaires  à  l'instant  du  changement  de  plan  en  fin  d'abaisse- 
ment, tel  que  j'ai  pu  l'observer  au  slrobographe  électrique.  D'après  mes 
théories,  cette  phase  du  battement  correspond  au  moment  de  la  récupéra- 
tion de  l'énergie  cinétique  contenue  dans  les  courants  de  remous  (Comptes 


SÉANCE  DU  l4  FKVRIER  1921.  367 

rendus-,  mars  1920;  liiiUctin  de  In  Dirrclion  des  Reclierrhes  et  des  Inventions, 
avril-mai  1920). 

Cette  forme  dérive  directement  des  théories  susdites  et  m'a  conduit  à  la 
qualité  sustontatrico  maximum,  soit  :  o,32  à  la  balance  sur  modèle  réduit, 
en  atmosphère  indéfinie,  et  o,36  à  0,37  sur  l'appareil  en  grandeur,  la 
chasse  étant  perpendiculaire  au  sol. 

La  commande  des  sustentateurs  a  lieu  par  courroies.  Un  ballonnet  stabi- 
lisateur cubant  144""  et  gonflé  à  l'hydrogène  surmonte  l'appareil  auquel 
il  est  l'igidement  fixé  par  sa  poutre  armée.  Le  poids  de  l'appareil  complet 
(en  y  comprenant  mon  poids  propre  qui  est  de  75"'^)  est  de  SSG''*''.  La  force 
ascensionnelle  utile  du  ballonnet,  à  déduire,  est  de  71''».  L'effort  demandé 
aux  hélices  est  donc  de  aSS'''^,  soit  à  peu  près  les  \  du  poids  total. 

A  bord  de  cet  hélicoptère,  j'ai  effectué,  les  i5,  28  et  29  janvier,  une  série 
de  vols  soutenus,  en  complète  liberté,  ce  qui,  à  ma  connaissance,  n'a  pas 
encore  été  accompli  jusqu'à  ce  jour.  Ces  vols  ont  eu  lieu  dans  les  circons- 
tances suivantes  : 

Le  i5  janvier,  l'appareil  s'enleva  à  six  reprises,  à  des  hauteurs  variant 
entre  o"\5o  et  i'°,70  et  se  maintint  chaque  fois  à  hauteur  à  peu  près  con- 
stante, en  complète  liberté,  pendant  i  minute  en  moyenne,  éprouvant  un 
fort  roulis  et  un  tangage  à  peine  sensible.  Les  vols  ne  purent  être  prolongés 
longtemps,  car  le  vent,  dont  la  vitesse  atteignit  par  instants  2™,  transportait 
rapidement  l'appareil  jusqu'aux  limites  du  terrain  marquées  par  des  bar- 
rières. Les  atterrissages  furent  tous  très  faciles,  .sauf  un  seul  où,  par  erreur, 
un  peu  avant  de  toucher  terre,  je  fermai  les  gaz  alors  que  je  croyais  les 
ouvrir,  pour  freiner  la  descente. 

L'appareil  ne  possède  aucun  dispositif  amortisseur  et  porte,  à  sa  partie 
inférieure,  un  simple  plateau  de  bois  de  i'"'  dont  les  bords  sont  relevés. 

Le  28  janvier,  l'expérience  fut  reprise  en  présence  de  l'officier  délégué 
par  la  Section  technique  de  l'Aéronautique.  Quelques  incidents  survinrent, 
dont  le  plus  grave,  éprouvé  déjà  dans  des  essais  préliminaires,  fut  la  rup- 
ture d'un  axe  de  galet  de  transmission  qui  entraîna  le  déraillement  de  la 
courroie,  l'appareil  étant  encore  à  terre.  A  18'',  à  la  lumière  d'un  projec- 
teur, eurent  lieu  quatre  courts  vols  dont  le  dernier  dura  [\o  secondes.  Le 
vent  déporta  l'appareil  de  près  de  4o™  avec  un  mouvement  de  roulis  sen- 
sible que  je  parvins  à  atténuer  notablement  par  des  mouvements  de  corps. 
Les  atterrissages  furent  bons  et  doux,  mais  je  ne  parvins  pas  à  éviter  les 
rebondissements.  La  hauteur  maximum  du  vol  ne  dépassa  pas  i"",  5o. 

Le  29  janvier,  par  un  temps  complètement  calme,  j'exécutai  cinq  vols  au 


368  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

cours  desquels  je  montai  à  une  hauteur  de  3"'  dans  un  équilibre  parfait. 
L'insécurité  de  la  commande  par  courroies,  sujette  à  de  fréquents  acci- 
dents et  à  des  glissements,  ainsi  que  l'absence  de  tout  dispositif  parachute, 
m'empêchèrent  seules  de  m'élever  plus  haut.  L'appareil  atterrit  normale- 
ment avec  la  plus  grande  douceur  trois  fois  sur  cinq.  A  la  cinquième,  le 
vent  s'élant  levé,  il  y  eut  rebondissement  avec  inclinaison  et  saut  de  coté. 

L'appareil  a  montré  une  remarquable  stabilité  en  altitude,  que  j'attribue 
à  l'iniluence  du  sol.  L'interception  normale  de  la  chasse  d'air  par  une  sur- 
face plane  de  grande  étendue  et  impénétrable  au  fluide  gêne  en  effet  l'éva- 
cuation de  celui-ci  en  l'obligeant  à  changer  de  direction.  Il  en  résulte  une 
surpression  qui  équivaut  à  un  accroissement  de  la  densité  du  milieu.  L'efl'et 
augmente  naturellement  d'intensité  lorsque  la  surface  interceptante  se  rap- 
proche de  l'hélice.  En  dessous  d'une  certaine  limite  d'altitude,  l'appareil 
est  donc  d'autant  plus  facilement  soutenu  en  l'air  qu'il  est  plus  voisin  du 
sol;  de  là  résulte  la  stabilité  en  hauteur  observée  et  que  des  expériences  à 
la  balance  concernant  la  qualité  sustentatrice  m'avaient  permis  de  prévoir. 

J'attribue  à  la  même  cause  l'absence  de  tangage  (ou  oscillations  dans  le 
plan  vertical  contenant  les  axes  des  hélices),  alors  que  le  roulis  se  fait 
fortement  sentir;  le  premier  mouvement  ne  peut  en  effet  se  produire  que  si 
les  distances  des  deux  hélices  au  sol  subissent  des  variations  inverses  l'une 
de  l'autre,  tandis  que  le  roulis  suppose  simplement  des  inclinaisons  simul- 
tanées des  hélices  de  part  et  d'autre  de  la  verticale,  sans  qu'il  y  ait  varia- 
tion sensible  de  leurs  distances  au  sol. 

MÉïAI.LURGlli;.   —  Bc  la  fragilité  an  bleu  dans  certaines  .soudures  d  acier. 
Note  de  M.  Charles  Frémont,  présentée  par  M.  L.  Lecornu. 

La  soudure  de  deux  pièces  d'acier  doux  peut,  en  pratique,  être  plus  ou 
moins  bien  réussie,  mais  rien  ne  l'indique. 

Le  seul  essai  qui  permette  d'évaluer  la  qualité  de  cette  soudure  exige  le 
sacrifice  de  la  pièce  soudée,  aussi  est-il  réservé  pour  l'étude  de  la  valeur  rela- 
tive d'échantillons  ou  de  spécimens  de  soudures,  mais  ne  peut  être  employé 
pour  la  réception  des  pièces  finies. 

En  principe,  pour  une  bonne  soudure,  la  résistance  vive,  suivant  le  plan 
de  la  soudure,  devrait  être  égale  à  celle  du  métal  même,  la  mesure  de  cette 
résistance  vive  étant  obtenue  par  un  essai  de  choc  sur  éprouvette  entaillée. 

.l'ai  montré  ailleurs  (')  que,  même  [)our  des  soudures  bien  exécutées,  la 

(')   Le  Génie  civi/,  26  février  1910. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I921.  369 

résistance  vive  est  toujours  très  inférieure  à  celle  du  métal  soudé,  par  suite 
d'oxytlation  [tendant  la  température  élevée.  Aussi  ai-je  conclu  de  ces  expé- 
riences que  les  soudures  ne  doivent  être  considérées  que  comme  un  collage 
avec  plus  ou  moins  d'adhérence. 

Cependant,  parmi  les  divers  procédés  de  soudure  d'acier,  il  y  en  a  un  qui 
permet  d'obtenir  du  métal  non  oxydé,  c'est  celui  qui  consiste  à  souder  élec- 
triquement et  en  bout,  sous  une  pression  suffisante  pour  refouler  le  métal 
et  faire  écouler  latéralement,  par  une  forte  bavure,  lout  le  métal  qui  s'est 
oxydé  au  début  de  l'opération  {Jlg.  \). 

J'ai  parfois  constaté  un  résultat  satisfaisant  dans  ces  soudures.  Mais  à 


Fig.  I.  Fig.  1.  Fig.  3. 

Fig..i.  —  Soudure  électrique  de  deux  morceaux  d'acier,  sous  pression  longitudinale  suffisante  pour  faire 

écouler  une  forte  bavure. 
Fig.  î.  —  Tuyau  en  acier  soudé  électriquement  par  rapprochement  sous  pression. 
Fig.  3.  —  Fragment  de  ce  tuyau  rompu  au  choc  dans  la  zone  fragile  au  bleu  (Echelle  double). 


l'occasion  des  expériences  que  j'ai  effectuées  sur  ce  procédé  de  soudure, 
j'ai  pu  constater  un  autre  cas  de  fragilité  du  métal  que  celui  par  oxyda- 
tion dans  la  soudure,  c'est  celui  de  fragilité  par  suite  de  déformation  au 
bleu. 

Ainsi,  dans  un  tube  en  acier  doux,  soudé  électriquement  par  rapproche- 
ment sous  pression  (^fig-  2),  j'ai  constaté,  en  effectuant  sur  ce  tube  des 
essais  de  frao^ilité  suivant  la  méthode  décrite  dans  ma  Note  du  3  no- 


370  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

vemhre  191 9,  que  la  rupture  se  produisait  toujours  à  la  même  distance  de 
la  soudure,  dans  la  zone  déformée  au  bleu,  celte  zone  étant  fragile  [fig.  3). 

En  effet,  à  une  petite  distance  de  la  soudure,  une  région,  pour  laquelle  la 
température  est  comprise  entre  200°  et  450"  environ,  subit  la  pression  éner- 
gique destinée  à  souder  le  métal,  et,  sous  cette  pression,  se  déforme  an 
bleu. 

On  sait  que  des  aciers,  non  fragiles,  deviennent  généralement  fragiles  à 
froid  après  une  déformation'  permanente  produite,  statiquement  ou  par 
choc,  pendant  que  le  métal  est  à  une  température  critique  comprise  entre 
200°  et  45o°  environ. 

Mais,  ainsi  que  je  Tai  dit  dans  ma  Note  du  12  décembre  1901,  j'ai  pu 
constater  expérimentalement  que  cette  fragilité  au  bleu  n'est  pas  une  pro- 
priété absolue  du  métal,  mais  un  défaut  qui  peut  être  évité,  au  moins  dans 
certains  cas  et  dans  certaines  conditions  de  fabrication  du  métal. 

Il  doit  donc  être  possible  de  réaliser  des  soudures  non  fragiles  en  choisis- 
sant des  aciers  non  fragiles  au  bleu  et  en  les  soudant  électriquement,  par 
rapprochement  sous  pression,  mais  avec  un  écoulement  de  la  bavure  suffi- 
sant pour  éliminer,  du  plan  de  soudure,  tout  métal  oxydé. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Lyon,  pendant  le  quatrième  trimestre  de  1920.  Note  de 
M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Il  y  a  eu  65  jours  d'observation  dans  ce  trimestre  ('),  et  les  principaux  faits 
qu'on  en  déduit  se  résument  ainsi  : 

Taches.  —  Le  nombre  des  groupes  de  taclies  enregistré  est  le  même  que  précédem- 
ment ('^),  soit  34,  mais  l'aire  totale  est  un  peu  moindre,  avec  3'?.'j6  millionièmes  au 
lieu  de  3468. 

Leur  répartition  entre  chaque  hémisphère  est  resiée  la  même  de  part  et  d'autre, 
avec  18  groupes  au  Sud  et  16  au  Nord;  mais  dans  l'ensemble  la  latitude  moyenne  est 
moindre  :  on  a,  en  effet,  —  1 1°,4  »"  l'eu  de  —  12°, 5  d'une  part,  et  -1-  i  l'jG  au  lieu 
de  H-  12°, 5  d'autre  part. 

Un  groupe  à  —  11°  de  latitude,  qui  a  passé  au  méridien  central  le  5,8  novembre,  a 
été  visible  à  l'œil  nu  (').  Kn  outre,  le  disque  solaire  ne  s'est  montré  dépourvu  de 
taches  en  aucun  des  jours  d'observation. 

(')  Avec  l'aide  de  M"'  Gauthier. 

(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  172,  igai,  p.  48. 

(')  Le  passage  suivant  de  ce  groupe  s'est  effectué  le  2,4  décembre.  Aux  passages 
précédents,  les  10, 4. octobre,  18,7  septembre,  18,'}  août,  28,1  juillet,  cette  région, 
resiée  en  activité  durant  six  rotations  solaires,  ne  présentait  que  des  facules.     J.  G. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  192I.  37 1 

Régions  d'activité.  ^—  Les  groupes  de  facules  onl  (liminiié  d'environ  un  lieis,  tant 
en  nombre  qu'en  étendue  :  on  a,  au  total,  86  groupes  ot  97 ,  (  millièmes  au  lieu  de 
i3o  groupes  et  11^,7  millièmes. 

Dans  leur  réjiartition,  on  note  i8  groupes  en  moins  au  sud  do  l'équateur  (42  au  lieu 
de  60)  et  îS  groupes,  en  moins  également,  au  nord  (42  au  lieu  de  70). 


Dates  Nombre 
axlrémes  d'obser- 
d'obscrv.    vaUoDS.  conlra). 


Taiîi.kau  I.   —   Taches. 

nés    Surfaces 


Octobre  1 

)ii).  — 

n,00. 

2-    j 

4         3,5 

—  5 

II 

2-10 

H         7,0 

-+-  7 

46 

4-1  j 

11          ll),0 

-H   8 

209 

10-17 

8       12,3 

-+-  9 

118 

7-17 

10       i3,(> 

—  17 

232 

l4-2'2 

7       '(i,7 

—  9 

116 

ï5-22 

5       21,5 

+  12 

38 

ai-3o 

9       ■•'-4,5 

-f-i8 

102 

22-28 

(i         25,2 

-14 

a  ( 

23-31 

8       26,2 

— 15 

7; 

26-29 

3       26 , 9 

+  16 

6 

22-29 

7       27,3 
26  j. 

—  14 

5i 

— 12° 

3  -l-ii°7, 

NovomI) 

■c.  —  0 

00. 

3 

1          2,6 

-•-  9 

2 

3o 

I          4,1 

+  7 

5 

3o-  6 

7         4,0 

•+•10 

4" 

il-  6 

G         5,8 

—  1 1 

7",(> 

6 

I         6,2 

-+-i3 

5 

rj-i5 

3         9,5 

-+-   I 

108 

,  Surfaces 
moyennes 
réduiies. 


Novembre  (suite). 


16 

1 

l3,2 

—  1 1 

18 

24-26 

,3 

20,7 

— 15 

35 

14-26 

9 

20,8 

-+-'9 

109 

22-    I 

9 

28,2 

— 10 

88 

23-   5 

1 1 
.8j. 

29,5 

— 12 

33 

— 12° 

2  -t-  9°,8 

Décembre 

.  —  0 

00. 

26-  5 

9 

2,4 

—  9 

281 

10-18 

5 

i3,8 

—  1 1 

38 

18 

1 

18,0 

— 13 

7 

18-23 

4 

18,4 

-hi5 

159 

13-16 

3 

18,8 

—  9 

36 

.7-26 

8 

22,4 

+  14 

5o 

18-27 

7 

23,5 

-  8 

ai 

21 

I 

25,8 

—  8 

9 

21-    I 

II 

26,6 

+  9 

220 

2,4-  5 

12 

3o,i 

— 13 

147 

■',5-    I 

7 

3i,4 

-1-18 

75 

21  j 

— 10° 

I  -i-i4°,o 

19^20 . 

Octobre. 


Décembre. 
Totaux.. 


Tableau  II.  —   Distribution  des  taches  en  latitude. 

Sud.  Nord. 

10°.     0°.    Somme.  Soma 


6 


Tolaux 

totales 

meosueli. 

f  réduites 

12 

io3i 

l  l 

1 193 

1  I 

1052 

3276 


Octobre 

Novembre. . , 
Décembre. . 

Totaux.. , 


Tableau  III. 

Sad. 

90*.     40".       30°.     50".       10' 
»  I  I  6 


4 

274 
211      4 

5     24     12 


Distribution  des  facules  en  latitude. 

Nord. 
Somme.  Somme.  0*.    10°.     !0".     30".    W.   90*. 

12  l4  4         8         2         »         » 


21 


3       6 

l3       22 


6 


utaui 

Surface 
totales 

nsuels. 

réduites 

26 

32,5 

34 

33,7 

26 

3l,2 

97,4 


'i-j-i.  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Allumeur  ct  extincteur  dc  becs  de  gaz  des  Inntcnirs 
publiques,  >ote  de  MM.  Paul  Ber\ard  et  Barbe,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

Cet  appareil,  robuste  et  simple,  fonctionne  de  rnsine  à  yaz  elle-même,  à 
riienre  que  Ton  veut,  par  toutes  les  températures,  ne  demande  pratique- 
ment aucun  entrelien. 

La  partie  essentielle  de  cet  appareil  consiste  en  une  cloche  plongeant  dans  la  glycé- 
rine et  en  communication  avec  la  conduite  du  gaz.  Une  surpression  progressive  dans 
la  conduite  finit  par  soulever  la  cloche,  dont  le  poids  el  la  section  ont  été  calculés  de 
telle  manière  que  le  phénomène  se  produise  pour  une  surpression  de  75™""  à  So""" 
d'eau.  On  peut  d'ailleurs  modifier  d'une  façon  simple  cette  surpression,  si  besoin  est, 
en  lestant  convenablement  la  cloche.  Celte  cloche  entraîne  dans  son  mouvement  un 
tube  obturateur  plongeant  dans  un  godet  de  mercure  et  commandant  l'arrivée  du  gaz 
dans  la  lanterne.  Quand  la  cloche  est  en  haut  de  sa  course,  le  tube  émerge  du  mer- 
cure et  livre  le  passage  au  gaz.  Une  veilleuse  allume  le  bec.  Quand  la  pression  revient 
à  sa  valeur  primitive,  il  faut  que  l'appareil  reste  allumé.  On  y  arrive  par  un  dispositif 
ingénieux  d'acciochage  de  la  cloche  :  un  crochet  solidaire  d'un  lléau  muni  de  poids 
inégaux,  dont  l'un  se  trouve  décroché  du  fiéau  lorsque  la  cloche  s'élève,  se  meut  par 
le  simple  jeu  de  la  pesanteur,  le  long  d'un  guide  de  laiton  découpé  solidaire  de  la 
clociie.  C'est  ce  crochet  qui  maintient  la  cloche  en  place  rpiand  on  diminue  la  pres- 
sion. 

Pour  éteindre  le  bec,  on  doune^iine  nouvelle  surpression;  le  crochet  abandonne  la 
cloche  dont  le  tube  obturateur  ferme  l'arrivée  du  gaz  dès  que  la  pression  redevient 
normale. 

lMifin,'par  une^  troisième  surpression,  le  crochet  est  ramené  à  sa  position  primi- 
tive, en  empêchant  le  tube  obturateur  d'émerger  du  mercure.  Le  bec  reste  éteint  et  se 
trouve  prêt  à  décrire  un  nouveau  cycle  d'opérations. 

Deux  systèmes  d'accrochage  ont  été  réalisés,  l'un  d'eux  pouvant  être 
employé  de  deux  façons  ditîérenles,  en  décalant  les  temps,  de  sorte  qu'on 
peut,  en  ^définitive,  réaliser  les  trois  marches  suivantes  de  l'appareil,  répon-* 
dant  à  tous  les  besoins  de  la  pratique  : 

1°  Allumage  le  soir,  extinction  à  minuit,  pas  d'elTet  au  jour; 

2°  Allumage  le  soir,  pas  d'ell'et  à  minuit,  extinction  au  jour; 

3"  Pas  d'elfet  le  soir,  allumage  à  minuit,  extinction  au  jour. 

L'appareil  ne  comporte  doive  aucun  ressort,  aucun  clapet,  aucun  méca- 
nisme susceptible  de  se  dérégler  ou  de  se  briser.  Il  ne  donne  lieu  à  aucun 
raté.  Le  fonctionnement  en  est  assuré  non  par  un  coup  de  bélier,  qui  doit 
être  absolument  proscrit,  mais  par  une  surpression  lente  <pn  ne  risque  pas 


SÉANCE    DU    l4    FÉVRIER    192I.  3']3 

de  soufllcr  les  veilleuses.  L'étanchéité  des  joints  est  assurée;  les  licjuidcs 
employés  ne  peuvent  se  congeler,  même  en  plein  hiver;  le  laiton  oxydé 
dont  est  fait  l'appareil  ne  peut  être  attaqué  par  lés  agents  chimiques 
contenus  dans  le  gaz.  L'effet  des  vibrations  ne  peut  dérégler  l'appareil. 
La  verticalité,  théoriquement  nécessaire  puisqu'on  fait  appel  à  la  pesan- 
teur, n'a  pas  besoin  d'être  assurée  à  plus  de  20"  près.  Enlin,  le  montage  et 
le  démontaere  sont  faciles  et  l'entretien  est  nul. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  précipitation  Jrrictioiinèe.  Note  de  MM.  Pieuriï 
JoLiBois,  Robert  Bossuet  et  Chevry,  présentée  par  M.  Le  Chalelicr. 

Dans  des  Notes  précédentes  ('),  l'un  de  nous  a  décrit  un  appareil  qui 
permet  d'étudier  systématiquement  la  précipitation  consécutive  à  une 
réaction  chimique.  Nous  avons  essayé  d'appliquer  la  technique  précé- 
demment décrite  à  l'étude  de  la  précipitation  fractionnée. 

Le  principe  de  la  méthode  employée  est  le  suivant.  Nous  faisons  réagir 
deux  solutions  étendues  A  et  B  dont  le  mélange  donne  lieu  à  une  précipita- 
lion  d'un  solide.  Le  titre  de  A  est  fixe  dans  toute  la  série  d'expériences. 
Le  litre  de  B  est  variable  d'une  expérience  à  la  suivante  et  calculé  de  telle 
manière  que  dans  chaque  expérience  une  fraction  connue  de  la  substance 
cherchée  se  précipite.  Après  la  précipitation  on  analyse  le  liquide  et  le  pré- 
cipité. Le  résultat  de  ces  analyses  en  fonction  de  la  concentration  de  la 
liqueur  B  nous  donne  l'image  du  fractionnement. 

Nous  avons  appliqué  cette  méthode  à  deux  cas  particuliers.  Dans  une 
première  série  d'expériences  nous  avons  cherché  à  fractionner  une  liqueur 
contenant  de  l'azotate  de  cuivre  et  de  l'azotate  d'argent  en  la  précipitant 
par  la  soude.  Ces  métaux,  quoique  voisins  dans  leurs  propriétés,  ont  des 
oxydes  d'une  basicité  différente.  Ainsi  l'oxyde  d'argent  déplace  l'oxyde  de 
cuivre  d'un  sel  de  cuivre  (■). 

En  introduisant  au  moyen  de  notre  appareil  une  solution  de  soude  dans 

un  mélange  de  deux  solutions  —  d'azotate  de  cuivre  et  d'azotate  d  argent, 

on  obtient  un  précipité  qui  passe  du  vert  au  noir  lorsque  l'on  augmente  la 
proportion  de  soude.  Tant  que  l'on  n'a  pas  ajouté  la" moitié  de  la  soude 
nécessaire  à  une  précipitation  totale,  il  n'y  a  pas  d'argent  dans  l'oxyde  de 

(')  Comptes  rendus,  t.  169,  1919,  p.  logj  et  1161. 
(-)  Sabatier,  Comptes  rendus,  U  123,  1897,  P-  '7^' 


374  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cuivre  précipité.  Dès  que  Ton  dépasse  cette  quantité  de  soude,  l'oxyde 
d'argent  apparaît  dans  le  précipité  de  cuivre  et  la  liqueur  snrnageant  ne 
contient  plus  de  sel  de  cuivre. 

Nous  avons  vérifié  qualitativement  et  quantitalivement  ces  résultais  qui 
nous  permettent  de  conclure  que  la  précipitation  par  la  soude  d'un  mélange 
d'azotate  de  cuivre  et  d'azotale  d'argent  donne  lieu  à  un  fractionnement 
quantitatif,  le  cuivre  précipitant  alors  que  l'argent  reste  en  solution. 

Dans  une  seconde  série  d'expériences  nous  avons  abordé  l'étude  du  frac- 
tionnement de  deux  métaux  très  voisins  :  le  nickel  et  le  cobalt.  Nous  avons 
adopté  pour  cette  étude  une  technique  analogue.  La  liqueur  de  laquelle 
nous  sommes  partis  contenait  par  litre  ^NiCP,  ^COCP  mélangés.  Nous 
avons  formé  des  précipités  en  introduisant  des  quantités  de  soude  crois- 
santes depuis  -pj  de  la  quantité  nécessaire  à  une  précipitation  totale  juscju'à 
plus  de  1^". 

L'analyse  quantitative  des  précipités  et  des  liquides  surnageants  a  été 
faite  par  électrolyse  pour  avoir  Ni  +  Co  et  en  précipitant  par  la  diméthyl- 
glyoxime  pour  avoir  Ni. 

Le  Tableau  suivant  rend  compte  de  nos  expériences. 

Mélange  à  volume  égal  (Vune  liqueur  de  soude  A  et  d^iiiic  liqueur  B 
contenant  -^  Nitll-,  ,'„  Colll-  par  litre. 
Liqueur  A. 

is  Liquide  surnageant. 

Précipilé. 


En  conliinètii 

cub.-s 

tleiNaOn 

■s 

l' Faction 
de  la 

Li 

iqui 

de  sur 

En  millig 

rammt 

■spj 

ir  100" 

normale 

précipitation 

. — 

— 

._ 

_- 

N«. 

par  litre. 

totale. 

C0  + 

Ni. 

Ni. 

!.. 

5 

0,  I 

66 

33 

2. 

..         6,9 

0,  i4 

63 

3o 

3. 

11,1 

0,22 

■>9 

28 

.'i.. 

25 

o,5o 

35 

1 4 

.T. 

..       28,6 

0,57 

28 

1 1 

6. 

.  .          32    ■ 

o,64 

23 

8 

7. 

..    40 

0,80 

8, 

5 

2,'l 

8. 

..    45 

0,9 

5, 

2 

1,8 

9. 

. .       06 , 5 

I 

0 

0 

pporl-^. 

Rapport^ 

I 

1,43 

o,yi 

1 ,4i 

0,90 

I  ,52 

0,67 

',49 

0,05 

1,36 

i),53 

1,33 

o,4o 

1,34 

0 ,  53 

'  >  "-O 

La  précipitation  se  produit,  quelle  que  soit  la  proportion  de  soude,  d'une 
manière  caraclérislique. 

Le  liquide,  une  fois  le  mélange  terminé,  prend  une  teinte  vert  émeraude 
en  restant  limpide.  Il  se  troublt^  peu  à  peu,  et  en  agitant  le  liquide  au  bout 
de  quebjues  heures  on  obtient  le  dépôt  du  précipilé.  Lorsque  l'on  cherche 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I92I.  375 

à  laver  ce  dernier  il  se  met  facilemenlen  suspension  colloïdale  et  il  convient 
d'ajouter  à  Toau  de  lavage  environ  5'''  par  litre  d'azotate  d'aninionium  pour 
éviter  cet  inconvénient. 

Les  nombre  inscrits  dans  le  Tableau  précédent  nous  pcnnellentde  porter 
les  conclusions  suivantes  : 

I"  Le  fractionnement  du  nickel  et  du  cobalt  par  précipitation  au  moyen 
de  la  soude  est  imparfait; 

2"  Le  précipité  est  toujours  plus  riche  en  nickel  que  ne  le  comporterait 
une  précipitation  à  partage  égal; 

3"  Le  liquide  surnageant  est  d'autant  plus  riche  en  cobalt  que  la  teneur 
en  soude  du  liquide  précipitant  est  plus  grande; 

4°  Il  est  probable  qu'il  ne  se  forme  pas  de  sels  basiques  dans  cette  pi-éei- 
pitalion  puisque  les  quantités  de  métal  restant  dans  le  liquide  décroissent 
à  peu  près  proportionnellement  à  la  quantité  de  soude  introduite. 

En  résumé,  la  méthode  d'analyse  des  précipités  précédemment  décrite 
(loc.  Ci/.). permet  de  suivre  avec  précision  les  différentes  phases  d'une 
précipitation  fractionnée  ainsi  que  nous  l'avons  montré  par  ces  deux 
exemples  dont  l'un  représente  un  fractionnement  total  (cuivre,  argent)  et 
l'autre  une  séparation  imparfaite  (nickel,  cobalt). 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Su7- le  mécanisme  des  échanges  (rénergie  dans  la  vapo- 
risation. Note  de  M.  Re\é  Audubekt,  présentée  par  M.  P.  Janet. 

La  vaporisation  d'un  liquide  met  enjeu  une  certaine  quantité  d'énergie 
qui  est  représentée  par  la  chaleur  latente  de  vaporisation  interne;  on  peut 
donner  à  cette  dernière  une  signification  particulièie  en  considérant  la 
vaporisation  comme  un  phénomène  énergétiquement  analogue  à  la  disgré- 
gation  d'un  solide  ou  d'un  liquide  à  l'état  de  phase  dispersée  (suspension, 
émulsion,  solution  colloïdale).  Cette  assimilation  permet  de  considérer  la 
chaleur  latente  de  vaporisation  interne  comme  un  travail  effectué  contre 
les  forces  de  cohésion,  ce  qui  permet  de  la  représenter  par  une  variation 
d'énergie  superficielle.  On  peut  arriver  à  une  même  conclusion  sans  faire 
appel  à  une  analogie  semblable.  Considérons,  en  effet  ('),  une  molécule  qui 
passe  de  la  zone  interne  du  liquide  à  sa  surface  libre  en  franchissant  la  zone 
superficielle;  ce  déplacement  exige  un  travail  W  et  ce  travail  est  égal  au 

(')  Stefan,  Wied.  A/m.,  t.  :>9,  r886,  p.  555. 


376  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

travail  W  qu'il  faut  dépenser  pour  que  la  molécule  abandonne  la  surface 
libre  pour  pénétrer  dans  l'atmosphère  extérieure,  puisque  dans  le  premier 
cas  comme  dans  le  second,  au  sens  près,  la  molécule  passe  d'une  région  où 
les  forces  de  cohésion  sont  nulles  dans  une  région  où  elles  ont  une  valeur 
bien  déterminée.  La  quantité  W  représente  le  travail  nécessaire  pour  arra- 
cher une  molécule  à  la  surface  libre,  c'est-à-dire  pour  la  vaporiser;  or  W 
représente  la  variation  d'énergie  superficielle  quand  une  molécule  pénètre 
dans  la  zone  superficielle,  W  =  y.  6?S,  a  étant  la  tension  superficielle  du 
liquide  et  r/S  la  variation  de  surface  de  la  zone  superficielle  ;  mais,  en  pre- 
mière approximation,  on  peut  admettre  que  dS  est  sensiblement  égal  à  la 
surface  de  la  molécule,  ce  qui  permet  d'écrire,  si  d  représente  le  diamètre 
de  la  molécule  :  W  =  W  =  ar/S  =  a-nrf''. 

En  considérant  la  vaporisation  d'une  molécule-gramme, L  représentant  la 
chaleur  latente  de  vaporisation  totale  pour  i'',  N  le  nombre  d'Avogadro, 
J  l'équivalent  mécanique  de  la  calorie,  M  la  masse  moléculaire,  on  a 

MJL  — «Trrf-N  +  RT. 

Cette  équation  permet  de  calculer  d.  Le  calcul  a  été  fait  pour  un  certain 
nombre  de  corps  et  pour  deux  températures;  les  résullats  contenus  dans  le 
Tableau  suivant  comparés  soit  à  ceux  que  fournit  la  théorie  cinétique,  soit 
à  ceux  que  fournissent  les  travaux  de  Bragg,  indiquent  une  concordance 
satisfaisante. 

{1=0"    d=:>  . 

\tau i  ,  , 

(  l  =    100       a  =  ■) 

Sulfure     de  (  /  =  o  d=^6,i 

carbone.      (/=  46  f/r=6,i 

<  :=  o  d^zô,"" 

tz=  So  d  =  6,S 

Clilo-        U=  o  rf  =  6,8 

roformo.      1  i  =  80  d^6,S 

Clilorure  de  U=        o      d  =  6,'t 
inéthyle.      (  i  =;      5o      d=z6,5 

t  =      30       of  =  2,  '|G 

<=      100        (5?=2,5o 


IJenzène  .  .  . 


Mercure  , 


» 

cm 

[  Par 

1 

la    théorie 
nélique. 

ci-j 

'   rf  =  4 

)) 

! 

» 

d  =  6., 

|0 

» 

1 

» 

r/  =  6 
d  =  6, 

.6 

3 

» 

» 

d:z^Ç>, 

,3 

1        » 
1        » 

)  Par 

les  expériences 
de  Bragg.            ' 

d—1. 

.5( 

/  Par 

!  les     résu! 

liais  ' 

1            Tl 

\      de  Robinson 
)       l'absorption 

sur  1 
des  1 

,2. 

[       ra 

yons  X. 

1 

Brome /—      58      rf=r3.5o 

Chlore..    ..      < -^ —35,8  (/=  3,60       »  »  ^=3,76 


SÉANCE   DU    r/|    FKVRIER    1921.  877 

Les  considérations  précédentes  permettent  d'oljtenir  quelques  consé- 
quences intéressantes. 

Par  exemple,  en  transportant  I^  tiré  de  l'équation  de  Clapeyron  dans 
l'équation  précédente,  et  en  supposant  pour  a  une  vaiiation  linéaire  avec 
la  température,  on  trouve,  en  intégrant.  la  relation  suivante  qui  exprime  la 
variation  de  la  tension  de  vapeur  avec  la  température, 

Elle  est  de  même  forme  (jue  celle  obtenue  par  Dupré,  Hertz  et  Nernst. 
En  outre,  on  peut  retrouver  la  loi  de  Pietet  Trouton,  qui  prend  alors  une 
signification  nouvelle;  on  vérifie  en   effet  facilement  que  pour  plusieurs 

liquides  le  quotient —^Tp — (T„  étant  la  température  normale  d'ébullition) 

est  constanl.  Pour  la  vaporisation  d'une  molécule,  on  trouve 

-7= —  =  10  X  io~'°  environ. 
'  0 

Ce  résultat  montre  que  la  vaporisation  est  un  phénomène  discontinu  dans 
lequel  la  quantité  élémentaire  d'énergie  mise  en  jeu  est  égale  à 

10  X  lo-'Toergs, 

M.  J.  Duclaux,  en  partant  de  l'expression  normale  de  la  loi  de  Pietet 
Trouton,  de  la  règle  de  Matignon  ou  de  la  cbaleurde  dépolymérisalion  des 
vapeurs,  a  trouvé  ii  à  12  x  10-'" T„ ergs. 

Enfin  il  était  a  priori  possible  de  penser  que  la  même  interprétation  était 
applicable  à  la  loi  d'Eotvos;  on  vérifie  en  effet  facilement  pour  un  assez 
grand  nombre  de  liquides  l'existence  d'une  relation  «->i"rf-=  K(Tc—  T), 
on  trouve  ainsi  pour  K  en  partant  des  données  expérimentales  et  des 
valeurs  de  f/,  calculées  plus  haut,  les  résultats  suivants  : 

K. 

Sulfure  de  carbone 880  X  10' 

Benzine 888  x  lo''' 

Chloroforme 890  x  10^ 

Chlorure  de  méthj'le 85o  x  10" 

Alcool 900  X  10'^ 

A  l'avance,  la  valeur  de  K  aurait  pu  être  calculée  en  admettant  que 


C.  p.,  igai,  i"  Semesfre.  (T.  \n,  N»  7.) 


28 


378  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

— - —  =  -(Mu)  (')  cl  en  calculant  (Mu)  parla  relation  d'Eutvôs  apprujuéc 

aux  li({uides  a(VIu)'  =  X(T,  —  T),  on  trouve  en  effet 
s'.r.'Sd'-=  jDo  X  io*(T, —  T). 

La  valeur  de  la  constante  ainsi  calculée  concorde  donc  d'une  manière  satis- 
faisante avec  celles  qu'on  obtient  à  partir  des  données  expérimentales,  lin 
égalant  cette  valeur  de  a-Nrf-  à  celle  déjà  obtenue  par  l'évaluation  du 
quantum  élémentaire  d'énergie  intervenant  dans  la  vaporisation,  on  trouve 

.      T        2 
entre  la  température  d'ébuUition  et  la  température  critique  la  relation;j^  =  0 

(environ),  qui  a  été  vérifiée  par  Guldborg  (^)  pour  un  certain  nombre  de 
corps. 

En  résumé,  on  peutdire  que  la  vaporisation  est  un  phénomène  discontinu, 
le  quantum  élémentaire  a  une  valeur  voisine  de  10  x  10-""'  T„  ergs,  il  repré- 
sente le  travail  nécessaire  pour  vaporiser  une  molécule  et  peut  être  exprimé 
par  une  variation  d'énergie  superficielle. 


CHIMIE  MINÉRALE.  — Sur  le  déplacement  des  métaux  dans  les  .solutions  .salines. 
Note  de  M.  Bari.ot,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

On  sait  qu'un  métal  existant  à  l'état  d'ions  dans  une  solution  aqueuse 
d'un  de  ses  sels  peut  être  déplacé  par  un  autre  métal  lorsque  ce  dernier  est 
plus  électronégatif  que  lui;  ou  encore,  si  l'on  adopte  la  théorie  de  Nernst 
sur  la  dissolution  des  métaux,  lorsque  la  tension  de  dissolution  du  second 
métal  est  suffisamment  grande  par  rapport  à  celle  du  premier.  C'est  ainsi 
qu'un  fragment  de  zinc  ne  tarde  pas  à  se  recouvrir  d'utie  masse  spongieuse 
de  cuivre  cristallisé,  lorsqu'il  est  immergé  dans  une  solution  aqueuse  d'un 
sel  cuivrique;  on  explique  ce  déplacement  par  une  atli'action  électrosta- 
tique des  ions  cuivre  par  le  zinc. 

L'expérience  faite  sans  précautions  spéciales  ne  permet  pas  de  se  rendre 
compte  des  particularités  de  la  précipitation  du  cuivre.  Il  n'en  est  plus  de 
même  si  l'on  étudie  le  phénomène  dans  un  plan  horizontal,  c'est-à-dire  si. 

(')  lîn  suppusant  les  molécules  collées  au  zéio  absolu  les  unes  conire  les  autres  el 
disposées  comme  une  pile  de  boulels,  el  en  négligeant,  ce  qui  n'inlroduil  pas  une  très 
grosse  difTérence,  les  termes  dus  à  la  dilatation. 

(')  GuLDBKRi;,  Zeii.  ph.  Cli.,  l.  5,  1S80.  p.  'i-j!\. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1921.  'i'][) 

au  lieu  d'opérer  avec  une  masse  considérable  de  solulion,  on  se  sert  d'une 
mince  couche  liquide  homogène,  étalée  sur  une  surface  plane,  ou,  plus 
commodément,  d'une  feuille  de  papier  non  collé  inibil-éo  de  la  solulion  à 
étudier. 

Nous  utilisons  le  dispositif  suivant  :  sur  une  lame  de  verre  plane  et 


l^. 


horizontale  est  étendue  une  feuille  de  papierà  tiltrer  imprégnée  d'une  solu- 
tion de  chlorure  cuivriquc,  par  exemple;  un  fragment  de  zinc  est  placé  sur 
la  feuille,  et  le  tout  est  abandonné  dans  une  enceinle  fermée  de  façon  à 
réduire  l'évaporation  au  minimum.  Le  cuivre  est  déplacé  par  le  zinc  et  se 
dépose  peu  à  peu  entre  le  verre  et  la  feuille  de  papier;  il  ne  forme  pas  une 
couche  continue,  mais  dessine  des  arborisations  en  éventail  partant  du  zinc. 


38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  ligaes  de  cristaux  ainsi  formées  s'accroissent  par  leur  extrémité,  ne  se 
coupent  pas  et  sont  disposées  régulièrement  à  partir  du  centre.  L'accroisse- 
ment centrifuge  peut  s'expliquer  en  admettant  que  la  décomposition  de  la 
solution  est  faite  par  le  couple  Zu-Cu. 

La  figure  2  représente  une  photographie  grandeur  naturelle  d'un 
«  spectre  »  ainsi  obtenu,  avec  le  système  Zn-CuCI-;  le  dessin  de  la  figure  i 
a  été  obtenu  avec  le  système  Sn-CuCl".  On  peut  d'ailleurs,  après  un  lavage 
parfait,  conserver  les  préparations  elles-mêmes  en  les  recou\  rant  avec  pré- 
caution d'une  couche  de  gomme  ou  de  vernis. 

En  employant  deux  fragments  de  zinc  au  lieu  d'un,  on  obtient  de  curieuses 
figures,  telles  que  celle  représentée  en  4;  le  dépôt  de  cuivre  est  formé  de 
lignes  de  cristaux  partant  de  chaque  zinc,  comme  dans  le  cas  précédent, 
mais  les  lignes  issues  d'un  zinc  ne  touchent  en  aucun  point  celles  provenant 
de  l'autre  fragment;  il  semble  qu'il  existe  une  répulsion  entre  elles,  et  l'on 
observe  nettement  un  espace  blanc,  que  nous  appellerons  ligne  neutre  et  qui 
est  perpendiculaire  à  l'axe  joignant  les  deux  zincs,  espace  dans  lequel  aucun 
cristal  de  cuivre  n'a  pris  naissance. 

La  figure  3  a  été  obtenue  en  utilisant  trois  fragments  de  zinc:  la  ligne 
neutre  est  alors  formée  de  trois  droites  disposées  régulièrement  à  120°  les 
unes  des  autres.  On  peut  obtenir  des  figures  plus  compliquées  en  employant 
un  plus  grand  nombre  de  fragmeiits  de  zinc  et  en  les  disposant  de  toutes  les 
manières  possibles. 

Ces  expériences  ont  été  répétées  avec  un  grand  nombre  de  solutions  mé- 
talliques. Dans  l'ensemble,  les  résultats  sont  identiques  à  ceux  décrits  ci- 
dessus;  on  observe  toujours  des  lignes  neutres,  mais  la  forme  des  lignes  de 
cristaux  varie.  La  formation  du  dépôt  métallique  peut  être  plus  ou  moins 
rapide;  avec  une  solution  de  nitrate  d'argent  décinorniale  et  un  fragment 
de  Cu  on  obtient  en  quelques  minutes  des  dendrites  de  plus  de  i'"', 
alors  qu'avec  le  système  nitrate  de  plomb-zinc  il  faut  12  à  i5  heures  pour 
arriver  à  un  résultat  comparable. 

Jusqu'à  présent  les  composés  suivants  oui  été  étudiés  : 

Mi'lal.  Sels. 

Zii  CiiCl-,  (NO^)-Cu,  SO'Cu,  (N0=)2Pb,  CH^COni, 

SnClS  SnCI-,  CdCl"',  (NO-^)'Bi,  N0^\!; 

Al  CuClS  NO^\g,  SnCP,  SnCl' 

Mg  CuCIS  (NO^)-Cu,  (NO')^Pb,  SnCP 

l'I)  CuCl- 

Sii  CuCl^ 

Gu  NO^Ag 


SÉANCE    DU    l4    l'KVRII-R    192I.  38 1 

Il  semble,  d'après  des  expériences  actuellement  en  cours  el  dont  les 
résultats  seront  publiés  ultérieurement,  que  les  forces  électriques  jouent  un 
rôle  importanl  dans  la  production  de  ces  «  spectres  métalliques  ». 

CHIMIE  MINÉRALE.   —  Réactions  génératrices  du  magnésium.  Note 
de  M.  Cahiii.le  Matigxo.v,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Les  besoins  en  magnésium,  pendant  la  guerre,  ont  appelé  mon  attention 
sur  la  rechercbe  de  nouvelles  méthodes  de  fabrication  du  magnésium. 

J'ai  déjà  indiqué  le  principe  d'une  préparation  (')  qui  fournit  au  labora- 
toire d'excellents  résultats,  mais  qui  fait  intervenir  la  poudre  d'aluminium, 
produit  assez  coûteux  pendant  la  guerre.  Cette  méthode  n'a  d'ailleurs 
jamais  élé  essayée  jusqu'ici  sur  une  échelle  industrielle. 

Mon  but  était  avant  tout  d'obtenir  un  procédé  économique. 

Envisageons  les  trois  réactions  suivantes  : 

(1)  MgCl-„„       -\-     C^Ca,„,=  CaCl^„, 

(2)  MgO,„,         -1-     C^Ca,„,  =CaOs„i 

(3)  MgOMgCl^  +  aC'Ca     =CaOCaCl' 

dans  lesquelles  tous  les  corps  sont  réfractaires,  sauf  le  magnésium  el  le  chlo- 
rure de  magnésium,  ce  dernier  ayant  toutefois  un  point  d'ébullition  très 
élevé  et  pouvant  supporter  de  hautes  températures  sans  se  volatiliser 
rapidement.  L'application  de  la  loi  de  volatilité,  dont  j'ai  donné  autrefois 
l'expression  ("),  rend  probable  la  possibilité  de  dégager  à  une  température 
suffisamment  élevée  le  magnésium  volatil  des  systèmes  initiaux. 

La  chaleur  de  vaporisation  du  magnésium  monoatomique  peut  être 
calculée  appro.ximativement,  elle  est  voisine  de3i''-^';  on  en  déduit,  pour  les 
réactions  précédentes,  les  absorptions  de  chaleur  suivantes  par  molécule  de 
vapeur  de  magnésium  mise  en  liberté  : 

-8-1,6.    -39-1,4,    -29-',  9. 

D'après  ces  chiffres,  la  première  réaction  sera  la  plus  facile  à  réaliser,  les 
deux  autres  exigeront  des  températures  plus  élevées.  Il  importe  toutefois, 
pour  que  les  deux  dernières  réactions  s'effectuent  réellement,  que  la  zone  de 

(')  Comptes  rendus,  t.  136,  1910,  p.  11.57. 
('-)  Comptes  rendus,  t.  136,  igiS,  p.  i536. 


2C„ 

„+    Mg,„,  +  22"',4; 

2G 

+     Mg,„,-    8-, 4; 

4C 

+  2Mg5„, -+-    i«»',i  X  2, 

382  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

température  n'atteiii^ne  pas  celle  de  l'action  du  carbone  sur  la  chaux  pour 
former  le  carbure  de  calcium. 

En  opérant  comme  je  l'ai  fait  autrefois  pour  la  préparation  du  baryum  (') 
et  du  magnésium,  j'ai  reconnu  que  le  mai^nésium  pe!it  être  ainsi  isolé  à 
partir  du  chlorure,  de  l'oxychlorure  et  de  la  magnésie. 

La  première  réaction  marche  assez  vile  aux  environs  de  1200°  dans  le 
vide,  les  deux  autres  fournissent  bien  le  métal,  mais  avec  lenteur,  même 
dans  le  vide  entre  1200°  et  1300°.  Par  exemple,  une  réaction  effectuée  avec 
un  mélange  de  dolomie  calcinée  aux  températures  suivantes  et  pendant  les 
durées  indiquées,  soit  pendant  près  de  5  heures  aux  environs  de  i3oo", 
n'a  donné  en  magnésium  que  le  quart  du  rendement  théorique  : 

Il  ^     m                                                                                                          u        Ml  _o 

10.42 1200  .  12.  l5 1295 

II.  i3 125(1                                 ''•i-29 i3oo 

1 1 .  45 1 3oii                                 i'4  ■  l'^» 1 280 

11.47 '^o^                                 '3 1276 

11.55 1 3oo                                 i5.25 1275 

Les  deux  dernières  réactions,  plus  lentes  il  est  vrai  que  la  première, 
évitent  la  préparation  du  chlorure  de  magnésium  anhydre,  opération 
industrielle  délicate  et  coûteuse;  elles  permettent  d'opérer,  soit  avec  l'oxy- 
chlorure de  magnésium,  si  facile  à  obtenir  par  une  dessiccation  brutale  du 
chlorure  hydraté,  soit  avec  la  magnésie,  ou  mieux  encore  avec  le  mélange 
de  chaux  et  de  magnésie  obtenu  en  calcinant  la  dolomie  naturelle.  On 
comprend  l'intérêt  pratique  de  la  mise  en  œuvre  de  matières  premières 
aussi  peu  coûteuses. 

T3es  essais  sur  une  échelle  semi-industrielle  ont  été  poursuivis  pendant 
près  d'une  année  sans  aboutir  à  des  résultats  pratiques  par  suite  des  diffi- 
cultés rencontrées  dans  l'appareillage. 

Le  mélange  réaclionnel  était  chauffé  dans  de  petites  cornues  horizontales 
en  fer  prolongées  par  un  tube  de  condensation  et  logées  dans  des  cellules 
appropriées  formant  résistances  de  chauffage.  Malheureusement,  aux  hautes 
températures  nécessaires  à  ces  opérations,  le  fer  s'affaisse  même  quand  on 
opère  dans  un  courant  d'hydrogène  ou  de  carbures  d'hydrogène,  car 
l'hydrogène  traverse  rapidement  la  paroi  et  l'on  est  toujours  exposé  à  des 
rentrées  d'air  qui  oxydent  et  azoturent  le  métal  dégagé. 

Il  faut  attendre  que  l'on  puisse  disposer  communément  d'un  gaz  inerte 


(')  CoinpWs  rendds.  i.  \'M\.  i()i3,  p.  1378. 


SÉANCE  DU  I^  FKVRIER  192  t.  383 

comme  l'argon  pour  reprendre  les  essais  dans  des  conditions  de  succès  très 
probable;  en  opérant  dans  un  courant  lent  d'argon  on  éviterait  rallaisse- 
inenl  de  la  cornue  qui  jusqu'ici  devait  être  renouvelée  à  chaque  opération. 


CHIMIE  ORGANIQUK.   —  Sur  (/iielqiics  transpositions  rétr'opinacoliques. 
Note  de  M"'  Jean.mî  Lévy,  présentée  par  M.  Haller. 

La  transposition  rélropinacolique  consiste  dans  la  transforinalion  des 
alcools  primaires  ou  secondaires  Irisubstitués  dissymétriques,  lors  de  leur 
désIiNdratation,  en  carbures  symétriques  ou  moins  dissymétriques  : 

lAC  — CHOH  — R'     -^    ^C  —  C<(1,.  R'=  H  ou  un  radical  quelconque. 

Pour  interpréter  le  mécanisme  de  cette  réaction  on  a  émis  diverses 
h\pothèses  qui  ont  été  successivement. rejetées  :  triméthylénisalion  (Cou- 
turier, 1891;  Klinger,  189(3);  échange  préalable  à  la  désh\  dratalion 
(Zelinsky,  1901;  A.  VVerner,  igoS). 

Deux  autres  interprétations  ont  été  proposées  par  M.  Tilïeneau.  L'une 
consiste  dans  l'élimination  de  H-0  sur  le  carbone  porteur  de  la  fonction 
alcoolique  ('  ) 

^\  -IPO    '^\  I  R\  /R 

(I)  R^C-CHOH:-R'    — >    R--)C-G-R'     — ^    r/^==*^\R'- 

K  R  11 


L'autre  consiste  dans  l'élimination,  de  H-0  entre  l'oxhydryle  alcoolique 
et  l'un  des  radicaux  non  migrateurs,  sans  formation  de  noyau  trimélhylé- 
nique  (^)  : 

f^\  .  -H-0      -^nT^       \  R\  /R 

(11)  R^C-CHpHj-R'     — ^         R^C-CH-R'     ->     qh^^C  -  GH<^j^,. 

CH^H  GH^  I 

I 

Par  la  simple  inspection  des  formules,  on  voit  que  le  choix  entre  ces  deux 
mécanismes  peut  être   résolu   expérimentalement,  puisque  avec  le  méca- 

(')  M.  ïiFFENEAU,  Bull,  de  la  Soc.  chini.  de  France,  t.  35,  1906,  p.  ii56;  Revue 
générale  des  Sciences,  1908,  p.  5Si.  Ce  mécanisme  ne  s'applique  pas  à  la  désliydra- 
lalion  des  alcools  tertiaires,  bien  que  quelques-uns  donnent  lieu  à  une  transposition. 

(-)  M.  TiFFENE.\u,  Bull,  de  la  Soc.  chim.  de  France,  l.  'Ti ,  igw,  p.  'iSg. 


384  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nisme  (II)  Ton  doit  obtenir  un  carbure  méthénique  (c'est-à-dire  à  double 
liaison  à  rextrémité  de  la  chaîne),  tandis  que  d'après  le  mécanisme  (1)16 
carbure  formé  doit  posséd<T  sa  double  liaison  en  position  symétrique. 

Les  recherches  que  j'ai  entreprises  ont  ou  pour  but  de  vérifier  celte  posi- 
tion de  la  double  liaison  dans  plusieurs  cas  de  transposition  rétropinaco- 
lique.  Dans  tous  les  cas  la  réaction  s'est  passée  suivant  le  mécanisme  (I). 
Sans  doute,  on  pourrait  objecter  que  la  double  liaison  a  pu  se  déplacer; 
mais  pour  prévenir  cette  objection,  je  me  suis  attaché  le  plus  souvent  à  ne 
réaliser  la  déshydratation  que  par  la  simple  distillation,  en  l'absence  de 
tout  agent  acide  isomérisant. 

1.  Déshydralntioii  du  diphéayl-i.i-bulnnol-Z.  —  Le  diphénvl-a  .2-butanol-3 

CH'  — C(C'''H^)2—  CHOU  -  Cli' 

{\lb.  ifigo-ijo"  sous  i^™'")  a  élé  obtenu  par  action  de  IMgCH'  sur  la  dipliéuyl-a.a- 
propaldélijde;  sa  déshydratation  réalisée  soil  par  dislillalion  à  la  pression  ordinaire 
eu  présence  de  terre  poreuse,  soil  par  distillation  dans  le  vide  eu  présence  d'une 
trace  de  SO'Il-,  fournit  un  produit  unique,  le  dipliénvl-2.3-l)uténe 

C'ii ■  ( cip) c  -^  G  —  ( cir') cm-  ( •  ) 

(F.  io4"-io5'')  dont  la  constilulion  est  démontrée  par  identification  avec  le  produit 
de  déshydratation  du  diphényl-2.3-bulanol-2  C  HM  Cll^)  —  COH  —  CH  —  (CIP)G'^li^ 
(  Eb  :  i-f>°  sous  20"""). 

2.  Déshydratation  du  diphcnyl-'o.i-peiilanol-'\.  —  Le  iliplién\  l-3.H-pentauol-4 

C^M'(CMl')^  -  C  -  CtlOH  ~-  CIP 

(Eb.  iSô^-igo"  sous  iD""")a  été  obtenu  par  action  de  IMgCH' sur  la  diphényl-3.3- 
butanol.  Sa  déshydratation  par  simple  distillation  à  la  pression  ordinaire  fournit  un 
produit  unique,    le  diphényl-2.3-penténe-2  C''H^(C'H')C  =  C  — {CIP)C''H»  (Eb.  297°- 

299°)  • 

L'oxydation  de  ce  carbure  et  celle  du  produit  de  déshydratation  du  diphényl-S.'l- 
penlanol-3  C«H»(C^H»)  COH  —  CH  —  (CH')C«H5  (Eb.  175°  sous  1 5""")  m'ayanl  fourni 
de  l'acélophénone  caiaclérisée  par  sa  seiiii-carbazone  (F.  202°),  sa  constitution 
se  trouve  démontrée. 

3.  Déshydratation  du  rnétliyl-i-diphényl-?..Z-propanol-Z.  —  Le  mélhyl-2-diphényl- 
2.3-propanol-3  C''H'(CH')-— C  — CIIOH  —  C«H^  (Eb.  iSS-'igo""  sous  i8"'"')  a  été 
obtenu  par  action  de  BrMgC'H'  sur  la  mélhyl-2-|)hényl-2,-propanaldéhyde  ;  sa  déshy- 
dratation, réalisée  soit  par  distillation  à  la  pression  ordinaire,  soit  par  distillation  sous 
pression  réduite  en  présence  d'une  trace  de  SO'Il-,  fournit  le  diphén\l-i .  i-méthyl-2- 

(')  Mkiîrwein,  Ann.  Lieb.,  t.  39G,  1913,  p.  2.59;  t.  397,  i9i4i  P-  '74-  Get  auteur 
n'a  pas  examiné  la  question  de  la  déshydratation  de  cet  alcool  sans  agents  acides. 


SÉANCE  DU  I 1  FÉVRIER  I92I.  385 

|)roi)ène  (G'''ll=)'- —  G  r=  C(CII')'-    (  Kb.  ?.8o''-282'')   iilenlifié  par  comparaison   avec   le 
proilult  de  désliydralalion  du  m('!lliyl-9.-dipliényl-i .  i-propanol  (') 

(C"n»)H;(oii)  — CH(CH')^ 

k.DcsIiydralationdd  Iriphényl'i.-î.Zpropaiiol-o. — Lclriphéiiyl-2.2.3-propaiiol-3(') 
(F.  i2i-'-i22°)  (C''1H)-.C1P.C.CH0H.C''H=  a  été  préparé  par  action  de  BrMgC"  11-' 
sur  la  dipliényl-2.2-propaldéliyde.  Gel  alcool  distille  sans  déconiposilion  sous  pression 
réiluilc,  mais,  en  présence  d'une  trace  de  SO'IP,  il  fournitdu  Iripliényl-i .  1.2-propène 
(G'^II5)=.G=:C(GFP)C''IP  (F.  SQ-'-go")  dont  la  constitution  a  été  démontrée  par 
identification  avec  le  produit  obtenu  soit  par  déshydratation  du  mélliyltriphéiiyl- 
1.2.2-éllianol  (F-SCjo-S;")  (GHl«)2.Gli  .G0H(CIP).G«H',  ou  du  triphényl-i  .1 .2-pro- 
panol  (F.  .SS"-89'')(C''H'*)2G0II.GH.(C1P)CMI''  ('),  soit  par  action  de  BrMgGMl^ 
sur  le  cliloropropionale  d'éthyle. 

Conclusions.  —  Dans  la  transposition  rétropinacolique,  le  carbure  trans- 
posé possède  sa  double  liaison  en  position  symétrique.  A  moins  d'admettre 
un  déplacement  de  cette  double  liaison  au  cours  de  la  réaction,  déplacement 
peu  probable  étant  données  les  conditions  expérimentales  que  j'aiemployées, 
il  faut  en  conclure  que  la  transposition  n'a  pas  lieu  par  le  mécanisme  II 
exposé  ci-dessus.  Il  faut  donc  revenir  à  la  première  hypothèse  émise  par 
M.  TilTeneau  (élimination  de  H-0  sur  le  même  atome  de  carbone).  Sans 
doule,  Meerwein  (")  a  récemment  soutenu  que,  dans  le  cas  du  bornéol, 
cette  hypothèse  n'est  pas  vérifiée  par  l'expérience;  mais  cette  conclusion 
est  basée  sur  ce  qu'une  même  structure  intermédiaire  devrait  conduire  au 
même  produit  définitif.  Il  ne  semble  pas  que  cette  proposition  soit  rigou- 
reusement nécessaire  et  M.  TilTeneau  admet  qu'une  même  structure  inter- 
médiaire doit  pouvoir  conduire  à  des  produits  difTérents  suivant  le  réactif 
employé  et  suivant  les  conditions  énergétiques  de  la  réaction  transpositrice. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  h  rôle  calalylique  du  mercure  dans  la  sulfonadon 
de  Vanthraquinone.  Note  de  M"''  A.  Roux  et  M.  Jh.  Martinet,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

Par  l'action,  à  chaud,  de  l'acide  sulfurique  fumant  sur  l'anthraquinone, 
on  obtient  l'acide  anlhraquinone-^-sulfonique.  Cette  opération  effectuée  un 

(')  Sabatier  et  MuRAT,  CojnpLes  rendus,  i.  156,  igiS,  p.  i433. 

(-)  TiFFE.NEALi  et  DoRLE.NCouRT,  Ànii.  Cli.  P/iys.,  8°  série,  t.  16,  igog,  p.  255. 

( ')  GiAMiciAX  et  Sn.BER,  lier.  d.  D.  cli.  Gcs.,  t.  43,  1910,  p.  i536. 

('•)  Meerwein  et  Van  Emster,  fier.  d.  D.  c/i.  Ges.,  t.  53,  1920,  p.  i8i5. 


386  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

jour  à  Taide  d'un  acide  sulfurique  provenant  d'une  pyrite  mercurifère 
conduisit  inopinément  à  l'acide  anthraquinone-a-sulfonique.  Cette  décou- 
verte fit  grande  sensation  dans  les  milieux  industriels,  elle  retient  aussi 
l'attention  an  point  de  vue  scientifique.  D'abord  le  rôle  catalyliquc  du 
mercure,  bien  qu'il  ne  soit  pas  unique,  est  fort  curieux,  on  s'étonne  de  voir 
un  catalyseur  changer  l'orientation  d'une  substitution. 

D'autre  part,  les  dérivés  de  l'anthraquinone  qui  s'obtiennent  directement 
avec  le  plus  de  facilité  sont  des  dérivés  a,  pourquoi  n'en  est-il  pas  de  même 
pour  les  dérivés  sulfoniques? 

Voici  comment  nous  nous  expliquons  les  faits.  Le  groupe  suifonique  doit 
d'abord  s'introduire  en  a,  puis  passer  en  p,  ce  qui  est  conforme  à  une 
remarque  d'une  portée  assez  générale  et  que  nous  pouvons  énoncer  ainsi  : 
quand  un  substituant  entre  dans  une  molécule,  il  remplace  d'abord  l'atome 
d'hydrogène  le  plus  mobile,  puis  sous  l'influence  de  la  chaleur  ou  de  liquide 
dissociant  ii  rem[)lace  ceux  qui  le  sont  moins,  c'est-à-dire  se  fixe  dans  des 
positions  de  plus  en  plus  stables. 

Il  y  a  donc  deux  choses  à  considérer  : 

1°  La  vitesse  d'introduction  du  groupe  suifonique  en  a; 

2"  La  vitesse  de  transposition  de  ce  substituant  de  la  position  a  à  la  posi- 
tion p. 

(^uand  on  sulfone  l'anthraquinone,  en  l'absence  de  toute  substance  étran- 
gère, l'introduction  du  groupe  suifonique  nécessite  une  tem|)érature  assez 
élevée.  A  cette  température,  la  vitesse  d'introduction  du  groupe  suifonique 
en  a  est  du  même  ordre  de  grandeur  que  la  vitesse  de  transposition  de  la 
position  a  à  la  position  p,  de  sorte  que  pratiquement  c'est  l'acide  ^  qu'on 
obtient. 

Pour  obtenir  l'acide  a,  il  s'agit  de  trouver  un  catalyseur  qui  abaisse  la 
température  de  sulfonation  sans  influer  sur  la  vitesse  de  transposition.  Le 
mercure  remplit  ce  rôle.  Pratiquement,  on  obtient  l'acide  a  à  plus  basse 
température  et  en  présence  de  mercure.  Si  cette  manière  d'interpréter  les 
faits  est  exacte  on  peut  prévoir  : 

1°  Que  l'acide  a  isolé  se  transposera  en  acide  ^  sous  l'inlluence  de  la 
chaleur; 

2"  Qu'en  se  plaçant  dans  les  conditions  de  température  et  de  concentra- 
tion d'obtention  de  sel  [3,  mais  en  présence  de  mercure,  on  doit  encore 
obtenir  du  se'  p. 

L'expérience  confirme  ces  prévisions, 

On   dissoul  a»  d'âc-anthraquinone  sulfonaie  de  sodium  dans  8'  d'acide  siilfiiri(|ue 


SÉANCK    DU    l4    l'ÉVRIER    I921.  387 

ordinaire.  On  chaufTe  pendant  i  heure  3o  minutes  au  bain  d'Iuiile  à  1811°,  puis  on 
verse  dans  l'eau  froide,  le  précipité  est  essoré,  purifié  et  identifié  avec  Fanthraqui- 
none-j3-sulfonate  de  sodium. 

Pour  la  deuxième  vérification  on  Iraile  .ïs  d'antlnaquinone  par  S^^  d'acide  sulfurlfiue 
à  j(i  pour  100  d'anhydride  pendant  i  heure  3o  minutes  à  160",  en  présence  île 
mercure.  (In  oiilient  l'acide  anlhraquinone-p-sulfonique.  L'analyse  du  sel  de  sodium 
a  donné  les  résultais  suivants  : 

Na  pour  100. 

Calcule.  Trouve. 

Dérivé  monosuKonique 7,4  7.2 

iJérivé  disulfonique 11,6 

Ce  qui  prouve  qu'il  ne  s'est  pas  introduit  un  deuxième  groupe  sulfo- 
nique. 

L'acide  anthraquinone-|îJ-sulfonique  a  été  caractérisé  par  la  solubilité  de 
son  sel  de  sodium  dans  l'eau  inférieure  à  la  solubilité  du  sel  7.  et  peu  dilTc- 
rente  à  froid  ou  à  chaud,  par  son  aspect  au  microscope,  il  forme  des 
oursins  constitués  de  petites  aiguilles.  Contrairement  au  sel  a  il  ne  donne 
pas  de  précipité  avec  le  chlorure  cuivrique.  Nous  l'avons  transformé  en 
la  jîJ-oxyanthraquinone  correspondante  par  la  baryte  sous  pression.  Nous 
avons  diiïérencic  l'acide  p  de  l'acide  a  par  la  facile  transformation  de 
celui-ci  en  dérivé  chloré  correspondant  par  le  chlorate  de  soude  et  l'acide 
chlorhydrique. 

Il  est  à  remarquer  que  la  sulfonation  en  présence  de  mercure  pour 
l'obtention  du  dérivé  |3  fournit,  en  un  temps  donné,  un  rendement  supérieur 
à  celui  obtenu  en  l'absence  de  a  métal,  toutes  choses  égales  d'ailleurs. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  5a/-  la  nature  pinacolique  de  cjitelqites  transpositions 
dans  la  série  du  phènyldimélhylglycol.  Note  de  MM.  M.  Tiffexeau 
et  Orèkhoff,  présentée  par  M.  Haller. 

Nous  avons  repris  l'étude  des  transpositions  dans  la  série  du  phényl- 
diméthylglycol  en  examinant  successivement  la  déshydratation  de  ce 
glycol  et  de  ses  moiioéthers,  l'élimination  de  HI  dans  l'iodhydrine  cor- 
respondante et  l'isomérisation  de  l'oxyde  d'éthylène  qui  en  dérive. 

1.  Phènyldimélhylglycol  (phényl- i -méthyl-2-propanediol- 1 .  2)  et  ses 
èthers  mononièthyliques .  —  La  déshydratation  du  phényldiméthylglycol  par 


ICC  "    --^  "   ^''■ 
_  Ll  3  R  A  R  Y' 


388  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

l'action  à  chaud  de  l'acide  sulfuriquc  dilué  (')  conduit  à  la  diméthylphényl- 
acétaldéliyde  par  suite  d'une  migration  phénylique  analogue  à  celle  qui  se 
produit  dans  la  transposition  hydrobenzoïnique 


C'^IF-CH0H-C(0H)<^^Jj3 >    t'n'-C\\-C(^,    -^    CHO  — C^CH 


CH' 


Les  deux  étiiers  monométhyliques  de  ce  glycol,  soumis  à  chaud  à  l'action 
de  l'acide  sulfurique  au  tiers,  se  comportent  de  même.  L'un  de  ces  éthers 
CH'^— Cli(OCH')  -  C(OH)(CH')%  déjà  étudié  en  même  temps  que  le 
glycol  ci-dessus,  avait  été  obtenu  en  faisant  réagir  l'iodure  de  magnésium 
méthyle  sur  l'a-méthoxyphénylacétate  d'éthyle  (-).  Nous  avons  préparé  le 
second  de  ces  éthers  C«H''  — ClIOH  -  C(OCH\)(CH^)-  en  soumettant 
la  mélhyliodhydrine  dérivée  du  diméthylstyrolène  à  l'action  de  la  potasse 
alcoolique 

+  IOf.H» 

C«H3— CM  =C(CH3)-     y    C«H'-CH1-C(OCHO(CH')' 

+  KOII 

V     C«  IP  —  CH  OH  —  C  (OCH'  )  (CH^  f. 

--  Kl 

2.  Oxyde  de  dimélliylstyrolène.  —  Cet  oxyde  (l'>b.  iQG^-igy"  sous  7G0""") 
a  été  obtenu  en  agitant  à  froid  une  solution  élhérée  de  l'iodhydrine  dérivée 
du  diméthylstyrolène  C"H' — CHl  —  C(()H)  (CIP)-  avec  un  excès  de 
potasse  caustique  en  poudre.  Chauffé  en  présence  de  chlorure  de  zinc  ou  de 
traces  d'acide  sulfurique,  cet  oxyde  s'isomérise  avec  migration  phénylique 
en  phényldiméthylacétaldéhyde,  suivant  un  mécanisme  analogue  à  celui 
exposé  ci-dessus  : 

I i  C^  H5 

Ci>H^-CH-C<^,„  ->  C^H^-CH-CCXm  ->  CHO-C^CH'  . 
\  /   ^C"  .  1  I  ^^"  \CH^ 

0  o 

1 

On  voit  que  la  rupture  de  l'oxygène  pontal  s'est  produite  du  côté  de 

(')  TiFFKNEAU  et  DoRLENCOURT,  Àtiiiales  de  Chiinie  et  de  Physique,  8'^  série,  t.  16, 
p.  287,  257.  L'étude  des  autres  agents  déshydratants  a  conduit  iM"'  J.  Lévy,  dans 
notre  laboratoire,  à  des  résultats  curieux  :  dans  certains  cas,  on  obtient  l'oxyde 
diétiiyléni(|ue;  dans  d'autres  cas,  on  obtient  les  deux  produits  de  transposition  possibles. 

(')  TiFFKNKAU  et  DoRLENCOURT,  loc .  Cit.,  p.  a/Jg. 


SÉANCE  DU  I '(  FÉVRIER  I92I.  889 

l'atome  de  carbone  le  plus  substitué,  ainsi  qu'on  l'observe  pour  tous  les 
oxydes  d'élhylène  ('). 

3.  lodhydrinc du phènyldimèlhylglycol.  —  Celte  iodhydrine  s'obtient  par 
action  do  l'iode,  en  présence  de  l'oxyde  jaune  de  mercure,  sur  le  dimélhyl- 
st\  rolène  dissous  dans  l'étber  aqueux.  La  solution  étbéréc  de  l'iodbydrine, 
agitée  par  petites  portions  avec  une  solution  concentrée  de  nitrate  d'argent, 
fournit  un-abondant  précipité  d'iodonitrate  d'argent.  De  la  solution  éthérée, 
on  isole  la  phényl-2-bulanone  (Éb.  2io''-2i2°;  semicarbazone  F.  172°) 
déjà  décrite  (-)  : 

i 1  r 

C«H.-CHI-C(OH)(CH')^-"4c«H^-CH-C/CH3_^^„jj,,_^^_^Q_^j^3 

I  I  \CH^ 

O 


On  voit  (|u'il  ne  s'est  pas  produit  ici  de  transposition  phénylique,  mais  qu'il  y  a  eu 
simple  migration  d'un  métliyle,  migration  qui  d'ailleurs  est  nécessaire,  puist[ue  le  car- 
bone auquel  l'oxvgène  reste  attaché  ne  peut  satisfaire  l'entière  capacité  de  saturation 
de  cet  atome  d'oxygène  qu'en  perdant  un  de  ses  deux  substituants. 

Ainsi,  dans  la  transposition  des  glycols  trisubstitués  ou  de  leurs  dérivés,  la  nature 
de  la  migration  dépend,  en  dernière  analyse,  de  la  nature  des  radicaux  substitués  sur 
le  carbone  resté  porteur  d'oxygène 


R\   ^  /R'  ^  \ 

„  )C  -  C<  „,    -^    R  _::c  _  GO  -  R". 
Il/,        ,\R  ,^/ 


Si  ces  substituants  R'  et  R"  sont  des  radicaux  carbonés,  la  transposition  est  néces- 
saire au  même  titre  que  dans  la  transposition  pinacolique,  Si,  au  contraire,  l'un  des 
radicaux  R'  et  R"  est  un  atome  d'hydrogène,  la  forme  de  la  réaction  dépendra  de  la 
nature  de  l'autre  substituant;  lorsque  celui-ci  est  un  radical  aliphatique,  c'est  l'hydro- 
gène qui  émigré  et  il  n'y  a  pas  de  transpositioti  ;  mais  lorsque  ce  substituant  est  un 
radical  aromatique,  ce  radical  émigranl  de  préférence  à  l'atome  d'hydrogène,  il  se 
produit  une  migration  phénylique. 

La  transposition  phénylique  ne  constitue  donc  qu'un  cas  particulier  de  la 
transposition  pinacolique.  Comme  cette  dernière,  elle  répond  à  une  néces- 
sité structurale  absolue.  Toutefois,  tandis  que  dans  la  transposition  pinaco- 
lique cette  nécessité  est  toujours  évidente,  elle  ne  devient  nettement  appa- 

(')  TibFENEAU  et  FofRXEAu,  Comples  rendus,  t.  141,  igoS,  p.  662;  t.  146,  1908, 
p.    697. 

('-)  TiFFENEAU,  Ann.  Ch.  Phys.,  8"  série,  t.  10, 


390  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rente  dans  la  transposition  phcnylique  que  lorsqu'on  tient  compte  de  la 
propriété  du  radical  aromatique  (phénylique)  d'émigrer  de  préférence 
à  l'atome  d'iiydroffène. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  scl  (le  calcium. 
Note  de  MM.  Louis  Gaucher  et  Georges  Rom.i\,  présenlée  par  M.  lîoux. 

En  Uailant  l'acide  propanoloïque  concentré  et  pur  par  l'iodure  de  plios- 
piiore,  nous  avons  réussi  à  isoler  un  corps  nouveau,  parfaitement  défini, 
cristallisé  en  petits  prismes,  fondant  à  120°,  inaltérable  à  l'air  sec,  qui  est 
l'acide  anliydropropanoloylpropanoloïphosphoreux 

Cet  anhydride,  traité  par  l'eau,  fournil  l'acide  dipropanoloïphosphorcux 

r/H"0'l' 
ou 

CH^— GH  — co.on 

O 
I 
/P  -  (  )H 

'     I 
O 

I 

cip-cn  -r.o.oii 

qui  possède,  comme  on  le  voit,  trois  acidités  basiliablcs. 

En  neutralisant  exactemcnl  cet  raide  pm-  la  chaux,  on  oblienl  ledipro- 
panoloïphosphite  lricalci(|ue,  sel  soIuIjIc  diins  l'eau,  inaltéiable  à  fioid  : 

(","H'<()-|"(;;.^      |ll-(). 

Les  solutions  aqueuses  de  ce  sel,  stériles,  neutres  ou  très  légèrement 
acides,  se  conservent  indéliniment  à  froid.  Elles  possèdent  la  propriété  de 
se  décomposer  très  facilement,  même  à  basse  température,  lorsqu'on  les 
additionne  d'un  alcali,  en  déposant  du  phos|)hilr  de  chaux  insoluble. 

Cette  propriété  permettra  sans  doute  d'utiliser  ce  sel  de  chaux,  dont 
nous  étudions  les  propriétés  thérapeutiques. 


SÉANCE  DU  l4  KÉVRIER  I921.  39I 


CUIMIK  ANALYTIQUE.  —  Critiquf  des  mél/iudcs  de  dosage  des  faibles  (luiinliliis 
d'oxyde  de  carbone  dans  Cair  et  les  gaz  de  fumées.  Noie  de  MM.  Damel 
Floke.vtiv  et  II.  Vandenbergue,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Le  dosage  exact  des  petites  quantités  d'oxyde  de  carl)one  qui  peuvent 
exister  dans  l'air  et  les  gaz  de  fumées  présente  un  grand  intérêt  pour  Tliy- 
giénisle  ainsi  que  pour  l'ingénieur  appelé  à  étudier  des  appareils  de  chauf- 
fage ou  des  moteurs  à  combustion  interne. 

Quand  la  teneur  en  oxyde  de  carbone  est  de  Tordre  de  2  pour  100  ou  plus, 
on  peut  doser  ce  gaz,  avec  une  exactitude  suffisante,  par  les  méthodes 
ordinairement  utilisées  dans  l'analyse  des  gaz  (absorption  par  Cu-'Cl-  am- 
moniacal, grisouiiiètre,  etc.). 

Pour  doser  les  quantités  inférieures  à  ce  chiffre,  et  jusqu'au  ^^y^^,  on  a 
préconisé  deux  méthodes  :  l'une  consiste  à  oxyder  l'oxyde  de  carbone 
par  PO'  ('),  l'autre  à  mesurer  le  volume  de  gaz  nécessaire  pour  provo- 
quer l'apparition  des  bandes  d'absorption  caractéristiques  de  l'hémoglobine 
oxycarbonée  (-). 

Méthode  à  Vacide  lodique.  —  Elle  présente  Tinconvénient  de  n'être  pas 
spécifique,  car  I-O'  est  réduit  par  de  nombreux  gaz  qu'il  est  1res  difficile, 
sinon  impossible,  de  séparer  au  préalable. 

Une  étude  approfondie  de  celte  méthode  nous  a  permis  do  préciser,  entre 
autres,  les  points  suivants  : 

i"  L'anhydride  iodique  commercial  doit  être  purifié  par  dissolution  dans 
l'eau,  évaporation  lente  au  bain  de  sable  à  iSo",  puis  chauffage  dans  un 
courant  d'air  à  20o"-2io",  pour  chasser  l'iode  occlus  et  décomposer  PO'  ('). 

2°  La  teneur  en  oxyde  de  carbone  ne  doit  pas  être  supérieure  à  i  pour  1000, 
sous  peine  de  voir  l'iode  se  déposer  sous  forme  de  fines  paillettes,  dans  les 
parties  froides  de  l'appareil,  paillettes  qu'il  n'est  possible  de  chasser  que  par 
une  purge  prolongée. 


(')  Métliode  indiqciée  par  A.  Gautier  {Comptes  rendus,  t.  12G,  1898,  p.  798,  981  el 
1299)  el  mise  au  point  par  M.  Nicloux  {Ami.  Cli.  et  Pli.,  7"  série,  t.  \k,  p.  565); 
depuis,  celte  mélliode  a  été  l'oljjel  de  la  pari  de  dilTéreiits  auteurs  de  modifications 
général emenl  malheureuses. 

(-)  Ogier  el  Kohn-Abrest,  Aim.  (Jhiinic  anal.,  1908,  p.  169  el  218. 

(^)  \  oir  M.  Nicloux,  Comptes  rendus,  l.  Loi,  1912,  p.  i  166. 


392  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3°  L'appareil,  de  préférence,  ne  doit  renfermer  ni  coton  de  verre,  ni 
amiante,  ces  substances  fixant  de  petites  quantilés  d'iode. 

l\°  L'appareil  ne  doit  comporter  aucun  joint  direct  en  caoutchouc  entre 
le  tube  à  PO'  et  le  barboteur  destiné  à  fixer  l'iode  dégagé. 

5°  Il  y  a  lieu  de  tenir  coniple  du  fait  que  la  vitesse  de  la  réaction  : 
ja  Qô  _j_  5  CQ  _  12  _j_  5  (]Q2  est  lente.  11  est  donc  nécessaire,  d'une  part,  de 
laisser  le  gaz  un  temps  suffisant  au  contact  de  PO'  (ce  que  l'on  obtiendra 
en  utilisant  un  tube  en  U  contenant  une  colonne  de  PO'  pulvérisé,  d'envi- 
ron 20"",  et  un  débit  de  700""'  à  800""'  à  l'heure)  et,  d'autre  part,  de  porter 
le  tube  à  une  température  assez  élevée  (i4o°-i5o°),  sous  peine  de  voir  une 
portion  notable  de  l'oxyde  de  carbone  échapper  à  la  réaction. 

Certains  appareils,  tels  que  ceux  de  Lévy  et  Pécoui,  de  Goûtai,  dans 
lesquels  le  tube  n'est  chauffé  qu'à  100°  ou  même  70",  sont  à  rejeter.  C'est 
ainsi  que,  par  passage  dans  un  tube  de  Goûtai,  60  pour  100  seulement  de 
l'oxyde  de  carbone  sont  oxydés  : 

Teneur  initiale  de  l'air  en  00  Teneur  de  l'air 

(en  looooo').  après  passage. 

42 16 

a5 II 

On  peut  mettre  dans  le  barboteur  soit  une  solution  diluée  de  soude 
pure,  soit  du  chloroforme,  mais  il  y  a  lieu,  dans  ce  dernier  cas,  de  se  méfier 
des  retours  en  arrière  et  du  fait  que,  par  simple  barbotage  de  l'air,  le  chlO' 
roforme  fournit  des  quantités  appréciables  d'oxyde  de  carbone. 

11  sera  toujours  prudent,  avant  d'utiliser  un  tube,  de  vérifier  qu'il  oxyde 
complètement  l'oxyde  de  carbone,  ce  qui,  somme  toute,  rend  cette  méthode 
d'un  emploi  délicat. 

Méthode  au  sang.  —  La  technique  à  suivre  est  celle  indiquée  par  Ogier 
et  Kohn-Abrest. 

L'air  sera  aisément  privé  d'oxygène  par  agitation  du  gaz  avec  une  solu- 
tion sodique  concentrée  d'bydrosulfite  de  sodium. 

On  peut  utiliser  soit  une  solution  de  sang  au  y^,  soit  des  sohi lions  d'hémo- 
globine que  l'on  trouve  dans  le  commerce  cl  que  l'on  étalonne  au  piéiilable. 
La  vilesse  de  passage  du  gaz  ayant  une  certaine  importance,  on  utiliseia  un 
débit  aussi  voisin  que  possible  de  Goo""'  à  l'heure. 

l'ji  nous  arrêtant  dès  le  début  de  l'apparition  des  bandes  de  l'hémoglo- 
bine oxycarbonée  nous  avons  obtenu  une  échelle  (piehiuc  peu  différente  de 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  192I.  SqS 

celle  indiquée  par  les  auteurs;  les  ciiifîres  ci-dessous  ont  d'ailleurs  clé  con- 
trôlés à  l'aide  de  la  méthode  à  l'acide  iodique  : 

Volume  Teneur 

de  l'air  privé  d'oxygène  de  l'air  initial 

amenant  en  ()i) 

l'apparition  des   l>andes.  (en  iuoduo"). 

90 1 00 

125 60,6 

1 5o 45 ,  o 

-      200 25,0 

3oo 1 3 , 3 

4oo 8,8 

5oo 6,5 

7^0 3,7 

1 000 3,1 

1 3oo 2,0 

2200 1,11 

11  est  recommandable  de  vérifier  soi-même  cette  échelle,  en  ayant  soin  de 
préparer  les  mélanges  d-'air  et  de  CO  au  moment  même  de  leur  emploi, 
car,  en  présence  d'eau,  leur  teneur  en  CO  baisse  assez  rapidement. 

Si  les  gaz  à  analyser  renferment  des  quantités  de  CO  supérieures 
à  I  pour  1000,  il  est  nécessaire  de  les  diluer  au  préalable. 

Cette  méthode  nous  a  fourni  dans  l'analyse  des  fumées  provenant  des 
combustibles  les  plus  variés  (sciure  de  bois,  lignite,  etc.),  des  résultats 
absolument  constants,  alors  que  la  précédente,  indépendamment  des 
causes  d'erreurs  que  nous  avons  signalées,  ne  nous  a  donné,  le  plus  souvent, 
■que  des  résultats  fantaisistes  par  suite  de  la  présence  dans  les  gaz  de  combus- 
tion de  substances  organiques  variées. 


GÉOLOGIE.  —  L'évolution  du  dynamisme  terrestre. 
Note  de  M.  A.  Romieux,  présentée  par  M.  R,  Bourgeois. 

.Fai  signalé,  le  22  décembre  i8go,  puis  confirmé  par  une  autre  iNote,  le 
23  juin  (7  juillet)  1913,  que  les  évaluations  géhypsographiques  mettent 
en  évidence  deux  égalités,  peut-être  seulement  approximatives,  mais 
impressionnantes,  qui  suggèrent  la  réalité  d'un  certain  équilibre  océano- 
continental,  et  j'ai  donné  aussi  le  principe  d'une  théorie  simple  qui  en 
explique  les  lois.  Mon  but  présent  est  d'esquisser  la  conception  à  se  former, 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  7.)  29 


394  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'après  elles,  de  l'évolution  du  dynamisme  dans  la  zone  corticale,  je  veux 
dire  jusqu'au  niveau  de  plus  en  plus  interne,  dénommé  nucléaire,  où  cesse 
par  hypothèse  l'influence  déformatrice. 

Cette  théorie  considère,  on  le  sait,  un  schéma  èciuinivclé  qui  substitue  à 
la  courbe  géhypsographique  les  niveaux  moyens  (^yHc'nîV^aMa?)  des  èquivo- 
lumes  déblai  et  remblai  répartis  sur  les  champs  respectifs  en  lesquels  la 
courbe  partage  son  propre  équiniveau  (niveau  d' équidé  formation  première)', 
celui-ci  n'est  autre  que  Véqinniveau  lithosphérique  d'avant  déformation,  que 
surmontait  le  niveau  hydrosphériquc  des  mers.  Ainsi  se  conçoivent  un 
voussoir  océanique  à  socle  submergé  en  tout  temps  et  un  voussoir  continental 
dont  le  socle,  d'abord  ennoyé,  puis  afileurant  le  niveau  hydrosphériquc, 
finit  par  émerger  au-dessus,  ce  qui  ravale  le  niveau,  dit  synocéanique,  pris 
alors  par  les  mers.  Ces  trois  /V/rwev 'd'évolution,  dites  anté-optima,  opltma, 
post-opliiiKi,  forment  cycle  d\'quilibre  caduc  et  renouvelable. 

Pourquoi  qualifier  d^optima  la  phase  d'affleurement?  et  pourquoi  cette 
caducité  ?  Parce  que  (/«  surampleur  corticale  grandissant  avec  le  refroidis- 
sement planétaire  et,  avec  elle,  V équidè formation  qui  l'absorbe),  des  deux 
états  d'ennoyage  et  d'affleurement,  c'est  le  second  qui  permet  la  plus  volu- 
mineuse équidéformalion  susceptible  d'assurer  à  l'un  et  à  l'autre  voussoir, 
OLELLF,  QUE  SOIT  l'ajIplkur  uespective  DE  LEURS  CMA.Mi's,  même  densité  moyenne 
(roches  et  eau)  par  le  seul  jeu  des  deux  lois  conjointes  qui  leur  assurent 
dans  tout  le  cycle  même  pression  moyenne  à  leur  base  nucléaire  (voir  Note 
de  1913)  :  alors  est  obtenu,  avec  un  maximum  de  liberté  pour  le  choix  des 
formes,  un  minimum  de  trouble  de  l'équilibre  astral,  fait  éminemment 
propice  à  une  stabilité  prolongée.  Et  parce  que  l'état  d'émergence  rend 
l'indiirérence  quant  à  l'ampleur  des  champs  incompatible  avec  le  maintien 
de  l'égalité  des  moyennes  densités  respectives  des  voussoirs  :  d'où  (on 
verra  comment)  une  exagération  croissante  des  causes  de  crise  dynamique. 

L'une  des  deux  lois  détermine  la  densité  du  socle  océanique  en  fonction 
du  volume  d'équidéformation,  de  la  densité  des  mers,  de  leur  volume  et 
de  leur  proportion  ennoyanle;  elle  ne  dé[)end  qu'implicitement  de  Vépais- 
seiir  (wticale  moyenne  et  de  l'ampleur  des  champs.  L'autre  détermine  la 
densité  du  socle  continental  en  fonction  explicite  de  ces  six  éléments. 

Etant  admis  :  1°  comme  critérium  rationnel,  la  tendance  au  moindre 
effort:  2°  comme  très  plausible,  que  V épaisseur  corticale  moyenne  va,  comme 
l'équidéformation,  en  augmentant;  3"  poui'  simplifier,  que  la  densité  et  le 
rolume  des  mers  sont  constants  dans  tout  le  cycle,  voici  à  quelle  conception 
du  cycle  on  est  conduit  : 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I921.  395 

/'(■//•  /{/  première  loi  (déterminant  la  densité  du  socle  océanique)  :  une 
descente  continue  de  l'équiniveau  -  déblai  freinée  par  l'inertie  infra- 
nucléaire;  une  montée  de  l'équiniveau-remblai,  coupée  par  le  sUilionne- 
menl  d'optima  au  niveau  hy(irosphéri(iue  ;  et,  corrèladvement  par  plia.sc, 
llux,  rellux,  puis  récidive  de  flux  du  champ  océanique  entre  deux  limites 
déterminées  par  les  résistances  dynamiques  tant  infra  que  supra-nucléaires; 
décroissance  certaine  de  la  densité  du  socle  océanique  à  partir  de  la  deuxième 
phase,  mais  pouvant  avoir  débuté  dès  la  première. 

Parla  deuxième  /o;' (déterminant  la  densité  du  socle  contincnlal),  en  recou- 
rant à  la  formule  de  Roche  sur  la  croissance  linéaire  des  densités  des  couches 
mlernes  avec  les  profondeurs  faibles  et  appelant  cogradient  l'inverse  du  taux 
de  variation  :  aux  phases  de  flux,  croissance  du  cogradient  des  densités  du 
socle  continental;  à  la  phase  de  reflux  (l'optima),  atténuation  du  taux  de 
cette  croissance,  et  même  transformation  probable  en  décroissance  tempo- 
raire ;  en  résumé,  dans  tout  le  cycle,  surtout  aux  régions  supérieures, 
transfusion  forcée  de  la  densité  vers  le  domaine  continental  en  trois  temps, 
dont  le  deuxième  consacré  à  une  détente  de  l'effort.  La  discussion  constate 
la  possibilité  qu'il  y  ait  dans  le  socle  océanique,  soit  entier  (et  alors  aux 
débuts  du  cycle),  soit  seulement  vers  le  haut  (et  plus  persistante),  inversion 
de  l'ordre  normal  de  croissance  des  densités  dans  certaines  conditions,  parmi 
lesquelles  les  relations  régnant  entre  la  répartition  du  refroidissement  et 
celle  de  la  matière  le  long  du  rayon.  Elle  amène  à  évaluer  entre  45'^'"  et  85'^'" 
l'épaisseur  corticale  actuelle,  valeur  déjà  géothermiquement  présumable. 

Transportons  sur  la  sphère  le  schéma  équinivelé.  Les  champs  se  muent 
en  deux  calottes  de  même  axe,  les  voussoirs  en  deux  troncs  de  fuseaux  em- 
boîtés. Le  long  du  cône  de  joint,  leurs  poids  se  décomposent,  en  chaque 
point  du  joint,  en  deux  poussées  méridiennes  tangentielles  opposées  et  deux 
efforts  radiaux  opposés,  toutes  forces  proportionnelles  au  produit  de  la  den- 
sité à  ce  niveau  par  le  carré  du  rayon.  Les  dissymétries  nées  de  la  suram- 
pleur déséquilibrent  ces  forces  :  elles  créent,  de  l'équiniveau-remblai  à 
l'équiniveau-d^blai,  une  zone  de  surcharge  inerte  à  excédent  continental  el, 
de  là  au  niveau  nucléaire,  une  zone  active  corticale,  où  des  prépondérances 
de  poussée,  maxima  en  haut  et  en  bas,  nulles  au  milieu,  océaniques  au-dessus, 
continentales  au-dessous,  tendent  à  faire  basculer  le  joint. 

Les  modalités  du  dynamisme  sont  réglées  par  celles  de  ces  deux  facteurs. 
A  la  lumière  des  expériences  de  Daubrée  on  voit  qu'il  tend  à  se  former, 
aux  deux  lèvres  supra-médianes,  une  série  de  rides,  déversées  (surtout 
celles  des  niveaux  supérieurs)  vers  le  domaine  continental,  et  que  la  lèvre 


SgÔ  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

océanique  (la  moins  surchargée)  tend  à  se  soulever  plus  que  sa  voisine  en 
s'inclinant  plus  ou  moins  vers  elle  :  donc,  en  anlêoplima,  tendance  à  ce 
ridement  général  dissymétrique.  Or  dans  tout  le  cycle,  tm  l'e\v/uiïon  des 
densités  :  i°  la  prépondérance  océanique  de  poussée  fléchit  peu  à  peu  et  de 
moins  en  moins;  2"  l'excédent  continental  de  surcharge  croît  au  contraire, 
mais  moins  vite  en  optima  (ou  même  il  peut  décroître),  beaucoup  et  plus 
vile  en  posl-optima.  L'optima  marque  donc  une  accalmie  des  tendances 
engagées.  Puis  le  post-optima  les  voit  reprendre,  la  surcharge  exagère  le 
dos  du  ridement,  et  la  prépondérance  océanique,  faiblissante  mais  persis- 
tante, de  la  poussée  le  fait  déferler.  Quant  à  la  couverture  continentale,  la 
reptation  sous  elle,  de  la  zone  active  en  a  décollé,  soulevé  la  lèvre;  sa  sur- 
ampleur la  fait  chevaucher  les  plis;  d'où  son  cJiarriage,  la  crise  venue. 

Les  voussoirs  réels  ne  sont  pas  équinivelés  :  de  là,  sur  les  densités,  la 
faible  anomalie  d'ennoyage  partiel  que  le  pendule  décèle  (Note  de  h)i3). 
Dans  tout  le  cycle,  renforçant  l'excédent  continental  de  surcharge,  aidant 
le  joint  à  basculer,  c'est  le  lubréfiant  du  mécanisme. 

Selon  Lehrhuch  der  Géographie  (H.  Waonek,  9"  édition^  '9'^)'  1^^ 
j'ignorais,  l'équiniveau-remblai  domine  de  48'"  le  niveau  hydrosphérique 
(à  peine  o""",i  sur  une  sphère  de  25"  de  diamètre).  Le  cycle  actuel  aurait 
ainsi  dépassé  quelque  peu  la  phase  optima  de  la  théorie. 


OCÉANOGRAPHIE.  —  Cartes  de  pêche . 
Note  de  ^L  En.  Le  Danois,  présentées  par  le  Prince  de  Monaco. 

Il  n'existait  pas  encore  en  France  une  carte  applicable  spécialement  à  la 
pêche  maritime  et  sur  laquelle  un  capitaine  de  chalutier  ou  un  patron  de 
pêche  pussent  trouver  les  indications  nécessaires  à  leur  métier.  Le  projet 
de  ce  document  figure  cependant  au  programme  de  l'Office  scienlillque  dos 
pêches  :  c'est  pour  répondre  aux  désirs  des  professionnels  que  je  viens  de 
dresser  les  cartes  que  j'ai  Thonneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

Débarrassées  des  indications  diverses  qui  compliquent  la  lecture  des 
cartes  marines  ordinaires,  celles-ci  portent  uniquement  les  informations 
dont  les  pêcheurs  ont  besoin  pour  se  rendre  directement  sur  les  lieux  et 
pour  entreprendre  le  travail  qui  leur  convient,  suivant  la  saison  ou  Dicure. 
La  profondeur,  la  nature  du  fond  et  la  qualité  des  animaux  utiles,  dont  ces 
renseignements  font  pressentir  la  présence,  sont  marquées  par  des  signes 
conventionnels.  Hieii  entendu,  il  ne  s'agit  que  de  fixer  sur  un  document 


SÉANCE  DU  l4  FÉVIUER  I92I.  897 

très  simplifié,  des  concordances  bien  constatées  par  une  longue  pratique. 
L'observation  des  décliets  rap[)ortés  par  le  cbalut  est  un  des  plus  précieux 
éléments  pour  celte  carte  établie  à  l'usage  des  pêclieurs;  elle  donne  une 
sorte  de  faciès  du  terrain  qui  permet  de  connaître,  avec  une  grande  proba- 
bilité d'exactitude,  les  espèces  utilisables  qui  l'iiabitent. 

Profilant  d'études  poursuivies  dès  1897  par  le  professeur  Pruvol  et 
d'observations  réalisées  par  le  Pourquoi -Pas?  du  docteur  Cbarcot  ou  la 
Pcrclu\  ainsi  que  de  nombreux  entretiens  avec  les  meilleurs  patrons  de  la 
pêche  côtière,  j'espère  pouvoir  aujourd'hui  rendre  service  à  l'industrie  dos 
pèches  sur  certains  points  des  régions  françaises. 

PHYSIOLOGIE.  —  Mécdiiisme  de  l'immunité  /tumorale  chez  les  Insectes. 
Note  de  M.  A.  Paillot,  présentée  par  M.  Paul  Marchai. 

Nous  avons  décrit,  en  1919  ('),  un  cas  d'imnMinité  naturelle  humorale 
caractérisé  parla  très  grande  rapidité  d'apparition  du  pouvoir  bactérioly- 
tique,  dans  le  sang  des  Insectes  inoculés.  Ce  pouvoir,  qui  se  manifeste 
quelques  heures  après  l'inoculation,  ne  difTère  pas,  sendile-t-il,  de  celui 
qu'on  observe  dans  l'immunsérum  des  Vertébrés.  Après  une  première  ino- 
culation, la  baclériolyse  des  microbes  réinoculés  commence  beaucoup  plus 
tôt:  ce  caractère  est  le  seul  qui  permette  de  différencier  l'Insecte  en  état 
d'immunité  de  celui  qui  n'a  pas  encore  été  inoculé. 

On  sait  que  la  théorie  actuelle  explique  la  bactériolyse  des  microbes 
dans  les  humeurs  des  animaux  en  état  d'immunité  par  l'action  combinée  de 
deux  substances  (hypothétiques)  :  l'une,  l'alexine,  qui  existerait  dans  les 
séruins  normaux  comme  dans  les  immunsérums;  l'autre,  la  sensibilisatrice 
ou  complément,  rigoureusement  spécifique,  qui  apparaîtrait  dans  le  sang, 
seulement  après  l'inoculation  des  microbes.  Seules,  l'action  de  la  chaleur 
et  celle  du  vieillissement  (nous  sous-entendons  par  là  l'action  des  facteurs 
inconnus  qui  agissent  à  la  longue  sur  rimiiiunséruni  pour  lui  faire  perdre 
ses  propriétés)  permettent  de  différencier  les  deux  substances  :  l'alexine  est 
détruite  à  55°,  la  sensibilisatrice,  vers  ôo^-ôS"  seulement;  la  première  dis- 
paraît spontanément  de  l'immunsérum  abandonné  à  l'action  de  l'air; 
l'autre  subsiste  sans  altération  sensible.  Aucun  fait,  jusqu'ici,  n'est  venu 
infirmer  celle  théorie. 

(')  Comptes  rendus,  l.  169,  1919,  p.  1122. 


SgS  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

?S^ous  avons  essayé,  dans  le  sang  de  chenilles  d''Âgronssem'tumimmumsé(;s 
contre  le  B.  melolontha;  non  litjuefaciens  y  de  mettre  en  évidence  les  deux 
substances  de  Bordet.  Si  l'on  ajoute  à  du  sang  de  chenille  inoculée  depuis 
24  heures  (et  maintenu  à  24°)  une  goutte  d'émulsion  de  bacilles  dans  Teau 
physiologique,  on  observe  une  transformation  rapide  en  granulations  suivie 
de  lyse  comme  dans  le  phénomène  de  Pfeiiïer.  Si  Ton  chauffe  le  sang  de 
chenille  immunisée  une  demi-heure  à  55°,  le  pouvoir  bactériolytique  n'est 
pas  aboli,  ni  même  atténué;  vers  6o''-62°,  le  sang  coagule  et  se  prend  en 
masse;  mais  en  brisant  le  coagulum  et  cenlrifugant,  on  sépare  une  certaine 
quantité  de  liquide  clair  dont  le  pouvoir  bactériolytique  est  sensiblement  le 
même  que  celui  du  sang  non  chauffé.  A  partir  de  G8'\  on  constate  un  affai- 
blissement assez  rapide  du  pouvoir  bactériolytique;  celui-ci  disparaît  à  peu 
près  complètement  vers  la  température  de  75".  Il  ne  peut  être  récupéré  par 
addition  de  sang  neuf  non  chauffé. 

Le  sang  de  chenille  immunisée  perd  rapidement  ses  propriétés  caracté- 
ristiques lorsqu'il  est  exposé  à  l'action  de  l'air,  plus  rapidement  à  24'^  qu'à 
basse  température;  il  les  perd  de  même,  mais  un  peu  moins  vite,  lorsqu'on 
le  soustrait  à  cette  action;  enfin,  le  pouvoir  bactériolyti(}ue  disparaît  même 
du  sang  vivant,  quelques  jours  seulement  après  l'inoculation  de  la  chenille. 
Le  sang  inactif  ne  peut  être  réactivé  par  action  de  sang  neuf. 

Ni  l'action  do  la  chaleur  ni  celle  du  vieillissement  ne  permettent  de  déceler, 
dans  le  sang  des  chenilles  en  état  d'immunité,  la  présence  de  deux 
substances  comme  dansl'immunserum  des  Vertébrés;  noussommesdonc  en 
droit  de  conclure  que  ce  cas  d'immunité  constitue  une  exception  à  la  théorie, 
des  «  deux  substances  ».  Doit-on  admettre  alors  que  le  pouvoir  bactérioly- 
tique s'exerce  par  l'intermédiaire  d'une  seule  substance,  homologue  par 
exemple,  de  la  sensibilisatrice  de  l'immunserum  des  Vertébrés,  ou  voisine 
des  diastases,  et  sécrétée  parles  cellules  du  sang  ?  Celle  Irj'pothèse  serait 
assez  conforme  aux  idées  actuelles;  nous  même  avons  admis,  en  étudiant  la 
réaction  cellulaire  de  caryocinétose,  que  les  macronucléocyles,  qui  parti- 
cipent seuls  à  cette  réaction,  devaient  jouer  un  rôle  actif  dans  l'élaboration 
des  anticorps. 

A  la  suite  de  nos  recherches  récentes  sur  le  mécanisme  de  l'immunité 
humorale  et  sur  l'origine  du  pouvoir  bactériolytique.  il  ne  nous  est  plus 
possible  de  soutenir  une  telle  opinion.  Si  l'on  centrifuge  du  sang  de  chenille 
à' Agroiis  segctum  prélevé  aseptiquement,  qu'on  ensemence  le  plasma 
dépourvu  de  cellules,  d'une  trace  de  culture  de  B.  m.  non  lique/aciens  y,  et 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I921.  Sgg 

qu'on  abandonne  ainsi  le  milieu  à  la  température  do  21°,  en  évitant  l'action 
de  l'air,  on  observe  toujours  que  les  microbes  végètent;  le  plus  souvent,  on 
observe  aussi  ([u'un  plus  ou  moins  grand  nombre  se  transforment  en  gra- 
nules apiès  un  intervalle  variable,  puis  se  bactériolysent.  Pour  des  causes 
qui  nous  échappent,  mais  qui  tiennent  à  ladifliculté  d'opérer  dans  des  con- 
ditions toujours  semblables  à  elles-mêmes  et  aussi  rapprochées  que  possible 
des  conditions  naturelles,  la  réaction  provoquée  in  vitro  n'a  ni  la  constance 
ni  l'intensité  de  la  réaction  similaire  qu'on  peut  observer  in  vivo.  On  observe 
les  mêmes  réactions  lorsqu'on  opère  sur  le  dépôt  du  lube  de  centrifugation 
riche  en  cellules.  Lorsque  le  sang  infecté  est  largement  en  contact  avec  l'air 
ambiant,  la  réaction  ne  se  produit  pas,  mais  la  culture  reste  pauvre. 

Puisqu'il  est  possible,  dans  certaines  conditions,  de  réaliser  in  vitro,  avec 
le  sang  centrifugé,  une  réaction  humorale  du  même  type  que  la  réaction 
produite  in  vivo,  nous  croyons  être  en  droit  de  conclure  que  la  transformation 
en  granulations  et  la  bactériolyse  subséquente  peuvent  exister  en  dehors  de 
toute  activité  cellulaire,  en  dehors  même  de  l'action  d'un  anticorps  particu- 
lier (nous  prenons  ce  mol  avec  le  sens  précis  qu'on  lui  donne  généralement). 
Ces  deux  phénomènes  nous  apparaissent  comme  les  dernières  phases  d'une 
série  de  réactions  colloïdales  entre  les  microbes  ou  leurs  produits  et  certains 
constituants  du  sang.  Sans  conclure  fermement  à  l'identité  de  la  bactério- 
lyse et  du  phénomène  de  la  dispersion,  nous  pouvons  souligner  dès  mainte- 
nant l'analogie  assez  frappante  des  deux  réactions,  au  moins  dans  le  cas 
particulier  qui  nous  occupe. 


PARASITOLOGIE.  —  Sur  la  biologie  de  l'Altise  de  la  Vigne  (Haltica  ampelo- 
phaga  Guér,).  Note  MM.  F.  Picard  et  T.  Pagliano,  présentée  par 
M.  Paul  Marchai. 

La  biologie  de  l'Altise  de  la  Vigne  {Haltica  ampelophaga  Guér.)  a  donné 
lieu  à  un  certain  nombre  de  publications  qui  ne  font,  pour  la  plupart,  que 
reproduire  les  observations  de  V.  Mayet  (')  et  de  J.  Feytaud  (-).  D'après 
le  premier  de  ces  auteurs,  chaque  femelle  sort  en  avril  de  ses  abris  d'hiver, 
prend  un  peu  de  noumture,  s'accouple,  pond  moins  de  3o  œufs  et  meurt. 
Le  nombre  des  générations  serait  de  trois  ou  quatre  dans  les  conditions 


(')  V.  Mayet,  Les  Insectes  de  la  Vigne  (Montpellier,  1899). 

(')  J.  Feytaud,  TJ Attise  de  la  Vigne  {Bull.  Soc.  Zool.  agric,  Bordeaux,  191 1)- 


4oO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

naturelles  du  midi  de  la  France  el  jusqu'à  cinq  en  captivité.  Feylaud  con- 
firme les  vues  de  V.  Mayet,  sauf  en  ce  qui  concerne  le  nombre  de  généra- 
tions; il  n'en  admet  que  deux  sous  le  climat  du  Bor'delais. 

Nous  avons  isolé  lo  couples  d'Altises  dès  leur  apparition,  vers  le  milieu 
d'avril,  noté  chaque  jour  les  accouplements,  les  pontes  et  suivi  intégrale- 
ment leur  descendance.  Nous  nous  sommes  ainsi  rendu  compte  que,  contrai- 
rement à  ce  que  pensait  V.  Ma3'et,  la  vie  des  adultes  de  première  apparition 
est  de  très  longue  durée;  elle  se  perpétue  pendant  tout  le  cours  du  prin- 
temps et  la  plus  grande  partie  de  l'été,  jusque  dans  les  derniers  jours  de 
juillet. 

Pendant  celte  longue  période,  les  accouplements  sont  presque  journa- 
liers; les  œufs  ne  sont  pas  émis  une  fois  pour  toutes  en  un  paquet,  mais 
continuellement,  durant  toute  la  vie  de  la  femelle,  en  petits  amas  de  4 
à  25  oîufs,  d'abord  chaque  jour  ou  tous  les  deux  jours,  puis  par  intervalles 
un  peu  plus  espacés  à  mesure  que  l'Insecte  vieillit.  La  fécondité  est  donc 
considérable  et  le  total  de  la  ponte  atteint  généralement  5oo  œufs.  (Maxi- 
mum 52i(,  avec  dernière  émission  le  22  juillet.) 

Le  développement  de  l'œuf  et  de  la  larve,  qui  subit  deux  mues,  est 
d'autant  plus  rapide  que  la  température  est  plus  élevée.  Mais,  de  toute 
façon,  les  premiers  œufs,  émis  en  avril,  donnent  des  adultes  alors  que  les 
parents  pondent  encore,  de  sorte  que,  tout  le  long  de  la  belle  saison,  il  y  a 
dans  les  vignobles  des  Altises  à  tous  les  stades  appartenant  à  des  générations 
différentes. 

Les  plus  précoces  de  ces  adultes  de  deuxième  apparition,  qui  sont  en 
somme  l'aboutissant  de  la  première  génération,  ont  été  mis  en  élevage. 
Leur  première  ponte  fut  observée  le  24  juin  et  se  continua  jusqu'à  l'au- 
tomne. Ces  Altises  se  conduisirent  comme  leurs  parents,  mais  leur  fécon- 
dité fut  moindre,  car  le  nombre  des  œufs  ne  dépassa  pas  -ig^,  avec  une 
moyenne  beaucoup  plus  faible. 

Les  premiers  de  leurs d  escendanls  (3''  apparition)  furent  élevés  à  leur 
tour.  Très  peu  d'entre  eux  pondirent,  du  l'^'au  3o  août,  et  leur  fécondité 
fut  moindre  encore,  le  maximum  ayant  été  de  i4oœufs.  Quelques  adultes 
issus  de  ces  pontes,  et  constituant  la  4"  apparition  ou  3'  génération,  se 
montrèrent  du  7  au  3o  octobre. 

Ln  résumé  la  vie  el  la  période  de  ponte  sont  de  bien  plus  longue  durée 
qu'on  ne  le  pensait,  de  sorte  que  les  générations  s'enchevêtrent  et  que  dans 
chacune  d'elles  les  premiers  adultes  éclos  ont  seuls  le  temps  de  se  repro- 
duire. On   |)eul   ol)server   trois  générations   partielles  en   captivité,   mais 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1921.  4oi 

vraiseirihlahlemoiU  deux  seulement  au  deliors.  L'arrêt  de  la  ponte  et  de 
l'alimentation,  puis  l'inhernation  commencent  avant  les  froids  et  semblent 
déterminés  au  moins  en  partie  par  le  changement  de  qualité  de  la  nourri- 
ture. [jCS  hibernants  appartiennent  aux  trois  générations,  mais  surtout  aux 
derniers  nés  de  la  première  et  à  ceux  de  la  seconde. 

Contrairement  à  l'opinion  courante,  l'Altise  de  la  Vigne  ne  peut  vivre 
aux  dépens  des  Saules.  Adultes  et  larves  ont  refusé  de  s'alimenter  avec 
divers  Sa/ia-  mis  à  leur  disposition.  En  revanche,  nous  avons  réussi  très 
facilement  des  élevages  sur  Vigne-vierge,  Salicaire,  ÉpiloJje  et  plusieurs 
espèces  d'OEnolhères,  moins  aisément  sur  Eglantier.  Réciproquement  nous 
avons  élevé  Yllaltica  lythri,  espèce  des  Lythnim  et  Epilohium,  avec  de  la 
Vigne  et  sans  la  moindre  difficulté. 

Nous  avons  réussi,  dans  un  cas  sur  quatre,  à  obtenir  des  adultes  issus  du 
croisement  d'//.  lythri  cf  X  Ampelophaga  Ç  . 

Les  caractères  classiques  différenciant  ces  deux  espèces  nous  ont  paru 
à  peine  apprécialiles,  même  en  ce  qui  concerne  le  pénis,  si  distinct  cepen- 
dant chez  les  autres  Hahica  comme  Oleracea.  Pour  toutes  ces  raisons  nous 
sommes  portés  à  croire  que  H.  ampelophaga  n'est  qu'une  race  ou  sous- 
espèce  d'//.  lytliri  qui  s'est  adaptée  à  la  Vigne.  Le  même  phénomène  de 
migration  des  Lythrariées  et  Onagrariées  vers  la  Vigne,  qui  a  certainement 
eu  lieu  pour  le  Gribouri  (/iromiiis  ohsciinis)  et  les  quatre  espèces  de  Sphinx 
ampélophages,  se  serait  donc  produit  chez  l'Altise,  le  seul  Coléoptère  de  la 
Vigne  que  l'on  considérât  jusqu'à  présent  comme  spécifique. 

La  Mouche  de  l'Altise  {hegccria  funcbris  Meig.)  ne  produit  pas  néces- 
sairement une  castration  parasitaire  totale,  comme  le  prétendent  Vaney 
et  Conte  ('  ).  Un  de  nos  mâles,  après  s'être  accouplé,  mourut  en  donnant 
issue  à  une  larve  de  Dcgceria,  tandis  que  sa  femelle  pondit  de  nombreux 
œufs  féconds.  Des  expériences  concomitantes  nous  permettent  d'éli- 
miner la  parthénogenèse. 


HYGIÈNE.  —  Influence  (le  la  température  stu-  le  nombre  de  décès  par  diarrhée 
infantile,  à  Paris,  ^ote  de  M.  Louis  Besson,  présentée  par  M.  Bi- 
gourdan. 

Il  est  bien  connu  que  la  mortalité  par  diarrhée  infantile  augmente  en  été 
avec  la  température,  mais,  autant  que  je  sache,  on  n'a  pas  déterminé  quan- 


(')  Vanjîy  et  Conte,  Comptes  rendus,  1.  136,  1908,  p.  127.5. 
C.  R.,  igîi,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  7.) 


3o 


402  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tilalivemenl  cette  relation.  L'intérêt  pratique  d'une  telle  détermination  est 
évident.  S'il  étail  possible  de  calculer  le  noniljre  de  décès  en  fonction  de  la 
température,  la  comparaison  des  résultats  du  calcul  et  des  constatations  de 
la  statistique  révélerait  les  variations  intrinsèques  de  l'état  sanitaire  et,  au 
cas  où  des  mesures  prophylactiques  auraient  été  prises,  permettrait  de 
contrôler  l'efficacité  de  ces  mesures. 

J'ai  fait  cette  recherche  en  me  servant  des  données  fournies  par  le  Bulletin 
hebdomadaire  de  Statistie/iie  municipale,  qui  donne,  pour  chaque  semaine,  If 
nombre  de  décès  par  diarrhée  infantile  de  o  à  i  an  à  Paris  et  les  éléments 
météorologiques  enregistrés  à  l'Observatoire  de  Montsouris.  Les  moyennes 
de  chaque  semaine  ont  été  calculées  sur  les  dix  années  1904-1913  (').  La 
mortalité,  remarquablement  constante  jusque  vers  le  milieu  de  mai,  com- 
mence à  augmenter  lorsque  la  température  atteint  16"  ou  17°,  passe  par  un 
maximum  une  semaine  après  celle-ci  et  revient  ensuite  lentement  à  sa 
valeur  initiale,  en  décroissant  pendant  l'automne  avec  une  allure  expo- 
nentielle. 

Cette  variation  rappelle  d'une  façon  frappante  la  variation  diurne  de  la 
température  de  l'air.  Au  lever  du  soleil  correspond  ici  le  moment  où  la 
température  commence  à  dépasser  16°  ou  17°;  au  coucher,  celui  où  le 
refroidissement  automnal  la  ramène  à  cette  valeur.  On  peut  donc  supposer 
que,  comme  cela  a  lieu  pour  la  chaleur  pendant  le  jour,  il  y  a,  dans  le  phé- 
nomène considéré,  un  effet  d'accumulation,  contre-balancé  par  une  perte 
proportionnelle,  dans  l'unité  de  temps,  à  l'excès  atteint. 

Avant  de  développer  cette  hypothèse,  il  était  nécessaire  de  préciser  le 
degré  à  partir  duquel  la  température  agit  sur  la  mortalité  par  diarrhée. 
A  cet  effet,  j'ai  cherché  quel  est,  pour  les  diverses  valeurs  de  la  température 
moyenne,  au  début  de  l'été,  le  nombre  moyen  de  décès  enregistré  la  même 
semaine.  Les  résultats  de  1904-1913  sont  d'accord  avec  ceux  de  1894-1903, 
que  j'ai  calculés  aussi.  D'après  l'ensemble  des  vingt  années,  on  a  la  corres- 
pondance suivante  : 

Température  moyenne,  en  période  iiscendante. 

1^.         Ï3\         l'i".         15».         \6-.         17"-.         1S°.         19^        2(>7~ 
Nombre  moyen  de  décès.     27         1-         28         28         27         3o         34         34         36 

On  voit  que  la  température  cherchée  est  sensiblement  de  16°,  5.  La  tem- 
pérature moyenne  dont  il  s'agit  est  la  moyenne  des  minima  et  des  maxima, 
supérieure  d'environ  o°,7  à  la  moyenne  vraie. 

(')  D'après  les  recensements  de  1906  et  de  191 1,  il  y  avait  en  moyenne  à  Paris,  pen- 
dant celte  période,  34^00  enfants  âgés  de  moins  d'un  an. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I921.  4o3 

J'appellerai  pour  abréger  température  efficace  la  température  diminuée 
de  iG",  ")  et  mortalité  llicrniirjue  le  nouibre  hebdomadaire  de  décès  diminué 
de  la  valeur  qu'il  présentait  au  début  de  la  saison,  avant  que  la  température 
s'élevât  au-dessus  de  iG",'). 

Considérons  maintenant  les  moyennes  décennales.  A  partir  de  la  St*"  se- 
maine, la  température  efficace  est  nulle;  la  mortalité  thermique  tend  vers 
zéro  d'une  manière  dont  rend  bien  compte  la  formule  y  =  y^.a'''',  x  est  le 
numéro  de  la  semaine  diminué  de  87,  lest  la  mortalité  thermique  cor- 
respondante et  a  =  o,8i3. 

J'admets  que  la  valeur  de  «  ne  varie  pas.  Cela  étant,  pour  une  semaine 
d'été  dont  la  température  moyenne  resterait  inférieure  à  iG°,5,  la  mortalité 
thermique  serait  égale  à  celle  de  la  précédente  multipliée  par  0,81 3.  Si  la 
température  surpasse  iG",5,  on  peut  avoir  une  mesure  de  son  effet  immédiat 
en  retranchant  de  la  mortalité  thermique  observée  celle  de  la  semaine  pré- 
cédente multipliée  par  o,  8i3.  C'est  ce  que  j'ai  fait  pour  les  dix  années 
1904-1913,  en  groupant  les  températures  efficaces  de  iG°,5  à  18", 5,  de 
18'^, 5  à  20°, 5,  etc.,  et  faisant  pour  chaque  groupe  la  moyenne  des  diffé- 
rences calculées  comme  je  viens  de  le  dire.  Le  résultat  est  le  suivant  : 


,,„,      i   obser\é. 
t-flel  l       ,     ,, 
calcule  . 


l'empérature 

efficace. 

3".           5C~ 

7°. 

9». 

I  1           .'.0 

4i 

62 

10          21 

38 

63 

La  deuxième  ligne  donne  les  nombres  fournis  par  la  formule 

(1)  /M  =  3  Ô -h  o,o5  6^ 

qui,  comme  on  le  voit,  représente  bien  la  fonction  considérée  et  permet  de 
calculer  l'effet  immédiat  m  d'une  température  efficace  quelconque  0. 

Dès  lors,  il  est  possible  de  calculer  la  mortalité  thermique  de  chaque 
semaine. 

Pour  la  i'''""  elle  est 

(2)  M,-  =  »i,  +  a  7n,_ ,  -1-  «^  m ,_2  -+■  a^  /«,_3  + . . . . 

Les  valeurs  de  m  sont  calculées  au  moyen  de  la  formule  (i)  en  remontant 
jusqu'à  la  première  semaine  dont  la  température  a  été  supérieure  à  16°,  5. 

Pour  avoir  le  nombre  total  de  décès  de  la  semaine,  il  faut  encore  ajouter 
la  mortalité  non  thermique,  qui  paraît  à  peu  près  constante,  et  que  je 
prends  égale  à  la  moyenne  des  nombres  de  décès  des  quatre  semaines  pré- 
cédant celle  dont  la  température  moyenne  a  surpassé  pour  la  première 
fois  16'',  5, 


t\Ol\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  fait  le  calcul  semaine  par  semaine  pour  les  dix  années  et  j'ai  pris  la 
moyenne  des  résultais  pour  cliacune  des  32  semaines  de  l'année.  Les 
nombrqs  moyens  de  décès  ainsi  calculés  serrent  d'assez  près  la  réalité. 

Sachant  calculer  l'effet  de  la  température,  on  peut  chercher  sur  les 
résidus  celui  des  autres  éléments  météorologiques.  Ni  l'humidilé,  ni  le 
nombre  de  jours  d'orage  ne  semblent  avoir  d'influence  sur  la  mortalité 
considérée.  Peut-être  est-elle  légèrement  accrue  par  les  venls  du  sud-ouest. 
Pratiquement,  on  peut  dire  qu'elle  ne  dépend  que  d'un  seul  élément 
météorologique,  la  température. 

Ce  que  l'on  demandera  aux  formules  proposées  ci-dessus,  c'est  surtout  le 
nombre  total  de  décès  d'une  saison.  Il  convenait  donc  d'examiner  ce 
qu'elles  indiquent  pour  les  dix  années  i9o4-if)i3.  Voici  les  résultats 
relatifs  à  la  période  thermique,  de  la  dix-neuvième  à  la  quarantième 
semaine  : 


Nombre 

Erreur 

calculr. 

pour  100. 

'329 

7 

1073 

—  1 1 

1019 

—  '9 

1904 '■329  —    7  1909. 

1906 1073  — II  i9>o- 

1906 '019  —  19  19''' 

1907 762  — 28  '9'''-. 

1908 923  —    I  19' >. 


Nombre 

Errtur 

.alculr. 

pour  100. 

662 

—  '  i 

6o3 

—    3 

216- 

+  .55 

Sous  l'action  de  causes  non  météorologiques  dont  l'intervention  n'a  rien 
de  surprenant  en  pareille  matière,  une  ou  deux  années  ont  présenté  des 
écarts  importants,  mais,  dans  l'ensemble,  les  indications  du  calcul  sont, 
semble-t-il,  satisfaisantes  (l'erreur  sur  le  total  des  dix  saisons  est 
de  —  I  pour  100). 

M.  II.  Lehercier  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  Structure  moléculaire  des 
nitiiles  et  des  caihylarrdnes. 

M.  Massai.ki  adresse  une  Note  dans  laquelle  il  établit  la  sensibilité  que 
présenterait  un  baromètre  à  deux  liquides  supcrjxisès  et  les  difficultés  ijue 
rencontrerait  la  réalisation  de  cet  appareil. 

A  iG  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  17  heures  et  demie. 

A.  Lx. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI   21    FÉVRIER    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georges  LEMOIXE. 


ME3I0IRES  ET  C0M3IUIVICATI01VS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Recherches  siir  V atmosphère  des  étoiles.  Reconnais- 
sance d'étoiles  qui  ont  les  mêmes  raies  brillantes  de  l'atmosphère  que  le 
Soleil.  Note  de  MM.  H.  Deslandres  et  V.  Burson. 

Dans  une  Note  récente  ( '  ),  l'un  de  nous  a  exposé  avec  détails  les  moyens 
de  distinguer  dans  la  lumière  d'une  étoile  la  lumière  propre  de  son  atmo- 
sphère et  même  des  couches  successives  qui  la  composent.  La  méthode 
repose  sur  la  découverte  dans  le  spectre  solaire  en  1892  et  iSg/j  de  raies 
doublement  renversées,  et  donc  brillantes  et  noires  appelées  K^  et  H^,  K, 
et  H3,  qui  apparaissent  sur  tous  les  points  de  l'astre  au  milieu  des  larges 
raies  noires  K  et  II  les  plus  larges  du  spectre  solaire.  Les  raies  K^,  ou  H^ 
qui  sont  brillantes,  surtout  sur  les  facules,  sont  émises  par  la  couche 
moyenne  de  la  chromosphère;  avec  une  dispersion  forte,  elles  se  dédoublent, 
ayant  entre  elles  une  raie  noire  plus  fine,  K3  ou  H;,,  qui  correspond  à  la 
couche  supérieure  (-). 

(')  Deslandres,  Comptes  rendus,  i.  171,  1920,  p.  45i.  Voir  aussi  Comptes  rendus, 
t.  115,  1892,  p.  22;  t.  116,  1893,  p.  238;  t.  119,  1894;^  p.  467;  t.  151,  1910,  p.  4i6; 
t.  loi,  1912,  p.  i32i,  et  Annales  de  Meudon,  t.  k.  p.  io4  à  loB. 

(-)  Le  mot  chromosphère  désigne  tout  particulièremenl  la  partie  gazeuse  de 
l'atmosphère  solaire,  qui  apparaît  rose  au  bord  de  l'astre  pendant  les  éclipses  totales. 
La  chromosphère  comprend  trois  couches  superposées,  à  savoir  :  i"  la  couche  basse 
ou  couche  renversante  qui  donne  naissance  aux  raies  noires  du  spectre  solaire  et  en 
particulier  aux  larges  raies  noires  Ki  et  H,;  2°  la  couche  moyenne,  qui  émet  les  raies 
brillantes  K.,  et  H.,  et  qui  est  spécialement  considérée  dans  celte  Note;  3°  la  couche 


C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  8.) 


3i 


4oG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  mêmes  raies  brillantes,  doublement  renversées,  se  retrouvent  avec  une 
forte  dispersion,  faibles  mais  nettes,  dans  la  lumière  générale  du  Soleil, 
c'est-à-dire  dans  la  lumière  que  nous  enverrait  le  Soleil,  s'il  était  aussi 
éloigné  de  nous  que  les  étoiles.  D'où  l'idée  naturelle  de  les  rechercher  dans 
les  étoiles  et  en  particulier  dans  les  étoiles  jaunes  voisines  du  Soleil. 

Les  raies  chromosphériques  Ko  et  Ho  du  calcium  sont  bien  les  seules 
raies  brillantes  que  présente  la  lumière  générale  du  Soleil.  On  a  examiné 
à  ce  point  de  vue  les  autres  raies  brillantes,  dues  à  l'hydrogène  et  à  l'hélium, 
qui  sont  visibles  au  bord  ou  près  des  taches;  or,  dans  la  lumière  générale 
du  Soleil,  les  raies  de  l'hydrogène  sont  toutes  noires,  et  la  raie  jaune  de 
l'hélium  manque  absolument. 

T^e  Soleil  est  donc,  grâce  à  ses  radiations  brillantes  Ko  et  H^,  une  étoile 
à  raies  brillantes;  mais,  pendant  longtemps,  elle  est  restée  seule  de  son 
espèci'.  Les  autres  étoiles  à  raies  brillantes,  au  nombre  de  ySo  d'a|)rès  un 
Mémoire  de  19 17  de  l'Observatoire  d'Harvard,  offrent  en  effet  seulement 
les  raies  brillantes  de  l'hydrogène  ('),  et  elles  appartiennent  aux  premiers 
types  P,  O,  B,  A,  et  aux  derniers  types  M,  N  et  R  de  la  classification 
d'Harvard,  qui  range  les  étoiles  dans  l'ordre  de  leurs  températures  actuelles, 
en  commençant  par  les  plus  chaudes.  Les  types  intermédiaires  F,  G,  K  (-) 
ne  sont  pas  représentés  dans  le  tableau  d'Harvard,  et  l'on  sait  que  le  Soleil 
est  du  type  (î.  La  rc-connaissance  généiale  des  spectres  stellairesa  élépi>ur- 
suivic  à  Harvard  avec  des  appareils  de  faible  dispersion;  et,  comme  les 
raies  Ko  et  Ho  de  la  lumière  générale  du  Soleil  apparaissent  seulement  avec 
un  appareil  puissant  et  une  pose  relativement  longue,  on  a  expliqué  d'abord 

sujjérleure,  décelée  seulement  avec  une  forte  dispersion  par  les  petites  raies  relative- 
ment noires  K3  et  H3,  qui  apparaissent  au  milieu  des  raies  Ko  et  llj. 

Dans  les  reclierclies  exposées  ci-dessus,  la  di^persion  est  faible  et  les  raies  K,  et  Ilj 
ne  sont  pas  dédoublées.  Il  serait  plus  exact  de  dire  que,  dans  ces, conditions,  les 
raies  Ko  et  H,  représentent  l'ensemble  des  couches  moyenne  et  supérieure;  mais  la 
couche  moyenne  est  de  beaucoup  la  plus  lumineuse. 

(')  Ces  raies  brillantes  de  Ihydrogèiie  apparaissent  tn  général  dans  les  éiuiles  qui 
offrent  les  raies  noires  de  l'hydrogène  très  larges. 

(')  Les  types  stellaires  d'une  pari,  et  les  raies  noires  du  spectre  solaire  d'autre  part, 
sont  désignés  par  des  lettres  tle  l'alphabet;  ce  qui  entraîne  des  confusions  fâcheuses. 
Ainsi  la  lettre  K  représente  le  type  d'étoiles  qui,  dans  l'évolution  normale,  succède  au 
type  solaire;  et  la  même  lettre  représente  la  raie  la  plus  large  du  spectre  solaire.  Aussi 
a-t-on  soin  d'accoler  à  la  lettre  K  soit  le  mot  type  ou  classe,  soit  le  mot  raie  ou  radia- 
tion, pour  bien  spécifier  qu'il  s'agit  dans  un  cas  d'étoiles  particulières  et  dans  l'autre 
d'une  r:iie  spéciale  du  spectre. 


SÉAJVCE   DU    ai    KÉVKIER    1921.  4^7 

par  ces  raisons  que  les  étoiles  solaires  à  raies  brillantes  n'aient  pas  été 
signalées  en  Amérique. 

Puis,  en  igiS,  Schwarzschild  et  Eberhard(')  ont  annoncé  la  présence 
des  raies  brillantes  H^  et  K^  du  calcium  dans  les  étoiles  Arcturus  (a  Bouvier), 
Aldébaran  (x  Taureau)  et  a-  Gémeaux,  qui  appartientau  type  K  d'Harvard. 
Les  raies  brillantes  ont  été  obtenues  avec  une  cbambre  prismatique  de 
dispersion  relativement  faible  (10™™  d'intervalle  entre  la  raie  H-^,  de  l'bydro- 
gène  et  la  raie  K  du  calcium);  et  elles  sont  notablement  plus  fortes  que 
dans  le  Soleil. 

Tel  était  l'état  de  la  question  lorsque  nous  avons,  après  la  guerre,  en  1920, 
entrepris  la  recherche  systématique  des  raies  brillantes  chromosphéri(|ues 
dans  les  étoiles,  et  en  particulier  dans  les  étoiles  des  types  V,  G  et  K,  qui 
ont  les  raies  noires  H  et  K  du  calcium  particulièrement  larges.  Nous  avons 
utilisé  un  spectrograpbe  à  fente,  fixé  à  la  grande  lunette  de  Meudon  (24'"™ 
entre  II,,  de  l'hydroircne  et  K  du  calcium)  et  une  chambre  prismatique 
(i8™'"  entre  H^  et  K).  Les  deu.v  appareils  offrent  des  dispositions  spéciales 
qui  seront  décrites  dans  un  Mémoire  ultérieur. 

Nous  donnons  aujourd'hui  seulement  dans  une  Note  préliminaire  l'indi- 
cation brève  des  premiers  résultats.  Notre  élude  a  porté  d'abord  sur  une 
vingtaine  d'étoiles  dont  le  spectre  a  été  photographié  avec  une  pose  plus 
longue  que  celle  employée  d^ordinaire  ;  la  pose  a  été  surveillée  par  Bursan. 
Le  Tableau  ci-joint  relève  celles  de  ces  étoiles  qui,  à  une  date  déterminée, 
ont  montré  nettement  les  raies  brillantes  K^  ou  Ho,  émises  par  la  chromo- 
sphère moyenne. 

Type  Appaieil  Haies  Uemarques 

Noms  des  étoiles.  specli-al.  Éclat.  eiii|iloyé.  des  épreuves.  sur  les  raies  brillantes. 

«  Bouvier  (Arcturus).        K       3,09    Specl.  fente     19,  20,  2  i ,  26  jiiill.,  K2  et^  Hj '"tensité  passable. 

21  août  1920 
Cil.  prisin.  19  féviier  1921  Id. 

^  l^etite  Ourse K       o,33     Specl.  fente         iiaoùligao  K,,  et  Hj  faiblem' visibles. 

Id.  Iv       0,91      Ch.  prisai.        11  octobre  1920  Id. 

aTaureau(.\ldébaran).       Iv       0,91  Id.  11  novembre  1920  Kj  et  H,  intensité  passable. 

y  Dragon K       0,28  Id.  12  novembre  1920  K,  et  IJ2  faiblem'  visibles. 

(xBiVier K       o,33  Id.  i/(  janvier  1921  K,  seule  et  faible. 

P  Gémeaux K       o,83  Id.  4  février  1921  Id. 

ff  Gémeaux K  id.  16  jan v.,  i",  4  et  K^  et  IIj  fortes. 

I  5  février  1921 
a  Cocher  (La  Chèvre).       G       2,09  Id.  i4  et  19  fév.  1921  K,  et  Hj  assez  fortes. 

(')  Aslrophysical  Journal,  1913.  2''  Partie,  p.  192. 


4o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  raies  Iv,  et  IL,  avec  la  faible  dispersion  employée,  apparaissent 
simples;  selon  toute  vraisemblance,  elles  seraient  doubles  et  renversées 
en  leur  milieu  avec  une  dispersion  plus  forte,  qui  même  pourrait  être  moins 
forte  que  celle  exigée  pour  le  Soleil  ('). 

Sur  les  huit  étoiles  du  tableau,  sept  sont  du  (ype  K,  qui,  dans  l'évolution 
normale,  succède  au  type  solaire  G,  et  trois  de  ces  étoiles  ont  été  déjà 
signalées  à  Potsdam  comme  étoiles  à  raies  brillantes.  Les  quatre  autres, 
reconnues  à  Meudon,  sont  nouvelles.  La  8'  étoile,  a  Cocher  ou  La  Chèvre, 
est  la  plus  intéressante,  car  elle  est  notée  par  tous  comme  ayant  un  spectre 
du  type  Ç,  absolument  identique  à  celui  du  Soleil,  et  elle  est  actuellement 
la  seule  étoile  de  ce  type,  qui  ail  montré  les  raies  brillantes  K„  et  H,  de  la 
chromosphère  solaire;  même  ces  raies  y  sont  beaucoup  plus  brillantes  que 
dans  le  Soleil. 

Avec  toutes  les  étoiles  du  tableau,  d'ailleurs,  l'intensité  des  raies  chro- 
mosphériques  K^  et  IL  est  supérieure  à  celle  atteinte  dans  le  Soleil,  et  elle 
est  variable  d'une  étoile  à  l'autre.  Celte  intensité,  qui  est  liée  intimement 
à  l'état  électrique  de  la  chromosphère  moyenne,  ne  dépend  donc  pas  seule- 
ment de  la  température  moyenne  de  l'astre,  comme  on  avait  pu  l'admettie 
jusqu'alors.  D'autres  causes  interviennent;  et,  dans  la  Note  d'août  1920, 
Deslandres  a  indiqué  une  cause  possible  ou  même  probable,  suggérée  par 
l'élude  de  l'éleclricité  almosphérique  terrestre,  qui  est  l'émission  d'un 
rayonnement  X  extrêmement  pénétrant  par  le  noyau  de  l'astre. 

L'étoile  La  Chèvre  se  dislingue  aussi  de  notre  Soleil  sur  un  autre  point. 
Elle  est  une  double  speclroscopique,  et  ses  deux  composantes,  de  masses 
très  voisines,  ont  une  orbite  presque  circulaire  avec  une  période  de  104^02. 
Il  convient  de  suivre  les  fluctuations  de  ses  raies  chromosphériques  K^ 
et  Hn  au  cours  d'une  période  ou  de  plusieurs  périodes,  d'aulanlque  ces  raies, 
d'après  les  études  spectrales  antérieures,  sont  probablement  variables  (-). 


(')  Avec  une  dispersion  plus  forte,  on  aurait  en  eflet  les  raies  fines  K;,  et  llj  de  la 
couche  supérieure;  ces  raies  onl  dans  le  Soleil  des  largeurs  variables  d'un  point  à 
l'autre.  Elles  pourraient,  dans  certaines  étoiles,  être  plus  larges  que  dans  le  Soleil,  et 
donc  apparaîlie  avec  une  dispersion  moindre. 

D'autre  pail,  la  raie  brillante  K»  ou  IJj  apparaît  a\ec  une  disjiersion  d'nutanl  moins 
forte  <|ii'elle  est  elle-même  plus  brillante. 

(-)  Dans  j)hisieurs  épreuves  de  La  Chèvre,  obtenues  les  années  précédentes  avec 
une  pose  déjà  longue,  la  raie  brilhinle  Kj  n'est  pas  visible.  De  plus,  Schwar.-.schild, 
dans  son  Mémoire  de  i()k>,  noie  que  I-a  Chèvre,  et  aussi  l'étoile  |5Gcnican\,  inscrite 
égalinieiil  dans  notre  lableau,  n'ont  pas  montré  les  raies  btili:inlrs  du  calcium. 


SÉANCE    DU    2  1    FÉVRIER    I921.  /Jog 

GÉOLCiE.  —  Le  lanihcaii  de  rccimvremenl  de  Propiac  {Drame),  témoin  d'une 
raslc  nappe,  d'origine  alpine,  poussée,  avant  le  Miocène,  sur  la  vallée  du 
Rhône.  i\ole  de  MM.  Pierre  Tkrmier  et  Léonce  Jolealo. 

La  feuille  L"  Huis  de  la  C  irte  géologique  détaillée  de  la  France  indique 
au  sud-ouest  et  au  sud-est  des  Baionnies,  dans  les  régions  levées  par 
MM.  Leenhardt  et  Paquier,  plusieurs  témoins  de  la  formation  appelée 
horizon  de  Suzette.  En  des  points  très  disloqués,  dit  la  Notice  delà  feuille, 
existent  des  gypses  au  milieu  de  cargneules.  «  Celles-ci  se  présentent 
comme  le  résultat  de  la  transformation,  sous  l'action  d'agents  hydrother- 
maux, des  différents  termes  locaux  de  la  série  sédimentairc  : /'  àMontrond, 
Beauvoisin,y-  à  Propiac,  /^-'*  àMérindol,  y^-c,,,  à  Montaulieu,  au  massif 
d'Auzière;  et  jusqu'à" /«, ,  à  Grillon,  peut-être  même,  avec  doute,  m'"'  à 
Propiac.  » 

Nous  avons,  au  cours  de  l'été  dernier,  étudié  le  lambeau  de  cette  forma- 
tion de  Suzette  qui  affleure  près  de  Propiac  et  de  Mérindol,  et  nous  avons 
constaté  qu'il  était  entièrement  constitué  par  des  sédiments  triasiques. 
Nous  y  avons  rencontré,  sur  le  bord  du  sentier  du  Pas  de  Manevrale,  à 
5oo"'  au  nm-d  du  Vieux-Mérindol,  au-dessous  du  piton  d'Auzière 
(cote  759),  des  calcaires  en  plaquettes,  de  couleur  jaune  ocre,  qui  renfer- 
maient des  fossiles.  A  côté  d'une  empreinte  douteuse  de  Myophorie  et  de 
nombreux  autres  moulages  de  I^amellibranches  rappelant,  par  leur  forme 
générale,  le  genre  Anoplophora,  nous  avons  trouvé  plusieurs  coquilles 
remarquablement  conservées  d'une  Lingule,  bien  caractérisée  par  ses  deux 
plis  transversaux,  faiblement  accusés,  qui,  partant  du  crochet,  divisent  les 
valves  en  trois  régions  à  peu  près  égales.  Ce  Brachiopode  est  identique  à 
Lingala  Zenkeri  von  Alberti  (')  des  grès  de  la  Lettenkohle  moyenne  à 
Eslheria  minuta  et  Végétaux,  ainsi  que  des  dolomies  de  la  Lettenkohle 
supérieure  à  Myophoria  Gold/ussi,  du  Wurtemberg  et  de  Bade.  Leur  niveau 
straligraphique  correspond  à  la  partie  supérieure  du  Trias  moyen.  Les 
calcaires  ne  jouent  pas  un  rôle  important  dans  le  massif  triasique  de  Propiac, 
qui  est  formé  surtout  de  cargneules,  associées  à  des  gypses  et  à  des  marnes 
et  argiles  versicolores. 

(')  Ueberblick  iiber  die  Trias  mil  Beriicksichtigang  ihres  Vorkuinmens  iii  deii 
A/peu.  Slullgard',  i864,  p.  161,  pi.  VI,  fig.  /!•  —  Skiphos,  Jahrb.  /..  k.  geol.  /ieic/ts,, 
l.  4.3,  1893,  p.  28,  pi.  V,  fig.  11-12. 


4lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Lorsqu'on  suit  la  route  de  Propiac  à  Mérindol,  on  voit,  à  400""  à 
l'est  de  la  bifurcation  du  cliemiii  qui  monte  au  pittoresque  village  du  Vieux- 
Mèr'indo\,  la  formalion  de  Suzrlle  arri\er  directement  au  contact  an  schlier 
iielvélien.  De  la  façoa  la  plus  nette,  on  constate  ici  la  superposition  du 
Trias  au  Miocène  :  ce  dernier  terrain  a,  d'ailleurs,  été  sensiblenienl  modifié 
par  le  broyage,  au  voisinage  du  contact  anormal,  tandis  que  les  catgneules 
triasiques  sont  fortement  mylonitisées. 

La  limite  occidentale  du  lambeau  de  Trias  montre,  plus  au  Nord,  les 
cargneules  touchant  les  marnes  oxfordiennes,  puis  les  schistes  à  Posidono- 
mies  du  Callovien  supérieur  et,  de  nouveau,  les  marnes  oxfordiennes.  La 
masse  triasique  est  ainsi  discordante  et  transgressive  sur  les  différents  étages 
d'un  substratum  jurassique.  Elle  a  même  rebroussé  le  Jurassique  et  l'a 
ramené  sur  le  Miocène  immédiatement  à  l'est  du  Yieux-Mérindol. 

Il  y  a  donc,  à  Propiac  et  à  Mérindol,  indépendance  complète  entre  le 
Jurassique  et  le  Trias  :  celui-ci  est  charrié  sur  celui-là.  Le  Trias  est  un 
paquet,  d'allure  simple,  mais  où  les  couches  sont  fréquemment  broyées  et 
transformées  en  mylonites  ;  ce  paquet  repose  sur  du  Jurassique  violemment 
plissé.  Les  conditions  tectoniques  sont  exactement  les  mêmes  à  Propiac- 
Mérindol  qu'à  Suzette-Gigondas  :  ici  comme  là,  il  y  a  eu  des  mouvements 
posl-helvéliens  (')  qui,  localement,  ont  fait  avancer  sur  le  Miocène  les 
terrains  de  la  nappe  ou  les  terrains  de  son  substratum.  D'autres  lambeaux 
ou  paquets  analogues,  tous  formés  de  Trias,  traînent  çà  et  là  sur  le  pays 
jurassique  et  crétacé  plissé  :  ce  sont  les  multiples  témoins  de  la  fom/atiim 
de  Sitzeltc  indiqués  par  la  Carte  géologique;  ce  sont  en  réalité  les  débris 
d'une  grande  naj)pe  triasique  qui,  avant  le  Miocène,  a  recouvert  toute  la 
région. 

Le  charriage  de  cette  nappe  triasique  semble  avoir  déterminé,  près  de 
Propiac,  la  formation  ou  plut('it  l'accentuation  d'un  régime  d'imbrications 
dans  la  série  subordonnée  du  Jurassique  et  du  Crétacé,  aussi  bien  vers  le 
Nord-Ouest,  à  l'est  du  hameau  des  Géants,  que  vers  le  Sud-Ouest,  dans  la 
roche  d'Oie  et  dans  la  serre  des  Gipières.  Celle-ci  emprunte  son  nom  aux 
nombreux  petits  témoins  de  la  nappe  triasique  respectés  par  l'érosion  à  la 
surface  des  schistes  ù  Posidonomies  et  des  marnes  oxfordiennes,  de  part  et 
d'autre  de  la  région  déprimée  et  largement  ouverte  que  l'on  parcourt  dans 
sa  longueur  quand  on  va  du  Salin,  près  de  Propiac,  à  la  ville  de  lîuis-les- 
lîaroimies. 

('1  l'iKitHn  TiiRiiii:!!  el  I.koxck  .Iolkaid,  Comp/rs  rendus,  t.  172,  ni^i,  p.  191. 


SFANCE    DU    2  1     1  liVIilER    192t.  /jH 

A  l'esl  du  relief  triasique  d'YVuzièie,  la  liinile  oricrilale  rie  la  masse  des 
carg-aeLiles  recoupe  perpendiculairement  les  assises  du  suhstratum,  marnes 
oxfordiennes,  calcaires  marneux  rauraciens,  calcaires  lilés  séquaniens,  cal- 
caires massifs  kimeridi;iens,  marnes  valanginicnnes,  ainsi  que  le  monlre  les 
tracés  de  M.  Leenhardt  :  ici,  comme  sur  d'autres  points  de  la  région,  la 
présence  du  Trias  est  liée  à  une  minéralisation  plus  ou  moins  étendue;  de 
la  calamine  a  été  exploitée  dans  le  Séquanien  d'Auzièrc,  non  loin  de  la  surface 
de  charriage. 

Les  diverses  assises  jurassi(|ues  et  crétacées  du  voisinage  de  la  mine 
d'Auzière  font  partie  de  la  retombée  nord-ouest  du  dôme  de  la  serre  des 
•Gipières.  Cet  accident  tectonique,  qui  est  antérieur  à  la  mise  en  place 
de  la  nappe  triasique,  dessine  une  ellipse  dont  le  grand  axe  est  orienté 
Ouest-Est.  Le  dôme  est  lui-même  affecté  d'accidents  secondaires  impor- 
tants, plis  imbriqués  et  plis  failles,  dont  la  première  ébauche  est  sans  doute 
antérieure  au  charriage.  Lorsque  le  recouvrement  s'effectua,  le  dôme  était 
déjà  profondément  érodé,  puisqu'on  retrouve  des  paquets  de  Trias  depuis 
\e  voisinage  du  Buis,  vers  la  cote  35o,  sur  le  Callovien,  jusque  près  de 
Beauvoisin,  vers  la  cote  63o,  sur  l'Oxfordien,  et,  jusqu'au  sommet 
d'Auzière,  à  la  cote  ySç). 

Toutes  ces  observations  cadrent  avec  celles  que  nous  avons  faites  dans  les 
montagnes  de  Gigondas,  où  nous  avons  vu  que  les  plissements  (.)uest-Est 
étaient  déjà  passés,  avant  le  charriage  de  la  nappe  triasique,  par  plu.'-ieurs 
phases  :  1°  une  phase  de  bossellement;  1°  une  phase  de  dislocation  ayant 
donné  naissance  à  des  chevauchements  qui  se  traduisent  aujourd'hui  par 
d'importantes  lacunes  stratigraphiques;  3°  une  phase  de  dcnudation 
intense  ('). 

Au  nord  du  piton  d'Auzière,  le  Trias  déborde  sur  le  Miocène  qui,  ici 
encore,  est  rebroussé  ;  le  long  du  contact,  le  Burdigalien  a  été  ramené  sur 
l'Helvétien  sous  la  forme  d'une  lame  discontinue. 

Plus  loin,  le  Miocène  est  chevauché  par  les  marnes  oxfordiennes  du 
substratum  de  la  nappe.  Ce  contact  anormal,  qui  se  continue  sur  tout  le 
revers  oriental  de  la  montagne  d'Auluche,  va  rejoindre  les  dislocations 
du  substratum  des  lambeaux  de  recouvrement  triasiques  situés  à  8'"" 
au  nord  de  Propiac,  entre  Montaulieu  et  Condorcet,  sur  les  deux  rives  de 
l'Eygues,  à  l'est  de  Nyons.  Les  gypses  et  les  cargneules  de  cette  région  ont 

(')   Pierre  Termier  et  Lèo.nce  Joleald,  loc.  cit. 


4l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

été  décrits  par  Paquier  (');  ils  viennent  en  rocoiivremenl  sur  le  Callovo- 
Oxfordien,  chevauchent  même  le  Burdigalien  d  sont  accompagnés  défilons 
de  célestine,  de  quartz,  etc. 

Les  mêmes  formations  se  retrouvent  au  sud-est  des  Baronnies.  aux  envi- 
rons de  Serres,  notamment  à  Montrond,  où  elles  reposent  sur  le  Bajocien- 
Balhonien  par  l'intermédiaire  d'une  brèche  où  sont  repris  des  blocs  calcaires 
du  Jurassique  moyen  et  supérieur.  Paquier,  à  qui  l'on  doit  la  plus  récente 
description  géologique  de  cette,  localité,  y  signale  le  passage  graduel  des 
brèches  aux  cargneules.  Les  assises  du  Jurassique  et  du  Crétacé  inférieur 
dessinent,  à  Test  de  MoiUrond,  au  bois  de  l'Llbac,  une  remarquable  cuvette 
synclinale  allongée  de  l'Ouest  à  l'Est,  dont  la  formation  serait  ainsi  anté- 
rieure aux  charri-ages. 

La  nappe  triasique  des  Baroimies  méridionales  et  des  montagnes  de 
Gigondas  se  rattache,  par  les  lambeaux  des  environs  de  Serres,  aux  grands 
plis  couchés  de  la  région  de  Digne,  dont  l'histoire  géologique  a  été  très 
heureusement  mise  en  relief,  dès  1891,  par  AL  l'jnile  Haug.  Le  Trias  à 
faciès  germanique  joue  là,  en  effet,  un  rôle  capital  dans  les  masses  chevau- 
chantes qui  s'avancent  sur  les  plis  de  direction  Ouest-Esl,  parallèles  à  l'an- 
ticlinal du  nord  de  la  montagne  de  Lure  ("). 

Ainsi  une  nappe  de  charriage,  formée  d'assises  Iriasiques.  s'est  étendue 
sur  le  Sud  de  la  Drômc  et  le  Nord  du  V^iucluse,  depuis  Serres  jusqu'à 
Nyons  et  Gigondas  ;  à  celte  na])pe,  dont  il  ne,  reste  plus  aujourd'hui  (pie 
des  débris,  tel  le  lambeau  de  Pjopiac,  se  lie  un  régime  d'écaillés,  développé 
dans  le  Nord  des  Bouches-du-Rhùne  et  TEsl  du  Gard,  depuis  la  Monta- 
gnette  jusqu'à  Alais  C).  Ces  accidents  tectoniques  alpins  sont  venus,  entre 
l'Oligocène  et  le  Miocène,  se  superposer,  vers  les  confins  du  Daujdiiné.  de 
la  Provence  et  du  Languedoc,  aux  plis  pyrénéens  Ouest-Est,  qui  avaient 
été  déjà  le  théâtre  de  phénomènes  de  chevauchement  et  qui  venaient  d'être 
profondément  érodés.  Plis  pyrénéens  et  nappe  alpine  ont  été  ensuite  repris 
par  les  poussées  miocènes,  qui  ont  déterminé  des  remises  en  mouvement, 

(')    neclierclics  gi^ologùjdcs  (laits  le  hioisel  les  flarun/r'es,  U(00,  p.  SS.S-Sgf). 

C)  lilMiLK  llArii,  Les  chaînes  siihalpines  entre  (inp  et  Digne^  '891,  nol;immenl 
planche  1. 

(')  PuiitiiE  TF.inuKii  el  Gkohgks  I'riivDei.,  Comptes  rendus,  t.  168,  1919,  p-  1034; 
i.  Kiî),  1919,  p.  752  el  1371.  —  l'iEiuiii  Termu;r,  Ihid.,  t.  168,  1919,  p.  1291.  —  Paul 
TiiiÉuv,  Ibid.,  t.  16S,  1919,  p.  902;  i.  1(50,  i()i(),  p.  i/jS  el  J83.  —  I'ikrre  Termier  et 
Léonce  Joi.eaud,  Ibid.,  i.  172,  1921,  p.  si. 


SÉANCE    DU    21    KÉVIUER    I92I.  /}l3 

toutes  locales,  de  la  nappe,  avant  la  naissance  des  boinhements  à  grand 
rayon  de  courbure,  phase  ultime  des  plissenienls  tertiaires. 

La  nappe  tria^ique  en  question  a  été,  senible-t-il,  la  matrice  des  impré- 
gnations métallifères  que  l'on  a  signalées,  et  même  exploitées,  en  de  nom- 
breux points  de  la  région  où  confinent  la  Drôme,  les  Basses-Aljies  et  le 
Vaucluse.  A  l'heure  actuelle  encore,  des  sources  salées,  parfois  tiès  con- 
centrées, sortent  des  lambeaux  de  Trias,  témoins  de  la  nappe  :  telles  sont 
les  sources  exploitées  c^  Propiac  (Propitit/  nqua)  et  à  Montmirail,  près  de 
Gigondas,  pour  leurs  propriétés  purgatives.  Les  gîtes  métalliques  ont  offert 
de  la  calamine,  de  la  blende,  de  la  galène,  accessoirement  de  la  célestine. 
Le  gîte  de  Menglon,  près  .de  Chàtillon-cn-Diois,  a  été  de  beaucoup  le  plus 
important  (environ  80000'  de  calamine  et  blende);  celui  de  Brette, 
près  de  Saint-Nazaire-le-Désert,  a  fourni  quelques  milliers  de  tonnes  de 
calamine;  plusieurs  autres  (')  ont  donné  quelques  centaines  de  tonnes  de 
ce  même  minerai  de  zinc.  Tous  les  gîtes  calaminaires  de  la  région  sont 
contenus  dans  le  Séquanien  et  semblent  avoir  été  formés/jf/-  desce/isnm,  par 
des  eaux  minéralisées  provenant  d'une  couverture  du  Jurassique,  couver- 
ture qui,  pour  nous,  n'était  autre  que  la  nappe  de  Trias.  S'il  en  est  ainsi, 
l'extension  maxima,  vers  le  Nord  et  vers  l'Ouest,  des  gîtes  de  zinc  de  la 
Drôme,  nous  renseigne  sur  l'extension  ancienne  de  la  nappe  :  celle-ci  aurait 
recouvert  une  grande  partie  du  Diois. 

Il  y  a  là  une  curieuse  analogie  de  genèse  entre  les  gîtes  de  plomb  et  de 
zinc  de  cette  région  du  Sud-Est  français  et  les  gîtes  de  plomb  et  de  zinc  de 
la  Tunisie  et  de  l'Est  de  Constantine.  La  plupart  des  gîtes  tunisiens  et 
constanlinois  sont  :  ou  bien  des  giles pi-i maires,  contenus  dans  le  Trias;  ou 
bien  des  gîtes  secondaires  résultant  du  transport,  par  les  eaux,  des  minerais 
triasiques.  Les  gîtes  secondaires  sont  situés  dans  des  terrains  quelconques; 
ils  sont  presque  tous  formés  per  descensum  ;  les  eaux  qui  les  ont  apportés 
avaient  traversé  une  nappe  de  Trias,  recouvrant  ces  terrains,  nappe  dont 
il  reste  encore  des  lambeaux  et  dont  l'un  de  nous  a  signalé,  il  y  a  quelque 
vingt  ans,  le  charriage  sur  une  vaste  région  de  l'Afrique  du  Nord. 


(')  ^folammelU  celui  d'Auzière,  près  de  Propiac,  où  la  relalion  entre  le  gîle  de 
calamine  et  la  nappe  iriasiqne  qui  le  surmonte  est  presque  évidente.  Il  est  bien 
remarquable  que  la  précipitation  des  sels  de  zinc  provenant  de  la  nappe  n'ait  été 
réalisée  que  dans  les  calciires,  très  légèrement  marneux,  du  Séquanien. 


4l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉDECINE.  —  Dêsi'nsihilisallons  et  rescnsibilisalions  à  rnlontè  chez  une 
malade  anaphylactiséc  à  Vantipyrine.  INole  de  MM.  Fer.vaxd  AVidai. 
et  Pasteur  Vallery-IIadot. 

Nous  rap[)orlons  un  nouveau  cas  d'anaphyla^ie  à  l'anlipyrine.  Clu-z  une 
malade,  dont  l'Iiistoire  a  été  précédemment  publiée,  nous  avions  montré 
comment  une  phase  de  désensibilisation  pouvait  succéder  à  la  phase  de 
sensibilisation.  Dans  roi)servation  dont  nous  allons  relater  les  diverses  péri- 
péties, on  verra  que  nous  avons  fait  plus  encore  et  (]ue  nous  avons  pu,  plu- 
sieurs fois  de  suite,  à  volonté,  désensibiliser  et  refensibiliser  notre  sujet.  Un 
tel  fait,  qui  a  été  suivi  avec  une  rigueur  expérimentale,  tire  son  intérêt  des 
notions  précises  qu'il  apporte  sur  l'évolution  de  certains  phénomènes  ana- 
phylactiques et  des  applications  qui  peuvent  en  découler  pour  la  pratique. 

Il  s'agit  dans  notre  cas,  d'une  femme  de  42  ans  atteinte  de  diabète 
depuis  8  ans.  Avant  de  ressentir  les  premiers  symptômes  de  ce  diabète,  elle 
prenait  depuis  de  longues  années,  à  intervalles  assez  espacés,  de  l'anlipy- 
rine pour  calmer  de  rares  migraines,  sans  ressentir  aucun  symptôme  anor- 
mal. Il  y  a  trois  ans,  alors  que  depuis  le  début  de  son  diabète,  c'est-à-dire 
depuis  cinq  ans,  elle  ne  prenait  plus  d'antipyrine,  un  médecin  lui  conseille 
de  revenir  à  ce  médicament.  Dès  l'absorption  du  premier  cachet  appa- 
raissent des  accidents.  Cinq  minutes  après  avoir  ingéré  l'anlipyrine,  elle 
éprouve  une  sensation  de  tiraillement  au-dessus  de  la  lèvre  supérieure  près 
de  la  commissure  labiale  droite.  En  même  temps  se  manifestent  en  cette 
région  de  la  rougeur  et  de  l'enflure;  quelques  heures  après,  apparaît  une 
vésicule  d'herpès.  Les  jours  suivants,  à  l'endroit  de  la  vésicule,  une  petite 
croûte  se  forme.  La  malade  continue,  malgré  ces  troubles,  à  prendre  de 
l'anlipyrine  pendant  deux  mois,  d'une  façon  discontinue.  Aitiès  chaque 
ingestion,  les  mêmes  symptômes  apparaissent.  Emue  par  ces  manifestations 
cutanées,  elle  va  consulter  un  second  médecin  qui  lui  conseille  de  cesser 
l'anlipyrine. 

Depuis  un  an.  la  malade  était  restée  dans  l'abstinence  complète  de  ce 
médicament,  lorsqu'un  autre  médecin  lui  ordonne  à  nouveau  de  l'anlipy- 
rine. I']lle  reprend  un  cachet.  Les  mêmes  symptômes  que  précédemment  se 
manifestent.  Elle  renonce  désormais  à  cette  thérapeutique. 

Lorsque  nous  vîmes  pour  la  première  fois  la  malade,  en  janvier  1920,  elle 
n'avait  plus  absorbé  d'antipyrine  depuis  dix-huit  mois.  Nous  recherchâmes 
si  elle  était  toujours  sensibilisée.  Le  17  janvier,  à  17'' 5'°,  nous  lui  faisons 


SÉANCE    DU    2  1    FKVIllER    I921.  4l5 

ingérer  i»  d'aiitipyrine.  i7''f)"',  sensation  de  «  battements  «  dans  la  lèvre 
supérieure  près  de  la  commissure  labiale  droite.  I7''i4"',  légère  enllureàcet 
endroit.  i7''22'",  sensation  de  brûlure  localisée.  i7''25'",  la  malade  ressent 
comme  des  picotements  d'aiguille  entre  le  nez  et  la  lèvre  supérieure,  i  y'v'io"', 
rougeur  localisée.  i7''39"',  fenflurc  et  la  rougeur  augmentent  d'intensité. 
La  malade  dit  ressentir  une  sensation  de  «  battements  »  et  de  brûlure  dans 
la  région  naso-labiale  droite.  Los  heures  suivantes,  les  mêmes  symptômes 
persistent.  La  nuit,  elle  ne  oeut  dormir.  Le  lendemain  matin  iS  janvier, 
nous  la  revoyons  à  10''.  La  lèvre  supérieure  du  coté  droit,  fortement 
œJématiée,  est  complètement  déformée.  A  l'œdème  s'ajoute  une  rougeur 
accentuée. 

Le  19  janvier,  une  vésicule  d'herpès  se  forme  à  la  lèvre  supérieure,  dans 
la  région  œdématiée.  Le  20  janvier,  la  vésicule  se  dessèche.  Les  jours 
suivants,  à  la  place  de  la  vésicule,  existe  une  croùtelle;  la  lèvre  reste 
tuméfiée.  Le  huitième  jour  seulement,  les  symptômes  ont  complètement 
disparu.  Ainsi,  quatre  minutes  après  l'absorption,  ont  apparu  des  symp- 
tômes subjectifs  et,  neuf  minutes  après  l'absorption,  les  symptômes 
objectifs  se  sont  manifestés. 

Il  est  remarquable  de  constater  la  (ixité  de  la  topographie  des  accidents 
chez  la  malade  dont  nous  rapportons  actuellement  l'histoire.  C'est  toujours 
au  même  point  précis  que  chez  cette  malade  les  symptômes  cutanés  appa- 
rurent au  cours  des  très  nombreux  essais  que  nous  fîmes  dans  la  suite.  Bien 
plus,  ayant  pratiqué  une  cutiréaction  à  l'an  tipyrine  dans  le  but  de  rechercher 
si  de  l'érythème  et  de  l'œdème  n'apparaissaient  pas  au  point  de  scarifi- 
cation, nous  fûmes  fort  étonnés  quand,  un  quart  d'heure  après  la  cuti- 
réaction  qui  resta  négative,  la  malade  se  plaignit  de  picotements  à  la  lèvre 
supérieure,  exactement  dans  la  même  zone  où  elle  avait  coutume  d'éprouver 
cette  sensation  après  l'ingestion  d'antipyrine.  Il  y  a  donc  ici,  ainsi  que 
pour  de  nombreux  cas  d'anaphylaxie  observés  en  clinique,  un  point  d'appel  : 
comme  l'un  de  nous  l'a  exprimé  avec  MM.  Abrami  et  Et.  Brissaud,  si  tel 
sujet  fait  une  crise  d'asthme,  tel  autre  une  attaque  d'urlicaire,  tel  autre 
une  crise  d'épilepsie,  c'est  par  suite  d'une  sensibilité  organique  spéciale 
que  le  «  choc  »  vient  réveiller.  Tels  ou  tels  éléments  cellulaires  se  montrent, 
suivant  les  sujets,  plus  particulièrement  fragiles  et  traduisent  leur  souf- 
france par  un  syndrome  fonctionnel  déterminé.  Notre  observation  actuelle 
est  une  démonstration  frappante  de  ces  localisations  de  la  crise  anaphylac- 
tique en  un  point  toujours  le  même. 

Cette  anaphylaxie  à  l'antipyrine  était  spécifique.  D'autres  médicaments, 
tels  que  le  salicylate  de  soude,  l'aspirine,  étaient  bien  tolérés. 


4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Nous  avons  recherché  si  les  symptômes  d'anaphylaxie  à  la  suite  de 
l'ingeslion  d'antipyrine  étaient  précédés  de  la  crise  hémoclasique.  Dans 
notre  précédente  observation  d'anaphylaxie  à  l'anlipyrine  nous  n'avions  pu 
déceler  celte  crise.  Ici  nous  avons  pu  la  mettre  en  évidence  en  faisant  des 
prises  de  sang  toutes  les  deux  minutes  après  l'ingestion  d'antipyrine.  Voici 
une  de  nos  expériences  :  à  ()''4o'",  la  malade  ingère  i*-'  d'antipyrine.  Le 
nomhre  de  ses  leucocytes  est  de  7.600.  Jusqu'à  9'' 5o'",  ce  chiiïre  n'a  pas 
varié;  mais  à  celte  minute  même,  il  tombe  à  55oo.  A  9"5i"',  le  prurit  appa- 
raît. A  f)''54"'  les  leucocytes  remontent  à  9900  et  à  9''  "JS™  ils  reviennent  au 
chiiï're  de  7800,  tandis  que  l'érylhème  apparut.  Donc,  10  minutes  après 
l'ingestion,  la  crise  sanguine  apparaît  préludant  les  signes  cutanés.  Elle  fut 
extrêmement  fugace,  ne  durant  que  quelques  minutes.  Cette  crise  est  bien 
dilTérente  de  la  crise  hémoclasique  qui  s'observe  dans  les  anaphylaxies 
d'origine  albuminoïdique,  où  les  troubles  vasculo-sanguins  se  déioulenl 
d'ordinaire  suivant  un  rythme  lent. 

Nous  avons  recherché  ensuite  la  dose  niinima  d'antipyrine  capable  de 
déclancher  les  accidents.  Il  est  résulté  de  nos  essais  que  os,oi  élail  la  dose 
la  plus  faible  capable  de  déterminer  des  symptômes  cutanés.  Ayant  constaté 
que  la  malade  était  bien  anaphylactisée  elque  des  doses  même  extrêmement 
minimes  étaient  capables  de  provoquer  chez  elle  des  troubles  cutanés,  nous 
nous  sommes  appliqués  à  la  désensibiliser  en  la  soumettant  à  des  doses 
d'antipyrine  progressivement  croissantes,  allant  de  o*'',oi  à  i^,  du  i5  mai 
au  iL\  juillet,  mais  en  laissant  parfois  des  intervalles  de  i  à  7  jours  entre  les 
prises  d'antipyrine.  Sous  Tinfluence  du  médicament  donné  ainsi,  d'une 
façon  réitérée,  à  doses  faibles  puis  progressivement  plus  fortes,  la  désensi- 
biiisation  fut  obtenue.  Cette  désensibilisation  cependant  n'était  pas  absolue  : 
l'ingestion  de  i^  provoquait  encore  des  troubles,  bien  qu'extrêmement 
atténués;  la  suite  de  l'oljservalion  montrera  que  la  désensibilisation  n'aurait 
pu  être  complète  que  si  la  malade  avait  pris  tous  les  jours,  sans  interruption, 
de  Tanlipyrine. 

A  la  suite  de  cette  désensibilisation  nous  laissâmes  notre  nuilade  pendant 
43  jours,  du  2/J  juillet  au  G  septembre,  sans  ingérer  d'antipyrine.  Après 
ces  4^  jours  nous  constatâmes,  à  notre  surprise,  qu'elle  avait  retrouvé  son 
état  anaphylactique;  lessN  mplômes  étaient  cependant  un  peu  moins  intenses 
que  ceux  du  17  janvier. 

Jusqu'au  ^5  octobre  nous  lui  fîmes  ingérer  tous  les  3  jours  i*'  d  anti- 
pyrine  et  la  malade  perdit  petit  à  petit  de  nouveau  son  état  anaphylactique. 
Ici  la  désensibilisation  a  pu  être  obtenue  rapidement  en  donnant  à  la  malade, 
non  plus  comme  la  première  fois  des  doses  progressivement  croissantes  du 


SÉANCE    DU    21    1-ÉVRlER    I921.  4liJ 

médicament  nocif,  mais  des  doses  d'emblée  massives.  C'est  par  des  somma- 
tions réitérées  à  l'organisme  que  l'état  anaphylactique  a  pu,  cette  deuxième 
fois,  disparaître.  Cependant,  ici  encore,  la  désensibilisation  n'a  pas  été 
complète  :  l'ingestion  d'antipyrine  provoquait  encore  le  dernier  jour  des 
manifestations  cutanées.  Il  eût  fallu,  comme  nous  allons  le  voir,  laisser  la 
malade  sous  l'influence  constante  de  l'antipyrine  pour  obtenir  une  désensi- 
bilisation complète. 

Ainsi,  nous  avons  pu  voir  se  dérouler  sous  nos  yeux  Jeux  cycles  de  sen- 
sibilisation et  de  désensibilisalion.  Les  reclierches  que  nous  finies  dans  la 
suite  nous  montrèrent  que  ce  n'était  pas  un  fait  du  hasard  :  il  nous  fut 
possible  de  désensibiliser  et  de  resensibiliser  de  nouveau  à  volonté  celte 
malade.  Bien  plus,  nous  pûmes  graduer,  pour  ainsi  dire,  l'état  anaphylac- 
tique suivant  le  laps  de  temps  entre  les  ingestions  du  médicament  nocif. 

Nous  laissons  la  malade  sans  antipyrine  pendant  55  jours,  du  25  octobre 
au  20  décembre.  Le  21  décembre  nous  lui  faisons  ingérer  |S  d'antipyrine. 
Au  bout  de  11  minutes  des  accidents  surviennent,  calqués  sur  ceux  des 
deux  précédentes  reprises,  mais  un  peu  moins  violents.  Pour  la  troisième 
fois,  la  malade  était  anaphylaclisée.  Le  22  et  le  23  décembre,  i"  d'anti- 
pyrine provoque  les  mêmes  symptômes  que  le  21  décembre,  mais  plus 
atténués  et  d'apparition  plus  tardive.  Le  24  décembre  i*''  d'antipyrine  reste 
sans  aucun  eflet.  A  dater  de  ce  jour  jusqu'au  i*''janvier  inclusivement,  la 
malade  prend  tous  les  jours  i«  d'antipyrine  sans  qu'aucun  phénomène  se 
produise,  subjectif  ou  objectif.  Dans  cette  nouvelle  phase  de  notre  obser- 
vation nous  avons  donc  assisté  à  un  nouvel  état  anaphylactique  qui  disparut 
celte  fois-ci  complèlement  sous  l'influence  de  doses  massives  ingérées  d'une 
façon  continue  sans  laisser  à  l'organisme  un  jour  de  repos. 

Si  nous  jetons  un  coup  d'oîil  en  arrière,  nous  voyons  jusqu'ici  trois  cycles 
de  sensibilisation  suivie  de  désensibilisalion.  Chaque  nouvel  état  anaphy- 
lactique était  un  peu  moins  prononcé  que  le  précédent  et  la  désensibilisa- 
tion était  chaque  fois  plus  facile.  C'est  seulement  la  troisième  fois  que  la 
désensibilisation  put  être  complète.  Les  essais  suivants  montreront  que 
cette  désensibilisation  totale  fut  obtenue  parce  que  nous  attaquâmes  chaque 
jour  l'organisme. 

Le  4  janvier,  après  être  restée  2  jours  sans  prendre  d'antipyrine,  la 
malade  ingère  i«;  3o  minutes  après,  apparaissent  du  prurit  et  un  très 
léger  érythèmc  à  la  lèvre  supérieure;  cet  érylhèmedure3  heures 3o  minutes. 
Du  5  au  10  janvier  inclusivement,  elle  ingère  quotidiennement  i"  d'anti- 
pyrine :  aucun  symptôme.  Donc,  2  jours  d'abstention  d'antipyrine  avaient 


4l8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

suffi  pour  que  la  malade  retrouvai  son  état  anaphylactique.  Dès  le  lende- 
main, elle  était  désensibilisée. 

Du  1 1  au  i4  janvier,  elle  ne  prend  plus  d'anli|iyrine.  Le  i5  janvier  elle 
ingère  i^'.  Au  bout  de  i4  minutes  apparaissent  les  mêmes  symptômes  que 
lors  de  la  reprise  du  4  janvier,  un  peu  plus  accentués  cependant  et  d'une 
durée  de  i4  heures.  Du  i6  au  19  janvier  inclusivement,  la  malade  ingère 
quolidiennement  i^  d'anlipyrine  sans  qu'aucun  symptôme  se  manifeste. 
Quatre  jours  sans  anlipyrine  ont  donc  fait  réapparaître  l'état  anaphylac- 
tique. Les  svmplôuies  sont  plus  accusés,  plus  rapides  dans  leur  apparition 
et  plus  persistants  que  les  symptômes  ol)servés,  alors  que  la  malade  était 
restée  2  jours  sans  antipyrine;  mais,  la  désensibilisation  a  été  obtenue  ici, 
comme  précédemment,  après  le  premier  cachet. 

Depuis,  nous  laissâmes  de  nouveau  la  malade  sans  antipyrine  pendant 
2  jours  et  nous  vîmes  réappaïaître  ensuite  les  mêmes  symptômes  que 
le  4  janvier.  Ainsi,  l'abstinence  d'antip\rine  pendant  2  jours  redonne  à  la 
malade  son  état  anaphylactique.  Pour  qu'elle  reste  désensibilisée,  il  faut 
donc  qu'elle  soit  sous  l'influence  constante  du  médicament  nocif. 

Cette  observation  nous  a  montré  dans  son  ensemble  l'évolution  des  phé- 
nomènes anaphylactiques  et  nous  a  révélé  toute  l'action  que  l'on  peut  avoir 
sur  eux.  Nous  avons  pu,  à  notre  gré,  désensibiliser  et  resensibiliser  plu- 
sieurs fois  cette  malade,  et  il  nous  a  été  possible  d'intensifier  ou  d'atténuer  à 
volonté  les  symptômes  d'anaphylaxie  :  moins  long  était  le  temps  laissé  entre 
la  dernière  et  la  nouvelle  ingestion,  moins  violents  étaient  les  symptômes  et 
plus  était  facile  la  désensibilisation.  C'est  la  première  fois,  croyons-nous, 
que  l'on  put  ainsi  à  volonté  désensibiliser  et  resensibiliser  un  sujet  anaphy- 
lactisé.  Ces  sensibilisations  et  ces  désensibilisations,  nous  avons  pu  les  disci- 
pliner et  même  les  graduer  pour  ainsi  dire.  Il  nous  a  été  possible  de  régler 
la  marche  de  cette  observation  clinique  avec  une  précision  rigoureuse  et 
d'étudier  ce  cas  d'une  façon  expérimentale. 

De  tels  faits  de  sensibilisations  et  de  désensibilisations  successives  ne  sont, 
sans  doute,  pas  exceptionnels.  Notre  constitution  humorale  doit  être  sans 
cesse  modifiée  par  ces  alternatives  et  bien  des  troubles  morbides  qui  appa- 
raissent, disparaissent,  et  reviennent,  sans  que  nous  puissions  saisir  les 
causes  de  ces  variations,  doivent  trouver  là  leur  explication. 

Du  point  de  vue  pratique  enfin,  cette  observation  montre  que  par  des 
sommations  réitérées  de  l'organisme,  en  soumettant  le  sujet  à  des  doses 
massives  de  la  substance  anaphylactisante  d'une  façon  continue,  on  par- 
vient, dans  certains  cas,  à  la  désensibilisation. 


SÉANCE    DU    31    l'KVRIER    I921.  419 


OPTIQUE.   —  Sur  raphinélisme  et  la  cnndilion  des  sinus. 
^()le  (  '  )  de  M.  G.  Gouy. 

I.  ÎNous  considérons  un  système  optique  ayant  un  axe  de  révolution.  On 
dit  qu'il  y  a  sligmalismc  quand  il  existe  sur  l'axe  deux  points  A,  et  Ao,  tels 
que  tous  les  rayons  issus  de  l'un  passent  par  l'autre,  et  qu'il  y  a  aplanètisrnc 
quand  le  même  fait  se  produit,  aux  quantités  du  deuxième  ordre  près,  pour 
deux  points  B,  et  Bj,  pris  sur  des  plans  normaux  à  l'axe  aux  points  yV,  et 
Ai,  et  infiniment  voisins  de  ces  points  (-). 

Considérons  un  rayon  parti  de  A,  en  faisant  avec  l'axe  l'angle  //,,  et  qui 
arrive  en  A^  en  faisant  avec  l'axe  l'angle  u.^.  La  condition  des  sinus 


SI  11  II., 

siii  ti. 


est  la  condition  de  l'aplanétisme.  Plusieurs  démonstrations  en  ont  été 
données  depuis  Abbe.  Celles  que  je  connais  montrent  bien  que  la  condition 
des  sinus  est  nécessaire  pour  l'aplanétisme,  mais  ne  réussissent  pas  à 
prouver  qu'elle  est  suffisante.  Les  unes  se  bornent  à  considérer  les  rayons 
contenus  dans  des  plans  passant  par  l'axe.  D'autres  s'appuient  sur  un 
théorème  qu'on  formule  ainsi  : 

Considérons  deux  ondes  correspondantes  quelconques  S  et  S',  et  un  de 
leurs  rayons  qui  les  perce  aux  points  iZ  et  C.  Prenons  sur  S  et  S'  deux 
points  quelconques  B  et  B'  voisins  de  C  ou  de  C  Si  l'on  regarde  BC  et  B'C 
comme  des  infiniment  petits  du  premier  ordre,  on  calcule  que  la  diflérence 
des  chemins  optiques  (BB')  et  (CC)  est  un  infiniment  petit  du  deuxième 
ordre.  D'après  cela,  on  établit  aisément  la  condition  des  sinus  comme 
nécessaire  et  suffisante. 

Mais  cette  proposition  est  erronée  quand  les  ondes  S  ou  S'  se  trouvent 
infiniment  voisines  de  deux  points  stigmatiques,  tels  que  A,  et  \..  Consi- 
dérons en  effet  le  rayon  A,  CA^C'  normal  à  S  et  à  S',  et  le  rayon  A,  B  qui, 
après  avoir  passé  par  Ao,  vient  percer  S'  au  point  B'.  On  a,  dans  l'air  par 
exemple, 

( BB' )  :=  (  A,  Aj )  -  ÂTb  +  \7b^, 
(CC  )  =  (  A,  A,)  —  ÀTC -f- ÂJ?  ; 

C)  Séance  du  i!\  février  1921. 

C^)  Nous  supposons  que  l'espace-objet  et  l'espace-image  sont  occupés  par  des 
milieux  isotropes.  Dans  tout  ce  qui  suit,  les  points  Aj,  A»,  B,,  B2  peuvent  être  des 
foyers  réels  ou  virtuels. 


420 

d'où 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


{  BB')  _  (CC-)  =-  (  A,  B  -  A,C)  -t-  A^B'  -  \,C' . 


Nous  pou\  ons  confondre  les  éléments  de  S  et  de  S' aven  leurs  plans  tangents. 
Dans  le  triangle  A,  lîC,  rectangle  en  C,  si  A,  C  est  de  Tordre  de  BC,  il  en 
est  de  même  pour  A,  B  —  A,  C.  On  peut  en  dire  autant  du  triangle  A^BC. 
Par  suite  (BB')  —  (CC')  est  du  premier  ordre,  si  A, C  ou  A 2 C'  le  sont  aussi  ('), 
sauf  (par  compensation)  pour  une  position  particulière  de  S'.  Dès  lors,  on 
ne  peut  achever  la  démonstration  de  la  condition  des  sinus,  car  on  est 
obligé  de  considérer  des  ondes  pour  lesquelles  A,  C  et  A^C  sont  des  infini- 
ment petits  du  premier  ordre. 

2.  La  construction  géométrique  que  j'ai  indiquée  récemment  (-)  permet 
de  donner  de  la  condition  des  sinus  une  démonstration  qui  paraît  correcte. 

Soient  B,  et  Bj  deux  points  infiniment  voisins  de  A,  et  de  A^  dans  le  plan 

de  la  figure,  qui  contient  l'axe  AiAj.  Appelons  0,  et  0^  les  angles  B,A,A2 


'v  A, 


et  -  —  B,  A.À|.  Soient  A.D,  et  A.D.  deux  rayons  conjugués  ;  appelons  u, 
et  u„  les  angles  aigus  qu'ils  font  avec  l'axe. 

Soit  Y]  l'angle  dièdre  que  fait  le  demi-plan  D,  A,  A;,D^,  avec  le  demi-plan 

(')  La  raison  de  celle  anomalie  esl  facile  à  reconnaître.  Chacune  des  ondes  S  et  S' 
esl  l'enveloppe  des  ondes  élémentaires  émises  partons  les  points  de  l'antre.  Ces  ondes 
élémentaires  oui  en  général  des  rayons  de  courbure  finis,  et,  par  suite,  si  le  point 
considéré  se  déplace  très  peu  sur  S  ou  sur  S',  la  variation  du  chemin  optique  esl  du 
deiixiènie  ordre.  Mais,  si  les  points  A,  ou  Aj  sont  infiniment  voisins  de  S  ou  de  S', 
certaines  de  ces  ondes  élémentaires  ont  des  rayons  de  courbure  infiniment  petits; 
(le  là  l'anomalie. 

{-)   Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  196. 


SÉANCE  DU  2  1  FÉVIUER  1921.        '         421 

B,A,Aj.  Considérons,  à  un  certain  instant,  deux  ondes  S,  et  S',,  issues 
de  A,  et  de  lî,,  qui  se  coupent  sur  l'axe;  leurs  diamètres  diffèrent 
de  2A,B,  cosO,.  Soit  s,  leur  dislance  mesurée  sur  A,D|  ;  0,  sera  positif 
quand  S',  sera  en  avant  de  S,.  On  a 

£,  =  A,  B,  \cos  B,  A,D,  —  co&Oi)  =  Ai  B,  [cos(?,(cos(/i  —  i)  -h  sin  0,  siii  «1  cos ri], 

A  un  autre  instant,  les  ondes  S,  et  S,  sont  devenues  S^  et  S',.  L'onde  So, 
par  hypothèse,  est  une  sphère  dont  le  centre  est  A^.  L'onde  S'^,  d'après 
notre  construction,  passe  par  le  point  obtenu  en  portant  sur  DjAo,  à  partir 
de  So,  une  longueur  t.>  : 


n,  et  n^  étant  les  indices  des  deux  milieux. 

Construisons  ainsi  point  par  point  l'onde  S.,.  Pour  qu'elle  soit  sphérique 
avec  son  centre  en  B^,  il  faut  et  il  suffit  qu'on  ait  partout 

£2  —  A.2B.,[cos9j(cos«2 —  ')  +  sin  $2  *iu  "2  cosrj]. 

Cette  égalité  doit  être  satisfaite  quel  que  soit  y],  et  11.^  ne  dépend  pas 
de  q;  il  faut  et  il  suffit  qu'on  satisfasse  à  l'un  des  trois  groupes  de  condi- 
tions : 

(2)  s'inO^  =r  siiiSo  =^  o 


"1  «2A2B2 

.       I 

un- -  Ui  - — TT- 

2  //,A,B, 


(3)  cos9,  =  cosîjrr  o, 


si„.I„,        «.A2B2' 
2 

siii  «2        /(,  A,  B, 


S'il",        /i.,A,B., 


Pour  (2),  les  points  B,  et  B,  sont  sur  l'axe;  on  a  la  condition  d'Herschel. 

Pour  (3),  les  points  B,  et  B,  sont  sur  les  plans  de  front  passant  par  A,  et 
Ao;  on  a  la  condition  des  sinus.  Ainsi  cette  condition  est  nécessaire  et  suffi- 
sante pour  l'aplanétisme. 

La  même  construction  nous  donne  la  forme  de  l'onde  S,  dans  le  cas  où  la 
condition  des  sinus  n'est  pas  satisfaite.  Elle  nous  montre  que,  en  pareil  cas, 
l'aberration  au  point  B,  (coma)  est  déterminée  par  la  seule  fonction  qui  lie 
sinMoàsin//,,  sans  autres  données,  ce  qui  n'était  pas  certain.  De  cette  fonc- 

C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  17v!,  N'  8.)  ^^ 


422  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lion  on  peut  déduire  le  coma  par  un  calcul  simple,  problème  qui  a  un 
certain  intérêt  pratique,  et  qui  fera  l'objet  d'une  autre  publication  ('). 
3.   Considérons  en  terminant  une  difficulté  apparente  qui  se  présente 

dans  le  cas  où  u,  =  -•  Admettons  que  l'on  ait  ^^ — -  -c^  i.  La  condition  des 

sinus  étant  supposée-satisfaite,  il  devrait  y  avoir  aplanélisme,  tandis  que 
celui-ci  est  loin  d'exister  dans  ce  cas  particulier.  En  effet,  le  rayon  A,B, 
émis  perpendiculairement  à  l'axe  devrait  passer  à  la  fois  par  A.,  et  par  Bj, 
ce  qui  est  impossible,  puisqu'il  fait  un  angle  aigu  avec  l'axe  en  arrivant 
en  A^. 

Examinons  le  cas  mieux  défini  d'une  sphère  d'indice  n,  placée  dans  l'air,  où 
les  points  A,  et  Aj  occupent  les  positions  conjuguées  de  stigmatisme,  c'est-à- 
dire  que  O  étant  le  centre,  on  a  OA,  =  —  et  OAj  =  n\\.  Le  fait  qui  nous 

occupe  se  produit  de  même  ici,  quand  on  considère  le  rayon  AjB,  émis 
perpendiculairement  à  la  ligne  A,  Ao,  tandis  que  pour  toute  valeur  de  «,  non 

infiniment  voisine  de  ->  il  y  a  une  image  virtuelle  Bo  où  viennent  se  croiser 

les  prolongements  des  rayons  issus  de  B, . 

Le  calcul  montre  que  pour  ;/,  =  -,  le  rayon  émergent  est  tangent  à  la 

splière,  et  cette  remarque  nous  donne  la  clef  de  la  difficulté.  Dans  la 
d ''monstration  de  notre  construction,  nous  avons  remarqué  qu'il  faut 
exclure  le  cas  où  il  y  a  une  réfraclion  avec  émergence  rasante;  il  se  peut 
donc,  dans  ce  cas  limite,  que  la  relation  générale  entre  l'aplanétisme  et  la 
condition  des  sinus  cesse  d'exister.  Cela  nous  apprend,  par  une  voie  indi- 
recte, que,  pour  réaliser  la  condition  des  sinus  jusqu'à  la  limite  ->  il  est 

nécessaire  de  faire  intervenir  une  réfraction,  qui,  à  cette  limite,  se  fasse  avec 
éiuergeiice  rasante. 

Dans  le  cas  du  dioptre,  l'anoujalie  peut  être  étudiée  en  détail,  (^uand  u, 

(  '  )  Le  lésuliat  le  plus  saillant  de  ce  calcul  est  le  siii\  aiil  :  'l'euons  compte  seulement 
d^s  rayons  émis  par  B,  qui  font  un  angle  «,  avfc  l'axe.  Ces  rayons  dessinent  sur  le 
plan  f(>cal  réel  ou  virtuel  une  courbe  qui  représente  l'image  de  li,  pour  ce  groupe; 
l'ensemble  de  ces  courbes,  pour  les  diverses  valeurs  de  </,,  est  le  coma.  Ces  courbes 
sont  toujours  des  cercles,  quelle  que  soil  la  fonction  qui  lie  sinj/j  à  sin«,.  Les  valeurs 
de  cette  fonction  et  de  sa  dérivée  première  déterminent  leur  diamètre  et  leur  position, 
a.nsi  (|ue  l'angle  variable  sous  lequel  on  les  verrait  du  point  B,,  image  de  B,  ])our  les 
rayons  centraux.  A  la  limite,  pour  //,  très  petit,  cet  angle  est  de  60",  résultat  connu 
dipuis  longtemps. 


SÉANCE  DU  21  FKVIUER  1921.  ^23 

se  rapproche  de->  lant  qu'il  y  a  une  différence  finie,  le  proIonj;cmenl  du 
rayon  émergent  passe  par  B^;  mais,  quand //,  devient  infiniment  voisin 
de  ->  celte  ligne  se  déplace  et  vient  passer  par  Ao. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.   —  Sur  certains  réseaux  qui  se  présentent  dans 
l'étude  des  congruences  qui  appartiennent  à  un  complexe  linéaire.  Note 

de  M.  C.  GUICHABD. 

'  Je  prends  comme  troisième  axe  de  coordonnées  l'axe  du  complexe  que  je 
suppose  vertical.  Soit  G  une  droite  qui  décrit  une  congruence  du  com- 
plexe. Je  désignerai  parC  son  premier  foyer,  par  D  le  second;  parC,,C.j,  ... 
les  réseaux  déduits  de  C  par  l'application  de  la  méthode  de  Laplace  ;  par 
D,,  Do,  ...  ceux  qu'on  déduit  de  1).  Si  M  est  un  réseau  quelconque,  je  dési- 
gnerai par  11,11,,  ...  les  réseaux  déduits  de  M  en  allant  de  u  vers  t-;  par 
S,  S|,  ...  ceux  qu'on  en  déduit  en  sens  inverse. 

Cela  posé,  je  désigne  par  (a)  un  réseau  qui  correspond  à  (G  )  par  orlho- 
gonalité;  par  (ji)  un  réseau  conjugué  à  G;  par  (y)  un  réseau  harmonique. 

I.  Si  M  décrit  un  réseau  (a),  les  plans  MRll,,  MSS,  sont  perpendicu- 
laires respectivement  aux  droites  CC,  et  DD,  ;  les  projections  horizontales 
de  ces  droites  étant  parallèles,  les  plans  MRR,  et  MSS,  se  coupent  suivant 
une  horizontale.  Il  est  clair  que  la  réciproque  est  exacte.  Or  les  plans 
MRR|,  MSS,  sont  les  plans  osculateurs  des  courbes  du  réseau  M.  Donc  : 

La  propriété  caractéristique  du  réseau  (a)  est  la  suivante  :  La  droite 
(l^ intersection  des  plans  osculateurs  aux  deux  courbes  du  réseau  est  horizontale :, 
d'où  Ton  déduit  le  théorème  suivant  : 

Pour  que  les  plans  osculateurs  aux  lignes  de  courbure  d'une  surface  se 
coupent  suivant  une  horizontale,  il  faut  et  il  suffit  que  la  représeniation  sphé- 
rique  des  lignes  de  courbure  soit  la  même  que  celle  d'un  hélicoide  d'axe 
vertical. 

II.  Je  suppose  maintenant  que  le  réseau  M  soit  un  réseau  (fï),  c'est-à-dire 
que  M  soit  conjugué  à  la  congruence  G.  D'après  la  théorie  générale  des 
réseaux  et  congruences,  CC,  ])asse  par  S,  DD,  par  lî.  La  droite  RS  qui 
rencontre  les  droites  CC,  et  DD, ,  qui  sont  polaires  réci[»roques  par  rapport 
au  complexe,  appartient  au  complexe. 

•  La  réciproque  est  exacte.  Si  la  droite  RS  appartient  au  complexe,  il  y  a 


424  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  infinilè  de  congruenccs.  formant  un  faisceau  linéaire,  qui  sont  conjuguées 
au  réseau  M  et  qui  appartiennent  au  complexe. 

Soit  alors  1  le  pôle  du  plan  tangent  en  M  ;  le  point  I  est  sur  RS;  il  décrit 
un  réseau  polaire  réciproque  du  réseau  M;  ce  réseau  1  est  harmonique  à  la 
congruence  G  ;  la  droite  US  est  la  droite  d'intersection  des  plans  osculateurs 
aux  courbes  du  réseau  I. 

D'où  les  propriétés  suivantes  : 

Pour  qu  un  réseau  soit  un  réseau  (^),  il  faut  et  il  suffit  que  la  droite  RS 
appartienne  au  complexe. 

Pour  qu  un  réseau  soit  un  réseau  (^{),  il  faut  et  il  suffit  que  r  intersection  des 
plans  osculateurs  aux  courbes  du  réseau  appartienne  au  complexe. 

Si  le  réseau  M  est  un  réseau  O,  les  points  R  et  S  sont  les  centres  de 
courbure  géodésiques  des  lignes  de  courbure,  la  eongruence  G  est  O  ou  2  O. 
Donc  : 

Les  réseaux  O  pour  lesquels  la  droite  qui  joint  le  centre  de  courbure  géodé- 
sique  des  lignes  de  courbure  appartient  au  complexe  sont  tracés  sur  un  liélicoïde 
ou  sont  conjugués  à  une  congruence  lO  du  complexe. 

Si  le  réseau  I  est  O,  la  congruence  G  est  une  congruence  C.  Donc  : 

Pour  que  la  droite  d^ intersection  des  plans  osculateurs  aux  lignes  de  cour- 
hure  iTune  surface  appartienne  au  complexe,  il  faut  et  il  suffit  que  le  réseau  O 
formé  par  ces  lignes  soit  harmoiwfue  à  une  congruence  C  du  complexe. 

Dans  une  Note  précédente  j'ai  étudié  les  congruences  C  et  les 
congruences  2O  qui  appartiennent  à  un  complexe  linéaire. 

III.  Je  su|)pose  toujours  que  M  soit  conjugué  à  G;  par  l'origine  je  mène 
une  droite  g  parallèle  à  G,  sur  cette  droite  ^  il  y  aura  des  points  m  qui 
décrivent  des  réseaux  parallèles  à  M  ;  je  désigne  par  /•.  s,  les  réseaux 
déduits  de  m  par  la  méthode  de  Laplace.  On  sait  que  CC,  et  DD,  sont 
respectivement  parallèles  à  O*  et  à  O/-;  donc  Os  et  Or  sont  dans  un  même 
plan  vertical,  ce  qui  revient  à  dire  que  la  droite  rs  rencontre  l'axe  du 
complexe.  Il  est  clair  que,  réciproquement,  s'il  en  est  ainsi,  la  droite  Om 
décrit  une  congruence  point  parallèle  à  une  congruence  du  complexe; 
donc  : 

Les  réseaux  pour  lesquels  la  droite  RS  rencontre  une  droite  fixe  sont 
parallèles  aux  réseaux  p. 

En  particulier,  on  voit  comment  on  peut  trouver  les  réseaux  O  pour 
lesquels  RS  rencontre  une  droite  fixe. 

IV.  Je  projette  horizontalement  les  réseaux  (a),  (^^),  (y);  soient  (a  ). 
(?  )'  (y)  ^^^  réseaux  plans  respectivement  parallèles  à  ces  projections. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  I921.  425 

Je  vais  indiquer  sans  démonstration  les  propriétés  caractéristiques  de  ces 
réseaux. 

Réseaux  [i'.  —  Ils  sont  caractérisés  |)ar  la  relation 

(i)  ?iri2— ^sYii  =  wU  +  «V. 

Si  {a)  est  un  réseau  plan  pour  lecjuel  la  propriété  (i)  existe,  (Aj  un 
réseau  qui  se  projette  suivant  {(i)\  il  y  aura  une  infinité  de  réseaux 
parallèles  à  (A)  et  qui  sont  conjugués  à  une  congruence  du  complexe. 

Iléseaux  a'  el  y\  —  Ces  réseaux  sont  identiques.  Pour  les  caractériser  je 
prends  le  système  d'équations 


<2) 


-r-  =  "' , 

dr 

au  ' 


qui  admet  les  solutions  (f  =  H^,  /•  ^  ■/^/,..  Le  système  (2)  admet  deux  couples 
de  solutions  17, ,  r,  et  y^,  r..  tels  que  ^ 

(3)  iro,—  i, ■/),-+-  (]i7\_—  f/,ri  =  o. 

SoienT:  alors  (b)  un  réseau  plan  possédant  la  propriété  indiquée,  (B)  un 
réseau  qui  se  projette  suivant  i;  je  désigne  par  ^3  et  y],  les  troisièmes  para- 
mètres des  tangentes  au  réseau  B. 

Si  ;;,  est  une  fonction  linéaire  de  q,  et  q^,  le  réseau  (B)  est  un 
réseau  (a). 

Dans  le  cas  contraire,  le  réseau  (^B)  est  parallèle  à  un  réseau  (y). 


HYDRAULlQUi:.  —   Calcul  du  coup  de  bélier  dans  une  conduite  alimentant 
une  turbine  à  forte  réaction.  ?Sote  (  '  )  do  M.  de  Sparre. 

Dans  une  Communication  précédente  (^),  j'ai  montré  que,  dans  une 
conduite  alimentant  une  turbine  à  forte  réaction,  le  coup  de  bélier  peut 
dépasser  de  beaucoup,  pour  une  loi  de  fermeture  donnée,  celui  qui  se  pro- 
duirait si  la  conduite  alimentait  une  turbine  sans  réaction. 

Dans  ce  qui  suit,  je  vais  donner  des  formules  permettant  de  calculer  le 
coup  de  bélier  pour  les  conduites  dont  il  s'agit. 

(')  Séance  du  14  février  ig^i, 

(-)  Comptes  rendus,  t.  171,   1920,  p.  833-835. 


426  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Je  désigne  par  H„  la  hauteur  de  chute,  par  II„y)  le  coup  de  bélier,  par  V, 
la  vitesse  de  l'eau  dans  la  conduite  pour  le  distributeur  complètement 
ouvert,  par  «„  la  vitesse  d'un  point  de  la  turbine  du  côté  de  l'entrée  de  l'eau, 
par  )•„  et  ?■,  des  rayons  des  circonférences  d'entrée  et  de  sortie  de  la  tur- 
bine ('),  par  y-n  et  j3„  les  angles  des  vitesses  absolues  et  relatives  de  leau,  à 
l'entrée  de  la  turbine,  avec  w,  lorsque  la  turbine  travaille  à  pleine  charge. 
[îi„  est  donc  aussi  l'angle  des  aubes  à  l'entrée  de  la  turbine  avec  u„.  Je  désigne 
en  plus  par  «'c,,'  (-)  la  perte  de  charge  dans  le  distributeur  lorsque  la  vitesse 
de  l'eau  à  sa  sortie  est  i\.  Jo  pose,  de  plus, 

2i,'H„        /■-  _  (1  +  «')sin-j3„  _        sina„cosi3„ 

"l       '    ''l  '  '^    sin-([3o — !/.(,)'  "       sin(|3o — a»)' 


K 


\  =  t/P-,         B=^A  — I,         A,--,         B,=  A, —■ 


Ceci  posé,  je  rappelle  que,  pour  le   calcul  du  coup  de  bélier,  on  doit 

partager  la  durée  de  fermeluie  en  périodes  de  durée  0  =  —,  L  étant  la 

longueur  de  la  conduite  et  a  la  vitesse  de  propagation.  Je  désigne  par  \]„r^„ 
et  par  X„  la  valeur  du  coup  de  bélier  H,,-/],  et  la  fraction  X,  dont  le  distri- 
buteur est  ouvert  à  un  instant  t  quelconque  de  la  /«"'""'période,  HhYj,,-,  et 
X„_,  étant  les  valeurs  de  H„y]  et  A  à  l'instant  /  —  0,  correspondant  de  la 
période  précédente. 

On  peut  alors  calculer  de  proche  en  proche  le  coup  de  bélier,  dans  le  cas 
d'une  loi  de  fermeture  quelconque,  avec  une  approximation  très  suffisante 
par  la  formule  suivante  (')  : 

^^      „  «V,,  A  _H(X„ +  ?.„_,)  .-K}.„_,(A|-B,>.„_.) 

(,)      M„-«„=  —  (A,,-.-  /.«)  ,  +  K/.„(A,-B,).„)  -  "»^"-'     ,  +  lv/.„(A,-H,/.„) 

Dans  cette  formule  on  a  pour  la  première  période  H|,y]„  =  o  et  elle  permet, 
par  suite,  de  calculer  de  proche  en  proche  le  coup  de  bélier  à  un  instant 
(pielconque. 

Si  l'on  suppose  maintenant  que  la  vitesse  de  fermeture  soit  constante  et 


(')  .le  suppose  qu'il  s'agit  d'une  luiltim;  centrifuge  ou  cenlripèle  et,  par  suilf,  si  d) 
est  la  vitesse  angulaire  de  la  turbine,  on  a  «0=  uiio- 
(■-)   D'après  M.  Haleau,  on  pourrait  prendre  a  =  0,06. 
(■■')   En  supposant  toutefois  que  le  coup  de  Ijélier  ne  dépasse  pas  environ   la   moitié 

de  la  11  auteur  de  clin  te,  donc  rj  1  •-• 


SÉANCE    DU    21    lÉVRIER    1921.  427 

que  Ton  désigne  par  T  le  temps  de  la  fermeture  totale  pour  le  distribiileur 
complètement  ouvert,  on  aura 

_    ô  _9.L 

et  la  formule  (i)  devient  par  suite 

.,  ,,       _2LV,     A -H(>.„ +  /.„_,)  i-k7„-,(Ai-B,/.„) 

En  partant  de  cette  dernière  formule,  on  peut  faire  voir  que,  dans  le  cas 

présent  d'une  vitesse  de  fermeture  constante  du  distributeur,  le  coup  de 

bélier   maximum   se   produit,   comme   lorsque   la   conduite    alimente   une 

turbine  sans  réaction,  si  l'ouverture  initiale  est  telle  que  la  fermeture  totale 

2  L     , 
se  fasse  sur  un  temps  0  =  — ->  égale  à  la  durée  d'une  période. 

On  devra  donc,  pour  avoir  le  coup  de  bélier  maximum,  faire  dans  la  for- 
mule (2) 

i         al 

On  aura  alors,  pour  ce  coup  de  bélier  maximum, 

(3)  ll„-fl„,=  — =^    A  — B.-= 


Toutefois,  s'il  s'agit  d'une  fermeture  peu  rapide,  auquel   cas  tt,  est   une 

H  0 
fraction  assez  petite  comnie  d'ailleurs  B  =  A  — i,  on  pourra  négliger^ 

devant  A  et  prendre,  par  suite,  pour  le  coup  de  bélier  maximum, 
où,  comme  nous  l'avons  dit. 

Ces  formules  ont  été  établies  dans  l'hypothèse  où  la  fermeture  du  distri- 
buteur se  fait  par  tiroir,  mais  on  peut  montrer  qu'elles  sont  encore 
applicables  au  cas  où  cette  fermeture  se  fait  par  directrices  mobiles. 


428  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.    —    La   zygomorpliose   endotiènc   dans  les  fleurs    normalement 
actinomorplics.  \o\q  (  '  )  de  M.  Paui.  Vuillemix. 

J'ai  précédemment  défini  la  zygomorphose  endogène;  je  l'ai  opposée  à 
la  zygomorphose  exogène  en  m'appuyant  d'exemples  empruntés  à  une 
fleur  normalement  asymétrique.  La  même  anomalie  est  fréqufnle  chez  des 
espèces  habituellement  polysymétriqucs. 

Dans  les  fleurs  aclinomorphes,  la  zygomorphose  résulte  de  modifications 
portant  sur  la  position,  la  configuration,  le  nombre,  quand  ces  modifica- 
tions sortent  des  limites  de  l'oscillation  normale. 

A.  MoDnicvTiON  DE  POSITION.  —  Dcs  appendices,  dont  les  rudiments  ont 
une  position  fixe,  sont  déplacés  par  des  inégalités  de  développement.  Le 
déplacement,  radial  ou  circulaire,  peut  dépasser  les  limites  d'amplitude  de 
l'oscillation  normale. 

a.  Déplacement  radial.  —  Deux  fleurs  de  LHiuin  candidiim  (igoo)  sont  rendues 
zygomorplies  par  ailhérence  de  l'élamine  anlérieure  au  pistil.  Une  fleur  penlamére  de 
Fuchsia  coccinea  (1897)  ^  "J"®  étamine  postérieure  dont  le  filet  se  confond  avec  le 
style  et  dégage  son  anthère  à  a"""', .5  de  stigmate. 

b.  Déplacement  circulaire.  —  Dans  une  fleur  de  l'apaver  orientale  (10  oc- 
tobre i8g3),  le  déj)lacenient  des  sépales  et  des  pétales,  ([ui  amène  la  zygomorphose 
médiane,  résulte  de  l'influence  de  l'appareil  végétatif  sur  la  fleui-.  Tout  en  restant 
tétramères,  le  calice  et  la  corolle  ont  des  appendices  divergeant  de  i44°  comme  les 
feuilles.  Toutefois  la  divergence  est  de  108°  entre  la  dernière  feuille  et  le  premier 
sépale,  de  252"  entre  le  dernier  sépale  et  le  premier  pétale,  de  288"  entre  le  troisième 
et  le  dernier  pétale.  Tout  se  réduit  à  l'avortement  du  cinquième  sépale  et  du  (|ua- 
Irième  pétale,  qui  devraient,  suivant  la  phyllolaxie,  occuper. la  médiane,  le  premier 
en,arriéi-«,  le  second  en  avant,  par  suite  d'une  diveigence  de  passage,  qui  fait  reculer 
de  36°  le  piemier  sépale  et  du  même  angle  le  ]ireniier^)élale.  Le  changement  phyllo- 
laxique  et  ra\orlement  sont  dans  ce  cas  les  fadeurs  du  déplacement  circulaire  et  de 
la  zygomorphose. 

Morren  songeait  au  déplacement  circulaire  quand  il  ciéait  le  nom  de  méiaphérie 
pour  l'anomalie  d'une  fleur  de /'"«c/(.5/a  dont  lus  pétales  étaient  superposés  aux  sépales. 
L'exemple  est  des  plus  discutables;  les  pièces  pétaloïdes,  concrescentcs  aux  étamines 
épisépale.s,  étaient  sans  doute  issues  de  l'aiidrocée.  tandis  que  la  corolle  était  avortée. 

B.  Moi)iric.\TiON  DE  LA  coNrii;uiiATio\.  —  D'après  leur  oi'iginc^,  les  appen- 
dices floraux  sont  des  phyllomes  ou  des  frondomes.  Bien  que  tous  les  fron- 
domes  soient  homologues,  ilsdiiïèrenl  jiar  la  siruclure  et  les  proportions. 

(')  Séance  du  7  février  192  i. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1921.  429 

Pétales,  étamlnes,  placentas  prolongés  par  les  stig-mates,  ont  leur  structure 
difTérenlielle  imprimée  par  leurs  rapports  avec  les  organes  reproducteurs. 
Les  pièces  homologues  sont  interchangeables  par  simple  oscillation  de 
structure  dont  on  connaît  des  exemples,  restreints  il  est  vrai,  à  l'état 
normal.  Les  proportions  de  chaque  membre  sont  sujettes  aussi  à  des  oscilla- 
lions  de  faible  amplitude. 

I^'anomalie  commence  quand  les  oscillations  dépassent  les  limites  habi- 
tuelles. Les  oscillations  exorbitantes  se  traduisent  :  a,  par  des  substitutions 
homologues;  h,  par  une  disproportion  exceptionnelle. 

a.  SubsliliUions  homologues.  —  Un  filet  surmonté  de  deux  anthères  adossées 
remplace  létauiine  et  le  pétale  postéiieurs  dun  Colcliiciim  aulumnale  (iSgS).  Le 
pétille  antérieur  duii  Lilium  candidiim  est  réduit  à  une  crêli'  prolongeant  le  connectif 
de  létamine.  Chez  le  Philadelphits  coronarius.  la  pélalisalion  de;*  étaniines  est  fré- 
quente. Selon  Schleehtendai  (1842),  Jacobasch  (1882),  elle  aflTecte  avant  tout  les 
quatre  premières,  superpo^ées  aux  sépales.  Cette  substitution,  limitée  à  une  élamine 
ou  à  deux  opposées,  nia  fourni  (1917)  des  exemples  de  zygoinorpliose  niédirtiie  ou 
transversale. 

Chez  le  Forsythia  viridissiina  (1908)  la  zygomoiphose  transversale  est  souvent  due 
à  un  lobe  interpétalaire  détaché  d'un  rudiment  slaniinal. 

J'en  rapproche  un  petit  pél;ile  situé  en  dehors  d'une  étamine  courte  d  Arabis 
alpina  (1902).  Dans  un  autre  exemplaire  (1894)  les  deux  étamines  de  droite  étaient 
réduites  au  filet;  une  anthère  se  détachait  de  la  lame  malingre  de  chaque  pétale 
correspondant. 

La  staminodie  d'un  ou  deux  stigmates,  mentionnée  par  Massalongo  (i883)  chez  Vliis 
squalens  x  Jlore/iCina.  est  à  retenir  comme  cause  tie  zygomorphose. 

b.  Disproportion.  —  Rien  n'est  plus  commun  qu'une  dépression  marginale  parta- 
geant en  deux  lobes  un  sépale  ou  un  pétale.  Le  plus  souvent  le  bord  de  la  pièce  voi- 
sine offre  un  retrait  semblable.  J'ai  vu  chez  le  Seringat  le  lobe  supérieur  déborder 
rinférieur  dans  un  pétale,  tandis  que  c'était  l'inverse  dans  l'autre.  D'ordinaire  les 
échancrures  sont  symétriques.  Suivant  la  remarque  de  Pippow  (1877)  elles  sont 
surtout  fréquentes  dans  les  espèces  dont  la  prélloraison  oscille  entre  le  type  imliriqué 
et  le  type  tordu.  Elles  ont  pour  origine  un  déplacement  et  une  collision  des  membres 
au  cours  de  la  croissance. 

La  répétition  du  même  ])hénomène  en  divers  points  du  bouton  peut  détruire  toute 
symétrie.  S'il  se  limite  à  une  paiie  où  à  des  paires  disposées  symétriquement,  il 
devient  la  cause  la  plus  eommune  de  la  zygomorphose  médiane,  oblique  ou  trans- 
versale. 

La  moitié  postérieure  d'une  fleur  de  I^is  (igrS)  est  uniformément  atrophiée.  L'aii- 
drocée  est  réduit  aux  trois  étamines  antérieures.  I^es  )>élales  postérieurs,  trop  rajipro- 
chés,  se  sont  heurtés  sur  la  médiane,  puis  repliés  symétriquement  chacun  de  son  côté; 
ils  restent  en  contact  parla  face  dorsale. 

Ailleurs,  deux  sépales   contigus  coniluenl  en  une   pièce  bifide  et   le  pétale  intermé- 


43o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diaire  reste  nidimenlaiie.  Ainsi  -.e  réalise   une  7,vgomor]iliose  ol)Iique   signalée  précé- 
demmenl  (  '  )  chez  la  Fuchsia  coccinca.  Uildebrand   (1899)   a   décrit  un  cas  analogue. 

C.  Modification  df.  nombre.  —  Les  nombres  définis  compalililes  avec  la 
symétrie  sont  oscillants  ou  fixes.  Les  nombres  oscillent  fréquemment  de 
2  à  4  dans  des  espèces  haliituellement  trimères,  de  3  à  5  dans  des  espèces 
d'habitude  tétramères,  de  4  à  6  dans  des  espèces  habituellement  penta- 
mères.  L'oscillation  ne  modifie  pas  la  symétrie  quand  elle  est  concordante 
dans  tous  les  cycles.  Il  en  est  autrement  quand  elle  est  discordante  et  change 
les  rapports  numériques  entre  les  cycles  d'une  même  fleur.  Les  nombres 
fixes  sont  altérés  par  avorlemenl  ou  par  addition.  Les  nombres  additionnels 
sont  soit  supplémentaires,  soit  complémentaires. 

Les  modifications  numériques  qui  entraînent  la  zygomorphose  se  ramè- 
nent à.  trois  :  a.  Oscillation  discordante;  h.  Avortement  ou  addition  de 
membres  supplémentaires;  c.  Développement  de  membres  complémen- 
taires. 

a.  Oscillation  discordante.  —  Une  (leur  de  Lilium  candidum  (1907)3  tous  les 
cycles  diiiières,  sauf  quatre  étamines  épipétales.  Dans  une  autre,  tous  les  cycles  sont 
trimères,  à  l'exception  du  pistil  formé  de  deuN  carpelles  médians  et  des  étamines 
épipétales  dont  la  médiane  manque.  Le  périanihe  d'un  Scilla  bifolia  (1909)  n'a  que 
cinq  pièces,  dont  une  plus  large;  le  reste  est  trimère.  Une  fleur  de  Colchicuni  atitiini- 
nale  (1890)  serait  exactement  dinièrc  si  l'étamine  postérieure  épisépale  n'était  bifide. 
Six  autres  ont  deux  pétales  entre  les  sépales  postérieurs.  La  première  a  une  étamine 
bifide  entre  ces  deu\  pièces;  les  suivantes  ont  autant  de  ])ièces  séparées  à  Tandrocée 
qu'au  périanthe.  La  corolle  est  d'ailleurs  complète,  ainsi  que  le  calice  et  le  pistil  dans 
les  deux  premières  fleurs.  Dans  les  quatre  autres,  les  pétales  antérieurs  se  confondent 
en  un  seul,  ainsi  que  les  étamines,  et  le  sépale  médian  est  avorté.  L"avortement 
s'étend  au  carpelle  médian  dans  la  dernière. 

I^a  zygomorpliie  n'est  troublée  que  dans  la  troisième  fleur,  où  le  pétale  antérieur 
et  le  postérieur  gauche  ont  des  échancrures  symétriques.  Les  autres  fleurs  de  Col- 
chique, de  même  que  les  làs  et  la  Scille,  ont  acquis  la  zygomorphose  médiane.  \ous 
la  reli-ou\ons  dans  deux  fleurs  A'Anagallis  phcenicea  (1908).  L'hexamérie  n'est 
troublée  dans  la  ])remière  que  par  l'absence  du  sépale  postérieur;  le  type  5  n'est  altéré 
dans  la  seconde  que  par  rin(li\  idualisation.d'un  petit  pétale  postérieur.  La  zygomor- 
phose oblique  résulte,  dans  d'autres  spécimens,  de  l'inlcrcalation  d'un  petit  pétale 
entre  les  pétales  normaux  ou  de  la  bipartition  de  l'un  d'eux'. 

h.  A  t'orientent.  Addition  de  membres  supplcmentaires.  —  La  fleur  tVO.ralis  cor- 
niculata  est  normalement  aclinomorjilie  et  penlamère.  Cinq  exemj)laires  (1894-189.J) 
sont  rendus  zygomorphtîS  par  l'aNortement  de  l'étamine  médiane  antérieure.  Rien 
d'autre  ne  distingue  la  première;  le  ()i'laie  et  le  sépale  médians  manquent  aux  suivantes. 

(')  Comptes  rendus,  t.   171,   '930,  p.  1195,  fig.  7. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1921.  43l 

iJans  la  Iroisiènie,  les  étaiiiines  épiinHales  anlero-lalérales  sont  aussi  longues  que 
les  épisépales.  Oulre  le  pistil  normal,  la  qiiatiièine  possède  un  carpelle  médian  posté- 
rieur, rudiment  d'un  cycle  épisépaie.  Ce  cycle  esl  complet  dans  la  cinquième  qui,  par 
contre,  n'a  gar.lé  du  cycle  normal  que  le  carpelle  médian  antérieur. 

Le  Sm'nga  vitlffaris  n'a  qu'un  plan  de  symétrie  quand  la  coiolle  compte  trois  ou 
cinq  pièces,  le  pistil  restant  dimère.  Il  en  esl  de  mètiie  du  Gentiana  Cruciata  (1906). 
Tout  en  restant  pentamére  dans  le  calice  et  le  pistil,  le  Campanula  Trachelium  a 
souvent  six  pétales  et  six  élamines. 

Les  f^ychnis  dioica  et  Malachiurn  aijuaticum  (1894),  Cerasliuin  arvense  (i<S97), 
m'ont  fourni  des  fleurs  tétramères,  sauf  dans  le  pistil  demeuré  peniamère. 

Le  Cornus  sangtiinea  est  fréquemment  irimére  ou  pentamére,  à  l'exception  du 
pistil.  La  zvgomorphie  est  habituelle  dans  la  (leur  teiminaie,  le  plus  souvent  penta- 
mére. 

c.  Développement  de  membres  complcmenlaires.  —  La  iygomorphose  médiane 
provient  chez  un  Iris  variegata  (18S9)  du  développement,  devant  le  pétale  j)oslé- 
rieur,  de  l'étamine  médiane  d'ordinaire  avortée. 

Chez  un  Diplotaxis  tenuifolia  (iSgS)  les  deux  étaiiiines  antérieures  sont  soulevées 
jusqu'au  voisinage  du  sommet  obtus  d'une  colonne  due  au  développement  excep- 
tionnel d'une  étamine  médiane.  Les  pétales  antérieurs  ont  des  échancrures  symé- 
triques qui  accusent  mieux  encore  la  zygomor|iliie  médiane. 


M.  L.  Bertiv  fait  liomiiiage  à  l'Acadéinie  de  deux  volumes  posthumes 
de  M.  Jui.es  Boci.vin,  Correspondant  pour  la  Section  de  Mécanique  :  Cours 
de  Mécanique  (ippliquèc  aitv  macluiws,  professé  à  l'Ecole  spéciale  du  Génie 
civil  de  Gand  :  Cf  volume  (2''  partie),  2'"  édition  :  Machines  et  chaudières 
marines  et  leurs  appareils  auxiliaires;  8''  volume,  2''  édition  :  Compresseurs. 
Transmission  du  travail  à  distance.  Appareils  de  levage. 


ELECTIONS. 


Par   48   suffrages  contre  i  à  M.  P.  Zreman,    Sir  Er\est   Hutherford 

est  élu  Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  de  Physique  géné- 
rale, en  remplacement  de  M.  .4.  Michelson.  élu  Associé  étranger. 

Par  l'unanimité  de  48  suffrages,  M.  Jui.es  Iîordet  est  élu  Correspondant 
de  l'Académie  pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  en  remplacement 
de  M.  Pierre  Morat,  décédé. 


432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRE  SPOIXD  AXCE . 


M.  Louis  Froc  adresse  des  remercîments  pour  la  subvention  qui  a  été 
accordée  à  V Observatoire  de  Zi-ka-\rei  sur  la  Fondation  Louircuil. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

M.  L.  Patuizi.  //    CAr.AVAGGio    c   la  nova   crilica  d'artc.    (Prési-nté  par 
M.  Cil.  Richet.j 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  équation  de  Fredholm  dans  le  domaine 
complexe  et  son  apolication  à  la  théorie  des  systèmes  d'équations  linéaires 
à  une  infinité  d'inconnues.  Note  de  M.  Roi.ix  Wavre,  transmise  par 
M.  Hadamard. 

On  sait  que  la  théorie  de  l'équalion  de  Fredholm  est  étroitement  liée  à 
celle  des  systèmes  d'équations  linéaires  à  une  infinité  d'inconnues,  qui,  après 
Poincaré,  doit  ses  progrès  essentiels  aux  travaux  de  M.  von  Koch.  Quoique 
l'on  ait  habituellement  ramené  la  discussion  d'une  équation  de  Fredholm 
à  celle  d'un  système  infini,  je  voudrais  montrer  ici  qu'il  y  a  intérêt  à  faire 
l'inverse  dans  certains  cas. 

S'>it  l'équation  intégrale 

C)  9(.r)  =  ^.y^cp{..)N(^.r,l)^+/(.r),  ' 

où  F  désigne  un  contour  fermé  entourant  l'origine  du  plan  complexe; 
?s(.r,  -  )   une  fonction  holomorphe  en  x  et  bornée  dans  un  domaine  D, 

contenant  le  contour  1"  au  sens  étroit,  et  cela  quel  que  soit  ;  sur  Y\f{x) 
une  fonction  holomorphe  dans  un  domaine  contenant,  également  au  sens" 
élpiiit,  le  contour  V . 

Snns  ces  hypothèses,  ?S  (x,  -)  étant  bornée  sur  F,  la  théorie  de  l'iedholm 
s'iq)|>lique  à  l'équation  (  i  )  et  nous  assure  de  l'existence  et  de  l'unicité  pour 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1921.  433 

une  valeur  non  caractérislique  de  X,  d'une  solution  9(j'),  bornée  sur  V.  On 
en  oonclul  immédiatement  que  cp(j') — fi-'^')  est  holomorphe  dans  D. 
Dès  lors,  en  posant 


NU^HSS'^-i'    f^^^-^=l' 


et  en  prenant  pour  F  un  cercle  de  rayon  p,  centré  en  .r  =  o,  sur  lequel  je 
supposerai  que  le  développement  de  N(.r,  -j  converge  absolument; 
(i)  équivaut  formellement  au  système  d'équations 

(3)  j:„—l'^a,„:J-„=Cp, 

les  œ„  étant  les  coefficients  de  Tayior  de  9(^7).  Ceci  étant,  j'appellerai, 
d'une   manière  générale,   fonction  génératrice  d'une  solution  quelconque 

(a;,,  a;,,  ...,  x, )  du  système  (2)  la  fonction  9(0?)  =V^-„a;"  et  solution 

n  =  l 

régulière  de  (2)  toule  solution  qui  est  aussi  solution  de  (i).  Je  puis  alors 
énoncer  le  lliéorème  suivant  : 

La  solution  unique  de  l'équation  (i)  est  aussi  solution  de  (2).  fm'erscment, 
toute  solution  de  (2^  telle  que  sa  fonction  génératrice  converge  dans  un  cercle 
de  rayon  supérieur  à  p  est  solution  de  (^1)  et  par  suite  est  unique. 

On  voit  que  si  l'on  connaît  la  nature  analytique  de  N  f  .r,  -j  et  de/(x), 
on  connaîtra,  sans  avoir  explicitement  résolu  le  système  (2),  les  inconnues  x„ 
par  l'intermédiaire  de  leur  fonction  génératrice,  dont  nous  connaîtrons 
intégralement  ou  partiellement  le  domaine  d'existence  suivant  la  nature 
de  N  /a',  -  j  •  On  sait  que  pour  un  grand  nombre  d'applications  les  rensei- 
gnements obtenus  de  cette  manière  sur  les  solutions  régulières  x\,  sont  les 
renseignements  essentiels. 

En  tirant  parti  de  ce  que  les  hypothèses  faites  au  début  sur  les  a^,„  et 
les  Cj,  peuvent  être  satisfaites  pour  plusieurs  valeurs  de  p,  on  peut  énoncer 
le  corollaire  suivant  : 

Si  les  hypothèses  faites  sur  les  a^,„  et  les  c^  sont  satisfaites  quel  que  soit  p, 
compris  entre  deux  nombres  fixes  p,  et  p.,  qui  peuvent  être  o  et  ao,  la 
fonction  génératrice  de  la  solution  régulière  aura  un  rayon  de  convergence 
au  moins  égal  à  p,;  les  fonctions  génératrices  des  solutions  non  régulières 
auront  un  rayon  au  plus  égal  à  p, . 


434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Au  point  de  vue  de  la  théorie  des  délerminanis  infinis,  les  hypothèses 
faites  sur  les  n^,,,  montrent  que  le  déterminant  infini  du  système  (2)  est 
normaloïde  au  sens  de  M.  von  Koch. 

La  discussion  précédente  s'applique  au  nombre  bien  déterminé  de  solu- 
tions de  l'équation  homogène  (i)  pour  une  valeur  caractéristique  de  A. 
Pour  donner  un  exemple  très  simple,  je  citerai  l'équalion 


■^  1T.lJy{Z-UX)" 


"       <    I  . 


qui  n'admet  aucune  solution.  Donc  le  système  correspondant  a  toutes  ses 
solutions  singulières  et  leur  fonction  génératrice  a  un  rayon  de  convergence 
nul. 

ALGÈBRE.  —  Résuliilion  de  Véqwiliun  inilélcrminée 
qX'  —  p\-y^  «\Y--t- V3=i. 

Note  do  M.  Boris  Delaunay,  transmise  par  M.  HadamaiJ. 

1.  Soit  a  la  racine  réelle  de  l'équation  cubique  a^  =  nvr  -F-/>a  4-  '/.  Avant 
tout  il  faut  calculer  l'unité  fondamentale  £„  de  l'anneau  0(a),  ce  qu'on  fera 
par  la  méthode    de  Woronoï.    Soit  î„  =  «a- -+- èa -4- c  cette   unité  (celle 

entre  t,  -,  —  i,  —  -  qui  donne  o  <<£„<;  i  ),  alors  toutes  les  solutions  (X,Y) 

seront  les  puissances  e'J'  ou  e^'",  avec  des  exposants  entiers  positifs  m,  qui 
seront  binômes,  c'est-à-dire  de  la  forme  Pa  -f-  i). 

'2.  Nous  appellerons  l'unité  réduite  s'il  n'y  a  pas  de  nombre  À  tel  que  a 
soit  divisible  par  A'  et  b  par  A;  au  cas  où  cela  se  rencontrerait,  nous  adjoin- 
drions À  à  a  en  remplaçant  a  par  a  --^  Aa. 

Théorème.  —  Aucune  puissance  de  l' unité  réduite  (ic.-+  hy.  -1-  r  ne  peut  être 
binôme  s'il  y  a  un  nombre  premier  impair  t.  qui  est  diviseur  conimlm  ck'  <i  et  b. 
Soit  (a7.^  H-  07.  +  c)'"  =  Px  -I-  Q,  en  remplaçant  a  par  ^  —  ■/,  et  en  posant 

X  =  — —,  où  a  =  oa,  ;  b  =  o/>,  et  (^/,,  A,  )  =^  i  [nous  désignerons  par  (x,  c) 

le  plus  grand  commun  diviseur],  nous  oblenons  (op- -+- t)'"  =  P'p  +  Q', 
où  p  =  2a,  P,  0  =  (a,  b),  «7  =:  !^a,e  —  cb'^.  Nous  avons  (0,  c)  =  i,  puisque 
(a,  è,  c)^T,  et  (0,  «,)  =  i,  puisque  l'unité  est  réduite,  et  nous  voyons 
que  (0,  cr)  ne  peut  être  qu'un  diviseur  de  4,  fl  alors  si  0  a  un  diviseur  pre- 
mier impair  -,  (-,  7)  =  1 .    Posons  (0:'"'+  a-)"'=  M'p--i-  P'p  +  (/,-  alors 


SÉANCE  DU  2  1  FKVRIER  I921. 

m  (  //(  -  -  1  ):•_,„-  ^  A       ,     iii(ni  —  i)  (  m  —  ■>,  ) 


^A, 


!.3 


A.. 


435 


,  ce  qui 


ne  peut  être  nul  puiscjuc  si  m  =  Ti'-m,  où  (w,,  ti)  —  i,  les  termes  suivant  le 
premier  seraient  divisibles  au  moins  par  -'•"*"'  par  le  t'ait  que  -rS'-<:^  2;  tt-'^S; 
et  ainsi  de  suite.-  ',.  (.1.  v.  d. 

Remauque  I.  —  Si  (/i,  b)  =^ù  esldidsiblr  par-'  mais  que  l'iinilé  soit  réduite, 
et  {ax-  -\-  h'j.  +  c  )'"  =  M  y.-  +  P  x  +  (  J ,  alors  (NI,  P  )  est  divisible  seulement 
par  -'■,  si  m  ne  V  est  pas  par  -,  et  sûrement  par  •û'''^"',  si  m  est  divisible  par  t:''  . 

Remarque  11.  —  Toutes  les  puissances  telles  que  (M,  P)  soit  divisible  par  t. 
sont  puissances  de  la  plus  basse  d'entre  elles  z'^^-.  ~-  Nous  appellerons  les 
nombres  premiers  -  pour  lesquels  la  |)remière  puissance  î",-  dans  laquelle 
(M,  P  )  est  divisible  par  -  n'a  pas  le  nombre  M  divisible  par  --  de  première 
espèce  par  rapport  à  £„  et  tous  les  autres  de  seconde  espèce. 

L'exposant  a„  est,  si  -  ne  rentre  pas  dans  l'indice  de  a,  un  diviseur 
de  o{-),  où  '^  est  la  fonction  d'Eulor  pour  le  corps  cubique  correspondant. 

3.  (^)uand  le  nombre  cp(-  )  est  grand,  il  est  très  pénible  d'élever  î„  à  la 
puissance  u.„  pour  savoir  de  quelle  espèce  est  -.  Pour  faciliter  ce  calcul, 
nous  avons  trouvé  les  critères  suivants.  Pour  que  -  soit  de  la  seconde  espèce 

si  (  —  j  =  +  1(7:  n'étant  pas  idéal  premier,  cas  qui  ne  se  rencontre  pas  dans 

l'algorithme  de  reluiussenvnt),  il  faut  et  il  suffit  que  la  congruence  V;^o 


■inod-)soit  s 


alisfaite    aui 


—  )  =  —  I ,  c'est  V  £:^  G  (  mod  -  )  qui  joue 


le  même  rôle    :  V  et  T  sont  les  quantités 


£i/'(^i) 
<L{x.i'){'îax,-+-  b) 

1^  (  uC,,  )  (  2  rt  X:, 


0) 


Tr= 


'\i{-r,  )  {ici .r^ 


b) 


t|;((3')(2q(3'+6) 

M,3')/'(,8') 
^{^"){2a^"+b) 


S'' 


H 


pose 


v.t:  £(,3")/'(,S") 

-px—q  =/{x)  =  (x  —  .fi)  {x  -  x.,)  (./■  -  x,)  +  r.'\^{x); 


/i36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

dans  le  premier  cas,  x,,  j^,  .r.,  sont  des  nombres  entiers  réels, 

T,  = ,  Zi=  a .î-,-  ■+-  h  j-,  +  (■  ; 

dans  le  second  cas  a-,  seulement  est  réel  et  oc.,=  [i',  j-.,  —  j5"  sont  des  racines 
imaginaires  de  la  congruence  considérées  par  Woronoi  (1894)  ('). 

4.  Abordons  l'algorithme  de  rchaiissemeju .  Calculons,  pour  cela,  le 
nombre  — a,x  +  i,  -1-  «,«  où  a  =  Ort,,  b=  oh,  et  où  (a,,  b,)  =  1,  et  soit 
>'•  =  ^( — «I  y-  -I-  l>,  -h  a,u)  sa  norme;  tous  les  P  des  solutions  doivent  être 
divisibles  par  z.  Soit  t.  un  diviseur  premier  de  x  :  il  faut  savoir  s'il  est  de 
deuxième  espèce;  pour  cela,  trouvons  la  première  puissance 

sï=Mjj.s<--H  l\j,a +  (),,,. 
dans  laquelle  M^  et  P^,,  sont  divisibles  par  -  ;  u.  sera  un  diviseur  du  nombre 
~  —  1  si  /  -  I  =  H-  I ,  ou  bien  de  --  —  i  si  (  —  j  =  —  i ,  dans  le  cas  excep- 
tionnel où  -  divise  D,  a  sera  diviseur  de  ~^  —  t.,  si  -  n'est  pas  diviseur  de 
l'indice  de  y.,  au  dernier  cas  tout  à  fait  exceptionnel  a  peut  être  plus  grand, 
mais  il  est  toujours  facile  de  le  trouver.  Si  0  n'est  pas  une  puissance  de  2, 
ou  bien  si -1^2  et  que  M|^ne  soit  pas  divisible  par  --,  le  théorème  du  para- 
graphes montre  qu'il  n'y  a  pas  de  solutions. 

■  La  non-divisibilité  de  M^^  par  -=  est  donc  le  critère  d'arrêt  pour  l'algo- 
rithme de  rehaussement.  Si  M^^eo  (niod-r:-)  nous  passons  dans  l'anneau 
0(a)^  0(7:7.),  et  nous  y  cherchons  de  la  même  manière  de  nouveaux 
multiplicateurs  û,  que  nous  essayons  de  nouveau  au  point  de  vue  de  leur 
espèce  envers  t„,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  :  ou  bien,  à  un  certain 
moment,  l'unité  fondamentale  d'un  anneau  soit  binôme,  et  alors  nous  avons 
la  solution  et  il  n'y  en  a  plus;  ou  bien  se  rencontre  un  nombre  -  de  première 
espèce  (c'est  le  critère  d'arrêt),  alors  il  n'\  a  pas  de  solutions  du  tout.  Si 
le  nombre  7:  est  trop  grand,  nous  emploierons  les  critères  du  paragraphe  3. 

5.  .Soit  — ay.  -^  h  -^  an  une  unité,  alors  notre  forme  est  équivalente  à 
une  forme  qui  a  ses  deux  coefficients  extrêmes  égaux  à  i,  et  dont  la  racine 
est  £„.  Nous  appelons  une  telle  forme  fondamentale  réversible.  Soit  celte 
forme  (i,  — p,  n,  i).  Dans  ce  cas  nous  trouvons  /.—  N(£'  +  £'),  et  nous 
passons  aux  deux  équations  (x%  — py.^,  n/.,  1)^  1  et  (7.%  n/.-,  — p/..  1)  =  i 
qui  ne  se  réduisent  déjà  pas  à  des  formes  réversibles  et  que  nous  résolvons 
comme  au  paragraphe  précédent.  Toutes  leurs  solutions  donnent  toutes  les 
solutions  de  (i,  — p,  n,  i)  =  i. 

(')  WoitONOï,  Sur  les  nombres  algébriques  entiers  dépendant  de  la  racine  de 
l'équation  cubique.  SaiiU-l'olersbourg,  iSç)4" 


SÉANCE    DU    21    l'KVUIER    I92I.  f\Z'] 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  certains  modes  de  dèterininalioii  des  solutions 
de  \ii  =  m'-u.  Noie  de  M.  Georuks  Boumga.xd,  présenléo  par  .M.  E. 
(ioursal. 

.Fai  donné,  ici  iiièinc  ('),  quelques  [)i'oposilions  relatives  à  la  délerini- 
nalion  unique  d'une  solulion  de  Au  =  ku,  dans  un  domaine  infini,  par  ses 
caractères  aux  points  très  éloignés,  el  par  ses  valeiirs  à  la  frontière.  Il  y  a 
intérêt  à  ne  pas  s'en  lenir,  comme  je  l'ai  fait  jusqu'à  présent,  à  la  considé- 
ration exclusive  des  solutions  partout  bornées.  Soil  un  domaine  D  de 
frontière  S,  non  singulière  à  dislance  finie;  D  possède  un  nombre  limité  de 
branches  infinies,  de  genre  fini.  Soil  une  solution  de 

.}'U       J-U       O'I] 
o.c-        Or-         dz- 

analytique  dans  D,  nulle  sur  S.  Quel  ensemble  de  conditions  suffit-il  de  lui 
imposer  aux  points  1res  éloignés  de  D  pour  affirmer  qu'elle  y  est  partout 
nulle  ?  On  peut  ado()ter  deux  points  de  vue  bien  distincts  : 

1"  (  )u  bien  chercher  des  propositions  s'appliquant  collectivement  à  tous 
les  domaines  ou  tout  au  moins  à  des  classes  très  étendues  de  domaines; 

2°  Ou  bien,  se  limitant  aux  domaines  dont  l'ensemble  des  points  à  l'infini 
répond  à  quelque  hypothèse  bien  précise,  chercher  pour  eux  seuls  des 
critères  d'unicité,  moyennant  des  conditions  moins  restrictives. 

Lorsque  co  n'est  pas  nul,  on  gagne  relativement  peu  de  précision  lorsqu'on 
passe  du  premier  ordre  d'idées  au  second.  Voici  en  effet,  quant  au  premier 
point  de  vue,  un  théorème  qui  résulte  aisément  de  mes  recherches  précitées  : 

Une  solution  de  (i),  nulle  sur  S,  analytique  dans  D,  est  nulle  en  tout 
point  P  de  ce  domaine,  si  Von  a  |  Up|  <C/(>')^  '"  désignant  la  distance  de  P  à 
un  point  Jixc  ijuelconque  et  /{r)  une  fonction  telle  que  le  produit 

re-""'f{r)  (oj  >  o  1 

tende  vers  zéro  lorsque  /•  augmente  indélinimi;nl . 

Il  en  sera  ainsi,  par  exemple,  si  _/(/")  est  de  la  forme  Ar'"' ,  eu,  désignant 
un  nombre  positif  inférieur  à  w. 

Essayons  maintenant,  en  nous  ralliant  au  second  [loint  de  vue,  d'obtenir 
des  résultats  plus  précis.   Supposons  que  chaque  branche  de  D,  à  partir 

(')  Comptes  rendus,  t.  169,  1919,  p.  893  et  10:10. 

C.  K.,  lyîi,  I"  Semestre.  (T.  172,  N-  8.)  ^^ 


438  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'un  cerlain  moincnl,  soil  limilée  par  un  cylindre,  c'est  là  une  hypolhèse 
favorable  à  noire  ohjel  aciuel,  et  à  lacjuetlc  on  peut  appliquer  le  dévelop- 
peiiienl  indiqué  dans  ma  thèse  (')  pour  loule  solution  U  de  (i),  analytique 
dans  un  cylindre,  au  delà  d'une  certaine  section  droite  et  nulle  sur  sa 
surface.  Ce  dévelop])ement  procède  suivant  les  fonctions  fondamentales  de 
la  section  droite,  les  coefficients  sont  des  fonctions  exponentielles  de  la 
dislance  de  P  à  une  section  droite  fixe  n. 

Supposons  que  P  s'éloigne  indéfiniment  sur  une  parallèle  aux  géné- 
ratrices :  la  croissance  de  Dp  sera  le  moins  rapide  possible  si.  à  partir  de  7, 
Up  garde  un  signe  constant.  Soit  p  la  projection  de  P  sur  t,  on  a  alois  une 
expression  asymptolique  de  Up  au  moyen  de  la  fonction  fondamentale  et  de 
la  constante  caractéristique  de  rang  un  : 

Up=H9,(/<)^v»^^"V'^_£, 

î  tendant  vers  zéro  lorsque  P  s'éloigne  indéfiniment .  De  là  résulte  un  crité- 
rium d'unicité,  spécial  aux  domaines  à  tranches  cylindriques,  facile  à 
énoncer,  et  dépassant  en  précision  le  théorème  collectif  indiqué  plus  haut. 
En  même  temps,  ces  considérations  conduisent  à  nne  proposition  inté- 
ressante en  elle-même.  Elles  montrent  qu'une  solution  de  (i),  analytique  et 
positive  dans  un  domaine  à  branches  cylindriques,  nulle  sur  sa  frontière  et 
tendant  vers  zéro  à  l'infini  dans  toutes  les  branches,  sauf  une,  est  déter- 
minée à  un  facteur  constant  près.  D'où  il  suit  qu'une  solution  de  (i),  ana- 
lytique et  positive  en  D,  nulle  sur  S,  a  une  expression  générale  de  la  forme 

C,U,(t>)+...+  C„U„(I'), 

C,,  . . . ,  C„  désignant  des  constantes  positives  arbitraires  en  nombre  égal  à 
celui  des  branches. 

Mais  ce  cas  est  bien  particulier  el  c'est  seulement  lors(jue  les  diverses 
branches  infinies  de  D  seront  suffisamment  «  é/m/wev  »  (jue  nous  pourrons 
espérer  gagner  en  précision  sur  l'énoncé  du  théorème  collectif.  On  s'en  rend 
parfaitement  compte  en  étudiant  le  cas  d'un  domaine  à  branches  infinies 
coniques,  et  l'on  est  conduit  dans  celle  hypothèse  à  un  résultat  négatif,  à 
savoir  l'absence  de  critère  d'unicité  spécial,  (juelle  (jue  soit  la  petitesse  des 
angles  solides  des  diverses  branches.  Si,  en  effet,  on  étend  à  une  branche 
conique  l'analyse  exposée  plus  haul    pour  une  branche  cylindrique,  on 

(')  Sur  les  foiKlio/is  (le  Gree/t  el  de  Neiiinanii  {HiilUuin  de  la  Société  iiialhé- 
inaliijiie  de  Fiance,  1914.  \o)e/.  priDcipaleinent  le  11°  17). 


SÉANCE  DU  21  KKVIUI'H  1921.  43() 

()l>liont.  pour  une  solution  U  de  (i).  analytique  dans  cette  branche  à  [)aplir 
d'une  certaine  section  droite  sphérique,  el  nulle  sur  la  surface,  un  dévelop- 
penienl  procodanl  suivant  les  fonction.s  fondamentaies  de  cette  section, 
issues  d'une  ccpiation  de  lieltrami.  Les  cocl'licients  sont  des  fonctions  de 
la  distance  /de  1'  au  sommet  du  cône,  vérifiant  des  équations  diirérentielles 
telles  que 

dr-  \  I- j 

dont  toutes  les  intégrales  ont  même  ra[)iditc  de  croissance  et  sont  compa- 
rables à 

/■ 

En  même  temps,  la  proposition  relative  à  l'indétermination  reslrcinle 
d'une  solution  positive  el  analytique  dans  le  domaine,  nulle  à  la  frontière, 
cesse  d'être  vraie.  C'est  ainsi  que,  dans  le  domaine  à  une  seule  branche, 
formé  par  l'ensemble  des  points  de  cote  positive,  dont  la  frontière  S  est  le 
plan  x(  )  \',  une  solution  analytique  nulle  sur  ce  plan  n'est  plus  déterminée 
à  un  facteur  constant  par  la  condition  d'être  positive  dans  tout  le  douiaine  : 
l'expression 

^    s]>(;voj--«Oa'(«)'/«  /        /\9)e»i—"-.v-,„0,^^^ 

fournit  en  effet,  quelles  que  soient  les  fonclionsyet  o"  positives,  une  solution 
réalisant  l'ensemble  des  conditions  précédentes. 

Il  en  est  tout  autrement  pour  l'équation  de  Laplace  :  nous  montrerons 
prochainement  que  les  domaines  à  branches  coniques  compoitent  des 
critères  spéciaux  et  qu'on  peut  leur  étendre  le  théorème  de  l'indétermination 
restreinte  d'une  fonction  positive,  nulle  sur  la  surface.  Le  gain  qu'on  réalise 
alors  en  passant  du  premier  point  de  vue  au  second  est  notablement  plus 
important. 


OPTiQUt;.  —  Absorption  des  rayons  X  de  grande  longueur  d'onde.  Lim'son 
entre  (es  rayons  X  et  la  lumière.  Note  de  M.  Uolweck,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

Dans  une  Note  précédente  ('),  nous  avons  indiqué  le  dispositif  employé 
pour  produire  des  rayons  X  de  grande  longueur  d'onde  et  mesurer  leur 

(')  Comptes  rendus,  t.  171,  iy2o,  p.  Sly. 


44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

absorplion  dans  les  gaz.  Pour  faire  variej'  la  masse  de  gaz  absorbant  traversé, 
on  peut,  soit  laisser  fixe  la  profondeur  de  la  chambre  d'ionisation  et  faire 
varier  la  pression  du  gaz,  soit  laisser  la  pression  fixe  et  faire  varier,  au 
moyen  d'un  plateau  mobile,  le  parcours  des  rayons  dans  le  gaz.  Les  coeffi- 
cients d'absorption  déterminés  par  ces  deux  piocédés  concordent  sensible- 
ment entre  eux  et  avec  les  mesures  faites  en  changeani  aussi  la  pression  du 
gaz  et  le  signe  des  ions  recueillis  ('  ). 

On  a  pu  déterminer,  pour  les  longueurs  d'onde  A  variant  de  loo  à 
4i.io~*  cm  (X,„i„  des  rayons  produits  par  i  9.3  à  3oo  volts),  la  loi  de  variation 

de  -,  p  étant  la  masse  spécifique  du  gaz  absorbant,  en  fonction  deX  et  nous 

avons  trouvé  pour  : 

Oxva;èiie —  =  1,0  /r' 

P 
Azote 0,8 

Hydrogène 0,2 

A  étant  exprimé  en  io~'  cm  et  u.  en  ■;^^.  le  gaz  étant  dans  les  conditions 
normales. 

Si  Ton  compare  ces  nombres  avec  ceux  trouvés  parOwen  (  -),  on  voit  que 
le  rapport  des  coefficients  d'absorption  entre  eux  et  leurs  lois  de  variation 
avec  \  sont  sensiblement  les  mêmes,  pour  les  rayons  X  ordinaires  et  pour 
ces  rayons,  de  longueur  d'onde  100  fois  plus  grande.  Les  coefficients  d'ab- 
'sorplion  des  rayons  X  mous  sont  ce[)endaiit  10^  fois  plus  grands  que  ceux 
des  rayons  X  ordinaires. 

A  partir  de  A^j„4i.io"*'  cm  justprà  A„„„  10.10""  cm  (rayons  de  3oo  à 
1200  volts),  ces  coefficients  d'absorption  semblent  devenir  constants.  En 
réalité,  on  atteint  très  probablement,  à  ce  moment,  la  bande  d'absorption  K 
du  carbone  contenu  dans  la  feuille  mince  de  celluloïd  qui  sépare  le  tube 
producteur  des  rayons  de  la  chambre  d'ionisation.  Le  coefficient  d'absorp- 
tion du  carbone  passant,  à  ce  moment,  par  un  minimum  très  prononcé,  la 
longueur  fl'onde  minimum  des  rayons  filtrés  ne  varie  plus  avec  la  tension 
aux  bornes  du  tuije  jusqu'à  ce  qu'on  ait  atteint  la  fréquence  correspondant 
à  l'autre  branche  de  la  discontinuité;  le  coefficient  d'absorption  recommence 
alors  à  décroître  et  la  courbe  obtenue  se  raccorde  avec  celle  provenant  de 


(')   La   précision   des  mesures  publiées  dans  celle    Noie   esl  assez,  faible,  les  expé- 
riences étant  difficiles.  Les  erreurs  peuvent  atteindre   )  et  (|utl(|ucfois  10  pour  100. 
(')  (-)wiiN,  Proc.  Jioy.  Soc,  t.  %,  1918,  p.  5io. 


SÉANCE  DU  2  1  KÉVRIKR  I921.  /^/^i 

l'extrapolation  des  mesures  faites  sur  les  rayons  X  ordinaires.  Ce  pliérioiiiène 
masque  les  bandes  d'absorption  K  de  l'azole  et  de  l'oxygène. 

Pour  déterminer,  avec  un  système  plus  sensible  que  celui  décrit  dans  la 
précédente  Note,  quelle  est  la  plus  faible  diflerence  de  potentiel,  entre 
l'anode  et  la  catbode,  sous  laquelle  apparaissent  les  rayons  mous,  etpoui 
déterminer  l'absorption  de  ceux-ci  dans  une  feuille  mince  de  celluloïd,  nous 
avons  employé,  comme  chambre  d'ionisation,  un  électroscope  étanche 
contenant  de  l'air  à  la  pression  de  o"",  i  de  mercure  et  sans  chute  de  tension 
le  long  de  l'isolant.  La  fuite  de  cet  instrument  était  très  faible.  Les  rayons 
étaient  produits  par  l'arrêt  des  électrons  provenant  d'un  fil  de  tungstène 
incandescent,  sur  une  anode  de  molybdène  en  forme  de  V,  des  écrans  conve- 
nables empêchaient  la  lumière  issue  du  filament  d'entrer  dansl'électroscope. 
L'anode  avait  été  portée  au  rouge,  pendant  une  heure,  dans  un  bon  vide 
pour  éliminer  les  gaz  occlus.  Les  rayons  entraient  dans  la  chambre  d'ioni- 
sation en  traversant  une  feuille  de  celluloïd  de  2,5. io~'  cm  d'épaisseur;  un 
dispositif,  mu  de  l'extérieur  par  rodages,  permettait  de  superposer  à  cette 
lame,  une,  deux  ou  trois  feuilles  identiques. 

Nous  avons  pu  déceler  un  rayonnement  pour  une  différence  de  potentiel 
de  25  volts  entre  l'anode  et  la  cathode  ("A„i„  du  spectre  continu  : 
/(93.io~*cni)  et  acquérir  la  certitude  qu'il  ne  s'agissait  pas  de  rayons 
ultraviolets  parasites,  en  déterminant  l'absorption  de  cette  radiation  dans 
le  celluloïd,  comme  il  sera  indiqué  plus  loin. 

De  X  =:  4o  à  À  =  «So.io'*  cm,  le  coefficient  d'absorption  du  celluloïd 
varie,  avec  la  longueur  d'onde,  suivant  une  loi  en  À''*  semblable  à  celle 
trouvée  pour  les  gaz  ;  mais  pour  X  ^  80.  io~*  cm,  le  [coefficient  d'absorption 
croit  de  moins  en  moins  vite,  passe  par  un  maximum  pour  X  =  32o.io~*  cm 
(4o  volts  aux  bornes  du  tube),  puis  diminue  lorsqu'on  se  rapproche  de 
l'ultraviolet,  [j.,,,^,^  pour  le  celluloïd  =  i4,5.io''  ^^. 

Le  rayonnement  de  l'anticalhode  devenant  trop  faible,  lorsque  la  tension 
entre  l'anode  et  la  cathode  devient  inférieure  à  3o  volts,  pour  permettre  la 
mesure  d'un  coefficient  d'absorption,  on  peut,  pour  obtenir  de  plus 
grandes  longueurs  d'onde  avec  une  intensité  suffisante,  utiliser  la  production 
de  lumière  ultraviolette,  de  longueur  d'onde  minimum  bien  déterminée, 
accompagnant  l'ionisation  d'un  gaz.  On  introduit,  à  cet  effet,  dans  le  tube, 
un  gaz  à  une  pression  telle  que  le  libre  parcours  moyen  d'un  électron  soit 
du  même  ordre  que  la  distance  entre  l'anode  et  la  cathode,  et,  dans  l'élec- 
troscope,  le  même  gaz  à  une  pression  suffisante  pour  absorber  tout  le 
rayonnement.  On  établit,  entre  l'anode  et  la  cathode,  une  différence  de 


442  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

potentiel  légèrement  supérieure  au  potentiel  d'ionisation  du  gaz  envisagé. 
On  peut  mesurer  ainsi  l'absorption,  par  le  celluloïd,  d'une  radiation  doni 
on  connaît  la  longueur  d'ondo.  On  fait  varier  celle-ci  en  changeant  la 
nature  du  gaz  (').  * 

On  trouve  que,  pour  la  longueui'  d'onde  correspDudant  à  Tionisatlon  de 
rii\  drogène  (environ  980. ïo~' cm,  ultraNiolet  de  Scliumann),  une  feuillo 
de  celluloïd  de  2, 5. 10—  cm  d'épaisseur  laisse  passer  20  pour  100  do  la 
radiation  incidente,  alors  qu'elle  ne  laissait  passer  que  .5  pour  100  de  la 
radiation  correspondant  au  maximum  d'absorption  (A  =  320.10-'' cm). 

On  a  donc  réalisé,  par  l'étude  de  l'absorption  des  corps,  pour  des  radia- 
tions de  longueur  d'onde  comprises  entre  1000  et  lo.io""' cm,  une  liaison 
continue  entre  la  lumière  et  les  raNons  X,  et  mis  en  évidence  le  maximum 
d'absorption  existant  dans  celte  région. 


PHYSIQUE.  —  Sur  rétftf  aciuci  de  la  synllièsc  de  l'iimmoniaque  par  les  liyper- 
pri'ssions.  Note  de  M.  (iEOROEs  Ci-ai'de,  présentée  par  M,  d'Arsonval 

Je  crois  utile  de  mettre  l'Académie  au  courant  des  progrès  réalisés  dans 
la  synthèse  de  l'ammoniaque  par  les  hyperpressions  depuis  mes  Notes  pré- 
cédentes (-  ).  Je  préciserai  surtout  ici  les  étapes  franchies  en  ce  qui  concerne, 
l'importance  des  appareils. 

Je  rappellerai  d'abord  que  plusieurs  membi'es  de  l'Acadéinie  ont  bien  voulu  visiter 
ù  deux,  reprises  mes  inslallalions.  Dans  la  première,  le  9  janvier  1920,  ils  onl  assisté 
aux  premiers  pas  de  celle  industrie  hors  dû  laboratoire.  Le  mélange  N  +  II'  était 
préalablement  comprimé  vers  100"'™  par  un  compresseur  ordinaire  de  60  m':  h.  Deux 
liypBrcompresseurs  en  série  l'amenaienl  à  3oo'"'",  puis  à  1000""".  Ce  mélange  liyper- 
couiprimé,  apj'ès purification,  alimenlait  un  tube  calalvseur  uni(|ue.  dont  la  production 
élait  de  6'  à  7'  d'amiuoniaque  liquide  par  heure. 

L'évacuation  de  la  chaleur  de  réaction  se  faisait  dans  cet  appareil  à  l'aide  d'un 
courant  de  plomb  fondu  circuilant  le  long  de  la  paroi  du  tulse  catalyseur  par  le  prin- 
cipe du  thermosiphon  :  tout  l'appareil  do  catalyse,  assez  dangereux  pour  des  raisons 
curieuses  que  j'indiquerai  plus  tard,  était  placé  au  fond  d'un  puits.  Son  maniement 
et,  en  particulier,  le  remplacement  (le  la  matlrre  catalysante  ubagée.  étaient  peu  aisés. 


('  )  (îe  dispositif  expérimental  semble  susceptible  de  rendre  de  grands  services  dans 
l'élude  du  rayonnement  et  des  potentiels  critiques  des  gaz. 

C)   Comptes  re/ir/i/s.  I,  lOS,  i<)i9.  p.  1001;  t,  170,  l'.cJo,  p.  i-\. 


SÉANCE    DU    2  1    FÉVRIER    1921.  /|/i3 

Cepeiuliinl,  je  crois  pouvoir  ilire  (|iie  la  siiiipliciié  de  rinstall;ilioii,  le  foiiclionnemeiil 
parfail  des  liypercoriipiesseurs,  l'absence  de  fuites  malgré  la  inuliiplicité  des  joints 
eoiivain(|uiient  dés  cette  date  les  visiteurs  de  l'enicacité  des  principes  mis  imi  jeu  et 
de  la  légitimité  des  espérances  conçûtes. 

La  seconde  visite  a  eu  lien  le  ',0  novembre  1930.  Un  sysiènic  très  didérent  de  luhes 
catalyseurs  étudié  depuis  quel(iues  mois  et  permettant,  entre  autres  avantages,  le 
remplacement  assez  facile  du  catalyseur,  avait  été  mis  en  service.  Les  tubes  cataly- 
seurs étaient,  cette  fois,  au  nombre  de  ipialre  :  deux  en  parallèle,  les  deux,  antres  en 
série  à  la  suite,  et  permettaient  la  combinaison  de  80  pour  100  des  gaz  traités.  Ces 
((uatre  tubes  étaient  jiiacés  dans  les  niclies  sépaiées  d'un  simple  petit  abri  bétonné 
reconnu  suffisant. 

Les  liypercompresseurs  alimentant  cette  batterie  de  tubes  étaient  les  mêmes  cjue 
ceux  de  la  première  visite,  mais  leur  fonctionnement  s'était  montré  à  tous  égards  si 
bon  (|u'en  augmentant  simplement  leur  alésage  et  leur  vitesse,  on  avait  pu  porter  leur 
débit  de  60'"'  à  i5o  m^:li.  J'ajoute  qu'à  plusieurs  reprises.  In  durée  des  cuirs  emboutis 
sous  ces  énormes  pressions,  qui  était  mise  en  doute,  a  atteint  l'ordre  des  centaines 
d'heures.  Huant  à  la  possibilité,  non  moins  discutée,  d'obtenir  des  canalisations  et  des 
appareils  étanclies  dans  de  telles  conditions,  les  faits  se  sont  chargés  d'en  donner  la 
démonstration  la  plus  péremploire,  puisque,  comme  on  a  pu  le  noter,  toute  odeur 
d'ammoniaque  est  très  généralement  inexistante  dans  l'usine. 

Celte  fois,  la  production  des  appareils  montrés  aux  visiteurs  s'était  éle\ée  à  60'  ou 
70'  d'ammoniaque  lUiuide  par  heure,  soit  environ  i',25  par  24  heures.  Kile  avait 
donc  décuplé  depuis  janvier. 

Celle  installation  continue  à  fonctionner,  à  titre  de  démonstration  seule- 
ment bien  entendu,  avec  l'hydrogène  très  coTiteux  fourni  par  une  batterie 
d'éleclrolyse  alimentée  par  du  courant  d'usine  thermique,  en  attendant  le 
jour  très  prochain  oii  une  source  d'hydrogène  bien  plus  économique  sera  à 
sa  disposition. 

A  l'heure  actuelle,  une  nouvelle  étape  a  été  franchie.  Un  hypercompres- 
seur,  réunissant  dans  un  bâti  unique  les  deux  étapes  100  à  3oo  et  3oo  à  900, 
pression  finale  employée,  a  été  construit  par  M.  Le  Rouge.  Il  «  agit  celte 
fois  d'un  puissant  appareil,  capable  de  comprimer  par  heure,  malgré  ses 
dimensions  réduites,  700'"'  du  mélange  N  +  H',  quantité  nécessaire  pour 
alimenter  une  unité  de  5' d'ammoniaque  anhydre,  soit  l'équivalent  de  26' 
de  sulfate  par  jour. 

Une  fois  de  plus,  toutes  les  prévisions  concernant  la  marche  et  la  consom- 
mation d'énergie  d'un  tel  appareil  ont  été  vérifiées. 

Les  mesures  au  wattmètre  sur  le  moteur  alimentant  l'hypercompresseur 
indiquent  en  effet,  pour  un  débit  de  710  m':  h  comprimé  de  100  à  9.00''''"', 
une  puissance  électrique  de  97  kw;  soit,  au  rendement  de  90  pour  roo, 
une  puissance  mécanique  de  \ii  chevaux  développés  au  moteur.  Si  l'on 


'|/,4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

admet  d'autre  part,  ce  qui  est  aisément  réalisabli-  avec  de  bons  compres- 
seurs industriels,  un  rendement  pratique  des  j  de  la  compression  isother- 
mique à  I  j°,  on  trouve,  pour  la  compression  de  710  m'  :  h  de  i"'"'  à  100"'"', 
187  chevaux. 

La  puissance  totale  requise  de  i»'"' à  900"'"' est  donc  de  ')io  chevaux, 
soit  plus  de  2""'  comprimés  à  900"'"  par  clievai  et  par  heure. 

Quant  à  l'étanchéité,  l'expérience  suivante  fixera  sur  sa  \aleur.  L'hyper- 
compresseur,  alimenté  d'abord  parle  compresseur  de  basse  pression,  amène, 
au  débit  normal  de  700  m*  :  h,  les  appareils  sous  hypercompression  à  la 
pression  normale  de  900'''"'.  On  supprime  alors  l'alimentation  de  la  basse 
pression  et  l'on  ouvre  en  même  temps  un  hy-pass  reliant  à  l'aspiration 
le  circuit  d'hyperpression,  en  réglant  le  débit  de  ce  hy-pass  do  telle  sorte 
que  la  pression  d'aspiration  reslc  constante  à  sa  valeur  normale,  soit 
100""".  Les  fuites  sont  alors  mesurées,  si  l'on  connaît  le  volume  du  circuit 
sous  byperpression,  par  la  diminution  progressive  de  celle-ci.  Or,  la 
capacité  du  circuit  d'hypercompression  correspondant  environ  à  10'"'  de 
gaz  comptés  à  la  pression  atmosphérique,  la  diminution  dépression  a  été 
au  maximum,  dans  ces  essais,  de  100"""  en  i5  minutes,  ce  qui  correspond, 
en  tenant  compte  de  la  compressibililé  des  gaz  à  ces  pressions,  à  moins 
de  3""'  de  fuites  par  heure  :  c'est,  par  rapport  au  débit  di'  700'"',  une 
fuite  de  moins  de  o,  5  pour  100.  Le  résultat  esl  d'autant  plus  intéressant 
qu'il  n'y  a  aucune  espèce  de  recueille-fuit(^s. 

Parallèlement  à  l'hypercompresseur,  un  des  quatre  tubes  catalyseurs 
d'une  installation  de  5  tonnes  de  NH  '  par  jour  a  été  essayé  avec  succès. 

Il  était  nécessaire  de  faire  cet  essai  pour  certifier  la  possibilité  d'installa- 
tions aussi  puissantes,  car  le  dégagement  d'énormes  quantités  de  chaleur 
dans  un  volume  de  plus  en  plus  réduit  par  rapport  aux  surfaces  d'évacua- 
tion posait  de  difficiles  problèmes  (ju'il  eût  été  mauvais  de  croire  réali- 
sables sur  la  foi  d'une  simple  extrapolation. 

L'expérience  de  notre  installation  piécédente  montrant  qu'il  n'y  a 
aucune  difficulté  dans  le  fonctionnement  simultané  de  quatre  tubes  soumis 
au  même  courant  gazeux,  la  certitude  est  donc  maintenant  acquise,  grâce 
aux  efforts  de  collaborateurs  parmi  lesquels  je  suis  heureux  de  citer 
M.  Parer,  et  tout  spécialement  M.  Schideler.  de  pouvoir  réaliseï'  jusqu'aux 
plus  grosses  unités  actuellement  désirables  la  synthèse  de  l'ammoniaque 
par  les  hy])erpressions,  en  tant  qu'on  peut  se  procurer  l'hydrogène  néces- 
saire. 


SÉANCI'    I>ll    2  1    l'ÉVRIER    IQÎI.  4/|5 


CHIMIE   PHYSIQUE.    —    Stir  la   résix/ii/irc  é/rrfritfur  des   aciers  au  /iic/,f/. 
\oW  de  M.  A.  PoKTEviN,  présentée  par  M.  If.  Le  t^lialelici'. 

Nous  avons  donné,  en  190^  (  '  ),  des  valeurs  de  la  résistivité  d'nne  séiie 
d'aciers  au  nickel  conlenanl  de  o,  1  à  o,H  pour  100  de  carbone  et  de  2  à 
3o  pour  100  de  nickel  ;  postérieurement,  \1.  O.  l^oudouard  (")  a  publié  les 
résultats  de  mesures  analogues  faites  sur  la  même  série  d'aciers.  Dans  l'en- 
semble, il  y  a  concordance  1res  satisfaisante  entre  les  données  numériques 
obtenues;  cependant  on  relève  des  écarts  énormes,  atteignant  de  20  à 
4o  pour  100  de  la  valeur  la  plus  faible,  [lour  certains  aciers  cont(^nant  de 
7  à  i5  pour  100  de  nickel. 

Ce  désaccord  semble  être  dû  à  des  différences  de  traitement  thermique. 
M.  O.  Boudouard  n'indiquant  pas  les  conditions  du  recuit  subi  par  ses 
échantillons,  il  devenait  indispensable,  en  vue  d'élucider  la  cause  de  ces 
divergences,  de  préciser  par  de  nouvelles  expériences  l'influence  des  condi- 
tions de  recuit,  notamment  de  la  lenteur  de  refroidissement,  sur  la  résisti- 
vité de  ces  aciers. 

Dans  ce  but,  on  a  soumis  une  série  d'aciers  au  nickel  à  deux  traitemenis 
qui  seraient  désignés  tous  deux  sous  le  nom  de  recuit  dans  la  pratique 
industrielle:  l'un,  correspondant  à  des  conditions  courantes  et  consistant 
en  un  chauffage  vers  lono"  suivi  d'un  refroidissement  d'une  durée  totale  de 
4  à  5  heures  ;  l'autre,  correspondant  à  des  conditions  volontairement  exagé- 
rées, consistant  en  un  chauffage  vers  i3oo"  suivi  d'un  refroidissement  d'une 
durée  totale  d'environ  3  jours.  Nous  désignerons  ces  deux  traitements  sous 
les  noms  de  recuit  avec  refroidissement  lent  et  très  lent. 

La  comparaison  des  résistivités  obtenues  sur  une  même  éprouvette  après 
ces  deux  traitements  n'accuse  que  des  écarts  nuls  ou  de  l'ordre  des  erreurs 
expérimentales  pour  les  aciers  à  très  basse  teneur  en  carbone,  mais  fait  res- 
sortir des  différences  considérables  pour  les  aciers  contenant  de  o,3  à 
0,8  pour  100  de  carbone  et  7  à  i5  pour  100  de  nickel. 

Voici  quelques  exemples  des  résultais  obtenus  : 


(')  Iron  and  Sieel  Instiliile,  Carnegie  Scholnrship  Memnirs.  i.  1 ,  igog.  p. 
Rev.  Met.,  l.  6,  1909,  p.  i3o4. 
(-)  Jiet'.  Mél.,  t.  9,  191a,  p.  294. 


446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lii-sistivitê  en   iniri-olnti^ 
a  |iiii-  ■entiniflie  riilie. 

l«e<uil  Kecuil 

Caihone  Nickil                                                     Hvec  lefroidisseiiienl     avec  refroidisseinenl 

pour  lllO.  [Miiir  mil.                                                            liés  lent.  lenl. 

o,:r!:.  9,7 3o,7  .!6,i 

0,4  12,2 36,0  40,4 

0.3  j5,o 4',)i'>  69,7 

0,5  '  '  )7 45 1 7  55 , 3 

0,6  7,0 3o,G  43,9  ^ 

0,75  7,0 3 1,0  44  >  3 

o,S  7,1 33,  ()  44,9 

0.8  9,9 \o,(>  55,9 

Cette  variation  considérable  de  la  résistivité  (de  10  à  '|0  pour  100  de  la 
plus  faible  des  deux  valeurs)  est  accompagnée  ou  non  de  modifications 
caractéristiques  de  la  microstruclure  (');  en  particulier,  certains  acii-rs 
oflVent  ainsi  un  changement  iniporlanl  de  la  résistivité  tout  en  présentant 
la  structure  dite  mar/ensiii/fiie.  Ce  fait  est  à  rapprocher  de  l'observation 
analogue  que  nous  avons  signalée  pour  les  aciers  au  nickel  à  o,i<  pour  100 
de  carbone  à  propos  de  la  trempe  (^).  Celte  structure  n'est  donc  nullement 
caractéristique  de  propriétés  physiques  définies  d'un  acier  et  peut  corres- 
pondre [)Our  un  même  acier  à  des  teneurs  en  carbone  dissous  très  variables, 
et,  par  suite,  à  une  infinité  d'états  trempés  ou  hyperlrempés  ('). 

Les  résultats  de  M.  O.  Boudouard,  dans  la  zone  de  discordance,  se  rappro- 
chent plutôt  de  ceux  obtenus  par  nous  avec  le  refroidissement  très  lent.  S'il 
en  était  besoin,  ces  constatations  a|)porteraient  une  nouvelle  preuve  de  la 
nécessité  de  définir  les  traitements  thermiques  par  les  conditions  complètes 
dans  lesquelles  ils  sont  effectués  et  notamment  par  l'indication  de  la  rapidité 
du  refroidissement.      , 

En  complétant,  par  ces  nouvelles  données,  celles  déjà  fournies  par  la 


-  (')  Les  modificalioiis  de  slriicliire  résiillaiil  tl'uri  lecuil  suivi  de  refiiiidissemeiil 
liés  lent,  modificalioris  très  complexes  dans  le  cas  des  aciers  au  nickel,  seront  exposées 
iilti-rienrement.  Nous  les  avons  déjà  fait  connaître  (A.is.  i/il.  essais  des  maléiiati.r, 
noveniltie  1911),  notamment,  pour  les  aciers  au  chrome  {Comptes  rendus,  t.  153, 
i()i  I,  p.  (l'i  )  et  au  ui;tnt;anèse  (  Comptes  rendus,  t.  tG5,  1917,  p.  6')- 

('■')  Imc.  cit.,  p.  i324. 

(^)  Voir  les  diagrammes  des  courbes  caractéristiques  do  trempe  et  de  recuit 
(A.  PoRTKViN,  Chimie  et  Industrie,  t.  2.  1919,  |).  ii'|!:  I'.  <  liif:vK>.iRi),  /fec.  Met., 
t.  2".  1920,  p.  688). 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    192I.  44? 

résislivilè  des  aciers  au  nickel  recuits  à  950°  avec  refroidissemcnl  loiil,  ou 
peut  tracer  le  diagrainuio  de  la  figure  ci-dessous,  lequel  indique,  par  des 


courbes  de  niveau,  l'allure  de  la  variation  de  la  résistivilé(en  niicrohmspar 
centimètre  cube)  en  fonction  des  teneurs  en  carbone  et  en  nickel. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Contribution  à  l'élude  du  système  iode-tellure.  Etude 
de  la  vaporisation.  Note  de  M.  A.  Damikns,  présentée  par  M.  H.  Le 
Cliatelier. 

L'étude  thermique  du  système  iode-tellure,  appuyée  par  les  examens 
métallographiques,  nous  a  conduit  précédemment  (')  à  établir  une  courbe 
détaillée  et  à  montrer  la  véritable  nature  du  sous-iodureTel-,  qui  n'a  aucun 
caractère  de  composé  défini.  Nous  avons  fait  parallèlement  l'étude  de  la 
vaporisation  de  produits  plus  ou  moins  riches  en  iode  et  tellure. 

Berzélius,  Gutbier  et  Flury  n'ont  pu  obtenir  par  sublimation  un  corps 
répondant  à  la  formule  Tel-.  Wright  a  mesuré  les  tensions  de  mélanges 
plus  riches  en  iode  que  le  tétraiodure  et  il  trouve  des  chiffres  sensiblement 
égaux  à  ceux  que  donne  l'iode  pur,  ce  qui  ne  fournit  aucun  renseignement 
sur  l'existence  d'un  sous-iodure.  Il  en  conclut  que  l'iode  et  le  tellure  ne 
donnent  pas  de  solution  solide,  conclusion  que  nous  savons  erronée  dans  sa 
généralité.  Dans  la  zone  qu'il  étudie  plus  spécialement,  celle  des  produits 
renfermant  de  80  à  100  pour  100  d'iode,  nous  avons  montré  antérieurement 
qu'il  V  a  une  solubilité  très  faible  du  tétraiodure  dans  l'iode  et  abaissement 
de  la  tension  de  vapeur  de  celui-ci,  manifesté  par  un  accroissement,  faible 
d'ailleurs,  de  son  point  d'ébullition. 


(')  A.  IJamiess,  Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  !>.  ii4"- 


448  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  réalité,  la  mesure  directe  et  précise  de  la  tension  de  l'iode  est  1res 
délicate,  et  nous  avons  eu  recours  à  une  méthode  indirecte  d'un  usage  très 
simple  et  rapide.  Le  principe  est  de  chauffer  dans  le  vide  à  des  températures 
aussi  basses  que  possible  des  mélanges  de  compositions  différentes,  et  à 
étudier  les  fractions  obtenues  dans  cette  opération. 

Nous  avons  préparé  par  fusion  et  refroidissement  lent  sept  produits  de 
compositions  différentes.  Après  pulvérisation,  un  poids  connu  de  chacun 
(le  ces  produits  a  été  placé  dans  un  tube  de  verre  qui  a  été  scellé  après 
qu'on  y  eut  fait  le  vide.  Les  tubes  furent  disposés  en  faisceau,  et  placés  dans 
un  thermostat  constitué  par  un  bloc  d'aluminium  chauffé  électriquement. 
Les  produits  d'iode  et  de  tellure  commençant  à  émettre  des  vapeurs  à  120", 
mais  avec  une  extrême  lenteur,  nous  avons  fait  deux  séries  d'essais,  l'une 
à  i:")o",  l'autre  à  170",  températures  où  les  produits  restent  entièrement 
solides.  La  chauffe  a  duré  80  heures  à  iSo",  5  heures  3o  minutes  à  170°. 

Ln  fin  d'expérience,  chaque  tube  renfermait  trois  produits  différents  : 
un  résidu,  un  produit  A  déposé  en  un  point  correspondant  à  la  sortie  du 
four,  où  la  température  était  voisine  de  100°,  un  produit  B  formant  de  gros 
cristaux  dans  les  parties  les  plus  froides  du  tube.  Les  produits  B  sont  cons- 
titués par  de  l'iode  pur;  les  produits  A  par  du  létraiodure  pur. 

Ces  résultats  montrent  que,  dans  tous  les  cas,  deux  phénomènes  se 
superposent  :  sublimation  du  tétraiodure  et  dissociation.  Les  quantités  de 
tétraiodure  et  d'iode  vaporisées  sont  fonction,  la  première  de  la  sublima- 
lion,  la  seconde  de  la  dissociation.  Llles  ne  permettent  pas  d'apprécier 
avec  quelque  exactitude  les  tensions,  car  elles  sont  seulcMuent  fonction  de  la 
vitesse  d'établissement  des  équilibres,  elle-même  dépendante  de  nombreux 
facteurs,  mais  leurs  variations  dans  chaque  série  d'expériences  parallèles 
permettent  d'établir  une  série  de  courbes  utiles.  On  peut  ainsi  tracer  sim- 
plement les  courbes  de  vitesse  de  vaporisation,  et  celles  qui  sont  relatives  à 
la  composition  des  vapeurs  émises. 

Nos  résultats  permettent  les  conclusions  suivantes  : 

1°  La  vaporisation  (courbe  I)  s'accentue  quand  la  température  s'élève 
et  quand  le  produit  s'enrichit  en  iode.  Le  système  est  en  effet  divariant 
(trois  constituants  et  trois  phases). 

2°  Les  courbes  présentent  un  point  anguleux,  au  voisinage  des  points  j] 
ou  E'  de  la  courbe  thermique,  ce  qui  est  lié  à  la  présence  dans  les  produits 
entre  E  et  !'/  de  tétraiodure  sous  forme  d'eutectique,  à  droite  du  point  |], 
de  tétraiodure  libre. 

3"  A  droite  du  point  E',  la  dissociation  s'accroît  plus  vite  (|ue  la  subli- 


SÉA^fCE    ou    21    FÉVRIER    1921.  ^^Ç) 

niation,  ce  qui  se  manifeste  par  le  croisemenl  des  combes  I[,  dans  chacune 
des  expériences,  et  en  outre  par  l'allure  des  courbes  IlLet  IV  qui  s'écartent 
nettement  l'une  de  l'autre  à  partir  du  point  E'. 


Oodu    total'   %   au  cl.;,t;ffal  . 


io            10 

3C 

co 

7" 

so 

1.7 

IV.    CoK^i^sUioït- 

.(tJ  ldi\œu.ri 

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15 

/l7o° 

150? 

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0.1 

y 

V 

û.ii 

y^ 

û,5 

y 

01, 

ISO'-"""'^ 

(jotn^aU 

Jtn-    \i\jodtiil    1 

uUtt- 

1°  On  n'observe  aucune  anomalie  des  courbes  au  poinl  correspondant 
à  la  composition  TeP,  ce  qui  démontre  par  un  nouvel  argument  l'inexis- 
tence de  ce  corps  comme  composé  défini. 

En  [résumé,  nous  avons  employé  une  méthode  simple  el  d'application 
rapide,  susceptible  d'èlte  généralisée,  pour  l'étude  méthodique  de  la  vapo- 
risation d'un  système  chimique.  Appliquée  à  l'étude  du  système  iode-tellure, 
elle  nous  a  apporté  des  faits  qui  viennent  à  l'appui  des  conclusions  de  l'ana- 


/l5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lyse  llierini(|ue  ol  de  la  inclallofrraphie,  et  f|ui  nous  onl  coiifiriué  l'inexis- 
lence  du  sous-iodure  de  tellure. 


AGKONOMIE.  —  lli'lalions  entre  les  propriétés  mécanir/iics  des  pâles  ilc 
farine  et  la  panificalion .  Note  de  M.  Marcel  Ciiopi\,  présentée  par 
M.  L.  Lindet. 

Nous  nous  proposons  d'établir  qu'il  existe  une  relation  simple  entre  la 
faculté  que  possède  une  pâte  de  farine  de  se  développer  en  membrane 
mince  et  le  poids  spécifique  apparent  du  pain  susceptible  d'être  obtenu 
avec  cette  farine.  Nous  avons,  dans  ce  but,  réalisé  un  instrument  de  mesure 
des  propriétés  mécaniques  des  matières  plastiques,  qui  permet  de  délimiter 
l'éprouvette  sur  laquelle  porte  la  mesure,  et  de  développer  cette  éprouvette 
en  constituant  une  alvéole  analogue  à  celle  qui  forme  la  partie  élémentaire 
de  la  mie  de  pain. 

Cet  appareil  comprend  deux,  plateaux  horizonlaux  dont  l'un  est  monté  sur  un  socle 
de  fonle  maintenu  à  température  constante,  et  dont  l'autre  peut  se  déplacer  parallè- 
lement au  premier.  Ces  plateaux  sont  percés  au  centre  d'ouvertures  Ironconiques 
dont  les  axes  coïncident.  Des  clapets,  de  même  forme,  peuvent  obturer  ces  ouver- 
tures. Les  diamètres  des  petites  bases  des  clapets  inférieurs  et  supérieurs  ont  res- 
pectif ement  8"""  et  58""".  Une  manette  latérale  permet  d'abaisser  le  clapet  inférieur 
dans  une  chambre  reliée  a  un  manomètre  doué  d'amortissement  des  oscillations,  et 
à  un  tube  mesureur  en  veiie  réuni  par  la  partie  inférieure  à  un  llacon  de  manœuvie 
renfermant  de  l'eau. 

Les  deux  clapets  étant  placés  sur  leurs  sièges,  on  dispose  au  centre  du  plateau  nui- 
bile  un  échantillon  de  pâte  et  on  le  comprime  pai-  la  descente  progressive  du  plateau 
supérieur  jusqu'à  la  rencontre  d'une  cale  de  3™""  de  hauteur.  On  enlève  les  clapets. 
L'érliantllloii  de  pâte  se  trouve  divisé  en  deux  parties,  dont  l'une  centrale  constitue 
une  éprouvctli;  lie  dimensions  bien  déterminées,  qui  peut  se  déplacer  à  travers  l'ou- 
veiture  du  plateau  supérieur.  A  l'aide  du  llacon  de  nianceuvre,  on  refoule  l'air  du 
mesureur  sous  l'éprouvette.  Celle-ci  décolle  et  s'épanouit  sous  la  forme  d'une  calotte 
spîiérique  dont  les  parois  s'amincissent  à  mesure  que  son  volume  croît,  ju><]u";i  ce  cpie 
la  rupture  de  la  membrane  se  produise  en  un  point.  Le  volume  d'air  refoulé  à  ce 
moment  est  sensiblement  proportionnel  à  la  surface  de  rupture  delà  membrane  et  sei  1 
démesure  à  ce  que  nous  pouvons  appeler  le  coefficient  d'extension  de  la  pâte,  repré- 
senté par  IC.  Au  début  de  la  montée  de  la  pâle,  il  a  été  possible  de  relever  la  pression 
maximum  atteinte,  définissant  la  ténacité  de  la  jiàte. 

Il  est  indispensable  que  les  essais  soient  faits  dans  des  condition*  liien  driinies.  Une 
pâte  homogène  est  obtenue  en  pétrissant  pendant  8  minutes  dans  un  petit  pétrin  mé- 
canique .33.^»  de  farin(!  additionnée   de    irt6""''  d'eau  salée  à  -.iô"  G.    Cette  pâte  repose 


SICANCIÎ    \)V    2  1     I  KVRIEU    19'^- 1.  /|5l 

peiidaril  20  niiniilcs  avant  Testai  el  l'apijaieil  poilr  la  iiieinln  aiic  de  ])i'iL(;  à  iino  leiiipé- 
ratiu-e  constante  de  a'i". 

l'^nfin  la  loi  de  variation  de  l'elToit  au((nel  est  soumise  réprouvelle  reste  inva- 
riable, puisqu'elle  suit,  à  peu  de  chose  près,  l'écoulement  du  liquide  entre  les  vases 
communiquants.  L'essai  porte  sur  une  moyenne  de  huit  échantillons  tirés  d'une  même 
l)àte.  Les  résultats  moyens  obtenus  avec  une  même  farine  s'écarlentde  2  ii  3  pour  100. 
i-a  durée  totale  d'un  essai  est  de  1  heure. 

Différentes  farines  ont  été  essayées  par  ce  procédé  et  soumises  parallèlement  à  des 
panifications  efifectuées  par  un  boulanger  expérimenté,  qui  conduisait  les  opérations 
a  sa  guise,  mais  était  tenu  d'enfourner  des  pàions  de  175s  cuits  à  270°  pendant 
18  minutes  dans  un  four  électrique  spécialement  construit  pour  cet  usage.  Clia(|ue 
pauificalion  portait  sur  (piatre  pains  dont  on  relevait  les  volumes  spécifiques. 

Il  existe  une  i-elalion  simple  entre  le  gonflement  panaire  et  le  coefficient 


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1 

0-              IJ 

Racine  carrée,  dfi  coefftcieiil  ci  <xUniien  (E)  de  Ca piîle 


d'extension  de  la  pàtc  Celte  relation  est  mise  en  évidence  sur  la  courbe 
ci-dessus  qui  représente  la  totalité  de  nos  expériences.  Malgré  des  écarts 
inévitables  dans  les  essais  de  panification,  les  points  représentatifs  défi- 
nissent une  droite  dont  l'ordonnée  à  l'origine  est  précisément  égale  au 
volume  spécifique  initial  V,,  de  la  pâte  non  fermentéo.  En  appelant  ^  le 
volume  spécifique  final  du  pain,  et  K  un  coefficient  [de  proportionnalité, 
on  a 

V-V„=Kv'î^. 

Cette  relation  définit  la  loi  du  gonllement  panaire  qui  peut  s'énoncer  : 
La  différence  entre  le  volume  spécifique  du  pain  susce|)tible  d'être  obtenu 
avec  une  farine  et  le  volume  spécifique  initial  de  la  pâte  est  proportionnelle 


452  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

il  la  racine  carrée  du  coefficient  d'exlension  de  celle  pâte  dévelo|ipée  en 
inemhrane  mince. 

Elle  nous  ramène  ;i  cette  constatation  journalière  qu'un  pain  est  d'autant 
plus  léger,  que  sa  mie  est  plus  finement  divisée  en  membranes  minces. 

Si  l'on  lient  compte  du  fait  que  nos  3i  essais  ont  porté  sur  les  farines  les 
plus  diverses,  allant  de  farines  avariées  ou  provenant  des  derniers  passages 
du  convertissage,  aux  meilleurs  produits  de  la  mouture  de  blés  très  gluti- 
neux,  nous  sommes  amenés  à  conclure  que  cette  loi  approchée  représente 
les  phénomènes  complexes  de  la  panification  dans  ce  qu'ils  ont  d'essentiel, 
et  que  la  valeur  boulangère  d'une  farine  peut  être  prédéterminée  d'une 
façon  exacte  par  ce  procédé. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  iodaniùH nes. 
Note  de  MM.  J.  Bougault  et  P.  Uobiiv,  présentée  par  M.  A.  Ilaller. 

Dans  une  Noie  précédente  ('),  nous  avons  fait  connaître  les  iodaniidines, 
composés  cristallisés  obtenus  [)ar  l'action  combinée  de  l'iode  et  de  la  soude 
sur  les  amidines.  Par  leur  action  sur  l'iodure  de  potassium,  ces  corps 
peuvent  être  considérés  comme  des  hypoiodites;  ils  réagissent  en  ellet 
suivant  l'équation 

H.C\M1-I +  kl  ^  MCI     =     KCI  4-H.CNMP-i- 2I. 

l'our  répondre  à  celle  propriété,  nous  avons  considéré  que  l'iode  devait 
être  rattaché  à  l'azote,  sans  d  ailleurs  nous  prononcer  entre  les  deux  for- 
mules possibles 

INous  avons  poursuivi  l'étude  de  ces  composés.  En  utilisant  la  benzio- 
(lamidine,  plus  facilement  accessible,  nous  avons  examiné  les  deux  points 
suivants  :  i"  action  de  l'anhydride  acétique  sur  la  benziodamidine; 
2°  action  de  la  Ijenziodamidine  sur  divers  composés  susceptibles  de  réagir 
avec  l'acide  hypoiodeux  naissant. 

Action   de  i.'anuydkmje  Anftiiyi  k.  —  Lors(|ii'oii   ajoute    peu    ;•   |)i'u   de   la  l)eii/.i()fla- 

inidine  pulvérisée  (4*^)  à  de   l'anliyclride   acéli<|ue  (12""'),  les  jtremières  parties  se 

dissolvent  avec  élévation  de  température;  en  conliiiuaMt  les  additions,  il  se  dépose  un 
composé  jaune  cristallisé,  qu'on  lave  au  benzène. 

(')   (Comptes  rendus,  t.   171,  lyp.o,  p.  j8. 


SÉANCE    DU    21    l'KVlUKR    1921.  453 

(le  corps  loiul  il  i3.V':  il  est  iiis(ilal)le  (l;iiis  le  hen/.ènc  el  le  clilorofoi'ine,  soliilile 
(hiiis  l'alcool  avec'  (l(''Coinposilion  el  foimalioii  triodorornie. 

I.'aii;iUse  el  les  propriétés  de  ce  corps  coiuliiiseril  à  la  l'oriiuile 

el  rovéleiil  mie  conslitiiticm  assez  inatlendue. 

Ce  qui  frappe  toul  d'abord,  c'est  que  le  composé  conlieiil  plus  d'iode 
que  la  benziodaniidine,  tout  en  fournissant  de  l'acide  acétique  sous  l'ac- 
tion de  l'eau,  et  cet  iode  est  tout  entier  à  l'état  hypoiodeux,  libérable 
par  (Kl4-H('l)'.  Nous  pensons  qu'il  représente  une  combinaison  de 
benzdiiodamidine  et  d'anliydride  acétique;  c'est  l'iiypothèse  qui  cadre  le 
mieux  avec  nos  observations. 

Sa  formation  s'expliquerait  ainsi  :  l'aiiliydride  acétique  agit  sur  une 
partie  de  la  benziodamidine  en  régénérant  de  la  benzamidine  et  de  l'acide 
bypoiûdeux.  Ce  dernier  se  fixe  sur  la  benziodamidine  non  décomposée  en 
donnant  de  la  benzdiiodamidine,  qui  se  précipiterait  à  l'état  de  combinaison 
avec  l'anliydiide  acétique.  La  jjenzamidine,  mise  en  liberté,  ne  se  retrouve 
pas  telle  dans  les  eaux  mères,  mais  à  l'état  de  dipliénylmétliylcyani- 
dine  C\C"H^)'-(CH')N\  produit  normal  de  l'action  de  l'anliydride  acé- 
tique sur  la  benzamidine. 

Cette  combinaison  de  benzdiiodamidine  et  d'anhydride  acétique,  rela- 
tivement stable  à  l'air,  est  décomposée  instantanément  par  l'eau  avec  mise 
en  liberté  d'iode  cristallisé.  Si  l'on  chasse  l'iode  par  cliauiïage  au  bain- 
marie,  il  reste  une  solution  limpide  qui,  par  évapora tion,  donne  un  mélange 
d'acétate  et  d'iodate  de  benzamidine,  dont  les  proportions  s'accordent  avec 
la  formule  proposée. 

11.  AmiON  DK  LA  BENZIODAMIDINE  SUR  DIVEfiS  COMPOSÉS.  —  L'aciioii  caracit'il  ^liq  ue  lie 
la  benziodamidine  sur  le  mélange  (KI  +  HCI)nous  conduil  à  envisager  ce  corps 
comme  un  générateur  d'acide  hypoiodeux;  il  était  alors  indiqué  de  Tuliliser  comme 
lel  dans  d'autres  réactions. 

a.  Aniipyrine.  —  Si  l'on  triture  molécules  égales  de  benziodamidine  el  d'aiilipy- 
rine  avec  quelques  centimètres  cubes  d'acide  acétique  dilué  au  centième,  on  voit  très 
rapidement  la  coloration  jaune  de  la  benziodamidine  faire  place  à  la  couleur  blanche 
de  l'iodantipyrine.  La  réaction  est  assez  rapide  et  sensiblement  qiiantiUili\e  (recueilli 
08,628  d'iodanlipyrine  pour  une  quantité  théorique  de  o6,638). 

b.  ]'aiiilline.  —  En  opérant  de  même  avec  la  vanilline  les  résultats  sont  du  même 
ordre.  Dans  une  expérience  nous  avons  recueilli  15,87  d'iodovanilline  (au  lieu  de 
is,  3g,  exigés  par  la  théorie).  Cette  iodovanilline  fond  à  180°;  elle  a  élé  identifiée  avec 
le  composé  obtenu  par  Caries,  mais  pour  lequel  cet  auteur  indiquait  le  poini  de 
fusion  174°. 

C.  R.,  1911,1"  Semestre.  (T.  172,  N°  8.)  '  ^4 


454  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  celle  opération,  lorsqu'on  ulilise  une  quantité  trop  faillie  d'acide  acétique,  on 
oblienl  comme  produit  intermédiaire  de  l'iodovanillate  de  Ijenzamidine,  eu  beaux 
prismes  réfringents  fondant  à  i  i5"  avec  décomposition. 

c.  Thymol.  —  Avec  le  ihvmol,  on  obtient  du  tiiyiiiol  monoiodé,  fondant  à  69", 
identique  à  celui  qui  résulte  de  l'action  de  l'iode  et  du  biclilorure  de  mercure  sur  le 
thymol  en  solution  alcoolique. 

Dans  ces  diverses  léaclions  la  ben/.iodamidine  s'est  comportée  comme  de  la  benza- 
midine  liée  à  de  l'acide  hypoiodeux,  et  en  efl'et,  à  côté  du  composé  iodé,  nous  avons 
toujours  retrouvé  la  benzamidine  dans  les  eaux  mères. 

m.  (]elle  obtention  si  facile  d'iodantipyrine,  d'iodovanilline,  d'iodotliyraol,  à 
partir  de  la  benziodamidine,  établit  entre  tous  ces  corps  un  lien  évident,  et  conduit 
à  les  considérer,  du  seul  point  de  vue  expérimental,  comme  étant  tous  des  dérivés 
liypoiodeux.  Tous  ces  corps  iodés  doivent  prendre  naissance  par  fixation  d'une  molé- 
cule d'acide  hypoiodeux,  suivie  de  l'élimination  d'une  molécule  d'eau. 

Mais  si  leur  origine  est  la  même,  leurs  propriétés,  en  particulier  la  stabilité  'très 
différente  de  l'iode,  obligent  à  exprimer  d'une  façon  différente  leur  constitution.  Dans 
l'iodovanilline,  l'iodolliymol,  on  rattache  nécessairement  l'iode  au  carbone'  dans  la 
benziodamidine,  on  marque  l'instabilité  de  l'iode  el  sa  plus  grande  activité  réactioii- 
nelle  en  le  rattachant  à  l'azote. 

Avec  l'iodantipyrine,  le  cas  est  plus  embarrassant.  Jusqu'à  ces  dernières 
années  on  y  rattachait  l'iode  an  carbone.  Mais  les  recherches  de  l'un  de 
nous  ('  )  ayant  montré  que  ce  corps  réagissait  avec  (Kl  4-  HCI  )  comme  la 
benziodamidine,  il  conviendrait  de  rapprocher  sa  constitution,  au  point  de 
vue  de  la  position  de  l'iode,  de  celle  de  ce  dernier  corps  ;  il  en  diffère  cepen- 
dant par  le  fait  qu'il  ne  réagit  pas  sur  le  mélange  (Kl  -i-  acide  acétique). 

Cet  ensemble  de  faits  nous  apporte  une  nouvelle  preuve  de  la  difficulté 
d'établir  des  classifications  tranchées.  Entre  des  types  aussi  nettement 
différents  que  la  benziodamidine  et  l'iodothymol,  l'iodantipyrine  nous  fait 
entrevoir  la  possibilité  d'une  série  d'intermédiaires  permettant  le  passage, 
par  degré  insensible,  d'un  extrême  à  l'autre. 


GÉOPHYSIQI'K.  —  Sur  l'ortliogondUté  des  systèmes  de  rides  de  l'écorcr  leirrslre. 
Noie  (  ^)  de  M.  A.  Guêbiiard,  préseiilée  par  M.  H.  Douvillé. 

Ayant  vérifié  souvent,  dans  les  Alpîs-Maritimes,  le  Var,  les  Basses-Alpes, 
la  tendance  à  Torlhogonalité,  signalée  par  Marcel  ISerlrand,  des  réseaux 
tectoniques,  je  m'étais  contenté,  comme  interprétation,  de  la  vague  allu- 

(')  J.  BouGAULT,  Journ.  de  Pharin,  et  Cfiitn.,  7°  série,  t.  20,  1919,  p.  ''4^>. 
(-)  Séance  du  i4  février  tgai. 


SÉANCE  DU  2  1  FÉVRIER  I921.  455 

sion  admise  aux  décompositions  de  forces  physiques  ou  aux  interférences 
d'ondes,  sans  remarquer  qu'il  s'agit,  eu  géologie,  de  mouvements  séparés 
par  de  longues  séries  de  siècles,  avec  modificalions  de  subslance.  Une  expli- 
cation beaucoup  plus  proche  de  la  réalité  peut  être  obtenue  si,  au  lieu  do 
regarder  les  déformations  corticales  comme  dues  au  jeu,  mécaniquement 
inexplicable,  de  strictions  tangentielles  intrinsèques,  on  accepte  d'y  voir  le 
simple  moulage  cataclastique  superficiel,  enregistreur  passif  de  grands 
déplacements  de  masses  pâteuses  subordonnées,  survenus,  suivant  une  for- 
mule depuis  longtemps  énoncée  ('  ),  «  chaque  fois  que,  sur  un  plancher 
suffisamment  résistant,  une  couche  suffisamment  plastifiable  s'est  trouvée 
écrasée  par  une  surcharge  suffisante  ». 

Il  est  clair,  en  efîel,  qu'autant  pouvaient  paraître  téméraires,  appliquées 
à  des  mouvements  propres,  à  l'air  libre,,  de  notre  épiderme  rocheux,  cer- 
taines assimilations  hydrauliques  (-),  autant  celles-ci  deviennent  légitimes 
si  l'on  tient  compte  d;es  frottements  internes,  quant  aux  déplacements  sous 
pression  de  substances  mi-fluides  en  espace  clos  (/?§■.  i  c),  comme  les  facilite, 
au  fond  des  géosynclinaux,  l'élévation  de  la  température  et  l'énormité  indé- 
finiment croissante  du  poids  de  la  superstructure. 

<af  „C&aiicftje  De  gcosynclinctl  V- .     SétSimentcitioniqnée 

sous   la  surcharge  pnr  ceaoracTncnts  atmospnérimics 

ces  éjections   volcanicjius       3.soititsie   à  hautes     tempévcitures 


uurospne' 


UM° 


<C-^Ttwie?-  effpnt>rem«'nt         &ct/vuAicn  3«ArocPu^>  gcnwkmiMvtnPcj 

I  ( fcrrL5flhïrtj 


V\%.  I.  —  Origine  (a,  b)  et  mécanisme  (c)  du  diastropliisme  cortical. 

Or,  quelle  qu'ait  été  l'origine  de  l'effondrement  central  dont  une  vague 
plastique  souterraine  va  débiter  en  soulèvements  lointains  l'énorme  énergie 

(')  A.  GuÉBHARD,  Notes  provençales,  n"  \,  1917,  p.  38  et  49;  n°  13,  1920,  p.  10. 
(-)  Comptes  rendus  somm.  Soc.  géologique.  6  novembre  1916.  p.  i43;  Notes  prow. 
n°  1,  1917,  p.  3, 


456  ACADÉMIli:    DES    SCIENCES. 

d'cjifoncemenl  [et  l'obset-vation,  d'accord  avec  le  raisoniiemenl,  situe  ces 
fosses  au  pied  de  la  bordure  volcanicjue  du  géosynclinal,  où  s'ajoutent  aux 
éjections  eiiJogènes  de  laves  {fi'^.  i  a)  les  apports  exogènes  de  la  sédimen- 
tation {fig.  I  /->,)],  la  force  des  choses  fera  pour  longtemps  de  ces  points  les 
lieux  d'élection  des  surcharges  maximaies,  cause  périodi(iue  de  déclan- 
chemenl  pour  les  crises  du  diastrophisme  (').  Mais  la  première  vague  de 
fond,  chassée  en  dessous  du  couvercle,  en  a  violemment  altéré  l'horizontalité, 
en  imprimant,  sous  la  face  plane  inférieure,  irrésistiblement  soulevée,  ses 
ondes  puissantes,  en  cannelures  (-)  parallèlement  concentriques  à  Taxe  dVf- 
fondrement  (/?o-.  i  c).  Survienne,  après  une  longue  période  de  lrom[)eiise 
accalmie,  un  effondrement  nouveau,  soit  sur  place,  soit  ailleurs,  pourvu  que 
ce  soit  au  même  niveau  plastique  (comme  il  semble  bien  que  ce  fut  le  cas 
pour  le  Trias,  aux  époques  dites  alpine  et  pyrénéenne)  et  le  raz  de  marée 
nouveau  se  trouvera  freiné  au  plafond  par  le  relief  ondulé  qui  ojipose  doré- 
navant à  sa  marche  initiale,  dans  le  sens  de  la  flèche  de  la  ligure,  la  résis- 
tance des  fonds  plongeants  de  synclinaux  et  appelle,  au  contraire,  le  courant 
à  se  dévier  à  angle  droit,  perpendiculairement  au  plan  de  la  coupe,  sous  les 
voûtes  anticliiiales,  où  se  canalisent  bientôt,  à  la  place  des  anciennes  ondes 
figées,  les  lignes  de  flux  nouvelles,  jusqu'à  réaliser  un  régime  à  peu  près 
orthogonal  au  premier  et  à  simuler  grossièrement,  par  un  mécanisuie 
composite  tout  matériel,  la  réversibilité  théorique  des  deux  solutions 
conjuguées  de  l'équation  potentielle  ('). 

Même  en  l'absence  de  récidive,  si  le  premier  mouvement  avait  eu  assez 
de  puissance  pour  faire  naître,  sur  les  bords  de  la  cuvette  géosynclinale,  des 
ondes  de  retour,  celles-ci  eussent  pu  déterminer  quelque  chose  d'analogue; 
(i  fnrliori,  en  cas  de  récidives  multiples,  même  élagées  à  des  hauteurs 
diverses.  En  tout  cas,  comme  les  déformations  de  la  base  du  couvercle  se 
transmettent,  chaque  fois,  à  l'extérieur,  plus  ou  moins  amorties,  mais  de 
plus  en  plus  disruplives,  ce  seront  les  traces  d'orthogonalité  qui  prédomi- 
neront souvent  parmi  d'autres  moins  récentes,  dont  la  superposition  enciie- 
vètréc  déconcertera  les  efforts  des  géologues,  tant  qu'ils  s'obstineront    à 

('l  Comptes  rendus,  t.  16S,  1919,  p.  13-27;  idoles  proi.'.,  n°  10,  1919,  p.  a'). 

(  -  )  11  va  sans  dire  que  ces  cannelures  n'onl  rien,  dans  la  nature,  de  la  régularilé  du 
scliérna,  mais  contribuent  encore,  par  la  variété  de  leurs  dislocations,  à  altérer  la  tlirec- 
lion  prifnilive  du  11  (i\. 

(  ')  A.  GuIîmiAiU),  Siii'  la  r('versilnlité  ilf  l<i  mélliddc  éleclrochiiiiiquc  pour  lu  </<'- 
Icriniiialion  des  rcseativ  rquipolentiels  ou  d'ccou/cnient  (Coniples  rendus,  t.  !(lî, 
1881,  p.  792). 


SÉANCE    DU   2  1    KÉVRIER    I921.  f\!)'] 

vouloir  lire,  sur  le  masque  inerte  el  squameux  qu'est  la  face  de  la  'i'crre, 
les  secrets  de  sa  vie  intesline,  au  lieu  d'interroger  ses  entrailles  assez 
rationnellement  pour  \  apercevoir,  presque  à  fleur  de  peau,  le  cycle  éner- 
géti([ue  complet  du  seul  moteur  naturel  en  jeu,  la  pesanteur. 

(il':oi-OGli:.  -  Ij'Hydrogiripliie  ancienne  du  Sahara.  Note  de  M.  I\.  Cuudeau, 
présentée  par  M.  H.  Douvillé. 

On  sait  que,  au  sud  du  Saluira,  les  bassins  lluviauv  africains  sont  mal 
délimités  et  qu'il  résulte  de  cette  disposition  hydrographique  une  grande 
homogénéité  dans  la  faune  éthiopienne,  fluviale  ou  lacustre.  Les  nom- 
breuses exploralions  dont,  depuis  une  quinzaine  d'années  surtout,  le  désert 
a  été  l'objet,  ont  permis  de  reconstituer  l'ancien  réseau  hydrographique  du 
Sahara  occidental  et  central  et  de  reconnaître  que  pareille  disposition  y  a 
existé  jusqu'à  une  époque  géologiquement  récente. 

Sur  le  versant  atlantique,  toute  une  série  de  rivières  ont  leurs  lètos  dans 
le  Tagant  et  l'yVdrar;  les  nombreuses  dunes  qui  couvrent  la  Mauritanie 
n'ont  pas  permis  de  les  suivre  complètement.  Les  plus  méridionales  d'entre 
elles  étaient  sans  doute  des  affluents  du  Sénégal  et  la  chose  estcertaine  pour 
l'oued  Katchi  qui  passe  à  Guimi  et  à  AIeg  et  rejoint  l'un  des  bras  du  fleuve 
en  amont  de  Podor.  On  connaît  sur  le  littoral  quelques  estuaires  qui 
prouvent  l'existence  de  fleuves  indépendants;  l'un  des  [)lus  importanis 
semble  av  ùr  été  l'oued  Atoui  qui  prend  sa  source  au  voisinage  de  la  Seguiet 
El  lloinra,  passe  près  de  Zoug  et  aboutit  à  l'Océan  au  nord  du  cap  Timiris. 
Plus  au  Nord,  la  Seguiet  El  Homra  et  l'oued  Draasont  assez  bien  connus 
et  assuraient  In  liaison  entre  le  Sénégal  et  le  Maroc. 

Dans  le  Sahara  central,  quatre  fleuves  importants  reliiiient  le  domaine 
méditerranéen  à  la  région  éthiopienne  ('). 

L'oued  Saoura  qui  prend  sa  source  auprès  de  Figuig,  \ers  32°  lut.  N,  a 
pu  être  suivi  sous  divers  noms  (Zousfana,  Messaoud  )  avec  certitude,  jus- 
qu'au puits  de  Ilezeg  Allah,  vers  2(3"  lat.  N;  au  delà  on  sait  mal  ce  qu'il 
devient  sous  l'Ivg  Chach.  De  ses  affluents  de  droite,  l'oued  Guir  est  seul 
bien  connu  ;  on  ne  sait  pas  encore  si  l'oued  Ziz  (=  Daoura),  qui  arrose  le 
Tafilalelt,  rejoignait  la  Saoura  ou  aboutissait  à  un  bassin  fermé  dans  l'iguidi. 
Des  afflaents  de  la  rive  gauche,  l'oued  Namous  et  l'oued  Salah  sont  par- 
tiellement ensevelis  sous  le  grand  Erg  occidental;  plus  en  aval,  l'oued  Botha 

I  '  1   A.  Melmicii,  Carie  du  Saltaru  central  à  rrruoocMi-  '''"''■  "J'7- 


458  ACADÉMIE    DES    SCIEACES. 

drainait  le  sud  du  Tadmaït,  le  Mouidir  occidental  et  l'Alinet  et  rejoignait 
la  Saoura  au  sud  de  Rezeg  Allah. 

Le  Niger  descendu  du  Foula  Djalon,  vers  (f  lat.  N,  au  lieu  de  se  diriger 
vers  l'Est  comme  il  le  fait  aujourd'hui  à  partir  de  Tomhouclou  (i6°47' 
lat.  X;  ait.  275™),  poursuivait  sa  course  vers  le  Xord  et  aboutissait  à 
Taodenni  (vers  23°  lat.  ÎS  ;  ait.  i5o™);  un  des  principaux  affluents  de  cet 
ancien  Niger,  le  Tamanracet,  prenait  sa  source  au  cœur  de  l'Aliaggar  (vers 
23°  lat.  N,  3°  long.  E;  ail.  3ooo"')  et  rejoignait  le  fleuve  dans  l'Azaouad. 

L'oued  Igharghar,  né  lui  aussi  dans  FAhaggar,  et  grossi  de  l'oued  Mia, 
issu  du  Tadmaït,  aboutissait,  sous  le  nom  d'oued  Rirh ,  au  sud-esl  de 
Biskra,  dans  le  choit  ^lelghir  (33°  lat^  N),  qui  recevait  aussi  les  eaux  des 
monts  Aurès.  Plusieurs  des  affluents  de  l'oued  Igharghar,  nés  dans  le  Tassili 
des  Ajjers  (26°  lat.  N  ).  ont  leurs  sources  voisines  de  celles  du  Taffassasset 
qui,  sous  le  nom  de  Dallol  Bosso,  rejoint  le  Niger  actuel  près  de  Boumba 
(i2°24'lat.  N).  Ce  grand  fleuverecevait  sur  sa  rive  gauche  (juelquesaflluents 
venus  de  l'Air  et,  sur  sa  rive  droite,  des  rivières  importâmes  venues  de 
l'Aliaggar  (Igharghar  du  Sud,  Zazir,  Tin  Amzi).  J'ai  montré  ailleurs  (Ann. 
de  Géographie,  janvier  1919,  p.  52-6o)  commentée  Taffassasset,  qui  abou- 
tissait au  golfe  de  Guinée,  avait  fait,  à  travers  le  seuil  de  Tosaye,  la 
caplure  du  Niger. 

Un  afflueiil  de  cet  ancien  Taffassasset  et  du  Niger  actuel,  le  Gouibi 
N'Kebbi  qui  passe  à  Sokolo,  re(,'oil  les  eaux  du  Tegama  el  du  Damergou 
et,  par  quelques-uns  de  ses  sous-affluents,  était  l/ien  proche  de  la  Koma- 
dougou-Yobé  qui  se  jette  dans  le  Tchad;  on  sait  aussi  comment  la  Bénoué, 
par  les  marais  de  Toubouri,  relie  le  Logone  et  le  Chari  au  Niger. 

IMus  à  l'Est,  on  est  encore  mal  renseigné  sur  ce  qui  se  passait  dans  le 
bassin  de  Bilma  et  dans  le  désert  de  Libye;  mais  on  sait,  par  les  recherches 
de  Tilho,  que  les  pays  bas  du  Tchad  se  prolongeaient  jusqu'au  Tibesli;  on 
sait  aussi  que  plus  au  Sud,  par  le  pays  des  Rivières,  le  Nil  voisine  de  près 
avec  les  bassins  du  Congo  et  du  Chari. 

Les  reconnaissances  de  ces  dernières  années  moiilrent  donc  bien  que,  à 
travers  le  Sahara,  des  fleuves  morts  aujourd'hui,  établissaient  des  liaisons 
entre  le  Nord  el  le  Sud  du  désert  et  qu'aucun  relief  sérieux  ne  séparait  les 
dillerents  bassins. 

De  nombreux  aigumenls.  tirés  de  la  biogéographie,  uionUcnl  que  d'un 
bassin  à  l'autre  les  communications  étaient  faciles.  Quelques  mammifères 
franchement  éthiopiens,  comme  le  P/iacoc/iœiiis,  ont  habité  la  Berbéric  au 
(Quaternaire  i  Néolithique?);  il  leur  serait  actuellement  impossible  de  tra- 


SÉANCE  UU  2  1  FÉVRIER  I921.  459 

MM'soi'  le  Sahara.  Le  IJ''  l'cllegrin  [Ass.  fr.  Av.  Se,  Tunis,  i()i  5,  p.  iV'- 
352)  a  attiré  l'allenlion  sur  les  vertébrés  aquatiques  du  Sahara  :  le  croco- 
dile du  Nil  vit  encore  dans  le  Tassili  des  Ajjers  et  dans  le  Tagant;  j'en  ai 
rencontré  des  débris  (dents  et  plaques  dermiques)  près  deTaodenni;  parmi 
les  batraciens,  la  paléarctique  Rr/na  esculcnta  vit  dans  le  Tidikelt;  U.  niusca- 
ricnsis  se  trouve  dans  le  Tassili  des  Ajjers  et  //.  ocvipitalis  à  Alar;  toutes 
deux  sont  éthiopiennes.  Parmi  les  poissons  (7  genres  et  11  espèces  au 
Sahara),  des  silures  nettement  éthiopiens  se  trouvent  k  X\.nv  {Clarias  .scne- 
galensc)  et  dans  le  Tassili  des  Ajjers  (('/.  lazera). 

Les  mollusques  d'eau  douce  fournissent  des  exemples  analogues;  de 
nombreuses  expèces  éthiopiennes  se  rencontrent  vivantes  dans  les  canaux 
d'irrigation  des  oasis  et,  subfossiles,  dans  presque  tous  les  oueds  du  Sahara. 
(L.  Germain,  Uni/,  du  Muséum,  kjoG- 1920);  les  espèces  paléarctiqucs  sont 
beaucoup  moins  répandues;  les  plus  notables  {Mclanopsis  iiiaroccana, 
M.  Maresi)  paraissent  spéciales  au  liassin  de  la  Saoura  et  de  l'oued  Ziz; 
elles  manquent  à  Taodeni,  ce  qui  seml)le  bien  prouver  que  la  Saoura 
n'aboutissait  pas  à  ce  choit. 

Les  mollusques  terres!  ros  sahariens  peu  nombreux  sont  plulôl  paléarc- 
liques;  les  Helia;  sont  abondants  le  long  du  littoral  Atlantique  jusqu'au  cap 
Blanc;  dans  le  Sahara  central,  on  trouve  vivants  un  Hélix  (Jacosia)  et 
Rumina  dccollata  dans  l'Ahaggar  et  subfossile  un  yrtcoj/a  jusqu'à  In  Echaïé 
(20°  lat.  N.,  dans  l'Azaouad).  Les  formes  éthiopiennes  sont  représentées 
paroles  Limicolariu  qui  ne  dépassent  pas  le  22°  lat.N. 

L'élude  des  végétaux  conduit  à  des  conslalalions  analogues.  Une  liane,  le 
Coccuhis  Leœha,  très  caractéristique  du  nord  du  Soudan,  depuis  les  iles  du 
cap  Vert  et  le  Sénégal  jusqu'à  la  mer  Rouge,  pousse  encore  de  loin  en  loin 
au  Sahara  jusqu'au  Tidikelt  (27°  lat.;N.);  faute  d'arbres  pour  la  soutenir, 
elle  est  devenue  buissonnante  ;  son  fruit  est  une  baie  qui  ne  peut  être  trans- 
portée par  le  vent;  elle  est  venue  probablement  en  suivant  les  rideaux 
d'arbres  qui  bordaient  jadis  les  oueds  sahariens.  Le  Salvadora  persica 
(limite  nord  24° 3o'  dans  l'Abnel),  le  Boscia  senegala.sis  (25°  dans  le  Tassili 
des  Ajjers)  et  quelques  autres  sont  dans  le  même  cas.  Le  Populus  euphra- 
lica,  dernier  représentant  d'un  groupe  qui  a  été  commun  dans  le  Tertiaire 
européen,  se  rencontre  jusqu'au  Tadmaïl  (28°  lat.N.);  lui  aussi  a  suivi  les 
oueds,  mais  en  venant  du  Nord. 

L'exemple  le  plus  remarquable  est  probablement  fourni  par  la  flore  des 
parties  hautes  de  l'Ahaggar  (i5oo"'-3oo'").  Diverses  récoltes  étudiées  par 
E.  Bonnet  {Hull.  du  Muséum,  1912,  p.  5i3-5i5)  et  Baltandier  (ûud.  Soc. 


/|6o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

botanique  de  France^  1906  à  191 4)  pormellenl  de  dresser  une  liste  de 
if)2  espèces  de  plantes  subalpines  :  <)  sont  cosmopolites  ou  cultivées;  9  sont 
endémiques  et  l'on  peut  citer  parmi  elles  une  composée,  un  Nonanihia, 
genre  formé  de  deux  espèces  dont  la  seconde  se  trouve  seulement  en  Corse; 
62  sont  franchement  méditerranéennes  cl  11  éthiopiennes;  le  reste  est 
répandu  dans  tout  le  Sahara.  Pour  les  plantes  méditerranéennes,  quelques- 
unes,  comme  Cappans spinosa,  sont  connues  en  divers  points  entre  l'Aljj^érie 
et  l'Aiiaggar;  mais  d'autres  (Mah>a  rotimdifolia,  Verhascuni  pitherulcnlum, 
Celsia  belonicœfolia,  le  Laurier-Ro.se,  la  vigne,  variété  bien  dilTérente  de 
celle  (jui  est  parfois  cultivée  dans  les  oasis),  ne  présentent  pas  de  stations 
inlermcdiaires. 

Cette  répartition  est  inexplicable  dans  l'état  actuel  du  Sahara. 


GÉOLOGIE.  —  Nolion  cVun  inèuwiorp/iisme  génén'il  sous-marin^  déduile  du 
remaniement  des  minerais  de  fer  oolit/iie/iic  Jurassiques,  contemporain  de  leur 
dépôt.  Note  de  M.  L.  Cavei;x,  présentée  par  M.  H.  Douvillé. 

L'analyse  très  détaillée  des  minerais  de  fer  oolilhique  d'âge  jurassique 
nous  met  en  présence  d'un  fait  qui,  par  sa  répétition  pour  ainsi  dire  à 
l'iniini,  révèle  l'existence  d'un  phénomène  général  de  grand  intérêt. 

Dans  les  minerais  jurassiques  de  tout  âge,  depuis  l'Hettangien  jusqu'à 
l'Oxfordien  compris,  on  rencontre,  ouli'c  les  minéraux  élastiques  et  secon- 
daires, les  oolillies  ferrugineuses  et  les  organismes  divers  qui  leur  font  cor- 
tège, des  morceaux  de  minerai  remaniés,  jouant  le  rôle  de  petits  galets. 
On  peut  dire  que  la  presque  totalité  des  matériaux  analysés  renferment  de 
pareils  éléments.  Le  plus  souvent  la  proportion  en  est  très  faible,  mais  il 
est  des  échanlillons,  exceptionnels  ii  la  vérité,  dans  lesquels  ils  sont  légion. 
Au  total,  la  variété  en  est  illimitée.  D'une  façon  générale,  les  fragments  de 
minerai  leniis  en  mouvement  se  rapportent  ou  non  â  des  types  connus 
dans  l'horizon  considéré,  tel  qu'il  se  présente  à  nous  aujourd'hui. 

Deux  cas  sont  à  distinguer  : 

1"  La  formation  minéralisée ,  renfermant  des  matériaux  ferruL!;ineux  rema- 
niés, se  résout  en  une  seule  couche.  —  Lors<]u'il  l'n  est  ainsi,  la  provenance 
de  ces  matériaux  ne  peut  prêter  à  discussion.  11  est  de  toute  évidence,  en 
effet,  qu'ils  dérivent  de  l'horizon  dont  ils  font  partie  inlégranle,  y  coriipris 
son  proliingement  vers  le  rivage,  détruit  par  les  phénomènes  d'érosion, 
voire  même  son  prolongement  â  l'intérieur  du  bassin  inaccessible  à  nos 


SÉANCE    DU    21    KKVRIER    192I.  /|(Jl 

invesligalions.  Dans  l'espèce,  il  va  de  soi  que  le  retiiiuiieiiicril  d'un  iniiiciai 
donné  est  en  quelque  sorte  conlr'mporain  de  son  dépôt. 

•2.  La  fonnalioii  mincralisér  est  un  complexe  de  coiic/ies  séparées-  par  des 
horizons  siériles.  —  Tel  est  le  cas  pour  le  bassin  lorrain,  où  Ton  compte  au 
maximum  sept  couches  distinctes.  Si  Ton  envisage  l'ensemble  de  la  for- 
mation, on  constate  que  les  sept  horizons  minéralisésnesont  pas  tous  repré- 
sentés parmi  les  matériaux  remis  en  mouvement.  En  fait,  la  présence  de 
débris  remaniés  est  extrêmement  rare  dans  l'étage  inférieur,  constitué  par  les 
couches  verte,  noire  et  brune,  alors  qu'elle  est  des  plus  fréquentes  dans  les 
autres.  De  plus,  il  n'est  jamais  possible  d'attribuer  un  fragment  de  minerai 
remanié  à  un  horizon  plus  ancien  que  celui  auquel  il  appartient.  Pour  plus 
de  précision,  notons  que  jamais  on  ne  trouve  un  débris  de  couche  verte  ou 
de  couche  grise,  par  exemple,  dans  la  couche  rouge.  En  règle  générale,  les 
éléments  remaniés  procèdent  de  la  couche  dans  laquelle  ils  sont  inclus,  et, 
comm^dans  le  cas  précédent,  il  est  nécessaire  de  faire  intervenir  l'exten- 
sion première  des  horizons  minéralisés  pour  expliquer  les  caractères  des 
matériaux  remaniés.  Bref,  ici  comme  là,  on  ne  peut  se  dérober  à  la  conclu- 
sion que  les  morceaux  de  minerai  remis  en  mouvement,  trouvés  dans  un 
horizon  donné,  dérivent  de  ce  même  horizon.  En  d'autres  termes,  il  s'agit 
encore  d'un  remaniement  contemporain  du  dépôt  de  la  couche  considérée. 

Cette  conclusion  s'étend  aux  oolithes  qui,  elles  aussi,  représentent  des 
éléments  remaniés,  de  même  provenance  que  les  complexes  oolithiques 
remis  en  mouvement,  et,  au  surplus,  minéralisés  de  la  même  manière.  Entre 
la  minéralisation  de  ces  matériaux  remaniés  et  celle  du  ciment,  qui  a  pris 
naissance  in  situ,  les  différences  sont  telles  que  les  oolithes  et  fragments  de 
minerai  étaient  certainement  minéralisés,  comme  ils  le  sont  aujourd'hui, 
au  moment  de  leur  mise  en  place.  On  peut  l'établir  avec  toute  la  rigueur 
désirable. 

Ceci  posé,  un  fait  est  à  souligner  tout  spécialement  à  cette  place,  l'^n 
comparant  les  caractères  des  débris  remaniés -îi  ceux  du  minerai  dans  lequel 
ils  sont  incorporés,  force  est  de  conclure  que  le  plus  grand  nombre  d'entre 
eux  on  té  té  empruntés  au  prolongement  de  la  couche  du  côté  de  la  terre  ferme, 
et  que  les  autres  viennent  manifestement  du  large.  En  raison  de  l'impossibi- 
lité d'exposer  ici  les  faits  qui  accréditent  cette  opinion,  bornons-nous  à  tirer 
les  principaux  enseignements  qui  découlent  de  nos  observations.  Il  en  est 
deux  qui,  par  leur  importance,  priment  tous  les  autres. 

i"  Dés  ('"'poque  même  (le  leur  fon/iation,  les  minerais  ooluliupies  du  Juras- 
sique (le  France  étaient  composés  comme  ils  le  sont  aujourd'hui. 


.462  ACADÉMIE    UES  SCIENCES. 

2°  La  cunsuliddlion  de  ces  minerais  s'est  faite  tellriiitnl  rite  t/ii'clle  eluit 
achcèe  au  moment  de  leur  remaniement. 

Bref,  riiisloire  des  innombrables  galels  sul)microscopi(|iics  n'csl  pas  sans 
analogie  avec  celle  des  galets  de  charbon,  remaniés  et  réintégrés  dans  le 
bassin,  où  les  matériaux  du  combustible  en  voie  de  formation  continuaient 
à  s'accumuler.  De  part  et  d'autre,  les  éléments  remis  en  mouvement  réali- 
saient déjà  leurs  caractères  physiques  définitifs,  quand  ils  ont  été  extraits 
de  la  couclie  en  voie  de  dépôt.  En  ce  qui  concerne  les  minerais  de  fer,  une 
notion  très  féconde *me  parait  se  dégager  de  leur  analyse  :  le  métamor- 
phisme général  des  minerais  de  fer  jurassiques  est  pour  ainsi  dire  contem- 
porain de  leur  formation,  et  comme  le  remaniement  des  éléments  est  loin 
de  toujours  impliquer  une  émersion,  comme  je  le  démonlicrai  plus  tard,  il 
en  faut  conclure  de  toute  nécessité  qu'il  cvisle  un  véritable  mélamorpliisme 
général  d'origine  sous-marine. 

Le  champ  d'action  de  ce  métamorphisme  soits-marin  se  Irouvf  dans 
l'épaisseur  du  dépôt  en  voie  d'accumulation,  sans  que  je  puisse  dire  si  les 
matériaux  qui  viennent  de  tomber  sur  le  fond  sont  soumis  à  son  inlluencc, 
immédiatement  ou  non. 

D'ores  et  déjà  on  peut  ajouter  que  ce  mélamorpliisme,  antérieur  à 
l'émersion,  n'est  pas  spécial  aux  minerais  de  fer  jurassiques,  et  qu'il  afl'ecle 
des  sédiments  de  natures  très  diverses.  Je  liens  même  pour  absolument 
certain  qu'il  a  joué  un  rôle  considérable  sur  le  fond  des  mers  anciennes;  et 
ce  n'est  pas  sans  raison  (jue  je  vois  en  lui  un  des  grands  facteurs  de  la 
pétrogenèse. 


GÉOl.UGli:.  -  Sur  le  ireniblcment  de  tcri  e  ijui  n  ajfeelé,  le  3  octobre  1920, 
une  notable  partie  des  régions  volcaniques  du  Massif  Central.  Note  de 
M.  Pli.  (ii.AXGEAii),  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Le  Massif  Onlral  de  la  France  n'est  pas  une  région  aussi  aséismicjue 
qu'on  s'est  plu  à  le  répéter,  et  ce,  parce  que  des  observations  méthodiques 
et  régulières  n'ont  pas  été  faites,  ou  mentionnées  dans  des  organes  scienti- 
fiques. Il  serait  cependant  intéressant  de  connaître  comment  se  conq^orle 
actuellement  ce  vieu't  Massif,  si  forlement  disloqué  au  Permo-(]arboiiifère 
et  durant  le  Tertiaire  et  dont  la  mosaïcpie  paraît  maintenant  piescpie  entiè- 
rement lassée. 

J'ai  eu  l'occasion,  à  plusieurs  re[)rises,  de  signaler  des  ébranlemenls  le 


SÉANCI':    DU    21    FÉVKIER    1921.  463 

long  de  la  grande  faille  occidentale  de  la  Limagne  el  de  noter,  comme  par- 
ticulièrement curieux,  que  la  partie  située  à  l'ouest  du  grand  clienal  houillcr, 
aux  confins  des  déparlements  de  l'Allier,  du  Puy-de-Dôme  et  de  la  Creuse, 
considérée  comme  tranquille,  avait  été  le  siège,  il  y  a  peu  de  temps  encore, 
d'une  succession  de  plus  de  5o  secousses,  pendant  6  mois  (de  juin 
à  décembre  i(ji3).  (^es  séismes  provoquèrent  à  maintes  reprises  la  chute 
de  muis,  de  cheminées,  de  meubles  et  effrayèrent  les  populations.  Ils  étaient 
ordonnés  autour  du  grand  filon  quartzeux  (Saint-.VIaurice-de-Pionsat, 
Evaux)  étudié  par  M.  de  Launay.  D'autres  territoires,  comme  les  environs 
de  Guéret,  Ahun  (Creuse),  en  relation  avec  des  fractures  hercyniennes, 
avaient  été  également  ébranlés  le  27  mai  1913. 

Mais  c'est  principalement  la  moyenne  vallée  de  l'Allier  entre  Issoire, 
Brassac  et  Brioude,  correspondant  à  l'axe  du  synclinal  oligocène  de  la 
Limagne,  qui  offre  la  séismicilé  la  plus  marqué^. 

Elle  a  tremblé  assez  fortemenl  le  3  octobre  1920  et  la  zone  d'ébi  anlemenl  couvrit 
un  large  espace.  Des  multiples  renseignements  recueillis  par  une  centaine  de  cories- 
pondants,  notamment  par  MM.  les  directeurs  des  Mines  de  Brassac,  de  la.Taupe,  de 
Langeac,  par  M""^  Grenier  et  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Haldil,  par  des  instituteur?,  etc.,. 
i(ue  je  remercie  vivement,  il  résulte  que  le  maximum  d'ébranlemenl  s'étendit  à 
la  cu'.'elle  houillère  el  oligocène  de  Brassac-les-Mines,  Auzon  (Puy-de-Dôme), 
à  Brioude,  Lavaudieu  (  Haute-Loire),  cuvette  longue  de  25''™,  creusée  dans  les  teriains 
cristallins  et  traversée  par  rAllier  suivant  son  axe.  Il  y  eut  deux  secousses  :  Tune  plus 
faible  à  4'')  qui  ne  fut  pas  perçue  par  toute  la  population  endormie,  l'autre  à  4''57'", 
l)eaucoup  plus  forte,  dont  la  durée  fut  de  3  secondes  (de  4'' 57™  à  S*")  et  dont  1  inten- 
sité coriespondait  à  uns  forte  secousse  de  l'échelle  de  Rossi. 

Un  grand  nombre  d'habitants  de  cette  zone  furent  réveillés  el  secoués.  Les  murs,  les 
meubles  el  objets  meublants  oscillèrent  assez  forlemenl,  comme  si  une  vague  les  avait 
soulevés.  Le  déplacement  alternatif  maximum  atteignit  10™™  d'amplitude;  mais  il  n'y 
eut  pas,  en  général,  de  dégâts,  sauf  dans  de  rares  cas.  Quehjues  portes  furent  ouvertes 
(Lempdes)  et  certaines  cloches  sonnèrent  (Chilhac). 

Dans  la  partie  de  la  ville  de  Brioude  construite  sur  un  teirain  alluvial,  la  commo- 
tion fut  plus  forte,  mais  on  n'observa  nulle  part  de  déplacement  de  terrain. 

Des  observations  intéressantes  furent  faites  (fait  assez  rare)  à  400™  de  profondeur- 
dans  les  mines  de  la  Taupe,  où  le  bruit  du  séisme  fut  nettement  enregistré  et  où  même 
il  se  produisit  quelques  cluiles  de  pans  de  maçonnerie. 

La  zone  du  Massif  Central  qui  trembla  le  3  octobre  est  assez  étendue. 
Elle  porte  surtout  sur  trois  départements  :  Puy-dc-Dùme ^  Haute  Loire. 
Cantal.  Les  limites  sont,  au  Nord,  Clermonl-Ferrand,  où  le  séismographe 
de  l'observatoire  enregistra  l'événement,  avec  une  courbe  de  81^ d'amplitude 
(M.  Miithias),  mais  011  les  secousses  furent  faibles;  à  l'Est.  Ambert,  Mont- 


/|6'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

faucon  (Haute-Loire),  Yssingcaux,  Solignac-sur-Loire;  au  Sud,  Sainl-Flour 
et  Pinols;  à  l'Ouest,  Blesle  (Haule-Loire),  Mural,  Neussargues,  Riom-ès- 
Montagne,  Mauriac  et  Aurillac.  Le  territoire  séisniique,  de  forme  !fios- 
siérrinenl  elliptique^  couvre  tout  le  Massif  volcanique  du  Cantal,  le  Cczallier, 
une  partie  des  Monts  Dore,  le  sud  de  la  Limagne,  tout  le  Livradois,  le  sud 
du  Forez  et  la  porlinu  nord  du  Velay.  Il  embrasse  donc  des  terrains  cristal- 
lins, granitiques,  oligocènes,  cl  une  gninde  jKiilic  des  rèi^ions  i-olcaniqucs  du 
Massif  Central. 

■  La  zone  d'ébranlement  épicentrale  est  une  cuvellc  houillère,  oligocène  cl 
volcanique,  très  fracturée,  située  au  centre  et  en  contre-bas  (  39o"'-42o'")  de 
ces  dernières  (altitude  de  looo™  à  1842'")  vers  lesquelles  se  propagèrent  les 
ondes  séismiques. 

Il  n'est  pas  inutile  de  souligner  que  tout  le  Massif  volcanique  du  (  '.antal, 
deu\  fois  plus  étendu  en  surface  que  l'Etna,  trépida  entièrement.  La  surface 
d'ébranlement  totale  fut  d'environ  7000''"^'. 

La  cause  du  séisme  est  due  vraisemblablement  à  des  réajustages  de  com- 
partiments de  la  cuvette  Brassac-Brioude,  puisque  à  4oo"'  de  profondeur 
des  dégâts  ont  été  constatés,  surtout  dans  ce  territoire. 

Je  rappellerai  qu'un  séisme  de  grande  étendue,  dont  il  a  été  cependant  fait 
à  peine  mention  en  son  temps  à  l'Académie,  secoua  tout  le  Massif  Central  le 
2')  août  1892,  à  10''  du  soir,  et  le  26  août,  en  deux  fois,  à  /|''5o"'  (secousse 
prémonitoire)  et  à  io''io'°  (secousse  principale). 

Ce  tremblement  de  terre  fut  relativement  violent.  Les  dégâts  en  Auvergne 
et  dans  le  Velay  furent  assez  sérieux.  Il  y  eut  arrêt  des  horloges,  les  cloches 
tintèrent,  les  meubles  furent  déplacés,  notamment  à  Vichy,  ClermonI, 
Brioude,  Le  Puy,  etc.,  les  fenêtres  el  les  portes  ouvertes,  beaucoup  de 
vaisselle  fut  brisée  et  un  assez  grand  nombre  de  cheminées  tombèrent  en 
même  temps  que  des  murs  furent  lézardés.  L'ébranlement  de  10''  dura 
5  secondes  ('),  s'étendit  au  delà  même  du  Massif  Central,  jusqu'à  Mende 
(Lozère),  Capdenac  (Aveyron),  Montélimar,  ^  alence  elLyon,  c'esl-à-dirc 
intéressa  environ  looooo'""'.  On  ne  signala  cependant  que  quelques  victimes. 
Plusieurs  répliques  à  la  secousse  principale  de  ce  séisme  furent  observées 
les  27,  28  et  29  août. 

D'après  les  documents  que  je  possède,  la  zone  èpifocalc  s'étendit  encore 


(')  Il  me  pnrail  iiilciessanl  de  noler  i|iii'  îles  toiiiistes  (|iii  fiiisaieiil  rasccii^ioii  ilii 
Puy  (le  Dôme  el  du  Sancy  furent  forlemenl  secoués  au  soiiimcl  ilc  ces  deux  nHinlagiies 
volcaniques,  à  i46j"'  el  à  1S86'"  d'alliUide. 


SÉANCb:    DU    21    FÉVHIEK    I9'2I.  /iG5 

à  la  valléo  dr  l'Allier,  c'est-à-dire  au  synclinal  de  la  Liiiiagne,  zone  la  pins 
profondément  fracturée  de  tout  le  Massif. 

En  résumé,  les  séismes  du  Massif  Central,  en  général  peu  destructeurs, 
senihlenl  dus  à  des  réajustages  de  comparlimenls  le  long  des  grands  acci- 
dents tectoniques  anciens  ou  récents,  ou  à  des  mouvements  de  tassement 
d'ensemble  ou  locaux  des  cuvettes  svnclinales. 


GÉOLOGIE.   —  A()aissciitr?il  des  côtes  méditerranéennes  de  la  France. 
Note  de  M.  Pu.  Nêgris,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Dans  une  Note  précédente  (i8  octobre  1920),  j"ai  montré  que  le  massif 
des  Alpes  s'est  affaissé  de  G(Jo"'  environ  depuis  l'époque  glaciaire  de  Wiirm. 
Or  c'est  à  la  même  époque  (fin  d'i  Pléistocène  inférieur)  que  M.  Boule 
place  la  rupture  entre  la  Corse  et  le  continent.  Il  semble  donc  naturel 
d'admettre  qu'il  s'agit  de  deux  pbénomènes  connexes,  qui  ont  dû,  sans 
doute,  entraîner  l'affaissement  des  régions  intermédiaires,  c'est-à-dire  des 
côtes  méditerranénnes  de  la  France  et  des  côtes  voisines  de  l'Italie.  C'est 
la  conclusion  à  laquelle  j'étais  arrivé  pour  le  rocher  de  Grimaldi  dès  1907  ('), 
par  d'autres  considérations.  L'hypothèse  de  l'affaissement  rend  mieux 
compte  que  toute  autre  des  anomalies  qui  se  présentent  autour  de  Grimaldi. 
En  effet,  les  Alpes  s'étant  affaissées  de  660'"  environ,  tandis  que,  entre  la 
Corse  et  Grimaldi,  nous  avons  des  fonds  de  25oo",  il  semble  juste  d'admettre 
que  le  rocher  de  Grimaldi  lui-même  s'est  affaissé,  à  la  fin  de  l'époque  de 
Wiirm,  de  plusieurs  centaines  de  mètres,  et  si  l'on  ne  découvre  pas  de  traces 
de  cet  affaissement  dans  les  environs,  c'est  qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  affaisse- 
ment local,  mais  d'un  affaissement  régional  ou  épirogénique.  D'après  celte 
manière  de  voir,  la  succession  des  phénomènes  aurait  été  la  suivante. 

A  un  moment  donné,  avant  l'époque  chellécnne,  le  rocher  de  Grimaldi 
était  envahi  par  la  mer,  qui  façonna  les  grottes.  Mer  et  rocher  se  trouvaient 
à  cette  époque  à  un  niveau  élevé,  comparable  à  celui  que  j'ai  observé  en 
Grèce,  comme  j'ai  exposé  ailleurs  :  c'est  de  cette  époque  que  datent  les 
perforations  et  l'encorbellement  au  haut  de  la  grotte  du  Prince.  Puis  la  mer, 
devançant  l'abaissement  du  rocher,  se  retira  de  la  grotte,  en  déposant  sur 
son  plancher,  et  aux  alentours,  des  coquilles,  parmi  lesquelles  le  Strombiis 
hu/jonitis,  et  mit  à  nu  la  plate-forme  qui  s'étend  aujourd'hui  au-devant  des 

(')  C.  fi.  S.  de  la  Soc.  géol.  de  France,  1907,  p.  289. 


466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

grottes,  sous  la  mer,  jusqu'à  l'isobathe  de  200™,  ce  qui  permit  aux  grands 
herbivores  (Eléphant,  Rhinocéros,  Hippopotame)  de  circuler  librement 
autour  des  grottes  et  d'abandonner  leurs  débris  dans  ces  mêmes  grottes.  Le 
remplissage  des  grottes  se  continua  ainsi  jusqu'à  la  fin  de  l'époque  wiir" 
mienne,  comme  le  prouvent  les  fossiles  rencontrés  à  la  partie  supérieure  du 
remplissage;  et  alors  eut  lieu  l'affaissement  des  Alpes  et  de  la  Tyrrhenis, 
auquel  prit  part  le  rocher  de  Grimaldi,  entraînant  avec  lui  la  plate-forme 
(alors  émergée),  sous  les  flot5  de  la  mer,  jusqu'à  la  profondeur  de  200"'. 
L'envahissement  de  la  mer  s'arrêta  à  8"  au-dessus  du  niveau  actuel,  en 
déposant  autour  des  grottes  les  strates  à  Conus  mediterrnneiis.  Il  est 
d'ailleurs  digne  de  remarque  que  ce  niveau  de  8™  est  dénoncé  comme  niveau 
de  la  mer  à  cette  époque  par  les  terrasses  alluviales  de  l'Orbieu  dans 
l'Aude  ('),  situées  à  8™  au-dessus  du  niveau  de  la  rivière,  tandis  que  dans 
le  reste  du  pays  les  alluvions  quaternaires  se  fondent  progressivement  avec 
les  alluvions  actuelles,  preuve  de  l'aflàissement  encore  ici  des  alluvions 
anciennes,  avant  le  dépôt  des  alluvions  modernes  :  cela  n'a  pas  lieu  de  nous 
étonner,  car  l'on  sait  que  le  golfe  du  Lion  occupe  l'emplacement  des  terres, 
aujourd'hui  effondrées,  qui  reliaient  les  Pyrénées  au  massif  des  Maures,  et 
si  ce  même  massif  ne  présente  pas  aujourd'hui  des  traces  d'anciens  niveaux 
marins  élevés,  c'est  qu'il  est  lui-même  effondré  et  que  ces  anciennes  traces 
sont,  sans  doute,  submergées.  Si  elles  paraissent  ailleurs,  comme  dans  les 
grottes  de  Grimaldi  et  à  Nice,  c'est  que  l'amplitude  de  l'affaissement  n'a 
pas  été  la  même  partout,  et  il  ne  serait  pas  prudent  de  tirer  de  l'altitude  de 
ces  traces  d'anciens  rivages  sur  ces  côtes  affaissées  des  comparaisons  avec 
d'autres  régions  restées  immobiles  ou  moins  affaissées. 

Remarquons  enfin  que  la  convergence  des  alluvions  anciennes  de  la 
Durance  avec  les  alluvions  actuelles  (-),  et  l'absence  dans  le  Rhône  de 
la  Haute  et  Basse  Terrasse  en  aval  de  Tarascon  (')  s'expliquent  aussi  facile- 
ment par  l'affaissement  des  côtes  méridionales  de  la  France.  D'autre  part, 
une  terrasse  appartenant  au  stade  de  Biihl,  à  5™  au-dessus  du  lit  de  la 
Durance  actuelle  à  Tallard,  se  confondant  en  aval  avec  les  alluvions 
actuelles  ('),  semble  prouver  que  l'affaissement  se  serait  prolongé  jusqu'au 
stade  de  Riihl. 


(')  Haug,  Traité  de  Géologie,  l.  2,  p.  i854. 

{■")  Ibid.,  p.  1848. 

(  =  )  Ibid.,  p.  i856. 

(■•)  Ibid.,  p.  1849. 


SÉANCE  DU  2  1  FÉVUIEH  I921.  467 


GÉOGit.vl'Hii-:   PHYSIQUE.  —  Les  lids-Chomps  dr  Picanlie  an  sud  de  la  Somme. 
Noie  (')  (le  M.  A.  Brkjuet,  présenté^  par  M.  Ch.  Barrois. 

Dans  la  partie  située  au  sud  de  la  Somme,  la  plaine  d'alluvions  marines 
des  Bas-Champs  s'est  formée  à  l'abri  du  poulier  de  galets  qui,  de  l'extré- 
mité de  la  falaise  de  Normandie  à  Onival.  s'avance  en  travers  de  l'estuaire 
de  la  Somme  jusqu'au  llourdcl. 

L'action  des  courants  et  des  vagues  entraîne  vers  le  iNord-Est  les  débris 
de  la  falaise,  et  le  poulier  du  Hourdel  s'allonge  sans  cesse.  En  même  temps, 
il  se  déplace  latéralement  :  la  partie  d'amont  recule  vers  l'intérieur,  à 
mesure  qu'est  rongée  par  la  mer  la  falaise  sur  laquelle  le  poulier  prend  son 
attache;  la  partie  d'aval,  au  contraire,  s'accroît  vers  le  large,  de  nouvelles 
crêtes  de  galets  se  formant  en  avant  des  plus  anciennes.  C'est  la  consé- 
quence du  mouvement  de  bascule  par  lequel  le  courant  côtier  est.  à  l'aval, 
dévié  vers  le  large  dans  la  mesure  où,  à  l'amont,  il  gagne  sur  l'intérieur 
des  terres. 

De  là  résulte,  pour  l'extrémité  aval  du  poulier,  la  disposition  en  épi- 
digité  très  caractéristique  des  crêtes  de  galets  des  environs  du  Hourdel  :  à 
cet  aspect,  s'oppose  celui  de  la  partie  amont,  réduite  près  d'Onival  à  un 
mince  pédoncule  sans  cesse  attaqué  par  la  mer  et  repoussé  en  arrière 
(destruction  de  la  ferme  des  Flots  et  d'une  partie  de  la  route  d'Onival  à 
Cayeux). 

En  réalité,  ce  n'est  pas  à  un  unique  épi,  développé  à  l'extrémité  d'un 
pédoncule,  que  doit  être  comparé  le  poulier  du  Hourdel,  mais  à  une  série 
d'épis  disposés  le  long  d'une,  tige.  Ceci  résulte  d'événements  qui  ont 
empêché  le  développement  normal  du  poulier:  invasions  de  la  mer  s'ou- 
vrant  une  brèche  dans  le  rempart  de  galets. 

L'irruption  la  plus  récente,  en  date  des  temps  historiques,  a  donné  nais- 
sance au  Hable  d'Ault  :  golfe  où  la  mer  s'étendait  sur  l'emplacement  de  la 
plaine,  au  sud  de  Cayeux.  La  partie  du  poulier  comprise  entre  la  ferme  des 
Flots  et  l'ancien  feu  de  marée  avait  été  emportée. 

L'existence  du  Hable  marin  devait  être  éphémère  :  l'arrivée  des  galets  se 
poursuivait,  un  nouveau  poulier  s'édifiait  en  travers  du  Hable.  Les  crêtes  de 
ce  poulier,  également  disposées  en  épi,  ont  gardé  jusqu'à  l'heure  actuelle 


(')  Séance  du  14  février  1921. 


468  ACADÉMIli;    DES    SCIENCES. 

une  grande  fraîcheur  :  leur  élal  fait  contraste  avec  celui  des  crêtes  anté- 
rieures à  l'irruption  de  la  mer,  en  partie  conservées  au  sud  de  la  ferme  des 
Flots. 

Au  nord  du  Hable,  à  Cayeux,  la  partie  aval  du  poulicr  défoncé  formait 
une  pointe  sur  laquelle  le  flot  marin  se  divisait,  pénétrant  en  partie  dans  le 
golfe.  Dans  sa  marche,  le  flot  entraînait  vers  l'intérieur  des  galets  arrachés 
à  cette  pointe  :  d'où  la  formation  d'un  poulier  interne,  dirigé  vers  le  Sud, 
poulier  bien  visible  entre  l'ancien  feu  de'marée  et  l'extrémité  nord  du  Hable 
d'Ault  actuel  ('). 

Par  son  avancée  progressive  en  travers  du  Hal)Ie,  le  nouveau  poulier 
atteignit  ce  poulier  interne  auquel  il  se  souda,  obstruant  le  Hable  devenu 
lagune  (une  digue  artificielle,  le  Grand  HarremenI,  construite  en  1751, 
mit  de  façon  moins  précaire  le  Hable  et  la  plaine  à  l'abri  d'un  retour  de  la 
mer). 

Dès  cet  instant,  les  galets  reprirent  vers  l'estuaire  de  la  Somme  leur 
marche  interrompue  pendant  quelques  siècles.  Les  crêtes  digitécs  qu'ils 
élevèrent  au  Nord,  entre  Mollière  d'Aval  et  le  Hourdel,  se  distinguent  elles 
aussi  par  leur  fraîcheur  des  crêtes  plus  anciennes,  qui  constituaient,  avant 
la  rupture,  le  poulier  dont  l'extrémité  se  trouvait  à  hauteur  de  Mollière 
d'Aval. 

Une  rupture  plus  ancienne  du  poulier  attaché  à  la  falaise  normande  est 
indiquée  par  la  disposition  des  crêtes  de  galets  sous  la  ville  de  Cayeux. 

Les  trois  crêtes,  dirigées  de  l'Ouest  vers  l'Est,  qui  portent  les  parties  les 
plus  anciennes  de  l'agglomération,  semblent  les  restes  d'un  ancien  poulier 
digité  également  emporté  par  la  mer  en  amont  de  Cayeux.  Ces  restes,  sous 
l'action  du  flot  cjui  s'y  divisait,  dessinèrent  une  pointe  à  l'entrée  d'un  plus 
ancien  Hable  :  d'où  la  disposition,  transversale  aux  crêtes,  de  la  chaîne  de 
dunes  anciennes  que  suit  la  principale  rue  de  Cayeux,  recouvrant  vraisem- 
blablement un  poulier  interne  dirigé  à  l'opposé  de  la  mer. 

L'aspect  des  crêtes  de  galets  de  bi  ville  de  Cayeux,  leur  recouvrement 
par  d'anciennes  dunes,  leur  direction  enfin  les  différencie  avec  netteté  des 
crêtes  plus  récentes,  situées  entre  Cayeux  et  Mollière  d'Aval.  Celles-ci  se 
formèrent  en  elîet  plus  tard,  lorsque  le  plus  ancien  ilable  eut  été  (comme 
par  la  suite  le  plus  récent)  barré  par  un  poulier  le  long  duquel  les  galets 
poursuivirent  leur  course  vers  l'aval. 

(')  Signalé  par  Ci.ok/.,  l^es  Bas-Champs  du  nord  de  la  Somme  {Bull,  mensuel  du 
<iroupe  parhien  des  anciens  élèves  de  CKcole  PolvU'clinùiue,  i9<'9). 


SÉANCE   DU   21    FKVRIER    1921.  469 

On  roinarquo,  dans  les  Bas-Champs  du  sud  de  la  Somme,  quelques  crêtes 
de  galets  bien  plus  rapprochées  du  bord  intérieur  de  la  plaine  que  le  poulier 
du  Hourdel  :  par  exemple  à  Monmignon  et  au  nord  de  Brutelles.  Le  plus 
interne  de  ces  bancs  de  galets,  peu  élevés,  s'attache  à  l'exlrémité  de  la  falaise 
morte  qui  borde  la  plaine  d'Onival  à  Hautebut. 

Ces  crêtes  paraissent  en  rapport  avec  un  stade  plus  ancien  de  l'évolution 
du  rivage.  A  celte  époque  existait  encore  en  grande  partie  le  promontoire, 
aujourd'hui  emporté  par  l'érosion  marine,  que  formait  le  plateau  normand 
en  s'avançant  jusque  sur  l'emplacement  des  Ridins  de  Dieppe.  Les  courants 
marins,  longeant  le  flanc  nord  du  promontoire  à  direction  presque  trans- 
versale à  celle  du  rivage  régularisé  actuel,  ne  pouvaient  édifier  de  pouliers 
qu'en  arrière  de  la  ligne  de  rivage  et  du  poulier  d'aujourd'hui. 

BOTANIQUE.  —  Sur  la  reproduction  du  Cha-toceros  Eibenii  Meunier. 
Note  de  M.  J.  Pavillard,  présentée  par  M.  L.  Guignard. 

On  ne  connaissait  jusqu'ici  ni  endocystes,  ni  auxospores  dans  les 
Chœloceros  du  sous-genre  Phœoceros,  caractérisés,  comme  on  sait,  par  leurs 
cornes  volumineuses,  remplies  de  chromoplastes  arrondis  ou  linéaires. 

La  présente  Note  a  pour  but  de  combler  cette  lacune. 

La  formation  d'auxospores,  immédiatement  transformées  en  chaînes 
végétatives,  a  été  décrite  dans  les  Ch.  secundiim,  Ch.  conlortuin  et  Ch.  con- 
strictum,  du  sous-genre  Hyalochœte  ;  la  production  d'endocystes  a  été 
constatée  dans  un  grand  nombre  d'espèces  du  même  groupe. 

Le  Chœ/oceros  Eibenii  Meunier  (ic)i3),  étudié  ci-dessous,  a  été  rencontré 
dans  un  plankton  recueilli  le  23  août  1920,  par  25'"  de  profondeur,  au  largo 
de  Roscofi" (Finistère)  ('). 

Cet  organisme,  intermédiaire  entre  les  C/j.  borealeeiCh.  densum,  aétépro- 
bablemcnl  presque  toujours  confondu  avec  l'unou  aveci'autre.  Il  en  diffère, 
avant  tout,  par  laprésence  constante  d'un  apicule  très  court,  situé  au  centre, 
un  peu  ombiliqué,  de  chaque  valve,  etdèslors  assez  difficile  à  voir  (/ig.  6-8). 

Dans  le  matériel  examiné,  les  chaînes  stériles  sont,  en  grande  majorité, 
composées  de  cellules  toutes  semblables  entre  elles  (à  l'exception  des  cornes 
terminales). 

D'autres  chaînes  présentent  un  dimorphisme  cellulaire  très  accentué,  en 
rapport  évident  avec  la  reproduction.  Certaines  cellules,  en  effet,  sont  deux 

(')  Ce  matériel  m'a  élé  confié  par  M.  Rose,  professeur  au  Prytanée  militaire,  en  vue 
d'une  étude  systématique  qui  paraîtra  ultérieurement. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N»  8.)  ^-^ 


470  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  trois  fois  plus  longues  que  leurs  voisines;  elles  doivent  leur  élongation  à  la 
présence  de  nombreuses  bandelettes  zonales  intercalaires,  articulées  en 
zigzag  sur  les  deux  faces  opposées  de  la  cellule  (^fig.  5).  Ces  cellules  diffé- 
renciées; véritables  éléments  niégacyliques,  sont  affectées  à  la  reproduction. 
Par  une  large  perforation  de  la  zone  d'emboîtement,  dans  le  plan  sagittal, 
le  contenu  entier  est  évacué,  y  compris  les  chromoplastes  des  cornes,  préa- 
lablement ramenés  dans  la  cellule  {fig-  2).   Une  vésicule  volumineuse, 


Fig.  I  à  II.  —  Chsetoceios  Eibenii  ;  I.  Une  chaîne  avec  un  endocyste  légèrement  dévié.  — 
2.  Première  phase  de  Tauxosporulation.  —  .'!.  Silualion  normale 4e  l'endocysle  par  rapport  à  la 
cellule  mère.  —  4.  Étal  avancé  de  la  vésicule  auxosporale.  —  .").  Un  mégacylc.  —  G,  7.  Valves 
isolées  avec  apicule  centrale.  —  8.  Extrémité  de  chaîne  montrant  les  apicules.  —  9.  Kndocyste 
déjeté  latéralement.  —  10.  Projection  horizontale  de  l'endocysle,  —  11.  Fragment  de  chaîne  en 
iiiicrosporulation. 

(  Or.  :  3  jo  env.  ). 

d'abord  pyriforme,  se  développe  ainsi  vers  l'extérieur  (/î"»-.  4)  conformément 
au  processus  d'âuxosporulation  des  Chœtoceros  mentionnés  ci-dessus  ;  mais 
la  destinée  ultérieure  de  la  vésicule  auvosporale  est  ici  toute  différente. 

Ayant  atteint  un  certain  volume  maximum,  elle  s'élargit  à  sa  base,  et 
prend  une  forme  rigoureusement  géométrique. 

Dans  l'intérieur  de  S'a  base  élargie  se  différencie  la  valve  primaire,  très 
épaisse,  d'un  endocyste,  à  contour  elliptique  régulier,  et  disposé  transversa- 
lement par  rapport  à  l'axe  longitudinal  de  la  chaîne  {flg-  3). 

Le  contenu  de  la  vésicule  se  contracte  progressivement  et  se  trouve  fina- 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1921.  4^1 

lenient  enfermé  sous  la  valve  secondaire,  bombée,  mais  assez  mince,  de 
l'endocyste.  Les  deux  valves  sont  parfaitement  lisses. 

L'endocysle  est  libéré  par  la  déchirure  do  la  base  du  sac  auxosporal 
(Jfii'.  5);  mais  la  partie  dislale  dt>  ce  dernier,  formant  un  périzonium  trans- 
parent à  double  paroi  ( J/'g.  i,  3  et  9),  demeure  annexée  à  l'endocyste  avec 
sa  forme  géométrique  définie. 

f^e  sort  ultérieur  de  ces  endocystes  est  inconnu  (comme  partout). 

Les  valves  des  cellules  végétatives  mesurent  de  3o'''  à  qo^  sur  22^^  à  24'''; 
les  endocystes  ont  de  60^  à  65^^  sur  401^  à  42^^. 

Cette  évolution  :  mégacyte~y  auxospore-yendocyste,  diffère  totalement 
de  tout  ce  qui  avait  été  vu  jusqu'ici  chez  les  diatomées  pélagiques;  il  serait 
intéressant  de  vérifier  si  elle  est  particulière  aux  congénères  systématiques 
du  Ch.  Eibcnii. 

Un  rapprochement  pourrait  être  tenté  avec  les  phénomènes  récemment 
représentés  par  H. -H.  Gran  (iqiS)  pour  le  Ch.  pseudo-crinitum  (=C7i. 
Ingolfianum)-^  mais  l'analogie  ne  mérite  guère  d'être  retenue,  car  il  s'agit 
d'une  espèce  (?)  dont  le  comportement  anormal  a  été  fortement  souligné 
par  A.  Meunier  (1910),  et  de  phénomènes  auxquels  Ostenfeld  (1913) 
n'hésite  pas  à  attribuer  un  caractère  pathologique  ('). 

Dans  la  même  récolte  j'ai  rencontré  une  chaîne  de  quatre  cellules  (//^.  11) 
en  «  gestation  de  microscopes  ».  La  ressemblance  est  frappante  avec  les 
exemples  figurés  naguère  par  (\.  Murray  (1896).  La  pénurie  de  matériel 
ne  m'a  pas  permis  de  pousser  plus  loin  mes  investigations. 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Nouvelles  recherches  concernant  l'extraction  des  gliico- 
sides  chez  quelques  Orchidées  indigènes;  identification  de  ces  glucosides avec 
la  loroglossine.  Note  de  M.  P.  Dei.au.nev,  présentée  par  M.  L.  Guignard. 

Dans  une  précédente  Note  (-),  j'ai  montré  que  la  loroglossine,  glucoside 
découvert  par  Bourquelot  et  Bridel  dans  le  Loroglossum  hircinuin  Rich., 
existe  également  dans  deux  autres  plantes  de  la  même  famille,  VOrchisSimia 
Lam.,  e\.VOphrysaranifera\{\iàs.  Pousuivant mes  recherches  dans  la  même 
direction,  j'ai  pu  isoler  le  même  glucoside  de  trois  autres  Orchidées  :  Cepha- 

(')  Pour  la  Bibliographie,  voir  :  J.  Pavili.ard,  Recherches  sur  les  diaLomiks  péla- 
giques du  Golfe  du  Lion  (1916),  et  H--H.  Gkan,  The  Planklon  production  of  the 
north  european  Wathersin  ihe  spring  of  \<^\i  (1916). 

(-)  Comptes  rendus,  t.  171,  ig^n,  p.  43:j- 


l\'j-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lanthera  grandijlora  Babingt.,  Oph?YS  api/era  Huas.,  Orchis  bifolia  L.  On 
remarquera  que  la  présence  de  la  loroglossine  est  ainsi  démontrée  dans  un 
nouveau  genre,  le  genre  Cephalanthera. 

Les  plantes  examinées  ont  été  soumises,  dans  l'ensemble,  à  la  série  de  trai- 
tements qui  a  été  indiquée  pour  V Orchis  Simia  ('  ). 

Cephalanthera  grandijlora  Babingt.  —  En  ce  qui  concerne  cette  espèce,  j'ai  utilisé 
une  li<iueur  alcoolique,  préparée  en  1914  par  Bourquelot  et  Bridel,  en  traitant  par 
l'alcool  bouillant  i''s,5oo  de  plante  fraîche,  récollée  à  I.ardy  (Seine-et-Oise). 

Le  glucoside  obtenu  a  été  finalement  purifié  par  trois  cristallisations  successives 
dans  l'acétone  anhydre. 

Le  produit  se  présentait  alors  en  aiguilles  blanches,  légères,  qu'on  a  séchées  en  les 
maintenant  pendant  2  heures  dans  une  étuve  à  -H  110°.  Les  déterminations  suivantes 
permettent  d'affirmer  son  identité  avec  la  loroglossine. 

Le  point  de  fusion  a  été  déterminé  en  tube  capillaire  par  comparaison  avec  de  la 
loroglossine  provenant  du  Loroglosse  ;  les  deux  produits  se  sont  comportés  de  même; 
ils  se  sont  d'abord  fortement  rétractés  vers  -H  iSo"  et  ont  fondu  vers  -(-i39°-i4o° 
(non  corr.  ). 

Le  pouvoir  rotatoire  a  été  trouvé  égal  à  «1,=:— 4i°,  38  (5:  =  — 5o', />  :=  o8,og8î, 
»'  =  io""',  /=2).  Bourquelot  et  Bridel  ont  donné  comme  pouvoir  rotatoire  de  la  loro- 
glossine :  «0  =  —  42°, 97. 

L  ne  solution  contenant  08,491 5  de  glucoside  et  28,0  d'acide  sulfurique  pur  pour  loo*^™' 
a  été  maintenue  pendant  2  heures  à  l'autoclave  à  +  loS".  Après  refroidissement,  la 
rotation  était  passée  de  —  26'  à  -1-  i6'(/  =  2),  et  il  s'était  formé  oS,  240  de  sucre  réduc- 
teur exprimé  en  glucose  (soit  49]03  pour  loo  du  glucoside). 

Ophrys  apifera  Huds.  —  2''s  de  cet  Ophrys,  récoltés  en  mai  1920,  à  Lardy,  ont 
donné  un  corps  cristallisé  en  fines  aiguilles  blanches,  très  légères,  qui  a  été  purifié  par 
deux  cristallisations  successives  dans  l'acétone  anhydre  et  séché  pendant  >.  heures 
à  -t-  1 10°, 

Chauffé  en  tube  capillaire,  le  produit  a  fondu  à  +i36°-i37''  (non  corr.),  après 
s'être  rétracté  fortement. 

Le  pouvoir  rolaloire  était  de  v-i^zz: — 42°, 81    («  =  — 4''i  /'  =  o5,o798,  crrio""', 

/=2). 

Une  solution  renfermant  08,399  de  glucoside  et  26, 5  d'acide  sulfurique  pur  pour 
100"°'  a  été  maintenue  pendant  2  heures  à  l'autoclave  à  4-io5°;  la  déviation  a  passé 
de  — 20'  à  -1-12'  et  il  s'est  formé  06,1923  de  sucre  réducteur  exprimé  en  glucose 
(soit  48,  îg  pour  100  du  glucoside). 

Orchis  bifolia  L.  —  L'opération  a  porté  sur  une  liqueur  alcoolique  préparée  en 
1914  et  correspondant  à  2''e  à'Orchis  bifolia,  à  laquelle  a  été  joint  le  produit  du 
traitement  de  4''",  285  de  plante  fraîche,  récollée  à  Lardy  en  mai  1920. 

Le  glucoside  extrait  de  celte  esjjèce,  purifié  par  une  cristallisation  dans  l'acétone 
anhvilre,  a  donné  les  résultats  suivants  : 

(')  Luc.  cit. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1921.  473 

ChaufTé  en  tube  capillaire,  il  a  fondu  vers  -t- i37"-i3g°  (non  corr.),  après  s'être 
rùtracté. 

Le  pouvoir  rotatoire  était  de  «i)= — -''io°,o4  («= — 58',  p  :=os,\20'],  l'mio""', 
1^=2).  Le  pouvoir  rotatoire  trouvé  est  un  peu  faible;  ce  fait  peut  tenir  à  la  présence 
dans  le  produit  obtenu  d'une  trace  de  glucose.  La  solution  en  elTet  réduisait  nette- 
ment, quoique  1res  faiblement,  la  liqueur  cupropotassique.  Le  rendement  en  loro- 
glossine  était  malheureusement  trop  faible  pour  que  le  produit  ait  pu  être  soumis  à 
une  purification  ultérieure. 

Une  solution  à  ok,6o3.5  de  glucoside  et  28,5  d'acide  sulfurique  pur  pour  100*""'  a  été 
chauU'ée  pendant  i3  heures  au  bain-marie  bouillant.  La  déviation  a  passé  de  — 29'  à 
H- 18' et  il  s'est  formé  08,2918  de  sucre  réducteur  exprimé  en  glucose  (soit  48)33 
pdur  100  du  glucoside). 

Comme  la  loroglossine,  le  glucoside  extrait  des  trois  Orchidées  précé- 
dentes donnait  une  coloration  rougo  groseille  par  l'acide  sulfurique 
concentré  froid.  Il  était  également  hydrolyse  par  l'émulsine  avec  formation 
d'un  produit  blanc,  amorphe,  insoluble.  Enfin,  au  cours  de  l'hydrolyse  par 
l'acide  sulfurique  dilué,  il  y  a  toujours  eu  séparation  d'un  produit  rougeàtrc 
résinoide,  caractère  que  Bourquelot  et  Bridel  avaient  déjà  signalé  lors  de 
l'étude  du  glucoside  extrait  du  Loroglossum  hircininn. 


BIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sw  des  phénomènes  tératologiqitcs  suivcnanl  dani 
r appareil  floral  de  la  Carotte  à  la' suite  de  traumatismes.  Note  de 
M.  31.  MoLiJAKD,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

On  a  signalé  à  diverses  reprises  les  anomalies  présentées  accidentellement 
par  la  fleur  et  par  l'inflorescence  du  Daucus  Carota  et  de  nombreuses  autres 
Ombellifères  ;  la  plus  fréquente  consiste  en  une  virescence  des  pièces  florales 
qui  deviennent  en  même  temps  indépendantes,  à  des  degrés  variés,  les  unes 
des  autres;  souvent  aussi  les  inflorescences,  qui  sont  normalement  consti- 
tuées par  des  ombelles  d'ombelles,  deviennent  trois  ou  quatre  fois  compo- 
sées. Mais  les  nombreux  cas  décrits  correspondent  à  des  observations 
éparses  et  le  déterminisme  du  phénomène  n'a  pu  être  établi  que  dans  le  cas 
011  il  correspond  à  une  action  parasitaire;  on  connaît  en  effet  de  nombreux 
exemples  de  transformations  de  celte  nature  provoquées  par  des  Aphidiens 
ou  des  Phytoptides  chez  les  Ombellifères. 

Mon  attention  a  été  attirée  au  cours  de  ces  dernières  années  sur  la  fré- 
quence des  cas  lératologiques  présentés  par  la  Carotte  dans  certaines 
prairies   de    Sainl-Pierre-en-Port    (Seine-Inférieure),   sans    que   l'action 


474*  ACADÉMIE    DES    SCIÉ'ncÈs. 

(Taucun  parasite  ail  pu  être  incriminée.  Il  s'agissait  de  champs  de  Trèfle 
{Trifolium pratense)  de  deux  ou  trois  ans,  où  cette  plante  n'était  plus  repré- 
sentée que  d'une  manière  très  maigre,  où  dominait  le  Plantain  (Plantago 
lanccolota)  et  où  les  Carottes  étaient  très  nombreuses;  on  avait  mis  à  paître 
des  vaches  dans  ces  champs  quelques  semaines  avant  l'époque  des  observa- 
tions; l'examen  des  difTérents  individus  de  Carotte  m'a  permis  d'établir  une 
relation  constante  entre  Texisteoce  d'inflorescences  tératologiques  et  un 
sectionnement  préalal)le  de  la  tige  des  individus  correspondants,  à  une 
faible  distance  du  sol  ;  seules  les  plantes  qui  avaient  échappé  à  la  dent  des 
animaux  restaient  normales  et,  par  contre,  toutes  les  inflorescences  modi- 
fiées étaient  portées  par  des  tiges  de  rejet. 

Les  dilTérentes  tiges  qui  remplaçaient  l'axe  primitif  unique  présentaient 
une  grande  homogénéité  de  caractères,  rnais  les  modifications  étaient  au 
contraire  très  variées  d'un  pied  à  un  autre;  ces  modifications  peuvent  se 
rapporter  à  un  certain  nombre  de  types,  parmi  lesquels  il  nous  suffira  de 
distinguer  ici  les  suivants  : 

\°  Echantillons  à  fleurs  doubles.  —  Ce  sont  de  beaucoup  les  moins  fré- 
quents et  ils  sont  caractérisés  par  des  axes  d'ombellules  de  longueur  assez 
irrégulière,  mais  surtout  par  la  transformation  plus  ou  moins  complète  dos 
cinq  étamines  de  chaque  fleur  en  pétales;  chaque  étamine  est  remplacée  tantôt 
par  une  lame  foliacée  unique  ayant  tous  les  caractères  des  pétales  normaux, 
tantôt  par  une  lame  blanche  plus  étroite,  présentant  à  sa  face  supérieure, 
de  chaque  côté  de  la  nervure  principale,  une  émergence  qui  correspond  à 
l'un  des  sacs  poUiniques  internes;  pétales  normaux  et  pétales  supplé- 
mentaires provenant  des  étamines  ont  une  teinte  rosée  et  l'ensemble  de 
l'inflorescence  se  trouve  avoir  ainsi  une  forme  et  une  compacité  très  parli- 
culières, 

1°  Echantillons  à  fleurs  presque  apétales.  —  Dans  d'autres  individus,  les 
plus  nombreux,  les  pétales  sont  très  réduils,  sépaloïdes,  verts  ou  lilacés; 
les  étamines  sont  bien  développées,  les  anthères  sont  jaunes  ou  d'une  teinte 
lie  de  vin;  les  plantes  sont  fertiles. 

3°  Echantillons  virescents.  —  Leur  caractère  essentiel  consiste  en  la  pré- 
sence de  deux  feuilles  carpellaires  indépendantes,  avec  atrophie  des  pétales 
et  des  étamines  ;  souvent  les  feuilles  pislillaires  sont  rouges  et  communiquent 
à  l'inflorescence  une  teinte  très  anormale. 

4°  Echa ntillons prolifères .  —  La  transformation  précédente  est  souvent 
accompagnée  d'une  prolifération  plus  ou  moins  accentuée  des  fleurs,  entraî- 
nant une  complication  de  l'inflorescence. 


SÉANCE  DU  2  1  FÉVRIER  1921,  4^5 

Les  inodilîcalions  survenant  dans  les  tiges  de  rejet  qui  se  développent  à 
la  suite  de  sectionnements  sont  donc  très  variées,  et  il  est  Lien  probable, 
puisqu'elles  sont  les  mômes  pour  toutes  les  liges  d'une  même  plante,  que 
leur  nature  est  liée  au  stade  de. développement  et  à  la  quantité  de  matériaux 
nutritifs  subsistant  dans  le  tubercule  au  moment  où  s'est  effectué  le  trau- 
matisme; des  expériences  permettront  de  préciser  ce  point  ;  mais  des  sim- 
ples observations  que  je  rapporte  il  résulte  déjà  que  les  organes  développés 
sur  des  rejets  peuvent  présenter  des  transformations  en  tout  point  sembla- 
bles à  celles  qu'on  observe  du  fait  d'actions  parasitaires;  la  chose  est  parti- 
culièrement intéressante  à  constater  en  ce  qui  concerne  le  phénomène  de 
duplicature  florale  qui  apparaît,  selon  les  cas,  comme  une  conséquence 
d'actions  parasitaires,  d'actions  mécaniques  ou  de  modifications  du  milieu 
nutritif,  toutes  causes  lointaines  se  traduisant  évidemment  par  des  change- 
ments identiques  dans  le  chimisme  de  la  plante. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  une  double  courbe  représentant  très  exactement 
les  oscillations  sphy iiniomètj-ixjues .  Note  de  iNI.  Henri  Harlé. 

On  a  construit  jusqu'à  présent  les  courbes  oscillométriques  en  se  conten- 
tant de  noter  l'amplitude  absolue  de  l'oscillation,  sans  tenir  aucun  compte 
de  sa  situation  sur  la  graduation.  Il  est  cependant  facile  de  voir  que  cette 
situation  a  souvent  une  grande  importance  au  point  de  vue  clinique.  Cher- 
chons donc  à  construire  un  graphique  qui  tienne  compte  à  la  fois  des  ampli- 
tudes absolues  d'oscillation  et  de  leur  situation  sur  le  cadran.  Si,  sur  deux 
axes  rectangulaires,  on  porte  en  abscisses  les  valeurs  de  la  compression 
exercée  sur  le  membre,  et  en  ordonnées,  non  pas  la  grandeur  absolue  des 
oscillations,  mais  bien  l'extrémité  de  la  course  supérieure  de  l'aiguille  et 
qu'on  réunisse  les  points  ainsi  obtenus,  on  aura  un  tracé  polygonal  qui 
pourra  être  remplacé  approximativement  par  une  courbe.  On  obtiendra 
une  deuxième  courbe  en  opérant  de  même  pour  les  extrémités  inférieures 
de  la  course  de  l'aiguille. 

L'ensemble  solidaire  de  ces  deux  courbes  constitue  ce  que  j'appelle 
la  double  courbe,  laquelle,  étant  la  reproduction  fidèle  des  déplacements 
de  l'aiguille,  donnera  tous  les  renseignements  que  peuvent  donner  ces 
déplacements.  La  courbe  supérieure  et  la  courbe  inférieure  sont  toutes 
deux  essentiellement  fonctions  de  la  compression  extérieure.  De  plus,  la 
courbe  supérieure  sera  fonction  de  l'impulsion  du  cœur,  et  donnera  des 


4^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

renseignements  sur  la  force  et  la  vitesse  de  sa  contraction,  sur  les  condi- 
tions d'ouverture  des  valvules  sigmoïdes,  et  aussi  sur  l'élasticité  des  vais- 
seaux et  l'état  vasomoleur.  La  courbe  inférieure  sera  fonction  de  la 
décontraction  du  cœur,  et  donnera  des  renseignements  sur  la  vitesse  et 
les  conditions  de  fermeture  des  valvules  sigmoïdes,  et   aussi  sur  Télas- 


PQ&ltJop_      _ , 

diirepoi  Selaiguille 


Courbe  /imite  ofa  ampfitjjdas 
d'oici/fâtion  supérieures 


XjDoubkœurbb 


Coulée  limite  des 
amplitudes  d'oKillation 
intérieures 


'^Courbe  uniqut 


<•       5       6       7       8      9       10      II       12     13       IV     15      16      17 
Compressions  P:  pressions  manomelriques  dans  le  manchon 
en  centimètres  de  mercure 


licite  des  vaisseaux.  Elle  donnera  en  outre  des  indications  sur  les  pertur- 
bafions  introduites  par  le  système  de  liaison  entre  la  paroi  vibrante 
(artère)  et  l'aiguille. 

D'une  façon  plus  générale,  dans  un  grand  nombre  de  cas  de  nature  très 
diverse,  les  déplacements  lus  sur  une  échelle  peuvent  correspondre  à  des 
indications  différenles,  suivant  la  région  dans  laquelle  ils  se  produisent.  Le 
principe  de  la  double  courbe  est  donc  un  principe  extrêmement  général 
qui  trouvera  son  application  toutes  les  fois  que  le  phénomène  étudié  se 
traduira  dans  l'expérience  par  le  mouvement  alternatif  d'un  index  devant 
une  ijraduation. 


SÉANCE   DU   21    FÉVRIER    1921.  /j77 

CHIMIE  rilYSlOLOOlQUE.  —  U action  d'aircl  du  joie  sur  l'acide  urique 
exogène.  Note  de  MM.  Cuauffard,  P.  linooiiv  et  Grigaut,  présentée  par 
M.  Charles  Richet. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  rechercher  par  voie  expérimentale 
directe  (|uels  rapports  existent  entre  le  taux  de  l'acide  urique  exogène 
d'origine  alimentaire  apporté  au  foie  par  la  veine  porte  et  la  teneur  en 
acide  urique  du  sang  sus-hépatique. 

Cette  recherche  n'est  devenue  possible  que  depuis  que  nous  possédons 
une  méthode  de  dosage  colorimétrique  suffisamment  délicate  et  précise 
pour  permettre  d'apprécier  des  différences  minimes  en  opérant  sur  de 
faibles  quantités  de  sang. 

Nous  avons  employé  la  technique  de  Folin  et  Denis  modifiée  par  Gri- 
gaul  (')  et  qui  consiste  à  agir  directement  sur  le  filtrat  du  sang  désalbu- 
miné  par  l'acide  trichloracétique  avec  le  réactif  phosphotungstique,  qui 
donne  avec  les  composés  uriques  et  les  polyphénols  une  coloration  bleue 
dont  il  est  facile  par  le  colorimètre  de  Dubosc  de  comparer  la  valeur  à  celle 
d'un  étalon  titré. 

Nos  expériences  ont  consisté  à  prélever  sur  des  chiens  en  période  diges- 
tive  du  sang  porte  et  du  sang  sus-hépatique  et  à  comparer  leur  teneur  en 
acide  urique. 

Nous  avons  opéré  sur  i3  chiens,  préalablement  anesthésiés  au  chloralose 
ou  à  la  morphine.  Le  Tableau  ci-dessous  résume  l'ensemble  de  nos  consta- 
tations : 

Coefficient 

Numéros  Sang  d'arrêt 

des ' —     I    ■ dans  le  foie 

chiens,  Hégime.  perle.        sus-licpalique.       (pour  100). 

1.  >,......  =  .. .  jeune  0,0087  0,0087  "^ 

2..-. =  ,  =  ..  »           ■  0,011  0,011  o 

3.,    ,.,,,,....  »  o,oi5  o,oi5  o 

k..., lait  0,006  0,006  o 

o.  ,,....  o  =  :..  .  varié  0,007  0,009  ^ 

6. ._....,-,,.  .  cervelle  0,010  0,088  \i 

7  =......>    ^...  ris  de  veaii  0,0118  0,009  ^"^ 

8.  .........  i , .  varié  o,o3.t  o,025  27 

9.  . . . , ris  de  veau  o,o3i  0,022  3o 

10....    varié  0,018  0,011  89 

11,  ...  j  ....,,,  ,  varié  o,oi5  0,010  34 

12 .  foie  et  rate  o,oi4  0,007  ^7 

13...... foie  et  rate  0,01 3  0,006  53 

(')  A.  Grig.xut,  Procédé  colorimétrir/ue  de  dosage  de  r acide  urique  dans  le  sang 
{C.  R.  de  la  Soc.  de  Biol.,  16  octobre  1920,  p.  1278). 


478  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  nous  reprenons  maintenant  le  détail  de  ces  expériencrs,  nous  voyons 
que  5  chiens  ont  été, mis  à  des  régimes  variés,  2  ont  été  alimentés  a\ec 
du  ris  de  veau  et  2  avec  du  foie  et  de  la  rate;  les  résultats  ont  toujours 
été  du  même  ordre  et  chez  8  de  ces  9  chiens  la  teneur  du  sang  en  acide 
urique  a  été  notablement  plus  faible  dans  la  veine  sus-hépatique  que  dans 
^a  veine  porte.  Une  fois  seulement,  la  teneur  sus-hépatique  a  été  un  peu 
plus  élevée  que  la  teneur  portale,  9"'^  au  lieu  de  7'"«. 

La  proportion  d'acide  urique  retenue  a  varié  entre  un  chiffre  minimum 
de  12. pour  100  et  un  chiffre  maximum  de  53  pour  100  a\ec  un  chiffre 
moyen  de  33  pour  100. 

La  variabilité  constatée  dans  le  coefficient  d'arrêl  doit  reconnaître  des 
causes  multiples  et  individuelles  pour  chaque  cas  :  état  anatomique  et 
fonctionnel  différent  de  la  glande  hépatique  chez  des  chiens  de  toute  pro- 
venance et  pris  en  fourrière;  moments  différents  de  Télahoration  diges- 
tive;  nature  dé  l'alimentation  donnée. 

Les  deux  chiffres  d'arrêt  les  plus  forts  :  4?  ^^  53  pour  100  ont  été 
obtenus  chez  les  animaux  nourris  exclusivement  avec  du  foie  et  de  la  rate 
(aliments  riches  en  acide  urique). 

D'autre  part,  chez  3  chiens  maintenus  en  état  de  jeûne  pendant 
3  jours,  avec  eau  à  volonté,  la  teneur  en  acide  urique  a  été  exactement 
la  même  dans  le  sang  porte  et  dans  le  sang  sus-hépatique.  Même  résultat 
chez  un  chien  maintenu  au  lait,  aliment  qui,  pratiquement,  ne  contient  que 
des  traces  d'acide  urique. 

De  ces  recherches  il  est  permis  de  tirer  plusieurs  conclusions. 

Chez  le  chien  en  période  digeslive,  une  portion  plus  ou  moins  notable 
de  l'acide  urique  apporté  par  la  veine  porte  est  retenu  au  niveau  du  paren- 
chyme hépatique,  le  foie  jouant  ainsi  le  rôlç  d'un  régulateur  de  l'uricémie, 
destiné  à  empêcher  l'excès  d'acide  urique  que  pourraient  provoquer  dans 
le  sang  les  variations  de  régime  si  fréquentes  dans  l'alimentation  humaine. 

Nous  ignorons  du  reste  le  sort  de  l'acide  urique  ainsi  retenu,  et  ne  pou- 
vons que  soupçonner  qu'il  se  passe  au  niveau  de  la  cellule  hépatique  des 
transformations  chimiques  très  complexes,  dont  nous  connaissons  un  des 
aboutissants  :  la  formation  de  l'urée. 

Il  paraît  difficile  de  ne  pas  supposer  une  connexion  entre  les  différents 
stades  du  métabolisme  hépatique. 

Par  contre,  il  est  très  frappant  de  voir  cette  action  d'arrêt  du  foie  faire 
défaut  chez  les  chiens  à  l'étal  de  jeûne;  il  semble  que,  dès  qu'il  n'y  a  plus 
d'apport  digestif,  la  fonction  d'arrêt  ne  joue  pas  et  le  foie  se  laisse  traverser 
comme  un  parenchyme  indifférent. 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIIÎR    192I.  479 

I^a  fonction  d'arrêt  du  foie  sur  l'acide  uritjue  exogène  est  donc  périodi(juc, 
cyclique  et  subordonnée  ù  l'apport  alimentaire. 

Le  réginie  lacté  qui  n'apporte  au  foie  que  des  traces  infimes  d'acide  uriquc 
et  qui  constitue  pour  tout  l'appareil  digestif  un  régime  de  moindre  travail 
agit  comme  le  jeûne  et  ne  provoque  aucune  dillerencedansla  teneur  urique 
des  sangs  hépatiques  afTérent  et  efférent. 

Nous  avons  signalé  au  début  de  cette  Note  que  lespolyphénols,  aussi  bien 
que  les  corps  uriques,  donnent  la  réaction  de  Folin  et  Denis;  nous  avons  dû 
nous  demander  s'il  n'y  avait  pas  là  une  cause  d'erreur  possible,  et,  sur  le 
chien  13,  soumis  à  un  régime  très  riche  en  nucléo-protéides  (foie  et  rate), 
nous  avons. recherché  dans  le  sajig  porte  la  présence  des  poly phénols  qui, 
étant  comme  on  le  sait  retenus  au  niveau  du  foie,  auraient  pu,  par  cela 
même,  expliquer  le  déficit  hépatique.  Nous  avons  pu  constater  qu'ils  fai- 
saient complètement  défaut  dans  le  sang  porte  examiné. 

L'ensemble  de  ces  recherches  nous  permet  de  comprendre  les  rapports  du 
foie  et  de  l'acide  urique  sous  une  forme  très  différente  de  celle  qui  est  admise 
par  la  majorité  des  cliniciens  anglais  depuis  les  travaux  classiques  de  Garrod 
sur  la  goutte  et  de  Murchison  sur  les  troubles  fonctionnels  du  fpie.    . 

Le  foie  d'après  eux  deviendrait  formateur  d'acide  urique  quand,  par  le 
fait  de  la  maladie,  sa  fonction  uréopoiétique  devient  insuffisante;  cette 
théorie  n'est  basée  que  sur  des  considérations  d'ordre  clinique  et  dépourvue 
de  toute  base  expérimentale. 

Nous  comprendrions  beaucoup  mieux  qu'à  l'étal  pathologique,  et  notam- 
ment chez  les  hyperuricémiques  par  goutte  ou  par  gravelle,  la  fonction 
d'arrêt  du  foie  pût  devenir  insuffisante,  incapable  d'arrêter  les  apports 
alimentaires  d'acide  urique,  et  nous  trouverions  là  l'explication  physiql^o- 
glque  de  l'importance  capitale  des  régimes  chez  les  malades  de  ce  genre. 
Ainsi  se  comprendraient  aussi  les  affinités  que  la  clinique. a  depuis  long- 
temps révélées  entre  les  troubles  de  la  nutrition  générale,  du  métabolisme 
azoté  et  hydrocarboné,  et  les  troubles  fonctionnels  ou  les  lésions  de  la 
glande  hépatique. 

Par  toute  une  série  de  recherches  effectuées  in.n'lro,  les  physiologistes 
ont  depuis  longtemps  établi  l'existence  d'une  fonction  uricoly tique  du  foie; 
nos  expériences  faites  sur  le  vivant  montrent  une  action  très  comparable 
sans  que  l'on  puisse  cependant  affirmer  qu'il  s'agisse  là  d'une  destruction 
d'acide  urique  plutôt  que  d'une  fixation  ou  d'une  mutation  dont  la  formule 
réelle  nous  est  encore  inconnue. 


48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CYTOLOGIE.  —  Sur  le  processus  meiolujHc  dans  la  sprrmatogencsc  de  la  Sala- 
mandre et  du  Triton.  Note  de  M.  Armand  Dehor.\e,  présentée  par 
M.  Ilenneguy. 

Une  notable  quantité  de  la  substance  des  vingt-quatre  chromosomes 
somatiqucs  hérités  de  la  spermalogonie  par  le  spermatocy  te  I  subit  une  sorte 
de  fonte,  c'est-à-dire  qu'elle  s'ajoute  à  la  partie  achromatique  qui  forme  le 
reste  du  noyau.  Il  est  possible  qu'à  ce  moment  le  noyau  prenne  une  part 
plus  grande  à  l'activité  sécrétante  du  jeune  spermatocyte,  lequel  n'est  en 
définitive  qu'une  cellule  glandulaire.  Mais  il  y  a  métabolisme  visible  de  la 
chromaline;  d'ailleurs,  un  remaniement  important  de  cette  dernière  est 
reconnu  par  la  majorité  des  auteurs,  et  il  est  tel  que  le  mélange  des  subs- 
tances des  chromosomes  paraît  inévitable. 

On  trouve  ensuite,  dans  la  moitié  du  noyau  opposée  au  centre  cellulaire, 
une  douzaine  de  volumineuses  masses,  sortes  de  prochromosomes,  qui  ont 
échappé  au  naufrage  des  chromosomes.  J'admets  que  ces  blocs  représentent 
les  vestiges  des  plus  gros  chromosomes  somatiques;  mais  quelques-uns  sont 
peut-être  autre  chose  que  des  tronçons  de  ces  derniers,  et  se  seraient  cons- 
titués par  accumulation  de  chromatine  en  certains  points  du  réseau  post- 
télophasique.  Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  l'impression  que,  à  un  moment  donné, 
il  n'existe  pas  plus  d'une  douzaine  de  ces  formations.  Elles  ne  jouent  aucun 
rôle  directeur  dans  la  réduction;  elles  sont  l'expression  de  cette  dernière 
déjà  effectuée.  Par  contre,  elles  doivent  être  considérées  comme  de  vérita- 
bles centres  de  formation  chromosomique. 

Ces  masses  gonflent  et  s'allongent,  inclues  dans  un  réseau  chromatique 
fortement  organisé;  elles  fournissent  autant  de  bandes  alvéolisées,  avec 
de-ci  de-là,  des  indications  d'une  fente  longitudinale  due  à  ce  que  plusieurs 
alvéoles  voisins  s'ouvrent  les  uns  dans  les  autres. 

Pour  cette  partie,  le  matériel  fourni  par  le  Triton  est  de  beaucoup  plus 
intéressant  que  celui  de  la  Salamandre. 

A  un  moment,  chez  le  Triton,  la  charpente  réticulaire,  constituée  princi- 
palement par  ces  bandes,  est  double  en  presque  toutes  ses  travées;  mais 
l'écartement  des  moitiés  reste  faible  en  général;  il  est  surtout  visible  dans 
les  noyaux  voisins  du  bord  des  coupes,  où  il  rappelle  un  peu  la  fissuration 
du  réliculum  de  Hrauer. 

Les  bandes  alvéolisées  s'amincissent  progressivement,  les  unes  deviennent 


SÉANCE   DU    21    FÉVRIER    1921.  /|8l 

des  filaments  grêles  où  l'alvéolisalion  est  à  peine  visible,   tandis  (jue  les 
autres  demeurent  un  peu  plus  larges  malgré  leur  allongement. 

Déjà,  l'ensemble  du  réseau  est  soumis  à  roricntalion  radiaire  vers  la 
sphère,  plus  sensible  chez  la  Salamandre  (jue  chez  le  Triton. 

Chez  le  premier  animal,  du  côté  de  la  sphère,  des  filaments  grêles,  alvéo- 
lisés,  qui  butent  contre  la  membrane,  oflVent  une  convergence  remarcjuable 
et  sont  fortement  rapprochés.  Pour  quelques-uns  d'entre  eux,  le  rapproche- 
ment est  si  étroit,  le  parallélisme  si  rigoureux,  au  moins  sur  de  brefs  par- 
cours, qu'on  se  sent  porté  à  admettre  leur  accollemenl  deux  à  deux.  L'illu- 
sion est  facile,  mais  c'est  une  erreur  de  croire  à  la  réalité  de  cet  accollemenl; 
il  n'y  a  pas  de  parasyndèse. 

Nous  sommes  maintenant  convaincu  que  les  anses  pachytènesre  forment, 
dans  la  partie  du  noyau  tournée  vers  la  sphère,  par  épaississemcnt  graduel 
des  bouts  de  filaments  grêles  et  étirés;  en  s'épaississant,  leur  chromaline 
montre  d'autres  vacuoles,  puis  une  constitution  spiraléequi  pi  end  les  appa- 
rences d'une  division  longitudinale. 

Chez  le  Triton,  la  centrotaxie  est  moins  apparente;  par  contre,  on  voit 
mieux  la  formation  des  anses  pachytènes  par  êpaississement  progressif  et 
vacuolisation  concomitante  des  parties  les  plus  marquantes  du  réseau  lepto- 
tène  en  train  de  s'évanouir. 

Le  nombre  des  anses  pachytènes,  douze,  correspond  bien  à  celui  des 
masses  chromatiques  qui  persistent  après  les  transformations  profondes  des 
premiers  stades  posttélophasiques.  Autour  d'elles  s'organise  d'ahord  un 
réseau  très  dense;  puis,  peu  à  peu,  toute  la  chromatine  se  précipite  sur 
elles,  alors  qu'elles  sont  devenues  de  longs  filaments  plus  ou  moins  étroits 
et  plus  ou  moins  fendus  ou  simplement  vacuolisés.  Le  stade  pachytène 
résulte  de  cette  précipitation. 

En  résumé,  dans  le  passage  de  la  spermatogonie  au  spermatocyte,  les 
24  chromosomes  subissent  réellement  les  remaniements  déjà  signalés,  et 
qu'il  est  difficile  d'accorder  avec  la  notion  de  permanence  morphologique. 
On  trouve  ensuite,  dans  une  moitié  du  noyau,  une  douzaine  de  masses 
chromatiques  que  l'on  peut  considérer  comme  étant  l'expression  de  la 
réduction  numérique  déjà  faite.  Chacune  des  12  anses  pachytènes  est,  en 
effet,  constituée',  pour  une  bonne  part,  par  chacune  de  ces  masses  devenues 
filamenteuses.  Dans  l'autre  moitié  du  noyau,  les  anses  pachytènes  se 
forment  par  êpaississement  graduel  des  filaments  grêles  vacuolisés  prove- 
nant des  masses  chromatiques.  Malgré  quelques  apparences  favorables,  il 
n'y  a  pas  de  parasyndèse. 


48: 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


BIOLOGIE.  —  Sur  les  corrélalions  entre  les  caractères  sexuels  mâles  cl  lesdners 
éléments  du  testicule  cliez  les  Amp/iihiens  i^Elude  sur  Triton  alpeslris). 
Noie  de  M.  Cbristian  Champv,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Dans  un  précédent  travail  (')  j'ai  montré  par  une  étude  saisonnière  du 
testicule  de  diverses  espèces  d'Amphibiens  anoures  et  urodèles,  qu'il  n'y 
avait  aucune  corrélation  apparente  entre  la  courbe  d'évolution  du  tissu 
interstitiel  du  testicule  et  l'apparition  des  caractères  sexuels  secondaires, 
tandis  qu'il  y  a  corrélation  constante  entre  cette  courbe  et  celle  de  l'évolu- 
tion de  la  spermalogenèse,  le  tissu  interstitiel  régressant  toujours  au 
moment  de  la  période  spermatogénétique  la  plus  active.  Je  m'étais  tenu 
sur  la  réserve  quant  à  l'aipplication  possible  aux  Batraciens  de  la  théorie  de 
Bouin  et  Ancel  sur  le  rôle  morphogène  de  la  glande  interstitielle,  ne  pou- 
vant repousser  a  priori  comme  impossible  l'idée  cependant  peu  vraisem- 
blable que  le  tissu  interstitiel  agirait  avec  un  retard  de  j^lusieurs  mois. 

J'ai  depuis  entrepris  une  longue  étude  de  l'évolution  des  caractères 
sexuels  chez  Triton  alpestris.  J'ai  choisi  cette  espèce  comme  étant,  d'après 
mon  expérience,  celle  qui  supporte  le  mieux  la  captivité  et  s'en  trouve  le 
moins  modifiée  (-). 


(')  Reclierchcs  sur  la  spermalogenèse  des  Batraciens  el  les  éléments  accessoires 
du  testicule  {Arch.  de  Zool.  exp.,  l,  52,  fasc.  2). 

(*)  Il  me  paraît  nécessaire  de  rappeler  les  caractères  dill'érentiels  des  sexes  dans 
celte  espèce  : 

Miite  en  /liver.  Femelte. 


Ligne  ponctuée   noire  el 
jaune   le   long  du    dos. 


Mâle  en  amour. 

Crête  de  3"""  noire  et 
jaune. 

Queue  aplatie  verticale- 
ment de  i5™"'  de  hau- 
teur enviion. 

Marbrures  dorsales  noires  sur  fond  bleu  foncé  noyées 
dans  une  leinle  bleu  foncé  générale,  la  partie  claire  des 
marbrures  obscurcie  par  de  fines  ponctuations  noires. 

Trois  séries  de  points  noirs 
sur  les  flancs  sur  fond 
blanc  jauiiàlre  nacré. 


Pas    de    crête,    rarement 
une  légère  trace  jaune  à 
l'origine  de  la  queue. 
Queue  subcylindriiuie  île  8"'"  de  hauteur  environ. 


Marbi'ures  foncées  sur 
fond  bleuté  ou  verdàtre 
nettement  définies. 

Deux  séries  de  ponctuations  sur  les  flancs  sans  |)ignien- 
talion  blanche. 

(\  oir  la  suite  page  483.) 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1921.  483 

Les  animaux  sur  lesquels  ;i  porté  celte  étude  ont  été  suivis  au  laboratoire 
pendant  deux  années  consécutives. 

SI  l'on  suit  un  lui  de  m;\les  après  la  période  d'accouplement,  on  constate  f|u'ils 
perdent  leur  parure  de  noces  après  des  temps  di\ers  (réj;ression  du  cloaque  et  de  la 
iM-ète,  disparition  des  couleurs  bleues  et  l)lanclies).  Cette  régression  accom])agtie  le 
retour  à  la  vie  terrestre,  mais  n'y  est  pas  obligatoirement  liée;  on  jieut  dire  qu'elle 
coïncide  aN  ec  le  besoin  de  sortir  de  l'eau. 

Si  l'on  tue  vers  juillet  les  animaux  d'un  même  lot  dont  les  uns  ont  et  les  autres 
n'ont  pas  leur  parure,  ori  constate  que  lorsque  les  caractères  sexuels  sont  présents,  le 
tissu  chargé  de  lécilhines  qui  se  forme  dans  la  glande  génitale  après  l'expulsion  des 
spermatozoïdes  (')  n'a  pas  encore  disparu,  tandis  (|u'il  a  disparu  chez  ceux  dont  les 
caractères  sont  en  régression.  La  spermatogenèse  est  aussi  un  peu  plus  avancée  dans 
le  second  cas  que  dans  le  premier. 

Ce  tissu,  chargé  de  graisses,  est  homologue  du  tissu  interstitiel  des  Anoures  et  des 
autres  \ertébrés;  on  pourrait  donc  croire  qu'il  y  a  relation  entre  ce  tissu  et  la  pré- 
sence des  caractères  sexuels.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  caractères  sexuels 
ont  apparu  longtemps  avant  lui  au  printemps.  Ce  fait  ne  donne  donc  guère  d'indi- 
cation. 

Restait  à  trancher  la  question  de  l'influence  possible  de  ce  tissu  sur  les 
caractères  qui  se  développeront  au  printemps  suivant. 

J'ai  donc  mis  au  jeune  complet  des  mâles  au  moment  de  la  spermatogenèse,  qui  a 
lieu  de  juillet  à  septembre.  En  l'absence  d'alimentation,  la  spermatogenèse  ne  se 
produit  pas  et,  en  octobre,  on  ne  trou\e  dans  le  testicule  que  des  spermalogonies  chez 
les  animaux  ainsi  traités,  tandis  que  les  témoins  bien  nourris  Ont  en  outre  des 
ampoules  nombreuses  de  spermatozoïdes.  Remarquons  que  les  deux  lots  ont  possédé 
du  tissu  interstitiel  en  mai-juin.  Afin  d'éliminer  l'influence  de  l'état  général,  les 
animaux  mis  à  jeun  l'été  ont  été  très  bien  nourris  à  partir  d'octobre. 


Bande  bleu  ciel  sur  le  flanc 
et  la  queue  de  2°"°  à  3™™ 
de  hauteur. 

Points  noirs  arrondis  sur 
les  joues  sur  fond  jaune 
pâle  ou  nacré  s'étendant 
en  coUierautour  du  cou. 

Cloaque  gonflé  de  7™"'  à 
gmm  avec  grosses  taches 
pigmentaires. 

Ventre  rouge  tuile. 

(')  Voir  loc.  cit.  et  C.  R. 


Absence  de  pigment  bleu  de  ciel. 


Rares  points  «ans  fond  nacré  ni  jaune  pâle,  collier  mal 
développé. 


Cloaque  plat  de  3'"™  à  4""  avec  petits  points  pigmen- 
taires. 

Ventre  jaune  ou  orangé. 
Soc.  Biologie,  22  février  191 3. 


484  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Les  témoins  ont  été  les  uns  mis  à  jeun  à  ce  moment,  les  autres  simplement  entre- 
tenus, si  bien  que  vers  le  milieu  de  novembre,  les  jeûneurs  d'été  étaient  au  moins  en 
aussi  bon  état  que  les  témoins. 

A  la  fin  de  novembre  les  témoins  ont  pris  leurs  caractères  sexuels  (bien  plus  lôtque 
dans  la  nature  ('),  à  cause  de  la  température  relativement  douce  de  la  pièce  où  ils 
étaient)  aussi  bien  chez  les  animaux  mis  à  jeun  que  chez  les  autres,  tandis  que  les 
jeûneurs  d'été  ne  les  pvaienl  pas.  Toujours  la  présence  de  la  parure  de  noces  a  coïn- 
cidé ai'ec  la  présence  dans  le  testicule  de  cystes  à  spermatozoïdes  et  vice  versa. 
Chez  d'autres  animaux  tenus  au  froid,  les  caractères  de  la  parure  de  noces  n'ont 
apparu  qu'au  printemps,  tandis  que  les  jeûneurs  d'été  n'en  prenaient  pas  même  à  la 
période  des  amours.  Dans  ce  lot  encore  il  y  a  eu  coïncidence  entre  la  présence  de  la 
parure  mâle  et  celle  d'ampuules  à  spermatozoïdes  dans  la  glande  génitale. 

Dans  les  deux  lots,  les  caractères  sexuels  n'ont  apparu  que  lorsque  les  spermato- 
zoïdes étaient  histologiquement  achevés  depuis  quelque  temps  déjà,  mais  la  compa~ 
raison  des  conditions  m'a  montré  que  le  froid  gêne  le  développement  de  la  parure  de 
noces  même  lorsqu'elle  est  possible  de  par  les  conditions  génitales.  Lorsque  les 
animaux  ont  été  privés  de  spermatozoïdes  par  le  jeûne  estival,  on  ne  peut  faire  réap- 
paraître leurs  caractères  sexuels  avant  l'année  suivante,  puisque  la  spermatogenèse 
n'est  possible  que  dans  les  conditions  d'été.  Le  cadre  de  cette  Noie  ne  me  permet  pas 
d'entrer  dans  une  longue  discussion,  je  remari|uerai  seulement  que  ces  faits  montrent 
que  la  théorie  d'Ancel  et  Bouin  n'est  pas  applicable  à  tous  les  Vertébrés. 

Une  série  d'oljservations  que  je  ne  puis  détailler  montre  que  chez  les 
Batraciens  la  présence  du  tissu  d'aspect  adipeux  chargé  généralement  de 
lécithines  correspond  à  une  mise  en  réserve  sur  place  des  produits  prove- 
nant de  l'abondante  phagocytose  des  spermatozoïdes  qui  a  lieu  en  toutes 
saisons  chez  certaines  espèces  et  au  moment  dr  l'accouplement  chez  d'autres 
(c'est  surtout  le  phosphore  qui  est  ainsi  réservé).  Celte  réserve  est  utilisée 
à  l'élaboration  des  nucléines  lors  de  la  poussée  de  spermatogenèse  qui, 
après  son  épuisement  seulement,  fait  appel  aux  réserves  générales;  c'est 
cette  mobilisation  des  réserves  générales  qui  paraît  correspondre  à  la 
régression  estivale  de  la  parure  de  noces.  Les  variations  dans  l'époque  de 
régression  correspondent  bien  aux  variations  assez  considérables  du  tissu 
correspondant  à  la  glande  interstitielle. 


(')  Le  phénomène  peut  se  produire  spontanément,  j'iii  trouvé  dans  les  Cévennes, 
par  des  automnes  doux,  des  Tritons  alpestres  venus  à  l'eau  (jui  avaient  leur  pariu  e  de 
noces. 


SÉANCE   DU    21    Fl-VKIER    I921.  485 

BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Variadons  de  la  susceptibililé  aux  agents  nocifs 
avec  le  nombre  des  animaux  traités.  ÎNole  de  M""^  Anna  Dkxewina  el 
M.  Georges  Bohx,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Dans  une  Noie  (^^  )  sur  les  \arialions  de  la  sensibilité  à  l'eau  douce  des 
Convo/iita,  nous  avons  déjà  fait  ohseiver  que,  toutes  conditions  égales 
d'ailleurs,  les  individus  isolés  sonL  infininienl  plussensibles  que  les  individus 
groupés.  C'est  en  étudiant  l'action  de  l'argent  colloïdal  (électrargol  Clin)(^) 
sur  les  Convoluta  (jue  nous  nous  sommes  aperçus  de  l'importance  du  nombre 
des  animaux  traités  sur  le  résultat  de  l'expérience.  Nous  employions  géné- 
ralement une  solution  contenant  5  gouttes  d'éleclrargol  pour  aS""'  d'eau  de 
mer.  Les  Convolula  étant  des  Vers  de  petite  taille,  3"'™  environ,  nous  en 
placions  couramment  une  centaine  ou  plus  dans  un  verre  de  montre;  l'efTet 
de  l'argent  colloïdal  se  traduisait  surtout  par  de  curieuses  modifications 
d'attitudes  et  de  formes  que  nous  décrirons  ailleurs.  Le  fait  qui  nous 
intéressait  particulièrement  était  l'attaque  jso/rtjVe,  c'est-à-dire  poitanl  de 
préférence  sur  l'une  des  extrémités  du  corps,  et  afin  de  la  mieux  suivre  nous 
avons  essayé  d'isoler  les  L'onvoluta,  en  n'en  plaçant  que  2  à  5  dans  un  verre 
de  montre.  Loin  que  l'analyse  des  changements  dans  le  temps  s'en  trouvât 
facilitée,  nous  assistions  à  des  attaques  brutales,  et  qui  assez  rapidement  se 
terminaient  par  la  mort  des  individus  traités.  Nous  avons  alors  institué  une 
série  d'expériences  portant  chacune,  loules  choses  égales  d'ailleurs,  d'une 
part  sur  un  grand  nombre  de  Convoluta  (une  centaine  environ),  d'autre  part 
sur  quelques  Convoluta.  Le  résultat  fut  invariablement  celui-ci:  les  individus 
peu  nombreux  [térissaient  au  bout  de  4  heures  environ,  les  individus 
nombreux  résistaient  4^  heures  ou  plus,  quelquefois  moins,  suivant  la 
concentration  et  suivant  la  marée.  Voici,  à  titre  d'exemple,  quelques-unes 
de  nos  expériences,  presque  quotidiennes  dans  un  espace  de  2  mois. 

29  jiiillel  :  «.  Un  \erre  de  montre  con  tenant,  dans  une  solution  de  5  goutles  d'argent 
pour  aS*™^  deau,  une  centaine  de  Convoluta  ;  l>.  m  verres  de  montre,  contenant 
chacun,  dans  la  même  solution,  2  Convotala.  1  heures  après,  les  b  ont  des  mou- 
vements très  ralentis,  tournent  en  rond,  se  déforment;  4  heures  et  demie  après,  elles 
sont  presques  toutes  en  boules,  et  plus  ou  moins  désagrégées.  Quant  aux  a,  48  heures 
après,  elles  sont  encore  en  vie,  bien  qu'ayant  subi  des  atteintes  plus  ou  moins  mar- 

(')  G.  BoH.N  et  A.  Drzewina,  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  i023. 
(-)  A.    I>RZEWiNA   et  G.  BoHN,    Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,   t.  83, 
19211,  p.  1600. 

C    K.,  1911,  1"  Semestre.  (T.  172,  N«  8.)  jt> 


486  ACADÉMIE    DES    SCIE^fCES. 

(|uées  :  cylolyses  partielles,   iu])Uires,  soudures  arnenanl  la   foiinalion   d'iiidiviilus   à 
plusieurs  lèles,  etc. 

7  août  :  Après  4  heures  de  traitement,  dans  les  verres  de  montre  ne  contenant  que 
quelques  individus,  ceux-ci  sont  entii-rement  cytolysés;  au  contraire,  les  individus 
groupés,  tout  en  présentant  des  aberrations  de  forme  et  de  mouvements,  continuent 
à  vivre  dans  la  solution  le  lendemain  et  le  surlendemain. 

Nous  avons  essayé  compafativeiiient  l'influence  de  doses  croissantes 
d'argent  colloïdal  :  5,  (5.  7,  8,  9  et  10  gouttes  pour  25""'  d'eau.  En  les 
faisant  agir  sur  des  individus  groupés,  nous  n'avons  pas  constaté  d'aggra- 
vation très  sensible  de  la  première  solution  à  la  dernière.  Il  en  est  tout 
autrement,  comme  on  l'a  vu,  quand  on  compare,  pour  une  même  solution, 
les  individus  groupés  et  les  individus  isolés,  même  si  cette  solution  est  plus 
faible  que  les  précédentes  :  avec  2  gouttes  par  exemple,  les  individus  isolés 
seront  désagrégés  au  moment  oii  ceux  groupés  dans  une  solution  à  1  o  gouttes, 
bien  qu'abîmés,  sont  encore  en  vie. 

Cette  question  du  nonihre  nous  paraissant  fort  intéressante,  nous  avons 
cherché  à  répéter  nos  expériences  sur  d'autres  animaux.  Nous  avons  obtenu, 
avec  des  Iiifusoires,  des  résultats  non  moins  frappants  qu'avec  des  Com'o- 
litta . 

Des  Infusoires  provenant  d'une  même  culture  (au  cresson,  par  exemple), 
et  comprenant  des  espèces  variées,  Slylonvchia,  Golpodes,  Vorticelles,  Para- 
mécies, etc.,  sont  distribués,  après  lavage  par  centrifugation,  ou  sans  avoir 
été  centrifugés,  dans  des  verres  de  tnontre  contenant  une  solution  colloïdale 
d'argent,  à  la  dose  de  i  à  5  gouttes,  pour  2,5""'  d'eau;  on  place  comparatixe- 
ment  plusieurs  centaines  ou  milliers  d'Infusoires  contre  quelques  dizaines. 
Bien  entendu,  en  prép-trant  la  solution,  on  tient  compte  de  la  quantité, 
minime  d'ailleurs,  du  liquide  de  culture  dans  les  dillérents  cas.  l^li  bien, 
dans  toutes  nos  expériences,  les  Infusoires  isolés  se  sont  montrés  de 
beaucoup  moins  résistants  que  ceux  groupés  en  grand  nombre.  Souvent, 
à  la  dose  de  1  goutte  (température  i4"  à  if)°),  les  Sty/onyc/na  isolées 
pres({ue  immédiatement  se  mettent  à  tourner  en  rayon  de  cercle,  puis  se 
déforment,  et,  au  bout  de  i5  à  3o  minutes,  elles  sont  cytolysées.  Le  con- 
traste avec  les  individus  groupés  est  alors  frappant  :  d'une  part,  apparence 
et  translation  normales;  d'autre  part,  eytolyse  complète.  D'ailleurs,  les 
Infusoires  groupés  sont  attaqués  à  leur  tour;  i  ou  2  heures  après,  un  certain 
nombre  sont  désagrégés  (il  y  a  naturellement  des  diiVérences  suivant  les 
espèces),  mais  beaucoup  franchissent  la  crise,  et  le  lendemain  un  peut 
encore  en  trouver  un  grand  nombre  de  vivants,  dans  la  solution. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  I921.  487 

Avec  une  cloini-o;oiilte,  i  ou  2  goulles,  les  résultais  sont  sensiblement  les 
mêmes. 

Nous  ne  croyons  pas  que  la  dilVérence  de  susceptibilité  entre  les  indi- 
vidus groupés  et  isolés  puisse  s'expli(|uer  par  l'épuisement  plus  ou  moins 
rapide  de  la  substance  active,  voici  pourquoi.  Nous  avons  fait  plusieurs 
séries  d'expériences  où  les  Infusoires  groupés  étaient  placés  dans  une  solu- 
tion à  5  gouttes  d'argent  colloïdal,  et  les  individus  isolés  dans  une  solution 
cinq  fois  plus  faible.  Ils  n'en  étaient  pas  moinscytolysés  au  moment  où  ceux 
de  la  solution  forte  gardaient  encore  leur  apparence  normale,  et  bien  que  la 
teinte  de  la  solution,  révélatrice  de  la  concentration  du  collargol,  restât 
beaucoup  plus  foncée  que  celle  de  la  solution  qui  a  tué  les  individus  isolés. 

Nous  poursuivons  ces  ex[)ériences,  dans  le  but  de  préciser  les  facteurs 
qui  interviennent  dans  ces  phénomènes. 

BIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Variations  (le  l''instinct  et  leur  déterminisme 
chez  iliversi's  Araignées.  i\ote  de  M.  Etienne  Rabaud,  présentée  par 
M.  P.  Marchai. 

S'il  est  bien  connu  que  le  comportement  des  Araignées  varie  non  seule- 
ment d'un  individu  à  l'autre  de  la  même  espèce,  mais  pour  un  même  indi- 
vidu, le  déterminisme  de  ces  variations  ne  paraît  pas  avoir  retenu  l'attention 
des  observateurs;  du  moins  ils  en  ont  fourni  une  interprétation  indépen- 
dante des  faits.  J'ai  pu  analyser  ces  variations  en  ce  qui  concerne  le  mode 
de  capture  des  proies  et  reconstituer  leur  déterminisme  avec  une  suffisante 
approximation. 

Tous  les  auteurs  s'accordent  à  dire  que  les  Epéires  (Argiopr  briinncichi . 
Arancus  diadenialus)  enveloppent  d'abord  leur  victime  tlans  une  trame  de 
soie  épaisse  et  serrée,  puis  les  mordent  et  les  paralysent.  L'Araignée 
enveloppe,  soit  en  imprimant  à  sa  victime  un  mouvement  de  rotation,  soit 
en  revêtant  de  soie  l'une  des  faces  avant  de  faire  tourner.  Fabie  pense  que 
l'Araignée  procéderait  d'une  manière  ou  de  l'autie  suivant  que  la  pioie 
sérail  ou  non  munie  d'un  moyen  de  défense,  tel  qu'un  aiguillon.  En  fait, 
tout  dépend  de  la  résistance  que  la  proie  offre  à  la  mise  en  mouvement.  Un 
Insecte  de  petites  dimensions  et  inoffensif,  un  Pentatome,  par  exemple, 
qui,  grâce  à  sa  forme  aplatie,  fait  largement  prise  sur  la  toile,  est  d'abord 
revêtu  de  soie  sur  l'une  de  ses  faces,  tandis  qu'une  Abeille,  un  Bonibus. 
munis  d'aiguillons,  sont  directement  enveloppés. 

Les  variations  les  plus  importantes  ont  trait  à  la  succession  des  temps 


488  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  la  capluie.  D'après  les  descriptions  classiques,  Tenveloppement  pré- 
céderait toujours  la  morsure  et.  suivant  les  idées  régnantes  sur  l'instinct, 
ce  mode  de  succession  devrait  se  reproduire  nécessairement  en  toute  occa- 
sion. ()n  constate,  cependant,  soit  l'interversion  des  deux  temps,  soit  la 
suppression  complète  de  l'un  d'eux,  et  ces  changemenis  répondent  à  un 
déterminisme  précis.  L'interversion  des  deux  temps  frappe  toul  particuliè- 
rement quand  on  donne  à  une  A.  hrunneichi  ou  un  yl.  diadeuiatus  tantôt  une 
Abeille,  tantôt  une  Eristale,  Insectes  de  volumes  comparables  et  d'aspect 
semblable. 

Tandis  que  l'Araignée  enveloppe  d'abord,  puis  mord  l'Abeille,  <'lle  saisit 
d'abord  l'Eristale  avec  ses  cliélicères,  le  maintient  pendant  un  temps 
variable,  puis  l'enveloppe.  L'interversion  a  également  lieu  avec  un  certain 
nombre  d'autres  Diptères  et  avec  les  Lépidoptères.  Même,  avec  ces  der- 
niers, l'enveloppement  n'a  pas  toujours  lieu  ;  l'Araignée  saisit  directement 
le  Papillon  avec  ses  chélicères,  le  maintient,  et  souvent  le  dévore  inconti- 
nent sur  place,  sans  esquisser  le  moindre  mouvement  de  rotation. 

Dire,  comme  l'ont  fait  Porter  et  Fabre,  que  l'Araignée  agit  avec  pru- 
dence, ne  fournit  aucune  explication  valable  de  ces  variations  ;  une  analyse 
rigoureuse  permet,  au  contraire,  d'en  donner  l'interprétation  rationnelle. 
Tout  dépend  de  la  résistance  que  la  proie  offre  aux  pattes  antérieures  de 
l'Araignée.  Celle-ci,  en  eft'et,  commence  toujours  par  accrocher  la  proie, 
quelle  qu'elle  soit,  avec  ses  pattes  antérieures.  Souvent,  les. mouvements  de 
cette  proie,  le  battement  de  ses  ailes,  son  bruissement  exercent  sur  les 
pattes  de  l'Araignée  une  traction  moyenne;  les  pattes  demeurent  alors  en 
demi-flexion  pendant  le  bref  espace  de  temps  qui  sépare  la  capture  du 
début  de  l'enveloppement.  Mais  lorsque  la  proie  s'agite  très  violemment, 
quand  ses  ailes  battent  et  vibrent  fortement  et  rapidement,  la  traction 
exercée  sur  les  pattes  devient  plus  puissante  et  accentue  la  flexion  des  pattes 
de  l'Araignée  :  la  proie  se  trouve  alors  portée  au  contact  des  cliélicères,  et 
ce  contact  détermine  le  réflexe  de  préhension  avant  que  l'enveloppement 
ait  commencé.  J'ai  très  nettement  suivi  ce  processus  et  sa  liaison  avec  l'in- 
tensité des  vibrations. 

Les  faits  sont  un  peu  différents  dans  le  cas  des  Lépidoptères.  Pour  eux, 
il  ne  s'agit  pas  de  résistance  trop  grande,  mais  de  résistance  insuffisante. 
Les  ailes,  en  effet,  n'oflrent  aucune  prise  solide,  de  sorte  qu'en  s'accrochant 
sur  elles,  les  pattes  sont  amenées  à  se  fléchir  fortement  et  à  rapprocher  la 
proie  des  chélicères.  Suivant  toute  vraisemblance,  c'est  un  processus  très 
analogue  qui  entre  enjeu  pour  les  proies  de  petites  dimensions. 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    I921.  4^9 

A  titre  de  preuve  indirecte,  je  puis  dire  que  l'Araignée  plante  directe- 
ment ses  cliélicères  dans  toute  pioie  portée  à  leur  contact  immédiat  avec 
une  pince. 

()uanl  à  la  suppression  totale  de  l'enveloppement,  il  est  lié,  suivant  toute 
vraisemblance,  à  l'état  de  replétion  du  tube  digestif  de  l'Araignée. 

Les  variations  du  mode  de  capture  des  Agélénides  (A.  hthyrinlhicd,  7'ei;v- 
narlti  parictinn)  sont  d'un  autre  ordre.  Ces  Araignées  n'enveloppent  pas 
leurs  proies,  elles  les  saisissent  directement  avec  leurs  chélicères,  et  il  ne 
saurait  y  avoir,  de  ce  chef,  aucune  variation.  Mais  tantôt  elles  se  précipitent 
sur  la  proie,  la  saisissent  et  remportent  dans  leur  gîte;  tantôt  elles  la 
mordent  une  première  fois,  se  retirent  à  quelque  distance,  reviennent  et 
mordent  une  seconde  fois,  se  retirent  encore  et  recommencent  ainsi  jusqu'à 
ce  que,  finalement,  elles  la  saisissent  et  l'emportent.  Ce  comportement 
Impressionne  tout  observateur  non  prévenu.  Porter,  qui  l'a  observé  chez  les 
l'^peirides,  v  voit  une  marque  de  prudence.  En  réalité,  il  dépend  de  l'am- 
plitude des  mouvemenis  effectués  par  la  proie  et  de  l'intensité  de  ses  vibra- 
tions. Une  Sauterelle  tout  à  fait  inoffensive  provoque  ce  comportement 
aussi  bien  qu'une  Abeille.  Attirée  par  la  secousse,  l'Araignée  arrive  et 
mord;  mais  ses  chélicères  ne  s'implantent  pas  solidement  sur  \in  Insecte 
relativement  volumineux,  tandis  (jue  celui-ci,  en  s'agitant,  repousse  V  \rai- 
gnée.  Une  fois  éloignée,  la  distance  affaiblit  l'intensité  des  secousses  qui 
redeviennent  attractives  :  1'  \raigné(^  revient.  Le  même  processus  se  renou- 
velle jusqu'à  ce  que  les  secousses  cessent  ou,  du  moins,  se  lédnisentà  des 
mouvements  légers  et  peu  fréquents. 

Ainsi  les  vibrations  dominent  le  comportement  des  Araignées.  .Jusqu'à 
un  certain  degré,  et  pour  une  Vraignée  donnée,  les  vibrations  sont  attrac- 
tives; puis  elles  deviennent  inhibitrices  ou  répulsives;  la  nature  de  la  proie 
n'intervient  pas.  Une  Xylocope  violette  jetée  sur  une  toile  d'F<>peire  attire 
tout  d'abord  Argiope  brunneiclii ,  mais  à  mesure  que  celle-ci  s'approche, 
l'intensité  des  vibrations  grandit  et  au  moment  où  s'établit  le  contact, 
r  Vraignée,  violemment  repoussée,  s'enfuit  rapidement  et,  parfois,  aban- 
donne sa  toile.  La  même  \\locope,  affaiblie  par  un  jeûne  persistant,  attire 
encore  l'Araignée,  mais  ne  la  repousse  plus  :  l'enveloppement  a  lieu,  puis 
la  morsun-. 

Dans  l'ensemble,  nous  constatons  que  les  divers  modes  de  comportement 
sont  nettement  fonction  des  circonstances  extérieures;  les  mêmes  circon- 
stances engendrent  toujours  le  même  comportement.  S'agit-il  d'instinct  ou 
d'intelligence'?  La  question  mérite  à  peine  d'être  posée;  c'est  un  instinct  si 


490  ACADÉMIE    DES    SCIËNCKS. 

l'on  envisage  riniitililé  complèle  de  certaines  manœuvres,  cVst  un  acte 
intelligent  si  Ton  envisage  l'apparcule  adaplahililé  :  au  fond,  c'est,  dans 
tous  les  cas,  un  seul  et  même  processus  fondamental. 

ENTOMOLOGIE.  —  Un  foyer  de  mullipliration  rie  la  Mnuclie  ilrs  fruits 
(Ccratitis  capilata  ]}ie(/.)atixe/n'iri>/i.\(/ePnri.s.  JNotedeM.  I'iekhk 
Li:s.\i:,  présentée  par  M.  E.-L.  bouvier. 

Au  mois  d'octobre  191/1,  j'avais  observé  les  larves  de  la  Mouche  des 
fruits  {Ci-m/ilis  ciipitata  Wied.)  dans  des  poires  tardives  cueillies  sur  un 
même  arbre  dans  un  jardin  d'Asnières  (Seine)  (').  Cette  observation 
succédant  à  celles  qu'avait  faites  le  Professeur  Giard  en  1900  et  190G  dans 
une  localité  voisine  de  Courbevoie,  où  les  mêmes  larves  attaquaient  les 
abricots  à  la  mi-juillet (-),  permettait  de  se  demander  si  le  Çeralitis,  qui 
semble  être  originaire  des  contrées  tropicales  et  qui  est  très  répandu  sur 
les  bords  de  la  Méditerranée,  ne  s'était  pas  également  acclimaté  dans  notre 
région. 

Les  circonstances  ne  me  permirent  pas  de  recliercher  méthodiquenienl 
l'insecte  pendant  les  années  qui  suivircnl  mes  premières  constatations; 
mais,  en  1919,  ayant  cueilli  dès  les  premiers  jours  de  septembre,  c'est-à-dire 
bien  avant  leur  maturité,  et  ayant  déposé  dans  une  pièce  close  les  fruits  du 
même  arbre  qui  avait  fourni  les  exemplaires  de  I9i4)  je  remarquai,  une 
huitaine  de  jours  plus  tard,  que  l'une  des  poires  devenait  molle  au  toucher. 
Le  i4  septembre,  le  fruit  présentait  à  sa  surface  une  tache  de  bletlissure  à 
contour  irrégulier  et  d'aspect  assez  anormal. 

Ayant  ouvert  le  fruit,  je  constatai  que  toutes  ses  parties  centrales  et 
axiales  étaient  altérées  par  suite  des  dégâts  très  caraclérisl  iqnes  du  Centlitis, 
dont  un  certain  nombre  de  larves  étaient  visibles  dans  la  pulpe  dilacérée  et 
brunie.  Des  lésions  étendues  existaient  en  outre  immédiatement  au-dessous 
de  l'épiderme.  D'ailleurs,  la  poire  était  habitée  égalcnienl  par  une  chenille 
jeune  de  Carpocapsa  pomonella  L.,  fait  qui  expliquerait  peut-être  le  choix 
qu'en  avait  fait  le  Venuitis  à  cause  de  son  étal  de  maturité  relativement 
précoce. 

Une  recherche  attentive  me  fit  découvrir  un  second  fruit  du  même  arbre 
également  parasité  par  la  Mouche  des  fruits,  et,  un  peu  plus  tard  (28  sep- 

('  )  Bull,  de  la  Soc.  de  Pathol.  vég.  de  France,  191."),  p.  '.48. 
(-)  Coiit])les  rendus^  t.  131.  lyoo,  p.  '|3<),  et  t.  \\'.\,  lyod,  p.  353. 


SÉANCE    DU    31    1  ÉVRIER    I921.  4f)I 

teinbre),  j'observai  une  poire  de  Louise-Bonne  allaquéc  el  hébergeant 
G  larves  de  Ccrdiuis  parv<'nues  à  leur  plus  grande  laille.  Ce  dernier  fruit 
avait  été  cueilli  dans  le  mèmr  jardin  que  les  précédents  el  sur  un  arbre 
voisin  du  premier.  Knfin  une  (piatrième  poire  infectée  el  contenant  8  larves 
nie  fut  apportée  d'un  autre  jardin  situé  à  proximité. 

F^a  plupart  des  larves  subirent  la  transformation  en  pupe  dans  l'intervalle 
du  10  au  i5  octobre;  mais,  sans  doute  par  suite  de  conditions  hygromé- 
triques défectueuses  oil'ertes  par  les  bocaux  d'élevage,  aucune  ne  fournit 
d'adulte. 

Il  est  à  noier  que  les  larves  observées  tant  en  1919  qu'en  1914  furent 
trouvées  dans  des  poires  de  variétés  tardives,  de|)uis  la  (in  de  septembre  jusque 
vers  la  mi-octobre.  Il  est  évident  que  ces  larves  étaient  au  moins  celles  d'une 
deuxième  génération,  la  génération  précédente  étant  vraisemblablement 
représentée  par  les  larves  trouvées  en  juillet  dans  les  abricots  (Giard,  1900). 

Les  conditions  des  observations  successives  de  1900,  1906,  1914  et 
1919  (')  semblent  bien  démontrer  que  le  Ceratitis  existe  effectivement  à 
demeure  dans  la  région  s'étendant  aux  confins  d'Asnières  et  de  Courbevoie, 
et  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  d'introductions  répétées  de  l'insecte. 

Les  dégâts  causés  en  ce  point  par  le  Ceraiitis  ont  été  jusqu'ici  très  res- 
treints, du  moins  à  ma  connaissance;  mais  on  })eut  craindre  qu'à  la  faveur 
d'une  année  chaude,  res|)èce  puisse  se  multiplier  et  devenir  réellement 
préjudiciable,  surtout  si  elle  venait  à  se  propager  dans  les  localités  relati- 
vement peu  éloignées  qui  se  livrent  à  la  production  à  peu  près  exclusive  des 
fruits  de  table. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  des  radiations  lumineuses  sur  V AzolohacWr. 
Note  (-)  de  M.  E.  Kavskr,  présentée  par  M.  P.  Yiala. 

Dans  une  Note  précédenle  (\)  nous  avons  étudié  l'influence  de  diverses 
radiations  sur  les  générations  3  el  6  d'une  culture  d'azotobacter,  nous  avons 
constaté  des  différences  assez  sensibles  selon  les  conditions  de  l'éclairage; 
nous  avons  voulu  voir  jusqu'à  quel  taux  la  faculté  assimilatrice  était  dimi- 
nuée à  la  douzième  génération  et  comment  cette  propriété  variait  avec  le 
changement  de  l'éclairage. 


{')  La  récolte  ayant  été  totalement  pillée  dans   le  jardin  où  je  faisais  mes  obser- 
vations, celles-ci  n'ont  pu  être  renouvelées  en  1920. 
(')  Séance  du  i4  février  1921. 
(')  Comptes  rendus,  l.  172,  1921,  p.  180. 


492  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  employé  d'une  part  un  milieu  mannité  (r,225  pour  loo), 
d'autre  part  un  milieu  glucose  (1,327  pour  100)  additionnés  des  sels  habi- 
tuels et  contenus  dans  des  vases  coniques,  placés  dans  les  conserves  colorées 
et  maintenues  à  27°;  dans  la  colonne  a  nous  indiquons  la  couleur  de  la 
conserve  contenant  la  semence  (douzième  génération  )  el  dans  la  colonne  b 
celle  de  la  conserve  recevant  le  vase  ensemencé. 


0 
a. 

juU-urs. 
h. 

Hydrate  d 
louil. 

e  Ce 

irbone  détruit 

pour  100 
fourni. 

\7.0lr  loliil 
li\é. 

Azoli-  lixé 
par  i;ramine  d'hydrate 
fie  carbone  consoiiiiiié. 

A. 

Milieu  mannité. 

jaune 

jaune. . .  . 

o,6G.'> 

28,85 

■2  ,  000 

3,000 

jaune 

bleue.. . . 

0 ,5oo 

21,69 

2,44 

4,880 

verte 

verte 

,     0,370 

16,26 

',97 

5,253 

verte 
bleue 

jaune.. .  . 
bleue.  .  . 

0,955 
1,190 

41,43 
5i,66 

2,86 
3,85 

2,994 
2,890 

bleue 

jaune  .  .  . 

0,665 

B. 

28,85 
Milieu  i^lu 

cosé. 

3,01 

4,526 

blanch 

blanch 

verte 

verte 

verte 

e  blanche, 
e  bleue.. .  . 

verte. . . . 

rouge . . 

bleue.. .  , 

0,640 

o>77i 
,     0,582 
.     0,78/i 

I ,  io3 

Si,  M 

88,89 
29,24 
89,89 
55, 4i 

3,756 
4,324 
2,i8o 

4,782 
7,457 

5,868 
5,587 
8,745 
6,099 
6,760 

Cnuleui^. 

«.          b. 

fourni. 

llvdratL-r, 
toliil. 

liour  IIIO        Azote  1 
fourni.                 (ivé 

A/.ote  fi.\é            Héduclion 
par  gramme        centésimale 
otal         d'iivdiate           par  gramme 
déïruit.                dcliuit. 

A.   Milieu  tnannilé. 


,'énération    jaune 

»  jaune 

»  jaune 

»  verte 

»  verte 

»  verte 

»  bleue 

»  bleue 

»  bleue 


jaune 4,655 

jaune i  ,887 

bleue I  ,887 

verte 4,655 

verte 1  ,887 

jaune 1  ,  887 

bleue 4,655 

bleue I  ,887 

jauno 1  ,887 


1,385 

29,80 

8,828 

0,605 

86,20 

2,(100 

0,000 

27,  21 

2,440 

o,84o 

18,04 

6,i3o 

0,875 

20,41 

1,970 

0,955 

51,98 

2,860 

1  ,800 

27,92 

8,527 

r  ,190 

62, 7Q 

3,3.5o 

o,665 

36,20 

3,010 

6,343 

8 ,  000 
4,880 

7,290 
5,253 

2,994 
6,559 
2,890 
4,526 


28,06 

27^94 
58,92 

55,98 
80,99 


H.   Milieu  l'Uicosc. 


blanclie  blanche.  .  .  4,655 

blanche  blanche.  .  .  1  ,990 

blanche  bleue ',990 

verte       verte 4,655 

verte        verte 1  ,990 

verte        rouge 1  ,990 

verte       bleue 1,990 


1,260 

0 ,  64o 

0,774 

1 ,  o5o 

27 ,  06 
82,16 
88,89 

22,55 

5,940 
3,766 
4.324 

6,  i3o 

o-,582 

29,84 

2,180 

0,784 
1 ,  108 

89,89 

,55,42 

4 ,  782 
7,457 

4.7*'< 


5,587 

7,29" 
3,745 
6,099 
6,790 


(24,48) 

(18, 5i) 

48,62 
16,33 

7.27 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    H)-2l.  ^Ç)^ 

On  voil  que  le  total  des  hydrates  consommés  varie  avec  réclairage 
(  matras  vert-vert  et  vert-jaune  pour  le  milieu  mannité),  puis  (matras 
vert-vert  et  vert-bleu  pour  le  milieu  glucose);  le  changement  de  couleur 
entraîne  une  augmentation  de  l'azote  total  assimilé  et  de  l'azote  fixé  par 
gramme  diiydrale  déiruit,  saufdans  les  cas  où  le  microbe  a  détruitune  très 
forte  proportion  d'hydrate. 

En  comparant  les  résultats  obtenus  avec  la  sixième  généralion  (')  et  ceux 
de  la  douzième  génération,  nous  pourrons  nous  renseigner  sur  la  diminution 
de  la  faculté  assimilatrice  selon  le  mode  d'éclairage  (proportion  centé- 
simale de  réduction  par  gramme  d'hydrate  détruit). 

Malgré  la  différence  de  composition  des  milieux  de  culture  de  la  6"  géné- 
ration (mannite-ulucose)  et  ceux  de  la  12''  génération  (mannite  ou  glu- 
cose), malgré  leur  différence  en  concentration,  leur  comparaison  donne 
lieu  à  quelques  observations  intéressantes. 

Pour  le  milieu  mannité  la  quantité  totale  d'hydrate  consommé,  la  quan- 
tité d'azote  total  fixé  diminuent  avec  le  nombre  de  générations;  pour  la 
12"  génération,  le  changement  de  couleur  a  pour  effet  d'atténuer  cette 
diminution  (le  matras  bleu-jaune  excepté);  ainsi  on  peut  trouver,  pour  la 
même  semence,  plus  d'azote  assimilé  que  sans  changement  de  couleur;  il 
en  résulte  que  la  fixation  d'azote  par  gramme  d'hydrate  consommé  subit 
une  diminution  centésimale  plus  faible  pour  le  jaune-bleu  (23,06)  contre 
02,70  (jaune-jaune)  et  pour  le  bleu-jaune  (80,9)  contre  55,93  (bleu- 
bleu). 

Avec  le  milieu  glucose  les  différences  sont  encore  plus  nettes;  ainsi  avec 
la  12''  génération  nous  ne  trouvons  que  3'"^,']^j  d'azote  fixé  par  gramme  de 
glucose  dans  le  matras  vert-vert  contre  6'"^,  790  dans  le  matras  vert- 
bleu,  aussi  la  différence  avec  la  6''  génération  n'atteint  dans  ce  cas  que 
7,27  pour  100  de  l'azote  fixé  par  gramme  d'hydrate  détruit,    é 

Dans  ce  milieu  glucose  la  semence  provenant  de  la  conserve  verte,  ense- 
mencée dans  une  conserve  bleue  a  assimilé,  à  la  12*' génération,  plus  d'azote 
total  que  celle  de  la  6"  génération  (vert-vert),  la  différence  pour  l'hydrate 
consommé  n'atteint  cependant  pas  53"^  :  pour  les  12"  générations  de  la 
conserve  blanche,  la  proportion  centésimale  d'azote  assimilé  par  gramme 
d'hydrate  est  en  augmentation  sur  la  G*"  génération;  la  nature  de  l'hydrate 
a  de  l'importance,  c'est  avec  les  radiations  jaunes  que  l'Azolobacter  détruit 
beaucoup  d'hydrates  sans  assimiler  une  quantité  proportionnelle  d'azote. 

(  ')  Loc.  cit. 

C.  R.,  1931,  I"  Semestre.  (T.  172,  N'  8.)  ^  J 


494  ACAbÉMIE   DES    SCIENCES. 

MliDIîCINE.  —  Trailcnient  (le  la  luherctilose  humaine. 
Note  de  M.  Henri  Spahi.ixcjek,  présentée  par  \1.  dArsonval  ('). 

Une  série  de  recherches  expérimentales  m'a  conduit  à  baser  le  traite- 
ment de  la  tuberculose  humaine  : 

En  premier  lieu  sur  la  destruction,  dans  Torganisme  malade,  des  divers 
poisons  d'origine  tuberculeuse. 

Et  deuxièmement  sur  la  vaccination  thérapeutique. 

Les  formes  cliniques  si  variées  de  la  tujjerculose  humaine  peuvent,  au 
point  de  vue  traitement,  se  diviser  en  deux  catégories  principales  : 

i"  Les  formes  aiguës,  caractérisées  par  fièvre,  tachycardie,  sueurs  noc- 
turnes, amaigrissement,  etc.,  symptômes  provoqués  de  façon  directe  ou 
indirecte  par  les  divers  poisons  du  bacille  de  Koch,  auxquels  s'ajoutent 
fréquemment  les  poisons  des  microbes  associés.  C'est  à  ces  formes  aiguës 
que  s'adresse  le  traitement  antiloxique  complexe. 

2"*  Les  formes  chroniques,  justiciables  de  l'immunisation  activeau  moyen 
d'extraits  de  corps  bacillaires. 

La  méthode  thérapeutique  que  je  propose  comporte  par  conséquent  deux 
médications  distinctes  : 

A.  Le  Iraileinenl  (tnlitoxiqiie  et  fniblemenl  bactèriolydqne,  basé  sur  l'ad- 
ministration d'un  mélange  d'éléments  anlitoxiques  et  bactériolyliques, 
destinés  à  faire  disparaître  progressivement  les  phénomènes  d'intoxication. 

1j.  L(i  vaccination,  au  moyen  d'une  série  d'antigènes,  injectés  dans  le 
but  de  : 

1°  Provoquer  des  réactions  focales; 

2°  Réaliser  l'iimniinisation  active  / ractionnèe . 

Ces  antigènes  sont  extraits  des  corps  bacillaires  par  des  procédés  physico- 
chimiques  respectant,  autant  que  possible,  la  nature  spécifique  des  sub- 
stances devant  remplir  la  fonction  vaccinale. 

/Vfin  de  permettre  à  l'organisme  d'utiliser  progressiveme/il  ces  divers 
antigènes,  on  les  inocule  séparèrne/ii,  à  doses  croissantes,  selon  un  schéma 
fixe,  pendant  plusieurs  mois.  Les  injections  ont  lieu  au  moins  une  fois  par 
semaine.  Cette  immunisation  lente  et  fractionnée  a  pour  but  d'éviter  les 
réactions  trop  violentes,  et  de  mettre  le  malade  en  état  de  lutter  peu  à  peu 
contre  tous  les  composants  des  corps  bacillaires. 

(')  Séance  du  i4  février  1921. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  I921.  l^r)S 

Le  traitemenl  est  de  loiif^iie  haleine  et  soûle  une  médication  prolongée 
peut' donner  des  résultais  stables.  Ayant  ainsi  exposé  les  principes  géné- 
lauv  de  la  méthode,  des  communications  ultérieures  en  donneront  les 
détails  scientifiques  et  techniques. 

MÉDECINE.  —  L(i  vaccination  de  la  tuberculose. 
iNote  de  M.   Happin,   présentée  par  M.   Laveran, 

Depuis  ma  dernière  Note  présentée  à  l'Académie  le  5  mars  1917,  sur  le 
vaccin  antituberculeux  (juc  j'avais  déjà  à  ce  moment  réussi  à  obtenir, 
mes  expériences  se  sont  continuées  pendant  ces  quatre  dernières  années 
en  vue  de  donner  à  ce  vaccin,  comme  je  l'écrivais  alors,  une  fixité  d'action 
et  une  activité  plus  grandes. 

La  préparation  de  ce  vaccin  élant  basée  sur  la  double  action  de  solutions  de  fluo- 
rure de  sodium  et  du  sérum  antituberculeux  que  je  prépare,  suivant  la  niétliode  dont 
j'ai  donné  l'exposé  dans  ma  Note  antérieure  ('),  j'avais  à  déterminer  exactement  ù  la 
fois  le  temps  pendant  lequel  il  convenait  de  faiie  agir  les  solutions  de  lluorure  pour 
amener  complètement  la  stérilisation  du  bacille  sans  atteindre  ses  endoloxines,  et 
celui  pendant  lequel  ce  bacille  doit  demeurer  en  contact  avec  le  sérum.  Après  de 
nombreuses  expériences  sur  le  cobaye,  je  suis  parvenu  avec  l'aide  de  mon  préparateur 
Louis  Soubrane,  à  fixer  ces  données,  et  voici  la  formule  à  laquelle  je  me  suis  arrêté 
pour  la  préparation  de  ce  vaccin. 

Les  bacilles  de  cultures  sur  bouillon  de  i,  2  et  3  mois,  desséchés  pendant  24  lieiires 
dans  le  vide,  sont  broyés  et  émuisionnés  d'une  façon  aussi  fine  et  aussi  homogène  ipie 
possible  dans  des  solutions  lluorurées  à  3  pour  100.  Pour  assurer  complètement  leur 
contact  avec  la  solution  antiseptique,  les  tubes  qui  les  renferment  sont  placés  dans  un 
émulseur  d'un  système  spécial  qui  en  permet  l'agitation  continue.  Ils  sont  ensuite 
extraits  de  ces  lubes  après  centrifugation,  la\és  à  plusieurs  reprises  dans  la  solution 
phy'siologi([ue  et  mis  en  contact  avec  le  sérum  antituberculeux. 

L'expérience  de  ces  dernières  années  m'a  montré  que  la  durée  la  plus 
convenable  à  observer  pour  le  contact  des  bacilles  avec  les  solutions 
lluorurées  est  de  sept  jours  et  celle  de  ce  contact  avec  le  sérum  de  trois 
jours,  la  stérilisation  des  bacilles  est  alors  complète  et  l'action  du  sérum 
s'est  suffisamment  exercée.  C'est  cette  émulsion  de  bacilles  dans  le  sérum 
(]ui  constitue  le  vaccin  et  son  inoculation  présente,  à  ce  moment,  toute  son 
activité,  en  même  temps  qu'une  innocuité  absolue.  Injecté  au  cobaye,  au 
liane,  et  suivant  le  poids  de  l'animal,  à  la  dose  de  y„  à   '^  de  centimètre 

(")  Comptes  rendus,  l.  133,  1911,  p.  logô. 


49'^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cube,  représentant  environ  rn  poids  sec  initial,  f",,  à  ^  de  milligramme  de 
bacilles  modifiés  ensuite  par  le  double  contact  des  solutions  fluorurées  cl 
du  sérum,  ce  vaccin  ou  mieux  ce  séro-vaccin  détermine  seulement  la  for- 
mation d'un  ganglion  plus  ou  moins  volumineux  qui  n'a  aucune  tendance 
à  la  suppuration  et  demeure  induré,  souvent  sans  régresser.  Les  animaux 
ainsi  vaccinés  sont  immunisés  contre  l'injection  de  tuberculose  virulenir 
qui  ne  détermine  chez  eux  que  la  formation  de  gant^lions  locaux  sans 
tendance  à  la  suppuration  ni  à  la  généralisation.  L'examen  microscopique 
des  ganglions  ainsi  provoqués  montre  que  les  bacilles  virulents  y  sont 
l'objet  d'une  phagocytose  d'une  intensité  remarquable  et  au  bout  d'un 
certain  temps  leur  résorption  est  complète. 

Par  contre,  les  témoins  de  ces  vaecinés,  inoculés  de  tuberculose  virulente 
dans  les  mêmes  conditions,  succombent  en  4»  5  ou  6  mois  avec  les  lésions 
classiques  et  des  plus  étendues,  de  tuberculose  expérimentale. 

Nos  expériences,  au  cours  desquelles  nos  animaux  ont  été  suivis  parfois 
pendant  plus  de  i  an,  ont  porté  sur  près  de  4oo  cobayes  (exactement  388). 
et  c'est  après  de  nombreux  tâtonnements,  en  faisant  varier  les  conditions 
d'expériences  dont  il  est  parlé  plus  haut,  que  nous  sommes  parvenus  ;"i 
établir  la  formule  vaccinale  qui,  dans  plus  de  4o  expériences,  nous  a  permis 
de  réaliser  une  immunisation  absolue.  Celle-ci  a  été,  en  effet,  démontrée 
chez  les  sujets  vaccinés,  non  seulement  par  l'examen  des  organes,  mais 
encore  par  l'inoculation  d(>  fragments  de  la  rate,  faite  au  cobave  et 
demeurée  négative. 

Considérant,  d'une  part,  l'extrême  sensibilité  du  cobaye  à  la  tuberculose 
et,  de  l'autre,  la  longue  suite  de  nos  expériences,  qui  montrent  qu'il  est 
possible  d'immuniser  cette  espèce  animale  par  celte  méthode,  je  conclus 
que  nous  sommes  en  possession  d'un  vaccin  contre  la  tuberculose  qui,  en 
raison  de  son  innocuité,  est  dès  ntaintenant  applicable  à  l'homme. 


La  séance  est  levée  à  ifi  heures  et  demie. 

É.   P. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI   28   FÉVRIER   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACA.DÉMrE. 

M.  le  MiMSTRE  DE  l'Iivstructio.\  pubmque  ET  DES  Beaux-Arts  adrcssc 
ampliation  du  décret,  en  date  du  22  février  192 1,  qui  porte  approbation  de 
l'élection  que  l'Académie  a  faite  de  M.  Louis  Joubin  pour  occuper,  dans 
la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  la  place  vacante  par  le  décès  de  M.  Vies 
Delage. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Louis  Jouniv  prend  place 
parmi  ses  confrères. 

THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Sur  Icsf  ormes  d 'Hcrmite  ternaires  dans  un  corps  qua- 
dralique  imaginaire  (champs  v'—  i  et  y  —  2).  Note  de  M.  G.  Humbert. 

I.  Généralités.  —  Soit  la  forme  d'Hermite 

+  a'fJ'o+b„ysa-h  by^z  +  a" zz^-^  b\zz^-\-  b' z„x, 
ti,  a',  a"  étant  des  entiers  réels,  b,  b„,  ...  des  entiers  conjugués  du  corps 

quadratique  y  —  i  ou  y  —  2,  ainsi  que  a;,  x^, 

La  forme  /"est  àiie primitive  lorsque  les  coefficients  a^  l/^,  ...  n'ont  aucun 
diviseur,  entier  réel,  commun.  Lorsque,  de  plus,  a,  a',  a"  ne  sont  pas  pairs 
à  la  fois,  la  forme  est  àile  proprement  primitive. 

Le  déterminant 

a      b"„     b' 

.  D  ^      b"     a'     bf) 
b'„     b       a" 
C.  R.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  172,  N°  9.) 


38 


498  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

est  appelé  dèlcrmindiU  dr  la  forme.  Son  développement  est 

D  ==  aci  a'  +  bh'  b"  +  b^b'^b],  —  cibb^—  a'  b'  b'„ — a"  b"  b], 

Si  l'on  pose 

b'z-o  =  X 


b"  x„- 


b  Jo- 


Y,  ti'^u-  -\-  a' y  -i-  bz    =r  Vo, 

:Z,  ^'  .r  4- ^oV -+- a"-  =Zo, 


La  forme  obtenue  en  remplaçant  dans  la  forme  donnée  jc,  y,  z  (et 
aussi  .r„,  y„,  z^)  par  leur  valeur  en  fonclion  de  X,  Y,  Z,  Xj,  Y„,  Z„,  s'appelle 
la  forme  adjointe  de  la  forme /'(.r,  y,  :;). 

Son  expression  est 


XXo(a'«' —  bb^ 


On  désigne  par  il  le  plus  grand  commun  diviseur  (entier  ordinaire)  des 
coeflicicrils  de  l'adjointe;  on  prend  Q  ^  o  si  la  formey  est  définie  et  Q<^o 
si  elle  est  indéfinie.  La  forme  adjointe  peut  s'écrire  iiF;  F  est  appelée  la 
forme  réciproque  de  /'. 

Les  coefficients  de  l'adjointe  sont 


a 

1^. 

b' 

X 

b" 

a' 

b. 

Y 

^'0 

b 

a" 

Z 

\« 

^\ 

Zo 

0 

A 

=  a' a' 

-b  b„ 

b;,  =  b,b,  —  a 

(^", 

k' 

^  a  a" 

-  '''  ^'„> 

b;  =  bl  b',  —  a 

b\ 

y 

^=--  (1  a' 

—  b"0"„ 

B„=b',b",-a 

b. 

Comme  on  a  A'A  —  BBo:=  Da,  ...,  LP  divise  Da,  D'à',  ...,  c'est-à-dire 
divise  D,  car  les  coefficienls  de  la  forme  /"  n'admettent  aucun  diviseur, 
entier  réel,  commun. 

On  pose  alors 

1)=:12U. 

T^es  formes  /'(a;,  y,  z),  pour  lesquelles  il  et  A  sont  les  mêmes,  forment  un 
ordre. 

Les  forinesy  et  F  sont  définies  ou  indéfinies  en  même  temps  (cela  résulte 
des  conditions  pour  qu'une  forme  soit  définie). 

On  démontre,  comme  dans  le  cas  des  formes  ternaires  ordinaires,  les 
deux  relations  fondamentales. 


■/. 

y.' 

(3 

?'' 

■/ 

■/  ■ 

SÉANCE    DU    28    lÉVlUER    1921.  499 

La  première  est 

/{x,  r,  3;  .r„,  y„  ;o)/(^'',  /,  ='.  •  •  •)  =  HH„+  12F(x'j"-/..r",  . . .) 

(la  seule  différence  avec  les  formes  ordinaires  est  que  H-  est  remplacé 
parHH„). 

Dans  les  formes  d'Hermile.  il  n'y  a  pas  de  genres,  ce  qui  simplifie  beau- 
coup la  théorie. 

II.     MeSURF.   du  NOMUtiK    DES    UEPIIÉSENTATIONS  o'uN  ENTIER,  PREMIER   A    2  iii    PAR 

XES  FORMES  DE  l'ordre  {il,  à).  —  I.  Représentations  propres.  —  On  passe, 
comme  dans  la  théorie  des  formes  ordinaires,  par  la  représentalion  d'une 
forme  binaire. 

Si,  dans  la  forme /(a:,/,  2),  on  pose 

.r  =  ai  +  a'n,  .r^r^  «„Ço  +  «o'^'o» 

J  =  (3;'  +  j3'r,,  yo  =  Po;o-H(3'oT^o, 

-=y;-Hy'-o,        ÎQ  =  yoSo-t-7oT^o, 
les  X,  a',  ...  étant  des  entiers  complexes,   tels  que  les  mineurs 
soient  premiers  entre  eux  (dans  le  sens  de  Gauss),  et  si 

/(x,  y,  z)  zzz  cp(i,  ■(])  =  »îi;to+  «"ço'O  +  «oÇio  +  m'nno, 

on  dit  que/(x,  Y,  z)  représente  proprement  9  (H,  y]). 
Soit  D  =  n"nl  —  mm'  le  déterminant  de  'p(^,  •/]);  on  a 

D=-OF((3y'-y(3',  ...). 

D  est  donc  de  la  forme  D  =  —  il  M". 

La   représentation   de   «p   par  f  dépend  de   congruences,  dont  il  suffit 
d'écrire  celle-ci  (inconnues  N,  \„,  conjuguées)  : 

I\'N„4-A/?(  E=o        (..lûdM"). 

Etudions  d'abord  le  cas  du  champ  \J  —  i . 

On  sait,  par  Hermite,  que  si  M"  est  impair  et  premier  à  i2A,  cas  dans  lequel 
nous  nous  placerons,  et  si 

M"  =  p'^p'^' . . ., 

le  nombre  de  solutions  de  la  congruence  est 


5oO  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Supposons  i2  et  A  impairs  ;  loules  les  formes  S  sont,  dans  ce  cas,  propre- 
ment primitives. 

On  conclut,  comme  clans  la  lliéorie  ordinaire,  que  «  la  mesure  du  nombre 
des  représentations  propres  de  M",  premiers  à  2i2A,  parles  i,  proprement 
primitives,  d'un  même  ordre  (12,  A)  (ilA  impair),  est 

H( — i2iVI')  étant  la  mesure  des  classes  de  formes  (positives,  proprement 
primitives)  binaires  d'Hermite,  de  déterminant  — i2M",  H,  la  même 
mesure  pour  les  classes  de  formes  improprement  primitives  ». 

2.   ConséqueFice.  —  On  déduit  du  théorème  précédent  l'étjuation 

y  —. ! ^V  — rH(-Om)  -1-  \\A-ilm)^m\l,,\l—  i—\  -]. 

Au  premier  membre,  X  porte  : 
:      1°  Sur  les  S  proprement  primitives  de  l'ordre  (ù,  A); 
:     i>°  Sur  les  x,  y,  z,  entiers  complexes  du  champ  y' — i,  premiers  entre 
'eux,  rendant  ^  premier  à  2OA. 

k  est  le  nombre  de  transformations,  à  déterminant  +  i  de  i  en  elle- 
même. 

Au  second  membre,  l  porte  sur  les  m,  entiers  ordinaires  premiers  à  2i2A; 
p,  p\  •  ■  .  sont  les  facteurs  premiers  de  rfi. 

Or,  d'après  une  formule  de  M.  Fatou, 

„(-.„„. ^'n.„[,-(^')ij„4,.-(^)i].    ■ 

to  désignant  les  facteurs  premiers  >  i  de  12,  et,  d'autre  part, 

11,1— <>/«)  — o  si  li/?j  =  I      (moj'i), 

II,(-i>/»)  = -^  "( -""0  S'  iîm^3     (mod  ',).     • 

Le  second  membre  s'écrit  donc 

5 

/.,„=  1  ou  ^j  selon  quel2w:j^i  ou  3  (mod  4),  c'est-à-dire 


SÉANCE  DU  28  rÉVRIER  I921.  5oi 

Prenons  d'ahord  dans  X,„  le  terme  ~;  la  partie  corres[)ondante  du  second 
membre  est,  en  faisant  m  =^  p'^p'^' .  .  . , 


3    8      '■'    ^   ,y-<''>p' 


p,p',  ...  parcourent  les  nombres  premiers  impairs,  i  compris:  pour />  =  i, 
on  pose  (  I  — 


On  voit  de  suite  que  I]  est  un  produit  par  rapport  k  p.p',  ....  La  somme 
des  termes  qui  répondent,  pour  /;,  à  y.  =  o,  i ,  2,  . . .,  te  est 


a  =  i  I  — 

Donc,  la  première  partie  du  second  membre  est 


p> 


p  parcourant  tous  les  nombres  premiers  réels  impairs  premiers  à  OA. 
Prenons  maintenant  dans  A,,,  le  terme 


On  peut  récrire 


■à\9.m 


La  seconde  partie  du  second  membre  est  donc 
c'est-à-dire  ,en  sommant  la  progression  géométrique, 


II,,,  n. 


p  J  p- 


-H- 
p  j  P"" 


5o2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Le  second  membre  total  devient 

4  En  n  -^ZZ  _  1  ^=J.V- n  n     '~(~^^ 

H  8      '■'     " i_        -H  ii  )  «       '     '' 


3.  Formule  foixlameiilalc.  —  Appliquons  à  la  forme  4'(^5  '^i)  =  ^"  +  ^j'> 
de  déterminant  —  i,  la  formule  de  Dirichlet  du  champ  réel,  on  a 


(")  y",..,  '  ,  =11 


1  H 

P' 


\  P  ]  P' 

Dans  le  jïremier  membre,  2  porte  sur  les  nombres  \  et  Tj  premiers  entre 
eux,  tels  que  ^-  +  y]-  soit  premier  à  20^1  ;  dans  le  deuxième,  p  est  premier, 
"^  I,  premier  à  2iîA.  On  ne  prend  dans  1"  qu'une  représentation  par  série 
(c'est-à-dire  que  si  Ton  a  pris  S,  v]  on  ne  prend  pas  ^',  Tj'  déduits  de  ?,  y]  par 
une  des  transformations  de  ^-  +  y]-  en  elle-même).  Autrement,  il  faudrait 
multiplier  le  second  membre  de  la  relation  (R)  par  4- 

Multiplions  membre  à  membre  la  relation  obtenue  précédemment  et  R; 
on  obtient  au  premier  membre 

y    .    ' V \ , 

c'est-à-dire,  en  posant  H^  +  -/j-  =  ?a/„, 

y.- — ' — -' 

^^  AS' {.ru.  y  II,  z  II) 

Il  ^  ~  +  Y]j  est  un  entier  complexe  premier  à  2iiA;  ç  et  /]  sont  premiers 
entre  eux  dans  le  champ  réel  (cela  exclut  l  entier  réel  >  i  et  y)  =  o).  Grâce 
à  la  convention  faite  sur  E,  y,,  tout  système  E,  r,  convenable  figure  une  fois 
et  une  seule  au  premier  membre,  /•  désigne  toujours  le  nombre  des  trans- 
formations à  déterminant  +  i  de  #  en  elle-même. 
Le  second  membre  est 

I  I 

^^n  II  '^^  '{ziï\^ii  11     '"^/^ 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  5oJ 

Transformons  les  termes  du  produit  11^  : 


Le  second  membre  devient,  par  une  transformation  connue, 


.-I    I    x^  /  —  I 


3  8"    "'  x^    I  3  V  i>  j  8     '" 


-yi     I  d  \   li  y    S  '^     1 

où  n,  dans  les  1,  parcourt  les  nombres  entiers  impairs  positifs,  premiers 
àaOA. 

Faisons  passer  >  — -  au  premier  membre:  celui-ci  devient 

y : j 

c'est-à-dire 

V ' , 

où  X,  Y,  Z  ne  sont  plus  premiers  entre  eux,  mais  sont  tels  que  -'(  X,  A  ,  Z). 
est  premier  à  iHX. 

Par  les  conventions  faites  sur  ;,  y],  chaque  système  X.  "^  ,  Z  convenable 
ne  figure  qu'une  fois. 

On  obtient  ainsi  l'équalion  fondamentale  : 


[^^^^:L{^)i.-i^)ih^{^)M 


Au  premier  membre,  i  porte  : 

1°  Sur  les  J,  proprement  primitives  de  l'ordre  (A,  O)  ; 

2°  Sur  les  X,  Y,  Z  entiers  complexes  tels  que  ?,(X,  \  ,  Zj  soit  premier 
à2QA. 

Au  second  membre,  w  désigne  tout  facteur  premier,  impair,  >  i,  de  i2; 
n,  dans  les  S,  parcourt  les  entiers  ordinaires  positifs  premiers  à  2i^A. 

4.  ReprésefUation  (Pan  entier.  —  En  égalant  dans  les  deux  membres  de 
l'équation  précédente  les  coefficients  de  —^,  on  obtient  le  théorème  suivant: 


5o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  rnrsure  du  noinhre  des  représentations^  propres  ou  non,  de  m,  positij, 
premier  à  2.ÙA,  pur  les  formes  i  proprement  prionli\-es  de  l'ordre  (Q.  A) 
(Q,  A  impair),  est 

la  somme  2  étant  étendue  aux  décompositions  m  =  nn' . 
Application.  —  Soil/"  =^  xx^,  +JT11  +  ^^n-  ^^  ^ 

Il  n'y  a  qu'iuie  classe  proprement  primitive  de  l'ordre  (i,  i).  Pour  cette 
classe,  k  =  96.  On  a,  par  suite,  le  théorème  : 

Le  nomhre  de  décompositions  d'un  no/nbre  i/npair  en  une  somme  de  si.v 
carrés  est 

i  étant  étendu  au.r  décompositions  m  =  nn' . 

5.  Cas  de  \Q.pair.  —  On  démontre  que.  siyesl  proprement  primitive,  elle 
ne  peut  représenter  proprement  des  formes  binaires  improprement  primi- 
tives. Supposons  donc  /  et  9  proprement  primitives,  c'esl-à-dire  prenons 
toutes  les  /,  proprement  primitives  de  l'ordre  (iiA)  dont  les  réciproques  ^i 
sont  proprement  primitives.  Il  n'y  a  pas  à  introduire  dans  la  formule  les 
formes  improprement  primitives,  binaires,  de  déterminant  —  iiM";  on  fera 
donc  \„=  I.  Il  vient 

^/,,.r-(\,  V,Z)        8     "1  V   t-J  J  ui\  ^n'--  ^^\   n  J  ,>■-■ 

les  to  étant  les  diviseurs  impairs,  premiers,  >  i  de  ii.  <  )n  en  conclut  : 

La  mesure  du  nombre  des  npjvse/itatio/is  (propres  et  impropres)  par  les  § 
de  m  impair,  premier  à  2ÛA  est 


i-4-(^)^]:S"' 


s  étant  étendu,  aux  décompositions  m  =  nn' . 
Applications.  —  1"  Soient 

Les  classes   correspondantes   sont   uniques   dans  leurs  ordres  respectifs*, 
k  ■=  ?>2  pourycl.f.  (^n  obtient  le  tiiéoicme  suivant  : 


SÉANCE   DU    28    FÉVRIER    1921.  5o5 

Le  nombre  des  représentai  ions  primilis'es  ou  non,  de  m  impair,  par  l'expres- 
sion 

2{u-i  -^  jc-,)  +  ■'.{x'I  -i-  .r}  )  +  .c?  -H  a-J 

est 

'.2«'(^)- 

On  obtient,  de  la  même  façon  : 

Le  nombre  des  représentations  de  m  impair  par 

j.'\  +  .c\  -\-  xl+  xl  +  i{xl-\-  xl  ) 
est 

Ces  deux  ttiéorèmes  ont  été  donnés,  sans  démonstration,  par  Liouville 
(^Journal  de  Mathématiques,  1"  série,  t.  9). 

3°      /=xxo  +  77o-1- 3:;o,         S  —  2,xx^-\r'iyyf,+  z:o,         12  =  1 ,         A  =  3. 

Il  y  a  une  autre  forme  proprement  primitive,  du  même  ordre,  non  équi- 
valente: 

La  forme  if'=  2y/„ -+- j;„ -i-y„:  4-  2zc„  admet  6  automorphies;  /'  en 
admet  donc  4  ><  6  =  24  ;  /  admet  Sa  automorphies.  D'où  le  théorème  : 
Soient  N,„  et  N^„  les  nombres  des  représentations  de  m,  impair,  prender  à  3 

par  les  expressions 

j;^ -h  j- 4- -- -h  ^- 4- 3  «- +  3  r- 

et 

X- -\-  y-+  2 c- 4-  2  ;  "  4-  2 ?/- 4-  2  /-  +  2 <(•  H-  2  (-•-. 

On  a,  entre  N„,  et  lS',„  la  relation 

3N,„.4N;.=  8[,',+(=^)]V„.(^). 

III.  Représentations  d'un  ENTIER  (champ  y' — 2).  —  1.  Cas  de  lu  impair.  — 
Les  formes/et  §  ont  leur  discriminant  impair,  et  sont  par  suite  proprement 
primitives.  Le  nombre  des  représentations  propres  par  les  §  de  ?n  positif, 
premier  à  2i2A,  est  {m  =jo'p'*'. . .) 

[M(l>«0  +  M'(-^'")]'«[>-(=^)^3] 


5o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Or,  par  la  ihéoric  des  formes  binaires,  on  a  : 

M{iim)^lx\Hi.im)         et         ,^  =.  '  |^2  -  (=^)  j  • 
De  même  que  pour  le  corps  \! —  i, 

(.)     y_-—. — ! — =y  — [M(i2«o  +  M'(ii"0]'»iiJ  •— f— ^')-l• 
Au  premier  membre,  a-,  y,  z  sont  des  entiers,  premiers  entre  eux,  de 

corps  \li,  tels  que  §  soit  premier  k  2i2  A;  les  ?  sont  les  formes  (  proprement 

primitives)  d'invariants  A.  L*.  La  somme  du  second  membre  porte  sur 

les  m  premiers  à  2OA. 
Le  second  membre  s'écrit 

La  quantité  sous  le  signe  -  est 

Pour  ///  =  I,  on  a  dans  celte  expression  le  terme 

M(0)  +  M'(<>)     ou     glI„|^,  +  (^=-^)ij  |^S-(^=^yj 
que  nous  mettrons  en  évidence  en  écrivant  (î)  de  la  façon  suivante  : 


24 

X    sf  1+  (  I- 


]-(ï)[-(-;^)^(ïr)"-] 


Sommons  les  progressions  géométriques  a  =  i  à  oc;  on  a 

I  \     p'-'  \  p  .1    ( 


^.oI^.^  +  (.--^)-^^^  -^'fein 


3""   "         V      / 


7^),-:^^) 


SÉANCE   DU    28    FÉVRIER    1921.  Soy 

OU  encore 


^'■-^i^^'ï'fï)".'     '-"'" 


/''  '  '     V  p  )  p'"- 


p  parcourt,  daus  11^^.  tous  les  nombres  premiers  impairs,  premiers  à  ill. 

On  a.  d'autre  part  : 

I 

(3)  '^"  '  -"  '    '    '''■ 


\   P  )  P' 


\-  -h  2yj-  premier  à  2QA,  ^  et  •/]  premiers  entre  eux. 

Multiplions  (i)  et  Ci)  membre  à  membre,   en  remplaçant  le  second 

membre  de  (i)  par  (2);  on  trouve 

I 


V 

ly  - 

I 

p' 

),;- 

3  iTf  .)"••"' 


H  est  un  entier   du  corps  à  y/a   premier   à  2iiA,   (?/ =  S  +  ;'y]  y  2,  ^   et  Y] 
premiers  dans  le  champ  réel  ). 
Le  second  membre  s'écrit 


n  entier  quelconque  positif,  premier  à  2  il  A. 
Chassant  V  — ^;  on  a  : 

X,  Y,  Z  sont  des  entiers  quelconques  du   corps  «y  2,  tels  seulement  que 


00»  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Î^(X,  \  ,  /)  soit  preniierà  2QA;  co  esl  un  diviseur  premier  impair  >  i  de  il, 
n  un  entier  quelconque,  positif,  premier  à  2i2  A. 

2.  Cas  de  LIA  pair.  —  On  décnontre,  comme  pour  le  corps  y  —  i 
que  !Vr(iJA)  n"a  pas  à  intervenir;  il  reste  (les  formes  f  cl  i  étant  pro- 
prement primitives)  pour  la  formule  fondamentale  : 

y  ■ — ■ — -, = ^  11,0  r.  ^  f— \-l  y — y  f^u. 

■^ /.j-(\,  Y,  z)     4L     V  '^>  ) ''>  \  ■^  1^'^- ■^K  «  /"'■ 

3.  Urprèsentalions  d'un  entier.  —  Dans  le  cas  de  iiA  impair,  on  a  le 
corollaire  suivant  : 

Le  nombre  total  des  représentations  de  m,  entier  positif ,  premier  à  ■lill  par 

les  .',,  une  représentation  par  Sj  eornptant  pour  —  est 

a"»l-(-if:)r.lhi-(^)-(ï)2:'"(^)l- 

les  sommes  étant  étendues  aux  décompositions  m  =^  d d\  ou  encore 

4.  Application.  —   Soit  12  ^  A  ^  i . 
Les  formes  #,  sont  alors  : 

J,  =  .r.c„  +  j)-o+--:o  (/'■i=f24). 

J'5,=r.i-x„4-  2rj„+(i  +  (■  \/'2  ) -'0  J  +  (  1  —  ''v''' )-"„>'„+  2;=„  (/.-2=:48). 

[caria  forme  2>'Vc, -f- ^  i  4- /\  2)  r„  y-t-~(i  —  ?\  2)  ;y„+ 2rr„   a   24  auto- 
morphies,  on  en  conclut  que  ru  en  a  ^i^J- 

J,  donne  des  représentations  par  l'expression 

■;•■-  +  ,>■-+  ;-H-  2(<=H-  u--\-  r-), 

.r,  y,  :;,  /,  m,  r  étant  réels.  Soit  N,  le  nombre  de  ces  représenliitions. 
Les  représentations  pour  i.,  soni  de  la  forme 

"«  —  '^?  +  2  j-^  +  ■? j J  +  4  j5  -h  2,)-,  ;,  +  4  1-.  ;.  +  4 (  J'i  -2  —  V»  ^1  )  -+-  2  ;î  +  4  ;;i  ; 

ce  que  Ton  peut  écrire 

m  =.*.'5-H2j:]-(-(2Vo+  --J— .-,)-+(--,+ V, +  -%)-+ (/,-+-  --2)--+-;-^ 

ou  encore 

m  =  .v\  +  1.v\  ■+-  u'^-\-  r--(-  (V-+  /- 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  SoQ 

Uvec  la  seule  condilion 

Il -r  r  +  \v -{- t  7E1  (I  (mod2) 

OU  a',  impair. 

Soit  N.,  le  nombre  de  ces  représentations. 
La  formule  du  n"  3  donne 


"-^-K-'l-'lS"'! 


On  en  déduit  une  formule  de  Liouville,  en  distinguant  dilTérenls  cas. 
1°  /«  :^  5  (mod.8).  —  N,  est  le  nombre  des  décompositions 

(i)  '  //;  =  .r'-H- j'+ ;- 4- /'+ «-+  2r-, 

OÙ  /  et  n  ont  même  parité,  c'est-à-dire  où  .r-f-y  +  ;  est  impair.  Or,  les 
décompositions  (i)  sont  de  trois  espèces  : 

1.  Celles  où  V  est  pair,  a-,  v,  z,  (,  u  impairs.  Soit  X  leur  nombre; 

2.  Celles  où  (' est  pair,  un  seul  des  a-. ..«  impair.  Soit  Y  leur  nombre; 
.3.  Celles  où  r  est  impair,  trois  des  x. .  .u  impairs.  Soit  Z  leur  nombre. 
Quelles  sont  celles  de  ces   décompositions   où  .r -\- y -^  z  est  impair? 

D'abord,  toutes  les  décompositions  1,  en  nombre  X;  parmi  les  décomposi- 
tions  2,  celles  où  le  carré  impair  figure  parmi    les   trois  premiers;  leur 

nombre  est  -Y. 

D 

Parmi  les  décompositions  3,  il  faut  prendre  celles  où  un  ou  trois  carrés 
impairs  figurent  parmi  les  trois  premiers;  leur  nombre  est  —  Z. 


On  a  donc 


N,=::X  +  ^Y  +  ?Z. 


Quant  à  No,  c'est  le  nombre  des  décompositions  (i)  où  x  est  impaii 
La  relation  entre  N,  et  N.  est 


,  -        5    -    ^    . 

D  autre  part,  \  =î:  -X.  Soit,  en  elTet,  \'  le  nombre  des  décompositions  2 

où  le  carré  impair  est  le  premier;  Y'=  -•  On  a  X  =  2 Y',  car  dans  une 

^décomposition  1.  on  peut  remplacer  la  somme  des  quatre  carrés  impairs 
qui  suivent  le  premier  par  une  somme  de  quatre  carrés  pairs,  et  l'on  sait 
que  le  nombre  des  décompositions  de  8 M  -i-  4  en  quatre  carrés  impairs  est 


5lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

double  de  celui  des  décompositions  en  quatre  carrés  pairs.  On  en  conclut 
X  =  2  y,  et,  par  suite,  X  =  r  \  . 

On  a  ainsi  Z'  =  5  X.  Prenons,  en  efFet,  les  décompositions  3  en  nombre  Z', 
où  les  trois  carrés  impairs  sont  les  premiers;  Z'=  — Z.  Soit  une  de  ces 
décompositions  : 

>n=J\+Jl+jl-'^-^l  +  ^l  +  yl         (//impair,  ro,  pair). 

Puisque  m  i^  5  (modS)  il  faut  que 

ro,  =  2/ii.         m2=2«2,         avec /;,  +  «2  pair. 
Alors, 

m  =j\  +y I  +  Jl  -t-  'i  (  «,  H-  /) 2  )-  +  2  (  /i ,  —  « 0^  +  ay  i 
ou 

Ce  qui  est  une  décomposition  1.  Une  Z'  donne  ainsi  deux  décomposi- 
tions 1.  D'où 

\  —  i7J         et         \=^Z. 

o 

Il  y  a  ainsi  entre  X,  Y,  Z,  N,,  No,  cinq  relations  qui  permettent  de  déter- 
miner ces  quantités. 
On  trouve 


--l2-<=?)^   ^-ti;-^(^^)^   ^=?i;^^(ï)^ 


d'où 

X,V.7.=  ?^V..(-,Î). 

On  a  donc  le  théorème  : 

Le  nombre  des  décompositions  de  m(^^  5  iiiod  8)  en 

est  èi>al  à 

'4^d^i=^)  (Liouville). 

2"  m~  ']  (mod8).  —  Même  démonstration  et  mêmes  formules.  Soient: 
X  le  nombre  des  décompositions  (i)  où  f  est  impair,  a;.. .  u  impairs  ; 
Y  le  nombre  dos  décompositions  (i)  où  c  est  impair,  un  seul  des  .r...// impair; 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  102 1.  5ll 

Z  le  nombre  dos  décompositions  (i)  OÙ  l'est  pair,  deux  des  a-...  î/ pairs,  trois 
impairs. 

On  a  les  mêmes  relations  entre  les  N  et  les  X,  Y,  Z. 
D'où  le  théorème  : 
Le  nombre  des  décompositions  de  m^j  ou  -j  (mod  8)  en 

m  =  n''  + y-+ X-+ 2{l'-h  u--\- i-'-) 
est 

'i°  m^i  (mod  8).  —  On  considère  les  décompositions 

/H  ;^  ;;  I  -I-  .  .  .  +  x'I  -f-  2  f- 

et  les  divise  en  : 

1°  r  pair;  un  des  x^  impairs,  quatre  pairs  (en  nombre  X)  ; 
•1°  ('  impair,  trois  des  cci  impairs,  deux  pairs  (en  nombre  Y). 
Il  vient 

5  10  5  0 


E^'f^ 


En  éliminant  N,  et  N,,  on  obtient  : 

Le  nombre  des  décompositions  de  ni~i  (  mod  8)  en 

m  r=  H-  -t-  r'^  -+-  X-  +  t-  -\-  u--\-  1  v- 
est 

io^d^(^\  (Liouville). 

4*^  m  ^3  (mod  8).  —  Même  démonstration  et  même  résultat. 

Oq  établit  ainsi  la  formule  de  Liouville  : 

Le  nombre  des  représentations  de  w,  impair,  par 

m  =  /i^  -I-  >'-  +  X-  -I-  <-  -(-  j/^  -(-  2 1'- 
est  éi>al  à 

la  somme  portant  sur  les  décompositions  m  =  do. 


5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Les  phénomènes  d'anapliyhixie  chez  les 
microbes.  Note  de  M.  Charles  Richet,  M""  Eudoxie  liAcniiACH  et 
M.  Hexry  Cardot. 

En  poursuivant  Tétude  de  l'accoutumance  du  ferment  lactique  aux 
toxiques,  nous  avons  été  amenés  à  constater  un  phénomène  imprévu  et 
nouveau,  qui  doit  être  assimilé  à  l'anaphylaxie. 

Voici  le  fait  : 

Soit  un  même  ferment  lactique,  cultivé  pendant  plusieurs  mois  sur  des 
solutions  nutritives,  contenant  en  nitrate  de  thallium  (par  litre)  o',  ooo; 
0^,01  ;  0^,1  et  i^.  Quand  on  ensemence  ces  diverses  variétés  sur  un  milieu 
contenant  i^  par  litre  de  nitrate  de  thallium,  on  observe,  au  bout  de  if\  à 
48  heures  de  fermentation,  les  chiffres  suivants,  moyennes  de  10 1  dosages  : 

Teneur  (  '  ).  Vciililr. 

o ,  00 1  flO 

0.01 26 

0.1 80 

• i54 

Le  graphique  ci-joint  donne  l'indication  très  nette  du  phénomène.  Il 
s'agit  de  l'interpréter. 

1°  Le  ferment  qui  a  poussé  sur  i"  de  nitrate  de  thallium  est  accoutumé, 
et  alors,  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  une  Note  précédente  ('- ),  il 
pousse  bien  mieux  que  le  témoin  sur  des  milieux  contenant  2«  de  nitrate  de 
thallium  (i54  au  lieu  de  100). 

1"  Le  ferment  qui  a  poussé  sur  o",  i  de  thallium  est  devenu  beaucoup 
plus  sensible  à  l'action  toxique  que  le  ferment  témoin  :  il  ne  produit  que 
26  d'acide  lactique,  quand  le  témoin  donne  lou.  Celte  sensibilité  peut 
s'appeler  anaphylaxie. 

On  ne  peut  attribuer  ce  phénomène  à  une  maladie  du  ferment,  car  il 
donne,  quand  il  est  réensemencé  sur  son  même  milieu,  c'est-à-dire  0,01 
de  AzO'Tl,  des  chiffres  identiques  à  ceux  du  témoin  (loG  au  lieu  de  100). 
De  même  quand  on  l'ensemence  sur  des  solutions  contenant  des  doses 
toxiques  d'arsenic.  D'ailleurs,  cette  dose  de  0,01  est  tellement  faible  qu'elle 

(  '  )  Tentuir  en  iiilrale  de  thalliiiin  par  litre  de  la  iiii;ieuc  où  avait  été  cullivê  le  ferment. 
(■-)   Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  1353. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  5l3 

est  sans  influence  sur  le  croit  d'un  ferment  neuf,  mC-me  au  premier  passage. 

3°  Le  ferment  qui  a  poussé  sur  qs,  i  donne  des  quantités  d'acide  lactique 

intermédiaires  entre  celles  que  donnent  le  microbe  accoutumé,  et  le  microbe 

anapbylactisé.  Tout  se  passe  comme  si  les  processus  d'accoutumance  et 


0.01 


0.1 


Comparaison  entre  le  croit  (sur  une  solution  à  i~  pour  1000  de  nilrale  de  tliallium)  de  quatre 
variétés  de  ferment  lactique  ayant  pendant  plusieurs  mois,  avec  réensemencemenls  successifs, 
poussé:  le  premier,  sur  milieu  normal,  sans  tliallium;  le  second,  sur  des  solutions  à  0,01 
pour  1000;  le  troisième,  sur  des  solutions  à  o,  i  :  le  quatrième,  sur  des  solutions  à  i^. 

Le  croit  est  mesuré  parla  quantité  d'acide  lactique  produit  (hauteur  des  colonnes).  Moyenne 
de  101  expériences. 

d'anapliylaxie,  qui  ont  des  résultats  inverses,  se  produisaient  parallèle- 
ment, et  avec  une  intensité  presque  égale,  quand  la  solution  de  nitrate  de 
thallium  est  à  0^,1.  Quand  la  solution  est  à  i^,  c'est  Faccoutumance  qui 
domine;  quand  la  solution  esta  0,01,  c'est  l'anaphylaxie. 

4°  Le  facteur  temps  intervient  efficacement.  Si,  au  lieu  de  prendre  un 
ferment  qui  a,  dans  une  série  de  cultures  successives,  poussé  pendant 
plusieurs  mois  sur  une  solution  de  nitrate  de  thallium  à  i^pour  100,  on 
prend  un  ferment  qui  a  poussé  seulement  24  heures  sur  ce  milieu,  il  n'est 
pas  accoutumé,  mais  il  est  anapbylactisé.  En  effet,  dans  une  expérience  de 
douze  dosages,  le  ferment  normal  ayant  donné  loo,  le  ferment  qui  a  poussé 
pendant  24  heures  sur  du  nilrale  de  thallium  à  1»  n'a  donné  que  4o. 

G.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T,  ITl,  N»  9.)  ^9 


5l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  y  a  donc  au  début  une  anap}iyla\ie,  et  ce  n'est  que  plus  tard,  après  des 
cultures  successives  sur  môme  milieu,  que  l'accoulumance  va  s'établir  pour 
dominer,  ot  annibiler  l'anapbylaxie. 

5"  Dans  cetlr  Note  préliminaire,  nous  n'indiquerons  pas  jusqu'à  quel 
point  cette  anaphylaxie  est  spécifique.  Nous  avons  vu  seulement  qu'elle  est 
interchangeable  pour  le  nitrate  et  le  sulfate  do  thallium.  Nous  nous  propo- 
sons de  rechercher  jusqu'à  quel  point  le  ferment  anaphylactisé  aux  sels  de 
thallium  est  anaphylactisé  aussi  pour  les  autres  sels  métalliques,  et  si  des 
doses  plus  faibles  que  o,oi  par  litre  ne  seront  pas  anaphylactisantes. 

Ces  faits  ont  probablement  une  grande  importance  théorique.  Il  semble 
que  l'anapbylaxie,  c'est-à-dire  la  sensibilisation  à  un  poison  par  une  dose 
très  faible  de  ce  poison,  soit  un  phénomène  général,  puisqu'il  apparaît  en 
toute  netteté  sur  des  êtres  unicellulaires  comme  les  bactéries. 

Jusqu'à  présent  on  ne  définissait  guère  l'anapbylaxie  que  d'après  les 
symptômes  toxiques  par  lesquels  est  affecté  le  système  nerveux;  mais  doré- 
navant il  faudra  l'envis-ager  comme  un  phénomène  beaucoup  plus  général, 
commun  à  toutes  les  cellules  \i\antes;  sernihi/ité  accrue  pour  un  poison, 
grâce  à  une  petite  dose  antérieure  de  ce  même  poison. 

Il  est  permis  de  supposer  que  cette  anaphylaxie  des  microbes  donnera 
quelque  jour  un  éclaircissement  sur  le  processus,  si  inconnu  encore,  de 
l'atténuation  des  microbes. 


BOTANIQIE.  —  La  zygomorphosc  exogène  dans  les  jlears  normalement 
actinnmorphes.  Noie  de  M.  Paul  Vuillemin. 

Le  zygomorphose  exogèfie  se  produit  par  trois  procédés,  séparés  ou  com- 
binés :  A,  synanlhie  ou  confluence  de  deux  ou  plusieurs  fleurs  dont  les 
moins  favorisées  sont  représentées  par  leur  bractée;  B,  parasynanthie  ou 
conflit  entre  des  fleurs  qui,  tout  en  restant  séparées,  font  sentir  l'une  sur 
l'autre  une  influence  perturbatrice;  C,  introduction  dans  la  fleur  de  l'appa- 
reil végétatif. 

A.  ZYi;oMor.i'iiosE  SYN'AMtiioui:.  —  La  synantbie  se  réalise  soit  entre  des 
fleurs  appartenant  à  des  inflorescences  normalement  séparées,  soit  entre  des 
fleurs  d'une  même  inflorescence. 

Le,  nom  iVi/i/Iorescencc  convieiii.  exchisivernenl  à  l'appareil  leproducleur  des  Aiitlio- 
gones,  de  même  que  le  nom  de  /leur  doit  èlre  réservé,  en  bolaninue,  à  l'anlliogo- 
nelle,  forme  supérieure  de  la  gonelle. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  5l5 

On  dislingue  des  inllorescences  simples  el  des  inflorescences  composées.  La  plus 
simple  des  inllorescences  est  Vinjloresccnce  clémenlaire,  réduite  i>  une  fleur  lermiiialc 
ou  axillaire  par  rapport  à  l'appareil  végétatif.  Considérée  en  elle-même,  cette  inllores- 
cence  e^l  nécessairement  définie. 

L'inflorescence  est  encore  sinip/e,  mais  dilTérenoiée,  indéfinie,  quand  elle  possède  en 
outre  un  pédoncule  simjile  et  que  les  fleurs  en  nombre  indéterminé  parfois  réduit  à 
l'unité,  pourvues  ou  non  d'un  pédicelle,  appartiennent  à  des  rameaux,  de  même  ordre 
issus  du  pédoncule  (ombelle,  grajjpe  el  ses  dérivé^  :  épi,  corymbe,  capitule,  etc.  ). 

L'inflorescence  est  composée  quand  les  fleurs  appartiennent  à  des  rameaux  de  plu- 
sieurs oidres.  L'inflorescence  composée  est  déftnie  dans  la  cyme,  dont  chaque  rameau 
est  une  inflorescence  élémentaire,  indéfinie  dans  les  composés  de  l'ombelle,  de  la 
grappe  et  de  ses  dérivés,  mixte  quand  l'inflorescence  élémentaire  ou  la  cyme  se  com- 
bine a\ec  les  inflorescences  indéfinies. 

Je  précise  le  terme  vague  de  thyrse  en  le  réservant  à  l'inflorescence  mixte  où  la 
grappe  est  surmontée  d'une  inflorescence  élémentaire.  Le  thyrse  est  uniflore,  quand 
la  grappe  stérile  n'est  indiquée  c[ue  par  le  pédoncule  garni  de  bractées  ou  bractéoles 
(Pensée).  La  panicule  est  un  thyrse  dont  la  grappe  est  composée. 

La  synanthie  est  fréquente  :  l,  entre  les  fleurs  des  inflorescences  élémen- 
taires ;  2,  entre  les  fleurs  d'une  cyme;  3,  d'une  inflorescence  indéfinie 
simple  ou  composée;  4,  d'un  thyrse. 

1.  La  confluence  des  fleurs  séparées  en  inflorescences  élémentaires  se 
confond  avec  la  synanthodie.  Elle  est  commune  au  niveau  des  changements 
phyllotaxiques,  par  suite  du  raccourcissement  des  entre-nœuds  ou  du  res- 
serrement des  verticilles;  les  rudiments  voisins  empiètent  l'un  sur  l'autre 
dès  que  leur  distance  longitudinale  ou  angulaire  est  insuffisante.  La  synan- 
thie est  aussi  amenée,  sans  déplacement  des  feuilles,  par  concrescence  d'un 
rameau  axillaire  avec  l'axe  dont  il  dépend. 

La  plupart  des  synanthies  classiques  appartiennent  à  cette  catégorie.  La 
zygomorphose  y  est  habituelle,  mais  non  constante. 

2.  J'ai  observé  (1908)  une  zygomorphose  synanthique  dans  une  cyme 
scorpioïde  de  Pulmonaria  officinalis. 

L'unicjue  plan  de  symétrie  de  la  synanthie  répond  à  l'intersection  de  deux  fleurs.  Il 
coupe  un  pétale  commun  aux  deux  composantes;  le  pétale  opposé  est  avorté;  les  éta- 
mines  qu'il  devrait  écarter  confluent  par  la  base  des  filets  devant  un  sépale  commun 
aux  deux  fleurs.  Les  autres  pièces,  propres  à  chaque  fleur,  sont  disposées  symétrique- 
ment de  part  et  d'autre  de  l'intersection,  et  en  nombre  normal.  Seulement  les  deux 
sépales,  les  deux  pétales  et  les  deux  étamines  qui  escortent  le  pétale  commun  se  sont 
rapprochés  de  la  médiane  sur  laquelle  les  deux  pistils  se  comprimentréciproquement, 
tout  en  restant  complets  avec  atropliie  symétrique  des  logetles  contigués.     ■ 

o.  Renfermées  dans  les  limites  d'une  inflorescence  indéfinie,  les  synan- 


5l6  ACADÉMIE    DES    SCIE.\CES. 

tliics  se  comportent  comme  les  précédentes.  Les  irrégularités  liées  à  l'atro- 
phie empêchent  souvent  la  zygomorphose,  comme  on  l'a  vu  chez  le  Fuchsia 
coccinea. 

4.  Dans  les  inflorescences  mixtes,  la  zygomorphose  synanthique  rentre 
dans  les  cas  précédents  si  elle  est  circonscrite  à  l'intérieur  des  inflorescences 
indéfinies  ou  des  cymes  qui  entrent  dans  la  composition  ou  si  elle  combine 
des  thyrses  uniflores  (Canipamiles). 

Le  thyrse  réalise  des  conditions  spéciales  par  la  présence  de  Tinflores- 
cence  élémentaire  susceptible  de  combiner  sa  fleur  avec  des  fleurs  axiliaires 
de  la  grappe  sous-jacente.  Par  suite  de  la  différence  originelle  des  fleurs 
confluentes,  il  ne  se  forme  pas  de  plan  de  symétrie  au  niveau  de  leur  inter- 
section. En  cas  de  zygomorphose,  le  plan  de  symétrie  de  la  synanthie  est  la 
médiane  d'une  ou  plusieurs  des  composantes. 

J'ai  relevé  une  exception  apparente  dans  la  panicule  de  Lilas.  Un  tlijrse  partiel 
est  souvent  couronné  par  une  sjnanlhie  zygomorplie  munie  de  5  ou  7  pétales,  3  éla- 
mines,  2  carpelles,  dont  le  plan  de  symétrie  répond  à  l'intersection  des  composantes. 
L'exception  n'est  qu'apparente,  car  la  fleur  teiminale  est  éliminée.  Les  fleurs  concres- 
centes  sont  transversales  par  rapport  à  la  position  qui  conviendrait  à  la  terminale, 
ainsi  que  le  prouve  l'orientation  des  carpelles;  elles  appartiennent  à  la  dernière  paire 
axillaire.  J'ai  retrouvé  (1896)  un  vestige  de  l'inflorescence  élémentaire  sous  forme  d'un 
moignon  refoulé  en  arrière  de  la  synanthie  heptamère  dont  la  zvgomorpliose  était 
encore  plus  accentuée  par  la  concrescence  en  deux  paires  svmétriques  des  pétales 
tournés  du  côté  du  moignon. 

La  fré(juence  d'une  fleur  pentamère  zygomorphe  au  sommet  de  l'inflorescence  du 
Liguslriiin  vulgare  et  du  Connus  sanguinca  est  peut-être  en  partie  imputable  au 
même  procédé. 

La  fleur  terminale  contribue  à  la  constitution  des  svnanthies  suivantes. 

Le  thyrse  se  développe  aussi  rarement  à  l'aisselle  des  feuilles  de  Lunaria 
que  la  grappe  à  l'aisselle  des  feuilles  de  Fuchsia.  Dans  un  cas  comme  dans 
l'autre,  la  condensation  persistante  de  l'inflorescence  entraîne  la  synanthie. 

.l'ai  étudié  (iqoS)  une  synanthie  triflore  de  Liinaria  annaa  L.  La  fleur  opposée 
était  normale.  I>a  médiane  de  la  fleur  terminale  forme  le  plan  de  syméirie  de  la 
synanthie.  II  ne  manque  à  la  fleur  terminale  que  les  sépales  médians;  son  pistil  est 
trimère  et  indépendant  des  pistils  dinières  des  composantes  latérales;  celles-ci 
seraient  complètes  si  elles  n'avaient  une  étamine  et  un  pétale  communs  coupés  par  le 
plan  de  symétrie.  Il  leur  mancjue  à  chacune  un  sépale  transversal  dont  la  place  est 
prise  par  la  composante  terminale,  et  à  la  composante  gauche  une  étamine.  Celte 
lacune  unilatérale  est  le  seul  accroc  à  la  z\  gomorphose  accentuée  par  l'obliquité  des 
fleurs  latérales. 

Dans  les  synanlhies  biflores  de  PhUadelptuia  cnronariat;.  la  part  de  la  loniposaule 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    I921.  5l-] 

axillaire  peut  être  très  restreinle.  J'en  ai  observé  deux  cas  en  1917.  Dans  l'un,  le 
dernier  nœud  porte  la  cicatrice  d'une  seule  bractée;  le  pédicelle  axillaire,  au  lieu  de  se 
dégager,  forme  un  contrefort  au  pédicelle  terminal;  la  lleur  entraînée  n'est  repré- 
sentée (]ue  par  un  sépale  doublant  un  sépale  transversal  de  la  ilenr  terminale  et  inséré 
avec  lui  au  sommet  de  l'ovaire  infère.  Dans  l'autre,  le  dernier  nœud  porte  une  Ilenr 
normale;  la  (leur  opposée,  entraînée  comme  dans  le  cas  précédent,  jette  un  trouble 
plus  profond.  Sa  bractée  adhère  au  sépale  transversal  de  la  (leur  terminale;  elle  y 
introduit  en  outre  son  sépale  médian  un  peu  dévié  à  droite  et  deux  pétales,  dont  l'un 
adliérent  à  la  droite  du  sépale,  l'autie  imbrii(ué  avec  les  pétales  propres  à  la  dernière 
lleur.  La  zygomorphose  est  imjiiirfaite. 

B.  Zygo.moiu'Hose  PAr.ASYiNANTniQiJF..  —  Quand  les  dernières  fleurs  axillaires 
de  Philadelphus  coronarius  sont  très  proches  de  la  terminale,  elles  se  gênent 
et  souvent  l'une  d'elles  devient  trimère,  soit  la  terminale,  soit  une  latérale. 
Ce  dernier  cas  réalise  une  parasynanthie  zygomorphe. 

La  fleur  axillaire  devient  individuellement  zygomorphe  dans  deux 
exemples  observés  chez  Vlris  siberica  (1887). 

L'inflorescence  normale  des  Iris  est  composée  d'un  thyrse  unillore  ou  d'un  épi 
distique  de  tliyrses  unillores.  Quand  une  lleur  apparaît  à  l'aisselle  d'une  bractée,  elle 
entre  en  conflit  avec  la  fleur  terminale.  De  (]andolle  chez  Vlris  sinensis,  Buchenau 
chez  V/ris  Pseiidacorits,  ont  constaté  sa  pénétration  dans  la  fleur  terminale  dont  elle 
écarte  un  sépale.  C'est  de  la  sj'nanthie.  Dans  mes  observations,  les  fleurs  restent 
distinctes.  La  fleur  axillaire,  atteinte  de  zygomorphose  médiane,  a  trois  sépales,  un 
antérieur  épigyne,  les  deux  autres  insérés  obliquement  du  sommet  à  la  base  de 
l'ovaire;  l'étamine  antérieure  est  réduite  au  filet  surmonté  d'une  anthère  filiforme; 
les  deux  autres  sont  normales;  la  corolle,  nulle  dans  le  premier  spécimen,  est  repré- 
sentée dans  le  second  par  un  rudiment  postérieur  épigyne;  l'ovaire  n'a  que  là  lo"ge 
médiane  ;  les  trois  stigmates  sont  bien  développés  dans  le  second  exemplaire  ;  les 
latéraux  n'ont  laissé  que  des  vestiges  dans  le  premier. 

La  première  fleur  embrasse  le  pédicelle  d'un  bouton  pourvu  de  deux  plans  de 
sjmétrie  avec  quatre  sépales  diagonaux,  deux  pétales  transversaux,  quatre  étamines 
diagonales,  deux  carpelles  médians.  Dans  le  second  cas  la  lleur  terminale  est  avortée. 
C'est  de  la  parasynanthie. 

C.  Zygomorphose  par  ad.ionction  végétative,  —  L'empiétement  végétatif 
rend  la  fleur  zygomorphe  quand  une  ou  deux  feuilles  adhèrent  à  l'ovaire 
comme  Heckel  le  signale  (1879)  chez  le  Citrus  Limonum.  Les  ecblastèses 
amènent  un  résultat  semblable. 

De  l'analyse  des  divers  cas  de  zygomorphose  exogène  se  dégage  une 
règle  de  position  du  plan  de  symétrie.  Si  les  composantes  sont  équivalentes, 
deux  fleurs  terminales  ou  deux  fleurs  axillaires,  le  plan  de  symétrie  est 
l'intt'rsection  des  composantes.  Si  elles  diffèrent,  fleur  terminale  et  fleur 
axillaire,  fleur  et  annexes  végétalives,  le  plan  de  symétrie  est  la  médiane 
d'une  ou  plusieurs  des  composantes. 


5l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 


MM.  Ernest  Brown,  E.  Rutherford,  Jui.es  Bordet,  élus  Correspon- 
dants pour  les  Sections  d'Astronomie,  de  Physique  générale  et  de  Méde« 
cine  et  Cliiruro^ie,  adressent  des  remercîments  à  l'Académie. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

E.  RoTiiÉ,  Les  applications  de  la  télégraphie  sans  fil. 

E.  RoTHÉ,  Cours  lir  Physique  professé  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancy. 
Première  Partie  :  Généralilés;  Unités;  Similitude:  Mesures.  Deuxième 
Partie  :  Thermodynamique. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  certains  systèmes  d' équations  de  P/aff  et  les 
transformations  des  équations  aux  dérisées  partielles.  Note  M,  G.  Cerf, 
présentée  par  M.  Goursat. 

I.  La  théorie  des  transformations  des  équations  du  second  ordre  à  deux 
variables  indépendantes,  comme  l'a  montré  M.  Goursat  ('),  gagne  sur  bien 
des  points,  en  simplicité  et  en  élégance,  à  être  entreprise  au  moyen  de  sys- 
tèmes équivalents  de  trois  équations  à  sept  variables.  Les  transformations 
que  l'on  découvre  ainsi  ne  sont  pas  distinctes,  au  fond,  de  celles  dont  j'ai 
signalé  ailleurs  l'existence  (-),  mais  certains  problèmes  qui  les  concernent 
sont  avantageusement  traités  de  ce  nouveau  point  de  vue.  Les  méthodes 
employées  par  M.  Goursat  peuvent  être  généralisées,  soit  pour  des  équa- 
tions d'ordre  supérieur  à  2,  soit  pour  des  équations  à  .plus  de  deux 
variables  indépendantes. 

(')  Voir  en  particulier  E.  Goursat,  Sur  quelques  transformations  des  équations 
aux  dérii'ées  partielles  du  second  ordre  {Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  1217).  Je 
me  conforme  ici  aux  noiations  de  celle  Noie. 

('^)  Journal  de  Malliém.  pures  et  appliquées,  1918  :  Sur  les  transformations,  elc, 
Chap.  111,  II"'  '1  ul  10. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  192I.  SlQ 

Le  but  de  celte  Note  est  d'exposer  quelques  considérations  et  quelques 
résultats  assez  généraux,  relatifs  à  la  façon  dont  le  problème  des  tnuisfonna- 
tions  des  équations  du  troisième  ordre  à  deux  variables  indépendantes  peut 
se  ramener  à  des  questions  se  rattachant  à  certains  systèmes  de  Pfaff;  il  ne 
s'agit  donc  pas  de  présenter  un  résumé  complet.  D'ailleurs,  il  est  aisé 
d'étendre  ce  qui  suit  à  des  équations  d'ordre  plus  grand  que  3. 

11.  Considérons  le  système  (A)  des  six  équations  de  FfalT  à  onze  variables 
déduit  d'une  équation(e)du  troisième  ordre  ix  =  f(x,y,z,p,(f,r^s,l,^,^{,o): 

!dz  —  p  dx  —  q  dy  =  o,  dr  —  fdc  —  [3  dy  =  o, 
dp  —  r  dx  —  s  dy:^  o,  ds  —  p  dx  —  y  dy  =  o, 
dq  —  s  dx  —  tdy  ^  o,         dt  —  y  dx  —  ô  (//  =  o. 

Le  nombre  des  covariants  distincts  provenant  de  (A)  est  3.  On  connaît 
le  rôle  joué  par  le  système  de  deux  équations  de  Pfaffà  six  variables  dans  la 
théorie  des  équations  du  deuxième  ordre;  pour  un  rôle  semblable,  on  peut 
songer  ici  soit  à  un  système  (B)  de  trois  équations  à  hiHt  variables  et  trois 
covariants  distincts,  soit  à  un  système  (C)de  quatre  équations  à  neuf  varia- 
bles et  trois  covariants  distincts  seulement.  Si  nous  formons,  par  exemple, 
un  système  (B,)  au  moyen  d'équations  appartenant  à  (A),  et  que  dans  les 
équations  non  utilisées  de  (A)  nous  considérions  les  variables  liées  par  les 
relations  fournies  parles  équations  d'une  intégrale  de  (B,)  à  deux  dimen- 
sions, le  système  des  trois  équations  à  cinq  variables  ainsi  obtenu  est  com- 
plètement intégrable;  si  donc  (B,)  possède  une  résolvante  du  troisième 
ordre  (e'),  nous  avons  obtenu  une  transformation  des  équations  (e)  et  (r). 

L'étude  que  nous  avons  à  faire  des  systèmes  (B)  et  (C)  doit  ainsi  viser  à 
établir  des  formes  canoniques  sur  lesquelles  il  soit  facile  de  faire  apparaître 
une  résolvante  du  troisième  ordre.  Sans  entrer  dans  le  détail  de  l'énoncé 
des  formes  canoniques  qui  se  présentent,  je  signale  qu'une  des  équations 
doit  avoir  la  forme  dz  —  p'dx'  —  q' dy'  =  0,  et  que  les  cas  les  plus  impor- 
tants sont  ceux  où  une  deuxième  équation  possède  comme  élément  intégral 
l'élément  caractéristique  de  la  première.  ^Nlais  alors,  il  est  aisé  de  montrer 
que  le  système  des  équations  qui  définissent  le  changement  de  variables 
permettant  d'obtenir  la  forme  canonique  envisagée  de  (B)  ou  (C)  doit 
comprendre  des  équations  telles  que 


(où  «=/), 


^F^ 

dFy 

^{j'^y 

c,  p.  q,  r,  s,   /,  x',  y' 

=')-o, 

dx 

dx 

dF  _ 

dF  _          dF  _ 

dF 

—r-  =0, 

— 

dF^ 

dF, 

dx'  ~  °' 

dy'          '  dx          ' 

dy          ' 

dy 

dx 

320  •  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

c'est-à-dire  que  Téqualion  (e)  doit  être  équation  (0)  de  la  transformation 
de  surfaces  définie  par  F  =  o,  et  nous  retrouvons  des  Iransforniations  déjà 
obtenues  (').  L'exemple  que  j'ai  indiqué  jadis  est  celui  d'une  équation  de 
la  forme  y  =  ç(a;,  j,  ;, /;,  y,  .v, /,  o  );  trois  des  équations  du  système  (A) 
forment  un  système  (B)  : 

dz  — p  dx —  ([dv  r=  o,  dv  —  .s"  (/./•  —  /  dy  =ri  o,  dl  =  -j  dx  —  ô  dv  r=  o  ; 

la  fonction  o  doit  être  d'ailleurs  choisie  d'une  façon  particulière  pour  que  le 
système  des  trois  équations  conduise  à  une  résolvante  ((>'). 

m.  Une  autre  façon  d'envisager  la  question  est  la  suivante  :  Supposons 
que,  grâce  à  un  changement  de  variables,  on  ait  réussi  à  mellre  le  sys- 
tème (A)  sous  la  forme  (D,  +  Do)  : 

I  d'L  —  P  r/X  —  Q  d\  =  o, 
(D,  )  f/P  —  R  d\  —  SdY  —  o, 

(  f/O  —  S  dX  —  T  f/Y  r=  o  ; 
t  X,  f/X  +  Y,  dY  4-  R,  dl\  -h  S,  f/S  +  T,  dT  +  U,  ^/U  +  V,  d\  -+-  W,  dW  =  o, 

(D^)  I  X,  rfX  + +  W\dW  =  o, 

(  Xj  a'X  + ; 4-  W3  (/W  =  o. 

Cela  se  réalise  facilement  au  mo^en  d'une  transformation  de  surfaces  déli- 
nie  par  une  relation  F(X,  Y,  Z,  x,  y,  :■, p,  ff)^=  o,  en  exprimant  œ,  y,  z, 
p^  q,  r,  .y,  t,  p,  y,  0  au  moyen  de  \,  Y,  Z,  P,  v^,  R,  S,  T  et  de  trois  variables 
auxiliaires  U,V,  W.  Remplaçons  dans  (D.),  Z,P,Q,R,S,T  par  une 
solution  de  (D,);  nous  obtenons  un  système  à  cinq  variables,  avec  un  seul 
covariant  :  quelle  que  soit  la  façon  de  choisir  U,  V,  \\  ,  le  coefficient  de 
</K.dY  dans  ce  covariant  est  l'expression  que  j'ai  représentée   par 

[F,=<-/]  =  o. 

calculée  en  considérant  \,  "\  ,  Z  comme  fonctions  convenables  de  x,  y,  :, 
p,  q;  et  nous  sommes  ramenés  à  effectuer  les  opérations  que  j'ai  indiquées 
pour  reconnaître  si  l'équation  (e)  admet  la  transformation  définie  par  F  =  o. 
l<!n  prolongeant  le  système  (A)  nous  serons  conduits  à  retrouver  d'autres 
transformations  obtenues  au  mo\en  d'une  relation 

F(X,  \  j  Z,  x.y,  z,  p.  rj,  r,  s.  I)  =  o. 
(')  Loc.  cil.,  Cliap.  III,  n"  10. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I92I.  521 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Mouvement  initial  d'un  liquide  en  contact  avec  un 
obstacle  à  arêtes  rives.  \ole  de  M.  Dimitri  Riabouciiinski,  présentée  par 
M.  G.  Koenigs. 

Considérons  le  mouvement  initial  d'un  liquide  incompressible  dans  un 
domaine  à  deux  dimensions  produit  par  la  mise  en  mouvement  brusque 
d'un  obstacle  limité  par  un  arc  de  courbe  concave  5  et  un  segment  recli- 
ligne  de  longueur  ir,  normal  au  courant  relatif,  en  admettant  que  : 

i"  Le  liquide  partant  du  repos,  son  mouvement  est,  au  départ,  irrota- 
tionnel et  «  non  glissant  »  ; 

2°  La  pression  ne  devient  nulle  part  négative; 

3°  La  mise  en  mouvement  brusque  de  l'obstacle  détermine  l'apparition 
momentanée  d'une  cavitation  derrière  l'obstacle,  sur  la  courbe  s.  Les 
vitesses  de  décollement  sont  égales  et  normales  sur  cette  courbe. 

On  trouve  ainsi  pour  (r(=;  cp  4-  r|^)et'C(  ^'7i;7~.  )  'es  relations  suivantes  : 


!iq,i\  .     I  —  tanga.Z  /         /i  —  tangaA-       7:1 

r.     L  <  — laiiga         V  V'  —  langa  /         \i  \ 


-=KÊ)'-(^)'] 


que  j'avais  obtenues  dans  un  travail  antérieur  (').  .v  est  la  longueur  de  l'arc 
de  la  courbe  de  décollement  qui  réunit  l'axe  de  symétrie  du  courant  à  l'un 
des  sommets  de  l'obstacle,  q^  la  vitesse  relative  de  décollement,  q,^  la  vitesse 
relative  à  l'infini,  t  une  variable  auxiliaire  et  langa  un  paramètre  dont  il 
faut  définir  la  valeur. 

En  employant  une  méthode  analogue  à  celle  qu'on  utilise  pour  calculer 
les  surfaces  et  vitesses  de  glissement  dans  le  problème  des  discontinuités 
stationnaires,  on  trouve  comme  coordonnées  de  la  courbe  de  décollement  S, 


r  =  — sJiAnSj-y.  —  i  (tangcz  —  i) 


i/-(langc« -f- i)  — cos5 


il /^(tangj! +  1)         1 /^(tanga-t-i)-t-cosî}        -  (  tanga  4- 1)  —  co.-5 
(')  Communiqué  au  Congrès  des  Mathématiciens,  à  .Strasbourg. 


522  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et 


!7r  "  I 


7=  —  V^'ang^w  — 1  1  (langa+  i) 


sin  5 


sin^O  +  -  (tanga  —  i) 


(3  —  tanga)  sin6 

.  arc  lan~ 


V 


■(tanga  —  )) 


sin6  "I 

^i(lang«-,)J 


OÙ  l'angle  0  détermine  la  direction  de  la  vitesse  de  décollement  et  varie,  par 
conséquent,  de  —  -  à  +  ->  et  que 

tangoc  =  \/^)t 


îl  =  s/<Jb-h-2   =2,06, 


— -  =  I  +  2  V  V  T  —  2  arc  tang  yy/o  —  2, 


Quelques  valeurs  numériques  des  coordonnées  sont  données  dans   le- 
Tableau  ci-dessous  :  _ 

T.x  -y 

90 o  I ,  (^[^o 

80 (),ooo3  «  ,439 

70 0,007  1,438 

Oo 0.024  1,429 

Tto 0,059  ''409 

4 ),i2o  1,334 

3o 0,210  1 ,  206 

20 0,329  ^ ,  9^2 

ii> 0,436  0,540 

o o,458 

On  peut  aussi  obtenir  le  mouvement  envisagé,  en  considérant  d'abord  le 
mouvement  comme  permanent  et  entretenu  par  une  couche  de  sources 
d'égale  intensité  disposées  sur  la  cour])e  S,  et  en  admettant  ensuite,  qu'à 
un  moment  donné,  ces  sources  tarissent  simultanément. 

Il  serait  intéressant  de  comparer  expérimentalement  si  les  mouvements 
lluides  engendrés  des  deux  manières  indiquées  plus  haut  se  transforment 
ensuite  elîectivcment  dans  les  fluides  réels  d'une  façon  plus  ou  moins  sem- 
blable, ce  qui  confirmerait  (plus  ou  moins)  l'hypothèse  que  nous  avons  faite 
de  l'équivalence  des  deux  mouvements. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921,  SsS 


ASTRONOMIE.  —  Sur  In  réapparition  de  l'anneau  de  Saturne,  observée  le 
0.1  février  1921,  à  f  Observatoire  de  Strasbourg.  Note  de  MM.  A.DAxjoNet 
G.  KoiTGiER,  présentée  par  M.  Baillaud. 

La  réapparition  de  l'anneau  de  Saturne  a  pu  être  suivie  à  l'Observatoire 
de  Strasbourg  dans  de  bonnes  conditions  atmosphériques.  Le  grand  équa- 
torial  étant  en  partie  démonté,  pour  la  durée  des  travaux  que  nécessite 
l'état  de  la  coupole,  les  observations  ont  été  effectuées  au  petit  équatorial 
de  Reinfelder,  de  iG""  d'ouverture. 

Du  1 1  au  21  février  inclus,  aucune  trace  de  l'anneau  n'a  été  vue  en  dehors 
du  disque.  Sur  le  disque  lui-même,  l'ombre  de  l'anneau  était  bien  visible, 
sous  l'aspect  d'une  ligne  noire  de  o",2  d'épaisseur  environ  se  projetant  sur 
l'équateur  de  la  planète.  C'est  le  22  février  que  les  anses  de  l'annean  sont 
redevenues  perceptibles;  les  noies  suivantes  résument  les  aspects  observés. 

19.  février  :  ^  (temps  moven  aslionomique  de  Greenwich).  —  L'anneau,  coiii|)lète- 
inent  invisible  la  veille,  se  distingue  à  la  condition  d'employer  un  faible  grossisse- 
ment, sous  l'aspect  d'une  ligne  très  étroite  et  d'éclat  non  uniforme.  On  aperçoit  en 
effet  quatre  conilensations  plus  brillantes,  symétriques  deux  à  deux  par  rapport  au 
centre  du  disque.  La  présence  de  Rhea  et  Dione  dans  le  voisinage  de  ces  condensa- 
lions  gêne  les  mesures  micrométriques,  mais  permet  des  comparaisons  :  les  condensa- 
tions sont  sensiblement  moins  brillantes  que  Dione  et  n'ont  pas  le  même  aspect 
stellaire;  elles  sont  au  contraire  allongées  (2  secondes  environ)  et  leur  pointé  est 
plus  incertain. 

i3''.  —  L'anneau  devient  de  plus  en  plus  visible;  les  condensations  sont  main- 
tenant tout  à  fait  évidentes,  et  rien  ne  gène  plus  leur  observation  :  Dione  est  éclipsé 
et  Rhea  se  projette  sur  le  disque  (entrée  à  I2'"4S'").  Les  mesures  montrent  îa 
symétrie  des  condensations,  mais  celles-ci  sont  plus  brillantes  du  coté  est. 

23  février.  — •  L'anneau  est  maintenant  facile  à  voir  avec  le  plus  fort  grossissement 
(5oo  fois).  Les  condensations  occupent  le  même  emplacement,  et  leur  éclat  a  peut- 
être  encore  augmenté. 

24  février.  —  L'anneau  est  devenu  assez  lumineux  pour  rester  bien  visible  sur  le 
champ  élairé,  ce  qui  n'avait  pas  lieu  le  28.  Son  éclat  est  devenu  plus  uniforme;  une 
seule  condensation  est  facilement  visible,  c'est  la  condensation  intérieure  est.  Elle 
fournit  le^  mêmes  pointés  que  les  jours  précédents.  Les  autres  ne  sont  pas  mesurables, 
elles  se  devinent  à  peine. 

20  février.  —  L'éclat  de  l'anneau  a  encore  agmenté,  mais  les  condensations  sont  de 
nouveau  toutes  visibles. 

Les  mesures  d'angle  de  position  de  l'anneau  ont  fourni  des  résultats  très 
concordants  et  identiques  pour  les  deux  observateurs.  Nous  avons  ainsi 
trouvé  85"  i4'.  Le  Nautical  Alrnanach  donne  85°2o',9  pour  le  22.  La  diffé- 


524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rence    est    supérieure    aux   plus    grands  écarts   entre   les  pointés   et  leur 
moyenne. 

Les  dislances  du  milieu  des  condensations  au  centre  du  disque,  réduites 
à  la  distance  moyenne  de  Saturne  au  Soleil,  sont  données  ci-dessous  : 

I  ibscrvateur. 
D.  li. 

Gondensalions  extérieures i8",'>  'S", 4 

)i  intéiieures iS'.G  i4  ,'> 

11  est  intéressant  de  rapprocher  ces  résultats  des  rayons  extérieurs  et 
intérieurs  des  diverses  parties  de  l'anneau,  mesurés  par  Barnard  : 

Anneau  A 2u,o.j  17,  "'2 

Anneau  B '6,99  12,82 

Anneau  de  crêpe 12,82  10, 25 

Nos  mesures  placent  les  condensations  vers  le  milieu  de  l'anneau  A  et  vers 
le  bord  intérieur  de  l'anneau  B.  Les  condensations  observées  par  Barnard 
en  1907  se  trouvaient  au  contraire  à  la  partie  extérieure  de  l'anneau  B  et 
sar  l'anneau  de  crêpe.  Mais  alors  le  Soleil  et  la  Terre  étaient  de  part  et 
d'autre  du  plan  des  anneaux.  Dans  le  cas  présent,  c'est  la  face  éclairée  qui 
s'offre  à  nous. 

De  nombreuses  mesures  des  diamètres  de  la  planète  ont  été  effectuées. 
L'assombrissement  1res  marqué  du  disque  vers  les  p(Mes  rend  la  mesure  du 
diamètre  polaire  moins  sûre  que  celle  du  diamètre  équatorial.  Il  est  à 
craindre  qu'une  erreur  systématique  n'entache  les  valeurs  de  l'aplatissement 
obtenues  avec  de  petits  instruments,  la  planète  étant  en  réalité  moins 
ajilatie  qu'elle  ne  le  paraît.  Quoi  qu'il  en  soit,   voici  les  résultats  obtenus  : 

Diamètre  équatorial 17  ,65 

Diamèlre  polaire ir)",75 

Anialisseinent .         — -7 

(Observateur  :  A.  Danjon.) 

La  zone  équatoriale  t^st  la  région  la  plus  claire  du  disque.  La  bande  tro- 
picale nord  e^t  diffusi-,  peu  marquée.  La  bande  tropicale  sud  est  bien  accu- 
sée, laige,  mais  neitemcril  délimitée  et  plus  sombre  sur  ses  bords.  Les  deux 
bai'di's  n'ont  pas,  à  b  Mucoup  près,  la  même  latitude,  ce  qui  ressort  des 
n)'"<ures  suivantes,  ii'iluites  éj^alenuMil  à  la  distance  moyenne  : 

Distance  de  la  bamle  Non!  à  l'équaleur i",46 

Dislancf  di-  la  hanile  Sud  à  rê(]ualeur 2", 69 


SÉANCE  DU  28  rKVlUEU  1921,  525 

PHYSIQUE.  —  Données  c.vpéiimcn taies  et  balance poui-  le  dosage  des  rayons  X 
en  radiographie  et  radiothérapie.  Note  de  MM.  F.  Miramond  de  L.\ro- 
QUETTE  et  Stanislas  I^Iili.ot,  présenlée  par  M.  Lavcran. 

La  quanlilomélrie  des  rayons  V  et  la  détermination  des  temps  de  pose 
nécessaires  pour  obtenir  des  résultats  constants  et  précis  en  radiographie  et 
radiothérapie  sont  des  problèmes  complexes  el  non  entièrement  résolus. 
Chaque  opérateur  a  un  peu  sa  technique  propre,  étabHe  d'après  son  expé- 
rience et  son  api)areillage,  et  b(>aucoup  d'aléas  existent  encore,  surtout 
pour  les  débutants. 

Des  points  importants  cependant  sont  acquis  et  les  nouveaux  appareils  et 
tubes  radiologiques  permettent  de  poursuivre  dans  de  bonnes  conditions 
Tétude  entreprise  notamment  en  France  par  Bergonié,  Belot,  Guilleminot, 
Pilon,  Mazérès,  Zimiiiern,  Contremoulins  en  vue  d'établir  des  lois  ou  du 
moins  des  directives  applicables  dans  tous  les  cas. 

Les  données  anciennes  que  nous  retenons  et  les  données  nouvelles  que 
nous  avons  établies  sont  vérifiées  par  : 

1°  De  très  nombreux  clichés  radiographiques  impressionnés  dans  des 
conditions  exactement  déterminées; 

2°  Des  séries  d'échelles  de  teintes  obtenues  sur  de  même  plaques,  en  des 
temps  de  pose  régulièrement  croissants  et  la  réalisation  de  teintes  identiques 
avec  des  temps  de  pose  calculés  d'avance  ; 

3"  Des  expériences  biologiques  sur  nous-mêmes  et  sur  le  cobaye; 

4°  Un  millier  d'observations  d'indigènes  algériens  atteints  de  favus  et  qui 
ont  été  guéris  par  la  radiothérapie  avec  divers  appareillages; 

5°  Des  expériences  de  contrôle  avec  des  pastilles  radiométriques. 

\ous  avons  été  assistés  dans  ces  travaux  par  MM.  Lescuyer  el  Trucy. 

L'action  chimique  (sur  la  plaque)  et  l'action  biologique  (sur  les  tissus) 
du  rayonnement  de  l'ampoule  sont  sensiblement  parallèles,  après  élimina- 
tion faite  des  rayons  lumineux,  des  rayons  secondaires  et  des  rayons  X 
ultra-mous  tous  très  chimiques  mais  non  pénétrants  et  qu'arrêtent  l'enve- 
loppe du  cliché. 

La  quantité  de  rayons  X  nécessaire  pour  obtenir  sur  la  plaque  sous  enve- 
loppe noire,  mais  sans  interposition  de  tissus,  une  bonne  impression  moyenne 
correspond  à  un  peu  moins  de  -^  de  H  (unité  Holzknecht).  c'est-à- 
dire  ^  de  la  dose  d'érythème. 

L'effet  chimique  ou  biologique  est  proportionnel  à  la  durée  du  temps  de 


526  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pose,  et  inversement  proportionnel  au  carré  de  la  dislance  de  l' anticathode. 
Il  est,  dans  certaines  limites,  à  peu  près  proportionnel  à  Vintcnsité  en  miUis 
du  courant  qui  traverse  le  tube. 

L'effet  (E)  dépend  aussi  de  la  tension  et  se  trouve  en  rapport  avec  la  lon- 
gueur d'étincelle  équivalente  et  le  degré  sclérométrique  du  rayonnement, 
mais  dans  des  limites  plus  étroites  et  des  conditions  plus  difficiles  à  préciser 
pour  une  loi  générale.  Nous  n'avons  pas  trouvé  vérifiées  les  équations  qui 
lient  en  rapport  proportionnel  E  avec  Y-  (voltage)  et  L-  (longueur  d'étin- 
celle). 

Les  essais  avec  divers  tubes  et  appareils  nous  ont  montré  qu'il  vaut  mieux 
retenir  pour  le  calcul  l'élément  degré  1]  et  que  celui-ci  doit  être  mesuré 
directement  avec  un  radiochromomètre,  et  non  d'après  la  longueur  d'étin- 
celle, les  variations  de  l'une  et  de  l'autre  n'étant  pas  toujours  concordantes. 

Quand  le  rayonnement  augmente  d'une  unité  de  degré  B,  l'effet  produit 
en  surface  comme  en  profondeur  augmente  en  moyenne  d'environ 
33  pour  loo  entre  4  et  7  B  du  moins,  limites  dont  il  ne  nous  parait  pas 
actuellement  utile  de  s'écarter. 

L'absorption  des  rayons  X  par  les  tissus  est  à  peu  près  la  même  pour  les 
divers  tissus  mous,  la  peau,  la  graisse,  le  muscle.  Nous  avons  particulière- 
ment mesuré  l'absorption  par  le  lard,  tissu  homogène  et  très  commode  pour 
expérimenter  sur  des  épaisseurs  bien  déterminées.  Le  premier  centimètre 
retient  environ  5o  pour  100  du  rayonnement,  le  deuxième  '[o  pour  100,  le 
troisième  et  les  suivants  3o  pour  100  de  ce  qui  reste  à  leur  niveau,  abstrac- 
tion faite  du  tissu  osseux.  On  a  ainsi  à  partir  du  troisième  centimètre,  quel 
que  soit  le  degré  B  (entre  '1  et  7),  un  coefficient  logarithmique  d'absorp- 
tion sensiblement  constant;  le  calcul  dépendant  alors  d'une  exponentielle 
analogue  à  celle  qui  intervient  pour  l'absorption  d'une  radiation  lumineuse, 
1  effet  diminue  et  le  temps  de  pose  ou  l'intensité  doivent  croître  très  rapide- 
ment avec  l'épaisseur  des  tissus  à  traverser. 

Le  coefficient  d'absorption  de  l'aluminium  est  environ  dix  fois  plus  fort 
que  celui  des  tissus  :  1"""  d'aluminium  équivaut  pratiquement  à  i"""  de  tissu 
mou.  La  filtralion  par  l'aluminium  courante  en  radiothérapie,  et  qui  est 
utile  aussi  en  radiographie  avec  les  fortes  épaisseurs,  met  pour  ainsi  dire 
la  peau  à  i*"",  2''"  ou  3'="'  de  profondeur,  suivant  que  le  filtre  d'aluminium 
a  i""",  2"""  ou  3'"'"  d'épaisseur;  on  peut  donc  pratiquement,  pour  le  calcul 
du  temps  de  pose,  additionner  les  millimètres  de  filtre  avec  les  centimètres 
de  tissus  à  traverser.  Il  résulte  d'autre  part  de  nos  calculs  qu'il  y  a  théori- 
quement peu  ou  pas  d'iulérét  à  filtrer  avec  plus  de  3"""'  d'aluminium. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  527 

Sur  ces  données,  que  nous  avons  le  plus  possible  simplifiées  en  vue  de 
leur  application  pratique,  nous  avons  établi  pour  les  divers  éléments 
qui  interviennent  dans  les  calculs  des  échelles  graphiques  que  nous  avons  dis- 
posées sur  unpluteau  oscillant  autour  d'un  axe  borizontal.  Pour  l'opération, 
des  poids  égaux  sont  mis  sur  les  échelles  à  hauteur  des  graduations  corres- 
pondant aux  données  du  problème  à  résoudre,  et  un  poids  semblable  est 
déplacé  sur  Téchelle  de  l'inconnue  jusqu'à  ce  que  soit  rétabli  l'équilibre. 
Les  diverses  formules  étant  calculables  par  logarithmes  peuvent  en  effet, 
grâce  à  l'intervention  d'un  poids  arbitraire,  être  transformées  en  équations 
d'équilibre. 

On  peut  ainsi  en  un  instant  déterminer  le  temps  de  pose  nécessaire  pour 
chaque  cas  de  radiographie  ou  de  radiothérapie  superficielle  ou  profonde, 
faire  toutes  combinaisons  en  variant  rinlensité  et  la  tension  du  courant,  la 
distance  de  l'ampoule,  l'épaisseur  du  filtre,  l'intervention  ou  non  d'un  écran 
renforçateur  et  connaître  exprimées  en  unité  H,  la  quantité  incidente  du 
rayonnement  et  celle  qui  est  absorbée  et  par  conséquent  agit  à  tel  ou  tel 
niveau  dans  les  tissus. 

D'autres  déductions  théoriques  et  'pratiques  peuvent  encore  être  obte- 
nues avec  cette  balance  qui  permettra  dans  les  travaux  de  laboratoire  et 
pour  les  traitements  une  plus  grande  précision  et  des  résultats  plus  cons- 
tants. 

Nos  échelles  ont  pour  base  principale  la  dose  de  5H  obtenue  en 
10  minutes  sans  filtre,  à  iS*^"' avec  ("""'etGB. 

Une  échelle  de  correction  permet  de  tenir  compte  éventuellement  de  cer- 
tains facteurs  de  variation,  particulièrement  de  l'appareillage  et  du  tube 
dont  il  convient  de  contrôler  une  première  fois  le  débit  avec  des  pastilles 
radiométriques,  ou  le  fluoromètre  de  Guilleminot,  ou  par  notre  procédé  des 
échelles  de  teintes  radiographiques. 

La  vérification  faite  et,  s'il  y  a  lieu,  le  coefficient  de  correction  obtenu, 
les  données  de  la  balance  répondent  exactement  aux  divers  desiderata  de  la 
technique  radiologique. 

EL EGTRO- OPTIQUE.  —  Sur  les  spec,tres  corpusculaires  des  éléments. 
Note  de  M.  M.  de  Brogi.ie,  transmise  par  M.  Bouty. 

J'ai  indiqué,  dans  une  Note  précédente  ('  ),  que  les  principaux  traits  des 
spectres  de  rayons  X  des  éléments  se  retrouvaient  dans  le  spectre  magné- 

(')  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  27^. 


528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tique  de  vitesse  des  électrons,  émis  par  ces  éléments,  quand  on  les  éclaire 
par  le  faisceau  de  rayons  X  d'un  tube  usuel..  Voici  quelques  détails  et 
quelques  résultats  relatifs  à  ces  recherches. 

Les  corps,  devant  servir  de  radiateurs,  sont  placés  sur  une  petite  pla- 
quette d'ébonitc  ou  d'aluminium,  portant  une  rainure  fine  qui  sert  de 
source  (o""",  5  de  largeur),  on  peut  employer  des  composés,  sels,  oxydes, 
sulfures,  etc.,  tassés  en  couche  mince  dans  cette  rainure,  et  obtenir  le 
spectre  corpusculaire  magnétique  des  atomes  présents;  comme  je  l'ai 
indiqué  dans  ma  Note  précédente,  le  dispositif  général  est  analogue  à  celui 
qui  a  été  employé  par  Robinson  et  Rawdinson  et  les  trajectoires,  circulaires 
des  électrons  dans  un  champ  magnétique  viennent  former  nu  spectre  sur 
une  plaque  photographique. 

Les  auteurs,  qui  ont  attaqué  cette  question,  paraissent  avoir  été  arrêtés 
parla  longueur  des  temps  de  pose;  en  utilisant  bien  le  faisceau  d'un  tube 
Coolidge  ordinaire,  j'ai  pu  obtenir  de  bons  clichés  avec  seulement  une 
heure  de  pose. 

Les  spectres  de  vitesses  présentent  une  disposition  semblable  pour  tous 
les  éléments  que  j'ai  étudiés  jusqu'à  présent.  Ceux-ci  s'étendent  depuis  le 
zinc  (nombre  atomique  3o,  longueur  d'onde  de  i, 5  Angstrom)  jusqu'aux 
terres  rares  (nombre  atomique  de  l'ordre  de  6o,  longueur  d'onde  de  l'ordre 
de  o,3  Angstrom). 

On  sait  qu'un  corps  éclairé  par  un  faisceau  de  rayons  X  émet  un  rayon- 
nement de  fluorescence;  s'il  s'agit  du  spectre  K,  ce  rayonnement  comprend 
un  doublet  a  assez  fort,  puis  une  ligne  [i  plus  faible  et  enfin  une  ligne  encore 
plus  faible,  qui  coïncide  sensiblement  avec  la  rlisconlinuité  d'absorption  de 
la  série  K. 

Ces  effets  se  produisent  au  sein  du  radiateur  éclairé  et  sont  accompagnés 
par  l'émission  des  corpuscules  qui  font  l'objet  de  celte  étude. 

Les  spectres  magnétiques  de  vitesses,  en  les  parcourant  dans  le  sens  des 
vitesses  croissantes,  montrent  les  traits  généraux  suivants  :  on  retrouve  une 
raie  large  correspondant  au  doublet  a,  une  raie  [3  un  peu  plus  faible  (mais 
cependant  avec  un  rapport  d'intensité  plus  voisin  de  l'unité  que  pour  les 
rayons  X)  et  une  bande  d'émission,  dont  le  début,  un  peu  renforcé,  contient 
peut-être  aussi  une  raie.  La  bande  d'émission  se  continue  par  une  forte 
émission  sélective,  qui  s'étend  sur  un  domaine  spectral  assez  important; 
cette  bande  paraît  coupée  du  côté  des  grandes  vitesses  par  deux  et  peut-être 
trois  diminutions  brus({ues  d'intensité;  enfin  le  spectre  se  termine  par  une 
limite  supérieure  de  vitesse  assez  bien  tranchée,  comme  le  spectre  de 
rayons  X  vers  les  hautes  fréquences  dans  les  mêmes  conditions. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I921.  029 

L'inlei'prclalion  des  coupes  successives  de  la  bande  d'émission  n'est  pas 
encore  claire;  ce  phénomène,  qui  a  été  trouvé  correspondre  à  une  valeur 
constante  de  la  vitesse,  pour  des  champs  magnétiques  variés,  change  avec 
le  radiateur  et  suit  le  spectre  de  ce  dernier;  cela  exclut  une  action  venant 
de  l'émulsion  photographique.  On  serait  tenté  de  conclure  à  une  absorption 
sélective  des  électrons  par  la  matière. 

Des  mesures  sont  en  train,  au  point  de  vuedela  com[)araison  des  énergies 
électroniques  correspondant  à  l'émission  corpusculaire,  et  des  quanta  des 
raies  spectrales  des  rayons  X. 

.\  quelques  unités  pour  100  près,  la  relation 

se  trouve  vérifiée,  aussi  bien  pour  ces  raies  que  pour  la  limite  supérieure  du 
spectre  continu;  mais  la  question  se  pose  précisément  de  savoir  si  l'on  doit, 
ou  non,  retrancher  de  l'énergie  initiale  des  électrons  un  travail  de  sortie.  Si 
les  électrons  libérés  sont  des  électrons  L,  ce  travail  (s'il  est  intra-atomique) 
sera  celui  qui  correspondra  aux  anneaux  L  et  la  correction  soustractive  à 
apporter  au  quantum  des  raies  K  sera  de  l'ordre  de  10  pour  100. 

Il  parait  bien,  dans  les  mesures  que  j'ai  effectuées  jusqu'à  présent,  qu'une 
correction  soustractive  de  cet  ordre  de  grandeur  doive  être  apportée  au 
quantum  des  raies  pour  retrouver  l'énergie  cinétique  des  électrons,  par 
exemple,  on  trouve,  pour  la  valeur  du  produit  RH  (rayon  multiplié  par  le 
champ  magnétique)  des  raies  de  l'argent,  les  nombres  4^-  et  5oo,  tandis 
que  les  chiflVes  déduits  du  quantum  des  raies  K  seraient  5.io  et  54o. 

D'autre  part,  la  présence  du  début  d'une  bande  au  voisinage  de  l'endroit 
qui  correspond  au  quantum  de  la  discontinuité  d'absorption  des  rayons  X, 
paraît  indiquer  qu'il  n'y  a  pas,  pour  les  électrons  formant  celte  bande,  de 
correction  soustractive  à  effectuer;  si  ces  électrons  sont  des  électrons  K  et 
qu'il  y  ait  à  soustraire  l'énergie  de  l'anneau  K,  leurs  vitesses  devraient 
débuter  par  une  valeur  nulle. 

Nos  connaissances  sur  le  mécanisme  de  l'éjection  des  corpuscules  sont 
encore  trop  rudimentaires  pour  rendre  compte  de  tout  cela;  l'étude  des 
spectres  corpusculaires  va  probablement  permettre  de  débrouiller  un  peu 
plus  les  phénomènes  si  curieux  des  relations  mutuelles  entre  les  radiations 
corpusculaires  et  périodiques. 


C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  \T2,  N«  9.) 


40 


53o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


OPTIQUE  APPLlQUKli:.  —   Triplel  (icliiomalique  à  grand  cluimp. 
Note  de  M.  Pariseli.e,  présentée  par  M.  Maurice  Leblanc. 

Dans  un  cerlain  nombre  de  lonlilles  (viseurs,  lunelles  de  poinlage  de  la 
marine,  lunettes  de  spectroscope,  etc.)  on  est  conduit,  dans  le  but  d'augmen- 
ter le  champ,  à  adjoindre  aux  oculaires  composés  usuels,  un  verre  supplé- 
mentaire. Dans  ces  oculaires  triples,  on  corrige  généralement  les  aberra- 
tions en  achromatisant  le  verre  de  l'œil. 

Le  but  de  cetle  Note  est  do  montrer  comment  il  faut  choisir  les  dilTé- 
rentes  lentilles  pour  obtenir,  toutes  choses  égales  d'aillours,  un  champ 
maximum  et  pour  avoir  une  bonne  correction  des  aberrations  par  l'emploi 
de  verres  simples. 

Formule  générale  donnant  le  champ  apparent  d' un  oculaire.  —  Il  est  bien 
évident  que  le  champ  de  plein  cclairement,  le  seul  généralement  utilisé 
dans  les  instruments,  dépend  des  dimensions  et  de  la  position  de  l'objectif. 
Dans  le  but  de  simplifier  les  calculs,  je  me  bornerai  à  étudier  le  cas  où 
l'objectif  étant  suffisamment  éloigné  de  l'oculaire,  ou  ayant  un  diamètre 
assez  faible  (ce  cas  est  sensiblement  réalisé  dans  les  lunettes  astronomiques 
et  dans  les  microscopes),  le  champ  de  plein  éclairement  et  le  champ  total 
sont  sensiblement  égaux  et  indépendants  de  l'objectif. 

Soit  donc  un  oculaire  formé  de  trois  lentilles  convergentes  L,,  L.,,  L.,  de 
diamètres  utiles  d,,  d.,,  d,  et  de  distances  focales  ft,  fi,  fi  associé  à  un 
objectif  de  grande  distance  focale  F  ou  de  faible  diamètre.  L'anneau  ocu- 
laire étant  très  petit,  le  faisceau  qui  traverse  l'oculaire  est  très  étroit  et  peut 
par  suite  être  réduit  au  rayon  moyen. 

Dans  ces  conditions,  le  champ  moyen  a  de  l'instrument  sera  donné  par 
la  formule 

a       f/, 
laiig-  =  -^. 

Le  champ  apparent  [i  de  l'oculaire  aura  pour  valeur 

P       ,.  «       d, 

langÇ  =  t..  lang-  — -i, 

/"désignant  la  distance  focale  de  l'oculaiio. 

Or  l'objectif  étant  supposé  assez  loin  de  la  lentille  du  champ  L,,  les  rayons 
moyens  des  faisceaux  considérés  vont,  après  réfraction  sur  L,,  converger 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  53 1 

vers  son  foyer  image  et,  finalement,  ils  sortent  de  L.,,  en  passant  [)ar  le  point 
oculaire  confondu  avec  le  foyer  image  du  triplet. 

La  considération  des  triangles  semblables  conduit  immédiatement  à  la 
formule 

&         <l^  (/,  d.  d^ 

°2         •!/       ■.',/,        if.        if, 

Génénilisation.  —  La  formule  (i),  établie  dans  le  cas  particulier  d'un 
oculaire  à  trois  verres,  peut  se  généraliser  pour  un  oculaire  quelconque.  On 
a  toujours,  dans  l'hypothèse  d'un  anneau  oculaire  de  petit  diamètre  pour  le 
champ  apparent 

pour  le  champ  vrai 

'"'^8  2  =  g1-/' 

d  étant  le  diamètre  utile  d'une  lentille  composante  de  distance  focale/, 
/est  positif  ou  négatif  selon  que  la  lentille  est  convergente  ou  divergente; 
quant  à  </,  il  sera  affecté  du  signe  -t-  si  le  rayon  lumineux  limite  rencontre 
la  lentille  du  même  côté  de  l'axe  que  la  lentille  de  champ,  du  signe  —  dans 
le  cas  contraire  :  ainsi,  dans  le  cas  d'un  oculaire  terrestre,  le  premier  terme 
correspondant  à  la  lentille  de  champ  sera  positif  et  les  trois  autres  négatifs. 

La  valeur  négative  trouvée  pour  -  indique  que  l'image  est  droite. 

Conclusion  tirée  de  la  formule  précédente.  — -  Si  l'on  veut,  par  l'emploi 
d'un  triplet  convergent,  donner  à  la  lunette  le  champ  maximum  compatible 
avec  les  aberrations,  il  faut  évidemment  que  les  diverses  lentiUes  tra- 
vaillent avec  la  même  ouverture,  cette  ouverture  ayant  pour  valeur  le 
maximum  admis. 

On  aura  donc,  entre  les  éléments  des  trois  lentilles,  les  deux  relations 

suivantes  : 

di  d^ f/3 

.77  "/""./;' 

qui  deviennent,  après  introduction  des  distances  a  el  b  des  verres, 

(2)  A^-f,-o 

et 

(3)  f,:=f,-lb. 


532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.. 

Ri'mdicjiK'  imporidjile.  —  Si  les  éléments  de  l'oculaire  vérifient  les  rela- 
tions (2)  et  (3),  le  champ  de  rinslrumonl  a  sa  valeur  maximum;  il  est  facile 
de  démontrer  que,  dans  ces  conditions,  ta  dèvidlion  totale  des  rayons 
lumineux  est  également  partagée  entre  les  trois  lentilles,  cest-à-dire  que  l'on 
se  trouve  dans  le  cas  où  les  aberrations  de  sphéricité  sont  minima.  Les 
déviations  correspondant  aux  diverses  lentilles  sont,  en  effet,  respectivement 

.       ,        .     ^/,       d.       ,   d, 
égales  a  —,  —r  et  — • 

'Il     2/,        2y.| 

Correction  des  aberrations  chroinaticjues.  —  Cherchons  maintenant  à 
quelle  condition  les  trois  lentilles,  supposées  simples  et  de  même  nature, 
forment  un  ensemble  possédant  l'achromatisme  apparent. 

Il  suffit  pour  cela  d'écrire  que  la  distance  focale  du  triplct  donnée  pnr  la 
relation 
,  I         I  1  I  a  b  a  +  l>  ah 


f"f^        J\        f.        f^f■l        }\J\  f.f^         f^M, 

est  indépendante  de  la  couleur.  On  obtient  immédiatement  l'équation 

(5)  (,A-+-/3)  (2«  -/,  )  +  2  bf,^b{3a  ~  2/,)  +/,/,. 

En  résumé,  un  triplet  dont  les  éléments  vérifient  les  relations  (2),  ('5)  et 
(5)  possède,  dans  les  hypothèses  faites,  un  champ  apparent  maximum  et  est 
achromatisé  en  grandeur;  de  plus,  il  présente,  toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
des  aberrations  sphériques  minima. 

Si  l'on  se  fixe  la  convergence  du  Iriplel  [relation  (4)]-  on  ''  donc  entre  les 
cinq  quantités  /,,/■,,  fj,  a,  h  quatre  relations;  il"resle  encore  une  indé- 
terminée. 

Quant  aux  rayons  de  courbure  des  différentes  lentilles,  on  sera  guidé 
dans  leur  détermination  par  la  condition  d'orthoscopie  ainsi  (jue  par  la 
simplicité  des  formes. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  l'iode  à  froid  sur  différents  métaux.  Procède 
pour  déceler  la  présence  du  chlore  dans  V atmosphère.  iNole  de  M.  Camille 
Matignon,  présentée  par  M.  H.  Le  Ghatelier. 

Les  recherches  suivantes  ont  été  effectuées,  pendant  la  guerre,  dans  le 
but  de  chercher  à  établir  un  appareil  avertisseur  susceptible  de  signaler  la 
présence  du  chlore  dans  l'atmosphère. 

Une  feuille  d'argent  battue,  sur  laquelle  on  dépose  un  petit  cristal  d'iode, 


SÉANCE    DU    28    lliVRIEU    I921.  533 

se  transfoniu'  progressivement  en  une  fouille  jaune  criodiire  d'argent  sans 
éclat  métallii]uc',  exlrèmemenl  friable,  qui  tombe  en  poussière  sous  Tin- 
lluence  des  moindres  actions  mécaniques.  Pendant  l'ioduration,  le  cristal 
est  entouré  d'un  cercle  jaune  dont  le  rayon  augmente  de  plus  en  plus 
lentement.  Voici,  par  exemple,  les  distances  de  la  circonférence  de  trans- 
formation au  polit  grain  d'iode  à  différents  moments  : 

li        III  II        m  III III 

1.01) Début  3.   7 3,25 

33 0,7.5  i3 3,5o 

4o 1,25  20 4>"o 

44 1,70  3(1 4  )  5o 

46 2  45 5,112 

5.J 2,5  54 5 ,  5o 

La  vitesse  initiale,  évidemment  la  plus  rapide,  est  supérieure  ào^^^rS 
par  minute;  on  en  déduit,  en  admettant  la  même  vitesse  de  propagation 
dans  l'épaisseur  de  la  lame,  qu'une  feuille  de  3^  d'épaisseur  (')  exigeait  un 
temps  d'action  de  l'ordre  de  la  seconde  pour  être  iodurée  dans  toute  sa 
profondeur  au  point  de  contact  du  cristal  d'iode. 

Les  feuilles  battues  de  laiton  et  de  cuivre  s'iodurent  également  dans  les 
mêmes  condilions  en  formant,  dans  le  premier  cas,  un  mélange  d'iodure 
cuivreux  et  d'un  peu  d'iodure  de  zinc,  dans  le  deuxième,  seulement  l'iodure 
cuivreux  non  hygrométrique.  La  vitesse  de  propagation  do  l'ioduration 
avec  la  feuille  de  laiton  est  comparable  à  celle  de  la  feuille  d'argent. 

Les  feuilles  d'aluminium  se  trouent  aux  points  de  contact,  mais  l'iodura- 
ration  se  propage  lentement;  les  feuilles  d'élain  jaunissent,  l'action  est 
lente;  les  feuilles  de  zinc  donnent  rapidement  des  gouttelettes  liquides 
autour  de  l'iode,  parce  qu'il  se  forme  de  l'iodure  de  zinc  extrêmement  déli- 
quescent. Le  même  phénomène  se  produit  avec  des  lames  de  cadmium,  de 
magnésium,  de  calcium. 

De  l'ensemble  de  tous  ces  essais,  il  résulte  que  la  feuille  battue  d'argent 
est  une  de  colles  qui  s'iodure  le  plus  rapidement,  tout  en  présentant  l'avan- 
tage d'être  inaltérable  à  l'air  sec  ou  humide. 

.l'ai  cherché  à  utiliser  cette  action  pour  caractériser  la  présence  du  chlore 
en  un  point  donne  d'une  atmosphère  et  constituer  un  appareil  avertisseur. 

Découpons  dans  une  feuille  d'argent  une  bande  de  i'^"'  de  largeur  par  exemple, 
disposons  sur  celte  bande   une   mince  couche  d'iodure  de  "potassium   humide  placée 

(')   C:;  sont  les  feuilles  les  plus  minées  qu'on  peul  obtenir  par  battage. 


534  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

transversaleiiienl  dans  loiile  la  largeur  de  la  bande  et  fermons  un  circuit  électrique 
avec  celte  feuille.  Lorsque  du  chlore  arrive  au  contact  de  l'iodure,  il  met  l'iode  en 
liberté  et  celui-ci  transforme  aussitôt  l'argent  voisin  en  ioiure  non  conducteur,  le 
courant  est  interrompu  et  le  déplacement  correspondant  de  Taiguille  d'un  ampère- 
mètre peut  provoquer  la  mise  en  marche  d'appareils  avertisseurs. 

Supposons  que  la  largeur  du  petit,  rectangle  ioduré  soit  de  3'"'",  i|u<'  la  feuille  ait 
une  épaisseur  de  3h-  et  une  largeur  de  !'■'",  il  suffira  de  Y^àe  cenlimètre  cube  de  chlore 
pour  mettre  en  liberté  l'iode  nécessaire  à  l'ioduration  complète  d'une  surface  corres- 
pondante de  la  lame  d'argent.  Autrement  dit,  il  faut  superposer  à  la  couche  d'iodure 
une  couche  minimum  de  3''>™,3  de  chlore  à  la  pression  normale  pour  réaliser  l'iodura- 
tion totale;  avec  de  l'air  contenant  j^  ''^  chlore,  il  faudrait  une  couche  de  cet  air 
chloi.uré  dépassant  33"^'".  Il  importe  que  la  couche  d'iodure  resle  humide  pour  établir 
un  bon  contact  avec  la  lame;  on  peut  obtenir  ce  résultat  en  incorporant  à  l'iodure 
une  petite  quantité  d'un  sel  hvgrométrique  ou  bien  d'une  solution  glycérinée. 

Les  iodures  de  plomb,  de  mercure,  se  comportent  comme  l'iodure  <le  potassium. 

On  conçoit  qu'en  introduisant  la  lame  précédente  dans  un  pont  de  Wheastone,  il 
soit  possible  de  déclencher  une  action  énergique  au  moment  de  la  rupture  du  courant 
par  ioduralion  de  la  feuille. 

En  opérant  avec  un  circuit  comprenant  une  grande  résistance,  un  élément  d'accu- 
mulateur et  un  ampèremètre,  on  a  constaté  qu'un  courant  de  chlore  arrivant  dans  le 
voisinage  de  la  lame  produisait  une  interruption  du  courant  après  quelques  secondes; 
des  vapeurs  de  brome  répandues  dans  les  mêmes  conditions  provoquent  la  rupture  du 
courant  après  23  secondes. 

Si  l'on  projette  de  l'iode  en  poudre  sur  la  feuille  d'argent,  le  courant  s'allaiblit 
progressivement,  il  n'y  a  pas  de  rupture  brusque,  il  faut  alors  plusieuis  minutes  pour 
ramener  l'ampèremètre  au  zéro. 

En  vue  de  donner  plus  de  sensibilité  à  rii|)pareil,  nous  avons  reniphicé 
les  feuilles  d'argent  par  une  très  mince  couche  d'argent  déposée  cliimique- 
nient  à  la  surface  d'une  lame  de  verre,  mais  nous  avons  constaté,  contrai- 
rement à  notre  prévision,  que  l'appareil  était  ralenti. 

•     On  })eut  doubler  l'intensité  d'action  en  plarant  un  enduit  ioduré  sur 
chacune  des  faces  de  la  lame. 

L'appareil,  toutefois,  perd  beaucoup  de  sa  sensibilité  quand  la  teneur  en 
clilore  devient  faible.  On  pourrait  sans  doute  l'améliorer  en  soumettant 
l'ajipareil  à  l'action  d'un  courant  d'air  permanent  et  en  étudiant  systémati- 
quement la  meilleure  disposition  de  l'enduit  ioduré. 


SÉANCE    DU    28    KÉVRllîK    I921.  535 

clIl.Mli;   MhXÉRALE.    —    Les  bismulhohroniucydnures ;    nouveaux   complexes. 
Note  de  M.  A.-Cii.  Vour\azos,  présentée  par  M.  Charles  Mourcii. 

\a\  cuinbiii  \isoii  de  Insmiith  avec  le  cyanogène  ne  paraît  pas  possible  à  la 
température  ordinaire  ;  les  composés  halogènes  de  ce  métal  peuvent  au  con- 
traire s'unir  avec  les  cyanures  métalliques  pour  donner  des  complexes,  que 
je  viens  de  découvrir.  Un  examen  sommaire  a  prouvé  que  les  halogénures 
bisinuthiques  se  comportent  tous  de  la  même  manière.  Les  composés  dérivés 
du  tribromure  de  bismuth  ont  été  tout  d'abord  étudiés  et  peuvent  servir 
d'exem[)le. 

La  formation  de  ces  nou\eaux  complexes  dépend  principalement  du 
degré  de  siccité  et  aussi  de  pureté  où  se  trouvent  les  matières  réagis- 
santes. On  opère  au  sein  du  xylol,  bien  purifié  et  déshydraté  par  le 
sodium  métallique. 

Le  bromure  de  bismuth  est  obtenu  en  faisant  passer  des  vapeurs  de 
brome  sur  du  bismuth  réduit  en  état  spongieux  et  exempt  d'arsenic  ;  il 
cristallise  en  prismes  d'un  jaune  de  soufre.  Très  peu  soluble  dans  le  xylol 
à  la  température  ordinaire,  il  se  dissout  totalement  lorsqu'on  le  traite  au 
bain-marie  avec  vingt  fois  son  poids  de  ce  dissolvant. 

Le  tribromure  bismuthique  combiné  avec  les  divers  cyanuics  forme  un 
gioupement  particulier  [Bi(BrCy)'|,  où  l'on  rencontre  pour  la  première 
fois  une  coordination  du  bismuth  et  du  cyanogène.  Cet  union  ternaire 
appartient  à  un  acide  complexe  H'BiBr'Cy',  dont  la  pression  osmotique 
serait  le  quadruple  de  celle  de  la  même  molécule  supposée  à  l'état  ncî 
dissocié. 

La  forte  action  hydrolytiqae  exercée  sur  le  bromure  de  bismuth  j)ro- 
voqae  la  décomposition  plus  ou  moins  rapide  de  la  molécule  complexe, 
aussitôt  que  celle-ci  se  trouve  en  contact  avec  l'eau;  les  cyanures  solubles 
n'attaquent  en  effet  ni  les  oxyhalogénurcs  de  bismuth  ni  l'oxyde  bismu- 
thique. Il  en  résulte  que  la  formation  des  com[)lexes  en  question  ne  peut 
pas  avoir  lieu  en  milieu  aqueux,  d'où  l'emploi  des  liquides  organiques,  |)armi  , 
lesquels  le  xylol  agit,  d'après  mes  recherches,  comme  un  catalyseur  |)ositif. 
L'emploi  de  ce  corps  m'a  déjà  permis  d'obtenir  les  cyanures  complexes  des 
composés  halogènes  de  l'antimoine  (' );  l'action  catalytique  du  xylol  a  été, 
du  reste,  essayée  par  moi,  avec  succès,  dans  un  grand  nombre  de  cas  ana- 

(')  A.-<".  \'ouR>'Azos,  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  i258. 


536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

loi;ues.  La  comliinaison  du  bromure  de  bismuth  avec  les  cyanures  se  fait 
directement  en  présence  de  xylol;  les  produits  obtenus  ne  donnent  |ilus  la 
réaction  du  bismuth,  qui  entre  dans  l'anion  complexe.  La  formule  générale 
des  bismuthobroinocyanures  des  métaux  monovalents  (M)  serait  alors 
[BiBr'Cy^]M'. 

Théorie  de  la  conslitulion  complexe.  —  L'étude  détaillée  d'un  j^rand 
nombre  des  cyanures  complexes  d'antimoine  et  de  bismuth,  que  j'ai  efFec- 
tnée  depuis  un  an,  a  prouvé  que  la  plupart  de  ces  coi])S,  d'ailleurs  bien 
caractérisés,  se  dédoublent  par  l'eau  en  leurs  molécules  constituantes.  Or, 
il  y  a  lieu  d'admettre  que  certaines  molécules,  comme  ici  les  cyanures,  sont 
attirées  par  certains  éléments,  dont  la  valence  maxima  n'a  pas  été  saturée. 
Cet  racèdent  latent  de  valence  est  réparti  sur  les  espèces  chimiques  qui 
forment  la  molécule  complexe.  L'attraction  ainsi  exercée  ne  dépend  nulle- 
ment des  propriétés  physiques  des  molécules  attirées,  mais  seulement  de 
leur  nature  chimique;  les  molécules  ne  sont  pas,  d'ailleurs,  toutes  suscep- 
tibles de  cette  attraction,  comme  les  métaux  ne  sont  pas  tous  magnétiques 
vis-à-vis  de  l'aimant. 

Pour  ex[)liquer  la  structure  complexe,  Werner  avait  attribué  l'aflinité 
moléculaire  à  des  valences  secondaires  développées  par  les  lignes  de  force 
que  produisent  les  électrons,  auxquels  correspondent  directement  les 
valences  principales.  Mais  cette  théorie  est  inadmissible;  les  molécules  non 
dissociées  ne  développent  nullement  des  lignes  de  force,  car  elles  ne  sont 
pas  pourvues  d'électrons;  et  ces  molécules  non  dissociées  peuvent,  comme 
je  l'ai  démontré,  former  des  com|)lexes.  ]'>lles  sont  alors  attirées  par  le 
métal  à  valence  latente  et  rangées  de  façon  à  former  un  anion  conij)lexe. 

C'est  ainsi  que  le  cobalt,  au  maximum  tétravalent  (dans  le  bisulfure),  et 
même  hexavalent  dans  la  smalline,  le  platine,  au  maximum  hexavalent 
(Pt  As-),  l'antimoine  et  le  bismulh,  au  maxinmm  pentavalent,  étant 
combinés  avec  une  valence  inférieure,  sont  encore  aptes  à  attirer  certaines 
molécules  intégrales  et  donner  des  complexes.  Dans  mon  cas,  le  bismuth 
trivalent  dispose  de  sa  double  valence  latente  pour  attirer  encore  trois 
molécules  d'un  cyanure  de  métal  monovalent,  avec  lesquelles  il  s'unit  en 
complexe.  Celte  attraction  qu'exerce  le  métal  à  valence  latente,  je  l'exprime 
par  le  sfgne  (  dans  les  formules  analytiques  des  complexes.  Ainsi  le 
bismuthobromocyanure  du  métal  nionovalent  M  serait  représenté  par  la 
formule  Hi  Dr' (■U:N.M. 

Les  principes  ci-dessus,  que  je  soutiens  ii  propos  de  la  conslitulion 
complexe,  m'ont  fait  prévoir  la  possibilité  de  l'existence  des  nouveaux 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  53; 

groupements  complexes,  dont  j'ai  en  effet  réalisé  la  préparation;  le  pro- 
cédé expérimental  est  le  même  et  peut  être  considéré  comme  général.  Voici 
d'ailleurs  quelques  bismuthobromocyanures  étudiés. 

liixniiilliohroniocynndre  pnlassiijue.  — •  Les  deux,  constiliianls  biomuie  de 
bismuth  et  cjauuie  potassique  doivent  èlre  séchés  complètement  dans  le  vide  sulfu- 
rique;on  pè=e  4i4775  de  BiBr'et  i,9535  de  KCN,  et  l'on  mélange  rapidement  les  deux 
produits  dans  un  morlier  de  porcelaine.  On  ajoute  du  xylol  par  gouttes  jusqu'à  ce 
qu'on  obtienne  une  masse  ayant  la  consistance  d'une  pommade  fine,  que  l'on  triture 
avec  soin,  afin  d'obtenir  un  mélange  intime;  on  continue  alors  à  ajouter 'jusqu'à 
100™'  de  xylol  pur  et  exempt  d'humidité;  on  porte  le  mélange  dans  un  ballon  en 
verre  à  long  col,  on  bouche  le  ballon  et  l'on  chaufTe  au  bain-marie  pendant  i5-20  heures 
en  agitant  de  temps  à  autre.  Le  mélange  initial,  couleur  jaune  de  soufre,  s'est  trans- 
formé en  un  corps  gris  blanc,  qui  fut  séparé  par  filtralion  et  séché  dans  le  vide. 

l>e  complexe  '"[Bi  Br^Cy']  K^  •  ■  •  est  décomposé  par  l'eau  froide;  il  est  soluble 
dans  l'acide  chlorhydrique  dilué,  mais  celte  dissolution  s'altère  rai)idenient.  Cliauli'é 
à  l'abri  de  l'air,  il  se  transforme  en  KBr  et  bismuth  métallique. 

Bistnuthobroniocvanure  d'argent  :  [BiBr^Cy'J Ag'.  —  Il  est  obtenu  par  l'action 
du  bromure  bismuthique  (3,582)  sur  le  cyanure  d'argent  (3,2i3)  suivant  le  procédé 
général,  exposé  plus  haut,  et  en  chauffant  pendant  6  heures  au  bain-marie.  Le  com- 
plexe formé  est  un  corps  amorphe,  couleur  jaune  orange,  insoluble  et  inaltérable 
dans  l'eau  et  l'alcool,  même  à  l'ébullilion  prolongée.  L'ammoniaque  et  le  cyanure 
potassique  le  décomposent  à  froid;  il  est  réduit  par  la  lumière  solaire  et  se  colore  en 
gris  noirâtre.  Chauffé  à  l'abri  de  l'air,  il  se  transforme  en  bromure  d'argent  et  bismuth 
métallique. 

Bismiithobromocyaiiure  de  ciiprosuin  :  BiBr' (3G  iNCu.  —  Ce  composé  est  préparé 
en  chauffant,  au  sein  du  xylol,  pendant  iS  heures,  un  mélange  de  5,373  de  bromure 
de  bismuth  avec  3,225  de  cyanure  cuivreux;  on  opère  d'après  la  méthode  générale. 
Le  mélange,  au  début  brun  clair,  se  transforme  en  une  poudre  amorphe  d'un  gris 
verdâtre,  insoluble  dans  le  xylol,  l'eau  froide  et  l'acide  tartrique;  le  produit  est 
attaqué  par  l'eau  en  ébuUition,  en  donnant  du  bromure  cuivreux,  de  l'hydrate  de 
bismuth  BiO(OH)  et  de  l'acide  cyanhydrique.  Traité  par  le  cyanure  de  potassium, 
il  se  décompose  en  Bi(OH)^  et  K''[Cu'Cy'].  Il  se  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique 
dilué  à  chaud,  mais  la  dissolution  incolore  verdit  avec  le  temps  par  la  formation  de 
CuCI-.  Chauflé  dans  un  tube  à  essai,  il  donne  du  bromure  de  bismutli,  du  charbon 
et  du  cuivre,  formant  un  miroir  rouge  métallique. 

Bismuthobromocyanure  de  mercure  :  2BiBr'(3  HgCy".  —  Il  est  obtenu  par  l'ac- 
tion du  bromure  de  bismuth  (4,478)  sur  lé  cyanure  de  mercure  (3,789),  suivant  la 
méthode  générale  et  en  chaudant  au  sein  du  xylol  pendant  1 5  heures.  Le  mélange  pri- 
mitif, couleur  jaune  de  soufre,  s'est  transformé  ainsi  en  une  poudre  blanche  cris- 
talline, qui,  examinée  au  microscope,  présente  de  longues  aiguilles  prismatiques. 


538  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Solubilité  drs  iiitranilincs  isomères  dans  le  mélaxylc ne. 
Note  de  M.  Chapas,  présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

Les  règles  connues  sur  riiilluence  cl(.-  la  constitution  sur  la  solubilité  des 

substances  organiques  sont  peu  nombreuses;  on  sait,  par  exemple,  que  les 

divers  corps  d'une  même  série  homologue  sont  miscibles  les  uns  aux  autres; 

il  en  est  de  même  des  isomères  de  position,  tels  que  les  dérivés  ortho-, 

meta-  et  parabisubslitués  du  benzène.  Ostromysslensky,  dans  un  travail 

déjà  ancien  ('),  remarque  que  la  miscibililé  se  rencontre  souvent  chez  les 

corps  du  même  type  c/iimi(/iie,  et  donne  l'exemple  de  l'alcool  ordinaire  et  de 

Téther  ordinaire 

/H  /G=H^ 

Ces  règles,  encore  bien  rudimentaires,  nous  ont  amenés  à  rechercher 
l'influence  de  l'isomérie  de  position,  dans  la  série  du  benzène,  sur  la  solu- 
bilité. A  cet  effet,  nous  avons  déterminé  la  solubilité  des  trois  nilranilines 
isomères  

<^       ymi\       <^       y^\r-,       N0-^<^       ^NH% 

NO'       *  NO^ 

dans  le  même  solvant,  le  métaxylèn<',  à  la  température  de  i  fi"  C. 

Mode  opératoire.  —  I.  Nous  avons  d'abord  clierclié  à  préparer  des  sol u lions  satu- 
rées en  cliaulTanl  un  excès  de  l'aniline  nitrée  mise  en  expérience,  avec  le  m-xylène, 
en  refroidissant  le  mélange  à  iS",  el  en  fillrant.  Par  évaporalion  d'un  poids  connu  de 
celte  solution  saturée  sur  un  verre  de  montre  taré,  d'abord  à  l'air,  puis  à  l'éluve  vers 
90°-ioo'',  nous  pouvions  déterminer  la  composition  de  la  solution.  Cette  mélliode  est 
peu  commode,  à  cause  de  la  durée  de  l'évaporation  ;  de  plus,  il  semble  que  le  w-xviéne 
s'unisse  en  proportions  moléculaires  avec  le-  nitraiiilines;  nous  pensons  avoir  olitonu, 
avec  1t  m-nilraiiiline,  la  combinaison 

c«[^(^'H')(^o-)^-c/■lI'(ClI^)' 

et  les  composés  obtenus  se  dissocient  à  l'éluve  en  perdant  du  xylène,  lequel  entraîne 
facilement  de  la  nilraniline.  C'est  pounjuoi  noiis  avons  abandonné  celte  méthode. 
Néanmoins,  son  application  nous  a  conduit  à  concluie  ([ue  les  trois  isomères  se 
classent  dans  l'ordre  suivant  de  solubilités  croissantes  : 

/>  iiilrauiliiie,     ;/i-uitraiiiline,      o-iiitraiiiliiic, 
alla  solubilité  pour  la  w-nitraniline  a  été  lrou\ée  à  peu  près   i,tS  pour   loo. 


(';  J.  OsTnoMYSsi.EXSKY,  Sur  les  relations  entre  le  soleanl  cl  le  corps  à  dissoudre 
{.loiirn.  J'iir  i>ral<t.  Client. .  t.  76,  1907,  p.  ^.G.'i  ). 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I921.  SSg 

II.  Nous  conliriiions  ces  résultais  par  la  méthode  ci-après.  Dans  un  lube  à  essai  taré 
(diam.  10™'";  haut,  no""")  muni  d'une  fine  baguette  de  verre  servant  d'agitateur, 
nous  introduisons  la  nitraiiiiins  et  nous  déterminons  son  poids  en  suspendant  h; 
tube  au-dessus  de  l'un  des  plateaux  d'une  balance.  Nous  ajoutons  alors  une  (juan- 
tité  de  »j-xjlène  insuffisante  pour  produire  la  dissolution  complète  et  nous  chaulions 
au  bain-marie  en  agitant;  puis  en  portant  l'appareil  dans  un  bain  d'eau  à  1.5°,  nous 
observons  d'abord  la  cristallisation  de  l'aniline  nitrée;  nous  rajoutons  du  m-\y\ène, 
chauffons,  refroidissons  à  nouveau,  et  ainsi  de  suite;  lorsque  la  solution  juaintenue 
à  i.>  ne  cristallise  plus,  même  en  frottant  les  parois  du  tube  avec  la  baguette,  nous 
concluons  que  la  limite  de  solubilité  à  i5°  est  atteinte,  et  nous  déterminons  par 
pesée  la  quantité  de  xylène  employée  ('). 

Ilésuliats.  —  Nous  indiquons  le  poids  de  nitraniline  dissoute  (en  grammes, 
par  exemple)  dans  100*''  du  solvant,  à  i5°C.  (coefficient  de  solubilité, 
d'après  Gay-Lussac)  : 

Orthonitraniline 11,6     pour  100 

Métanitraniiine i,74         » 

Paranitraniline 0,28  » 

Ces  nombres  sont  très  diiïérents  les  uns  des  autt^es;  il  est  très  remar- 
quable que  l'isomérie  de  position  a  une  influence  énorme  sur  la  solubilité, 
les  écarts  entre  ces  solubilités  étant  bien  plus  appréciables  que  les  écarts  entre 
les  autres  constantes  physiques  (sauf,  peut-être,  le  point  de  fusion). 

Nous  mentionnerons  encore  les  observations  suivantes  : 

a.  Les  solutions  d'o-nitraniline  sont  jaunes;  à  la  saturation,  il  s'en  sépare 
de  petits  cristaux  oranges. 

b.  Les  solutions  de  w-nitraniline  sont  jaunâtres;  les  cristaux  qu'elles  aban- 
donnent par  refroidissement  sont  de  grandes  aiguilles  jaunes,  extrêmement 
caractéristiques. 

c.  Les  solutions  de /^-nitraniline  sont  incolores  et  donnent  des  cristaux 
en  lamelles  très  minces  et  brillantes. 

Nous  nous  proposons  d'étudier  d'autres  groupes  d'isomères,  en  détermi- 
nant les  solubilités  non  seulement  dans  le  m-xylène,  mais  aussi  dans  ses  iso- 
mères ortbo  et  para. 


(')  Nous  utilisons  la  fraction  du  //i-xylène  (les  '\)  passant  à  la  distillation  de  187°, 5 
à  138°. 


54o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


l'HYSigUE  DU  GLOBi:.  —  Rcldtions  de  sismicilè  el  de  i^éolecloinque 
dans  les  Pyrénées.  iMole  de  M.  Octavk  Mengel,  présenlée  par 
M.  Bigoiirdan. 

La  discussion  de  la  réparlition  géographique  el  du  mode  de  répercussion 
des  tremblements  de  lerro  qui  se  sont  produits  à  rexirémilé  orientale  des 
Pyrénées  m'a  révélé  l'intime  liaison  des  phénomènes  sismiques  avec  l'archi- 
tecture de  celte  partie  de  la  chaîne  (').  L'étude  que  j'ai  faite  des  macro- 
sismes  signalés  depuis  1908  dans  la  partie  orientale  el  centrale  des  Pyré- 
nées, associée  à  la  synthèse  tectonique  que  M.  Léon  Bertrand  a  faite  du 
revers  septentrional  de  la  chaîne,  et  aux  nouveaux  aperçus  géologiques  que 
j'ai  acquis  personnellemenl  sur  le  revers  méridional,  n'a  l'ait  que  renforcer 
mes  précédentes  conclusions. 

Le  revers  méridional  plus  encore  que  le  revers  septentrional,  est  un  pays 
de  nappes  parties  au  Nord  sous  l'action  d'une  poussée  générale  venant  du 
Sud.  Celte  poussée  contre  l'axe  anticlinal  hercynien  de  la  chaîne  s'est 
traduite  par  un  grand  accident  longitudinal  accusé,  en  de  nombreux 
points,  par  l'inlrication  de  ces  nappes  dans  la  bordure  de  la  zone  primair-e 
centrale.  A  la  hauteur  de  Prals  de  Mollo,  cet  accident  éprouve  un  rejet 
vers  le  Nord  et  la  zone  d'cncapuchonnemenl  qu'on  peut  suivre  du  Mont 
Perdu  au  Col  d'Arcs,  près  Prals  de  Mollo,  est  reportée,  par  l'extrémité 
orientale  du  Canigou,  au  synclinal  secondaire  d'Amélie-les-13ains,  avec  ligne 
de  suture  suivant  le  synclinal  dévonicn  plus  ou  moins  écrasé  de  Prats  de 
Mollo,  Arles,  Amélie-les-Bains.  Ce  synclinal  et  sa  bordure,  le  massif 
chevauché  du  Roc  de  France,  jouent  un  rôle  prépondérant  dans  la  transmis- 
sion des  sismes  nord-pyrénéens  vers  la  région  sismique  espagnole  que  j'ai 
dénommée  antérieurement  le  «  Voussoir  Prats  de  MoUo-Gérone  ». 

Il  existe  d'autres  régions  hypocenlriques  que  celles  que  j'avais  alors 
signalées,  mais  toutes  sont  en  relation  directe  avec  des  accidents  tecto- 
niques. L'une  au  NE  des  Albères  est  caractérisée  par  des  sismes  locaux 
ayant  généralement  leur  origine  en  mer,  là  ou  l'ennoyage  pliocène  de  l'axe 
central  a  été  suivi  d'un  effondrement  (pialernaire. 

Ces  sismes  sont  souvent  accompagnés  d'un  bruit  de  caractère  nettement 
explosif  (18  mars  1915,  28  septembre  1917)  qui,  cha(jue  fois,  fait  croire 

(')  O.  Mengel,  Aperçu  sur  la  lecloniquc  et  la  sisniicilé  des  Pays  Catalans  {Ass. 
l'r.  /(r.  Se.  :  CoUL^rès  de  Cterinont-Ferrand.  r()o8). 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    1921.  o/jl 

tout  d'iiliord  à  une  explosion  de  dynamite  à  l'usine  de  l'aulilles.  Ils  sont 
parfois  précodés  d'une  secousse  préliminaire  sur  le  versant  méridional 
(avril  i9o'5,  le  17  à  Uosas,  le  20  de  Port-Bou  à  Salées),  ce  qui  indiquerait 
un  elTort  propai^é  du  Sud  au  Nord.  Je  vois  une  seconde  aire  épiccnlri(|ue 
en  Cerdagiie.  le  lonji  des  liantes  falaises  de  la  Sierra-de-Cadi,  front  déman- 
telé de  la  nappe  supérieure  du  complexe  espagnol,  là  où  j'ai  signalé  récem- 
ment des  mouvements  (juaternaires  post-glaciaires.  Le  20  février  1918, 
cette  aire  entrait  en  vibration  à  20'' 25'"  sur  le  revers  nord-ouest  de  la  Sierra- 
de-Cadi.  Une  réplique  se  produisait  au  Nord  le  23,  à  3'' 10'",  à  Bagnères- 
de-Bigorre  et  à  l'Est  le  23,  à  5'',  à  ,Prats-de-Mollo,  sur  la  ligne  du  grand 
accident  sud  pyrénéen.  Il  parait  logique  d'interpréter  ces  sismes  comme  des 
ruptures  de  tensions  auxquelles  les  roches  internes  sont  encore  soumises, 
l'une  déclenchant  l'autre.  Dans  la  région  de  la  iVIaladetta  existe  une  aire 
épicentrique  de  plus  grande  activité.  Le  fait  que  cette  aire  se  trouve  en 
pays  de  nappes  où  le  chevauchement  anormal  vers  le  sud  bordant  le  grand 
accident  sud  pyrénéen  est  le  plus  développé,  indique  assez  une  origine  tec- 
tonique. KUe  accuse  d'ailleurs  une  certaine  parenté  avec  l'aire  épicentrique 
bien  connue  du  revers  nord  des  Hautes-Pyrénées,  qui  se  diffuse  tout  le 
long  du  contact  des  nappes  A  et  B  de  M.  Léon  Bertrand. 

En  novembre  1919,  par  exemple,  on  note  les  secousses  suivantes  :  le  20, 
en  Ribagorza;  1627,  à  Pont-de-Suert  et  en  Saint-Gironnais  (^ France); 
le  29,  degré  VL  au  sud  des  ^[onts-Maudils  (d'après  détermination  de 
MM.  Fonlseré  à  Barcelone,  Labrouste  à  Strasbourg)  et  à  la  même  heure, 
degré  V,  de  Foix  à  Quérigut  avec,  en  France,  zone  de  vibration  contour- 
nant le  massif  granitique  de  Mont-Louis  et  le  Canigou,  pour  passer  en 
Espagne  par  Prades,  Amélie-les-Bains  (renforcement  au  degré  V),  Saint- 
Laurent-de-Cerdans;  le  2  décembre,  secousse  en  Venasque  et  en  Saint- 
Gironnais. 

Novembre  1920  fournit  une  documentation  analogue  :  le  18-19,  série 
d'une  dizaine  de  secousses  avec  aire  épicentrique  de  degré  V  d'Ansignan, 
Maury  à  Saint-Paul,  au  contact  des  nappes  A  et  B;  le  28-29,  aire  épicen- 
trique de  degré  VI  à  V,  s'étendant  de  Sournia  à  Aulus  et  en  largeur  de 
Quillan  à  Quérigut,  encore  en  contact  de  la  zone  centrale  avec  les  nappes  \ 
et  B.  Les  lignes  isosistes,  que  me  permet  de  tiacer  une  documentation  basée 
sur  plus  de  200  questionnaires,  présentent  une  invagination  en  Cerdagne 
par  la  vallée  de  Carol,  une  autre  jusqu'à  La  Cassagne  (degré  IV),  au- 
dessous  de  Mont-Louis,  suivant  la  prolongation  vers  l'ouest  du  synclinal 
secondaire  d'Amélie  écrasé  entre  l'extrémité   orientale  du  Canigou  et  la 


542  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

zone  primaire  centrale.  Elles  dessinent  également  une  avancée  vers  le 
Narbonnais.  épousant  la  nappe  des  Corbières  orientales  avec  maximum 
relatif  d'intensité  vers  Durban,  à  la  base  du  clievaucbement  de  la  nappe  sur 
l'extrémité  orientale  du  massif  autochtone  du  Moutlioumet.  Ces  isosistes 
passent  de  nouveau  en  Espagne  par  le  chevauchement  du  massif  du  Roc  de 
France  et  son  synclinal  de  suture  avec  le  Canigou.  pour  s'arrêter  à  Mas- 
sanet.  Le  gradient  des  isosistes,  fort  au  voisinage  des  accidents  tectoniques, 
est  faible  ou  nul  dans  les  terrains  en  place,  ou  sur  le  plateau  tranquille  des 
nappes  (  partie  supérieure  des  Coibières).  mais  il  se  renforce  au  passage  de 
ces  plateaux  aux  alluvions  humides  des  plaines  cotières  (Roussillon  et  Nar- 
bonnais). La  plaine  toulousaine  paraît  au  contraire  avoir  arrêté  la  propa- 
gation des  ondes  vers  le  Nord. 

En  résumé,  les  anticlinaux  de  la  zone  primaire  centrale  des  Pyrénées  sont 
relativement  asismiques.  Par  contre  les  rides  de  plissements  tertiaires  sont 
le  lieu  des  foyers  hypocentriques,  et  le  passage  des  vibrations  qui  en  émanent 
provoque,  par  résonance  physique  ou  mécanique,  dans  les  parties  en 
tension  de  ces  rides,  des  aires épicentriqiies  secondaires.  Enfin,  les  terrains 
meubles  et  humides  en  profondeur  facilitent  la  propagation  et  Tamorlisse- 
ment  régulier  des  ondes  (M. 


MÉTÉOROLOGIE.    —    Sw  un  cas  (V anéantissement  d'une  bourrasque. 
Note  (-)  de  M.  Gabriel  Guilbert,  présentée  par  M.  Bourgeois. 

J'ai  l'honneur  d'exposer  à  l'Académie  un  exemple  du  phénomène 
météorologique  que  je  nomme  compression  du  cyclone  et  qui  n'est  autre 
que  l'encerclemenl  d'un  tourbillon,  par  des  vents  de  force  supérieure  à  la 
normale, 

La  règle  2  de  ma  méthode  de  prévision  vise  ce  cas  •."Toute  dépression, 
entourée  de  vents  convergents  et  anormaux  par  e.rcès^  sera  comblée,  sur  place, 
dans  les  2]  heures,  quelquefois  en  12  heures,  par  hausse  barométiitpie, 
maximum  au  centre. 

Une  occasion  s'est  présentée  le  5  février  1921  d'appliquer  celle  règle. 
Au  matin  de  ce  jour,  une  bourrasque  se  trouvait  à  l'ouest  de  Bretagne, 

(')  O.  Mengel,  Du  mode  de  répercussion  en  Houssillon  du  trenitdenienl  de  terre 
de  Provence  du  11  juin  1909  (Annuaire  de  la  Société  méléorologi<iue  de  T-nince, 
l.  57,  1909,  p.  202). 

(')  Séance  du  \l\  février  192 1. 


SÉANCE    DU    28    l'KVRIER    1921.  543 

avec  —  ()""", '(à  IJrest.  Des  vents  très  fortsd'l'^à  Falmoulli,  Porlland,  foilsde 
SE  au  Havre,  s"o|iposaien(  à  des  vents  de  SW  Torts  à  Lorienl,  à  Brest,  réa- 
lisant rencerclement  exigé  par  la  règle  2.  De  plus,  au  centre  du  cyclone, 
à  Ouessanl,  un  vent  très  fort  de  SW  s'observait  et  exigeait  l'application 
d'une  autre  de  mes  règles,  n°  5,  ainsi  rédigée  :  Toute  dépression^  qui.  an  lieu 
du  calme  central  théorique,  présentera  dans  la  région  du  centre  des  vents  forts 
ou  violents,  se' a  détruite  dans  les  i[\  heures,  avec  hausse  maximum  au  centre. 

Je  n'ai  jamais  découvert  d'exceptions  à  cette  règle  5. 

En  vertu  donc  de  ces  deux  principes,  j'ai  rédigé  de  la  façon  suivante  la 
prévision  de  février  :  La  bourrasque  à  Vouest  de  Bretagne  sera  détruite, 
sur  place,  en  11  heures,  avec  hausse  maximum  à  Ouessanl  4-  18'"'". 

Cette  prévision  s'est  réalisée  dans  tous  ses  détails  : 

La  bourrasque  a  été  détruite,  sur  place,  en  12  heures  et  la  hausse  baro- 
V  métrique,  de  -|-  10™"  dans  la  journée  du  5  février,  atteignait  le  (>  au  matin 
_l_  i^mui  ^  Ouessant  même,  c'est-à-dire  exactement  au  centre. 

En  dehors  de  cette  prévision  principale,  une  hausse  barométrique  générale 
sur  l'Europe  a  été  prévue,  à  Fexception  de  la  Provence  et  de  la  Corse,  où 
ont  été  fixés  —  i'"'"  pour  la  Provence  et  —  2™'"  pour  la  Corse.  Les  résultats 
donnent  —  i""°,7  à  Toulon,  —  S""™  en  Corse. 

Pour  Paris,  une  hauteur  barométrique  avait  été  indiquée,  à  7''  du  matin, 
de  764"""-765"'™;  il  a  été  constaté  7G4'"'",6  à  7^ 

La  pluie  fut  prévue  pour  le  Sud  de  la  France;  le  beau  temps  pour  le  Nord; 
les  vents  d'Est  en  Bretagne,  au  lieu  et  place  des  vents  d'Ouest,  et  toutes  ces 
prévisions,  conséquence  des  variations  de  pression  prévues,  furent  exacte- 
ment réalisées.  Toutes  les  méthodes  classiques  ne  purent,  au  contraire, 
fournir  que  des  prévisions  inexactes.  La  mienne  a  réussi  parce  que  le  calcul 
est  à  sa  base.  Plusieurs  de  mes  règles  pourraient  être  représentées  par  des 
équations  :  elles  peuvent  être  appliquées  aussi  bien  pour  la  marine  que  pour 
l'aviation. 

C'est  ainsi  que  mon  collaborateur,  M.  Guénaire,  météorologste,  a  pu, 
en  mon  absence,  le  24  novembre  dernier,  rédiger  une  prévision  analogue  à 
la  mienne  du  5  février.  Devant  une  bourrasque  qui  amenait  en  Bretagne 
une  baisse  de  — 14™'",  et  qui  obligeait  les  météorologistes  à  hisser  les  cônes 
de  tempête  sur  toutes  les  côtes  de  France,  M.  Guénaire  écrivait  :  La  dépres- 
sion de  Bretagne  se  comblera;  les  vents  seront  assez  forts  ou  modérés.  Cette 
prévision,  contraire  à  toutes  les  données  de  la  science  actuelle,  mais  com- 
mandée par  mes  règles  2,  3  et  5,  se  réalisa  exactement. 

J'affirmerai,    d'après    une   expérience   de    trente  années    révolues,  que 


544  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

nos  principes,  découverts  en  1890,  permettent  la  prévision  chiffrée  des 
variations  barométriques,  en  hausse  ou  en  baisse,  à  1 2  ou  24  heures 
d'avance,  quehjuefois  au  delà,  sur  toute  l'Europe.  Nulle  prévision  du  temps 
ne  peut  être  rationnelle,  si  elle  ne  précise,  par  des  chiffres,  la  valeur  de  la 
variation  future,  puisque  c'est  cette  valeur  même  qui  détermine  le  temps  : 
pluies  et  vents,  ainsi  que  le  tracé  des  isobares  du  lendemain. 

Or  le  vent,  d'après  mes  règles,  el  le  i^ent  de  surface  seul,  à  l'exclusion  des 
vents  de  la  Tour  Eiffel  et  des  montagnes,  est  le  maître  de  la  pression  baro- 
mélricjue  et  en  commande  seul  les  variations  :  les  faits  quotidiens  rendent 
toute  dénégation  impossible. 


PHYSIOLOGIE.    —    Tension  superficielle  el  choc  andphylaclique. 
Note  de  M.  Auguste  Lumière,  présentée  par  M.  Roux. 

Dans  des  Communications  précédentes  ('),  nous  avons  formulé  quelques 
réserves  relativement  au  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  le  choc  ana- 
phylactique. 

Discutant  nos  expériences  réalisées  avec  l'hyposulfite  de  soude,  i\I.  Ko- 
paczevvski  montre,  dans  une  intéressante  Note  récemment  publiée  (■), 
que,  d'après  ses  mesures,  la  tension  superficielle  du  mélange  par  parties 
égales  de  ce  produit  en  solution  à  5  pour  100  avec  du  sérum  serait  infé- 
rieure à  celle  de  ce  sérum;  il  attribue  alors  l'action  anlichoc  de  l'hypo- 
sulfite, non  à  la  dispersion  ou  à  la  dissolution  des  éléments  iloculcs  qui  se 
forment  dans  le  sang  à  la  suite  de  l'injection  déchaînante,  mais  plulùt  à 
l'empêchement  de  la  lloculation  et  en  tire  argument  en  faveur  de  l'inter- 
vention de  la  tension  superficielle  dans  la  production  du  choc. 

Les  mesures  de  cet  auteur  ne  paraissant  pas  s'accorder  avec  les  cons- 
tantes physiques  et  les  formules  connues,  nous  avons  repris  à  notre  tour 
leurs  déterminations  et  nous  sommes  arrivé  aux  chiffres,  tout  différents, 
qui  suivent  : 

(')  Auguste  l^uMitiiF.  el  Jean  Cjievrotii:r,  Sur  tin  procéda  simple  el  inoffensif  per- 
meltant  d'éviCer  le  choc  anap/iylaclif/iie  {Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  74')'  — 
AuiiuSTE  LiiMilîRE  et  IIeniu  CouiURiER,  Sur  le  choc  provoqué  par  riiiiroduclion  de 
.substances  insolubles  dans  la  circulation  {Comptes  rendus,  I.  171,  1920,  p.  1172). 

(-)  W.  Koi'AC/.KWSKi,  Le  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  les  phénomènes  de 
choc  {Comptes  rendus,  l,  172.  1921,  p.  o3-). 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  5^5 

Tensions  superficielles 

en  tlyncs 

par  ccntinièire. 

lîau  disUllée 72,69 

Sol u lion  d'iiyposuliile  11  5  pour  100 7'^ '"9 

Sérum j  I  ,S.i 

Sérum  dilué  de  moitié  avec  riijposuifile  à  5  pour  100  ....  53,58 

L'adcHlion  de  la  solution  d'hyposulfite  au  sérum  augmenlant  la  tension 
superficielle,  rargumentalion  de  M.  Kopaczewski  sur  ce  point  perd  sa 
valeur,  bien  que  nous  soyons,  d'autre  part,  complètement  de  l'avis  de  cet 
auteur  quant  à  l'origine  physique  du  choc  ('). 

Nous  nous  sommes  d'ailleurs  assuré  que  l'on  pouvait  supprimer  le  choc 
anaphylactique  au  moyen  de  substances  (certains  hypnotiques  par  exemple) 
qui,  en  solution  aqueuse,  augmentent  la  tension  superficielle  du  sérum  et, 
inversement,  nous  avons  pu  dans  nos  expériences  provoquer  le  choc  malgré 
l'addition  à  l'injection  déchaînante  de  corps  organiques  qui  abaissent  cette 
tension. 

Il  n'est  pas  douteux  cependant  que,  dans  le  choc  anaphylactique  vrai, 
les  phénomènes  de  floculation  s'accompagnent  inévitablement  d'augmen- 
tation de  la  tension  superficielle;  la  conductibilité,  l'ionisation,  les  pro- 
priétés optiques  et  chimiques  du  milieu  se  trouvent  brusquement  modifiées, 
en  même  temps  que  des  troubles  surviennent  dans  la  coagulabilité  et  la 
viscosité  du  sang.  Ces  changements  s'accompagnent  en  outre  de  Icucopénie, 
d'inversion  de  la  formule  leucocytaire,  etc. 

La  variation  de  la  tension  superficielle,  comme  toutes  ces  modifications, 
sont  donc  des  phénomènes  qui  accompagnent  la  floculation  ou  lui  sont  con- 
sécutifs sans  constituer  la  cause  du  choc  qui,  d'après  nos  expériences,  pro- 
viendrait principalement  de  la  présence,  dans  les  vaisseaux,  d'éléments 
floculés. 


(')  11  n'est  pas  surprenant  que  des  erreurs  puissent  se  glisser  dans  les  déterminations 
de  tension  superficielle,  les  dispositifs  expérimentaux,  ne  permettant  pas  de  tenir 
compte  de  toutes  les  conditions  du  problème  avec  leurs  valeurs  relatives.  Ce  sont  les 
méthodes  qui  la  plupart  du  temps  sont  en  défaut  plutôt  que  les  expérimentateurs. 

Nous  avons  cherché  à  nous  mettre  le  plus  possible  à  l'abri  de  ces  erreurs  en  utilisant 
le  procédé  de  l'ascension  dans  les  tubes  capillaires  et  en  prenant  toutes  précautions 
utiles.  Les  chifTres  que  nous  avons  trouvé  ne  doivent  pas  être  considérés  en  valeur 
absolue,  mais  seulement  dans  les  rapports  qu'ils  ont  entre  eux  et  qui  s'accordent  d'ail- 
leurs avec  les  constantes  physiques  et  les  faits  établis  antérieurement. 

C.  R.,i9ii,i"  Semestre.  (T.  172,  N- 9.)  ^^ 


546  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Nous  n'avons  point  prétendu  qu'il  n'existait  aucune  différence  entre  tous 
les  piiénomèncs  qui  s'observent  dans  le  choc  anapliylactique  et  ceux  qui 
surviennent  dans  le  choc  barytique  ou  choc  par  contact,  mais  nous  persis- 
tons à  croire  que  la  cause  primitive  des  accidents  et  leur  mécanisme  sont 
semblables. 

Il  n'est  pas  possible  en  effet  de  ne  point  être  frappé  de  la  similitude  com- 
plète des  symptômes  de  tous  ces  chocs,  de()uis  le  [u-urit  jusqu'aux  accidents 
agoniques  :  chute  de  pression,  abaissement  de  température,  vomissements, 
hémorragies,  troubles  paralytiques  et  nerveux  se  déroulant  dans  le  même 
ordre;  quand  on  passe  d'une  espèce  animale  à  une  autre,  les  mêmes  diffé- 
rences symptomatiques  se  manifestent.  Les  lésions  anatomiques  sont  égale- 
ment semblables,  qu'on  les  observe  macroscopiquement  ou  sur  des  coupes; 
elles  sont  plus  prononcées  lorsque  les  troubles  ont  évolué  lentement,  aussi 
bien  dans  le  choc  barytique  que  dans  le  choc  anaphylactique;  nous  nous 
sommes  également  assuré  que  les  vaso-constricteurs,  de  même  que  les  anes- 
thésiques  et  les  hypnotiques,  suppriment  ou  atténuent  aussi  bien  l'un  de 
ces  chocs  que  l'autre,  tandis  que  les  vaso-dilatateurs  les  aggravent  de  la 
même  manière. 

Lorsque  les  doses  déchaînantes  sont  convenablement  choisies  et  que  les 
accidents  précoces  se  sont  amendés,  les  troubles  tardifs  et  les  lésions  qui 
les  accompagnent  sont  encore  de  même  nature. 

La  possibilité  de  vacciner  dans  les  deux  cas  par  les  doses  subintrantes, 
de  préserver  un  animal  sensibilisé  contre  le  choc  anaphylactique  en  lui 
administrant  du  sulfate  de  baryte  et  inversement,  constitue  aussi  un  fait 
d'une  haute  valeur  en  faveur  de  l'unité  du  mécanisme  du  choc. 

Enfin  la  gravité  des  accidents  suivant  la  voie  d'introduction  est  encore  la 
même  pour  les  deux  types  de  chocs  qui  ont  bien,  en  définitive,  les  mêmes 
caractères  et  s'accompagnent  des  mêmes  symptômes  et  des  mêmes  lésions; 
leur  cause  physique  semble  donc  bien  être  la  même  et  réside  dans  l'intro- 
duction ou  la  formation  brusque  dans  la  circulation  d'un  précipité  lloculé. 

l'HYSlOLOGIE.  —  Contrihulion  à  l'éludr  de  l'immunité  humorale  chez  les  Insectes. 
Note  (')  de  M.  A.  Paili.ot,  présentée  par  M.  Paul  Marchai. 

Dans  une  précédente  Note,  nous  avons  émis  riiypothèse  que  la  réaction 
d'immunité  humorale  observée  dans  le  sang  des  chenilles  d'Agrotis  segctum 

(')  Séance  du  21  février  1921. 


SÉANCE   DU   28    FÉVRIER    1921.  547 

inoculées  avec  le  Bdcilltis  melolontha'  non  lujticfacicns  y  pouvait  se  manifester 
en  dehors  de  toute  activité  cellulairo  et  sans  la  participation  ciï'eclive  d'un 
anticorps  déterminé,  ('ette  hypothèse  est  renforcée  par  les  faits  d'expériences 
suivants  :  si  l'on  prélève  ascptiquenicnt  du  sang  de  chenille  à,' Agrolis^  qu'on 
ronsemence  largement  et  l'ahandonne  en  tube  ouvert  â  la  températurede  2/1", 
les  microbes  ne  subissent  aucune  transformation  granulaire,  même  après 
un  séjour  prolongé  à  l'étuve;  cependant  ils  se  développent  mal,  prennent 
une  forme  plus  allongée  et  plus  mince  que  la  forme  coccohacillaire  typique. 
Si  l'on  inocule  ce  sang  infecté  dans  la  cavité  générale  d'une  chenille  neuve, 
on  observe  que  les  microbes  subissent  très  rapidement  dans  le  sang  la 
transformation  granulaire  suivie  aussitôt  de  bactériolyse.  La  réaction  est 
du  même  type  que  celle  observée  dans  le  sang  des  chenilles  en  état  d'immu- 
nité, à  la  suite  de  l'inoculation  de  bacilles  de  culture.  Elle  est  terminée 
généralement  vers  la  deuxième  heure  qui  suit  l'inoculation  et  souvent  à  la 
fin  de  la  première. 

On  peut  reproduire  la  réaction  in  intro  en  ajoutant  du  sang  frais  au  sang 
infecté,  mais  la  transformation  en  granulations  est  toujours  incomplète. 
Les  mêmes  phénomènes  qui  viennent  d'être  décrits  se  manifestent  lorsqu'on 
se  sert  de  sang  centifugé  au  lieu  de  sang  complet  :  il  semble  donc  bien, 
ainsi  que  nous  l'avons  déjà  montré  pour  d'autres  faits  d'expériences,  que 
les  éléments  cellulaires  du  sang  n'interviennent  pas  dans  les  réactions 
humorales  du  nouveau  type. 

A  la  suite  de  l'inoculation  du  sang  complet  ou  du  sang  centrifugé  infecté, 
et  immédiatement  après  la  disparition  des  microbes,  le  sang  de  la  chenille 
est  capable  de  réagir  à  nouveau  sur  les  microbes  de  culture,  comme  le  sang 
des  chenilles  en  état  d'immunité. 

Ce  fait  démontre  la  possibilité  d'accélérer  dans  une  large  mesure 
l'immunisation  des  chenilles;  alors  que  cette  immunisation  est  complète 
seulement  après  un  séjour  de  •i[\  heures  à  la  température  de  i[\°  avec  la 
méthode  ordinaire,  avec  l'autre  méthode,  elle  le  devient  d'emblée  dès 
après  l'inoculation. 

Les  théories  modernes  ne  peuvent  donner  de  ces  différents  faits  qu'une 
explication  insuffisante.  L'hypothèse  cjue  nous  avons  admise  précédem- 
ment, et  dont  la  conception  est  antérieure  à  leur  découverte,  rend  mieux 
compte  de  leur  nature.  Entre  les  miciobes  et  le  sang,  se  produisent  des 
réactions  colloïdales  complexes  qui  modifient  plus  ou  moins  profondément  la 
nature  des  uns  et  de  l'autre.  Si  l'on  admet  que  le  microbe  est  en  état  d'équi- 
libre instable  dans  le  nouveau  milieu,  il  suffira  d'un  changement  insensible 


548  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

dans  la  composition  du  sang,  de  Taddition,  par  exemple,  d'un  éleclrolyte 
normalement  présent  dans  le  sang  vivant,  pour  rompre  Tétat  d'équilibre  et 
déclencher  les  phases  ultimes  de  la  réaction  humorale  (granulation  et 
baclériolysc).  Nous  avons  vu  que  le  sang  circulant  était  beaucoup  plus 
actif  que  le  sang  de  prélèvement,  probablement  en  raison  de  Taclion  oxy- 
dante de  l'oxygène  de  l'air  sur  le  ou  les  éléments  actifs  du  sang. 

Il  est  possible,  en  deinière  analyse,  que  les  phases  ultimes  de  la  réaction 
bactériolytique  ne  mettent  en  jeu  qu'un  petit  nombre  de  constituants 
nouveaux  du  sang,  ceux,  par  exemple,  qui  sont  détruits  vers  ■jo°-'j5°', 
mais  la  réaction  considérée  dans  son  ensemble  nous  apparaît  infiniment 
plus  complexe.  De  toute  façon,  on  ne  peut  guère  assimiler  la  baclériolysc 
à  l'action  d'une  diastase  sur  les  microbes. 

La  théorie  nouvelle  que  nous  adoptons  pour  expliquer  l'immunité  des 
chenilles  d'^.  segetum  contre  le  B.  m.  non  liquefaciens  est  susceptible, 
croyons-nous,  de  s'appliquer  à  d'autres  cas  d'immunité  humorale,  au 
moins  chez  les  Insectes.  Mais,  pour  le  moment,  nous  la  considérons  comme 
une  théorie  provisoire  destinée,  sans  aucun  doute,  à  être  modifiée  par  la 
suite.  Son  importance  réside  pour  nous  dans  le  fait  qu'elle  élargit  la  ques- 
tion de  l'immunité  et  permet  d'entrevoir  des  possibilités  d'explication  de 
faits  encore  obscurs  ou  inexplicables  par  la  théorie  généralement  admise. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  chaleur  sur  Vactivité  de  ta  salicinase. 
Note  de  MM.  Gabriel  Bertrand  et  Autuub  Ccmpton,  présentée  par 
M.  Roux. 

On  sait  que  l'activité  d'une  diastase  augmente  d'abord  rapidement  avec 
la  température,  passe  par  un  maximum,  puis  décroît  jusqu'à  devenir  nulle. 
On  appelle  température  oplima  la  température  à  laquelle  correspond  la  plus 
grande  activité  et  température  mortelle  celle  à  laquelle  la  diastase  devient 
inerte.  Communément,  on  admet  que  chaque  diastase  possède  une  tempé- 
rature optima  et  une  température  mortelle  propres  et  l'on  va  quelquefois 
jusqu'à  comparer  ces  températures  à  de  véritables  constantes  physi(|ues, 
analogues  aux  points  de  fusion  et  d'ébullition  de  certaines  substances 
définies. 

Nous  avons  démontré,  en  opérant  sur  l'amygdalase  et  sur  l'amygda- 
linase,  que  la  température  optima,  loin  d'être  constante  et,  par  suite, 
facile  à  retrouver  quelles  que  soient  les  conditions  expérimentales,  varie 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I921.  549 

au  contraire,  dans  une  large  mesure,  suivant  la  durée  de  Taclion  :  elle  est 
d'autant  plus  haute,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  que  le  temps  accordé 
à  la  diastase  pour  agir  sur  la  substance  passive  est  plus  court  ('). 

Étant  donnée  l'importance  de  cette  observation  au  point  de  vue  des 
recherches  sur  les  diastases  en  général,  nous  avons  étendu  nos  expériences 
à  la  salicinase  que  nous  avions  découverte,  à  côté  de  l'amygdalasc  et  de 
l'amygdalinase,  dans  les  amandes  (-).  Mais,  au  lieu  de  déterminer, 
comme  précédemment,  les  températures  oplima  correspondant  seulement 
à  deux  durées  d'action  différentes  (2  heures  et  i5  heures),  nous  avons  mul- 
tiplié les  séries  d'expériences  el  les  avons  échelonnées  depuis  la  durée 
d'action  de  i  heure  jusqu'à  celle  de  4  jours.  Nous  avons  recherché  en 
même  temps  les  températures  mortelles. 

Pour  avoir  de  bonnes  mesures  dans  un  tel  genre  de  recherches,  il  faut 
que  les  proportions  de  glucoside  hydrolyse  soient  assez  grandes,  mais  il 
ne  faut  pas  qu'elles  soient  trop  rapprochées  de  l'iiydrolyse  totale.  En  consé- 
quence, nous  avons  choisi  des  concentrations  diastasiques  permettant 
d'hydrolyser  de  la  moitié  aux  deux  tiers  environ  de  la  salicine  présente. 
Naturellement,  ces  concentrations  ont  été  d'autant  plus  faibles  que  les 
durées  d'action  ont  été  plus  longues.  Quant  aux  concentrations  du  gluco- 
side, elles  ont  été  d'une  molécule-gramme  pour  i5'  dans  presque  toutes  les 
expériences  et  d'une  molécule-gramme  pour  27', 5  dans  les  expériences 
de  2  heures  et  de  i5  heures.  Ces  variations  ne  devaient  pas  avoir  d'in- 
fluence sur  la  marche  du  phénomène  envisagé,  car  il  avait  été  établi  par 
une  élude  préliminaire  de  l'un  de  nous  que  ni  la  concentration  de  la  dias- 
tase, ni  la  concentration  du  glucoside  ne  modifient  la  température 
optima  ('). 

En  construisant  les  courbes  correspondant  à  chaque  série  d'expériences, 
nous  avons  obtenu  les  températures  optima  et  les  températures  mortelles 
suivantes  : 


(')  Comptes  rendus,  l.  152,  1911,  p-  i5i8. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  137,  igiS,  p.  797. 

(^)  A.  CoMPTON,  Ann.  Inst.  Past.,  t.  28,  191/4,  p, 


55o 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


Durée  Poids  Poids  \olume                    Tempér 

des  de  de  de 

Séries.             expériences,  diastase.  glucoside.  solution.  oplinia.              mortelles. 

h  mi;  nig  cm'                         o               .                    o 

1 1  r>.o  386  i5  -+-55                   +69 

2 ■->.  8,0  309  30  +5 1,5             +68 

3 ■          S  2,2  -     286  i5  +43                -t- G5 

4 i5  1,3  209  3o  -+--59                 +  G? 

5 :>.o  1,5  286  i5  -+-35                 +60 

G 22  1 .0  286  i5  -t-33,5             +60 

7 27  1,5  28G  I .")  -t-  33                 +59 

8 33  1,0  286  i5  -^  .3(1,5             -^59 

9 45  i.o  286  i5  -f- 3o                 +57 

10 G',  .  1,0  286  i5  +  39                 +56 

11 ()G  1,0  286  i5  +  3o                 +54 

Ces  résiillats  montrent  qu'au  point  de  vue  de  la   température  oplima 
la    salicinase    se    comporte    comme    l'amygdalase  et  Tamygdalinase.   Ils 


80 


Temjiéra  tares      opi'imô 


Sàlicinâse 


DUREESUN    HEURES^ 


montrent,  en  outre,  ce  qui  n'était  pas  encore  apparu  d  une  manière  aussi 
nette,  que  la  température  mortelle  varie  aussi  en  sens  inverse  de  la  durée 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  55l 

des  expériences,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  du  temps  pendant  lequel  la 
diastase  est  soumise  à  l'action  destructrice  de  la  chaleur. 

Mais  co  n'est  pas  tout.  l"^n  portant  en  abscisses  les  durées  d'expériences  et 
en  ordonnées  les  températures  optima  et  les  températures  mortelles,  on 
obtient  deux  courbes  continues  très  suggestives. 

On  voit,  en  effet,  qu'au-dessous  d'une  certaine  température,  voisine  ici 
de  -f-  3o°,  la  température  optima  cesse  pour  ainsi  dire  de  diminuer 
quand  on  prolonge  la  durée  d'action  de  la  diastase.  A  partir  et  au-dessous 
de  cette  température,  la  diastase  ne  subit  donc  pour  ainsi  dire  plus  de 
décomposition  sous  l'influence  de  la  chaleur  :  elle  est  dans  une  zone  de 
thermostabilité  qui  correspond  aux  conditions  de  son  apparition  et  de  son 
fonctionnement  dans  le  végétal  el  à  laquelle  on  fera  bien,  désormais, 
d'attacher  de  l'importance  lorsqu'on  voudra  étudier  le  rôle  physiologique 
et  les  lois  d'action  d'une  diastase. 

On  voit,  d'autre  part,  qu'en  plaçant  le  réactif  diastasique  dans  des  condi- 
tions de  température  de  plus  en  plus  élevée,  on  exalte  continuellement  sa 
vitesse  d'action,  phénomène  conforme,  dans  son  allure,  à  la  loi  générale 
d'action  de  la  chaleur  sur  les  réactions  chimiques. 

Il  résulte  de  toutes  ces  observations  que  la  notion  de  température  optima, 
telle  qu'on  la  conçoit  ordinairement,  disparait.  Elle  fait  place  à  celle  que 
l'on  pourrait  appeler  de  la  température  maxima  d'activité,  température  la 
plus  haute  à  laquelle  la  diastase  puisse  encore  opérer  comme  catalyseur. 
Cette  température,  voisine  de  4-  70"  dans  le  cas  de  la  salicinase,  est  en 
même  temps  la  plus  élevée  que  puisse  atteindre  passagèrement  le  ferment 
soluble.  Ainsi,  la  température  maxima  d'activité  est  aussi  celle  de  destruc- 
tion instantanée  de  la  diastase  par  la  chaleur. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Injluence  de  quelques  bases  organiques  et  de  leur 
cldorlivdratc  sur  l' activité  de  l'amylase  pancréatique.  Note  de  MM.  A. 
Desgrêz  et  R.  MooG,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Nous  avons  établi,  avec  P.  Régnier  ('),  l'action  favorable  exercée,  dans 
l'organisme,  par  le  chlorhydrate  de  triméthylamine  sur  la  destruction  des 
composés  ternaires.  Il  nous  a  dès  lors  paru  intéressant  de  déterminer  l'in- 
fluence propre  de  ce  sel,  de  ses  analogues  et  des  bases  libres  correspondantes, 

(')  Comptes  rendus,  t.  133,  1911,  p.  1288. 


552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sur  certaines  actions  diastasiques('  ).  ISos  recherches  ont  d'abord  porté  sur 
l'amylase''pancréatique.  Elles  ont  été  effectuées  avec  l'empois  d'amidon  à 
2  pour  loo,  en  présence  du  fluorure  de  sodium,  pour  éviter  l'action  des 
ferments  figurés.  La  diastase  était  employée  soit  sous  la  forme  de  solution 
glycérinée  de  pancréatine  sèche,  soit  à  l'état  d'extrait  glycérine  de  pancréas. 
Dans  chaque  série  d'expériences,  on  opère  de  la  façon  suivante  :  un  premier 
ballon,  qui  sert  de  témoin,  reçoit  loo""'  d'empois  fluoré  et  i""'  de  solution 
d'amylase  ;  aux  substances  précédentes,  on  ajoute,  dans  les  ballons  suivants, 
une  quantité  variable  (of''.ooi  à  o''',  lo)  de  la  substance,  base  ou  sel,  dont  on 
veut  déterminer  l'influence.  Les  mélanges  sont  maintenus  à  l'étuve  pendant 
un  temps  variant  de  5  à  24  heures.  Au  sortir  de  l'étuve,  tous  les  ballons  sont 
portés  dans  un  bain-marie  bouillant,  de  façon  à  arrêter  le  travail  diasta- 
sique.  Après  avoir  remplacé  l'eau  évaporée  pour  rétablir  le  volume  initial, 
on  titre,  à  la  liqueur  de  Fehling  diluée  au  dixième,  le  sucre  qui  a  pris 
naissance. 

Les  substances  essayées  ont  été  la  triméthylamine,la  monométhylamine, 
la  triéthylamine  et  les  chlorhydrates  de  ces  bases  (solution  à  i  pour  100). 
Les  tableaux  dressés  à  l'aide  de  plusieurs  séries  d'expériences  montrent 
que  ces  chlorhydrates  exercent  une  influence  favorisante  marquée  sur 
l'action  de  l'amylase  pancréatique.  Alors  que  le  ballon  témoin  donne,  par 
exemple,  o'^,S'j  de  maltose,  celui  qui  a  reçu  o^,  10  de  chlorhydrate  de  tri- 
méthylamine  en  donne  i^,5o  dans  le  même  temps. 

Le  sel  de  triéthylamine  exerce  une  influence  parallèle,  mais  sensible- 
ment moins  prononcée.  L'action  du  chlorhydrate  de  monométhylamine  est 
plus  marquée  que  celle  du  chlorhydrate  de  la  base  tertiaire  ;  le  maltose 
formé  passe,  par  exemple,  avec  le  premier  sel,  de  0^,43  à  o*'',83;  avec  le 
second,  de  0*^,43  à  0*^,65  seulement. 

Les  bases  libres  exercent,  au  contraire,  une  influence  inhibitrice  consi- 
dérable sur  l'activité  diastasique  :  5""  de  triéthylamine  suffisent  à  faire 
tomber  la  proportion  de  maltose  de  0^,29  à  o^,o5.  L'influence  de  la  Irinié- 
thylamine  est  notablement  moins  marquée,  car,  avec  la  même  quantité 
de  base,  le  sucre  formé  ne  tombe  que  de  0*^,68  à  0^,5^. 

Il  nous  a  paru  intéressant  de  déterminer  également  l'influence  comparée 
de  l'ammoniaque  et  de  son  chlorhydrate.  La  base  libre  provoque,  comme 
les  précédentes,    un    ralentissement  considérable  de  l'action  diastasicjue. 

(')  Ces  reclierchos  onl  élé  commencées  avec  le  concours  de  \.  Moog,  morl,  depuis, 
aux  armées. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  553 

Quant  au  chlorhydrate,  soit  à  faihle  dose,  soit  môuie  à  fî  pour  100,  il  n'a 
permis  de  constater  aucune  variation  sensible  de  la  proportion  de  maltose 
fournie  par  le  ballon  témoin. 

Les  chlorhydrates  des  trois  bases  organiques  précédentes,  sels  qui  se  ren- 
contrent dans  l'organisme,  sont  donc  favorables  à  l'action  de  l'amylase 
pancréatique.  Les  bases  libres  sont,  au  contraire,  nuisibles  à  ce  processus 
diastasique. 

Il  y  a  lieu  de  se  demander  si  l'acide  chlorhydriquequi  proviendrait  d'une 
dissociation  des  sels  employés  dans  nos  expériences  ne  peut  pas,  à  lui  seul, 
accélérer  l'hydrolyse  de  l'amidon.  Pour  prévenir  cette  objection,  nous 
avons  placé  à  l'étuve,  pendant  24  heures,  100"""  d'une  solution  de  pancréa- 
tine  et  d'empois  lluoré.  Les  dosages  ont  donné,  en  maltose  produit:  i''o''',43i , 
sans  addition  d'acide  chlorhydrique  au  liquide  ;  2°  01=', 429,  avec  addition 

de  i""' d'acide — ;    oi*,384,   avec  2™'  d'acide  et  o''',i44i  avec    i""'.  Loin 

d'être  une  accélération  du  processus  hydrolytique,  c'est  donc  un  léger 
ralentissement  qui  est  produit  par  la  présence  de  faibles  quantités  d'acide 
chlorhydrique. 

Les  auteurs  qui  ont  étudié  l'action  favorisante  de  certains  ions  sur 
l'amylase  pancréatique  (H.  Bierry,  Henri,  Ambard)  avaient  limité  leurs 
recherches  à  certains  éleclrolytes.  On  n'avait  pas  encore  abordé  l'étude  de 
l'aclion  activante  des  chlorhydrates  de  bases  organiques, 


MÉDECINE.  —  Élude  de  quelques  réactions  leitaocytaires  consécutives  aux 
injections  intraveineuses.  Note  de  MM.  H.  Grenet,  H.  Dkouin  et 
M.  Gaillard,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Nous  avons  étudié  les  modifications  leucocytaires  consécutives  aux 
injections  intraveineuses  de  diverses  substances,  en  recherchant  dans  quelle 
mesure  elles  sont  influencées  par  l'état  physique  et  par  la  nature  chimique 
du  produit  injecté.  Les  nombreux  travaux  déjà  consacrés  à  cette  question 
sont  fragmentaires,  et  ne  comprennent  cjue  l'élude  de  certaines  substances 
prises  isolément.  Nous  avons  fait  des  expériences  comparatives,  portant 
sur  divers  métaux,  métalloïdes  ou  sels,  bien  définis. 

L'animal  qui  a  servi  à  nos  recherches  est  le  lapin. 

Nous  avons  constaté  d'abord  que  l'eau  distillée  ne  détermine  pas  de 
modifications  leucocytaires  appréciables. 

G.  R.,  igii,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  9.)  4^  ' 


554  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Les  Tableaux  suivants  montrent  quelques-unes  des  réactions  observées 
après  une  seule  injection  intraveineuse  : 

RÉACTIONS    OBSERVÉES    APRÈS  UNE    INJECTION    INTRAVEINEUSE  DE  3""'. 

Chlorure  de  sodium  (solution  isotonique  à  9  pour  1000). 

Après 

4  jours. 
Leucoc.  par  mm'. . . .      i53oo  16600  16200  17600  aSooo  igSou 

Poly.  neùlro.  (p.  100).        58  58  65  6-  69  61: 

Gr.  et  Moy,  Mono. . 

Lymphocytes 

Eosinophiles 

Formes  de  Trans.. . 

lodure  de  potassium  (solution  isotonitjue  à  25  pour  1000). 

Après 


Leucoc.  par  mm^. .  . . 
Poly. neutre,  (p.  luo). 
Gr.  et  Moy.  Mono. . . 

Lymphocytes 

Eosinophiles 

Formes  de  Trans. .  . . 


Avant 

1  heure. 

__^_ 

l'iDJection. 

C  licures. 

24  heures. 

2  jour- 

i53oo 

16600 

16200 

17600 

23  00 

58 

58 

65 

67 

69 

3o 
10 

27        j 
12        ) 

35 

33 

{        '9 
(          6 

0 

I 

0 

0 

3 

9 

2 

0 

0 

3 

Avant 
l'injection. 

1  heure. 

6  heures. 

24  heures. 

2  jours. 

4  jours. 

I  I  900 

l33oo 

14900 

1 4  000 

1  2  000 

1  I  3oo 

56 

61 

,5l 

46 

55,5 

52 

3o 

3o 

35 

38        1 

1       3o 

^4,.J 


Chlorure  de  didynie  (solution  à  10  pour  1000). 

•Après 

l'injection.    1  heure.      0  heures.    24  heures.     2  jours.  4  jours.  7  jours. 

Leucoc.  par  mm^. ..  .      i3oùo       i4ooo       i5ooo       19800       19000  17000  8000 

Poly. neutre. (p.  100).        5i             4^              4"              4<'             43  49  55 

Gr.  et  Moy,  Mono. .  .          '^i             34               45              46              4'  33  3o 

Lymphocytes 7              18               12               i4              i5  16  10 

Eosinophiles o                i                 1                 o                o  1  2 

Formes  de  Trans..  .  .           022011  3 

Didyme  colloïdal. 


LeucDC.  par  mm'. .  . 
Poly.  neutre,  (p.  100) 
Gr.  et  Moy.  Mono.. 

l.,ymphocyles 

Eosinophiles 

Fermes  de  Trans..  .  , 


Avant 
l'inject. 

\h  min. 

1  h. 

0  11. 

2i  h. 

2  jours. 

4  jours. 

Tjours. 

12  5oo 

1 4  000 

io5oo 

8000 

i2  85o 

18000 

l5ooo 

10000 

52 

53 

55 

60 

46 

45 

5i 

53 

33 

4o 

3o 

28 

39 

39 

■«9 

33 

i3 

7 

i3 

12 

12 

12 

iG 

10 

SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1921.  555 

Argent  co/Zo^c/a/ (Elecliargol  Clin,  isolonisé,  non  stabilisé). 

Apres 

Avani — — ^ — ^ 

l'injection.    1  heure.     6  heures.    21  heures.     2  jours.        4  jours.         7  jours. 

Leiicoc.  par  mm'. .  .  .      i465o       1 1 25o       1 1 250       17400       i5ooo       i3ooo         iSooo 
Poly.  neutro  (p.  100).         48  5t)  68  72  62  46  ''s 

Gr.  el  moy.  Mono.  .  .  3o       )       ,  ,       (        20       )  ,        1       Qo       )       ^,  ,„ 

II.  }         |t>  o  ^4  ^4  4^ 

Lymplioc3les 20       )  I  °       )  (       '^       S 

Eosinophiles o  i  'o  1200 

Formes  de  trans 2  3  4  3  4  00 

Ces  Tableaux  montrent  : 

1°  Que  les  solutions  de  concentration  moyenne  provoquent  d'emblée  de 
la  leucocytose  sans  stade  de  leucopénie; 

2°  Que  le  type  de  la  leucocytose  varie  selon  la  nature  de  la  solution 
injectée  :  le  chlorure  de  sodium  détermine  une  leucocytose  polynucléaire 
qui  se  maintient  plusieurs  jours  après  une  seule  injection.  Mêmes  résultats, 
dans  d'autres  expériences,  avec  le  chlorure  de  potassium  el  le  nitrate  d'argent 
à  I  pour  1000. 

Au  contraire  les  iodures,  quel  que  soit  le  métal  (potassium,  sodium),  les 
sels  de  didyme,  quel  que  soit  le  métalloïde  (chlorures,  iodures),  déterminent 
une  leucocytose  mononucléaire  qui  s'établit  d'emblée. 

3°  Que  l'injection  intraveineuse  d'un  colloïde  quelconque  provoque 
une  phase  de  leucopénie  (choc  hémoclasique)  avec  polynucléose  relative; 
puis,  au  bout  de  24  heures,  apparaît  la  leucocytose.  Mais,  à  partir  de  ce 
moment,  la  forme  de  la  leucocytose  varie  selon  la  nature  da  produit 
injecté  :  polynucléose  avec  l'argent;  mononucléose  avec  le  didyme,  et  aussi 
avec  un  complexe  colloïdal  iode-glycogène.  La  leucocytose  présente  donc 
alors  un  type  analogue  à  celui  que  l'on  observe  après  injection  d'une  solu- 
tion vraie  de  substances  actives  de  la  même  série  (sels  d'argent,  de 
didyme,  iodures). 

Il  résulte  de  ces  recherches  que  les  soluiions  injectées  dans  les  veines 
déterminent  d'emblée  une  leucocytose  dont  la  forme  varie  selon  la  nature 
du  produit  employé  ; 

Et  que,  d'autre  part,  les  colloïdes  agissent  d'abord  en  fonction  de  leur  état 
physique  (leucopénie  constante  avec  polynucléose  relative),  et  ensuite,  au 
bout  d'un  temps  assez  court,  en  fonction  de  leur  nature  chimique,  la  leuco- 
cytose affectant  dès  qu'elle  apparaît,  un  type  variable  (mononucléose  ou 
polynucléose)  "selon  le  colloïde  utilisé.   On  peut  supposer  que  c'est  au 


556  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

moment  où  celui-ci  se  dissout  que  survient  cette  deuxième  phase,  qui  est  la 
plus  longue.  Ainsi  se  précise  ce  qui  revient,  dans  \es  réactions  sanguines, 
d'une  part  à  l'étal  physique  (solution  vraie  ou  pseudo-solution  colloïdale) 
du  produit  injecté,  et  d'autre  part  à  sa  nature  chimique,  qui  règle  seule  les 
modifications  les  plus  durables. 


.MÉDECINE.  —  Sur  la  recherche  des  vibrations  thoraciqiies  chez  la  femme  et 
l'enfant  dans  les  pleurésies.  Note  de  M.  Hknri  Frossakd,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

On  s'accorde  à  déplorer  que  les  vibrations  thoraciques  soient  difficile- 
ment perçues  chez  la  femme  et  l'enfant  à  cause  de  leur  voix  trop  grêle. 

Ce  symptôme  de  premier  ordre  peut  cependant  être  recherché  avec 
succès  à  la  condition  de  faire  compter  les  malades  non  seulement  à  voix 
forte^  mais  encore  et  surtout  à  voix  très  gra<.'e. 

En  effet  le  thorax  de  la  femme  a  une  capacité  très  voisine  de  celle  du 
thorax  de  l'homme. 

Il  en  résulte  qu'ils  constituent  des  résonnalcurs  presque  équivalents  et  par 
conséquent  ne  vibrant  que  pour  des  sons  de  même  hauteur,  ou  très  voisins. 

Or  il  faut  se  rappeler  que  la  femme  parle  un  octave  plus  haut  que  l'homme. 

Le  résonnateur  féminin  ne  peut  donc  normalement  vibrer  à  la  palpation 
si  l'on  ne  fait  pas  produire  des  sons  très  graves  analogues  aux  sons  normaux 
de  la  voix  de  l'homme. 

Il  en  est  de  même  pour  l'enfant. 


La  séance  est  levée  à  i6  heures. 

A.  Lx. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    7   M  VUS   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Gt;oiu.KS  LEMOI.NE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  le  Tome  1(57  (juillet-décembre 
1918)  des  Comptes  rendus  est  en  distribution  au  Secrétariat. 

MÉCANIQUE.  —  Dèlerminntion  de  l'axe  de  rotation,  de  la  intesse  de  rotulion 
d'un  corps  solide  et  réalisation  d\in  corps  solide  sans  rotation.  Note  de 

M.  G.    LiPPMAXX. 

Etant  donné  un  système  de  corps  isolés  dans  l'espace,  c'est-à-dire  sous- 
trait à  toute  action  extérieure,  peut-on  constater  l'existence  d'un  mouve- 
ment de  rotation  possédé  par  ce  système,  et  déterminer  les  constantes  de 
ce  mouvement,  sans  avoir  recours  à  aucun  repère  extérieur,  à  aucun  sys- 
tème de  références,  et  sans  faire  usage  d'un  système  de  coordonnées, 
désigné  comme  fixe?  Une  remarque  de  Newton  donne  en  principe  la  solu- 
tion de  ce  problème  :  tout  mouvement  de  rotation  produit  des  forces  cen- 
trifuges fonctions  de  la  vitesse,  forces  que  l'on  peut  mettre  en  évidence 
et  mesurer  à  l'aide  d'observations  faites  à  l'intérieur  du  système  mobile  et 
sans  avoir  recours  à  aucun  repère  extérieur. 

La  bi'ève  remarque  de  Newton  demande  cependanl  à  être  complétée, 
car  la  vitesse  de  rotation  to  n'est  pas  la  seule  inconnue  du  problème  :  il 
peut  être  nécessaire  de  déterminer  également  l'axe  de  rotation,  lequel  peut 
n'êl  re  pas  donné.  Ainsi  dans  le  cas  très  simple  où  le  système  mobile  est  une 
sphèri-  rigide  et  homogène,  tout  diamètre  peut  servir  d'axe  de  rotation  et 
la  ligne  des  pôles  n'est  pas  connue  d'avance,  puisque  l'on  ignore  a  priori 

1;    R.,  igji,  1"  Semestre.  (T.  172,  N«  10.)  '  4^ 


558  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

s'il  y  a  rolalion;  il  y  a  lieu  de  calculer  les  parainèlrcs  qui  déterminent  la 
position  des  pôles.  Tel  est  le  cas  de  la  splière  homogène  que  nous  considé- 
rons dans  ce  qui  suit. 

Soit  donc  un  globe  sphérique  homogène,  habité  par  des  observateurs 
qui  n'y  perçoivent  aucun  mouvement,  et  qui  sont  privés  de  tout  point  de 
repère  extérieur.  Leur  situation  est  celle  djes  habitants  de  la  Terre  si  la 
vue  du  ciel  leur  avait  été  de  tout  temps  cachée  par  dos  nuages.  Ils  veulent 
cependant  savoir,  sil  y  a  rolalion,  mesurer  la  période  du  mouvement  et 
marquer  sur  la  surface  du  globe  la  posilion  des  pôles. 

Nos  observateurs  possèdent  un  pendule  géodésique  de  longueur 
réduite  /,  ainsi  qu'un  chronomètre  parfait.  Us  font  osciller  le  pendule  suc- 
cessivement en  trois  stations  X,,  X^.  X^  établies  en  des  points  arbitrairement 
choisis  à  la  surface  du  globe,  et  délerminenl  les  valeurs  Yi.  V^,  Ya  de  l'accé- 
lération apparente  de  la  pesanteur  aux  trois  stations.  Les  résultats  de 
l'observation  fourniront  la  solution  du  problème.  On  suppose  en  outre 
que  les  observateurs  connaissent  le  rayon  n  du  globe,  la  densité  p  de  la 
matière  dont  il  est  fait,  ainsi  que  les  distances  qui  existent  entre  les  trois 
stations. 

Si  le  globe  était  immobile.  Faccêlération  de  la  pesanteur  aurait  en  tout 
point  une  même  valeur  g,  égale  à  la  masse  divisée  par  le  carré  du  rayon  et 
multipliée  par  la  constante  /•  de  l'attraction  newlonienne;  on  aurait  donc 
en  tout  point 

é=  -  ~  f  p .  /. . 

Mais  l'accélération  centrifuge  intervient.  En  X,  celte  accélération /',  est 
égale  au  carré  de  la  vitesse  angulaire  w,  multiplié  par  le  rayon  de  la  circon- 
férence décrite,  lequel  est  égal  à  ^/sinA,,  À,  étant  la  distance  de  la  station 
au  pôle.  On  a  donc 

y,  =  fjj-rt  sin'A,. 

L'accélération  y,  observée  est  la  résultante  de  g  et  de  y,.  On  a  donc,  par 
le  parallélogramme  des  accélérations, 

•/  î  =  /f  +  A''  —  ayX'  cos  o, , 

cp,  étant  l'angle  compris  entre  les  directions  de  J\  et  de  g.  D'ailleurs,  ^,  est 
complémentaire  de  A,  on  a  donc  finalement 

2)  VÎ  =  n'  -+-  («"''J' —  2  i,'(7  f.i'-' )  sin-/.|. 


SÉANCE    DU    7    MARS    I921.  SSq 

De  même, 

(3)  yl  =  ^*+  {a'-(^^—  lga<ir)  sin->ij, 

(4)  -/:,  =^'+(rt=w*— 2^aw2)sin''>.3. 

Pour  déterminer  les  inconnues  to,  A,,  "/w,  A^,  on  a  les  trois  équations 
précédentes,  et,  en  outre,  une  relation  qui  existe  entre  les  carrés  du  sinus, 
puisque  les  angles  X, ,  "X.,,  X3  sont  ceux  que  fait  une  même  direction  avec  les 
rayons  de  la  sphère  qui  passent  par  les  trois  stations.  Cette  dernière 
relation  se  présente  sous  une  forme  compliquée  si  les  stations  sont  séparées 
par  des  distances  quelconques.  Supposons  que  les  stations  étant  d'ailleurs 
arbitrairement  choisies,  on  les  prenne  à  90"  les  unes  des  autres.  Les  angles 
X|,  Xo,  X3  sont  alors  ceux  de  Taxe  polaire  avec  trois  droites  perpendiculaires 
entre  elles.  On  a  alors  simplement 

COS'-/,i  +  COS'Àj -h  C0^-}.3  ^  I 

et,  par  conséquent, 

sin-),,  -\-  siii-Â,  +  sin-Àj  ^  2. 

En  ajoutant  membre  à  membre  les  équations  (2).  (3),  (4),  il  vient 

7Î  -+-  yl  -+-  'A  =  3^---+-  (ft'to''  —  2ffa',r)  (sin''^),i  -+-  sin^/,-!-  sin->.:,). 
La  somme  du  carré  des  sinus  étant  égale  à  2,  il  vient  finalement 

( 5 )  fl- oj'  —  2i,'-(>(,i^+  -(og'^  —  7]  -~ yl  —  yl)  =  0. 

Cette  équation,  du  second  degré  en  ato'-,  donne 

(6)  ""^'^ff—s/^iy^  +  yl  +  yl-s')- 

On  a  une  vérification  de  l'équation  (6)  en  faisant  les  remarques  suivantes. 
Soit  le  cas  particulier  où  la  station  X,  se  trouverait  être  au  pôle,  on  aurait 
alors 

y  =  5'! 

d'autre  part,  les  stations  X,  et  X.  se  trouveraient,  dès  lors,  sur  l'équatour  : 
on  aurait  alors 

y,=^y,=  ye, 

en  désignant  par  y,,  l'accélération  apparente  à  l'équateur.  L'équation  (6) 

devient 

,     .        ,    .  ,  .     .  •A-  =  ^-au-, 

relation  évidente  ^//?7Yon. 


56o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'équation  ((>)  permet  encore  de  formuler  les  deux  propositions  sui- 
vantes : 

i"  Le  radical  t  -(y;-+-T'~'"  Y'  —  ê' )  ^^^  ^ë'^'^  ^  Faccélération  apparente 
mesurée  à  l'équateur; 

2°  La  somme  y;  -+-  yl  4-  y'  a  une  valeur  constante,  indépendante  du  choix 
des  stations,  pourvu  que  celles-ci  soient  à  f)o°  les  unes  des  autres. 

Les  dis  lances  polaires  A,,  Âo;  >'^n  sont  données  par  les  équations  (2  )à(5). 
On  a,  en  eflet,  d'après(2), 

sin^/.,= ^'  ~''' — - 

et  par  suite,  d'après  (5). 
(7) 


(8) 
(9) 


Ces  équations  donnent  la  position  des  pôles  par  rapport  aux  trois  stations 
et  perrrteltent  d'aller  marquer  la  position  des  deux  pôles  à  la  surface  du 
globe,  sans  repère  extérieur. 

L'équation  (6)  donne  la  valeur  de  la  vitesse  de  rotation  en  valeur  abso- 
lue; mais  le  signe  de  co  n'est  pas  déterminé.  Le  double  signe  lient  à  ce  que 
la  même  accélération  centrifuge  peulètre  produite  par  deux  vitesses  de  ro- 
tation égales  et  de  sens  contraires.  Pour  déterminer  le  sens  de  la  rotation, 
il  faut  avoir  recours  à  quelque  phénomène  tel  que  la  déviation  de  la  chute 
des  graves  vers  l'Esl. 

Connaissant  la  direction  de  l'axe  polaire  et  la  vitesse  de  rotation,  nos  ob- 
servateurs peuvent  résoudre  le  jn'oblème  suivant  :  construire  un  mécanisme 
.tel  qu'une  pièce  solide  ait  une  vitesse  de  rotation  nulle.  A  cet  eflet  ils  instal- 
leront, dans  une  de  leursstations,  un  axe  de  rotation  matériel  immobile  par 
rapport  au  globe  et  parallèle  à  l'axe  des  pôles.  Cela  fait,  ils  feront  porter  à 
cet  axe  une  pièce  solide,  à  laquelle  un  mouvement  d'horlogerie  imprimera 
une  vitesse  de  rotation  égale  à  --  w.  Si  cette  pièce  solide  porte  une  lunette, 
cette  lunette  seia  une  lunclle  parallacliijue.  fonclioiiiuinl  sans  (juc  l'on  ait 
eu  recours  à  aucun  repère  extérieur. 


.    ., . 

P'—l\ 

:î(3^= 

'—r\  —  i\ 

-yl) 

*     0- 

^--:/i 

^3^^ 

-"/?  — 72 

-yl) 

fi---n 

^(3,^= 

—  l\  —  -l\ 

-7.) 

SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  56l 

Le  |»ai"allélisinc  de  l'axe  de  rotation  avec  la  ligne  des  pôles  en  fonction 
de  /V'.  X^,  X''  peut  être  obtenu  par  des  opérations  géodésirjues,  optiques  et 
physiques,  sans  l'observation  du  ciel,  (^uant  au  mouvement  de  rotation, 
sa  vitesse  est  donnée  par  l'équation  (  6  ),  et  sans  que  l'on  ait  à  se  préoccuper 
du  choix  de  l'unité  de  temps. 

En  eiVet,  les  valeurs  de  y,,  y.^,  y^  ont  été  obtenues  à  l'aide  d'une  horloge 
dont  la  graduation  est  arbitraire.  Cette  même  horloge  sert  à  régler  la  vitesse 
de  rotation  imprimée  à  la  pièce  tournante:  il  suffit  que  sa  marche  reste 
constante  pendant  toute  la  durée  des  opérations. 

HYDRAULIQUE.    —    S(ir  le  rcndemenl  maximum  des  turbines. 
Note  ('  )  de  M.  DE  Sparke. 

Nous  supposons  que  la  turbine  travaille  à  pleine  charge  et  qu'à  son 
entrée  dans  la  roue  la  vitesse  relative  de  l'eau  est  sensiblement  tangente  à 
l'aube,  désignons  par  ('„  la  vitesse  de  l'eau  à  la  sortie  du  distributeur,  par(v„ 
et  <.\\  les  vitesses  relatives  de  l'eau  à  l'entrée  et  à  la  sortie  de  la  roue,  par  «„ 
et  ;/,  les  vitesses  d'un  point  des  circonférences  d'entrée  et  de  sortie  de  la 
turbine,  par  /„  et  ?•,  leurs  rayons,  par  a„  et  ^„  les  angles  de  v„  et  u',,  avec  «„, 
par  H  la  hauteur  de  chute. 

Nous  désignerons  de  plus  par  avl  la  perte  de  charge  dans  le  distributeur 
et  par  bu\  4-  f  n'X')  c^lte  perte  de  charge  dans  la  roue.  Nous  aurons  alors, 
puisque  tr„  est  la  résultante  de  c,,  et  de  —  ;/„  : 

siii(|3,| — a„)         siiiiîo         sinj3o 

(2)  .  "'o=^''ri+"o —    !  "o''o  C0S3C,,. 

Puis  par  le  théorème  des  forces  vives  appliqué  au  mouvement  relatif  de 
l'eau  dans  la  roue,  en  tenant  compte  de  (2), 

(  3  )  ny  =;  a  :,'  H  —  a^'l  —  i  M^r,,  cos  a,,  -1-  /('J  ^  inr;  —  cit'-. 

Si,  de  plus,  nous  désignons  par  j3,  l'angle  (v,  avec  le  prolongement  de  u^ 
on  obtient  pour  le  rendement  p,  par  le  théorème  des  moments  des  quantités 


(')  Séance  du  aS  févi-ier  192 1. 

(-)  D'après  M.  Râteau  {Traité  des  lurbo-iH'i.cliine<i),  011  pouriaii  prenilre  environ  : 


562  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  mouvc-ment  ('). 

(4)  ?——ïî\-^^ r  -H-'    —  cosp,  — I       . 

,i-H  Lsin(j3„  — «„)         /-iVi  J.\ 

Si  alors  nous  posons  (-) 

(5)  y  =  lli  r=  '-±!li,  :«=rJlL,  s-^,  x=''°  '''"^° 

Les  équations  (3)  et  (7|)  donnent 

^=   ^(«  +  c)  X^  4-2(1  — r)Xcosao+  — r  +  l-'-' (^  -^  ^')  —  ^  y 
'  (1  ''  î 

.  p  ;  ^  2  X  COS  «i,  -1-  2  ;ji  COS  j3i  —  2. 

En  éliminanl  a  entre  ces  deux  équations  on  aura 

4cos^j3,  /, 

Pour  que  les  racines  de  cette  équation  soient  réelles,  si  l'on  pose 
(7)  _r  =  p;-+-2, 

il  faudra  que  Ton  ait 

Y,  élant  la  racine  positive  de  l'équation 

(S)  Y--+- 4— 7  B  cos-a„Y  —  4  cos-a,, -4  A(  I  +  3 r 

'i  ''i    \  '■; 

,  r,,        ,  no    a  -i-  c  ri 

1  +  o  r; 
OÙ  Ton  a  posé 

X—_l ^ ! ^  ços^^         n—iliL. 

a  -\-  c        \-\-  b  r\  cos=  a.^  n  -f-  c 

On  aura  alors  pour  le  maximum  p,   du  rendement  correspondant  à  la 
valeur  donnée  de  ç,  en  vertu  de  (7)  et  de  la  valeur  de  z, 

(9)  P.  =  (V,-2)^4=. 

'  0 

(')  Bateau,  Traité  des  turbo-mac/iines,  p.  i3.  , 

(■•)  La  vitesse   relative   de  l'eau   à   l'entrée  de   la   roue  élnnl  supposée  lanyeiUe  à 
l'aube,  So  est  rinciinaison  initiale  de  l'auhe. 


SÉANCE  DU  7  MARS  1921.  563 

D'ailleurs,  coin  me  |)our  la  valeur  \ ,  de  >',  les  racines  de  ((3)  sont  égales, 
on  en  déduira,  pour  la  valeur  correspondante  de  X  : 


^^Ha  +  c) 

'  A  cos  a,, 


Cl  l'on  en  déduira  [i„  par  la  formule 

—1  A  —  COS  «0 


En  prenant,  comme  nous  l'avons  dit,  a  =  h  ^=  o,oG,  c  =  o,i25   et  de 
plus  a„  =  ji»,  =  20°,  on   trouverait  pour  ^  =  i ,  p,  =  o.SiSp,  p^  =  i5G°44'' 
Si,  dans  l'équation  (8),  nous  remplaçons  z  par  sa  valeur  tirée  de  (7), 


(..•,  .='~^ 


cette  équation  devient 


(12)      Y:-4^cos-^a„(-— B)Y 


-{-  4  co5-(Z„  — ^  A ' -. I     —  4  1^' ; — î  cos-a„  cos'pi  =  o. 

'"1         \po  >ï  )  '  —  ''    ''I 

Pour  que  les  racines  de  cette  équation  soient  réelles,  il  faut 


^,  étant  la  plus  grande  racine  di-  l'équation 

'B  ,  /-  V      ,    \V-{a^c) 


A        Acos^a,,  l'I     '  A  '     \  cos-a,,  \  z',^ 


-^  C  ]  z=  o. 


On  a,  par  suite,  pour  le  maximum  du  rendement  correspondant  à  des 
valeurs  données  de  a„  et  ^|, 

(l4)  Pm=^' 

SI 

On  aura  ensuite,  pour  la  valeur  correspondante  de  Y,  puisque  les  racines 
de  (12)  sont  alors  égales, 

(i5)  Y,„=:2^co5^a,YA  _bV 


564  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

puis,  pour  la  valeur  correspondante  de  la  vitesse  relative  :, 


(.6) 


P'i 


/■;  Y,„- 


On  aura  enfin  la  valeur  correspondante  de  ^„,  par  les  formules  (lo) 
et  (il),  en  prenant  encore  a„  =  3,  =  20°,  /•,  =  o,8/-„  et  les  mêmes  valeurs 
pour  a,  h,  c,  on  trouve 

p,„r=o,<)oo6,        £  =  0,6740,         j3(,^84°o'. 

Toutefois  on  aura  en  général  intérêt,  si  Ton  désire  une  turbine  rapide, 
à  faire  un  certain  sacrifice  sur  le  rendement  pour  obtenir  une  valeur  plus 
grande  pour  \.  Dans  ce  cas  on  calculera  d'abord,  comme  nous  venons  de  le 
dire,  la  valeur  de  p„,  ('),  puis  on  prendra  pour  s  une  valeur  s,  légèrement 
inférieure  à  p,„.  Pour  cette  valeur  c,  de  p  on  déduira,  par  rc(|uation  (12), 
deux  valeurs  de  Y;  on  prendra  la  plus  petite,  Y,,  on  en  déduira  :^  de  l'équa- 
tion (.9),  et  (10)  et  (i  I  )  feront  connaître  la  valeur  correspondante  de  Ji,,. 

En  prenant  ainsi  p,  =  o,8g(-),  on  trouve  :  =  0,7811,  [3„  =  12 i"5i'. 
Si  l'on  avait  pris  p,  =  0.88,  on  aurait  trouvé  ;  =  o,()2;0.  !3„  =  i23''37'. 

On  voit  qu'en  sacrifiant  i  pour  100  sur  le  rendement,  on  gagne  11 
pour  100  sur  la  vitesse  relative  de  la  turbine,  et  qu'en  sacrifiant  2  pour  100 
sur  le  rendement,  on  gagne  25  pour  100  sur  la  vitesse  relative  (^  ). 


COMMISSIOiXS. 

Le  scrutin  pour  la  nomination  des  commissions  de  prix  de  192 1,  ouvert 
en  la  séance  du  28  février,  est  clos  en  celle  du  -  mars. 

Le  dépouillement  des  cahiers  de  vote  donne  les  résultats  suivants  : 

\.    M.vrinaiATK.iui.s   :    l'rix   lÎDrdin.    Fraiinrur.    —  MM.    .lordan,     \ppell, 
l'ainlevé,  Hadamard,  Goursat,  .\...;  13oussines(|,  lùnile  Picard,  Lecornu. 
Aucun  autre  sull'rage  n'a  été  exprimé. 


(')  Car  p  varie  ienleinent  dans  le  voisinai;e  de  son  ma^iiiiuni  o,,,. 

{-)  L-js  autres  données  restent  les  mèine>. 

(^)  Nous  avons,  dans  ce  qui  précède,  négligé  finlluence  des  fuites  et  les  rendements 
seraient,  par  suite,  à  corriger  de  leur  inlliience;  toutefois,  cela  n'influerait  que  peu 
sur  la  valeur  de  po,  correspondant  aux  maxima  de  p. 


SÉANCE    DU    7    MARS    I921.  56'i 

II.  iMiicwiOLiî  :  l'rlr  Monlyo/i ,  /'onre/ct,  lioileau,  l'icrson-l'crrin.  -- 
MM.  Boussincsq,  Sebert,  Vieille,  Lecornu.  Kd-nigs,  Mesnager:  Jordan, 
Haton  de  la  Goupillière,  Berlin. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  I^mile  Picard.  Appell. 

III.  AsruoNOMiK  :  Piir  Lalande^  Uenjamin  Vah,  Pierre  Giizman,  G.  de 
Pontécoiildnt .  —  MM.  Deslandres,  Bigourdan,  Baillaud,  Hamy,  Puiseux, 
Andoyer;  Jordan,  Lippniann,  hjiiile  Picard. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Boussincsq,  Appell. 

IV.  GKor.r.APiiiE  :  Prl.v  Cay,  fondation  Tchihalchef.  —  MM.  (irandidier, 
Bertin,  Lallemand,  Fournier,  lîourgeois,  Favé;  Edmond  Perrier,  duignard, 
le  prince  Bonaparte. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Douvillé,  Lecomle. 

V.  Navigation  :  Prix  de  six  mille  francs.  Plumer.  —  MM.  Grandidier, 
Boussincsq,  Sebert,  Bertin,  Vieille,  Lallemand,  Lecornu,  Fournier,  Bour- 
geois, Kœnigs,  Favé,  Mesnager. 

VI.  PiiYsioui:  :  Pri.v  Gaston  Planté,  Hébert,  Henri  de  Par<,'ille,  Hughes, 
fondation  Clément  Féli.v.  —  MM.  Lippmann,  Violle,  Bouty,  Villard, 
Branly,  Daniel  Bertbelot;  Boussincsq,  Emile  Picard,.  Carpenticr. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Appell,  Paul  Janet. 

VII.  CiiunE  :  Prix  Montyon  des  arts  insalubres,  Jecker,  fondation 
Cahours,  prix  Berthelot,  Houzeau.  — MM.  Lemoine,  Haller,  Le  Cliatelier, 
Moureu,  Béhal,  N...;  Schhrsing,  Maquenne,  Lindet. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Roux.  A.  Lacroix. 

VIII.  MiNÉRALOGiii  ET  Géologm'.  :  Prîx  Cuvier,  Delesse,  Victor  Paulin,  Joseph 
Labbé.  —  MM.  Barrois,  Douvillé,  Wallerant,  Termier,  de  Launay,  Haug; 
Edmond  Perrier,  A.  Lacroix,  Depéret. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  le  prince  Bonaparte, 
Kilian. 

IX.  BoTAMouE  :  Prix  Desmazières,  Montagne,  Jean  Thore,  de  Coince',  Jean 
de  Hufz  de  Lavison.  —  .MM.  Guignard,  Gaston  Bonnier,  Mangin,  (  los- 
tantin,  Lecomte,  Dangeard  ;  Edmond  Perrier,  Bouvier,  le  prince  Bonaparte. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Henneguy,  Flabault. 

X.  Anatojme  El"  Zoologie  :  Prix  da  Gama  Machado,  fondation  Sa^ignv.  — • 


£66  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

INIM.   Ilanvicr,   Edmond  Perrier,  Bouvier,   Hennegiiy.    Marchai,  Joubin: 
Grandidier.  Laveran,  le  prince  Bonaparte. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  d'  \rsonval.  Douvillé. 

XI.  Méijf.cune  rr  CmuuiiiiiF.  :  Prix  Monlvoii,  Barbier.  Brêtinl,  Godard,  Mége, 
BcUioii,  Uirrcy.  Argiit.  —  MM.  d'Arsonval.  Laveran.  Charles  Richet. 
Quénu,  Widal.  Bazy;  Edmond  Perrier.  (iuignard,  Roux.  Henneguy, 
Branly. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Leclainche.  Joubin. 

XII.  PnYSiOi.oc.ii:  :  Prix  Montyon,  LidlciiKiiid.  Pliilijxdiir.  Funiiy  Emdcn. 
—  MM.  Edmond  Perrier.  d'Aisonvai.  Roux,  Laveran.  Henneguy.  Mangiii. 
Chailes  Richet. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  de  Grainont.  Quénu. 

XIIL  Fonds  Cluirlcs  Bouchard.  —  MM.  Edmond  Perrier.  d'Arsonval. 
Guignard.  Roux.  Laveran,  Henneguy,  Mangin.  Branly.  Charles  Richet. 
Quénu.  AVidal.  Bazy. 

XIV.   Prix  Monlyon  de  sitilisliqur.    -    MM.  de  Freycinet,  Haton  de  la 
Goupillière,  Emile  Picard,  Appell,  ^  iolle,  le  prince  Bonaparte.  Tisserand. 
Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Boussinesq.  Lecomte. 

.W.  HisToir.i:  i:r  imiilosoi'iiiI':  des  sciences  :  Pri.c  Binonx.  —  MM.  Gran- 
didier, Emile  Picard.  Appell,  Edmond  Perrier,  Bouvier,  Bigourdan,  de 
Launay. 

Ont  ol)tenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Boussinesq,  Danitl 
Barthelot. 

XVI.  Médtnllc.s  Arago.  fjn-olsicr.  Bcrilirloi.  —  MM.  Lemoine.  Berlin. 
l"]mile  Picard,  A.  Lacroix. 

XVII.  Pri.v  (iitsiai'r  Houx.  Thorici.  foiidalions  Lnimelongue.  Treiiionl. 
(iegner.  Henri  Becquerel.  —  MM.  Lemoine,  Berlin,  Emile  Picard,  A. 
Lacroix,  Appell,  Edmond  Perrier. 

XVI II.  Grand  prix  des  sciences  pliysiques.  -  M\I.  Edmond  Perrier, 
d'Arsonval,  Guignard,  A.  Lacroix,  Uouvillé,  Le  Chatelier.  Termier. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Roux.  Lecomte. 

XIX.  Pri V  Petit  d'Orinoy  (^sciences  inaihémaliques).  —  \l\l.  Jordan, 
Boussinesq,  l]mile  Picard,  Appell,  Painlevé,  Bigourdan.  Lecornu. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  \  iellle.  KoMiigs. 


SÉANCE    DU    7    MAHS    1921.  5()7 

XX.  l'ri.v  l'iiil  (l'Ormoy  (sciences  iialiircllcs  ).  —  \IM.  (iui^iiarcl.  Koiix, 
Bouvier,  A.  I^iicroix.  Douvillé,  Mangin,   l'erniier. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suilVages  :  MM.  lùlmond  Perrier, 
Ucnneguy. 

X\l.  Prix  Jciin  RcyjkiikL  —  MM.  Jordan,  l'imilc  Picard,  d' Arsonval, 
Roux,  A.  Lacroix,  Lindel.  Breton. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  _\l\l.  Guignard.  \  iollo. 

XXII.  Prix  (lu  Ixirou  de  Joes/.  —  MM.  l']dnioud  Perrier,  Guignard. 
Boux,  Haller.  le  prince  Bonaparte.  Lindct.  Brelou. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :   MM.  d'Arsonval,    V.  Lacroix. 

XXIII.  Pii.v  PdiLin.  —  MM.  (iuignaid,  Boux,  Laveran.  A.  Lacroix, 
Bigourdan.  Douvillé.  Termier. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  sulfragcs  :  MM.  \  ioUe.  Charles  Ricliet. 

XXIV.  P/i.c  Sdin/our.  —  MM.  Jordan,  Fjoussinesq,  Lippuiann,  Lmile 
Picard,  Appcll,  Bigourdan,  Baillaud. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  VioUe,  Kœnigs. 

XXV.  Piix  Henri  de  Panifie  (ouvrages  de  science).  —  MM.  Lemoine. 
Bertin,  Lmile  Picard,  A.  Lacroix;  Appell,  Moureu,  Paul  Janet. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Boussinesq.  Haller.  le 
prince  Bonaparte. 

XXVL  Prix  Lonclicimpl.  —  MM.  Edmond  Perrier,  Guignard,  Roux, 
Laveran,  Maquenne,  Mangin,  Charles  Hichet. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.    \.  Lacroix,  Leclainche. 

XXVIL  Prix  Henry  Wilde.  —  MM.  Grandidier.  Lippmaan,  Lmile 
Picard,  Guignard,  A  ioUe,  A.  Lacroix,  Bigourdan. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  BDUssinesq,  Appell. 

XXVIIL  (^)uestion  à  proposer  pour  le  Grand  prix  des  Sciences  niallté- 
matiques  à  décerner  en  i()2''|.  —  MM.  Jordan,  Boussinesq,  l']mile  Picard, 
Appell,  Painlevé,  Hamy,  Lecornu. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  sullVages  :  MM.  Bigourdan.  Goursat. 

XXIX.  (Question  à  proposer  pour  le  Prix  ffordin  (sciences  physiques) 
à  décerner  en  1921.  —  MM.  Edmond  Perrier,  Guignard.  Houx,  Haller, 
Schlœsing.  A.  Lacroix,  Douvillé. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Bouvier.  Mangin. 


568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPOXDAIVCE. 


M.   le    Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  iin[)rimées  de  la 
Correspondance  : 

D.  M.vM  i-.L  VKL.v.sr.o  DE  Pando,  Calculo  de  las  Probahilidades. 
DuRr,APi\A.s\N.\'.v   BiiAT TACiiARYY.v,  Vcctor  calculits. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Variation  de  la  fonclion  qui  fournil  la  rcprè- 
scntation  con  forme  d'une  aire  sur  un  cercle,  lorsque  te  conloiir  de  l'aire  rtirie. 
Mole  de  M.  Gastox  Julia. 

1.  Le  contour  C  de  Taire  sera  une  courbe  analytique  fermée.  A  un  point 
intérieur,  Al  une  direction  issue  de  A.  Par  Z  =  fx(:-),  C  devient  le  cercle 
r[|Z  I  =  i],  A  devient  l'origine  O  du  plan  Z,  A/  devient  la  direction  OT  fixée 
à  l'avance. 

On  donne  à  ;  une  valeui-  fixe  B  intérieure  à  C:  alors  //^  /"^(B)  dépend 
du  contour  C.  Etudier  sa  variation  ob  en  fonction  de  la  variation  du  contour, 
définie  par  un  déplacement  normal  on  en  chaque  point  M  de  C,  compté 
positivement  vers  l'intérieur  de  C. 

M.  Iladamard  a  déjà  donné  l'équation 

J,-  dliyi  (Inyx 

pour  la  variation  de  g(A,  B)  =  —  log  \J\(  B)|. 
On  en  déduit  aussitôt  la  relation 


o;  étant  la  variation  normale  de  Va/fixe  z  du  point  M,  (jiiand  on  passe  du 
contour  (Z  au  contour  varié  C,. 

Comme /Ji(-)  est  une  l'onction  lioinograplii(|uc  de  y\(r.  ),  il  vient,  api'ès 


calculs  simples, 


SFANCE  DU  7  ^rARS   1921. 


56() 


0  3  r/; 


./,,Zi'/.—  61  "./„ 


Les  dernières  intégrales  sont  élenrlues  au  cercle  T  du  plan  Z. 
2.  Celte  équation 


(2) 


'      o7,  r/Z 

•/A'I.-b) 


s'obtient  directement,  sans  passer  par  réqualion(i)  de  M.  Hadamard,  en 
remarquant  que  i^b  -f-  Cib)  est  une  fonction  analytique  de  b,  dans  le  plan  de 
la  variable  Z,  et  qu'elle  transforme  le  contour  F,,  décrit  par  Z,  quand  s 
décrit  le  contour  varié  C,  voisin  de  C,  en  F.  On  voit  alors  bien  facilement 
que  -j-,  partie  principale  de  la  fonction  log — -r — >  prend  sur  F  des  valeurs 
dont  la  partie  réelle  est  précisément  ÔN,  écart  normal  entre  F  et  F,.  La  réso- 
lution du  problème  de  Diricblet  pour  le  cercle  F  donne  alors 


'^\-r)=  —  /  '^^  -7X1  'o? 


b\dS: 


o7. 


N  d  log 


7.-  b 


qui  n'est  autre  que  l'équation  (2),  car-^^  =  —  oN. 

3.  En  posant  Z  =  ^,  dans  la  deuxième  intégrale  de  (2),  Z  et  Z„   sont 
conjugués  sur  F  et  il  vient 


(3) 


i^J?'^''-^"^-M''"A^'-^\ 


oN(Z)  indique  le  déplacement  normal  à  F  au  point  Z  d'aigument  9.  Dans 
la  deuxième  intégrale  de  (3),  dX^  et  it'/j  ne  sont  pas  conjugués,  mais  r/Z,,  et 
—  (IL  le  sont.  Moyennant  celte  remarque,  (3)  devient 


(4) 


db 


=-4/r-'^"'^-4U'S]' 


et,  par  conséquent, 


'      /        .-V,  ,.,      ,  «     /  oi\  d/. 

, /  rj^{/.)d'^~     - -+(C. 

27rA  ^  TjyL—b 


570  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mais  la  cunslniitc  réelle  C  est  nulle  puisque  les  deux  fonctions  /'  et  h  -t-  cZ» 
font  prendre  à  A/  la  même  direction  ()T. 
En  définitive,  il  vient 

oA(B)  _  j_   Çb  +  L  oLdf. 
y\(C)   ~  'îT.ijyb-'L      /J    ' 


et,  i-n  revenant  au  contour  C, 

)  .A'B) 
(5) 


La  quanlité-T—  /      oN(Z)f/^,  quiintervenail  dans  lescalculs  précédents, 
a  une  signification  précise  donnée  par 


(6) 


ô/i(A)  I      foLcTL 


/.UA) 
Au  contour, 


La  formule  (G)  s'obtient  aiséaicnt  en  faisant  tendre  B   vers  A   dans  la 
formule  (5). 


GÉOMÉTRIE  INFIMTÉSIMALE.  —  Svslcmes  ailiculés  (U'formables  et -couples  de 
surfaces  qui  s'en  déduisent.  Note  (  ')  de  M.  Iîertba.nd  Gamdier,  présentée 
par  M.  G.  Kœnigs. 

L  J'ai  indiqué  dans  ma  Note  du  i4  février  1921  l'unique  système  articulé 
transformable  constitué  de  deux  surfaces  ou  de  deux  courbes  et  les  quatre 
seuls  systèmes  dèfoniiahles  constitués  de  deux  courbes,  en  me  bornant, 
pour  ceux-ci,  à  ceux  qui  n'exigent  pas  la  notion  d'embranc/iement  ;  i\\cc  cotte 
notion,  on  peut  définir  trois  types  nouveaux  : 

Cinquième  type.  —  Le  type  II  est  constitué  par  une  courbe  plane  C  et  une 
droite  D  perpendiculaire  au  plan  de  C;  soit  un  systèmeC,,  D,  de  même  défi- 
nition. On  peut  transformer  C  en  D,  et  D  en  G,,  en  prenant  comme  défor- 

(')  Séance  du  'H  février  1921. 


SÉANCE   DU    7    MARS    I921.  671 

iiKilion  cnilintm-linnciil  un  couple  de  deux  droites  sécantes  rectangulaires 
A,  A,  et  appliquant  la  déformation  I  à  (C.  D)  ou  (C,,  D,). 

Sixième  Ivpc.  —  Appelons  plan/J7-«>îa/;rt/d'une  conique  le  plan  mené  par  un 
des  axes  perpendiculairement  au  plan  de  cette  conique.  Le  mécanisme  formé 
d'une  conique  (rt)  et  d'une  courbe  plane  (/>)  dans  un  plan  principal  de  {a) 
peut,  comme  type  IIF  ou  IV,  être  déformé  en  une  droite  D  et  une  courbe 
plane  C  dont  le  plan  contient  D;  (C,  D)  est  l'embrancbement  qui  permet 
de  passer  au  type  I,  avec  une  courbe  gauche  F  et  une  droite  D.  Quand  (a) 
et  (/>)  sont  données,  C  est  unique.  Quand  F  et  D  sont  données,  on  peut 
obtenir  une  conique  (o)  arhilrairc. 

Septième  type.  —  Une  quadrique  de  révolution  et  son  axe  peuvent  être 
réduits  à  une  méridienne  et  l'axe;  cette  position  d'embranchement  est  un 
cas  particulier  du  sixième  type;  on  peut  échanger  l'axe  avec  la  quadrique 
et  inversement. 

2.  Feterson  et  Darboux  (')  ont  montré  que  la  surface  S  la  plus  générale 
admettant  deux  familles  conjuguées  formées  de  courbes  de  contact,  l'une  de 
cylindres,  l'autre  de  cônes,  est  donnée  par  les  formules 

(i)  X  =  \[j,—  fa,d\,         Y  =  AA,—  Trt.f/A,         Y.  =  A/>,—   h,,dA, 

où  b,,  b.,,  b,  sont  fonctions  d'un  [)ardmètre  ^,  et  a,,  a.,,  a.^,  A  d'un  autre  a, 
A  n'étant  pas  constant.  La  surface,  de  définition  semblable,  S,, 

(2)         \  =  \\i,-  f\,d.\,         Yz=XB,—  f\,dA,         Zr=kB,~  JA.dA 

est  applicable  sur  S  si  l'on  a  à  la  fois 

{?,)    (fl,— i'>,  I-+  {a,  — /},}■'-+■  {a^—  63,2=;(A,— B,)-+(  A-2— Bj)-+  (  A,— Bj)^ 
•  (4)  db'i-Jrdl>l  +  dbi  =  d\r^-i-dBl  +  dBl. 

.  L'équation  (3)  définit  tous  les  mécanismes  de  cette  Note  et  de  la  précé- 
dente; l'équation  (4)  ne  peut  être  vérifiée  que  par  certains  mécanismes  du 
type  II,  III  ou  VI.  Le  type  général  II  réussit  à  donner  une  première  surface  S 
ne  dépendant  pas  du  paramètre  de  déformation  et  l'on  obtient  alors  une 
famille  à  un  paramètre  de  surfaces  toutes  applicables,  comme  le  montrent 
Pcterson  et  Darboux.  Mais  pour  III  ou  VI  on  doit  fixer  les  constantes  de 
déformation  du  mécanisme,  S  et  S,  en  dépendent  toutes  deux,  de  sorte 
qu'une  fois  A  fixé,  on  obtient  à  chaque  fois  un  couple  et  un  seul.  On  obtient 

C)   Théorie  des  surfaces,  2'"  édition,  t.  1,  p.  182. 


572  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

uu  résiillal  géométrique  curieux  :  la  courbe  (B)  ou  (  h),  suivant  le  cas,  est 
arête  de  rebroussement  d'une  développable  D  circonscrite  à  une  qua- 
drique  Q.  lléciproquemcnt,  une  telle  développable  donne,  si  Q  n'est  pas  de 
révolution,  trois  couples  dérivés  de  III;  si  Q  est  de  révolution,  D  donne 
deux  couples  seulement  dérivés  de  III.  mais  en  plus  un  couple  dérivé  du 
type  VI.  Enfin  si  la  quadrique  Q  est  de  révolution  avec  un  cône  as\  mptote 
égal  au  cône  x--\-y"  —  z'^^o,  on  peut,  en  debors  de  ces  trois  couples, 
obtenir,  par  une  niétbode  légèrement  dillérente  de  celle  de  Peterson,  un 
couple  dérivé  du  type  II. 

Si  donc  D  se  trouve  même  être  de  quatrième  classe,  circonscrite  à  un 
faisceau  tangentiel  de  quadriques,  ou  de  troisième  classe,  elle  peut  définir 
une  infinité  de  couples. 

Un  autre  résultat  intéressant  s'obtient  si  Q  a  ses  génératrices  réelles  : 
l'une  des  surfaces  du  couple,  S  par  exemple,  est  partagée  en  ■mi  secteurs 
alternativement  recouverts  par  l'autre  S,  composée  de  n  nappes.  Les 
génératrices  de  Q  tangentes  à  la  courbe  de  contact  de  D  et  Q  fournissent 
Il  séparation  de  S  en  secteurs,  en  écartant  celles  qui  seraient  tangentes 
stationnaires 

Bien  que  l'algébricité  de  S  et  S,  n'ait  pas  un  intérêt  primordial,  si  D  est 
algébrique,  on  peut  déterminer  aisément  la  forme  des  fonctions  «  et  A  pour 
que  le  couple  soit  algébrique.  Dans  le  cas  de  Peterson  on  peut,  dans  une 
famille  transcendante,  obtenir  deux  individus  algébriques;  j'ai  même  pu 
déduire  de  la  résolution  de  l'équation  la  plus  générale  du  troisième  degré 
une  famille  où  toutes  les  surfaces  sont  algébriques. 

3.  Soit  f{ii)  un  polynôme  donné  du  troisième  degré  arbitraire  en 
//  et  P{u)^/{u)  —  C,  où  G  est  une  constante  vai-iahic.  L3  recbercbe  des 
l'acines  de  l'équation  P(«)  =  o  revient  à  écrire  l'identité 

.  p.   .  _  {i(  —  ii„y  Vjut)  -+-  [(/,—  dY  P(i'o) ^ 

{ "1  —  "0)^ 

où  u,,  u„  sont  deux  nombres  lacincs  d'une  équation  du  second  degré  les 
définissant  en  fonction  deC.  On  en  conclut  que  Iv  et  K,  étant  deux  constantes 
fixes,  les  surfaces,  variables  avec  C, 


(6) 


V  ("i-"o)'        '  V  ("i"-"o)-' 


SÉANCE    DU    7    MAllS    1921.  SyS 

ont  toutes  pour  r/s- 

ds'^—  y\ii)  -^K-(i\\  4-  K,  )]<//-+  tf  {ii)dldu  4-  '^/"(ii)dii\ 

On  remarquera  qu'en  remplaçant  1/  par  XU  +  a  et  C  par  C,  +  p,  où  A,  [x,  p 
sont  des  constantes  convenables,  on  peut  supposer  /(m)  réduit  à  la  forme 
a(i  -+-  //)'+  /y(i  —  uy,  de  sorte  que  les  surfaces  (6)  dépendent  des  para- 
mètres a,  b,  Iv.  K|,  C.  Quand  les  quatre  premiers  sont  fixés,  on  a  des 
surfaces  applicables,  coupées  par  les  plans  horizontaux  suivant  des  déve- 
loppées d'ellipse  (ab  ^  o)  ou  d'iiyperbole  (  ab  <|  o). 

En  supposant  a=  b  =  i,  on  a.  les  formules  plus  simples,  où  j'appelle /c 
le  paramètre  de  déformation 


(7) 


Ces  surfaces  sont  coupées  par  les  plans  horizontaux  suivant  des  hy])0- 
cycloïdes  à  quatre  rebroussemenls.  Cela  revient  à  supposer  le  polynôme  / 
du  second  degré. 


MÉCANIQUE.  —  Sur  le  renversement  des  efl'orls  dans  les  barres  de  treillis  des 
tabliers  métaViqiies  à  travées  solidaires.  Note  de  M.  A.  Talox,  présentée 
par  M.  L.  Lecornu. 

L'importance  de  la  détermination,  aussi  exacte  que  possible,  des  efforts 
dans  les  barres  de  treillis  des  poutres  principales  des  tabliers  métalliques 
sous  voies  ferrées  ressort  du  texte  même  du  llèglement  ministériel  du 
8  janvier  1910  pour  le  calcul  et  les  épreuves  des  ponis  métalliques,  lequel 
dispose,  en  son  article  8,  qu'il  y  a  lieu  de  faire  état  pour  ces  Ijarres  des 
efforts  secondaires  auxquels  elles  peuvent  être  soumises  par  une  majoration 
convenable  des  efforts  principaux,  arrêtée  d'après  les  règles  de  l'art  et  les 
enseignements  de  la  pratique. 

A  ce  dernier  titre,  nous  croyons  devoir  signaler  quelques  résultats,  par- 
ticulièrement intéressants,  des  épreuves  et  expériences  auxquelles  ont  été 
soumises  les  diverses  barres  de  treillis  de  poutres  continues  de  quelques 
ouvrages  métalliques  importants  et  notamment  du  Pont  sur  le  Tarn,  à 
quatre  travées  solidaires,  d'une  portée  respective  de  27'",! 5  pour  les 
travées  de  rive  et  35™, 28  pour  les  travées  intermédiaires. 

c.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  \l=i,  N'  10  )  ''H 


5^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ctiaque  Iravée  de  rive  de  ce  dernierouviage  comprend  neuf  paiineau\  de  a™, 9^0  de 
longueur  el  3"',5oo  de  hauteur;  les  travées  centrales  coniprennenl  douze  panneaux  de 
mêmes  dituensions.  Le  treillis  est  à  barres  surabondantes',  inclinées  à  45°.  La  section 
moyenne  de  chaque  panneau  coupe  quatre  barres,  dont  deux  sont  constituées  par  des 
rails  Brune!  et  deux  par  des  fers  méplats. 

Les  épreuves  el  expériences,  qui  ont  comporté  trois  séries,  ont  été  eliectuées  sous 
Je  passage  des  liaiiis  ordinaires  de  l'exploitation,  remorqués,  soit  par  une  machine 
de  60',  soit  par  une  ou  deux  machines  de  85",  à  cijiq  essieux  couplés;  elles  compren- 
nent un  total  de  ài  observations  qui  ont  porté  sur  les  diverses  barres  des  panneaux 
des  quatre  travées  de  l'ouvrage. 

Les  résultais,  dùmenl  véi-ifiés.  onldunné  lieu  aux  coiistalations  générales 
suivantes  : 

Les  efibrls  anormaux  de  compression  dans  les  barres  normalement 
tendues  se  manifestent  dans  les  travées  de  rive,  sur  la  presque  totalité  de  la 
travée  et,  notamment,  dans  les  panneaux  immédiatement  voisins  de  la 
culée;  dans  les  travées  intermédiaires,  la  zone  centrale  où  les  elTorts  tran- 
chants peuvent  changer  de  sens  s'étend  jusque  vers  le  deuxième  panneau  à 
compter  de  chaque  appui. 

En  vue  de  l'interprétation  graphique  de  ces  résultats,  nous  avons  fait 
application  de  la  méthode  des  surcharges  uniformes  à  répartition  variable, 
les  plus  défavorables,  que  feu  rinspocteur  général  des  Ponis  et  Chaussées 
J.  Résal  a  exposée  dans  son  remarquable  Traité  des  Pouls  niélal/iqucs.  Mais 
la  zone  centrale  d'inversion,  ainsi  déterminée  par  le  tracé  des  enveloppes 
des  efforts  tranchants  maxiina,  est  loin  de  s'étendre  à  tous  les  panneaux  oîi 
les  appareils  Manet-Rabut  ont  révélé  l'existence  d'efforts  anormaux  de 
compression  :  c'est  ainsi  que  ladite  zone  centrale  ne  s'étend  pas  dans  les 
travées  de  rive,  au  delà  du  sixième  panneau  à  compter  des  appuis  inter- 
médiaires, ni  au  delà  du  quatrième  dans  les  travées  intermédiaires,  alors 
que  les  expériences  ont  accusé,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  un  renverse- 
ment des  efforts  jusque  dans  le  deuxième  panneau  à  compter  des  mêmes 
appuis. 

Par  contre,  la  considération,  panneau  par  panneau,  des  lignes  d'iniluence 
des  efforts  tranchants  permet  d'expliquer  l'existence,  ainsi  (jue  le  mode  de 
production,  des  efforts  d'apparence  anormale  envisagés  ci-dessus. 

Toutefois,  les  efforts  maxima  de  com[)ression  ainsi  déterminés  sont  géné- 
ralement inférieurs  aux  efforts  mesurés  dont  la  valeur  réelle  atteint  parfois 
le  double  de  la  valeur  théorique,  ce  qui  dénoie  l'existence  d'efforts  secon- 
daires très  importants. 

Enfin,   le  rapport  de  ces  efforts  anormaux  de  compression  aux  efforts 


SÉANCE  DU  7  M  Ans  1921.  5  7:» 

normaux  d'extension.  <|ui  restent  néanmoins  les  plus  élevés  dans  les  pan- 
neaux intéressés,  peut  atteindre  jusiprà  -• 

\in  résumé,  bien  que,  dans  lo  cas  de  l'ouvrage  soumis  aux  é[)reuves,  les 
limites  réglementaires  de  sécurité  n'aient  pas  été  atteintes,  lesdites  épreuves 
paraissent  comporter  Ifes  conclusions  prati(|ues  suivantes  : 

1°  Le  renversement  des  ell'orts  dans  les  Ijarrés  de  treillis  des  ouvrages 
métalliques  importants,  à  poutres  continues, j'étend  sur  la  presque  totalité 
des  panneaux,  tant  dans  les  travées  intermédiaires  que  dans  les  travées  de 
rive. 

2°  Dans  ces  conditions,  il  est  sans  intérêt  de  clierclier  à  déterminer,  a 
priori,  les  limites  théoriques  de  la  zone  centrale  d'inversion  et  il  est  prudent 
et  rationnel  d'établir  le  treillis,  dans  toute  sa  longueur,  avec  barres  sura- 
bondantes; 

3°  La  production  des  efforts  anormaux  de  compression  varie  avec  le  sens 
de  marche,  la  répartition  des  charges,  la  vitesse  des  convois,  etc.,  et  non 
pas,  nécessairement,  avec  le  tonnage  des  charges  roulantes; 

4"  La  majoration  des  efforts  principaux  d'extension,  qui  doit  tenir 
compte  des  efforts  secondaires  de  compression  spécifiés  ci-dessus,  peut,  par 
analogie  avec  le  mode  de  réduction  de  la  limite  de  sécurité  imposée  par  le 
Règlement  du  29  août  1891  pour  les  pièces  soumises  à  des  efforts  alternés 
d'extension  et  de  compression,  varier  de  ^  à  75  de  l'effort  principal  théo- 
rique. 

MÉCANIQUE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  loi  d'équilibre  de  gniins  solides  dans 
un  courant  d''eau  vertical  ascendant.  Note  (')  de  M.  R.  Feret, 
présentée  par  i\L  Mesnager. 

Pour  déterminer  la  composition  granulométrique  des  poudres  fines,  on 
procède  souvent  en  pesant  les  grains  non  entraînés  par  des  courants  verti- 
caux ascendants,  liquides  ou  gazeux,  de  vitesses  échelonnées. 

Supposant  tous  les  grains  de  même  forme  et  appelant  /  une  de  leurs 
dimensions  linéaires  homologues,  d  leur  densité,  d'  celle  du  fluide  et  c  la 
vitesse  de  ce  dernier,  on  admet  généralement  que,  pour  tous  les  grains  res- 
tant juste  en  équilibre  sans  être  entraînés  ni  se  déposer,  le  poids  apparent 
d'un  grain  est  équilibré  par  la  résistance  du   fluide,  ce  qui  conduit  aux 

(')  Séance  du  28  février  1921. 


576  ACADÉMIE    DES    SCIE.N'CES. 

fonmiles 


(.)  ,.^A^/^_^        ou         i=-^fzrj-^ 

dans  lesquelles  A  et  7.  sont  des  cocflicients  numériques  dépendant  surtout 
de  la  forme  moyenne  des  grains. 

D'autre  part,  pour  une  petite  sphère  tombant  lenlemenl  à  travers  un 
fluide  visqueux,  Stokes  a  déduit  déconsidérations  purement  lliéoi'iques  une 
relation  toute  difîérenle,  de  la  forme 


(2)  V  ..,:{',  (d--d')l-  OU  /^ 


v^ 


où,  les  unités  adoptées  étant  le  millimètre  et  la  seconde  et  /  désignant  le 
diamètre,  B  et  [i  auraient  seiisiblemonl  les  valeurs  j'p  cl  CjO/iJ  dans  le  cas 
de  l'eau  à  20°. 

Dans  des  expériences  faites  avec  des  grains  minéraux  concassés,  dont  les 
dimensions  étaient  évaluées  d'après  celles  dos  jours  des  tamis  ayant,  servi  à 
les  trier,  et  dont  on  mesurait  les  durées  de  cliule  à  travers  une  épaisseu'r 
donnée  d'eau  en  repos,  Riciiards  (')  a  trouvé  que  la  vitesse  était  régie  par 
les  formules  (i)  ou  (a)  selon  que  les  grains  étaient  supérieurs  ou  inférieurs 
à  une  certaine  grosseur  critique;  pour  la  galène  (d=-,5)  et  le  quartz 
(</=  2,05),  les  diamètres  limites  seraient  à  peu  près  o'""',i3  et  o""",20,  les 
vitesses  limites  63"""  et  28'"'"  par  seconde,  et  les  valeurs  de  B  (VU  et  424 
comprennent  entre  elles  la  valeur  théorique  54  >  et  donnant  pour  [ù  les 
valeurs  o,o4o  et  o,o48. 

En  vue  de  vérifier  s'il  en  est  de  même  pour  des  grains  en  équilibre  dans 
un  fluide  ascendant,  j'ai  opéré  au  moyen  d'un  courant  d'eau  dans  l'un  (ui 
l'autre  de  deux  tubes  verticaux,  cylindriques,  d'environ  i"de  hauteur, 
raccordés  par  le  bas,  sans  ressauts  brusques,  a\ec  une  prise  d'eau  à  pression 
constante,  et  terminés  en  haut  par  un  ajutage  étroit,  recourbé  à  angle 
aigu,  où  les  grains  entraînés  pouvaient  être  recueillis.  Après  avoir  réglé  le 
débit  de  manière  que  la  vitesse  dans  le  tube  eût  une  valeur  donnée,  on 
faisait  barbotei"  la  poudre  jusqu'à  ce  que  les  grains  entraînés  fussent  de 
grosseurs  à  peu  près  uniformes  et  constantes,  ce  cpii  exigeait  souvent  plu- 
sieurs heures;  puis,  admettant  que  les  grains  s'échappanl  finalement  dillé- 
raienl  infiniment  peu  de  ceux  restant  juste  en  équilibre,  on  en  recueillait 
une  petite  quantité  et  on  les  mesurait  sous  le  microscope.  Les  valeurs  de  / 


('  )   Ore  Drc'Ssiiig,  vol.  3,  p.   1  |2û. 


SÉANCE    DU    7    MARS    I921.  577 

indiquées  dans  le  tableau  ci-dessous  sont  les  moyennes,  pour  environ 
200  yrains,  des  dislances  entre  deux  tangentes  au  contour  apparent  du 
grain,  quelle  que  fût  rorienlation  de  celui-ci,  parallèles  à  une  direction 
constante  arbitraire  (divisions  du  micromètre  oculaire)  ('). 

La  netteté  des  résultats  obtenus  tend  à  montrer  qu'ils  n'ont  pas  été  trop 
inlluencés  par  les  diverses  causes  d'erreurs  inhérentes  à  la  méthode. 

^  Coifficicnls 

Largeur  cléduils  pour  les 

•noy^nne  . — ■         formules  (!). 


Matières 

Section 

(la  plupart  concassées 

Densité 

du 

au  pilon  ). 

d. 

tube. 

L  il'  Vrf->  ?•  ^■ 


trouvée  '  /     " 


Houille 1 ,  3o 


{    '°°  7^4  7^,4 

1     225  1002  70, I 

I ,07    '  4oo  i5o6  75,3 

'  44'       3799  181 

io3  22,9 


o , 096       I 08 


f     20 


Sable  siliceux  moulu.     2,(5")       4>8o    l  mo  2i3  21,8       22,4  (-)     28,4         0,070       204 

(  200  3oi  23,4  .' 

[              /  20  187  27,4  \ 

„.,  1  4 180   ,  100  284  28,4  f    ,1    .-        1-                00 

OLiaitzile 2,60   {              I  ~  ,,  }  28,20         3o,9         0,088       129 

l  220  449  29,9  ' 


'   I , 57  900  S19  27,3 

,1-                ■    c                   ■                            n          ,              /      o  (  'OO  245  24,5  ),      ^                     ,                                                   ,              . 

iMinerai  ferrugineux .      o,q4        4)8o  <  -  „.                 ,  >   34. J            4'i7          0,102          qO 

"                    ^  j  225  3b I  24,1  ) 

c    If        j     /•                     ^      9        /   o  i  'o°  261  26,  I  )                      ,                                     , 

h>ulfure  de  fer 4,i3       4)8o  \  .  ,  ^27,0           -17,8         0,117         -i 

\  220  419  27<9  )      ' 

l   ^   80  I  '°"  '^^  '^'^  I 

Lilharge 7,99      '^'  (  225  212  i4,i  /   18,7           36,2         0,089       126 

'    I ,57  900  385  i3,7  / 


^  '  )  C'est  ce  que  j'appelle  la  largeur  moyenne  d'un  grain,  par  opposition  à  son  dia- 
mètre moyen,  diamètre  d'une  sphère  de  même  volume. 

Pour  le  sable  silicieux  moulu  cité  au  tableau,  les  grains  s'échappant  à  la  fin  de  la 
lévigalion  à  la  vitesse  aSo,  triés  ensuite  sous  la  loupe  et  un  peu  plus  arrondis  que 
les  grains  moins  gros,  présentaient  les  caractéristiques  suivantes  : 

Largeur  moyenne  :  /^397/j.     (d'où  /:^'i'=r25,i     et     [3^0,078); 
Diamètre  moven  :  3i  i /j.  :^  0,78 /. 

La  grandeur  du  rapport  dépend  évidemment  de  la  forme  des  grains. 
{')  Moyenne  de  S  quotients  (minimum  :  21 ,3  ;  maximum  :  28,6)  déduits  de  vitesses 
échelonnées  de  20""  à  200'^"'  par  minute. 


578  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  ressort  de  ces  nombres  que,  tant  que  la  section  des  grains  est  négli- 
geable par  rapport  à  celle  du  tube  (ce  qui  n'était  plus  le  cas  pour  la  bouille 
à  la  vitesse  -i4i)'  ^^  ^^^  ^^^  Stokes  semble  être  continuellement  applicable; 
en  tout  cas,  elle  reste  vérifiée  bien  au  delà  des  grosseurs  limites  trouvées 
par  Ricbards;  quant  aux  coefficients  obtenus  pour  les  diverses  matières,  ils 
présentent  entre  eux  des  écarts  tout  à  fait  indépendants  des  densités  et 
difT'èrent  beaucoup  des  nombres  tliéoriques. 

Ces  discordances  portent  à  conclure  que  les  pbénomènes  ne  sont  pas  les 
mêmes  autour  d'un  même  grain  selon  qu'il  reste  en  équilibre  dans  un  fluide 
ascendant  ou  qu'il  descend  à  travers  ce  fluide  immobile. 

Pour  la  lévigation  par  l'eau  des  minéraux  finement  concassés,  on  peut 
compter  sur  une  valeur  moyenne  de  [3  d'environ  0,10. 

ASTRONOMli:  PHYSIQUE.  —  Mesure  de  la  pression  de  V atmosphère  solaire  dans 
la  couche  du  niai;7iésiuni  et  'vérification  du  principe  de  reUiti^ilè.  Note  de 
M.  A.  Perot,  présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

La  mesure  de  la  différence  des  longueurs  d'onde  d'une  raie  spectrale 
émise  par  le  Soleil  et  par  une  source  terrestre,  prévue  par  la  théorie  de  la 
relativité,  est,  comme  on  le  sait,  rendue  très  délicate  par  suite  de  la  varia- 
tion des  longueurs  d'onde  avec  la  pression  et  l'ignorance  de  la  valeur  de 
celle-ci  dans  les  diverses  régions  de  l'atmosphère  solaire.  Dans  une  précé- 
dente Communication  ('),  j'ai  indiqué  les  raisons  qui  faisaient  penser  que 
les  raies  des  bandes  de  cyanogène  devaient  être  produites  à  basse  pression; 
mais,  malgié  leur  vraisemblance,  ces  raisons  sont  discutables. 

En  191 1.  j'ai  étudié  les  mouvements  apparents  de  la  vapeur  de  magné- 
sium sur  la  surface  du  Soleil  (^)  et  trouvé  que  la  longueur  d'onde  terrestre 
(arc  à  la  pression  atmosphérique)  est  plus'pelite  que  la  longueur  d'onde 
solaire  de  6. 10-'  angstrom,  c'est-à-dire  de  i,i5.  10  "  en  valeur  relative. 

Pour  faire  une  vérification  du  principe  de  relativité,  il  faut  ramener  la 
longueur  d'onde  terrestre  à  la  pression  de  l'atmosphère  solaire,  là  où  les 
raies  h  sont  produites. 

Or  on  sait  que  les  raies  du  fer  et  celles  d'autres  métaux  ne  sont  pas 
toutes  également  déplacées  vers  le  rouge  quand  la  pression  croît;  la  raie  l)^ 
du  magnésium,  paraissant  par  sa  largeur  être  différente  des  raies  h.,_  et  />,, 

(')   Ciuiiplcx  rcnf/iis,  t.  17 1.   i9.^.i>,  |).  a'39. 

(')  A.  l'mior  el  M"''  I.lndstadt,  ConijUcs  rendus,  t.  Iiy2,  ii)i  1.  p.  iSôy. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  .^79 

je  me  suis  demandé  si  les  coefficients  de  pression  des  raies  />,  el  l>^  ne  sont 
pas  diflérents.  Si  cela  est,  le  rapport  des  longueurs  d'onde  est  fonction 
de  la  pression;  or  les  vitesses  radiales  font  varier  les  longueurs  d'onde 
de  la  même  quantité  en  valeur  relative,  et  les  auties  causes  de  variation 
produisent  des  elTets  très  faibles  ou  symétri([ues  (efl'et  Zeeman).  On  |)eut 
donc  considérer  le  rapport  des  longueurs  d'onde  comme  fonction  de  la 
pression  seule,  à  la  précision  près  obtenue  dans  les  mesures,  et  la  mesure 
de  ce  rapport  comme  revenant  à  une  mesure  de  pression. 

J'ai  cberché  à  vérifier  ces  vues,  et,  par  la  méthode  même  qui  m'a  servi  à 
étudier  la  bande  4 '97  du  cyanogène  ('),  ai  déterminé  le  coefficient  de 
pression  de  la  raie  h.,\  les  mesures  ont,  toutefois,  été  faites  directement 
par  la  méthode  oculaire,  au  lieu  de  l'être  par  la  méthode  photographique. 

I.a  moyenne  de  i3  groupes  de  mesures  effecluées  soit  par  M.  B.  Lyot, 
soit  par  moi-même,  a  donné  pour  une  variation  de  pression  de  Go""  de 
mercure  une  variation  relative  de  longueur  d'onde  de  1,1.10"'^,  c'est- 
à-dire  1,35.10"°  par  atmosphère,  l'erreur  probable  étant  0,1 5.  lo^". 

Les  mesures  sur  6,  sont  plus  difficiles  que  sur  b.^  à  cause  de  la  largeur 
de  la  raie.  Celles  qui  ont  donné  le  meilleur  résultat  sont  les  mesures 
directes,  dont   11    groupes  ont  indiqué,  pour  une  variation   de  pression 

de  60*='",  une  valeur  de  -y  é^ale  à   1,67.10  °,  c'est-à-dire  2,12.10"°  par 

atmosphère,  avec  une  erreur  probable  de  0,17  .  10-°. 

Le  rapport  des  variations  de  />,  et  de  b.,  se  trouve  être  1,37  très  voisin 
def 

Il  résulte  de  là  que  le  rapport  des  longueurs  d'onde  des  raies  b^  cl  b., 
donnera  la  pression. 

Soient  A  et  À  les  longueurs  d'onde  de  6,  et  de  b.,,  a  et  [ii  leurs  variations 
relati\  es  pour  i''"'  de  mercure,  on  aura 

4^  =  --«(-6-/^),         ^--=.-^(76-/.) 
^^m  ''76 

ou 

Ap        ),„ 


">.„  A-r, 


-(a-3)(76-/7). 


Dans  les  mesures  interférentielles,  les  diamètres  des  anneaux  des  deux 
radiations  étant  I  et  ?',  si  les  numéros  d'ordre  des  anneaux  pointés  aux 
pressions  76  et  p  sont  les  mêmes  pour  chaque  raie,  ce  qui  est  le  cas  réalisé 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  g88. 


58o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  suite  de  la  petitesse  des  variations  des  longueurs  d'onde,  on  aura  simple- 
ment, en  vertu  de  la  relation  générale, 


d'où 


=:i-(a-S)(76-/0: 

et,  en  introduisant  les  valeurs  numériques  trouvées  pour  a  et  [i, 

p  zzi  -^b  —  108   M  1     —  1  1        cm  de  mercure. 

l_  ^  /  TC  \  2  /  /)  J 

Cette  formule  constitue  la  graduation  dun  véritable  manomètre. 

l'our  l'appliquer  au  Soleil  et  déterminer  ainsi  la  pression  dans  la  région 
d'absorption  des  raies  b,  j'ai  utilisé  des  clicliés  photographiques  obtenus  au 
printemps  de  1911;  une  première  série  de  mesures  a  comporté  G  groupes 
de  mesures  sur  le  Soleil  et  7  sur  l'arc;  une  deuxième  série,  j  groupes 
sur  le  Soleil  et  (i  sur  l'arc.  Elles  ont  donné  respectivement  pour  la  pre- 
mière —  16""  et  -+-  3""  de  mercure,  dont  la  moyenne  est  —  6"". 

Le  fait  que  le  résultat  est  négatif  n'a  lien  qui  doive  surprendre,  étant 
donnée  la  valeur  de  l'erreur  possible,  vraisemblablement  de  l'ordre  d'une 
vingtaine  de  centimètres.  Mais  la  signification  du  nombre  obtenu  est  abso- 
lument nette;  la  pression  est  très  faible  dans  la  région  où  se  produisent  les 
raies  Ij.  Ceci  vient  à  l'appui  de  re\[)lication  que  j'ai  donnée  (')  des  vitesses 
radiales  des  sources  de  ces  radiations,  et  autorise  l'hypothèse,  én)ise  alors, 
d'électrons  se  mouvant  dans  ces  régions  avec  de  grandes  vitesses. 

L'objet  principal  de  cette  recherche  peut,  dès  lors,  être  atteint;  à  la  dif- 
férence de  1,16.10""  mesurée  en  1911  entre  la  raie  h^  du  Soleil  et  celle  de 
l'arc  à  pression  atmosphérique,  il  faut  ajouter  i ,  35. 10-",  différence  entre  la 
raie  terrestre  à  la  pression  atmosphérique  et  à  la  pression  nulle,  ce  qui 
donne  pour  l'écart  entre  les  raies  solaire  et  terrestre,  dans  les  mêmes  condi- 
tions de  pression,  la  valeur  2,  5.  io~". 

L'approximation  obtenue  est  vraisemblablement  de  l'ordre  du  demi-mil- 
lionième, de  lelle  sorte  que  le  résultat  peut  être  considéré  comme  d'accord 
avec  le  princi|)e  de  relativité,  la  diflerence  indiquée  par  M.  Einstein 
étant  2.  lo"". 

(')  Coniples  re/i(/iis,  t.  l.'i'»,   191^,  p.   i(i8'|. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  58 I 

Le  procédé  de  mesure  de  la  pression  mis  en  œuvre  se  prêtera  sans  doute 
à  de  nombreuses  applications  dans  l'atmosphère  solaire. 

Dans  le  cours  de  ces  mesures,  j'ai  déterminé  les  longueurs  d'onde  des 
raies  h  dans  lare  et  trouvé  : 

'i.i,^  =:  5 1 83  A ,  ()  1 4  ;         /■/, .  =  •">  I  -2  A ,  O90  :    Â/,,  ^-  5 1 C)-  A ,  34o. 

PHYSIQUE.  —  L'influence  de  la  lumière  sur  la  conduclibililè  des  liquides 
fluorescents.  Noie  de  M.  H.  Soulan,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

La  plupart  des  déterminations  faites  en  vue  de  mettre  en  évidence 
l'influence  de  la  lumière  sur  la  conductibilité  des  liquides  iluorescents  ont 
fourni  des  résultats  négatifs.  Celles  qui  font  exception  donnent  lieu  à  des 
objections  qui  rendent  douteuses  les  conclusions  obtenues.  J'ai  moi-même 
vérifié  qu'un  éclairemeiit  de  quelques  secondes  de  solutions  fluorescentes 
d'éosine,  d'esculine  et  de  curcumine  dans  divers  solvants  n'entraînait  pas 

de  variations  de  conductibilité  de  l'ordre  de  — ;  • 

10* 

Mais  si.  comme  l'a  montré  M.  Perrin,  l'état  de  fluorescence  s'accom- 
pagne d'une  transformation  chimique  des  molécules  fluorogènes,  l'éclaire- 
n\&n\. prolongé  à^ nn  liquide  fluorescent  doit  se  traduire  par  une  variation 
de  conductibilité  progressive,  jusqu'à  l'établissement  d'une  valeur  limite 
correspondant  à  la  transformation  complète,  valeur  limite  qui  devra 
subsister  après  retour  à  l'obscurité. 

C'est  ce  que  j'ai  pu  vérifier  sur  un  certain  nombre  de  solutions  des  fluo- 
rogènes déjà  mentionnés.  Dans  le  Tableau  ci-dessous,  n  indique  le  nombre 
de  milligrammes  de  fluorogène  par  litre  de  solution,  0  la  variation  relative 
limite  de  conduclibililè,  T  la  durée  correspondante  d'exposition  en  heures 
au  flux  d'une  lampe  demi-watt  de  200".  La  solution,  protégée  par  une 
solution  d'alun  de  l'échaunemenl,  était  en  couche  assez  mince  pour  n'absor- 
ber qu'une  faible  portion  du  flux  excitateur. 

FhiorosoiiL-s.  Suivants.                          n.                          i.  T. 

lilsculine Cli^  —  OU  5o  0,000  i2q 

»          »  20  o,o35  ii4 

»          ■  »                          0,01  0,107               7^ 

»          »                         0,000  0,094               57 

»          C-II'— OU              0,01  0,128               75 

»  ■       H-0                      o.oi  0,082               63 

Kosine CH^— OU                  0,01  0,090               66 

»       C^H=-OH               0,01  0,127               75 

»       H^O                      o.oi  o,o35               57 

Curcumine C>f1" — Ofl                0,01  0,089               ^9 

Bisulfate  de  quiniiie.  .  .     .  Il-O                        0,01  o,o33                60 


582  ACADÉMIE    DES    SCIENCES - 

Si  l'on  suppose  constante  l'intensité  du  flux  excitateur  cl  si  l'on  admet 
qu'aux  dilutions  employées  toutes  les  molécules  lluorogènes  participent  au 
passage  du  courant,  on  établit  facilement  la  formule  de  première  approxi- 
mation 

(i)  Log(C.— (;,)=:/>  — r^/; 

C,  reprcsentanl  la  conductibilité  au  temps  /,  C»  la  conductibilité  limite; 
(I  et  b  étant,  d'autre  part,  deux  constantes  caractéristiques  du  fluorogène, 

indépendantes  du  solvant,  la  première  étant  en  outre  indépendante  de  la 

concentration. 

Cette  formule  se  trouve  approximativement  vérifiée  pour  les  solution-- 
très  étendues  («  =  o,oi  et  ii  =  o,o()5). 

Pour  les  solutions  concentrées  (n  =  5o  et  n  =  20),  les  a  calculés  sont 
notablement  plus  petits,  ce  qu'on  peut  attribuer  d'une  part  à  ce  que  les 
hypothèses  nécessaires  à  l'établissement  de  la  formule  (i)  ne  se  trouvent 
plus  vérifiées;  d'autre  part  à  ce  que,  pour  les  fortes  concentrations,  confor- 
mément aux  idées  de  M.  l'errin,  les  molécules  lluorogènes  forment  écran 
protecteur  les  unes  par  rapport  aux  autres. 


srÉRÉOSCOPlE.  —  Application  de  In  rision  sléréoscopique  au  contrôle 
des  variations  <j;laciaires .  Note  de  M.  P.-L.  3Ierca.\to\,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

On  ne  peut  pas  toujours  poser  des  repères  d'avancement  au  front  d'un 
glacier.  Cela  demande  en  général  beaucoup  de  temps  et  de  peine  et  peut 
être  parfois  dangereux.  Souvent  d'ailleurs  on  ne  saurait  le  faire  utilement, 
la  disposition  du  lit  ne  se  prêtant  pas  à  établir  les  stations  fixes  nécessitées 
par  les  méthodes  usuelles  de  contrôle.  Enfin  il  arrive  souvent  que  les  varia- 
tions glaciaires  ne  se  traduisent  pas  par  des  déplacements  accusés  du  front 
mais  plutôt  par  des  modifications  de  forme,  intumescences,  afl'aissements 
locaux,  d'amplitude  trop  faible  pour  être  immédiatement  apparentes  et  qui 
sont  cependant  significatives.  La  comparaison  directe  de  photographies 
.successives  ne  suffit  pas  non  plus  toujours  à  les  révéler. 

J'ai  pensé  (pie  la  vision  stéréoscopicjue  serait  ici  d'un  secours  efficace.  On 
l'applique,  comme  chacun  sait,  depuis  longtemps  à  déceler  les  falsifications 
des  billets  de  banque.  Pareillement  les  astronomes  s'en  servent  pour  décou- 
vrir les  corps  célestes,  comètes,  petites  planètes,  parmi  les  étoiles  fixes.  A 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  583 

levamen  slérooscopique  de  deux  photographies  du  ciel  pris  à  inlervalle  con- 
venable on  voit  l'aslre. cherché  se  détacher  en  relief  snr  le  fond  plal  du  fir- 
mament. 

Ce  procédé  est  immédiatement  applicable  à  la  glaciologie  :  D'une  même 
station  et  avec  la  même  chambre  noire  prenons  deux  photographies  du  front, 
de  préférence  dans  un  azimut  normal  à  la  direction  présumée  de  la  variation, 
et  à  l'intervalle  de  temps  voulu.  Ce  sera  en  général  une  année,  de  l'automne 
à  l'automne  suivant,  mais  en  voyage  d'exploration  ce  pourra  être  un  délai 
quelconque.  Examinons  ensuite  les  deux  épreuves  au  stéréoscope,  nous 
verrons  les  régions  modifiées  du  glacier  ressortir  en  relief  sur  les  parties  de 
l'image  correspondant  à  des  objets  immobiles,  ciel,  rochers,  portions 
inchangées  du  glacier,  etc. 

Ce  mode  opératoire  exige  quelques  précautions.  Tout  d'abord  on  se 
trouvera  bien  de  rendre  l'axe  optique  de  la.  photographie  horizontal  à  l'aide 
d'un  niveau.  D'autre  part,  on  s'efforcera  d'obtenir  des  épreuves  égales  de 
teinte  en  uniformisant  le  tirage.  Enfin  on  tâtonnera  quelque  peu,  jusqu'à 
obtention  du  relief,  en  plaçant  les  épreuves  .devant  le  stéréoscope,  car  l'efï'et 
0|>tique  dépend  du  sens  de  la  modification  de  forme  du  glacier.  Pour  un 
appar^/il  dont  le  frout  s'est  un  peu  déplacé  vers  la  gauche  de  l'opérateur  on 
placera  à  gauche  la  photographie  initiale  et  à  droite  l'image  finale. 

ï^c  procédé  est  évidemment  qualitatif.  11  est  applicable  aussi  à  la  re- 
cherche des  déformations  du  glacier  en  dehors  du  front. 

J'en  ai  vérifié  l'applicabilité  au  glacier  d'Orny  (massif  du  mont  Blanc). 
Deux  photographies  faites  en  191 7  et  1918  ont  manifesté  nettement  un  gon- 
flement et  une  avance  de  la  partie  médiane  du  front.  Le  contrôle  direct  a 
indiqué  une  crue  de  quelque  7'"  d'une  année  à  l'autre.  Les  clichés  étaient 
pris  d'un  point  élevé  de  la. moraine  gauche  du  glacier,  à  une  distance  d'un 
demi-kilomètre  environ. 


PHYSIQUE.  —  Nouvelles  applicntinns  de  lu  méthode  des  charges  de  très  courte 
durée  et  des  éclairages  instantanés.  Note  de  M.  Pauthenier,  présentée 
par  M.  J.  Violle. 

Nous  avons  décrit  (')  une   méthode   de   charges  et  décharges  apério- 
diques de  durée  très  courte  et  d'éclairages  instantanés,  qui  nous  a  permis 

(  ')  Comptes  rendux,  i.  170.  1920,  p.  8o3  et  i5-6;  t.  171,  1920,  p.  102;  Ann.  de  Plivs. 
t.  IV,  1930,  p.  289. 


584  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  résoudre  le  problème  des  retards  absolus  dans  le  cas  de  la  nitrobcnzine 
et  du  sulfure  de  carbone  : 


Nous  avons  réalisé  d'autres  applications  de  celle  mélhode,  d'une  part 
pour  contrôler  la  ihéorie  de  l'orientation  avec  un  nouveau  liquide,  d'autre 
part  pour  aborder  un  autre  genre  de  recherches. 

I.  Rapport  (les  retards  absolus  dans  le  ras  de  la  benzine  monoc/dorée, 
—  Les  dispositifs  optique  et  électrique  restent  les  mêmes  que  dans  nos  pré- 
cédentes expériences,  hormis  lo  condensateur  qui  a  i8o™'"  de  long  et  2°"", 9 
d'épaisseur.  Les  potentiels  utilisés  sont  de  l'ordre  de  3oooo  volts.  Avec  les 
mêmes  notations  nous  avons  encore  trouvé  pour  le  rapport  des  retards 
absolus 


=  —  2,0. 


Dans  le  cas  du  benzène  monnchloré^  le  pouvoir  isolant  de  ce  liquide  est 
insuflisant  pour  permettre  de  suivre  l'établissement  de  l'électrostriction, 
comme  dans  le  cas  dû  sulfure  de  carbone. 

IL   Mesure  de  la  biréfringence  des  liquides  conducteurs  : 
Principe.  —  On  compare  au  même  instant  (aussitôt  que  possible  après 
leur  établissement  complet)  les  biréfringences  du  liquide  à  étudier  et  d'un 
liquide  de  référence  (sulfure  de  carbone).  Puis  011  décharge  instantanément 
les  deux  condensateurs  pour  que  le  liquide  conducteur  ne  s'écliaiille  pas. 

Réalisalioii  pralvjue.  —  La  comparaison  des  deux  liquides  se  fait  pi\r  une  mélhode 
de  compensalion.  Deux  coiidensateuis  plans,  d'armatures  identiques,  oui  leuis  plans  : 
l'un  verliciil  (condensateur  à  sulfure  de  carbone),  l'autre  horizontal  (liquide  à  étu- 
dier). Les  armatures  sont  reliées  deux  à  deux  par  de  gros  fils  de  cuivre.  L'épaisseur<e 
du  premier  condensateur  est  fixe  et  égale  à  6'"'",7S.  L'épaisseui- e'  du  second  esl 
variable.  Ces  condensateurs,  dont  les  axes  longitudinaux  restent  parallèles,  sont 
pi  ces  entre  niçois  croisés;  les  directions  de  vibration  des  niçois  sont  à  4^"  des 
lignes  de  forces  des  deux  champs  électriques,  à  45°  sur  l'horizon  par  conséquent. 
L'une  des  paires  d'armatures  esl  reliée  au  sol.  La  seconde  paire  esl  reliéeà  l'armature 
isolée  du  condensateur  que  nous  avons  appelé  condensateur  d'éclairage,  l'ne  dizaine 
de  fois  par  seconde,  un  gros  condensateur  se  décharge  dans  ce  double  circuit.  La 
résistance  du  circuit  biréfringent  est,  celte  fois,  de  l'ordre  d'une  IVaclion  d'ohm;  celle 
du  circuit  d'éclairage,  de  quelques  dizaines  d'ohrn-i.  Les  chaiges  et  décharges  sont 
toujon rs  apério'Jiqa'es. 

Les   durées    de    charge   (intervalle  de    temps,    entre   la   charge  des    cordensaleurs 


SÉANCE    DU    7    MARS    192 I.  585 

(le  Kerr  el  le  inoinenl  où  jaillil  l'élliicelle  d'éclairage)  sont  lit-s  roiiiles  (de  l'ordre 
de  io~'  seconde  ou  moins). 

On  observe  l'élincelle  d'éclairage  (longueur  3""")  à  lra\eri  le  système  foinié  par  les 
condensateurs  el  les  niçois  croisés.  I.a  dislance  enlre  rélincelle  el  l'œil  ilc  l'observa- 
teur est  de  125''"'.  La  lumière  de  l'élincelle  est  rendue  suffisamnienl  nionocliromatif|ue 
par  un  Rilre  Jaiiiie. 

Il  convient,  bien  enlendu,  dans  loule  mesuie.  de  faire  varier  la  durée  de  charge 
dans  de  larges  limites  :  la  persistance  de  rcwlinclion  indiquera  que  la  biréfringence 
des  deux  liquides  est  complètement  élablie.  Pour  ne  pas  risquer  une  rupture  du  gros 
condensateur,  nous  ne  sommes  du  reste  pas  descendus  jusqu'à  maintenant,  pour  les 
durées  de  charge,  au-dessous  de  4  à  5.  io~*'  seconde. 

Mesures.  —  Quand  les  condensateurs  de  Kerrne  sont  pas  en  circuit,  l'élin- 
celle d'éclairage  est  éteinte.  Par  mise  en  circuit,  la  lumière  est  en  général 
rétablie.  On  fait  varier  l'épaisseur  e  jusqu'à  retrouver  l'extinction.  Si  B 
est  la  constante  de  Kerr  du  sulfure  de  carljone.  B'  celle  du  liquide  étudié  : 


Nous  avons,  à  titre  d'essai  de  la  méthode,  mesuré  la  biréfringence  de 
Veau  distillée  ordinaire^  encore  inconnue,  et  celle  de  V alcool  éthyliqiie  f  pour 
laquelle  les  Tables  de  Leiser  et  Schmidt  indiquent  qu'on  en  it^nore  le  signe 
et  qu'elle  est  inférieure  en  valeur  absolue  à  ^  j .  et  des  mélanines  d'nkoul  et 

d'eau. 

Résultats.  —  Les  biréfringences  de  l'alcool  et  de  l'eau  sontyjoiîVàv.v. 

Nous' avons,  pour  des  raisons  que  l'on  trouvera  exposées  ailleurs  ('), 
rapporté  les  résultats  obtenus  à  la  concentration  en  volume  de  l'alcool  dans 
le  mélange  (  rapport  entre  la  masse  c  d'alcool,  contenu  dans  un  volume  V  de 
solution  dej^itre  connu,  et  la  masse  C  d'alcool  pur  qui  remplirait  complè- 
tement le  même  volume). 

La  constante  de  Kerr  du  sulfure  de  carbone  est  représentée  par  100. 

1011^ 0.  21,--'.        46,3.  GG.3.  85,:,.  93,').  96,7.  ICO. 

B' iî3         94         69,1         '45,4         26,8         20,7         20,0         23,8 

La  température  ambiante  était  de  17". 


(')  CoTTo.N  et  MouTOx,  Ann.  de  Cliiin.  et  de  P/irs.,  t.  30.  igiS.  p.   iu. 


586  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  résultats  sont  représenlés  par  la  courlje  ci-dessous.  Ils  s'expliqueraient 
en  admettant,  dans  les  mélanges  d'alcool  et  d'eau.  Texistence  d'un  complexe 


moléculaire,  existence  qui  serait  en  accord  avec  la   conliaclion   notable 
observée  dans  la  préparation  de  ces  mélanges. 


THEH.MOD'ï.NAMlQL  i:.  —  Elude  énergétique  cPun  systéinc  de  couranls. 
Note  ('  )  de  M.  Feux  Miciiaud,  présentée  par  M.  E.  liouly. 

La  théorie  donnée  par  M.  A.  Liénard  dans  deux  Notes  récentes  ('■')  a 
l'inconvénient  de  distinguer,  dans  les  expressions  de  l'énergie  interne,  de 
l'entropie  et  du  potentiel  thermodynamique  d'un  système  de  courants,  une 
part  due  aux  actions  électromagnétiques,  et  que  l'auteur  évalue  indépen- 
damment du  reste.  Cette  façon  de  faire  est  assez  arbitraire  et  laisse 
quelque  inquiétude  sur  sa  rigueur,  surtout  dans  les  cas  complexies;  lorsque, 
par  exemple,  les  dimensions  des  circuits  dépendent  de  la  température,  ou 
encore  lorsque  les  variations  de  pression  changent  la  perméabilité  magné- 
tique du  milieu  environnant. 

(  '  )  Séajice  ihi    >i   fi'vriiM-  K).'.  i . 

(')  Comptes  rendus,  l.  \li,  1921,  p.    •o'^  e\  ,'.),ï. 


SÉANCE    DU    7    MAl'.S    1921.  58j 

Dans  un  livre  paru  il  y  a  environ  un  mois  et  demi  ('),  j'ai  iudiiiué  une 
mélhodi'  permettant  dV'laljlir  l'ensemble  des  équations  que  donne  l'appli- 
cation, à  un  système  réversible  quelconque,  des  principes  de  l'Énergétique. 

Parmi  ces  équations,  les  plus  intéressantes  de  beaucoup  sont,  non  pas 
celles  qui  donnent  l'énergie  interne,  les  dilTérents/>o/e/i/jV/i  éncriièliques  ou 
["entropie  sous  foi  me  intégrée,  tontes  quantités  dépourvues  de  signification 
expérimentale  directe,  mais  celles  où  interviennent,  par  leurs  variations, 
les  seuls  facteurs  des  dilTércnts  termes  de  l'énergie. 

Ces  dernières  équations  se  divisent  en  deux  groupes. 

Le  premier  groupe  comprend  des  équations  du  type  éqiuilion  de  Chi- 
per ron.  Des  règles  mnémoniques,  que  je  demande  la  permission  de  rei)ro- 
duire  ici,  permettent  de  les  écrire  immédiatement  et  sans  erreur. 

I"  Kllesont  chacune  la  forme  d'une  proportion  où  chacun  des  ternies  est 
une  diirérentielle; 

2°  Dans  cette  [iroportion,  les  extrêmes  sont  constitués  par  les  deux  fac- 
teurs d'un  des  termes  de  l'énergie;  il  en  est  de  même  des  moyens; 

3°  Lorsque  la  différentielle  d'un  facteur  d'intensité  figure  au  dénomi- 
nateur, on  met  le  signe  —  devant  la  dérivée; 

4°  Les  lettres  qui  figurent  en  indice,  et  qui  indiquent  quelles  sont  les 
(juanlités  qui  restent  constantes  pendant  la  dérivation,  sont  d'abord,  mais 
|)ermutées,  celles  qui  figurent  soit  aux  dénominateurs,  soit  aux  numéra- 
teurs; on  ajoute  ensuite  les  lettres  correspondant  aux  antres  termes  de 
l'énergie,  en  mettant  à  volonté,  mais  pareillement  pour  chaque  dérivée, 
soit  1  >  facteur  d'extensité,  soit  le  facteur  d'intensité. 

Dans  le  cas  qui  nous  intéresse,  les  facteurs  d'intensité  sont  :  la  pression 
P(-),  la  température  T,  les  forces  X,  X-',...,  qui  s'exercent  entre  les  cir- 
cuits, et  les  intensités  i,,  i.,,  ...  des  divers  courants.  Les  facteurs  d'extensité 
sont  :1e  volume  (',  l'entropie^,  les  déplacements  a',  x',  ...  et  les  flux  <I>,,$2,  ... 
On  compte  positivement  les  variations  des  extensités  lorsqu'elles  corres- 
pondent à  unie  augmentation  de  l'énergie  du  système. 

Le  nombre  d'équations  différentes  —  je  ne  dis  pas  distinctes  —  qu'il  est 
ainsi  possible  d'écrire  est  considérable.   Il  est  égal,  si  n  est  le  nombre  des 

(')  Energétique  générale  (Gaiilliier-Villars). 

(-)  Nous  nous  limitons  au  cas  où  le  milieu  est  un  lluide  homogène;  l'extension  de  la 
tliéorie  au  cas  où  se  trouvent,  au  voisinage  des  circuits,  des  solides,  isotropes  ou  non, 
n  oll'rirait  pas  de  difficultés  particulières;  il  suffirait  d'introduire  les  divers  coefficients 
élastiques. 


588  '        ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

extensilés  variables,  à  (S  {n-^iy  multiplié  par  le  nombre  des  combinaisons 
de  n  objets  deux  à  deux. 

Parmi  ces  équations,  considérons  d'abord  celles  de  la  forme 

Elles  expriment  la  réciprocité  des  coefficients  d'influence.  On  peut  encore 
mettre  en  indice  (voir  plus  haut  4°)  'I*-  et  $,   au  lieu  de  «,  et  f.,,  .v  au  lieu 

de  T,  V  au  lieu  de  P,  ou  enfin  ([»:,  et  *!>,,,  ...  au  lieu  de  r,,  i,, On  obtient 

ainsi  un  ensemble  d'équations  beaucoup  plus  générales  que  celles  qu'a  écrites 
M.  Liénard,  et  qui  montrent,  en  particulier,  que  la  réciprocité  des  coeffi- 
cients d'influence  est  encore  exacte  lorsque,  faisant  varier  l'un  des  deux 
courants,  on  fait  simultanément  varier  l'autre  de  manière  à  maintenir 
constant  le  flux  qui  traverse  le  premier  circuit. 
Les  équations  de  la  forme 

permettent  de  calculer  les  forces  s'exerçant  entre  les  circuits.  Elles  con- 
tiennent, comme  cas  particulier,  une  formule  donnée  par  Maxwell  (t.  Il, 
p .  26 1 ) . 

Les  équations  du  genre 

\  à'V  /„.,.,.r.,, :• ,„, \ài,  / ,  ,P,,..,.. ,,.,„... 

définissent  la  corrélation  entre  le  magnétisme  et  la  température.  Une  aug- 
mentation de  champ  produit  une  absoiplion  de  chaleur  si  le  milieu  est  plus 
perméable  à  chaud  qu'à  froid,  et  rice  versa. 
Enfin  les  équations  telles  que 


\'-'IV-,.T..-,.v. L, -    W'./.',T..,. ,■,..,„,,„. 


régissent  Tefiel  réciproque  de  Taimanlation  et  de  la  pression.  En  tenant 
compte  de  la  convention  de  signe  adoptée  pour  les  difl'érenlielles  des 
extensilés,  on  voit  que,  si  la  perméabilité  du  milieu  augmente  avec  la 
pression,  un  accroissement  de  champ  produit,  à  pression  constante,  une 
(liniiniilicn  de  volume. 


SÉANCE    bu    7    MARS    1921.  689 

BLECTROMAGNKTlSM  E .  —  Actions  mutuelles  (appa/rntes)  d'aimants  et  courants 
plongés  dans  un  liquide  magnétique,  ^'ote  de  M.  H.  Chipaut,  présentée 
par  M.  L.  Lecornu. 

Sous  la  dénominalion  de  systèmes  d'' aimants  et  courants,  nous  compren- 
drons tout  ensenil)le  de  solides  invariables  pouvant  posséder  à  la  fois  de 
Paimantaliou  [lermanenle  et  de  l'aimantation  induite,  et  pouvant  en  même 
temps  être  parcourus  car  des  courants  permanents. 

Limitons-nous  d'abord  à  un  cas  simple,  celui  de  solides  homogènes  et 
isotropes  dont  l'aimantation  induite  vérifie  la  loi  de  Poisson.  A  l'intérieur 
de  chacun  de  ces  solides  U',  U",  . . . ,  les  inductions  magnétiques  m\^' ,  n'..",  . . . 
sont  liées  aux  champs  X',  3e",  . .  .  par  les  relations  (  i)  : 

(1)  \(!,'=47!:J'+,a'3C',  WW  ^  [^TJ" -¥  [x"  dt" ,  ..., 

relations  dans  lesquelles  J',  J",  ...  représentent  les  aimantations  perma- 
nentes, tandis  que  '"'' ~  '  3C'=y.'3c', ...  représententlesaimantationsinduites. 
l'ar  définition,  les  constantes  u.',  [j," ,  . . .  représenteront  les  perméabilités  des 
corps  magnétiques  U',  U",  .... 

Supposons  qije  U',  U",  . . .  soient  plongés  dans  un  liquide  U,  incompres- 
sible, illimité  en  tous  sens  et  vérifiant  la  loi  us,  =  ptX.  Pour  maintenir  en 
équilibre  les  solides  U',  U",  . . . ,  il  faudra  leur  appliquer  certaines  forces 
extérieures,  définies  par  l'équation  du  travail  (2)  : 


(3)  dC',-i^d ( 


dnj  =  o 


avec 


(  a  )  /  H —  riro  =  /  -: —  dm  +  /   jr ,  dm  -+-  I dm  -\- .  .  .  . 

J    Sîrp.  J^,8■^lJ.  J^,,^r.iJ.'  Ji,,>7rp-' 

Les  forces  égales  et  dire.ctemenl  opposées  aux  forces  extérieures  sont,  par 
définition,  les  actions  subies  par  les  solides  U',  U",  ...,  plongés  dans  le 
liquide  magnétique  U,  ou  encore  les  actions  mutuelles  apparentes  de  ces 
solides. 

Au  sujet  de  ces  actions  mutuelles,  les  physiciens  se  sont  depuis  longtemps 
proposé  de  rechercher  une  règle  simple  qui  permettrait  de  ramener  l'étude 
de  corps  plong-^s  dans  un  liquide  à  celle  de  corps  placés  dans  le  vide.  Des 
considérations  élémentaires  d'homogénéité  vont  fournir  la  réponse  à  cette 
question. 

C.  R.,  1921,  i"  Se'ueslre.  (T.  172,  N°  10.)  ^^ 


Sgo  ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

A  cet  efTet  commençons  par  rappeler  les  équations  de  la  distribution  magnétiqiu; 
\érifiées  en  tout  point  du  système  fS  formé  par  le  liquide  U  et  les  solides  U',  U".  .  .  ; 
V,  v',  v",  .  .  .  désignant  des  .vecteurs  unités  dirigés  suivant  les  norniales  intérieures  aux 
régions  IJ,  U',  l!'  ,  ...  et  i' ,  /",  .  .  .,./',  ./',  .  .  .  désignant  les  densités  \olumi(iues  et 
superficielles  de  courant;  nous  avons  : 

j°  En  tout  point  de  la  région  U,  les  équations  (3)  : 

(3)  curl,"ÏC  =  o,         divergence  il'.i  =  o,         v!)  =:  ^u. .IC ,  liiiiH3C=;o; 

2°  En  tout  point  de  la  région  U'.  les  équations  (3')  : 
(3')  cuv\^' ^  !\T:i\         divergence  !'!)'=  o,  iil>'= '|7:J'-t- /jt'3C'; 

3"  En  tout  point  de  la  suiface  de  séparation  de  U  et  U',  les  équations  {'{)  : 
(4')  [v.TC]  +  [-/.TC']^4^/.  (v,(J,)-+-(v'il!0  =  o. 

Les  équations  (3),  (3),  (3"), ...,  (4),  (4").  •  sont  homogènes  par  rapporta  »j.,  p.',  ;j.'', .... 
J'.  J",  .  .  .,  II!),  ti'.)',  \i!>",  ...  ;  elles  restent  vérifiées  quand  on  divise  ces  quantités  par  un 
nombre  a,  tout  en  laissant  invarial)les  les  i' .  i",  ...,  j' ,  /",  ...,  3C,  X' ,  .TC  ", .  .  . . 
Désignons  par  >)a  le  nouveau  système  ainsi  défini  et  comparons  les  actions  suliies 
respectivement  par  >>  et  ^-t-  Observant  que  r/(-,r  est  homogène  du  premier  degré  par 
rapport  à  l'ensemble  des  ii'..  et  jj.,  nous  obtenons  ce  théorème  : 

TiiiîOufc.MK.  —  Quand  on  passe  du  svstème  d'aimanis  et  courants  ,s  au  nouveau 
système  S^,  le  champ  magnéliqiie  n'est  pas  modi/ié,  tandis  que  rinduclio/i 
magnétique  ainsi  que  les  actions  mutuelles  sont  divisées  par  a. 
Comme  cofollaire  fésulte  pour  a  ::=  ij.  la  règle  cherchée  : 
Rkcle.  —  Pour  calculer  les  actions  nuituelles  d  aimants  et  courants  plonges 
dans  un  liquide  illiniité  dont  la  perméabilité  \j.  est  constante  on  commencera 
[H U'  faire  ce  calcul  dans  riiypothèse  où  ces  mêmes  corps  sont  placés  dans  le  ride 
et  possèdent  des  aimantations  perrnanenles  ainsi  que  des  perméabilités  a  fois 
plus  petites  ;  on  multipliera  finalement  par  a  les  résultats  obtenus. 

Nous  nous  sommes  limité  jusqu'ici  à  l'élude  d'un  cas  particulier,  celui  de  solides 
liomogène's  et  isotropes  à  perméabilité  constante.  Il  reste  à  montrer  que  les  consiilé- 
ralions  d'homogénéité  précédemment  invorpiées  valent  dans  le  cas  général.  Nous 
continuerons  bien  entendu  à  supposer  constante  la  perméabilité  [jl  du  iicjuide  ('.  mais 
nous  ne  ferons  aucune  hypothèse  restrictive  concernant  la  nature  des  solides  l  ',  U",  ...» 
ces  corps  pouvant  être  ferroinagnéli(|ues  a\ec  hystérésis,  hétérogènes  et  anisotropes. 
Quelles  que  soient  les  relations  vectorielles  reliant  i(!,'à3C',  i)!>"  à  .1C",  ...,  les  équations 
de  l'équilibre  magnétique  resteront  véiifiées  lorsque,  laissant  /',«",...,  y', y'.  ... , 
.IC,  .IC,  .TC",  ...  invariables,  on  remplacera  simultanément  fi  (perméabilité  du  liquide) 

par  ^'  et  ii'..'-/'(3C'),   \\W'=/"(X"),    ...     par   \\W=sL/'{X'),   )i!,"= -/  (X') 

Passons   maintenant   à   la   comparaison   des  actions   mutuelles  :   pour  maintenir  en 


SÉANCE    DU    7    MARS    I921.  ^)<)l 

é(|iiilil)ic  l("i  solides   U',  U  ",  .  .  . ,  ploiiycs  dans  le  li(|iildt'  iiiayiit'lli|ii(;  I   ,  Il  faudra  leui' 
a))j)li(liiei'  ccilaincs  forces  exlérieures  dclinies  par  ré(|iialioii  du  liavail  ("1): 

(.■>)  rfP,+  7i-    /  (il'..rfJC)rfro  =  o. 

Il  esl  sous-eiUendu  (|ue,  dans  celle  éi[ualii)n,  le  vecteur  (f.lC  représeule  la  \arialiou 
du  clianip  X  ob>ervée  lorsqu'on  suit  dans  son  niouvenient  la  parlicule  matérielle, 
liquide  ou  solide.  De  plus,  en  tout  point  matériel  appartenant  à  un  solide,  U'  par 
exemple,  la  variation  dX'  doit  être  rapportée  à  des  aves  invariablement  liés  au  solide 
considéré. 

A  ces  résultais  vient  s'adapter  la  loi  d'homogénéité  précédeminent 
invoquée  :  désignant  par  ^^  le  système  qu'on  obtient  en  divisant  simulla- 
némenl  par  y.  la  perméabilité  tj.  du  liquide  U  ainsi  que  chacune  des  fonctions 
vectorielles  /'(k),  /"(x."),  ...,  qui  caractérisent  les  corps  magnétiques 
U',  IJ' ,  . . . ,  on  retrouve  dans  le  cas  général  le  théorème  donné  plus  haut. 

Des  considérations  analogues  peuvent  être  développées  en  électro- 
statique :  la  division  par  a  devra  s'appliquer  non  seulement  à  la  constante 
diélectrique  du  liquide  polarisable  et  aux  fonctions  vectorielles  /'(x'), 
/"(,TC"),  ...,  mais  encore  aux  charges  portées  par  les  conducteurs  ainsi 
(ju'aux  densités  de  charges  électrostatiques  permanentes  portées  par  les 
diélectriques. 


CHI.MIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  propiiêlés  des  diagirimmes.  Courbes  représenta- 
tives du  déplacement  de  l'équilihre  des  systèmes  chimiques.  Note  C)  de 
M.  Jean  Barbavdv,  présentée  par  M.  Henry  Le  Chatelier. 

Soit  un  système  chimique  isolé,  à  température  et  pression  constanles,  en 
équilibre  relatif  par  rapport  aux  autres  facteurs  d'énergie,  de  masse  totale 
coiislanle  looi^,  formé  de  «  +  i  conslituanis  chimiquement  indépendants, 
dont  les  n  concentrations  rapportées  à  la  masse  totale  du  s\stème  sont  res- 
pectivement  ■ 

7.,        7-        -/m        •••,        7'n 

divisé  en  p  phases  de  masses  respectives 

<7,,     a-i,     a-,,      . . .,     (In, 
la  composition  de  la  phase  i  étant  donnée  par  les  concentrations  .r,-^  rappor- 

(')  Séance  du  28  février  1931. 


Sga  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

tées  à  loo^'  de  la  phase.  D'après  la  loi  de  Lavoisier,  la  masse  totale  du  sys- 
tème isolé  et  celle  de  chacun  des  constituants  se  conserve;  on  a  donc  le 
système  de  n  +  i  équations  linéaires  kp  inconnues 


(Il 


rt,  -rC/.,  -h  .  .  .-h  Op  =;  lOO, 

rt,x-,,  -f-  «jj;,,  -(-. .  .  4-  OpXpi  =:iooy,. 

0\-^\n+  fl-l-Xin  -\-  .  .  .-+-  ClpOrp,,  rzz  loOy,,. 


Supposons  que  le  système  ait  été  étudié  pour  toute  une  série  d'instants 
donnés;  c'est-à-dire  qu'on  ait  étudié  une  série  d'équilibres  isothermes  ou 
isobares.  L'un  des  facteurs  pression  ou  temjjérature  restant  fixe,  pour  que 
l'équilibre  se  puisse  déplacer  de  lui-même,  il  faut  que  p<Cn-h2..  Si 
j)  —  n  -h  1  —  0,  0  étant  un  nombre  entier  positif,  on  peut  tirer  o  relations 
linéaires  et  homogènes  entre  les  x^j  et  y^  indépendantes  des  O/,  qui  fixent 
les  correspondances  entre  les  points  figurant  la  composition  globale  du  sys- 
tème et  celles  des  diverses  piiases.  Ces  relations  permettent,  en  les  combi- 
nant avec  celles  définissant  les  surfaces  d'équilibre  à  un  instant  donné,  de 
se  rendre  compte  de  l'évolution  de  chacune  des  phases  pendant  le  déplace- 
ment de  l'équilibre,  et  d'en  déduire  toutes  les  constructions  graphiques 
donnant  les  masses  respectives  des  phases,  soit  que  la  composition  globale 
reste  constante  ou  variable,  etc. 

Application.  —  Systèmes  quadrivariants  :  quatre  constituants  chimi- 
quement indépendants  n  =  3. 

Premiei-  cas.  —  Une  seule  phase  varie  d'une  manière  continue,  les  autres 
ne  varient  que  d'une  manière  discontinue.  Exemple  :  solution  aqueuse  de 
trois  sels  ayant  un  ion  commun  (réaction  de  double  décomposition)  suscep- 
tible d'être  en  équilibre  avec  des  sels  binaires,  doubles  ou  triples  anhydres 
ou  hydratés.  Le  système  1  se  réduit  à 

/        rt-t-B         -rC        -t-D        =100, 

1  «a-  h  BX,-i- (J\,-f- 0X3=  looi, 
j  a j -h  B Y,  +  (^  Y, -H  D Y, .-r  1000, 
[    «c-f-BZ,  4-(:Zo-i-DZ,-rioor, 

a  désignant  la  masse  de  la  solution,  B.  C,  D  celles  des  sels  solides  qui  peu- 
vent exister,  pour  qu'à  un  instant  donné  l'équilibre  soit  invariant. 

La  solution  étant  sous-saturée,  le  point  figurant  sa  composition  reste 
immobile  quand  la  température  décroît.  Le  sel  1  apparaissant,  il  existe 
deux  relations  entre  les  équations  IJ,  les  points  S|(^X,,Y,,  Z,),  C($,  y;,  X,), 


SÉANCE    DU    7    MARS    I921.  SgS 

a-(,'r,  V,  z)  sont  en  ligne  droite.  Lorsque  Téquilibre  se  c]é|)lace,  à  |)r<'ssioii 
constante,  le  point  c  décrit  S,  (]  jusqu'au  point  où  cette  droite  coupe  la  sur- 
face I^,,  isobare  d'équilibre  triphasé  des  sels  1,2  avec  la  solution.  Puis  le 
point  (7  décrit  la  courbe  plane  F  intersection  de  S,  .,  avec  le  plan  u  défini  par 
les  points  C(Ç,  y],  'C),  S,(X,,  Y,,  Z,),  S.,(Xo,  Yj,  Z.>)  jusqu'à  l'instant  où 
cette  courbe  vient  couper  la  ligne  où  sont  en  équilibre  quatre  phases  :  la 
solution  cl  les  sels  1 ,  2,  3.  A  partir  de  cet  instant  la  courbe  de  refroidissement 
quitte  le  plan  tt  et  la  composition  do  la  phase  liquide  devient  indépendante 
de  la  composition  globale  ^,  -q,  t  du  système. 

Deuxième  cas.  —  Ces  quatre  phases  peuvent  varier  d'une  manière  con- 
tinue. Exemples  :  solution  aqueuse  de  trois  sels  ayant  un  ion  commun 
(réaction  de  double  décomposition)  susceptible  d'être  en  équilibre  avec 
trois  séries  de  cristaux  mixtes;  solubilité  quadruple  de  quatre  constituants; 
phase  gazeuse  en  équilibre  avec  un  mélange  double  et  des  cristaux  mixtes 
ou  avec  une  solution  triple,  etc. 

Pour  fixer  les  idées,  raisonnons  dans  le  cas  d'une  solution  aqueuse  de 
trois  sels  susceptible  de  déposer  trois  séries  de  cristaux  mixtes. 

Les  équations  (II)  sont  valables,  mais  pour  un  instant  donné,  car  les 
X,  Y,  Z  sont  maintenant  des  variables  comme  les  r,  r,  '-■ 

A  composition  globale  constante  la  solution  saturée  dépose  bien  des 
cristaux  1  et  les  points  S,(X,  Y,  Z),  C(^,  y],  '(),  "■(a-,  y-,  z)  sont  en  ligne 
droite  à  chaque  instant;  mais  la  droite  S,  ct  pivote  autour  du  point  C  qui 
est  fixe,  car  S,  varie  et  décrit  pendant  le  refroidissement  une  courbe  comme 
le  point  figuratif  de  la  solution. 

Lorsque  les  cristaux  2  apparaissent,  les  points  S,(X,  Y,  Z),  C(^,  •/],  'Ç), 
g(x,  y,  z)  cessent  d'être  en  ligne  droite  à  chaque  instant;  mais  les  points 
S,(X,,\  ,,  Z,  ),  S2(X2,Y2,  Z2),  (T(.r,  y,  s)  sont  toujours,  à  un  instant  donné, 
dans  un  plan  iz  qui  pivote  lorsque  l'équilibre  évolue  autour  du  point 
C(ç,  Y],  '0,  celui-ci  restant  fixe.  Le  point  a  reste  à  l'intersection  du  plan  - 
avec  la  surface  qui  représente  les  compositions  des  solutions  saturées  à  la 
fois  par  rapport  aux  cristaux  S,  et  S,.  Enfin,  lorsque  les  cristaux  3  appa- 
raissent, la  composition  de  la  solution  évolue  suivant  la  ligne  triple  et 
devient  indépendante  de  la  composition  globale  ^,  /],  "(. 

De  telles  courbes  de  refroidissement  sont  des  isobares  à  composition 
globale  constante.  On  pourrait  étudier  de  même  des  courbes  de  détente 
isotherme.  On  relève  l'importance  que  joue,  dans  le  déplacement  de  l'équi- 
libre des  systèmes  de  variance  supérieure  à  l'unité,  le  point  fixe  représen- 
tatif de  la  composition  globale. 


594 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHl.Mii:  ruysiQUi;.  —  I.  action  des  addilions  sur  l'aiioniahe  de  dilalution 
des  fcrninirkcls ;  applicnlion  aur  alliages  fei  -nickel-chrome.  Note  (  '  )  de 
M.  P.  Cdrvevakd,  présentée  jiar  M.  H.  Le  Cliatelier. 

On  peut  interpréter  l'anomalie  des  lerronickels  réversililes  (et,  d'une 
manière  générale,  celle  de  la  plupart  des  substances  ferromagnétiques  : 
cémentite,  niagnétite,  etc.)  par  la  tiansformalion  thermi(]ue  progressive  et 
réversible  d'une  forme,  stable  à  froid,  en  une  autre,  stable  à  chaud,  entière- 
ment miscible  avec  la  première  mais  de  densité  différente  :  cette  transfor- 
mation débute  aux  très  basses  températures,  acquiert  sa  plus  grande 
rapidité  au  voisinage  du  point  de  Curie,  et  ne  s'achève  que  notablement 
au-dessus  de  cette  température. 

Pour  caractériser  numériquement  l'intensité  de  l'anomalie  d'un  ferro- 


nickel,  j'ai  adopté  V ampliliulc  toUile  du  rhongcrnent  relatif  dr  longueur 
résultant  de  la  transformation,  dégagé  de  la  dilatation  normale. 

Je  rapporte  la  courbe  expérimentale  de  dilatation  C  (  /ig.  i),  délerminéo 


('  )  Séance  du  28  février  192  1 . 


SÉANCE    DU    7    iMARS    19-21.  SgS 

entre  — 183°  et  -+- 900",  11  une  courbe  hypothétique  normale  c  ( '),  (lui  se 
confond  avec  la  première  aux  températures  élevées,  où  la  Iransformalion 
est  achevée;  puis  la  courbe  dillorence,  F,  ainsi  obtenue,  a  été  extrapolée 
jusqu'au  zéro  absolu,  en  prenant  pour  guide  le  postulat  de  Nernst  (-)  : 
l'ordonnée  à  l'origineest  l'anomalie  totale  A^. 


A. 

t 

6 

10' 

I 

5 

1 

J 

-% 

^^^*^ 

le 

Zo 

K 

là  ^" 

\V^=^^^ 

Fig.  ^. 

Dans  certains  ferronickels,  le  domaine  de  l'état  austénitique,  où  se  pro- 
duit la  transformation  réversible,  est  tronqué  par  le  changement  allotro- 
pique Ar.  Il  est  possible,  cependant,  de  calculer  l'anomalie  totale  de  ces 
alliages  comme  si  l'état  austénitique  était  prolongé  jusqu'au  zéro  absolu  : 
pour  reculer  l'apparition  de  la  transformation  Ar,  j'ai  eu  recours  soit  à  des 
refroidissements  très  rapides  (hypertrempes),  soit  à  de  petites  additions  de 


(')  La  inélhode  de  déterininalion  des  courbes  normales  sera  exposée  dans  un 
Mémoire  d'ensemble.  Gomme  aux  lenipéralures  élevées,  la  dilatabilité  des  difTérents 
ferronickels  varie  d'une  façon  continue  et,  d'ailleurs  lentement  avec  la  composition, 
les  erreurs  systématiques  qui  ont  pu  être  commises  dans  le  tracé  des  courbes  nor- 
males afifectent  d'une  quantité  sensiblement  constante  l'anomalie  totale  des  divers 
alliages,  au  voisinage  du  maximum  de  la  courbe  A^,  ;  par  suite,  elles  ne  peuvent 
modifier  sensiblement  la  position  de  celui-ci. 

(')  D'après  ce  postulat,  la  courbe  diflFérentielle  aboutit  normaleiuent  à  l'axe  des 
ordonnées  au  voisinage  du  zéro  absolu. 


596  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

chrome,  dont  il  était  facile  de  corriger  l'action  sur  l'anomalie  réversible,  à 
l'aide  des  données  recueillies  dans  l'étude  systématique  de  la  dilatation  des 
ferronickels  chromés. 

Dans  le  cas  des  ferronickels  purs  ('),  la  courbe  A^  (courbe  I,  fig.  2),  qui 
traduit  la  variation  de  l'anomalie  totale  en  fonction  de  la  composition, 
s'élève  avec  rapidité  à  partir  d'un  point  d'abscisse  26  pour  100  Ni,  teneur 
pour  laquelle  le  point  de  Curie  s'approche  du  zéro  absolu;  elle  atteint  un 
maximum  très  accusé,  probablement  même  un  véritable  point  anguleux, 
pour  une  proportion  de  nickel  correspondant  au  composé  Fe"Ni,  puis 
redescend  au  delà. 

A  partir  de  58  pour  100  Ni,  la  courbe  expérimentale  de  dilatation  est 
rencontrée  par  la  courbe  normale,  et  le  signe  de  A„  s'inverse;  enfin,  de  80 
à  99  pour  100  Ni.  l'anomalie  totale  change  deux  fois  de  signe,  mais  con- 
serve une  très  faible  intensité. 

Les  courbes  II,  III  et  IV,  relatives  aux  alliages  lenfermant  5,  10 
et  i5  pour  100  de  chrome,  ont,  dans  leur  ensemble,  même  forme  que  la  pre- 
mière : 

Si  l'on  projette  sur  le  plan  du  diagramme  triangulaire  Fe-Ni-Cr  les 
points  culminants  des  courbes  A„,  les  points  obtenus  se  disposent  à  peu 
près  sur  une  droite  qui,  partant  de  Fe^Ni,  se  dirige  vers  un  point  delà 
ligne  NiCr  dont  l'abscisse  est  approximativement  [\o  pour  100  Ni.  Or, 
d'après  le  diagramme  de  solidification  des  alliages  nickel-chrome  établi 
par  Voss  (^),  l'existence  du  composé  Ni^Cr^  paraît  probable. 

L'hypothèse  de  la  formation  de  Ni-Cr''  peut  expliquer  l'action  «  diluante  >> 
intense  que  le  chrome  exerce  sur  l'anomalie  des  ferronickels.  C'est  par  une 
hypothèse  analogue,  invoquant  la  formation  de  cémentite  (Fe'C).  que 
M.  Ch.-Ed.  Guillaume  (^)  a  réussi  à  interpréter  l'action  considérable  de 
très  petites  quantités  de  carbone  sur  le  changement  du  minimum  de  dilata- 
bilité et  sur  l'instabilité  des  ferronickels. 


(')  Ferronickels  préparés  par  les  méthodes  industrielles,  aussi  exempts  que  possible 
d'impureté,  et  tenant  pour  principale  addition  la  petite  f|uanlité  de  mangant'se  indis- 
pensable au  forgeage  :  o,3  à  0,7  pour  100  Mn. 

(^)  Dans  ce  diagramme,  les  deux  branches  du  litjuidus  et  les  deux  branches  du 
solidus  aboutissent  à  un  point  anguleux  commun  dont  l'abscisse,  '|î>  pour  100  Ni,  e^t 
voisine  de  la  teneur  en  nickel  de  Ni'Cr'  (42,93  pour  loo  iVi). 

(')  Comptes  rendus,   1920,  t.  170,  p.   i433,  et  t.  171,  p.  loSg, 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  697 


CHIMIF  MINÉRALE.  —  A  propos  d' une  SYslématique  des  molybdates.  Note 
de  M.  S.  PosTKRNAK,  présentée  par  M.  L.  Maquenne. 

Dans  deux  INotes  parues  dans  ce  recueil  ('),  l<'orsén  développe  une 
systématique  des  polyniolybdates  incompatible  avec  les  résultats  des 
recherches  expérimentales  que  j'y  ai  publiées  antérieurement  (-). 

Forsén  ne  fait,  en  somme,  que  reprendre  la  tentative  récente  de 
Kosenheim  (  ')  d'exprimer  la  composition  de  ces  sels  complexes  parles  for- 
mules de  deux  acides  hypothétiques,  aquohexa  et  aquododécamol ybdique, 

ll"'[M-(Mo(»'- •)'■■]     el     H'"l'll-(Mo-^0^)«|, 

dont  les  polymolybdates  ne  seraient  que  des  sels  plus  ou  moins  saturés,  .l'ai 
eu  déjà  l'occasion  de  m'expliquer  à  leur  sujet. 

Forsén  adopte  tacitement  le  deuxième  de  ces  acides  M'-0*-H'-,  en  le 
désignant  sous  le  nom  d'acide  métamolybdique.  Il  se  contente  de  la  moitié 
du  premier  qui  devient  Mo'O'-H*  et  est  censé  exprimer,  sous  cette  nou- 
velle forme,  la  vraie  nature  de  l'acide  molybdique,  auquel,  sans  aucune 
preuve  à  l'appui,  et  bien  inutilement,  il  attribue  une  structure  cyclique. 

Tandis  que  Rosenheim,  conscient  de  la  difficulté  de  la  tâche,  se  préoc- 
cupe dos  faits  contraires,  connus  à  l'époque,  et  conserve  le  groupe  d'isopo- 
lysels,  pour  y  ranger  les  décamolybdates,  Forsén  affirme  catégoriquement 
«  qu'on  peut  faire  dériver  tous  les  molybdates  connus  de  deux  acides  » 
choisis  par  lui. 

Gril  est  de  toute  évidence  qu'on  ne  trouve  de  place,  dans  un  tel  système, 
ni  pour  les  penta  (anciennement  déca),  ni  pour  les  hepta  ou  paramolyb- 
dates  dont  l'existence  ne  peut  plus  faire  de  doute  depuis  la  préparation  du 
sel  hexammonique  anhydre  et  des  heptamolybdates  tri-et  monoammonique, 
ni  enfin,  pour  les  undéca  et  tridécamolybdates  hexabasiques.  Ces  sels,  que 
j'ai  décrits  récemment,  sont  tous  cristallisés,  faciles  à  préparer  el  à  ana- 
lyser. 

Comme  son  précurseur,  Forsén  s'occupe  des  paramolybdates,  mais  très 
superficiellement.  Pour  lui,  ces  sels  parfaitement  cristallisés  et  analysés 
avec  des  résultats  concordants  par  plusieurs  auteurs  (Zenker,  Delafontaine, 

(')  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  2i5  et  827. 

(-)     Comptes  rendus^  t.  171,  1920,  p.  io58  et  i2i3;  l.  172,  1921,  p.  1  i  \. 

(^)  Zeitscli.  f.  arioig,  Chcmie^  t.  96,  1916,  p.  iSg. 


SgS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

UlliK)  n'ont  pas  de  composition  délinic.  Les  parainolybdalcs  dr  sodium 
f  jusciu'ici  on  n'en  connaissait  (ju'nn  seul)  seraient  des  sels  mixtes.  Pour  les 
l'aire  rentrer  dans  le  système,  il  les  formule 

j\IoM)'=Na'll'.8H-(t  4-  M.)M)i^Na-ir'.8ll-() 

sans  s'apercevoir  que  cette  expression  demanderait  25, (J2  pour  loo  d'eau. 
Je  ra[jpelle  que  les  nombreux  dosages  publiés  varient  au  maximum  de  2/1,8,") 
à  25,  1 3;  mes  propres  analyses  m'ont  donné  2/4. 84  et  24,87  pour  100  d'eau. 
On  calcule  24,90  pour  la  formule  de  Delafontaine 

3Na-M).7MoO'-h29.H=0, 

et  25,  i5  pour  100  pour  celle  de  Rosenheim 

5!\a-0.iîMoO^+:^(;iin>. 

Voilà  donc  une  systématique  qui  écarte,  dès  sa  première  confrontalion 
avec  les  faits,  la  majeure  partie  des  polymolybdales  connus  !  Ce  qui  est 
encoi'c  plus  extraordinaire,  c'est  que,  basée  sur  un  raisonnement  inexact, 
elle  ne  systématise,  sauf  les  ortliomolybdates,  que  des  composés  imagi- 
naires. 

Forsén  pense  que,  puisque  les  orlhomolybdates  sont  neutres  et  les  poly- 
molybdales acides  à  la  phtaléine  du  phénol,  ceux-ci  sont  des  sels  non 
saturés  de  ceux-là.  La  formule  généralement  attribuée  aux  orthomolyb- 
dates  M-MoO'  n'admettant  théoriquement  qu'une  série  unique  de  sels 
acides,  il  la  triple  arbitrairement  et  obtient  ainsi  les  cinq  séries  suivantes 
de  sels  à  acidité  croissante  : 

iMo^O'^M'M,     Mo^O'^M'ir^     Mo^O'^M'Ii',     Mo^J'^XP  ||'.,     Mo^J'^Mll', 

qui  représentent,  dans  son  esprit,  autant  de  groupes  do  polymolybdatos 
réellement  existants. 

Or  on  chercherait  en  vain,  dans  la  liltéiature,  un  seul  exemple  corres- 
pondant à  une  quelconcpie  de  ces  cinq  séries.  Même  les  Irimolybdates 
i)imétalli(pies  des  auteurs,  auxquels  on  pourrait  songer  un  instant,  sont 
moins  riches  en  eau  constitutive;  les  sels  acides  de  composition  ci-dessus 
n'existent  pas. 

J'ai  montré,  en  elfel,  que  les  polymolybdates  hexabasiques  salures  ne  se 
transforment  ])as,  sous  l'influence  des  acides  minéraux,  en  sels  acides,  mais 
en  homologues  supérieurs  également  saturés  et  de  plus  en  plus  condensés. 
Ce  n'esl  (juà  la  limile  de  condensation,  (|ui  est  atteinte  par  la  formation  du 


SÉANCE   DU    7    MARS    I92I.  699 

complexe  lridèc(irnolyh(liqtte^  qu'il  devient  [tossible  de  [)iépaiei'  des  sels 
acides  de  ce  dernier. 

Inversement,  en  ajoiilaiit  de  Talcali  an\  solutions  de  ces  sels,  on  diminue 
la  complexité  des  polynioiybdates  jusqu'à  leur  transformation  intégrale  en 
trimolybdates  hexabasiqucs  saturés  (anciennement  orthomolybdates)  qui 
représentent  le  premier  terme  de  toute  la  série.  On  voit  qu'avant  Korsén, 
j'ai  été  amené  a  tripler  la  formule  de  ces  derniers,  mais  pour  des  raisons 
autrement  probantes,  énumérées  aiileuis. 

C'est  là  aussi  la  vraie  cause  de  racidilé  apparenU'  à  la  plitaléine  du  phénol 
des  polynioiybdates  liexabasiques  saturés.  Elle  a  son  pendant  dans  l'alcali- 
nité égalenienl  apparente  des  mêmes  sels  vis-à-vis  de  l'hélianlhine,  fait  non 
encore  signalé  el  pouvant  paraître  paradoxal  a  priori^  surtout  pour  les 
orthomolybdates,  considérés  jusqu'ici  comme  semblables  aux  sulfates 
neutres. 

Pour  faire  virer  au  rose  l'hélianthine,  il  faut  employer  environ  4*"')  5 
d'acide  minéral  poui'  les  ortho  (formule  triplée),  i"'',^  pour  les  heptamo- 
lybdates,  o''',4  pour  le  nona  et  o"",!  [)Our  l'undécamolybdate  d'ammonium. 

Les  polynioiybdates  tétrabasiques  (deuxième  groupe  établi  par  moi  et 
dérivant  du  premier  par  dislocation  hydrolytique)  peuvent,  par  contre, 
exister  à  l'état  acide,  quel  que  soit  le  nombre  de  leurs  chaînons  molyb- 
diquçs.  Les  sels  monométalliques  solubles  de  ce  groupe  colorent  nettement 
en  bleu  le  papier  de  Congo. 

Je  serai  bref  en  ce  qui  concerne  l'acide  métamolybdique  de  Forsén,  qui 
fut  imaginé  par  Rosenheini  pour  englober  les  octo  et  les  tétramolybdales 
dans  le  même  système. 

J'ai  prouvé,  sur  l'exemple  des  sels  d'ammonium,  que  les  octomolybdates 
d'Ullik  ne  sont  que  des  tétramolybdates  tétrabasiques  monomélalliques  et 
que  les  tétramolybdates  des  auteurs  sont  effectivement  des  dodécamolyb- 
dates  hexabasiques,  de  formule  3  R-0 .  12  MoO%  n'ayant  cependant  rien  à 
voir  avec  l'acide  aquododéca  ou  métamolybdique  qui  contient  3'""'  d'eau 
constitutive  en  trop. 


6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Siff  l'entraînempnt  de  Ja  chaux  et  de  la  magnésie  par 
les  précipités  (Foxyde  chromicfue.  ^ote  de  M.  Er.  Toporescu,  présentée 
par  M.  H.  Le  (lliatelier. 

Dans  deux  \otes  précédentes  ('),  je  me  suis  occupé  d'étudier  l'en- 
traînement de  différents  oxydes  par  les  précipités  d'oxyde  ferrique,  en  vue 
de  déterminer  quels  sont  les  facteurs  déterminant  le  phénomène  et  d'établir 
des  méthodes  permettant  de  séparer  l'oxyde  de  fer  des  substances  entraî- 
nées. Dans  celte  Note,  je  me  propose  d'étudier  l'entraînement  de  la  chaux 
et  de  la  magnésie  par  l'oxyde  de  chrome,  dans  le  but  de  reconnaître  si  le 
phénomène  d'entraînement  est  d'ordre  chimique  ou  physique. 

Les  précipitations  ont  été  Loutes  faites  à  l'ébuliition  en  ajoutant  à  5o™' 
de  solution  5""'  d'ammoniaque  concentrée;  on  laisse  ensuite  refroidir  et  1  on 
filtre.  Dans  toutes  ces  précipitations,  l'oxyde  de  chrome  est  toujours  mis  en 
présence  d'un  excès  de  sels  soluhles. 

Entrainement  de  la  chaux.  —  La  solution  de  cFilorure  tle  calcium  contenait  7.74 
pour-  100  fie  sel  et  celle  de  chlorure  de  chrome  i  ,  i52  pour  100,  en  \ariant  les  propor- 
tions de  manière  à  avoir  toujours  5o""'  de  solution. 


lion. 

(^ompnsili 

lon. 

Cnmposilii 

^'■- 

Sohi 

'.    f.aO. 

l'réripili'-. 

r.a  0. 

Solnli 

Cl'Cr. 

Précipilé. 

cÏÏcTT 

Cr'll'. 

Cad. 

cin> 

cm' 

» 

s 

pour  100 

cm= 

cm» 

K 

e 

pour  lui) 

1 

5 

0,0221 

0. 

027(1 

80 

10 

5 

0,0298 

0,0276 

107.9 

2 

» 

0,0259 

» 

93,8 

2..J 

2.5 

0,0169 

0,0128 

124,2 

2,5 

» 

0,0807 

» 

111,2 

» 

5 

o,o3o7 

0,0276 

111.2 

3.5 

» 

0,0290 

» 

io5, 1 

» 

7.^' 

o.o355 

0 , 0394 

90.  1 

5,5 

» 

o.o3i9 

» 

n5,6 

>. 

10 

0 . 0896 

0 .  o55o 

-'. 

7,''^ 

)) 

0,0281 

» 

101  ,8 

On  peut  voir  dans  ce  Tableau  que  la  quantité  de  chaux  entraînée  croît 
avec  la  concentration  de  la  solution  en  chlorure  de  calcium  et  tend  vers  une 
limite  qui  correspond  à  108, 3  pour  100  du  poids  de  l'oxyde  de  chrome. 
Kn  cherchant  à  voir  si  cet  entraînement  limite  correspond  à  une  combi- 
naison chimique,  on  trouve  qu'elle  correspond  à  un  chromito  qui  ren- 
ferme pour  une  molécule  d'oxyde  de  chrome  trois  molécules  de  chaux 
Cr-0%  iCaO.  Pelouze,  dans  son  travail  (  -),  donne  comme  formule  de  ce 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  i25i  et  t.  171,  1920,  p.  3o3. 
(-)  Ann.  Chini.  Pli.,  3°  série,  t.  33,  p.  9. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  60 I 

cliioinite  Cr-O'',  2CaO,  formule  inexacte,  car  il  avait  o[)éré  dans  des  con- 
ditions où  l'entrainenient  de  la  cliaux  n'était  pas  maximum. 

(  )n  peut  enlever  toute  la  chaux  entraînée  en  lavant  sur  le  filtre  le  préci- 
pité avec  une  solution  bouillante  à  5  pour  100  d'azotate  d'ammonium. 

Eatrainenn'nl  de  la  magnésie.  —  Les  solutions  qui  m'ont  servi  pour  faire  les 
précipitations  ont  les  concentrations  suivantes  :  celle  de  sulfate  de  magnésium, 
4,9'!  pour  100  et  celle  de  sulfate  de  chrome,  1,79  pour  100.  Four  empêcher  la  préci- 
pitation directe  de  la  magnésie  par  l'ammoniaque,  j'ai  introduit  dans  les  solutions 
une  qu;uitité  constante  de  chlorure  d'ammonium  é;;ale  à  2  pour  100. 

Cuinposition. 

Solution.  Précipité. 

SO'.Mg.   (S0<)3Cr=.  i\lgO.  Cr-0^  MyO. 

cm^  cm™  îî  g  pour  10» 

5  5  o,o357  o,o347  102,8 

>>  7,5  o,o465  o,o5io  9.1,1 

»  10  o,o584  0,0698  83,7 

»  12,;")  0,0680  0,0880  77,3 

»  i5  0,0-45  o,io52  '70,8 


On  voit  que  l'entraînement  de  la  magnésie  est  notable,  mais  irrégulier, 
et  augmente  avec  la  concentration  en  sulfate  de  magnésium.  Cette  irrégu- 
larité dans  l'entraînement  est  due  à  la  quantité  de  chlorure  d'ammonium 
qui  se  trouve  dans  la  solution  primitive.  En  saturant  la  solution  en  chlorure 
d'ammonium,  cet  entraînement  atteint  une  limite  : 

(S0»)3Cr=.  SO*Mg.  Ci-Hl'.  MgO.  MgO. 


0 

10 

0,0224 

0,0210 

9'',7 

» 

25 

o,o258 

0 , 0264 

102 ,3 

l> 

45 

o,o256 

0,0265 

io3,4 

» 

sat. 

0,020I 

0,0244 

■  121,3 

conc.  arbitr. 

» 

1 1 ,  o456 

o,o523 

1.4,4 

« 

" 

0,044* 

0,0545 

1 23,3 

»  ))  o,o536  0,0618  116,3 

Cette  limite  correspond  à  un  chromite  bien  déterminé  qui  a  comme 
formule  Ct'0\  3MgO. 

Pour  débarrasser  le  précipité  de  la  magnésie  entraînée,  on  lave  plusieurs 
fois  par  décantation  le  précipité  avec  une  solution  bouillante  d'azotate 
d'ammonium  5  pour  100. 


6o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  voit  ([lie  dans  ces  deux  expériences  le  pliénomènc  de  l'enliaînemcnl 
appai-aît  comme  d'ordre  chimique. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Dosage  du  nuiUosc  on  du  lactose  en  présence 
d'autres  sucres  réducteurs  (^emploi  de  la  liqueur  de  liarfœd).  Noie 
de  M.  Legra\d,  présentée  par  M.  l..  Lindet. 

L'emploi  de  la  liqueur  de  Barfœd  (')  (i  partie  d'acétate  neutre  de 
cuivre  dans  i5  parties  d'eau,  dont  on  prend  200""'  pour  ajouter  5""'  d'acide 
acétique  à  38  pour  100)  oflVe,  pour  le  dosage  du  maitose  ou  du  lactose,  en 
présence  des  autres  sucres  réducteurs,  une  ressouice  que  l'on  méconnaît 
d'ordinaire.  Les  monoses  (glucose,  lévulose,  galactose)  réduisent  en 
efiet  l'oxyde  cuivrique  de  cette  liqueur,  les  bioses  (maitose,  lactose)  ne 
le  réduisent  pas.  On  peut  donc  obtenir  la  quantité  de  maitose  ou  de  lactose 
contenue  dans  une  solution  sucrée,  par  différence  entre  la  somme  des 
monoses  et  des  bioses  déterminés  par  la  liqueur  de  Feliling  et  la  quantité 
de  monose  obtenue  par  la  liqueur  de  Barfœd. 

Siebeii  ("-),  pour  éviter  do  former,  par  évaporation  de  l'acide  acélicjue,  un  sel 
basique  el  pouvoir  détacher  du  verre  l'oxydule  de  cuivre  déposé,  cliauflail  les  liqueurs 
en  vase  scellé,  pendant  trois  jours,  au  bain-n)arie  à  4o°.  J'ai  préféré  chaulTer  à  l'ébul- 
lilion  pendant-3  minutes  dans  un  vase  conique,  el  j'ai  constaté  que,  dans  ces  condi- 
tions, la  perte  d'acide  acétique,  qui  n'est  que  de  4  pour  100.  n'iniluepas  sur  le  résultat 
et  n'entraîne  pas  la  formation  du  sel  basique,  .l'ai  opéré  sur  des  quantités  constantes 
d'acétato  de  cuivre  à  une  concentration  favorable,  soit  :  j'''"'  de  solution  sucrée 
(contenant  au  plus  os,  100  de  sucre)  et  i5'^'"'  de  li((ueur  de  Barfœd. 

1^'oxydule  de  cuivre  est  recueilli  sur  un  filtre  ordinaire,  el,  suivant  les  indications 
de  M.  Gabriel  Bertrand,  je  dose  le  cuivre  volumétriquenient  par  le  sulfate  ferrique  el 
le  permanganate.  .1  ai  ainsi  établi  des  courbes  donnant  le  poids  de  cuivre  réduit  eu 
fonction  de  (.{uantités  connues  de  monoses,  et  je  me  suis  assuré  que  le  maitose  et  le 
lactose,  seuls  ou  en  mélange  avec  des  monoses,  ne  réduisaient  pas  l'oxyde  de  cuivre 
dans  les  conditions  précisées  plus  haut. 

I.  J'ai  appliqué  la  méthode  précédi-mmcnt  décrite,  à  l'étude  de  certains 
liquides,  dans  lesquels  le  maitose  se  trouvait  en  présence  de  glucose  ou  de 
lévulose. 

Moûts  de  saccharijicatiou .  —  Dans  des  moi'its  de  mais  et  de  seigle,  saccha- 


(')  Bahki*;i),  Organisclic  Analyse  <nuililal'ne  (  Copenliague,  1881). 

(■-)  SiBBE.N,  Z.  (I.   Ver.  fur  il.  I\tiben:.iict\cr  Ind.,  t.  3'i-,  1884,  p.  SSj-SSS. 


SÉANCE   DU   7    M  A  US    uyiï .  6o':i 

ridés  par  de  l'extrait  de  malt  ou  par  la  plyaline  de  la  salive,  j'ai  dosé  siimil- 
tauéineiit  le  maltose  et  le  glucose,  provenant  du  dédoublement  du  maltose 
par  la  mallase. 

drains  en  genniiuitlon  [ori;rs  ri  san-usins).  —  Les  grains  ont  été  broyés  et 
Irilurés  dans  de  l'eau  contenant  du  bisulfate  de  mercure  pour  empêcher  les 
diastases  d'agir,  et  pour  précipiter  les  matières  azotées,  l'excès  de  bisulfate 
étant  éliminé  par  de  l'eau  de  baryte.  De  toutes  mes  analyses  portant  sur  ces 
grains  à  différents  stades  de  germination  industrielles  (Distillerie  Maisons- 
Alfort),  j'ai  conclu  à  l'existence,  quelquefois  contestée,  du  maltose  dans  ces 
grains,  et  par  conséquent  d'une  saccliarification  interne.  J'ai  remarqué 
ainsi  (jue  la  proportion  de  maltose  par  rapport  aux  autres  sucres  réducteurs 
semblait  diminuer  pendant  la  germination,  ainsi  que  l'indique  le  Tableau 
ci-dessous. 

Germes  de  pommes  de  terre.  —  En  opérant  de  la  même  manière  sur  ces 
germes,  j'ai  trouvé  des  quantités  assez  importantes  de  maltose. 

La  présence  simultanée  de  maltose  et  de  glucose  dans  tous  les  liquides 
analysés  a  été  vérifiée  par  l'acétate  de  phénylhydrazine. 

Gi'Hins  de  s;irr;is]'n  Germes 

l'iiains  d'orge  en  gerininatioii.  en  yerminiilion.  de  pommes 


de  lerrc 


Pour  lOU  de  grains  secs.  l'oiir  100  de  grains  secs. 


Pour  loO 

Sortant  du       i  jours  di-        S  jours  de  i  jours  de        8  jours  de       de  niatii're 

trempage,     germination,  germination.      germination,  germination.        sèclic. 

Maltose 0.14  1,04  0,83  o  ,'i'i  0.08  1  .01) 

\iitres  sucri'.s  ré- 
ducteurs      ",-'i  1.53  1.80  o,6.>  1  .  i8  4.8o 

Mallose. 

-: — ; o.lio  o,6c)  0.4D  o.jq  ii.ofi  0.22 

.Sucresieducleurs  j 

IL  Pour  le  dosage  du  lactose  en  présence  d'autres  sucres  réducteurs,  je 
me  suis  adressé  à  des  laits  plus  ou  moins  altérés,  ils  avaient  été  conservés 
pendant  un  assez  long  temps,  au  bichromate,  pour  être  ensuite  expertisés. 
Dans  ces  conditions, le  lactose  avait  subi  une  hydrolyse  partielle  en  glucose 
et  galactose. 

Les  pouvoirs  réducteurs  de  ces  sucres  étant  supérieurs  à  celui  du  lactose 
anhydre,  on  ne  peut  estimer  exactement  la  quantité  de  sucre  contenue  dans 
le  lait  et  calculer  l'extrait  sec  total  au  moyen  de  tous  les  éléments  dosés 
séparément. 

.]"ai  pensé  ((ue  le  dosage  de  ces  deu.x  mouoses  pouvait  être  rendu  facile  en  employant 
la  li(jueur  de  Harl'a'd. 


6o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  m'a  fallu  d'abord  déterminer  les  poids  de  cuivre  précipilé  par  des  ijuantités  con- 
nues de  glucose  et  de  galactose  mélangées  en  mêmes  proportions;  puis  trouver,  par  la 
liqueur  de  Feliling  combien  de  glucose  correspondait  au  lactose  non  hydrolyse,  et  enfin 
convertir  cette  dernière  quantité  de  glucose  en  lactose  anhydre,  en  multipliant  celle-ci 
par  le  coefficient  i  ,353. 

A  l'aide  du  pouvoir  rolatoire,  j'ai  pu  vérifier  mes  résultats  et  pour  trois 
échantillons  de  lait  (certainement  mouillés)  défèques  au  bisulfate  de  mer- 
cure et  saturés  par  la  baryte,  j'ai  obtenu  : 


J'our  loo 

de  lait. 

Ijaiiose 

anhydre 

par  pouvoir 

pa»  poiivoii' 

*  ilucosc  '' 

lies  sucres 

' 

rcdiicleur. 

rotiitoire. 

-r-  galactose. 

réducteurs 

Premier  écliaiilillon  ... 

..      .,.4 

2,4o 

i,.53 

3,67 

Deuxième  écliantillon  .  . 

.      ■>.,%i 

■^>9^ 

(,,6y 

3,52 

Troisième  échantillon. .  . 

2  ,  07 

2,26 

'-93 

4,00 

Cette  même  méthode  est,  d'autre  part,  la  seule  qui  puisse  être  appliquée 
à  la  détermination  de  la  quantité  de  saccharose  transformée  en  sucre  inverti 
dans  des  laits  concentrés. 

La  liqueur  de  Barfœd  peut  être  utilisée  dans  les  brasseries  et  les  distil- 
leries de  grains  et  par  les  chimistes  de  la  répression  des  fraudes. 


GÉOLOGIE.  —  Li's  chaiigrrnents  de  clinuil  du  Sahara  pendant  le  (Jualernaiir. 
Note  de  M.  H.  Chudeait,  présentée  par  M.  H.  Douvillé. 

Dans  une  Note  précédente,  j'ai  cherché  à  indiquer  les  grands  traits  de 
l'hydrographie  ancienne  du  Sahara  occidental  et  central.  Le  Sahara  orien- 
tal, moins  bien  connu,  semble  assez  diflférent  ('  )  et  nous  le  laisserons  de 
coté.  11  reste  à  fi.xer  à  quelle  date  est  mort  ce  réseau  hydrographique.  Celle 
date  n'est  pas  très  lointaine  :  un  premier  témoignage  est  fourni  par  les 
oueds  eux-mêmes  dont  les  berges  sont  souvent  bien  conservées;  rarchéo- 
logie  fournit  d'autres  preuves  :  certains  groupes  de  lombes  monumentales, 
dont  la  construction  a  visiblement  exigé  un  long  travail,  se  trouvent  dans 
les  lanczrouft,  parties  du  désert  où  tout  séjour  est  actuellement  impossible  ; 
des  ujcules  à  broyer  le  grain,  trop  lourdes  pour  être  transporlables,  se 

(')  l'].-F.  Gai'TIEK,  Ann.  de  Géographie,  1919,  p.  4oi-'i>3. 


SÉANCE  DU  7  MARS  I921.  6o5 

renconlrenl  dans  des  conditions  analog-ues;  elles  sugj;èrenl  l'existence  de 
villages  d'agriculteurs  sédentaires  en  des  points  où  les  pasteurs  ne  peuvent 
plus  que  passer  rapidement. 

La  stratigraphie  du  Quaternaire  soudanais  est  inconnue;  sur  celle  du 
Sahara,  on  n'a  que  quelques  indications  fragmentaires;  malgré  de  nom- 
breuses recherches,  l'échelle  des  mammifères  du  Quaternaire  algérien  n'est 
pas  établie  avec  précision.  Les  points  de  repère  certains  foni  donc  défaut  et 
l'exposé  suivant  comporte  une  large  part  d'hypothèses. 

On  sait  que  la  uiétéorologie  théorique  enseigne  que,  au  voisinage  des 
tropiques,  doivent  exister  des  zones  où  les  pluies  sont  rares  (déserts):  au 
sud  de  cette  zone,  dans  l'hémisphère  boréal,  se  rencontrent  des  régions  à 
pluies  d'été;  au  nord,  des  régions  à  pluies  d'hiver.  Cette  disposition  des 
climats,  qui  dépend  de  causes  astronomiques  permanentes,  doit  a  priori 
être  fort  ancienne.  En  fait,  on  sait  que,  depuis  l'Oligocène,  l'Algérie  est 
un  pays  de  chotts;  elle  avait  donc,,  comme  maintenant,  un  climat  sec,  un 
climat  de  steppes;  ou  sait,  avec  plus  de  précision,  «  que  la  direction  des 
vents  dominants  et  la  répartition  des  pluies  entre  les  saisons  n'ont  pas  varié 
d'une  façon  appréciable  depuis  la  fin  du  Pliocène  ancien  »  (').  Mais  il  y  a 
eu  des  variations  dans  la  quantité  des  pluies.  Ln  Berbérie,  les  dernières 
périodes  humides  correspondent  au  Paléolithique  ancien  (Chelléen)  et 
moyen  (Moustérien),  périodes  de  grande  extension  des  glaciers  en  Europe, 
et  par  suite  de  hautes  pressions  au  nord  de  la  Méditerranée. 

On  peut  admettre  qu'à  cette  époque,  la  zone  des  calmes  tropicaux  était 
plus  méridionale  qu'actuellement  et  qu'il  pleuvait  au  Sahara;  le  désert 
s'étendait  sur  la  zone  sahélienne  et  le  nord  du  Soudan  où  il  est  encore 
indiqué  par  les  Ergs  fossiles  qui  couvrent  ces  régions  et  que  j'ai  pu  suivre 
du  Sénégal  au  Tchad:  leur  limite  nord  se  trouve  au  voisinage  de  18" 
lat.  N.  à  la  limite  sud  du  Sahara  actuel. 

En  même  temps  que  les  glaciers  reculaient  en  Europe,  les  zones  de 
climat  remontaient  vers  le  Nord  et  venaient  occuper  progressivement  leur 
position  actuelle;  la  pluie  cessait  de  tomber  régulièrement  au  Sahara  et  les 
fleuves  ne  coulaient  plus  que  d'une  manière  accidentelle.  Ces  crues  espacées 
permetlaienl  cependant  la  vie  le  long  de  certains  thalwegs,  en  des  points 
choisis,  comme  elles  la  permettent  encore  dans  quelques  oasis. 

Peu  à  peu  les  dunes  sont  venues  barrer  les  vallées,  frappant  de  mort 
tout  ce  qui  était  à  l'aval  :  une  dune,  établie  à  Foum  El  Kheneg  (29"  lat.  N.) 


Cj  Général  de  Lamottk,  Congrès  gcoLoL;i<iuc  de  Mexico,  igoO,  p.  44'' 
C.  R.,  1921J  i"  Semestre.  (T.  172,  N*  10.) 


46 


6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  Iraveis  le  lil  de  l;i  Saoïira.  a  arrêté  les  crues  de  igoj  etde  1906;  un  canal  y 
a  été  creusé  el  la  crue  de  191 1  est  parvenue  à  -o"*™  plus  au  sud.  à  Haci 
Djeliebel.  Ce  mécanisme  a  dû  jouer  fréquemment. 

Quant  aux  fleuves  qui.  comme  le  Niger,  descendaieul  des  hauteursvoisines 
du  golfe  de  Guinée,  où  il  a  toujours  plu,  et  abnutissaieul  au  Sahara,  il 
semble  qu'ils  oui  surtout  été  victimes  de  pliénomèues  de  caplure:  j'ai 
montré  ailleurs  comment  le  Taflassasset  avait  capté  le  Niger  probablement 
au  Paléolithique,  vers  la  fin  de  la  période  glaciaire  ('). 

.l'ai  iudiqiu;  aussi  antérieurement  (-)  comment  au  Sahara,  où  l'érosion 
fluviale  ne  joue  plus,  des  mouvements  tectoniques  avaient  modilié  la  peute 
de  certaines  vallées,  au  point  d'empêcher  les  rivières  de  couler. 

Cette  morl  progressive  des  oueds,  due  à  des  causes  mécaniques  cl  non 
plus  climatiques,  explique  que  pendant  longtemps,  pendant  le  Néolilhique 
el  même  pendant  les  temps  historiques,  des  sédentaires  aient  pu  se  main- 
tenir dans  des  vallées  aujourd'hui  inhabilables. 

Cette  histoire  de  l'hydrographie  ancienne  du  Sahara  explique  bien 
comment  les  Vertébrés  et  les  Mollusques  aquatiques  d'origine  éthiopienne 
ont  pu  pénétrer  jusqu'aux  confins  de  la  Berbérie;  elle  explique  aussi 
comment  une  flore  méditerranéenne  a  pu  s'établir  sur  les  hauteurs  du  Sahara 
central  ;  quand  les  oueds  sahariens  coulaient,  cette  flore  a  pu  les  suivre  au 
loin  vers  le  Sud;  lorsque,  avec  le  recul  des  glaciers,  ils  se  sont  asséchés,  les 
espèces  méditerranéennes  ont  dû  se  retirer  vers  le  Nord  ou  émigrer  sur  les 
hauteurs;  par  un  phénomène  parallèle,  la  flore  des  Alpes  et  dos  Pyrénées 
présente  des  formes  communes  avec  l'exlrème  nord  de  l'Europe. 

Le  Sahara  occidental  jusqu'à  200'^'"  ou  Jog"""  de  l'Atlantique  est  un  peu 
moins  aride  (pie  le  Sahara  central;  li-s  oueds  ont  dû  s'y  assécher  un  peu 
plus  tard;  l'Hippopolame  aurait  vécu  dans  la  Seguiert  El  llomra  jusqu'à 
l'époque  romaine  (');  encore  actuellement,  la  forêt  d'Arganieis  de  lOucsl 
marocain  contient  de  nombreux  Mammifères  à  affinités  éthiopiennes  (' ); 
j'ai  montréailleursque,dansle  Rio  de  Oro,  et  même  dans  le  norddel'Adrar, 
à  côté  d'espèces  sahariennes  qui  dominent,  se  rencontrent  mélangées  de 
nombreuses  plantes  originaires  de  la  Méditerranée  et  du  Soudan. 

La  dessiccation  du  Sahara,  causée  essentiellement  par  un  changement 
de  climat  coïncidant  avec  la  fin  delà  période  glaciaire,  s'est  achevée  par  des 

(')  Afin,  de  Géographie,  yànv'xtv  1919,  p.  52-6o. 

(2)   Hull.  Soc.  géol.  Fr.,  fx"  série,  l.  18,  1918,  p.  81. 

(')  Joi.EAi't),  Bull.  Soc.  géol.  Fr  ,  4"'  série,  t.  20,  1920,  p.  i3-a6. 

(*)  JoLEAUl),    Huit .  Soc.   ZOOI.    l'r.,   l.    h'i,    1918,   p.   83-I02. 


SI^ANCE    DU    7    MARS    1921.  607 

causes  mécaniques  (barniges  des  oueds  par  des  dunes,  capluies,  mouve- 
nienls  tecloniques);  ces  derniers  plicnonièncs  onl  agi  plus  rapidement  dans 
le  désert  de  Libye  que  dans  le  Saiiara  ceiilral  et  surtout  occidental,  où 
rélevaj;e  des  biuufs  accompagne  encore  celui  des  chameaux  entre  le 
Sénéi^al  et  le  Maroc. 

Le  roseau  hydrographique  saharien,  tel  qu'il  est  reconstitué  actuelle- 
ment, était  le  résultai  d'une  longue  évolution,  dont  il  est  encore  im[iossible 
de  reconstituer  les  phases;  les  faits  connus  sont  trop  peu  nombreux.  Il 
existe  des  traces  de  terrasses  :  près  de  Taourirt  (Bas  Foual)  et  dans  le 
nord  de  T  Vbnet,  des  couches  à  Cardiiim  edule  sont  en  place  à  V"  au-dessus 
des  thalwegs  actuels;  en  Mauritanie  et  dans  l'Azaouad,  des  calcaires  fjua- 
ternaires  lacustres  sont  entaillés  (juscju'à  i5'")  par  l'érosion  llnviale  (')• 

Les  falaises  gréseuses  du  cap  Blanc  sont  des  dépôts  d'estuaire,  indiquant 
un  fleuve  important  dont  les  traces  ne  se  retrouvent  pas  en  Mauritanie; 
l'existence  dans  ces  grès  et  aux  Canaries  à^Helix  (iriwe/i.  qui  appartient  à 
un  groupe  canarien,  permet  de  croire  que  ce  fleuve  prenait  sa  source  dans 
rarchi|)el  avant  l'effondrement  de  l'Atlantide:  cette  opinion  est  renforcée 
par  Fexistence  de  quelques  plantes  canariennes  sur  le  littoral  atlantique  du 
Sahara  et  de  quelques  mollusques  (■).  Et  ceci  nous  reporte  probablement 
au  début  des  temps  quaternaires. 


BOTANIQUK.  —  Le  (liinorpliismc  des  éléments  c/iromosomitjiies  chez  le  Polypo- 
dinm  Schneideri  pendant  les  périodes  de  lélopliase  et  d  interphasc.  Note  de 
M.  11.  i>E  LrrARDiËKR,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Le  Polypodium  Schneideri  Hort.  (non  Christ),  hybride  des  P.  nureum  L. 
elvidgare  L.  forme  co/-n«/w/?5e(Moore)(') m'a  offert  une  particularité  cyto- 
logique  sans  précédent  :  dans  les  noyaux  appartenant  à  la  période  de  télo- 
phase,  on  remarque,  au  milieu  de  filaments  chromosomiques  assez  minces  et 
moniliformes,  identiques  à  ceux  du  P.  vidgare,  d'autres  (ilaments,  bien 
moins  nombreux,  très  chromatophiles,  d'un  calibre  beaucoup  plus  fort  et 

(')  Ihdt.  Soc.  L^éol.  Fr.,  'i'  série,  t.  t2,  1912,  p.  !\2n. 

(-)  L.  GiiRMAiN,  tiull.  dit  Muséum^  191 ',  p-  Saj. 

(^)  Celte  plante  a  été  obtenue  par  M.  Schneider  dans  les  serres  de  MM.  Veitcli  el 
(ils,  à  Cheisea  près  Londres. 

Le  P.  vulgare  forma  coniubiensc  (Moore,/'/'o  var.)  est  coiuui  aussi  sous  le  nom 
de  var,  elesantissiinum  K.  Stansf. 


6o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

beaucoup  plus  régulier,  présentant  de  la  sorte  un  aspect  de  chondriocontes. 

La  structure  des  noyaux  interphasiques  est  semblable;  mais  presque  dès 
le  début  des  processus  d'anacbromase  (  '),  les  filaments  perdent  peu  à  peu 
leur  caractère  héléromorphe,  car  il  se  produit  une  égalisation  de  la  subs- 
tance des  éléments  moniliformes.  A  la  métaphase,  on  ne  remarque  aucune 
différence  appréciable  entre  les  cbromosomes,  à  pari  certaines  inégalités 
de  longueur,  du  reste  assez  faibles,  comme  cela  a  lieu  dans  la  majorité  des 
Polypodiacées. 

Le  Polypodiiim  Sclmcideri  étant,  je  viens  de  le  dire,  d'origine  hybride, 
on  aurait  pu  tout  d'abord  croire  qu'il  existait  là  une  différence  inhérente 
aux  chromosomes  des  deux  parents;  mais,  dans  les  noyaux  en  télophasc  du 
P.  aiireum  d'une  part  et  du  P.  vulgare  forma  cornuhiense  d^aulre  part,  les 
éléments  chromosomiques  sont  semblables.  Les  cordons  épais  de  l'hybride 
se  présentant  en  nombre  bien  plus  faible  que  celui  des  filaments  grêles, 
on  pourrait  alors  songer  qu'ils  correspondent  aux  chromosomes  du 
P.  aureum,  puisque  cette  espèce  a  apporté  seulement  un  contingent  de 
36  chromosomes  lors  de  l'union  des  gamètes,  tandis  que  celui  du  P.  vul- 
gare forma  corniibiense  est  de  beaucoup  supérieur. 

Dans  cette  hypothèse,  il  faudrait  admettre  que  les  éléments  chromoso- 
miques du  P.  aureum,  transportés  dans  un  milieu  qui  n'est  pas  le  leur, 
subissent  dès  lors  une  évolution  spéciale,  un  «  catachromasisme  »  diffé- 
rent de  celui  qu'ils  présentent  dans  leurs  propres  noyaux. 

L'étude  des  hybrides  offre  toujours  un  grand  intérêt  au  point  de  vue 
cytologique;  peut-être  retrouvera-t-on  ailleurs  des  faits  identiques  à  celui 
que  je  viens  de  signaler;  ils  prouveraient  que  rexpliealion  que  j'en  donne 
est  bien  conforme  à  la  réalité. 


BOlANIQUi:.         Sur  une  tige  à  géolropisiiie  horizontal.   \nle  de  M.  Henri 
CoLPiN,  présentée  par  ^L  (laston  Bonnier. 

De  ce  qu'un  fait  est  d  une  fréquence  extrême,  il  ne  faut  pas  en  conclure 
qu'il  soit  absolument  général.  Cette  vérité  évidente  par  elle-même  semble 

(')  \  ejdovsky  (1907,  191  a)  a  "créé  deux,  termes  {Kalachromaxe  et  Anachromase) 
pour  désigner  \q9, processus  chromosomiques  qui  se  déroulent  pendant  les  périodes  de 
lélophase  et  de  propliase;  aucun  auteur  n'a  encore  suivi  lo  cvtolos:isle  Icliriiuo  ;  mais 
il  m'a  semblé  que  la  reprise  de  ces  noms  s'imposait,  ciir  ils  cariulérisoiii  p;ii  liiileuieiil 
l'etal  du  noyau  au  cours  de  ces,  périodes  caryocinétit/iirs. 


SÉANCE   DU    7    MARS    1921.  609 

avoir  été  négligée  dans  un  certain  nombre  de  phénomènes  ressorlissanl  des 
Sciences  naturelles  en  général  et  de  la  Botanique  en  particulier,  où  Ton 
semble  s'être  efTorcé  d'émettre  des  aphorismes  généraux,  alors  que,  bien 
souvent,  les  exceptions  sont  presque  aussi  nombreuses  que  les  cas  considérés 
comme  normaux.  Je  voudrais,  à  ce  propos,  faire  quelques  remarques  au 
sujet  dune  notion  qui  semblait,  jusqu'ici,  définitivement  établie  et  relative 
au  géolropisnic  de  la  lige.  Il  est,  évidemment,  de  connaissance  banale  que, 
à  moins  qu'elle  ne  fût  rampante.  la  tige  aérienne,  dès  sa  naissance,  se  dirige 
en  apparence  toujours  en  sens  contraire  du  centre  de  la  Terre,  c'est-à-dire 
est  douée  d'un  géotropisme  négatif.  Cette  constatatioa,  qui  est  si  fréquente 
et  sert  même  à  définir,  pbysiologiquement,  la  tige,  n'est,  cependant, 
pas  aussi  générale  qu'on  le  croit.  J'ai  pu  le  constater  très  facilement  à  l'aide 
de  graines,  cependant  très  connues,  celles  des  Lentilles. 

En  cultivant,  à  l'obscurité,  des  semences  de  la  Lentille  largerhlonde  ou  de 
la  Lentille  verte  du  Puy  (il  n'y  a  pas  de  raisons  pour  supposer  qu'il  n'en  soil 
pas  de  même  pour  les  autres  races,  d'ailleurs  peu  nombreuses,  de  Lentilles), 
on  obtient  une  jeune  tige  croissant  rigoureusement  suivant  l'horizontale  et 
ayant,  par  suite,  ce  qu'on  peut  appeler  un  géotropisme  horizontal  (on  dit 
aussi  plagiat ropisme) . 

Si,  après  qu'elle  a  commencé  à  se  développer  ainsi  que  je  viens  de  le  dire, 
on  place  cette  tige  verticalement  (soit  vers  le  haut,  soit  vers  le  bas),  ou 
obliquement,  elle  continue  à  croître,  non  dans  le  sens  vertical,  mais  horizon- 
talement, ce  qui  montre  que  son  horizontalité  est  bien  due  à  son  géotropisme 
et  non,  comme  on  pourrait  le  supposer,  à  la  position  initiale  qui  lui  imprime 
sa  position  primitive  dans  la  graine.  Cette  croissance  horizontale  continue 
jusqu'à  ce  que  la  tige  meure  d'inanition,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  a  atteint 
une  dizaine  de  centimètres.  Une  telle  constatation  est  facile  à  faire  si  l'on 
prend  soin  de  cultiver  les  plantules  dans  un  milieu  aqueux  et  de  telle  sorte 
que  la  tige  puisse  s'étaler  librement  sans  être  gênée  par  des  objets  voi- 
sins (  '). 

Cette  croissance  horizontale,  et  c'est  là  un  point  essentiel  à  noter,  n'a 
lieu  qu'à  F  obscurité.  Si  les  graines  sont  mises  à  germer  dans  les  mêmes 


('  )  Si  l'on  cultive  les  plan  lu  les  sur  un  milieu  solide  (sciure  de  bois^  terre,  sable,  etc.  ) 
humecté,  les  liges,  après  avoir  rampé  sur  le  substratum  pendant  une  dizaine  de  centi- 
mètres, témoignent  d'une  certaine  tendance  à  se  relever,  au  sommet,  dans  le  sens  de 
la  verticale,  mais  il  pourrait  bien  se  faire  que  ce  changement  de  direction  fut  en  rap- 
port avec  Vhydrotropisine  négatif  'pXuibi  qu'avec  le  géotropisme. 


6lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conditions,  mais  en  recevant  de  la  lumière  sur  tout  leur  pourtour,  les  tiges 
se  dirii;enl  vers  le  zénith,  ce  qui  montre,  d'une  part,  qu'elles  ne  sont  pas 
rampantes  dans  les  conditions  naturelles,  et,  d'autre  part,  que  leur  géotro- 
pisme, dans  les  mêmes  conditions,  est  négatif.  La  présence  ou  l'absence  de 
lumière  a  donc  uiodifié  la  nature  même  du  géotropisme;  on  peut,  d'ailleurs, 
s'en  rendre  compte  d'une  autre  façon  en  mettant  à  la  lumière  une  tige 
étiolée,  laquelle,  comme  je  l'ai  dit,  est  toujours  horizontale  :  quelques 
heures  après,  elle  continue  à  croître,  mais,  cette  fois-ci,  verticalement  vers 
le  haut.  Il  est  bon  de  remarquer,  en  passant,  que  la  tige  de  la  Lentille  n'est 
que  très  modérément  phototropique,  c'est-à-dire  qu'elle  s'incline  à  peine 
vers  une  source  unilatérale  de  lumièie. 

En  résumé  : 

i"  Les  tiges  aériennes  (non  rampantes)  n'ont  pas  toujours,  comme  on  le 
dit,  un  géotropisme  négatif;  celui-ci,  quoique  extrêmement  fréquent,  n'e.s7 
pas  rigoureusement  général: 

2"  Les  tiges  de  Lentilles  cultivées  à  l'obscurilé  ont  un  géotropisme  nette- 
ment horizontal; 

3°  La  lumière,  d'une  autre  façon  que  par  le  phototropisme,  peut  modi- 
fier le  sens  du  géotropisme,  Ainû  qu'on  le  voit  dans  la  tige  de  la  Lentille, 
qui,  d'horizontale  qu'elle  est  à  l'obscurité,  devient  verticale  à  la  lumière. 

Ces  constatations  pourront  peut-être  avoir  (pielque  intérêt  pour  faciliter 
la  recherche  des  causes  (encore  inconnues  )  du  géotropisme. 


HOrAMQUi:.    —   A  propos  des  greffes  de  Soleil  sur    Topinambour.   Note 
de  M.  LuciEX  Da.mei..  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

<_)a  sait  depuis  longtemps  (juc.  dans  les  grelles  tic  Soleil  sur  'i\q)inan)liour, 
celui-ci  donne  une  luberculisation  réduite  et  emmagasine  (piand  même  de 
l'inulinc  pour  passer  à  l'état  de  vie  ralentie.  On  peut  se  demander  si, 
comme  on  l'a  affirmé  récemment,  l'inuline  ainsi  mise  en  réserve  provient, 
exclusivement  ou  prescpae,  des  produits  dextrogyres  élaborés  par  le  Soleil 
giell'on.  S'il  en  est  ainsi,  la  valeur  des  réserves  du  sujet,  considérée  chez  des 
exemplaires  dilTérents,  doit  être  proportionnelle  sensiblement  au  déve- 
loppement et  aux  poids  relatifs  des  grefl'ons,  à  la  lin  de  la  végétation  de 
ceux-ci,  comme  cela  se  produit  quand  on  grelTe  des  Heliant/ius  orgyalis  sur 
Topinandiour  qui,  comme  lui.  fabrl(|uenl  de  l'inuline  et  se  développent 
d'une  façon  pres(pie  analogue. 


SÉANCR    DU    7    MARS    1921.  ()II 

En  vue  de  résoudre  ce  problème,  j'iii  t'ail  l'an  dernier,  à  six  semaines 
d'intervalle,  deu\  séries  de  grelles  de  Soleil  sur  'Topinambour,  dans  des 
conditions  aussi  comparables  (jue  possible.  Les  jj^refTons  se  dcvelop[)èrenl 
d'une  façon  très  iiiéj^ale;  le  nombre,  le  volume  et  le  poids  des  tubercules 
formés  par  lès  sujets  furent  des  plus  variablossuivaul  les  exemplaires.  Ainsi, 
cliez  siv  greffes  de  la  première  série,  les  poids  des  tubercules  étaient  de 
275'-',  57''',  9;)",  80",  io5"  et  35'''  quand  les  greffons  presque  secs  pesaient 
respectivement  4_'|5",  5io*^,  io5'*,  loï',  35o°  et  227°;  chez  dix  exemplaires 
de  la  deuxième  série,  les  tubercules  pesaient  4o"',  i^S",  Ho'',  85",  1 17^,  63', 
90%  y5%  78»  el  120"  el  les  greffons  280s,  3io*-',  gG«,  -5s,  190",  80^,  90», 
laSS  68«et  iSS''. 

La  proportionnalité  n'existant  pas,  il  faut  en  conclure  que  le  Soleil  n'est 
pas  le  générateur  principal  de  l'inuline  du  Topinambour  greffé.  Mais  alors 
d'où  provient  cette  substance?  Les  expériences  suivantes  vont  nous  ren- 
seigner sur  ce  point. 

Considérant  que  toute  olodibiose  ou  greffe  ordinaire  est  précédée  d'un 
effeuillage  et  d'une  décapitation  du  sujet,  interrompant  la  circulation  libé- 
rienne après  reprise  comme  dan-s  une  décortication  annulaire  à  lèvres 
rejointes,  j'ai  maintenu  unitiges  des  topinambours  et  je  les  ai  effeuillés, 
décapités  ou  décortiqués  en  supprimant  leurs  pousses  de  remplacement. 
A  la  fin  de  la  végétation,  j'ai  recherché  les  variations  de  tuberculisation 
produite-^  par  ces  opérations  en  comparant  avec  des  Topinambours  témoins 
également  maintenus  unitiges.  Les  résultats  de  ces  expériences  ont  été 
très  démonstratifs.  Tandis  que  les  témoins  ont  fourni  un  poids  moyen  de 
tubercules  de  4''*''»38o,  les  pieds  opérés  ont  eu  des  poids  de  tubercules 
beaucoup  plus  faibles.  Ainsi  des  exemplaires  effeuillés  unilatéralement  et 
progressivement,  auxquels  j'avais  laissé  12  feuilles  au  sommet,  ont  donné 
i''B,76o  de  tubercules,  en  leur  laissant  G  feuilles  seulement  le  poids  est 
tombé  à  8i5^;  donc  la  mise  en  réserve  est  sensiblement  proportionnelle  à 
l'activité  et  la  quantité  de  la  chlorophylle  de  l'appareil  aérien. 

J'ai  décapité  des  Topinambours  à  des  hauteurs  ditt'érentes,  35<^"',  60"="  et  So"'",  en 
laissant  deux  feuilles  au  sommet  pour  entretenir  la  vie  de  la  tige,  el  en  supprimant 
avec  soin  les  pousses  de  remplacement,  j'ai  récolté  seulement  35s,  8oS,  laSï  el  164"^ 
de  tubercules  en  moyenne.  La  mise  en  réserve  était  proportionnelle  sensiblement  à 
la  longueur  de  la  tige  conservée.  Dans  les  exemplaires  décapilé.s  à  la  même  hauteur, 
mais  auxquels  j'avais  laissé  un  nombre  variable  de  feuilles  d'appel,  les  réserves  étaient 
en  rapport  avec  ce  nombre,  réduites  encore  s'il  n'y  avait  qu'une  feuille  conservée, 
augmentées  au  contraire  s'il  y  avait  plus  de  deux  feuilles.  Avec  deux  verticilles  de 
Ijois  feuilk'S,  il  y  eut  3i5"'  de  tubercules  el  470"  a\cc  trois  verticilles.  La  valeur  dt"^ 


6l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

réserves  dépend  donc  ii  la  fois  de  la  c:ipacilé  fonctionnelle  di--:  feuillis  i-t  de  colle  de 
l;i  portion  de  tige  conservée. 

J'ai  fait  en  outre  des  décorlications  annulaires  de  grandeur  différente,  i""  et  >'"  à 
des  hauteurs  variables  au-dessus  du  sol.  Les  ^jrerniers  ont  assez  rapidement  rejoint 
les  lèvres  de  la  blessure,  tandis  que  la  plaie  des  secondes  est  restée  béante  jus<|u"à  la 
fin  de  la  végétation. 

Les  exemplaires  complètement  cicatrisés  m'ont  donné  en  moyenne  2''?, 45o  de  tuber- 
cules, la  circulation  du  lévulose  avait  subi  un  temps  d'arrêt,  mais  elle  s'était  faite  de 
nouveau  ensuite  quoique  plus  lente.  Dans  les  autres,  le  transport  s'était  arrêté,  et 
l'inuline  n'avait  pu  se  former  qu'aux,  dépens  de  la  partie  de  la  tige  inférieure  à  la 
décortication.  La  moyenne  des  poids  des  tubercules  a  été  de  225^,  mais  ceux  qui 
avaient  été  décortiqués  à  So""  du  sol  avaient  des  poids  variant  de  5oe  à  808  au  plus. 
Enfin  chez  des  pieds  décapités  en  même  temps  que  décortiqués  à  5'''"  de  largeur,  la 
mort  était  venue  rapidement  avec  une  mise  en  réserve  insignifiante.  Ayant  opéré  à 
des  époques  différentes  j'ai  encore  constaté  que  les  résultats  obtenus  variaient  avec 
l'âge  des  tiges.  Mais  chez  tous  les  exemplaires  à  tubercuiisation  très  réduite,  les 
tubercules  étaient  allongés,  moins  colorés  que  les  témoins  et  ils  avaient  mûri  beaucoup 
plus  vite.  Or  ces  phénomènes  peuvent  exister  dans  la  greffe,  soit  conjointement,  soit 
séparément;  cela  montre  leur  communauté  d'origine. 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  les  réserves  formées  par  le  Topinauiboiir 
greffé  avec  le  Soleil  ne  proviennent'pas  exclusivement  ou  presque  des  maté- 
riaux élaborés  par  celui-ci,  qui  le  rappelle  dans  ses  graines  au  moment  oi'i 
le  sujet  commence  à  se  tuberculiser.  L'inuline  du  Topinambour  greffé  ne 
peut  avoir  que  deux  origines  :  1°  elle  dérive  en  entier  des  produits  lévog\  res 
fabriqués  parla  chloropliylle  du  sujet,  dont  le  travail  nesl  pas  négligeable 
quand  la  tige  à  o^jSo  de  longueur,  et  aussi  du  tiavail  des  drageons  émis 
continuellement  par  le  sujet  et  difficiles  à  supprimer  sans  qu'ils  aient  assi- 
milé, quelle  que  soit  la  surveillance  exercée;  2"  ou  bien  elle  provient  en 
partie  seulement  de  ces  sources  et,  pour  l'autre  partie,  du  déplacement  des 
réserves  du  tubercule  primitif  qui  se  comporte  alors  à  la  façon  de  la  pomme 
de  terre,  émettant  de  petits  tubercules  aux  dépens  d'un  plus  ancien  à  la 
suite  d'à-coups  de  végétation  ou  de  conditions  spéciales  entravant  son  déve- 
loppement normal. 


HOTANlQUi:.  —  Influence  de  la  icmpérdliiir  des  ctiux  thermales  de 
Ludion  sur  leur  flore.  Note  de  M.  Jean  Duphenoy,  présentée  par 
M.  L.  Mangin. 

Les  (So  griffons  de  Lucboii  fournissent,  entre  Jo"  et  (iS",  des  eaux  riches 
en  soufre  et  en  fer  assimilables. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  6l3 

Au  classement  tlieimique  cori-espond  assez  bien  le  classement  biologique 

\X.if} 


'<?oO      éol  -5-5  " 


d'après  le  mode  de  symbiose  des  bactéries  réductrices  avec  les  ferrobac 
téries  et  les  sulfuraires  oxydantes. 


6l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I.  Eaux   tièdrs  (  Héservoir  du   l?os(|iiei  :   38°)  sulfuraires  :   Thiolfiri.i-   immergés 

à    .o-   {flg.    .-). 

II.  Eaux  chaudes  (Pré  n"  2  :  -^S»;  Saule  :  5;)";  Heine  :  o^")  couvertes  de  dépôts  de 
barégine,  c'esl-à-dire  de  zoogK'-es  baclériennes  muqueuses,  probablement  pectiques 
(W-,  fig.  12);  à  la  face  supérieure,  dès  Feirobactériacées  {Siderocapsa  Moliscli) 
s'incrustent  d'hydroNvde  de  fer  (F.  ().,  Jig.  i3),  des  Siilfuritires  (H.  S.,  fig.  i3) 
brûlent  H^S,  fixant  S  en  granules  ou  en  cristaux;  à  la  face  immergée,  privée  d'oxvgène 
j)ar  les  Sulfuraires  de  la  surface,  des  bactéries  i-éduisent  les  sulfates,  dégagent  ll-S. 
lixent  le  sulfate  ferreux. 

m.  Eaux,  très  chaudes  (Ferras  ancienne  :  oo"  :  l'ré  n"  I  :  60°;  Humage  :  62°; 
Hayen  :  (iS").  —  A  la  surface,  quelques  pellicules  à  Siderocapsa  et  à  Sulfuraires  en 
(iiamenls  très  fins  ou  bâtonnets  {Jîg.  i5)  avec  cristaux. 

,\u  fond,  les  bactéries  réductrices  des  sulfates  piécipilenl  le  sulfate  ferreux  en 
o  boues  bleues  ». 

Sur  la  grande  échelle  de.s  clill'érenles  sources,  la  icntpvraUin-  déwrntinc 
i  aspect  (le  la  flore,  la  rend  1res  diflerenle  dans  deux  sources  du  nièine  groupe 
h^'drologique  (l'ré  n"  1  :  Go";  Pré  n"  2  :  5o"). 

Des  eaux  à  /jo"  hébergent  des  bactéries  capables  d'évoluer  dans  l'éluxe 
à  55''-6o",  à  cùlé  d'espèces  des  eaux  très  chaudes;  les  espèces  évoluant  à  1  V' 
manquent. 

A  Ludion,  couïnie  à  Barèges,  les  Ferrobactériacécs  filamenteuses  pré- 
fèrent les  eaux  froides  ou  tièdes  ('),  les  formes  arrondies  {Siderocapsa)  sont 
ubiquistes  et  tolèrent  /i^". 

Les  Sulfuraires  évoluées  {licf^giatoa)  vivent  en  eau  froide,  les  T/iiothrix 
tolèrent  5o°;  seules  les  Thiolxiclêries  de  1res  faible  diamètre  supportent  les 
eaux  très  chaudes.  Partout  active,  la  formation  du  soufre  est  surtout  iiiten.«e 
entre  4o°  et  5o". 


CRYPTOOAMIE.  —  Action  d'un  Chanipii^non  parasite  sur  Dilsea  edtdis 
Stac/,/i()iise.  Note  de  M.  K.  <]iie>ii.\,  présentée  par  M.  L.  Mangin. 

Les  frondes  de  Dilsea  edalis  présentent  fréquemment,  en  été  et  en 
automne,  des  taches  circulaires  d'une  nuance  générale  verdâtre  et  d'un  dia- 
mètre variable  pouvant  atteindre  jusqu'à  ij'"'".  Dans  l'une  de  ces  taches  on 
peut  distinguer  trois  zones  :  une  zone  externe,  de  i"""  environ  de  largeur, 
dune  teinte  dégradée  allant  du  rouge  sombre  de  l'algue  au  verlchlorophyl- 

(')  (If.  !•].-( '..  IIardkr,  Irnii  dcp<isiting  Ixiclerta  and  iheir  gcolcgical  rel<Uioiis 
(U.  -S.  lieol.  Survey,  Paper,  t.  11:5,  i()iy). 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  6l5 

lien  ;  iiiio  zone  moyenne,  d'un  vert  intense,  passant  graduellement  au  blanc 
jaunAtre  de  la  zone  interne.  A  la  limite  de  ces  deux  dernières,  on  observe  une 
auréole  de  pustules  blanches,  liémispliériques,  faisant  saillie  à  la  surface; 
elles  se  rencontrent  sur  Tune  et  l'autre  face.  Une  déchirure  à  bords  irrégu- 
liers occupe  généralement  le  centre.  Tant  que  le  diamètre  de  la  tache 
n'atteint  pas  7"""  à  8'"'",  on  n'aperçoit  aucune  perforation  ;  par  contre,  au 
terme  ultime  du  développement,  les  diverses  zones  sont  réduites  à  une 
mince  frange  bordant  une  large  lacune.  Même  à  ce  stade,  ces  perforations 
ne  peuvent  être  confondues  avec  les  Irons  produits  fréquemment  par  les 
Mollusques  dont  les  bords  conservent  la  teinte  rouge  de  la  fronde.  Leur  ori- 
gine est  toute  différente;  elles  sont  dues  à  l'action  d'un  champignon  para- 
site. Avant  de  décrire  cette  action,  je  rappellerai  brièvement  la  structure 
d'une  lame  de  Dtlsca. 

Une  région  médullaire,  formée  de  filaments  eoclievèlrés,  donne  naissance  à  des 
liles  cellulaires  dirigées  perpendiculairement  à  la  surface.  Dans  chacune  de  ces  files, 
les  cellules  profondes  sont  volumineuses  et  forment  ce  que  j'appellerai  la  région  de 
i-éserve;  les  cellules  superficielles  sont  beaucoup  plus  petites,  ce  sera  la  région  cor- 
ticale. La  surface  est  recouverte  d'une  cuticule  raucilagineuse.  Une  substance  de  même 
nature  co  nble  entièrement  les  interstices  laissés  entre  les  divers  éléments.  Toutes  les 
cellules  présentent  un  noyau  qui  se  teint  fortement  par  l'hémaloxyline  ferrique;  le 
piotoplasrae,  abondant  dans  la  couche  corticale,  ne  forme  qu'un  mince  revêtement 
pariétal  dans  la  région  de  réserve;  les  érythroplastes,  très  développés  et  fortement 
teintée  dans  les  cellules  périphériques,  sont  plus  rares  dans  les  cellules  profondes;  enfin 
l'amidon,  qu'on  rencontre  partout,  mais  qui  est  particulièrement  abondant  dans  la 
région  de  réserve  dont  les  éléments  en  sont  littéralement  bourrés,  se  présente  sous  la 
forme  de  petits  granules  d'amylose  prenant  une  teinte  rougeàtre  avec  l'iode. 

C'est  dans  ce  milieu,  particulièrement  riche  en  principes  nutritifs,  que 
les  filaments  mycéliens  se  développent.  Sur  une  coupe  transversale,  après 
coloration  à  l'hématoxyline-éosine,  ils  dessinent  des  lignes  sombres  sur  un 
fond  que  leur  action  a  contribué  à  éclaircir.  ils  s'insinuent  entre  les  cellules, 
en  perforent  souvent  les  parois  et  viennent  au  contact  du  contenu  proto- 
plasmique.  Ils  sont  épars  à  la  périphérie,  plus  denses  dans  la  région  de 
réserve;  enchevêtrés  et  peletonnés,  ils  constituent  au-dessous  de  chaque 
pustule  une  sorte  de  stroma,  d'où  s'élèvent  les  filaments  minces,  serrés, 
dont  l'ensemble  constitue  la  saillie  superficielle. 

La  première  action  visible  est  la  disparition  de  la  phycoérythrine  ;  elle 
s'observe  déjà  dans  des  régions  non  directement  atteintes  par  les  filaments 
mycéliens.  Les  érythroplastes  ne  sont  pas  détruits;  ils  conservent  leur  forme 
et  la  chloropiiylle  qui  les  imprègne  jusqu'à  l'altération  profonde  du  contenu 


6l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cellulaire.  C'est  d'abord  le  iiovaii  (jui  prend  une  teinte  de  plus  en  plus  pâle 
sous  l'action  des  colorants,  (^'esl  le  protoplasme,  (jui  diminue  en  quantité, 
se  rassemble  au  centre,  et  finalement  dis[)arait.  I^es  grosses  cellules  mères 
des  tétrasporanges  résistent  davantage;  elles  constituent  encore  de  petils 
points  rougeàtres  dans  la  zone  verte;  peu  à  peu.  cependant,  elles  sont 
altérées  et  détruites.  L'amylose  est  progressivement  digéré:  les  petits  granules 
de  la  région  corticale  disparaissent  les  premiers  ;  ceux  des  régions  profondes, 
plus  volumineux,  plus  nombreux,  ne  disparaisseni  totalement  qu'an  voisi- 
nage de  la  lacune.  Les  membranes  cellulaires,  perforées  et  amincies,  per- 
sistent encore,  conservant  à  l'algue  sa  structure,  sauf  sur  le  pourtour  immé- 
diat de  la  lacune  et  au-dessous  de  cliaque  pustule,  là  où  s'est  formé  un 
stroma. 

Comme  toute  mise  à  mort  des  cellules  chez  les  Floridées.  par  trauma- 
tisme en  action  de  substance  délétère,  entraîne  la  disparition  de  la  pliyco- 
érytlirine.  on  est  conduit  à  penser  que  le  parasite  laisse  difluser  un  prin- 
cipe qui  tue  les  cellules  ;  il  sécrète  ensuite  des  diastases  appropriées  pour  la 
digestion  des  matières  albuminoïdes  et  des  matières  amylacées. 

Les  Champignons  connus,  vivant  sur  les  VIgues.  sont  beaucoup  plus 
nombreux  sur  les  formes  d'eau  douce  que  sur  les  formes  marines.  Dans  la 
liste  relevée  par  Lemmermann  (' ).  sur  19')  espèces.  9  seulement  sont  parti- 
culières aux  Algues  marines. 

I.,es  travaux  récents  ont  doublé  environ  ce  nombre.  Sur  les  Algues  verles 
(  llha,  Prasiola)  Minnie  Heed  (  -  )  en  a  décrit  deux  espèces  et,  dans  les  deux 
cas,  le  complexe.  Algue  et  CI>ampignon,  ressemble  beaucoup  à  un  lichen. 
Les  Ciiampignons  sont  plus  nombreux  sur  les  Algues  brunes;  Sauva- 
geau*(  '  )  en  a  récolté  sur  Cdslagnca  et  Stypocaulon ;  May  J^stee  (  *  )  en  a  décrit 
sur  Cysloseirn  et  Halidrys  au  voisinage  des  flotteurs;  Cotlon  (^^)  en  a  décrit 
et  nommé  une  espèce  sur  Ascophyllum;  et  Sutherland  (  "  )  en  a  étudié 
quatre  espèces  sur  Pelvetia,  dont  l'une,  an   moins,  est  considérée  par  lui 

(')  1*;.  Lkmmermamn,  Die  parasitischen  und  saprophytiachen  Pilze  iler  Algen 
(   \bliandliingen  Natiirwissensch,  Verein  z.  Ilrenscn,  Bd  17,  llefl  I,  lyoi"). 

('-)  MiNMK  Rkep,  Tivo  nei.v  Ascomyceloas  fangi par-asitic  on  marine  Alger  {Univ. 
(ij  California publications  :  Bolany,  vol.  1,  1902). 

(■')  Journal  de  Bolaniquu,  1897,  P-  ^'^'*'  ^^  igoS.  p.  ■.',28. 

(  '  )  May  V.f.'xv.T.,  Fungus  Gralh  on  ('  vsloseira  and  Halidrys  {Unii\  of  California 
publications  :  Botany,  vol.  4,  191 3). 

(')Co'rTON,  Notes   on    marine  Pyrenomycelcs  {Trans.    Brit.  Myc.  Soc,    1907). 

(")  Gro  K.  SiiNTHERi.AN'i),  AVi\  marine  fungi  of  Pelvetia  [The  netv  P/iytologist. 
.9.:.). 


SÉANCE    DU    7    MARS    I92I.  617 

comme  vivant  en  symbiose  avec  l'Algue.  Sur  les  Algues  rouges,  les  (Cham- 
pignons connus  sont  plus  rares;  Joncs  Herbert  (  '  )  en  a  signalé  une  espèce 
sur  Cliondriis  crispus.  Juxquici  (lucun  champignon  n  avait  été  signalé  sur 
Dilsea  edulis;  dans  ce  cas  le  parasitisme  est  nettement  accusé:  V immersion  est 
à  peu  près  constante,  car  rbùlo  ne  se  rencontre  que  dans  la  zone  inlérieurc  et 
no  possède  pas  de  flotteurs. 

Les  échantillons  recueillis  n'ont  pas  permis  du  caractériser  coinplètcnient 
le  Champignon;  ce  sera  l'objet  d'une  Note  ultérieure. 

ENToMOI>OGlE.  —  Morphologie  générale  et  structure  de  V Appareil  digestif 
des  Lépidoptères.  Note  (^)  de  M.  L.  Iîordas.  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

Le  tube  digestif  des  Lépidoptères  est  simple,  quant  à  sa  forme.  Sa  partie 
antérieure  est  rectiligne,  et  sa  région  terminale  seule  présente  quelques 
circonvolutions,  plus  ou  moins  nombreuses  suivant  les  espèces. 

Comme  caractères  principaux,  nous  avons  surtout  à  signaler  :  i"  la  pré- 
sence d'un  volumineux  appendice  latéral  on  jabot;  2"  un  intestin  moyen 
court  et  cylindrique,  et  3°  une  ampoule  rectale,  généralement  large 
(Saturnia,  Pararge,  Brotolomia,  Acherontia,  etc.),  ovoïde  et  très  extensible. 

T.,e  pharynx  est  court  chez  toutes  les  espèces,  large  en  avant,  étroit  en 
arrière  et  d'apparence  infundibuliforme.  Il  se  continue  par  un  œsophage 
allongé,  très  étroit,  cylindrique  et  s'étendant  le  long  du  thorax,  et  dans  la 
partie  antérieure  abdominale,  au-dessus  du  système  nerveux.  A  son  exti'é- 
mité  postérieure,  se  trouve  appendu  un  volumineux  yrtAr*;,  placé  latérale- 
ment, à  parois  minces  et  transparentes. 

Il  existe,  chez  tous  les  Papillons,  des  glandes  salivaircs  tubuliformes. 
Elles  cheminent  parallèlement  à  l'œsophage  et  vont  s'ouvrir  soit  dans  un 
conduit  impair,  très  court,  soit  séparément,  en  deux  points  très  rapprochés, 
dans  la  cavité  buccale,  à  la  base  de  la  trompe. 

Wintestin  moyen  est  cylindrique,  à  peu  près  lectiligne  et  à  diamètre  beau- 
coup plus  large  que  celui  de  l'œsophage.  Ses  parois  sont  épaisses,  légère- 
ment plissées  et  parcourues  transversalement  par  de  petits  sillons  parallèles 
et  circulaires.  A  sa  limite  postérieure,  existe  un  bourrelet  annulaire,  peu 

(')  Jones  Herbert,  .4  /leiv  Species  0/  Pyrenoinycete  parasitic  on  oïl     ilga  (But. 
Obcrlin,  Collège  Laboralory,  vol,  9). 
C^)  Séance  du  21  février  1921. 


fil  8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

saillant,  inaïquaiil  loiij^ine  de  l'intestin  •terminal  cl  sur  lequel  viennent 
déboucher  les  tubes  de  Malpighi. 

Les  lulx's  de  Malpi^lii  sont,  chez  tous  les  Papillons  (saut  de  très  raies 
exceptioRs),  toujours  au  nombre  de  six,  provenant,  en  réalité,  de  dcK.v 
Ironcs primitif. s.  Ils  sont  ^généralement  c^'lindriques,  parfois  aussi  variqueux 
et  inonili formes.  Dans  quelques  cas,  ils  présentent  même  de  courtes  émi- 
nences  latérales  (Saturnin),  sortes  de  digitalions  ou  bourrelets  corres- 
pondant à  des  invaginations  internes. 

Uintestin  terminal  est  généralement  long  et  fort  sinueux  (Pieris,  Leitconea, 
Acheruntia,  Urotolonda,  Arctia,  etc.).  Son  diamètre  est  beaucoup  plus  étroit 
que  celui  de  l'intestin  moyen  et  ses  parois  présentent  inlérieureiuent  des 
replis  longitudinaux.  Enfin,  son  extrémité  postérieure  se  dilate  et  forme 
un&  poche  rectale,  prolongée  en  un  c-œcum  latéral  antérieur,  plus  ou  moins 
accentué.  Les  parois  de  cette  poche  [)ortent  de  nombreuses  Glandes  rec- 
tales. 

Le  nombre,  la  forme  et  la  disposition  de  ces  organes  sont  des  plus  variables 
dans  les  diverses  familles  des  Lépidoptères.  Dans  beaucoup  d'espèces,  le 
nombre  de  ces  glandes  dépasse  200.  Elles  sont  beaucoup  moins  aboiidanles 
chez  les  autres  Insectes.  C'est  ainsi  que  certains  l^iplères  n'en  possèdent 
(jue  quatre,  que  les  Hyménoptères,  les  Orthoptères,  les  Névroptères,  etc. 
n'en  ont  que«'x-.  Or,  parmi  les  diverses  familles  des  Papillons,  nous  avons 
constaté  que  les  l'icrida'  ont  de  80  à  140  glandes  rectales;  les  Nymphalidœ 
de  100  à  120;  les  Saty/idœ  de  180  y  200;  les  Sphin^idœ  environ  i5o;  les 
Liporidu'  jusi\\.i  à  25o;  les  Noiodontida'  de  180  à  200;  les  Noctuid(r  j)lus 
de  3oo,  et  chez  une  espèce  de  cette  famille,  la  lirotolomia  meticidosu,  nous 
en  avons  compté  jusqu'à  5oo. 

Tous  les  Papillons  sont  pourvus  de  glandes  salivaires.  (".es  organes 
présentent  à  peu  près  la  même  forme  chez  toutes  les  espèces.  Ce  sont 
partout  des  tubes  plus  ou  moins  longs  et  sinueux,  s'élendant  de  la  région 
abdominale  à  la  base  de  la  trompe.  Les  deux  conduits  se  rapprochent  peu 
à  peu  et  se  fusionnent  finalement  en  un  canal  impair,  dont  la  longueur 
est  variable  suivant  les  espèces,  lùifin  ce  dernier  va  toujours  s'ouvrir  à  la 
base  de  la  trompe  et  non  dans  le  tube  digestif. 

Ces  organes  présentent,  au  point  de  vue  histologi([ue,  de  nombreux 
rapports  de  structure  avec  les  glandes  mandibulaircs  des  Chenilles.  De 
plus,  leurs  noyaux  alléctent,  dans  certains  cas,  une  forme  irrégulière  et 
légèrement  ramifiée,  com[)arable  à  celle  que  nous  avons  décrite  antérieu- 
rement dans  les  s.laiides  cèriciséhes. 


SÉANCE    nu    7    MAKS    19a I.  fil9 

l\os  rechcrclies  luslolo^irjiies  sur  rappareil  digeslif  des  Papillons  oui  porlé 
spccialemeni  sur  les  glandes  salivaircs,  l'n;sopliage,  la  valvule  iTsoplia- 
tîicniic.  les  inleslins  moyen  et  postérieur,  les  glandes  rectales  el  les  luhes 
de  iNlalpiglii 

La  strucUire  de  Vœ.sophagc  présente  de  grandes  analogies  avec  celle  du 
pharynx.  On  y  trouve,  en  effet,  les  mêmes  éléments  el  les  mêmes  assises. 
avec  une  disposition  à  peu  près  semblable.  IJiniima  chitincuse  et  l'assise 
chilinogèneformentcependantici  des  replis  plus  nombreux  etplusaccenlués 
que  dans  le  pliarynx.  En  partant  de  l'extérieur,  on  trouve  successivement  : 
une  membrane  péritonéale;  une  étroite  gaine  formée  par  des  muscles  annu- 
laires; des  faisceaux  longitudinaux,  placés  en  regard  des  replis  et  une  assise 
c/iilinogènc,  sans  caractère  spécial^  composée  de  cellules  aplaties,  sans 
cloisons  latérales  apparentes  et  à  noyaux  arrondis.  Celte  dernière  repose 
sur  une  très  mince  membrane  basilaire. 

U/n/eslin  antérieur  envoie,  dans  l'axe  de  l'intestin  moyen,  un  petit  pro- 
longement tubuleux,  constituant  la  valvule  œsophagienne  qui  existe  de 
même  chez  toutes  les  larves  des  Lépidoptères. 

A  son  origine,  Vinteslinnwyen  des  Lépidoptères  porte  un  certain  nombre 
de  bourrelets  à  peine  saillants  extérieurement  et  correspondant  à  des  diver- 
ticules  de  la  cavité  intestinale.  Ils  sont  tapissés  par  des  cellules  différant 
peu  de  celles  du  reste  de  l'organe,  mais  dont  le  rôle,  comme  chez  les  larves, 
me  parait  manifestement  ,imrV^//r. 

La  structure  de  ces  bourrelets  est  la  suivante  :  i"  une  musculature 
externe  composée  de  fibres  longitudinales  et  de  fibres  circulaires;  ■j.°  une 
membrane  basilaire,  très  mince,  de  nature  conjonctive,  prolongement  de 
celle  de  l'intestin,  sur  laquelle  repose  l'épithélium  de  la  crypte;  3°  une 
assise  de  hautes  ci'llules,  à  bordure  ciliée  interne.  En  outre,  entre  les  cils, 
on  voit  fréquemment  de  petites  vésicules  saillantes,  arrondies,  pédiculées 
ou  sessiles,  qui  sont  des  produits  de  sécrétion  cellulaire.  Mais,  la  partie  la 
plus  importante  de  la  paroi  de  l'intestin  moyen  est  constituée  par  Vépit/ié- 
liiim.  Ce  dernier  comprend  des  cellules  cylindriques  allongées,  recouvertes 
d'une  bordure  de  cils  immobiles  et  reposant  sur  une  membrane  basale 
{tunica  pnipri(i)  qui  le  sépare  des  muscles  circulaires  sous-jacents.  Les 
éléments  épilhéliaux,  après  avoir  fonctionné  un  certain  temps,  se  détruisent, 
disparaissent,  et  leurs  noyaux  sont  ensuite  expulsés  avec  les  produits 
excrétés.  Ils  sont  alors  remplacés  par  des  cellules  nouvelles  provenant  de 
l'évolution  d'éléments  plus  jeunes  (^cellules  ou  noyaux  générateurs),  situés 


620  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

dans  des  cryptes  (nidi)  de  réi(énéiatioii,  abondantes  surtout  au  fond  des 
dépressions  situées  entre  deux  bourrelets. 

Les  friandes  rectales^  vues  en  coupe  Iransvrrsale,  présentent  une  appa- 
rence rectangulaire,  fongiforme,  ou  même  parfois  légèrement  hémisphé- 
rique. Chaque  tubercule  glandulaire  est  constitué  par  deux  ou  trois  grosses 
cellules  rectangulaires,  cunéiformes  et  aplaties  transversalement.  Il  présente 
à  considérer,  en  partant  de  Tintérieur  :  i"  une  membrane  ou  intima  chili- 
neuse;  i°  une  assise  cellulaire;  3"  une  membrane  basale  ou  propria;  l\°  du 
tissu  conjonctif,  des  fibrilles  nerveuses  et  de  nombreux  ramuscules  tra- 
chéens; 5"  une  limitante  externe;  6"  des  faisceaux  de  muscles  circulaires; 
7°  des  muscles  longitudinaux  et  une  très  mince  tunique  péritonéale  externe. 


ENTOMOLOGIli:.  —  Sur  (pieUpics  Ami  criées  apncumonrs . 
Note  de    M.  Louis  Fa«;e,   présentée   par  M.    E.   Bouvier. 

Il  y  a  quelques  années  (  '  ),  alors  que  je  préparais  la  révision  des  Arai- 
gnées de  la  famille  des  Leplonétides,  j'eus  la  bonne  fortune  de  pouvoir  étu- 
dier en  détail  une  espèce  très  remarquable,  découverte  en  ]88i  par 
M.  Eugène  Simon  dans  une  grotte  des  Pyrénées-Orientales,  le  Tclcma 
tenel/aE.  S.,  que  j'ai  repris  moi-même  en  abondance  dans  la  grotte  Sainte- 
Marie,  près  La  Preste  (Pyrénées-Orientales).  Cette  Araignée  minuscule 
(i""°  à  i^^^S  de  longueur),  totalement  aveugle  et  profondément  adaptée  à 
la  vie  des  cavernes,  présente,  eu  dehors  de  ses  caractères  adaptatifs,  des 
dispositions  anatomiques  qui  en  font  un  type  aberrant,  non  seulement  dans 
la  série  des  Haplogynes,  mais  dans  l'ordre  entier  des  Araignées.  Elle  offre 
notamment  la  paiticularité  d'être  dépourvue  de  poumons  et  d'avoir  deux 
paires  de  stigmates  trachéens.  Les  stigmates  antérieurs,  situés  de  chaque 
côté  et  un  peu  au-dessus  de  l'épigastre,  à  la  place  qu'occupent  normalement 
les  stigmates  pulmonaires,  donnent  chacun  accès  dans  un  vestibule  très 
court,  d'où  partent  isolément  quatre  troncs  tracbéens  volumineux.  Los 
stigmates  postérieurs,  également  au  nombre  de  deux,  et  absolument  indé- 
pendants, sont  situés  à  égale  distance  des  filières  et  de  l'épigastre;  leur  ves- 
tibule est  assez  court  et  donne  cinq  à  six  branches  principales,  isolées  dès  la 
base.  Toutes  ces  trachées  sont  armées  d'un  filament  spiral  bien  visible. 

Seuls  jusqu'à  ce  jour,  parmi  toutes  les  Araignées  dont  l'appareil  respira- 


(')   /•.'liii/e  sur  les  Araignées  ravernimlis.    11.   Hahidii  ries  Leptniielidtr  [  Arc/i. 
ziiol.  i:ip.,  5"  série,  l.  JO,  191 3). 


SÉANCE    DU    7    MARS    I921.  62  I 

toire  est  connu,  les  représentants  de  la  famille  des  ('(iponUda-  (  den\  ji^enres 
américains  et  un  genre  africain)  se  montraient  dépourvus  de  sacs  pulmo- 
naires et  pourvus  d'un  système  trachéen  aussi  développé.  Mais  tandis  que 
chez  le  Telcnia  les  poumons  sont  remplacés  par  des  trachées  volumineuses, 
se  ramifiant  dans  tout  le  céphalothorax  et  presque  exclusivement  dans  celui-ci, 
chez  les  Caponiides  les  trachées  antérieures  sont  réduites  à  un  simple  vesti- 
bule, qui  donne  immédiatement  naissance  à  de  nombreuses  ramifications 
filiformes  peu  étendues;  les  .ramifications  très  abondantes  qu'on  observe 
dans  l'abdomen  et  le  céphalothorax  sont  uniquement  dues  aux  trachées  pos- 
térieures. Il  semble  donc  qu'à  ce  point  de  vue,  et  comme  l'indique  aussi  la 
position  des  stigmates,  le  genre  Tetema  ait  gardé  une  indépendance  plus 
complète  des  deux  segments  respiratoires. 

A  ce  caractère  exceptionnel  s'ajoute  celui  de  ne  posséder,  chez  le  Telcnui, 
(ju'un  seul  réceptacle  séminal  médian.  Ce  réceptacle  unique  est,  en  revanche, 
relativement  énorme;  en  forme  de  tube  recourbé  en  volute,  à  parois  très 
épaisses,  il  occupe  une  grande  partie  de  l'abdomen.  Une  telle  disposition, 
très  primitive,  se  rencontre  bien  chez  quelques  Dysdérides  et  quelques 
Oonopides,  mais  alors  les  dimensions  relatives  de  l'organe  sont  toujours 
infiniment  moindres. 

Après  avoir  exposé  les  raisons  qui  font  de  la  disposition  particulière  de 
l'organe  respiratoire  du  Tclcma  un  caractère  paléogénétique,  nullement  dû 
à  une  adaptation  secondaire  au  milieu  cavernicol,  et  après  avoir  montré, 
par  l'examen  comparatif  des  pièces  buccales,  des  filières,  de  l'organe  copu- 
lateur,  les  étroites  affinités  des  Oonopides,  des  Dysdérides  et  des  Leploné- 
tides,  j'exprimais  en  1913  l'hypothèse  que  ces  différentes  familles  prove- 
naient sans  doute  de  formes  apneumones,  déjà  pourvues  de  leurs  quatre 
trachées,  et  probablement  très  voisines  de  ce  Telerna  Icnclla,  unique  survi- 
vant chez  nous  d'une  faune  disparue,  et  depuis  longtemps  réfugié  au  plus 
profond  des  cavernes  pyrénéennes. 

Cette  hypothèse  est  pleinement  confirmée  par  la  découverte  que 
MM.  AUuaud  et  Jeannel  ont  faite,  en  Afrique  orientale,  d'une  forme 
extrêmement  voisine  du  Telemn,  mais  ayant  conservé,  mieux  que  celui-ci, 
les  caractères  de  l'ancêtre  épigée.  Cette  Araignée,  dont  les  dimensions  ne 
dépassent  pas  i'"™,4î  constitue  le  type  d'un  nouveau  genre,  pour  lequel  je 
propose  le  nom  à' Apneumonella.  Comme  le  Telema,  elle  est  dépourvue  de 
poumons  et  possède  deux  paires  de  trachées  à  stigmates  bien  isolés.  Ses 
yeux,  par  contre,  sont  normalement  développés;  ils  sont  au  nombre  de  six 
et  forment  un  groupe  Iransverse,  composé  de  deux  yeux  médians  anté- 

C.  R.,  igji,  ."  Semestre.  (T.  172,  N«  10.)  4? 


622  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rieurs  et  de  deu\  yeux  latéraux  connivents,  situés,  de  chaque  côté,  Fun 
derrière  l'autre.  Le  groupe  oculaire  rappelle  donc,  par  sa  disposition,  celui 
des  Oonopidcs.  Le  réceptacle  séminal  est  impair,  médian,  extrêmement 
volumineux  et  recourbé  en  crosse  à  sa  partie  terminale.  Les  pièces  buccales, 
les  filières  sant  semblables  à  celles  du  Trlema. 

h^Apnt'umone/la  oculala  n.  sp.,  unique  espèce  du  genre,  a  été  capturée 
dans  la  galerie  humide  et  obscure  de  la  grotte  C  du  Kuliimutzi,  près  de 
Tanga.  Cette  grotte,  dont  une  partie  est  éclairée,  abrite  une  faune  très  nom- 
breuse, constituée  en  majorité  par  des  espèces  qui  sont  le  plus  souvent 
associées  aux  chauve-souris  et  à  leur  guano;  on  y  trouve  aussi  quel(|ues 
troglobies  véritables,  et  il  est  possible  que  V Apneumonella  oculala  doive  se 
ranger  parmi  ces  derniers.  Il  est  certain  en  tout  cas  que  cette  espèce,  par- 
faitement oculée,  encore  partiellement  pigmentée,  à  pattes  relati\emeiit 
courtes  (I  =i'""'),  n'a  subi  que.de  légères  modifications  du  fait  de  son 
entrée  dans  les  grottes,  et  se  trouve  beaucoup  plus  voisine  que  le  Telema 
—  aveugle,  entièrement  dépigmenté,  aux  pattes  longues  (1  =  3'""", 7), 
strictement  adapté  à  la  vie  cavernicole  —  du  type  primitif  de  la  famille  à 
laquelle  appartiennent  ces  deux  genres. 

Dès  lors,  ce  Telemn  nous  apparaît  vraiment  comme  le  représentant  d'une 
faune  chaude,  qui  a  émigré  vers  les  tropiques,  où  on  la  retrouve  encore 
avec  ses  caractères  primitifs,  tandis  qu'elle  n'a  laissé  en  Europe  qu'une  es- 
pèce, témoin  de  celle  époque  disparue,  el  qui  n'est  parvenue  jusqu'à  nous 
que  grâce  à  l'abri  que  lui  oITiaient  les  grottes  profondes  contre  des  varia- 
tions climaliques  fatales. 

Ce  cas  n'esl  pas  isolé,  et,  parmi  les  Arachnides,  on  en  peut  citer  un  tout 
à  fait  analogue  que  nous  montrent  certains  Opilions  mecostetlii.  Ce 
groupe,  extrêmement  riche  à  l'heuie  actuelle  en  formes  tropicales,  devait 
être  également  très  répandu  en  Europe  avant  l'époque  glaciaire.  11  n'y  est 
maintenant  représenté  (jue  par  un  seul  genre,  le  genre  Scotolemon,  dont 
toutes  les  espèces  sont  cavernicoles  ou  hypogées. 

Ce  n'est  pas  un  des  moindres  intérêts  delà  biospéologie  de  nous  révéler  ainsi 
quelques-uns  de  ces  fossiles  vivants.  La  liste  en  est  déjà  longue,  ets'augmenle 
rapidement  au  fur  et  à  mesure  des  progrès  de  cette  science  nouvelle. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  623 


ZOOi.OGlR.  —  Note  préliminaire  sur  la  notion  d'espèce  et  la  variabilité 
chez  les  Epinoches.  Note  (')  de  M.  Lëo\  Bektin. 

La  notion  d'espèce  chez  les  Epinoches  est  une  des  plus  controversées, 
comme  l'attestent  des  divergences  considérables  d'opinions  entre  les  plus 
éminents  ichthyologistes.  Linné  ne  cite  qu'une  seule  espèce  européenne 
d'Epinoches  à  trois  épines  dorsales,  Gastcrosteus  aculeatus.  Cuvier  el 
Valenciennes  la  subdivisent  en  plusieurs  autres  portant  les  noms  de 
G.  Irachiinis,  serniloricalus,  scmiarmalus  et  leiuriis,  suivant  que  leur  armature 
latérale  est  continue,  interrompue  sur  les  flancs  avec  carène  caudale  ou 
localisée  dans  la  partie  antérieure  du  corps.  Les  naturalistes  qui,  plus 
tard,  ont  étudié  cette  question,  sont  de  deux  opinions  opposées  :  les  uns 
partisans  d'espèces  distinctes;  les  autres  aflirmant  que  les  formes  regar- 
dées comme  des  espèces  sont  réunies  par  toute  une  série  d'intermédiaires 
et  ne  constituent  tout  au  plus  que  des  races  locales. 

Je  me  suis  proposé  de  faire  un  examen  critique. des  principaux  caractères 
servant  à  distinguer  les  Epinoches.  Le  plus  important  est  le  nombre  des 
plaques  osseuses  latérales.  Or  les  chilTres  cités"  par  Yarrell,  Blancliaid, 
Sauvage,  Moreau,  etc.  sont  très  loin  de  concorder.  Cela  tient  à  deux 
causes  :  i"  à  ce  que  les  plaques  ne  sont  pas  toujours  comptées  de  la  même 
façon;  des  auteurs  négligeant  a  priori  les  petites  plaques  constituant  une 
carène  caudale  chez  les  formes  trachurus,  seiniloricatus  et  scmiarmatiis ; 
2°  à  ce  que  le  nombre  des  plaques  est  variable  entre  individus,  non  seule- 
ment de  localités  différentes,  mais  d'un  même  banc.  L'extension  de  l'arma- 
ture cutanée  des  Epinoches  peut  élre  considérée  comme  le  type  de  ces 
caractères  appelés  fluctuants^  c'est-à-dire  oscillants  de  part  el  d'autre  d'une 
valeur  moyenne. 

L'étude  de  toutes  les  Epinoches  européennes  faisant  partie  des  collections 
du  Muséum,  y  compris  une  cinquantaine  d'individus  péchés  à  Roscoffdans 
une  lagune  saumâtre,  me  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

I.  Le  nombre  des  plaques  latérales  est  indépendant  de  la  taille  du  poisson,  ce  qui 
prouve  qu'il  ne  varie  pas  avec  l'âge  el  constitue  bien  un  caractère  individuel,  que  l'on 
peut  étudier  suivant  les  méthodes  biométriques. 

H.   Le  nombre  des  plaques  diffère  très  souvent  d'un  côlé  'a  l'autre  du  même  animal. 

(')  Séance  du  îS  février  1921. 


624  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

La  dilTérence  entre  les  deux    flancs  est  de  i  ou  de  2  unités.    Le  plus  grand   nombre  est 
tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche. 

III.  De  ce  que  les.Hancs  sont  inét;alenienl  armés,  il  résulte  que  pour  construire  des 
courbes  de  fréquence,  on  peut  considérer,  non  des  Epinoches,  mais  âesjlancs  d'Epi- 
noches;  ce  qui  double  en  quelque  sorte  le  nombre  des  cas  observés  et  donne  plus  de 
valeur  aux  pourcentages  Voici,  comme  exemple,  les  résultats  de  l'examen  de  47  Epi- 
noches roscovites  (soit  de  94  flancs),  appartenant  à  la  forme  G.  leiuriis  et  capturées 
d'un  seul  coup  de  haveneau. 


Nombre  de  plaques  Nombre  de  plaques 

au 

.5 


__ 

>  __ 

.^ — 

Taille 

droite. 

à  gauche,      (e 

11  iiiilliriièlr 

7  + 

k 

7 

-+-/.■ 

.S.5 

6  + 

k 

6 

+  k 

3.5 

.5  + 

k 

6 

+  k 

37 

5 

6 

oO 

•")  4- 

k 

5 

+  /. 

3o 

5  4- 

k 

5 

-h/. 

25 

.5 

5 

40 

5 

5      <^ 

35 

5 

.5 

35 

.5 

5 

35 

5 

5 

35 

D 

5 

3(. 

5 

5 

3o 

5 

f) 

^)() 

5 

5 

3.) 
3() 

5 

5 

■'.8 

5 

5 

■i.S 

5 

5 

28 

5  + 
5 

k 

') 

4 

35 
35 

5 

'\ 

35 

4 

4 
5 

35 

40 

Taille 
à  droite.      à  gauche.       (en   inilliniétros). 


35 
3o 


35 
35 
35 
35 
3o 
3o 
3o 
28 
28 
3o 
35 
4" 

4" 

35 
35 
35 
3o 
3o 


E\prirur  dune  autre  manière  : 

Classes  (  plaques) 9,  3  4  ■*>         'i         7 

Fi-éqciences  (flancs) i  i3         32         42         4         '•'■  i 

le  l'ableau  qui  |)récède  indique  que  les  imiubres  de  jilaques  de  beaucoup  les  plus 
communs  sont  4  et  5.  La  courbe  de  fréquence  que  l'on  pourrait  construire  aurait 
donc  un  maximum  très  accentué.  C'est  le  caractère  d'un  lyp^  spécifique  bien  défini. 
D'autres  Epinoches,  recueillies  on  difTérents  points  de  la  France,  donnent  des  résultats 
identiques. 


4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

5 

3 

3 

5 

r 

3 

4 

3 

3     ■ 

4 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

4 

2 

SÉANCE    DU    7    MARS    I92I.  6a5 

IV.  Cependant,  en  certaines  localités,  le  maxinuun  de  la  courbe  est  déplacé  vers  les 
plus  grandes  abscisses.  Ainsi  des  Epinoches  du  Havre,  constituant  un  lot  de  la  collec- 
tion du  Muséum,  ont  assez  souvent  des  flancs  à  7  el  même  à  8  pla<|ues  (alors  que  les 
Epinoclies  roscoviles  n'en  présentent  jamais  plus  de  7).  Des  Epinoches  d'Âbbevilie 
ont  jusqu'à  9  plaques  sur  chaque  flanc.  Enfin  les  G.  leiiirus  des  mares  salées  de  Lor- 
raine, décrites  par  Florentin,  en  possèdent  jusqu'à  lo. 

\  .  D'autie  pari,  j'ai  pu  remarquer,  sur  6  des  t\-]  Epinoches  de  Roscoir  (voir  le  Tableau 
ci-dessus),  la  présence  d'une  petite  carène  caudale  (A"),  n'ayant  quelquefois  pas  plus 
de  1°""  de  longueur  et  composée  de  J,  2,  3  ou  [^  plaques  minuscules. 

En  somme,  bien  que  le  type  G.  leiurus  soit  nettement  accusé,  on  voit  que  l'inter- 
valie  qui  le  sépare  des  autres  types  de  Cuvler  et  Valenciennes  n'est  pas  aussi  profond 
(|u'on  aurait  pu  croire  tout  d'abord.  Les  individus  à  8,  9  el  10  plaques  latérales  et 
ceux  à  carène  caudale  forment  transition  avec  G.  semiarniaUis. 

\\.  Les  espèces  cy\\\éri6nnei  G.  semiarmatus,  seniiloricatus  et  liachiirus  sont 
elles-mêmes  beaucoup  moins  séparées  les  unes  des  autres  que  de  leiurus.  Les  trois 
espèces  en  question  ont  une  carène  caudale  qui,  chez  trachurus,  est  en  continuité 
avec  la  cuirasse  latéiale,  tandis  qu'elle  en  est  séparée  par  un  espace  nu  dans  les  formes 
seniiloricatus  et  semiarrnalus.  Mais  cet  espace  est  souvent  atténué  par  la  présence  de 
quelques  plaques  formant  jalons  entre  la  carène  caudale  et  la  série  continue  des 
plaques  antérieures.  H  peut  même  entièrement  disparaître  sur  un  flanc  et  ne  per- 
sister que  sur  l'autre.  On  se  rendra  mieux  compte  de  cette  variabilité  par  les  quelques 
exemples  ci-dessous  relatifs  à  des  Epinoches  d'Abbevilie  : 

Nombres  de  plaques 

— — .^^---^ -,— Taille 

à  (Ir.iite.  à  gauche.  (en  niilliniètres). 

20-l-8(')  18-1-10  4o 

18  +  8  18 +  7  70 

18  -H  I  -h  I  H-  8  (-)  3i  70 


7 


i5  +  8 


i5-i-3  +  iîi  14+1  +  10  70 

ANATOMIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  les  tumeurs  de  la  glande  inlersliliclle 
du  testicule  du  cheval.  Note  de  M.  A.  Peyron,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Le  testicule  du  cheval  a  fourni  à  MM.  Borrel  et  Masson  (^)  l'objet  de 
remarquables  observations  sur  l'épilhélioma  séminifère.   Mais  en  ce  qui 

(')  C'est-à-dire  20  plaques  antérieures  et  8  formant  la  carène  caudale. 

(')  C'est-à-dire  17  plaques  antérieures,  8  formant  la  carène  caudale  et  2  plaques 
intermédiaires. 

(•'')  HoRREL  el  Masson,  Bulletin  de  l'Association  française  pour  Pélude  du  cancer, 
1912-191.S. 


626  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

concerne  les  tumeurs  de  la  glande  interstitielle,  ces  auteurs  déclarent 
n'avoir  pu  les  isoler  complètenrient  et  leur  Mémoire  laisse  l'impression 
qu'ils  les  ont  peut-être  incorporées  dans  le  groupe  des  séminomes,  au  stade 
de  nappe  diffuse.  Ces  tumeurs,  antérieurement,  avaient  été  nettement 
reconnues  par  Bail  (  '  ). 

Mes  recherches,  qui  ont  porté  sur  2.5  cas  de  tumeurs  et  s'appuient  d'autre 
part  sur  l'étude  du  développement  de  la  glande  interstitielle,  permettent 
de  fixer  les  caractères  de  cette  morphologie  néoplasique,  par  opposition  à 
celle  de  l'épithélioma  séminifère.  L'étude  des  zones  de  transition,  au 
niveau  des  îlots  interstitiels  restés  normaux,  montre  les  modifications  sui- 
vantes dans  la  morphologie  de  ces  derniers  : 

1°  Pour  le  cytoplasme  :  diminution  de  volume  des  éléments  cellulaires,  atténuation 
ou  diminution  du  co  ilraste  si  marqué  entre  l'endoplasme  et  l'exoplasme,  absence  des 
grains  pigmentaires. 

■2"  Pour  les  noyaux  :  volume  augmenté,  membrane  moins  nette  et  moins  épaisse, 
raréfaction  des  grains  de  rliroinatine  sur  le  léliciilura,  apparition  d'un  gros  nucléole 
central  et  sphérique. 

Dans  la  tumeur  constituée,  ces  caractères  ne  se  retrouvent  pas  avec  une  uniformité 
aussi  grande.  En  particulier,  les  noyaux  à  gros  nucléole  central  apparaissent  mêlés  à 
d'autres  dont  la  disposition  est  assez  variable.  Les  éléments  néoplasiques  se  mul- 
tiplient par  division  directe  et  les  karyokinèses  sont  exceptionnelles.  Le  clivage  ami- 
toliqu&n'est  pas  toujours  suivi  de  la  séparation  des  corps  cellulaires  :  ainsi  se  cons- 
tituent des  éléments  plnrinucléés  de  taille  très  variable,  présentant  une  couronne 
périphérique  de  noyaux  à  l'intérieur  de  laquelle  on  observe  la  multiplicité  des  cenlro- 
somes,  signalée  par  Winiwarter  dans  les  cellules  interstitielles  du  testicule  humain. 

Le  cytoplasme  est  fortement  acidophile,  en  particulier  après  la  fuchsine;  l'appareil 
mitochondrial,  disposé  en  croissant  autour  du  noyau,  est  surtout  constitué  par  des 
grains  mêlés  de  filaments  courts.  Les  figures  de  chondriolyse  (vésicules  et  raquettes) 
conduisent  progressivement  à  un  système  de  canalicules  irréguliers  intra,  puis  inter- 
cellulaires; ces  derniers  constituent  par  leur  convergence  des  flaques  d'étendue 
variable  à  contenu  sidérophile.  Après  l'imprégnation  au  nitrate  d'argent,  on  observe 
également  ces  canalicules  d'excrétion.  Ces  particularités  morphologiques  correspondent 
au  trophospongium  connu  depuis  longtemps  dans  les  cellules  interstitielles  normales 
et  reproduisent  également  les  dispositions  décrites  plus  récemment  par  IJuesberg  ('). 
Après  fixation  au  liquide  de  Fleniming,  les  granulations  graisseuses  restent  rares;  ce 
fait  peut  être  rapproché  de  l'absence  des  grains  pigmentaires  dans  la  tumeur.  Toute- 
fois ces  derniers  réapparaissent  avec  leurs  caractères  habituels  au  niveau  de  cellules 
ou  d'îlots  qui  s'observent  de  préférence  dans  le  sli'oma  et  au  voisinage  des  endolhé- 

(')  ïiA.i.L,  Journal  de  Médecine  vétérinaire,  t.  8,  igo^- 

(^)   On    llie    inlerstilial  cells  nf  llie  teslicle  in   Didelphys  (liiological   /liil/elin, 


SÉANCE    DU    7    MARS    1921.  627 

liiiins  vasculaires.  Après  iixalion  osmiqiie,  j'ai  observé  des  crislalloùles  de  deux  types, 
les  uns  courts  el  trapus,  les  autres  minces  et  allongés. 

Les  caractères  précédents  se  superposent  aisément  ;i  la  moi  pholugie  bien  connue 
des  cellules  interstitielles.  J'ai  observé  en  outre  une  disposition  curieuse  qui  fait  défaut 
dans  le  testicule  normal,  mais  reproduit  d'autre  part  celle  que  Van  der  Stricht  a  signalée 
dans  les  cellules  interstitielles  de  l'ovaire  :  les  éléments  néoplastiques  revêtent  une 
forme  cubique  (  u  prismatique  et  se  groupent  de  façon  à  constituer  des  cavités  d'aspect 
épilliélial,  de  foi  me  régulière  el  de  dimensions  très  variables.  A  la  face  interne  de  ce 
revêtement  les  chr^ndriosomes  et  les  figures  d'excrétion  sont  d'observation  facile,  mais 
les  granulations  graisseuses  sont  exceptionnelles;  le  contenu  des  cavités  reste  ordinai- 
rement incolore  après  fixation  osmique;  le  mécanisme  complexe  de  son  évacuation  à 
travers  les  fentes  lymphatiques  du  tissu  conjonctif  ne  saurait  être  envisagé  ici.  Il  laut 
noter  d'autre  part  le  grand  nombre  des  cavités  sanguines  dans  lesquelles  on  trouve  des 
éléments  néoplasiques  en  voie  de  migration. 

Les  conditions  dans  lesquelles  le  matériel  d'étude  a  été  prélevé  ne  m'ont 
permis  d'apprécier  exactement  ni  la  fréquence  des  métastases,  ni  les 
troubles  fonctionnels  éventuels  que  doit  entraîner  raccroissemeni  de  ces 
énormes  tumeurs  d'éléments  interstitiels. 

Ainsi  constituées,  elles  ont  des  caractères  liistologiques  assez  voisins  de 
ceux  des  tumeurs  homologues  qui  se  développent  dans  le  testicule  humain, 
mais  ces  dernières  sont  beaucoup  plus  rares  et  jusqu'ici  les  cristalloïdes  n'y 
ont  pas  été  reconnus  par  les  auteurs. 


A  16  heures  el  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  17  heures. 

É.  P 


628  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


KHHAI  A. 


(Séance  du  3  janvier  1921.) 

Note  de  M.  Ph.  Négris,  Sur  les  oscillations  glaciaires  des  temps  quater- 
naires et  les  mouvements  correspondants  de  la  lithosphère  : 

Page  76,  ligne  10,  au  lieu  de  10  et  12  pour  100,  lire  10  et  12  pour  1000,  et  au  lieu 
de  3  pour  100,  lire  3  pour  1000. 


(Séance  du  3i   janvier  1921.) 

Note  de  MM.  E.  Mathias,  C.-A.  (foinmc/in  el  II.  Kamcrii/igh  Onnes,  he 
diamètre  rectiligne  de  l'hydrogène  : 

Page  261,  ligne  23,  au  lieu  de  —  202°,  66  G. ,  lire  — 252'',-6C. 
Page  262,  ligne  18,  au  lieu  de  y  (cale.)  =  o,()3i38,  lire  o,i)3i28. 
Page  263,  ligne  5,  au  lieu  de  A  =;  o,o3,  lire  A  ^  o,o3io2. 


(Séance  du  7  février   1920.) 

Note  de  M.  A.    Tri.lUn,  Influence  de  Tétat  de  division  des  gouttelettes 
microbiennes  sur  l'ensemencement  des  terrains  de  culture  : 

Page  341,  note  (^).  au  lieu  de  j,',-^  de  jji  ne  pourrait  fournir,  lire  ^^  de  [J.  pouriail 
fournir. 


ACADEMTE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    li   NFVIIS    1021. 

PRÉSIDKNCK  DE  iM.  GRon(;Es  LEMOINIi). 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


MÉCANIQUE.  —  Sur  In  tiétcrmi nation  de  Faxe  de  rotation  et  de  In  rilesse 
de  rotation  d  un  corps  solide.  Noie  de  M.  Emile  Picard. 

Dans  le  dernier  (omyVr  rendu,  M.  Lippmana  s'esl  occupé  de  la  délci- 
niination  de  l'axe  de  rolalioii  et  de  la  vitesse  de  rotation  d'un  corps  solide 
tournant,  sans  qu'on  ait  besoin  d'avoir  recours  à  aucun  repère  extérieur, 
comme  chercherait  à  le  faire  un  habitant  d'une  planète  où  le  ciel  serait  tou- 
jours caché  par  des  nuages.  Il  utilise  des  mesures  de  gravité  faites  en  trois 
endroits  différents. 

Tous  les  phénomènes,  où  la  rotation  joue  un  rôle,  sont  susceptibles  d'être 
utilisés  pour  la  solution  de  ce  problème.  On  peut,  par  exemple,  procéder  de 
la  manière  suivante.  On  sait  que,  si  l'on  donne  à  un  gyroscope  une  rotation 
autour  de  son  axe,  celui-ci  décrit  pour  l'observateur  entraîné  avec  la  Terre 
un  cône  de  révolution  autour  de  la  parallèle  à  l'axe  de  la  Terre  menée  par 
le  point  de  suspension  de  l'appareil.  On  a  donc  ainsi  la  direction  de  l'axe 
de  rotation.  Si  ensuite  on  emploie  un  compas  gyroscopique  (gyroscope 
dont  l'axe  est  assujetti  à  demeurer  dans  un  plan  horizontal),  on  aura  la 
direction  de  la  méridienne.  La  connaissance  de  ces  deux  directions  entraîne 
celle  de  la  latitude  À  du  lieu. 

Quant  à  la  vitesse  angulaire  to  de  rotation,  on  peut  se  servir  du  pendule 
de  Foucault.  On  sait  que  le  plan  d'oscillation  tourne  avec  la  vitesse  angu- 

C.  R.,  1921,  ."  Semestre.   (T    172,  N°  11.)  4*^ 


63o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

laire  wsinX.  Comme  on  connaît  déjà  A,  on  aura  co  (').  La  position  du  pôle 
résultera  de  la  connaissance  de  la  méridienne  et  de  la  latitude.  La  vitesse 
angulaire  est,  bien  entendu,  rapportée  à  un  temps  correspondant  à  un 
phénomène  déterminé  au  lieu  considéré. 


GÉOLOGIE.  —   Une  faune  saumâtre  au  sommet  du  Crétacé  inférieur, 
près  de  Rayonne.  Note  de  M.  U.  Douvili.é. 

En  1887,  M.  Stuart-Menteatli  (-)  a  signalé  la  localité  fossilifère  de 
Laduch,  sur  la  rive  gauche  de  la  Nive,  à  quelques  kilomètres  de  Bayonne: 
une  carrière  y  est  ouverte  dans  des  couches  de  marnes  et  calcaires  noirs 
|)longeant  au  \ord-Est  et  adossés  à  une  bande  d'ophite;  ils  sont  surmontés 
par  des  bancs  de  grès  à  petites  Orbitolines.  La  faune  examinée  par  M.  Bar- 
rois  comprend  des  Lamellibranches  (Trigonia  ornata,  Ncit/iea,  Pano- 
pea,  etc.),  des  Brachiopodes  et  Orhitolinn  discoidea\  i-lle  a  été  attribuée  à 
rUrgonien. 

En  189.3,  M.  Stuart-Menteath  (')  cite  une  faune  différente,  recueillie 
par  M.  Gorceix  et  constituée  exclusivement  par  des  Ciastropodes  [6'/«//- 
conia  Coqiiandi  (sub  Turrile/la),  Cerilhium  Valeriœ.,  Turritelbi  vibrayeann, 
Nation  gau/lina]. 

Dans  sa  Thèse  en  i8c)o,  Seunes  signale  dans  la  même  localité  quelques 
fossiles  albiens,  notamment  Nuculn  bivirgaUi.,  et  dans  sa  Carte  de  1893, 
M.  Gorceix  indique  h.  Laduch  à  la  fois  de  l'Aptien  et  de  l'AlbienC');  d'autre 
part,  les  calcaires  cénomaniens  de  Bidache  sont  largement  développés  dans 
le  voisinage  et  les  relations  de  ces  diverses  formulions  restaient  un  peu 
obscures. 

Un  peu  avant  la  guerre,  M.  Stuart-Menlealh  m'a  communi(]ué  une  série 
d'échantillons  provenant  de  la  couche  à  (îaslropodes;  ce  sont  dos  fossiles 
de  couleur  noire,  un  peu  pyrileux  et  enrobés  dans  une  sorte  de  marne  noire 
charbonneuse.  J'ai  été  frappé  tout  d'abord  par  le  caractère  saumàlre  de 
cette  faune  et  j'ai  pu  y  reconnaître  les  espèces  suivantes  : 


(')  On  pourrait  aussi  avoir  (,i  avec  le  gyroscope,  en  suivant  le  mouvement  de 
rotation  tle  l'axe  du  gyroscope  autour  de  la  parallèle  à  Taxe  de  la  Terre  menée  par 
son  centre;  ce  mouvement  de  rotation  a  lieu  précisément  avec  la  vitesse  angulaire  w. 

C')  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  3''  série,  t.  15,  p.  741  ;  t.  10,  p.  \\. 

(')  Bull.  Soc.  f^éol.  de  France,  t.  21.  p.  3o5. 

('•)  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  l.  20.  p.  Slij,  pi.   11. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  6!^)  I 

aiauconia,  nov.  sp.,  caractérisé  par  la  présence  de  deux  cordons  pirlés.  le  premier 
en  a\ant,  le  second  médian,  tandis  qu'il  esl  postérieur  dans  Gl.  Litjani;  en  arrière, 
une  bande  lisse  comme  dans  Gl.  Depereti,  Rep.;  en  avant,  on  voit  a|)paraître  quel- 
quefois dans  l'avant  dernier  tour  un  mince  cordon,  devenant  perlé.  C'est  en  définitive 
une  prérnulation  du  GL  Depereti  du  Cénomanien  supérieur  qui  lui-même  précède 
Gl.  Reijuieiti  Au  Turonien. 

Pyrazus  nov.  sp.,  grande  espèce  se  dislinguanl  de  Ccr.  ]  alerirr,  par  sa  taille,  sa 
forme  bien  plus  courte,  et  son  ornementation  plus  robuste.  On  sait  que  les  Pyiazas 
actuels  se  rapprochent  des  Polamides  par  leur  opercule  poljspiré. 

Terebraliopsis  Vasscuri,  Repelin;  représenté  par  une  pointe  très  aiguë  de  cette 
coquille  céiitiforme  ;  elle  est  tout  à  fait  comparable  à  celle  d'un  éclianlillon  du  Céno- 
manien saumàlre  du  Sarladais,  figuré  par  Repelin.  D'après  la  forme  de  son  ouverture, 
celte  espèce  serait  probablement  à  rapprocher  plutôt  des  Mélaniens  (Faiiniis)  que 
(les  Cériles. 

Haiilkenia,  très  voisin  A' H.  suhm-ouiea,  Rep.,  du  Cénomanien  du  Siirlatlais. 

iXerilina  ce/iomanensis,  Rep.,  du  Cénomanien  de  la  Provence  et  de  l'.Aude. 

Cirsocliilux  sp.,  voisin  du  Tiirlio  Cmcti,  Rep.,  de  la  Pro\  ence. 

L'ensemble  de  cette  faune  fa[)pelle  tout  à  t'ait  celle  du  Cénomanien  sau- 
mâtre  de  la  Dordogne,  de  l'Aude  (Fontfroide)  et  de  la  Provence;  elle  est 
en  tout  cas  bien  différente  de  celle  de  l'Aptien  de  l'Espagne,  caractérisée 
par  des  espèces  différentes  de  Glauconia  et  de  Pyrazus. 

Faut-il  Ja  placer  à  la  base  du  Cénomanien  ou  au  sommet  de  l'Albien, 
dans  le  Vraconnien?  Il  est  peu  probable  que  des  faunes  saumâlres  de  niveaux 
aussi  l'approchés  puissent  présenter  des  différences  sensibles.  D'après  la 
stratigraphie  de  la  région,  les  couches  de  Laduch  sont  inférieures  au  cal- 
caire de  Bidache;  Sennes  les  avait  rapprochées  des  couches  d'Ascain  à 
Dcsmaceras  Mayori  et  Lyloceras  Agassizi.  M.  Stuart-Menteath  pense  égale- 
ment que  les  grès  de  Laduch  correspondent  aux  couches  qui  lui  ont  fourni 
à  Biriatou  Amm.  Mayori  et  un  peu  plus  au  Sud-Ouest,  en  Espagne,  une 
riche  faune  d'Ammonites  vraconniennes,  Amm.  injlalus,  Agassizi  Mayori, 
Turrilites  Hugardi,  etc.  Les  géologues  semblent  donc  d'accord  pour  placer 
la  faune  en  question  dans  le  Vraconnien. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  découverte  d'une  faune  saumâtre  dans  la  région 
de  Bayonne  est  intéressante,  qu'elle  soit  exactement  du  même  âge  que  les 
faunes  analogues-du  Cénomanien  de  l'Aude,  de  la  Dordogne  et  de  la  Pro- 
vence, ou  qu'elle  soit  un  peu  plus  ancienne.  Il  n'en  est  pas  moins  important 
de  constater  le  développement  à  cette  époque,  dans  le  Midi  de  la  France, 
de  ces  couches  à  faciès  saumâtre  presque  toujours  lignitifères. 


632  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


OPTIQUE.   —  Sur  l'ap/finetisme  imparfait  cl  le  ralcul  du  coma. 
JNote  (')  de  M.  G.  Gouv. 

La  déterminalion  des  aberrations  au  voisinage  de  l'axe  d'un  instrument 
d'optique,  laborieuse  par  les  calculs  trigonométriques  usuels,  devient  1res 
facile  en  utilisant  les  données  que  fournit  l'élude  indispensable  des  aberra- 
tions suivant  l'axe.  Le  problème  se  présente  ainsi  : 

Considérons  un  système  optique  de  révolution,  un  point  A,  sur  l'axe  et 
un  jwint  B,  très  voisin,  sur  un  plan  de  front  passant  par  A,.  Un  rayon 
émis  par  A,,  faisant  avec  l'axe  l'angle  m,,  arrive  en  un  point  O  de  Taxe  en 
faisant  avec  cet  axe  l'angle  Mo.  Connaissant,  en  fonction  de  ;/,,  la  position 
du  point  O  ainsi  que  «21  nous  voulons  calculer  les  aberrations  de  l'image 
deB,. 

Oji  a  vu  précédemment  (-)  que  ce  problème  est  délerminé  et  quelle  est 
la  marche  à  suivre;  en  voici  la  solution  complète. 

Soit  A,  C,  le  rayon  émis  par  A,,  qui  devient  ensuite  CoO  (').  Considé- 
rons une  onde  S,  émise  par  A,,  qui,  au  bout  d'un  instant,  est  devenue  S,. 
Du    point  Co   de   Sj    abaissons   C.D    perpendiculaire    sur  l'axe;    posons 

/•^CoD   et  R=C20,   cette    dernière     longueur    prise    arbitrairement. 
1,  •  sin//,  j  ,    .     ,  ,      . 

1  osons  aussi  o  =  -. ;  sa  dérivée  par  rapport  a  shim,  sera  ç-  . 

Prenons  pour  origine  des  coordonnées  le  point  O,  où  viennent  converger 
les  rayons  de  cette  onde  qui  passent  par  le  cercle  de  rayon  /•.  Les  g  positifs 
sont  mesurés  sur  l'axe  du  système,  de  O  à  A,.  L'axe  des  x  est  dans  le  plan 
de  la  figure,  qui  contient  A,,  B,  et  O;  les  v  positifs  sont  mesurés  dans  un 
sens  tel  que  le  point  B^,  image  de  B,  pour  les  rayons  centraux,  ait  une 
abscisse  positive. 


Appelons  a  la  longueur  A,  B,,  et  a  l'angle  infiniment  petit  sous  lequel  on 
la  voit  du   premier  point  principal.  Le  diamètre  de  la  pupille  d'entrée 


(  '  )  Séance  du  7  mars  1921 . 

(')  Comptes  rendus^  t.  172,  1921,  p.  196  et  4'9- 

(^)  Les  points  A,,  B,,  0,  el  ceux  que  nous  considérei'oiis  par  la  snile,  peuvent  èlre 
des  foyers  réels  ou  virtuels.  Nous  supposons  que  le  milieu-objet  et  le  milieu-image 
ont  même  indice;  s'il  en  était  autrement,  il  faudrait  multiplier  les  coordonnées  cal- 
culée-; plus  loin   par  le  rajiporl  ilcs  ijulices  —  • 


SÉANCE    DU    l4    MAKS    U)2I.  633 

élanl  2p,  le  nombre     ''""  '  est  au  plus  de  l'ordre  de  a,  bien  que  a  puisse  êlre 
quelconque,  si  Tobjet  est  à  l'infini. 


Considérons,  au  même  moment  que  S,,  une  onde  S',  émise  par  B,,  et 
coupant  l'axe  au  même  point.  Appelons  •/]  l'angle  que  fait  le  demi-plan 
B,  A,  O  avec  le  demi-plan  A,  C,  C^O. 

L'avance  s  de  l'onde  S',  sur  l'onde  S,,  mesurée  sur  le  ravon  A,C|, 
est  asinw,  cosr,. 

L'onde  S,  devient  S',  au  même  instant  où  nous  considérons  S.,.  D'après 
notre  construction,  on  aura  un  point  E  de  S'„  en  portant  l'avance  £  sur  CoO, 
à  partir  de  C^. 

Appelons  X,  Y,  Z  les  coordonnées  de  C^,  et  soit 

Z  =  F(X,Y) 

l'équation  de  la  surface  S^.  A  partir  de  C^  et  sur  une  parallèle  à  l'axe, 

portons  une  longueur  — - —  Le  lieu  des  points  G  ainsi  construits  se  confond 

avec  l'onde  S',,  à  des  termes  du  second  ordre  près  ('). 

Appelons  -r,  y,  z  les  coordonnées  du  point  G  ;  x  et  v  s'identilient  avec  X 
et  Y,  et  l'on  a 

a.r 


(1) 


z-Z 


^  F  (./■./)  + 


F(.r,.v) 


L'équation  (i)  est  donc  l'équation  de  l'onde  S!,. 

Ecrivons  les  équations  de  la  normale  au  point  G(j-',  y',  :■' ),  en  tenant 


('  )   Appelons  S'ô  le  lieu  des  points  G.  La  distance  de  S',  à  Sô  est  de  l'ordre  de  px-,  et 
il  en  résulte  que  les  normales  à  S',  et  à  S^  font  entre  elles  un  angle  de  l'ordre  de  a-. 


634  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

compte  de  ce  fait  que  la  normale  à  S^  au  point  C^  passe  par  l'origine.  Vin 
faisant  ;  =  o,  nous  avons  les  coordonnées  (')  du  point  H,  où  le  rayon 
passant  par  G  perce  le  plan  des  xy  : 

(  ?.  )  .C  =-  (I  i   'J 


\{-  siii  II.,  '    I  '         •  IV-siii  «., 

En  éliminant  x'  et  v',  on  a  le  lieu  des  points  H,  qui  correspond  donc  à 
ceux  des  rayons  issus  de  B,  qui  passent  infiniment  près  du  cercle  de  ravon  /■. 
L'équation  de  cette  courbe  est 

(3)  .r'  -H  y'^ —  a  ('i  o  -t-  sip  ii^w'  )j;  -+■  a^(cp^-t-  siii  «j'f'y)  -^  "■ 

(]'est  un  cercle  dont  le  diamètre  est  o  et  dont  le  centre  est  sur  l'axe  des  x 
à  l'abscisse  x„  : 

(4)  0  =  (7  siii  «2 1  o'I  ;  .r|,=i«(cpH '•\nih,o']. 


Quand  le  point  G  est  dans  le  plan  des  v-,  le  point  H  occupe  un  point  L 
du  cercle,  qui  est  sur  l'axe  des  r.  à  l'abscisse  ao.  Quand  G  se  déplace,  la 
ligne  LH  reste  parallèle  à  GD. 

Considérons  maintenant  le  plan  P,  où  se  font  les  iinaj^es  A.^  et  B^  de  A, 
et  de  B,  pour  les  rayons  centraux.  L'abscisse  de  Bo  est  afp(o).  Soit  \  le 
diamètre  du  cercle  d'aberration  cfue  forment  les  rayons  qui  ont  passé  parO. 
Considérons  les  projections  H'  et  L',  sur  le  plan  P,  de  H  et  de  L.  Lïn 
rayon  GH  perce  le  plan  P  en  un  point  K  placé  sur  la  droite  L'H',  à  la  dis- 
tance —  de  H',  d'un  côté  ou  de  l'autre.  La  courbe  cherchée  est  donc  un 
limaçon  de  Pascal,  dont  les  abscisses  sont,  pour  y  —  o.  si  l'on  a  A  >  20, 

a  (  »  -H  sin  «2  cp'  )  ±  —1 

avec  une  troisième  valeur  açi  quand  A  <<  20. 

Il  est  donc  facile  de  tenir  compte  de  l'aberration  suivant  l'axe,  et  nous 
nous  bornerons. à  discuter  ces  formules  dans  le  cas  où  cette  aberration  est 
nulle.   Le  point  O  se  confond  alors  avec  A^.    Nous  ferons  augmenter  m._, 

de  o  a  -  • 


( ')  Nous   supprimons   les   termes   en   a^,   qui   s(jnl   inlininienl  petits   vis-à-vis    des 
termes  conservés,    même  quand  a  est  quelconque,    l'objet  étant  à  rinfini.   Le  calcul 

n'est  en  défaut  (]ue  lorsque  u-^  est  infiniment  voi-iin  de  —  • 


SÉANCE    DU    l4    MAKS    1921.  6'^5 

Dans  les  systtïines  l'oriiiés  de  pliisieui's  lenlilles,  on  peut  s'attendre  à  des 
fondions  '^  de  foimes  complk|iiées.  Une  resliiclion  se  présente  du  nioins 
tout  d'abord;  //,  doit  croître  continuellement  avec  u.^,  ce  qui  donne 

'j  -H  siû  (/.,  ©'>  o. 

Coininc  on  a  aussi  '^  >  o,  il  en  résulte  que  le  cercle  entier  est  toujours  du 
côté  des  a-  [jositifs,  où  se  trouve  B.. 

Examinons  en  premier  lieu  le  cas  où  '/ >  o.  Nous  savons  que  9'  s'annule 
avec  iir,  par  suite,  pour  de  petites  valeurs  de  u.^,  on  peut  écrire  en  général 

■j  =  o  I  (1  )  +  k  s  I  11  ■'  «  J , 
K.  élaul  une  confiante  positive.  Il  vient  alors 

0  -^  2  K  (I  iin-  II,  ;  -i'o^=  rt  (  '-'  ('>  )  +  '?  1^  sin^z/j  •■ 

L'angle  co  sous  lequel  on  voit  le  cercle  du  point  B^  vaut  alors  60"  (  ');  le 
cercle  est  du  côté  de  B^  opposé  à  A.,- 

Si  3  continue  à  augmenter  suivant  la  même  loi,  0  reste  proportionnel 
à  sin'//^,  et  co  garde  sa  valeur.  S'il  n'en  est  pas  ainsi,  oj  augmente  ou  diminue 
suivant  (ju'on  a 

[o  —  0(01]  {s\nii.,o''  -+-  cp')  >  siii  Mjtp'-. 

Dans  le  premier  cas,  w  peut  atteindre  la  valeur  -,  bien  (jue  la  plus  courte 
distance  de  B^  au  cercle  aille  en  croissant,  tant  que  zi'^o  (*).  Dans  le 
second  cas,  w  diminue,  0  s'accroissant  moins  vite  que  a\.  Si  'j>'  diminue, 
0  fait  de  même  et  peut  s'annuler  avec  cp'  donnant  ainsi  un  point  lumineux 
plus  ou  moins  distant  de  Bo.  Puis,  cp'  devenant  négatif,  0  augmente  tandis 
que  .r„  diminue;  le  cercle  se  rapprocbe  de  B^,  et  peut  le  comprendre  dans 
son  intérieur,  et  même  le  dépasser  et  se  trouver  tout  entier  entre  Bj  et  A^. 

(  '  )  Ce  résultat  est  connu  depuis  lonylemps  pour  les  petites  ouvertures,  mais  il  peut 
V  avoir  des  evceplious.  Si  Iv  était  nul,  et  que  le  premier  terme  du  dévelojipement  de  'si 

.      .     (1)           n 
lut  en  sin" a,,  on  aurait  sin  —  = • 

2       n  -+-  ■! 

{-)  C'est  le  cas  du  miroir  parabolique,  pour  des  rayons  parallèles  à  l'axe.  En  appe- 
lant/? le  paramètre  et  A  la  distance  du  rayon  à  l'axe,  on  trouve 

x/i^'  /./-'  -h  //■-  /  ij         h^  \        è 

'3= — n;  .r„~aM-H H 

l>     P' —  h'  \  2         a/j  '        2 

Quand  li  augmente  de  o  à  p,  ce  qui  correspond  à  «,;=:  -  ,  ô  et  x„  auginenlent  sans 
limite,  o)  tend  vers  t.,  et  la  plus  courte  dislance  du  cercle  au  point  B,  tend  vers  c.p. 


636  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  peut  arriver  ensuite  qu'il  rétrograde  et  s'annule  de  nouveau  ;  ces  variantes 
seront  faciles  à  discuter  dans  chaque  cas  donné. 

Supposons  maintenant  qu'on  ait  d'abord  :-'<  o.  C'est  la  contre-partie  du 
cas  précédent.  Le  cercle  est  situé  d'abord  entre  B^  et  A^;  to  vaut 60°  et  peut 
augmenter  ou  diminuer  ('). 

Si  l^'l  diminue  et  s'annule,  le  cercle  se  rétrécit  et  se  réduit  à  un  point; 
(p' devenant  positif,  le  cercle  s'éloigne  de  A2  et  peut  comprendre  B^  et  passer 
ensuite  du  côté  opposé. 

[^'ensemble  de  ces  cercles,  pour  toutes  les  valeurs  de  /•,  constitue  le  coma. 
Dans  les  cas  les  plus  simples,  c'est  donc  une  aigrette  limitée  par  deux 
courbes  égales,  de  formes  diverses,  faisant  en  général  entre  elles  un  angle 
de  60°  au  sommet,  qui  est  le  point  lumineux  B^  formé  par  les  rayons 
centraux  (-). 

ALUKBRE.  —  La  composition  des  polynoDics. 
Note  de  M.  L.-E.  Dickson. 

J'ai  présenté  au  Congrès  international  des  mathématiciens, à  Strasbourg, 
une  théorie  des  polynômes  homogènes  /"(.r)^ /'(a',,  ...,x„)  qui  ont  un 
théorème  de  multiplication 

(')  /(-'■)/(  ;)=/(>^), 

où  \.| ,  ...,  X„  sont  (les  fonctions  bilinéaires  de  ^| ,  ...,  j?„;  ^,,  ...,  H„.  Main- 
tenant je  démontre  que  celte   théorie  nous  donne  en  même  temps  une 

(')  C'est  le  cas  d'une  lentille  dont  une  liice  est  spliéri(|ue  el  centrée  sur  A»,  et  dont 
l'aulre  est  ellipsoïdale,  de  grand  axe  -il  et  d'excentricilé  e,  lelsque  k^  soit  au  foyer  de 
l'ellipse  pour  les  rayons  parallèles  à  l'axe.  On  irouve 

, le{\ — e-)siti^«2  /(i — f- )  à 


cos(/,(  1  —  e  cos«2  )'^ 


L'abscisse  de  M.,  est  iy.l{\  -\-  e);  '»  dirainui'  ipiand  11 ,  augmente. 

(2)  Dans  le  cas  où  cp'  s'annule  pour  une  ou  plusieurs  zones,  il  existe  un  ou  plusieurs 
points  lumineux,  d'intensité  comparable  à  celle  de  B2.  Ce  cas  doit  être  fréquent  dans 
les  objectifs  étudiés  en  vue  de  réaliser  le  mieux  possible  la  condition  des  sinus,  car,  si 
l'on  impose  la  condition  que  <p  reprenne,  en  certaines- zones,  la  même  valeur  (pi'au 
centre,  il  passe  nécessairenienl  par  des  maximum  ou  des  minimum.  Ces  images  mul- 
tiples paraissent  cependant  peu  connues,  si  même  elles  ont  été  signalées;  il  est  possible 
que,  pratrquement,  elles  soient  trop  voisines  de  Bj  pour  s'en  distinguer,  en  raison  de 
la  difl'i  action  et  des  résidus  d'aberration. 


SÉANCK    UU    l4    MAKS    I921.  637 

tljéoiie  des  Iriples  de  polynômes  /,  $,  F  qui  ont  un  théorème  de  coiii[)ij- 
silion 

(?•)  /(.r)a>(ï)  =  F(X). 

J'exprime  les  fonctions  bilinéaires  X,  ...,  Y„  connue  fonctions  linéaires 
de  ,T,,  ...,  a7„,  et  je  suppose  que  le  déterminant  A(^)  de  leurs  coefficients 
n'est  pas  nul  identiquement.  Je  donne  aux  ^,,  ...,  En  des  valeurs  telles 
que  A(:):^o,  et  j'écris  j',  pour  la  fonction  résultante  X,  de  x,,  ...,a-„, 
et  c  pour  la  valeur  de  $(E).  Ainsi,  cf(x)  =  F{y).  c^o.  L'élimination 
de  /'(  r)  entre  cette  équation  et  (  z)  nous  donne 

où  les  X,  sont  des  fonctions  bilinéaires  de  x,,  ...,  x„,  H,,  ...,  E„,  et  donc 

de  >',,  ...,.v„,  E ,  E„,  après  la  solution  des  équations  qui  donnent  les  y, 

comme  fonctions  linéaires  de  a;, a„.  Maintenant  nous  avons  une  équa- 
tion du  type  (2)  avec  /'^ F. 

Alors  je  répète  le  mêiin'  procédé,  mais  avec  le  rôle  des  x^  et  des  ç, 
échangé.  J'exprime  les  fonctions  bilinéaires  X,,  .,.,  X„  comme  fonctions 
linéaires  de  E,,  ...,  ç„,  et  je  suppose  que  le  déterminant  A'(x)  de  leurs  coef- 
ficients n'est  pas  nul  identiquement.  Je  donne  aux  x,,  ...,  a"„  des  valeurs 

telles  que  à'(x)  ^  o,  et  j'écris  z,  pour  la  fonction  résultante  X,  de  E, ^„, 

et/-  pour  la  valeur  de  f{x).  Ainsi,  /:4'(0  =  F(:),  k^o.  L'élimination 
de  $(E)  entre  cette  équation  et  (-)  avecy^F  nous  donne 

iF(.OF(.)  =  F(X), 

où  lesX,  sont  des  fonctions  bilinéaires  dear,,  ...,a;„;  -,,  ô„.  Je  divise  cette 

équation  par  k  et  j'écris  f{x)  pour -71^(37),  et  je  trouve  :  /\x)/(:)^f(\') 
qui  est  une  équation  du  type  (i). 

Ainsi  rétude  de  V équation  (s)  entre  trois  fonctions  se  rèdidl  à  Pétiide  de 
r  équation  (i  )  pour  une  seule  Jonction. 

J'ai  fait  celte  étude-là  par  les  moyens  des  nombres  hypercomplexes,  des 
covariants  et  de  la  géométrie.  Poui-  le  cas  n  =^  3,  je  donne  maintenant  une 
discussion  très  élémentaire,  pailant  de  (2)  au  lieu  de  (i),  puisqu'il  faut 
deux  opérations  pour  faire  la  réduction  de  (2  )  à  (  i). 

Considérer  les  formes  canoniques 

(3)  f=:^-'^Y''+:'-h6fnjjz.         F=X^+ V3+ /.'+6MXVZ, 


638 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


telles  que  F  =  X/",  .\.,  V,  Z  étant  des  fonctions  linéaires  et  homogènes 
de  x,Y,  z  du  déterminant  A  7^  o.  Les  déterminants  hessiens  de  /'et  F  sont 

H=— iVP(X3-i-Y'-+-  Z»)  +  (a\P-+-i)XYZ. 

Puisque  le  hessien  est  un  coxaiiant  dont  l'indice  est  2.  et  le  hessien  de  âJ 
est  Ph,  nous  avons  k^h^=A'-H.  A  ce  dernier,  ajoulniis  le  produit  de  Af=  F 
par  M-A^.  Nous  trouvons 

(4)  r{j-^+  v''+  :'')  -+-  sxj:  =  cXYZ, 


r  =  kM''A'~k'in\ 


:6m/-M-A--i-  /,^{-2m'-hi),         f  =  (8i\P-t-  i)A' 


Nous  supposons  que  les  formes  (3)  sont  indécomposables.  Par  consé- 
quent, 8m'^--i,  c^o.  Car,  si  8w'  =  —  i,  nous  pouvons  supposer 
que  2/?î  =  —  I  après  la  multiplication  de  x  par  une  puissance  de  racine 
cubique  imaginaire  oj  deTunilé.  yVlorsyest 


i'o) 


■  3  u-y:  = 


,r 

y 

: 

-- 

x 

y 

J- 

:■ 

X 

=  J£  (.i-  4- w'/ H- (.)»'--). 


Réciproquement,  si /^ est  un  produit  de  trois  fonctions  X.  Y,  Z  dont  le 
déterminant  est  A,  nous  avons  A  =  2A-XYZ.  Ainsi,  les  coefficients  de  h 
sont  proportionnels  aux  coefficients  de  /'.• 


8  /?(*-,-  I. 


Pipiiiier  cas  :  r  =  o.  —    Vprès  une  permutation  de  .r,  v.  :;  dans  (  '1),  nous 
avons 

\=aa",         Y  =  (3  j,         Z=/;,         A  =  af3-/.         .ç  =  fA. 

Donc  F  =  kf  donne  a'  =  ^'  =  y'  =  k.   km  =  MA.    \iusi.  [i  =  ap,  y  —  ac7. 


ip'='7'r=i.    Soient  .r,  =/,   y,  ^pv.   3,=  a: 

/■— /i  = -'5-^-7?+  ;','-(- 6/»,. r,/,;,,  \  =  a.r,. 


(p(^) 


Mon 


et  A/w,  =:  MA.   Vinsi,  A  ^  a' =  k,  M  =^rn,.  Les  mêmes  conclusions  peuvent 
être  tirées  aussi  de  F  =  kf, . 

Deuxième  cas  :  r^o.    —     Puisque    (4)    est   un   produit   de   l'onclions 


SÉANCE    DU    l4    MAKS    l()-2l.  6^9 

linéaires,  nous  avons-  =  (lu.,  où  Hu.'  =  —  i  par  la  démonslralion  ci-dessus. 

\insi,  -  =   -  3oj'.   Après  avoir  substitué  m' x  à  x,  nous  avons  s  =  —  W. 

/■  ' 

Donc  (4)  est  le  produit  de  (5)  par  r.  Nous  choisissons  les  facteurs  linéaires 
de  ( ,")  )  pour  les  nouvelles  variables 

La  solution  de  ces  équations  donne 

3,c  =  .r,  -I-  >■,  +  ;,,         3  y  =  ,r,  -I-  (.i^y,  -i-  (,>  z-^,         3  ;  =  .r,  -i-  &>  ij  +  w- ;,. 

Ainsi,  par  (5), 

.t'M- j'4-  ;■'—  3.rv;  =  .7-,  v,r,,  ./■;  M-,i','-|-  z]  —  3  r,j,;,=  27. rv;. 

I*ar  conséquent, 

./"  =  /,—  -  (aw  -+-  ])  i.r-; +!'■;+  z-D  -^  i{i  —  //(). ?■,/,;,. 

Après  une  permutation  de  X.  ^  ,  /,  il  suit  d'après  (4)  que 

Alors  F  =  Ay,  donne 

a-'  =r  (3'  =  y'  —  -  (  2  /«  +  i  )  / .  6  M  a  3y  =  ^  (  i  —  //(  )  /,. 

Après  la  multiplication  do  v,  et  :-,  par  des  racines  cubiques  de  l'unité 
(comme  dans  le  premier  cas),  nous  pouvons  supposer  que  a  ^=  [3  =  y. 
Ainsi,  M(27w  +  i)  =  I  —  m. 

Donc,  dans  les  deux  cas,  k  est  égal  au  produit  de  a'  par  une  constante. 
Ainsi,  une  puissance  d'une  fonction  linéaire  est  la  seule  fonction  cubique 
$(Hi,^o,?3)  qui  peut  se  multiplier  par  une  fonction  cubique  indécom- 
posable f(^x,,œn,cc.^)  pour  donner  une  fonction  cubique  inlécompo- 
sable  F(X,,X,,  X,). 

Comme  corollaire,  il  n'existe  pas  une  fonction  cubique,  ternaire  et 
indécomposable,  qui  ail  un  théorème  de  multiplication  (1). 

Dans  ma  Communication  au  Congrès  de  Strasbourg,  j'ai  démontré  que, 
si  un  polynôme  f  a  un  théorème  de  multiplication  (i),  toute  covariante 
de  /  est  le   produit  d'une  puissance   de    /'  par  une  constante.    Un  tel 


64o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

polynôme  /  esl  le  déterminant 


(6) 


/  = 


-'11         -'12  •  •   •         -^  1« 

•''ai       •>-ii        ■  •  ■       X.,„ 


OÙ  les  Xij  sont  n^  variables  indépendantes.  Le  hessien  //  de  /'  est  une  cova- 
riante  de  /.  Ainsi,  /t  =  c/'"'"  -\  où  c  esl  une  constante.  On  trouve  la  valeur 
de  c  comme  suit.  Par  inspection. 


(7) 


à\f 


O.Vijàxu 


est  nulle  si  Xij  et  x/^/  se  trouvent  dans  la  même  ligne  ou  même  colonne  du 
déterminant  (6),  c'est-à-dire  si  j  —  /■  ou  /  =  /.  Dans  les  autres  cas,  (7)  est 
égale,  sauf  le  signe,  au  déterminant  mineur  d'ordre  /;  —  2.  Il  suffit  de 
poser  Xii^  I,  Xij  =  o  (i  ^j).  Alors,  (7)  est  nulle,  exception  faite  des  cas 
suivants  : 


dxii  dx/,; 


=  1    (i^/,); 


(.).r,j  d.i-ji 


(' 


Ainsi,  dans  la  ligne  du  déterminant  hessien  /i  dont  les  éléments  sont  (  7  ) 
pour  des  valeurs  constantes  et  distinctes  de  i  et  y',  il  y  a  un  seul  élément 
distinct  de  zéro.  Nous  pouvons  supprimer  cette  ligne,  qui  est  marquée 
par  Xij,  et  la  colonne  correspondante  marquée  par  Xjj.  Nous  supprimons 
toutes  ces  lignes  et  colonnes  pour  i,  /  =  i ,  . . . ,  n\  i  :^  j.  Alors, 


±h. 


ô\f 


à\f 


à\f 


t'.r,,  Ox^^ 

t/.J-,,  (>,r,2 

àx^  dx„„ 

ô\r 

dx^,,  i)x,. 

àV 

dx„„  flr,, 

Ôr„„  dv„n 

Ainsi,  c 


±.ln  —  \ 


=  (-i)"-'(«-i). 


puissance  dr  ce  ilètenninanl  pur  iiiie  constante  ^  o. 


Le  hessien  dti  déterminant  ((S)  est  le  produit  (Pune 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  64l 


MÉCANIQUK.   —  Mo/riii  d'dvialloii  ndmclldut  une  masse  consUuUr  cl  cffccliiatil 
unf  compression  conshinic  à  toute  ullitude.  Note  (')  de  M.  A.  ILYitz. 

La  perte  de  puissance,  éprouvée  par  les  moteurs  à  essence  à  explosion, 
sous  rinihience  de  l'altitude,  est  due  à  des  causes  multiples,  dont  la  prin- 
cipale est  la  décroissance  de  la  masse  de  la  cylindrée  admise  et  de  la  com- 
pression qu'elle  subit,  à  mesure  que  diminue  la  densité  de  l'atmosphère. 

On  a  déjà  imaginé  de  nombreux  et  ingénieux  dispositifs  pour  corriger 
cette  influence. 

La  première  idée  qui  a  élé  suivie  consistait  à  modifier  le  coefficient  de  compression 
volumétrique,  en  le  portant  d'abord  à  des  valeurs  incompatibles  avec  le  fonctionne- 
ment à  pleine  admission  au  sol,  sous  réserve  d'une  réduction  de  celle-ci  aux  faibles 
altitudes.  Tels  sont  les  moteurs  initialement  surcomprimés,  avec  limitation  d'admis- 
sion au  départ,  de  la  classe  A,  dans  la  judicieuse  classification  que  M.  Villey  a  pré- 
sentée à  TAcadémie  (^)  et  ceux  de  la  classe  B,  qu'il  a  appelés  à  compression  variable 
par  des  tnoyens  divers.  Tels  encore  les  moteurs SM/Yï/e^ev,  dont  le  diamètre  du  cylindre 
est  trop  fort  pour  les  dimensions  des  organes,  mais  dans  lesquels  on  pratique  aussi  un 
laminage  du  mélange  au  départ  du  sol.  La  combinaison  de  ces  dispositifs  a  donné  le 
moyen  d'obtenir  une  puissance  constante  au  moins  jusqu'à  4O00™. 

Pour  s'élever  davantage,  on  s'avisa  de  forcer  artificiellement  le  remplissage  au  moyen 
d'un  compresseur,  permettant  de  réaliser  à  toute  hauteur  la  même  densité  de  cylindrée 
qu'au  niveau  du  sol  ;  ce  sont  les  moteurs  suralimentés,  de  la  catégorie  D  de  M.  Villey. 
Cette  solution  comporte  l'emploi  d'un  compresseur  centrifuge  que  l'on  actionne  par  le 
moteur  lui-même,  du  côté  opposé  à  l'hélice,  ou  que  l'on  commande  par  un  moteur 
spécial  indépendant;  c'est  le  système  auquel  les  Allemands  ont  donné  la  préférence,, 
pour  leurs  avions  géants,  disposant  d'une  puissance  de  1200  chevaux  et  plus.  M.  Râteau 
a  apporté  un  remarquable  perfectionnement  au  procédé  en  utilisant  l'énergie  des  gaz 
de  la  décharge,  et  en  les  faisant  détendre  à  travers  une  turbine,  jusqu'à  la  pression 
atmosphérique  de  l'altitude  atteinte  pour  commander  le  compresseur. 

M.  Villey  a  proposé  un  nouveau  type  de  moteur,  qu'il  qualifie  à'allégé  (caté- 
gorie C)  :  c'est  un  moteur  ordinaire,  suivant  le  cycle  Beau  de  Rochas-Otto,  spécia- 
lement étudié  pour  être  toujours  alimenté  à  une  pression  inférieure  à  celle  de  I  atmo- 
sphère au  niveau  du  sol.  D'après  l'inventeur,  l'application  pratique  de  son  idée  est 
subordonnée  à  la  mise  au  point  d'un  limiteur  automatique  d'admission,  qui  ne 
présente  pas  de  difficulté  et  assure  une  sécurité  complète  aux  basses  altitudes. 
M.  Râteau  a  objecté  au  système  les  incertitudes  d'allumage  d'un  mélange  à  faible 
j)ression  et  basse  température,  l'importance  des  résistances  passives  d'une  semblable 

(')  Séance  du  7  mars  192 1. 

(')   Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  171  et  5.57. 


642  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

machine,   dont  il  faudrait  inij^menter  les  dimensions,  et  qui  consominerail  beaucoup 
d'essence  (  '  ). 

Il  semblerait  que  toutes  les  combinaisons  possibles  fussent  épuisées,  et 
pourtant  il  en  est  une  autre,  qui  peut  rentrer  dans  la  catégorie  B,  mais  qui 
ne  me  paraît  pas  avoir  retenu  suffisamment  l'alteolion  :  je  l'appellerai 
à  admission  de  masse  constante  avec  compression  constante.  Elle  présente 
quelques  avantages  particuliers,  que  je  crois  devoir  signaler  aux  spécia- 
listes de  ce  genre  de  construction. 

Je  pars  du  fait  que  le  meilleur  type  de  moteur  à  explosion  est  celui  qui 
présente  une  course  d'admission  et  de  compression  moindre  que  la  course 
de  détente  et  permet  une  détente  plus  complète  des  gaz  brûlés;  j'ai 
démontré  dans  mes  études  sur  les  moteurs  que  ce  type  possède  le  rende- 
ment le  [)lus  élevé.  La  difl'ércnce  n'est  [)as  négligeable,  attendu  que  ce 
rendement  est  égal  à  o,44»  poui"  une  compression  à  5"'^,  alors  que  celui  du 
cycle  à  course  d'admission  de  même  longueur  que  la  course  de  détente, 
laquelle  est  tronquée,  ne  dépasse  pas  o,3i,  toutes  cboses  égales  d'ail- 
leurs (  -  ). 

Or,  prenons  un  Ici  moteur  à  course  réduite,  et  portons-le  à  une  altitude 
supérieure:  pour  maintenir  la  constance  de  la  masse  admise  et  celle  de  la 
pression  t:  de  compression,  il  faudra  allonger  la  course  d'admission  et  de 
compression.  En  admettant  l'adiabacité  de  la  ligne  de  compression,  un 
calcul  simple  établit  que,  pour  arriver  à  la  même  valeur  de  -,  dans  une 
atmospbère  de  densité  moitié  moindre  que  celle  qui  règne  au  niveau  de  la 
mer,  il  suffira  d'allonger  la  course  variable  de  ~\  cela  correspond  déjà  à 
une  altitude  de  55oo"\  On  doublerait  la  course  pour  monter  à  10000"",  où 
la  pression  n'est  plus  que  de  i9<S'"™  de  mercure. 

Voilà  donc  bien  un  moteur  dans  lequel  la  charge  admise  et  sa  compression 
restent  invariables,  à  toute  altitude,  par  le  seul  allongement  de  la  course  du 
piston  au  premier  et  deuxième  temps.  La  compression  constante  lui  garde 
longtemps  sa  même  valeur  de  rendement,  qui  est  supérieure  :  sa  puissance 
ne  baisse  pas,  car  la  pression  moyenne  exercée  sur  le  piston  est  propor- 
tionnelle à  la  différence  des  pressions  d'explosion  et  de  compiession.  On 
est  même  porté  à  cioire,  sur  la  foi  de  diagrammes  théoriques  tracés  d'après 
ces  données,  que  la  puissance  augmentera  quelque  peu,  par  suite  de  l'aug- 


(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  782. 

(')  A.  WiTZ,  Traité  tliéorique  et  pratique  des  moteurs  à  gaz  et  à  pétrole,  4'  ^'^'" 
lion,  t.  1,  p.  ?.83  et  suiv. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    ip2I.  ^\^'^ 

menlation  d'aire  résullanl  d'une  délenle  poussée  plus  loin  cl  d'une  ligne  de 
décharge,  établie  au-dessous  de  celle  du  départ.  De  plus,  le  délnt  d'essence 
au  carburateur  croîtra  avec  l'allongement  de  la  course  d'aspiration,  malgré 
l'abaissement  de  température  du  milieu  ambiant,  dont  l'effet  sera  atténué 
par  le  fait. 

Le  système  prête  le  flanc  à  une  critique  fondée,  que  je  ne  me  dissimule 
pas.  Pour  satisfaire  aux  conditions  d'un  vol  horizontal  près  du  sol,  dans 
lequel  l'hélice  doit  tourner  à  sa  plus  grande  vitesse,  le  moteur,  alimenté  par 
une  course  et  une  admission  réduite,  doit  pouvoir  développer  à  ce  moment 
une  puissance  déterminée  :  celle-ci  imposera  à  notre  moteur  un  alésage  de 
cylindre  plus  fort  que  serait  celui  d'un  moteur  à  course  et  admission 
pleine.  Il  en  résultera  une  augmentation  de  poids,  qui  dépendra  de  la 
hauteur  de  plafond  envisagée.  Si  l'aviateur  limite  son  ambition  à  55oo™,  la 
section  du  piston  sera  augmentée  de  -j^  :  de  100°^",  par  exemple,  le  diamètre 
sera  porté  à  i3o. 

La  surcharge  imposée  à  l'avion  sera  de  ce  chef  peu  considérable.  Il  ne 
s'agit  que  d'un  suralésage  de  cylindre,  sans  renforcement  d'aucun  autre 
organe.  D'ailleurs,  le  système  procurera  des  allégements  compensateurs, 
dus  à  son  rendement  supérieur,  et  à  une  réfrigération  moins  active,  consé- 
quence d'une  détente  complète;  il  permet  d'escompter  une  réduction  des 
provisions  d'essence  et  d'eau  et  des  poids  de  réservoirs  et  de  radiateurs.  11 
n'exige  l'adjonction  d'aucun  moteur  auxiliaire,  ni  d'aucun  compresseur. 

Il  me  reste  à  dire  par  quel  moyen  pratique  pourra  se  réaliser  la  course 
variable,  sur  laquelle  repose  le  projet.  On  ne  doit  pas  songer  à  faire  usage 
de  mécanismes,  du  genre  de  celui  de  M.  Atkinson;  il  faut  résoudre  le 
problème  par  un  artifice.  La  course  ne  sera  pas  réellement  réduite,  mais 
elle  sera  rendue  inopérante  sur  une  fraction  de  sa  longueur,  en  coupant 
l'admission  au  moment  voulu  du  premier  temps;  de  ce  point  au  bout  de  la 
course,  le  piston  détendra  la  charge  et  la  recomprimera  ;  cette  double 
opération,  effectuée  pour  rien,  ne  coiitera  aucun  travail  et  contribuera  à 
produire  un  meilleur  brassage  des  éléments  combustible  et  comburant  du 
mélange.  Une  soupape  d'aspiration  commandée  remplira  la  fonction.  La 
chose  est  possible  :  Niel  l'avait  pratiquée  en  sens  inverse  du  nôtre  et  le 
procédé  a  fait  ses  preuves.  On  pourrait  aussi  adopter  une  autre  solution, 
inspirée  du  moteur  Charon,  reposant  sur  l'emploi  d'une  soupape  de  décom- 
pression, avec  remisage  momentané  du  mélange,  refoulé  hors  du  cylindre, 
dans  un  tube  enroulé  en  serpentin,  où  il  serait  repris  pour  le  cycle  suivant. 
Dans  les  deux  cas,  on  mettrait  la  soupape  commandée  sous  la  dépendance 


644  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'un  régulateur,  constitué  par  une  capsule  manométrique  étanclie  et  exten- 
sible, remplie  d'air  au  départ  du  sol,  dont  le  volume  subira  l'influence  des 
variations  de  température  et  de  inession  de  l'atmosphère  ambiante. 


ELECTIONS. 


Par  3i  suffrages  contre  5  à  M.  Armand  Duchcx/ir,  2  à  M.  Henri  Eddr, 
I  à  M.  Tiniolcnko  et  3  bulletins  blancs,  Sir  George  (ireenhill  est  élu 
Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  de  Mécanique,  en  remplace- 
ment de  M.  Voi^t.  décédé. 


PLIS  CACHETES. 


M.  R.  Bourgeois  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  déposé  par  lui, 
en  qualité  de  directeur  du  Service  géographique  de  l'armée,  dans  la  séance 
du  i3  novembre  ipi'J  et  inscrit  sous  le  n"  8.332. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Président,  contient  un  Mémoire 
de  MM.  Dei.(:a.>ibre  et  Schereschewski  intitulé  :  Étude  et  précision  de 
certaines  raiintions  barométriques. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  M.  R.  Bourgeois.) 


CORRE  SPOND ANCE . 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

Hknhy  Eddy,  12  brochures  contenant  divers  travaux  relatifs  à  la  pbysique 
mathématique  et  à  l'arl  de  l'ingénieur.  (Présentées  par  M.  H.  Sebert.) 

A.  Einstein,  La  théorie  de  la  relativité  restreinte  et  généralisée  (mis/'  à  la 
portée  de  tout  le  monde),  traduit  par  M"'"  J.  Rouvikue. 

Albert  Einstein,  L'élher  el  la  théorie  de  la  relativité,  traduit  pai'  NlAiiiirK 
Soi. OVINE. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  645 


ANALYSE  MATHÉMATIi^UE.  —  Sur  les  couples  de  fondions  algèbroides  d'une 
raiinble  correspondant  aux  points  dhine  courbe  algébrique  de  genre  supé- 
rieur à  l\tnité.  Note  de  M.  Geokges-J.  Rémouxdos. 

1.  Dans  un  travail  paru  en  1912  dans  les  Rend,  del  Circolo  Maiem.  di 
Palermo  (t.  33,  i''''sem.  191 2),  JNI.  E.  Picard  a  établi  le  théorènne  suivant 
qui  présente  une  certaine  analogie  avec  la  généralisation  du  célèbre  théo- 
rème de  M.  Picard,  aujourd'hui  classique,  obtenue  en  1904  par  M.  Landau, 
à  savoir  : 

«  Considérant  une  courbe 

(1)  /(■r,y)  =  o 

de  genre  supérieur  à  P unité,  on  met  à  la  place  de  x  dans  V équation  (i)  une 
fonction  méromorphe  de  z  dans  un  certain  domaine  autour  de  l'origine,  dont 
le  développement  taylorien  est 

(2)  ,r  ^rt -H  rt,  ; -I- .  .  . ,  («,^0). 

»  On  tire  de  (i)  la  fonction  y  de  z  prenant  pour  s  =:  o  /«  râleur  b.  Les  deux 
fonctions  x  et  y  de  z  ne  pourront  être  simultanément  méromorplies  dans  un 
cercle  de  centre  origine  et  de  rayon  supérieure  une  quantité  R(a,  «,  )  ne  dépen- 
dant que  de  aeta^  \^et  nullement  des  autres  coefficients  du  développement  (2) ] .  » 

Pour  établir  ce  théorème,  M.  Picard  a  utilisé  une  fonction  X(a7,  y)du 
point  analytique  (j;,  v),  qui  résulte  de  la  théorie  des  fonctions  fuchsiennes 
et  qui  est  holomorphe  dans  le  voisinage  de  tout  point  de  la  surface  de 
Riemann  correspondant  à  (i)  et  pour  laquelle  le  coefficient  de  /  est  tou- 
jours positif. 

2.  J'ai  cherché  à  utiliser  la  même  fonction  X(.t,  y^  pour  généraliser  ce 
théorème  de  M.  Picard  en  l'étendant  à  des  fonctions  non  uniformes  dans  le 
voisinage  d'un  point  et  je  suis  parvenu  à  obtenir  les  résultats  suivants  : 

TiiùORKMK.  —  Soit  une  courbe 

de  genre  supérieur  à  l'unité.  Si,  dans  cette  équation,  nous  remplaçons  x 
par  une  fonction  a;  =  a(;)  algébroïde  dans  le  imsinage  de  F  origine  z  ^  o, 
qui  peut  être  un  point  singulier,  définie  par  V  équation 

x'  -H  A ,  (  ;  I  x'~ '  +  A o  (  ;  j  x'''-  -+-...-+-  Av_,  (  ;  )  -H  Av  (  c )  =:  o, 
C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  U.)  49 


646  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ 

A, (3)  =  n,+ /;,;+-...,       Aj(-)  =  rtj+ //o  :;  + ..,      Av(;)  =  rtv-f- ^v^; +.  •  . 

et  les  polynômes 

/7(a-)  =  jr"'4-«|,r''-'-(-.  .  .  +  «v-i-i'  +  «v,      (|{x)=:.b^x''-^  +  b,x'-- +  .  .  .  +6v-i''  -^  l>i 

Il  ont  aucune  racine  commune,  on  lire  de  l équation  (i)  une  autre  Jonc- 
tion y  =  b  (r)  aus.u'  algéhroïde  dans  le  voisinage  de  z  ^^  o. 

Alors,  l'une  au  moins  des  fonctions  a(^z)  elh{z)  admet  au  moins  un  point 
singulier  dhféhe.nt  de  l'origine  z  =  o  dans  un  cercle  de  centre  origine  et  de 
rayon  supérieur  à  une  quantité 

R  {</,.  6|,  'Vj,  b,,  .  .  . ,  a,,  b;,  /i,,  /u,  .  . .) 

ne  dépendant  que  des  coefficients  a^^b^,a.^^h„,...,a.,,b.,et  des  degrés  n,,  n.,,  ... 
de  nudtiplicité  des  racines  du  polynôme  p  [x). 

La  quantité  R  est  analogue  à  celle  du  théorème  de  M.  Picard.  Elle  est 
égale  à  la  plus  grande  des  quantités  de  la  forme  (') 

*  I  f-^(at)  —  ,Uo(3;)   I 

I         «ip'(a)         I 

dont  chacune  correspond  à  un  système  circulaire  de  branches  de  la  fonc- 
tion X  =  a(^)  qui  se  permutent  autour  de  r  =;  o  et  sont  représentées  par 
la  série  X|  +  a,s....  [Le  développement  de  A(iry)  suivant  le  point  ana- 
lytique (a,  ^)  relatif  à  chaque  système  circulaire  de  branches  donne 

Les  nombres  a  ne  dépendeni  que  des  coefficients  a,,  />,,  a.,,  h.,, . . . ,  a.,,!).,  et 
des  degrés  «,,  /i,, .... 

3.  Un  cas  particulier  intéressant  est  celui  où  Tune  des  deux  fonctions, 
par  exemple  iaa;  =  a(;),  est  méromorphe.  Alors,  notre  théorème  donne 
une  limite  supérieure  de  la  différence  des  modules  de  deux  points  critiques  de 
l'autre  y  =  b  (  ^),  lorsque  ces  points  sont  rangés  par  ordre  de  modide  croissant, 
celte  limite  ne  dépendant  que  des  valeurs  de  la  fonction  a  (:)  et  de  sa  dérivée 
en  un  de  ces  deux  points  singidiers. 

ÎNous  pouvons,  par  exemple,  appliquer  cela  à  la  fonction  ajgébrique y  (.e) 
elle-même  définie  par  la  courbe  donnée  (i)  de  genre  supérieur  à  l'unité,  ce 
qui  nous  donne  des  renseignements  intéressants  sur  la  distribution  (en 
module)  des  points  singuliers  d'une  fonction  algébrique  définie  par  une 
équation  de  genre  supérieur  à  l'unilé. 

(')  \oii-  le  travail  de  M.  Ficard  plus  haut  mentionné,  page  a. 


SÉANCE   DU    l4    MARS    1921.  647 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  hypercllipl'uiues  singulicres. 
Noie  de  M.  C.-E.  Trayxaud,  présentée  par  M.  Appell. 

En  généralisant  les  travaux  de  G.  Humbert  sur  les  relations  singulières 
entre  les  périodes  d'une  fonction  ahélienne  de  deux  variables,  G.  Colty  a 
étudié,  dans  sa  Thèse,  les  relations  singulières  entre  les  périodes  du  Tableau 

0  g    h 

1  h    g' 

11  a  démontré(')que  toute  relation  de  diviseurs,  d'invariant  A  et  de  type  k 
est  équivalente  à  la  relation  réduite 

ng -\-  kh  —  m g'=  o, 

n  étant  définie  par  l'égalité 

A  =  /.-  +  4  »i'i. 

J'ai  étudié  les  fonctions  intermédiaires  relatives  à  ces  relations,  de  la 
même  façon  que  (i.  Humbert  a  étudié  les  fonctions  intermédiaires  relatives 
aux  relations  de  diviseur  1  et  j'ai  obtenu  ainsi  des  résultats  qui  généra- 
lisent ceux  de  ce  géomètre  éminent  et  regretté. 

La  définition  de  ces  fonctions  introduit  deux  entiers/?  et  ^dont  le  premier 
est  toujours  positif  et  tels  que  S  =;  np^  —  kpq  —  mq^  soit  positif  ou  nul;  le 
nombre  de  fonctions  paires  ou  impaires  dépend  de  la  valeur  de  0  et  de  cer- 
taines parités;  0  =  0  constitue  le  cas  elliptique  et  correspond  à  la  con- 
dition A  —  P. 

Si  ^  =:  0,  les  fonctions  intermédiaires  deviennent  des  fonctions  thêta, 
précisément  celles  qui  sont  relatives  au  Tableau  T„  et  que  j'ai  étudiées  dans 
ma  thèse. 

Déterminant  ensuite  les  demi-périodes  qui  annulent  ces  fonctions  paires 
ou  impaires,  j'ai  obtenu  un  ensemble  de  résultats  qui  constitue  en  quelque 
sorte  un  amalgame  de  ceux  que  G.  Humbert  a  donnés  pour  les  fonctions 
singulières  de  diviseur  i  et  de  ceux  que  j'ai  donnés  pour  les  fonctions  de 
diviseur  n. 

L'application  de  ces  résultats  aux  surfaces  hyperelliptiques  singulières 

(')  Thèse,  p.  53.  Je  dirai  que  n  esl  le  diviseur  de  la  relation  et  non  pas  le  genre 
comme  le  disait  G.  Cotty. 


648  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

se  présenle  imniédiatenient.  G.  Humbert  a  signalé  (')  des  surfaces  à 
i5  points  doubles  et  une  surface  à  32  droites.  J'ai  étudié  avec  quelques 
détails  de  telles  surfaces  dans  ma  Thèse  et  M.  L.  Hemy  (-)  a  montré  que  les 
surfaces  de  (!.  Humbert  se  ramènent  par  une  transformation  (non  uni- 
voque)  à  celles  dont  j'ai  donné  les  propriélés.  Avec  l'introduction  généra- 
lisée du  diviseur  n,  cette  transformation  n'est  plus  nécessaire,  comme 
l'exemple  suivant  va  le  montrer. 

Je  prends  la  relation  singulière  sous  la  forme 

5  g  —  ^'=-0,         /i  =  3,         A=:o,         Hj  =1 1 ,         d=r2. 

Il  y  a  pour  p  =  i^  q  =  o  huit  fonctions  paires  qui  ne  s'annule  pour  aucune 
demi-période.  En  leur  donnant  ?/  =  c  =  o  comme  zéro  quadruple,  il  reste 
quatre  fonctions  linéairement  indépendantes.  Ces  fonctions  sont  des  fonc- 
tions thêta,  cas  particuliers  des  fonctions  d'ordre  G  et  de  diviseur  3  qui 
m'ont  conduit  à  une  surface  du  quatrième  degré  à  iji  points  doubles  (^). 

En  prenant  les  fonctions  intermédiaires  ainsi  déterminées  comme  coor- 
données d'un  point,  la  surface  obtenue  est  aussi  du  quatrième  degré  et  à 
1 5  points  doubles.  Elle  est  caractérisée  comme  celle  que  j'ai  étudiée  par 
la  propriété  énoncée  par  G.  Humbert  : 

La  trace  sur  un  plan  du  cône  circonscrit  d'un'point  à  la  surface  se  compose 
de  quatre  droites  et  d'une  conique  C  tangentes  à  une  même  conique  en  tous 
leurs  points  de  rencontre  avec  elle;  en  outre,  la  conique  circonscrite  au 
triangle  formé  par  trois  des  droites  admet  la  quatrième  comme  sécante 
commune  avec  C;  l'existence  d'une  de  ces  coniques  entraine  celle  des  trois 
autres. 

Cette  propriété  ramène  à  trois  le  nombre  de  paramètres  vrais  dont 
dépend  la  surface;  mais  la  surface  singulière  ne  dépend  que  de  deux  para- 
mètres et  en  effet  il  existe  sur  clic  des  courbes  qui  n'existent  pas  sur  la 
surface  générale. 

Jeprendsyj  =  i,  ^  =  i,  d'où  o  =  2;  il  y  a  [)Our  trois  caractéristiques  par- 
ticulières deux  fonctions  paires  nulles  pour  (piaire  demi-périodes  ;  en  leur 
donnant  «  =  (^  =  o  comme  zéro  double,  la  courbe  obtenue  est  une  conique 
passant  par  quatre  points  doubles;  de  même /*  =  i,  «jr  =  —  1,0  =  2  donne  les 
trois  coniques  qui,  associées  aux  précédentes,  forment  trois  sections  planes 

(')  Comples  rendus,  l.  I:i0,  i8<)9,  p.  610;  l.  i:i2,  1901,  p.  -■>.. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  142,  1906,  p.  768. 
(■')  Thèse ,  p.  S8. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  G/jQ 

déco  m  posées.  Par  coiiséqiienl,  la  surface  singulière  adinel  trois  groupes  de 
quatre  points  doubles  si  tués  dans  un  même  plan.  La  trace  sur  un  plan  du  cône 
circonscrit  d'un  des  points  doubles  appartenant  à  ces  plans  est  telle  que  la 
dioile  joignant  les  points  de  rencontre  de  deux  des  quatre  droites  avec  la 
conique  C  passe  par  le  point  de  rencontre  des  deux  autres  droites.  Celte  pro- 
priété ne  se  présente  qu'une  fois. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  St/r  les  développements  en  série  suivant  les 
inverses  de  pn/ynor/ies  donnés.  Note  de  M.  N.  Abramesco,  présentée 
par  M.  P.  Appell. 

On  connaît  les  reclierciies  de  M.  P.  Appell  (')  sur  les  développements 
en  série  procédant  suivant  les  inverses  de  polynômes  donnés.  Dans  ce  qui 
suit,  je  me  propose  d'indiquer  une  généralisation  de  ces  développements. 

Soient 

(  5  )  o{z)~  do-}-  diZ  +...-{-  d„z"-\-..  . 

une  fonction  régulière  à  l'intérieur  du  cercle  de  centre  0  et  de  rayon 

1  =  1  =  H', 
et  è^,^  extérieurs  au  cercle  R', 

|i,,,|>R'. 

Un  problème  qu'on  peut  se  poser  est  de  trouver  la  région  où  le  dévelop» 
pement 

est  valable,  les  B^  étant  des  constantes. 
On  a 

\z-b,_„\  =  \h,,,\\i--j±-\>K' 


■V.I>R'(«-iî^); 


(')  Comptes  /eitdus,  t.  137,  igiS,  p.  5  et  kijî;  Bnllelin  des  Sciences  mallié- 
matiques,  novembie  191^^.  —  Bulletin  de  la  Société  nialhéntatiquc  de  Fiance^  t.  38, 
1920,  p.  I. 


65o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

donc 


^'-'N'^TT-'       ^^''' 


R' 

IB„II;I" 


IV"    I  - 


Si  Ton  pose 

\z\^p<W, 


est  uniformément  convergente  si  la  série 

(7)  y\^u—r^ 


R"'(.-^ 


est  convergente  et  donc,  d'après  le  théorème  de  Weierstrass,  le  dévelop- 
pement ((j)  est  valable  à  l'intérieur  d'un  cercle  de  centre  O. 
(  )r,  la  série  (7)  est  convergente  si 


donc 

p'(i  +  limv/"rH7i)<H', 
'  R' 

^        i-{-\im'{/\BT\' 

Par  suite,  le  développement  (6)  est  valable  à  l'intérieur  du  cercle  de 
centre  O  et  de  rayon 

R' 

2.  Soient 

/(;)=...-(-  -^  -h  ...  4-  ^  -j-do-hd^z  -h.  .  .-hd„z"  -h.  .. 

une  fonction  régulière  dans  la  couronne  formée  par  les  cercles  de  centre  O 
et  de  rayons  R  et  R'(R  <  R)  et 

i«,,a[<r,.  iVïI>,r'. 


SÉANCE   DU    \l\    MARS    1921.  65 1 

Le  développement 

-,    ,  A,  A„  ^        B„       ,      B|j      ,  B,5"     . 


?„(;)  =  (:;-  f/„,,  ) .  . .  (c  -  «„,„),         g„(  :)  =  (;  -  i,,,,  ) ...  (0  -  ^„,„), 

est  valable  dans  la  couronne  formée  par  les  cercles  de  centre  O  et  de  rayons 

IV 


RH-lim  !/!  A„|, 


'V'IB,,! 


ANALYSK  MATHKMATlQUE.  —  Sur  (iiieUjues  points  (le  la  théorie  des  fonctions 
et  de  la  théorie  des  nombres,  ^ote  de  M.  Théodore  Vahopoulos,  présentée 
par  M.  Appell. 

l.  Soit  une  fonction  x  =  9(3)  à  \i.  branches  définie  par  une  équation  de 
la  forme  ('). 

F(  c,  .c)  =  .ri'-  +  A,  (  : ) x^-'  4-  A,  (  3)1'-'  +  .  .  .  +  A^, . ,  ( .-  ).r  +  A,^,  (  :)  =  o 

et  supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  les  fonctions  entières  A,(;)  sont 
d'ordre  fini  au  plus  égal  à  p. 

Il  faut  considérer  comme  exceptionnelle  toute  valeur  a"|,  de  j^  pour  laquelle 

on  ait 

F(=,  r,)  =:?„(  =  ) +  Q45)e"«'-', 

H„(^::),  Q„(3).  P„(=)  désignant  des  polynômes,  le  premier  de  degré  au  plus 
égal  à  p. 

Soient  a;,-,  Xj  deux  toiles  valeurs  de  œ.  Appelons  (E,)  l'ensemble  des 
valeurs  de  x  pour  lesquelles  ¥(z,x)  soit  une  constante  ou  un  polynôme, 
(Eo  )  l'ensemble  de  valeurs  de  v  pour  lesquelles  aucune  des  différences 

H,(-)-II;(v-) 

n'est  constante;  nous  démontrerons  le  théorème  suivant  : 

Théorème.   —  L'ensemble  des  valeurs  (E,).   (Eo)   ne  surpasse  jamais  le 

nombre  [o.  +  i ,  l'infini  compris. 

En  effet,  l'élimination  des  A,(s)  entre  les  équations 

F(5,a-,.  )=:?,(;)  (/=1.2 l^-l), 

F(.-,  X;)  =  P,(c)  +  Q;(5)e'M^i         (y  =  fx,j^  +  .) 
(')  Voii-  ma  Communication  précédente  :  Comptes  rendus,  l.  i72,  1921,  p.  353. 


652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  conduit  à  une  identité  de  M.  Borel  de  la  forme  suivante  : 

A,  A,  ayant  les  valeurs  citées  dans  ma  Communication  précédente,  dans 
laquelle  les  termes  exponentiels  no  subiront  aucune  réduction,  bien  en- 
tendu, dans  la  forme  définitive  exigée  par  le  théorème  fondamental  de 
M.  Borel,  et.  par  conséquent,  l'identité  en  question  est  impossible. 

2.  Le  théorème  subsiste  encore  si  les  fonctions  P(  s\  Q(^)  croissent  toutes 
moins  vite  que  e"'^  ".  e"'''  étant  le  plus  grand  des  ordres  des  fonc- 
tions A,(s),  et  a  étant  toujours  un  nombre  positif  quelconque,  mais  fixe. 

3.  Ce  théorème  peut  servir  de  base  pour  établir  une  généralisation  du 
théorème  cité  à  ma  Note  susdite. 

Soit  une  équation  algébrique  exceptionnelle 

(.)ù  les  nombres  a,,  a^,   ...,  a^,  sont  transcendants,  a,  a.  a  algébriques  et 

différents  de  zéro,  qui  admet  des  racines  algébriques. 

Soit 

P(jri)  =  a,  +  aie='., 

si  X,  :^  Xj  il  est  impossible,  grâce  au  théorème  de  Lindemann,  d'avoir 
/j(a;,)';jo(,rj)  7=  algébrique, 

Alors  si  nous  appelons  (E,)  l'ensemble  des  valeurs  algebriques.de a;  pour 
lesquelles  p(x)  est  nombre  algébrique,  (E^)  l'ensemble  des  valeurs  Xj  pour 
lesquelles 

/j(a;)  =  ai-+-  a'e*., 

et  les  nombres  a,  sont  dilTérenls  entre  eux,  nous  arrivons  à  renoncé  suivant  : 
Théorème.  —  L'ensemble  des  valeurs  (E,),  (Ej)  ne  sur oasse  jamais  le 

nombre  a. 

L'élimination  des  coefficients  x,,  x^,  . . . ,  Xjj^  entre  les  a  -\-  i  équations 

V{Xi)=z  ki  ('■  =  !,  2,    ....   ^  —  I), 

V{Xj)  =  ay  -4-  aj  e*-         (y  =  fi,  /^  4-  i ) 
nous  conduit  à  l'égalité  suivante 


SÉANCE    DU    lf\    MARS    192I.  653 

laquelle,  d'a|)rès  le  ihéorèine  de  Lindemann,  est  impossible  et  noire  ihco- 
rème  est  démontré. 

Nous  avons  ici  la  limite  [x  au  lieu  u- H-  i,  que  nous  avions  dans  le  théo- 
rème du  paragraphe  I,  parce  que  l'infini  n'a  pas  à  intervenir  dans  la  théorie 
des  nombres. 

ANALYSE  MATIIKMAIIQUE.  —  Sur  un  calcul  de  totalisation  à   deux  dci^res. 
Note  de  M.  Arnaud  Denjoy,  présentée  par  M.  Hadamard. 

L'intérêt  des  considérations  suivantes  est  de  conduire  au  calcul  des 
coefficients  d'une  série  trigonométrique  convergente  quelconque  dont  la 
somme  est  une  fonction  donnée. 

Dans  un  travail  antérieur  ('),  j'ai  analysé  les  rapports  mutuels  des 
notions  de  fonction  continue  résoluble  et  de  fonction  totalisablc.  La  notion 
de  dérivée  approximative  fournit  le  lien  entre  ces  deux  catégories  de 
fonctions  (-). 

Le  calcul  totalisant  permet  de  remonter  d'une  dérivée  approximative  à 
une  fonction  résoluble  en  vertu  des  deux  propositions  suivantes  : 

i"  Toute  fonction  résoluble  F  possède  sur  une  épaisseur  pleine  une 
dérivée  approximative  ç.  9  complétée  indifféremment  par  des  valeurs  finies 
aux  points  où  elle  n'existe  pas,  est  lotalisable.  F(è)  —  F(rt)  est  égale  à  la 
totale  àQ  fdx  prise  de  a  a  b, 

2°  Si  la  fonction  donnée  o,  est  totalisable,  la  totale  de  cp,  entre  a  q\  x  est 
une  fonction  de  x  résoluble  F,.  Celle-ci  admet  ç,  pour  dérivée  approxima- 
tive sur  une  épaisseur  pleine. 

D'une  manière  analogue,  nous  nous  proposons  de   caractériser  deux 


(')  Annales  de  l'École  Normale  supérieure,  1916  et  1917. 

{^)  La  variation  d'une  fonction  continue/  sur  un  inter^'alle  ab{a<.b)  est 
f{b)—f{a).  La  variation  de  f  sur  un  ensemble  par/aitV  à''e\lvémnés  a  el  b  {a  <  b) 
est  dite  définie  si  la  série  des  variations  (•„  de/  sur  les  divers  contigus  «„  à  P  est 
ab-olument  convergente.  La  valeur  de  celle  variation  est  alors,  par  définition, 

V(/,P)=/(6  )-/(«)-!.„. 

L'intervalle  i  contenant  au  moins  un  point  de  P,  on  appelle /JO/^/o/t  de  P  déterminée 
par  i  l'ensemble  parfait  formé  des  points  de  P  intérieurs  à  i  et  de  leurs  points  limites. 

On  dit  que  la  variation  de / sur  P,  si  elle  est  non  définie,  est  réductible,  si  P  con- 
tient unepoition  sur  laquelle  la  variation  de /est  définie.  On  dit  que  la  variation  de  ■ 
/  est  réductible  à  o  sur  tout  ensemble  yar/ait  mince  (de  mesure  nulle)  si  tout 


654  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

classes  de  fonctions  d'une  variable  et  un  calcul  que  nous  appellerons  totali- 
sation symétrique  à  deux  déférés  ou  opération  f  T,  ,  )  sorte  d'intégration  à  trois 
limites,  de  manière  que  : 

i"  Si  S  est  résoluble  {2, s),  d'une  part  il  existe  une  pleine  épaisseur  E  en 
tout  point  de  laquelle  ^T  a  une  dérivée  ordinaire  f  et .?'  possède  une  dérivée 
approximative  /';  d'autre  part,  /'  est  opérable  {T^,)el,  i  étant  différent  de  a, 
on  a 

T,,,(/,  a,  I,.  c)z={c-b)g[a)  +  {a-c)rs{b)  +  {  h  -  «).T(c). 

2°  Si  y,  est  opérable^  (T, ,)  l'expression Tj^(y,,  rt,  h,  x)  est  une 

fonction  ^,  (a;)  résoluble  (2,.?)  et  dont  la  dérivée  seconde  ordinaire,  approxi- 
mative, coïncide  avec  y,  sur  une  épaisseur  pleine. 

Il  nous  sera  indispensable  d'introduire  quelques  définitions  nouvelles. 

^'ous  dirons  qu'une  fonction  #,  définie  sur  un  ensemble  parfait  P,  est 
résoluble  sur  P  si  la  fonction,  coïncidant  avec  ^  sur  P  et  linéaire  sur  chaque 
segment  contigu  à  P,  est  résoluble  (en  particulier,  ,f  sera  continue  sur  P). 

Nous  dirons  qu'une  fonction  f,  définie  sur  un  ensemble  fermé  E,  el  à 
laquelle  on  attribue  une  totale  «•„  sur  chaque  intervalle  u„  contigu  à  E,  est 

tolalisable  sur  E  si  la  fonction  'j»,  égale  à  /  sur  E  et  à  -^  sur  u„.  est  tola- 
lisable. 

Mous  appellerons  segment  spécial  de  l'ensemble  parfait  P.  tout  segment  t 
limité  à  deux  intervalles  conligus  de  P,  et  surpassé  en  longueur  par  l'un  et 
l'autre  de  cescontigus. 

Les  segments,  dont  les  deux  extrémités  sont  des  points  de  première  espèce 
de  P.  sont  évidemment  en  infinilé-dénombrable.  On  montre  que  la  somme 

ensemble  de  celle  nalure  conlient  une  porlion  où  la  varialion  de/"  est  définie  et  nulle. 
On  dit  par  abréviation  dans  ce  cas  que /est  résoluble. 

in{x)  —  m{a)  étant  le  nombre  dont  la  valeur  absolue  est  la  mesure  d'un  ensemble 
donné  E  sur  l'intervalle  a,  x  et  dont  le  signe  r.'est  pas  contraire  à  celui  de  x  —  a, 
Vépaisseur  de  E  au  point  x,  quand  elle  existe,  est  la  dérivée  de  in[x). 

On  dit  que  /(^j  admet  au  point  x  le  nombre  9  pour  dérivée  approximative  s'il 

existe  un  ensemble  \i(x)  d'épaisseur  i  en  ./■  el  tel  que  '— — ; — '■ — ^ —  tende  vers  (p 
quand  ,r'  tend  vers  ,r  sans  quitter  Ej^)./ est  continue  sur  E(x)  au  point  x,  mais  peut 
être  discontinue  ou  inexistante  hors  de  E(^). 

On  dit  que  e  est  une  épaisseur  pleine,  si  le  compiémenlaire  de  e  est  mince.  On  dit 
que  e  situé  sur  un  ensemble  K  est  une  pleine  épaisseur  de  K,  si  l'ensemble  des  points 
de  k  étrangers  à  e  est  mince. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  G55 

de  lotis  les  segnwnls  spéciaux  cVun  ensemble  parfait  P,  situé  sur  ab,  est  injè- 
rieurc  à  2{b  —  a)  (*). 

Caractères  d'une  f onction  9  résoluble  (  2,  *)  : 

I"  ^esl  continue  ; 

2°  — : —. tend  vers  zéro  avec  h  non  nul  el  indépen- 
dant de  .-r  ; 

3°  Si  P  est  un  ensemble  parfait  possédant  une  infinité  de  segments  spé- 
ciaux CT,  et  si  pour  chacun  d'eux  on  calcule  le  nombre  w(a-)  donné  par 

(7.r„(  ^)  =  I  i((3) -(- 3?(5:  -  ^)  — 2.f  (a)  I  +  I  ,f  (  p  +  ff) -i- 3f(a)  —  2 i(3)  |, 

Vensenible  K  des  points  de  P.  au  roisinage  desquels  la  série  oj(t)  est  divergente, 
K  est  non  dense  sur  P  ; 

4"  P  étant  un  ensemble  parfait  quelconque,  et  E((t').  P(a-')  désignant 
l'ensemble  fermé  et  son  noyau  parfait  demeurant  dans  P  quand  on 
supprime  tous. les  segments  spéciaux  t  de  P  sauf  un  nombre  limité  d'entre 
eux  appelés  segments  t'. 

On  peut  déterminer  sur  P  un  ensemble  fermé  H  non  dense  sur  P,  ou 
inexistant,  indépendant  des  g'  choisis,  et  tel  que  sur  toute  portion  de  E(ct')  et 
de  P(<î')  sans  points  communs  avec  H,  -j-  existe  et  est  respectivement  continue 
sur  la  première  et  résoluble  sur  la  seconde. 

Si  P  est  continu,  la  simplification  de  cet  énoncé  est  évidente. 

On  démontre  que  toute  fonction  ^'  résoluble  {2,  s)  possède  sur  une 
épaisseur  pleine  une  dérivée  seconde  ordinaire  approximative  /  et  que 
toute  fonction  4>  possédant  en  tout  point  une  dérivée  seconde  généralisée  ç 
est  résoluble  (2,  s),  le  couple  ($,  o)  admettant  en  outre  le  lien  (#,/). 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d'équations  intégrales 
à  noyau  asymétrique.  Note  (-)  de  M.  T.  Carlema.v,  présentée  par 
M.  E.  Goursat. 

Les  équations  intégrales  à  noyau  symétrique  possèdent,  comme  on  le 
sait,  une  foule  de  propriétés  importantes,  qui  n'appartiennent  pas  à  l'équa- 

(')  Si,  généralement,  on  appelle  coejficient  d'un  segment  s,  limité  à  deux  contigus 
de  P,  le  rapport  de  la  longueur  du  plus  petit  de  ces  contigus,  à  celle  de  s,  on  constate 
que  les  segments  de  coefficient,  supérieur  à  un  nombre  positif  donné  «,  ont  une  somme 
finie. 

(^)  Séance  du  7  mars  1921. 


656  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tioii  inlégiale  générale.  D'autres  types  de  noyaux  avec  des  propriétés 
analogues  ont  été  signalés  par  MM.  Goursal  et  Marty  (').  Nous  nous  pro- 
posons, dans  le  suivant,  de  démontrer  qu'on  peut  approfondir  d'une  manière 
analogue  l'élude  d'une  autre  classe  de  noyaux  réels,  qui  comprend  comme 
cas  particuliers  les  no^au.v  symétriques  et  les  noyaux  symétriques  gauches. 
Soit  k(^a-,y)  une  fonction  réelle  et  continue,  définie  dans  le  domaine 
a^i   ^6  et  soumis  à  la  condition 

(i)  ^  A(,r,o/.(7,0'/'=y /--(^•0/.(^.'■)^//.• 

En  introduisant  les  transformations  fonctionnelles 

S{f)=f   A{.r,l)f(t)r//,  S'i/)=f    k{t.x)f{l)clt. 

dont  l'une  est  l'associée  de  l'autre,  nous  voyons  que  (i)  revient  à  dire  que 
les  transformations  S  et  S'  sont  permutables,  c'est-à-dire 

SS'  =  S'S. 

Soit  Ci,,  Oj.  . . .,  <p,„  un  système  complet  de  fonctions  principales  correspon- 
dant à  une  valeur  caractéristique  A  de  k{x,y).  Posons 

Nous  pouvons,  comme  on    le   sait,  disposer  de  <j:,,9o,  •■••?;»  ^^  '^1'^ 
manière  qu'on  aura 

(a)  /    Q^'iqdx~c,,„s 

(3)  ?iS(9;,)=2«pv9v, 

v  =  l 

où  ap^  sont  des  constantes  satisfaisant  aux  relations 

(4)  a,,,,—  \,         Up^—Q     {p<(l)- 

Considérons  les  fonctions  aS'(9^)  =  oj^,.   En  effectuant    sur    les  deux 
membres  de  (3)  l'opération  AS',  il  viendra 

(5)  /,S{oi„)rr2r7,,,w,/. 

V    ^   1 

(')  Voir  GouitSAT,  Cours  d^ Analyse,  I.  3,  p.  4i''  el  suiv. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  667 

(M,,Lo.,,  ....  co„,  forment  donc  aussi  un  système  de  fondions  principales 
correspondant  à  la  valeur  caractéristique  X,  ce  qui  entraîne  l'existence  des 
constantes  h^„^  telles  qu'on  aura 

(  <>  )  ?.  S'  (  o,.  )  =  ',>,,  =  V  h^,,  o.^. 

v  =  l 

lui  vertu  de  la  formule 

(:)  f  fS(i')dx=J'  ffS'{/)djr, 

on  trouvera,  en  multipliant  (3)  par  'p^  et  intégrant, 

/      'SIpM,,  dx  --(If,,,. 

De  la  relation  (6)  s'obtiendra  d'une  manière  analogue 

/     a,,  ',),,  d.r  =  b,,,,  =  a,,,,. 

Si  nous  effectuons  sur  (3)  l'opération  XS' et  sur  (6)  l'opération  AS,  nous 
trouverons,  compte  tenu  de  la  relation  SS'=  S' S,  que  les  matrices  ('//„,) 
et  (h,,,,)  sont  permutables,  c'est-à-dire 

(«/-/)( "'//.)  =('^7/'.^  (  ";■'/)• 

En  égalant  les  éléments  diagonaux  des  deux  membres  de  cette  équation 
il  viendra 


Il  s'ensuit  que  a^,^=o  pour  p^q.  On  en  déduit  aisément  le  théorème 
suivant  : 

Toutes  les  fonctions  principales  de  k{^x,  y)  sont  des  fonctions  fondafnen- 
tales.  Les  pôles  de  la  résolvante  sont  tous  simples.  Si  k(  :r,  y)  admet  la  fonction 
fondamentale  cp(.t'),  9(1?)  sera  une  fonction  fondamentale  de  k(y,  a")  corrcs- 
pomhmt  à  la  même  valeur  caractéristique. 

Désignons  par  Ç/,,  o, o„,  ...  une  suite  complète  de  fonctions  fonda- 
mentales de  k\x,  y)  et  soient  X,,  Aj,  . . .,  A„.  ...  les  valeurs  caractéristiques 
correspondantes.  D'après  ce  qui  précède,  les  fonctions  ^/,  peuvent  être  nor- 


658  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

mées  de  manière  à  satisfaire  aux  équations   /    '^^rij^dx  =  Cj,^.  On  démontre 

sans  grande  difficulté  que  ç.,.  cp.,  .. .,  •p„,  . . .  forment  aussi  un  système  com- 
plet de  fonctions  fondamentales  de  l'équation  intégrale  symétrique 

9  —  /.  SS'(9)  =:o. 

Ce  résultat  conduit  au  théorème  suivant  : 

Chaque  fonction  A(^).  à  carré  inlégrablc ,  orthogonale  à  toutes  les  Jonctions 
j ondamentalts  de  /,(x,  y)  satisfait  aux  relations 


(8) 


/"/.(.,  r)/<(r)^>-/"/(7.-)/'(,')^.=o. 


Nous  pouvons  maintenant,  exactement  comme  dans  la  théorie  classique 
du  noyau  symétrique,  démontrer  la  formule 

r''  '      c    "i    "*         - 

V  =  1  " 

Si  tous  les  A.,  sont  situés  à  l'intérieur  du  secteur  jargA|<0<<-.   on 
obtiendra  (extension  d'un  théorème  de  M.  Mercer) 


{^,y)=^ 


-,  (pv(.r)Ov(y) 


/■■/ 


la  série  étant  absolument  et  uniformément  convergente. 

Les  résultats  précédents  sont  applicables  aux  noyaux  X-(.r.  1)  qui  vn- 
gendrent  une  transformation  fonctionnelle  T(/')  orthogonale  ('). 

ALGÈBRE.  —  liésoliition  de  Vé(juntion  algébrique  générale 'à  l'aide 
de  la  fonction  gamma.  Noie  de  M.  H.i.  Melmx. 

Quelques  Notes  récentes  de  M.  R.  Birkeland  me  donnent  l'occasion 
d'appeler  l'attention  des  géomètres  sur  les  recherches  que  j'ai  entreprises,  il 
y  a  quelques  années,  sur  le  sujet  en  question  (^). 

,t  II  -.  '■  ,1  '' 

(•)  T(/)=/(x)-f  /     k{.r,y)f(y)<ly,    j    T(/)^/,r=.|    /^  >t.r. 

(')  /Un  tillgeineincr  Salz  iibcr  ali;cltr(tisclie  Gleicliungen  (  .4 niia/es  .ica//ciiiiir 
Scienlianim  hennicie^  ser.  A,  t.  7,  \'^\'•^>■ 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  ÔSq 

Toute  équation  algébrique  se  ramène  à  la  forme 

(i)  Z" +  .»•,/.".  +  ...+ .r,,Z"c— I  =  O, 

«1,  . . .,  n^,  étant  des  nombres  positifs  <«.  En  désignant  par  Z(a:;,,  . .  .,  a-,,) 
une  racine  de  (i),  on  constate  que  l'expression  £Z(£"'a;,,  ...,  î'V.r,,), 
où  £"=i,  vérifie  également  cette  équation.  En  substituant  à  t  les  différentes 
racines  /;'*'"""  de  l'unité,  on  aura  toutes  les  racines  de  (i).  Il  suffit  donc 
d'étudier  la  solution  principale  de  (i),  qui  se  réduit  à  l'unité  pour 


Nos  recherches  s'appuient  sur  la  représentation  paramétrique  suivante 
de  l'équation  (  i)  facile  à  vérifier  : 

(z=w"'',        \v  =  n-i:,+...+ç,„ 

d'où 


En  se  servant  de  la  formule  connue 


/  J       W^ dç,,...,cL„- 


r(.r) 


on  déduit  des  égalités  (2)  et  (3)  ce  résultat  intéressant  que  la  solution  pi in- 
cipale  Z(x,,  . . .,  x-p)  de  (i)  réri/ie  l'équation  intégrale 


(4) 


/     ..•  /      [Z(.i,, Vp)Yj:'\'-' v'ir'dXi .  . .  dxp 

•^0  "^0 


«    r(M)r(«,)..-.r(Hp) 
Il  r((/  +  «i  +  . .  .-f-  Up  + 1) 


tant  que  les  quantités  a,  «  =  -  —  —//,—... -Uj„  11,,  ...,  u^  réri fient  les 

conditions 

a>o,     R((0>o,     1A(«,)>0'      ■••'     R(///,)>o. 

La  loi  de  réciprocité  relati\e  aux  intégrales  de  celte  espèce,  démontrée  par 


66o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  dans  un  travail  antérieur  ('),  nous  permet  d'invertir  comme  il  suit 
l'équation  (/|)  : 


[Z(.r„...,.r„)]- 


-X,"' v/'vdut  ..  .  dup. 


i    ^     ,      /-"^"     r"v^-a    r(.or(»,)...r(Kp) 
I       (2~0'v„__,„      -'„,_,«  /i  r('/-+-"iH-...-t-";,4- 1 

vA\  y.        II.  n,, 

I         a  —  «la,  —  ... —  /i,,f/,,>-o,         a<>o.  «  = ii.  —  ... -u,,, 

I  .  n         n  n      ' 

I  an'.  n'i,  , 

(/-+-«,-(-...+  '/„= h  — !-  ('i  +  .  .  .  H ^  '/„,  /r.  ^=  Il  —  Us. 

\  n         n  n 

Celte  formule  constitue  notre  solution  de  (i).  Elle  suppose  que 

in  o        '  2  « 

maison  peut  étendre  son  domaine  de  validité  en  déformant  convenablement 
les  chemins  d'intégration. 

Dans  le  Mémoire  cité,  j'ai  démontré  (jue,  si  la  fonction 

F(«,,  . ..,  //,,)  =  F((/,.) 

vérifie  les  équations  fonctionnelles 

(6)  I^(,/,  +  /0  =  -^^|""---'"^'iF(».)  (5  =  ,,2,  ...,/>), 

où  /,,  gs  sont  des  fonctions  entières  de  //, .  . . .,  «^,,  l'intégrale 

•^^  (i-niyj    "J      ''^" tip)xj"'  ...  x-'-rda,  ...du,,. 

"'il        1",,) 

pourvu  qu'elle  converge  et  qu'elle  ne  change  pas  lorsqu'on  déplace  les 
chemins  d'intégration  (",),  ...,  {it,,)  de  n  unités  vers  la  droite,  vérifie  le 
système  suivant  d'équations  aux  dérivées  partielles  : 

(-)      {•/■'■(-"'3^'  ■••'-■^•"è)->'  =  -("-^-'i' •••'-■'•" 5^)<^ 

i'appeWe  fonclion /iY/jergéo/né/ri(/ue  toute  solution  d'un  système  de  cette 

(')  Zcir   Théorie  zweier  allgeineinen   Klassen  hcitimntlcr  Inl-jgialc  {.icta  Soc. 
Scient.  Fenn.,  t.  22,  1896). 


SÉANCE    DU    14    MARS    I92I.  -  661 

forme,  où  les  fonctions  /,,  i,',  sont  des  produits  de  facteurs  linéaires 

( c, //,+.. .-+-  Ci,iti,-\-  a), 

les  Cj  étant  des  nombres  rationnels.  Dans  ce  sens  les  puissances  v  =  Z^  des 
racines  de  (i)  sont  toutes  des  fonctions  hypergêomctriques.  En  effet. 
Texprossion 

a     r^orf",)  ...r(",,) 

Via,.  . .  . ,  M  „  )  z=  — u — 

'  //!(//  ^-   «,  -h    ...  -I-  H^,  +  I) 

vérifie  les  égalités  (6)  si  l'on  y  pose 

n  —  1 

^j=  ^—  Jl  («i«,-l-  .  .  .  +  Il  1,11 1,—  y.  -h  /l'j)  I  S  («i«i+  .  .  .  -I-  n'^,ii,,-h  x  -h  n-j), 

et  l'on  en  conclut  que  v  —  Z'  vérifie  un  syslènic  (7)  de  la  forme 

qu'on  peut  appeler  le  système  de  résolvants  (lijf'érentiels  de  (7). 

Les  racines  de  (i)  peuvent  aussi  s'exprimer  à  l'aide  d'intégrales  simples, 
ou  encore  à  l'aide  de  séries  hypergêomctriques.  Nous  nous  bornerons  à 
citer  ie  développement  suivant  : 

il  ^^'  ~'~  "'"■''"'"  •  •  ■  +  "p'-'n—  '^y-) 

Vr,  V    i—^y-'  v  '■'■=' 

^      II'--  jU  l(v,H-l)l(v,+  i)...r(v„4-i)  '  /■ 

I  11=  I  \i  ciui  converge  au  moins  tant  que  les  modules  \x^\  sont  inférieurs 
au  plus  petit  des  nombres 


/> '(/"?(«  —  "1)"""'  /-''{'";,'(«  —  ",,)"-'v 


C.  R.,  igai,  1"  Semestre.  (T.  172,  N"  11.) 


5o 


602  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ALGÈBRi:.  —  Sur  la  position  ilrs  racines  des  (lêrivées  d'un  polynoiiic. 
Noie  de  M.  J.-L.  Wai.sh,  présentée  par  M.  Hadamard. 

Rappelons  le  lemme  suivant  (')  : 

Si  les  lieux  des  points  z^  el  z,  sont  les  intèrieius  {^frontières  comprises^  des 
cercles  C,  cl  Q.,  dont  les  centres  sont  i-especti\eiiient  y.,  el  a,  el  les  rayons  r,  el 
/%,  le  lieu  du  point  z  qui  divise  le  seiiment  (z^,z.,)  dans  le  rapport  cons- 
tant — ^-(rn.m.,^  o)  est  l'intérieur  (  frontière  comprise)  du  cercle  C  dont  le 
rn,^  ■  •'  ^ 

rentre  est 

m.iV.^  -i-  /",  y.i 

el  le  rayon 

iii.y  ''i  -I-  '"i  r., 
III,  -h  nu 

Ce  leiame  s'applique  (loc.  cil.)  à  la  démonstration  du  tliéorème  suivant  : 

TuicoiujiK  I.  —  .SV  le  polynôme  /(z)  a  m,  racines  dans  C,,  m.,  racines  dans 
C2,  el  n  a  pas  d\iutres  racirws,  toutes  les  racines  de  sa  dérivée  f  (^z)  se  Iroinrnl 
dans  C,,  Co  el  C.  Si  ces  trois  cercles  sont  mutuellement  extérieurs,  ils  con- 
tiennent respectivement  m,  —  i,  m.,—  i,  et  une  des  racines  de  /'(z). 

Comme  conséquence  immédiate,  si  les  racines  de  /'(;  )  se  trouvent  dans 
un  cercle,  celles  de  /'(s)  s'y  trouvent  aussi;  ce  qui  équivaut  au  théorème 
bien  connu  de  Lucas  d'après  lequel  les  racines  de  /'(^z)  sont  à  l'intérieur 
d'un  polygone  convexe  quelconque  contenant  celles  de  /(-)•  Le  théorème 
de  Lucas  s'étend  de  lui-même  aux  autres  dérivées  de  /(r).  Nous  voulons 
ici  démontrer  l'extension  correspondante  du  théorème  I. 

Tmkoiik.me  II.  —  Soit  ^^■(^)f=s(s  —  z,y"'(^z  —  z.,)'"';  désignons  par  r- '  les 
rarines  distinctes,    au   nombre  de  m,  de  g''''(z)  =^  [dérivée  A"""'  de  g{z)\  il 

pour  — ^  les  rapports  dans  lesquels  elles  divisent  le sig/nenl  {z,,  z.,).  Si y(z)  est 

un  polynôme  à  m,  racines  dans  le  cercle  C,  (notations  du  lemme),  à  m.^  dans 
le  cercle  C,,  et  sans  autres  racines,  toutes  les  racines  de  sa  /,"""'  dérivée  f'{~-) 
se  trouvent  dans  li's  ni  re/rles  C  "'  de  centres 


/«',"'-(-  mf 


(')   AN'ai.sh,  Traiisdctions  iif  ihc  American  Miillwinalical  Society,  ly.M  ;   Comptes 
rendus  du  (Jongrès  des  Malitèinalicicns  à  Slrasliourg,  i()fo. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    192I.  663 

et  tic  rayons 

«(',"'  -T-    //(']" 

Si  G"'  est  extérieur  aux  autres  cercles  C",  il  contient  un  nombre  des  racines 
(le  /''^'(s)  égal  à  la  multiplicilé  de  ='"'  comme  racine  de  §'"(")• 
Nous  avons  à  considérer  le  polynôme 

(1)  f{z)=V,{z^b,)[z-lj,)      ..(3-6„„+„,J 

el  les  racines  de  l'équation 

(2)  /"'■)(;)  =  0. 

Les  racines  de  (2)  sont  des  fondions  analytiques  des  h.  Donc  le  lieu  des 
i-acines  de  (2)  se  compose  bien  <J'une  ou  plusieurs  aires  quand  les  lieux 
des  h  sont  des  aires.  Nous  allons  démontrer  que  si  une  racine  :;  de  (2)  est 
sur  la  frontière  de  son  lieu,  tous  les  points  6,  ,...,/>,„_  correspondants 
dans  C,  peuvent  être  choisis  coïncldiint  sur  C,  et  tous  les  points  />,„,+,,  . . . , 
b,n+,n,  dans  Co  coïncidant  sur  (1,;  tous  ces  points  sont  évidemment  sur  leurs 
frontières  puisque  la  relation  (2)  est  analytique. 

Supposons  que  b^  et  b.,  ne  coïncident  pas.  Fixons  :;  et  les  points  /-».,, 
b.,  ...,  />„,_+,„.•,  l'équation  (2)  devient  une  relation  homographique  et  invo- 
lulive  entre  b^  et  b.,  et  par'  conséquent  quand  b^  décrit  le  cercle  Ci,  ^2  décrit 
un  cercle  C.  De  plus,  C'  pa-se  par-  les  positions  initiales  de  ces  deux  points. 
Si  C  ne  coïncidait  pas  avec  C,,  b.^  viendrait  à  Vintérieur  de  C,  et  :;  ne  serait 
pas  sur  la  frontière  de  son  lieu.  Les  points  è,  et  b.^  qui  se  déplacent  sur  C,  le 
décrivent  dans  des  sens  opposés;  car  autrement  nous  pourrions  faire 
entrer  b^  à  l'intérieur  de  C,  et  b„  y  viendrait  aussi.  Par  suite,  on  peut  faire 
coïncider  b,  et  è„  sur  C,.  Une  extension  de  ce  raisonnement,  dont  nous  ne 
donnons  pas  les  détails,  amène  l)ien  au  choix  de  i,,  . . .,  è„,  coïncidant  sur  C, 
et  de  6„,,+i,  . . .,  />„,,+,„.  coïncidarrt  sur-  C^  ('  ). 

S'il  existe,  ainsi,  une  frontière  du  lieu  des  racines  de  (2),  pour  la  déter- 
miner nous  pouvons  considérer-  les  racines  de  (i)  appartenant  à  C,  ou  C^ 
coiTime  en  coïncidence  sur  ces  certies.  L'existence  de  cette  frontière  est 
une  conséquence  du  théorème  de  Lucas,  de  sorte  que  chaque  point  de  la 
frontière  est  sur  l'un  des  C""  ou  à  son  intérieur,  en  vertu  du  lemme. 

(')  Ce  raisonnement  ne  dt'ijeiid  que  d'une  propriété  de  (a),  propriété  commune  à 
lieaucoup  d'autres  relations  semJJJaljles.  Nous  avons  l'intention  d'en  faire  des  applica- 
tions à  des  polynômes  plus  généraux.  Le  raisonnement  s'applique  aussi  à  une  région 
fermée  quelconque  du  plan  dont  la  frontière  est  un  seul  cercle  ou  une  seule  droite. 


6G4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  un  cercle  C  "  est  exlérieur  aux  autres,  nous  pouvons  faire  coïncider 
les  poinis  l^^,  ...,  b,„^  avec  a,  et  les  points  h,„^+i,  ...,  l>„^+,„,  avec  a^,  en  les 
gardant  toujours  dans  leurs  lieux^propres.  Pendant  cette  opération,  les 
racines  de  t  2)  varient  d'une  façon  continue,  aucune  ne  peut  entrer  dans  C  " 
ou  en  sortir,  et  il  est  évident  que  le  nombre  de  ces  racines  propres  à  C  "'  est 
la  multiplicité  de  ='"  comme  racine  de^''  (:;). 

l'our  les  polynômes  à  racines  réelles  il  existe  un  théorème  tout  à  fait 
semblable  au  théorème  II,  mais  où  l'on  remplace  les  cercles  par  des  inter- 
valles de  Taxe  réel. 


CHRONOMinRIK.  —  Sur  les  écarts  à  la  loi  d'isoclirnnismi',  produits  par  la  laine 
de  suspension  du  pendule.  Note  de  M.  Pail  Le  Uollaxd,  présentée  par 
M.  G.  Lippmann. 

On  sait  depuis  longlcmps(')  que  la  lameélastiquequisertordinairement 
de  suspension  au  régulateur  des  horloges  a  comme  effet  d'accélérer  le 
mouvement  de  ce  dernier  pour  les  grandes  amplitudes,  en  compensant 
ainsi  plus  ou  moins  l'effet  ordinaire  des  grands  arcs  d'oscillation  (erreur 
circulaire).  L'emploi  d'une  lame  convenable  apparaît  alors  comme  la  solu- 
tion simple  d'un  problème  qui  semble,  de  tous  temps,  avoir  préoccupé  les 
horlogers  :  réaliser  l'isochronisme  absolu  des  oscillations  du  balancier. 

(^)u()i<{ac  cette  solution  ait  été  abandoimée  aujourd'hui,  l'étude  précise 
de  l'influence  du  ressort  de  suspension  présente  un  intérêt  essentiel  si  l'on  se 
propose  d'étudier  les  conditions  de  l'emploi  d'un  pendule  libre  à  suspension 
élastique,  comme  instrument  de  mesure  du  temps  et  garde-temps. 

L'effet  de  la  lame  s'obtient  en  étudiant  la  durée  de  l'oscillation  du  pendule 
en  fonction  de  l'amplitude  de  l'oscillation  après  avoir  coriigé  cette  durée 
de  l'erreur  circulaire.  Le  pendule  de  comparaison  est  un  pendule  à  couteau 
oscillant  entre  des  amplitudes  déterminées  et  le  rapport  des  périodes 
s'oblienl  parla  méthode  photographique  (*).  C'est  la  seule  méthode  qui 
puisse  être  employée,  car,  dans  les  conditions  variées  d 'amortissement  et  de 
rapport  des  durées  que  comporte  une  telle  élude,  la  méthode  des  coïnci- 
dences miincjuc  de  souplesse  et  est  souvent  même  inapplicable  ;  au  contraire, 
la  méthode  {)iiotographi(jiic  s"appli(|ue   toujours,  avec  une  précision  très 


C)  L.VUGIER  et  Wi.v'.NEiiL,  Comptes  rendus,  l.  21,  18/17,  P-  ''7' 
(■-)  ("■.  1-iPi'MANN,  Comptes  rendus,  (.  I2i-,  i8<»7,  p.  i'5. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  665 

grande  (le  millionièine  dans  le  rapport  des  durées)  et  constante  quelles  que 
soient  les  conditions  expérimentales. 

Je  ne  puis  ici  que  résumer  succinctemeni  les  résultats  obtenus.  Four 
toutes  les  lames  d'acier  employées  habituellement  Teflet  est  le  suivant  :  la 
durée  d'oscillation  commence  par  croître  (juand  011  augmente  ramplilude, 
puis  elle  passe  par  un  maximum  pour  une  amplitude  qui  est  toujours  de 
l'ordre  de  1°,  enfin  elle  décroît  d'abord  rapidement,  puis  plus  lentement 
pour  les  très  s^randes  amplitudes  (jusqu'à  6"  ). 

Pour  chaque  courbe,  on  peut  établir  une  formule  empirique  donnant 

AT., 
la  variation  relative  di-  durée  -^  en  fonction  de  l'amplitude  0„,  de  la  forme 

AT 

où  A,  B,  C  sont  des  constantes  positives. 

C'est  le  terme  en  0'^,  le  )>lii-.  imporiant,  (['.li  peut  en  partie  ooni|ienser  l'erioiir  cir- 


culaire (  I  H ^  )■  Cela  a  lieu,  par  exemple,   avei-  une   lame  de  2'''",  T)  de  lon;;ueiir,  de 

2""  de  largeur,  de  o™"',}  d'épaisseur  et  un  pendule  de  2'*  battant  la  seconde  :  sous 
l'amplitude  de  3°  la  lame  produit  une  diminution  de  durée  de  f-^^^yj^  de  seconiie  par 
rapport  à  la  durée  de  l'oscillalion  infiniment  pefite  et  compense  ainsi  au  voisinage 
de  3°  l'erreur  circulaire;  mais  à  cause  des  termes  en  6„  et  6^,  la  compensation  n'est  pas 
possible  pour  toutes  les  amplitudes,  comme  on  le  croyait  jusqu'ici. 

Les  lois  expérimentales  suivant  lesquelles  refîet  de  la  lame  dépend  de  ses 
dimensions  et  du  poids  du  pendule  sont  assez  complexes,  mais  conformes  à 
une  théorie  qui  sera  donnée  dans  une  prochaine  .Note.  Il  résulte  de  celte 
théorie  que  l'action  de  la  lame  dépend  de  l'expression 


"  =  '\/p 


où  /est  la  longueur  de  la  lame,  P  le  poids  du  pendule  et  aie  moment  d'élas- 
ticité de  flexion  de  la  lame,  qui,  dans  le  cas  d'une  lame  à  section  rectangu- 
laire, de  largeur  a  et  d'épaisseur  e,  a  pour  expression  —  Eac^  (E  étant  le 

module  d'Young). 

1°  Si  co  est  grand  par  rapport  à  l'unité  (lames  longues  cl  flexibles),  on 
vérifie  que  l'effet  est  indépendant  do  la  longueur,  proportionnel  à  ia  racine 
carrée  de  l'épaisseur  de  la  lame  et  à  la  racine  carrée  du  poids  du  pendule. 


666  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  Si  to  est  petit  (latnes  courtes  et  rigides),  la  lame  a  un  effet  beaucoup 
plus  considérable  que  dans  le  premier  cas  et  les  lois  sont  très  diflérentes. 
Quand  l'épaisseur  augmente  et  que  la  longueur  diminue,  les  écarts  à  l'iso- 
clironisme  augmentent  très  rapidement.  L'efl'et  est  inversement  propor- 
tionnel au  poids  du  pendule. 

Si  donc,  au  lieu  de  chercber  un  isochronisme  approché,  on  si'  propose  de 
diminuer  le  plus  possible  l'efFet  perturbateur  de  la  lame,  il  faudra  la  prendre 
longue  et  mince  :  Une  lame  de  o'""',o3  d'épaisseur  remplaçant  la  lame 
de  o""",2  dans  l'exemple  cité  plus  haut  donne  un  elfet  trente  fois  moindre. 

Signalons  enfin  que,  dans  le  cas  de  longs  fils  d'acier,  c'est  le  plus  souvent 
le  premier  terme  de  la  formule  (i)  qui  est  important,  en  sorte  (pi'im  oblienl 
une  augmentation  de  la  durée  d'oscillation  avec  l'amplitude. 

L'étude  de  l'iniluence  de  la  lame  n'a  pas  seulement  comme  intérêt 
d'amener  à  une  connaissance  plus  approfondie  du  mouvemenl  du  pendule, 
elle  conduit  encore  à  des  résultats  importants  sur  l'élasticité  des  métaux. 
En  elfet,  dans  l'iÊupossibilité  d'expliquer  les  résultats  expérimentaux  par  la 
théorie  de  la  llexion  ordinairement  admise,  je  suis  amené  à  admettre 
l'existence  d'écarts  à  la  loi  de  Hooke,  caractérisés  par  des  coefficients  qui 
dépendent  essentiellement  de  la  nature  des  métaux.  Les  expériences  failes 
avec  des  pendules  à  longue  l^me  métallique  permet Irnt  d'obtenir  ces 
coefficients. 

La  détermination  des  variations  à  la  loi  d'isochronisme  apparaît  ainsi 
comme  une  mélhode  précise  et  commode  pour  l'étude  des  écarts  à  la  loi 
élémentaire  de  l'élasticité,  écarts  dont  la  connaissance  semble  être  essen- 
tielle pour  les  calculs  de  la  chronométrie  de  précision. 


ASTRONOMII-:  PHYSiQLi:.  —  Ilvpol/iêses  sur  la  forrnalion  des  étoiles  noinelles. 
Note  de  M.  Alex.  Véroxxet,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

On  a  pensé  d'abord  qu'une  éloile  nouvelle  {nui'a)  provenait  du  c/ioc 
direct  entre  deux  asircs  condensés. 

On  peut  calculer  facilement  ici  l'énergie  résultante.  Elle  est  maximum  .v/7m 
deu.r  masses  sont  égales.  En  admettant  les  mêmes  densités,  sans  dilatation, 
elle  est  égale  à  i,  i(>  de  l'énergie  de  formation  de  l'un  des  astres.  On  trouve 
dans  ce  cas  que  le  rayon  de  l'astre  résultunl  ne  peut  pas  dépasser  le  double  du 
rayon  dUin  des  astres  primitifs. 

La  température  moyenne  de  l'astre  résultant  est  inférieure  éi  quatre  fois  la 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  667 

température  intérieure  des  astres  primitifs.  Prenons  des  niasses  égales  à  celle 
du  Soleil.  La  lempéralure  centrale,  inférieure  au  triple  de  la  température 
superficielle  du  noyau,  est  probablement  de  l'ordre  de  12000"  ('). 

La  température  de  formation  de  l'étoile  nou\elle  serait  de  l'ordre 
de  4^^000". 

L'augmentation  de  grandeur  vraie  serait  de  10, 5.  La  variation  d'éclat 
serait  seulement  de  0,27  grandeur  par  an  et  beaucoup  trop  faible. 

Pour  une  masse  faible  m  tombant  sur  une  masse  i\I,  de  l'ordre 
de  m  :=  0,001  M,  Jupiter  tombant  sur  le  Soleil,  en  admettant  que  le  choc 
de  m  a  échauffé  une  masse  superficielle  kmdeT^  àT,  on  obtient,  à  0,1  près, 

3A7«T— MT,. 

Si /•  =  10,  la  température  est  multipliée  par  33,  on  a  200000"  [)Our  une 
masse  analogue  au  Soleil.  L'éclat  croît  de  18,2  grandeurs  par  le  choc,  mais 
il  tombe  ensuite  de  i  grandeur  par  jour  (0,9(3). 

Ces  nombres  se  rapprochent  davantage  de  la  réalité  observée.  Mais  la 
probabilité  de  rencontre  de  deux  astres  exigerait  loooo  fois  plus  d'étoiles 
pour  expliquer  la  fréquence  des  étoiles  nouvelles  (H.  Poincaui:,  Hypothèses 
cosmogoniques.  p.  262  et  249).  La  vitesse  du  choc  serait  telle  que  la  fusion 
et  le  maximum  d'éclal  auraient  lieu  en  quelques  minutes  au  lieu  de  quelques 
jours.  M.  Belot,  suivi  récemment  par  Ch.  Nordmann,  ont  mis  en  avant 
l'hypothèse  d'un  astre  condensé  rencontrant  une  nébuleuse,  qui  explique 
mieux  les  faits.' 

Désignons  parD  la  densité  de  la  néjjuleuse  sphérique,  R  son  rayon, m' sa 
masse,'*'  la  vitesse  relative  des  deux  astres  due  à  leur  attraction  mutiielle. 
L'énergie  absorbée  par  réchauffement  superficiel  est  rapidement  négli- 
geable. Soit  T  la  température  superficielle  nouvelle,  en  égalant  l'énergie 
rayonnée  etl'énergie  de  choc  par  cm-  :  sec,  on  a  à  l'entrée 

<tT'— -Dr'.  (-=2/ j-; 

,  Un  Soleil  pénétrant  dans  une  nébuleuse  homogène  de  même  masse, 
s'^tendant  jusqu'à  la  Terre,  s'élèverait  à  une  température  de  16200".  Son 
éclat  serait  5o  fois  plus  grand  et  augmenterait  de  4)33  grandeurs.  Cet  éclat 
atteindrait  en  quelques  heures  son  maximum,  qui  âugrnenterait  de  peu, 
comme  la  vitesse.  Il  persisterait  le  temps  de  la  traversée,  25  jours  au  maxi- 

'(')  Compte!;  rendus,  t.  168,  1919,  p.  Sy.S. 


668  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

mum,  s'éteindrait  aussi  rapidement  sans  laisser  de  traces  durables,  car 
l'action  serait  toute  superficielle. 

Pour  que  réclat  augmente  de  lo  grandeurs,  il  faut  réduire  le  rayon  de  la 
nébuleuse  à  o,3i  de  la  distance  Terre-Soleil.  Le  temps  du  maximum  serait 
de  4  jours.  Pour  i5  grandeurs,  il  faut  réduire  à  o,io  et  le  temps  est 
réduit  à  i8  heures. 

Une  nébuleuse  de  condensation  maximum,  densité  en  raison  inverse  du 
carré  de  la  distance,  donnerait  un  accroissement  de  trois  grandeurs  à  la 
distance  de  la  Terre,  6  à  ^,,  9  à  |,  i5  grandeurs  à  —,  soit  à  i3  rayons  solaires 
du  centre. 

Une  orbite  parabolique,  peu  différente  d'une  chute  rectiligne,  donne  les 
mêmes  formules  et  les  mêmes  résultats.  La  perte  de  vitesse  ov'-,  le  grand 
axe  a  de  la  nouvelle  orbite,  son  temps  l  de  révolution  seraient  donnés  par 
les  formules  (/•  étant  le  rayon  de  l'astre  condensé) 

orî  _     /•=  _  R  _    I     / «, 

Pour  les  trois  rayons  de  nébuleuse  envisagés  ci-dessus,  le  grand  axe 
deviendrait  égal  à  i3oo,  à  r25,  à  ]3  rayons  de  l'orbite  terrestre,  le  temps 
de  révolution  à  400000  ans,  i5ooo  ans  et  4oo  ans.  L'astre  reviendrait 
passer  dans  la  nébuleuse  et  finalement  y  tournoyer  sur  des  spires  de  plus  en 
plus  faibles  et  se  l'agglomérer.  L'étoile  nouvelle,  dans  cette  hypothèse, 
correspondrait  plutôt  à  A/  jj/i/ise  //rialc  de  Pagii^lomèration  d'un  astre  à  une 
nébuleuse,  à  forte  condensation  centr(de. 

Mais  il  faudrait  admettre  encore  que  les  nébuleuses  sont  100  fois  plus 
nombreuses  que  les  étoiles  pour  faire  cadrer  la  fréquence  des  étoiles  nou- 
velles avec  la  probabilité  indiquée  par  Poincaré.  On  est  ainsi  conduit  à 
croire  ({nune  étoile  nouvelle,  ou  rajeunie,  provient  de  la  fusion  d'un  système 
double,  (Pane  étoile  double,  à  composantes  très  rapprochées. 

Dans  ce  cas  il  faut  retrancher  encore,  de  l'énergie  fournie  dans  lo  choc 
direct,  l'énergie  de  rotai  ion  subsistante,  plus  l'énergie  perdue  auparavant 
par  frottement,  pour  donner  des  orbites  circulaires.  L'énergie  résultante 
ne  serait  diminuée  que  de  moitié  et  reste  du  même  ordre.  On  retrouve 
sensiblement  les  mêmes  résultats  (jue  dans  le  premier  cas.  Les  objections 
de  temps  et  de  probabilité  n'existent  plus.  Une  masse,  un  peu  plus  grosse 
(jue  Jupiter,  «'agglomérant  au  Soleil,  aurait  suffi  autrefois  pour  en  faire  une 
belle  étoile  nouvelle  et  expliquer  toute  sa  rotation  actuelle. 

Les  phénomènes  accessoires  s  G\\Aï(\\içn\.  également  par  cette  élévation  de 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  669 

température.  La  dilatation  donne  des  courants  ascendants,  dont  la  vitesse 
est  celle  des  molécules,  soit  90  km  :  sec  pour  Tliydrogènedissocié,  à  3ooooo", 
et  une  vitesse  45  fois  plus  grande  pour  les  électrons,  fournis  par  l'ionisa- 
tion intense.  On  a  1000''"'  pour  une  proportion  du  quart.  Les  courants 
descendants  sont  dus  à  la  retombée  vers  la  surface,  vitesse  de  612'"",  sur 
une  masse  comme  le  Soleil,  et  à  peu  près  le  double  poui»une  masse  double. 

Les  courants  ascendants  se  refroidissent  et  se  ralentissent.  Ils  doivent 
donner  des  raies  d'absorption,  indiquant  une  vitesse  plus  faible,  dirigée 
vers  l'extérieur.  Les  courants  descendants  se  réchauffent  par  transformation 
de  force  vive.  Ils  doivent  donner  des  raies  brillantes,  indiquant  une  vitesse 
plus  grande  vers  l'intérieur.  C'est  ce  que  les  mesures  spectroscopiques 
vérifient. 

La  pression  de  radiation  due  à  la  température  dépasse  de  beaucoup 
l'attraction,  pour  les  fines  particules  analogues  à  celles  de  la  couronne. 
Elles  seront  chassées,  en  entraînant  des  molécules  gazeuses,  pour  former 
une  nébulosité  autour  de  l'astre,  devenu  étoile  nébuleuse.  La  vitesse  se  rap- 
[)roche  de  celle  de  la  lumière  et  devient  sensiblement  constante  à  une  cer- 
taine distance  {Nova  Persei).  On  obtient  au  bout  d'un  an,  pour  une  étoile 
nouvelle  située  à  1000  parsecs,  une  nébulosité  de  i'  de  diamètre  apparent, 
et  60000  rayons  de  l'orbite  terrestre,  comme  diamètre  réel. 


XAVIGATION.  —  ,1//  sujet  de  Vile  de  Jean  Mayen. 
Note  de  M.  le  D"^  J.-B.  Charcot,  présentée  par  M.  E.-F.  Fournier. 

Un  linguiste  et  archéologue  belge,  M.  E.  Beauvois,  publia  en  ic)o5,  dans 
la  Re'.'ue  des  Questions  scientifiques  de  Louvain,  un  article  dans  lequel, 
s'appuyanl  sur  la  longueur  des  jours,  la  description  d'un  iceberg,  la  direc- 
tion suivie  et  la  vitesse,  il  arrive  à  la  conclusion  que,  d'après  le  récit  d'un 
des  voyages  raconté  au  ix"  siècle  dans  la  Légende  Uitine  des  périgrinations 
de  Saint-Brandan,  ce  moine  Irlandais,  qui  vivait  au  vi''  siècle,  aurait  été  à  l'Ile 
Jean  Mayen.  Officiellement,  la  découverte  de  cette  terre  polaire  est  attri- 
buée au  navigateur  hollandais  dont  elle  porte  le  nom  et  daterait  de  161 1. 

Nous  visitâmes  cette  île  en  1902,  puis eni9i2eteni9i3.  Ayant  eu  con- 
naissance de  l'article  de  Beauvois  (qui  lui  ne  visita  jamais  Jean  Mayen), 
nous  fûmes  frappés  des  descriptions  données  dans  le  manuscrit  cité  et  du 
fait  assez  singulier  que  le  hasard  de  l'itinéraire  de  notre  premier  voyage 
nous  fit  voir  l'ilc  sous  les  quatre  mêmes  aspects  que  Saint-Brandan.  De 


670  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'imporlantc  collection  de  photographies  rapporlécs,  nous  en  exliayons 
trois  ((ui  n'ont  pas  été  prises  intentionnellement  et  qui  illustrent  absolument 
la  partie  la  plus  importante  du  récit  du  voyaf^e  de  Sainl-Brandan  dont  nous 
donnons  le  résumé  et  des  extraits, 

S'étant  éloignés  de  l'ile  dont  ils  n'avaient  d'abord  vu  (jue  la  partie  basse 
hérissée  d'innombrables  cratères  alors  en  éruption,  les  dix-sept  compagnons 
du  moine,  dont  Saint-Malo,  s'enfuirent  terrorisés  par  ce  qu'ils  considéraient 
comme  une  manifestation  diabolique,  mais  ils  revinrent  le  lendemain  et 
«  virent,  à  peu  de  distance  vers  le  Nord,  un  grand  mont  s'élevant  très  haut 
dans  l'Océan  (le  Beerenberg,  sommet  de  25/|5'"^,  mais  entre  de  légères  nues». 
Le  vent  les  poussa  alors  vers  le  rivage.  «  La  côte.étail  tellement  haute  que  l'on 
pouvait  à  peine  en  distinguer  le  sommet;  elle  avait  la  couleur  du  charbon 
et  l'aspect  d'un  mur  merveilleusement  d'aplomb.  Emportés  par  un  bon  vent 
qui  les  mena  vers  le  Midi,  ils  virent  de  nouveau,  en  regardant  derrière  eux. 
ce  mont  découvert  au  sommet  ». 

Nos  observations  et  photographies  viennent  donc  confirmer  les  déduc- 
tions de  Beauvois  et  il  est  permis  den  conclure  que  la  Terre  de  Jean  Mayen 
située  à  3r)o  milles  marins  au  nord-ouest  de  l'Islande  fut  découverte  an 
vi*"  siècle,  par  Brennaiu  Mac  Finlonga,  devenu  Saint-Brandan,  qui  s'ap- 
puyant  sur  la  prophétie  d'Isaie,  qui  reproche  à  Lucifer  d'avoir  ^  oulu  asseoir 
son  trône  sur  la  montagne  de  l'Alliance  du  c(')lé  de  l'Aquilon,  en  lit  une 
des  portes  de  l'enfer. 

Il  semble  en  outre  prouvé  que  les  voyages  extraordinaires  de  Sainl- 
Braadan  dont  le  navire,  d'après  la  légende,  était  construit  en  osier  recouvert 
de  peaux  tannées  et  graissées,  ne  sont  pas  tous  de  la  fiction. 


GÉOGR\PHli:.  —  Le  nouvel  Allas  universel  de  Vivien  de  Sainl-Martiii 
et  Schrader.  Note  de  M.  Frant/,  Sciiradkr.  présentée  par 
M.  R.  Bourgeois. 

La  première  édition  de  l'Vtlas  universel  \  ivien  de  Saint-Marlin  et 
Schrader.  éditée  par  la  maison  Machette,  avait  été  entreprise  après  la  guerre 
de  1870-1871,  dans  le  but  d'all'ranchir  la  cartographie  française  du  tribut 
qu'elle  payait  à  la  cartographie  étrangère.  Confiée  en  1880  à  la  direction  de 
,\L  Schrader  et  comijlèlement  achevée  en  191 1,  après  plus  de  3o  années 
de  travail  et  d'efl'orts,  elle  était  déjà  l'objel  d'une  réfection  active  au 
moment  où  éclata  la  dernière  guerre.  L'œuvre  était  dès  lors  à  reprendre 


SÉANCE  DU  l4  MARS  I921.  67 1 

dans  son  cnscmijle.  Ce  travail,  entrepris  avecardt'ur,  a  déjà  par»  en  f,n-ande 
partie;  plus  de  la  inoilié  des  cartes  de  la  nouvelle  édition  sont  imprimées 
ou  sous  presse. 

La  transformation  du  Monde  et  surtout  de  l'Europe  a  nécessilé  la  réfec- 
tion de  presque  toutes  les  cartes,  surtout  dans  les  parties  où  les  dominations 
oppressives  ont  fait  place  à  1  indépendance  de  peuples  qui  ont  repris  leurs 
langues  nationales  avec  leur  liberté. 

Celte  édition  est.  dans  son  ensemble,  la  reproduction  de  Ticuvre  primi- 
tive comme  fond.  L'  Vllas  conserve,  sauf  les  modifications  dont  nous  allons 
parler,  son  caractère  originel  d'œuvre  puisée  aux  sources,  sans  emprunts  à 
des  travaux  de  seconde  main. 

L'œuvre  était  déjà  assez  avancée  à  l'heure  de  la  A  ictoire  pour  que  \\.  le 
Ministre  de  la  fiuerre.  partageant  l'impression  de  ÎNL  le  général  Bourgeois. 
directeur  du  Service  géographique  de  l'Armée,  ait  pu  souscrire  pour  une 
partie  de  la  nouvelle  édition  en  lui  accordant  son  patronage. 

La  nouvelle  édition  conserve  les  planches  gravées  sur  cuivre  et  imprimées 
en  noir  pour  l'édition  primitive,  mais  elle  les  présente  séparément  en  deux 
couleurs,  noir  pour  le  Irait  et  la  lettre,  bistre  pour  la  montagne.  I">n  dehors 
de  cette  dillérence  d'aspect,  qui  augmente  du  reste  la  lisibilité  des  cartes, 
les  principes  qui  avaient  présidé  à  la  création  de  la  première  édition  ont 
également  dirigé  la  seconde,  avec  accroissement  de  l'expérience  acquise, 
mais  avec  le  regret  de  ne  plus  retrouver  parmi  les  collaborateurs  plusieurs 
des  ouvriers  de  la  première  heure  :  le  lieutenant-colonel  Prudent,  un 
des  maîtres  incon lestés  de  la  cartographie  moderne,  à  qui  l'yVtlas  doit  la 
plupart  des  cartes  de  l'Europe  et  la  presque  totalité  de  celles  de  la 
France;  M^L  E.  Giffault,  G.  Bagge,  Weinreb,  \  .  Huot  mort  au  Champ 
d'Honneur. 

MM.  D.  Àïtoff  et  M.  Chesneau,  collaborateurs  à  la  première  édition, 
ont  pris  part  également  à  la  création  de  la  nouvelle,  ainsi  que  M.  Ch.  lion- 
nesseur. 

La  contexture  de  l'Atlas  a  gardé  les  caractères  d'ensemble  qui  lui 
viennent  de  la  première  édition,  et  qui  le  distinguent  des  anciennes  produc- 
tions cartographiques  par  deux  particularités  principales.  L'étude  du 
dessin  d'après  les  principes  topographiques  enseignés  non  seulement  dans 
le  cabinet,  mais  aussi  sur  le  terrain,  avant  d'être  appliqués  à  la  cartogra- 
phie; puis  l'information  scrupuleusement  demandée  aux  documents  origi- 
naux, et  non  à  des  traductions  ou  à  des  compilations  de  seconde  main.  Ces 
deux  lignes  de  conduite,  qui  ont  dirigé  le  travail  dans  son  entier  et  lui 


672  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

donnent  son  caractère  fondamental,  seront  l'xposées  dans  la  préface  de 
l'œuvre  plus  en  détail  que  nous  pouvons  le  faire  Ici.  Mais  nous  tenons  à  les 
jrientionner  en  [)reniière  place,  car  l'étude  topographique  peut  seule  per- 
mettre au  cartographe,  devenu  respectueux  de  la  vérité  en  consultant  la 
nature,  d'ohéir  non  plus  aux  con\  entions,  mais  aux  lois  réelles  qui  règlent 
les  formes  terrestres,  et  de  les  reproduire  ensuite  sur  la  carte,  dût  ce  progrès 
surprendre  d'abord  les  lecteurs  inexpérimentés. 

A  ce  point  de  vue,  l'étude  d'une  partie  des  Pyrénées  d'Espagne  par  un 
des  auteurs  de  l'yVllas,  et  le  changement  d'aspect  (pii  en  est  résulté,  peuvent 
servir  d'e.xemple. 

Avant  tout  travail  de  dessin  ou  de  rédaction,  chaque  carte  a  fait  l'ohjet 
d'une  étude  spéciale  au  point  de  vue  de  la  projection  la  plus  appropriée, 
afin  d'obtenir  pour  le  réseau  des  méridiens  et  des  parallèles  le  minimum  de 
déformation,  \ombre  de  cartes  de  l'Atlas  universel  ont  ainsi  pris  un  aspect 
nouveau,  et  une  beauté  inaccoutumée.  La  carte  physique  de  l'Asie  peut  être 
donnée  comme  typique  à  ce  point  de  vue,  et  sa  projection  transforme  l'as- 
pect que  la  plupart  des  Atlas  donnent  encore  à  l'ensemble  de  cette  partie 
du  monde. 

La  nomenclature  a  été  établie,  pour  chaque  carte,  sur  un  répertoire  spé- 
cial dressé  d'après  les  autorités  les  plus  dignes  de  confiance  :  dictionnaires, 
relations  ou  mémoires  originaux,  publications  géographiques,  historiques, 
statistiques,  etc. 

Toujours  empruntée  aux  sources  originales,  cette  !  nomenclature  a  dû 
subir  d'une  édition  à  l'autre  une  transformation  profonde,  mais  les  noms 
nouveaux,  tous  choisis  en  connaissance  de  cause,  ont  invariablement  reçu 
leur  forme  orthographique  d'une  transcription  directe.  A.  cet  égard,  on  a 
suivi  la  seule  règle  qui  ait  paru  possible  et  même  réalisable.  Tout  nom 
étranger  a  été  transcrit  directement  en  caractères  latins,  s'il  n'a  qu'une' 
forme;  s'il  en  a  deux  ou  plusieurs,  on  a  inscrit  d'abord  la  forme  adoptée 
par  l'usage  français,  puis,  à  la  suite,  la  forme  nationale  actuelle.  Il  en  est 
ainsi  par  exemple  pour  Presbourg  (forme  française).  Les  noms  de  Press- 
burg  (forme  autrichienne)  et  Poszony  (forme  hongroise")  disparaissent 
comme  désormais  sans  existence  reconnue,  et  sont  remplacés  par  Urutis/ava, 
forme  nationale  Tchéco-Slovaque.  (.)n  reconnaîtra  que  cette  façon  de  pro- 
céder pst  la  seule  admissible  et  compatible  avec  la  réalité. 

De  nombreuses  frontières  sont  encore  imprécises  à  l'heure  présente,  et 
plusieurs  de  celles  qui  ont  été  fixées  subiront  peut-être  encore  des  change- 
ments. Dans  CCS  conditions,  et  pour  ne  pas  retarder  indéfiniment  la  publi- 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  673 

calion  de  l'AlIas,  il  a  été  entendu  avec  le  Ministère  de  la  (inerre  que  les 
cartes  seraient  publiées  avec  les  tracés  de  frontières  existant  au  luomcnl 
de  la  pnl)lication. 

La  transformation  du  Monde  entier  a  conduit  à  des  modifications  dans 
le  cadre  ou  la  disposition  de  certaines  cartes. 

Le  format  de  la  précédente  édition,  plus  vaste  qu'il  n'était  nécessaire,  a  pu 
être  sensiblement  réduit  par  une  meilleure  utilisation  de  l'espace  disponible 
et  la  suppression  de  quehjucs  doubles  emplois.  Mais  les  planclies  j^ravées 
formant  le  fond  de  l'Ouvrage  n'en  ont  pas  moins  été  intégralement  con- 
servées, et  les  tirages  ont  pris  un  nouveau  degré  de  clarté  par  l'impression 
en  deux  couleurs  du  trait  et  de  la  montagne,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut. 

Convaincu  de  l'impossibilité  pour  n'importe  quelle  (puvre  humaine  de 
réaliser  la  perfection,  el  ayant  dû  vaincre  pour  cette  nouvelle  édition  des 
diflicultés  de  main-d'ouivre  sans  précédent,  nous  pouvons  du  moins  affirmer 
que  tons  nos  efforts  ont  été  faits  pour  que  les  imperfections  inévitables  de 
l'œuvre  que  nous  présentons  soient  aussi  peu  nombreuses  que  possible. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  hydrates  de pyridine.  Note  (')  de  M.  Parisellk, 
présentée  par  M.  Haller. 

On  a  signalé  jusqu'à  neuf  combinaisons  définies  de  la  pyridine  et  de  l'eau  ; 
le  but  de  celte  Note  est  de  montrer  qu'aucune  des  raisons  invoquées  pour 
démontrer  l'existence  de  ces  différents  hydrates  n'est  valable  en  dernière 
analyse. 

La  première  combinaison  a  été  obtenue  par  Goldschmidt  (-  )  sous  forme 
d'un  hydrate  bouillant  à  point  fixe  et  correspondant,  d'après  lui,  à  la  for- 
mule Py-i-3H-0.  En  réalité,  il  s'agit  d'un  mélange  de  composition 
Py  -I-  3,35  H-O.  Pour  le  montrer  d'une  façon  certaine,  j'ai  soumis  ce  pseudo- 
hydrate à  un  fraclionncment  dans  le  vide.  Sous  20'"°^  on  peut  recueillir 
un  liquide  qui  distille  à  18°  et  qui  correspond  sensiblement  à  la  composition 
Py  -t-  3,5  H-O;  mais,  à  la  fin,  la  température  s'élève  elle  liquide  qui  distille 
devient  de  plus  en  plus  riche  en  pyridine. 

M.  Gouy  (•')  est  partisan  de  l'existence  de  Thydrale  à  3  H-O  par  l'élude  des 

(')  Séance  du  28  février  1921. 

C^)  D.  Cil.  G.,  t.  l(j,  p.  276. 

(^)  Annales  de  Chimie  el  de  l'hysitjiie,  8"^  série,  t.  9,  1906,  p.  -ô. 


6^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

variations  des  inaxiina  éleclrocapillaires  du  mercure,  au  contact  d'une  solu- 
tion de  pyridine,  avec  les  concentrations  de  celte  solution,  il  semble  que 
l'on  puisse  dire  seulement  que  la  courbe  des  niaxima  électrocapillaires 
présente  un  point  d'inllexion  pour  une  concentration  de  /\o  pour  loo  eu 
pyridine. 

J'ai  du  reste  obtenu  une  courbe  de  forme  identitjue  à  celle  de  M.  Gouy  en 
déterminant  les  variations  de  la  tension  capillaire  des  solutions  de  pyridine 
avec  la  concentration.  A  cet  effet,  j'ai  compté  le  nombre  de  gouttes  que 
peut  donner  une  pipette  pour  un  volume  déterminé  de  solution  de  pyridine. 
La  densité  des  solutions  variant  très  peu,  on  peut  considérer,  en  ])remière 
approximation,  les  tensions  superficielles  comme  inversement  proportion- 
nelles au  nombre  des  gouttes. 

La  courlic  obtenue  (')  présente  un  point  d'inllexion  pour  une  concentra- 
tion de  4 1  pour  loo  en  pyridine.  La  ressemblance  frappante  des  deux 
courbes  semble  confirmer  l'hypotbèse  de  Pellal  au  sujet  des  maxima  élec- 
trocapillaires, à  savoir  qu'ils  correspondent  à  une  dillércncc  de  potentiel 
nulle  au  contact  mercure-solution. 

Le  deuxième  hydrate  a  été  signalé  par  Henry  dans  son  étude  sur  les 
hydrates  d'àlkylamines  (-);  il  correspondrait  à  la  formule  Py  +  H-O. 
Ayant  répété  ses  expériences  qui  consistent  à  traiter  une  solution  aqueuse 
de  pyridine  par  du  carbonate  de  potasse  et  à  dessécher  la  couche  surna- 
geante avec  du  carbonate  sec,  j'ai  obtenu  un  liquide  qui,  soumis  à  l'analyse, 
m'a  donné,  non  une  teneur  de  8i,^i  pour  lOO  en  pyridine,  mais  bien  <)5 
pour  loo.  Le  carbonate  de  potasse  enlève  donc  la  presque  totalité  de  l'eau. 
Pour  confirmer  ce  résultat,  j'ai  fait  un  mélange  équimoléculaire  d'eau  et  de 
pyridine  et  j'ai  constaté  que,  par  agitation  avec  du  carbonate  de  potasse 
desséché,  il  donne  deux  couches. 

Cin({   autres    hydrates   :    2PyH-3H-0,    2Py-i-jH-0,    Py-l-5H-0, 

(')   Ainsi  à  17"  les  iiornlires  de  yi>ulles  obtenu-  |)ûiir  les  niélaiii,'!'-'  renfeiiinii t 

100,        81,4,        ig.^i,         iS,'),  2,5     et  11  jiour  100  fie  pyridine 

sont  respectivement  égaux  à 

4i3,      362,  334,  298,  2 '17         el      i()i  » 

D'après  Kamsay,  la  constanle  capillaire  de  la  pyridine  à  17"  est  de  38. .'1;  en  admeUant 

78  comme  tension  de  feau  à  celle  tempérai  me,  on  \oit  (iiie  les  rapports    '  '  '    et  — ^ 
^  '  '  "  78  .|i3 

sont  très  voisins. 

(  =  )   //?///.  Acac/.,/Jc/,^'i(/ii(',  t.  îT,  p.  46i. 


SÉANCE    DU    l/i    MARS    1921.  6-]5 

Py-t-ioH-0,  Py-l-4fH''0,  ont  éU;  considérés  par  Dunslau,  Tliole  el 
Ilunt  (  '  )  en  construisant  la  courI)e  dos  coefficients  de  viscosité  d'une  solu- 
tion aqueuse  de  pvridine  en  fonction  de  la  concentration;  les  corps  signalés 
correspondaient  à  des  points  anguleux.  La  détermination  de  la  viscosité  de 
(lifTérenls  mélanges  d'eau  et  de  pvridine  à  16°  m'a  bien  donné  un  maximum 
pour  une  concentration  de  65  pour  100  en  pyridine,  le  coefficient  de  visco- 
sité restant  sensiblement  constant  entre  Sg  et  69  pour  100,  mais  pas  de 
points  singuliers. 

.l'en  arrive  aux  expériences  de  M.  Baud,  qui  sont  les  plus  complètes. 
Dans  une  première  étude  des  températures  de  congélation  (-),  il  a  trouvé, 
pour  la  courbe  de  fusibilité,  deux  points  de  transition  correspondant  à  des 
concentrations  respectives  de  55  et  de  77  pour  100  en  pvridine  et,  en  s'aidant 
de  mesures  thermiques,  il  a  conclu  à  l'existence  de  deux  hydrates  : 
Py  +  2lP0  et  Py-4-6H=0. 

Dans  un  second  Mémoire  (^),  il  ne  signale  qu'un  pointdc  transition  pour 
une  concentration  de  70  pour  100,  l'analyse  des  cristaux,  qui  se  déposent 
à  partir  de  ce  point,  correspondant  sensiblement  à  la  formule  Py -faH-O. 

Je  pense  qu'on  ne  peut  avoir  qu'une  confiance  limitée  dans  les  analyses 
de  ces  cristaux  qui  fondent  à  une  température  de  l'ordre  de  —  5o°  et  les 
résultats  contradictoires  donnés  par  M.  Baud  le  prouvent  suffisamment. 
Pour  ma  jia.rt,  j'ai  repris  la  détermination  de  cette  courbe  de  fusibilité  et 
lui  ai  trouvé  la  forme  classique  correspondant  aux  mélanges  binaires  sans 
combinaison. 

i']ii  outre,  j'ai  vérifié  que  Ton  pouvait  faire  cesser  la  surfusion  pour  tous 
les  mélanges,  renfermant  de  o  à  85  pour  100  de  pyridine,  en  y  projetant 
un  cristal  de  glace,  résultat  qui  semble  anormal  dans  l'hypothèse  de  la  for- 
mation de  cristaux  d'hydrate  entre  70  et  85  pour  100. 

Pour  confirmer  l'existence  de  cet  hydrate  à  2H-U,  M.  Baud  s'appuie 
ég:alement  sur  l'élude  de  la  contraction  des  mélanges  d'eau  et  de  pyridine 
à  o",  car  il  constate  un  maximum  de  densité  pour  une  concentration  de  66 
pour  100  (Py  -I-  2,3H-0).  Étant  donnée  la  dilatation  anormale  de  l'eau, 
au  voisinage  de  o",  ce  résultat  semble  peu  concluant.  11  m'a  paru  plus 
rationnel  d'étudier  les  variations  de  densité  des  solutions  à  des  tempéra- 
tures où  l'eau  présente  une  dilatation  plus  régulière  et  j'ai  constaté  que 

(M  Cliem.  Soc,  t.  91,  p.  S3  el  1728. 
O  Comptes  rendus,  t.  148,  1909,  p.  96. 
(^)  Bt/U.  Soe.  c/iim.,  t.  .5,  1909,  p.  1023. 


676  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  mélange  de  densité  maximum  est  d'autant  moins  riche  en  pyridine  que 
la  température  est  plus  élevée  et  qu'il  tend  vers  la  ccnqiosition  du  pseudo- 
hydrate. 

A  i-",  il  correspond  à  la  composition 


à  2  5".  il  correspond  à 


Pv+311-0  (-^  =  1,0097 


Pv-)- 3,311^0  ('—  =  1,00  ,: 
\  eau. 


En  résumé,  bien  que  le  dégagement  de  chaleur  notable  qui  accompagne 
le  mélange  de  pyridine  et  d'eau,  milite  en  faveur  de  la  formation  d'une  com- 
binaison, on  ne  peut  néanmoins  conclure  à  l'inexislence  d'hydrate  slable. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  SiiJ-  1(1  (jininiuè  éU'inenlairc  d'i'nfi-i;ie  mise  cii  jeu  dans 
1(1  (lissolution.  Noie  (')  de  M.  René  Audubert.  présenlée  par  M.  Paul 
Janet. 

Les  analogies  très  grandes  que  présentent  entre  eux  le  phénomène  de  la 
vaporisation  et  celui  de  la  dissolution  ont  toujours  amené  à  penser  qu'ils 
devaient  être  régis  par  les  mêmes  lois.  En  tenant  compte  de  celte  analogie, 
on  peut  supposer  qu'il  existe,  pour  l'état  moléculaire  dissous,  une  loi  équi- 
valente à  la  loi  de  Pictet-Trouton  pour  l'état  gazeux.  D'après  cette  der- 
nière, le  quotient  de  la  chaleur  de  vaporisation,  rapportée  à  une  molécuic- 
gramme  par  la  température  absolue  d'ébuUition  normale,  est  un  nombre 
constant  pour  les  liquides  normaux  et  voisin  de  21.  Si  l'on  étend  cela  à  la 
dissolution,  il  est  évident  que  la  température  T,  jouant  dans  ce  changement 
d'étal  le  même  rôle  de  la  température  d'ébuUition  normale,  est  la  tempéra- 
ture pour  laquelle  l'équilibre  réalisé  entre  le  corps  et  sa  dissolution  corres- 
pond à  une  concentration  niaxima  représentant,  dans  la  solution',  une  pres- 
sion osmotique  de  1""".  En  appelant  p  la  chaleur  latente  moléculaire  de  dis- 
solution et  T  la  température  qui  correspond,  pour  l'état  de  saturation,  à 
une  pression  osmotique  de  i'""",  on  doit  vérifier  que  }r;  est  constant. 

Il  n'est  pas  possible  de  vérifier  directement  ce  résultat,  car  les  tempéra- 
tures ainsi  définies  ne  correspondent,  pour  presque  tous  les  sels,  à  aucune 
réalité  expérimentale.  Cependant,  par  extrapolation  des  résultats  connus, 

(')  Séance  du  jS  février  1921. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  Gj'^ 

on  peut  facilement  les  déterminer.  Mais  on  peut  encore,  plus  simplement, 
atteindre  la  valeur  du  rapport  ^Ç,  quand  la  pression  osmotique  tz,  exprimée 
en  atiiiosphèn-s,  tend  vers  l'unité. 

Il  suflit  en  partant  des  noml)res  représentant  la  variation  de  la  solubilité 


rtolicjue  en  atmosphères 

avec  la  température  de  construire  les  courbes  représentant  les  varialioas 
de  ~  avec  la  pression  osmotique-.  Comme  l'indique  la  figure,  quelques-unes 

de  ces  courbes  se  rapprochent  très  près  du  point  correspondant  à  4  —  3o 
à  32  environ  pour  t.  =  i^'"'. 
Par  exemple  : 

Pou 


\0=K^=3o  pour 


Pour       C10'KJ^^33  pour 

Pour  (SO-)'Al|;  —  32  pour 

C.  R.,  193 1,  I"  Semestre.  (T.  1V:2,  N*  11.) 


:3-™,o; 


6; 8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  proloii|^'emenls  des  courbes  obtenues  avec  les  autres  sels  (CO'K-, 
NO''Ag,  ClO'Na,  KCI,  BaBr-)  semblent  passer  pour  -  =  i  par  une  valeur 

de  Tp  voisine  aussi  de  32.  On  peut  calculer  au  moyen  de  ces  résultats,  en 
divisantpar  N  (nombre  d'Avogadro)  la  valeur  limite  de  ;=  exprimée  en  ergs, 

le  quantum  d'énergie  nécessaire  pour  faire  passer  dans  la  dissolution  une 
molécule  du  corps  considéré.  On  trouve  ainsi  pour  cette  quantité  élémen- 
taire d'énergie  le  nombre  i8  x  io~"Terg. 

Or  M.  de  Forcrand  a  montré  que,  si  l'on  appelle  L  la  chaleur  de  vapori- 
sation d'un  corps,  S  sa  chaleur  de  fusion,  T  la  température  d'ébullition  nor- 
male, on  a  la  relation  -^^p —  =  3o.  Pour  la  dissociation  de  i  ]  chlorures 
ammoniacaux,  M.  Matignon  a  trouvé  que  le  quotient  —  de  la  chaleur  de  dis- 
sociation par  la  température  normale  de  dissociation  était  voisin  de  3o.  Ces 
derniers  résultats  conduisent  pour  ces  déu\  changements  d'état  à  un 
quantum  élémentaire  voisin  de  i8  x  lo  '°T;  on  est  donc  amené  à  penser 
qu'au  point  de  vue  des  échanges  d'énergie  la  dissociation  des  solides,  la 
sublimation  et  la  dissolution  sont  des  phénomènes  équivalents.  Nous 
pouvons  enfin  conclure  que  la  dissolution  est  un  changement  d'étal  à  trans- 
formation discontinue  correspondant  à  un  élément  d'énergie  voisin 
de  iiS  X  i()""'T  erg,  différent  par  conséquent  de  celui  quia  été  calculé  pour 
la  vaporisation  ('). 


CHIMIE  SPECTRALE.  —  Principes  de  l'analyse  an  moyen  des  flammes  réduc- 
trices; recherche  de  traces  de  manganèie  en  présence  du  fer  ou  autres 
substances.  Note  (-)  de  M.  Jean  Meuxier,  présentée  par  \l.  Charles 
Mouieu. 

La  méthode  d'analyse  par  les  flammes  réductrices,  en  particulier  par 
la  flamme  de  l'hydrogène,  dont  je  m'occupe  depuis  un  certain  nombre 
d'années  (^),  donnent  des  résultats  pratiques,  ([ui  montrent  qu'un  vaste 
champ  est  ouvert  à  ce  moyen  d'investigation.  Elle  est  d'une  sensibilité 
telle  pour  déceler  les  composés  de  certains  métaux  :  plomb,   manganèse, 

(')  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  20S. 
C)  Séance  du  7  mars  1921. 

(')  Association  française  pour  l' A\,'aitcciitenl  d<s  Sciences,  fy'i"  session,  191.1, 
j'.  295,  et  Bulletin  de  la  Sociélé  cliinii<juc,  'f  sùiie,  t.  •2.'),  i9i<(,  |i.    'J. 


SÉANCE    DU    I f    MAKS    I921.  679 

calcium,  stronliiim,  potassium,  lithium,  etc.,  qu'elle  permet  d'en  retrouver 
des  traces  dans  des  sui)stances  pour  lesquelles  tout  autre  procédé  est  infruc- 
tueux; elle  permet  même  d'en  évaluer  approximativement  la  proportion. 

Des  essais  aussi  nombreux  que  variés  m'ont  conduit  à  énoncer  le  prin- 
cipe suivant  :  Quand  un  o.iyde  ou  un  sel,  entratiiè  dans  uiw  jlunime,  y  subit 
une  réduction,  celte  rèaclion  est  niani festéc  pur  un  spectre  de  raies,  fourni 
p(u-  la  fhiinrne.  Ainsi  des  oxydes  de  plomb  ou  de  bismuth,  composés  extrê- 
mement faciles  à  réduire,  entraînés  par  le  ji;az  d'éclairage,  donnent,  même 
dans  une  flamme  faihle  et  très  peu  chaude,  des  raies  du  plomb  ou  du 
bismuth;  il  en  est  de  même  de  l'oxalate  ferreux,  par  lui-même  très  réduc- 
tible, mais  non  pour  l'oxyde  ferrique  fortement  chaufTé  et  passé  à  l'état 
de  colcolar.  L'action  réductrice  de  l'hydrogène  est,  on  le  sait,  plus  éner- 
gique que  celle  du  gaz  d'éclairage,  aussi  les  spectres  y  apparaissent-ils  plus 
nets  et  le  colcotar  y  donne  un  spectre  du  fer  magnifique,  aussi  beau  que 
celui  de  l'oxalate  ferreux.  La  magnésie  et  ses  sels,  carbonate,  sulfate, 
chlorure,  azotate  donnent,  dans  la  flamme  de  l'hydrogène,  le  spectre 
du  magnésium,  tandis  que  le  pyrophosphate,  qui  n'est  pas  réductible,  n'en 
montre  aucune  trace. 

D'autre  part,  les  métaux  fournissent  les  mêmes  spectres  et,  par  suite,  on 
serait  tenté  de  penser  que  les  réactions  de  réduction  ne  sont  pas  nécessaires 
pour  la  production  des  raies  spectrales  :  l'examen  attentif  de  la  flamme 
suffit  pour  faire  tomber  cette  objection.  Dans  la  partie  basse  de  la  flamme, 
que  j'ai  appelée  la  «  nappe  d'allumage  »,  les  parcelles  métalliques, 
entraînées  par  l'hydrogène  et  projetées  à  l'extérieur,  sont  reprises  par  l'air, 
qui  les  fait  entrer  de  nouveau  dans  la  flamme  et  les  oxyde;  après  cela,  dans 
le  cœur  de  la  llamme,  la  réduction  joue  son  rôle  et  le  spectre  apparaît.  Si 
l'oxyde  formé  n'est  pas  réduit,  il  ne  se  produit  pas  de  spectre  du  métal, 
mais  seulement  un  spectre  continu  d'incandescence. 

Ces  exemples,  qu'il  me  serait  facile  de  multiplier,  suffisent  pour  établir 
une  connexité  étroite  entre  l'analyse  spectrale  et  la  chimie  analytique  pro- 
prement dite.  La  chimie  des  flammes  et  des  réactions  qui  s'y  accomplissent, 
encore  à  peine  ébauchée,  trouvera  là  certainement  une  source  de  docu- 
mentation nouvelle.  Je  n'insiste  pas  sur  ce  sujet,  malgré  sa  portée,  car  je 
désire  avant  tout  exposer  quelques-uns  des  résultats  pratiques  que  j'ai 
obtenus. 

Description  du  procédé.  —  L'iiydrogène  esl  fourni  par  un  cylindre  cliargé  à  iSo-'""" 
el  muni  d'un  mano-délendeur,  au  moyen  duquel  le  débit  est  réglé  à  volonté.  La 
matière  pulvérulente,  à  entraîner,  se   trouve  dans  un   tube  de   verre  coudé  à  angle 


68o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

droit,  auquel  on  imprime  des  secousses  et  qui  est  relié  par  un  tulm  de  caoïilcliouc, 
de  i5=™  il  20'"'"  de  long,  à  un  lube  de  silice  uiainlenu  vertical,  formant  ajutage,  à 
l'orifice  duquel  l'hydrogène  est  enflammé.  L'orifice  est  de  ,'„  de  millimètre  environ,  la 
hauteur  de  la  flamme  de  f'.''°  à  i5"". 

Celle-ci  est  placée  à  5*^'"  de  la  fente  du  spectrographe  qui  vise  le  niveau  moyen  de  la 
flamme.  L'ouverture  de  la  fente  est  de  ^l-^  ou  y^^  de  millimètre.  Le  spectrographe  est 
un  speclroscope  à  un  seul  prisme,  pourvu  d'une  chambre  photographique,  avec 
laquelle  on  obtient  direclemenl  des  spectres  de  4'^°',  dont  la  longueur  pinil  être  dou- 
blée ou  triplée  par  agrandissement,  sans  détriment  pour  leur  nellelc.  l'our  la  partie 
du  spectre  comprise  entre  45oo  et  36oo  AngstriJms,  je  me  sers  de  plaques  photogra- 
phiques 4^  X  6,  au  géiatinobromure  d'argent,  ou  mieux,  au  gélalinoi<)dobromure  et, 
pour  la  partie  rouge  du  spectre,  de  plaques  Wrallen,  au  pinacyanol.  (Jes  dernières  sont 
peu  sensibles  pour  les  radiations  plus  réfrangibles  que  le  rouge. 

Il  y  a  avantage,  suivant  les  cas,  à  employer  des  plaques  de  sensibilité  difierenle  et  à  faire 
des  poses  courtes  ou  prolongées.  On  photographie  jusqu'à  quatre  spectres  sur  la  même 
plaque  et  chacun  d'eux  est  accompagné  de  la  photographie  du  micromètre,  compre- 
nant aSo  divisions  et  ayant  sur  le  cliché  4""  de  longueur;  de  la  sorte,  la  comparaison 
des  spectres  el  le  repérage  des  raies  sont  très  faciles. 

Je  vais  faite  connaître  les  résultais  que  j'ai  obtenus  en  étudiant  le  fer  et 
ses  composés  usuels.  Avec  des  plaques  à  Tiodobromure  d'ari^ent,  on  cons- 
tate l'apparition  de  12  ou  i3  raies  du  fer,  en  ne  posant  que  3o  secondes  seu- 
lement, 33  environ  en  posant  90  secondes  et  une  soixantaine,  si  la  pose  est 
prolongée  pendant  10  minutes  et  au  delà. 

Les  raies  du  fer  se  groupent  en  trois  séries  principales  :  les  raies  extrêmes 
|tour  la  première  série,  sont  44^^*^  A.  et  4^21  ;  pour  la  deuxième  série,  3930 
et  3820;  pour  la  troisième  série,  37G7  et  3G8o. 

L'ordre  d'apparition  de  ces  raies  est  : 

3iS(Jo,     38j8     (situées  dans  la  2°  série); 

4376,     4383,     4i'^7     (situées  dans  la  i'''' série)  ; 

SpSo.     3(j28,     3()23,     388r),     SpoG,     Sgoo,     3920     (2"  série). 

Les  raies  de  la  troisième  série  viennent  ensuite,  etc. 

S'il  est  intéressant  pour  certaines  études  spectroscopiqucs  d'avoir  des 
spectres  aussi  riches  en  raies  (|ue  possible,  il  est  au  contraire  préférable, 
pour  l'analyse  cliimique.  d'avoir  des  spccires  simples  et  réduits  à  leurs 
raies  caractéristicjues.  Le  rapprochement  d'une  raie  avec  la  division  de 
l'échelle  micrométrique  permet  d'en  faire  l'atliibulion.  Si  l'on  conçoit 
quelque  doute  à  cet  égard,  il  suffit,  pour  ac({uérir  la  certitude,  de  prendre 
un  spectre  avec  un  compose  du  métal  que  l'on  suppose.  C'est  en  opérant  de 
la  sorte  que  je  me  suis  assuré  que  tous  les  speclres  du  fer  et  de  ses  composés 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  68 I 

que  j'avais  obtenus  contenaient  du  manganèse,  et  qu'il  en  était  ainsi  pour 
les  spectres  de  ce  métal  qui  ont  été  publiés  jusqu'ici,  que  ce  soit  des 
spectres  d'arc,  d'étincelle  ou  de  flamme. 

T.e  manganèse  est  caractérisé  par  le  triplet  4o34-7,  /io33.2,  4o3o.g, 
voisin  du  doublet  4o47  et  4'>44  du  potassium  cl  de  la  raie  assez  forte  4o45 
du  fer.  Ce  triplet  du  manganèse  est  d'une  sensibilité  extraordinaire  el  pour 
ainsi  dire  illimitée.  Pour  lever  mes  doutes  (car  il  faut  dire  que  j'opérais 
sur  de  l'oxalate  ou  de  l'oxyde  de  fer  que  j'avais  purifiés  plusieurs  fois), 
je  pbolograpliiai  un  spectre  du  manganèse  au-dessous  d'un  spectre  du  fer, 
la  pose  ayant  été  prolongée  pendant  quelques  minutes,  j'obtins  un  trait 
opaque  et  large,  correspondant  au  triplet;  avec  une  pose  d'une  minute, 
même  opacité,  en  réduisant  enfin  la  pose  à  quelques  secondes  ou  à  une 
dizaine  de  secousses  du  tube  contenant  la  matière,  les  trois  composantes 
du  triplet  se  distinguèrent  nettement  à  la  loupe  sur  le  cliché. 

J'étais  donc  bien  fixé  sur  la  nature  de  l'impureté  usuelle  contenue  dans 
le  fer  :  c'est  du  manganèse.  Je  traitai  par  de  l'acide  acétique  ou  par  de 
l'acide  azotique  étendu  de  l'oxyde  de  fer,  préparé  par  calcination  de  l'oxa- 
late ferreux,  et  je  constatai,  par  les  épreuves  spectrographiques,  que  le 
triplet  du  manganèse  diminuait  pour  l'oxyde  traité  et  s'accroissait  au 
contraire  pour  l'oxyde  de  fer  provenant  de  l'évaporation  de  la  solution. 
Finalement  je  réussis  à  obtenir,  par  une  précipitation  fractionnéejde  l'oxyde 
de  fer  en  liqueur  acide,  de  l'hydrate  ferrique  donnant  des  spectres  d'où  le 
triplet  caractéristique  était  absent,  et  ne  contenant  plus  de  manganèse 
par  conséquent. 


CHIMIE  Mi>fÉRALi:.  —  Syslènialiquc  et  constilution  des  dérivés  complexes 
d:'s  acides  molyhdiques.  Note  (')  de  1^1.  L.  Forsén,  présentée  par  M.  A. 
Ilaller. 

J'ai  montré  précédemment  que  les  molybdates  peuvent  être  présentés 
comme  dérivant  de  deux  acides  : 

Acide  iiiolybdique [Mo^O'-JFI", 

Acide  mélamoljbdique |  Mo'-0'-H'']H'', 


dont  j'ai  proposé  les  formules  de  constilution. 


(')  Séance  du  aS  février  igai. 


682  ACADÉMIE   DES    SCIEXCES. 

On  peul  grouper  los  acides  complexes  en  trois  séries  générales  dont  la 
formation  est  indiquée  par  les  exemples  suivants  : 

I.  Acides  complexes  orlhomolybdiques  : 

[Mo=0'  =  _|H'^-(-[AsO'|IP=[AsOAIo''0'*-lII'  +  3IPO: 

II.  Acides  complexes  mélamolybdiques  : 

[Mo'^O'Ml' I II'' +  |AsO']H^:^- [AsOMo'-0'-H«  111^4- 3  11-^0, 
|>ro'^0'-H'^jn" +[SiO''JtP  =:[SiOMo'^0-^H"lH'  -f-aH^O: 

III.  Acides  complexes  lutéomolybdiqucs  : 

3[xMo^O'-JI^-+-[AsO'JH^=AsO[Mo'0'=II=]Il^+3  HH). 

Tous  Cf's  acides  complexes  se  forment  par  condensation  avec  élimination 
d'eau. 

La  basicité  dos  acides  complexes  des  séries  orlho  et  meta  (I  et  II)  est 
égale  à  celle  de  l'acide  molybdique  (ou  de  l'acide  métamolybdique)  diminuée 
de  la  basicité  de  l'acide  introduit  dans  le  complexe.  Par  conséquent,  les 
bydrogènes  neutraiisablesqui  interviennent  dans  la  formation  des  complexes 
sont  éliminés  sous  forme  d'eau. 

Lesorlhoacicles  comnlexes.  —  \J acide  arscniortliomolyhdique 

I  AsOMo-'O'^llf 

blanc  est  tribasique.  Kn  effet,  ses  sels  tribasiqucs  sont  neutres  à  la  phtaléine 
du  pbénol  de  même  que  les  orlliomolybdates  : 

ONa  NaQ        ONa 


O        ONa 
Mo 


o(               >0-0— <-OKa  0  /''<0N. 

Mo O 


h'acidc  lihosphoorihnmolybdiijue  (FOMo^O'-|lP  n'esl  pas  connu,  mais 
on  connaît  certains  de  ses  sels. 

\j  acide  siilfdlo-ojihomnlYhdiiiuc  (  SO-Mo^O'  =  )  11^  n'est  pas  connu.  J'ai 
jtréparé  un  nouveau  sel  de  l'acide  molybdiipie  contenant  de  l'acide  sultu- 
rique  dans  les  proportions  S'  ;  Mo',  (|ui  déri\e  de  cet  acide,  (le  nouveau 
couqjosé  appartient  donc  à  la  série  des  orlliomolybdates  complexes.  Le 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  683 

sel  le  plus  stable  à  base  de  potassium  correspond  à  lu  coiiiposilion  : 

1  SO^Mo'O'^]  KMP+ 3  11-0. 

On  l'obtient  à  partir  des  mélanges  suivants  : 

MoO'     el     SO'HK; 

{Mo'0'  =  )I'.MI'    et    SO'II^; 

MoO^SO'     el     SO'•K^ 

Ce  sel  perd  très  vite  (sur  P-O^)  4""'  d'eau;  quand  ou  chaulTe  le  sel  ou 
son  anhydride,  la  totalité  de  l'acide  sulfurique  se  volatilise  et  l'on  obtient 
le  Irimolybdate  de  potassium  anhydre.  Les  réactions  de  neutralisation 
sont  :  à  l'hélianthine, 

[SO^Mo'O'2]  K-H^-f-  îIvOH  =  |SO^Mo-'0'2]  k'  +  aH^O; 

à  la  phtaléine  du  phénol , 

[ SO^ Mo^ O'-  ]  k^  IP  +  (i  kOIl  =  [  Mo-^  O'- ]  k«  +  SO»  k-  +  4  1 1- O. 

La  conslitutio.T  la  plus  probable  est  donc 

OK 

Mo O 

O  S0»-0 -te— OK 


HO    OH 

On  doit  admettre  que  les  hydrogènes  des  hydroxyles  voisins  des  radicaux 
acides  tels  que  SO-  fonctionnent  comme  hydrogènes  acides  particulière- 
ment forts. 

Les  mêtaacides  complexes .  —  J'admets  pour  les  acides  meta  complexes  les 
formules  suivantes  : 

[POMoi^O^^IP^H'  [AsOMo"0*2H6]H' 

[SiMo'-'0'2H«]H'  [Ti  OMo'^O'HI»]  H',  etc. 

[BTu'2  0"H«]Il  = 

en  accord  avec  leur  formation  par  condensation. 

En  eflet,  les  sels  typiques  des  acides  meta  complexes  sont  des  sels  dans 
lesquels  les  hydrogènes  ions  mis  en  évidence  dans  les  formules  sont  seuls 
neutralisés.  Ou  connaît  des  séries  entières  de  sels  de  ce  genre.  Quelques 
faits  semblent  indiquer  qu'on  peut  préparer  des  sels  plus  basiques  que  les 


684 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


sels  typiques.  Dans  ces  sels  basiques,  les  hydro}iènesdeshydroxylesdoul)les 
(11"    du   bloc   complexe)   doivent   être   neutralisés.   On  connaît  un   trop 
petit  nombre  de  sels  de  ce  genre  pour  que  leur  constitution  puisse  être 
discutée.  La  plupart  de  ces  sels  sont  de  plus  amorphes. 
Les  relations  entre  les  métadérivés 

[Mo'^0'2H'']M% 
[\sOMo'^0-=H6]M' 

sont  les  mêmes  que  les  relations  entre  les  orthodérivés 

[Mom:)'^]m«, 

[AsOMo^O'^JMo^ 

Les  acides  lutéo  complexes.  —  Les  acides  libres  sont  très  stables.  Les  sels 
ordinaires  sont  tribasiques;  j'admets  la  constitution  suivante  : 


-O-Mo 


.OH 

"Son 


Par  analogie  avec  les  autres  complexes,  on  peut  supposer  que  les  hydro- 
gènes des  hydroxyles  isolés  de  l'acide  lutéo  sont  neutralisés  dans  ces  sels. 
Dans  cette  série,  on  connaît  en  outre  des  sels  plus  basiques  que  les  sels 
Iribasiques  ordinaires.  Parmi  eux,  les  sels  hexabasiques  sont  les  plus 
stables.  Une  constitution  symétrique  leur  convient. 

Tous  ces  faits  connus,  relatifs  à  la  quantité  d'eau  de  constitution  des 
conqjosés  complexes  des  acides  molybdiques,  sont  en  accord  avec  les 
formules  proposées. 


ciIIMli:  ORGANIQUE.  —  Synthèses  (h'  l'acide  (yanique  Cl  de  l'iirce  jxir  oxyda- 
tion, en  milieu  ammoniacal  d'alcools,  de  phénols  cl  d'aldéhydes.  Note 
de  M\L  H.  Fosse  et  G.  Lalde,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

1.  L'un  de  nous  a  établi  que  l'urée,  prodiiil  d'excrétion  des  végétaux 
comme  des  animaux,  existe  à  tous  les  degrés  d'organisation  de  la  matière 
vivante  et  se  forme  artificiellement  par  oxydation  des  diverses  classes  de 


SÉANCE   DU    l4    MARS    I921.  685 

principes  naturels  aux  dépens,  non  seulement  des  proléiques  (  Béchamp, 
kitter,  Hofmeister,  llugounenq)  et  des  acides  aminés  (llofmeister;,  mais 
encore  des  hydrates  de  carbone,  de  la  glycérine  et  de  l'aldéhyde  formique. 
Dans  ces  synthèses,  l'urée  est  précédée  d'un  terme  intermédiaire,  l'acide 
cyanique,  dont  la  formation  par  oxydation  des  substances  organiques, 
tentée  en  vain  par  plusieurs  auteurs,  était  considérée  comme  irréali- 
sable ('). 

2.  Protéiques,  acides  aminés,  hydrates  de  carbone,  glycérine,  formal- 
déhyde,  formamide  et  acide  oxamique  (")  ne  sont  pas  les  seuls  corps  sus- 
ceptibles de  produire  la  carbimide.  Nous  démontrerons  que  celle-ci  se 
forme  encore  lorsqu'on  oxyde,  en  présence  de  NH',  divers  représentants 
des  fonctions  :  alcool,  phénol  et  aldéhyde. 

3.  Quoique  ces  recherches  n'aient  point  visé  l'étude  des  rendements  en 
carbimide  el  carbamide,  nous  avons  cependant  constaté  que  ceux-ci 
varient  dans  de  larges  limites  avec  la  nature  de  la  substance,  le  nîilieu 
oxydant  et  les  conditions  de  l'expérience. 

4.  La  présence  d'un  sel  de  cuivre  (')  ou  de  poudre  de  cuivre  favorise 
singulièrement,  dans  certains  cas,  la  formation  de  l'acide  cyanique  et  de 
l'urée. 

Tandis  que  l'oxydation  de  l'éthanol  et  de  NH'  ne  produit  que  o»,  85 
d'urée  pour  100™'  d'alcool  après  tautomérisalion  du  cyanate  d'ammo- 
niaque, la  même  expérience  avec  cuivre  conduit  à  S*»',  32  d'urée  pour  100""" 
d'alcool. 

.").  Nous  obtenous  l'acide  cyanique  en  traitant,  en  milieu  ammoniacal, 
par  MnO'K  seul  ou  en  présence  de  sulfate  d'ammonium,  de  carbonate  de 
cuivre  ou  de  poudre  de  cuivre,  les  corps  qui  suivent  : 

Alcools  :  Méthanol,  élhanol,  butanol. 

Phénols  :  Phénol,  o-crésol,  naphtol  A  et  B,  pyrocatéchine,  résorcine. 

Aldéhydes  :  Elhanal,  ipvopana\,  hulana\. 

L'identification  de  la  carbimide  a  été  faite  par  les  méthodes  déjà  décrites  : 
dosage  de  l'urée  par  le  xanthydrol  dans  les  liqueurs  chauffées  avec  NH'Cl 
ou  non  chauffées;  formation  de  cobaltocyanate  bleu  et  d'oxvurée  donnant 
une  coloration  ])leu  violet  avec  FeCl'. 


(')  R.  Fosse,  Comptes  rendus,  i.  168,    '919,  p-  ■^20,  908,  1  i6'i;  I.  I(i9,  1919,  p-  91; 
l.  171,  1920,  p.  635,  722;  Anna/es  de  l'Instilut  Pasleiir,  1920,  p.  yiô-Gi. 
(-)  R.  Fosse,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  160. 
(■')   Annales  de  /'Institut  Pasteur,  1920,  p.  -53. 


686 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


F'ropoi  lion>  (les  réiiclifs. 

MnO'K. 


l'ii-i-  iidur  10  I?  Rraclioiis  roloréis 

\anlliyiiiii-e                        ou  avec 

liiuii-  (  c  vnlimie        cLnliiiiùtie  ciilic  prccipitc  iii'i;enlii|iie 

—                      — — -~ ^ iccristiillisê 


ni.rrs 
rliaiiir. 


ajins 

cIh.uH. 


Substances. 


Ml'         MnO'K.  \olume 

conccn-  ou  -'      •  ^-^  -       avant  avrr  a\anl.  aMU       culi^ilii..  ilc 

Malicie.   ir-O.         Irée.        MnOMNa.     total,     dosé,     rhaull'.       MIM'.I.       cliaull.       MI'Cl.   ryanatc.    ro\>urcc. 

Alcools  : 


Mûtlianol     el  ) 

.m' 

.SO'(Ml')'.-  i 

û.  10               B 

Mélhanol 

I                     lO 

Etlianol 

.5 

Etl.ielCO^C.i. 

.5 

I.tlianol  el  (Ài.      i 

5 

P.ulanol  el  Cu. 

.5 

Bul'elCO'Cu.      1 

5 

l'iirliol 0.5 

Pliénol 0..5 

o-Ci'ésol o.  i 

Naphtol  A. .  . .  (1.2 

Naphtol  B o,i 

Pvrocatécliiiie.  i 

l'iésorcine i 

l'ihanal i 

Propaiial i 

Propanalel(jii.  i 

P>iila'"'' normal,  o.i 


3o 


'097 


9 

bo 

9 

.30 

9 

:)0 

8 

.5o 

8 

5o 

0.0074 

liaces 

2 

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0.0024 

0 

(. 

80 

0.01  i.i 

0 

4 

I 

(1.0232 

0 

8 

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(.,0091 

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3 

25 

0.0071 

0 

2 

.53 

l'hénols 


60 


Aldc/iY'/es 


liaces 

0 

...182 

tr.ices 

111,4 

0.00 1 4 

0 

0249 

I  .2 

21 .34 

" 

0 

00  3  5 
0076 
01174 

" 

6.25 
6.77 
10.57 

o.ooG 

0 

(.34 

2 .  I  1 

12. 1 4 

0,0024 

0 

0282 

...85 

10,07 

traces 

0 

0167 

traces 

5,96 

traces 

(1 

(.180 

traces 

3,37 

traces 

0 

0274 

traces 

9,78 

0 

0 

001 5 

0 

2.6 

CHlMIi:  ORGANIQLi:.  —  Sur  cjuciqiiis  (lèi ivcs  de  la  lluiyamcnthonc . 
Note  de  M.  Maiicel  Godcuot,  présentée  par  M.  Ilaller. 

Dans  une  précédente  Conimuiiicatioii  ('),  j'ai  montré  que  la  thuvoiio, 
soumise  à  l'action  liydrogénante  du  nickel  réduit  et  de  l'hydroj^ène,  vers 
\-j\y"  -  \'^o°  ^   était    susceptible   de  se    transformer   directement    en    tluiya- 


(')    Comptes  rendus,  l.  158,  19141  p.  1807. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  687 


mentoiie  : 


CH'-CIl      Cil'  M'C-CII-CII' 

I  I 

C  CH 

ir^c,//\cip'  H-'C  -  Cjj/Njir- 

iici    Jc<)  iPccH^ — ico 

cil  — cil' 

Thuyonc.  Tliiiyomenllioiu-. 

A  l'aide  de  ce  procédé,  il  est  facile  de  se  procurer  une  certaine  quantité 
de  cette  dernière  cétone  cvclopentanique  et  de  s'en  servir  comme  matière 
première  en  vue  d'obtenir  de  nouveaux  dérivés  cyclopentaniques. 

Le  but  de  cette  Note  est  de  décrire  quelques  composés  obtenus  en  partant 
de  la  tliuyamentone. 

Dimélhyl-i  .2-isoprop\  1-3-cyclopentane  : 

CM'— C1I_CI1  —  CH<^^[|' 
Cn'HC<^         I 

Cil-  Cll^ 

Ce  carbure  prend  naissance  lorsqu'on  hydrogène,  à  280°,  par  la  méthode 
au  nickel,  la  thuyamenliione.  On  constate  la  formation  d'eau  dans  la 
réaction,  le  groupement  CO  étant  remplacé  par  le  groupement  CH'-.  Le 
diméthyl-i.2-isopropyl-3-cyclopentane,  préparé  ainsi,  est  identique  à  celui 
obtenu  par  M.  Taboury  et  moi-même,  à  l'aide  d'un  autre  procédé  (');  il 
constitue  un  liquide,  à  odeur  terpénique,  bouillant  à  i48''-i49°(V/i5  =  0,793; 
«';   =  i,436/|;  R.  M.  :  trouvée,  45,85;  calculée  pour  C'»H=»,  46,o3). 

Triméthyl-i  .2.3-isopropyl-4-cyclopentane  : 

CH'      lie CH  —  CHx^Ji:"^ 

C1P-11C<^        I 
CH'— HC       é:H- 

La  thuyamenthone  peut  servir  de  matière  première  pour  obtenir  des 
carbures  tétrasubstitués  homologues  du  cyclopentanc.  Lorsqu'on  fait  réagir, 
eu  ertet,  les  organomagnésiens  sur  cette  cétone,  on  obtient,  sinon  l'alcool 
tertiaire  attejidu,  du  moins  le  mélange  de  deux  carbures  non  saturés  iso- 
mères qui  en  dérivent  par  déshydratation    et    qui,   hydrogénés  ensuite. 


(  '  )  Bull.  Soc.  chini.  de  France,  !\'  série,  t.  13,  p.  601.  /oS^  -  ■    —     .  ^ 


'  --5  jP  -»  -»  ^  <^  c> 


\uJ 


K^ 


(é-L.     *^*-^^\^/ 


688  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  i8o°,  par  la  méthode  au  nickel,  fournissent  Tunique  carbure  saturé 
correspondant. 

C'est  ainsi  qu'avec  l'iodure  de  niélhylmagnésium,  on  obtient  le  mélange 
de  deux  trimélhyl-i.2.3-isopropYl-4-cyclopentènes  (]"]bullition  :  i5r)°-iG5°; 
r/,3  =  o,8i  1 3;  «",  =  i,45i8;  R.  M.  :  trouvée,  5o,  ")3;  calculée  pour  C"  H-", 
5o, 233).  En  hydrogénant  ensuite  le  mélange  de  ces  deux  carbures,  à  i8o", 
par  la  méthode  au  nickel,  on  le  transforme  en  un  seul  carbure,  le  triinélhyl- 
i.2.3-isopropyl-4-cyclopentane,  liquide  à  odeur  terpénique  (ébullition  : 
iSy^-iSS";  f/,3  =  0,7833;  7? '1' ,,  =  1,4326;  R.  M.  :  trouvée,  5 i,o5;  calculée 
pour  C"  H",  5o,633). 

Dimcthyl-2.3-isoproj)yl-4-cyclopentylidènediméthyl-2.3-isopropyl-4-cy- 
clopentanone-i  : 


CH^      CO 

Cil  -CIP 

'        -  \ 

CH'-CH(^ 
CH'-IIC 

^CH  -  Cil 

C     =    C 

'  ch-ch/^;:: 

Cette  nouvelle  cétone  bicyclique  non  saturée  s'obtient  en  appliquant  à  la 
thuyamenthiMie  la  méthode  de  condensation  des  cétones,  basée  sur  l'emploi 
de  l'hydrure  de  calcium,  que  j'ai  décrite  en  collaboration  avec  M.  Taboury  ('). 

Il  est  assez  curieux  de  signaler  qu'en  soumettant  la  thuyone  à  l'action 
de  CaH-,  la  condensation  se  produit  avec  une  telle  intensité  qu'il  se  forme 
des  produits  de  polymérisation  trop  avancée  pour  qu'on  puisse  en  séparer 
des  composés  définis.  Avec  la  thùyamenlhone,  au  contraire,  on  obtient  faci- 
lement une  nouvelle  cétone  bicyclique  non  saturée,  répondant  à  la  formule 
d'une  diniéthyl-2.3-isopropyl-4-cyclopentylidènediméthyl-2.3-i?opropyl-4- 
cyclopentanone-i,  constituée  par  un  liquide  légèrement  jaunâtre,  à  odeur 
camphrée  (ébullition:  182"- 184°  sous  10™";  f/,5  =  0,9123;  /i".  =  1,4823; 
R.  M.  :  tiouvé,  90,90;  calculé  pour  C^" H' 'G,  89,74). 

L'oxime,  huileuse,  est  difficile  à  purifier;  quant  à  la  semicarbazone,  je 
n'ai  pu  l'obtenir  et  j'attribue  cet  insuccès  à  un  empêchement  sléri(jne  très 
souvent  observé  dans  le  cas  de  certaines  cétones  cycli(|ues  substituées  en 
orlho. 


(')   Comptes  rendus^  t.  169,  igiy,  j».  G.>.  et  i  16S. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921  689 

CHIMIK  ORGANIQUI::.  —  Sur  L'action  de  l'épichlorhydrinc  sur  le  phospliole 
monoacide  de  sodium  en  solution  aqueuse  et  sur  la  stabilité  d'un  diét/ier 
mono^Iycêromonop/tosp/iorique.  Note  (')  de  M.  Octave  Bailly,  présentée 
par  M.  Charles  Moureu. 

Celte  acliou  n'a  fait  jusqu'à  ce  jour  l'objet  d'aucune  recherche. 

J'ai  entrepris  son  étude  dans  l'espoir  qu'elle  me  conduirait,  par  analogie 
avec  ce  que  l'on  sait  de  l'action  du  glycide  sur  le  même  sel  dans  les  mêmes 
conditions  (*),  à  l'obtention  d'une  chlorhydrine  glycérophosphorique 
entrevue  par  Cavalier  (')  en  iSç^H. 

Si,  à  une  solution  — ^  de  phosphate  bisodique,  on  ajoute  de  l'épichlorhy- 
drinc en  proportion  équimoléculaire.  on  obtient  d'emblée  une  liqueur 
homogène.  Si  l'on  abandonne  celte  liqueur  à  la  température  du  laboratoire 
(18"  environ)  et  qu'on  la  soumette  de  temps  en  temps  à  l'analyse  (on  a 
pratiqué  ainsi  cinq  analyses  au  bout  de  1,2,  5,  12  et  22  jours),  on  s'aperçoit 
(constatation  prévue)  que  la  quantité  de  phosphore  précipitable  par  le 
réactif  ammoniacomagnésien  va  en  diminuant  régulièreraent,  mais  que.  en 
outre  (faits  imprévus),  il  y  a  mise  en  liberté  progressive  de  chlorure  de 
sodium  et  disparition  parallèle  et  moléculairement  égale  de  l'acidité  phos- 
phorique  décelable  à  la  phtaléine. 

Il  ressort  do  ces  constatations  que  la  réaction  attendue  : 

PO(0\a)-OIl  +  ClI^Cl  — CH  — Cir=     =     l'0(ONa)HO.C'H".OII.CI) 

n'est  pas  seule  entrée  en  jeu  et  que  l'épichlorhydrinc  réagit  sur  le  phos- 
phate bisodique,  non  seulement  par  sa  fonction  oxyde  d'éthylcne,  mais 
aussi  par  sa  fonction  éther-sel  chlorhydrique,  engendrant  ainsi  un  diélher 
au  sujet  de  la  constitution  duquel  deux  hypothèses  peuvent  être  faites  :  il 
s'agirait,  soit  d'un  éther  mixte  glycidochloroglycérophosphorique,  soit  d'un 
diéther  monoglycéromonophosphorique.  formés  dans  l'une  des  deux  réac- 

(')  Séance  du  7  mars  lyii. 

(-)  Octave  Bailly,  Comptes  rendus,  t.  161,   191").  p.  679.   Cette  action  engendre 
l"a-gijcéropliospliate  de  sodium  avec  un  excellent  rendement  : 
P0{0Na)'-(0H)  +  CH20H  — CH-CH-^    =     l'0(0  \a)2(OCII^-CllOH -Cll-Oll). 

\o/ 

(^)  J.  Cavalier.  A/m.  de  Chini.  et  de  Phys.,  7"  série,  t.  18.  1898.  p.  481. 


Ggo  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

lions  suivantes  : 

/ONa  /0\  /ONa  /^\ 

[I]     0  =  1'— ONaH-aCll-Cl  — CH -CiP  =     XaCi  ^  0=  P-^O.CH^— CH— CU- 
^OII  ^O.C^H'.Cl.OH 

/0\a  /OXa 

|II]0  =  P— ONa^    Cll^CI-Cll-CIl^  =     XaCI +  0=1'— 0\,,,,,.  ,^,, 
OH                             \0/  \o/^'l'-'*'' 

La  sonimi'  chlorliydrine  glycéropliosplinrique  +  diélher  se  déduit  facile- 
ment de  la  quantité  de  phosphore  disparue  au  réactif  ammoniaconiagnésien, 
la  quantité  de  diéthrr  découle,  d'autre  part,  de  la  quantité  de  ^aCl  mis  eu 
liberté  ou  de  la  diminution  (moléculairement  égale  )  de  l'acidité  phospho- 
rique  décelable  à  la  phlaléine. 

On  déduit  par  différence  de  ces  deux  données  la  quantité  de  chlor- 
liydrine formée.  On  obtient,  de  la  sorte,  les  résultats  consignés  dans  le 
Tableau  suivant,  rapportés  à  une  molécule-gramme  d'épichlorhydrine  ou 
de  phosphate  bisodique  mise  en  oeuvre  : 

l'eiiips.  G 


1  jour  . 

2  jours. 


diino  +  Diéllicr. 

DiiHher. 

CliloiliyJiinc. 

o,35oo 

mol-s 

o,o5oo 

mol-ï 

o,3ooo 

O,4',09 

o,56o8 

0,0875 

0,1875 

0,3534 
0,3-33 

o,644i 
0,6644 

o,!-5o 

0,3  12.3 

0,3691 
0,3519 

Ces  résultats,  il  est  facile  de  le  constater,  ne  permettent  pas  de  trancher 
la  question  en  faveur  de  l'une  des  deux  hypothèses  ci-dessus,  qui  cadrent 
Tune,  aussi  bien  que  l'autre,  avec  eux.  Mais,  si  l'on  vient  à  soumettre  la 
liqueur  à  l'ébullition  pendant  2  heures  dans  un  ballon  muni  d'un  réfri- 
gérant à  reflux  et  si  l'on  pratique  une  nouvelle  analyse,  on  est  conduit  aux 
résultats  ci-dessous  : 

iiioli; 

Clilorliydrine  -t-  diélher 0,7  «aS 

Diélher o,6.'.do 

D'où  chlorh\  (Irine 11.0975 

de  plus,  on  constate  que  la  liqueur  renferme  un  excès  de  chlorure  de 
sodium  (o""''~Sj255o)  provenant  de  l'hydrolyse  parasite  d'une  partie  de 
l'épichlorhydrine,  sous  l'influence  de  l'ébullition. 

Ces  nouveaux  résultats  exigent,  pour  une  molécule-gramme  de  phos- 
[)hale  utilisée,  la  miseeno'uvredco.625o  +  0,0975  -t-  o,255o  =  o"'"'~*,9775 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  69I 

d'cpiclilorhYclrine  clans  l'iiypollièse  de  la  formation  de  diélher  glyccroplios- 
phoriqne;  or,  c'est  Inen  sensiblement  la  quantité  utilisée,  alors  qu'ils  exi- 
geraient l'utilisation  de  2  X  0,6200  +  0,0975  +  o,255o  =  i™°'"*'',6o25d'épi- 
chlorhydrine  dans  l'hypothèse  de  la  formation  d'un  diéther  mixte  qu'il 
convient,  par  suite,  de  rejeter  définitivement. 

Mais  il  y  a  plus,  et  le  fait  saute  particulièiement  aux  yeux  si  l'on  traduit 
graphiquement  les  résultats  ci-dessus.  La  réaction  qui  donne  naissance  au 
diéthei"  a  lieu  en  réalité  en  deux  temps  bien  distincts  : 

Pirmicr  triiips  :  formation  de  chlorhydrine  : 


,ONa       ':^""'"'  /ONa 


CH^Cl 

O  =  P— O  Na  +  Cil  \         =      O  =  P— O  Na 

\01I         ciit/^  \0.C'H'.01I.C] 


Deuxième  temps  :  décomposition  progressive  de  cette  chlorhydrine  avec 
élimination  de  NaCl  et  formation  de  diéther  monoglycéromonophospho- 

rique  : 

/ONa  /0^a 

OirzF— orna  =     Na  Cl +  0  =  P—0\^3, ,.,-.,, 

\o.c'H^oH:cl:  \o/^'^'-^^^ 

susceptible  de  répondre  à  l'un  des  deux  schémas  suivants  : 

/0\a  ■  ^OXa 

(A)        0  =  P-O.CH^\_„^,.  (B)        o^P     0-9"-CH-0H 

\O.CHV  ^O.CFP 

selon  la  façon  dunl  s'est  efTectuée,  au  premier  temps,  l'ouverture  de  la  fonc- 
tion oxyde  d'éthytène. 

Le  schéma  (A)  est  le  plus  vraisemblable  par  analogie  avec  la  réaction  du 
glycide  sur  P(J''  Na^H  qui  conduit  exclusivement  à  V  obtention  cV  acide  y-gh- 
céropliosphorique . 

Un  fait  particulièrement  intéiessant  découle  de  ce  travail  :  cestla  remar- 
quable stabilité  du  diétlier  glYcéromonophosphorique  formé  ('),  stabilité  à 
laquelle  il  n'y  avait  pas  lieu  de  s'attendre,  puisqu'il  est  classiquement  admis 
aujourd'hui  que  les  diéthers  glycéiomonophosphoriqiies  s'hydrolysent  avec 
la  plus  grande  facilité,  même  à  la  température  des  laboratoires.  Il  est  donc 
dorénavant  permis  d'entrevoir  la  possibilité  d'isoler  l'un  de  ces  corps. 


('}  Puisqu'il  prend  naissance  à  l'ébuliilion. 


t 


6q2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Préparation  iV aminés  d'alcools  secondaires. 
Note  (  ')  de  M.  Alpiio.nse  Mailue,  transmise  par  M.  Paul  Sabatier. 

Dans  une  précédente  Communication  (-),  j'ai  montré  que  l'hydrogéna- 
tion des  cétazines  effectuée  sur  le  nickel  divisé  conduit  à  un  mélange 
d'aminés  primaires  et  secondaires,  correspondant  à  des  alcools  secondaires  : 

R2C  =  N  — \=;CR=-i-3H^     =    aU^CH.MI-, 
2R^CHNH'     =    NH'+(RîCH)^iNH. 

J'ai  préparé  ainsi  un  certain  nombre  de  bases  nouvelles  à  l'aide  de  céta- 
zines de  cétoncs  symétriques  RC()R.  J'ai  étendu  la  réaction  à  la  transfor- 
mation des  cétazines  de  cétones  dissymétriques  R  CO  R'  : 

„  „.      ,  ,  ,.  ,  .     •     (CtP)=CH\„     ..     .,     ,ycn{CVi^y 

1°   Bis-rnetliyLisnpropylcetnzine  CH»/  \rH3  '  —      ' 

mélhylisopropjlcélone.  qui  boni  à  g3°,5,  dissoute  dans  un  excès  d'alcool,  est  addi- 
tionnée d'une  quantité  équivalente  de  sulfate  d'hydrazine  et  de  soude.  Le  mélange  est 
chaull'é  pendant  6  heures  à  rébùllition  au  réfrigérant  ascendant.  Après  refroidissement, 
le  traitement  par  l'eau  et  la  soude  sépare  une  huile  qui  bout  à  i65°  à  la  pression  ordi- 
naire. C'est  la  bis-méthjlisopropylcétazine. 

L'hydrogénation  sur  le  nickel  divisé  cluiulTé  à  i8o''-200"  fournit  un  dégagement 
permanent  de  vapeurs  alcalines  et  un  liquide  d'où  l'on  sépare  par  fractionnement: 

De    7.5°  à    8.)" ■ I  partie 

De    85»  ;i  170" I        » 

De  1 70°  à  I  So" ■>       » 

>    180° O,.")      )) 

La  première  portion  donne  la  réaction  de  la  carbvlamine,  se  carbonate  immédiatement 
à  l'air.  C'est  l'aminé  primaire,  l'amino-'i-inélhyl-i-butane,  (CH')'CH.CH.Ml-CH^, 
qui  bouta  76''-78''.  Par  action  de  l'isocvanale  de  phényle,  elle  conduit;'»  la  pliénylurée; 
ce  sont  des  aiguilles,  fondant  à  i44"- 

La  fraction  prépondérante  du  produit  recueilli  est  formée  par  l'aminé  secondaire, 
qui  bout  après  rectification  à  i78°-i8o°.  C'est  la  />is-{iiirt/io-i-i^ohi/lyl)-amine 

à  odeur  d'herbe  très  prononcée. 


(')  Séance  du  7  mars  i()?.i. 

('-)  A.  Maiuik,  Comptes  rendus,  t.  170,  i()20,  p.  i265. 


SÉANCE    DU    1^1    MARS    1921.  6(>3 

2"  Bis-inélhylpropylcétazine 

CIPCII-Cll-\  /CII-CI|-^CI1' 

65ï  de  mélliyl|>ro|)ylcélone  sont  mélangés  avec  -O'  de  sulfate  d'Iiydrazine  et  Sof  de 
lessive  de  soude.  Après  addition  d'une  quantité  suffisante  d'alcool  pour  faire  un  liquide 
homogène,  le  mélange  a  été  soumis  pendant  7  heures  à  l'ébullition  au  réfrigérant 
ascendant.  Après  refroidissement,  on  ajoute  de  l'eau,  puis  de  la  soude  en  excès.  La 
bis-incthylpropylcclazine  se  sépare.  Elle  bout  à  igS^-aco".  Lors([u'on  l'enlraine  en 
vapeurs  par  de  l'hydrogène  sur  du  nickel  chaufle  à  200",  il  se  dégage  du  gaz  ammoniac. 
Du  liquide  condensé  on  sépare,  par  fractionnement,  l'aminé  primaire,  la  méthyl- 
i-bittylaminc  ou  amino-i-penlane,  CPP CHNIPCIPCH^GH^,  bouillant  à  86°-88°; 
dont  la  pliénylurée  fonda  iiS",  et  Famine  secondaire,  la  bis-{niétho-i-butyl)-aniine, 


'CIPCH-CH^ 


qui  bout  il  iSSo-iSS». 
3°  Bis-inclliylisobiitylcétazine 


c„3/Ch]\mi, 


(CfF)'CFICIP\  /CH'CH(CI1')2 

Cette  cétazine  se  prépare  dans  les  mêmes  conditions  que  la  précédente,  à  l'aiile  de  la 
métlijlisobutylcétone  CH'COCH-CII(CH')-,  qui  bout  à  ii/i"-  C'est  une  huile  qui 
passe  à  la  distillation  à  176°.  Lorsqu'on  l'hydrogène  sur  le  nickel  à  i8o''-20o°,  elle 
fournit  un  liquide  d'où  l'on  peut  isoler,  par  distillation,    3    parties  d'aminé  primaire, 

la    mL'thyl-i-isoamylamine,    (  CH^)- CH  CH-CH  —  XH^,    qui    bout    à     io8''-iio'',    et 

I 

CH^ 
5  parties  d'aminé  secondaire.  la  bis-(niél/io-i-isoarnyl)-amine, 


(CH^)2CHCH^ 
CH^ 


)Ch1"mi, 


bouillant  à  2o8°-2io°.  La  première  donne,  avec  l'isocyanate  de  pliényle,  une  pliénylurée 
en  houppes  soyeuses  fondant  à  108°. 
4°  Bà  méthylisoamylcétazine 

(CFI')'CHCH'-CI[^\  ^_.,/CH2CH^CH(CH'p 

CHV^-^^~^-^\CJP 

606  de  méthylisoamylcélone,  bouillant  à  il\l\°,  provenant  de  la  catalyse  d'un  mélange 
d'acide  caproïque  et  d'acide  acétique  en  excès  sur  l'oxyde  de  thorium,  sont  mélangés 
à  70S  de  sulfate  d'hydrazine  et  8os  de  lessive  de  soude.  Après  addition  d'un  grand  excès 
d'alcool,  pour  obtenir  un  licjuide  homogène,  on  porte  à  l'ébullition  pendant  6  heures 
au  réfrigérant  ascendant.  On  enlève  ensuite  la  majeure  partie  de  l'alcool  par  distilla- 
tion jusqu'à  ce  que  le  liquide  commence  à  se  troubler.  Par  addition  d'eau  et  d'un 
C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  tl.)  ^2 


()94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

excès    lie    lessive    de   soude,  on    sépare    une   huile   (|ui,   dislilli'>e  clans  le   vide,  bout 
à  i55''-i6o''  sous  45™™.  C'est  la  bis-méllirlisoainylcétazine. 

Son  hydrogénalion  s'effectue  d'une  manière  régulière  sur  le  nickel  à  i90°-200°.  II  se 
forme  un  liquide  limpide  dont  la  simple  distillation  permet  d'isoler  très  facilement  : 
1»  l'aminé  primaire,  Vainino-h-mélliyl-7.-liexane,  (CH')^CH.ClI-ClI-r,H  NH^CH% 
bouillant  à  137",  dont  la  pliénylurée  obtenue  avec  l'isocjanale  de  phénvle,  fond 
à  loS";  a' l'aminé  secondaire,  la  l)is{métlio-i-isolii-xyl)-amine 

pcnTCH.(:H^CH^x^,,p„  - 

qui  distille  à  240°. 

5"  /ii.i-ixnhiitylisoproprlcétaz/ne 

(C1F)^CH.CH«\  ,  /(;H*CII(CII')  = 

Elle  >e  prépare  aisément  par  action  du  sulfal(3  d'hydrazine  sur  lisobutyiisopropx  I- 
cétone,  en  présence  de  soude  et  en  milieu  alcoolique  à  chaud.  C'est  une  huile  qui 
distille  à  igo^-igS".  Lorsqu'on  l'hydrogène  sur  le  nickel  à  i8o°-i90'',  on  obtient  un 
liquide  dont  le  fractionnement  fournil  :  5  parties  d'aminé  primaire,  bouillant  à  i^S"- 
148°;  l'isopropfl-i-isoamylamine-j,  (CIP)-CH.CH-Cll .  NH-CIl  (Cil'')-  et  i  partie 
d'aminé  secondaire,  la  bis-(  isopropyl-i-isoamyl)-ai>iine, 


-(ClP)2CH.CH-^\^jj 


CH3)^CH/"''J  ^'"' 
qui  bout  à  a'fS"  et  possède  une  odeur  d'herbe  très  prononcée. 


On  voit  que  la  méthode  d'hydrogénation  des  célazines  s'applique  d'une 
manière  régulière  aux  célazines  d'acétones  dissymétriques.  Elle  conduit 
normalement  à  un  mélange  d'aminés  primaire  et  secondaire  d'alcools 
secondaires.  La  plupart  des  aminés  que  j'ai  obtenues,  ainsi  que  presque 
toutes  les  célazines,  n'aA  aient  jamais  été  isolées. 


CRISTALLOGRAPHIE.  —  Sur  Ics  couleurs  d' interfèrcncr  produites  parles  lames 
crislollines  minces.  Note  ('  )  de  M.  Paui.  Gaubert. 

Pour  étudier  certaines  questions  de  cristallogénie,  je  me  suis  adressé  à 
des  substances  organiques  et  en  particulier  à  la  vanilline,  qui,  en  cristalli- 
sant par  sublimation,  peut  donner  des  cristaux  excessivement  minces, 
montrant  par  réflexion  de  vives  couleurs  superficielles,  rappelant  celle  des 
cristaux  de  chlorate  de  potassiuiu,  observées  par  Horapath  et  étudiées  par 

(')  Séance  du  '>8  février  192  i, 


SÉANCE   DU    l4    MARS    1921.  "  ôgS 

Stokes  (')  el  lord  Raylcigh  (-).  Le  but  de  ce  travail  est  de  dôlenniner  les 
propriétés  et  l'origine  de  ces  couleurs. 

Les  cristaux  de  vanilline  sont  monocliniques  et  peuvent  se  présenter  en 
lames  très  aplaties  suivant  la  base  p  (001).  Habituellement,  ils  sont  allongés 
suivant  l'axe  crislallographique  b  et  maclés  suivant  la  face  «'  (lOli.  Le 
plan  des  axes  optiques  est  perpendiculaire  au  plan  de  symétrie  et  presque 
parallèle  à  la  face  d'aplatissement/).  La  vibration  tij,  coïncide  avec  l'axe  de 
symétrie  du  cristal,  qui  est  optiquement  négatif. 

Des  lames  très  minces  de  vanilline  sont  obtenues  en  chauffant  la  sub- 
stance à  une  température  léj^èremenl  inférieure  au  point  de  fusion,  dans  un 
cristallisoir  recouvert  d'un  disque  de  verre.  Examinées  à  la  lumière  natu- 
relle, elles  paraissent  incolores  ou  présentent  de  belles  teintes  par  réllexion, 
teintes  variant  d'une  lame  à  l'autre  et  se  modifiant  avec  le  plan  et  l'angle 
d'incidence  des  rayons  réfléchis.  Chaque  lamelle  présente  des  caractères 
particuliers  puisque,  comme  on  le  verra  plus  loin,  les  couleurs  dépendent 
de  son  épaisseur.  Mais  c'est  surtout  avec  un  analyseur  que  les  variations  de 
couleur  et  les  propriétés  des  rayons  peuvent  être  mises  en  évidence.  Ainsi 
un  cristal  possédant  une  belle  couleur  verte  quand  l'axe  de  symétrie  du 
cristal  b  est  perpendiculaire  à  la  section  principale  du  nicol,  est  rouge 
quand  l'axe  b  est  parallèle  à  cette  dernière. 

Par  conséquent  les  rayons  correspondant  aux  vibrations  vertes  et  rouges 
sont,  dans  le  cas  considéré,  polarisés  à  angle  droit,  et  c'est  un  mélange  des 
deux  rayons  que  l'on  observe  en  lumière  naturelle. 

La  même  lamelle  examinée  par  transparence  est  verdâtre  quand  l'axe 
cristallographique  b  est  parallèle  et  rouge  si  cet  axe  est  perpendiculaire  à  la 
section  principale  du  nicol.  Donc  les  mêmes  couleurs  réfléchies  et  trans- 
mises correspondent  à  des  rayons  polarisés  dans  deux  plans  rectangulaires. 

Les  rayons  transmis  et  réfléchis  par  les  cristaux  extrêmement  minces  de 
vanilline  sont  donc  polarisés  comme  ceux  de  certains  cristaux  colorés 
(platinocyanure  de  magnésium  par  exemple),  alors  que  les  rayons  colorés 
réfléchis  oiT  transmis  par  les  cristaux  de  chlorate  de  potassium  ne  le  sont 
pas,  d'après  les  observations  de  Stokes  (  '). 

L'examen  des  lamelles,  à  l'aide  du  microscope  polarisant,  indique  que  la 


(')  G. -G.  Stokes,  Proc.  of  the  roy.  Soc.  of  London,  vol.  38,  i885,  p.  174. 
('-)  Lord  Rayleigh,  P/til.  Magaz.,  5"=  série,  vol.  26,  1888,  p.  256. 
(')  Cela  esl  vrai  pour  la  plupart  des  cristaux,  raais  les  lamelles  1res  minces  de  ce 
corps  possèdent  des  propriétés  identiques  à  celles  de  la  vanilline. 

Les    lames    de    vanilline    présentent    fréquemment    des   macles    polysyntliéliqucs 


6i)6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

vanilline  est  très  biréfringente  et  que  seules  sont  colorées,  par  réflexion, 
celles  qui  montrent  des  teintes  de  polarisation  chromatique  correspondant 
à  un  retard  inférieur  à  loo'^'^.  En  outre,  pour  chacune  de  ces  teintes,  et  par 
conséquent  pour  chaque  épaisseur  des  lamelles,  on  observe  des  couleurs 
réfléchies  et  transmises  particulières.  Les  cristaux  sont  si  minces  qu'ils 
plient  sous  leur  propre  poids,  quand  ils  sont  soulevés  avec  une  aiguille.  S'ils 
continuent  à  croître,  les  couleurs  réfléchies  se  modifient  à  mesure  que 
l'épaisseur  augmente,  et  disparaissent  quand  cette  dernière  atteint  une  cer-- 
taine  limite  (o°"",ooo9  environ). 

Ces  phénomènes  de  coloration  ne  s'expliquent  pas  avec  les  hypothèses 
émises  par  Stokes  et  lord  Rayleigh  pour  interpréter  les  propriétés  des 
lamelles  de  chlorate  de  potassium.  Mais  si  l'on  admet  que  les  cristaux  de 
vanilline  agissent  sur  la  lumière  comme  le  font  les  lames  minces  des  sub- 
stances isotropes,  l'origine  des  colorations  variées  que  présentent  les 
lamelles  de  vanilline  et  les  propriétés  des  ondes  réfléchies  et  transmises 
s'expliquent.  Au  lieu  d'avoir  l'interférence  de  deux  rayons  lumineux  comme 
dans  les  lames  minces  isotropes,  ce  sont  plusieurs  faisceaux  lumineux  pola- 
risés qui  interfèrent.  Par  conséquent,  ce  phénomène  qui  n'avait  pas  encore 
été  observé  avec  des  lamelles  aussi  minces,  peut  se  produire  avec  toutes  les 
lames  minces  des  cristaux  très  biréfringents  convenablement  orientés;  ainsi 
je  l'ai  observé  avec  des  cristaux  de  molybdate  d'ammonium  (  '). 

Il  est  à  remarquer  que.  l'épaisseur  de  la  lamelle  étant  connue,  la  compa- 
raison de  ses  teintes  réfléchies  avec  celles  de  l'échelle  de  Ne^vton  permet 
de  déterminer  deux  indices  principaux  de  la  lame.  La  moyenne  des  résultats 
obtenus  avec  plusieurs  lamelles  d'épaisseur  différente,  mais  toujours 
inférieure  à  o^^jooog,  donne,  pour  le  plus  grand  et  le  plus  petit  indice, 
1,73  et  i,5o.  La  détermination  pourrait  être  faite  avec  une  précision 
beaucoup  plus  grande  si  l'un  des  indices  ou  l'épaisseur  pouvaient  être 
évalués  exactement. 


suivant  a'(lOl),  alors  elles  se  comportent  comme  un  polariseur  par  suite  de  l'absorp- 
tion d'un  des  rayons,  de  telle  sorte  qu'un  cristal  compris  entre  un  des  niçois  et  une 
de  ces  lames  montre  de  belles  teintes  de  polarisation  chromatique. 

(')  Ouelques  auteurs,  et  en  particulier  L.  Dilsclieiner  [Ueber  clic  Faiben  diinner 
Krisiallbldlllten  {Silz.  Ber.  d.  Wien.  Akad.  d.  Miss.  math.  nat.  Kl.,  1.73,  2"  Partie, 
1876,  p.  180)]  et  E.  Genzken  {i\eites  Jahrb.f.  Min.,  Beil.  Bd.  30,  1920,  p.  383),  ont 
étudié  les  teintes  réilécliies  de  certaines  lames  minces  cristallines.  Mais  le  phénomène 
est  difTérent  de  celui  que  je  considère  ici,  produit  avec  des  lamelles  beaucoup  plus 
minces.  Les  couleurs  réfléchies  des  lames  de  Dilsclieiner  sont  celles  qui  sont  observées 
pai-  transparence  avec  les  niçois  croisés. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I92I.  697 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Les  Bas-Cliamps  de  Picnnlie  au  nord  de  In 
Somme  :  la  ligne  de  rivage  actuelle.  Note  (  '  )  de  M.  A.  Briquet,  présentée 
par  M.  Gh.  Barrois. 

La  ligne  de  rivage  des  Bas-Cliainps  de  Picardie  est  interrompue  par  les 
estuaires  de  la  Somme,  de  l'Authie  et  de  la  Canche. 

Au  sud  de  chaque  estuaire  (en  amont  par  rapport  au  sens  dominant  du 
mouvement  des  courants  côliers)  le  rivage  est  constitué  par  un  poulier  qui, 
sous  l'action  de  ces  courants,  s'avance  progressivement  en  travers  de 
l'estuaire  :  pouliers  du  Hourdel,  de  Fort-Mahon  ('),  du  Touquet. 

Au  nord  des  estuaires  (en  aval)  le  rivage  dessine  une  pointe  sur  laquelle 
se  divise  le  Ilot,  dont  une  partie  pénètre  dans  l'estuaire  :  pointes  de  Saint- 
Quentin,  du  Haut-Banc,  de  Lornel.  La  pointe  recule  en  même  temps  que  le 
poulier  avance  :  de  ce  mouvement  résulte  la  déviation  des  trois  estuaires 
vers  le  nord. 

La  ligne  de  rivage  se  décompose  ainsi,  d'amont  eu  aval,  en  une  succession 
de  pouliers  et  de  pointes,  chaque  pointe  constituant  en  quelque  sorte 
Taltache  du  poulier  suivaiil.  Pareillement,  vers  l'intérieur  de  chaque 
estuaire,  la  pointe  sert  d'attache  à  un  poulier  qu'on  peu!  appeler  interne, 
moins  important  que  le  poulier  externe,  parce  qu'il  est  construit  par  le 
courant  ])lus  faible  qui  pénètre  dans  l'estuaire.  Au  nord  de  la  Somme,  les 
pouliers,  exclusivement  sableux  ainsi  que  les  pointes,  ont  leurs  formes 
souvent  masquées  par  l'épaisse  couverture  des  dunes  littorales. 

Pouliers  et  pointes  ne  se  déplacent  pas  seulement  dans  le  sens  longitu- 
dinal, parallèlement  à  la  direction  du  rivage  :  ils  sont  également  afîeclés 
d'un  déplacement  eu  sens  transversaL 

Les  pointes,  sous  l'action  érosive  du  tlot.  recnlenl  vers  l'intérieur  (des- 
truction opérée  par  la  mer  aux  pointes  du  Haut-Banc  et  de  Lornel  :  hôpital 
de  Berck,  villas  de  Sainl-Gabriel).  Ainsi  apparaissent,  sur  l'estran  et  au 
pied  des  dunes  rongées,  la  tourbe  et  les  dépôts  jadis  formés  à  l'abri  du 
cordon  littoral  [tourbe  dite  sous-marine  et  sols  végétaux  superposés  dans 

(')  Séance  du  7  mars  1921. 

(-)  Désigné  sur  les  cartes  sou;-  le  nom  Ae  pointe  de  lioulhiain-illf  ou  de  pointe  de 
la  Dune  blanche 


698  ACADÉMIE   DES    SCIEiSCES. 

le  sable  des  dunes  (  ')  des  pointes  de  Saint-Quenlin  cl   de  Loniel.  avec 
Iraces  d'uccnpalion  humaine  probablement  assez  l'écentes]. 

Le  recul  progressif  des  pointes  vers  Finlérieur,  sous  l'action  des  Ilots, 
entraîne  le  recul  de  la  partie  amont  des  poutiers  attachés  sur  les  pointes  : 
ce  dont  témoigne  l'érosion  de  la  dune  formée  sur  le  poulier,  parfois  réduite 
à  un  mince  cordon  (de  Berck  à  Merlimont).  Ce  recul  de  la  pointe  imprime 
une  modification  à  la  direction  du  courant  cùtier,  qu'il  dévie  vers  le  large 
en  aval  :  d'où  l'accroissement  vers  la  mer  de  la  partie  aval  des  pouliers,  par 
addition  de  crêtes  successives  (surmontées  .de  dunes).  Celle  croissance, 
combinée  avec  la  progression  en  travers  de  l'estuaire,  donne  aux  pouliers 
du  nord  de  la  Somme  (Forl-Mahon,  le  Touquelj  la  même  disposition 
digilée  qu'au  poulier  du  Hourdcl,  au  sud  de  la  Somme  (*  ). 

Les  estuaires  se  subdivisent  en  estuaires  secondaires  :  il  se  développe,  en 
ce  cas,  des  pointes  et  des  pouliers  secondaires  soumis  à  des  déplacements 
analogues. 

Dans  l'estuaire  de  la  Somme,  le  banc  de  galets  pléislocènes  (^)  d; 
Mayocq  forme  une  pointe  qui  sépare  de  l'estuaire  proprement  dit  de  la 
Somme  l'estuaire  de  Rue,  aujourd'hui  colmaté.  Sur  la  pointe  s'appuient 
des  pouliers  vers  le  Nord  et  vers  le  Sud.  Au  Nord,  un  poulier  digité,  a\cc 
rangées  de  petites  dunes,  s'étale  en  travers  de  l'ancien  estuaire  de  Rue. 
Au  Sud,  un  autre  poulier  s'est  avancé  de  la  pointe  jusqu'à  l'amas  de  galets 
pléislocènes,  primitivement  isolé  dans  l'estuaire  de  la  Somme,  qui  porte  la 
partie  ancienne  du  bourg  du  Croloy  :  c'est  un  lombolo. 
(i.iï^e  l'estuaire  de  l'Aulhie  l'ancien  estuaire  de  Berck  était  séparé,  naguère, 
par  la  pointe  de  la  lloclielle.  Esluaire  et  pointe  ont  disparu,  l'un  comblé, 
l'autre  rongée  par  les  Ilots;  mais  d'anciens  pouliers  restent  visibles  au  sud 
de  Berck  et  à  Groftliers. 


(')  J.  GossEi.KT,  Lex  galeLs  glaciaires  d'Iîlaples  et  les  dunes  de  Vamiers  {Ann.  de 
la  Soc.^géol.  du  Nord,  l.  31,  ryoa,  p.  297);  Légende  de  la  feuille  de  Monireuil 
(Ibid.,  t.  33,  1906,1).  7). 

(-)  A.  BiUQUET,  Les  Bas-Ckamps  de  Picardie  au  nord  de  la  Somme  {Comptes 
rendus,  t.  172,  193. i,  p.  467). 

(^)  A.  Briquiît,  Sur  l'âge  des  cordons  littoraux  anciens  des  Uas-Cliamps  de 
Picardie  {Comptes  rendus,  t.  169,  191 9,  p.  860 ). 


SÉANCE    DU     \f\    MAHS    I921.  699 


.MÉTi:OKOLOGlE.  — Les  oscillations  sirnu.ltdiices  de  la  Icmin-ralure  et  du  l'Ciit  au 
sommet  de  la  Tour  Eiffel  et  leur  relation  avec  la  surface  directrice  (  lijerhness) 
(F une  dépression.  Note  de  M.  II.  Doxcier. 

Dans  chacun  des  Mémoires  sur  les  Orages  en  France  que  j'ai  publiés,  de 
1906  à  1910,  dans  les  ,l/mrt/f'y(/i/  liureau  Central  météorologique,  \a\  consacré 
un  chapitre  à  la  description  des  circonstances  atmosphériques  qui  accom- 
pagnaient les  diverses  situations  orageuses.  Mon  attention  a  dû  se  porter  de 
préférence  sur  les  grains  orageux;  j'en  ai  cité  ainsi  un  nombre  considérable 
et  je  me  suis  efforcé  de  mettre  en  relief  leurs  caractères  et  leurs  modes  de 
.propagation.  Au  cours  de  ces  études,  j'ai  reconnu  l'existence  de  certaines 
particularités  qu'il  m'a  paru  intéressant  de  mentionner,  bien  qu'elles  ne 
fussent  pas  en  relation  directe  avec  les  orages. 

Parmi  ces  particularités,  je  m'attacherai  aujourd'hui  à  une  manifestation 
qui  se  présente  fréqucmnnent  à  Paris,  aux  environs  de  3oo™  de  hauteur;  il 
est  possible  d'en  déter.niner  la  cause  par  l'interprétation  des  diagrammes 
de  la  température,  de  l'humidité,  du  vent  et  de  la  pression,  recueillis  aux 
différents  étages  de  la  Tour  Eiffel,  et  au  Bureau  Central  météorologique, 
situé  dans  le  voisinage. 

Parfois,  en  effet,  on  observe  au  sommet  de  la  Tour  Eiffel,  sans  que  le 
baromètre  en  soit  affecté,  des  oscillations  simultanées  et  rapides  de  la  tem- 
pérature et  de  la  vitesse  du  vent,  qu'accompagne  un  abaissement  de  l'humi- 
dité. Les  variations  de  température  sont  du  même  ordre  de  grandeur  que 
dans  les  grains,  elles  atteignent  quelques  degrés  en  quelques  minutes;  mais, 
au  lieu  d'une  baisse  unique,  on  constate  plusieurs  montées  et  baisses  consé- 
cutives. Il  en  est  de  même  pour  le  vent. 

Le  premier  exemple  de  cette  nature  que  j'ai  eu  l'occasion  de  rapporter 
est  celui  du  20  janvier  190G;  il  est  signalé  dans  le  Mémoire  paru,  la  même 
année,  dans  les  Annales  du  Bureau  Central  météorologique  (t.  1,  p.  3io  ). 
Parmi  les  cas  semblables,  très  nombreux,  qui  se  sont  manifestés  depuis 
lors,  je  vais  donner  deux  exemples  récents  qui  se  sont  présentés  les  21  et 
29  décembre  1920. 

La  ligure  ci-après  contient  les  diagrammes  sui\ants  relatifs  à  chacune 
de  ces  dates  :  (i),  thermogramme  du  sommet  de  la  Tour  Eiffel  (3oi°',  8  au- 
dessus  du  sol);  (2),  thermogramme  de  la  plate-forme  intermédiaire 
(196'", 7  au-dessus  du  sol);  (3),  thermogramme  de  la  seconde  plate-forme 


700 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


(i  2^'"  au-dessus  du  sol);  (/(),  tliermogramme  de  la  cour  du  Bureau  Central 
météorologique  (i™,6o  au-dessus  du  sol).  La  courbe  (5)  est  la  reproduction 


S 


J 


-if 


X^t 


%M 


//««ii^t^  //i^ 


O^Tnitxt^ 


CowfJlM-S  .CM- 
Vtnt 


du  diagramme  de  la  vitesse  du  vent  au  sommet  de  la  Tour  KifTel  (3o5'"  au- 
dessus  du  sol). 

Cas  du  21  dtcenibre.  —  Nous  devons  ajouter  ((iielques  renseignements  à  ceux  qui 
ressortent  des  graplii(iues. 

Avant  ô*",  riuimidité  était  voisine  de  la  saturation.  Lorsi|ue  le  vent  s'est  levé  et  que 
sa  vitesse  est  passée,  en  quelques  minutes,  d'une  valeur  nulle  à  une  valeur  de  l'ordre 
de  12  m  :  s,  riiumidilé  a  subi  une  baisse  notable  qui  s'est  maintenue  jusqu'à  i4'',  aussi 
longtemps  qu'ont  duré  les  oscillations  de  la  température  et  du  vent;  elle  est  revenue 
ensuite  à  la  saturation. 

A  la  terrasse  du  Bureau  Central  (18"  au-dessus  du  sol),  le  vent  soufllail  entre  SSE 
et  S  à  la  vitesse  de  o^jSo  par  seconde;  à  la  Tour  Eifl'el,  sa  direction  était  comprise 
entre  SSW  el  SW,  c'est-à-dire  se  trouvait  reportée  d'un  demi-(|uadrant  vers  l'Ouest 
par  rapport  à  celle  du  vent  au  soi. 

l*]nfin,  d'après  le  Bulletin  international  quotidien  du  Bureau  Central  météorolo- 
gique, la  région  parisienne  n'a  commencé  à  subir  l'influence  de  la  dépression  pro- 
fonde, ayant  son  centre  au  nord-ouest  des  lies  Britanniques,  qu'aux  heures  où  se  sont 
produites  les  manifestations  qui  nous  occupent. 

Cas  dit  29  décembre.  —  Les  remar<]ues  sont  de  même  nature  que  pour  le  21  décembre; 
les  manifestations  se  sont  produites  pendant  la  nuit,  par  ciel  clair,  ainsi  que  le 
montre  le  «  renversement  de  la  température  »,  mis  en  évidence  par  l'ensemble  des 
tlieruiogrammes. 


Ces  données  mettent  en  relief  l'existence  de  deiiv  courants  superposes, 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1921.  701 

possédant  des  températures  et  des  directions  différentes.  Le  courant  supé- 
rieur est  chaud  et  il  est  animé  d'une  vitesse  plus  grande  que  celle  du  cou- 
rant inférieur,  de  température  plus  basse.  Ces  masses  ne  se  mélangent  pas 
notablement,  mais  les  frottements  qu'elles  exercent  l'une  sur  l'autre 
provoquent  des  vagues  qui  immergent  les  instruments  placés  au  sommet 
de  la  Tour  Eiffel  tantôt  dans  la  masse  froide  du  courant  inférieur,  tantôt 
dans  la  masse  chaude  du  courant  supérieur.  La  concordaace  entre  les 
hausses  et  les  baisses,  que  l'on  observe  en  même  temps  sur  la  température 
et  sur  la  vitesse  du  vent,  apparaît  comme  la  conséquence  nécessaire  de  ces 
mouvements  d'ascension  et  de  descente. 

L'abaissement  de  l'humidité  que  l'on  constate  est  dû  à  l'apport  d'air 
chaud  vers  la  masse  d'air  froid  préexistante. 

La  conclusion  à  laquelle  vient  de  nous  conduire  la  discussion  de  faits 
expérimentaux  bien  établis,  à  savoir  l'existence  d'un  courant  d'air  chaud, 
mis  en  mouvement  au-dessus  des  couches  froides  par  le  jeu  naturel  des 
forces  qui  interviennent  dans  une  dépression,  s'accorde  avec  les  vues  nou- 
velles que  le  Professeur  Bjerkness  (de  Bergen)  a  émises  dans  ces  dernières 
années  (')  et  plus  récemment  (^)  sur  la  structure  des  cyclones  en  mouve- 
ment. Les  instruments  de  la  Tour  Eiffel  sont  donc  susceptibles  de  marquer 
le  passage  de  la  surface  directrice  (steering  surface)  qui,  sur  le  front  d'un 
cyclone  en  mouvement,  marque  la  limite  du  secteur  chaud. 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  un  cas  de  comblement  brusque  d'une  dépression. 
Note  de  M.  Dei.cambre,  présentée  par  M.  Bourgeois. 

a.  Le  5  février  1921,  une  dépression  profonde  (748™™)  était  centrée 
à  7''  sur  l'extrémité  ouest  de  la  Bretagne.  Elle  s'est  comblée  sur  place 
dans  la  journée  du  5  février,  et  le  6  il  n'en  existe  plus  aucun  vestige  ;  une 
pointe  anticyclonique  détachée  de  l'anticyclone  Scandinave  s'avance  vers 
la  Manche. 

Ce  phénomène  a  déjà  donné  lieu  à  une  ISote  de  M.  G.  Guilbert  qui  l'a 
annoncé  en  appliquant  sa  méthode.  Il  pouvait  également  être  prévu  d'un 

(')  J.  BjERKiNESS,  Ueber  die  ForLbewegung  der  Konvergenz  and  DivergenzUiiien 
(Meteor.  Z.,  1917,  p.  lo-ii). 

(-)   Ciel  et  Terre,  1920,  p.  287;  1921,  p.  22. 


702  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

façon  délaillée  au  mo^en  d'une  autre  méthode,  et  il  l'a  été  ell'eclivemcnl 
(prévision  du  Service  des  Avertissements  de  l'Office  national  météoro- 
logique). 

b.  Principe  de  lu  méthode  de  prévision  haroniélrique  emidoyée.  —  La 
méthode  employée  a  été  créée  en  ii)i6  au  Bureau  météorologique  militaire 
par  le  colonel  Delcambre  et  le  capitaine  Schereschewsky.  Elle  s'appuie 
essentiellement  sur  l'élude  d'une  entité  météorologique  particulière  appelée 
noyau  de  variations  barométriques  qu'elle  substitue  aussi  complètement 
que  possible  à  renlité  «  dépression  ». 

La  région  où  la  variation  totale  du  baromètre  dans  un  intervalle  de  temps 
donné  est  une  hausse  constitue  le  noyau  dit  positif,  correspondant  à  cet 
intervalle  de  temps;  la  région  où  elle  est  une  baisse,  le  noyau  dit  négatif. 

1^'évolution  du  noyau  de  variations  peut  se  faire  de  diverses  manières  : 

1°  Le  noyau  peut  se  déplacer  d'un  mouvement  uniforme  sans  variation 
de  sa  valeur; 

2"  Le  noyau  peut  aussi  se  déplacer  en  changeant  de  valeur; 

3°  Enfin,  il  peut  évoluer  sur  place,  en  changeant  progressivement  de 
valeur. 

On  reconnaît  le  type  d'évolution  auquel  on  a  affaire  par  la  comparaison 
du  noyau  de  variations  à  un  noyau  spécial,  dit  noyau  des  tendances  baro- 
métriques, la  tendance  étant,  comme  on  le  sait,  la  variation  du  baromètre 
dans  les  trois  heures  qui  précèdent  une  observation. 

c.  Prévision  du  3  février  pour  le  6.  —  Le  cas  particulier  que  nous  avons  à 
exposer  se  rapporte  à  deux  noyaux  évoluant,  l'un  suivant  le  deuxième  type, 
l'autre  suivant  le  troisième  type.  La  carte  des  variations  du  5  février 
à  7'',  relative  à  un  intervalle  de  12  heures  montre  l'existence  de  deux 
noyaux  de  variations  :  l'un  positif  sur  l'Irlande,  l'autre  négatif  sur  l'enlrce 
de  la  Manche. 

1°  Étude  du  noyau  négatif.  —  Le  noyau  des  variations  en  12  heures  a 
une  profondeur  de  3'"'"  environ.  I..e  noyau  des  tendances  négatives  corres- 
pondant est  déjà  anéanti.  C'est  là  le  trait  qui  caractérise  la  disparition  sur 
place  d'un  noyau  de  variations.  Une  étude  analogue  faite  6  heures  plus  tôt 
aurait  déjà  conduit  à  la  même  conclusion. 

2"  Etude  du  noyau posit if.  —  Le  noyau  des  variations  en  12  heures  a  une 
profondeur  de  12"""  environ.  Le  noyau  des  tendances  correspondant  pré- 
sente un  double  caractère  :  il  est  bien  proportionné  au  noyau  des  variations 
et  il  est  normalement  excentré  par  rapport  à  ce  dernier.  Ce  sont  là  les  traits 
qui  caractérisent  la  progression  normale  d'un  noyau  de  variations. 


SÉANCE   DU    l4    MARS    I921.  ■^o3 

(juanl  aux  cartes  suivantes  (  iS""),  elles  montrent  que  le  noyau  positif  va 
évoluer  désormais  suivant  le  troisième  type  :  le  noyau  des  tendances  corres- 
pondant n'est  nullement  excentré.  Ce  sont  là  les  caractères  de  l'arrêt  du 
mouvement. 

3"  Prévision  résultanle.  —  L'étude  du  noyau  négatif  ayant  mis  en  évi- 
dence sa  disparition,  la  prévision  s'établit  à  l'aide  du  seul  noyau  positif. 

Soient  Aj,  la  valeur  du  noyau  de  variation  en  N  heures  à  l'heure  d'obser- 
tion  H,  A,^  la  valeur  du  noyau  de  variation  en  2N  heures  à  l'heure  (H  +  N). 
La  loi  de  composition  des  noyaux  donne  entre  A^  et  A.^^  la  relation  suivante  : 


A         3  . 


Dans  le  cas  présent,  on  a 


Ac    le  5  mars  u  i3''=+  6°"°, 

3 
A,o  le  5  mars  à  19'':=  -  X  6  =  -|-  9" 


Aoj  le  6  mars  à    7''=  -  x  (  -  x  6  )  =:  -t-  i3 


Le  maximum  observé,  iS""",  a  été  voisin  de  la  valeur  calculée. 

L'avantage  particulier  à  la  méthode  des  noyaux  de  variations  est  donc 
qu'elle  permet  une  évaluation  numérique  rationnelle  de  la  variation  baro- 
métrique annoncée  dans  la  prévision. 


EMBRYOGÉNIE  VÉGÉTALE.  —  Embryogénie  des  Scrofiilariacées.  Développement 
de  l'embryon  chez  le  Veronica  arvensis  L.  Note  de  M.  René  Souèges, 
présentée  par  M.  L.  Guignard. 

L'oospore  s'étire  en  un  tube  dont  l'extrémité  supérieure  renflée  vient 
occuper  le  centre  du  jeune  tissu  endospermique.  C'est  dans  ce  renflement 
terminal  que  se  trouve  le  noyau  et  que  se  produit  la  première  division.  Elle 
est  transversale  et  sépare  deux  cellules  (c«  et  cb)  de  dimensions  fort  difîé- 
rentes  {fig.  i).  Deux  segmentations,  l'une  verticale  dans  l'élément  ca, 
l'autre  horizontale  dans  l'élément  cb,  conduisent  à  une  tétrade  semblable 
à  celle  que  l'on  observe  le  plus  souvent  (Myosurus,  Capsella,  Polygoniirn, 
Senecio,  etc.). 

J^a  marche  des  divisions  dans  les  deu\  cellules  supérieures  de  la  tétrade  est  tout  à 


7o4 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


fait  compaiable  à  celle  qui  a  lUé  décrite  chez  les  Cnicifères  (')  cl  cliez  VŒnolhera 
hieiinis  (-)  :  les  quadrants,  les  octants  se  différencient  de  la  même  manière  et  donnent 
naissance,  par  des  processus  analogues,  aux  mêmes  régions  du  corps  embryonnaire. 
Au  moment  de  la  formation  des  quadrants,  la  cellule  inférieure,  ci,  de  la  tétrade  se 
segmente  transversalement  et  c'est  seulement  après  la  constitution  des  octants  que  se 
trouxe  accomplie  la  séparation  de  la  cellule  intermédiaire/",  en  deux  éléments  super- 


Kig.  1  à  17.  —  Veronica  arvensis  L.  Développement  du  proembryon  jusqu'à  dilTérenciation  des 
principales  régions  du  corps  embryonnaire,  ca  el  cb,  cellule  apicule  et  cellule  basale  du  proembryon 
bicellulaire;  m  el  ci,  les  deux  cellules  inférieures  de  la  télradc;  d  et  /,  cellules-filles  de  m; 
p  el  q,  cellules-filles  de  rf;  pe,  périblcme;  pi,  pléronic  ;  /)/•,  péricyclc;  icc.  initiales  de  l'écorce: 
mv,  cellule-mère  du  plérome  cotylédonairc.  G  :  4ai>- 

posés,  d  el  f  (Jig.  7).  Par  conséquent,  pendant  que  quatre  cellules  tirent  leur  origine 
de  la  cellule  basale,  c6,  huit  sont  engendrées  par  la  cellule  apicale,  ca;  autrement  dit, 
au  terme  de  la  quatrième  généialion.  le  proenibryon  ne  comprend  que  douze  élé- 
ments au  lieu  de  seize. 

Peu  après,  la  cellule  d  se  segmente  transversalement  pour  eiigendi'er  encore  deux 
cellules  superposées,  />  et  ijr  {/ig:  9);  c^est  la  celiule-fille  supérieure,  p,  qui,  en  lègle 
li'ès  générale,  se  sépare  par  une  cloison  en  verre  de  montre  venant  s'appuyer  sur  les 
deu\  parois  latérales  du  dermatogène  de  l'hypocotyle  et  s'individualise  ainsi  comme 
cellule  hypophysaire.  Les  deux  éléments  superposés,  isolés  par  celle  cloison  courbe, 
se  segmentent  par  deux  parois  méridiennes  ciuciales  et  engendrent  deux  étages  de 

(')  K.  SoutGES,  Nouvelles  recherches  sur  le  dé^eloppeineiiL  de  l'embryon  chez  les 
Crucifères  {Ann.  Se.  nat.  bot.,  9"  série,  t.  19,  i9i4i  P-  3ii);  Les  premières  divi- 
sions de  V œuf  el  les  différenciations  du  suspenseur  chez  le  Capsella  Bursa-pasloris 
Mœnch  (Ibid.,  lo'  séiie,  t.  1,  1919,  p.  1). 

(-)  R.  SoiÈGES,  Embryogénie  des  Œnothéracées.  Développement  de  l'embryon 
chez  /'Olinolhera  biennis  L.  (Comptes  rendus,  t.  170,  ig.'.o,  p.  946). 


SÉANCE    DU    l4    MARS    192I.  ^o5 

quatre  cellules  :  les  quatre  cellules  de  l'étage  supérieur  conslitueiU  les  initiales  de 
l'écorce,  les  quatre  cellules  de  l'étage  inférieur  donnent  naissance  à  la  portion  cen- 
trale de  la  coilTe.  La  cellule-fiIle  inférieure,  q  {Jîg-  9),  avec  tous  les  éléments  placés 
au-dessous,  concourt  à  la  conslruclion  d'un  suspenseur,  étroit,  filamenteux,  qui  ne 
s'étend  pas  au-dessous  de  l'éliunglement  séparant  l'albumen  de  la  cavité  micropylaire. 
Celle-ci  semble  tenir  lieu  de  la  vésicule  hausloriale  différenciée  aux  dépens  de  la 
cellule  la  plus  inférieure  du  suspenseur  chez  le  Capsella  Bursa-pasloris  ou  chez 
1  '  Url  ica  pilti  H  fera . 

En  somme,  les  règles  du  développement,  chez  le  f^eronica  mvensis, 
oflfent  les  plus  étroites  analogies  avec  celles  que  Ton  observe  chez  VOEno- 
thera  bicnnis  et  chez  les  Crucifères. 

Le  Veronica  diffère  cependant  du  Capsella  :  1°  par  l'origine  de  l'hypo- 
physe qui,  généralement,  est  une  descendante,  dans  le  premier  cas,  au 
deuxième  degré  et,  dans  le  second  cas,  au  troisième  degré  de  la  cellule  m 
de  la  tétrade;  2°  par  la  forme  du  suspenseur  qui  est  représenté  chez  le 
Veronica  par  un  simple  filament,  alors  que  chez  le  Capsella  la  cellule  infé- 
rieure du  filament  se  transforme  en  une  grosse  vésicule  micropylaire; 
3°  par  la  différence  de  marche  des  segmentations  dans  les  deux  cellules 
apicale  et  basale.  Chez  le  Veronica,  les  divisions  subissent  un  retard  marqué 
dans  la  cellule  basale,  qui  donne  seulement  quatre  éléments  pendant  qu'il 
en  naît  huit  dans  la  cellule  apicale;  chez  \q  Capsella,  l'équipollence  des  deux 
premiers  blaslomères  se  trouve  conservée  jusqu'au  stade  voisin  de  la  cons- 
titution du  proembryon  à  16  cellules. 

L'embryon  du  Veronica  diffère  également  de  celui  de  V OEnothera  :  i"  par 
l'origine  de  l'hypophyse  qui,  chez  cette  dernière  espèce,  n'est  autre  que  la 
cellule  m  de  la  tétrade;  2°  par  la  forme  du  suspenseur  qui  demeure  court 
et  trapu;  mais  il  s'en  rapproche,  par  contre,  par  la  vitesse  inégale  des  seg- 
mentations dans  les  deux  premiers  blastomères.  Comme  ce  dernier  carac- 
tère se  montre  plus  constant  que  les  deux  autres,  ce  serait  donc  au  type 
de  VOEnothern  qu'il  conviendrait  de  rattacher  l'embryon  du  Veronica 
arvensis  (  '). 

(')  E.  Schmidt  [Beilrâge  zur  Entwickl.  der  Scrophulariaceae  (Beih.  ziini  bot. 
Centralb.,  t.  20,  1906,  p.  210)],  au  sujet  du  Veronica  Chamœdrys  et  du  Veronica 
liederœfolia,  déclare  que  l'embryon  se  développe  normalement.  Aucune  figure  n'ac- 
compagne cette  simple  affirmation  qu'il  y  avait  tout  lieu  de  considérer  pour  le  moins 
comme  prématurée,  surtout  après  ce  qu'a  permis  de  ré\éler  l'élude  d'autres  exemples 
soi-disant  normaux. 


7o6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

PHYSIOLOGU-:  VÉGÉTALE.  —  Action  de  qitehjaes  alcaloïdes  sur  le 
Bolrylis  cinerea  Pcrs.  Note  de  M.  Pierre  INobécoirt,  présentée 
par  M.  Guif^fiiard. 

Les  tissus  d'un  grand  nombre  de  plantes  renferment  des  substances 
toxiques  (alcaloïdes,  glucosides,  essences,  latex,  etc.),  auxquelles  on  a 
souvent  attribué  un  rôle  jirotecteur  contre  les  attaques  des  champignons 
parasites,  quoique  jusqu'ici  des  expériences  précises  sur  ce  sujet  aient  fait 
défaut. 

Ayant  entrepris  un  ensemble  de  recherches  sur  les  causes  de  l'immunité 
ou  de  la  prédisposition  naturelle  des  espèces  végétales  vis-à-vis  des  cham- 
pignons parasites,  nous  avons  été  amené  à  étudier  l'action  qu'exercent 
sur  ceux-ci  ces  substances  qui  semblent  susceptibles  d'empêcher  l'infection. 

Dans  la  présente  Note,  nous  nous  bornerons  aux  résultats  obtenus  avec 
quelques  alcaloïdes  sur  le  Bolrytls  cinerea  Pers.  (forme  conidienne  du 
Selerolinia  Fucheliana  de  Bary),  parasite  facultatif  très  plurivore.  Le 
parasitisme  de  ce  champignon  sur  des  Nicotiano,  Ci nc/iona (') a\ail  déjà  été 
constaté,  etnous-même  avions  obtenu,  par  inoculation  expérimentale,  pen- 
dant l'automne  dernier,  une  abondante  croissance  du  5.  cmerea  sur  feuilles 
et  fruits  d'^^z-o/^rt  Bellndovna  ;  mais,  comme  dans  aucune  de  ces  observations 
il  n'avait  été  procédé  au  dosage  des  alcaloïdes  dans  les  plantes  parasitées, 
on  ne  pouvait  conclure  à  l'inefficacité  de  ces  substances  dans  la  défense  de 
ces  plantes;  on  sait,  en  elîet,  que,  selon  les  conditions  climatériques  ou 
culturales,  la  teneur  des  plantes  en  alcaloïdes  est  variable  et  peut  môme 
devenir  nulle. 

Nous  cultivions  notre  champignon,  dans  des  malras  à  fond  plal,  sur  liqueur  de 
Raulin,  additionnée  de  quantités  variables  des  alcaloïdes  envisagés.  Afin  d'éviter  les 
modifications  chimiques  que  les  alcaloïdes  auraient  pu  éprouver  par  le  cliaulTage  à 
l'auloclave  en  présence  des  diverses  substances  entrant  dans  la  composition  de  la 
liqueur  de  Raulin,  nous  procédions  de  la  manière  suivante  :  on  stérilisait  une  série 
de  matras  contenant  chacun  lo'™'  de  celle  liqueur  à  une  concentration  double  de  sa 
concentration  normale,  et,  après  refroidissement,  on  ajoutait  asepliquemenl  à  chacun 
d'eux  la  quantité  convenable  d'alcaloïde,  dissoute  dans  lo"^""'  d'eau  et  stérilisée  sépa- 
rément. 

Les  ensemencements  furent  faits  avec  des  conidies  provenant  de  cultures  pures  sur 

(')  L.  LiiTZ,  Parasitisme  du  Selerolinia  Fuckeliana  sur  les  quinquinas  de  culture. 
(  /Intl.  Soc.  myc.  de  Fr.,  t.  20). 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  707 

iranclies  di^  pain,  siibstraluiu  lios  fa\  orable  au  Bolrjlis  qui  y  piodiiil  des  conidio- 
pliores  en  abondance.  Les  alcaloïdes  employés  furent  la  nicotine,  l'atropine,  la  quinine 
et  l'aconiline.  Les  inatras  ensemencés  étaient  laissés  à  la  lumière  du  jour  et  à  la  tem- 
pérature du  laboratoire  (environ  16°). 

I^a  nicotine '(à  l'étal  libre),  dissoute  dans  20™''  de  liquide  de  Haulin,  en  quantité 
variant  de  îS'"?  à  ôoo'"?,  correspondant  ù  des  concentrations  de  , ■),'„ „  à  , j; H „ ,  n'entrave 
pas  la  végétation  du  B.  cinerea  qui  se  développe  sur  ces  milieux  en  produisant 
d'abondants  conidiophores  et  de  nombreux  scléiotes,  parfois  très  volumineux. 

Le  sulfate  d'atropine,  ajouté  à  la  même  quantité  de  Raulin,  à  des  doses  allant 
de  ;io"'S  à  'loo™?,  correspondant  à  des  concentrations  de  YWâ  ^  TouTTi  "^  rwi'il  également 
pas  au  champignon  qui  croît  avec  luxuriances  sur  ces  milieux,  en  produisant  de 
nombreux  conidiophores  el  sclérotes. 

Le  sulfate  de  quinine,  en  quantités  variant  de  2o'"e  à  200™s,  correspondant  à  des 
concentrations  variant  de  YmTS  ^  Touô")  n'empêche  pas  le  développement  du  B.  cinerea, 
qui  produit  également  sur  ces  milieux  des  conidiophores  abondants;  en  outre,  des 
sclérotes  se  forment  dans  les  cultures  où  la  concentration  est  inférieure  à  , „^p „ .  Mais, 
à  la  dose  de  400*"=,  c'est-à-dire  à  la  concentration  de  ,  ^ g „ ,  le  développement  du  cham- 
pignon se  réduit  à  de  petits  thalles  de  quelques  millimètres  de  diamètre,  provenant 
chacun  de  la  germination  d'une  spore  et  il  ne  se  produit  que  peu  de  conidiophores. 
A  la  concentration  de  -pu^Uj  aucun  développement  n'a  lieu. 

L'aconiline  cristallisée,  aux  doses  de  2o™s  et^o^s^  correspondant  aux  concentrations 
de  ,,|'„„  et  -j-^njïï'  entrave  visiblement  la  végétation  du  champignon.  Cependant,  à  la 
première  de  ces  concentrations,  des  sclérotes  peuvent  encore  se  produire.  A  la  dose 
de  80™?,  c'est-à-dire  à  la  concentration  de  Yuvrn  '^  développement  est  très  réduit  : 
seules  quelques  conidies  germent  et  produisent  de  petits  thalles  de  faible  diamètre  dont 
la  croissance  s'arrête  bientôt.  A  la  concentration  de  i\%„,  des  spores  germent  encore, 
mais  le  développement  demeure  très  minime.  A\ec  ,  |-,  ",  „  d'aconitine,  la  germination 
ne  se  produit  plus. 

En  résumé,  on  voit  que  le  rôle  de  la  nicotine  et  de  l'atropine,  dans  la 
défense  contre  le  H.  cinerea  des  plantes  qui  produisent  ces  alcaloïdes,  doit 
être  considéré  comme  nul,  puisque  ces  substances  ne  se  sont  pas  montrées 
nuisibles  à  ce  champignon,  même  à  des  concentrations  qui  ne  sont  vraisem- 
blablement jamais  atteintes  dans  les' tissus  des  Tabacs  et  de  la  Belladone. 
La  quinine  exerce  une  action  défavorable  seulement  à  des  doses  assez 
élevées.  Par  contre,  l'aconitine  est  défavorable,  même  à  faibles  doses,  et  il 
faut  s'attendre  à  ce  que,  dans  les  essais  d'inoculation  qui  seront  entrepris 
dès  que  la  saison  le  permettra,  l'Aconit  se  montre  réfractaire  au  Botrytis. 

Nous  avons  également  efTectué  un  certain  nombre  d'expériences  avec  le 
champignon  causant  la  maladie  appelée  Toile  et  qui  est  une  race  stérile  du 
B.  cinerea,  plus  virulente  que  la  forme  conidienne  (  ').  Cette  race  stérile  se 

(  ')  Beauverie,  Études  sur  le  polymorphisme  des  champignons. 


I 


^o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

montre  moins  résistante  aux  alcaloïdes  essayés  que  la  forme  Bolrvtis.  Elle 
croît  encore  sur  Raulin  additionné  de  y^  de  sulfate  d'atropine,  mais  refuse 
de  se  développer  sur  le  même  milieu  additionné  de  j^  de  quinine  ou 
de  j^  d'aconitine.  Avec  -j-^  de  nicotine,  elle  végète  encore  bien,  mais 
avec  Y~^,  la  croissance  est  lente  et  minime.  Ces  résultats  permettent 
d'escompter  une  immunité  complète  de  l'aconit  envers  la  Toile,  ainsi 
qu'une  forte  résistance  du  tabac  à  la  même  maladie. 

Outre  leur  application  à  la  pathologie  végétale,  les  reclierches  précé- 
dentes peuvent  présenter  un  certain  intérêt  au  point  de  vue  de  la  Biologie 
générale.  Il  convient,  en  effet,  de  remarquer  la  résistance  du  li.  cinerca 
envers  les  alcaloïdes  et  de  la  comparer  à  ce  que  l'on  connaît  jusqu'ici  de 
l'action  de  ces  substances  sur  les  autres  êtres  vivants. 

La  toxicité  des  alcaloïdes  pour  les  animaux  supérieurs  est  bien  connue  et 
la  résistance  relative  de  certaines  espèces  animales  (lapin,  rat,  etc.),  due 
vraisemblablement  à  la  rapidité  de  l'élimination  du  poison,  ne  saurait  être 
comparée  à  la  résistance  du  Bolrytis  qui  vil,  s'accroît  et  fructilie  en  ayant 
ses  cellules  constamment  baignées  par  des  solutions  alcaloïdiques. 

Les  animaux  inférieurs  sont  également  très  sensibles  à  ces  substances  (  '  ). 

Par  contre,  chez  les  végégaux  supérieurs,  il  résulte  des  expériences  de 
Réveil  et  de  Marcacci  (^),  que,  si  la  quinine  est  nuisible,  la  nicotine  et 
l'atropine  sont  indifférentes  ou  même  favorables  :  Réveil  qualifie  l'atropine 
de  véritable  engrais. 

Des  expériences  avec  l'aconitine  n'ont,  à  notre  connaissance,  pas  encore 
été  tentées  sur  les  végétaux  supérieurs,  mais  nous  venons  de  voir  que  cette 
substance,  considérée  par  les  toxicologues  comme  le  plus  violent  des  poi- 
sons, laissait  cependant  encore  notre  Botrylis  croître  à  la  concentration 
de  j^  et  germer  à  celle  de  -p^. 

Les  végétaux  (phanérogames  ou  champignons)  sont  donc  beaucoup 
moins  sensibles  aux  alcaloïdes  que  les  animaux.  Ils  semblent  même  pou- 
voir utiliser  comme  aliments  certaines  de  ces  substances.  Toutefois,  ce 
dernier  point,  encore  insuffisamment  élucidé,  demande  de  nouvelles 
recherches. 


( ')  Ainsi,  d'après  Prowazeck  :  Gifhviikuni:;  iind  Protozocnplasiita  (Arrlt.  f.  l'ro- 
lisCen/:.,  L.  18),  un  infiisoire,  le  Colpidiiini  Colpoda  Elirb.,  esl  lue  en  i  lieuie  par  la 
quinine  à  ,-q-^otj  el  en  2o  minutes  par  l'atropine  à  j^. 

(-)  l'.-O.  Réveil,  De  l'action  des  poisons  sur  les  plantes:  MAiiCAnci,  Sur  l'action 
des  alcaloïdes  dans  le  règne  véffc/al  et  (ininial{Arc/nves  italiennes  de  liiolngie,  1.9). 


SÉANCE    DU    l4    MARS    192I.  709 

PHY.SIOI,OGlE  VÉGÉTALE.  —  Variation  des  acides  organiques  an  cours  de  la 
pigmentation  anthocy unique.  Note  de  M"''  Denise  Koiii.er,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

En  1910.  R.  Combes  (')  a  montre  que  les  organes  dans  lesquels  les  pig- 
ments anlhocyaniques  se  forment  fixent  plus  d'oxygène  que  les  organes 
non  pigmentés.  Le  même  fait  a  été  ensuite  constaté  par  E.  Rosé  et  par 
G.  Nicolas.  L'apparition  des  anthocyanes  est  donc  corrélative  de  l'accélé- 
ration des  phénomènes  d'oxydation. 

En  ic)i3,R.  Combes,  ayant  isolé  des  {(tv^\\\ç:i, -savX.^?,  ai" Ampélopsis hederacea 
un  pigment  jaune  appartenant  au  groupe  des  phéno-y-pyrones,  obtint,  par 
réduction  de  ce  pigment,  une  anthocyane  identique  à  celle  qui  se  forme 
dans  les  feuilles  rouges  de  la  même  plante.  Il  en  déduisit  que  l'hypothèse 
suivant  laquelle  les  anthocyanes  résulteraient  de  l'oxydation  de  corps 
préexistants  devait  être  abandonnée,  et  il  conclut  que  la  formation  des 
pigments  anlhocyaniques  apparaissait  comme  un  phénomène  de  réduction. 
Ces  résultats  et  cette  opinion  furent  ensuite  confirmés  par  Willstatter, 
Everest,  Willstatter  et  ses  élèves,  et,  récemment  encore,  par  Kurt  Noack. 

Les  phénomènes  d'oxydation  observés  pendant  la  pigmentation  ne 
portent  donc  pas  sur  les  générateurs  de  l'anthocyane.  R.  Combes  (-)  pensa 
alors  que  l'oxygène  se  fixe  sur  d'autres  substances,  qui,  en  s'oxydant, 
créent  précisément  un  milieu  réducteur  à  la  faveur  duquel  se  forment  les 
pigments  anthocyaniques.  Reprenant  cette  hypothèse,  G.  Nicolas  (')  sup- 
pose que  les  substances  qui  s'oxydent  ainsi  tendent  à  la  formation  d'acides 
organiques.  On  sait,  en  effet,  que  celle  formation  se  fait  avec  une  grande 
fixation  d'oxygène. 

Les  travaux  de  W'iesner  et  Kraus,  ceux  de  Nicolas,  qui  ont  étudié  l'aci- 
dité des  tissus,  semblent  montrer  qu'il  y  a  un  rapport  entre  cette  acidité  et 
la  présence  d'anthocvane. 

A  la  suite  de  l'opinion  émise  par  Nicolas,  celte  question  des  relations  qui 
existent  entre  la  formation  des  acides  organiques  et  la  pigmentation  antho- 
cyanique  apparaît  particulièrement  intéressante  à  résoudre,  car  elle  se 
rattache  étroitement  à  la  genèse  des  anthocyanes.  Il  m'a  semblé  nécessaire 
d'aborder  cette  question  avec  une  technique  dilTérenle  de  celle  qui  a  été 

(')  \\.  Combes,  Comptes  rendus,  i.  150,  1910,  p.  1186;  1.  137,  i9i3,p.  looael  i454- 

(^)  I\.  Combes,  fiev.  gén.  de  Bolaniiitic,  i.  30,  1918. 

(')  G.  Nicolas,  Comptes  rendus,  t.  K»",   1918,  p.   i3o-io3. 

C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  172,  N"  11.)  ^3 


710  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

adoptée  jusqu'ici.  En  effet,  conune  l'ont  montré  Beiilielot  et  André,  la 
détermination  de  Vacidité  d'un  tissu  ne  rend  pas  compte  de  sa  lentnr  en 
acides  organiques;  celte  teneur  ne  peut  être  évaluée  que  par  la  détermina- 
tion des  acides  organiques  libres  d'une  part,  et  des  acides  organiques 
combinés  d'autre  part.  De  plus,  pour  évaluer  exactement  les  acides 
organiques  libres,  on  ne  peut  se  contenter  du  titrage  acidimétrique  du 
liquide  d'épuisement  des  tissus;  les  liquides  d'épuisement  contiennent,  en 
effet,  en  outre  des  acides  organiques,  un  grand  nombre  de  corps  capables 
de  se  condîiner  aux  alcalis  :  tanins,  composés  phénoliques,  antliocyanes 
en  particulier.  Il  est  donc  nécessaire  de  séparer  les  acides  organiques  afin 
de  les  doser  seuls;  j'ai  utilisé  le  pliénomène  de  dialvsc  pour  efTectuer  cette 
séparation,  l'-iilin,  il  ma  semblé  indispensable  de  suivre,  dans  un  végétal 
donné,  les  varialions  des  acides  organiques,  au  fur  et  à  mesure  de  l'appari- 
tion de  l'anlhocyane,  par  plusieurs  dosages  successifs. 

J'ai  opéré  sur  des  corolles  de  la  variété  violette  de  i'ohœa  scandcns,  sur 
des  feuilles  àWmpelopsi.s  tricuspiduta,  et  sur  des  tigellesde  Polygonum  Fago- 
pyruin.  Pour  chacun  de  ces  organes,  j'ai  effectué  deux  séries  d'expériences. 
Dans  la  première  série,  j'ai  suivi  les  variations  de  la  teneur  en  acides  orga- 
niques dans  des  organes  se  pigmejitanl  sur  la  plante.  Dans  la  seconde,  afin 
d'obtenir  des  résultats  qui  soient  à  l'abri  des  phénomènes  de  migration,  j'ai 
suivi  ces  variations  dans  des  organes  se  pigmentant  après  avoir  été  détachés 
delà  plante.  Je  réunis  dans  le  Tableau  suivant  quelques-uns  des  résultats 
que  j'ai  obtenus;  ces  résultats  sont  exprimés  en  milligrammes  d'acide 
acétique,  et  rapportés  à  i^  de  substance  sèche. 

Organes  en  lebilion  :nccla  plante.  Organes  délacliésde  laplanle. 

Acides  organiques  Acides  organiques 

libres.         ciinibinès.        lolaiix.  lilii'es,        cnrni>incs.        totaux, 

l^'onnalion  d'aiuliocyaiie  dans  les  corolles 
{Co/jtrci  sciutdens)  : 

Pas  du  loiil  d'anlhocyane ''i7  3j.4  44)'  "  »  » 

Traces  très  faibles  d'anlliocyaiie '■"•i9  3o,3  46)2  i5i9  3o.3  46,2 

Coloration  violette  inlen'Se 20,7  4'î2  61,6  i4iO  3'., 9  4'^i9 

l'^ormalion  d'anlliocjane  dans  les  feuilles 
{Ampélopsis  tricaspidata)  : 

l^as  <iu  tout  d'anlhocyane «.S,:!  i3ii,i  i53,(i  23,.")  i3(),i  i.')3,6 

i-euilles  à  demi  colorées 82,1  i3.j,i  i<>7,'.  at),o         124,6         i.")(i,6 

feuilles  coinplètemenl  colorées '".'■,''■  '54,  i  iî^i,3  »  »  » 

l'"ormation  d'antliocj'ane  dans  des  tigelles  dé- 
veloppées à  l'obscnrilé,  puis  colorées  à  la 
lumière  (Polygonum  Fagopyrum)  : 

Tigelles  d'obscurilé,  jaunes ioS,i  tJ7i<  ij-").'.  (iu.i  7<),i  i3(|,! 

Tigelles  de  lumière,  rouges 'J4>'J  ài,8         i()6.3  53,.")  •"•7'7         iii.q 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  711 

L'examen  de  ce  Tableau  inonlro  que  : 

I.  Chez  des  organes  en  relation  avec  la  plante,  tantôt  la  fornialion  de 
Tanlhocyane  est  corrélative  d'une  augmentation  des  acides  organiques, 
(corolles  de  Cohœa  samclcns,  feuilles  d'Ampélopsis  Iricuspidala),  tant(U,  au 
contraire,  la  pigmentation  antliocyanique  est  accompagnée  d'une  diminu- 
tion des  acides  organiques,  (tigelles  de  Polygonum). 

H.  Chez  des  organes  détachés  de  la  plante,  la  formation  del'anthocyane 
n'a  jamais  été  corrélative  d'une  augmentation  de  la  teneur  en  acides  orga- 
niques. 

Ce  sont  surtout  les  résultats  relatifs  à  la  pigmentation  d'organes  détachés 
de  la  plante,  et  préservés  ainsi  des  émigrations  ou  des  immigrations  de 
substances,  qui  doivent  être  considérés.  Or,  ces  résultats  montrent  que,  dans 
ces  conditions,  la  pigmentation  anthocyanique  n'est  pas  accompagnée 
d'une  augmentation  des  acides  organiques. 

Peut-être  ne  peut-on  pas  encore  déduire  de  ces  faits  que  la  formation  de 
runthocyane  n'est  pas  corrélative  de  la  formation  des  acides  organiques; 
la  teneur  en  acides  organiques  n'exprime  en  eflét  que  la  résultante  de  la 
fonnation  et  de  la  deslriiclion  de  ces  acides;  il  est  possible  que  la  formation 
soit  accélérée  au  moment  de  la  pigmentation,  mais  que  la  destruction  soit 
également  activée,  ou  bien  dans  les  cellules  en  voie  de  pigmentation,  ou 
bien  dans  les  cellules  voisines. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  un  mode  de  défense  naturelle  contre  les  infections 
microbiennes  chez  les  Invertébrés.  Note  de  MM.  E.  Couvreuh  et 
X.  Chaiiovitcii,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  une  Note  récente  ('),  M.  Paillot,  abandonnant  les  idées  qu'il  a 
d'abord  défendues,  d'une  production  par  les  insectes  d'anticorps  baclério- 
lytiques,  anticorps  dont  il  avait  même  localisé  la  production  dans  les 
macronucléocytes  (^),  conclut  que  la  bactériolyse  peut  se  faire  en  dehors 
de  toute  activité  cellulaire  et  qu'il  existe  une  immunité  humorale  naturelle 
chez  les  insectes.  Il  a  constaté  en  effet  que,  quand  on  introduit  in  vitro 
dans  du  sang  centrifugé  de  la  chenille  de  VAgrolis  segetum  une  culture  de 

(')  Paillot,  Mécanisme  de  (' immunité  hamorale  citez  les  insectes  {Comptes 
i\ mliis,  l.  172,  1921,  p.  397). 

(■^)  Voir  pai'liculièreraeiU  I'aillot,  L'  ImniUiiilé  acqui'ie  citez  les  insectes  (G-  fi. Soc. 
biol.,  1920,  n°  2). 


\    ■ 


712  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

/y.  iiielonioulha'  non  llqiiefaciens^  un  certain  nombre  de  microbes  se 
résolvent  en  fines  granulations. 

r.  Dès  Tannée  dernière,  nous  avons  fait,  au  cours  d'un  travail  qui  se 
poursuit  encore  actuellement,  et  relatif  aux  procédés  de  défense  chez  les 
Invertébrés  contre  les  infections  microbiennes,  des  constatations  condui- 
sant aux  mêmes  conclusions  sur  des  chenilles  et  nymphes  de  Bombyx  (Seri- 
c(iria)  mori,  par  des  procédés  à  notre  avis,  d'ailleurs,  plus  démonstratifs. 
Les  résultats  devaient  être  publiés  seulement  avec  l'ensemble  du  travail. 
mais  la  Note  de  M.  Paillot  nous  fait  une  nécessité  d'en  donner  immédia- 
tement connaissance. 

Les  expériences  faites  en  juin  i  9^0  portent  sur  le  colibacille  et  le  bacille 
pyocyanique,  microbes  dont  la  vitalité  est  facile  à  déceler,  chez  le  premier 
par  le  virage  au  jaune  canari  qu'il  produit  dans  des  bouillons  colorés  au 
rouge  neutre,  chez  le  second  par  la  belle  fluorescence  verdàtre  qui  carac- 
térise ses  cultures. 

î>.2  juin  1920  :  A.  Première  expérience. —  On  laisse  en  contact  pendant  ^4  lieiires 
une  goutte  de  cultuie  de  bacille  pyocyanique  avec  quelques  centimètres  cubes  de 
sang  de  ver  à  soie  recueilli  par  la  section  d'une  fausse  patte  (  '  ),  puis  on  ensemence  un 
tube  de  bouillon  ordinaire  avec  ce  mélange.  l!n  anneau  un  peu  verdàtre  se  développe 
en  haut  du  tube,  mais  on  n'a  pas  dans  ce  dernier  la  fluorescence  ordinaire. 

Deuxième  expérience.  —  Analogue  à  la  précédente,  sauf  que  le  conlacl  de  la  cul- 
ture avec  le  sang  a  été  de  .'|8  heures.  Pas  de  tluorescence. 

Donc,  des  cultures  de  bacille  pyocyanique,  laissées  de  ■>.'\  à  (8  heures  en  contact 
avec  du  sang  de  ver  à  soie  ont  perdu  leur  vitalité. 

B.  Des  expériences  faites  à  la  même  date  avec  le  colibacille,  en  mélangeant  la  cul- 
ture au  sang  du  ver,  n"ont  pas  donné  de  résultais  nets.  Nous  nous  proposons  de  les 
reprendre  au  cours  de  celte  année. 

29  juin  1920.  —  On  recommence  les  expériences  du  ja  juin  avec  le  li(|uide  ca\itaiie 
de  chrysalides  de  vers  à  soie. 

A.  Les  résultats  pour  le  bacille  pyocvan!(|ue  ont  été  identiques  au\  précédents  :  un 
contact  de  la  culture  a^ec  le  liquide  cavilaire  pendant  •j'i  heures  seulement  suflisail  à 
la  tuer.  On  n'obtenait  en  elTet  aucune  fluorescence  en  ensemençant  du  bouillon  avec 
la  culture  ainsi  traitée. 

R.  Les  résultats  avec  le  colibacille  ont  été  également  très  nets.  On  laisse  en  con- 
tact pendant  24  heures  une  goutte  de  culture  de  colibacille  avec  quelques  centimètres 
cubes  de  liquide  cavitaire  de  chrysalide  de  \i.'r  à  soie.  Au  bmit  de  re  temps  on  ense- 
mence avec  ce  mélange  du  bouillon  ordinaire  au  rouge  neutre.  Il  ne  se  produit  aucun 
virage  de  ce  rouge. 

(')  Le  sang  n"a  pas  été  centrifugé,  nous  avons  constaté  en  elTet  que  dans  ce  sang  la 
phagocytose  esl  nulle. 


SÉANCE    DU    l'i    MARS    1921.  |^l3 

Nous  pouvons  donc  conclure  que  le  sang  du  ver  à  soie  et  le  li(|uide  eavi- 
taire  de  la  chrysalide  du  Sericarin  inori  ont  une  action  destructive  très 
marquée  sur  certains  microbes. 

II.  Puisque  dans  cette  Note  nous  prenons  date,  nous  ajouterons  que  des 
cultures  de  colibacille  et  de  bacille  pyocyanique  mises  en  contact  avec  du 
sang  d'escargot  en  vie  estivale  (juin  1920)  ont  été  tuées,  et  que  l'ensemen- 
cemenl  après  ce  traitement,  pour  la  recherche  du  coli,  n'a  pas  fait  virer  le 
rouge  neutre  et,  pour  la  recherche  du  pyocyanique,  n'a  pas  fail  apparaître  la 
Ihiorescence. 

III.  Nous  ajouterons,  enfin,  que  des  expériences  analogues  tentées  avfc 
le  suc  digestif  du  ver  à  soie  et  le  suc  digestif  de  l'escargot  ont  donné  les 
mêmes  résultats. 

Conclusions.  —  Le  sang  d'une  part,  le  suc  digestif  d'autre  part,  chez 
certains  Invertébrés,  sont  destructeurs  de  microbes.  Ceux  du  moins  que 
nous  a\ons  étudiés  plus  spécialement,  à  cause  de  la  facilité  de  leur 
recherche  (colibacille,  bacille  pyocyanique),  sont  tués  par  un  contact  plus 
ou  moins  prolongé  avec  ces  liquides. 


PHYSIOLOGIE.  —  Classement  morphologique  de  5o  athlètes.,  champions.  Vérifi- 
cation métrique  par  la  radioscopie.  Note  de  M.  Alfred  Tiiooris,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 

5o  athlètes,  observés  au  point  de  vue  morphologique,  ont  été  répartis  en 
longilignes  et  brévilignes,  suivant  qu'ils  présentaient  une  prédominance 
prononcée  du  tronc  ou  des  membres.  La  prédominance  discrète  a  été 
réservée  aux  médiolignes.  Parmi  eux,  Renaud  a  retenu  mon  attention  par 
la  hiérarchisation  harmonieuse  de  ses  appareils;  il  a  huit  têtes  et  rappelle 
les  plus  beaux  modèles  antiques.  Je  l'ai  choisi  comme  standard  morpho- 
logique. 

Pouvait-on.  en  mesurant  la  charpente  osseuse  sous-jacente,  vérifier 
métriquement  un  semblable  classement?  Le  recours  aux  mesures  radios- 
copiques  et  percentuelles  m'a  paru,  en  la  circonstance,  d'autant  plus 
opportun  qu'elles  étaient  homogènes  et  comparables. 

Le  réticule  de  l'écran  ('),  placé  sur  le  Irajel  normal  du  ravon  et  tangentiellement 


(')  M.  Bonté  m'a  aidé  de  son  expérience  technique. 


7l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  l'ombre  sqiielelliqiie.  permet  d'avoir  des  poinU  de  mesure  dont  les  dislances  déter- 
minent quatre  lignes  remarquables  :  trois  verticales  :  acromio  vertex  ou  longueur  du 
balancier,  aci'omio  irorlianter  ou  longueur  du  tronc,  et  troclianter  calcanéum  ou  lon- 
gueur de  la  fourclie;  une  horizoulale  :  biacromion  ou  lari;eur  du  tiain  supérieur. 

En  prenant  la  longueur  de  la  fourche  comme  caractère  dominant,  j"ai 
obtenu  deux  catégories  d'athlètes  :  i° plus  hauts,  -i" plus  bas  de  terre  (\yie.  le 
standard  morphologique,  devenu  étalon  métrique,  .le  l'ai  préféré  à  l'homme 
moyen  qui  a  l'inconvénient  de  varier  avec  le  nombre  des  sujets. 

1.  —  IIalts  de  terre.  Loni;ilig>es.  {Tronc  court.) 
Hauts  de  plus  de  i  pour  loo. 

A  balancier  long:  Heuet,  Guisset,  Cli.  Denis,  Foulenard,  de  Nys. 
A  balancier  court  :  Burtin,  André,  Guillemot. 

Hauts  de  moins  de  i  pour  loo. 
A  balancier  long  :  Favet,  Mouton,  l'ouliquen,  Delvart.  Valet,  Ledou.r. 
A  balancier  court  :  Kejser,  Dosolm,  \ignaud.  Cote,  l'ernol. 

II.  —  Bas  de  terre.  Brévilignes  ('). 
Bas  de  plus  de  i  pour  loo. 

Tronc  plus  court  de  plus  de  i  pour  loo.  —  A  balancier  long  :  Cadinc,  Cliiistoplie. 

Tronc  plus  court  de  moins  de  i  pour  lOO.  —  A  balancier  long  :  Durand,  Deconninck, 
Gajari,  Laljman,  Pouilley,  Viberl,  Langrenay.  (Médiolignes.) 

Tronc  plus  long  de  plus  de  i  pour  loo.  —  Train  supérieur  plus  large  (uppermeii)  : 
A  balancier  long  :  Wigger,  Damiens,  Meisler,  Bernardon. 

\  balancier  .court  :  Grany. 

Tronc  plus  long  de  plus  de  i  pour  loo.  —  Train  supérieur  moins  large  :  .\  balan- 
cier long  :  G.  Carpentier,  François,  \  asseur. 

A  balancier  court  :  de  Saint-Cyr. 

Tronc  plus  long  de  moins  de  i  pour  loo.  —  Train  supérieur  plus  large  :  A  balan- 
cier long  :  Sergent,  Deriaz. 

Train  supérieur  moins  large  :  A  balancier  long,:  Teyssedou,  Brunel,  Galziu. 

Bas  de  moins  de  i  pour  lOo. 

Tronc  plus  court  de  plus  de  i  pour  loo.  —  A  balancier  long  :  J'clissier,  Saulnier 
(up|)ermen). 

Tronc  plus  court  de  moins  de  i  pour  loo  :  L.  Damiens,  Nicolas. 

Tronc  plus  long  de  plus  de  i  pour  loo.  —  A  balancier  court;  Kolelnnaincn, 
Hobanx. 

Tronc  plus  long  de  moins  de  i  pour  loo.  —  A  balancier  long  :  Mèdiolignes  :  Arnaud . 
Picard. 

(')  Sauf  les  deux  sous-groupes  signalés  comme  Médiolignes. 


SÉANCE   DU    l4    MARS    I921.  •jlS 

L'e\amen  de  cette  classification  métrique  donne  lieu  aux  observations 
suivantes  : 

I.  //  }'  (I  roncurihtnce,  riiez  les  athlètes  observés,  entre  les  mesures  rtidio- 
scopiques  et  les  proportions  inorpholoi^iques.  Le  Jait  quil  y  a  des  brévilignes 
à  tronc  court  n  infirme  pas  le  râle  de  la  prédominance  du  tronc  dans  la  défi- 
nition morphologique  du  hréviligne.  Le  tronc  diminue  de  longueur  sans  doute, 
mais  il  augmente  de  largeur  :  la  diminution  de  la  ligne  verticale  est  compensée 
par  Viiugnientdtion  de  la  ligne  horizontale.  La  prédominance  du  tronc  est  donc 
maintenue  par  V  élargissement  du  train  supérieur  caractéristique  des  uppermen. 

II.  Im  concordance  n'est  pas  influencée  par  la  stature.  Le  longiligne  n'est 
pus  nécessairement  grand,  ni  le  hréviligne  petit.  L'' ultra-longiligne  Heuet 
(ironc  —  5,2)  mesure  i '",  G/jH  et  l'ultra-bréviligne  de  Saint-Cyr  (tronc  +  2, 36) 
atteint  i"\']<^^  de  taille  radioscopique. 

III.  La  concordance  des  mesures  squeleltiques  et  des  proportions  morpholo- 
giques est-elle  complétée  par  une  concordance  de  la  forme  et  de  la  fonction  ? 

Le  travail  musculaire  par  intensité  de  la  contraction,  correspondant  à  des 
leviers  et  à  des  muscles  courts,  caractériserait  ainsi  le  hréviligne  ;  le  travail  par 
amplitude  de  la  contraction,  correspondant  aux  leviers  et  muscles  longs,  carac- 
tériserait le  longiligne.  Or  G.  Carpentier,  boxeur,  et  Kolehmainen,  coureur, 
ont  des  leviers  courts  et  des  muscles  longs  :  ils  travaillent  en  amplitude. 
Damiens,  roltigeur,  et  Saulaie/-,  leveur  de  poids,  ont  les  leviers  du  train  supé- 
rieur longs  et  les  muscles  courts  ;  Louis  Damiens.  porteur,  a  un  balancier  long 
et  les  muscles  de  la  nuque  et  du  cou  manifestement  courts  :  ils  travaillent  en 
intensité.  La  part  que  le  genre  d'exercice  pratiqué  prend  dans  le  Jeu  des  pro- 
portions et  des  mesures  parait  do//c  négligeable,  du  moins  dans  la  limite  de 
l'évolution  individuelle.  L'athlète  s'adonne  à  tel  sport  parce  que  sa  forme  l'y 
prédispose  et  ce  n'est  pas  du  sport  où  il  s'exerce  que  cette  forme  tient  son 
caractère.  Il  est  ainsi  permis  de  faire  des  réserves  au  sujet  de  systèmes  d'édu- 
cation physique  qui  prétendent  imposer  aux  jeunes  gens  la  pratique  de  cer- 
tains mouvements,  sous  prête  vie  de  changer  leur  forme,  au  lieu  de  les  engager 
à  la  pratique  des  mouvements  qui  conviennent  le  mieux  ci  leur  forme. 

Il  semble  qu'il  y  ait  lieu  de  voir  dans  cette  première  étude  l'amorce  d'une 
véritable  zootechnie  humaine. 


7l6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


ENTOMOLOGIE.  —  Apterina  pedeslris  Meig.  Les  muscles  du  roi  chez  ccrlains 
Diptères  à  ailes  rudimentaires  ou  nulles.  Note  de  M.  L.  Mercier,  présentée 
par  M.  E.-L.  Bouvier. 

Apterina  (Borborus) pedestris  Meig.,  Diptère  de  la  famille  des  liorborid(f\ 
est  caractérisé  par  ses  ailes  rudimentaires  qui  sont  à  peine  plus  longues  que 
le  scutellum.  Ce  curieux  Insecte  est  considéré  comme  très  rare  ;  cependant, 
son  aire  de  distribution  est  vaste,  on  a  signalé  son  exi&tence  dans  l'Kurope 
centrale  et  septentrionale,  en  Sibérie. 

J'ai  eu  l'occasion  de  découvrir,  en  janvier  dernier,  une  colonie  très 
prospère  d'yi./)^<^/c5//«  au  pied  de  la  falaise  qui  s'étend  entre  Luc-sur-Mer 
et  Lion  (Calvados).  Ces  Insectes  étaient  réfugiés  sous  des  algues  rejetées 
par  le  flot  et  déjà  en  voie  de  décomposition.  Ils  vivaient  là  en  compagnie  de 
nombreuses  espèces  de  Diptères  maritimes  à  ailes  normalement  déve- 
loppées. 

Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  la  structure  anatomique  du  tliorax 
cïA.  pedestns,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  les  muscles  du  vol,  com- 
parativement à  celle  d'une  espèce  affine  normalement  ailée  et  à  celle  de 
certains  Diptères  à  ailes  rudimentaires  ou  nulles. 

Je  vais,  tout  d'abord,  faire  une  étude  comparative  de  la  structure  ana- 
tomique du  thorax  d'.l.  pedeslris  et  de  celle  de  liorborus  equinus  Fall., 
espèce  affine  à  ailes  normalement  développées  et  volant  bien. 

L'étude  de  coupes  transversales  du  mésolhorax  de  B.  equinus  montre  la 
disposition  anatomique  propre  à  tous  les  Diptères  ailés.  Au  centre  de  la 
coupe,  au-dessus  du  tube  digestif,  on  voit  les  sections  des  muscles  vibrateurs 
longitudinaux.  Chacun  de  ces  muscles  est  formé  de  six  faisceaux  superpo- 
sés. Latéralement,  on  observe  d'autres  muscles  dont  la  direction  est  sensi- 
blement perpendiculaire  à  celle  des  précédents.  Les  faisceaux  les  plus 
internes  correspondent  aux  muscles  vibrateurs  transversaux  de  Janet.  Les 
muscles  vibrateurs  longitudinaux  et  transversaux  sont  par  excellence  les 
muscles  du  vol;  ils  possèdent  une  structure  particulière,  bien  connue  des 
liistologisles,  et  qui  les  a  fait  qualifier  de  muscles  atypiijues  par  rap[iort 
aux  autres  muscles  du  coi'ps  ou  muscles  ordinaires. 

En  dehors  de  chacun  des  muscles  vibrateurs  transversaux,  il  cviste  un 
autre  muscle  dorso-ventral  qui,  d'une  part,  s'étale  en  une  large  insertion 
sur  le  côté  du  scutum  et,  d'autre  part,  s'insère  sur  la  branche  correspon- 


SÉANCE   DU    l4    MARS    1921.  7  I7 

dunte  de  la  t'urca  mésathoraciquo.  Ces  muscles,  qui  possèdent  la  slriiclure 
des  muscles  ordinaires,  agissent  comme  moteurs  des  pâlies. 

Enfin,  il  existe  des  mucles  de  mise  en  place  des  ailes  et  d'autres  muscles 
moteurs  des  pâlies. 

L'  étude  de  ct)upes  correspondantes  du  thorax  d'.4.  pedeslris  montre  : 

1°  Que  les  muscles  vibraleurs  longiludinaux  et  transversaux  ont  disparu  ; 

2°  Que  les  muscles  dorso-venlraux  inoleiirs  des  pattes  sont  plus  dévelop- 
pés que  chez  B.  etjuinus; 

3°  Que  les  muscles  de  mise  en  place  des  moignons  alaires  persisleul. 

La  disparition  des  muscles  vibraleurs  longiludinaux  et  transversaux  est 
totale.  Sur  les  coupes,  leur  emplacement  est  occupé  par  du  liquide  cavilaire 
coagulé  et  par  des  troncs  trachéens  dilatés  en  grandes  vésicules.  Ces  vési- 
cules correspondent  aux  trachées  qui,  chez  B.  eqainus,  alimentent  les 
muscles  vibraleurs.  Il  est  vraisemblable  d'admettre  que  ces  trachées,  n'ayant 
pas  été  gênées  dans  leur  développement  par  la  présence  des  muscles,  ont  pu 
prendre  une  grande  expansion.  D'ailleurs,  il  en  est  de  même  des  adipocytes 
formant  la  lame  adipeuse  dorsale  appliquée  contre  le  scutum.  Ces  cellules  ne 
sont  pas  plus  nombreuses  que  chez  B.  equinus\  mais  elles  sont  beaucoup  plus 
volumineuses  et  leurs  caractères  cytologiques  (nombre  des  noyaux,  abon- 
dance des  enclaves)  révèlent  un  métabolisme  beaucoup  plus  intense.  Peut- 
être  èxiste-t-il  une  relation  entre  le  grand  dévelo[)pement  des  trachées  et 
l'activité  cellulaire  des  adypocytes. 

Chez  A.  pedeslris  les  muscles  dorso-venlraux,  moteurs  des  pattes,  sont 
sensiblement  plus  volumineux  que  chez  B.  eqitinus.  Parallèlement,  les  pro- 
longements aliformes  de  la  furca  mésathoracique,  sur  lesquels  se  trouvent 
leurs  insertions  ventrales,  sont  aussi  plus  développés. 

Le  renfoncement  de  la  musculature  des  pattes  nous  explique  l'agililé 
d'y4.  pedeslris  et  réalise  une  compensation  prolectrice  qui  supplée,  dans 
u'ne  certaine  mesure,  à  la  perte  de  la  faculté  du  vol. 

En  résumé,  les  résultats  de  cette  étude  comparative  des  muscles  thora- 
ciques  chez  une  forme  ailée  {B.  equinus)  et  chez  une  forme  à  ailes  rudi- 
mentaires  (^A.  pedeslris)  concordent  avec  les  observations  de  Massonnat 
(1909)  (  '  )  sur  les  Diptères  pupipares. 

îMais,  si  l'on  étudie  comparativement  la  structure  anatoniique  du  thorax 
à'  A.  pedeslris  et  celle  de  certains  Pupipares  comme  ^/e/o^/ia^H*  (ailes  nulles) 
et  Oa^ceM^na (ailes rudimentaires),  on  constate  des  difîérences  qui  méritent 

(')  E.  Massonnat,  Contribution  à  L'élude  des  Pupipares  (  Thèse,  Lyon,  lyog). 


7l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  retenir  l'attention.  En  effet,  tandis  que  chez  A.  pedesirl s  on  ne  trouve  plus 
trace  des  muscles  vibrateurs  longitudinaux  et  transversaux,  Massonnat  a 
constaté  que  chez  Melophagus  et  Cralœrhina  les  muscles  transversaux  seuls 
ont  complètement  disparu  et  qu'il  persiste  eucore  des  rudiments  des  muscles 
longitudinaux.  Il  faut  donc  admettre  qu'il  n'y  a  pas  toujours  un  parallélisme 
absolu  entre  le  degré  d'atrophie  des  ailes  et  celui  des  muscles  du  vol.  Ceci 
concorde  d'ailleurs  avec  mes  observations  sur  Chcrsndromia  liirta  (  '  )  et  avec 
celles  de  Ferrière  et  de  lîrocher  sur  la  Nèpe  où.  en  [larticnlier,  les  muscles 
du  vol  peuvent  avoir  disparu  alors  que  les  ailes  sont  encore  normalement 
développées. 

D'autre  part,  chez  Mrloplmij^us  eKiiiKcr/iinti,  les  muscles  vibrateurs  lon- 
gitudinaux sont  partiellement  remplacés  par  des  adi[)ocytes.  L'existence  de 
ce  tissu  adipeux  n'est  pas  sans  éveiller  dans  l'esprit  l'idée  d'un  rapproche- 
ment avec  les  colonnes  d'adipocytes  qui,  chez  les  reines  de  Fourmis  venant  de 
perdre  leurs  ailes, se  substituent  aux  faisceaux  musculaires  (Janet,  1907)  (^). 
Or,  chez  A. pecieslris,  ce  tissu  adipeux  de  remplacement  fait  complètement 
défaut. 

Ces  différences  sont  suffisantes  pour  montrer  combien  est  complexe  celle 
question  de  la  disparition  des  muscles  du  vol.  Ici  encore,  nous  retrouvons 
ce  dualisme  qui  préside  à  l'atrophie  des  organes  et  qui  ne  cesse  pas  d'être 
embarrassant  pour  les  partisans  à  outrance  de  la  théorie  de  l'usage  et  du 
non-usage.  Pourquoi,  dans  certains  cas  des  organes  disparaissent-ils  tota- 
lement, alors  que  dans  d'autres  cas  il  en  persiste  des  rudiments? 


EMBRYOGÉNIE.  —  Si/r  ruction  quexevce  l'acide  sul fiiriiiur  concentré  sur 
les  œufs  de  Bombyx  mori.  Note  de  M.  A.  LÉ<;Aii,i.rt\,  présentée  par 
M.  Henneguy. 

Des  recherches  assez  nombreuses  ont  déjà  été  faites  relativement  à  l'ac- 
tion exercée  [)ar  l'acide  sulfurique  concentré,  tant  sur  les  œufs  fécondés 
que  sur  les  u'ufs  non  fécondés  de  liomhyx  mori.  Il  semble  résulter  des 
travaux  de  Duclaux  (i87())  et  d'autres  auteurs  que  si  les  œufs  fécondés  des 
races  univoltincs  sont  soumis  pendant   i    ou   2   minutes  à  cette  action, 

(')  L.  Mkrcikk,  Varialiuii  dans  le  nombre  des  fibres  des  muscles  vibrateurs  lon- 
gitudinaux chez  Cil.  hirla  Walk.  {Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  gSS). 

(')  C.  Jankt,  Ànaloniie  du  corselet  et  hiatolyse  des  muscles  vibrateurs,  après  le 
vol  nuptial,  chez  la  reine  de  la  ^o«/v«<  (Imprimerie  Ducoiirtieux,  Limoges,  1907). 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  719 

alors  qu'ils  sont  nouvellement  pondus,  ils  se  comportent  comme  des  (rui's 
d'été,  c'est-à-dire  produisent  des  vers  au  bout  de  10  à  12  jours  au  lieu  de 
les  produire  au  bout  de  9  ou  10  mois.  Mais  d'expresses  réserves  doivent 
être  faites  sur  ce  point.  On  siiil  que  les  (imfs  des  races  univoltines  donnent 
naturellement  assez  souvent  naissance,  au  bout  de  10  à  la  jours,  à  des 
Uivoltins  accidentels,  c'est-à-diie  ne  dilTèrent  pas,  dans  ce  cas,  des  œufs 
d'été.  Or  ce  point  de  vue  ne  semble  pas  avoir  été  pris,  jusqu'ici,  en  consi- 
dération. De  plus,  l'action  dont  il  s'agit  semble  inconstante.  «  Je  n'ai  pas 
obtenu  beaucoup  de  Vers  par  ce  moyen,  ^yant  opéré  sur  une  graine  trop 
âgée  »,  dit  l'un  des  auteurs  de  l'excellent  Traité  sur  le  Ver  à  soie  de 
Maillot  et  Lambert  (page  81 ,  édition  de  1906). 

Pour  ce  qui  est  de  l'action  de  SO'''II-  concentré  sur  les  œufs  non  fécondés, 
les  expériences  de  TicbomirofF  (188G  et  1902)  et  de  Kellog  (1907)  ont 
démontré  son  efficacité.  Mais  ici  encore  il  importe  de  ne  pas  perdre  de  vue 
que,  sans  aucun  traitement,  un  pourcentage  d'œufs,  qui  peut  être  très 
élevé,  peut  présenter  nalurellemenl  des  changements  de  coloration  indi- 
quant nn  développement  parthénogenésique  pouvant  aller  jusqu'à  un 
stade  fort  avancé.  I^es  auteurs  qui  ne  tiennent  pas  compte  de  ce  fait 
attribuent  à  l'efTel  de  l'acide  sulfurique  ce  qui  est,  en  partie  tout  au  moins, 
dû  à  une  cause  différente. 

Enfin  si  l'on  examine  les  explications  proposées  au  sujet  du  mécanisme 
même  de  l'action  dont  il  s'agit,  on  tombe  dans  la  même  incertitude.  Pour 
ïichomiroff,  l'œuf  non  fécondé  est  «  excité  »  quand  on  le  plonge 
dansSO'H=. 

Pour  Ld'b  (191 1)  l'action  de  SO'H-  rendrait  la  membrane  de  l'o^îuf  plus 
perméable  à  l'oxygène.  On  sait  que,  dans  sa  théorie  visant  à  expliquer  la 
parthénogenèse  expérimentale,  cet  auteur  accorde  une  part  importante  aux 
phénomènes  d'oxydation  qui  se  produisent  dans  l'œuf  au  début  du  dévelop- 
pement embryonnaire. 

Pour  Delage  et  Goldsmith^  au  contraire,  ce  serait  l'influence  «  déshydra- 
tante et  caustique  »  de  l'acide  qui  agirait. 

Au  cours  de  recherches  faites  pendant  les  sept  dernières  années,  aussi 
bien  sur  les  œufs  fécondés  que  sur  les  («ufs  non  fécondés,  j'ai  constaté 
que  SO'H-  concentré  agit  sur  ces  derniers,  non  seulement  quand  on  applique 
le  traitement  alors  qu'ils  sont  pondus  depuis  un  très  court  espace  de  temps, 
ce  qui  vérifie  les  résultats  obtenus  par  Tichomiroff  et  Kellog,  mais  encore 
quand  on  opère  sur  les  œufs  pondus  depuis  plusieurs  jours  et  même  depuis 
plusieurs  semaines.  Sous  l'action  de  l'acide  sulfurique  concentré,  agissant 


720  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

pendanL  un  temps  variant  de  i  à  2  minutes  et  suivi  d'un  lavage  de  2  mi- 
nutes à  Teau  distillée,  beaucoup  de  ces  œufs,  qui  sont  restés  jaunes  comme 
au  moment  ou  ils  sont  pondus,  ne  tardent  pas  à  entrer  en  activité.  Au  bout 
de  2  ou  3  jours,  ils  commencent  à  subir  les  changements  de  coloration  (|ui 
caractérisent  les  stades  embryonnaires  postérieurs  à  la  formation  de  l'am- 
nios  et  de  la  séreuse.  J'ai  observé  ce  phénomène  un  très  grand  nombre  de 
fois  chez  les  diverses  races  que  j'ai  étudiées,  aussi  bien  dans  la  ponte  unique 
des  races  ynivollines  (où  il  n'y  a  normalement  que  des  œufs  d'hiver)  que 
dans  la  dernière  ponte  des  races  bivoltines  ou  polyvoltines( laquelle  aussi 
est  composée  d'u'ufs  d'hiver). 

Il  s'ensuit  donc  que,  même  à  une  date  éloignée  de  20  à  25  jours  de  l'ins- 
tant où  ils  ont  été  pondus,  les  œufs  non  fécondés  qui  n'ont  pas  changé 
naturellement  de  teinte,  sont  encore  vivants  et  capables  de  rentrer  en 
activité. 

En  ce  qui  concerne  l'action  de  SO'H-  sur  les  œufs  fécondés,  je  n'ai 
obtenu  aucun  effet  ni  sur  des  œufs  pondus  depuis  18  heures,  ni  surdos 
œufs  traités  au  moment  de  la  ponte,  ni  sur  des  œufs  pondus  depuis  5 
à  7  mois.  Dans  les  œufs  traités  avant  le  moment  où  le  changement  do  colo- 
ration paraît,  ce  changement  ne  fut  ni  avancé  ni  retardé  (par  rapport  aux 
œufs  témoins).  Dans  les  œufs  traités  après  le  changement  en  question, 
l'époque  de  l'éclosion  larvaire  ne  fut  ni  avancée  ni  reculée. 

Les  conclusions  principales  de  mes  recherches  sont  les  suivantes  : 

1°  Il  est  exact  que  l'immersion  des  œufs  non  fécondés  de  Romhvx  mon 
dans  SO'H-  concentré  influe  sur  certains  d'entre  eux  qui  ne  changeraient 
pas  naturellement  de  coloration.  Mais  cotte  influence  se  fait  sentir  non 
seulement  sur  des  œufs  nouvellement  pondus,  mais  aussi  sur  des  o_^ufs 
beaucoup  plus  âgés  (au  moins  20  à  20  jours). 

L'aptitude  à  la  parthénogenèse  persiste  donc  pendant  longtemps  dans 
des  œufs  qui,  en  apparence,  sont  restés  à  l'état  dans  lequel  ils  ont  été 
pondus; 

2"  Dans  les  conditions  de  concentration,  de  température  et  do  temps  où 
il  agit  sur  les  œufs  non  fécondés,  SO'H-  concentré  est  sans  action  sur  les 
œufs  fécondés  pondus  nouvellement,  ou  depuis  18  heures,  ou  depuis  5 
à  7  mois; 

3"  Quand  ils  sont  plongés  dans  l'acide  sulfurique,  les  irufs  de  Hombyx 
perdent  de  leur  coloration  jaune.  Il  semble  que  leur  chorion  subisse 
quelque  modification  dans  sa  structure  ot  devienne  plus  opaque.  Ce  fait 
semblerait  appuyer  la   théorie  de  Loel)  rappelée  ci-dessus.   Toutefoi;-',  il 


SÉANCE    DU    l4    MARS    192I.  721 

n'esl  pas  prouvé  que  des  traces  d'acide  sulfurique  ne  puissent  pénétrer 
dans  le  vitellus  et  jouer  le  rôle  que  leur  attribuent  Delage  et  Goldsniitli  ou 
quelque  rôle  analogue  à  celui  des  catalyseurs. 


MÉDECINE.  —  Modifications  apportées  an  ryt/uNc  de  l'imbilntion.  du  lissa  mus- 
culaire et  de  la  peau  par  l' adionclion  de  lipoides  à  des  solutions  sla/ineuses. 
Mote  ('  )  de  M.  II.  Dnorijj,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

C'est  dans  le  but  de  vérifier  si  le  renforcement  de  l'activité  thérapeutique 
de  l'étain  par  l'adjonclion  de  lipoides  à  des  solutions  stanneuses  (-)  n'était 
pas  dû  à  un  renforcement  de  l'absorption  cellulaire,  que  j'ai  entrepris  les 
recherches  qui  font  l'objet  de  la  présente  Note. 

J'ai  choisi  comme  protocole  d'expérience  celui  qu'ont  suivi  J.  Locb. 
Overton,  Fletcher,  Laugier  etBénard,  Mayer  et  Scha'fer,  Wessberge  dans 
leurs  études  du  mécanisme  des  échanges  cellulaires  ;  c'est-à-dire,  l'obser- 
vation des  variations  de  poids  présentées  par  les  tissus  immergés  dans  des 
solutions  diverses. 

Pour  chaque  série  de  pesées,  les  tissus,  muscles  ou  peau,  provenant  d'un 
même  animal  (cobaye)  et  de  poids  sensiblement  égaux,  étaientplongés  dans 
des  solutions  stanneuses  simples,  stanneuses-lipoïdes  phosphores,  stanneuses- 
lipoïdes  choiestérinés,  stanneuses-complexe  lipoïdique. 

Nos  expériences  ont  porté  sur  le  métastannate  de  soude  et  l'iodure  d'étain 
en  solution  aqueuse  à  i^^  d'étain  par  centicube.  Les  solutions  étain-lipoïdes 
phosphores  contenaient  0^,004  de  lipoides  phosphores  par  centicube-,  les 
solutions  étain-cholestérine,  0^,001  de  cholestérine  par  centicube;  les 
solutions  étain-complexe,  0^,004  du  complexe  par  centicube. 

Mi'Scr.E.  —  Métaslannale  de  soude  simple.  —  Imbibition  très  rapide  (maximum  en 
6  heures),  intense  (182, 5  pour  100  du  poids  initial),  instable  (perte  de  j  en  6  heures, 
de  \  en  00  heures;  retour  au  poids  initial  en  fin  d'expérience  (170  heures). 

Mélaslannate-plwsphatides.  — Imbibition  lente  (maximum  en  70  heures),  intoiise 
(i3i,4  pour  100),  durable  (perle  de  3i,4  pour  100  en  fin  d'expérience). 

Mélaslannate-cholestérine.  —  Imbibition  lente  (maximum  en  86  heures  ),  modérée 
(70,6  pour  100),  durable  (perte  de  18,9  pour  ihd  en  fin  d'etpérience). 

Métastannate  complere.  —  Imbibition  lente  (maximum  en  (io  heures),  très 
modérée  (54,3  pour  loo),  maintenue  sans  perte  jusqu'en  fin  d'expérience. 

(')  Séance  du  7  mars  1921. 

(■-)  HuDELO-MoNTLAUR  et  Drouin,  Du  renforcement  de  L'action  de  certains  médica- 
ments par  l'adjonction  de  lipoides  {Soc.  méd.  Hôpitaux,  23  octobre  1918). 


722  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lodure  d'élain  simple.  —  Iinbibitinn  lenlc  (maximum  eu  82  lunires),  très  modé- 
rée (•')()  pour  i<'(i)i  durable  (perle  de  8,6  pour  100). 

lodure-phosphalides.  —  Inihiliilion  lenle  (maximum  en  82  heures),  1res  intense 
(166,6  pour  100),  durable  (  |jerle  de  12, 4  pour  100). 

lodure  choleslérine.  —  Imbibition  lenle  (maximum  en  82  heures),  d'intensité 
moyenne  (85,7  pour  ion),  maiulenue  sans  perle  jusqu'en  fiu  d'expérience. 

lodure  complexe.  —  Imbibition  très  lente  (maximum  en  160  heures),  d'intensité 
moyenne  (85, y  pour  loo),  maintenue  sans  perle. 

Peau.  —  Méiastannate  de  soude  simple. —  Imbibition  rapide  (maximum  en  iS  heures), 
intense  (182, 5  pour  100),  peu  durable  ('|5i'>  pour  mu  perdus  6  heures  après, 
101,5  pour  100  en  fin  d'expérience). 

Mélastannale-phosphalides.  —  Imbibition  rapide  (maximum  en  24  heures),  peu 
intense  (63,-  pour  100),  très  duiable  (perle  totale  de  i3,5  pour  100). 

M (' tas  la  n  lia  te  cholestérine.  —  Imbibition  lenle  (maximum  en  48  heures),  peu 
intense  (55,5  pour  100),  très  durable  (perle  de  8,2  pour  loo). 

Méiastannate  complexe.  —  Imbibition  lente  (maximum  en  Sfi  heures),  peu 
inlense  (47i7  pour  100),  maintenu  sans  perle. 

lodure  simple.  —  Imbibition  assez  rapide  (maximum  en  3 '|  heures),  très  peu 
inlense  (3:î,4  pour  ion),  très  durable  (perte  de  2  pour  Km). 

lodure-phosphatides.  —  imbibition  lente  (maximum  en  82  heures),  inlense  (1 11 
pour  100),  très  durable  (perle  de  i  pour  100). 

lodure  cholestérine.  —  Imbibition  lenle  (maximum  en  8'.  heures),  assez  intense 
(gS  pour  ion),  durable  (perte  de  12, 3  pour  ton). 

lodure  complexe.  —  Imbibition  très  lenle  (maximum  en  i48  heures),  inlense 
(101,1  pour  ino),  durable  (perle  de  9,9  pour  in(i). 

f^e  l'ytlimc  de  rimbibilion  se  monlre  considérablement  modifié  par 
radjonclion  de  lipoïdes. 

Pour  le  mitsclc  plongé  daas  les  diverses  solulions  à  base  de  inélaslannale. 
on  voit  que  dans  la  solution  nue  l'imbibition  est  brutale,  instable  ;  dans  la 
solution  additionnée  de  phosphatides,  l'imbibition  est  au  contraire  pro- 
gressive et  bien  plus  durable;  la  cholestérine  à  dose  moindre  a  un  efl'cl 
modérateur  encore  plus  marqué;  du  mélange  des  deux  lipoïdes  résulte  une 
combinaison  des  ell'ets  modérateurs  et  protecteurs  dont  le  résultat  est  de 
retarder  le  moment  où  le  maximum  est  atteint,  de  réduire  ce  maximum  et 
de  le  maintenir  en  plateau  jusqu'à  la  fin  de  IV-xpérience. 

Pour  les  solutions  à  base  d'iodure,  ce  qui  prédomine,  quelle  que  soit  la 
nature  du  lipoïde,  c'est  le  phénomène  de  renforcement;  ce  renforcement 
esl  intense  avec  les  phosphatides,  il  est  encore  marqué  avec  les  lipoïdes 
cholestérinés,  mais  ce  cpii  caiaclérise  surtout  ceux-ci.  c'est  leur  rôle  modé- 
rateur par  rapport  aux  phosphatides,  la  combinaison  de  ces  deux  ell'ets  se 
retrouve  dans  le  complexe  dont  la  courbe  est  intermédiaire. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I921.  723 

Avec  \à  /jiau  [^longée  dans  les  diverses  solutions  à  base  de  niélaslannale, 
nous  retrouvons  le  phénomène  de  modération  quant  à  la  rapidité  et  quant  à 
l'intonsité  de  Timbibilion  :  eiïet  modérateur  plus  marqué  pour  la  cholesté- 
rine  et  qui  se  retrouve  avec  un  chiffre  intermédiaire  dans  le  conq)!exe. 
Enfin,  une  des  caractéristiques  de  cette  série  de  pesées,  c'est  le  maintien 
sans  perte  de  l'augmentation  de  poids  pour  les  fragments  immergés  dans 
les  solutions  lipoïdiques.  Avec  l'iodure,  ce  qui  domine,  c'est  l'allongement 
de  la  durée  de  l'accroissement  de  poids  et  le  renforcement  de  l'imbibition  ; 
comme  dans  les  autres  expériences,  l'augmentation  maximum  est  intermé- 
diaire pour  le  complexe,  mais  ici,  c'est  celui-ci  qui  se  montre  le  plus  actif 
vis-à-vis  de  l'allongement  de  la  courbe  ascendante. 

Voici  les  quelques  conclusions  qui  me  paraissent  se  dégager  de  ces  expé- 
riences : 

I.  Quelle  que  soit  la  solution  slanneuse  à  laquelle  on  s'adresse,  le  rythme 
de  l'imbibition  du  tissu  musculaire  et  de  fragments  cutanés  se  trouve 
modifié  par  l'adjonction  de  lipoïdes  à  ces  solutions. 

II.  Ces  modifications  sont  différentes  suivant  le  sel,  le  lipoïde  et  le  tissu. 

III.  Avec  le  métastannate  de  soude,  les  lipoïdes,  quels  qu'ils  soient, 
jouent  un  rôle  de  modération  cl  de  régulation  de  l'imbibition.  Avec 
l'iodure,  ils  ont  une  action  de  renforcement  en  même  temps  que  de  régu- 
lation. 

IV.  D'une  façon  générale  et  sauf  réserves  de  détail,  il  semble  que  le  rôle 
de  renforcement  doive  particulièrement  être  attribué  aux  lipoïdes  phos- 
phores, tandis  que  le  rôle  modérateur  et  régulateur  reviendrait  surtout  aux 
lipoïdes  cholestérinés. 

V.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'effet  du  complexe  lipoïdique  correspond  dans  ses 
grandes  lignes  à  la  combinaison  des  actions  respectives  de  composants. 

VI.  La  nature  du  tissu  n'intervient  que  très  peu  pour  modifier  la  marche 
générale  du  phénomène,  cependant  il  est  à  noter  que  l'imbibition  do  la  peau 
paraît  en  général  plus  lente  et  un  peu  moins  intense  que  celle  du  muscle, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs. 


MÉDECINE.  —    Un  appareil  simple  pour  mesurer  la  tension  superjicielle . 
Note  (')  de  M.  W.  Koi»aczewski,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

La  méthode,  dite  stalagmomélrique^   a   été   appliquée  en   principe  par 
Ammann  en  1902,  puis  introduite,  sous  un§.forme  simplifiée,  par  Traube. 


(')  Séance  du  7  mars  1921. 


724  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  chiffres,  obtenus  par  cette  méthode  simple  et  rapide,  sont  malheureuse- 
ment sujets  à  de  fortes  causes  d'erreurs  : 

1°  L'évaporation  :  la  goutte  se  forme  en  effet  à  ratinospbère  libre  el  pour  les 
substances  \olatiles  Técart  est  considérable;  il  fallait  donc  modifier  l'appareil  de 
Traube  pour  que  la  goutte  puisse  se  former  dans  une  atmosphère  ayant  la  tension 
de  la  vapeur  du  liquide  examiné. 

1"  Le  nombre  de  gouttes  augmente  d  une  façon  notable  loi>que  la  température 
s'élève;  une  nouvelle  modification  était  donc  nécessaire  pour  effectuer  les  mesures  à  la 
température  constante. 

3°  Enfin  if  y  a  encore  une  source  d'erreur  notable  inhérente  à  l'appareil  lui-même  : 
Traube,  pour  éviter  les  erreurs  dues  à  l'évaporation,  a  élargi  l'orifice  inférieur  du 
tube  capillaire  pour  augmenter  le  volume  de  la  goutte,  de  sorte. qu'un  appareil  d'une 
capacité  d'environ  8""°  donne  une  ciiKjuanlaine  de  gouttes  d'eau  à  i5°.  Pour  mesurer 
les  fractions  d'une  si  grande  goutte,  l'appareil  possède  des  divisions,  mais  ces  divisions, 
établies  pour  l'eau  distillée,  sont  inexactes  pour  les  substances  d'une  tension  superfi- 
cielle différente;  il  faut  donc  établir  des  corrections  pour  chaque  cas. 

Ajoutons  que  l'appareil  est  d'un  remplissage  délicat. 

Nous  avons  cherché  à  construire  un  appareil,  basé  sur  le  principe  de 
Tate,  car'ce  principe  permet  une  mesure  rapide  de  la  tension  superficielle, 
mais  en  même  temps  d'éviter  les  sources  d'erreur  précipitées,  imputables  à 
l'appareil  de  Traube.  De  plus,  nous  nous  sommes  proposé  de  faire  un  appa- 
reil peu  volumineux,  peu  coûteux,  exact,  facile  à  manipuler  et  capable, 
entre  les  mains  des  médecins,  au  lit  même  du  malade,  de  donner  des 
mesures  justes- de  la  tensiorj  superficielle.  D'autre  part,  en  y  apportant 
certaines  modifications  (la  température  constante,  pression  constante, 
enregistrement  automatique  des  gouttes,  etc.),  d'en  faire,  au  laboratoire, 
un  appareil  précis  de  physique. 

Descriplion  de  rnpparcil.  —  Une  petite  pipette,  de  capacité  de  i""',  se 
raccorde  à  sa  partie  supérieure  à  un  petit  réservoir,  séparé  de  la  pipette  par 
un  robinet  de  l'appareil;  immédiatement  au-dessus  de  ce  robinet,  le  réser- 
voir est  légèrement  étranglé.  Entre  le  réservoir  et  la  partie  sphérique  de  la 
pipette  se  trouve  un  petit  trou,  permettant  le  remplissage  par  le  haut  elle 
placement  de  l'appareil  dans  un  vase  clos.  Au-dessus  de  la  partie  sphérique 
les  divisions  permettent  de  fixer  le  point  de  départ  de  la  première  goutte 
tombante  à  coiTipter;  les  divisions  de  dessous  le  font  de  même  pour  la  der- 
nière goutte.  A  sa  partie  inférieure,  constituée  [lar  une  capillaire  de  ©""jS 
de  diamètre,  la  pipette  est  deux  fois  recourbée,  de  façon  à  siphonner  légè- 
rement le  liquide  el  de  dévier  l'axe  de  l'appareil  pour  permettre  de  placer 
à  l'intérieur  un  ap[)areil  enregistreur. 

La  partie  inférieure  de  la  pipette  est  effilée  pour  amincir  la  paroi;  elle 


SÉA^CE    DU    l\    MARS    I921.  •^25 

est  bien  rodée  pour  éviter  le  mouillage.  L'orifice  est  soigneusement  poli  et 
horizontal. 

Cette  pipette,  la  {)artie  essentielle  de  l'appareil,  est  fixée  dans  un  bou- 
chon en  caoutchouc  et  placée  dans  une  jaquette  ;  d'un  côté  de  la  pipette  se 
trouve  un  thermomètre  et,  de  l'autre,  un  tube  de  verre  recourbé  à  angle 
droit,  muni  d'un  robinet  libre. 

Pour  permettre  l'enregistrement  automatique  du  nombre  des  gouttes, 
l'appareil  est  muni  d'un  contact  électrique  spécial. 

Mode  cVern[jloi.  — •  Le  nombre  de  gouttes  de  l'appareil  à  iS^C.  est  de  20  par  centi- 
mètre cube  d'eau  pure  à  i5°G.  Pour  faire  une  mesure  de  la  tension  superficielle, 
on  met  dans  la  jaquette  un  peu  de  liquide  à  examiner;  on  place  la  pipette  au  moyen 
de  bouchon  de  caoutchouc  dans  la  jaquette  et  l'on  ouvre  le  robinet  libre.  On  met  dans 
rélranglemeit  un  peu  de  ■colon  liydrophile  ou  de  coton  de  verre,  mouillé  préalable- 
ment dans  le  liquide  à  examiner,  et  l'on  verse  ce  liquide  dans  le  réservoir.  En  ouvrant 
le  robinet  de  l'appareil,  le  liquide  filtré  passe  dans  la  pipette  et  la  remplit  jusqu'au 
niveau  du  trou.  A'  ce  moment,  on  ferme  le  robinet  libre;  le  liquide  commence  à 
s'écouler  par  l'orifice  capillaire  effilé;  on  ferme  le  robinet  libre;  le  liquide  cesse  de 
s'écouler.  On  note  la  température  au  bout  de  quelques  minutes  et,  en  ouvrant  de 
nouveau  ce  robinet,  on  précise  le  point  de  départ  de  la  première  goutte  à  compter.  Le 
nombre  de  gouttes  de  l'eau  distillée  écoulée  entre  les  deux  marques  (N),  divisé 
par  N',  le  nombre  de  gouttes  obtenu  avec  la  substance  examinée  et  multiplié  par  la 
densité  de  celte  substance  D  et  78  (tension  la  plus  probable  de'l'eau  en  dynes)  donne 
la  tension  superficielle  de  la  substance  examinée)  : 

N 
a  =  jrj7  X  D  X  70  (en  dynes-cm). 


MÉDECINE    EXPÉRIMENTALE.    —    Recherches  expérimentales  sur  le   virus 
de  Vherpês.  Note  de  M.  Georges  Blanc,  présentée  par  M.  Roux. 

Des  recherches  entreprises  à  l'Inslilut  Pasteur  d'Athènes  sur  riierpès 
m'avaient  amené  à  faire  un  rapprochement  entre  le  virus  de  cette  affection 
banale  et  le  virus  isolé  par  Levaditi  Harvier  dans  l'encéphalite  épidémique. 
Un  récent  travail  de  ces  auteurs  (')  paraît  apporter  un  tel  appui  à  ce  point 
de  vue,  que  je  crois  devoir  ne  pas  différer  la  publication  des  résultats  que 
j'ai  obtenus. 

L'herpès,  qu'il  soit  ou  non  accompagné  de  fièvre  et  quel  que  soit  son 

(')  C.  Levaditi  et  P.  Harvier,  Recherches  expérimentales  sur  l'encéphalite  épidé- 
mique [Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  t.  84,  1921,  p.  3oo). 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  11.)  ^4 


726  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

siège,  semble  bien  être  la  manifestation  cutanée  d'un  même  virus.  En  effet, 
Lôwenslein  et  Doerr  ont  pu  reproduire  sur  la  cornée  du  lapin  une  maladie 
typique  et  transmissible  en  série  en  partant  de  divers  cas  d'herpès,  .l'ai 
repris  ces  études  et  je  suis  arrivé  aux  conclusions  suivantes  : 

Le  contenu  de  la  vésicule  d'herpès  inoculé  à  l'œil  du  lapin  donne  à  cet 
animal  une  affection  typique,  caractérisée  par  de  la  kératite,  de  l'herpès  de 
la  cornée,  une  conjonctivite  intense,  accompagnée  d'une  abondante  suppu- 
ration. Clette  affection  est  transmissible  en  série,  le  lapin  y  est  très  sen- 
sible et  réagit  en  deux  jours  et  quelquefois  moins.  Le  virus  est  filtrant.  Le 
pus  de  l'œil,  toujours  aseptique,  inoculé  dans  le  cerveau  du  lapin,  lui 
donne  une  encéphalite  mortelle  en  quelques  jours,  décelable  par  ses  carac- 
tères cliniques  et  anatomo-pathologiques.  Cette  encéphalite  est  reprodui- 
siblc  en  série  par  passage  sous-dure-mérien  de  lapin  à  lapin  ou  de  lapin  à 
cobaye.  Si  l'on  inocule  un  lapin  à  l'œil  avec  le  cerveau  d'un  lapin  mort 
d'encéphalite  herpétique,  on  reproduit  la  kératite  caractéristique.  Il  me 
suffiia,  pour  illustrer  ces  données,  de  l'histoire  d'un  des  virus  que  j'étudie 
actuellement. 

Le  20  jarnier,  je  prélève  le  contenu  d'une  vésicule  d'herpès  sur  un  enfant  alleiul 
d'une  éruption  typique  de  la  commissure  labiale  gauche.  Cette  éruption  date  de  trois 
Jours,  il  n'y  a  pas  de  fièvre  ni  de  malaise  général.  Deux  lapins  sont  inoculés  le  même 
jour  avec  le  contenu  de  la  vésicule,  tous  deux  sur  la  cornée  de  l'œil  gauche.  Après 
48  heures  ils  présentent  une  très  \iolente  réaclion  :  conjonctivite,  herpès  et  kératite. 
Plusieurs  passages  sont  obtenus  de  lapin  à  lapin  par  inoculation  du  virus  oculaire  à 
IomI  sain.  Le  4  février,  un  peu  de  virus  de  l'œil  d'un  des  lapins  malades,  dilué  dans  de 
l'eau  physiologique,  est  inoculé  sous  la  dure-mère  d'un  lapin  neuf:  forte  élévation  de 
température,  mort  d'encéphalite  au  sixième  jour  avec  les  symptômes  suivants  : 

I^e  8  février,  à  2'' 3o"',  le  lapin  est  agité,  il  tourne  avec  rapidité,  ses  mouvements 
sont  désordonnés,  il  se  cogne  aux  parois  de  la  cage.  Par  moments  il  s'arrête,  sa  respi- 
ration est  haletante,  la  tête  et  le  haut  du  corps  sont  animés  d'un  tremblement  continu. 
A  d'autres  moments  l'animal  se  raidit,  lève  la  tête,  puis  les  pattes  antérieures  et  se 
dresse,  puis  il  retombe,  il  a  du  trismus,  grince  des  dents.  On  note  une  salivation  très 
abondante  qui  mouille  1er  museau  et  tout  le  poitrail.  A  3'' So™  l'animal  tombe  dans  une 
sorte  de  léthargie  de  courte  durée,  il  se  couche  sur  le  flanc,  ferme  les  paupières,  puis 
se  relève  et  repart  dans  son  mouvement  circulaire.  La  température,  qui  était  très  élevée 
les  jours  précédents  (4'°),  tombe  à  38°, 9;  enfin  l'animal  se  calme,  seule  persiste  la  res- 
piration haletante  et  le  tremblement.  Le  lendemain  matin,  la  crise  reprend  plus  vio- 
lente, l'animal  saute,  tombe,  se  roule  sur  lui-même;  le  tiismus  est  très  accentué.  Enfin, 
à  10'' So"",  l'animal  se  raidit,  membres  inférieurs  et  postérieurs  en  extension  forcée,  la 
température  tombe  à  35°,  il  meurt  à  lo*"  SS". 

L'inoculation  de  matière  cérébrale  sous  la  dure-mère  d'un  autre  lapin 
reproduit  la  maladie  avec  mort  plus  rapide;  les  ensemencements  restent 


SÉANCE    DL     l4    MARS    1921.  727 

stériles.  L'inoculation  du  même  virus  sur  la  cornée  d'un  lapin  redonne  une 
kératite  transmissible. 

L'expérience  suivante  montre  que  le  virus  est  filtrant  :  le  5  février,  un 
lapin  atteint  de  kérato-conjonctive  herpétique  est  curette  fortement,  et  le 
produit  de  cureltage  dilué  dans  6""°  d'eau  physiologique.  Un  lapin  est 
inoculé  à  l'œil  avec  cette  dilution,  puis  le  virus,  additionné  d'eau  de  con- 
duite, est  filtré  à  la  bougie  L,.  Le  filtrat,  inoculé  à  un  lapin  neuf,  reproduit 
dans  le  même  laps  de  temps  que  le  virus  non  filtré  une  kératite  typique 
transmissible  en  série.  Le  filtrat  reste  stérile  sur  les  milieux  de  culture 
usuels. 

En  résumé,  l'herpès  est  une  maladie  infectieuse.  Le  virus,  suivant  le 
lieu  d'inoculation,  donne  une  kératite  ou  une  encéphalite,  toutes  les  deux 
transmissibles  en  série.  Le  virus  est  filtrant.  Tous  ces  caractères  sont  super- 
posables  à  ceux  mis  en  évidence  par  Levaditi  et  Harvier  dans  le  virus  de 
l'encéphalite  épidémique.  La  moindre  virulence  par  scarification  de  la 
cornée  que  j'observe  dans  mes  expériences  semble  séparer  ces  virus  ('). 
Cette  différence  doit  tenir  à  une  propriété  neurotropique  •  plus  grande 
acquise  par  le  virus  de  l'encéphalite  épidémique,  propriété  que  peut-être 
notre  virus  acquerrera  par  passage  sur  encéphales  de  lapins. 

M.  P.  Lecomte  du  Nouy  adresse  un  Mémoire  inlilulé  :  Remarques  sur 
certaines  séries  homolosues  de  la  série  gi-asse. 


M.  LoTTis  Maillard  adresse   un   Mémoire  intitulé   :   Mise  ou  point  des 
hypothèses  cosmogoniques  nèbulaires. 

A  16  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  16  heures  et  demie. 

A.   Lx. 

(')  On  sail  que  Doerr,  parf.)is,  a  observé  sur  les  lapins  inoculés  à  l'œil  avec  le  virus 
de  l'Iierpès  des  troubles  nerveu\  queliiuefois  suivis  de  mort. 


728  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  les  séances  de  décembre    1920. 

Les  sou  s- marins  allemands,  par  M.  Laubeuf.  Paris,  Delagrave,  1920;  i  fasc.  25'^'". 

Les  plantes  en  médecine.  Le  seigle  et  l'ergot,  par  Albert  Garrigues.  Paris,  Gaston 
Doin,  1921  ;  i  vol.  ig"^".  (Présenlé  par  M.  P.  Termier.) 

Recherches  géologiques  dans  la  région  Cantahrique,  par  Louis  Mengaud.  Tou- 
louse, V''  Bonnet,  1920;  i  vol.  25'^'".  (Présenté  par  M.  H.  Douvillé.) 

Deuxième  contribution  à  l'étude  expérimentale  de  la  houle,  par  le  vice-amiral 
.\rago.  Extrait  des  Annales  hydrographiques,  191  y.  Paris,  Imprimerie  nationale, 
1919;  I  vol.  25"™.  (Présenté  par  M.  E.  Bertin.) 

Cours  d'Astronomie  ;  partie  générale  élémentaire,  par  Maurice  Alliaumk.  Loii- 
vain,  Uystpruyst-Dieudonné.  Paris,  Gauthier-Villars,  1920;  i  vol.  23"^"'. 

Mécanique  moderne;  ses  nouveaux  principes  sur  mouvement,  frottement,  tra- 
vail, résistance  des  matériaux,  par  E.-A.  Vallée.  Evreux,  Henri  Devé,  1920; 
I  vol.  25'^"'. 

Leçons  sur  l'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre, 
par  Edouard  Goursat.  Paris,  J.  Hermann,  192 1;  i  vol.  25™. 

Les  nouvelles  unités  légales  de  mesures  industrielles,  par  Cii.  Lallbmand.  Extrait 
de  V Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  l'an  1920.  Paris,  Gaiithier-Villars, 
1920;  I  fasc.  16'='". 

T^es  problèmes  de  l'Océan,    par    A.    Berhet.    Paris,    Ernest    Flammarion,    1920; 

1  vol.  lô''".  (Présenté  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco.) 

Life  Movements  in  Plants,  par  Sir  J.-C.  Bose.  (Transactions  of  tlie  ISose  Research 
Institute,  Calcutta).  Calcutta,  Bengal  Government  Press;  vol.  1.  1918;  vol.  Il,  1919; 

2  vol.  21"^™, 5.  (Présenté  par  M.  L.  Mangin.) 

Le  platine  et  les  gîtes  platiiiifères  de  l'Oural  et  du  Monde,  par  Louis  Duparc  el 
Marc.uerite-N.  Tikonowitcii.  Genève,  Société  anonyme  des  éditions  de  Sonor,  1920; 
I  vol.  el  I  atlas  29'"'. 

Cours  de  Physique  mathématique  de  la  Faculté  des  Sciences;  tome  III  :  Complé- 
ments aux  théories  de  la  chaleur,  de  la  lumière,  etc.,  aperçus  de  philosophie 
naturelle,  par  J.  Boussinesq.  Paris,  Gauthier-Villars,  1921;  1  vol.  25''™. 

Traité  de  Chimie  analytique  appliquée,  par  V.  Villavecchia,  traduit  et  annoté 
par  P.  Nicolardot.  Paris,  Masson,  1919  el  1921;  2  vol.  25'^"'.  (Présenlé  par  M.  E. 
Liiidet.) 


ACADEMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI    21   MARS   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geouges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'AGA.DÉMIE. 


M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  qu'en  raison  des  fêtes  de  Pâques, 
la  prochaine  séance  aura  lieu  le  mardi  29  mars. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  V atmosphère  des  étoiles.  Reconnais- 
sance de  la  couche  supérieure  dans  quelques  étoiles  et  comparaison  avec  le 
Soleil.  Note  de  MM.  H.  Deslandres  et  Burson. 

Dans  une  Note  précédente  du  21  février  ('),  nous  avons  signalé  cinq 
étoiles  dont  le  spectre  montre  bien  distinctes  les  raies  brillantes  H,  et  Kj 
du  calcium,  caractéristiques  de  la  couche  moyenne  de  l'atmosphère.  Une 
seule  de  ces  étoiles  appartient  au  type  G  des  étoiles  solaires  et  peut  être 
rapprochée  immédiatement  de  notre  Soleil.  Ce  dernier  offre  aussi  les 
mêmes  raies  brillantes  Ho  et  R^,  mais  moins  brillantes  par  rapport  au  fond 
relativement  sombre  de  la  large  raie  noire  K,  ;  et  une  dispersion  notable- 
ment plus  grande  est  nécessaire  avec  le  Soleil. 

Les  quatre  autres  étoiles  sont  du  type  spectral,  désigné  par  la  lettre  K, 
qui,  dans  l'évolution  normale,  succède  au  type  solaire  (^). 

La  dispersion  employée  dans  cette  recherche  est  faible  (24™™  entre  Hy 

(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  4o5. 

(^)  La  lettre  K  désigne  à  la  fois  une  raie  noire  du  spectre  solaire  et  un  type  parti- 
culier d'étoiles   dans  la  classification  d'Harvard.    Pour  éviter  la  confusion,  la  lettre 
sera  précédée  du  mot  raie  dans  le  premier  cas  et  du  mot  type  dans  le  second. 
C    R.,   1931,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  12.)  ^^ 


Appareil 

Dalcs 

Keniarque? 

cinployc. 

des  épreuves. 

sur  les  raies  ilu  calcium. 

Cil.  prisni. 

1 1  mars  igii 

Hj  et  Ko  l)riilanles  el  doubles, 
et  au  milieu  H3  el  K3. 

Id., 

8,  9  el 

H3  el  K3   larges  el  bien   vi- 

10 mars  1921 

sibles. 

780  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

-  de  l'hydrogène  el  K  du  calcium  avec  le  speclrographe  à  fenle  el  18"""  avec 
la  chambre  prismatique),  et  les  raies  brillantes  Hj  el  Kj  de  la  couche 
moyenne  ont  été  vues  simples.  Nous  avons  ajouté  qu'une  dispersion  plus 
forte  les  montrerait  vraisemblablement  ^doubles  ainsi  que  dans  le  Soleil, 
avec,  au  milieu,  la  petite  raie  noire  H.,  ou  K3  qui  représente  la  couche 
supérieure. 

Or,  en  poursuivant  la  recherche  toujours  avec  la  même  dispersion  et  la 
même  chambre  prismatique,  nous  avons  reconnu  deux  étoiles,  ci-dessous 
désignées,  qui  ont  montré  nettement  les  raies  noires  centrales  H3  el  K3. 

Noms  lyi'c 

des  étoiles.        sperlral.    liclat. 

£  Gémeaux. . .      G5        o,  i3 
a  Orion Ma        1,10 

Le  Tableau  est  disposé  comme  celui  de  la  ÎNote  précédente. 

L'étoile  £  Gémeaux  est  la  deuxième  du  type  G,  qui  montre  les  raies 
brillantes  H.  et  K^  ;  et  elle  est  la  première  qui  montre  les  raies  H3  et  K3  de 
la  couche  supérieure.  Cette  étoile  présente  donc  les  mêmes  divisions  spec- 
trales que  le  Soleil,  mais  avec  un  appareil  beaucoup  moins  puissant. 

L'étoile  a  Orion  est  la  première  du  type  M  qui  offre  le  même  phénomène, 
el  l'on  rappelle  que  les  types  G,  K  et  M  se  suivent  dans  révolution  nor- 
male. Les  raies  H3  et  K,  sont  particulièrement  larges  dans  cette  étoile, 
presque  aussi  larges  que  H^  et  K^. 

Les  épreuves  correspondantes  de  la  petite  chambre  prismatique  ont  été 
agrandies  de  manière  à  avoir  la  même  dispersion  que  les  épreuves  spec- 
trales du  Soleil  avec  le  grand  speclrohéliographe,  épreuves  qui  montrent 
nettement  séparées  les  raies  H^  et  H3,  Iv^  et  K,.  Or  la  comparaison  conduit 
à  ce  résultat  que  les  raies  H,  et  K,  des  étoiles  £  Gémeaux  et  «  Orion  sont 
environ  cinq  fois  plus  larges  que  dans  le  Soleil.  La  couche  supérieure  de 
l'atmosphère  dans  ces  étoiles  a  une  densité  plus  forte  ou  une  excitation 
électrique  plus  grande. 

Cette  Note  est  seulement  préliminaire  et  les  détails  de  la  recherche 
seront  exposés  dans  un  Mémoire  ultérieur. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I921.  73 1 

MÉCANIQUE.  —  Sur  la  (létcnniridlion  expérimentale  du  mouvement 
(Vun  solide  quelconque.  Noie  de  M.  L.  Lecornu. 

Les  Notes  récentes  de  M.  G.  Lippmann  (séance  du  7  mars)  et  de 
M.  iMiiile  Picard  (séance  du  i4  mars)  m'ont  conduit  à  rechercher  quels 
renseignements  un  observateur  placé  sur  une  planète  de  forme  et  de  com- 
position quelconques  pourrait,  au  moyen  du  gyroscope  de  Foucault,  se 
procurer  au  sujet  du  mouvement  de  ce  solide. 

L'appareil  permet  de  repérer  plusieurs  directions  absolument  fixes  for- 
mant, par  exemple,  un  trièdre  trirectangle.  Ceci  fait,  on  est  en  mesure  d'ob- 
server la  rotation  apparente  de  ce  trièdre  par  rapport  à  des  axes  liés  à  la 
planète  et  d'en  déduire,  à  toute  époque,  la  direction  de  l'axe  instantané  de 
rotation.  Dans  la  suite  du  temps,  ledit  axe  paraît  décrire  un  cône  du  second 
degré,  dont  les  axes  sont  parallèles  aux  axes  principaux  d'inertie  issus  du 
centre  de  gravité  de  la  planète.  Ceux-ci  se  trouvent  ainsi  déterminés  en 
direction.  On  en  déduit,  pour  un  instant  quelconque,  les  rapports  des  com- 
posantes p,  q,  r  de  la  rotation  variable  co  suivant  les  axes  principaux.  Si 
l'on  possède  d'autre  part  une  horloge  marchant  uniformément  (l'unité  de 
temps  restant  arbitraire),  on  peut  mesurer  p,  q,  r  et  co. 

Il  est  même,  théoriquement,  possible  d'obtenir  davantage.  Soient  A,  B,  C 
les  moments  centraux  d'inertie.  Ayant  yo,  q,  r  en  fonction  du  temps,  les 
équations  connues  du  mouvement  d'un  solide  libre  autour  de  son  centre  de 
gravité  fournissent,  en  l'absence  supposée  de  couples  dus  à  des  actions  exté- 
rieures, les  rapports  de  A,  B,  C.  Si  l'on  calcule  ensuite  les  rapports  des 
quantités  A/j,  By,  Cr,  on  a  les  paramètres  directeurs  de  l'axe  du  moment 
cinétique;  le  plan  du  maximum  des  aires,  perpendiculaire  à  cet  axe,  se 
trouve  du  même  coup  déterminé  en  direction;  une  vérification  expérimen- 
tale consisterait  à  s'assurer,  au 'moyen  du  gyroscope,  que  l'orientation 
absolue  de  ce  plan  demeure  invariable. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Interprétation,  par  la  cohésion  diélectrique, 
dhme  expérience  célèbre  de  Sir  J.-J.  Thomson.  Noie  de  ÎNL  E.  Bouty. 

En  1893,  Sir  J.-J.  Thomson,  excitant  par  induction  la  luminescence  d'un 
gaz  raréfié,  avait  cru  pouvoir  conclure  de  son  expérience  que  les  gaz  raréfiés 
possèdent  une  conductivité  moléculaire  de  nature  électrolylique,  compa- 


732  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rable  à  celle  d'une  dissolution  d'acide  sulfurique  de  conductivité  maxi- 
mum ('). 

J'ai  prouvé,  en  1899,  qu'à  aucun  degré  de  raréfaction  les  gaz  ne  possèdent 
la  plus  légère  trace  de  conductivité.  En  effet,  si,  entre  les  armatures  planes 
d'un  condensateur  à  lame  d'air,  on  introduit  un  récipient  contenant  un 
électrolyte  même  aussi  mauvais  conducteur  que  de  l'eau  distillée,  de  l'alcool 
absolu  ou  tout  autre  diélectrique  liquide  pur  du  commerce ,  on  observe  un 
accroissement  de  capacité  du  condensateur  qui  peut  atteindre  par  exemple 
5o  pour  100,  quelque  faible  que  soit  la  différence  de  potentiel  des  plateaux. 
Dans  les  mêmes  conditions  une  ampoule  à  gaz  raréfié  ne  produit  rien,  quel 
que  soit  le  degré  de  raréfaction. 

Si  toutefois  on  augmente  progressivement  l'intensité  du  champ,  à  partir 
d'un  certain  champ  critique,  la  charge  ou  la  décharge  du  condensateur  pro- 
voque soudainement  la  luminescence  du  gaz,  et  l'on  observe  l'accroissement 
de  capacité,  manifestant  que  le  gaz  est  devenu  conducteur.  Cette  conduc- 
tivité ne  préexistait  pas.  Elle  est  l'effet  d'une  action  électromotrice  suffi- 
sante pour  vaincre  la  cohésion  dièleclriquc  du  gaz  et  produire,  aux  dépens 
de  ses  molécules,  des  ions  gazeux  de  signe  contraire  (^). 

Gomment  convient-il  maintenant  d'interpréter  l'expérience  si  ingénieuse 
de  J.-J.  Thomson?  Il  nous  faut  recourir  aux  lois  de  la  cohésion  diélectrique 
que  j'ai  établies  par  une  quinzaine  d'années  de  recherches,  de  1899  à 
1914Ç). 

Opérant  toujours  sur  des  colonnes  gazeuses  cylindriques,  dont  l'axe  est 
dans  la  direction  du  champ  électrostatique  et  comprises  entre  deux  parois 
planes,  diélectriques  ou  conductrices,  j'ai  trouvé  qu'au  moins  pour  des 
colonnes  de  hauteur  e  suffisante,  à  la  pression  p  et  k  la  température  T,  la 
force  électromotrice  minimum  E,  à  établir  entre  les  deux  extrémités  de  la 
colonne  pour  des  pressions  supérieures  à  celle  qui  correspond  au  minimum 
de  E,  tend  asympotiquement  vers  une, limite  représentée  par  la  formule 
binôme 
(')  e  =  a(Ç)  +  i^,       a  =  «t„, 

(')  J.-J.  Tho^ison,  lircent  researclics  in  Electricily  and  iMagnctism,  iSçj^i,  p.  9a 
el  suiv. 

(-)  E.  BoiiïY.  Les  gaz  raréfiés  so/it-i/x  des  élcclrcilytis?  {Coni/itcs  rendus,  t.  1159, 
1899,  p.  iSa). 

('')  Mes  expériences  sur  ia  coliésiou  clicleclriqiie  ont  fait  l'objet  d'un  grand  nombre 
de  Notes  aux  Comptes  rendus  el  de'^Mémoires  plus  développés,  insérés  dans  le  Journal 
de  Physique,  les  Annales  de  Clnniie  et  de  Physique,  etc. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I92I.  733 

dont  le  priMiiier  lermc  est  proportionnel  à  une  constante  spécifi(pie  du  gaz, 
sa  cohésion  diélectrique  a,  et  à  la  masse  du  gaz  en  expérience  ou,  si  l'on  vent, 
au  nombre  de  molécules  intéressées  par  l'elfluve;  le  ternie  constant  iî  peut 
rt /WYo/v' dépendre  de  la  nature  des  parois,  et  révèle  un  efïcl  de  surface, 
superposé  à  l'efîet  de  masse. 

L'emploi  d'une  force  électroinotrice  d'induction,  dans  l'expérience  de 
J.-J.  Thomson,  permet  de  supprimer  la  discontinuité  introduite  par  les 
parois,  et  d'observer  ainsi  un  phénomène  plus  pur  (anneau  luminescent 
uniforme).  L'effet  de  masse  du  gaz  subsiste  seul.  Le  second  terme  de  la 
formule  (i)  doit  disparaître.  Si  l'on  adopte  alors  l'idée  d'une  conductivité 
préexistante  du  gaz,  on  est  amené  à  lui  assigner  une  conductivité  molécu- 
laire bien  déterminée,  comme  l'a  fait  Thomson. 

J'avais  dès  longtemps  projeté  de  reprendre  l'expérience  de  J.-J.  Thomson 
en  la  simplifiant.  Le  récipient  à  gaz  aurait  reçu  la  forme  d'un  tore;  j'aurais 
remplacé  la  décharge  oscillante  de  la  bouteille  de  Leyde,  par  une  décharge 
continue.  La  force  électromotrice  inductive  aurait  été  fournie  par  ma  bat- 
terie de  petits  accumulateurs,  et  la  spirale  ou  bobine  plate  inductrice  aurait 
été  placée  autour  du  tore,  dans  son  plan  moyen.  Le  tore  avait  été  soufllé 
dès  1900;  mais  depuis  lors  je  n'ai  jamais  pu  trouver  le  temps  de  monter 
l'expérience  projetée  et  de  réaliser  les  mesures  comparatives  que  j'avais  en 
vue.  Je  serais  heureux  que  quelque  jeune  physicien  voulût  bien  exécuter  ce 
travail  sous  ma  direction.  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  l'interprétation  intui- 
tive de  l'expérience  de  J.-J.  Thomson,  telle  que  je  viens  de  l'exposer,  serait 
confirmée. 


GHI.MIE  ORGANIQUE.  —  Hydrogénations  catalyUques  sur  le  cuivre. 
Note  (')de  MM,  Paul  Sabatier  et  Bennosuke  Kubota. 

L'ua  de  nous  a  indiqué  antérieurement  dans  une  série  de  travaux  publiés 
avec  M.  Senderens  (1900  à  igoS),  puis  avec  M.  Mailhe  (1909),  que  le 
cuivre  peut  être  substitué  au  nickel  comme  catalyseur  dans  un  certain 
nombre  d'hydrogénations  directes,  telles  que  celles  des  dérivés  nitrés,  des 
nitriles  et  des  carbylamines,  de  divers  composés  élhyléniques  ou  acétylé- 
niques,  ainsi  que  des  aldéhydes  ou  acétones  forméniques  (-). 

(')  Séance  du  \'\  mars  1921. 

(-)  P.  Sabatier,  La  catalyse  en  CIninie  organiiiiie.  2*-'  édilion,  p.  190-196. 


^34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Son  Utilisation  n'ayant  pas  été  établie  dans  un  assez  grand  nombre  de 
cas,  nous  avons  pensé  qu'il  serait  utile  de  compléter  l'élude  de  cet  emploi, 
el  nous  avons  l'honneur,  dans  la  présente  Note,  d'exposer  quelques  résultats 
relatifs  à  des  matières  organiques  possédant  des  résidus  carbonyles, 
aldéhydes  et  acétones  aromatiques,  quinone,  anhydride  phtalique. 

Nous  avons  dans  tous  les  cas  employé  le  cuivre  violacé  léger,  préparé 
en  réduisant  très  lentement  par  l'hydrogène  au  voisinage  de  200"  l'hydrate 
noir  tétraciiivrùjue . 

Aldéhyde  benzoïqite.  —  On  sait  que  l'Iiydrogénation  directe  réalisée 
sur  le  nickel  entre  210"  et  200°  fournit,  non  de  l'alcool  bcnzylique, 
mais  seulement  du  toluène  et  du  benzène,  partiellement  hydrogénés  eux- 
mêmes  en  méthylcyclohexane  et  cyclohexane  ('). 

Pratiquée  sur  le  cuivre,  l'hydrogénation  n'a  lieu  que  lenlemenl  au-dessus 
de  35o°,  la  réaction  principale  étant  : 

C«H=.CO;Hh-H=    ->    CH'-i-CO  +  H^ 

accompagnée  dans  une  certaine  mesure  de  la  réaction  : 

C'H^CO.H-i- all^     ->     H^O  +  OH^CIP. 

On  condense  un  mélange  de  toluène  el  de  benzène,  ce  dernier  représenlanl 
plus  de  la  moitié. 

Contrairement  à  ce  qui  se  passe  avec  le  nickel,  l'oxyde  de  carbone  libéré 
n'est  pas  transformé  en  méthane,  mais  subsiste  tout  entier. 

On  serait  tenté  d'attribuer  la  réaction  dominante  à  un  dédoublement  pur 

et  simple  de  l'aldéhyde  benzoïque  au  contact  du  métal,  sans  intervention 

active  de  l'hydrogène,  selon  un  mécanisme  très  manifeste  avec  le  nickel 

seul (-) : 

C«H\GO.H    -^     CO  +  C'^H^ 

Mais  nous  avons  vérifié  qu'à  la  même  température,  l'opération  réalisée 
sans  hydrogène  ne  donne  lieu  qu'à  une  séparation  tout  à  fait  négligeable  de 
benzène  ;  la  présence  d'hydrogène  dans  le  système  est  certainement  efficace. 

Acétones  aromatiques.  —  On  sait  que  l'hydrogénation  des  acétones  aro- 
matiques, réalisée  rapidement  sur  un  nickel  d'activité  réduite,  ou  au-dessus 
de  25o°  sur  un  nickel  quelconque,  se  borne  à  y  remplacer  l'oxygène  acélo- 
nique  par  H-  et  conduit  à  l'hydrocarbure  (').  Il  en  est  de  même  au-dessus 

(')  I'.  Sauaiieh  el  Se.\1)eiii;ns,  Coini'U's  reiuliis,  t.  137,  1908,  p.  3oi. 

(^)  V.  Sa«aïu;r  et  Se.ndkhens,  Ann.  Cliiiii.  Phys.,  8"  série,  t.  4,  igoS,  p.  474- 

{')  Dauzens,  Comptes  rendus,  l.  139,  1904,  p.  868. 


SÉANCE   DU   21    MARS    I921.  735 

de  300°  pour  les  acétones  diarylirjues  (').  Dans  les  deux  cas,  un  nickel  actif 
et  sain,  agissant  à  température  plus  basse,  transforme  en  outre  les  hydro- 
carbures aryliques  en  hydrocarbures  cyclohexaniques. 

L'un  de  nous  a  déjà  indiqué  avec  M.  Murât  que  la  brnzophénone, 
C°H^CO.(]"H%  hydrogénée  sur  le  cuivre  vers  35o",  se  change  régulière- 
ment en  diphènvlméthdne  C*H\CH'.C''H'^  (^). 

Nous  avons  opéré  sur  l'acétophénone,  l'éthylphénylcétone,  et  sur  une 
dione,  la  benzoyipropanone. 

Uacétophénone,  C/'Il'.CO.CH',  soumise  à  l'hydrogénation  directe  sur 
le  cuivre  à  35o°,  est  transformée  lentcmcnl,  mais  régulièrement  et  sans 
complications  en  èthylbenzène  bouillant  à  i35°  : 

C'H5.CO.CH3-t-2H2  ->  H-0-+-C''H\CI12.CH\ 

Un  résultat  analogue  est  obtenu  avec  VélhylphénylcétoneiyW'' .CO.C'\\\ 
qui  est  changée  lentement  en  propylbenzèneCH'.CH-.CH-.CH'bouillant 
à  kjS".  La  réaction  est  semblable  à  celle  que  fournit  le  nickel  à  3oo",  mais 
n'a  lieu  que  plus  lentement. 

La  benzoyipropanone,  C°IP.  CO.CH-.  CO.CH',  hydrogénée  par  l'un  de 
nous  avec  M.  Mailhe,  sur  le  nickel  à  200°,  a  fourni  principalement  du 
biitylbcnzéne.  Mais  celte  formation  est  accompagnée  d'une  certaine 
scission  en  deux  tronçons,  CH^CO  et  CH-.CO.CH',  qui,  s'hydrogénant 
chacun  pour  son  propre  compte,  donnent  respectivement  du  toluène  et  de  la 
propanone,  transformée  elle-même  en  alcool propylicjue  (^). 

Les  résultats  sont  différents  avec  le  cuivre  à  350".  La  benzoyipropanone 
(qui  fond  à  60°  et  bout  à  2(ji°)  est  totalement  détruite,  et  l'on  recueille  une 
proportion  très  importante  à'' acélophénonc ,  en  beaux  cristaux  blancs,  fon- 
dant à  20'^',  bouillant  à  200".  Elle  est  accompagnée  d'aldéhyde  et  d'alcool 
élhyliques,  et  d'un  peu  d'eau  et  d'éthylbenzène.  La  réaction  principale  est; 

C^H^CO.CH^CO.CH'-hH^  ->  C«H\CO.CH^-i-  H.CO.CH'. 

L'acétophénone  formée  est  légèrement  hydrogénée  avec  formation  d'eau 
et  d'éthylbenzène  ;  l'éthanal  est  partiellement  changé  en  alcool. 

Benzoquinone.  —  L'hydrogénation  des  vapeurs  de  benzoquinone, 
C" H' O",  réalisée  sur  le  cuivre  à  3oo°,  conduit  presque  exclusivement  à 

(')  P.  Sabatier  et  Mlrat,  Ann.  Chi/n.,  9"  série,  l.  4,  igiS,  p.  263. 
(■-)  P.  Sabatier  et  Mlrat,  Comptes  rendus,  t.  I08,  I9i4>  P-  761. 
(')  P.  Sabatier  et  Mailbe,  Comptes  rendus,  t.  145,  1907,  p.  1126. 


736  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Vhydroquinonc,  CH^OH)-,  en  cristaux  blancs  fondant  à  \^<^°i  très 
solubles  dans  Teau,  et  dont  la  solution  traitée  par  le  chlorure  ferrique 
fournit  de  la  quinhydrone  en  aiguilles  brillantes  vert  foncé.  La  seule  com- 
plication est  la  production  d'un  peu  d'eau  et  de  phénol. 

Anhydride  phlali que ^  C^H*^,,^  ~)(.).  —  (.)n  sait  que  l'hydrogénation  sur 
le  nickel  à  200°  le  transforme  quantitativement  en  phlalidc 

Réalisée  sur  le  cuivre  à  35o°,  l'hydrogénation  fournit  tout  d'abord  une 
scission  avec  production  de  benzène  et  d'oxyde  de  carbone,  selon  la 
formule  : 

Mais  elle  ne  tarde  pas  à  fournir  un  produit  solide,  très  peu  soluble  dans 
l'eau  froide,  soluble  dans  l'eau  chaude,  d'où  il  cristallise  en  aiguilles 
blanches  fondant  à  74°  •  c'est  \q pfitalide ,  qui  réduit  aisément  le  permanga- 
nate de  potassium.  La  réaction  principale  qui  le  fournit  est  accompagnée 
d'une  réaction  accessoire  : 

C^H'C^^^^O  +  SH^  ->  GMI«.CH'+CO  +  2H20, 

qui  donne  de  l'eau  et  du  toluène,  et  dégage  une  certaine  dose  d'oxyde  de 
carbone,  facile  à  caractériser  dans  les  gaz  issus  de  l'appareil. 


M.  Qufisu  présente  un  Volume  de  M.  Auguste  Broca,  intitulé  :  Chirurgie 
de  guerre  et  d'après-guerre. 

Dès  le  début  de  la  guerre,  l'Institut  de  France  a  pensé  qu'il  ne  suffisait 
pas  que  chacun  de  ses  membres  apportât  à  la  Défense  nationale  toute  son 
activité  et  toute  sa  science,  mais  qu'il  devait  un  témoignage  direct  de  sa 
sollicitude  et  de  sa  reconnaissance  aux  soldats  blessés  en  défendant  la 
Patrie.  De  ce  noble  sentiment  est  né  l'hôpital  de  l'Institut,  l'hôpital  auxi- 
liaire 20."),  installé  dans  l'Hôlcl  de  Thiers,  place  Sainl-(îeorges,  et  dont  lo 
professeur  AfCiUSTii  Iîhoca  fut  nommé  chirurgifii. 

I>e  Livre  que  je  présente  aujoiiidluii  a  été  écrit  par  M.  l>r(ica  à  l'aide  de 

-(')  Goi)(::ioï,  liull.  Soc,  cltiin.,  \'  àérie,  l.  I.  1907,  p.  24-3. 


SÉANCE   DU   21    MARS    1921.  787 

documents  puisés  dans  trois  services  hospitaliers;  l'hôpital  265  entre  dans 
ce  compte  pour  841  blessés  de  guerre.  L'Ouvrage  a  pu  être  édité,  grâce  à 
une  libérale  subvention  de  l'fnstitut,  il  est  doublement  juste  qu'hommage 
en  soit  fait  par  M.  Broca  à  l'Institut  tout  entier. 

La  plupart  des  blessures  de  guerre  sont  décrites  dans  le  Livre  de 
M.  Broca,  au  moins  à  la  période  où  il  lui  était  possible  de  les  observer; 
545  figures  illustrent  le  texte. 

L'Ouvrage  comprend  deux  Parties  principales  :  l'une  de  chirurgie  de 
guerre  proprement  dite,  l'autre  de  chirurgie  d'après-guerre.  Celle-ci  est 
peut-être  la  plus  originale  et  l'on  y  retrouve  à  chaque  pas  la  spéciale  com- 
pétence de  l'auteur  en  orthopédie.  Deux  grands  Chapitres,  parmi  les 
séquelles  des  blessures  de  guerre  sont  particulièrement  développés  :  les 
troubles  articulaires  d'origine  mécanique  et  l'ostéomyélite  Iraumatique 
prolongée.  Les  premiers  ne  comprennent  pas  seulement  les  lésions  articu- 
laires proprement  dites,  mais  toutes  les  altérations  périarticulaires  des 
parties  molles,  peau,  tissu  cellulaire  et  muscles,  et  encore  celles  des  dia- 
physes  osseuses  voisines.  L'ostéomyélite  traumatique  prolongée  a  fait  le 
désespoir  des  chirurgiens,  elle  a  été  la  cause  de  ces  fistules  interminables  et 
de  ces  complications  infectieuses  tardives  que  nous  avons  tous  observées  à 
la  fin  de  la  guerre.  Une  bonne  étude  anatomoclinique  en  est  donnée  par 
M.  Broca  avec  de  nombreuses  radiographies,  à  l'exécution  desquelles  notre 
confrère  M.  Hamy  n'a  pas  été  étranger. 

Les  thérapeutiques  préventive  et  curative  y  sont  bien  étudiées. 

Le  Volume  se  termine  par  des  conseils  aux  experts  des  centres  de  réforme 
et  par  l'exposé  des  principes  qui  doivent  régir  la  prothèse  des  amputés  et 
la  rééducation  des  mutilés. 

L'intérêt  du  Livre  de  M.  Broca  est  grand,  parce  qu'il  a  pu,  grâce  à  l'éva- 
cuation  de  ses  blessés  sur  des  filiales,  les  suivre  ou  les  retrouver  à  la  période 
tardive;  il  est  graad  surtout  parce  que  c'est  un  Livre  vécu  dont  les  nom- 
breux documents  pourront  servir  plus  tard  à  ceux  qui,  peut-être,  hélas! 
auront  encore  à  soigner  des  blessés  de  guerre. 


M.  E.  Roux  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M'""  Olga  Metch- 
NiKOFF,  d'un  Ouvrage  intitulé  :  Vie  d'Élie  Metchnikoff  (1845-1916). 


738  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Seckêtairk  perpktuei,  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

Conseil  international  de  recherches  :  union  géodésique  et  géophysique 
internationale  :  section  d'océanographie  physique.  Bulletin  n°  I.  (Présenté 
par  S.  A.  S.  le  prince  de  Monaco.) 

Hôpital  de  l'Institut  de  France.  Chirurgie  de  guerre  el  (f  après-guerre,  par 
AucrsïE  Broca.  (Présenté  par  M.  Quénu.) 

Détermination  des  positions  géographiques  par  les  méthodes  des  hauteurs 
égales,  par  F.-.I.  Duaute. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Dciix  conséquences  de  l'équation  aux  dérivées 
JonctionneUes  qu'on  lire  de  la  reprèsentatiim  conforme.  Noie  de  M.  Gasto\ 

JULI.l. 

1.  Z  =y'^(s)  étant  la  fonction  analytique  qui  fournil  la  représentalion 
conforme  de  C,  courbe  fermée  analytique,  sur  le  cercle  trigonométriqne  T, 

on  a 

log/A(B)=-[#(A,  B)-+-/y(A,  Hi], 

Y(A,  B)  étant  une  fonction  harmonique  de  B,  conjuguée  de^(A,  B),  rela- 
tivement à  B. 

J'ai  donné  précédemment  (')  l'équation  qui  définit  la  variation  do 
'^&./a(B)  lorsque  le  contour  C  varie.  On  peut  en  tirer  une  équation  intéres- 
sante pour  la  variation  de  y(A,  B)  qui  est,  au  signe  près,  rargument  de 
^(B).  Il  suffit  de  partir  de 

en  observant  que 
Donc 


(')  Comptes  re/idi/s,  i.  17:2,  iy2i,  |).  568. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I921.  ^3g 

Dans  le  plan  Z,  si  l'on  désigne  par  u'  l'angle  OZA,  par  a  l'angle  h'/^hy 


.f      '''^ 


puisque  IZ*  |  =  77— r  =  e~"°"^  "'. 


/'■ 


Z-/> 


D'autre  part,  a  s'introduit  facilement  dansy„(:;)  =  Z,  —  ^ j  -ry-r  si  l'on 

convient  que  f^(^k^  soit  réel  et  positif ,  c'est-à-dire  y(B,  A)  =  o. 

Alors,  en  effet, 

■/(B,  M)  =  arg|^  =  «, 
et  l'on  a  finalement 

2.  Mais  on  peut  en  outre,  de  l'équation  (i),  tirer  une  solution  remar- 
quable de  l'équation 

(3)  ôa>(U,  V)=  /  a)(U,  M)<5>{M,N)onds, 

donnée  par  M.  Hadamard.  On  introduit  une  fonction  auxiliaire  X.  :=:fQ(z), 
ii  point  intérieur  à  C,  distinct  de  A  et  B  : 

«=/q(A),         [3=/û(B); 

Z  =  —- — —  e'^         (B  constante  réelle  convenable). 

Alors 

ÔZ  rfZ 


..     ,,„,       I     roLdz      \    r 


Z(Z  ^  b) 


^^J-,\f      [âlog(Ç-a)-ôlog(a,Ç-i) 

X  [<5^l0g(Ç—  jS)  —  rfl0g(ût„Ç-!)]| 

-4-  une  fonction  ne  dépendant  pas  de  B. 

Cette  fonction  c'est  ^-:  ;  °  „,    • 
2T.I  J^     i^ 

Différentiant  les  deux  membres  qui  sont  analytiques  en  B,  il  vient 

4)     ô^log/.(B)=ai^[logl^] 

=-^-jr[5iog(ç-«)-ôiog(«oî-i)]rf[^iog(ç-?)]. 


74o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

log  /^{  B)  =  log(p  —  a)  —  Iog(a„  fi  —  i  )  +  iO  n'est  pas  une  fonction  analy- 
tique du  point  A,  c'est  la  somme  d'une  fonction  analytique  de  A  [log(^  —  x)J 
et  d'une  fonction  analytique  de  A,,,  conjugué  de  A,  [—  log(a„^  —  i)]. 

Kn  difTéren liant  (4)  par  rapport  à  Vafjixe  Ao  (qui,  avec  l'affixe  A, 
fournit  les  deux  coordonnées  isotropes  de  A),  on  a,  en  revenant  à  C, 

u  ^,.  0 

c        /-^  Y  I      •/  •  ■   j     r^       .  dtu<  I    de    dz 

>ur  Li  on  a  ^  ==  — >  w,.  coniugue  de  L,  et  -7^  =  —  — ■;—■, 

ç„  •*    °  dz„  Ç''  itz  dz/ 

-     dz^  ^  . . 

—7-^  oz  dz  =  ion  ds 
az 

et 

ce  qui  donne 

Par  conséquent, 
/g^  rt,.A      j.  1   t/-log(gioi3-i)  _       I  rfMog/,(H) 

^     '  ^'    "'       -^^         7T  d\„dK  ~         77         (/A„f/B        ' 

fonction  ana/rtie/ue  de  Aq  f/  B,  vérifie  l'équation  (3)  : 

9  * (  Ao,  B )  =  r* (  A,j,  M  )  0» (  Mo,  H )  on  ds. 
U  en  est  de  même  de 

«K  A,  Bo  )  =  -^  -  ''— °^  (  «3o  -  0  _       I  ^Mog  /,»  i  R„ ) 


:         d\dH,        "'      T.       ciXdM, 

/a(Bo)  conjuguée  de/^(B).  Ce  sont  de  vraies  solutions  de  (3).  Et  si  l'on 
remarque  que 

,^(A,B)=-iriogApfL+logêpi^l. 

2L      "aofi—  1  °9!,8o—  ij 

on  vérifie  aisément  que,  en  désignant  par  x,  y  les  coordonnées  cartésiennes 
de  A  par  x' ,  y'  celle  de  B,  on  a 

et   ■ 

'''      I     ,    ,=  /  c»         .  ()  \  i'  0         .   ()  \     ,  ,    „ 


SÉANCE    DU    ai    MARS    I92I.  74 1 

et  Ton  voit  que  *l*(\,  \i„)  et  $(  A„,  B)  sont  les  deux  solutions 


/à     .    .  0\  /  0      .    .    d 


que  M.  Hadamard  a  données  récemment  pour  l'équation  (3). 

Si,  au  lieu  de  diderentier  (/|)  par  rapport  à  A,,,  on  diflerentie  par  rapport 
à  A,  on  obtient  une  équation  nouvelle,  quoique  très  analogue  à  (3). 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —   Sur  les  zéfos  des  fonctions  entières 
d'ordre  infini.  Note  de  M.  G.  Valiron. 

Je  me  propose  de  démontrer  une  propriété  générale  des  zéros  des  fonctions 
entières  d'ordre  infini,  en  relation  avec  le  théorème  de  M.  Picard,  qui  se 
déduit  facilement  de  propriétés  connues.  Je  me  référerai  souvent  au  livre  de 
M.  Blumenthal,  Principes  de  la  théorie  des  fonctions  entières  d''ordre  infini, 
que  je  désignerai  par  B. 

/(c)  étant  une  fonction  holomorphe  dans  un  cercle  de  rayon  i,  M(/-)  son 
module  maximum  pour  |  ^  |  =  r,  posons  : 

logiM(r)  r=  V(X),  X  -.  — î— ', 

i  —  r 

V(X)  est  une  fonction  croissante  continue  définie  pour  X>-  r,  si  elle  ne 
reste  pas  inférieure  à  X/"  (p  fini),  f(z-)  est  dit  d'ordre  infini.  Je  me  placerai 
dans  ce  cas.  On  peut  alors  définir  l'ordre  [j(X)  en  appliquant  à  la  fonction 
c^""  les  raisonnements  que  l'on  fait  dans  le  cas  d'une  fonction  entière 
(B.,  p.  43);  on  aura 

V(X)<Xi^"",         V(X)>X!^t'^i'"\ 

la  première  inégalité  ayant  lieu  quel   que  soit  X,  la  seconde  pour  des  X 
indéfiniment  croissants  (S  tend  vers  zéro)  et  «.(X)  étant  une  fonction  type. 
Le  théorème  de  M.  Jensen  montre  que  «(/)  =  N(X)  étant  le  nombre  des 
zéros  dey(s)  pour  I  ;  I  !rr,  on  a 


d'où 


N(X)^^^<X'^'^''" 


et,  en  prenant  X'  =  X  h p^  et  tenant  compte  de  la  croissance  typique, 

NCXXXt^'^''""* 


742  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

[dans  le  cas  de  l'ordre  fini,  jJi.(X)  =  p,  on  trouve  seulement  N(X)  <  X'^^f"*"'']. 
Soient  r/„  =  fi^c''^"  le  zéro  de  rang^,  b,,  ^=  e''",  et  p(X)  l'exposant  de  conver- 
gence de  la  suite  des  nombres  X„=  -— -— >  le  produit  infini  de  M.  Picard 

(Traité (i'Anafysc,  2*  édition,  t.  2,  p.  i5o,  elComptes  rendus,  t.  92,  1881, 
p.  690-692). 


où  l'on  prend  pour />„  la  partie  entière  de  p(X„)'"^",  est  convergent.  Le 
logarithme  du  module  du  facteur  de  rang  n  est  moindre  que  (^)  >  on  a 
donc  sans  nouveaux  calculs  (B.,  p.  55, 60) 

log|P(;)|<XPi^''"*. 

Pour  le  minimum  de  |P(s)|,  le  calcul  de  M.  Blumenllial  peut  être  sim- 
plifié, N  étant  le  nombre  défini  par  l'égalité  (8B)  (B.,  p.  55),  on  voit  que 

log  I  p(.)  I  >- xp>^''^*+;2  iog|  i^  |, 
I 

donc,  «/étant  la  plus  petite  des  différences  |X  —  X„|,  on  a 

log|P(:)|>(.-loga')\?'''"* 

[ces  inégalités  sont  vraies  même  si  p(X)  —  p  =const.J.  Les  inégalités  entre 
le  module  de  la  fonction  et  celui,  M,(7'),  de  la  dérivée  subsistent  aussi, 
l'inégalité  (i)  (B.,  p.  90)  donne  ici 

L'ordre  de  la  dérivée  est  donc  le  même  que  celui  de  la  fonction;  même 
conclusion  pour  la  partie  réelle  A(/-)  =  e"^',  l'égalité  (6)  page  93  donnant 

^'X'-X 

Les  conclusions  que  l'on  lire  de  ces  diverses  propositions  subsistent  donc 
sans  modification  :  une  fonction /"(s)  d'ordre  (a(  X)  est  de  la  forme 

/(  =  )  =  e^(=)P(;), 
chaque  facteur  du  second  membre  étant  d'ordre  .'J^(X)  au  plus,  et  si  l'ordre 


SÉANCE   DU    21    MARS    I92I.  743 

p(X)  de  P(3)  est  moindre  que  [j.  (c'est-à-dire  si  p''^'' <  [i-,  y  >  o),  le  premier 
facteur  est  d'ordre  [^(X);  le  minimum  d'une  fonction  d'ordre  [x  vérifie  la 
même  inégalité  que  celui  d'un  produit  canonique;  le  produit  d'une  fonction  / 
d'ordre  a  par  une  fonction  y,  d'ordre  a,  moindre  que  u.  est  d'ordre  il.  Dans 
cette  dornière  proposition,  on  doit  faire  intervenir  la  relation  entre  \(r) 
et  M(;')  dans  le  cas  de  l'ordre  [j.,  fini,  celte  relation  est  moins  précise  que 
dans  le  cas  de  l'ordre  infini,  mais  il  n'en  résulte  pas  d'inconvénient. 

La  démonstration  du  théorème  de  M.  Picard  par  la  méthode  de  M.  Borel 
(Acta  math. ,  t.  20)  reste  donc  valable  pour  une  fonction  /(s)  d'ordre  infini  : 
l'c.i'posdnl  de  com'ergrnce  p  des  zéros  de  f{z)  —  a  ne  peut  être  constamment 
inférieur  à  V  ordre  u.  que  pour  une  seule  valeur  a. 

Une  transformation  simple  donne  de  suite  le  résultat  que  j'avais  en  vue. 
Soient  F(Z)  une  fonction  entière  d'ordre  infini  p.(R)  et  a  un  nombre  quel- 
conque compris  entre  o  et  i~.  K  étant  un  nombre  fixe  et  très  grand,  il 
existe  au  moins  un  angle  d'ouverture  ^  dans  lequel  F(Z)  est  encore 
d'ordre  ,u.(R)  (j'entends  par  là  que  le  logarithme  du  maximum  du  module 
dans  le  secteur  angulaire  intérieur  au  cercle  |  Z  |  ^  R  est  égal  à  R*^'"  en  une 
suite  de  points  allant  à  l'infini)  ;  supposons  qu'un  tel  angle  ait  pour  bissec- 
trice l'axe  réel  positif  et  posons 

F(Z)  =/(.-),         Z  =  (I-^^^ 
f{z)  sera  holomorphe  dans  le  cercle  |s|  =  i  et  d'ordre  au  moins  égal  à 

ut.  (  ^  ),  K,  étant  un  nombre  fixe  supérieur  à  i ,  mais  aussi  proche  de  i  que 

l'on  veut  pourvu  que  K  soit  assez  grand.  L'ordre  des  zéros  de  /(  =  )  —  a  ne 
pourra  donc  être  inférieur  à  cet  ordre  que  pour  une  seule  valeur  a,  et  en 
passant  de  nouveau  à  la  fonction  F(Z)  on  obtient  ce  complément  au  théo- 
rème de  Picard-Borel  : 

F(Z)  étant  d'ordre  infini  a(R),  il  existe  au  moins  un  angle  d'omertwe 
donnée  oc  tel  que  l'ordre  des  zéros  des  fonctions  F(Z)  —  a  qui  sont  intérieurs  à 

cet  angle  ne  puisse  être  inférieur  à  u.  (  -p-  R  )  que  pour  une  seule  i^aleur  a. 

Il  faut  observer  que,  lorsque  la  croissance  de  (Ji-(R)  ne  présente  pas  de 
grosses  irrégularités  et  lorsque  («-(R)  <  R'',  p  étant  fixe,  on  a 

le  résultat  obtenu  dans  l'angle  a  est  le  même  que  celui  donné  par  M.  Borel 


744  ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 

dans  tout  le  plan.  Pour  les  croissances  plus  rapides,  cola  n'est  plus  vrai  si 
l'on  se  borne  au  résultat  énoncé,  mais  il  n'est  pas  douteux  que  la  propriété 
subsiste. 

On  peut  remplacer  l'angle  a  par  un  domaine  limité  par  des  spirales  égales 
et  il  est  clair  que  l'on  a  en  même  temps  des  renseignements  sur  les  zéros  des 
fonctions  qui  ne  sont  holomorphes  que  dans  un  tel  domaine.  Dans  le  cas  de 
l'ordre  fini,  le  résultat  fourni  par  la  méthode  précédente  n'est  pas  satis- 
faisant. 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Procédé  d'èi'aporation,  de  conceniration  et  de 
dessiccation  de  toutes  substances  organiques  ou  minérales.  Note  de 
MM.  A.  Sartory,  L.  Scheffi.er,  P.  Peli.issier  et  C.  Vaucher,  présentée 
par   M.  L.   Guignard. 

Le  principe  sur  lequel  repose  le  procédé  dont  il  s'agit  est  le  suivant  : 

Soumettre  les  substances  à  traiter  à  un  courant  d'air  privé  d'humidité  et 
porté  à  une  température  voisine  de  zéro,  et  en  tout  cas  incapable  de  pro- 
voquer une  altération  quelconque  des  éléments  constituant  ces  substances. 

Nous  l'avons  réalisé  en  faisant  circuler  un  fluide  gazeux  (le  plus  souvent 
l'air)  en  circuit  fermé,  dans  un  appareil  spécial  dont  le  dessin  est  donné 
ci-contre. 

Cet  appareil,  ou  étuve,  se  compose  d'un  long  couloir  u  où  circule  le  fluide 
gazeux  desséchant  (air)  et  à  l'intérieur  duquel  est  disposé  un  arbre  c  animé 
d'un  mouvement  de  rotation  et  sur  lequel  sont  montées  des  claies/',  en 
treillis  métallique  destinées  à  recevoir  les  matières  à  traiter.  Le  mouvement 
de  rotation  de  ces  claies  à  l'intérieur  du  courant  d'air  desséchant  assure  le 
contact  régulier,  complet  et  continu  de  l'air  avec  toutes  les  surfaces  des 
claies  où  sont  disposées  les  substances  à  traiter. 

Lorsqu'il  s'agit  de  matières  fluides,  les  claies  peuvent  à  volonté  demeurer 
fixes. 

Le  courant  d'air  est  obtenu  à  l'aide  d'un  ventilateur  puissant  (/*)  dont  la 
bitse  h'  de  refoulement  aura  la  même  section  que  le  tube  constituant  l'enve- 
loppe extérieure  de  rétuve,etdont  l'orifice  d'aspiration  h^  sera  en  commu- 
nication avec  un  appareil  destiné  à  fournir  l'air  sec. 

Le  courant  d'air  engendré  par  le  ventilateur  travaille  donc  en  circuit 
fermé  et  de  la  façon  suivante  : 

Dans    une    première    chambre    (/)   on    esl  disjiosc    un    réseau    frigorifique,  l'air   se 


SÉANCE    DU    21    MARS    I921.  7'|5 

refroidil  à  une  leinpéralure  T„,  aussi  basse  que  possible,  el  acquiert  uu  tlal  livf;iu- 
métiique  ou  de  saturation  de  va]ieur  d'eau  correspondant  à  celle  température  T,,.  Il 
passe  ensuite,  par  le  conduit  approprié,  dans  une  deuxième  chambre  (j)  où   il   se 


fiê2 


Fis  5 


réchaufle  an  contact  de  serpentins  de  circulation  de  vapeur.  L'air  acquiert  ainsi  la 
température  T  supérieure  à  T»  convenablement  clioisie  pour  les  matières  à  traiter, 
tout  en  gardant  à  cette  température  T  l'état  hygrométrique  de  l'air  à  T^.  Cet  air  quitte 
la  deuxième  chambre  /  pour  élre  mis  en  circulation  par  le  ventilateur  (/()  dans  le 
tube  a  a'  a"  . .  .  contenant  les  matières  à  dessécher  et  peut  ainsi  se  charger  d'une  quan- 
tité de  vapeur  d'eau  correspondant  à  la  différence  de  l'étal  de  saturation  entre  Td  et  T. 

Le  procédé  ci-dossus  exposé  étant  réalisé,  on  peut  régler  le  foiiction- 
nemenl  de  l'appareil  suivant  les  substances  à  traiter.  A  titre  d'exemple, 
nous  choisissons  le  cas  suivant  : 

1°  Enlever  à  iS'^s  de  viande  fraîche  son  eau  d(>  constitution,  soit 
80  pour  100  de  son  poids,  à  une  température  qui  ne  puisse  altérer  la  nature 
du  produit. 

C.  R.,  1921,  I"  Semes/;e.  (T.  172,  N«  12.)  56 


746  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  L'appareil  fournissant  lo  lieuresde  travail  eiïeclif,  doit  pouvoir  traiter 
3  fois  la  quantité  sus-énoncoe. 

3°  La  température  optima  pour  assurer  la  conservalion  d'un  produit 
organique  tel  que  la  viande  est  de  -+-  5°. 

Le  problème  revient  à  calculer  :  i°  la  quantité  d'air  qu'il  convient  de 
faire  circuler  et  2°  le  nombre  de  calories  négatives  et  positives  qu'il  sera 
nécessaire  de  produire. 

L'appareil  tra\  aille  sur  un  réseau  frigorifique  amenant  l'air  à  —  8".  puis 
le  même  air  privé  de  son  bumidité,  est  récbauffé  à  -h  5°.  Dans  ces  con- 
ditions le  calcul,  vérifié  par  l'expérience,  conduit  aux  résultats  suivants  : 

1°  Le  courant  d'air  doit  mobiliser  1300""'  d'air  à  l'heure,  soit  21™°, 5  par 
minute; 

2°  Le  frigorifère  doit  produire  en  chiffres  ronds  9000  frigories-hcures; 

3°  La  surface  de  chauffe  doit  produire  5ooo  calories-heures. 

En  résumé,  cet  exemple  concret  permet  de  concevoir  d'une  façon  précise 
le  fonctionnement  de  l'appareil. 

Nous  avons  déjà  réalisé  avec  ledit  appareil  le  dessèchement  de  nom- 
breuses substances  d'origine  animale  ou  végétale. 

Nous  montrerons,  dans  des  (Communications  ultérieures,  que  notre  pro- 
cédé n'altère  en  rien  les  qualités  d'ordres  divers  qui  appartiennent  aux 
différentes  substances  traitées. 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  modèle  d'atome  de  Bolir  et  les  spectres  corpuscu- 
laires (').  Note  de  MM.  Mairice  et  Lotis  de  Bkogme, présentée  par 
M.  E.  Bouty. 

Le  modèle  d'atome  de  Bohr,  dont  le  succès  pour  l'explication  des  spectres 
lumineux  a  été  si  remarquable,  comporte  une  charge  centrale  positive 
autour  de  laquelle  gravitent  des  électrons  sur  certaines  trajectoires  stables 
qui  ont  reçu  les  noms  d'anneaux  K,  J^,  M,  etc.  en  allant  du  centre  vers  la 
périphérie.  Pour  extraîre  un  électron  d'un  do  ces  anneaux  il  faut  lui  fournir 
une  énergie  W,;,  \V, ,  etc.,  et  si  ce  travail  est  emprunté  à  un  rayonnement 
périodique,  la  théorie  des  quanta  exige  que  le  produit  liv  de  la  constante  de 
Planck  par  la  fréquence  v  de  ce  rayonnement  soit  au  moins  égal  à  ^^  ,;,  W, . 

11  n'est  pas  sans  intérêt  d'examiner  d'un  peu  plus  près  ce  à  quoi  l'on  doit 
s'attendre,  au  point  de  vue  des  vitesses  dos  électrons  extraits,  si  l'on  admet 


{')  \  i)ii-  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  274  et  527. 


SÉANCE    DU    2  1    MARS    I921,  ^4^ 

que  l'absorplion  d'énergie  à  la  radiation  se  fait  par  quanta  Av  et  que  l'on 
doive,  pour  obtenir  la  vitesse  de  rêleclron  à  la  sortie  de  l'atome,  retrancher 
le  travail  d'extraction  correspondant  à  l'anneau  intéressé. 

Une  radiation  de  fréquence  v,  assez  élevée,  par  exemple,  pour  que  son 
quantum  soit  supérieur  au  travail  d'extraction  à  partir  de  l'anneau  K  d'un 
radiateur  qu'elle  vient  atteindre,  pourra  donner  des  électrons  K,  L,  M,... 
possédant    à    la    sortie    de    l'atome    des    énergies   //(v  —  v,,),   //(v  —  v,), 

Si  l'on  recueille  le  spectre  corpusculaire  des  vitesses  des  électrons  émis, 
on  devra  trouver  une  ligne  correspondant  à  chacune  de  ces  énergies. 

Dans  le  cas  où  le  radiateur  serait  frappé  par  un  spectre  continu  de  rayons 
ayant  une  limite  supérieure  de  fréquences  v,  les  lignes  précédentes  devien- 
draient des  bandes  à  bord  net  du  côté  des  grandes  vitesses  corpusculaires. 

Le  radiateur  émet  aussi  ses  rayons  X  de  fluorescence  K,  L,  M  et  ces 
rayons  correspondront  à  rex[)ulsion  d'éleclrons  L,  M,  I\, ...  possédant  le 
quantum  des  rayons  de  fluorescence,  diminué  de  l'énergie  W, ,  W„  néces- 
saire à  la  sortie  de  l'atome. 

Si  le  radiateur  est  enveloppé  d'un  écran  mince  d'un  autre  corps  dont  les 
anneaux  de  Bohr  soient  K',  L',  M',  les  radiateurs  de  fluorescence  du  premier 
radiateur  exciteront  les  radiations  corpusculaires  du  second  et  l'on  aurait 
ainsi  (pour  la  raie  a  par  exemple)  des  électrons  ayant  les  énergies 
^'"'xK—^^ii'.  ^*^aK~  Wl'  etc.  Ces  termes  correctifs  pouvant  être  plus  grands 
ou  plus  petits  que  ceux  qui  correspondraient  au  premier  radiateur  seul, 
suivant  la  position  mutuelle  des  deux  radiateurs  dans  la  série  de  Mendéléeff"; 
les  raies  du  spectre  corpusculaire  ainsi  observé  paraîtront  donc  en  avance 
ou  en  retard  par  rapport  à  leur  position  quand  le  premier  radiateur  est 
excité. 

Dans  quelle  mesure  l'expérience  justifie-t-elle  ces  prévisions? 

Les  expériences  et  les  mesures  que  l'un  de  nous  poursuit  actuellement 
sur  les  spectres  magnétiques  corpusculaires  mettent  en  évidence  des  raies 
qui  correspondent  aux  raies  K  de  fluorescence  des  corps  illuminés;  quanti- 
tativement, il  semble  l/ien  que  leur  quantum  corresponde  à  celui  des  rayons 
de  fluorescence,  moins  le  travail  de  sortie  W,  conformément  à  ce  qui  vient 
d'être  exposé. 

Les  considérations  précédentes  feraient  également  prévoir  des  raies 
décalées  de  l'énergie  W„;  or,  comme  précisément  la  différence  des  fré- 
quences des  raies  y,  et  p  est  égale  à  W^  —  W,,,  cela  donnerait  deux  nouvelles 
raies  dont  la  première  coïnciderait  avec  la  seconde  du  système  précédent, 


748  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

soit  en  tout  trois 'raies  distinctes;  en  se  reportant  à  une  Communication 
précédente  (')  on  voit  que  cela  peut  interpréter  les  apparences  observées. 

Il  y  a  en  plus  des  bandes  à  bords  nets  du  côté  des  grandes  vitesses 
corpusculaires,  leurs  arêtes  paraissent  liées  au  quantum  des  raies  contenues 
dans  la  radiation  excitatrice  (raies  K  du  tungstène  ou  du  plaline)  avec 
une  correction  de  l'ordre  de  grandeur  des  énergies  W,;  ou  \\  ,  des  anneaux 
de  Bobr  des  radiateurs  employés;  mais  ce  phénomène  a  encore  besoin 
d'être  étudié  et  l'on  ne  s'explique  pas  bien  en  particulier  pourquoi  ce  sont 
des  bandes  et  non  des  raies;  jusqu'à  présent  nous  n'avons  pas  obtenu  de 
raies  corpusculaires  isolées  correspondant  aux  raies  du  faisceau  de  rayons  X 
excitateur. 

Enfin  des  expériences  avec  un  radiateur  A  recouvert  d'un  radiateur  A' 
donnent  bien  des  raies  correspondant  aux  deux  radiateurs  (Rang  Fu  Hu 
avait  déjà  obtenu  un  résultat  analogue  pour  l'argent  et  l'étain);  la  compa- 
raison de  la  position  des  raies  correspondant  au  radiateur  A,  couvert  ou 
non  du  radiateur  A',  est  difficile  parce  que  les  raies  deviennent  très  faibles 
et  diffuses  et  demande  encore  dos  recherches;  mais  elle  a  semblé,  confor- 
mément aux  vues  précédentes,  pouvoir  fournir  des  raies  qui  sont  tantôt 
en  avance,  tantôt  en  retard  sur  celles  du  radiateur  A  seul. 

On  ne  peut  affirmer  que  ces  deux  derniers  points  soient  définitivement 
élucidés,  mais  nous  avons  voulu  signaler  les  conséquences  qui  paraissent 
rationnellement  se  déduire  de  l'atome  de  Bobr,  ainsi  que  l'état  actuel  de  la 
comparaison  entre  l'expérience  et  la  théorie  sur  ces  points  à  la  fois  délicats 
et  importants. 

THER.MODY.\AMi(,)UE.  —  Kludi'  i'nci<j;èlUjiie  d'un  système  de  a>iini/i(s. 
Conditions  de  slahili/é  de  réquiàbrc.  Noie  de  M.  Félix  Michai-d, 
présenlée  par  M.  E.  Bouly. 

Dans  une  i-écente  Communication  ("),  nous  avons  éludié  le  premier 
groupe  d'équations  auquel  conduil  la  théorie  énergétique  d'un  système  de 
courants.  Nous  allons  aborder  aujourd'hui  l'élude  du  second  groupe,  et 
nous  terminerons  par  l'examen  des  conditions  de  stabilité  de  l'équilibre. 

1.  Les  équations  dillërentielK's  du  second  groupe  renferment  des  déri- 
vées qui  contiennent  chacune  les  deux  facteurs  d'un  même  terme  de  l'énergie. 

(')  (' amples  rendus,  l.  172,  ig^i,  p.  527. 
(-)  Comptes  rendus,  1.^172,  1921,  p.  586, 


SÉANCE  Dtf  ar    MARS    192t.  74() 

Rappelons  que  les  dérivées  du  premier  groupe  élaient,  au  conlruirc,  prises 
en  croix,  c'est-à-dire  en  combinant  les  facteurs  de  deux  termes  de  Ténergie. 

J'ai  proposé  d'appeler  ces  nouvelles  équations  :  équations  du  théorème  de 
Uecch  i^éncralixé,  parce  qu'elles  se  réduisent  à  la  formule  classique  de  Reecli 
dans  le  cas  très  particulier  d'un  système  thermo-élaslique  constitué  par  un 
gaz.  Leur  nombre  est  très  considérable;  il  est  égal  à  (n  —  i).2",  //  étant  le 
nombre  des  extensités  variables  du  système.  Dos  règles  mnémoniques 
simples  permettent  heureusement  de  les  écrire  aisément  et  sans  calcul  ('). 

Lorsqu'on  applique  ces  règles  au  cas  d'un  système  de  courants,  on  trouve 
un  ensemble  d'é([uations,  pour  la  plupart  nouvelles,  et  dont  je  me  bornerai 
à  présenter  seulL-ment  les  principales. 

Considérons  d'abord  le  cas  de  deux  circuits  fixes,  plongés  dans  un  milieu 
maintenu  à  température  et  pression  constantes.  Conservons  les  notations 
utilisées  dans  la  Note  présédente.  On  obtient  l'équation 


(-p-^j    et  [~r^)    sont  les  coefficients  de  self-induction  des  deux  circuits. 

On  voit  que  leur  rapport  est  égal  au  rapport  des  coefficients  de  variations 
de  flux  pris,  pour  chaque  circuit,  en  maintenant  constant  le  flux  qui  tra- 
verse l'autre  circuit. 

Prenons  maintenant  un  seul  circuit,  pla«é  dans  un  milieu  de  volume 
constant  ou  sous  une  pression  constante;  nous  aurons 

àiJs\jrJi^\dT),i,\di 

On  en  déduit  que  le  rapport  des  capacités  calorifiques  à  courant  constant 
et  à  flux  constant  est  égal  au  rapport  des  coefficients  de  self-induction 
isothermique  et  isentropique. 

Considérons  enfin  un  circuit  fixe,  parcouru  par  un  courant  constant,  en 
présence  d'un  circuit  ayant  un  degré  de  liberté,  parcouru  par  un  courant 
variable;  le  tout  placé  dans  un  milieu  maintenu  à  température  et  pression 
constantes.  On  aura  l'équation 

di  h  \  Ojc),~^  [  0.cj,i,  \  di  ./^' 


(')   Energétique  gé'ïcralc,  p.  116  el  153. 


75o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

i-y)    ^^{^)    sont  les  coeflicienls  de   self-induclion  du  second   circiiil 

lorsqu'on  laisse  ce  circuit  fixe  et  lorsqu'on  le  déplace  de  telle  sorte  que, 
malgré  la  varialion  du  courant,  la  force  qui  s'exerce  entre  les  deux  circuits 
reste  constante.  Le  rapport  de  ces  deux  coefficients  est  égal  au  rapport  des 
deux  coefficients  de  variation  de  la  force  en  fonction  de  la  distance  lorsqu'on 
laisse  le  courant  constant  et  lorsqu'on  le  fait  varier  de  manière  à  maintenii»- 
constant  le  flux  qui  traverse  le  circuit  mobile. 

2.  Les  conditions  de  stabilité  de  l'équilibre  sont  données  par  les  dérivées 
partielles  qui  figurent  dans  les  équations  précédentes,  prises  en  laissant 
constants  les  facteurs  d'intensité  de  tous  les  autres  termes  de  l'énergie.  Ces 
dérivées  sont  toujours  de  même  signe;  elles  sont  positives  quand  l'équilibre 
est  stable,  négatives  quand  l'équilibre  est  instable  (');  enfin  quand  l'équi- 
libre est  indifférent,  elles  s'annulent  ou  deviennent  infinies  suivant  que  le 
facteur  d'intensité  figure  au  numérateur  ou  au  dénominateur. 

Ainsi,  par  exemple,  dans  le  cas  de  deux  circuits  mobiles  plongés  dans  un 
fluide  liomogène,  les  dérivées  partielles 


(h\  ('^\  /f^~' 


'2  /r,T,(,.x,\',... 


'^T/i',',,',.x.v,...  \  c»/,  /i>,r,;..x.x', ...  \  f^ 

sont  toujours  de  même  signe  et  deviennent  simultanément  infinies  :  la  capa- 
cité calorifique  et  les  coefficients  de  self-induction  à  facteurs  (finlensifê.'i 
constants,  c'est-à-dire,  en  particulier,  en  laissant  constantes  les  forces  qui 
s'exercent  entre  les  circuits,  sont  positifs  quand  l'équilibre  est  stable,  néga- 
tifs quand  l'équilibre  esl  instable  et  infinis  pour  l'équilibre  indifTérent. 


ÉLECTROMAGNÉTIS.ME.  —  Actions  iintliirlles  {apparentes)  d' (limants  et 
courants  plo/iiiês  dans  un  litjuide  magnétiijue.  ÎNote  de  .NL  II.  Chip.iiît, 
présentée  par  M.  L.  Lccornu. 

Donnons  quelques  applications  de  la  règle  énoncée  dans  une  précédente 
Note  C').  Pour  fixer  les  idées  nous  supposerons  paraniagnélique  (u->  1)  le 
liquide  dans  lequel  sont  plongés  les  aimants  et  courants. 

1.  Actions  mittiielles  de  conducteurs  non  magnétiques  pa/ courus  par  des 
courants  et  plongés  dans  un  liquide  magnétique  de  perméabilité  u.. 

(')  Aoc.  cit..  p.  191 . 

(-)  Comptes  rciiHiis.  i.  172,  kjti,  p.  SSy. 


SÉANCIi:    DU    21    MARS    lyai.  7,^1 

Ces  actions  sont  [j.  fois  plus  grandes  ijuc  celles  qui  s'exerceraient  entre 
conducteurs  diauiayiiclicjucs  placés  dans  le  vide,  parcourus  par  les  mêmes 

courants,  ces  nouveaux  conducteurs  ayant  tous  même  perméabilité  -• 

A  la  limite,  lorsque  les  dimensions  transversales  des  conducteurs  Ij', 
U",  ...  tendent  vers  zéro,  Tinlluence  des  propriétés  qu'il  faut  attribuer  aux 
nouveaux  conducteurs  tJ', ,  U",  ...  s'évanouit,  en  sorte  qu'on  parvient  à  cet 
énoncé  donné  jadis  par  Maxwell  dans  un  cas  particulier  ('). 

Les  actions  mutuelles  de  courants  linéaires  varient  prn^yortumnellcment  à  la 
perméabilité  du  li/fuide  dans  lequel  ils  sont  plongés. 

Le  même  énoncé  s'applique  aux  nappés  de  courant,  étant  sous-entendu 
que  les  deux  côtés  de  la  nappe  sont  baignés  par  le  liquide. 

II.  Actions  mutuelles  d'aimants  permanents  plongés  dans  un  liquide  magné- 
tique de  perméabilité  u.. 

Ces  actions  sont  11.  fois  plus  grandes  que  celles  qui  s'exerceront  entre 
aimants  diamagnéliques  \}\,    U",    ...  placés   dans. le   vide,  ces  nouveaux 

aimants  possédant  à  la  fois  une  aimantation  permanente  -J'  et  une  aiman- 

•    1   •      /'  1         \  -J^i'            >'■  -,,, 
talion  induite i]-^—  =z Je'. 

A  la  limite,  lorsque  l'une  au  moins  des  trois  dimensions  de  l'aimant  tend 
vers  zéro,  rinfluence  des  aimants  placés  à  son  voisinage  s'évanouit  :  à  chaque 
aimant  U'  appartenant  au  système  S  on  pourra  faire  correspondre  dans  le 
système  Sjj.  un  aimant  U',  dont  on  calculera  la  distribution  en  imaginant 

qu'on  ait  supprimé  tous  les  autres  corps  U",  U ',  L'aimant  U',  ainsi 

défini,  et  dont  on  peut  dorénavant  supposer  que  l'aimantation  a  été  rendue 
permanente,  s'appellera  TAo/no/o^ae  de  l'aimant  U'.-Une  définition  analogue 
s'appliquerait  à  un  corps  aimanté  parcouru  par  des  courants  permanents. 
Nous  obtenons  en  définitive  celle  loi  asymptotique  : 

Lorsque  l'une  au  moins  des  dimensions  de  chacun  des  aimants  permanents 
U',  L  ',  ....  plongés  dans  le  liquide  magnétique  de  perméabilité  [v-,  tend  vers 
zéro,  les  actions  mutuelles  de  ces  aimants  deviennent  ^.  fois  plus  grandes  (pie 
celles  qui  s  exerceraient  entre  leurs  homologues  U', ,  Uj,  ...,  placés  dans  le 
vide. 

Formons  les  équations  que  doivent  vérifier  les  composantes  de  l'aiman- 
tation J|(x\  y,  :)  de  rhomologue  U,  d'un  aimant  permanent  donné  U'. 
Désignant  par  J(j7,  v,  =)  raimautation  permanente  de  U',  le  vecteur  J, 

(  '  )  Maxwell,  On  pliysicil  Linrs  nf  Force. 


7:)2  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

devra  satisfaire  à  l'équalion  vecloriellc  (i  )  : 

(i)  |^.J,=r  ,1  —  zJC, 

3e  désignant  le  champ  magnétique  créé  par  cette  aimantation  J|(.r.  v,  :■), 
c'est-à-dire  le  \ecteur 

(.■)  K(.r,j,  c)rrr-gradienl^|    \^.);,._1  +  j;,_Z^  +  J,^  _i,y  ,/^'. 

Four  V ellipsoïde  uniformément  aimanté,  la  délerinination  de  l'aimanl  lioiiiologiie 
se  rattache  au  problème  classique  de  Poisson  :  aimantation  par  iniluence  d'un  ellipsoïde 
placé  dans  un  cliamp  uniforme.  Rapportons  l'ellipsoïde  U'  à  ses  trois  axes,  de  longueurs 
2(7,  ib,  2C,  et  désignons  par  A,  B,  G  les  constantes  positives  qui  figurent  dans  l'iden- 
tité (2),  \érifiée  en  tout  point  (,c,  y,  z)  intérieur  à  l'ellipsoïde  U'  : 

(?.)  /'t"  +  :^(A.r'--t-By^  +  C:;-^)=:const., 

la  solution  du  système  (1),  (1')  sera  contenue  dans  les  formules  (3)  : 

(3)  (,u— /.A)J,^=J^,  (,a.-zB)J, ,  =  ,!,,         {p.  -  ■aC).]^.~  i-. 

Tout  ellipsoïde  uniformément  aimanté  admet  donc  comme  homologue  un  ellipsoïde 
uniformément  aimanté. 

Pour  l'ellipsoïde  uniformément  aimanté  suivant  un  de  ses  axes  (O.r  par  exemple), 
nous  insisterons  sur  deux  cas  asymptotiques  qui  méritent  d'attirer  plus  parliculière- 
ment  l'attention  : 

Premier  cas  nsYmptolique  :  (liguille  aimantée.  —  Longueur  (/  finie,  section  T.bc 
infiniment  pelile. 

Le  gradient  de    /   de^enanl  infiniment  ])elit  en  même  temps  que  le  volume  L", 

on  a 

(i)  A«^o,  d'où  Ji  =^  —  J. 

Deuxième  eus  asymploli'iue  :  feuillet  niagnéti<iue.  —  Longueurs  h  et  c  finies, 
longueur  a  infiniment  petite. 

On  a  B  /^  rr  Ce  =  o,  d'oii,  en  utilisant  l'équation  de  Poisson  A  -h  B  -t-  C  ^:r  .'1 7:  : 

(•■>)  A:-/|r:,  J,-J; 

résultat  applicable  à  un  feuillet  quelcotique  :  en  tout  point  intérieur  à  un  tel  feuillet 
on  a  3e=rr  —  l\ni\\  l'équation  (i)  se  réduit  donc  à  J,  =  J. 
Les  formules  (/;)  et  (5)  entraînent  les  lois  suivante^  ; 

1"  Les  (iclions  mitliiellrs  de  dcii.v  (il gui  lies  (lirtianlècs  sont  iini'rscrncnt  pro- 
/xirliofinc/lcs  ci  la  permèaJdlilr  \x  du  liquide  dans  lei/uci  elles  sont  plongées. 


SÉANCE   DU   2  1    MAliS    I92I.  9,'»3 

Cel  énoncé  est  égcilenient  dû  à  Maxwell  (  '). 

Dans  ce  cas  particulier,  la  loi  fictive  F  ;::^ j- fréquemment  invo([uée 

par  les  physiciens  fournit  un  résultat  exact.  Celte  loi  se  trouve  complète- 
ment en  défaut  dans  les  exemples  suivants  : 

2°  Les  actions  mutuelles  de  deux  feuillets  magnétiques  sont  proportion- 
nelles à  u.. 

3°  L'action  d' un  feuillet  sur  une  aiguille  ainiantêe  est  indépendante  de  a. 

Dans  ces  deux  derniers  énoncés  on  peut  remplacer  les  feuillets  par  des 
courants  linéaires  ou  par  des  nappes  de  courants. 


KLICCTROCHIMIE.  —  Sur  le  mécanisme  des  échanges  d'énergie  dans  le  passage 
électrochimique  d^un  atonie  à  Pétat  d'ion.  Note  (^)  de  M.  1\e.\û  Audubert, 
présentée  par  M.  Paul  Janet. 

Un  calcul  exposé  dans  une  précédente  Note  (')  montre  que  l'on  peut 
déterminer  le  quantum  élémentaire  d'énergie  intervenant  dans  la  vaporisa- 
tion, en  considérant  le  travail  nécessaire  pour  vaporiser  une  molécule  comme 
effectué  contre  les  forces  de  cohésion,  et  en  l'exprimant  par  une  variation 
d'énergie  superficielle.  On  peut  arriver  à  des  résultats  intéressants  en 
examinant  du  même  point  de  vue  les  phénomènes  qui  se  produisent  dans  la 
dissolution  d'une  électrode  dans  la  solution  d'un  de  ses  sels.  On  peut  ima- 
giner que  le  travail  nécessaire  pour  produire  cette  transformation  se 
compose  de  deux  termes  :  un  terme  ic  relatif  au  travail  nécessaire  pour 
arracher  un  atome  à  la  surface  de  l'électrode,  et  un  terme  w'  relatif  au  travail 
mis  enjeu  dans  le  passage  de  cet  atome  à  l'état  d'ion.  Si  l'on  considère  la 
transformation  d'un  atome-gramme  de  l'électrode,  le  principe  de  conserva- 
lion  de  l'énergie  se  traduit  par  l'équation 

dans  laquelle  £  représente  la  tension  de  dissolution  de  l'électrode.  ()  un 
faraday,  n  la  valence  de  l'ion  considéré  et  N  la  constante  d'Avogadro.  Le 
travail  d'ionisation  N»''  peut  être  exprimé  par  la  relation  Nkv'  =  3q,  J  étant 
l'équivalent  mécanique  de  la  calorie  et  q  la  chaleur  d'ionisation  d'un  atome- 

(')  Max\m;li,,  On  P/irsicul  Lincs  nf  Force. 

(  ^)  Séance  du  i4  mars  1921. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p-  37.5. 


k 


^54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gramme  de  l'élémenl  considéré.  On  a  donc,  en  dolinitivc, 

eQ/i  =  Nil'  -f-  3q. 

Dans  celte  équation  le  terme  Jy  doit  Aire  précédé  du  signe  -+  ou  —  suivant 
que  le  passage  de  l'atome  à  l'état  d'ion  se  fait  avec  absorption  ou  dégage- 
ment de  chaleur.  Mais  l'énergie  d'arrachement  iXir  peut  être  calculée,  comme 
cela  a  déjà  été  montré,  en  partant  de  la  chaleur  de  vaporisation.  Le  principe 
de  conservation  de  l'énergie  appliqué  à  la  vaporisation  donne,  en  ell'et,  en 
appelant  L  la  chaleur  latente  d'une  molécule-gramme  ; 

JL  =  N.ï  +  HT. 

Les  chaleurs  de  vaporisation  de  quelques  métaux  ont  été  déterminées  par 
A.  Wehnelt  et  Musceleanu  (').  Les  énergies  d'arrachement  ainsi  calculées 
correspondent  aux  températures  d'ébullition.  mais  on  peut  par  extrapolation 
efl'ectuer  la  correction  de  température  en  utilisant  les  coefficients  de  tempé- 
rature des  tensions  superficielles  des  métaux  (^). 
On  peut  alors  calculer  t  au  moyen  de  l'équation 

On  trouve,  ainsi  que  le  montre  le  Tableau  suivant,  des  valeurs  concor- 
dant en  signes  et  en  valeurs  absolues  à  celles  que  fournit  l'expériçuce. 
excepté  pour  le  cadmium  et  l'hydrogène  : 

Chaleur 
(le  vaporisation  s  (calciilr) 

Molaux.  par  gramme.  vn  volls.  i  (observé). 

Mg 1700  +1,118  -(-I,2<) 

Cd 181  très  petite  +0,  i4 

Zn 366  +o,3o  .-(-o,/46 

15  i 161,5  —  1,1X1  — 0,67 

llg 63,5  — ">77  — 0)93 

Il »  Il  es  pelile  — ">  277 

Le  même  résultat  peut  être  appliqué  aux  anions  et  le  calcul  conduit 
encore  à  des  résultats  satisfaisants. 

ï  (calcule).  ;  (observé). 

lir +i,li>  +'>27 

I +<),5.'i  +*'-79 

O +1,43  -+-'î39 

(')    Tables  aiiiiiiclles  des  cointanies  et  données  /uiméri'jiies.  vo'.  3,  1912. 
C)  H.  Freunulich,  Kapiltai chenue. 


SÉANCE    DU    21    MARS    IQai.  7  55 

En  lenaiil  compte  des  considérations  exprimées  précédemment,  le  travail 
d'arrachement  met  en  jeu  de  l'énergie  d'une  manière  discontinue  par  élé- 
ments de  1 1  n:  io-''Terg.  Le  travail  d'ionisation  }q  correspond  à  un 
échange  discontinu  par  fractions  de  Av  ('),  ^  étant  la  constante  de  Planck 
et  V  la  fréquence  du  rayonnement  actif;  mais  en  utilisant  la  relation 
X,iT  =  0.3,  on  obtient  comme  quantum  G, 55  x  io~'°Tcrg. 

11  est  donc  naturel  de  penser  que  des  phénomènes  en  apparence  différents 
comme  la  dissolution,  la  sublimation  et  le  passage  électrochimique  d'un 
atome  à  l'état  d'ion  sont  semblables  au  point  de  vue  énergétique;  ils  se  pro- 
duisent tous  par  processus  énergétique  discontinu  correspondant  à  un 
quantum  voisin  de  18  X  lO^'^Terg. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Reliaù  ait  séchage  des  kaolins  et  des  argiles. 
Note  (-)  de  M.  A.  Iîigot,  présentée  par  M.  Haller. 

Th.  Schlu'sing  (')  a  démontré  que  les  kaolins  et  les  argiles  renferment 
des  proportions  variables  de  particules  colloïdales  qui  se  gonflent  au  contact 
de  l'eau,  reprennent  au  séchage  leur  volume  normal  en  se  contractant  et 
forment  une  sorte  de  réseau  dur  et  serré  autour  des  autres  particules 
ineiles  qui  les  accompagnent. 

Nous  avons  mesuré  les  retraits  linéaires  et  les  pertes  d'eau  pendant  le 
séchage  de  diverses  matières  :  kaolins,  argiles,  bauxites,  silices  d'infu- 
soires,  etc.  A  cet  effet,  on  se  sert  de  moules  en  plâtre,  ou  de  moules  métal- 
liques dont  les  dimensions  intérieures  permettent  de  fabriquer  des  èprou- 
vettes  de  100"""  x  3o™"'  x  3o™™.  Les  matières  à  étudier,  réduites  en  poudre 
fine,  additionnées  d'eau  en  proportion  convenable,  sont  transformées  soit  en 
pâte  molle,  soit  en  pâte  ferme,  soit  en  poudre  humide;  ce  sont  les  trois 
étals  sous  lesquels  on  façonne  les  matières  premières  dans  l'industrie  céra- 
mique. 

Les  éprouvettes  en  pâte  molle  sont  exécutées  à  la  main  dans  les  moules  en 
plâtre;  on  les  retire  dès  que  le  moulage  est  achevé;  les  éprouvettes  en  pâte 
ferme  ou  en  poudre  humide  sont  faites  dans  les  moules  métalliques,  à  des 
pressions  variables. 

(')  .1.  Pehrin,  Lumière  et  Matière  (A/tn.  de  P/iys.,  janvier-février,  kjtq,  p.  33). 

(-)  Séance  du  1^  mars  1921. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  78,  1874,  p.  1  i()8. 


756  ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

Au  sorlîr  des  moules,  les  pièces  sont  pesées  cl  mesurées,  on  les  fait  séclier 
lenlemenl  en  contrôlant  fréquemment  leur  longueur  et  leur  poids;  celles 
qui  ont  été  pressées  en  poudre  humide  perdent  du  poids  et  ne  prennent  pas 
de  retrait.  Les  autres  perdent  du  poids  et  prennent  d'abord  du  retrait,  puis 
le  retrait  cesse  avant  que  la  pièce  ne  soit  sèche. 

Dans  les  pâles  molles  et  dans  les  pâles  fermes,  une  partie  de  l'eau  a  servi 
à  gonfler  les  colloïdes,  elle  disparaît  pendant  le  retrait;  c'est  l'eau co//oj'(/(7/e, 
l'aulre  parlie  remplit  les  vides  qui  existent  entre  les  parlicules,  c'est  l'eau 
interposée;  l'évaporation  de  l'eau  colloïdale  doit  être  menée  lentement,  pour 
éviter  les  gerçures;  dès  que  le  retrait  cesse,  on  peut  faire  sécher  rapidement 
les  pièces. 

Le  quartz,  le  talc,  le  feldspath,  etc.,  <'n  poudre  fine,  et  agglomérés  en  pâle 
molle,  ne  prennent  pas  de  retrait  au  séchage,  et  lomlient  en  poussière;  ils 
n'ont  pas  de  plasticité  coUoïdale. 

Les  kaolins,  les  argiles,  les  bauxites,  etc.,  façonnés  en  pâle  molle, 
prennent  du  reirait  et  durcissent  au  séchage;  ils  ont  alors  la  plasticité  col- 
loïdale. Mais  cette  plasticité  ne  se  développe  qu'en  présence  de  l'eau  ; 
si  le  façonnage  est  fait  avec  du  pétrole,  les  éprouveltes  en  kaolin,  argile, 
bauxite,  etc.  ne  prennent  pas  de  retrait  au  séchage. 

Dans  la  présente  Note,  la  description  des  expériences  est  limitée  à  celles 
qui  ont  été  faites  en  pâte  molle  avec  : 

a.  l.c  kaolin  des  E^zies  (Dordogiie); 

b.  I.e  kaolin  de  l'iémel  (Côles-du-Nord)  ; 

c.  L'argile  blnnclie  de  Sainl-Aignan  (Loir-et-Clisr)  ; 
(/.  L'argile  de  Ransbacli  (  AA'eslervald  ); 

c.   Laigile  rouge  du  Tronquav  (Calvados)  ; 
f.   Un  siil)le  argileux  du  Tronquav. 

Nous  y  avons  joint  les  essais  suivants,  fails  avec  le  kaolin  des  Lyzics,  en 
faisant  varier  la  tempéralure  el  la  pression  : 

(r.  Kaolin  des  Eyzies  en  pâle  molle  à  5o"; 

h'.   Kaolin  des  Kyzies  en  pâle  forme  à  la  pression  de  i7o''spar  cenlimèlre  carré; 

a'.   Kaolin  des  Eyzies  en  pâle  ferme  à  la  pression  de  37o'<i'par  cenlimèlre  carré. 

Les  courbes  ci-jointes  représentent  les  relrails  linéaires  et  les  perles 
d'eau  pendant  le  séchage  à  l'air  libre,  (juc  l'on  termine  à  i  lo".  Les  chillVes 
ont  été  établis  en  ramenant  à  loo  le  poids  des  éprouveltes  sèches  ainsi  que 
leur  longueur  au  sortir  des  moules. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1921.  7^7 

Les  kaolins  a  eXb  ont  à  peu  près  la  même  composition  chimique;  en  pâle 
molle,  l'eau  de  plasticité  est  de  27,5  pour  100  pour  le  premier,  et  20  pour  100 
pour  le  second;  leur  eau  interposée  est  la  même  :  27,5. pour  100. 

160, 
155 
150 
H5.' 


36 
longueurs 

La  silice  libre  contenue  dans  les  argiles  a  pour  effet  de  prendre  ia  place 
d'un  certain  nombre  de  particules  colloïdales  et  de  particules  neutres;  elle 
rend  la  matière  moins  plastique  et  moins  poreuse. 

On  peut  chiffrer  la  plasticité  en  divisant  le  poids  de  l'eau  colloïdale  par 
le  poids  de  l'eau  totale  absorbée  et  en  multipliant  ce  quotient  par  le  retrait 
(voir  le  Tableau  ci-dessous). 


Perle  au  feu i4 

SiO'  combinée 46,4" 

SiO-  libre 

Al-0^ 38,  i3 

l-'e^O' <),8G 

CaO,  MgO ",4o 

K^O,  Na-^0 

Eau  de  plaslicilé  (  pour  loo) ...  .  27  ,5 

l^au  interposée  »  ....  '7,5 

Eau  totale  »         ....  5J 

Retrait  »  8,5 

Plasticité  colloïdale 4,i'> 


a'. 

a 

«". 

b. 

c- 

</. 

e. 

./. 

- 

- 

- 

i3,25 

9."' 

9. '^5 

4 ,  70 

2 ,  o5 

- 

- 

- 

46,90 

31,7.5 

37, 10 

19,56 

i4,52 

- 

- 

- 

- 

3,.,3o 

16,20 

48,2  j 

70,48 

- 

- 

- 

38,73 

26,45 

3o,86 

i6,3o 

6,60 

- 

- 

- 

0,52 

1 ,35 

.,24 

S,3o 

4,55 

- 

- 

- 

1  > ,  4  2 

"0,72 

1,54 

0,28 

o,i5 

- 

- 

- 

".47 

0,28 

4,01 

■.. .  1 8 

1 , 0  j 

11,8 

3 

21 

20, 5o 

16 

23 

•  4 

9 

aa.a 

21 

■4 

27 ,  5o 

i5 

1 5 

8 

8 

34 

■4 

48 

48 

3i   ^ 

38 

22 

17 

5, 1 

0, 

3i) 

7,20 

3,!0 

5 ,  60 

8,10 

8 ,  1 0 

2 ,  70 

1,78 

(1 

,.3 

3,6.. 

1,3.. 

■^91 

4-92 

5,  i() 

1,42 

758  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

L'élévation  de  température  (courbe  «'),  celle  de  la  pressicjii  (courbes  a' 
et  a-)  diminuent  en  même  temps  l'eau  colloïdale  et  l'eau  interposée;  mais  la 
diminution  de  l'eau  interposée  est  très  faible,  si  on  la  compare  à  celle  de 
l'eau  colloïdale. 


Gl':OLOGil!:.  —  Les  terrasses  alluviales  de  la  f^lve  et  leurs  rapports  avec  Fahri 
moustérien  d'Ollia  (B.-Pyr.).  Noie  ( ')  de  M.  E.  Passemard,  transmise 
par  M.  Ch.  Depéret. 

Dans  une  précédente  „\ote  (-  ),  j'ai  exposé  les  résultats  de  mes  fouilles 
dans  Vithri  moustérien  supérieur  ai' Olha  et  j'ai  montré  l'évolution  de  l'indus- 
trie à  travers  deux  faunes  distinctes,  l'une  tempérée  avec  Rh.  Mercki  et 
cerf  dans  le  bas,  l'autre  froide  avec  E.  prinngenius,  Rli.  tichorhinus  et 
renne  dans  le  haut. 

La  couche  archéologique  la  plus  inférieure  étani  constituée  par  du  sable 
et  des  cailloux  roulés  d'origine  tluviatile,  il  m'a  paru  nécessaire  d'essayer 
de  relier  cette  formation  à  une  des  terrasses  de  la  Nive  toute  voisine. 

La  notation  ap  de  la  feuille  de  Bayonne  qui  correspond  au  sable  des 
Landes  doit  être  modifiée.  On  ne  peut,  après  les  travaux  de  Blayac  sur  cette 
l'ormalion,  songer  à  la  maintenir  dans  la  vallée  de  la  Nive  et  dans  la  partie 
qui  la  relie  à  la  mer.  Il  faut  la  remplacer  par  des  alhnions  anciennes. 

La  rinère  ayant  actuellement  alleint  un  profil  d'équilibre,  il  est  possible 
de  grouper  ces  alluvioiis  en  terrasses  définies  ]iar  leurs  altitudes  relatives. 

1°  Terrasse  de  i5°'-i7"',  très  nelle  derrière  la  gare  de  Cambo-les-lïains,  :i  l'enliée 
d'Uslaritz,  à  la  calliédrale  de  lîayonne,  el  à  la  Ville-en-Bois. 

Le  replat  alluvial  d'IJstarilz  considéré  par  Sluart-Menlealh  comme  déterminant  une 
terrasse  de  lo'"  n'est  en  réalité  qu'un  lambeau  découpé  par  l'érosion  dans  le  niveau 
de  i5°'-i7'". 

2°  Terrasse  de  •'.6™-34"'.  lîHe  est  jalonnée  par  des  surfaces  également  très  nettes, 
à  Arnaga  inférieur,  au  Séminaire  de  Larressoie,  à  Halsou  et  à  Micoleau. 

3"  Terrasse  de  4o'"-Ô7™.  C'est  la  plus  nette.  Elle  domine  la  vallée  et  peut  être 
suivie  presque  sans  interruption  (Cambo-les-Bains,  Larressore,  Jaixou,  Arruniz, 
Villefranque,  Cliàteaux.  d'Urdains  et  de  la  Boule-du-Monde,  Saint-Pierre  d'Irube. 

4°  Terrasse  de  So'^-gS"'.  Il  faut  noter,  légèrement  en  arrière  de  la  précédente,  trois 
hautes  surfaces  garnies  de  cailloux  roulés,  comprises  entre  8o'"-95"'  (altitude  relative) 
à  la  Cliapella-Sainl-Sauveur,  Faldaracon.  l'arbre  Rerrogain. 

(')  Séance  du  i4  mars  1921. 

(-)  tv  Passemard,  Comptes  rendus,  t.  171,  i9îo,  p.  1069. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1921.  ySg 

La  coinposilion  des  alluvions  e>l  la  iiiêiiie  pour  tous  les  niveaux;  les  gi-és  triasi(iues 
cl  les  i]uartziles  ordovicieiis  doinineiil. 

5"  Gailloulis  élevés.  A  i/ja'"  d'aillUule  relative  à  la  lîergeiie,  au-dessus  de  Cambo, 
existe  un  cailloulis  que  je  considère  comme  d'ori!;iiie  fliivialile  oii  doiiiinciil  les  grès 
blancs  el  les  quaiiz. 

De  la  Mve  à  la  mer,  il  est  possible  de  suivre  sans  discontinuité  vers  la 
Négresse  et  vers  Bidart  des  surfaces  à  cailloux  roulés,  en  tous  points  sem- 
blables à  celles  de  la  vallée  de  la  Nive  et  qui  paraissent  faire  suite,  en 
s'abaissant,  au  niveau  de  8o"'-95"'. 

^  ers  Biarritz,  au  contraire,  c'est  au  niveau  de  4o'"-5-™  qu'elles  paraissent 
se  rattacher. 

Conclusions.  —  Je  n'ai  pas  retrouvé  de  ligne  de  rivage  ancienne.  Les 
niveaux  de  4o™-.j7"'  et  de  So^-pj'"  ont,  vers  l'amont,  une  pente  un  peu  plus 
forte  que  celle  de  la  Mve  actuelle.  Ces  deux  faits  peuvent  s'expliquer  en 
admettant  que  les  anciennes  lignes  de  rivage  se  trouvaient  très  loin  à  l'Ouest 
et  ont  élé  détruites  par  le  rapide  recul  de  la  cote. 

La  couche  archéologique  la  plus  inférieure  d'Olha  est  à  une  altitude  rela- 
tive de  12"  et  se  rattache  à  la  terrasse  de  iS™-!^'". 

Elle  correspond  au  dernier  alluvionnement  d'une  crue,  à  l'époque  où  le 
ruisseau  ravinant  la  nappe  de  i5'"-i7'"  pour  tailler  son  lit  actuel  atteignit 
pour  la  dernière  fois  la  cote  12. 

Les  altitudes  de  nos  niveaux  sont  assez  voisines  de  celles  données  par 
Depéret,  de  Lamothe,  Chaput  pour  les  formations  alluviales,  par  Gignoux 
et  de  Lamothe  pour  les  lignes  de  rivage,  pour  que  l'on  puisse  les  en 
rapprocher, 

11  est  certain  par  exemple  que  notre  nappe  de  i5"'-[7'"  est  la  même  que 
celle  de  i5™-2o""  (basse  terrasse). 

Comme  cette  dernière,  elle  donne  une  industrie  de  type  moustérien  et 
correspondrait  à  la  dernière  grande  extension  glaciaire,  vvijrmienne  de 
Penck,  mais  en  raison  de  la  situation  très  méridionale  de  la  région,  très 
«  Ibérique  »,  elle  renferme  Rh.  Me rcki  au  lieu  de  i?A.  lichorhinus. 

Si  l'on  ajoute  que  la  grotte  magdalénienne  de  Bouheben,  signalée  par 
Detroyat  ('  ),  était  à  peine  à  quelques  mètres  au-dessus  de  la  Nive;  que  l'in- 
dustrie de  la  Ballastière  de  Micoteau  (-)  qui  provient  du  limon  supérieur 

(')    A.    Detroyat,   Notice  sur  les  stations  de  l'âge  de  la  Pierre,  découvertes  jus- 
qu'ici autour  de  Bayoïine  {Bull.  Soc.  Se.  et  Lettres  de  Bayonne,  1877-1878). 
(-)  E.  Passemard,  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  décembre  1920. 


nSo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

do  la  terrasse  de  2G'"-34"',  est  très  voisine  de  celle  des  couches  inférieures 
d'Ollia,  que  la  dent  d'E.  inlcrrnedius  d'Arrunlz  ('),  si  son  origine  est 
bien  [jrouvée,  ne  peut  provenir  que  du  lavage  de  la  terrasse  de  4o°'-47"'»  on 
réunit  un  faisceau  de  faits  qui  se  complètent  parfailenient. 


MÉTKOROLOGlE.   —  Sur  la  brume  srclie.  Note  de  M.  Pu.  Scoerfschewskv. 
présentée  par  M.  1!.  Bourgeois. 

La  brume  et  le  brouillard  constituent,  avecles  grains,  les  trois  plus  grands 
dangers  qui  menacent  le  vol  des  avions.  L'étude  météorologique  de  la 
visibilité  a  pourtant  été  peu  approfondie. 

La  brume  sèche  a  été  distinguée  depuis  longtemps  du  brouillard.  A  la 
vérité  il  faut  distinguer  deux  types  principaux  de  brume  sèche  :  l'une, 
légère,  accompagnant  les  périodes  de  1res  beau  temps;  l'autre,  d'intensité 
variable,  mais  qui  peut  obliger  à  maintenir  un  éclaiiage  artificiel  au  milieu 
de  la  journée. 

C'est  ce  dernier  type  de  brume  que  nous  avons  étudié.  Il  est  particuliè- 
rement dangereux  pour  l'Aviation. 

1 .  L^  intensité  de  la  hritme  sèche  eslniaxiina  au  roi  si  nage  <hi  sol.  —  Ce  fait 
est  souvent  tellement  marqué  que  le  sommet  de  la  Tour  Eiffel  est  plus 
nettement  visible  que  sa  base.  Le  brouillard  ne  présente  presque  jamais 
cette  particularité. 

1.  Epaisseur  de  la  couche  de  brunie.  —  Le  brouillard  stable  forme  comme 
une  couche  répandue  sur  le  sol  et  dont  la  surface  supérieure,  située  en 
général  à  quehjues  centaines  de  mètres  seulement,  est  nettement  limitée. 
Ces  faits  s'établissent  en  explorant  les  couches  inférieures  de  l'atmosphère 
au  moyen  d'un  barothermohygromèlre,  emporté  par  un  ballon  captif.  La 
brume  sèche  est  répartie  sur  une  épaisseur  beaucoup  plus  grande  et  qui 
paraît  de  l'ordre  de  2000™.  Dans  une  élude  entreprise  en  ballon  diri- 
geable nous  avons  constaté  que,  môme  dans  le  voisinage  du  zénith,  la 
diminution  de  la  brume  peut  n'être  que  progressive  au  cours  de  l'ascension. 

3.  Absorption  de  la  lumière.  —  La  brume  sèche  laisse  surtout  passer  les 
rayons  rouges,  et  ce  phénomène  de  l'absorption  est  intense  dans  ses  couches 
inférieures.  En  dirigeable,  on  peut  observer  simultanément  le  Soleil  par 


(')  STUAnT-MENTHATii,  CoDipics  rctuliis,  i.   1GI,  i()i5,  1).  \Vy?..  —  Wiii.scii,  Anthro- 
pologie, l.  28,  11°  3,  19 17. 


SÉANCE   DU    21    MARS    1921.  yôr 

vision  directe  et  par  réile.vion  sur  l'eau  d'une  rivière.  A  une  altitude  à  peine 
supérieure  à  3oo""et  pour  des  rayons  frappant  l'eau  sous  une  incidence  d'en- 
viron 60",  le  disque  solaire  est  jaune  paille  par  vision  directe  et  rouge  orangé 
par  réflexion.  (^Ascension  du  3  novembre  i<)20.) 

4.  Circonstances  météorologiques  de  r apparition  de  la  brume  sèche.  —  Ce 
point  est  naturellement  le  plus  essentiel  à  étudier. 

a.  Circonstances  nuageuses.  —  Le  caractère  fondamental  de  la  brume 
sèche  est  son  association  avec  certains  types  d'alto-cumulus. 

La  classification  internationale  est  trop  lâche  pour  désigner  avec  préci- 
sion ces  types  particuliers.  Elle  permet  de  les  ranger  assez  arbitrairement 
soit  avec  les  alto-cumulus  ordinaires,  soit  avec  les  strato-cumuln.s.  Ce  sont, 
en  fait,  des  bancs  isolés  ou  des  couches  continues  d'alto-cnmulus  en  forme 
de  dallage  ou  de  forme  ovoïde. 

L'association  de  la  brunie,  qui  est  pourtant  surtout  localisée  au  sol,  avec 
ces  masses  nuageuses  dont  l'altitude  est  d'environ  2000'"  présente,  dai;is  cer- 
tains cas,  une  forme  particulièrement  frappante.  Quand  les  bancs  d'alto- 
cumulus  brumeux  sont  assez  clairsemés  dans  le  ciel,  ce  qui  a  lieu  en  parti- 
culier dans  la  période  finale  des  systèmes  nuageux,  la  visibilité  au  sol  peut 
présenter  des  irrégularités  notables  suivant  la  direction  dans  laquelle  on 
vise  :  dans  les  directions  qui  ne  coupent  pas,  à  petite  distance,  des  bancs 
importants  d'aito-cumulus,  la  visibilité  est  moyenne;  si,  au  contraire,  le 
plan  de  visée  en  coupe  un  banc,  la  visibilité  peut  s'abaisser  à  quelques  cen- 
taines de  mètres. 

Il  senjble  qu'il  y  ait  alors  comme  une  colonne  de  brume  qui  descend  sous 
le  banc  d'alto-cumulus  et  vient  s'écraser  sur  le  sol  où  elle  présente  une 
intensité  maxima.  Nous  citerons  à  cet  égard  une  observation  faite  récem-^ 
ment  dans  la  région  lyonnaise  (25  février  1921).  La  visibilité  dans  la 
direction  du  Nord-Est,  où  il  n'y  avait  au  ciel  que  quelques  nappes  de  cirrus, 
était  d'environ  5'^'",  Dans  la  direction  du  Sud  et  du  Sud-Ouest,  où  se 
trouvaient  des  bancs  importants  d'alto-cumulus,  la  visibilité  était  mauvaise 
et  variable  et  généralement  inférieure  à  i'"°. 

b.  Circonstances  isobariques.  —  Les  bancs  d'alto-cumulus  distincts  bru- 
meux se  présentent  toujours  dans  les  régions  de  variations  barométriques 
faibles  (moins  de  5""°  en  12  heures).  Il  y  a  trois  types  de  variations  baromé- 
triques faibles  :  les  oscillations  lentes  du  régime  anticyclonique,  les  oscilla- 
tions capricieuses  des  régimes  orageux,  enfin  les  oscillations  dont  nous 
voulons  parler  et  qui  sont  comme  un  écho  affaibli  des  noyaux  de  courbes 
d'égales  variations  barométriques  qui  parcourent  des  régions  éloignées. 

C.  R,,  1951,  \"'  Semestre.  (T.  n?,  N°  \%.)  ^7 


■-62  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Ces  noyaux  de  v;iriations  se  divisent  eux-mêmes  en  deux  classes  :  les  uns 
sonl  négatifs,  les  autres  sont  de  simples  sillons  creusés  dans  des  zones  de 
variations  positives. 

Dans  le  cas  du  25  février  1920,  par  exemple,  un  noyau  de  variations 
négatives  se  déplaçait  à  travers  le  nord  des  Iles  Britanniques,  la  mer  du 
Nord  et  le  sud  de  la  Scandinavie  (environ  6'"""  de  baisse  en  12  heures).  Son 
bord  extrême  balayait  la  France  par  un  prolongement  très  faible  (environ 
jiuni  (jg  baisse  en  12  heures)  orienté  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est,  abordant 
le  Pas-de-Calais  vers  7''  et  atteignant  les  Alpes  à  18''. 

Il  est  curieux  de  remarquer  que  les  couches  d'alto-cumulus  accompagnant 
les  faibles  noyaux  de  variations  dont  nous  parlons  ne  laissent  tomber 
qu'une  pluie  très  fine  et  en  quantité  insignifiante.  Il  semble  que  la  chute  de 
pluie  y  soit  remplacée  par  une  chule  de  brume  :  la  localisation  de  la  brume 
sous  les  couches  d'alto-cumulus  que  nous  signalons  plus  haut,  ainsi  que 
l'écrasement  de  cette  brume  sur  le  sol,  viennent  encore  à  l'appui  de  cette 
manière  de  voir. 


BOTANIQUE.  —  Les  phénomènes  nucléaires  de  la  cinése  hétérolypique  chez  le 
\joheVi?L  uvens  el^  chez  (/arlfjiu's  Cu/npdnulacées.  Note  de  M.  L.  Ah.maivd, 
présentée  par  M.  (iaslon  llonnier. 

Mes  recherches  ont  porté  sav Lobcli'a  iirens  L.,  Campaniihi  Rapunciilus  L., 
Campaniila  TracJielinm  L.,  Carnpantiln  rotundifolia  L.,  Specularta  Spéculum 
jVlph.  D.  C.  el  Jasione  moritana  L. 

Noyau  au  repos.  —  A  ce  stade  le  noyau  renferme  sous  une  membrane 
mince,  plongées  dans  le  suc  nucléaire  incolore,  des  nucléoles  en  nombre 
variable  et  un  réseau  péripliérique.  Ce  dernier  est  formé  d'une  trame  de 
linine  peu  ou  à  peine  colorable  qui  supporte  de  gros  blocs  irréguliers  et 
très  colorés  de  cliromatine,  placés  surtout  aux  angles  du  réseau  chez  Cam- 
pnnula  Rapuncalus  et  Cumpanula  Tracheliuin.  Chez  Cainpanuin  rotundifolia, 
Sprcularia  Spéculum  et  Jasionr  rnontana,  la  chromatine  forme  des  phujueltes 
minces  placées  sur  le  trajet  des  filaments  lininiens.  Chez  Lobelia  urens,  la 
chromatine  est  en  granules  à  peu  près  réguliers,  disposés  en  file  unique  sur 
la  Ira  me  du  réseau. 

Sladc  lepl(j(ène.  —  A  ce  stade,  le  réseau  se  condense,  rélracle  ses  anastomoses  et 
se  transforme  en  filaments  libres  plus  gros  et  plus  cliromatophiles  que  les  éléments  du 
réseau,  dont  ils  ont  du  reste  la  slructuie  particulière.  \ous  n'avons  jamais  observé  de 
rapprochement  intime  longitudinal,  deux  par  deux  de  ces  éléments. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I921.  ^63 

S/tic/c  du  sy/uipsix.  —  Nous  l'avons  loujours  observe  clans  nos  préparations.  Il 
consiste  dans  la  condensation  des  filaments  leptotèiies  et  leur  rétraction  autour  du 
nucléole.  Au  début,  chez  Lohclid  iirciis,  on  trouve  des  filaments  épaissis  mélangés  à 
d'autres  filaments  minces  qui  vont  se  coniracter  à  leur  tour.  Chez  Canipanula  Tra- 
chcliiim  et  Ciiinpanula  rotundifolia,  au  milieu  de  filaments  minces  enchevêtrés,  on 
observe  de  gros  amas  de  chromaline  disséminés  sans  ordre.  Chez  Specularia 
Spccii/ii/u  et  Jasione  inonlana,  les  filaments  leptotènes  sont  pelotonnés  énergiquemenl 
sans  autre  changement.  Plus  tard,  dans  toutes  nos  espèces,  la  masse  synaptique  est 
un  amas  dans  le((uel  on  observe  aucune  difTérenciation. 

Stade  du  spirème.  —  IjO  spirème  dégagé  de  la  masse  synapliqiie  est  discontinu  et 
en  forme  de  gros  cordons  libres,  indivis  longitudiaaiement.  Leur  structure  est  sem- 
blable pour  toutes  nos  espèces  :  granules  de  cliromatine  plus  ou  moins  réguliers  unis 
par  de,  lalininc. 

Slade  de  deuxième  contraction  synaptique.  —  Ce  stade,  ([ui  se  manifeste  par  une 
orientation  et  une  condensation  des  tronçons  du  spirème,  qui  prennent  la  forme  de 
boucles  à  convexité  externe,  les  extrémités  des  branches  revenant  vers  le  nucléole,  se 
lencontre  dans  nos  objets  avant  le  stade  strepsinenia.  Il  est  peu  marqué  chez  Canipa- 
nula 7 rucheliuni,  plus  accentué  chez  Lobelia  urens  et  bien  caractérisé  chez  nos  autres 
espèces. 

Slade  du  strepsinenia.  —  Ce  slade,  caractérisé  par  la  division  longitudinale  de 
chaque  tronçon  spirématique  en  deux  moitiés,  débute  pour  nos  espèces  à  la  fin  de  la 
deuxième  contraction  synaptique  et  s'achève  ultérieurement. 

Formation  et  formes  des  cliromosonies.  —  Les  chromosomes  iléfijiilifs  se  forment 
par  un  épaississemenl  graduel  de  chacune  des  branches  jumelles  du  strepsinenia. 
Chez  Jasione  montana,  Canipanula  Traclieliuni  et  Specularia  Spéculum,  on  observe 
dans  chaque  branche  chromosomique  une  ligne  claire  longitudinale,  qui  disparaît 
plus  tard  et  qui  est  «né  indication  de  la  division  longitudinale  anaphasique  des  chro- 
mosomes filles.  Les  formes  des  chromosomes  varient;  à  côté  des  formes  classiques 
en  V,  X,  Y,  nous  avons  observé  chez  Specularia  Spéculum  des  formes  pseudo-lernes  et 
pseudo-qualernes;  chez  Lobelia  urens  des  formes  en  y  et  en  anneau  et  des  formes  en 
tenaille  chez  Jasione  montana. 

Insertion  des  citromosomes.  —  Four  les  espèces  étudiées,  l'insertion  a  loujours 
lieu  au  fuseau  en  superposition,  chaque  branche  chromosomique  se  dirigeant  vers  un 
pôle  diflférent. 

Division  anaphasique  des  chromosomes.  —  Elle  s'accomplit  avant  l'arrivée  aux 
pôles  pour  Canipanula  Tracheliuni  ei  Canipanula  liapunculus  ;  au  tassement  polaiie 
pour  Lobelia  urens;  seulement  à  la  télopliase  pour  les  autres  espèces. 

En  résumé,  pour  les  espèces  que  nous  avons  étudiées  : 

1°  Les  filaments  leptotènes  ne  s'accolent  pas  par  paires  longitudinales. 

2"  Le  spirème  est  simple  longitudinalement.  Il  est  discontinu  et  formé 
de  tronçons  séparés.  Il  est  l'analogue  d'un  système  somatique  à  /i  éléments 
au  lieu  de  2«. 

3°  La  deuxième  contraction  synaptique  est  constante.    - 


764  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

4°  Les  cliromosoines  définitifs  proviennent  de  la  condensation  des 
branches  jumelles  du  strepsinema  et  se  forment  selon  le  processus  para- 
syndélique;  de  plus,  ils  s'insèrent  au  fuseau  en  superposition. 

5"  Les  chromosomes-filles  se  divisent  iongitudinalement  en  deux  moitiés, 
soit  à  l'anaphase,  soit  un  peu  plus  lard  pour  donner  les  branches  chromo- 
somiques de  la  deuxième  cinésie. 


AGRONOMIE.  —  Utilisation  des  tiges  dr  diverses  plantes  annuelles  en  vue 
de  la  production  de  V énergie  mécanique  nécessaire  aux  travaux  agricoles 
de  la  l'allée  du  Niger.  ISolo  de  M.  Charles  Audebeau  Bev,  présentée  par 
M.  Roux. 

Depuis  quelque  temps,  l'attention  se  porte  vers  les  possibilités  de  la 
culture  cotonnière  irriguée  dans  les  plaines  bordant  le  Niger.  L'insuffisance 
de  la  main-d'œuvre  dans  ces  contrées  conduira  à  l'emploi  de  machines  sur 
une  grande  échelhe.  L'utilisation  de  charbon,  de  pétrole,  de  benzine  ou  de 
mazout  ne  saurait  être  envisagée,  le  grand  éloignementdes  ports  de  l'Océan 
rendant  le  coût  de  ces  combustibles  prohibitif.  L'usage  de  bois  d'arbres 
provenant  du  débroussement  ne  pourrait  être,  d'autre  part,  que  d'une  assez 
faible  durée. 

11  sera  possible  de  pratiquer  une  culture  industrielle  telle  que  celle  du 
cotonnier  et  des  cultures  intercalaires,  en  utilisant  seulement  les  tiges  de 
diverses  plantes  faisant  partie  de  l'assolement,  ainsi  que  nous  allons  le 
montrer.  ?Sous  prendrons  pour  base  les  données  pratiques  moyennes  obte- 
nues à  l'Administration  des  Domaines  de  l'iùal  Egyptien,  au  cours  de 
plusieurs  années,  et  nous  supposerons,  à  titre  d'exemple,  une  exploitation 
agricole  de  2000''^,  dont  le  tiers  cultivé  en  cotonniers. 

A.  Labourage  (').  —  On  comptera  sur  une  quantité  d'énergie  de 
160000  chevaux-heures  avec  un  double  labour  croisé  à  o,  17  de  profondeur, 
de  la  superficie  cultivée  en  cotonniers  et  un  simple  labour  de  terres  avec 
cultures  d'assolement. 

B.  Egrenage  et  pressage  du  coton.  —  La  quantité  d'énergie  sera  d'une 
centaine  de  mille  chevaux-heures,  avec  l'usage  de  presses  puissantes,  dites 
Stetutipress,  pour  réduire  l'encombrement  des  balles. 


{')  Cil.    AuDEBKAr    Bky    el    \  Krion    MossÉiii,    Le    lahoiiras;e    en    Egypte  {Inslilul 
d'Egyplc,  mars  19161, 


SÉANCE  DU   21    MARS    192I.  7  65 

G.  Atelier  de  réparations.  —  Une  quantité  de  looooo  clievaux-lieures 
environ  sera  suffisante  à  cet  effet. 

D.  Kclniriigc  électrique  des  fermes.  —  On  peut  compter  sur  une  ciiuiuan- 
taine  de  mille  chevaux-heures.  Le  total  de  l'énergie  qui  fait  l'objet  des 
paragraphes  oi-dessus  s'élève  à  410000  chevaux-heures  environ. 

Voici  la  production  moyenne  annuelle  de  déchets  végétaux  : 

T 

Bois  de  colonnier  (660''''  à  i5oo''6) 990 

Graines  de  cotonnier  (66ni'T  à  ySo'-s) 482  (  ') 

Tiges  de  mil  (ôGo*"»  à  25oo''8 i65o 

Autres  produits  sur  les  66o'''''  restants 200 

Total 3322 

L'emploi  de  gazogènes  alimentant  des  moteurs  à  gaz  pauvre  permettra 
d'obtenir  facilement  un  million  de  chevaux-heures  effectifs,  en  tenant 
compte  de  l'énergie  requise  par  le  coupage  du  bois  de  cotonnier  avec  un 
appareil  ad  hoc,  de  l'allumage  quotidien,  des  pertes  et  des  imprévus.  C'est 
un  minimum.  Mais  nous  préférons  nous  placer  dans  les  conditions  les  plus 
défavorables,  avec  des  tiges  conservant  une  certaine  humidité. 

L'emploi  de  transmissions  électriques  actionnant  les  divers  appareils 
énumérés  précédemment  réduira  l'énergie  disponible  à  Gfîoooo  chevaux- 
heures  environ.  L'usage  d'un  intermédiaire  tel  que  l'électricité  ne  serait  • 
guère  dispendieux,  une  usine  centrale  permettant  de  réduire  le  personnel,  la 
consommation  d'huile,  les  frais  d'amortissement  et  d'entretien  du  matériel. 
On  ne  saurait,  d'ailleurs,  accoupler  directement  un  gazogène  à  un  appareil 
de  labour  par  exemple. 

La  quantité  d'énergie  à  recueillir  sur  les  arbres  des  dynamos  réceptrices 
est,  on  le  voit,  bien  supérieure  à  celle  requise  pour  les  travaux  énumérés 
ci-dessus.  Elle  permettrait  de  faire  face  à  diverses  autres  opérations  agri- 
coles qui  pourraient  être  effectuées  mécaniquement  :  décorticage  du  mil, 
traction  électrique  entre  les  centres  des  domaines  agricoles,  etc.  Nous  ne 
parlerons  pas  du  battage  du  blé,  du  riz,  dans  le  cas  de  culture  de  ces 
céréales,  l'énergie  mécanique  nécessaire  pour  le  battage  étant  très  infé- 
rieure à  celle  qui  serait  produite  par  l'incinération  des  pailles  en  gazogène. 

On  ne  saurait  songer  cependant  à  l'emploi  de  tiges  des  plantes  annuelles 
pour  l'élévation  de  l'eau  d'arrosage  des  champs  à  semer  en  cotonniers  et  en 
autres  plantes  d'assolement.  Elles  ne  suffiraient  pas  pour  assurer  les  arro- 

(')  Déduction  faite  des  semences. 


766  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sa^es  et  les  besoins  dont  il  a  été  parlé.  L'irrigalion  pérenne  par  gravitation 
s'impose  dans  la  vallée  du  Niger,  afin  de  ne  pas  grever  les  produits  de  frais 
trop  élevés  par  rapport  à  ceux  des  autres  pays  cotonniers. 

La  question  de  l'emploi  de  produits  végétaux  annuels  a  fait  l'objet 
d'essais  de  la  part  de  M.  Wells,  en  Egypte.  L'Administration  des  Domaines 
de  l'IClat  l'3gyplicn  se  livre  à  dos  expériences  à  ce  sujet. 

Un  gazogène  fonctionne  chez  elle  depuis  deux  ans,  exclusivement  avec  de 
la  paille  de  fèves.  Les  efforts  sont  portés  vers  l'élimination  du  goudron. 

l'our  résumer,  l'utilisation  de  combustibles  végétaux,  obtenus  gratui- 
tement du  sol  chaque  année,  serait  un  véritable  bienfait  pour  la  vallée  du 
Niger. 

Cet  emploi  pourrait  prendre  aussi  un  grand  développement  on  bien 
d'autres  centres,  où  la  culture  du  cotonnier  n'est  pas  destinée  à  s'acclimater, 
mais  où  les  cultures  annuelles  donnent  une  proportion  de  déchets  végétaux 
suffisante  pour  recueillir  iino  quantité  d'énergie  mécanique  importante. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Su/-  l'hydrolyse  du  mèlhyl-d-nmnnuside  a.  par  1rs 
Jerrnents  solubles.  Note  de  M.  H.  Herissey,  présentée  par  M.  L.  Gui- 
gnard. 

Le  métliyl-f/-mannoside  a  a  été  préparé  à  l'état  cristallisé  et  pur  pai  van 
Ekenstein;  il  est  facilement  hydrolysable  par  les  acides  minéraux  étendus 
et  bouillants.  Son  dédoublement  biochimique,  par  raction  d'un  ferment 
soiuble,  n'a  été  envisagé,  à  ma  connaissance,  que  par  Em.  Fischer;  cet 
auteur,  après  avoir  conclu  tout  d'abord  que  le  mélhylmannoside  restait 
inattaqué  par  les  ferments  de  la  levure  et  par  l'émulsine  (1894)  a  trouvé 
ensuite  qu'après  une  longue  inllucnce  de  ce  dernier  ferment  on  pouvait 
observer  une  faible  hydi^olyse  (1895). 

.Te  me  suis  proposé  de  rechercher  une  source,  suffisamment  active  et 
d'obtention  facile,  du  ferment  hydrolysant  dos  cZ-mannosides  x,  de  la  J-//;*^//;- 
nosidasc  a,  suivant  la  nomenclature  consacrée. 

.  Le  méthyl-r^-mannoside  a  nécessaire  à  ces  essais  a  été  |)réparé  suivant  la  méthode 
de  Fischer,  en  chaufFanl  le  rf-mannose  avec  de  l'alcool  méthylique  absolu,  contenant 
moins  de  yod  d'acide  chlorhydrique  sec.  Après  recristallisations  suffisantes,  je  l'ai 
obtenu  tout  à  fait  pur,  depomoir  rotatoire  «„  =  4- 79°,  18(0^3  i5""',  /— 2,/)  =  is, aaiS, 
a  —  -+-  12°  .54'). 

Le  méthjl-(^-mannoside  ne  réduit  pas  la  liqueur  cupro- potassique  ;  comme,  par 
dédoublement,  il  fournit,  pour  mo,  92,78  de  c/-mannofe  qui,  lui,  est  réducteur  elpos- 


SÉANCE    DU    21    MARS    I921.  767 

sède  un  pouvoir  rolaloire  sensil)lemeiU  égal  à  -{-  i'i'',2,  il  en  résulle  ((ue  son  hydrolyse 
esl  aisément  conslalable  el  facilement. mesurable  par  les  variations  du  pouvoir  réduc- 
teur et  de  la  rotation  optique  de  ses  solutions  mises  en  expérience. 

J'ai  d'abord  trouvé,  en  accord  avec  Fischer,  que  l'émulsine  des  amandes  conlienl, 
en  petite  quantité,  de  la  rf-mannosidase  «.  En  solution  aqueuse  à  is  pour  100""', 
additionnée  de  ()S,5o  d'émulsine  des  amandes,  j'ai  constaté,  en  effet,  après  i5  jouis, 
à  Sa",  un  dédoublement  s'élevant  à  18  pour  100  du  mélhylmannoside  mis  en  onivie. 
L'action  de  l'émulsine  est  donc  réelle)  mais  elle  est  faible  (^t,  de  ce  fait,  pratiquement 
peu  utilisable. 

Le  liquide  fermentaire  à' Aspergilhis  niger  obtenu  en  laissant  séjourner  de  l'eau 
distillée,  pendant  3  jours,  à  i5"-i8°,  sous  une  culture  arrivée  à  maturité,  ne  contient 
que  des'traces  infinitésimales  de  mannosidase;  en  18  jours,  îi  Ss",  le  dédoublement 
n'atteint  pas  5  pour  100. 

Le  mycélium  du  champignon,  employé  en  nature,  après  dessiccation  et  pulvérisa- 
tion (aSpour  100"^'  de  solution  de  mannoside  au  cenlième),  a  provoqué  en  78  jours, 
il  Sa",  un  dédoublement  de  46,09  pour  100. 

Les  macérés  aqueux  de  levure  de  bière  basse  se  sont  montiés  complètement  inaclifs. 
La  levure  entière  desséchée  est,  par  contre,  faiblement  hydrolysante. 

Les  meilleurs  résultats  d'hydrolyse  ont  été  obtenus  en  utilisant  comme  source  de 
ferment  les  semences  germées  de  luzerne.  On  fait  germer  des  graines  de  luzerne 
de  Provence  à  l'étuve,  à  aS^-So",  après  trempage  de  quelques  heures  dans  l'eau.  La 
germination  est  suffisamment  avancée,  en  moins  de  48  heures;  les  graines  germées 
sont  alors  rapidement  desséchées  à  une  température  inférieure  à  45°  et  le  prodsijt 
desséché  est  ensuite  passé  au  moulin,  de  façon  à  obtenir  une  poudre  homogène  et 
facilement  maniable, 

J'ai  expérimenté  avec  des  macérés  aqueux  obtenus  soit  avec  cette  poudre  de  luzerne 
germée  et  desséchée,  soit  avec  la  graine  de  luzerne  germée,  mais  non  desséchée.  Je  me 
suis  servi  aussi  du  précipité  obtenu  par  addition  d'alcool  aux  macérés  précédents.  J'ai 
obtenu,  avec  les  macérés  eux-mêmes,  des  résultats  positifs,  témoignant  d'une  hydro- 
lyse notable  du  mannoside  (32,83  pour  100,  par  exemple,  en  i4  jours,  à  i3''-i8°,  avec 
un  macéré  correspondant,  pour  100'^"'',  à  5e  de  poudre  de  luzerne  germée  desséchée). 
Par  contre,  le  précipité  obtenu  par  l'alcool  possède  seulement  une  activité  insi- 
gnifiante. 

Les  résultats  les  meilleurs  ont  été  constatés  dans  les  expériences  avec  la  poudre  de 
luzerne  germée  et  séchée  elle-même,  employée  telle  quelle,  dans  la  proportion  de  4  à 
5s  p'our  100""'  de  solution  aqueuse  de  méthylmannoside.  Par  exemple,  dans  une  expé- 
rience, j'ai  observé,  en  36  jours,  un  dédoublement  de  71,60  pour  loo;  dans  une  autre 
expérience,  le  dédoublement  s'élevait  à  94,73  pour  100  après  49  jours. 

En  l'ésumé,  la  source  la  plus  avantageuse  de  c?-mannosidase  a  paraît 
actuellement  constituée  par  la  semence  de  luzerne  gerniée.  Il  est  intéres- 
sant de  remarquer  qu'il  s'agit  du  produit  qui  contient  déjà  la  séniinase, 
ainsi  définie  :  le  ferment  soluble  (ou  ensemble  de  ferments  solubles)  qui 
détermine  la  transformation  des  hydrates  de  carbone  de  réserve  de  l'ai- 


768  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

bumen  corné  des  Légumineuses  en  sucre  assimilable.  Or,  on  sait  que  ces 
hydrates  de  carbone  sont,  pour  une  grande  part,  constitués  précisément 
par  des  mannanes,  c'est-à-dire  par  des  hydrates  de  carbone  qui,  comme  les 
mannosides,  doiinenl  par  hydrolyse  du  r/-mannose. 

Il  est  vraisemblable  de  penser  que  la  rf-mannosidase  a  doit  se  rencontrer 
non  seulement  dans  la  graine  de  luzerne,  mais  aussi  dans  de  nombreuses 
autres  graines  de  Légumineuses  ou  d'autres  familles  végétales  à  albumen 
corné. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  les  causes  de  varintion  de  hi  Irnriir  en  zinc  des 
animiiux  vrrtébrès  :  influence  de  rage.  Note  de  MM.  Gabuiei.  Bertrand 
et  R.  Vi.ADEsco,  présentée  par  M.  Roux. 

Nous  avons  attiré  l'attention,  dans  une  Note  récente,  sur  la  grande  varia- 
bilité de  la  teneur  en  zinc  des  organes  du  cheval  et  nous  avons  émis 
l'hypothèse  que  cette  variabilité  devait  être  en  rapport  avec  la  mobilité  et 
le  rôle  physiologique  du  métal  ('). 

Partant  de  cette  hypothèse,  nous  avons  entrepris  de  rechercher  quelle 
est  la  cause  ou  quelles  sont  les  causes  dont  dépendent  les  différences  de 
richesse  en  zinc  de  l'organisme.  Nous  avons  commencé  par  examiner 
l'influence  de  l'âge. 

Il  fallait  naturellement  nous  attendre  à  rencontrer  ici,  comme  première 
difficulté,  l'interférence  possible  de  plusieurs  causes  réunies  de  variation 
dont  l'une  pouvait  l'emporter  en  importance  sur  celle  que  nous  voulions 
déterminer.  Afin  d'amoindrir  autant  que  possible  les  effets  de  cette  inter- 
férence, nous  nous  sommes  procurés  des  séries  d'animaux  élevés  ensemble 
et  soumis  au  même  régime.  Nous  avons,  d'autre  part,  étendu  nos  recherches 
à  plusieurs  espèces  très  différentes. 

IjCs  résultats  que  nous  publions  aujourd'hui  se  rapportent  aux  Vertébrés  : 
le  lapin  et  le  cobaye,  élevés  par  nous  au  laboratoire;  la  souris,  provenant 
des  élevages  de  M.  le  D''  Borrel,  à  l'Institut  d'hygiène  de  Strasbourg;  la 
poule,  originaire  du  poulailler  de  l'Institut  Pasteur,  à  Garches;  l'ide  {hlus 
or/>«  V.C.)"et  la  tanche,  des  aquariums  de  la  Maison  Dagry  ;  enfin,  nous 
avons  joint  à  cette  collection  d'animaux  dont  nous  connaissions  l'origine, 
l'âge  et  le  mode  d'alimentation,  deux  harengs  d'un  même  lot  de  pêche, 
d'âge  inconnu  mais  de  laille  liés  inégale. 

Tous  ces  animaux,  sauf  bien  entendu  les  harengs,  ont  été  tuéspar  le  chlo- 

(';  Comptes  rendus,  t.  171,,  igyo,  p.  47/4. 


SÉANCE   DU   21    MARS    I921.  769 

roforme  ;  on  les  a  nettoyés  avec  soin  à  la  surface,  puis,  quand  ils  étaient  deve- 
nus rigides,  pour  ne  pas  perdre  le  sang,  on  les  a  divisés  et  mis  à  sécher  à 
l'étuve.  On  n'a  pas  manqué  de  vider,  dans  tous  les  cas,  le  tube  digestif.  Quand 
la  dessiccation  a  été  complète,  on  a  pulvérisé  à  part  chaque  animal  ou, 
lorsque  les  individus  étaient  trop  petits,  chaque  groupe  d'animaux,  eu  se  ser- 
vant d'un  mortier  de  porcelaine.  Les  poils  et  les  plumes  ont  été  enlevés  au 
début  des  opérations,  séchés  et  pesés  séparément.  Il  n'aurait  pas  été  possible 
d'en  obtenir  le  mélange  homogène  avec  le  reste  du  corps.  Pour  la  suite  des 
expériences,  on  en  a  ajouté  une  portion  aliquote  à  la  poudre  d'organes.  Les 
dosages  de  zinc  ont  porté  ainsi  sur  des  échantillons  moyens  du  cor[)s  de 
chaque  espèce  quand  les  individus  étaient  de  grande  taille,  sur  le  corps 
entier  ou  un  mélange  de  plusieurs  corps  quand  les  individus  étaient  plus 
petits.  La  méthode  suivie  a  été  la  même'que  pour  les  organes  du  cheval  ('). 


Espèces.  Age. 

Souris  (10  individus) 3  jours 

»       (12         »         ) 2  semaines 

»       (6         «         ) 3 

»       (3         »         ) 2  mois 

»        (  •">  »  ) ]  an 

"       (2  »  ) 2  ans 

Lapin  (  2  emljryons) » 

".     (8  »         ) ". 

Lapin g  jours 

»       I  mois 

»      2  •    » 

»     4    » 

Cobaye 4  jours 

»      adulte 

Poule I  an 

»       2  ans 

>.       3    » 


Ide  (5  individus) 7  mois 


Id 


19 


»    33 

Tanche  (5  indi\  idus) 7  mois 

"       (2         "         ) 19     " 

Tajiclie 33      ■> 

»      7  ans 

Harener n 


Zn  pour  100 

Poids 

de 

l'un  individu  (-). 

matière  fraîche. 

e 

mg 

2,55 

3,5 

4,4i 

2,8 

.3,98 

3,0 

12,36 

2, -5 

'1,74 

3,5 

21  ,  13 

4,2 

10,5 

4,4 

34 

3,1 

116,5 

4,0 

4o8 

4,5 

Il  II 

4,4 

2828 

4,9 

75 

2,3 

592 

5,6 

i6o5 

3i,4 

iSgo 

8>7 

,735 

7,7 

1645 

3,2 

2585 

9-3 

5 

l4,2 

79 

3,6 

284 

1,8 

8,02 

6,0 

>3,7 

8,1 

47.  « 

8,8 

706 

3,1 

69 

2 , 2 

(')  Bull.  Soc.  chim.,  4"  série,  t.  29,  1921,  p.  53. 

(-)  Lorsque  l'expérience  porte  sur  plusieurs  individus  à  la  fois,  nous  donnons  le 
poids  moyen. 


770  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

La  conclusion  la  |)liis  générale,  mais  non  absolue,  qui  so  dégage  de  ces 
résultats  ost  que  la  teneur  du  corps  en  zinc  présente  un  maximum  dans  le 
Jeune  âge.  Cest  du  moins  ce  qui  ressort  d'une  manière  frajjpante  des  résul- 
tats obtenus  avec  les  séries  bien  es])acées  de  souris  et  de  poules,  ce  que  l'on 
voit  encore  iieltement  quand  on  compare  ieschiflVes  i'ournis  par  V/dus  Or  lus. 

Cbez  le  lapin,  où  la  teneur  en  zinc  varie  très  lentement,  nous  n'avons  pas 
encore  pu  étendre  assez  nos  expériences  pour  connaître  la  courbe  représen- 
tative du  phénomène. 

D'autre  part,  il  apparaît  que  chez  le  cobaye,  le  hareng  et  la  tanche,  ce 
n'est  pas  au  moment  de  la  naissance,  mais  après  une  certaine  période  de 
développement  que  Ton  trouve  le  cliifTre  de  zinc  le  plus  élevé. 

Ces  premières  conclusions  sont  différentes  de  celle  que  S.  Giaya  a  for- 
mulée l'année  dernière  en  rapportant  les  résultats  de  ses  recherches  toxico- 
logiques  (').  Selon  lui,  la  proportion  de  zinc  «  augmente  avec  l'âge  du 
sujet  ».  Faisons  remarquer,  avant  d'aller  plus  loin,  que  cette  conclusion, 
appliquée  à  l'homme,  repose  sur  l'analyse  des  viscères  et  non  sur  celle  du 
corps  entier;  ensuite,  qu'elle  ne  semble  pas  aussi  nette  quand  on  examine  la 
série  entière  des  résultats  publiés  par  S.  Giaya  (^)  que  la  sélection  donnée 
par  lui  dans  les  Comptes  rendus.  La  série  entière  présente  des  irrégularités 
analogues  à  celles  que  nous  avons  rencontrées  nous-mêmes  chez  les  ani- 
maux. 

Ces  remarques  faites,  il  est  possible,  et  même  probable,  que  la  richesse 
en  zinc,  après  avoir  atteint  une  valeur  ipaxima  à  la  naissance  ou  quelque 
temps  après,  diminue  graduellement,  se  fixe  plus  ou  moins  autour  d'un 
minimum,  et  recommence  à  croître  au  moment  de  la  vieillesse.  Déjà,  dans 
les  séries  d'expériences  portant  sur  la  souris  et  sur  la  poule,  nous  voyons 
apparaître  chez  les  individus  les  plus  âgés  un  relèvement  très  a|)préciable 
de  la  teneur  en  zinc.  Nos  résultats,  arrivés  à  ce  point,  se  raccorderaient  alors 
avec  ceux  de  S.  Giaya. 


(')  Comptes  rendus^  l.  170.  ig'^o,  p.  906. 
(■-)   Thèse  de  Pharmacie^  t'a  ris,  1920. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I921.  771 


ClIl.Mll';  lîlOLOGIQUlC.  —  Sur  1(1  forinalioji  de  Purée  dans  le  foie  après 
la  mon.  Note  de  M.  K.  Fosse  et  de  M"'^'  N.  Kouciielmak,  pré- 
sentée par  M.  E.  Roux. 

l.  La  circulation  artificielle,  dans  le  foie,  de  sany,  seul  (de  Cyon)  ('  )  ou 
additionné  de  carbonate  d'ammonium  (Schrœder)  ('),  donne  naissance  à 
l'urée. 

'2.  Mais  le  foie,  même  lavé,  produit  la  carbamide  (Ch.  RicheL)  :  «  sans 
qu'on  [luisse  faire  intervenir  une  circulation  quelconque  par  le  sang,  chargé 
de  carbonate  d'ammoniaque  ou  d'oxygène  ».  Ce  phénomène  est  intimement 
lié  à  l'existence  d'un  ferment  soluble  :  la  diastase  urédpoiétique  de 
Uichet('). 

3.  Gomme  ces  résultats  ont  été  acquis  par  des  dosages  d'urée  avec  l'hypo- 
bromite,  plusieurs  auteurs  ont  cherché  à  vérifier  l'identité  du  corps  engen- 
dré par  le  foie.  Des  produits  de  l'autolyse  aseptique  de  cet  organe, 
Gottlieb  (')  isole  une  substance  qu'il  considère  comme  étant  probablement 
l'urée  :  parce  qu'elle  se  dissout  dans  l'alcool  éthéré,  dégage  de  l'azote  par 
l'hypobromite  et  précipite  avec  le  nitrate  mcrcurique.  Schwartz  (')  arrive 
aux  mêmes  résultats  par  la  méthode  de  Môrner-Sjoqvist.  D'après  Lœwy  (  '  ), 
ce  n'est  point  l'urée  qui  apparaît  dans  l'autolyse  du  foie,  mais  un  acide 
aminé,  très  voisin  de  ce  corps,  dérivant  du  glycocoUe,  soluble  dans  l'alcool 
éthéré,  dégageant  de  l'azote  avec  l'hypobromite  et  refusant  de  précipiter, 
contrairement  à  l'urée,  en  présence  du  nitrate  mercurique,  de  l'acide  azo- 
tique et  de  l'acide  oxalique.  Lambling  (*)  en  conclut  qu'il  s'agit  de  l'urée 
ou  d^unc  substance  très  voisine.  Les  méthodes  d'identification  et  de 
dosage  de  l'urée  par  le  xanthydrol  confirment  pleinement  lés  résultats  des 
expériences  de  Ch.  Richet. 

4.  Démonstration  de  la  formation  de  l'urée  par  le  J'oie  après  la  mort.  — 
Le  foie  d'un  chien,  saigné  à  blanc,  est  broyé  et  la  pulpe  introduite  par 
portions  de  20^  environ,  dans  des  flacons  tarés.  Après  détermination  exacte 
de  l'augmentation  du  poids,  on  ajoute  dans  chaque  vase  la  même  proportion 
de  chloroforme,  mélange  par  agitation,  on  bouche  et  l'on  abandonne  à  la  tem- 
pérature ordinaire  (été).  L'arrêt  de  l'autolyse  et  la  désalbumination  ont  été 
obtenus  en  ajoutant  du  réactif  Tanret,  deux  fois  plus  concentré  en  iodo- 

(')  Ch.  RicuEi,  Diclionnairc  de  Physiologie,  Article  Foie,  p.  686  et  suiv.  , 

(■^)  Lambling,  Précis  de  Biochimie,  2'  édition,  p.  SSg.' 


772  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

mercurato  que  celui  employé  par  le  sang,  à  raison  de  i""'  par  gramme  de 
pulpe.  Après  mélange  et  centrifugation  on  recueille  des  liqueurs  telles, 
qu'une  quantité  donnée  correspond  à  un  même  poids  de  foie.  Un  volume 
de  filtrat  reçoit  un  volume  d'acide  acétique  et  du  xanlhydrol  (i^  pour  200"'' 
de  mélange),  dissous  à  froid  au  moment  de  l'expérience,  dans  10  parties 
d'acide  acétique.  La  xanlhylurée,  essorée  après  plusieurs  heures,  est  épuisée 
à  la  soude  chaude  pour  éliminer  le  glycogène. 

Kappoil 
lodo-  de  l'urée 

Durée  mercurate       Xantliylurée"  Urée  après  aulolyse 

de  Poids  acétique  pour  20'''"',        pour  lOOO^'"',  à  Turée 

l'aulolyse.        de  foie.  (vol.).         liq.  désalbuui.     Ilq.  désalbum.      du  lériioin. 

Il  s  cm'  B  B 

Témoin...  o  23, i3  aS.iS  o,oi  o,oji4  » 

Exp.  1 66  24,08  24,08  0,06  0,428  6 

Exp.  2. .  . .      ii4  23,85  23,85  o,o58  o.4i4  a^/ 

Des  résultats  semblables  nous  ont  été  donnés  par  la  pulpe  de  foie,  fluorée, 
placée  à  l'étuve. 

.5.  Abolition,  pnr  chanffdge,  de  l a  propriété  que  possède  le  foie  de  former  de 
Viirèe.  —  On  place  à  l'étuve,  à  '^']°-[\o°,  deux  lots  de  vases  bouchés  contenant 
même  poids  de  foie  de  chien,  broyé,  fluoré  à  ^,  l'un  d'eux  ayant  été  préa- 
lablement placé  20  minutes  dans  l'eau  bouillante.  La  méthode,  qui  vient 
d'être  décrite,  établit  que  l'urée  n'augmente  point  dans  le  foie  cuit,  tandis 
qu'elle  s'élève  notablement  dans  le  foie  non  coagulé,  où  sa  quantité  peut 
devenir  6,7  fois  supérieure  à  celle  du  témoin  cuit. 

CliaufTage         Xantliylurée  Urée  Rapport  de  Turée 

à  +  37°.  pour  M"^"',         pour  1000'™',        après  aulolyse 

Durée.  Ilq.  désalbum.      liq.  désalbum.    à  l'urée  du  témoin. 

l'oie  cuit o  o,o4  Oi^22  » 

Foie  cuit 47  0,037  0,21  » 

Foie  cru 23  o ,  1 5  o ,  85  3,8 

Foie  cru 47.  pi 21  '>2  5,4 

Foie  cru 5i  0,26  i,48  6,7 


PHYSIOLOGIE.  —  Grossesse  et  phénomènes  de  choc  nnaphylcclique.  Note  (')de 
MM.  Auguste  Lumière  et  IlE.\ni  Couturier,  présentée  par  M.  Roux. 

Au   cours  d'c.vpériences  poursuivies  depuis  plusieurs  mois   sur  le  choc 
anaphylactique  chez  le  cobaye,  nous  avons  observé    que  certains  sujets 

(')  Séance  du  7  mars  1921. 


SÉANCE   DU    21    MARS    1921.  778 

préparés  au  sérum  de  clieval  demeuraient  insensibles  à  l'injection  déchaî- 
nante intra-cardiaque  qui,  en  moins  de  trois  minutes,  déterminait  invaria- 
blement la  mort  de  la  plupart  des  animaux  de  la  même  série. 

La  sensibilisation  avait  cependant  été  pratiquée  de  la  même  manière  et 
la  dose  seconde  administrée  dans  les  mêmes  conditions,  tous  les  cobayes  du 
même  lot  ayant  été  traités,  en  somme,  d'une  façon  aussi  identique  que 
possible. 

Supposant  que  cette  résistance  exceptionnelle  au  choc  pourrait  peut-être 
relever  de  dispositions  individuelles,  nous  avons  aussitôt  fait  cette  curieuse 
constatation  que  les  animaux  qui  n'avaient  point  réagi  étaient  tous  invaria- 
blement des  femelles  en  gestation. 

Pour  vérifier  l'influence  de  la  grossesse  sur  les  phénomènes  de  choc,  nous 
avons  choisi,  parmi  les  cobayes  antérieurement  soumis  à  la  même  injection 
préparante  de  sérum  de  cheval,  des  mâles  puis  des  femelles  fécondées,  qui 
ont  reçu  indistinctement  dans  le  cœur  gauche  o""',6  de  ce  sérum.  Dans  ces 
conditions,  tous  les  mâles  meurent  en  quelques  minutes  alors  que  les  femelles 
ne  présentent  au  bout  de  ce  temps  qu'un  peu  de  prurit,  sans  aucun  autre 
symptôme. 

Après  l'accouchement,  l'état  de  sensibilisation  réapparaît  chez  les  femelles 
préparées  qui  présentent  dès  qu'elles  sont  délivrées,  tous  les  accidents  de  la 
crise  anaphylactique  lorsqu'elles  reçoivent  l'injection  déchaînante. 

Prenant  ensuite  un  autre  lot  d'animaux  neufs,  composé  de  la  même 
manière,  et  injectant  dans  le  cuîur  gauche  i""' de  suspension  bary  tique  utilisée 
dans  nos  recherches  précédentes  (  '  ),  nous  avons  vu  tous  les  mâles  mourir  en 
quelques  minutes  à  la  suite  du  choc  anaphylacloïde  habituel,  alors  que  les 
femelles  en  état  de  grossesse  n'ont  présenté  aucun  accident.  Une  seule 
femelle,  chez  laquelle  on  avait  pratiqué  une  saignée  de  quelques  centimètres 
cubes  cinq  heures  auparavant,  a  accusé,  sous  l'action  de  la  dose  d'ordinaire 
sûrement  mortelle  pour  les  mâles,  des  troubles  passagers  assez  intenses  qui 
n'ont  duré  que  quelques  minutes;  mais  ce  cas  ne  semble  pas  infirmer  la 
généralité  des  résultats  signalés  plus  haut  parce  qu'il  s'est  précisément  rap- 
porté à  une  femelle  dont  la  gestation  était  tout  à  son  début. 

D'autre  part,  cherchant  à  déterminer  les  relations  qui  peuvent  exister 
entre  la  crise  épileptique  et  le  choc  anaphylactique,  nous  avons  injecté  dans 
le  cœur  gauche  des  cobayes  mâles  de  i"""à  2""' de  sérum  de  malades  atteints 


(  ')  Auguste  Lumière  el  Henri  Couturier,  Sur  le  clioc  provoqué  par  rinlrocluclian 
de  substances  insolubles  dans  la  circulalion  {Comptes rendus,  I.  171,  1920,  p.  H72). 


774  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  mal  coiuitial  et  provoqué  ainsi  des  accidents  é|)ileptiformes  caractéris- 
tiques graves  pouvant  se  terminer  par  la  mort  quand  la  dose  est  suffisante. 

Sans  attendre  d'avoir  poussé  plus  avant  notre  élude  sur  les  rapports  de 
l'anaphylaxie  avec  Tépilepsie,  nous  devons  pour  l'instant  mentionner  que 
ces  mêmes  injections  de  sérum  d'épileptique  pratiquées  chez  les  femelles 
pleines  n'entraînent  que  des  troubles  insignifiants  et,  la  plupart  du  temps 
même,  aucun  accident  (  '  ). 

Nous  nous  sommes  demandé  si  (dans  le  cas  des  injections  intra-car- 
diaques  tout  au  moins)  cette  singulière  immunité  des  femelles  en  étal  de 
gestation,  aussi  Jjien  contre  le  choc  anaphylactique  que  contre  les  chocs 
barytique  et  épileptique,  dépendait  d'une  propriété  spécifique  de  leur  sérum 
et,  pour  le  vérifier,  nous  avons  saigné  un. certain  nombre  de  ces  femelles, 
puis  ajouté  leur  sérum  aux  doses  déchaînantes  d'anligène  qui  ont  été  injec- 
tées à  des  mâles.  Nous  avons  constaté  que  cette  addition  n'a  eu  aucun  elVet 
de  préservation-,  il  en  a  été  de  même  quand  le  sérum  a  été  administré  soit 
avant,  soit  après  l'injection  seconde. 

L'immunité  ne  sembleUonc  pas  résider  dans  des  modifications  humorales 
qui  surviendraient  pendant  la  grossesse  et  son  mécanisme  pourrait  plutôt 
être  recherché  dans  une  diminution  de  l'aptitude  aux  phénomènes  réilexes 
ou  dans  une  variation  des  réactions  nerveuses. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  des  ololitlics  suh fossiles  de  Poissons  du  Saluira  méridional 
et  leur  signification.  Note  ('■)  de  M.  Jacques  PcLi.Kuiti\,  transmise 
|)ar  M.  E.  Pcrricr. 

Des  éludes  récentes  montrent  que  le  régime  hydrographi((ue  du  Sahara 
était  jusqu'à  une  époque  relativement  très  proche  fort  dillérent  de  ce  (juil 
est  aujourd'hui.  Des  fleuves  importants  sillonnaienl  la  surface  du  (Irand 
désert,  des  lacs,  des  niarais  en  jalonnaient  l'étendue.  La  physionomie 
générale  de  ce  vaste  réseau  fluvial  vient  d'être  esquissée  dans  ses  grandes 

ligues  par  il.    Chudeau  (^).  On  im'ctgine  aisément  combien   devait  être 

' ■  ■'    f:r.;M---  •'    '  '•  

(')  Ces  faili  soiU  sans  doulJ  à  rapprocher  des  profondes  modificaliuiis  i[iii  sur- 
viennent au  cours  de  la  grossesse  des  femmes  épilepliques  dont  les  crises  peuvent  pai- 
fois  être  coinplètenienl  supprimées  pendant  toute  la  gesl^ilion.  . 

(')  Séance  du  i4  mars  1921. 

(')  R.  Chudeau,  L'hydrographie  ancienne  du  Sahara  {Comptes  rendus,  l.  172, 
1921,  p,  459). 


SÉANCE    DU    21    MARS    1921.  776 

abondante  el  variée  la  faune  aquatique  qui  peuplait  tous  ces  cours  d'eau, 
l'.n  réalité,  ainsi  que  je  l'ai  montré  ('),  certains  vestifi:es  en  subsistent 
encore  aujourd'luii;  des  lleptiles  comme  les  Crocodiles,  des  Batraciens, 
plusieurs  espèces  dh  Poissons,  ont  réussi  à  se  maintenir  en  quelques  points 
d'eau  tant  du  Sahara  central,  qu'occidental  ou  oriental.  Pour  les  Mol- 
lusques lluviatiles,  L.  Germain  a  fait  des  observations  analogues. 

Bien  plus  nombreux  encore  sont  les  restes  subfossiles,  fragments  ossoux  de  l*oissons 
ou  coquilles  de  Mollusques  aquatiques,  qu'on  rencontre  en  des  localités  fort  diviMsos 
du  Sahara  el  qu'on  peut  rapporter  à  des  formes  vivant  encore  actuellement  dans  les 
lacs  ou  rivières  du  Sud  el  de  l'Es.l  :  Sénégal,  Niger,  Tchad  ou  Nil. 

L'année  dernière  j'étudiais  ici-même  {^)  des  ossements  de  foissons  recueillis  au 
Sahara  oriental  par  la  mission  dirigée  pai-  le  lieutenant-colonel  ïilho,  dans  la  région 
aujourd'hui  complètement  desséchée  désignée  par  lui  sous  le  nom  de  Pays-Bas  du 
Tchad  et  je  montrais  que  la  présence  de  grands  Pqissons  comme  les  LaU-s  ou  l'erches 
du  Nil  et  de  divers  Siluridés  ne  s'expliquait  que  par  l'existence  récente  en  ces  lieux  de 
vastes  lacs  d'eau  douce.  Des  constatations  analogues,  comme  oh  va  le  voir,  peuvent  être 
faites  aussi  dans  le  Sahara  méridional.  \ 

On  trouve  assez  souvent  dans  les  terrains  bordant  les  rives  du  Niger  des  ololilhesde 
Poissons.  Ces  «  pierres  de  l'oreille  »  dont  l'aspect  extérieur  rappelle  grossièrement 
une  coquille  de  Brachiopode  sont  de  dimensions  notables,  certaines  mesurant  parfois 
22™'"  sur  a-j™"  et  appartiennent  certainement  à  des  espèces  de  grande  taille  vivant 
dans  le  fleuve.  E.  Priem,  qui  a  étudié  et  figuré  deu.x  de  ces  ololilhes  recueillis  aux. 
environs  de  Tombouclou  par  R.  Chudeau  et  communiqué  par  M.  Douvillé,  les  rap- 
porte à  un  Siluridé  comme  l'indiquent,  écrit-il  ('),  «les  stries  concentriques,  les 
stries  rayonnantes  de  la  face  externe  et  le  sulcus  à  peine  indiqué  par  ime  légère 
dépression  sur  la  face  Interne  ».  Cette  assimilation  est  exacte,  mais  il  me  paraît 
possible  d'arriver  à  une  détermination  encore  beaucoup  plus  précise..  Si  l'on 
envisage,  en  effet,  les  Poissons  de  la  famille  habitant  aujourd'hui  le  Niger,  la' 
forme, des  ololilhes  permet  d'éliminer  les  espèces  du  groupe  des  Ctarias  et  des  Syno- 
doalis  et  de  les  attribuer,  sans  crainte  d'erreur,  à  des  Siluridés  de  la  section  des 
Bagrinés.  Or,  dans  celle-ci,  seuls  tes  genres  £rt^r«s,  Claroles,  Auchenoglaris  t\.  Ariiis 
renferment  des  espèces  atteignant   1'"  ou  presque.  C'est  probablement  à  ce  dernier 


(')  J.  Pellegri.v,  Les  -Vertébrés  aqualiqucs  du  Sahara.  {Comptes  rendus,  t.  133, 
191 1,  p.  972)  ttSur  la  faune  iclitliyolo^ique  du  Sahara  oriental  {Op.  cit.,  l.  168, 
1919,  p.  961). 

(-)  J.  Pellegrin,  Sur  des  ossements  subfossiles  de  Poissons  des  Pays-Bas  du  Tchad 
et  leur  signification  {Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  ao6). 

(')  Priem,  Sur  des  Poissons  fossiles  et  en  particulier  des  Siluridés  du  Tertiaire 
supérieur  et  des  couches  récentes  d^  Afrique  {Mém.  Soc.  géol.  Fr.  :  Paléoat.,  t.  21, 
3"  série,  iQi^i  Méra.  49;  p.  i3,  fig,  i  et  2). 


976  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

genre  (')  dont  une  espèce,  Arius  ffigas  Boulenger  qui  remonte  le  Haul-Xiger,  mesure 
jusqu'à  i",!»  de  longueur,  qu'il  y  a  lieu  de  rapporter  ces  éclianti lions. 

Cette  assimilation  une  fois  bien  établie,  on  comprend  l'intérêt  qui  peut  s'attachera 
la  découverte  d'ololitlies  semblables  en  des  points  du  Saliara  méridional  fort  éloignés 
du  JViger  actuel.  Or.  le  fait  n'est  pas  rare,  ainsi  qu'a  bien  voulu  me  le  signaler 
R.  Chudeau  qui  a  rencontré  des  otolilhes  un  peu  à  l'ouest  de  Bou  Djebeha  dans 
l'Azaouad  à  200'""  au  nord-nord-est  de  Torabouctou. 

J'ai  pu  examiner  également  d'autres  échantillons  du  laboratoire  de  Géologie  du 
Muséum  récoltés  en  plein  Saliarâ,  dans  la  région  de  Kidal  (Adrar  des  Ifora.s)  (-),  à 
Sûo"""  environ  à  l'est  de  Tombouctou,  par  M.  Huchery,  adjoint  des  affaires  indigènes. 
Nul  doute  que  de  pareils  otolilhes  ou  des  ossements  de  Poissons  ne  soient  signalés 
dans  un  grand  nombre  d'autres  localités  sahariennes. 

La  présence  d'otolithes  subfossiles  de  grands  Siluridés  d'espèces  acluelles, 
en  divers  points  aujourd'hui  plus  ou  moins  arides  et  desséchés  du  Sahara 
méridional,  vient  confirmer  l'hypothèse  de  l'existence  en  ces  régions  de 
grands  cours  d'eau,  seuls  capables  d'héberger  des  Poissons  de  dimensions 
considérables.  Incontestablement  en  ces  lieux  existaient  à  une  époque  peu 
reculée  de  vastes  affluents  du  Niger  dont  le  cours  d'ailleurs  devait  être  assez 
différent  de  ce  qu'il  est  aujourd'hui. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  réactions  cliiniiotactiques  dit  flagellé  «  Chilomonas  ». 
Note  de  M.  E.  Fernandez  (jaliano,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

Garrey  (')  étudia  l'influence  des  acides  sur  les  Chilomonas  en  déposant 
quelques  gouttes  du  liquide  de  culture  contenanl  les  protozoaires  sous  une 
lamelle,  au  bord  de  laquelle  il  plaçait  le  bout  ouvert  d'un  tube  capillaire 
contenant  l'acide  à  essayer.  Garrey  constata  que,  à  l'exception  de  certains 
acides  organiques  vis-à-vis  desquels  les  Chilomonas  se  montraient  incons- 
tants, ces  protozoaires  se  rassemblaient  en  formant  un  anneau  autour  de  la 

(')  Les  Arius  sont  des  grands  Siluridés  répandus  dans  les  régions  tropicales  de 
l'Ancien  et  du  Nouveau  Continent;  ils  vivent  tantôt  dans  les  eaux  marines  le  long  des 
côtes  et  dans  les  estuaires,  tantôt  dans  les  eaux  douces. 

(-)  Au  sujet  de  l'emplacement  de  ces  localités,  cf.  H.  Ciildkai',  Excursion  grolo- 
gique  au  nor/l  et  à  l'esl  de  'foiiiliouclnu  {Hall.  Soc.  gcol  Ir..  I.  I.'i.  191"),  p.  110, 
fig.  10). 

(')  Garrey,  The  cffccl  of  ions  upon  tlie  aggregnlion  of  flagftlaled  litfusoria 
{Amer.  Journ.  of  PhysioL,  vol.  3,  1900). 


SÉANCE   DU    21    MARS    192I.  777 

goutle  acide.  Cet  anneau  fut  obtenu  par  (îarrey  avec  toutes  les  solutions 
aqueuses  d'acide  quelle  que  fût  leur  concentration  :  les  Chilonionas  ne 
pénétraient  jamais  dans  la  goutte  acide. 

Les  expériences  de  Garrey  ont  été  reprises  par  Jennings  et  Moore  ('), 
(|ui  ont  observé  à  leur  tour  que  si  la  solution  était  relativement  concentrée 
(à  ■—  pour  100,  par  exemple)  les  Cliiloinonas  se  disposaient  en  anneau 
autour  de  la  goutte  acide;  mais,  par  contre,  si  la  solution  était  très  étendue 
{xoô  pour  100,  par  exemple),  ils  se  rassemblaient  dans  l'intérieur  de  la 
goutte;  ils  montraient  donc  un  tactisme  positif  vis-à-vis  de  la  faible 
solution  acide.  Etant  donné  que  lesdits  auteurs  ont  obtenu  les  mêmes 
résultats  avec  toute  espèce  d'acides  (sauf,  naturellement,  que  la  concentra- 
tion nécessaire  pour  provoquer  le  tactisme  positif  n'était  pas  la  même  pour 
tous  les  acides),  ils  sont  arrivés  à  cette  conclusion  que  les  Cliitomonus 
montrent  un  tactisme  positif  vis-à-vis  des  acides  faibles.  Ce  fait  que  Garrey 
aurait  obtenu  des  résultats  différents  a  été  expliqué  par  Jennings  et  Moore 
en  supposant  que  ledit  expérimentateur  avait  négligé  d'éliminer  l'acide 
carbonique  provenant  de  la  respiration  des  protozoaires  avant  d'introduire 
la  goutte  acide  et,  par  conséquent,  les  réactions  observées  par  Garrey 
seraient  le  résultat  de  la  différence  entre  l'action  sur  les  flagellés  de  l'acide 
çssayé  et  celle  de  l'acide  carbonique  dissous  dans  le  milieu  de  culture. 

Afin  de  constater  si  la  difîérence  des  résultats  obtenus  par  les  auteurs 
cités  était  due,  en  effet,  à  la  présence  ou  à  l'absence  de  l'acide  carbonique 
dans  le  milieu  de  culture,  j'ai  exécuté  deux  séries  d'expériences  (").  Pour 
la  première,  j'ai  fait  pénétrer  l'acide  à  essayer  dans  la  préparation,  sans 
enlever  au  préalable  l'acide  carbonique;  pour  la  deuxième,  avant  chaque 
expérience,  j'ai  employé  la  méthode  conseillée  par  Jennings  et  Moore  pour 
l'élimination  de  l'acide  carbonique  qui  consiste  à  insuffler  de  l'air  à  plu- 
sieurs reprises  à  l'aide  d'une  pipette  dans  quelques  gouttes  du  liquide  de 
culture  contenant  les  protozoaires  qu'on  veut  observer.  Une  fois  que  la 
goutte  de  l'acide  à  essayer  a  été  introduite,  la  pipette  a  été  tout  de  suite 
retirée.  Les  acides  essayés  sont  le  chlorhydrique,  l'azotique  et  le  sulfurique 

(')  JiiNMNiis  el  iMooRE,  Sladies  on  reaclions  to  sliniuli  in  unicslluiar  organisms. 
VIII.  On  the  reactions, of  Infusoria  to  carbonic  and  other  acids,  with  spécial  réfé- 
rence to  the  caiisss  of  the  galherlngs  spontaneously  formed  {Amer.  Journ.  0/ 
PhysioL,  vol.  G,  1902). 

(')  Fernandez  Galiano,   Contribucion  al  esladio  de  las  reacciones  quimotdcticas 
del flagelado  Chilonionas  {Bol.  de  la  R.  Soc.  espan.  de  liisl.  JVat.,  l.  20,  1920). 
G.  R.,  1921,  I"'  Semestre.  (T.  172,  N'  12.)  58 


77^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étendus  dans  de  l'eau  distillée  à  plusieurs  degrés  de  concentration  (entre 
I  pour  loo  et  i  pour  20000). 

Les  résultats  fournis  par  notre  première  série  d'expériences  sont  d'accord 
avec  ceux  obtenus  par  Garrey,  c'est-à-dire  que  toujours  les  Chilomonas 
se  rassemblent  en  anneau  autour  de  la  goutte  acide.  Par  contre,  les  résul- 
tats fournis  par  la  deuxième  série  d'expériences  sont  d'accord  avec  ceux 
obtenus  par  Jennings  et  Moore,  puisque  les  flagellés  forment  un  anneau 
autour  de  la  goutte  d'une  solution  acide  relativement  concentrée  (acide 
chlorhydrique  à  i  pour  looo,  par  exemple),  tandis  qu'ils  se  rassemblent 
dans  l'intérieur  de  la  goutte  si  la  solution  devient  très  étendue  (acide 
chlorhydrique  à  i  pour  5ooo,  par  exemple).  11  en  résulte,  d'accord  avec  les 
conclusions  de  Jennings  et  Moore,  que  les  réactions  observées  par  Garrey 
sont  dues  à  l'interférence  de  l'influence  de  l'acide  essayé  avec  celle  de 
l'acide  carbonique  contenu  dans  la  préparation,  ce  qui  doit  toujours  arriver 
puisque  les  Chilomonas  demeurant  dans  les  cultures  ordinaires  montrent  un 
tactisrae  positif  vis-à-vis  de  l'acide  carbonique,  aussi  bien  qu'il  a  été 
démontré  par  lesdits  auteurs. 

J'ai  pareillement  constaté  que  les  Chilomonas  se  rassemblent  dans  de  l'eau 
distillée,  contrairement  à  ce  que  Jennings  et  Moore  (')  avaient  observé, 
savoir  que  lesdits  flagellés  se  conduisent  d'une  façon  tout  à  fait  neutre 
vis-à-vis  de  l'eau  pure.  En  effet,  si  l'on  fait  couler  de  l'eau  distillée  de  la 
pipette  pendant  une  demi-minute  à  peu  près,  on  voit  que  les  Chilomonas 
reculent  au  contact  de  la  surface  de  la  goutte  ;  mais  au  fur  et  à  mesure  que  le 
mélange  s'opère  entre  le  liquide  de  la  préparation  et  l'eau  de  la  pipette,  les 
flagellés  envahissent  doucement  la  goutte  d'eau  jusqu'à  ce  qu'ils  l'occupent 
totalement  pour  s'y  agglomérer.  Par  contre,  si  la  pipette  est  rapidement 
retirée  de  façon  à  n'en  faire  sortir  qu'une  faible  quantité  d'eau,  la  réaction 
devient  tellement  effacée  qu'elle  peut  faire  croire  que  les  Chilomonas  se.  com- 
portent d'une  façon  neutre  vis-à-vis  dudil  liquide. 

J'ai  aussi  observé,  quand  il  s'agit  d'introduire-  une  assez  grande  quantité 
d'acide  très  étendu  dans  le  milieu  où  les  protozoaires  demeurent,  ce  qu'on 
peut  réussir  en  laissant  la  pointe  de  la  pipette  assez  longtemps  sous  la  lamelle, 
que  les  Chilomonas  montrent  d'abord  une  réaction  négative  vis-à-vis  du 
liquide  introduit  (c'est-à-dire  ils  reculent  au  contact  de  la  surface  de  la  goutte 
introduite),  et  au  fur  et  à  mesure  que  l'acide  se  mêle  avec  le  milieu  de  cul- 

(')  Jk.nmngs  el  M00HE,    fvf.  cil. 


SÉANCE    DU    2  1    MARS    I921.  'j-g 

tiire  de  la  préparation,  ils  reculent  sur  des  points  de  plus  en  plus  rapprochés 
du  centre  de  la  goutte  jus([ii'à  ce  qu'ils  l'occupent  entièrement.  Les  Chiln- 
monas  montrant  en  même  temps  un  tactisme  négatif  vis-à-vis  du  milieu  de 
culture,  on  arrive  à  ce  résultat  final  qu'ils  se  rassemblent  dans  la  goutte  acide. 

Nous  arrivons  au  même  résultat  lorsque  l'acide  est  étendu  à  i  pour  3ooo, 
par  exemple  lorsque  sa  dilution  devient  plus  grande  (à  i  pour  5ooo,  à 
I  pour  loooo,  à  I  pour  20000,  etc.),  sans  qu'on  n'aperçoive  d'autre  diffé- 
rence que  plus  l'acide  est  étendu,  plus  l'envahissement  de  la  goutte  devient 
rapide. 

Résumé  :  aussi  bien  si  la  pipette  contient  de  l'acide  très  étendu  que  si  elle 
renferme  de  l'eau  distillée,  poiiivu  que  dans  les  deux  cas  on  fasse  couler  le 
liquide  de  la  pipette  pendant  un  temps  assez  long  (une  demi-minute,  par 
exemple),  on  peut  observer  que  la  réaction  se  développe  en  présentant  les 
trois  étapes  suivantes  (')  :  1'  phase  de  recul  des  protozoaires  au  contact  du 
liquide  de  la  pipette;  2"  rassemblement  des  animaux  sous  la  forme  d'un 
anneau  autour  de  la  goutte  introduite;  3°  accumulation  des  flagellés  dans 
l'intérieur  de  celle-ci.  Dans  le  cas  où  la  pipette  contient  de  l'acide  très  étendu 
et  si  on  la  laisse  très  peu  de  temps  sous  la  lamelle  de  façon  à  n'en  faire 
couler  qu'une  faible  quantité,  les  deux  premières  phases  se  passent  rapide- 
ment, ce  qui  nous  permet  d'expliquer  ce  fait  que  Jennings  et  Moore  n'aient 
pas  observé  que  la  phase  finale,  c'est-à-dire  l'accumulation  des  Cliilonionus 
dans  la  goutte  introduite.  Il  en  résulte  que  les  Chilomonas  demeurant  dans 
leur  milieu  de  culture  ordinaire,  ne  montrent  un  tactisme  positif  ni  pour 
l'eau  distillée  ni  pour  les  acides  étendus,  mais  pour  le  mélange  de  l'eau  ou 
de  la  solution  acide  faible  avec  le  milieu  de  culture. 


BI0L0>3IE  GÉMÉRALE.  —  La  défense  des  ani'iiaax  groupés  ris-à-vis  des  agents 
nocifs.  Note  de  M°"'  An.va  Drzewina  et  M.  Georges  Boii^r,  présentée 
par  M.  Henneguy. 

Dans  deux  Notes  précédentes (-),  au  sujet  de  l'action  nocive  de  l'argent 
colloïdal  ou  de  l'eau  douce  sur  les  Cowoluta,  et  de  l'action  de  l'argent  col- 
loïdal sur  les  Infusoires,  nous  avons  montré  l'importance  du  nombre  des 
animaux  traités  sur  les  résultats  de  l'expérience.  En  effet,  toutes  choses 

(')  Fernandez  Galiano,  loc.  cil. 

C)  A.  Drzewina  et  G.  Boh.n,  Comptes  rendus,  t.  171, 1920,  p.  i023,  el  t.  172,  1921, 
p.  485. 


780  ACADÉMEE   DES   SCIENCES. 

égales  d'ailleurs,  les  individus  isolés  sont  infiniment  moins  résistants  que  les 
individus  groupés.  Nous  avons  cherché  à  voir  si  celte  conclusion  s'applique 
à  d'autres  groupes  d'animaux,  et  à  serrer  de  plus  près  le  problème.  Les 
larves  de  Rana  fitscn  se  sont  montrées  à  cet  égard  un  matériel  de  choix. 

Nous  avons  fait  de  nombreuses  expériences  en  série,  sur  plusieurs  pontes, 
et  sur  des  stades  de  plus  en  plus  âgés,  depuis  des  embryons  à  l'éclosion 
^gmm  ^  ^™™)  jusqu'à  des  têtards  de  20™™  environ  (température  :  17°  à  18"). 
Il  est  à  remarquer  dès  l'abord  que  la  sensibilité  à  l'argent  colloïdal  décroît 
rapidement  avec  l'âge,  de  sorte  que,  suivant  les  stades,  il  faut  employer 
des  solutions  faibles,  i  à  2  gouttes  d'argent  colloïdal  pour  25™'  d'eau, 
ou  plus  fortes  :  5  gouttes. 

Une  expérience  ivpique,  et  qui  réussit  infallllblemenl,  est  la  suivante.  On  a  une 
série  de  petits  crislallisoirs  contenant,  pour  25"'°'  d'eau,  1  goutte  de  collargol;  dans 
l'un  on  place  une  cinquantaine  d'embryons  de  Rana^  de  7  à  8™"";  dans  les  autres,  on 
n'en  place  que  deux  par  crislallisoir.  Déjà  au  bout  de  i5  minutes,  on  reconnaît  que 
les  individus  isolés  par  deux  sont  attaqués  beaucoup  plus  brutalement  que  les  groupés. 
Au  microscope,  on  voit  des  cellules  se  détacher  en  grand  nombre  de  la  peau  qui 
apparaît  comme  rongée  ou  bien  hérissée  de  cellules  qui  y  adhèrent  encore;  les  indi- 
vidus groupés  ne  présentent  rien  de  comparable  à  ce  semis  énorme.  Le  contraste  ne 
fait  que  s'accentuer  :  après  3  à  4  heures,  les  isolés  sont  inertes,  après  6  heures,  ils 
sont  décomposés;  au  contraire,  les  individus  groupés  restent  en  vie,  et  le  lendemain, 
toujours  dans  la  solution,  ils  réagissent  et  nagent.  Avec  des  individus  plus  âgés,  et  des 
doses  plus  fortes,  l'issue  est  la  même  :  de  façon  constante,  sur  les  5o  groupés,  tous 
survivent;  sur  les  5o  isolés,  tous  succombent. 

On  ne  peut  pas  attribuer  ce  résultat  à  ce  que  l'épuisement  du  colloïde 
serait  plus  grand  dans  un  cas  que  dans  l'autre.  Nous  avons  dit  que  le  con- 
traste est  frappant  dès  le  début;  mais  il  y  a  mieux.  Nous  décantons  la  solu- 
tion où  depuis  24  heures  séjournent  une  cinquantaine  d'embryons,  et  dont  la 
teinte  révèle  la  présence  du  colloïde;  nous  y  ajoutons  le  même  nombre  de 
gouttes  que  la  veille,  i  par  exemple,  et  nous  y  plaçons  deux  embryons  neufs 
du  même  âge.  Ceux-ci  survivent,  alors  que  des  individus  témoins,  placés 
dans  une  solution  neuve  à  i  goutte  de  collargol,  succombent,  comme 
c'est  la  règle  pour  les  isolés.  Il  semble  ainsi  que,  attaquées  par  le  colloïde, 
les  larves  émettent,  rapidement^  une  substance  (ou  des  substances)  qui  a 
pour  effet  de  les  protéger.  Quand  les  individus  sont  groupés,  la  défense  est 
efficace;  quand  ils  sont  isolés,  ils  sont  détruits,  car  le  taux  de  la  substance 
émise  n'est  pas  suffisant  pour  arrêter  à  temps  l'attaque.  Cependant,  petit  à 
petit,  il  s'en  accumule  assez  pour  préserver,  dans  une  certaine  mesure,  deux 
ndi vidus  neufs  qu'on  introduirait,  24  heures  après,  dans  la  solution  décantée, 


SÉANCE    DU    21    MARS    ig2I.  781 

même  si  elle  est  renforcée  par  l'adjonction  d'un  certain  nombre  de  gouttes 
de  colloïde. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  l'eau  où  séjournent  de  nombreuses  larves 
de  liano,  ou  bien  l'eau  des  pontes,  ne  renfermerait  pas  une  substance 
excrétée  et  qui  protégerait  contre  l'action  du  collargol.  En  effet,  des  solu- 
tions faites  avec  ces  eaux  sont  moins  nocives  que  celles  faites  avec  l'eau  du 
robinet,  mais  sont  loin  de  protéger  aussi  efficacement  que  les  solutions  de 
collargol  où  déjà  a  eu  lieu  une  attaque.  En  établissant  une  série  de  solu- 
tions dans  ces  diverses  conditions  :  solutions  au  collargol  où  avaient  séjourné 
des  individus  groupés,  ou  des  individus  isolés,  solutions  faites  avec  l'eau  des 
pontes,  avec  de  l'eau  fraîche,  etc.,  on  obtient  une  gradation  remarquable 
des  effets,  et  l'on  peut  prédire  ceux-ci  à  l'avance. 

Voici  encore  une  expérience  qui  vient  à  l'appui  de  l'hypothèse  de  subs- 
tances protectrices.  Nous  l'avons  faite  sur  des  têtards  operculisés  de  i5""" 
à  20™™  qui,  comme  nous  l'avions  déjà  constaté  l'an  dernier,  sont  peu 
sensibles  au  collargol.  Deux  têtards  placés  dans  un  petit  cristallisoir  de  4'^^" 
de  diamètre,  contenant  25"°'  d'eau  additionnée  de  5  gouttes  de  collargol, 
vivent  pour  ainsi  dire  indéfiniment.  Mais  si  on  les  place  dans  un  cristalli- 
soir de  lo"""  de  diamètre,  avec  10  fois  plus  d'eau,  le  taux  de  la  solution 
restant  le  même,  ils  meurent  en  moins  de  24  heures,  comme  si  la  substance 
hypothétique,  diluée  dans  une  grande  masse  d'eau,  ne  constituait  plus  une 
protection  convenable. 

De  toutes  façons,  il  est  important  de  noter  que  le  volume  du  liquide  ait 
ici  une  si  grande  influence  sur  son  «  pouvoir  toxique  ». 

Nous  cherchons  à  préciser  la  nature  des  substances  protectrices,  et  à 
voir  en  particulier  si  elles  sont  spécifiques.  Dès  maintenant,  les  faits  que 
nous  apportons  nous  paraissent  présenter  un  réel  intérêt,  tant  pour  la  phy- 
siologie que  pour  la  biologie  générale.  Ils  sont  susceptibles,  par  exemple, 
d'expliquer  les  groupements  si  curieux  de  certains  organismes,  les  Convo- 
luta  entre  autres,  sur  des  espaces  restreints. 

ANATOMIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  le  mode  de  développement  des  tumeurs  dites 
mixtes  et  des  cylindromes  de  la  région  de  la  face.  Note  (  '  )  de  MM .  Alezais 
et  Peyron, présentée  par  M.  Quénu. 

L'histogenèse  des  tumeurs  parabuccales  chez  l'homme  montre  entre  les 
épithéliums  et  les  éléments  de  la.  série  conjonctive,  une  continuité  qui, 

(')  Séance  du  i4  mars  1921. 


782  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

après  avoir  été  longtemps  méconnue,  a  ensuite  servi  de  base  à  la  théorie  de 
l'origine  cndothéliale  de  ces  tumeurs.  Cette  dernière  a  été  elle-même 
démontrée  inexacte  par  les  recherches  de  Krom pécher  et  par  les  nôtres  ('), 
qui  ont  mis  en  évidence  l'évolution  connective  des  épithéliiuns.  Le 
Mémoire  apporté  par  l'un  de  nous  en  collaboration  avec  P.  Masson  (^)  a 
exposé  les  caractères  régionaux  de  cette  histogenèse  et  en  particulier  ses 
analogies  avec  celles  des  ébauches  adamantines  et  des  adamantinomes. 
Les  recherches  poursuivies  depuis  lors  nous  permettent  aujourd'hui  de 
rattacher  ces  particularités,  en  apparence  spéciales,  aux  processus  géné- 
raux de  l'évolution  des  épilhéliums  réticulés  et  en  particulier  du  tissu  noto- 
chordal.  Notre  étude  synthétique  est  basée  sur  l'examen  de  60  tumeurs 
dont  10  présentent  le  type  du  cylindrome.  Les  épithéliomes  pavimenteux 
purs,  improprement  désignés  sous  le  terme  de  branchiomes,  ne  sont  pas 
compris  dans  ce  nombre. 

Dans  la  plupart  des  tumeurs  mixtes,  l'étude  de  la  topographie  iiistologique  montre 
l'effilochage  caractéristique  des  amas  épithéliaux  en  un  réseau  d'éléments  étoiles  que 
nous  avons  décrit  avec  P.  Masson.  Mais  l'évolution  de  cette  lignée  épithéliale,  de  même 
que  celle  des  tissus  chordal  et  adamantin,  ne  peut  être  interpiétée  de  façon  satisfaisante 
que  par  une  élude  spéciale  des  exoplasmes;  celle-ci  en  dehprs  des  colorants  habituels, 
du  tissu  conjor.clif.  peut  être  faite  à  l'aide  de  la  thionine  du  Giemsa  et  de  l'écsine- 
orange-loluidiiie  de  Dominici.  Ces  dernières  méthodes  révèlent  au  niveau  des  élé- 
ments épithéliaux  de  type  malpighien  souvent  très  net,  un  liséré  exoplasmique  ou 
intercellulaire  dont  l'élargissement,  lié  à  celui  des  vacuoles,  constitue  par  places  des 
flaques  irrégulières.  Ces  dernières  s'incorporent  ensuite  et  progressivement  à  des 
travées  de  substance  amorphe  ou  fibrlllaire  dont  la  nature  collagène  n'est  pas  dou- 
teuse. Les  éléments  cellulaires  ainsi  isolés  piésentent  une  série  de  modifications  consé- 
cutives confirmant  le  rôle  biologique  actif  de  l'épithélium  dans  cette  évolution  qui 
conduit  finalement  à  des  éléments  étoiles  ou  cartilagineux. 

Dans  les  corps  cellulaires  isolés  ou  en  syncytium  apparaissent  des  vacuoles  dont  la 
conflue. ice  détermine  la  séparation  d'un  exophisme  et  d'un  endoplasme.  Le  piemier 
est  destiné  soit  à  s'incorporer  dans  la  substance  fondamentale,  soit  à  persister  comme 
capsule  cartilagineuse;  le  second  constitue  le  corps  cellulaire  définitif.  Ainsi  se 
constituent  en  particulier  des  éléments  cartilagiiieux  étoiles  rappelant  ceux  du  carti- 
lage céphalique  des  mollusques  céphalopodes. 

Un  processus  de  même  ordre  conduit  à  la  disposition  caractéristique  du  cvlin- 
drome,  mais  ici  la  genèse  des  substances  amorphes  aux  dépens  des  exo|)lasnies 
s'eflTectue  sirniiit;mérnent  à  la  périphérie  cl  à  l'intérieur  de  masse-;  épithéli:ilp<  à   l'i'tit 

(')  Alezais  et  I'eyron,  Développement  d'élémerils  conneclifs  auxdépcns  d'élcmeiils 
épithéliaux  dans  les  tumeurs  de  la  face  {C.  fi.  Soc.  de  Jiioloirie,  '909). 

(^)  Masson  et  Peyro.n,  .Spécificité  cellulaire  et  tumeur  mi.vle  (Association  fran- 
çaise pour  l'étude  du  cancer,  avril  1914). 


SÉANCE    DU    11    MARS    I921.  788 

slalique.  Au  lieu  d'observer  reffilochaga  caraclérislique  de  la  tumeur  mixte,  on 
trouve  d'une  part  des  gaines  périphériques  et  de  l'autre  des  formations  intra-épitlié- 
liales  (corps  oviformes  de  Malassez).  L'opinion  de  Malassez,  qui  les  considérait 
comme  un  lissu  muqueux  envahissant  à  extension  centripète  par  rapport  aux  amas 
épithéliaux,  est  inexacte.  Nous  avons  pu  nous  assurer  que  ce  processus  est  identique 
à  celui  de  la  genèse  des  gaines  de  la  notochorde  aux  dépens  de  son  épilhélium  péri- 
phérique. Les  corps  oviformes  primitivement  indépendants  du  stroma  résultent  de  la 
fusion  d'abord  irrégulière  de  lisérés  exoplasmiques  voisins  en  un  reticulum  constitué 
par  des  fibrilles  radiaires  en  continuité  avec  l'exoplasme  originel.  Ultérieurement 
ce  reticulum  diflérencie  une  partie  centrale  dont  les  travées  sont  généralement  perpen- 
diculaires aux  précédentes  et  de  nature  collagène.  L'axe  conjonclif  ainsi  configuré 
entre  Si?D  idairemeut  en  connexion  avec  le  stroma  préexistant  qui  lui  sert  de  support. 

Le  rappi'ochement  que  nous  venons  d'établir  entre  la  tumeur  mixte  et  le 
cylindrofiie  est  corroboré  par  ce  fait  que  les  deux  dispositions  peuvent 
coexister.  Il  est  également  confirmé  par  la  présence  dans  certains  cylin- 
dromes  d'épithéliums  étoiles  de  type  adamantin,  analogues  à  ceux  de  cer- 
taines tumeurs  mixtes,  et  particulièrement  favorables  pour  suivre  l'évo- 
lution des  exoplasmes.  Ces  notions  d'histogenèse  laissent  de  côté  la  question 
de  l'origine  adulte  ou  embryonnaire  de  ces  tumeurs  que  nous  ne  voulons 
pas  envisager  ici.  Elles  sont  à  rapprocher  des  faits  apportés  dans  le  cancer 
expérimental  par  l'étude  de  la  stroma-réaction  qui  est  peu  favorable  à 
l'hypothèse  d'un  rôle  actif  du  lissu  conjonctif  dans  l'évolution  des  tumeurs 
épithéliales. 

La  séance  est  levée  à  16  heures  et  demie. 

E.  P, 


ERRATA. 

(Séance  du  7  mars   1921.) 

Note  de  Lucien  Daniel,  A  propos  des  greffes  de  Soleil  sur  Topinambour 
Page  612,  ligne  22,  au  lieu  de  qui  le  rappelle,  lire  qui  les  appelle. 


784  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGRS    REÇUS    DANS    LES    SÉANCES    DE   JANVIER     1 02 1 . 

Résultais  des  campagnes  scieiuifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  I"'', 
prince  souverain  de  Monaco.  Fascicule  LVII  :  l.arves  d' Actiniaires,  par  Ch.  Gravirr; 
fascicule  LVlll  :  Etudes  d' Aiiatomie  comparée  sur  les  Poissons,  par  Joseph  Nushau.m- 
IIiLAROWicz.  Imprimerie  de  Monaco,  1920;  2  voh  42'''".  (Présenté  par  S.  A.  S.  le 
Prince  de  Monaco.) 

Note  sur  la  purification  et  l'amélioration  des  cotons  égyptiens,  par  M.  Vic.tou- 
M.  MossÉiii.  Le  Caire,  Imprimerie  de  l'Institut  français  d'Arcliéologie  orientale,  1920; 
I  fasc.  24'^'".  (Présenté  par  M.  H.  Lecomle.) 

L'industrie  chimique  française  pendant  la  guerre,  par  A.  IIaller.  Extrait  du 
Bulletin  de  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale,  novembre- 
décembre  1920.  Paris,  1920;  I  fasc.  27'''°. 

Flore  complète  illustrée  en  couleurs  de  France  {Alsace  et  Lorraine  comprises), 
Suisse  et  Belgique,  par  Gaston  Bonniër.  Fascicules  31  à  4-0.  Pari?,  E.  Orlhac; 
10  fasc.  3a'^°',5. 

Energétique  générale,  pai-  Félix  Michaud.  Paris,  Gauthier-^'illars,  1921;  1  vol.  25'"", 
(Présenté  par  M.  Bouty.) 

Notice  sur  les  titres  el  travaux  scientifiques  de  Paul  Lévy.  Paris,  1920.  (Pré- 
sentée par  M.  J.  lladamard.) 

Nova  Caledonia.  Recherches  scientifiques  en  \ouvelle-Calédonie  el  aux  îles 
Lojal/f  :  Botanique,  par  Hans  Sciiinz  et  A.  Guillaumin;  vol.  I,  fasc.  1.  Berlin,  Wies- 
baden,  C.  W.  Kreidel,  1920;  i  fasc.  28^,6.  (Présenté  par  le  Prince  Bonaparte.) 

Contribution  à  l'étude  des  relations  existant  entre  les  circulations  atmosplié- 
riques,  l'électricité  atmosphérique  et  le  magnétisme  terrestre,  par  Alkred  Vialav. 
Paris,  Diinod,  1920;  1  vol.  26™.  (Présenté  par  M.  G.  Lemoine.) 

Eléments  d' Electrotcchnique  générale,  par  E.  Barré.  Paris,  Etienne  Cliiron,  1921. 
I  vol.  25'''°.  (Présenté  par  M.  Hlondel.) 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    MAIÎDI    'li)   MVIÎS    1021. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Gkobgrs  LEMOINE. 


aiEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  rapprorimation  des  fonctions 
de  grands  nombres.  Note  de  M.  Maurice  Hamy. 

Les  théories  exposées  dans  mon  Mémoire  sur  l'approximation  des- fonc- 
tions de  grands  nombres  (')  se  prêtent,  dans  des  circonstances  qui  se 
présentent  souvent  dans  les  applications,  à  la  formation  du  développement 
asymptotique  de  l'intégrale 

où  n  désigne  un  nombre  positif  élevé.  Cependant,  comme  l'expression  du 
terme  général  ne  peut  être  obtenue  d'ordinaire,  par  suite  de  complications 
insurmontables,  il  faut  se  contenter  d'évaluer  un  à  un  les  premiers  termes 
qui  suffisent  d'ailleurs,  le  plus  souvent,  aux  besoins  des  calculs  numé- 
riques. 

De  nouvelles  recherches  sur  la  diffraction  (-  )  dans  les  instruments  astrono- 
miques, que  je  poursuis  actuellement,  m'ont  amené  à  examiner  de  très  près 
le  cas  particulieroù  la  fonction  i/(G)  se  réduit  à  l'exponentielle  E'-  ou  à  E~'", 
E  désignant  la  base  des  logarithmes  népériens.  La  loi  de  succession  des  termes 
du  développement  asymptotique  se_ présente  alors  sous  forme  simple.  Il  me 
paraît  utile  de  donner  quelques  indications  à  cet  égard. 

(  '  )  Journal  de  Malhéniatiqucs  piirca  ri  applitjuées,   1908. 

(■-)  Voir,  à  ce  sujet,  Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  1917  el  1920. 

C.  r\.,  1921,  I"  5enj«<re    (T.  lîî,  N«  13.)  ^9 


786  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Sans  entrer  dans  le  détail  des  démonstrations,  je  me  bornerai  à  indiquer 
une  propriété  générale  de  l'intégrale  I,  qui  joue  un  rôle  essentiel  dans 
l'élude  de  la  question.  Elle  se  rapporte  au  cas  où  |  ^(^  )|  <[  |  9(")l-  '^"'-  '*^ 
long  du  contour  d'intégration,  a  désignant  une  valeur  particulière  de  z, 
prise  en  dehors  de  ce  contour.  Dans  cette  hypothèse,  q  désignant  un  nombre 

positif  lixe,  d'ailleurs  aussi  grand  que  l'on  veut,  l'expi'ession   «''^tt   '^"^ 

vers  zéro,  lorsque  n  augmente  indéfiniment,  sous  les  restrictions  suivantes  : 
1°  la  fonction  'Jj^z)  est  finie,  le  long  du  contour;  2"  si  /'(;)  devient  infinie  le 
long  du  contour,  pour  :;  ^  c,  on  peut  trouver  un  nombre  y,  compris  entre  o 
et  I,  tel  que  \{z  —  c)"^  f{z)  \  ne  dépasse  pas  un  nombre  fixe,  lorsque  ;  tend 
vers  c;  3°  si  le  contour  s'étend  à  l'infini,  on  admet  qu'il  existe  deux  nombres 

positifs  p  et  r  tels  que    t7./(^^    cl  |3'  ofs)!  n'augmentent  pas  indéfiniment, 

lorsque  la  variable  z  s'éloigne  à  l'infini,  sur  le  chemin  d'intégration. 
Considérons  maintenant  l'intégiale 


(0 


i,=j'f(z)\i'"^dz 


Supposons  d'abord  qne  le  contour  d'intégration  parte  du  point  :;  =  r/  et  que 
les  oi'données  des  autres  points  de  ce  contour  soient  supérieures  à  celle  de  a. 
Ce  que  nous  allons  dire  s'applique,  même  si  ce  contour  s'étend  à  l'inlini. 
à  condition  que  son  ordonnée  soit  alors  infinie.  On  doit  exclure  le  cas  où  le 
conlour  tendrait  vers  une  asymptote  parallèle  à  l'axe  des  abscisses  et  située 
à  distance  finie. 

La  fonclion  /(;)  satisfaisant,  le  long  du  contour,  aux  conditions  énoncées 
ci-dessus,  à  propos  de  l'intégrale  I.  admettons  que  l'on  puisse  poser,  dans  le 
voisinage  du  point  a, 

(■'.)  ,      /(;)  =  A,(c-«r'4-...-t-A,,(.--«)^.-H(;-r7)«.J;(-), 

'!'(;)  étant  une  fonction  analytique  finie,  dans  le  voisinage  du  point  a,  les 
exposants  des  binômes  obéissant  d'ailleurs  aux  Inégalités 

(3)  — I  <  a,<  SI,. .  .<  (z,,<  «. 

Dans  ces  condilions,  si  les  coefficients  A  sont  calculés  de  façon  que  les 
déteiminations  des  binômes  coirespondent  au  plus  petit  argument  positif 
de  ::  —  (I,  le  long  du  contour,  on  peut  écrire 

(4)  .I.^A.Kh-  A.Kj.+....+ A„K„-t  K, 


SÉANCE   DU   29   MARS    1921.  787 

en  faisant 

(  ~>)  K,,= ; —  K'""  Tl  a,,  +  1  ), 

r  désignant  la  fonction  eulérienne  de  seconde  espèce  et  le  terme  complé- 
mentaire K  étant  tel  que  le  produit 

reste  fini,  lorsque  n  aiigmenle  indéfiniment. 

Su[)posons  en  second  lieu  :  i"  que  le  [)oint  a  ne  soit  pas  sur  le  contour 
d'intégration  et  que  les  ordonnées  des  extrémités  C  et  D  de  ce  chemin 
soient  supérieures  à  l'ordonnée  de  a;  1°  qu'on  ne  puisse  déformer  le  contour 
jusqu'à  le  faire  coïncider  avec  la  corde  CD,  sans  rencontrer  le  point  a; 
3"  qu'en  allant  de  C  en  D,  en  suivaiit  le  contour,  la  variable  d'intégration  z 
tourne,  dans  le  sens  direct,  autour  du  point  «;  4°  qu'on  puisse  tracer  un 
chemin  Cr/D,  passant  par  le  point  a,  dont  tous  les  points  possèdent  des 
ordonnées  supérieures  à  celle  de  a  et  qui  serait  équivalent  au  contour  donné 
si  3  =  (7  n'était  pas  un  point  singulier  de/(:;).  Admettons  d'autre  part  que, 
dans  le  voisinage  de  a,  la  fonctiony(z)  puisse  se  mettre  sous  la  forme 

(6)  /(î)  =  y_(-)  +  H,(s  — n)?.  +  ...4-r^,,(3  — a)?,.+  (3  — rt)Pd;(;), 

'/(:■)  étant  une  fonction  holomorphe  dans  le  voisinage  de  a,  ■]>(  =  )  une  fonc- 
tion analytique  finie,  dans  le  voisinage  de  a,  j3,,  p,-  •  ■  -,  {i,„  [i  désignant  des 
exposants  que-lconques,  vérifiant  les  inégalités  p,  <  [3,,  ...,  <^'^^,<^[i, 
[3  étant  seul  assujetti  à  être  supérieur  à  — i  ('\  Dans  ces  conditions,  on  a 

(7)  J,=  R,ïl,+  B,H.,  +  ...4-B„H^+H, 
en  faisant 

,0  II  27:  I       ,.'{""-?rl) 

le  terme  complémentaire  H  étant  tel  que  le  produit 

«fs+'F,-'""!! 
reste  fini,  lorsque  n  augmente  indéfiniment.  Cette  expression  de  J,  suppose 

(M  La  fonction  y  conipienanl  seulement  des  termes  à  exposants  entiers  cl  positifs, 
quand  on  la  développe  suivant  les  puissances  de  ;  —  a,  on  peut  supposer  tous  les  (î  non 
entiers  positifs.  D'ailleurs  s'il  en  était  autrement,  les  termes  correspondants,  dans  le 
développement  (7),  seraient  nuls,  d'après  la  formule  (8). 


788  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

essentiellement  les  coefficients  B  du  déveli)ppement  (6)  calculés  de  façon 
que  l'argument  de  :  —  a,  choisi  le  long  du  contour,  soit  nul  au  point  ayant 
même  ordonnée  que  «,  avec  une  abscisse  supérieure. 
L'intégrale 

jouit  de  propriétés  analogues,  lorsque  le  contour  d'intégration  est  convena- 
blement disposé  par  rapport  au  point  a. 

Supposons  d'abord  que  le  contour  parte  du  point  a  et,  de  plus,  que  les 
ordonnées  de  tous  ses  autres  points  soient  inférieures  à  celle  de  a.  Si  la 
fonction  /{:■)  peut  se  mettre  sous  la  forme  (2),  dans  le  voisinage  de  a,  on  a 

(9)  J,=  \,M,-HA,M,-H...+  Â,,Mp+M. 

en  faisant 


le  produit 


E""'«^+'M 


restant  d'ailleurs  fini,  lorsque  n  augmente  indéfiniment.  Cette  expression 
suppose  les  coefficients  A  du  développement  (2)  calculés  de  façon  que  l'ar- 
gument de  s  —  a,  choisi  le  long  du  contour,  possède  sa  plus  petite  valeur 
absolue. 

Supposons,  en  second  lieu  :  1°  que  le  point  a  ne  fasse  pas  partie  du  con- 
tour d'intégration  et  que  les  ordonnées  de  ses  extrémités  (]  et  D  soient 
inférieures  à  l'ordonnée  de«;  2°  que  ce  contour  ne  puisse  être  déformé,  de 
façon  à  venir  coïncider  avec  la  corde  CD,  sans  rencontrer  le  point  «; 
3°  (ju'en  allant  de  C  en  D,  en  suivant  le  contour,  la  variable  d'intégration 
tourne  dans  le  sens  direct  autour  du  point  a\  4°  cjue  l'on  puisse  tracer  un 
chemin  CaD,  passant  par  le  pointa,  dont  tous  les  autres  points  possèdent 
des  ordonnées  inférieures  à  celle  de  o  et  qui  serait  équivalent  au  contour 
donné,  si  ^  =  a  n'était  pas  un  point  singulier  def{z).  Dans  ces  conditions, 
lorsque  la  fonction  f(z  )  peut  être  mise  sous  la  forme  (6),  dans  le  voisinage 
de  a,  on  a 

(M)  .L-^l!,N,+  lÎ2N,  -...+  r>N,,'i   >. 

en  faisant 

(■2)  X    -  ^^  '      p-("-P,.t) 


SÉANCE   DU    29    MARS    I921.  789 

le  produit 

restant  crailleiu's  Uni,  lorsque  n  augmente  indélininient. 

Les  formules  (4)  et  (9)  sont  des  cas  particuliers  d'expressions  plus  géné- 
rales qui  correspondent  au  cas  où  le  dé\eloppenient  (2)  de /(;)  doit  être 
remplacé  par  le  suivant  : 

f{z)^       a;  (;_a)«.L*,  (.._«)  +  ... 

+  A,,(c. -</)«rL^,.(; -«)  +  (.- -«)*I^''(^-«)'M(  =  ). 

q^T  fjj,  ..  .,  (/,„  q  étant  des  entiers  positifs.  Dans  cette  hypothèse,  la  for- 
mule (4)  doit  être  remplacée  par  la  suivante  : 

J,  r=  A',  K',  -(-  A',  K',  + .  .  .  +  A,,  Fv^  +  K', 
en  posant 

le  produit  /î"'  '  E-""'L"''nK'  restant  d'ailleurs  fini  lorsque  n  augmente  indé- 
finiment. 

D'autre  part,  en  appelant  M^^  ce  que  devient  K'  ,  quand  on  change  i 
en  —  /.  dans  les  exponentielles  qui  y  figurent,  on  a  de  même,  au  lieu  de  la 
formule  (9), 

jj  =3  a;  m;  -+-  a;  m  j  + . . .  -t-  Ap  M',,  +  m', 

le  produit  n°''^'E'""L-^/îM'  restant  fini  lorsque  n  augmente  indéfiniment. 

De  même,  les  formules  (7)  et  (i  i)  rentrent  dans  d'autres  plus  générales 
que  l'on  obtient  lorsque  le  développement  de  f{z),  dans  le  voisinage  de  a,  a 
la  forme 

/(--)  =/.(^-)  +  B,(c  -  a)?.  Log^.(;  -  «)+... 

+  Bp(,.  —  «)P,  Lî,(  ;  -  a)  -H  (  z'—a)?  hi(z-a)  '|{;), 

les  fonctions  y(-)  et  '|(s),  les  p  et  les  q  ayant  les  significations  déjà  indi- 
quées ci-dessus,  sauf  que  les  [i  peuvent  avoir  des  valeurs  entières  positives 
lorsque  les  q  correspondants  ne  sont  pas  nuls.  Dans  ces  conditions,  en 
posant 

M'  -    '^"''  ^^         _._'■(--?.  f) 

la  formule  (7)  doit  être  remplacée  par  la  suivante  : 
J,  =  1^,H', -h...-HH„li;, -Hir, 


790  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

le  produit  n''^^'E^""'h~''rtU.'  restant  fini,  lorsque  n  augmente  indéfiniment, 
si  j3  n'est  pas  entier  positif.  Lorsque  [i  est  entier  positif,  en  même  temps 
que  (/  n'est  pas  nul,  c'est  le  produit  it'^^  'K""'\j~'''*''  /tïV  (\u\  leste  fini, 
lorsque  n  augmente  indéfiniment. 

D'aulre  part,  en  appelant  N^,  ce  que  devient  —  li^,,  quand  on  change 
/  en  —  /  dans  l'exponentielle  qui  y  figure,  la  formule  (ii)  doit  être  rem- 
placée par  la  suivante  : 

J,-B,N', -f....4-B,,N,,  +  N', 

le  produit  n'''*"' E'""L' ''"*"' wN'  ou  n'^'^'E'""L'''nN',  suivant  que  fi  est  ou  non 
entier  et  positif,  restant  fini  lorsque  n  augmente  indéfiniment. 

Les  théorèmes  énoncés,  dans  la  présente  Note,  donnent  lieu  à  de  nom- 
breuses applications  relatives  aux  intégrales  dont  les  éléments  différentiels 
contiennent  en  facteur  sin/;:  ou  cosnz. 


GÉor.OGIE.  —  Sur  l'âge  des  forma/ions  à  lii^nitc  de  l'Ile  de  Mnjorcjue. 
Note  de  MM.  C.  Depéret  et  P.  Fali.ot. 

On  connaissait  à  Majorque  deux  formations  à  lignite,  l'une  oligocène 
aux  abords  de  Sineu,  dans  la  partie  centrale  de  l'île,  l'autre,  d'âge  discuté, 
au  pied  méridional  de  la  Cordillière,  entre  Binisalem  et  Selva. 

Des  recherches  récentes  effectuées  en  divers  points  des  montagnes  et  la 
reprise  d'anciennes  exploitations  durant  la  guerre  permettent  maintenant 
d'établir,  par  les  documents  paléontologiques  qu'elles  ont  mis  à  jour,  (pie 
les  lignites  de  la  grande  Baléare  appartiennent  à  l'Oligocène  pour  les 
grands  bassins  du  Sud  de  la  chaine  et  au  Burdigalien  quant  aux  traces 
charbonneuses  découvertes  au  nord  de  l'île  aux  abords  de  Pui^gpuncnt  et 
au  nord  du  Puig  Mayor. 

A.  Lignites  oligocènes  :  i"  liandc  de  Biniscdem-Seha.  —  Les  formations  à 
ligniles  dites  de  liinisalein  et  de  Selva  s'étendent  sur  environ  2o'~"'  de  long, 
entre  Alaro-Conseil  et  Selva,  au  pied  sud  de  la  Sierra  de  Majorque.  Ivies 
ai>i)ai  licnnent  à  l'élément  tectonique  supérieur  (séiie  IV)  de  cette  chaîne 
et  s'enfoncent  au  Sud  sous  les  alluvions  quaternaires  (  '  ). 

Accompagnées  de  Gastropodes  d'espèces  et  même  de  genres  spéciaux, 
elles  fiH-ent  successivement  attribuées  au  Crétacé  supérieur  (Mares,  i8G5) 


(';   I'.  I'allov,  Observations  sur  tes  phénomènes  de  charriage  du  centre  de   la 
Sierra  de  Majorque  {Comptes  rendus,  l.  170,  1920,  p.  73y). 


SÉANCE   DU   29   MARS    1921.  179 1 

clàri'locène  inférieur  (Ilermite,  1879;  Vidal,  1879).  PJn  1899,  l'un  de  nous, 
étudiant  la  série  paléontoloi;i(iuo  des  grands  Buliuies  éocènos,  était  amené 
à  rajeunir  Ijoaucoup  l'âge  du  lliiliiniis  //om)/ llaime  de  cet  horizon  et  à  le 
rap[)oiter  à  rOligoccne^ ').  Enfin,  en  1917,  M.  L.-M.  Vidal(-).  après  avoir 
décrit  à  nouveau  cette  faune  et  y  avoir  mentionné  la  présence  du  genre 
Lych/iii.s,  conclut  à  son  âge  Garumnien. 

Cependant  le  caractère  de  la  faune  de  Mollusques,  qui  comprend  de 
grands  Mehinoïdrs  voisins  des  espèces  oligocènes  et  miocènes,  et  un  Mela- 
nopsis  {M.  MolinaiyiàaX)  probablement  identique  au  M,  acrolcpta  Font.,  de 
rOligocène  du  bassin  d'Alais,  pouvail  déjà  faire  présumer  l'âge  notable- 
ment plus  récent  de  cette  formation  ligniteuse. 

La  découverte  de  Mammifères  fossiles  dans  les  mines  de  Selva  est  venue 
démontrer  l'âge  oligocène  des  lignites  de  cette  bande.  M.  Gaspar  Pol,  de 
l>inisalem,  a  eu  l'amabilité  de  donner  récemment  à  l'un  de  nous  deux  mo- 
laires supérieures  de  Pltigiolophiis  Fra(isi\  recueillies  à  la  base  des  lignites 
de  Can  Miray  (Selva)  sous  les  couches  calcaires  à  Melanoïdcs  Pachecoi 
Vidal.  Dans  le  but  de  s'assurer  si  ces  Mammifères  provenaient  réellement 
de  cotte  localité,  un  jeune  géologue  espagnol,  M,  Gomez  Llueca,  a  bien 
voulu,  sur  notre  désir,  se  rendre  à  Majorque  et  a  pu  rapporter  de  la  mine 
elle-même  d'autres  dents  de  PlagiolopJius  de  la  même  espèce,  ainsi  qu'un 
fragment  de  Trionyx.  Enfin  il  a  vu  entre  les  mains  de  M.  Ha  mis,  à  Palma, 
une  mandibule  qui,  d'après  la  photographie  rapportée  par  M.  (iomez, 
appartient  sûrement  au  même  Plagiolophiis. 

Descriptions.  —  Les  pièces  à  notre  disposition  sont  :  deux  molaires  supérieures  /»' 
et  ni'  isolées,  plus  un  fragment  avec  m- — m^  en  place,  La  disposition  oblique  des 
deux,  collines  internes  dont  la  postérieure  pousse  un  repli  d'émail  presque  jusqu'au 
contact  de  la  colline  antérieure,  la  présence  de  cément,  l'absence  de  bourrelet  basi- 
laire  interne  sont  des  caractères  du  genre  Plagiolophus  et  le  distinguent  des  Palœo- 
llicriuni.  Pour  la  mandibule  nous  avons  deux  fragments  des  deux  branches  portant  /»' 
et  ni-  en  place. 

On  voit  sur  ces  dents  l'absence  de  soudure  des  deux  demi-croissants  et  le  tuber- 
cule, placé  en  arrière  de  la  couronne,  qui  caractérisent  les  Plagiolophus. 

Les  dimensions  de  ces  molaires  (//«'  d'en  haut  et  d'en  bas  20™"')  indiquent  une 
grosse  espèce  ne  pouvant  être  comparée  qu'au  seul  Plagiolophus  Fraasi  v.  Meyer, 
caractéristique  de  l'Oligocène.  On  connaît  celte  espèce  depuis  le  Sannoisien  ((^éias) 
et  on  la  suit  dans  les  molasses  stampiennes  inférieures  de  l'Agenais  ainsi  que  dans  le 


{')  C.  Depéret,  Bull.  Soc.  géol.  France,  3"  série,  t.  27,  p.  702-708. 
(-  )  L.-M.  N'iDAL,  Edad  geologica  de  las  lignilos  de  Seha  y  Binisalem  {Mem.  real 
Soc.  esp.  Hisl.  nul.,  t.  10,  n°  7). 


792  ACADÉMIE   DES    SCIENCES- 

Stanipien  maiiii  de  Klein  Hhiuen  (Jura  bernois),  par  des  mutations  de  taille  graduel- 
lement croissantes  qui  aboutissent  aux  grandes  formes  des  phosphoriles  nommées 
par  Filliol  Plagiolophus  Jcn-ali. 

Il  résulte  de  ces  faits  paléontoloi^iques  (jue  les  lignites  de  Selva-Binisaleiii 
peuvent  appartenir  soit  au  Sannoisien,  soit  au  Stampien  inférieur.  La  stra- 
tigraphie confirme  celte  détermination  d'âge,  en  nous  montrant  dans  la 
région  de  Binisalem  la  superposition  constante,  à  l'horizon  ligniteux,  des 
grès  et  calcaires  à  Niinirnuliles  intermediiis  qui  représentent  la  partie  moyenne 
et  peut  être  aussi  supérieure  du  même  étage  Stampien. 

Si  donc  le  mauvais  état  de  conservation  des  Mollusques  contenus  dans 
les  couches  à  lignite  n'a  pas  provoqué  d'erreur  au  sujet  des  coquilles 
attribuées  au  genre  Lychnus,  il  faudra  conclure  à  la  survivance  très  imprévue, 
jusqu'à  l'Oligocène,  de  ce  genre  de  Gastropodes  considérés  auparavant 
comme  cantonnés  dans  les  dépôts  d'âge  (larumnien. 

Le  manque  de  bons  fossiles  ne  permet  pas  de  préciser  si  les  lignites  de 
la  mine  Josefina,  exploités  aux  abords  d'AJcudia,  dans  une  imbrication 
tectonique  qui  les  met  en  contact  avec  des  grès  miocènes  à  Clypéastres, 
appartiennent  à  cette  formation.  Par  contre,  il  semble  que  les  couches 
de  Santa  Ponza,  à  Mcdanoïdes  Pachecoi,  et  celles  du  sud  .du  Puig  Antio 
(Andraitx),  où  l'un  de  nous  a  recueilli  une  Glandina  voisine  des  (îl.  Vialai 
du  Ludien  et  G.  injlala  de  l'Oligocène,  représentent,  dans  la  série  II,  sous 
les  calcaires  à  Nummuliles  intermedius,  un  prolongement  stérile  des  couches 
de  Binisalem. 

2"  Traces  lignitauses  des  abords  de  Andraitx.  —  M.  Vidal  a  signalé  en 
igoS  (')  à  Cala  Blanca  (^Andraitx)  des  formations  matines  à  lignite  d'un 
caractère  littoral  que  la  présence  de  Nalica  crassatina,  Potamidcs p/icatus, 
P.  rhodanicits,  lui  fait  attribuer  à  la  base  du  Stampien.  Ces  dépôts,  les  grès 
et  poudingues  qui  les  surmontent  ainsi  (jue  les  calcaires  à  N.  interrncdius 
qui  sont  dans  leur  voisinage,  appartiennent  au  bord  sud-ouest  de  la  seconde 
série  charriée  à  l'intérieur  de  la  Cordillère. 

3"  Ligtnles  de  Sineu.  —  Contemporainement  à  ce  régime  marin  du  nord- 
ouest  de  l'île,  se  sont  formés  à  55'""  à  l'est  de  Cala-Blanca,  au  sud-est  des 
écailles  les  plus  méridionales  de  la  chaîne,  les  lignites  siatnpiens  de  Sineu  à 
Anthracolherium  et  Aniphitragulus  cf.  graci/is,  dont  l'attribution  à  l'Oligo- 
cène est  aussi  due  au  savant  catalan. 

M.  Gome/.  Llueca  nous  a  rapporté  récemment  d'une  visite  aux  mines  de  Sineu  de 
{' )   Vn)AL,  A'oU'  .sur  l'Oligocène  de  Majorque  {ISutl.  Soc.  génL,  t.  'à,  igo5,  p.  65i). 


SÉANCE    DU    29    MARS    192I.  7()3 

beaux  débris  A' Anlltracotlicriiini  :  un  fragineiil  de  mâchoire  siipérieuri;  avec  //«' 
el  //(-,  un  astrai;ale,  une  extréniilé  du  niélapode  médian.,  etc.,  i|ui  condruient  les  oiisei- 
valioiis  de  M-.  Vidal. 

\J .{ntlinicolheriuni  de  Sineii  est  une  forme  de  taille  inférieure  aux  grands  Anllini- 
collu'riinn  inugniiiu  du  Stampien  supérieur  et  se  rapproche  bien  davantage  des  Anlltni- 
colheritun  de  taille  inoyeunc  des  phosphorites,  que  Filhol  figure  sous  le  nom  erroné 
(l'A.  (ihdlictiin  Cuv.  Cette  dernière  espèce  encore  mal  connue  est  une  mutation  de 
pelile  taille  qui  caractérise  jl'étage  sannoisien  (Lobsann).  On  doit  plutôt  rapprocher 
Tanimal  de  Sineu  des  fi)inies  de  laillc  inoyenna  assez  répandues  dans  les  molasses  de 
l'Agenais  (  Itier,  Villebiainar),  c'est-à-dire  dans  la  partie  inférieure  de  l'étage  stampien. 

D'après  cette  détermination,  V Antliracotlwriiim  de  Sineu  peut  être  désigné  comme 
A.  iiKiL^nuin  mut.  asc.  de  taille  faible,  et  les  lignites  qui  le  contiennent  sont  attri- 
buables  au  Stampien  inférieur,  niveau  dans  lequel  on  constate  habituellement  l'asso- 
ciation de  ces  Anlliracdlhcrium  movens  avec  Plagiolophiis  Fraasi. 

Il  est  donc  possible,  on  pourrait  dire  probable,  que  le  niveau  géologique 
des  lignites  de  Sineu  soit  le  même  que  celui  des  lignites  de  Seha,  mais  ces 
derniers  pourraient  à  la  rigueur  représenter  un  horizon  un  peu  plus  ancien, 
quoique  certainement  très  peu  distant. 

B.  Lignites  BurdigaUeju.  —  On  a  tenté  à  Son  Cotoner  el  à  Son  Serralta, 
près  Puigpuùent,  d'exploiter  des  lignites  d'excellente  qualité  par  des 
galeries  qui  traversent  les  dolomies  du  Trias  avant  d'atteindre  le  niveau 
charbonneux.  Ce  Trias  représente  la  base  de  la  série  JI  charriée  par-dessus 
la  série  I.  L'allure  des  couches,  la  présence  d'une  Melania  du  groupe 
de  M.  tuberculata  el  d'un  Planorbe  écrasés  dans  des  lignites,  trop  broyés 
pour  être  utilisables  industriellement,  montrent  que  ceux-ci  doivent  être 
considérés  conune  faisant  partie  de  l'ensemble  des  couches  néogènes  qui 
apparaissent  à  100'"  ou  200'"  de  la  mine  à  la  faveur  de  la  fenêtre  de 
Puigpunent. 

Nous  savons  depuis  1914  que  ces  dépôts  se  relient  aux  couches  burdiga- 
liennes  à  Pccten pra'scabriuscAiIus  de  S.  Valenti  (  '  ). 

C'est  aussi  du  Burdigalien  qu'il  faut  sans  doute  rapprocher  les  couches 
marines  où,  entre  Es  Clôt  et  Es  CuUet,  au  nord  du  Puig  Mayor,  dans  une 
écaille  signalée  en  1920  (-),  les  Majoicains  ont  tenté  d'exploiter  de  minces 
et  improductives  lentilles  de  lignite.  Ces  couches  de  combustible,  situées 
à  3o'""  au  nord-est  des  précédentes,  passent  vers  le  haut  à  des  grès  renfer- 
mant  Turritella   turris,   Liicina  miocenica,   Lutraria  sanna.   Ceux-ci   sup- 

(')   Comptes  rendus,  t.  158,  igi^!  P-  645- 

(')  F.  Fallût,  Observations  sur  les  phénomènes  de  charriage  du  centre  de  la 
Cordillière  de  Majorque  {Ann.  Univ.  Grenoble,  1920,  pi.  I,  coupe  3). 


794  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

porteot  des  couches  à  planles  pétries  de  petits  Sphœrinm.  A  4oo™  plus  au 
Nord-Est,  cette  coupe  se  complète  vers  le  haut  par  des  calcaires  à  Amphis- 
tégines  sur  lesquels  repose  le  Trias  de  Puig  Mayor  (série  III). 

Conclusions  générales.  —  Des  faits  qui  précèdent  on  peut  déduire  d'inté- 
ressants aperçus  sur  l'histoire  jtaléogéograpliique  des  Baléares  et,  d'une 
manière  plus  large,  de  la  partie  nord  de  la  Méditerranée  occidentale. 

Pendant  toute  la  période  éocène,  le  géosynclinal  nummulilique  devait 
passer  (nappes  dépliées)  à  loo'""  environ  au  sud-est  de  la  côte  de  Majorque, 
où  l'on  ne  trouve  de  calcaires,  à  grandes  Nummulites  que  dans  les  nappes 
les  plus  méridionales  de  l'île  (Darder,  Estratigrafta  de  la  Sierra  de  Lei'anle). 
La  grande  Baléare  était  donc  exondée  à  l'époque  éocène,  et  il  en  était 
probablement  de  même  d'ibiza  et  de  Minorque.  C'est  seulement  dans  les 
premiers  temps  de  l'Oligocène  que  la  mer  à  Natica  crassatina  venant  du 
Sud-Ouest  envahit  la  région  d'Andraitx  ('),  tandis  que  les  régions  du 
centre  et  de  Test  de  Majorque  se  couvrent  de  lagunes  avec  formation  de 
lignites  (Selva,  Sineu,  etc.)  où  la  présence  des  Plagiolop/tiis,  des  Ant/uitco- 
tlienum  et  des  Anip/iitragtiliis  atteste  l'existence  de  larges  communications 
avec  les  terres  européennes. 

On  peut  inférer  de  ces  observations  l'existence  sur  toute  la  région  du 
golfe  du  Lion  d'un  continent  éocène  et  oligocène  relié  à  l'Kspagnc,  à  la 
France  et  peut  être  au  massif  corso -sarde  :  le  massif  côtier  catalan  à  l'Ouest, 
l'extrémité  orientale  des  Pyrénées  et  des  Corbières,  le  Languedoc  et  la 
vallée  du  Rhône,  la  Provence  ot  enfin  la  partie  cristalline  de  la  Corse  et  de 
la  Sardaigne  représentent  les  débris  de  ce  continent  (|ui  englobait  aussi  les 
Baléares,  tandis  que  la  Méditerranée  était  rejetée  au  sud  dans  son  bassin 
méridional. 

Il  est  remarquable  en  elTet  qu'il  n'existe  sur  toute  l'étendue  des  côtes 
méditerranéennes  espagnoles  et  franraires,  depuis  ^'alence  jusqu'à  Nice, 
aucune  trace  de  dépôts  marins  éocènes  ni  stampiens;  ces  terrains  n'y  sont 
représentés  partout  que  par  des  formations  lacustres  ou  à  peine  saumàlros. 
Il  est  vrai  que  le  golfe  éocène  des  Corbières  s'approche  très  près  de  la 
région  méditerranéenne  auprès  de  Narbonne,  mais  les  travaux  de  M.  Don- 
cieux  ont  montré  qu'il  s'agissait  là  d'un  fond  de  golfe  fermé  à  l'I^st  et 
communiquant  seulement  avec  l'Atlantique.  De  même  le  golfe  éocène  sud 


(')  Nous  sa\ons  maintenanl  que  celle  Iraiisgressioii  slampieiine  inférieure  s'est 
éleiulue  sur  une  nolable  pailie  de  la  Mesela  espagnole,  dans  la  ])ro\ince  de  Cuenca  el 
dans  la  vallée  du  Tage  jusqu'à  Tolède. 


SÉANCE    DU. 29   MARS    I921.  796 

pyrénéen  s'avaiK'ail  jusqu'à  (îérone,  mais  n'alleignait  pas  la  Méditerranée 
et  ne  communiquait  aussi  (ju'avec  l'Atlantique.  La  mer  éocène  qui  attei- 
gnait /Mirante  faisait  par  le  Sud  le  tour  des  Baléares  et  de  la  Sardaigne 
pour  remonter  au  Nord  par  Nice  dans  le  synclinal  alpin.  Ainsi  s'explique 
l'absence  d'l"]ocène  et  d'Oligocène  marin  dans  toute  la  vaste  région  qui 
entoure  le  golfe  du  Lion  et  la  très  intéressante  migration  des  animaux  ter- 
restres oligocènes  découverts  dans  les  lignites  de  la  grande  Baléare. 

L'attaque  de  cette  grande  terre  baléarique  commence  avec  le  Stampien 
supérieur  par  la  transgression  des  couches  marines  à  Nummnlites  inierinc- 
dius  qui  recouvrent  les  dépôts  ligniteux  de  Sineu  et  de  Selva  pour  atteindre 
la  région  de  la  Cordillère  nord  de  Majorque. 

Mais  c'est  seulement  au  début  du  Miocène  que  ce  continent  s'effondre  en 
laissant  quelques  lambeaux  accrochés  à  la  côte  européenne.  Un  bras  de  mer 
important  s'établit  entre  Majorque  et  la  péninsule  espagnole,  se  prolon- 
geant dans  le  Languedoc  et  le  Ijassin  du  Rhône.  La  majeure  partie  de 
Majorque  est  submergée,  sauf  quelques  îlots  sur  les  bords  desquels  se 
forment,  dans  des  conditions  littorales,  les  lignites  burdigaliens  de  Puig- 
punent  et  de  \\%  CuUet  bientôt  recouverts  à  leur  tour  par  la  transgression 
marine,  et  dont  l'emplacement  coïncide  avec  les  zones  où  vont  s'exercer  les 
actions  orogéniques  les  plus  violentes. 


MÉTROLOGIE.   —    L'adoption  obligatoire  du  Systcme  mélri(jite  par  l'Empire 
du  Japon.  Note  de  M,  Ce. -Éd.  Guillaume. 

Un  télégramme  de  M.  Shirio  Kikkawa,  directeur  du  Bureau  des  Poids 
et  Mesures  de  Tokyo,  vient  d'apporter  la  nouvelle  de  la  sanction,  donnée 
par  le  Parlement  japonais,  à  la  loi  rendant  obligatoire  l'emploi  du  Système 
métrique. 

I^'importance  de  cet  événement,  très  grande  en  elle-même,  s'accroît  de 
ses  répercussions  sur  l'expansion  du  Système  métrique  en  Extrême-Orient 
d'abord,  puis  dans  le  reste  du  monde. 

Dans  l'Orient  asiatique,  il  est  vrai,  des  dispositions  législatives  ont  pré- 
paré, dans  ces  dernières  années,  un  accroissement  considérable  dans  l'em- 
ploi des  unités  métriques,  que  les  gouvernements  s'efforcent  de  rendre 
eflectif.  Le  tiavail  est  poussé  systématiquement,  de  façon  à  assurer  une 
expansion  graduelle,  évitant  à  la  fois  les  heurts  et  les  retours  en  arrière. 

Au  Japon  même,'le  Système  métrique  est  devenu  légal  le  i"' janvier  1893, 


796  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  même  temps  que  les  valeurs  des  anciennes  unités  japonaises,  le  shaku  et 
le  k<.van,  étaient  fixées  respectivement  à  ^  de  mètre  et  à  if  de  kilogramme. 
La  division  était  décimale.  Dans  la  suite,  une  série  de  modifications  à  la 
loi  et  la  promulgation  de  ré}j;lements  gradués  onl  assuré  l'accoutumance  aux 
mesures  métriques,  jusqu'au  moment,  venu  aujourd'luii,  où  l'obligation 
pût  être  réalisée. 

En  Chine,  la  loi  du  29  août  1908  a  ramené  à  des  valeurs  délerminées 
des  unités  restées  jusque-là  variables  suivant  les  lieux  et  les  métiers.  Le 
tche  et  le  leang  ont  été  fixés  à  Sa"'"  et  à  37*'',3oi .  Les  équivalents  métriques 
sont  inscrits  dans  la  loi;  la  subdivision  est  enlièrement  décimale. 

Un  projet  de  loi  soumis  en  iQiS,  au  Parlement  de  Pékin,  prévoit  l'adop- 
tion complète  et  obligatoire  du  Système  métrique;  un  programme  de  pré- 
paration et  d'adoptions  partielles  annexé  à  la  loi  aboutit,  dans  la  dixième 
année,  à  l'emploi  obligatoire. 

Au  Siam,  enfin,  une  loi  de  Tannée  191 2  a  prévu  l'emploi  obligatoire  du 
Système  métrique,  avec  expansion  graduelle,  d'une  province  à  l'autre,  sui- 
vant les  possibilités  de  l'équipement  en  instruments  et  étalons. 

On  voit  donc  que,  dans  tout  l'Extrême-Orient,  l'adoption  définitive  du 
Système  métiique  est  décidée  en  principe;  les  délais  de  réalisation 
n'excéderont  sûrement  pas  quelques  années. 

D'un  autre  côté,  la  Chambre  des  Représentants  des  Etats-Unis  a  été  saisie, 
le  29  décembre  1920,  d'un  projet  de  loi,  éhiboré  par  M.  Brillen,  et  tendant 
à  rendre  obligatoire  l'emploi  du  Système  métrique  dans  le  commerce  au 
bout  de  10  années.  Or  les  adversaires  de  la  réforme  ont  toujours  considéré 
comme  l'un  de  leurs  meilleurs  arguments  le  fait  que  les  mesures  du  Système 
anglo-saxon  étaient  admises,  en  Chine,  au  Japon  et  au  Siam,  sur  un  pied 
de  quasi-égalité  avec  les  mesures  locales.  La  promulgation  de  la  nouvelle 
loi  japonaise  renverse  le  sens  de  cet  argument. 


CORIIESPOIVDANCE . 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale   parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Union  inticunationalk,  de  i.a  Ciumu.  itiu.  kt  Ai'i>i.inui;i'..  Slntiits  cl  Ih'^/ementx. 


SÉANCE    DU    29   MARS    1921.  797 

GÉOMÉTRli:.     —    Sur   certaines   .surfaces    hyperrl/iptit/ucs  sirigu/irrcs.    Noie 
de  M.  C.-E.  Traynard,  présentée  par  M.  Appell. 

J'ai  donné  dans  une  Noie  précédente  un  exemple  de  surface  du  quatrième 
degré  avani  pour  coordonnées  quatre  fonctions  iatermédiaires  singulières. 
Voici  d'autres  exemples  qui  m'ont  paru  intéressants. 

Je  prends  7;  =  3,  /•  —  o,  m  =  i,  A  =  12.  Pour/»  =  2,  y  =  o,  il  y  a  quatre 
fonctions  intermédiaires  impaires  nulles  pour  16  demi-périodes.  La  surface 
correspondante  a  32  droites;  c'est  un  cas  particulier  de  celle  quej'ai  obtenue 
avec  les  quatre  fonctions  thêta  impaires  d'ordre  6  et  de  diviseur  3  ('). 

Poury>  =  I,  y  =  I  et  pour  12  caractéristiques  particulières,  il  existe  une 
fonction  de  chaque  parité  s'annulant  pour  8  demi-périodes  ;  ces  24  fonctions 
sont  les  équations  d'autant  de  coniques.  Pour/?  =  i,  ^  =  —  i,  on  obtient 
de  même  24  coniques  qui,  associées  aux  précédentes,  donnent  24  sections 
planes  décomposées  en  deux  coniques. 

Je  prends  maintenant  «  =  2,  A  =  o,  m  =  i ,  A  =  8.  Pour  /?  =  2,  ^  =  o, 
il  y  a  six  fonctions  paires  qui  ne  s'annulent  pour  aucune  demi-période;  en 
leur  donnant  2  demi-périodes  comme  zéros  doubles,  la  sufface  obtenue 
est  du  quatrième  degré  avec  i4  points  doubles  partagés  en  deux  tri|)lets  de 
3  points  en  ligne  droite  et  deux  quaternes  de  4  points  dans  un  plan.  C'est 
un  cas  particulier  de  la  surface  que  j'ai  étudiée  dans  ma  Thèse  (^)  et  je  ren- 
voie à  cette  étude  pour  ce  qui  concerne  le  choix  des  demi-périodes  et  les 
propriétés  de  la  surface. 

Ici  encore  il  existe  deux  plans  particuliers  au  cas  actuel  qui  coupent  la 
surface  suivant  deux  coniques  :  pourjo  =  1,  q  =  i,i\y  a  pour  deux  caracté- 
ristiques particulières  une  fonction  nulle  pour  6  demi-périodes  parmi  les- 
quelles les  deux  zéros  doubles;  chacune  de  ces  deux  fonctions  donne  une 
conique;  pour  p  =  1,  ^  =  —  i,  les  résultats  sont  les  mêmes  et  ces  quatre 
coniques  s'associent  pour  constituer  deux  sections  planes.  Les  points 
doubles  qui  sont  ainsi  situés  dans  un  même  plan  comprennent  pour  chaque 
groupe  un  point  de  chaque  triplet  et  un  point  de  chaque  quaterne. 

Enfin  je  prends  «  =  2,  A  =  i,  /»  =  i,  A  =  9.  C'est  le  cas  elliptique; 
pour  ^  =  2,^  =  0,  il  y  a  de  même  une  surface  du  quatrième  degré  à  qua- 
torze points  doubles.  La  particularité  est  ici  que  deux  plans  passant  par 

(')  Thè.u;p.-2. 
(-)  Ibid.,  p.  02. 


798  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trois  points  doublrs,  un  point  d'un  triplet  et  un  point  de  chaque  quaterne 
coupent  la  surface  suivant  deux  coniques  dont  le  quatrième  point  d'inter- 
section est  sur  une  des  coniques  unicursales  singulières. 

En  résumant  ces  divers  exemples,  on  voit  que  les  surfaces  hyp<'rellipliqucs 
obtenues  avec  les  fonctions  thêta  relatives  au  Tableau  ï„  admettent  des 
particularisations  définies  par  les  fonctions  intermédiaires  singulières  sous 
la  forme  de  surfaces  de  même  aspect  géométrique,  mais  soumises  à  une 
condition  supplémentaire  qui  correspond  à  la  relation  singulière  entre  les 
périodes.  On  peut  dire,  comme  dans  le  cas  du  diviseur  J,  que  ces  condi- 
tions sont  la  traduction  géométrique  de  l'équation  modulaire  correspon- 
dant à  la  relation  singulière.  Il  paraît  possible  d'arriver  à  cette  équation 
elle-même  dans  certains  cas  particuliers.  Ce  sera  l'objet  de  recherches 
ultérieures. 


MÉCANIQUE.  —  Sur  1rs  détcrminnlioTis  oplitiiics  des  résistances  de  roulcrnenl 
(l'un  plan  roideur.  Note  de  M.  Jules  Axdrade. 

I.  On  possède  aujourd'hui  deux  méthodes  pour  la  détermination  rapide 
et  précise  des  frottements  de  glissement  :  i"  la  méthode  dynamique  fondée 
sur  l'inscription  photographique  de  vibrations  très  sensiblement  pendu- 
laires rapidement  amorties  par  un  frottement  constant;  2°  la  méthode  de 
la  pesée  du  frottement,  fondée  sur  la  transmission  de  celui-ci  à  une  balance 
appropriée. 

En  ce  qui  concerne  le  frottement  de  roulement,  on  ne  possède  encore 
qu'une  méthode  purement  dynamique,  rapide  mais  coûteuse. 

.Te  me  propose  dans  cette  ÎVole  de  préciser  des  variantes  expérimentales 
capables  de  faciliter  les  mesures  précises  du  roulement;  ces  variantes  sont 
parfois  exigées  par  des  circonstances  de  construction  du  laboratoire  où  doit 
opérer  V expérimentateur . 

La  précision  peut  être  ici  obtenue  soit  par  la  grandeur  des  organes  rou- 
lants, soit  par  un  recul  optique  de  l'image  focale  pliotograpbiée  du  déplace- 
ment linéaire  qui  doit  finalement  mesurer  les  variations  de  l'amplitude 
angulaire  de  la  roue. 

Mais  les  grandes  roues  pendulaires,  aussi  l)ien  pour  la  mesurf  des  ellorts 
de  glissement  que  pour  la  mesure  des  ellbi-ts  de  roulement,  exigent  juscjii'à 
ce  jour  un  laboratoire  établi  sur  un  terre-plein  cimenté  et  de  robustes 
supports. 


SÉANCE    DU    29    M/Vns    I921.  -jgif 

Un  laboratoire  sur  étago  ne  se  prêle  donc  pas  à  celte  niélliodc,  mais  en 
revanche  un  alelier  de  pctile  mécanique,  même  étage,  peut  se  prêter  fort 
hien  soil  à  la  pesée  directe  du  froltoinent  de  glissement,  soit  à  la  mesure 
optique,  avec  des  organes  mécaniques  mobiles  de  dimensions  1res  modérées. 
Mais  la  même  facilité  se  dérobait  pour  la  détermination  expérimentale  des 
roulements  que  j'ai  indiquée  l'année  dernfère  par  l'emploi  d'une  forte  cou- 
ronne cylindrique  intérieurement  supportée  par  un  cylindre  transvorse  fixe 
cl  par  la  photographie  directe  du  mouvement  circulaire  du  centre  de  celte 
couronne;  il  est  nécessaire  ici  de  s'adresser  à  une  méthode  purement  optique 
d'amplification;  mais  le  mouvement  épicycloïdal  de  roulement  ne  permet 
pas  d'employer  la  méthode  du  mirciir  et  il  fallait  tourner  cet  obstacle.  On  y 
réussit  de  la  manière  suivante. 

II.  (^uc  l'organe  mécanique  roulant  sur  le  support  cylindrique  fixe  soit 
une  couronne  ou  qu'il  soit  un  simple  plan,  associons  solidairement  à  cet 
organe  un  collimateur  de  dimensions  modérées.  Comme  l'organe  rouleur  lui- 
même,  le  foyer  de  ce  collimateur  est  constitué  par  une  ampoule  d'une  pile 
sèche  portée  par  l'organe  pendulaire  éclairant  un  trou  circulaire  de  petit 
diamètre;  ce  collimateur  réduit  associe  ainsi  à  V  organe,  roulant  un  faisceau 
cylindrique  de  rayon  lumineux  perpendiculaires  à  l'axe  fixe  du  cylindre- 
support. 

De  plus,  disposons  ce  collimateur  de  manière  que  le  rayon  central  du 
faisceau  cylindrique  rencontre  à  très  peu  prés  l'axe  fixe  du  même  cylindre- 
support. 

Par  contre,  le  même  axe  fixe  doit,  avec  une  très  grande  précision,  contenir 
sur  son  prolongement  le  foyer  de  l'objectif  d'une  lunette  photographique, 
et  couper  l'axe  optique  de  celte  même  lunette  à  angle  droit. 

La  plaque  photographique  glisse  d'un  mouvement  assez  lent  d'un  mou- 
vement de  translation  parallèle  à  l'axe  du  support  cylindrique  de  la  couronne 
roulante. 

Avec  une  distance  focale  de  3"°,  l'image  focale  du  faisceau  cylindrique 
solidaire  de  la  couronne  roulante  traduira  un  roulement  de  i  degré  de  la 
couronne  par  un  déplacement  linéaire  photographié  de  plus  de  5'^'";  la 
photographie  mesurée  au  comparateur  permettra  donc  la  comparaison  des 
résistances  de  roulement  au  vingt-millième  près,  avec  des  extinctions  du 
mouvement  après  une  dizaine  d'oscillations  et  mesure  de  la  réduction  de  la 
semi-amplitude  en  G  ou  8  oscillations. 


8oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHRONOMÉTRIE.  —  Sur  le  moiiveiih'nl  du  pendule  à  suspension  élastique. 
Noie  (  ')  de  M.  Paii,  Le  Rolland,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

Dans  une  Note  précédente  (-),  j'ai  décrit  des  expériences  sur  les  varia- 
lions  de  la  durée  d'oscillation  en  fonction  de  l'amplitude,  produites  par  la 
lame  de  suspension  du  pendule.  Je  me  propose  de  montrer  que  cet  effet  ne 
peut  s'expliquer  à  partir  de  la  théorie  ordinaire  de  la  flexion. 

Soit  O  le  point  d'encastrement  de  la  lame  dans  le  support,  pris  comme 
origine  des  coordonnées;  l'axe  Oy  est  vertical  et  passe  par  le  centre  de 
gravité  du  pendule  au  repos  et  par  le  plan  de  la  lame,  l'axe  Ox  est  hori- 
zontal. Le  système  est  défini  par  les  coordonnées  o,  h,  du  point  A,  d'encas- 
trement de  la  lame  dans  le  pendule  et  par  l'angle  Ô  que  l'axe  du  pendule  fait 
avec  la  verticale. 

Sur  le  ressort,  agissent  en  A  les  forces  X,  ^  et  le  couple  C  Soient  .r,  v 
les  coordonnées  d'un  point  quelconque  m  du  ressort,  5  la  longueur  de 
l'arc  Om  de  ce  ressort,  /  sa  longueur  totale  et  o  l'angle  de  sa  tangente  en  m 
avec  la  verticale.  La  théorie  de  la  flexi(m  donne  la  relation 

,a^  =,X(/;-  , ■)  —  ¥(« -.r)  +  C, 

[7.  étant  le  moment  d'élasticité  de  la  lame. 

Vax  dérivant  cette  équation  par  ra|)porl  à  .v  et  remplaçant    j^  par  sinçi 

dv  -1     • 

et  -^  par  cosa,  il  vient 

/  ^  ^*?  1-  1/  • 

(i)  u— 4- =  —  A  cosa  +  Y  sinœ. 

i"  Oscillations  df  1res  petite  amplitude.  —  Si  l'on  fait  dans  l'équation  pré- 
cédente siniy  ■=■-  o  et  cosç>  =  i,  on  l'intègre  facilement;  en  exprimant  alors 
X,  Y  et  C  en  fonction  des  paramètres  a.  h.  0,  et  en  éliminant  les  deux  pre- 
miers dans  les  équations  du  mouvement,  on  aboutit  à  l'équation  suivante  : 

,    ,        MpV,       3    ,   .     ,\d>(i 

g       \  '.>  2  J   df 

+    Fl  +  MA/+  '^(ro/coll.  m/-  1)1^  +  [Mg/l  -i-  IJ.'.>  colh  Ml  )$  =z  o, 

C)  Séance  dci  21   mars  192 1. 

(-)   Comptes  rendus,  l.  H'i.  19.ii,  |).  (ifi'i. 


SÉANCE    DU   29   MARS    I92I.  80I 

M  est  la  masse  du  pendule,  I  son  moment  d'inertie  par  rapport  au  point 
d'encastrement  inférieur  de  la  lame,  p  son  rayon  de  gyration  et  //  la  distance 
du  centre  de  gravité  à  la  lame. 
On  pose 

La  discussion  de  cette  équation  montre  : 

1°  (^ue  le  mouvement  se  compose  d'une  oscillation  harmonique  princi- 
pale à  laquelle  se  superpose  une  oscillation  en  général  beaucoup  plus 
rapide,  mais  qui,  de  ce  fait  même,  s'amortit  très  vite  par  suite  du  frottement 
intérieur  du  métal  et  de  la  résistance  de  l'air. 

2°  Que  tout  se  passe,  au  point  de  vue  géométrique,  comme  si  le  système 
tournait  autour  d'un  pi^jut  fixe  (centre  d'oscillation)  situé  toujours  plus 

haut  que  le  milieu  de  la  lame.  (  Dans  le  cas  des  régulateurs  ordinaires,  la 
distance  X  du  point  d'encastrement  inférieur  de  la  lame  au  centre  d'oscilla- 
tion est  sensiblement  donné  par  la  formule  A  =  / —  -  tii-to/. 

'  f,>       '?. 

En  fixant  à  la  lige  du  pendule  un  index  rectiligne,  et  vertical  dans  la  position  de 
repos,  j'ai  vérifié  expérimentalement  l'existence  du  centre  d'oscillation  et  l'exactitude 
de  la  formule  donnant  X,  dans  les  conditions  les  plus  variées. 

Avec  un  pendule  de  a''»,  battant  la  seconde,  et  une  lame  d^'acier  de  ?.''™,52  de  lon- 
gueur, î'"'  de  largeur,  o™'",  20  d'épaisseur,  on  tiouve  par  le  calcul  et  l'expérience 

L'iniluence  de  la  lame  sur  la  durée  d'oscillation  (par  rapport  à  celle  d'un  fil  sans 
force  élastique)  est  de  l'ordre  de  ,  J-j.  Dans  ce  cas,  les  deux  efiets,  raccourcissement 
de  la  longueur  du  pendule  et  addition  d'un  couple  proportionnel  à  l'écart  qui 
s'ajoutent  pour  diminuer  la  durée  d'oscillation,  sont  du  même  ordre  de  grandeur. 

2°  Influence  de  Vamplitade.  —  L'accord  entre  la  théorie  et  l'expérience 
cesse  quand  on  examine  l'effet  de  la  lame  aux  grands  arcs  d'oscillation. 
?Sousne  pouvons  développer  ici  les  calculs  qui  sont  très  longs,  si  l'on  se 
propose  de  traiter  le  problème  dans  sa  généralité. 

En  appliquant  les  méthodes  d'approximation  et  de  variation  des  con- 
stantes, on  arrive  à  montrer  que  lorsque  la  vibration  rapide   dont  nous 

parlons  plus  haut   (de    période   -^\   et   qui  se  superpose  à  l'oscillation 

principale   (de    période   —  )   s'est    évanouie    par    suite  des    frottements, 

C.  R.,  193 (,  i"  Semestre.  (T.  \ri,  N«  13.)  ^° 


8o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

on  a 

(3)     O='j„cosc/.t -h -r-, ^ ^^  (  s'in  y.t  (    F  cosy.t  dt  —  co!^  x/  1     Vainy.ldt 

U5'.-(3!"-—  ^-)    \  J^  .'„ 

en  posant 


U=:^(/--ll.lo./), 


Ci  F  étant  une  expression  de  la  forme 

La  variation  AT  de  la  durée  d'oscillation  T  =  -^.  déduite  de  Ç^),  est 


cit. 


La  discussion  de  cette  expression  conduit  aux  résultats  suivants  :  on 
retrouve  l'effet  ordinaire  des  grands  arcs  d'oscillation  sur  la  durée  (  erreur 
circulaire)  et  il  s'y  ajoute  un  terme  dû  à  la  lame  : 

i"  Si  la  lame  est  très  courte,  ce  terme  est  nul. 

2"  Si  la  lame  est  très  longue,  ce  (|ui  est  le  cas  dans  une  série  de  mes 
expériences,  on  trouve 

L  étant  la  longueur  du  pendule  simple  synchrone. 

3°  Dans  le  cas  des  lames  habituellement  employées  el  si  p  est  petit  par 
rapport  à  L,  on  arrive  à 

i6 

Quelles  que  soient  les  conditions  expérimentales,  l'action  de  la  lame  au\ 
gi'ands  arcs  d'oscillation  ne  doit  ajouter  qu'un  terme  petit  à  l'erreur  circu- 
laire ordinaire. 

C'est  un  résultat  auquel  était  déjà  arrivé  Bessel,  mais  dans  un  cas  parti- 
culier seulement. 

Or  l'expérience  donne  de  tout  autres  conclusions  :  l'effet  de  la  lame 
peut  atteindre  l'ordre  de  grandeur  de  l'erreur  circulaire  et  la  compenser 
grossièrement  ;  d'antre  part,  plus  la  lame  est  courte  plus  son  effet  est  consi- 
dérable. 


SÉANCE    DU    2()    MARS    1921.  8o3 

SPECTUOSCOPIE.  —  Sur  (/uri(/iies  spectres (Vélincelle  dans  Vullraviok't  extrême. 
Note  (')  de  MM.  Léov  el  Etgkxe  Blocii,  présentée  parM.  E.  Bouty. 

Le  spectre  du  zinc  nous  a  paru  convenable  pour  fournir  des  repères  de 
longueurs  d'onde  dans  la  région  de  Scluimann  et  nous  l'avons  utilisé  pour 
mesurer  les  spectres  de  nombreux  métaux,  tels  que  le  plomb,  le  cadmium, 
le  fer,  le  coball,  l'or  et  le  platine. 

I.  Zinc.  —  Avant  de  passer  aux  spectres  du  cadmium  et  du  plomb, 
nous  redonnons  ici  le  spectre  du  zinc  entre  i85o  et  i45o  U.  A.,  tel  qu'il 
résulte  de  nos  mesures  les  plus  récentes.  Les  clichés  étudiés  ont  été  obtenus 
avec  une  fente  plus  fine  que  précédemment,  de  sorte  qu'un  certain  nombre 
de  raies,  regardées  d'abord  comme  simples,  se  trouvent  résolues.  De  plus 
nous  avons  mesuré  une  certaine  quantité  de  raies  faibles  qui  appartiennent 
également  au  zinc,  un  doute  restant  possible  pour  quatre  ou  cinq  d'entre 
elles,  indiquées  comme  très  faibles.  Nous  profitons  de  l'occasion  pour  recti- 
fier quelques  fautes  de  transcription  qui  se  sont  glissées  dans  notre  première 
publication  (-). 


Zinc. 

Inlensité. 

A. 

Observalions. 

I 

ntensité 

)-. 

Observations. 

(3 

1889,0 

i  '^ 

1706.7 

1-3 

t833,2 

\  . 

1695,3 

2 
I 

1824. 1 
1S16.2 
1810. 6 
i8of.7 

\   4 

1688.6 
1673.2 
I 65 I , 9 
1*344.9 

1 

1 

'796.9 

1    5 

1639.4 

'  2 

1790. 2 

1629.2 

1 

1782.  1 

très  faible 

\4 

1622 .4 

j  I 

1767.6 
1762.2 

(3 

1619.5 
1617.7 

1  ^ 

1753.7 

(  I 

1614.4 

1res  faible 

\  4 

1749.4 

1  1 

1611 .8 

2 
I 

1-35,7 
'7i9'i 

1608.7 
1606, 2 

(  '  )  Séance  du  21  mars  1921. 

(-)  On  comparera  la  liste  ci-jointe  avec  celle  qui  a  été  publiée  après  la  nôtre  par 
Sawyer  {Àslroph.  Jour.,  t.  52,  1920.  p.  286).  Notre  liste,  beaucoup  moins  étendue  que 
celle  de  Sawyer.  paraît  plus  complète  et  mieu\  définie  dans  la  région  qui  nous  intéresse. 


8o4 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


Inlcnsilé 

A. 

Observations. 

Inlcnsilé. 

À. 

Oljîcrvalion:. 

I 

i6o3,3 

3 

1 5 1 5 , 9 

i^ 

i6oo,9 

I 

i5io,5 

très  faible 

13 

1598,5 

I 

i5o8.8 

I 

1595, 1 

dinfiise 

3 

1 5o6, I 

I 

1092,6 

M 

i5oo,6 

2 

1589.7 

lar^e  dilTuse 

U 

1499 '5 

I 

i586,6 

2 

1491.3 

i    3 

1082.2 

2 

1486,4 

i6 

i58i  ,5 

(' 

'4:9,0 

l  ' 

1577.5 

très  ililluse 

i^ 

'477,5 

1: 

1073, 1 
i569,4 

4 

1473,9 
1466.1 

2 

i562,6 

(2 

•464,5 

3 

i56o,9 

caiboiie? 

1 

1460.0 

lies  faible 

I 

i555 .9 

3 

1457,3 

(^ 

i552.7 

2 

i45i,3 

u 

1 552 , 2 

r 

1445,4 

f 

1 347,1 

diffuse 

1 

1443,2 

très  faible 

I 

i535,4 

* 

II.  Cadmium.  —  Nous  avons  fait  connaître  dans  une  précédente  Note 
quelques-unes  des  raies  d'étincelle  du  cadmium  entre  i85o  et  iGoo  L  .  A. 
Depuis  nous  avons  obtenu  des  clichés  plus  riches  et  plus  étendus,  qui  com- 
portent une  centaine  de  raies  entre  i85o  et  i'\io  U.  A. 


', 

■844,9 

1808,5 

1823,9 

1808,2 

iSoi ,:; 

fa  il. 

3 

i  793 , 3 

3 

1789,0 

2 

1781,1 

3 

1773,1 

3 

1768,8 

i 

1763,6 

dill. 

I 

17.55,2 

5 

'7 '17 -7 

I 

1739,6 

très 

i 

17.36,1 

très 

3 

1721 ,7 

Cadm 

LU  m. 

sei  valions. 

Intensilc 

.             A. 

Oliscrvation 

4 
1 
I 
I 

1 707 , 2 
1702,5 
1699,3 
1687.6 

double? 
très  faible 
dilT.  double 

e 

3 

1 
I 

1678,6 
l(i7!.2 

i6H7,î 
1661  ,2 

liés  faible 

3 

1 656,1 

oii;;.  incorl 

3 

i652,3 

très  faible 

2 

3 
2 

i6|S,(i 
i62S,6 
16 '.5, 5 

faible 

2  •• 

1 6  <3 , 2 

faible 

1 

1621 ,4 

1res  faible 

1619, ()     1res  faible 


SÉANCE   DU    29    MARS    I921. 


8o5 


Inlenslli 

>.. 

Oljscrvations. 

1 

i(ii>,,S 

di  (l'use 

I 

!()()(),  3 

di  n'use 

\  'î 

idoii.G 

1^'. 

1601 ,5 

1 

i()00,3 

I 

'•><J9'5 

■> 

i.")()8,(; 

I 

'■•97 '3 

diffuse 

1 

>r.94,s 

très  faible 

3 

i582,") 

1 

1.578,4 

dill'use 

1     1 

1575,0 

!  ' 

1.573, 1 
1371 ,3 

h' 

1.570,3 

fU 

1369, 1 
i566,? 

3 

1 56o , 8 

I 

1357,6 

très  faible 

!: 

i556,6 
i555,4 

2 

l552,2 

■1 

1047,3 

I 

1 545 , g 

double? 

1 

1 54  ■'. ,  I 

1 

i54o,6 

très  faible 

1 

i538,6 

I 

i53  )  ,0 

très  faible,  douleu\ 

i  ' 

i53!,^ 

11'- 

1029,3 

'/  3 

i528,4 
1.526,2 

1025,0 

i5!3,5 

1 

5 1 5 , 3 

\  1 

5i3,(") 

(4 

1 

5 1 2 , 7 
5io,7 
5o8,8 

2 

i5o6,(. 

\'' 

5o', ,  '1 

13 

r  5o  1 ,  ■>, 

1 

1493,4 

très  faible 

1 

19'  1  ' 
4X6,2 

1 
I 

l'|82,', 

147^.9 
>477>7 
•475,7 

2 
1 

1471,6 

1470,8 

I 

469,4 

très  faible 

3 

i468,5 

2 

466,5 

Irèj  dill'use 

\  2 

i456,o 

(2 

1453,0 

1447.8 

I2 

1446," 

I 

•443,. 

tièi  faible 

I 

i44i,6 

tiès  faible 

I 

i44o,3 

très  faible 

1 

t4'-9,5 

I 

1427,4 

/     -     0 

I 

1  ('•>,  J 

i  ■'• 

1420,^ 

14.8.5 

i',i5,9 

III.  Plomb.  —  [^e  spectre  d'étincelle  du  plomb  compoi  le  trois  ou  quatic 
doublets  qui  semblent  également  présents  dans  le  spectre  d'arc.  Notre  liste 
contient  deux  ou  trois  raies  nouvelles  par  rapport  à  celle  qu'a  donnée 
Mac  Lennan  ('). 


rinmb. 


ntcnsilé. 

>,. 

(    10" 

1821,7 

(    '0 

1796,3 

1 

i7!6,5 

A. 

Inlcnsité. 

>,. 

1710,9 

3 

i553,2 

1682, I 

i     3 

1 |39>7 

1671,6 

1     3 

..34,4 

2 

1 4o6,5 

(')  Proc.  [{or.  Soc,  t.  98,  1920,  p.  107. 


Ho6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SPKCÏROSCOPIE.  —  Sur  les  spectres  corpusculaires.  Lois  de  l'émission 
photo-électrique  pour  les  hautes  fréquences .  Noie  de  M.  MAinici:  deBkogme, 
présenlée  par  M.  E.  Bouty. 

La  confrontation  des  résultats  numériques  expérimentaux  que  j'ai 
obtenus  sur  divers  éléments  allant  du  nombre  atomique  2<)  au  nombre  ato- 
mique 70  (cuivre,  strontium,  molybdène,  rhodium,  argent,  antimoine, 
étain,  iode,  baryum,  ytlorbium),  avec  les  considérations  exposées  ici  dans 
une  Note  récente  ('),  me  permet  aujourd'hui  de  décrire  ainsi  les  phéno- 
mènes observés  et  d'énoncer  les  règles  suivantes  : 

En  éclairant  avec  un  faisceau  X  de  fréquence  v  un  certain  radiateur  A, 
dont  les  anneaux  de  Bohr  correspondent  aux  travaux  d'extraction  ^^  k,  ^^  n 
VV,|,  etc.  pour  la  sortie  des  électrons,  on  observe  une  série  de  raies  cor- 
pusculaires ayant  pour  quanta  ; 

si  la  fréquence  v  est  supérieure  à  la  fréquence  K;  par  exemple,  un  radiateur 
de  cuivre  éclairé  par  un  tube  à  anticathode  de  rhodium,  donnant  d'une 
faron  intense  les   raies  de  ce   métal,    présente   un   spectre   corpusculaire 
magnétique  de  vitesses  comprenant  quatre  raies  qui  correspondent  à  : 
Vjii  (rliodiuin)  —  Wk  (cuivre),     Vj^k  (  ihodiun»)  —  Wk  (cuivre), 
Vjii  (rhodium)  —  W|,  (cuivre),     V|îh  (rhodium  )  —  \\\  (cuivre), 

La  valeur  de  W,  est  prise  égale  au  quantum  de  l,i  raie  [i_  du  s|ioclre  L 
dans  les  éléments  pour  lesquels  celte  discontinuité  n'a  pas  été  mesurée 
directement. 

Le  radiateur  A  donne  aussi  des  raies  de  fluorescence  qui  fournissent  des 
raies  corpusculaires  en  suivant  la  même  règle  que  précédemment;  mais  ici, 
au  lieu  de  quatre  raies,  on  n'eu  observera  que  trois  dislinctes,  parce  que 
l'écart  en  fréquence  des  raies  a  et  3  de  la  série  K  est  précisément  égal  au 
décalage  W,  —  W,,. 

Les  raies  corpusculaires  correspondant  au\  raies  de  layoïis  X  du  faisceau 
incident  ont  l'aspect  de  bandes  à  bord  net  du  cùlé  des  grandes  énergies, 
quand  leur  fréquence  est  élevée  (platine,  tungstène);  elles  onl  l'aspect  de 
raies,  larges  et  dilVuses  d'un  C(Mé.  ipiand  elles  sont  moins  pénétrantes 
(rhodium). 

(')   Comptes  rendus,  t.  172,  i<(2i,  ]i.  746. 


SÉANCE    DU    29    MARS    1921.  807 

On  peul,  au  radiateur  A,  superposer  un  aiilre  radiateur  miiico  A'  et 
observer  alors  les  décalages  corresj)ondant  aux  discontinuités  K',  L',  M'  du 
radiateur  A'. 

Ces  considérations  me  paraissent  expliquer  qualitativement  et  quantita- 
tivement avec  l'approximalion  des  expériences,  toutes  les  apparences 
observées  sauf  une  :  celle  qui  consiste  en  la  présence  d'une  bande  d'émission 
corpusculaire  à  bord  assez  net  du  côté  des  faibles  énergies,  et  débutant  aux 
environs  du  quantum  de  la  bande  d'absorption  K  des  rayons  X. 

Le  procédé  précédent  permet  d'étudier  les  discontinuités  critiques  des 
rayons  X  indépendamment  des  rèseaitv  ciislallins ;  c'est-à-dire  qu'il  n'est 
pas  borné,  dans  son  a[iplicalion,  à  une  limite  supérieure  pour  les  longueurs 
d'onde. 


PHYSIQUE.  —  Sui  l'éclat  de  l'étincelle  élrclrique. 
Note  de  M.  L.  Bull,  présentée  par  M.  Cbarles  Ricbct. 

La  pbotoniétrie  de  1  étincelle  électrique  ne  peut  être  faite  à  l'aide  des 
méthodes  usuelles  en  raison  de  sa  courte  durée.  Et  comme  d'autre  part 
cette  source  de  lumière  n'est  guère  utilisée  que  pour  des  besoins  photogra- 
phiques, nous  avons  adopté  pour  cette  mesure  une  méthode  photométrique 
purement  photographique,  de  sorte  que  c'est  la  valeur  aclinique  de  la  radia- 
tion totale  de  l'étincelle,  par  rapporta  celle  d'une  source  connue,  que  nous 
avons  cherché  à  établir. 

Ces  ilélerminations  ont  été  faites  sur  des  étincelles  de  i^^jS  de  long,  produites  par 
la  décharge  entre  des  pointes  en  aluminium,  d'une  capacité  deo,ooo5  microfarad.  Ces 
élincelles,  qui  suffisent  pour  les  besoins  de  la  photographie  iiislantunée  et  la  cinéma- 
lographie,  se  présentent  sous  la  forme  d'un  simple  petit  trait  luminenx  et  ne  sont  pas, 
comme  les  étincelles  plus  énergiques,  entourées  d'une  auréole. 

La  source  de  comparaison  était  un  arc  au  charbon  de  13  ampères. 

La  méthode  photométrique  que  nous  avons  employée  consiste  à  projeter  côle  à  côle 
sur  une  surface  sensible,  au  moyen  de  deuv  systèmes  optiques  identiques  en  verre, 
deux  plages  de  comparaison,  formées  chacune  par  une  des  sources.  Le  rapport  de  la 
durée  de  l'étincelle  à  la  durée  de  la  pose  nécessaire  avec  l'arc  pour  produire  le  même 
noircissement  de  la  surface  sensible  est  en  raison  inverse  des  intensités  par  unité  de 
surface  des  deux  sources. 

La  mesure  directe  de  la  durée  de  l'éclaircment  eflicacc  de  l'étincelle,  en 
photographiant  celle-ci  dans  le  miroir  tournant,  est  inipossiblc  à  faire  avec 


8o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

grande  précision.  La  luminosité  des  oscillations  électriques  qui  suivent  la. 
décharge  initiale  est  relativement  faible  et  rapidement  décroissante,  de 
sorte  que  la  durée  de  l'éclairement  efficace  est  inférieure  à  la  durée  totale  de 
l'étincelle.  Etant  donné  cette  difficulté  d'appréciation  nous  avons  pris  la 
durée  totale  comme  hase  de  nos  déterminations.  Pour  les  étincelles  en 
question,  cette  durée,  mesurée  au  moyen  du  miroir  tournant,  est  de  ^^^'^^^ 
de  seconde. 

Le  temps  nécessaire  à  l'arc  pour  produire  le  même  noircissement  photo- 
graphique qu'une  seule  étincelle  est  d'environ  j^j^  de  seconde.  Le  rapport 
des  intensités  des  deux  sources  est  donc  Soooooo  :  3oooo,  ce  qui  permet  de 
conclure  que  l'éclat  actinique  de  l'étincelle  électrique  est  au  moins  i6o  fois 
celui  de  l'arc,  ou  i6  fois  celui  du  Soleil,  en  admettant  pour  ce  dernier  la 
valeur  indiquée  dans  les  traités  classiques  de  lo  fois  celle  de  l'arc. 

OPTIQUE.  —  Appareil  projetant,  en  salle  éclairée,  tout  objet  sur  écran 
de  3'"  de  côté  avec  3  ampères.  Note  de  M.  Dussaud,  présentée  par 
M.  Branly. 

Poursuivant  mes  recherches  antérieures,  j'ai  pu  construire  de  nouveaux 
appareils  qui  donnent,  avec  une  aération  extrêmement  satisfaisante,  une 
utilisation  inespérée  de  lumière. 

Le  maximum  de  rendement  lumineux  a  été  obtenu  avec  des  condensa- 
teurs à  une  ou  plusieurs  lentilles  dont  j'ai  calculé  le  foyer  en  rapport  avec 
celui  des  réflecteurs  à  l'arrière  de  la  source  lumineuse,  de  manière  à  le 
rendre  aussi  court  que  possible  (5*^'"  dans  certains  cas).  De  cette  façon, 
toute  la  lumière  de  la  source  est  concentrée  par  réflexion  sur  l'objet  à 
éclairer. 

Mes  systèmes  optiques  réalisent  les  conditions  de  précision  et  de  rende- 
ment des  microscopes  et  constituent  des  microscopes  collectifs. 

Avec  des  lampes  à  incandescence  électritjue  î  watt,  il  suffit  de  3  ampères 
sous  iio  volts  (quantité  minimum  de  courant  fournie  jiar  les  Compagnies) 
pour  projeter  les  objets  avec  leurs  formes,  leurs  couleurs,  leurs  reliefs,  leurs 
mouvements,  les  dimensions  de  la  projection  pouvant  atteindre  ç)"''  soit 
sur  un  écran,  soit  sur  toute  surface  verticale,  horizontale,  oblique,  sur 
laquelle  on  désire  les  voir  apparaître. 

L'emploi  de  mes  appareils  est  facile,  leur  volume  et  leur  poids  réduits 
permettent  de  les  tenir  à  la  main  dans  toutes  les  positions.  Dans  tout 
appartement,  une  douille  de  lampe  électrique  ordinaire  peut  servir  de 


SÉANCE    DU    29    MARS    1921.  809 

prise  de  courant.  Auciii»  réglage  n'est  nécessaire  et  Ton  peul  opérer  en 
salle  éclairée. 

Le  maximum  d'aération  a  été  obtenu  par  triple  circulation  d'air  autour 
de  la  lampe,  du  système  optique,  et  de  l'objet  projeté,  dont  la  température 
ne  s'élève  pas  au-dessus  de  25°  après  un  quart  d'heure  de  projection.  L'objet 
est  placé  sur  le  socle  de  l'appareil  qui  constitue  une  table  de  laboratoire 
éclairée  dont  les  dimensions  sont  à  volonté  de  6''"  x  (J"^'",  12'"' x  12*^'", 
2/jcm v^  24™';  toute  expérience  faite  ou  tout  dessin  tracé  sur  celle  table 
seront  projetés  au  fur  et  à  mesure  de  leur  exécution. 

Sur  cette  même  table  de  laboratoire,  illuminée  par  la  source  éclairante, 
viennent  se  présenter  tour  à  tour  des  illustrations  ou  des  textes  que  portent 
des  bobines,  des  albums  pliants  ou  des  supports  isolés,  qu'entraînent  des 
mécanismes  appropriés. 

Avec  deux  appareils  munis  de  rhéostats,  on  obtient  des  vues  fondantes 
d'objets  ou  d'images  opaques  comme  avec  des  clichés  de  verre. 

Mes  appareils  peuvent  être  utilisés  dans  les  circonstances  les  plus 
diverses. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  une  méthode  d'enregistrement  par  pliotographie 
des  réactions  chimiques  accompagnées  d^iine  variation  de  pression.  Note  (') 
de  M.  Pierre  Jombois,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Le  galvanomètre  double  de  M^L  Le  Chatelier  et  Saladin  permet  d'enre- 
gistrer par  photographie  les  points  critiques  des  alliages  métalliques  en 
dirigeant  respectivement  sur  chacun  des  galvanomètres  qui  constituent 
l'appareil  :  1"  un  courant  proportionnel  à  la  température  de  l'échantillon; 
2°  un  courant  proportionnel  à  la  différence  entre  la  température  de 
l'échantillon  et  celle  d'un  corps  qui  ne  subit  pas  de  transformations  dans 
l'intervalle  étudié. 

J'ai  cherché  à  étendre  l'emploi  de  cet  instrument  et  à  l'adapter  à  l'étude 
de  certaines  réactions.  Dans  ce  but  je  me  suis  adressé  aux  réactions  qui 
s'effectuent  avec  un  dégagement  gazeux  amenant  une  variation  dépression. 

Le  problème  consistait  à  traduire  une  pression  en  courant  électrique  d'une 
intensité  propre  à  actionner  un  galvanomètre  afin  d'obtenir  la  courbe  qui 
relie  la  température  et  la  pression.  J'y  suis  parvenu  de  la  manière  suivante. 

L'appareil  dans  lequel  s'effectue  la  réaction  est  en  communication  avec 
un  manomètre  à  mercure.  Dans  la  branche  barométrique  AB  de  ce  dernier 

(')  Séance  du  21  mars  1921. 


8io 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


est  tendu  un  fil  de  platine  fin,  -^,  de  millimètre  environ,  d'un  diauiètro  l)ion 
régulier,  de  5o""  de  longueur.  Ce  iil  est  constamment  parcouru  par  un 
courant  électrique  et  le  gahanomètre  qui  doit  enregistrer  la  pression  est 
en  dérivation  aux  bornes  A  et  B  du  111. 

Lorsque  le  mei-cure  monte  dans  la  branche  Ali,  la  longueur  du  fil  par- 
courue par  le  courant  diminue  ainsi  que   l'intensité   du  courant  dans  le 


©0 


■^^^ 


galvanomètre  G.,.  Un  calcul  simple  montre  que  le  courant  est  sensiblement 
proportionnel  à  la  longueur  du  fil  extérieure  au  mercure  quand  les  résis- 
tances R  et  R'  sont  grandes  par  rapport  à  celle  du  fil.  Nous  avons  pris 
comme  valeur  de  ces  résistances  R  =  4xio'i2,  R'=i5oO.  (La  résis- 
tance des  galvanomètres  est  de  l'ordre  de  5bù.)  La  force  électromotrice  l' 
nous  a  été  fournie  par  un  élément  Daniell  et  s'est  montrée  très  suffisamment 
constante  pendant  la  durée  d'une  expérience. 

G /'ad  nation  de  l  appareil.  —  Le  gahanomètre  (|  ni  donne  les  lempérnlures  est  •;r,idué 
à  la  manière  habituelle  en  enregistrant  des  températures  de  fiisioi  et  d'ébullilion 
connues.  Le  galvanomètre  G,  a  été  gradué  evpérimenlalement  en  mesurant  au  catlièlo- 
mètre  la  différence  de  niveau  du  mercure  et  en  faisant  décrire  an  point  lnniineu\  un 
Irait  à  piession  constante  et  à  température  vaii;il)le.  .l'ai  pris  de  la  xu  le  [ihi-ieurs 
points;  la  longueur  Ine  sur  le  cliché  fui,  à  moins  île  i  pour  loo  |)iès,  pro|)oi'lionn('lle  à 
la  piession. 

IHspii^llif  de  citaii l]'ii:^c.  — .1  ai  disposé  la  matière  à  étudier  ilaiis  nn  creuset  (1  formé  ■ 


SÉANCE  DU  29  MARS  1921.  81  I 

d'une  substance  appropriée.  Le  creuset  est  placé  au  moyen  d'un  tube  Iv  an  centre  d'un 
tube  de  porcelaine  vernissée  chaufl'é  électriquement  par  un  four  F.  A  la  partie  supé- 
riiHire  du  tube  de  porcelaine,  on  raasli(|ue  une  pièce  de  verre  G  donnant  passage  à  un 
tube  I  en  silice  fondue  transparente  destiné  à  contenir  la  pince  thermo-électrique. 
Le  masliquage  est  refroidi  éventuellement  par  un  courant  d'eau  II.  La  partie  inférieure 
du  tube  est  fermée  par  un  creuset  de  porcelaine  D  au  fond  duquel  on  introduit  les 
réactifs  absorbants  qui  peuvent  faciliter  l'étude  de  la  réaction  (P-0'  dans  le  cas  de 
la  réduction  d'un  oxyde  par  l'hydroiiène). 

Une  soudure  latérale  M  permet  de  faire  le  vide  dans  l'appareil  ou  d'y  introduire  les 
gaz  nécessaires  à  l'expérience. 

Ustiiics  de  Vapvareil.  —  Cet  appareil  permet  d'enregislrer  en  une  seule 
opération  la  tension  de  vapeur  d'un  corps,  la  tension  de  dissociation  d'un 
composé.  En  adjoignant  une  horloge  qui  interrompt  périodiquement  le 
faisceau  lumineux  du  galvanomètre  double,  le  temps  est  inscrit  sur  les 
clichés.  On  peut  ainsi  comparer  les  vitesses  de  réactions  et  mesurer,  pour 
une  vitesse  d'échaufTement  donnée,  la  température  à  laquelle  une  réaction 
prend  une  vitesse  appréciable  (température  de  réduction  par  l'hydrogène, 
par  l'oxyde  de  carbone,  réduction  d'oxydes  par  le  charbon,  etc.).  De  plus, 
quand  dans  une  réaction  il  se  forme  plusieurs  composés,  les  accidents  de  la 
courbe  peuvent,  dans  certains  cas,  permettre  d'en  prévoir  le  nombre. 

Ce  dispositif  qui  permet  d'enregistrer  les  pressions  en  fonction  des  tem- 
pératures peut  encore  être  géiléraiisé.  J'ai  établi  un  appareil  qui  permet 
d'enregistrer  le  temps  sur  un  des  galvanomètres  par  un  principe  analogue 
fondé  sur  l'emploi  d'un  vase  de  Mariotte  et  d'un  fil  de  platine  dont  on  fait 
varier  la  longueur  électriquement  utile.  On  conçoit  que  chaque  fois  qu'on 
sait  traduire  électriquement  un  phénomène,  le  galvanomètre  double  en 
permet  l'enregistrement.  C'est  ainsi  que  la  conductibilité  électrique  des 
électrolytes,  des  alliages  peut  être  enregistrée  en  fonction  d'autres  gran- 
deurs. Une  généralisation  présentant  une  grande  importance  résulterait 
de  la  découverte  d'un  dispositif  simple  qui  permettrait  de  traduire  une 
masse  en  courant  électrique. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  géo/oiiie  et  la  géographie  physique  de  la  dépression  du 
Rio  Guadiato  (Sierra  Morena,  Espagne).  Note  de  M.  Henuy  Joly,  pré- 
sentée par  M.  Pierre  Termier. 

Le  Rio  Guadiato  occupe  une  dépression  d'une  dizaine  de  kilomètres  de 
largeur  qui  coupe  obliquement,  suivant  une  direction  ONO-ESE,  la  chaîne 


8r-  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  Sierra  Morena.  Un  voyage  récent  dans  celte  région  m'a  permis 
d'étudier  les  causes  de  cette  dépression  :  elles  doivent  être  recherchées  dans 
la  constitution  tectonique  de  la  région  ainsi  que  dans  la  nature  pétrogra- 
phique  des  sédiments  qui  viennent  affleurer  à  la  surface  du  sol,  grâce, 
précisément,  à  celte  structure  tectonique.  On  peut  d'ailleurs  expliquer  aussi 
bien  la  géographie  physique  de  l'ensemble  de  la  vallée  du  (îuadialoque 
celle  des  détails  particuliers  et  pittoresques  qui  iiiouvementent  sa  dépres- 
sion. 

De  Fucnteovejuna  jusqu'à  quelques  kilomètres  à  l'est  de  la  station 
d'Algondiguilla,  le  Guadiato  coule,  en  suivant  la  direction  des  plissements 
hercyniens  orientés  ESE-ONO,  sur  des  affleurements  dévoniens  et  carbo- 
nifères. Puis,  jusqu'à  son  confluent  dans  le  Guadalquivir,  il  traverse  le 
massif  siluro-cambrien  delà  Sierra  de  los  Santos,  et  abandonne  la  direction 
hercynienne  et  la  dépression.  Celle-ci  se  continue  suivant  les  plis,  mais 
considérablement  atténuée. 

La  nature  pétrographique  des  sédiments  suffirait  presque  seule  à  motiver 
cette  orientation  du  cours  du  Guadiato;  en  effet,  cette  rivière  occupe  un 
synclinal  de  Dévonien  et  de  Carbonifère  à  assises  peu  résistantes,  appuyé 
au  iNord  et  au  Sud  sur  des  massifs  montagneux  de  Siluro-cambrien  à  faciès 
de  phyllades,  micaschistes  et  quartzites.  Le  changement  de  cours  vers  le 
Sud  que  le  Guadiato  effectue  quand,  à  quelques  kilomètres  à  l'est  de  la 
station  d'Algondiguilla,  il  entre  dans  le  massif  siluro-cambrien,  s'explique 
par  le  changement  de  faciès  important  présenté  par  les  sédiments  houillers 
de  l'Est  à  l'Ouest.  .En  elTet,  le  Carbonifère  est  constitué  en  gros,  dans  la 
région  d'I'^spiel,  à  la  base  par  une  série  puissante  de  conglomérats  et  de  grès 
avec  quelques  rares  couches  de  schiste  et  de  houille,  et,  au  sommet,  par 
une  série  assez  puissante  de  macignos  et  de  calcaires  que  surmontent  des 
schistes -argileux. 

Mais,  plus  on  se  dirige  à  l'Est,  plus  s'accuse  le  caractère  détritique  cl 
grossier  des  sédiments,  par  conséquent  plus  s'accroît  leur  capacité  de  résis- 
tance à  l'érosion;  au  contraire,  à  l'ouest  d'Iilspiel,  les  assises  deviennent 
schisteuses  et  puissantes.  Aux  environs  de  Belmez  et  jusque  Penarroya  et 
Fuenleovejuna,  c'est  une  plaine  très  peu  ondulée  contrastant  d'une  façon 
frappante  avec  les  montagnes  qui  la  limitent  au  Nord  et  au  Sud,  que 
forment  les  affleurements  carbonifères  auxquels  s'ajoutent,  au  Sud,  ceux 
du  Dévonien,  lui  aussi  en  majeure  partie  schisteux. 

Au  milieu  de, cette  plaine,  se  trouvent,  extraordinairemenl  alignés,  des 
pitons  élevés  et  abrupis,  de  calcaire  carbonifère,  à  strates  inclinées  vers  le 


SFANCE   DU   29   MARS    1921.  8l3 

Nord,  et  qui  forment  trois  massifs  très  pittoresques  avec  leurs  murailles 
blanches  tranchant  sur  l'aspect  sombre  des  autres  montagnes;  ces  trois 
massifs  sont  :  la  Sierra  de  Castillo  au  sud  d'Espiel,  la  Sierra  Pnlacios  près  de 
Cabeza  de  Vaca  et  le  Piton  de  Belinez. 

Près  de  Villanueva  del  Rey,  se  remarque  une  curieuse  avancée  dans  la 
plaine,  de  la  montagne  silurienne  du  Sud,  avancée  qui  semble  en  relation 
avec  une  croupe  silurienne  allongée,  isolée  entre  Villanueva  del  Key  et  la 
station  d'Espiel,  sur  la  rive  Sud  du  Guadiato.  Puis,  plus  à  l'Est  encore,  on 
remarque  une  nouvelle  croupe  de  même  aspect  et  de  même  âge,  le  Cerro 
Cabello,  allongé  dans  la  direction  hercynienne;  enfin,  le  Cerro  Cabello  est 
suivi  d'un  massif  montagneux  rectiligne,  qui  se  dirige  vers  l'Est. 

Or  le  vaste  synclinal  de  Dévonien  et  de  Carbonifère  dont  on  a  parlé  est, 
en  réalité,  un  synclinal  (composé  de  plusieurs  plis  et  d'une  faille  de  décro- 
chement) couché  vers  le  Nord  et  écrasé  au  Sud  sous  le  recouvrement  de 
deux  lames  de  charriage  superposées,  la  première,  la  plus  inférieure,  étant 
constituée  par  du  Dévonien  charrié  sur  le  Carbonifère;  la  seconde,  par  du 
Siluro-cambrien  charrié  lui-même  sur  le  Dévonien. 

La  présence  des  divers  pitons  de  calcaire  carbonifère  ou  de  croupes  de 
Silurien  s'éclaire  maintenant  d'une  manière  parfaite  :  les  croupes  de 
Silurien  sont  des  lambeaux  de  la  2"  nappe  de  charriage,  posés  sur  le  Dévo- 
nien ou  sur  le  Houiller,  et  les  trois  pitons  calcaires  sont  les  restes,  les 
témoins,  sinon  de  la  nappe  dévonienne  elle-même,  du  moins  d'un  lambeau 
de  poussée  de  cette  nappe.  Le  tout  rappelle  donc  la  disposition  classique 
des  klippes,  et  c'est  leur  nature  exotique  qui,  jointe  à  leurs  caractères 
pélrographiques,  a  permis  à  ces  massifs  isolés  de  rester  en  l'elief. 

Il  ne  reste  plus  maintenant  qu'un  mol  à  dire  sur  le  prolongement  de  la 
dépression  dévonienne  et  carboniférienne  à  l'est  de  Villaharta  : 

Entre  Castillo  de  la  mano  de  hierro  et  la  vallée  du  Guadalbarbo  au  Nord 
et  à  l'Est,  s'étend  une  région  sauvage  et  montagneuse  dans  laquelle  on 
distingue  nettement  une  vaste  plaine  basse,  fortement  modelée  cependant 
par  l'érosion,  où  règne  un  substratum  dévonien  et,  la  limitant  au  Nord, 
une  barre  de  hauteurs  plus  considérables,  d'aspect  plus  sauvage,  et  de 
relief  plus  brutal,  où  l'on  reconnaît  les  formes  du  terrain  des  montagnes 
siluro-cambriennes.  Cette  barre  donne  l'impression  de  reposer  sur  la  plaine 
dévonienne  dont  elle  se  sépare  à  l'onl  à  distance,  sur  une  très  grande  éten- 
due, par  une  ligne  horizontale;  de  fait,  celte  barre  n'est  autre  chose  qu'un 
lambeau,  conservé  par  l'érosion,  de  la  nappe  siluro-cambrienne  superposée 
à  la  nappe  dévonienne;  c'est  le  massif  étroit  signalé  plus  haut. 

En  résumé,  la  dépression  du  Guadiato  est  due  à  la  structure  tectonique 


8l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  cette  partie  de  la  Sierra  Morena,  qui  rappelle  celle  du  bassin  houiller 
franco-belge.  L  aspect  physique  traduit  la  structure  géologique  ainsi  que 
la  variation  de  faciès  du  Houiller;  elle  se  complique  en  outre  de  témoins 
de  deux  nappes  de  charriage,  véritables  massifs  exotiques  semés  sur  la 
plaine,  et  qui  donnent  à  cette  région  une  physionomie  spéciale  et  inat- 
tendue. 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Découverte  du  genre  Plinthiotlieca  Zeiller 
dans  le  Westphalien  du  nord  de  la  France.  Note  de  M.  Alfred  Carpex- 
TiER,  présentée  par  M.  G.  Bonnier. 

Sous  le  nom  de  Plinthiotheca,  René  Zeiller  a  désigné  un  limbe  elliptique, 
très  épais,  probablement  pelté,  couvert  sur  toute  sa  surface  de  capsules 
longues  de  i"""'  à  i""",  j  et  réunies  par  quatre  en  groupes  contigus  à  contour 
carré  (').  L'échantillon  unique  provient  de  l'étage  des  Caradons,  Westpha- 
lien supérieur  du  bassin  houiller  d'Héracléo  (Asie  Mineure). 

Nous  avons  récemment  découvert  un  limbe  fertile  de  même  genre  à  la 
fosse  n"  9  des  mines  de  Béthune  (Pas-de-Calais),  sur  une  plaque  schisteuse 
où  gisent  de  nombreuses  folioles  du  Linopteris  obliqua  Bunbury  sp.  Ce 
microsporophylle,  de  forme  elliptique,  mesure  21"""  de  longueur  sur  n™" 
de  largeur;  les  microsporanges,  groupés  par  quatre,  longs  de  1°""  au 
moins,  offrent  une  ligne  médiane  correspondant  sans  doute  à  la  ligne  de 
déhiscence;  sur  le  pourtour  du  limbe,  les  microsporanges  marginaux  sont 
étalés  vers  l'extérieur.  D'après  nos  études  anléri^eures  (  - ),  nous  avons  de 
bonnes  raisons  de  croire  qu'il  s'agit  là  d'un  microsporophylle,  en  parfait 
état  de  maturité,  du  Linopteris  obliqua^  bien  que  la  fréquence  remarquable 
du  Nevropteris  rarinenis  Bunb.  et  du  A^.  tenuifolia  Schloth.  dans  la  zone 
supérieure  du  Westphalien  du  Pas-de-Calais,  commande  une  certaine 
réserve.  On  sait,  en  effet,  d'après  les  recherches  de  Grand'Eury,  de 
M.  Paul  Bertrand  et  les  nôtres,  que  plusieurs  Névroptéridées  (')  a\ aient 
pour  organes  staminaux  des  disques  fdjreux  épais. 

(')  R.  Zeillrr,  Elude  sur  la  Jlore  fossile  du  bassin  houiller  d^ Héraclée  {Mém. 
Soc.  géol.  de  France  :  Paléont.,  1899;  n"  21,  p.  54;  pi-  IN,  fig-  18,  18  A). 

(-)  Cf.  f-tecue  générale  de  fiotanùjue,  t.  23,  191 1.  p.  i3.  —  Méni.  Soc.  géol.  du 
Nord,  t.  7,  II,  1913,  p.  387-389. 

(^)  P.  Bertrand,  f^es  fructifications  de  Néi^roptéridées  recueillies  dans  le  terrain 
houiller  du  nord  de  la  France  {Ann.  Soc.  géol.  du  Nord,  t.  V2.  p.  ip.â-iag  el  iSa- 
140).  —  .4. -G.  Sbward,  Fossil plants,  111,  1917,  p.  1 1  i-i  i3. 


SÉANCE    DU    29    MAUS    1921.  8l5 

Comme  il  résulte  de  nos  études,  les  microsporopliylles  du  Ncxropleris 
gt)>antt'ti  Slernl).  étaient  couverts  de  microsporanpfos  en  groupes  denses, 
sériés,  partiellement  enfouis  dans  l'épaisseur  du  limbe 5  les  microspo- 
ranges marginaux  sont  généralement  les  seuls  bien  visibles  sur  nos  spéci- 
mens, qui  proviennent  surtout  de  la  fosse  n°6  des  mines  de  Nœux  (Pas-de- 
Calais  ). 

Une  question  importante  :  Quelle  face  du  limbe  porte  les  microspo- 
ranges? L'examen  de  microsporophylles  isolés  ne  peut  fournir  la  solution. 
Mais  M.  Kidston  a  signalé,  dans  le  Westpbalien  de  Coseley,  près  Dudiey 
(StafTordsbire),  un  fragment  de  fronde  portant  des  microsporophylles  sem- 
blables et  une  pinnule  de  Ne^ropteris  en  connexion  (  '  ).  Les  microsporanges 
recouvrent,  d'après  lui,  la  face  supérieure  du  limbe  fertile. 

Par  ce  caractère,  ces  disques  mâles  différeraient  des  Crossothcca  et  des 
Aslerothccn  liouillers  dont  on  lésa  rapprochés;  ils  se  distingueraient  de  même 
des  étamines  des  Cycadées,  qui  portent  sur  la  face  dorsale  les  sacs  polli- 
niques,  groupés  en  sores  de  trois  à  six.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  noter 
à  ce  sujet  que  chez  les  Bennettitales  mésozoïques  (Cycadocephalus ,  Wel- 
trlchia,  Williamsonia  iv/iùbiensis  ISath.)  les  synangiums  sont  situés  à  la  face 
ventrale  des  microsporophylles,  comme  il  résulte  des  belles  éludes  du 
regretté  Nathorst,  de  MM.  Wieland  et  Hamshaw  Thomas. 

En  tout  cas,  les  microsporophylles  de  ces  Névroptéridécs  (Linopù'ris 
obliqua,  Nevropteris  gigantea)  sont  des  folioles  transformées,  se  distinguant 
des  pinnules  végétatives  ordinaires  par  leur  fornrie  et  par  l'épaississement 
et  la  fibrosité  remarquables  de  leur  limbe.  Les  microsporanges  sont  groupés 
el  occupent  toute  la  surface  des  folioles  fertiles  à  maturité. 


BOTANIQUE.  —  Sur  des  croisements  de  pois  à  cosses  colorées. 
Note  de  M.  Jacques  de  Vilmorin,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

On  sait  ([u'il  existe  des  variétés  de  pois  (à  fleurs  colorées)  dont  les  cosses 
sont  plus  ou  moins  violacées,  ou  même  entièrement  violettes;  cette  colora- 
tion étant  dominante  sur  le  type  à  cosse  verte. 

Ce  caractère  «  cosse  violette  »  peut  être  superposé  à  «  cosse  jaune  »  (ce 
dernier  caractère  étant  récessif  T^diV  rapport  à  «  cosse  verte  »  comme  Mendel 


(')   H.  KiDSTO.v,    On  the  fossil  Jlora    of    the  Staffordshire    coal  fields,   Pari    3 
{Trans.  Roy.  Soc.  Edinburgli,  vol.  .50,  l^arl  I,  igi^.  P-   ii2-ii5,  pi.  ^'1II,  fig.  1-7) 


LISR  AR  Y— ) 


8l6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

lui-même  Ta  montré).  On  obtient  alors  un  curieux  coloris  rouge  vif  très 
ornemental  ('). 

Dans  la  descendance  de  divers  croisements  faits  à  Verrières,  des  plantes 
à  fleurs  blanches  furent  remarquées  qui  présentaient,  sur  leurs  très  jeunes 
cosses  vertes,  de  faibles  traces  de  violet;  ou,  lorsqu'il  s'agissait  de  plantes 
à  cosses  jaunes,  de  très  faibles  traces  de  rose. 

Cette  coloration  était  d'ailleurs  très  fugace  et  disparaissait  rapidement 
avec  le  développement  des  cosses.  Sutlon  avait  également  fait  la  même 
observation. 

Il  s'agissait,  sans  aucun  doute,  d'un  cas  semblable  à  celui  signalé  pour 
la  première  fois  par  Lock  (-),  dans  lequel  des  plantes  à  fleurs  blanches 
possédaient  des  grains  dont  le  tégument  incolore  montrait  cependant  de 
faibles  traces  de  «  marbrures  ».  La  marbrure  entièrement  développée  ne 
pouvant  apparaître  que  sur  des  plantes  à  Heurs  colorées.  C'est  ce  que 
Lock  avait  appelé  le  ghost  de  la  marbrure. 

Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  il  paraissait  donc  évident  que  la  coloration 
violette  des  cosses  pouvait  être  transportée  par  les  plantes  à  llcurs  blanches, 
mais  demandait,  pour  se  manifester  complètement,  que  les  facteurs  de 
pigmentation  soient  apportés  par  les  plantes  à  fleurs  colorées. 

Donc,  en  croisant  ces  plantes  à  fleurs  blanches  et  à  cosses  faiblement 
teintées,  avec  des  plantes  à  fleurs  colorées,  mais  à  cosses  vertes,  on  devait 
obtenir,  si  l'hypothèse  était  exacte,  une  première  génération  de  plantes 
n'ayant  que  des  cosses  violettes. 

C'est  ce  qui  s'est  produit.  Un  croisement  fait  en  1917  entre  un  pois  à 
fleurs  blanches  et  à  jeunes  cosses  faiblement  teintées  de  rose,  et  le  Pisuni 
elatius  (à  fleurs  pourpres),  mais  à  cosses  vertes,  nous  a  donné  trois  plantes, 
toutes  trois  à  cosses  violettes. 

Un  autre  croisement  fait  la  même  année,  mais  en  employant  C(mime  pèie 
une  plante  à  fleurs  colorées  (roses)  et  cosses  vertes,  nous  a  donné  une  seule 
plante,  également  à  fleurs  colorées  (pourpres)  et  à  cosses  violettes. 

Par  suite  de  la  diversité  des  caractères  apportés  par  les  plantes  croisées, 
la  seconde  génération  de  ces  croisements  a  présenté,  comme  il  fallait  s'y 
attendre,  une  variation  intense,  aussi  bien  dans  le  coloris  des  cosses  qui 
étaient,  suivant  les  plantes,  vertes,  violettes  ou  violacées,  jaunes  ou  rouges 

(')  I'Éiu.iPPE  Di!  Vilmorin,  Présenta lii^n  de  pois  à  cosses  longes  {Journal  Soc.  liai. 
Horliciillure  de  France,  '9'2,  p.  571). 

(-)  It.-II.  Lock,  Rrccnl  l'roi^rcss  in  llie  stiidy  <;/'  Id/ia/iun,  llrredily  and  Evolu- 
tion, 1909,  p.  2o5. 


SÉANCE    DU    29    MARS    I921.  8 17 

(violet  suf  jaune),  que  dans  la  couleur  des  (leurs  qui  étaient  soit  blanches, 
soit  colorées  (pourpre),  avec  en  outre  des  |)lantes  à  Heurs  roses  dans  la 
descendance  du  second  croisement.  • 

Il  y  avait  également  des  différences  dans  le  coloris  du  s:rain  à  maturité 
qui  pouvait  être  soit  grenat  marbré  ou  grenat  uni  (le  Pisnin  elatius  employé 
comme  père  étant  à  grain  marbré),  soit  rond  blanc  ou  blanc  obscurément 
marbré  chez  les  plantes  à  fleurs  blanches  (cf.  Lock). 

Dans  le  second  croisement,  le  grain,  au  lieu  d'être  grenat  uni  ou  marbré, 
était,  chez  les  plantes  à  fleurs  colorées,  roux  moucheté  ou  roux  uni. 

Tous  ces  caractères  se  présentaient  en  proportions  évidemment  mendé- 
liennes  ;  mais  le  petit  nombre  d'individus  en  seconde  génération  n'a  pas 
permis  l'établissement  des  nombres,  et  l'expérience  n'avait  d'ailleurs  pour 
but  que  l'examen  des  plantes  de  première  génération. 

Parmi  les  cas  nombreux  où  il  a  été  constaté,  à  l'aide  de  croisements, 
l'existence  de  caractères  latents  ou  cryptomères',  chez  les  plantes  et  chez  les 
animaux,  on  peut  évidemment  en  rencontrer  beaucoup  où  cette  a  latence  » 
peut  être  reconnue  par  l'observation  directe  et  se  trahir,  pour  ainsi  dire, 
par  de  légers  détails.  Il  pouvait  cependant  être  intéressant  de  signaler, 
après  l'exemple  classique  de  Lock  (pois  à  grains  blancs  obscurément 
marbrés),  celui  des  pois  à  fleurs  blanches  ayant  des  cosses  vertes  avec  de 
très  faibles  traces  de  coloration  violette. 


ANATOMIE  COMPARÉE.    —  Sur  quelques  différences  sexuelles  clans  le  squele lie 
des  membres  supérieurs.  Note  (')  de  M.  A. -A.  MENDiis-CouuÈA. 

On  a  trouvé  nombre  de  caractères  sexuels  dans  les  os  du  bassin  et  de  la 
colonne  lombaire  et  dans  quelques  autres  parties  du  squelette  humain.  Mais 
on  ne  peut  que  chez  les  premiers  établir  des  règles  générales  pour  une  dis- 
tinction sûre  du  sexe.  Ainsi  les  difîérences  indiquées  dans  le  crâne  sont 
loin  de  permettre  un  degré  de  certitude  suffisante  dans  la  plupart  des  cas. 

Ni  les  dimensions  absolues,  ni  le  poids,  la  robustesse,  le  développement 
des  saillies  osseuses,  etc.  suffisent  souvent  pour  le  diagnostic  certain  du 
sexe.  11  faut  invoquer  d'autres  données  qui  ne  fournissent  pas  en  général  des 
résultats  plus  que  probables. 

Cependant  il  y  a  des  avantages  à  rassembler  des  données  sur  les  différents 

(')   Séance  du   i4  mars  1921. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N»  13.)  "' 


8l8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

OS  el  je  crois  que  sous  ce  point  de  vue  ce  sont  les  os  des  membres  supérieurs 
qu'on  a  étudiés  le  moins. 

Au  cours  de  mes  études  do  rostéométrie  portugaise,  j'ai  trouvé  quelques 
difl'érences  entre  les  moyennes  masculines  et  celles  féminines  de  plusieurs 
indices  des  os  des  membres  ihoraciques. 

Ces  études  reposent  sur  des  squelettes  identifiés  au  point  de  vue  du  sexe, 
âge  et  provenance,  et  encore  sur  quelques  douzaines  d'os  isolés,  sûrement 
portue^ais  aussi,  dont  j'ai  cherché  à  établir  le  sexe  en  les  comparant  avec  les 
os  identifiés.  Cependant  j'ai  distingué  les  moyennes  déterminées  sur  les  os 
identifiés  de  celles  déterminées  sur  la  totalité  des  séries,  et  d'autre  part  je 
ne  considère  pas  établies  les  difTérences  qui  ne  soient  pas  assez  grandes  en 
rapport  à  leurs  écarts  types  [sUindarr/ déviation  (')]. 

J'ai  mesuré  92  clavicules,  70  omoplates,  ii3  humérus,  100  radius  et 
88  cubitus. 

Dans  la  clavicule,  c'est  l'indice  total  de  l'os  (rapport  centésimal  du  péri- 
mètre de  la  diaphyse  à  la  longueur  de  l'os),  celui  ou  j'ai  trouvé  des 
dillerences  sexuelles  significatives  :  il  est  en  moyenne  plus  grand  chez 
l'homme  que.  chez  la  femme,  ce  qui  est  d'accord  avec  les  difTérences  de 
robustesse  des  deux  sexes  (-).  L'indice  de  la  courbure  ne  fournit  pas  de 
résultats  intéressants  sous  ce  rapport,  ce  qui  est  en  opposition  à  l'avis  de 
plusieurs  analomistes.  Il  n'y  a  de  même  pas  de  différences  statistiquement 
significatives  dans  les  indices  de  la  diaphyse  et  ctavio-huméral;  il  ne  faut 
donc  pas  nous  étonner  de  ce  que  mes  résultats  sur  cet  indice-ci  et^ceux  de 
Ilrdiicka  chez  les  Indiens  de  Munsee  soient  en  opposition  avec  ceux  de 
Pasleau  et  de  Broca  chez  les  Blancs  et  les  Nègres,  au  point  de  vue  des 
différences  sexuelles.  Si  l'on  fait  l'analyse  de  la  signification  statistique  des 

(')  D'après  la  formule 

où  (j\  représente  l'écart  type  de  In  premiers  séiie,  «,  le  nombre  des  cas  de  celle  série, 
el  ^2  el  «2  1^*  valeurs  correspondantes  de  la  série  comparée  à  la  première. 
Je  crois  inulile  de  rappeler  les  règles  de  l'application  de  cette  formtde. 

J'ai  calculé  la  valeur  de  a  dans  chaque  série  d'après  la  formule  a  ;=  i  /  ~ — ,  où  2jc- 

'  '  y      /i 

représente  la  somme  des  carrés  des  écarts  individuels  el  n  le  nom|3re  des  cas  de  la  série. 

Ce  sont  des  formules  bien  connues  des  antliropologisles. 

{')  Celle  Noie   ne  conlienl  que  les  conclusions  de  mon  étude.  Les  chillres,  trop 

nombreux,  seront  publiés  dans  un  autre  Mecueii. 


SPANCE   DU    29   MARS    I921.  8l() 

(liiTérences,  on  verra  peut-être  aisément  qu'elles  n'ont  pas  la  valeur  (pi'on 
supposait. 

Les  indices  de  romo[)latc  donnent  des  éléments  importants,  surtout  les 
indices  spino-acromial  et  de  la  cavité  glénoïde.  Mais  l'indice  scaj)ulaire, 
d'accord  avec  les  résultats  de  Livon,  est  aussi  nettement  plus  grand  en 
moyenne  chez  la  femme  que  chez  l'homme  :  l'omoplate  masculin  est  plus 
étroit  et  plus  long  que  le  féminin.  Quant  à  l'indice  spino-acromial  (qui 
établit  le  rapport  de  la  largeur  de  l'acromion  avec  le  développement  de 
l'épine),  on  remarcjue  son  évidente  supériorité  en  moyenne  chez  l'homme, 
ce  qu'on  pourra  peut-être  interpréter  comme  une  conséquence  de  la  supé- 
riorité de  l'activité  fonctionnelle  des  muscles  du  bras  dans  le  sexe  masculin. 
Enfin  la  cavité  glénoïde  est  relativement  plus  large  et  plus  basse  chez 
l'homme  que  chez  la  femme,  où  elle  est  moins  circulaire. 

Il  est  vraiment  curieux  qu'à  cette  différence  sexuelle  de  la  cavité  glé- 
noïde ne  réponde  pas  une  différence  sensible  et  parallèle  dans  l'indice  de 
la  section  de  la  tête  numérale.  Dans  l'humérus  seuls  les  indices  de  robus- 
tesse et  épicondylo-trochléen  présentent  des  dilT'érences  impoitantes.  Celui- 
là  (qui  est  le  rapport  centésimal  entre  le  périmètre  de  la  diaphyse  et  la 
longueur  de  l'humérus)  exprime  naturellement  la  supériorité  physique  de 
l'homme  relativement  à  la  femme.  Par  contre,  l'indice  épicondylo-trochléen 
(rapport  centésimal  de  la  largeur  de  la  trochlée  à  la  largeur  de  l'extrémité 
inférieure  de  l'os)  est  plus  grand  chez  la  femme  que  chez  l'homme.  Je  ne 
peux  pas  interpréter  cette  dilîérence  de  développement  relatif  de  la  trochlée 
dans  les  sexes. 

Dans  le  radius  et  dans  le  cubitus  il  y  a  des  différences-  sexuelles  des 
indices  de  robustesse,  mais  elles  n'ont  pas  une  valeur  statistique  semblable 
à  gauche  et  à  droite.  L'indice  de  la  diaphyse  du  radius  (rapport  centésimal 
de  l'épaisseur  de  la  diaphyse  à  sa  largeur)  est  un  meilleur  caractère  sexuel  : 
il  est  plus  grand  chez  l'homme,  qui  a  un  radius  plus  épais  et  moins  aplati 
que  la  femme.  L'indice  ante-braqnial  qui  donne  le  rapport  de  la  longueur 
du  radius  à  celle  de  l'humérus,  fournit  dans  la  série  portugaise  des  résultats 
qui  sont  d'accord  avec  les  constatations  des  autres  auteurs  que  le  radius 
féminin  est  un  peu  plus  court  en  rapport  à  l'humérus  que  le  masculin.  La 
courbure  radiale  à  sou  tour  est  peut-êlrc  un  peu  plus  accentuée  chez  la 
femme  que  chez  l'homme. 

L'indice  de  la  diaphyse  cubitale  donne  des  résultats  semblables  à  ceux 
de  la  diaphyse  radiale  :  le  cubitus  masculin  est  relativement  bien  plus  épais 
et  moins  aplati.  Les  résultats  relatifs  à  l'indice  de  l'olécrane  ne  sont  pas 


820  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

homogènes  à  gauche  et  à  droite  :  on  remarque  des  difTérences  discordantes 
(ju'il  faut  soumettre  à  de  nouvelles  observations. 

Mon  étude  se  basant  sur  des  squelettes  portugais,  il  faudra  certainement, 
avant  la  généralisation  de  tous  mes  résultats,  en  contrôler  quelques-uns 
dans  d'autres  populations.  Mais  on  doit  le  faire  avec  une  rigoureuse  analyse 
critique  de  la  valeur  et  de  la  signification  statistique  des  moyennes  et  des 
différences  déterminées. 

PHYSIOLOGIE.  —  Proprièlès  physiologiques  des  acides  /luc/e'if/iies  des  ganglions 
lymphatiques  et  du  thymus.  Conditions  pour  obtenir  un  acide  thymo- nucléique 
très  actif  sur  le  sang.  Note  de  M.  Doyox,  présentée  par  M.  Charles 
Richet. 

I.  Dans  des  Notes  antérieures  j'ai  indiqué  les  acides  nucléiques  de 
l'intestin  et  du  pancréas  comme  particulièrement  favorables  à  la  prépara- 
tion d'un  plasma  sanguin  stable.  Toutefois  le  rendement  de  ces  organes  en 
acide  nucléique  est  très  faible.  Il  en  est  de  même  pour  la  mamelle  de  la 
vache. 

L'acide  nucléique  du  foie  est  un  peu  soluble  dans  l'alcool  acide,  ce  qui 
complique  l'épuration  et  entraîne  des  pertes.  De  plus,  il  est  nécessaire  de 
débarrasser  au  préalable  le  foie  du  glycogène  qu'il  contient  en  abandonnant 
par  exemple  l'organe  à  l'étuve  pendant  quelques  heures  en  présence  de 
thymol.  Il  est  aussi  assez  difficile  de  débarrasser  entièrement  Tacide  qu'on 
extrait  du  foie  de  toute  coloration  jaune. 

[I.  Je  recommande  tout  particulièrement  les  ganglions  lymphatiques  du 
bœuf  pour  l'extraction  d'un  acide  nucléique  très  actif  sur  le  sang. 

U  e-:t  facile  de  se  piocurer  les  gaciglioiis  du  méseiilère  en  abondance.  1!  fanl  enlever 
avec  soin  les  membranes  el  la  graisse  qui  entourent  ces  ganglions.  On  prépare  l'acide 
suivant  la  méthode  de  Neuman  (').  On  obtient  un  acide  très  blanc  contenant,  suivant 
les  échantillons  de  provenance  différente,  9,;")  à  10, 5  pour  100  de  phosphore.  Le  ren- 
dement est  supérieure  i  pour  100.  J'utilise  cet  acide  de  la  manière  habituelle  :  oe,  i 
est  dissous  dans  un  tube  de  centrifuge  dans  5"^'°'  de  solulion  alcaline  faible  (eau  dis- 
tillée, 1000;  cliiorure  de  sodium,  !\\  carbonate  de  soude,  5);  le  tube  taré  est  placé  sur 

{' )  On  additionne  i''"  d'organe  brojé  de  :  eau,  2';  acétate  de  soude,  yoû"^"'';  lessive 
de  soude,  33™'.  On  chaiifTe  pendant  2  heures  au  bain-marie  bouillant.  Fillration  à 
chaud.  On  ramène  au  bain-marie  à  Sco™'.  On  ajoute  ensuite  un  volume  égal  d'alcool 
à  çp".  Après  24  lieures,  le  précipité  est  séparé,  dissous  dans  Sno"^'"'  d'eau.  On  chauffe 
pendant  au  moins  une  demi-heure  jusqu'à  précipitation  complète  des  phosphates.  On 
filtie  à   chaud.  Le  fiilrat    est   additionné   d'un  volume   égal   d'alcool  à   go".   Si    aucun 


SÉANCE    DU    29    MARS    I92I  821 

le  plateau  d'une  balance  pour  recevoir  20s  de  sang  dérivé  directemenl  de  la  carotide 
d'un  chien.  Le  mélange  est  agité  vigoureusement,  puis  centrifugé  à  grande  vitesse.  On 
obtient  un  plasma  très  stable,  limpide  et  incolore.  Ce  plasma  ne  coagule  pas  sous 
rinduence  du  sérum  seul  ou  du  chlorure  de  calcium  seul.  11  coagule  en  masse,  en 
■'.  ou  3  heures,  après  addition  simultanée  ou  successive  de  sérum  et  de  chlorure  de 
calcium.  La  solution  d'acide  nucléique  peut  être  conservée  en  présence  de  thjmus 
pendant  des  semaines  et  peut-être  indéfiniment  sans  perdre  ses  propriétés  physio- 
logiques (  '). 

III.  Le  rendement  du  thymus  de  veau  en  acide  nucléique  est  supérieur 
à  celui  des  autres  organes.  Toutefois,  l'acide  obtenu  par  la  méthode  de 
Neuman  est  relativement  peu  actif. 

Pour  empêcher  20S  de  sang  de  coaguler  d'une  manière  certaine,  durable  et  com- 
plète, il  faut  généralement  o,3  et  même  o,4  d'acide.  Cependant,  en  traitant  non  plus 
de  grandes  masses  {1^^)  de  thymus,  mais  200e  à  3oob,  on  obtient  parfois  un  acide 
très  actif  à  0,2  pour  208  de  sang,  après  2  heures  d'hydrolyse.  D'une  manière  générale, 
on  gagne  peu  de  chose  à  prolonger  l'hydrolyse.  Pour  obtenir  avec  certitude  un 
acide  très  actif  à  la  dose  de  0,1  pour  208  de  sang,  il  faut  soumettre  la  glande,  avant 
de  la  traiter  par  la  méthode  de  Neuman,  à  la  putréfaction.  Le  thymus  est  broyé, 
additionné  d'eau,  placé  à  l'éluve  pendant  i5  à  18  heures.  L'acétate  de  soude  et  la 
lessive  de  soude  ne  sont  ajoutés  et  la  méthode  de  Neuman  n'est  appliquée  qu'après 
le  maintien  à  Tétuve.  L'acide  obtenu  dans  ces  conditions  contient  environ  10  pour  100 
de  phosphore.  Le  rendement  est  un'peu  inférieur  à  1  pour  100;  il  diminue  encore  si 
la  putiéfaclion  est  prolongée  au  delà  des  limites  indiquées.  On  obtient  des  résultats 
com|)arables,  mais  moins  accusés  eu  substituant  à  l'action  de  la  putréfaction  celle  du 
chaiiirage  dans  l'autoclave  à  iio°-i20°  pendant  45  minutes  deux,  fois  de  suite.  L'acide 
oi)tenu  possède  à  la  dose  de  0,1  pour  208  de  sang  une  action  très  sensiblement  moins 
durable  et  moins  complète  que  celle  de  l'acide  obtenu  après  putréfaction;  le  rende- 
ment est  supérieur  à  2  pour  100;  la  teneur  en  phosphore  dépasse  9  pour  100  (^). 

précipité  ne  se  forme,  on  ajoute  encore  2""'  d'alcool  contenant  pour  le  volume 
total  d'alcool  2  pour  100  d'acide  chlorhydrique.  Si  l'addition  de  i'"'  d'alcool  a  pro- 
voqué la  formation  d'un  précipité,  on  recommence  l'opération  précédente.  Fina- 
lement, l'acide  libre  est  lavé  à  l'alcoonplusieurs  fois,  puis  à  l'éther.  Je  substitue  la  cen- 
trifugation  à  toutes  les  opérations  de  filtration. 

(')  J'emploie  4'"'  de  plasma  nucléaté,  10  à  i5  gouttes  de  sérum  ou  d'une  solution 
de  chlor.ire  de  calcium  à  10  pour  100.  Le  plasma  additionné  de  sérum  seul  reste  lim- 
pide; le  plasma  additionné  de  chlorure  de  calcium  devient  trouble,  il  se  forme  un 
prjcipité  de  nucléinate  de  chaux. 

(-)  J'ai  montré,  il  y  a  plusieurs  années,  que  tous  les  organes  soumis  à  la  dialyse 
chloroformique  (ou  à  l'autoclave  à  iio°-i2ô°)  exsudent  un  liquide  qui  possède  une 
action  anticoagulante  in  vitro.  J'ai  montré  que  la  substance  active  est  une  nucléo- 
proléide  qui,  évidemment,  provient  des  noyaux  cellulaires.  Les  ganglions  con- 
viennent tout  p  irticulièreme  it  à  cette  recherche,  ainsi  qu'à  l'extraction  d'un  acide 
nucléique  très  actif. 


822  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ENTOMOLOGIE.  —  Rôle  du  lapin  domestique  dans  V allraclion  et  la  nutrition 
rf' Anophèles maculipennis.  Note  (')  de  MM.  J.  Legr.vdre  et  A..  Oi.iveau, 
présentée  par  M.  E.  Bouvier. 

L'un  de  nous  a  signalé  dès  1908  (')  le  rôle  de  protection  exercé  à  l'égard 
de  l'homme  par  certains  animaux  domestiques  sur  lesquels  les  Anophélines 
aiment  à  se  nourrir.  Des  constatations  de  même  nature  se  retrouvent  dans 
les  publications  des  auteurs  italiens  Grassi  (igoi),  CellietGasperini  (1902). 
Les  travaux  récents  de  Roubaud  ont  fait  ressortir  l'importance  de  ces  faits, 
notamment  pour  l'interprétation  de  l'Anophélisme  sans  paludisme  en 
Europe  (^). 

Des  observations,  faites  en  mai  et  juin  igiS  par  l'un  de  nous  ('),  avaient 
déjà  montré  qu'en  Saintonge  A.  maculipennis,  pendant  sa  période  d'activité 
vcrnalc,  «  recherche  comme  aliment  le  sang  des  mammifères,  avec  une  préfé- 
rence marquée  pour  le  sang  du  lapin  domestique  ». 

Les  recherches  que  nous  venons  de  faire  en  Provence  pendant  l'automne 
et  l'hiver  1920-192 1  prouvent  que,  également  pendant  la  période  d'hiber- 
nation d'.4.  maculipennis,  le  lapin  domestique  exerce  sur  lui- une  attrac- 
tion plus  forte  que  les  autres  animaux  de  ferme  et  de  basse-cour. 

A  Fréjus  (Var),  A.  maculipennis  se  trouve  dans  les  étables  et  basses-cours 
des  habitations  qui  bordent  les  marais  du  littoral,  plus  ou  moins  abondant 
selon  la  proximité  des  gîtes. 

En  novembre  et  décembre  (minima  moyens  :  2°  —  maxima  moyens  :  iS"),  à  la  ferme 
du  Centre  d'Aviation  qui,  outre  ses  2  marins,  abrite  séparément:  Séquidés,  3o lapins, 
10  porcs  et  porcelets,  les  anophèles  sont  nombreux  (200  environ)  dans  les  cages  à 
lapins;  aucun  dans  l'écurie,  la  porcherie  et  le  logement  des  gardiens,  malgré  l'obs- 
curité et  autres  conditions  favorables. 

Dans  le  pavillon  des  officiers  et  les  casernes,  cependant  situés  près  d'un  marais,  on 
aperçoit  rarement  un  anophèle. 

Dans  une  ferme  voisine,  où  porcs,  poules  et  lapins  logentdans  la  même  grange,  mais 
dans  des  boxes  séparés,  les  anophèles  (de  5o  à  200  à  chaque  visite)  sont  tous  dans  la 
cage  à  lapins  la  plus  basse  et  la  plus  obscure.  Dans  le  poulailler^  situé  au-dessus  des 
cages,  rien,  non  plus,  que  chez  les  porcs.  Les  mouvements  de  ces  animaux  ou  des  per- 
sonnes qui  les  soignent  sont-ils  la  cause  de  cette  désertion  des  porcheries  et  pou-r 

(')  Séance  du  21   mars  1921. 

(')  J.  Leuknure,  Butf.  Soc.  Pal/i.  cxol.,  1908,  |).  227,  et  /iiilt.  Med.  Cliir.  Indo- 
Cldne,  iQ'O,  P-  164. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  1G9,  1919,  p.  483,  et  Aiin.  Institut  Pasteur.  1920. 
(*)  J.  Leuendre,  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  766. 


SÉANCE    DU    29   MARS    I921.  823 

laillers  au  détriment  des  lai)inières?  C'est  peu  probable,  on  approche  également  les 
lapins  plusieurs  fois  le  jour  pour  leur  porter  de  la  nourriture  et  nettoyer  les  cages. 

Le  7  février,  dans  un  poulailler  contenant  3^  poules,  pas  de  moustique.  —  Dans  une 
cage  voisine  où  loge  un  seul  lapin,  pris  2  anophèles  gorgés. 

Dans  une  autre  lapinière  de  deux  cages  superposées»,  l'inférieure,  avec  8  lapereaux, 
renferme  5  anophèles,  —  dans  l'autre,  inhabitée,  pas  d'anophèle. 

Le  i5  février,  à  10'',  dans  une  villa  située  à  5o"  de  la  ferme  du  Centre  d'Aviation  : 
poulailler  bien  protégé,  pas  d'anophèle;  dans  les  cages  où  sont  12  lapins,  on  compte 
6  anophèles. 

Devant  une  autre  habitation,  rangée  de  cages  à  lapins  face  au  soleil;  chacune 
d'elles  contient  2  ou  3  anophèles,  dont  certains  ont  piqué  récemment.  Dans  le  pou- 
Liiller  attenant  aux  cages  et  construit  de  même,  aucun  moustique. 

Sur  i48  anophèles  récoltés  les  2^  et  2.5  février,  58,  soit  89  pour  100,  se  sont  nourris 
dans  les  deux  jours  précédents. 

D'autres  recherches  nous  ont  toujours  donné  jusqu'ici  (du  20  novembre 
au  10  mars)  les  mêmes  résultats  :  A.  maculipennis  toujours  présents, parfois 
très  nombreux,  dans  les  lapinières  occupées,  aucun  ou  très  rares  dans  les  por- 
cheries; aucun  chez  les  gallinacés  et  les  èquidés,  rares  ou  inexistants  dans  les 
habitations  humaines.  Tous  les  anophèles  capturés  sont  des  ç  non  ovigcres, 
sauf  deux  ou  trois.  11  n'a  pas  été  trouvé  un  seul  culicide  dans  les  locaux 
explorés. 

Sur  trente  frottis,  une  fois  on  put  reconnaître  des  hématies  de  mammi- 
fères; 29  fois,  le  sang  nettement  rouge,  contenu  dans  le  tube  digestif  des  ano- 
phèles, était  dans  un  état  de  digestion  rendant  les  globules  méconnaissables. 

Conclusion  :  Dans  cette  région  provençale,  où  la  cuniculiculture  csllrès  ré- 
pandue, A.  maculipennis  en  hiver  ne  pique  pas  l'homme,  à  l'écart  duquel  il 
se  tient.  Mais,  malgré  une  vie  ralentie  au  cours  des  mois  froids  :  absence  d'oo- 
génèse,  confinement,  etc.,  cet  anophèle  se  nourrit  sur  certains  animaux  do- 
mestiques, presque  uniquement  sur  le  lapin,  à  des  intervalles  à  déterminer. 

On  ne  trouve  pas  d'anophèle  dans  les  lapinières  inhabitées. 

Pour  les  pays  d'Europe,  où  VA.  maculipennis  est  très  commun,  la  protec- 
tion par  le  lapin  est  d'un  grand  intérêt.  En  outre,  la  ségrégation  hivernale 
de  cet  insecte  dans  les  lapinières,  où  il  se  tient  toujours  au  plafond,  rend  sa 
destruction  aisée. 

Il  importe  donc  de  déterminer  dans  les  pays  à  malaria,  les  conditions  de 
la  vie  rurale  qui  se  prêtent  le  mieux  à  la  protection  de  l'homme,  par  les  ani- 
maux domestiques,  contre  A.  maculipennis  et  autres  espèces  infectantes. 

La  séance  est  levée  à  16  heures. 

É.  P. 


824  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN'     UIBLIO(;RAPHIQi;ri. 


Ouvrages  ri-.çus   dans  lks  s(;ancks  de  janvier    ig^i    {suite  ^t  fin). 

Obserçation  des  orages  de  1919  dans  les  déparlements  de  la  Gironde  et  partie 
de  la  Dordogne.  Expérience  des  paragrêles  électriques,  par~F.  Courty.  Extrait  du 
Bulletin  de  la  Commission  météorologique  de  la  Gironde,  année  1919.  Bordeaux, 
Gounouilhou,  1920;  i  fasc.  24"^'".  (Présenté  par  M.  J.  Violle.) 

Quelques  notes  sur  ta  famille  La  Caille.  Paris,  Société  générale  d'imprimerie  et 
d'édition;  i  fasc.  25"^™.  (Présenté  par  M.  Bigourdan.) 

Annuario  degli  Istitute  scientifici  ilaliani,  1920,  publié  sous  la  direction  de 
SiLVio  PivANO.  Bologna,  Zanichelli,  1920;  1  vol.  17""'.  (Présenté  par  M.  V.  Volterra.) 

Bibliothèque  bibliographique  et  documentaire  ;  section  des  sciences  pures  et 
appliquées.  Troisième  Partie  :  Astronomie,  Géodésie  et  Géophysique,  par  G.  Bigour- 
dan. Paris,  Gauthier-Villars,  1921;  1  vol.  23™. 

Sir  Norman  Lockyer  :  Obituary  notice,  par  Sir  Richard  GREdORV.  Extrait  de  The 
Nature,  1920;  i  fasc.  i8°™. 

La  Terre  avant  l' Histoire.  Les  origines  de  la  vie  et  de  Vliomnie,  par  Edmond 
Perrikr.  Paris,  La  Renaissance  du  Livre,  1920;  i  fasc.  20"^'". 

Le  compas  de  navigation  aérienne,  par  J.  Roucu.  Paris,  Masson,  '921;  ifasc.  25''"'. 

Les  progrès  de  la  Chimie  en  1919.  Traduction  française  autorisée  des  Annual 
Reports  on  the  Progress  of  Chemistry  for  1919,  vol.  XIV,  par  André  Kling.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1921;  i  vol.  28'^"'.  (Présenté  par  M.  A.  Ilallei.) 

L' Intendant  Poivre,  par  E.  Doublet.  Bordeaux,  Institut  colonial,  1920;  1  fasc.  24"^'°. 

Mémoire  sur  l'équation  de  la  diffraction,  par  J.-G.  Pineau.  Paris,  Chaix,  1920; 
I  fasc.  27'='°. 

La  température  en  Chine  et  à  quelques  stations  voisines  d'après  des  observtitiuns 
quotidiennes,  compilées  par  \\.  Gauthier.  Extrait,  introduction,  appendice.  Cliangliaï, 
Imprimerie  de  la  Mission  catholique,  1918;  1  fasc.  3i"". 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    l   A\l!ll.    1921. 

PRÉSIDENCK  DE  M.  Gëouges  LIÎMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICAÏIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  s'exprime  en  ces  termes  : 

L'Académie  des  Sciences  vient  d'avoir  la  douleur  de  perdre  un  de  ses 
Correspondants  les  plus  distingués,  M.  le  colonel  Vali.iek,  décédé  à  \  ersailles 
le  2g  mars  192 1. 

^L  \  allier,  entré  à  l'Ecole  Polytechnique  en  1HG9,  en  était  sorti  dans 
l'artillerie.  Ses  remarquables  travaux  de  balistique  extérieure  l'avaient  lait 
élire  Correspondant  de  rAcadémie  en  i8f)5. 

Il  fut  longtemps  membre  de  la  Commission  deCax  re  qui,  dans  un  champ 
de  tir  situé  près  de  Lorient,  fait  depuis  beaucoup  d'années  de  nombreuses 
expériences  avec  les  plus  puissantes  pièces  d'artillerie. 

Sarrau,  dans  son  Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Vallier,  insistait  sui-  la 
difficulté  considérable  des  problêmes  relatifs  à  la  courbe  balistique,  même 
lorsqu'on  ne  considère  qu'un  point  matériel.  La  difficulté  réside  à  la  fois 
dans  l'inlerprétalion  des  équations  du  mouvement  et  dans  la  détermination 
préalable  d'une  expression  représentant  la  résistance  de  l'air  en  fonction  de 
la  vitesse  dans  toute  l'étendue  concernant  la  pratique.  Cette  difficulté 
s'accroît  lorsque  l'on  considère,  au  lieu  d'un  point,  un  solide  présentant  une 
forme  ogivale,  forme  de  tous  les  projectiles  actuels. 

Les  commissions  spéciales  se  sont  efforcées  depuis  longtemps  d'établir,  à 
l'aide  des  seules  données  fournies  par  l'observation,  des  relations  empiriques 
entre  les  vitesses  initiales,  les  angles  de  départ  et  les  portées.  C'est  ainsi 
qu'elles  dressent  les  tables  de  tir  pour  le  service  réglementaire  de  l'ar- 
tillerie. 


C.  R  ,  1921,  I"  Semestre.  (T.  1*2,  N°  14.) 


62 


826  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Lé  problènif  ihêorique  n'en  conserve  pas  moins  une  grande  imporlance, 
surtout  pour  les  projets  de  nouveaux  canons  plus  puissants  que  les  anciens. 
Ces  recherches  permettent  d'ailleurs,  surtout  pour  les  canons  àc  gros 
calibres,  de  ne  pas  multiplier  des  expériences  toujours  très  coûteuses. 

Aussi  ces  éludes  théoriques  ont  été  abordées  en  France  et  à  l'étranger 
par  de  nombreux  savants  :  en  France,  en  j)articulier,  M.  le  général  Didion 
avait  été  un  précurseur  dans  cet  ordre  d'idées.  M.  Vallier  proposa  d'abord 
pour  le  projcclile  ogival  une  formule  nouvelle  de  la  résistance  de  l'air  en 
s'appuyanl  sur  d'anciens  travaux  d'Alliaiiase  Dnpré  :  il  montra  que  cette 
formule  concorde  avec  les  expériences  connues  à  cette  époque,  il  introduisit 
ensuite  celte  expression  de  la  résistance  de  l'air  dans  les  équations  balis- 
tiques et  il  en  déduisit  les  formules  pcrmellant  de  calculer  les  divers 
cléments  du  tir  et  d'en  vérifier  l'accord  avec  l'expérience:  cet  accord  est 
satisfaisant,  notamment  pour  les  canons  fram.ais  de  2/1'"'. 

M.  Vallier  compléta  ces  recherches  de  diverses  manières  en  vue  des 
applications  et  donna  des  indicalions  très  nettes  sur  les  méthodes  expéri- 
mentales qu'il  convient  d'employer  pour  dresser  les  tables  de  tir.  On  y 
reconnaît  à  la  fois  l'habileté  mathématique  de  l'auteur  et  sa  ])réoccupaliou 
d'en  faire  profiter  la  pratique. 

On  sait  que  dans  ces  dernières  années  un  de  nos  Correspondants,  \1.  le 
comte  de  Sparre,  s'est  occupé  avec  succès  de  ces  mêmes  questions  pour  les 
pièces  nouvelles  à  très  longui:  portée. 

Le  nom  de  M.  le  colonel  Vallier  restera  associé  à  ceux  de  ces  officieis- 
d'élite  sortis  de  l'Ecole  Polytechnique  qui  appliquent  toutes  les  ressources 
d'une  solide  éducation  scicntifi(pie  au  perleclionnemenl  de  notre  armement 
national,  en  ne  séparant  jamais  les  recherches  théoriques  des  questions 
pratiques.  La  dernière  guerre  a  montré  combien  la  l'rance  peut  être  fièrc 
de  son  artillerie. 


ZOOLOGll..  —  Sur  un  Oinrtigf  n-lalil'  à  la  Faune  franrtu'sr. 
Noie  de  M.  K.-L.  Iîouvier. 

Un  volume  relatif  à  la  «  Faune  fran(;aise  »  vient  d'être  |)ublié  par  l'Office 
faunisliquede  la  Fédération  française  des  Sciences  naturelles.  Cet  Ouvrage, 
consacré  aux  lichinndcriues,  est  dû  à  la  plume  de  M.  le  professeur 
K.  Kochler,  qui  connaît  mieux  que  personne  les  animaux  de  ce  groupe. 
Comme  chacun  des  volumes  de  la  future  collection,  il  permettra  4'iden- 


SÉANCE  DU  4  AVniL  I92I.  827 

tifier  aisément  toutes  les  espèces  franraises  <lu  groupe  dont  il  traite,  et 
renferme  à  cet  elFet  un  bref  exposé  des  caractères  de  ce  groupe,  des  Tables 
dichotomiques  très  claires,  des  descriptions  spécifiques  concises,  de  nom- 
breuses figures  et  des  notions  intéressantes  sur  fétbologie  de  chaque  espèce. 
On  n'avait  jamais  rien  tenté  de  semblable  en  France,  rien  qui  fût  à  la  fois 
simple  et  scientifique,  c'est-à-dire  propre  à  favoriser  sûrement  le  goût  de  la 
Zoologie;  les  bolanistes  avaient  des  flores,  les  zoologistes  ne  possédaient 
rien  qui  put  les  aider  à  la  connaissance  des  faunes. 

(J'est  la  première  fois  que  se  manifeste,  par  un  résultat  évident.  Teflica- 
cité  des  groupements  scientifiques  qui  se  sont  établis  depuis  la  guerre  sous 
les  auspices  de  notre  Académie;  et  c'est  à  l'Académie  elle-même  qu'on  doit 
ce  résultat,  puisque  c'est  grâce  aux  subsides  des  fonds  Bonaparte  et  Lou- 
treuil  que  la  jeune  Fédération  des  Sciences  naturelles  a  pu  se  mettre  immé- 
diatement au  travail.  Si,  comme  je  l'espère,  l'Académie  soutient  encore 
quelque  peu  celte  œuvre,  l'Office  faunislique  de  la  Fédération  pourra 
bienlôt  marcher  sans  secours  au  moyen  de  la  vente  des  volumes  offerts  au 
public.  Je  pense  vous  présenter  dans  quelques  semaines  celui  des  Oiseaux 
et  l'on  prépare  actuellement  celui  dos  Insectes  orthoptères;  d'autres  seront 
mis  ensuite  sur  le  chantier. 

Il  faut  exprimer  de  ta  gratitude  à  M.  de  Beaiichamp,  professeur  à  la 
Faculté  de  Dijon,  qui  a  bien  voulu  accepter  la  direction  de  l'Office  faunis- 
tique.  C'est  une  lourde  charge  qui  exige  de  l'activité,  de  la  méthode,  de 
profondes  connaissances  et  un  réel  désintéressement;  il  s'en  acquitte  à 
merveille  et  mérite,  de  ce  fait,  la  reconnaissance  des  zoologistes. 


OPTIQUE.  —  Sur  le  ctilcul  du  coma.  Note  (')  de  M.  G.  Gouv. 

Le  calcul  publié  récemment  (^)  suppose  que  l'onde  émise  du  point  A,  de 
l'axe  est,  comme  toujours,  à  peu  près  sphérique  quand  elle  vient  former  son 
foyer.  L'expression  du  coma,  exacte  quand  l'aberration  suivant  l'axe  est 
nulle,  est  seulement  très  approchée  quand  cette  aberration  est  sensible. 

Il  est  bon  d'évaluer  cette  approximation.  On  obtient  exactement  la  courbe 
tracée  par  les  rayons  passant  par  les  points  O,  en  multipliant  le  diamètre  0 
du  cercle  dans  le  plan  des  ry,  ainsi  que  le  second  terme  de  l'abscisse  x„, 


(')  Séance  du  29  mars  1921. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  172,  i()i\,  p.  635 


823  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

par  le  facteur 


'/l'y 


OÙ  R  désigne  la  longueur  du  rayon  lumineux  entre  le  poini  ('..  et  l'axe,  les 
autres  notations  reslanl  les  mêmes. 

Ce  facteur  diffère  très  peu  de  l'unité  (  '):  ainsi,  par  exemple,  pour  une 

lentille  simple  d'ouverture  -^  i  l'erreur  relative  est  de  un  ou  deux  millièmes. 

A   plus  forte  raison  pourra-t-on  la   négliger   pour  un  instrument  mieux 
corrigé. 


GKOLOGli;.   -     Sur  un  nouvel  e.vem/j/e  </eslriai;edu/itJIui>ial. 
Note  de  M.  Maurice  LifiEo.N. 

Il  y  a  quelques  années,  en  parcourant  les  rives  de  la  Yadkin,  dans  la 
Caroline  du  jNord,  je  découvris,  au  lieu  dit  les  «  Falls  «,  près  Whitney, 
dans  la  région  de  la  pénéplaine  appalachienne,  des  stries  singulières,  uni- 
quement localisées  sur  la  roche  du  lit  majeur  de  la  rivière  ('). 

.l'ai  pu  montrer  que  ce  phénomène,  jusqu'alors  non  signalé,  était  un 
nouveau  mode  d  érosion  fluviale  donnant  lieu  à  de  fines  sculptures  compa- 
rables à  celles  produites  par  les  actions  éolienncs  sur  les  roches  des  régions 
soumises  à  la  mitraille  des  grains  de  sable  transportés  par  le  vent,  l'ius 
tard,  j'ai  fait  remarquer  que  ce  burinage  était  semblable  à  celui  exécuté 
sur  les  pointeaux  et  aubes  des  turbines  [)ar  l'eau  chargée  de  matières  sili- 
ceuses on  suspension  (  '). 

Ce  mode  spécial  d'érusion  fluviale  ne  peut  être  reconnu  que  si  un  certain 
nombre  de  conditions  sont  réunies,  à  savoir  tout  d'abord  l'existence  d'une 
roche  enregistreuse  à  pâte  très  fine,  comme  par  exemple  une  roche  éruptive 
pélrosiliceuse  ou  un  calcaire  compact;  puis,  pendant  les  crues,  un  apport 
important  de  matières  fines  en  suspension,  de  nature  siliceuse;  aussi  p(U 
(|ue  possible  de  matériaux  roulés  qui,  par  leur  choc  plus  violent,  s'opposei-l 
au  fin  burinage;  des  variations  considérables  de  débit;  enfin,  une  vallée 

('  )  il  fiuil  considérer  l'onde  aussi  loin  de  son  foyer  qne  le  peririeUvnt  les  données  du 
problème. 

(-)  Sur  un  iioinciia  inuilr  d'crosioii  fliniale  {Contplex  rciulus,  t.  I.'IC,  191  3,  p.  58>.). 

(^)  Le  sillage  du  lit  /hnlid  {Aiin.  de  Gcog/uplue,  ■.>.'i''-:>.fi°  ani\ée,  n"  !.">:*. 
i5  novembre  191  J,  p.  ^5S5). 


SÉANCE   DU  4   AVRIL    I921.  829 

assez  larjie,  mais  avant  encore  la  forme  de  gorge  ou  de  cafioii,  pour  (|iril 
puisse  s'établir  un  lit  majeur  rocheux  en  banquette  dorninani  le  niveau 
d'étiage  de  i'"  à  (juelques  mètres. 

En  débil  d'étiage  ou  en  débit  moyen  les  mouvemenis  ton rbilionna ires  s(int 
dominants;  ce  sont  les  agi'uts  constructeurs  des  marmites  de  géant  du  lit 
mineur (' ). 

An  moment  de  la  crue,  alors  que  s'exécute  une  chasse  considérable  de 
matériaux  en  suspension,  l'écoulement  reste  en  partie  toiirbillonnaire  dans 
le  lit  nïineur,  mais  tend  à  se  transformer  en  mouvement  rectiligne,  qui  est  en 
tout  cas  à  peu  près  général  sur  le  lit  majeur,  ainsi  qu'en  témoigne  la  rareté 
des  marmites.  A  ce  moment  les  grains  de  sables  suspendus,  entraînés  en 
filets  linéaires,  burinent  la  banquette  de  ce  lit  majeur  et  ils  y  sculptent  de 
fines  stries  droites  ou  légèrement  ondulées,  parallèles  entre  elles,  ou  bien, 
si  un  obstacle  vertical  s'y  présente,  formant  des  figures  rayonnantes  qui 
partent  d'une  cupule  comme  celles  que  j'ai  figurées  dans  mon  Mémoire  sur 
l'érosion  de  la  Yadkin  et  qui  sont  donc  les  mêmes  que  redoutent  les 
hydrauliciens  sur  les  aubes  des  turbines. 

En  examinant  avec  attention  les  rivières  à  transport  de  matériaux  gros- 
siers, on  arrive  presque  toujours  à  trouver  sur  la  banquette  du  lit  majeur 
les  empreintes  délicates  du  burinage,  mais  faut-il  déjà  bien  connaître  le  phé- 
nomène. Je  l'ai  vu  dans  le  canon  urgonien  du  Rhône;  je  n'ai  jamais  pu  l'ob- 
server dans  les  torrents  alpins. 

Mais  une  rivière  franeaise,  la  basse  Vrdèche,  devait  me  révéler  le  phéno- 
mène dans  toute  sa  splendeur,  sans  toutefois  atteindre  la  beauté  des  stries 
de  la  ^  adkin. 

Dans  sa  région  inférieure,  entre  Vallon  et  Saint-Martin,  FArdèche 
s'écoule  profondément,  encaissée  en  canon  dans  les  calcaires  urgoniens. 
C'est  une  rivière  dont  les  débits  présentent  des  variations  considérables  et 
bien  connues.  A  l'étiage,  il  ne  s'écoule  guère  que  2'"'  à  4"'  d'eau  limpide, 

('j  Le  mouvemenl  tourbillonnaire  n'agit  tatéralemeni  sur  rescarpemenl  du  lit 
iiiijeur  que  par  ragrandisseiiienl  du  rajon  des  marmites  latérales  du  tir  mineur.  Le 
tunnel  de  déri\  aiion  de  la  rive  droite  du  Rhône  à  Bellegarde,  sans  radier  ni  re\  élément, 
ilibitant  60'"",  en  exploitation  depuis  de  nombreuses  années,  ne  présente  des  ellets 
i  lurbilionnaires  que  dans  le  radier.  Les  marmites  y  ont  jusqu'à  4"  de  profondeur.  Les 
jiiedroils  sont  absolument  intacts,  présentant  encore  des  arêlus  rocheuses  aiguës 
(lues  au  battage  au  lirge  par  les  explosifs.  Tout  se  passe  comme  si  le  long  des  pic- 
droits  un  coussinet  d'eau  presque  rigide  agissait  comme  un  revêtement.  Celte  obser- 
\alion  peut  présenter  un  certain  intérêt  pour  Ks  constructeurs  de  tunnels  hydrau- 
liques à  écoulement  libre.  MWe  mérite  d'êtie  connue. 


83o  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

alors  (|ue  pendant  les  crues  un  flot  opaque  [louvanl  atteindre  7000"'  se  pré- 
cipite dans  l'étroit  sillon.  11  y  a  relativement  peu  de  matériaux  grossiers: 
les  g'alets.  qui  soni  nuls  dans  lii  ^  adUin",  forment  cependant  des  atterrisse- 
ments  importants.  Il  existe  toutefois  une  parenté  manifeste  de  variations  de 
régime  entre  les  deux  rivières.  I^a  pente  du  canon  est  d'environ  i  pour  1000, 
alors  que,  celle  de  la  ^  adkin  dépassant  localement  G  pour  1000,  les  chasses 
y  sont  donc  plus  violentes,  d'autant  que  le  débit  peut  atteindre  3ooo"' ;  en 
conséquence  le  mouvement  linéaire  est  en  quelque  sorte  plus  oidonné  et  le 
burinage  plus  intense. 

Dans  l'Ardèclie,  si  l'on  remonte  la  rivière  de  2'"''à  3'"""  à  partir  de  Saint- 
Martin,  soit  eu  amont  du  hameau  de  Sauze,  on  peut  voir  sur  les  calcain-s 
ur^^oniens  compacts  du  lit  majeur  les  stries  du  burinage  fluvial  admira- 
blement dessinées  en  une  multitude  de  points,  mais  qui  sont  toujours  en 
relation  avec  les  méandres.  Lorsque,  par  rhabitudte  facile  à  acquérir  de 
savoir  où  se  trouve  la  zone  de  courant  maximal  dans  les  méandres,  on  voit 
sur  la  banquette  des  surfaces  ityant  souvent  plusieurs-centaiues  de  mètres 
carrés  entièrement  couvert. -s  de  ces  stries  délicates.  11  esta  noter  qu'elles 
sont  toujours  orientées  avec  la  plus  grande  des  ri^^ueurs,  parallèlement  aux 
filets  de  l'eau  en  crue,  c'est -à-dire  non  nécessairementpai-allèlementii  la  rive 
du  lit  mineur.  Ainsi,  en  aval  de  l'angle  saillant  d'un  méandre,  au  point  où 
la  ligne  de  courant  abandonne  le  lit  mineur  pour  passer  sur  le  majeur,  les 
stries  sont  obliques  à  la  rivière  et  forment  avec  elle,  en  direction  d'écou- 
lement, un  angle  aigu;  puis,  plus  bas,  elles  deviennent  parallèles  et  rentrent 
enfin  vers  l'axe  de  la  rivière,  mais  en  s'efUaçant  peu  à  peu,  parce  que  la 
[tuissance  de  la  chasse  diminue.  La  roche  est  alors  unicjuement  polie  avec 
cette  patine,  au  toucher  si  spécial,  qui  caractérise  les  roches  corrodées  par 
l'action  éolienne. 

Ainsi,  non  seulement  les  exem[)les  répétés  de  l'Ardèche  montrent  bien 
qu'aux  périodes  de  grande  crue  le  mouvement  lourbillonnaire  se  remplace 
par  un  mouvement  linéaire  sur  la  roche,  mais  encore  le  >triage  permet  de 
connaître  exactement  le  déplacement,  par  rapport  11  lui-même,  du  fil  de 
l'eau  lorsque  la  rivière  passe  de  l'étiage  à  la  crue. 


Sir  Geouge  (iîiiKKxHii.r,  élu  Correspondant  j)our  la  Section  de  Mécanique, 
adresse  des  remerchncnts  à  l'Académie. 


SÉANCE    DU    4    AVIUL    I92I.  8!^  I 


CORRESPOXDAIVCE . 

M.  le  Secuétaire  PEiiPÉTUKi.  sijînale,  parmi  les  pièces  iiii[>riinées  de  la 
Correspondance  : 

1"  Mémoires  conccriuinl  f llislairc  iidliirelle  de  l'Empire  chinois  par  des 
Pères  de  la  Compagide  de  Jésus.  Tome  M.  Premier  caliier  :  L'Herbier  di' 
Zi-Ka-nei.  Herborisations  dans  le  Kiani^-suu  en  if)i8.  (Présenté  par  M.  II. 
Lecomle.) 

2°  Li.ON  Bi:irii!.VNi).  Histoire  de  la  Jurmalion  du  sous-sol  de  la  France.  1.  Les 
anciennes  mers  de  la  France  et  leurs  dépàls.  (Présenté  par  M.  Termier.) 

3°  JosF.i'ii  Li:vim:.  A/las  méléorol(>i(ique  de  Paris.  (Présenté  par  M.  G. 
Bigourdan.  ) 

AXALVSF.  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  une  équation  au,r  dérivées  fonctionnelles 
analogue  à  Véqualion  de  M.  Hadamard .  Note  de  M.  Gaston  Jiilia. 

1 .  J'ai  moniré  précédemment  (  '  )  qu'à  pai  tii  de  l'équation 

,  .,    ,,p,      >   r./A'B)+/A(-) r/:v(-)p .  ^ 

^"  ^^'"°^-"^^  =  ^t:/.(/ub)-/u.>LaF)J  '"■''■' 

où  J\(z  )  fournit  la  repiéscntatioii  conforme  de  la  couil)e  analytique  fermée  C 

sur  le  cercle  tiigonoméliique  !/    ^i,  on  pouvait  former  une  solution  de 

t'équalion 

(2)  ô«I>{U,  V)  —  /^<l>i  i;,  M)«I>(M.  \)6ncts 

(lue  à  M.  lladamaid. 

On  peut,  à  partir  de  (i),  obtenir  une  équation  présentant  avec  (2)  des 
caractères  d'analogie  remarquables  et  s'y  ramenant  par  un  changement  de 
la  fonction  inconnue. 

On  introduit  'Ç  =  /,,(:),  ii  intérieur  à  C  et  distinct  de  A  etB:  3  —  /i,,(  B), 
<^-  =./i.j(-^,)>  et,  en  différenlicrnl  (  \) inn- rapport  à  B,  il  vient 

(3)  8^io,/.(i>.,=.oi;^[iog-i^] 

=  —  _' •  /  I ^^ logi .î  —  5!)  —  oioi;(z„r  —  1 1 1-')'    y- iog(r  —  ,î  1  . 

C)  Comptes  rciulus,  l.  {1±,  1921,  p.  788. 


832  ACADÉMIE    DES    SClEiXCES. 

Si  maintenant,  on  dilTérenlie  par  lapport  à  VdJJixe  A  du  point  A,  il  vient 

«/-,,,  I   r  '^z-   ,    ,.      .    d- 


(i) 


log(S-^)=.-^.  r^log(C-a)^los(;-,3;o.rf., 


d.\  dM     ° 
et  si  l'on  pose 

<I>(A,  B)  est  une  fonction  analylifjur  des  deux  points  A,  lî,  syinéhiquc par 
rapport  à  ces  deux  points,  et  satisfaisant  à  l'équation 

(6)  oa>(A,  !'.)=:  r «1>(A,  M)<1)(M,  W)oidz. 

L'équation  (^6)  difTère  de  l'équation  (2)  de  M.  Hadamard  par  la  substi- 
tution de  izdz  à  onds. 

2.  l'.n  désignant  par  a„  l'angle  avec  <  ).i-de  la  demi-tangente  positive  en  M 
au  contour  C,  on  a 

rîz  dz  =:  i (■"-'"'■w  on  fis 

et 

d       .    d 

tKjl  dz 

Cl)  s'éciit  alors 

lo^(.5  — :x)=r— -    /    ,/   ,     log(r— a)      '         loger  — ^)ô/i  05. 


(/A  £^H 


Imaginons  une  série  de  contouis  qui  se  déforment,  suivant  une  loi  déter- 
minée, (le  façon  à  passer  en  A  et  B  au  couisdeleur  variation;  si  a^et  a,, sont 
les  angles  correspondant  aux  demi-tangentes  en  ces  points  aux  contnurs  qui 
y  passent,  on  aura  immédiatement,  à  cause  de 


d  d  d         .      d 

-—  =__  e'».v  — -.         ei         -—  =  -"'=<n  -TTT , 
dsf,  d.\  fA|,  dli 


(■'est-à-diie  que 

.l.(A,|{)=-i  _il^log(^-«) 
7r  ds^  dsn 

satisfait  à  l'équation  (2) de  M.  Hadamard. 
3.   Il  est  visible  que 


7:  i  d\  dH 


d'  .  .^     ,     ^  f  '^    •  «^  ^  /'  <^     •  'M  ^  \  R ^ 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    1921.  833 

est  la  solution  (5)  de  (6)  (r,  v  coordonnées  raitésiennes  do  A;  .r',  y'  celles 
de  B). 

En  sorte  que 

*{A,l!)=-^;^-^log(5-«) 

loo(;3  -  X)r'  "> 


~      n  d\dB 

=  i[(r.-'',i)(^-'-.4)^-<-"]«""- 

est  la  nouvelle  solution  de  réqualion  (2  )  de  M.  Hadamard.  Cette  solution 

,■   ,                     ,  ,         •  ■              ,          ,     ,       '   I    <^/-i,'(A.  t!)     ,,      .         , 
n  échappe  pas  a  la  critique,  adressée  a '^ — -. >  d  exiger  la  connais- 
sance, a  priori,  d'une  loi  de  déformation  pour  le  contour  C.  Il  faut  aussi 
mentionner  la  solution  conjuguée 

4.  Les  considérations  du  n°  2  sont  valables  pour  toute  solution  de 
Téquation  (6).  Si  «I»(  A,  B)  est  une  solution  quelconque  de  (G),  on  consta- 
tera sans  peine  que 

'r(A,  B)  =  (-<I>(A.  I!)e'['^^^°'"] 

est  une  solution  de  l'équation  (2)  et  réciproquement.  L'équation  (G)  n'est 
donc  pas  essentiellement  distincte  de  l'équation  de  M.  Hadamard,  cepen- 
dant elle  parait  se  présenter  tout  naturellement  lorsqu'on  étudie  des  solu- 
tions qui  sont  fonctions  analytiques  des  variables  complexes  A  et  B. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  — Sur  la  détenui nation  des  fondions  présentant 
certain  caractère  complexe  de-Tésolubilité.  Note  (')  de  M.  Arnaud  Denjov, 
présentée  par  M.  Hadamard. 

J'ai  donné  dans  ma  dernière  Noie  les  conditions  définissant  la  classe  des 
lonctions  résolubles  (2,.v).  Il  résulte  de  ces  caractères  que  la  différence  de 
deux  fonctions  de  cette  espèce  est  encore  une  fonction  de  la  même  nature. 
Nous  allons  en  déduire  que,  si  deux  fonctions  résolubles  (2,  s)  admettent  sur 
une  épaisseur  pleine  la  même  dérivée  seconde  ordinaire-approximative ,  hi  diffé- 
r^ice  (j  de  ces  deux  fonctions  est  linéaire. 

En  effet,  la  dérivée  seconde  ordinaire-approximative  (nous  la  désigne- 
rons par  G^  3  )  de  G  existe  et  est  o  sur  une  épaisseur  pleine. 

(')  Séance  du  21  mais  192 1. 


834  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tout  d'almid.  en  apjillLjuant  le  quatrième  caraclcre  à  renseiuble  par- 
lait P  constitue  par  le  continu  (les  a  et  les  t'  n'existent  donc  pas  ).  nous 
trouvons  que  l'ensemble  des  points  H  au  voisinag-e  desquels  la  dérivée  ordi- 
naire G'  (ou  (  i„  )  de  (  I  est  inexistante  ou  discontinue  en  certains  points,  ou 
non  rosolulile  dans  corlains  inteivalles,  cet  ensemlile  H  est  non  dense.  Sui 
un  segment  s  sans  points  communs  avec  H.  (i„  possédant,  sur  une  épais- 
seur [)lcine,  une  dérivée  approximative  nulle,  est  constant.  (  î  est  linéaire 
sur  s. 

Si  donc  (i  n'est  pas  linéaire,  l'enseinbie  L  des  points  au  \oisinagc 
desquels  G  est  non  linéaire.  L  est  non  dense. 

En  vertu  du  deuxième  caractère  des  fonctions  résolubles  (2,  .s  ),  si  (î  est 
linéaire  sur  deux  segments  ayant  une  extrémité  commune,  (i  est  linéaire  sur 
le  segment  réunissant  les  deux.  Donc  L  est  parfait.  G„  existe  etesl  constant 
sur  tout  intervalle  contigu  à  L,  et  par  suite  (2'  caractère  )  sur  tout  se^menl 
contigu  à  L.  Nous  distinguons  trois  cas  : 

i"  L  contient  une  portion  P  ne  possédant  aucun  segment  spécial  propre. 
Alors  (4*"  caractère  de  (i)  P  contient  une  portion  P,  sur  la  totalité  d<' 
laquelle  G',  existe,  est  continue  et  est  résoluble.  Comme  la  variation  de  G, 
sur  chaque  contigu  à  P,  est  nulle,  ainsi  que,  sur  une  pleine  épaisseur 
de  P,,  la  dérivée  approximative  de  G„,  G^  est  constant  sur  P,,  donc  sur  le 
segment  des  extrémités  de  Pj.  P,  n'appartient  donc  pas  à  L,  ce  qui  est  con- 
traire à  l'hypothèse. 

■2"  L  contient  une  portion  ()  dont  chaque  point  est  intérieur  à  une  infinité 
de  segments  spéciaux  de  L  (donc  de  Q).  On  détermine  dans  ()  une 
portion  Q,  telle  que  les  nombres  to(T)  formés  avec  G  et  les  segments 
spéciaux  de  (J,  forment  une  série  convergente  (  3*'  caractère  ). 

Ou  en  déduit,  en  négligeant  les  segments  spéciaux  supérieurs  à  un 
nombre  i  aussi  petit  qu'on  le  veut,  que  la  différence  des  valeurs  de  G,,  sur 
deuv  contigus  quelconques  à  Q,  est  nulle.  Enliu,  la  variation  de  G  sur  Q, 
étant  nulle  [d'après  la  convergence  dèsfo(7)].  G  est  linéaire  entre  les  extré- 
mités de  Q,,  ce  qui  est  encore  impossible  si  Q,  est  dans  L  (  '  ). 

3°  Sont  partout  denses  sur  L,  à  la  fois  les  points  appartenant  à  une  infi- 

(')  Les  conséquences  tirées  dans  celle  étude  du  Iroisième  caiacléie  des  fonrlion- 
résolul)les  (2,  .1}  subsisteraient  si  on  le  reiupla<-ait  par  le  caract''re  sui\;ml  inoiii- 
restrictif. 

(^uei  que  soil  rensenibje  parfait  I'  possédant  une  infinité  de  segments  spéciaux  7. 
les  points  de  I'  au  \oisinage  ilesquels  la  somme  est  non  bornée  des  quantités '.1^7  ) 
relatives  à  des  segnieiits  <y  en  nombre  quelconque  deux  à  deu.\  extérieurs  l'un  à  l'autre,, 
ces  points  forment  un  en3emi)le  non  dense  sur  I*. 


SÉANCE  nu  4  AVRIL  1921.  835 

nilô  de  sogiiicnls  spéciaux  de  L,  et  les  points  de  L  apparleiiant  seulement  à 
un  nombre  limité  de  tels  serments.  On  peut  déterminer  (3'  et  4'  caractères 
de  Cb)  une  portion  U  de  L  telle  que.  d'une  part  la  série  des  nomlires  (o(  n  \ 
relative  aux  segments  spéciaux  de  II  et  à  (i  est  convergente,  daulrô  [i.irt. 
quels  que  soient,  parmi  les  précédents,  les  segments  r:'  en  nombre  Uni 
négligés,  et  les  segments  n"  demeurant,  G„  existe,  est  continu  et  résolulde 
sur  l'ensemble  (fermé  )  R(t')  des  points  de  II  appartenant  aux  seuls  c:  .  La 
dérivée  approximative  de  (Ij,  étant  par  bypothcse  nulle  sur  une  épaisseur 
pleine,  il  en  résulte  que  la  variation  de  Gi,  entre  doux  points  de  R(t')  s'ob- 
tient uniquement  en  totalisant  les  variations  de  G„  sur  les  segments  couiigus 
à  R(^').  D'après  la  convergence  de  la  série  «(t),  on  peut  négliger  suffi- 
samment de  segments  t'  pour  que  la  somme  des  variations  absolues  de  (  i„ 
sur  les  segments  contigusà  R  (7)  soit  inférieure  à  un  nombre  positif  i  quel- 
conque donné  d'axance.  On  en  déduit  que  (  i^,  existe  et  est  constant  sur  R  et 
sur  ses  contigus,  ce  qui  aclièvc  de  démontrer  l'impossiltilité  de  l'existence 
de  L. 

Donc,  si  /esl  donnée  et  si  l'on  sait  l'existence  sur  une  épaisseur  pleine 
d'une  identité  du  type  /"= -T,  ,  ,  i  étant  une  fonction  résoluble  i2,.v)  et 
inconnue,  .t  est  déterminée  |>^r  /',  à  l'addition  près  d'une  fonction  linéaire 
arbitraire. 

L'intégration  T,  ,  ou  totalisation  symétrique  du  second  ordre  sera  préci- 
sément l'opération  permettant  de  remonter  de  /'à  J. 

AXAr,YSF.  MATHÉMATIQUE.  —  Le  théorème  (le  M.  Landau  el  les  fondions 
multiformes.  Note  de  M.  Théodori;  VAitopouLos,  présentée  par 
M.  Hadamanl. 

l.  En  190 '1,  M.  Landau  a  démontré  (  '  )  le  théorème  suivant  : 
Soil  une  fonction  analytique 

p.(  ,/■)  =  f/,|-H  rt,,r  -i-  rt..r--(-.  .  .4-  r/,„.r"'  -+-... 

régulière  à  l'origine,  pour  laquelle 

«,  i-:^  (1  : 
//  existe  un  cercle 

\.r\<  H('/,„  a,) 

(')  icber  eine  V-erallgcmeinerung  des  Picardsclien  Salzes  [  Sitzunglienchle  (1er 
Acaieinie  der  }]'issenschaflen.  1901,  p,  1 1 18-1 133). 


836  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

dont  le  rayon  dépend  seulnient  de  a„,  a,,  et  non  des  autres  coefficients 
«2>  «:)>•••)  (im^-'-ià  l'intérieur  duquel  la  fonction  \x(x)  possède  un  point 
singulier  ou  prend  au  moins  une  fois  l'une  des  valeurs  zéro  et  un. 

2.  En  utilisant  une  méthode  indiquée  par  M.  Rémoundos  dans  son 
Mémoire  (')  «  Sur  les  fonctions  entières  ou  algéhroïdes  »,  je  me  propose 
d'étendre  ce  nouvel  ordre  d'idées  à  une  liasse  de  fondions  a  =  o(j;)  multi- 
formes dans  le  voisinage  du  point  .;■  =  o,  1res  étendue,  définies  pai'  une 
équation  de  la  forme 

F(a-,  «)  =  Ao(.r)  + A, (,r)(/  +  Ao(a-)"^  +  ----^-A„-,(j:)  ('"-'-)-  P(.r,  n); 

les  coefficients  peuvent  être  singuliers  pour  x  =  o  et  même  non  unifoimes 
dans  le  voisinage  de  ce  point. 

La  seule  hypothèse  que  nous  faisons  ici  est  celle  qui  concerne  la  fon( 
l'on  P  (,r,  u)  laquelle  doit  avoir  la  même  valeui'  ^(x)  pour  «  =  o  et  m  =  i 

Supposons  que  dans  un  cercle  ]  o-'  j  <[  r  la  fonction  u  =  0(0")  ne  prenne  ni 
la  valeui'  zéro,  ni  la  valeur  un  :  il  est  évident  que  les  deux  fonctions 

F(.r,o)  =  Ao(.r) +  ,/(,*•) 

F(.r.  ,)z=Ao(.r)+A,(x)-^...+  A„_,(.r)+y(.i')=^F(''-o)+A,(.r)^...+  A„__,(.0 

ne  s'annulent  pas  à  l'intérieur  du  cercle  i-x'!  ■<  '",  et,  par  conséquent,  nous 
aurons  la  même  chose  pour  la  fonction 

l"(j%  1) _  l-"(.z-.  o  ) 

A,  (./■)  +  A,(.r)  +  .  .  .  +  A„_,(.i-)  -  '  "^   A,(./)-^A,ta-)  +  ...-i-A„_,(x) 

si  nous  nous  plaçons  dans  le  cas  où  la  fonction 

A,(.0^-A,(x,4-...+  A„__,(.c) 

est  finie,  dans  le  cercle  |  ;!■  |  <!  '",  bien  entendu, 
l'osons 

F(.r,  o) 


-(,r): 


A,(.r)  + A,(a,-)-t-.  ..+ A„..,(.r) 


la  fonction  7(.r)  dans  le  ceicle  |a;|<^r  ne  prend  ni  la  valeur  zéro,  ni  la 
valeur  un;  alors  si  'j{x')  est  régulière  poui- o;  =  o, 

(7(.r  )  =  y„  -h  y,  .r  -+-  y,  .r^  +  .  .  .  +  y  ,„  ,r"'  -+-.... 

et  si  y,  ^  o  il  existe,  en  vertu  du  théorème  de  M.  Landau,  un  cercle 

(')   Annales    ilr    C lùnlc    .\iirin<ile   safx-rieiin-    de    Paris,    Z'    série,    l.    iJO,    191 J, 
p.  388-393. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    I921.  83; 

à  l'intéiieur  duquel  la  tonction  t(j)  ou  bien  possède  un  point  singulier,  ou 
bien  prend  au  moins  une  fois  Tune  des  valeuiszéio  el  un,  et.  par  conséquent, 
le  nombre  R(y„.  y,)  est  plus  grand  que  le  rayon  /du  cercle 


Alors,  si  le  rayon  /•  est  égal  ou  plus  grand  que  K(Y„,  Yi)  •'  l'intérieur  du 
cercle  |  j-|  <;r.  il  existe  au  moins  un  point  singulier'  de  la  fonction  '7(,r)  ou 
bien  elle  prend  au  moins  une  fois  l'une  des  valeurs  zéro  et  un  :  c'est-à-dire 
qu'à  l'intérieur  du  cercle  \x\<^r  il  existe  orr  bien  au  moins  un  infini  de  la 

fonction 

A,(,r)  -h  A,(.r)  +  . .  .  +  A„_,(.r), 

ou  bien  au  moins  une  racine  d'une  au  moins  des  équations 

Nous  arrivons  donc  à  l'énoncé  suivant  : 

Trri;orir^;.Arr:.  —  Soi/  une  fonction  multiforme  H  =  ç.(.r)  définie  par  une 
équation  de  la  forme 

F(x,  »)  =  A„(.f)  -h  k^{.r)ll  -^  \,{.r)  it-+  ..  .-^  A„_,(,^■)  «"-'—  P(./',  ;/ )  =  o 

ui,'ec  la  condition 

P(.r.o)=:P(.t,  i)=:r/(,r). 
»  la  fonction 


:(.,■)=- 


A,(^-)  +  A,(,r)  +  ...  —  A„_,(.;') 

est  régulière  en  .f-  =  o  : 

'■(■'■)  =  Vo^-  7l'''  -h  ■/■1-V-+  •  • .  +  ym-f'"  —  . . . 
et  si  nous  avons  y,  7^  o,  il  e-x^isle  un  cercle 

(.'■!<U(7,n7i) 

dont  le  rayon  dépend  seulement  de  Yoj  Yh  '^  l'intérieur  duquel  ou  bien  la 
Jonction  ^(x) possède  un  point  singulier,  ou  bien  la  fonction  u  =  o(x)  prend 
au  moins  une  fois  l'une  des  valeurs  zéro  ou  un,  ou  bien  il  existe  au  moins  un 
point  ail  la  fonction 

A,(.j?)  +  A,(j-)  + .  .. -h  A„_,(x) 
prend  une  valeur  infinie. 


838  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUi;.  —  Sur  les  séries  de  Dirùlilel. 
Mole  de  M.   Fritz  Caulsox.  présentée  par  M.   Hadamard. 

Dans  la  théorie  des  séries  de  puissances  on  démontre  le  lliéorènie  suivanl  : 
Soit/{:v)  =  1  ((„x"  régulière  et  bornée  pour  j x \'<C  i :  alors  la  série  I!  |  a„  \- 
converge:  en  posant  \J(x)  ^  M  pour  \.ï-^  <^i  on  aura 

.le  veux  étaljlir  ie  même  tliéorème  pour  les  séries  de  Diriclilct  les  plus 
générales 

il)  J'i  s  \    -7(?„e   '"';         /.„.]>'/«•         'il     •  ^• 

rmcoiîKsn:  I.  —  Supposons  la  série  (i)  convergente  pour  une  mleur  finie  de  s 
'«/,  plus  généraleinenl^  sonimahle  par  les  moyennes  lvpi<iues  e'»  en  un  point 
fini  set  d'un  ordre  fini  /..  Supposons  la  /'onction  fis)  régulié/e  el  hoi née 
pour  -j  >  o.  Alors  la  série  ï  [  n„  |-  converge  :  en  posant  '  fis)  |  "^  M  pour  c  >  o 
on  aura 

Démonstration.  Soit  o  >  o  arbitrairement  pelil .  l)'après  la  théorie  île 
la  sommation  des  séries  (\),  on  a 

(  ■>.  I  y'i  •> o  ^-  i/)  =z  V  flf„  e-'«'-5-'^'" 1 1   - ..-'«-'"  r'- -i-  o  1 1  ''"' ) 

unit'ormémenl  en  /.  On  en  déduit  pour  la  quantité  conjuguée 

I   i  I  J'i>r]   -  il)  —  "S  â^^  e-'..  -''■-">  t  r  —  (''■.,-<•>  |-'-  ^  Oie   '"•'  I. 

\Iulti{)lions  membre  à  membre  les  deux  formules  ('2  )  et  (  J)  i 

I   i  I     I  Al  :!f;    :    It  i  j-  - 

:■„>'■> 

-r  2^      ^  <ina,„e   ''„•-'■.„'■-''    ',.   '„.'''i  i  -     t''„-  "M''mi  ~  f'-..,-'"!'-      0(f-^"') 

:=  v  -f- 15  -  (  ;. 


SÉANCE    DU    4    AVUll.    I921.  83ç) 

Choisissons  .r  fonction  de  (o  de  telle  nianièic  que 

h{(<))  désignant  la  [)lus  grande  des  quantités 

1  :  (/,„  -  /.„_,!,        /„    .  '.>. 

Dans  Cl),  multiplions  les  deux  membres  par  d/  cl  intégrons  le  long  d'un 
intervalle  de  loniiueur  -r.  Comme 


1\   f'BcU    <^,  li   /' 


C(//  .=:()(  c'"'"''), 


nous  aurons 


(^) 


^  f\J\2rU-i/)ï'clt-'^\a„\^e- 


Soit  î  >>  o  arbitrairement  petit,  v  un  entier  quclconipie.  Nous  pouvons 
choisir  w  suflisamuient  grand  pour  que 

1  1 


-=+0(e-S«)<£. 


et  que,  dans  (^5), 
Donc 

On  en  conclut 


pour  tout  V  et  pour  tout  ô  >  o.  c.  ii.  1 .  n. 

Remarque.  --  Pour  /  „  =  n  nous  retrouvons  le  théorème  pour  les  séries 


84o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  puissances.  Donc  il  n'existe  aucun  nombre/*  <^  -2  tel  que  la  série 

soil  nécessairetnenl  convergente  (  théorème  de  M.  Carlcman  ). 

Signalons  quelques  conséquences  qu'on  peut  tirer  de  notre  théorème  en 
le  combinant  avec  l'inégalité  de  Cauchy 

TiiÉonKMi.  n.  —  Si  la  série  (i)  (^supposée  somma hle)  reprî sente  une  fonc- 
lion  légulie're  et  hornèe  pour  t  ^  o,  on  aura 

|"i  1  +  |«2|  +.  ..+  |r/„|^M^'/(. 

Si. 'fie plus,  les  fxposanis  '/.„  vérifient  la  condition 

,.~<.l.+t,l„  -^  0(/„  +  i  -  "/.„  ).  /.  ^  o, 

la  série  (  i  )  converoe  absolument  pour  7  >  -• 

Pour  X„  =  log//  (X'  =  i),  ce  théorème  a  été  démontré  par  M.  Bolir. 
l'^nfin.  considérons  deux  séries 

(,6)  /'(  VI  r_^V^/„  ('->„%  -t.s\  —S"  f>„e-''..% 

toutes  les  deux  sommables  et  représentant  des  fonctions  régulières  et 
bornées  poui'  cr^o.  'Tout  d'abord,  on  en  conclut  la  con\ergence  de  la 
série 

lùisuite,  en  substituant  à  la  relation  (3)  celle  qui  correspond  à  la  fonc- 
tion g(s),  et  en  répétant  les  considérations  précédentes,  on  arrivera  à 
l'addition  suivante  au  théorème  de  la  moyenne  de  M.  Hadamard  : 

TiiKoiiiùMK  III.  —  Supposons  1rs  séries  (6)  sommnhles  et  les  fonctions  f  (s) 
et  g  {s)  réi^uliéres  et  bornées  pour  7  <^  o.  x  et  ,r  désignant  des  (juanlilc's 
réelles,  on  a 

1  i  III  -    /  /i'7  -^  il)  i(('7  —  (/)d/='y  a„  l/„  t'--' ..' 

uni I armement  en  y.  et  en  n  pour  tjIO  >  o. 


SÉANCE    DU    /|    AVRIL    1921. 


84  I 


ASTRONOMli:.  —   Observations  de  ht  comète  lieid  /dites  à  l'Observatoire 
de  liordcau.v  (lùfiiatorial de  o"'.38V  Note  de  M.  H.  Godaui». 


lûtes 
U1M. 


Mai- 


Avril 


-— 

Noi 

ibrc 

A.ïl. 

AI'. 

de  (• 

irn|.. 

c, 

r. 

0.33 

-S 

— (i.  i3' 

9 

12 

:    G 

9 

5 

-'•   9 

45 

-1-0. 20 

0 

20 

■) 

9 

.> 

0. 35 

7-5 

— 5.4'.î 

8 

20 

10 

9 

5 

0.19 

48 

-1-11.57 

9 

20 

10 

9 

5 

1 .  12 

69 

— 0 .   0 

'1 

'i'\ 

() 

9 

5 

-I.   (3 

S> 

-H4-27 

3 

24 

(i 

9 

■"> 

0.24 

06 

— .  ) .  1 J 

9 

4 

4 

9 

0 

Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates 

Temps  moven 

Los.  fàct. 

ne 

r.og.  fact 

19-M. 

de  Greenwicli. 

& 

apparente. 

paralLixe. 

apparente. 

parallaxe 

Mars  3o.  .  . 

h        Di       s 

. .    15.48.48,0 

1 
20 

23.39,58 

î  .572,; 

97.47.30,9 

0,820,1 

»     3o.  .  . 

••    16.-9.39,6 

20 

23.40,39 

î,>44« 

97. ',6.49,0 

0,824,, 

»     3i... 

.      16.   8.52,5 

20 

24.. 4, M 

f ,544« 

96.50. 17,0 

0,822,, 

■>     3i... 

1 6 . 3 1 . 4  i ,  5 

20 

■4.14,8. 

T  ,  5  I  I  „ 

96.49. "8,2 

0,826,, 

Avril    I.  .  . 

I 5 . 5o . 3o . 7 

20 

24.48,11 

î,56i„ 

95.51.49,9 

0.817,, 

"        1 .  . . 

I 5 . 5o . 3o , 7 

20 

24. ',7,85 

î.5(m„ 

95.51. 48, 2 

0,817,, 

»        I .  . . 

16. 19. 25.6 

20 

24.48,17 

î ,  5 1 6„ 

95. 5o.3o, 7 

0,82.,, 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


M  moyenne 

Réduction 

DP  moyenne 

Réduction 

Gr. 

19-21.0. 

au  jour. 

19îl,0. 

au  jour. 

Autorités. 

9.' 

Il       m       s 
20.23.     5,07 

+o',73 

97.53.52,5 

— 5 , 3 

A. G. 

Wien-Olt. 

7258 

8>7 

2O.24.49> '2 

-1-0,72 

97-46.24,3 

-5,3 

A. G. 

Wien-Oll. 

7272 

7-9 

20.23.37 ,61 

-1-0,75 

96.56.   4,9 

—5,1 

A. G. 

Wien-Oll. 

7261 

9.1 

20.24.33,54 

-1-0,75 

96.48.25,4 

— 5, 1 

A.  G. 

Wien-Ott. 

7269 

7.' 

20.23.34,64 

-(-0,78 

95.54.55. 1 

-4,8 

A. G. 

Wien-Olt. 

7260 

9-2 

20. 25.53,91 

-1-0,76 

95.47.25,7 

-4,8 

A. G 

Wien-Olt. 

7281 

8,5 

20.24.23,44 

4-0,77 

95 .53 . 5 1 ,  '1 

-4,8 

A. G. 

^^'ien-Ott. 

7268 

Remarques.  —  I^e  >o  mars,  \n  coniéle  est  voisine  d'une  étoile  de  grandeur  10, 5  qui 
rend  l'observation  difficile.  Ciel  voilé  de  cirrus.  Le  i'^''  avril,  la  Lune,  assez  voisine  de 
la  comète,  gêne  l'observation.  La  dernière  observation  a  été  obtenue  en  mesurant 
l'angle  de  position  et  la  distance. 


C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  172,  N"  14.) 


63 


8i2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.  —  Oliscrvalioiis  de  la  coincle  lieid  (1921  '/ ),  Jaitts  à  iéqua- 
torial  coudé  de  l'Obsen^atoire  de  /iesançon.  ?Sote  de  M.  P.  Chofardet, 
transmise  par  M.  B.  l>aillaiid. 

Noiiil)ic 

[latos.         Temps  moyen  de         Asrrnsiun  droite  Log   facl.  Disl.  polaire  Log.  fm  t. 

mil.  de  Besançon.  S-X>.  A'i.  compar.  appairnle.  parallaxe.  apparente.  parallaxe.   *. 

Il       m       s  m       s  ,        ,,  Il       m       s  «        ,         „ 

Mars^îo..      i6.3o.'i9     — 0.16,91      ~    !.3i,3      12:9      20. 20. 3g, 05         9,491,,       97.46.44j8         o,83S„     a 

1)     31..      16.13.59     -^0.35,  i3     —   ') .   3,1      i>'.g      20.24.13,19         9,5io„       96..5o.56,6        o.S33„     b 

\\iil    I..     ij. 50.19     -Hi.ii,*^!     —  2.   5,3      12:9      20.24.47124        9,535„      95.52.44)9        0;S27„     c 

Positions  iiioycnnes  des  étoiles  de  comparaison. 

lïéduction  Itéduction 

*.  Gr.  -A,  1921,0.  au  jour.  M'  l'.i^I  .0.  au  jour.  Antorilcs. 

Il       m      s  s  o       ,        „  „ 

<t 8,6       20.23.55,84        -1-0,72       97.  |4.  18,7       —  5,2       A.G.  \\'ien-Ouakring,  7263. 

il 7,9       20.23.37,61        -1-0,75       96.56.   4>9       —  5i>  ''!•  7261. 

<■ 7,1       20.23.34,63       -t-0,77       95.54.55,1       —  4i9  ifl-  7260. 

liemarqiies.  —  Par  la  présence  de  la  Lime,  encore  au  dernier  quartier,  la  comète, 
estimée  iiu  moiii>  de  9"  grandeur,  apparaît  comme  un  amas  nébuleux,  sensiblement 
iiiiul  et  large  de  ï  à  3  ,  ave:  i(indeii~;Uion  centrali'  bien  définie,  mais  Houe. 


ASrrtONO.MIE.  —  Observations  de  la  comète  Rcid,  faites  à  V équalorial  coudé 
de  l'Observatoire  de  Lyon.  Noie  de  M.  J.  Guim.au.mk,  présenlée  par 
M.  B.  Baillaud. 

Nonihre 
Dates  Temps  moyen  de  Log.  fact.  Log,  tact, 

l'.l^ld.  de  Lyon.  A>.  1-,.  rompar.       a  apparrnie.         paiall.  ?  apparente.  paiall.      _  * 

Il        m        s  m        s  II        m       -  o        , 

Mars  '.8..  i6.   3.   8  — o.  1 1  ,  i6  —  (.3'|,8  ^:8  20.22.32.02  — 9)552  — 9.32.39.3  -1-0,827  1 

Mars  ',8..  i6.'|0.28  — o.io,iS  -;-  5.47,7  '^-^  20. 22. 33, 00  -t-9,5oo  — 9.31.26,4  -l-o,835  1 

Murs  3o..  i().   8.'|3  — 0.17,29  —  3. 12,8  N:8  20.23.39,27  — 9)535  — 7.47.26,2  -i-o,8>5  ^5 

Mars3i,.  iG.i3.22  — 0.20,76  —  2.29.8  8:8  20.24.13. 52  — 9-524  — 6.5o.5o.i  4-0. 8-^!  i 

Positions  des  étoiles  de  comparaison, 

j  innyeinic,         Hcduclion  ô  moyenne,         Réduction 

*.  •      Gr.  l!)":;i,0.  au  jour.  1921.0.  au  jour.  Autorités, 

h        m      s  s  o        ,        „  ., 

I 9,3  >o.>.  !.42,5o  -)-o,68  —  9.37.19,8  -\-  5,7  rapportée  à  2 

■1 7,!  20.24.    9,37  —9.37.58,3  A.-G.  Wien-Oll.  7265 

;i k,ij  20.23.5.5,84  -I-0.72  —7.44.18,7  4-5,3  A.-G.  Wien-Otl.  7263 

Y 9,1  20.24.33,54  4-0.74  —  G. 48. 25, 4  -H  5)'  .^.-G.  Wii'u-Otl.  7269 

ncmarrjiics.  —  La  comète  est  circulaire,  de  moins  de  1'  de  diamètre,  a\ec  conden- 
sation centrale;  éclat  total  9"', 5. 


SÉANCE  DU  /j  Avmi,   1921.  843^ 


ANÉMOMÉTRIi:.  —  Sur  la  coinparahililé  des  anémomcliis. 
\ole  de  M.  C-E.  BitAziEit,  présentée  par  M.  (ieorges  T.cinoine. 

Si  l'on  délermine  à  plusieurs  reprises,  sur  dos  inlervallcs  de  temps  do 
l'ordre  d'une  heure,  le  rapport  des  vitesses  moyennes  de  rotation  de  deux 
anémomètres  de  ty|>es  dilîerents,  placés  au  voisinage  l'un  de  l'autre  dans  le 
vent  naturel,  on  trouve  (|ue  les  nombres  obtenus  varient  considérabloment 
d'une  expérience  à  l'autre.  Même  en  se  bornant  aux  mesures  dans  lestpielles 
la  vitesse  movenne  de  rotation  de  l'un  des  instruments  est  sensiblement  la 
même,  on  trouve  fréquemmenl  des  difl'érences  de  20  pour  loo  entre  les 
rapports  du  nomlwe  de  tours  d'un  anémomètre  llobinson,  par  exemple,  à 
celui  que  fournil  sinmllanémenl  un  anémomètre  Uicbard. 

Ces  diiïérences,  qui  ne  s'expliquent  pas  par  l'inlluence  muluelle  des  deux 
anémomètres,  ne  paraissent  pas  aLlribuablesau  fait  que  le  moment  d'inertie 
de  la  partie  tournante  n'est  pas  le  même  pour  les  deux  appareils.  11  suffit, 
en  edel,  d'enregistrer  la  vitesse  instantanée  du  moulinet  Richard  pendant 
les  expériences  pour  se  rendre  compte  qu'il  n'existe  pas  de  relation  nette 
entre  la  variabilité  de  la  vitesse  angulaire  de  ce  derniei-  et  les  variations 
que  l'on  constate  dans  le  rapport  des  nombres  de  tours  effectués  parles 
deux  instruments  dans  le  même  laps  de  temps. 

La  question  s'éclaire  d'un  jour  nouveau,  si  Ion  considère  la  manière  dont 
se  comportent  les  anémomètres  dans  des  courants  d'air  inclinés.  Les 
mesures  que  j'ai  eirectuées  à  ce  sujet  ont  été  en  majeure  partie  publiées 
dans  les  Annales  du  Bureau  Central  Mèléoroloiiique  (').  .le  me  contenterai, 
dans  cette  Note,  d'exposer  les  résultais  qui  en  découlent  au  point  de  vue' 
de  l'anémométrie  pratique. 

Si,  pour  diverses  inclinaisons  du  vent,  on  forme  le  rapport  de  la  compo- 
sante horizontale  de  la  vitesse  des  lilets  d'iiir,  calculée  d'après  les  indica- 
tions de  l'anémomètre,  à  la  composante  horizontale  réelle,  voici  ce  cpie  l'on 
trouve  pour  les  types  les  plus  employés. 


(')  lii'cherches  expériiiieiitaltiS  sur  tes  nioiilinels  anéinimiélriques  {Annales  du 
IJtireiiu  Central  niétéor<dogi(]ue^  l.  I,  191 '!•  l'ai'is,  Gaulliier-\  illars,  1921).  —  Voir 
éLialeiiienl  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  Oio,  et  l.  171,   \\yxo.  p.  1227. 


844  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

llapi>ort  de  la  valeur  mesurée  à  lu  valeur  réelle  de  la  composante  liorizon  laie 
dr  la  vitesse  du  veut  pour  divers  types  d'anémomètres  (  '  ). 

D.  \.  i:.  11,.  I.  o.  p.  B. 

O 1  ,  (lO  1  ,0(>  I,00  1,00  1  ,00  I,0<>  1,011  I  ,oo 

10 1,(1)  1,00  0,99  "'9^  C'>9^  i,o2  0,87  ",98 

■'.o I ,  (O  ';"7  ■  >07  1,00  0-9'  1,1  s  0-97  <-'j97 

3o i.3.'|  1,1  S  1 ,  a  I  1,11  1,00  i.aj  'j'9  0,91 

qo i,3()  1)37  i,3'>  1,25  ')'7  1,22  i,**9  0,84 

5o 1,3")  1,80  i,3j  1,35  1,^1  i.ii  1)93  0,7'» 

6) i,o5  2,^8  1,26  i,3i  1,65  1,09  1.34  0,61 

70 négat.  2,34  0,00  0,42  i,So  o,56  0,00  0,49 

80 iiL';;at.  '.,10  négal.  négal.           -                -  -3,85  0,00 

i.  inclinaison  du  vent  sur  riiorizon;  D',  anémomètre  tubulaire  de  Dines;  X.  plaque 
carrée  de  25""  de  côté  C^);  E,  anémomètre  à  moulinet  Robinson,  diamètre  des  coupes 
61'""', 5,  distance  des  centres  des  deux  hémisphères  opposés  4o2""°;  lli,  anémomètre  à 
moulinet  Kobinson,  mêmes  coupes  que  le  j)récédent,  distance  des  centres  de  deux, 
coupes  opposées  122""";  I,  anémomètre  à  moulinet  Robinson,  mêmes  coupes  que  les 
précédents,  mais  fixées  directement  sur  le  mojeu,  dislance  des  centres  de  deux  coupe* 
opposées  79"""';  O,  anémomètre  à  ailettes  hémicylindriques  disposées  perpendiculaire- 
ment aux  bras,  hauteur  des  ailettes  68""°',  diamètre  70"'"', 5,  dislance  des  axes  de  deux 
ailettes  opposées  229""", 5;  P,  anémomètre  à  ailettes  hémicylindriques  exactenjent 
semblables  à  celles  du  précédent,  mais  disposées  radialement,  distance  séparant  les 
bords  extérieurs  de  deux  ailettes  opposées  310"""'  ;  R.  anémomètre  à  moulinet  Richard. 

Je  i;ippellorai  lout  d'aijord  que  les  anémoiuèlres  sont  établis  [lOiir  fournir 
la  coniposaiile  liorizonlale  des  niouvenients  aériens  el  qu'ils  sont  conslilués, 
soit  par  des  ajutages  s'orientanldans  un  plan  horizontal  cl  reliés  à  un  dispo- 
silif  nianomélrique  (anémomètre  de  Dines),  soit  par  une  plaque  verticale 
ou  un  moulinet  à  axe  horizontal  orienlé  face  à  la  direction  d'oi'i  souffle  le 
vent  (anémomètre  à  plaque  normale,  anémomètre  Richard),  soit  enfin  par 
des  moulinols  assujettis  à  tourner  dans  un  plan  horizontal  (anémomètre  à 
ailellos  hémisphériques  ou  hémicylindriques  ). 

Dans  ces  conditions,  les  principales  conclusions  auxquelles  conduit 
irexauicn  des  nombres  contenus  dans  le  Tableau  ci-dessus  sont  les  sui- 
vantes : 

1°  Les  divers  types  d'anémomètres,  même  par /'(liteiiicnt  étalonnés  au  labora- 
toire,  ne  pciii'ent   fournir  des    indications    comparables   entre  elles   que  si 


(')   Vitesse  du  courant  d'air,  i5  m  :  sec. 

(-)  D'après  un  graphique  de  G.  Imffki.,  Aéroplnlc  i5  juin.  ii)i  i.  p.  271. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1921.  845 

Vindtnaison  des  moin'enienls  compte.i^es  de  Pdir  constituanl  le  vent  iialurel 
reste  uiférieurc  à  10". 

2°  Dans  une  installation  où  les  remous  à  composante  verticale  accentuée  sont 
fréquents  : 

a.  Les  indications  des  anémomètres  genre  Tucliard  son\.  trop  basses,  tandis 
que  celles  des  autres  instruments  sont  généralement  trop  élevées. 

b.  L'excès  des  nombres  obtenus  avec  les  anémomètres  Robinson  est 
d'autant  plus  accentué  que  le  rapport  du  diamètre  des  coupes  à  celui  du 
moulinet  est  plus  faible. 

c.  Les  instruments  dont  les  indications  se  rapprochent  le  plus  de  lu  réalité 
sont  les  anémomètres  genre  Richard  et  les  Robinson  à  bras  courts  (rapport  du 
diamètre  des  coupes  à  celui  du  moulinet  compris  entre  o,  5  et  0,8). 

d.  Jusqu'à  des  inclinaisons  de  l'ordre  de  ±  5o°  on  peut  obtenir  à 
5  pour  100  près  la  valeur  de  la  composante  horizontale  du  vent  en  employant 
simultanément  les  anémomètres  B  et  H,  et  en  prenant  la  moyenne  des 
nopibres  qu'ils  fournissent. 

c.  Si  l'installation  anémométrique  ne  doit  comporter  qu'un  seul  instru- 
ment, il  y  aura  avantage  à  employer  le  moulinet  Richard  ou  à  son  défaut 
un  moulinet  Robinson  genre  H,. 

f.  I^e  procédé  d'étalonnage  consistant  à  comparer  dans  le  vent  naturel 
des  anémomètres  de  types  dilïérents,  dont  l'un  a  été  taré  au  laboratoire,  ne 
peut  fournir  que  des  conclusions  qui,  vraisemblablement,  ne  sont  valables 
que  dans  les  conditions  où  la  comparaison  a  été  faite. 


AÉRODYNAMIQUE.    —    Sur  les   résultats  des  essais   récents  (fun  hélicoptère. 
Note  de  M.  Pescara,  présentée  par  \l.  Paul  Painlevé. 

L'appareil  essayé  est  composé  d'une  nacelle  renfermant  le  siège  du  pilote, 
un  moteur  de  60  HP  Hispano-Suiza,  les  commandes,  et  surmontée  de 
deux  hélices  biplanes  de  6",4o  de  diamètre,  à  6  pales  chacune,  tournant 
en  sens  inverse  autour  d'un  axe  commun.  La  force  motrice  leur  est  trans- 
mise par  l'intermédiaire  d'un  embrayage  qui  actionne  le  pignon  d'une  cou- 
roftne  dentée  conique  solidaire  du  moyeu  de  l'hélice  inférieure. 

Les  moyeux  des  deux  hélices  sont  accouplés  par  un  diiï'érentiel  dont  les 
satellites  ont  leurs  axes  solidaires  d'un  tube  central  encastré  dans  la  nacelle, 
lequel  sert  ainsi  d'a\e  et  de  soutien  aux  deux  hélices.  Tous  les  organes 
tournants  sont  montés  sur  roulements  à  billes. 


846  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Chaque  hélice  est  consliluce  par  six  [)Clits  biplans  formant  poutre  rigide 
sur  les  membrures  de  iaquelle  sont  montés  les  plans.  Ces  plans  peuvent 
tourner  autour  des  membrures  tubulaires  sous  Faction  d'une  commande 
spéciali'  (pii  permet  donc  de  varier  simultanément  l'incidence  de  toutes  les 
pales.  Chaque  pale  est  munie  également  d'un  dispositif  de  giiuchissemcnt 
différentiel  périodique  qui  permet  d'excentrer  la  poussée  de  l'hélice  dans 
une  direction  déterminée,  sous  hi  commande  d'un  «  maiiclie  à  balni  ». 


Enfin  cette  maud'uvre  de  gaucliissement  peut  aussi  s'elTcctuer  difl'éren- 
tiellement  entre  les  hélices,  en  augmentant  partiellcnient  Tinridonce  de 
Ibutc  une  hélice,  et  diminuant. partiellement  l'incidence  de  l'autre  hélice, 
sous  l'action  d'un  volant  placé  sur  le  manche  à  halai. 

Le  but  des  essais  était  la  vérification  de  la  poussée  et  des  coiqiles  fournis 
|)ar  les  hélices,  ainsi  que  de  la  manière  dont  les  commandes  se  compor- 
taii'nt.  A  cet  effet,  une  piste  d'essai  a  été  aménagée,  ninnii*  d'une  balance 
hydraulique  qui  [)ermet  la  mesure  de  tous  les  efloris  auxquels  l'appareil 


SÉANXE  DU  4  AVRIL  I921.  847 

esl  soumis  pendant  la  rolalioii  des  hélices.  Les  iésiiUal>  des  essais  ont  été 
les  suivants  : 

Vitesse  de  rotation  des  hélices i ,  7  t  :  s 

Poids  soulevé  moyen 36(>''s 

\  itesse  de  rotalion  du  moteur (."joc  t  :  m 

Puissance  fournie  par  le  uiotenr 36  IIP 

Qualité  siistenlatrice  du  système  sustentateiir,  environ.  .  .  .  2,5 

Couple  d'inclinaison  maximum  obtenu 100''!^"' 

Couple  de  rotalion  dépassiml .")o''^  :  m 

Ces  résultats  représentent  les  moyennes  d'expériences  soigneusement 
enregistrées  au  cours  de  très  nombreux  essais  (cent  quatre,  huit  heures  de 
fonctionnement)  effectués  sous  le  conliôle  de  MM.  les  capitaines  Huguet 
et  Letourneur,  de  la  Section  technique  aéronautique. 

D'autre  part,  l'appareil  n'a  eu  à  subir  aucune  répai\alion  durant  toute  la 
période  des  essais  ;  les  commandes  obéissent  parfaitement  à  tous  les  régimes. 

La  valeur  2,5  obtenue  pour  la  qualité  a  été  sensiblement  dépassée,  elle  a 
atteint  2,  8  dans  les  expériences  qui  ont  eu  lieu,  quelques  jours  plus  tard, 
devant  la  Commission  militaire  espagnole. 

Déduction  faite  de  10  à  12  pour  100  de  pertes  dues  au  ventilateur,  au 
silencieux,,  aux  transmissions,  etc.,  la  valeur  de  la  qualité  atteint  le  chilTri:- 
remarquable  de  4  environ. 

On  peut  en  conclure  que  le  problème  de  la  stabilité  dans  tous  les  sens, 
de  la  montée  et  de  la  descente,  dans  un  appareil  hélicoptère,  est  résolu  au 
point  de  vue  mécanique. 

Aï'/''  de  M.  Pâli,  Paim.evé  ^^//- /'/  Cnmnvtnicdtldn  précrdente. 

Le  problème  de  riiélicoptérie  a  été  rol)jel,  durant  ces  derniers  mois,  de 
recherches  et  d'expériences  précises,  qui  permettent  d'espérer  line  pro- 
chaine et  complète  réalisation.  Par  plusieurs  Xoles  que  nous  lui  avons 
communiquées,  M.  Breton  et  moi,  l'Académie  a  déjà  eu  connaissance  des 
calculs  et  expériences  remarquables  de  M.  OEmischen.  De  son  côté,  et 
d'une  manière  entièrement  indépendante,  M.  Pescara  poursuit,  depuis 
plusieurs  années,  l'étude  d'un  hélicoptère  de  son  invention,  dont  il  a  soi- 
gneusement étudié  les  organes,  les  commandes  et  la  stabilité.  En  particu- 
lier, la  descente  verticale,  moteur  éteint,  serait  résolue,  d'après  les  expé- 
riences de  Î\L  Pescara,  grâce  au  principe  dénommé  par  lui  principe  de 
V auto  freinage  des  hélices. 


I 


848  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  paradoxe  apparent  de  ce  principe  mérite  qu'on  s'y  arrête.  Lorsque, 
sur  un  navire  en  marche,  on  rend  une  hélice  folle  sur  son  axe,  elle  adopte 
presque  instantanément  un  régime  où  elle  se  visse  dans  l'eau  comme  dans 
un  écrou,  et  l'eau  n'exerce  plus  sur  elle  qu'une  résistance  insignifiante,  qui 
serait  exactement  nulle  si  l'hélice  était  une  surface  hélicoïdale  parfaite  et 
parfaitement  lisse.  Le  même  phénomène  se  produit  si  l'hélice,  folle  autour 
de  son  axe,  est  abandonnée  sans  vitesse  dans  l'air,  l'axe  vertical  :  l'appareil 
descendrait  avec  une  vitesse  croissanleW,  en  lournantavecune  vilesseangu- 

laire  w  sensiblement  égale  à   —   fsi  i-h  désigne  le  pas  de  l'hélice  ).  Mais 

supposons  que,  dès  que  oj  a  atteint  une  valeur  voulue,  on  efface  (par  une 
mano'uvre  convenable)  le  gauchissement  et  linclinaison  des  pales,  de 
façon  à  les  aplatir  sur  un  plan  horizontal;  les  résistances  de  l'air  sur  les 
pales  ont  alors  une  résultante  verticale  ascendante  qui  peut  équilibrer  le 
poids  de  l'appareil. 

D'une  façon  précise',  imaginons  une  pale  \\ov\zonlA\Q  par/ (lilement  lisse. 
qui  descend  avec  une  vitesse  verticale  constante  W  dans  l'air  immobile,  et 
en  même  tenq^s  tourne  avec  une  vitesse  angulaire  w  autour  d'un  axe  vertical 
fixe,  dont  la  distance  r  k  la  pale  est  grande.  Si  l'on  applique  la  loi  du  sinus, 
la  résistance  de  l'air  sur  la  pale  est  verticale  ascendante,  et  proportionnelle 
au  produit  AV  y  W^  -f-  oï-r'-;  plus  w  serait  grand,  plus  la  force  sustenlalrice 
serait  grande  et  le  mouvement  se  poursuivrait  de  lui-même.  En  réalité,  il  n'en 
est  pas  ainsi  à  cause  des  frottements  de  l'air  sur  la  pale  et  de  l'épaisseur  de 
la  pale;  pour  que  le  régime  se  maintienne  de  lui-même,  il  faut  donner  à  la 
pale  une  petite  inclinaison  de  façon  que  la  réaction  totale  de  l'air  qui  n'est 
point  normale  à  la  pale,  mais  légèrement  inclinée  sur  la  pale,  en  sens 
inveise  de  sa  rotation,  soit  veiticale;  pour  W  donné,  il  existe  alors  une 
valeur  optima  de  co  pour  laquelle  la  sustentation  de  l'hélice  est  maxima. 
Ce  ne  sont  là,  bien  entendu,  que  des  vues  simplistes,  et  seule  l'expérience 
peut  déterminer  les  conditions  optima  de  la  susie  itation,  la  meilleure  forme 
des  pales,  etc.  Ces  conditions  d'autofreinage,  d'une  importance  capitale, 
le  gauchissement  optimum  des  pales  et  les  commandes  de  ce  gauchisse- 
ment ont  été  étudiées  ingénieusement  et  minutieusement  par  M.  Pcscara, 
en  faisant  varier  l'inclinaison,  la  forme  et  l'incurvation  des  pales.  L'emploi 
des  hélices  de  l'appareil  en  roule  horizontale  ou  en  descente  oblique  a  fail 
également  l'objet  de  mesures  et  d'essais  précis.  Les  résultats  obtenus  sont 
des  plus  encourageants,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  sécurité  de  l'héli- 
coptère. 


SÉANCE    DU    '(    AVRIF.    I921.  849 


PHYSIQUE.  —  l." évolution  (le  la  mèlhodf  iiiitphujiie.  Noie  de  \l.  Marace, 
présentée  par  M.  d'Arsoinal. 

Man-y  avait  amené  la  mélliode  giaplii({uc  à  un  grand  degré  de  perfection 
el  le  tambour  à  levier  a  rendu,  dans  tous  les  laboratoires  de  pliysiologie, 
d'inap])réciablcs  services. 

Cependant  Marey  s'était  rendu  compte  que  les  divers  appareils  n'étaient 
pas  compaiab'cs  entre  eux  et  qu'un  même  tambour,  à  quelques  mois  de 
dislance,  ne  redonnait  pas  les  mêmes  tracés  quand  il  était  pourtant  placé 
dans  des  conditions  identiques. 

Il  en  était  résulté  la  proposition  (|ui'  Marey  avait  faite  au  Congrès  de 
Pliysiologie  de  (>anibridge  d'unifier  les  instruments  de  reclierclies,  et  la 
fondation  de  l'Institut  iMarey  qui  avait  pour  but  d'arriver  à  cette  unifi- 
cation. 

Mon  but  dans  cette  Note  est  de  montrer  comment,  sans  prétendre  à  cette 
unification,  que  les  circonstances  rendront  longtemps  difficile,  on  pourrait 
arriver  à  rendre  les  résultats  comparables. 

Deux  cas  se  présentent  : 

l^uiL.Mncr,  (AS.  —  Inscription  de  vibrations  Icnirs  (unité  de  temps,  la 
minute).  —  P.ir  vibrations  lentes  j'entends  celles  dont  l'unité  de  temps 
employée  est  la  minute. 

Les  causes  d'errcuis  proviennent  : 

(i.  De  la  longueur  et  du  diamètre  intérieur  des  tubes  de  transmission 
entre  les  tambours: 

b.  De  la  hauteur  et  du  diamètre  de  la  chambre  dair; 

c.  De  la  membrane  vibrante; 
(I.   Du  levier. 

a.  Il  est  facile  d'indiquer  la  longueui'  et  le  diamètre  des  tubes;  ceci  est 
important,  car  il  y  a  toujours  un  relard  dans  fa  transmission  qui  est  d'autant 
plus  grand  que  les  tubes  sont  plus  longs. 

b.  Il  serait  de  même  très  possible  d'iinilier  la  hauteur  et  le  diamètre  de 
la  chambre  à  air-. 

c.  La  membrane  vibrante  est  le  plus  souvent  en  caoutchouc  :  la  nature 
de  celle  substance  el  par  conséquent  ses  propriétés  élastiques  sont  essen- 
tiellement variables  non  seulement  avec  le  caoutchouc  employé,  son  épais- 


85o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

seur,  sa  tension,  mais  encore  avec  1  âge  cle  la  membrane;  suivant  le  milieu 
où  le  tambour  se  trouve,  la  membrane  se  transforme  plus  ou  moins  vite: 
liinl  que  l'on  emploiera  drs  lames  de  caoutchouc,  il  me  semble  impossible 
d'unilier  les  a[)pareils. 

tl.  Le  levier  est  peut-èlrc  la  partie  de  l'instrumeiiL  qui  engendre  le  plus 
d'erreurs,  car  sa  longueur,  son  poids,  la  résistance  de  la  plume  inscrivante 
sont  essentiellement  variables.  Le  22  avril  1882.  M.  d' Arsonval  présentait  à 
la  Sociélé  de  Biologie  un  inscripteur  par  jet  gazeux  qui  supprimait  tout 
frottement.  Ln  (889  (  '  )  j'ai  supprimé  la  résistance  de  la  pliinic  en  rem|)la- 
çanl  le  Icxier  par  tin  \.u\w  effilé  en  verre  aussi  léger  que  possible  dans  lequel 
je  faisais  passer  un  courant  d'eau;  le  noir  de  fumée  n'était  enlevé  que  là  où 
l'eau  frappait  direclenienl  le  papier. 

Vingt-neuf  ans  [dus  lard,  le  3o  décembre  1918,  M.  Louis  Lumière  (-) 
proposait  également  de  remplacer  la  plume  inscrivante  par  un  jet  gazeuv 
agissant  à  distance  cliimi(piemenl  siu-  un  papier  convenablement  sensibi- 
lisé. 

Di;i  \n.Mi;  f.\s.  —  inscùplion  de  ribnilions  nipides  (unité  de  temps,  la 
seconde).  —  J'appelle  vibrations  rapides  celles  qui  ont  pour  unité  de  temps 
la  seconde  :  elles  peuvent  être  audibles  ou  inaudibles  suivant  que  leurs 
vibrations  sont  ou  non  couiprises  entre  i(>  et  3jooo  vdjrations  par 
seconde. 

En  prenant  des  précautions  tout  à  fait  spéciales  on  peut  arriver  à  les 
inscrire  avec  un  tandjour  à  levier  modilié;  mais  les  résultats  obtenus  par  les 
dilïérents  expérimentateurs  ne  sont  pas  comparables;  les  tracés  dune 
même  source  sonore  varient  avec  la  membrane,  sa  nature,  sa  tension,  sa 
surface,  avec  le  volume  de  la  chambre  à  air;  enfin  avec  le  levier. 

Il  faut  donc  transformer  complètement  le  tambour  inscripteiu';  supprimer 
'la  membrane  eu  caoutchouc  et  la  remplacer  par  uuc  membrane  en  liège 
ayant  quelques  dixièmes  de  millimètre  d'épaisseur,  et  s'urtoul  remplacer  le 
levier  matériel  par  un  rayon  lumineux;  avec  les  papiers  extra-sensibles  que 
iHTus  possédons  on  peut  facilement  inscrire  toutes  les  vibrations  sonores;  les 
manipulations  soûl  moins  compliqiu'es  qu'avec  la  méthode  graphique  oïdi- 
luiire;  dans  ra[)paieil  que  j'emploie  le  ra\on  réiléchi  est  immédialemenl 
mis  au  point  sur  le  papier  sensible;  le  petit  miroir  plan,  qui  suit  tous  les 
luoiivemeuls  de  la  meudirane,  est  plus  léger  (pie  la  chaîne  des  osselets  do 

(')    Note  ~ur  un   ii(iiive;ui  spliygmogi  njjlie.   i  écniiipt'ii-c  |i;ii   hi  lariiilt'  de  Miclicme. 
-   (-')   Cuiitpte^  rendus,  t.  167.  1918.  ji.   10G8. 


SfANCE  DU  4  AVRIL  I92I.  85 1 

l'oreille  (6''«);  le  papier  sort  dovoloppé  et  fixé  de  rinslnimeiit  de  telle  sorte 
qu'il  n'y  a  aucune  manipulation  à  faire;  les  tracés  sont  aussi  fins  (pie  les 
tracés  obtenus  avec  le  noir  de  fumée. 

\vec  cette  technique,  pour  fixer  les  conditions  d'une  expérience,  il  suffit 
d'indiquer  la  nature  de  la  membrane  vibrante. 

Ce  dispositif  peut  naturellement  servir  pour  les  vibrations  lentes. 

Conclusions .  —  Pendant  la  guerre  on  a  fait  grand  usage  de  la  méthode 
graphique;  il  serait  utile  de  reprendre  les  idées  émises  par  Mare\  au  Congrès 
de  Cambridge  et  de  rendre  comparables  entre  eux  les  résultats  obtenus  par 
les  nombreux  expérimentateurs  qui  emploient  ces  procédés. 


sPECTROSCOPli:.  —  Spectres  ffélmce/le  du  fer  el  du  cobalt  dans  Vultradolet 
extrême.  Note  de  MM.  L.  et  E.  Blocii,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Nous  avons  fait  connaître  précédemment  (')  le  spectre  d'étincelle  du 
nickel  dans  la  région  de  Schumann.  Nous  donnons  ici  les  spectres  d'étin- 
cel'e  du  fer  et  du  cobalt  dans  la  même  région.  Le  spectre  du  cobalt  a  déjà 
été  mesuré  par  nous  (*)  jusqu'à  la  longueur  d'onde  itS'-l  et  complété  jusque 
vers  1828  par  Takamine  et  Nitla  (  ').  Mac  Lennan,  Ainslie  et  Fuller('') 
ont  observé  dans  le  spectre  d'arc  du  cobalt  quatre  raies  entre  uS5o  et 
1671»  U.  A.,  dont  aucune  ne  concorde  nettement  avec  celles  que  donne  le 
spectre  d'étincelle.  Pour  le  fer,  nous  n'avons  connaissance  d'aucune  mesure 
certaine  de  longueurs  d'onde  dans  l'ultraviolet  extrême. 

Le  spectre  du  cobalt  et  celui  du  fer  sont  extrêmement  riches  en  raies  dans 
la  région  qui  nous' occupe,  mais  ces  raies  sont  généralement  faibles  (f.); 
de  plus  le  |)oavoir  séparateur  de  notre  prisme  ne  permet  pas  toujours  de 
résoudre  des  groupes  de  raies  très  rapprochées.  On  s'explique  ainsi  que  sur 
notre  liste  un  grand  nombre  de  raies  soient  marquées  comme  diffuses  (d.) 
ou  larges  (I.),  beaucoup  d'entre  elles  sont  probablement  doubles  (dou.)  ou 
multiples  (mul.). 

Les  huit  dernières  raies  de  la  liste  du  cobalt  ont  été  obtenues  par  exlra- 
j)olation  et  peuvent  présenter  de  légères  erreurs  systématiques. 


(')  L.  ei  li.  Bi.ocii,  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  3.jo. 

(-)  L.  el  \l.  Bloc.ii,  Joiirii.  de  Phys.,  t.  5i,  I9i4>  P-  622. 

(')  Mi'.n.  <>/  titc  Coll.  Il/ Sri'.,  kyoto  Inip.  Univ.,  t.  2    1917.  p 

(')  Prnr.  Itny.  Snc.   l.  9.Ï,    I919. 


852 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Fer. 


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d. 

1        i838,o 

1        1827,3 

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1        i8i3,(3 

» 

t        1808, '1 

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1        1 80-^ ,  3 

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'        '797'' 

» 

'        '79'«." 

3       1786,3 

d. 

I        .770,3 

i.  d 

'        '77'. 9 

■'■       '769>7 

l.  d. 

I        1765,0 

t.  f. 

2       1 763 , 2 

1        1 760 , 1 

1        1758,5 

.        .7-^0,7 

1        1753,6 

1        i7"i'.7 

'        '7i9-9 

1        '7't"''i 

t.  f. 

I        1738,', 

i.  1. 

1        1735,1) 

» 

1        1732,5 

» 

I        1 731  .  1 

» 

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l.  d. 

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t.  d. 

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d. 

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1        i6()5.<i 

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1687.9 

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1686,3    d. 

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1678.7  t.  d. 

1675.9  t.  d. 
1673,  .1 
1670.9 
1668.',  LA. 

1662.  '1       Jiiul. 
1659.5 
1653.7     l-  '•• 
i652,8     i.  d. 
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16.45. 3 
16:43.6 

2  1641. 9 

3  1640.0 
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1 64  5 . 8 
1634, 2 
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i63i.i 
1629.2 
1626,5  i.  I. 
1 625 , 5 
1623.6 
1621,5 

1618.5  don, 
1616.9 

161 5. 2  t.  f. 

1614.3  l.  f. 
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1609, I  d. 
1607,7  d. 
1606, I 
i6o5.o 
I  ()o3 , 5 
1601  ,  ',  t.  d. 


1598,5 
1 597 . S 
1596. I 
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1590.3 


f.  d. 


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1578,9  l.  f. 
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1570,3 
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i566,7 
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1542.4  d. 
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1 534 ,  j 

i532,5  i.  I. 
i53i .7 
i53o, 3 


SÉANCE    DU    4    AVIlIt,    1921, 


8-53 


Chall. 


3 

1835,  I 

t.  (1. 

1 
2 

3 

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(1.  1. 

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1823. I 

1821  .-. 

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1 

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I 

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1 

1720, I 

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2 

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2 

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1 

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3 

I 

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l.  f. 

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1 

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3 

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2 

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2 

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2 

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1.  f. 

2 

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1601.2 

I 

523,2 

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2 

.521,7 

.596,8 

t.  1. 

I 

520,6 

.594,5 

•'. 

5i3,2 

I 593 , . 

. 

5 1 1 , 6 

.590.4 

t.  f. 

I 

507 , 7 

854  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


t.  f. 

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1455,6 

I  I9.J. . 

1 49'-  ■  ' 

i49<>-4 
1 486.8 
.475,8 
i4-''..8 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  /ûio/i/is,  (irrites,  bail, rites,  elr.  Vciridiions  dr  rolunie 
sous  l'dction  dr  la  r/iah'ur.  ^ote  de  M.  A.  Buior,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

Dans  une  Note  précédente  (  ' },  nous  avons  décrit  les  variations  de  volume 
de  quelques  kaolins  et  art^iies  sous  Tellet  d'un  séchage  lentement  réglé. 
iNous  nous  proposons  d'exposer  ici  quelques-uns  des  résultats  que  nous 
avons  obtenus  en  chauffant  des  éprouvelles  en  bauxite,  l'n  kaolin,  en 
argile,  etc.,  jusqu'aux  températures  où  elles  se  ramollissent,  se  déforment 
et  s'affaissent  sous  leur  propre  poids,  ces  températures  étant  considérées 
actuellement  comme  celles  des  points  de  fusion. 

Les  matières  à  essayer  sont  réduites  en  poudre  impalpable,  passant  au 
tamis  de  soie  n"  :Î00  (200  mailles  au  pouce  linéaire),  on  les  humecte  pour 
les  transformer  in  poudre  humide,  on  les  place  dans  des  moules  métalliques 
de  100'""'  de  longueur  et  3o"""  de  côté,  et  on  les  comprime  à  la  pression  de 
5oo'''''  par  centimèlre  carré.  Les  pièces,  en  sortant  du  moule,  ont  pris  un 
léger  allongement,  qui  varie  de  0,6  à  1  pour  100.  On  mesure  leur  longueur, 
on  les  chauffe  ensuite  à  100°,  puis  à  200°,  et  ainsi  de  suite  de  100  en  100 
degrés  jusqu'à  la  température  de  fusion.  Après  cha(]ue  opération  de  chauf- 
fage, on  détermine  la  longueur  des  éprouvettes. 

Nous  bornons  les  descriptions  de  cette  Note  aux  matières  suivantes  : 

/'.    I  ne  baii\ile  I)liincl]e  de  Maiissaiine  (  Bûuclii'-;-du-l{lione  ).   (|iii   ne  coiilieiit  pas  de 

silice  libre. 
/■.    I   ne  haiiMte  i'cini;e  (le  liiigimles  (\ar\  qni  l'enferme  de  la  silice  libre. 
/. .   l^e  kaolin  des  li)yzies  (Dordogne),  (|ui  ne  conlienl  ])as  de  silice  libre. 
g.   l'ne  argile  à  grès  de  la  Nièvre,  qui  renferme  de  la  silice  libre. 
s.    l.n  mélange  à  parties  égales  do  kaolin  des  i'.v/.ics  et  de  silice  des  galets. 

(')  Comptes  rendus,  t.  \~-l,  \\\i\,  p.  75."). 


SÉANCE    DU   4    AVRIL    1921  855 

Nous  avons  établi  les  courbes  do  leur  variation  de  longueur  avec  les  chan- 
gements de  Icaipéi'ature,  en  ramenant  à  100  la  longueur  initiale  (  //^'.  i). 

Cmirbr  b.  —   I.a   bauviie   de  Miuii^iniin'  ooriiiuriice  à  prendre  du  iflrall  vers  800". 
•  il'   ri'irail  est   leul  jn-iniVi    p^oo".   A  partir  de  i  ?oop  jiisi|ii'à  i36o°,   il  est  rapide.  Il 


1830°, 

5 

K 
C 

1 

1S0Û°. 

l^ 

^ 

iW. 

_.,^ 

j 

pi  toc'. 

^1100*. 

■1)  :    c 

T    / 

r^ 

F^ 

r 

-^ 

U-r^ 

(m 

f 

i  ^ 

|k 

Soô. 

lK)0. 

l 

3oo'. 

Zoo" 

Voo'. 

û'. 

5S  50 


8S 


■-e  lali'iilit  l'iilrc  1^00°  el  ijôo".  ri  ciilin  il  s'accélère  vers  le  point,  de  fusion  (|iii 
varie  entre  1900"  et  igîo".  La  fusion  de  cette  bauxite  au  cubilot  ou  au  four  électrique 
provoi|ue  la  formation  de  rri->lan\  abondants  de  sillinuuiile,  SiO^M-O'',  (|ul  sont 
in  fusibles  à   ',000°. 

Courbe  r.  —  La  bauxite  rouge  contient  de  la  silice  lilin'  ipii  se  gonfle  à  partir  de 
600°,  mais  ce  gonflement  est  faible;  à  1000°,  il  a  disparu;  cette  bauxite  prend  ensuite 
un  retiail  important  et  se  fissure  au  fur  et  à  mesure  (pic  la  température  s'élève.  A 
partir  de  i."joo".  on  voit  apparaître  des  cristaux  de  corindon  dont  la  quantité  s'accroît 
à  mesure  que  Ion  appioclie  <le  la  fusion. 

C'iiirbc  I;.  —  Le  kaolin  des  E\'zie--  piend  du  retrait  à  partir  de  700°  jus(|u'à  lôSo"; 
au-dessus  de  cette  température,  il  se  gonlle  si  le  cbauffai;i'  est  rapide,  puis  il  prend 
de  nouveau  du  retrait  en  approchant  de  sa  température  de  fusion  (|ui  est  d'environ 
1790". 

Courbe  ff.  —  L'argile  à  grès  de  la  Nièvre,  (|ui  commence  d'abord  à  se  gonfler 
jus([u"à  850°,  prend  du  retrait  jusque  vers  1  fôo";  au  delà,  elle  se  gonfle  jusqu'à  i45o°, 
puis  elle  diminue  de  volume. 

Courbes.   —  Le   mélange   de   kaolin  de-^   Eyzies    et   de   silice   des  galets  en  poudre 


856 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


iiiipalpiible  cloime  naissance  à  trois  gonlleineiils  successifs,  l'un  vers  700»,  l'autre  vers 
950°,  et  le  troisième  plus  important  à  partir  de  i  >..5o">  jusi(u'au  moment  où  l'on 
approche  de  la  teinpératuie  de  fusion. 

Ce  dernier  gonllenienl  est  produit  à  la  fois  par  la  dilatation  de  la  silice  et  du  Uaolin. 
Après  avoir  été  porté  à  cette  température,  le  mélange  s'est  lellemenl  gonllé  (ju"i!  ;i 
perdu  toute  cohésion  et  est  devenu  fi  ial>Ie. 


De  ces  expériences  on  peut  concluie  : 

1°  Les  bauxites,  kaolins  et  argiles  qui  ne  contiennent  pas  de  silice  libre 
commencent  à  prendre  du  retrait  au-dessous  de  1000". 

2°  Toute  argile,  toute  bauxite  qui  se  gonfle  au-dessous  de  1000"  contient 
de  la  silice  libre. 

3"  Les  argiles  et  les  kaolins  cbauffés  rapidement  se  boursoullent  avant 
d'atteindre  leur  température  de  fusion.  Les  bauxites  ne  présentent  pas  ce 
boursoudement.  Le  gonflement  est  dû  à  la  volatilisation  de  silice  ou  de 
silicates,  ou  d'autres  acides  ou  sels  minéraux  qui  se  dégagent  au  moment  oit 
la  matière  se  ramollil  et  se  vitrifie;  ces  élémenls  forment  en  se  volatilisant 
des  vésicules  emprisonnés  dans  la  masse  qui  se  gonfle  sous  leur  pression. 

Nous  avons  étudié  particulièrement  le  gonflement  des  argiles,  et  d'aulrcs 
silicates,  et  nous  avons  réalisé  au  moyen  d'un  certain  nombre  d'entre  eux  la 
reproduction  de  pierres  ponces  artificielles,  dures,  imperméables,  dont  la 
densité  apparente  est  inférieure  à  l'unité.  Nous  donnons  à  titre  d'exemple 


/ 
5 

53 

6/i 

\-> 

23 

o8 

o 

2à 

■î 

lO 

3 

(33 

o 

90 

SÉANCE  DU  4  AVRIL  1921.  807 

la  composition  de  deux  ponces  artificielles,  a  dp,  et  la  photographie  de  leur 
coupe  agrandie  de  moitié,  a  est  un  schiste  ardoisier  qui  s'est  gonflé  à  i  i5o", 
et  p  est  une  porcelaine  qui  a  été  [)ortée  rapidement  à  la  température 
de  1450°  (/îg.  2). 


l'eile  au  fe:; 4.47 

sio- 33,40 

Ar-0' 26,67 

Fe=0' 9,40 

GaO,  MgO 2,7.5 

K^O,  Na^O 3,18 

l'^O^ .  » 


CHIMIE  Pliy,SIQUi:.  —  Sur  les  phénomènes  êleclriqiies  (iccuinpagnant 
le  déplacement  (les  métaux.  Note  ('  )  de  M.  Bari.ot,  présentée 
par  M.  A.   Ilaller. 

Nous  avons  décrit  dans  une  précédente  Note  les  phénomènes  observés 
quand  on  étudie  le  déplacement  des  métaux  dans  une  lame  liquide  d'une 
solution  d'électrolyle  (^).  L'examen  des  «  lignes  de  cristaux  »  montre  des 
répulsions  très  nettes  et  semble  indiquer  l'action  de  forces  électriques.  Un 
certain  nombre  d'expériences  nous  ont  permis  de  préciser  cette  influence. 

Le  système  formé  de  deux  fragments  de  zinc  et  d'une  solution  de  chlo- 
rure cuivrique  donne  normalement  deux  «  spectres  métalliques  »  symé- 
triques avec  une  ligne  neutre  rectiligne;  si  l'on  applique  une  force  électro- 
motrice supplémentaire  (i  à  2  volts)  en  reliant  chaque  fragment  de  zinc  à 
un  pôle  d'un  générateur,  les  «  spectres  »  obtenus  sont  dissymétriques,  la 
ligne  neutre  est  déviée  et  prend  une  forme  parabolique;  c'est  naturellement 
au  pôle  négatif  que  la  précipitation  est  la  plus  abondante.  La  photogra- 
phie 1  a  été  faite  avec  le  système  zinc-chlorure  de  cadmium;  la  déviation 
de  la  ligne  neutre  est  très  visible.  Si  la  force  électromotrice  est  suffisante, 
on  n'a  de  dépôt  métallique  que  sur  le  zinc  relié  au  pôle  négatif. 

On  peut  obtenir  des  dendrites  métalliques  sans  faire  intervenir  autre 
chose  qu'une  force  électrique;  c'est  ce  que  montre  l'expérience  faite  avec 
deux  fragments  de  cuivre  sur  du  chlorure  cuivrique;  le  dépôt,  qui  ne  se 

(  '  )  Séance  du  29  mars  1921. 

('-)  Comptes  rendus,  t.  172,  192 1.  p.  378. 

G.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  17Î,  N»  14.)  "4 


858 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


forme  qu'au  pôle  négatif,  est  constitué  par  des  «  lignes  de  crî^laux  »  iden- 
ti(pii's  à  colles  des  cas  précédents. 


iNoiis  a\ons  aiis^ii  utilisé  le  dispositif  suivant  :  un  fragment  tie  zinc  et  un  fragment 
de  cui\re  reliés  entre  eux  extérieurement  par  un  fil  de  cuivre  sont  placés  sur  du  clilo- 
l'ure  cuivrique;  le  cuivré  se  dépose  d'abord  uniquement  sur  le  zinc,  puis  au  bout  de 
quelques  heures  (en  utilisant  une  solution  cuivrique  deux  fois  normale)  les  dendrites 
apparaissent  sur  le  cuivre;  l'aspect  obtenu  (photographie  "2)  semble  indiquer  que  le 
second  dépôt  (celui  de  droite  sur  la  photographie)  est  de  signe  contraire  du  précé- 
dent; les  «  lianes  de  cristaux  »  issues  du  cuivre  tendent  à  envelopper  celles  partant 
du  fragment  de  zinc.  Le  dépôt  métallique  Sur  le  cuivre  ne  se  produit  que  lorsque  la 

coiicontralioii  des  ions  Zn  par  rappoit  à  celle  des  ions  Cu  atteint  une  certaine  vah'nr, 
et  l'on  peut  retarder  ou  accélérer  cette  précipitation  par  adiliiloii  df  (|uelques  i^outles 
de  chlorure  cuivritjue  ou  de  chlorure  de  zinc. 

Des  expériences  faites  dans  les  mêmes  conditions  avec  le  svstrnu'  7.ii-(ld-(!dC.l-  ont 
donné  des  résultats  identiques. 

Certaines  observai  ions  nous  ayant  conduit  à  penser  (|ue  Faction  de  la 
pesanteur  était  à  peu  près  nulle,  nous  avons  pu  mettre  en  évidence 
l'ensemble  du  champ  électrique,  qui  accompagne  le  déplacement,  par 
l'expérience  suivante  :  àcn\  minces  fragments  de  zinc  sont  placés  sur  un 
grand  nombre  de  feuillets  imbibés  de  solution  (3o  à  '|o)el  recouverts  d'une 
égale   (juantité.    A[)rès   un  jour'  ou   deux   de   contact,   lavage  complet   et 


SÉANCE    DU    /j    AVRir.    I921.  869 

séchage,  il  suffit  de  séparer  les  différentes  feuilles  pour  avoir  en  coupe 
l'aspect  du  dépôt  métallique  à  n'importe  quelle  hauteur.  L'examen  do  ces 
coupes  montre  que  les  «  li.ffnes  de  cristaux  »  sont  comparables  aux  lis^nes  de 
forre  que  donncrai'i'nt  delix  centres  électriques  de  même  nom,  et  s'étendent 
normalement  au  zinc  dans  toutes  les  directions. 


Nous  attribuons  la  formation  des  «spectres  métalliques»  à  l'action  du  champ 
électrique  produit  par  le  métal  le  plus  électronégatif;  cette  action  tend  à 
orienter  les  ions  positifs  de  l'électrolyte  suivant  les  lignes  de  force  ;  ces  ions 
sont  soumis  d'autre  part  aux  forces  de  cristallisation;  quand  ils  passent  à 
'état  métallique  ordinaire,  les  dessins  formés  sont  le  résultat  de  ces  deux 
actions. 

Si  l'action  d'un  champ  nouveau  intervient,  on  peut  s'attendre  à  un  aspect 
différent;  si  l'on  remplace  le  verre  par  une  lame  métallique  électropositive 
par  rap[iort  au  métal  de  l'électrolyte,  le  champ  électrostatique  produit  par 
la  tension  de  dissolution  du  métal  de  la  plaque  exerce  sur  les  ions  positifs 
une  action  nniforme;  en  fait,  avec  un  tel  système  on  n'obtient  pas  de  den- 
di  ites,  mais  un  dépôt  continu  avec  des  stries  fermées  dont  les  fragments  de 
zinc  occupent  le  centre. 


8(io  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  LUI.  important  mouvement  orogénique  au  début  du  Crêta- 
cujne  dans  la  Kahytie  des  Babors.  Noie  ('  )  de  M.  Ehrma\-.\,  transmise  par 
M.  Cil.  Depérel. 

Les  sédiments  crélaciques  dans  la  Kabylie  des  Babors,  en  particulier  sur 
les  flancs  des  chaînes  liasiques  et  jurassiques,  sont  non  seulement  trans- 
gressifs  sur  le  Trias,  le  Lias,  le  Jurassique,  mais  se  montrent  sous  un  faciès 
mixte  hatliyal  et  littoral  extrêmement  curieux,  et  (|ui  n'a  jamais  été  encore 
signalé  dans  la  région  tellienne. 

Les  dépôts  crétacés  dans  la  chaîne  des  Babors  débutent  par  des  schistes 
de  coloration  et  d'aspect  très  variables,  sans  stratification  régulière,  gru- 
meleux ou  finement  détritiques,  avec  reprise  assez  fréquente  d'éléments 
triasiques  (quartz  bipyramidés,  etc.).  La  sédimentation  devient  ensuite  de 
plus  en  plus  régulière  et  calcaire  (calcaires  marneux,  schistes  marno  cal- 
caires) avec  intercalation  de  nombreux  bancs  de  conglomérats  à  éléments 
parfois  très  volumineux  de  Trias,  Lias  et  Jurassique.  Ces  conglomérais  sont 
très  puissants  (Soo"")  sur  le  flanc  nord  du  Djebel  Imoulentaour-Adrar 
N'Fad  (1700™)  où  l'oued  Acif  Ikrouane  entaille  perpendiculairement  ces 
couches  et  permet  d'en  relever  une  bonne  coupe.  Ailleurs  (oued  Agrioum  ). 
ce  sont  de  nombreux  bancs  d'épaisseur  variable  intercalés  dans  les  schistes 
bathyaux. 

Il  s'agit  donc  bien  d'un  faciès  mixte  à  la  fois  bathyal  et  littoral,  car  toute 
une  faune  de  bélemnites  et  ammonites  du  Crétacé  inférieur  se  trouve  aussi 
bien  dans  les  schistes  marno-calcaires  que  dans  les  conglomérats,  et  parfois 
même,  presqui-  uniquement  dans  ces  derniers  (-).  J'ai  trouvé  ce  Crétacé 
détritique  autour  du  Djebel  Arbalou  (iSi^"'),  promontoire  liasicpie  qui  se 
dresse,  isolé,  à  l'ouest  de  Bougie  ainsi  qu'au  nord  mêm<'  de  cette  ville, 
au-dessus  du  Marabout  de  Sidi  Touati.  il  est  également  important  de  noter 
de  beaux  exemples  de  «  ripple-marks  »  sur  les  surfaces  gréso-schisteuses 
du  Crétacé  inférieur,  à  la  ferme  Lambert,  située  sur  le  flanc  ouest  du  pro- 
montoire basique  du  cap  Aokas.  Les  observations  ci-dessus  sontintércs- 

(')  Séance  du  29  mars  1921. 

(-)  l'iiinii  les  formes  les  plus  abondantes  je  cilcrai  :  Kitianelhi  iioiih/iiidi  à'Oih.. 
A'i'iicdiiiifes  ni'ociiiiiii'nsis  ir<>i'li..  Hn/cns/pp/iii/iiis  hisjxiiiiciis  Malhulii,  /.is^ocrnis 
Gr-jsi  (l'drli.,  elr. 


SÉANCE   DU   l\    A\KII,    1921.  861 

santés  et  démontrent  que  les  cliaines  tle  la  Kaliylic  des  Babors  étaient 
esquissées  et  en  parties  émergées  au  début  du  Crétacé,  et,  fait  intéressant, 
avec  une  orientation  générale  Est-Ouest,  sensiblement  analogue  à  l'orien- 
tation actuelle.  D'autre  part,  j'ai  également  pu  observer  des  faciès  détri- 
tiques à  travers  tout  le  Crétacé,  ce  qui  indiquerait  que  les  mers  crétacées 
ont  pénétré  dans  les  couloirs  étroits  et  profonds  des  synclinaux  ou  anti- 
clinaux érodés  (  '  ). 

Les  éléments  arrachés  aux  lies  et  îlots  plus  ou  moins  allongés  de  IMlst  à 
l'Ouest  ont  donc  été  immédiatement  entraînés  dans  les  pi'ofondeurs  :  d'où 
cette  anomalie  de  faciès  des  dépôts  devenus  bathyaux  quoique  à  caractère 
littoral. 

Ainsi,  la  constitution  orogénique  de  cette  [lartie  de  la  Ivabylie  s'affirme 
dès  le  Crétacé,  pour  se  poursuivre  sans  apparence  de  moditieations  impoi- 
tantes  à  travers  les  époques  ultérieures,  donnant  à  ces  chaînes  un  caractère 
autochtone. 


OCKANO GRAPHIE.  —  La  circulation  océanique  et  la  densité  des  eaux.  Note 
de  M.  J.  Thoulet,  présentée  par  S.  A.  S.  le  prince  Albert  de 
Monaco. 

Les  courants  maiins  sont  la  résultante  d'une  infinité  de  causes  d'impor- 
tance variable  parmi  lesquelles  les  principales  sont  le  ventj  la  rotation 
terrestre  et  les  deux  actions  antagonistes  de  la  chaleur  qui,  d'une  part, 
dilate  l'eau  et  la  rend  ainsi  plus  légère  et,  d'autre  part,  l'évaporé,  concentre 
les  sels  qu'elle  contient  et  par  conséquent  l'alourdit.  Ces  deux  dernières 
influences  sont  caractérisées  par  une  unique  variable,  la  densité  in  situ, 
c'est-à-dire  le  poids  du  décimètre  cube  d'eau  de  mer  dans  les  conditions 
mêmes  de  température,  de  salinité  et  même  de  pression  quand  il  s'agit 
d'eaux  profondes  où  l'échantillon  se  trouvait,  alors  qu'on  l'a  récolté  pendant 
qu'il  jouait  dans  la  nature  le  rôle  que  l'océanographe  cherche  précisément 
à  élucider.  La  densité  in  situ  donnant  le  total  de  l'addition  algébrique,  il 
faut  se  garder  d'en  isoler  les  deux  éléments  constituants,  température  et 
salinité.  Avec  sa  densité  in  situ,  l'échantillon  est  en  quelque  sorte  vivant, 


(')   F.  Imirmann,    Du  Trias  et  de  so/i  rôle  tectonique  dans  lu   chaîne  des  Bubon 
{Couiiiles  rendus  Suc.  Géol,  l'v.,  7  fé\n'er  igii  I. 


86'j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tandis  que  sa  densité  normale  à  zéro  le  caractérise  à  l'élat  mort,  tel  qu'il 
serait  dans  un  flacon  à  côté  d'autres  échanlillons  également  en  llacons  dont 
il  importerait  de  le  distinguer. 

L'évaluation  prompte  et  précise  de  la  densité  iii  situ,  [)ar  un  procédé 
d'application  facile,  simultanément  en  divers  points  superficiels  ou  pro- 
fonds d'un  même  courant,  sur  une  quantité  d'eau  aussi  petite  que  possible 
dans  le  cas  d'eaux  profondes  est  le  but  que  l'on  doit  s'efforcer  d'atteindi'e. 
Ces  desiderata  sont  satisfaits  par  l'emploi  d'un  procédé  indirect  consistant 
à  prendre,  à  bord,  à  la  température  ambiante  l'indice  de  réfraction  de 
l'échantillon  au  moyen  d'un  réfractomètre  convenable  (le  meilleur  est  celui 
de  Abbe  et  surtout  celui  du  modèle  dit  plongeur)  et  à  passer  ensuite  de 
cette  donnée,  à  l'aide  de  tables  et  d'un  graphique  spécial,  à  la  valeur  de  la 
densité  in  situ  et,  si  on  le  juge  nécessaire,  à  celles  de  la  densité  normale,  de 
la  salinité  et  de  la  chloruration.  L'opération  tout  entière  exige  à  peine 
quelques  minutes  et  fournit  la  densité  cherchée  avec  une  approximation  de 
I  à  2  unités  de  la  4*  décimale. 

J'avais  autrefois  tracé  et  publié  un  graphique  donnant  immédiatement 
la  variation  de  la  densité  avec  la  température  pour  plusieurs  échantillons 
types  de  densité  déterminée  d'eaux  de  mer.  Privé  par  la  guerre  de  ce  docu- 
ment, j'ai  adopté  .les  Tables  dressées  par  Knudsen  dans  le  même  but  et  je 
les  ai  mises,  elles  aussi,  sous  la  forme  plus  commode  de  graphique. 

Tenanl  à  employer  le  même  graphique  pour  les  densités  et  pour  les 
indices  et  ne  [)ossédant  [toini  de  laboratoire  pour  mesurer,  aux  diverses 
températures,  les  indices  des  échantillons  types  dr  Knudsen,  en  faire  le 
tableau  el  en  tracer  les  courbes,  j'ai  demandé  à  M.  Vaurabourg  de  se 
charger  de  ce  travail.  Il  a  bien  voulu  accepter  cette  tâche  beaucoup  [)!us 
délicate  qu'on  ne  le  croirait,  (iràce  au  graphique  actuel,  les  détermina-' 
lions  se  font  dans  toutes  les  conditions  désirables. 

Comme  exemple,  en  me  servant  des  données  recueillies  à  bcud  du 
Chdllcngcr.  j'ai  dressé  par  isopycnes  deux  cartes  de  l'Atlantique  .Nord, 
l'une  superficielle,  l'autre  par  3oo  brasses  (5/|9"')  de  profondeur.  En  ne 
|)renant  que  la  3''  décimale  dans  la  valeur  des  densités,  elles  ont  suffi  à 
vérifier  les  lois  déjà  connues  formulées  [)ar  Buchanan  et  relatives  à  la 
circulation  océanique.  Elles  montrent  surtout  avec  une  grande  netteté 
la  colonne  verticale  sous-marine  qui  établit  la  communication  entre,  les 
eaux  de  surface  et  les  eaux  profondes  dans  leur  mouvement,  d'abord 
ccntriprie,  puis  centrifuge,  et  couq)lète  de  celle  façon  le  cycle  de  la  cir- 
culation océanique. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    I921.  863 

Pour  obtenir  des  notions 'plus  précises  el  pins  élendues  sur  la  question 
il  n'est  plus  désormais  nécessaire  (pie  de  mesurer  un  nombre  plus  consi- 
dérable d'écliantillons  el  surtout  de  se  mellre  d'accord  pour  opérer  les 
prélèvements  d'eau  dans  les  mêmes  plans  parallèles  à  la  surface.  On 
dressera  ainsi  avec  des  densités  in  situ  par  un  véritable  nivellement  le 
relief  isopycnc  instable  de  la  surface  de  la  mer,  celui  plus  constant  de  ses 
profondeurs,  lous  deux  analogues  au  relief  permanent  des  continents  par 
isoliypses  et  au  relief  par  isobares  de  l'atmosphère,  le  plus  instable  de  tous 
obtenus  l'un  et  l'autre  par  le  baromètre. 


OCÉANOGRAPHIE.     —    Dcnsité.i  Cl   indices  des   cour   de  mer.    Note 
de  M.  C.  Vaikaboi;u«;.  présentée  par  S.  A.  S.  le  prince  Albcrl  de  Monaco. 

Les  méthodes  habituelles  de  mesure  de  la  densité  ne  soni  guère  pratical)les 
à  bord  des  navires,  l'aréomèlre  même  ne  peut  servir  que  pour  les  échan- 
tillons de  surface  pa.  ce  qu'il  nécessite  un  lilre  de  liquide.  Ou  avait  recours 
à  la  mesure  chimique  de  la  salinilé  comporlant  des  buretles  et  liqueurs 
litrées.  M.  Thoulet  voulant  remplacer  cette  mélhode  indirecte  par  la 
mesure  de  l'indice  de  réfraclion,  j'ai  étudié,  à  sa  demande,  la  relation  entre 
la  densité  des  eaux  de  mer  et  les  indices  de  réfraclion  à  diflérenles  tempé- 
ratures. 

J'ai  constitué  huit  eaux  de  mer  artificielles  par  dilution  ou  conceniralion 
d'eau  de  mer  naturelle  |)uisée  au  large  de  Monaco  el  mesuré,  pour  toutes  les 
températures  comprises  entre  o"  et  33",  les  indices  de  réfraclion,  par  rapport 
à  l'air  et  pour  la  raie  D,  de  ces  eaux.  Par  interpolation  il  est  facile, 
connaissant  l'indice  à  une  température  donnée,  de  calculer  la  densité  de 
l'eau  de  mer  considérée  à  une  température  quelconque. 

Le  tableau  ci-après  résume  les  résultats  obtenus  el  montre  la  corres- 
pondance avec  les  densités.  Ces  dernières  sont  empruntées  à  M.  Kniidsen. 
Les  mesures  d'indices  ont  été  exécutées  avec  le  réfractomèlre  Féry  à  cuve 
chauffable  pour  les  températures  supérieures  à  la  température  ambiante  el 
avec  le  réi'ractomètro  Leiss  à  immersion  pour  les  températures  inlérieurcs 
jusqu'à  o". 

De  l'examen  des  résultats  on  [)eut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Pour  une  eau  de  mer  donnée,  la  variation  d'indice  avec  la  température 
.  est  environ  1  l'ois  et  demie  plus  faible  que  la  variation  correspondante  de  la 
densité. 


864  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  A  leinpéralui-e  constance,  la  varialion  d'indice  esl  environ  ]  l'ois  plus 
(aible  qne  la  varialion  corresj)ondante  de  la  densité  avec  la  concentration 
en  sels. 

3"  Pour  une  température  donnée,  l'indice  est  proporlionnel  à  la  densité 
prise  à  o°.  Autrement  dit  :  «,  et  v,  étant  les  indices  à  t"  d'une  eau  de  mer 
quelconque  et  d'une  eau  type,  l'eau  dislillée  par  exemple,  6^„  cl  o„  les  densités 
respectives  à  o",  on  a 

le  coefficient  !v  étant  variable  avec  la  température.  Si  l'on  trace  sur  un  gra- 
phique les  isothermes  représentant  les  variations  de  l'indice  en  fonction  de 
la  densité  à  o",  on  obtient  un  faisceau  de  droites  divergentes  dont  le  coeffi- 
cient angulaire  K  diminue  quand  la  température  augmente  suivant  l'équa- 
tion 

K ,  ^  K  g  ~  al  -+-  Ot-  -=  0,24399  —  S(Ji  ,0.  m''/  —  8,990.  10  "''/-. 

Or  l'indice  de  l'eau  distillée  entre  0°  et  4o°  est  très  bien  représenté  par  la 
formule 

V,r^  V^,  —  y./  —  [5/-=r  I  ,334o()  l5,  3  .  10^''/  —  I  ,78  .  10  "'"'/-. 

En  combinant  ces  foiinules.  on  ariive  à  l'équation  suivante,  qui  permet 
de  calculer  la  densité  à  0°  d'une  eau  de  mer  dont  on  connaît  l'indice  de 
réfraction  à  t"  : 

.         /(,  —  T  ,090  10  —  845,(1.  10 "<  -4-  10,  -(y-  .  io~°/- 
o,  '^^399  —  861  ,(>.  10"''<  -4-  8,990.  10-'^/" 

4°  A  o"  on  en  déduit  la  relation 

/;  I,  -  I  ,  oqv  m 

— ^ -z  n  .  ■2_i099. 

«0 

qui  relie  l'indice  et  la  densité  des  eau.vde  mer  de  différentes  conceniralions. 
Elle  se  vérifie  avec  une  exactitude  bien  plus  grande  que  la  loi  de  Gladstone 
et  Dale. 

5"  Les  indices  ne  [louvant  pratiquement  pas  être  mesurés  à  moins  de 
demi -uni  té  de  la  quatrième  décimale,  il  en  résulte  que  l'erreur  possible  sur  les 
densités  correspondantes  est  inférieure  à  deux  unités  de  la  quatrième  déci- 
male. La  précision  de  la  méthode  est  donc  comparable  à  celle  des  meilleurs 
aréomètres. 


SÉANCE    DU    4    AVUll,    1921.  865 


GÉOGRAPHIE  BOTANIQUE.  —  Phytogéographie  dynami(iue  des  dunes  du  golfe 
du  Lion.  Noie  de  M.  G.  Kuhxholtz-Lordat,  présentée  par  M.  Guignard. 

Les  conditions  biologiques  des  dunes  littorales  du  golfe  du  Lion  n'ont  été 
l'objet  d'aucun  travail  d'ensemble. 

Les  conceptions  présentées  par  M.  Astre  dans  son  intéressante  Note  à 
l'Académie,  le  11  octobre  1920,  ne  nous  paraissent  pas  applicables  au  rivage 
méditerranéen  français  en  raison  du  régime  spécial  qui  préside  à  sa  topo- 
graphie et  à  son  évolution. 

Le  rideau  des  dunes,  interrompu  ça  et  là  par  des  graus  permanents  ou 
transitoires,  y  dépasse  rarement  60'"  de  largeur;  généralement  peu  élevé,  il 
atteint  au  maximum  8'°  de  hauteur. 


866  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Très  rap[)rochées  du  bord  d'une  mer  à  marées  pratiquement  nulles,  les 
dunes  sont  parfois  envahies,  rongées  ou  même  localement  nivelées  par  les 
vagues  les  plus  puissantes  des  tempêtes  marines  du  Sud  ou  du  Sud-Est. 
A  cette  action  destructrice  s'ajoute  celle  des  vents  dominants,  Mistral  et 
congénères,  venls  du  Nord-Ouest  aussi  violents  que  fréquents,  qui  déciment 
nos  dunes. 

Des  dunes  internes  se  trouvent  en  Camargue,  sur  les  lidos  successifs. 
Elles  ne  seront  pas  étudiées  ici  en  raison  de  leur  ancienneté,  de  leur  fixation 
par  les  Pins  ou  de  leurs  remaniements  culturaux. 

Les  actions  combinées  du  «  trinôme  dynamique  »  normal  :  le  vent, 
le  sable,  l'obstacle,  se  traduisent  dans  l'ensemble  par  un  chaos  de  mamelons. 
Dans  ce  faciès  chaotique,  la  dune  devient  aussi  imprécise  que  l'individu 
d'une  plante  stolonifère.  Cette  caractéristique  de  nos  dunes  languedociennes 
se  retrouve  sur  les  côtes  algériennes,  par  exemple  autour  de  la  baied'Aiger(  '). 
Paï"  contre,  elles  n'ont  d'analogie  ni  avec  les  dunes  désertiques(Erg  )  ni 
avec  celles  des  dunes  de  Gascogne  qui  sont  dépourvues  de  végétation 
(D.  du  Pilai).  Toutes  nos  dunes,  sans  exception,  sont  tapissées  par  une 
végétation  plus  ou  moins  abondante  dont  nous  aurons  à  préciser  le  rcMc. 

Les  dunes  couvertes  résultent  en  effet  du  triple  jeu  des  actions  éoliennes, 
de  la  pesanteur  et  d'ui!  obstacle  dont  le  caractère  essentiel  est  d'être  vivant. 
L'obstacle  vivant  est  donc  le  facteur  dynamique  fondamental  de  la  forma- 
tion de  nos  dunes  littorales.  La  plante  la  mieux  adaptée  à  cet  égard  est 
V Ammophila  arenaria  Link  (Oyat).  La  dune  peut  naître  dès  que  V Ammophihi 
peut  germer  sur  la  plage. 

Dès  sa  germination,  V Ammophila  est  soumise  à  l'action  des  vents  marins, 
agents  dynamiques  édificateurs  en  raison  de  leur  passage  sur  la  plage  où  ils 
se  chargent  de  sable.  Le  sable  est  d'ailleurs  peu  abondant  par  suite  du  peu 
d'ampleur  des  marées  et  de  la  faible  largeur  delà  plage;  cette  largeur  aui  ait 
même  une  tendance  à  se  réduire  par  suite  de  la  poussée  des  semences  vers 
la  mer  par  les  vents  de  terre.  Parmi  ces  semences,  celles  de  Y  Ammophila 
sont  particulièrement  aptes  à  prendre  pied  :  sous  ce  rapport.  l'Oval  a  une 
véritable  organisation  offensive. 

Ij'accroisseinent  de  la  duneest  ensuite  suljoi  donné  à  l'aptitude  de  la  plante 
à  lutter  contre  V ensevelissement.  Sur  les  monticules  de  la  créatrice  (Oyat")  se 
développent  des  efl?«//ca//7'ce*  qui  manifestent  leur  pouvoir  édificalcur  à  des 

(')  L.  iJucELLUiR,  Eludes  phylDgèograpIkiqtu's  des  dtincs  de  la  liaie  d'  \lgiT 
{Revue  générale  Botanique,  t.  23,  p.  2.-/6  el  32o). 


SEANCE  DU  4  AVUll.  I921.  867 

degrés  très  divers.  Mais  c'est  encore  V Aniinopliila  qui  dem.^iire  à  cet  égard 
le  végétal  de  choix.  Ainsi  s'édilie  la  dune,  par  superpositions  successives. 
Au  point  de  vue  de  la  phylogéographie  génétique,  VAmmo/j/iila,  prend  donc 
une  valeur  qui  la  place  bien  au-dessus  de  lous  les  autres  végétaux  de  nos 
dunes  littorales. 

A  la  capacité  de  charge,  l'onction  du  sal>le.  correspond  uti  pouvoir  de 
décharge,  fonction  de  l'obstacle.  On  conçoit  dès  lors  que  les  vents  du  large, 
en  raison  même  de  la  conquête  de  la  plage  par  V Ammophi/a,  n'arriveront 
aux  crêtes  les  plus  lointaines  et  les  plus  hautes  qu'avec  une  charge  rési- 
duelle plus  ou  moins  réduite  ou  même  nulle.  Les  dunes  qui  échappent  ainsi 
à  l'alimentation  en  sable  sont  arrivées  au  stade  adulte  :  elles  entrent  alors 
dans  la  phase  de  conservation. 

La  conservation  des  dunes  adultes  est  extrêmement  précaire  parce  qu'elles 
sont  soumises,  sans  contre-partie,  à  la  destruction  par  les  vents  de  terre 
(Mistral).  Seule,  la  fixation  des  sables  par  la  végétation  peut  enrayer  cette 
dégradation  :  elle  est  fonction  de  l'aptitude  des  plahtes  à  lutter  contre  le 
déchaasscmcnl .  Sous  ce  rapport,  VAtnmophila  doit  être  reléguée  à  un  rang 
très  inférieur.  Deux  plantes  conservatrices,  au  contraire,  prennent  une  impor- 
tance de  tout  premier  ordre  par  une  organisation  adaptalionnelle  dont  elles 
représentent  les  deux  modalités  principales  : 

Le  Teucriiun  PoHum  L.,  par  son  pivot  vigoureux,  par  ses  frondes  courtes 
et  serrées  (coussinet),  par  ses  racines  adventives  fines  et  drues  formant  une 
nappe  à  peu  de  distance  de  la  surface,  jouit  vis-à-vis  des  vents  destructeurs 
d'une  organisation  prohibitive. 

UEpliedra  distachva  L.,  sans  interdire  toujours  l'érosion  éolienne,  la 
retarde  généralement  et  lui  survit  grâce  à  ses  stolons  plus  ou  moins 
parallèles  à  la  surface  et  qui  dotent  le  végétal  d'une  organisation  défensive 
rappelant  l'un  des  aspects  classiques  de  la  lutte  contre  les  éboulements  en 
montagne. 

Toutes  ces  adaplations  ne  sont  valables  que  pour  des  vents  modérés  et 
perdent  toute  signification  lorsque  les  vents  deviennent  violents  (ç'>20"'). 
Le  déchaussement  se  généralise  alors  :  le  terme  ultime  de  la  dégradation 
a  été  décrit  par  MM.  Harlé  (')  sous  le  nom  de  Caoudeyre,  entonnoir  vertical 
pouvant  atteindre  j'"  à  6™  de  profondeur. 

Dynamiquement,  ce  stade  de  vieillesse,  en  rapport  avec  les  vents  de  terre 


l'i  lii).  el  J.iCyLES  Haiué,  Mémoire  mr  les  dunes  de  Gascogne  (neç  obseiialinns 
sur  la  formation  des  dunes  {liull.  de  la  Sect.  de  Géogr.,  t.  34,  1919.  p.  i-i.'|5j. 


t^()8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES- 

pour  nos  dunes  médilerranéennos,  doit  être  opposé  au  sîade  de  rajeunisse- 
ment incessant,  en  rapport  avec  les  souffles  du  large.  Mais  topog-raphi- 
quement  il  n'y  a  pas  deux  zones  distinctes  :  le  terme  de  l'évolution  de  nos 
dunes  est  le  «  chaos  caoudeyrisé  ».  La  zonalion  ne  se  conçoit  que  dans  la 
stabilisation  ou  bien  dans  l'uniformité  et  la  continuité  des  facteurs  dyna- 
miques. 

Le  vent  apparaît  dès  lors  comme  le  niodeleur-réparlileur  de  la  biologie 
de  nos  dunes.  Il  est  modeleur  mécaniquement  sur  le  sol  (faciès  dunal)  et 
physiologiquement  sur  la  végétation  (formes  biologiques,  xérophilic, 
spectre  biologique  (  '  ).  Il  est  répartiteur  des  êtres  vivants  au  point  de  vue 
de  leurs  aptitudes  à  lutter  contre  ses  propres  actions,  aptitudes  qui  se  tra- 
duisent par  les  modalités  diverses  de  lorganisation  épliarmonique. 


BOTAMQUE.  —  5//r /e  Gymnodinium  pseudonoctiluca  Pouchet.  .^ote  de 
M.  J.  Pavillard,  présentée  par  M.  Guignard. 

L'attention  a  été  récemment  rappelée  sur  ce  remarquable  organisme, 
découvert  en  1884  (juin),  par  G.  Pouchet  dans  la  baie  de  Concarncau, 
retrouvé  par  lui,  en  1890  (août),  dans  les  parages  des  Faeroer,  et  qui  n'avait 
jamais  été  revu  depuis. 

D'après  C.-H.  Ostenfeld,  il  ne  pourrait  être  étudié  que  vivant  :  étant 
dépourvu  de  paroi  cellulaire,  il  deviendrait,  en  eflet,  méconnaissable  dans 
le  matériel  conservé  (^). 

Dans  un  Mémoire  récent  (■'),  consacré  aux  Péridiniens  du  détroit  de 
Plymouth,  M"*  Marie  Lebour  attribue  au  (iymnodinium  pseiulonucliliica 
quelques  échantillons  de  forme  cylindrique,  mesurant  environ  loo^^  de 
longueur,  avec  un  gros  noyau  ovoïde  et  de  nombreux  chromoplastes 
jaunes. 

Le  G. psciidonocliiuca  apparaît,  de  temps  en  temps,  dans  le  golfe  du  Lion, 
pendant  la  période  estivale;  il  abonde,  en  particulier,  dans  mes  récolles  de 
juin-juillet  1907. 

C'est  un  organisme  très  volumineux,  de   forme  ovoïde,  dépassant  200'^ 

(')  Au  sens  de  M.  Raiinkiaer. 

(-J  C.-H.  Ostenfeld,  Phyloplanl.lun  in  lia/ mi/ii;,  /ln/>iii\  nf/hr  Fd'iùer.  l'ail  -1, 
190^5,  p.  \)C)\ . 

(■')  .MAitii!-\  .  Liciiuiu,  l'Iic  l'eiidiiii((li'S  of  l'hnitm lli  Sniintl  J'ioni  llic  lic^imi 
hcvoiid  llu-  llrudLwaler  {.Iniini .  Mar.  lU'il.     I.v.v/f.,  t.  11.   1917). 


SÉANCE   DU   4   AVRIL    1921.  869 

en  longueur  et  iSo*^  en  largeur.  J'ai  pu  observer  sur  le  vivant,  dans 
quelques  individus,  le  curieux  tentacule  découvert  par  Poucliet;  mais  cet 
appendice  immobile,  simple  expansion  lubuleusc  transitoire,  sans  fonction 
connue,  n'est  plus  représenté  que  par  une  courte  [)rotubérance  dans  le 
matériel  fixé. 

La  niasse  cytoplasmique  interne,  rapprochée  de  la  région  ventrale, 
souvent  colorée  en  rose  plus  ou  moins  vif,  est  reliée  à  la  périphérie  par  un 
grand  nombre  de  fins  cordons  ramifiés  (/%".  i). 


Fig.  I  à  G.  —  Gymnodinium  pseudonoctiliica  ;  1.  Un  individu  adulte  digérant  un  Protoceratium 
reliculatum.  —  i.  Un  stade  de  division  :  vue  antérieure  (ventrale).  —  .T.  Le  même  :  vue  apicale 
(supérieure).  —  1.  Le  même  :  vue  de  profil  (latérale);  n,  noyau:  ;■.  rorp';  résiduel.  —  5  cl  (j. 
Stades  plus  avancés  de  la  division. 

((jr.  :  180  env..  sauf  fiç;.  '2  :  .')'i  env.) 


Le  noyau,  parfaitement  sphérique,  est  du  type  massif;  après  fixation 
picroformoliquc,  il  présente  une  structure  finement  granuleuse. 

Il  n'y  a  pas  de  chromoplastes,  mais  un  certain  nombre  de  très  petits 
plastides  incolores,  sphériques  (gouttelettes  réfringentes  de  Pouchet?) 
appliqués  intérieurement  contre  la  membrane. 

Le  mode  de  nutrition  est  franchement  hétérotropiie.  Le  G.  pseiulonocli- 
lucn  capture  divers  Péridiniens  cuirassés  et  les  incorpore  dans  sa  masse 
plasmique  où  ils  sont  lentement  digérés;  sa  proie  habituelle  est  le  minuscule 
Protoceratium  reliculatum,  mais  il  s'empare  aussi  de  formes  beaucoup  plus 
volumineuses,  telles  que  Diplopcita  bomba,  Pcridiniiim  divcrgnu,  etc. 


S'jO  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 

Vers  le  début  de  la  division  cellulaire,  toujours  longitudinale  ('),  se 
produit  un  remarquable  cbangemenl  de  forme  et  de  structure. 

La  saillie  conique  apicale  s'efface  enlièreuient,  tandis  que  la  région 
opposée  se  dilate  transversalement,  de  part  et  d'autre  d'une  dépression 
médiane  antéro-postérieure  (dorsiventrale);  le  contour  devient  ainsi  régu- 
lièrement cordiforme  (/ig,  2).  Le  cytoplasme  s'accumule  contre  la  partie 
moyenne  de  la  région  dorsale,  en  une  masse  largement  vacuolisée,  englo- 
bant le  noyau  et  les  corps  résiduels  (/%'.  3  et  4)-  Du  milieu  de  cette  masse 
s'élève  une  colonne  plasmique  cylindrique,  brusquement  dilatée  autour 
d'une  volumineuse  enclave  ovoïde,  située  au  centre  de  la  cellule,  et  de 
nature  inconnue.  Au  delà  de  l'enclave,  la  colonne  plasmique  s'aplatit  en 
lame  verticale,  progressivement  élargie,  fixée  à  la  paroi  ventrale,  dans  le 
plan  de  symétrie,  par  une  insertion  linéaire  très  apparente  (//g.  2-/():  l'ori- 
gine et  le  but  de  ce  dispositif  sont  inconnus. 

Les  figures  5  et  6  représentent  deux  phases  plus  avancées  de  la  division. 
Les  noyaux-fils  sont  déjà  individualisés.  La  dépression  inférieure  s'est 
accentuée.  Une  autre  dépression  s'est  creusée  au  milieu  de  la  région  supé- 
rieure délimitée  par  le  sillon  transverse  qui  descend  également  sur  les  deux 
faces  ventrale  et  dorsale.  A  l'issue  de  la  division,  le  plan  de  symétrie  commun 
aux  deux  cellules-filles  est  perpendiculaii'e  à  celui  de  la  cellule-mère.  Les 
stades  intermédiaires  m'ont  échappé. 

Sous  le  bénéfice  de  ces  observations,  le  Gymnodiniiim  décrit  par  M"''  Le- 
bour  ne  saurait,  à  mon  avis,  être  identifié  avec  l'espèce  de  G.  Pouchet;  je 
propose  donc  de  le  nommer  (i.  Lrhowii.  en  l'honneur  de  la  distinguée  natu- 
raliste de  PlYmoulh. 


BOTANIQUE.    —    Sur  les  corpuscules  bruns  de  la    bruni ssure    de   la    vigne. 
Note  de  M.  Jean  Politis,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

La  brunissure  de  la  vigne,  maladie  caractérisée  par  l'accumulation  de 
globules  bruns  dans  les  cellules  épidermiques,  a  été  attribuée  à  diverses 
causes. 

Jules  Pastre  croit  à  l'action  d'une  cochenille.  l"'n  1892,  Yiala  et  Sau- 
vageau  attribuèrent  la  brunissure  à  un  Myxomycète,  le  Pliisntodiophora 
rilis. 

(')  La  soi-disanl  division  tritnsversale  dc<.Pétidiniens  ne  repose  que  sur  nue  erreur 
d'inlerprétalion. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  I92I.  87 1 

Debray  (189  j)  regarde  les  globules  bruns  comme  des  kystes  du  parasite, 
alors  que  Viala  et  Sauvageau  les  tenaient  pour  les  produits  d'excrétion;  il 
change  lo  nom  de  l'organisme  précédent,  tout  en  le  conservant  parmi  les 
Myxomycètes  et  l'appelle  Psewlocoinmis  vitis.  Roze  a  encore  exagéré  ces  opi- 
nions eu  amplifiant  le  parasitisme  du  l'seudocornmis  ritis.  Prunet(i8y4)  l'^it- 
tache  la  bruuissure  de  la  vigne  à  sa  cliytrldiose,  maladie  causée  par  une 
Cbytridiacée  (Chidoc/iylrùim  vilicolutn)  qui  d'après  lui  cause  à  la  fois  la 
gommose  bacillaire,  le  courl-noé,  etc.  .1.  Dufour  (1902)  attribue  la  bruuis- 
sure à  l'action  des  larves  qui  présentent  une  grande  ressemblance  avec  celles 
du  Phytoplus  t'ilis.  Ducomet  (1900),  tout  en  admettant,  dans  certaines  con- 
ditions rares,  l'intervention  du  parasitisme  (oïdium  par  exemple)  pour  la 
vigne,  considère  la  brunissure  comme  une  maladie  d'ordre  physiologique, 
causée  par  de  brusques  variations  dans  les  conditions  météoriques. 
Cavara  aussi  se  refuse  à  voir  dans  le  contenu  des  cellules  malades  un  para- 
site quelconque  :  «  Au  lieu,  dit-il,  d'un  vrai  organisme,  vivant  dans  les  cel- 
lules sous  forme  de  plasmode,  il  s'agirait  peut-être,  à  mon  avis,  d'un  état 
S|)écial  du  contenu  cellulaire,  d'une  altération  chimique  provoquée  par  de 
brusques  changements  de  conditions  météoriques.  » 

llavaz  (1904)  n'accepte  pas  ces  conclusions  en  ce  qui  a  trait  à  la  cause  de 
la  maladie  ;  il  déclare  que  :  «  La  brunissure  est  la  conséquence  d'une  surpro- 
duction, qui  amène  l'appauvrissement  et  l'épuisement  des  tissus.  » 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'observer,  dans  la  première  quinzaine  du  mois 
de  septembre  de  l'année  dernière,  une  invasion  de  brunissure  dans  un 
vignoble  des  environs  d'Athènes.  Sur  tous  les  cépages,  nous  avons  ren- 
contré les  mêmes  symptômes;  les  tiges  présentaient  de  petites  ponctuations 
brunes  ou  plus  souvent  noires,  nettement  visibles  sur  le  fond  vert  des  sar- 
ments. Sur  les  feuilles,  la  bruuissure  commence  par  des  taches  brunes,  de 
quelques  millimètres,  siégeant  entre  les  nervures  sur  la  face  supérieure  et 
visibles  au  début,  surtout  par  transparence.  Ces  taches,  de  forme  irrégu- 
lière, s'étendent  et  ne  tardent  pas  à  devenir  confluantes. 

Dans  un  précédent  Mémoire,  nous  avons  montré  par  l'étude  vitale  de  la 
pigmentation  chez  un  certain  nombre  de  fleurs,  que  les  pigments  anthocya- 
niques  appaiaissent  d'abord  dans  le  cytoplasme  au  sein  de  corpuscules 
spéciaux  que  nous  avons  désignés  sous  le  nom  decyanoplastrs.  Guilliermond 
a  confirmé  mes  résultats  et  a  montré  par  des  recherches  importantes  que 
les  pigments  anthocyaniques  sont  les  produits  de  l'activité  des  mitochon- 
dries. 

Il  serait  intéressant  de  recherchei'  si  les  globules  bruns,   qui  commu* 


872  •         ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

niquent  leur  teinte  à  la  feuille  atteinte  de  brunissure,  sont  des  miloclion- 
dries.  Examinons  les  altérations  des  feuilles  dans  les  dilTérentes  phases  de 
leur  développement.  Une  coupe  tangentielle  à  la  l'ace  supérieure  nous 
montre,  dans  les  cellules  épidermiques,  un  cytoplasme  creusé  de  grosses 
vacuoles,  avec  un  noyau  en  occupant  généralement  le  centre.  Dans  le  cyto- 
plasme, on  constate  l'exislence  de  nombreuses  granuhilions,  de  couleur  et 
de  volume  très  variables. 

Au  début,  elles  sont  très  petites,  incolores  et  d'un  aspect  brillant.  Dans 
certaines  cellules,  on  peut  constater  que  ces  granules  prennent  une  teinte 
jaunâtre,  puis  grossissent,  et  se  transforment  en  grosses  sphérules  d'un 
jaune  brun  qui  passe  au  brun  foncé.  Ce  sont  elles  qui  communiquent  à  la 
feuille  la  couleur  brune  que  l'on  sait.  Les  sphérules  noircissent  sous  l'action 
des  sels  ferriques,  réduisent  l'acide  osmique  et  fixent  le  bleu  de  méthylène. 
Elles  renferment  donc  du  tanin,  comme  l'a  montré  aussi  Ducomet. 

Dans  les  tissus  palissadiques  et  lacuneux,  on  trouve  les  mêmes  granula- 
tions. Elles  se  présentent  ici  généralement  en  gros  amas,  mais  peuvent 
aussi  ajiparaître  sous  la  forme  de  grosses  sphérules,  incolores,  jaunâtres 
ou  brunes,  tout  comme  dans  l'épidcrme.  l'illes  peuvent  se  présenter  avec 
des  vacuoles  et  souvent  semblent  se  fusionner  pour  constituer  de  grosses 
masses  à  contour  irrégulier,  lobé,  ressemblant  un  peu  à  des  cellules  de 
levure  en  voie  de  bourgeonnement.  Toutes  ces  lésions  de  la  brunissure  ont 
été  étudiées  minutieusement  par  Ducomet. 

Examinons  maintenant  avec  les  méthodes  de  liegaud  ou  de  Beiida  une 
feuille  qui  commence  à  brunir.  Dans  le  cytoplasme  des  cellules  où  l'allec- 
tion  débute,  on  constate  l'existence  de  mitochondries,  sous  forme  de  petits 
grains  généralement  sphériques,  isolés.  La  plupart  de  ces  éléments  parti- 
cipent à  l'élaboration  du  tanin  et  l'on  peut  observer  facilement  des  stades 
de  transition  entre  ces  éléments  et  les  grosses  sjthérules  brunes. 

A  un  stade  ))lus  avancé,  on  voit  un  certain  nombre  de  ces  mitochondries 
granuleuses  subir  un  accroissement  de  volume  assez  sensible.  Les  mito- 
chondries se  transforment  alors  en  vésicules  dont  les  dimensions  varient  de 
moins  de  i'''  à  10''^  de  diamètre  et  même  davantage,  et  dont  le  centre  est 
occupé  par  un  composé  tannique.  Les  vésicules  ainsi  formées  s'accroissent 
peu  à  peu  par  suite  de  l'augmentation  de  volume  de  la  masse  du  composé 
tannique  contenu  dans  leur  intérieur,  tandis  que  leur  enveloppe  s'amincit. 

Ainsi  les  résultats  (|ue  nous  avons  obtenus  démontrent  (|ue  les  corpus- 
cules bruns  de  la  brunissure  ne  sont  ni  les  kystes  d'un  parasite,  comme  le 
prétend  Debray,  ni  des  produits  d'excrétion  comme  le  sup])Osaient  Viala 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  I92I.  SyS 

el  Sauvagoau,  mais  résullenl  siinplemenl  d'une  transformalion  des  niilo- 
cliondries  granuleuses.  La  initocliondrie  se  IransformeMnlégralemenl  en 
une  vésicule  occupée  par  une  boule  d'un  composé  tannique  el  entourée 
d'une  enveloppe  mitochondriale. 

cvi'Oi.oniE.  —  Sperinatûgcnésc  cl  chromosome  exceptionnel  chez  Nau- 
coris  maculatus  Fab.  Noie  (')  de  M.  11.  Poissox,  présentée  par 
M.  Henneguy. 

Dans  leur  étude  sur  les  «  C.ellules  de  la  lignée  mâle  chez  Nolonecla 
glaiica  L.  »,  Pantel  el  de  Sinéty  (1906)  signalent  la  présence  dans  les  divi- 
sions de  maturation  d'un  chromosome  exceptionnel,  plus  massif  que  les 
autres  et  jamais  disposé  en  diplosome.  Ce  chromosome  «  semble  »,  disent 
ces  auteurs,  prendre  part  aux  deux  divisions  de  maturation. 

Divaz  (1914),  dans  son  travail  sur  la  spermatogenèse-  chez  Naucons 
cimicoides  h.,  signale  également  dans  les  divisions  de  maturation  h  pré- 
sence d'un  «  hétérochromosome  »,  mais  étudie  surtout  la  spermiogcnèse. 

J'ai  retrouvé  chez  Notonecta  maculala  Fab.  le  chromosome  particulier 
signalé  par  Pantel  et  de  Sinéty  chez  A',  glauca  L.  et  j'ai  pu  me  convaincre 
qu'il  se  divise  aux  deux  mitoses  de  maturation  (^). 

Il  m'a  paru  intéressant  de  rechercher  et,  le  cas  échéant,  de  suivre  l'évo- 
lution de  ce  chromosome  chez  une  autre  Hydrocorise.  Je  me  suis  arrêté  à 
l'étude  de  la  s[)ermalogenèse  de  Naucori.s  maculata  Fab. 

Le  mâle  de  cet  hémiptère  possède  deux  testicules  composés  chacun  de 
quatre  capsules  séminifiques  principales  et  de  trois  autres  très  rudimen- 
laires.  Dans  chaque  capsule  principale  les  zones  suivantes  sont  nettement 
distinctes  :  zone  des  spermatogonies,  zone  de  croissance,  zone  de  la  pre- 
mière division  de  maturation,  zone  de  la  deuxième  division  de  maturation, 
zone  des  spermatides  et  des  spermatozoïdes. 

Dans  la  zone  des  spermatogonies.  les  cystes  secondaires  sont  formés  de 
cellules  plus  ou  moins  ovoïdes.  Ces  cellules  possèdent  chacune  un  noyau 
très  chromatique  avec  un  nucléole  peu  sidérophile;  le  cytoplasme  est  en 
outre  chargé  d'éléments  milochondriaux  de  formes  diverses  et  présente 

(')  Séance  du   »,  1  mais.iyai. 

I  -  )  Il  existe  chez  Nolonecla  inarnlalii .  ilan^  la  plaque  équaloriale  de  la  premii'ie 
division  :  1  i  autosomes,  2  microcliroinosonies  au  cenlif  de  la  plaque  dont  je  n'ai  pas 
suivi  la  genèse,  i  grand  el  gros  clirainosome. 


C.  R.,  1921,1"  Semestre.  (T.  172,  N»  14.; 


65 


Hy'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  la  région  tournée  \ers  le  centre  du  cyste  une  plage  de  niilochoudries 
granuleuses.  Les  mitoses  des  spermatogonies  sont  massives  et  difliciles  à 
étudier;  on  distingue  cependant  un  chromosome  particulier  plus  gros  et 
plus  grand  que  les  autres. 

Pendant  la  période  d'accroissement  des  spermatocyles  issus  de  la  der- 
nière division  spermatogoniale,  la  chromatine  s'amasse  en  deux  corps  chro- 
matiques. L'un  est  très  gros,  plus  ou  moins  splirrique,  l'aulre  est  plus  pelil. 

On  distingue  en  outre  un  réticulum  peu  accentué.  Au  fur  et  à  mesure  que 
le  spermatocyte  s'accroît  on  observe  les  faits  suivants  :  les  deux  corps  cliro- 
matiques,  d'abord  éloignés  l'un  de  l'autre,  se  rapprochent,  puis  s'accolent 
sans  toutefois  se  fusionner.  A  parlir  de  ce  momeni  le  plus  petit  s'allonge  et 
prend  sensiblement  une  forme  d'hallère.  Il  s'éloigne  ensuite  de  son  conjoint 
qui  se  segmente  alors  progressivement.  La  fin  de  la  période  d'accroissement 
est  caractérisée  par  la  formation  d'un  long  spirèmc  qui  s'appuie  par  une  de 
ses  extrémités  sur  le  petit  corps  chromatique  qui  maintenant  a  pris  la  forme 
d'un  bâtonnet  massif.  Ce  corps  constitue  dès  lors  ce  que  j'appelle  le  c/(/'o- 
mosome  e.iceptionjiel. 

Lors  de  la  segmentation  du  spirème  en  chromosomes,  le  chromosome 
evceptionnel  ne  change  pas  de  forme,  il  est  rejeté  près  de  la  membrane 
nucléaire. 

Dans  la  plaque  équatoriale  qui  précède  la  première  division  de  matu- 
ration, on  compte  17  chromosomes  qui  se  répartissent  de  la  façon  suivante  : 

i/|  autosomes  sensiblemeni  de  même  taille  et  en  forme  de  bâtonnets 
massifs;  2  microchromosomes  différents  de  taille  el  situés  à  l'intérieur  de 
la  plaque;  i  chromosome  exceptionnej.  qui  est  situé  un  peu  en  dehors  de  la 
plaque  équatoriale. 

Lors  de  la  prophase  de  celte  première  division,  les  autosomes  subissent 
une  division  longitudinale  à  la  suite  de  laquelle  il  se  forme  des  diplosomes. 
Les  éléments  constituants  de  ceux-ci  se  séparent  et  se  dirigent  vers  les 
I Mlles  du  fuseau.  Ils  sont  dépassés  dans  ce  mouvement  par  les  microchro- 
niosomes,  car  dès  le  commencement  de  la  métaphase,  on  observe  déjà, 
aux  deux  pôles  du  fuseau  et  au  voisinage  des  centrosomes,  un  niicrochro- 
niosome;  le  second  étant  généralement  à  mi-chemin  de  son  trajet. 

Pendant  ce  temiis  le  chromosome  e\ce|)tionnel  s'est  allongé,  a  pris  la 
forme  d'un  V  massif;  les  deux  branches  du  V  se  rapprochent  et  finalement 
se  séparent  l'une  de  l'autre,  formant  deux  tronçons  massifs.  < '.e  processus 
s'effectue  lentement,  aussi  chaque  chromosome  exceptionnel  (ils  est  très  en 
retard  sur  tous  les  aulres  chromosomes. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  I921.  876 

La  plaque  équaloriale  de  la  seconde  division  de  iitaliiralion  montre  : 

i4  l'iiromosoinrs  de  taille  à  peu  près  semblable;  i  cliromosomc  de  petite 
taille;  i  chromosome  exceptionnel. 

On  ne  compte  donc  plus  (jue  lO  cliroinosomes,  alors  {pran  stade  pré- 
cédent il  en  existait  17.  Ce  fait  résulte  vraisemblablement  de  la  mise  en 
dyade  des  deux  microchroniosomes. 

A  la  prophase  de  celte  seconde  division,  les  chromosomes  s'allongent,  se 
rétrécissent  en  leur  milieu  et  subissent  ainsi  une  division  ti'ansversale. 
Ensuite  l'élément  que  je  considère  comme  correspondant  à  une  dyade  des 
microchromosomes  se  sépare  en  ses  deux  chromosomes  constituants.  Le 
chromosome  exceptionnel  se  dispose  parallèlement  aux  filu'cs  du  fuseau, 
[)uis.  très  lentement,  encore  plus  lentement  qu'à  la  première  division,  il 
subit,  lui  aussi,  une  division  transversale.  Lorsque  chacun  des  chromo- 
somes exceptionnels  parvient  aux  pôles  du  fuseau,  les  autres  chromosomes 
se  sont  souvent  fusionnés  déjà  en  une  masse  chromatique  plus  ou  moins 
informe. 

Le  noyau  de  chaque  spermatide  contient  donc  un  nombre  égal  de  chro- 
mosomes; le  chromosome  exceptionnel  restant  longtemps  reconnaissable  à 
l'intérieur  du  noyau. 

En  résumé,  l'étude  de  la  spermatogenèse  de  Nducnris  maculatus  nous 
révèle  l'existence  d'un  chromosome  particulier  auquel  j'ai  donné  le  nom  de 
chromosome  exceptionnel. 

Ce  chromosome  présente  beaucoup  des  caractères  d'un  hétérochromo- 
some, tel  que  celui-ci  a  été  défini  par  Wilson,  Mac  Clung,  Montgomery,  etc. 
Mais  il  n'en  est  pas  un,  car  il  se  divise  aux  deux  mitoses  de  maturation.  Il 
n'est  jamais  disposé  en  diplosome;  il  subit  donc  une  «  cucinèse  ».  Des  phé- 
nomènes semblables  ont  déjà  été  signalés  entre  autres  chez  Forficula  Ç/A\e'\- 
ger),  Sagi/tfi  (Stevens),  Sciitii^eni  (cellules  de  la  lignée  séminale  géante. 
Bouin  et  Ancel).  Il  semble  difficile  d'attribuer  à  ce  chromosome  exception- 
nel un  rôle  quelconque  dans  le  déterminisme  du  sexe,  comme  on  l'admet 
généralement  pour  l'hétérochromosome. 


S-C)  ArADKMII-    DKS    SCIENCES. 


M1i:R()BI0I,0Gii:.  —  Ih)!c  des  humeurs  dans  lu  deslnitiio/i  extracellulaire 
des  tnicrolies  chez  les  Insectes.  \ote  de  M.  \.  Paii.i.ot,  présentée  par 
M.  P.  Maiclial. 

Dans  une  >îote  récente  ('  ),  MM.  Couvreur  et  Cliaovitch  nous  ont  attri- 
bué une  opinion  qui  n'est  pas  tout  à  fait  conforme  à  la  vérité  :  «  M.  l'aillot, 
disent-ils,  abandonnant  les  idées  qu'il  a  d'abord  défendues  d'une  produc- 
tion, par  les  Insectes,  d'anlicorps  bactériolyliques,  anticorps  doni  il  avait 
même  localisé  la  production  dans  les  macronucléocyles.  conclut  que  la 
bactériolyse  peut  se  faire  en  dehors  de  toute  activité  cellulaire  et  qu'il 
existe  une  immunité  humorale  naturelle  chez  les  Insectes.  »  Cette  dernière 
affirmation,  contrairement  à  ce  que  parait  impliquer  la  Note  des  auteurs 
précités,  n'est  nullement  la  conclusion  de  nos  dernières  recherches.  Elle  n'a 
])as  été  formulée  à  la  suite  de  nos  expériences  de  destruction  in  ritro  du 
Biicilliis  inelolonlluv  non  ligue ^'aciens^[p;\r  le  sang  des  chenilles  d'.4.  se^eliirn, 
mais  dès  l'année  1919,  c'est-à-dire  au  moment  où  nous  avons  étudié  le 
premier  cas  d'immunité  naturelle  humorale  chez  les  Insectes. 

Kn  ce  qui  concerne  notre  opinion  personnelle  sur  le  mécanisme  de 
l'immunité  humorale,  nous  affirmons  n'avoir  pas  voulu  généraliser  l'hypo- 
thèse nouvelle  que  nous  avons  formulée  récemment;  nous  avons  dit  :  «  la 
théorie  nouvelle  que  nous  adoptons  pour  expliquer  l'immunité  des 
chenilles  d'.l.  segetum  contre  le  R.  m.  non  lie/uef/iciens  y  est  susceptible, 
croyons-nous,  de  s'appliquer  à  d'autres  cas  d'immunité  hunioral(>,  au 
moins  chez  les  Insectes  »;  mais  il  n'est  pas  question,  pour  le  moment, 
(l'abandon  définitif  de  nos  idées  premières  sur  le  mécanisme  de  l'immunité 
humorale.  I']n  tout  cas,  notre  hypotiièse,  telle  qu'elle  a  été  formulée,  ne 
s'applique  certainement  pas  intégralement  à  quelques-uns  descas  d'immunité 
que  nous  avons  étudiés. 

I.,c  fait  dominant,  dans  l'immunilé  chez  les  Insectes,  c'est  la  diversité  des 
réactions  de  défense  de  l'organisme  suivant  les  espèces  microbiennes  et  les 
individus,  et  l'extrême  complexité  du  processus  réactionnel  pour  un  même 
individu. 

MM.  Couvreur  et  Chaovilch  disent  avoir  fait,  dès  le  mois  dé  juin  i<)20, 
des  constatations  conduisant  aux  mêmes  conclusions  que  les  nôtres  et  par 

(')  Coi)i/ile\  rendus,  i.  17'J,  i<)'.  1,  |i.  711. 


SFANCR    DU    /(    AVRII,    I()2I.  .S77 

des  expériences,  à  leur  avis,  plus  dciiioDslialives.  iSous  supposons  que  ces 
auteurs  ont  voulu  parler  de  la  conclusion  relative  à  la  possihililé  de  des- 
Iruclion  in  ri/ro  des  inicrohes  par  le  sang  d'Insectes,  et  non  de  l'iiypothèse 
([ue  nous  avons  formulée  pour  expliquer  le  mécanisme  de  la  réaction 
humorale.  Mais  le  fait  de  la  destruction /« /v'/ro  des  microorganismes  par 
les  humeurs  des  animaux,  n'est  pas  nouveau  :  depuis  longtemps,  en  effet, 
on  sait  que  le  sérum  de  rai  hlanc  tue  le  hacillc  du  charhon,  que  celui  du 
lapin  tue  le  hacille  lyphique,  mais  on  sait  aussi  que  ces  manifestations  de 
l'activité  humorale  ne  sont  pas  en  rapport  avec  l'immunilé  de  ces  animaux 
contre  les  maladies  causées  par  ces  bacilles.  Dès  la  lin  de  l'hivei'  1920, 
nous  avions  constaté  noiis-même  que  le  sang  des  chenilles  d'.-l.  scgetiim 
pouvait  détruire,  in  vitro,  le  H.  ni.  non  liqucf ariens  ^■\i  mais  le  manque  de 
chenilles  ne  nous  avait  pas  permis  de  répéter  nos  expériences  et  de  tirer  les 
conclusions  qui  ont  fait  l'objet  de  nos  dernières  Notes.  Nous  rappelons, 
d'autre  part,  qu'en  étudiant  l'immunité  des  chenilles  de  Lymantrin  dispar 
contre  le  B .  picris  non  liquefaciens  oi,  en  mai  et  juin  derniers,  nous  avons 
conclu  à  l'impossibilité  d'expliquer  les  réactions  humorales  de  ces  chenilles 
par  l'action  de  bactériolysine  (Note  du  18  octobre  1920).  L'hypothèse 
formulée  au  début  de  cette  année,  et  qui  ne  s'applique  qu'à  un  cas  bien 
déterminé,  a  donc  été  préparée  par  une  loni;ue  série  d'observations;  la 
destruction  in  vitro  des  microbes  n'a  été  pour  nous  qu'un  argument,  le  plus 
décisif  sans  doute,  en  faveur  de  cette  hypothèse. 

En  ce  qui  concerne  la  valeur  démonstrative  des  expériences  de  MM.  Cou- 
vreur et  Chaovitch,  nous  ferons  les  remarques  suivantes  : 

1°  Les  deux  auteurs  ne  nous  disent  pas  si,  après  un  contact  de  il\  ou 
/|H  heures,  le  mélange  de  sang  de  ver  à  soie  ou  de  suc  de  digestif  et  de 
bacilles  pyocyaniques  ou  de  colibacilles,  est  devenu  stérile.  Or,  pour 
affirmer  que  les  bacilles  ont  perdu  leur  vitalité,  il  ne  suffit  pas  de 
montrer  que  l'un  ne  développe  pas  de  fluorescence  verte  et  que  l'autre  ne 
fait  pas  virerau  canari  le  bouillon  au  rouge  neutre.  En  effet,  au  cas  fortpro- 
bableoù  il  se  développe  des  microbesd'infection  secondaire  dans  les  bouillons 
ensemencés  avec  les  mélanges,  les  produits  de  culture  de  ces  microbes 
peuvent  suffire  à  empêcher  la  production  de  pigment  Huorescent  par  le 
bacille  pyocyanique  ou  le  virage  du  bouillon  au  rouge  neutre  par  le  coli- 
bacille, ou  tout  au  moins,  à  masquer  ces  réactions.  On  sait  qu'une  modifi- 
cation légère  de  la  composition  des  milieux  de  culture  suffit  pour  empêcher 
le  bacille  pyocyanique  de  produire  son  pigment  fluorescent.  Nous  possé- 
dons nous-même  des  microbes  enlomophytes,  fluorescents  ou  chromogènes 


878  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui,  sans  cause  apparenle,  perdent  momentanément  leur  fonction  fluo- 
rescii^ène  ou  cliromogène,  au  cours  des  ensemencements  successifs.  Le 
critérium  de  vitalité  adopté  par  MM.  Couvreur  et  Chaovitch  ne  saurait 
donc  suffire  pour  apprécier  l'action  morbide  des  humeurs  du  ver  à  soie  ou 
de  la  chrysalide  sur  les  bacilles  expérimentés. 

2°  Le  sang  ou  le  liquide  cavitaire  de  la  ciirysalide  n'ayant  pas  été  débai- 
rassé  au  préalable  des  éléments  cellulaires,  la  destruction  des  bacilles,  si 
elle  est  réelle,  peut  être  due  à  des  ferments  cellulaires  mis  en  liberté  par  ces 
éléments,  à  leur  sortie  de  l'organisme. 

Las  deux  auteurs  concluent  à  l'action  antiseptique  du  sang  et  du  suc 
digestif  de  certains  Invertébrés  sur  le  bacille  pyocyanique  et  le  colibacille. 
Cette  action,  telle  qu'elle  paraît  avoir  été  étudiée  par  eu\,  n'a  que  dos 
rapports  lointains  avec  la  question  de  l'immunité  chez  les  Invertébrés;  il  ne 
saurait,  en  effet,  y  avoir  réaction  de  défense,  que  si  la  même  action  destruc- 
trice se  manifestait  in  câo.  Or  il  n'est  pas  question  de  celte  destruction 
dans  la  Note  de  MM.  Couvreur  et  Chaovitch. 


c;HlMin:  I'IIYSIOLOGIQUE.  —  Le  pouvoi?-  réducteur  des  liquides  organiques  et 
des  tissus  de  quelques  animaux  marins.  Note  de  M.  Uaoii.  Iîayicix, 
présentée  par  S.   V.  S.  le  prince  Albert  de  Monaco. 

On  sait  qu'une  solution  aqueuse  de  bleu  de  méthylène  se  décolore  au 
contact  d'une  substance  réductrice  et,  en  particulier,  d'un  tissu  animal; 
une   molécule  d'eau   est  détruite,  l'oxygène   est   mis   en   liberté   selon  la 

formule 

(;'Ml'"Az'SCI  +  ll-()=:C"'H"Az'SCl  +  <_t. 

Moll.ylèii.-  birii.  MrLlivIi-nr  incolore. 

Cette  réaction  a  été  appliquée  par  M.  IL  Roger  à  la  mesure  de  l'activité 
réductrice  des  tissus  de  plusieurs  animaux  terrestres,  avec  la  techniipie 
suivante  :  on  mélange  poids  égaux  d'un  tissu  broyé  et  d'eau  bicarbonatée; 
on  porte  dans  l'étuve  à  38°;  ensuite  on  laisse  tomber  dans  le  mélange 
quelques  gouttes  d'une  solution  aqueuse  de  bleu  de  méthylène;  on  agite  le 
tout,  et  le  tube  mis  au  repos,  on  note  le  temps  que  ce  mélange  met  à  perdre 
sa  couleur  bleue.  Ce  temps  est  inversement  proportionnel  à  l'aclivilé 
réductrice  du  tissu. 

Je  viens  d'appli(|uer  cette  tecimique  à  révalualion  du  pouvoir  réducteur 
des  éléments  organitpies  de  (juel(]ues  aniniaux  marins. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    192I.  .S79 

Poiif  diluer  l(>s  tissus  marins,  ainsi  que  U;  bleu,  j'ai  remplacé  [uir  de  l'eau 
(le  mer  bicarbonatée,  l'eau  douce,  qui  donne  <les  réductions  trop  lentes,  et 
•[)arfois  nulles,  pour  des  élémenls  organiques  neltemenl  actifs.  J'ai  aussi 
laissé  les  mélanges  se  réduire  à  la  température  ambiante  de  \l\",  voisine  de 
celle  de  la  mer  actuellement,  .l'avais  observé  que,  dans  l'étuve  à  38", 
certaines  réductions  devenaient  trop  rapides  pour  être  cbronomélrables. 

Mes  animaux  d'expérience  ont  été  :  le  Lahrus,  la  Roussette  (Scvl/iiim 
catulu.s),  le  Poulpe  (Oclopux  vulgans),  le  Calmar  (Loligo  vulgaris)  et 
r(  )ursin  (Strongylocc/itrotus  lividits). 

Dans  le  Tableau  suivant  j'ai  classé  par  ordre  d'aclivilés  décroissantes  les 
éléments  dont  j'ai  déterminé  le  pouvoir  réducteur. 

Tissus  L-l  liriupurs  01  jiiiiiiqiic";.  Tciii|is  de  rédurh.ui. 

Sperme  triuné  d'<  )iiisiii o.   3.  p) 

Sperme  non  triluri"  d'()iir^in 4  •  20 

Sperme  de  Poulpe y.    ■' 

Glande  nidamenlaire  inférieure  de  Seiche 9'-^'J 

Sperme  de  Calmar  hrové  dans  les  tubes  séminifère~ 12 

Pancréas  de  Seiche 1  i 

Foie  de  (Calmar  raorl 21 

Foie  de  Seiche  morte (  > 

Foie  de  Poulpe,  décapité  vivant i] 

Foie  exs.nngue  de  Lahrus  décapité  \  ivaiit i  > 

Foie  de  Poulpe,  mort  récemment 2'| 

Foie  de  Houssette,  décapitée  vivante '.7 

Pulpe  de  la  glande  nidamenlaire  supérieure  de  Seiche i) 

l'jstomac  de  Seiche ii 

(  )Eufs  triturés  d'Oursin  avec  le  liquide  ovarien '\^ 

Foie  de  Roussette  asplnxique,  vivante '19 

Branchies  de  Seiche  morte 00 

Branchies  de  Poulpe,  décapité  vivant 02 

Branchies  de  Calmar  mort ■  1  '1 

Foie  rouge  vineux,  de  Lalirin  mort )i3 

Foie  de  Roussette  morte  hors  de  l'eau 1  .     > 

OEufs  triturés  de  Seiche 1  •  '4 

<  )Eufs  d'Oursin  non  triturés,  avec  le  liquide  ovarien "> 

<)Euf3  de  Seiche  non  triturés "1 

^>HH  de  Seiche.  Cristallin  trituré  en  eau  de  mer .").3o 

Œil  de  Seiche.  Humeur  vitrée  pure S 

Ce  Tableau  montre  que,  selon  le  tissu  étudié,  les  vitesses  de  réduction 
présentent  d'énoru)es  différences,  allant  de  quelques  minutes  à  plusieurs 


88o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

heures.  Ce  qui  frappe  d'emblée,  c'est  la  grande  aclivilé  du  sperme  d'Our- 
sin :  3  minutes  4o  secondes  (à  l'éluve  à  38°,  j'ai  vu  la  réduction  de  ce 
liquide  se  faire  en  (jnelffuis  secundcs).  La  trituration,  mettant  en  liberté 
toutes  ses  réductases,  lui  donne  le  maximum  de  vitesse.  On  comprend 
ainsi  que  la  pénétration  d'un  élément  aussi  actif  dans  l'œuf  luiimprime  une 
segmentation  ultra-rapide.  Plus  lente  est  l'activité  du  sperme  des  Céphalo- 
podes dont  les  œufs  se  développent  beaucoup  moins  vite.  Notons  la  grande 
activité  de  la  pulpe  de  leurs  glandes  nidamenlaires  inférieures,  qui  doivent 
former  rapidement  la  cuticule  im])erméable  des  n-ufs.  En  cetjui  concerne  le 
foie  nous  voyons  que  celui  des  Poissons  est  plus  ou  moins  actif  selon  que 
l'animal  a  été  décapité  en  état  de  vie  ou  en  état  de  mort;  dans  ce  dernier 
cas  l'agonie  a  laissé,  stagnant  dans  tous  les  organes,  un  sang  coagulé  chargé 
d'hémoglobine  à  divers  degrés  d'oxydation,  laquelle  retarde  la  réduction. 
Chez  les  Céphalopodes,  au  contraire,  qui  meurent  rapidement  hors  de  Feau 
et  qui  ne  possèdent  pas  d'hémoglobine,  le  pouvoir  léducteur  des  foies  est 
constant. 

La  même  différence  se  retrouve  entre  1<"S  branchies  des  Poissons  et  celles 
des  Céphalopodes;  pour  cet  organe,  j'ai  même  observé  que  la  réduction  se 
fait  aussi  vite  en  eau  douce  quen  eau  de  mer,  même  chez  les  Poissons.  Le 
tissu  branchial  est  ainsi  susceptible  de  s'adapter,  selon  les  besoins  de  la  vie 
de  ces  animaux,  à  des  milieux  de  salinité  très  différente. 

\ln  ce  qui  concerne  les  œufs,  ils  sont  peu  ou  point  actifs,  à  moins  qu'on 
ne  brise  leur  cuticule.  Leurs  éléments  vitaux  sont  inactifs  tant  qu'une  force 
extérieure,  ou  la  perforation  faite  par  le  speimalozoïde,  ne  l'a  pas  rompue. 
L'élément  mâle  fait  pénétrer  dans  l'œuf  des  réductases  d'activité  intense. 
qui  produisent  de  VoxY!:,('nr  disponible. 

En  définitive,  ainsi  que  le  pensait  Loeb,  «  l'aclivation  de  l'ovule  s'accom- 
pagne àhinc  (lugnicntalion  des  oxydations  dont  le  cytoplasmi-  est  le  siège  ». 
Mes  expériences  semblent  confirmer  cette  théorie  qui  a  joué  un  si  grand 
nMe  dans  la  parthénogenèse  expérimentale. 

MiCKOLîioLOGiE.  —  Des  leuco-aL;giulinines. 
Note  de  MM.  31.  Weinbkik;  et  LÉo.v  Kepinow,  présentée  par  .M.  Itoux. 

Au  cours  de  nos  recherches  sur  les  leucocidines,  nous  avons  obseivé  que 
les  toxines  microbiennes  possèdent  la  propriété  d'agglutiner  les  leucocytes 
du  cobaye.  Nous  sommes  surpris  que  ce  fait  n'ait  pas  encore  été  signalé.  Il 
est  cependant  facile  à  observer  avec  la  technique  suivante  : 


SÉANCE  nu  4  Avuii.   1921.  88 1 

l'nur  oblenii  de--  leiicncyles,  dm  iiiji'cte  tlans  lu  péi  itoiiiL'  du  cobaye  "i"^'"'  (ItiinuKIciii 
slérilisëe  de  Melliirs  l'ood  {w  pour  luo  1.  11  est  piéféiable  de  st;  serxir  de  col)aje>  pré- 
parés par  une  injection  anh'-rieure  de  1""'  de  la  même  siibslance.  Le  cobaye  est  saiirrié 
à  blanc  i4  à  16  heures  après  l'injeclion.  On  pialir|ue  ensuite  une  petite  ouveiture  nu 
niveau  du  péritoine,  et  l'on  introduit  dans  la  caNilù  abdominale  00""'  à  '10""'  d'ciiu 
oxalatée  (oxalale  de  soude  à  i  pour  100). 

L'exsudal  péritonéal,  en  général,  trè-~  licbe  en  leucocvle-^  (So  à  looooo  ptr  ruilll- 
iiiètre  cube)  est  recueilli  au  moven  d'une  pipette  à  boule.  (lon'^erM'à  la  i;litclère,  il 
peut  servir  pendant  deux  ou  trois  jours.  Ouelquefoi^  les  leucocytes  sont  plus  facile- 
ment agglutinables  '.'^  heures  après  leur  préparation. 

I^our  pratiquer  l'expérience,  on  verse  dans  de  petits  tubes  o'''"'',  3  à  o""',  .">  d'ém  ulsion 
leucocytaire,  i""',7  a  1''"',.")  d'eau  physiologique,  puis  des  doses  décroi-sante^  (o''"'',.3, 
0'^"'\2,  o''"'',  I,  etc.)  de  toxine  à  étudier,  l^e  mélange  Itien  secoué  est  placé  ensuite  pen- 
dant ■>.  à  3  heures  à  l'étuve  à  i-°. 

Pour  bien  observer  la  leuco-agglutination,  il  faut  relournei-  une  ou  deux  fois  chaque 
tube  de  l'expérience,  saisi  entre  l'index  et  le  médius,  et  bouché  avec  le  pouce. 

Les  leucocytes  oui  une  tendance  njitiii^elle  à  s'agglutiner,  mais  celte 
légère  auto-agglutination  ne  présente  jamais  Tinlensilé  du  phénomène 
observé  après  l'action  de  la  toxine.  Dans  le  tube  oii  les  leucocytes  sont 
agglutinés,  le  liquide  est  clair,  mais  parsemé  de  flocons  leucocytaires  qui 
tombent  rapidement  au  fond. 

Les  toxines  que  nous  avons  étudiées  sont  celles  du  ^.  prr/'ringens,  V.  sep- 
tique,  B.  sporoi^enes,  H.  aerofœlidiis.,  IS.  /listo/Ylicas,  B.  tetani,  H.  proleus, 
B.  diphtérique,  B.  de  PfeiiTer,  staphylocoque  et  pneumocoque.  Le  pneu- 
mocoque, le  B.  diphtérique  et  le  V.  seplique  donnent  la  leuco-agglutinine  la 
plus  active.  Le  B.  sporogcnes  et  le  B.  histolytique  sont  presque  complète- 
ment inactifs.  La  leuco-agglutinine  bactérienne  est  détruite  par  la  chaleur 
(3o  minutes  au  bain-marie  à  58"-6o°). 

En  général,  le  pouvoir  leuco-agglutinanl  d'un  microbe  est  d'autant  plus 
fort  que  sa  virulence  est  plus  marquée.  Ainsi,  des  quatre  souches  de  pneumo- 
coque mises  à  notre  disposition  par  notre  collègue  M.  Truche,  les  trois 
premières,  très  pathogènes,  se  sont  montrées  également  très  leuco-aggluti- 
nantes.  Par  contre,  la  quatrième,  dépourvue  de  tout  pouvoir  palhogène,  est 
restée  sans  action  sur  les  leucocytes. 

Il  n'existe  pas  de  rapport  entre  la  propriété  leuco-agglutinante  d'un 
microbe  et  son  pouvoir  toxigène.  Un  luicrobepeu  toxique,  comme  le  pneu- 
mocoque, possède  un  très  fort  pouvoir  agglutinant.  Il  n'existe  pas  non  plus 
de  rapport  direct  entre  le  pouvoir  leucocidique  et  le  pouvoir  leuco-agglu- 
tinant.  Dn  microbe  peut  produire  une  très  petite  quantité  de  leucocidine. 
tout  en  étant  fortement  leuco-agglutinant,  comme  c'est  le  cas  du  B.  diphté- 

C.  R.,  1931,  1"  Semestre.  (T.  172,  N«  14.)  ^^ 


882  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

rique.  Pour  d'aulres,  le  pouvoir  leuco-iii;glulinant  croit  avec  le  pouvoir 
leucocidique.  (]ependaiil,  pour  déceler-  ce  pouvoir  agglulinant.  il  est  néces- 
saire d'employer  des  doses  1res  l'aihles  de  toxine,  car  les  doses  fortes 
amènent  rapidement  la  dégénérescence  vacuolaire  des  leucocytes  et 
empêchent  ainsi  leur  agglutination. 

L'action  hnico-aggliitinantc  des  toxines  microbii-nnes  s'exei'Cr  également 
?'/?  rivo.  Il  suffit,  pour  lo  démontrer,  d'injecter  dans  la  cavité  péritonéale 
(les  cobayes,  préparés  la  veille  avec  du  Mellin's  food,  une  dose  convenable 
de  toxini'.  A  l'autopsie,  2  heures  après  l'injection,  on  constate  la  formation 
d'énormes  paquets  de  leucocytes  agglutinés  se  trouvant  dans  la  partie  la 
plus  déclive  de  l'intestin,  collés  soit  à  la  surface  de  l'intestin,  soit  à  celle  du 
mésentère.  Très  souvent,  il  se  détache  de  ces  amas  des  filaments  blanchâtres 
(formés  quelquefois  de  leucocytes  et  de  fibrine)  qui  atteignent  K's  anses 
intestinales  \oisines  et  viennent  se  fixer  sur  la  paroi  abdominale.  De  gros 
flocons  leucocytaires  flottent  quelquefois  dans  l'exsudat  péritonéal. 

Ces  faits  nous  permettent  de  penser  que  les  leuco-agglulinines  micro- 
Ijiennes  jouent  un  rôle  dans  le  mécanisme  de  la  formation  des  fausses 
membranes  qu'on  trouve  dans  les  séreuses  enflammées  et  dans  certaines 
angines.  Il  se  peut  aussi  que  la  leucopénie  observée  dans  certaines  maladies, 
ainsi  que  celle  qui  survient  à  la  suite  de  l'ingestion  de  substances  pro- 
téiques  soit  due  à  la  leuco-agglulination  in  rho.  Eu  <'fl"et,  le  sérum  de  cheval, 
le  petit  lait  agglutinent  les  leucocytes  lavés  du  cobaye.  L'expérience  de 
séro-leuco-agglulination  doit  se  pratiquer  avec  des  leucocytes  lavés.  La 
séro-leuco-agglutinine  est  détruite  par  le  chauffage  de  3o  minutes  à  ^o'-Oa". 

(Quelques  faits  nous  permettent  de  croire  qu'il  serait  utile  de  revoir,  à  la 
lumière  du  phénomène  de  la  leuco-agglutiuation,  la  question  de  l'ana- 
phylaxie  et  celle  de  la  chimiotaxie  négative.  Ainsi,  les.  leucocytes  des 
cobayes  anaphylactisés  sont  beaucoup  plus  aulo-agglulinables  (|ue  ceux  des 
cobayes  normaux.  Un  autre  fait  curieux  :  l'exsudat  péritonéal  d'un  cobaye 
injecté  avec  de  la  toxine  du  V.  septique  est  pauvre  en  leucocytes  et,  cepen- 
dant, la  j)orlion  terminale  des  vaisseaux  lymphatiques  du  mésentère  est 
distendue  par  des  leucocytes  tassés  les  uns  contre  les  autres;  pas  de  leuco- 
cytes dans  les  es[iaces  périlymphaliques. 

Ainsi,  si  l'on  s'était  contenté  d'examiner  le  licjuide  péritonéal,  on  aurait 
pu  conclure  à  une  chimiotaxie  négative,  alors  qu'en  réalité  les  leucocytes 
ont  été  attirés  en  masse  dans  le  péritoine,  mais  arrêtés  en  roule,  blocjnés  par 
la  leuco-agglutinine  dans  la  partie  terminale  des  Ivuiphaticpies. 

A  16  heures  et  (juart,  l'Académie  se  forme  en  (Comité  secret. 


SÉANCE    DU   fi    AVRIL    iq2I.  883 


COMITE    SECRET. 


La  Section  de  (jéoinéli'ie,  par  l'organe  de  son  Doyen,  présente  la  liste 

suivante   de   candidats  à   la   place   vacante   par  le  décès   de    M.    (je.orgcs 
Hiirnberl  : 

En  première  ligne M.  Emile  Borrl 

En  seconde  ligne M.  IIknri  LKREsnri': 

i  MM.  ÉiiE  Cariaiv 

En   troisième  ligne,    e.r  œt/uo                              \  Ji'les  Dka<:h 

pur  ordre  atpluibéticjue 1  Claude  Guichard 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  i-  heures. 


Erxest  Vessiot 


E.    P. 


>S84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN     BIBLI0(;RAI>HIQITE. 


OUVRAGBS    RFÇUS    DANS    LES    SÉANCES    DE    FÈVIllEn     1 92  I . 

lAésullals  des  campagnes  scleiuiliques  accon)j)lies  sur  son  jaclil  par  Albert  I""', 
|)rince  souverain  de  Monaco.  Fascicule  LV  :  Afadréporaires,  par  Ch.  Ghavieh;  fasci- 
cule LVI  :  Coniribudon  à  l'anatotnie  du  Simenchelys  parasilicus  GUI,  par  Maurice 
.Iaquet.  Imprimerie  de  Monaco,  199.0;  '.  vol.  36''"'.  (Présentés  par  S.  A.  S.  le  Princr 
de  Monaco.) 

Microbiologie  appliquée  à  la  transformalion  des  produits  agricoles,  par  E.  Kav- 
SKR.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1921;  i  vol.  ig"^™.  (Présenté  par  M.  E.  Lindet.) 

Microbiologie  appliquée  à  la  ferlilisalion  du  sol,  par  E.  Kavser.  Paris,  .I.-B.  Baii- 
lièi-e  et  fils,  1921;  1  vol.  19''"'.  (Présenté  par  M.  E.  Lindet.) 

Histoire  naturelle  des  Trochilida'  (Synopsis  et  Calalo^ue),  par  KicIîne  Simun. 
Paris,  L.  Nuio,  1921;  1  vol.  2^î™,5.  (Présenté  par  M.  E.-L.  Bouviei.) 

Les  industries  chimiques  et  la  production  générale  en  France,  pai-  E.  l•'l.EURE^T. 
Paris,  librairie  de  l'enseignement  technique,  1920;  i  vol.  19'"'. 

/■'squisse  d'une  théorie  nouvelle  de  la  lumière,  par  Sien  Lothkjis.  SlocUiolm. 
M.-Tli.  Dalilstriim,  1920;  i  fasc.  iS"^"*. 

Définition  and  resolution,  pai'  ^^  li.i.tAM  11.  Pickeiiinc  Reprinlcd  frnm  l'npuhtr 
Astronomy,  1920;  i  fasc.  2.5'"'. 

The  Orthographie  Projection  of  a  Sphère,  pai-  \\  ii,i,ia>i  11.  Pickeiiinc;.  Keprinled 
from  Popular  Astronomy,  i92o;.  1  fasc.  25''"'. 

()  Problema  das  seccas  do  ISordeste  resolvido  por  l.i  1/  .Maiiian(i  he  Barros  lin  i!- 
MER.  l'\io-ilL'-.lMneiro,  Villas  Boas.  1920;  1   vol.  23'"'. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI    11   WIUL   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Gkoh(;es  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    LAGA.DÉMIE. 


HYDRODYNAMIQUE.   —  5a/-  le  mouvement  périodique  d' un  fluide. 
Note  (' )  de  M.  Paui.  Appell. 

L'objet  de  cette  Note  est  d'attirer  brièvement  l'attention  sur  un  genre 
particulier  de  mouvement  d'un  fluide,  qui  s'observe  fréquemment  et  dont 
les  types  les  plus  connus  sont  les  fontaines  intermittentes  et  les  mouve- 
ments oscillatoires.  Dans  ce  genre  de  mouvement,  qu'on  peut  appeler 
périodique,  les  quantités  désignées  habituellement  par  u,  r,  (r,/^,  p,  dans  les 
notations  d'Euler,  sont  des  fonctions  de  j",  t,  ^,  /,  qui  reprennent  la  même 
valeur  quand  l  augmente  d'une  certaine  jiériode  T  ;  elles  sont  donc  déve- 
loppables  en  séries  de  Fourier  suivant  les  sinus  et  cosinus  des  multiples  de 

^^>  les  coefficients  de  ces  séries  étant  des  fonctions  de  .r,  y,  z.  La  force 

F(X,  Y,  Z)  rapportée  à  l'unité  de  masse  est,  au  contraire,  indépendante 
de  ^,  comme  la  pesanteur.  Sans  insister  sur  les  conséquences  analytiques, 
nous  nous  bornerons  à  remarquer  que,  si  o  (  a?,  y,  z,  t)  est  une  des  fonctions 
périodiques  de  t  que  Ton  est  amené  à  introduire,  l'intégrale  partielle 


f, 


.    àt, 


prise  en  regardant  x,  y.  z  comme  constants  et  désignant  par  n  un  entier 
positif,  est  nulle  ;  cette  propriété  évidente  remplace  celle  qui,  dans  le  mou- 


(')  Séance  du  kj  mars  192 1. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N'  15.)  "7 


886  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

veinent  permanent,  consisle  en  ce  que  -^  est  nul.  Par  exemple,  avec  les 
notations  habituelles,  le  théorème  de  BernouUi  est  remplacé  par  la  relation 

où  --  indique  une  dérivée  totale  par  rapport  au  temps.  Tintégralion  étant 
partielle  par  rapporl  à  la  lettre  /. 
Soient 


i(,  MIT. 


\-l 


7=0 

ir.t       .     .       2-1 


y2  -  /  .         -2  - 


■i-t 


les  coefficients  c/,  h,  c,  a,  3,  y  étant  fonctiims  de  .r,  y,  z.  Les  compo- 
santes ;,  Y],  'i  du  vecteur  tourbillon  sont  données  par  des  séries  analogues 
dont  les  coefficients  sont 

Or         (Jz  ûy         Oz- 

11  peut  arriver  que  ces  derniers  coefficients  soient  tous  nuls,  evcepté  ceux 
d'une  des  lignes  trigonométriques.  Les  lignes  de  tourbillon  sont  alors  fixes 
dans  l'espace,  comme  dans  le  mou\emenl  permanent;  mais  le  moment  d'un 
filet  de  tourbillon  varie  périodiquement  avec  t,  sauf  dans  le  cas  où  les  seuls 
termes  subsistants  correspondent  à  v  =  o. 

ASTRO.NOMIE.  —   Obseivations  de  l'crlipse  de  Soli'il  du    ~  nvril  19-21 
à  l'Ohsiixdtoire  (If  Paris.  Note  de  M.  lî.  Baillaid. 


In^lruiiu'nt. 

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(')   Peut-être  erreur  de  i"'. 

('-')  01)ser\alion  diiecle  de  riinai^e  focale  sur  un  \erre  di'poli. 


SÉANCE  DU  lî  AVRIL  I921.  887 

PALKON'lOLOGli:.  —  (  ommeni  ont  apparu  cei  laines  formes  nouvelles  :  Rudisics 
et  C/itiii/es,  \l\lilus  et  Dreissensia,  Anomia  et  Paratiomia.  Note  de 
M.  H.  Douvii.i.É. 

Le  mode  d'apparition  des  formes  nouvelles  a  souvent  préoccupé  les 
naturalistes.  Les  Ijamellibranrhcs  se  prêtent  particulièrement  à  cette 
étude  :  c'est  qu'en  effet  ils  se  nouirissent  exclusivement  des  particules  ali- 
mentaires amenées  par  le  courant  d'eau  qui  traverse  leur  coquille,  il  en 
résulte  que  la  recherche  et  la  poursuite  de  la  nourriture  se  trouvent 
réduites  à  un  minimum;  dès  qu'ils  ont  rencontré  un  courant  d'eau  suffisam- 
ment chargé  de  matières  assimilables,  ils  n'éprouvent  plus  le  besoin  de  se 
déplacer;  aussi  un  grand  nombre  de  formes  arrivent  à  se  fixer  plus  nu 
moins  complètement. 

La  fixation  peut  être  accidentelle  ;  l'animal  se  trouve  placé  dans  des  con- 
ditions différentes  de  celles  où  il  vivait  précédemment  et  c'est  alors  que 
prennent  naissance  des  formes  nouvelles. 

L'exemple  des  Rudistes  est  un  des  plus  nets  :  les  Diceras  apparaissent 
brusquement  au  cominmcement  du  Jurassique  supérieur  et  j'ai  fait  voir 
qu'ils  résultaient  de  la  fixation  d'un  Cardium  par  soudure  directe  de  sa 
coquille  :  un  jeune  animal  dressé  par  les  courants  est  couché  sur  le  coté  et 
arrive  à  se  fixer  par  ce  procédé  bien  connu;  l'eau  était  chargée  de  parti- 
cules alimentaires,  l'animal  a  prospéré,  s'est  développé  et  s'adaplant  à  sa 
nouvelle  vie  a  fait  souche  non  |ilus  de  Cardium,  mais  de  Diceras. 

Une  transformation  analogue  a  donné  naissance  aux  Chama,  vers  la  fin 
du  Crélacé,  probablement  par  la  lixation  d'un  Corbis.  Dans  les  mers 
actuelles  \e?,  Myadora  en  se  fixant  tardivement  deviennent  des  Myochania, 
sans  se  modifier  d'une  manière  très  notable.  Mais  les  Chamostrea  ont  pris 
tout  à  fait  la  forme  des  Chain  /,  en  conservant  le  test  nacré  et  l'osselet  liga- 
mentaire de  leur  ancêtre,  peut-être  un  Verticordia? 

La  loi  générale  de  rbérédii.'  u'esl  donc  pas  absolue;  les  enfants  ne  sont 
en  réalité  semblables  à  leurs  p  1  ■i'ni>,  q  le  lorsque  les  conditions  de  vie  n'ont 
pas  changé. 

Le  mode  de  fixation  a  une  gr  ni  le  i'nporiance  au  point  de  vue  des  modi- 
fications qui  en  résulteui;  . W  tnoMiié  (pie  la  fixation  par  un  byssus 
avait  pour  conséquence  l'aii  >  due  pr  igre^sive  du  muscle  adducteur  anté- 
rieur et  c'est  ainsi  que  pre  1  iii^-iance  1-  grand  groupe  des  D\sodontes, 
d'abord  Hétéromv  aires,  pm     \1  monyairis.  (^uehjue  Tanodonte  ou  Acti- 


888  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nodonle  paléozoï(|ue  é(|uivalv('  vivait  normalement  en  rampant  sur  le  fond 
de  la  mer;  de  très  jeunes  individus  sont  jetés  au  rivage  par  les  courants, 
dans  un  moment  de  calme  ils  parviennent  à  se  fixer  par  leur  pied  (|ui 
sécrète  une  sorte  de  mucilage,  durcissant  par  l'action  de  leau  de  la  mer; 
c'est  le  Ityssus,  ici  plus  ou  moins  filiforme.  L'animal  est  halloté,  mais  n'est 
plus  entraîné,  et  sa  co<|uille  reste  svmétri(|ue;  la  nourriture  est  abondante, 
il  fait  souche  de  Mylilus. 

A  une  épo<jue  plus  récente,  un  [^amellibranclic  tout  difîérent,  proba- 
blement un  Astartidé,  arrive  à  se  fixer  d'une  manière  analogue  et  sa  co(|uille 
prend  la  forme  d'un  Mylilus,  ce  sont  les  Dreissensia :  l'analogie  est  telle 
<|u'on  a  longtemps  rapproché  ces  deux  genres,  mais  le  nouvel  animal  n'a 
pas  le  test  nacré  et  il  a  conservé  la  structure  du  manteau  caractérisli([uc  des 
Hétérodontes.  Ici  encore  le  changement  d'habitat  a  complètement  modifié 
la  forme  de  la  co(iuille. 

Une  transformation  analogue  à  celle  des  Mviiùis,  mais  dans  une  eau  plus 
profonde,  moins  agitée,  plus  riche  en  matières  nutritives  donne  naissance  à 
des  co(]uilles  de  plus  grande  taille  et  (jui  se  couchent  sur  la  valve  droite,  ce 
sont  les  Avicules,  fixés  aux  rochers  par  un  b\ssus  proportionné  à  leur  taille; 
la  coc|uille  est  devenue  iné([uivalve. 

Mais  sur  un  fond  de  sable  ou  de  vase  où  les  points  d'appui  solides  font 
défaut,  l'animal  ne  peut  guère  se  fixer  (|ue  sur  des  co<|uilles  mortes  plus  ou 
moins  roulées  par  les  courants.  Un  jeune  D\sodonte  ne  trouvera  à  s'\  fixer 
et  à  s'y  développer  ([u'en  se  cramponnant  et  se  collant  sur  son  appui;  il  ne 
pourra  y  réussir  qu'au  moyen  d'un  byssus  très  court  et  très  robuste.  C'est 
ainsi  que  s'est  formé  le  type  Anomie. 

On  sait  comment  le  byssus  ainsi  constitué  l'ait  obstacle  au  dévelop|)cmenl 
de  la  partie  antérieuie  de  la  valve  Hioite  sur  laquelle  l'animal  est  couché. 
La  partie  postérieure  seule  s'allonge,  s'élargit,  contourne  l'obstacle  et  vient 
rejoindre  la  |)artic  antéiieure;  le  byssus  se  trouve  complètement  entouré  et 
logé  dans  une  sorte  d'ouverture  de  la  coquille  ;  en  même  tem])S  il  se  calcifié, 
c'est  la  cheville  des  Anomies.  Ce  niodi'  de  fixation  est  très  particulier,  mais 
il  faut  s'attendre  à  le  retrouver  dans  des  groupes  difiërents. 

L  L<'  genre  Anomia  |)ro|>remeiil  dit  (groupe  de  VAn.  e/i/iip/)iuni)  a  des 
caractères  spéciaux  :  la  co(|uille  <>st  1res  mince,  nacrée;  la  valve  inférieun- 
se  moule  sur  son  appui,  tandis  (jue  la  valve  supérieure  est  plus  ou  moins 
capuloïde;  la  valve  inférieuie  conlourne  bien  l'obstacle,  mais  elle  ne  vient 
pas  se  souder  à  l'extrémité  anléneuve;  celle-ci  s'épaissit  et  constitue  une 
apo|)liyse  solide  servant  de  supjiorl  à  un  ligament  en  forme  de  croissant. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  igai.  88q 

Le  tcsl  est  profondément  modiliê  :  les  couclics  cvtcrncs  sont  devenues 
nacrées,  mais  sur  la  valve  droite  elles  ont  conservé  la  te\ture  |iiismati(nie 
des  Aviculidés;  les  couches  internes  sont  réduit<"s  à  la  lâche  blanche  qui 
entoure  les  ini|iressions  musculaires.    Celles-ci   sur   la    valve   droite   sont 


Impressions  musculaires  el  lâche  lilanclie  de  la  valve  j;auche  des  Anoniics. 

Fi;;.  1.  .1.  ephippiuni,  Linné  de  la  Manclii  —  1.  A.  plaiiiilala.  Desh.,  du  Luléliei'S 
de  Parnes.  —  3.  .4.  sp.  du  Cénoiiianicu  du  Mans.  —  1.  .L  suprojarcnsis,  Buv.,  du 
MonI   Laniberl  (  iioulnunais).  a,  adducteur;  p,  /;',  u.  les  trois  impressions  pédiouses. 


réduites  à  celle  d<'  ladducteur.  tandis  que  sur  la  valve  gauche  on  observe 
en  outre  trois  im|)ressions  des  muscles  [iédieuv  :  une  [iremière/?,  placée  à 
côté  de  l'adducteur  et  presque  de  même  grandeur,  une  deuxième//  ])lus 
importante  et  j)lacée  entre  la  précédente  et  la  région  dorsale,  enfin  uni' der- 
nière //  beaucou|)  plus  petite,  dans  le  voisinage  du  liganKmt. 

Cette  disposition,  bien  caractérisée  sur  Y  An.  cphippium^  se  retrouv(î  sans 
modifications  notables  siîr  les  formes  du  Miocène  (.4.  sqiiama  Brocchi)  et  de 
l'Kocène  (A.  planiilata  Desh.).  Miss  Gardner  a  figuré  des  impressions  ana- 
logues dans  les  espèces  du  Crétacé  supérieur  du  Maryland  (A.  argentaria 
Morton;  .4.  ornata  Gabb  )  ;  dans  A.  forteplicata  Gardner,  lesdeuv  pédieusi'S 
semblent  se  réunir.  J'ai  moi-même  retrouvé  la  même  disposition  dans  une 
esj)èce  du  Cénomanien  du  Mans  et  dans  VA.  siiprajuiensis  Buvig  lier,  des 
grès  du  Mont  Lambert,  où  les  deux  impressions  pédieuses  ^  etyj'  ne  sont 
qu'incomplètement  séparées,  la  coquille  conserve  toujours  la  même  consti- 
tution. 

Xous  n'avons  pas  encore  pu  observer  les  caractères  internes  sur  des 
espèces  plus  anciennes. 

Un  rameau  assez  particulier  se  détache  àWnomia  dans  TEocène  de 
l'Afrique  du  \ord  ;  il  est  constitué  par  le  genre  Caiolia.  J'ai  pu  observer  de 
jeunes  individus  fixés  sur  une  coquille  à^Heligniotenin  à  la  fois  à  l'intérieur 
et  sur  la  surface  externe;  ils  sont  extrêmement  minces,  la  valve  supérieure 
est  ornée  de  côtes  rayonnantes  très  fines.  Le  byssus  est  constitué  comme 
dans  Annmia  par  une  cheville  ou  plaque   calcifiée  présentant  la  structure 


Spo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fibreuse  caractéristique;  elle  est  assez  éloignée  du  bord  (  '  ).  La  niêmp 
espèce  est  largement  développer  en  l'igyple,  où  elle  alteint  une  grande 
taille;  les  deux  valves  sont  plates  et  à  peu  près  circulaires,  ce  qui  montre 
qu'elles  se  sont  libérées  de  leur  appui.  Le  byssus  est  très  variable,  tantôt 
il  correspond  à  une  large  ouverture,  exactement  semblable  à  celle  des 
Anomies,  tantôt  il  se  rétrécit  et  la  cheville  calcaire  haliiluelle  paraît  se 
souder  aux  parois  d<-  l'ouverture,  tantôt  enfin  celle-ci  est  recouverte  et  mas- 
quée par  les  couches  internes.  A  l'inlérieur  on  observe,  comme  dans  les 
Anoinùi,  les  trois  impressions  musculaires,  mais  les  pédieuses  s'écartent 
davantage  et  l'impression /?  est  relativement  moins  développée.  Cette  modi- 
fication du  lype  Anomi/i  est  inléres>-ante,  parce  quelle  permet  d"y  rattacher 
les  l'Iacuna  dont  la  coquille  est  semblable  à  celle  de-  Carniia,  mais  l'ouver- 
lurc  byssale  a  presque  toujours  disparu  complètement;  l'absenci-  de  bvssus 
explique  celle  des  impressions  pédieuses.  Le  ligament  s'est  profondément 
modifié,  l'apophyse  en  croissant  des  Caro/ia  s'est  allongée  des  deux  oités 
et  s'est  transformée  en  un  chevron  formé  de  deux  minces  lames  droites;  il 
existe,  en  outre,  un  ligament  marginal  ondulé,  rappelant  un  peu  celui  des 
Ci-e/iatuh/. 

IL  l']n  i83o,  Sowerby  proposait  le  genre  l'Iucund/wmin  pour  une 
coquille  vivant  sur  la  côte  du  Pacilique  de  Costa-Kica  ( 7V.  Cumingi  )\  elle 
présente,  dit-il,  les  caractères  des  Ostrea  et  des  Plicatiila.  par  sa  forme  et 
son  ornementation  des  Anémia  par  sa  perforation  byssale  et  des  Phicima 


Fig.  5,  (j.  /'/acitiiaiiofiua  Ciiniin^i,  lîrod.:  .">,  \;il\(*  ^iiuclic  inonli'atU  les  iiiijni-ssions  de  i'addiu'tcui  '/ 
et  les  deux  impiessimis  pédieuses  p  el  ii\  Ij.  valve  droite,  monlriinl  laddueteiir  et  la  rhevillc  lîbicUsc 
de  lixation.  —  7.  Pododesontix  riidh.  lîrod.,  Aiédilerranée.  —  8,  i).  l'araiiomia  svalira,  Morton,  de 
la  craie  supérieure  du  Tecincssce.  les  deux  valves.  —  10.  /'ii/iiint(  <  (irsenleus.  Cuiiiad.  du  même 
iineaii.   --   II.  Impressions  niu-culaires  de  la  \alve  sii>i.  lie  d'A^iciihi  liirriiliiiu.  d' \  icaelimi. 

par  son  ligament.  Cette  coquille  se  distingue  immédiatement  des  Anumiu 
par  sa  taille  plus  grande,  son  test  plus  épais,  où  les  couches  externes  ne  sont 
plus  nacrées,  et  sa  plus  grande  indépendance  du  support;  elle  ne  se  moule 


(')  I.' l'^nccni'  lin  Soiif/ii/i  i-l  lin   Sénv:,'(il  {/lut/.   Co/)i.  /Jl.  Iiisl.  et  se.  ilc  l\\fri<iue 
lier,  frniiidisc.  avril-juin   19  !0.  j).    >.')-.  Jlff.  11,  |)l.   III.  /'),'.  4^. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I921.  89I 

sur  lui  que  pendant  sa  jeunesse  et  prend  ensuite  sa  forme  propre  qui  est 
celle  d'une  huître  à  gros  plis,  l'ar  suite  de  l'épaisseur  de  la  coquille,  la 
perforation  hyssale  prend  une  forme  conique  oblique;  le  byssus,  ou  plus 
exactement  la  cheville  qui  le  représente,  se  sonde  plus  ou  moins  rapide- 
ment an  test,  mais  en  ('onservant  sa  texture  fibreuse  caractéristique.  Le 
ligament  rappelle  en  eflet  celui  des  l'Iaridia  et  est  porté  également  par  une 
apophyse  en  chevron,  mais  plus  robuste:  ce  qui  augmente  encore  l'ana- 
logie, c'est  (juc  sur  certains  échantillons  on  voit  s'ajouter  un  ligament 
marginal  ondulé  {fig.  G).  Ce  caractère  n'est  que  secondaire,  car  nous  avons 
vu  que  Placima  dérive  de  (arolia  où  le  ligament  est  en  croissant;  c'est  en 
réalité  un  caractère  évolutif.  Ce  qui  est  plus  important,  c'est  qu'il  n'existe, 
qu'un  seul  muscle  pédienx  à  côté  de  l'adducteur,  au  lieu  de  deux. 

En  1860.  Conrad  décrivait  un  Planinanomia  Saffordi  et  un  Pi.  lineata  de 
la  craie  supérieure  de  l'Amérique  du  Nord,  et  en  1867  il  proposait  pour  ces 
formesle  genre /'(^//v/nomîrt.  En  1898,  Dali  considérait  ce  genre  comme  insuffi- 
samment défini,  par  suite  les  caractères  internes  n'étant  pas  connus.  Cette 
lacime  a  été  comblée  récemment  par  M.  lîruce  ^^  ade  qui  m'a  communiqué 
des  écliantillons  du  Ténéessé  parfaitement  conservés  (Jig.  8  et  9)  :  l'im- 
pression pédieuse  et  la  cavité  byssale  sont  exactement  disposées  comme 
dans  Pim-uniitiomia,  mais  l'apojjhyse  ligamentaire  est  différente  et  a  une 
forme  triangulaire  à  base  arrondie;  la  surface  d'attache  paraît  aussi  bien 
plus  petite.  Ces  caractères  sont  exagérés  dans  Plncunanomut  Eglcstom, 
Hayan,  de  Californie  (et  vraisemblablement  aussi  de  la  craie  supérieure). 

Des  formes  analogues  ont  été  citées  en  ilurope  :  P ododc sinus  {V\\\\vç^\, 
1837)  est  représenté  dans  la  Méditerranée  par  P.  radis  {fig.  7)  qui  a  la 
forme  générale  d'un  Aiiomia.,  mais  s'en  distingue  par  une  impression 
pédieuse  simple,  par  un  ligament  triangulaire  et  par  une  ouverture  byssale 
obturée  par  une  cheville  fibreuse,  disposée  exactement  comme  dans  Placii- 
nrinomia.  Ces  mêmes  caractères  se  retrouvent  dans  Placunanomia  sella. 
Tate,  de  l'Kocène  d'  Vustralie  et  au  nioins  dans  une  espèce  de  !'<  Higocène 
de  l'Allemagne,  confondue  probablement  à  tort  avec  Aiiomia  pdlrlliformis. 
Linné. 

En  résumé,  on  voit  qu'il  existe  un  deuxième  rameau  bien  différent  des 
Aiiomia  typiques,  caractérisé  principalement  par  son  muscle  pédieux  simple, 
par  sa  coquille  plus  épaisse,  de  structure  normale  et  moins  déformée,  par 
son  ligament  triangulaire  et  par  son  logement  byssal  l)ien  plus  allongé  ; 
il  débute  dans  la  craie  supérieure  de  l'Amérique  du  Nord  par  Paninoima. 
se  prolonge  dans    le  Tertiaire  d'Europe   et   d'Australie   par  Pododesimis, 


892  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

encore  vivant  dans  la  Méditerranée,  tandis  qu'une  forme  plus  évoluée, 
Placunauomia,  avec  apophyse  ligamentaire  en  clievron.  est  représentée 
aujourd'hui  dans  le  Pacifique. 

III.  Un  troisième  rameau  correspondant  aux  l'iih'iniles  Defr.,  de  la  craie 
supérieure,  bien  figurés  par  Sowerby  (Gênera  of  shells)  et  caractérisés  par 
un  ligament  de  Pcrna.  M.  Bruce  Wade  en  a  communiqué  à  mon  ami 
Gossmann  un  très  bon  échantillon  (/Z^»^.  10)  qui  montre  des  caractères  internes 
analogues  à  ceux  de  Parnnomia ;  d'après  la  figure  donnée  par  Fischer, 
Hypotrema  du  Jurassique  présente  un  ligament  analogue  et  une  seule 
impression  pédieuse,  également  marquée  de  costules  rayonnantes. 

En  résumé,  nous  voyons  que  la  famille  des  Anomiacés  est  bien  nettement 
hétérogène  et  qu'elle  comprend  au  moins  trois  rameaux  :  le  premier,  celui 
desAnomia,  remonte  au  Jurassique  et  se  rattache  peut-être  par  les  Phtcitnopsis 
aux  Pseudomoiiolis  du  Trias  ;  le  second  dérive  des  Paramomia,  qui  par  leur 
impression  pédieuse  simple  rappellent  les  Avicules  {Jî;j;.  1 1),  enfin  un  troi- 
sième se  rattache  incontestablement  aux  Pernidés.  l'ous  ces  rameaux 
proviennent  d'une  même  modification,  raccourcissement  et  durcissement 
du  byssus;  par  ce  simple  changement  on  peut  se  rendre  compte  quune 
coquille  du  groupe  des  Monotis  est  devenue  un  Anomia.  qu'une  Avicule  est 
devenue  un  Paranomia  et  une  Perne  un  Hypotrcinn. 

En  résumé  :  on  sait  que  les  coquilles  libres  peuvent  se  fix<'r,  elles 
changent  alors  de  forme  ;  c'est  ainsi  que  les  Peclen  deviennent  des  Hinnùes 
ou  des  Spondyles ;  dans  cet  exemple  la  fixation  est  tardive  et  il  est  facile  de 
remonter  à  la  forme  primitive.  Il  n'en  est  plus  de  même  quand  elle  est 
précoce,  et  alors  les  formes  nouvelles  semblent  a[)paraître  brusquement. 
J'ai  pu  cependant  remontei-  des  Uiceras  aux  Carcliitm.  et  avec  quel(|ue 
probabilité  des  C/ianm  aux  Corhis. 

Le  changemeni  de  forme  dépend  du  mode  de  fixation;  par  un  même 
mode  de  fixation,  des  animaux  très  dillérenls  peuvent  prendre  des  formes 
presque  semblables,  et  l'on  a  été  ainsi  souvent  amené  à  placer  dans  un  même 
groupe,  dans  ce  que  j'ai  appelé  un  «  genre  fagot  »,  des  espèces  sans  aucun 
lien  de  parenté  réelle.  G'est  ce  que  je  viens  de  montrer  pour  les  Anomies. 

Dans  les  cas  que  je  viens  dépasser  en  revue,  il  semble  que  les  change- 
ments résultent  d'une  fixation  accidentelle,  d'où  les  conclusions  suivantes  : 

Gertaines  formes  nouvelles  résultent  d'un  accident, 

belles  deviennent  stables  par  adaplnlion., 

Et  se  perpétuent  alors  par  hcrêdilè. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  192I.  SgS 


SPECTROSCOPIE.   —   Sur  /'atilitr  en  Astroiioniic  pliysiqiie  de  lu  considération 
de  sensibililè  des  raies  sprclndrs.  Noie  de  \l.  A.  de  Gramo.vt. 

L'origine  el  rallrihutioii  des  raies  spectrales  fournies  par  les  diverses 
régions  du  Soleil  ou  par  les  étoiles  des  différentes  classes,  est,  on  le  sait, 
l'un  des  sujets  les  plus  importants  de  l'Astronomie  physique.  La  solution 
de  cette  question  pourrait  être,  sinon  complètement  donnée,  du  moins  en 
très  grande  partie  résolue  par  la  speclrochimie  quantitative  des  éléments, 
(^u'il  nous  soit  permis  d'en  présenter  ici  quelques  exemples  : 

La  sensibilité  de  certaines  raies  privilégiées,  dans  dos  sources  électriques 
variées,  peut  apporter  des  comparaisons  fécondes  avec  les  spectres  solaires 
et  stellaires. 

11  nous  faut  observer  d'abord  que  les  raies  d'un  même  élément,  fussent- 
elles  d'intensités  égales,  n'ont  nullement  la  même  importance  représen- 
tative de  la  présence  de  celui-ci  dans  la  source  lumineuse  considérée, 
l'apparition  ou  la  disparition  de  ses  raies  s'échelonnant  suivant  la  propor- 
tion centésimale  de  l'élément  dans  la  vapeur  incandescente.  Ce  sera  pour 
nous  «  le  principe  de  la  disparition  successive  des  raies  »,  disparition 
motivée  soit,  le  plus  souvent,  par  des  données  quantitatives,  soit  par  des 
variations  dans  les  conditions  électrothermiques,  car  un  abaissement  de 
température  agit  parfois  dans  le  même  sens  qu'une  diminution  en  teneur, 
surtout  pour  les  régions  les  moins  réfrangibles  du  spectre. 

L  Dans  les  attributions  qui  ont  été  faites  à  tel  ou  tel  élément,  des  diffé- 
rentes raies  du  spectre  solaire,  il  ne  me  semblerait  pas  avoir  été  tenu 
suffisamment  compte  de  ce  fait  que  deux  raies  appartenant  à  des  éléments 
différents  et  de  longueurs  d'ondes  assez  voisines  pour  pouvoir  se  confondre 
avec  celle  de  la  raie  trouvée,  n'ont  généralement  pas  une  égale  valeur 
représentative  de  l'élément  auquel  elles  appartiennent.  Par  exemple,  nous 
trouvons  dans  les  Tables  du  spectre  solaire  de  Rowland  les  attributions 

suivantes  : 

3-74.480 Yl? 

o6oci.88(. Yt,  l'^e 

Or  les  essais  de  spectrochimie  quantitative  nous  montrent  qu'aucun  doute 
ne  subsiste  au  sujet  de  l'origine  de  ces  deux  raies  qui  sont  parmi  les  plus 
sensibles,  et|même  les  raies  ultimes  de  l'yttrium,  aussi  bien  dans  les  étin- 
celles condensées  sans  ou  avec  self-induclion,  que  dans  l'arc.  La  seconde 


894  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

raie  est,  pour  le  fer.  d'importance  tout  à  fail  secondaire  si  même  elle  lui 
appartient.  De  même  pour  la  raie 

5io:..-i.| •....     Fr  (C.u) 

qui  n'est,  en  aucune  manière,  atlribuabli'  au  fer.  mai>  bien  au  cuivre  dont 
elle  est  une  des  trois  raies  veites  bien  connue^,  et  le-  plus  sensibles  dr  la 
région  visible. 

II.  Un  certain  nombre  de  corps  -impies  sont  considérés  comme  absents 
de  l'atmosphère  solaire  parce  qu'aucune  de  leurs  raies  n'a  pu  être  identiliée 
dans  les  spectres  soit  de  la  lumière  totale,  soit  des  différentes  régions  du 
Soleil.  Ce  sont  : 

Le  bore  : 

Le  phosphore,  l'arsenic,  Fantimoine,  le  bismuth  ; 

Le  soufre,  le  sélénium,  le  telhiie; 

Le  fluor,  le  chlore,  le  brome,  l'iode; 

Ij'or,  le  mercure. 

Sans  recourir,  comme  on  l'a  fait,  à  des  considérations  d'élévation  de 
poids  atomiques,  ou  de  densités  de  vapeurs,  qui  ne  s'appliqueraient  dail- 
eurs  en  aucune  manière  à  la  moitié  de  ces  éléments,  le  simple  examen  du 
tableau  des  raies  de  grande  sensibilité  des  éléments  que  j'ai  dressé  récem- 
ment f'^  montre  que  : 

1°  Le  soufre,  le  sélénium,  le  fluor,  le  chlore,  le  brome,  l'iode  ne  pré- 
sentent ni  raies  ultimes,  ni  raies  de  grande  sen-;ibilité.  Us  ne  donnent  aucun 
spectre  d'arc. 

2"  Le  bore,  le  phosphore,  l'arsenic,  l'anlimoine,  le  tellure,  l'or,  le  mer- 
cure ont  leurs  raies  ultimes,  et  leius  raies  de  grande  sensibilité,  dans  la 
région  du  spectre  arrêtée  par  l'atmosphère  terrestre,  c'est-à-dire  de  longueurs 
d'ondes  inférieures  à  la  limite  7.2920  (-). 

Pour  le  bore.  Rowland  avait  compris  ('  )  la  raison  de  son  absence  appa- 
rente. Il  avait  constaté  que  les  deux  seules  fortes  raies  de  son  spectre  d'arc 
(et  aussi  d'étincelle)  A2498.  2497  étaient  dans  la  région  arrêtée  par  l'air. 

Mais  une  raie  X3  [Si  assez  forte  de  ce  métalloïde,  visible  seulement  dans 
l'étincelle  condensée,  sans  self-induction,  offre  une  sensibilité  qui,  avec  les 
sels  en  fusion,  a  pu  atteindre  jus(jii'aM  dix-millième;  elle  pourrait  révéler  le 


(')   Coin/iU-s  rendus,   t.  171,   1919,  |).   i  io(). 

(-)   J'avais  dijà   alliii'  l'alleullon  sur  ce  fait  1  Co/ii/i/es  rendus,  t.  loO.   1910,  p.  3" 

(^)     \iiier.  ./.  of  Se.  t.  VI.   iN(|i. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1921.  SqS 

liore  dans  les  ('toiles  qui  sont  le  siè^e  de  foi'tes  dédiariies  rlcctriques,  en  la 
recherchant  a\ec  des  instruments  à  optique  en  crown-iivinl  ou  en  quartz. 

Ces  dispositifs  permettraient  aussi  de  recevoir  deux  raies  de  l'iinti- 
moine  A326S,  32'!3,  dont  la  sensibilité  atteint  à  peu  près  le  millième  dans 
les  spectres  d'étincelles  des  alliages.  De  même  pour  la  raie  ultime  principale 
du  bismuth  a3o()8  dont  la  sensibilité,  dans  les  mêmes  conditions,  peiil 
dépasser  le  dix-millième,  les  antres  raies  ultimes  ou  sensibles  du  même 
métal  étant  arrêtées  par  l'air. 

Mais  d'importantes  recherches  de  MM.  A.  Fowler  el  R.-.l.  Strutt  (') 
ont  établi  que  la  partie  la  plus  réfrangible  des  spectres  du  Soleil  et  des 
étoiles  est  masquée  par  les  fortes  bandes  d'absorption  de  l'ozone  almosphé- 
ri([ue  depuis  a3339  jusqu'à  A3089,  même  pour  des  altitudes  très  élevées 
au-dessus  de  1  horizon.  M.  Fowler  (")  a  montré,  de  plus,  que  le  restant, 
très  affaibli,  du  spectre  solaire  présente  la  bande  À3o()4  à  "a3o47  ^^  '** 
vapeur  d'eau.  <  )n  voit  donc  combien  est  restreinte  l'étendue  du  spectre  où 
doivent  être  retrouvées  les  raies  caractéristiques  des  éléments,  surtout  si 
l'on  admet  qu'ils  ne  sont  pas  en  quantités  prédominantes,  ou  même  impor- 
tantes, dans  l'atmosphère  du  Soleil. 

(^uant  aux  spectres  stellaires,  l'œuvre  admirable  accomplie  par  l'Obser- 
vatoire de  Harvard  pour  le  Draper  Catalogue,  au  moyen  de  prismes-objectifs 
en  flint,  ne  fournil  pas  de  raies  de  X  inférieures  à  3546-  pour  les 
220000  spectres  qu'elle  a  réunis.  Entre  celte  limite  el  le  commencement 
des  bandes  de  l'ozone  A3349,  existe  un  champ  de  recherches  qui,  bien  que 
restreint,  pourrait  être  exploré  avec  avantage  avec  des  télescopes  ou  des 
lunettes  portant  non  plus  des  spectrographes  à  optique  en  quartz,  comme 
on  l'avait  cru  nécessaire  jusqu'ici,  mais  à  optique  en  crown-uviol  facile- 
ment translucides  pour  les  longueurs  d'ondes  supérieures  à  a3i  "5. 

Une  colonne  spéciale  à  cette  région  du  spectre  a  été  établie  dans  le 
Tableau  des  raies  de  grande  sensibilité  des  éléments  (^  ),  afin  de  faciliter 
les  comparaisons  d'astrophysique.  Nous  devons  ajouter  que  les  clichés  de 
spectres  stellaires  pris  par  Huggins  (M  ou  par  Hartmann  (*)  au  moyen  de 
spectrographes  à  optique  en  quartz,  montrent  que  le  très  petit  nombre 

(')  Proc.  Roy.  Suc,  vol.   \.  ()().).  2  octobre  1917. 
Ç-)  Proc.  Roy.  Site,  vol.  A.  ()()3.  12  juillet  1918. 
(•')  A.  DE  Gramoxt,  /<iC.    (il. 
(')  Allas  <if  Siellar  Spectra.  Londres.  iSyg. 

{'")  Otto  Koiil,  Ultravinlellcr  Tcil  einigci-  Fi.rste/ns/ie/./rrn  (  Inaiigiiral  Disser- 
tation). Gotlingen.  igi3. 


896  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'étoiles  assoz  hrillaiilespour  étendre  lears  spectres  au  delà  de  la  limite  des 
bandes  de  l'ozone,  ne  donneni  plus  qu'une  sorte  de  Iraînée  diffuse  où  les 
raies  ne  sont  plus  observables. 

m.  Malgré  le  peu  de  sensibilité  du  spectre  de  lignes  du  soufre,  la  présence 
de  ses  raies  visibles  les  plus  importantes  a  été  constatée  par  Lockyer  (') 
dans  les  étoiles  d'Orion,  Rigel,  du  groupe  BSA;  etBellatrix,  du  groupe  B  2  A, 
dix-neuf  dans  la  première  et  deux  seulement  dans  la  seconde.  Ces  étoiles, 
qu'on  pourrait  appeler  rtnilcs  à  métalloïdes,  donnent  aussi  les  spectres  de 
riiélium,  de  l'azote,  de  l'oxygène,  du  silicium.  Lockyer  les  considère  comme 
très  chaudes,  mais  la  nature  de  leur  spectre  et  sa  composition  indiquent 
surtout  que  celui-ci  est  le  produit  de  décharges  électriques  inlenses,  à 
grandes  difîérences  de  potentiel,  et  à  basses  pressions.  C'est  dans  ces 
conditions  surtout  que  la  sensibilité  du  spectre  du  soufre  se  développe  en 
donnant  des  raies  brillantes  et  étroites,  dans  les  tubes  de  Pliickei- de  nos 
laboratoires. 


HYDRAULIQUE.  —  Sur  le  ma.rimiiiii  de  rrndcnwiil  des  lurhine'i 
à  libre  déviation.  Note  de  M.  de  Spakre. 

Je  conserve  les  notations  de  ma  Note  au  sujet  des  turbines  à  réaction  (^j. 
Je  désigne,  par  suite,  par  c,,  la  vitesse  de  l'eau  à  la  sortie  du  distributeur, 
par  n„  et  u',  les  vitesses  relatives  de  l'eau  à  l'entrée  et  à  la  sortie  de  la  roue, 
par  «„  et  //,  les  vitesses  d'un  point  des  circonférences  d'entrée  et  de  sortie 
de  la  turbine,  par  /•„  et  r,  leurs  rayons,  par  a,,  et  !i„  les  angles  de  e„  et  tr„ 
avec  u„,  par  H  la  hauteur  de  chute,  par  [ÎJ,  l'angle  de  ir,  avec  le  prolonge- 
ment de  W|,  et,  de  plus,  par  avl  et  par  bi.r\  +  rw'l  les  pertes  de  charge  dans 
le  distril)Uteur  et  dans  la  roue. 

Nous  auions  alors,  n  „  étant  la  résultante  de  c,,  et  de  —  «„, 

(') 


sin((3o — a,,)        sina,,         sini,, 
et.  puis(jue  la  turbine  est  à  libre  déviation. 

(a)  C5=r  ■,4,i.ll  —  rn-^. 

Le  théorème  des  forces  vives  appliqué  au  mouvement  relatif  de  l'eau  dans 

(')  Proc.  Roy.  Soc,  vol.  A.  H9,  9  déceinlire  1907. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  172,  ign,  p.  .")()i. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1921.  897 

la  roue  donnera  ensuite 

(3)  H'^  :=  ii\^  -i-  "î  —  "li  —  '"l'f  —  ''"'(i- 

Nous  avons  d'ailleurs,  pour  If  rendement  p.  comme  dans  la  Note  précé- 
dente. 

ii'r,    r  >in  î,,  cosa.,         /•;  / iv,         .  \~l 

(.1  9—  ^A  ----S        -\  +  -■     —  cosS,  ~  1       . 

^'11  Lsinl  ^11— o^o)         ''û  \  "i  /I 

Si  alors  nous  posons 

(T., 


bin  (  5,1  —  «Il  I         «Il 

d'où  l'on  déduit 

,r^  siii-a,, 

(  6  )  ■ :::=  X- —  }.  X  COS  3!,,  +  1  ; 

ï-in-(i„ — y.„) 

en  posant  de  plus 

(7)  II',  =  f/;/,  =r  p.  —  «„. 

'0 

Nous  déduirons  des  relations  précédentes 

■    (  8)  (  l  -h  /;  )  ^J--  ^  I  -i-  (  I C  )  -ï-  (  ^■-  —  IX  COS  Kl,  ) ^  , 


(9)  (■ 


+  "  )p    ^^  ~^    ■''  cos^o \{\  —  [i-  cos5,)    . 


Si  l'on  suppose  p  donné  en  éliminant  a  entre  les  équations  (8)  et  (9), 
on  aurait  pour  déterminer  .i-  une  équation  du  quatrième  degré,  mais  on 
peut  résoudre  le  problème  avec  une  approximation  très  suffisante  de  la 
façon  suivante. 

Si  l'on  néglige  les  pertes  de  charge  et  que  l'on  prenne  [J.  =  1,  l'équa- 
tion (8  )  donne  jc'- —  2a7cosa„  =  o.  De  plus,  pour  être  dans  des  conditions 
acceptables,  le  rendement  p  ne  devra  pas  èti-e  trop  inférieur  à  i.  Nous 
poserons  alors 

(10)  X- — 3.»  cosa,,^ -ri, 

(11)  0  =  1— R, 
(!■>,)                                                           m  ^--  {\  '^  a)\\.  —  rt, 

11,  Y]  el  m  étant  des  quantités  assez  petites  ('  ). 

(')   CiMiiine  nous  l'avons  dit  ilans  la  précédente  Note,  on  a  environ 
a^:;ii=:o.o6,  C==0,225. 


898  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  équations  1  S)  et  (<))  pourronl  alors  s'écrire 


(.3) 

(i4) 


( !  -t-  o  I l-i- —  I  H -^  (I  —  c )r,  =  o, 


TT-  (  1 y-  COS  î(|  )  =:  o: 


mais  T/i  et  /,  étant  tous  deux  assez  petits  on  pourra,  dans  le  produit ///x-, 
négliger  les  termes  L>n  i/rr^^.  or  si  nous  négligeons  les  termes  rn  //-  on  déduit 
de (10 ) 

x-  =  4  l'os-^ii-i-  2n. 

En  remplaranta"  par  cette  valeur,  l'équation  (  i  '1)  devient 

y,  (  I  —  .',  //'  I  —  4  '"  COS"  ^0  -i-  -— r  '  I        y-  ''OS  .^i  )  =  o. 

En  tirant  alors  r,  de  réi[ualion  (i 3)  et  portant  sa  valeur  dans  cette  dernière 
relation,  on  aura 


.5) 


I  I —  '.  III  III  —  b)  y.-—  2(1  —  c)  co^  j,;j.  4-  i     -cl-! ^  j 

r    '■;,  „  ;•;:  ] 

2  /Il   \    >.—■  Il         C  I  ^-cii-  x„  —  1  -j-  f  t:z  0. 

L     'I  '\\ 

Pour  que  les  racines  de  cette  équation  si lient  réelles,  il  faut  que  l'on  ail 


/«,  étant  la  plus  petite  racine  de  réijuation 

(i(i)  \\iii-^—'.\iii^\'  =  o, 

où 

M 


I  \  2  — :;  cos-it,! 


-;iJ-cos'-a„-+- 


l'-i-h 


r        <:)c.os-l, 


J)'ailleurs  comme  m-  est  assez  petit,  on  pourra,  comme  première  approxi- 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    1921.  899 

ination,  prendre,  en  noglineiinl  les  Icrmtsm-, 

Si  Ton  prend  pour  m  la  valeur  ///,,  déduite  de  (iG).  les  racines  de  (i5) 
étant  égales,  on  aura  pour  la  valeur  correspondante  de  u. 

{  ! cl  CO-.3, 

On  déduira  alors  de  {1 1)  et  (12)  pour  le  maximum  p,„  de  p 

I  —  m, 


I  -h  a 


Puis  (i3)  fera  connaître  Tj.  et  Tj  étant  connu,  (10)  donnera  .r.  et  Ton  aura 
enfin  J3„  par  la  relation 

.1-  —  cos  a,| 

(  20  )  cul  (  j.,  —  :Z,,  )  :=  -. ; 

Sin  ^,1 

Yj  et  u.  étant  calculés,  on  peut  vérifier  que  la  valeur  de  p,„  déduite  de  (19) 
est  assez  approchée  en  calculant  par  la  relation  (9)  la  valeur  exacte  de  p 
correspondant  lï  ces  valeurs  de  /]  et  a. 

En  prenant,  comme  dans  la  Note  précédente. 

rt  =  ^  =  (i,iiG.         (■  =  M,:'..").         a,|=  il  ==  '.o",  /'i  T^  o,8;-,|, 

on  trouve 

/H,  =:  o,o()5■^        p„,=:(i,S53<)  ('),        ;->•=;  o ,  N 'i  •'^61        '1=0,0949, 

,;■  ^  1  ,g>S-!,  ^T  —  ;=0,Jl6.),  p,|  =  .39".). 

Si,  partant  des  valeurs  précédentes  de  w.  et  de  x.  on  calcule  par  (9)  la 
valeur  correspondante  de  p.  on  trouve  p  =  o.8")3i.  soit  une  différence 
de  o,ooo5  seulement. 

Dans  le  cas  actuel  si  l'on  cherche,  en  faisant  un  petit  sacrifice  sur  le  rende- 
ment, à  augmenter  la  rapidité  de  la  turbine,  on  n'arrive,  contrairement  à 
ce  qui  a  lieu  pour  les  turbines  à  réaction,  qu'à  un  résultat  très  médiocre. 
Dans  l'exemple  donné,  si  l'on  prenait  p  =  0.83  en  sacrifiant  donc  o,oi>3i 
sur  le  rendement,  on  obtient  -  =  o,  "iSjG.  et.  si  l'on  voulait  avoir  -  =0.6, 
donc  gagner  8  pour  100  environ  sur  la  vitesse  relative,  on  aurait  p  =  0.8148. 
on  devrait  donc  sacrifier  prés  de  4  pour  100  sur  le  rendement. 

(' )  Si  l'on  a\ait  pris  pour  ///,  la  valeur  déduite  de  la  formule  (16)  on  aurait  trouvé 
pour  p,„  la  valeur  0,8642,  donc  une  valeur  cle  i   pour  100  environ  trop  forte. 


90O  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ELECTIOJNS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  rélection  d'un  Membre 
de  la  Section  de  (jéométrie,  en  remplacement  de  M.  (icoiges  Hiimhcrt. 
décédé. 

Le  nombre  de  votants  étant  5_|, 

M.  I]mile  Borel          obtient 4'^  suffrages 

M.  Henri  Lebesgue        »  4         " 

M.  Jules  Drach                »  i  suffrage 

11  y  a  I  bulletin  blanc. 

M.  Emile  Iîurei.,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suflrages,  est 
proclamé  élu. 

Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
République. 

Par  l'unanimité  de  5;  suffrages.  MM.  C.  Jordax,  H.  Le  Chatelier,  le 
Prince  Holaxd  Bonaparte  sont  réélus  Membres  du  Conseil  de  la  Foiidatiun 
Loitl/riiil  pour  les  années  1921.  1922  et  1923. 


CORRESPOIVDAIVCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétlel  signale,  parmi  les  pièce>  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Nouveau  Irnitê  des  laii.r  suiiler/rii/irs,  par  E.-A.  Maiiiel. 

2°  Discours  sur  Vèvolulioji  des  coniidissanccs  en  Histoire  ndliinlle,  par 
CiF.oucr.s  PrNNniKr,.  Oualrième  l'arlie  :  XVIH'-X IX'  siècles.  .'{.  Ilotanique. 
4.  y.oolooie. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    1921.  9OI 

ANALYSl^  .MATHÉMAi'IQUi;.  —  Les  polynômes  v  d' Hcrrnile-Didon  et  les  fondions 
de  Laphire  dans  l' hyperespace .  Noie  (')de  M.  Piekre  Humbert,  présentée 
par  M.  Appell. 

Nous  avons  rencontré  réceiiiinenl(-)  les  polynômes  V'„,.„(^.7)  d'Hermite 
dans  l'expression  de  la  fonction  de  Laplace  en  coordonnées  hypertoroïdales. 
Montrons  qu'une  infinité  de  changements  de  variables  analogues,  dans  l'iiy- 
perespacc,  conduira  encore  à  des  fonctions  de  Laplace  où  figureront  ces 
mêmes  polynômes  à  2  ou  à  n  variables. 

I.  Considérons  d'abord,  dans  l'espace  à  trois  dimensions,  le  changement 
de  variables 

(1)  ,r  =r  l-'(p,  c)  coso,  j' 1=  F(o,  ff)  slno,  ;=«P(p,  ct), 

que  nous  supposerons  orthogonal. 

On  écrira  aisément  l'équation  de  Laplace  AlJ  =  o  sous  la  forme  classique 
indiquée  par  Lamé,  et  l'on  en  obtiendra  immédiatement  une  solution  en 
posant 

(2)  U  =  U,(p,  (7)  siii(//(  -H  1)9, 

la  fonction  U,  satisfaisant  à  l'équation  aux  dérivées  partielles 

où 

Ceci  posé,  nous,  déduirons  du  système  (i)  un  changement  de  variables 
dans  l'espace  à  \  dimensions  par  les  formules 


.r  —  «  F('>,  0-),  y=t'F{p,r;),  ;:  =  ^/i  -   «■-—  r- F(p,  7),  /  =;  <I>(  p.  ct). 

Si  l'on  forme  l'équation  de  Laplace  dans  ce  nouveau  système  (qui  n'est 
pas  orthogonal),  on  trouve,  en  tenant  compte  de  (i), 

vHSv'i  —  «-—!■-' — — • 

(      àiil^i_„i_ç2  du        y',_„2_,.i   de 

d  [        1  -  c^         d\J iiv  ()U' 

^  (^''  Lv'i  — ('■'— ''^   ài'        sJi  —  u-  —  K-'  ait ^ 

(')  Séance  du  4  avril  192 1. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  iii6, 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  17^  N-  15.)  68 


gO'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  l'on  développe  alors  les  termes  contenant  les  dérivées  par  rapport  à  u 
et  V,  on  recounaitia  les  premiers  termes  d'une  équation  difTérentielle  unique 
vérifiée  par  les  polynômes  d'Hermite,  vv„„(«,  r),et  l'on  sera  dès  lors  amené 
à  mettre  la  fonction  de  Laplace  sous  la  forme 

où  la  fonction  L^  satisfait  à  l'équation,  analogue  à  (3), 

II.  On  étendra  ce  lésnltal  à  l'espace  k  n  -^  i  dimensions  en  considérant 
le  changement  de  variables 

.r,  ir=  f(,  F(p,  (7  ),  ....  X„r=  /^„F(p,  !7), 


.r„+i  m  y  I  —  »j  —  .  .  . —  iifj  l'(p.  5-),  a-,n_2r:r  «Pi  p,  c). 

La  fonction  de  Laplace  pourra  alors  être  mise  sous  la  forme 

I    =  U„(p,  7)"C' ,„,...  ,,„„<  "i,  . . .,  "„)■ 

"O  étant  le  polynôme  généralisé  par  Didon,  et  l  „  satisfaisant  à 
i)  r,,      /S'  ôVA       ,)  1,.       'K  <)\  A 

—  (  /« ,  4- . .  .  -H  /",/  -)-  I  )  (  w  I  4- . . .  --  '"„  +  n  F"   '^  \J^  U„  =:;  O. 

Celte   formule   générale   s'applique  d'ailleurs   aussi  à   l'espace  ordinaire, 
/?  =  I,  si  l'on  se  souvient  que  la  fonction  i;»,„(m)  à  une  variable  est  égale  à 
sin  [(/n  -{-  i)arc  cos// 1,  donc  à  sin(/n  H-  i)o  si  l'on  pose  u  =  cosçi. 
III.  E.vemph's.  —  a.  Partons  des  coordonnées  cylindriques 

j.'^pcoso,  T^psiri'j,  G  =  ;, 

où  l'on  a  donc  F  =  p,  <I>  =:  7.  Nous  en  déduisons  le  système  à  4  variables 

.r=ii^j.  r  =  cp.  --'—y  V'''  —  "-    -  c-,  /  = /, 

où  les  liypersurfaces  a  =  const.  sont  des  hypercylindres  ayant  pour  base 
dans  l'espace  des  xyz  le  cône  (ir  —  i)x'-  +  «'(  r''  +  -')  =  o.  On  ttouveia 
aisément  dans  ce  cas  une  solution  de  l'équation  (4),  et  l'on  pourra  mettre  la 
fonction  de  Laplace  sous  la  forme 

l;=p   =J  ri''/o)t-''' V\„,„(»,  r  1, 

J  étant  la  fonction  de  Bessel. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    1921.  goJ 

b.  Si  MOUS  passons  des  coordonnées 


,c=:\/^' — I  sin  0  coso.',  v:=\jrj- — isinOsiiio,  ;  =  &cos(/. 

appelées  xp/téroidtdcs  par  les  auteurs  anglais,  aii\  cooidonnées    que  nous 
appellerons  liyprrsplii'nnddk's  dans  l'espace  à  n  -1-  2  diineii siens, 

Xi  =  «I  sinQ  ^  p- —  I ,  ....  J'„=  "„  sin  ^  \  p-  —  i , 


J?„+i=  sinîi  y/p- —  I  \  )  —  f/'j  — .  .. —  //;;,         a.v-.i=:  p  cos5, 
OÙ  s  =  const.  est  l'hypersurface  >\\\  second  degré 


nous  trouverons,  pour  la  fonction  de  Laplace,  l'expression 

r  =  c;.,„,^...+„,„-.„(p)c;.„„^_..._ ^„(cos5rc\„, „,,.; u„  ...,  »„), 

où  les  C  sont  les  fonctions  géi:éralisées  de  Gegenbauer  ('),  p  étant  une 
constante  quelconque. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Caractères  de  certaines  fonctions  intégrables  et 
opérations  correspondantes.  Note  (-)  de  M.  Arnaud  Dexjoy,  présentée  par 
M.  Hadamard. 

Je  renvoie  le  lecteur,  pour  les  définitions  et  les  résultats  ci-après  admis,  à 
mes  deux  dernières  Notes. 

Pai-  définition,  une  fonction  /"  sera  dite  inlégi-ablc  (T,  ,)  si  elle  est,  sur 
une  épaisseur  pleine,  la  dérivée  seconde  ordinaire-approximative,  soit  -T,"„, 
d'une  fonction  i  résoluble  (2,5);  et  Vintégrale  T, ,(  /',  «,  A,  .r  )  à  trois  limites 
a,  A,  v  est,  si  a  et  b  sont  distincts  et  indépendants  de  ç,  la  détermination 
unique  de  §{x)  s'aniiulant  pour  .v  ^  a  et  pour  x  ^  b.  On  a 

(1)  T,,(./;  «,  b,  c)  =  [c  —  lj)Â'(a)^(a  —  c)S(l>)~{l>  —  a)riis), 
d'où,  en  vertu  d'identités  de  géométrie  élémentaire,  quel  que  soity, 

(2)  («r  — c)T,,(«,  b,  .i::)  +  {.r—d)T,_AaJ->,i:) 

-1-  (c  —  .r)To.,.{rt,  b,d)^{b  —  rt)T,.s(c.  d,  x), 


C)   Nous  ;i\ons  expliqué  cette   notation   dans   les    Cmiiples   rendue,   t.   171,    1920, 
p.  53;. 

(-)  Séance  du  \  avril  1921. 


go/t  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

formule  pernieltant,  si  Ton  connaît  T,,(  /,a.b,.v)  pour  toule  valeur  de  .r 
(lanc  un  intervalle  i,  d'avoir  T,  .(y,  c,  c/.  a- 1.  quels  que  soient  r,  d,  .r  dans  /. 
Enfin,  les  nombres  a  =  .r„.  /y  =  .r,,  .r,,  ...,.r„_,,  .r„  =  a^  étant  deux  à 
deux  distincts  : 

;  =  n  -  1 

Nous  dirons  que  nous  connaissons  T,,(y".  a.  h,  c)  sur  un  intervalle,  sur  un 
segment  ou  généralemenl  sui'  un  ensemble  quand  nous  connaîtrons  ce 
nombre  pour  tous  les  systèmes  de  valeurs  de  a,  b.  c  appartenant  simulta- 
némenl  à  cet  ensemble. 

Des  quatre  caractères  des  fonctions  ?  résolubles  (2,.v)  nous  déduisons  les 
caractères  des  fonctions  f  intêi^rubles  (T..,)  et  les  opcrations  du  calcul  de 

T,,(/,«,/>,c)- 

Premieu  CAKACTÈr.E  (forme  la  plus  léduite ).  —  Les  points  au  roisinage  des- 
quels f  n  est  pas  lotalisable  forment  un  ensemble  non  dense  E,,  d'après  le 
quatrième  caractère  des  fonctions  résolubles  (2,*)  appliqué  au  continu. 

Soient  a,  b,  c  trois  points  intérieurs  à  un  même  intervalle  conligu  à  E,. 
La  totalisation  se  prêtant  à  l'intégration  par  parties,  on  a 

Cl)  T,_,{f,  a.  /j,c)^  f   (bc-i-c, ■)/{.,-)  d.r  +  f    (ca-i-ù.r)Jdu- 

-H  r  {al}^c.r)/d.v. 

Le  calcul  du  second  membre  (  où  les  intégrales  sont  des  totales)  sera  la 
premièj-e  opération. 

Deuxième  caractère.  —  En  vertu  de  la  continuité  (premier  caractère  )  des 
fonctions  résolubles  (2,  s  ),  si  le  nombre  l^.,,,(^f,  y.,  [ï,  y)  est  connu,  et  si  a,  |i,  y 
tendent  respectivement  vers  a,  b,  c,  T.,_,(f,  a.  [51,  y)  tend  rers  une  limite  qui  est 
par  définition  Tn.jt  _/,  a,  b,  c). 

Ce  passage  à  la  limite  sera  la  deu.iièinr  opération  de  l'inlégialion  T.^. 

Cette  opération  nous  fournit  en  particulier  T(  «,  b,  c)  : 

1"  sur  un  segment  quand  nous  anions  ce  nnmbre  sur  l'intervalle  ayant  les 
mêmes  extrémités; 

■2"  sur  un  ensemble  parfait  V.  connaissant  T(^/,  b,  c)  sui'  un  ensemble  E 
partout  dense  sur  V. 

Nous  obtenons  donc  T(a,  b,  c)  sur  lout  segment  contigu  à  E,. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    I921.  go5 

Tr.oisiKMi.  c.u'.Ac.Ti.ni",.  —  Il  se  déduit  de  rogalité 

T,..,(/,  a.~z,  y.,  y.-\-  D  —  z\^{y.  ~  z\  +  J(a  H-  s)  --  3rf(a)] 

et  du   second  caractère   des   fonctions  résolubles  (2,  s),  grâce  à  la   for- 
mule (2). 

v  el  s'  élanl  deux  segments  adjacents  ayant  l'extrèinilè  commune  a,  cl  sur 
chacun  desquels  Tfrt,  b,  c)  est  connu,  l' expression 

(.r-x)T(a,x       s.  x) -^- (  y.  —  a)T(  a,  x -"r- s,  jc) 

OÙ  a  appartient  à  s  el  x  à  s',  tend  vers  une  limite  quand  i  tend  vers  zéro. 

Cette  limite  est,  par  définition,  T^^.(/,  o,  a,  x).  Ce  passage  à  limilc 
constitue  la  troisième  opération.  Klle  consiste  donc  à  appliquer  la  formule  (2) 
à  la  suite  a,  a  —  £,  y.,  a  +  î,  x,  en  annulant  T(a  —  £,  a,  a  +  î)  (et  faisant 
ensuite  tendre  r  vers  zéro). 

La  troisième  opération  nous  permet  d'avoir  T(a,  h,  e)  sur  tout  intervalle 
ne  contenani  aucun  point  limite  de  E,.  De  proche  en  proche,  par  une  infi- 
nité dénombrable  d'opérations  deuxièmes  et  troisièmes,  appliquées  aux 
intervalles  contigus  et  aux  points  isolés  des  dérivés  successifs  de  E,,  on 
déduit  de  T(a,  b,  c)  donné  par  la  formule  (4)  sur  tout  intervalle  contigu 
à  E,,  T(«,  b,  c)  sur  tout  segment  contigu  à  P,,  noyau  parfait  de  E,. 

Prejiier  cakactkri:  (forme  réduite).  —  Nous  le  déduisons  dans  un  cas 
particulier  du  quatrième  caractère  des  fonctions  résolubles  (2,  s). 

Si  l'ensemble  parfait  P  n'admet  pas  de  segments  spéciaux  et  si 

T,.,.(/.  a.  b.  c) 

r/T(a„.  S„,.r) 


est  connu  sur  tout  se"iiier,l  contiiju  à  P,  ou  bien  :  i"  - —  „ 

,^„  -  y-u  du- 

aux  deux  extrémités  x^a,,  et  x  ^^  b„.  de  tout  segment  contigu  u,,,  auquel 
appartiennent  à  la  fois  les  points  distincts  a„  et  ,3„  (la  différence  u„  de  ces 
deux  nombres  est  alors  indépendante  de  a„  et  de  j]i„); 

2"  La  fonction  'l  égale  à  f  sur  P  et  à  —^  sur  m„  est  totali.sable; 
3°  /■„  élanl  la  demi-somme  des  valeurs  de  -j-  {a,„  b„,  .e)  pour  x  =  a,  et  pour 
a;  =  b„,  la  fonction  7  nulle  sur  P  cl  égale  sur  u„  à  —  est  totalisable. 

Ou  bien  les  points  de  P  au  voisinage  desquels  l'une  au  moins  des  trois 
conditions  précédentes  tombe  en   défaut,   forment  un  ensemble  H  non  dense 


Ç)o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Soient  a,  l>,  c  trois  points  de  P  intérieurs  à  un  même  inlorvalle  w  contigu 
à  H.  Posons,  B  el  C  se  déduisant  de  A  par  la  permutation  de  a,  h.  c,  et  les 
intégrales  à  eficcluer  étant  des  totales, 

A  r=    /     [  ^fi  -f-  (1  (  .r 'i  ■+-  y  )]  dj\ 

On  a  alors 

To,(/.  a.  ^,  C-)  =  A  +  B -H  C. 

Le  calcul  indiqué  par  le  second  membre  sera  la  quatrième  opéralion  (dont 
la  première  est  un  cas  simplifié). 

Si  //,„  esl  un  contigu  de  P  intérieur  à  co,  la  formule  précédente  donne 
T(fl,  />,  «„,)  el  !(«,  I),  0,„).  Comme,  par  hypothèse,  T(«„,,  f),„,x)  esl  connu 
si  «,  <^  v  <i  ^„,,  on  a  T(a,  i,  x)  quel  que  soit  x  sur  co,  donc  T(o,  h.  c)  sur 
tout  segment  CDiitiffii  à  H. 


ASIRONOMI1-:  PHYSIQUi:.  —  Sur  le  diamèuc  apparent  de  Bélelgrusc. 
Note  de  M.  Charles  IVordmann. 

Soient  D,  et  D^  les  diamètres  de  deii\  étoiles  ou  d'une  étoile  et  du  Soleil. 
J'ai  indiqué  il  y  a  lo  ans  (  ')  que  les  diamètres  sont  liés  aux  grandeurs 
photomélriques  i',  et  g.,  des  deux  aslres,  à  leurs  dislances  à  la  terre  d^  el  d.^ 
et  à  leurs  éclats  intrinsèques  E,  el  E.^  par  la  formule 

formule   dans  laquelle,   comme   je   l'avais  établi   précédemment  (-),  on  a 


(*) 


iv. 


T|  el   V ;  désignant  respi-ctivemeiit  les  températures  efl'eclives  des  deux 
étoiles  considérées. 

Dans  la  formule  («),  -^r  indi(jue  le  rapport  des  diamètres  réels  de  ces 

étoiles  et  j'en   ai   déduit  les  valeurs  des   diamètres  cn'cctils  d'un   certain 

(')   Sur  Ic^  diantclres  ej/'ccli/s  c/cs  l'/o/ti-^  (f.'n/iip/is  rendus,  1.  V.Vl.   1911.  ji.  -j). 
(-)   Comptes  rendus,  t.  l.'iO,  igm,  p.  .('|S  el  60ç). 


SÉANCE   DU    II    AVRIL    1921.  907 

nombre  d'étoiles  dont  les  températures  effectives  avaient  été  mesurées  (^loc. 
rit.\  Si.  dans  cette  formule,  on  supprime  le  terme  en  y>  ^y  indique  alors 

le  rapport  des  diamètres  apparents  des  étoiles  considérées. 

Le  professeur  Miclielsoii  venant  tout  récemnicnt  de  déterminer  le  dia- 
mètre apparent  de  l'étoile  Bételgeuse  (a  Orion)  par  une  méthode  intcrfé- 
reutielle  dont  le  [)rincipe  est  dû  à  Fizeau,  et  qu'il  a  appliquée  au  réflecteur 
de  100  ponces  de  Mount  Wilson,  il  est  intéressant  de  comparer  le  nombre 
qu'il  a  ainsi  obtenu  à  celui  que  fournit  la  méthode  (jue  j'ai  indiquée  il  y  a 
dix  ans. 

Le  diamètre  apparent  de  Bételgeuse  a  été  trouvé  par  \l.  Michelson  égal 
à  o".o4G  (^'). 

Quelle  valeur  fournit,  d'autre  part,  notre  méthode  indirecte  ?  J'ai  trouvé 
naguère  pour  Bételgeuse  une  température  effective  égale  à  a^jo"  absolus 
(observations  de  février  1910).  Récemment  ^L  Le  Morvan  a  repris,  sur  ma 
demande,  au  mo3en  de  notre  photomètre  stellaire  hélérochrome  la  déter- 
mination de  la  température  efl'ective  de  cette  étoile.  Ses  observations  faites 
par  beau  temps,  le  21  février  1921,  en  prenant  comme  étoile  de  compa- 
raison a  Taureau  pour  laquelle  nous  avions  trouvé  autrefois  une  tempéra- 
ture effective  égale  à  35oo°  (loc.  cil.)  conduisent  pour  Bételgeuse  à  une 
température  efi'eclive  égale  à  2680°.  Ce  nombre  est  en  excellent  accord 
avec  celui  que  j'avais  obtenu  précédemment.  En  adoptant,  pour  la  tempé- 
rature effective  de  Bételgeuse.  la  moyenne  du  résultat  de  i\L  Le  Morvan  et 
du  mien,  et  en  appliquant  la  formule  (a)  à  cette  étoile  et  à  a  Taureau,  on 
trouve  finalement,  comme  valeur  du  diamètre  apparent  de  Bételgeuse, 


nombre  très  voisin  de  celui  (o",o4fî)  trouvé  par  \\.  Michelson. 

Rappelons,  à  ce  propos,  que  j'avais  trouvé  par  ma  méthode  pour  a  Tau- 
reau un  diamètre  apparent  égal  à  o, 018  (-).  Récemment,  et  par  une 
méthode  analogue  à  la  mienne  (^),  W.  H.-N.  Russell  a  obtenu  pour  le 
diamètre  apparent  de  cette  étoile  une  valeur,  o'  ,024,  presque  égale  à  celle 
que  j'avais  indiquée  il  y  a  dix  ans.  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler 
à   ce  propos  qu'ainsi   l'introduction,   dans   les  recherches  stellaires,   des 

(')  Scienlijic  American  Mrmlltlv.,  iiuirs   ii)2i. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  152,  191 1,  p.  70. 

(')  Publicalions  <if  the  Astronomical  Sncielv  <if  Uie  Pacifie,  décemlti-e  rgao, 
j).  3i6. 


goS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

méthodes,  aujoiirdhui  si  répandues,  notamment  en  Amérique,  qui  intro- 
duisent la  notion  déclat  intrinsèque  vrai  des  étoiles  et  ses  rapports  avec 
leurs  températures  effectives  a  été  indiquée  et  appliquée  en  France  il  y  a 
plus  de  dix  ans. 

Autrefois  on  se  contentait  de  supposer  égauv  les  éclats  intrinsèques  du 
Soleil  et  des  étoiles.  Les  incertitudes,  ou  pour  mieux  dire  les  erreurs  intro- 
duites de  ce  fait,  étaient  souvent  énormes  surtout  lorsqu'il  s  agissait 
détoiles  différant  beaucon|)  du  Soleil  par  leur  température. 

Ainsi,  précisément  dans  le  cas  de  létoile  Bételgcuse,  la  formule  (b) 
rappelée  ci-dessus  établit  que  son  «  éclat  intrinsèque  effectif  »  n'est  égal 
qu'à  0,007  *^''  celui  du  Soleil.  En  admettant  pour  cette  étoile  un  éclat 
intrinsèque  égal  à  celui  du  Soleil,  on  aurait  été  conduit  à  attribuer  à  son 
diamètre  aj)j)arent  ime  valeur  12  fois  trop  |)etite,  tandis  que  le  nombre 
que  nous  avons  trouvé  ne  diffère  di-  celui  obtenu  par  Michelson  que  di-  0.22 
de  sa  valeur,  ce  qui  est  un  excellent  accord  dans  des  déterminations  aussi 
délicates. 


ASTRONOMIE.  —    Ohscixnlions  de  P éclipse  dr  Soleil  du  8  avril  faites 
à  rohscivaloire  df  Sirashour'j;.  Note  de  M.  Er\est  Esclangox. 

L'éclipsé  de  Soleil  du  8  avril  (temps  civil)  a  pu  être  observée  à  l'Obser- 
vatoire de  Strasbourg  dans  d'excellentes  conditions  atmoi-phériques. 

Le  ciel  est  resté  d'une  pureté  parfaite  depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'à  la 
fin  du  phénomène;  seul  un  •^ç^x\\,  assez  fort  s'est  montré  assez  gênant  et  a  pu 
nuire  légèrement  à  la  (jualité  des  images. 

Les  circonstances  dans  lesquelles  se  présentait  l'éclipsé  (très  éloignée  de 
la  totalité)  ne  permettaient  d'entreprendre  d'autres  observations  utiles  que 
celles  des  contacts,  auxquelles  ont  été  jointes  des  mesures  diverses  (mesures 
de  cordes,  écli[)ses  de  taches  solaires,  etc.). 

Les  instruments  employés  ont  été  :  le  petit  équatorial  (  i(r:>""").  Tallazimut 
(i36'""),  le  chercheur  de  comètes  (162'"'")  et  diverses  lunettes  portatives. 

Ainsi  qu'il  arrive  souvcnl  dans  ce  genre  d'observations,  le  premier 
contact  n'a  pu  être  saisi  exactement  par  l'ensemble  des  observateurs;  par 
contre  une  grande  concordance  est  constatée  dans  les  observations  du  second 
contact. 

Voici  les  chiffres  obtenus  par  le  premier  contact  : 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1921.  909 

Observ.itinus.  llouics  .jhscrvécs.  Ici^liunicnls. 

l£sclangon 7''3V26'  (t.  m.  Gr.)  Alta/.iiiiul 

Daiijon j''34"'ao'  (')  Petit   équalorial 

Poui'  le  second  contact,  les  nombres  trouvés  sont  les  suivanis  : 

obsiTval.'uis.  Ileiiies  iibserVL'CS.  Insliiinu-nis. 

Il     m      « 
.  i'^sclangon 10.9.41  Altazimut 

Calvel(M""^i 10.9.42  )> 

,^      .  (    lo.Q.Sq  )  ,,     -     .  •   , 

iJaiiion ^     ■     ,,^   }  Petit  tiiualonal 

Mougier 10.9.39  I^unetle  de  108""" 

Arico 10.9.38  » 

(lohn 10.9.37,5  )) 

D'une  manière  générale  le  phénomène  paraît  légèrement  en  avance  sur 
les  heures  prévues. 

Les  angles  de  position  correspondant  aux  contacts  ont  été  déterminés  au 
petit  équatorial  par  M.  Danjon,  qui  a  obtenu  pour  Je  premier  contact 
i>88°4o',  pour  le  dernier  d^^^dS'. 


ASIRONOMIE.  —  Éclipse  de  Soleil  du  'j  avril  1921  (^Résumé  des  obseivatioiis 
effcctitècs  à  V Observatoire  de  Resan{ou\  Note  de  M.  A.  Lebeif. 

L'écIipse  partielle  de  Soleil  du  7  avril  1921  a  été  suivie  à  l'Observatoire 
de  Besançon  dans  des  conditions  favorables,  cependant  diminuées  par  un 
vent  violent  du  XE  et  la  présence,  par  intervalles,  de  quelques  rapides 
cumulus. 

Voici,  brièvement  résumées,  les  différentes  observations  faites  au  cours 
de  ce  phénomène  : 


(')  Ce  nombre  n"a  pas  été  obtenu  directement.  Il  a  été  déduit  d'un  ensemble  d'ob- 
servations très  concordantes  sur  les  cordes  au  voisinage  du  premier  contact.  La  même 
méthode  employée  pour  le  second  contact  a  donné  pour  celui-ci  un  nombre  conforme 
à  ceux  trouvés  par  l'ensemble  des  observateurs  observant  directement  ce  phénomène. 

{'  )  Ç.s  deuxième  nombre  est  déduit  de  l'observation  des  cordes  au  voisinage  du  second 
contact. 


9IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Obsehvatio>s  kes  contacts. 

T.  m.  \nii\K 

C.reenwicli.        ilii  pùlc.      (Ibservaleiir.  Instrument.  licmaniuc?. 

Preinitr  coiUrict. 

h        m       s  c. 

19.30.48.3       .'.SSjS       Chofardet       IC<|.  coudé  Bord  solaire  ondulaiit. 

Dcuj  lènic  ctinlacl. 

2î.   4'''8,2  »  Goiidey  Eq.  droil  Bord  solaire  ondulant. 

22.   4-36,1  53,3       Chofardet       E((.  coudé  Bord  solaire  ondulant. 

3i.    4-40iO  •>  Poutignat        Eq.  Seciétan        Impression  d'un  léger  relard. 

Avec  t'écjuatorial  photographique  Secrétan,  M.  Chofardet  a  réussi 
16  cUchés  pendant  la  durée  de  cette  écUpse. 

Sous  la  coupole  de  l'équatorial  Secrétan,  au  moyen  d'un  thermomètre 
suspendu  à  la  lunette,  en  plein  soleil,  M.  Chofardet  constate,  dans 
3i  lectures,  que  la  température  matinale  monte  normalement  jusqu'à  1 1",  2 
à  i9''5i™.6,  ])uis  baisse  sensiblement,  par  à-coups,  à  7", 5  vers  2i''9™, 
remonte  ensuite,  avec  la  réapparition  du  soleil,  pour  atteindre  iS^.S 
à  2i''5/|"',3.  temps  voisin  de  celui  du  dernier  contact. 

Identiquement,  mais  en  plein  air,  avec  un  thermomètre  exposé  au  soleil, 
M.  Poutignat,  parmi  ïi  lectures,  note  8", 6  à  if)''5o"'.  5'',.t  à  2o''5o"', 
puis  11°,  7  à  2i''55™.  Sous  l'abri  ordinaire,  à  l'ombre,  M.  Poutignat  obtient, 
pour  les  mêmes  heures,  comme  humidité,  60,  62,  ')7,  et  comme  lectures  au 
thermomètre  sec,   i"."".  .'(",7  et  7°,!. 

Pendant  la  plus  grande  phase,  la  luminosité,  passablement  atténuée, 
permet  à  MM.  Sallet,  Poutignat  et  .1.  Roland  d'apercevoir  à  l'œil  nu 
Vénus  de  20'' 4  V"  à  2o'':")8'";  Mercure  est  demeuré  invisible.  La  campagne 
présente  alors  une  teinte  blafarde,  mais  il  est  constaté  que  les  oiseaux  n'en 
sont  nullement  impressionnés. 

ASTRONOMIE.  —  0/>sen'iitio7)  (le  f'éc/i/)Sf  de  Soleil  du  8  m-iil  i<)2i . 
?sote  de  M.  Morei  x,  présentée  par  M.  IJailland. 

I/ob>ervation  de  l'éclipsé  de  Soleil  du  8  avril  i(|2i  a  été  favorisée  à 
liourges  par  iiii  ciel  d'une  très  grande  pureté. 

A  l'Observatoire,  dont  les  coordonnées  sont  Lat.  lN=47°4'-3  et 
o°3'57"E.  de  Paris,  j'ai  pu  noter  les  moments  des  contacts  à  la  seconde  près. 
Voici  les  heures  observées  : 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    192I.  9II 

Picmii'i'  cmitact , S''  fS'"  './i* 

Dernier  coiilact 9''59'"4C'' 

Pendant  l'éclipsé  j'ai  pu  faire  des  observations  intéressantes  sur  les 
parties  du  disque  solaire  voisines  du  limbe  obscur  de  la  Lune.  Un  groupe 
de  taches  assez  important  s'est  trouvé  occulté  xevs  8'' 20".  Or,  à  mesure  que 
le  bord  lunaire  entamait  le  groupe,  j'ai  pu  constater  que  les  fdaments  déliés 
des  pénombres  que  j  observais  avec  un  grossissement  de  32.")  et  une  admi- 
rable définition,  n'ont  à  aucun  moment  manifesté  de  déformation,  phéno- 
mène qui  n'aurait  pas  manqué  de  se  pioduire  s'il  y  avait  eu  des  traces 
d'atmosphère  à  la  surface  de  notre  satellite. 

Mais  3  secondes  avant  la  rencontre  du  noyau  principal  du  groupe  de 
taches,  j'ai  pu,  par  contre,  apercevoir  entre  ce  noyau  sombre  et  le  bord 
lunaire  le  phénomène  de  la  goutte  noire,  sous  forme  d'un  ligament  très  délié 
constitué  par  trois  lignes  sombres  parallèles. 

C'est  la  première  fois  que  j'ai  été  témoin  de  ce  fait  au  cours  des  nom- 
breuses éclipses  que  j'ai  déjà  observées. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Reid  (192 1  a)  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Marseille,  Equatorial  Eichens  de  o™,  26.  Note  de  M.  Michroviith, 
présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

INoiubrc 

de  m.  Log.  fact.  Log.  faet. 

âffi.  compar.  apparente,  parall.  (0  apparente.  parall. 

,        „  h        m        s  o        ,         „ 

-I-  8. 3-, 3  10:10  20. ''.(i.3'., 89  9,56(„  —  2.36.29,8  0,789 

-+-   1.57,7  18:10  20.27.08,12  9,568,,  —   1.24.15,0  0,78'] 

-t-  2.46,5  18:10  20.27.45,61  9,54s,,  —  0.06.42,7  <S77M 

—   1.56,5  iS:io  20.27.45,09  9,54s,,  —   0.06.41,5  0,779 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison. 

S\  moyenne  fîéduction  CD  moyenne  Réduction 

*.         Gr.  1921.  au  jour.  IQÎI.O.  au  jour.  Autorité. 

h       m       s  s  o       ,         „  ,, 

1  9,6         20.25.45,60         -t-  0,84         —   2.45.12,0         -+-  4,1  Alsph  — 2° — ■?39 

2  8,3         :).o. 26. 10,09         4-0,86         —   i.!6.i6,7         -1-3,8         Al.]iii539 

3  10,4         2o.';!7.32,5o         -1-  0,88         —  0.09.82.8         -h  3,4         Alg  ph  — o°256:  — 1 
h       10,0         20.27.57,08         -H  0,88         —  0.04.4s, i         -f   3,4         -'^Igp'i — '"91 

liemarrjues.  —  4  aM'il.  — Comète  de  gr.  8,0,  présentant  une  forte  condensation  NF 
entourée  d'une  belle  nébulosité,  d'élencJue  de  6\  —  Ciel  beau. 

5  a\ril.  —    16'' 5o™  comète  encore  \isible,  malgré  la  clarté  du  jour. 

6  a\ril.  —   La  condensation  se  prononce  encore  plus  fortement. 


D.il 
19-. 

vn 

1. 
1     I. 

Temps  moyen 

de  Maiseille. 

h        ln_     5 

i5.4o.5o 

A 
en  B. 

-1-0.45 

98 

5. . 

i5.32 . i5 

-1-0.57, 

18 

, 

6.. 

i5.45.4' 

-(-0.  12, 

24 

, 

t). 

.      1 5. 45.41 

—  0.  12 

33 

912  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

ASTRONOMIE.  —  VècUpsc  (le  Soleil  du  ~  avril  1921  à  l'Observatoire  de  Lyon. 
Note  de  M.  JeanMascart,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

La  couverture  du  ciel  le  matin  laissait  peu  d'espoir  d'observer  Féclipse. 
Un  ciel  cirreux,  avec  stratus,  donnait  des  images  mauvaises  el  agitées  et  il 
fallut  profiter  des  éclaircies  successives  de  plus  en  plus  importantes  :  le 
premier  contact  ne  fut  pas  visible;  puis  les  espaces  moins  opaques  de  la 
couche  nuageuse  permirent  l'observation  de  diverses  phases;  enfin,  après  le 
maximum,  on  put  procédera  des  mesures  assez  satisfaisantes. 

A  l'équatorial  coudé  observaient  MM.  J.  Guillaume  el  H.  Grouiller.  Le 
champ  restreint  des  oculaires  des  micromètres  ne  permit  pas  de  faire  des 
mesures  de  la  corde  commune  pendant  toute  la  durée  du  phénomène:  le  temps 
libre  permit  d'expérimenter  divers  procédés  d'observation,  et,  finalement,  on 
attendil  la  possibilité  de  faire  des  mesures  sur  une  projection  dont  l'image 
mesurait  environ  i"',5o  de  diamètre.  En  24  minutes  il  a  été  fait  \o  mesures 
de  l'angle  de  position  de  la  corde. 

M.  Ph.  Flajolet  et  M"*"  C.  Bac  observaient  ù  l'équatorial  Briinner. 
Pendant  la  première  moitié  du  phénomène,  on  a  procédé  à  7  mesures  de 
flèches  et  5  angles  de  position,  mesures  un  peu  incertaines  par  suite  de  l'agi- 
tation des  images  et  de  leur  faiblesse;  à  la  fin  de  la  deuxième  phase, 
M.  Flajolet  fit  32  mesures  et  M"''  Bac  i/|. 

Le  dernier  contact  a  été  noté  en  temps  moven  de  Lyon  : 

Il  III         s 

Par  M.  ,).   (  uiillaume >.  > .  19.  1  j.  1 

l'ar  M.  (  Irouiller »      »    16.  t 

l'ar  M'i^  C    Bac >      »    18.  i 

Par  M.  l'Ii.  Flajolet »      n   2.'î.  i 

Vu  sidéiostat,  M.  Ch.  Gallissol  avait  monté  le  s|)e(iin|)hotomèlre  de 
^L  Gouy,  el  fut  assisté  par  M"*'  \L.  Bellemin  pnur  elTectuer  avant,  pendant 
et  après  l'éclipsé  des  mesures  s\  stématiques  de  la  quantité  de  linuière  dif- 
fusée par  une  région  |)articulière  du  ciel  :  la  région  choisie  fut  le  zénith  elles 
54'2  estimations  d'éclairé  ment  effectuées  sont  réparties  sur  cinq  régions  déter- 
minées du  spectre  caractérisées  par  les  longueurs  d'oncle  mo\  ennes  o''',G75; 
01^,578;  o''-,5i'î;  o'^-^Go  el  qi^J\'\-i,  parmi  lesquelles  la  région  o!^,:j7iS  com- 
prend les  raies  de  Brewsler.  Ces  mesures  avaient  été  prévues  pour-  étudier 
le  bleu  du  ciel  [lendant  la  durée  de  l'éclipsé,  par  comparaison  des  "ésultats 
obtenus  avec  ceux  donnés  par  les  journées  normales,  el  de  voir  en  même 


SEANCE    DU    II    AVIÎII,    1921.  918 

temps  si  l'éclipsé  élail  ac(Oiii[)agnée  d'une  niodilication  sensil)l-e  dans  l'inlon- 
sité  des  laies  lelluiiqiies.  Le  ciel  est  resté  couvcit  dans  la  région  zénithale 
[lendanl  toute  la  durée  du  phénomène  mais  assez  uniformément,  cependani , 
pour  que  les  mesures  elîectuées  indiquent  une  variation  légulièie  de  l'éclai- 
rement  du  tiel  pendant  l'écIipse. 

Le  thermomètre  enregistreur  indique,  pendant  l'éclipsé,  une  baisse 
de  o".8.  L'hvgromètre,  qui  était  en  baisse  ra|iide  depuis  4''  du  matin, 
s'arrête  de  baisser  pendant  une  heure  un  quail  et,  au  moment  du  maximum, 
remonte  même  de  un  centième;  sitôt  après  l'éclipsé,  la  baisse  reprend.  Mais 
il  est  à  notei'  que  cet  abaissement  de  température  et  ce  palier  dans  l'humi- 
dité correspondent  aussi  à  la  couverture  du  ciel  pendant  la  première  moitié 
de  Téclipse. 

Rien  à  signaler  aux  autres  instruments  ni  au  masrnétisme. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  raplalisscmcnt  du  sphéroïde  de  Salurnc. 
Note  de  M.  P.  Stroobam-,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Les  déplacements  de  la  ligne  des  nteuds  et  de  la  ligne  des  apsides  des 
satellites  de  Saturne  résultent  de  l'attraction  du  renflement  équatorial  de 
la  planète,  de  celle  des  satellites  et  de  celle  de  l'anneau.  L'inlluence  du 
Soleil  pour  les  satellites  intérieurs  est  négligeable. 

La  première  de  ces  actions  est,  de  beaucoup,  la  plus  importante.  Nous 
l'avons  calculée  en  nous  basant  sur  l'expression  du  potentiel,  V,  d'une  pla- 
nète, donnée  par  Callandreau  (^Annales  de  V Obsen'atoire  de  Paris,  Mémoires, 
t.  19,  p.  E.84);  en  substituant  les  dérivées  de  V,  dans  les  équations 
de  Lagrange,  on  trouve  pour  le  mouvement  du  nœud  en  une  année  julienne  : 


at 


/Mv/i 


OÙ  n.  (i  et  e  sont  respectivement  le  moyen  mouvement  diurne  du  satellite, 
le  demi-grand  axe  et  l'excentricité  de  son  orbite,  M  la  masse  de  Saturne, 
/la  <;onstante  de  l'attraction,  K,  et  K.^  des  constantes  qui  dépendent  de  la 
masse,  de  l'aplatissement  a,  et  de  la  durée  de  rotation,  T,  de  la  planète.  |]n 
négligeant  le  carré  de  la  petite  inclinaison  du  plan  de  l'orbite  sur  l'équaleur 
de  Saturne,  le  déplacement  de  la  ligne  des  apsides  a  la  même  valeur  absolue 
que  celui  du  nœud,  excepté  que  \  i  —  e'-  passe  dudénominateur  au  numéra- 
teur de  l'expression  ci-dessus. 


9l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

^ous  €ivons  pris  les  valeurs  nuniérifjiies  suivantes  : 

Mr=;^,  T  =  o. 426661.  (A.  Hall)     et     y.=  — '-^ 

0490  g.goo 

(moyenne  de  sept  séries  de  déterminalions ).  Les  déplacemenls  des  nœuds 
de  Mimas,  Tétiiys  et  Rhéa  sont  ceux  obtenus  par  (t.  Struve  ('  )  et  le  mou- 
vemenl  du  périsaturne  de  Torbile  de  Titan  est  donné  d'après  H.  Struve  (-), 
ainsi  que  les  masses  des  satellites  utilisées  pour  le  calcul  des  inégalités 
pioduiles  par  leurs  actions  réciproques.  On  a  : 

Viiloui-  Action  Action  lîi-;idii 

Satellite.  ohservée.  de  l'aiilatissciiient.         des  satellites.  O  —  C. 

Mimas — 365,23  — 355, 5i  — 0,29  9i43 

Télhys —  72,285  —  69,462  — 0,601  2,222 

Rhéa —  10,10  —     9>o2i  — 0,652  0,427 

Titan- —     o,5oo  --     0,474-+  +o,oi5  o,oii 

Ces  résidus  vont  en  diminuant  régulièrement  avec  la  distance  du  satellite 
à  Saturne,  ce  qui  indique  (jue  la  valeur  adoptée  de  l'aplatissement  est  un 
peu  trop  faible. 

(_)n  peut,  avec  Tisserand  (  ^),  considérer  comme  inconnues  la  correction 
de  l'aplatissement  et  la  masse  de  l'anneau,  que  nous  supposons  répartie  le 
long  d'un  cercle  correspondant  au  maximum  de  condensation,  un  peu  à 
rintérieur  de  la  division  de  Cassini,  à  la  distance  1,87,  le  rayon  équatoria! 
de  la  planète  étant  pris  pour  unité. 

(  )n  est  ainsi  conduit  à  quatre  équations  à  deux  inconnues  dont  la  solu- 
tion donne  pour  la  masse  de  l'anneau  une  valeur  extrêmement  petite  et 
ncgativr  (— o,oooo4,  celle  de  Saturne  étant  prise  pour  unité).  (  )n  peut 
donc  admettre  que  l'action  des  anneaux  est  sans  influence  sensible  sur  le 
mouvement  des  nœuds  et  des  périsaturnes  des  satellites.  V.n  supposant 
nulle  la  masse  des  anneaux  et  en  calculant  les  inégalités  du  mouvement  des 
satellites  pour  des  valeurs  de  l'aplatissement  que  l'on  peut  admettre. 
Il  priori,  d'après  les  mesures  micrométriqiies,  comme  en  étant  les  limites 

:=i).l<ih-  ri  :=  i>.ii()o.). 


(')  Cl.  Sriii\K,  .-l.v//-.   \aclir..  vol.  "iOV.  1917.  ]i.  i!\~. 

{-)   11.  Stri  VK,  Piihl.  de  r(>hsri\-aloirc  crnlral  Niculus.  2"  st-rie.  \-ol.   I  I.   189S. 

("')  TissKR.VMi.     i /i/i'i/cs  de  /'Observatoire  de  '/'oii/oiisc,  vnl.   I,  i"'l'artie 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I921.  giS 

on  trouve,  en  interpolant  de  façon  à  annuler  les  résidus,  les  quatre  valeurs 
suivantes  de  l'aplatissement  de  Saturne  : 

l'iir  II"  moiivt'meiil  du  iiœinl  île  Mimas o.  m  >3 

»  «  Tétliys o,  ii>  !- 

)i  ))  Khéa 11 .  roSy 

.1  péiisalurne  de  Titan n,  m  >  1 

Mo  venue (1,  l(i<7  =: 

9-71 

Il  nous  parait  certain  que  cette  valeur  est  beaucoup  plus  exacte  que  celles 
données  par  les  observations  directes,  qui,  comme  on  le  sait,  sont,  en 
général,  assez  discordantes. 


ÉLECiR()-(  iPTlQUE.  —  Sur  la  structure  de  la  série  L. 
Note  de  M.  A.  IJaivillikis,  présentée  par  M.  I'].  Bouty. 

La  connaissance  de  la  série  L  des  éléments  de  nombres  atomiques  élevés 
est  encore  fort  incomplète.  Les  travaux  de  Friman  et  de  Coster  ne  décèlent, 
par  evemple,  que  8  raies  pour  le  thorium  et  l'uranium  alors  que  -2^  sont 
connues  pour  le  tungstène. 

Nous  avons  repris  l'étude  détaillée  des  séries  L  de  l'uranium  par  la 
)iiéthode  de  M.  de  liroglie,  en  employant  une  assez  grande  dispersion 
(  i"^™  sur  la  plaque  équivalait  à  7  .  io~"  cm  en  longueur  d'onde)  et  un  tube 
susceptil)le  de  fournir  des  poses  prolongées  avec  une  puissance  élevée. 
<  .'était  un  tube  à  pure  émission  électronique  construit  en  quartz  et  évacué 
par  une  pompe  à  condensation  également  en  quartz.  Il  était  muni  d'une 
fenêtre  de  mica  de  o'°"',02  d'épaisseur  et  était  alimenté  sous  une  tension 
continue  constante  à  i  pour  100  prèç. 

1.  Nous  avons  ainsi  déjà  mesuré  les  longueurs  d'ondes  de  9  nouvelles 
raies  L  de  l'uranium  dont  7  étaient  connues  pour  des  éléments  moins 
lourds.  Ce  sont  : 

r,  =:  Soi  .  10-"  i-in  :  i,,:^7.Sj;  j3.  =  747;         |37=  734,8; 

"/:,  =  G3s,3;         V;,  =r(3o3;  yj=  573,8; 

nous  proposons  les  noms  de  ■;„  et  Yt  pour  deux  nouvelles  raies  de  lon- 
gueurs d'ondes  597  et  622  (  '  ).   Conformément  aux  résultats  de  Friman  rt 

('  I  \ous  avons,  de  plus,  mesuré  les  longueurs  d'ondes  de  trois  autres  raies  :  679, 
•  '>S(>  et  711,8.  I.a  dernière  n'est  pas  la  raie  \s.a:,  du  molybdène.  Les  deux  |)récédentes 
coïncideraient  avec  le  doublet  Vi-jL^y.,  do  l'élément  inconnu  (  i  !).  Nous  recherclions  si 
elles  ap|>artiennenl  bien  à  l'uranium. 


9l6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

contrairemeni  à  Ihypothèse  de  (Poster,  les  r;iies  [i,  et  ,3,  ne  se  croisent  pas 
au\  environs  de  \  =  90.  Ces  deux  lig^nes  ont  la  même  courbure  et  se 
suivent  parallèlement  sur  le  graphique  de  Moseley.  La  ligne  72,4  est  [i.  et 
non  ^3.  Cette  dernière,  moins  intense,  a  pour  longueur  d'onde  709.  Ce 
résultat  est  mis  hors  de  doute  par  la  différence  de  Somnierfeld  y., — ^ij  et 
le  classement  des  raies  dans  les  trois  séries. 

Par  contre,  nous  avons  vérifié  que  les  lignes  y.  el  y .  se  croisent  liien  vers 
iN  =  81  parce  ([ue  la  courbure  de  y^  est,  sur  le  graphi(|uo  de  Mosele\ , 
beaucoup  plus  accentuée  (|ue  celle  de  y,. 

Les  raies  [i,;  et  y,  donnent  un  cini(uièmc  doublet  de  Sommerfeld  comme 
Coster  l'avait  observé  pour  des  éléments  voisins  du  ])latine.  De  plus,  nous 
avons  retrouvé  la  raie  Ji-  ([ui  est  diffuse  et  paraît  être  complexe.  Elle  donne 
avec  yc  une  sixième  différence  de  Sommerfeld  (|ui  voit  son  existence  con- 
firmée par  le  fait  ([ue  nous  l'avons  retrouvée  entre  les  raies  1079  et  1220 
déjà  signalées  pour  le  tungstène.  La  première  doit  donc  prendre  le  nom 
de  y,j.  L'étude  du  graphique  de  Moseley,  grâce  aux  points  fournis  par 
l'uranium,  prouve  eu  outre  que,  pour  le  tungstène,  la  différence  y,  —  fj^,  ne 
doit  pas  être  prise  entre  les  raies  ioG5,<S  et  i2o3,  qui  doivent  être  appe- 
lées y^  et,3ji,  mais  entre  les  lignes  1072  et  1211,8.  La  première  différente 
nest  qu'une  coïncidence  entre  les  raies  n'appartenant  pas  à  L,.  Les  discon- 
tinuités L,  et  L^  sont  ainsi  juste  un  peu  plus  courtes  que  les  raies  pj  et  y.. 

Enfin  les  raies  [ii,,(i209)  et  x(  1389)  vérilient  dans  la  limite  des  erreurs 
d'expérience  la  même  égalité,  ce  qui  porterait  à  sept  \^^  nombie  des  dou- 
blets de  Sommerfeld.  Mais  cette  dernière  différence  n'a  pas  encore  été 
retrouvée  pour  l'uranium  et  il  peut,  par  consé(|uent,  s'agir  d'une  coïnci- 
dence. 

IL  Nous  avons  enregistré  sur  la  même  pla(}ue  les  trois  discontinuités  L 
d'absorption  et  les  trois  séries  L  de  l'uranium  de  fa(;on  à  en  préciser  la  posi- 
tion i^ar  rapport  aux  raies.  La  limite  L,  tombe  entre  3,  et  ^;.  Les  limites  h, 
et  Lj  sont  respectivement  un  peu  plus  courtes  (|ue  les  longueurs  d'ondes  des 
raies  y^,  et  y,..  Ceci  vérifie  les  reniar(|ues  que  nous  avons  faites  (')  au  sujet 
•  des  positions  relatives  des  limites  d'absorption  et  des  raies  têtes  de  séries. 

III.  Les  limites  L,  et  les  raies  ^;-,,  [5-,  [i^,  ji,,,  a^a^  et  /  se  placent  —  comme 
nous  l'axons  déjà  fait  remarquer  pour  les  plus  intenses  —  sur  des  droites 
sur  le  graphique  de  Moseley.  Ces  lignes  appartiennent  à  la  série  L,,  fait 
que  nous  avons  vérifié  en  photographiant  cette  série  seule  pour  l'uranium. 

(')   \oir  M.  i>E  lîndi.i.Mî,  (onipics  nndi/s.  l.  l(i!(,  i<)i;i,  p-  962. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    IÇ)2I.  c)l'] 

(\ln  faisanl  fonctionner  le  tube  sous  une  tension  compcise  entre  les  poten- 
tiels criliiiues  d'evcitation  des  séries  L,  et  L^,  ces  potentiels  élanl  liés  aux 
limites  L,  et  I-^  pai'  la  relation  du  (piantuni.) 

Les  raies  Yi)  Ym  Yd y.i'  r^i  ^'  ''i  4"'  ^'•"'^  'i^^-''  "^'^  précédentes  par  la  relation 
de  Soininerfeld  se  placent  —  sur  le  même  graphique  —  sur  des  courbes  de 
faible  rayon,  ainsi  que  [ï.,,  et  sead)lent  ainsi  appartenir  à  L.,.  Enfin  les  raies 
Yi)  Yaj  Y-  ^'  ?■'  T^i  donnent  des  courbes  de  grand  rayon  semblent  appartenir 
à  L3.  Des  expériences  sont  en  cours  pour  séparer  les  séries  L^  et  L.,  et 
justifier  ces  remarques. 

PHYSICO-CHIMIE.  —  Influence  de  la  forme  géométrique  des  corps  solides  sur 
les  actions  clu'mit/ues  qu'ils  subissent.  Noie  de  MM.  G.  REitorL  et  R.  Li'<;e, 
présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

Dans  un  travail  précédent  (' ),  l'un  de  nous  a  montré  que  les  vitesses 
d'actions  chimiques  se  passant  au  contact  de  solides  et  de  gaz  sont  fonction 
de  la  foime  géométrique  des  solides  :  la  vitesse  de  réaction  est  la  plus  grande 
au-v  points  où  le  rayon  de  courbure  est  le  plus  petit.  Nous  nous  sommes  pro- 
posés de  voir  si  cet  effet  existe  encore  dans  les  cas  d'actions  chimiques  se 
produisant  au  contact  de  solides  et  de  liquides. 

I.  La  méthode  suivie  pour  mesurer  la  vite.se  des  réactions  chimi(|ues 
est  la  même  que  celle  qui  a  été  précédemment  employée  :  les  conditions 
expérimentales  sont  choisies  de  manière  que  la  réaction  se  produise  lente- 
ment et  que  les  corps  formés  puissent,  par  leur  transparence,  fournir  des 
colorations  interférentielles  de  lames  minces;  la  teinte  de  ces  colorations 
renseigne  sur  l'épaisseur  de  la  couche  de  sel  formée  pendant  l'action  et 
permet  sans  difficulté  ni  appareillage  spécial  d'apprécier  la  formation  de 
quantités  de  sel  que  les  meilleures  méthodes  d'analyse  chimique  ne  per- 
mettraient de  mesurer  qu'avec  de  très  grandes  difficultés. 

L'expérience  se  fait  de  la  manière  suiva!nte  :  dans  un  liquide  convena- 
blement choisi  on  plonge  un  corps  solide  de  nature  convenable  et  de  forme 
géométrique  simple  (lame,  prisme,  pyramide,  cône,  etc.).  On  s'aperçoit 
que  l'attaque  commence  toujours  par  les  bords,  par  les  arêtes  ou  par  les 
points  où  le  rayon  de  courbure  est  le  plus  faible;  au  bout  d'un  certain 
temps  les   colorations  de   lames   minces   indiquent  que  la  couche  de  sel 

(  '  )  G.  Heiioi  L,  Comptes  rendus,  t.  135,  1912,  p.  1227;  t.  l.ïG,  igiS,  p.  548,  688, 
i37(i.  -^^^ 

C.  R.,  1931,  I"  S<?mes/re.  (T.  17'^  N°  15.)  69  /^^^~-^^/\ 

■      '•"^SS-  ^^/ 


9l8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

formé  est  pins  épaisse  sur  les  bords  ou  aux  points  de  courbure  moyenne 
la  plus  grande. 

La  même  expérience  faite  avec  des  séries  de  fils  cylindriques  se  prèle 
alors  à  des  mesures. 

II.  L'opération  dans  les  liquides  est,  dans  quelques  cas,  plus  délicate 
que  dans  les  gaz  et  le  phénomène  plus  difficile  à  saisir,  soit  parce  que  les 
liquides  employés  sont  parfois  eux-mêmes  colorés,  soit  parce  que  les  colo- 
rations de  lames  minces,  tant  que  le  corps  solide  et  le  sel  formé  sont 
plongés  dans  le  liquide,  apparaissent  mal;  elles  ne  deviennent  brillantes 
que  lorsqu'on  a  retiré  le  corps  du  liquide  et  qu'on  l'a  séché. 

Le  phénomène  apparaît  général,  il  s'étend  à  un  très  grand  nombre  de 
réactions  qui  sont  actuellement  soumises  à  des  mesures  et  parmi  lesquelles 
nous  citerons  :  argent  ou  cuivre  dans  des  solutions  chlorées,  bromées  ou 
iodées,  les  mêmes  métaux  au  contact  de  solutions  d'hydrogène  sulfuré 
ou  de  dissolutions  soufrées;  déplacement  réciprotjuc  de  métaux,  cuivre 
dans  sel  d'argent,  etc. 

Dans  tous  ces  cas  l'eiïet  se  présente  avec  une  apparence  qui  rappelle 
celle  qu'il  présentait  dans  les  gaz. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Appareil  enreffisti'eur  des  variations  d'une  masse  i^azeitsc 
avec  le  temps.  Note  de  M.  A. -A.  Guntz,  présentée  par  M.  A.  llaller. 

Au  cours  de  recherches  que  je  poursuis  sur  la  réduction  des  oxydes  par 
l'hydrogène,  j'ai  mis  au  point  un  appareil  que  je  crois  devoir  décrire  briè- 
vement, car  il  présente  des  analogies  avec  celui  que  M.  P.  Jolibois  vient  de 
présentera  l'Académie  dans  une  Note  récente  ('). 

Le  problème  qui  se  posait  d'abord  dans  cette  étude  consistait  à  enregis- 
trer photographiquement  les  variations  d'une  masse  gazeuse  avec  le  temps. 
J'y  suis  arrivé  en  obligeant,  par  un  dispositif  automatique,  les  variations  de 
volume  à  correspondre  exactement  à  celle  de  la  masse  gazeuse. 

Dans  l'appareil  que  jomploie,  ces  variations  de  volume  sont  mesurées 
par  les  changenK'Uls  de  niveau  du  mercure   dans   wn    lube   volumèlre   V 

Dans  I  axe  du  xoliiiiièlre  csl  temlu  un  (il  (iii  de  niclirotne  de  o"',;jo  de  lon;;ueur 
environ  el  de  ,-„  de  iiiilliinélre  de  di;iinélie,  fil  donl  la  résislance  clecli-ii|ue  esl  \  aiialile 

(')    Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  809. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    1921.  c)\() 

avec  le  niveau  du  mercure.  On  enregislre  pliotograpliiquenieut  les  variations  de  résis- 
tance au  moyen  d'un  galvanomètre  Kengade,  du  modèle  usité  en  analyse  Iherniique. 


Vide  ;::^l 


Le  fil  a/)  est  placé  dans  l'une  des  branches  d'un  pont  de  Wheatstooe,  dont  tontes  les 
résistances  sont  grandes  par  rapport  à  celle  du  fil  {/ig-  2). 

Par  le  jeu  de  ces  résistances,  le  zéro  du  galvanomètre  peut  être  amené  à  corres- 
pondre à  lin  niveau  quelconque  du  mercure  dans  le  volumètre  V.  Les  déviations  du 
galvanomctre  sont  sensiblement  proportionnelles  aii\  variations  de  résislance  et  les 
variations  de  volume  sont  ainsi  mesurées. 

Pour  identifier  les  changements  de  la  masse  gazeuse  avec  celle  de  son  volume,  il 
suffit  qu'à  une  température  donnée  sa  pression  reste  constante,  et  qu'à  une  tempéra- 

p 
ture  difTérente  le  rapport  ttt  reste  çouslant  (T  tempéralure  absolue).   Nous  y   armons 

de  la  façon  suivante  : 

Le  réservoir  B  est  suspendu  à  une  tige  filetée  F  qui  peut  se  déplacer,  sans  tourner, 
dans  le  sens  vertical  en  traversant  un  écrou  F,  fixé  au  centre  d'un  plateau  de  bois  P:,. 
Au  moyen  d'un  petit  moteur  électrique,  le  plateau  tourne  dans  un  sens  ou  dans  l'autre 
et  sa  rotation  oblige  la  vis  à  monter  ou  descendre  de  la  longueur  d'un  pas  par  tour, 
soit  i""".  Le  manomètre  P>  communique,  par  une  de  ses  branches,  avec  le  yolumètre  B, 


920 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


et  par  l'aulie,  avec  un  lé^eivoir  A  ieiii|ili  d'liydi()f,'L-nL'.  dont  la  masse  ne  change  pas  au 
cours  d'une  expérience,  et  dont  la  pression  va  régler  la  pression  dans  l'appareil  comme 
dans  le  volumèlre  de  Lunge. 

Si  la  pression  augmente  ou  diminue  au  cours  de  la  réaction,  le  mercure  vient  lou- 
cher l'une  ou  l'autre  des  pointes  de  plaline   du    nianoraèhe   i!    et  établit    un    ciiouit 


Fig      3. 

actionnant  par  des  relais  la  dynamo  1)  dans  un  sens  tel  (|ue  la  |)resslon  est   maintenue 
toujours  égale  à  celle  du  réservoir  A  ijig.  3). 

Marche  (Vunc  expérience.  —  La  substance  est  introduite^  dans  le  tube 
laboratoire  T  placé  dans  une  enceinte  à  température  constante  (_tbermostat 
ou  four  électrique)  et  en  présence  d'un  corps  avide  d'eau  dans  le  cas  de  la 
réduction  d'un  oxyde  par  l'bydrojiène.  Le  vide  étant  fait  dans  tout  l'appa- 
reil, on  y  laisse  rentrer  l'hydrogène  sauf  dans  le  tube  laboratoire  T.  Après 
avoir  noté  la  température  /  et  la  pression  P,  le  réservoir  A  est  fermé  avec  le 
robinet  r'  ;  le  régulateur  et  l'enregistreur  photographique  sont  mis  en 
route,  le  tube  laboratoire  est  rempli  d'hydrogène  et  l'on  établit  ensuite  la 
communication  avec  le  volumètro  V.  Les  ordonnées  de  la  courbe  tracée  par 
i'enregisireur  sont  à  tout  moment  proportionnelles  à  la  masse  de  riivdro- 
gène  absorbée. 

Le  dispositif  que  nous  venons  de  décrire  ne  permcl  pas  seulement  de 
mesurer  les  variations  d'une  masse  gazeuse  avec  le  temps,  mais  encore,  en 
suppiimant  le  régulateur,  il  peut  enregistrer  des  variations  de  pressions. 


SÉANCE   DU    II    AVRII,    I921.  Qll 


TUlCRMOCHlMli;.  —  Sur  Remploi  des  bombes  énudllécs  en  cnlorimélrie. 
Noie  de  M.  C.  Matigxo.v  et  M"'"  (1.  Mahciial. 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'étudier  deux  bombes  caloriméiriques  émail- 
lées,  type  Mailler,  do  fabrication  récente;  nous  avons  constaté  l'attaque  de 
l'émail  par  les  solutions  nitriques  étendues,  telles  qu'elles  se  forment  tou- 
jours dans  les  conditions  ordinaires  des  opérations  calorimétriques.  La 
neutralisation  en  tout  ou  parlie  de  l'acide  nitrique  par  l'émail  de  la  bombe 
peut  amener  des  causes  d'erreur  non  négligeables  dans  la  détermination  du 
bilan  calorifique  des  opérations,  l'acide  nitrique  produit  lors  de  la  combus- 
tion étant  déterminé  par  un  titrage  acidimétrique. 

Btimbe  A.  —  On  lave  !a  paroi  intérieure  de  la  bombe,  préalablement  nettoyée  à 

l'eau  chaude,  avec  o'^'"'  d'une  solution  nitrique  contenant  sensiblement  i  de  molécule 

par  litre,  on  promène  le  liquide  sur  la  paroi  à  trois  reprises  et  finalement  on  titre 

laiidité  restante  après  une  demi-heure  de  séjour  dans  la  bombe.  La  même  expérience 

...  ,•„■■,  •   .     ,  ,      NaOlI       ,  .  , 

est  répétée  (luatre  fois,  voici  les  quantités  de  soude    nécessaires  pour  les  neu- 

10 

iralisations  : 

Avant 
l'attaque.  1'°  atlaqiie.  J'   attaque.  3»  attaque.  4"  attaque. 

9™', 2.5  4'™\55  G'"'',3o  7'"'\oo  S™%9/i 

(  )n  en  déduit  les  quantités  sui\antes  d'acide  nitrique  successivement  ni'ulralisées 
dans  les  quatre  estais  conséculifs  : 

08,0296  os,  oiSlJ  08,0142  05,0019 

L'attaque  va  donc  en  s'atténnant  d'une  opération  à  l'autre. 

lîitnibe  B.  —  Li  deuxième  bombe  s'est  comportée  de  la  même  façon  dans  les  mêmes 
conditions. 

On  a  fait  sis.  attai{ues  successives,  dont  deux  (la  troisième  et  la  quatrième)  ont  été 
ellectuées  avec  des  solutions  chlorhydrique  et  sulfurique  de  même  concentration  que  la 
solution  nitrique.  l'endant  les  expériences  2  et  (i,  on  a  promené  constamment  la  solution 
sur  les  parois  (durée  une  demi-heure)  ; 

Avant  ratla(|ue.       î.  '^  ."(IICI).     iCSQiH'').  .5.  0. 

(f"^\lD  .5.42  o,85  8.90  8,80  9,25  9.2.5 

On  en  déduit  les  attaques  successives  évaluées  eu  acide  nitrique  : 

oï,o24i      00,0629      os,oo23      o6,oo3o      08.000        08.000 

L'acide  nitrique  n'a  donc  plus  d'action  sejisible  à  partir  de  la  cinc(uième  attaque. 


9^2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Les  deux  bombes  onl  ensuite  été  coinplèlemeiil  remplies  avec  la  solution  nitrique 
précédente  et  abandonnées  à  elles-mêmes,  la  bombe  A  pendant  48  heures,  la  bombe  B, 
pendant  g6  heures.  Les  deu\  licjuldes  évaporés  et  desscchcs  à  i  io°  ont  laissé  ie>  résidus 
suivants  : 

A .?.ii88 

H  oô , 3833 

qui,  après  calcinalion   au   rouge  et  périt'  de  vapeurs  nitreuses,  sont  devenus  respec- 
tivement : 

A  os . 0628 

I! o?.i8/i5 

Les  oxydes  de  fer,  d'alumine,  de  magnésie,  tle  |:otassium,  l'acide  bori(|ue,  constituants 
(le  l'émail,  onl  élé  reconnus  dans  ces  résidus. 

Après  ces  attaques  prolongées,  l'acide  nilri(|ue  étendu  n'agit  plus  d  une  faion  sensible 
sur  l'émail,  pendant  le  temps  nécessaire  pour  une  expérience,  soil  une  demi-heure 
en\  iron. 

De  reiiseml)le  de  ces  recherches,  il  résulte  que  l'acide  nitrique  étendu 
provenant  d'une  combustion  peut  être  neutralisé,  en  tout  ou  partie,  par 
l'émail  de  la  bombe,  tout  au  moins  dans  les  premières  expériences,  c'est-à- 
dire  celles  qui  servent  à  déterminer  la  valeur  en  eau  de  celte  bombe.  L'acide 
nitrique  produit  correspondant  à  un  dégagement  de  chaleur  s'élevanl 
jusqu'à  3o''''  à  4o'"'  sur  Hooo'"',  il  peut  résulter  de  cette  attaque  une  erreur 
atteignant  le  7^  et  affectant  la  valeur  en  eau  de  la  bombe  renxiron  '.  de  la 
masse  en  eau  totale)  d'une  erreur  de  j-. 

On  peut  éviter  cet  inconvénient  en  attaquant  la  bombe  neuve  pendant 
4  à  5  heures  avec  une  solution  nitrique  étendue  voisine  de  la  normale,  qui 
la  remplit  complètement;  elle  devient  alors  pratiquement  insensible  à 
l'action  de  l'acide  nitrique  pendant  la  durée  d'une  opération  thermique. 

On  a  montré  de[)uis  longtemps  que  la  bombe  eaiorimétrique  constituait 
un  laboratoire  analytique  précieux,  nous  en  avons  fait  une  première  appli- 
cation au  dosage  rapide  et  précis  du  soufre  dans  les  matières  organiques  ('); 
depuis,  la  même  méthode  a  été  généralisée  et  étendue  à  d'autres  éléments. 
Les  bombes  précédentes  ne  peuvent  en  général  remplir  ce  but  utile;  il  est 
donc  nécessaire  d'améliorer  l'émaillage  de  ces  bombes  afin  d'obtenir,  ce 
qui  est  depuis  longtemps  de  fabrication  courante,  un  émail  prati(juemcnt 
inattaquable  aux  acides. 

{')  l>i;iiiHi:r,iir,  \>niu;  el  AIaih^no.n.  i'o/ii/i/  .^  rcm/iis,  l.  III,  iS,|ii,  p.  (i. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    Iy2I.  9^3 


r.llIMIi;  OKGANIQUt;.  —  Conlrihullon  à  rètude  des  coiisliliKiiils  acides  de  lu 
gemme  de  pin  :  les  <icides  dexlropimnrique  et  lévopiniaii(iiie.  Noie  de 
M.  Gi:ok«;es  Dupoxr,  présentée  par  M.  A.  Hallcr. 

Malgré  le  nombre  considérable  de  travaux  entrepris  depuis  un  siècle  sur 
les  résines  des  conifères,  nous  ne  possédons  encore  rpic  des  données  très 
imprécises  sur  leur  constitution  ('). 

En  ce  qui  concerne  les  constituants  ncicle>  de  la  gemme  du  pin  marilime  {l'iniis 
mariliina)  le  bilan  de  nos  connaissances  pjut  se  résumer  ainsi  :  Ces  acides,  (jui  cons- 
tituent 70  à  -j  pour  100  de  la  gemme,  peuvent  se  distinguer  en  deux  groupes  {-)  : 
1°  les  acides  sapiitifjiies  donnanl  des  sels  de  sodium  incristàllisables  très  soluhles; 
>."  les  acides  piinarù/ lies  dont  les  sels  de  sodium,  peu  solubles  dans  l'eau  froide,  cris- 
tallisent aisément. 

Du  premier  groupe  on  n'a  isolé,  jusciu'à  ce  jour,  aucun  constituant  pur:  du 
deuxième  groupe  Caillot  (^),  puis  \  eslerberg^*  1,  réussirent  à  extraire  une  faible  quan- 
tité (i  à  2  pour  100  du  produit  initial)  d'un  acide  délini,  Vacide  dexliopiinariqiie : 
Vesterberg  isola  en  outre  (mais  une  seule  fois  grâce  à  un  hasard  de  crislallisalion  ) 
18  environ  d'un  acide  très  lévogyre,  Vacide  lévopiiiiarir/ue.  Ces  acides  sont  isomères 
et  ont  pour  formule  C'"  M'"<  '-. 

Dans  cette  Note,  nous  préciserons  les  conditions  d'extraction  de  ces  deux 
constituants  de  l'acide  pimarique. 

Préparaliiiii  de  l'acide  pimarique  brut.  —  Nous  avons  suivi  la  mélliode  de 
Vesterberg,  mais  en  prescrivant  l'emploi  des  acides  minéraux  qui  Isoméilsent  tiés 
rapidement  le  produit.  La  |)artie  solide  de  la  gemme  landaise  (Gallpot),  séparée  par 
essorage  de  la  partie  liquide,  a  été  purifiée  par  de  multiples  lévlgations  el  cristallisa- 
tions dans  l'alcool  de  plus  en  plus  concentré,  poursuivies  jusqu'à  ce  que  le  produit 
donne,  avec  l'ammoniaque,  les  longues  aiguilles  caractéristiques  de  pimarate  acide. 
Les  acides,  saponifiés  par  une  solution  tiède  de  soude  à  3  pour  100,  donnent  un  déi-ôl 
abondant  de  paillettes  de  pimarate  de  soude  que  l'on  sépare  (par  essorage  suivi  de 
séjours  prolongés  sur  des  assiettes  poreuses)  des  eaux  mères  tenant  en  solution  les 
sapinales  très  solubles.  Le  pimarate,  recristallisé  plusieurs  fois  à  l'eau  (belles  pail- 
lettes nacrées)  et  fin.iloment  traité  par  le  gaz  carbonique  ou  l'acide  acélli[Lie  très 
étendu,  conduit  à  l'acide  pimarique  brut. 

(')  NoirDuFFOLiR,  Bulletin  de  la  Direction  des  Recherches  cl  In  veillions,  janvier  192  1 . 
—  Vèzes,  Mon.  scient.  Séiie  des  extraits  publiés  depuis  1901. 
('')  IvôiiLKR,  Mon.  sciant..  I.  3,  igiS,  p.  i63. 
( ')  \'èzi;s.  Mon.  scient.,  t.  10,  1901,  p.  352. 
1')  Vèzks.  Mon.  scient.,  I.  Ki,  1901,  p.  3.55. 


92/4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Acide  dexlropimaïKjtic.  —  \eslerberg-  iiuliiiue,  comme  moyen  d'exlrac- 
tion,  des  crislallisations  répétées  de  l'acide  pimarique  dans  l'alcool  ou  mieux 
dans  l'acide  acétique.  L'alcool  ne  nous  a  pas  permis  d'obtenir,  avec  un  ren- 
dement sensible,  de  l'acide  dextropimarique  pur.  Au  contraire,  par  cristal- 
lisation dans  l'acide  acétique,  la  séparation  est  très  rapide  :  [\i^  d'acide 
pimarique  de  pouvoir  rotatoire  (')  [a]j  =  —  100",  4  ont  donné,  après  trois 
cristallisations  acétiques  et  une  cristallisation  alcoolique,  6^  déicide  dcrlro- 
pimarif/iie  en  belles  lamelles  fondant  à  2ii°-2i2°  et  donnant,  en  solution 
cbloroformique  à  5  pour  100,  les  pouvoirs  rotatoires  suivants  : 

W.I -+-  7-"'".i 

[oc]y H-  86  ,8 

Wi  (') +168  ,5 

Mais  la  cristallisalioii  est  accompagner  ici  de  l'isomérisa/ion  de  I Un  des  cons- 
tituants. 

tCn  eflel,  la  preiiiièie  cristallisalion  acétique  nous  a  donné  : 
i^s  d'acide  précipité  par  refioidissement  ;  pouvoir  rolaloire  [a]j=:  +  ■',6'',<S; 
■>.-'  d'acide  retiré  des  eaux  mores;  pouvoir  rotaloire  [zjji^  —  33°. 4- 
Le  mélange  de  ces  deu\  fractions  redonnerait  un  produit  dont  le  pouvoir  rotaloire 
serait  voisin  de 

,-    ,        i4  X  3.6,8  —  '>.-  X  33,4 

l^].i= 77— -r~ =-  ""'97. 

14  +  'î7 

produit  tout  à  l'ait  dilléreiit  du  produit  initial  dont  le  pou\oir  rotatoiiu  était 

[«].)  =  — ioo",4. 

D'ailli'urs,  la  recrislalli>ation  de  la  fraction  reliiée  des  eaux  mères  nous  a  permis 
d'isoler,  après  élimination  des  premiers  ciislaux  déposés,  de  grosses  tables,  fondant 
à  lôB'-iôf)",  de  pouvoir  rotaloire  [a]j=:  —  7'''',4>  que  nous  avons  pu  idenlider,  par  la 
mesure  de  leurs  angles,  avec  Vacide  abivLuiuc  décrit  par  ScliUatelofl'. 

On  irobti(Mil  donc  l'acide  dextinpiiiiari(iue  pur  tpie  grâce  à  l'ionisation, 
par  le  solvant,  de  l'acide  lév()pimari(pie  (jui  l'accompagne. 

Notons  que  c'est  également  par  isomérisation,  par  la  clialcur,  des  autres  acides  de  la 
gemme  (|ue  Galliol  a  obtenu,  pour  la  |)remière  fois,  l'acide  dextropimarique. 

Acide  lès'of)imaii(jm' .  —  (  )n  comprend,  d'après  ce  qui  [)récède,  poiircpioi 
Veslerberg  n'a  pu    isoler  qu'accidentellement   l'acide  lévopimarique.  En 

f')  I  ;<|i,  I  a  |v,  [5:  Il  repi'ésenlent  respectivement  les  pouv'oirs  rolaloiros  pour  les  raies 
jaunes  (À  —  r)y8),  verte  (X  ^=  ''46),  indigo  ().  =  436)  de  l'arc  au  mercure. 


SÉANCE   DU    II    AVRIL    1921.  giS 

axant  soin  d'éviter  toule  isomérisation,  on  n'éprouvera  au  conlraire  aucune 
gi'ossc  difficulté  dans  cette  séparation. 

Il  convient,  dans  ce  but,  d'utiliser  comme  solvant  l'alcool  a(jneiix  à  diverses  concen- 
trations (la  température  ne  dépassant  jamais  60°)  en  suivant  de  très  près  la  séparalion 
par  l'élude  des  pouvoirs  rotatoires.  Par  exemple  83s  d'une  fianlion  de  pouvoir  rola- 
toire[o!]j^  —  idS",  4  donne,  par  cristallisation  dans  l'alcool  à  gV'  : 

1°  Une  fraction  A  :  43?  d'acide  cristallisé  par  refroidissement;  pouvoir  rola- 
toire  [x]i  ^n —  136", o. 

!"  Une  fraction  B  :  ;'|05  retirés  des  eaux  mères;  [a]j=:  —  i->,",  >,. 

La  fraction  B,  recrislallisée  dans  l'alcool  à  SS^-go",  donne  à  nouveau  : 

1°  Une  fraction  B,  :  i  is  de  pouvoir  rotatoire  [zjj:^  —  ?.!^'2'',6. 

!"  Une  fraction  B,  :   iZ"  de  pouvoir  rotatoire  [^].i=  —  137", o. 

Enfin  la  fraction  B,,  recristallisée  dans  l'alcool  à  qS'',  donne  finalement 
4^' d'aaV/<' /e('o/)?>nflmy;/e  en  belles  lamelles  mesurables,  fondant  (avec  trans- 
formation) vers  i5o°-i52°  et  donnant,  en  solution  alcoolique  à  5  pour  100  : 

[a]t — 282,4 

[a]v • — 329,6 

[z], —681,0 

Conclusions.  —  Nous  a\ons.  dans  ce  qui  précède,  fixé  les  conditions  d'ex- 
traction des  deux  constituants  signalés  par  Vesterberg  dans  le  galipot  de 
pin  maritime  : 

1°  Uacide  (lexlropim(iri(nte  n'est  extrait  à  l'état  de  pureté  que  grâce  à 
l'isomérisation  de  l'acide  lévopiinarlque  qui  l'accompagne. 

2"  En  évitant  cette  isomérisation  il  est  aisé,  par  de  simples  cristallisa- 
tions convenablement  alternées  dans  de  l'alcool  fort  et  dans  de  l'alcool 
aqueux,  d'extraire  Vacide  lèvopimariqiw  que  Vesterberg  n'avait  fait  qu'en- 
trevoir. 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Observations  du  champ  électrique  de  l'atmosphère  pen- 
dant l'éclipsé  de  Soleil  du  8  avril  i<.^i  i .  Note  de  M.  .1.  Uoucii,  présentée  par 
-     M.  J.  Violle. 

L'éclipsé  de  Soleil  du  8  avril  1921  fut  visible  partiellement  à  Brest,  le 
maximum  étant  de  0,86.  Le  commencement  de  l'éclipsé  eut  lieu  à  8'' 24*",  la 
fin  à  io''55"^  (beures  d'été). 

De  8''  à  I  i''3o"  j'ai  exécuté  une  série  de  mesures  du  cbamp  électrique  de 


926  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'atmosphère  à  l'aide  de  l'éleclroscope  d'i'llsler  et  Geilel,  avec  collecteur 
au  radium  supporté  par  une  canne  d'ébonile.  Ces  instruments  m'avaient 
déjà  servi  pour  effectuer  des  mesures  analogues  dans  l'Antarctique,  pen- 
dant l'expédition  du  D""  Charcol,  en  mer,  dans  rAtlanli([U('  et  au  Sénégal. 
Les  vérifications  habituelles  d'isolement  ont  été  faites  avant  et  après  les 
expériences.  L'éleclroscope  a  été  lu  au  moins  une  fois  par  minute. 

L'emplacement  choisi  pour  les  expériences  a  été  la  digue  du  port  de 
Lanninon,  complètement  isolée  au  milieu  de  la  petite  rade  et  loin  de  toute 
construction.  Le  collecteur  était  placé  à  o™,()0  au-dessus  du  parapet.  Les 
observations  ont  été  réduites  à  l'altitude  de  i"'.  comme  il  est  de  coutume. 

J'indique  ci-après  les  principaux  résultats,  me  réservant  de  publier  le 
détail  de  mes  observations  dans  un  Mémoire  plus  étendu. 

Avant  l'éclipsé,  le  champ  était  très  fort  et  variable,  plus  de  i>oo  volts  par 
mètre.  L'éleclroscope  fui  déchargé  plusieurs  fois  par  contact  entre  les 
feuilles  et  la  cage,  ce  ([ui  indi([ue  un  champ  supérieur  à  25o  volts.  Le  mini- 
mum ne  tomba  pas  au-dessous  de  187  volts. 

Pendant  l'éclipsé,  de  8'''24'"  jus([u'à  io''2o'",  le  champ  reste  très  fort  et 
variable,  les  décharges  sont  fré([uentes,  le  minimum  observé  est  de  iG5  volts, 
à  9''  i4'".  Mais  certainement  la  valeur  moyenne  du  champ  est  au  moins  aussi 
forte  et  probablement  plus  forte  ([u'avant  l'éclipsé.  Elle  dépasse  25o  volts. 

A  partir  de  io''20™,  c'est-à-dire  bien  après  le  milieu  de  l'éclipsé,  qui  a 
eu  lieu  à  Brest  à  9'' 40"",  le  champ  devient  beaucoup  plus  calme;  il  diminue 
nettement  et  tombe  progressivement  à  un  minimum  de  20  volts,  à  io''5o"' 
(l'isolement  de  tout  l'appareil  a  été  vérifié  à  ce  moment-là);  il  remonte 
ensuite  progressivement,  avec  quelques  varialioiis.  jusqu'à  ii''o8"'  où  il 
dépasse  de  nouveau  200  volls. 

De  I  I ''08'"  jusqu'à  i  i''3o'"  (  fin  de  nos  mesures),  les  décharges  de  l'élec- 
troscope  sont  pour  ainsi  dire  continuelles,  el  le  champ  reprend  les  fortes 
valeurs  observées  avant  et  pendant  l'éclipsé. 

Le  champ  éleclrique  a  donc  subi  une  diminution  extrêmement  marquée 
avec  un  retard  d'une  heure  environ  sur  le  milieu  de  l'éclipsé. 

On  ne  peut  évidemment  pas  conclure,  d'une  seule  expérience,  à  une  rela- 
tion directe  entre  le  rayonnement  solaire  el  le  champ  éleclrique  de  Falmos- 
phère.  Peut-être  n'ai-je  fait  qu'observer  >ine  coïncidence  fortuite.  Toutefois 
je  dois  signaler  que  pendant  loule  la  durée  de  mes  mesures,  le  ciel  a  été 
pur,  le  vent  constant  en  direction  et  en  force. 

Les  expériences  de  ce  genre  ont  élé  jusqu'ici  peu  nombreuses  et  elles  ont 
donné  des  résultais  contradictoires.  Celles  cpie  j'ai  faites  se  rapprochent 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I921  927 

assez  de  celles  de  M.  Le  Cadet,  pendant  l'cclipse  totale  du  3o  août  iQorjC) 
L'affaiblissement  du  champ  électrique  s'était  produit  \i  minutes  environ 
après  le  milieu  de  l'éclipsé. 


GÉOGlUPHii:  l'HYSlQL'K.  —  Les  Bas-Champs  de  Picardie  au  nord  de  la  Somme: 
la  ligne  de  i-ivage  ancienne.  Note  (*)  de  M.  Abel  Briquet,  présentée  par 
M.  Ch.  Barrois. 

Le  long  des  Bas-Cliamps  de  Picardie,  au  nord  de  la  Somme,  la  ligne  de 
rivage  actuelle  (')  se  double  d'une  ligne  de  rivage  plus  ancienne  située  en 
arrière. 

Entre  Somme  et  Authie  cet  ancien  rivage  est  jalonné  par  la  lignr  de 
hautes  dunes  intérieures  que  sépare  des  dunes  côtières  actuelles  une  vaste 
étendue  plate,  une  panne. 

L'ancienne  pointe  sur  laquelle,  à  l'entrée  de  l'estuaire  de  la  Somme,  se 
divisait  le  tlot  marin,  est  dessinée  par  l'arc  de  dunes  qui  enserre  le  village 
de  Saint-Quentin-en-Tourmont  et  en  explique  le  surnom.  Sur  la  pointe 
s'articulaient,  vers  le  Sud,  le  poulier  interne  qui  porte  les  dunes  de  Bout- 
des-Crocs  ;  vers  le  iNord,  un  poulier  externe  dont  les  digitations,  plus  ou 
moins  recouvertes  de  dunes,  portent  les  agglomérations  de  Saint-Quentin, 
de  Monchaux,  de  llouthiauville  et  des  fermes  isolées.  C'est  à  l'espace 
circonscrit  par  cet  ancien  rivage  que  s'applique  le  nom  de  Marquenterre  (*). 

Entre  Authie  et  Canche,  une  chaîne  de  hautes  dunes,  également  séparée 
des  dunes  côlières  par  une  panne  de  grande  largeur,  indique  l'emplacement 
de  l'ancien  rivage  :  pointe  au  sud  de  Merlimont,  avec  poulier  interne  dirigé 
par  Bout-d'Airon  vers  le  Sud-Est,  et  poulier  externe  allongé  vers  le  Nord, 
aux  digitations  accusées  par  les  rangées  de  dunes  disposées  en  éventail 
autour  de  Trépied. 

Au  nord  de  la  Canche,  l'ancienne  ligne  de  rivage  correspondait  à  une 
falaise  entaillée  dans  les  terrains  crétacés  et  jurassiques.  Cette  falaise  morte 
est  presque  partout  recouverte  par  les  dunes  récentes. 

('  )   Coinples  rendus,  l.  l'i-l,  igoS,  p.  g^S. 

(■)  Séance  du  4  avril  1921. 

(')  A.  Briql'KT,  Les  bas-Champs  de  Picardie  au  nord  de  la  S'Hiune  :  la  ligne  de 
rivage  actuelle  {Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  697). 

(  ')  Sur  l'étendue  évade  du  territoire  appelé  le  «  Marquenterre  »,  voir  A.  Demanueon, 
La  l'icarilie  et  les  régions  voisines  (Paris,   lyoj,  p.  189). 


9^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I^lle  apparaît  dans  son  extrémité  sud,  formée  de  craie,  le  loiii;  de  la  baie 
de  Canclie  au  nord  d'iùaples;  au  pied  existe  un  banc  de  galets  do  silex  qui 
se  prolonge  en  forme  de  poulier  interne  sous  Bel-Air  et  vers  Étaples. 

Au  Nord,  entre  Hardelot  et  Kquihen,  au  fond  des  cuvettes  d'érosion  des 
dunes  actuelles,  la  falaise  morte  est  également  visible  par  endroits,  formée 
par  les  sables  néoconiiens  ou  l'aruile  jurassique,  et  portant  sous  les  dunes 
récentes,  les  restes  de  très  anciennes  dunes.  L'ancienne  falaise  coupe  obli- 
quement le  rivage  actuel  au  point  extrême  où  les  lîas-Champs,  au  nord  de 
la  Canche  entièrement  couverts  par  les  dunes,  s'adossent  aux  hauteurs  du 
Boulonnais. 

Deux  faits  caractérisent  l'ancienne  ligne  de  rivage.  C'est,  d'une  part, 
la  présence  dans  le  cordon  littoral  de  débris  de  roches  exotiques,  présence 
qui  semble  ne  pouvoir  être  expliquée  que  par  un  apport  dans  des  glaces 
flottantes.  C'est,  d'autre  part,  la  présence,  au-dessus  de  ce  même  cordon  ou 
sur  l'ancienne  falaise,  d'amas  de  coquilles  avec  débris  de  poterie  grossière, 
indices  d'une  ancienne  occupation  humaine  probablement  néolithique,  et 
qui  font  songer  aux  Kjokkenmœddings  de  Scandinavie  et  d'Kcosse. 

Dans  la  baie  de  Somme,  roches  exotiques,  poteries  grossières  et  amas  de 
coquilles  se  trouvent  sur  le  poulier  interne  de  Bout-des-Crocs  et  le  poulier 
secondaire  correspondant  de  Saint-Firmin.  Dans  la  baie  de  Canche,  les 
galets  exotiques  sont  mélangés  aux  galets  de  silex  du  poulier  interne  de 
Bel-Air  et  sur  l'ancienne  falaise  voisine,  sous  les  dunes,  se  rencontrent  des 
débris  de  poterie  grossière  et  des  amas  de  coquilles,  ainsi  que  des  galets 
exotiques,  recueillis  par  l'homme  au  pied  de  la  falaise  ('). 

La  présence  de  roches  exotiques  et  de  poteries  grossières  caractérise  de 
même,  dans  la  Plaine  maritime  flamande,  l'ancienne  ligne  de  rivage  cons- 
tituée par  le  banc  et  les  dunes  intérieures  de  Ghyvelde. 


(')  Gosselel  a  le  premier  sii;nalé  à  l'.laples,  puis  dans  la  I)aie  de  Somme,  la  présence 
(li's  loclies  exoliques^  ei  celle  de  la  poterie  grossière  qu'il  a  appelée  ^o/c/Ze  d' Etaples  : 
J.  (lossELET,  Les  galets  glaciaires  ci' Étaples  el  les  dunes  de  Caniiers  (Anii.  de  la 
Stic.  géol.  du  Nord,  t.  31,  1902,  p.  297).  —  Lé^-e/ide  de  la  feuille  de  Monlreuil  (Ibid., 
t.  '.ïo,  190(1,  p.  7). 


SÉANCE   DU    II    AVHir>    192I.  929 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  VasYnu'liie  et  sur  les  sections  /<>ni;ilu(/ina/es  tec/i- 
iiie/ues  de  la  couronne  des  molaires  des  mastodontes  et  des  élépluints.  Note 
de  \l.  Saiiha  SnsFANEscu. 

A  l'exeiiiple  de  Falconei'  (Faunn  Anlit/iiei  Siva/ensis),  pour  éludiei-  la 
couronne  des  molaires  des  mastodontes  et  des  éléphants  au  point  de  vue  de 
la  pliylogénie,  les  paléontologistes  léalisent  des  sections  longitudinales 
lecliniques,  auxquelles  ils  attachent  une  grande  importance  scientifique. 
Or,  d'après  les  observations  que  je  vais  exposer,  la  couronne  dont  il  s'agit, 
tant  organiqueinent  que  géométriquement,  est  asymétrique,  et  les  sections 
en  question  ne  nous  renseignent  ni  sur  la  composition  hituberculaire  des  col- 
lines ou  lames,  ni  sur  la  différenciation  dissemblable  des  deux  tubercules  con- 
génères de  chaque  colline  ou  lame,  seuls  caractères  morphologiques  qui 
doivent  nous  guider  pour  établir,  d'après  la  couronne  des  molaires,  la 
parenté  des  genres  et  des  espèces  des  mastodontes  et  des  éléphants.  Voici 
les  faits  qui  viennent  à  l'appui  de  cette  affiiiiiation  : 

I.  La  forme  de  la  dernière  molaiie  inféiieure  de  droite  et  de  gauche 
(M  —  r/et  M  —  g\  de  Mastodon  Borsoni,  et  de  toutes  les  espèces  de  masto- 

doutes  et  d'éléphants,  est  celle  d'un  parallélogramme  inégulier;  sa  partie 
postérieure  est  caudiforme  et  la  direction  de  son  bord  antérieur  est  oblique 
d'avant  en  arrière  et  de  dedans  en  dehois,  par  rapport  à  la  direction  de  la 
mâchoire. 

a.  La  premièi'e  colline  antérieure  est  parallèle  au  bord  antérieur,  mais 
les  collines  suivantes  ne  sont  pas  parallèles  à  ce  bord,  ni  l'une  à  l'autre, 
car  elles  sont  plus  espacées  du  côté  du  bord  interne  de  la  couronne  qui  est 
convexe,  et  plus  serrées  du  côté  du  bord  externe  qui  est  concave. 

b.  Chaque  colline  ou  lame  est  formée  de  deux  tubercules  congénères 
différemment  dilTérenciés,  l'interne  en  crête  (T,,.),  l'externe  en  trèfle  (T,,); 
par  conséquent  chaque  moitié  longitudinale  de  la  couronne  est  formée 
d'une  série  de  tubercules  semblables,  différenciés  de  la  même  façon,  à 
savoir  :  la  moitié  interne  est  occupée  par  les  T„,  et  la  moitié  externe  par 
les  T„  de  toutes  les  collines  ou  lames. 

Puisque  les  deux  moitiés  longitudinales  de  la  couronne  sont  formées  de  deux 
séries  de  tubercules  différemment  différenciés,  il  s'ensuit  qu^ organiquement 
elles  ne  sont  pas  symétriques. 

c.  Les  deux  tubercules  congénères  de  chaque  colline  ou  lame  sont  inéga- 


93o  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

lement  développés;  par  exemple,  le  T.^  de  la  première  colline  antérieure  est 
plus  haut  et  plus  étroit  (|ue  son  congénère  T„,  tandis  ([ue  le  T,,,  de  la  der- 
nière colline  postérieure  est  plus  gros  (jue  son  conj^énère  T..^. 

d.  Les  tubercules  de  cha([ue  série  de  cliacjue  moitié^le  la  couronne,  c'est- 
à-dire  les  tubercules  de  la  série  de  T„  et  ceux  de  la  série  de  T,^,  diminuent 
graduellement,  à  partir  de  la  colline  antérieure  vers  la  colline  postérieure, 
mais  comparativement  les  tubercules  de  la  série  de  T„  diminuent  plus  rapi- 
dement (jue  ceux  de  la  série  de  T,,. 

Puisque  les  deux  tubercules  coiigcnèirs  de  chaque  coltine  et  pur  conséquent 
les  deux  séries  longitudinules  de  T„  et  "ïi.de  toutes  les  collines  sont  inégalement 
développées,  il  s'ensuit  de  nouveau  qu'organiquement  les  deux  moitiés  longi- 
tudinales (le  la  couronne  ne  sont  pas  symétriques. 

II.  Le  plan  vertical  loni^itudinal  (|ui  sépare  les  deux  séries  de  T,,  et  T,,, 
c'est-à-dire  les  deux  moitiés  organi(|ues  de  la  couronne,  est  obli(jue  d'avant 
en  arrière  et  de  dehors  en  dedans,  par  rapport  à  la  longueur  de  la  molaire. 
Conventionnellementje  l'appelle  le /j/rtn  organique.  Chez  les  molaires  supé- 
rieures le  plan  organi(|ue  est  oblique  d'avant  eh  arrière  et  de  dedans  en 
dehors. 

a.  Les  directions  de  plans  ort;ani(jues  des  dernières  molaires  inférieures 
de  droite  et  de   gauche  ;  M — ^  et  M  —  g- )  prolont^ées  se  rencontrent  en 

arrière  et  font  un  ant;le,  dont  la  pointe  est  tournée  en  arrière  et  l'ouverture 

en  avant;  c'est  l'inverse  (|ui  a  lieu  chez  les  molaires  supérieures  (  M  —  r/ 

De  cette  disposition  il  résulte  que  les  plans  organiques  des  dernières 
molaires,  inférieure  et  supérieure,  de  la  même  moitié  du  crâne,  droite  ou 
gauche  (Mjc/ou  Mjg-)  s'entre-croisent  en  X. 

b.  Le  plan  organi([ue  ne  coïncide  pas  avec  le  plan  géométrique,  c'est-à- 
dire  avec  le  plan  qui  sépare  les  deux  moitiés  longitudinales  géométriques 
de  la  couronne.  Ces  deux  plans  s'entre-croisent  de  manière  qu'en  arrière  de 
leur  intersection,  qui  est  située  à  peu  près  au  milieu  de  la  première  colline, 
le  plan  géométrique  passe  à  l'extérieur  du  plan  organique  chez  les  molaires 
inférieures  et  à  l'intérieur  chez  les  molaires  supérieures,  et  c'est  ainsi  qu'il 
coupe  seulement  les  T,r  des  collines. 

Puisque  en  arrière  de  V intersection  des  deu.v  plans,  organique  et  géomé- 
trique, de  la  couronne,  le  plan  géométrique  coupe  seulement  les  T„.  des  collines, 
il  s'ensuit  que,  géométrique/»e/it,  les  deux  moitiés  de  la  couronne  ne  sont  pas 
symétriques. 


SÉANCE  DU  II  AVKIL  I92I.  93 1 

c.  Si  à  ces  faits  nous  ajoulons  que  la  couronne  des  dernières  molaires  est 
ployée  horizonlalernent  et  verlicalement,  et  qu'elle  est  tordue  longitudina- 
lement,  nous  pouvons  conclure  que  les  sections  longitudinales  teclmiques 
ne  la  coupent  d'aucune  manière  symétriquement,  et  que  de  pareilles  sec- 
tions nous  montrent  seulement  des  caractères  morplioloi^iques  dénués  de 
toute  valeur  phvlo,i;énétique,  tels  que  le  nombre  et  la  hauleur  des  collines  ou 
lames. 


CYTOLOGIE.  —  L'Hétérolypie  dans  la  mitose  somali(/ur  de  CoreÛiva 
plumicornis.  Note  de  M.  Armax»  Duhohxe,  ]irésentée  |iar  M.  Henneguy. 

Là  division  longitudinale  à  la  prophase  somatique  débute  alors  que  les 
chromosomes  sont  à  l'état  de  spirème;  leurs  moitiés  forment  alors  deux 
spirales  enroulées  l'une  autour  de  l'autre,  en  oflrant  un  aspect  de  slrepsi- 
nema.  Puis,  elles  se  raccourcissent  en  se  déroulant;  quand  le  déroule- 
ment et  la  détorsion  sont  achevés,  elles  se  trouvent  à  une  assez  grande  dis- 
lance l'une  de  l'autre,  comme  cela  se  rencontre  dans  certaines  dyades 
hétérotypi({ues.  Cet  écartement  est  frappant,  mais  il  n'est  (jue  transitoire. 
En  effet,  pendant  la  formation  du  fuseau,  il  se  fait  un  rapprochement  étroit 
des  moitiés  écartées  de  cha(pie  chromosome,  de  telle  sorte  (jue  la  disjonc- 
tion définitive^  qui  termine  la  métaphase,  succède  toujours  à  un  rapprochement 
étroit.  Il  existe  donc  ici,  au  cours  de  la  mitose  somati(|ue,  un  jeu  d'écarte- 
menl  et  de  rapprochement  des  moitiés  chromosomiques  comparable  à  ce  que 
l'on  trouve  au  cours  de  la  prophase  hétérotypique. 

Dans  une  Note  antérieure  ('),  j'avais  montré  que  l'on  compte  au  début 
de  la  métaphase  six  chromosomes  groupés  par  paires.  Mais  cette  façon  de 
présenter  le  fait  demande  à  être  précisée.  En  réalité,  nous  sommes  en 
présence,  à  ce  stade,  de  trois  chromosomes  où  la  division  longitudinale  a 
joué  d'une  façon  précoce.  Certes  l'écartement  des  moitiés  est  considérable, 
et  il  est  tel  qu'on  n'en  trouve  guère  d'exemple  dans  les  autres  groupes  ani- 
maux. Mais  cette  disposition  ne  peut  permettre  d'interpréter  les  moitiés 
longitudinales  comme  autant  de  chromosomes  univalents  homologues  qui 
seraient  simplement  groupés  par  paires.  D'ailleurs,  chez  un  certain  nombre 
de  végétaux,  la  division  longitudinale  à  la  prophase  somali([ue  détermine 


(')  A.  DiîHORNE,   ('araclères  atypiques  dans  la  mitose  somatique  citez   Corelhra 
plumicornis  (Comptes  rendus,  t.  171,  ig'.o,  p.  igS). 


932  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  etlets  comparables,  (|uoi(|ue  moins  prononcés.  Comme  dans  la  mitose 
somali({ue  deCo/'cM/w,  les  moitiés  se  raccourcissent  en  s'écarlant,  puis  elles 
se  rapprochent  étroitement  pendant  la  mise  au  fuseau. 

Pour  ce  qui  regarde  ce  rapprochement  dans  la  constitution  de  la  plaque 
équatorialo,  les  faits  sont  bien  tels  que  je  les  ai  déjà  décrits.  La  plaque  équa- 
toriale  est  formée  uniquement  de  trois  éléments  chromatiques  en  tète  de 
flèche,  où  la  fente  lone;itudinal<'  se  distingue  quelquefois  difficilement. 

A  un  moment,  lorsque  les  moitiés  sont  en  train  de  s'accoler,  on  voit  dans 
le  milieu  un  espace  clair,  limité  par  deux  très  grêles  ponts  de  substance 
chromatique,  qui  simule  une  coupure  transversale.  Cela  donne  aux  trois 
chromosomes  un  aspect  de  faux  groupes  quaternes  et  de  pseudo-tétrades  qui 
rappelle  certaines  formes  de  chromosomes  hétérolypiques.  Dans  le  mouve- 
ment de  rapprochement  dçs  moitiés,  l'un  des  chromosomes  est  en  avance 
sur  les  deux  autres,  lesquels  sont  d'une  taille  un  peu  plus  grande;  il  pré- 
sente déjà  l'indice  de  cette  apparence  de  cassure  transversale,  alors  que  les 
autres  sont  encore  à  l'état  de  deux  branches  écartées. 

Dans  la  plaque  équaloriale,  les  trois  chromosomes  raccourcis  sont  dis- 
posés à  plat,  dans  le  jilan  de  celte  dernière,  de  la  façon  la  plus  ordinaire. 
Leurs  sommets  se  louchent  presque  dans  le  centre  de  la  figure,  les  moitiés 
réaccolées  se  trouvent  superposées  l'une  à  l'autre. 

Le  mécanisme  de  l'auaphase  est  curieux,  c'est  en  somme  celui  d'une 
vènlnhle  anapiliase  hélérotypique.  Lorsque  les  deux  moitiés  mélaphasiques 
se  décollent,  elles  se  divisent  en  long,  et  chacune  devient,  de  part  et  d'autre 
du  plan  équalorial,  un  chromosome  à  quatre  branches,  en  forme  de  V 
double  (division  longitudinale  anaphasique).  Il  existe  ainsi  trois  chromo- 
somes à  quatre  branches  de  ciiaquc  côté  de  ce  plan.  Plus  tard,  au  cours  de 
la  montée  vers  les  pôles,  ils  se  présentent  sous  l'aspecl  de  paires  bien  nettes, 
par  suite  d'un  léger  écartement  laléral  de  leurs  élémenls.  Puis,  à  la  télo- 
phase,  les  éléments  de  chaque  paire  se  rapproclu^nl  et  se  soudent  iutimenienl. 
ce  qui  constitue  un  phénomène  singulier.  Sur  ce  dernier  point,  je  n'ai  rien 
à  ajouter  à  ma  description  de  juillet  1920.  Un  tra\ail  de  Metz  et  Nonidez, 
sur  la  spermatogenèse  d'un  autre  Diptère,  paru  depuis  ('),  apporte  des 
documents  qui  confirmenl  ce  que  j'avais  vu  chez  Core/Az-o  à  la  lélophase. 
Ces  deux  auteurs  n'ont  pas  étudié  la  mélaphase  somatique,  ni  le  début  de 
l'anaphase.  Par  contre,  ils  ont  suivi  toute  la  prophase  de  la  première  mitose 

(')  Metz  el  Nomdez,  !<prrmalogenrsis  in  ihe  Jly,  Asilus  Sericeiis  .9<n- (  77(r  ./««/vu// 
i>f  eip.  Zonl.,  janvier  1921). 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1921.  933 

de  maturation;  ils  montrent  comme  moi(')  qu'il  n'existe  pas  de  stades 
lepto-,  zygo-,  strepsinema. 

L'accolement  suivi  de  soudure  des  éléments  à  la  télopliase  ne  peut  être 
pris  pour  une  conjugaison  de  chromosomes  homologues  appariés,  puisque 
les  deux  éléments  qui  se  soudent  sont  jumeaux  et  proviennent  de  la  division 
de  chromosomes  qui  avaient  la  valeur  de  moitiés  à  la  fin  de  la  prophase. 
Ces  éléments  anaphasiques  sont  aussi  des  moitiés  et  non  des  chromosomes 
univalents. 

Pour  qu'ils  soient  considérés  comme  des  chromosomes  univalents,  le 
mécanisme  à  la  métaphase  et  à  l'anaphase  devrait  être  le  suivant  :  il  devrait 
ne  pas  y  avoir  de  rapprochement  des  moitiés  prophasiques  ;  la  plaque 
équatoriale  devrait  être  constituée  sur  le  type  6,  les  six  chromosomes  étant 
disposés  côte  à  côte  et  se  dédoublant  dans  cette  position.  On  obtiendrait 
ainsi  six  éléments  qui  se  grouperaient  ensuite  selon  trois  paires  au  cours  de 
l'anaphase. 

Or,  je  n'ai  rien  observé  de  pareil.  Il  s'agit  donc  ici  d'autre  chose  que  de 
constitution  de  paires  de  chromosomes  homologues  paternels  et  maternels. 
En  attendant  qu'une  solution  de  ces  faits  soit  rencontrée,  je  me  contenterai 
de  les  rapporter  à  la  notion  de  duplicisme  constant  du  chromosome  qu'ils 
illustrent  d'une  façon  remarquable. 

En  résumé,  les  chromosomes  somatiques  chez  Corethra  sont  toujours 
doubles.  La  mitose  somatique  est  d'un  type  exceptionnel  ;  elle  se  présente, 
à  plusieurs  stades,  avec  les  allures  de  l'hétérotypieet  l'ony  voit,  entre  autres, 
intervenir  une  division  longitudinale  anaphasique.  Au  contraire,  la  pre- 
mière mitose  de  maturation  n'offre  presque  pas  de  caractères  héléroty- 
piques.  Ces  caractères  ne  sont  donc  pas  liés  nécessairement  à  la  tétradoge- 
nèse,  ils  sont  indépendants  de  l'idée  de  maturation  génitale  et  réclament  une 
interprétation  de  nature  toute  différente  de  celles  qui  ont  été  proposées 
jusqu'ici  par  les  morphologistes. 


(')    A.    Dehorne,    Sperinalogenèse  de  Corelhra  {Comptes   rendus,    t.   171,    1920, 
p.  1399). 


C    h. 


I,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  15.) 


934  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

EMBRYOGÉNIE.  —  L'irrilubUité  ancurale  de  Fcciodcrme  dêcdée  par  le  dépla- 
cement ciliaire  de  Vembryun  chez  Rana  teni])oraria.  Noie  de  M.  Paul 
WiNTREBKRT,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Dans  des  recherches  précédentes  (')  j'ai  montré,  par  des  interventions 
expérimentales,  que  la  plupart  des  Amphihlens  présentent,  au  moment  des 
premières  flexions  du  corps  chez  l'embryon,  une  irritabilité  [)rimilive  du 
tégument  qui  permet  à  celui-ci,  sans  le  secouis  des  nerfs,  de  recevoir  et  de 
conduire  les  excitations  sur  toute  son  étenf'ue;  j'ai  constaté,  de  plus, 
qu'il  existe  dans  la  région  antérieure  du  tronc  une  liaison  neuro-ectoder- 
niique,  qui  permet  le  p;issage  des  excitations  du  domaine  aneural  dans  le 
système  nerveux  et  de  là  dans  les  muscles,  de  telle  sorte  qu'une  piqûre 
faite  dans  un  territoire  ectodermique  aneural  détermine  une  réponse  mus- 
culaire réflexe;  ainsi,  la  piqûre  de  l'extrémité  caudale,  chez  un  embryon 
dont  on  a  enlevé  la  moelle,  sauf  au  niveau  du  quart  antérieur  du  tronc, 
réservé  pour  la  réponse,  provoque  un  mouvement  de  la  tête. 

Cependant  cette  réaction  neuro-musculaire,  qui  témoigne  de  l'irritabilité 
aneurale  de  l'ectoderme,  apparaît  tard  dans  le  développement;  elle  ne 
s'observe  chez  Rana  teniporaria  qu'au  stade  où  le  corps  se  fléchit  en  V,  et 
d'autre  part,  à  son  appaiilion,  la  conduction  ectodermique  se  montre 
étendue  d'emblée  à  toute  la  surface  du  tégument.  On  pouvait,  dès  lors,  se 
demander  si  l'irritabilité  aneurale  de  l'ectoderme  existe  avant  que  soit 
établie  la  jonction  neuro-ectodermique  qui  permet  le  passage  de  l'excita- 
tion dans  le  domaine  neuro-musculaire.  J'ai  cherché  à  vérifier  cette  hypo- 
thèse en  utilisant  le  déplacement  ciliaire  comme  moyen  de  mesure  de  l'irri- 
tabilité ectodermique. 

J'ai  pris  comme  lest  le  déplacement  ciliaire  d'ombryons  enliers  ou  de  queues 
isolées,  efieclué  sur  le  fond  lisse  el  horizontal  d'un  cristallisoir;  il  débute  avant  la 
première  contraction,  quand  l'extrémité  postérieure  de  l'embryon  devient  anguleuse 
et  va  former  la  queue.  Les  embryons  sortis  de  l'eau  courante  à  io''-i2°  C.  sont 
examinés  à  une  température  de  iS"  à  16"  C. 

Les  interventions  sont  pratiquées  dans  l'eau  de  srurce,  additionnée  de  liacesde 
CaCI-  el  de  KCI.  Le  procédé  d'excitation  consiste  en  piqûres  localisées,  pratiquées  à 
l'aide  d'une  aiguille  fine,  en  prenant  la  précauti-"n  de  soutenir  le  côté  opposé  à  la 
piqûre  afin  d'éviter  l'ébratilemenl  général  du  cor|  s.  Les  résultats  ont  été  classés  en 
trois  groupes,  suivant  qu'ils  ont  éié  obtenus  ava  it,  pendant  ou  après  la  période  de 
l'irrilabililé  ectodermique  aneurale  reconnue  par  la  réaction  musculaire  réflexe. 

(')  VViNTHEBERT,  Comptes  rendus  de  la  Soc.  clc  Biologie,  t.  67,  1904,  p.  645;  t.  69, 
1906,  p.  58.  —  Comptes  rendus,  l.  171,  igao,  p.  4o8,  583  et  680. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  192I.  935 

1°  Avant  /'obtention  (Ptine  réaction  musculaire  à  la  piqûre  de  l'extrémité  cau- 
dale. —  Cette  plui'-e  du  déplacement  ciliaire  commence  à  l'apparition  de  la  queue  et 
s'étend  jusqu'au  moment  où  les  flexions  s'exécutent  à  angle  aigu. 

a.  Au  stade  où  la  queue  s'ébauche,  avant  tout  mouvement,  rembryon  couclié  sui- 
l'un  des  flancs  le  dos  au  fond,  s'avance  en  ba-culant  la  lèle  vers  le  bas  et  en  relevant 
l'extrémité  postérieure  du  côté  dorsal.  Si  l'on  pique  l'ébauche  caudale  quand  l'em- 
bryon se  déplace,  le  déplacement  acquiert  une  vitesse  double;  si  l'embryon  est  immo- 
bile, le  déplacement  ciliaire  reprend. 

b.  Dix  embryons,  artificiellement  sortis  de  la  coque  au  stade  des  premiers  mouve- 
ments, possédant  une  languette  caudale  inerte  coudée  d'un  côté,  sont  renversés  sur 
l'autre  côté.  On  pique  le  bout  caudal  soulevé;  7  d'entre  eux  manifestent  une  accélé- 
ration très  nette  du  déplacement. 

I.a  queue  dressée  ne  participant  pas  au  cheminement  de  l'embryon,  l'accélération 
constatée  ne  tient  pas  au  battement  des  cils  de  la  région  piquée,  mais  est  provoquée  à 
distance  ;  elle  n'est  pas  toujours  immédiate  et  ne  s'affirme  souvent  qu'après  2  à  3 
secondes  ;  elle  n'atteint  paifois  son  m  iximum  qu'au  bout  de  5  secondes,  mais  elle  peut 
durer  4  à  5  minutes.  L'accioissemenl  de  vitesse  ne  modifie  pas  l'orientation  du  dépla- 
cement. 

c.  Deux  embryons  sans  contraction  et  quatre  dont  le  corps  se  coude  à  angle  droit 
subissent  une  section  annulaire  lie  l'ectoderme  au  devant  de  la  queue;  la  piqûre  du 
bout  caudal,  après  celte  opération,  reste  sans  effet  sur  la  progression  ciliaire. 

2°  Pendant  la  période  du  réflexe  eclodermo-neuro-niusculaire,  —  a.  La  piqûre 
de  l'extrémité  caudale  chez  les  embrvons  normaux  détermine  souvent  à  la  fois  une  con- 
traction et  un  déplacement  ciliaire  plus  rapide;  le  fait  s'observe  nettement  sur  des 
embryons  qui  se  fléchissent  en  V.  Cependant  la  piqûre  de  la  queue  détermine  parfois 
isolément  soit  l'une,  soit  l'autre  de  ces  réactions;  par  exemple,  des  embryons  piqués 
au  repos  ont  une  contraction  musculaire  non  suivie  d'un  déplacement  ciliaire  ;  d'autres, 
piqués  de  la  queue  au  cours  d'un  déplacement  ciliaire,  manifestent  d'abord  une  accélé- 
ration de  ce  déplacement  et  se  contractent  ensuite. 

b,  A  un  stade  plus  avancé,  les  contractions  deviennent  gênantes  pour  l'observation  du 
déplacement  ciliaire.  On  les  supprime  soit  par  une  chlorétonisati(m  (o.o3  pour  'oo), 
soit  par  des  sections  transverses  multiples  de  la  moelle  et  des  myotomes;  on  examine 
aussi  des  queues  isolées.  Dans  ces  conditions,  la  stimulation  du  bout  caudal  provoque 
une  accélération  notable  du  cheminement  existant,  ou  le  départ,  soit  de  l'embryon, 
soit  du  fragment,  quand  ils  sont  immobiles. 

3°  Après  la  cessation  de  toute  réponse  neuro-musculaire  à  Vexcitation  d'un  ter- 
ritoire aneural.  —  La  disparition  de  cette  réaction  a  lieu  quand  la  longueur  de  la 
queue  dépasse  la  moitié  de  la  longueur  du  corps.  C'est  à  cet  âge  aussi  que  cesse  la 
liaison  entre  les  diflTérentes  cellules  vibratiles  de  l'ectoderme.  Ainsi  les  embryons 
chlorélonés,  qui  ont  une  longueur  de  7™™, 5,  avec  une  queue  de  S'"™, 5,  présentent 
encore  dans  leur  cheminement  ciliaire,  après  quelques  piqûres  du  bout  caudal,  une 
accélération  progressive  de  vitesse  atteignant  son  maximum  en  4  à  5  secondes,  mais 
la  plupart  des  embryons  qui  ont  8'"™, 23  de  longueur  totale,  dont  4™™, 20  pour  la  queue, 
ne  montrent  plus  cette  accélération  après  la  stimulation  caudale.  Cependant,  un  dépla- 
cement ciliaire  léger  persiste  au  delà  de  cet  âge  jusqu'à  l'operculisation  presque  com- 
plète de  la  région  branchiale  (11°"", 5  I.   t.  —  6'""',75  1.  q.);  mais  à  cette  époque, 


936  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

l'aclivité  des  cellules  ciliées  n'est  plus  influencée  dans  son  ensemble  par  des  excita- 
tions localisées  de  l'ecioderme  et  seul  un  ébranlement  général,  qui  stimule  à  la  fois 
toutes  les  régions  vibialiles,  est  capable,  pour  un  temps  du  reste  tiès  court,  d'aug- 
menter la  tiipidité  du  déplacement. 

Conclusion.  —  Grâce  au  cheminement  ciliaire  de  l'embryon,  l'irrilabililé 
aneurale  de  l'ectoderme  peut  être  décelée  avant  la  période  des  contractions 
musculaires.  Elle  apparaît  dès  que  l'embryon  se  déplace;  elle  finit  au 
moment  où  la  réponse  musculaire  réflexe  cesse  elle-même  d'être  obtenue 
par  l'excitation  d'un  teiritoire  ectodermique  libéré  de  l'influence  nerveuse. 

PHYSIOLOGIE.  —  Tension  superficielle  et  antianaphylaxie . 
Note  (')  de  M.  W.  Iîopaczewski,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Dans  noire  dernière  Note  (')  nous  avons  essayé  d'expliquer  le  méca- 
nisme de  l'action  antianaphylactique  de  l'hyposulfite  de  soude,  signalé  par 
M.  A.  Lumière.  L'auteur  attribuait  cette  action  à  la  dispersion  du  floculé, 
formé  par  l'action  du  sérum  d'animal  normal  sur  le  sérum  sensibilisé.  Tout 
en  adhérant  à  notie  théorie  de  floculation,  M.  A.  Lumière  faisait  des 
réserves  sur  le  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  la  suppression  de  tous 
les  chocs  par  contact.  Voici  quelle  était  notre  argumentation  : 

1°  Le  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  la  floculation  colloïdale  ne  peut  pas  être 
nié;  en  efTel  la  floculation  d'un  colloïde  par  un  autre,  de  signe  électrique  opposé, 
ne  se  produit  pas,  lorsque,  préalablement,  on  diminue  la  tension  superficielle,  ou 
lorsqu'on  augmente  la  viscosité.  C'est  un  fait  reconnu  exact. 

2°  Le  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  la  suppression  du  choc  anaphylactique  est, 
semble-l-il,  démontré  parl'empioi  de  nombreuses  substances,  les  plus  hétéroclites,  mais 
ayant  toutes  un  seul  caractère  commun,  la  diminution  de  la  tension  superficielle  ('). 

3°  La  conclusion  de  M.  A.  Lumièie  que  l'hyposulfite  de  soude  disperse  le  floculé, 
formé  in  vivo  comme  in  vitro,  n'est  pas  justifiée,  puisque  l'hyposulfite  était  introduit 
avant  Vinjection  déchaînante  et  non  après;  elle  ne  pouvait  donc  qu'empêcher  la  flo- 
culation de  se  produire. 

4°  Aux  réserves  théoriques  de  M.  Lumière  nous  avons  opposé  les  mesures  de  la 
tension  superficielle,  effectuées  à  l'aide  de  la  méthode  stalagmoniétrique  et  avec  un 
appareil  perfectionné  de  notre  construction  (').  Ces  mesures  établissaient  nettement 
que  l'hyposulfite  de  soude  diminue  la  tension  superficielle  du  sérum. 

Dans  une  Note  toute  récente  (')M.  A.  Lumière  donne  les  résultats  de 

(')  Séance  du  29  mars  1921. 

('^)  W.  Koi'ACZKwsKi,  Comptes  rendus,  t.  17:2,  1921,  p.  Sj-j. 
(')  W.  KoPACZEWSKi  et  A. -H.  Hoffo,  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  i4o9. 
(')  W.  KoPACZEWSKi,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  7^3. 
.     ^')  A.  LuMiËRR,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  544- 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I921  ,  937 

ses  propres  mesures  de  la  tension  superficielle  et  arrive  à  la  constatation  que 
rhypo>uirite  de  soude  augmente  cette  constante  du  sérum. 

A  ce  sujet  nous  devons  faire  les  remarques  suivantes  : 

1°  Il  est  avéré  que  la  méthode  employée  par  M.  A.  Lumière  (ascension 
dans  les  tubes  capillaires)  est  susceptible  de  donner  des  résultats  imprécis  : 
ainsi  la  tension  superficielle  très  basse  de  l'oléate  de  soude,  mesurée  à  l'aide 
de  cette  méthode,  est  plus  grande  que  celle  de  l'eau  distillée  (79,0  dynes 
par  centimètre)  (').  La  température,  l'évaporation,  la  propreté  absolue  du 
tube  capillaire,  la  mesure  exacte  du  diamètre  de  ce  tube  ont,  dans  celte 
méthode,  une  importance  capitale. 

De  plus,  cette  méthode  porte  en  elle-même  une  erreur  théorique,  puisqu'il 
résulte  de  travaux  de  Mathieu  que  la  densité  des  liquides  dans  les  tubes 
capillaires  devient  plus  faible. 

2°  Les  chiffres  obtenus  par  M.  A.  Lumière  sont  en  désaccord  avec  les 
constantes  connues,  établies  à  l'aide  de  méthodes  physiques,  compliquées 
mais  exactes.  Ainsi  la  tension  superficielle  de  l'eau  distillée  donnée  par 
l'auteur  (72,69)  est  la  plus  faible  qu'on  ait  jamais  observée  (Weinberg, 
79,0;  Lecomte  du  Nouy,  76,0;  Frenkel,  75,8;  Chwolson,  75,5;  Traube, 
75,0;  Brunner,  74,0).  La  même  remarque  doit  être  faite  au  £ujet  de  la 
tension  superficielle  du  sérum,  quoique  l'auteur  ne  mentionne  pas  l'espèce 
animale.  Toutefois  pour  le  sérum  de  cheval,  Maraghini  donne  62,3  dynes 
par  centimètre  et  le  sérum  de  cet  animal  possède  la  tension  superficielle  la 
plus  faible  parmi  celui  des  animaux  d'expériences,  ainsi  que  cela  résulte  de 
nos  observations  personnelles.  La  différence  entre  ces  chiffres  et  ceux  de 
M.  A.  Lumière  (5i,8  dynes  par  centimètre)  est  tellement  considérable 
que,  seule,  la  méthode  employée  peut  expliquer  cet  écart.  Il  est  indubi- 
table que  l'emploi  d'une  méthode  scientifique  rigoureuse  permettra  à 
l'auteur  de  rectifier  ces  chiffres. 

'3°  Le  dernier  argument  de  M.  A.  Lumière,  la  possibilité  de  supprimer 
le  choc  par  contact  au  moyen  de  certains  hypnotiques  qui  augmentent  la 
tension  superficielle  (l'auteur  ne  tes  nomme  pas),  ou  bien  de  provoquer  le 
choc  malgré  la  diminution  préalable  de  la  tension  superficielle  (les  détails 
ne  sont  pas  mentionnés),  est  passible  de  la  même  objection  :  inexactitude 
des  mesures. 

Malgré  toutes  ces  objections,  M.  A.  Lumière  soutient  que  «  dans  le 
choc  anaphylactique  vrai  le  phénomène  de  floculation  s'accompagne  inévi- 

(')  Lecomte  du  Nouy,  La  Nature,  4  janvier  1920. 


938  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

tablement  d'augmentation  de  la  tension  superficielle  ».  Mais  plus  loin  il 
déclare  que  «  les  variations  de  la  tension  superficielle...  sont  donc  des 
phénomènes  qui  accompagnent  la  floculation  ou  lui  sont  consécutifs,  sans 
constituer  la  cause  du  choc,  qui,  d'après  nos  expériences^  proviendraient 
principalement  de  la  présence  dans  les  vaisseaux  d'éléments  floculés  ». 

Tout  d'abord  faisons  une  rectification  :  La  floculation  micellaire  a  été 
signalée  par  nous  déjà  en  1914  au  sujet  du  choc  humoral,  provoqué  par 
le  sérum  mis  en  contact  avec  les  suspensions  bactériennes,  la  gélose  ou  la 
pectine,  et  les  documents  ultramicroscopiques  obtenus  avec  le  concours  de 
M.  Comandon  en  ont  été  présentés  à  la  Société  de  Biologie  (').  En  1917 
nous  avons  énoncé  notre  théorie  de  choc  par  contact  et  soutenu  que  ce  choc 
résulte  d'une  rupture  d'équilibre  micellaire  suivie  d'une  floculation  ;  les 
termes  sont  aujourd'hui  très  fréquemment  et  textuellement  cités  :  souvent 
avec  l'omission  de  guillemets  (*).  Notons  que  le  premier  travail  de  M.  A. 
Lumière  sur  l'anaphylaxie  date  d'octobre  1920. 

Quant  au  meritam  de  la  question,  l'opinion  de  l'auteur  que  la  cause  du 
choc  proviendrait  de  la  présence  dans  les  vaisseaux  d'  <■  éléments  flocu- 
lés »  n'explique  rien,  car  on  doit  se  demander  de  suite  quelle  est  la  cause  de 
la  formation  de  ces  «  éléments  floculés  »?  Or  c'est  justement  dans  l'inter- 
vention de  la  tension  superficielle,  de  la  viscosité  et  de  la  charge  électrique 
qu'on  trouve  l'explication  de  la  formation  de  ces  floculations  micellaires. 

Nous  ne  prétendons  pas,  et  nous  n'avons  jamais  prétendu  que  la  tension 
superficielle,  ou  la  viscosité,  ou  la  charge  électrique  agissent  seules,  et  nous 
avons  souligné  que  ces  forces  peuvent  agir  et  probablement  agissent 
ensemble,  quoiqu'il  ne  manque  pas  d'indices  que  le  choc  puisse  résulter 
d'une  diminution  notable  de  la  tension  superficielle  du  sang,  par  les  savons, 
sels  biliaires,  etc.  (Billard,  Thiele  et  Embieton),  par  exemple.  Toutefois 
il  était  plausible  d'admettre  que  l'action  de  ce  sel  s'expliquât  par  une  pro- 
priété nouvelle,  en  dehors  de  la  tension  superficielle  ou  de  la  viscosité.  Et 
cela  ne  saurait  pas  être  a  priori  en  contradiction  avec  notre  théorie  de  la 
floculation. 

Le  dernier  point  soulevé  par  ^L  Lumière  concerne  l'identité  de  tous  les 
phénomènes  du  choc  par  contact.  M.  A.  Lumière  soutient  que  leur  cause 
primitive  et  leur  mécanisme  sont  semblables.  Nous  ne  pouvons  pas  abor- 
der ici  la  difTércntialinn  de  tous  les  phénomènes  du  choc;  mais  une  diffé- 

(')  W.  KopACZEwsKi  et  S.  Miitermilhii,  Soc.  liivl.,  juiHet  igi^- 
(')  \V.  K.0PAi;ziiwsKi,  Comptes  rendus,  t.  165,  1917,  p.  8o3. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  192I.  gSg 

rence  capitale  saute  aux  yeux  en  ce  qui  concerne  le  choc  par  injection  de 
colloïdes  étrangers,  provoquant  la  floculation  micellaire  in  vivo,  et  le  choc 
par  l'injection  de  suspensions,  dont  les  particules  obstruent  mécaniquement 
les  capillaires.  Les  arguments  de  M.  A.  Lumière  en  faveur  de  l'identiléde  ces 
deux  phénomènes  sont  peu  convaincants,  car  tantôt  ils  semblent  contredire 
les  faits  établis  (l'auteur  soutient  que  les  vaso-constricteurs  suppriment 
les  chocs  anaphylactiques),  tantôt  ils  sont  très  vagues  et  ne  donnent  aucune 
précision  sur  la  nature  des  substances,  les  chiffres,  les  doses,  etc.  Sur 
ce  point,  M.  A.  Lumière  nous  apportera  probablement  des  détails. 

CHIMIE    BIOLOGIQUE.    —    Recherches   sur   l' Azotobacter. 
Note  de  M.  Kayser,  présentée  par  M.  P.  Viala. 

Dans  notre  précédente  Note  (')  nous  avons  étudié  l'influence  des  alter- 
nances de  coloration  sur  le  fixateur  d'azote;  nous  avons  voulu  voir  com- 
ment il  se  comportait  à  difl'érents  moments  de  sa  culture  et  comment  il  était 
influencé  par  la  température. 

Un  milieu  mannité  contenant  2,3  pour  100  de  mannite  et  les  sels  habi- 
tuels a  été  réparti  entre  six  récipients  coniques  et  stérilisé;  trois  vases  ont 
été  ensemencés  avec  une  culture  provenant  d'une  conserve  jaune,  les  trois 
autres  avec  une  culture  provenant  d'une  conserve  bleue;  deux  conserves  de 
chaque  couleur  ont  été  placées  à  l'étuve  à  2-°;  les  deux  autres  ont  été 
abandonnées  au  laboratoire  à  la  température  ambiante,  variant  de  8°  à  16". 

On  a  procédé  à  l'analyse  d'une  culture  de  chaque  coloration  de  l'étuve 
après  i3  jours;  les  quatre  autres  comprenant  deux  cultures  placées  à 
l'étuve  et  les  deux  placées  au  dehors  ont  été  analysées  après  26  jours,  soit 
après  une  période  de  durée  double. 


Tempé- 
ra lure. 

Durée 

en 
jours. 

Mannite 
brûlée. 

Azote  fixé 
par  gramme 
Azote          de  mannite 
fixé.               brûlée. 

Par 

jour. 

Coloration. 

Mannite 
brûlée. 

Moyenne. 

Azote 
fixé.      M. 

Première  période. 

Jaune 

Bleue 

27 
27 

l3 
l3 

o,4i4 
0,420 

4,128              9,88 

4, Soi          10,71 
Deuxième  période. 

37) 

32      \ 

3i  ,5 

o,3i7  ) 
0,346  i    ' 

Jaune 

27 

i3 

i,44i 

6,35i         4>4o7 

IIO       1 

!    ..6 

1 

0,489  )  , 

Bleue 

27 

i3 

1 ,610 

6, 102         3,790 

133        \ 

o,46i   i 

Moyenne. 


0,4'3 


0,473 


(')   Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  i83. 


94o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Azole  fixé  Par  jour. 

Durée  par  gramme        — ^ 

Tempe-        en  Marmite  Azole  de  luannile  Mannile  Aïole 

Coloralion.  rature,    jours.       lirùlée.  fixé.  brûlée.  brûlée.      Moyenne.         fixé.       Moyenne. 

Première  et  deuxième  périodes. 

0  g        ^  mg  mg  mg  m?  mff  mg 

Jaune 37    26    i,85.ô   10,479    5,864      71  |   _     o,4o3  )   ,  ^ 

Bleue 37    26    2,o3o   io,6o3    5,222      79  i  ^      0,407  )   ' 

Jaune S^-iô"   26    0.364    4i5'3   i2,4oo       i4  )     ,         0,174  /    ^^ 

^■1,5  „   •   o . I 36 


Bleue S^-iô»      26         o,33o         2,070       11,173  9     (         '  0.098 

Ces  chiffres  nous  apprennent  que  les  générations  des  deux  conserves  se 
sont  comportées  sensiblement  de  la  même  manière  pendant  les  deux 
périodes;  l'Azotobacter  a  brûlé  presque  quatre  fois  plus  de  mannite  pendant 
la  deuxième  période,  mais  la  quantité  d'azote  assimilé  n'a  augmenté  que  de 
moitié;  c'est  pendant  la  première  période  que  l'utilisation  par  gramme  de 
mannite  a  été  bien  meilleure,  plus  du  double  de  celle  pendant  la  deuxième 
période. 

Si  nous  examinons  les  rendements  pendant  les  26  jours  (les  deux  périodes 
réunies)  aux  deux  températures,  nous  constatons  qu'au  dehors  la  quantité 
de  mannite  consommée  est  bien  plus  faible  qu'à  l'éluve;  elle  n'atteint  niême 
pas  le  taux  de  la  première  période  à  l'étuve,  par  contre  la  quantité  d'azote 
assimilé  par  gramme  de  mannite  est  supérieure  à  celle  des  quatre  vases 
placés  à  l'étuve  ;  signalons  encore  que  l'assimilation  par  gramme  de  mannite 
détruite  et  surtout  l'assimilation  azotée  totale  sont  plus  élevées,  au  dehors, 
pour  la  couleur  jaune  que  pour  la  couleur  bleue. 

Ces  constatations  ressortent  également,  si  nous  mettons  en  regard  les 
quantités  de  mannite  détruite  et  d'azote  assimilé  par  jour;  ainsi  pendant  la 
première  période  pour  une  moyenne  de  31"*^,  5  de  mannite,  on  a  une 
moyenne  de  o"8,34i  d'azote  assimilé;  pendant  la  deuxième  période,  116"^ 
de  manaite  détruite  correspondent  à  o™i'',475  d'azote  fixé;  de  même  avec 
six  fois  moins  de  mannile  détruite  à  la  température  ordinaire,  la  quantité 
d'azote  fixé  par  jour  n'est  que  trois  fois  plus  faible  qu'à  l'étuve.  A  la  tempé- 
rature ordinaire,  le  microbe  assimile  plus  lentement,  mais  utilise  mieux 
l'hydrate  offert. 

A  16  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  16  heures  et  demie, 

A.   Lx. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    18  AVUIL   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geouges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Ixstkuction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
amplialion  du  Décret,  en  date  du  i6  avril  192  i,  qui  porte  approbation  de 
Télection  que  l'Académie  a  faite  de  M.  Emile  Burel  pour  occuper,  dans  la 
Section  de  Géométrie,  la  place  vacante  par  le  décès  de  M.  Georges  Ilumbert. 

11  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Emile  Borel  prend  place  parmi 

ses  confrères. 

M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  A.  Miciielson,  Associé 
étranger,  qui  assiste  à  la  séance. 

CAPILLARITÉ.  —  Aplatissement  suàrtnl  Vaxe  polaire,  par  la  tension  superfi- 
cielle, d'une  goutte  liquide,  de  révolution  et  sons  pesanteur,  possédant  une 
vitesse  angulaire  donnée  m  de  rotation  autour  de  cet  axe.  Note  de 
M.  J.  BoussiNEsy. 

I.  Parmi  les  analogies  physiques  auxquelles  pensèrent  les  théologiens  du 
xui*^  siècle  pour  s'expliquer  la  sphéricité  de  la  Terre,  il  y  a  celle  des  gouttes 
de  pluie  ou  de  rosée  que  l'on  voit  pendre  aux  feuilles  des  arbres,  gouttes  si 
bien  arrondies  surtout  a]>rès  s'être  détachées  pour  tomber  en  chute  libre. 
(  los  théologiens  sembleraient  donc  avoir  admis,  au  moins  implicitement,  la 
tluidilé  primitive  de  notre  (ilobe,  comme  le  iirenl  d'une  manière  explicite, 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  17Î,  N»  16.)  7* 


9/j2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cinq  ceiils  ans  [)lus  lard,  New  ton  etscs  disciples,  en  rccoiiranl  à  la  pcsanleur. 
<)r  il  peut  y  avoir  un  ceitain  intérêt  lliéori(jue  k  poursuivre  la  même  ana- 
logie di'S  gouttes  d'eau,  mais  d'une  manière  plus  précise  que  ne  l'a  fail 
Plateau,  jus(jue  dans  la  question  de  l'aplatissement  polaire  du  méridien 
terrestre,  en  attribuant  à  la  goutte  une  rotation  initiale  et,  d'ailleurs,  une 
figure  devenue  permanente. 

II.  Adoptons,  dans  un  plan  méridien  de  la  goutte,  un  demi-axe  équa- 
torjal,  a,  comme  a.xe  d'abscisses  x,  et  un  demi-axe  polaire,  h,  comme  axe 
d'ordonnées  1'.  De  plus,  pour  fixer  les  idées  et  simplifier,  supposons  non 
volatile  et  isolée  dans  l'espace,  ou  même  soustraite  à  toute  action  extérieure, 
noti'e  goutte  liquide,  dont  nous  ferons  enfin  la  densité  égale  à  i.  A  la  face 
interne  de  la  couche  superficielle  (de  révolution),  la  pression  /;,  due  entière- 
ment à  la  tension  constante  /  de  celle-ci,  sera,  comme  on  sait,  le  produit 
de  i>y  par  Va  coiuhnre  moyenne  de  cette  couche,  courbure  ayant,  parmi  ses 
expressions  connues,  celle-ci, 


(I) 


IX  dx  \^^^y'., 


en  tous  les  points  (-!?,.)')  du  demi-méridien  situé  du  côté  des  x  positifs. 

(>oiiime  l'inertie  (^  force  centrifuge)  sera,  par  unité  de  volume,  co-a*,  suivant 
les  X  positifs,  les  équations  d'Euler  exigeront  une  pression  p  constante  le 
long  de  toute  parallèle  à  l'axe  des  v,  et  croissante  avec  -r,  aux  divers  points 
tant  intérieurs  que  superficiels  du  demi-plan  méridien  en  question,  comme 
la  fonction  primitive  de  co-a-.  \in  appelant  ï  le  rayon  de  courbure  du  méridien, 
et,  en  particulier,  <„  ce  qu'il  devient  au  pôle  (a?  =  o,  v  =  h)  de  la  couche 
superficielle,   omlnlic  où   l'inverse  de  i„   exj)rime   justement   la   courbure 

moyenne  (i  ),  ^^  sera  la  pression  intérieure  au  pôle;  et  elle  s'accroîtra  de  —  x'- 

parlout  ailleurs.  Tout  le  long  du  demi-méridien  à  ordonnée  v,  où  p  se 
réduit  au  |)roduit  de  2y'par  (i),  il  viendra  donc  après  division  par/",  ct»/«me 
c(j nation  différentielle  seconde  du  méridien, 

I     d 


Tf'-  =  x7n\'^ 


y  - 


Multipliée  par  .iw/.r  et  intégrée,  celle-ci  donne,  si  C  désigne  la  couïtanle 
arbitraire  introduite, 

(3)  ^.-^^:=::i:-^^.,.v  +  (:. 


SÉANCE    DU    l8    AVHII,    1921.  f)/j3 

M.  (  ilciba-Vlikhaïleiicn.  qui  csl.  ce  sc.mhlc,  lo  prriuicr  gédmôlre  ayant 
alxiiclô  ci's  Sdflcs  de  qucslimis,  a  donné,  dans  sa  l'Iiôsc  de  docloral  irUiii- 
vi'isilé  es  sciences  niatliémaliqucs,  ccLle  é(iiiali<)n  (3),  et  a  montré,  en  la 
résolvant  par  rap[tort  à  y .  puis  intégrant  une  fois  de  |)lus,  que  le  méridien 
est  une  courbe  dont  l'ordonnée  égale  un(^  certaine  intégrale  liyperelliptique 
de  l'abscisse  .v.  où  ligure  sous  le  signe  /  .  en  dénominateur,  un  radical 
carré  portant  sur  un  jxilynome  pair  du  builième  degré.  C'est  que  M.  Globa 
considère  une  goutte  adbérant  à  un  solide  tournant  qui  l'entraîne,  cas  où  la 
couche  superlicielle  n'a  pas  de  poini  sur  l'axe  ,r  =  o. 

Mais,  ici.  il  y  a  deux  pôles  où  s'annule,  avec  .r.  le  premier  membre  de  (3)  ; 
et  le  second  membre  y  dunne  C  =  o.  Alors,  en  su[)[)rimant  partout  un 
l'acteur  .i' et  élevant  au  carré,  il  vient 


Isolons  y-,  puis  extrayons  la  racine  carrée,  négative  des  deux  membres, 
pour  nous  liorner  au  pn-niicr  quart  du  méridien  (compris  dans  l'angle  des 
coordonnées  positives)  où  r',  nul  au  pôle,  décroit  jusqu'à  —  x,  en  allant 
vers  l'cquateur  où  .r  =  «.  tandis  que  v  a  diminué  de  b  à  zéro.  En  ]>osant 
linaleinent,  pour  abréger, 

(  I  )  "  =  ^  (o"  ■'■'  =  ■'"  v/")  et  r,)  1 /^.  —  /,■. 

nous  aurons  l'équation  cherchée  du  méridien  : 


(5)  j  =  6-!^  f 


(  I  -\-  /.  -  (/  )  (l(( 

y'  1  —  «(1  -r-  /.'■'«)'' 


L'ordonnée  Y  s\y  erprime  par  iinr  intégrale  ellipliquc  du  carré  .v^  de 
l'abscisse. 

III.  Les  deux  l'ayons,  équatorial  a  et  polaiie  A.  se  détermineront  en 
écrivant  que,  pour  x  ^  a,  la  tangente  est  paiallèle  à  l'axe  des  v,  ou  que  la 
quantité  placée  sous  le  radical  du  dénominateur  s'annule.  On  a  dcmc  tout  à 
la  fois,  grâce,  linalement,  à  rextractimi  d'une  lacine  carrée  [tositive, 

,,->  ,  ,,    .,,  /    .  'i\  1,1    /"*        {1  -i-  /<^it)dii 

(b)  a(i  4-  /.-'y.-)  T=n   [ou  y.  =  -  ],  /,  z=  -  • 

V  'n/  2  ^/^        ^   ,_„(,_(_  /.■^,i)- 

On  commenci'ra,-i„et/i  étantci'nsésconnus,  |iai' évaluer  la  racine  positive  % 
de  la  premièie  (6');  puis  la  di'rnière  (6  )  fera  connaître  b. 


944  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  niius  suffira  ci-après,  où  k-  si'i'a  su]i|>(isé  liés  pelil  iclativcmenl ii  runité, 
<H,  par  suite,  a  peu  inférieur  à  i.  de  faire  dans  la  jn'emière  ((j)  a  =  i  —  0 
(d'où  a'=r  I  —  je),  puis  de  négliger  ik-  devant  /-'.  |ionr  trouver 

(7)  i~/.-  ON  y.zzzi-ir-. 

D'autre  part,  pour  étudier  de  plus  près  la  courbe  (5),  nous  remplace- 
rons, au  second  membre  de  (5),  J>  par  sa  valeur  (G),  qui  donnera  comme 
relation  entre  v  et  j-  la  formule 


o  V  ■' .,    /  (  I  -H  A-  a    au 

'■'■  J,--    \  I  —  ii{i  +  I;-  Il  y- 


IV.  Mais,  supposant  /-' assez  petit,  essayons  de  développer  les  seconds 
membres  de  la  dernière  (6)  et  de  (  8)  suivant  ses  puissances  successives.  \ 
cet  eflet,  posons,  dans  (8),  u^v'-  afin  d'avoir,  aux  deux  limites,  inférieure 
et  supérieure,  :c  et  a  au  lieu  de  leurs  carrés.  11  viendra  du  —  'ndv  et  la 
relation  (8)  prendra  la  forme 

(9)  J  =  ^n/ 


\  1  —  r  —  /.- 1'-'  \  1  -(-  i'  -I-  /.'-  r' 

Le  trinôme  placé  sous  le  premier  radical  se  dédoublera  lui-même  en  deux 
facteurs,  si  l'on  y  remplace  le  terme  constant  i,  d'après  la  première  (G). 
par  a  -f-  /-  a''  ;  car  ce  trinôme  devient  alors 

(a-r)[i  +  /.  =  (a^+ar-i-r-^)], 

et  la  rolalion  (())  [)ourra  s'écrire 

(10)  V=-.o  / 


Vla-r)(n-r) 


x|H-/,-r-J[i  +  A-'(;(^-i-:/.r  4- ,■■-)]   ijn-/,---I_l    ". 

<  )r,  sous  le  signe  /  ,  les  puissances  des  exjjressions  entre  crochets,  à  pre- 
mier terme  i,  sont  dévelo|)pables,  par  la  formule  du  binôme  de  Newton, 
en  séries  convergentes  procédant  suivant  X-,  k' ,  ...  ;  après  quoi  leur  pro- 
duit l'est  de  môme.  On  n'aura  donc  plus  à  intégrer  (]ne  des  dillerenlielles 
algébri<pies  ne  contenant  aucune  autre  irrationnelle  cpic  le  radical 

V(«  — eJCi-he;. 


SÉANCK  DU  18  AVRIL  1921.  f)^'^ 

l'iten  donnant,  par  exemple,  à  ce  radical  la  forme  (a  —  *>)/,  il  ne  restera  à 
intégrer  que  des  différentielles  rationnelles  en  t. 

Bornons-nous  au  cas  où  sont  négligeables  les  termes  en  k'\  /",  . . .,  et  où, 
par  suite,  dans  les  termes  en  A-,  a  se  trouve  réductible  à  sa  première  valeur 
approchée   i.   Il  vient  alors,  par  des  simplifications  immédiates  donnant. 

sous  le  signe   /  ,  le  trinôme  i '- '■ couime  produit  des  facteurs 

OÙ  figure  A-,  et  si  Ton  se  contente  d'abord  de  faire  rr  =  o  à  la  limite  infé- 
rieui'c. 


Ici,  le  premier  terme  du  second  membre  donne,  toutes  réductions  faites, 

—    ^  )  \\ly.  —  (\  —  y.')  arclangv'aj  =r  >„(  [_  2 /,M, 


la  dernière  expression  résultant  de  la  substitution  de  i  —  kr  à  a.  Quanta  la 

seconde  intégrale  définie,  elle  a  pour  valeur  -(i  +  loga)  —  -^j  où  log'j  est 

népérien  et  égale  o.Gijjrj.  Il  vient  ainsi  l'expression  approchée   du  demi- 
axe  polaire  h  du  méridien  : 

(i  :)  )  A  ^  i|,  (  I  —  2,(ifi]  I  -  le-  I  ;  d'où  aplalissement  r=  1,(161  1  -  /,-. 

V.  Enfin  l'expression  (4j  de  /•  dépend  de  la  vitesse  angulaire  w  et  du 
rayon  x„  de  courbure  au  pôle  ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  la  pression 
intérieure  ^„  sous  le  pôle.  Or,  ici  où  la  pression  est  supposée  nulle  au 
dehors,  ses  variations  dans  l'intérieur  se  régleront  d'après  le  volume  plus 
ou  moins  grand,  d'ailleurs  invariable,  de  la  goutte. 

Nous  nous  donnerons  ce  volume  par  le  rayon  R  qu'acné  a  quand  sa  foimc 
est  spheriqitc. 

Évaluons-le  en  fonction  de  oj  et  de  v„.  L'élément  naturel  en  est  (pour  le 
demi-volume)  la  couche  circulaire  r^.r-dy,  de  base  ~x-  perpendiculaire 
il  l'axe  des  r,  et  de  hauteur  dy,  intervalle  de  deux  couches  élémentaires 
consécutives,  depuis  l'équateurj' =  o  jusqu'au  pôlej'  =  A.  Or.  l'intégrale 
définie  (8),  différentiée  par  rapport  à  sa  limite  inférieure,  en  continuant  à 
y  appeler,  pour  abréger,  [t^w  le  carré  de  x,  donne,  d'une  part,  ./■-  —  -lIu  et, 
d'autre  part,  f/y,  que  l'on  pi-endra,  comme  du,  en  valeur  absolue.  Le  demi- 


9'i6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

volume  élanl^-R',  une  inulliplicatiori  pai  ^^^^  donnera  finalement 

/Hy_3    i'-''-ui,-^A'-u)du    _ 
V'o/         4.',,      ^/ 1  -  t,  {,  +  A-- u)- 

Les  réductions  ordinaires  des  (lijfèrrntielh's  /jo/y/iornes  ramènent  celle 
dernière  intégrale  à  celle  dont  nous  avons  fait  le  calcul  approché  an  n"  \\ 
précédent.  Jolies  conduisent,  en  cflet,  à  la  formule  île  réduction,  que  vérilieut 
des  différentiations  immédiates  : 

/•    ii{i  -j-  /,-ii  )  (/il  o     , ,      r     (i  -h  /,-u)dii 

J  V  '  —  «(•  +  /.  -  "  )'  ^  /.-  '3  /.  -  J  \  I  -  -  //  (  I  -+-  /,  -  «  )■ 

En  évaluant  par  celle-ci  le  second  mend^re  de  récjuation  (  i '3  ),  puis  tenant 
compte  de  la  dernière  ((i),  il  vient  exactement,  entre  les  trois  rayons  H,  v„, 
h,  la  relation  simple 

(|ue  la  valeur  approcliée  (i  9.)  de  //  transforme  en  celle-ci 

{l6)  ."^       =;l,o3or)  ou  i^,  ziz  n,i)()  li. 


Ainsi,  le  rayon  polaire  v,,  de  courbure  du  méridien  se  trouve  inférieur, 
d'un  centième  environ,  au  rayon  lî  de  la  goutte  censée  sphérique.  La  raison 
en  est  dans  un  certain  élargissement  des  zones  circumpolaires  ou,  du  moins, 
assez  notablement  distantes  de  l'équateur;  car,  même  le  renflement  équa- 
torial  est,  ici,  très  réduit,  le  rayon  ii  de  l'équateur,  exprimé  par  v„(i  —  Â"), 
n'atteignant  pas  »„,  ni,  à  plus  forte  raison,  R. 

clllMlli:  BIOLOGIQUE.  —  AppHcalion  de  la  méthode  biocliitn'ufue  de  reclierclie 
du  i^/ucose  à  F  élude  des  produits  de  r  hydrolyse  feriiirnlaire  de  l'i/iuli/ie. 
Mole  de  MM.  Em.  n<»uRouEioï  et   M.    Uuioei.  ('). 

Bien  que  l'inuline  soit  un  hydrate  de  carbone  très  répandu  dans  la  nature 
cl  d'une  préparation  relativement  facile,  on  n'est  pas  encore  d'accord,  à 

(')  Ce  travail  a  été  commencé  en  commun  dans  le  courant  de  1920.  La  mort  de  luon 
ref^relté  maître  est  survenue  avant  son  complet  aclièvement,  les  derniers  résultats 
n'ayant  été  obtenus  qu'en  février  1921.  .l'ai  ciu  néiinmoins  pouvoir  le  puhliiT  sous 
nos  deux  noms  puisque  tell(i  avait  été  la  pensée  de  M.  nonniuelul.  —  M.  I!. 


SÉANCE    DU    l8    AVRir,    I921.  f)47 

riicuic  acUii'Ilc,  siii'  sa  composition  exacle,  les  uns  [nélcndanl  (|ifclle  ne 
fournit,  à  l'hydrolyse,  que  du  fructose  d,  les  autres  (|u'elle  donne,  en  même 
temps,  une  ceitainc  quantité  de  glucose  rf,  quantité  différant  d'aillrursavoc 
les  auteurs. 

lui  relisant  les  Mémoiies  publiés  sur  ce  sujet,  ce  qui  fiappe,  c'i'st  que  les 
auteurs  qui  pensent  (|ue  Finuline  renferme  du  glucose  ont  hydrolyse  cet 
hydrate  de  carbone  au  moyen  des  acides,  tandis  que  ceux  qui  n'ont  trouvé 
que  du  fructose  d  comme  produit  d'hydiolyse  ont  eu  recours  à  une  hydro- 
lyse fei'mentaire  ou  ont  pi'is  soin  de  bloquer  les  oxhydryles  libres  en  les 
mélhylant,  avant  d'hydrolyser,  afin  d'empêcher  les  ti'ansformations  secon- 
daires. 

Il  nous  a  semblé  (pie  le  procédé  biochinii(pie  de  caractérisation  du  glu- 
cose, que  nous  avons  exposé  en  1920  ('),  pourrait  peut-être  élucider  la 
question. 

Nous  avons  montré,  entre  autres,  que  dans  une  solution  dans  l'alcool 
méthylique  à  70  pour  100  en  poids,  renfermant,  poui'  loo""',  1°  de  glucose 
et  1^  de  fructose,  l'émulsine  formait  du  méthylglucoside  p  dans  les  mêmes 
proportions  que  si  le  glucose  était  seul.  Nous  avons  pensé  qu'en  faisant 
agir  l'émulsine  sur  une  solution  méthylique  des  produits  d'hydrolyse  de 
l'inuline,  on  obtiendrait  la  formation  de  méthylglucoside  p,  si  le  glucose 
existait  dans  ces  produits,  la  formation  du  glucoside  se  reconnaissant  à  une 
diminution  du  pouvoir  réducteur  du  liquide. 

Dans  un' essai  témoin,  nous  avons  fait  agir  l'émulsine  sur  une  solution  dans  l'alcool 
mélhvlique  à  70  pour  100  renfermant,  pour  100"^""^  is  de  glucose  et  12s  de  fructose 
légèrement  hydraté.  Ce  liquide  renfermait  12s, 686  de  sucre  réducteur,  exprimé  en 
i;lucose,  pour  100'^'"".  Quand  la  réaction  de  l'émulsine  a  été  arrêtée,  il  n'en  renfermait 
)jlus  que  1 18,680,  soit  une  diminution  de  0^,826.  Bourquelol  et  \  erdon  ont  trouvé  que 
dans  l'alcool  métlijlique  à  70  pour  100  l'émulsine  combine,  sur  is  de  glucose,  os,83G. 
ce  qui  est  précisément  le  chiflre  que  l'on  a  trouvé-. 

Le  méthylglucoside  |3  formé  a  été  isolé  et  caractérisé  par  son  pouvoir  rotatoiie  qui 
a  été  trouxé  de  a„  =r  ^  32°,  28(/?  r=  o,  2875,  ('  =  10,  /=2,  ;<  — .  —  i"32').  Le  pouvoir 
rolatoire  du  méthylglucoside  [3  étant  de  a,,  ^  —  32",  5. 

Cette  expérience  montrait  que  l'on  pouvait  caractériser  si'irement  du 
glucose  à  cùté  de  12  partie^  de  fructose.  On  a  appliqué  le  même  procédé 
aux  produits  de  l'hydrolyse  fermentaire  de  l'inuline. 

(')  Em.  Bourquelot  et  M.  Bridel,  Recherche  et.  caractérisation  du  f^lucose  dans 
les  végétaux  par  un  pnicédé  biocliimir/uc  nouveau  {Comptes  rendus,  t.  170.  1920, 

p.  (i3l  ). 


9^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  a  liydrolvsé  de  riiiulinc  d'Afracfy/is  exislanl  au  laboraloirf  et  dont 
une  partie  avail  seivi  à  Bourquelot  pour  son  essai  de  i8e)3.  D'après  Tanrel, 
cette  inuline  est  d'ailleurs  identique  à  celle  de  dalilia,  d'année  et  de  topi- 
nambour. 

On  a  opéré  de  la  façon  suivante  : 

lùrpérience  I.  —  On  a  dissous  i5s  d'inuline  d'Al/acl)  fis.  à  i  i  pour  loo  d'eau,  dans 
quanlité  suflisanle  d'eau  dislillée  pour  faire  3oo''"''.  A  ccUf  solution,  on  a  ajoutù 
3oo''"''  de  liquide  iV Asperi^illiis  nii,'cr  obtenu  en  suixaiil  1rs  indirations  de  Hour- 
f|uelot  (  '  ). 

On  a  laissé  la  réaction  se  faire,  à  la  tem])éralure  ordinaire,  ilu  ■?.  août  au  21  oc- 
tobre ig'îo.  On  a  filtré  le  21  octobre.  Le  liquide  accusait  une  rotation  de  —  .'i<'8'(/^=: '«) 
et  renfermait  i3o',4oi  *le  sucre  réducteur  pour  les  600'''"'.  On  a  déterminé  la  matière 
sèche  sur  5'''"',  à  -f-  1 10°.  On  a  obtenu  un  résidu  (ixe  pesant  o^,  i  i5o.  Si  l'on  calcule  le 
poiivoii-  rotatoire  de  ce  résidu  fixe,  on  trouve  ; 

a,,  ^  —  89°,  ^3(/)  ^r  o,  1  I  TjO,  V  =:  5,  /  =  ■),  a  =:  —    ("S'  ), 

c"est-à-diie  sensiblement  le  pouvoir  rotatoire  du  finctose  d.  dans  les  conditions  de 
l'expérience,  (les  chifires  confirinont  pleinement  ceux  «[ue  l'ourqueioi  avait  donnés 
en  1893  (-). 

Le  liquide  filtré  a  été  évaporé  à  sec,  sous  pression  réduite.  On  a  repris  le  résidu  par 
aSo'''"'  d'alcool  à  90'  bouillant.  On  a  laissé  refroidir  l'alcool  dans  le  ballon  et  l'on  a 
décanté  le  lendemain.  On  a  repris  le  résidu  de  la  même  façon  par  .'xi''"''  d'alcool  à  95'. 
<  )n  a  réuni  les  deux  liquides  alcooliques  et  on  les  a  évaporés  à  sec  sous  pression 
réduite.  On  a  dissous  le  résidu  dans  quantité  suffisante  d'alcool  métlivlique  à  70 
pour  100  pour  faire  ioo''"'°.  La  solution  ainsi  obtenue  renfermait  iis.^iS  de  sucre 
réducteur  exprimé  en  glucose.  On  a  ajouté  18  d'émulsine  et  l'on  a  laissé  la'réaction  se 
i"aire,  à  la  température  ordinaire,  du  ■?.(>  octobre  1920  au  8  janvier  192t.  On  a  dosé  de 
nouveau  le  sucre  réducteur  et  l'on  a  retrouvé  la  même  i|uantité  de  1  1^,42:")  pour  100""'. 

Il  ne  s'était  donc  fait  aucune  réaction  synlliétisante,  ce  (|ui  pouvait  tçnir 
à  ce  que  le  liquide,  ne  renfermait  pas  de  glucose  ou  à  ce  que  l'action  de 
l'éinulsine  n'avait  pu  s'opérer  dans  un  tel  milieu.  Pour  élucider  ce  point 
important,  on  a  dissous,  dans  le  liquide,  une  quantité  de  glucose  corres- 
pondant à  of'',999  pour  100""'.  On  a  ajouté  i*-'  d'émulsine  et  l'on  a  laissé  la 
réaction  se  faire,  à  la  température  ordinaire,  du  i  i  janvier  au  25  février 
1921.  Le  liquide  qui  renfermait,  pour  100""',  avant  l'action  de  l'émulsiiie, 
12^,424  de  sucre  réducteur  exprimé  en  glucose,  n'en  renfermait  plus  alors 

(')  F,«.  BoiRQUELOT,  Sur  un  ferinenl  soluble  nouveau  dédoublant  le  irélialo'ic  en 
glucose  [Journ.  Pliann.  Cliim.,  5"  série,  t.  27,  1893,  p.  '198). 

(•')  E>i.  Bourquelot,  Inulnse  et  fermenlalion  alconlique  indirecte  de  l'inulinc 
{Journ.  Phnrm.  C/iim.,  5"  série,  t.  28,  1893,  p.  .')). 


Sl-ANCE    DU    l8    AVmi-    1921.  cjl\C) 

«HIC  I  r',f)()y,  soit  une  diiiiiiuilioii  de  <)*^,82t  de  glucose.  I.a  syiilliès(!  |)Orlaiil 
sur  82, ()  pour  100  du  glucose,  on  aurait  dû  conslalei'  une  diuiinnlion  de 
ot'',825.  Le  méthylglucoside  p  foruié  a  été  isolé  à  l'étal  cristallisé. 

Il  ne  peut  donc  y  avoir  de  doute  à  cet  égard,  rien  n'empêchait  l'action 
de  l'émulsine  dans  le  liquide  de  l'expérience. 

On  a  fait  deux  autres  expériences  semblables,  l'une  avec  la  même  inulinc 
d\\(rac/vlis,  l'autre  avec  de  l'inuline  de  dahlia.  Les  résultats  ont  été  en 
tous  points  comparables  à  ceux  qu'on  vient  de  donner. 

En  résumé;  quand  on  (ait  l'hydrolyse  de  l'inuline  au  moyen  de  l'inulase 
de  VAspergilhts  m's^er,  on  oJuient  des  produits  réducteurs  qui  possèdent 
sensiblement  le  pouvoir  rotatoire  du  fructose  r/,  et  qui  ne  se  combinent  pas 
avec  l'alcool  méthylique  sous  l'inlluencc  de  l'émulsine.  En  ajoutant  du 
glucose  à  la  solution  méthylique  de  ces  produits  d'hydrolyse,  l'émulsine 
combine  ce  glucose  à  l'alcool  méthylique  dans  les  mêmes  proportions  que 
s'il  était  seul  en  solution. 

La  conclusion  que  nous  pouvons  tirer  de  ces  expériences  est  que  les 
produits  de  l'hydrolyse  fermentaire  de  l'inuline  ne  renferment  pas  de  glu- 
cose, l'inuline  étant  ainsi  uniquement  constituée  par  l'union  de  molécules 
de  fructose. 

E>(TOMOl,OGIE.   —  /{e'i^énera/inn  de  pattes  à  la  place  d'antennes  sectionnées, 
citez  un  Pliasme.  Note  (')  de  M.  L.  Cuftxor. 

f'arfois,  après  amputation  d'appendices  d'Arthropodes,  il  repousse  sur 
la  blessure  un  appendice  différent  de  celui  qui  a  été  enlevé,  et  plus  ou  moins 
semblable  à  un  autre  organe  normal  de  l'espèce,  par  exemple  chez  divers 
Crustacés  (Palinurus,  Patœmon)  une  antennule  à  la  place  d'un  œil.  Cette 
régénération  hétéromorphique  est  dite  une  homœosis  de  substitution.  On 
soupçonnait  l'existence  de  rhomo;'osis  chez  les  Insectes  parce  que  l'on  a 
trouvé  à  plusieurs  reprises  des  animaux  dont  une  ou  deux  antennes  étaient 
terminées  par  des  articles  tarsaux  avec  griffes;  Schmil-Jensen  (")  vient 

(')  Séance  du  11  avril  1921. 

(-)  H.-O.  Schmit-Jensen,  Jfomœotisl;  Regeneraliou  af  Antenne n  lios  en  P/uisniide, 
Carausius  [Dixippus)  morosiis  {  l'idensAal).  Meddel.  fret  Dansl<  nalurh.  Foieniiii; 
i  Kjùbciilia^n,  6.5,  igiS,  p.  ii3). —  Kepublié  en  anglais  :  llomœollc.  régénération  oj 
llie  nnlennœ  in  a  Phasniid or  If  alking-sticA  {Smit/tsonian  Report  for  igi/j,  Washing- 
lon,  1915,  p.  5^3).  —  Résumé  par  Caudeli.,  Régénération  of  antennœ  (Science,  40, 
19(41  p.  352). 


gSo  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

récemment  d'en  signaliT  un  cas  tout  à  fait  remarquable  clicz  un  Phasmc 
indien,  élevé  couramment  dans  les  laboratoires,  \e  Caraii.u'u.s  mor-osnsBrunn.  : 
Tantenne,  après  section,  est  remplacée  par  une  patte,  ou  du  moins  par  une 
extrémité  de  patte;  cette  fois,  le  fait  est  hors  de  doute  et  peut  être  vérifié 
expérimentalement  avec  facilité.  Sansconnaltrele  travail  de  Schmit-.lensen, 
paru  peu  de  temps  avant  la  guerre,  j'avais  reconnu  aussi  chez  la  même  espèce 
le  phénomène  de  l'homœosis  et  commencé  son  étude,  d'autant  plus  intéres- 
sante que  le  Carausius  est  facile  à  élever  et  que  son  abondante  ponte  parthé- 
nogénétique  permet  de  suivre  des  lignées  pures.  Mes  observations  confirment 
le  travail  succinct  mais  très  exact  du  zoologiste  danois,  et  j'estime  qu'elles 
font  progresser  la  question,  tout  en  étant  loin  de  l'épuiser.  Certainement, 
le  Carausius  deviendra  le  matériel  de  choix  pour  les  recherches  sur 
l'homœosis,  phénomène  rare  et  capricieux,  qui  existe  chez  une  espèce  et 
peut  manquer  chez  une  autre  très  voisine,  et  dont  l'interprétation  théorique 
est  d'une  extraordinaire  difficulté. 

L'antenne  du  Fhasme  {fig.  I)  comprend  un  article  basilaire  ou  scape, 
large  et  plat,  que  je  désignerai  comme  article  n°  1,  puis  un  article  n°  2 
(^pédicule)  à  peu  près  cylindrique,  et  enfin  les  nombreux  articles  du  fla- 
gellum. 

Pour  obtenir  des  régénérations  hétéromorphiques,  il  suffit  de  sectionner 
transversalement,  en  leur  milieu,  les  articles  I  ou  2  {fig.  IV);  comme  on 
pouvait  le  prévoir,  la  patte  hétéromorphique  ne  se  développe  dans  la  per- 
fection qu'après  un  certain  nombre  de  mues,  trois  au  moins  :  après  la  pre- 
mière, la  blessure  apparaît  cicatrisée  et  terminée  par  un  mamelon  très 
bossue;  après  la  deuxième  mue,  on  reconnaît  une  patte,  bien  que  sa  forme 
soit  encore  imparfaite;  les  articles,  irréguliers  et  tuberculeux,  sont  mal 
séparés  les  uns  des  autres.  Ce  n'est  qu'après  la  troisième  mue  que  la  palle 
est  parfaitement  bien  dessinée  (fig.  I  et  H),  il  faut  donc  pratiquer  les  sec- 
tions sur  des  larves  assez  jeunes,  pour  que  les  organes  aient  le  temps  de  se 
développer  complètement  avant  la  mue  imaginale. 

La  patte  hétéromorphique  la  plus  complète  que  j'ai  obtenue,  comme 
Schmit-Jensen,  comprend  un  tibia  et  un  tarse  de  4  articles.  Le  tibia,  tou- 
jours inséré  sur  l'article  basilaire  de  l'antenne  reconnaissable  à  sa  forme, 
est  cannelé,  avec  des  poils  noirâtres  sur  les  arêtes,  rappelant  ainsi,  en  beau- 
coup plus  court,  le  tibia  d'une  patte  normale;  le  tarse  est  tout  à  fait  iden- 
tique à  celui  d'une  patte  régénérée  après  autotomie  :  il  est  lélramère  comme 
celui-ci,  et  non  pentdmère  comme  un  tarse  de  patte  normale;  le  premier 
article,  le  plus  long,  porte  une  paire  de  plantules  à  son  extrémité  distale,  de 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I921.  93 I 

inrtne  que  les  deux  arlicles  suivants,  plus  courts;  le  qualrièine  article, 
ovoïde,  est  terminé  par  un  large  empodiuin  et  porte  doux  fortes  grilles 
courbes. 


Fig.  I.  —  Carausius  moi  osas,  iinagu;  chez  la  laive,  l'antenne  droile  a  élé  sectionnée  au  travers 
(le  l'article  n°  '2,  il  a  repoussé  à  la  place  une  patte  comprenant  tibia  et  tarse,  et  mesurant  5""", 
depuis  son  insertion  sur  l'article  basilaire  de  l'antenne  jusqu'au  bout  des  grilles.  L'anten-'e 
gauclie  est  normale. 

Fig.  II.  —  Imago  :  régénération  de  pattes  après  section  des  deux  antennes,  au  travers  de  l'article  n°    '. 

I''ig.  III.  —  Imago  :  après  section  de  l'article  n"  'i,  il  a  repoussé  une  formation  mixte  et  iucojnplèlf, 
comprenant  à  la  base  deux  articles  antennaircs,  puis  une  masse  boursoullce  et  uri  tarse  muni 
d'une  seule  grille.  Vue  de  profil. 

l'^ig.  IV.  —  Schéma  des  zones  dans  l'antenne  :  A,  article  n°  .3,  dont  la  section  est  suivie  de  la  régé- 
nération d'articles  antennaircs;  0,  région  de  l'article  basilaire  dont  la  section  n'est  suivie  d'au- 
cune régénération;  0',  zone  de  séparation  entre  les  articles  1  et  2.  dont  la  section  n'est  suivie 
d'aucune  régénération;  P' et  P^,  parties  des  articles  1  cl  '.',  dont  la  section  est  suivie  généralement 
de  la  régénération  d'une  patte  plus  ou  moins   parfaite. 

On  trouve  tous  les  intermédiaires  entre  ces  ])attes  liétéromorpliiques  iiar- 
faites  et  un  bourgeon  bosselé  et  informe;  le  tibia  peut  être  à  jjeine  reiK'é- 
senté  ou  manquer  tout  à  fait,  les  articles  des  tarses  se  réduisent  ou  deviennent 
méconnaissables;  enfin  il  n'est  pas  rare  qu'une  griffe  seulement  se  dévelop[)0 
à  l'extrémité,  l'empodium  étant  présent. 

Il  semble,  d'après  la  lecture  du  travail  de  Schmit-Jensen,  qu'il  n'a 
jamais  obtenu  deux  pattes  antennaircs;  c'est  évidemment  par  maleclianci'. 


;)52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

car  en  praliquanl  les  seclions  aux  bons  niveaux  sur  les  deux  antennes,  il 
est  très  facile  d'obtenir  rhétéromorphose  des  deux  côtés  (//'i,''.  11),  et  de 
fabriquer  ainsi  un  Insecte  à  huit  pattes. 

Très  rarement,  j'ai  obtenu  une  espècf  de  patte-antenne  ( //^'.  111)  :  l'ap- 
pendice régénéré  comprend,  au-dessus  de  l'article  basilaire,  une  série  de 
deux  articles,  qui  ressemblent  tout  à  fait  à  ceux  d'une  antenne,  et  qui  sont 
suivis  par  des  articles  de  pattes  :  d'abord  un  mamelon  bosselé  (  libio-tarse), 
puis  trois  articles  tarsaux  terminés  par  un  empodium  et  une  grilTe  unique; 
Schmit-Jensen  a  observé  aussi  une  patte-antenne  à  quatre  arlicles  antcn- 
naires. 

Plusieurs  fois,  dans  un  dixième  environ  des  opérés,  il  y  a  eu,  chez  des 
Phasmes  dont  une  ou  deux  antennes  avaient  été  sectionnées  au  milieu  du 
premier  article  ou  du  second,  régénération  de  véritables  antennes  nor- 
males. 


M.  Gaston  Bo.wirr  offre  à  l'Académie  le  Tome  32  de  la  Revue  p;ènèra\e 
(le  liotanùjiie  publiée  sous  sa  direction. 

M.  LAr.ouit-GAYET  fait  une  lecture  sur  Honaparte,  Membre  de  la  Première 
Classe  (le  l' Inslilul  national  des  Sciences  et  des  Arts. 


NOMIIVATIOIVS. 

Le  Comité  du  centkxaire  de  la  mort  de  Napoléon  I"  invite  l'Académie  à 
se  faire  représenter  à  la  séance  qui  se  tiendra  à  la  Sorbonne  le  mercredi 
4  mai  en  l'honneur  des  Institutions  civiles  de  Napoléon. 

MM.  les  Membres  du  Bureau  et  M.  A.  Mes.\a(.kr  sont  désignés  pour 
représenter  l'Académie. 

COURESPO^DAlVCE. 

Le  (Comité  du  six-centième  anniversaire  de  i.a  mort  de  Dante  Ai  i(iiiiE:ii 

invite  l'Académie  à  se  faire  représenter  à  la  cérémonie  comménioralive  (jtii 
aura  lieu,  en  ri']glise  Saint-Séverin,  le  ■:>.-  avril  prochain. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1921.  953 

Le  RovAi.  Sainitary  Inmitute  invite  l'Académie  à  se  faire  représenter  au 
Congrès  qui  se  tiendra  à  F'olkestone  du  2i>  au  28  juin  192 1. 

(Kenvoi  à  la  Section  de  Médecine.) 

M.  .^Iarcel  Deïi.épimo  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  compter  au 
nombre  des  candidats  à  la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Chimie,  par 
le  décès  de  M.  Emile  Hourqiiclot. 

M.  le  Sous-Seciiétaire  dEiat  de  l'xVéronautique  15 r  des  Transports 

AÉRIENS  adresse  le  Programme  général  des  éludes  de  Physique  et  de  Mécanique 
intéressant  le  Service  technique  et  de  l' Aéronautique  et  invite  les  savants  qui 
seraient  désireux  de  collaborer  à  la  réalisation  de  ce  programme  à  se  faire 
connaître. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

1°  Précis  de  Médecine  légale,  par  A.  Lacassagne  et  Etie.nne  Martin.  (Pré- 
senté par  M.  Widai.) 

■2°  H.  Ollivier.  Cours  de  Physiqw  générale.  Tome  I  :  Unités  C.  G.  S.  et 
M.  T.  S.  Gravitation.  Électricité  et  Magnétisme.  Ions  et  électrons.  Symétries. 
(^Présenté  par  M.  J.  Yiolle.) 

3°  Cours  de  Mécanique  appliquée.  Tome  il  :  Statique  graphique  et  résis- 
tance des  matériaux,  par  Louis  Roy. 

4"  Étude  sur  les  doublets  élastiques,  par  A.  Thuloup.  (Présenté  par 
M.  Berlin.) 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Courbes  algébriques  non  unieursales 
à  torsion  constante.  Note  de  M.  Bertrand  Gasibier,  présentée 
par  M.  G.  Kœnigs. 

L  J'ai  indiqué  de  nombreuses  courbes  algébriques  d-  à  torsion  con- 
stante, de  genre  arbitraire,  réelles  ou  imaginaires  (').  Nous  savons  que 

(')  Annales  de  C  Ecole  Normale,  1919  el  1920;  Comptes  rendus,  t.  I.3S,  \\)i!\, 
p.  021  et  6i3. 


9*5/»  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  courbes  -1  ,  ircllcs  ou  ir/uigi/iaires,  donnent  loti/es  les  surfaces  réelles 
applicables  sur  le  paraboloïde  de  révolution,  et,  qu'à  titre  d'asymplotiques 
des  surfaces  à  courbure  totale  constante,  positive  ou  négative,  elles  jouent 
un  rôle  important  dans  la  détermination  de  ces  surfaces.  Aussi,  les 
courbes  ci  non  unicursales  que  j'ai  citées  étant  toutes  du  type  hyperellip- 
tique.  je  me  débarrasse  de  cette  restriction  qui  n'avait  rien  d'essentiel  et  je 
donne  de  nouveaux  exemples  pour  lesquelles  les  coordonnées  d'un  point 
courant  s'expriment  rationnellement  au  moyen  de  deux  variables  x,  y  liées 
par  la  relation  v"  = -r'""^' —  .r,  ni  et  n  étant  soit  entiers,  soit  fraction- 
naires. ;;o.  Ces  exemples  sont  tous  imaginaires;  je  donnerai  bientôt  des 
types  réels  différents.  - 

La  rechercbe  d'une  courbe  A.  algébrique  revient  à  tracer  sur  la  splière 
J.2  _i_  ,/j  _i_  _2  _  j  yj^g  courbe  algébrique  m.  lieu   du  point  (c,c'.c")   telle 

1  ,    .  c  -h  rc'  r  -h  ic'    ,         .      ■       •    .  .         i  f       '/'/ 

quen    posant    u  =  r'   <' = 7   les    trois    mtegrales     / , 

'  '^  I  —  c  I  +  r  ^  J  ("  —  '■) 

/v  dit            /■    c-  (/(/  -Il  1  •  1.1- 

: T'     /  , 77  prises  le  long  de  iti.  soient  algébriques. 

2.   llestant  dans  l'esprit  de  ma  Note  du  2  février  191/1,  j'écris 

(  9   =  A, //""+■<  +  A,//''"')""'^. .  .+  A/,^,  p^, 

it/,  n,  s  étant  soit  entiers,  soit  fractionnaires,  <  o,  h  un  entier  positif.  les  A 
et  R  des  constantes.  Les  trois  intégrales  en  (juestion  sont  algébriques,  guel 

que    soit    K,  si    les    cinq   intégrales     l^^du,     j  <)ii(/u,     jh-i/u.     jh-udii. 

ny-ii-dii  sont  algébriques.  Ln  posant  ],,_-- j  u~'jj' (/p,  la  formule  de 
récurrence 

{2)  I  ///■  ~[-,(»l  -r-  \)(  /l  —  k)]\, „,.,■/.  —  \lir     ,11—  /.  |l,.,,  = /y'  (/"-<■ 

montre  que  (si  «  :^  i,  2  ou  3)  les  coefficients  A,,  Ao,  . . . ,  A/, .,  sont  liés  par 
cinq  relations  homogènes,  dont  deux  linéaires  et  trois  quadratiques.  SiA>5 
on  trouve  des  solutions  ci  à  A  —  4  arbitraires;  si  l'on  élimine  deux  A.  le 
calcul  revient  à  trouver  les  points  communs  à  trois  quadriques  de  l'espace 
à  /i  —  2  dimensions.  Il  peut  exister  certaines  solutions  impropres,  évidentes 
a  priori,  et  alors  la  recherche  se  simplifie  encore  :  ainsi,  pour  //  ^  5,  *  =  o, 
rn^='j,^  la  solution  impropre  0  =  A/r"+ a  (A,  a  constantes  arbitraires) 
montre  que  les  trois  quadriipiesderespaccordiiiaireontune  droite  commune 
à  éliminer  et  il  reste  quatre  solutions  et  non  plus  huit;  en  supposant  de 


SÉANCE  DU  l8  AVUll.  1921.  fjS:") 

|ilus  II  -^  4)  'c  genre  obtenu  est  3,  le  plus  fail)l('  possible,  puisipi'il  s'iii;il  de 
courbes  non  hyperelliptiques. 

Pour  n  =  ?),  l'intégrale  hy-ird(iQsl  automatiquement  algébrique,  une 

relation  (juadratique  disparaît;  pour  hil^,  on  a  des  solutions  à/ï  —  3  arbi- 
traires; pour  h  =  4,  on  est  ramené  à  trouver  les  points  communs  à  deux 
coniques;  pour  h  =  5,  on  est  ramené  à  Tintersection  de  deux  quadriques  de 
l'espace  ordinaire  et  si  de  plus  m  =  3,.f  =  o.  la  solution  impropre  0  =  "Am"  -h  u. 
fournit  une  droite  commune  à  rejeter;  sur  le  reste  de  l'intersection  on  peut 
alors  exprimer  les  A  rationnellement  au  moyen  d'une  arbitraire  K'  et  les 
courbes  -1.  obtenues  sont  de  genre  3,  dépendent  des  deux  arbitraires  K  et  K'. 
Pour  n  =  2,  le  procédé  réussit  encore  et  donne  cette  fois  des  courbes 

byperelliptiques,  on  n'a  à  étudier  que  les  trois  intégrales  /'JfA/,   /  0-r/«, 
/  fy-u^du.  Entln,  pour  «  =  i,  les  formules  (i)  donnent  (\xpli<i(ement  sans 

calcul  des  courbes  et  unicursales. 

3.  La  recherche  des  courbes  algébriques  à  torsion  constant<'  conduit,  en 
générai,  à  des  calculs  inextricables;  pour  le  type  adopté  ici,  les  calculs  se 
réduisent  presque  au  minimum  et  se  font  sans  elïoi  t.  Mais,  avec  un  choix 
convenable  des  nombres  m,  «,  s,  />.  on  peut  encore  diminuer  les  calculs.  La 
lorniule  de  récurrence  (2)  montre,  en  effet,  que  si  le  coefficient  de  gauche 
ni'  -h  (m  -h  1)  (n  —  k)  est  nul,  la  série  d'intégrales  I,  ,,,  !,._„,  ,,,  1,_2..„  /,,  ••  •  est 
algébrique,  la  série  I,^,„,,,  I,^»,,,/.,  .••  transcendante.  Si  le  coefficient  de 
droite  nr  -+-  n  —  k  est  nul,  c'est  l'inverse. 

On   reconnaît  aussitôt  que,  si    l'on  prend  0  =^"' Ay/j'"',  où  les  /  sont 

entiers     o  et  si  /;  =; ■ —  ou  /i  =  — -  les  cinq  intégrales  étudiées  ici  sont 

automatiquement  algébriques,  parce  que  cinq  coefficients  de  gauche  ou 
cinq  de  droite  sont  nuls;  pour  n  = on  doit  supposer  /^  — —  si   <  >  o 

ou  y^  2/  —  I  si  t  <Co.  Pour  /;  =-.  —  on  doit  supposer  J^2t  +  i   si  ^  >  o 

ou  /^ si  /•<o.  Les  courbes  l  ainsi  obtenues  sont,  malgré  l'appa- 
rence, unicursales  :  il  suflit  de  prendre//",  au  lieu  dey;,  pour  nouveau  para- 
mètre. Ces  courbes,  obtenues  eœplicilemenl  sans  calcul,  possèdent  des  pro- 
priétés iinpoitantes  sur  lesquelles  j'aurai  l'occasion  de  revenir. 

Si,  maintenant,  j'égale  à  zéro  un  coefficient  de  gauche  convenablement 


956  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

choisi    dans  I  h  r/i/    et      b'-iidu    et   un    coefficient    de    ilioitc    dans  i  ()- du 

et  /  fy-ii^di/,  on  pourra  supposer 


4  2('W,4-l)  •!  /,-+-! 

où  l  et  /,  sont  des  entiers  i  et  alors  il  reste  une  seule  relation  linéaire 
entre  les  A  tournie  par  /  hudii.  [^'exemple  le  plus  simple  obtenu  par  ce  pro- 
cédé est 

"  '  '  '  =  (/v  -  — p),         6  =  8op  «  -+■  ()p  " 

qui,  en  prenant  comme  variable  nouvelle  P  — />  «  ,  correspond  birationnel- 
Icment  à  la  courbe  Q'  =  P*  —  i  de  genre  3.  La  courbe  ci  obtenue  a  quatre 
cycles  isotropes  à  l'infini  obtenus  pour  P  =  +  ao,  de  degré  9,  classe  i'^. 
indice  18;  quatre  cycles  isotropes  pour  P  —  o,  de  degré  2,  classe  5,  indice  4; 
un  cycle  isotrope  pour  P  égal  à  +  1 ,  —  1 ,  +  j,  —  i  de  degré  et  classe  1 1 , 
indice  44;  cette  courbe  A  est  de  degré  i^Ci  et  ne  dépend  que  de  la  con- 
stante K. 

4.  Tout  ce  qui  précède  peut  se  répéter  en  supposant  intervertis  les  rôles 
de  u  et  6,  c'est-à-dire  supposant  que  8"  =  n(p"'-^' — /;)  et  n  =  A , p'""'^^ -{- . . .  ; 
c'est  cette  forme  que  j'avais  employée  en  i9i4)  en  supposant  toutefois  n  =  2, 
auquel  cas  je  ne  pouvais  obtenir  que  des  courbes  du  type  hyperelliplique. 


ASTRONOMIE.   —   Observation  de  l'éclipsé  de  Soled  du  ~  avril  1921,  faite  à 
l'Observatoire  de  Toulouse.  Noie  de  M.  L.  Montaxwera.nd. 

Cette  éclipse,  partielle  à  Toulouse,  a  été  observée  à  Féquatorial  lirunner- 
Henry  (objectif  de  38'"', 5  d'ouverture,  diaphragmé  à  S'""),  et  dans  des 
conditions  atmosphériques  assez  défavorables.  On  a  emplo\é  le  grossisse- 
ment 88. 

Au  moiuent  du  premier  contact,  le  ciel  était  très  voile,  mais  les  images 
tranquilles.  L'instant  noté  ppur  la  première  aperception  de  la  morsure  du 
bord  lunaire  sur  le  disque  solaire  a  été  i9''27'"34'  (  t.  mo\ .  de  Toulouse  ). 
Lu  tenant  compte  du  retard  de  cette  aperceplion,  on  poul  cstinuT  ipie  le 
premier  contact  s'est  produit  à  it')'''.'.7"'32\ 

Puis,  le  ciel  s'embrunie  progressivement,  el  Ton  suit  un  (mmi  dinicilement 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  ly2I.  967 

la  marche  du  phénomène.  Pourlant,  avant  le  dernier  contact,  le  ciel  se 
découvre  presque  complètement,  mais  les  images  sont  assez  troublées. 
Néanmoins,  l'instant  de  ce  dernier  contact  a  pu  être  pris  avec  une  précision 
suffisante  à  2i''57'"24S4  (l-  »!•  Toulouse). 

On  n'a  pu  voir  les  bords  de  la  Lune  avant  le  premier  contact  ni  après  le 
dernier. 


COSMOîOMi:.    —    Constilulion    et  formai  ion   des   nébuleuses  spiruh's. 
Note  (' )  de  M.  Alex.  Vi';ko.\i\et,  présentée  par  M.  B.  liaillaud. 

J'ai  indiqué  dans  une  Note  pi'écédente  (-)  comment  une  étoile  double 
sur  son  déclin  pouvait  se  lajeunir  et  former  une  étoile  nouvelle  et  nébu- 
leuse. Il  semble  également  (\uune  étoile  double^  formée  de  deux  composâmes 
de  masses  homogènes  assez  grosses  et  assez  voisines,  peut  aboutir  à  la  formation 
d'une  nébuleuse  spirale. 

En  égalant  l'énergie  résultant  de  la  fusion  complète  des  deux  astres,  à  la 
chaleur  absorbée  et  rayonnée,  on  a  la  formule 

3     /M-        >n-        m'-\        5     m- m'-  r  +  r'         i       mm' 

Le  premier  lerme  représente  l'énergie  de  forma  lion  de  la  masse  M 
avec  rayon  U,  diminuée  de  l'énergie  de  formation  antérieui'e  de  m  et  m'. 
Pour  une  condensation  maximum,  il  suffirait  de  multiplier  par  ^.  Le 
second  terme  représente  l'énergie  de  rotation  subsistante,  le  troisième 
l'énergie  perdue  avant  le  contact,  par  frottement  dans  le  milieu,  pour 
donner  des  orbites  à  peu  près  circulaires.  Le  second  membre  contient 
l'énergie  rayonnée  F],.,  et  la  chaleur  absorbée  par  la  masse,  dont  la  tempé- 
rature a  passé  de  T,  à  T.  L'énergie  Journic  serait  encore  énorme  et  pouriait 
atteindie  le  ~  de  l'énergie  de  formation  de  l'une  des  masses. 

Négligeons  d'abord  K,.,  en  supposant  une  compénét ration  des  deux 
astres  assez  rapide,  ou  en  admettant  que  toute  la  chaleur  soit  utilisée  à 
élever  la  température,  on  obtient  pour  l'augmenlalion  maximum  de  cette 
température,  dans  le  cas  des  masses  égales, 

(')  Séance  du  11  avril  1921. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  666. 

C.  R.,  1911,  I"  Semestre.  (T.  172,  N-  16.)  72 


958  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  second  meinbie  doit  être  positif,  ce  qui  donne  ici 
(3)  U<r,33/-         et         \\<2i 

dans  le  cas  de  choc  direct  sans  rotation.  Les  valeurs  réelles,  correspondant 
à  T,  seraieni  d'ailleurs  extrêmement  voisines  de  ces  valeurs  limites. 

D'autre  part,  les  lois  de  dilatation  donnent,  en  simplifiant  avec  la  pré- 
cision de  o,i  ('  ), 

, ,  /■'        l>        I  -^  a,T|       T,  ,_  rr       , ... 

(-',)  ■^,T'  =  i>;  =  TTiT<T'       r<'.'7T,<5i,. 

La  température  nouvelle  de  l'astre  résultant,  qui  serait  multipliée  par  4 
dans  le  cas  de  choc  direct,  ne  saurait  augmenter  ici  que  de  {,  si  elle  portait 
sur  toute  la  masse. 

L'augmentation  de  grandeur  ivraie  de  l'astre  définie  par  l'intensilé  rayon- 
nante totale  I  serait 

T',  étant  la  température  superficielle  initiale,  T|  =  2T'j.  L'accroissement 
maximum  d'éclat  serait,  de  io,5  grandeurs  dans  le  cas  de  choc  direct, 
de  1 .3  seulement  dans  le  cas  de  fusion  complète  par  rotation. 

On  voit  donc  que,  dans  ce  dernier  cas,  si  toute  l'énergie  produite  était 
employée  à  échauffer  la  masse,  le  résultat  serait  peu  appréciable.  C'est  donc 
l'énergie  produite,  à  la  surface,  par  la  friction  des  deux  astres,  et  dépensée  en 
énergie  rayonnante,  qu'il  y  a  lieu  surtout  de  considérer  ici. 

Nous  sommes  ramenés  au  cas  d'une  niasse  faible  m  tournant  autour  d'une 
masse  M  et  s'y  fusionnant,  en  échauffant  une  masse  superficielle  l,m  de  T, 
à  T,  en  accroissant  le  rayon  R  de  o\\  au  lieu  de  dW.  La  formule  (i)  devient 

Les  termes  en  m-  sont  de  l'ordre  m  :  M  et  négligeables. 

TjC  quatrième  terme  s'introduit  par  la  dilatation  oH,  qui  peut  s'exprimer 
en  fonction  de  T  —  'f,. 

En  négligeant  les  termes  négligeables  à  o,i  près,  on  a  successivement 

\         cAJ,      H/        2/.C-A      R  i,        bhm 

(')  Comptes  rendus,  l,  l(jG,  191 8,  p.  fi^a. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I921.  969 

T,  est  ici  la  température  superficielle  de  M.  Dans  le  cas  de  chute  directe, 
le  second  membre  de  ces  deux  expressions  est  multiplié  par  2.  On  a  vu  les 
résultats  numériques  dans  la  Note  précédente.  Pour  X'  ==  10,  on  aurait  ici 
looooo  degrés  pour  une  masse  analogue  à  Jupiter  s'incorporant  au  Soleil, 
avec  augmentation  de  i2,()  grandeurs  [le  terme  en  R  devient  négligeable 
en  (5)1.' 

hans  le  frotlemenl  de  deux  astres,  nous  avons  une  source  d'énert^ie  superfi- 
cielle de  l'ordre  de  celle  donnée  par  la  formule  (6),  qui  produit  un  centre  de 
rayonnement  int"nse,  dont  la  pression  de  radiation  devient  très  supérieure  à 
l'attraction.  Les  particules  des  deur  astres  sont  donc  chassées,  suivant  deux  pôles 
opposèi  situés  sur  une  ligne  qui  joint  les  centres  des  deux  astres  tournants.  Nous 
obtenons  une  nébuleuse  spirale. 

La  trajectoire  de  chaque  particule  dans  l'espace  est  une  hyperbole,  sur 
laquelle  la  vitesse  devient  vite  sensiblement  radiale.  Les  particules  lancées 
à  des  instants  différents  ont  tourné  d'un  certain  angle  égal  à  celui  de  la  rota- 
tion des  doux  masses  centrales  et  se  disposent  sur  des  spirales  diffuses,  les 
vitesses  étant  différentes.  La  dislance  entre  les  spires  est  égale  à  l'espace 
parcouru  par  les  particules  pendant  une  rotation  des  deux  astres,  l  ne  tem- 
pérature superficielle  10  fois  plus  grande  que  celle  du  Soleil  donnerait  aux 
fines  particules  des  vitesses  de  l'ordre  de  looooo'""  par  seconde,  voisines  de 
celles  de  la  lumière.  L'écart  des  spires  peut  atteindre  i"  à  i5  parsecs. 

Ces  vitesses  pourront  permettre  à  la  nébulosité,  qui  se  déplace  radiale- 
ment  d'ailleurs,  de  traverser  d'autres  systèmes,  d'autres  étoiles,  sans  être 
trop  déformée,  et  sans  que  ces  étoiles  lui  appartiennent.  Ce  seront  donc  des 
systèmes  à  évolution  rapide,  de  l'ordre  de  centaines  d'années,  d'autant  plus 
intéressants  à  suivre.  Ce  seront  des  systèmes  comparables  aux  étoiles  simples  ou 
doubles.,  mais  nullement  à  la  Voie  lactée.  Les  mesures  de  Van  Maanen  ont 
montré  d'ailleurs  que  les  mouvements  internes  sont  centrifuges  et  non 
centripètes,  comme  on  le  croyait,  qu'ils  sont  rapides  et  décelables  en 
quelques  années.  Tout  cela  rapproche  bien  les  nébuleuses  spirales  des  étoiles 
nouvelles  et  des  étoiles  nébuleuses,  plutôt  que  des -systèmes  stellaires. 


960  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MAGNÉTISME.  —  Sur  les  homologiies  d'un  aimant  permanent  uniformément 
aimanté.  Loi  de  i ellipsoïde.  Note  (')  de  M.  H.  Chipabt,  présentée  par 
M.  L,  F^ecornu. 

Dans  une  précédente  Note  (^)  nous  avons  défini  ce  que  nous  entendions 
par  homologue  \]\  d'un  corps  U'  plongé  dans  un  liquide  magnétique  illi- 
mité U  dont  nous  désignons  par  a  la  perméabilité.  Nous  nous  ])roposons 
d'étudier  les  homologues  d'un  aimant  permanent  U'  (fJ-'=  i,  ''=  j  =  o), 
de  forme  arbitraire,  dont  l'aimantation  est  uniforme  ol  peut  recevoir  toutes 
les  orientations  possibles. 

Ce  calcul  se  ramène  à  celui  d'un  potentiel  de  sim[)le  couche  ^  ,(.r,  i-,  z) 
astreint  à  vérifier,  sur  la  surface  S'  qui  limite  l'aimant  1  ',  la  condition  (i)  : 

d\\      '  I  (/V,       ,     (7  ,        ,  ,         .       , 

(1  I  — ; \ T-T  +|7:—  =  l>  C7=I(V.J)=Z  J^-cosa  -H  ,1,  COS  J  -r  .1-  co?y 

<in         [j.  (In  ,ut  •         '  '  . 

/'      ,  ,    .  .    .  ...  ,  ,    .  d  il' 

(  V  désigne  un  vecteur  unité  porte  suivant  la  normale  extérieure;  -j-  et  -r— 

désignent  les  dérivées  prises  suivant  la  direction  v  et  la  direction  opposée; 

enfin  J,.,  J,,  J.  sont  les  composantes  de  l'aimantation  uniforme  portée  par 

l'aimant  IJ' 


La  solution  de  l'équation  (i)  est 

U,  (',  (r  représentant  trois  potentiels  de  simple  couche  astreints  à  vérifier 
sur  S' les  conditions  (2)  : 

,    ,  du       du       ,  di-        dv       , 

(2)  p. -5 h -r-T  +  4  7îcoss::=o,  [J-- h  -r-7  -H  tJt  C05  j  =  o.  .... 

'    rt/(         dn  dn        du 

Les  composantes  du  champ  magnétique  ot,  =  —  gradient^,  créé  par 
l'aimant  homologue  L',  sont  donc  fonctions  linéaires  et  homogènes  des  .1,., 
.1^,  J-,  en  sorte  que  la  fonction  <I> 

(3  I  'l'iaila-,  OWy,  ;Tu  )  =  —  +  xli'  /   ^drr:  +  /.U'  r^  dm 

2,U  J^^  877,7.  ./,,  8- 

est  une  forme  quadratique  en  i^w..,  ;iri.^,  ."ill;. 

(')  Sétince  du  11  avril  1921. 

(')  Comptes  rendus,  1.  172,  ig'-i,  p.  -5o. 


SÉANCE   DU    l8   AVRIL    192t.  961 

Nous  allons  élai)lir  que  le  moment  magnétique  .ik,  dr  l'Iiomotogue  \}\  est 
lié  au  moment  magnétique  .")ll/  de  l (dm,ant  U'  par  les  formules  (  \  )  qui 
expriment  la  loi  de  l  ellipsoide 

('^  ■^^^'■'■^ôârc:'      '"^"=,7:^;'      "'^'==;m:; 

A  cet  cil'et  commençons  par  observer  que,  les  aimantations  de  U'  et 
de  U',  étant  toutes  deux  solénoïdales,  les  projections  des  moments  magné- 
tiques de  ces  aimants  vérifient  les  formules  (5)  : 

(5l  ;1ll,r=    /    .rc-()'(,l,  Cl\li^--z  jxrT^d'.). 

On  a  d'ailleurs 

_       _i_/(/V,       d\,\  _   I  /  ^V|\ 

'\-\d/i         dn'  )        [j.  \  '  dn' ) 

Translormons  l'expression  analytique  de  Oit,,,.;  nous  obtenons  d'abord  la 
suite  d'égalités 

.-,,.       r     ,  r  d\\  ,       r.         ,         y-   r.,  i  dn    du\ 

V-    r    (    d\\        d\\\    .  /'         , 

d'où  la  i'ormu'e 

011,,^.=  -  1   (  .r -t- z(n  (Jx  cosa -1- J,  cosi -(- J;  cosy)  f/oi  =  Â,,J^.+ A.oJy  +  A,3.J;. 

A  son  tour  la  transformation  des  coefficients  A,,^  se  résume  dans  la  nou- 
velle suite  d'égalités 

A  ,  .>  t=    —     /     »  COS  S  d'^i   ^  -; /     U\   IX  —. \ r—,    ]  d',\ 

X.  r   X"'    H"    t*''      ;  y        r  V^    '^"     '^''      ;  . 

4  W  Jv  "^  "■^'  ^''  ^  ~  Ju         '■'•'■  ''-^' 

et  pareillement 

F-  4  T^P-  .7u'  '^  V  <^'^  /  4  TT  Ji,  -^  \  d-r  J 

Observant  enfin  que  le  carré  JC,  du  champ  magnétique  créé  par  l'homo- 
logue U,  a  pour  expression 

nous  aboutissons  aux  conclusions  suivantes  : 


962  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

1°  .)1V|  est  une  fonction  vectorielle  linéaire  syinélrique  de  OR; 

■1°  Le  produit  scalaire  (  .trL.;>n  ,  )  est  égal  à  2$(on.,.,  Dit,.,  OR..); 

5°  La  quadrique  <!>(.'»,  )',;)  —  r=  o  est  un  ellipsoïde  lorsque  le  liquide  L) 
est  paramagnétique  (7.  >  o); 

4°  La  propriété  précédente  s'étend  pratiquement  aux  liquides  diamagné- 
liques  connus,  car,  en  raison  de  la  petitesse  du  coefficient  d'aimantation  /., 
—  représente  le  ternie  prépondérant  de  4>(3R^.,  .1R,  ,^\\.  ). 


SPKCTROSCOI'IE.  —  Spectres  (l'étincelle  de  l'or  el  du  platine  dans  l'ultra- 
violet extrême.  Note  de  MM.  Léon  et  Ei]«;i>ine  Iîlocii,  présentée  par 
M.  E.  Bouty. 

Le  spectre  d!étincelle  de  l'or  a  été  mesuré  par  Handke  jusqu'à  lu  lon- 
gueur d'onde  i(323,2.  Nous  l'avons  étendu  jusqu'à  i4oo.  Les  lopremières 
raies  de  notre  liste  correspondent  à  des  mesures  assez  mauvaises  par  suite 
de  l'imperfection  des  clichés;  -les  i4  dernières  ont  été  calculées  par 
extrapolation  et  peuvent  présenter  de  lég;ères  erreurs  systématiques.  Dans 
la  région  commune  aux  mesures  de  Handke,  nous  retrouvons  la  plupart 
des  raies  intenses  de  cet  auteur. 

-     Le  spectre  du  platine  dans  la  région  de  Scliumann  est  donné  ici  pour  la 
première  fois. 

Un  certain  nombre  de  raies  sont  marquées  comme  faibles  (f.),  larges  (1.), 
diffuses  (d.),  doubles  (dou.),  multiples  (mul.),  douteuses  (  dont.  ),  ou  d'ori- 
gine inccilaine  (?). 

.Or. 

Inl.      A.      Obs.  lui.      ),.      OI)S.  lui.      "/..      OI)S. 

2  1762,(1 

3  1756.5 

2  1749,6 
■>.          1745,7 

3  1740. 2 
2  1726,8 
2  1725,8 
I  i72<i,5 
■>.  1717,2 

1  1715,8 

2  I 710. I 
r  1707.0 

3  17011,5     dout. 


2 

iS5o,4 

2 

.844,5 

1 

i836.3 

2 

i83o.5 

3 

1822,5 

1 

1810,4 

■4 

i8o5,() 

4 

1800, s 

4 

'704. '> 

1 

1786,7 

3 

1783,6 

4 

1775.7 

' 

1767-8 

3 

1698,8 

6 

1693,0 

I 

1684,7 

1 

1676,8 

6 

1673,(5 

1 

1667,8 

3 

1 665 , 3 

2 

1657,5 

3 

l653,n 

1 

l(il(i,5 

1 

i6',4,3 

3 

i638,9 

I 

i636,6 

SÉANCE    DU    l8    AVIUI.    1<)2I. 


963 


633 , 3 
629,2 
(i'.?',,4 
622,0 
617,3 
6i3,5 
611,9 
607,4 
600 , 3 

^'9«-7 
595,8 
393 ,  I 
J9Î.7 


584,7 

582. 1 
579-4 
376.9 
57'4.7 
37». 9 
069,8 
567,4 

566. 2 


.843, 


dont. 


2 

1834,7 
i833,o 

2 

1824,8 

2 

1820,2 
1817,3 
i8i5.i 

I 

i8)i,8 

d 

1 
I 

1807,7 
i8o5,6 

f. 
f. 

I 

i8oi,5 

d 

3 
3 

1792,8 

1785,5 

Ur  (suite 

)■ 

lut. 

),. 

Dlis. 

3 

l562,2 

2 

i556,4 

1 

1554,7 
i552,8 

1 

i55o,8 

•> 

I 

i548,2 

■? 

1 

1043, 3 

I 

1542 , 1 

1 

]54(.,3 

I 

I 538,4 

■i 

i536,8 

3 

i533,9 

I 

i53i,9 

doul 

1 

i5"-9,7 

t.  f. 

1 

1526,0 

t.  f. 

2 

1021 ,2 

2 

1 5 1 8 , 9 

2 

i5i3,2 

2 

2 

1 

1 5 1 1 . 0 
I 5og , 2 
1 5o4 , 3 
i5o3,o 

3 
I 

I 

i5oo,8 
'^97." 
Plaline 
'777-9 

4 

I 

1776, 1 
•774,3 

2 

1770, I 

I 

1768,5 

f. 

1 

1760,6 

2 

1762,9 

I 
I 

1760,0 

'737,9 
1755,8 

I 
I 

1753,3 
'"âi  ,2 
-747,4 

4 

'74'»,  9 

2 

1736,8 

2 

1735,. 

IlU. 

/,. 

3 

588 ,  1 

1 

470,6 

I 

459,3 

1 

454,5 

I 

452,4 

2 

45o,o 

I 

447.7 

1 

445,4 

1 

442,'. 

2 

4  4  0,5 

2 

438,7 

2 

"37,  ' 

3 

4  3  5 , 0 

2 

'|3'.,i 

:', 

429,8 

2 

427,6 

425,8 

'1 1 6 , 0 

4'3,9 

1  '  1 , 8 

1 

4o4, 1 

2 

4oi,8 

1731 ,5 

t. 

1730,0 

1728,7 

1726,0 

1724,  1 

1722 ,9 

172 1 .6 

'7'9,7 

1718,2 

1716,2 

1714,0 

d. 

1712,7 

f. 

f. 

1708,9 

d. 

1705,8 

.7'-'4-« 

9^4 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


l'ialine  (  suite). 


1699.6 

i.  (1 

1 696 . 6 

d. 

'  69:1 ,  ■>. 

l.  f. 

1 690 .  .S 

f. 

1686,9 

i684,', 

'679,8 

1676,2 

t.  f. 

1673.9 

t.  f. 

1669,8 

1666,2 

■664,7 

1662,5 

d. 

1661).  1 

t.  f. 

1609,1 

t.  f. 

1607,6 

9 

i655.8 

9 

i654,3 

t.  f. 

\(J3>.,7) 

1600,6 

? 

i648,2 

d. 

1646,2 

i644,4 

d. 

1 6  '1  •?. ,  0 

d. 

1639.0 

t.  f. 

1637,3 

1' 

1634.6 

,) 

1 63 1 , 1 

1629,5 

1627,4 

1626,0 

1 624 , 2 

1621,8 

1618.2 

i.  f. 

1617.(1 

i.  f. 

161.5,1 

don 

1618.7 

t.  f. 

1610,9 

dou 

1608.6 

160.5.9 
i6o",,8 

1601,8 

1600.4 

1096.6 
1 093 , 0 
1 59 1 , 6 

1088, 8 

t.  d 
t.  f. 

1587.2 

1584-7 

1082,3 

1080.6 

1079, « 
1077,6 
1074,8 

d. 
t.  f. 

1573,0 

t.  f. 

1571 ,0 

d. 

i568,9 

d. 

1 067 . 0 

i565.3 

1.563  ;  9 

1060.5 

'} 

i558,4 

1. 

1 55  3 , 1 

d. 

i55o.8 

•> 

1049,6 
i548,3 

t.  f. 

1547.0 

dou 

1.545,6 

■/.. 

Ohi. 

1543,9 

t.f. 

i538,7 

1 .536 . 9 

d. 

1534.6 

» 

i532,5 

» 

1029.7 

» 

1027, 1 

i524.8 

1023.2 

i52i ,8 

1 520 , 5 

d. 

i5i6,9 

i5i5.9 

1 5 1 3 , 0 

1 5 1 2 , 5 

1509.9 

1 507 , 5 

f. 

1 oo5 , 5 

»• 

i5o2,6 

» 

'498.4 

d. 

1496.2 

1 4q  ' ,  5 

1487,3 

1484.2 

'482,4 

1478,6 

i.  1. 

1474,5 

1472,1 

1468.7 

i.  f. 

1 466 , 5 

I 464 . 7 

dou. 

I 463 , 1 

doul 

1.461 ,0 

Mi;i'ALLOGlî.\Pilll..  —  L'emploi  des  rcfroidissentenls  liés  lents  pour  l'étude 
ndcrograplilquc  des  alliages  et  In  structure  des  aciers  au  tungstène.  Note  de 
M.  A.  PoKTKvi.\,  présentée  par  M.  Henry  l.e  Clialelier. 

Nous  avons,  à  maintes  reprises,  au  cours  d'études  sur  la  structure  des 
alliages,  eu  recours  à  des  refroidissements  exceptionnellement  lents.  Ce 
procédé  présente  un  grand  intérêt  dans  les  buts  suivants  : 

i"  Grossissement  de  l'ensemble  du  dessin  structural  dans  les  alliages  en 


SÉANCE  DU  18  AVKIL  I921.  96^ 

équilibre  cliimi(iiie.  Ceci  peut  être  mis  à  prolit  :  soil  pour  l'enseignement 
en  n'ayant  recours  qu'aux  objectifs  à  faible  grossissement  ('),  soit  pour 
l'étude  en  fournissant  un  supplément  d'amplilication  qui  permet  en  quelque 
sorte  de  dépasser  les  grossissements  maxima  fournis  par  les  dispositifs 
optiques  actuels.  D'où  l'utilisation  de  ce  procédé  pour  la  résolution  et 
l'étude  morpliologique  des  complexes  eutectiques  fins  ('-),  l'examen  du 
mode  de  déformation  et  de  l'anisolropie  des  éléments  de  structure  ('),  etc. 

On  peut  aussi  déceler  sur  des  structures  ainsi  développées  de  minimes 
modifications  amenées  par  des  traitements  tliermiques  ultérieurs;  en  parti- 
culier cela  permet  de  suivre,  par  des  trempes,  la  variation,  en  fonction  de 
la  température,  des  limites  des  lacunes  de  miscibilité  à  l'état  solide  géné- 
ralement très  difficiles  à  déterminer  par  les  métbodes  physiques. 

•1°  Réalisation  de  l'état  d'équilibre  ou  d'un  état  plus  voisin  de  ce  dernier 
dans  les  alliages  présentant  des  constituants  de  trempe  :  par  exemple,  cer- 
tains aciers  spéciaux  au  chrome  et  au  manganèse  ('). 

'3"  Mise  en  évidence  d'états  hors  d'équilibre  jusqu'alors  pressentis  ou 
insoupçonnés  par  l'obtention  de  nouvelles  structures  d'équilibre. 

On  peut  ainsi  se  rendre  compte  que  tous  les  aciers  au  nickel  industriels, 
tout  au  moins  ceux  que  nous  avons  étudiés  jusqu'à  3o  pour  100  Ni  et 
0,8  pour  100  C,  sont  hors  d'équilibre  structural. 

Les  aciers  au  tungstène  nous  en  fournissent  un  nouvel  exemple  que  nous 
décrivons  ci-ap  rès. 

Constituant  particulier  observe  dans  les  aciers  au  tungstène.  —  L'élude  des 
variations  de  structure  apportées  par  un  recuit  suivi  de  refroidissement  très 
lent  sur  les  aciers  au  tungstène  nous  a  conduit,  entre  autres  choses,  au 
résultat  suivant  pour  des  alliages  contenant  de  0,1  à  0,4  pour  100  C  et 
de  5  à  7,5  pour  100  W  : 


C  )  C'esl  grâce  à  l'emploi  d'échantillons  micrographiques  spécialement  prépawis  de 
celle  façon  qu'il  nous  a  été  permis  de  réaliser,  au  laboratoire  de  Métallographie  de 
l'Ecole  Centrale,  la  présentation  directe  à  des  groupes  d'élèves,  par  projection,  de 
l'image  fournie  par  le  microscope  sur  un  écran;  en  évitant  l'emploi  d'objectifs  à  fort 
grossissement  on  obtient  un  éclat  et  une  netteté  suflisanls  de  l'image  ainsi  projetée  et 
ce  mode  de  présentation  oll're  de  très  grands  avantages  pour  l'enseignement  de  la 
micrographie. 

( -)  PoRTEviN,  Comptes  rendus,  l.  171,  1920,  p.  35o,  et  Int.  Zeit.  Mêlait.,  t.  4,  igiS, 
p.  257. 

(')  PoiiTEviN,  Comptes  rendus,  t.  156,  igiS,  p.  820  et  1237;  '■  ^''O,  igiS,  p.  344- 

I  ■•  )  PoRTEViN,  Comptes  rendus,  t.  1.53,  191 1,  p.  64  ;  t.  16.o,  1917,  p.  62. 


966  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Là  slructLire  de  ces  aciers  normaux  est  décrite  comme  formée  de  ferrite 
associée  à  la  perlile  ((ïuillet,  Swinden)  ou  même  dépourvue  de  perlite 
(K.  Honda  et  T.  MuraKami). 


Acier  au  tungslcae  (C  =  o,  4  p.  100;  W  =  5,  4  P-  ""M  lenlcnjent  refroidi. 
Fig.  I.  —  Attaque  de  i  iniiuitc  au  Fig.  j.  —  Attaque  de  4  miaules  au  réactif 

réactif  Benédicks   y  3o.  Le  Cliatclier  (picrate  de  soude)   :■;  inn. 

Après  un  recuit  vers  iSoo"  suivi  d'un  refroidissement  d'une  durée  de 
73  heures  jusqu'à  200"  la  structure  se  trouve  complètement  modifiée. 

La  figure  i  représente  un  acier  à  o,4  pour  loo  C  et  5,'i  pour  loo  W 
ayant  subi  ce  traitement;  on  \  voit  un  réseau  formé  de  plages  claires 
et  foncées  délimitant  des  régions  occupées  par  un  constituant  diffé- 
rent de  ceux  que  l'on  connaît  :  c'est  un  complexe  d'aspect  aiguillé  qui 
se  rencontre  également  dans  les  aciers  à  plus  basse  teneur  en  carbone 
(0,1  pour  loo)  et  dans  ceux  à  plus  forte  teneur  en  tungstène  (7,35  pour  100). 

Examiné  sous  un  plus  fort  grossissement  {fig.  2),  on  y  dislingue  très  net- 
tement de  fines  aiguilles  orientées  comme  celles  de  la  marlensile  des  aciers 
trempés.  Ces  aiguilles  sont  colorables  par  le  picrate  de  soude  en  solution 
sodique;  ce  caractère,  joint  à  leur  abondance  dans  des  aciers  à  aussi  basse 
teneur  en  carbone,  ne  permet  pas  de  les  prendre  pour  un  carbure,  et 
montre  que  l'on  se  trouve  en  présence  du  tnngsture  Fe'- W.  La  disposition 
orientée  (structure  de  \Vidmanstaetten)  inditjue  qu'elles  se  séparent  pro- 
gressivement dans  un  milieu  cristallisé,  la  solution  solide  Fe-Fe-W.  Or, 
dans  le  diagramme  fer-tungstène,  la  limite  du  domaine  de  cette  solution 
solide,  c'est-à-dire  la  ligne  de  solubilité  de  I'Y'-\\  à  l'état  solide,  est  une 


SÉANCE   DU    l8    AVHIL    1921.  967 

courbe  indiquanl  une  solubilité  décroissante  avec  la  température  pour 
aboutir  à  9  pour  100  W  à  la  température  ordinaire  (K.  Honda  et  T. 
Murakami),  la  présence  du  complexe  aiguillé  ferinte  +Fe-W  dans  les 
aciers  à  0,1  pour  100  C  et  j  pour  100  W  prouve  que  cette  limite  doit  être 
reportée  vers  les  basses  teneurs  en  tungstène. 

Les  deux  autres  constituants  de  ces  aciers  sont  des  plages  blanclios  de 
ferrite  (solution  solide  Fe-Fe-\'V)  dont  la  proportion  diminue  quand  la 
teneur  en  carbone  croît,  et  un  carbure  répondant  à  la  formule  WC  d'après 
K.  Honda  et  T.  Murakami.  Ce  carbure  se  présente  en  éléments  visibles, 
plus  ou  moins  coalescés,  ou  très  fins,  formant  une  troostite  facilement  colo- 
rable  par  les  réactifs  acides. 

Une  fois  obtenu,  ce  constituant  spécial  aiguillé  persiste  si  l'on  soumet 
l'acier  à  de  nouveaux  recuits  vers  iooo°-,  par  contre,  un  recuit  vers  1100° 
(refn)idissement  de  3  heures  et  demie  de  durée)  fait  disparaître  le  carbure 
et  donne  de  la  ferrite  avec  le  complexe  aiguillé  dans  les  aciers  à  faible 
teneur  en  carbone. 

Fin  résumé,  on  peut  léaliser  pour  les  aciers  au  tungslènc  une  structure 
à  4  constituants  comprenant  une  ferrite  au  tungstène,  du  carbure  de  tung- 
stène, une  troostite  au  tungstène  et  un  constituant  nouveau  qui  est  un  com- 
plexe ferrite  -l-  Fe^W;  cela  ne  fait  d'ailleurs  que  3  phases  :  solution  solide 
b"e-Fe^W,  WC  et  Fe'-W,  ce  qui  est  compatible  avec  l'équilibre  dans  le 
svstème  l^"e-^^  -C. 


MICROSCOPIE.  —  Sttr  un  dispositif  microscopique  pour  r examen  des 
cristaux  opaques.  Note(')  de  M.  Maubice  Fuançois,  présentée  par 
M.  Charles  Moureu. 

Les  cristaux  opaques  et  très  petits  sont  difficilement  observables  par  les 
moyens  dont  on  dispose  actuellement.  Le  microscope  ordinaire,  établi  pour 
l'observation  par  transparence,  ne  permet  de  voir  que  leur  contour  s'ils 
sont  isolés  et  un  contour  général  informe  s'ils  sont  maclés  ou  réunis  en 
groupements  comportant  un  grand  nombre  de  cristaux,  ce  qui  est  le  cas  le 
plus  général  pour  les  composés  chimiques  préparés  dans  les  laboratoires. 
On  en  est  souvent  réduit  à  se  servir,  au  lieu  du  microscope  qui  ne  donne 
aucun  résultat  utilisable,  d'une  forte  loupe  qui  permet  d'apercevoir  des 
points  brillants  et  d'en  conclure  que  le  corps  est  cristallisé  sans  donner 

(')   Séance  du   1  i  avril  1931. 


968  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'iiidicalion  sur  la  forme,  si  les  ciislaux  sont  très  petits.  Sans  doute,  plu- 
sieurs dispositifs  ont  été  proposés  et  construits  pour  Fexamen  et  la  photo- 
graphie des  corps  opaques  et  des  lames  polies  d'alliages,  qu'il  m'est  impos- 
sible d'énumérer  et  qui  peuvent  donner  satisfaction;  il  semble  toutefois 
qu'il  puisse  être  fait  des  améliorations  pour  le  cas  spécial  des  cristaux. 

J'ai  cherché  à  réaliser  un  procédé  d'observation  de  ces  cristaux  micros- 
copiques qui  permette  d'en  voir  distinctement  toutes  les  facettes  et  tous  les 
détails. 

I^e  système  consiste  à  observer  par  réflexion  les  cristaux  placés  au-dessus 
d'une  tache  opaque  et  fortement  éclairés  sur  leur  partie  supérieure  par  un 
très  petit  miioir  concave  vissé  à  la  partie  inférieure  de  l'objectif  et  portant 
à  son  centre  un  trou  circulaire  d'environ  i'"'"  de  diamètre.  Complet, 
le  système  comprend  trois  parties  spéciales  :  le  miroir  concave,  la  tache 
o|)aque,  l'éclairage  situé  dans  l'axe  du  microscope  au-dessous  de  la  platine. 

Gel  éclairai;e  produit  un  [aisceau  lumineuN.  parallèle,  qui,  passant  autour  de  la  taclie 
oparjue  T  qui  porte  les  cristaux,  vient  toucher  le  miroir  concave  MM'.  Celui-ci  fait 
converger  les  rayons  à  son  foyer  où  se  trouvent  précisément  les  ciistaux.  Ces  cristaux 
se  trou\enl  très  fortement  éclairés  et  on  les  examine  à  travei-s  le  canal  étroit  que 
porte  le  miroir  concave  en  son  milieu  Ij. 


Le  miroir  concave  ne  doit  pas  élre  consliuit  d'une  façon  (iu(lcon(|iic  puiscjuc  ^cm 
foyer  doit  coïncider  avec  les  objets  à  examiner  qui  sont  dans  la  position  do  la  mise  au 
poinl.  Il  en  résulte  (|ue  son  rayon  de  courbure  doit  être  le  double  de  la  dislance  fron- 


SÉANCE  DU  18  AVRIL  I92I.  969 

laie  mesurée  pour  l'objeclif  (Iclcrmiiié  el  un  oculaire  n"  1.  11  en  résulte  aussi  que, 
pour  chaque  objeclif,  il  faut  un  miroir  concave  spécial.  On  serait  tenté  d'ajouter  qu'il 
en  faut  un  pour  chaque  combinaison  de  l'objectif  avec  les  divers  oculaires;  mais,  dans  la 
pratique,  les  miroirs  concaves  construits  pour  un  objectif  déterminé  fonctionnent  d'une 
fa(;on  satisfaisante  si  l'on  substitue  à  l'oculaire  n°  1  toute  la  série  des  oculaires  jus- 
<|u'au  n°  18  compensateur. 

L'ouverture  du  miroir  concave  doit  être  au  plus  égale  à  la  distance  frontale.  Si  elle 
était  plus  grande,  il  serait  impossible  d'approcher  le  miroir  des  objets  assez  pour  ([ue 
son  fover  vienne  coïncider  avec  eux.  Les  petits  miroirs  sont  construits  en  argent  fin 
travaillé  opticiuemcnt.  La  construction  on  est  délicate  puisque,  pour  l'objectif  n°  o,  le 
rayon  de  courbure  n'est  que  de  2°"", 8. 

Les  taches  opaques  que  j'ai  employées  sont  constituées  par  de  petits  disques  de 
biscuit  placés  entre  lame  et  lamelle  et  noyés  dans  du  baume  du  Canada.  Leur  diamètre 
est  choisi  de  façon  à  couNrirle  champ  pour  les  divers  grossissements  employés  et  varie 
de  3'""'  à  o™"',75. 

Enlin  l'éclairage  électrique  placé  dans  l'axe  du  microscope  el  sous  la  platine  con- 
siste en  une  lampe  de  3,5  volts  de  i5"""  de  diamètre,  placée  dans  un  tube  d'oculaire 
dont  on  a  enlevé  la  lentille  inférieure.  Tant  pour  la  vision  que  pour  la  photographie, 
cet  éclairage  de  très  petites  dimensions,  placé  dans  l'axe  du  microscope,  se  montre  de 
beaucoup  supérieur  aux  lampes  gigantesques  employées  couramment  pour  des  buts 
semblables  et  qui  envoient  leur  lumière  dans  l'axe  du  microscope  par  l'inlermédiaire 
du   miroir  de  celui-ci. 

Il  apparaît  d'ailleurs  qu'un  semblable  éclairage,  donnant  une  lumière  toujours 
égale,  pourrait  être  employé  avantageusement  pour  les  observations  microscopiques 
par  transparence  en  Botanique,  en  Bactériologie,  etc. 

r.,es  images  perçues  par  l'œil  .au  moyii  du  dispositif  que  je  viens  de 
décrire  sont  toujours  très  brillantes.  Tous  les  détails  des  cristaux,  toutes 
leurs  facettes  apparaissent  avec  netteté.  La  photographie  en  est  difficile, 
parce  qu'on  ne  photographie  pas,  comme  dans  le  cas  des  observations  par 
transparence,  la  source  lumineuse,  mais  bien  des  objets  sombres  par  nature 
el  éclairés  par  de  la  lumière  diffuse.  Elle  ne  rend  que  très  imparfaitement 
ce  que  l'œil  perçoit.  Cependant  les  quelques  épreuves  que  je  me  permets  de 
présenter  à  l'Académie  montrent  que  l'on  peut  tirer  un  bon  parti  de  ces 
reproductions  pour  enregistrer  les  formes  cristallines  des  cristaux  opaques 
très  petits. 

TECHNIQUE  MICROSCOPIQUK.  —  Principe  d' une  nouvelle  méthode  de  recons- 
truction graphique  stéréoscopique  d'' objets  mici-osco piques  grossis.  Note 
de  M.  G.  DuBREUiL,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Les  anatomistes  et  les  embryologistes  connaissent  tous  la  méthode  de 
reconstruction  plastique   de  lîorn    ou  celle  de  réconstruction   graphique 


970  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  Kastsclienko,  les  perfectionnements  successifs  de  Born,  de  Born  el  Peler. 
On  peut  dire,  qu'à  l'heure  actuelle,  la  méthode  de  reconstruction  plastique 
est  la  plus  employée  et  elle  fournit  des  résultats  précieux.  Cependant  il  est 
des  ol)jets  auxquels  elle  est  inapplicable,  soit  qu'ils  soient  trop  ramifiés, 
soit  qu'ils  soient  réunis  par  des  ponts  de  substance  trop  ténus  qui  obligent 
à  multiplier  les  supports  ou  qui  rendent  le  procédé  inapplicable.  C'est  ainsi 
que,  ayant  le  désir  d'étudier  les  rapports  des  vaisseaux-portes  et  sus- 
hépatiques  dans  le  foie,  je  me  suis  heurté  à  des  impossibilités  absolues. 

Il  m'a  paru  utile  de  rechercher  une  méthode  qui,  d'emploi  assez  général, 
de  maniement  simple  et  économique,  put  cependant  donner  des  images 
précises  et  agrandies  d'objets  microscopiques.  La  méthode  graphique,  dans 
laquelle  le  dessin  intervient  seul,  peut  donner  facilement  les  images  d'un 
objet  à  contours  simples,  vu  de  dilTérents  cotés.  Et  si,  pour  des  objets 
simples,  la  vision  stéréoscopique  donne  une  perspective  avantageuse  et 
même  nécessaire,  elle  est  à  plus  forte  raison  utile  pour  des  images  com- 
plexes où  la  perspective  joue  un  rôle  essentiel  pour  situer  les  plans. 

Je  propose  donc  une  double  méthode,  l'une  de  reconstruction  graphique 
simple,  l'autre  de  reconstruction  graphique  stéréoscopique,  ayant  même 
principe,  la  seconde  n'étant  que  la  première  répétée  dans  des  conditions 
de  vision  légèrement  différente. 

Principe  de  la  méthode.  —  Supposons  un  solide  arbitraire,  parallélépipède 
rectangle  par  exemple,  nous  pouvons  en  obtenir  une  représentation  pers- 
pective, vue  d'un  point  donné  de  l'espace,  soit  par  une  construction  de 
géométrie  descriptive,  soit  plus  facilement  par  une  construction  perspec- 
tive moins  exacte,  mais  suffisante.  Nous  pouvons  ainsi  reconstruire  par  le 
dessin,  tranche  par  tranche,  un  solide  semblable  au  premier  supposé 
décomposé  en  tranches  d'épaisseur  égale  superposées.  Si  nous  supposons 
l'objet  inclus  dans  le  premier  solide,  la  situation  de  chacun  de  ses  points 
sera  déterminée  par  leur  position  par  rapport  à  trois  plans  perpendicu- 
laires du  solide.  Il  sera  possible  de  reporter  par  le  dessin,  dans  le  second 
cube,  la  position  de  chaque  point  de  l'objet  et  d'en  avoir  une  représenta- 
tion graphique.  Ce  procédé  employé  par  les  sculpteurs,  sous  une  forme 
un  pou  différente,  est  inutilisable  en  ce  qui  nous  concerne. 

Mais  imaginons  que  l'objet  soit  coupé  par  les  plans  (jui  onl  servi  à  la 
reconstruction  fragmentaire  du  cube,  comme  il  a  été  dit  plus  haut.  La 
section  de  l'objet  par  chacun  des  plans  pourra  être  reportée  par  le  dessin 
dans  le  cube  reconstruit  et  dans  des  plans  correspondants.  Kn  multipliant 
le  nombre  des  plans  et  par  conséquent  des  sections  de  l'objet,  nous  obtien- 
drons de  ce  dernier  une  image  très  exacte. 


SÉANCE    DU    l8    AVRIL    1921  c)-jl 

Or,  le  cube  est  arl)itiairenieiit  choisi,  les  plans  qui  le  coupent  parallèle- 
ment à  la  base  représentent  des  coupes  correspondant  aux  coupes  micros- 
copiques sériées  et  régulières  de  l'objet.  Les  sections  du  tout  ou  partie  de 
la  coupe  peuvent  être  dessinées  et  reportées  dans  les  plans  perspectifs 
correspondants  du  dessin  du  cube,  et  l'objet  se  trouve  représenté  par  des 
sections  superposées. 

Le  seul  point  à  atteindre  maintenant  est  le  report  en  perspective  d'un 
dessin  de  coupe  vue  en  plan.  Le  procédé  le  plus  simple  est  le  quadrillé.  Le 
plan  du  cube  sera  un  carré  quadrillé  au  centimètre  (ou  au  milimèlre  si 
l'on  veut).  Le  plan  perspectif  représentera  le  même  carré  vu  d'un  point  de 
l'espace  identique  à  celui  choisi  pour  voir  le  cube.  Il  sera  établi  par  une 
construction  perspective  simple. 

Mais  alors  une  difficulté  surgit.  Autant  de  vues  perspectives  des  coupes, 
autant  de  plans  perspectifs  de  dimensions  différentes,  car  la  forme  des  plans 
perspectifs  varie  suivant  qu'on  les  considère  situés  à  différentes  hauteurs 
dans  le  cube.  En  particulier,  la  distance  qui  sépare  le  côté  antérieur  du  plan 
perspectif  de  base  du  côté  postérieur  sera  plus  grande  que  la  distance 
homologue  du  plan  perspectif  situé  tout  en  haut  du  cube,  lorsque  celui-ci 
est  vu  d'en  haut  et  d'en  avant.  11  est  impossible  de  songera  construire  un 
plan  par  coupe  et  dans  la  pratique  on  verra  qu'un  petit  nombre  de  plans 
perspectifs,  convenablement  choisis  et  construits,  sont  suffisants  pour  faire 
une  reconstruction  exacte. 

Lorsque  les  contours  de  l'objet  à  reconstruire  ont  été  portés  dans  le 
dessin  du  cube,  pour  avoir  la  représentation  exacte  de  l'objet  on  joint  par 
des  lignes  les  points  de  chaque  courbe  où  passe  le  rayon  visuel  tangent, 
mené  du  point  où,  par  construction,  l'oeil  est  supposé  placé.  Dans  la  plupart 
des  cas  les  courbes  tracées  sur  des  plans  perspectifs  se  rapprochent  d'une 
ellipse,  il  suffit  alors  de  joindre,  dans  les  dessins  successifs,  les  points 
extrêmes  superposés  des  grands  diamètres.  S'il  s'agit  de  lignes  brisées,  on 
joint  entre  eux  les  sommets  correspondants  des  angles  dans  les  dessins  des 
coupes. 

Ce  qui  est  possible  dans  un  cube  vu  en  perspective  de  l'œil  gauche  par 
exemple  l'est  aussi  pour  le  même  cube  vu  de  l'œil  droit.  On  peut  donc 
obtenir  une  image  de  l'objet  vue  de  l'œil  gauche,  une  autre  vue  de  l'œil 
droit.  Alors  le  dessin  du  cube  est  différent,  les  plans  perspectifs  le  sont 
aussi,  l'opération  reste  la  même.  Ce  n'est  plus  qu'un  jeu  de  réduire  les 
images  convenablement  placées  pour  qu'on  puisse  les  examiner  au  stéréo- 
scope,  ou  de  les  examiner  directement  ou  agrandies  pour  être  vues  au 


9/2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

stéréotolescope.  La  vision  binoculaire  donne  immédialement  une  perspec- 
tive complète  qui  situe  les  plans  sur  la  ligne  visuelle  (' ). 

CHiMllî.  —  Sur  la  conslllulion  du  small.  Noie  de  M.  A.  Duboix. 

En  1809,  l'impératrice  Marie-Louise  avait  invité  Chaplal  à  étudier  la 
belle  matière  colorante  bleue  connue  sous  le  nom  de  bleu  égyptien  ou 
vestoricn. 

il  en  est  résulté  une  suite  de  nombreux  travaux  cités  dans  le  beau 
Mémoire  de  Fouqué  (-  )  qui  a  reproduit  celte  substance  à  l'état  pur  et  cris- 
tallisé, donné  sa  constitution  et  décrit  ses  propriétés. 

J'ai  pensé  qu'une  étude  analogue  du  smalt,  si  employé  jusqu'à  la  fin 
du  xix"  siècle,  venant  en  celle  époque  du  centenaire  impérial,  présenterait 
le  même  intérêt. 

En  effet.  H.  Davy  (')  nous  a  appris  que,  dès  l'époque  d'Hadrien,  le 
cobalt  figure  constamment  dans  la  composition  des  verres  bleus  de  l'époque 
romaine.  Depuis,  M.  i*arodi(''),  dans  un  beau  travail  d'ensendjle  sui'  la 
composition  des  verres  de  l'ancienne  l'igyple,  signale  le  cobalt  dans  des 
verres  bleus  de  l'époque  de  Tboutmosis  IV  (  i3oo  ans  avant  J.-(^.,  environ) 
et  de  Rhamsès  IV. 

Le  smalt  est  un  silicate  double  de  cobalt  et  de  potasse.  Or  j'ai  trouvé 
en  1H92,  une  métbode  (''";  générale  de  syntbèse  de  fluorures  et  de  silicates 
doubles  de  potasse  et  d'autres  bases  dont  j'ai  signalé  à  plusieurs  reprises  ('') 
de  nombreuses  applications.  C'est  cette  méthode  que  j'ai  appliquée  au 
cobalt  eu  vue  d'établir  la  nature  des  constituants  du  smalt. 

(Jn  projette,  dans  du  florure  de  potassium  fondu  dans  un  cieuset  de  platine  sur  un 
bec  Mecker,  de  la  silice,  puis  de  l'oxyde  de  cobalt  qui  s'y  dissout  très  rapidement.  I.a 
masse  refroidie  tiès  lentement  et  reprise  par  l'eau  ne  donnerait  qu'un  produit  mal 
cristallisé;  aussi  la  laisse-t-on  refroidir  rapidement,  et  l'on  refond  le  culot  avec  deux  à 
trois  parties  de  cliloruie  de  potassium   pour  une  de  fluoiiire.   On  a  alors  une  masse 

(')  Les  procédés  et  la  prali(|ue  de  cette  méthode,  appliqués  à  des  objets  d'histologie 
et  d'embryologie,  ont  été  présentés  le  mois  dernier  à  la  Réunion  des  analomistes. 

(')  Comptes  rcnc/iis,  t.  108,  188g,  p.  SaS. 

(■')  Annales  de  Chimie,  t.  KG,  181 5. 

(')   La   Fe/vcr/e  ert  £',i,'y/^/e  (Thèses  de  l'Université  de  Grenoble),  1908. 

(•')   Comptes  rendus,  t.  ll'i-,  1892,  p.  i36i. 

(6)  Ibid.,  t.  11.1,1892,  p.  .j6;  t.  1-20.  189:,,  p.(i78;  l.  1-2:5.  1896,  p.  %8;  t.  l'il,  igof», 
p.  254;  t-  l'^•î,  1908,  p.  '189. 


SÉANCE    DU    l8    AVRH-    I92I.  973 

liquide  au  fond  de  lat|uelle  se  rassemble  mie  masse  pàleuse.  On  abandonne  le  toul  à  la 
tempéialiire  du  ronge  sombre  :  il  se  forme  alors  liés  lenlemenl  un  anneau  solide  à  la 
parlie  supérieure  du  creuset  en  même  temps  que  des  cristaux  se  déposent  sur  les 
parois.  Au  bout  de  72  heures  on  laisse  refroidir  et  I  on  reprend  par  l'eau.  On  obtient 
alors  des  produits  dont  la  nature  varie  avec  la  |)roportion  des  corps  entrant  en 
réaction. 

Pour  une  quantité  d'ox.yde  de  cobalt  supérieure  à  une  molécule  pour  Irois  de  silice 
(par  exemple  IvF  =  4o"',  IvGI  =  loo",  Si  O-^  8;-',  CoO  =:  6s, 6)  on  retrouve  de  l'oxyde 
inattaqué  et  la  majeure  partie  du  produit  est  constituée  par  des  cristaux  bleu  foncé, 
allongés;  il  \  a  en  outre  des  cristaux  plus  gros  et  plus  clairs  du  produit  que  nous 
retrouverons  plus  loin. 

On  sépare  ces  cristaux  au  moyen  de  la  liqueur  dense  diodomercurate  de  sodium  (') 
que  j'ai  découverte  et  dont  la  densité  peut  atteindre  3,47.  Mais  la  séparation  est  tou- 
jours incomplète  et  a  dû  être  elTectuée  à  de  nombreuses  reprises  pour  donner  un 
produit  suffisamment  pur. 

Ce  produit  s'attaque  aisément  par  les  acide^,  ce  qui  permet  de  l'analyser  faci- 
lement. 

Los  résultais  conduisent  à  la  formule  K-0,GoO,3SiO-,  analogue  à 
celle  du  sel  que  j'ai  rencontré  dans  l'application  de  la  méthode  à  la 
magnésie  : 

Trouve.  Calcule. 

SiO- Jo,6(  5i,57 

CoO 21,78  21,49 

R^O 27,32  26,93 

Sa  densité  à  o  est  2,8. 

L'hydrogène  au  rouge  le  décompose  en  réduisant  l'oxyde  de  cobalt. 

Il  est  attaqué  à  la  longue  par  une  solution  chaude  de  chlorure  d'ammonium,  et  la 
silice  incolore  qui  reste  conserve  d'une  manièie  remarquable  la  forme  du  produit 
primitif  avec  tous  ses  clivages. 

Si  I  on  diminue  la  proportion  d'oxyde  de  cobalt  (par  exemple  KF,  45°;  KCl,  1006; 
CoO,  2S,goo;  SiO'-,  8^', 047),  on  voit  apparaître  en  plus  grande  quantité  un  nouveau 
produit  en  cristaux  bleu  plus  clair,  moins  allongés  que  les  précédents,  plus  volumineux. 
Ou  le  sépare  par  la  liqueur  dense  d'iodomercurate  de  sodium. 

Ce  produit  contient  du  chlore,  mais  pas  de  fluor. 

J'ai  analysé  ce  produit  par  plusieurs  méthodes.  D'aliord  en  partant  d'une  dissolution 
par  l'acide  chlorhydrique. 

En  second  lieu  pour  doser  le  chlore,  on  met  en  digestion  un  poids  P  de  produit 
a\ec  de  l'acide  azotique  étendu  de  4^°'  d'eau  à  la  température  ordinaire.  Une  partie 
seulement  du  produit  se  dissout,  bien  qu'on  ait  pris  soin  de  le  porphyriser  finement. 

Dans  la  dissolution  on  dose  le  chlore,  le  cobalt  et  la  potasse,  soient  pi,  p^  et  p^  les 

(')  Comptes  rendus,  t.  IVI,  igo.j,  p.  38j  ;  Ann.  de  Chimie  et  de  Physi/jae,  1909, 
p.  258. 

C.  K.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  16.)  7^ 


974  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

poids  oluenus,  et  l'on  pèse  la  silice  qui,  avec  le  résidu  inallaqué,  représente  un  poids/>j. 
Si  l'on  désigne  par  K(^l,xK-0,jCoO,2SiO-  la  formule  du  corps,  ces  poids 
permetlenl  bien  de  déterminer  x  et  y,  mais  non  ;  et  ils  doi\ent  satisfaire  à  une 
relation  qui  sert  à  \éririer  l'exactitude  de  l'analyse. 

Les  résultais  montrent  qu'on  a  aiïaire  à  un  clilorosilicate 

K(:i,K-0,CoO,/iSiO-. 

Trntivé. 

— — — — — Calculé. 

SiO^ ',8,i^3  00,22  49,49  49,63 

K'O 29.12  29,53  29,44  29,  i() 

C.oO 15,96  i5,77  -  j5,5i 

Cl 7,o3             -  -  7,34 

Ce  produit  s'atlaque  et  se  comporte  comme  le  précédent  en  présence  du  chlorure 
d'ammonium. 

Sa  densité  à  o  est  2,57. 

J'ai  égalemeiil  olilenu  ce  produit  par  une  variante  de  la  méthode  générale, 
qui  consiste  à  faire  réagir  la  silice  non  plus  sur  l'oxyde,  mais  sur  le  fluorure 
double  de  cobalt  et  de  potassium  en  présence  d'un  excès  de  chlorure  de 
potassium. 

Par  exemple,  à  Zjo'''  de  fluorure  de  potassium,  on  ajoute  une  (juanlité 
supérieure  à  la  quantité  théorique  d'acide  fluorhydrique,  puis  le  résultat  de 
la  déshydratation  à  l'éluve  de  iÇ)^,'Mi3  de  chlorure  de  cobalt  hydraté,  on 
amène  à  fusion  au  rouge  \if  et  l'on  projette  dans  la  masse  8^^,585  de  silice. 
On  laisse  refroidir  et  Ton  refond  avec  100"  de  chlorure  de  potassium.  Après 
72  heures,  on  laisse  refroidir  et  l'on  reprend  le  culot  par  l'eau  froide. 

Dans  ces  conditions,  le  fluorure  de  cobalt  en  excès  se  dissouf  complè- 
tement tandis  que  l'eau  chaude  altérerait  beaucoup  le  produit  linal.  11  est 
intéressant  de  remarquer  que,  malgré  l'excès  de  sel  de  cobalt,  c'est  le  chlo- 
rosilicate  qui  a  pris  naissance,  au  lieu  du  silicate  double  particulièrement 
intéressant  puisipi'il  paraît  être  le  constituant  principal  du  smalt. 


CHIMIK  INDUS  l'RlEI^Li;.  -—  Fahn'cnlion  de  l' hydrogène  pour  la  synthcsc 
de  Vamitioniaque.  Note  (')  d<'  M.  («.  Ci.ai'de,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Il  est  évident  que  l'industrie  de  la  synthèse  directe  de  l'aminoniatjue  est 
sous  la  dépendance  étroite  du  coût  de  l'hydrogène. 

('  )  Séance  du  4  avril  1921 . 


SÉANCE    DU    l8    AVRIL    I<i2i.  97$ 

On  sait  que  les  Allemamls  ont  concentré  celte  iii(lns:ri(>  en  de  formi- 
dables cités  industrielles,  enlicrement  créées  pour  les  h  soins  de  la  cause, 
r/liydroyène  v  est  produit  spécialement  par  des  appareils  (jui  représentent 
une  grosse  part  des  irais  d'établissement  et  de  main-d'œuvre. 

C'est  une  tout  autre  voie  que  j'ai  envisagée. 

Comme  je  l'ai  dit('),  l'emploi  des  «  byperpressions  »  permet  de  réaliser 
des  unités  aussi  faibles  qu'on  veut.  On  peut,  dès  lors,  placer  des  usines 
partout  où  l'hydrogène  existe  comme  soits-prodidt  d'industries  existantes. 

C'est  par  exemple  le  cas  des  gaz  de  fours  à  coke,  qui  sont  à  l'heure 
actuelle  fort  mal  utilisés  dans  un  grand  nombre  d'établissements. 

En  s'instaliant  près  de  ceux-ci  avec  un  procédé  capable  de  retirer 
l'hydrogène  de  ces  gaz,  on  supprimera  ipso  fado  une  partie  coûteuse  des 
frais  d'installation  et  de  main-d'œuvre. 

Le  traitement  par  liquéfaction  partielle  des  gaz  en  question  rentre  dans 
ce  cadre,  mais  quelques  inconvénients  trouvés  dans  mes  recherches 
anciennes  sur  le  gaz  d'eau  m'avaient  conduit  à  un  principe  très  différent  : 

De  tous  les  gaz  usuels,  l'hydrogène  est  de  beaucoup  le  moins  soluble 
dans  les  liquides.  On  conçoit  que  ce  fait  puisse  être  mis  à  profit  pour  un 
procédé  général  et  très  simple  d'extraction  de  cet  hydrogène  des  divers 
mélanges  qui  le  renferment,  gaz  d'eau,  de  ville,  de  fours  à  coke.  Il  suffira 
d'envoyer  le  mélange  comprimé  dans  une  colonne  de  rectificalion  appro- 
priée, en  sens  inverse  du  solvant  emploj'é,  pour  recueillir  en  haut  la  plus 
grande  partie  de  l'hydrogène  à  l'état  de  pureté  et  sous  la  pression  initiale. 
Les  divers  autres  gaz,  entraînés  par  le  solvant,  s'en  dégagi'ront  lors  du 
retour  de  celui-ci  à  la  pression  atmosphérique,  en  sorte  qu'aux  pertes  près, 
le  solvant  pourra  indéfiniment  parcourir  le  cycle. 

La  faible  solubilité  de  certains  des  autres  gaz  eux-mêmes,  surtout  celle 
de  CO,  ob'ig-  à  travailler  sous  d'assez  fortes  priassions  :  cite  condition  est 
facilitée  au  point  d.-  vue  économique  J)atce  que  l'hydrogène  étant  recueilli 
comprimé,  c'est  autant  de  gagné  pour  le  porter  à  l'IiypiMpression.  Le  tiaviiil 
d'introduction  du  dissolvant  dans  l'enceinte  e>t  in  lép  ■nd.iut  di'  la  pie-sion, 
la  quantité  de  di^so'vant  étant  inversrment  |)  opoi  lionn  Ih  àce'îi"  ci. 

Pour  diminuer  bs  pertes  df  dissolvant  par  ten-ion  de  vapcui ,  on  iloil 
opérer  à  basse  températu!  e.  Or  la  détente  du  dissolvant  chargé  de  gaz, 
détente  indispensable  d'ailleurs  pour  éviter  la  destruction  en  chaleur  du 
travail  d'introduction,  fournil  une  sourc'  de  froid  énergique. 

(')  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  4^3. 


976  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  donc  cherché  parmi  les  liquides  organiques  ceux  caractérisés  à  la 

fois  par  une  grande  solubilité  de  CO  el  par  un  grand  rapport  des  solubilités 

CO 

-77-»  ainsi,  pour  chaque  liquide,  que  les  conditions  où  ces  facteurs  sont  optima. 

J'ai  poussé  mes  essais  jusqu'à  1600"'"',  el  celte  incursion  dans  un  domaine 
peu  connu  m'a  permis  de  faire  des  constatations  assez  inattendues. 

On  refoule,  à  l'aide  d'un  petit  lij'percorapresseur,  un  mélange  ;i  parties  égales  CO  el  H 
dans  un  tube  d'acier  long  et  épais,  de  iSo"^"''  de  capacité  interne,  muni  d'un  mano- 
mètre métallique.  On  introduit  ensuite  par  une  petite  pomjie  20""'  du  solvant  étudié,  ce 
qui  amène  la  pression  à  la  valeur  finale  désirée.  Les  deux  tier^  inférieurs  du  tube  plongent 
dans  un  récipient  d'alcool  mainteiiu  à  la  teinptraiure  voulue  par  de  l'azote  liquide. 


On  attend  l'équilibre  en  agitant  fréquemment  le  tube.  On  exlrait  alors  petit  à  petit  le 
liquide  par  un  robinet  muni  d'un  tube  capillaire  dans  un  petit  tube  gradué,  muni  d'un 
tube  de  dégagement  condui>anl  les  g.iz  dégagés  dans  une  éprouvette  graduée.  On 
mesure  le  liquide;  on  mesure  el  on  analyse  les  gaz  dégagés  et  l'on  apporte  toutes  cor- 
rections  relatives   à   la   modification   de  l'atmosphère  du  fait   de  la   dissolution,  aux 


SÉANCE  DU  18  AVRIL  1921.  977 

tensions  de  vapeur,  etc.;  d'ailleurs,  ces  essais  ne  comporlaient  pas  une  1res  grande  pré- 
cision fl  donnent  seulenieni  l'allure  des  |)hi''nonièries. 

Les  couibrts  ci-jointes  sont  rel.ilives  aux  solubilités  sous  leurs  pressions  paitielles 
re-.|>ectives,  de  CO  el  H  dans  le  dissolvant  le  nii-iil   iir,   lét/wr  ordinaire. 

0\  voil(]U'  le  coeflici  -lit  de  solubilité  d'Iiydrngène  croit  beaucoup  H\ec  la  pression 
Au  contraire,  celui  de  GO  est,  soit  peu  variablr  avec  la  pression  (température  ordi- 
naire), soit  décroissant  (basses  températures).  U  en  résulte  que  le  rapport  des  solubi- 

CO 
Ulés  -rr-  dccroil  rapidement  quAnd  la  pression  s'élève.  L'emjiloi  des  hautes  pressions 

est  donc  contre-indiqué  :  il  ne  faut  pas  dépasser  100""°. 

On  voit  d'autre  part  que  le  rapport  des  solubilités  s'améliore  quand  la  tempéra- 
ture s'abaisse.  Les  courbes  tracées  à  cet  égard  ne  sont  relatives  qu'à  -h  20°  et  —  40", 
mais  l'amélioration  continue  au-dessoii.s  de  —  4o°.  A  —  60°,  le  rapport  des  solubilités 
vers  50^'"°  est  voisin  de  8.  C'est  une  autre  raison  de  travailler  à  basse  température. 
Les  gaz  dissous  s'influencent  réciproquement  :  les  solubilités  de  H  seul  et  de  CO  seul 
ont  de  toutes  autres  valeurs  ;  c'est  évidemment  à  cette  action  réciproque  qu'est  due 
l'augmentation  paradoxale  du  coefficient  de  solubilité  de  H  aux  pression-  très  élevées. 

Aux  très  hautes  pressions,  les  phénomènes  de  solubilité  des  liquides  dans  1rs  gaz 
prennent  une  très  grande  intensité.  C'est  ainsi  que,  sous  la  pression  de  iSoo""", 
les  20'^™'  d'éther  disparaissent  entièrement  dans  l'atiriosphè^-e  g^izeuse  de  cette 
enceinte  de  i5o'^'"'.  Un  examen  plus  attentif  a  montré  que  c'est  surtout  dans  CO  et 
très  peu  dans  H  que  l'éiher  est  soluble  :  avec  CO  seul,  il  suffit  d'une  pression 
de  35o"'"  pour  que  les  20"^™'  di-paraissent. 

Lîs  courbes  relatives  aux  difTérents  liquides  ont  des  allures  très  diverses. 

L'application  de  l'éther  à  la  séparation  industrielle  de  H  et  de  CO,  sous 
des  pressions  voisines  de  100"'"  et  des  températures  de  l'ordre  de  —  So", 
fournit  aisément  de  l'hydrogène  tenant  moins  de  f^  de  CO. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  composition  de  l'essence  de  térébenthine  française , 
Noie  de  M.  M.  Vèzes,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Le  développement  que  prend  en  Fiance,  depuis  la  guerre,  l'ind'i  trie 
des  dérivés  oxygénés  de  l'essence  de  térébenthine  (terpine,  terp  néol, 
bornéoi,  camplire,  etc.),  conduit  à  fnire,  enlri-  les  deux  consiitufn  t-  de 
celte  essence  (pinène,  nopinène),  une  dislinciion  que  ses  aulr^s  appiica- 
li  ms  (pi-iiilures,  \ei  iiis,  elr  )  rendaient  moins  nécessaire;  il  devient  indis- 
pensable, nolainiiirnt,  dt-  déleiiiiincr  dtins  (|ii(;ll<'  piop^rtion  ces  deux 
carbures  isomères  fii;ureiil  dans  les  essi  nces  (j ni  servent  de  matière  pr(  m  1ère 
à  celle  industrie. 

Nous  avons  employé,  pour  cette  étude,  la  méthode  polarimélrique 
décrite  par  M.  Darmois  {Thèse,  Paris,  191 1,  p.  53  et  suiv.),  sous  la  forme 


978  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

modifié<' que  cet  auteur  a  employée  dans  un  autre  cas  {yloc.  cit.,  p.   112). 

L'écliantillon  étudié  esi  fraclionné  par  disiillalion  :  200""'  donnent  5  fractions  égales 
de  4o""',  dont  on  mesure  la  densité  c?  à  i5°  el  la  rotation  a  sous  une  épaisseur  de  1"" 
pour  les  trois  couleurs  jaune  (X  =  jjSt*!^),  verte  (À  =  5461^1^)  et  indigo  (>i  ^  436!*l') 
Journies  par  une  lampe  à  vapeur  de  mercure  et  isolées  par  fiilration  à  travers  des 
verres  colorés  de   nuance  appropriée.  On  calcule  les  pouvoirs  rotatoircs  corre?pon- 

daiits  [  z]  =  -j,  et  l'on  détermine  ainsi,  d;ins  un  graphique  où  les  /   sont  comptés  en 

abscisses  et  les  [a]  en  oidonnées,  les  points  figurant  les  pouvoirs  rolatoires  de  ces 
cinq  fractions  pour  les  trois  couleurs  considérées.  Au  lieu  de  construire  les  courbes 
de  dispersion  rotatoire  de  ces  fractions,  nous  nous  bornons  à  en  tracer  les  cordes 
joignant  les  points  en  question  :  l'homologie  de  ces  courbes,  établie  par  M.  Darmois 
pour  les  diverses  fractions  d'une  même  essence,  se  traduit  dans  ce  cas  par  le  fait  que 
les  cordes  relatives  aux  deux  mêmes  couleurs  et  à  ces  diverses  fractions  sont  concou- 
rantes. Leur  point  de  cofTcours  G,  déterminé  soit  par  construction  graphique,  soil 
par  le  calcul,  est  joint  par  deux  droites  aux  points  analogues,  construits  au  moyen 
des  données  de  M.  Dnrmois  {loc.  cil.,  p.  oj  et  64),  qui  correspondent,  l'un  P  au 
mélange  des  antipodes  optiques  du  pinène,  l'autre  N  au  mélange  de>  antipodes  optiques 
du  nopinène.  La  droite  CP  définit,  par  les  ordonnées  de  ses  points  de  rencontre  a\ec 
les  verticales  relatives  aux  deux  couleurs  considérées,  les  pouvoirs  rolatoires,  pour 
ces  deux  couleurs,  du  pinène  contenu  dans  l'échantillon  étudié;  la  droite  C.\  définit 
de  même  (pour  les  deux  mêmes  rouleui-)  les  pouvoirs  rolatoires  du  nopinène  que 
contient  cet  échantillon.  ConMii-ï-ant  ain-i,  poui-  l'une  des  couleurs  considérées,  les 
po  ivi>ir>  rotatoires  du  pinène  el  du  uopiuen'-,  dont  l'éf^liantillon  étudié  est  le  mélange, 
ainsi  i|ue  celui  le  C'-i  charitill  n  lui-même,  il  est  facile  de  calculei',  |.ar  la  règle  des 
méUm';  •».    e-    uo  ■or  iim^  Af  c   ■■  de'X  c:irbui-es. 

L'e'iipioi  d  ■  C'-tif  Miéiho  le  ^u|i|M'-e  ciumues  le-  cnordonnée-  dfs  poirits  P  el  N  :  ils 
sout  «Itué-^  sur  l"a\e  ■!  À,  ri  leur  b-ii-se  se  déduil  des  ponvo  r-  rotiitoiies  Irouvés 
pai-  M  Diirin  lis  ( /rtr.  f/^  )  ,.011  1-  lùnèue  l  !•  iin|jinèn.-  pur-.  Poui-  le  couple  de 
couleur  s  jauiit-vei  l,  le  p<  ji  t  P  inri  espond  ;i  7  rr  8  1  8,  le  point  N  à  \  ^r  ic.42;  pour  le 
couple  j    un   -ind'go,  le  point  1'  cnrn- spoud  à  /.  =r -3o,  85   tl   le  point  ^î  à  }.  ^:  l4So,58. 

Nous  citerons  contiiiie  exrniple  le  cas  d'une  essence  de  téiébenlhine 
authentique  et  sélectionnée,  distillant  sous  pression  normale  de  iS/j" 
à  162°,  et  débarrassée  par  conséquent  des  carbtires  moins  volatils  que 
contient  toujours  l'essence,  surtout  vieillie,  et  dont  la  présence  troublerait 
gravement  l'application  de  la  métliode  ci-dessus. 

Les  cinq  droites  relatives  à  ces  cinq  fractions  et  au  couple  jaunc-vcrl  ont 
pour  équations  : 

I À  =:  828 ,  92  +  5  ,  -554  [  a  ] 

2 ),  =  823,96 -+-5,6737  [a] 

:î ; /  =  828,i4 +  5,8i83[a] 

Y À  =  833, 00 -H  6,01 5o[ a] 

.') >.  =  840 ,  7"}  +  6 ,  .54  '|0  [  :z  I 


SÉANCE   DU    18   AVRIL    1921.  9;9 

(".es  droites  sont,  coinine  on  le  voit,  peu  éloignées  crèlre  parallèles.  Leur 
point  de  conconrs  est,  parla  même,  rendu  ;issez  incertain.  (Irapliiqueincnl, 
leur  faisceau  présente  un  minimum  de  largeur  pour  X  =  tSiS^i'-  environ;  le 
calcul  montre  (jue.  parmi  les  points  de  rencontre  de  ces  droites  deux  à 
deux,  celui  des  droites  1-1  correspond  à  l'abscisse  738, 'jG  et  à  l'or- 
donnée —  i5°,72.  et  les  trois  autres  droites  coupent  la  même  verticale 
(  A  =:  ^38, .'[()  )  aux  ordonnées  —  i5",07.  — i5°,/|i  et  —  i5°,G3,  accusant 
ainsi  un  écart  maximum  de  o°,()5.  On  prendra  alors,  comme  point  de 
concours  moyen  C  des  cinq  droites,  le  point  X  =  738,5,  |a|  =  — i5°, 5, 
a\ec,  pour  ce  dernier  nombre,  une  approximation  de  ±  o^jô.  Cetfe  incer- 
titude ne  doit  pas  surprendre  :  une  variation  de  -t-o^jOi  dans  le  pouvoir 
rolaloire  de  la  quatrième  fraction  en  lumière  verte  suffit  en  effet  pour 
déplacer  le  point  de  concours  des  droites  1-4  jusqu'à  l'abscisse  745.81  et  à 
l'ordonnée  — •i4*',44- 

Les  droites  CP,  CiS,  obtenues  en  joignant  le  point  C  ainsi  défini  aux 
points  d'abscisse  818  et  io/|2  sur  l'axe  des  A,  rencontrent  la  verticale 
A  =  578  aux  points  d'ordonnées  — /|G",79et  —  23°, 70,  qui  définissent  les 
pouvoirs  rotatoires,  en  lumière  jaune,  du  pinène  et  du  nopinène  contenus 
dans  l'écliantillon  étudié.  Appliquant  enfin  à  cet  échantillon,  dont  le  pou- 
voir rotatoire  en  lumière  jaune  est  —  42°, 37,  l'équation  des  mélanges,  on 
en  déduit,  pour  la  teneur  en  pinène  de  cet  échantillon,  la  valeur 

j;  :=  80.9  pour  100. 

L'application  de  cette  méthode  à  un  assez  grand  nombre  d'échantillons 
d'essence  de  térébenthine  provenant  de  la  gemme  du  pin  maritime  et 
d'origine  authentique  a  montré  que  les  points  de  concours  G  ainsi  déter- 
minés sont  peu  éloignés  les  uns  des  autres.  Ils  s'écartent  peu,  en  parliculiei', 
du  point  de  concours  C,  des  deux  droites  qui,  d'après  les  données  de 
M.  Darmois,  définissent,  pour  chaque  couple  de  deux  couleurs,  la  disper- 
sion rotatoire  du  pinène  et  du  nopinène  «  contenus  dans  l'essence  française  » 
(/oc.  cit.,  p.  64).  Les  coordonnées  des  points  C,  sont,  pour  le  couple 
jaune-vert,  X  =  740  et  |aj=  — i5",io;  pour  le  couple  jaune-indigo, 
A  =1  661,66  et  I  a  [  =  —  2i°,o5. 

Les  écarts  observés  entre- les  points  C  et  C,  sont-ils  uniquement  impu- 
tables à  des  erreurs  d'expérience,  comme  le  donne  à  penser  l'incertitude 
qui  règne  sur  la  position  du  point  C;  ou  doit-on,  au  contraire,  y  voir  la 
preuve  de  l'existence,  dans  l'essence  française,  de  variétés  de  pinène  et  de 
nopinène  différant  les  unes  des  autres  par  la  valeur  de  leur  pouvoir  rota- 


g8o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

toire?  SI  l'on  admettait  la  première  hypothèse,  le  dosage  du  pinène  se 
trouverait,  par  là  même,  très  simplifié  :  on  n'aurait  plus  afTaire,  en  effet, 
qu'à  des  mélanges  du  pinène  et  du  nopinène  décrits  par  M.  Darmois 
comme  étant  ceux  de  l'essence  française,  et  dont  lès  pouvoirs  rotatoires 
pour  la  raie  jaune  du  mercure  sont  respectivement  —  4^"?  5  et  —  23°,  2;  de 
sorte  que  le  pourcentage  x  en  pinène  de  l'échantillon  étudié  serait  défîni 
par  la  place  qu'occupe,  dans  l'intervalle  de  ces  deux  nombres,  son  pouvoir 
rotatoire  pour  la  même  couleur  : 

_  [a] -23,2 
'""         23,  3 

Il  paraît  prudent  de  n'envisager  le  résultat  ainsi  calculé  que  comme  une 
première  approximation,  jusqu'au  jour  où  des  essais,  actuellement  en  cours, 
auront  permis  d'établir  l'influence  que  le  mode  de  fractionnement  ou  de 
mesure  peut  exercer  sur  la  grandeur  de  l'écart  CC,. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  cyanocampholates  de  cresyle  et  leur 
produit  de  rédaction.  \olc  de  M.  L.  Pai.fkay,  présentée  par  M.  A. 
Haller. 

M.  Haller  a  montré  (')  qu'on  pouvait  combiner  directement  le  cyano- 
camphre  avec  certains  alcools  aliphatiques  préalablement  sodés,  par 
exemple,  les  alcools  méthylique  et  étl)ylique,et  obti'nirainsi,  par  ouverture 
du  noyau,  les  éthers  cyanocampholiqui's  correspondants 

/CH-CN  /CH'— CN 

i.  H   .,  ^^^^  +cii(.in    _    cil  \,;noc^JP 

M.  Minguin  (-)  a  étendu  l'application  de  la  même  réaction  à  un  alcool 
aromatique,  l'alcool  benzylique  et  à  quelques  phénols,  tels  que  le  phénol 
ordinaire  et  le  naphtol. 

Suivant  la  même  voie,  nous  nous  sommes  proposé  de  faire  agir  le  cyano- 
camphre  sur  les  trois  crésols  ortho,  meta  et  para,  en  vue  d'obtenir  des  corps 
bien  cristallisés  se  prêtant  facilement  à  la  réduction  au  moyen  du  sodium 
et  de  l'alcool. 

Conformément  à  la  méthode  décrite  par  M.  Minguin,  nous  avons  traité. 

(')  Comptes  rendus,  t.  109,  1889,  p.  68. 

(')  Comptes  rendus,  t.  112,  1891,  p.  5o  et  101. 


SÉANCE    DU    l8    AVRIL    I921,  98 1 

en  tube  scellé  ou  à  l'auloclave,  un  mélange  de  crésol  sodé  en  léger  excès  et 
de  cyanocam[iliic.  Après  ciiaullage  à  20()°-22o'' pendant  24  lieures,  la  masse 
reprise  par  l'eau,  épuisée  à  l'éllier  et  lavée  à  la  soude,  nous  a  fourni  un 
ri'sidu,  qui,  par  distillation  dans  le  vide,  donne,  dans  chaque  cas,  le  produit 
de  conden^ation  attendu. 

Dérhé  orlho-crésylé.  —  Ce  coips  distille  à  2420-245''  sous  i4°""  et  se  condense 
sous  forme  d'une  huile  incolore.  é|)ai>se,  qui  par  le  mélange  éllier-ligroïne  cristallise 
en  belles  lames  transparentes,  fondant  à  44''-45°,  et  extrêmement  solubles  dans  la 
plupart  des  solvants  organiques. 

Dérii'é  méta-crésylé.  —  Le  produit,  isolé  de  la  même  façon  que  le  précédent,  dis- 
tille à  25o°  sous  25""°.  C'est  un  liquide  huileux,  d'où  ne  se  séparent  qu'à  la  longue 
quelques  cristaux  de  très  petites  dimensions,  fondant  à  io4°-io5''. 

Dérivé  para-crésylé.  —  Cest  ce  dérivé  qui  >'est  montré  le  plus  facile  à  obtenir  et 
à  isoler.  Il  distille  à  248''-25o°  sous  20"""  et  se  prend  en  masse  immédiatement,  au 
point  d'obturer  le  tube  à  dégag''ment.  Il  est  très  peu  soluble  dans  l'éther  et  l'alcool 
absolu.  Au  contraire,  le  benzène  le  dissout  facilement,  à  chaud  surtout,  et  par  refroi- 
dissement, la  solution  abandonne  de-  cristaux  blancs  et  purs,  fondant  à  119°.  Le  pou- 
voir rolaloirede  ce  corps,  pris  dans  le  benzène  à  UJje  concentration  de  |  de  molécule- 
gramme  par  litre,  a  été  trouvé  :  [a]'u°  =  +  '  70°32'.  A  partir  de  loo^  de  cyanocamphre, 
nous  avons  obtenu  ii5s  de  cyanocampholate  de  P.  crésj-le,  ce  qui  correspond  à 
70  pour  100  de  la  théorie. 

Produit  de  ré  ludion  dii<s  cyaiiocampliolates  de  crésyle.  —  En  vue  de  réduire  à 
la  fois  la  fonction  nitrile  et  la  fonction  éiher-sel  de  ces  cyanocampholates,  nous  avons 
utilisé  la  méthode  de  Bouve.iult  et  Blanc  ('),  c'est-à-dire  la  réduction  par  le  sodium 
et  l'alcool  absolu. 

Le  dérivé  méta-crésylé  étant  trop  di  finile  à  obtenir  cristallisé,  nous  avons  limité 
nos  essais  aux  dérivés  ortho  et  para,  avec  lesquels  la  réduction  a  été  réalisée,  quoique 
assez  p'-niblement.  Dans  le  meiili'ur  essai,  en  partant  de  288,5  (yj  de  molécule),  nous 
a\ons  recueilli  un  peu  plus  de  8'  d'un  corps  pur,  distillant  à  172°  sous  i5°"°,  ce  qui 
correspond  à  45  pour  100  de  la  théorie. 

L'huile  incolore,  très  visqueuse,  ainsi  obtenue,  finit  par  se  prendre  en  masse.  Par 
redissolution  dans  l'éther  ou  le  benzène,  on  isole  des  amas  brillants,  qui  ont  un 
aspect  nettement  cristallin  tant  qu'ils  sont  humides,  mais  qui,  sécliés  dans  le  vide  ou 
sur  porcelaine  poreuse,  prennent  une  apparence  grumeleuse  analogue  à  celle  du 
camphre. 

Le  point  de  fusion,  déterminé  après  plusieurs  redissolutions,  se  fixe  à  ']6°-']']°.  Le 
produit  étant  peu  «oluble  d.uis  le  b.nzène  Iroid,  le  pouvoir  rotaloire  a  dû  être  pris 
dans  une  solution  de  f.iible  coiiceiilration,  soit  à  9^,46,  ou  environ  -^  de  molécule- 
gramme  par  litre.  Nous  avons  trouvé  dans  ces  conditiois  [a]^''  = -+- 68"43'-  L'analyse 
de  ce  corps,  confirmée  parcelle  de  ses  combinaisons  salines,  montre  que  c'e-t  l'amino- 
alcoul   corre  pondant,    l'acide   ryanocampholique,    ce   qui    coniluit   à   lui   attribuer  la 

(')  Comptes  rendus,  t.  136,  '908,  p.  1676,  et  t.  13",  1908,  p.  60. 


982  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

formule 

\CIPOFI 

el  à  le  désigner  sons  le  nom  d'alcool  ct-anuno/io/nocinip/tolirji/c. 

Sels  de  l'amino-alcool.  —  Nous  avons  préparé  le  clilorhydrale  par  aclion  directe 
d'une  solution  élhérée  d'acide  chlorliydrique  sur  la  solution  élliérée  de  l'amino-alcool. 
Le  sulfate  a  été  obtenu  par  neutralisation  de  l'amino-alcool  en  solution  éthérée  par 
l'acide  sulfurique  concentré.  De  même,  le  chloroplatinale  a  été  obtenu  immédiatement 
par  l'action  du  chlorure  de  platine  en  solution  aqueuse.  Les  sels,  lavés  à  l'éliier  anhydre, 
se  présentent  sous  In  forme  d'aiguilles  microscopiques. 

L'amino-alcool  absorbe  très  facilement  l'acide  carbonique  de  l'aii'  el  le  carbonate 
formé  est  précipité  par  l'élher.  C'est  une  poudre  blanche  très  altérable  et  ne  se 
conservant  bien  que  dans  une  atmosphère  sèche. 

Nous  nous  proposons  d'élendre  ces  recherches  aux  dérivés  de  l'acide 
cyanocampholique  et  en  parlicuHer  aux  élhers-sels  de  l'acide  homocarn- 
phorique. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Oxydation  permanganique  de  V a.'j.-méthylallylcy- 
clohexanone  en  milieu  alcalin.  Noto  M.  R.  Corm'iiert,  prcscnlée  par 
M.  A.  Haller. 

Nous  inspirant  de  l'étude  entreprise  par  MM.  Haller  et  Meyeringh  syr 
roxvdalion  permanganique  de  l'aHyldiméthylacétophénone  en  milieu  al- 
calin ('  )  et  des  reciierches  de  M.  Haller  et  de  M'""  Ramart  sur  la  synthèse 
de  certains  des  corps  ainsi  engendrés  (^),  nous  avons  élydié  l'oxydation  per- 
manganique  de  l'aa-mélhylallylcyclohexanone,  cétone  que  nous  avons 
décrite  dans  des  Notes  antérieures  ( '). 

L'oxvdation  a  tout  d'abord  été  elTectuée  au  moyen  d'une  solution  de 
permanganate  à  3  pour  100  en  présence  de  potasse  à  l'alcool  en  suivant  le 
mode  opératoire  indiqué  par  MM.  Haller  et  Meyeringh;  la  réaction  s'est 
faite  très  aisément,  une  petite  (juantité  de  cétone  a  seulement  échappé  à 
l'oxydation.  Les  produits  neutres  ont  été  enlevés  par  épuisement  à  l'élher. 
puis,  après  acidification,  les  produits  acides  ont  été  extraits  par  agitation 
avec  le  même  solvant.  Nous  avons  ainsi  obtenu  : 


(')  A.  1Iai.i,i;ii  el  ,1.  Mevi;kim;ii,  Corn/i/cs  rendus^  l.  l.'iS,  i<)i'|.  p.   i<>"'7' 

(■-)   A.  llALLmii  et  iM™"  Mamart,  Cnnipes  rendus,  t.  L')8,  kjm,  p.  (3o>.. 

(■■')   W.  (^.oRMiBERT,  Comptes  rendus^  t.  138,  191 'i,  p.  i()oo;  l.  170,  imîo,  p.  \'.'^Ç). 


SÉANCE   DU    l8    AVRir>    1921.  983 

I"  t  ne  tii's  [xHile  qiiiiiilité  irun  pioiluil  liquide,  d'odeur  forle,  camphrée,  rappe- 
lant aussi  l'odeur  de  moisi,  correspondant  à  la  composition  CH'^O'-,  bouillant  à  128"- 
101"  (corr.)  sous  So"""  et  qui  semble  représenter  l'oxyle  d'élliylène  monomère  de 
formule  I.  Un  essai  de  synthèse  directe  par  action  de  l'épibromhydrine  sons  IV-méihyl- 
cvcloliexanone  n'a  donné  aucun  résultat. 

•',"  Une  quantité  importante  d'une  résine  incolore,  répondant  à  la  formule  C'"II"'0-, 
dont  le  poids  moléculaire  a  été  trouvé  correspondre  sensiblement  à  celui  d'un  Irimère 
du  premier  corps  (P.  M.  5o4  )i.  Cette  substance  bout  à  i-qo-i^;")"  sous   yS""". 

3"  Une  petite  quantité  de  cristaux  fondant  à  99", 5- 100°,  répondant  à  la  formule  II, 
c'est-à-dire  représentant  le  glycol  d'oxydation  normale. 

'1"  Un  pioduit  acide,  dont  l'analyse  a  montré  qu'il  représentait  soit  l'acide  de  for- 
mule 111.  si)it  l'acide  de  formule  IV.  L'examen  du  sel  de  baryum  a  corroboré  ce 
résultat. 

CU^  CH' 

CII-^./\,CH2  CIU./^CII^' 

'■      niJ     K^^"'  "■   niJ     L^^"' 

/  '\CJP— CM  — CM=  ■     \/    \CH2  — CHOH-CIPOH 

CO  \/  CO 

O 

CH^  CIP 

CH'/'^cir-  cii»/\cir- 

'"•  yClP  '^-  /Cil' 

^n  \/'-\(^H,__cj,oii_c001i  \/   \CH^-C0-C0OH 

CO  CO 

>s 'ayant  pu  déterjTiiner  exactement  la  constitution  de  l'acide,  nous  avons 
pféparé  une  nouvelle  quantité  de  matière  première.  Pour  une  cause  fortuite, 
nous  avons  opéré  en  présence  de  soude  à  la  chaux  au  lieu  de  potasse  à 
l'alcool.  Ce  cliangement  d'alcali  a  eu  pour  résultat  de  modifier  la  nature  des 
produits  neutres  d'oxydation  et,  en  dehors  d'une  petite  quanlilé  de  cétone 
inaltérée,  nous  avons  obtenu  : 

1°  Une  ;;raiiile  (|  nanti  té  d'un  produit  liquide  très  visqueux  accusa  nt'ti  es  sei  siblement 
la  composition  centésimale  du  glycol  de  formule  II.  Ce  liquida,  de  point  d'ébulliiion 
1 85°- 188"  sous  2  1""™,  nous  a  donné  un  dérivé  monobenzoyié  fondant  à  i4l°- 1/4*°  (corr.); 

2°  Une  petite  quantité  de  cristaux  fondant  à  98°-99°  (corr.),  répondant  à  la. formule 
C'H'^O',  qui  ont  engendié  un  dérivé  monobenzoyié  fondant  à  i4o°-i4i°  (corr.).  La 
détermination  du  point  de  fusion  du  mélange  de  ce  glycol  et  du  glycol  d'oxydation 
potassique  d'une  part,  du  mélange  des  deux  dérivés  benzoyiés  d'autre  part,  a  montré 
ipie  ces  corps  étaient  deux  à  deux  identiques.  L'amorçage  du  glycol  resté  liquide,  avec 
des  germes  de  glycol  cristallisé,  n'a  cependant  pas  produit  de  cristnlli>ation  ; 

3'  Une   patite  quantité  d'un   produit  l'ilanienleux  passant  à    26o°-28o°  sons  21""", 


984  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

répondant  assez  sensiblement  à  la  formule  N 

Cil'  CH' 

Ui  x/^XcH^-  CHOH  -  CIP-  O  -  CH^-  CHOH  -  CH=/    \/ 
CO  .  CO 

La  mesure  du  poids  moléculaire  a  donné  363  au  lieu  de  354  ; 

4°  Un  produit  acide  répondant  encore  soit  à  la  formule  III,  soit  à  la  formule  IV; 
malgré  de  nouvelles  expériences  nous  n'avons  pas  pu  déterminer  sa  constitution  exacte. 

Pour  relier  l'une  à  Fautre  ces  deux  opérations,  nous  avons  déshydraté, 
par  l'isocyanate  de  phényle,  une  certaine  quantité  du  glycol  resté  li(]uide 
et  nous  avons  ainsi  obtenu  une  petite  quantité  du  trimère  de  l'oxyde 
d'éthylène  souillé  d'un  peu  de  diphénylurée,  mélange  passant  surtout 
à  i6.5"-i75°  sous  22™*°,  et  un  produit  qui  a  distillé  entre  245°  et  260°  sous 
la  même  pression  et  qui  semble  constitué  par  un  mélange  de  trimère,  de 
diphénylurée  et  de  corps  de  formule  V. 

En  résumé  l'oxydation  permanganique  de  Kaa-mélhylaUylcycloliexanone 
en  présence  de  soude  à  la  chaux  s'est  comporté  de  la  même  manière  que 
l'oxydation  permanganique  de  l'allyldiméthylacétophénone  en  présence  de 
potasse.  Au  contraire,  en  présence  de  potasse  à  l'alcool,  la  cétone  que  nous 
avons  étudiée  a  donné  des  produits  anormaux  d'oxydalion. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  détermination  de  l'indice  d'acélyle  des  matières 
grasses.  Note  (')  de  M.  Emile  Anurk,  présentée  par  M.  Ch.  IMoureu. 

En  1907,  le  Congrès  international  de  Chimie  applicpiéede  Rome  a  adopté, 
pour  déterminer  l'indice  d'acélyle  des  matières  grasses,  le  procédé  de 
Lewkowitsch  (^).  Cet  auteur  donne  le  nom  «  d'indice  d'acétyle  »  a«  nombre 
de  mdli grammes  de  potasse  nécessaire  pour  saturer  V acide  acèti(jue  obtenu  en 
saponifiant  i^de  corps  gras  acétylé  Pour  do^er  l'acide  acéli(|UP,  il  met  à 
profit  la  double  propriété  que  possède  cet  acide  d'être  soluble  dans  W  au  et 
d'être  entraînable  par  la  vapeur.  On  pratique,  d'une  parr,  un  dosage  dacides 

(')  Séance  du  11  avril  tç)Ti. 

(')  Journal  of  Soc.  of  clieni.  Iiid..  1890,  p.  CGo;  1897,  p.  5o3. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I921.  gSS 

solubles  ou  d'acides  volatils  (au  choix)  sur  le  corps  gras  acétylé,  d'autre 
part  un  dosage  identique  sur  le  corps  gras  lui-même.  La  différence  entre  les 
deux  dosages  représente  l'acide  acétique  fixé  par  acélylalion. 

Nous  avons  adopté  pour  déterminer  l'indice  d'acétyle  un  procédé  plus 
simple  et  plus  précis.  Il  est  possible,  quand  on  connaît  l'indice  de  saponifi- 
cation S  d'une  matière  grasse  et  l'indice  de  saponification  S'  de  la  même 
substance  acétylée,  de  calculer  exactement  son  indice  d'acétyle. 

Lorsqu'une  huile  ou  graisse  contient  des  glycérides  d'acides  gras  à 
fonction  alcool,  l'acétylation  auguiente  son  indice  de  saponification  et  l'on 
a  S'>S.  La  quantité  S'—  S,  que  nous  appellerons  A,,  ne  représente  pas 
l'indice  d'acétyle  :  i^  d'huile  acétylée  ne  contient  pas  i^  d'huile,  car 
l'acétylation  a  fait  subir  à  la  matière  grasse  une  augmentation  de  poids. 
Par  suite,  ce  n'est  pas  la  quantité  de  potasse  S  qu'il  faudrait  retrancher  de  S' 
mais  une  quantité  plus  petite.  Si  nous  désignons  par  A  la  valeur  réelle  de 
l'indice  d'acétyle,  la  différence  5'  —  S  lui  est  inférieure  d'une  quantité  qui 
nous  est  inconnue. 

Il  existe,  entre  A, ,  S  et  A,  une  relation  mathématique  simple  permettant, 
lorsque  l'on  connaîllesdeux  premières  de  ces  valeurs,  de  calculer  la  troisième. 
On  peut  établir  cette  relation  par  le  raisonnement  suivant  : 

1°  Elhéiifier  un  alcool  par  l'acide  acétique  c'est  remplacer  un  grou- 
pement oxhydrile  —  OH,  dont  le  poids  est  de  17S,  par  le  groupement 
CH'  —  COO  dont  le  poids  est  de  Sg^  et  augmenter  le  poids  de  la  molécule 
de  59^—  17^=  /j2^. 

2°  Pour  saponifier,  dans  une  molécule-gramme,  une  fonction  éther  acé- 
tique, il  faut  employer  56^  de  KOH.  Pour  une  substance  acétylée  dont  i^ 
exige,  pour  être  saponifiée,  os,o56  de  KOH,  on  est  en  droit  de  conclure  que 
cette  quantité  de  i^  représente  (i  —  0,042)  gramme  de  l'alcool  primitif  ;  un 
éther  acétique  dont  is  néces>ile  n  grammes  de  KOH  pour  être  saponifié 
représente    donc    (i  -  — ^,  x  0,042)     gramme    de    l'alcool    lui-même. 

Appelons  A  le  rapport  ^  par  lequel  il  faut  multiplierl'indice  de  saponification 

d'un  éther  acétique  pour  déterminer  «  la  surcharge  acétique  »  de  l'alcool 
dont  il  dérive. 

Connaissant  X,  l'indice  de  saponification  S  et  l'indice  de  saponification  S', 
on  possède  tous  les  éléments  nécessaires  pour  calculer  l'indice  d'acétyle  A. 

La  quantité  de  potasse  S'—  S  =  A,  a  servi  à  saponifier  des  fonctions 
éther  acétique  et  correspond  à  une  surcharge  A,X.  En  retranchant  de  S' 
une  quantité  de  potasse  S,  nous  avons  retranché  une  quantité  trop  élevée; 


986  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

pour  saponifier  (1  —  A,  A)  gr.  de  matière  grasse  primitive,  il  faut  seulement 
(i  —  A,  a)  S  de  KOH.  La  quantité  A,  aS  appartient  à  l'indice  d'acctyle  et 
doit  être  ajoutée  à  A,.  En  répétant  pour  elle  le  même  raisonnement  (pje 
pour  A|,  nous  trouvons  un  deuxième  terme  de  correction  A,  A^S-  et.  en 
continuant  ainsi  de  proche  en  proche,  nous  obtenons  la  relation  suivante  : 

(  I )  A  =  A, ( I  +  AS  +  >.2S2  +  }}S-^ -+-),•  S*. . . ). 

L'ensemble  des  termes  AS,  A- S-,  X'S'',  X'S'. . .  est  une  progression  géo- 

mélri(|ue  dont  le  premier  terme  aS  est  la  raison;  il  est  inférieur  à  l'unité 

car  A  =  0,75  et  S  varie  entre  o,  i5o  et  0,270  pour  presque  toutes  les  matières 

grasses  connues.  La  valeur  vers  laquelle  tend  la  somme  de  celte  progression 

/S 
est — -r-^-  En  substituant  cette  \aleur  dans  la  formule  (I),  et  en  rein[)la- 

çant  A,  par  S' —  S,  il  vient 

7  S 


(II)  A  =  S'-S^.+  ^_.^ 

où  A  =  0,75  est  une  constante  particulière  à  tous  les  éthers  acétiques,  S  lin- 
dice  de  saponification  de  la  matière  grasse  et  S' l'indice  de  saponificalioi; 
de  la  même  substance  acétylée. 

La  méthode  que  nous  proposons  est  plus  rapide  et  plus  simple  (jue  celle 
de  Lewkowitsch  ;  l'indice  de  saponification  est  une  constante  chimi(iue  qu'on 
peut  facilement  déterminer  avec  exactitude  tandis  que  le  dosage  des  acides 
volatils  ou  des  acides  >olubles  n'offre  ni  la  même  facilité  nila  même  garantie. 

Voici,  à  litre  d'exemple,  les  chiffres  comparés  que  nous  ont  fourni  les 
deux  méthodes  pour  deux  échantillons  d'huile  de  ricin  et  cinq  échantillons 
d'huile  de  pépins  de  raisin  ;  leur  concordance  est  très  satisfaisante;  les  valeurs 
obtenues  pai'  le  calcul  à  partir  de  S  el  de  S'  sont  toujours  un  peu  plus  faibles, 
nous  estimons  que  ce  sont  elles  qui  offrent  les  meilleures  garanties  d'exac- 
titude : 

Mclliodc  Calculé  à  prtilii' 

Huiles.  Lewkowitsch.  de  S  el  de  S'. 

Ricin  exlr.iiu;  an  laboratoire  des  graines 

du  H./.anzll)iirensls n6,9  •  44  i7 

Ricin  commerciale i-i-,  2  i36, 1 

Raisin  blanc  (Ton raine) 21  ,.5  20,8 

Raisin  rouge  (Touraine)  n"   I 21,6  2", 4 

1)            »                 »             n"  '2 3o,o  29,6 

Raisin  rouge  (Italie) So.j  29,2 

I)           »       (France  méridionale) J2,i  49i4 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1921.  987 

PALKO.NTOLOGII'.  —  Existence  de  nombreux  spicules  d' Alcynnaires  dans  les 
mineniis  de  fer  jurassiques  de  Irtince.  ÎNole  de  M.  L.  Caykux,  prcsfiilée 
par  \l.  11.  Doiivillc. 

Le  gtou[>e  des  Alcyonaires  à  spicules,  qui  tient  une  place  noiable  dans  la 
constitution  de  la  faune  marine  actuelle,  est  presque  inconnu  à  l'étal  fossile. 
Si  Ton  consulte  les  traités  de  Paléontologie  classiques,  on  apprend  que  les 
Alcyonaires  à  squelette  continu  sont  les  seuls  qui  aient  chance  d'être 
conservés  dans  les  formations  anciennes,  et  que  les  spicules  fossiles,  ou 
n'ont  pas  été  reconnus  avec  certitude,  ou  n'existent  pas.  La  haute  teneur 
des  spicules  d'Alcyonaires  en  matière  organique  a  même  été  invoquée  par 
Zittel  pour  exphquer  leur  absence,  cette  matière,  au  dire  de  Fauteur, 
devant  en  provoquer  la  décomposition.  Mais  le  fait  que  les  spicules  d'Al- 
cvonaires  sont  essentiellement  formés  de  calcite  était  de  nature  à  laisser 
supposer  que,  tôt  ou  tard,  le  hasard  en  révélerait  la  présence  dans  les 
terrains  anciens. 

V  la  vérité,  aucun  représentant  d'Alcyonaire  à  spicules  n'a  été  signalé 
en  France  jusqu'à  présent,  et  les  très  rares  éléments  qu'.on  leur  rapporte 
actuellement,  à  ma  connaissance,  ont  été  découverts  dans  le  Lias  moyen 
de  Gotha  et  dans  la  craie  supérieure  de  Bohème. 

H  est  maintenant  permis  d'affirmer  que  ces  organismes  ont  été  très 
répandus  à  certains  moments  dans  le  passé,  et  qu'il  suffit  d'analyser,  au 
microscope,  tel  de  nos  minerais  jurassiques  pour  en  observer  des  restes  en 
abondance.  Une  fois  déplus,  l'étude  pétrographique  des  roches  sédimen- 
taires  entreprise  systématiquement,  au  moyen  de  coupes  minces,  élargit 
par  contre-coup  le  domaine  de  la  Paléontologie. 

Au  cours  de  mes  recherches  sur  les  minerais  de  fer  oolithique  d'âge 
secondaire,  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir,  sans  les  chercher,  des 
spicules  d'Alcyonaires,  en  nombre  vraiment  considérable.  Les  plus  anciens 
datent  du  Lias  supérieur,  où  ils  sont  d'ailleurs  rares,  en  moyenne.  Dès  le 
Bajocien,  ces  spicules  se  multiplient  beaucoup,  en  même  temps  que  leur 
dill'usion  augmente.  Au  Callovien,  ils  abondent  au  point  qu'on  les  peut 
compter  par  centaines  dans  certaines  préparations  d'étendue  ordinaire. 
A  cette  époque,  l'aire  de  dispersion  des  spicules  d'Alcyonaires  est  tellement 
vaste  qu'on  les  rencontre  aussi  bien  dans  les  minerais  du  Bassin  de  Paris 
et  du  Jura  que  dans  ceux  du  Bassin  du  Rhône.  Contre  toute  attente,  ils 
disparaissent  en  totalité  à  l'Oxfordien,  si  bien  que  la  difïérenciation  des 


988  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

minerais  callovicns  et  oxfordlens,  au  moyeu  des  spicules  d'Alcyonaires,  est 
on  ne  peut  plus  facile. 

Quel  qu'en  soit  l'âge,  les  spicules  observés  se  font  remarquer  par  un  air 
de  f.imille  très  accentué.  D'tme  manièr-e  p'^n'-rale,  leur  taille  est  de  l'ordre 
de  grandeur  de  celle  des  spicules  d'Epongés.  Si  l'on  s'en  tient  aux  manières 
d'être  les  plus  communes,  les  seules  qui  nous  intéressent  ici,  les  spicules 
d'Alcyonaires  des  minerais  de  fer  jurassiques  se  résolvent  en  bâtonnets, 
souvent  grêles,  cylindriques,  fusiformes,  ou  un  peu  irréguliers,  droits, 
arqués  ou  flexueux.  Tous  sont  monoaxes  et  jamais  branchus  ou  fourchus. 
La  plupart  sont  lisses  et  les  autres  hérissés  de  petits  piquants,  ou  ornés  de 
courtes  épines.  De  canal,  il  n'existe  aucune  trace.  Le  plus  souvent,  lesdils 
spicules  sont  formés  de  calcite,  optiquement  orientée  de  la  même  façon, 
pour  un  individu  donné  de  forme  rectiligne,  sans  qu'il  soit  possible 
d'observer  le  moindre  vestige  de  la  structure  première. 

Mais  [\  se  trouve,  principalement  dans  le  Callovien,  des  centaines  de 
spicules  qui  ont  conservé  parfaitement  intacte  la  structure  fibreuse  carac- 
téristique du  groupe.  En  l'absence  de  ce  critérium,  d'importance  capitale 
pour  l'identification  des  bâtonnets,  leur  attribution  aux  Alcyonaires  s'im- 
poserait quand  même,  et  non  sans  rigueur,  par  une  élimination  raisonnée 
des  spicules  d'Epongés. 

Il  est  très  remarquable  que,  subordonnés  à  des  sédiments  qui  ont  été  le 
siège  de  nombreuses  métainorplioses  minérales,  les  spicules  d'Alcyonaires 
se  soient  montrés  absolument  reballes  aux  phénomènes  d'é[)igénie.  Calcaires 
à  l'origine,  ils  sont  restés  calcaires  dans  les  différents  étages  où  je  les  ai 
rencontrés. 

Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  la  nature  spéciale  des  dépôts  auxquels  les 
spicules  sont  associés,  cjue  leur  existence  est  liée  à  celle  d'un  milieu  de 
nature  très  particulière,  et  que,  partant,  leur  répartition  dans  le  temps  et 
dans  l'espace  en  doive  être  des  plus  restreintes.  D'oies  et  déjà,  je  puis  noter 
que  les  spicules  d'Alcyonaires  sont  également  répandus  à  profusion  dans 
des  calcaires  calloviens  qui  n'ont  rien  d'aberrant  au  point  de  vue  minéral. 
C'est  pourquoi  j'incline  à  croire  que  le  rôle  paléontologique  des  Alcyonaires 
à  spicules  doit  être  appréciable,  voire  même  notable,  contrairement  à 
l'opinion  qui  a  prévalu  jusqu'ici.  Pour  tout  dire,  j'ajouterai  que  la  présence 
de  nombreux  spicules  d'Alcyonaires  dans  nos  minorais  de  fer,  non  seule- 
ment comble  une  importante  lacune  de  la  paléontologie  des  Invertébrés, 
mais  pose  et  résout  tout  à  la  foi-*  un  pro!)lèmi;  intéressant  et  nouveau  pour 
la  pétrographie  des  roches  sédiraentaires. 


SÉANCE    DU     iS   AVRIL    ig'^l.  989 


GÉOLOGIE.  —  La  silualio/i  g(''o/o<ii{/ue des  volcans (/'Oii<(/da  (Maroc  O/ienlal). 
Note  de  M.  P.  llussô. 

La  plaine  d'Angad  ou  d'Oudjda  est  un  long  couloir,  éiroit  au  centre  vers 
Oudjda  (20'""),  s"élaig'issanl  aux  deux  exlrêniités  :  à  l'ouest  à  El  Aioun,  à 
Test  à  Marnia  (80'''"). 

I"]lle  est  encadrée  par  des  monlagnes  jurassiques  qui  sont  les  lieni  Snassen 
au  \ord;les  Heni  Yala  et  les  Zekharn,  ainsi  qu'une  partie  des  Béni  bon 
Zeg'i^nu  au  Sud.  Son  axe  est  occupé  par  des  volcans. 

La  plaine  elle-même  est  formée  de  dépôts  miocènes  (Yindobonien  et 
Sahelien)  ainsi  que  de  dépots  alluviaux  quaternaires. 

Les  terrains  jurassiques  qui  bordent  immédiatém&nt  la  plaine  montrent, 
à  liauleur  de  la  paitie  la  plus  étroite  du  couloir,  un  double  pendage  de  10° 
environ  vers  l'Est  et  vers  l'Ouest,  dessinant  ainsi  un  anticlinal  transverse 
surélevé  {fias  Foughal  &\x  Nord,  monts  des  Zckhara  au  Sud). 

Les  falaises  jurassiques  qui  dominent  la  plaine  d'Angad  au  Nord  et  au 
Sud  sont  formées  de  couches  plongeant  en  sens  opposé  (22"  vers  le  Nord 
et  12"  vers  le  Sud).  Cette  structure  donne  l'indication  d'un  large  bombe- 
ment anticlinal  dont  la  voûte  s'est  effondrée  pour  donner  naissance  au 
couloir  d'Oudjda.  Les  falaises  calcaires  qui  limitent  l'effondrement  ne 
tombent  pas  directement  sur  la  plaine,  mais  en  sont  séparées  par  une  série 
de  collines  dans  lesquelles  les  couches  jurassiques  alïaissées  ont  un  pendage 
inxersc  de  celui  des  falaises  et  s'enfoncent  sous  les  terrains  récents  de  la 
plaine.  Il  y  a  donc  l'indication  d'un  mouvement  synclinal  très  net,  très 
accusé. 

De  plus,  suivant  d'Ouest  en  Est  l'axe  de  la  plaine,  se  développe  un  relief 
montagneux  qui  naît  vers  El  Aioun,  s'élève  graduellement  avec  un  pendage 
d'ensemble  \ers  l'Ouest;  il  atteint  son  maximum  de  relèvement  et  sa-  plus 
grande  largeur  au  niveau  où  la  plaine  est  la  plus  étroite,  puis  les  couches 
prennent  un  pendage  oriental  et  le  relief  disparaît  bientôt  d'une  manière 
brusque.  Ce  massif  jurassique  axial  présente  transversalement  une  dispo- 
sition synclinale;  c'est  un  synclinal  en  relie f  VwmiQ  au  Nord  et  au  Sud  par 
des  falaises  qui  répondent  à  des  fractures  ayant  accompagné  refl'ondremenl 
général  du  bassin  d'Angad. 

Ces  différentes  failles  (souvent  avec  des  dénivellations  de  100'"  et  plusj 
dessinent  un  réseau  de  cassures  formant  un  faisceau  assez  resserré  au 
C.  R.,  192.,  1"  Semestre.  (T.  Xll,  N*  16.)  74 


pgo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nixeau  de  la  portion  élroite  de  la  plaine  et  sY'lalant  en  éventail  vers  l'Est 
et  \CTS  rOuest,  puis  disparaissant  dès  que  la  plaine  s'élargit. 

C'est  par  ces  fractures,  au  nombre  de  quatre  principales,  que  se  sont  fait 
jour  les  roches  éruptives  et  les  volcans  qui  parsèment  la  jilaine  d'Oudjda 
Ces  fractures  sont  jalonnées  par  les  volcans  suivants  : 

1°  Fracture  entre  le  massif  des  Béni  Snassen  et  la  falaise  nord  du  syn- 
clinal axial  :  \olcan  de  Kerkoum  Lak/uit. 

2"  Fracture  dans  le  synclinal  faille  du  massif  axial  :  \olcans  de  Teriuiniis. 
Shotind-ed  Dih,  Oued  Kenna.  Koudiat  Mazoïiz. 

3"  Fracture  au  pied  sud  du  massif  axial  :  volcans  de  lieni  Oukil  et  k'ej 
Oghabcd. 

4"  Fracture  au  pied  de  la  grande  falaise  méridionale  (Béni  "N  ala  )  :  vol- 
cans de  Srrnmard. 

Je  suis  ainsi  arrivé  à  considérer  le  couloir  ou  bassin  d'Angad  comme 
produit  par  l'effondrement  de  la  clef  de  voûte  d'un  large  voussoir  anticlinal 
de  calcaires  jurassiques.  F. a  bande  elTondrée,  large  de  120'^'"  dans  sa  partie 
la  plus  étroite,  présente  en  gros  une  structure  synclinale  accidentée  par  de 
nombreuses  fractures  avec  dénivellation;  l'axe  en  est  occupé  par  un  large 
synclinal  surélevé.  C'est  par  les  fractures  résultant  de  l'effondrement,  dont 
la  date  est  antévindobonienne,  que  se  sont  produites  les  éruptions  volca- 
niques disposées  en  une  quadruple  série  parallèle,  resserrée  au  centre, 
étalée  en  éventail  aux  extrémités. 


GÉOGRAPHIE.  —  Sur  1(1  dépression  longitudinale  du  Chili. 
Note  de  M.  dic  ^IoiNtkssits  «k  Ham.oke. 

Plusieurs  géologues,  en  particulier  Suess  et  de  Lapparent,  ont  tiré 
d'importantes  déductions  de  ce  qui  a  été  appelé  la  vallée,  ou  la  dépression 
longitudinale  du  Chili,  colossal  accident  qui  s'étcndr;iit  sans  interruption 
depuis  le  ')3''  parallèle  jusqu'au  débouché  du  détroit  de  Magellan  dans 
l'Atlantique,  soit  sur  une  longueur  d'environ  2600""".  Ces  auteurs  ont 
été  trompés  par  les  cartes  à  petite  échelle  et  par  d'imprudentes  assertions. 
Les  observations  faites  au  cours  de  mes  voyages,  et  surtout  l'examen 
minutieux  de  la  carte  du  Chili  au  ,^^,„\,^,,,  publiée  par  le  Bureau  de  mesure 
des  terres  sous  la  direction  de  Risopatrc'm,  me  permellent  de  présenter 
une  conception  toute  dilTérente  de  la  inor|)hologie  générale  de  la  [larlie 
centrale  de  ce  pays  (  '  ). 

(')  tin  travail  plus  éleiHiii  paiiiîlra  dans  un  nuire  Ki-cueil. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIN  I921.  991 

La  cordillère  cùtière  ne  s'individualise  qu'au  sud  du  i3''  parallèle, 
car  au  nord  elle  est  continue  avec  celle  des  Andes  et  les  ensellements 
considérés  comme  représentant  le  prolongement  septentrional  de  la  dépres- 
sion n'existent  pas. 

La  plaine  de  Santiago  est  une  cuvette  se  déversant  dans  le  Pacifique,  de 
sorte  que  la  dépression  ne  commence  que  plus  au  Sud  avec  le  délilé  d  \n- 
s^ostura  par  ']J5"5G'  L.  S.  De  là  et  avec  des  largeurs  variables  atteignant 
jusqu'à  To'""",  la  dépression  court  Nord-Sud  jusqu'à  Nacimiento  sur  le  rio 
Bio-Bio,  soit  sur  une  longueur  de  484''™. 

Aucun  fleuve  n'a  son  thalweg  le  long  de  l'axe  de  la  dépression  entre  les 
deux  cordillères,  ce  qui  exclut  la  dénomination  de  vallée  el  le  régime 
hydrographique  se  présente  comme  il  suit.  De  nombreux  fleuves,  et  par- 
fois d'importants  affluents,  descendent  de  points  plus  ou  moins  profondé- 
ment internés  dans  la  cordillère  des  Andes,  traversent  la  dépression  de 
l'Est  à  l'Ouest,  puis  coupent  la  cordillère  côtière  pour  se  déverser  dans  le 
Pacifique.  Parmi  eux,  quelques-uns  seulement  naissent  au  pied  occidental 
de  la  cordillère  des  Andes.  Beaucoup  de  ces  cours  d'eau  ont  des  segments 
plus  ou  moins  longs  qui  suivent  le  pied  oriental  de  la  cordillère  côtière,  ce 
qui  n'arrive  jamais  pour  le  pied  occidental  de  celle  des  Andes.  Tel  est  le 
fait  capital  montrant  que  partout  le  fond  de  la  dépression  est  légèrement 
incliné  dans  le  sens  transvei'sal,  c'esl-à-dii-e  do  l'Ouest  à  l'Est. 

Ce  n'est  pas  tout.  Ce  régime  hydrographique  et  le  pi'ofil  longitudinal 
de  la  voie  ferrée  qui  suit  la  dépression  montrent  l'existence  de  onze  ondu- 
lations transver.-ales  surbaissées  qui,  couiant  de  l'Est  à  r(  )uest,  réunissent 
le  pied  occidental  de  la  cordillère  des  Andes  au  pied  oriental  de  la  cor- 
dillère cùtière.  Leurs  ventres  sont  les  thalwegs  des  cours  d'eau  trans- 
versaux qui  vont  au  Pacifique  après  avoir  coupé  la  cordillère  côtière,  et 
leurs  crêtes,  légèrement  inclinées  vers  l'Ouest,  forment,  entre  les  deux 
chaînes,  les  lignes  de  séparation  des  bassins.  Les  thalwegs  des  segments 
longitudinaux  de  cours  d'eau  correspondent  aux  intersections  des  ondula- 
tions avec  les  pentes  orientales  de  la  coi'dillère  côtière,  et  ces  segments, 
s'afFrontant  deux  à  deux  à  la  crête  d'une  ondulation,  coulent  en  sens 
inverses  du  Sud  au  Xord  et  du  Nord  au  Sud,  respectivement. 

Cette  inclinaison  transversale  des  crêtes  explique  comment  il  ne  peut  y 
avoir  de  cours  d'eau  longeant  le  pied  occidental  de  la  cordillère  des  Andes. 
Aux  intersections  du  flanc  oriental  de  la  cordillère  côtière  avec  les  ventres 
des  ondulations  transversales,  c'est-à-dire  avec  les  thalwegs  des  cours  d'eau 
transversaux,  et  avec  leurs  crêtes,  les  difl'érences  d'altitude  varient  entre  5'" 


992  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  90™  et  entre  3™  et  228"  respectivement,  soit  en  moyenne  de  36'"  à  78". 
Le  fond  de  la  dépression  est  donc  en  somme  assez  accidenté. 

Cette  disposition  morpliologique  rythmée  est  très  remarquable  par  la 
régularité  avec  laquelle  on  l'observe  sur  près  de  Sog"""'  de  longueur  méri- 
dienne et  nous  n'en  connaissons  pas  d'exemples  pour  d'autres  entremonls 
de  chaînes  parallèles  voisines  comme  celles  de  l'iùjuateur  et  de  la 
Colombie.  Cette  disposition  peut  être  provisoirement  considérée  comme 
le  résultat  de  poussées  tangentielles  de  sens  méridien,  c'est-à-dire  comme 
un  système  de  plis  orthogonalement  surimposés  à  ceux  des  Andes,  plis  (jui 
seraient  venus  accidenter  la  partie  occidentale  du  fond  du  bras  de  mer  de 
l'époque  secondaire  qui  baignait  le  pied  oriental  de  la  cordillère  entière  et 
sur  laquelle  s'est  érigée,  plus  à  l'Est,  celle  des  Andes. 

JMitre  Nacimiento  et  Temuco  (i54'"")  la  cordillère  cùtière  prend,  sous  le 
nom  de  Sierra  de  Na/nielbuta,  un  relief  plus  accentué,  mais,  en  même 
lcm[)s,  elle  est  réunie  à  celle  des  Andes  par  un  seuil  transversal  élevé  que  la 
voie  ferrée  franchit  à  l'altitude  de  369'"  à  Pailabueque,  barrant  ainsi  la 
dépression  qui  ne  reparaît  plus  que  367''"'  plus  loin  au  golfe  de  Reloncavi. 
Dans  cet  intervalle,  il  n'y  a  plus  de  relief  distinct  formant  une  chaîne 
côtière  individualisée,  mais  un  ensemble  confus  d'environ  loo'^'"  de  largeur 
qui  pourrait  bien  ètie  une  pénéplaine  s'étendant  du  pied  des  Andes  au 
Pacifique. 

C'est  par  un  véritable  abus  de  mots  que  les  canaux  du  sud  du  Chili,  en 
particulier  le  détroit  de  Magellan,  ont  été  considérés  comme  partie  inlé- 
gi'ante,  ou  prolongement  de  la  dépression  longitudinale. 

BIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Varidlions  et  ferlililè  de  l'hylindc  l'riniula  varia- 
bilis  Goupil  comparées  à  celles  de  ses  parents  Pr.  vulgaris  fluds.  et  Pr.  oflici- 
nalisA'oyj.  i\ote(')  de  M.  Ij.  Rlaringhem,  présentée  par  M.  L.  (iuignard. 

L'étude  des  pollens  des  hybrides  (ixés,  Gcitm  iiitrrmediiini  l!hrii.  el  Ceii- 
taiirea  pratensis  Thnill.  (-'),  m'a  permis  de  montrer  (ju'à  la  >lal)ililé  des 
caractères  mor[)liologiqucs  des  hybiides  se  superposaient  des  variations 
définies  dans  la  fécondité  des  éléments  reproducteurs.  La  même  étude, 
appliquée  au  Prirmila  vnriabiUs  Goupil,  hybride  spontané  de  /'/•.  ridi>(iris 
lluds.   i^grandijlora  Lmk.)  et   Pr.  officimdis  Scop.,  donne   des   résultais 

(')  Séance  du  11  avril  1921. 

(•)  Cxinplfs  ifiidiis.  I.  170,  19-31),  p.  i^S'i,  el  liiill.  Suc.  hol.,  juillcl  \i.y>.r>. 


>  SÉANCE    DU    uS    AVRIL    1921.  993 

concordanls  cl  me  conduit,  de  plus,  à  \a.  découvctle  de  l'inslal)ililé  phy- 
siologi([ue  de  l'un  des  parents,  Pr.  rulgaris,  qui  se  comporte  comme 
riiybride  avec  lequel  il  a  de  nombreuses  affinités  morphologiques. 

l.  G.  Rouy  {1908)  qualifii'  /'/'.  variabilis  d'à;  Ityhridc  souvent  fixé,  se  reproduixani 
de  graines  ».  Leliel  (1861),  de  Roquebrune  (1862)  en  font  une  espèce  légitime. 
Goupil  (1825)  la  distingue  du  vulgaris  pav  ses  fleurs  plus  petites,  par  son  calice  à 
divisions  courtes,  droites  vers  la  pointe,  écartées  (dilTérence  avec  Pr.  elalior)  du 
tube  de  la  corolle;  il  nomme  Pr.  laleriflora  une  forme  secondaire,  plus  voisine  de 
Pr.  officinalis.  On  en  trouve  des  représentants  en  nombreuses  régions  de  France, 
en  Suisse  (Muret),  en  Allemagne  (Kunlli),  en  Danemark  (Ljunslriim),  en  Angleterre 
(Miller  Chrisly,  d'après  G. -A.  Boulanger,  1920). 

J'ai  fait  l'épreuve  de  deux  lignées  qui  se  sont  montrées  stables  dans  les  semis  : 

a.  L'une  dérive  de  deux  plantes,  à  court  et  long  st)'les,  prélevées  en  1912  au  Plessis- 
Macé  (Maine-et-Loire),  cultivées  depuis  avec  leurs  descendants  à  Bellevue  (S.-et-O.). 
Les  fécondations  croisées  artificielles  et  isolées  m'ont  donné,  en  igiS  et  )9i4t 
58  bonnes  graines  dont  j'obtins  7  plantes  adultes  qui  sont  des  Pr.  variabilis  typiques, 
avec  variations  marquées  de  la  pilosité  des  feuilles  et  des  hampes  florales  plus  ou 
moins  hautes,  de  la  largeur  et  de  la  couleur  jaune  plus  ou  moins  foncée  des  corolles. 

b.  L'autre  m'a  été  envoyée  en  1912  par  M.  Souche,  des  Deux-Sèvres.  Elle  présente 
tous  les  caractères  de  variabilis ,  avec,  en  plus,  la  particularité  très  rare  dans  le 
genre  de  ne  donner  que  des  fleurs  à  sépales  libres:  mutation  qui  se  conserve  par  lo 
semis  et  que  je  nomme  Pr.  variabilis  forme  dialysepala. 

IL  Vorigine  hylilide  des  divers  Pr.  variabilis  est  inconlesluble.  Godron  l'arfirme 
dès  18:44  •  Diirand-Duquesnay,  Gay,  Boreaii,  Grenier,  A.  Perrier,  Focke.  Ljunstrom 
et  d'autres  l'admettent.  Les  semis  de  Horeau  à  Angers,  de  Naudin  au  Muséum  (i858), 
de  Godron  à  Nancy  (1878)  en  donnent  la  preuve  après  croisement  avec  les  parents 
présumés;  mais  Içs  circonslance's  mêmes  des  cultures  et  l'apparition  de  coloris  rouge, 
ou  violacé  sur  les  corolles,  indiquent  l'intervention  de  formes  horticoles  à  constitution 
génétique  complexe.  Les  épreuves  doivent  être  reprises  avec  des  plantes  types,  spon- 
tanées, à  corolles  jaunes.  Les  plantes  étudiées  au  Plessis-Macé  répondent  à  ces  condi- 
tions et  j'en  ai  isolé  plusieurs  lots. 

On  les  trouve  en  mélange  avec  Pi\  vulgaris  abondant,  à  floraison  précoce  et 
Pr.  (ijjicinalis  var.  suaveolens  rare  et  à  floraison  tardive.  Ils  se  reconnaissent  à  dis- 
tance à  leurs  hampes,  d'ordinaire  élevées  (jusqu'à  22"^™),  garnies  de  Heurs  abon- 
dantes de  longue  durée,  souvent  d'un  jaune  plus  vif  que  celles  du  vulgaris.  Ils  sont 
intermédiaires  entre  les  parents,  mais  parfois  il  est  difficile  de  les  séparer  des  vulgaris 
forme  caulescens. 

m  La  fécondité  du  Pr.  variabilis  est  toujours  limitée,  parfois  nulle.  La  qualili' 
des  pollens  et  des  ovules  est  compensée  par  la  vigueur  végétative;  les  capsules  vides 
sont  la  majorité,  mais  j'ai  pu  récolter  quelques  bonnes  graines  sur  toutes  les  plantes 
suivies  dans  le  jardin  d'essai. 

L'examen  du  pollen  fournit  des  renseignements  précieux  sur  les  plantes  à  l'état 
sauvage.  En  particulier,  j'ai  fait  l'élude  détaillée,  plante  par  plante,  de  tous  les 
individus  croissant  sur  un  talus  de  60'"  de  lonir  et  3'"  de  large  du  Plessis-Macé,  coui- 


994  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pieiiiiiil  .)4  /'''.  oj'jiciitalis.  i84  Pr.  viilg-an's,  ?.o  l'r.  rariubilis.  <ies  dciiiieis  élaienl 
groupés;  deux  lois  rouvrant  chacun  4"''  donnent  :  2  et  5  o/Jicinalis  avec  une  moyenne 
de  3  hampes  de  i  à  8  fleurs;  i5  et  7  vulgnris  portant  de  12  à  '|2  (leurs;  7  et  5  varia- 
bilis  avec  10  à  25  hampes  de  8  à  i5  (leurs.  J'ai  examiné  le  pollen  frais  des  fleurs,  sur 
le  point  de  s'épanouir,  de  chacune  des  208  plantes  du  talus  : 

Pollen  avorté  pour  lUO. 

Style.  0  r,  —    25    —   5(1  —   75  —  1l«l 

l'riniula  of/iciiialis court  18  o            o         o          o  o  i> 

i<                      )'          ......       long  i4  '>■             00000 

»          l'iilgari'! court  8  34  ()2          9          '1  i>  " 

1)        l'oing  '"'  ''■\)  ■■i3          •")          ■(  I  I 

Il          varliihilis court  n  o            o          4          ■'-  -^  '3 

"                  I)          long  11  o           11         I         3  '  .\ 

La  fécondité  du  pollen  de  Pr.  variabllis  est  donc  réduite,  fait  déjà  connu,  mais  non 
précisé  par  des  dénouibrements,  sauf  par  Ljunstrom,  qui  trouve  (1888)  au  Danemark 
63  à  69  grains  avortés  pour  100. 

IV.  Le  fail  nouveau,  et  très  important  à  mon  avis,  est  la  stérilité  partielle  de 
Pr.  vulgaris  spontanée,  regardée  par  tous  les  auteurs  comme  une  espèce  typique.  J'en 
fus  très  surpris  et  j'ai  immédiatement  vérifié  en  d'autres  stations  (Angers,  Hellevue) 
(jue  la  règle  est  valable.  Je  n'ai  pas  trouvé,  jusqu'à  présent,  un  groupe  de  plusieurs 
plantes  Pr.  vulgaris  dont  le  pollen  soit  parfait. 

V.  f^e  plus,  alors  que  les  pollens  de  /'/■.  ofjicinalis  (iio  plantes),  de  Pr.  elaliur 
(2  plantes)  sont  homogènes,  à  grains  réguliers  (4oJ'-25f- hrévistyle,  251^-18!^  longisty le), 
la  taille  des  pollens  de  Pr,  vulgaris  et  Pr.  variabilis  est  variable,  surtout  lors(|ue  les 
avortements  sont  prononcés  et  alors  J'ai  toujours  trouvé  (/uebiues  rares  grains  de 
pollen  de  taille  double  des  grains  normaux,  ronds  ou  ovales,  au  lieu  d'Otre  oblongs, 
c|ui  éclatent  immédiatement  au  contact  de  l'eau. 

En  résume,  Piimula  rdriabilis  est  un  liyhridr  sponlimé  capaljle  de  se 
perpétuer  par  le  semis,  à  fécondité  limitée  ri  compensée  par  une  grande 
vigueur  cl  une  floraison  remaïquable  par  son  abondance  et  sa  duiTe.  A  ce 
titre,  la  |)laiile  niéiite  une  large  propagation  dans  les  jardins,  l/un  des 
parents,  /'/•.  of/icinalia,  est  une  espèce  parfaitrmenl  délinie,  très  stable  au 
point  de  vue  physiologique;  l'autre  parent,  /'/•.  iii/garis,  esl,  au  eonliairr, 
instable,  donnant  de  nombreux  grains  de  pollen  avortés  et  des  grains  i]v 
taille  variable.  (".<'lti'  irrégulaiité  n'est,  sans  doule,  pas  complètement- 
indépendante  dis  variations  inorpliologitpies  qui  ont  conduit  plusieurs 
botanistes  distingués  à  considérer  /'/•.  variabilis  comme  une  sous-espèce 
du  l'r.  riifiiari.<>. 


SEANCE  DU  18  AVKII.  1921.  995 


CYI'OLOGIE.  —  L'éi'oltuiun  des  grains  d'alciironc  en  raciiolcs  ordirudics  et.  la 
fonnalion  des  tannins.  Noie  de  M.  Piiitun  Danckaiu)  filsj  préscnlée  paf 
M.  l\-\.  l^iiD-eard. 

La  nolion  de  initochondfie  a  déjà  provoqué  beaucoup  de  confusion  en 
c\  tologic  végétale  ol  elle  continue  de  le  faite  comme  en  témoignent  les 
travaux  récents  sui-  cette  cpiestion. 

Si  nous  nous  reportons  à  la  distinction  faite  sur  ce  sujet  par  .M.  P.- A.  Dan- 
geard  ('),  nous  sommes  en  présence  de  la  conception  suivante.  La  cellule 
végétale  en  plus  de  son  noyau  et  de  son  cytoplasme  renferme  :  i"  des 
plasles,  dont  les  formes  jeunes  ont  l'aspect  «  mitochondries  »;  2°  un  appareil 
vacuolairc,  dont  les  éléments  jeunes  rappellent  égaleuient  les  mito- 
chondries; 3°  des  miciosomes.  Tous  ces  éléments  se  colorent  par  une  ou 
plusieurs  méthodes  mitochondriales. 

On  doit  donc  comprendre  que  le  terme  de  mitochondrie  ne  s'applique 
qu'à  un  aspect  morpho'i)gique  et  pas  du  tout  à  un  ensemble  d'éléments 
ayant  une  individualité  dans  la  cellule.  Comme  jusqu'à  présent  personne 
n'a  vu  un  passage  quelconque  se  faire  entre  les  aspects  milochondiiaux  soit 
de  l'appareil  vacuolaire,  soit  des  plastes  ou  des  microsomes,  nous  sommes 
bien  forcés  de  donner  à  chacun  de  ces  systèmes  dans  la  cellule  l'autonomie 
que  nous  ivfusons  aux  mitochondries. 

Les  cytologistes  ont  donc  été  trompés  par  une  similitude  morpholo- 
gique entre  les  points  de  départ  de  divers  appareils  qui  ont  leur  individua- 
lité (hins  la  cellule. 

Celle  similitude  d'aspect,  il  faut  le  reconnaître,  est  remarquable,  mais 
elle  n'entraîne  pas  la  nécessité  d'une  origine  commune  pour  des  forma- 
tions qui  sont  toujours  distinctes  dans  l'espace  et  qui  sont  probablement 
aussi  difîércntes  par  leur  nature  chimique. 

Cependant  il  y  a  encore  des  auteurs  qui  font  dériver  des  substances 
comme  les  tannins  des  mitochondries.  Or  ces  corps  n'existent  jamais  que 
dans  l'appareil  vacuolaire  où  ils  apparaissent  plus  ou  moins  l(')t  :  Il  n'est 
donc  pas  exact  de  dire,  comme  le  fait  Politis  dans  une  Note  récente  (-), 

(')  l\-A.  DAN(iEAilD.  ■S'/?/'  ta  disliiictioii  du  c/ioiidiioiiie  des  aii/ri/rs  en  niciioiiie. 
pldsliiloinc  et  si>liciomc  [  Cuiiiples  rciiiliis,  t.  î()!t,  lyiç),  p.  iO(i."ii. 

(  -)  Jea.n  P01.ITIS,  Stir  tis  corpuscules  l>niiis  de  (a  brunissui  e  de  la  vi^^nc  {Comptes 
rendus,  t.  172,  19^1,  p.  8711 1. 


99^  ACADÉMIE   DES    SCIE.\CES. 

qu'ils  résultent  de  la  transfoimation  de  initocliondiies  i;i  aiuilcuses. 
L'auteur  n'a  pas  connu  les  travaux  récents  siii'  la  question,  et  il  le  l'ait  bien 
voir  en  continuant  à  attribuer  à  Guilliermond  le  mérite  d'avoir  reconnu 
l'origine  mltochondriale  de  l'anlliocyane,  alors  que  ce  dernier  a  reconnu 
son  erreur  depuis,  mais  il  esl  vrai  d'une  façon  tellement  réservée  qu'elle  a 
pu  pisser  inaperçue  (').  Or  ranthocyanc  et  les  tannins  sont  des  substances 
qui  ont  des  rapports  étroits. 

Je  me  bornerai  à  rappeler  les  résultats  que  j'ai  obleiuis  sur  la  lonuation 
du  tannin  dans  l'épideinie  de  la  feuille  d'If  (Taxiis  l>accat(i)('-)e\.h  exposer 
les  faits  nouveaux  que  j'ai  observés  dans  la  plantule  de  Pin  (Piniis 
maritinid  ) . 

Dans  la  feuille  d'If  donl  l'épiderme  devient  tannifère  au  prinlcm[)S.  il 
n'existe  au  début  dans  les  cellules  qu'un  vacuome  à  aspect  mitocliondrial 
filamenteux  ou  réticulé  qui  s'imprègne  de  tannin  peu  à  peu  au  cours  de  son 
évolution,  et  qui  se  transforme  directement  par  hydratation  en  vacuoles  dans 
la  cellule  adulte.  11  n'y  a  donc  pas  d'intervention  de  niitocliondrics  dans  ces 
phénomènes. 

Dans  l'embryon  et  dans  la  très  jeune  plantule  de  Pin,  il  n'existe  pas  de 
tannin  dans  l'épiderme  comme  on  peut  s'en  assurer  au  moyen  des  réactifs 
microcliimiques.  Dans  une  plantule  de  i"",5  il  y  en  a  déjà  beaucoup  dans 
l'bypocolyle  et  la  base  des  cotylédons. 

Dans  l'épiderme  de  l'em'ryon,  l'appareil  vacuolaire  est  représenté  par 
de  nombreux  corpuscules  arrondis  qui  sont  des  grains  d'aleurone  sans 
inclusions  {/ig-  A  )  à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  pour  le  parenchyme  {Jig-  B). 
Des  que  la  graine  a  été  mise  à  germer,  aj)rès  ■j\  heures,  ces  grains  com- 
mencent à  changer  de  forme  {Jig-  C).  Un  peu  plus  lard  ils  se  sont  allongés 
{/ig.  D)  puis  soudés  ensemble  ( ftg.  1\)  et  il  en  résulte  un  réseau  unique  et 
très  délié  dans  la  cellule  {flg.  F).  Ce  réseau  se  gonfle,  s'agglomère,  prend 
de  plus  en  plus  d'importance  et  se  transforme  finalement  en  grosses  vacuoles 
{pg.  I).  Tous  ces  stades  se  relient  et  il  y  a  continuité  complète:  c'est  en 
somme  une  matière  plastique,  la  métachromatine,  qui  existait  déjà  dans  les 
grains  d'aleurone  de  la  graine  et  qui  s'est  h\dratée  peu  à  peu  en  passant  par 
des  formes  variées  sous  rinOuence  des  pressions  subies  à  l'intérieur  de  la 


(  ')  Guilliermond,  Sur  l'nri^'inc  i/rs  raciio/es  dans  les  cellules  de  (juebfues  racines 

{('.  li.  Soc.  ISiol.,  ■'.-  mars  19 'ni. 

(-)   l'iKBliP,  DanueaiU),  Lu  iiirliicliriiiu<(liiiu  cl  les  co/iijioscs  Idunit/ucs  des  vacuoles 
(Ciiniples  reiuliis,  I.  171.   ig'i'.  |'-  i'ii(i). 


SÉANCE    DU    l8    AVKIL    I92I.  9^7 

cellule.  La  continuité  est  d'autant  plus  certaine  que  le  vacuome,  depuis  le 
grain  d'aleurone  jusqu'à  la  vacuole  lannifère,  se  colore  électivemenl  parles 
teintures  vitales.  D'autre  part  les  réactifs  microchiniiques  permettent  de 
constater  à  partir  de  quel  moment  le  vacuome  renferme  du  tannin,  et  ils 
montrent  que  cette  substance,  d'abord  peu  abondante,  apparaît  au  stade 


F.rpHcalloii  des  figures.  —  To;ites  les  cellules  représenlées  sont  des  cellules  cpiilermiques  des 
cotylédons  colorées  vitalemenl  au  bleu  de  crésyl.  Dans  les  figures  C,  D,  E,  F,  le  noyau  esl  repré- 
senté par  son  contour:  ailleurs  il  n'est  pas  visible.  Les  cellules  sont  bourrées  de  globules  d'huile 
juxtaposés  au  milieu  desquels  on  observe  les  corpuscules  du  vacuome. 

\,  cellule  de  l'embryon  avec  grains  d'aleuroiie;  15,  grains  d'aleurone  du  parenchyme  de  l'em- 
bryon; C,  cellule  d'une  plantule  de  14  heures;  D,  cellule  d'une  plantule  de  4S  heures;  E,  stade  plus 
âgé  filamenteux  du  vacuome;  P,  C,  H,  stades  réticulés  (le  vacuome  G  renfermedu  tannin);  I,  stade 
vacuole  adulte  avec  globules  précipités  à  l'intérieur  de  la  vacuole. 

figuré  en  G  et  que  sa  concentration  augmente  ensuite  progressivement. 
Ainsi  des  formes  en  réseau  du  vacuome  renferment  déjà  un  peu  de  tannin, 
mais  il  est  bon  de  remarquer  que  les  réactifs  et  en  particulier  le  bichromate 
altèrent  ce  réseau,  le  pulvérisent  en  plusieurs  vacuoles  séparées  dans  les- 
quelles on  retrouve  un  ou  plusieurs  petits  grains  de  tannin  précipités. 

Il  n'y  a  d(mc  pas  dans  les  cas  que  nous  avons  étudiés  de  mitocbnndries 
élaboratrices  de  tannin  ;  il  existe  un  appareil  vacuolaire  qui  s'en  imprègne 
plus  ou  moins  tôt. 

Les  résultats  de  nos  recherches  sur  la  formation  du  tannin  chez  les 
Gymnospermes  nous  conduisent  par  conséquent  à  rejeter  l'opinion  de 
Polilis,  qui  voit  dans  les  corps  bruns  de  la  maladie  de  la  brunissure  chez  la 
vigne  des  produits  de  transformation  des  mitochondries  granuleuses,  et  elles 
apportent  en  môme  temps  des  faits  nouveaux  en  ce  qui  concerne  les  grains 
«l'aleurone  qui  sont  l'origne  directe  des  vacuoles  adultes  de  la  plantule  après 
un  passage  intermédiaire  par  des  formes  filamenteuses  et  réticulées. 


998  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIl:.     —    Piolon^alion   de   la    rie   chez    les   Galleria    mellonella. 
Noie  de  M.  Loiis  Destoiciies,  présentée  par  M.  Edmond  l'enier. 

L'évolution  totale  des  chenilles  de  Galleria,  depuis  l'œuf  jusquau 
papillon,  dure  environ   i4  jours  à  la  température  optima  :  S^^C. 

Cette  évolution  est  plus  lente  à  34°C.  :  1 5  jours;  à  l'j^C  :  20  jours. 
Au-dessous  de  i7°C.,  elles  ne  se  transforment  que  rarement  en  papillons, 
mais  elles  continuent  à  vivre,  sans  vigueur,  pendant  2  ou  3  mois.  Entre  lo^C. 
et  4°C.,  elles  cessent  de  se  mouvoir  et  de  manger  et  meurent  en  3o  jours. 
Mais,  de  \°C.  à  i°C.  leurs  combustions  sont  tellement  ralenties,  qu'en  6  mois 
elles  ne  perdent  que  quelques  milligiammes  ('-j-^^  environ),  mais  reprennent 
le  cours  de  leur  évolution  si  on  les  reporte  à  une  température  suffisante. 

Nous  avons  soumis  ces  chenilles  à  l'action  de  deux  températures  alter- 
nantes i°C.  et  37°C.,  à  raison  de  24  heures  pour  cliaque  température. 

L'évolution  de  ces  chenilles  a  duré  25  jours  c'est-à-dire  que  les  journées 
passées  à  i°C.  eurent  peu  d'action  sur  leur  croissance  physiologique. 

Les  papillons  provenant  des  précédentes  expériences,  aux  diflérentes 
températures  constantes  et  alternantes  furent  mis  par  couples  (mâle  et 
femelle  de  poids  égaux)  dans  des  boîtes  en  verre  identiques,  avec  une 
même  nourriture  et  soumis  à  une  température  uniforme  :  37°G.  La  durée 
de  vie  de  tous  ces  couples  fut  de  5  à  8  jours  et  le  nombre  des  œufs  pondus, 
de  9  à  i5.  L'influence  des  conditions  de  croissance  de  la  chenille,  pourvu 
qu'elle  s'acliève,  est  donc  à  peu  près  nulle  sur  la  durée  de  vie  et  l'activité 
physiologique  du  Papillon. 

l\ous  avons  soumis  des  couples  de  papillons  de  poids  égaux  à  l'expérience 
des  températures  alternantes  (i^C.  et  3-"  C.)  et  nous  avons  constaté  que  la 
vie  active  de  ces  couples  s'en  trouvait  très  prolongée. 

Voici  les  moyennes  sur  100  couples  (dont  ch:ique  sujet  pesait  de  0*^.112 
à  o*-',  i3o)  : 

Diiri-e  lolaie  de  la  vie ^^o  à  35  joiir^ 

l^onU'  par  couple -^Tj  à  35  œufs 

Les  couples  soumis  à  la  température  oplima  constante  (37"  C.)  ont  vécu 
7  jours  et  les  couples  soumis  aux  températures  alleriianles  (i"C'.  et  87"  C.) 
ont  eu  une  longévité  de  3'>  jours.  Cette  augmentation  de  la  longévité  s'est 
traduite  par  une  ponte  supérieure  en  nombre  :  1')  o-ufs  au  lieu  de  i.t. 


SÉANCE  DU  l8  AVHII.  1921.  999 

U'auLies  couples,  soumis  à  des  températures  iiilennédiaires  de  20°C. 
à  37°C.,  n'ont  pas  vécu  plus  de  10  jours  et  pondu  plus  de  12  œufs. 

Il  nous  semble  donc  démontré  que,  seul,  le  système  des  températures 
alternantes  optima  et  minima  (37"' C.  et  i^C)  pendant  le  sladc  papillon 
est  capable  de  [)rolonger  la  vie  des  galleria.  Cette  vie  supplémentaire 
semble  normale  puisque  le  nombre  des  œufs  |iondus  s'en  trouve  très 
augmenté. 

Nous  pensons  que  les  clienilles,  comme  tous  les  organismes  vivants,  sont 
porteurs  de  défectuosités  physiologiques  profondes,  mais  que  ces  dernières 
sont  bien  compensées  par  la  force  même  de  la  croissance.  Au  contraire, 
parvenus  à  l'état  adulte  ou  papillons,  ces  organismes  ne  compensent  plus 
aussi  bien  ces  défectuosités  qui  s'exagèrent  au  contraire  à  mesure  que 
l'adulte  fonctionne.  Il  s'ensuit  une  mort  assez  rapide.  Par  contre,  si  l'on 
procure  à  ces  mêmes  organismes  adultes  des  repos  vitaux  [)ar  des  passages 
à  une  basse  température,  il  s'ensuil  un  processus  de  ré[iaralions  partielles 
qui  leur  permettent  de  vivre  plus  longtemps. 


ANATOMO-PHYSIOLOGIE.  —  Elude  anatomo-physiologique  d'un  procédé  japo- 
nais de  massai^c  abdominal.  Note  de  MM.  Léon  Mac-Auliffe  et  A.  Marie, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

M.  Nakamura,  de  Tokio,  nous  a  récemment  initiés  à  un  procédé  savant 
de  massage  abdominal,  curieux  par  ses  effets  thérapeutiques  et  par  la  com- 
plexité du  mécanisme  nerveux  qu'il  met  en  jeu  fort  habilement. 

Le  principe  de  ce  massage  est  le  suivant  :  le  sujet  étant  couché  horizon- 
talement, les  genoux  plies,  comprimer  avec  le  pouce  doucement  et  le  plus 
profondément  possible  certains  points  de  l'abdomen  ;  attendre  que  la  sensa- 
tion tactile  ainsi  obtenue  (gonflement,  dureté,  contracture,  battements 
artériels,  etc.),  se  soit  modifiée,  puis  décomprimer  avec  lenteur.  M.  Naka- 
mura compte  en  moyenne  10  secondes  de  pression  croissante,  par  consé- 
quent un  peu  brusquée,  et  'i\  secondes  de  décompression.  Le  massage  doit 
toujours  s'effectuer  sans  glissement,  dans  le  sens  antéro-postérieur. 

Les  points  de  pression  sont  nombreux  et  variables  avec  chaque  cas,  mais 
on  doit  toujours  appuyer  sur  les  points  suivants  : 

i"  Sur  un  plan  horizontal  passant  par  l'ombilic,  d'abord  à  gauche, 
à  10'^'"  en  dehors  de  ce  point  de  repère,  puis  à  5''™  de  celui-ci,  puis  sur 
l'ombilic  même,  puis  à  6*^'"  à  droite; 


rooo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

2°  A  gauclie.  puis  à  droite  sur  un  plan  passant  à  deux  travers  de  doigl 
au-dessous  de  Tapophyso  xyplioïde,  à  ■i'^'"  de  la  ligne  médiane; 

3°  Sur  un  plan  horizontal  intermédiaire  aux  deux  précédents,  en  partant 
du  bord  externe  du  muscle  droit,  à  gauche,  puis  pression  sur  la  ligne 
médiane  et  à  quelques  centimètres  à  droite  de  celle-ci. 

Ce  massage  a  pour  premier  effet  d'exciter  les  intersections  tendineuses 
(/i<i7n's  Iransveises)  des  muscles  droits,  qui  sont  en  général  au  nombre  de 
trois  et  correspondent,  avec  une  rigueur  sinon  absolue  du  moins  très  fré- 
quente, aux  points  de  repère  indiqués.  Cette  contraction  provoquée  de  la 
moitié  supérieure  des  droits  entraîne  un  vidage  de  l'estomac,  excité  lui- 
même  par  la  pression  médiate  du  pouce  sur  ses  parois.  On  con(;oit  l'im- 
portance de  cette  manœuvre  dans  les  cas  d'atonie  et  de  méléorisme  de 
l'organe,  d'autant  plus  que  la  deuxième  juanuuvre  indiquée  ci-dessus  agit 
plus  ou  moins  directement  à  droite  sur  le  plexus  solaire. 

Cette  compression,  qui  ne  doit  jamais  être  douloureuse,  ayant  été 
effectuée,  les  pouces  sont  placés  sur  les  bords  externes  des  droits  à  gauche, 
puis  à  droite,  au-dessus  puis  au-dessous  de  Tonibilic,  et  l'on  exerce  la  pres- 
sion puis  la  décompression  suivant  le  rythme  indiqué.  Le  massage  agit 
alors  (toujours  dune  manière  médiate)  comme  excitateur  des  viscères 
creux  sous-jacents  (intestins)  dont  réiasticité  permet,  du  reste  dans  la 
plupart  des  cas,  un  palper  profond. 

Mais  ce  palper  superficiel  des  bords  externes  des  muscles  droits,  au 
ni\eau  des  lignes  semi-lunaires,  met  en  présence  dun  autre  ordre  de  phé- 
nomènes, à  sa\oir  une  excitation  mécanique  des  branches  cutanées  des  -'', 
8'',  ç)'',  lo''  et  II''  nerfs  dorsaux  ou  intercostaux  ol  du  grand  abdomino- 
génital.  Il  intéresse  aussi  d'autres  branches  cutanées  émergeant  sur  les 
côtés  (nerfs  cutanés  latéraux  des  Américains).  (  )r  tous  ces  nerfs  se  dis- 
tribuent à  la  fois  aux  muscles  et  aux  téguments  de  la  région  et  ils  innerxent 
en  outre  les  muscles  intercostaux  inférieurs  :  ils  sont  par  conséquent  en 
relation  a\cc  les  mou\emenls  respiialoircs.  (]c  procédé  se  complique  donc 
d'une  excitation  nerveuse  qui  agit  sur  la  respiration  par  les  muscles  de  la 
paroi  thoracique  morphologiquement  inséparables  des  muscles  de  la  paroi 
abdominale. 

-Mais  il  y  a  plus  :  le  mécanisme  physiologique  ainsi  décb'nché  s'élrud 
par  \oie  ner\eusc.  En  cITct,  les  nerfs  sensilifs  de  la  [)aroi  anléricun'  de 
l'abdomen  ont  pour  origine  des  nerfs  rachidiens  (sept  nerfs  intercostaux 
inférieurs)  cjui  envoient  des  rameaux  aux  ganglions  correspondants  du 
grand  sym(ialhi(pie,  i;aniili()/is  d'où  ndis.irnf  li's  nerfs  limnd  et  petit  s/i/a/ie/i- 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I921.  lOOI 

niques  (action  sur  l'esloniac,  le  jiancréas,  les  voies  biliaires,  les  intestins, 
la  pression  aorliqiic,  la  \eine-porle  et  ses  branches  inlra-hépatiques,  les 
cliylifères,  la  glyco-sécrélion,  l'élimination  rénale). 

Si  nous  ajoutons  que  ce  syslèuie  japonais  de  massasse  se  termine  par  une 
série  de  pressions  méthodiques  sur  toute  la  longueur  du  côté  gauche  de 
l'aorte  abdominale  et  au-dessous  de  sa  bifurcation  (action  sur  les  ganglions 
loinbo-sacrés,  sur  le  plexus  aortique,  sur  le  plexus  hypogaslrique,  (|ui 
iunerxe  les  xiscères  peKiens),  on  ne  peut  qu'admirer  l'ingéniosité  d'un 
procédé  qui,  [)ar  la  mise  en  jeu  de  quelques  points  nerxeux  abdominaux, 
stimule  une  grande  partie  de  l'économie. 


ANATO.MIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  le  mode  (le  (lévelnp[)rn)ent  el  les 
variétés  des  tumeurs  de  l'ovotcstis.  Note  de  M.  A.  Peyrox, 
présentée  par  M.  Quénu. 

Mes  recherches  sur  la  pathologie  comparée  des  tumeurs  des  glandes 
génitales,  appuyées  sur  une  étude  synthétique  du  développement  de  ces 
organes  dans  la  série  des  mammifères  me  permettent  d'étendre  el  d'inter- 
préter le  groupe  des  néoplasies  ovariennes  de  type  séminifère  dont  la  forme 
bénigne  seule  avait  été  isolée  antérieurement  par  Pick  et  Schickele  (igoS- 
1906  )  sous  le  nom  âi'adénome  testicidaire  de  l'ovaire. 

Elles  présentent  chez  les  divers  mammifères  étudiés  (femme,  jument, 
chienne,  vache)  un  type  général  d'organisatioa  avec  des  particularités 
spécialss  à  chacun  d'eux. 

1°  I^e  type  élalon  de  cette  morpliologie  néoplasique  est  d  é\olution  pliilôl  Ijéiiiyiie. 
(  )n  liou\  e  des  cordons  à  contours  plus  ou  moins  régulier?,  pourvus  d'une  membrane 
propre  :  leurs  cléments  cellulaires  à  limites  tantôt  nettes,  tantôt  indécises  ou  même 
absentes,  offrent  souvent  dans  ce  dernier  cas  un  cytoplasme  d'architecture  fibrillaire. 
L','3  noyaux,  parfois  groupés  en  couronne  à  la  périphérie  des  cordons,  rappellent 
lantot  ceux  des  petites  cellules  épithéliales  du  tube  séminifère,  tantôt  ceux  des  élé- 
ments prismatiques  allongés  des  cordons  médullaires.  Oh  peut  les  trouver  parfois 
refoulés  par  de  gros  éléments  à  cytoplasme  clair  et  à  nojau  sphéï^ique,  paraissant  être 
les  homologues  des  spermatogonies  oviformes  ou  des  volumineuses  cellules  sexuelles 
des  cordons  médullaires. 

Entre  les  cordons  on  rencontre,  mais  par  places,  et  dans  certain  :s  tumeurs  seule- 
ment, des  éléments  inteislitiels  de  type  assez  dissemblable.  Dans  jes  cordons  eux- 
mêmes  peuvent  apparaître  des  cavités  microkystiques  bordées  par  une  assise  régulière 
d'éléments  épithéliaux  cubiques  ou  cylindriques.  Ces  divers  caractères  doivent  être 
rapprochés  des  dispositions  décrites  chez  l'homme  sous  le  terme  ôCadénome  teslicti- 
Inirc,  en  particulier  dans  le  testicule  eclopi(|ue. 


lOO'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2"  Une  variété  moins  bénigne  el  qui  correspond  à  une  dédifférencialiun  plus  accen- 
tuée, oITi-e  l'apparence  d'un  sarcome  cloisonné  à  cellules  fusiformes  1res  allongées 
parfois  groupées  en  collerelCes  périlhéliales;  mtiis  l'élude  des  zones  de  transition 
montre  que  les  alvéoles  coirespoiident  en  réalité  à  la  membrane  propre  des  tubes 
séminifères  el  que  les  éléments  d'aspect  sarcomateux  dérivent  eux-mêmes  des  petites 
cellules  épiiliéliales. 

3°  J'ai  observé  chez  la  femme  des  dispositions  idenli(|ues  à  celles  de  certains  endo- 
tliéliomes  de  l'ovaire  décrits  par  des  auteurs  allemands,  la  comparaison  de  mes  prépa- 
rations avec  les  figures  données  par  ces  derniers  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  erreur 
d'interprétation.  J'incline  à  croire  que  les  formations  wolfiennes  du  réte  s'incorporant 
à  la  périphérie  de  la  tumeur  ont  dû,  par  leur  apparence  emiothéliforme,  être  une  des 
causes  les  plus  fréquentes  de  cette  méprise. 

4"  Le  dernier  type  histologique  dont  la  fré(|uence  est  également  spéciale  à  l'ovaire 
de  la  femme,  reproduit  presq^ae  jusqu'à  l'identité  les  caractères  de  l'épithélioma  sémi- 
nifère  du  testicule  :  nappes  homogènes  mal  cloisonnées  par  un  stroma  délicat  riche 
en  éléments  lymphoïdes;  cellules  polygonales  à  membrane  très  nette,  à  cytoplasme 
clair  bourré  de  glycogène  et  renfermant  un  diplosome.  Sa  présence  dans  l'ovaire  a 
déjà  été  signalée  (Chenot  el  Masson).  Mais  sa  genèse  et  son  interprétation,  pas  plus 
d'ailleurs  que  dans  le  testicule,  n'avaient  été  complètement  élucidées  :  mes  recherches 
viennent  de  mettre  en  évidence  l'existence  el  la  grande  importance  de  crislalloïdes 
qui  n'y  avaient  pas  encore  été  observés  :  les  uns  minces  et  allongés,  les  autres  courts 
et  trapus,  comme  ceux,  des  spermatogonies  el  des  cellules  de  Serloli  récemment  décou- 
verts chez  l'homme  par  Montgomery  et  par  Winiwarler.  Ces  cribtalloïdes  (dont  la 
description  détaillée  sera  faite  ailleurs)  permellenl  de  rapporter  la  genèse  du  sémi- 
nome,  dans  le  testicule  comme  dans  l'ovaire,  à  la  prolifération  de  cellules  souches  de 
la  lignée  séniinifère  dont  ils  représentent  un  élément  essentiel  de  diflérenciation,  en 
cellules  serloliennes  d'une  part,  el  spermatogonies  d'autre  part. 

Ainsi  se  trouve  établie  une  distinction  sûre  a\  ec  les  néoforinalion>  de  la  granulosa, 
des  éléments  interstitiels  ou  luleiniques,  et  surtout  avec  le  choriome  pui'.  dans  lequel 
Pick  (trompé  par  une  ressemblance  superlicielle  a>ec  les  cellules  du  lype  Langhans) 
a  rangé  à  tort  tous  les  cas  identiques  au  précédent. 

Ainsi  constituées,  les  tumeurs  de  l'ovotestis  me  paraissent  devoir  être 
réunies  provisoirement  en  un  seul  groupe  jusqu'à  ce  que  l'on  dispose  d'une 
série  de  documents  nouveaux  dans  lesquels  les  cristalloïdes  et  les  éléments 
interstitiels  auront  été  étudiés  avec  soin.  Sous  le  bénéfice  de  ces  réserves, 
je  rapporte  ces  tumeurs  à  la  première  série  débauches  germinatives  qui 
constituent  normalement  dans  l'ovaire  les  cordons  médullaires  (de  Wini- 
warter)  par  opposition  à  la  zone  corticale  fœtale  (seconde  poussée)  et  aux 
invaginations  an  post  partum. 

Les  cordons  médullaires,  ordinairement  condamnés  à  l'atrophie  mais  qui 
persistent  chez  certains  anitnaux  (taupe),  peuvent  se  différencier  en  tubes 
séminifères  et  constituer  alors   les  ovolestis  étudiés  par   Pick    (porc    et 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1921.  I  Oo3 

homme).  La  frê(juence  des  Uiincurs  iirécédentes,  dont  les  formes  malignes 
avaient  été  méconnues  par  IMck  lui-même,  apporte  précisément  dans  le 
problème  de  Tovolcstis,  un  argument  qui  me  semble  favorable  à  l'iiypo- 
tlièse  d'un  liermaphrodisme  protandriciue  plutôt  queprotogyniquc,  siiivanl. 
la  conceplion  récemment  reprise  par  Bujard  ('). 


BIOLOGIE.  —  Biologie  de  la  Perche  nialgaehe. 
Note  de  M.  Jeax  Legendrr.  présentée  par  M.  l']dmond  l'errier. 

Dans  deux  Notes  précédentes  sur  la  perche  malgache  (^Partililapia  pol- 
leni  Eleeker),  j'ai  indiqué,  dans  la  première  (-')  les  particularités  de  la  ponte  : 
épn(pie,  éclosion  des  œufs,  etc.,  et,  dans  la  seconde  (■'),  le  régime  alimen- 
taire de  la  perclielte  et  de  l'adulte.  Mes  recherches  au  cours  de  l'année  sui- 
vante ont  accru  les  notions  antérieurement  ac([uises  sur  la  nidification  et 
porté  sur  l'alimentation  de  l'alevin  du  premier  âge. 

La  découverte  des  nids  est  malaisée  et  a  dû  être  faite  [)ar  moi  dans  tous 
les  cas,  mon  préparateur  et  les  ouvriers  indigènes  de  la  station  d'A((uicul- 
ture  en  étant  incapables.  (  hiant  aux  pêcheurs,  ils  ignorent  tout  de  la  ponte 
de  la  perche. 

L'un  de  ces  nids,  trouvé  sur  le  talus  incliné  d'un  étang  de  la  station,  for- 
mait une  pla([ue  collée  aux  herbes  rases  (graminées),  plaque  large  comme 
la  paume  d'un  enfant  de  10  ans  et  dont  le  bord  supérieur  n'était  ([u'tà  2'™  de 
la  surface  de  l'eau.  Ces  œufs  étaient  déjà  embryonnés  et  chez  c(uelques-uns 
l'embryon  déjà  mobile. 

Agglomérés  en  grappe  sur  la  graminée  à  l'aide  d'un  mucus,  les  œufs  de 
Paratilapie,  dont  je  conserve  une  grappe,  rappellent  beaucoup  le  frai  de 
certaines  grenouilles. 

Le  couple  de  géniteurs  se  tient  à  1  S'''"  ou  20'"^  du  nid  avec  lequel  le  plus 
gros  d'entre  eux  vient  fréquemment  se  mettre  en  contact. 

Deux  jours  après,  tous  les  œufs  sont  éclos,  on  n'en  voit  plus  un  seul  sur  le 
talus  où  ils  étaient  collés.  Près  de  l'emplacement  du  nid,  les  jeunes  alevins 
s'agitent,  appuyés  aux  herbes,  près  du  plafond  de  l'eau;  quelques-uns  sont 
tombés  un  peu  plus  bas,  mais  on  n'en  voit  aucun  sur  le  fond  de  l'étang. 

(')  Bujard,  De  la  genèse  des  ovotestis  chez  les  Mammifères  {Comptes  rendus  de 
la  Société  de  Biologie,  1921,  n°  3). 

(-)   Comptes  rendus,  t.  16(5,  1918,  p.  617. 
(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  208. 


Ll3 


rARVI::^; 


'>7aS-'   ,^^ 


100/4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Les  jours  suivants,  la  nichée  continue  à  se  tenir  cachée  dans  les  herbes, 
au  même  endroit,  se  nourrissant  des  nombreux  cyclnpes  qui  nagent  en 
surface.  Un  des  parents  veille  sur  ses  petits,  dissimulé  dans  les  herbes  du 
bord  el  luit  quand  on  l'approche. 

Je  n'ai  pu  obtenir  la  reproduction  en  aquarium. 

J'ai  conservé  deux  mois,  sans  en  perdre  un  seul,  dans  un  crislallisoir 
contenant  i',^  d'eau,  trente  alevins  de  celte  nichée,  mis  en  captivité  au 
4'  ou  au  9''  joui'  de  leur  existence.  Ils  recevaient  matin  et  soir  un  repas 
composé  de  cjclopes  et  de  daphnies.  Ils  marquaient  une  préférence  très 
nette  pour  les  cyclopes  qu'ils  dévoraient  les  premiers  et  poursuivaient 
jusqu'au  dernier.  Ces  eninmostracés  se  tiennent,  au  moins  pendant  les 
heures  chaudes  du  jour,  dans  les  couches  supérieures  de  l'eau  où  leur 
présence  attire  les  alevins  on  quête  de  nourriture.  Les  alevins  de  perche  en 
liberté,  pendant  leur  premier  mois,  circulent  à  fleur  d'eau  sous  la  surveil- 
lance d'un  ou  des  deux  géniteurs,  de  9''  ou  10''  à  16''  ou  17'',  après  quoi 
ils  disparaissent  dans  les  couches  inférieures.  Les  jours  sans  soleil  on  ne 
les  aperçoit  pas.  Il  est  probable  que  les  déplacements  des  alevins  sui- 
vent ceux  de  la  faunule  doni  ils  se  nourrissent. 

Au  régime  de  deux  repas  quotidiens,  les  larves  de  perches  du  cristallisoir 
prirent  la  taille  et  la  livrée  des  jeunes  poissons  de  même  âge  vivant  en 
liberté;  à  2  mois  ils  lurent  lâchés  dans  un  élang. 

D'après  cett<'  expérience  et  d'autres  observations,  je  crois  qu'il  est  pos- 
sible d'élever  en  captivité  les  jeunes  du  Paratila|)ie  de  Pollen  jusqu'au  stade 
d'alevin  de  6  mois  ou  de  perchette.  11  y  a  lieu  de  poursuivre  ces  expériences 
et  de  déterminer,  pour  la  période  de  2  à  G  mois,  le  meilleur  mode  d'alimen- 
tation, naturelle  el  artificielle,  dans  un  but  d'élevage  industriel.  L'aqui- 
culteur  qui  voudra  faire  cet  élevage  en  bac  capturera  facilement  les  alevins 
dans  les  étangs  et  marais,  où  ils  nagent  en  groupes  serrés  à  la  surface 
pendant  le  premier  mois  de  leur  existence. 

M.  A.-L.  Herreka  adresse  une  Note  intitulée  :  HecliPiv/ies sur  la  pscmlo- 
carvoci nèse  des  rellulcx  aiti/icicllcs  /luorosihcii/urs. 


La  séance  est  levée  à  17  luxures. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI    î>o  AVPxIL   1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georges  LEMOIN'ë. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOîVS 

DES    MEMBRKS    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  G.  Bi«ioi'RDA\  fait  hommage  du  lîapport  annuel  sur  les  trmaux  effec- 
tués par  le  Rureau  international  de  l'heure  (  IL  I.  H.  )  en  1920  (  i"^  année). 

GÉOMÉTRIE  INFIMTÉ3IMALE.  —  Sur  les  systèmes  triplement  indéterminés  de 
droites  et  leurs  conjugués  par  rapport  à  un  complexe  linéaire.   Note   de 

M.  C    GUICHARD. 

Soit  D  une  droite  qui  dépend  de  trois  paramètres  »,.  u.-.,  //,.  et  telle  que 
si  une  variable  varie  seule  la  droite  D  décrit  une  développable;  je  désigne 
par  A,  B,  C  les  points  où  D  touche  son  enveloppe  quand  on  fait  varier  res- 
pectivement »,,  Mo,  ";,  seuls. 

Je  considère  maintenant  un  complexe  linéaire  ayant  pour  axe  le  troisième 
axe  de  coordonnées  supposé  vertical.  Il  est  évident  géométriquement  que 
la  conjuguée  A  de  D  par  rapport  à  ce  complexe  possède  la  môme  propriété 
que  la  droite  D;  soient  A',  B',  C  les  points  de  1  qui  sont  analogues  aux 
points  A,  B,  C. 

Je  désigne  par  X,,  X,,  Xj  les  paramètres  directeurs  de  D  ;  par  Y,.  \  2,  ^  :i 
ceux  de  \.  On  peut  d'une  infinité  de  manières  trouver  un  multiplicateur 
convenable,  de  telle  sorte  que  les  X  soient  solutions  du  système 


(0 


d'\ 

I 

d/u 

d\          . 

d/i, 

d\ 

(Jiu  dii.i 

~  ^ 

dcij 

àii-i       /13 

du. 

du. 

du 3  du i 

I 

dh, 
du. 

di/,i        II, 

dh^ 
du,, 

d\ 
d(ii 

d'X 
di(i  On. 2 

I 

d/i, 
diit 

d\          I 
diii        /i. 

dh, 
dui 

d\ 
diû 

C.  R.,  1931,  I"  Semestre.  (T.  111,  N*  17.) 


Ioo6  ACADÉMIE    Dl-.S    SCIEXCES. 

Les  "^  satisfont  à  des  équations  analoguos  où  les  //  sont  remplacés  par  //'. 
I^our  simplifier  l'écriture,  je  pose 

|.\,r.]=:A,B,  — AJ!,. 

Cria  posé,  si  i/,,  est  fixe,  les  droites  I)  et  A  décrivent  des  congruences  con- 
juguées par  rapport  au  complexe;  j'ai  établi  que  dans  ce  cas  les  projections 
horizontales  des  droites  D  et  A  sont  parallèles  et  cju'il  en  esl  de  même  pour 
la  seconde  tangente  de  A  et  la  première  tangente  de  B'.  (  )n  voit  qu'il  en  est 
de  même  pour  la  troisième  tangente  de  A  et  la  pn^iiière  de  C:  puis  pour  la 
troisième  de  1!  et  la  deuxième  de  C. 

En  écrivant  que  les  projections  de  D  el  A  sont  parallèles,  on  a 

d'où  l'on  tléduit 


(3) 


;  ' ,)'/,]     [,^/,'    1     °' 


Maintenant  la  deuxième  tangente  de    \   el  la  première  de  B'  ont  pour 
paramètres  directeur^  les  quantités 


.A 

1 

"*/',    V 

>)\ 

— !^\ 

el 

^  ■ 

"  ^ 

,)l,. 

7J77 

En  écrivant  cjue  les  projections  horizontales  de  ci's  droites  sont  parallèle; 
on  a 

F—    —1      -L  1^  I  \   —\      -L'^hl^  yI  — 

^"•^  loi/,'   ,J„,\"/,^    àu,\_     '  ,J,/,\         /,',    ,Jn,\>J„,'        \~°- 


Je  pose 


Je  prends  la  dérivée  par  rapport  à  (/.,  on  aura  en  tenant  compte  des  é(|ua- 
lions  auxquelles  satisfont  les  "^ 

^    '  Oiii        \_<)i',     <)'u]        li\   'lu,   l       >Jii,\         //,   ,)ii,   l       i)/',\ 

En  combinant  les  équations  (3),  ( '|  )  et  (">  ),  on  tiouve 
En  écrivant  que  la  troisième  tangente  de  A  est  parallèle  à  la  première  de  C, 


SÉANCE    DU    25    AVIUF.    I921.  1007 

011  aurait  de  même 

an,  \_lii  aiij        // 1   (Jii-,  I 

Les  équations  (6)  el  (7)  donnent,  en  intégrant, 

(8)  -  [v,gJ../,//.U, 

on  aurait  de  même 

Réciproquement,  «  /cv  équations  (2),  (8),  (9)  sonl  .satisjai/e.s\  il  existe  un 
système  droite  parallèle  à  D,  dont  la  polaire  réciproque  est  un  système  paral- 
lèle à\. 

Je  me  borne  à  iadiquer  la  démonstration.  Je  vais  chercher  à  déterminer 
les  coordonnées  a-,,  x.,,  x^  du  point  A.  On  détermine  x^  et  x.,  par  les  deux 

équations 

/  .r,V,-.r,Y,-l- A^3  =  o, 

(10)  d\,  ÔY,       ,  0\\ 

■  r,  -— -  —  .r,  -j h  /.  -— -  r=  o, 

\  ijiii  ()"^  1)11 1 

/{  étant  le  paramètre  du  complexe.  On  démontre  alors  que  les  dérivées 
de  X,  et  X.,  sont  proportionnelles  aux  paramètres  correspondants  des  tan- 
gentes du  réseau  A,  c'est-à-dire  aux  quantités 

on  déterminera  alors  x^  par  une  quadrature. 

En  particulier,  pour  qu'il  existe  un  système  droite  D,  coïncidant  avec 
le  complexe,  il  faut  et  il  suffit  que  les  fonctions  Xj,  X^,  Xo  satisfassent  aux 
relations 

Au  système  (i),  on  peut  faire  correspondre  six  fonctions  ,3,/,  définies  par 
les  équations , 

aiii       ^ 
A  toute  solution  X  du  .systèuio  (1  ),  on  peut  faire  correspondre  trois  fonc- 


IOo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lions  y, ,  q.,.  (j^  définies  par  les  équations 

on, 

Ces  fonctions  q  satisfont  aux  relations 

(.3)  __^p„,^,. 

Je  désignerai  par  !i'<,  par  q[  les  éléments  analogues  pour  le  système  ^  . 

Cela  posé,  je  remarque  d'abord  que  dans  les  équations  (8)  et  (9)  on  peut 
réduire  les  fonctions  U,,  L^,,  U';,  à  l'unité.  On  sait,  d'autre  part,  que  si  l'on 
divise  toutes  les  solutions  du  système  (i)  par  une  solution  particulière,  la 
forme  de  ce  système  n'est  pas  changée  et  les  fonctions  h  sont  divisées  par 
cette  solution  particulière.  Je  divise  en  particulier  par  X,,  de  sorte  que  les 
paramètres  de  D  sont  i,  X'^,  X'^  ;  X',  et  X'^  étant  des  solutions  d'un  système 
de  la  forme  (i)  où,  poui'  éviter  un  changement  de  notation,  je  conserve  //, , 
^2,  /«j.  Je  fais  la  même  chose  pour  le  système  \  . 

Cela  posé,  l'équation 

[\,Y]=o 

donne  ici 
L'équation 


X',  =  Y' 


donne 

on  aurait  de  même 


[-S] 


A,  A, 


Il  en  résulte  que  pour  la  solution  \  ,  on  a 
on  en  déduit 

(■'.  )  |5;/,  -  ,3/.-,-.  ■ 

il  en  résulte  ([u'aux  systèmes  X  et  \'  correspondent  dcin-  .ws/emes 
opposés. 

Je  prends  le  cas  particulier  où  un  système  de  droite  D  est  un  complexe 
linéaire.  Je  représente  par  i,  0,  \  les  paramètre?  de  D.  Les  équations  (i  i) 


SÉANCE   DU    25    AVRIL    1921.  IO<)(j 

douneiU,  après  avoir  réduit  les  fonctions  U,,  Ij.,,  U:,  à  l'unilé, 

Si  Ton  écrit  qu'avec  ces  valeurs  le  système  {  i)  est  compatible,  on  trouve 
l'unique  condition 


<P9         dtitOii,  Ouidti:^       dii,âii3  (hi-^dii,        àu.^  Ou,  àii^  Ou., 

dui  du.,  ûUi 

« 

On  voit  lacilement  que  si  /«,,  h,.  // ,  ont  les  valeurs  (i5),  0  est  une  solu- 
tion du  système  (i).  D'où  la  conclusion  suivante  : 

Pour  qu'un  syslèinc  droit  D  soit  identique  au  complexe  linéaire,  il  Jaut,  en 
choisissant  comenahlement  les  variables  //,,  «2,  «3,  que  les  paramètres  direc- 
teurs I,  0,  X  de  D  satisfassent  aux  conditions  suivantes  :  i"  0  est  une  solutum 
de  Véquation  (16);  2°  X  est  une  solution  du  svstè/ne  (i)  où  les  h,  ont  les  valeurs 
données  par  les  Jornmles  (  i5j. 

Réciproquement,  dans  ces  conditions,  il  e.riste  une  droite par<dlèle  à  D  (jui 
décrit  un  système  formant  un  complexe  linéaire. 

En  terminant  je  fais  remarquer  que,  d'un  système  droit  formant  un 
complexe  linéaire,  on  peut  déduire  des  systèmes  points  pour  lesquels 


ENTOMOLOGIE.    —  Sur  les    différents   modes  de   régénération  des  antennes, 
chez  le  Vhasme  Carausius  morosus.  Xote  (  '  j  de  M.  L.  Cué.vot. 

Dans  une  Communication  précédente  (Co/«/>/e^/-e7)fA«,  t.  172, 1921,  p.p/J!)), 
j'ai  montré,  en  confirmant  la  découverte  de  Schmit-Jensen,  que  l'on  pouvait 
obtenir  de  véritables  pattes  comme  produits  de  régénération  d'antennes 
sectionnées  à  leur  base.  Mais  la  section  ne  doit  pas  être  quelconque  :  quand 
elle  passe  ailleurs  que  par  les  zones  d'élection  (voir  //g-.  IV  de  la  Note  précé- 
dente), il  n'y  a  pas  d'hétéromorphose  :  ainsi  la  section  de  l'article  n"  1, 
de|)uis  sa  base  jusqu'à  peu  près  la  moitié  de  sa  hauteur  (^fig.  IV,  O),  n'est 
suivie  d'aucune  régénération;  le  moignon  se  cicatrise  sans  plus  et  diminue 
très  sensiblement  de  volume  au  cours  des  mues  successives  sans  que  rien  ne 

(')  Séance  du  iS  avril  1921. 


lOIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

ri-piiussc  sur  la  s<-ctIon.  Um-  auln'  zone  négiilivf  rst  con-liluoc  par  le  plan 
dr  >é|)aralioii  (O')  i-nln-  Ifs  articl.'s  1  ri  2  ;  la  M'Clion  ^''  cicatrise  sans  rien 
donner,  ou  préseiHc  parfois  un  petit  mamelon.  plu>  raremenl  un  moignon 
de  patte  absolumeiit  informe  et  rudimentaire.  I",nfiii,  à  la  -uile  de  la  section 
de  rarticle  n"  3,  il  rej)0iisse  constamment  une  antenne  qui  s'allonge  gra- 
duellement au  Cours  des  mues. 

D  autre  part,  la  section  dans  les  zones  d'éleclion  donne  des  résultats 
Miriés  :  le  plus  souvent  des  pattes  bien  conformées  a\ec  tous  les  passages 
à  des  pattes  rudimenlaires,  jiarfois  des  pattes-antennes,  quelquefois  aussi 
des  antennes  normales.  Comment  expliquer  cette  diversité?  Une  idée  toute 
naturelle,  c'est  qu'il  y  a  dans  les  deux  premiers  articles  de  lantcnne.  outre 
les  zones  négatives,  des  zones  actives,  mais  de  potentialité  différente  qui 
donneraient,  suivant  le  niveau  de  la  section,  tel  ou  tel  résultat,  comme 
dans  l'expérience  de  Herbst  :  Herbst,  sectionnant  à  deux  niveaux  différents 
la  lige  oculaire  de  Crustacés  Décapodes,  obtient  soit  de  nouveau  un  œil, 
soit  un  appendice  antenniforme,  suivant  que  le  ganglion  optique  logé  dans 
la  lige  est  reste  intact  ou  a  été  entamé.  11  est  très  possible  qu'il  y  ait  dans 
l'antenne  du  Phasme  des  zones  spécifiques,  bien  <pie  la  constitution  ana- 
lomique  ne  montre  rien  de  semblable;  mais  il  ne  saurait  être  question 
d'influence  du  système  nerveux  comme  dans  le  cas  de  Herbst,  [)uisque  les 
nerfs  antennaires,  tout  d'ime  venue,  parcourent  lantenne  sans  différen- 
ciation ganglionnaire. 

Pour  vérifier  l'hypothèse,  il  parait  indiqué  de  pratiquer  des  sections  à 
des  niveaux  slrictement  repérés,  en  s  aidant  du  microscope  binoculaire; 
mais,  dans  la  réalité,  la  précision  des  opérations  est  rendue  difficile  parle 
phénomène  suivant  :  après  section,  il  y  a  naturellement  une  petite  hémor- 
ragie; le  sang  se  coagule  bientôt  en  formant  un  caillot  noir  verdâtre  qui 
ferme  la  blessure;  or  ce  caillot,  au  lieu  d'être  simplement  superficiel,  peut 
s'étendre  plus  ou  moins  profondément  dans  l'article  sectionné,  et  sans 
aucun  doute  amène  la  morti(icali(Ui  de  la  région  qu'il  occupe:  la  jiartie 
vivante,  qui  amorce  la  régénération,  l'st  donc  réduite  d  une  façon  variable, 
et  des  sections  qu'on  a  voulues  identiques  peuvent  dilTérer  notablement 
suivant  la  position  du  caillot. 

Sans  exclure  absolument  l'hypothèse  des  zones  spécifiques,  je  me 
demande  s'il  n'y  a  pas  entre  les  individus  des  diflérences  dans  le  pouvoir 
de  régénération  :  en  ertet,  il  est  remarquable  que  très  souvent  (on  en  voit 
un  exemple  dans  la  figure  II  de  ma  précédente  Communication),  lorsque 
les  deux  antennes  ont  été  sectionnées  à  des  niveaux  qui  ne  sont  pas  forcé- 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  192I.  lOII 

ment  identiques,  les  appendices  légrnérés,  parfaits  ou  incomplets,  sont  de 
même  calégorie  :  j'ai  ainsi  obtenu  plusieurs  lois  doux  antennes,  au  lieu  des 
pattes  que  j'attendais,  ou  bien  deux  pattes  à  peu  près  bien  formées,  mais 
n'ayant  chacune  qu'une  seule  griffe.  Il  se  pourrait  qu'il  y  ait  des  Carausins 
qui  ne  présentent  pas  l'iiomo'osis  de  substitution,  à  la  manière  des 
Manlides,  des  Blatlides,  des  Bacillus  Hossii  b'abr.  et  Leptynia  allcntiata 
Pant.,  chez  lesquels  les  antennes  amputées  régénèrent  seulement  des 
antennes  (de  Sinéty,  Godelmann  );  il  est  curieux  qu'Olto  Meissner,  qui  a 
expérimenté  aussi  avec  Caraitsius  mui-osiis,  mentionne  brièvemenl  que  les 
antennes  régénérées  sont  souvent  plus  courtes  que  les  normales,  mais 
qu'elles  peuvent  néanmoins  avoir  le  même  nombre  d'articles;  il  semble 
donc  qu'il  n'a  pas  eu  dans  son  matériel  do  régénération  hétéromorphique. 
D'autres  Caniusiiis  pourraient  ne  présenter  que  des  iiétéromorphoses 
incomplètes  et  bâtardes,  et  d'autres  enfin  des  homœosis  parfaites  (//'g'.  I 
et  II).  Il  sera  du  reste  facile  de  vérifier  le  bien-londé  de  cette  hypothèse,  en 
isolant  les  individus  ayant  présenté  les  homœosis  les  plus  complèles  [)Our 
recueillir  leur  ponte  parthénogénélique;  si  cette  parlicularité  se  retrouve 
chez  les  descendants,  c'est  qu'il  y  a  en  Ire  les  divers  individus  des  différences 
germinales  qui  portent  sur  la  modalité  régénératrice  des  tissus  antennaires. 


MÉDECliNE.  —  Nouvelles  (icrjitisitions  dans  V élude  expèrimcnlale  du  trachome. 
Note  de  MM.  Cuakles  I\icoi.le  et  A.  Cuénoi». 

Evolution  et  durée  du  trachome  expérimental  du  magot.  —  Nous  avons 
montré  antérieurement,  qu'à  l'inverse  des  autres  singes  inférieurs  étudiés, 
le  magot  d'Algérie  (Mactu-us  inuuus)  se  faisait  remarquer  par  sa  sensibilité 
au  virus  trachomateux.  Chez  lui,  la  maladie  expérimontalo  revêt  le  type 
humain;  les  granulations  y  ont  leur  point  d'élection  à  la  limite  du  cartilage 
tarse  de  la  paupière  supérieure,  ainsi  que  dans  notre  espèce. 

Avec  les  virus  expérimentés  jusqu'à  présent  par  nous,  la  durée  du  tra- 
chome du  magot  ne  j)araissait  pas  dépasser  4  mois  et  la  terminaison  en 
était  toujours  la  guérison.  Des  virus  nouveaux  nous  ont  donné  des  tra- 
chomes expérimentaux  d'une  durée  peut-être  indéfinie  (i  j  et  18  mois  déjà) 
et,  dans  un  cas,  nous  avons  observé  au  17''  mois  une  héralite,  complication 
fréquente  du  trachome  humain. 

Magot  /,  inoculé  au\  quatre  paupières  avec  un  virus  ayant  fait  deux  passai:es  sur 
lapins.  Au  27'  jour,  les  iésioiu  ont  leur  aspect  et  leur  distribution  classiques;  elles 


10 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

coiilliiueiil  à  s'étendre  jusqu'au  1(14'  Jour.  \ous  les  curellons  alors.  Celte  opération 
est  suivit'  d'abord  d'une  l'égression  du  mal,  les  granulations  se  cantonnent  au  niveau 
des  cartilages  tarses;  puis,  une  rechute  survient  sans  cause  apparente  et  les  lésions 
se  généralisent  à  nom  eau,  les  paupières  inférieures  restant  peu  atteintes.  Au  iVinois, 
ci't  aspect  persiste. 

.Magot  If,  infecté  par  des  inouclies  souillées  de  \irus  tracliomateux.  Lésions  déjà 
caractéristiques  au  2'\'  jour,  l  ti  curetta^e  est  pratiqué  alors,  un  second  le  .>'.''  jour. 
Amélioration  rapide;  ce  singe  semble  guéri  après  3  mois  et  demi  d'infection.  Le 
crojant  tel,  nous  l'employons  à  d'autres  recherches  et  pratiquons  sur  lui,  ii  cette  date, 
une  inoculation  de  \irus  syphilitique  dans  l'épaisseur  des  quatre  paupières.  Celte 
expérience  est  sui\  ie  aux  quatre  points  du  développement  d'un  oedème  dur  sans  ulcé- 
rations, qui  évolue  en  •?.  mois.  L'anima!,  néj;Iigé  dès  lors,  n'est  examiné  de  nouxeau 
qu'un  an  après  linoculaliori  tracliomateuse;  les  L;ranulations  ont  reparu;  elles  sont 
alors  discrètes. 

Dans  les  mois  qui  siiixent,  elles  se  dé\eloppenl  et.  au  17'.  elles  se  eompli(|uent 
d'une  kéialite  de  Vivû  droit,  laquelle  laisse  à  sa  suite  une  opacité  cornéeniie.  \u 
li^"  mois,  les  lésions  trachomateuses  persistent  a\ec  leur  aspect  classi(|ue. 

Evolulion  et  durée  du  trachome  expérimental  du  lapin.  —  Le  Irachome  du 
lapin,  tel  que  nous  l'avons  réalisé,  ne  présente  pas  la  localisation  caracté- 
ristique du  trachome  humain  et  de  celui  du  magot.  S'il  se  traduit  par  uno 
éruption  de  granulations  très  nettes,  celles-ci  ne  siègent  pas  dans  la  région 
classique.  Elîès  se  montrent  généralement  confinées  à  des  placards  do 
follicules  normaux,  dont  l'hypertrophie  peut  sans  doute  être  délerminéo 
par  des  causes  différentes.  Ces  placards  se  rencontrent  à  la  partie  externe 
de  la  paupière  supérieure  et  aux  parties  e,\ternc  et  surtout  interne  de  l'in- 
férieure. En  cas  d'infection  tracliomateuse  généralisée,  toute  la  surface  de 
la  paupière  inférieure,  plus  rarement  celle  de  la  supérieure  peuvent  être 
semées  de  granulations.  Celles-ci  sont  élégamment  disposées  dans  l'inter- 
valle des  capillaires  dilatés. 

On  ne  saurait  douter  de  la  nature  tracliomateuse  de  ces  granulations. 
Nous  avons  rapporté  plus  haut  l'observation  i^déjà  donnée  partiellement) 
d'un  iTiagot,  chez  qui  l'infection  a  pu  être  réalisée  avec  un  virus  passé  deux 
fois  sur  lapins.  Nous  rapportons  ici  hriè\ement  une  autre  expérience,  dans 
laqu<'lle  le  virus  tracliomateux  s'est  conservé  un  an  sur  un  même  animal  de 
celte  espèce. 

La/jln  73,  inoculé  avec  le  virus  il'un  cas  humain  non  traité,  nébut  des  lésions  au 
I  '1"=  jour;  elles  sont  d'emblée  généralisées  aux  quatre  paupières  et  s'aggravent  par 
suite  d'un  curettage  pratiqué  à  celte  date.  Llles  persistent  dans  le  même  étal  jusqu'à 
la  fin  du  6"  mois,  puis  se  localisent  aux  paupières  inférieures,  tu  passage  est  alors 
léalisé  sur  un  grand  niagni,  (|ni   présente  à  la  suite  un   liaclionie  caiacteiislique.  Le 


SÉANCE  DU  2  3  AVRIL  1921.  loi 3 

iiiéli'\  eiui'iil  (ciirellii^i'  tolal)  iiinéiie,  (rnutie  p;ii-l,  la  guérison  (au   moins  apjiaienli') 
(lu  lapin  au  i4''  mois. 

Nous  avons  d'autre  part  pratiqua  sept  passages  consécutifs  eu  (j  mois  de 
lapin  à  lapin  avec  un  même  virus.  Les  granulations,  d'abord  étendues,  se 
sont  faites  de  plus  en  plus  discrètes.  Nous  ne  pouvons  apporter  la  preuve 
qu'au  septième  passage  le  virus  étaitencore  actif,  comme  il  l'était  au  second, 
car  le  magot  int)culé  avec  le  virus  de  ce  septième  passage  n'a  pas  réagi  de 
façon  évidente. 

Conservation  du  virits  trachouKttciiv  dans  le  tissu  /cslictitairc  du  lapin.  — 
Celte  conservation  (ou  culture)  est  possible  pendant  3^  jours  au  moins. 

Le  lapin  100  est  inoculé  dans  le  testicule  avec  un  \irus  humain  provenant  d'un  cas 
non  traité.  87  jours  plus  tard,  ablation  du  testicule,  dont  l'aspect  à  la  coupe  parait 
normal.  Quelques  gouttes  de  l'organe  broyé  sont  inoculées  aux  quatre  paupières  d'un 
magot  par  scarifications  et  à  la  seringue.  Ce  magot  a  présenté  un  trachome  classitjue 
à  évolution  d'abord  discrète,  puis  ayant  subi  au  quatrième  mois  une  brusque  l'xpaii- 
sion. 

Rèinfeclion  des  animaux  guéris  en  apparence  d'une  première  atteinte  expé- 
rimentale. —  Dans  un  cas  un  magot,  dans  deux  autres  des  lapins,  guéris  en 
apparence  d'une  première  atteinte  expérimentale,  ont  pu  être  réinfectés  par 
une  seconde  inoculation  de  virus  trachonialeux.  11  ne  semble  donc  pas 
qu'une  première  atteinte  confère  l'immunité.  On  ne  saurait  toutefois 
l'affirmer,  car  nous  ne  possédons  pas  de  critérium  qtii  prouve  d'une  manière 
certaine  la  guérison  et  il  est  possible  que,  dans  nos  cas,  la  seconde  inocu- 
lation n'ait  qu'ajouté  son  effet  à  celui  d'un  réveil  du  premier  tracbome. 

Résultats  acquis.  —  Cetti-  Note,  qui  sera  développée  ailleurs,  apporte 
quelques  données  nouvelles.  Nous  les  résumerons  ainsi  : 

i"  Le  trachome  expérimental  du  magot  peut  avoir  une  durée  longue 
(i5,  18  mois  déjà)  sinon  indéfinie,  présenter  des  rechutes,  se  compliquer 
de  kératite. 

1°  Le  virus  trachoniatrux  détermine  chez  le  lapin  l'apparition  de  granu- 
lations, dont  la  durée  peut  atteindre  un  an  et  qui  sont  encore  virulentes  au 
bout  de  ce  temps  pour  le  magot.  L'entretien  du  virus  de  lapin  à  lapin  est 
possible  d'autre  part  pour  les  premiers  passages. 

3°  Le  virus  trachomateux  se  conserve  (ou  cultive)  dans  le  tissu  testicu- 
laire  du  lapin  pendant  au  moins  3-  jours. 

4°  Une  première  atteinte  de  trachome  (si  elle  guérit  vraiment)  ne 
met  pas  à  l'abri  l'œil  du  magot  ou  du  lapin  contre  une  réinfection  expéri- 
mentale. 


IOl4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ELECTIONS. 


Par  la  majorité  des  suffrages,  MM.  A.  Hai.i.ek  et  L.  Max<;i.\  sont  élus 
ÎMembrcs  de  la  Commission  du  Fonds  lionajxirlr  en  remplacement  de 
MM.  A.  Lavekax  et  H.  Lecomti-. 


PLIS  CACHETES. 

M.  H.  BoRiuER  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  reçu  dans  la  séance 
du  i3  décembre  1920  et  inscrit  sous  le  n"^  8816. 

Ce  pli,  ouvert  eu  séance  par  M.  le  Président,  contient  une  ?Sole  inti- 
tulée :  Efficacité  de  la  dWi-soinrilisation  diat/icrmique  dans  les  pluies  atones 
{ulcères  variqucti.v,  troubles  IropJiiques  cutanés,  etc.). 

(  Renvoi  à  l'e.xamen  de  M.  A.  d'Arsonval.) 


CORRESPOIVDAIVCE. 


M.  le  Ministre  de  i/Instulctiov  plbi.iqie  i/r  des  Bealx-Akis  adresse 
ampliation  du  Décret  en  date  du  20  avril  192 1  qui  autorise  l'Académie  à 
accepter  le  legs  de  M.  Alfred  Dutens. 

M.  WiRTz  annonce  à  l'Académie  que  l'inauguration  du  monument  élevé 
en  souvenir  de  son  père,  Adolphe  Wikt/,  aura  lieu  le  mardi  5  juillet  1921, 
à  Strasbourg. 

M.  le  Secrétaire  perpétcei.  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1"  Le  premier  fascicule  du  liultetin  du  Scnicc  de  lu  Curtc  géologique  d  Al- 
sace et  de  Lorraine. 


SÉANCE   DU    25    AVRIL    192I.  I0l5 

i>"  Le  premier  fascicule  du  liuUelin  du  Srrn'cc  ^ro/ogif/iic  dr  /'o/oo-nr  et 
des  Travaux  du  Seivice  géologique  de  l'ologne. 

')"  Misiiio  IsiiiMOTO.  f/HTsfig/it/on  o''  Melcds  nif/i  regard  lo  l/ieir  infernaf 
Friction.  (Présenté  par  M.  Berlin.  ) 

1"  SrtUTrvvMS  N'oies- on  edible  Plants,  edited  bv  U.  P.  Iliciiiiicu. 


ASTRONOMIE.  —  Observation  deVéclipse.  annulaire  de  Soleil  du  7  (nril  1921. 
à  r  Observatoire  astr()noinifi((e  de  r  Uni^'ersité  de  Valence  {Espagne).  Note 
de  M.  I.  T.iiUAzo.NA,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

C'est  en  appliquant  la  méthode  indiquée  par  la  Connaissance  des  Temps 
pour  1921  qu'on' a  calculé,  pour  l'éclipsc  annulaire  de  Soleil  du  7  avril 
dernier,  les  époques  H,  et  H^  des  contacts  extérieurs  el  les  angles  de 
position  P,  et  P,  des  points  du  disque  solaire  où  ont  ou  lieu  les  conlacis. 

Les  coordonnées  géographiques  provisoires  de  l'Observatoire  de  \  alence 
(^l'^spagne)  sont 

o  =^  39"28'  17'  \. 

L  =:        2?,'a2"=r  i™29%5  W  Greenwicli. 
Voici  les  résultats  du  calcul  : 

Premier  contacl.  Dernier  coiilacl. 

iS  avril  11)21.  t.  111.  c.  Greeiiwicii 11,  :=  7'' i4'"o%g         11,  =  9''4o"' 1  7%.') 

Angle  de  position l'i  =:  263°45'  I'»  =  48° ^9' 

L'écIipse  a  été  observée  à  l'aide  de  réquatorial  Grubb  de  l'Observatoire,  avec  l'ocu- 
laire le  moins  puissant,  afin  d'obtenir  l'image  totale  du  Soleil  projetée  sur  une  feuille 
de  [)apier  blanc,  convenablement  placée  pour  observer  par  projection.  Sur  cette  feuille 
étaient  tracées  deux  circonférences  de  5'"'  el  fi'^™  de  rayon,  deux  diamètres  perpendi- 
culaires et  deux  rayons  dont  les  extrémités  fixaient  les  points  d'immersion  el  d'énier- 
sion  de  la  Lune  sur  le  bord  solaire.  Pour  l'orientation  de  cet  écran  on  a  fait  courir, 
tout  le  long  de  la  ligne  EW  du  dessin,  l'une  des  petites  taches  du  seul  gioupe  ((non 
voyait  alors  sur  le  Soleil. 

l-es  heures  des  conlacis  ont  été  déterminées  avec  le  chronomètre  de  lemjis  moven 
l'erez-Seckel  n''2092.  L'étal  et  le  mouvement  de  celui-ci  sont  connus  par  comparaison 
avec  les  signaux  horaires  de  l'Observatoire  de  Paris,  transmis  par  T.  S.  P.  le  7  el 
le  8  avril  à  io''45'"o%  io''47"'"''  et  io''49"'o*  t.  m.  c.  Greenwich.  On  connaît  également 
l'élal  et  le  mouvement  de  la  pendule  garde-temps  moyen  Strasser-Iliefier  n°  l^yO  el 
du  clirononiètre  sidéral  Dent  n°  5.551'2.  Avec  ces  moyens,  on  s'est  assuré  de  la  régula- 
rité de  la  marche  du  Perez-!leckel  pendant  l'écIipse,  et  de  l'exactitude  des  époques 
déduites  pour  les  observations  des  contacts.  Il  ne  reste  que  l'incertitude  dans  l'appré- 
ciation de  ceux-ci.  motivée  par  la  forte  oscillation  des  images  de>  bords;  celte  erreur 
|ieul  aller  à  queii[ue  deux  secondes  en  plus  ou  en  moins. 


IOl<J  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tout  le  malin,  l'atmosphère  était  masquée  par  un  brouillard  plus  épais  que  d'ordi- 
naire. Les  nuages  étaient  si  gros,  à  la  fin  de  Téclipse,  qu'on  a  eu  la  crainte  de  perdre 
le  dernier  contact. 

Pendant  l'éclipsé  et  après,  \l.  V.  Marli  a  pris  dos  photograpliies  du  phé- 
nomène, avec  le  même  équatorial  diiment  outillé.  Au  point  de  vue  de  leur 
définilion,  ces  négatifs  sont  au-dessous  de  ceux  que  l'on  obtient  journelle- 
ment à  l'Observatoire.  Voici  les  résultats  de  l'observation  : 

I"  Les  contacts  extérieurs  ont  eu  lieu  aux  points  du  bord  solaire  prévus 
par  le  calcul. 

2°  Les  heures  des  contacts  pour  M.  L  Tarazona.  exprimées  en  t.  m.  c. 
Grcenwich,  sont  : 


Premier  contact. .  . 

7.14.2,? 

-. 

'  1- 

0.9 

Dernier  contact. . . 

<)./io.  3  ,G 

9' 

'lO. 

'7' 1 

— 13,8 

lîegardant  la   même   image  projetée  du   Soleil.   M.  \  .  Marti  jugea   les 
contacts  quelque  '>  ou  4  secondes  plus  tôt  que  ^L  Tarazona. 


.\S1R0X0.MIE  PHYSIQUE.  —  Mesures  de  parallaxes  stcllaircs  à  i Observatoire 
Dearborn.  Note  de  M.  Philippe  Fox,  présentée  par  iVL  Deslandres. 

Le  programme  de  l'Observatoire  Dearborn  pour  la  mesure  des  paral- 
laxes stellaires,  après  avoir  été- abandonné  pendant  la  guerre,  a  été  repris 
ensuite  tout  entier.  On  donne  ci-après  le  Tableau  des  derniers  résultats 
obtenus,  qui  fait  suite  à  celui  déjà  publié  dans  les  ('o/«y9/e.v7V7/f///.yen  iqiqC). 
L'appareil  astronomique  est.  comme  avant  la  guerre,  une  lunette  équato- 
riale  de  o"',/|8  d'ouverture  et  de  7'"  de  distance  focale;  la  méthode  d'obser- 
vation avec  écran  colore  et  porte-plaque  à  coulisse  double,  est  restée  la 
même,  et  aussi  la  méthode  de  réduction  pour  la  mesure  des  plaques. 

Les  étoiles  du  Tableau  ont  la  plupart  un  éclat  faible,  mais  un  mouvement 
propre  notable.  Pour  la  moitié  d'entre  elles  environ,  la  parallaxe  avait  été 
déjà  déterminée;  et  l'accord  avec  nos  mesures  est  satisfaisant,  au  moins 
pour  les  étoiles  étudiées  par  les  observations  photographiques. 

Le  Tableau  est  disposé  comme  celui  de  1919;  la  colonne  de  la  lettre  P 
indique  le  nombre  des  pla([ues  mesurées,  et  la  colonne  marquée  C.S. 
(comparison  stars)  donne  le  nombre  des  étoiles  de  comparaison. 

(')  Comptes  rendus,  t.  1G8,  igiy,  p.  logô. 


SÉANCE    DU    2,')    AVRIL    I921. 
l'aralUiJcx  sle/l/iiics  ilfli-riiiiiics  à  I  Ohscrvaloire  Dearlx. 


B.  I). 


Kloile 


I   lî.D.  — 


3. 

H.  n 

(  B.  1) 

(   B.  It 

■>. 

B.  D 

I>. 

D.  D 

7. 

B.  D 

S. 

B.  D 

9. 

B.  D 

10. 

B.D 

(  B.D. 

12. 


B.  I». 


l:!. 

D.  ft 

IV. 

B.D 

l'j. 

\  B.D 

Ki. 

B.D 

,   B.D 

IT. 

\ 

B.D. 


(  I!.  D. 

( 

(   B.D. 

■( 

B.  D. 
l  B.D. 
( 

B.  D. 

B.  D. 


0-" 
I  2° 


5839). 


0.38 
0.38 


99)---' 

191  ) 7  .07 

193) ■ 

38o  I "'■•'a~ 

109^  I .7.07 

ri  23) .■).'.(; 

i3.j7  ) Cl..!.") 

1610) 7  .08 

1128) 8.0S 

2192» I2.3l 


2810) ... .  17.111 

2808) 

9^6) 17.. 37 

3i.5i) i7..^8 

33.57) 18.28 


3Soi) 19. ',9 

39.53 ) . .  . .     20.C12 


5840) .... 
20G8) 


091.0) 2(1. .0.. 

3917) .... 

47')') 21.(11. 

2783)....  22.2'| 


l[  l'.KIO).    C. 
29.  '.7 

—    I  .-.(i 

33.18 

fi7 .  1 3 

10.. '.S 
9.  i3 
—  .3  .  ',  I 
i\  .o3 
).5. 1  1 
57.2'! 
1  I  .  57 

12.28 

(iS.2(i 
26.20 

23  .0(1 

38 .  3o 
3.5. 3(1 


Gi.  |S 


5-.  1 2 


umlcuÈ- 

7-9 
8,7 

8.0 
s,  7 

8,5 
6,8 
9i'' 
8, fi 
8,3 
8.7 
8,. 5 


I'aralla\c 
iclalive. 


-o.(i43± 


-"iO''9~o-""9 
-0,011  ±0.(116 

-o.079±o,oi(i 
-o,o',9Z!Z(i.(i09 
-o,oi3zto,  oi3 


+o,oo()±().oo8 
-t-o,o34iiro,007 
-f-o,  i96±o,oio 
+0,  I  i9ir 0,006 

8.6  +0.044  ±o,0(iS 

7.7  -t-0,01  izto.oiig 

8.0  +(1,01 3±o,o.'i7 
S,T  — o,o68±o,o'.7 
9,  \     +o,o87±o,oi3 

9,'.        +0,02.')z!zO,(UO 

9. 1  +0, 1911:^0,008 

7,0  +0,  I  '|5±0,  02(1 
9,3        +0,OI2±0,(lll7 

1 1 . 1     — 0,04837(1.012 


4879)....     23. 3i 
1991) 23.  i', 


9,0 

9 . 5 
9,6 
8,(1 
8,(1 
8.8 

7.8 
9." 
8,6 

9.' 

12,(1 

8,6 


-(i,(ij(i±(i.(ii(i 
-ii,ii4o±o,(iii9 
-0,01  7±o,oio 


.,o',6=: 

i.(iiS± 
i,(.56± 
i,(i5(i±. 
i.i5',± 


':"94± 
1.2  |2± 
1,243 


■)6± 


Mduvemc.nl  pnipic 
en  iis(^ensi(jn  droilc. 

+0.  ig.irLci.Od.'i 
+0.  i75±(i.(i(i6 

—  O.  I   '.ûztd.dll'i 

+0.0  I  oi:o,oo7 

—  Il,  208±0,00'| 

+  o,5'>.(i±o,(ii(i 
+0,037^=0,01  \ 
-(-ii,o6oz^o,oiii 
— o,o87±o,(io5 
+o,788±(.,(io4 
+0, 2119^:0,002 
— o,4ii9±o,oi  '1 

—  (1  .02'|±ll.  OûN 

— 11,3593:0,045 


— 0.34 1 


1,0.1 


—  I  ,(ii(i±o,oo3 
— 0,002  —  0,  002 
—0,363  in  (1,(1.15 
+0,391  ±0,006 
— o.ii27±(i.(iii7 
+(i..i6o+(,.,ir2 

—  o,(i25±(i,iij3 
+ii,oo3±o,oo8 

^-"•"t-i  — "-""9 

—  0,111  1  ±(1.(11  2 

+  ii,(.85±.i,(i.i3 
+.i,(.7ii:.i.(i(i', 

—  .i.(Mi2±(.,ii.i5 
+  (V.l2(l±.l,(l,i6 

+(i.i68±(..<i2(i 


014     +( 


,689+. 
,962±( 

■  i49±' 


1,(11- 

1  .  IIK 


1017 


V.  es.    Mcsuiv|ii 
i!      5      llill 


2.1  I         » 

i4  6  ^^^lie 

17  5  lianni^tc 

I  '1  5  l'o\ 

i.l  7  Dickson 

17  6  Bannislei 

14  li  Hill 

17  6  Dickson 

I  I  5  \^'vlie 

Ki  5  Hill 

» 

19  8  Bnnnislc 

17  5  Tibliles 

I  '1  5  Fo\ 

1  '1  4  Aoiing 

1 5  6  i> 


i3      6     Wyli 

)) 
)6  4  Hill 
16     7     Fo\ 

18     5     Tilil.i 
18     6     Wvll 


10l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

licDui/'/iics  sur  les  ('toi/es  sui^iinles  : 

1  :  i  4:!. 

2  :  i  53  rej. 

3.  T)Ani\ei  Astriiiunnische  .\  ac/uic/Ueii.  'ii.'J3,  Abelti  ilonne  |iour  le  niouvemcnl 
propre  de  celle  étoile  o',48i  i>  224°, S.  Ce  nurnlire  a  vit''  reproduii  Je  fa.  on  erroni'e 
par  Hurnhain  dans  C.  /.,  KtS. 

U.  Celte  valeur  remplace  celle  publiée  précédemnieni,  et  basée  sur  un  petit  nombre 
de  |)laque». 

7.  Schlesinger  donne  pour  la  parallaxe  de  cette  étoile  o",  189. 

11  :  ii66i.  La  position  actuelle  des  composantes  est  239°:2'',4-  '-6^  plaques  onl 
été  obtenues  sans  l'emploi  d'un  dispositif  d'occultation.  L'étoile  de  la  parallaxe  a  clé 
un  peu  surexposée  pour  assurer  un  nombre  suffisant  d'étoiles  de  comparaison,  et  sur 
plusieurs  plaques,  les  images  des  deux  composantes  étaient  en  partie  mélangée^,  ce 
qui  explique  la  grandeur  do  l'erreur  probable.  La  recherche  de\ra  ètie  reprise  a\r>' 
un  scricur  occultant. 

l'i  :  ii„.jr,4. 

lo  :  lluo2i;  en  njoi,  la  po-ilion  de  celte  étoile  double  était  o4o":i  :  1  ■.  I  '  ;  cl  en 
1912  la  position  était  052°,  o  :  J'jÔQ. 

17  :  pG.C.  991IJ. 

18  :  II  2998.  Dans  C.  /.,  108.  lîurnham  lui  as?igne  à  tort  un  mouvement  propre 
de  S/D  —  21°  (  ")8|o)  trouvée  par  Bossert  et  Porter. 

20.   Burnhani  a  me-'uré  plusieurs  étoiles  aux  environs  de  ce  groupe. 
22.  C'est  l'étoile  double  bien  connue  KoOo.  Elle  est  actuellement  difllcilc  à  pholn- 
grapliier  avec  notre  instrument. 

•2ï  :  (3  80.   La  distance  actuelle  des  composantes  est  environ  o",5. 


IHICKMODVNAMIQI  E.  —  Le  pri/icijjc  de  i  équivalence  et  la  rèvnsihiliU'. 
Noie  de  M.  A.  Leduc,  présentée  par  M.  Lippmann. 

1.  Lorsqu'on  écril  qur  la  diflerenlielle  r/S  de  Tcnlropie  est  dilTérciiliclle 
totale  exacte,  on  applique  le  principe  deCarnot  et  l'on  exprime  que  le  cycle 
considéré  est  parcouru  d'une  manière  réversible.  Mais  il  ne  faut  pas  dire, 
comme  le  font  certains  auteurs,  qu'appliquer  le  [)rincipe  de  Carnot  cl 
exprimer  qu'il  y  a  réversibilité  sont  une  seule  et  même  cbose. 

2.  L'application  du  principe  de  réquivalence  sous  la  forme  classique 

t/L        Jf/i,!  — '/e  v<''ll'''i'Piil'ell''  exacte) 

im|ili(pie  aussi  bien  souvent  la  condition  de  réversibililé.  (!elle-ci  n'est 
donc  pas  l'apanage  exclusif  du  principe  de  Carnot,  el  si  j'éprouvr  le  besoin 
de  l'écrire,  c'est  que  la  méconnaissance  de  ce  fait  a  donné  lieu  à  des  erreurs 
graves  de  la  part  des  meilleurs  auteurs. 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    I921.  1019 

3.  Je  prendrai  poiii'  exemple  l'expérience  par  .laquelle  l'>clluiid  a  essayé 
de  délerminiT  réquivalent  mécanique  do  la  calorie  ('). 

1_  n  fil  métallique  vertical  \B,  fixé  en  A  à  une  poutre  est  allaclié  eu  l>  à 
un  levier  horizontal  articulé  autour  d'un  axe  C.  En  faisant  glisser  le  long 
de  ce  levier  un  poids  P  jusqu'en  un  point  D,  on  produit  sur  le  fil  une  trac- 
tion F,  facile  à  calculer.  Le  lil  s'allonge  de  z.  Qae\  est  le  travail  reçu  par 
le  fil? 

D'après  II.  Poincaré  (T/icrmtn/.,  p.  102  )  et  Clnvolson  (vol.  3,  p.  Ii3i),  on 
aurait 

(  )r  il  est  manifeste  que  ce  travail  a  pour  valeur  -  F,  s.  comme   l'écrit 

iùllund,  sans  d<jnner  d'ailleurs  d'explications.  I*>n  effet,  dans  cette  expé- 
rience, la  force  F  croit  de  <  )  à  F,  à  mesure  que  le  poids  se  déplace  vers  D  et 
que  l'allongement  (7—  /„)  varie  de  O  à  î.  Le  déplacement  est  d'ailleurs  assez 
lent  (  il  dure  2  secondes)  pour  que  l'équilibre  puisse  être  considéré  comme 
existant  à  cliaque  instant.  <  )n  peut  supposer  l'allongement  proportionnel  à 
la  force  et  écrire  pour  le  travail  reçu 


^=il"-^''"'=l 


F.; 


4.  Examinons  maintenant  le  cas  où,  au  lieu  de  produire,  comme  Edlund, 
un  étirement  sensiblement  réversible,  on  dépose  (sans  choc,  mais  sans  autre 
précaution)  un  poids  P  sur  un  plateau  suspendu  au  fil.  Si  Pg  =  F,,  l'allon- 
gement final  sera  encore  ï,  et  il  n'est  pas  douteux  que  le  travail  de  la  pesan- 
teur soit  F,î.  Mais  la  moitié  seulement  est  reçue  par  le  fil  à  titre  réversible, 
c'est-à-dire  compemee  Tpar  une  augmentation  d'énergie  potentielle  élastique. 
L'autre  moitié  du  travail  de  chute  est  transformée  en  énergie  vibratoire: 
puis  les  oscillations  s'amortissent  rapidement  en  produisant  un  dégagement 
de  chaleur  dans  le  fil. 

<  )n  sait  que  si  /■  désigne  la  capacité  calorifique  du  fil  et  X  sun  coefficient 

(  '  )  Annales  de  Cliinne  rt  de  P/iys.,  4'  série,  t.  8,  1S66,  p.   f  jj. 

L'expérience  dEdluncl  a  siirloul  pour  intérêt  aujourd'luii  de  nioiurcr  la  nécessité 
de  fermer  le  cycle  quand  on  applique  le  principe  de  l'équivalence.  Sous  ce  rapport, 
il  est  curieux  de  constater  que  l'auteur  délermine  d'abord  (  p,  283)  le  rapport  entre 
le  travail  reçu  et  la  quantité  chaleur  évoluée  pendant  la  traction  (sans  tenir  compte  du 
signe  — ),  et  cest  parce  qu'il  trouve  ainsi  un  nombre  beaucoup  trop  fort  (G83''S™  par 
calorie)  qu'il  envisage  le  retour  du  fil  à  l'état  initial  sans  travail. 


I020  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  dilatai  ion.  la  traction  réversible  F,  donne  lieu  à  un  abaissement  de  tem- 
pérature 0  tel  que 

J/,  9  =  — To/ÂF,. 

I^a  quantité  de  chaleur  dégagée  par  le  travail  irréversible  (ou  non  com- 
pensé) produira  une  élévation  de  température  0'  telle  que 

2  2  1:  S 

et  l'on  observera  seulement  un  abaissement  0  —  0  . 
On  n'observerait  rien  si  l'on  avait 

F 

-'  =2K>.T,.. 

.V 

En  fait,  pour  l'acier,  il  faudrait  exercer  ainsi  une  traction  d'environ  140'-''' 
par  inillimèlro  carré,  qui  dépasse  la  limite  élastique  et  provoquerait  sans 
doute  la  rupture.  Mais  avec  une  traction  moilié  moindre  (-jq^^  par  milli- 
mètre carré  )  l'abaissement  de  température  observé  serait  la  moilié  de  celui 
que  produirait  celte  traction  effectuée  à  la  manière  d'Kdliind  ou  en  soute- 
nant convenablement  le  poids  pendant  sa  chute,  de  mimiére  à  éviter  les 
oscillations. 


01'Tl(.)Li:.  —  Sur  le  dcplareineiit  des  raies  solaires  sous  l'aclioit  du  cliamp 
de  gravitalion.  Noie  de  MM.  H.  Bcissox  et  Cii.  Faiirv,  transmise  par 
M.  \  illanl. 

La  théorie  de  la  l'clativilé  fait  prévoir  un  léger  déplacement  des  raies  du 
spectre  solaire  vers  le  rouge,  par  rapport  au\  raies  correspondantes  des 
sources  artificielles;  l'écart  de  longueur  d'onde  serait,  en  valeur  relative, 
de  2,  I  .  10"". 

Depuis  (pie  ec  résultat  a  été  annoncé  par  lunstein,  diverses  tentatives  de 
vériiication  ont  été  faites;  elles  ont  conduit  à  des  résultats  contradictoires, 
en  grande  partie  à  cause  de  l'incertitude  où  l'on  était  sur  l'importance  du 
déplacement  possible  des  raies  par  la  pression,  effet  qu'il  est  difficile  de 
séparer  du  phénomène  prévu  par  Einstein.  Tout  récemment  ( '),  M.  l'erol 
a  montré  que,  pour  les  raies  b  du  magnésium,  l'effet  de  pression  est  négli- 

(')   (Jdwples  rendus.  I.  172,  19  !  1 .  p.  578, 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I92I.  I02I 

geable.  et  (jue  l'écart  existant  entre  les  raies  du  spectre  solaire  et  celles  de 
l'arc  sous  faible  pression,  attribué  tout  entier  à  Fen'et  Einstein,  a  bien  la 
la  valeur  prévue  par  la  théorie. 

Il  nous  a  paru  intéressant  d'examiner  nos  ancienn(?s  mesures,  faites  à  une 
époque  où  l'inlluencc  du  champ  de  gravitation  n'était  pas  soupçonnée,  elde 
voir  si  nos  résultats  peuvent  se  concilier  avec  la  théorie  de  la  relativité. 

Rappelons  que  les  petits  écarts  de  longueur  d'onde  entre  les  raies  solaires 
et  celles  de  l'arc  ont  été  mises  en  évidence  dès  1896  par  Rowiand  et  par 
Jewell.  Le  plus  souvent,  l'écart  était  dans  le  sens  d'un  accroissement  de 
longueur  d'onde  pour  le  soleil,  mais  avec  de  nombreuses  exceptions. 
Rowland  expliquait  la  longueur  d'onde  plus  grande  dans  le  spectre  solaire 
par  l'effet  de  la  pression  dans  la  couche  renversante,  mais  les  déplacements 
en  sens  inverse  restaient  inexpliqués. 

En  1909  nous  avons  repris  ces  comparaisons  ('),  et  nous  avons  réussi  à 
trouver  la  cause  des  nombreuses  anomalies  trouvées  par  Rowland;  elles 
tiennent  à  l'élargissement  dissymétrique  que  subissent  certaines  raies  dans 
l'arc  électrique,  qui  les  éloigne  de  leur  véritable  position.  Les  anomalies 
disparaissent  si  l'on  compare  le  spectre  solaire,  non  plus  à  celui  de  l'arc 
ordinaire,  mais  au  spectre  de  l'arc  produit  dans  le  vide.  Toutes  les  raies  du 
spectre  solaire  se  trouvent  déplacées  vers  le  rouge  par  rapport  à  celles  de 
l'arc  dans  le  vide.  Les  mesures  ont  porté  sur  un  grand  nombre  de  raies 
du  fer. 

A  l'époque  où  ces  mesures  onl  élé  faites,  l'eflel  de  pression  était  la  seule  cause 
connue  de  déplacement  d'ensemble  des  raies  d'un  spectre,  c'est  à  cette  cause  que 
nous  avons  essayé  de  rattacher  nos  résultats,  et  nous  en  avons  déduit  une  valeur  de 
la  pression  dans  la  couche  ren\ersante  de  l'atmosphère  solaire.  Toutefois,  certaines 
particularités  pouvaient  faire  douter  de  l'exactitude  de  l'explication  adoptée.  Cer- 
taines raies  qui,  dans  l'arc  électri([ue,  s'élargissent  beaucoup  sous  l'influence  de  la 
pression  sont,  dans  le  spectre  solaire,  aussi  fines  que  les  autres.  Certaines  raies  qui 
subissent,  sous  l'influence  de  la  pression,  un  déplacement  plus  grand  que  les  autres 
(  il  est  vrai,  avec  des  particularités  qui  rendent  la  mesure  du  déplacement  un  peu 
incertaine)  ne  montrent  rien  d'exceptionnel  quand  on  passe  de  l'arc  au  soleil. 

R  devient  intéressant  aujourd'hui  de  voir  comment  les  faits  s'expli- 
queraient en  admettant  que,  pour  les  raies  du  fer  comme  pour  celles  du 
magnésium,  la  pression  de  la  couche  renversante  est  négligeable,  et  que 
l'effet  Einstein  est  la  seule  cause  du  déplacement. 

(')  Comptes  rendus,  t.  IVS,  1909,  p.  688;  Journal  de  Physique,  4"  série,  t.  9, 
1910,  p.  igS. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N"  17.)  7^ 


I022  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sur  22  raies  étudiées  entre  les  longueurs  d'onde  /(Ooc  et  45oo,  le  dépla- 
cement moyen  observé,  en  passant  de  Tare  dans  le  vide  au  soleil,  est 
de  0,0076  angstrôm,;  la  théorie  de  lunstein  prévoit  0,0089. 

Sur  10  raies  entre  5 100  et  55oo,  le  déplacement  moyen  a  été  de  0,0127; 
la  théorie  prévoit  0,01 1 1 . 

La  concordance  peut  être  considérée  comme  parfaite,  les  difTérences 
entre  le  calcul  et  l'observation,  de  l'ordre  du  millième  d'angstroni,  étant 
du  même  ordre  que  l'incertitude  des  mesures. 

En  résumé,  les  écarts  observés  entre  les  raies  du  spectre  solaire  et  celles 
de  l'arc  dans  le  vide  s'interprètent  parfaitement  par  les  deux  hypothèses 
suivantes  : 

La  pression  dans  la  couche  renversante  est  faible,  et  par  suite  l'eJTet  de 
pression  négligeable. 

L'etlet  Einstein  est  la  seule  cause  de  déplacement  des  raies  du  spectre 
solaire. 

Dans  toutes  les  comparaisons  de  ce  genre,  il  faut  se  tenir  soigneusement 
en  garde  contre  les  phénomènes  accessoires  de  l'aie,  qui  peuvent  donner 
aux  raies  une  fausse  position. 


RADIOACTIVIT]-:.  —  Sur  le  rayonnement  y  et  le  dégagement  de  chaleur  du 
radium  et  du  mésothorium.  Note  de  M'"""  P.  Curie,  présentée  par 
M.  G.  Lippmann. 

Le  radium  et  le  mésothorium  sont  des  radio-éléments  isotopes  dont  la 
séparation  chimique  ne  peut  être  effectuée.  (Ilhacune  de  ces  substances  pro- 
duit une  série  de  dérivés  dont  l'ensemble  contribue  au  rayonnement  et  au 
dégagement  d'énergie.  Ln  mois  après  sa  préparation,  le  radium  atteint  un 
état  de  régime  avec  une  proportion  constante  d'émanation  et  de  corps  A, 
IJ  et  C.  Le  mésothorium  produit  (par  l'intermédiaire  du  dérivé  à  courte  vie 
mésothorium  2)  le  radiothorium  dont  léquilibre  de  régime  avec  les 
dérivés  ultérieurs  :  thorium  X,  émanation,  corps  A,  H  et  C,  s'établit  en  un 
mois  environ.  L'évolution  du  mésothorium  est  donc,  dans  ses  lignes  princi- 
pales, caractérisée  par  la  proportion  de  radiothorium  qui  l'accompagne. 

Le  rayonnement  y  du  radium  est  produit  par  le  radium  C  qui  y  est  con- 
tenu, tandis  (jue  dans  la  série  du  mésothorium  ce  rayonnement  piovient  du 
mésothorium  2  et  du  thorium  C.  (^uand  on  mesure  le  rayonnement  y  des 
substances  enfermées  en  tubes  scellés,  il  est  difficile  de  faire  la  distinction 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I921.  I023 

entre  le  radium  et  le  mésotliorium  en  se  basant  sur  la  différence  du  pouvoir 
pénétrant  des  rayons.  Mais  on  peut  essayer  de  faire  cette  distinction  en 
comparant  non  seulement  le  rayonnement  y  des  substances,  mais  aussi  le 
dégagement  de  chaleur  qu'elles  produisent.  Celui-ci  est  déterminé  princi- 
palement par  Ténergie  des  rayons  a  dont  quatre  groupes  sont  émis  par  le 
radium  et  ses  dérivés  formés  en  un  mois,  tandis  que  cinq  groupes  sont  émis 
dans  la  transformation  du  mésothorium,  en  comptant  pour  un  les  deux 
modes  de  transformation  du  thorium  G.  Le  mésothorium  comparé  au 
radium  paraît  donc  relativement  plus  riche  en  rayons  y  qu'en  rayons  a,  et 
cela  d'autant  plus  que  la  proportion  de  radiothorium  est  moindre.  Son 
dégagement  d'énergie  sous  forme  de  chaleur  doit  être  moins  élevé  que 
celui  du  radium,  à  intensité  égale  de  rayonnement  y. 

Désignons  respectivement  par  A  et  par  A  les  rapports  de  l'intensité  du 
rayonnement  y  et  du  débit  de  chaleur  du  mésothorium  aux  quantités  cor- 
respondantes pour  un  étalon  de  radium.  Le  rapport  —  est  fonction  de  la 

proportion  de  radiothorium  présent  et  de  l'efficacité  relative  des  rayons  x 
et  des  rayons  y  des  divers  groupes.  Par  atome  de  radiothorium  détruit,  le 
dégagement  d'énergie  des  rayons  a  est  i,32  fois  plus  grand  que  celui  qui 
provient  d'un  alome  de  radium  par  émission  de  quatre  particules  a.  Ce 
nombre  est  calculé  en  admettant  que  l'énergie  d'une  particule  a  est  propor- 
tionnelle à  la  puissance  |  de  son  parcours. 

Soit//  le  rapport  du  nombre  d'atomes  de  radiothorium  et  de  mésothorium 
transformés  dans  le  même  temps;  soit  ,1:  le  rapport,  par  atome  transformé, 
entre  l'intensité  des  rayons  y  du  mésothorium  privé  de  radiothorium  et  des 
dérivés  de  celui-ci,  et  celle  des  rayons  y  du  radium  en  équilibre  avec  l'éma- 
nation et  le  dépôt  actif;  soit  de  même  y  le  rapport,  par  atome  transformé, 
entre  le  rayonnement  y  du  radiothorium  et  de  ses  dérivés  et  celui  du 
radium  dans  les  conditions  d'équilibre  ci-dessus  énoncées.  On  trouve,  en 
admettant  de  plus  que  le  dégagement  de  chaleur  dti  aux  rayons  a  est  seul 
à  considérer, 

I.  -^  T,32/i  ,  b        ,  /         WT 

I î  =  —  == -, —  avec  /(  = I  —  e~  """ '    \- 

■^        r  +  hy  b  —  ir  •' 

Les  nombres  x  eiy  dépendent  de  l'appareil  employé  pour  la  mesure  des 
rayons  y.  Le  nombre  h  est  calculé  d'après  les  constantes  radioactives  a  et  h 
du  mésothorium  et  du  radiothorium.  Le  temps  l  est  compté  à  partir  d'un 
état  où  le  mésothorium  était  exempt  de  radiothorium. 

l'in  réalité,  le  mésothorium  que  l'on  trouve  dans  le  commerce  contient 


I024  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

toujours  du  radium,  et  dans  ce  mélange  on  peul  doser  le  radium  par  le 
dégagement  de  lémanation.  On  peut,  par  conséquent,  déterminer  le 
rayonnement  y  et  l'effet  calorifique  dus  au  mésothorium  exempt  de  radium. 

Il  m'a  paru  utile  d'effectuer  des  mesures  comparatives  sur  quelques  pré- 
parations de  mésothorium  que  j'ai  eues  à  ma  disposition.  Malheureusement, 
l'âge  de  ces  préparations  n'était  connu  qu'approximalivement.  Le  rayon- 
nement Y  était  mesuré  par  le  courant  d'i(misation  produit  dans  une 
chambre  à  plateaux  au  travers  d'une  épaisseur  de  plomb  égale  à  i*^^'".  La 
source  était  placée  à  distance  \ariable  de  la  chambre.  Le  débit  de  chaleur 
était  mesuré  dans  un  calorimètre  à  glace  muni  d'un  lube  capillaire,  dont 
une  division  correspond  à  environ  o'^^'.o3.  Cet  appareil  esl  d'un  maniement 
assez  délicat,  et  la  limite  d'observation  est  de  l'ordre  du  milligramme  de 
radium. 

Sur  quatre  préparations  de  inésothorium  les  valeurs  suivantes  de  -3  et  R 
ont  été  obtenues  : 


1 ,80  I , i5  J .4^  1,17 

0,62  ô,6i  0,61  o.Ga 


Toutes  ces  préparations  étaient  constituées  par  du  bromure  do  radium  à 
mésothorium  pouvant  contenir  un  peu  de  baryum.  La  première  était  du 
bromure  de  radium  (11'"''', 5)  sans  baryum,  ayant  un  rayonnement  y  envi- 
ron cinq  fois  plus  intense  que  celui  d'une  quantité  égale  de  radium  pur;  on 
peut  estimer  qu'elle  contenait  environ  i  pour  100  de  mésothorium. 

Les  valeurs  de  R  obtenues  pour  les  quatre  préparations  sont  semblables. 
Ce  résultat  est  normal,  car  les  préparations  provenaient  du  même  minerai, 
et  leuis  âges  pouvaient  être  voisins  (probablement  entre  un  et  deux  ans). 
Le  rapport  R  =  o,()  différencie  très  nettement  ces  matières  du  radium. 

(  )n  peut  donc  essayer  de  baser  sur  la  mesure  de  ce  rapport  une  méthode 
de  détermination  des  quantités  relatives  de  radium  et  de  mésothorium  dans 
un  tube  scellé.  Pour  cela,  il  convient  de  déterminer  avec  précision  les  coef- 
ficients oc  et  Y  pour  un  appareil  de  mesures  convenablement  choisi,  puis 
établir  une  méthode  calorimétrique  sensible  et  d'un  emploi  commode.  (  )n 
a,  pour  un  mélange  de  radium  et  de  mésothoriuin  : 

I  -H  I  .il  II  — 
R  = ^, 


iH- (.r-^-/(_r)- 
où   /•   esi   le  rapport  ilu  rayonnement  y  du   mésotliorium   exempt  de   ses 


SÉANCE   DU   25   AVRIL    1921,  I025 

dérivés  a  celui  du  radium  dans  la  préparation  considérée.  Delà  mesurede  II 
on  pourra  déduire  /•  si  //  est  connu,  c'est-à-dire  si  Ton  connaît  l'époque  à 
laquelle  la  matière  considérée  a  été  obtenue  à  l'état  de  sel  par  cristallisation 
fractionnée  ou  par  tout  autre  procédé  qui  élimine  le  radiotliorium. 
Cependant  la  sensibilité  de  la  méthode  pourrait  être  faible  'pour  des  pré- 
parations d'âge  avancé  où  h  est  voisin  de  sa  valeur  limite  i,  'j,  et  la  méthode 
pourrait  même,  en  ce  cas,  faire  complètement  défaut  si  les  valeurs  de  .r  et 
de  y  étaient  telles  que  le  rapport  R  puisse  devenir  égal  à  i . 

On  peut  aussi  prévoir  la  possibilité  de  déterminer  aussi  bien  /•  que  l'âge 
de  la  préparation,  par  deux  mesures  de  11  espacées  de  quelques  mois. 

RADIOACTIVITÉ.  —  Suv  le  poids  atomique  du  chlore  dans  quelques  tninèiaux. 
Note  de  M"*"  Ikkxe  Curie,  présentée  par  M.  Lippaiann. 

Les  recherches  bien  connues  de  M.  Aston  ont  montré  que  le  chlore  est 
un  élément  complexe  composé  de  deux  isotopes  de  poids  atomique  35 
et  37.  Le  poids  atomique  moyen  35,46  est  relatif  au  chlore  provenant  du 
sel  marin.  On  peut  se  demander  si  l'on  retrouve  la  même  proportion  des 
deux  isotopes  dans  divers  minéraux  faisant  partie  de  la  croûte  terrestre,  et 
plus  particulièrement  dans  des  minéraux  très  anciens. 

.l'ai  entrepris  la  détermination  du  poids  atomique  du  chlore  dans 
quelques  échantillons  de  minéraux  que  M.  A.  Lacroix  a  l)ien  voulu  mettre 
à  ma  disposition. 

La  méthode  employée  était  la  suivante  :  le  chlore  contenu  dans  le  minerai 
était  amené  à  l'état  de  chlorure  soluble.  Cette  solution  servait  à  précipiter 
l'argent  dans  la  solution  d'une  quantité  connue  de  nitrate  d'argent;  le  chlo- 
rure d'argent  obtenu  était  pesé.  On  faisait,  d'autre  part,  une  opération 
analogue  en  employant  la  même  quantité  de  nitrate  d'argent  et  une  solu- 
tion de  chlorure  de  provenance  ordinaire.  On  comparait  entre  elles  les 
quantités  de  chlorure  d'argent  obtenues  dans  ces  deux  opérations.  La 
méthode  employée  était  donc  essentiellement  une  méthode  de  comparaison. 

Les  expériences  ont  porté  sur  trois  échantillons  minéralogiques  : 

N"  L  La  sodalite:  chloro-silicate  de  sodium  et  d'aluminium.  Provenance 
de  Bancroft  (Canada)  :  c'est  un  des  minéraux  constilutifs  de  syénites 
néphiléniques  intrusives  dans  l'Archéen  (série  de  Grenville). 

N°  2.  L'apatite  chlorée  :  chloro-phosphate  de  calcium.  Provenance 
d'Odegarden,  près  Bande  (Norvège).  Gisement  fdonien  en  relation  avec 
des  gabbros  qui  traversent  le  Dévonien. 


I026  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

]N''3.Un  chlorure  de  sodium.  Provenant  du  Dar  Oiiara  (Afrique  centrale). 
Sel  des  régions  désertiques  africaines  formé  par  lavage  naturel  d'une 
région  granitique  et  gneissique  d'âge  inconnu,  mais  sans  doute  archéen. 

Le  minerai  pulvérisé  était  chaufTé  avec  de  l'acide  sulfiirique  concentré  dans  un 
ballon  muni  d'un  tulie  de  dégagement  terminé  par  une  petite  cloche  plongeant  dans 
de  l'eau  très  pure  qui  recueillait  le  gaz  chlorhydrique  dégagé.  La  solution  obtenue 
était  additionnée  de  baryte  pure  jusqu'à  ce  que  la  réaclion  ne  soit  plus  <[ue  1res  faible- 
ment acide,  puis  filtrée  et  é\aporée  à  sec.  ()n  avitit  ainsi  le  minerai  à  l'état  de  chlorure 
de  baryum. 

I)es  cristaux  de  nitrate  d'argent  pur  étaient  pulvérisés  et  séchés  à  Téluve  à  une 
température  de  5o°  en\iron.  On  en  pesait  ensuite  deux  quantités  aussi  égales  que 
possible^  on  les  mettait  en  solution  dans  une  même  quantité  d'eau  pure,  dans  deux 
récipients  semblables  et  l'on  ajoutait  dans  chaque  solution  quelques  gouttes  d'acide 
nitrique  pur. 

On  préparait,  d'autre  part,  deu\  solutions  de  chlorure  de  barvum,  dont  l'une  con- 
tenait le  chlore  du  minerai,  l'autre  du  chlore  ordinaire;  les  quantités  de  chlorure  de 
baryum,  à  peu  près  éiiales  entre  elles,  étaient  en  léger  excès  sur  celles  nécessaires 
poin-  la  précipitation  conipléle  de  l'argent.  La  précipitation  était  faite  à  chaud.  Les 
précipités  de  chlorure  d'argent,  abandonnés  au  repos  dans  l'obscurité  pendant  plusieurs 
jours,  étaient  ensuite  recueillis  sur  filtre,  lavés,  séchés  à  l'étuve,  puis  pesés  suivant 
les  règles  ordinaires. 

Toutes  les  pesées  étaient  faites  avec  une  balance  de  précision,  système  Curie,  pesant 
au  ^'„-  de  milligramme,  et  les  mêmes  poids  étaient  employés  pour  deux  pesées  corres- 
pondantes, afin  d'éliminei-  les  erreurs  d'étalonnage.  Diverses  causes  d'erreurs  telles  que 
celles  qui  pourraient  tenir  à  la  solubilité  du  chlorure  d'argent  sont  éliminées  par 
l'emploi  de  la  mélhoile  de  comparaison. 

\ous  appellerons  précipité  I  le  précipité  obtenu  avec  la  solution  de  chlo- 
rure {)rovenant  du  minerai  étudié  et  précipité  II  celui  qui  est  obtenu  avec  le 
chlorure  ordinaire. 

NO  As.  AiiCI. 

r  B 

ir,     ,     .     .     .     (  I O  .  26c)0 

0,-i200  l'recipite    ,  ,, 

/Il o,26b9 
■ 

{  \ .i,2o5() 

.3,S000  »  ,  ,,  ,,  .     , 

(  II 1.2O.)9.0 


Ajiatite I  ,  '|5(io 

l    4-''0O0 

I  I  ,7001 


^  I I  .  22'.()5 

f  II I  .222-.". 

I  1 3.79ii3 

/  Il  ...  .  manqnée  par  accident 


(Chlorure  du  \K\v  (  )  11  ara  . 

1    1 1  •  i^(3 

(Il  ....      1  .\:vio 


Dans  la  première  expérience  sur  le  chlorure  de  sodium  les  opérations  fur 


SÉANCE  DU  aS  AVRIL  I921.  1027 

la  solution  II  ont  été  manquées,  mais  le  rapport  du  clilorure  d'argenl  I  au 
nitrate  d'argent  est  exactement  le  même  que  dans  la  deuxième  expérience 
i^oS843()2  et  o«,  84305). 

Discussion  des  résullats.  —  Le  poids  moléculaire  du  chlorure  d'argent 
est  143,34,  en  admettant  Cl  =  35,40,  Ag  =  107,88. 

Une  diirérence  do  o,i4  unité  sur  le  poids  atomique  du  chlore  se  tra- 
duirait donc  par  une  différence  de  o.  i  pour  100  sur  le  poids  du  chlorure 
d'argent  obtenu. 

Pour  la  sodalite.  les  poids  des  précipités  I  et  II  ne  diffèrent  que  de  ;j^ 
dans  l'expérience  la  plus  précise.  Ceci  correspond  à  une  différence  sur  le 
poids  atomique  du  chlore  de  moins  de  0,02.  Cette  différence  est  d'ailleurs 
de  l'ordre  des  erreurs  expérimentales.  Il  en  est  de  même  pour  l'apatite. 
La  différence  est  de  ^r^.  ce  qui  correspond  à  0.021  sur  le  poids  atomique 
du  chlore. 

Le  chlore  de  lapatite  et  de  la  sodalite  a  donc  le  poids  atomique  ordi- 
naire à  environ  deux  unités  près  sur  la  dernière  décimale.  Les  faibles  diffé- 
rences de  l'ordre  des  erreurs  expérimentales  qui  ont  été  observées  sont 
dans  le  sens  d'un  poids  atomique  plus  élevé. 

Dans  le  cas  du  chlorure  du  Dar  Ouara,  il  existe  une  différence  supé- 
rieure aux  erreurs  expérimentales  sur  la  pesée  du  chlorure  d  argent  :  elle 
est  de  0,1  pour  roo  environ.  D'après  ces  expériences,  le  chlore  aurait  un 
poids  atomique  Cl  =  35, 60  avec  une  approximation  de  trois  unités  sur  la 
deuxième  décimale. 

Cette  différence  aurait  pu  être  attribuée  à  la  présence  de  faibles  quan- 
tités de  bromure  ou  d'iodure  dans  le  sel.  J'ai  recherché  le  brome  et  l'iode 
par  la  réaction  de  l'eau  de  chlore  et  du  sulfure  de  carbone,  sur  une  quan- 
tité notable  de  matière.  Le  résultat  a  été  négatif.  D'autre  part,  j'ai  calculé 
la  proportion  de  ces  corps  qui  serait  nécessaire  pour  justifier  la  différence 
sur  la  pesée  du  chlorure  d'argent.  La  quantité  ainsi  calculée  pour  le  poids 
de  matière  employée  aurait  dû  être  décelée. 

En  résumé,  il  semble  possible  que  le  chlore  contenu  dans  le  sel  du  Dar 
Ouara  ait  un  poids  atomique  légèrement  su[iérieur  à  celui  du  chlore 
normal.  Je  me  propose  de  reprendre  ces  expériences  dans  de  meilleures 
conditions  pour  contrôler  les  résultats  obtenus. 

Cependant,  les  résultats  conceinant  la  sodalite  et  l'apatite  conduisent 
à  penser  qu'en  général,  le  poids  atomique  du  chlore  contenu  dans  les 
minéraux  anciens  ne  diffère  guère  de  celui  du  chlore  normal  provenant 
de  l'eau  de  mer;  si  ce  résultat  était  généralisé,  on  serait  amené  à  conclure 


I028 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


(ju'il  y  a  eu  un  imMange  très  parfait  des  deux  isotopes  avant  la  constitution 
des  minéraux,  ou  bien  que  les  deux  isotopes  ont  été  formés  dès  le  début  en 
proportion  sensiblement  constante. 


RADIOACTIVITÉ.  —  Sur  la  rncsurr  de  la  mobilité  des  ions  gazeux  par  la 
méthode  de  la  roue  dentée.  Note  de  M.  Lapokti:,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

La  uiobililé  des  ions  i^a/.eux  peut  se  mesurer  par  une  méthode  inspirée 
de  celle  dcFizeau  pour  la  détermination  de  la  vitesse  de  la  lumière. 

Dispositif  c.rpériinental.  —  Un  cylindre  d'ébonile  {Jig.  i  )  est  fermé  à  si'S  exlré- 
niiléi  par  deux  joues  mélalliques  J,,  J,  percées  chacune  d"une  fenêtre  rectangulaire 


LBme  de 


E^^^^^ 


1"'];,'.   I.  —  I-cs  parties  luii:luiri,'cs  sont  en  ébonitc.  les  autres  métallic|ucs.   IC.helle  '. 

.(le  4""  de  hauteur,  de  4"""  de  largeur;  ces  fenêtres  ]",,  Fo  sont  grillagées  par  une  toile 
métallique  line.  Les  ions  sont  produits  à  l'intérieur  d'une  boîie  ntélallique  par  le 
rayonnement  a  d'une  lame  de  poloniiuii,  dont  la  dislance  à  la  joue  .1,  est  de  i'"'.  (>elle 
hoîle  présente  du  côté  de  la  joue  J,  une  ouverture  rectangulaire.  lùi  face  de  la 
fenêtre  F2,  une  électrode  protégée  |)ar  un  anneau  de  garde  est  reliée  à  un  électro- 
mètre à  quadrants,  l'entre  la  boîte  et  la  fenêtre  F,  d'une  part,  la  fenêlre  F._,  et  l'élec- 
lro;le  d'autre  pari,  se  trouvent  deux  ]ilatt'aux  mélalliques  1',  et  \'..  percés  chacun 
d'une  fenêtre  <I>|  et  *\' ,  i(lenti(|uc-i  aux  foiiêlies  1',  et  I".,.  mais  non  L;rillau:ées.  (les  deux 


SÉANCE  DU  -25   AVRIL  1921.  I02g 

plateaux  sont  rendus  solidaires  l'un  de  l'autre  ]>av  un  barreau  d'(d)onile  qui  les  isole 
éleclri(|ue[neiil;  à  ce  barreau  est  ti\ée  une  tige  portant  un  couteau;  l'ensemble  forme 
ainsi  un  pendule  mobile  autour  du  couteau  horizontal. 

La  boîte  et  le  plateau  1',  sont  portés  à  un  potentiel  V,,  la  joue  J,  au  potentiel  V.>,  J^ 
a  V3,  I',  et  l'anneau  de  garde,  ainsi  que  l'électrode,  qui  sera  ensuite  isolée,  à  un 
potentiel  \j.  On  doit  avoir  V,>\2>V|>Vi  ou  la  condition  inverse,  suivant  que 
l'on  veut  déterminer  K,  ou  K.,. 

(]es  potentiels  sont  obtenus  commodément  par  un  potentiomètre  à  plusieurs 
contacts.  Hoîte,  cylindre,  électrode  sont  supportés  -par  des  pieds  isolés  électrique- 
ment et  pouvant  glisser  sur  une  même  règle  à  la  manière  des  pièces  d'un  ban 
d'optique. 

Lorsque  le  pendule  e^t  au  repos,  les  ions  qui  traversent  l'appareil  viennent  à  l'élèc- 
tro<le;  si  le  pendule  oscille,  les  ions  entrés  pendant  le  temj)s  que  les  fenêtres  <I>,  et  F, 
étaient  en  regard,  sont  arrêtés  parle  plateau  P,,  à  moins  que  leur  durée  de  trajet,  qui 
dépend  du  cliamp  uniforme  établi  entre  les  deux  joues,  ne  soit  telle  que  la  fenêtre  <1>2 
du  plateau  se  trouve  exactement,  ou  en  partie,  en  regard  de  la  fenêtre  F,  de  la  joue. 

Nous  devons  donc  nous  attendre  à  observei'  un  maximum,  permettant 
de  déterminer  la  mobilité,  lorsque,  à  période* constante,  nous  ferons  varier 
le  champ  ou  inversement. 

Dans  ces  conditions,  on  observe  à  chaque  oscillation  du  pendule  une 
avance  saccadée  du  spot  de  lélectromèlre.  Cette  avance  est  toujours  petite 
pour  un  seul  passage. 

La  discussion  de  la  méthode  montre  :  1°  que  l'on  peut,  sans  erreur  sen- 
sible, prendre  comme  distance  de  parcours  des  ions  la  distance  des  joues  et 
non  celle  des  plateaux,  car  ceux-ci  ne  sont  distants  des  joues  que  de  o""",5 
environ  et  que  l'on  établit  dans  cet  intervalle  un  chanip  intense  ; 


\ 

iëchelle 

l\ 

8 

\ 

l^ 

\ 

'^v. 

,.'*v 

S, 

S. 

\ 

■'-- 

^V 

^-.- 

<i) 

w 

85      30       35        W 


65      70       75  Vote 


2°  Que,  à  cause  du  mouvement  de  va-et-vienl  du  pendule,  la  durée  de 
trajet  qui  intervient  est  la  période  T  du  pendule  diminuée  du  temps  0  que 


Io3o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

mettent  les  fenêtres  mobiles  à  défiler  devant  les  fenêtres  fixes.  0  peut  être 
évalué  par  un  calcul  simple  ou  déterminé  expérimentalement,  il  est  de 
l'ordre  de  .,';  de  seconde,  T  étant  de  l'ordre  de  l  de  seconde 

Hemartjiic.  —  Il  convient  de  remarquer  que,  le  pendule  étant  immobile,  le  courant 
(l'ionisation  varie  avec  le  champ  établi  entre  les  joue^.  La  courbe  I  obtenue  (a\ec  les 
ions — )  en  portant  en  abscisse  la  difTérence  de  potentiel  en  volts  entre  les  joues  et  en 
ordonnée  le  nombre  de  secondes  mis  par  le  spolt  pour  parcourir  5*^™  de  l'éclielle 
indique  cetle  vari;ition. 

Lorsque  le  pendule  oscille,  il  convient  de  ramener  les  résultats  à  ce  qu'ils  >eraient 
si  le  courant  d'ionisation  au  repos  était  constant,  ce  qui  se  fait  simplement,  en  portant 
en  ordonnée  pour  cha(|ue  cliamp,  non  pas  le  nombre  brut  de  millimètres  de  dépla- 
cement observés  {pour  lo  oscillations  par  exemple  du  pendule),  mais  ce  nomiire 
multiplié  par  l'ordonnée  correspondante  de  la  courbe  I. 

Résultais.  —  On  a  ainsi  obtenu  la  courbe  II  qui  indique  un  maximum  au 
voisinage  de  /JQ  volts  conduisant  pour  K^  à  la  valeur  2  centimètres-seconde. 

Plusieurs  expériences  analogues  ont  été  faites  notamment  en  utilisani 
pour  chacjuc  série  de  mesures  une  amplitude  différente  du  pendule,  elles  ont 
conduit  pour  la  mobilité  des  ions  +  à  des  nombres  compris  entre  1.2  et 
1.4,  pour  les  ions —  à  des  nombres  compris  entre  1,8  et  2. 

Ces  résultats  ne  sauraient  être  considérés  comme  des  mesures  précises  de 
la  mobilité.  Faites  à  l'air  libre  à  des  époques  différentes,  les  mesures  ne  sau- 
raient être  absolument  concordantes.  Telles  quelles,  cependant,  elles 
permettent  de  conclure  à  la  possibilité  d'appliquer  la  méthode  qui  vient 
d'être  exposée. 

Certaines  jiarticularités  de  la  courbe  obtenue,  notamment  iétalemenl  du 
maximum,  l'existence  d'un  minimum  différent  de  zéro,  la  forme  générale 
de  la  courbe  demandent  des  explications  qui  exigent  un  perfectionnement 
teclinique  et  le  recours  à  des  conditions  expérimentales  mieux  déterminées. 
Des  essais  seront  poursuivis  dans  cet  ordre  d'idées. 


RADioGRAPHIi;.    —   .4  pivpos  de  la  protection  des  tiers  contre  les  rayons  X. 
Note  (  '  )  de  M.  G.  (loxruE.noui.i.vs.  présentée  par  M.  (i.  Lippmann. 

I, "installation  d'uni  salle  d'opération  radio-chirurgicale,  au  rez-de- 
chaussée  de  mon  laboratoire  de  l'hôpital  NecUer,  a  en  pour  conséquence  de 
soumettre  aux  radiations  croisées  de  trois  postes  de  llontgen,  marchantsimul- 

(')  Séance  du  i8  avril  iy>i. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I921.  io3l 

tanément  pendant  plusieurs  heures,  les  malades,  le  personnel  Inliimier  et 
les  préparateurs  qui  y  séjournent. 

J'ai  donc  cherché  à  déterminer  les  épaisseurs  de  plomb  nécessaires  pour 
isoler  les  deux  étages  des  radiations  émanant  do  chacun  d'eux.  Voici  les 
résultats. 

Le  tube  employé  est  le  «  Coolidge  standard  ».  Les  plaques  sensibles  sont 
des  plaques  métroradiographiqnes  Jongla.  L'écran  renforçateur  utilisé  pro- 
vient de  la  maison  Capiain-Saint-André,  il  réduit  les  temps  de  pose  au  ~. 

Nature  du  plancher  sur  lequel  portent  les  expmences  :  Constitué  par  des 
solives  de  fer  et  des  lambourdes  de  chêne,  il  est  parqueté  du  même  bois.  Le 
plafond  est  en  plâtre  de  i  o""  d'épaisseur,  les  intervalles  entre  les  lambourdes 
sont  garnis  de  gravais,  l'-paisseur  totale  du  plancher  :  3o'". 

Première  expérience.  —  Le  focus  occupe  sa  place  habituelle  au-dessus  de 
la  table  d'opérations.  Il  est  à  i55"°  du  sol.  Sous  le  plancher,  à  190*""  du 
focus,  le  châssis  radiographique  porte  les  témoins  suivants  :  un  mor- 
ceau de  plomb  de  3™"'  d'épaisseur,  un  radiochromomètre  Benoist,  un 
radiophotomèlre  Contremoulins.  Les  rayons  X  ont  à  traverser,  pour 
atteindre  la  surface  sensible,  les  corps  ci-dessous  énoncés,  dans  l'ordre  de 
leur  éloignement  du  focus  :  > 

a.  Une  glissière  et  un  châssis  porte-plaques,  le  tout  en  bois,  donnant 
ensemble  une  épaisseur  de  72"""'  et  placés  à  75"""  du  focus. 

b.  Une  partie  d'un  plateau  de  marbre  de  28"""  d'épaisseur  doublé  d'une 
feuille  de  plomb  de  3™"'  et  placé  à  82'^"'  du  focus. 

c.  Une  barre  d'acier  de  3o"""  de  diamètre,  à  iSo*^"'  du  focus. 

d.  Une  feuille  de  plomb  de  3"""  d'épaisseur  appartenant  à  la  protection 
inférieure  de  la  table  et  placée  à  135""'  du  focus. 

e.  Le  plancher  dont  la  composition  a  été  donnée  ci-dessus. 

/.  Les  témoins  placés  sur  le  châssis  radiographique  qui  se  trouve  à  190"' 
du  focus. 

Longueur  d'étincelle  :  17"";  milliampères  .-  2;  pose  :  lo  minutes.  Ce 
qui  équivaut  à  un  lonctionnemenl  normal  de  2  minutes  3o  secondes  avec 
8  milliampères. 

Interprétation  :  La  glissière  (a)  ne  donne  aucune  image.  Les  feuilles  de 
plomb  (é  et  c^)  semblent  être  partiellement  traversées;  la  feuille  de  plomb 
(d)  donne  une  image  nette  de  son  bord  sous  la  partie  protégée  par  le 
marbre  et  le  plombage  supérieur  (b).  L'image  du  radiophotomètre  est 
complète  sous  la  partie  protégée  par  le  plomb  de  3"™  et  le  marbre  (b)  ;  elle 
est  due  en  grande  {lartie  au  rayonnement  direct,  à  en  juger  par  la  netteté  de 


Io32  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

ses  bords.  La  barre  d'acier  (e)  est  traversée,  la  feuille  de  plomb  reposant 
sur  le  châssis  esl  très  visible  sous  sa  projection.  \  iv  image  qui  parait 
correspondre  à  celle  d'une  solive  en  fer  du  plafond  montre  que  celle-ci 
aurait  été  fortement  traversée. 

Une  masse  de  plomb  placée  à  190'™  d'un  tube  Coolidge,  pour  un  régime 
de  i^'""  d'étincelle,  n<'  doil  pas  être  inférieure  à  G"""  d  épaisseur,  pour  offrir 
une  protection  efficace.  Elle  doit  être  sans  solution  de  continuité  pour 
éviter  la  diffusion  et  les  rayons  secondaires. 

Deuxième  expérience.  —  Les  conditions  de  la  première  expérience  sont 
restées  les  mêmes  à  l'étage  supérieur.  A  l'étage  inférieur,  le  châssis  radio- 
graphique  a  été  placé  sur  la  table  oi'i  l'employé  classe  les  clichés  pendant  le 
fonctionnement  du  tube.  Cette  table  est  distante  du  locus  de  4(io"".  Sur  le 
châssis  ont  été  disposés  les  témoins  suivants  :  aux  angles,  des  métaux 
d'épaisseurs  diverses  (masse  de  plomb  de  3""";  masse  d'acier  de  3""";  masse 
d<'  fonte  de  fer  de  100""";  un  serre-joint  en  fer).  Au  voisinage  du  plomb  se 
trouve  une  omoplate.  Recouvrant  en  partie  l'acier,  un  crâne  sec  repose  par 
sa  base  sur  le  châssis.  Au  milieu  le  radiochromomètreet  leradiophotomètre. 
Sur  le  bord,  entre  la  masse  de  fonte  de  ier  et  l'omoplate,  une  clef  de  méca- 
nique en  acier. 

Longueur  d'étincelh' :  17''";  milliampères  :  2;  pose  :  (io  minutes.  Ce 
qui  équivaut  à  un  fonclioimemenl  normal  de  i5  minutes  avec  8  milli- 
ampères. 

Inlerprélation  :  La  plaque  sensible,  aux  trois  quarts  protégée  par  la 
feuille  de  plomb  fixée  au  marbre  de  la  lalile  radiologiquc,  a  été  impres- 
sionnée sur  toute  son  étendue.  Celte  feuille  de  plomb  de  3"""  a  laissé 
passer  une  partie  du  rayonnement  direct;  la  masse  de  fonte,  le  serre- 
joint,  le  radiophotomètre  et  la  clef  sont  nettement  visibles;  le  radiochro- 
momèlre  donne  une  légère  image.  Sur  la  partie  de  la  plaque  ayant  reçu 
les  radiations  filtrées  seulement  par  le  plancher,  on  voit  très  nettement  la 
masse  de  plomb  opaque,  la  masse  d'acier  plus  transparente.  Le  crâne  donne 
une  image  parfaite  au  tiavers  de  celle-ci.  L'omoplate  est,  malgré  son 
épaisseur  minime,  parfaitement  visible  dans  toute  son  étendue. 

A  cette  distance  de  '((io'"'"  et  après  filtrage  par  le  plancher,  les  radiations 
qui  viennent  frapper  la  plaijue  sont  encore  aisément  absorbées,  puisque 
l'image  d'une  omoplate  est  possible.  l'illes  sont  donc  dangereuses  pour 
l'organisme  humain. 

On  sait  que  les  plaques  pholographi(|ues  sont  peu  sensibles  aux 
rayons  \;  ceux  de  très  courtes  longueurs  d'onde  ne  doivent  vraisembla- 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1921  Io33 

blement  produire  aucune  impression.  Ils  échappeni  donc  j'i  celte  niélliode 
graphique.  Il  y  aurait  lieu  d'en  recliercliei'  Texislencc  par  la  niélhudc  plus 
sensible  de  rionisation. 

Pour  les  intensités  ne  dépassant  pas  17""  de  longueur  d'étincelle  et 
10  milliampères,  un  revêtement  de  |ilomb  'de  (i'""',  placé  à  2'"  du 
focus,  semble  a  jiriori  suffisant.  C'est  en  tout  cas  un  minimum  exigible. 
Ces  intensités  correspondent  à  celles  utilisées  pratiquement  pour  l'examen 
des  malades  (^ radiographie-radioscopie). 

(^uant  aux  intensités  exigées  par  la  radiothérapie  profonde,  dans  le 
traitement  du  cancer,  elles  sont  :  en  France  de  2j""  d'étincelle  pour  12a 
I  ")  heures  consécutives  de  pose;  en  Allemagne,  de  120""  d'étincelle  pour 
5  heures  consécutives  de  pose.  Le  rayonnement  engendré  par  de  tels 
potentiels  est  doué  d'un  pouvoir  de  pénétration  qui  doit  se  classer  vraisem- 
blablement au  voisinage  du  spectre  du  radium. 

Ces  sources  d'énergie  ne  peuvent  être  installées  au  centre  d'aggloméra- 
tions urbaines  sans  faire  courir  aux  habitants  le*  plus  graves  dangers.  Des 
mesures  de  protection  s'imposent  de  toute  urgence. 


RADIOLOGIE.  —  Sur  le  fonctionncmciU  du  tube  Liliinjehl. 
Note    de    M.    A.    Dauvilher,    présentée    par    \I.    E.    Bouty. 

On  sait  que  le  tube  Lilienfeld  est  un  tube  à  ra\ons  \  à  pure  émission 
d'électrons,  c'est-à-dire  dans  lequel  la  pression  du  gaz  résiduel  est  assez 
basse  pour  que  les  phénomènes  d'ionisation  ne  jouent  aucun  rôle  appré- 
ciable durant  le  fonctionnement.  Il  comporte  une  cathode  incandescente 
dont  la  température  est  assez  élevée  pour  qu'un  excès  d'élections  soil 
toujours  émis.  Un  certain  nombre  de  ceux-ci  sont  drainés,  pour  former  le 
faisceau  cathodique,  par  un  champ  auxiliaire  de  quel(|ues  milliers  de  volts, 
produit  entre  le  filament  incandescent  et  un  cxlindre  creux  d'aluminium 
dirigé  vers  l'anticathode.  Bombardant  la  surface  intérieure  de  ce  cylindre, 
ils  en  ionisent  le  métal  (|ui  devient  la  source  d'un  plus  grand  noiabn'  de 
nouveaux  corpuscules  animés  de  faibles  vitesses.  Ceux-ci  s'écbappant  du 
cylindre  se  trouvent  alors  dans  le  champ  principal,  ([ui  est  produit  rntre 
cette  électrode  et  l'anticathode,  et  constituent  le  faisceau  cathodique. 
L'intensité  de  ce  faisceau  est  réglée  par  la  grandeur  du  champ  auxiliaire, 
tandis  que  la  vitesse  des  électrons  qui  le  constituent  l'est,  d'une  manière 
indépendante,  par  la  différence  de  potentiel  appliquée  au  second  circuit. 


Io34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I.  Le  tube  Lilienfcld  a,  dans  Tesprit  de  son  auteur,  été  construit  pour 
fonctionner  exclusivement  avec  des  tensions  variables  sinusoïdales  ou  pul- 
satoires,  afin  d'obtenir  de  hautes  densités  électroniques  instantanées  au  fo\er. 
Dans  le  but  d'utiliser  uniquement  la  crête  de  ces  ondes,  h'  circuit  auxiliain- 
est  sliunté  au  nioxen  dune  résistance  de  l'ordre  du  mégoluii.  Les  onde- 
appliquées  aux  deux  circuits  étant  de  même  forme  et  en  concordance  de 
pliase,  [e  faisceau  catliodi(|ue  est  ainsi  rendu  pres([ue  aussi  homogène  qu'il 
l'est  dans  un  tube  à  gaz  «  dur  »  fonctionnant  avec  la  même  onde. 

Ayant  démontré  récemment  (')  que  la  densité  électronique  au  foyer  ne 
jouait  aucun  rôle  appréciable  ni  sur  la  forme  ni  sur  la  grandeur  de  la 
courbe  spectrale  du  rayonnement  émis,  nous  avons  pensé  que,  de  même  que 
pour  le  fonctionnement  du  tube  Coolidge  (  -),  il  s<M'ail  avantageux  d'utiliser 
une  tension  constante  produisant  des  rayons  cathodiques  strictement  homo- 
gènes. Nous  avons  effectivement  observé  que  le  tube  fonctionne  remarqua- 
blement bien  dans  ces  conditions.  La  différence  de  potentiel  constante 
nécessaire  au  circuit  auxijiaire  était  prise  sur  la  différence  do  potentiel 
principale  en  intercalant  une  résistance  de  l'ordre  de  lo  mégohms.  Elle 
peut  être  également  fournie  par  une  petite  dynamo  donnant  quelques 
milliers  de  volts  :  l'intensité  du  faisceau  cathodique  est  alors  réglée  i-n 
agissant  sur  l'excitation  de  cette  dynamo.  Ce  montage  supprime  à  la  fois 
les  résistances  en  série  et  en  dérivation  qui  sont  fort  encombrantes.  On 
peut  dans  ces  conditions  dépenser  dans  le  tube  d'une  façon  continue,  grâce 
à  la  ciiculation  d'eau  anticathodique,  une  puissance  de  l'ordre  du  kilowatt. 

Ce  procédé  d'alimentation  fait  bénéficier  de  tous  les  avantages  que  pro- 
cure l'emploi  d'une  tension  constante  :  possibilité  d'effectuer  d'une  façon 
evacte,  au  voltmètre  électrostatique  Abraham-V illard,  la  mesure  et  le  con- 
trôle permanent  de  la  tension  et  de  se  placer  ainsi  dans  des  conditions  de 
fonctionnement  définies  pouvant  être  reproduites  avec  précision:  excita- 
tion d'un  spectre  de  rayons  X  ayant  la  plus  grande  richesse  possible  en  com- 
posantes de  courtes  longueurs  d'ondes  et  la  plus  grande  pauvreté  possible 
en  composantes  de  grandes  longueurs;  fatigue  et  usure  moindres  du  fila- 
ment et  de  l'anticathode  ('). 

(')  Annales  de  Physique,  g^'  série,  l.  13,  mars-avril  1920.  p.  49-1 34- 

(-)  H.  Leuoix-Lebahi)  et  A.  DAi:viLi.n;R,  Comptes  rendus,  l.  \{\i,  1916,  p.  !\oâ. 

('  )  Les  installations  qui  utilisent  des  tubes  LilienTcid  fonctionnant  sous  5oo  pèriodi's 

auraient  donc  le  plus  ijrand  avantage  à  être  transformées  en  installations  à   tension 

ronstantr  par  l'adjomiion  au\  deux  transformateurs  de  Uénotrons  et  de  condensateurs, 

iiiiiis  il  est  évident  <|u'un  résultat  éi|uiviilent  serait  obtenu  avec  une  simplicité  brau- 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I921.  Io35 

Lilienfeld  (')  a  publié  récemment  un  travail  tendant  à  montrer  que 
lorsque  sou  tube  fouctionnc,  pour  In  même  valeur  de  la  tension  de  crclr, 
avec  une  onde  sinusoïdale  de  fréquence  de  plus  en  plus  élevée  (jusqu'à 
5oo  périodes  par  seconde),  le  spectre  du  rayonnement  émis  s'accroît  à  la  fois 
en  intensité  et  en  composantes  de  plus  en  ])lus  courtes  longueurs  d'ondes, 
i^n  un  mot,  le  spectre  émis  est  tel  que  celui  qui  serait  observé  sous  une 
tension  au  moins  moitié  plus  grande.  Nous  avons  jusqu'ici  recherché  l'exis- 
tence de  ce  phénomène  théoriquement  improbable  de  la  faron  suivante  : 

lu  tube  Coolidge  fui  excité  par  une  onde  de  tension  alternative  de  forme  siiuisoïdale 
dont  la  valeur  efficace  était  mesurée  au  voltmètre  Âbraham-\  illard.  I^a  puissance 
ilépensée  était  très  faible  (70  watts)  afin  de  ne  pas  déformer  les  ondes,  d'ailleurs 
fournies  par  des  transformateurs  de  5  Kv.  A.,  commandés  par  auto-transformateur, 
l'ans  ces  conditions,  deu\  spectrograrames  furent  pris  sur  la  jiième  plaque  et  exacte- 
ment dans  les  mêmes  conditions  sous  4'-  et  600  périodes.  Le>  spectres  obtenus  se 
révélèrent  absolument  identiques,  aussi  bien  au  point  de  vue  de  Tinlensité  du  fond 
continu  et  des  raies  K  du  tungstène  i|u'à  celui  de  la  plus  courte  longueur  d'onde. 
<ielle-ci  correspondait  au  quantum  de  la  tension  maxima,  les  harmoniques  existant 
sur  la  courbe  de  la  tension  à  600  périodes  ne  jouant  pas  un  rôle  notable  au  point  de 
vue  de  l'excitation  des  ravons  \. 

11  semble  que  ce  soit  ces  harmoniques  qui  aient  introduit  une  erreur 
dans  les  expériences  de  Lilienfeld.  Dans  celles-ci,  le  courant  alimentant  le 
faisceau  cathodique  devait  traverser  la  moitié  d'une  bobine  de  self-induction 
à  noyau  de  fer  servant  au  réglage  de  la  tension  auxiliaire.  Par  suite  de 
résonances  possibles,  la  tension  maxima  qui  existait  entre  l'anticathode 
et  la  cathode  creuse  pouvait  être  beaucoup  plus  élevée  que  celle  qui 
était  mesurée  (par  l'oscillographe  cathodique  ou  la  longueur  de  l'étincelle) 
entre  les  bornes  du  transformateur.  D'autre  part,  il  est  illusoire  à  ces  fré- 
quences de  chercher  à  évaluer  la  tension  de  crête  secondaire  par  la  déter- 
mination du  rapport  de  transformation  et  delà  tension  efficace  primaire. 
Les  potentiels  explosifs  à  5oo  périodes  publiés  par  Lilienfeld  (  -')  et  obtenus 
|iar  cette  méthode  sont  beaucoup  trop  petits,  l-^n  réalité,  nous  avons  trouvé 

coup  plus  grande  en  faisant  fonctionner  sous  tension  constante  les  tubes  à  cathode  in- 
candescente du  tvpe  Coolidge  qui  possèdent  une  circulation  d'eau,  ce  dispositif  axant 
l'avantage  d'accroître  considérablement  la  puissance  par  rapport  aux  modèles  à  anti- 
cathode incandescente. 

{^)Berichte  der  Matlt.-pliys.  h  lasse  der  Sàchsischen  Akadeinie  der  Wiss.  zii 
Leipzig,  t.  71,  1919,  p.  ii3-ii4- 

(-)  Bericitle  der  Matli.-phys.  h  lasse  der  Sàchsischen  Académie  der  Wiss.  zii 
Leipzig,  t.  71,  1919,  p.  1  t5-i5(). 


Io36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'ils  sont,  seulement,  pour  600  périodes,  supérieurs  de  quelques  centièmes 
à  ce  qu'ils  sont  pour  4'-^  (et  cela  aussi  bien  entre  des  boules  de  5o"""  de 
diamètre  qu'entre  des  pointes  mousses)  lorsque  les  harmoniques  sont 
convenablement  étoufTés. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  l'rincipes  de  méthodes  nouvelles  applicables 
à  la  (léterminalion  des poids'molêculaires.  Note  de  M.  Camille  Matignon. 

L'examen  des  dilTérentes  méthodes  mises  en  œuvre  pour  la  détermina- 
lion  des  poids  moléculaires,  cryoscopie,  tonomélrie,  solubilité,  etc.,  m'a 
permis  d'y  reconnaître  le  caractère  général  suivant  :  un  système  à  deux 
phases  étant  en  équilibre  physique,  si  l'on  modifie  cel  équilibre  en  dissol- 
vant le  corps  à  étudier  dans  une  phase  liquide  du  système,  le  même  corps 
n'intervenant  pas  dans  l'autre  phase,  la  variation  du  facteur  qui  détermine 
l'état  d'équilibre  est  en  relation  avec  la  concentration  moléculaire  du  corps 
dissous  dans  la  phase  liquide. 

En  cryoscopie,  par  exemple,  il  y  a  équilibre,  sous  la  pression  atmosphé- 
rique, entre  la  phase  liquide  constituant  le  dissolvant  et  la  phase  solide 
formée  par  le  même  corps;  le  facteur  d'équilibre  est  la  température;  le 
corps  dissous  doit  être  insoluble  dans  la  phase  solide. 

Cette  condensation  des  dilTérentes  méthodes  dans  une  même  formule 
suggère  immédiatement  des  généralisations,  tant  dans  l'ordre  des  équilibres 
physiques  que  des  équilibres  chimiques. 

Je  voudrais,  dans  cette  Note,  appeler  l'attention  sur  l'utilisation  des 
équilibres  chimiques  pour  la  détermination  des  poids  moléculaires. 

Considérons  un  corps  liquide  V  se  dissociant  en  un  gaz  B  et  un  solide  C, 
et  supposons  C  insoluble  dans  A  : 

A,  li,  C  représentent  des  moléculcs- 

Appliquons  la  loi  d'action  de  masses  au  système  en  équilibre  à  une  tem- 
pérature déterminée  ;  nous  avons,  en  désignant  par  p„,  /j/„  />,.  les  pressions 
respectives  des  corps  A,  B  et  C  dans  la  phase  vapeur  : 


Dissolvons  dans  le  licpiide    \  un  certain  poids  d'un  corps  l  ,  sans  action 


SÉANCE    OU   -2%   AVHII.    iy2I.  loS; 

physique  et  cliimiquc  sur  B  cl  C:  />„  SL'ta  abaissé  d'une  quanlitc  a,  p,,  ne 
sera  pas  iiiodilii',  el,  pour  (|ue  la  loi  d'équilibre  s'applique,  il  sera  nécessaire 
que  la  tension /j/,  soit  diminuée  d'une  valeur  j-.  On  aura 


Pa  —  <y. 


P/.X/'c  {Ph  —  -V)l>,- 

d'où 

y.     "  />, 

IjS  dissolution  de  U  aura  pour  effet  d'abaisser  la  pression  de  dissociation 
du  système,  maintenu  à  la  même  température,  d'une  fraction  égale  à  la 
fraction  d'abaissement  de  la  tension  de  vapeur  du  dissolvant  : 


r/'  Pa 

Comme,  d'autre  part,  a  est  lié  au  poids  moléculaire  M  de  U  par  la 
relation 

y.  —  K  -^  , 
iM 

où  t:  est  le  poids  de  U  contenu  dans  loo"^  du  dissolvant,  et  K  une  constante 
ne  dépendant  que  de  la  nature  de  A,  on  a 

^  Pi,   r.  TT 

Pa    M  M 

K'  nouvelle  constante  pour  une  même  température. 

On  retrouve  donc  ici  la  formule  classique  utilisée  dans  les  méthodes 
physiques  actuelles. 

Remarquons  que  si  C  est  soluble  dans  A,  mais  peu  soluble.  les  consé- 
quences précédentes  subsistent. 

l<]nvisageons  d'autres  systèmes  tels  que  : 

le  même  raisonnement  conduit,  pour  chacun  d'eux,  aux  relations 

_'1  —  Pli         ■£  ~  ollt 

y.  ^  />,.'  y.  ~     />„' 

qui  entraînent  encore  la  formule  générale 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  ITi,  N»  17).  77 


Io38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  est  à  r'einar(jucr  que,  dans  le  premier  cas,  la  dissolution  du  corps  U 
dans  C  a  pour  eOel  de  provoquer  une  élévation  de  la  pression  do  disso- 
ciation. 

Oa  pourrait  utiliser  éj^alemenl  des  systèmes  divarianls. 

Soit  le  système 

Amm-hB„„,     --    Cj,, +  D„„ 

en  équilibre  à  une  température  el  sous  une  pression  toutes  deux  déter- 
minées. \ous  aurons 

Pa  X  Pi,  __  {pn—  y-)  i/'i,—  ■>) 


P' 

i<P,/          (Pr-y)p.' 

d'où  l'on  déduit 

y.  _  y        -v 

l'a  ~'  Pc          Pi.  ' 

et,  par  suite, 

Pour  que  la  pression  reste  constante,  il  faut  que  x  soit  négatif  :  autrement 
dit,  qu'il  y  ait  élévation  de  la  pression  du  gaz  B. 

(^uoi  qu'il  en  soit,  on  voit  que  le  poids  moléculaire  du  corps  dissous  est 
en  relation  avec  la  diflërencc  des  abaissements  relatifs  des  pressions  des 
deux  gaz. 

Ces  méthodes,  d'une  application  évidemment  plus  délicate  que  les 
méthodes  usuelles,  permettront  même,  dans  certains  cas  très  particuliers, 
de  mettre  en  œuvre  la  dissolution  d'un  solide  dans  un  solide,  pour  obtenir 
le  poids  moléculaire  de  l'un  d'eux. 


CHI.villî  PHYSIQLUl.  —  Sur  In  Irrmpe  des  lai  Ion  s  à  réidin. 
Note  de  M.  Lko\  Gitim.et,  présentée  par  \l.  Henry  I-e  Chateliei'. 

Il  est  reconnu  que  la  trenq)e  apporte  des  modifications  à  certaines  pro- 
priétés des  alliages  cuivre-zinc  formés  des  deux  constituants  a  et  ^  appa- 
rent; la  dureté  est  d'autant  plus  augmentée  que  la  teneur  en  a  est  plus 
élevée  (').  J'ai  montré  récemment  que  la  trempe  des  alliages  de  cuivre  et 
de  zinc  formés  de  la  solution  pure  et  situés  dans  le  voisinage  de  la  zone  a  +  ^ 

(')  Grn.M-T,  Kcviir  de  Métallurgie,  191 '|.  Mémoires,  p.  1128. 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    1 92 I .  loSg 

apparent  ((-u  =  G')  à  70  pour  100  de  cuivre  et  de  zinc)  prennent  aussi  une 
trempe  parlii-lle  (  '  )• 


fSS^S^ 


Mon  attention  a  été  portée  sur  les  laitons  à  l'étain,  dont  j'ai  étudié  précé» 
demment  la  structure  et  les  propriétés  (-).  On  sait  que  ces  alliages  ren- 
ferment, lorsque  la  teneur  en  étain  est  assez  élevée,  un  constituant  spécial 
qui  rappelle  le  0  des  alliages  cuivre-étain.  Dans  ces  nouvelles  recherches, 
j'ai  précisé  l'influence  de  ce  constituant  sur  la  position  des  points  de  trans- 
formation et  étahli  que  la  trempe,  faite  dans  des  conditions  telles  que  la 
mise  en  solution  du  0  soit  assurée,  améliore  considérahlement  les  propriétés 
mécaniques  de  l'alliage. 

Le  Tableau  ci-après  résume  quelcjues-uns  des  résultats  les  plus  marquants. 

Ces  recherches  mettent  en  vue  les  points  suivants  : 

i"  Les  anomalies  thermiques  apparaissent  avec  le  constituant  spécial. 

2°  Le  constituant  possède  la  même  transformation  que  le  S  des  bronzes. 

3°  Il  se  dissout  dès  Jjo"  dans  le  [i  des  laitons  (photos  \  et  2). 

V  Si  l'alliage  contient  du  plomb,  ce  corps  ne  disparait  pas  par  trempe. 


(')   /{e\-ue  fféncrak'  des  Sciences,  1920,  n<"  1516,  p.  o4o. 
(-)   Revue  de  Métallurgie,  1906,  Mémoires,  p.  ^fi4. 


lo/|() 


ACADl'MIE    DES    SCIENCES. 


Piopiiélés  niécani(|ues. 


Ktal  du  nii'lal. 


Traction  ('). 


K.      Vp.lllÛ.        1. 


l'nKMiiviin  SKitiE.        Alliages  1/ es  purs  à  f')0  pour  Km  (/e  cuivre. 


I.  (in.r 


\    l.ainiiii'   lecLiil  z  +  p  appaiciil . 

/    I.aiiiiilr    licmné    à    Cioo"      2  :   'i 


1'.    (lo,  i.4  ;c|.  il  II,  ili 

;î.    «io.ji  iS,;.)  i.,7H 

i.   (io,5o  38,  jG  I  ,'2) 

S.   Gi  ,  ■)-  3'j.')3  3,oi 

(1.   Gi,r>.  3),8G  l,Si| 

2.    "iS.Ho  iS,)")  o,G3 


3G,G  10,3  jo.o       6 

3o,  z        '.'  36,1)       :V 

17, '>  15.  ^Ji"       ~ 

.'io,G  m, G  :jo.i) 

38,  G  11,3  4 3,0 

43,1  ij.'i  45.0 


Clioc      Dureté 

(=)  (') 


7'.) 


J2,7  i3,3  i|/ 

74,3  >2<.,G  lïG 

<i3,.)  >|G,8  .,4 

Gi  ,2  >2l>,l>  <)> 

S-,')  1G.2  i()5 


\  l.aiiiino   recuit  ^^?  ''PP- 

/  Luiiiiiic    Ircnipij    il    Goo"  y.-h3 

l  l.aiiiiiu'  recuit  a-i-'j  a])p. 

(  Lamini-  trempé   à    Goo"  z^S 

\  l.aiiilné   recuit  a-l-Sapp,  +  5               3G,G      i),G     ■;i8,()       2.3.3          7,1         lo4 

/  I. aminé  lrem|ié   à   600°  a.+.siilulion  (  3  — 0)     44:''     211, G      îi."        i>:7        11,'        11'' 

\  (^oulé  recuit  ot-  0                               i3,li         '          i>             n              1            iili 

(  Coulé  trempé  à  Gâo"  a-r-soliilidii  soliile      ii),7         '•'           1  .  1          o              8,'        ijii 

\  Coulé  recuit  z+ô                                S ,  j         '.'          o             n              1            1  "lO 

(  Coulé  trempé  à  C")o"  a+soliiiion  soliile     11, ■<         ?          1.4         n             2,")       i4j 


I)i;t MtcMi;  sfinii:.  —  Alliages  induslriels  renfermanl  du  ptoinb. 

1  ,88 


.'    I. aminé     recuit     à     1 ,8  / 

\        .    j.,    ..i.,_.,,  ,  ^^[iapp.  +  l 


pour   100   de    plomb  \ 
1. aminé    trempé  à   Goo"     x-t-^-t-Pb 
\    1. aminé  reciit  y.+ Ji  app.-hPb 


'  '^      /    I.auiini'    trempé  à   Goo°     2+[î-i-Pb  17.1 

I    Laminé  recuit  y.-  i  app.^-î-^Pb  )8,8 

>i),i3       l-,i")      i,T»      i,"8   I    1. aminé    ti'empé    à   Goo") 

„.  ,    ,,,     '  z-i-sol(3-o)-+-Pb  \i).\ 

\        (B  a  ■),8  p.  100  de  Pli)  \  ^^  ''      ' 


i.     "18, ()8      37, G 


(!.     "iS,i)o       !G,G",       1,18 


i    Laminé  recuit  ot  +  [j  app.-î-Pb  38, G  !  |o,  ' 

j    Laminé  trempé  à   Goo'  a4- sol(^— î)+Pb  4>,'i  ?  ÎG, 

\    Laminé  recuit  a+3app,H-Pb  37,7  ?  24 

/    Laminé'  tiempé  à  Gon"  z  :  sol(p— 5)  +  Pb  \\,\  '!  !"i 

Laminé  recuit  a-i-jj  app.  +  o-hPb  3i,8  i3,  )  ii.' 

Laminé  irempi'  à  Goo"  z-^  sol(!3- S)-i-Pb  58,8  •.i,(i  37.' 


i:,''  11,3  94 

iG,-,  8, G  11-. 

3i,3  8,1  100 

1(1.8  .  G, 2  112 


,  )        II) 
.G        ml 


1. 


iiiil«ile  transformation    \   (diaiiffa^'e .      4"' "-7'"'°     445°— J'io"     445''-7,i<>"     41'J"-4;)o"-73<V'     5oO"-7G<)"      "i3o"-7io" 

lie  la  première  série.        (   Refroidissement..     7o5"~4i5°     'ni<*"~  l'i^"     70o"-44o''  68o°-41o"         720"-Jco"     G3o"-i2fi" 


(')  Ms^ai  sur  épri'u\elle  (l'une  longueur  nllle  île  100"""  et  d'un  ilianiélre  ilo  i3""",S. 
{'-)  Résilieiice  sur  éprouvetle  de  10  X  10  X  55  avec  entaille  de  a  x  3  à  fond  rond. 
(")  CliiUVe  de  Brinell  sous  charge  de  Sooo"'?,  avec  bille  de  10""". 


SÉANCE   DU    25    AVRIL    I92I.  Io/|I 

5"  La  trempe  à  (ioo"  améliore  considérahlement  les  alliages  renfermani 
le  constituant  0  :  il  y  a  une  augmenlalion  sensible  de  la  charge  de  rupture, 
de  la  résilience  et  de  la  durelé,  une  augmenlalion  bien  plus  importante  des 
allongements  et  strictions. 

Les  laitons  à  Tétain  conslituenl  dont'  un  excellenl  (exemple,  si  ce  n'est  le 
plus  frappant,  d'alliages  dont  toutes  les  propriétés  mécaniques  sont  simul- 
tanément ellrès  nettement  améliorées  par  trempe,  à  l'exception  peut-être 
des  qualités  de  frollcment  non  encore  éludiées. 

Cette  Note  résume  les  premières  recherches  que  nous  poursuivons  actuel- 
lement qui  ont  trait  à  l'influence  des  diiïérenls  éléments  sur  la  trempé  des 
alliases  de  cuivre. 


CHIMIE.  ,—  Sur  1(1  solubilité  de  divers  sels  de  potassium  dans  des  mélanges 
d'eau  et  d'alcool.  Note  (')  de  M.  M.  Pierrat,  présentée  par  M.  H.  Le 
Chatelier. 

Le  dosage  analytique  du  potassium  se  fait  par  précipitation  de  sels  peu 
solublcs  de  ce  métal  en  milieu  alcoolique.  Les  conditions  les  plus  favorables 
pour  l'obtention  de  ces  précipités  ont  été  jusqu'ici  déterminées  d'une  façon 
purement  empirique.  Il  nous  a  semblé  intéressant  d'étudier  par  des  mesures 
précises  la  solubilité  de  ces  divers  précipités  dans  des  mélanges  d'eau  et 
d'alcool. 

La  méthode  électiolytique  était  tout  indiquée  pour  des  composés  aussi 
peu  solubles.  Pour  obtenir  la  saturation,  le  sel  étudié  était  agité  à  14" 
pendant  plusieurs  heures  avec  un  mélange  d'eau  et  d'alcool  de  composition 
connue.  La  solution  saturée  était  ensuite  évaporée  dans  un  courant  d'air  sec, 
de  façon  à  chasser  la  totalité  de  l'alcool.  On  a  préféré  ce  mode  opératoire  à 
l'évaporation  dans  une  éluve,  craignant  de  décomposer  partiellement 
certains  sels  par  l'action  de  la  chaleur.  On  ajoutait  de  l'eau  de  façon  à 
ramener  le  volume  de  la  dissolution  à  sa  valeur  primitive  et  l'on  mesurait 
la  conductibilité  électrique  de  cette  solution.  On  calculait  ensuite  la  concen- 
tration, en  rapprochant  les  valeurs  de  la  conductivité  ainsi  déterminée  de 
celles  de  solutions  préparées  avec  une  proportion  connue  de  sel. 

Cette  méthode  n'exige  pas  la  mesure  des  condnctivilés  en  valeur  absolue. 


(')  Séance  du  18  a\  rit  1921. 


Io4'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  ies  avons  cependant  déterminées  par  comparaison  avec  une  dissolution 
de  chlorure  de  potassium  de  concentration  connue. 

Pour  pîus  de  commodité,  les  concentrations  c  seront  exprimées  en 
grammes  par  litre  et  les  conductivilés  x  en  io~^  mho. 

T  est  le  titre  du  mélange  (rapport  de  la  masse  d'alcool  à  la  masse  tolale  ). 

Bîlarirale  de  polns.sia/n  COOll  —  (CHOli/-—  COOk. 

Walden  a  mesuré  la  conduclivité  des  solutions  de  ce  sel  à  25°  (Zeil.  p/i. 
C/iem.,  1891).  D'après  ses  mesures  on  a  les  résultats  suivants  : 

'■ J,f^7        -^gi       '-i;       "'/S       ".'i;       o^'^ 

j: 3 1 , 9.8         1 7 . 0.4         9 ,  '  ■"'         ■"•  ^ . 8 1  I , ()  1 

L'étude  de  la  solubilité  nous  a  donné  les  résultais  suivants  : 

' "-9^7       11,58.")       "/\'i\       11.270       ",i"j9       11,087        *" 

.c 0,5  ijA^         3.19         5,5  9,5  i3,4  ■i'J,'i 

c (i,o5         11,)  11,4^         "'77  '■■-•  '^'2  i-8 

D'après  les  mesures  d'Ailuard  i'  d'eau  dissout,  à  i4",  4*'')^'  de  sel. 

l'ercklorate  de  jiotassiiiin  CIO'K. 

Oslwald  a  mesuré  la  conduclivité  des  solutions  de  perchli>rale  à  21° 
(  Allgcmcine  Cheinie^  1893).  Nos  mesures  concordent  bien  avec  ses  résultais. 

Les  nombres  de  gauche  sont  déduits  des  mesures  d'Oslwald,  ceux  de 
droite  des  nôtres. 

c 0,10     o,-!7     0,54       1,08       2,i()  3,j      7  i5 

■c I  1 43     2,85     5,60     10,96     ■.',1,23  32,9     62,90     126,9 

Léludo  de  la  solubilité  nous  a  donné  les  résullals  suivants  : 

T 0,947      0,585       0,4 '2 4      o, •'."S       o,  i32  ,    0,071         o 

.' 1,65        '.4,18       36,2         52,1         69,5         81,1  io5,8 

c o,  i5         2,6  3,9  5,7  7,8  9,1  12,4 

D'après  les  tables  à  i4°,  1'  d'eau  dissout  i2«,.")  de  sel. 

ClilitioplaLiiuile  l'iCl"  l\.-. 

Walden  a  mesuré  lacoiuhulivilé  des  sol  niions  à  ■j.^'\Zcil  .pli.  l'/iem..  icSiSH). 
Jjcs  nombres  ci-dessous  déduits  de  ses  mesures  concordent  avec  les  nôtres  : 

'■ i5,i9        7,59        3,79        1,89      0,94      0,47 

r 7''"'  38,'>'>        19.89        io,25       5,25       2.68 


SÉANCli;    DU    25    AVRIL    1921.  Io43 

L'élude  (le  la  solubilité  nous  a  donné  les  lésultals  suis  unis  : 

T "j'jl"     ",5iS5     o,'|2'i     ",i~i       "'.'"'9       "iOS-       o 

■f 0,1  1,1         ■>.,-         7,1)         i/|  i>.  47,2 

(-• (l,il<,  (!,'.!  (!,,■)  l.'i  •).  ,(3  4j2  y,:j 

A  13°,  8,   la  solubililé  dans  l'eau  esl  de  9%  28  par  litre.   A  20",  l'reclil 
a\ait  trouvé  : 

T Il,  j3.")         Il  ,()38         1 

•  '■ O.O.ÎS  0,l>1-  ll,().!3 

Ftiii)sili(it/c  Si  l^'^K-. 
Conduclivilé  à  25",  d'après  nos  mesures  : 


Solubililé 


I  II,:)  0,25       0,120        (i,lj(j:!        lijO.Tl        (l.lil.'l 

i4,23     8,iiS     ."1,1 3     3,42       2,3(3       1,44       o,8S 


0,947         ii,i24       ",273       OjiÔi)       0,087         " 
0,60  1,88         2.83         4)63         7,58         12, 58 

0,0096       o,o5         0,09         0,21         o, iG  0,9 


Coballinitrite  Co( NO')" K^ 
Conduclivilé  à  25",  d'après  nos  mesures  : 


Solubililé  : 


o,ig     0,093     0,11. 17     (1.1120     0,011      o,iio5     o.iiu.î     ii,uoi 
2,75     1,53       0,79       o,4i       0,22       0,12       11,0-       o,o4 


0,917       0,424       0,278       0,159       0,087       o 
0,46         0,55         0,59         0,93         1,4'i         3,02 
0,026       o,o33       o,o36       o,o5()       0,09         o,).i 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  (Uélliyhnalonalc  acide  cV tlhyk' .  ^ole 
de  M.  PiiiLippi;  Bumesml,  présentée  par  M.  Haller. 

On  sait  depuis  longtemps  que  les  élliers-sels  neulres  des  acides  dialcoyl- 
maloniques  sont  difficilement  saponifiés  par  les  alcalis  en  solutions 
aqueuses.  Michael  (')  a  utilisé  cette  propriété  pour  les  préparer  à  Félat 
de  pureté. 

(')  Joui  II.  f.  praLl.  Ch.,  t.  72,  p.  537. 


lO/^.'t  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai,  suivant  les  iiidicalions  de  cet  auteur,  préparé  du  diéthylinalonale 
d'étliyle  pur.  Insoluble  dans  les  solutions  aqueuses  d'alcalis,  ce  corps  peut 
être  chaulTé  pendant  plusieurs  heures  avec  de  la  soude  à  5o  pour  loo  sans 
être  sensiblement  attaqué. 

y\u  contraire,  si  l'on  porte  à  l'ébullilion  une  solution  alcoolique  renfer- 
mant par  litre  aiti"^  (i™"' )  de  diélliylmalonate  d'étliyle  et  loos  (2'"°',5)  de,, 
soude,  on  constate  qu "après  un  quart  d'heure  le  mélange  est  pris  en  masse 
et  une  prise  d'essai  indique  que  le  dicthylmalonate  d'éthyle  a  entièrement 
disparu.  Si  on  laisse  encore  un  quart  d'heure  au  bain-maric  bouillant  et  qu'on 
isole  l'acide  formé  par  les  méthodes  habituelles,  on  constate  bien  qu'il  s'est 
produit  de  l'acide  dièthylmalonique  soluble  dans  l'eau,  mais  aussi  un  autre 
acide  insoluble  dans  l'eau  et  très  soluble  dans  le  benzène  froid.  Si  l'on 
essaie  de  purifier  ce  dernier  composé  par  distillation  sous  pression  réduite, 
il  se  décompose  avec  perte  de  gaz  carbonique  et  formation  d'un  licjuide 
neutre,  incolore,  d'odeur  assez  agréable,  bouillant  à  i  54°  et  qui  n'est  autre 
chose  que  le  diéthylacétate  d'élhyle  [Eb.  i5i°  suivant  Sayl7.efT(' )|.  Kn 
effet,  la  soude  le  saponifie  en  donnant  le  sel  d'un  acide  bouillant  à  193"  et 
qui  présente  les  caractères  de  l'acide  diéthylacétique. 

f/acide  qui  se  forme  à  côté  de  l'acide  diéth\  Imalonique  dans  la  saponili- 
cation  du  diéthyhnalonale  d'éthyle  est  donc  le  diéthylmalonate  acide 
d'élhyle  f|ui  se  décompose  sous  l'influence  de  la  chaleur  suivant  la 
réaction  : 

DifUi\lnKilmi;ilc  acide  niélli yl^HM-lalc 

trcllixl.-.  ,l'tHli,\lc. 

Toutefois  lo  (liéthylinalonate  acide  d'élhyle  obtenu  est  encore  impur, 
lîroun  et  Walker  (  -  ),  qui  en  ont  préparé  le  sel  de  potassium,  avaient  déjà 
constaté  cpi'il  était  souillé  de  diélhylmalonale  de  potassium.  J'ai  vérifie  par 
titrage  au  nîoyen  des  alcalis  que,  même  après  plusieurs  lavages  à  l'eau, 
l'acide-éther  r(;tient  toujours  de  l'acide  bibasique.  Afin  de  l'obtenir  toul  à 
fait  pur  je  l'ai  distillé  sous  pression  réduite  au  moyen  d'une  pompe  à  vide. 
I^e  ballon  à  distlllei'  doit  être  chauflé  au  bain  d'huile  vers  i3:)".  Dans  ces 
conditions,  l'acide-éther  distille  vers  i  i5"-i2(i"  (1""")  très  régulièrement  et 
sans  altération,  il  se  condense  et  cristalline  dans  le  ballon  récepteur  main- 


I  -')    i/iii.,  I.  -llk,  |i.   '|S. 


SÉANCE    DU    23    AVRIL    I921.  lo/jS 

tenu  (liuis  un  mélange  réfrigéranl.  On  le  purifie  par  des  l'usions  parlielles 
plusieurs  fois  répétées. 

L'acide  diélhylmalonique  resle  dans  le  ballon  à  distiller. 

Propriétés.  —  Le  diélliylitialonale  acide  d'élliyle  est  un  produit  incolore  pres(nie 
inodore,  fondant'à  19". 

Il  est  insoluble  dans  l'eau  froiile,  mais  très  soluble  dans  les  solvants  orgimi(|ues, 
éllier,  benzène,  etc. 

Les  sels  alcalins  sont  solubles  dans  l'eau. 

Ils  soit  neutres  au  tournesol  et  à  la  plitaléine  du  phénol.  Ce  dernier  indicateur  viru 
bien  et  permet  un  titrage  exact. 

L'acide-étlier  commence  à  se  décomposer  à  la  pression  ordinaire,  avec  perte  de  gaz 
carbonique  vers  140".  A  170°,  la  réaction  devient  rapide  et  l'on  obtient  le  diélliylacélale 
d'étliyle  avec  un  rendement  sensiblement  théorique. 

Titrage. —  En  solution  hydro-alcoolique,  à  froid,  a?,  20.J3  de  diélhylmalonate  acide 
d'étliyle  sont  neutralisés  par  i  i '''"\  6  de  soude  normale. 

l'oids  moléculaire  trouvé 190 

Foids  moléculaire  calculé 188 

De  l'expérience  décrite  au  début  de  cette  Note  il  semble  résulter  que  les 
deux  fonctions  du  diélhylmalonate  d'éthyle  se  saponifient  avec  des  vitesses 
difiërentes.  Ce  fait  est  en  accord  avec  le  travail  de  Knoblauch  ('  )  démon- 
trant que  la  saponification  des  éthers  neutres  d'acides  bibasiques  n'est  pas 
une  réaction  Irimoléculaire,  mais  que  tout  se  passe  comme  si  deux  réactions 
bimoléculaires  se  superposaient  pendant  une  partie  de  leur  durée. 

J'ai  déterminé  les  constantes  de  saponification  du  diélhylmalonate 
d'étliyle  et  j'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

L  Saponification  d'une  fonction  du  diéthylmalonate  d'étliyle. 

.\  15°,  dans  l'alcool  à  jS  pour  100,  la  valeur  moyenne  do  l<  x  10'  est  \,î'i.j. 

A  S5",  dans  l'alcool  à  5o  pour  100,  la  valeur  moyenne  de  /.  x  10'  est  i38o. 

IL   Saponification  du  diéthvlmalonale  acide  d'étliyle. 

A  85",  dans  l'alcool  à  5o  pour  100,  la  valeur  moyenne  de  /.   >;  ro'  est  122. 

Il  est  donc  possible  de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

I.  Le  diéthylmalonate  d'éthyle  est  pratiquement  inattaqué  par  les  alcalis 
en  solutions  aqueuses  concentrées.  Il  est  difficilement  saponifié  par  les 
alcalis  en  solutions  alcooliques. 

II.  La  saponification  se  fait  en  deux  phases.  La  première  conduit  au 

(')  Lcct.  i>li.  Cit.,  t.  26,  p.  96. 


Io'|6  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

inono-étlier  élhylique  de  l'acide  diélhylinaloniqne,  la  seconde  à  l'acide  lui- 
même. 

m.  Ces  deux  réactions  sont  bimoléculaiies  et  se  font  avec  des  vitesses 
différentes.  A  85°,  le  rapport  j,  est  de  1 1  environ. 

Ces  conclusions  sont  d'accord  avec  celles  tirées  par  Knoblaucli  i^loc.  cil.) 
de  la  saponification  du  succinate  d'éthyle. 

D'autre  part,  les  travaux  de  Friedel  ('),  Ilaller  (-)  d  Briihl  (■' )  sur  les 
éthers  de  l'acide  camphorique,  et  ceux  de  Haller  (  '  )  sur  l'acide  homocam- 
phorique  ont  montré  que  les  éthers  d'acides  bibasiques  dont  les  deux  fonc- 
tions sont  liées  à  des  portions  de  chaînes  de  squelette  carboné  dilférciil 
donnent  par  saponification  le  sel  d'un  acide-élher  d'abord  et  ensuite,  mais 
beaucoup  plus  difficilement,  celui  de  l'acide  bihasique.  Haller  attribue 
cette  différence  des  doux  fonctions  carboxyles  à  la  nature  du  carbone  qui 
leui'  sert  de  support. 

Ces  résultats  ne  sont  pas  incompatibles  avec  ceux  que  j'ai  obtenus.  Kn 
effet,  la  difficulté  de  saponification  est  i;énérale  chez  les  éthers  d'acides 
dialcoylmaloniqucs  et  semble  liée  à  \a  piésence  du  carbone  entièrement 
substitué.  Je  me  [)ropose  de  voir  si,  dans  le  cas  des  éthers  d'acides  biba- 
siques dont  une  seule  des  fonctions  a  pour  support  un  carbone  de  cette 

nature,  il  n'y  a  pas  seulement  augmentation  du  rapport  p.  On  se  trouve- 
rait donc,  dans  tous  les  cas,  en  jn'ésence  d'un  «  empêchement  stérique  ». 


MINI-;r  ^LOGIE.    —    Contribution  à  F  étude  de  la  silice  globulaire  représentant 
l'argile  à  silex  au  sud  du  Bassin  de  Paris.  Note  de  M.  Randoin. 

J'ai  eu  l'occasion  d'examiner  un  certain  nombre  d'échantillons  de  silice 
pulvérulente  provenant  de  divers  gisements  situés  sur  le  territoire  des  com- 
munes de  Gehée  cl  de  Baudres  (Indre)  ('). 

Ces  gisements,  d'après  les  renseignements  et  les  coupes  qui  m'ont  été 


('  )  Huit.  Soc.  c/éim.,  t.  30,  p.  i33. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  110,  iSgu,  p.  .")o8. 

i  ')  D.  Cil.  <-•.,  l.  2/i,  p.  3/109. 

(' )  Comptes  rendus,  t.  109,  1889,  p.  1  1  '. 

(')   (]arle  géologi(|iie  de  la  l'iaiicc  au  «dJ^;,  :  feuille  de   )  alvncay. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1921.  1047 

fournis  (^  '  ),  ainsi  quo  d'après  les  données  de  la  Carie  {jéologiquo  de  France, 
font  partie  de  la  formation  géologique  dite  argile  à  silex.  Cette  Note  a 
pour  but  principal  de  préciser  les  caraclèrcs  de  cette  silice  pulvérulente  et 
ses  rrlalions  avec  le  complexe  dénommé  argile  à  silex. 

Les  amas  de  silice,  de  puissance  très  variable,  forment  des  lentilles  ou 
remplissent  des  poches.  F^a  silice  s'y  présente  sous  l'aspect  d'une  matière 
pulvérulente,  assez  onctueuse  au  loucher,  faiblement  cohérente,  d'un  blanc 
plus  ou  moins  teinté  de  gris  jaunâtre,  ou  parfois  colorée  en  rouge.  Des 
Spongiaires  silicifiés,  des  rognons  de  silex,  en  nombic  relativement  faible, 
sont  disséminés  dans  ces  masses. 

Examinée  au  microscope,  la  silice  se  montre  formée  d'opale  englobant 
quelques  minéraux  et  des  spicules  d'i^ponges. 

L'opale  est  à  l'état  de  globules  aux  formes  plus  ou  moins  régulières.  Les 
uns,  et  c'est  la  niinorilé,  sont  sphériques,  à  contours  nets,  el  sont  isolés  ou 
groupés  en  amas  mùriformes;  leur  taille  va  de  8^  à  I2''-. 

Le  plus  grand  nombre  des  corpuscules  d'opale  comprend  des  éléments  de 
forme  générale  globuleuse,  mais  à  contours  irréguliers,  crénelés;  leur  taille 
oscille  autour  de  81". 

A  un  très  fort  grossissement,  les  globules  à  contours  nets  sont  en  opale 
assez  homogène,  tandis  que  les  autres  se  révèlent  constitués  par  un  agrégat 
verruqueux  de  granules  inégalement  réfringents. 

On  rencontre  au  milieu  de  la  masse  d'opale  quelques  minéraux  micros- 
copiques : 

Du  qiiai'lz,  en  éléments  généralement  très  fins  et  1res  nombreux,  qui  feml)lent  sau- 
poudrer le  fond  obscur  d'une  préparation  entre  les  niçois  croisés;  quelques,  parlicules 
de  quartz  sont  plus  volumineuses  el  sont  sous  forme  de  grains  laissant  voir  de  nom- 
breuses inclusions,  ou  sous  forme  d'éclats  minces  à  bords  tranchants; 

De  la  glauconie  jaune  verdàlre,  le  plus  souvent  en  grains  informes,  libres,  quelque- 
fois remplissant  le  canal  de  spicules  d'Epongés; 

Du  zircon,  avec  des  formes  cristallines  nettes,  en  prismes  terminés  par  des  poinle- 
menls  arrondis,  rarement  en  aiguilles; 

De  l'analase,  vert  très  clair,  en  cristaux  tabulaires,  limpides,   d'éclat  adamantin; 

De  la  muscovile,  en  lamelles  très  fines,  englobant  des  spicules  de  pyrite  ou  de 
niaonétite. 

lùifin,  on  trouve  disséminés  dans  la  masse  d'opale  des  spicules  d'Epon,i^es, 
assez  rares  en  moyenne,  el  dont  le  plus  souvent  il  ne  subsiste  cjue  des  frag- 
ments relalivemenl  courls  ;  la  plupart  de  ces  restes  de  Spongiaires  paraissent 

(')    l*ar  M.  Gaulheron,  iiii;énieur  civil  des  Mines, 


lo48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  voit'  se  rapporter  à  des  formes  monoaxes  iMoïKiclincllulœ  ou  Trtnicti- 
ncllid(C). 

Élanl  donnés  les  caractères  de  ce  dépôt,  quelles  peuvent  être  ses  rela- 
tions avec  l'argile  à  silex  proprement  dite? 

•Il  importe  tout  d'abord  d'observer  que  le  dépôt  ainsi  constitué  diiïère 
profondément,  et  à  divers  titres,  d'une  argile  à  silex  ordinaire  :  i"  par  sa 
composition  chimique;  l'analyse  cliimique  indique  pour  les  gisements 
considérés  une  teneur  en  SiO'  très  supérieure  à  celle  des  argiles  à  silex,  et 
par  contre  une  teneur  en  AI-0'  extrêmement  faible,  qui  peut,  dans  certains 
cas,  ne  pas  dépasser  5o  à  60  pour  1000,  ainsi  que  me  l'ont  accusé  plusieurs 
éciiantillons  choisis  parmi  les  plus  purs. 

2"  Par  ses  caractères  extérieurs  :  couleurs  claires  des  masses  siliceuses, 
coloration  généralement  foncée  des  argiles  à  silex;  pauvreté  relative  en  silex 
des  premières,  richesse  très  grande  des  secondes,  etc. 

Ce  sont  là  des  différences  sur  lesquelles  M.  de  Grossouvre  a  déjà  fort 
justement  attiré  l'attention  lors  d'une  étude  de  formations  analogues 
du  Cher  ('). 

Mais  ces  différences  constatées,  l'étude  de  ces  deux  sortes  de  dépôts 
montre  qu'on  ne  saurait  les  séparer  quant  à  leur  genèse. 

11  est  à  noter  que  si  l'on  fait  abstraction  de  la  silice  globulaire  et  des  spi- 
cules  d'Kponges,  l'ensemble  d'éléments  divers,  mis  en  évidence  par  l'examen 
micrographique  dans  la  masse  de  silice  pulvérulente,  ne  diffère  pas  sensible- 
ment, au  point  de  vue  qualitatif,  des  résidus  de  décalcification  fournis  par 
beaucoup  de  craies,  faiblement  glauconieuses;  la  glauconie  et  le  fer  on  pai- 
ticulier  ne  font.cn  effet,  jamais  complètement  défaut  dans  la  silice  pul- 
vérulente. 

D'autre  part,  si  nous  examinons  les  spicules  trouvés  dans  les  masses  sili- 
ceuses, nous  les  voyons  formés  d'opale  qui  se  présente  en  granulations 
élémentaires,  en  croissants  plus  ou  moins  accusés,  en  petits  Ilots  lobés,  en 
globules  tout  pareils  à  ceux  de  la  masse  siliceuse  environnante,  globules 
qui,  notamment  dans  les  gros  s[)icules,  semblent  bourgeonner  de  la  paroi 
du  canal  pour  envahir  progressivement  la  cavilc  de  ce  dernier,  (^uoi  (pi'il 
en  soit  de  cette  dilTérenciation  de  la  matière  siliceuse  des  spicules,  on  cons- 
tate que  certains  d'entre  eux  ont  encore  leurs  contours  bien  arrêtés,  taudis 
fjue  d'autrci  ont  déjà  perdu  leur  individualité  propre,  et  n'était  la  couleur 
chamois  de    la  plage  (pii   leur   correspond,   leur   existence   passerait   iiia- 

(')  De  GiiossouvRii,  liiill.  de  la  Soc.  géoL  de  France,  3'  série,  t.  28,  p.  8o(). 


SKAi\CL:  DU  25  AVRii-   1921.  lo^ig 

pciçue.  Do  sorle  qu'on  saisit  dans  l'étendue  d'une  seule  préparation  les 
étapes  successives  par  lesquelles  les  spicules  sont  susceptibles  de  se  trans- 
former en  opale  globulaire. 

Or  cette  évolution  vers  la  forme  gloi)ulaire  de  la  silice  empruntée  à  des 
organismes  siliceux  inclus  dans  des  couches  calcaires  est  un  phénomène 
bien  connu  depuis  les  travaux  de  M.  Cayeux  sur  les  roches  siliceuses  ;  et  dans 
les  gaizes  en  particulier  on  assiste  à  la  formation  à  très  grande  échelle  et 
aux  dépens  des  spicules  d'une  quantité  considérable  de  silice  offrant  tous 
les  caraelères  de  la  silice  globulaire  de  la  formation  en  question. 

Si  l'on  généralise  ce  processus,  déjà  si  accusé  dans  une  gaizc  de  la  même 
région  que  celle  des  gisements  étudiés  (gaize  d'ilumbligny),  on  \oitdonc 
la  parfaite  légitimité  de  faire  dériver  de  spicules  une  masse  énorme  de 
silice.  La  richesse  particulière  en  SiO-  des  dépôts  étudiés  ici  n'est  d'ailleurs 
pas  un  obstacle  à  celte  conclusion;  il  suffit  en  effet  de  faire  app<'l  à  des 
couches  calcaires  extrêmement  riches  en  organismes  siliceux,  et,  de  fait, 
on  connaît  dans  cette  région  des  craies  campaniennes  exceptionnellement 
riches  en  spicules  et  détruites  par  décalcification.  C'est  dans  des  ciaies 
analogues,  qu'on  doive,  semble-1-il,  chercher  la  source  des  masses  de  silice 
globulaire;  ceci  admis,  il  ne  saurait  exister  aucune  disproportion  entre  la 
cause  et  l'effet. 

Ce  sont  là,  au  fond,  des  processus  analogues  à  ceux  qui  ont  donné  nais- 
sance aux  véritables  argiles  à  silex  du  nord  de  la  France;  s<'ules.  les  craies 
qui  sont  le  point  de  départ  des  argiles  à  silex  et  des  silices  de  llndre  diffé- 
raient ;  les  premières  étaient  pauvres  en  spicules;  les  deuxièmes  étaient  très 
riches;  pour  les  premières,  la  stabilisation  de  la  silice  mise  en  œuvre  s'est 
faite  sous  forme  de  silex,  pour  les  deuxièmes  elle  s'est  faite  sous  foi'me  glo- 
bulaire. Le  point  de  départ  diflérent  explique  l'aboutissement  différent  de 
phénomènes  génétiques  se'mblables. 

Il  est  donc  logique  de  conclure  que  les  amas  de  silice  pulvérulente 
envisagés  dans  cette  Note  ne  sont  qu'un  faciès  spécial  du  complexe  désigné 
sous  le  nom  d'argile  à  silex. 

CRISTALLOGRAPHIE.    —   Suî'   les   racémiques   actifs. 
Note  (')  de  M.  Makcel  Dei.épine,  présentée  par  M.  ^^'allerant. 

La  notion  classique  du  racémique,  substance  inactive  sur  la  lumière 
polarisée  composée  de  deux  formes,  dextrogyre  et  lévogyre,  d'une  combi- 

(')   Séance  du   18  avril  1921. 


Io5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

naison  donnée,  présente  parfois  des  difficultés  d'interprétation,  d'où  les 
distinctions  de  racémiques  vrais,  de  pseudo-,  de  méso-racéiniques,  de  racé- 
miques  partiels,  etc.,  faites  par  divers  auteurs.  Je  propose  d'ajouter  encore 
une  classe  nouvelle,  différente  des  précédentes,  les  racéniiqurs  actifs,  que 
l'on  conçoit  en  vertu  des  considérations  suivantes. 

Supposons  deu\  substances  A  et  B,  dédoublables  cbacune  en  molécules 
énantiomorphes,  soit  A  =  a+-f-f/_  et  B  =  Z».^  +  Z*  .  Admettons,  pour  sim- 
plifier, que  A  soit  isomorphe  de  B,  ainsi  que  a^  de  b+  et  a_  de  b_\  nous 
appelons  ici  «^  et  b+  les  molécules  de  même  configuration,  torses  dans  un 
sens,  (i_  et  h  ,  celles  qui  sont  torses  en  sens  inverse,  si  l'on  en  considère  les 
éléments  dans  un  ordre  déterminé,  sans  que  les  pouvoirs  rotatoires  soient 
nécessairement  de  même  sens  que  les  signes  des  lettres. 

Un  cristal  formé  de/j  molécules  de  A  et  de  (i  — />)  de  B  sera  composé  de 

pn^  ■+-  pti  -  +  {i  —  p)b+-<r  (i—  p)b^ 
ou  encore  de 

I  /'",-  +  (  1  -/>)/>+  K  \p"  -  +{i-p)  h- 1 . 

On  pourra  l'envisager  comme  le  racémique  de  A  dont  une  partie  (i  ~  p) 
des  molécules  o^.et  «_  aurait  été  remplacée  par  autant  de  molécules  b^_clh_; 
ou  comme  le  racémique  de  B  ayant  subi  une  modification  réciproque.  Mais, 
du  moment  que  les  composants  de  même  configuration  sont,  par  hypothèse, 
isomorphes  (et  syncristallisables),  on  conçoit  qu'il  ne  soit  pas  nécessaire 
qu'aux  molécules  ^/«5  du  premier  terme  de  la  deuxième  expression  corres- 
pondent exactement  autant  de  molécules  moins  de  même  composition 
chimique,  et  qu'il  suffise  que  le  nombre  total  des  molécules  de  chaque  signe 
soit  le  même. 

C'est  ce  qu'exprime  la  condition  générale 

|/)'/+  +  (i  — />)ft+]  +  [/>'«_+  {i  — />')/>  1, 

avec/)  et/)'  compris  entre  o  et  i. 

Des  transformations  fort  simples  permettent  de  remplacer  cette  expression 

par 

{/>  —  />'}if'+-^  (>^)  +  p'  A.  +  (i^p  )B.     si     i>  >  p\ 

ip'  — p  ){"    -^  b+)  +  p  \  + (i^p' )\'<,     si     /''>/'. 

ce  qui  signifie  que,  pour  réaliser  les  combinaisons  envisagées,  il  ne  sera  pas 
toujours  nécessaire  d'employer  exclusivement  des  corps  dédoublés.  On  peut 
aussi  écrire  les  formules  précédentes 

7 !  ir,^ -I-  />_  )  -t-  (  1  —  7  )  (  A .  It  1     et     '/in     i-  /> ,  )  +  (\  —  //)  (  \.  \^  i. 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    Hjlï .  Io5l 

en  em[)loyanl  pour  les  compléiiienls  A  el  li  la  notation  ininéralogiciue  des 
isomorphes. 

Si  a  dz  el  h  ±.  n'ont  pas  les  mêmes  pouvoirs  rolatoires  moléculaires,  les 
raccmiques  spéciaux  ainsi  conçus  auront  une  certaine  activité  optique; 
celle-ci  sera  la  plus  grande  lorsque  (i  —  rj)  sera  nul,  le  racémique  actif 
étant  <i^  et  />_  ou  l'inverse  «_+  />+;  ces  racémiqnes  pourront  être  dilués,  en 
quelque  sorte,  soit  par  A,  soit  par  B.  soit  par  les  deux  à  la  fois,  ce  qui 
donnera  lieu  à  de  multiples  variétés  de  combinaisons.  On  conçoit,  d'ailleurs, 
des  isomorpliismes  do  ce  genre  s'étendant  à  plus  de  deux  corps. 

Ma  première  idée  fut  de  clieiclier  à  réaliser  la  combinaison  du  rZ-arséniotartrale  de 
sodium  avec  le  /-anlimoniotartrate  ;  lorsqu'on  mêle  les  solutions  concentrées  de  ces 
substances,  ii  se  fait  aussitôt  un  dépôt  cristallin,  mais  inactif;  c'est  exclusivement  du 
/•-antimoniolartrate  de  sodium;  on  récolte  ensuite,  par  évaporation,  toujours  des  sels 
inaclifs,  qui  sont  de  plus  en  plus  riches  en  arsenic.  Autrement  dit,  les  groupes  anlimo- 
niés  et  arséniés  ont  fait  double  échange. 

J'ai  alors  pensé  (|ue  les  iridotrioxalales  de  potassium  Ir(C-0'')'K'  et  les  rhodova- 
lates  Rh(C-0')^K',  actifs,  dont  M.  Jaeger  a  récemment  démontré  les  relations  d'iso- 
inorphisme  el  dont  la  stabilité  est  très  grande,  pourraient  former  le  racémique  prévu 
sans  que  les  atomes  de  métal  s'échangeassent.  En  fait,  si  l'on  mêle  une  solution  saturée 
de  f/-iridotrioxalate  ([ot]D=82°),  avec  une  solution  saturée  de  la  quantité  équimôlé- 
culaire  de  /-rhodotrioxalate  ([o£]i)=3  0<>  ou  à  peu  près),  on  obtient  en  quelques  ins- 
tants une  cristallisation  abondante  ({  des  sels  environ)  d'une  combinaison  cristalline 
ayant  le  pouvoir  rotatoire  attendu  [a]|,z=  -+-  ^C  environ  ('  )  ;  tandis  qu'avec  les  inverses 
on  a  l'anti'e  combinaison  :  /-irido  -t- rf-rhodo.  Par  cristallisation  lente,  on  obtient  des 
<;rislaux  ayant  loiit  à  fait  l'aspect  des  racémiques  de  rhodium  ou  d'iridium  seul  qui 
sont  tricliniques  avec  i^.!^H''0,  tandis  que  les  sels  actifs  sont  rhoniboédriques  avec 
un  11=0. 

Un  autre  exemple  a  été  pris  dans  le  domaine  de  la  chimie  organique.  J'ai  préparé 
les  deux  chlorocamphre-sulfonates  de  calcium  (C'^H'^OCI  .SO')-Ca -t- 6  H-0  ayant 
|>]„  =  ±93''etlesdeuxselsliromés(C"'H"OBr.SO')-Ga-l-6H=0.  ayant  [a]„:=±  ôS^S; 
ces  deux  corps  cristallisent  en  lames  hexagonales.  Les  mélanges  o?-cliloro -f- /-bromo 
ou  Z-chloro  +  c?-bromo  fournissent  des  cristaux  prismatiques  à  5  H-0,  ayant  respecti- 
vement [«]„=: — 20°  et  -h  20°,  ce  qui  concorde  avec  la  valeur  attendue;  l'aspect  des 
cristaux  est  le  même  que  celui  des  /--chloro-el  /--bromoseis.  Si  l'on  ajoute  aux  mélanges 
précédents  des  racémiques  inactifs  pour  les  diluer,  on  récolte  des  cristaux  moins 
actifs,  comme  c'était  à  prévoir.  Les  mesures  de  solubilités  montrent  que  la  formation 
du  racémique  actif  ±  20°  a  lieu  en  dépit  de  la  solubilité  du  sel  chloré  (1  p.  en  7  d'eau) 

(  '  )  Le  rhodoxalale  de  potassium,  dit  dextrogyrc^  est  lévogyre  pour  les  radiations  de 
longueur  d'onde  plus  grande  que  celle  de  la  himière  du  sodium  et  dextrogyre  pour  de 
plus  rapides;  mais  la  courbe  de  dispersion  rotatoire  rappelle  par  sa  forme  celle  de 
l'iridotiioxalate  dextrogyre  (Werner,  Bruhat,  Jaeger). 


I032  ACADEMIE    DES    SC1E.^CES. 

plus  grand*  que  celle  du  sel  bionié  (i   p.  en    i?.  dVau).   (Les  pouvoirs  rolaloires  sont 
ici  indiqués  pour  de--  sels  aulivdre-.) 

Enfin,  en  mèlanl  un  iridoxalale  actif  avec  du  coballioxalate  racénii(|ue.  j'ai  obtenu 
à  la  fois  le  r.icéinique  d'irido  et  de  cobaltisel  Iriclinique,  actif,  et  le  mixte  rhoiiiboé- 
drique  d'irido-  avec  le  cobaltisel  de  signe  inveise  de  celui  qui  était  entré  dans  le 
racémi(|iie. 

Il  résulte  des  considérations  et  des  faits  précédents  qtie  l'on  doit  appeler 
racéiiiique  un  édifice  cristallin  composé  de  molécules  de  configuration 
dextrogyre  et  de  molécules  de  configuration  lévogyre  en  nombre  égal. 
L'activité  optique  n'est  qu'un  phénomène  accessoire,  dépendant  de  la 
qualité  des  molécules  de  chaque  configuration  :  elle  est  nulle  au  cas  de 
simple  énantiomorphie. 


LirilOLOGlE.  —  Le  caractère  épisoc/iq/œ  des  bancs  du  calcaire  rarboaifère 
dans  le  Boulonnais  et  la  dolornitisation  de  certains  d'entre  eux.  Note  de 
M.  .Iac«.>l'es  i>e  Lapparkxt,  présentée  par  M.  A.  Douvillé. 

Les  grandes  carrières  ouvertes  dans  la  masse  des  calcaires  d'âge  dinan- 
tien  (Viséen)  qui  sont  depuis  longtemps  exploitées  pour  l'iiuluslrie  mar- 
brière dans  le  Boulonnais  permettent  l'observation  précise  el  l'étude  mimi- 
lieuse  de  chacun  des  bancs  qui  constituent  cette  formation. 

On  voit  très  bien  dès  le  premier  examen  que  tous  les  bancs  ne  sont  pas 
de  constitution  homogène.  Beaucoup  d'entre  eux  sont  formés  à  leiii-  hase  de 
lits  coquilliers  el  vers  leui-  pailic  supérieure  de  ces  aihorisalioiis  singulières 
d'apparence  moussue,  dont  certaines  d'entre  elles  constituent  le  marbre 
Henriette  el  que  l'on  doit  selon  toute  vraisemblance  lapporler  à  des  Hydro- 
zoaires. 

Parfois  la  zone  des  marbres  Henriette  d'un  banc,  au  lieu  de  reposer  sur 
des  lits  cocpiilliers,  repose  sur  une  formation  oolithique  don!  on  voit  nette- 
ment en  certains  cas  l'entre-croisement  de  stratification  et  (p.ii  constitue 
tout<'  la  masse  inférieure  du  banc. 

La  manière  d'être  des  lits  coquillii'is,  leur  étalement  parallèlement  au 
banc  et  la  structure  de  la  roche  oolithi(pie,  indiquent  nellement  que  leuis 
matériaux  furent  sédiinentés  par  des  courants,  tandis  «pie  les  Hydrozoaires 
du  marbre  Henriette  constituent  une  foi'mation  (|ui  s'esl  nécessaii'em<'nt 
développée  sur  place. 

Ainsi  architectures,  ces  bancs  se  superposent,  vers  certain  niveau,  direc- 
t'inent  l'un  à  l'autre.  Chacun  d'eux  présente  la  marque  de  deux  épisodes  de 


séancï:  du  25  AVRii,  192 1.'  io53 

sédiiiicntalion  donl  Vwn,  relaliveincnt  violi'iil.  est  caractérisé  par  l'apport 
de  matériaux  élaborés  ailleurs  (|ue  là  où  ils  se  sont  déposés,  d  dont  l'aulrc, 
calme,  est  icprésenlé  par  une  formation  «  l'n  place  ». 

(^ue  tous  ces  bancs  aient  des  puissances  comparables,  sinon  égales,  cela 
nous  incite  à  penser  que  les  épisodes  ((ui  leur  ont  donné  naissance  résultent 
d'un  pbénomène  périodique.  Mais  il  est  très  remarquable  qu'à  un  certain 
niveau  dans  la  série  de  ces  terrains,  le  développement  des  Hydrozoaires  ayant 
élé  beaucoup  plus  considérable,  ces  organismes  atteignant  une  hauteur 
Je  3'"  à  /|'",  la  [)liase  (jui  suivit  ce  stade  lut  [larticulièrcment  \iolente  :  elle 
produisit  la  désagrégation  de  bancs  déjà  consolidés,  et  les  débris  de  ceux-ci 
furent  amenés  vers  la  partie  su|)érieure  des  Hydrozoaires  de  telle  manière 
qu'une  véritable  brèche  fut  formée  (marbre  Napoléo/i).  T ouïes  choses  qui 
s'expliquent  parfaitement  dans  l'hypothèse  de  phénomènes  périodiques 
envisagés  comme  cause  du  mode  de  sédimentation  et  de  l'accroissement  de 
la  masse  des  matériaux  des  bancs. 

Tous  les  bancs  du  calcaire  carbonifère  ne  sont  pas,  dans  ces  carrières, 
identiques  à  ceux  dont  il  vient  d'être  question.  Il  en  est  qui  sont  formés 
de  lits  coquilliers  plus  ou  moins  chargés  de  débris  de  Crinoïdes  et  généra- 
lement riches  en  Foraminifères  (marbre  Z,w/?e/,  pro  parte).  D'autres  sont 
zonaires  et  paraissent  faits  de  couches  superposées  de  menues  algues  cal- 
caires ramuleuses  dont  la  microtexture  a  disparu  (marbre  Cdmlinc).  Ils 
ne  mettent  en  évidence  qu'un  seul  épisode  de  sédimentation.  D'autres  sont 
plus  complexes  et  se  montrent  de  constitution  hétérogène,  étant  formés  par 
exemple,  à  leur  base  de  l'accumulation  de  Lithosliutiun  et  de  Syrûigo/jora 
développés  à  celle  place,  et  à  leur  sommet  de  lits  coquilliers  ou  de 
couches  oolithiques.  Ils  témoignent  alors  de  l'action  de  deux  épisodes. 

Certains  de  ces  bancs  mêmes  sont  dolomitiques.  L'élude  micrographique 
montre  qu'il  s'agit  d'une  dolomitisalion  de  la  matière  primordiale  du  dépôt. 
On  voit  que  la  dolomie  s'est  substituée,  plus  ou  moins  suivant  l'inlensilé 
de  la  dolomilisation,  aux  organismes  et  aux  granules  de  carbonate  de 
chaux  qui  formaient  la  masse  du  sédiment. 

Si  l'observation  des  bancs  tout  entiers  dolomilisés  n'apprend  rien  sur  le 
phénomène  de  dolomilisation,  au  contraire  l'examen  des  bancs  incomplè- 
tement dolomitiques  est  particulièrement  instructif  :  il  met  en  évidence  que 
la  dolomilisation  est  une  conséquence  de  l'épisode  même  du  dépôt. 

On  peut  voir  effectivement  qu'un  de  ces  bancs  essentiellement  constitué 
à  sa  base  [)ar  des  Littostrolion  et  des  Syririiiopora  sera,  dans  cette  partie, 
complètement  doiomique  ou  très  riche  en  dolomie,  tandis  qu'à  ^a  partie 
C.  R.,  1921,  \"  Semestre.  (T.  172,  N»  17.)  7^ 


Io54  ACADÉMlli:   DES    SClliliNCES. 

supérieuie  foniicc.|)ar  des  lits  coquillirrs,  puis^par  une  couche  oolilhique. 
il  en  sera  coinplèlcuienl  exempt.  Le  banc  superposé  débute  par  une  masse 
dolomilique  dans  laquelle  la  cristallisation  de  la  dolomie  a  fait  disparaître 
la  texture  du  calcaire  priniilit'.  et  à  laquelle  succèdent  brusquement  des 
lits  coquilliers  d'abord  très  pauvres,  puis  plus  riches  en  dolomie  et  qui 
passent  à  un  calcaire  dolomilique  foiniant  la  partie  supérieure  du  banc 
où  l'on  peut  voir  une  très  grande  quantité  de  débris  de  minuscules  poly- 
piers tabulés,  l'^nfin  le  banc  qui  surmonte  celui-ci.  le  dernier  qui  soit  dolo- 
milique. immédiatement  situé  sous  la  masse  des  calcaires  formant  le 
marbre  Z-//«e/,  n'est  d'abord  à  sa  base  nullement  dolomitique,  non  plus 
qu'en  sa  partie  moyenne  formée  des  lits  coquilliers,  tandis  qu'il  est  au 
sommet  constitué  par  une  dolomie  faite  de  cristaux  juxtaposés. 

Ainsi  la  dolomilisation  de  ces  dépôts  calcaires  nous  apparait-elle  comme 
inlimcmcnl  liée  aux  éi)isodes  (lui  ont  été  la  cause  de  leur  sédimentation. 


l'AI.ÉO.M'OLOGli:.  —  Sur  (fiif/(/ui's  atraclci es  morphologiques  de  la  couronne 
des    molaires    des    mastodontes    et    des    éléphants.    Note    de    M.    ^^AB^A 

STIiF.\XES<:U.  ^ 

I.  D'après  (jaudry  ('),  Pouqieckj  (-)  et  d'autres  paléontologistes,  la 
couronne  des  molaires  des  mastodontes  de  l'Amérique  du  Sud,  Masiodon 
ilumboldti,  M.  Àndiuni,  M.  chilensis,  M.  bolisianus,  présente  souvent  des 
collines  formées  de  deux  tubercules  en  trèMe  (T,/),  en  allemand  Doppel- 
trelîs,  c'est-à-dire  de  deux  tubercules  congénères  semhlobleinent  dilTérenciés. 
Or,  d'après  mes  observations,  les  collines  des  molaires  des  mastodontes  en 
(piestiou,  de  même  que  les  collines  des  molaires  de  toutes  le.s  espèces  de 
mastodontes  bunolophodont(>s,  sont  formées  de  deux  tubercules  congénères 
(^/(//('/vv/w/t'rt/ dilTérenciés,  l'un  en  trèlle(T|,),  l'autre  en  crête  ('l\,,).  Mais  tandis 
(jue  les  T,,  des  espèces  américaines  dont  il  s'agit,  à  leur  maximum  de  diflc- 
renciatiou  progressive,  sont  en  forme  de  V  couché  muni  d'une  bissectrice 
(<^  —  ou  — ^),  les  r,f  des  mêmes  espèces,  à  leur  maximum  de  différencia- 
tion progressive,  sont  en  forme  de  T  couché.( — |  ou  | — ). 

a.  'Chacun  des  1',^  et  1\,.  a  quatre  lobes  :  externe,  médian,  antérieur, 

(')   (Jurlf/iie';  rrr>iar(/ucs  sur  les  niasiodoiilcs,  iSyi.  p.  3. 

(-)  Masiodon- Heste  CUIS  dem  iiUcraiidinen  lluclilaiid  von  Jiolicin  [l'aleontogra- 
p/iica,  vol,  Irl,  1905-1906.  p.  ij-.'id). 


SÉANCE  OU  25  AVHII,  I921.  Io55 

poslérieur  (c,  m,  n,  p).  Le  e  des  T,,  ou  la  poiiile  du  V  coucliê,  ainsi  (jue  le  i- 
des  T„  ou  rexlréniilé  libre  du  V  couché,  est  loujouis  lolinié  vers  l'exlérieur 
de  la  couronne.  Les  a,  /i  du  '\\,  sont  les  ramificalions  du  c,  tandis  que  les  a, 
p  du  '\„  sont  les  ramifications  du  m. 

h.  Scliémaliquement,  les  collines  des  molaires  de  gauche  et  de  droite  des 
mastodontes  de  l'Amérique  du  Sud,  à  leur  maximum  de  difTérenciation 
progressive,  peuvent  donc  être  représentées  de  cette  façon  <^- —  | —  -  |  — > 
s'il  s'agit  des  molaires  inférieures,  ou  d'une  façon  inverse  — |  — ^<i —  | — 
s  il  s'agit  des  molaires  supérieures,  mais  jamais  de  celle  façon  unique  cl 
irréelle  < >>  <^ >. 

II.  D'après  ZydecUer  ('),  Vacek  (-)  et  d'autres  paléontologistes,  la 
couronne  des  molaires  des  mastodontes  bunolophodondes  est  formée  deiiiher- 
culcs principaux  et  de  tubercules  accessoires;  ces  derniers,  parce  qu'on  admet 
(ju'ils  obstruent  le  fond  des  vallées  qui  séparent  les  collines,  sont  appelés 
tubercules  (le  barni<>;e,  en  allemand  Sperrhôckern. 

Or.  d'après  mes  observations,  la  couronne  des  molaires  de  tous  les  mas- 
todontes bunolophodontes  est  formée  d'une  seule  sorte  de  tubercules,  com- 
parables chacun  à  un  petit  arbrisseau  non  ramifié  ou  ramifié  et  différencié 
en  Irèfle  ou  en  crête.  Réellement,  il  n\y  a  pas  de  lubercttlcs  accessoires  ou  de 
hairage,  il  y  a  seulement  des  raini  fications  ou  lobes  des  Ti,  et  ï,.,.. 

m.  D'après  deorges  Cuvier  (M,  le  sommet  de  chaque  lame  de  la  cou- 
ronne des  molaires  des  éléphants  «  est  termine  dans  ses  trois  substances 
bien  avant  sa  base  »  et  «  les  lames  voisines  sont  soudées  ensemble  par  leurs 
sommets  avant  d'être  encore  durcies  à  leurs  bases  «.  Or,  d'après  mes 
observations,  la  justesse  de  cette  affirmation  n'est  pas  absolue;  car,  tandis 

que  les  lames  de  la  partie  antérieure  des  couronnes  de  M  ^,  à'' Elephas  af ri- 
canas, que  j'ai  extraites  des  alvéoles,  étaient  soudées  par  leurs  sommets  et 
par  leurs  bases,  les  lames  du  mdieu  des  mêmes  couronnes,  quoique  recou- 
vertes de  cément  à  leurs  sommets,  étaient  soudées  seulement  par  leurs 
bases,  et  les  lames  postérieures  étaient  libres.  Ce  fait  m'a  permis  de  cons- 
tater que  les  lames  soudées  seulement  par  leurs  bases,  quoique  la  cou- 
ronne fût  complètement  sèche  et  sans  racines,  résistaient  aux  chocs  et 
aux  ébranlemenls  légers,  ce  qui  veut  dire  que  l'émail,  même  à  l'état  sec, 
est  llexible  et  élastique.  On  s'explique  donc  comment  la  couronne  peut 

(')   ShVcilik  and   Sarhmla    Proho^cidia  {Pahronlulogia   liidica,  lo'' série,   vol.  I. 
Pari  V,  i88o,  p.  208-227,  etc.). 
(-)   Leber  osterrcicliischc  Masludunlcn,  1877,  p.  \2. 
(^)   Rechirclies  sur  les  ossements  fosiileri,  l.  I,  18  u,  p.  30. 


Io56  ACADI'MIE    DES    SCIENCES. 

exécuter  les  divers  mouvements  nécessaires  à  l'accomplissement  de  sa 
fonction. 

IV.  D'après  Owen  (  '),  Falconer  (-),  Ziltel  ('),  Songel  (')  et  tous  les 
paléontologistes  qui  m'ont  précédé,  la  couronne  des  molaires  des  éléphants 
est  formée  de  plaques  transversales  sépaiécs  par  des  «  vallées  intermédiaires 
complètement  remplies  de  cément  ».  Or,  d'après  mes  observations,  il  n'y  a 
pas  de  vallées  remplies  de  cèmenl,  il  y  a  seuleineiil  des  lames  couvertes  de 
cément.  I^e  r()le  du  cément  n'est  pas  de  combler  parliellemenl  ou  complète- 
ment les  vallées  intermédiaires  de  la  couronne,  mais  d'envelopper  les  col- 
lines ou  lames,  afin  de  les  protéger  contre  l'usure,  et  de  les  transformer  en 
plaques  juxtaposées  comme  des  briques  parallèles,  afin  de  consolider  la 
couronne. 

Un  coup  d'd'il  jeté  sur  les  figures  des  sections  des  molaires  à'Elephas 
planifrons  publiées  par  Falconer  (^)  suffit  pour  appuyer  notre  affirmation. 
Ces  figures  nous  montrent  que  l'émail  des  lames,  qui  sont  plus  larges  à 
leurs  bases  et  graduellement  moins  larges  à  leurs  sommets,  est  couvert  par 
les  enveloppes  de  cément,  qui  inversement  sont  plus  épaisses  aux  sommets 
des  lames  et  graduellement  moins  épaisses  à  leurs  bases. 

D'ailleurs,  sur  leê  figures  de  beaucoup  de  molaires  d'éléphants  publiées 
par  Leith  Adams  (")  et  par  d'autres  auteurs,  et  sur  beaucoup  de  molaires 
fossiles  de  ma  collection,  les  enveloppes  de  cément  qui  appartiennent  en 
propre  à  chaque  lame  sont  très  distinctes. 

a.  Il  est  certain  que  les  enveloppes  de  cément  contiguës  ou  voisines 
sont  soudées  par  leurs  faces  en  regard,  car  à  l'état  frais  le  cément  est  mal- 
léable, collant  et  tenace:  mais  même  si  la  soudure  parait  être  complète,  le 
plan  de  séparation  des  faces  soudées  reste  indiqué  par  une  direction  de 
moindre  résistance  et  très  souvent  par  une  fissure  plus  ou  moins  aperce- 
vable.  Sur  beaucoup  de  figures  des  molaires  d'éléphants  fossiles  publiées 
par  divers  paléontologistes  (  '  ),  les  fissures  de  séparation  sont  très  visible- 
ment indiquées. 

(')   OdoiUograpliy,  \<\\.  1,  iS'in-i  845,  p.  639. 
(^)   PfiUconlolitgiciil  Meinoirs,  \o\.  I,  186S.  p.  -t\. 
(')   Traité  de  l^alu  ontologie,  l.  'i-,  iSti'i,  p.  [\'.m  . 
(  '  )  Elephas  trogontlierii  uiid  Eteplias  iiniiijuiis,  lyi.'.,  |i.  ">. 
(^)   Fauna  Aiili(iua  Si^-alcnsis,  l'art  1,  pi.  ■'.,  fiy.  5  </,  i8î6. 

C')   On  llie  Dentition  and  Osteology  of  the  Maltese  /assit  Eléphants,  j)l.  I,  lis.  i',, 
i(i;  pi.  \,  iii;.  2,  187/1. 
(•)  I.Krrii  Adams,  Op.  cit.,  j)!.  III,  li-.  1,  .\a;  pi.  \  ,  II;;.   >. 


SÉANCE    DU   25   AVniT.    1921.  loSn 


EMHRYOGÉiMR  VKGÉTALR.  —  Embryogènif  (les  Labircs.  Dncloppcmcnl  de 
Vrmhtyon  citez  le  Mentlia  viridis  L.  Note  de  M.  Hexi-:  S()rfe«iEs,  présenU'c 
par  M.  L.  (  iiiii^nard. 

Les  règles  qui  présidenl  à  l'édificalion  de  l'embryon,  cliez  le  Merulm 
riridis,  offrent  les  plus  étroites  ressemblances  avec  celles  rpic  l'on  observe 
chez  le  Veronfca  nrveiisis  (').  Elles  peuvent  être  résumées  en  un  tableau 
comparal)le  à  celui  qui  a  déjà  servi  pour  établir  l'identité  des  processus 
embryogénétiques  chez  le  Senccio  ndgnris  et  chez  VUrticapilidifera  (^).  Ce 
mode  de  présentation  permettra  de  se  rendre  compte  rapidement  de  la 
disposition  el  des  destinées  des  premiers  éléments  proembrvonnaires,  de 
reconnaître  d'emblée  Forigine  la  plus  reculée  des  régions  du  corps  de 
reml)ryon  chez  le  Mcutha  riridis. 

I.  —   Premivre  généraliim. 

Proembryon    à    deux    celluleà   j   (v/  qui  engendre //ci  + /ii7 -|- /j//i' -|-  /cr 
disposées  en   deux    élai;es  :   \  eh  »  icc -}- cn -^  s. 

II.  —   Deii.viéme  génération. 

,,  1  .  .  11    1       I  '/     qni  engenrlre /iro  4- ;)i7  4- ;>/(-)'  + /(v: 

rioemlirvon  a  quatre  cellules   \  '     .      ^  '  '  /    .'     • 

1-  :  ,     ■      ..  III  »  'PC  +  w  4- V  (en  partie) 

disposées    en    trois  otages  :   /      .  .  ' 

'  '■/  »  ,v  (en  partie). 

III.  —    'J riiisicnie  gcnéralion. 

r,          1              .       •           11    1       (^  7  Ces  trois  étages  sont  ceux  que  l'on  observe 

Froembryon     a     six     cellules  \  '  .  ,      ,        .,                     . 

,■  .      .          ,    .     ■      .               ,  lit  a  la  deuxième  génération  ;  leurs  destincps 

disposées    en    trois    etag(  s  '■   )      . 

[  Il  sont  les  mêmes. 

IV.  —   Oiialriènic  généralinn. 

1    /     f|iii  engendre />C'> -H  yyr/ 
Proembryon  à  douze  cellules  \   /'  »  pliy  4-  icv 

disposées    eu    si\     étages    :   j  '/  »  u-c  +  ca 

\  J  -\-  Il    I-  /(    f|ui  engendrent  ,v. 

Dans  ce  tableau,  les  deux  étages  /et  /',  qui  apparaissent  à  la  quatrième 

(')  H.  SouÈGES,  Embryogénie  des  Scrofiilariacées.  Développement  de  l'emliryon 
chez  le  Veronica  arvensis  L.  {Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  7o3). 

(■-)  W.  SortflES,  Embryogénie  des  Vrlicacées.  Développement  de  l'embryon  chez 
/'Urtica  pilnlifera  L.  {Comptes  rendat;,  I.  171,  i9so,p.  \oog,el  Bull.  Soc.  bol.  France, 
t.  08,  séance  du  S  avril  191  !)• 


Io58  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

génération,  représentent,' le  premier,  les  quatre  oclants  supérieurs,  le 
deuxième,  les  quatre  oclants  inférieurs.  Le  groupe  cellulaire  formé  ])ar  les 
initiales  de  l'écorce,  ire,  et  la  portion  centrale  et  primordiale  de  la  coiffe,  ca, 
correspondent  à  l'iiypophyse,  telle  que  la  définie  Hanslein  (  '),  au  sujet  du 
Capsella  Hursa-pasloris.  Par  l'origine  de  l'hypophyse,  l'embryon  du  Menllin 
viridis  se  sépare  de  celui  du  Veronica  divcnsis.  La  cellule  cl  qui,  dans  le 
premier  cas,  s'individualise  comme  cellule  hypophysairo,  au  terme  de  la 
quatrième  génération,  S(>  divise  encore  transversalement,  dans  le  deuxième 
cas,  en  deux  éléments  superposés,  avant  de  donner  naissance  au  groupe 
commun  des  initiales  de  l'écorce  et  de  la  partie  médiane  de  la  coiffe. 

Cette  différence  n'est  cependant  pas  absolue  ;  elle  n'est  fondée  (jue  sur  la 
grande  généralité  des  faits  observés;  on  rencontre  parfois,  chez  l'une  et 
chez  l'autre  espèce,  des  exemples  où  l'hypophyse  tire  son  origine  d'une 
cellule  appartenant  à  une  génération  plus  jeune  ou  plus  ancienne.  Lorsque, 
chez  le  Mentha  viridis,  le  tissu  hypophysaire  est  engendré  par  une  cellule 
fille  de  (I,  il  y  a  identité  absolue  dans  les  processus  du  développement  de 
l'embryon  chez  les  deux  espèces.  De  semblables  dérogations  se  produisent, 
de  façon  assez  courante,  quand  il  s'agit  d'une  série  linéaire  d'éléments  dont 
le  nombre  peut  varier  sous  l'influence  des  causes  les  plus  légères. 

Au  point.de  vue  morphologique,  l'embryon  du  Menlhd  viridi.s-^e  distingue 
de  celui  du  Vrronica  arvensis  :  i"  par  la  différenciation  tant  externe  qu'in- 
terne qu'il  acquiert  dans  la  graine  adulte;  2°  par  la  présence  d'une  seule 
assise  sous-épidermique  dans  la  partie  cotylée  au  moment  de  la  naissance 
des  protubérances  cotylédonaires. 

On  peut  établir  entre  le  Capsella  Biirsa-pasloris  et  VoEnolhrni  hirnnis, 
d'une  part,  et  le  Mentha  viridis,  d'autre  part,  les  mêmes  analogies  et  les 
mêmes  dilférences  qui  ont  été  mises  en  relief  au  sujet  du  Veronica  arvensis. 

Il  faut  reconnaître,  somme  toute,  qu'il  existe  des  relations  excessivement 
étroites  entre  ces  quatre  formes  embryonnaires.  On  doit  s'attendre,  sans 
aucun  doute,  i»  retrouver  ces  caractères  communs  dans  la  plupart  des 
familles  gnjupées  autour  des  Labiées  et  des  Scrofulariacées,  sans  (]u"il  soit 
nécessaire  pour  cela  de  considérer  le  type  embryonnaire  auquel  se  ratta- 
chent toutes  ces  plantes  comme  représentant  le  type  général  des  Dicoty- 
lédones (-), 


(').l.  IIaNSTKIN,  Die  l-JiilKvicl<liing  drs  Kcinirs  (1er  MiuioLotylcii  iiik/  l>iLolyl<n 
{/toi.  Ahluiiidl.,  llefl  I,  p.  9.  Homi,  1S70). 

(^)  LMiisloiie  dri;illlée  ilii  .léveloppeuKMit  de  ri-iiilii vui  cluv  lo  MchIIki  liritli^ 
sera  publiée  chiiis  mi  milii'  l'iecmil. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I921.  loSp 

CHIMIE  VÉGKTAM:.  —  Sur  /es  olcalaules  de  la  vaUniduc. 
Noie  ('  )<le  \IM.  A.  (ioiiis  cl  (^11.  Vis«:ii\ia<:,  préseiilée  par  .M.  <  iuij^iiiarc]. 

Waliszewski  a  signalé  (-"),  dans  la  racine  de  valc'-riane,  la  présence 
de  deux  alcaloïdes  :  à  l'nn,  soluble  dans  l'éther,  il  a  donné  le  nom  de  rhali- 
iii/if  (  '  ),  il  l'aulre,  moins  abondant,  insoluble  dans  l'éllior  el  qu'on  lelrouvc 
dans  les  eaux  mères,  celui  de  ralérine. 

L'observalion  de  ^^'alisze\vski  n'a  pas  renconlré  l'accnoil  qu'elle  méritail. 

Les  Ouvrages  didactiques  bibliographiques  de  langue  allemande 
(T.sc/iirc/i,  ]\'e/i//ier,  Czapcck)  cilenl  seulcmenl  ces  deux  alcaloïdes  sans  nier 
leur  existence,  mais  laissent  planer  un  doute  dans  l'esprildii  lecteur.  <^)uanl 
aux  Ouvrages  français  qui  auraient  dû,  nous  semble-l-il,  rendre  juslice  à 
l'elToit  d'un  compatriote,  aucun  ne  relate  la  découverte  de  \^  aliszewski. 

Plus  récemment.  Chevalier  (')  a  confirmé  la  présence,  dans  la  racine  de 
valériane,  d'un  principe  basique  volatil,  très  altérable,  existant  en  faible 
proportion  (0,01 5  pour  100)  et  en  a  fait  l'étude  pharmacodynamique. 

dette  publication  n'a  pas  suffi  à  modifier  l'opinion  de  beaucoup  de  phar- 
macologues  qui  restent  encore  incrédules.  Notre  travail  n'a  d'autre  préten- 
tion que  de  confirmer  les  travaux  des  deux  auteurs  précédents. 

C'est  au  cours  de  recherches  sur  la  nature  des  différents  principes  actifs 
de  la  plante  que  nous  avons  pu  y  constater  de  façon  définitive  la  présence 
des  alcaloïdes. 

5uoo3  dexlralt  aqueux  de  racine  de  valériane  stabilisée,  coirespiuidanl  à  .'id''-  tle 
racine  fraîche,  sont  délayés  dans]  5ooo8  d'une  solution  de  carbonate  de  snuile  à 
II)  pour  loô  el  épuisés  avec  un-  mélange  de  4  parties  d'éllier  el  1  partie  de  cliloro- 
fornie,  On  renouvelle  l'épuisement  trois  fols.  I^es  solutions  élliéro-chloroformiques 
sont  épuisét'S  avec  de  l'eau  clilorlijdrique  à  a  pour  100.  Celte  ?clutioii  acide  est 
Ral,urée  avec  un  excès  de  carbonate  de  potasse  sec  et  épuisé  par  le  mélange  étlier- 
cldoroforme.  On  reprend  par  un  peu  d'eau  cldorliydj.ique,  décolore  par  le  noir  animal 
et  déplace  à  nouveau  par  le  carbonate  de  potasse  sec.  On  épuise  à  plusieurs  rc])ii?(s 
à  l'éther  .ce?;/ jusqu'à  ce  que  ce  solvant  n'enlève  plus  rien  de  la  soluiion  alcaline.  (  hi 
épuise  ensuite  par  du  cliloroforme  qui  s'empare  d'une  Ijase  (|iie  l'éther  n'a  |)as  dissoute. 

(')  Séance  du  18  avril  U)!!. 

(-)  St.  Walis/.iîwskv,  ConipositiDii  ilc  la  raciiiv  de  valériane  (  I  ninii  pliann.,  t.  3'i , 
1893.  p,  35l). 

(')   l'Jn  l'honneur  de  M.  Chatin. 

(  '  )  ('iirVALlKii,  Ailltiii  iiliaiiKacddyiidiKiiiac  d'en  n<an-(l  alvalnïdf  cnnlmii  dans 
la  racine  de  valvriam-  J'ralcin-  1  ('lanjilcs  rendus,  t.  I '1 '1 ,  l'jo-.  \\.   l'i'i). 


Io6o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

F.e  rendement  en  alcaloï<les  est  très  faible.  On  obtient  en  tout  .\s  de  hases  liiiites 
dont,  en  conservant  la  nomenclature  de  W'aliszewski,  environ  3e  de  cliatinine  et  i^'  de 
valérine.  En  rapportant  ces  cliillVes  à  la  pliuile  fraîche,  on  trouve  environ  o,  m  par 
kilogramme.  • 


Malgré  l'affirmation  de  Waliszewski,  on  n'ohlienl  (iiie  (liflicilement  des 
sels  cristallisés  avec  la  chatinine.  Le  hrornhydrate,  l'azotale,  le  sulfate,  le 
cliloroplalinale  sont  amorphes.  Le  clilorliydrale  s'obtient  difficilement; 
avec  les  petites  quantités  de  corps  dont  nous  disposions,  nous  ne  l'avons 
obtenu  qu'une  fois.  Il  fond  instantanément  à  iij"  au  bloc  ^L^quenne.  mais 
commence  à  s'altérer  déjà  à  loo".  Le  sel  le  plus  facile  à  obtenir  est  le 
picrate,  qui  fond  à  ^■^"-98". 

Pendant  les  essais  de  cristallisation  de  tous  ces  sels,  on  constate  une  alté- 
ration de  l'alcaloïde.  Les  produits  ou  les  solutions  complètement  incolores 
au  début  noircissent  peu  à  peu,  tandis  qu'il  se  dépose  sur  les  parois  du  vase 
un  vernis  noir,  comme  si  l'alcaloïde  subissait  une  oxydation  et  une  résinili- 
cation  profonde. 

I''st-ce  l'alcaloïde  lui-nirnie  (jui  subit  cette  modification  ou  une  impureté 
qui  l'accompagne? 

Il  aurait  fall.u  opérer  sur  une  plus  grande  (piantité  de  produit,  mais 
avant  de  traiter  un  poids  considérable  de  valériane,  il  était  important  de 
s'assurer  si  ces  alcaloïdes  avaient  une  action  physiologique  importante. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I921.  I061 

M.  le  professeur  liusquel,  sur  noire  demande,  a  bien  voulu  se  charger  do 
ces  expériences,  dont  les  détails  seront  publiés  par  ses  soins.  \ous  le  remer- 
cions d'avoir  bien  voulu  nous  communiquer  le  résultat  de  ses  essais  qui  ont 
été  faits  sur  un  mélange  des  deu\  alcaloïdes.  «  A  la  dose  de  0,01  par  kilo- 
gramme, un  mélange  des  deu\  alcaloïdes,  dans  la  proportion  où  ils  existent 
dans  la  plante,  provoque  chez  le  chien  de  la  torpeur  et  de  la  paresse  dans 
les  mouvements  ([ui,  toutefois,  restent  parfaitement  coordonnés.  » 

C'est  une  action  faible,  et  comme  la  racine  ne  renferme  qu'une  petite 
quantité  d'alcaloïdes,  on  peut  se  demander  s'il  ne  serait  pas  trop  dispen- 
dieux, en  ce  moment,  de  poursuivre  des  recherches  avec  plusieurs  milliers 
de  kilogrammes  de  racine. 

En  résumé  : 

[.es  observations  de  A\  aliszewski  et  Chevalier  sont  parfaitement  exactes. 

La  racine  de  valériane  contient  deux  alcaloïdes,  dont  l'un  est  soluble 
dans  l'éther  (chatinine)  et  l'autre  insoluble  dans  ce  solvant  (valérine), 
mais  soluble  dans  le  chloroforme. 

La  quantité  de  ces  alcaloïdes  est  très  faible  et  la  chatinine  y  domine. 
i''S  de  racines  fraîches  de  valériane  contient  environ  o,  10  d'alcaloïdes. 

I /effet  thérapeutique  de  la  valériane  ne  semble  pas  devoir  être  rapporté  à 
ces  alcaloïdes,  dont  l'action  physiologique  est  faible. 


BOTANIQUi:.  —  Sur  /'oriî^inr  iniloclHnidrialr  des  pigments  anthncy (iniques 
dans  1rs  fruits.  Note  de  M.  .1.  Politis,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

Par  quels  processus  cytologiques  l'anthocyane  apparaît-elle  dans  les 
fruits?  Telle  est  la  question  que  nous  nous  sommes  proposé  de  résoudre. 
\  cet  effet  nos  observations  ont  porté  principalement  sur  les  fruits  de  Vitis 
rini fera  L.,  Solarium  Mcinngena  L.  et  l'onvallaria  japonica  L. 

Vilis  vinifern  L.  —  <_>ii  sait  que  ie  fruil  de  hi  \  if;no  e-^t  une  liaie  glohiileusc  ou 
ovoïde,  à  épic:\ipe  plus  ou  moins  épais,  diveisemciil  coloré  en  noir,  rouge,  rose,  jiui- 
iiùtre,  liIaiifliiUre  ou  verl,  souvent  recouvert  d'une  poussière  blanchâtre  (piuinc)- 
(j'csl  parmi  les  \ignes  donl  les  baies  ont  la  peau  relativement  mince  et  non  pruinéi' 
f[ue  iious  avons  trouvé  un  olijet  d'étude  exceptionnellement  favorable  à  l'observation 
\  itale  de  la  formation  du  pigment  antliocyauique  au  sein  des  mitochondries.  Pour  cela, 
nous  avons  examiné  principalement  les  baies  de  la  variété  de  Vitis  vinifera  qui 
s'appelle  apyrenn  (Vigne  de  raisin  de  Corintlie),  très  cultivée  en  Grèce,  et  la  variété 
nommée  vulgairemejit  Syrikia,  cultivée  dans  les  environs  d'Athènes. 


Io62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Corinihe.  —  Les  ));iie.s  de  ce  cépage  sont  siiiis  pépins,  à  clinir  juteuse,  à  peau  géné- 
ralement d'un  noir  pourpre,  couleur  due  à  la  ])résenro  d'un  pigment  anlliocvanique 
dissous  dans  le  suc  \acuolaire.  Fi'enons  donc  une  baie  en  \oie  de  maturation  et  dans 
laquelle  le  pigment  commence  à  apparaître  dans  l'épidermc.  Découpons  un  segment 
spliérique  de  cette  Ijaic,  posons  ce  segment  sui'  la  lame  de  verre  de  manière  que  sa 
l)ase  s'applique  sur  la  lame  et  observons  l'épiderme  à  un  très  fort  grossissement  ('). 
On  voit  immédiatement  que  dans  certaines  cellules  épidermiques  le  pigment  est 
encore  en  voie  de  formation,  tandis  que,  dans  d'autres,  il  est  complèlem'enl  loiiné. 

lui  oljservant  ainsi  les  cellules  épidermi(jues  de  la  haie  où  le  pit;ment 
commence  à  ii|ipai"aîlre,  il  est  possible,  dans  les  cas  les  plus  favorahles,  de 
rencontfer  tous  les  slades  successifs  de  la  formation  de  l'anlliocyane  et  de 
constater  qu'il  est  produit  |)ar  l'activité  di's  milocliondrics.  (_)n  constate 
d'abord,  dans  le  cytoplasme  de  quelques  cellules,  l'exislencede  nombreuses 
mitochondiies  sous  foi'ine  de  très  petits  crains  donl  la  couleur  d'abord 
roug-e  pâle  s'accentue  pi'U  à  peu.  La  couleur  est  due  à  l'anthocyane  qui  se 
forme  au  sein  des  mitocliondries  et  dérive  d'un  composé  tannique  incolore 
qui  se  transforme  peu  à  peu  en  pigment  au  cours  de  son  développement 
dans  les  mitocliondries.  A  un  stade  plus  avancé,  on  voit  ces  mitoclion- 
dries subir  un  accroissement  de  volume  assez  sensible.  Kn  outre,  on 
observe  dans  d'autn^s  cellules  de  nombreux  chondrioconles  assez  allongés, 
flexueux  et  très  minces,  disséminés  dans  le  cytO[)lasme  et  uniformément 
colorés  en  rouge  par  l'anthocyane.  La  plupart  de  ces  éléments  [iroduisent 
sur  chacune  de  leurs  extrémités  un  petit  renflement  et  prennent  ainsi  la 
forme  d'haltères.  Plus  loin,  la  couleur  du  |)ignient  s'accentue  peu  à  peu, 
surtout  dans  les  renflements  ainsi  formés;  ceux-ci  grossissent  et  finissent 
par  s'isoler  par  rujiture  de  la  partie  effilée  qui  les  réunit  et  prennent  la 
forme  de  sphérules.  En  outre,  ces  éléments  prennent  la  forme  de  longs  fila- 
ments qui  |)euvent  s'anastomoser  et  se  transformer  en  une  sorte  de  réseau. 

Les  grains  peuvent  aussi  se  fusionner  souvent  pour  constituer  de  grosses 
masses  à  contour  irrégulier,  puis  elles  se  dissolvent  dans  le  suc  vacuolaiie. 
Ainsi,  le  pigment  gris  qui  se  forme  au  sein  des  niitochondries,  une  fois 
parvenues  au  terme  de  leur  croissance,  se  dissout  dans  de  petites  vacuoles, 
formées  dans  la  cellule,  lesquelles  se  fusionnent  peu  à  peu  en  une  grosse 
vacuole  occupant  presque  toute  la  cavité  de  la  cellule.  Vax  dehors  du  choii- 
driome,  on  observe  souvent  dans  le  cyloplanne  des  cellules  épidermiques 

(')  Celli^  méthode,  (|ue  nous  avons  emplovée  pour  la  première  fois,  a  l"a\anlage  de 
permettre  l'observation  du  contenu  cellulaire  sans  procéder  à  la  [iréparalion  dans 
l'eau,  (|ui  |iri>vo(|ue  la  dissolution  du  pigment  anlliop\  aiii(pie. 


SEANCE  DU  25  AVRir.  1921.  io63 

un  petit  corpuscule  sphôrique  d'aspect  brillant,  oléagineux.  Ce  corpuscule, 
((ui  représente  le  cyanoplaste  décrit  par  nous  dans  les  cellules  épidermiqucs 
d'un  certain  nombre  de  tleurs,  est  généralement  unique  par  cellule  et 
apparaît  coloré  en  rouge  cerise  beaucoup  plus  foncé  que  celui  des  mito- 
cliondries  que  nous  avons  décrites  plus  haut.  Ce  cyanoplaste,  d'abord  très 
petit,  grossit  peu  à  peu  jusqu'à  égaler  ou  surpasser  le  volume  du  noyau, 
puis  s'introduit  dans  la  vacuole  où  il  ne  tarde  pas  à  se  dissoudre.  >()us  avons 
constaté  des  faits  analogues  dans  les  baies  de  la  variété  dite  Syrikia. 

So/a/iiim  Mflongcna  L.  —  La  formation  de  l'anthocyane  au  sein  des  milo- 
cliondries  peut  être  suivie  aussi  dans  les  cellules  cpidermiques  du  fruit 
violacé  de  Sulamim  Meloiii^cnn  L. 

Convallan'a japnnica  L.  —  Nous  avons  constaté  que,  dans  les  cellules  épi- 
dermiques  du  fruit  de  celte  espèce,  l'anlliocyane  apparaît  au  sein  d'un 
cyanoplaste,  unique  par  cellule. 

Les  résultats  de  nos  recherches  peuvent  donc  se  résumer  de  la  manière 
suivante  :  Les  pigments  anlhocyaniques,  dans  les  fruits  que  nous  avons 
examinés,  s'élaborent  :  1°  au  sein  de  nombreuses  milochondries;  2"  au  sein 
d'un  cyanoplaste  unique  par  cellule.  Ces  deux  modes  de  formation  d'an- 
thocyane  peuvent  se  présenter  môme  ensemble;  c'est  ce  qu'où  observe  pour 
l'anthocyane  qui  apparaît  dans  l'épiderme  de  certaines  variétés  de  Vitis 
ri  ni  fera  L. 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  strucliire  el  révolution  du  noyau  dans  les  crlhdes  du 
mèristême  de  quflqurs  Euphorl>iacées.  Note  de  M.  E.  Licext,  présentée 
par  M.  Gaston  IJonnier. 

On  remarque  souvent  chez  les  Euphorbiacées  et  familles  voisines 
(Huxaeées,  Callilrichacées,  etc.)  des  particularités  cytologiques  qui 
méritent  de  retenir  l'allenlion. 

Ces  particularités  s'observent  aussi  bien  dans  les  niéristèmes  de  tout 
l'appareil  végétatif  (sommet  de  la  racine,  sommet  de  la  tige,  feuille  jeune 
en  voie  de  développement)  que  dans  les  cellules  reproductrices  des  mêmes 
plantes  (cellules  mères  du  pollen  et  du  sac  embryonnaire  en  voie  d'évo- 
lution). 

Elles  diderenl  toujours  plus  ou  moins  chez  une  même  espèce  selon  qu'on 
les  étudie  dans  les  premiers  ou  dans  les  seconds  des  groupes  cclhdaires 


I064  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

dont  on  vient  de  parler,  ce  qui  pourrait  donner  lieu  à  un  travail  de 
recherches  à  première  vue  assez  simple  et  assez  restreint,  mais  en  réalité 
d'autant  plus  long  et  d'autant  plus  détaillé,  que  ces  particularités  peuvent 
encore  varier  d'un  genre  à  l'autre,  et  aussi  d'une  espèce  à  l'autre,  et  qu'en 
outre  elle,  se  remarquent  aussi  bien  dans  les  cellules  au  repos  que  dans  les 
cellules  en  voie  de  division  karyokinétique. 

D'un  ensemble  d'observations  que  je  poursuis  depuis  longtemps,  il 
résulte  que  ce  groupe  de  familles  présente  ainsi  des  caractéristiques  cytolo- 
giques  qui  semblent  leur  être  propres,  et  qu'il  conviendrait  de  rechercher 
chez  les  groupes  voisins  ou  autres,  pour  essayer,  par  là,  de  jeter  quelque 
lumière  sur  des  points  toujours  controversés  de  cytologie  générale,  comme 
par  exemple  l'origine,  le  rôle,  l'évolution  du  nucléole,  l'origine  des  c<'nlres 
cinétiques,  etc. 

Ces  mêmes  particularités  sobservenl  dans  le  noyau  de  la  cellule  au  repos 
ou  en  division,  comme  il  vient  d'être  dit. 

Elles  alTeclent  h'  nucléole,  \q  filament  clnnmdWjue  et  les  rliromosoinrs  à 
(li\ers  stades,  et  elles  sont  les  unes  de  nature  morphologique,  les  iiulres  de 
nature  fonctionnelle. 

Le  rôle,  le  mode  d'évolution,  de  transformation  et  de  disparition  du 
nucléole  semblent  être  spécialement  intéressants  pendant  et  après  la  divi- 
sion indirecte.  .le  n'ai  pas  examiné  à  ce  point  de  vue  la  division  directe  ou 
amisolique  qui  se  manifeste  souvent  dans  les  laticifères  de  ces  plantes,  car 
je  n'ai  rencontré  que  rarement  cette  division  directe  au  cours  de  ces  éludes, 
en  raison  de  la  jeunesse  des  tissus  considérés. 

Très  fréquemment,  le  nucléole  persiste,  lors  de  la  division,  avant  la  pro- 
phase, contrairement  à  ce  qui  se  passe  d'ordinaire.  On  l'aperçoit  même 
-  jusqu'à  l'anaphase  achevée,  après  laquelle  il  disparaît  sans  laisser  de  traces. 

Dans  les  cellules  végétali\es  du  méristème  de  la  racine,  par  exemple  chez 
le  Mercurialis perennis,  ce  nucléole,  dès  le  stade  spirème  fragmenté,  suit, 
sans  se  fragmenter  lui-même,  toutes  les  évolutions  du  fuseau  et  des  chro- 
mosomes, s'élirant,  s'orienlani  et  suivant  le  mouvement  qui  l'entraîne  avec 
eux  \  ers  les  pôles  où  il  va  se  placer,  en  les  précédant  pour  y  ligurer  (à  l'un 
des  deux  pôles  seulement,  puisqu'il  ne  s'est  pas  divisé),  comme  un  énorme 
cenlrosome  ou  même  une  soi-disant  «sphère  attractive  ou  directrice  »  qui. 
de  la  sorte,  n'existe  en  réalité  pas  plus  là  qu'ailleurs.  C'est  alors  que  rapi- 
dement il  s'estompe  et  disparait. 

Dans  les  cellules  mères  du  |iollen  de  la  même  plante,  c'est  encore  autre 
chose.  Autre  chose  aussi  dans  les  cellules  du  méristème  du  sommet  de  la 


SÉANCE    DU    25    AVIUI-    1921.  Io65 

racine  chez  le  lUiis  (  h'n.rus  scmpeiviirns).  l^à,  on  peut  parfois  observer  des 
séries  enlicres  de  coupes  où  toutes  les  cellules,  sans  exception,  soit  au 
repos,  soit  en  mouvement  de  division,  préscnLent  la  structure  suivante  : 
dans  leur  cytoplasma,  on  observe,  très  régulièrement  situés,  soit  dans  deux 
angles  de  chaque  cellule  diagonaleinent  opposés,  soit  à  l'une  ou  à  Taulre, 
ou  même  au\  deu\  extrémilés  du  fuseau  achromatique,  un  corpuscule  for- 
tement colorable  tantôt  par  les  teintures  acides,  plasinatiquos,  tanlôl  par 
les  teintures  basiques,  nucléiniennes. 

Que  sont  ces  cor|)Uscules  qui  m'ont  toujours  paru  en  relation  étroite 
avec  les  «  nucléoles  »,  sinon  identiques  à  etix?  C'est  ce  qu'il  restera  à 
élucider. 

L'intérêt  (jue  présente  celte  ([ueslion  est  d'autant  plus  grand  (pu'  des 
chromosomes  eux-mêmes,  comme  dans  les  cellules  mères  du  pollen  de  Mer- 
cunnlis,  dont  il  vient  d'êlr^i  tait  mention,  semblent  vouloir  jouer  le  même. 
r(')le  que  ces  corpuscules  et  «  nucléoles  »,  qiiebjues-uns  de  ces  chromosomes 
précédant  tous  les  autres  vers  les  pôles  du  fuseau,  ou  se  dispersant  mêtiie 
dans  tout  le  c\  toplasma  pour  y  prendre  souvent,  à  la  fin,  des  positions  bien 
définies,  comme  chez  le  Buis. 

11  convient  donc,  au  moins  pour  l'instant,  de  comprendre  ici  sous  le  nom 
de  nucléoles  pris  dans  son  sens  le  plus  général  les  nucléoles  vrais  (nucléoles 
plasmatiqiies  de  Carno\ ,  ou  érylhrophiles  d'Auerbach  )  et  les  faux  nucléoles 
(nucléoles  nucléiniens  ou  c\anophiles  des  mêmes  auteurs). 

Il  faudra,  en  conséquence,  étudier  d'abord  la  morphologie  du  nucléole 
dans  la  cellule  au  repos,  puis  le  rôle  et  la  destinée  du  même  organile  pendant 
et  après  la  division  cellulaire,  en  même  temps  que  ses  rapports  avec  les 
chromosomes,  et  enfin  et  surtout,  pour  compléter  le  cycle,  l'origine  des 
nouveaux  nucléoles  dans  les  nouveaux  noNaux. 

J'ai  déjà  commencé  ce  travail  qui  devra  être  continué  et  étendu,  s'il  y  a 
lieu,  à  d'autres  genres  et  espèces. 

Six  genres,  appartenant  aux  Euphorbiacécs  et  familles  voisines  ou  affines 
ont  jus<|u'ici  donné  des  résultats  : 

Ce  sont  les  genres  Merciirialis,  lùip/ioihia.  lUcinits  pai'uil  les  lîuphor- 
biacées,  Ikniis  parmi  les  Huxacées,  CalUlriclw  parmi  les  Callitrichacées  et 
Vcratojj/iyllu/N  pour  les  Cératoph\  llacées. 

En  résumé,  il  résulte  de  ces  premières  recherches  que  la  structure  et 
l'évolution  du  noyau  dans  les  cellules  jeunes  de  ces  Euphorbiacées  et  plantes 
voisines  présentent  surtout  les  deux  particularités  suivantes  :  persistance 


Io66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

evceplioiiiielle  des  nucléoles  ou  du  nucléole  jusciuà  la  li»  de  la  division 
cellulaire  cl  analogie  fonclionneile  de  ceilains  cluomosonics  avec  les 
nucléoles. 


BOTAMQUE.  —  Hcmnrrjue  au  sujet  de  quch/ues  processus  cliyoinosomKjues 
dans  les  noyaux  diploidiques  du  l'odophylluui  pellaUiin  L.  Noie  de 
M.  R.  DE  LiTARDii'oriE,  présentée  par  M.  (îaston  Bonnicr. 

L'évolution  des  ciiromosomes  somatiques  du  Podophytluni pcllatiini  L.. 
en  ce  qui  concerne  les  phases  de  dispersion  et  de  reconcentration,  a  fait 
l'objet  d'une  Note  d'Overton  (Bril.  Ass.  Adv.  Se.  Winnipeg,  1909);  d'après 
la  description  du  savant  américain,  cette  espèce  offrirait  un  caractère  tout 
spécial,  à  savoir  que  les  bandes  lélophasiques  (dans  les  noyaux  bien  fixés) 
ne  présenteraient  pas  d'anastomoses  entre  elles.  11  m'a  paru  intéressant  de 
vérifier  le  bien-fondé  de  cette  assertion,  ainsi  (jue  des  faits  suivants,  sij^nalés 
par  Overton  : 

1°  L'alvéolisation  se  produisant  au  cours  de  rascension  polaire  des  chromosomes 
séparerait  des  granules  chromatiques  autonomes,  inliniemenl  réunis  au  préalable 
dans  un  substratum  lininien;  2"  les  chromosomes  lélophasitjues  s'organiseraient  en  un 
spirème;  3°  durant  les  premiers  slades  de  la  propliase,  les  chromosomes,  devenant 
plus  condensés,  constitueraient  un  élément  spirématique  large  et  rélicnlé,  se  montrant 
jiar  la  suite  de  structure  dense,  avec  des  corpuscules  autonomes;  4°  les  divers  chro- 
mosomes, qui  ont  contribué  à  former  ce  spirème,  seraient  séparés  les  uns  des  autres 
par  des  intervalles  achromati(|ues. 

Ces  données  sont  en  désaccord  avec  ce  que  j'ai  constaté  chez  un  j^rand 
nombre  de  végétaux;  mes  recherches  sur  le  Podop/tyllum  pellalu/n  m'ont 
montré  que  cette  espèce  ne  constituait  pas  une  exception. 

L'alvéolisation  débute  dès  la  dissociation  anaphasiqiie  des  chromosomes- 
filles,  mais  n'est  bien  visible  que  sur  des  coupes  peu  colorées.  La  partie 
axiale  du  chromosome  se  montre  comme  creusée  d'un  certain  nombre  de 
petites  cavités  claires,  disposées  en  une  seule  rangée  et  séparées  les  unes 
des  autres  par  d'épais  traclus.  Plus  lard,  au  lassemenl  polaire  et  surtout 
loisque  le  noyau  .s'est  reconstitué,  les  alvéoles  augmentent  de  nombre  et  de 
dimensions.  Au  stade  de  télophase  typique,  les  chromosomes  forment  de 
larges  bandes,  avec  cavités  alvéolaires  réparties  d'une  façon  très  irrégu- 
lière; assez  souvent  plusieurs  alvéoles  occupant  transversalement  la  bande, 
on  ne  [)cul  songer  à  interpréter  ces  images  comme  celles  d'un  clivage  Ion- 


SÉANCE    DU    25    AVKII.    HJ2I.  I067 

giliuiiiial.  Les  parois  ([iii  déliinilciil  les  alvéoles  soiil  d'une  é[)aisseiir  iné- 
gale, à  certains  endroits  assez  minces,  à  d'autres  plus  fortes  et  pouvant 
simuler  des  j;ranules.  Uien  ne  permet  de  conclure  que  le  processus  d'alvéo- 
lisalion  a  pu  séparer  des  granules  chromatiques  massés  antérieurement 
dans  un  subslralum  de  linine,  car  les  points  plus  renflés  font  corps  avec  le 
reste  des  travées  alvéolaires  dont  ils  représentent  simplemenl,  je  viens  de 
le  dire,  des  parties  plus  épaisses. 

J'ai  pu  noter  un  fait  intéressant  dans  une  ligure  où  les  chromosomes, 
encore  écartés,  sont  groupés  vers  le  pôle  :  c'est  la  présence  d'anastomoses 
entre  chromosomes  voisins.  Ces  anastomoses  ne  représentent  certainement 
[)as  des  connexions  anciennes,  mais  des  trabécules  de  substance  chromoso- 
mique qui  se  sont  formés  entre  deux  éléments  éloignés  l'un  de  l'autre,  sans 
doute  par  un  processus  comparable  à  une  émission  pseudopodique,  comme 
l'a  indiqué  iîoveri.  Cette  observation  me  semble  démontrer  que  les  anasto- 
moses ne  proviennent  pas  toujours  d'un  étirement  s'effecluant  lors  de  la 
séparation  de  deux  chromosomes  tout  d'abord  en  contact. 

Les  chromosomes  télophasiqucs  ne  forment  certainement  pas  un  spirème 
continu.  (  )n  observe,  au  contraire,  des  extrémités  chromosomiques  se 
terminant  contre  la  membrane  nucléaire  et,  dans  certains  noyaux,  consti- 
tuant parfois  des  saillies  très  marquées,  que  l'on  peut  retrouver  au  stade 
d'interphase. 

Contrairement  à  l'opinion  d'Overton,  j'ai  toujours  observé  des  anasto- 
moses entre  les  diverses  bandes  chromosomiques  et  ceci  dans  des  noyaux 
présentant  tous  les  caractères  d'une  excellente  fixation  ('  ). 

Le  passage  au  stade  d'interphase  se  fait  par  allongement  des  bandes  et 
répartition  plus  régulière  de  leur  substance.  Les  diverses  bandes  que  ren- 
ferme le  noyau  interphasique  sont  facilement  visibles  en  des  points  favo- 
rables; elles  sont  plus  allongées,  un  peu  plus  resserrées  qu'aux  stades 
antérieurs  et  la  structure  de  leurs  portions  marginales  paraît  plus  nionili- 
forme. 

Au  début  de  l'anachromase,  les  bandes  se  dégagent  du  réseau  interpha- 
sique et  deviennent  beaucoup  plus  apparentes.  Elles  présentent  une 
structure  identique  à  celle  des  bandes  catachromasiques  et  sont  reliées  par 
des  anastomoses  qui  })eu  à  peu  se  rétractent.  Par  un  processus  de  régulari- 
sation suivant  une  ligne  maîtresse,  processus  identique  à  celui  signalé  par 
<îrégoire  et  Sharp  pour  d'autres  végétaux,  chaque  bande  donne  naissance 

(^)  -Mon  maléiicl  (exlrémilés  de  jeiiiios  racines)  a  élé  li\é  aii\  liijiiides  de  lîenda 
el  de  Bouiri. 


I068  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

il  un  filament  assez  mince  d'allure  zigzagante  (>l  n'oirianl  aucune  diialilé. 
Bientôt  apparaissent  dans  ces  filaments  de  petites  boutonnières  claires  ou 
légèrement  teintées,  premier  stade  de  la  division  longitudinale.  A  mon  avis, 
il  ne  se  produit  pas  un  creusement  dans  le  chromosome,  mais  une  répar- 
tition de  sa  substance  suivant  deux  tractus  qui  deviennent  aussitôt  indépen- 
dants. A  mesure  que  les  filaments  cbroniosoiniques  rectifient  leurs  cour- 
])ures  et  se  raccourcissent,  ils  se  montrent  divisés  suivant  toute  leur 
longueur.  Ces  élémcnts-lilles  sont  entrelacés  comme  de  véritables  filaments 
stre])sinématiques.  Lorsque  les  cliromosomrs  sont  plus  trapus,  vers  la  fin 
de  la  prophasc,  on  constate  en  général  un  écartement  moins  considérable 
des  moitiés.  Tant  au  stade  des  bandes  alvéolisées  qu'à  celui  des  filaments 
en  zigzag,  il  ne  m'a  pas  été  possible,  dans  les  figures  que  j'ai  observées,  de 
faire  la  part  des  extrémités  chromosomiques  pouvant  être  réellement 
libres  de  celles  dues  à  un  sectionnement  par  le  rasoir,  mais  tout  me  porte  à 
croire  que  dans  le  Voclopkyllum,  comme  ailleurs,  il  ne  se  produit  aucun 
aboutement  entre  les  divers  chromosomes.  Il  est  probable  que  c'est  la 
présence  de  scissions  transversales  dans  les  chromosomes  qui  a  pu  faire 
croire  à  Overton  que  le  spirème  était  formé  d'une  série  de  chromosomes 
condensés,  séparés  par  des  intervalles  achromatiques.  En  effet,  si  les 
scissions  transversales  sont  très  fréquentes  à  la  métaphase,  on  en  remarque 
également  dès  la  prophase;  cependant,  dans  le  matériel  que  j'ai  examiné, 
elles  sont  beaucoup  plus  rares  et  n'intéressent  qu'un  ou  deux  éléments,  la 
plupart  des  noyaux  même  n'en  montrent  pas. 

Le  l'odopliyllum  peltalurn  (|ue  j'ai  étudié,  cultivé  au  jardin  botanique  de 
Lille,  possède  12  chromosomes  diploidiques.  Overton  (lyo."))  et  Mottier 
(1907)  signalent  8  chromosomes  dans  les  noyaux  haploidiqucs  et  i(')  dans 
les  noyaux  diploidiques.  On  peut  se  demander  si  cette  espèce  n'olTre  pas 
plusieurs  races  caractérisées  par  des  nombres  chromosomiques  différents. 
J'ajouterai  que  j'ai  observé  aussi  12  chromosomes  diploidiques  dans  le 
l'odopliylhim  Einodi  Wall,  et  dans  V/ijumediumpinnanuii  Kisch. 


l'HVSIOLOGIi;.  —  Ikilioii  (diimnlaiir  cl  rilainincs.  Nol<'  de  MM.  A.  Ihcsciii';/. 
et  II.  ItiKitKV,  présentée  pai"  M.  d'Arsonval. 

Nous  avons  préeédemment  entrepris  l'étude  des  besoins  alimentaires 
spécifiques  de  rorganisme('),  et,  en  prenant,  comme  base  de  nos  expériences, 


(')   Comptes  rendus,  t.  171,  i\yiO,  \i.  laoy  el  iSyS. 


SÉANCE  DU  25  AVRir,  I921.  I069 

l'indispensable  notion  des  bilans  azotés,  nons  avons  recherché  tout  d'abord 
dans  quelles  limites  des  principes  nutritifs  isodynames  peuvent  se  suppléer 
sans  dommage  pour  l'organisme,  c'est-à-dire  être  physiologiquenient 
équivalents. 

Nos  expériences  sur  le  rat,  soumis  à  des  régimes  synthétiques  déficients 
en  vitamines,  ont  montré  que  l'équilibre  azoté  peut  être  assuré,  un  certain 
temps,  par  des  proportions  déterminées  de  protéines,  de  sucres  et  de 
graisses,  dans  une  ration  de  valeur  énergétique  donnée  et  suffisante;  que  le 
minimum  de  chacun  des  trois  éléments  est  conditionné  par  la  structure 
chimique  et  le  rapport  des  deux  autres;  et,  enfin,  que  le  minimum  d'azote 
se  trouve  atteint  quand  un  hydrate  de  carbone  est  présent  dans  la  ration  à 
un  taux  élevé. 

(^)ue  se  passera-t-il,  chez  l'animal  recevant  une  ration  bien  équilibrée,  si 
l'on  vient  à  supprimer  un  des  éléments  constituants  de  cette  ration,  en 
élevant  parallèlement  le  taux  des  deux  autres,  ou  de  l'un  d'eux  seulement, 
au  prorata  du  pouvoir  calorifique?  C'est  ce  que  nous  avons  demandé  à  de 
nouvelles  expériences. 

Des  rats  adultes,  mâles,  a»  repos  (  tempéraliire  evléiieure,  16"  à  18°),  sont  soumis 
à  une  diète  synthétique  :  eau.  sels,  albumines  d'oeuf,  sucres  purs,  graisses  préparées 
et  exemptes  d'azote  (').  Ces  animaux  sont  maintenus  en  équilibre,  puis,  après  des 
temps  variables,  soumis  an  jeune  hydrocarboné  ou  au  jeûne  lipéiqiie.  Pour  réaliser 
ces  conditions,  il  suffit,  les  sels  et  les  albumines  demeurant  fixes,  de  remplacer  totale- 
ment les  sucres  par  des  poids  isodvnames  de  graisses,  ou  inversement. 

I.  Effets  du  jeûne  hybrocarboné.  —  Des  rats  sont  maintenus  en  équilibre  total, 
pendant  six  jours,  avec  une  ration  comprenant,  par  exemple,  par  gramme  de  rat  et  par 
jour,  08,0078  d'albumines  d'œuf,  08,019  de  sucres  (10  parties  de  lactose,  70  parties  de 
saccharose,  20  parties  de  lévulose),  os,oi6  de  graisses  (i  partie  de  graisse  de  bœuf, 
1,5  partie  de  graisse  de  porc,  o,5  partie  de  graisse  de  mouton).  Le  septième  jour,  on 
supprime  brusquement  les  hydrates  de  carbone  que  l'on  remplace  par  une  quantité 
isodyname  de  graisse.  Le  bilan  azoté  se  montre  négatif  dès  le  lendemain. 

Si  l'expérience  de  substitution  n'est  pas  trop  prolongée,  en  abaissant  l'apport  des 
graisses  et  en  introduisant,  dans  la  ration,  le  minimum  indispensable  d'hydrates  de 
carbone,  on  peut  assurer  à  nouveau  l'équilibre  azoté. 

L'expérience  peut  être  réalisée  en  faisant  également  passer  les  rats  d'un  régime 
ordinaire  à  un  régime  synthétique  dépourvu  d'hydrates  de  carbone. 

II.  Effets  du  jeûne  lipéique.  —  Des  rats  sont  alimentés,  pendant  un  mois,  avec  du 
pain,  des  carottes  et  des  légumes  verts,  puis  avec  une  ratipn  synthétique  contenant  les 

(')  Le  test  phvsiologique  de  la  déficience  en  vitamines  des  aliments  de  cette  nUion 
avait  été  préalablement  réalisé  sur  des  rats  jeunes  et  des  rats  adultes. 

C.  R.,  19Î1,  1"  Scmcs^/e.  (T.  172,  N"  17.)  19 


1070  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

éléiiiejils  en  propoilimis  coincnahles,  mais  privée  de  vilamine».  jiis(|irà  ce  que  Téqui- 
libre  a/.oté,  d'abord  assuré,  devienne  précaire  (i5  à  20  jours). 

On  les  remet  ensuite  au  régime  naturel  précédent,  pendant  trois  mois,  pour  les 
re])lacer  dans  les  conditions  initiales.  Et  alors  que  ces  rats  sont  revenus  à  l'équilibre 
total,  ils  reçoivent  la  diète  synthétique  (qui  avait  primitivement,  dans  les  mêmes 
conditions  extérieures,  assuré  l'équilibre  azoté),  mais  dans  laquelle,  celle  fois,  les 
graisses  ont  été  remplacées  isodvnamiquement  par  les  mêmes  albumines,  en  très  faible 
part,  et,  pour  le  surplus,  par  les  hydrates  de  carbone  :  lactose,  saccharose,  amidon 
soluble  et  dexlrine  purifiés  (').  Les  animaux  perdent  rapidement  du  poids  vif,  les 
bilans  de  l'azote  et  du  phosphore  de-viennent  négatifs.  \  titre  d'exemple,  les  bilans, 
pour  un  rat  de  2-0»,  à  ce  régime,  ont  été  les  suivants  : 


Azote 

_- ^M 

~      ^^_^ — ~ 

ingère. 

éliiiiim-. 

Bilan:!. 

0,  '|0 

0,49 

—,,,(.() 

1' 0 , 4  0 

0,43 

— o,o3 

Ti'oisiéme 
<_)iialrième  jour 

Au  septième  jour,  on  complète  la  ration  par  un  apport  en  facteurs  J>  et  A,  ce  dernier 
sous  forme  de  beurre  frais,  à  la  dose  de  os,oo2  |jar  jour  et  par  gramme  de  rai.  La  perle 
d'azote  s'arrête  très  rapidement;  toutefois,  les  -rats  ne  reprennent  pas  leur  poids  pri- 
mitif, même  avec  une  dose  croissante  de  beurre;  ils  ne  reprennent  leur  poids  initial 
qu'après  trois  semaines  de  régime  naturel  (pain,  carottes,  etc.).  11  ne  faut  pas  cepen- 
dant i(ue  l'épreuve  d'avitaminose  ait  été  trop  prolongée.  i\ous  avons  également  fail  la 
remari|ue  importante  d'une  plus  grande  fragilité  des  animaux  qui  ont  été  carences  une 
première  fois. 

En  rapprocliant  ces  expériences  de  celles  de  Me.  Calluni  cl  Davis,  de 
Drumniond,  de  Ilindhede,  on  voit  c}ue,  d'une  part,  avec  une  nourriture 
dépourvue  de  graisses,  renfermant  seulement  des  albumines  et  des  hydrates 
de  carbone,  mais  riche  en  vitamines,  la  croissance  du  jeune  animal  et 
l'équilibre  de  l'adulte  peuvent  être  assurés,  et  que,  d'autre  part,  dans  IVav- 
It/nii/iose  (canence  de  vitamines),  l'équilibre  azoté  ne  peut  être  maintenu  que 
si  les  constituants  de  la  ration  sont  tous  présenis  et  figurenl.  dans  le  régime, 
suivant  certaines  proportions. 

Il  faut  donc  admettre  que  les  (|uantités  des  facteurs  compléuientairos  A, 
15  et  C,  exigées  par  l'organisme,  varient  non  seulement  avec  les  espèces 
alimentaires,  mais  avec  les  proportions  de  ces  espèces  présentes  dans  la 
ration;  il  faut  admettre  également  que  chaque  espèce  alimentaire  exerce 
un  rôle  fonctionnel,  au  sens  cliimi([uc  du  mot,  dans  le  métabolisme  inter- 
médiaire des  deux  autres. 

('  )  Ces  derniers  sont  incorporés  dans  un  gâteau  cuit,  jjour  éviter  les  troubles  intes- 
linaux,  la  forme  d'admiirislralion  n'étant  |>as  indilTérente. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1921.  IO71 

Déjà  le  fail  que  lu  suppléance  iTexiste  pas  eiiti'c  les  liydrales  de  carbone 
et  les  graisses,  vis-à-vis  d'une  iiiêuie  alhuinine,  et  que  le  calabolisine  de 
certains  acides  aminés  et  acides  f^ras  (cétoj;èiies)  est  conditionné  par  les 
sucres,  faisait  prévoir  l'importance  de  la  fonction  et  de  la  slruclure  chi- 
mique de  l'aliment.  Comme  la  dégradation  des  proléiqnes,  des  sucres  et 
des  graisses  comprend  des  phénomènes  simultanés,  donnant  naissance  à 
des  corps  réagissant  les  uns  sur  les  autres,  il  faut  admettre  que  si,  par 
l'apport  même  de  la  nourriture,  ces  combinaisons  se  trouvent  assurées, 
les  réserves  n'ont  que  peu  ou  pas  à  entrer  en  action.  Il  en  résulte  vraisem- 
blablement des  |)rocessus  différents  mis  en  OHivre  par  l'organisme  et  dont 
certains  réclament  le  concours  plus  ou  moins  impérieux  des  vitamines. 


PHYSloI.OGllî.  —  Tension  sn[i('r/icieUe  et  choc  anaphylnctique.  Note 
de  M.  AuGCsTE  LuMrtRE,  transmise  par  M.  Roux. 

Attribuant  un  rôle  capital  à  la  tension  superficielle  dans  la  production  du 
choc  anaphylactique.  M.  Kopaczewski  (  ')  a  prétendu  que  l'addition,  à  la 
dose  déchaînante,  d'une  solution  d'hyposulfite  de  soude  à  5  pour  100,  cjue 
nous  avons  indiquée  pour  empêcher  le  choc,  agissait  précisément  en  abais- 
sant la  tension  superficielle  du  sérum. 

Les  mesures  que  nous  avons  faites  tendent  à  montrer  cjue  Ihyposulfile 
employé  dans  les  conditions  indiquées,  augmente  au  contraire  cette 
tension. 

Nous  avons  bien  eu  soin  de  faire  observer  dans  notre  Note  précédente  (-) 
cjue  nos  mesures  ne  devaient  pas  être  considérées  en  valeur  absolue,  mais 
seulement  dans  les  rapports  qu'elles  ont  entre  elles,  les  dispositifs  expéri- 
mentaux mis  en  œuvre  pour  effectuer  ces  déterminations  ne  permettant 
pas  d'évaluer  avec  une  rigueur  suffisante  tous  les  éléments  du  problème. 

Sans  tenir  compte  des  réserves  que  nous  avons  faites  sur  ce  point, 
M.  Ivopaczevvski(''  )  conteste  nos  conclusions,  en  prenant  pour  prétexte  le 


(')  ^^  .  KoPACZEWSKi,  Le  rôle  de  la  tension  superficielle  dans  les  phénomcncs  de 
c/ioc  {Comptes  rendus^  t.  172,  1921,  p.  SSy). 

(■-)  A.  Lumière,  Tension  super ficiidle  cl  choc  anaphylactique  {Comptes  rendus, 
l.  172,  1921,  p.  54/1). 

(^)  W.  KbPACZEWSKi,  Tension  superficielle  et  anlianaphylaxie  {Comptes  rendus, 
l.  172,  i9'2i ,  |).  9?i6). 


1072  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 

fait  que  nos  résultats  ne  correspondent  ])as.  en  valeur  absolue,  aux  mesures 
de  la  tension  superficielle  du  sérum  normal  effectuées  par  d'autres  auteurs. 

Or  nous  n'avons  jamais  voulu  déterminer  cette  tension,  mais  montrer 
seulement  qu'elle  était  augmentée  et  non  diminuée  par  l'addition  d'Iiypo- 
sulfite. 

C'est  ce  que  de  nouvelles  expériences  sont  venues  confirmer,  en  em- 
ployant aussi  bien  la  méthode  des  gouttes  que  celle  des  ascensions  capil- 
laires. 

Nous  avons  trouvé,  dans  tous  les  cas,  qu'en  ajoutant  au  sérum  un  égal 
volume  de  solution  d'byposulfite  à  5,  10,  i5  ou  20  pour  100,  la  tension 
superficielle  était  augmentée  d'autant  plus  que  la  solution  est  plus  concen- 
trée. 

D'ailleurs,  le  choc  anaphylactique  est  aussi  d'autant  plus  sûrement  évité 
que  la  concentration  de  la  solution  est  plus  forte. 

Les  premières  mesures  sur  lesquelles  M.  Kopaczewski  basait  l'opinion 
que  l'hyposulfite  abaissait  la  tension  superficielle  du  sérum  et  que  la 
suppression  du  choc  était  précisément  la  conséquence  de  cette  diminution 
de  tension,  paraissent  entachées  d'erreur;  elles  ne  peuvent  donc  être  invo- 
quées en  faveur  du  rôlede  cette  tension  superficielle  dans  le  choc  anaphy- 
lactique. Nous  n'avons  pas  voulu  démontrer  autre  chose. 

Nous  ne  nous  attacherons  pas  à  réfuter  les  autres  arguments  d'ordre  très 
secondaire  que  M.  Kopaczewsisi  mrnlionne,  Ir  fait  principal  sur  lequel  il 
s'appuie  n'étant  pas  exact. 


BIOLOGIE.  —  La  régénération  des  s^Iandcs  génitales  chez  les  Planaires. 
Note  de  M.  A.  Vaxdkl,  présentée  par  M.  Henneguy. 

J'ai  signalé  dans  une  Note  précédente  (')  qu'un  fragment  postérieur  de 
Planaire  (Polycelis  cornuta)  produit  par  scissiparité  et  dépourvu  d'éléments 
génitaux,  était  devenu  ultérieurement  un  individu  sexué.  J'ai  observé 
depuis  une  dizaine  de  cas  analogues,  et  l'on  peut  admettre  que,  en  règle 
générale,  les  individus  produits  par  voie  asexuée  commencent  par  se  mul- 
tiplier, pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  par  scissiparité,  puis 
évoluent  finalement  vei's  la  sexualité. 

Il    est   possible   cependant  que   ces    fragments   postérieurs    contiennent 


(')  Comptes  rendus,  t.  171,  199,0,  p.  i>.^). 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I92I.  lOyS 

quelques  cellules  germinales,  et  il  était  nécessaire  d'entreprendre  de  nou- 
velles expériences  pour  établir  de  faron  certaine  le  développement  de 
glandes  génitales  à  partir  de  fragments  asexués.  T. -H.  Morgan  (1901)3 
signalé  rapidement  que  des  Plano/ia  liigubris  (en  réalité  l'I.  simplicissima 
Curtis)  coupées  en  avant  des  ovaires  et  réduites  ainsi  à  la  partie  céphalique 
sûrement  asexuée,  avaient  donné  des  Planaires  entièrement  sexuées  et  aptes 
à  se  reproduire  (').  Mais  Morgan  n'ayant  touché  que  très  accessoirement 
à  celle  question,  il  m'a  paru  intéressant  de  reprendre  ces  expériences.  J'ai 
opéré  principalement  sur  Polycclis  cornula.  Les  animaux  étaient  sectionnés 
en  avant  des  ovaires,  et  les  parties  céphaliques  dépourvues  de  glandes  géni- 
tales étaient  cultivées  et  nourries.  Pour  être  certain  que  les  ovaires  n'étaient 
pas  contenus  dans  les  parlies  céphaliques,  j'ai  fixé  et  débité  en  coupes 
sériées  les  parlies  postérieures  de  manière  à  m'assurer  qu'elles  renfermaient 
bien  toutes  les  glandes  génitales.  Je  n'ai  pas  tenu  compte  des  pièces  cépha- 
liques oîi  il  pouvait  subsister  des  fragments  d'ovaires. 

Une  première  expérience,  commencée  le  5  août,  a  porté  sur  10  Pol. 
curnuta;  ,1  fragments  antérieurs  ont  régénéré.  Le  26  septembre,  l'un  des 
individus  est  fixé;  il  possédait  deux  petits  ovaires,  mais  pas  encore  de  testi- 
cules. Les  quatre  autres  Planaires  sont  fixées  le  21  décembre;  chez  toutes, 
il  existait  des  ovaires,  des  testicules  assez  nombreux  et  des  débuis  d'organes 
copulateurs. 

Une  autre  expérience,  commencée  le  26  octobre,  a  fourni  des  résultats 
moins  nets,  car  plusieurs  morceaux  antérieurs  devaient  contenir  des  frag- 
ments d'ovaires  et  je  n'ai  pu  en  tenir  compte.  Cependant  un  fragment  cer- 
tainement asexué  adonné  un  individu  normal  qui,  fixé  le  11  avril  de 
l'année  suivante,  présentait  des  ovaires,  des  testicules  et  des  ébauches 
d'organes  copulateurs. 

J'ai  fait  aussi  quelques  expériences  sur  Vlanaria  alpina,  mais  la  mortalité 
des  fragments  semble  être  plus  grande  chez  cette  espèce  que  dans  la  précé- 
dente. Néanmoins  un  animal  opéré  le  24  août  a  donné  une  petite  Planaire 
qui,  le  i3  décembre,  au  monieîit  où  je  l'ai  fixée,  possédait  des  ovaires,  des 
testicules  et  un  appareil  copulateur  déjà  assez  différencié.  Les  glandes  géni- 
tales peuvent  donc,  chez  les  Planaires,  se  régénérer  à  partir  d'éléments 
non    différenciés    sexuellement.    Quels    sont    ces    éléments?    Toutes  les 


(')  La  régénéralion  des  glandes  génitales  chez  les  Planaires  a  été  signalée  également 
par  Schultz  (1902),  Monti  (191'.)  elZweibaum  (191 5);  mais,  dans  tous  les  cas,  il  s'agit 
de  régénération  à  partir  de  fragments  contenant  encore  des  glandes  génitales,  en  sorte 
que  l'origine  des  nouvelles  glandes  n'est  pas  précisée. 


I074  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

recherches  sur  l'eruhryologie  et  la  régénération  des  Planaires,  ainsi  que 
mes  observations  personnelles,  semblent  bien  établir  que,  chez  ces  animaux, 
la  plupart  des  organes,  y  compris  les  éléments  génitaux,  proviennent  de 
certaines  cellules  parenchymateuses  indiiïérenciées  et  à  caractères  embryon- 
naires (').  Le  grand  pouvoir  de  régénération  des  Planaires  est  proba- 
blement en  rapport  avec  l'état  indiflérencié  et  la  totipotence  de  ce 
parenchyme.  La  régénération  des  éléments  génitaux  ne  constitue  pas  un 
processus  spécial;  il  faut  la  rattacher  aux  pliénomènes  généraux  de  la 
régénération.  Là  où  le  pouvoir  de  régénération  est  très  grand,  il  y  a  aussi 
régénération  des  glandes  génitales;  c'est  le  cas  des  Cœlentérés  \Tubularia 
Driesch  (1889)],  des  Tuniciers  \('lmeltin(i  Schultz  (1907)],  de  certains 
Oligochèles  [Criodrilus  Janda  (1912)]  ;  c'est  enfin  le  cas  des  Planaires;  tous 
ces  groupes  présentent  justement  un  pouvoir  de  régénération  extrêmement 
étendu.  Dans  les  phylums  plus  spécialisés,  les  Insectes  et  les  Vertébrés  en 
particulier,  la  dillérencialion  des  tissus  est  beaucoup  plus  poussée,  le  pou- 
voir de  régénération  très  limité  et  la  régénération  des  gonades  impossible. 
Cependant  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  remarquer  que  chez  les  Pla- 
naires la  régénération  des  glandes  génitales  se  fait  beaucoup  plus  lentement 
(4  à  5  mois)  que  le  développenieni  de  celles-ci  chez  des  individus  produits 
par  la  voie  sexuée  (i  à  2  mois);  les  Planaires  marquent  le  point  où  la  régé- 
nération des  gonades  est  encore  possible,  mais  où  elle  devient  déjà  lente  et 
difficile  (-). 


BIOLOGIE.  —  Sur  les  modijicalions  aria ptali ses  de  Dunaliella  salina  hiiital  (  ''). 
Note  de  M.  Alphonse  Labbk,  présentée  par  INL  Henneguy. 

Diinabclld  suli/ni  Dunal  est  une  C^hlaiiiydomonade  commune  dans  les 
œillets  des  marais  salants,  dont  elle  colore  les  eaux  en  rouge  brun.  L'élude 
de  ce  llagellé  a  été  bien  faite  notamment  par  Hamburger  et  Teodorcseo. 

(')  Il  Cil  d'ailleurs  probable  que  ces  cellules  ne  représeiUenl  jtas  toutes  (Jo>  élénieuls 
embryonnaires,  uiais  que  plusieurs  résultent  de  la  dédineiencialion  d'anciens  tissus,  .le 
ne  peux  insister  ici  sur  cette  question  qui  soulève  des  problèmes  de  la  plus  grande 
importance, 

{'')  Ce  qui  e\pli(|iie  que  la  plupart  des  espèces  de  Planaires  où  est  apparue  la  repro- 
duction scissipare  deviennent  presque  normalement  asexuées;  le  fait  est  particulière- 
ment frappant  :  en  Europe,  chez  /'/.  viU/i  et  PL  siiblcnlaciildln :  en  Amérique,  chez 
PI.  velatd  et  PI.  dorolocepliala.  dont  les  appareils  reproducteurs  sont  encore  tota- 
lement ou  à  peu  près  inconnus. 

(■')  Travail  du  Laboialoire  de  Miologie  niariiic  du  Croisic. 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    I92I.  lOTfl 

Donnasdii  el  Fauré-Freiniet(')  ont  t'ait  une  analyse  chimique  du  pigment 
brun,  qui,  comiue  nous  le  verrons,  gagnerait  à  être  reprise  dans  une  autre 
direction. 

Kn  tentant  Tarlaptation  des  'Duiudicll<i  à  des  milieux  diilerents,  j'ai  pu 
faire  quelques  remarques  intéressantes,  dont  je  donnerai  les  premiers  ré- 
sultats : 

PltiiMiÈiii;  EXi'ÉitiKNCK.  —  l 'assoi^t'  de  l'eau  siirsatée  à  l'eau  douce.  —  D.  sa/iiia 
\'ivaiit  normalement  dans  l'eau  sursalée  à  une  concenlrallon  telle  que  seul  l'Infusoiie 
Fabrea  salina  Ilenneguy  peut  y  vivre  avec  lui,  on  en  déduira  facilement  que  l'adap- 
tation à  l'eau  douce  ne  peut  se  faire  que  très  lentement  et  par  étapes  successives. 
J'avais  commencé  cette  expérience  dès  I9i3,  mais  elle  ne  put  être  menée  à  bien  en 
liiison  de  ma  mobilisation.  Je  recommençai  en  juillet  1920  el  j'avais  déjà  des  résultats 
eu  septembre  1920;  mais  voulant  être  assuré  d'avoir  des  individus  bien  adaptés,  je 
poussais  l'expérience  jusqu'en  mars  1921,  et  elle  continue. 

Je  possède  actuellement  une  forme  de  DunalieUa  parfaitenienl  accomodée  à  l'eau 
douce  et  qui,  jusqu'à  ce  moment,  paraît  stable.  Elle  diffère  de  la  forme  des  salines  par 
la  disparition  du  pigment  brun,  qui  persiste  cependant  souvent  sous  la  forme  d'une  ou 
deux  granulations  brunes  (^);  par  la  présence  d'amyloleucites  verts,  chlorophylliens, 
dont  le  corps  se  trouve  bourré.  Les  individus  paraissent  se  reproduire  uniquenieul  par 
scissiparité. 

Les  auteurs  antérieurs  avaient  bien  observé  les  formes  chlorophylliennes 
en  diluant  l'eau  de  mer,  mais  n'avaient  pas  fait,  je  crois,  l'expérience  inverse. 
Or  c'est  précisément  le  passage  des  formes  d'eau  douce  à  l'eau  salée  qui 
donne  les  résultats  les  plus  intéressants. 

DEL'MtJiE  EXPÉRIENCE.  —  Passagede  l'eau  douce  à  l'eau  sursalée.  —  Il  est  beaucoup 
plus  facile,  les  individus  supportant  très  bien,  en  général,  le  retour  à  la  concenti  ation 
saline. 

iJès  le  début,  il  y  a  formation  très  active  de  petites  zoospores  vertes  à  sligma  rouge, 
qui  se  conjuguent  el  donnent  des  zygotes  immobiles.  Puis  il  se  fait,  dans  un  certain 
nombre  d'individus  qui  ne  se  distinguent  en  rien  des  autres,  un  retour  à  la  forme 
salina.  I^a  transformation  se  fait  en  un  temps  vaiiable,  mais  qui  peut  ne  pas  dépasser 
quelques  heures,  et  peut  être  suivie  facilement  au  microscope.  Elle  suit  les  phases  ci- 
après,  que  je  résume  brièvement  : 

Expulsion  ou  non  du  sligma.  —  Concentration  plasniolytique  du  corps  cliloro- 
phyllien,  où  se  lrou\e  tout  l'amidon  de  la  cellule;  le  reste  du  cytoplasme  est  formé  de 
granules  semblables  aux  grains  d'amidon,  mais  incolores  par  la  réaction  iodée.  — 

('.)  C.  B.  Soc.  Biologie. 

(-)  Qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  stigma  des  zoospores  vertes,  d'ailleurs  incons- 
tant dans  les  z\gotes,  mais  qui  ne  légitime  nullemejit  la  coupure  en  deux  espèces  que 
Teoderesco  a  faite  dans  IJ.  salina. 


1076  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Appaiilioi)  de  granules  ^?)  ou  de  vacuoles  ayant  la  réaction  du  glycogène.  aux  dépens 
des  granules  incolores  précédents. —  Formation  dans  le  corps  clilorophyllieii  d'une 
vacuole,  d'abord  jaune  verdàtre,  puis  jaune  brun,  puis  brun  rouge  qui  grandit  de  plus 
en  plus;  en  même  temps  disparaissent  les  clilôroleucites  et  tout  l'amidon;  la  réariion 
iodée  se  fait  de  plus  en  plus  faiblement,  puis  les  grains  deviennent  llous,  indistincts, 
et  disparaissent.  —  Le  liquide  brun  rougeâlre  de  la  vacuole  s'étend  alors  à  tout  le 
cytoplasme;  en  même  temps  apparaissent  de  nombreux  petits  granules  biillants.  res- 
semblant à  des  cristalloides  et  animés  de  mouvements  browniens  vifs.  L'état  final  est 
une  cellule  piriforme,  rouge  brun  un  peu  verdàtre,  présentant  à  l'extrémité  antérieure 
les  dei'.x  flagelles  et  deux  petites  vacuoles  pulsaliles;  en  arrièie  des  flagelles  se  trouve 
une-grande  vésicule  très  contractile,  remplie  de  granules  à  mouvements  browniens  et 
se  déformant  sans  cesse.  Là  se  trouve  le  noyau,  invisible  sans  coloration,  cette  vési- 
cule ressemble  à  la  vésicule  collectrice  des  Cliloromonadines.  Plus  en  arrière,  un  gros 
pyrénoïde,  qui  lui  aussi  est  déformable  et  change  de  forme  suivant  les  mouvements 
de  la  vésicule.  La  cellule  devient  alors  immobile,  forme  un  kyste  rouge  qui  se  divise 
activement,  formant  sept  ou  huit  zoospores  rouges.  Tout  cela  semble  correspondre  à 
des  phénomènes  physiques  (modifications  de  la  tension  osnioti((ue;  passage  du  gel 
proloplasmique  à  l'état  de  sol)  et  à  des  phénomènes  chimi([ues  (disparition  de  l'ami- 
don ;  passage  de  la  chlorophylle  au  pigment  rouge). 

Mes  expériences  se  poursuivant,  je  ne  puis  donner  acturllenient  que  ces 
indicalions.  Je  puis  cependant  en  indiqtier   les   conclusions  probables. 

La  ([uestion  du  pigment  rouge  (fabréine  de  Donnasson  et  Fauré-Fre- 
miet)  qui  se  substitue  à  la  chlorophylle  serait  à  reprendre,  car  ce  pigment 
me  paraît  se  rapprocher  des  anlhocyanines;  dans  le  cas  particulier  des 
Dunahdlla,  il  est  précieux  de  pouvoir  suivre  au  microscope  l'alternance 
des  deux  pigments. 

Kn  ce  qui  concerne  les  facteurs  de  la  transformation,  Tlnpothèse  sim- 
pliste de  Teodoresco  ne  peut  être  conservée  et  il  ne  s'agit  pas  là  de  deux 
espèces  distinctes  {D.  satina  et  D.  viridis).  Il  s'agit  d'une  alternance  de 
formes  due  aux  changements  de  milieu.  L'inlluence  directe  de  NaCl  ne 
saurait  être  envisagée,  car  j'obtiens  des  résultats  analogues  dans  l'eau 
sucrée  concentrée,  les  solutions  goumieuses,  les  solutions  de  cidorure  de 
calcium,  ctc,  Le  rôle  important  est  cerlainemenl  dévolu  à  la  tension  osmo- 
liquc  et  à  la  viscosité  des  liquides,  mais  ces  facteurs  ne  sont  probablement 
pas  les  seuls  qu'on  doive  invo(|uer,  la  question  se  compliquant  d'une 
influence  saisonnière  oi'i  la  lumière  et  la  température  ont  un  rôle  encore 
imprécis. 


SÉANCE  DU  2!"ï  AVRII,  I921.  1077 


MiCGANIQUi;  BIOLOGI'^UE.  —  De  bi  variation  en  poids  des  muscles  ahaisseurs  et 
rcleveurs  de  l' aile  siiivanl  retendue  de  la  surface  alaire  chez  les  Oiseaux. 
Note  de  M.  A.  Magnan,  présentée  par  \l.  Kdinond  Perrier. 

En  collaboration  avec  M.  F.  Houssay  ('),  j'ai  déjà  fixé  la  relation  qui 
existe  entre  la  puissance  motrice  usuelle  des  Oiseaux,  leprésenlée  par  le 
poids  relatif  des  pectoraux,  c'est-à-dire  par  le  rapport  du  poids  de  ces 
muscles  au  poids  total  de  l'animal  et  la  surface  portante  ou  surface  alaire 
relative,  déterminée  par  le  rapport  de  la  surface  des  ailes  directement 
mesurée  en  cenlimèlres  carrés  à  la  surface  totale  du  corps  calculée  pai'  la 
formule  empirique  S  =  K\/P-,  dans  laquelle  P  est  le  poids  de  l'individu 
exprimé  en  grammes. 

] /élaboration  d'un  graphique,  sur  le  détail  duquel  je  ne  reviendrai  pas, 
nous  fit  immédiatement  apercevoir  cette  loi  imporlante.  que  la  surface  por- 
tante et  la  puissance  motrice  varient  chez  les  Oiseaux  en  sens  inverse. 
Autrement  dit  :  à  grande  surface  alaire,  petit  moteur  (planeurs);  à  petites 
ailes,  gros  muscles  pectoraux  (  l'amcurs).  El  j'ai  déjà  insisté  sur  ce  fait  que 
les  Oiseaux  volant  incontestablement  le  mieux  onl  le  plus  faible  moteur  et 
la  plus  grande  surface  alaire. 

J'ai  cherché  à  pénétrer  ce  problème  dans  ses  détails  en  étudiant  concur- 
remment le  poids  relatif  des  grands  pectoraux  dont  l'action  C(msiste  à 
abaisser  l'aile  pendant  le  vol  et  le  poids  relatif  des  petits  pectoraux  qui 
jouent  un  rôle  contraire  et  servent  à  relever  l'aile. 

Légal  et  Reichel  (-)  s'étaient  déjà  préoccupés  de  calculer  le  rapport  du 
poids  des  muscles  abaisseurs  au  poids  du  volateur.  Ils  avaient  trouvé  un 

rapport  moyen  de  -,  tout  en  faisant  l'emarquer  que  ce  rapport  est  de  7-x 
pour  le  pigeon  rameur  et  de nr  pour  la  mouette,  qui  pratique  le  vol  à 

\oile.  Ils  avaient  fait  observer  aussi  que  le  muscle  releveur  est  beaucoup 
plus  faible  que  le  muscle  abaisseur.  Leurs  travaux  amenèrent  à  penser  que 


(')  1'.  Houssay  et  A.  Magnan,  La  surface  alaire,  le  poids  des  muscles  pectoraux  el 
te  régime  aliinenlaire  chez  tes  Oiseau. r  carinalcs  {Comptes  rendus,  l.  133,  191 ', 
p.  89.!). 

(-)  Légal  et  Reichel,  IJeber  die  Beziehungen  der  Flugmusculatiir —  im  Berichl 
iirl).  d.  Thiit.  d.  NnUirwiss.  S,  d.  Scld.  Ges.,  1879,  p.  72-108. 


1078  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  relevée  de  l'aile  se  fait  sans  le  secours  d'aucun  effort  musculaire  :  c'est  ce 
que  Marey  cl  Talin  ont  appelé  la  icmonlée  passive  de  fai/e,  au  cours  dv 
laquelle  les  iiuisck-s  abaisscurs  travailleraient  pour  ralentir  celli'  relevée 
qui,  sans  leur  action  modératrice,  sérail  tro[)  brusque. 

Les  rechercbes  que  j'ai  effectuées  sur  le  poids  des  petits  pectoraux 
suivant  les  dillerenls  groupes  d'oiseaux  m'ont  donné  des  résultats  qui 
conduisent  à  des  conclusions  autres.  J'ajouterai  que  ces  recherches,  que  je 
résume  dans  le  Tableau  suivant,  sont  basées,  non  pas  comme  celles  des 
auteurs  précités,  sur  l'examen  d'un  petit  nombre  d'individus,  mais  sur 
l'étude  de  près  de  4oo  Oiseaux  consciencieusement  déterminés  par  moi- 
même. 

l>oi,ls 

des  grands  des  |jclils 

pectoraux  pcclonmx 

l'oids  moveii     Suifacc  relative         par  kilo  par  kiln 

«lu  Corps.  des  ailes.  d'aiiinial.  d'aniiiLil. 

c  <m=  g  1: 

l-lapaces  diurnes , i."j-."),-  26,4  loi,.")  8,1 

Rapaces  nocturnes JjiS  '^3,7  9-i  H  ">i-> 

Grands  Echassiers 42")(3,f3  20,7  '^J-d  i;"»,3 

Corvidés 439  'T'i  ■'^'^  '"/' 

Palmipèdes  à  grandesailes.  .  11.ÎJ7.2  16.6  116, 4  9,> 

Passereaux 20.6  14.2  '7ii4  iS.4 

l'elils  Echassiers 23i,9  i3,3  213  32,3 

Cïolombins 4oo..5  •2,t  239,9  38,8 

Oies,  Canards 1062,8  8.8  180. g  21, 3 

Gallinacés "n5  7,8  ".y^-'»  •'>'J)9 

<  Hseaux  |)longeurs 817  ().4  123,2  22,  '1 

Il  ressort  de  ce  Tableau  que,  chez  les  Oiseaux,  le  poids  relatif  des  petits 
pectoraux  varie  dans  l'ensemble  comme  celui  des  grands  pectoraux,  c'est- 
à-ilire  en  sens  inverse  de  la  surface  alaire.  Plus  l'aile  est  grande,  plus 
l'cfTort  musculaire  nécessaire  pour  ol)lenir  l'abaissement  et  le  relèvement 
de  celle-ci  est  minime.  Dans  ces  conditions,  on  pourrait  peut-être,  à  la 
rigueur,  dire  que  la  remontée  est /;/e5(/«c  automatique,  le  travail  des  petits 
pectoraux  étani  peu  important. 

J^ar  contre,  chez  les  Oiseaux  à  petite  surface  alaiie,  il  n'en  est  plus  de 
même.  Le  poids  relatif  des  muscles  releveurs  se  révèle  jusqu'à  dix  fois  plus 
considérable  que  chez  les  Oiseaux  à  grande  surface  portante.  De  plus,  alors 
que  les  muscles  élévateurs  sont,  en  moyenne,  près  de  vingt  fois  plus  petits 
que  les  abaisseurs  chez  les  Ra[)aces  (jui  ont  de  grandes  ailes,  ils  m-  le  sont 


SÉANCE    DU    aS    AVRIL    I92I.  107g 

plus,  par  exemple,  (juc  trois  l'ois  chez  les  Gallinacés  pourvus  de  pelilcs 
ailes.  La  relevée  de  l'aile  exige  donc  un  gros  efTort  musculaire  quand  la 
surface  perlante  est  réduite.  Et  cela  est  vrai  même  pour  les  Oiseaux  adaptés 
à  la  vie  aquatique  et  qui,  de  ce  fait,  n'eiïectuent  plus  que  des  vols  de  courte 
durée.  Leurs  grands  pectoiaux  se  sont,  en  partie,  atropliiés.  mais  leurs 
petits  pectoraux  sont  restés  assi'z  volumineux  pour  rendre  possible  la 
remontée  des  ailes  pendant  leurs  rares  envolées. 

La  résistance  de  l'air  n'est  donc  pas  suflisante,  comme  on  l'avait  cru 
jusqu'ici,  pour  relever  l'aile  pendant  le  vol.  chez  les  Oiseaux  à  petite  surface 
portante  particulièrement.  Le  muscle  doit  toujours  intervenir  pour  réaliser 
cette  remontée  et  l'elforl,  et  par  conséquent  le  muscle  lui-même,  devient 
d'autant  plus  gros  que  l'aile  est  plus  réduite. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  .substance  organitfue  fondaincnlalc  de 
V amylopecdne .  Note  de  MM.  Samec  et  Anka  Maïer,  présentée 
par  M.  L.  Maquenne. 

Nous  avons  montré  antérieurement  que  l'amylopecline  de  Maquenne  ('  ) 
est  l'éther  phosphorique  d'un  hydrate  de  carbone  encore  indéterminé  (-), 
mais  qui,  d'après  les  travaux  de  Maquenne  et  Roux  ('),  de  Fouard  (')  et 
de  M""'  (iruzewska  ('),  ne  doit  pas  différer  beaucoup  des  amyloses.  Etant 
donné  que  l'électrodialyse  des  solutions  d'amidon  donne  lieu  à  un  dépôt 
gélatineux  d'amylopectine  et  à  une  solution  claire  d'aïuylose,  il  était 
possible  de  séparer  ces  deux  corps. 

Pour  y  parvenir  on  éleclrodialyse  un  empois  à  2  pour  100,  chauffé 
à  120°  pendant  une  demi-heure,  on  décante  à  la  pipette  la  solution  d'amy- 
lose  qui  surnage,  on  mélange  le  dépôt  avec  de  l'eau,  on  électrodialyse  à 
nouveau,  et  ainsi  sept  à  huit  fois  de  suite,  jusqu'à  ce  que  le  liquide  décanté 
ne  se  colore  plus  par  l'iode.  On  obtient  ainsi  une  gelée  transparente  qui 
renferme  de  5  à  8  pour  100  d'amylopectine  (à  0,162  pour  100  de  P-0*) 
et  se  colore  par  l'iode  en  brun  violacé.  Diluée  à  2  pour  100,  cette  gelée 
possède  une  conduclivité  électrique  égale  à  53.10""  et,  d'après  les  mesures 
osinotiques,  un  poids  moléculaire  moyen  de  i4oooo. 

(')  Comptes  rendus,  t.  140,  igoS,  p.  i3o3. 

(-)  Samec  et  von  Haefft,  Kolloïdch.  Beil.,  t.  a,  1918,  \>.  \!\i. 

{')  Ànn.  Phys.  et  Ch  ,  8"  série,  l.  9,  1906,  p.  179. 

('•)  L'étal  colloïdal  de  l'amidon^  I^aval,  191  (. 

{')  Journ.  Physiol.  et  Palhol.  gén.,  l.  l'i-,  1912,  p.  7. 


I()8o  ACADÉMIE    DES    SCIEN'CES. 

La  solution  d'amylose  que  Ton  obtient  en  mcnie  temps  se  colore  en  bleu 
franc  par  Piode;  le  poids  moléculaire  de  la  matière  dissoute  est  deGoooo 
à  70000,  avec  un  pouvoir  rotatoire  [3^],,=  189"  et  une  conductivité  élec- 
trique variable  de  3  à  S-io"".  Elle  présente  le  phénomène  typique  de  la 
rétrogradation. 

L'amylopectine  chaulTée  avec  de  l'eau  à  120°  se  dédouble  progressive- 
ment en  acide  phosphorique  et  un  hydrate  de  carbone  qui  se  dissout  et 
n'est  plus  séparable  par  éleclrodialyse.  Si  l'on  cliaufTe  dans  un  récipient 
de  platine,  qui  ne  peut  exercer  aucune  action  neutralisante  sur  les  ions 
hydrogène,  on  constate  qu'il  se  produit,  en  même  temps  qu'une  saponifi- 
cation de  l'amylopectine  et  à  cause  de  son  acidité,  une  désagrégation  de 
l'hydrate  de  carbone  mis  en  liberté.  Le  poids  moléculaire  de  la  matière 
dissoute  va  en  décroissant  et,  après  «S  heures  de  chaude  à  120°,  peut  des- 
cendre jusqu'à  moins  de  2000;  elle  peut  alors  traverser  en  partie  les 
membranes  de  collodion,  son  pouvoir  rotatoire  est  de  i^'j",  sa  conducti- 
vité électrique  G7. 10"',  enfin  elle  se  colore  par  l'iode  en  brun  violacé. 

Si,  au  lieu  d'opérer  dans  le  platine  on  emploie  des  vases  de  nickel,  dont 
le  métal  neutralise  la  liqueur  au  cours  de  sa  déconqiosilion.  l'amylopectine 
se  saponifie  sans  que  cette  fois  il  se  manifeste  aucune  désagrégation.  Le 
résultat  de  cette  expérience  est  donné  dans  le  Tableau  suivant  : 

Durée  Ainylopecline.  Sciliilinns. 

cliaitiïe  Color.         Contl.  cl.     Grandeur  Ccilur.  Conduil.        laanileiir 

à  ix'O".  par  l'ioilc.     à  2  p.  1(10.        molcc.  par  l'ioiie.     élerlriquc.         iiioU-c.        |  »  li- 

o''3o"' violet        pî.io   '^      i  i6ono  lileu  pur      5.io"''         80000      i!^*)" 

l)''3o"' violet        'i'|.io~''      >,22ooo  luun  viol.      ,'|.io^''        i4oooi>      igS" 

L  hydrate  de  carbone  dérivé  de  l'amylopectine  a  un  poids  moléculaire 
sensiblement  supérieur  à  celui  des  amyloses  de  Macpienne;  il  donne  des 
solutions  limpides,  dont  la  viscosité  et  la  conductivité  électrique  sonl  du 
même  ordre  de  grandeur  que  celles  de  l'eau  distillée,  que  l'iode  colore  en 
rouge  violacé.  Ces  solulions,  à  i  ou  2f)our  i()o,ne  rétrogradent  pas,  même 
après  plusieurs  mois:  le  précipité  qui  s'y  forme  par  congélation  se  redis- 
sout de  lui-même  après  réchauffement.  Leur  pouvoir  réducteur  est  négli- 
geable, correspondant  à  o",  SoG  de  cuivre  pour  loon^^de  substance  dissoute. 

La  plus  grande  stabilité  de  ce  produit,  comparé  à  l'amylose,  est  en  rap- 
port avec  ce  fail  qu'il  est  moins  facilcmejit  lloculé  par  les  substances  qui, 
même  en  1res  faible  proportion,  précipitent  les  amyloses.  Le  Tableau  sui- 
vant indique  les  concentrations   centésimales  de  tanin  et  d'hydrate  de 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    I921.  loHl 

l)aryuin  qui  |)récipitent  les  solulioiis  d'amylose  el  de  riivdralc  de  carbone 
en  question,  l'une  el  Taulie  à  o,  iî  pour  100  :  •• 

llyilnitft  ri.'  caihoiie 
\iriyliise.  (I(!  ranivli)pccliiie. 

J'aniii o ,  I  r>  o ,  r)o 

lia  (OU  )■- 0,17  (),3j 

Jacquelain  ('),  Naei^eli  (-),  Maschke  (''),  Bécliamp  ('),  Musculus  (^) 
et  A.  Meyer  (")  onl  dû  avoir  entre  les  mains  un  produit  analogue,  plus  ou 
moins  mélangé  d'amyloses. 

Ainsi  que  l'un  de  nous  l'a  montré  dans  des  Communications  antérieures, 
le  chani;ement  de  coloration  jiar  l'iode  n'est  pas  toujours  un  critérium  cer- 
tain de  la  décomposition  de  l'amidon;  il  est  très  probable  que  la  coloration 
bleu  franc  des  amyloses  est  en  relation  avec  la  présence  de  structures  lacto- 
niques  et  que  le  passage  à  la  coloration  rouge  résulte  du  changement  de 
celte  structure  laclonique  en  une  chaîne  hydroxylée. 

La  forme  lactonique  étant  en  général  moins  soluble  que  celle  à  chaîne 
longue,  on  s'explique  ainsi  la  plus  grande  stabilité  de  l'hydrate  de  carbone 
dérivé  de  l'amylopectine,  bien  que  son  degré  de  condensation  soit  supé- 
rieur à  celui  des  amyloses  de  Maquenne. 

Pour  supprimer  toute  ambiguïté  dans  la  nomenclature  de  ces  corps,  nous 
proposons,  en  accord  avec  une  conclusion  déjà  énoncée  par  l'un  de 
nous  ('),  de  les  classer  do  la  manière  suivante  : 

(Niloriilicin   par  l'ioilf...                   [îlcii.  lînuge,  lîien. 

Sans  pou\oir  réducleur amyloanijloses  érjlliroamyloses  achrooamjloses 

Avec  pouvoir  réducleur.  .  .  .       amylodextiine  ér^  llirodexlrine  acluoode\li!ne 

Avec  réaction   acide.  .....          ac.  amylo-  ac.éruhio-  ac.  achroo- 

dex.trinique  de\lrinique  dexlrinique 

Les  amyloses  de  Maquenne  seraient  ainsi  rangées  parmi  les  amyloamy- 
loses  et  l'hydrate  de  carbone  dérivé  de  l'amylopectine,  dont  le  très  faible 
pouvoir  réducteur  est  dû  sans  doute  à  des  impuretés,  parmi  les  érythro- 

(')  Ann.  Pltys.  et  C/i.,    t.  73,  i8/|0.  p.  iG-. 

{'^)  Zcilschr.f.  wiss.  Balaii.,  1846,  p.  119. 

O  Journ.  f.  praLl.  Cli-,  t.  61,  l854,  p.  1. 

(*)  Comptes  rendu!!,  t.  30,  i856,  p.  121 1. 

(  ■  )  Bull.  Soc.  chiin.,  t.  22,  1874,  p.  26. 

('■)  Ber.  deut.  Bot.  Ges.,  t.  o,  1S87,  p.  171. 

(')  Samec,  Kolloïdch.  Beit.,  t.  tO,  1919,  p.  ■}.><{). 


io82  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

amyloses.  Les  différents  membres  de  ces  groupes  peuvent  affecter  différents 
états  de  condensation  et  certains  d'entre  eux  sont  capables  de  s'unir  aux 
acides  polybasi([ues  pour  former  des  éthers,  comme  celui  que  nous  con- 
naissons sous  le  nom  à'fimylopectinc  (  '  ). 


THÉRAPEUTIQUE.  —  Quelques  remarques  sur  Faction  des  radiations  lumi- 
neuses et  caloi'ifiques  dans  V héliothérapie.  Noie  (-)  de  M.  E.  Roux, 
présentée  par  M.  Quénu. 

Les  conditions  exceplionnelles  que  présente  pour  la  pratique  de  l'iiélio- 
ihérapie  ralmosphère  au  voisinai;e  du  massif  du  mont  Blanc  et  plus  spécia- 
lement à  Sainl-Ciervais  m'ont  permis  de  réunir  de  nombreuses  séries 
d'observations  concernant  le  trailemenl.  par  cette  physiothérapie  natu- 
relle, de  plaies  atones  banales  (ulcères  variqueux,  brûlures,  plaies  opéra- 
toires, etc.),  do  fistules  bacillaires,  de  tuberculoses  ganglionnaires,  de 
lupus,  d'arthrites  chroniques  tuberculeuses  ou  rliumalisiiiales,  de  névral- 
gies scialiques  ou  autres.  Un  autre  groupe  de  malades  tiailés  par  l'hélio- 
thérapie est  représenté  par  un  ceitain  nombie  de  lubi'iculeux  pulmonaii'es 
chroniques. 

Il  serait  banal  de  signaler  les  effets  heuieux  de  Théliothérapie  chez  ces 
divers  malades.  Du  moins,  est-ce  une  notion  moins  répandue  qu<'  celle  de 
l'action  très  différente,  suivant  tel  ou  tel  état  pathologique,  de  la  lumière 
solaire  //ojV/^'  ou  chaude,  toutes  autres  conditions  d'application  restant 
sensiblement  égales. 

En  hiver,  dans  les  preinièi<'S  heures  de  la  jouinée.  les  ladiations  solaires 
sont  exclusivement  lumineuses,  froides.  Entre  12''  et  i4'',  aux  radiations 
lumineuses  s'ajoutent  des  radiations  calorifiques,  chaudes.  D<-  telle  sorte 
que  le  malade  exposé  au  soleil  entre  9''  et  11''  subit  une  action  presque 


(  '  )  Ce  mode  de  classification  ne  parait  pas  présenter  gi'and  avantage  sur  cflui  ipii 
est  généralement  adopté.  Il  nous  semble  pUis  logique  de  réserver,  comme  nous  l'avons 
fait,  M.  Uou\  et  moi,  la  dénomination  A'amrloses  l\  tous  les  corps  qui  se  colorent  en 
bleu  par  l'iode,  y  compris  l'amylodexlrine  qui  n'est  qu'une  aniviose  dégradée,  et  de 
rejeter  tous  les  autres  dans  la  famille  des  dexliine?,  quelle  t[ne  soit  leur  action,  d'ail- 
leurs très  variable,  sur  la  liqueur  cupropolassique.  Les  érytliro-  et  aciirooamyloses  de 
ISI.  Samec  seraient  ainsi  réunies  aux  érytliro  et  acliroodextrines,  ce  qui  est  évidemment 
plus  simple,  !..  M. 

('-)  Séance  du  iS  a\ril  192;. 


siUnce  du  2*;  AVRiT,   1921.  io83 

cvclusivcmnil  pli()lollK''i'api(jur  cl  le  nialacic  exposé  au  soleil,  entre  12'' 
et  i4'',  est  souiïiis  à  une  action  phototlieimothéiapique. 

Il  m'a  été  donné  d'observei'  très  nellemcnt  que  les  malades  porliMiis  de 
lésions  tuberculeuses  fermées  (adénites,  arlhi'iles  et  surtout  localisations 
pulmonaires)  supportent  très  bien  l'héliothérapie  froid<',  malinale,  mais 
sont  incommodés  par  l'héliothérapie  chaude  de  l'après-midi,  qui  entraîne 
chez  eux  des  poussées  congeslives,  de  l'élévation  thermique,  des  sueurs 
pénibles,  sinon  même  dangereuses  en  raison  de  leur  évaporalion  rapide. 
Au  contraire,  les  rhumatismes  avec  arlhropathies,  névialgies,  myalgies,  etc., 
souffrent  du  soleil  froid  et  retirent  le  maximum  d'effets  bienfaisants  de  la 
double  action  thermique  et  lumineuse. 

Il  semble  donc  qu'on  doive  séparer  netlement,  au  point  de  vue  thérapeu- 
tiijue,  Vlipliophotothèrdoie  et  VhèUolhcrmotliérapie^  cela  aussi  bit'n  pour  le 
choix  de  la  station  de  cure  que  pour  la  saison  de  cette  dernière  (été  ou 
hiver)  et  que  pour  le  moment  de  la  journée  où  le  malade  pourra  être  exposé 
à  ce  puissant  agent  de  guéi'ison  :  le  soleil. 

A  iG  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret, 

La  séance  est  levée  à  17  heures. 

A.  Lx. 


ERRATA. 


(Séance  du    11    avril   1921.) 

i\ote  de  M.  .1.  de  (iramont,  Sur  l'utilité  en  Astronomie  physique  de  la 
considération  de  sensibilité  des  raies  spectrales  : 

Page  8g/i,  noie  ('  ).  au  lieu  de  1919,  lire  19211. 

Page  89II,  ligne  2,  au  lieu  de  ne  donnent  plus,  lire  ne  donne  plus. 


khS'i  académie  des  sciences. 


RUI.I.ETI.V    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  kf.çlis   DA^s  les  séances  de  i'évrier   1921   (suite). 

Cours  de  mécanique  appliquée  aux  machines  professé  à  l'Ecole  spéciale  du 
Génie  cis'il  de  Gand,  par  J.  Bollvin;  6=  volume  :  Machines  et  chaudières  marines 
et  leurs  appareils  auxiliaires;  8=  volume  :  Compresseurs,  transmission  du  trat'ail 
à  distance,  appareils  de  levage.  Paris,  \lbin  Michel,  192 1;  a  vol.  25™.  (Présentés 
par  M.  L.-E.  Berlin.) 

Un  piltore  criminale  :  Il  Caravaggio  e  la  nova  Crilica  d'arte,  par  M.-L.  Patrizi. 
Recanati,  Rinaldo  Simboli,  1921;  1  vol.  25''".  (Présenté  par  M.  Cb.  Ricliet.) 

Otto  Lehmasx.  Separat-Abdrucken  aus  den  Annalen  der  Physik,  4'^  série,  vol.  "il, 
1916  :  Die  Stôrung  der  Strnktur  homogener  tropfbarfliissigej'  Kristalle  durch 
Verdrillung ;  —  vol.  5^,  19 17  :  Stiirung  der  Struktur  Iropfbarffiissiger  Kristalle 
durch  Beimischungen ;  —  vol.  .'iâ  :  Fortschreitende  Strutitur^vellen  (scheinbare 
Rolalionen)  bei  fliissigen  Krislallen;  —  vol.  32  :  Tropfen  und  Saulen  kristalli- 
nischer  Flïissigkeilen  mit  verdrehter  Struktur;  —  vol.  36,  1918  :  ZurHydro- 
dynamik  schleimig-kristallinischer  Fliissigkeilen  :  —  \i>\.  61.  1920  :  I  cher 
Sirukturverdrehung  bei  schleimig-fliissigen  Krislallen.  Leipzig;.  ,l.-.\.  Rarlli; 
6  fasc.  92™. 

Otto  Leh.mann.  Sonderalidruck  ans  den  Verltandliingen  der  Dcutsvheit  Physika- 
lischen  Gesellschafl.  Braunscliweig,  Friedr.  Y'eweg  el  Sohn,  1918;  i  fa>c.  2.')'"'. 

Otto  Lehmann.  SondurabdrucU  ans  Zeitschr.  fiir  anorg.  u.  allgem.  Cliemie, 
tonie  113.  1930:  Die  midckul   re  lUchtkrafl  fliissiger  Kristalle.  Leipzig;  i  fasc'.  23''"'. 

(A  suivre.) 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI    2    MAI   1921. 

PRÉSIDENCK  DE  M.  Georges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


CAPILLARITÉ.  —   Rectification  et  complément  à  une  Note  du   i8   avril  sur 
l" aplatissement   d'une   goutte    liquide    animée    de    rotation.     Note    de 

M.  J.  BoUSSlNIiSQ. 

I.  Une  distraction  regrettable  m'a  fait  remplacer  arc  lang  i ,  c'est-à-dire  j 

ou  0,7854,  par  I,  entre  les  deux  formules  (11)  et  (1  2)  de  la  Note  citée  ('). 
Il  y  a  donc  lieu  de  corriger  les  formules  (12),  qui  deviennent 

{12  bis)  6=:to(i  —  1 .1S466A"),         Aplatissement =ro,8466A^ 

Et  les  formules  finales  (16)  (p.  94^)  deviennent  elles-mêmes 

{16  bis)  (~)  ^0)9233,         —:=;  0,9737,         •jj=:  1,027. 

Dès  lors  disparait  l'étrange  anomalie,  à  laquelle  j'étais  conduit,  d'un 
rayon  maximum  t„  de  courbure  du  méridien,  inférieur  au  rayon  R  de  la 
sphère  équivalente  à  la  goutte  quant  au  volume. 

II.  Je  me  suis  aperçu  de  ma  distraction,  en  évaluant  par  les  formules(io) 
et  (11)  non  plus  seulement  le  demi-axe  polaire  b,  mais  l'ordonnée  y  du 
premier  quart  de  méridien,  qui  correspond  à  une  abscisse  x  quelconque 
entre  zéro  et  a  =  t^a  =  *„ (i  — A^),  abscisse  dont  j'appellerai  v  le  rapport 
à  ïo.  La  limite  inférieure  des  intégrations  en  /,  dans  (11),  devient  alors 

(')   Comptes  rendus,  t.  172,  192 1,  p.  945. 

C.  R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N»  18.)  80 


Io86  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

i /— — ^  OU,  approximativement.  \/— - —  Kt  l'on  obtient,  toutes  réduc- 
tions faites,  au  lieu  de  la  première  (12  bis)  ci-dessus,  l'équation  générale 
approchée  de  la  courbe, 

('7)  r-'o[/r:^-Y(n'^^=^^y,/^  +  io~)]' 

se  réduisant  bien  à  la  première  formule  (^12  bis)  pour  c  =:  o. 

Comme  c'est  R  qui  est  donné  directement,  et  non  k„,  on  élimineia  »„ 
de  (17)  par  les  deux  dernières  (16  bis),  en  faisant,  dans  (17), 

(18)  (' =  0,9787  j^,         io=i,o27R: 

et  R  pourra  même,  dans  les  termes  en  />-,  remplacer  a,  i,  etc. 


M.  E.  Bertin,  en  présentant  un  fascicule  Sur  le  Rhin  et  le  P/wne,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

Dans  ma  Note  du  6  janvier  1919,  j'ai  entretenu  l'Académie  de  la  possi- 
bilité de  relier  Marseille,  par  une  voie  maritime,  avec  Anvers,  Dunkerque 
et  éventuellement  Rotterdam. 

La  présente  Note,  publiée  par  l'Association  technique  maritime,  com- 
plète la  précédente  en  donnant  le  plan  sommaire  des  navires  de  haute  mer, 
de  4".5o  de  tirant  d'eau,  qui  navigueraient  en  sécurité  sur  les  fleuves  et 
canaux  de  5"  de  profondeur. 

Dans  l'intervalle  des  deux  Notes,  les  espoirs  légitimes,  nés  des  termes  de 
l'armistice  du  1 1  novembre  1918,  ont  été  anéantis  par  les  clauses  du  traité 
de  paix,  au  sujet  de  la  frontièie  du  Rhin. 

A  la  création  de  la  voie  maritime  Anvers-Marseille,  manque  le  motif 
supérieur  de  la  sécurité  pour  la  Belgique  et  la  France  qui  en  aurait  justifié 
la  dépense. 

Le  plan  des  navires  propres  à  utiliser  cette  voie  n'a,  en  1921,  qu'un 
intérêt  purement  documenlaire.  Cet  intérêt  suflit  pour  les  faire  publier, 
parce  qu'en  Europe  et  ailleurs  il  ne  manque  pas  de  fleuves  présenlant,  sur 
de  longs  parcours,  une  profondeur  suffisante  pour  donner  accès  aux  cargos 
de  /«'"jSo  de  tirant  d'eau. 


SÉANCE  DU  2  MAI  igai.  1087 


NOMIiVATIOi\S. 


M.  le  Prince  Bonaparte  est  désigné  pour  représenter  l'Académie,  avec 
les  membres  déjà  désignés,  à  la  séance  qui  se  tiendra  le  4  mai  à  la  Sorbonne 
en  l'honneur  des  Institutions  civiles  de  Napoléon. 

MM.  A.  Hai.ler,  Cil.  MouREU,  A.  Bëhal  sont  désignés  pour  représenter 
l'Académie  à  l'inauguration  de  la  statue  de  Adolphe  Wurtz  qui  aura  lieu 
le  5  juillet  prochain  à  Strasbourg. 


CORIIESPOIVDAJVCE . 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  une  amélioration  de  l'inégalité  isopérimétrique  du 
cercle  et  la  démonstration  d'une  inégalité  de  Minko^xski.  Note  de 
M,  T.  B(»i\.\ESEN,  présentée  par  M.  Hadamard. 

Soient/)  le  périmètre  et  /"Faire  d'une  courlte  simple  fermée  convexe. 
D'après  l'isopérimélrie  classique  du  cercle,  on  a 

où  le  signe  d'égalité  n'est  valable  que  pour  le  cercle.   L'inégalité  (i)  peut 
être  substituée  par  une  autre  plus  précise,  à  savoir  par  l'inégalilé 

où  R  est  le  rayon  du  plus  petit  cercle  enfermant  la  couibe,  r  le  rayon  du 
plus  grand  cercle  contenu  dans  la  couibe. 

Pour  démontrer  l'inégalilé  (2),  il  suflil  d'envisager  un  polygone  con- 
vexe. Soit  C  un  tel  polygone,  et  soit  C  la  courbe  parallèle  extérieure  à  la 
distance  p.  Pour  l'aire  /'  de  C,  on  a  l'expression  suivante  : 


H>88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

La  fonctiony  de  p  est  positive  pour  les  valeurs  positives  de  p.  Par  des 
considérations  ^géométriques  élémentaires,  on  peut  obtenir  les  résultats 
suivants  :  i"  la  fonction/'  est  négative  pour  p  ^  —r,  ce  qui  donne  l'inéga- 
lité (i);  2°  /'  est  aussi  négative  pour  p  =  —  R,  et  en  conséquence  on  a 

lp,-p2l>H-/-, 

p,  et  pa  étant  les  zéros  de  la  fonctiony,  d'où  l'inégalité  (2). 

Des  considérations  particulières  montrent  que  le  signe  d'égalité,  dans  (2), 
n'est  valable  que  pour  le  cercle,  c'est-à-dire  pour  R  =r. 

Soit  maintenant  G  une  surface  simple  fermée  convexe  :  la  projection 
orthogonale  de  G  dans  la  direction  de  coordonnées  sphériques  (ç,  '>{')  est  une 
courbe  convexe  de  périmètre  jo  =/j(çp,  '.[/)  et  d'aire /^/(if,  ^).  D'après 
Cauchy,  l'aire  ct  de  la  surface  peut  être  exprimée  par  l'intégrale 


(3)  (7=  —  /  2fd(,: 


l'intégration  étant  étendue  sur  la  sphère  de  rayon  i.  D'autre  part,  nous 
envisageons  l'intégrale  de  contour 


(4)  /.  =  —  fpfh.u 


Pour  la  surface  parallèle  (extérieure  si  p  >  o)  G'  de  G  à  la  distance  p,  on 
a  l'aire  de  la  projection 

('5)  /'^7rp^  +  /;p  +  /, 

et  pour  des  valeurs  de  p  telles  que 

-R(9,  ^)<p<-/-(9,  I), 

/'  est  négative,  sauf  dans  le  cas  où  R  =;  r.  Dans  ce  cas,  la  projection  est  un 
cercle  et  /'  est  égal  à  zéro  pour  p  =  —  R  =  —  r. 

Soient  R,„  le  minimum  de  \\{o,  '\)  et  /•„  le  maximum  de  r(o,  '-p),  on  voit 
facilement  que  '"jifR,,,- 

En  intégrant  (5),  on  trouve  l'aire  a'  de  G'  exprimée  par 

Pour  d'-s  valeurs  de  p  telles  que 

—  K„,<p</-M, 
a'(çp,  'ji)  est  négative,  sauf  dans  le  cas  où  toutes  les  projections  de  la  surface 


SÉANCE   DU    2    MAI    I92I.  1089 

sont  des  cercles.  Dans  ce  cas,  on  a  a'=  o  pour  p  = —  H„=  —  /•„.  En  con- 
séquence, on  a 

Pour  la  sphère  seulement,  on  a 

c'est-à-dire  que  de  toutes  les  surfaces  simples  fermées  convexes,  dont  Taire  a 
une  valeur  donnée,  la  sphère  donne  la  valeur  la  plus  petite  pour  l'intégrale 
du  contour.  (H.  Minkowski,  VolurnTi  iind  Oberfldchp,  Ges.  Abh.,  p.  209.) 


MÉCANIQUE.  —  Mouvement  du  centre  de  gravité  d'un  solide  symélri<^ue 
par  rapport  à  un  plan  vertical  se  déplaçant  dans  un  milieu  résistant. 
Note  (')de  M.  Alayrac. 

r^es  formules  généralement  employées  à  la  résolution  de  ce  problème,  en 
particulier  à  l'étude  du  mouvement  d'un  avion  à  commandes  bloquées, 
supposent  les  conditions  de  régime  réalisées,  et  admettent  que  le  mouve- 
ment est  rectiligne  et  uniforme.  Nous  montrons  ici,  par  l'étude  de  l'équa- 
tion différentielle  du  mouvement  (jue  le  mouvement  rectiligne  n'est  stable 
que  sous  certaines  conditions. 

I,e  solide  est  supposé  soumis  à  trois  forces  passant  par  le  centre  de  gra- 
vité; le  poids,  une  force  propulsive  constante,  et  la  résistance  du  milieu 
faisant  un  angle  constant  avec  la  trajectoire,  et  proportionnelle  au  carré  de 
la  vitesse.  Tous  les  résultats  subsistent  si  la  résistance  est  proportionnelle  à 
une  puissance  quelconque  ou  même,  sous  certaines  conditions,  à  une  fonc- 
tion quelconque  de  V  (-). 

(')  Séance  du  18  avril  1921. 

(^)  En  prenant  pour  nouvelle  variable  p  ^=  -=-  F(  V),  l'équation  difl'érentielle  trans- 
formée prend  exactement  la  même  forme  que  l'équalion  étudiée  ci-dessous,  le  facteur 
2p  étant  remplacé  par  -^  ^  /'(V).  Dans  la  discussion  des  points  singuliers,  où  l'on  ne 

conserve  que  les  termes  du  premier  degré,  tous  les  résultats  subsistent  avec  modifi- 
cation des  courbes  limites  de  régions. 


1090  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  équatioas  du  mouvement 

m^  =F  — RxV^— P  sinw, 

^   'J'^  n     i>         r> 

m  — ; —  :=  K ,  \    —  r  cos  fj) 

cit 

donnent  pour  l'équation  différentielle  de  Thodographe 

— —  V  ^  —  Clts  <,, 


f/V    ~  F        H;,  ,„ 

____V— s.no. 

qui  pput  s'écrire,  en  laissant  de  côté  les  cas  intégrables  P  =  o,  Rj  =  o, 
F  =  R^=o. 

dp         2  p  (  7,  —  Il  p  —  '^  i  11  0)  ) 

C?(0  p  —  CO^(,J 

en  posant 

p  =  -F^"'      "  =  ïï;'      '=^p- 

L'étude  de  l'équation  autour  des  quatre  points  singuliers 

O  :      (,)  =^  —,  p  rr  o  ;  U   :      r,>  -r^ >  p  =  o  ; 

2  '^  3  ' 

A  et  B  intersections  de  la  circonférence  p  —  cosw  =  o  et  du  limaçon 
A  —  «0  —  cosco  —  =  G,  conduit  aux  résultats  suivants  :  Le  point  O  est  un  col 

si  X  <^  I,  un  nœud  si  A  >  i  (faisceau  tangent  à  co  =  -  j  •  Le  point  O  et  le 
point  B  sont  toujours  des  cols.  Le  point  A  est  un  nœud  ou  un  foyersuivant 
que  tangp^2v2  —  2m,  ^  étant  solution  de  l'équation  A  —  «cosco  —  sina)  =  o. 
Le  point  A  est  atteint  pour  r  =  4-  00  si  tangç  <]  2m  et  pour  /  ==  — 00  pour 
tango  >■  2«.  Il  y  a  un  cycle  limite  dans  les  cas  où  le  nœud  ou  le  foyer  sont 
atteints  pour  ^  =  —  ao. 

La  courbure  de  la  trajectoire  est  donnée  [)ar  l'étjuation 


qui  permet  de  déduire  les  formes  de  trajectoires  de  celles  des  caracLéris- 
liques  de  l'équation.  Il  y  a  trois  types  de  trajectoires  :  type  1,  série  de 
boucles;  type  2,  ondulations  amorties;  type  3,  forme  parabolique. 


SÉANCE  DU  2  MAI  I921.  loyl 

Points  singuliers. 
Retion>.  0.  0'.  U.  A.  Cycle  l'imilc  r.irnie  ilo»  carn.  Ii-risliqucs.  Korniri  .Ic5  trnjcrloire». 

1 Nœud     Col  N'exisleiit  piis  Cycle  limile         1  série  du  nœiul  O  au  cvele  Type  1  :  Série  de   boucles 

/=— »  (=-!-«•  liuiile.  leiidant  vers  une  ampli- 

I  série  de  l'o:  au  cycle  limile.  tude  constante. 

2 Id.        Id.  Col  Nœud  i  série  du  nœud  O  au  nœud  .'\.  Type    3   :    Forme  parabo- 

(=+«  I  série  de  l'on  au  nœud  A.  lique    avec    boucles    an 

début. 

3 Id.         Id.  Id.  Koyer  i  série  du  nœud  O  au  lover  A.  Type  2  ■.  Ondulations  ten- 

(=+»  1  série  de  l'oo  au  nœud  A  daiil  vers  la  lij;iie  droite, 

(enroulementsiuistrorsuni). 

4 M.        Id.  Id.  Foyer         Cycle  limite         i  série  du  nœud  0  au  cycle  Type  !:   .Série  de   boucles 

/-^-«  i=+x  limite.  (ondulations  au  début). 

I  série  du   no'ud  A  au  cycle 

limite. 
1  série  de  IV  a  u  cycle  limile. 
'..    .  Id.        Id.  Id.  Nœud         Cycle  limite         i  série  du  nœud  0  au  cycle  Type  1   :  Série  de  boucles. 

'  =  -  »  i=-\-x  limite. 

I  série  du  nœud  X  au  cycle 
limite. 

C; Col        Id.     N'existe  pas     Nœud         Cycle  limite         i  série  du   nœud  A  au  cycle  Type  1   :  Série  de  boucles. 

'=— "»  /=+«  limite. 

I  série  de  Vx  au  cycle  limile. 

7 Id.        Id.  Id.  Foyer        Cycle  limite         1  série  du  foyer  A  au  cycle  Type  1  :  Série  de  boucles 

f=— «  (=+«  limite  (ondulations  au  début), 

(enroulement  dexirorsum). 
I  série  de  l'oo  au  cycle  limite. 
S.,..,        lil         Id.  Id.  Foyer  Partant  de  l'ao  et  s'enroulanl         Type  2  :  Ondulations  tcii- 

'=-+-"  autour  du  foyer  A  (sinis-  dant  vers  la  lignedroite. 

trorsum). 

9 Id.        Id.  Id.  Nœud  Partant   de    l'x   et   aboutis-  Type  3   :    Forme    parabo- 

'=-!-"  sant  au  nœud  A.  lique    avec    boucles    au 

début. 

Si  l'on  représente  les  deux  paramètres  u  et  X  par  un  point  figuratif,  les 
conditions 


se  traduisant  par  les  conditions  imposées  aux  paramètres 


l_ 


S/-2-   il 


Vg-  9,\l-2u  4-4m^  ^  \/n-4"' 

l'angle  positif  des  coordonnées  est  partagé  en  neuf  régions  par  les  courbes 


v/9-8v/^M  +  4«'  v/'  +-4"- 


1092  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  la  discussion  précédente  donne  la  forme  des  caractéristiques  et  la  forme 


(a)    )>  =  v/. 


(*) 


Délimitation  des  régions. 


(c)      À: 


\ig-  X  ^  2U-¥-  t^u' 


(d)     \  = 


des  trajectoires  dans  chacune   de  ces  régions.   Elle  est  résumée  dans  le 
Tableau  ci-dessus. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  (le  la  comèle  Wirinec/ce (ig2i  b)  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Bordeaux  {ëquatorial  de  o"',38).  Note  de  M.  H.  Godard, 
présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

^«  Nombre 

Dates  — — — ^ de 

19M.  *  Aai.  AP.  riiinpar.       Grandeur. 

Avril  26 i3  — 3.3o,r7         — o.   3,3  2o;5  12,0 

»         28 l4  4-2.     2,43  +4.31,1  20: 5  12,0 

»      29 i5  -(-1.37,88         -t-6..Ti,o  24:6  12,0 

Positions  apparentes  de  ta  comète. 

Dates  Temps  moyen        A<icen5ion  droite       Log.  fact.       Dislance  polaire         Log.  fact. 

1921.  de  Greenwich.  apparente.  parallaxe.  apparente.  parallaxe. 

h       m       s  II       m       »  o       ,         „ 

Avril  26..       g. 38.   2,3         i6.34.4''68         ï,74o«         47-^2.   9,5  o,485„ 

»      28..      it. 16. 56,1         16.41.18,16        î,6i9,        47.    1.53,1  o,i84„ 

»      29..       9.23.35,1         16.44  23.2.Î         ï,746„         46.45.13,7  o,5i9„ 

Positions  ries  étoiles  de  comparaison. 

Ascension  droite  Distance  polairv 

moyenne  Réduction              moyenne  Réduction 

*.         Gr.                   lOîl.n.  au  jour.                  l!i21.0.  au  jour.  Autorités. 

Il       m       s                            s                        o        .         „  „ 

13       8,1  16. 38.   9,65         -1-2,20         47.42.   5,7  4-   7,1       A.  G.  Bonn,  10671 

l'i.       9,0         16.39.13,48         -1-2,25         46.57.1.1, .3         4-  6,7       .\.  G.  Bonn,  10680 
15       6,2         16.42.43,11         -1-2,26         46.38. 16,2         -+-  6,5       A.  G.  Bonn,  10710 


SÉANCE   DU   2   MAI    1921.  1098 

ÉLECTRICITÉ.  —  Emploi  de  la  lampe  à  trois  électrodes  pour  la  mesure  des 
courants  d'ionisation.  Note  de  M.  J.  Malasse^,  présentée  par  M.  E.  Bouly. 

Les  méthodes  de  mesure  de  l'intensité  du  rayonnement  de  Rôntgen,  par 
le  courant  d'ionisation  que  ce  rayonnement  détermine  dans  les  gaz, 
presque  seules  employées  dans  les  recherches  de  laboratoire,  sont  peu  uti- 
lisées dans  la  pratique  radiologique. 

Les  travaux  récents  ont  inoutré  tout  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  en  généra- 
liser l'emploi. 

La  lampe  à  trois  électrodes,  fonctionnant  comme  électromètre,  permet 
d'effectuer  la  mesure  du  courant  d'ionisation  d'une  façon  pratique,  au 
moyen  du  dispositif  suivant.  Un  condensateur  de  capacité  approprié  à 
l'intensité  du  courant  à  mesurer  a  l'une  de  ses  armatures  reliée  à  la  grille  et 
à  l'un  des  plateaux  de  la  chambre  d'ionisation  contenant  de  l'air,  l'autre  au 
pôle  négatif  d'une  batterie  de  4o  volts,  dont  le  pôle  positif  est  réuni  à  l'ex- 
trémité négative  du  filament.  L'autre  plateau  est  porté  à  un  potentiel  de 
-f-  120  volts  par  rapport  à  ce  filament.  Une  faible  fraction  de  cette  diffé- 
rence de  potentiel  est  utilisée  pour  porter  la  plaque  à  un  potentiel  positif. 
Nous  en  préciserons  la  valeur  ainsi  que  celle  du  courant  du  filament  un  peu 
plus  loin. 

Dans  ces  conditions,  si  l'on  relie  les  deux  armatures  l'une  à  l'autre,  on 
porte  la  grille  à  un  potentiel  de  —  4°  volts.  Un  milliampèremètre  intercalé 
dans  le  circuit  de  plaque  ne  décèle  donc  aucun  courant.  Entre  les  deux  pla- 
teaux de  la  chambre  d'ionisation,  il  existe  une  ditférence  de  potentiel  de 
160  volts,  nécessaire  pour  obtenir  le  courant  de  saturation. 

Pour  effectuer  une  mesure  du  courant  d'ionisation,  il  suffira  d'isoler 
l'armature  reliée  à  la  grille.  Les  ions  positifs  se  porteront  sur  le  plateau 
négatif  et  élèveront  le  potentiel  de  la  grille.  Pour  une  valeur  bien  déter- 
minée de  ce  potentiel  de  grille  et  facile  à  connaître  d'avance,  pour  —  4  volts 
par  exemple,  le  milliampèremètre  dévie.  Connaissant  la  capacité  du  sys- 
tème, la  variation  de  potentiel  de  la  grille  et  le  temps  de  la  décharge,  on  en 
déduit  l'intensité  moyenne  du  courant  d'ionisation. 

Pour  que  cette  méthode  soit  applicable,  il  faut  que  le  courant  de  fuite  de 
la  grille  soit  très  faible  vis-à-vis  du  courant  d'ionisation  à  mesurer.  La  fuite 
par  isolement  imparfait  de  la  grille  est  tout  à  fait  négligeable  par  rapport 
aux  courants  d'ionisation  qu'on  peut  obtenir  entre  deux  plateaux  de  lo*^™ 
de  côté,   distants  de  i*^™  pour    un  milliampère  circulant  dans  l'ampoule. 


lOg/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

courants  qui  sont  de  l'ordre  de  io~*  ampère.  Mais  la  fuite  par  apport  sur  la 
grille  d'ions  positifs  produits  pendant  le  fonctionnement  de  la  lampe  est 
beaucoup  plus  gênante.  Cette  fuite,  qui  dépend  de  la  perfection  du  vide 
réalisé,  est  variable  suivant  la  lampe  employée. 

Pour  toutes  les  lampes  que  nous  avons  essayées,  nous  avons  constaté 
que  ce  courant  de  fuite  pouvait  être  rendu  négligeable  vis-à-vis  du  courant 
d'ionisation  produit  par  les  rayons  de  Rôntgen,  en  ne  faisant  passer  dans 
le  filament  qu'un  courant  de  o,4  à  o,5  ampère  et  en  ne  prenant  qu'un 
voltage  de  plaque  peu  élevé  de  20  à  4o  volts  au  maximum. 

On  diminue  ainsi  beaucoup  le  nombre  des  électrons  émis  par  le  filament 
et  leur  vitesse,  donc  le  nombre  des  ions  dans  la  lampe.  De  cette  façon,  le 
courant  de  fuite  peut  être  réduit  à  une  vnleur  inférieure  à  lo"'"  ampère. 

Ainsi,  inférieure  à  l'électrotnètre  à  quadrants  et  à  l'électroscope  dans  les 
mesures  des  très  faibles  courants  d'ionisation,  la  lampe  est,  au  contraire, 
appelée  à  rendre  des  services  dans  tous  les  cas  où  les  courants  d'ionisation 
sont  grands  vis-à-vis  du  courant  de  fuite. 

Elle  a,  sur  lélectromètre  à  quadrants,  l'avantage  de  ne  pas  nécessiter  de 
réglage  et  de  pouvoir  actionner  un  appareil  enregistreur  convenable. 


PHYSIQUE.  —  Sur  quelques  conséquences  de  la^contraction  île  Lorentz  au  point 
de  vue  de  la  cohésion,  de  la  gravitation  et  de  F  électromagnétisme .  Note  de 
M.  F.  GuÉRY,  présentée  par  M.  Paul  Janet. 

I.  L'expérience  classique  de  Michelson  prouve  que  la  vitesse  de  trans- 
mission des  phénomènes  optiques  n'est  pas  affectée  par  le  mouvement  de 
la  source,  pour  un  observateur  entraîné  avec  celle-ci. 

En  second  lieu,  le  résultat  d'une  expérience  de  M.  Sagnac  permet  de 
supposer  que,  dans  l'expérience  de  Michelson,  la  constance  de  la  vitesse 
de  transmission  par  rapport  à  la  source  n'est  qu'une  apparence,  et  que 
c'est  bien  en  réalité  par  rapport  à  l'éther,  milieu  de  référence  général, 
qu'on  doit  considérer  la  vitesse  de  transmission  comme  constante.  Le  déve- 
loppement des  conséquences  de  l'expériente  de  Michelson,  dans  l'hypo- 
thèse ainsi  justifiée  d'un  éther  de  référence,  conduit,  comme  on  sait,  à  la 
nécessité  de  la  contraction  de  Lorentz. 

Enfin,  l'expérience,  en  consacrant  certaines  conséquences  de  l'hypothèse 
moléculaire,  a  conduit  à  se  représenter  la  matière  comme  constituée  d'élé- 
ments  n'occupant  dans  l'espace    qu'une  place    extrêmement   petite.   La 


SÉANCE  DU  2  MAI  1921.  lopS 

contraction  de  Lorentz  serait  alors  produite  par  une  modification  de  la 
force  de  cohésion  due  au  mouvement  relatif  de  la  matière  et  de  l'éther. 

II.  Si  l'on  considère  un  point  se  déplaçant  dans  l'éther  d'un  mouvement 
uniforme,  les  points  tels  que  des  rayons  lumineux,  parlant  en  même  temps 
du  point  mobile,  y  reviennent  ét,^alemcnl  en  même  temps,  après  les  avoir 
atteints,  sont  sur  un  ellipsoïde  de  Lorentz  ayant  ce  point  pour  centre,  et 
se  déplaçant  avec  lui.  On  obtiendra  donc  une  répartition  des  molécules 
semblable  à  celle  qui  correspond  à  la  contraction  de  Lorentz,  en  supposant 
que  la  distance  qui  intervient  dans  les  équations  du  mouvement  sous  l'ac- 
tion de  la  force  de  cohésion  est  la  moitié  du  trajet  aller  et  retour  d'un  rayon 
lumineux  partant  d'un  point  du  système  mobile  et  y  revenant  après 
réflexion  sur  un  autre  point,  substituée  à  la  distance  des  positions  simul- 
tanées de  ces  deux  points. 

En  ne  faisant  que  cette  modification  dans  les  équations  du  mouvement, 
on  trouve,  non  pas  un  système  contracté  suivant  la  loi  de  Lorentz,  mais  un 
système  semblable  et  plus  grand.  On  est  ainsi  conduit,  pour  rétablir 
l'échelle  exacte  de  la  déformation,  à  appliquer  un  coefficient  inférieur  à 
l'unité  à  l'effet  de  la  force  de  cohésion  sur  les  éléments  des  corps  en  mouve- 
ment par  rapport  à  l'éther.  Les  auteurs  de  la  théorie  cinétique  ont  envisagé 
avec  faveur,  entre  autres  hypothèses,  celle  d'après  laquelle  la  force  de 
cohésion  serait  proportionnelle  à  la  cinquième  puissance  de  l'inverse  de  la 
dislance.  Si  l'on  désigne  par  k  le  facteur  de  contraction  de  Lorentz,  on 
trouve,  en  appliquant  aux  équations  du  mouvement  d'un  point  matériel 
soumis  à  cette  force,  les  modifications  résultant  de  ce  qui  précède,  que  le 
coefficient  en  question  a  pour  valeur  ^". 

Nous  appliquerons  le  résultat  précédent  à  la  gravitation  et  à  l'électro- 
magnétisme, 

IIL  Considérons  un  centre  attirant,  le  Soleil  par  exemple,  et  un  corps 
attiré,  la  planète  Mercure,  pour  fixer  les  idées,  celte  planète  étant  celle 
pour  laquelle  les  modifications  de  la  loi  de  Newton  doivent  être  le  plus  sen- 
sibles, en  raison  de  la  grande  vitesse  de  son  mouvement. 

Nons  devons  remplacer  la  distance  des  positions  simultanées  des  deux 
astres  par  le  demi-trajet  aller  et  retour  d'un  rayon  lumineux  et  introduire 
dans  les  équations  du  mouvement  la  modification  résultant  de  la  présence 
du  coefficient  k'^  ^  ii  —  —\  ■ 

11  est  facile  de  démontrer  que  le  demi-trajet  aller  et  retour  est  égal  à  la 
distance  des  positions  simultanées,  au  moins  à  un  degré  d'approximation 
supérieur  au  carré  de  l'aberration. 


1096  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

On  déduit  de  ce  qui  précède  la  nouvelle  équation  de  la  trajectoire. 
Celle-ci  est  une  ellipse  tournant  dans  son  plan  avec  une  vitesse  conforme  à 
celle  déduite  de  la  théorie  de  M.  Einstein,  qui  pourra  être  considérée 
comme  vérifiée  par  l'expérience,  s'il  est  bien  acquis  que  le  mouvement 
séculaire  du  périhélie  de  Mercure  est  de  43"  et  non  38",  chiffre  de 
Le  Verrier. 

IV.  Considérons,  d'autre  part,  une  charge  électrique  se  déplaçant  en 
ligne  droite  d'un  mouvement  uniforme  de  vitesse  v  par  rapport  à  une  autre 
charge  supposée  fixe,  a  étant  l'angle  de  la  ligne  joignant  les  charges  avec 
la  direction  du  mouvement,  on  trouve  la  relation  suivante  entre  la  distance  r 
des  positions  simultanées  et  le  demi-trajet  aller  et  retour  r' 


\2- 


En  remplaçant  r  par  ;•'  dans  les  équations  du  mouvement  et  appli(]uanl 
à  l'effet  de  la  force  le  coefficient  ^"°,  on  trouve  pour  la  valeur  du  champ 
l'expression 
(1)  H=     " 


\-', 


On  peut,  d'autre  part,  se  demander  à  quelle  expression  du  champ  élec- 
trique on  parvient  en  appliquant  à  une  charge  en  mouvement  rectiligne  et 
uniforme  la  théorie  de  Maxwell-Hertz,  relative  au  double  circuit  magné- 
tique et  électrique,  et  s'imposant  la  condition  que  le  champ  électrique  reste 
radial  et  qu'après  l'application  des  relations  qui  définissent  les  champs  élec- 
trique et  magnétique  dans  celte  lliéorie.  on  retrouve  l'expression  du  champ 
électrique  d'où  l'on  est  parti.  On  ariive  ainsi  à  l'expression  suivante  du 
champ  H  d'une  charge  e  à  une  distance  r  dans  une  direction  faisant  un 
angle  a  avec  celle  du  mouvement  à  vitesse  t>  de  la  charge 


(^)  H=_ 


Enfin,  conformément  à  une  ancienne  théorie  de  Causs,  par  application 
de  la  formule  électrodynamique  dWmpère,  on  peut  chercher  quelle  modi- 


SÉANCE  DU  2  MAI  I92I.  IO97 

fication  du  champ  éleclrostalique  de  charges  égales  et  opposées  en  mouve- 
ment relatif  constituant  un  courant  équivaudrait  au  champ  magnétique  de 
ce  courant. 

On  arrive  ainsi  à  la  formule 

(3)  H  =  ^[,+  -!l(3sin^«-0] 

qui  sera  une  première  approximation  de  la  relation  (2)  si 


Dans  la  formule  (i)  il  manque  le  facteur  k  pour  qu'elle  puisse  avoir 
comme  première  approximation  la  formule  de  Gauss.  Mais  comme  ce 
même  facteur  ne  se  déduit  pas  non  plus  de  l'application  de  la  théorie  de 
Maxwell-Hertz  et  doit  y  être  introduit  arbitrairement  pour  la  faire  coïn- 
cider avec  l'expérience,  on  peut  se  demander  s'il  ne  proviendrait  pas  d'une 
propriété  intrinsèque  de  la  charge  électrique  (  '). 


RADIOLOGIE.   —   A  propos  de  la  protection  des  tiers  contre  les  rayons  X. 
Note  de  M.  G.  Co\tuemoulins,  présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

Dans  ma  Note  du  18  avril  (^),  je  relatais  deux  expériences  mettant  en 
évidence  le  danger  couru  par  les  habitanls  d'étages  contigus  à  des  postes  de 
Rôntgen  dépourvus  de  protection  efficace. 

J'ai  complété  ces  recherches  par  des  nouvelles  dont  voici  le  résumé 
succinct  : 

Première  erpérience  :  J'ai  recherché  si,  derrière  le  mur  d'un  pavillon  de  malades 
sis  en  face  de  mon  laboratoire,  il  était  possible  de  déceler  la  présence  d'un  rayonne- 
ment X  émanant  d'un  de  mes  postes.  J'ai  pris  volontairement  le  plus  éloigné. 

Le  mur  a  So'""  d'épai>seur,  il  est  en  briques  et  pierres,  situé  à  i5™  du  focus  d'un 

(')  Si  la  loi  de  la  force  de  cohésion  était  telle  que  le  coefficient  applicable  à  l'eflet 
des  forces  sur  les  corps  en  mouvement  fût  k^  au  lieu  de  k^,  on  trouverait,  sans 
retouchn,  l'expression  du  champ  électrique  avant  la  formule  (3)  comme  première 
approximation;  mais  on  ne  trouverait  plus  que  les  |  de  la  valeur  indiquée  par 
M.  Einstein  pour  l'anomalie  de  Mercure,  c'est-à-dire  35",  chiffre  plus  voisin  par 
défaut  de  celui  de  Le  Verrier  que  celui  de  M.  Einstein  ne  l'est  par  excès. 

(')  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  io3o. 


1098  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Goolidge    standard    qui    l'irradie    obliquement    suivant    un    angle    de    40°   environ. 

Riivonnement  utilisé  :  i^"^"  d'étincelle.  2  milliampères.  Pose  :  4  heures. 

La  plaque  utilisée  est  du  type  métroradiograpliique,  elle  est  placée  au  contact  d'un 
écran  renforçateur  réduisant  au  ^  degré.  Une  bande  de  papier  noir  interposée  entre 
la  surface  sensible  et  l'écran  sert  de  témoin  pour  éliminer  le  voile  dû  au  déve- 
loppement. 

La  plaque  présente  une  impression  générale  très  apparente,  sauf  à 
l'endroit  où  se  trouvait  la  bande  témoin. 

Deuxième  expérience  :  Deux  plaques  préparées  comme  il  est  indiqué  ci-dessus  sont 
exposées  derrière  des  os  humains  et  des  objets  métalliques  à  40"  de  distance  du  focus. 
Rayonnement  utilisé  :  17'='"  d'étincelle.  2  milliampères.  Pose  :  r  heure. 

Les  clichés  donnent  des  images  correctes  et  remarquablement  fouillées. 

Troisième  expérience  :  Une  plaque,  préparée  comme  il  vient  d'être  exposé,  est 
placée  derrière  un  crâne  sec,  un  crabe  en  partie  vidé,  une  bouteille  en  verre  contenant 
une  solution  de  sulfate  de  cuivre  à  3o  pour  100,  un  radiochromomèlre,  un  morceau 
de  plomb  de  3""°.  L'ensemble  est  placé  à  80""  du  focus. 

Rayonnement  utilisé  :  ij'^'"  d'étincelle.  2  milliampères.  Pose  :  4  heures. 

Le  cliché  donne  une  image  correcte. 

Ces  temps  de  pose  ont  été  calculés  en  parlant  d'un  cliché  type  impres- 
sionné à  2™  en  10  secondes  avec  17*^"'  d'étincelle  et  2  milliampères. 

On  peut  constater  que  les  clichés  obtenus  à  2™  et  à  4o"  sont  identiques. 
Celui  impressionné  à  80"  est  plus  léger,  mais  il  faut  tenir  compte  des 
24  minutes  retranchées  au  temps  normal  de  pose  et  de  l'interposition  d'un 
sapin  .situé  à  20™  sur  le  trajet  des  rayons. 

Conclusion.  —  Il  appert  de  ce  qui  précède  que  la  portée  des  rayonne- 
ments émis  par  les  ampoules  du  type  Coolidge  est  considérable;  que  ces 
radiations  conservent  la  propriété  d'être  dégradées  par  les  corps  qu'elles 
traversent  dans  des  proportions  comparables,  quelle  que  soit  la  distance. 

Le  faisceau  conserve  donc  en  grande  partie  sou  hétérogénéité  initiale, 
puisque  les  images  qu'il  fournil  des  mêmes  corps  sont  comparables  à  2'",4o 
et  80".  A  4o'"j  une  compresse  de  lin  donne  encore  une  image  à  contraste. 

Dans  ces  conditions,  on  ne  peut  nier,  a  priori,  leur  action  biologique  à 
distance.  Celle-ci  décroît  vraisemblablement  comme  la  densité  du  rayon- 
nenient,  c'est-à-dire  proportionnellement  au  carré  de  la  dislance. 


SÉANCE  DU  2  MAI  I92I. 


1099 


CHIMIE   PHYSIQUE.    —    Les  solutions  saturées   de   deux  ou  plusieurs  corps. 
Application  du  principe  de  Le  Chatelier.  Note  de  M.  C.  Raveau. 

Historique.  —  Dès  1893,  Meyei  lu^lTer  (')  étudie  les  équilibres  auxquels 
donnent  lieu  les  quatre  éléments  des  deux  couples  réciproques 

NO'Am,  MaCl.  NO'Na,         AmCI 

en  présence  de  solutions  saturées.  Des  considérations  de  continuité 
l'amènent  à  distinguer  des  solutions,  dites  congruentes.  que  l'on  peut  former 
par  addition  des  trois  sels  avec  lesquels  elles  sont  en  contact  et  des  solutions 
non  congruentes,  siir  lesquelles  M.  Rengade  (*)  vient  de  rappeler  l'atten- 
tion. 

D'autre  part,  la  stabilité,  dont  la  considération  est  due  à  van't  HofT,  exige 
qu'à  une  même  température  deux  triades  de  sels  seulement  puissent  être 
en  équilibre  avec  des  dissolutions.  Ces  deux  triades  ont  en  commun  les 
éléments  du  couple  stable  (*  ).  L'analyse  des  solutions,  l'observation  directe 
des  cristaux  avec  lesquels  on  les  met  en  contact  montrent  qu'au-dessous 
de  5°,  5  il  n'existe  que  des  solutions  congruentes.  Au-dessus  de  celle  tem- 
pérature, une  des  solutions  en  équilibre  avec  une  triade  devient  non  con- 
gruente.  Tous  les  cas  possibles  sont  discutés  d'une  façon  approfondie. 

Représentation  géométrique.  —  Lœwenherz  (^),  puis  van't  Hoff  (')  consi- 


('  )  Ueber  reciproke  Salzpaare  (/.  Abhandlung)  :  Tlieorieder  reciproken  Salze,nnt 
besonderer  Beriicksichtigungvon  Saplmiakund  Natrhimnitrat  (Wiener  Silsungsbe- 
ric/ile,  Band  104.  Abl.  26,  p.  8/io-85o). 

(^)  Comptes  rendus,  t.  172,  192  i ,  p.  60  et  218. 

(')  Quoiqu'en  pense  M.  Rengade  {loc.  cit.,  p.  60),  il  n'y  a  rien  de  vague  dans  mes 
raisonnements  relalifs  à  la  stabilité  (  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  914)-  L'existence 
des  solutions  non  congruentes  est  une  question  de  conlinuitt'.  J'ajouteiai  que  cette 
existence,  d'une  part,  ne  fait  que  compliquer  l'examen  préalable  dont  j'indiquais  la 
nécessité  et  que,  d'autre  part,  elle  change  totalement  l'interprétation  qu'a  donnée 
M.  Rengade  de  ses  expériences  à  chaud  et  au  sujet  de  laquelle  je  faisais  des  réseives. 

(*)  Ueber  gesdttigte  Lôsungen  von  Magnesiunichlorid  und  Katiumsulfat  oder 
von  Magnesiumsul/at  und  Kaliumchlorid  {Zeilschrifl  fiir  physikalisclie  CItemie, 
t.  13,  1894,  p.  459). 

(°)  Notamiiieiil  dans  les  Unlersuchungen  uber  die  Rildungsverlidltnisse  dei 
ozeanisclien  Salzablagerungen.  Dans  le  Rapport  sur  la  Cristallisation  à  tempéra- 
ture, constante  présenté  au  Congrès  international  de  Physique  de  1900  (t.  1,  p.  464)i 
une  projection  horizontale  seule  figure.  Ce  Raj)port  contient  les  valeurs  numériques 
utilisées  au  paragraphe  suivant. 


:^ 


JN'    ,r  n  o  ^^ 


'oa-î^. 


Ll  3R  A  R  Y 


'<.    '►r  / 


IIOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dèrent  un  modèle  à  trois  dimensions  rapporté  à  quatre  axes,  relatifs  à 
chacun  des  quatre  sels  des  couples  réciproques.  Duhem  fait  coïncider  les 
directions  des  axes  relatifs  aux  deux  sels  d'un  des  couples;  les  deux  autres, 
perpendiculaires  entre  eux,  sont  dans  un  plan  P  normal  au  premier.  Je 
propose  de  ramener  les  quatre  axes  à  deux  directions  rectangulaires  dans 
ce  que  j'appelle  le  plan  de  base.  Ce  plan  contient  les  huit  lignes  figuratives 
des  solutions  saturées  d'un  sel  en  présence  d'un  second  sel  ayant  un  ion 
commun  avec  le  premier.  Pour  une  solution  quelconque,  contenant 
«NO'Am,  èNaCl,  cNO'Na,  o'AmCl  (sia>i,  c^d)  le  point  représen- 
tatif aura  pour  coordonnées  a  —  h  dans  le  sens  de  l'axe  NO'Am,  c  —  d 
dans  celui  de  NO' Ma;  la  projection  horizontale  de  Lœwenherz  est  con- 
servée; la  cote  du  point,  qu'il  suffira  d'inscrire,  sera  2(6 -j- rf)  au-dessus  du 
plan  de  base.  Dans  l'espace  on  aurait  une  sorte  de  toit,  à  base  octogone 
plane  et  à  quatre  versants,  brisés  sur  les  plans  normaux  aux  axes  (') 
deux  de  ces  versants  se  coupent,  ceux  qui  correspondent  aux  sels  du  couple 
stable.  La  polygone  de  base  se  complique  quand  on  a  affaire  à  des  sels 
doubles  ou  à  dilïorents  hydrates. 

Loi  de  réciprocité.  —  Soit  une  solution  (ou  un  mélange)  exactement 
saturée  d'un  corps  A  et  presque  complètement  saturée  d'un  corps  B.  Ecar- 
tant d'abord  tout  excès  de  A  solide,  de  façon  que  la  quantité  dissoute  de  A 
ne  varie  pas,  ajoutons  B  jusqu'à  saturation.  Rétablissant  ensuite  le  contact 
avec  A,  laissons  l'équilibre  se  rétablir  seul,  c'est-à-dire  sans  nouvelle 
addition  de  B.  Si  une  seconde  quantité  de  A  se  dissout,  c'est  que  l'addition 
de  B  augmente  la  solubilité  de  A.  Mais  la  modification  intérieure  qui 
accompagne  ce  retour  à  l'équilibre  ne  peut  être  que  de  sens  contraire  à  la 
première  variation  déterminée  par  l'introduction  de  B.  C'est  dire  que  B 
cessera  de  saturer  la  liqueur.  Donc,  réciproquement,  une  addition  de  A 
augmente  la  solubilité  de  B. 

1°  Soit  l'équilibre  ilu  système  Pb,  Sn,  Bi,  qui  a  fait  l'objel  d'un  travail  classique 
de  M.  G.  Charpy  (-).  Le  diagramme  triangulaire  «st  divisé  par  les  trois  lignes  de 
double  saturation  £E(Pb,  Bi),  £E'(Sn,  Pb),  eE"(Bi,  Sn).  Menons  les  droites  quj 
joignent,  par  exemple,  les  sommets  Pb,  Bi  à  un  point  de  eE.  I^a  condition  de  réci- 
procité se   traduit  ainsi  :  les  deux  isothermes  qui  passent  par  le  point  précédent  ne 

(')  Duhem  {Thermodynamique  et  Chimie)  n'a  pas  remarqué  que  la  même  brisure 
devait  exister  sur  ses  surfaces  le  long  du  plan  P. 

(')  Comptes  rendus,  t.  126,  1898,  p.  1569.  Bien  (jue  les  corps  en  é(]uilibre  avec  les 
mélanges  foudus  ne  soient  pas  des  métaux  purs,  leurs  variations  de  composition  sont 
assez  lentes  pour  que  la  loi  s'applique  encore. 


SKANCE  DU  2  MAI  1921.  iioi 

peuvent  pas  rire  siii'cc.s  dans  des  angles  adjacents  formés  par  ces  deux  droites.  En 
consé((iieiicc.  (l'une  part,  sur  presque  tout  le  diagramme,  ces  isothermes  sont  situées 
dans  un  même  angle,  celui  qui  comprend  le  lioisième  sommet;  d'autre  part,  en  un 
seul  des  points  figurés  (  100",  sur  sli'),  elles  sont  dans  deux  angles  opposés  (  '  ). 

2°  Sur  le  diagramme  de  Lœwenlierz  {loc.  cit.).  l'addition  d'un  des  sels  KCI  ou 
SO'K-  diminue  la  solubilité  de  l'autre;  par  contre  : 

3°  L'addition  d'une  petite  quantité  de  SO'Mg  augmente  la  solubilité  de  SO*K-seul, 
tandis  que  celle  de  SO'K-  diminue  la  solubilité  de  SQ'Mg  +  7II-O  seul.  Ce  défaut 
de  réciprocité  ne  saurait  se  prolonger  jusqu'à  la  double  saturation.  Rn  efTet.  nous 
voyons  que  l'addition  de  nouvelles  quantités  de  l'un  ou  l'autre  sel  détermine  la  préci- 
pitation de  schœnite,  (SO')-Mg,  K-+6ir-0.  La  réciprocité  est  satisfaite  par  ce 
co'rps,  accouplé  séparément  à  chacun  des  sels  simples. 

Ln  loi  de  réciprorilé  peut  subsister  quand  la  solution  cordient  d'' autres  corps 
que  A  et  B.  Le  dissolvant  n'est  pas  nécessairement  un  corps  unique,  il  peut 
être  un  mélange  quelconque.  11  suffit  que  la  composition  de  ce  mélange  ne 
change  pas,  c'est-à-dire  qu'aucun  des  corps  qu'il  contient  ne  se  précipite  en 
même  temps  que  A  ou  B.  Si  l'un  quelconque  de  ces  corps  atteint  la  satu- 
ration, il  suffit  encore  qu'il  conserve  cet  état  dans  tout  le  [champ  d'expé- 
rience (-). 

Ainsi  la  loi  s'applique  aux  solubilités  de  KCI  de  la  schœnite  dans  une  solu- 
tion toujours  saturée  de  SO'K-,  aux  deux  autres  combinaisons  qu'on  peut 
obtenir  par  permutation  de  ces  trois  sels,  etc. 

Les  résultats  de  certaines  mesures  sont  en  désaccord  avec  la  loi.  En  pré- 
sence de  MgCl--f- 6H-0  en  excès,  la  solubilité  de  la  carnallile  augmente- 
rait de  5""°'  '/i  à  12""'  pour  1000""'  d'eau,  par  addition  de  SO'Mg,  tandis 
que  la  solubilité  de  SO'Mg -f- 6 H- O  diminuerait  de  48  à  36  par  addition 
de  carnallile.  Ces  mesures  devront  être  reprises. 

En  résumé,  l'étude  des  solutions  saturées  de  plusieurs  corps  doit  dépouiller 


(  '  )  On  constate  aussi  très  facilement  que  la  quantité  de  B  à  ajouter  pour  obtenir  la 
saturation  est  plus  grande  si  on  laisse  A  en  contact  (double  saturation)  que  si  on 
l'éloigné.  C'est  une  conséquence  de  la  forme  que  j'ai  donnée  aux  lois  du  déplacement 
de  l'équilibre  {Comptes  rendus^  t.  138,  1909,  p.  767). 

(-)  Dans  les  notations  de  Gibbs,  on  a 

du^   _  dy..,  _        /  diJ.,  \       /ànit'x      _  _  f  àjJ^\       /  àni.,\ 
dnu_~^  i)m^~       \ànij  ,„\i)in.,)  ^,,^~       \àin,)  ,„\<hnj  „' 

.  Les  dérivées  de  [j.,,  p.,  dans  les  deux  derniers  termes  sont  positives  pour  des  solu- 
tions stables.  Elles  peuvent  être  prises  en  laissant  arbitrairement  constants  W3  ou  ;j.,, 
ni;  ou  fjt.,  etc. 

C.  R.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  Ml,  N«  18.)  81 


1102  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

la  nature  purement  descriptive  qu'elle  avait  jusqu'ici  dans  les  Ouvrages  de 
Thermodynauiique.  En  chacun  des  points  du  diagramme  sont  satisfaites  des 
conditions  d'ittégalilé  qui  les  rendent  solidaires  les  uns  des  autres.  Les  nom- 
breuses mesures  exécutées  fourniront  un  riche  matériel  de  vérification 
d'une  conséquence  du  principe  de  Carnot,  en  même  temps  qu'une  révision 
attentive  permettra  de  rectifier  les  données  qui  sont  en  contradiction  avec 
la  loi  de  réciprocité. 


CHiMir:  PHYSIQUE.   —   Sur  la  dispersion  spécifique  des  carbures  d'hydrogrne. 
Note('  )  de  M.  E.  Dakmois,  présentée  par  M.  Ilaller. 

Dans  une  Note  précédente  (-),  j'ai  indiqué  que  la  dispersion  spéci- 
fique —  était  une   quantité   approximativement  constante   pour  chaque 

série  de  carbures  d'hydrogène  présents  dans  les  essences  de  pétrole.  Les 
nombres  fournis  par  l'expérience  étant  assez  variables  dans  certains  cas,  il 
est  intéressant  de  les  comparer  à  ceux  qu'on  peut  calculer  à  l'aide  des 
réfractions  atomiques. 

Les  réfractions  et  dispersions  atomiques  selon  Lorenlz  ont  été  recalculées  récem- 
ment par  Eisenlohr  et  Auwers  {'). 

La  dispersion  moléculaire  -T|y(n,)  —  f{n..)\  s'écrit  -^(/'i  —  "i)f '{"')■, 

oîi  f  est  la  dérivée  de  y,  et  v  une  valeur  intermédiaire  entre  tî,  &\.  n.,.  Dési- 
gnons par  c,  et  c,,  h^  et  A^,  /,  et  /..  les  réfractions  atomiques  du  carbone,  de 
l'hydrogène  et  de  la  double  liaison  pour  les  deux  radiations.  Pour  un 
carbure  C/' H-'' on  aura 

•^"^/,    N      p(c,—  c,)  +  2f/(/i,~-/u_)-hl,—  /., 

dans  le  cas  d'une  double  liaison. 

i"  Carbures  suturés  cYcliques  q  =^ p.  —  Si  la  fonction  utilisée  est  celle  de 

(iladstone,  /''=  i  et  -^  =  cousl.  Les  réfractions  atomiques  correspondant 


(')  Séance  du  a")  avril   ii(2i. 

(')  Comptes  rendus^  t.  171,  u)20,  p.  flSa. 

(')  EisKNi.oHR,  Z.  ph.   CItemie,  t.  7.'j,  191 1,  p-  585.  —   ArwEiis  et  Eisenlohr.  Ibid., 

t.  83,  igr?,  p.  /129. 


SÉANCE   DU    2    MAI    1921.  IIo3 

à  cette  formule  sont  mal  connues,  il  est  diflicilo  de  donner  une  valeur 
précise  de  la  constante. 

Pour  la  fonction  de  Lorenlz  on  a/'=î  -rj^ — -;•  Or,  la  quantité  /'  est 

peu  variable  d'un  bout  à  l'autre  de  la  série.  Du  cyclobexane  (C)  au 
menthane  (C'")  /'  varie  de  moins  de  ^^  (  ')•  î^e  résultat  est  donc  le  même. 
On  doit  avoir 

Utilisant  les  valeurs  d'Eisenlohr  pour  H^,  et  H,  : 

f|  —  (or^OjOSG,  /(,  —  /j.,:=0,019, 

on  trouve 

A« 
Ar^n.ooSiô,      /"=:  0,526  et  — r^i55.io    '. 

•'  d 

C'est  le  nombre  donné  par  l'expérience. 

2°  Carbures  saturés  aliphatiques  (j  ^  p  +  i .  On  trouve 

OÙ  £  tend  vers  zéro  quand  p  augmente.  /"'  subit  ici  de  C  à  C"  des  varia- 
An 
d 

(I 


tions  dans  le  même  sens  que  i  et  le  quotient  —  est  constant. 


j-,  -i"  .,.1     1      -i"  i,,i    1 

/'.  —  10'  cak-.      —  IIH  nbs 


«.G^H" 1,364  0,549  i58'*' 

C*H" i,4o'3  0,535  139,0  i56 

«.C"'H-- 1,4 '3  o,53i  159,0 


3°  Carbures  non  saturés  aliphatiques 

(1")  /,  —  /o  =  0,2076. 

On  trouve 

A«   .,       ,        o,  io35 

-—  f  =K-^-l , 

d  -  p 

on  prévoit  que  —  sera  peu  variable  avec/j  et  qu'il  sera  plus  grand  que  pour 
les  carbures  saturés. 


(  '  )  La  valeur  utilisée  dans  le  calcul  est  — ~  • 


(-)  L'accord  est  satisfaisant. 


Ilo4  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES, 

/.  :^10«calc.     :^  10' Ob', 

C'H"' i,38ii  0,543  204  194 

C«Hi^ r,4oo  0,536  198  îo4(') 

C'II'" 1.418  0,529  189  1S8 

4°  Carbures  non  satures  cyclif/ues 

d  ■  7/>  — I 

/.  àflO'caic.      :^t(l'(,l,s. 

(I"H'- i,45"j  0,5)5  191  191 

:^°  Carbures  non  saturés  alipliutiqucs 

,   ,,  ^"-  ,,       .         o,  186 

d  ■^  '•p  —  I 

f.  ^  lu- cal.-.        ^l(l-obs. 

C'H' ijSgô  0,537  «54  220-9,>.7    (liriihl) 

C^H'o 1,406  0,534  937  228,5      (Briihl) 

C"H'° •)4'->-9  o.53o  225  23o         (Auwers) 

L'accord  est  peu  satisfaisant,  surtout  pour  le  valérylèno. 
G"  Carbures  benzèniques.  —  Au  poinl  de  vue  (|ui  nous  occupe,  on  admet 
([u'ils  se  comporleni  comme  ayanl  trois  doubles  liaisons. 
On  a  alors 

a  '  r  p  —  o 

V.  / .  —  Kl'  calr        —  10'  olis. 

C.'W' I  ;5o9  0,495  293  298-308  ('-) 

CM" i,5o4  0,493  271  3oo 

C°ll'" 1,5 17-1,508         0,493-0,496  259  294-297 

Le  calcul  indique  une  décroissance  de  — r-;  les  valeurs  expérimentales 

montrent  la  même  décroissance,  mais  beaucoup  moi /i s  rapide. 

Conclusion.  —   La  constance  approximative  de  la  dispersion  spéciPupie. 

(')  (Concordance  moins  satisfaisante. 

(^)  Vx  non  388  coiiiine  il  a  été  iinpiiiné  par  errenr  dans  la  Note  précédente. 


SÉANCE  DU  2  MAI  1921.  IIo5 

règle  déduile  iinnr-édialeineiil  de  l'expérience,  csl  prévue  lliéori(|uemenl 
pour  les  carbures  salures.  L'accord  avec  les  formules  esl:  beaucoup  moins 
bon  (|uand  le  corps  esl  plus  ou  moins  éihylénique.  La  varialion  conslalée 
dans  une  série  esl  en  loul  cas  beaucoup  plus  faible  que  celle  ([ue  l'on 
calcule. 


CHIMIE  MINKRALE.  —  Sur  le  létmiodure  de  Icllurc . 
Note  de  M.  A.  Damiens,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Dans  des  Notes  précédentes,  nous  avons  montré  que  l'iode  et  le  tellure 
ne  réagissent  lun  sur  l'autre  que  pour  donner  un  seul  composé  défini  :  le 
Létraiodure  TeL'.  Ce  corps  qui  a  été  très  peu  étudié  présente  cependant  de 
l'intérêt,  à  cause  de  la  relation  établie  dans  sa  formule  entre  l'iode  et  le 
tellure,  dont  les  poids  atomiques  ont  été  si  longtemps  controversés  ('). 

Nous  avons  pu  obtenir  le  tétraiodure  de  tellure  par  deux  méthodes  nou- 
velles : 

1°  L'étude  thermique  du  système  iode-tellure  (-)  nous  a  montré  que  le 
tétraiodure  est  presque  complètement  insoluble  dans  l'iode  liquide,  et  ([u'il 
ne  se  forme  pas  entre  ces  deux  corps  de  solution  solide.  En  faisant  réagir 
l'iode  en  excès  sur  du  tellure  finement  pulvérisé,  et  laissant  refroidir  le 
mélange  très  lentement,  on  obtient  une  masse  constituée  par  des  cristaux 
de  tétraiodure,  liés  par  des  ci'istaux  d'iode.  Cette  masse,  concassée,  est 
soumise,  dans  un  extracteur  spécial  (^),  à  un  épuisement  méthodique  par 
le  tétrachlorure  de  carbone  fréquemment  renouvelé.  Le  résidu  est  constitué 
par  du  tétraiodure  présentant  à  l'analyse  une  composition  très  voisine  de  la 
théorie  (iode  pour  100  :  79,53;  79,81:  80,  i5;  80,07;  ^°'  ^°)-  ^"  réalité, 
si  l'on  pulvérise  très  finement  ces  cristaux,  la  poudre  obtenue  cède  encore 
des  traces  d'ioile  libre  au  tétraehiorure  (environ  ^„^^^„  du  Tel'  mis  en  jeu). 

2"  L'étude  de  la  vaporisation  du  système  iode-tellure  (')  nous  a  conduit 
d'autre  part  à  isoler  un  produit  répondant  1res  exactement  a  la  formule  TeL'. 
Les  cristaux  de  tétraiodure  se  déposent  à  100°  environ,  aux  dépens  d'une 
vapeur  renfermant  un  excès  d'iode,  ([ui,  lui,  ne  se  dépose  pas  à  cette  tempé- 
rature, et  qui,  de  plus,  comme  nous  l'avons  montré  antérieurement,  ne 

I  '  )  L'éUide  lli^tol•ique  sera  donnée  dans  un  autre  Mémoiie. 

(-1  A.  Damiens,  Comptes  rendus,  t.  171,  ig'îo,  p.  ii^o. 

(^1  IvuMAGAwA  et  SuTo,  Biochemischc  Zeitsclirlft,  t.  8.  1908,  p.   ita. 

1  ')  A.  Damie.ns,  Comptes  rendus,  l.  172,   1921,  p.  447- 


IlOb  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

donne  pas  de  solution  solide  avec  le  têlraiodure.  Finement  pulvérisas,  ces 
cristaux  ne  cèdent  pas  d'iode  au  tétrachlorure  de  carbone. 

Les  conditions  donnant  les  meilleurs  résultats  sont  réalisées  en  cliauflanl 
dans  des  tubes  scellés  à  i5o"- 160"  pendant  plusieurs  heures  h;  tétraiodure 
obteim  par  notre  premier  procédé  décrit.  On  réalise  ainsi  une  purification 
qui  fournit  3ob  de  produit  purifié  pour  loo^de  produit  initial.  En  chauffant 
plus  haut,  l'opération  est  plus  rapide,  mais  le  rendement  t-n  tétraiodure 
diminue. 

Composition  de  ce  produit  : 

Trouvé. 
Théorie.  I.  II.  III.  Tv .  \.  VI, 

Iode  pour  100...     79,93(')    8o,i'î(-)   79,76(=)       ,.  »  «  79-77(') 

Tellure  pour  100.     20,071')        »  »  20,140    '9>8j(^)    i9»84('')        » 

L'iode  a  été  pesé  à  l'étal  d'iodure  dargent,  le  tellure  à  l'état  de  sulfate 
basique. 

Obtenu  par  fusion,  le  tétraiodure  se  présente  en  petits  cristaux  noirs 
brillants;  par  sublimation,  en  lamelles  foliacées  ayant  l'aspect  et  la  couleur 
du  graphite.  Ces  lamelles  peuvent  atteindre  4"'™  à  5""°  de  longueur.  11  ne 
fond  pas  sous  la  pression  ordinaire,  sans  se  décomposer.  La  fusion  en  tube 
scellé  a  été  observée  à  280".  Densité  à  i5°( prise  dans  CCI')  :  5,o5.  Volatil 
et  dissociable  un  peu  au-dessus  de  100°  :  la  vapeur  émise  renferme  toujours 
un  excès  d'iode,  correspondant  à  une  dissociation. 

FI  est  peu  soluble  dans  l'alcool,  l'acétone,  l'acétate  d'amyle,  insoluble 
dans^réther,  l'acide  acétique,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le 
tétrachlorure  de  carbone. 

La  facile  dissociation  du  tétraiodure  limite  aux  basses  températures  les 
actions  chimiques  à  envisager  :  au-dessus  de  100°,  le  corps  réagit  comme 
un  mélange  d'iode  et  de  tellure. 

L'hydrogène  est  sans  action  sensible  jusqu'à  i5o". 

Le  chlore  et  le  brome  l'attaquent  rapidement  à  froid  pour  déplacer 
l'iode. 

L'eau  froide  l'attaque  lentement,  l'eau  chaude^  plus  vite,  en  donnant  de 
l'acide  iodhydrique  qui  se  dissocie  bienlùt  et  libère  de  l'iode. 

I  '  I  Poids  atomique.  1  :  i26,9>.  ;  Te  :  127,0. 

(-)  l'^clianlillon  nio^en  de  5  opérations. 

{■')  Kchanlilion  provenant  d'une  opération. 

(■)  llciianlillon  d'une  opéralion. 


SÉANCE    DU    2    MAI    1921.  Il  07 

L'air  luiiuule  esl  sans  action  sur  le  télraiodure.  Les  alcalis,  potasse, 
soude,  ammoniaque,  l'attaquent  rapidement  en  donnani  un  tellurite  et  un 
iodure  alcalins,  fait  que  plusieurs  auteurs  avaient  déjà  indiqué.  Les  sulfures 
alcalins  le  dissolvent  rapidement. 

Les  acides  sulfurique,  clilorhydrique  et  nitrique  l'attaquent  très  lente- 
ment à  froid,  plus  vite  à  chaud,  en  libérant  de  l'iode.  Par  l'acide  nitrique 
fumant,  la  réaction  est  rapide  et  complète;  l'iode  précipite,  le  tellure  entre 
en  solution  à  l'état  de  nitrate. 

L'acide  iodhydrique  le  dissout  en  donnant  un  iodhydrate,  les  iodures 
alcalins  en  donnent  des  sels  doubles. 

L'alcool  anhydre  dissout  un  peu  le  télraiodure.  S'il  est  iiydraté,  il  se  fait 
de  l'iodure  d'éthyle. 

L'ammoniac  gazeux  anhydre  attaque  vivement  à  froid,  même  à  ~  80", 
en  donnant,  sans  dégagement  d'aucun  gaz,  de  l'iodure  d'ammonium  et  un 
corps  de  couleur  jaune,  susceptible  de  faire  violemment  explosion  par 
choc  ou  par  chauffage,  renfermant  encore  de  l'iode  après  une  quinzaine  de 
lavages  à  l'ammoniac  liquide,  et  soluble  dans  la  potasse  qui  «m  libère  de 
l'ammoniac.  Nous  n'en  avons  pas  poursuivi  l'étude. 

Les  hydrogènes  phosphore  et  arsénié  ne  réagissent  que  bien  au-dessus 
de  100°.  Les  produits  obtenus  sont  les  mêmes  que  ceux  donnés  par  ces 
mêmes  corps  avec  l'iode. 

Le  sodammonium  réduit  énergiquemenl  le  tétraiodure.  Il  se  forme  un 
iodure  alcalin  et  du  tellure  libre  qu'un  excès  de  sodammonium  transforme 
en  tellurure  de  sodium. 

En  résumé,  le  tétraiodure  de  tellure  pur,  que  nous  avons  préparé,  est 
un  corps  parfaitement  défini,  qui  peut  servir,  en  raison  de  ses  propriétés, 
pour  la  préparation  de  nombreux  dérivés  du  tellure. 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —   Hydrogénation  catalytique   des  phénylhydrazoncs. 
Noie  (  '  )  de  M.  Alimioxse  Maii.iie,  transmise  par  M.  Paul  Sabalier. 

On  sait  que  l'hydrogénation  des  phénylhydrazones  des  aldéhydes,  effec- 
tuée en  solution  alcoolique  à  l'aide  d'amalgame  de  sodium  et  d'acide 
acétique  cristallLsable,  conduit  à  un  mélange  de  deux  aminés  primaires, 


(')  Séance  du  18  avril  1921. 


IIO.S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dont  l'une  est  l'aniline  : 

G«1I%NH.N  =  C11R +  2ll^     =     C'115iNll-  + lU'.H^NII-, 

Arijousof  (')  a  montré  que  les  phényllix  drazones  des  aldéhydes  se 
dédoublent  au  contact  de  certains  chlorures  métalliques  en  nitriles  et 
aniline. 

On  pouvait  se  demandei'  comment  se  comporteraient  ces  composés  par 
hydrogénation  de  leurs  vapeurs  au  contact  du  nickel  chauffé  à  une  tempé- 
rature assez  basse,  comprise  entre  i8o°  et  190°.  On  sait  que  la  plupart  des 
phénylhydrazones  sont  des  liquides  visqueux  qui  distillent  à  la  pression 
ordinaire  en  se  décomposant  partiellement.  Il  y  avait  lieu  de  craindre  que 
l'hydrogénation  par  voie  sèche  ne  conduise  à  une  destruction  profonde 
de  la  molécule.  L'expérience  a  montré  qu'il  n'en  est  rien  si  l'on  prend 
la  précaution  de  pratiquer  la  réduction  dans  un  rapide  courant  d'hydro- 
gène. 

I"  Valeralf/é/iyc/r  p/iénYlhydrazone  O'  H'  NH  ."S  =  GHC'H".  —  Elle  bout 
à  i83"  sous  32""".  J']ritrainée  lentement  en  vapeurs  par  un  fort  courant 
d'hydrogène,  sur  du  nickel  divisé  cliaull'é  à  180°,  on  peut  la  transformer 
complètement  sans  mouiller  le  catalyseur.  Le  liquide  condensé,  soumis  au 
fractionnement,  fournit  :  1°  un  peu  à'isoaniylaminc,  bouillant  à  98°;  2°  une 
quantité  importante  d'isoi/myfniin/c,  bouillant  à  129°;  3°,  entre  i(io°-20o'', 
distille  la  majeure  partie  du  produit  (jui  est  constitué  j)ar  de  l'aniline, 
mélangée  d'une  faible  portion  de  diisoamylamine. 

<)n  voit  qu'au  contact  du  nickel  à  180°,  l'hydrogénation  de  la  valéral- 
déhyde  phényihydrazone,  produit  deux  réactions  bien  distinctes.  La  pre- 
mière, peu  importante,  scinde  la  molécule  à  l'union  des  deux  atomes 
d'azote  en  donnant  deux  résidus  qui,  saturés  par  de  l'hydrogène,  four- 
nissent de  l'aniline  et  de  l'isoamylamine  dont  une  partie  se  dédouble  en 
ammoniac  et  diisoamylamine  : 

C«llMNll.N  =  CH.C'irJ+ aH-     =    C  II  iMP  +  C-H'CH-NM-. 

La   seconde   réaclion,   tout  à   fait   prépoii Jéranle,  décompose   la   phényi- 
hydrazone en  aniline  et  isoamylnilrile  : 

(;'II'M1.N  =  CII(:'II'      C  ll'MI-  i-Oll'CN. 
2"   Isobulahléhydc  pkénylhydrazone  O'  1  P  NU  .  N  =  CIL  Cil  (Cil ')^ 

(')   .li)iirn'jl  Sor .  l'IiYS.  cliiiii.  riis\c,  l.  'i.'i.   ii)r>.  n.  ~\. 


SÉANCE    UU    -2    MAI    I921.  I  109 

C'est  un  li(|{iide,  bouillanl  à  i()7°sou.s  Sa""".  Son  liydrogéntition,  effectuée 
dans  les  mêmes  conditions  que  la  précédente,  a  fourni  un  liquide  d'où  l'on 
sépare  par  rcclilicalion  :  des  traces  cVisahiih/amine,  une  dose  importanle  de 
nitrile  isobutyriqnc,  bouillanl  à  108°,  et  entre  1 60"  et  190°,  un  mélange  à\mi- 
line  et  d'aminés  alipliatiques  qui  le  rendent  alcalin  au  tournesol.  On  dose  la 

proportion  de  ces  dernières  bases  à  l'aide  d'acide  oxalique      -Il  suffit  de 

verser  5""'  d'acide  titré  pour  obtenir  le  virage  de  l'indicateur,  ce  qui 
indique  la  faible  quantité  de  bases  aliphatiques  qui  accompagnent  l'aniline. 

L'isobutaldélivde  pbénylhydrazone  s'est  comportée  comme  son  homo- 
logue supérieur  au  contact  de  nickel  et  d'hydrogène,  à  180°. 

(La  constitution  des  phénylhydrazoues  des  cétones  aliphatiques, 
C'H^NH.N  =  CR-,  montre  qu'il  ne  peut  pas  se  former  de  nitrile  par 
dédoublement.  Il  était  dès  lors  intéressant  d'examiner  les  produits  de 
l'hydrogénation  cataly tique  de  ces  composés.) 

i"  Acétone  pliénylliydi-azonc  C'H^NH.  N  =  C(CIP)-.  —  Son  hydro- 
génation, effectuée  à  180",  ne  produit  qu'une  transformation  incomplète.  11 
faut  pousser  la  température  jusqu'à  22o°-23o°,  pour  obtenir  une  réaction 
sensiblement  totale.  Du  liquide  obtenu,  on  isole  facilement  Visopropylamine 
et  la  diùopropylamine^  puis  une  fraction  importante  constituée  par  de 
l'aniline  ayant  entraîné  un  peu  d'aminé  tertiaire. 

Toutes  les  fractions  sont  entièrement  solubles  dans  l'acide  chlorhydrique 
dilué.  La  réduction  de  l'acétone  phénylhydrazone  n'a  lieu  que  d'une  seule 
manière,  suivant  l'équation 

C« H^  NH .  N  =  C ( Cl  1^)^  -1-  2  H^  =  C«  H=  NIP  +  (G113)'^CH . ^41-. 

2°    Mélhylpropylcl'tonc  phénylhydrazone  C'H  *NH.N  =;  C^' p„^^Pj,.,p..3- 

—  Elle  distille  à  i85°  sous  65""™.  Hydrogénée  à  23o°,  sur  le  nickel,  elle 
fournit  un  liquide  d'où  l'on  retire  par  fractionnement  une  aminé  primaire, 
Vamino-i-pentane,  qui  bout  à  87"  et  un  mélange  d'aniline  et  d'aminé 
secondaire  aliphatique,  la  bis-{métho-i-butyl)-amine,  qui  a  été  dosée  par 

l'acide  oxalique —  i3s  de  mélange  renferment  2^,71  de  bas'e  secondaire. 

Ces  résultats  montrent  que  l'hydrogénation  des  phénylhydrazones  des 
aldéhydes  et  celles  des  cétones  est  bien  différente. 

Les  premières  se  décomposent  surtout  en  nilriles  et  aniline,  sans  l'inter- 
vention de  l'hydrogène.  11  y  a  formation  accessoire  d'aminés  aliphatiques. 

Les  secondes  subissent  une  réaction  hydrogénante  complète,  avec  rupture 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


(le  la  chaîne  à  l'union  (les  deux  atomes  d'azote,  ce  qui  entraine  la  pioduclion 
d'aniline  et  d'une  aminé  alipiialique  |tiim;iire,  dont  la  décomposition  par- 
tielle donne  l'aminé  secondaire. 


GÉOLrx,GiE.  —  Ohseivations  touchant  une  Note  sur  la  tectonù/ue 
des   Pyrénées   occidentales.    Note  (')  de    M.    1*edro    l*.\t,Acios. 

Une  Note  de  M.  V.  Stuart-Menteath  Sur  la  tectonique  des  Pyrénées  of ci- 
dentales  (-)  renferme  quelques  appréciations  sur  un  travail  (publié  dans  le 
Tome  60  du  Bulletin  de  V Institut  géologique  d  Espagne)  sur  les  Pyrénées  de 
la  Navarre  que  je  tiens  à  relever. 

Je  noterai  d'abord  que  dans  aucun  passage  du  Bulletin,  malgré  l'aflirma- 
tion  de  M.  Stuart-Menteath,  l'existence  du  ^^  ealdien  dans  la  chaîne  monta- 
gneuse qui  s'étend  du  col  de  Velate  jusqu'à  Lecuniberri  n'a  été  signalée.  Où 
ce  terrain  apparaît  bien  déterminé  et  bien  reconnaissable,  c'est  dans  la 
chaîne  de  Aralar.  Le  Wealdien  affleure  sur  le  versant  septentrional  de  cette 
montagne  tout  le  long  d'une  bande  plus  remarquable  par  sa  longueur  que 
par  sa  largeur,  ap[)uyée  sur  des  calcaires  jurassiques  et  servant  de  base  à 
une  série  de  couches  aptiennes. 

Il  est  indéniable  qu'entre  le  col  de  Velate  et  Lecumberri  l'Albien  et 
l'Aplien  atteignent  un  plus  grand  développement  que  le  Cénomanien.  ainsi 
que  le  démontrent  des  indications  paléontologiques  plus  concluantes  et 
plus  certaines  que  ne  sont  d'ordinaire  celles  que  fournissent  les  Orbitolines. 
J'ajouterai,  même  qu'il  est  indiqué  dans  la  6gure  n"  12  du  Bulletin,  que 
le  véritable  Cénomanien  de  Lecumberri  ne  repose  |)as  directement  sur  le 
Lias,  mais  par  l'intermédiaire  du  Gault. 

On  lit  dans  cette  Note  que  «  Le  Gault  est  reconnu  en  plein  Sénonien  de  la 
nouvelle  carte  ».  Si  l'on  veut  affirmer  que  j'ai  confondu  le  Gault  avec  le 
Sénonien,  cette  affirmation  serait  gratuite  et  des  plus  \agues  tant  qu'on  ne 
fixerait  pas  l'endroit  ou  les  endroits  auxquels  se  rapporte  cette  eri'eur,  qui. 
du  reste,  est  bien  peu  probal)le  puisqu'il  s'agil  de  terrains  dont  la  distinc- 
tion n'olTre  pas,  du  moins  en  Navarre,  de  grandes  diflicuUés. 

Dans  mon  article  sur  le  terrain  cambrien,  paru  dans  le  même  Toiiie  du 
Bulletin,  je  décris,  avec  une  assez  grande  clarté,  à  ujon  avis,  en  traitant 

(')  Séance  du  25  avril  1921. 

(')    Cnmpica  i-ctulu^.  t.  171.   1920.  p.   '(n'i. 


SÉANCE    DU    2    MAI    192 1  Illl 

un  [jrofil  !;éolog;i(iue,  la  silualion  topograpliique  et  straligraphique  du 
lambeau  de  terrain  que  je  rapporte  à  cet  âge.  Il  n'y  est  pas  question, 
comme  semble  l'entendre  M.  Stuart-Menteath,  des  terrains  silurien  et 
dévonien  que  sillonne  le  ravin  de  Changea  où  l'on  trouve  les  vestiges 
d'exploitations  minières,  auxquelles  il  fait  allusion.  Le  terrain  que  je 
regarde  comme  cambrien  se  trouve  à  l'ouest  de  cette  région  dont  il  est 
séparé  par  le  mont  Altobiscar.  (,)n  y  constate  un  grand  développement 
superficiel  au  col  de  Ibafieta  et  sur  ses  deux  versants.  Il  n'est  pas  constitué 
exclusivement  par  des  grès  ou  des  quartzites,  mais  par  une  série  de  schistes 
argileux,  phyllades  et  dalles  de  grès  dont  la  série  totale  représente  une 
épaisseur  considérable  sous  les  quartzites;  ceux-ci  correspondenl,  comme 
je  l'ai  déjà  démontré,  à  la  base  du  Silurien  qui  forme  les  crêtes  de  la  cime  du 
mont  Altobiscar,  et  qui,  de  plus,  affleure  à  la  suite  de  ce  massif  au  Nord 
et  au  Sud.  En  outre,  je  suis  surpris  par  la  phrase  qui  attribue  aux  besoins 
du  raccordement  la  cause  d'avoir  signalé  dans  ma  carte  le  lambeau  cambrien 
en  question,  lorsque,  précisément,  ce  lambeau,  qui  traverse  la  frontière 
française,  constitue  un  désaccord  entre  ma  carte  et  la  carte  ^officielle  de  la 
nation  voisine. 

Je  dois  ajouter  de  même,  au  sujet  de  certaines  indications  de  Stuart- 
Menteath,  que  je  n'ignore  pas  l'existence  du  Cénomanien  en  contact  avec 
le  Paléozoique,  au  pied  des  montagnes  de  Ronce\aux,  puisque,  dans  le 
Bulletin  précité,  je  le  signale  non  loin  de  là,  au  nord-est  de  ce  village. 

Le  Trias  marqué  dans  le  profil  géologique  n°  13  du  Bulletin  correspond 
à  un  petit  lambeau  de  grès  rouge  isolé  au  sud  du  Copacoa,  hauteur 
granitique  séparée  de  la  Pena  de  Aya  par  le  ravin  de  Endara.  La  dispo- 
sition que  présente  ce  lambeau  est  celle  indiquée  dans  mes  notes  prises 
sur  place.  A  mon  avis,  ce  lambeau  triasique  ne  repose  pas  directement 
sur  le  Silurien,  mais  sur  le  Carbonifère  qui  est  aussi  représenté  dans  les 
alentours  de  ces  massifs  granitiques,  mais  pas  avec  une  grande  épaisseur,  et 
qu'on  peut  facilement  le  confondre  avec  celui-là.  Il  en  est  ainsi  en  d'autres 
portions  des  montagnes  de  ?Savarre,  c'est  à  cela  qu'est  sans  doute  dû  que, 
dans  un  croquis  intitulé  :  Carte  géologique  des  Pyrénées  au  sud  de  Biarritz, 
annexé  à  une  des  brochures  de  M.  Stuart-Menteath,  publiées  sous  le  titre  : 
Les  gisemenf-s  mètatli j ères  des  Pyrénées  occidentales,  la  grande  chaîne  dans 
laquelle  se  détachent  les  Pics  de  Azcua  et  de  Aiscolegui  entre  Bertiz  et 
Echalar,  est  portée  comme  silurienne,  bien  qu'elle  se  trouve  formée  d'une 
série  de  poudingues,  grauwackes,  schistes,  psammites  et  grès,  avec  Cala- 
mites,  évidemment  superposée,  au  terrain  dévonien  de  Bertiz. 


II  12  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Quelques  autres  détails  inexacts,  et  s<'  rapportant  à  diflén-nls  terrains, 
s'observent  également  dans  le  ci'0([uis  indicpié,  parmi  les([uels  je  remarque 
particulièrement  une  grande  bande  de  terrain  daiiien  située  à  l'ouest  de 
^^adoz,  à  l'endroit  correspondant  aux  hautes  cimes  de  Aralai-  dans 
lesquelles  on  voit  partout  affleurer  les  bancs  de  calcaires  aptiens. 

La  bande  de  flysch  cénomanien  irpi'ésentée  dans  ma  carte  el  gisant  au 
pied  de  la  Prfia  de  Aya,  s'étend  en  Navarri'  le  long  du  ravin  de  Endara. 
qui,  depuis  le  col  de  Vi-echulegui  descend  pour  se  jeter  dans  la  Bidassoa  non 
loin  de  Endarlaza.  La  situation  de  ci-  lavin  figure  ainsi  représentée  sur  la 
carte  géogi'aphiqiie  (|ui  a  servi  de  base  à  la  géologie  de  l'Espagne  |)Our 
l'exactitude  de  latiuelle  tous  les  moyens  possibles  ont  été  mis  en  oMivre.  Un 
doit  remai'([ner  (pi'entr*^  ce  ravin  et  le  faubourg  de  Zalain,  s'élève  une  ligne 
de  partage  dont  font  partie  les  hauteurs  de  Escolamendi. 

En  ce  ([ui  concerne  le  Trias  et  le  Crétacé  de  la  région  de  Vera,  je  ferai 
remarquer  ([ne  l'association  de  l'un  et  de  l'autre  n'est  ni  constante  ni  aussi 
continue  que  semble  rindi(iuer  M.  Stuart-Menteath.  Eu  face  de  Alzate  et 
Vera  les  couches  de  la  bande  crétacée  inférieure  au  flysch  reposent  direc- 
tement sur  le  paléozoïque.  Il  en  est  de  même  au  nord  de  Vera,  car  si  l'on 
\  voit  de  gros  bancs  de  grés  associés  à  un  conglomérat  et  ([ui  rappellent 
vaguement  les  caractères  des  couches  triasi(|ues,  leur  âge  véiitable  se  trouve 
démontré  par  les  restes  indiscutables  dv  Janira  et  d'Orbitolines  que  j'y  ai 
trouvés. 

De  plus,  les  conglomérats,  qui,  superposés  aux  grauwackes  carbonifères, 
forment  les  petites  collines  de  la  montée  de  Alzate  au  col  de  la  Sare,  sont 
par  leurs  caractères  et  par  certains  détails  de  leur  composition  très  dilTé- 
renls  de  ceux  du  Trias  qui  affleurent  non  loin  de  là.  Ils  sont  au  contraire 
semblables  à  ceux  que  l'on  voit  à  Zugarramurdi  appuyés  sur  le  grès  rouge 
des  pentes  de  Peùaplata,  et  il  faut  remarquer  qu'on  peut  y  voir  intercalés 
des  lits  argileux  semblables  à  ceux  du  flysch. 

Il  me  reste  à  déclarer  que,  même  si  ma  carie  el  mes  travaux  sur  «  Les 
terrains  de  Navarre  »  peuvent  être  utilisés  pour  relier  le  tracé  de  la  carte 
géologique  d'Espagne  avec  celui  de  la  Errance,  je  n'ai  en  rien  subordonné 
les  résultats  de  mes  recherciies  à  des  fins  con\entionnelles  el  préconrues  ; 
je  les  ai  exposés,  sans  aucun  parti  pris,  tels  que  je  les  ai  loyalement  inter- 
prétés. 


SÉANCE    DU    2    MAI    I921.  in3 


GÉOI.OGU:.  —  Sur  l'âge  des  couches  les  plus  anciennes  du  Massif  armoricain. 
Note  de  M.  F;  Kekkokne,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Si  l'on  étudie  les  couches  les  plus  anriennes  de  la  Nappe  de  la  Vilaine, 
on  trouve  la  succession  suivante  de  bas  en  haut  : 

I"  Poudingue  pourpré  ; 

2°  Schistes  rouges  et  verts  ; 

3°  (îrès  à  Dinobolus; 

4°  Schistes  intermédiaires; 

5"  Grès  à  Ogygia  armoricana. 

Les  deux  premiers  niveaux  sont  rapportés  au  Cambrien;  les  seuls  fossiles 
qu'on  y  ait  rencontrés  sont  le  Vexillurn  Desglandei  Rou.  et  une  Lingule  très 
voisine  sinon  identique  à  la  Lingula  Lesueui-i  Rou.;  le  poudingue  pourpré 
paraît  bien  être  un  poudingue  de  base. 

Les  trois  suivants,  qui  leur  succèdent  avec  un  passage  graduel  et  insen- 
sible, sont  rapportés  à  r()rdovicien  inférieur  et  contiennent  une  faune 
relativement  abondante;  ils  constituent  le  grès  armoricain  des  auteurs. 

Au-dessus  viennent  les  schistes  à  Calymènes  avec  Didymograptus  Mur~ 
chisoni  Beck  à  la  base,  qui  se  parallélisent  avec  le  Llandeilo. 

M.  Ch.  Barrois  a  étudié  la  faune  du  grès  armoricain  et  en  a  conclu 
qu'elle  appartient  à  l'Arenig,  qu'elle  «  ne  peut  pas  correspondre  au  début 
de  la  faune  silurienne  »  et  que  «  la  faune  de  Trémadoc  est  encore  à  trouver 
en  Bretagne  ». 

La  plupart  des  fossiles  étudiés  par  M.  Ch.  Barrois  ont  été  recueillis  dans 
le  grès  à  Ogygia  armoricana  ;  mais  les  mêmes  conclusions  s'appliquent  à 
la  faune  du  grès  à  Dinobolus,  dans  laquelle  j'ai  trouvé  des  espèces  communes 
et  des  espèces  spéciales,  mais  très  analogues.  Les  niveaux  3°,  4°  et  5°  repré- 
sentent donc  l'Arenig.  Il  en  résulte  que  les  poudingues  pourprés  et  les 
schistes  rouges  représentent  le  Trémadoc;  s'ils  représentaient  en  effet  le 
Cambrien,  il  y  aurait  une  lacune  entre  1°  et  3°,  et  non  le  passage  insensible 
et  graduel  qu'on  constate  partout. 

Les  mêmes  conclusions  s'appliquent  à  la  région  du  Cap  de  la  Chèvre. 

Dans  la  Mayenne  et  en  Normandie,  Hébert,  OEhlert  et  M.  Bigot  ont 
étudié  avec  la  plus  grande  précision  les  couches  inférieures  au  grès  armo- 
ricain; ils  ont  trouvé  une  succession  de  niveaux  puissants  et  variés,  mais 
présen-tant  des  modifications  de  faciès  remarquables  et  ils  les  ont  séparées 


IIl4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'une  manière  définitive  des  couches  sous-jacentes  avec  lesquelles  files 
étaient  plus  ou  moins  confondues  autrefois. 

Si  on  les  compare  avec  celles  de  la  iVappe  de  la  Vilaine,  surtout  rpiand 
on  les  suit  de  TOuest  à  l'Est,  on  est  amené,  en  ne  retenant  que  les  divisions 
principales  et  typiques,  à  faire  les  assimilations  suivantes  : 

Le  Poudingue  pourpré  a  son  équivalent  exact  dans  les  deux  régions. 

Les  Schistes  rouges  et  verts  correspondent  aux  schistos  et  calcaires  de 
la  Mayenne  et  de  la  vallée  de  la  Laize. 

Le  Grès  à  Dr nobo/us  correspond  au  grès  de  Sainte-Suzanne,  au  grès  felds- 
palhique,  etc. 

Les  Schistes  intermédiaires  coirespondenl  aux  schistes  de  Saint-Rémy, 
remplacés  quelquefois  par  des  bancs  f<4dspathiques. 

Le  Grès  à  Ogygia  correspond  au  grès  armoricain  (S,/,),  que  le  faciès 
feldspathique  envahit  lui-même  à  May-sur-Orne. 

Toutes  ces  couches  doivent  donc  représenter  le  Trémadoc  et  1'  Vrénig 
comme  dans  la  vallée  de  la  Vilaine  et  non  le  Camhrien. 

Ceci  amène  à  remettre  en  question  l'âge  des  schistes  inférieurs  (\)  : 
schistes  de  Rennes,  phyllades  de  Saint-Lô,  etc.;  no  pouvant  les  ranger  avec 
certitude  ni  dans  l'Algonquien,  ni  dans  le  Cambricn,  il  est  préférable  de 
réserver  la  question  pour  le  moment  et  de  leur  garder  le  nom  deBriovérien 
qui  leur  a  été  donné  par  M.  Ch.  Barrois. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  éruptions  volcaniques,  linsiques  et  leurs  rapports  asec 
la  distribution  des  faciès  dans  les  géosynclinaux  caucasiens.  Noie  de 
M.  Pierre  Bonnet,  présentée  par  ^L  l'Imite  Haug. 

Au  cours  de  mes  recherches  en  Transcaucasie,  j'ai  pu  constater  que,  dans 
la  région  qui  avoisine  à  l'est  le  grand  rebroussement  de  l'Araral-Alagd'z 
et  qui  forme  la  terminaison  de  l'arc  Iranien  septentrional,  s'intercale|d'une 
façon  constante  et  en  concordance  entre  les  formations  du  Trias  supérieur 
et  celles  du  Bajocien  inférieur,  un  amas  de  roches  volcaniques  basiques. 

11  s'agit  ici  d'éruptions  ante-oolithiques,  parce  que  ces  roches  se  montrent 
toujours  en  nappe  inlerstratifiéc  entre  les  formations  indiquées,  que  jamais 
elles  ne  se  présentent  en  injections  dans  les  couches  oolithiques,  et  surtout 
parce  que  la  transgression  du  Bajocien  inférieur  se  manifeste  ici  par  le 
dépôt,  immédiatement  antérieur  à  la  zone  à  Sonninia  Sowerhyi,  de  grès  ver- 
dàtres  formés  d'éléments  de  ces  roches  volcaniques  sous-jacentes.  Il  y  a 


SÉANCE   DU    2    AfAI    I921.  IIl5 

donc  dans  celte  région  une  lacune  slratigraphi(|uc  correspondant  au  Lias. 

Si  nous  examinons  les  autn^s  dépôts  liasiqnes  connus  dans  lare  Iranien 
septentrional,  en  partant  du  rebroussement  de  l'Ararat,  nous  voyons  ces 
intercalations  volcaniques  remplacées  d'abord  par  des  couches  à  végétaux 
dans  le  Kara-Dagli  ;  puis,  dans  la  chaîne  de  l'Elbourz,  au  sud  de  la  Cas- 
pienne, c'est-à-dire  dans  la  partie  centrale  de  l'arc,  nous  rencontrons,  après 
une  série  inférieure  à  végétaux,  des  formations  marines  à  Ammonoidés  du 
Lias  moyen  et  supérieur. 

Il  V  a,  par  conséquent,  à  l'époque  basique,  dans  cette  bande  sud-orientale 
du  géosynclinal  caucasien,  d'une  part  au  voisinage  du  rebroussement, 
groupement  d'éruptions  volcaniques  avec  lacune  stratigraphique  corréla- 
tive, et  d'autre  part  dans  la  partie  médiane  de  l'arc,  localisation  des  faciès 
profonds. 

Des  faits  analogues  se  constatent  dans  toute  la  partie  orientale  du  grand 
Caucase,  qui  peut  être  considérée  comme  l'homologue  septentrional  de 
l'arc  Iranien  de  l'Elbourz.  En  effet,  immédiatement  à  l'est  du  grand 
rebroussement  du  Kazbek,  on  rencontre  dos  nappes  de  diabascs  et  de  por- 
phyritos  interstratitiées  dans  les  schistes  présumés  liasiques;  plus  à  l'est 
apparaissent  dans  le  Daghestan  occidental,  des  schistes  à  séricite,  puis  des 
schistes  à  végétaux  et  des  couches  à  charbon,  et  enfin,  dans  le  Daghestan 
central,  des  formations  franchement  marines  avec  Ammonoidés. 

Mais  celte  bande  septentrionale  apparaît  au  Lias  comme  un  géosynclinal 
plus  profond  que  son  correspondant  méridional.  On  y  trouve  en  effet  une 
progression  parallèle,  mais  toujours  d'un  degré  de  balhyalité  plus  accentué. 
Le  rebroussement  du  Kazbek  est  le  siège  de  faciès  plus  profonds  que  le 
rebroussement  de  l'Ararat  :  tandis  qu'au  Nord  les  produits  volcaniques 
alternent  avec  les  formations  sédimentairos,  au  Sud  la  sédimentation 
s'arrête  complètement  pour  céder  la  place  aux  épanchements  laviquos.  La 
position  d(>s  couches  à  Ammonoidés  du  Daghestan  est  homologue  de  celle 
des  couches  à  végétaux  du  Kara  Dagh,  et  aux  couches  à  Céphalopodes  de 
l'Elbourz  correspondraient  vraisemblablement  des  faciès  encore  plus  pro- 
fonds dans  le  prolongement  du  Caucase  sous  les  eaux  de  la  Caspienne, 
partie  de  cet  arc  septentrional  qui  a  subi  l'ennoyage  le  plus  prononcé, 
entre  le  Caucase  et  le  grand  Balkhan. 

Le  manque  presque  absolu  de  données  relatives  au  Lias  dans  les  fais- 
ceaux tauriques  et  la  partie  occidentale  du  grand  Caucase  fait  obstacle  à  la 
recherche,  de  ce  c<')té,  d'une  vérification  analogue;  mais,  à  l'ouest  du  rebrous- 
sement du  Kazbek,  dans  les  montagnes  Mesques  et  dans  le  Caucase  cen- 


IIl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Irai,  apparaissent  les  premiers  indices  d'une  gradation  symétrique  :  ici 
couches  à  végétaux  et  lignites  de  Tkvibouli,  là  formations  liasiques  à 
Ammonoïdés  avec  intercalalions  volcaniques  d'Oni. 

Il  semble,  en  résumé,  que  le  géosynclinal  caucasien  ail  manifesté  à 
l'époque  liasique,  dans  la  région  du  rebroussement  Ararat-Kazbek,  une 
tendance  à  Témersion  :  celle-ci  aurait  été  accompagnée  de  la  production  de 
fractures  suivies  d'épauchements  volcaniques;  le  phénomène  aurait  été 
plus  fortement  marqué  au  Sud,  où  il  aurait  eu  pour  conséquence  une  inter- 
ruption complète  de  la  sédimentation.  Ces  perturbations  auraient  eu  pour 
résultat  le  rejet  des  eaux  en  dehors  dos  géosynclinaux  caucasiens,  dans 
lesquels  les  régions  les  plus  profondes  seules,  correspondant  au\  parties 
centrales  des  arcs,  seraient  demeurées  tranquilles;  c'est  là  que  les  faunes 
marines  auraient  pu  continuer  leur  évolution  normale,  et  là  on  ne  connaît 
pas  de  traces  de  phénomènes  éruptifs. 

Il  y  aurait  donc  ici  une  confirmation  du  fait  que  j'ai  déjà  signalé,  à 
savoir  que  les  faciès,  dans  la  partie  centrale  des  arcs,  sont,  à  une  époque 
donnée,  plus  profonds  que  ceux  des  formations  avoisinanl  les  rebroussc- 
ments. 

Il  est  probable  que  cette  relation,  à  l'époque  liasique,  entre  la  réparti- 
tion des  phénomènes  volcaniques  et  celles  des  faciès  néritiques,  pourra 
être  observée,  en  dehors  de  l'isthme  caucasien,  dans  d'autres  parties  des 
géosynclinaux  du  système  alpin. 


ACriNOMÉ'J'RlE.  —  Sur  les  varia/ions  de  la  radiation  solaire  pendant  P éclipse 
de  Soleil  du  8  avril  192 1  à  Bagnères-de- Bigarre,  station  dr  l' Observatoire 
du  Pic  du  Midi.  Noie  de  M.  Dort,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

Début  de  l'éclipsé  à  7''2o'"  (temps  moyen  de  Grennwich  )■  —  Un  rideau 
de  Cirrho-Stratus  et  àWlto-Cumulus  cache  l'astre  jusqu'à  7''55'".  A  8''5",  les 
nuages  sont  à  3o°  et  40°  de  dislance  autour  du  Soleil,  mais  une  légère  cou- 
ronne blanche  de  diffraction  est  visible  autour  de  l'astre. 

Los  mesures  actinomélriques  faites  à  partir  de  S''^'"  avec  un  actinomèlre 
type  Violle  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Il       m  <al 

S.    y ",437        (coiiiomie  (le  (lillVaclioii  (le  I  "1"  do  i-ayOii) 

8.21 ('.-'.76       (  ,.  >'  ) 

(   (max.  de  siirlace  couverle  du  0  el  coii- 

8.3o o,!|>    •  ,      ...      .•        1        „   1  N 

I        ronne  de  (iiiliactioii  de  lo"  de  lavoii) 


SÉANCE    DU    2    MAI    I92I.  1 

Il        m  .al 

8. 38 ii,25i  (couioiine  de  (lillraotion  de  S»  de  layuii 

9.   5 o,653  (                    M                               » 

9. Ou 1  ,091  (couronne  de  dillVaclion  de  4°  de  ravon 

10.    6 I  ,  1  37  (couronne  de  dillVaclion  de  3°  de  rayon 

10.20 1 .  1^7  (                  "                           » 

Fin  de  l'éclipsé  dans  la  station  à  q'^'uS^/io"  (temps  observé). 


7  •  '9 
S.  19 
8. ',8 
9.  i3 
9.3o 
9-43 


.91: 
,017 
,088 
.088 
,164 


Ohxervalioiis  de  comparaison, 
7  a\ril  19T1. 

(couronne  hianclie  de  (llllVai'lio  1  <le  1  "1"  autour  du  0) 

) 


7-44  • 
8.00. 
8.28. 

8.58. 
9.28. 


0,923 

0.979 
,o.5o 

,l32 

•  137 

,  142 

.191 


1 1   arri/   1921 . 
couronne       de       dillVaclion      de      7°  anlour  du   0) 

) 


En  comparant  les  mesures  relevées  le  8  avril  aux  moyennes  des  mesures 
(comptées  pour  f  le  -  avril  et  pour  -^  le  1 1  avril),  nous  avons  le  Tableau 
suivant  : 

s  avril   19ÎI.       7  el  1 1  avrilig-;!!.         Rapport. 


8.00. 

8.i.'>. 
8.3.>. 
8.45. 

9- 

9.  i."). 
9.3... 
9.4'). 


0,5.5 

0,98 

o,56 

,,,3,, 

i.o5 

iT^P 

0,2i 

0,32 

1.09 

0,23 

.1.29 

o.r.8 

1  .  10 

0,53 

ii.Sci 

1,11 

"t7'- 

0,91 

1  ,  i(> 

..,81 

1  ,<)5 

1  .  17 

0,89 

1 ,  i3 

1,17 

0.97 

1  .  10 

» 

'i 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  17':;,  N'  18.) 


IIl8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


l'HYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  du  chlorure  de  sodium  sur  le  dècelop- 
/jf/«e«7r/«Slerigmatocyslisiiiji;ia.  Note  de  M.  Marin Molliard,  présentée 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

J'ai  recherché  quelle  pouvait  être  l'action,  sur  la  végétation  d'une 
Mucédinée,  de  la  concentration  du  milieu  de  culture  réalisée  par  une  sub- 
stance qui  ne  se  comporte  pas  comme  alimentaire;  dans  une  première  série 
d'expériences  j'ai  établi  des  cultures,  faites  à  35°,  sur  le  milieu  nutritif 

suivant  : 

Eau i5o^">" 

Saccharose 7''' 

AzO'AzM' "lAyi 

S0''Mg+7ll-n o,oCo 

PO'KH^ 0,142 

SO''b"e +711^0 0,007 

S0''Zn+7M-0 0,007 

auquel  était  ajouté,  à  des  doses  croissantes,  du  chlorure  de  sodium  pur. 
Pour  des  teneurs  de  o,25  à  0,76  pour  100  la  végétation  reste  sensiblement 
normale,  mais  déjà,  avec  cette  dernière  concentration,  les  conidies  se  forment 
plus  tardivement  et  moins  abondamment;  elles  n'apparaissent  presque  plus 
en  présence  dune  dose  de  i  pour  100.  Pour  des  concentrations  allant  de  >. 
à  5  pour  100,  la  vitesse  de  développement  diminue  rapidement  :  elle  devient 
très  faible  lorsque  le  liquide  est  additionné  de  10  pour  100  de  chlorure  de 
sodium  et  s'annule  pour  une  concentration  d'environ  12  pour  100;  on 
n'observe  plus  trace  de  conidies  pour  les  doses  supérieures  à  3  pour  100. 

Ce  point  établi,  j'ai  recherché  si  le  chlorure  de  sodium  intervenait  dans 
le  rendement,  évalué  comme  rapport  du  poids  de  substance  sèciic  élaborée 
au  poids  tlu  sucre  utilisé;  à  cet  ciTet  j'ai  comparé  la  marche  du  développement 
cl  (le  l'utilisation  du  sucre  dans  des  cultures  effectuées  en  présence  de  o,  de  4, 
de  8  et  de  10  pour  100  de  chlorure  de  sodium;  les  résultais  de  mes  recher- 
ches sont  consignés  dans  les  Tableaux  suivants  où  j'ai  porté  les  poids  M 
des  mycéliums  desséchés  vers  100°  à  io5°,  les  quantités  S  de  sucre  disparu 
(évaluées  en  sucre  interverti)  el  les  nombres  R  exprimant  les  rendements  : 


SÉANCE    DU    2    MAI    I92I.  il  19 


Nil  (  il.  1  poui'  100  Na(  il. 


3o, 


r)53 

1 1 56 

0, 

478 

Î2l4 

43o4 

0, 

5,4 

2.J7.1 

.)172 

t>i 

197 

.3o,-)- 

6634 

", 

482 

:U78 

678.5 

0, 

'168 

3009 

69(3 

0, 

,435 

24.57 

" 

0, 

355 

2089 

», 

3o2 

1669 

" 

<), 

■'■39 

1 .559 

0. 

,225 

pour  iO( 

,  NaCI. 

684 

.7,3 

0. 

'399 

806 

2686 

0. 

,  3oo 

897 

3520 

0 

,258 

1034 

5oi7 

0 

.•2!0 

1082 

5842 

0 

,  i85 

I  io3 

6i4'i 

0, 

.'79 

1097 

6436 

0 

,170 

'079 

65 1 3 

0 

,  .65 

25, 

3o, 


i4o6 

34S9 

0,111 

2481 

7124 

0,348 

2397 

7^47 

0,322 

2o85 

7'|S8 

0,278 

20o3 

» 

0 ,  267 

2028 

0,  271 

'937 

0,  259 

■947 

'■ 

0,260 

,928 

'■' 

0,2.57 

pour  I 

00  NaCI. 

707 

'792 

0,393 

821 

372, 

0,200 

873 

4672 

0,186 

927 

5io3 

0,181 

93. 

533 1 

0,174 

929 

553o 

0,168 

962 

5652 

0, 170 

Avec  4  pour  100  de  chlorure  de  sodium  on  observe  encore  une  autolyse 
très  nette,  quoique  moins  accentuée  qu'avec  le  liquide  témoin;  avec  Sou 
10  pour  100  de  sel  marin,  le  poids  de  substance  sèche  reste  constant  une 
fois  qu'il  a  atteint  sa  valeur  maxima  ;  on  voit  que  le  temps  nécessaire  pour 
que  cette  valeur  soit  acquise  augmente  avec  la  quantité  de  sel  et  que 
d'autre  part  elle  est  d'autant  plus  faible  que  la  dose  de  chlorure  de  sodium 
est  plus  grande;  de  plus,  les  rendements  sont  fortement  abaissés  par  la 
concentration  du  milieu  de  culture;  ceux  qui  correspondent  aux  époques 
où  les  poids  maxima  de  substance  élaborée  sont  réalisés  sont  ainsi  respec- 
tivement égaux  à  0,468;  0,348;  0,210  et  0,181. 

En  présence  de  8  ou  de  10  pour  100  de  chlorure  de  sodium,  du  sucre 
continue  à  être  utilisé  alors  que  le  poids  du  mycélium  se  maintient  cons- 
tant; dans  le  premier  cas  il  disparaît,  du  10''  au  3o^  .jour,  environ  i5oo™*^ 
de  sucre  ;  dans  le  second  cas,  du  10^  au  So*^  jour,  environ  S^o'^s;  le  chlorure 
de  sodium  réalise  donc  un  état  d'équilibre,  et  le  sucre  utilisé  correspond  à 
une  ration  d'entretien. 

J'ai  déterminé  pour  les  deux  doses  les  plus  élevées  de  chlorure  de  sodium 


II20  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  proportions  des  deux  sucres  restant  dans  les  liquides  de  culture  et  il 
résulte  des  mesures  efl'ecluées  qu'il  n'y  a  plus  que  du  lévulose  au  bout  de 
10  jours  avec  8  pour  loo  et  au  bout  de  20  jours  avec  10  pour  100  de 
ciilorure  de  sodium;  enfin,  alors  que  dans  les  cultures  témoins  il  se  forme 
de  petites  quantités  d'acide  oxalique  pendant  la  période  d'autolyse,  il  ne  se 
produit  ni  acide  oxalique  ni  acide  citrique  en  présence  du  sel  matin;  mais 
dans  ce  dernier  cas  le  liquide  de  culture  présente  une  acidité  qui  corres- 
pond, comme  valeur  maxima,  à  environ  5"^™'  de  solution  normale  avec 
/}  pour  100  de  sel,  n""'  avec  8  pour  100  et  (i™'  avec  10  pour  100;  cette 
acidité  est  due  à  l'acide  azotique  du  nitrate  d'ammoniaque. 

On  est  alors  en  droit  de  se  demander  si  l'absence  des  conidics  ne  serait 
pas  due  à  cette  acidité  libre  et  si  l'action  morphogétique  exercée  par  le 
cblorure  de  sodium  ne  serait  pas  ainsi  indirecte;  pour  répondre  à  cette 
question  j'ai  substitué  à  des  cultures  réalisées  sur  un  liquide  contenant 
8  pour  100  de  cblorure  de  sodium  soit  de  l'eau  pure,  soit  une  solution  de 
sel  marin  à  8  pour  100,  soit  enfin  une  solution  d'acide  azotique  à  une 
concentration  telle  qu'elle  corresponde  à  7™' d'une  solution  normale  pour 
i5o™';  les  résultats  sont  des  plus  nets;  il  se  produit  une  autolyse  et  il  se 
constitue  des  conidies  dans  les  deux  premiers  cas,  avec  de  petites  diffé- 
rences cjui  ne  nous  retiendront  pas  ici,  alors  que  sur  l'eau  acidulée  le 
mycélium  reste  d'un  blanc  pur  et  ne  diminue  que  très  lentement  de  poids. 

On  peut  aussi  observer  que  si  l'on  remplace  l'azotate  d'ammonium  par  du 
tartrate  d'ammonium,  comme  source  d'azote,  la  formation  des  conidies  ne 
se  trouve  pas  empêcbée,  mais  seulement  retardée. 

En  résumé,  le  cblorure  de  sodium,  à  une  concentration  sulTisaiile, 
diminue  d'une  manière  très  sensible  la  vitesse  des  réactions  cbimiques  de 
la  moisissure  ainsi  que  le  rendement  ;  il  provoque  en  second  lieu  la  stéri- 
lité du  mycélium,  mais  cela  d'une  manière  indirecte,  en  déterminant  l'accu- 
mulation de  l'acide  azotique. 

RIOLOGIE.  —  Contribution  à  téliidc  de  la  répctrlition  des  zones  biologiques  sur 
les  dunes  méditerranéennes  du  golfe  du  Lion.  Note  de  M.  (^astox  Astrk, 
présentée  par  M.  (îuignard. 

Dans  sa  Note  présentée  à  l'Académie  le  4  avril  1921,  M.  (î.  Kiihnbohz- 
Lordat  apporte  une  intéressante  contribution  à  la  connaissance  des  condi- 
tions biologiques  des  dunes  maritimes  du  golfe  du  Lion.  Ces  dunes  n'ont 


SÉANCE  DU  a  MAI  1921.  II2I 

que  peu  crimjxtrtance.  parce  que  leurs  causes  d'accroissciuciU  sont  faibles, 
grâce  au  voisin;ii;e  d'une  mer  pratiquement  sans  marées,  et  leurs  causes  de 
déinolilion  sont  au  contraire  très  forlcs,  grâce  aux  vagues  qui  ari'ivenl 
parfois  sur  le  h  )rd  de  la  côte  à  en  aplanir  la  surface  et  surtout  aux  vents  de 
terre  qui  soufllent  fiéquemmenl  avec  violence.  Ces  deux  facteurs  ont  pour 
résultat  de  faire  disparaître  la  disposition  régulière  initiale  des  monlieulcs 
de  sable  et  de  lui  substituer  un  aspect  chaotique  particulier. 

Ce  régime  très  spécial,  si  différent  de  celui  beaucoup  plus  homogène  qui 
règne  d'ordinaire  sur  les  rivages  océaniques  français,  fait  qu'on  ne  retrouve 
pas  évidente  au  premier  abord,  dans  les  dunes  du  littoral  méditerranéen,  la 
grande  sériation  des  associations  biologiques  en  zones  telles  qu'on  peut 
les  observer  sur  le  littoral  océanique.  Cela  explique  aisément  pourcjuoi 
M,  G.  Klihnholtz-Lordal  a  pu  ne  pas  croire  pouvoir  appliquer  à  la  biogéo- 
graphie de  ces  contrées  les  concei)lions  que  nous  avons  résumées  dans  notre 
Note  à  rAcadémie  le  11  octobre  1920  et  que  nous  avons  formulées  dans 
un  autre  Mémoire  (')  beaucoup  plus  étendu,  au  sujet  de  la  répartition  des 
êtres  vivants  dans  les  dunes  en  quatre  zones  élémentaires  que  nous  avons 
dénommées  abintique,  oligobiolique,  inésobiotique  et  plétstobiotiquc^  en 
allant  de  celle  où  la  vie  est  impossible  à  celle  où  la  vie  atteint  au  contraire 
son  maximum  de  développemenl. 

Dans  notre  Note  précédemment  indiquée,  nous  ndvions  eu  en  vue  que  les 
dunes  des  bords  de  V Atlantique  et  de  la  Manche.  Mais  des  éludes  ultérieures 
nous  ont  montré  que  nos  conceptions  pouvaient  s'appliquer  à  toutes  les  dunes 
maritimes,  en  particidier  à  celles  de  la  Méditerranée,  avec,  comme  seule  diffé- 
rence, un  degré  un  peu  plus  grand  de  complexité,  fait  qu'il  nous  a  été  facile 
d'établir  par  des  recherches  un  peu  minutieuses. 

Il  ne  faut  pas  croire,  en  effet,  que  les  zones  biologiques  des  dunes  soient 
quelque  chose  de  stable  et  de  flxe.  Les  sables  maritimes  sont  une  des  formes 
sous  lesquelles  se  prosentent  les  régions  désertiques  des  pays  tempérés. 
Dans  ces  lieux,  dont  le  régime  est  intermédiaire  entre  celui  des  grands 
déserts  tropicaux  et  celui  des  contrées  tempérées  ordinaires,  le  monde 
vivant  trouve  des  conditions  qui,  si  elles  limitent  parfois  la  rapidité  de  son 
développement,  lui  permettent  toutefois  d'exister.  C'est  là  que  l'on  peut  le 
mieux  observer  les  processus  par  lesquels  les  êtres  vivants  tendent  à  mettre 
leur  emprise  sur  le  milieu  physique.  Il  en  résulte  entre  ces  deux  milieux, 

(')  CusroN  AsTiiK,  Bioloi^Le  de%  Mollusques  dans  les  dunes  mari  limes  francnises 
et  ses  rapports  avec  la  géographie  botanique,  1920.  Toulouse,  lôS  p.  {Thèse  de 
Doctorat  en  Pharmueie). 


II 22  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

vivant  el  pliysique,  un  complexe  plus  variable  encore  que  partout  ailleurs, 
puisque  les  condilions  matérielles  (sécheresse,  vent,  etc.)  y  sont  particu- 
lièrement changeantes.  La  distribution  géographique  des  animaux  et  des 
végétaux,  (jui  en  est  une  conséquence,  ne  saurait  donc  être  quelque  chose 
de  stable  dans  les  dunes,  au  moins  tant  qu'elles  ne  sont  pas  définitivement 
fixées  et  qu'elles  conservent  le  véritable  faciès  dunal.  Loin  de  pouvoir 
s'expliquer  par  une  conception  statique,  la  sériation  des  zones  biologiques 
des  dunes  entraîne  au  contraire,  dès  le  début,  une  conception  essentielle 
ment  dynamique.  Les  associations  biologiques  peuvent  se  succéder  les  unes 
aux  autres,  suivant  une  progression  de  densité  de  vie  qui  peut  être  crois- 
sante ou  décroissante  par  rapport  à  un  caractère  déterminé,  la  xérophilie, 
par  exemple,  selon  que  les  agents  atmosphériques  modifient  en  plus  ou  en 
moins  le  facteur  physique  correspondant,  la  sécheresse  dans  le  cas  parti- 
culier. 

Ce  caractère  essentiellement  dynamique  de  la  biogéographic  de  ces 
contrées  étant  bien  établi,  il  est  facile  de  retrouver  dans  les  dunes  du  lit- 
toral méditerranéen,  par  exemple  dans  celles  du  golfe  du  Lion,  les  zones 
biologiques  qu'on  observe  sur  celles  des  bords  de  l'Océan. 

Au  point  de  vue  botanique  en  particulier,  la  zone  abiotique  est  constituée 
par  les  sables  tout  à  fait  nus;  c'est  celle  où,  par  définition,  on  ne  trouve 
aucun  végétal.  Elle  a  dans  son  ensemble  une  tendance  à  diminuer  d'impor- 
tance, puisque  peu  à  peu  les  vents  de  terre  poussent  les  grains  vers  le  bord 
de  la  nier,  el  la  surface,  ainsi  conquise  par  la  végétation,  peut  augmenter 
lentement. 

Cette  zone,  sur  laquelle  prennent  pied  généralement  les  Oyats  {.\inniu- 
phila  arenaria  Link),  d'abiotique  qu'elle  était,  devient,  par  le  seul  fait  de 
la  végétation  qui  commence  à  la  fixer,  une  zone  oligohiotiqite.  C'est  la 
phase  de  premier  arrêt  du  sable  et  d'accroissement  consécutif  de  la  dune. 

Puis  cette  dune,  créée  en  (juelque  sorle  par  l'obslacle  dû  aux  (  )yals.  se 
recouvre  d'une  végéiation  plus  variée,  (|uoi(|ue  encore  1res  pauvre,  et 
commence  à  devenir  mésobiolique.  Tandis  (|ue  les  végétaux  (jui  avaient  pu 
y  vivre  jus(|u'alors  avaient  eu  pour  elTel  d'arrêter  le  sable  marin  et  d'en 
édifier  les  monlicules,  ceux  (|ui  caraclériscni  la  zone  més()bioli(|ue  auront 
surtout  pour  rôle  de  proléger  la  dune  et  d'évilersa  dcslruclion  par  les  venis 
de  lerre.  C'est  cecpie  M.  Iviilnihollz-Lordal  appi>ile  la  phase  de  conservation 
ol,  pour  nous  en  tenir  seulement  aux  plantes  qu'il  mentionne,  nous  range- 
rons Teucrium  Politim  L.  et  Ephedra  t/islachya  L.  au  nombre  des  espèces 
caractérisant  le  débul  de  la  zone  mésobioli(|ue. 

Kniin,  pour  lermiuer  la  progression  dynamique,  celle  fornialion  méso- 


SÉANCE   DU    1    MAI    1921.  I  I  2'i 

bioli([ue  finil  par  resseinhler  à  loules  les  formalions  biologi(|iies  de  rinlérieiu' 
des  lerres  el  de\'ienl pléistobio/iqiie .  Mais  cette  dernière  étape  ne  se  voil  (|iie 
dans  les  dunes  inlernes  de  Piovcnce. 

Sur  les  bords  du  golfe  du  Lion,  la  progression  dynanii(|ue  s'arrêlc  géné- 
ralement à  la  phase  inésobiolique;  elle  suit  môme  souvent  une  évolution 
régressive  et  parfois,  lors(|ue  le  mistral  souffle  avec  violence,  elle  peut 
revenir  à  son  point  de  départ;  la  dune  est  alors  démolie  par  endroits,  la 
zone  mésobioli(|ue  ou  oligobioti(|ue  redevient  en  partie  abioli(|ue,  el  ainsi 
de  suite.  La  con([uèle  du  sable  par  les  êtres  vivants  recommence  jus(|u'à  une 
nouvelle  tempête  atuiosphéri(pie,  (|ui  aura  pour  effet  de  rendre  la  dune 
topographi<{uement  et  biogoograpbi(|uement  cbaoiicjue. 

Il  en  résulte  (el  c'est  en  cela  ([ue  la  phytogéographie  des  dunes  du  golfe 
du  Lion  diffère  de  celle  du  littoral  océanique)  que  les  zones  bi<ilogif|ues, 
initialement  réparties  en  série  plus  ou  moins  régulière,  sont  morcelées  à 
l'extrême  el  présentent  une  tlisposition  fragmentée  ou  chaotique,  résultant  de 
lu  persistance,  dans  les  endroits  les  moins  ravagés,  de  certaines  portions  d<'  zones 
originelles  plus  homogènes. 

I-*ar  suite  de  ce  régime  spécial  (jui  en  I  raîne  une  «  lut  te  pour  la  vie  »  constante, 
les  dunes  languedociennes  ou  provençales  sont  les  plus  aptes  à  laisser  voir, 
grâce  à  ta  conception  sériée  de  leur  biogéographie  fragmentée  ou  chaotique, 
les  processus  de  l'éfpiilibre  essentiellement  dynami<(ue  qui  s'établit  entre  le 
monde  vivant  el  le  milieu  pbysi([ue  ([ui  le  supporte. 


BIOLOGIE.  —  Sur  le  phototropisme  de  Leucoma  ph;eorrhtea. 
Note  (  ')  de  M.  M.  Manquât,  présentée  par  M.  E.-L.  Bouvier. 

J.  Loeb  revendiijue  justement  l'honneur  d'avoir,  le  premier,  dès  1888, 
compris  que  la  théorie  des  Tropismes  s'appliquait  non  seulement  aux 
plantes,  mais  aux  animaux.  Rejetant  délibérément  l'idée  «  d'instincts  » 
comme  anthropomorphique,  il  a  exposé  une  «  conception  mécanique  de  la 
vie  1)  (-)  selon  laque'le  l'être  vivant  animal,  comme  le  végétal,  ne  se  meut 
({ue  sous  l'influence  d'attractions  et  de  répulsions  physico-chimiques 
exercées  par  des  stimuli  d'origine  externe  ("). 

(')  Séance  du  ibi  a\ril  1921. 

(-)  J.  Loeb,  La  Conception  intenniqiie  de  la  vie  (Tiad.  H.  Mouton.  Paris,  Alcan, 
i<)'-4)- 
(^)  J.  Loeb,  T/ie  Dynamics  of  licing  mcUler  1  Cokimbia  Univ.  l'nss.  l\e\v-^ork, 

I  ()n6   I. 


1124  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Bien  cju'il  ail  éludié  abondamment  les  divers  tropismes  qui  peuvent,  à 
son  avis,  agir  sur  les  animaux,  il  a  donné  des  soins  particuliers  i\  Texamen 
de  leur,  phototropisme.  Ses  conclusions  sont  que  la  lumière,  de  quelque 
source  qu'elle  provienne,  agit  sur  les  animaux  d'une  façon  absolument 
impérative  pour  les  orienter  et  les  mouvoir  dans  le  sens  des  rayons  lumi- 
neux (phototropisme positif)  ou  dans  le  sens  opposé  (phototropisme  négatif), 
par  l'intermédiaire  de  son  action  sur  les  points  symélri(jues  du  corps  de 
l'animal.  Ces  points  ont  une  photosensivité  égale,  car  il  y  a  dans  l'animal 
une  symétrie  bilatérale  cliimi<[ue  aussi  bien  ([ue  morphologique,  d'où  il 
résulte  (pie  l'animal  tend  à  se  mettre  en  équilibre  photosensitif  en  mainte- 
nant sa  position  et  par  consé([uent  sa  direction  sous  la  lumière,  de  telle 
façon  que  ses  points  symétriques  soient  également  illuminés. 

Or,  un  des  animaux  qui  répondent  le  mieux,  selon  Loeb,  aux  excitations 
photolropiques  est  la  jeune  chenille  de  Leucoma  phœorrhœa  ('  )  :  «  Je  n'ai 
jamais  trouvé,  dit-il,  dans  les  conditions  naturelles,  d'animaux  dont  la  sen- 
sibilité héliotropique  fùl  plus  forte  que  celle  des  jeunes  larves  de  C/irysor- 
rhœa.  Mais  dès  que  ces  animaux  ont  une  fois  pris  leur  nourriture,  leur 
héliolroprisme  disparait  et  ne  se  rétablit  pas  si  on  les  affame  à  nouveau.  » 

\  oici  un  aperçu  de  ses  principales  expériences  à  leur  sujet  : 

i(  <juaiid  les  jdiines  chenilles  (|ui  liivernent  clans  un  nid,  soni  a|>portée5  pciidaiil  1  l)i\er 
dans  une  chambre  chaude,  elles  abandon n en l  le  nid  (-).  l^lacées  dans  un  lube  horizontal 
dont  le  grand  axe  eslpeipendiculaire  au  plan  d'une  fenêtre,  elles  se  dirigent  toutes  rapi- 
dement à  l'extrémité  du  côté  fenêtre.  Si  ce  lube  est  retourné  de  180°,  elles  se  dirigent 
à  nouveau  du  côté  fenêtre.  Si  le  lube  fait  un  angle  a\ec  le  plan  de  la  fenêtre,  elles  se 
rassemblent  à  l'extrémilc  la  plus  proche  de  la  fenêtre.  Si  ce  tube  est  dans  l'ombre  du 
côté  fenêtre,  el  éclairé  à  l'autre  extrémité,  les  chenilles  rampent  néanmoins  jus- 
qu'à cette  extrémité  assombrie,  montrant,  explique  I^oeb,  que  leur  orientation  est 
déterminée  par  la  direction  des  rayons  el  non  par  les  dill'érences  d'intensité  lumineuse, 
l'^l.  insoucieuses  de  leur  conser\  alion,  elles  se  laissent  mourir  à  cette  extrémité 
plutôt  (|Me  de  revenir  en  arrière  à  la  recherche  de  quelque  |i;'ilMre,   n 

.l'ai  repris  ces  expériences  sur  des  chenilles  n'ayant  jamais  maiit^é  et  fait 
les  observations  suivantes  : 

i"    Ces  chenilles  se  refusent  résolument    (^A.    l'iclei  l'avuil    déjà  ob- 

(')  J.  I-UEH,  l'oiiccpl.  inécan.  de  ht  lic.  p.  61.  l^'es|)èco  utilisée  par  I.oeb  el 
dénommée  par  lui  Porthesia  chrysorrlura  est  sans  aucun  doute  le  Hombw  cul-brun 
el  doit  s'appeler  correctement  Leucoma  phci'orrliœa  (De  .loannis). 

('-)  .1.  LoKR,  Dynaiii.  nf  liv.  niallcr.  p.  726,  et  Les  Tropismes  et  la  PsyclKiloqie 
[Revue  des  Idées,  n"  70,  i5  octobie  1909,  p.  a'jg). 


SÉANCi;  DU  1    MAI  1921.  1123 

serve)  ('  )  à  sortir  de  leurs  nids  pendant  l'Iiiver,  quelle  ijue  soil  la  leiiipéra- 
ture  du  milieu  où  on  les  conserve.  Je  n'ai,  malgré  des  efforts  réitérés, 
obtenu  aucun  résultat  en  ce  sons.  Ilécollées  vers  le  i5  novembre,  mes 
clienilles  ne  sont  sorties  de  leurs  nids  que  spontanément,  à  partir  du 
10  mars  suivanl. 

2"  Placées  dans  un  tube  horizontal,  les  chenilles  vont  vers  la  lumière  ou 
vers  plus  de  lumière.  Leur  marche  est  rectilignc  dans  l'ensemble,  mais 
sinueuse  et  hésitante  dans  le  détail  :  il  y  a  assez  souvent  plusieurs  retours 
en  arrière  avant  la  décision  qui  les  conduit  à  l'extrémité  du  côté  de  la 
lumière.  Leur  rapidité  est  très  variable  (de  quelques  minutes  à  plus  de 
8  heures  pour  couvrir  45*"")  Quelle  que  soit  l'extrémité  éclairée  du  tube, 
côté  fenêtre  ou  côté  chambre,  il  y  a  marche  vers  la  source  lumineuse,  ce  qui 
semble  favorable  à  la  théorie  des  Iropismes.  Mais  si  ce  tube  est  ouvert  à 
l'extrémité  côlé  fenêtre,  assez  habituellement  les  chenilles  en  sortent  et 
divaguent,  sur  la  table  où  est  posé  le  lube,  dans  toutes  les  directions,  y 
compris  en  sens  in\crse  de  la  lumière. 

3°  Si  le  tube  entre  en  partie  dans  une  boite  opaque  du  côté  fenêtre,  les 
chenilles  se  refusent  à  y  pénétrer,  fait  observé  par  Loeb  et  interprété  par 
lui  dans  le  sens  tropistique.  Mais,  maintenues  dans  un  tube  fermé  placé  dans 
une  obscurité  complète  continuelle,  elles  finissent  par  se  mettre  en  mouve- 
ment et  par  se  répartir  dans  ce  tube;  quelques-unes  même  vont  jusqu'à 
l'autre  extrémité. 

4°  Si  elles  sont  placées  dans  la  partie  éclairée  d'un  tube  parallèle  au 
plan  de  la  fenêtre,  tube  à  moitié  éclairé,  à  moitié  sombre,  elles  devraient, 
selon  Lo'b,  demeurer  dans  la  partie  éclairée.  Or  elles  rampent  à  l'autre 
extrémité  et  en  sortent  en  éventail. 

5°  Placées  sur  une  surface  horizontale  en  partie  éclairée  et  en  partie 
sombre,  elles  accomplissent  des  trajectoires  enchevêtrées  et,  souvent, 
parties  de  la  lumière,  évoluent  dans  l'ombre,  n'adoptant  une  marche 
roctiligue  que  lorsqu'elles  rencontrent  une  li^ne  saillante  du  sol  qu'elles 
suivent. 

C)"  Des  chenilles  aveuglées  par  un  vernis  ne  les  blessant  pas,  se  com- 
portent comme  des  chenilles  normales. 

7°  Dans  la  nature,  au  sortir  du  nid,  elles  montent  d'abord  vers  la 
lumière.  Si  elles  ne  trouvent  pas  de  bourgeons,  elles  redescendent  sur  les 


(')  A.  FicTET,   A  propos  des   Tropisines  [Hall.   Soc.    Jaiidoise,   vol.   31,    n"   180, 
SL'ptembre  191")). 


I 


1126  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

branches  éclairées,  et  si  les  bourgeons  leur  niaii(|iient  encore,  elles 
grimpent  dans  les  parties  plus  sombres. 

Je  conclus  : 

La  jeune  chenille  de  Leucuma pluvorrhœn  ne  semble  pas  subir  une  action 
tropique  de  la  lumière,  n'est  pas  cumpelled  lo  mui-c  (  '  ). 

Les  evpériences  par  tubes  uniformisant  la  trajectoire  de  ces  chenilles 
donnent  l'impression  de  mouvements  d'ensemble,  d'où  l'illusion  d'un 
tropisme. 

.l'estime  que  c'est  la  mémoire  de  l'espèce  qui  incite  ces  chenilles  ayant 
passé  l'hiver  dans  des  nids  qui  se  trouvent  à  des  intersections  de  branches, 
à  chercher  au  réveil  leur  nourriture  au-dessus  d'elles  du  cùlc  éclairé.  Si 
elles  ne  l'y  trouvent  pas,  elles  redescendent  et  la  cherchent  sur  d  autres 
branches,  éclairées  ou  non  éclairées.  Si  elles  se  trouvent  dans  une  obscu- 
rité complète  et  continuelle,  après  une  attente  plus  ou  moins  longue,  elles 
s'élèvent  cpiand  même  vers  les  bourgeons. 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉKALE.  —  Contre  les  mfcclions  microbiennes  chez  les  Inver- 
tébrés. Note  de  MM.  E.  Couvreur  et  X.  Ciiahovitch,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnior. 

M.  Paillot  ayant  fait  connaître  dans  une  Note  à  l'Académie  des 
Sciences  (-)  un  mécanisme  d'immunité  humorale  chez  les  Insectes,  comme 
nous  avions  fait  nous-mêmes  antérieurement  des  conslatalions  du  même 
ordre,  nous  avons  cru  devoir  signaler  la  chose  (■').  M.  Paillot  prétend 
actuellement  (*)  avoir  indiqué  des  faits  analogues  dès  i()i9.  Il  ne  donne 
pas  l'indication  biltliographiquc  du  travail  où  il  aurait  consigné  ses 
remarques;  n'ayant  pu  retrouverce  travail,  nous  ne  saurions  nous  prononcer 
sur  le  bien-fondé  de  la  réclamation  de  M.  Paillot. 

Mais,  dans  la  Note  où  il  la  formule,  il  fait  la  critique  des  expériences  (jue 
nous  avons  instiluées,  cl  nous  sommes  obligés  de  répondre  à  cette  criticjue. 

I.  Il  est  bien  entendu  que  nos  recherches  visent  exclusivement  Vini/nu- 
nilé  naliirel/r,  il  ne  nous  semble  pas  que  l'on  ait  sulfisamment  prou\é 
l'existence  chez  les  Invertébrés  d'une  immunité  acquise;  nous  n'admettons 

(')  Dyiiam.  of  liv.  mollir,  p.  i  >(i. 
(-)  Comptes  rendus,  l.  172,  1921,  p.  89-. 
(')  Comptes  rendus,  l.  172,  192 1,  p.  711. 
{' y  Comptes  rendus,  t.  172,  1921.  p.  876. 


SÉANCE   DU    2    MAI    1921.  I I 27 

donc  pas,  jusqu'à  démonstralion  plus  probante,  l'exislence  chez  eux 
à^ anticorps .  Nous  ajouterons  d'ailleurs  que  nos  tentatives  pour  en  provo- 
quer l'apparition  ont  toujours  été  suivies  d'insuccès. 

II.  Nous  n'avons  nullement  prétendu  avoir  découvert  la  destruction 
possible  in  vitro  de  micro-organismes  par  des  humeurs,  et  nous  n'ignorons 
pas  le  pouvoir  exercé  par  le  sérum  de  quelques  Vertébrés  vis-à-vis  de  cer- 
tains microbes.  Nous  avons  simplement  constaté  que  ce  pouvoir  existe  dans 
le  sang  et  quelques  autres  liquides  de  certains  Invertébrés. 

III.  Le  mélange  d'une  culture  de  colibacille  ou  de  bacille  pyocyanique 
avec  du  sang  d'escargot  en  vie  estivale  ou  avec  d'autres  liquides  (sucs 
digestifs)  par  nous  expérimentés,  est  bien  devenu  stérile.  Nous  nous 
sommes  assurés  que  les  microbes  étrangers  pouvant  être  apportés  par  les 
liquides  mis  en  usage  et  mélangés  par  conséquent  à  la  culture  des  microbes 
choisis,  n'entravaient  ni  le  virage  du  rouge  neutre  par  le  coli,  ni  la  tluores- 
cence  du  bouillon  provoquée  par  la  présence  du  bacille  pyocyanique. 

IV.  Nous  n'avons  pas  en  elfet  déterminé  à  quelle  cause  était  due  la  des- 
truction des  microbes  mis  en  contact  avec  le  sang  ou  les  autres  liquides 
essayés,  ce  sont  des  recherches  qui  sont  encore  en  cours  d'exécution,  mais 
ce  manque  de  détermination  n'infirme  en  rien  la  réalité  des  faits  observés. 

V.  C'est  parce  que  nous  avions  conslaté  in  vivo  la  résistance  des  escar- 
gots et  des  vers  à  soie  spécialement  au  stade  de  chrysalide,  à  certains 
microbes,  que  nous  avons  été  amenés  à  chercher  quelle  pouvait  être  la 
cause  de  cette  résistance  et  à  découvrir  que  le  liquide  sanguin,  et  d'autres 
liquides  tels  que  les  sucs  digestifs,  pouvaient  jouer  un  certain  rôle  défensif. 
Il  ne  nous  semble  pas  que  cette  constatation  soit  aussi  peu  en  rapport  avec 
la  question  générale  de  l'immunité  que  veut  bien  le  dire  M.  Paillol. 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  kl  pression  osmotiqiic  d'arrêt  de  la  divi- 
sion cellulaire.  Note  (  '  )  de  MM.  F.  Vi.ès  et  J.  Dkagoiu,  présentée  par 
M.  F.  Henneguy. 

Au  cours  d'une  étude  sur  l'arrêt  de  la  division  de  l'œuf  d'Oursin  par 
élévation  de  la  pression  osmotique  extérieure,  nous  avons  mis  en  évidence 
toute  une  série  de  processus  intéressants  au  point  de  vue  biologique,  et  qui 
relient  et  complètent  les  recherches  classiques  relatives  à  l'action  des  solu- 

(')  Séance  du  25  avril  1921. 


I 


II  28 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


lions    hypertoniqiies    sur    les   a?ufs    (Loeb,    Morgan,    Lillie,    Spaulding, 
Herlant,  etc.). 

Les  expériences  ont  été  conduites  conformément  au  type  suivant  : 

[)es  œufs  d'Oursin  fécondés  sont  suivis  au  microscope,  et  l'on  attend  l'étirement  en 
lialtère  du  diasler  de  première  division.  A  ce  moment,  des  lots  de  ces  (Kufs  sont 
plongés  dans  djs  solutions  isoéleclrolyilques  de  condnctivité  électrique  pratiquement 
constante,  conlituées  par  des  non-électrolytes  (saccharose)  dissous  dans  de  l'eau  de 
mer,  et  présentant  dus  pressions  osmotiques  croissantes  échelonnées  en  séries  à  partir 
de  la  pression  normale  de  l'eau  de  mer  (aô"'"'  environ).  Concurremment  avec 
des  témoins  conlinuant  leur  évolulion  dans  l'eau  de  mer  ordinaire,  les  lots 
d'œufs  immergés  dans  ces  solutions  expérimentales  sont  soumis  périodiquement  à  des 
numérations  statistiques  ayant  pour  but  de  déterminer  les  nombres  moyens  des  o-ufs 


avant  achevé  leur  di\  ision,  île  ceu\  restés  en  roule,  et  le  délail  de  ces  deux  catégories; 
on  construit  ainsi  des  courbes  donnant,  par  exemple,  le  pourcentage  des  œufs  avant 
achevé  leur  division  en  fonction  de  la  pression  osmotique  de  leur  milieu  extérieur. 
Après  expériences  sur  la  pi'emière  division,  des  expériences  analogues  sont  re])rises 
sur  les  divisions  suivantes,  jusqu'au  stade  de  blastomères. 

Rèsullats.  —  Une  première  série  d'expériences  faites  entre  25^"°  ot 
environ  loo"'"'  nous  a  indiqué  que  les  courbes  stalisti(jues  se  divisaient 
en  trois  régions  de  propriétés  différentes  : 

1°  Entre  25'''^"'-3o'''^™  environ,  les  perturbations  par  rapport  aux  témoins 
sont  négligeables,  et  la  division,  d'aspect  normal,  présente  seulement  un 
léger  relard. 

2°  La  zone  suivante,  entre  So"''"  et  5o''''"-(io''"'  (zone  critique),  comprend 
au  début  une  chute  rapide  jusqu'à  zéro  du  pourcentage  des  œufs  ayant 


SKANCE    DU    2    MAI    192I.  I 1 29 

achevé  leur  division,  cl  invrrscinciit  le  pourcentage  des  (tmiIs  restés  ou 
redeveiius  spliériques  augmente  el  se  fixe  à  100  pour  100. 

3°  De  5o''''"-()0''"'"  à  loo"""  {zone  des  grandes  perliirlxitions)  les  œufs,  qui 
ne  se  divisent  pas.  ne  restent  plus  spliériques  et  smil  déformés  en  capsules 
ou  en  tétraèdres;  on  |)araît  avoir  dépassé  une  certaine  limite  de  compres- 
sibililé  au  delà  de  laquelle  la  s])lière  n'est  plus  une  forme  d'équilibre  stable 
pour  le  protoplasma  ovulaire.  Les  deux  premières  zones  sont  visiblement 
seules  intéressantes  vis-à-vis  des  processus  physiologiques  normaux  de 
ru'uf. 

Arrêt  de  la  division.  —  Les  combes  statistiques  montrent  que  10  j)0ur  100 
des  (l'ufs  ont  déjà  leur  division  bloquée  pour  33"^'°,  et  90  pour  100  pour 
39''"'";  il  est  probable  que  la  prc^ssion  arrêtant  la  division  du  cyloplasma  de 
la  moyenne  des  œufs  est  voisine  du  chilïre  de  36^''°,  soit  un  l'xcès  de  ii^'™ 
environ  sur  le  milieu  normal  des  œufs.  Cet  excès  de  1 1"'"'  équilibre  évidem- 
ment la  pression  osmotique  interne  de  la  cellule  en  division;  mais  si  pour 
de  telles  pressions  la  division  cytoplasmique  est  bloquée,  il  ne  s'ensuit  pas 
que  l'évolution  intérieure  de  l'œuf  soit  immobilisée  :  sur  le  vivant  les  diasters 
continuent  à  se  modifier,  on  voit  se  former  des  asters  accessoires,  etc.  Par 
contre,  eu  dépassant  la  pression  d'arrêt  du  cyloplasma  d'une  dizaine  d'at- 
mos|)hèr<'s  de  supplément,  on  ralentit  puis  ou  parait  arrêter  définitivement 
l'évolution  nucléaire,  dont  les  asters  semblent  figés.  Ces  phénomènes 
nucléaifes  ne  peuvent  d'ailleurs  pas  être  éclaircis  par  le  simple  examen  sur 
le  vivant,  et  l'examen  histologique  nous  apportera  sur  ce  point  des  jn-écisions 
importantes.  Divers  phénomènes  accessoires  ont  été  observés  au  passage  : 
c'est  ainsi  que  les  statistiques  conduisent  à  un  certain  moment  à  la  notion 
de  refusiounement  des  blaslomères  sous  l'action  de  fortes  pressions. 

Travail  d'arrêt  de  la  division.  —  11  est  facile  de  calculer  le  travail  que 
nous  avons  fourni  en  élevant  de  tt^  à  -  la  pression  osmoti([ue  extérieure  et 
qui  équilibre  le  travail  osmotique  de  la  division  cytoplasmique,  si  l'on  a 
pris  soin  de  mesurer  sur  les  œufs  en  expérience  leurs  volumes  et  les  varia- 
lions  (V  —  ¥„)  de  ceux-ci.  Or,  en  effet,  T  =  tûV  —  "«  V„.  Dans  ces  condi- 
tions la  première  division  représente  4»09  ergs;  la  seconde  1,8;  la  troi- 
sième o,85;  la  quatrième  o,29(').  11  est  intéressant  de  remarquer  que  le 

(  '  )  Ces  chiffres  sont  un  peu  plus  forts  que  ceux  indiqués  par  Spaulding  pour  l'énergio 
de  la  division  A^Arbacia  (par  pression  osmotique),  et  plus  faibles  que  ceux,  obtenus 
pai-  Fauré-Fremiet  et  sur  Vœalà^ Ascaris  (caiorimétrie,  action  des  rayons  ullra-violels), 
mais  qui  ont  d'ailleurs  une  signification  différente  puisqu'ils  mettent  en  jeu  des  tra- 
vaux autres  que  le  tra\ail  osmotique. 


Il3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

travail  d'arièl  diminue  à  mesure  (jue  le  nombre  des  blastomères  augmente, 
suivant  une  loi  linéaire  de  première  approximation  T  =  an  '  -\-b. 

Si  l'on  met  le  travail  en  relation  avec  le  volume  du  blastomère  aucpiel  il 
correspond,  on  aboutit  à  une  exponentielle  V  =  t  ('"^ "^  —  i  ) (  r  Z  "'  '  -»  )  ' 
qui  représente  les  faits  avec  une  bonne  approximation.  (Travail  calculé  à 
partir  du  volume  :  première  division  :  4,02  ergs;  deuxième  :  1,66;  troi- 
sième :  o,Hi;  (juatrième  :  0,28.) 

En  conclusion,  l'augmentation  de  la  pression  osmoti([ne  extérieure  sans 
variations  sensibles  des  éléments  de  la  dissociation  éiectrolytique  retarde 
d'abord  la  segmentation  de  l'Oursin,  puis,  quand  l'accroissement  de  pres- 
sion est  de  II*'™,  arrête  la  division  cytoplasmique,  mais  sans  altérer  au 
début  l'évolution  interne  de  l'appareil  nucléaire;  avec  un  supplément  de 
pression,  on  peut  inhiber  visiblement  celle-ci. 

Le  travail  d'arrêt  de  la  division  cytoplasmique  externe  est  une  fonction 
simple  du  volume  de  l'élément  cellulaire. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Action  de  ''émufsi/te  sur  le  galactose  en  solution  dans 
des  alcools  propyliques  de  différents  titres.  JNole  de  M.  AIarc  Bridel, 
présenlée  par  M.  L.  Guignard. 

Em.  Bour(|uelol,  H.  Hérissey  el  M.  Bridel  onl  moniré  que  le  galaclose 
se  combine  à  l'alcool  propylique  sous  l'influence  de  l'éinulsine  des  amandes, 
la  réaction  ayani  élé  observée  dans  une  solulion  de  galaclose  à  i  pour  100 
dans  l'alcool  propylicjue  à  20  pour  100  d'eau,  en  poids.  Le  propylgalac- 
loside  ^  formé  a  été  obtenu  à  l'état  cristallisé  (  '  ). 

Pour  étudier  syslémalicjuemenl  la  réaclion  (|ui  a  lieu,  sous  l'influence  de 
l'émulsine,  enire  le  galactose  el  l'alcool  propylii|ue  dans  des  alcools  de 
difTérenls  lilces,  on  a  opéré  de  la  façon  suivante  : 

On  a  préparé  neuf  mélanges  renfermant,  pour  loo""',  os, '|848  de  galactose  el  los, 
i5f,  25^,  35s,  45^.  555,  65«!,  708  et  75?  d'alcool  propylique  pur,  le  volume  de  100'''"'  étant 
complété  avec  de  l'eau  distillée.  On  a  ajouté,  dans  cliaque  mélange,  |S  d'énuilsine  el 
l'on  a  placé  le  tout  à  l'éluve  à  -f  3o°.  On  a  suivi  la  marclie  de  la  réaclion  en  dosant  le 
galactose.  On  a  obtenu  les  ré>ullats  suivants,  les  cliiflVes  indiquant  le  galaclose  libre 
dans  loo*^'"'  : 

(')  Synthèse  de  galaclosides  d'alcools  à  l'aide  de  l'émulsine.  Propylgalactoside  St 
et  bemylgalaclosidc  |3  {Comptes  renHiis,  t.  ISti.  if)r3,  p.  33o;  .loiirn.  Pharm.  C/iiin.. 
-"  série,  l.  7,  igiS,  p.  286). 


SÉANCE 

DU    2    MAI 

1921. 

I 

•lialarlose 

••1    j.MIVS. 

■:!1  jours. 

Adjoins. 

ll:Vionrs. 

combine. 

„ 

0,397s 

0,3978 

0,4o (0 

0,0808 

» 

0,3893 

0,8746 

o,3(J9() 

0, 1 132 

» 

0,3  i3o 

0,3430 

0,3227 

0, 1621 

,. 

o,33i5 

o.33oo 

0,3,27 

0, 1721 

„ 

0,3357 

0,3689 

0,3299 

0, 1549 

,, 

0.3260 

0,3280 

0,3 180 

0,1668 

0,257.0 

0,2^60 

0,2440 

0,2274 

0,2574 

0,1992 

0, 1901 

» 

0,1643 

o,32o5 

0, 1 293 

0, 1 164 

0,11 64 

0, 101 1 

0,3837 

I  i3i 


Alcool 

propyliqiir  à  I  '1  ioius. 

106  .. o,.'|  182 

i5 0,4007 

25 0,3893 

35 0,3689 

45 0,0978 

55 0,3371 

65 


Dès  les  premiers'résullats,  ce  qui  frappe,  c'est  qu'il  y  a  moins  de  galac- 
tose combiné,  au  i4''  jour,  dans  l'alcool  à  45^  que  dans  des  alcools  plus 
faibles  à  2.^^  et  à  35^  et  dans  un  alcool  plus  fort  à  55b.  Ce  fait  anormal  se 
retrouve  à  chaque  fois  que  l'on  a  essayé  les  liquides,  et,  quand  on  a  arrêté 
la  réaction  le  ii3""  jour,  il  y  avait  3i,95  pour  loo  de  galactose  combiné 
dans  l'alcool  à  l\b«  et  33, /|3,  35,45  et  34, 4o  pour  lOo  dans  les  alcools  à  25», 
35*-'  el  55*^  respectivement. 

On  a  pensé  que  ce  fait,  contraire  à  la  doctrine  de  la  réversibilité,  pouvait 
être  dû  à  une  destruction  plus  rapide  du  ferment  dans  l'alcool  à  45^  que 
dans  les  autres  alcools. 

l'oLir  xérifier  cette  supposition,  le  25"  jour,  on  a  lecueilii  séparément  l'émulsine  de 
tous  les  liquides,  on  l'a  lavée  avec  soin  à  l'alcool  étiiylique  à  gS"^  et  on  l'a  séchée  dans  le 
vide.  On  a  rerais  à  sa  place  oe,5o  de  nouvelle  émulsine  qu'on  a  recueillie  de  la  même 
façon  à  la  fin  de  la  réaction  et  qui  est  restée  ainsi  92  jours  en  contact  avec  les  alcools. 

On  a  essayé  ces  émulsines  sur  une  solution  de  galactose  à  1  pour  100  environ  dans 
l'alcool  élhylique  à  8o%  en  utilisant  op,i5  d'émulsiiie  et  1  5™''  de  celte  solution.  Au 
bout  de  4  jours,'  on  a  dosé  le  galactose  libie  restant  dans  les  solutions. 

L'émulsine  ayant  séjourné  21  jours  dauî  les  alcools  propyliques  à  los,  35»,  45°i  ne 
possède  plus  qu'une  aciivilé  très  faible;  celle  qui  a  séjourné  dans  les  alcools  plus 
forts  agit  mieu.\  el  d'autant  mieux  que  l'alcool  est  plus  concentré.  On  a  obtenu  des 
résultats  comparables  avec  les  émulsines  ayant  séjourné  92  jours  dans  l'alcool  pro- 
pylique. 

(^es  faits  sont  à  rapprocher  de  ceux  que  nous  avons  signalés,  Bourquelot 
cl  moi,  en  étudiant  la  résistance,  à  l'action  de  la  chaleur,  de  l'émulsine  en 
contact  avec  les  alcools  éthyliques  à  '^o",  80*^,  90*",  gb'^  et  loo*^  (').  L'émul- 
sine résiste  d'autant  mieux  que  le  milieu  renferme  moins  d'eau. 


(M  Joiirn.  Phann.  C/tim.,  7*  série,  t.  7,  I9i3,  p.  65. 


Il32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'éinulsine  étant  tuée  dans  les  alcools  faibles  et  jus(jiie  dans  l'alcool 
à  SS*-',  on  pouvait  se  demander  si  l'on  avail  bien  atteint  réquilibre  dans  ces 
alcools.  On  a  recommencé  un  essai  sur  les  alcools  à  lo*-',  25^^,  35^,  45*"' 
et  55s  pour  ioo'"'\  On  a  fait  ajifir  d'abord  l'émulsine  à  +  3o°  pendant 
28  jours,  puis  on  a  filtré  et  l'on  a  remis  une  nouvelle  quantité  de  ferment 
qu'on  a  fait  agir  46  jours  à  la  température  .ordinaire  et  qu'on  a  recueilli. 
On  a  remis  une  nouvelle  dose  de  ferment  qu'on  a  fait  agir  'i3  jours  dans  les 
mêmes  conditions.  L'essai  a  donc  duré  i  1  7  jours. 

Dans  les  alcools  à  lo^,  i5s  et  25*-',  on  est  arrivé  sensiblement  aux  mêmes 
c{uantités  de  galactose  combiné,  respectivement  0^,0832;  0*^,1 152  et  o*^,  i6o5 
au  lieu  de  o",o8o8;  os,i  1  52  et  os,i62i  dans  le  premieressai.  Pour  l'alcool 
à  3.")*^,  on  est  arrivé  à  un  cliiffre  un  peu  plus  élevé  :  o"',i947  au  lieu 
de  0",  1721.  Poui'  les  deux  autres  alcools,  les  quantités  de  galactose  combiné 
sont  encore  inférieures  à  celles  que  l'on  a  combinées  dans  l'alcool  à  35^. 

Les  émulsines  ayant  séjourné,  à  la  température  du  laboratoire,  4^  et 
43  jours  dans  les  alcools,  ont  été  essayées  comme  on  l'a  vu  dans  la  jiremière 
expérience.  Elles  avaient  conservé  leurs  propriétés  synthétisantes  sur  le 
galactose  dans  l'alcool  éthylique  à  8o^'. 

Le  ferment  n'étant  pas  tué,  à  la  température  ordinaire,  dans  l'alcool 
propylique  à  45''',  comment  expliquer  qu'on  ne  soit  pas  arrivé  à  combiner 
plus  de  galactose  en  1 17  jours?  Cela  tient  à  ce  que  la  réaction  est  excessi- 
vement lente,  à  la  température  ordinaire.  Ainsi,  du  74*'  au  117''  jour,  la 
quantité  de  galactose  existant  dans  100""'  d'alcool  propylique  à  45*  n'a 
baissé  que  de  o''',oi  i3.  Il  faudrait  donc  prolonger  des  mois  et  peut-être  des 
années  l'action  du  ferment  pour  atteindre  l'éiiuilibre  dans  ces  alcools,  on 
admettant  qu'on  puisse  y  arriver. 

l'.n  résumé,  la  galactosidase  [3,  ferment  contenu  dans  l'émulsine  des 
amandes,  qui  agit  sur  les  galactosides  |3,  est  tuée  assez  rapidement  à  -1-  3o°, 
dans  les  alcools  propyliques  à  lo^,  iS*-',  25",  35^,  4"^'^  et  résiste  dans  les 
alcools  plus  forts.  Elle  conserve  son  activité,  à  la  température  ordinaire, 
dans  tous  les  alcools  essayés.  La  galactosidase  !!}  combine  le  galactose  à 
l'alcool  propylique,  quel  que  soit  le  titre  de  l'alcool  dans  lequel  elle  agit. 
La  proportion  de  galactose  combiné  augmente  d'abord  avec  le  titre  de 
l'alcool,  puis,  à  cause  de  la  destruction  du  ferment,  cette  proportion  dimi- 
nue dans  les  alcools  à  4'^"  et  55**.  Dans  les  alcools  à  ()5k,  70^  ci  ^5*^,  dans 
lesquels  le  ferment  résiste  bien,  !a  proportion  de  galactose  augmente  de 
nouveau  avec  le  titre  de  l'alcool  et  l'on  arrive  à  près  de  80  pour  100  de 
galactose  combiné  dans  l'alcool  à  75'*. 


SÉANCE   DU    2   MAI    19a  T. 


ii33 


CIIIVIIE  RIO'  0"ilQUE.  —  Inflai-nce  des  sels  (V iirane  sur  h  fixateur  d'azo'e. 
Note  de  M.  E.  Ivwseu,  |)i-ésentée  par  M.  P.  Vialn. 

Dans  une  Noie  antérieure  (')  nous  avons  montré  qu'à  doses  convenaMes 
certains  sels  d'urane  pouvaient  agir  comme  stimulants  sur  le  ferment  alc.io- 
li(|ue;  Agulhon  cl  Sazerac  ont  reconnu  que  l'acétate  et  le  nitrate  d'urane 
pouvaient  activer  (-)  les  phénomènes  d'oxydation  dus  au  ferment  acétique 
et  à  la  bactérie  du  sorbose;  Sloklasa  a  signalé  l'action  favorable  du  nitrate 
d'urane  sur  certaines  bactéries  du  sol  et  il  trouve  que  l'action  de  ce  sel  sur 
VAzotobacter  chroococum  est  plus  faible  que  pour  les  autres  bactéries 
étudiées ('). 

Nous  avons  voulu  voir  comment  se  comportait  à  cet  égard  VAzotobacter 
agile  qui  a  fait  l'objet  de  nos  précédentes  Notes. 

Le  milieu  minéral  contenant  les  sels  habituels  a  été  additionné  d'une  part  de 
1,94  pour  100  de  mannite,  d'autre  part  de  2,06  pour  100  de  glucose;  les  liquides 
l'épariis  entre  des  vases  coniques  furent  ensuite  additionnés  d'acétate  d'urane,  sel 
soluble,  et  de  phosphate  d'urane,  sel  considéré  comme  insoluble,  dans  les  proportions 
indiquées  au  Tableau  suivant;  l'ensemencement,  après  stérilisation,  a  été  fait  a\'ec  une 
génération  maintenue  à  l'obscurité  ;  les  vases  furent  placés  dans  des  conserves  blanches 
ou  jaunes  à  la  température  de  27°;  l'analyse  fut  elfectuée  au  bout  d'un  mois. 

Hydrate  disparu  Azote  Azote  fixé 

Sel  Dose -~ — ^^ — — total  par  gramme 

Coloration.  ajouté.  employée,      total.         pour  100.       assimilé,     d'hydrate  détruit. 

Milieu  inannité. 

e  ms  mg 

Blanc témoin              -  2,23o  76,6  ii,5o6  5,  169 

> acétate  rsWif  "'■ÀS)^  §5,6  11, 368  4,565 

»       acétate  j^  2,455  84,4  i3,2o5  5, 379 

"      phosphate  fôVô  1,825  62,7  9,067  4,968 

Jaune témoin              -  2,33o  80,1  10,297  4,4i9 

»      acétate  ^^  2,n5  72,7  9,259  4,377 

»      phospliate  j^',,^  i,5i5  52,  i  6,629  4,^75 

Milieu  glucose. 

Blanc témoin  -  1,609  52, 1  8,828  5,176 

acétate         rdrîTô      ',^90        61,2         12,268  6,488 

On  constate  que  pour  les  conserves  blanches,  les  cultures  mannilées, 

(')   Comptes  rendus,  I.  155,  1912,  p.  i85. 

C^)  Ibid.,  p.  1186. 

(•■')  Comptes  rendus,   t.   1.55,    1912,   p.    1096;   t.    150,    1918,  p.    i58;  t.  157,  1918, 

p.  879. 

C.  R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N'  18).  83 


Il  34  ACADÉMIE   DES   SCIENCES- 

additionnées  d'acétate  d'urane,  ont  fait  disparaître  plus  de  mannite  que  le 
témoin  et  qu'avec  la  dose  de  -^  il  y  a  une  augmentation  d'azote  fixé; 
l'action  du  phosphate  a  été  contraire,  la  proportion  de  mannite  détruite 
atteint  encore  62,7  pour  100. 

Le  phosphate  ne  gêne  cependant  pas  la  combustion  de  la  mannite;  une 
culture  d'azotobacter  avec  la  dose  de  -^  de  phosphate  a  fourni  les  résultats 
suivants  :  - 

A/.ote 
Mannite  Azole  total  par  gramme 

déiruite.        Pour  100.  (i\é.  île  mannite. 

Après  I  mois 15,367  43,5  .5™?,  347  3'"s,  i-o 

Après  4  mois 2^,91^  y2,8  6"'s,376  2'"»,  iS.j 

Nous  remarquons  que  dans  les  conserves  jaunes  le  témoin  montre  la  plus 
forte  destruction,  dépassant  même  le  témoin  blanc;  les  sels  d'urane  parais- 
sent ici  avt>ir  contrarié  l'assimilation  d'azote  avec  les  doses  employées. 

Dans  le  milieu  glucose,  l'addition  d'acétate  d'urane  a  été  nettement  favo- 
rable; signalons  que  la  proportion  de  glucose  brûlé  n'atteint  pas  celle  de  la 
mannite  piur  une  même  dose  d'azote  fixé,  le  microbe  a  travaillé  plus  écono- 
miquement. 

L'uranium  intervient-il  comme  composé  chimique  ou  comme  catalyseur 
par  son  pouvoir  radioactif? 

Déjà,  en  1912,  G.  Petit  a  émis  (')  l'hypothèse  d'une  action  favorisante 
de  la  radioactivité  sur  la  fixation  de  l'azote  gazeux;  Stoklasa  a  remarqué 
qu'une  terre  ensemencée  d'azotobacter  et  soumise  aux  émanations  radio- 
actives s'eniichissait  en  azote.  Il  y  a  donc  une  grande  probabilité  (]ue  le 
pouvoir  radioactif  de  l'uranium  est  le  facteur  dominant;  il  contribue  à  sti- 
muler le  microbe  et  il  peut  en  résulter  une  augmentation  de  la  production 
végétale. 

EMBRYOSÉME.  —  La  forme  reptilienne  du  spermnlozoïite  du  Pangolin  et  sa 
signification.  Note  de  MM.  R.  Anthony  et  Ch.  (Jha.mpv,  présentée  par 
M.  Kd.  Periier. 

Les  spermatozoïdes  du  Pangolin  (Manis  javanica  Desm.)  ont  une  forme 
spéciale  (-),  identique  à  celle  qu'on  ohserve  chez  les  Reptiles.  C'est  une 
exception  unique  pai-mi  les  Mammifères  (Monolrèmes  exceptés). 

(')    Congrès  iiilern,itioiial  de  Pathologie  comparée,  Paris. 

(')  Nous  ignorons  si  cliez  le  I^angolin  lu  spermalogénèse  subit  des  arrèls  pério- 
diques. Chez  certains  Edentés  [Tatu  novemcinctuin  L.)  el  cliez  l'Orvclérope,  il  s'en 
produit  cerlainemenl. 


SÉANCE   DU    2    MAI    1921.  Il 35 

Les  spermatozoïdes  des  Reptiles,  ainsi  que  ceux  des  autres  Sauropsidés 
(Oiseaux)  ont  une  tête  très  allongée,  cylindroconique  et  plus  ou  moins 
enroulée  en  spire.  Cette  forme  spermatique  n'est  d'ailleurs  pas  particulière 
aux  Sauropsidés  :  elle  doit  être  fort  ancienne,  car  on  la  trouve  avec  ses 
caractères  essentiels  chez  les  Amphibiens,  et  même  chez  les  Sélaciens.  L'un 
de  nous  (')  a  montré  que  dans  ces  groupes  (*)  se  développe  toujours,  au 
cours  de  la  spermatogénèse,  dans  le  noyau  de  la  spermatide,  un  appareil 
axial  qui  consiste  en  une  sorte  de  baguette  élastique  tendue  entre  l'acro- 
some  et  le  centrosome  postérieur;  c'est  de  la  torsion  de  cette  baguette  au 
moment  de  l'allongement  de  la  spermatide  que  dérive  la  torsion  plus  ou 
moins  accusée,  suivant  les  espèces,  de  la  tête  spermatique  définitive. 

Cette  torsion  de  la  tête  spermatique  est  parfois  très  atténuée  et  tend 
à  disparaître,  soit  chez  des  types  isolés  {Rana  esculenta^  parmi  les  Amphi- 
biens), soit  dans  des  groupes  d'une  très  vaste  compréhension  (Téléostéens). 
Mais,  même  alors,  on  en  observe  constamment  des  traces  plus  ou  moins 
nettes  dans  l'évolution  des  spermatides. 

Les  spermatides  des  Mammifères  sont  caractérisées  par  une  tèle  courte 
généralement  sans  symétrie  axiale,  mais  zygomorphe,  en  forme  de  cuiller 
légèrement  tordue.  L'appareil  axial  dont  on  retrouve  parfois  qut^lques 
vestiges  ne  se  montre  bien  développé  à  aucun  moment  de  la  spprmatogé- 
nèse,  du  moins  dans  les  formes  où  celle-ci  est  connue  (nous  possédons 
nous-mêmes  une  importante  série  de  documents  sur  la  spermatogénèse  des 
Mammifères).  Seul,  le  spermatozoïde  de  TEchidné  présente  au  contraire 
une  tête  longue  et  spiroïde  ;  il  e?t  nettement  reptilien.  G.  Rctzius  ('),  qui 
l'a  figuré,  a  négligé  de  faire  ce  rapprochement.  C'est  là  un  caractère  qui 
s'ajoute  à  beaucoup  d'autres,  semblant  indi(juer  entre  les  Monolrèmes 
et  les  Sauropsidés  l'existence  de  liens  étroits. 

Les  spermatozoïdes  du  Pangolin  sont  assez  semblables  à  ceux  de 
l'Echidné.  Leur  tête  allongée  s'atténue  progressivement  en  pointe,  coupée 
en  biseau  à  sa  base  comme  chez  beaucoup  de  Reptiles  et  d'Amphibiens. 
Elle  forme  une  sorte  d'hélice  d'un  tour  à  un  tour  et  demi;  à  sa  partie 


(')  Champy,  Arcliù'es  de  Zool.  exp.,  t.  .o2,  et  C.  R.  Soc.  bioL,  igiS.  —  Voir  aussi, 
en  ce  qui  concerne  plus  parliculièremenl  les  Reptiles,  Bulliard,  C.  R.  Ass.  Aiiat., 
1921. 

(')  La  spermatogénèse  des  Sélaciens  est,  il  est  vrai,  inconnue;  mais  la  forme  de  leuis 
spermatozoïdes  montre  qu'ils  doivent  1res  probablement  se  développer  suivant  un 
processus  semblable  à  celui  qu'on  observe  chez  les  Amphibiens  et  les  Sauropsidés. 

(^)  G.  Retzius,  Biologisches  Untersuchungen,  t.  13,  p.  7,  pi.  XXIX,  fig.  i. 


^C^ 


ç^^ 


os  H, 


C 


cP^ 


ii36 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


postérieure,  on  distingue  le  corpuscule  central  proximal  et  une  courte 
pièce  intermédiaire.  Au  cours  de  la  spermatogénèse  on  voit  se  développer 
un  appareil  axial  identique  à  celui  des  Reptiles. 


1.  Sperm  itozoïfle  du  Pangolin  (  ilanis  /avanica  Desm.)  ;  2,  3.  Formes  d'allongement  drs  spermalides 
de  P.ingolin  (  Uanis j avanica)  avec  appareil  axial  typique;  4.  Spermatozoïde  de  l'EcliIdné  (d'après 
R'-tzius);  5  Spermatozoïde  d'un  Reptile  [Testudo  grœca);  G.  Spermatozoïde  de  Dasypus 
(,  Chœlophraclus)  villosus  (d'après  Retzius). 

Cette  forme  spermati(]ue,  si  nettement  replilienne,  du  Pangolin  doit-elle 
être  interprétée  comme  la  persistance  d'un  caractère  ancien  ou  bien  con- 
sidérée comme  secondaire  et  attribuée  à  une  simple  convergence"? 

On  est  tenté  d'accorder  rt/)/7'o/j' à  la  forme  des  spermatozoïdes,  en  général, 
une  signification  pbylogénétique  importante.  C'est  là  un  caractère  sur 
lequel  on  ne  conçoit  pas  que  l'action  du  milieu  s'exerce  facilement.  Mieux 
que  tout  autre,  il  paraît  capable  de  rendre  compte  des  affinités  réelles  des 
groupes.  S'il  varie  parfois  rapidement  (Rongeurs),  on  ne  peut  discerner 
entre  ces  variations  et  des  conditions  possibles  d'adaptation  quelconques  le 
moindre  rapport.  Le  groupe  tout  entier  des  Marsu[)iaux,  oiî  l'on  observe  la 
même  variété  et  la  même  multiplicité  d'adaptations  somatiques  générales 
que  chez  les  Euthériens,  est  caractérisé  par  une  forme  de  spermatozoïdes  à 
ce  point  homogène  qu'elle  peut  servir  de  moyen  de  diagnose. 

Cependant,  en  ce  qui  concerne  le  Pangolin  en  particulier,  rien,  à  l'excep- 


SÉANCE   DU    2    MAI    iq2I.  Il37 

lion  de  la  structure  nettement  reptilienne  de  ses  écailles  (lesquelles 
coexistent  au  surplus  avec  des  poils),  ne  paraît  pouvoir  le  rattacher  aux 
formes  ancestrales  dont  on  peut  concevoir  que  dérivent  les  Mammifères. 
L'ensemble  de  l'anatomie  du  Pang^olin  dont,  au  surplus,  on  est  encore  inca- 
pable de  préciser  les  affinités,  indique  plutôt  au  contraire,  et  par  les  régres- 
sions même  qu'on  y  constate,  une  extrême  spécialisation. 

Si  l'on  attribue  à  la  forme  spermatique  du  Manis  la  valeur  d'un  caractère 
ancestral,  il  faudrait  alors  admettre  que  le  phylum,  dont  notre  Manis  actuel 
est  le  type  terminal,  s'est  détaché  du  tronc  mammalien  de  très  bonne  heure, 
conservant  sans  modification,  et  pour  des  causes  que  l'on  ne  peut  connaître, 
cette  forme  spermatique  ancienne,  alors  que  suivant  un  mécanisme  éga- 
'lement  inconnu,  le  spermatozoïde  se  serait  au  contraire  profondément 
modifié  dans  tous  les  autres  groupes  de  Mammifères  aussi  bien  euthériens 
que  marsupiaux. 

Peut-on  admettre  d'autre  paxt  que  celte  forme  spermatique  soit  un 
résultat  de  convergence?  Si  l'on  conçoit  que  des  facteurs  externes  puissent 
modifier  dans  un  certain  sens  la  structure  des  écailles,  il  est  plus  difficile 
d'adniettrequ'ilspeuventagirsur  la  forme  du  spermatozoïde.  Pour  l'attribuer 
dans  le  cas  particulier  à  un  phénomène  de  convergence,  il  faudrait  admettre 
une  certaine  corrélation  entre  la  structure  des  écailles  et  la  forme  sperma- 
tique, faire  dépendre  celle-ci  indirectement  de  celle-là. 

L'hypothèse  de  la  convergence  est  en  outre  ici  difficile  à  admettre,  car 
on  conçoit  malaisément  que  l'appareil  spiral  ait  réapparu  tel  qu'il  était 
après  avoir  disparu  complètement. 

Pour  ces  raisons,  l'hypothèse  d'une  persistance  ancienne  paraît  la  plus 
vraisemblable.  Le  spermatozoïde  du  Pangolin,  de  même  que  celui  des 
Monotrèmes,  n'aurait  pas  varié  dans  sa  forme  au  cours  de  l'évolution, 
comme  l'a  fait  celui  de  tous  les  autres  Mammifères. 


EMBRYOGÉNIE.  —  L'activation  parthénogénétique  des  œufs  de  Grenouille 
rousse  (Rana  temporaria  L.)  dans  les  milieux  hypoloniques  et  hyperto- 
niques.  Note  de  ^L  R.  Hovasse,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Activation  par  Veau.  —  Bataillon  a  signalé,  en  igo4,  chez  le  Crapaud  une 
activation  des  œufs  vierges  pris  dans  la  cavité  générale  et  placés  dans  l'eau 
ordinaire.  Il  a  remarqué  de  même  que  les  œufs  utérins  de  Grenouilles  pré- 


II 38  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

sentent  parfois  dans  l'eau  distillée  une  aclivation  analogue.  11  a  interprété 
ces  faits  conime  dus  à  une  immaturité  des  œufs  considérés.  Une  série  de 
recherches  faite  sur  des  œufs  parfaitement  mûrs  vient  de  me  donner  des 
résultats  analogues,  mais  d'une  interprétation  différente. 

Des  œufs  de  Rana  temporaria  descendus  dans  l'utérus  depuis  plusieurs 
jours  (Grenouilles  fraîches)  ou  depuis  plus  d'un  mois  (Grenouilles 
conservées  à  la  glacière),  plutôt  surmatures  qu  immatures ^  réagissant  nor- 
malement vis-à-vis  du  spermatozoïde  ou  du  stylet,  sont  plongés  dans  l'eau 
distillée.  Après  s'être  ratatinés,  et  avec  une  heure  ou  deux  de  retard  sur  les 
témoins  fécondés  ou  piqués  au  sang,  ils  se  segmentent  en  forte  proportion. 

Si  la  même  expérience  est  faite  avec  des  œufs  analogues,  mais  débar- 
rassés mécaniquement  de  leur  gangue  au  sortir  de  l'utérus,  la  segmenta- 
lion  est  générale  dans  feau  distillée  ou  ordinaire. 

Des  œufs  inlacts  sont  placés  dans  l'eau  ordinaire,  leurs  gangues  s'y  imbibent.  Au 
bout  de  temps  variables,  on  les  dégangue  par-petits  lots  qui  sont  alors  placés  dans 
l'eau  distillée  ou  ordinaire.  On  constate  ainsi  que  le  pourcentage  des  segmentations 
diminue  avec  le  temps,  plus  vite  dans  l'eau  distillée  que  dans  l'eau  ordinaire.  Il 
devient  nul  dans  l'un  ou  l'autre  milieu  pour  les  œufs  dégangués  après  plus  de  48  heures 
d'imbibilion. 

Si  l'on  suit  sons  le  microscope  les  œufs  dégangués  et  mis  dans  l'eau,  on  voit  qu'ils 
augmentent  de  volume.  Puis,  a()rès  un  maximum  de  taille  obtenu  en  3o  ou  4o  minutes 
(T  =:  iS"  à  16°)  leur  diatnètre  diminue  assez  brusquement,  d'une  façon  comparable  à 
la  conlraction  qui  s'observe  normalement  après  la  fécondation  ou  la  piqûre  expéri- 
mentale. Le  volume  croît  ensuite  jusiju'à  l'apparition  des  premiers  sillons  irréguliers, 
caractéristiques  de  la  parlhénogenè-ie  abortive.  Chez  les  œufs  munis  de  leur  gangue 
observés  dans  l'eau  ordinaire,  on  ob-erve  de  même  une  augmentation,  mais  beaucoup 
plus  lente  et  dont  le  maximum  n'est  atteint  qu'en  plusieurs  heures;  l'aclivatiun  n'en 
résulte  qu'exceptionnellement. 

Il  semble  donc  que  l'activation  soit  liée  ici  à  une  contraction,  réaction  de 
l'œuf  causée  par  la  pénétration  brusque  de  l'eau  dans  son  intérieur.  On 
peut,  d'autre  part,  en  induire  le  rôle  de  la  gangue  en  temps  normal  :  elle 
paraît  constituer  un  amortisseur,  empêchant  par  son  imbibition  lente  le 
brusque  contact  de  l'œuf  et  du  milieu  hypotonique. 

Aclivation  par  les  solutions.  —  Des  œufs  sont  plongés  non  imbibés  d'eau,  dans 
des  solutions  isotouiques  de  substances  diverses  :  LiCI,  NaCI,  KCl,  KBr,  Kl,  KCv, 
CaCl^  MgCP,  MgSO\  Na'SO',  (AzII')2S0',  Ga(AzO')-,  sucres,  urée,  disposées  en 
séries  de  concentrations  croissantes  depuis  o  jusqu'à  2  pour  100  (calculées  en  IS'aCl). 
Us  y  sont  laissés  à  demeure,  ou  reportés  ensuite  dans  l'eau  ordinaire  après  2  ou 
3  heures  de  coniaci.  Au  bout  de  6  ou  7  heures  (T  r=  iS"  à  16")  les  œufs  se  segmentent 
dans  un  grand  nombre  de  solutions,  et  en  proportions  variables  suivant  les  substances 


SÉANCE   DU   2   MAI    I921.  II 89 

considérées.  Aucun  rapport  n'apparaît  entre  le  pourcentage  des  segmenlalions  et  les 
concentrations.  L'influence  de  celles-ci  n'est  sensible  que  pour  la  toxicité  de  certaines 
solutions  salines,  qui  croît  proportionnellement  à  leur  litre  :  par  exemple  Kl,  K  Br, 
Ca(AzO»)',  NaCI. 

Les  résultats  les  meilleurs  sont  ceux  obtenus  avec  les  solutions  hypoto- 
niques  de  sels,  les  solutions  hypo,  iso,  ou  hypertoniques  des  non  électro- 
lyles  employés,  tout  au  moins  pour  ce  qui  concerne  les  œufs  restés  à 
demeure  dans  les  solutions.  Le  report  des  œufs  dans  l'eau  ordinaire  n'amé- 
liore pas  les  résultats,  abstraction  faite  des  solutions  toxiques  pour  l'œuf 
dont  le  rôle  se  trouve  atténué,  sinon  supprimé.  L'enlèvement  de  la  gangue 
est  presque  toujours  favorable. 

L'étude  des  variations  de  volume  de  l'œuf  donne  les  résultats  suivants  : 
aux  faibles  concentrations,  il  y  a  toujours  initialement  une  augmentation 
de  taille,  suivie  plus  ou  moins  tôt  d'une  contraction  à  laquelle  fait  suite  une 
nouvelle  augmentation  lente  et  durable.  Si  l'on  augmente  le  titre  des  solu- 
tions, les  choses  se  passent  de  même  dans  les  non-électrolytes  jusqu'à  des 
concentrations  très  hypertoniques  :  plus  de  2^  pour  100  (en  NaCl)  pour 
le  saccharose;  tandis  que,  à  partir  de  o',  i3  pour  100  (en  NaCl)  pour 
Ca(AzO')'-,  on  voit  l'œuf  diminuer  de  volume,  lentement  pendant  les 
premières  minutes,  puis  plus  brusquement,  après  un  minimum  atteint  en 
une  demi-heure,  l'œuf  se  remet  à  croître  lentement  jusqu'à  la  division. 

Si  l'on  s'en  tient  dans  les  deux  cas  au  premier  temps  (augmentation  de 
taille  avec  le  sucre,  diminution  avec  le  sel),  la  pression  osmotique  ne  peut 
rendre  compte  des  faits.  Il  semble  nécessaire  de  faire  intervenir  un  autre 
facteur  physique,  bien  moins  précis,  sans  doute  parce  que  moins  étudié, 
l'imbibidon  [Quellung)  des  colloïdes  de  l'œuf.  Les  substances  qui  amènent 
le  gonflement,  même  en  solutions  très  hypertoniques,  sucres  ou  urée,  ont 
été  reconnues  par  les  auteurs  comme  imbibantes.  Ils  qualifient  de  dèsimbi- 
bantes  celles  dont  l'action  se  montre  inverse  sur  l'œuf  de  Grenouille  : 
Ca(AzO'j-  et  divers  sels. 

Le  mécanisme  de  l'activalion  semble  différer  suivant  ces  deux  catégories. 
Avec  les  substances  imbibantes,  elle  est  du  même  type  qu'avec  l'eau  dis- 
tillée qui  n'en  est  qu'un  cas  particulier.  Avec  les  autres,  l'activation,  qui  est 
plus  rapide,  paraît  coïncider  avec  la  diminution  de  volume  de  l'œuf,  com- 
parable ainsi  avec  une  contraction  et  qui  fait  peut-être  corps  avec  elle. 

H  y  aurait  donc  ainsi  dans  les  deux  cas,  activation  liée  à  une  contraction 
de  l'œuf,  tantôt  active,  tantôt  à  demi-passive.  La  contraction  apparaît  donc 
comme  le  phénomène  général,  dont  Bataillon  a  fait  ressortir  toute  l'impor- 
tance théorique. 


ll4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉDECINE  EXPÉRiMENTAI-E.  —  Lfi  Jîèvrr  aphteuse  bovine  n'est  pas  Iransrnis- 
sible  à  V homme;  la  stomatite  aphteuse  humaine  n'est  pas  transmissible  aux 
bovins.  Note  de  M.  Char  es  Lkbaili.y,  présentée  par  M.  E.  Leclainche. 

Les  traités  classiques  de  médecine  humaine  et  de  médecine  vétérinaire 
enseignent,  sur  la  foi  d'expériences  faites  en  Allemagne  en  i834,  qne  la  fièvre 
aphteuse  se  transmet  des  animaux  à  l'homme  par  l'intermédiaire  du  lait. 
Périodiquement,  on  publie  des  observations  qui  semblent  confirmer  cette 
donnée.  Je  me  suis  livré  à  une  enquête  sur  le  sujet  et  voici  le  résultat  de 
mes  observations  : 

Au  cours  de  Tépizootie  de  fièvre  aphteuse  qui  sévit  depuis  19 19  en  Nor- 
mandie, j'ai  visité  un  grand  nombre  de  fermes  et  je  n'ai  constaté  aucun  cas 
de  fièvre  aphteuse  humaine  parmi  les  nombreuses  personnes  qui  étaient  en 
contact  avec  les  animaux  malades. 

J'ai  observé,  d'autre  part,  de  juin  1920  à  avril  1921,  dix  cas  de  stomatite 
aphteuse  sur  des  habitants  de  Caen.  Les  malades  présentaient  le  même 
tableau  clinique  :  éruption  d'aphtes  très  nombreux  sur  les  bords  de  la 
langue,  à  la  face  interne  des  lèvres  et  des  joues,  aux  gencives,  au  palais; 
leur  température  oscillait  entre  38°  et  39'',5.  Ils  avaient  bu  du  lait  non 
bouilli  à  l'exception  d'un  seul  cas  (9*  cas).  La  maladie  ne  s'est  jamais  pro- 
pagée aux  autres  membres  de  la  famille.  Leurs  âges  étaient  respectivement 
de  4,  35,  3,  5,  49>  ^5,  7,  f\5,  9  et  i4  ans.  Les  enquêtes  sur  l'état  de  santé 
des  vaches  qui  ont  fourni  le  lait,  faites  par  M.  Berlin,  vétérinaire  dépar- 
temental, n'ont  pas  donné  de  renseignements  certains,  sauf  pour  les  3*^  et 
5"  cas  où  le  lait  ne  provenait  sûrement  pas  de  vaches  malades. 

Ce  cinquième  cas  concerne  un  homme  de  49  ans  atteint  de  fièvre  (39°) 
et  porteur  d'une  forte  éruption  aphteuse  survenue  4  jours  après  l'absorp- 
tion de  lait  cru.  Son  observation  a  la  valeur  d'une  expérience  :  en  elTet,  le 
malade  reçoit  depuis  plusieurs  années  son  lait  d'une  seule  ferme,  toujours 
la  même,  et  l'enquête  a  démontré  que  les  vaches  y  étaient  absolument 
indemnes  de  fièvre  aphteuse.  Les  cinq  premiers  cas  ont  été  observés  avant 
janvier  1921,  alors  que  la  fièvre  aphteuse  sévissait  dans  de  nombreuses 
exploitations,  les  cinq  derniers  s'échelonnent  de  janvier  à  avril,  période 
peu  lant  la(|uelle  ré[)idémie,  en  décroissance,  n'existait  plus  que  dans  de 
rares  exploitations. 

Les  médecins  de  la  région  m'ont  fait  remarquer  qu'ils  observaient  en 
tout  temps  des  stomatites  semblables.  Y  a-t-il  relation  de  cause  à  effet  entre 
ces  éruptions  buccales  et  l'ingestion  de  lait  cru?  on  peut  le  supposer,  mais 


SÉANCE  DL  2  MAI  I921.  Il4l 

alors  il  s'agirait  de  tout  autre  chose  que  de  la  fièvre  aphteuse  des  bovidés. 
Au  surplus  j'ai  fait  les  expériences  suivantes  : 

Première  série  d'expériences  (  essais  négatifs  de  transmission  de  la  stomatite 
aphteuse  humaine  aux  bovidés)  : 

Expérience  1  (7'  cits).  —  Enfant  de  7  ans,  t.  Sg",  éruption  buccale  en  voie 
d'extension.  On  prélève  du  liquide  des  vésicules  intactes,  du  produit  de  raclage  des 
aphtes,  on  recueilfe  et  l'on  défibrine  10""'  de  sang.  Ces  produits  ont  été  injectés  sépa- 
rément sous  la  peau  d'un  jeune  bovin.  L'animal,  mis  en  observation  pendant  trois 
semaines,  n'a  présenté  ni  troubles  ni  élévation  thermique.  Inoculé  ensuite  avec  du 
virus  aphteux,  il  a  contracté  5  jours  après  la  fièvre  aphteuse. 

Expérience  2  (8"  cas).  —  Femme  de  45  ans  en  pleine  poussée  de  stomatite 
aphteuse,  38°, 8.  Prélèvements  de  salive,  sérosité  et  aphtes.  On  recueille  et  défibrine 
So'^"'  de  sang.  Ces  produits  sont  inoculés  séparément  sous  la  peau  d'une  génisse. 
Aucune  réaction.  Après  un  délai  de  20  jours  celte  génisse  inoculée  avec  du  virus 
apiUeux  a  présenté  4  jours  plus  tard  les  symptômes  classiques  de  la  fièvre  aphteuse. 

Expérience  3  (lo"  cas).  —  Fillette  de  i4  ans,  l'éruption  avant  débuté  le  matin  même. 
La  sérosité  des  vésicules,  des  débris  d'épilhélium  et  de  la  salive  ont  été  inoculés  sans 
résultat  à  un  jeune  bœuf.  Soumis  i5  jours  plus  tard  à  l'épreuve  du  virus,  l'animal  a 
contracté  une  fièvre  aphteuse  typique. 

Deuxième  série  d'' expériences  {essais  négatifs  de  transmission  de  la  fièvre 
aphteuse  bovine  à  l'homme)  : 

Expérience  k.  —  Un  demi-centimètre  cube  de  virus  aphteux  buccal  d'un  bœuf  est 
inoculé  sous  la  peau  d'un  singe  du  poids  de  i^^  (Macacus  cynomolgus).  Ni  réaction 
thermique  ni  lésions  aphteuses. 

Expérience  5.  —  Elle  a  trait  à  une  inoculation  accidentelle.  Par  suite  du  mou- 
vement de  défense  d'un  animal,  un  aide  s'est  enfoncé  profondément  dans  la  main 
l'extrémité  d'une  pipette  chargée  de  virus  qui  venait  d'être  recueilli  dans  un  aphte.  Il 
n'en  est  résulté  aucun  trouble 

Expériences  6,  7,  8.  —  Le  virus  utilisé  a  été  le  sérum  d'un  bovin  ayant  contracté  la 
maladie  cinq  jours  après  l'inoculation  et  dont  la  température  alteignait4i''  au  moment 
de  la  saignée.  Trois  sujets  d'expérience  ont  reçu  respectivement  sous  la  peau  8""',  3™', 
S"^™'  de  ce  sérum.  En  outre,  chez  chacun  d'eux  plusieurs  centimètres  cubes  du  produit 
virulent  ont  été  déposés  dans  la  bouche.  On  a  fait  à  la  face  interne  des  joues,  des 
lèvres  et  aux  gencives  de  légères  érosions  au  contact  desquelles  le  virus  aphteux  a  été 
maintenu  pendant  au  moins  cinq  minutes.  Une  génisse  de  3oo''e  a  reçu  en  même  temps 
sous  la  peau  8""'  de  ce  sérum.  Cette  génisse  a  présenté  72  heures  plus  tard  une  érup- 
tion aphteuse  buccale  intense  et  4'°.  elle  a  succombé  à  la  maladie  le  neuvième  jour. 
L'autopsie  à  été  faite  par  MM.  Bertin  et  Fréger.  Les  sujets  humains  sont  restés  com- 
plètement indemnes. 

Il  me  paraît  légitime  de  conclure  de  ces  observations  et  expériences  que 
la  fièvre  aphteuse  bovine  et  la  stomatite  aphteuse  de  l'homme  sont  des 
maladies  absolument  distinctes,  puisque  la  première  ne  peut  être  transmise 
expérimentalement  à  notre  espèce  ni  la  seconde  aux  bovidés. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  18.)  ^4 


Il42  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

PATHOLOGIE.  —  Sur  le  Lalhyrisme  ou  intoxicntion  provoquer  par  les 
graines  de  Gesses.  Note  (')  de  M.  .^Iarcel  !IIira\de,  présentée 
par  M.  G.  Guignard. 

A  la  suite  du  médecin  Cantani,  de  INaples,  on  a  donné  le  nom  de 
lathyrisme  à  l'intoxication  déterminée,  chez  l'iiomme  et  chez  les  animaux, 
par  l'alimentation  au  moyen  des  graines  de  certaines  Gesses,  notamment  du 
Lathyrus  salivas  et  du  L.  Cicera. 

Pendant  la  guerre,  l'Administration  militaire,  obligée  de  faire  entrer 
dans  l'aliuientation  chevaline  des  substances  qui  n'y  entrent  pas  habituelle- 
ment, y  a  introduit,  notamment,  les  graines  de  ces  plantes.  Des  accidents 
ayant  été  signalés  de  divers  côtés,  une  décision  du  8  octobre  1919  vint 
mettre  un  terme  à  ce  mode  d'alimentation.  Il  y  a  quelques  semaines, 
M.  le  vétérinaire-major  de  i'"'  classe  Léger,  de  Grenoble,  vint  me  faire 
part  de  graves  accidents  survenus  parmi  les  chevaux  de  la  garnison  de 
cette  ville,  dans  l'alimentation  desquels  était  entrée  une  certaine  quantité 
de  graines  de  Lathyrus  salivas,  et  me  demander  mon  avis  à  ce  sujet;  il  avait 
constaté,  dans  son  service,  de  nombreux  cas  d'intoxication  dont  16  mortels, 
dans  une  période  de  temps  assez  courte. 

Une  première  étude  des  graines  de  Lathyrus  salivas  et  de  L.  Cicera  m'a 
donné  les  résultats  suivants  : 

Les  graines  concassées,  broyées,  ou  réduites  en  farine  grossière  el  liumectées  d'eau, 
placées  dans  un  récipient  en  verre,  à  la  température  de  33°  à  4o",  donnent,  au  l)ont 
de  quelques  heures,  une  autofermentalion  dégageant  une  assez  grande  quantili'  d'an- 
hydride carbonique  et  dV/ct'/e  suif  hydrique. 

La  substance,  dont  la  déconoposition  fournil  ce  dégagement  de  M'S,  est  contenue 
dans  les  cotylédons  et  non  dans  le  tégument  séminal.  Cette  fermenlalion  se  produit 
d'autant  plus  vile  que  le  broyage  est  plus  fin;  une  farine  moyennement  fine  dégage 
son  H- S  en  6  heures  ou  en  8  heures. 

Si  l'on  fait  une  macération  dans  l'eau  des  graines  broyées,  la  >ubstance  mère  de  H-S 
est  contenue  dans  l'eau  de  macération;  un  lavage  soigné  est  cependant  nécessaire  poui- 
l'extraire  totalement. 

Les  graisses,  dép4)uillées  ou  non  de  leur  tégument,  mais  laissées  entières  el  mises 
dans  un  peu  d'eau,  ne  donnent  pas  lieu  à  ce  dégagement  d'hydrogène  sulfuré;  dessé- 
chées ensuite,  broyées  et  humectées,  elles  n'en  dégagent  pas  non  plus.  I.e  simple 
début  des  phénomènes  germinatifs  subis  par  les  graines  entières  a  transformé  la  subs- 
tance mère  de  IPS. 

(')   Séance  du  ?.5  avril  1921. 


SÉANCE    DU    2    MAI    Iy2I.  ri  43 

La  feriiieiilalion  spontanée  qui  fournit  ce  dégagement  de  H'-S  ne  commence  guère 
qu'à  35°;  elle  est  très  active  entre  35"  et  l[0°,  température  de  la  plupart  des  animaux 
à  sang  chaud  ;  elle  se  produit  aussi  jusqu'à  60°  environ,  c'esl-à-dire  jusqu'à  la  lenipé- 
ratui-e  moyenne  de  coagulation  des  matières  albuminoïdes.  A  partir  de  celle  tempé- 
rature de  coagulation,  raulofermenlation  ne  se  produit  plus;  mais  par  l'ébullilion 
ou  à  l'auloclave  (de  1 10°  à  120°)  on  obtient  la  décomposition  directe,  mais  parlielle 
seulement,  de  la  substance  mère  de  II-S.  Cette  décomposition  partiells  est  accrue 
sous  l'action  des  acides  dilués. 

Lautofernientalion  sulfhydrique  se  fait  par  action  lente  de  l'eau;  elle  ne  semble  |)as 
être  iiilUieiicée  par  quelque  pliénomène  d'oxvdation  ou  de  réduction. 

Je  suis  parvenu  à  e.vtraife  de  ces  graines  une  substance  qui,  par  la  cha- 
leur seule  et  encore  mieux  avec  les  acides  dilués,  dégage  de  l'H^S. 

Cette  Note  a  simplement  pour  but,  en  signalant,  après  bien  d'autres, 
le  danger  des  graines  de  Gesse  dans  l'alimentation  animale,  de  jeter 
quelque  lumière  sur  la  cause  du  lalhyrisme  et  de  susciter  l'étude  de  cette 
maladie  sous  un  angle  nouveau. 

Cornevin  (')  et  d'autres  auteurs,  plusieurs  vétérinaires  de  l'armée  et 
notamment  M.  le  major  Léger,  que  j'ai  cité  plus  haut,  ont  observé  que  si 
les  Gesses  sont  données  aux  chevaux  après  macération  et  rejet  du  macérât, 
elles  sont  sans  danger.  Cornevin  constate  également  que  si  les  graines  de 
Gesse  sont  données  aux  animaux  concassées  ou  réduites  en  farine,  les 
phénomènes  morbides  apparaissent  plus  rapidement  qui  si  elles  sont  distri- 
buées entières  et  sans  avoir  subi  ces  opérations.  Mes  expériences,  citées 
plus  haut,  donnent  l'explication  de  ces  faits. 

L'empoisonnement  semble  bien  causé  par  l'acide  sulfhydrique  qui  se 
dégage  dans  l'estomac  de  l'animal  comme  in  l'euro.  On  connaît  la  puissante 
toxicité  du  H- S  gazeux  qui  altère  le  globule  sanguin,  s'empare  de  son 
oxygène  et  y  détermine  la  formation  de  sulfure  de  fer.  Les  animaux  meurent 
par  asphyxie,  parfois  très  rapidement,  parfois  après  une  période  plus  ou 
moins  longue.  Dans  ce  dernier  cas,  ils  succombent  peut-être  aux  lésions 
lentes  produites  sur  les  hématies. 

M. Henri  Kœchli\  présente  un  Mémoire  intitulé  sur  V Élasticité  plane. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

A  16  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

(  '  )  Cornevin,  Des  plantes  vénéneuses  et  des  empoisonnements  qu  elles  déterminent. 
Paris,  1887,  lib.  Firmin-Didot. 


"44 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


COMITE    SECHET. 


La  Section  de  Cliiiiiie-présenle,  par  l'organe  de  son  Doyen,  la  liste  sui- 
vante de  candidats  à  la  place  vacante  par  le  décès  de  M.  Em.  Bowquelot  : 

En  première  ligne M.  Georges  Uubain 

En  seconde  ligne M.  Emile  Blaise 

1  MM.  Marcel  Delépixe 

En  troisième  ligne,   ex  œquo  et  par  ordre  )  Paul  Lekeait 

alphabétique j  Robert  Lespieau 

'  Camille  Matignon 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 


La  séance  est  levée  à  17  heures  et  demie. 


E.    P 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI    î)   MAI  J921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  GiiOROES  LEMOINE. 


MERIOIllES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRKS  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'AGA.DÉMrE. 


M.  le  PiiÉsiuEXT  annonce  à  l'Académie  qu'en  raison  des  fêtes  de  la 
Penlccôle  la  prochaine  séance  hebdomadaire  aura  lieu  le  mardi  17  mai  au 
lieu  du  lundi  iG. 


M.  le  Pkksidext  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Lenxart  Smitii,  professeur 
à  l'Université  de  J^und,  qui  assiste  à  la  séance. 

MÉDECINE.  —  liechcrches  cotnparalivcs  sur  le  fonctionnement  du  foie  à  la 
suite  de  l'anesthèsie  c/niurificale  par  le  chloroforme^  l'ét/ier,  le  protoxyde 
d'azote  ou  la  novocaïne.  Note  de  iMM.  F.  Widal,  P.  Abrami  et  J. 
Hi  ri\Ei,. 

Nous  avons  montré  récemment,  par  une  série  de  recherches,  l'importance 
de  l'épreuve  de  l'iiémoclasie  digestive,  qui,  par  de  simples  numérations  de 
leucocytes,  après  absorption  d'un  verre  de  lait,  permet  de  dépister  en  cli- 
nique les  moindres  altérations  fonctionnelles  du  foie.  L'insuffisance  protéo- 
pexiquc,  que  cette  épreuve  met  facilement  en  évidence,  s'est  en  effet  révélée 
d'une  extrême  fréquence  non  seulement  au  cours  des  affections  hépatiques 
avérées  les  plus  diverses,  mais  dans  toute  une  série  d'états  patholoj^iques  où 
l'adultération  cellulaire  du  foie  ne  pouvait  être  que  soupçonnée.  Le  plus 
souvent,  cette  insuffisance  protéopexique  coïncidait  avec  certains  symp- 
tômes  urologiques  d'insuffisance  hépatique,   tels  que  l'urobilinurie  ou  la 

C.  lî.,  ig2i,  I''  Semestre.  (T.  172,  N*  19.)  f^5 


Il46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rélcnlion  des  sels  biliaires;  par  coiUre.  elle  évoluait  souxcnl  aussi  pour  son 
propre  compte,  constituant  le  seul  témoin  d'un  liépatisme  talent. 

L'extrême  sensibilité  de  l'épreuve  de  l'Iiémoclasie  digestive  nous  a 
engai^és  à  reprendre,  à  l'aide  de  ce  nouveau  procédé  d'exploration,  l'élude 
du  retentissement  que  peuvent  avoir  sur  le  fonctionnement  du  foie  les  dif- 
férents anesthésiques  couramment  employés  en  chirurgie.  Depuis  longtemps, 
les  cliniciens  ont  insisté  sur  la  fréquence  des  altérations  hépatiques  provo- 
quées par  certains  de  ces  anesthésiques  et  notamment  par  le  chloroforme. 
Ces  altérations  se  traduisent  par  toute  une  gamme  de  sympinmes,  qui  va  de 
l'ictère  grave  au  subictère  léger,  et  même  à  ces  rétentions  biliaires  latentes 
décrites  par  MiVl.  Brûlé,  Garban  et  Légal  La  Salle  (').  Ces  auteurs  ont 
montré  (|ue,  dans  les  narcoses  prolongées,  le  chloroforma  et  l'éther  pro- 
voquent à  peu  prés  constamment  une  rétention  de  sels  liiliaires  et  d'urobi- 
llne,  qui  persiste  pendant  plusieurs  jours  ;  dans  les  narcoses  de  plus  courte 
durée,  l'élher  paraît  moins  toxique  que  le  chloroforme  :  l'excrétion  d'uro- 
biline  et  de  sels  biliaires  est  moins  fréquente  avec  le  premier  de  ces  anesthé- 
siques. Il  était  intéressant  de  reprendre  cette  élude  avec  l'épreuve  de  l'Iié- 
moclasie digeslive,  non  seulement  dans  l'aneslhésie  par  l'élher  et  le 
chloroforme,  mais  dans  l'anesthésie  par  le  protoxvde  d'azote,  et  compara- 
tivement dans  l'anesthésie  locale  par  la  novocaïne. 

Les  malades  que  nous  avons  examinés  ont  été  choisis  naturellement 
parmi  ceux  qui  ne  présentaient  aucune  tare  hépatique  antérieure,  réagis- 
saient à  l'épreuve  de  l'hémoclasie  digestive  comme  des  sujets  normaux,  et 
n'excrétaient,  par  les  urines,  ni  pigments,  ni  sels  biliaires. 

Les  résultats  auxquels  nous  sommes  arrivés  dilTèrenl,  ainsi  qu'il  fallait 
s'y  attendre,  suivant  les  anesthésiques  emplovés. 

Avec  le  chloroforme,  même  administré  à  faible  dose,  l'insuffisance  pro- 
léopexique  s'est  montrée  constante  et  précoce.  Sur  les  quatre  malades 
que  nous  avons  observés  et  chez  lesquels  la  durée  de  l'anesthésie  a  varié  de 
20  à  55  minutes,  trois  fois  la  ci'ise  d'hémoclasie,  provoquée  par  la  simple 
absorption  d'un  verre  de  lait,  s'est  manifestée  déjà  24  heures  après  l'opéra- 
tion, alors  que  les  urines  ne  contenaient  encore  ni  urobiline  ni  sels 
biliaires.  Une  fois,  elle  n'ost  apparue  qu'au  bout  de  '|8  heures,  en  même 
temps  qu'une  nrobilinurie  légère;  il  s'agissait  d'une  anesthésie  peu  intense, 


(')  lÎHL'Lfi,  11.  Garbax  el  Lec.ai.  La  Salle.  Lex  retendons  biliaires  lalenles  dans,  cer- 
taines lésions  toxiques  et  infectieuses  du  J'oie  {Revue  de  Cldrurgie,   10  juin  191 '11 


SlUNCli    nu   ()    MAI    If)'2I.  ii/j; 

la  qiianlilé  de  chinrofoiiiie  dcbilcc"  piir  l'appareil  ilc   Kicard  n'ayaiil  pas 
excédé  1 1  ""'. 

LY'volulioii  de  celle  iiisaflisancc  posl-cliIoroi'ormi(|ue  a  varié  suivant  les 
malades;  sa  durée,  cependant,  n'a  jamais  excédé  quelques  jours.  Dans  un 
cas,  concernanl  une  ancslhésie  de  2.6  minutes  avec  absorption  de  i/|""  de 
chloroforme,  l'hémoclasic  digestive  qni  apparut  24  heures  après  ro|iéralion, 
ne  disparut  que  le  sixième  jour.  Il  n'y  eut,  à  aucun  moment,  rétention  des 
sels  biliaires;  par  contre,  l'urobilinurie  qui  ne  se  montra  que  24  heures 
après  rinsuflisance  protéopexique  se  prolongea  '|<S  heures  ajarès  la  dispa- 
rition de  celle-ci.  Chez  une  autre  malade,  ayant  inhalé  ■)7""'  de  chloro- 
l'orme  au  cours  d'une  anesthésie  de  35  minutes,  et  qui,  ■2\  heures 
après  l'intervention  ne  présentait,  elle  aussi,  qu'une  crise  d'hémoclasic 
digestive,  sans  urobilinurie,  ni  cholalurie,  ces  deux  symptômes  apparurent 
simullanément  au  bout  de  '|8  heures.  (^)uatre  jours  après  l'opération,  la 
rétention  des  sels  biliaires  disparut,  alors  que  l'épreuve  de  l'hémoclasic 
digestive  était  toujours  positive  et  que  l'urobilinurie  persistait.  Ce  n'est  que 
le  sixième  jour  que  ces  deux  signes  d'insuffisance  hépatique,  dis])arurent  à 
leur  tour.  Dans  un  troisième  cas,  où  la  dose  de  chloroforme  respirée  fut  de 
I  1""',  l'insulfisance  protéopexique,  qui  apparut  48  heures  a])rt'S  l'opération 
et  qui  persista  jiendant  <>  jours,  ne  s'accompagna  à  aucun  moment,  ni 
d'urobilinurie,  ni  de  cholalurie.  Elle  constituait  donc  le  seul  témoin  d'une 
altération  hépatique  qui  sans  la  recherche  de  l'hémoclasie  digestive  aurait 
j)assé  inaperçue.  Enfin,  chez  une  quatrième  malade,  qui  absorba  1 4""  de 
chloroforme,  l'épreuve  de  l'hémoclasie  digestive  positive  dès  le  lendemain, 
resta  positive  pendant  5  jours.  I^lle  s'accompagnait  seulement  d'uiobili- 
nurie,  qui  persistait  encore  8  jours  après  l'opération. 

L'aneslhésie  par  l'éther  nous  a  fourni  des  résultats  beaucoup  plus 
inconstants  que  ceux  observés  avec  le  chloroforme.  Ici  la  question  de  la 
dose  de  l'anesthésique  absorbé  semble  revêtir  une  importance  capitale. 

Dans  les  petites  anesthésies,  la  fonction  protéopexique  du  foie  reste, 
semble-t-il,  indemne.  C'est  ainsi  que  chez  deux  malades,  anesthésies  à 
l'élher  l'une  pendant  10  minutes,  l'autre  pendant  18  minutes,  l'épreuve  de 
riiémoclasic  digestive  a  été  coniplèteinent  négative.  11  en  a  été  de  même  de 
la  réaction  de  Hay,  l'urobilinurie  existait  dans  un  cas  en  proportion  très 
notable  et  dans  l'autre  en  faible  quantité. 

Dans  les  anesthésies  plus  prolongées,  l'éther  arrive  à  léser  la  fonction 
protéopexique,  mais  d'une  façon  moins  précoce  et  moins  profonde  que  ne 
le  fait  le  chloroforme,  .\iusi,  chez  une  malade  qui  resta  anesthésiée  pcndan  l 


•  l4'^  ACADÉMIli:    DES    SCIENCES. 

26  minutes,  la  crise  héiiioclasiqiie  n'apparut  qu'après  48  heures  et  disparut 
2  jours  plus  tard  :  elle  évolua  parallèlement  à  une  urobiliniirie  légère,  sans 
cliolaluric.  Chez  une  seconde  malade,  dont  l'aneslhésie  se  prolongea  pen- 
dant 35  minutes,  la  crise  d'hémoclasie  digestive,  qui  n'apparut  égaleiucnl 
qu'après  48  heures,  ne  dura  que  3  jours;  de  plus,  elle  était  peu  intense,  et, 
comuio  il  est  l'réquent  en  pareil  cas,  s'effectuait  en  échelons;  les  chiffres  des 
leucocytes  présentaient  une  série  d'oscillations  ascendantes  et  descendantes, 
il  n'y  eut  dans  ce  cas  ni  urobilinurie,  ni  excrétion  des  sels  biliaires. 

iMifin,  nous  avons  effectué  les  mêmes  recherches  chez  quaire  lualades 
endormis  par  un  troisième  aneslhésiquc  :  le  prolnxyde  d'azote.  Dans  deux 
cas  où  l'anesthésie  a  été  prolongée,  l'iiémoclasie  digestive  existait;  elle 
apparut  24  heures  après  l'intervention.  Le  premier  cas  concerne  une  anes- 
ihésie  de  35  minutes;  l'insufllsancc  proléopexique  dura  3  jours;  elle  coïn- 
cidait avec  une  urobilinurie  notable,  sans  cholalurie;  dans  le  second,  où 
l'anesthésie  dura  4o  minutes,  l'insuffisance  protéopexique  se  prolongea 
4  jours  ;  il  y  eut,  parallèlement,  excrétion  d'urobiline  et  de  sels  biliaires. 

l'ar  contre,  dans  deux  autres  cas,  ou  l'anesthésie  fut  de  courte  durée 
(17  et  24  minutes),  nous  n'avons  observé  ni  insuffisance  protéopexique, 
ni  rétention  de  sels  ou  de  pigments  biliaires. 

Aux  résultats  qui  précèdent,  et  qui  tous  concernent  les  anesthésies  géné- 
rales, il  faut  opposer  ceux  que  nous  a  fourni  l'élude  d'un  anesthésique 
local  :  1(1  niivucaïnc.  D'après  les  constalalioiis  faites  dans  les  cas  que  nous 
avons  observés,  cette  substance  n'exerce  aucune  action  nocive  sur  le  foie. 
J'rois  sujets  ont  reçu  respectivement,  par  voie  intrarachidienne,  8'^'"',  10"''' 
et  12*^^°'  de  novocaïne,  un  quatrième  a  reçu  la  très  forte  dose  de  2^  en 
injection  sous-cutanée;  aucun  d'eux  n'a  présenté  le  moindre  signe  d'in- 
suffisance hépatique.  La  crise  d'hémoclasie  digestive  recherchée  les  jours 
suivants  a  fait  défaut;  il  n'y  eut,  d'autre  part,  ni  urobilinurie,  ni  rétention 
des  sels  biliaires. 

En  résumé,  les  recherches  qui  viennent  d'être  exposées  metlonl  en  relief 
les  deux  faits  suixants  : 

D'une  part,  les  trois  grands  anesthésiques  généraux  couramment  usités 
en  chirurgie  :  chloroforme,  éther  et  protoxyde  d'azote,  touchent  la  cellule 
hépatique.  L'indice  le  plus  sensible  de  celte  altération  cellulaire  est  linsuf- 
lisance  protéopexique  qui  apparaît  frécpiemment  avant  tout  autre  signe  de 
lésion  du  foie,  et  peul  même,  dans  certains  cas,  évoluer  pour  son  propre 
compte,  sans  rétention  de  sels  biliaires,  sans  urol)ilinuric. 

Avec   le  chloroforme,   l'insuffisance   protéoiiexique  s'est  montrée  cens- 


SÉ'ANCE    DU    ()    MAI    HJSI.  Il/jf) 

lanle,  même  après  l'eiuploi  de  faibles  closes  de  cet  anesthésiqiie.  Avec 
rétliei-  et  le  protcxyde  d'azote,  riiisuflisanco  hépatique,  absente  on  cas 
d'aneslhésie  de  courte  durée,  apparaît  dès  que  la  narcose  se  prolonge. 

Au  contraire.  la  cellule  hépatique  reste  indemne  au  cours  de  l'ancslliésie 
locale  parla  novocaïne.  Les  doses  haljituelles  de  lo'i^  et  12''^  injectées  par 
voie  rachidienne,  et  même  la  dose  de  2"  administrée  par  voie  sous-cutanée, 
ne  produisent  aucun  trouble  appréciable  du  foie,  comme  en  témoigne 
l'épreuve  de  l'iiémoclasie  digestive,  qui  pci  met  pourtant  de  déceler  les  alté- 
rations fonctioimelles  les  plus  minimes. 

Les  résultats  précédents  ont  leur  importance  dans  la  pratique. 

Chez  des  sujets  dont  le  fonctionnement  hépatique  est  normal  avant 
l'opération,  l'insuffisance  protéopexique  que  détermine  l'anesthésic  géné- 
ral' ne  semble  pas  constituer  une  contre-indication  à  la  narcose,  il  s'agit  là 
d'un  trouble  fugace  qui  a  disparu  en  quelques  jours,  chez  tous  les  opérés 
que  nous  avons  suivis  et  chez  lesquels  l'anesthésic  a  été  prolongée 
jusqu'à  3"  minutes,  l'ar  contre,  chez  les  sujets  atteints  d'une  lésion  du 
foie,  on  risque  de  voir  survenir,  après  l'anesthésic  générale,  des  accidents 
plus  ou  moins  graves  d'insuffisance  hépatiqu(^;  lors(|u'une  indication 
opératoire  se  pose  chez  de  tels  sujets,  il  est  intéressant  de  savoir  qu'un 
anesthésique  local,  comme  la  novocaïne  ne  détermine,  même  aux  doses 
élevées  que  nous  avons  indiquées,  aucune  altération  fonctionnelle  du  foie. 

ÉLECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la   voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre 
de  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  M.  Emile  Boitrqurlot ,  décédé. 
Le  nombre  de  votants  étant  09, 

M.  Georges  Urbain      obtient 36  suffrages 

M.  Camille  Matignon         »        i.")         » 

M.  Lmile  Biaise  »        4         " 

M.  Marcel  Delépine  »        2         » 

M.  Albert  Colson  »        r  suffrage 

M.  Robert  Lespieau  »        i        » 

M.  Georges  Urbaix,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffl•a^es,  est 
proclamé  élu. 

Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
République. 


[5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


NOMlIVATIO^S. 


M.  G.  BuiouKDAN  csl  désigné  pour  représenter  l'Académie  à  l'inaug^ura- 
tion  d'un  monument  élevé  à  la  mémoire  de  l'abbé  La  Caii.i.k.  à  Runiigny 
(^Ardennes). 

COMMISSIONS. 

MM.  les  Membres  de  i.a  Section  de  Piiysiqik,  MM.  A.  d'Arso.vval, 
J.  Carpe\tier,  Iîer«;oivié,  formeront  la  Commission  cliargée  de  contnMer 
les  expériences  de  M.  Coi\TREMorLiN.s,  sur  \a portée  des  rayons  A. 


CORUE  SPOND  AIVCE . 

M.  Pait,  Wi.ntrebert  adresse  un  Rapport  relatif  à  l'emploi  de  la  sub- 
vention accordée  eu  1920  sur  le  Fonds  Bonaparle. 

M.  le  Mimsire  de  i.'I.^strtctio.n  plblioue  et   des   Beaux-Arts   invite 

l'Académie  à  désigner  un  de  ses  Membres  qui  fera  partie  de  la  Commission 
tcrjinifjue  de  la  Troisième  Section  de  la  Caisse  des  rec/ierc/irs  scienti/i(/i/es. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°   T//e  éléments  o  fthe  science  o^  nutrition,  by  Graiiam  Lisk. 

2°  Annales  des  Services  tec/ini(jucs  <riIyL:;i<'ne  de  la  Ville  de  Paris.  Tome  1  ; 
Compte  rendu  des  Iravaa.j-  de  i()i3  à  iijh). 

3°  Essais  de  l'alcoconrhologie  comparée,  par  M.  Coss.man.n.  (Présenté  par 
M.  Douvillé.) 

4°  Deux  fascicules  du  linlletin  teclini(jae  da  Service  leclmiijaede  l' Aèronaa- 
liqae. 

S°  Annexe  du  Tome  second  de  la  Description  iiéomélrir/i/e  détaillée  des 
Alpes  françaises,  |)ar  Paui.  IIi:i.i:uo!cnkk.  (Présenté  par  M.  P.  Appell.)        ' 


SÉANCE    DU    9    MAI    I921. 


I  i5i 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  polynômes  (/r  Lai^iiirre. 
INole  de  M.  Ffti.ix  V.wkv,  présentée  par  M.  Ap[)ell. 

I.   Considérons  les  polynômes  l'„('',  a  )  délinis  par  le  dévelo|ipeni('nl 

^1    ""y  h"P„{a,  or). 

On   voit,   en   employant  les   méthodes  classiques,   que  ces  polynômes, 
liomogènes  en  x  et  en  a,  jouissent  des  propriétés  suivantes  : 

/      (•"/(■./•)  \\,{.r.  «)r/.r  =  0, 

J{x)  étant  un  polynôme  arbitraire  de  degré  inférieur  à  n.  Si  n  et  n'  sont 
des  entiers  différents, 

Les  polynômes  Prt(.r,  a)  satisfont  à  l'équation  différentielle 

a  X T^ 4-  (  n  +  .?'  ) ; /i  r„  (  .r ,  «  )  =  o, 

dx-  d.v 

et  trois  polynômes  consécutifs  sont  liés  par  la  relation 

{n  -h  i)  P„+,(.r,  fl)  —  [.r  +  (2/(  +  i)rt]  P„(.r,  «)  +  /;«'-  F-",,.  ,(j:-,  cr)  =:r  o. 
L'expression  générale  de  P„(''")  ^')  est 


P„(.i-.  a)=.a"  -I f  o"-'  — r  -(- 


/(  ( /(  —  1)       .,„■''■  "("  —  ')("  — ■!"•  ,  •'■' 


Klle  peut  s'écrire  sous  la  forme  de  déterminant 


P„(x,  a) 


3« 


(—  1)",^"     (-  0"-'  -«"- 


I  02  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

l'^iiliii,  l*„(.'',  a)  se  met  sous  l'orme  de  dérivée  //"""' 

Il  \  ll.l" 

Poura  =  i,  les  polynômes  P„(.t,  n)  se  réduisent,  à  un  fadeur  constant 
près,  aux  polynômes  de  Laguerre  (  '  ).  l'.n  faisant  a  ^  i  qV  en  rcmplarnnt  .r 
par  — X,  ces  polynômes  se  réduisent  aux  polynômes  d'Abel  (  -  ). 

2.  Considérons  maintenant  les  polynômes  P„(^,  ci)  comme  fonctions 
de  a.  Ils  satisfont  alors  à 

'/=P„(.z-.  a)        r  V     -,dV„[.r.a\ 

a ■ p- kr  -i-  (  2  /i  —  1  ) rt  1 ; II-  y ,A  T ,  (i)  z^  o 

da-  ^  da 

et  peuvent  se  mettre  sous  la  forme  de  dérivée  /('''""' 


P„(.r.  rt  )  :=  I-    II' 


-1  _  _  ,/„ 

~da~„ 


En  comparant  cette  expression  à  celle  obtenue  précédemment,  on  obtient 
l'identité 

j'^.nlin,  les  polynômes  P„(a',  a)  vérifient  la  relation 
dV„{.r,  a) 


da 


=  /;P„    ,(./■.  a\ 


Ils  appartiennent  donc  à  la  classe  des  polynômes  de  M.  Appell  (  '  )  :  Icui' 
fonction  génératrice  a  pour  expression 

.  ,  h    X         h-  x'-        h^    r'  A"    r" 

'  I  !   I  I        2  !  ■>  !        û  I   j  !       '  '  '  ~^  II'.   ii\    '   ■  ■  ■  ' 

elle  satisfait  à  l'équation  difrérenticlle  du  second  ordre 

,  r/'o         do 

''7ÏÏ?   '  ^]-^'^~"' 
et  à  l'écpiation  aux  dérivées  partielles 

à 


Oh  àx 


=  o  1  A ,  x). 


('  )   Œittres  de  f^agtierre,  t.  1,  p.  l\i^. 

(-)  Œuvres  d'Abel,  t.  2,  p.  2<S.'i. 

(■■  )  .S//r  une  clause  de  polynômes  (  Annales  de  i Ecole  Normale  supérieure,  iSSoK 


SÉANCE  DU  9  MAI  1921.  Il53 

.").  D'une  fjiron  générale,  011  peut  appliciiier  aux  polynômes  l'„(-^",  «) 
loules  les  indications  données  dans  le  Ménioiie  eilé  de  M.  Appell.  Gest  ce 
(pic  nous  montrerons  dans  un  travail  (jui  sera  pnhlié  ailleurs. 


ANALYSI-;  MATHÉMA'l'l'^UE.  —  Sur  une  ri'pirspntdliiui  des poly/io/ites 
par  lies  in /('■ivraies.  \ole  de   M.  A.  Ax«ei,rs«:o,  présentée  pai'  M.  Appell. 

I.  Vi(u)  éld/it  une  fonclinn  liurdanl  Je  même  signe  pour  u  compris  dans 
rintcrvallc  {a,  h),  à  tout  polynôme  P„(.r  ),  du  degré  n  en  .r,  on  peut  faire 
correspondre  un  polytiome  II„(  u ).  et  un  seul,  du  degré  n  en  u,  (et  qi/e  l'on  ail 


(I)  ¥„{x)=i     K{u){,r-^  ii)"\\„{u) 


du. 


En  effet,  en  identifiant  les  deux  membres,  on  obtient  un  système  de 
//  -+-  I  équations  linéaires  pour  déterminer  les  n  +  1  coefficients  de  n„(  u). 
Il  ne  peut  y  avoir  indétermination,  car  si  l'égalité  (i  )  était  satisfaite  aussi 
par  le  polynôme  n„(  u),  du  degré  n  en  »,  on  déduirait  que 

f  iv(«)"'[n„-n;,]^///  =  o 

pour?  ^o.  I,  ...,  n,  ce  qui  est  impossible,  vu  que  Iv(h)  ne  change  pas  de 
signe  lorsque  u  varie  de  a  à  b. 

'1.  Si  l'équation  P„(j7)  =^  o  a  p  racines  réelles  et  distinctes,  toutes  supérieures 
à  b  ou  toutes  inférieures  à  a,  {l)  >  o),  Véqualion  II„(.r  )  =  o  aura  p  racines 
réelles,  comprises  dans  Vinterialle  (a,  b). 

Soient  i\,r^^  ...,/-^lcs  p  racines  de  P„(.r)^o.  Nous  les  supposerons 
toutes  supérieures  à  b  et  ordonnées  de  telle  faeonquc  /•,  >  '■■_.>  ...  >/■/,>  b. 

De  Féiialité 


/' 


K  (  »  )  (  r ,  —  u  )"  II„  (  u  )  du  ==  o 


on  déduit  que  Hjj^//")  doit  clianger  de  signe  lorsque  u  varie  de  a  à  b\ 
1F„(//)  ~  oa  donc  au  moins  une  racine  dans  cet  intervalle,  que  nous  dési- 
gnerons par  p,.  Supposons  que,  aux  i — i  racines  ?', ,  r.^,  ...,  r/_,  de  P„(a7)  =  o, 
correspondent  les  i  —  \  racines  p,,  p^,  ...,  p,_i  de  IT„(^)  =  o  comprises  dans 
l'intervalle  («,  b).  Notre  proposition  sera  démontrée  si  nous  prouvons  que, 
à  la  racine  /•,,  correspond  la  racine  p,  de  Ilnfa-")  située  dans  le  même 
intervalle. 


II 54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Considérons  pour  cela  le  polynôme  du  degré  n  en  u 


(2) 


H(")- 


("-  '■■)" 
(p.-'-i)" 


yu  —  r.,)" 


.-'•.)"      (? 


r,)" 


(p,-_,— /•,/' 


et  cherchons  le  nomhre  de  racines  de  ce  polynôme  inférieures  à  h,  ou,  ce 
qui  est  la  même  chose,  le  nomhre  de  racines  positives  de  ll(/>  —  //)  =  o. 
En  développant  le  déterminant  (  2).  l'équation  précédente  pourra  s'écrire 


(3) 


/.i((/  +  y.^Y  +  >..,(//  ^  y.-:.)"  +  .  .  .^'l.,(a-\-  cz,)"  =  o, 


où  a,,  a^,  ....  X,  représentent  respectivement  les  (piantités  i-,  —  h, 
r.,  —  />,  ...,/•,  —  h,  donc  des  (juantités positives  dccroissantes^  et  les  coefficien  ts 
A|,  A^,.  ....  A,  résultant  du  déterminant  (2).  D'après  le  théorème  de 
Descartes,  le  nombre  des  racines  positives  de  (3)  ne  peut  dépasser  le 
nombre  des  variations  de  signes  que  présente  la  suite 


(4)    ),i +/.,  +  ..  .  +  >■„    ).,cz,h->.2»;î 


l,y-i, 


. ,     À,  a'I  -H  X, 5;!;  -h  ...  -t-  À,»;'. 


D'après  des  résultats  établis  par  Laguerre  (^').  relatifs  au  nombre  des 
variations  de  la  suite  (4),  il  résulte  que  le  nombre  des  racines  positives  de 
l'équation  (3)  est  au  plus  i  —  i.  Donc  l'équation  R(//)  =  o,  qui  a  pour 
racines  les  i  —  i  quantités  s,,  Oj,  ...,  p,_,  inférieures  à  h,  ne.  peut  (noir 
d'' autres  racines  inférieures  à  b.  Posons 


Alors 


r(M)  — ("  — pi)("  —  p.')  ■■  •  ("  — p-i)- 


(5) 


[\(,/)=^{u)S{,i) 


et  n„(K)  =  r(//)cr(fO- 


Lorsque  //  varie  de  n  à  /^,le  polynôme  S(//)  garde  un  signe  constant  ;  si  le 
polynôme  'y(ii)  change  de  signe,  il  résultera  que  1T„(//)  admet  encore  une 
racine  p,  dans  cet  intervalle.  Mais  des  /égalités 


/' 


K  (  //  )  (  /•_,  —  a)"  II,,  (  (/  )  du  =  o 


(y  =  '.-.', 


il  résulte  que 


f  \\(ii)\\{ii )  n„ (  Il )  i/ii  =  o. 


(')  Sur  lu  lliciirie  des  é'jualions  iiinurrii/iics  [f >lùi\'res,  l.  1.  p.   >-). 


SÉANCE    DU   9   MAI    1921.  il55 

En  remplaçant,  alors,  R(//)  et  H„(«)  par  leurs  valeurs  (5)  nous  voyons 
([ue  celte  égalilé  ne  peut  avoir  lieu  (|ue  si  7(«)  change  do  signe  clans  l'inter- 
valle (a,  h). 

Notre  proposition   se   démontrera,   de   même,  dans  le   cas  des  racines 
/•,,/•..  ....  r,  toutes  inférieures  à  et. 

15.   Prenons  le  polynôme  P„(-r  )  sous  la  forme 

l'„(.r)  =:  a„.r"  —  C,',«,.r"-'  -h  Cj,(ux"    --...  +  (— 1)"(/„. 
Alors,  de  l'égalité  (^i)  il  résulte 

(G)  /    K(/0"' II,..(")  <^''"  =  ^''  (('r^o,  i,  a,  .  ,  .,  «)• 

Donc,  le  polynôme  U„{u  )  généralise  le  polynôme  orthogonal  du  degré  n 
correspondant  an  noyau  K("),  qu'on  obtient  en  faisant 


,  =  a,,_i  =  o. 


Des  égalités  (G)  on  déduit  facilement  que.  si  /*  est  impair,  on  a 

D'autres  propriétés  des  polynômes  n„(w)  en  rapport  avec  les  polynômes 
orthogonaux  et  les  polynômes  de  la  classe  de  M.  Appell  font  l'objet  d'un 
Mémoire  qui  paraîtra  dans  un  autre  recueil. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  convergence,  des  développements  qui 
expriment  les  racines  de  l'équation  iilgèhrique  générale  par  une  somme  de 
fonctions  hypergèométriques  de  plusieurs  variables.  Note  de  M.  Richard 
ItiRKELAXD,  présentée  par  M.  K.  Goursat. 

i.  Dans  une  Note  précédente!  ')  j'ai  montré  qu'on  peut  résoudre  l'équa- 
tion algébrique  générale  par  une  somme  de  fonctions  hypergèométriques 
de  plusieurs  variables.  Nous  allons  généraliser  les  développements.  Consi- 
dérons l'équation  générale  du  degré  n  : 

(1)  r„.v"  +  /•„_,  jf"-''  +  .  .  .  +  /■oa'-+  r,.r  +  /•„  =  o. 

Soient^  et  q  {p  >  q)  deux  des  nombres  o,  i,  2,  ...,  n.  Ecrivons  (i)  sous  la 

l'i  Comptes  rendus,  l.  171.  lyao,  p.  i3-o. 


11.56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

forme 

H-  /,,_,  i-''-i  +  /,,>■!'  +  .  .  .  -I-  /„  .  ,  l'"  ). 

Il  siiflil.  pour  cela,  déposer 

et  de  diviser  par  —  i),  et  par  v'.  Dans  (2)  nous  posons 

/,  =■  /,         />,  =  ///,         ("/,  >  II. 

Considérons  l'équation  de  Lagrange  0  =  1'  +  a/'(0).  Si  nous  introduisons 

et  "  •  . 

n     r  1  '/-'  '/  +  ! 

J{0)  —  0   '■"'4'  +  A//'^''  +  ...-f-/',,^''"''+  //,/^,  (/''-'' -4-... 

/'-  I  /'  +  '  n     -| 

l'équation  de  T^agrange  devient  l'équation  (2),  et  en  développant  l^'iO") 
suivant  les  puissances  de  /  à  l'aide  de  la  série  bien  connue  de  Lagrange 

nous  obtenons,  en  introduisant  /==/,,  /«;  =^  y>  p  —  ij  des  racines  de  (2) 
par  les  séries 

P  — •  7  ■^'^a  a,  !  o!j!  .  .  .  a,,_,  !  '     - 

(«  =  I,  2,  . . ., y^  —  y)  la  somme  X,  étant  étendue  à  toutes  les  valeurs  o,  i , 
2,  3,  ...  de  a,,  a.,  ..  ,  7.„_,  depuis  zéro  à  l'infini;  le  système  des  valeurs 
a,  =  ^2  =  . . .  =  a„_  I  =  o  excepté.  Vm  outre  :  nous  avons  désigné  par  v^,^^ 
une  racine  primitive  de  i'éf|uation  v''~''  =  i  el  posé  r  =  a,  +  7.0  +  . . .+  se,,-,, 

.«  —  (/>  —  -7  )  T  —  «2  +  .  .  .  +  (  -7  —  I  )  ^,/  +  (  7  +  I  )  «./  +  !  ~-  •  ■  • 

H-  (/J  —  1)3:,,- 1 +  (/■'  +  i)î< /.  +  ■••  —  "^/.    1—  '■'/  —  /'  -I-  V  -h  I. 

l'icrivons  ^^  =  /(''' el  désignons  par  x>  le  resie  positif  de  -/>  moJ  (/>—'/)î 
donc  a)  =  ■/.>  -f-  /'xÇ/^  —  y  )•  Posons 


(^'      '^f:"?^ ■'--'=  y 


r  (  T    -  1  I  .  .  .  (  T  —  r  -f-  2  ) 


la  somme  -;,  étant  étendue  à   toules  les  valeurs  o,    i,  2,  3,   ...  de  /•,, 
/io ^'n-f  I^xaclement  comme  dans  ma  Noie  précédente  (/or.  ci/.)  nous 


SÉANCE    DU    9    MAI    I921.  llS; 

déinonlicms  que  celle  l'oiiclion  est  une  fonction  hypergéométri(|ue  de 
plusieurs  vai'iables  '^1,  L,  . . .,  '^„_,.  Si  nous  désignons  par  s„  le  resle  positif 
de  s  mod{p  -  -  y),  les  racines  r,,  c.,  ....  i'/,_,,  de  (2)  sont  données  par  la 
somme  suivante  de  fonctions  hyperjj^éomélriqucs 


(;y)  ,v=^v'    „+— 1— -  V    v;:",/f./^.../^'^-^| 


■/.  1 ,  X  , 


la  somme  1,  étant  élonduc  à  loules  les  valeurs  o,   i,  2,  ...,  p  —  t/  —  i  de 

■/.,,  x^, "'^„-i-  Pour/>  =  «.(/  =  !,  nous  retombons  au  cas  traité  dans  ma 

Note  précédente;  seulement  les  notations  sont  un  peu  changées. 

2.  Les  conditions  nécessaires  el  suffisaii  les  pour  la  convergence  des  séries 
hvpergéoméiriques  de  plusieurs  variables  sont  dans  le  cas  général  données 
par  M.  Horn  (');  nous  allons  pourtant  directement  donner  une  règle  suffi- 
sante de  convergence  car  les  conditions  de  M.  Horn  sont  très  compliquées 
à  appliquer.  Désignons  par  m  le  plus  grand  des  nombres  n  —  q  et  q,  et  par  a 

et  P..  les  nombres     "'     el  1  -('  —  1). .  .(t  —  /•  +  2)  1.  .Nous  avons  alors 

p  -q        \  ^         ^  -^  I 

It  I  <  (  nir  -h /)  —  r/  —  i)  <  a/'  +  1 

p  —  q 

et 

!',.<  {ar  +  \)(ar  +  1)  .  .  .  {ar  -^-  r  —  1)  =  («/■)'■ 

n        2  r  -  1 

P,.<  («/•)'■ -'e''t'"'.  .  .  c  "'■  =  iary- 


La  valeur  absolue  de  la  somme  de  tous  les  termes  de  (3),  correspondant 
à  une  valeur  déterminée  de  /•,  devient  donc  moindre  que  S,.  —  en  posant 

D  =  I  /,  I  +  j  /_,|  4-. . .+  |/„_i  ].  La  série  (3)  converge  donc  si  la  série 


converge,  et  cette  série  converge  si 

(6)  D=- |/,|  + I /,]-+-... +  1 /„_ 


/;  —  'l-i 


3.   Les  quantités  Z,,/.,  ...,/„_,  sont  exprimées  par  les  coefficients  /•„, 


(')  Malheinatische  Annalen,  t.  'ik.  p.  ô44- 


Il  58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

/•„_,,  ...,/•„  : 

'' --  ;>. = (-  " )''-'^'  ':';;,        (>•  ->,'-' 7)- 

'  /'    '  '/ 
,./'-'/, ."/-/■+i 

On  peut  toujours  cxpriiwr  une  fonction  algébrique  par  une  somme  de 
fonctions  hypergéomètriques  d'un  certain  not)d)ie  de  variables,  car  si  Ton  ne 
peut  pas,  en  choisissant  convenablemenl  les  nombres/;  et  c/,  obtenir  des 
développements  convergents,  nous  posons 

T,  ^=-  a„  +  f/,  .r,  4-  '"'j.r;  -\-  .  .  .-\-  a„  ^  i-*"/'^'  (''  =  i ,  '■')  ...,«)■ 

D'après  le  théorème  de  Tschirnhausen,  on  peut,  en  choisissant  convena- 
blement les  indéterminées  a,,,  «,,  ...,  «„_,,  obtenir  que  les  coefficients  de 
Tcquation  en  K  soient  des  nombres  quelconques.  11  est  vrai  qu'il  faut  pour 
cela  résoudre  des  équations  de  degré  élevé,  mais  de  cette  possibilité  il 
résulte  qu'on  peut  choisir  les  indéterminées  «„,  «,,...,  a„^^  telles  (|ue  l'iné- 
galité (6)  soit  satisfaite;  pour  cela,  il  n'est  pas  nécessaire  de  résoudre  des 
équations  algébriques. 


GÉOMl'yi'RlK  INl-IMTKSIMALK.  —  Cour/n's  /tlgéhriqucs  réelles  non  unicursabs 
(t  torsion  constante.  Note  (')  de  M.  ItmiKANu  Gamkifu,  présentée  par 
M.  (i.  Kœnigs. 

I.  J'ai  indiqué  dans  ma  Note  précédente  (-  )  des  courbes  algébriques  -l, 
imaginaires,  à  torsion  constante.  J'indique  cette  fois  des  courbes  et  réelles, 
de  degré  et  genre  arbitrairement  grands,  correspondant  birntionnellemenl  à 
la  courbe  plane  d'équation  v"  = — •.  m  et  n  étant  deux  nombres  entiers 

r  T  ..  I  _^  ci.c'" 

et  a  une  conslante. 

Je  rappelle  qu'au  point  de  vue  de  la  recherche  des  surfaces  réelles  appli- 
cables sur  le  paraboloïde  de  révolution,  il  est  indifféreiil  que  la  courbe  4  à 
torsion  constante  soit  réelle  ou  imaginaire;  on  avait  même  semblé  croire 

{')  St'aiice  du  2  mai  i(|2i. 

(-)   Comptes  rendus,  l.  17*2,  1921.  p.  yJo. 


SÉANCE    IJU    9    MAI    t92I.  II.')9 

nécessaire  (iiic  ri,  fût  imaginaire,  pour  que  la  surface  soit  réelle;  il  n'y  avait 
là  qu'une  simple  équivoque,  tenant  à  ce  fait  que,  si  c1>  est  réelle,  il  faut 
d'abord  lui  faire  subir  une  homotbétie  de  rapport  ±  i  poiir  appliquer  la 
construction  classique  indiquée  par  Darboux  (Théone  des  surfaces,  t.  .'{).  Si 
la  courbe  A-  est  réelle,  la  surface  oblenuc  possède  un  centre,  tout  au  moins 
si  cl,  est  algébrique,  et  ceci  explique  pourquoi,  en  général,  l'oblenlion  de 
courbes  -l.  réelles  est  plus  difficile  que  si  -1.  est  imaginaire. 

Puisqu'il  s'agit  de  courbes  réelles,  l'indicatrice  m.  des  torsions  sera  définie 
au  moyen  des  coordonnées  7,  [^  avec  y.  =     _    „  et  p  =     _  _„  ;  les  intégrales 

/  — '-^^^ — .    /  — ^^-^ — ,    /      ^  '^  ^'   ,  prises  le  lonsr  de  m.  doivent  être  algé- 

briques. 
"2.  J'écris 


(■) 


_  _     ,.  {{>/'"  ^  »)!'(,  +«7"')"-^'[v'^'"""'+  li,v'^'^^""  +  ..  .-f-  H/,-i1 


Ay/"''-+-A,v  '■'-""•  +  . ..  +  A,, 


„         I    V  ('/'"+ «)""''('  +  ar/'")''  [i  +  B,v"'  +  .  .  .+  n/,_,7i'''-'""l 

0=7  — 


7'  A  +  A,  7'" -H.  .  .-+- A;,7'"" 

Les  entiers  m,  /-,  n,p,  n  —  p,  h  sont  positifs;  m  et  r  premiers  entre  eux; 
n  et/>  aussi.  L'un  des  radicaux  étant  calculé,  la  détermination  de  l'autre  est 
choisie  de  façon  que  le  produit  donne  ((/'"  -\-  a)  (i  -i-  aq'"). 

Nous  avons  2/1  -+-  i  inconnues  A,  A  ,,  . . . ,  A/,,  B,,  . . . ,  B^_|,  a.  L'identité 

(2  )     (A.i-''  -H  A,x''-  '  +  . .  .+  \,,  )  (  A  +  A,x  +  .  ..-+  \,,x'') 

+  (.r +  n)(i  ^  rt, f  )(.(■''-' -^...+  B/,-,)(i-+-.  ..-+-  B/,  _,.t''-'i  =  /.,r'', 

OÙ  A  est  une  constante,  fournit  /i  conditions  pour  que  m.  n'ait  à  l'infini  que 
lespointsr/=oeli'/  =  3c.  En  raison  de  la  symétrie  ;0j",  il  suffit  que  /  - — — ^1 

^soient  algébriques,  la  première  porte  sur  une  fraclion  rationnelle 


/ 


(H-a,3 

en  X  :=  g"\  dont  le  dénominateur  esta*-''"',  elle  donne  une  seule  relation. 
Pour  l'autre  la  dérivation  donnant  aisément 

y.  dfj     "  <l\'ih+\ 

où  P^/,4.1   et  Po/i-_i   sont  des  polynômes  entiers  en  x  de  degré  ili  +  i   et 
■ih  —  r ,  on  aura  à  écrire 

/■('■I'5/,4-,+  '«.rP,/,_,)(i-+-B,.ï  -+-...+  B,,_,.f"    ')-" 


V  (a-  1-  a)"   ''(1  -4-  ajcy  dx 


_  y  (.r-+-  a)-^"-/'(i  -1- rt.t-)"" 'M^)(.<) 


Il6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  (^)  csl  un  pulynonic  cnlicr  en  .r  de  degré  l\h — •)  qui  vérifie  Fidentilé 

(  3  )  "  ~  ■'  I  I  4-  «  .V  )  (")  +  "^  ^  P  (i._^f,Y^  +  (x  +  (i){\~\a.t)<y\  ni  X 

L        "  /(  I 

-    ('./ini-t-r  )  { .r  +  a)  (i  +  a  .r  )  (* 

----  i/-l',/,Hi  ~    1)1. r\', ,,__,)  (I  -t-  ]!,,r  -+-.  .  .    '-  H/,    ,.'■''-!  )-. 

1/éliniiiialion  des  coefficiciils  de  (^  fournil  deux  relations.  Les  -2//-^-  1 
inconnues  devant  vérifier  A  +  3  relations,  on  peut  espérer,  si  /i  ^2.  oblenir 
des  solutions  k  li  —  1  arbitraires;  la  courbe  A,  obtenue  correspond  biration- 
nellement  à  la  courbe  plane  Q"=  ^ ^^^  q u i  n'est  pas  du  type  hypcrcllip- 
tique,  à  moins  que  m  ou  n  ne  soient  égaux  à  i  ou  2. 

.'}.  Nous  savons  qu'un  dénombrement  d'inconnues  et  d'équations  est  tout 
à  fait  insuffisant  pour  assurer  Vexistcnce,  puis  la  réalité  des  solutions, 
lîemarquons  d'abord  que  les  deux  équations  déduites  de  (3)  sont  de  la 
forme   X  ^  o.    («-  —  i)  Y  =  o,   où  \  et  Y    sont   certaines  fonctions  de 

A,  A , B|.  ....  a\  car 

I\/,^,(— «,)  =  0 
et 

P2/,-i(—  «)=/■'('  — «')(B,-,^,—  B/,_,«  -!-.«..)( A/,— A/,    ,«+...), 

de  sorte  qu'en  remplaçant  x  par  ( — a)  dans  (3)  on  a  bien  le  facteur  a-  —  i 
aux  deux  membres.  Supposons  /<  >  3  de  façon  à  nous  réserver  une  arbitraire  : 
suivant  qu'on  égale  à  zéro  le  facteur  à-  —  1  ou  \ ,  on  a  deux  systèmes 
distincts  ;  le  premier  fournit  une  famille  F,  de  courbes  unicursales  ii 
h  —  -2.  arbitraires,  qui  ne  consliluenl  pas  la  vraie  solution,  mais  (|ue  nous 
déterminerons  néanmoins  soigneusement  :  par  exemple,  pour  /•  =^  o,  «2  =  i , 
A  =  3,  ce  calcul  a  été  fait  dans  mon  Mémoire  de  l'Ecole  Normale  (kjiç), 
p.  33G);  celle  famille  F,  existe  donc,  avec  une  infinité  de  courbes  réelles, 
pourvu  (|ue  —  soit  suffisamment  petit,  lout  au  moins  pour  h  =  3.  Considé- 
rons maintenant  le  facteur  Y  =  o  qui  donne  la  vraie  solution  cherchée  : 
a  étant  supposé  difTérent  de  ±:  i,  faisons  tendre  a  vers  -l-  1  ;  dans  la  famille  !•" 
que  nous  éludions,  nous  obtiendrons  alors  un  individu  dégénéré,  unicuisal. 
appartenant  évidemmeni  à  F,  cette  fois  comme  individu  remarriiuihle.  parce 
qu'il  satisfait,  en  plus  des  équations  strictes  de  F,,  à  ré(|uati<)n  limite  de 
V  =  o  pour  a  =  -h-  I .  Il  s'agit,  sans  former  Y,  de  trouver  celle  limite  de  ^ 
et  de  donner  l'interprétation  géométrique  de  cette  condition.  Substituons 
dans  (  3)  (—  o)  à  .r,  divisons  par  a'-  —  \  cl  remplaçons  ensuite  a  par  +  i  ; 
opérons  de  même  en  substituant On  obtienl 

'"-—^  (^^  -  0  =  (B/,^,  -  B,_,  +  B,_3  ...)\\„-  A;,_.  +  A/,-,  ...)  =  ^„"J!"^^)'„  <J(-0- 


SÉANCE  DU  9  MAI  I921.  I161 

Si  l'on  écarte  le  cas  de  «  :=  2,/;  =^  i,  la  com[)araison  donne  ()  (—  1)  =  o; 
d'autre  part,  l'identité  (  2)  où  ri  tend  vers  +  i  et  où  l'on  remplace  x  par  —  i 
montre  que  A,,  —  A/^^,  H- A/,_^,  ...  ne  peut  être  nul,  donc  la  limite  de 
l'équation  Y  =  o  est  |)récisémenl  B/,_,  —  B^_2+  B^-j—  . . .  —  o  qui  exprime 
que  la  courbe  sphérique  iinicursale  \i!.  obtenue  en  remplaçant  a  par  i  pos- 
sède un  point  de  rebroussement  dans  le  plan  zOx  correspondant  à  ^  =  -  i . 
(  )r  pour  //  =  3.  r  =  o,  /»  =  i ,  j'ai  précisément  déterminé  celte  courbe  (loc. 
cit.,  p.  340).  L'existence  et  la  réalité  de  cette  courbe  particulière  suffit, 
comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  souvent,  pour  établir  l'existence  et  la  l'éa- 

lité  de  la  famille  F  (tout-au  moins  si  h  =  î),  pourvu  que      soit  sufllsani- 

ment  petit.  Il  est  même  fort  remarquable  (jue  la  courbe  particulière  qui 
établit  la  communication  entre  F  et  F,  soit  celle  qui  a  déjà  servi  dans  des 
conditions  analogues,  entre  deux  familles,  unicursales  cette  fois.  Le  genre 
de  la  courbe  -1.  est  (m  —  i){ii  —  i). 


AVIATION'.    —   Etudes  rx périment  aies  sur  le  vol  à  voile.  Note  de  M.  Iorac. 
présentée  par  M.  Deslandres. 

Dans  une  Note  parue  aux  Comptes  rendus  du  2  février  1920,  nous  expo- 
sions nos  différents  travaux  sur  le  vol  à  voile  des  vautours  d'Afrique. 

Poursuivant  cette  étude  dans  le  courant  de  mars  dernier,  au  Sénégal, 
nous  avons  pu,  grâce  à  l'emploi  de  cerfs-volants  spéciaux  et  par  un  nou- 
veau procédé,  obtenir  des  enregistrements  continus  de  la  composante 
verticale  du  vent. 

Les  résultats  ont  pleinement  confirmé  les  conclusions  de  notre  premier 
voyage,  à  savoir  que  chaque  fois  que  les  oiseaux  volaient  à  voile,  et  sans 
exception  ils  se  trouvaient  dans  une  zone  où  le  vent  avait  une  composante 
ascendante. 

(]es  zones  se  déplaçant  sans  loi  apparente  nous  nous  étions  de  plus  pro- 
posés (voir  Comptes  rendus  du  5  juillet  1920)  de  rechercher  si  la  cause 
originelle  de  ces  zones  ne  serait  pas  à  chercher  dans  des  difîérences  de 
température    atmosphérique. 

Il  s'agissait  donc  de  se  rendre  compte  si,  au  voisinage  des  oiseaux  volant 
à  voile,  se  produisaient  des  variations  de  température  ou  de  pression  en 
relation  avec  la  composante  ascendante  du  vent. 

Pour  cela  nous  avons  réalisé  deux  appareils  servant  à  mesurer,  l'un  les 

C.  R.,  1931,  I"  Semestre.  (T.  172,  N»  19.)  ^^ 


Il62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

variations  de  température  et  l'autre  les  variations  de  pression.  Ces  appa- 
reils étaient  supportés  par  le  cerf-volant  permettant  de  les  placer  au 
voisinage  immédiat  du  point  d'évolution  des  oiseaux;  au  moyen  de  fils 
électriques  courant  |le  long  du  câble,  on  pouvait  étudier  du  sol  ce  qui  se 
passait  en  l'air. 

1°  Mesure  des  terapéralures. 

L'appareil  employé  est  l)asé  >ui'  les  vaiialions  a\ec  hi  leinpéraliiie  de  la  résistlbililé 
du  platine. 

H  se  compose  d'une  spirale  en  til  de  plaline  de  quelques  centièmes  de  millimètre 
d'épaisseur.  Cette  spirale  est  fixée  au  cerf-volant  et  réunie  au  sol  par  des  fils  élec- 
triques. Elle  forme  l'un  des  bras  d'un  pont  de  Wliealslone  dont  les  autres  bras  sont  en 
conslantan.  Toute  variation  de  la  température  près  du  cerf-volant  se  traduit  par  une 
\arialion  de  résistance  de  la  spirale,  donc  par  une  déviation  du  galvanomètre  branché 
sur  la  diagonale  du  pont  de  Wheatstone. 

Toutes  dispositions  ont  été  prises  et  vérifications  faites  pour  que  les  indications  de 
l'appareil  ne  soient  pas  influencées  par  des  causes  secondaires  (insolation,  vitesse  du 
vent,  etc.  ). 

L  appareil  était  réglé  de  telle  sorte  qu'une  petite  division  de  la  règle  graduée  du 
galvanomètre  correspondait  à  une  dilTérence  de  température  de  ,_'„  de  degré  cenligratle. 
De  plus  l'appareil,  ainsi  que  nous  l'avons  vérifié  au  laboratoire,  se  met  en  équilibre  df 
température  avec  l'air  ambiant  en  moins  de  3  secondes  à  ^\  de  degré  près. 

Cet  appareil  permet  donc  d'étudier  avec  beaucoup  de  précision  les  variations  de  la 
température  atmosphérique  au  point  où  se  trouve  le  cerf-volant  et  par  conséquent  au 
voisinage  du  vol  à  voile. 

2°  Mesure  des  pressions. 

L'appareil  se  compose  d'un  récipient  clos  fixé  au  cerf-volant,  thermiquement  isolé 
de  l'extérieur  (bouteille  thermos).  Il  communique  avec  un  manomètre  à  eau  dont 
les  dénivellations  sont  fonction  uniquement  des  variations  de  la  pression  atmosphé- 
ri(|ue.  Un  procédé  spécial,  qui  sortirait  du  cadre  de  celle  Note,  permettait,  en  élimi- 
■  nanl  l'influence  de  l'obliquité  du  manomètre,  d'étudier  du  sol  les  indications  de 
l'appareil  au  moyen  d'un  galvanomètre  dont  les  déviations  étaient  fonction  de  la 
\ariation  de  hauteur  du  liquide  dans  le  manomètre. 

Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  en  observant  simultanément  la 
marche  du  galvanomètre  relié  à  un  des  appareils  indicateur  de  température 
et  de  pression,  et  l'inclinaison  du  vent  sur  l'horizon. 

Les  variations  do  température,  faibles  en  général,  ne  deviennent  impor- 
tantes que  quand  le  \ent  ne  reste  plus  régiilièremont  horixcmtal.  En  parti- 
culier, au  moment  du  passage  d'une  zone  à  composante  ascendante  (indi- 
quée par  la  montée  du  cerf-volant),  on  constate  presque  toujours  une 
augmentation  de  température  quelques  secondes  avant  la  montée  du  cerf- 


SÉANCE    DU    9    MAI    192I,  I  l63 

volant,  puis  une  diminution  de  température  au  moment  de  la  descente  du 
cerf-volant. 

Nous  avons  reporté,  sous  forme  de  courbes  (voir  figure),  une  partie  des 
observations  du  courant  des  journées  du   16  et  du   i;  mars  dernier  :  on 


I 

Temperefure  )  ^ 


'emps  t 


CoiirliCs  donniint  en  foiiclion  du  temps  (abscisse)  les   variations  de  l'inclinaison  9  du  vent 

sur  la  verticale  et  les  variations  de  température  A/. 

Les  traits  liaclnivés  c.   i', ...  indiquent  que  des  oiseaux  évoluaient  à  voile  à  ce  moment  au  voisinaj^'e 

iiiimédiat   du  cerf-volant. 

constate,  particulièrement  dans  la  deuxième  figure,  la  netteté  du  phéno- 
mène de  l'élévation  de  température  précédant  immédiatement  l'arrivée  de 
l'onde  ascendante,  souvent  accompagnée  d'un  groupe  d'oiseaux  évoluant  à 
voile  (v.  V.). 

Les  élévations  de  température  au  passage  des  zones  ascendantes  étaient 
de  l'ordre  de  o°,5  à  (",5.  Nous  avons  trouvé,  comme  moyenne  de  vingt- 
sept  mesures,  une  valeur  de  o°.Ç).  (La  composante  ascendante  du  vent 
correspondant  à  celte  moyenne  était  de  l'ordre  de  i™  par  seconde.  ) 

Les  variations  de  pression,  au  contraire,  étaient  insignifiantes  (  inférieures 
au  -^  de  millimètre  de  mercure),  en  regard  des  variations  de  température  au 
point  de  vue  de  la  densité  atmosphérique. 

Remarquons  aussi  que,  si  dans  les  zones  mêmes  à  composante  ascen- 
dante, la  direction  du  vent  est  à  peu  près  fixe,  il  y  a  généralement,  au  voisi- 


Il64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nage  de  ces  zones,  de  légères  déviations  du  vent  :  au-dessous  de  la  zone 
d'évolution  des  oiseaux,  le  vent  tend  à  converger  vers  cette  zone;  il  tend 
à  s'en  écarter  à  son  niveau  et  au-dessus.  C'est  bien  le  sens  qui  est  à  |)ré\oir 
dans  le  cas  de  la  formation  de  tourbillons  de  convection  comme  ceux 
obtenus  au  laboratoire  et  décrits  dans  la  Note  du  5  juillet  1920. 

l'^iilin  à  ce  dernier  voyage  nous  avons  eu  par  trois  fois,  dans  la  matinée, 
par  vent  fori  et  régulier,  l'occasion  de  voir  les  plages  ascendantes,  jalon- 
nées par  des  centaines  d'oiseaux  (et  généralement  irrégulièrement  distri- 
buées), affecter  la  forme  de  bandes  parallèles  à  la  direction  du  vent,  conime 
dans  les  tourbillons  de  convection  obtenus  au  laboratoire. 

Ainsi  donc  se  trouve  confirmé  le  fait  dont  nous  avons  émis  l'hypotbèse, 
qne  l'énergie  cinétique  du  vent  due  à  une  composante  verticale,  qui  était  la 
cause  immédiate  du  vol  à  voile,  avait  son  origine  première  dans  des  diffé- 
rences de  température,  ("est  donc  indirectement  à  une  source  d'énergie 
calorifique  que  l'oiseau  fait  ajipel  pour  se  soutenir  dans  l'air  sans  dépenser 
de  force  musculaire. 

Ceci  toutefois  ne  s'applique  qu'aux  voiliers  des  pays  cliauds  ou  du  moins 
tempérés.  En  ce  qui  concerne  l'albatros,  qui  vole  en  pleine  mer  dans  des 
régions  froides,  de  nouvelles  études  sont  nécessaires  :  elles  sont  particu- 
lièrement intéressantes  en  raison  du  grand  poids  de  cet  oiseau,  de  la  faible 
surface  de  ses  ailes  et  de  sa  grande  vitesse  de  vol,  qui  le  rapprocbe  un  peu 
plus  de  nos  avions  actuels. 

ASTROA'OMIE  PHYSIQUE.  —  Étude  de  In  radiation  diffuse  de  la  roule  céleste, 
comparée  à  la  radiation  solaire  directe.  Note  (  '  )  de  M.  J.  Vai.lot, 
présentée  par  M.  Deslandres. 

La  radiation  solaire  directe,  admise  à  travers  une  petite  ouverture,  a 
donné  lieu  à  de  nombreuses  mesures,  tandis  que  la  radiation  diffuse,  fournie 
par  l'ensemble  de  la  voûte  céleste,  n'a  provoqué  aucun  travail  précis,  à 
cause  des  difficultés  instrumentales.  Ayant  réussi  à  graduer  en  calories 
l'actinomèlre  d'Arago  (  -),  j'ai  pu  entreprendre  celte  étude. 

Les  observations  ont  été  faites  à  Nice,  sur  une  terrasse  découverte.  Les  mesures  de 
radiation  directe  ont  élé  e\éculées  à  l'aide  d'un  aclinomètre  de  Miclielson  qui  a  servi 
aussi  à  la  graduation  des  actinomèlrés  d'Arago.  Ceux-ci  ont  été  placés  parallèlement, 
pour  les  observations,  les  boules  en  linul.  comme  il  convient  pour  la  voûte  céleste. 

(')  Séance  du  ■>  mai  1921. 

('-)  Comptes  rendus,  t.  170,  ig?'),  p.  720. 


SIlA.NCE    UU    f)    MAI    192 1. 

(le  lii   iMilialiiin   snlaice  diieclc;    I,  lii 


iî65 


linll     liiUlIr;     I,,    la 

adialioM   nilléchie 


.rappello  l(  l'iiilcnsji 
radiation  dilluse  glolja'e;  I,   la  radiation  de  la  vuùte  cùie^te  ;  I, 
par  le  sol;  I,  la  radiation  totale  diminuée  de  la  radiation  du  sol. 

On  a  I,,—  I, —  I;.  On  a  aussi  I,.=  Ic —  I.,  on  I,  =:  I,/ —  I,-. 

l'iiur  niosuroi'  la  léllexion  1,.,  on  expose  deux  actinomètres,  dont  l'un  donne  I,,  et 
lautri',  pourvu  d'un  écran  noirci  au  noir  de  fumée  placé  sous  les  boules,  donne  I,-.  On 
a  ainsi   1,  =  1(  —  I, . 

Valeurs  moyennes  et  rapports  des  r/it'erses  radiations. 


ccLolire 1,1(1 

jan\  ier (i,58 

février o,().î 

mars-a\  ril 1  ,01 

juin-juillet r  , o3 

octobre I  ,08 

jan\  ier 'sS.'i 

fé\  lier I ,  '20 

niars-a\  ril 1  ,3j 

juin-juillet I  ,  jG 

octobre 0,28 

jan\  ier o,  26 

février 0,27 

niars-a\  ril o,3i 

juin -juillet o,  (3 

octobre 11,21 

janx  ier o,  22 

fé\  lier 0,21 

mars-as  .11 0,2/1 

juin-juillet o,33 

octobre 1,2") 

jan\  lei' !  1 4^ 

fé\  rier 1  .29 

mars-a\  1  il r  , 3i 

juin-juillet '  ,  42 

octobre o,  nj 

jan\  ier ...  o,38 

fé\  rier o  ,23 

mars-a\  ril 0.24 

j  u  1  11  -  j  u  i  1 1  e  t o .  3  2 

été 0,07 

autrci  saiso:;s. . .  .  o,o.j 


9''. 

10''. 

II''. 

i 

V'. 

l:!\ 

,  li''. 

15''. 

ii;i'. 

Moyenne 

1,17 

I  ,  20 

1,22 

1 

18 

1,12 

I  ,  00 

o,8'i 

0,  |0 

1,01 

0 ,  90 

(.,98 

1.09 

1 

12 

1  ,08 

1,(11 

0,81 

0,47 

0,90 

1  .  1  I 

i,i5 

1 ,  22 

1 

29 

1  ,',5 

1,17 

I  ,(io 

0.57 

1.08 

1,17 

1 ,24 

1 1 27 

I 

■'■9 

I  ,  2  5 

1,21 

1 ,  i5 

0,90 

1,17 

I  ,  10 

1 , 1  (■) 

1,17 

1 

18 

1,17 

i,i3 

1,09 

I  ,o3 

1,12 

'  47 

1,54 

1 , 5.") 

I 

55 

I  ,52 

1 ,43 

I  ,  25 

0.70 

1,38 

1,28 

1 ,42 

'  '  17 

I 

'.8 

i,',3 

1,35 

1,12 

0,64 

1,25 

1/(8 

I  ,.J2 

I ,  .J7 

I 

58 

r  ,56 

i.49 

i.3o 

0,88 

1,40 

I  ,  02 

I  ,.J6 

I ,  dC) 

I 

,58 

1 ,55 

1  ,  43 

.,34 

'  ''^7 

1,U 

i>49 

1,18 

1 .  ',.5 

1 

'li 

..43 

i,4i 

1  ,  ',G 

i,i3 

1,45 

o,3o 

0,34 

0,33 

0 

37 

0 ,  40 

0,43 

0,41 

0, 3o 

0,35 

0,38 

0 , 4  1 

o,38 

0 

36 

0,35 

0 , 3  ( 

o,3i 

0,17 

0,33 

(.,37 

0, 07 

0 ,35 

0 

■''9 

o,3i 

0  ,32 

o,3o 

o,3i 

0,32 

0,35 

0,32 

o>29 

0 

^'^) 

o,3o 

0, 22 

0,23 

0,17 

0,28 

o,3y 

0,32 

0,28 

0 

26 

0,26 

o,3i 

0,37 

o,4o 

0,34 

0.20 

0,22 

0,19 

0 

23 

0,28 

1  >  ,  .i  1 

0.3G 

0,29 

0,2(i 

(.,29 

0 ,  33 

0,2.5 

0 

23 

0,23 

0,26 

0,26 

0,16 

0,2,0 

0 ,  27 

0, 2.) 

0,21 

0 

i5 

0,19 

0,'!3 

0,  20 

0,29 

0,23 

0,24 

0,20 

0,  i5 

0 

i5 

0,18 

0,  i3 

0,17 

0 , 1 5 

0,18 

o,'',7 

0,20 

(  1 , 1 5 

'> 

i3 

0 . 1 5 

0,19 

0,27 

(  1 ,  .5 1 

0,22 

1,26 

1,28 

1 ,  27 

3i 

1,36 

1,43 

•  >49 

'  >73 

1,38 

1,42 

1 ,4.") 

1 ,35 

32 

1 , 3'. 

1 ,  :;  '1 

1 ,38 

1,37 

1,38 

1 ,33 

1 ,02 

I  .  29 

23 

I  ,  25 

1,27 

i,3o 

1 ,  54 

1,31 

1 ,3o 

I  ,  2(3 

I  ,  23 

20 

1 , 2i 

1,18 

1 ,20 

I  ,  2(1 

1,24 

i,3(j 

1 ,  27 

1 , 2  ) 

22 

1 ,  22 

1 ,  26 

1,34 

1  ,  39 

1,30 

0,17 

0,18 

0.16 

0 

19 

0,25 

0 ,  34 

ci  3 

0. 73 

0,2) 

0.32 

0.34 

0,  23 

0 

2  1 

0.21 

0.26 

0,22 

o.3'i 

0.28 

0 ,  24 

0,22 

0,17 

0 

12 

0,  i5 

0,20 

0.23 

0 . 5 1 

0,23 

0,20 

0  .  I  li 

0. 12 

0 

12 

0.12 

0,11 

0,  i5 

0,17 

0,13 

0,2  1 

(1, 1 3 

0,  i3 

0 

I  I 

0 .  i3 

"  >  '  7 

0,25 

0, 3o 

0,20 

0,08 

o.oS 

0.09 

0 

09 

0,08 

0,08 

0,07 

o,(i6 

0,08 

0.07 

0.08 

0,09 

0 

f'9 

0,08 

0 ,  oG 

o,o4 

0.02 

().()(i 

1  i()6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ou  trouve  à  la  lin  du  Tableau  le  rapport  de  I,.  à  J,  [lour  chaque  heure, 
par  ciel  pui'.  Les  résultats  montrent  qu'au  cours  de  la  journée,  rinteiisité 
de  la  réflexion  reste  toujours  faible.  Elle  est  en  rapport  avec  la  hauteur  du 
Soleil  et  ne  dépasse  pas  le  dixième  de  la  radiation  totale. 

Le  Tableau  donne  la  moyenne  de  la  radiation,  en  calories  par  minute, 
d'après  trente  belles  journées  à  ciel  sensiblement  pur,  réparties  dans  diverses 
saisons. 

La  radiation  directe  I^  augmente  en  général  jusqu'à  midi,  et  diminue 
ensuite.  A  ?sice,  on  n'observe  pas  la  dépression  de  midi  signalée  par  Crova 
à  Montpellier.  Au  cours  de  l'année,  les  moyennes  et  les  maxima  montrent 
une  augmentation  de  janvier  à  mars-avril,  comme  à  Montpellier,  avec  affai- 
blissement lent  ensuite. 

La  radiation  totale  1,  suit  la  même  marche  diurne  au  cours  de  trois  saisons, 
mais,  en  été,  elle  présente  une  large  dépression  au  milieu  du  jour,  au  lieu 
d'un  maximum,  ce  qui  fait  que  les  maxima  se  rencontrent  en  mars-avril, 
tandis  que  les  moyennes  sont  aussi  élevées  en  été. 

La  radiation  diffuse  globale  I,/  n'a  qu'une  faible  variation  diurne.  Son 
maximum  est  dans  la  matinée,  au  printemps,  et  dans  l'après-midi,  en 
automne.  En  été,  elle  présente  une  notable  dépression  au  milieu  du  jour. 
La  radiation  de  la  voùle  céleste  I,.  suit  la  même  marche,  mais  avec  dépres- 
sion au  milieu  du  jour  toute  l'année. 

Au  cours  des  saisons,  les  moyennes  de  I,/et  de  L  présentent  un  minimum 
très  marqué  en  mars-avril,  ce  qui  indique  une  pureté  plus  grande  de  lat- 
mosphère  au  printemps. 

Les  radiations  diffuses  se  forment  par  captation  de  la  radiation  directe  1,. 
C'est  donc  à  Ij  que  seront  rapportées  les  autres  radiations  pour  comparer 
leurs  grandeurs  respectives.  Le  rapport  de  1,^  à  I,  n'a  pas  été  inscrit  au 
Tableau  parce  qu'il  est  le  même  que  celui  de  I,  à  1,  en  supprimant  l'unité. 
Par  exemple,  i,25  pour  I,  devient  o,25  pour  I,/, 

En  dehors  de  l'été,  les  rapports  de  1,,  l,,  et  I,.  à  L-  n'ont  qu'une  faible 
variation  diurne,  sans  grande  régularité,  et  suivent  une  marche  sensible- 
ment parallèle.  En  été,  la  courbe  des  valeurs  présente,  dans  le  jour,  une 
dépression  étendue,  avec  minimum  à  midi.  Pour  I^,  le  rapport  passe  alors 
de  32  pour  loo  à  1 1  pour  loo,  ce  qui  indique  une  grande  pureté  de  l'atmo- 
sphère au  milieu  du  jour,  puisque  L  et  I»  ne  sont  pas  affectés  dans  le  même 
rapport. 

En  ce  qui  concerne  les  saisons,  Tépoque  du  ciel  le  plus  pur  est  mars- 
avril,  où  la  moyenne  de  la  journée,  pour  I,.,  est  de  i5  pour  loo. 


SÉANCE    DU    9    MAI     1921.  II 67 

Kii  moyenne  générale,  le  rapport  de  \,,  à  I,  est  de  3!  ponr  100  cl  celui  de 
I,.  à  1,.  est  de  23  pour  100. 

Le  résultat  le  plus  saillant  de  cette  étude  est  que  la  radiation  dill'use 
globale  I,/ est  considérable,  s'élevant  à  un  tiers  de  la  radiation  solaire,  et 
que  la  radiation  de  la  voûte  du  ciel  pur  I,.,  envoyée  par  des  vapeurs  invi- 
sibles, atteint,  à  Nice,  en  moyenne  un  quart  de  la  radiation  solaire  directe. 
Par  ciel  nuageux,  la  radiation  diffuse  est  encore  plus  grande,  mais  elle  est 
trop  variable  selon  l'étal  du  ciel  pour  que  je  puisse  donner  des  cbiffres 
moyens. 

'i'HKR.\lol)Yi\A.Ml(jl'E.  —  Nouvcflc  équation  d'étal  des  i^a:,  J\)n(l('c  sur  la 
connaissance  des  pressions  internes.  Note  de  M.  A.  Leduc,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

On  sait  que  l'équation  du  type  de  Van  der  Waals,  améliorée  par  l'intro- 
duction du  facteur  r.,  dans  la  pression  intérieure  conduit  aussi  bien  tjue 
l'équation  originale  à  la  notion  d'états  correspondants,  cl  donne  lieu  à 
réc|uation  réduite 

(•)  (^'r+^^(3V)-i)  =  8C. 

Elle  ne  convient  d'ailleurs  pas  Leile  quelle  aux  grands  volumes.  En  elïet, 
aux  pressions  évanouissantes,  l'expression  ^  devrait  tendre  vers  ^,  et  nous 
allons  voir  que  la  limite  est  très  différente  ('). 

Il  résulte,  en  effet,  de  mes  expériences  sur  les  densités  etcompressibilités 
des  gaz,  et  de  celles  de  P.  Chappuis  sur  leur  dilatation  que  l'expression  ~~ 
tend,  dans  ces  conditions,  vers  une  limite  commune  à  tous  les  gaz  : 
R  =  83i9.io^C.  G.S.  (siM„,=  32). 

L'accord  des  deux  limites  exigerait  que 

—j. —  =  gSSig.io»—  3i2.io% 

Le  calcul  de  celle  expression,  exécuté  avec  les  données  du  Recueil  de  la 
Société  de  Physique  relatives  aux  gaz  qui  obéissent  à  la  loi  des  élals  corres- 
pondant aux  pressions  de  l'ordre  de  l'atmosphère  (série  normale),  montre 
qu'elle  varie,  d'une  manière  non  systématique,  entre  2o4  et  249.10^,  avec 
grande  prépondérance  des  nombres  \oisins  de  la  moyenne  229.  lo^ 

(')  Voir  E.  Mathias,  Le  point  critique  des  corps  purs,  p.  169. 


Ii<)H  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  donc  on  se  propose  d'appliquer,  comme  je  l'ai  fail  mainles  lois,  la 
notion  d'états  correspondant  à  toute  température ^  mais  à  des  pressions 
réduites  ne  dépassant  pas  o,  i  et  d'utiliser  une  réduite  du  type  (i),  il  faudra 
remplacer  dans  le  calcul  de  V'  la  valeur  plus  ou  moins  expérimentale  L), 
qu'on  trouve  dans  les  Tables  par 

M       1^ 


(2)  De  = 


3i2.ic,'  T, 


f'ression  interne  et  pression  intérieure.  —  D'après  la  formule  (ij  on  aurait 
pour  la  pression  interne  : 

(3)  5^'_a'=:^. 

J'ai  établi  (|u'il  en  est  tout  autrement.  En  particulier,  si  l'on  fait  varier  la 
température  à  volume  constant,  la  pression  interne  tend  vers  une  limite  Unie 
lorsque  r  augmente  indéfiniment,  et  non  vers  o,  comme  l'indique  la  for- 
mule (3).  Notons,  en  passant,  que  la  même  conclusion  se  retrouve  si  l'on 
remplace  G  par  5",  ce  qui  exclut  aussi  celte  forme. 

-l'ai  proposé,  pour  représenter  la  pression  interne  réduite,  la  formule 

/,     F 

et  donné  des  valeurs  provisoires  des  coefficients  u  et  /  telles  que  celte 
formule  reproduisît  suffisamment  les  nombres  calculés  pour  SO-  et  C<  )-,  à 
des  températures  variant  entre  o°  et  kjoo",  et  à  des  pressions  variant 
de  o''''"',5  à  2'''"'  environ  (  '  ). 

Afin  de  confirmer  cette  forme  et  de  fixer  les  valeurs  de  a  et  /•.  je  me  pro- 
posais de  reprendre  quelques  expériences  de  comprcssibilité  au  moyen 
d'un  appareil  déjà  décrit  (-),  qui  permet  d'opérer  entre  r'''"  et  5''''",  et 
d'atteindre  une  précision  plus  grande  encore  que  par  le  passé.  Mais,  crai- 
gnant de  ne  pouvoir  réunir  de  sitôt  le  nombre  d'assistants  nécessaire,  je  ne 
puis  mieux  faire  que  d'adopter  le  type  d'équation  (i),  en  donnant  à  la 
pression  intérieure  une  forme  telle  qu(^  la  pression  interne  soit  de  la 
forme  (4),  c'est-à-dire  qu'on  ait  p 

0  )  s  -—  y.  =  ;  t/'-  . 


(')    \.  I.EDUc.  Annales  de  l'Iirsù/ue,  g"  série,  t.  o,  h)H'p.  p.  i()S!. 
(-)   Annales  de  Physique,  9"  série,  l.  9,  1918,  p.  ."). 


SÉANCE    DU   9    MAI    1921.  I1G9 

Il  suffit  pour  cela  d'écrire 

oV  —  r         \'-  l>oi;  " 

Or  la  coiislanle  C  ne  peut  être  que  —  i  ;  car  on  ne  peut  admettre  que  la 
pression  intérieure  soit  ±  oc  pour  c  =  -x. 

Les  valeurs  de  a  et  de  /c  sont  alors  lixées  par  la  condition  que  le  point 
critique  défini  par  les  valeurs  \')  =  i,  g  =:  i,  y?  =  i  satisfasse  à  l'équation  (G) 
et  aux  équations 
(7)  et  (8)  ^  =  0,  ^—^  =  0. 

Ces  deux  dernières  donnent  bien  t?  =  i  quels  que  soient  a  et  /c.  Pour  que 
E  =  I  et  V'  =  I  satisfassent  à  l'équation  (7),  il  faut  que  k(a —  i")  =  3  Loga. 

Enfin  la  même  condition  est  nécessaire  et  suffisante  pour  que  l'équation  (6) 
soit  vérifiée  par  les  valeurs  4'  =  5  =  x')  =  i . 

Il  semble  tout  indiqué  de  choisir  pour  a  le  nombre  entier  le  plus  voisin 
de  la  valeur  provisoire,  c'est-à-dire  a  =  4.  Alors  k  =  Log-'i  =  i,386. 

(_)r  les  tableaux  calculés  pour  SO-  et  C<  )-  (loc.  cit.)  conduisent,  en 
prenant  a  =  4)  à  des  valeurs  de  k  comprises  entre  1 ,45  et  i,5o,  dont  l'excès 
moyen  sur  Lg4  ne  dépasse  guère  G  pour  100. 

(  )n  peut  se  déclarer  satisfait,  étant  donné  que  le  calcul  des  pressions 
internes  fait  intervenir,  non  seulement  les  dérivées  premières,  mais  aussi 
(bien  que  dans  une  faible  mesure  )  les  dérivées  secondes  de  fonctions  empi- 
riques établies  entre  des  limites  de  pressions  trop  restreintes. 

On  admettra  donc  pour  l'équation  d'état  réduite,  dans  les  conditions 
stipulées  plus  haut  : 

(9)  ['i'+|ï(4^-~i)J(3^''-.)  =  85. 

(  )n  remarquera  que  la  pression  intérieure  et  la  pression  interne  tendent 
vers  la  même  limite  — ^  lorsque  la  température  s'élève  indéfiniment. 
Pour  'èO-  chauffé  en  vase  clos  à  partir  des  conditions  normales,  cette  pression 
interne  réduite  limite  est  8,3. io~^  Pour  CO',  elle  est  de  4,G.io~".  Ces 
pressions  s'expriment  donc  en  unités  usuelles  par  quelques  millimètres  de 
mercure. 

Applications  et  recoupement .  —  On  tirera  facilement  de  l'équation  (9)  les 
divers  coefficients  déjà  calculés  au  moyen  de  formules  empiriques.  Mais  il 
ne  faudra  pas  oublier  de  tenir  compte  de  la  convention  (2).  Pour  éviter  tout 
mécompte,  lorsqu'un  voudra  exprimer  l'un  de  ces   coefficients  en   unités 


II70  ACADÉxMIE    DES    SCIENCES. 

ordinaires,  il  poui-ra  être  avanlageux  d'introduire  le  volume  nioUk-uliiire 
relalif  cp  défini  par  l'équation  Mjw  :^  UTo. 

Calculons,  par  exemple  et  à  titre  de  recoupement,  le  coefficient  de  dila- 
tation j3  dont  voici  l'expression  débarrassée  de  -ç  : 


L'application  à  SO-  dans  les  conditions  normales  donne  bien  ^  ^=  'J8().io- 
déjà  obtenu  au  moyen  des  formules  empiriques. 


TÉLKGRA.l'HIE.  —  Sur  l'emploi  (la  télégraphe  Baudol  en  lélégniphie  sans  fil. 
Note  de  \1M.  Henri  AiiitAHAM  et  René  Pi.axiol,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

A  la  suite  d'une  première  série  d'expériences  à  courte  portée  qui  avaient 
été  faites,  dans  les  premiers  mois  de  1920,  entre  la  Tour  Eiffel  et  ri^cole 
Normale  supérieure,  nous  avions  entrepris  une  démonstration  définitive 
sur  une  distance  d'au  moins  une  centaine  de  kilomètres. 

Ces  expériences,  qui  viennent  d'avoir  lieu  entre  Paris  et  Nogent-le-Rotrou, 
nous  ont  été  grandement  facilitées  par  une  subvention  de  la  Caisse  des 
Recherches  scientifiques,  mais  elles  n'ont  pu  aboutir  que  grâce  à  une 
constante  collaboration  avec  le  Service  d'Etudes  et  de  Hecherches  techni- 
ques des  Postes  et  Télégraphes,  et  avec  ceux  de  l'Inspection  générale  et  de 
la  Télégraphie  militaire. 

Nous  nous  étions  proposé  de  réaliser  la  transmission  des  télégrammes 
par  sans-fil,  avec  réception  imprimée  directe,  au  moyen  d'appareils 
Baudol  quadruples  (')  du  type  courant,  fonctionnant  à  leur  vitesse  normale 


(')  On  sait  (jue.  dans  le  Baudol  quadruple,  uii  disliibuteur  l'aisant  trois  lour?  |i;ir 
seconde  partage  chaque  tiers  de  seconde  en  quatre  inlervalies  de  temps  égau\  qui 
sont  affectés  successivement  à  autant  de  claviers  de  manipulation  mis  automatique- 
ment en  circuit  au  moment  voulu.  A  chaque  tour  du  distiibuteur,  il  est,  en  outre, 
envoyé  sur  la  ligne  un  courant  spécial  qui  sert  à  synchroniser  la  rotation  d'un  distri- 
buteur semblable,  placé  au  poste  récepteur,  et  qui  a  pour  rôle  de  répartir  entre  les 
quatre  appareils  iniprimanls  les  courants  envoyés  par  les  quatre  claviers  de  mani- 
pulation. 


SÉANCE  DU  9  MAI  1921.  II71 

de  7200  mois  à  l'iieure.  Aucun  changemoiU  n'a  donc  été  iippoi-té  aux 
appareils  téléi^raphiques  proprement  dils,  (jui  sont  utilisés  comme  en 
télégraphie  ordinaire. 

Les  claviers  de  manipulation  actionnent  par  fil  un  relais  Baudot  placé 
au  poste  émetteur  de  T.  S.  F.,  et  ce  relais  commande  les  émissions  de 
l'anlenne.  A  l'arrivée,  les  ondes  de  T.  S.  F.,  convenablement  amplifiées, 
actionnent  également  un  relais  Baudot,  (|ui  commande  à  son  tour  le  distri- 
buteur et  les  quatre  appareils  imprimeurs,  et  tout  se  passe  ensuite  comme 
dans  la  télégraphie  avec  fil. 

Les  émissions  de  T.  S.  F.  se  faisaient  à  Paris,  et  les  appareils 
récepteurs  étaient  installés  à  \o!;cnt-le-Rotrou.  Nous  avions  complété 
la  démonstration  en  organisant  ime  retransmission  automatique,  par 
fil,  des  télégrammes  reçus  par  T.  S.  F.  Pour  la  commodité  du  con- 
trôle, la  retransmission  aboutissait  à  Paris,  de  telle  sorte  que  l'on  avait 
instantanément  sous  les  yeux,  imprimés  dans  le  poste  transmetteur,  les 
télégrammes  transmis  par  sans-fil  à  Nogent,  où  ils  s'inscrivaient  en 
même  temps,  pendant  qu'ils  revenaient  par  le  fil  juscpi'à  Paris. 

L'antenne,  très  réduite,  est  constituée  par  une  nappe  à  trois  fils. 
On  l'actionne  au  moyen  d'un  poste  à  lampe,  muni  d'une  seule  lampe 
d'émission  et  l'intensité  efficace  du  courant  dans  l'antenne  ne  dépasse 
guère  3  ampères.  Le  relais  Baudot,  qui  commande  la  manipulation, 
a  uniquement  pour  rôle  de  changer  la  tension  de  grille  d'une  lampe 
auxiliaire,  intercalée  dans  les  circuits  de  haute  fréquence,  et  qui,  sui- 
vant la  valeur  de  sa  tension  de  grille,  provoque  ou  supprime  les  émissions 
de  l'antenne. 

A  Nogent-le-Rotrou,  la  réception  se  fait  sur  un  cadre  fermé  orienté  dans 
la  direction  de  Paris.  Deux  circuits  résonants  consécutifs  munis  de  bobines 
de  renforcement,  et  réglés  à  une  résonance  aiguë,  éliminent  dans  une  pro- 
portion suffisante  les  brouillages  et  les  parasites  atmosphériques.  L'ampli- 
fication en  haute  fréquence,  ]iar  un  amplificateur  à  résistance,  est  suivie 
d'une  détection,  puis  d'une  nouvelle  amplification  des  courants  redressés. 
Il  n'est  employé  de  battements  avec  une  source  locale  de  haute  fréquence 
que  pour  faciliter  les  réglages  en  suivant  la  réception  à  l'oreille,  mais  ces 
battements  ne  sont  pag  suivis  d'une  nouvelle  détection  :  le  relais  Baudot 
récepteur  est  directement  attaqué  par  les  courants  de  haute  fréquence 
amplifiés,  redressés,  puis  amplifiés  de  nouveau  comme  nous  venons  de  le 
dire.  Des  dispositifs  de  protection  sont  adaptésaux  circuits  réce[)teurs  pour 


II72  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  protéger  contre  les  induclions  parasites  dues,  nolammeiil,  aii\  ruptures 
de  courants  produites  par  les  relais. 

Le  relais  Baudot  utilisé  pour  la  retransmission  est  simplement  monté  en 
série  avec  le  relais  principal.  Le  même  circuit  contient  encore  un  magnéto- 
oscillographe  Ix  ]ilume,  qui  inscrit  sur  papier  enfumé  les  courbes  des  cou- 
rants envoyés  dans  les  relais.  Cet  oscilloi^raphe  suit  correctement  les  cou- 
rants, environ  au  millième  de  seconde;  il  est  d'un  grand  secours,  dans  le 
poste  récepteur,  pour  surveiller  la  réception  de  sans-fil,  et  pour  trouver 
rajiidement  les  défauts  de  réglage  des  appareils  télégraphiques  proprement 
dits.  Un  a[)pai'eil  semblable  est  également  installé  dans  le  poste  transmet- 
teur pour  surveiller  les  émissions. 

La  mise  en  route  de  la  transmission  se  fait,  comme  en  télégra()liie  ordi- 
naire, en  envoyant  pendant  quelques  instants  rien  que  les  courants  de  syn- 
chronisation, et  c'est  vraiment  une  chose  remarquable  de  voir  avec  quelle 
p<M'fection  la  correction  transmise  par  la  T.  S.  F.  maintient  indéfiniment 
le  synchronisme  des  distributeurs  de  transmission  el  de  réception. 

La  mise  en  service  de  lignes  radiotélégraphiques  de  |)lusieurs  cen- 
taines de  kilomètres  de  portée  fonctionnant  avec  des  appareils  im|iri- 
meurs  Baudot  paraît  maintenant  pouvoir  entrer  dans  la  pratique.  Ces 
installations  fonctionneront  à  grand  débit,  à  raison  de  7200  mots  à 
l'heure,    au  moins,   dans  chaque  sens. 


ÉLECTRO-OPTIQUE.  —  Sw  la  biréfringence  èleclriijue  des  liqueurs  mixtes  et 
la  structure  crislalline.  Note  (')  de  M.  Sr.  Pkocopil',  présentée  par 
M.  (î.  Lippmann. 

11  résulte  des  travaux  de  Meslin,  Chaudier,  Cotton  et  Mouton  (  -  )  que  les 
liqueurs  mixtes,  liquides  renfei-mant  des  poudres  cristallines,  deviennent 
biréfringentes  dans  un  champ  électrique.  Cette  biréfringence  est  maxima 
lors(|ue  les  indices  du  liquide  et  du  cristal  sont  voisins.  Je  me  suis  proposé 
de  chercher  s'il  existe  quelque  relation  entre  la  structure  cristalline  dos 
fragments  et  la  biréfringence  électrique  de  la  liqueur. 

Dispositif  expérimental .  —  l^a  radiation  jaune  dun  arc  à  mercure  (01^,578) 


(')   Séance  du  ?.  mai  1921. 

(-)  A.  Cotton,  Symétrie  des  cristaux  el  symiUric  moléculaire  {  Les  />roi;rc^  de  ta 
Physique  moléculaire,  ('on/.  Soc.fr.  Physique,  igi^-  P-  l'^'i)- 


SÉANCE  DU  9  MAI  1921.  II73 

traverse  successivement  un  nicol,  le  condeiiSciteur  de  Kerr  (i  i'^'"',5  longueur 
et  3""", 3  écarlement  des  électrodes)  et  un  analyseur  à  pénombre.  La  diffé- 
renci'  de  potentiel,  (pie  l'on  peut  amener  jusqu'à  2000  volts  au  moyen  d'un 
transformateur,  est  obtenue  au  moyen  du  courant  alternatif  du  secteur 
(ii3  volts).  Le  voltage  est  suffisant,  puisque  la  saturation  de  la  biréfrin- 
gence des  li(|ueurs  est  atteinte  pour  des  champs  faibles  (quelques  centaines 
de  volts)  et  pour  ces  champs  faibles  le  phénomène  de  Kerr  du  liquide  pur 
n'inter\ient  pas.  Les  cristaux  sont  broyés  et  leur  poudre  mêlée  au  liquide 
étudié.  Après  décantation,  on  remplit  le  condensateur  avec  la  liqueur 
limpide. 

Résultais.  —  I.  Dans  le  toluène  («  =  i,49)etdanslebenzène(«  =  I, fie), 
les  poudres  des  cristaux  suivants  donnent  une  liqueur  de  biréfringence 
électrique yjo57Vàr  .•  spath,  quartz,  azotate  de  sodium,  sulfate  de  potassium, 
sulfate  de  magnésium  et  ammonium,  acide  borique,  acide  citrique,  acide 
benzoïque,  citrate  de  soude,  benzoale  de  chaux,  naphtaline,  verre  pilé;  ou 
néi^ativc  :  zircon,  benzoate  d'ammoniaque,  yo-toluidine,  sel  de  seignette. 

Or,  d'après  la  théorie  électromagnétique,  pour  les  cristaux  optiquement 
uniaxes,  la  constante  diélectrique  dans  la  direction  de  l'axe  (K||)  corres- 
pond à  l'indice  extraordinaire,  la  constante  diélectrique  normale  à  l'axe 
(Kj^)  à  l'indice  ordinaire.  Dans  le  champ  électrique  la  direction  déplus 
grande  constante  diélectrique  se  dispose  parallèlement  aux  lignes  de  force 
et  par  suite  l'axe  optique  d'un  cristal  positif  (quartz)  s'oriente  dans  la 
direction  de  ces  lignes  et  l'axe  optique  d'un  cristal  négatif  (spath)  norma- 
lement aux  lignes  de  force.  Pour  indiquer  le  signe  de  la  biréfringence  de  la 
liqueur,  on  a  pris  par  convention,  comme  axe.  la  direction  des  lignes  de 
force;  dans  ce  cas,  les  cristaux  positifs  ou  négatifs,  si  c'est  uniquement  leur 
biréfringence  qu'on  mesure,  dans  le  toluène  par  exemple,  produisent  des 
liqueurs  positives. 

Si,  pourtant,  les  dissymétries  optique  et  électrique  du  cristal  ne  se  corres- 
pondent pas,  un  raisonnement  analogue  nous  montrera  que  la  liqueur  doit 
être  négative.  C'est  le  cas  du  zircon  (/î  =  i ,  92  et  96),  qui  ne  satisfait  pas  à 
la  loi  de  Maxwell  et  à  la  correspondance  de  /ietK(').  Or,  le  zircon  a 
donné  une  biréfringence  maxima  de  — o",5  dans  l'éther  de  pétrole  (n=  i,38), 
de  — o°,6  dans  le  toluène  {n  =  1,49)  et  de  —  i°,2  dans  le  sulfure  de  car- 
bone (/2  =  i,64)-  On  peut  présumer  qu'il  donnerait  une  biréfringence 
négative  encore  plus  grande  pour  un  liquide  de  même  indice  1,9. 

2.   On  pourrait,  en  partant  du  cas  précédent,  expliquer  pourquoi  certains 

{^  )  GwK^ii,  Handbucli  der  ElektriziUil,  I,  igM'  P-  '97- 


II  74  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

liquides  purs  pn'-senU-nt  une  biréfringence  électrique  négative,  en  considé- 
rant que  dans  les  molécules  les  dissymétries  optique  et  électrique  ne 
coïncideraieni  pas. 

On  a  vu  que  la  naphtaline,  l'acide  benzoïque  donnent  des  liqueurs  posi- 
tives et  les  cristaux  de  ;o-toluidine  des  liqueurs  négatives.  Ces  substances 
se  dissolvent  dans  le  toluène  et  dans  le  benzène  et  l'on  peut  donc  mesurer  la 
constante  de  K.err  de  ces  dissolutions  (filtrées  pour  n'avoir  pas  de  cristaux 
en  suspension).  On  trouve  de-cette  façon  pour  le  toluène  pur  +  7.10""  et 
pour  les  solutions  toluène-ac.  benzoïque  (555*^  par  litre) -t- 10;  toluène- 
yj-toluidine  (80^  par  litre)  o  et  pour  des  solutions  plus  concentrées  cons- 
tante négative;  benzène  pur  +3. 10"  et  solution  benzène-naphtaline 
('200S  par  litre)  4-  5. 

Ainsi  donc  si  les  cristaux  ont  une  telle  syméirie  que  leur  orientation  dans 
le  champ  donne  une  liqueur  positive  ou  négative,  les  molécules  conservent 
la  même  symétrie  dans  les  solutions  et  font  augmenter  ou  diminuer  la 
constante  de  Kerr  du  solvanl.  On  pouvait  prévoir  que  la  constante  de  Kerr 
serait  positive  pour  la  naphtaline,  comme  pour  tous  les  hydrocarbures  et 
négative  pour  la  p-loluidine,  comme  toutes  les  anilines. 

3.  Puisque  l'orientation  des  particules  cristallines  dans  le  champ  ne 
dépend  pas  du  milieu  où  elles  sont  plongées,  la  biréfringence  électrique  de 
toutes  les  liqueurs  constituées  avec  la  même  substance  cristalline  devrait 
être  la  même.  Or  elle  diminue  pour  des  liquides  de  plus  grand  ou  de  plus 
petit  indice  que  ceux  du  cristal.  Ainsi  le  spath,  dans  les  solutions  suivantes, 
donne  comme  biréfringence  de  saturation,  dans  des  conditions  à  peu  près 
égales  : 

CS-(n  =  1,64)  +  17°;  alcool  homobenzylique  (i,;')4) -»- i  V  ;  toluène 
(1,49) +  5°;  pétrole  (i, 44)  —  o°-6;  alcool  o-butylique  (1,39)—  1°;  éther 
de  pétrole  (i,38)  —  i";  acétone  (i,36  )  —  i",7. 

Pour  expliquer  cette  variation,  sans  faire  intervenir  une  orientation 
différente  dans  les  divers  milieux,  on  pourrail  supposer  que  les  particules 
donneni  des  filets  dans  le  champ.  Et  d'après  Eord  Rayleigh  ('),  un  tel  milieu, 
contenant  des  cylindres  parallèles,  constitue  un  milieu  biréfringent.  En 
calculant  la  constante  diélectrique  selon  diverses  directions  et  en  rempla- 
çant les  constantes  diélectriques  par  des  indices  de  réfraction,  on  trouve 
une  biréfringence  négative,  qui  dépend  du  carré  de  la  différence  des  indices 
du  milieu  et  du  cristal.  (Les  calculs  seront  publiés  ailleurs.) 

Ainsi    donc  la  biréfringence  électrique  d'une  liqueur  mixte  provient 

(')  I.ord  HAYLKKiH,  Phil.  Mas^.,  t.  3V,  iSg-?.  p.  48i. 


SÉANCE  DU  9  MAI  1921.  II75 

d'une  biréfringence  positive  due  aux  cristaux  et  d'une  biréfringence  néga- 
tive due  à  l'arrangement  en  filets  des  parlicules.  Les  signes  de  ces  biréfrin- 
gences sont  changés  pour  les  crislaux  pour  lesquels  la  dissyméirie  opticpie 
cl  électrique  ne  coïncideni  pas. 

La  biréfringence  électrique  négative,  constatée  (')dans  le  cas  des  suspen- 
sions (dans  l'air)  de  chlorhydrate  d'ammoniaque,  formées  probablement  de 
cristaux  cubiques  et  par  conséquent  sans  biréfringence  propre,  el  des 
fumées  de  cire  d'abeilles,  peut  être  exprujuée  aussi  par  l'arrangement  des 
parlicules. 


l'îLEC'IRO-OPTlQUE.  —  Sur  les  spectres  d'absorption  du  chlore  pour  les  rayons  X. 
Note  de  M.  AxEi,-E.  Linuii,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Dans  une  Note  précédente  M.  Bergengren  (-)  a  rendu  compte  des  résul- 
tats de  ses  recherches  sur  les  spectres  d'absorption  pour  les  rayons  X  des 
différentes  modifications  allotropiques  du  phosphore.  Dans  ces  recherches, 
il  a  trouvé  une  différence  de  longueur  d'onde  pour  les  limites  d'absorption 
du  phospliore  noir  et  du  phosphore  contenu  dans  l'acide  phosphorique 
et  le  phosphate  d'ammonium.  Il  est  donc  naturel  de  supposer  que  l'on 
pourrait  trouver,  dans  les  spectres  d'absorption  des  éléments  pour  les 
rayons  X,  quelque  influence  de  la  manière  dont  ledit  élément  entre 
dans  une  combinaison  chimique.  J'ai  donc  commencé  des  recherches  sur 
les  spectres  d'absorption,  non  seulement  dans  la  série  K,  mais  encore 
dans  la  série  L.  Dans  le  cas  du  chlore,  mon  attente  s'est  vérifiée.  Mes 
recherches  ont  porté  sur  le  gaz  chlore  et  sur  les  combinaisons  sui- 
vantes :  LiCl,  NaCl,  KCl,  KCIO',  KC10\  ThCl'(  H^N^),  SnCl% 
[Cr(H^O')  GI-]  Cl.  Pour  le  chlore  gazeux  et  pour  celles  des  combinaisons 
indiquées  plus  haut,  dans  lesquelles  le  chlore  a  la  valence  i,  on  n'a  pu 
observer  aucune  différence  entre  la  longueur  d'onde  de  la  limite  d'absorp- 
tion obtenue  et  celle  du  chlore  dans  la  combinaison  NaCl  (4,384  U.  A.) 
déterminée  par  M.  Fricke  (').  Par  contre,  le  spectre  d'absorption  du 
chlore  de  valences  5  et  7,  dans  les  combinaisons  KCIO'  et  KCIO',  montra 
un  déplacement  de  la  limite  d'absorption  vers  les  longueurs  d'onde  plus 
courtes.  Ce  déplacement  se  monte,  pour  le  chlore  de  valence  5,  à  0,006  U.  A . 

(')  A.  St.Procopiu,  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  i445.  et  t.  171,  igao,  p.  io55. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.  624. 
(■'  )  Physical  Review,  vol.  16,  1920,  p.  202. 


II76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

environ  et  pour  le  chlore  de  valence  7,  à  0,012  U.A.  environ  par  rapport 
à  la  longueur  d'onde  de  la  limite  d'absorption  du  chlore  de  valence  i. 
Si  l'on  calcule  à  l'aide  de  la  lelalion 


AV  pour  les  diverses  limites  d'absorption,  on  obtiendra  pour  le  chlore  df 
valence  5,  le  potentiel  3,8  volts  et  pour  le  chlore  de  valence  7,  le  potentiel 
7,7  volts,  si  la  valeur  de  V^  pour  la  limite  d'absor|ition  de  chlore  dans  ?sa('l 
est  la  valeur  normale. 

Les  poses  ont  été  faites  à  l'aide  d'un  spcctrographc  à  vide  avec  une  dis- 
tance de  ii8"'"\r)n  entre  le  cristal  et  la  plaque.  Le  cristal  employé  était  le 
gypse.  Le  gaz  chlore  fut  produit  à  partir  du  cliloriire  de  chaux  (daCl-O). 
Pendant  la  pose,  le  gaz  se  tiouvait  renfermé  dans  un  tube  de  verre,  fermé 
aux  deux  bouts  par  des  baudruches,  placé  entre  la  fenêtre  et  le  cristal. 
Pour  ce  qui  concerne  les  dispositions  générales,  on  a  employé  à  [)eu  près 
les  mêmes  méthodes  que  celles  décrites  par  M.  Fricke  dans  le  Mémoire 
cité  plus  haut. 

Un  exposé  plus  détaillé  de  ces  recherches  sera  incessamment  publié. 


ÉLECTRO-OPTIQUE.  —  Le  principe  de  combinaison  et  Ici  loi  de  StoLes  dans  les 
séries  des  rayons  X.  Note  de  M.  I).  Costeii,  présentée  par  M.  I"..  Bouty. 

Dans  une  Note  des  Comptes  rendus  du  i  i  avril  192 1 ,  M.  Dauvillier  donne 
les  résultats  de  ses  mesures  relatives  aux  longueurs  d'onde  des  rayons  \  de 
l'uranium.  Il  y  a  déjà  quelque  temps  que  les  lignes  [î  de  la  série  L  de 
l'uranium  et  du  thorium  ont  été  mesurées  de  nouveau  par  moi.  J'ai 
trouvé  les  nomlires  suivants  :  uranium  :  rj8o2,f);  ^^786,  56;  (3i7/|:^,4; 
p,736;  ;3;-,724,i3;  ^3708,4-,  et  thorium  :  '^,^-26, -2:  (^,789;  ^,  -  ^,-,762,59; 
33752, 1,  ce  qui  est  en  concordance  avec  les  mesures  de  Dauvillier.  La  con- 
naissance des  limites  d'absorption  L,  trouvées  par  Duane  et  l'atterson  {') 
et  celles  du  domaine  M  (-)  mesurées  dans  le  laboratoire  de  M.  Siegbahn,  a 
donné  à  ces  mesures  une  plus  grande  importance. 


(')  Proc.  Nal.  Ac.  Se.  Washington,  septembre  1920. 

('^)  Stenslriim  a  trouvé  les  disconlinuités  M,,  Mj  et  M,,  de  l'iiianiiirii  et  du  llioiiuni, 
et  deux  nouvelles  discontinuités  de  plus  courte  longueur  d'onde  des  nu'nies  élouicnls, 
tandis  que  les  limites  M,,  Mj  et  M.,  du  bismuth  ont  été  mesurées  par  l'auteur. 


SÉANCE    DU    <)    MAI    l()>l.  II77 

l>a  Tal)le  suivante  (')  montre  (jue  la  fiMkjuencc  des  lignes/,  -i],  a,,a2,  ^1, 
^^,  'ji.  peut  se  présenter  couune  la  dilTérence  d'une  fréquence  limite  L  et 
d'une  fréquence  limite  M  : 

1 1 3'|  ,()5     1 13 1 


/. 

L,—  \l,. 

u.. 

855,8.', 

855 . 1 

Th  . 

819,19 

818,8 

Hi.. 

U 

Tli.   , 

.  .  .  .    15 

lîi...  . 

.  .  .  .     ( 

Ij.         ï,. 

I,,-  M,. 

ï,.    I-,-M,. 

8    ioo3,23 

1002 . 17 

990,37   989,21 

955.78 

954 ,80 

9'i4,o8  9'|3,i5 

79^  •  ■">'< 

797-43 

790,20  789.35 

?r       l'.i- 

M3-     ?,■ 

F.j-  M,. 

286,29  la^S. 

,78   l'!22, 

53 

1220,86 

2 1 I , 67   1 209 , 

•77  "•'>5. 

,00 

ii5i,86 

[\.  L, -M,,. 

269,08   1265.87 
19']  ,94   1193,15 

()59,93       958,16       973,85       975,86 

La  ligne  p^  de  uièine  que  ji.  semble  appartenir  à  L;,. 

En  comparant  les  valeurs  des  lignes  [i-^,  y.,  et  v,  pour  les  éléments  W  —  U 
et  les  fréquences  limites,  obtenues  par  Duane  et  Patterson,  on  voit  ([ue 
l'élément  tungstène  seul  semble  violer  la  loi  de  Slokes.  Aussi  M.  Dauvillier 
suppose-t-il  que  les  lignes  ^-  et  y-  du  W  ont  été  identifiées  faussement. 
Cependant  on  pourrait  aussi  douter  des  mesures  de  Duane  et  l'atterson, 
qui  ont  opéré  avec  un  tube  Coolidge  et  conséqueminent  obtenaient  simul- 
tanément un  spectre  d'émission  et  un  spectre  d'absorption,  ce  qui  pourrait 
compliquer  l'interprétation  des  résultats,  l'our  éviter  cette  difficulté,  j'ai 
répété  ces  expériences  avec  un  tube  à  calbode  d'aluminium  et  à  anlica- 
thode  de  fer,  mais  j'ai  pu  constater  que  les  valeurs  de  Duane  et  Patterson 
sont  incontestables. 

Il  ne  nous  reste  que  l'bypotbèse  de  Dauvillier,  à  savoir  que  les 
lignes  [i^  ety.j  du  tungstène  doivent  être  identifiées  autrement,  en  faveur 
de  laquelle  on  peut  donner  un  nouvel  argument,  non  moins  fort  que  celui 
de  Dauvillier.  Pour  la  différence  de  longueur  d'onde  (îo  — ^s  o"  trouve  : 
U  28,58;  Tli28,5i;  Bi  3o,6i  ;  Pb  3o,48;  Tl  29,36;  Au  29, .55;  Pt  29,40; 
Ir  29,87;  Os  28,38;  W  38,8 1.  On  voit  que  cette  différence  est  à  peu 
près  constante  de  l'uranium  jusqu'à  l'osmium.  I^e  tungstène  seul  montre 
une  beaucoup  plus  grande  dilTérence.  Si  l'on  prend  ici  pour  la  ligne  [B;;  la 
valeur  1211,8,  on  obtient  pour  cette  même  Indifférence  3o,ii.  Pour  la 
différence  y,  —  y^  on  trouve  une  relation  analogue,  de  sorte  qu'on  pourrait 
conclure,  que  la  ligne  1072  est  la  y^  du  tungstène.  C'est  pourtant  une 
cbose  très  remarquable,  que  les  intensités  des  lignes  y  du  tungstène  semblent 

(')  Les  fréquences  ont  élé  calculées  eu  multiples  de  Ix  constante  tle  Rjdberg 
(fréquence  limite  de  la  .«érie  de  Lyman  de  l'hydrogène). 

C.  R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  19.)  87 


117^^  ACADÉMIE    DES    SCIEN'CES. 

être  tout  autres  que  chez  les  éléments  pins  lourds.  La  lij;ne  1072,  (jui  sérail  y^. 
est  encore  beaucoup  plus  faible  que  la  ligne  1026,47  (v, ),  pendant  que  la 
ligne  io65,84,  jusqu'ici  appelée -,%,  est  d'une  intensité  encore  assez  grande 
comparée  à  celle  de  Yd  chose  qu'on  trouve  en  général  pour  la  ligne  y^  f'^s 
éléments  plus  lourds.  On  ne  peut  encore  savoir  si  les  lignes  i2o3,i  et 
loGjjSi  appartiennent  an  tungstène.  La  première  par  exemple  pourrait 
être  la  ligne  y.)  du  thallium. 

l'ji  raison  de  ces  faits,  on  commence  à  douter  aussi  de  la  classilication 
des  lignes  y  des  terres  rares  proposée  par  l^Viman  et  lljalmar,  qui  ne 
s'accorde  pas  avec  les  discontinuités  L  obtenues  par  Hertz.  Des  expériences 
sont  en  cours  pour  étudier  ces  questions  plus  en  détail. 


RADIO l.OG IF,.  —  A  propos  du  danger  des  instalUitions  nidiologiques. 
Note  (')  de  MM.  3Iaxi>ie  Menard  et  Pestel.  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Tout  le  monde  sait  que,  dans  certaines  conditions,  l'exposition  d'un 
être  vivant  aux  rayons  X  est  dangereuse.  Sans  rappeler  les  accidents  sur- 
venus au  début  de  l'application  de  ces  rayons  aux  malades  ou  aux  techni- 
ciens, nous  croyons  devoir  donner  les  résultats  de  nos  expériences  concer- 
nant les  dangers  que  pourraient  courir  des  personnes  se  tenant  dans  une 
pièce  contiguë  à  une  installation  radiologique. 

E.rpérience  n°  1.  —  Tube  l'ilon  (_)  M',  1  loooo  volts  max.,  -i')  iiiilliaiiipùres.  Teni[)s 
de  pose  :  i5  secondes. 

Plaque  e\lra-sensible  placée  dans  un  cli;"issis  avec  écran  renfoiiateiif. 

Cloison  en  lariqnes  de  10""'  d'épaisseur  (revêtement  de  plâtre  sur  chaque  face) 
interposée  entre  le  tube  et  la  pla(|ue  sensible. 

Index  de  plonih  mesurant  10  ""  de  côté  et  7"""  d'épaisseur  ap[)liqué  sur  la  plaque 
sensible. 

Le  faisceau  des  rayons  X  est  dirigé  sur  la  cloison,  lanticatliode  est  à  i'°,5o  de  la 
cloison. 

Résultats  :  La  silhouette  de  l'index  de  plomb  est  visible  sur  la  plaque. 

(jC  même  index  n'est  plus  visible  si  l'on  place  un  patient  entre  la  cloison  et  le  tube. 

Expérience  n"  2.  —  Le  faisceau  des  rayons  est  dirigé  sur  un  |  lafond  mesurant  •1,5'"" 
d'épaisseur  constitué  par  des  briques  et  gravais,  le  tout  recciuvert  par  des  petites 
dalles  de  i"",;")  d'épaisseur  et  formant  le  parquet  de  la  pièce  située  au-dessus. 

Tube  Coolidge,  l,y[)e  Standard,  alimenté  par  une  bobine  ■>.■?""  d'étincelle  entre  boules 
de  2'^'"  de  diamètre;  2,5  milliampères. 

Temps  de  pose  :  1  heure. 

(')  Séance  du  2  mai  192 1. 


SÉANCi;  DU  9  MAI  1921.  iinç) 

FjH  plaque  sensible  et  l'index  de  ploinl),  coiiinie  poiii-  l'expérience  n"  I. 

Ki'sultat  :  la  silhouelle  de  l'index  de  plomb  n'est  pas  visible  sur  la  pla(|ii('. 

E.rpérience  n"  3.  — ^  Les  conditions  expérimentales  sont  les  mêmes  que  pour  l'expé- 
rience n°  2  avec  cette  dilTérence  qu'un  mur  mesurant  5o'^'"  d'épaisseur  est  interposé 
entre  le  tube  et  la  plaque  sensible.  Le  mur  est  constitué  par  des  pierres  meulières 
a\ec  revêtement  de  plâtre  de  2'"'  d'épaisseur  sur  les  deux  faces. 

Résultat  :  la  silhouette  de  l'index  de  plomb  n'est  pas  visible. 

Ces  expériences  n'ont  un  réel  intérêt  qu'au  point  de  vue  des  locaux  exa- 
minés et  ne  peuvent  que  donner  une  indication  générale  sur  l'absorption 
des  rayons  \  par  certains  murs  ou  certains  plafonds. 

Sans  attacher  à  ces  expériences  plus  de  valeur  qu'elles  ne  le  méritenl,  il 
convient  de  rappeler  que  le  danger  d'une  installation  radiologique  est  bien 
plus  évident  pour  les  personnes  qui  se  tiennent  dans  la  pièce  où  est  actionné 
le  tube  que  pour  les  personnes  qui  se  tiennent  dans  la  pi4ce  voisine  de  cette 
installation.  C'est  pourquoi  les  tubes  à  rayons  X  sont  munis  de  cupules 
S[)éciales  dont  le  rôle  est  d'absorber  les  rayons  nuisibles.  Ces  cupules  pro- 
tedtrices  ont  un  pouvoir  d'absorption  des  rayons  X  en  rapport  direct  avec 
la  puissance  même  de  l'inslallation.  Tous  les  médecins  radiologues  avertis 
savent  que  pour  les  installations  actuelles  les  plus  puissantes,  celles  utilisées 
en  France  pour  la  radiothérapie  profonde  (200000  volts,  /jo^'"  d'étincelle 
équivalente)  une  protection  spéciale  est  établie.  C'est  ainsi  que  l'am- 
poule est  contenue  dans  une  cuve  de  plomb  élanche  de  6™™  d'épaisseur  et 
remplie  d'huile.  Cette  épaisseur  de  plomb,  pour  des  rayons  d'une  longueur 
d'onde  donnée,  ceux  utilisés  en  radiothérapie  profonde,  ne  laissent  hltrer 
que  36  millionièines  de  C inlensilé  initiale.  (^)uant  aux  rayons  qui  ne  sont 
pas  absorbés  par  le  patient,  il  suffit  de  fixer  convenablement  à  la  table 
d'opération  une  lame  de  plomb  d'épaisseur  suffisante  pour  éviter  le  passage 
des  rayons  à  travers  le  plancher. 

Notre  conclusion  est  que  les  voisins  immédiats  d'une  installation  radio- 
logique,  même  très  puissante,  n'ont  pas  à  craindre  les  effets  nuisibles  des 
rayons  X. 


CHIMIE  PHYSIQUE.   —  Une  théurie  de  l'hydrolyse  lente  des  sels. 
Note  de  M.  A.  Tian. 

L'hydrolyse  des  sels  est,  comme  l'on  sait,  une  réaction  d'ions.  Cette 
réaction  devrait  donc  se  produire  dans  tous  les  cas  avec  une  vitesse  extrê- 
mement  grande.  H  y  a  cependant  de  nombreux  exemples   de   solutions 


II Ho  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

salines  dont  l'hydrolyse  est  lente  :  Foussereau  (')  a  étudié  des  sels  dont 
l'hydrolyse  se  continuait  encore  après  plusieurs  mois.  Or  il  se  trouve  que 
les  solutions  présentant  celte  anomalie  ne  sont  pas,  suivant  l'expression  de 
Spring,  «  optiquement  vides  »  :  elles  renferment  toutes  en  suspension  colloï- 
dale soit  l'acide,  soit  la  base.  11  semble  donc  qu'il  y  ait  relation  de  cause  à 
effet  entre  la  présence  du  colloïde  et  l'hydrolyse  lente  et  que  nécessairement 
l'explication  à  donner  de  l'hydrolyse  anormale  doive  tenir  compte  de  l'état 
colloïdal  de  l'un  des  produits  de  la  décomposition  du  sel. 

Aussi  les  nombreuses  théories  proposées  qui  négligent  cette  relation  ne 
sont  pas  satisfaisantes.  En  outre  presque  toutes  font  intervenir  l'existence 
de  composés  hypothétiques,  et  ne  sont  pas  appuyées  par  les  vérifications 
expérimentales  nécessaires. 

G.  Wagner  ('-)  est  le  premier  à  avoir  émis  une  théorie  vraiment  générait» 
et  reliant  le  phétiomène  à  expliquer  à  la  présence  du  colloïde.  Malheureu- 
sement, comme  j'aurai  l'occasion  de  le  montrer  ('),  la  théorie  de  Wagner 
n'est  pas  en  accord  avec  l'expérii-nce. 

Je  propose  la  nouvelle  théorie  suivante  : 

1°  Le  colloïde,  d'abord  en  particules  extrêmement  fines,  donnerait 
spontanément  par  réunion  de  ces  dernières  des  granules  de  plus  en  plus 
gros  qui,  pour  une  masse  donnée,  auraient  une  surface  de  plus  en  plus 
petite. 

■2°  En  outre,  l'hydrolyse  du  sel  serait  limitée  par  deux  réactions  qui, 
toutes  deux,  reproduiraient  le  sel  et  l'eau  aux  dépens  de  l'acide  et  de  la 
base  mis  en  liberté.  La  preftiière  se  passerait  seulement  dans  la  phase 
aqueuse,  ce  serait  une  réaction  effectuée  uniquement  entre  ions,  exactement 
inverse  de  l'hydrolyse.  La  seconde,  que  l'on  peut  appeler  «  rétrogradation 
supplémentaire  »,  serait  réalisée  entre  la  phase  insoluble  et  le  liquide 
aqueux  par  action  de  l'autre  élément  soluble  du  sel  ;  ce  serait  encore  une 
saturation  de  l'acide  par  la  basi»,  mais  effectuée  mire  deux  phases.  Cette 
réaction  se  produirait  donc  avec  une  vitesse  d'autant  plus  petite  que  la  sur- 
face de  séparation  serait  plus  limitée.  Elle  diminuerait  par  suite  à  mesure 
que  la  solution  colloïdale  évoluerait  et,  l'hydrolyse  étant  de  moins  en  moins 

(')  Ann.  de  Chiin.  et  de  J'/iys.,  16"  série,  l.  11,  1887,  P*  ^'^''• 

(')  Monalshejle  f.  Chetn.,  1.  ik,  igiS,  p.  gS  et  g3i. 

(^)  Un  Mémoire  plus  étendu  paraîtra  dans  un  autre  recueil.  Des  communications 
onl  déjà  été  faites  sur  le  même  sujet  au  Congrès  de  Strasbourg  (ig-îii)  de  l'Association 
française  pour  TAvancemenl  des  Sciences  et  à  la  Société  cliimique  de  France,  section 
de  Marseille,  16  février  igai. 


SIUNCE    du   9    MAI    192 1.  I181 

limitée,  la  ri  (''composition  du   sel    progresserait.  T/liydrolyse   serait  lente 
parce  que  l'évolution  de  la  solution  colloïdale  serait  elle-même  lente. 

(  ontrôlc  expérimental.  —  Il  était  donc  nécessaire  d'établir  les  deux  points 
suivants  : 

1°  L'hydrolyse  lente  et  liée  à  la  «  polymérisation  »  du  colloïde. 

On  devait  donc  vérifier  que  rimniobilisation  des  particules  colloïdales, 
qui  empêcherait  leur  réunion,  arrêterait  toute  progression  de  l'hydrolyse. 
La  vérification  expérimentale  serait  d'autant  plus  concluante  que  le  moyen 
uti'iisé  pour  immobiliser  ces  particules  laisserait  se  mouvoir  les  molécules 
et  les  ions  présents  dans  le  système,  de  manière  à  ne  pas  empêcher  les  réac- 
tions auxquelles  peuvent  participer  ces  particules  beaucoup  plus  petites. 

Le  problème  a  été  résolu  en  utilisant  les  propriétés  très  intéressantes  des 
gelées  qui  empêchent  seulement  le  déplacement  des  particules  colloïdales. 
Mes  expériences  prouvent  qu'en  un  tel  milieu  solidifié  par  de  la  gélose,  de 
la  gélatine  animale  ou  de  la  silice,  l'hydrolyse  s'arrête;  en  outre  elles  éta- 
blissent que  ces  substances  ne  jouent  aucun  rôle  chimique  (foi'mation  pos- 
sible avec  le  sel  d'un  composé  qui  serait  inaltérable  par  l'eau). 

2"  Il  existe  effeclivement  um-  régénération  du  sel  par  une  réaction  à 
laquelle  le  colloïde  prend  paît. 

.l'ai  constaté  que  l'hydrolyse  lente  est  atténuée,  ou  même  que  la  décom- 
position du  sel  rétrograde,  par  l'addition  d'un  excès  de  colloïde  (dont  la 
phase  aqueuse  était  primitivement  saturée);  d'autre  part  qu'il  y  a  au  con- 
tiaire  accentuation  de  l'hydrolyse  lente  si  l'on  élimine  une  partie  du  colloïde 
en  suspension.  Comme  il  est  impossible  d'admettre  que  la  phase  solide  agit 
à  dislance  \)Our  TdXenÛT  la  réaction  directe  réalisée  en  dehors  d'elle,  il  faut 
nécessairement  accepter  qu'elle  agit  en  sens  inverse  pour  faire  rétrograder 
l'hvdrolyse  :  c'est  là  le  deuxième  point  de  ma  théorie. 

En  terminant  je  veux  faire  remarquer  l'intérêt  présenté  par  l'hydrolyse 
lente. 

Celle-ci  étant  intimement  l'ée  à  l'évolution  de  Thydrosol  constitué  par 
l'hydrate  ou  l'acide  peu  soluble,  on  peut,  en  suivant  sa  progression,  ce  qui 
est  très  facile,  étudier  les  transformations  du  colloïde  en  suspension.  En 
particulier,  la  réversibilité  de  l'hydrolyse  lente  démontrera  la  réversibilité 
des  transformations  de  la  solution  colloïdale,  phénomène  très  important  à 
beaucoup  de  points  de  vue. 


IlHa  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  — ■  Sur  la  révcrsihilili'  (le  laréaclion  CO'Ca  =  (]0-  -+-  CaO. 
Noie  de  MM.  Pierre  Jounois  cl  ItocviEit,  présenlée  par  M.  H.  Lo 
Chatelier. 

Dans  une  Noie  précédente  (')  l'un  de  nous  a  décrit  un  procédé  qui 
permet  d'enregistrer  la  tension  de  dissociation  d'un  corps  composé. 

Nous  avons  appliqué  cette  méthode  à  l'étude  des  conditions  dans  les- 
quelles il  convenait  de  se  placer  pour  obtenir  la  réversibilité  de  lu  réaction 
classique  de  la  dissociation  du  carbonate  de  calcium. 

Bien  que  la  combinaison  du  gaz  carbonique  et  de  la  chaux  se  fasse  avec 
un  grand  dégagement  de  chaleur,  la  réabsorption  du  CO^  par  un  fragment 
de  carbonate  de  calcium  qui  se  refroidit  après  s'être  dissocié  est  impossible 
quantitalivemenl. 

l^lle  est  loujours  limitée. 

Nous  avons  étudié  rinfluence  de  l'étal  physique  du  carbonate  de  calcium 
sur  la  l'éversibilité. 

Nous  avons  examiné  de  ce  point  de  vue  :  i"  le  spath  d'Islande  en  gros 
fragments;  i°  le  spath  d'Islande  finement  pulvérisé;  3°  le  carbonate  de  chaux 
précipité;  4"  le  marbre. 

Dans  aucun  cas  pour  les  vitesses  de  refroidissement  que  nous  avons  con- 
sidérées, la  réversibilité  n'a  été  satisfaisante.  L'absorption  de  CO-  cesse 
brusquement  pour  une  température  qui  varie  avec  l'échantillon  considéré 

{rig.h\\,m). 

Nous  avons  constaté  ce  fait  en  apparence  paradoxal  que  la  réversibilité 
est  moins  bien  réalisée  pai-  le  carbonate  précipité  à  giande  surface  (jue  par 
le  spath  d'Islande  pulvérisé  ou  non. 

Nous  proposons  l'explicalion  suivante  :  La  chaux  donne  facilement  des 
solutions  solides  à  haute  température,  comme  cela  est  constaté  dans  les 
expéi'iences  de  phosphorescence  cathodi(|ue. 

Une  solution  solide  de  chaux  dans  le  carbonate  de  calcium  absorbera 
d'autant  moins  bien  le  gaz  carbonique  qu'elle  sera  plus  diluée  en  chaux. 

Or  dans  la  dissociation  de  morceaux  volumineux  de  spath,  le  gaz  est 
uni(jucmcnt  fourni  par  les  couches  extérieures  comme  on  peut  le  voir  après 
refroidissement  en  cassant  un  cristal  ayant  subi  une  décomposition  par- 
tielle. 

(^  '  )  ('(impies  rcni/iis,  I.   172,   ny>.\,  p.  8(19. 


SÉANCE    DU    9    MAI    1921.  t r  83 

Fies  couches  exlérieures  sont  donc  de  la  cliaux  sensiblenieiil  pure  ([ui 
absorbe  le  gaz  carbonuiiie  avec  plus  d'énergie  ([ue  dans  le  cas  précédent. 


1 

J 

KclrnMlisscini'nl                                                             / 

/ 

r.h,i„ir.i;n                      '^ 

"  J 

/ 

n 

1 

J 1 
/ 

"  J 

Les  abscisses  sont  proportionnelles  aux   températures. 
Les  ordonnées  sont  proportionnelles  aux  pressions. 
Les  interruptions  de  la  courbo  représentent  lo   minutes. 

I.  —   Dissociation  du  carbonate  précipité. 

II.  —  Dissociation  du  spath  d'Islande  finement  pulvérisé. 

III.  —  Dissociation  du  inarbre. 

IV.  —   Dissociation  du  CO^  Ca  précipité  en  présence  d'un  e\cès  de  Ca  O. 

Pour  vérifier  cette  manière  de  voir  nous  avons  effectué  la  dissociation  du 
carbonate  précipité  en  présence  de  cliaux  pure  provenant  de  la  dissociation 
du  marbre;  la  réabsorption  qui  se  fait  en  présence  d'un  excès  de  chaux 
pure  nous  a  donné  une  courbe  de  refroidissement  très  voisine  de  la  courbe 
d'échaufîement,  ce  qui  est  un  critérium  de  la  réversibilité  {fig-  IV). 

Les  nombres  que  nous  avons  trouvés  dans  ce  cas  sont  voisins  de  ceux 
qui  ont  été  obtenus  par  Johnston  ('). 


(')  JoiiNSTON,  J.  Ain.  clieni.  Soc..,  l.  32,  1910,  p.  938. 


Il  84  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Contribution  à  L'étude  des  conslituanls  acides  de  lu 
gemme  de  pin  maritime.  Composition  de  l'acide  pinuiriipie.  INole  de 
M.  (.EORCEs  Dupont,  présenter  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  lécenle  Nole(')  nous  avons  indiqué  un  procédé  niélhodique 
permettant  4e  retirei'  de  la  gemme  du  pin  maritime  les  acides  dexlro- 
pimarique  et  lévopimaiique. 

Dans  la  présente  Note,  nous  nous  efforcerons  de  répondre  aux  questions 
suivantes  : 

1°  Les  acides  dextro-  et  lévopimariques  pi  éexistenl-ils  dans  l'acide  pima- 
riqu3  extrait  des  sels  de  soude  cristallisables,  séparés  par  la  méthode  de 
Vesterberg? 

2"  Ces  acides  sont-ils  les  seuls  constituants  do  ce  mélange? 

3°  Quelles  sont  les  proportions  respectives  de  ces  acides  dans  Tacide 
pimaiique? 

l*our  cela,  nous  avons  utilisé  une  méthode  qui  a  déjà  permis  à 
M.  Darmois  (-)  de  déterminer  la  composition  do  l'essence  de  térében- 
thine, méthode  basée  sur  l'étude  de  la  disjiersion  rotaloire. 

Happelons  hriévemenl  en  quoi  consisle  celle  iiiélliode  : 

Si  l'on  détermine  (iimr  un  corps  quelconque  les  pouvoirs  rolaloires  pour  diverses 
longueurs  d'ondes;  si  l'on  porte  sur  deux  axes  coordonnés  les  longueurs  d  ondes 
en  abscisses,  et  en  ordonnées  les  pouvoirs  rotatoires  correspondant?,  on  détermine 
ainsi  des  points  A.  A',  A",  ...,  qui  définissenl  la  courbe  de  dispersit)n  rotatoire  du  corps 
considéré. 

Si  l'on  considère  divers  mélanges  de  deux  corps  seulement,  en  veitn  de  la  loi  de 
[iiot,  les  cordes  A.  A'  relatives  à  deux  radiations  sont  concourantes. 

.Si  iiiver.-ement  toutes  les  cordes  A,  A'  fournies  par  diverses  fractions  d'un  mélange 
forment  un  faisceau  de  droites  concourantes,  on  est  ei-.  droit  de  dire  (|uc  le  mélange 
ne  contient  que  deux  constituants  (3). 

Appliquons  celte  méthode  aux  fractions  obleiuies  jiai'  ciistallisalions  successives  de 
l'acide  piiuari<|ue  dans  l'alcool. 

Pour  les  longueurs  d'ondes  X  =  578,  54(3  et  436  (raies  jaune,  verte, 
indigo  du  spectre  de  l'arc  au  mercure)  les  diverses  valeurs  trouvées  sont 
rassemblées  dans  le  Tableau  I. 


(')    Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  giS. 
(-)  Darmois,  Thèse  de  Doctoral,  Paris,  1910. 

(')   Excepté,  toutefois,  le  cas  où   un   troisième  constituant   suivrait   exactement   la 
même  loi  de  dispersion  rotatoire. 


SÉANCE    DU    9    MAI    192I.  Il 85 

'I'ahi.eau   I.    —    Fraclionnemenl  de  l' acide  piinarique  par  cristallisation  dans  l'alcool  à  90". 

l'riHiions  crislallisées  : 

l'oint  l'ouvoir  rotaluiir. 

Dési-  (le  — ■ — "^ ~ ^ 

^nation.       Poids.  fusion.  (aij.  i^}\-  (x)l-  Solution. 

Acide  pimariqiie  ImiiI.  Kh  83                  00  ~'''3>'i                 "                  "  Alcool  à  5  °/;, 

r''' crislallisaliDii  .  .  .    .  L,,  43  160-170  — i36,o  — i^g'l  — S^o^o              Id. 

'.'■              »              Mu  34  iG>,-i75  —101,2  —118,6  —'.54,8              Id. 

3^'               "               \ii  i4  1S5-191  —   27,4  —    32,7  ^   ~^û  Cliloroforine  10% 

4"              ..             0„  4,5             »  +32,3  +36,7              "                'f'- 

à'              >               Pu  3  190-215  +  58,6  +  67,3  +121,4              Id. 

Fractions   restées  en   solution  : 

l'ouvoir  rotatùirf. 

giiation.      Poids.  (ï).i.  (a)v.  (a)i.  Solution. 

Acide  piiiiarifiue  : 

'  '  go 

I""  cristallisation L,'.  4o.5  —172,2                     »  »  Alcool  5  "/o 

2<'              ..             M'i,  18  -i83,3                   »  »                      " 

3=              »             Ni)  19  — -142,7  — 167°.2  — 348"7                   » 

4»              ..              O'i,          8.5  —66,4  —   7«,5  —168,7 

Longueur 
d'onde. 

V-V- 
(  a  ).|  ^  pouvoir  rolaloire  déterminé  en  lumière /«(/«(?    (arc  au  mercure)....      ?i  =  578 

(3c)v=  il  )'  verte  »  ....  546 

(a)i  =  >'  »  indigo  »  ....  436 

Prenons,  par  exemple,  les  pouvoirs  rotaloires  donnés  par  le  jaune  et  le 
vert  ;  nous  constaterons  que  loiilcs  les  cordes  A,  A',  déterminées  comme  il  vient 
d'être  indiqué,  sont  parfaitement  concourantes.  Le  point  de  concours  est 
d'ailleurs  le  point  de  rencontre  des  droites  relatives  aux  acides  dextro-  et 
lévopimariques. 

La  même  constatation  peut  être  faite  avec  les  lumières  verte  et  bleue;  toutefois,  ici, 
la  précision  est  un  peu  moins  satisfaisante,  mais  les  écarts  peuveut  être  imputés  à 
l'imprécision  des  déterminations  fournie  par  la  lumière  bleue. 

Nous  sommes  donc  en  droit  de  dire  que  V acide pimarique  contient  bien  les 
acides  dextropimariqiw  et  lévopimarique,  et  est  exclusivement  formé  de  ces 
deux  acides. 

Si  l'on  n'a  pas  soin  d'éviter  l'isomérisation  que  nous  avons  signalée  de  l'acide  lévo- 
pimarique.  ces  produits  d'isomérisalioii  viendront  compliquer  le  mélange. 


Il  86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ceci  posé,  il  devient  aisé  de  déterminer  la  composition  centésimale  de 
l'acide  pimaricjue. 

Cet  acide,  tel  qu'il  est  extrait  des  sels  de  soude,  comme  il  a  été  indiqué 
précédemment,  a  pour  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool 

(ot)j  =  — i53<',4. 

Si  a?  et  I  — X  sont  les  proportions  respectives  d'acide  lévopimarique 

[(«),  =  -  282°,4J 

et  d'acide  dextropimarique 

[{^),,:^  +  i63°.51     ('), 

le  pouvoir-  rotatoire  du  mélange  doit  être 

(a)j  =  —  x282",/4  +  (i  —  .r)  63°, 5  =—  i53°,4- 
On  en  déduit  : 

JC  =  0,C2-, 

I  —  .r  =:  0,373. 

L'acide  pimarique  contient  environ  63  pour  100  (F acide  Ihopiinarique 
et  Z'j  pour  100  d'acide  dextropimarique. 

Nous  avons  signalé  ((ue  le  procédé  d'analyse  ulilisé  ci-dessus  peut  laisser  subsister 
un  doute  relatif,  au  cas,  non  improbable  ici,  oii  un  troisième  constituant  suivrait  la 
même  loi  de  dispersion.  Ce  doute  doit  être  complètement  levé  par  l'étude  de  lisonié- 
sation  de  ces  corps,  étude  qui  fera  l'objet  d'une  prochaine  Note. 

Notons  enfin  que  les  résultats  trouvés  pour  la  composition  de  l'acide  pimarique 
concordent  étrangement  avec  ceux  trouvés  par  M.  Darmois  pour  la  composition  de 
l'essence  de  térébenthine  de  la  même  origine  (62  pour  100  de  pinène  et  38  pour  100 
de  nopinène). 

Il  n'y  a  peut-être  pas  là  un  simple  hasard,  mais  l'indice  d'une  relation  d'orifjine. 
Nous  espérons  avoir  l'occasion  de  revenir  sur  ce  point  important. 

Conclusion.  —  L'acide  pimarique  purilié  par  la  méthode  de  ^'eslerber^■ 
est  constitué  par  un  mélange  de  27  pour  100  d'acide  dexli()|iiMiariqiie 
et  G3  pour  100  d'acide  lévopimarique. 

Rappelons  que  cet  acide  pimarique  ne  conslilue  que  la  fraction  la  pins 
faible  des  constiluanls  de  la  gemme.  L'autre  fraction  est  constituée  par  les 
acides  sapinicpies  souillés  d'acides  abiéticpies  provenant  de  l'isomérisalion. 

Nous  nous  atlacbons  à  présent  à  résoudre  cette  deuxième  partie,  la  plus 
délicate  du  problème  de  la  constitution  de  la  gemme. 

(')  La  \aleur  précédemment  indi(|uée  h- -r)", 4  se  rapportait  à  une  solution  chlorofor- 
iuii|ue;  dans  l'alcool,  ce  [iou\oir  rotatoire  devient  -(-  iG3'',5. 


SÉANCE    DU    9    MAI    I921.  I 187 


CRISTALLOGRArHIE.  —  Sur  l((  mesure  du  pouvoir  rotatoire  dans  les  cristaux 
hitixes.  .^ole  de  M.  Louis  Lonuciia.muo.v,  présentée  par  M.  Fied. 
Wallerant. 

La  mesure  du  pouvoir  rotaloire  dans  les  cristaux  biaxes  présente  une 
difficulté  spéciale  du  fait  de  la  biréfringence  qui  intervient  dès  que  le  faisceau 
lumineux  n'est  pas  rigoureusement  parallèle  à  l'axe  optique  du  cristal;  il 
en  résulte  des  écarts  considérables  entre  les  nombres  qui  ont  été  donnés 
par  dill'érents  auteurs  au  sujet  d'un  même  corps  :  pour  le  sucre  en  parti- 
culier, Pocklington  (')  et  Dufet  (-)  ont  admis  les  valeurs  +  64°,  ±6°  par 
centimètre pourl'axe fort,  et  —  22°,  ±:  2° pourl'axefaible; M.Wallerant('), 
avec  une  métliode  plus  précise  a  trouvé  -(-56°  et  —  12°. 

Il  était  essentiel  de  calculer  la  perturbation  correspondant  à  une  certaine 
inclinaison  du  faisceau  lumineux  sur  l'axe,  afin  d'en  déduire  les  conditions 
expérimentales  d'une  mesure  précise;  le  procédé  de  calcul  a  été  indiqué 
par  Henri  Poincaré  {'')  dans  la  Théorie  mathématique  de  la  lumière,  au 
sujet  des  propriétés  optiques  des  piles  de  lames.  Voici  les  résultats  obtenus  : 
si  un  faisceau  rectilignement  polarisé  traverse  le  cristal  parallèlement  à 
l'axe,  le  plan  de  polarisation  tourne  d'un  angle  a;  si  le  faisceau  est  légère- 
ment incliné  sur  l'axe,  la  vibration  émergente  est  elliptique,  le  grand  axe 
de  l'ellipse  faisant  un  angle  [i  avec  le  plan  de  polarisation  primitif.  L'angle  a 
est  la  rotation  vraie,  l'angle  ^  est  la  rotation  apparente  due  à  la  combi- 
naison du  pouvoir  rotatoire  et  de  la  biréfringence.  Le  calcul  montre 
que  dans  le  cas  d'une  lame  de  sucre  de  5'"™  d'épaisseur,  l'erreur  [i-a 
introduite  par  l'inclinaison  du  faisceau  peut  atteindre  32  minutes  pour  une 
inclinaison  d'une  minute,  et  2  degrés  pour  une  inclinaison  de  2  minutes. 
Pour  l'acide  tartrique,  dont  la  biréfringence  est  beaucoup  plus  élevée,  il 
suffira  d'une  inclinaison  de  3o  secondes  pour  que  l'erreur  atteigne  déjà 
2°, 5,  soit  le  vingtième  de  la  valeur  vraie  (la  rotation  est  d'environ  5o°  pour 
une  lame  de  5°"°  d'épaisseur). 

Ces  résultats  numériques  montreni  combien  la  rotation  apparente  varie 
rapidement  avec  l'inclinaison,  d'où  la  nécessité  d'employer  de  la  lumière 

(')  l-'ocKLiNGTON,  Pldlos.  Magazine,  6=  série,  t.  2,  1901  p.  36 1. 

(-)  DuFiîT,  Bulletin  de  la  Société  française  de  Minéralogie^  t.  27,  1904,  p.  lati. 

(^)  Wai.lerant,  Comptes  rendus,  t.  1S8,  igiAi  P-  9'- 

(')  II.   l'oiNtiARÉ,  Tliéuric  niatliéinati<jue  de  la  lumière,  t.  2,  Cliap.  Xll. 


II 88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

très  parallèle  et  très  exactement  orientée.  Pocklington  a  proposé  une  solu- 
tion théoriquement  parfaite,  consistant  à  recevoir  sur  une  lentille  les  rayons 
lumineux  sortant  du  cristal  :  les  rayons  qui  ont  traversé  le  cristal  parallè- 
lement à  l'axe  optique  convergent  en  un  point  unique;  c'est  en  ce  point  que 
doit  se  faire  l'observation  polarimélrique.  Mais,  en  pratique,  l'œil  ne  peut 
observer  un  point  et  il  intervient  toujours  des  rayons  légèrement  inclinés 
sur  l'axe;  aussi  le  minimum  d'éclairemenl  apprécié  par  l'œil  est-il  obtenu 
pour  une  rotation  de  l'analyseur  intermédiaire  entre  la  rotation  vraie  due 
au  pouvoir  rotatoire,  et  la  rotation  apparente  des  rayons  les  plus  inclinés 
admis  sur  la  rétine.  On  peut  calculer  l'erreur  ainsi  introduite  par  le  dia- 
mètre de  la  surface  d'observation;  il  convient  donc  de  définir  exactement 
cette  surface  en  plaçant  un  diaphragme  dans  le  plan  focal  :  le  diamètre  de 
l'ouverture  du  diaphragme  pourra  alors  être  calculé  de  telle  façon  que  l'er- 
reur causée  par  les  rayons  les  plus  inclinés  sur  l'axe  ne  dépasse  pas  une 
valeur  donnée,  un  demi-degré  par  exemple.  On  trouve  ainsi  que,  dans  une 
lame  de  sucre  de  5"""  d'épaisseur,  le  diamètre  du  diaphragme  doit  être  infé- 
rieur à  /x  3.  io~*,  en  désignant  par/la  dislance  focale  de  la  lentille. 

Comme  il  est  indispensable  d'admettre  suffisamment  de  lumière  pour 
que  la  mesure  polarimétrique  soit  possible,  on  ne  peut  diminuer  indéfini- 
ment le  diamètre  du  diaphragme  ;  il  est  donc  nécessaire  d'augmenter  autant 
que  l'on  pourra  la  dislance  focale  de  l'objectif:  avec  un  diaphragme  de  i"""" 
de  diamètre  et  des  lentilles  de  5™  à  lo'"  de  distance  focale,  suivant  la  biré- 
fringence et  l'épaisseur  du  cristal,  on  isolera  un  faisceau  dont  l'état  de  pola- 
risation sera  suffisamment  homogène  pour  que  l'on  puisse  l'étudier  avec 
un  analyseur  à  pénombre. 

Une  antre  cause  d'erreur,  également  spéciale  aux  cristaux  biaxes,  réside 
dans  la  dispersion  des  axes  optiques  en  fonction  de  la  longueur  d'onde  :  il 
en  résulte  que  si  la  lumière  n'est  pas  rigoureiiseiiienl  monochromalique,  le 
diaphragme  ne  sera  centré  sur  le  pôle  de  l'axe  que  pour  une  seule  radiation 
et  l'analyseur  recevra  de  la  lumière  elliptique  provenant  des  autres  radia- 
tions contenues  dans  la  lumière  incidente.  Pour  une  dispersion  des  axes 
de  '2°  pour  l'ensemble  du  spectre  visible,  un  écart  de  quelques  unités  Ang- 
strôm  entre  les  radiations  extrêmes  utilisées  peut  enhaîner  une  erreur  de 
o^jS  sur  la  mesure  du  pouvoir  rotatoire,  dans  les  conditions  oïdinaires  de 
biréfiingence  et  d'épaisseur  des  cristaux. 

Dispositif  expérimental.  —  La  lumière  piovienl  d'un  aie  au  mercure  dont 
les  raies  sont  séparées  |)ar  un  prisme  à  déviation  constante  ;  le  faisceau 
approximativement  parallèle  traverse   le   polariseui',   la    lame   cristalline, 


SÉANCE    nu    9    MAI    IÇ)21.  II 89 

puis  la  Icnlillo  de  grande  dislance  focale.  Dans  !<■  plan  focal  de  celle  lentille, 
lin  banc  d'optiqne  su|)porle  le  diaphragme  el  l'analyseur  à  pénombre  ;  le 
déplacement  du  diapbiagme  permel  d'étudier  l'état  de  polarisation  de  fais- 
ceaux dilléremment  oi'ientés. 

Rèsiiltats.  —  Pour  le  sucre,  avec  la  raie  jaune  de  longueur  d'onde  o"*,  f)79, 
j'ai  trouvé  +53°5o'  pour  l'axe  fort,  — i&'d'  pour  l'axe  faible;  l'erreur 
commise  ne  semble  pas  dépasser  10  minutes.  Le  pouvoir  rolatoire  du  sul- 
fate de  magnésie,  qui  a  même  valeur  suivant  les  deux  axes,  est  de  i9"5o' 
par  centimètre  au  lieu  de  26°,  nombre  donné  par  Dufel. 

La  sensibilité  de  cette  méthode  permettra  de  mettre  en  évidence  des  pou- 
voirs rotatoires  très  faibles;  j'ai  déjà  pu  constater  l'existence  de  celte  pro- 
priété dans  le  formiate  de  strontium  cristallisé  avec  deux  molécules  d'eau 
dans  le  système  orthorhombique.  Pasteur  ('),  à  une  époque  où  les  idées 
théoriques  de  Maliard  n'interdisaient  pas  encore  de  croire  au  pouvoir  rota- 
toire  des  biaxes,  avait  supposé  que  ce  corps,  dont  l'hémiédrie  non  superpo- 
sable  est  si  manifeste,  pouvait  présenter  un  pouvoir  rolatoire  analogue  à 
celui  du  quartz,  c'est-à-dire  dû  à  l'arrangement  cristallin;  il  avait  échoué 
dans  sa  recherche.  Dufet,  enfin,  malgré  qu'il  ait  étudié  des  cristaux  de  près 
de  i*^"  d'épaisseur,  n'avait  pu  l'observer. 

Le  pouvoir  rolatoire  du  formiate  de  strontium  est  faible  :  7°3o'  par  cen- 
timètre pour  la  radiation  de  longueur  d'onde  o"^,  579;  je  l'ai  mesuré  sur  de 
nombreux  cristaux  d'épaisseurs  variables  et  provenant  de  diverses  cristalli- 
sations. J'ai,  de  plus,  distingué  les  cristaux  gauches  et  les  cristaux  droits  au 
sens  cristallographique  :  ils  présentent  bien  des  pouvoirs  rotatoires  égaux 
et  de  signes  contraires. 


LITHOLOGIE.  —  Rôle  pétro graphique  des  Alcyonaires  fossiles,  dédiiil  de 
r  analyse  des  minerais  de  fer  jurassujues  de  France.  Note  de  M.  L.  Cayeus, 
présentée  par  M.  H.  Douvillé. 

Les  spicules  d'Alcyonaires,  que  j'ai  signalés  dans  les  minerais  de  fer 
jurassiques  de  France  ('),  y  jouent  un  rôle  pétrographique  important,  du 
fait  de  leur  fréquence  et  de  leur  composition  chimique  originelle. 

Dans  le  domaine  restreint  où  ils  sont  connus  jusqu'à  présent,  les  Alcyo- 

(')  Pasteur,  Annales  de  Physique  et  Chimie,  t.  31,  i85i,  p.  98. 
(^)  L.  Gatkux,  Exislence  de  nonibreu.v  spicules  d'Alcyonaires  dans  les  minerais 
de  fer  j  urassiques  de  France  {Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  987,  988). 


I  1  QO  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

naires  à  spicules  doivenl  être  considérés  comme  des  organismes  construc- 
teurs de  dépôt,  et  là,  où  ils  réalisent  leur  maximum  de  fréquence,  les  roclies 
en  sont  essentiellement  formées. 

De  plus,  la  composition  chimique  des  spicules  d'Alcyonaires  vivants  est 
susceptible  d'expliquer  certaines  particularités  de  composition  des  roches 
sédimentaircs  anciennes,  dès  l'instant  que  les  formes  fossiles  comptent  de 
nombreux  représentants.  Il  résulte,  en  effet,  des  recherches  fort  instruc- 
tives de  MM.  F.-W.  Clarke  et  W.-C.  Wheeler  (')  que  les  spicules 
d'Alcyonaires  des  mers  actuelles  contiennent  du  phosphate  de  chaux  en 
proportion  notable.  22  analyses  leur  ont  fourni,  déduction  faite  de  la 
matière  organique,  depuis  des  traces  jusqu'à  iSjS.j  pour  100  de  phosphate 
de  chaux.  En  outre,  sur  ces  22  analyses,  11  accusent  une  teneur  en  phos- 
phate de  chaux  supérieure  à  i  pour  100.  Et  les  auteurs  de  conclure  avec 
raison  que  la  fossilisation  des  spicules  d'Alcyonaires  pouvait  être  une 
source  d'acide  phosphorique  pour  les  sédiments  anciens. 

Mais  pour  donner  à  cette  conclusion  toute  sa  valeur,  il  était  nécessaire 
de  découvrir  des  spicules  d'Alcyonaires  en  grande  quantité,  afin  que  la 
source  d'acide  phosphorique  qu'ils  représentent  ne  soit  pas  dénuée  d'in- 
térêt. Maintenant  que  c'est  chose  faite,  la  question  peut  sortir  du  domaine 
de  l'hypothèse.  Trois  exemples,  empruntés  à  des  formations  d'âge  diflérent, 
sont  particulièrement  démonstratifs  à  cet  égard.  Dans  les  galets  du  conglo- 
mérat de  base  de  l'oolilhe  ferrugineuse  de  Bayeux,  j'ai  trouvé,  ente  à  cote, 
de  nombreux  spicules  d'Alcyonaires  et  du  phosphate  de  chaux  amorphe, 
eu  forte  [)roportion,  épigénisant  le  ciment  calcaire  et  une  partie  des 
organismes.  De  même,  certains  minerais  bathoniens  de  Privas  renferment 
du  phosphate  de  chaux  en  grains,  à  raison  de  plusieurs  dizaines  d'éléments 
par  section  mince,  accompagnés  d'une  foule  de  spicules  d'Alcyonaires. 
Enfin,  pareille  association  se  retrouve  dans  un  minerai  de  fer  cullovien  de 
J^a  Voulte,  où  spicules  et  grains  phosphatés  sont  très  répandus. 

D'une  manière  générale,  la  présence  de  nombreux  spicules  d'Alcyo- 
naires n'implique  pas  toujours  l'existence  d'une  forte  proportion  de  phos- 
phate de  chaux  dans  les  dépôts  où  ils  sont  inclus.  Mais  par  contre,  lorsqu'il 
revêt  une  fréquence  exceptionnelle,  le  phosphate  de  chaux  des  dépôts  en 
question  entraîne  toujours  l'existence  de  spicules  d'Alcyonaires  en  grand 
nombre.  Bref,  j'ai  réuni  assez  de  faits  probants,  en  cette  matière,  pour 

(';  l\-W.  Cr.AUKK  iiiid  W  .-(;.  \N'iikf,i,er,  1  hc  imirganic  Canxlltiicnls  of  Uic.  Alcyo- 
naria  {Proc.  Nat.  Ac.  0/  Se,  vol.  1,  1916,  p.  552-.'):')6). 


SÉANCE    DU   9    MAI    1921.  I  I()I 

affiniier  sans  réserve  que  les  spicules  des  Alcyonaircs  jurassiques  conte- 
naient, comme  ceux  d'aujourd'hui,  de  l'acide  pliospliorique  en  proportion 
très  notable,  et  que  le  grand  développement  du  phosphate  de  chaux  dans 
certains  minerais  de  fer  jurassiques  est  la  conséquence  de  leur  intervention. 
Reste  à  savoir  si  la  contribution  des  Alcyonaires  à  la  phosphatisation  des 
sédiments  anciens  s'est  étendue  à  la  formation  des  gisements  de  phosphate 
exploitables  ou  exploités.  Sur  ce  point,  notre  ignorance  est  presque 
enlière. 

Tout  porte  à  croire  que  le  problème  pétrograplii([ue,  posé  par  la  décou- 
verte de  nombreux  spicules  d'AIcyonaires,  ne  tardera  pas  à  prendre  de 
l'envergure.  Ainsi  que  le  démontrent  les  analyses  de  MM.  F.-W.  Clarke 
et  W.-C.  Whecler,  les  spicules  d'AIcyonaires  vivants  renferment  à  la 
fois  du  phosphate  de  chaux  et  du  carbonate  de  magnésie.  Pour  plus  de 
précision,  notons  (jue  ces  auteurs  ont  trouvé  de  G,  18  à  i5,73  pour  100 
de  carbonate  de  magnésie,  matière  organique  déduite,  dans  les  22  analyses 
susmentionnées.  On  voit  par  ces  chiffres  que  non  seulement  les  types 
étudiés  sont  magnésiens,  mais  qu'ils  le  sont  à  grande  échelle. 

Ceci  dit,  la  question  se  pose  immédiatement  de  savoir  si  les  spicules 
anciens,  eux  aussi,  engendraient  du  carbonate  de  magnésie,  et  partant, 
s'ils  ont  joué  un  rùle  appréciable  dans  les  phénomènes  de  dolomilisation. 
Tout  ce  (jue  je  puis  répondre,  jusqu'à  plus  ample  informé,  c'est  que  les 
minerais  de  La  Voulte,  qui  m'ont  fourni  une  très  riche  faune  de  spicules 
d'AIcyonaires,  se  signalent  par  une  teneur  en  magnésie  exceptionnelle, 
s'élcvant  jusqu'à  2,01  pour  100,  proportion  correspondant  à  4,ao4pour  100 
de  carbonate  de  magnésie  et  à  9, 192  pour  100  de  dolomie.  Dans  l'espèce, 
l'influence  des  Alcyonaires  est  patente. 

Pour  traduire  les  faits,  tels  qu'ils  se  présentent  aujourd'hui,  on  peut 
dire  :  La  preuve  est  faite  que  les  Alcyonaires  ont  joué  un  rôle  dans  la 
phosphatisation  des  dépôts  anciens.  Pour  ce  qui  concerne  la  magnésie, 
sans  vouloir  conclure  du  particulier  ou  général  avec  l'appui  d'un  seul 
exemple,  on  est  pour  le  moins  fondé  à  supposer,  en  raison  de  la  consti- 
tution du  minerai  de  La  Voulte,  que  des  phénomènes  de  dolomilisation 
sont  également  imputables  aux  Alcyonaires  fossiles. 

En  attendant  d'autres  précisions,  il  est  de  toute  évidence,  n'est-il  pas 
vrai,  que  la  découverte  de  nombreux  spicules  d'AIcyonaires  fossiles,  fai- 
sant suite  aux  analyses  de  MM.  F.-W.  Clarke  et  W.-C.  Wheeler.  ouvre 
de  nouvelles  et  intéressantes  perspectives  à  la  pétrographie  des  roches 
sédimentaires.x, 


II91  ACADÉMIE    DES  SCIENCES.! 


GÉOLOGli:.  —  Sur  un  forage  profond  qui  démontre  Vexistencr  d'une  nappe 
de  charridge  dans  la  Tunisie  seplenlrionalc.  iSote  (')  de  M.  L.  .Ioleald. 
présentée  par  M.  Emile  Haug. 

M.  Pierre  Termier(-),  puis  M-.  Louis  (ientil  el  moiT')  avons  sitjnalc 
l'evistence  d'une  nappe  de  charriage  forniéo  par  les  sédiments  triasiques 
dans  la  Tunisie  septentrionale,  en  particulier  dans  la  région  de  Bizertc. 
J'ai  depuis  insisté  à  plusieurs  reprises  sur  le  rôle  important  joué  par  celte 
nappe  dans  la  tectonique  du  Nord  de  la  Régence  (  '  ). 

Les  observations  sur  le  terrain,  qui  nous  avaient  guidés  dans  notre  inter- 
prétation, viennent  d'être  confirmées  par  un  sondage  profond  entrepris  par 
la  Compagnie  industrielle  des  Pétroles  à  Aïn-lllielal,  non  loin  de  la  station 
du  chemin  de  fer  située- à  mi-chemin  entre  Tunis  et  liizerle. 

f^c  terrain  le  plus  développé  au  voisinage  d'Aïn-Rhelal  est  le  Miocène 
moyen,  qui  est  formé  d'argiles,  accompagnées  de  sables  et  de  inarncs  plus 
ou  moins  calcaires.  Au  milieu  de  ces  formations  affleurent,  en  divers 
points,  les  argiles  irisées  gypso-salifères  du  Trias,  notamment  au  nord-esl 
d'Aïn-llhelal,  sur  les  rives  de  l'oued  el  Lil  et  sur  les  bords  de  la  sebkha  el 
Mehalla,  et  au  sud-ouest,  dans  le  djebel  Sakkak. 

Le  forage  de  recherches  de  pétrole,  dont  j'ai  eu  à  examiner  les  échan- 
tillons ramenés  par  la  sonde,  a  été  entrepris  à  4'~"'  au  sud-ouest  du  lambeau 
de  Trias  de  Mehalla,  versTAïn-Smara,  dans  rilcnchir  el  Lcgouf.  (Commencé 
dans  le  Miocène  moyen,  il  rencontrait  à  i"',4o  des  sables  grossiers; 
entre  [f^^%o  et  8™, 40,  des  calcaires  marneux  très  ferrugineux,  vraisem- 
blablement encore  néogènes. 

A  12"',  il  était  déjà  dans  le  Trias,  formé  de  marnes  gypseuses,  et  il  se 
maintint  ainsi,  dans  des  alternances  de  gypse  et  de  marnes  sans  fossiles, 
jusqu'à  plus  de  600'".  A  624",  il  atteignait  un  calcaire  doloniilifjue  peut- 
être  encore  triasique.  Mais  à  G3o"'-645"',  il  rencontrait  une  marne  ferrugi- 
neuse, très  riche  en  rhomboèdres  microscopiques  de  calcite,  renfermant 

(')  Séance  du  3  mai  192 1. 

(-)  Comptes  rendus,  l.  l'»3,  1906,  p.  iSt,  el  Bull.  Soc.  Géol.  /■^ra/ice,  '1'  série, 
t.  8,  1908,  p.  102. 

(^)  Louis  Gentil  et  Léonce  Joleaii»,  Comptes  rendus,  i.  KJ.'i,  1917,  p.  305  el  JoG; 
i.  1()(),  1918,  p.  1'!  el  119. 

('  )  !..  JoLUAUi),  (Jomptes  rendus  Soc-  Gêol.  France,  1918,  p.  61,  el  Uj'.i',  p-  101. 


SÉANCE    DU    (}    MAI    192I.  119!^ 

aussi  des  coi[iiill('s  de  Foraminifères  (  Tc.vtulni-ia,  (î/o/jis^i'rina,  Vi/ginularia), 
et  de  pclils  j,naiiis  de  inagnélile  et  de  mica.  Celle  dernière  roche,  incontes- 
lal)lemcnl  crétacée,  est  tout  à  fait  comparable,  par  ses  caractères  pétrogra- 
{)lii(pies  et  paléonlologiqiies,  aux  marnes  et  calcaires  schisteux  scnoniens, 
décrits  par  (i.  Le  Mesle  (  ')  de  la  zaouia  Daouda,  au  nord  de  Bou  Chaleur, 
à  rouest  de  IJizerle. 

Ainsi  le  forage  d'Aïn-Khelal,  qui  débute  dans  le  Miocène  moyen,  est 
arrivé  rapidement  dans  le  Trias,  où  il  est  resté  sur  une  hauteur  de  plus 
de  Goo'",  avant  d'atteindre  le  Crétacé  supérieur.  La  superposition,  indiscu- 
table à  Ain-Uhelal,  du  Trias  sur  le  Crétacé,  ne  peut  s'expliquer  que  par 
l'existence  d'une  nappe  de  charriage.  Le  forage  a  sans  doute  coupé  les 
assises  triasiques  sous  un  angle  très  faible,  dans  une  zone  où  les  strates 
étaient  assez  redressées  :  celle  situation  explique  l'épaisseur  do  Trias,  rela- 
tivement grande,  traversée  par  la  sonde. 

Aucune  trace  d'hydrocarbures  n'a  été  observée  au  cours  du  travail  et 
cependant  un  petit  suintement  de  pétrole  existe  dans  la  localité  :  un  son- 
dage effectué  en  1909  en  avait  révélé  des  traces  jusqu'à  73'°  de  profondeur 
dans  le  Miocène  (^).  Cet  ensemble  d'observations  infirme  la  manière  de 
voir  de  M.  Brives  (^),  qui  conclut  à  une  liaison  entre  le  Trias  et  le  pétrole 
dans  toute  l'Afrique  du  Nord,  et  particulièrement  dans  la  région  de  Bizerte. 

J'ai,  il  y  a  2  ans  ('),  appelé  l'attention  sur  les  données  géologiques 
fournies  par  les  sondages  de  Tilouanet,  en  Oranie.  Là  aussi  l'assise  pétro- 
lifère  est  le  Miocène,  comme  j'ai  pu  m'en  convaincre  par  l'examen  de 
nombreux  échantillons.  Le  Trias,  toujours  stérile,  a  été  allcinl,  dans  cette 
région  de  l'Algérie,  par  plusieurs  forages,  qui  l'ont  rencontré,  en  relation 
avec  des  brèches  tectoniques  cl  en  superposition  anormale  sur  le  Crétacé 
supérieur. 

Ainsi  les  sondages  viennent  conllrmcr  l'existence,  aussi  bien  en  Algérie 
(  Tiiuuanel)  qu'en  Tunisie  (Aïn-lîhelal),  de  nappes  de  charriage  tria- 
siques, qui  se  sont  avancées  dans  les  chaînes  de  l'yXllas  riveraines  de  la 
Méditerranée  occidentale. 


(')  Comptes  icndiis,  t.  106,  1888,  p.  6Si. 

(-)  L{i;itiii().\,  /tcitii'  Ciinisieniic,  njii. 

(  '  )  liiill.  Soc.  Uisl.  nul.  Afriijue  du  Nord,  t.  10,  1919,  p.   1  l'j- 

(')  !..  Joi.KAiD,  Comptes  rendus,  t.  1t)9,  igi"),  p.  728. 


C.  H.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  \'l.  N"  19.) 


88 


1H)'\  ACAUEiMlE    IJES   SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Le  Trias  de  la  Kabylic  des  Bnliors  (  Aliiérie). 
.\()lo  (')  de   M.   F.   ËiiK.MA.'VN,   présentée    par  M.    Ch.   Dcpciet. 

Le  Trias  seiilemenl  signalé  dans  la  Kabylic  des  Babors  (^)  présente  sous 
son  faciès  classique  nord-africain  (dolomies,  cargneules,  marnes  irisées, 
opliilc,  yypse,  sel  geniinc,  etc.)  un  développement  considérable  et  une  C(jn- 
tinuilé  insoupçonnée  jusqu'ici.  Des  éludes  de  détail  dans  ce  pays  m'ont 
permis  de  suivre  un  même  affleurement  anticlinal  de  Triassur  une  vingtaine 
de  kilomètres  (l3abor,  Tababort,  etc.). 

Le  Trias  autoclilone  qui  constitue  le  subslralum  de  toute  celte  région, 
occupe,  par  suite  de  mouvements  tectonicpies,  dillérentes  situations,  olIVant 
de  remarcpiables  solutions  de  continuité.  I^es  érosions  profondes  qui  onlail- 
Icnt  ce  pays  permettent  d'indiscutables  constatations  à  cet  égard.  J'ai  ainsi 
pu  observer  le  Trias  : 

1"  /ùi  siliialion  normale^  à  la  base  de  la  série  liasiqiie  cl  jurassique  (Heni-Sjliinan, 
l'ieiii-Ismael,  Heni-Hassein,  Heni-hou-Voussel',  Beiii-Seghoual.  et  ]ilus  à  i'esl,  aux 
djebels  Hieclv  el  Meraila,  elc.  i  (  *). 

■y.°  En  inlrusion  latérale,  en  continuité  a\ec  son  gile  originel.  ;i  travers  la  série 
iMilière.:  lias,  jurassique  (*)  et  crétacé,  jusfjue  dans  le  Séijonion  (Kefridaii  a  M'sbali) 
au  sud  de  l'Oned  Marsa  (■'). 

o"  t'/i  Inlrusion  ascendante,  avec  émission  d'apophyses  latérales  plus  ou  moins 
larges  ou  siniplcmenl  filiforines,  ou  encore  de  véritaliles  lames,  dans  les  terrains 
encaissants,  el  parfois  inème  avec;  dé\'ersenienl  sur  les  terrains  plus  récents.  Ce  Trias 
est  en  rapport  constant  avec  les  failles  verticales  ou  subverticales  qui,  dans  plusieurs 
cas,  découpent  en  biseau  la  série  continue  du  Lias  au  Crétacé  (Djebel  Mouley  Ali, 
Kjeliel  bou  Kouna.  IJaiguinah,  Issenseg,  (Tued  Kefridaii). 

4"  En  situation  d'apparence  anormale  dans  le  Crétacé  (sud  (Jued  Marsa,  Oued 
Sidi  Heliane.  Oued  Agriouii,  etc.).  La  mise  en  place  du  Trias  dans  ses  dillérentes  silua- 


(' ) Séance  du  2  mai  1921. 

(■-)  Vj.  l-'iniEun  el  Jacob,  .\otice  sur  les  Iroi-aux  récents  du  Serxicc  de  la  Carie 
;^éol()gique  de  l' Algérie,  igo'i. 

(')  A.  BmvKS,  Contribution  à  l  élude  des  gilcs  inelitUiJ'ères  de  l'  Ugérie.  \lger, 
iii-S".  1918,  p.  2")  el  -16,  fig.  S  et  9. 

(' )  !•".  Emhmaxn,  Le  Jurassique  moyen  et  supérieur  dans  la  e/iaine  des  ISahors 
{IJiimple  rendu  sommaire  S.  G.  F..  -  juin  ujîio). 

(  ')  .1.  Savorniii,  dans  sa  Thèse  sur  le  llodna  (  Tli.  I-ac.  Se.  Lyon,  ii|!0,  p.  \12-120, 
jig.  35),  cite  un  f.iit  analogue  à  lîalna.  où  le  trias  est  iiilriisif  jusi|u'au  \  alanglnien. 


SKANCE    DU    ()    MAI    1921  I  I<)  ) 

lions  05t  ici  prise  sur  le  vif  et  s'expliqiicniil  par  1;»  foriiiidal)ii'  action  C()mprcssi\e  di-s 
piiissanles  niasbcs  de  sédiments  inésozoïqiu's  (|ui,  dans  les  lîabois,  reposent  sur  le  sub- 
slraluni  lria>i(|ue. 

D'autfe  pari,  le  Trias  algérien,  en  grande  partie  conslilué  de  marnes 
irisées,  est  très  plastique.  Cette  plasticité  est  d'autant  plus  grande  (pic  le 
contact  du  Lias  cl  du  Trias  est  un  niveau  aquifère. 

Ce  Trias  n'a  donc  pu  que  s'insinuer,  s'injecter  dans  les  cassures  et  vides 
des  terrains  de  couverture,  en  englobant  des  éléments  des  divers  terrains 
traversés. 

Le  Trias  a  été  ainsi  entraîné  à  distance  de  son  gitc  d'origine,  dans 
des  situations  anormales  que  compliquent  les  rnouvemenls  lecloni(jucs 
ultérieurs.  Dans  le  cas  d'intrusion  Iriasique  (gypso-sa/in)  dans  les  schistes 
crétacés  (sénonien),  les  dissolutions  dans  la  masse  triasi([ue  cl  le  tasscmcnl 
des  schistes  peuvent  masquer  ou  même  faire  disparaître  les  cheminées  ou 
cassures  par  lesquelles  il  s'est  insinué.  J'ai  ainsi  pu  reconnaître  l'enracine- 
ment du  Trias,  d'apparence  anormale  dans  le  Sénonien  :  (sud  oued  Marsa, 
oued  Sidi  Rehanc)  et  sa  liaison  avec  le  Trias  autochtone  de  Ivefridah. 

Ces  faits  indéniables  ( '),  qui  montrent  d'une  façon  remarquable  les 
relations  de  continuité  du  Trias  autoclilone  et  du  Trias  anormal  dans  ses 
dilTérentes  situations,  permettent  d'attribuer  une  origine  profonde  aux 
nombreux  pointemeuts  de  Trias  gypso-salin  d'apparence  anormale  si 
répandus  dans  la  Kabylie  des  Babors,  surtout  dans  le  Crétacé.  Il  semble 
que  la  même  inlerprétation  puisse  s'étendre  sinon  à  tous,  du  moins  à  la 
plupart  des  pointements  triasique  d'apparence  anormale  dans  l'Afrique 
du  Nord. 


BOTANiQUIi.  —  La  rèsislance  plaslidairc  et  ntilochomlrialc  ci  le  parasilisme. 
Note  de  W.  J.  Heaiiveiiie,  présentée  par  M.  Gaston  Honnier. 

Nous  nous  sommes  demandé  s'il  existe  des  différences  de  résistance  des 
mitochondrics  et  des  plastes  entre  les  divers  tissus  d  une  même  planlc, 
entre  les  tissus  homologues  de  plantes  gppavtenant  à  des  espèces  ou  à  des 
variétés  différentes  et  entre  les  tissus  normaux  ou  parasités  d'une  même 
plante. 

Nous  pouvons  seulement  indiquer  ici  la  méthode  employée  et  les  appli- 

(')  Une  récente  course  faite  en  commun  a  permis  à  M.  Savomin  de  les  constater. 


II9<J  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

calions  possibles;  l'exposé  de  ces  recherches,  conmieiicées  depuis  phisieurs 
années,  tVia  l'objel  d'un  Mémoire  détaillé. 

Après  avoir  ulilisé  comme  moyen  d'épreuve  les  solutions  liypeitoni(|ucs 
et  surtout  hypoloniques  et  l'eau  distillée,  nous  en  avons  reconnu  l'insufli- 
sance  et  avons  choisi  la  saponiiie,  (|ui  conslilue  un  réactif  bien  autrement 
efiicace  ('  ). 

Nos  observations  ont  été  faites  :  ■"sur  le  vivant;  'j."  après  emploi  des 
méthodes  mitocliondriales,  en  substituant  souvent  le  formol  du  commerce, 
très  suffisant,  aux  autres  lixaleurs.  Fous  les  cas  comportaient  l'obseï  valion 
de  témoins. 

r°  fiésislftnce  (hiiis  la  [)  la  nie  noniialc.  —  a.  Acdun  de  l'eau  distillée,  rie  soliitio/i.s 
liypo-  ou  liypertonif/ues.  —  La  vésiciilatioii  des  iiiltocliondiies  et  de  ceriaiiis  plasles 
a  déjà  été  décrite  par  les  auteurs,  nous  l'avons  vériliée,  ainsi  que  la  dégénérescence 
ultérieure,  sur  un  matériel  particulièrement  intéressanl  :  les  cliromoplastes  à  xantho- 
|)li)lie  des  pétales  des  Renonculacées;  quant  aux  cliloroplastes,  leur  résistance  e>t 
remarquable  et  les  réactifs  en  question  ne  sauraient  donner  de  résultats  prati(|ues. 

b.  La  saponine  produit,  au  contraire,  des  eiïets  sensibles  à  la  dose  de  ^  après  une 
heure  ou  deux.  Les  cliloroplastes  se  \  acuolisent  en  formant  des  chapelets  pariétaux,  les 
ruitoclioiidries  non  plastidogènes  (-)  persistent  autour  des  chloroplastes  les  moins 
déformés.  Les  cliromoplastes  à  xantliophylle  des  Renonculacées  (ex.  :  Ficaire)  subis- 
sent, en  2  ou  3  heures,  une  fonte  complète  dont  nous  avons  analysé  les  diverses  phases. 
L'action  sur  une  gemmule  de  blé  permet  de  reconnaître,  si  l'on  emploie  une  dose 
limite  inférieure,  soit  •j-ôoTû'  ""^  inégalité  de  résistance  des  chondriomes  des  divers 
tissus,  ceux  des  méristèmes  cédant  les  premiers;  il  se  produit,  dans  les  tissus  atteints, 
une  fusion  du  chondriome,  si  riche  en  éléments,  en  vésicules  peu  nombreuses  et 
souvent  volumineuses,  très  chromophiles;  à  la  dose  de  i,',,  le  phénomène  est  général. 

Il  ruiilre  dans  ce  plan  d'étudier  l'action  de  certains  lixaleurs. 

2°  llésislance  dans  la  piaille  parasitée .  —  a.  Obscn'ation  sans  réactifs.  —  Nous 
avons  étudié  des  cas  nombreux  ('),  en  observant  comparativement  les  caractères  cjto- 

(')  Parmi  les  autres  réactifs  à  essayer,  la  lécitliine  doit  retenir  particulièrement 
l'attention.  N.-H.  Cowdry  {Biol.-BulL,  igîo)  a  signalé  les  curieux  elîets  déformants 
de  son  action  sur  les  divers  éléments  du  chondriome. 

(-)  Nous  appelons  ainsi  les  mitochondries  dites  inactives  dans  la  /irotosyiilltcse. 
Nous  iiirinlrons  ailleurs  pourquoi  nous  pensons,  au  contraire,  qu'au  moins  la  catégorie 
de  ces  niitocliDiidries,  qui  auréolent  remarquablement  les  cliloroplastes,  doit  être 
considérée  comme  jouant  un  rôle  actif  dans  la  protosynthèse. 

(■')  Houilles  sur  Pulntonaria  langifolia,  Rbamnus  Frangiila ,  l'icaiie,  l',u|iliorljc, 
Seigle,  Blé,  Taphrina  aurea  sur  peuplier.  Nous  avons  également  poursuivi  l'étude 
de  la  dégénérescence  du  chondriome  dans  les  lilamenls  de  champignon  à  l'étal  de 
inycorhize  chez  diverses  plantes,  ainsi  que  l'évolution  progressive  du  chondriome 
dans  les  i;alles  de  la  fouille  de 'l'ilia  {Eriophyces  Tilia-  Pagenst.  );  ces  deux  dei-niers 
oa»  méritent  d'ètie  traités  à  part. 


SÉANCE  DU  9  MAI  I921.  II97 

Idiiiqip's  des  ilivei'scs  zones  en  alliint  clos  piutles  eiivaliics  à  (Milles  reslées  saines.  Le 
fail  le  plus  saillant  est  la  raréfaction  très  fré(|ueiilo  des  cliloroplastes  et  des  mitoclion- 
diies  qui  les  accompagnenl.  Un  des  eflets  du  païasile  étant  de  modifier  l'étal  csnio- 
liqiie  des  cellules  de  l'Iiftle,  le  cliondrionie-|)lastidonie  doit  y  être  sensible,  et  c'est  là, 
sans  doute,  une  dos  causes  do  sa  laréfaction.  Mais  ces  modificalions  ne  deviennent 
visibles  au  microscope  que  lorsqu'elles  sont  suivies  de  nécrose,  auquel  cas  on  ^oit  les 
cliloroplastes,  ayant  perdu  leur  résistance,  s'étaler  et  se  fusionner  en  chapelets  nioni- 
liformes.  11  nous  paraît  chiuiéiique  d'espéiei-  retrouver  des  formes  d'involution  lors- 
qu'il y  a  permanence  des  tissus,  car  leur  persistance  résulterait  d'un  déséquilibre 
incompatible  avec  la  vie.  Si  elles  se  produisent,  ou  bien  c'est  pour  disparaître  aussilôl, 
ou  bion  pour  l'eprendre,  par  réversibilité,  un  «  équilibre  soconci  u  avec  leur  forme 
primitive,  mais  peut-être  une  fragilité  plus  ^raiule.  C'est  ce  que  nous  voulions 
rechercher. 

h.  Emploi  de  réaclij's.  —  Il  y  avait  donc  lieu  il'obscrver  comparativement  la  résis- 
tance de  ces  oi-i;anites  à  divers  réactifs  dans  la  zoneenvahie,  la  zone  inlormédlaire  tt 
la  zone  saine.  L'eau  distillée,  les  solutions  hypo  et  hypertoniques  ont  donné  des  résul- 
tats peu  sensibles,  les  chloroplastes  opposant  toujours  une  grande  résistance  (');  la 
saponine  s'est  montrée,  au  contraire  eflicace. 

Mous  avons  fait  agir  une  solution  à  yoû»  *'^"'  '''  tis'-u  de  la  tache  païasilée  de  bicaire 
attaquée  pai'  Uromyces  Ficariœ.  L'observation  vitale  permet  de  leconnaîlre,  dès  une 
dixième  de  minute  (et  le  phénomène  va  s'acccntuant  quelque  temps)  que  les  cellules 
de  la  zone  envahie  deviennent  d'un  vert  diflus,  il  y  a  fonte  aussi  dans  la  zone  iniermi'- 
diaire,  avec  des  retardataires,  tandis  que  dans  la  zone  ^alneles  chloroplastes  ont  cim- 
servé  la  netteté  de. leur  contour. 

L'emploi  des  méthodes  mitochondrialos  permet  do  reconnaître  la  diflUunce  des 
plastes  qui  peu t  aller  ius(|u'à  la  fusion.  Les  niitochoudries  non  phislidogones  ont  dis- 
paru autour  (les  grains  difduenls;  elles  ont  d(uic  été  égaleniont  sensibilisées  par  le 
parasite. 

La  saponino  agit  par  la  faible  tension  superlicielle  île  ses  solutions  enliaînant  son 
grand  pouvoir  de  dillusion  au  niveau  des  tissus.  L'action  est  d'autant  plus  sensible 
sur  les  plantes  et  surtout  les  mitochondries  que  ces  organites  contiennent  des  subs- 
tances lipoïdiques  susceptibles  de  donner  des  corps  dont  l'abaissement  de  la  tension 
superficielle  fac'lite  la  diffusion.  Cette  action  s'accroît  avec  la  concentration  delà 
solution  de  saponine  à  laquelle  correspond  un  abaissement  progressif  de  la  tension 
superficielle. 

Nous  potirstiivons  réliide  de  ces  fails  doni  il  est  possible  dVnti-evoir  les 
applications;  liàloiis-notis  de  dire  qu'elles  seront  réalisées  seulement 
lorsque  de  liés  nombreuses  expériences  nouvelles  en  auronl  délerminé  le 
degré  de  généralilé,  lorsque  les  cas  particuliers  :  symbiose,  cblorose,  elc, 
auront  été  examinés;  lorsque  la  méthode  aura  acquis  toule  sa  sensibililé. 
Parmi  ces  applications,  citons  :  méthode  d'étude  du  mécanisme  intime  de 

(')   Malériauv  d'éludé  elle-;  au  renvoi  précédeul. 


II98  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'aclion  des  parasiles  et  de  cerlains  ageiils  pliysiologiqiies;  moyen  de 
dépister  l'infeclion  dans  des  cas  douleiix  on  difficiles,  comme  celui  des 
maladies  à  ultramiciobes;  recherche  des  variélés  les  plus  rcsislanles  aux 
maladies  par  essai  de  leur  résislance  plasiidaire,  elc.  Peut-êlre  nn  jonr 
apparaîlra-l-il  (pie  Félude  dn  chondriome  ne  présente  pas  senleiMonl  un 
inlérèl  spécnlalif  !  Il  y  a  sans  doiile  une  voie  nouvelle  à  ex|)lorer. 

En  résumé,  dans  les  cas  étudiés,  les  milocliondrics  el  les  plasios  pré- 
senlenl  des  résistances  variables  suivant  l'Age  el  les  tissus;  de  plus,  leur 
fragilité  se  trouve  accrue  au  niveau  des  tissus  parasités;  le  parasite  les  sen- 
sibilisant à  l'action  de  réactifs  tels  que  la  saponine.  On  peut  [)révoir  l'appli- 
cation dé  ces  faits,  lorscpi'ils  seront  plus  complètement  connus^  à  l'étude 
du  mécanisme  du  parasitisme  et  à  la  lutte  contre  les  maladies  des  plante?. 


BO'i'ANKJUI",.   —  La  structure  des  (inthérozoules  r/r.v  Furucèes. 
Note  de  M.  G.  MAXcEsor,  présentée  par  M.  L.  Mangiii. 

On  a  beaucoup  discuté  sur  la  structure  des  anthérozoïdes  des  Kucacées. 
Deux  théories  sont  en  présence  :  d'une  part,  Behrens,  Strasburger,  Betziiis 
soutiennent  que  le  noyau  constitue  la  totalité  du  corps  de  l'anthéiozoïde;  le 
protoplasme  est  réduit  à  une  minCe  enveloppe  renfermant  le  chromatophore 
ou  point  rouge  et  aussi,  d'après  Retzius,  un  corps  particulier,  formelle 
quelques  sphérules  accolées,  comparable  au  «  nebenkern  »  de  beaucoup  de 
spermatozoïdes  animaux.  D'autre  part,  Guignard  et,  récemment,  Kylin 
pensent  (pi'une  très  notalde  partie  du  volume  de  l'anthérozoïde  est  formée 
par  du  cytoplasme;  le  noyau  est  un  corpuscule  assez  petit,  sphériquc, 
ovoïde,  situé  près  du  point  rouge;  enfin,  d'après  Kylin,  il  n'existe  pas  de 
nebenkern.  Les  défenseurs  de  ces  deux  conceptions  s'accordent  |)oui' 
admettre  que  le  chromatophore  est  directement  issu  des  phéoidastos  du 
poil  anthéridien  primitif,  lesquels  se  sont  multipliés  en  changeant  do 
couleur. 

Meves  vient  de  reprendre  cette  étude  (i()i(S);il  se  rallie  aux  idées  de 
lletzius  et  formule,  quant  à  l'origine  du  point  rouge,  une  jjypolhèse  nou- 
velle. Son  Mérhoii'e  nous  était  inconnu  lorsque,  dans  une  ^ole  plibliée 
l'année  dernière,  après  avoir  précisé  rorigin6  du  clirortialophore  et  indiqué 
la  présence  de  mitochondries  autour  du  noyau  des  anthérozoïdes,  nous 
adoptions  le  point  de  vue  de  Guigiiaid.    Nous  regrettons  cette  ignorance. 


SÉANCE  DU  f)   MAI  I92I.  II99 

car  l'opinion  de  Meves  ne  peut  ôlrc  néglip.oc;  comme  elle  dillère  de  la 
notre,  le  problème  se  trouve  remis  en  question. 

Nous  avons  vérifié  nos  résultats  précédents  en  ce  (jui  concerne  rori<,nne 
du  point  rouge.  I>es  phéoplastés  se  décoloreni  el  s'amincissent  pendant  une 
première  pliase  du  développement  do  l'anlliéridie;  ils  se  mulliplient  très 
activement,  puis  s'allongent  et  s'épaississent  légèrement  en  se  chargeant  de 
pigment  carotinien.  Ces  |)lastes,  (jui  sont  des  cliondriosomes  à  fonction 
bien  ilélinie,  évoluent  à  côté  d'éléments  de  même  nature,  mais  de  l'orme 
invariablement  granuleuse  et  sans  fonctions  précises;  on  suit  parfaitement 
tout  ce  processus.  Si  Aleves  n'a  pu  déterminer  l'origine  du  ])oint  rouge, 
s'il  ne  peut  (pi'émettre  l'iiypotlièse  de  sa  dilVérenciation  aux  dépens  d'un 
giain  mitochondrial,  sans  arriver  à  distinguer  les  phases  successives  de  ce 
phénomène,  c'est  qu'il  n'a  étudié  que  la  période  ultime  du  développement 
de  l'anlliéridie,  celle  du  modelage  délinilif  de  ranlhérozoïde.  11  faut  ajouter 
que  le  pigment  orangé  du  chromatopliore  est  biréfringent  comme  le  montre 
l'examen  en  lumière  polarisée  :  il  forme,  sur  le  plaste,  un  cristal  aciculaire. 
11  est  probable  que  ce  dispositif  explique  les  aspects,  observés  par  Mevcs 
et  retrouvés  par  nous,  que  présente  le  point  rouge. sur  les  préparations 
obtenues  jiar  la  méthode  d'Ahmann  :il  apparaît,  en  effet,  dans  beaucoup  de 
cas,  sous  forme  d'une  baguette  noircie  par  l'acide  osmicjue,  ou  d'un  corps 
plus  ou  moins  vésiculeux  et  coifl'é  d'un  croissant  osmiophile  :  il  se  peut 
que  l'aiguille  de  pigment  réduise  l'acide  osmique  (')  et,  comme  lo  plaste, 
très  altérable,  se  transforme,  lorsqu'il  est  lésé,  en  une  vésicule,  la  baguette 
pigmentaire  qui  lui  est  adhérente  se  recourbe  alors  en  arc.  Meves  ne  semble 
pas  avoir  saisi  la  vraie  signification  de  ces  aspects  et  il  ne  jiaraît  ])as  avoir 
vu  que,  .sous  la  substance  osmiophile,  qui  représente  le  pigment,  c'est 
à-dire  une  ségrégation  inerte,  se  cache  un  plaste  élaborateur,  colorable 
par  la  fuchsine  et  jouissant  des  propriétés  générales  des  cliondriosomes. 

A  ce  chroinatophore  de  l'anthérozoïde  riiûr  est  accolé  un  corps  arrondi 
ou  ovoïde  qui  fixe  énergi(|uement  les  diverses  teintures  (  hématoxyline, 
fuchsine):  son  aspect,  lorsqu'il  est  bien  coloré,  est  celui  d'une  vésicule 
renfermant  quelques  croùtelles  chromophiles;  c'est  évidemment  le  noyau. 
Son  diamètre  transversal  n'excède  jamais  la  longùeui-  du  plaste;  et,  comhie 
celui-ci  n'occupe  guère  plus  d'un  tiers  de  la  longueur  de  l'anthérozoïde 
vivant,  cette  simple  considération  nous  donne  à  penser  que  le  corps  de 

(')  La  Caroline  étant  souvent  associée  à  des  corps  gras  (lipoclironie  1,  il  n'v  a  rien 
d'étonnant  qu'elle  réduise,  dans  certains  cas.  l'acide  osniique. 


I2(H)  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

raiilhérozoïclc  est  loin  d'èlie  e.vcliisi\ciiienl  composé  de  subslance  nucléaire. 
D'aillenrs,  si  l'on  traite  par  Féosine  des  anlliérozoides  colorés  d'abord  par 
l'hématoxyline,  on  met  en  évidence,  autour  de  charpie  noyau,  une  auréole 
proloplasmique  colorée  en  rose  clair.  (Je  cytoplasme  est  assez  abondant  pour 
contenir  un  gros  globule  oléagineux,  charge  constante  de  tout  anthéro- 
zoïde, ainsi  que  souvent  quelques  petits  grains  de  fucosane. 

Dans  le  protoplasme  il  existe  aussi  des  milochondries  :  ce  sont  de  petits 
grains  arrondis  qui  prennent,  avec  une  égale  intensité,  Thématoxyline  et  la 
fuchsine;  ils  sont  groupés  au  nombre  de  /(  à  8  et  parfois  assez  étroitement 
pour  donner  l'impression,  lorsqu'on  colore  par  la  fuchsine,  qui  détaille 
moins  bien  que  l'hématoxyline,  d'une  masse  unique.  Ce  sont  ces  aspects  (jui 
ont  fait  dire  à  Meves  qu'il  existait,  dans  l'anthérozoïde  niùr,  un  nebenlicrn 
compact  formé  par  la  condensation  des  mitochondries  préexistantes.  Au 
contraire,  le  nchcnkern  granuleux,  décrit  par  lîetzius,  se  rapproche  beau- 
coup, par  son  aspect,  du  groupement  mitochondrial  que  nous  avons 
observé. 

fj'anthérozoïde  des  Fucacées.nous  apparaîtdonc  bien,  ainsi  que  Guignard 
l'esquissait  déjà  en  1889,  comme  une  masse  protoplasmicpie  allongée  avec 
un  noyau  globuleux.  Sa  structure  n'a  rien  d'analogue  à  celle  d'un  sperma- 
tozoïde animal;  mais,  si  l'on  veut  rechercher  des  organismes  semblable- 
ment  conformés,  il  suflil  de  considérer  les  gamètes  et  les  zoospores  des 
Phéosporées,  dont  ils  ne  constituent  évidemment  qu'un  type  à  peine 
modifié  :  là  il  est  indubitable  qu'une  grande  partie  de  la  cellule  ciliée  est 
de  nature  protoplasmlque,  puisqu'elle  renferme,  outre  des  inclusions 
inertes  (graisse,  grains  de  fucosane,  etc.),  des  phéoplastes  souvent  en 
assez  grand  nombre.  Leur  structure  est  en  rapport  avec  leur  destinée  : 
chargés  essentiellement  de  la  fonction  reproductrice,  ces  petits  organismes 
n'en  sont  pas  moins  appelés  à  mener  une  vie  indépendante  dans  un  milieu 
sléiilc;  ils  gardent  avec  eux  de  quoi  assurer  leur  subsistance.  Les  anthé- 
rozoïdes des  Fucus  sont  plus  étroitement  adaptés  à  leur  rôle  de  gamètes: 
is  n'ont  plus  de  phéoplastes;  mais  ils  n'en  conservent  pas  moins,  avec  leur 
abondant  protoplasme,  leur  graisse  de  réserve  et  leurs  autres  inclusions, 
l'architecture  générale  dont  nous  \enons  d'indi(pier  la  valeur  fonction- 
nelle. 


SÉANCE    DU    9    MAI    1921 


CRYPTOGAMIE.  —  Sur  l'emploi  (rêcniiis  colorés  pour  cumlxittrc  les  inaladics 
cryptoi^a/nù/iies  des  règétau.v.  Note  de  M.  Uobkhi'  FjAxce,  i)résenléc 
par  M.  l'idinond  l'errier. 

f/action  des  ra\  ons  bleus  et  violets  a  été  employée  en  médecine  humaine 
pour  combattre  avec  succès  certaines  maladies  de  la  peau  (Finlzen). 

(  )n  peut  utiliser  prali(pieiiient  la  même  action  dans  le  traitement  des 
maladies  cryptogamiques  des  végétaux  et  particulièrement  de  la  vigne  en 
créant  à  la  surface  des  feuilles,  tiges,  Heurs,  fruits,  un  écran  coloré  laissant 
lillrer  les  ra\ons  bleus,  violets  et  ultraviolets. 

Pour  créer  cet  éciaii  on  projoUe  en  fines  goiilletelles  à  la  siirfaci'  des  ftmiili's,  tige?, 
Ilinirs,  fruits  ite--  végétaux  à  préserver  une  bouillie  très  claire,  oljlenue  en  délavant 
ilans  l'eau  un  support,  le!  que  sulfate  de  chaux,  chaux,  lîaolin,  talc,  etc.,  sur  lequel 
cm  fixe  au  moyeu  d'alumine  fraîchement  précipitée,  des 'coioranls  vert  bleu,  bleus. 
indigos  ou  violets,  ne  nuisant  pas  h  la  végétation  et  particulièrement  des  outremers. 

I>a  composition  suivante  convient  tout  particuliéicmen t  : 

Bleu     d'outremer 65o  ■ 

\'erl  )>  2  5o 

^  inlet  »  100 

(In  la  ilélaic  tians  quelques  litres  d'eau,  puis  on  y  ajoute  ','■"  de  sulfate  île  clianx 
el  i3.')o8  à  14008  de  chaux  vive  en  poudre. 

I^orsque  la  masse  est  uniformément  colorée  on  laque  les  coloiauls  sui-  le  support, 
en  V  incorporant  l'iode  sulfate  d'alumine  ou  i''s,  5oo  d'alun. 

I^a  chaux  décompose  le  sulfate  d'alumine  ou  l'alun  en  mettant  en  liberté  l'alumine 
qui  fixe  le  colorant  sur  le  support  et  rend  en  même  temps  ce  dernier  plus  adliérent 
aux  végétaux. 

Lorsque  la  réaction  est  terminée  on  porte  le  volume  à  ioc'  et  l'on  procède  à  la  pul- 
vérisation par  tous  appareils  ordinairement  employés. 


CRVP'l'OOAMlt^  —  Sur  ini  produit  (inticryptoganii(jiie . 
ÎVole  de  M.  IIobert  Lance,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Les  sulfate  et  chlorure  de  zinc  sont  utilisés  en  médecine  comme  antisep- 
tiques. 

Certains  produits  zinciques  peuvent  également  avec  avantage  être 
employés  comme  agents  anlicryptogamiques  et  supports  de  pigments  en 


I202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vue  de  réaliser  les  écrans  colorés,  destinés  à  comballre  les  maladies  cryplo- 
gainiques  des  végétaux. 

Dans  ces  conditions  Taclion  anlisepliciue  du  zinc  s'allie  à  l'action  niicro- 
bicide  des  rayons  bleus,  violets  et  ultraviolets. 

Pour  piépaier  celte  bouillie  zinciquc,  on  f:iil  liissoiulie  dans  loo'  d'i'aii  i'-^'  de 
siilfale  de  /.inc.  On  y  ajoiile  5oos  de  ciiaux  pulvérisée  pour  préci|)iler  le  zinc  à 
l'état  d'iivdroxjde  et  décomposer  ultérieurement  la  totalité  du  sel  d'alumine  employé 
comme  fixatif,  puis  dans  la  masse  ainsi  obtenue  on  incorpore  de  l^n"  ù  loo^'  de  colu- 
ranl.  Celrt  fiiil.  on  ajoute  25ot'  de  sulfate  d'alumine  oil  Sj^i"  d'alun  cl  l'un  agite  très 
fortement  pendant  un  quart  d'heure.  La  Ijouillie  après  filtrage  esl  alurs  prèle  à 
l'enïploi. 


CHIMIE  VKGÉTAI>E.  —  Sur  les  f.'raines  à  aiilo/'ermenlalion  sulf/iydrif/iif  île  la 
fainille  des  Papiliohacèes.  Note  de  M.  Mahcul  3Iiraxde,  |irésculée  par 
M.  (iiuignard. 

Dans  une  Note  précédente  ( '),  j'ai  montré  que  les  graines  de  Lalhynis 
sntwiis  el  de  L.  Cicera,  qui  provoquent  l'intoxication  connue  sous  le  nom  de 
/al/irrisme,  concassées  et  humectées  avec  un  peu  d'eau,  produisent,  an  boni 
do  quelques  heures,  une  aulofermenlalion  se  traduisant  principalemeni  par 
un  dégagement  assez  actif  d'hydrogène  sulfuré. 

Je  me  suis  assuré  que  ce  fait  n'est  pas  isolé  dans  la  famille  des  l'apilio- 
nacées.  Voici  quelques  exemples  pris  dans  des  genres  divers  et  qui  montrent 
que  cette  propriété  doit  être  assez  répandue  :  le  Lathyrus  odoratiis;  tous  les 
Haricots.  Phasroliis  i^ulgaris ;  les  Pois,  Pisiim  sàtivum;  les  Fèves,  Fahn  rul- 
f^avis  et  ses  variétés,  notamment  le  Fnba  minor.  vulgairemcill  nommé  AVcr- 
role:  diverses  espèces  de  Vicia;  le  Pois  cliiche,  Cicer  arielinum:  la  Luzerne, 
Medicago  saliva.  Toutes  ces  espèces  donnent,  comme  les  Gesses,  un  déga- 
gement actif  de  H'S. 

D'autres  espèces  donnent  aussi  H-S,  mais  en  moindre  quaiilité  :  les 
l^en tilles,  Lens('sculenta;\e  Sainfoin,  Onohrychys saliva, -Tri foliiini hyhriditrn, 
ErvumErvilid  ;  Anihyllis  Vulneraria;  Cylisiis  I.dlnirnum  ;  Medicago  Lapulinn: 
liobinia  Pseudo- Acacia:  Lolus  cornicu/aliis. 

Parmi  les  Lupins,  le  Lupinus  alhus  donne  une  autofermentation  siillhy- 
cirique  aussi  intense  qiie  celle  des  Gesses,  tandis  que  le  L.litleus  et  le  L.  ra- 


(')  CoiUiitès  rchdiis,  i.  1/2,  1921,  p.  il.|2. 


SÉANCE  DU  9  MAI  I92I.  I2o3 

D'autres  Papilionacéosne  produisent  pas  de  li-S,  tels  soûl,  par  e\cui[)le  : 
Amorpha  frutirosa^  (ienisla  linctoria,  Melilntiis  officinalis,  ('oiviiUl'i  varia, 
(laki(a  officinalis. 

J'ai  recherché  si  des  faits  comparahles  étaient  déjà  connus  :  en  1903, 
(ioht(^'  )  a  constaté  un  jiliénomèue  feruientalif,  variant  dans  les  détails  avec 
celui  que  j'ai  cité,  mais  produisant  éi^aleuienl  IPS,  dans  les  graines  de 
V Acacia  Farncsiana  et  d'un  assez  grand  nombre  d'espèces  du  même  genre 
dans  la  famille  des  Mimosacées  qui  appartient,  comme  celle  des  Papiliu- 
nacées,  à  l'ordre  des  Légumineuses. 

Dans  les  graines  intactes,  la  faculté  fermentalivc  suifhydriipie,  loul  en 
s'atténuant  par  la  durée,  semble  se  conserver  longtemps  ;  c'est  ainsi  que  des 
graines  de  Fève,  vieilles  d'une  vingtaine  d'années,  onl  donné  encore  un 
dégagement  faible,  mais  appréciable  de  II- S. 

Si  les  vulgaires  petits  pois  et  haricots  ne  déterminent  généralement  pas 
d'accidents  chez  l'homme,  c'est  que  l'on  n'a  pas  l'habitude  de  les  manger  à 
l'état  de  graines  sèches  et  crues.  Mes  expériences  m'ont  montré  que  pendant 
la  cuisson  se  produit  un  dégagement  de  H- S,  et  que  l'eau  d'éhuUilion 
isolée  Continue,  encore  chaude,  puis  refroidie,  à  dégager  du  H-S.  Or,  il 
est  de  fail  connu  que  des  aliments,  la  soupe  par  exemple,  préparés  avec  de 
l'eau  de  cuisson  de  haricots,  provoquent  parfois  des  troubles  digestifs.  Les 
pois,  les  petits  pois  cassés  du  commerce,  sont  dans  le  même  cas. 

La  farine  fraîche  de  haricot  donne  lieu  à  un  dégagemeni  de  H'-S  aussi 
actif  que  celui  des  Gesses.  En  vieillissant,  la  farine  perd  beaucoup  de  son 
activité  sulfhydrique  ;  le  simple  contact  de  la  vapeur  d'eau  de  l'air  provoque 
l'autofermentation  lente  et  la  déperdition  de  H'-S. 

Du  pain,  fait  avec  un  mélange  de  farine  de  froment  et  et  de  farine  fraîche 
de  haricot,  m'a  montré,  malgré  la  cuisson  du  four,  des  traces  encore 
appréciables  de.  H'S.  Par  contre,  avec  du  pain  fait  avec  de  la  farine  de 
haricot  déjà  éventée,  je  n'ai  plus  trouvé  de  H'-S.  Mais  ces  faits  montrent  que 
l'alimentation  avec  du  pain  de  haricot  est  susceptible  de  provoquer  des 
troubles  digestifs. 

Nous  pouvons  rapprocher  les  faits  ci-dessus  de  ceux  que  cite  Corucvin 
(  Des  Plantes  vénéneuses,  188-,  p. 328),  et  relatifs  aux  graines  des  Gesses  et  au 
latliYrisme  provoqué  par  ces  graines  dont  je  viens  de  l'aire  connaître  la  pro- 
priété suiriiydrique  :  cet  auteur  a  remarqué  que  la  cuisson  n'enlève  pas  la 


V^ 


(' )  G.  G01.A,  Lo  zolfo  e  i  stioi  compu.sti  iwll'  eco/iomia  dette  ijianle  (.U(tt/iii,'/ii 
iol.  l(j,  igo3,  et  vol.  18.  U)o4  ).  /C^'^-^'i^^  / 

Lu  L  1  3  R  A  R  Y 


> 


I2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vcnénosiLc  d'un  pain  fait  à  la  farine  de  (Jesse;  qu'il  en  est  de  môme  de  la 
cuisson  de  la  bouillie.  Des  expériences  lui  ont  montré  que.  parrébuUition.  le 
poison  est  abandonné  en  partie  à  l'eau,  mais  non  7:o/fl///Mcconiplèlemcnl,  et 
(pie  l'injection  de  cette  eau  à  un  animal  amène  toujours  la  moit  de  ce  dernier, 
l'^n  revancbe,  dit  encore  cet  auteur,  les  yraines  cuites  ou  bouillies  ont  perdu 
la  plus  grande  partie  de  leur  toxicité  et  ne  j)roduisent  pas  d'accidents,  si 
l'eau  de  cuisson  a  étéjetée. 


1?IOIjOG1E.  —  changement  expérimental  du  sexe  chez  le  Triton  alpestris  Laur. 
Note  de  M.  (]ii.  (^hampy,  présentée  par  M.  l'Edmond  Periier. 

On  peut,  comme  je  l'ai  montré  dans  une  précédente  iXole,  supprimer, 
cbez  les  tritons,  la  poussée  annuelle  de  spermatogenèse  en  les  soumettant 
à  un  jeûne  sévère  au  seul  moment  où  elle  peut  se  produire  (été).  On  sup- 
prime du  même  coup  la  possibilité  de  développement  des  caractères 
sexuels  extérieurs.  L'animal  retourne  et  reste  à  une  sorte  d'état  neutre 
correspondant  à  l'état  babituel  du  mâle  en  biver.  Il  diffère  de  la  femelle 
par  les  caractères  que  j'ai  précédemment  indiqués  et  par  la  taille. 

L'état  neutre  ainsi  obtenu  est  caractérisé  c^  tologiquement  par  la  pré- 
sence dans  le  testicule  de  gonocytes  primitifs  (cellules  mèros  indifférentes 
de  Hermann)  et  de  spermatogonies  secondaires  (sans  spermatocyles 
ni  spermatozoïdes).  Les  spermatogonies  secondaires  sont  fréquemment  en 
voie  de  régression  massive  cbez  des  animaux  à  l'état  neutre  tués  en 
automne  et  biver.  Cbez  deux  animaux  tués  au  printemps  qui  suivait  la 
castration  alimentaire,  j'ai  trouvé  le  testicule  remplacé  analomiquement 
par  une  bande  graisseuse  longitudinale  bien  plus  longue  que  lui.  L'étude 
bistologique  a  révélé  qu'en  debors  de  cette  graisse,  il  existait  encore  des 
groupes  épars  de  gonocytes  indifférents.  Tous  ces  animaux  avaient  la  mor- 
pbologie  du  mâle  en  biver  :  crête  absente  remplacée  par  une  ligne  noire  et 
jaune,  queue  subcylindrique;  cloaque  plat,  pas  dcpigmeni  Meu  clair  nu 
blanc,  dos  bleu  noir  foncé. 

.l'observai,  cette  année,  que  deux  de  mes  tritons  en  expérience  pré- 
sentaient en  biver  une  évolution  spéciale,  deux  mois  après  qu'ils  avaient 
été  intensément  renourris.  La  teinte  bleu  foncé  presque  bomogène  du  dos 
passait  à  un  ton  verdâtre  avec  marbrures  nettes  comme  cbez  la  femelle.  La 
ligne  jaune  ponctuée  dorsale  s'atténua  à  partir  du  milieu  du  dos  et  plus 
lentement  vers  la  nuque  et  la  queue. 


SÉANCE  DU  9  MAI  I921.  I2o3 

Le  [)reiiiRT  fui  tué  à  cet  état  (11  janvier)  et  je  lui  liouvai  une  Ijaiidc 
adipeuse  avec  spermalogoiiics  indin'éreiilos  rares  (')  comme  dans  les  cas 
précédents,  l'autre  fut  conservé,  la  lii^iie  dorsale  disparut  peu  à  peu 
complètement,  les  marbrures  s'accentuèrent  et  l'animal  grossit  considéra- 
blement. Il  devint,  vers  le  début  de  lévrier,  totalement  semblable,  exlérieu- 
remenl.  à  une  femelle.  Je  possédais,  d'ailleurs,  l'histoire  complèle  de  ses 
antécédents,  qui  témoignait  que,  l'année  précédente,  c'était  un  mâle  com- 
plet et  normal. 

(liipUiié  dans  les  X'osgesaii  piinlemps  kj^-o,  il  élail  alors  en  pleine  parure  de  noces. 
Il  fit  partie,  à  cette  époque,  d'un  petit  lot  de  mâles  i|ue  je  divisai,  les  mettant  cliacun 
avec  une  femelle  pour  obtenir  des  slailes  du  développement  des  œufs  et  des  larves. 
Les  œufs  de  la  femelle  mise  avec  lui  se  développèrent  noinialemenl  comme  les  autres. 
Je  n'ai  pas  spécialement  conservé  les  larves  de  ce  couple,  mais  j'ai  noté  et  je  me 
rappelle,  d'ailleurs  très  nettement,  ([ue  tous  les  œufs  provenant  de  ces  couples  ont  été 
examinés  et  suivis  dans  leur  segmentation  el  leur  développement  jusqu'à  des  stades 
souvent  avancés.  Tous  se  développèrent  normalement.  Les  femelles  pondirent  pendant 
plus  d'un  mois.  Leur  cohabitation  avec  les  mâles  ayant  débuté  en  avril,  elles  ne 
pondirent  pas  tout  de  suite,  mais  seulement  de  huit  à  quinze  jours  après,  ce  qui 
exclut  l'idée  d'une  fécondation  antérieure. 

Le  fait  que  le  premier  triton  du  même  lot  ne  m'avait  rien  montré  d'inté- 
ressant en  janvier  lit  que  je  conservai  celui-ci  jusqu'au  8  avril.  11  fut  alors 
sacrifié.  L'autopsie  montra  de  chaque  côté  une  large  et  longue  bande 
adipeuse,  plus  grosse  que  celle  que  j'avais  vue  chez  les  animaux  précédents. 
Imi  dedans  d'elle,  se  trouvait  un  organe  allongé,  d'aspect  granuleux,  et 
plus  en  dedans  encore  un  oviducte  parfaitement  caractérisé,  reconnaissable 
à  sa  couleur  blanche  el  à  son  aspect  llexueux.  Examiné  à  la  loupe  binocu- 
laire, l'organe  situé  enlre  la  trompe  el  la  bande  adipeuse  me  parut  être  un 
ovaire.  Le  dispositif  était  le  même  des  deux  côtés. 

Le  tout  fut  lixé  el  je  lis  une  coupe  histologique  d'un  segment  longi- 
tudinal. 

L'organe  granuleux  se  monlra  bien  être  un  ovaire.  Contrairement 
aux  ovaires  des  femelles  normales  de  la  même  époque  qui  renfermeni 
de  gros  œufs  riches  en  vitellus,  celui-ci  est  constitué  par  des  ovocytes 
jeunes  oi'i  la  vitellogenèse  est  à  peine  commencée,  état  qu'on  trouve  chez  le 
jeune    triton  récemment  métamorphosé,   ou   bien  encore  chez  le  triton 


('  1  11  est  certain  qu'il  a  été  tué  beaucoup  trop  tôt,  l'évolution  aurait  probablement 
continué  comme  chez  son  congénère. 


I2o6 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


reuiellc  jicu  après  la  ponlo,  mais  alors  avec  quelques  gros  ovocyles  résiduels 
en  voie  d'alrésie. 

Ici  on  observe  de  nombreuses  ligures  de  début  de  Iransloi  uialioii  de 
gonocyles  indifférents  en  ovocyles.  i'.k  et  là  quelques  images  de  régression 
d'ovoeytes  isolés;  en  d'autres  places,  des  cicatrices  pigmentaires  dont  on 
ne  peut  apprécier  l'origine  exacte. 

En  somme,  nous  avons  chez  un  animal  adulte  l'étal  ovarien  d'une 
femelle  jeune.  Etant  donnée  l'histoire  antérieure  de  l'animal,  il  n'est  pas 
douteux  que  nous  avons  un  cas  d'interversion  sexuelle  totale. 


Coupe  (le  la  glarule  géiiitalt;  ilii  liilou   nlijcl  île  celle  (■.niiiiiiunitiilion  . 

\  (Ir.iile,  coupe  (le  TovidiK-le  flcxuetix.  \  sjJuclic  cl  en  liiuil.  o\oeUe  eu  vole  île  i-esoi|ilMin. 
milieu,  (Icgéuéral  pigmcnlairc. 

I!ruiai'i|ucr  le  Inuy  du  l)nr<l  iuleiiie  ilc  l'maiie  un  !;nuiic\le  iiiililléreiil  !i  uii\,ni  pol\  moi  plu 
ileu\  rp\.M\Us  liiul   iiu  ileliul  do  leui    ev.duli.iu. 


(2etle  observation  est  nellement  contraire  à  toutes  les  ihéoiies  du  pré- 
déterminisme du  sexe;  elle  est  d'accord  avec  les  laits  nombreux  qui 
montrent  riiidillerence  sexuelle  des  gonocytcs  primitifs,  parliculièrçmenl 
caractérisée  chez  les  Amphibiens.  , 


SÉANCE    DU   9    MAI    I92I.  17(17 

L;i  [)lace  nous  iiiiinquc  poui-  discuter  la  significalion  lliépiique  de  celle 
observation.  I'',lle  montre  que  le  déterminisme  cylo-sexucl  esl  accessible  à 
rexpériincnlalion.  Nous  réservons  pour  un  Iravaii  plus  délaillé  l'analyse 
des  conditions  déterminanles  facile  à  faire  ici. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Poissons  de  la  funiUle  des  Direlmidcs  el  le w  place  dans 
la  classi/icalion.  Noie  de  MM.  Louis  Uodlu  el  F.  Axcki.,  présenlée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

Cette  famille  a  été  établie  par  Gill  pour  un  remarquable  poisson  abyssal, 
dont  l'exemplaii'e  unique,  trouvé  en  mer  dans  les  parafes  de  Madère,  fui 
(iccrit  par  Johnson  (186))  sous  le  nom  de  Direimi/s  argenteus  ei  classé  par 
lui  parmi  les  Carangidés.  Plus  tard,  en  1879,  et  sans  faire  allusion  à  la 
découverte  de  Johnson,  Campbell  décrivit  un  autre  individu  peu  différent, 
pris  à  la  Nouvelle-Zélande,  el  lui  donna  le  nom  de  Discus  aiireus.  Quelques 
années  après,  en  1887,  Gunther  mit  le  Discus  aureus  dans  le  genre  Direlmus, 
cl  plaça  provisoirement  ce  dernier  auprès  du  genre  Brama.  D'autre  part, 
L.  Vaillant  décrivit  un  deuxième  exemplaire  de  Diretmùs  argcnteus  recueilli 
par  le  Travailleur  devant  Mazaghan.  Les  croisières  du  Prince  de  Monaco 
ont  augmenté  le  noml)re  des  individus  capturés,  en  le  portant  à  8.  Ayant 
eu  Toccasion  d'étudier  le  plus  petit  de  ces  individus  (station  1 177,  à  l'ouest 
des  lies  du  Cap-\ert)  qui  mesure  23"""  de  longueur  totale,  nous  l'avons 
comparé  aux  exemplaires  plus  développés  C{ui  proviennent  des  autres  sta- 
tions où  l'espèce  a  été  récoltée;  nous  avons  pu  compléter  ainsi  et  préciser 
la  diagnose  d'un  Poisson  abyssal  des  plus  intéressants. 

Le  coips  esl  comprimé  Luéraleineiit,  élevé,  discordai.  I^'écaillurc  n'est  |kis  encore 
HppflreiUe  sur  le  jeune  de  20""";  elle  commence  à  se  montrer  sur  la  face  dorsale  et  les 
lianes  de  deux  individus  mesurant  35"'"';  elle  est  complète  sur  les  individus  plus  forts 
et  mesurant  de  4V"'"  à  7  i"""  de  longueur  totale.  Les  écailles  sont  assez  petites;  leur 
nombre,  sur  une  ligne  transversale,  est  de  47  sur  l'exemplaire  où  elles  se  laissent  le 
mieux  discerner  (5o  Johnson,  40  Zugmayer).  Elles  sont  étranglées  au  milieu  eu  forme 
de  \),lason;  la  plupart  pqrlent  des  spinules  assez  fortes,  coniques,  sur  de^ix  à  quatre 
rangées.  Le  bord  veiUral  est  iiiuui  décailles  élargies,  foriDant  cliexrons.  denticulées, 
au  nombre  de  28  à  00,  en  avant  des  pelviennes. 

I^a  nageoire  dorsale  s'avance,  chez  le  jeune,  jusqu'à  l'aplomb  de  l'opercule;  elle 
ri.'(ule  quelque  peu  par  la  suite  pour  ne  commencer  (|u'én  airiére  de  ce  premier 
niveau.  Ses  rayons  antérieurs,  peu  dissemblables  des  autres  chez  le  jeune,  deviennent 
quadrangulaires  plus  tard,  el  portent  des  spinules  sur  leurs  angles  latéraux.  Les  per- 
forations interradiales  de  celte  nageoire  el  de  l'anale  manquent  au  jeune  individu,  el 


I2o8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ne  se  inonlient  (jue  <lic/,  les  exeniplaiies  plus  développas.  I  >e  iiirine,  le  l.irgt;  appen- 
dice plal  du  bord  exleinc  des  nageoires  pelviennes  ns  se  reninnlie  <|ue  chez  les 
i;rands  échantillons,  et  nianfjue  à  rexemplaiie  de  :!S"'"'.  l'ar  contre,  celui-ci  possède, 
à  l'angle  supéiieur  d  inscilidii  de  l'opercule,  une  lotii;ue  é2)ini'  diilgéc  ohliipu'uicnl  en 
airiére  et  en  bas. 

La  ligne  latérale  est  entière  chez  le  jeune  individu;  elle  coninience  auprès  du  bord 
operculaire  supérieur,  et  s'étend  jusqu'au  pédoncule  caudal  en  sui\ant  de  près  le 
profil  du  dos.  Les  écailles  qui  l'avoisinent  ne  dillèrenl  pas  des  autres.  Elle  se  raccoui  • 
cit  dans  sa  partie  postérieure  chez  les  individus  de  35'""',  lout  cji  raïuiliant  sa  partie 
antérieure,  et  diminue  davantage  chez  les  individus  plus  âgés,  au  point  de  s'inter- 
rompre par  pinces,  du  même  de  disparaître,  .lusqu'ici  les  auteurs  n'avaient  menlioiinè 
que  l'absence  de  cette  ligne. 

En  tenant  compte  des  observations  précédentes  et  se  référant  à  la  de--cri|>tion  de 
Disciis  aureus  donnée  par  (Campbell,  on  est  conduit  à  présumer  (|ue  celle  forme  doit 
se  confondre  génériqueuient  avec  Direlinus^  et  peul-ètre  spèciliquement. 

L;i  place  naturelle  des  Dircimus  est  dan.s  l'ordre  des  Scombrifornies.  Cet 
ordre  comprend  plusieurs  sous-ordres,  dont  l'un,  auquel  on  peut  donner  le 
nom  de  Braminirm,  se  caractérise  par  un  corps  court,  élevé,  comprimé 
latéralement,  par  la  dorsale  et  l'anale  simples,  par  l'absence  de  pinnulcs, 
par  le  défaut  ou  le  peu  d'étendue  de  la  protractilité  buccale,  enfin  par  la  ligne 
latérale  privée  de  scutelles.  C'est  dans  ce  sous-ordre  que  se  classe  le  genre 
Dit-elmus,  en  admettant  au  surplus  de  créer  pour  lui  une  famille  particulière, 
selon  la  suggestion  de  Gill,  qu'il  convient  dès  lors  de  préciser. 

Le  sous-ordre  des  Scombrifoimes  liraminii'ns  comprendrait  ainsi  deux 
familles  : 

1°  Braiiiides.  —  Corps  ovalairc,  oblong.  h]cailles  grandes,  lisses,  cou- 
vrant le  tronc,  la  tète  presque  entière  et  les  bases  des  nageoires  impaires. 
Dorsale  et  anale  portant  des  rayons  normaux,  privées  de  perforations  inler- 
radiales.  Carène  ventrale  du  tronc  sans  écussons.  ^  eux  moyens.  Ligne 
latérale  assez  éloignée  du  profil  du  dos.  (lenre  principal  :  liinma  Scbii., 
pélagique. 

2"  bireUnides.  —  Corps  circulaire,  discoïdal.  Ixaillcs  petites,  spinulées. 
ne  couvrant  que  le  tronc  et  la  base  des  pièces  operculaires.  Premiers  rayons 
des  nageoires  impaires  quadrangnlaires.  spinulés.  Dorsale  et  anale  avec 
perforations  interradiales.  Carène  ventrale  du  tronc  et  du  pédoncule  caudal 
avec  écussons  épineux.  Yeux  grands,  non  lélesc()])iqncs.  Ligne  latérale  \oi- 
sine  du  profil  du  dos.  (ienre  uni(|uc  :  Ihrctiints  .lolins.,  batliypélagiquc. 

Par  rapport  aux  Brainidés,  les  Diretmidés  représenteraienl  un  élatsecon- 
daire,  spécialisé,  relatix  ernenl  éloigné  du  ly|)e  normal  des  Sconibiil'ormes. 


SÉANCE    DU    9    MAI    1921.  I 209 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  distiibiilion  gèograpliifjnc  de  quelques  lannousles  de 
Madagascar  et  leur  ejrploilalion  industrielle.  iNote  de  M.  A.  Giiuvel, 
présentée  par  M.  Louis  Mangin. 

J'ai  eu  l'occasion,  ici  inêuie(')de  faire  connaître  cinq  espèces  de  Palinu- 
i-idœ  ii\[i'\  se  rencontrent  sur  les  cotes  de  Madagascar,  ainsi  que  leur  distri- 
bution géographique  approximative. 

Un  très  important  envoi  de  ces  Crustacés  nie  permet,  aujourd'hui,  de 
préciser  un  certain  nombre  de  points  restés  obscurs,  sur  la  dispersion  de 
deux  espèces  plus  particulièrement  représentées  dans  cet  envoi  :  Pauulirus 
penicillalus  Olivier  et  P.  Burgeri,  de  Haan,  ainsi  que  sur  leur  abondance 
relative. 

Il  paraît,  en  effet,  maintenant,  très  nettement  démoptré  que  ces  deux 
espèces  sont,  de  beaucoup,  celles  dont  l'aire  de  dissémination  est  la  plus 
considérable.  On  les  retrouve  soit  isolées,  soit,  le  plus  souvent,  mélangées, 
exclusivement,  semble-t-il,  sur  la  cote  orientale  où  elles  affectionnent  les 
cavités  des  récifs  madréporiques,  où  leur  taille  relativement  restreinte  et 
leurs  antennes  assez  courtes,  leur  permettent  de  trouver  un  abri;  l'eau 
violemment  aérée  dans  ces  formations  parait,  aussi,  leur  convenir  particu- 
lièrement. 

A  ces  deux  espèces  se  trouvent  mêlés  quelques  exemplaires  de  Panulirus 
Jajjonicus,  v.  Siebold,  var.  indo-africaine,  dont  la  présence  sur  la  côte  orien- 
tale n'avait  encore  jamais  été  signalée  jusqu'ici.  ,Cette  espèce,  considérée 
comme  une  forme  très  rare  à  Madagascar,  semble  être  plus  commune  qu'on 
ne  le  supposait,  sans  être,  toutefois,  très  abondante. 

Ces  trois  espèces,  dont  les  caractères  distinctifs  sont  cependant  très  nets, 
ont  une  grande  ressemblance  de  taille  et  d'allure  générale. 

L'abondance  des  deux  premières  paraît  être  considérable,  maintenant  que 
l'on  commence  à  appliquer,  dans  la  Colonie,  des  méthodes  de  pêche  plus 
modernes. 

C'est  là  un  point  qui  présente  un  grand  intérêt  économique  quand  on 
connaît  l'effort  accompli  aujourd'hui,  dans  la  plupart  de  nos  Possessions, 
pour  assurer  l'exploitation  industrielle  de  leurs  richesses  maritimes,  non 
seulement  pour  assurer  leur  propre  développement,  mais,  aussi,  pour  aider 
au  relèvement  économique  de  la  Métropole. 

(')  A.  Gruvel,  Sur  les  langousles  de  Madagascar  (Comptes  rendus,  t.  1.57,  njiS, 
p.  6o3  ). 

C.  R.,  1931,  I"  Semestre.  (T.  17Î,  W  19.)  89 


I2  10  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'envoi  auquel  nous  faisons  allusion  plus  haut  el  qui  contenait  en  outre 
un  lot  important  de  crevettes  (Palœmon  dispar.  v.  Martens)  et  de  poissons 
appartenant,  pour  la  plupart,  au  genre  Diagramma,  est  d'autant  plus  inté- 
ressant que  tous  ces  animaux,  placés  en  chambre  froide  au  départ  de  Tama- 
tave,  le  lo  avril  dernier,  sont  arrivés  à  Paris  le  5  mai  après  un  voyage  de 
25  jours,  dont  la  traversée  de  la  mer  Itouge,  dans  un  état  de  conservation 
qui  a  fait  l'admiration  des  spécialistes. 

Notons  que  c'est  la  première  fois  qu'il  arrive  en  France  des  poissons  et 
crustacés  de  Madagascar  conservés  en  chambre  froide. 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Les  conséquences  cytologiques  de  V  arrêt  osmotique 
de  la  dimion  cellulaire.  Note  (' )  de  MM.  J.  Dragoiu  et  F.  Vi.ès,  pré- 
sentée par  M.  F.  Henneguy. 

Nous  avons  vu  dans  une  Note  précédente(-)  qu'une  élévation  déterminée 
de  la  pression  osmotique  extérieure  bloque  la  division  externe  du  cyto- 
plasme, puis  qu'un  nouvel  excès  de  pression  inhibe,  à  son  tour,  l'évolution 
nucléaire.  L'examen  cytologique  va  nous  indiquer,  parallèlement  à  ce  que 
nous  a  montré  l'examen  sur  le  vivant,  les  détails  de  ces  diverses  inhibitions. 
D'une  manière  générale,  et  quel  que  soit  le  stade  de  la  segmentation  sur 
lequel  la  pression  inhibitrice  a  été  appliquée,  nous  trouvons  six  groupes  de 
phénomènes  représentant  des  altérations  cytologiques  progressives,  dont 
les  apparitions  se  suivent  régulièrement  dans  un  ordre  déterminé  : 

i"  Retard  de  la  division  cytoplasmique  (pression  de  première  zone, 
et  début  de  la  zone  critique)  pouvant  aller  jusqu'au  blocage  de  celle-ci. 
Dans  ce  cas,  dans  la  cpllule  restée  indivise,  le  noyau  continue  à  évoluer 
normalement  (comme  l'avait  vu  Loeb,  1892),  et  sa  division  s'achève  correc- 
tement :  on  aboutit  à  une  cellule  polynucléée. 

1°  Changement  d'aspect  des  asters  principaux,  qui  se  resserrent,  devien- 
nent compacts  et  s'atténuent,  représentctnt  simplement  à  la  fin  une  zone 
granuleuse  non  irradiée,  autour  de  la  région  nucléaire. 

3°  Apparition  d'asters  accessoires  à  la  périphérie  du  cytoplasme,  venant 


(')  Séance  du  2  mai  hj'JI. 

(^)  F.  Vlès  el  J.  Dragoiu,  Sur  la  pression  osmotique  d'' arrêt  de  la  di^'ision  cellu- 
laire {Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  1127). 


SÉANCE   DU   9    MAI    1921.  121 I 

interférer  avec  les  asters  principaux  (phénomène  classique  :  Morgan,  Boveri, 
Herlant,  etc.). 

4°  Modification  de  la  répartition  des  chromosomes,  qui  peuvent  subir, 
comme  dans  une  pycnose,  une  sorte  d'agglutination,  et  qui,  à  partir  d'un 
état  de  segmentation  analogue  à  celui  de  l'anaphase,  se  rassemblent  et  se 
fusionnent  en  un  paquet  chromatique  unique  et  compact,  autour  duquel 
se  reforme  une  vacuole. 

5°  Apparition  de  grosses  granulations  vitellines. 

6°  Cylolyse  en  boule,  intervenant  après  une  immersion  prolongée. 

Les  apparitions  de  ces  divers  processus  se  montrent  suivant  une  succes- 
sion régulièrement  ordonnée  dont  la  vitesse  de  déroulement  dépend  de  la 
pression  :  ils  sont  d'autant  plus  précoces  que  la  pression  est  plus  forte,  et 
aboutissent,  dans  les  pressions  élevées,  à  agglutiner  et  à  figer  en  quelque 
sorte  l'appareil  chromatique  dans  le  stade  où  il  a  été  surpris.  Si  l'on  cherche 
à  déterminer  en  fonction  de  la  pression  iz  le  temps  t  de  déclanchement  de 
telle  ou  telle  de  ces  phases  caractéristiques,  on  constate  que  les  données 
expérimentales  l  — /(v:)  tracent  grossièrement  des  familles  d'hyperboles; 
l'élément  important  dans  l'apparition  de  ces  processus  est  donc  le  produit 
/-;  en  substituant  à  la  pression  osmotique  une  vitesse  de  diffusion  t»  qui 
doit  lui  être  proportionnelle  d'après  la  loi  de  Fick,  nous  voyons  que  le 
produit  vl  représente  un  débit  :  selon  toute  vraisemblance  les  divers  stades 
cytologiques  jalonnent  donc  quantitativement  un  déplacement  de  substance 
qui  diffuse  sous  l'impulsion  de  la  pression  externe. 

Cette  évolution  régressive  nucléaire  en  division,  dans  laquelle  les  asters 
se  concentrent  et  s'effacent  et  où  les  chromosomes  dispersés  se  rassemblent 
et  se  fusionnent  en  un  paquet  unique  autour  duquel  se  reforme  une  vacuole 
limitée,  évoque  l'idée  d'une  division  inversée. 

L'examen  cytologique  complète  donc  nettement  les  données  statistiques 
que  nous  avions  indiquées  dans  notre  travail  précédent.  L'augmentation 
de  la  pression  osmotique  externe  retarde,  puis  bloque  la  division  du  cyto- 
plasme ;  si  l'on  dépasse  cette  pression  d'arrêt,  l'évolution  interne  de  la  cellule 
est,  à  mesure  que  la  pression  monte,  progressivement  altérée  suivant  une 
marche  bien  déterminée,  dont  les  phénomènes  morphologiques  sont  proba- 
blement sous  la  dépendance  quantitative  de  transports  moléculaires;  la 
marche  de  ces  processus  simule  une  sorte  de  régression  de  l'évolution 
nucléaire. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CllliMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Emploi  du  chloro forme  pour  la  préparation  de 
nitcléo-protèides  et  d'' acides  nucléiques  actifs  in  vilio  sur  le  sang.  Complexité 
de  l'action  des  acides  nucléiques  in  vitro.  ÎSOle  de  _\I.  Doyo\,  présentée 
par  M.  Charles  Ricliet. 

Dans  des  travaux  antérieurs,  j'ai  montré  qu'on  peut  extraire  de  tous  les 
organes  chez  les  animaux  une  nucléo-protéido  anticoagulante,  active  in  ritio. 
Dans  les  organes  à  l'état  frais,  cette  substance  est  masquée  par  des  sub- 
stances coagulantes  qui  hâtent  la  coagulation  dn  sang  surajouté  in  vitro. 
Pour  faire  apparaître  la  nucléo-protéide  active  à  l'état  libre,  il  faut,  pour 
les  organes  autres  que  le  foie  du  chien  et  du  chat  ('),  soumettre  ces  organes 
soit  à  la  putréfaction,  soit  à  iio"-i2o''  à  l'autoclave,  soit  à  l'aulolyse  en 
présence  de  chloroforme,  soit  à  la  dialyse  chloroformique  dans  la  cloche 
à  vide. 

II.  J'ai  fait  connaître  la  source  de  la  nucléo-protéide  active.  Cette  subs- 
tance provient  des  noyaux  cellulaires.  En  effet,  tous  les  acides  nucléiques 
possèdent  le  pouvoir  d'empêcher  in  ritio  le  sang  de  coaguler.  Le  pouvoir 
de  ces  acides  s'exerce  aux  mêmes  doses,  quel  que  soit  l'organe  dont  ils  pro- 
viennent. Il  suffit  de  I''»  d'acide  pour  empêcher  20"^  de  coaguler  et  pour 
obtenir  un  plasma  très  stable,  capable  de  résister  à  des  quantités  impor- 
tantes de  sérum. 


(')  t)ans  le  foie  fin  cliien  el  du  rlial  la  nucléo-pi  oléiiie  anlicoai;iilanle  est  plu»  faci- 
iemenl  mobilisable  que  dans  le  foie  des  autres  animaux  el  que  dans  les  autres  organes. 
J'ai  montré  avec  A.  Morel  et  A.  Policaid  qu'on  peut  extraire  du  foie  du  chien  el  du 
chai,  soil  direclemeul  de  l'organe  broyé,  soit  par  une  circulation  artificielle,  au 
moyen  d'une  solution  faiblement  alcaline,  une  nucléo-protéide  active.  Le  liquide  qui 
a  été  mis  en  conlact  avec  le  foie  n'est  pas  anlicoagulanl  d'emblée;  il  possède,  au 
contraire,  des  propriétés  coagulantes  énergiques.  l'our  mettre  en  liberté  la  substance 
active,  il  suffit  de  chaulTér  ce  liquide  pendant  quelques  instants  à  la  température  du 
bain-marie  bouillant  ou  de  l'abandonner  12  à  'i/i  heures  à  la  température  de  labora- 
toire. La  chaleur  ou  le  vieillissement  n'agissent  bien  que  si  le  milieu  est  alcalin.  Si 
l'on  fait  circuler  à  plusieurs  reprises  à  travers  un  foie  préalablement  lavé  une  solution 
pliysiologi(|ue  de  chlorure  de  sodium,  l'eau  chlorurée  sodique  enlraine  bien  la  nucléo- 
|)roléide  active,  mais  celle-ci  n'est  pas  à  l'état  libre;  les  propriétés  anticoagulantes  ne 
se  manifestentquesi  l'on  alcali nise  avant  le  chau liage  le  liquide  ayant  traversé  le  foie. 
Si  l'on  ajoute  à  la  solution  chlorurée  sodique  destinée  à  passer  à  travers  le  foie  du 
chloroforme,  le  liquide  possède  d'emblée  au  sortir  de  la  glande,  après  séparation  du 
chloroforme,  des  propriétés  anticoagulantes. 


SÉANCE    DU    [)   MAI    Ipai.  121 3 

L'acide  nucléique  ihi  llivtniis  (de  veau),  obtenu  dans  les  mêmes  conditions  (]ue  les 
autres  acides,  par  la  niélliode  de  Neumann,  |)araissail  cependant  faire  exception.  Son 
activité  était  moindre.  L'exception  n'est  qu'apparente.  On  obtient  un  acide  aussi 
actif  que  les  autres  en  soumettant  le  thymus,  avant  l'application  de  la  méthode  Neu- 
mann, soit  à  la  putréfaction,  soit  à  l'autoclave,  soit  à  l'autolyse  en  présence  de  chlo- 
roforme. 

La  putréfaction  diminue  considérablement  le  rendement,  même  après  quelques 
heures.  Après  plusieurs  jours,  on  ne  trouve  plus  d'acide  nucléique.  J'ai  constaté  le 
fait  en  partant  de  4oos  de  thymus,  après  i5  jours  d'étuve,  même  après  addition  d'une 
quantité  importante  de  thymol  qui  n'avait  pas  préservé  l'organe  broyé  et  délayé  rlans 
l'eau,  de  toute  pullulation  microbienne. 

IH.  Le  procédé  de  choix  potif  obtenir  un  acide  thynio-nucléique  1res 
actif  consiste  à  soumettre  le  thymus,  avant  l'application  de  la  niétliodo  de 
Neumann,  à  l'autolyse  en  présence  de  chloroforme.  Dans  un  cas  j'ai  mis  à 
l'étuve  pendant  8  jours  280^  de  thymus  broyé  dans  600""'  d'eau  addi- 
tionnée de  5oS  de  chloroforme.  J'ai  obtenu  près  de  2'''  d'un  acide  contenant 
10,  ']  pour  100  de  phosphore  eteussi  actif  que  les  acides  extraits  du  pancréas, 
de  l'intestin,  du  foie,  d(?s  gans^lions,  etc. 

IV.  Injectés,  ciiez  le  chien  dans  une  veine  les  acides  nucléiques  ont  une 
action  plus  complexe  quim^tro.  Ils  provoquent  la  sécrétion  par  l'organisme 
d'une  nucléo-protéide  anticoagulante,  à  la  manière  de  la  peptone,  de 
l'atropine,  de  la  morphine.  Comme  ces  substances  ils  provoquent  aussi  la 
narcose,  une  vaso-dilatation  étendue  et  la  baisse  de  la  pression  artérielle. 

Exemple.  —  Chien  de  ii'<b, 5oo.  Injection  dans  une  saphéne  de  i»,  i  d'acide  (des 
ganglions)  dissous  dans  55"°'  de  solution  faiblement  alcaline.  3  minutes  après,  prise 
de  sang.  Isolement  de  65'^"'  de  plasma  et  de  la  nucléo-protéide  de  ce  plasma  désulbu- 
miné  au  bain-marie  bouillant  au  moyen  de  l'acide  acétique  dilué.  Après  lavage  à  l'eau 
distillée,  la  nucléo-protéide  est  dissoute  dans  lo"^™'  de  la  solution  alcaline  faible;  le 
liquide  est  ensuite  divisé;  5""'  sont  additionnés  d'un  égal  volume  de  sang  d'un  chien 
normal,  le  mélange  est  encore  absolument  liquide  après  3  jours;  5'=™'  sont  utilisés  pour 
une  nouvelle  précipitation  de  la  nucléo-protéide  en  vue  du  dosage  du  phosphore,  on 
trouve  l,!^■2  pour  100  de  phosphore.  Une  heure  après  l'injection  nouvelle  prise  de 
sang.  On  répète  les  opérations  précédentes.  5""'  de  la  solution  de  la  nucléo-proléide 
isolée  du  plasma  sont  additionnés  d'un  égal  volume  de  sang  dérivé  de  la  carotide 
d'un  chien  neuf,  la  coagulation  se  produit  en  quelques  heures  ;  5'^™'  de  la  solution  sont 
utilisés  en  vue  de  reprécipitation  de  la  substance  active,  on  trouve  o,63  pour  100  de 
phosphore.  5  heures  après  l'injeclion,  dernière  prise  de  sang,  la  phase  d'incoagula- 
bilité  du  sang  est  terminée,  l'échantillon  coagule  en  quelques  minutes. 

Dans  une  seconde  expérience  j'ai  injecté  dans  une  saphène  à  un  chien  de  lo^s 
3=  d'acide  (extrait  de  ganglions)  dissous  dans  loo'^"'  de  solution  alcaline  faible.  Prise 
de  sang  5  minutes  après.  Isolement  du  plasma  et  préparation   de  la  nucléo-protéide 


I2ï4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES- 

de  80'^"'  de  plasma  par  le  proc-édé  habituel.  Kedissolulion  de  la  nucléo-proléide  dans 
iS"^™'  de  solution  alcaline  faible:  -""'  de  liquide  sont  additionnés  d'un  égal  volum*  de 
sang  carotidien  ilérivé  d'un  chien  neuf,  le  mélange  est  encore  liquide  plusieurs  jours 
après;  j""''  de  la  solution  de  la  nucléo-proléide  sont  utilisés  en  vue  de  la  reprécipi- 
lalion,  on  obtient  os,  i5  d'une  substance  contenant  i,V'-  pour  100  de  phosphore. 
4  heures  après  l'injection  on  constate  par  une  nouvelle  pri>e  que  la  phase  d'incoagu- 
labilité  du  sang  circulant  est  terminée.  Je  me  suis  assuré  que  le  plasma  d'un  chien 
normal,  séparé  après  addition  d'oxalate  au  sang,  puis  désalbuminé,  ne  donne  avec 
l'acide  acétique  dilué  qu'un  faible  précipité  ne  contenant  que  des  traces  de  phosphore, 
o,  I  pour  100  en  moyenne. 

L'injection  d'acide  nucléique  détermine  donc  la  sécrétion,  probablement 
par  le  foie,  d'une  nucléo-protéide  active.  Le  phénomène  fait  songer  à 
l'action  de  la  bile,  qui  est  le  meilleur  agent  excitateur  de  la  sécrétion  de  la 
bile. 


MÉDECINE.  —  Efficacité  de  la  cl' Arsonvatisation  diathermique  dans  les  plaies 
atones  (^ulcères  variqueux,  troubles  trophiques  cutanés,  etc.).  Note  (' We 

M.  BoRDIER. 

Cette  Note  a  pour  but  de  prendre  date  et  d'établir  la  priorité  de  ma 
méthode  pour  le  traitement  et  la  guérison  des  plaies  atones. 

La  technique  consiste  à  faire  traverser  les  tissus  où  siège  l'ulcération  par 
des  oscillations  électriques  de  haute  fréquence  non  amorties (d'Arsonvalisa- 
lion  diathermique).  Si  l'ulcération  occupe  une  région  de  la  jambe,  le 
malade  appuie  le  pied  nu  sur  une  feuille  mince  de  plomb  reposant  sur  un 
coussin  très  souple  de  façon  que  le  plomb  épouse  bien  exactement  la 
forme  de  la  plantç  du  pied.  L'autre  électrode,  constituée  par  une  lame 
d'étain  ou  de  plomb,  est  appliquée  sur  la  cuisse  ou  mieux  sur  le  mollet  au- 
dessus  de  l'ulcération,  mais  sans  la  toucher. 

Le  courant  d'un  appareil  de  diathermie  arrive  aux  deux  électrodes  et 
l'intensité  est  progressivement  élevée  jusqu'à  i5oo  ou  2000  milliampères; 
la  séance  est  prolongée  jusqu'à  ce  que  le  malade  accuse  dans  la  région  sus- 
malléolaire  une  sensation  de  chaleur  douloureuse,  résultat  qui  se  produit 
habituellement  au  bout  de  8  à  10  minutes. 

Les  séances,  peu  nombreuses,  sont  faites  d'abord  tous  les  jours  pendant 


(')  Document  retiré  en  la  séance  du  aô  avril  1921  du  pli  cacheté  n"  8810  du  i3  dé- 
cembre 1920. 


SÉANCE   DU   9    MAI    I921.  12  1 5 

î  jours  seiilemenl;  puis  le  malade  se  repose  pendant  8  jours-,  on  fait  alors 
de  nouveau  une  série  de  trois  applications  diathermolhérapiques,  cl  ainsi 
de  suite  pendant  3  semaines. 

Dans  ma  technique,  la  plaie  atone  n'est  pas  touchée  directement  :  la 
quantité  de  chaleur  développée  dans  les  tissus  amène  une  rapide  réparation 
par  suite  des  échanges  nutritifs  rendus  très  actifs  par  les  courants  de  haute 
fréquence  de  diathermie. 

Les  résultats  sont  vraiment  surprenants  :  j'ai  guéri  plusieurs  ulcères 
variqueux  datant  de  3  ans  et  plus,  après  deux  ou  trois  séries  d'applications. 
J'ai  traité  plusieurs  autres  cas  de  plaies  atones,  entre  autres  deux  cas 
d'ulcères  de  Rôntgen  (troubles  trophiques  tardifs)  survenus  dans  la  région 
abdominale  après  des  irradiations  insuffisamment  filtrées  :  ces  ulcères 
remontaient  à  6  mois  et  à  8  mois. 

J'ai  pu  guérir  aussi  une  malade  atteinte  de  troubles  trophiques  spontanés 
de  la  jambe  et  datant  de  plus  d'un  an  ;  chez  cette  malade  il  ne  fut  fait  que 
trois  séances.  La  cicatrisation  de  l'ulcération  qui  mesurait  ■7^"'  sur  6'",  était 
complète  et  définitive  i  mois  après  les  trois  applications. 

La  d'Arsonvalisation  diathermique  avec  la  technique  que  je  viens  d'in- 
diquer constitue  le  traitement  le  plus  efficace  dans  les  ulcérations  atones. 

M.  Charles  Boodakovitch  adresse  un  Mémoire  manuscrit  intitulé  : 
Réserves  houillères  de  la  Pologjie  actuelle. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Minéralogie) 

A  16  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  16  heures  et  demie. 

A.   Lx. 


I2l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN     ItlItLIOCKAPlIIQUE. 


Ouvrages  reçus   dans  les  séances  de  février    ig^i    {auite  et  fui). 

Otto  Lkhmann.  Sonderdruck  der  P/iysi/ai/iac/ien  Zeitsclirifl,  loiiie  17,  1916  :  Die 
Oligen  slreifen  schleiinig-  and  tropfbarflussiger  Krislalle;  tome  19,  1918:  Die 
II luptsiitze  der  Lehre  von  den  lliissis^cn  Kristallen.  Leipzig,  von  S.  Hirzel; 
2  fasc.  26"™. 

Populdra  Up/'satser  l  Velerinâr-veleiisLapen.  par  Henrik  IIasselgken.  Uppsala  et 
Stockholm,  Almqiiisl  et  Wikselis,  1908  et  1910;  2  vol.  iS"^"". 

Om  Kolik  /loi  /JâiC,  par  Hexrik  Hasselgren.  Uppsala  et  Stocklioim,  Aimquisi  et 
Wikselis,  1908;  I  vol.  iS'-. 

Gotlands  Fàglar  Deras  fôrekomst  oc/i  drag  tir  deras  Biologi,  par  IIemiik  Hassel- 
gren. Uppsala  et  Stockholm,  Almquist  et  Wikselis,' 1909;  i  vol.  18''"'. 

Gol/ands  Ddggdjiir  Reptilier  och  Anijiliier^  par  He.nrik  Hasselgren.  l'ppsala  et 
Stockholm,  Almquist  et  Wikselis,  1910;  1  vol.  18""'. 

Frân  Vàrl  Lands  DJu.i-och  Vàxlvârld,  Andra  Sandingen,  mji.5;  Tredje  Samliri- 
gen,  1918,  IIenrik  Hasselgren.  Uppsala,  Appelbergs;  2  vol.  i8''S. 

Fràii  Vàrt  Lands  Djur-  och  VdxU'àrld,  par  Henrik  Hasselgren.  Stocklioim,  Nor- 
stedt,  rgi  I  ;  i  fasc.  18'''°. 

De  vikligaste  akuta.,  ej  smittosanima  Digeslions/ida/idena  hos  Mjolkkon^  par 
Henrik  Hasselgren.  U[)psala  et  Stockholm,  Almquist  et  Wikselis,  1920;  i  lasc.  iS*"". 

Evolution  magnétique  des  Mondes  et  des  Forces,  par  Stéfan  Curistesco.  Paris. 
Alfred  Gostes.  igio;  1  vol.  18'-™. 

British  Aiitarctic  Expédition  1910-1913  :  Mctcorotogy,  par  G.-C.  Simi'SON.  \o\.  1 
et  II.  Calcutta,  Thacker,  Spink,  1919;  2  vol.  Si'". 

Le  potentiel  logarithmique,  par  Henri  Dii-ort.  Paris,  Gauiliiei-N'illars,  1921; 
I  fasc.  25'^"'. 

Les  applications  de  la  télégraphie  sans  fil.  Traité  pratique  pour  la  réception 
des  signaux  horaires  et  des  radiotélégrammcs  météorologûjues.  Paris,  Berger- 
Levraull,  NaiicyParis-Slrasbourg,  1921;  \  vol.  19'"',  5. 

Cours  de  Physique  professé  à  la  Faculté  des  sciences  de  Nancy,  par  K.  HoriiÉ. 
Première  Partie  :  Généralités,  unités,  similitude,  mesure:  deuxième  Partie  :  'l'hcr- 
modynaniique.  Paris,  Gautliier-Villars,  1914  et  1917;  2  vol.  aS'"'. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    MVIIDI    17    MAI    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Gkorgrs  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  l;i  présence  à  la  séance  de  M."  Sœuensex,  Direc- 
teur du  Laboratoire  de  Carisberg,  à  Copenhague. 

M.  L.  DE  Lau.vay  présente  à  l'Académie  son  Ouvrage,  La  Géologie  ■de  la 
France.  Cet  Ouvrage,  d'une  forme  toute  nouvelle,  est  destiné  à  comblei' une 
lacune  dans  notre  enseignement,  aucun  livre  antérieur  n'ayant  été  consacré 
au  même  sujet,  depuis  VExpHcntion  de  la  Carie  géologique  de  France  par 
Elle  de  Beaumont  et  Dufrénoy  en  iS'ji. 

L'auteur  y  a  tenté  la  synthèse  d'innombrables  monographies  jus(|ue-là 
disséminées  en  aboutissant  à  des  conclusions  personnelles.  Bien  que  ce 
travail  s'adresse  d'abord  aux  géologues,  il  a  été  écrit  de  manière  à  pouvoir 
être  lu,  sans  connaissances  techniques  antérieures,  par  tous  ceux  qui 
s'intéressent  à  la  structure  du  sol  français  et  qui  veulent  en  comprendre  la 
géographie  physique,  ou  simplement  les  paysages.  G^  photographies  et 
8  grandes  cartes  en  couleurs  hors  texte,  qui  couvrent  toute  l'étendue  de 
notre  territoire,  facilitent  la  lecture  du  texte  et  le  rendent  plus  vivant. 

M.  J.  CosTAXTiN  fait  honiniage  à  l'Académie  du  Tome  III,  n°"  I  à  3,  des 

Annales  des  Sciences  naturelles  {à^\\\h.\\\ç,%Q\:'\c)  :  Botanique. 


C    R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  20.)  9^ 


I2l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDAIVCE . 

L'Association  des  1x«;i':meurs  sortis  des  Ecoles  spéciales  de  Gaxd  prie 
rAcadôinie  de  vouloir  bien  l'autoriser  à  inscrire  son  nom  au  Comitr 
d'iionneur  sous  le  patronage  duquel  sera  organisée  une  nianilestalion  i-n 
souvenir  de  .Iiles  Iîoulvix,  ancien  Correspondant  de  l'Académie. 

M.  le  Secrétaike  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Hu'i'OLïTi:  Di.sMU.iiT.s.  (ommenl  ilionuiic  accroitra  progressivement  les 
pluies  des  régions  arides  . . .  en  créant  et  en  initllipliant  les  centres  de  coordina- 
tion atmosphériques. 

Mauuicf,  LiiCAi".  Hihliographie  des  séries  trigonomctriqnes,  avec  un  Appen- 
dice sur  le  Calcul  des  variations. 


ANALYSE  MATHKMATIQUE.  —  Cxlcul  des  coefficients  d'une  série  trigononié- 
trique  convergente  quelconque  dont  la  somme  est  donnée.  Noie  (')  de 
M.  Au.vAUD  De.yjuy,  présentée  par  M.  Hadamard. 

Soit  F(0)  une  fonction  continue  [premier  caractère  des  fonctions  réso- 
lubles (2,  5)  |.  Posons 

j  ^   ^^    ^  V(0+  H)  +  V{(J-u\~>.V{u)  _  Qi9,  »)  — Oi^.  —m 


On  djt,  d'après  Riemann,  (jiie  l''(0)  possède  une  dérivée  seconde  géné- 
ralisée fi^)  au  point  0,  si  l!(^0,.«)  tend  vers  /(O)  quand  u  tend  vers  zéro, 
0  étant  indépendant  de  u.  Nous  poserons 

On   peut  appeler,  de  même,  nombres  dérivés  seconds  généralisés  de  F 

(')  Séance  du  y  mai  1921. 


SÉANCE    DU    17    MAI    1921.  121 9 

(nous  les  désignerons  par  (l,A^)  les  valeurs  limites  (  exlrêmes  ou  médianes) 
de  11(0,  u)  quand  u  -  zéro.  Si  les  ^..F  sont  toujours  linis,  1'"  possède, 
évidemment,   le  second  caractère  des  fonctions  résolubles  (2,  s). 

Même,  si  F'!,  existe  et  est  iini,  la  fonction  F{(i)  ne  possède,  généralement, 
pas  de  dérivée  première  continue.  Mais  le  raisonnement  suivant  (')  met  en 
évidence  certaines  propriétés  différentielles  du  premier  ordre  de  F. 

Supposons  que  |R(0,  u)\  et  |li(0  -h /i,  u)\  soient  iiiféi'ieurs  à  un  même 
nombre  A  quel  que  soit  u.  Kn  prenant  la  succession  des  points  images 
de  0  -t-  //  par  rapport  au  couple  de  points-miroirs  0,  0  +  X-,  c'est-à-dire  une 
suite  de  points  dont  le  premier  est  0  -+-  //  et  dont  chacun  des  autres  est  li- 
symétrique  du  précédent  par  rapport  à  0  et  à  0  +  /c  alternativement,  on 
démontre  la  formule 

•    0(5, //)  =  (^^9,  /.')  ~(-ôA-^  (o-<i,.i^  -  S  2 

Soit  A,,  /r,,  ...,  //„,  ...  une  suite  de  nombres  de  signes  quelconques 
décroissant  en  valeur  absolue  et  tendant  vers  zéro.  Si  \\((Lii) 
et   \\\{'i  -\-  /i,  ii)\   sont,   quel  que  soil  u,  inférieurs  à  un  même  .nombre  A, 

et,  si  le  rapport   j-^   est  inférieur  à  un  nombre  a  indépendant  de  n  :  d'une 

part,  ¥  possède  une  dérivée  $(0)  au  point  0  (cette  conséquence  subsisterait 
avec  une  autre  hypothèse  moins  précise  sur  la  suite  //„);  d'' autre  part.,  on  a 

(  1  )  Q  (  0,  //  )  =  A  <I>(  6)  4-  4  ôa  A  h-, 

quel  que  soit  \  h  \  inférieur  îi  |  /<„  |  =  3t  |  A ,  | . 

Observons  qu'en  vertu  du  théorème  de  Baire,  si  les  nombres  '/,  „F  sont 
Unis  quel  que  soit  0  sur  l'ensemble  parfait  P,  ou  bien  |R(0,  u')\  est  borné 
quel  que  soit  0  sur  P  et  quel  que  soit  u,  ou  bien  il  existe  sur  P  un 
ensemble  Iv  non  dense  sur  P  et  tel  que,  à  toute  portion  trr  de  P  sans  point 
commun  avec  K,  correspond  un  nombre  A  de  façon  que  |R(0,  «)|<^  A, 
si  0  est  sur  cr,  et  quel  que  soit  u. 

Donc   F(0)  possède  le  troisième  caractère  des  fonctions  résolubles  (2,5). 

Mais,  de  plus,  en  tout  point  0  de  ro  pour  lequel  existe  une  suite  0  4-  //„, 

appartenant   à    rrr    et    telle    que    i  <  U-^   <  y.    (l'ensemble    P    sera    dit 

posséder  en  0  un  indice  au  plus  égal  à  a),  on  a  la  l'orniule  (i) 
pour  I  /i  1  <[  a|  //,  |. 

(  ')  Académie  des  Sciences  d'Anistcrdaiii,  mai  et  juin  1920. 


I220  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

On  déduit  de  là  que.  si  les  nombres  r/, .  !•'  sont  finis  sur  un  ensemble  épais  E, 
il  existe  une  pleine  épaisseur  H  de  E  telle  que,  eu  tout  point  de\{:  i"  V  possède 
pour  dérivée  ordinaire  4>(0)  ;  '2°  <P(f))  possède  une  dérivée  approximative  /"f  0)  ; 
'}"  y  (0)  est  la  dérivée  seconde  généralisée  de  V.  El  même,  plus  précisément, 
on  a  une  identité  de  la  forme 

//' 

F(5 -h /()  =  F(  61)  + /;  <I>(  0) -( |/"(&)-f-£]  avec  lim£  =  o. 

''■    ■  /,  =  o 

Enfin,  du  continu  retranchons  les  segments  spéciaux  de  P,  sauf  un  nom- 
bre limité  d'entre  eux.  les  segments  g'.  Soient  E(c7')  et  Pf^')  l'ensemble 
fermé  restant  dans  P  et  son  noyau  parfait.  Pour  toute  portion  ôt  de  P  sans 
points  communs  avec  K  et  contenant  une  portion  mi/j')  de  E(a-').  il 
existe  un  nombre  n  positif  tel  que 

1"  Pour  tout  point  0  situé  sur  cr,  |  R(0,i/)|  est  inférieur,  quelque  soit  u.  à 
un  même  nombre  A;  2"  si  0  est  sur  rn(  T')il  existe  une  suite//,,  /i.,,  . . . ,  /i,,  ..., 

dépendant  de  0,  mais  telle  que  [//,  |  >>  Tj  et  de  manière  que  i  <  I  7-^   >  3, 
0  -+-  /(^.„  étant  sur  cT. 

Donc  <1'(0)  est  continu  et  résoluble  sur  cî(a')  [quatrième  caractère  des 
fonctions  résolubles  (2,.v)J. 

En  résumé,  si  F(0)  possède  une  déiivée  seconde  généra  Usée  /(())  |  tout  au 
moins  sur  une  épaisseur  pleine,  R(0,  u)  ayant  en  tous  cas  ses  limites  d'iiidé- 
termination  pour  u  =  o  finies  en  chaque  point  |,  F(  0)  est  résoluble  (2, ,9)  et 
l'on  a  F,, .,  --=/(^0)  sur  une  épaisseur  pleine. 

Donc,/(0)  est  inlégrable  (T, ,). 

Supposons  que  /(O)  soit  la  somme  d'une  série  trigonométrique  partout 
convergente  : 

«o-t-  i((7„  cos/(  ^  +  A„sin&)  =  «n-t-  —  A„. 

/"est  la  dérivée  seconde  généralisée  de 

•X  ^^  n- 

()n  a 

_  F(aH-27r)  =  F(c<  — 9.7:)— o.F(a) 


ou,  sans  quitter  un  champ  de  longueur  2-, 

,.     \Ha.)+  F(aM-  27:)—  V(y.  -+-//)  — F(3!  +  2-  —  // ) 

o„  '—.  1 1  m — : 

/.  -,  0  2  7:  A 


SÉANCE    DL'     17    -MAI    I()2I, 

ddù 

«„  =  T.,,,(/,  5!  —  2-,  a,  :z -4- 2  n) 

Tj.J/,  ^.a  -4-  //,3!  +  2-)  -f.T,.,(/,  3«,3(-4-an  — A.a +îîr). 


^r  - —  lini 


/( 


<t.,  el  A„  sont  donnés  par  la  nK-ine  formule  où  /'est  remplacé  respectivement 
par  /'cosnO  et  par  /'sinnO. 

La  méthode  se  simplifie  quand  on  l'applique  à  la  détermination  de  la 
variation  F(/>)  —  F(a)  d'une  fonction  F,  sachant  que  celle-ci  possède  une 
dérivée  première  généralisée  donnée 

/(■?■)  = ''m  ^ T^j (A>o). 

11  esta  remarquer  que  si 

/,=»./.=«  h  —  A- 

et:  I"  si  la  relation  vaut  quand  h  et  X-  sont  indépendants,  mais  toujours 
distincts,  et  quel  que  soit  x,  alors  <I>(j')  est  la  dérivée  continue  de  .r;  2°  si  le 
rapporty  =  X  7^  i  est  indépendant  de  h  et  de  X(il  peut  dépendre  de./;), 
alors  $(.r)  est  la  dérivée  ordinaire  de  F  au  point  .r,  à  moins  que  A  =  —  i. 
L'intérêt  de  ce  genre  de  reclierches  est  de  conduire,  dans  le  domaine  de 
la  théorie  des  fonctions,  à  des  notions  nouvelles,  dont  la  réalité,  l'efficacité, 
le  caractère  peu  artificiel  se  montrent  à  ce  fait  qu'elles  s'imposent  dans  la 
résolution  de  problèmes  à  la  fois  très  généraux  et  très  définis. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  contours  d'encadrement. 
Note   de   ^L  Gustave   Dumas,  présentée  par  M.  Paul  Appell. 

On  sait  l'importance,  pour  la  théorie  des  fonctions  algébriques,  du 
contour  qui  transforme  une  surface  de  Riemann  T  en  une  surface  simple- 
ment connexe  T',  contour  auquel  Riemann  donne  le  nom  de  courbe  d'enca- 
drement. 

Le  but  de  cette  Note  est  de  donner  une  manière  simple  d'obtenir  ces 
contours  d'encadrement  sur  une  surface  fermée  quelconque,  bilatérale  ou 
unilatérale. 

Par  une  «  triangulation  »  préalable,  on  transforme  la  surface  donnée  T 
en  un  polyèdre  II,  dont  on  oriente  les  arêtes  et  les  faces  supposées  en 
nombre  fini. 


1222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Ce  pdlyèdrc  II  est  constitué  de  la  même  manière  que  ceux  qui  ont  été 
considérés  dans  une  préccdenle  Note  (').  Sur  Jl,  se  trouvent  les  courbes  C, 
limitant  les  faces  et  les  courbes  Yj  non  bomologues  à  zéro.  Les  Tai)leau\ 
de  Poincaré  sont  ici  désignés  comme  Tableau  A  et  Tableau  B,  le  premier 
?e  rapportant  aux  sommets  cl  aux  arêtes,  le  second  aux  arêtes  et  aux  faces 
de  l[.  Au   l'ableau  A  se  rattacbe  aussi  le  système  d'équations  A. 

a,  ^,  Y  représentent  les  nombres  respectifs  de  sommets,  d'arêtes  et  de 
faces;  à  =  —  a  -+-  j^  —  y  est  la  «  caractéristique  »  de  H. 

Soit,  maintenant, 

C=V/.iv+V/.,c„ 

où,  pour  les  surfaces  bilatérales,  p  =  A  +  2,  a  =  y  — i,  et,  pour  les 
surfaces  unilatérales.  c  =  A-l-i,  u.  =  y»  l'ensemble  des  solutions  entières 
du  système  d'équations  A,  et,  parlant,  l'ensemble  dos  courbes  fermées 
susceptibles  d'être  tracées  sur  II. 

En  disposant  convenablement  des  indicatrices  des  faces,  on  lire  du 
Tableau  Lî,  pour  les  surfaces  hilatrniles,  l'égalité 

(')  Vc,^V(^éro.r,), 

1=1  /=! 

et.  pour  les  surfaces  iinilatèi-dlcs,  l'égalité 

'=1  /=i 

dans  le  premier  membie  desquelles  toutes  les  faces  de  II  se  rencontrent. 

Z  est  un  contour  fermé,  liacé  sur  le  polyèdre  unilatéral  II,  et  (jui,  sur 
celui-ci,  donne  lieu  à  une  bomologie  sans  division.  Les  /» ,  sont  des  coeffi- 
cients égaux  respectivement  à  zéro,  i  et  —  i. 

A  cause  de  la  forme  des  premiers  membres  de  (i)  et  (2).  on  voit  que  les 
seconds  membres  de  ces  mêmes  égalités  définissent  sur  II,  avec  adjonction, 
s'il  le  faut,  de  «  coupures  »  parcourues  un  même  nombre  de  fois  dans 
chaque  sens,  un  contour  d'encadrement  de  II,  et,  par  conséquent,  de  T. 

Ce  contour  d'encadrement,  si  l'on  ne  choisit  pas  d'une  manière  spéciale 
les  Fy,  détache  sur  II,  soit  une,  soil,  en  général,  plusieurs  régions  simplement 

(')  G.  iJi.HAS  et  .1.  <:ih:aiii),  Comptes  rendus,  I.   171.   1920.  p.  iii3. 


SÉANCE  DU  17  MAI  I921.  1223 

connexes.  Ceci  comme  conséquence  du  fait  que  tout  contour  fermé  tracé  à 
l'intérieur  de  l'une  de  ces  régions  est  nécessairement  homologue  à  zéro, 
ainsi  qu'il  résulte  de  l'examen  de  la  structure  du  Tableau  A. 

Pour  les  surfaces  bilatérales,  les  «  zéros  »  au  second  membre  de  (i) 
signifient  que  si  l'on  parcourt  dans  un  même  sens  tout  le  contour  d'enca- 
drement, on  parcourra,  nécessairement,  le  même  nombre  de  fois  dans 
chaque  sens,  chacune  des  courbes  Tj. 

Pour  les  surfaces  unilatérales,  le  second  membre  de  (2)  indique  que  Z 
serait  parcouru  deux  fois  de  plus  dans  un  sens  que  dans  l'autre  et  qu'il  en 
serait  de  même  des  courbes  Tj  pour  lesquelles  le  coefficient  nij  ne  se  réduit 
pas  à  zéro. 

Dans  chacun  des  seconds  membres  de  (i)  et  (2),  le  nombre  des  contours 
constitutifs  du  contour  d'encadrement  est  le  même.  Ce  nombre  est  A  4-  2. 
On  reconnaît  là  le  nombre  que  l'on  fait  intervenir  dans  la  formule  d'Euler 
proprement  dite  et  par  lequel  on  peut  fixer,  sans  aucune  distinction,  l'ordre 
de  connexion  des  surfaces  bilatérales  ou  unilatérales. 

ANALYSE   iMATHÉMATIQUE. —  Sur /es  séries  dont  le  terme  général  lend 
vers  zéro.  Note  de  M.  Bratu,  présentée  par  M.  Appell. 

1.   Etant  donnée  la  série  à  termes  constants 

nous  considérons,  dans  le  plan  de  la  variable  complexe  s,  les  points  «„ 
et  S„,  qui  correspondent  aux  affixes  de  même  nom.  Nous  dirons  indifTé- 
remmenl  point  :;  ou  nombre  z-. 

Kn  faisant  la  somme  géométrique  des  vecteurs  <>//,,  <>'/^,  ...,  <*"„,  on 
obtient  une  ligne  brisée  ()S|So...S,,.  Soient  :  E  l'ensemble  de  tous  les 
points  S„;  E'  l'ensemble  dérivé  de  E  cl  supposons  d'abord  l'ensemble  E 
borné. 

Nous  convenons  de  dire  que  tout  nombre  S'  de  l'ensemble  E'  est  une 
valeur  limite  de  la  série  (i).  Si  E'  est  formé  d'un  seul  élément  S',  la  série  (i) 
esl  convergente.  Si  E'  est  formé  de  />  nombres  S,,  S^,  ...,  S^,,  nous  dirons 
que  la  série  a  ces  p  valeurs  limites.  En  général,  le  nombre  p  peut  être  fini  ou 
infini;  l'ensemble  E'  peut  être  dénombrable  ou  avoir  la  puissance  du 
continu. 

TiiÉouÈME.  —  si  le  terme  général  de  la  série  l3nd  rrrs  zéro  pour  n  —  yz,  il  ne 
peut  arriver  que  ces  deux  cas  extrêmes  : 


1224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

i"  <  >u  hien  1(1  série  a  une  seule  râleur  limite; 

1"  ()u  bien  l'ensemble  des  râleurs  limites  de  lu  série  a  la  puissance  du 
continu. 

2.  Séries  à  termes  réels.  —  En  supposant  rt^S„56,  nous  démontrons  que 
si  «„  tend  vers  zéro  pour  «  -^  oc  et  si  c  et  rf  sont  deux  points  limites  distincts 
de  l'ensemble  de  points  S„,  tous  les  points  de  V intervalle {c,  d)  sont  des  points 
limites  de  cet  ensemble. 

Ainsi  la  série 


où  le  nombre  des  fractions  égales  est  égal  à  leur  dénominateur  commun, 
a  o  et  I  comme  valeurs  limites  extrêmes.  Donc  l'ensemble  E'  est  tout  l'inter- 
vdlle  (o,  I  ). 

.3.    Séries   à    termes  complexes.    —    Posons   S„  — a^„+M'„   et   supposons 

Par  hypothèse  on  a,  pour  n  >  N, 

|"«|-iS„-S„_,|<j 
et  a  fortiori 

I  i-,,  —  .i-,,- ,  I  <  £ ,  1,1  •„  —  Vn  -  1  !  <  J. 

Par  suite,  les  deux  séries  à  termes  réels 

\   "'■iH-(-'-o-.r,)-t-(.r,— ,?■,)+. ..+  (.r„-.r„_, )+..., 
'■  Ji  -I-  (y-i  -  .1-,  )  -..-  (y,— y,  )+...+  (.)•„  -  j,,^,  )  +  .  . . 

rentrant  dans  la  catégorie  des  séries  étudiées  plus  haut.  Les  ensembles  de 
droites  x  =  .r„  et  y  =  y„  ont  comme  éléments  limites  :  ou  bien  une  seule 
droite  a;  =  ;  ou  v^=y],  ou  bien  un  ensemble  continu  de  droites  limites 
compris  entre  deux  droites  extrêmes  x  rzz  c,  x  =  d  ou  r  =  y,  y  =  o. 

Si  a;  =  ^  est  une  droite  limite,  entre  ,r  =  ^  —  h  et  x  =  ^  ■+-  h  il  existe  une 
infinité  de  points  S„,  aussi  petit  que  soit  h.  Il  en  est  de  même  pour  les  deux 
droites  y  =^  /j  —  h,  y  ^  r^-^  li  si  v  ~  r,  est  une  droite  limite  de  la  seconde 
catégorie. 

On  voit  facilement  que  : 

1°  Si  chacune  des  suites  x„  et  v„  a  un  seul  élément  limite  ?  el  r^.  la  suite 
S„  a  une  seule  valeur  limite  :  ç  +  /rj. 

2"  Si  la  suite  x„  a  un  seul  élément  limite  x  =  ^,  mais  la  suite  v„  a  comme 
éléments  limites  tous  les  nombres  d'un  intervalle  (y,  o),  la  suite  S„  a 
comme  valeurs  limites  les  affixesdo  tous  les  points  du  se^/nent  x  ^^,  y^y^o. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1921,  1225 

3"  De  même,  si  l'on  change  .v  en  y  et  y  en  a\ 

'1"  Si  la  suite  x„  a  comme  limites  tous  les  nombres  d'un  intervalle  (r,  d) 
et  la  suite  v„  tous  les  nombres  d'un  intervalle  (y,  0)  et  si  j:  =  H  est  une 
droite  quelconque  comprise  entre  x  =  c  cl  .v  =  r/,  nous  démontrons  que  : 

a.  La  ligne  brisée  L(()S|  S^  . . .  S„  . . .)  coupe  une  infinilc  de  fois  la 
droite  ^  =  H. 

h.  Sia-  chaque  droite  .v  =  H  il  e.vis/c  dii  moins  un  point  limite  S'  de  l'eti- 
semble  K(S,,  So,  ....  S„,  . . .). 

(  )n  en  conclut  que,  dans  les  trois  derniers  cas,  l'ensemble  K'  (dérivé  de  E) 
a  la  puissance  du  continu. 

4.  Remarques.  —  1°  Si  tous  les  points  S„  se  trouvent  sur  une  même 
courbe  continue  F,  tous  les  points  limites  S^',  se  trouvent  sur  celte  courbe. 
Si  A  et  B  sont  deux  points  limites  distincts,  les  valeurs  limites  de  la  série 
sont  les  af/ixes  de  tous  les  points  d'un  arc  A'  15'  :"  arc  AB  de  la  courbe  Y . 

Ainsi,  les  sommes  S„,  ^  -c  -''  ' ,  où  -  sont  les  fractions 


(o)  ,       ,        ...,       ,       ,       ,        ,       o 

nii        2/1  2/1        :>.ii  +  i        2  /;  -1-  1  2  /(  H-  1 

pour  «  =  I,  2,  3,  .. .,  prennent  une  infinité  de  fois  les  valeurs  o  et  /'.  Tous 

les  points  S„,  se  trouvent  sur  l'arc  l\o,  i)  de  la  sjiirale  p  =  '—■  et  l'ensemble 

des  valeurs  limites  de  la  série  correspondante  est  formé  par  les  affixes  de 
tous  les  points  de  l'arc  Y. 

2"  Si  la  ligne  brisée  L  a  une  longueur  déterminée,  la  série  est  absolument 
convergente.  Si  la  ligne  L  est  infinie,  mais  si  elle  tend  asymploliqnement 
vers  un  point  A  pour  n-^yz,  la  série  est  convergente  sans  être  absolument 
convergente. 

3°  Il  peut  arriver  que  l'ensemble  des  valeurs  limites  E'  remplisse  complète- 
ment une  aire  d,.  Considérons  les  points  A(i''),  B{i-i-i),  C(i),  D{i  —  i), 
E(  —  ?').  En  divisant  les  segments  AB  et  ED  en  quatre  parties  égales,  on  a  les 
points  équidistants  AldlvB  et  EIIFJD.  Prenons  comme  L  la  ligne  brisée 

OAHCDFGAOE11IGF,JKBC. . . , 

les  côtés  qui  vont  de  O   à  C  ou  de  C  à  O  ayant  respectivement  les  lon- 

II  I  T  .  ,  ,  r'  .^ 

gueurs  I,  -)  —>  ....  — 5  ....  La  suite  des  valeurs  c*,,,  est 

o  '22-  '   2"     ■ 

/  .      I       .      I        /       I       '■ 

(4)  o.       (,       I-t-(,       I,       I ;        I  — ', 1, > 1 '        ■••• 


1226  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  ce  cas,  l'a  f/ixe  de  loul point  du  rectangle  AIJDK  est  une  valeur  Umilr 
(le  la  série  considérée. 

5.  (as  général.  —  Nous  dirons  qu'un  point  de  l'infini  est  un  point  limite 
de  l'ensemble  E,  si  l'on  trouve  une  infinité  de  nombres  entiers  «,,  /;,,  .... 
//,•,  ...,  pour  lesquels  on  ait  S„  >  N  et  |  S„  _  —  S„|<;i.  aussi  grand  qu'il 
soit  N  et  aussi  petit  qu'il  soit  t. 

Si  l'ensemble  K  n  esl pas  borné ,  le  théorème  rcslc  vrai,  à  la  condition  de 
remarquer  que,  si  lim//„=o  pour  «— v:c,  tous  les  points  de  l'infini,  de 
l'enseiuble,  sont  àes points  limites. 

La  série  harmonique  a  une  seule  valeur  limite  :  ce.  Elle  est  divergente.  La 
suite  S„,  du  paragraphe  4,  i°,  où  les  numérateurs  des  fractions  (3)  sont 
multipliés  par  \n,  a  comme  points  limites  o  et  y^.  L'ensemble  E'  de  la  série 
correspondante  est  toute  la  spirale  p  —  ^(oliO^x). 


ANALYSE  MATHKMATIQUF..  —  Sur  les  fonctions  entières  d'ordre  fiui . 
Note  de  M.  G.  Vai.ibox,  présentée  par  M.  Emile  Horcl. 

Soient  J{')  =  -<"„="  une  fonction  entière  d'ordre  fini  p,  /•„  le  module  du 
//'*""'  zéro,  M(r)  le  maximum  du  module  de  la  fonction  pour  |  =  |  =  /•.  et  ll„  le 
rapport  rectifié  de  |  c„  |  à  |r„_,  |  tel  que  je  l'ai  défini  dans  ma  Thèse.  On  sait 
que  l'exposant  de  convergence  de  la  suite  des  nombres  H„  est  égal  à  p,  celui 
de  la  suite  r„  est  égal  à  p  lorsque  p  n'est  pas  entier  et  est  dans  tous  les  cas  au 
plus  égal  il  p  (lîouKi.,  Leçons  sur  les  fondions  entières).  Celte  proposition 
générale  peut  être  complétée  par  la  suivante  qui  se  signale  également  par  sa 
simplicité  et  sa  précision. 


Lorsque  p  n'est  i)as  entier,  les  séries 

et  l'intégrale 

logMCip) 


./ 


fp+' 


(5!>o; 


sont  à  la  fois  com-ergentes  ou  divergentes. 

Lorsque  p  est  entier,  l'intégrale  et  la  première  série  convergent  ou  divergent 
en  même  temps,  et  si  elles  convergent  la  seconde  série  converge  également. 

Dans  ce  dernier  cas,  la  convergence  de  la  première  série  entraine  que;  le 
genre  est  p  —  i.  A  ce  sujet,  je  signalerai  que  la  proposition  suivante  : 


SÉAXCI'    DU    17    MAI    1921.  1227 

«   5/  la  série 
(0  ^{\\^f 

conit'eri^e^  et  si  l'on  a  m  outre 

Il  m  II  (  V-''|'';i|)''  =  O; 

/('  genre  est  p  —  i  » , 

que  M.  Liiideliif  avait  annoncée  comme  élant  prohahlcmenl  inexaclo,  est 
bien  cITectivcment  erronée.  11  résullc  en  efl'el  des  propositions  démonlrées 
ultérieurement  par  M.  Lindelnf  que  la  fonction 

'/  =  »=  ,,  . 


"^[2p//Mos('*p7^)l^'/' 

7  =  1 

est  de  genre  p (  '). 


MÉGANIQUE.  —  Sur  la  tliéoi-ie  de  la  relativité  el  le  ntoinrment  séculaire 
(lu  périhélie  de  Mercure.  ÎNote  (-)  de  M.  J.  Le  Rou.v,  présentée 
par  M.  G.  Kœnigs. 

On  a  considéré  comme  une  confirmation  éclatante  de  la  théorie  de  la 
relativité  la  découverte  d'une  loi  de  gravitation  susceptible  d'explicjuer  le 
mouvement  du  périhélie  de  Mercure. 

Une  critique  judicieuse  constate  que  ce  résultat  a  bien  été  obtenu 
à  propos  de  la  théorie  de  la  relativité,  mais  qu'il  n'en  est  pas  une  consé- 
quence et  ne  constitue  même  pas  un  argument  en  sa  faveur. 

Au  point  de  vue  strictement  logique  et  mathématique,  la  question  se 
ramène  à  la  forme  suivante  : 

Einstein  cherche  à  établir  les  équations  du  mouvement  d'un  point  par  la 
considération  d'une  forme  quadratique  de  différentielles  à  quatre  variables 

ds-=1cii,.d.ridxi;        (en.z:^  C/,,-;  /,  /,  =  i,  -i,  3,4)- 

(')  A  rendroil  cité  (  Acia  Soc.  Se.  Fe/i/iica',  1.31,  11°  1,  p.  4>i},  M.  Liiulclôf  i-LMivoie 
il  la  page  îoS  du  Ménioiir  coiironnt'  de  M.  Iladaiiiaid.   Mais  M.   Iladiuiiard   pai  Ir  non 

pas  de  la  convei-q-ence  de  I  1   série  (i),  mais  de  celle  de  la  série  >   ,    'J(p)   étant 

i-'^a[  avec  les  nolalions  actuelle-;  à    \  l«i.Ji_,.  .  .  1^^,.    et   la   convergence    de    celle   -ério 
entraîne  bien   que  le  genre  0  —  i.  Celte  proposition   de  M.  lladaniard  est  lenfeiniée 
dans  celle  donnée  ci-dessus. 
(-)   Séance  du  9  mai  1911. 


1228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Celle  forme  doit  lendre  comme  limite,  loisqiie  l'intensité  du  champ  tend 

Yei'o  zéro,  vers  la  forme  direclrice  envisagée  dans  la  théorie  de  rélcclro- 

magnélisme 

—  dt-  —  (h- -^  dz^+dl'. 

L'idée  d'Einstein,  réduite  à  ses  éléments  essentiels,  rappelle  donc  le  prin- 
cipe de  la  moindre  action  et  les  écjualions  de  Lagrange. 

La  quatrième  variable  est  appelée  le  leinps;  mais  il  est  évident  que  ce 
[)scu(lo-iemps  n'a,  en  général,  que  le  nom  de  commun  avec  le  temps  ordi- 
naire de  la  Mécanique.  On  sait,  en  effet,  que  le  temps  physico-mécanique 
est  déterminé  directement  ou  indirectement  par  robservati(m  du  mouve- 
ment diurne  des  astres.  Rien  ne  permet  de  supposer  (jue  le  pseudo-temps 
d'Einstein  ait  une  telle  signification  et,  comme  le  sens  physique  de  ce  para- 
mètre ne  parait  pas  bien  défini,  il  semblerait  intéressant  de  le  découvrir. 

Il  y  a  toujours  inconvénient  à  désigner  par  le  même  mot  des  quantités  de 
natures  diflerenles.  De  là  naît  ré(|uivoque  constante  qu'il  importe  de  faire 
cesser  dans  l'intérêt  de  la  Science. 

Einstein  remarque  que  les  formes  quadratiques  dont  les  coefficients 
satisfont  à  des  systèmes  covariants  d'é(|uations,  déduils  de  la  forme  elle- 
même,  et  subsistant  pour  une  transformation  jionctuelle  quelconque, 
forment  une  classe  à  part,  douée  de  propriétés  intéressantes  au  point  de 
vue  des  lois  physiques;  il  parvient  à  former  un  pareil  système  de  dix 
équations. 

C'est  la  solution  de  ce  système  c(ui  fournit  la  loi  de  gravitation  envisagée. 

L'intégration  des  écjuations  d'Einstein,  pour  le  cas  du  champ  de  gravita- 
lion  engendré  par  une  particule,  a  été  effectuée  par  Sch\\arzschild.  La 
méthode  que  je  vais  indiquer  est  sensiblement  plus  simple  et  plus  rapide. 

Par  raison  de  symétrie,  on  est  conduit  à  cherchci',  pour  la  forme  direc- 
trice f/.i-,  une  expression  de  la  forme  suivante  : 

-  ~  (Is-—  \{,ir'-+  li'</a-=—  l'.V//^ 

où  /•  leprésenle  la  dislance  à  la  particule,   R,  R',  11'   des  fonctions  de  r, 
(h-   l'clémcnt   linéaire   d'une   sphère   de   rayon   im  el  /  le  pseudo-leiiqis. 

Exprimons  (h-  en  coordonnées  svmétri(iues  :  r/c;*  =   ,   ^'    — ■--■ 

Nous  pourrons  alors  écrire,  par  un  changement  de  nolalion  évident  : 

—  f/.s-rr  c\^(Lv]  -(-  e.,.>d.L-\  +  iry^d.r.^d.r,. 

Les  coefficients  r,,,  e_,.  dépendront  de  la  seule  variable  .r,,  el  c.^.^  sera  de 


SÉANCE  DU  17  MAI  ig2I.  1229 

la  forme  — '  '^  '  '., ■  Si  la  fonction  o(  t.)  n'est  pas  conslanle,  on  pourra,  par 
un  chanj^etnenl  de  variable  effecLué  snr  .r,,  ramener  le  coel'licicnl  <', .,  à  la 
forme  e^,  := 


Formant  avec  ces  données  les  dix  équations  d'Einstein,  on  constate  que 
sept  d'entre  elles  sont  vérifiées  idenli([uement.  Les  autres  deviennent 

I  /   1    Oc,.,  Y        I   d- iog;r.,.         I     I     de,,  /  i     i     àe,-,         ■>.  \ 

(1,1)  7—  -T-^-* T-^r^" T"^ -r^"  -1 )  =0, 

4  \c,..  Ou-,  I         :>.       ux-  1  <?,,  ax^  \a  e22  ôx,        x,J 

I     d    /  I    de,,"-.       1  /'  I     de,..i\  /  I    de-ii 
''  "  a  dx^  \e,i  'àx,  )       2  \e,,  àx,  )  \e,,  Ox, 

I  /  I    Oe,,,  \  / 1     I    Ot',  I        I     I    06.22 
2\e,,  dx,  /  \a  e,,   Ox,         2  e,j  Ox, 

(3    ')       ^     à    /   i    Oe:,.,\         1  /    r    Oe^A  f  1    de^.^ 
2  Ox,  \e,,  Ox,  1         :>.  \e,i   Ox,  I  \e:n   Ox^ 

(7-loge,,i  I     i     Oe.,,,  / 1     I    de,,         i     i    de.,' 

d.j'jdXi  2  r,,  Ox,  \2  e,,   d.rj         2  e.22  dx, 

L'équation  (2,  2)  s'intègre  immédiatement  et  donne 


(  '  )  ~i —  — ; ' 

a.x,  x; 

r  désignant  une  constante  d'intégration.  Tenant  compte  de  ce   résultat, 
léquation  (i,  i)  donne  ensuite,  par  un  calcul  facile, 

d\os;e,,        d\o^e.j,  ,, 

— ; 1 ,      "    =  o.  d  OLi         e,,  £'.,,  =  const. 

(i.r,  (t.r, 

Les  hypothèses  faites  conduisent  à  prendre  cette  constante  égale  à  l'unité. 
L'équation  (i)  s'intègre  ensuite  et  donne 


e2)=c' I  d'où  ei,:=lc'  — 

Portant  ces  valeurs  dans  l'équation  (3,  4),  on  trouve 


Remplaçant  maintenant  .r,  par  r,  dx',  par  —  di-  et  prenant,  pour  l'élé- 
ment linéaire  de  la  sphère,  les  coordonnées  polaires  0,  cp,  on  a  enfin  l'expres- 
sion de  ds'-  sous  la  forme  de  Schwarzschild 

ds-  — h  /■-  (  dO'^  -+-  sin-0  do-  )  —  (  1 )  dt-. 


I23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  solution  trouvée  semblerait  unique,  sauf  la  valeur  de  la  constante 
d'intégration  c.  Cette  unité  apparente  semble  avoir  été  une  cause  d'erreur 
dans  rinterprétation  du  résultat.  En  réalité,  il  y  a  une  inlinité  de  solutions. 
Nous  en  avons  restreint  le  nombre  par  une  série  d'hypothèses  :  en  partant 
d'une  forme  initiale  du  ils-  qui  n'est  pas  assez  générale,  et  en  remplaçant 
o(.i•^  )  par  x].  Quoi  qu'il  en  soit,  le  résultat  est  très  intéressant.  Il  montre 
l'utilité  de  l'introduction  du  pseudo-temps,  dont  il  resterait  à  déterminer  la 
signification  physique. 

Quant  à  la  relativité  elle-même,  elle  n'intervient  nullement  dans  la 
question. 


AS'IRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Amure  boréale  dans  la  nuil  du  i4  cm  1 5  mid  19'ii 
et  phénomènes  magnétiques  simultanés.  Note  de  M.  Bernard  Lyot,  pré- 
sentée par  M.  Deslandres. 

Ayant  été  chargé  par  M.  Deslandres,  d'organiser  un  nouvel  appareil 
magnétique,  j'ai  surveillé  toutes  les  déviations  de  l'aiguille  aimantée  depuis 
le  8  mai  1921,  époque  à  laquelle  un  groupe  imporlant  de  taches  s'est 
montre  au  bord  est  du  Soleil. 

L'appareil  était  encore  en  montage  et  non  complètement  organisé,  mais 
nous  avons  pu  faire  avec  lui  quelques  observations  intéressantes. 

La  tache  compi'cnait  deux  groupes  distincts  qui  ont  varié  notablement 
jusqu'à  leur  passage  au  méridien  central  qui  a  eu  lieu  dans  la  journée  du  i  '\ 
de  10''  à  23''. 

Une  perturbation  isolée  assez  forte  a  d'abord  été  constatée  le  12  mai, 
da  8'' à  10''. 

La  nuit  du  i3  au  i'\  a  été  marquée  par  un  mouvement  continuel  de 
l'aiguille  qui  a  atteint  2')  minutes  d'amplitude,  de  i;)''  le  i3  jiis(]u'à 
environ  7''  le  i_'|. 

Comme  les  perturbations  semblaient  augmenter  pendant  la  journée 
du  14.  j'ai  passé  la  nuit  cntièi'c  suivante  à  l'Observatoire,  avec  l'idée 
qu'une  aurore  boréale  pourrait  se  manifester. 

Or,  un  peu  avant  le  coucher  de  la  Lune,  à  o''i5"',  le  phénomène  attendu 
a  commencé  sous  forme  d'un  rayon  dans  le  méridien  magnétique,  et  s'est 
développé  pour  subir  un  premier  maximum  à  i'' 4"';  un  deuxième,  le  plus 
intense  à  2''  10'"  et  im  troisième,  observable  malgré  l'aube  naissante,  à  3''.V". 

i/aurore  a  aflecté  la  forme  de  rayons  légèrement  divergents  on  général 


SÉANCE  UU  17  MAI  I921,  I23l 

vers  le  zénith  et  de  niicTges  grossièrement  circulaires.  Les  (liffcrcntes 
pallies  émellaienl  trois  sortes  de  radiations  distinctes. 

Une  lumière  blanche,  peut-être  un  peu  verdàtre,  une  lumière  rouge 
intense  et  une  lumière  indigo  violette.  Au  moment  de  la  phase  maxima, 
les  rayons  atteignaient  le  zénith  et  semblaient  y  converger;  par  endroits, 
la  lumière  de  Fauiore  était  assez  intense  pour  masquer  les  étoiles  de 
■y  grandeur. 

La  courbe  magnétique  de  la  nuit  du  14  au  i5  montre  des  perturbations 
d'une  vingtaine  de  minutes  à  l'Est  entre  i"]"''  et  22''  le  1 4  et  des  écarts  d'une 
amplitude  totale  de  plus  de  un  degré  à  partir  de  ai''. 

Des  perturbations  magnétiques  intenses  ont  donc  connaencé  une  ving- 
taine d'heures  avant  le  passage  au  méridien  central  du  Soleil  d'un  groupe 
de  taches  important,  et  ce  passage  a  été  suivi  d'une  aurore  boréale  remar- 
(juable;  les  trois  phénomènes  sont  donc  en  bonne  concordance. 

ASTlio>'OMlE.  —  Observation  de  la  comète  Pons-WinnecItC  (1921  h),  faite 
à  Céqualorial  coudé  de  l'Observatoire  de  Lyun.  Note  de  M.  J.  Guillaume, 
transmise  par  M.  B.  Baillaud. 

.Nombre 
Date  Temps  moyen  de  Log.  fact.  Log.  fact. 

\'J'2\.  (le  Lyon.  Aa.  Aô.  nniipar.       a  appareille.         paiall.  5  apparente.  parall. 

Il        m        s  m        s  ,        „  Il        m       s    ^  o        ,        „ 

Mui   10...      i3.iô.>i     — O.   7,o3     -+-  2.12,2     10:10     i-.3o.'|i.64     — 9,200       45. .58.   8.1       -i-S.gSj 

Position   des  étoiles  de  comparaison. 

■X  moyenne,         lîéduction  ô  moyenne,         nétluclion 

*■.  19-31,0.  au  jour.  1921,0.  au  jour.  Autorité, 

h        m        s  s  o         ,         „  „ 

I  :^  BD  +  45",  •i55o(g,o  ).  .        17.80.46,28       -1-2,39  4j-55.5g,7        —  o  ,'è       A. G.  Bonn,  m25S 

Renirnijne.  —  l^a  coniél»!  est  vaguement  circulaire,  d'environ  une  demi-miniile 
darc  de  diamètre,  avec  faible  condensation  centrale  ;  éclat  total  de  i  l'^.S. 


CHIMIE  ORG.VNlQLE.  —  Sur  la  transformation  du  phénol  eu  cyclohexanol. 
Note  de  MM.  G.  V.vvon  et  J.  Detkie,  présentée  par  M.  A.  Ilaller. 

Le  phénol,  agité  dans  une  atmosphère  d'hydrogène  en  présence  de  noir 
de  platine,  se  transforme  partie  en  cyclohexanol,  partie  en  cyclohexane  (  '). 

{')  ^^'l^L^lAlTl■li,  Berichle,  t.  k'ô,  p.  1473. 


1232  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

Ayant  eu  à  préparer  des  quantités  importantes  de  cyclohexanol,  nous 
avons  eu  à  employer  ce  procédé  de  préparation  et  avons  été  amenés  à  en 
faire  l'étude. 

(^)uand  on  fait  varier  les  conditions  expérimentales,  la  température 
(entre  — lo"  et  +60"),  la  nature  du  solvant  (acide  acétique,  acétate 
d'éthyle,  éther,  alcool),  la  concentration,  la  quantité  et  la  qualité  du  pla- 
tine, les  rendements  du  cyclohexanol  varient  peu;  ils  coirespondent  aux  | 
environ  du  phénol  employé. 

La  vitesse  d'hydrogénation  est  grande  :  avec  iS^  de  platine,  en  opérant 
sur  400*''  de  phénol  dissous  dans  3ooS  d'acide  acétique,  nous  avons  pu  fixer 
jusqu'à  100'  d'hydrogène  à  l'heure.  D'ailleurs  un  même  échantillon  de  pla- 
tine peut  servir  à  un  très  grand  nombre  d'opérations;  quand  son  activité 
diminue,  il  suffit,  comme  l'a  montré  l'un  de  nous  ('),  de  la  lavera  l'éther 
et  de  l'exposer  à  l'air  (un  échantillon  préparé  il  y  a  i4  mois  a  servi  à  une 
centaine  d'expériences  sur  le  phénol  ou  ses  dérivés  et  possède  encore  une 
activité  notable  quoique  un  peu  affaiblie. 

La  fonction  phénol  rend  l'hydrogénation  du  noyau  aromatique  plus 
facile;  cette  influence  disparaît  si  l'on  bloque  la  fonction.  C'est  ce  qui 
résulte  du  Tableau  suivant,  où  sont  donnés  les  temps  en  minutes  mis  pour 
fixer  i' d'hydrogène  sur  différents  corps,  hydrogénés  dans  des  conditions 
identiques  (i-  de  platine,  5o""'  d'acétate  d'éthyle,  10?  de  corps)  : 

Phénol I  j 

Aiiisol 3() 

Pliénélliol 80 

Oxyde  de  phényle  el  de  bulyle 700 

Acétate  de  pliénvle 55 

Uenzène '     33 

ToluèiR' 61 

Formation  inlermèdiairc  de  cyclohexanone.  —  Si  l'on  arrête  l'hydrogé- 
nation du  phénol  avant  qu'elle  ne  soit  achevée,  on  peut  déceler  de  la  cyclo- 
hexanone dans  le  mélange  et  la  retirer  pour  l'intermédiaire  de  sa  condji- 
naison  bisullilique. 

Pour  doser  la  cyclohexanone  aux  différents  instants  de  l'expérience,  il 
est  commode  de  la  peser  sous  forme  de  dipipéronylidène  cyclohexanone, 
combinaison  (jui  se  forme  aisément  et  quantitativement  en  présence  d'un 
excès  de  pipéronal  et  d'éthylate  de  sodium. 

(')   \  AVON,  Thèse  de  Doctnral,  F^aris,  kjk!,  p.  22. 


SÉANCE  DU  17  MAJ  1921.  1233 

Voici  les  résultais  obtenus  au  cours  d'une  liydrogénation  faite  sur  loo'^de 
phénol  dans  2")o""'  d'alcool  : 

Xoluriies  l'iiiils 

d'Iiydi-ogi-iie  absorbe.               _                                                            de  ryclnliexanoiu-. 
I                               '  s 

o o 

'" 7-7 

20 10,9 

00 12 

4o Il),  4 

DO 8,8 

(55 5 

79 o 

La  cycloliexanone  augmenle  donc,  passe  par  un  maximum  et  disparaît 
totalement  en  fin  de  réaction.  Ce  maximum  est  d'ailleurs  variable  avec  les 
conditions  expérimentales  :  il  augmente  si  l'on  emploie  un  platine  plus 
actif,  une  plus  grande  quantité  de  platine,  ou  si  l'on  opère  dans  l'acide  acé- 
tique. Une  expérience  faite  sur  4o^'  de  phénol  dans  200""'  d'acide  acétique 
avec  17S  de  platine,  a  donné  pour  le  maximum  i4^'  de  cyclohexanone, 
soit  35  pour  100. 

La  formation  de  cydohexanonc  est-elle  une  réaction  accessoire  ou,  au 
contraire,  tout  le  cyclohexanol passe-t-il  par  le  terme  cyclohexanone'^ 

Dans  cette  seconde  hypothèse,  au  cas  où  le  maximum  de  cyclohexanone 
est  faible,  il  faut  admettre  que  la  vitesse  propre  d'hydrogénation  de  la 
cyclohexanone  est,  à  masse  égale,  plus  grande  que  celle  du  phénol,  et 
d'autant  plus  grande  que  le  maximum  en  cyclohexanone  est  plus  petit,  car 
au  moment  de  ce  maximum  les  vitesses  de  formation  et  de  destruction  de 
la  cyclohexanone  sont  égales. 

On  peut  vérifier  ce  fait  en  hydrogénanl  un  mélange  de  phénol  et  de 
cyclohexanone;  celle-ci  disparaît  beaucoup  plus  vite  que  le  phénol  : 
un  mélange  de  27^  de  phénol  et  de  22^  de  cyclohexanone,  après  fixation 
de  II'  d'hydrogène,  contenait  encore  21"  de  phénol  et  seulement  4^'  ^^ 
cyclohexanone. 

Plusieurs  expériences  ont  donné  des  résultats  comparables,  d'où  il 
résulte  que,  dans  ces  conditions,  la  vitesse  propre  d'hydrogénation  de  la 
cyclohexanone  est  bien  supérieure  à  celle  du  phénol. 

Par  suite  le  cyclohexahol  provient,  pour  la  plus  grande  partie  au  moins,  de 
la  cyclohexanone  et  non  directement  du  phénol. 

A  quel  momenl  apparaît  la  fonction  cétone?  Préexiste-t-elle  dans  le 
phénol,  apparail-elle  après  fixation  de  une  ou  de  deux  molécules  d'hydro- 
gène? C'est  un  point  que  nous  n'avons  pas  encore  étudié. 

C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  172,  N»  20.)  9' 


1234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Action  de  l'oxiine  du  chluml  sur  les  aminés  aroma- 
tiques; synthèse  d'isatines.  JNolc  de  MM.  Th.  Martixet  et  P.  Coisset, 

pi'ésenlée  par  M.  A.  Haller. 

Le  cliloral  se  condense  avec  les  aminés  arotiiatiques  par  sa  fonction  aldé- 
liydique,  mais,  sous  forme  d'oxime,  c'est  par  le  chlore  qu'il  réagit  sur  les 
aminés.  La  rcaclioii  peut  s'orienter  dans  deux  directions  différentes.  En 
milieu  neutre,  deux  molécules  d'aniline  enlrent  dans  la  combinaison  et  l'on 
obtient  risouilrosoélbényldipliénylamidine  (foi  mule  !)('). 

En  milieu  faiblement  acide,  au  contraire,  un  atome  di' chlore  seul  s'éli- 
mine à  l'élat  d'acide  chlorhydrique,  taudis  que  les  deux  autres  atomes,  par 
suite  d'une  hydrolyse,  se  trouvent  remplacés  par  un  atome  d'oxygène.  On 
arrive  ainsi  à  l'isonitrosoacétanilide  (formule  II)  (^). 


II 

I 

^. 


^ ^        \c  -  C<f"  /         \-  \H  -  (0  -  C/" 


\ / 

l'iJinuilt;  I. 


(>ette  subslanée,  traitée  à  chaud  par  l'acide  sull'urique,  donne  l'isaline. 

Ce  procédé,  mis  au  point,  nous  a  [)ermis  de  préparei' un  certain  nombre 
d'isatines  connues.  Il  constitue,  en  |)articulier,  un  ]irocédé  commode  pour 
l'obtention  de  l'isatine  ordinaire.  La  préparation  se  fait  en  -i]  heures,  ce  qui 
fait  de  l'isaline  une  malièie  première  très  accessible.  Nous  avons,  en  outre, 
isolé  une  isatine  nouvelle,  la  4-chloro-7-méthoxyisatine.  Le  modeoj)cratoire 
est  le  suivant  :  on  dissout  une  molécule  de  chloi'hydrate  de  /j-chloro-w- 
anisidine  (orthoamino-yj-chloroanisol)  dans  iSoo""'  d'eau,  on  ajoute  à  la 
solution  une  molécule  de  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et  l'on  porte  à 
l'ébuUitlon.  On  vei'se  alors,  par  petites  portions  dans  le  liquide  bouillant, 
une  solution  d'mie  molécule  d'hydrate  de  chloral  dans  i3oo""'  d'eau.  On 
maintient  l'ébullilion  pendant  5  ou  lo  minutes  et  l'on  refroidit  brusque- 
ment; il  se  sé|)are  le  dérivé  isonilrosé,  b"  =  190°,  soluble  dans  l'alcool  de 

(')  Brevet  français  de  la  Société  pour  l'Indiislrie  cliiniique  à  BAle.   11°  29135)),  du 
!"■  août  1899. 
{^)  Brevet  n"  501  153.  de  la  Sociélé  S.U.  Oeigv,  |niljiii'  le  G  avril  1920. 


SÉANCE    DU    17    MAI    1921.  123') 

foniiiile  III  : 

OCIF 

/       \_.Mi_œ-(:<" 

\ /  \iv_oii 

I 

Cl 

Foniinle  lU. 

Cette  substance  dans  l'acide  suH'un'que  donne  une  liqueur  violette  qui, 
par  cliauffage,  passe  au  brun  rouge  et  celte  solution  versée  dans  l'eau 
fournit  la  4-chlor()-7-Miétoxyisalirie.  La  coloration  violette  iiitermédiai- 
rement  observée  semble  devoir  être  attribuée,  comme  on  le  montrera  plus 
tard,  à  la  formation  de  l'imésatine  correspondante  qui  s'Iiydrolyse  au  sein 
de  l'acide  sulfurique  : 

Cl 
I 
,C:N-11  /^i ^C:0 

C  :  O  \/\/C  •  O 

r    I 

OCII'i 

II 

Une  partie  de  la  •2-métoxy-5-cliloroisonitrosoacélaiiilide  est  maintenue 
à  75°  pendant  i5  minutes  dans  sept  parties  d'acide  sulfurique  concentré;  la 
solution  lirun  rouge,  ainsi  obtenue  et  refroidie,  laisse  précipiter  j)ar  un 
excès  d'eau  la  4-chloro-7-méthoxyisaline.  On  la  purifie  par  dissolution  dans 
une  solution  concentrée  de  soude;  la  cyclisatioii,  par  l'acide  chlorhydriqui', 
de  l'isatate  filtré  ainsi  obtenu  donne  la  ''i-chloro-7-niélhoxyisatine,  insoluble 
dans  l'eau,  soluble  dans  l'acide  acétique,  l'alcool  bouillant,  d'où  elle  cris- 
tallise, par  refroidissement,  en  longues  aiguilles  rouges  qui,  par  projection 
sur  le  bloc  Maquenne,  fondent  ii  255°. 

Nous  avons  caractérisé  cette  isatine  par  sa  pbénylhydrazone,  aiguilles 
jaunes  soyeuses  fondant  à  2/(5°;  son  oxime  fondant  à  2'3o°,  elle  est  soluble 
dans  l'alcool. 

Sous  l'action,  des  alcalis  en  solution  alcoolique  on  obser\e,  comme  il 
était  prévu,  une  coloration  violette  fugace  qui  passe  rapidement  au  jaune 
en  donnant  l'isatate  alcalin  correspondant.  Nous  avons  préparé  l'isatate  de 
baryum  en  lamelles  brunes  probablement  quadratiques,  solubles  dans  l'eau, 
insolubles  dans  l'alcool,  cristallisant  avec  une  molécule  d'eau 

(C"0'CI.MI")^«-^I150 
et  par  double  décomposition  l'isatate  de  cuivre. 


I23G  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  condensant  celte  isaline  nouvelle  avec  l'indoxyle  nous  avons  obtenu 
la  .'|-cliloro-7-niéthox\  indirubinc  en  aiguilles  violettes  peu  solubles  dans 
l'alcool,  donnant  à  riiydrosulfilc  une  cuve  jaune  vcit  peu  stable,  se  trans- 
formant presque  totalement  en  indigo  ordinaire. 

Nous  avons  dosé  Thalogène  en  brûlant  la  substance  avec  du  peroxyde  de 
sodium  dans  un  creuset  en  acier;  on  amorce  la  combustion  par  introduction 
d'une  tige  de  fer  rouge;  si  la  réaction  est  trop  vive  on  ajoute  de  la  cbaux 
anhydre  et  pure,  le  dosage  se  fait  ensuite  à  la  façon  ordinaire.  La  méthode 
est  rapide  et  satisfaisante. 

CHIMIE    ORGANIQUE.    —    Action   du  prnpyléne  dibromé-i.'j   sur  le   bromure 
(risopropvlmafinésium.  Note  de  M.  Lespieau,  présentée  par  M.  Ilaller. 

Nous  avons  indiqué,  M.  Bourguel  et  moi  (^'),  comment  on  pouvait 
arriver  aux  hydrocarbures  acétyléniques  vrais  en  utilisant  l'action  du 
propylène  dibromé  CH-  =  CBr.  CH-Br  sur  les  dérivés  magnésiens  mixtes, 
et,  comme  exemple,  nous  avons  décrit  la  préparation  du  pentine 
CHshC.CH-.CH-.  CH'  par  ce  procédé. 

Il  m'a  paru  utile,  pour  établir  la  généralité  de  la  méthode,  de  l'appliquer 
au  dérivé  magnésien  d'un  bromure  secondaire,  et,  dans  ce  but,  je  me  suis 
adressé  au  bromure  d'isopropylmagnésium.  I>a  réaction  du  propylène 
dibromé  sur  ce  corps  étant  liés  vive,  il  convient  d'opérer  en  présence  de 
beaucoup  d'éther;  on  cesse  d'ajouter  du  dibromure  quand  son  addition 
parait  ne  plus  provoquer  de  dégagement  de  chaleur.  On  traite  alors  par 
l'eau  acidulée,  puis  on  extrait  à  l'éther. 

Après  le  départ  de  ce  solvant  on  recueille  d'abord,  par  distillation  frac- 
tionnée, le  composé  CH-  =  CBr.  CH^.  CH(CH' j-.  liquide  incolore  bouillant 
à  i2G°-i27"  sous  la  pression  normale;  sa  densité  à  18"  égale  1,207;  son 
indice  pour  la  raie  D,  à  la  même  température,  est  1,4627,  d'où  une  réfrac- 
tion moléculaire  37,17,  la  théorie  exigeant  37,201.  Le  poids  moléculaire 
déduit  d'une  cryoscopie  acétique  a  été  trouvé  égal  à  i()iS,  la  théorie  vou- 
lant iG3.  On  y  a  trouvé  49)-i  pour  joo  de  brome,  au  lieu  de  /i9.o8. 

La  fixalion  de  deux  atomes  de  brome  sur  le  composé  précédent  fournit 
le  lribromureCH-Br.CBr-.CH-.CH(CH=)%bouillant  à  116-117" sous  iG""", 
ayant  à  17°  une  densité  de  i.gBt)  et  un  indice  de  i,5Gi.  d'où  une  réfraction 
moléculaire  52,G8,  théorie  53,34.  Poids  moléculaire  par  cryoscopie  acé- 
tique 339,  lliéorie  323.  Brome  pour  100,  74»23;  théorie,  74>3o. 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920.  p.  i5S4. 


SÉANCE  DU  17  MAI  I921.  1237 

L'allaque  de  ce  tribromurc  parTéthylate  de  sodium  fournil  avec  de  bons 
rendements  le  dibromure  CH  lir  =  CBr.  CH-.  CH(CH')'  bouillant  à  7o"-7 1" 
sous  II""",  ayant  à  17°  une  densité  1,621  et  un  indice  i,5i2,  d'où  une 
réfraction  moléculaire  l^'[,ç),  théorie  43,07.  Poids  moléculaire  dans  Facide 
acétique  248,  théorie  242.  Brome  pour  100,  66,32  au  lieu  de  66,1 1 . 

On  a  maintenu  le  dibromure  précédent  avec  de  la  poudre  de  zinc  et  de 
l'alcool  à  95"  liède  pendant  quelques  heures,  après  quoi  on  a  distillé,  au 
bain-marie,  puis  rectifié  en  utilisant  une  colonne  Dufton.  Il  est  d'abord 
passé  un  liquide  entre  54", 5  et  55",  puis  le  thermomètre  est  monté  vivement 
à  78°;  à  ce  moment,  ce  qui  distillait  ne  précipitait  plus  le  nitrate  d'argent 
alcoolique. 

Le  liquide  du  début,  malgré  la  constance  de  son  point  d'ébullilion, 
n'était  pas  un  produit  unique,  mais  un  mélange  à  point  d'ébuUition 
minimum  formé  par  l'alcool  employé  et  le  carbure  acétylénique 
CH:=C.CH-.CH(CH')-.  Pour  isoler  ce  dernier,  il  suffit  d'ajoutor  du 
chlorure  de  calcium  fondu,  de  laisser  quelques  jours  en  contact,  de 
décanter  ensuite  le  carbure  qui  surnage  et  de  distiller  celui-ci.  Il  passe 
entre  61", 5  et  62°  sous  760""";  sa  densité  à  0°  est  0,7244-  Son  analyse 
a  indiqué,  pour  100,  87,50  de  carbone  et  12,28  d'hydrogène;  la  théorie 
voudrait  87,80  et  12,1g.  Poids  moléculaire  cryoscopique  82,  théorie  82 
(pris  dans  l'acide  acétique  avec  un  abaissement  de  o°,(Ji). 

Ce  liquide  est  très  volatil,  il  possède  une  forte  odeur  alliacée;  il  préci- 
pite le  nitrate  d'argent  alcoolique  en  donnant  des  paillettes  brillantes, 
solubles  dans  l'alcool  chaud,  et  répondant  à  la  formule  attendue 

CVg  —  CCtP.  CHV.NOWs, 

car  on  y  a  trouvé  09,71  pour  100  d'argent.  Il  précipite  en  jaune  le  chlorure 
cuivreux  ammoniacal. 

L'attaque  du  dérivé  magnésien  par  le  propylène  dibromé  ne  fournit 
le  composé  CH"  =  CBr.  CH-. CH(CH^)-  qu'avec  un  rendement  de 
3o  pour  100  environ,  calculé  à  partir  de  l'épidibromhydrine  employée; 
on  obtient  simultanément  des  liquides  colorés  en  violet,  qui  se  décolorent 
quand  on  les  agite  avec  une  solution  de  carbonate  de  potassium  et  dont  il 
est  très  difficile  de  tirer  un  composé  défini.  Cependant,  après  de  nom- 
breuses distillations  sous  pression  réduite,  j'ai  pu  extraire  un  liquide  inco- 
lore bouillant  à  63°  sous  11"^™,  ayant  à  24"  pour  densité  1,0942  et  pour 
indice  i,456.  Une  cryoscopie  acétique  lui  assigne  un  poids  moléculaire 
égal  à  2x5;  il  contient  38, 10  pour  100  de  brome.  Ces  données  permettent 


1238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  penser  que  Ton  se  trouve  en  présence  d'un  nonane  brome,  car  le  poids 
moléculaire  d'un  tel  corps  serait  207,  sa  réfraction  moléculaire  5i,'io5,  en 
accord  avec  les  mesures  faites,  enfin  il  renfermerait  38.(1  {  pour  100  de 
brome. 

La  formation  d'un  tel  corps  proviendrait  d'une  fixation  du  dérivé  magné- 
sien employé  sur  le  bromure  CtP  =  Ci>r.CH-.CH(  Cil')-  à  l'endroit  de  la 
doui)le  liaison,  et  probablement  dans  le  sens  qui  conduirait  au  composé 

CH^CH.CBr.Cll^CH.CH'. 

I 

CH'cii^^        cri' 


CHlAin:  ORGAMoiE.  —  Recherches  sur  le  sulfure  d'ê/hylc  yi-dich/aré.  Note 
de  MM.  Delépi.ve,  Fi.Eunv  et  Ville,  présentée  par  M.  Haller. 

On  sait  que  le  sulfure  d'éthyle  [3^-dichloré  S(CH*.CH-C1)^  a  été  préparé 
industriellement  par  l'union  de  l'éthylène  avec  le  chlorure  de  soufre  ordi- 
naire S- Cl-  ou  avec  ce  chlorure  amené  à  la  composition  SCI-  par  une 
addition  convenable  de  chlore,  ou  enfin  par  éthérification  du  thiodiglycol 
S(^CII-.CH-.<  >H)  au  moyen  de  l'acide  chlorhydrique.  Ayant  eu  à  examiner 
de  nombreux  échantillons  de  ces  préparations,  nous  avons  fait  des  observa- 
tions que  nous  désirons  présenter  succinctement. 

I.  Les  produits  préparés  avec  les  chlorures  de  soufre  ne  sont  jamais  purs 
d'emblée;  ils  contiennent  toujours  un  excès  de  soufre,  soit  que  celui-ci 
reste  en  solution  sous  une  forme  indéterminée,  soit  qu'il  se  trouve  com- 
biné sous  forme  de  S  :  S(  CH'-.CH-Clj-,  comme  on  l'a  suggéré.  Le  sulfure 
pur  ou  préparé  avec  le  thiodiglycol  se  distingue  des  précédents  parce  que, 
oxydé  dans  des  conditions  convenables  par  un  mélange  chromico-nitrique, 
il  ne  donne  pas  d'acide  sulfurique  du  tout,  tandis  que  les  autres  fournissent 
des  doses  de  soufre  oxydable  en  acide  sulfurique  allant  de  3  à  i/j  pour  100, 
suivant  qu'on  s'est  servi  du  bichiorurc  ou  du  protochlorure  do  soufre  dans 
leur  fabrication. 

II.  (^uand  on  distille  les  produits  industriels  préparés  avec  les  chlorures 
de  soufre,  il  se  dégage  toujours  quelques  centièmes  d'acide  chlorhydrique; 
l'opération  doit  d'ailleurs  être  faite  dans  le  vide  si  l'on  veut  la  réussir. 
Certains  peuvent  fournir  jus(ju'i»  85  pour  100  d'un  liquide  cristallisant  de 
10"  à  13",  mais  on  n'a  jamais  d'emblée  le  sulfure  d'éthyle  Jijii-bichloré  pur 
qui  fond  à  r4'',i-i4°?i5  ;  le  produit  solide  distillé  est  accompagné  de  parties 
encore  liquides  à  o".  Nous  avons  réuni  plus  de  i''*^  de  distillât  et  extrait  le 


SÉANCE  DU  17  MAI  1921.  lîBg 

liquide  restant  à  o";  celui-ii  fut  re<listillé  en  fractionnant,  ce  qui  a  |)ermis  de 
séparer  encure  une  forte  proportion  de  sulfure  d'éthyle  Ji|i-bichlorc  solide; 
les  nouvelles  portions  liquides  ont  été  refroidies  à  —  1  j",  essorées,  et  frac- 
tionnées; elles  ont  pasré  de  loG"  à  i5o"  sous  20'""'  en  diverses  portions 
indiquées  dans  le  Tableau  établi  plus  bas;  certaines  fractions  cristallisaient 
encore  plus  ou  moins  à  —  10";  on  a  refroidi  chaque  fraction  à  —  23°  et  l'on 
en  a  aspiré  la  partie  liquide  pour  en  reprendre  la  densité  et  en  déterminer 
la  teneur  en  chlore  et  en  soufre,  ainsi  que  le  chlore  libéré  par  hydrolyse 
à  80°  après  plusieurs  heures. 

Tableau. 

Propriclés  de  la    partie  liquide  à  — 23" 
venant  des  porlions  précédentes. 

D,„.  S  pour  100.  Cl  pour  101.  Clliydrol. 

1,323  20,24  44j64  27)3 

1,335  '9,62  46162  28,0 

1,338  19)44  47. 'o  29,0 

1,34.5  19,50  46,45  26,6 

Il  20, 36  46, 5o  26,6 

37,0 

»  »>  »  » 

Données  relatives  à  S(  CIl-.CH- .CI)- pur. .  .      1,268  20,13  44)65  44)65 

iNous  avons  été  surpris  de  trouver  pour  les  parties  liquides,  à  peu  de 
chose  près,  les  mêmes  chiffres  de  soufre  et  de  chlore  que  pour  le  sulfure  pur. 
Le  chiffre  de  chlore  obtenu  après  hydrolyse  (action  de  l'eau  à  80°)  est 
toutefois  différent.  Le  soufre  o.xydable  en  acide  sulfurique  est  à  peu  près 
nul  (0,5  pour  100). 

Il  est  vraisemblable  qu'il  s'agit  d'isomères,  tels  que 

Cl(:H-.(;ll^s.CHCl.CH^ 
ou,  plutôt,  de  composés  tels  que 

S(CH:CHCi)^    Cl.(;^l^(;ll^s.^.ll  :  ciici,    CH^CHCi.s.cii  :  chci,     ..., 

dont  la  formation  s'explique  par  la  présence  initiale  de  combinaisons  plus 
chlorées,  comme 

SiCIICI.CIPCljS     S(CH-.CHC1*)S    Cl-(:H.CIl^S.CiM,Cn-CI 

qui  perdraient  de  l'acide  chlorhydrique,  ainsi  cju'on  le  constate  à  la  rectifi- 
cation du  produit  industriel. 

Le  poids  moléculaire  de  ces  liquides,  pris  dans  le  benzène,  a  été  trouvé 


Frac 

tionnei 

lient 

du   liciui 

ide 

essor 

— 

C 

Température. 

Poids 

rist.  — 

106-108. . , 

1.3' 

i>3>9 

-+- 

I08-I 10. .  . 

24 

1  ,322 

-1- 

I lO-l 12. . . 

16 

1,328 

^ 

II2-I l5. . . 

2  5 

1,328 

abonc 

1  l5-I20..  . 

I  1 

1)334 

-+- 

I20-I 3o. .  , 

7 

1,338 

pas 

i3o-i5o. . . 

3 

1,378 

pas 

I24o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

(le  l'ordre  de  celui  de  S(CH- .  CH- CI)-.  ((  )bservê  :  1 49-164  au  lieu  de  iS;).  ) 
Nous  sommes  portés  à  croire  qu'ils  contiennent  encore  du  sulfure  d'élhyle 
3[5i-bicliloré,  qui  participe  pour  une  certaine  proportion  à  la  formation  de 
l'acide  clilorhydrique  par  hydrolyse. 

IH.  Nous  avons  enfin  déterminé  la  constante  cryoscopique  du  sulfure 
d'éthyle  ^^-bichloré,  afin  d'avoir  une  idée  de  la  quantité  d'impuretés  qui 
pouvaient  correspondre  aux  abaissements  constatés  dans  les  liquides  bruts 
issus  des  distillations.  La  formule  classique  de  llaoult  St  —  KG  :  M  donne 
Iv  =  (Jo-62  environ,  mais  cette  valeur  diminue  assez  rapidement  pour  des 
concentrations  un  peu  fortes;  on  représente  beaucoup  mieux  les  phéno- 
mènes par  la  formule  de  Louguinine  et  Dupont  Af  =;  K/i  :  (n  -1-  N),  n  et  N 
désignant  les  nombres  respectifs  de  molécules  du  corps  dissous  et  du  dissol- 
vant (');  alors  K  =  38;  la  formule  est  valable  jusqu'à  K  =  io°-i5"  pour  le 
benzène,  le  chlorobenzène,  le  tétrachlorure  et  le  sulfure  de  carbone.  Nous 
doutons  cependant  qu'on  utilise  le  sulfure  d'élhyle  ^^-bichloré  comme 
solvant  cryoscopique,  car  ce  n'est  autre  chose  (jue  l'ypérite;  cela  souligne 
les  minuties  (ju'a  exigées  le  présent  travail. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Synthèses  de  l'acif/r  cyanif/ue  et  de  V urée  par  oxyda- 
tion de  cétones,  d'acides  et  d'aminés,  en  présence  d^ ammoniaque .  Note 
de  MM.  II.  Fosse  et  G.  Lauoe,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

1.  J/acidc  cyanique,  produit  constant  de  l'oxydation  ammoniacale  des 
protéiques,  des  acides  aminés,  des  hydrates  de  carbone,  de  la  glycérine, 
de  la  formaldéhyde,  de  la  formanide  et  de  l'acide  oxamique  |  R.  Fosse  (')|, 
se  forme  aussi,  lorsqu'on  oxyde  avec  NH\  plusieurs  représentants  des  fonc- 
tions :  alcool,  phénol  et  aldéhyde  [R.  i^'ossc  et  (!.  Laude  (  ')]. 

2.  Dans  cette  Note,  nous  établirons  que  la  carbamide  prend  encore 
naissance  aux  dépens  de  corps  à  fonction  : 

Cétone  (acétone,  acétophénone.  cyclohexanone); 

Acide  monobasique  (acétique, -[jropionique,  valérianique,  ciunaniique); 

Acide  bibasique  (malonique,  succinique); 

(')  W.  l.oic.riMM;  et  (i.  Dipom'.  litill.  Soc.  cliini..  !\''  série,  1.  Il,  ii)i  '•  p-  90 '|. 

(-)  il.  I'"ossE,  Comptes  rendus,  t.  108,  1911),  ]'•  32o,  90S  cl  1  i(m  ;  '■  l<>!).  1919,  p-  91  ; 
t.  171,  1920,  p.  635  el  722  ;  t.  172,  19'.  1 .  p.  iGi  ;  Annales  Insi.  Pasteur.  19  în,  p.  ~\'t--(j}.  ; 
Bull.  Soc.  cliini.,  t.  2!).  i9'.i,  p.  i58-'.o3. 

(l)  H.  Fossn  cl  G.  Laidi;,  Comptes  rendus,  l,  \~rl,  u|M,  ji.  084. 


SÉANCE    DU    17    MAI    I92I.  1 2^  1 

Acide  alcool  (glycolique,  lactique,  tartrique); 
Acide  phénol  (salicyliqiiej/j-oxybenzoïqiie); 

Aminé  (mélhyl  et  diméthylamine,  élhylamine.  aniline,  w-pliénylène- 
diamine). 

3.  La  nature  de  la  substance  et  les  conditions  de  l'expérience  exercent 
une  influence  considérable  sur  les  rendements  en  carbimide  et  carbamide. 
Après  taulomérisalion  du  cyanalc  d'ammoniaque,  la  quantité  d'urée 
formée,  très  faible  pour  les  acides  monobasiques  (o^,  3  pour  100  au  maxi- 
mum), s'élève  pour  les  acétones  (2  à  i4  pour  100),  les  acides  phénols 
(i  1,07  à  19,9  pour  100),  et  les  aminés  (4  à  47  pour  100). 

Tandis  que  l'éthylamine  ne  donne  que  4,^  d'urée  pour  100,  l'aniline  en 
produit  i5,5  pour  xoo  et  la  phénylènediamine  27,4  pour  100. 

Mais  les  rendements  augmentent  encore  avec  les  aminés  susceptibles 
d'engendrer  la  formaldéhyde  par  oxydation  :  la  méthylamine  conduit  à 
44- J'  d'urée  pour  100  et  la  diméthylamine  à  47,9-  Ces  chiffres  ne  repré- 
sentent nullement  des  valeurs  que  l'on  ne  puisse  dépasser  dans  d'autres 
conditions. 

4.  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  signalé,  l'addition  de  cuivre  au  milieu 
oxydant  l'avorise,  dans  certains  cas,  la  formation  de  l'acide  cyanique  et  de 
l'urée. 

.").  On  sait  que  l'urée  passe  à  l'état  d'acide  cyanique  par  chauffage  avec 
la  potasse  en  solution  dans  l'alcool  absolu,  à  loo"'  [A.  Haller  (  '  )|,  ou  même 
avec  l'eau  bouillante  [WalUer  et  Ilambly  (")]. 

Est-il  possible  de  penser  que  l'acide  cyanique  de  nos  expériences,  loin 
d'être  le  précurseur  de  l'urée,  en  dérive,  au  contraire,  sous  l'action  de  la 
potasse,  libérée  par  le  permanganate? 

Si  cette  hypothèse  était  fondée,  il  faudrait  admettre  que  cet  alcali,  même 
plus  ou  moins  carbonate,  en  présence  d'eau  et  d'ammoniaque  et  à  la  tempé- 
rature ordinaire,  serait  capable  de  transformer  l'urée  en  acide  cyanique 
inlégi-alement,  sans  que  la  réaction  soil  limitée,  puisque  dans  nombre  de  cas 
nos  liqueurs  d'oxydation  renferment  la  carbimide  sans  trace  d'urée. 
Celle-ci  n'apparaît  que  par  chauffage  avec  NH' Cl.  En  outre,  l'acide  cya- 
nique peut  encore  se  former  seul,  sans  urée,  lorsqu'on  provoque  l'oxyda- 
tion par  le  permanganate  calcique  ou  par  un  mélange  de  lMn()'ls.  el 
de  S()''(NH')^,  incapables  de  donner  de  la  potasse  libre  ou  carbonalée. 

(')  A.  IIallkr,  Comptes  rendus,  t.  102,  1SS6,  p.  97.5. 
(-)  \\Ai.KEn  el  IIambi.v.  J.  Clicm.  Soc,  t.  G7,  )).  7^7. 


1242 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


l'ropanone ocm'.  i  ,'| 

l'ropanonc urm^S  /, 

Arélophénone o'm'.S  .'( 

Acélopliénone  el  cuivre.  u"n,5  ^\ 

Cycloliexanone >""'.,')  /, 

('vcloliexan.  et  cuivre.,  of"'",.')  ij 

Acide  acétique i*"'"'  4 

.\cide  propiouique i""'  '( 

Ac.  propion,  et  cuivre..  1^"'  '\ 

Acide  valértauique oi'n'\5  o 

Ac.  valérian.  et  cuivre,  of"'',!  o 

Acide  ciniianiique o'^.5  4 

Ac.  cinnaiiiin.  et  cuivre.  oi>',5  4 

Acide  maloiiiquc o'.')  4 

•Ac.  inulon.  et  cuivre...  o«, ')  4 

Acide  succinique >",  i  4 

Ac.  succin.  et  cui\rc...  o'^h  '^ 

Acide  salicylique "'•■.■'>  4 

Ac.  para-oxj'benzoïque.  qk,.?  4 

Ac.  salicjl.  et  cuivre. . .  i>".5  4 

.Acide  glycolique os, '|  :• 

I.actale  (le  zinc qb,  >  o 

Acide  tartri(]ue o", 'i  ô 

Acide  tartriqueet  cuivre,  c", 'i  > 

Miitiiylaniine »=,  •..'fsS  .l 

niinclliylamine ci«.->S  ,5 

Élliylumine o«,  3  .'> 

Aniline ori"',.")  5 

Aniline  et  cuivre oim'.')  .', 

/// -plièriylcnc-dianiiiie  . .  o'^.  l 'm  5 


llifs. 

\ 

jlume 

\a 

pour 

lli)iun-o 

pour  lOO*^  ou  lOO*""  ■ 

Aprè^cliauir. 
AiBiit           avec 

<lu 

ec  préc,  .1 
rorUla 

roball.i- 

isenlique 

AV.„. 

.Xprrs  rhiiutl. 

11» 

MriO'k  ou 

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5o 

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.. 

o,oo'|4 

0 

3,1 

-+- 

-1- 

Acides  mo/iobasirjiies. 


Acides   bibasiqties. 


3,5 
3,5 


Acides  phénols 


Acides  alcools. 


o ,  00 1 9 
o,,oo32 
0 ,  00 1 
o.ooS? 


trace 
c.,oo',s 


0,001         o,oi6> 

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Aminés. 

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SÉANCE  DU  17  MAI  I921.  1243 

PALÉONlOLOGIE.    —   Sur  la  Jaune  ichtyrdogiquc  du  Sahélicn 
de  1(1  région  d'Oran.  Noie  do  M.  C.  Akambourg. 

Le  Miocène  de  la  région  d'Oran  est  connu  depuis  longtemps  pour  l'abon- 
dance de  restes  de  poissons  que  renferme  l'un  des  riveaux  du  Sahélien,  aux 
environs  immédiats  de  la  ville. 

Jusqu'ici  sept  espèces  seulement  avaient  été  distinguées  dans  ce  gise- 
nienl,  et  décrites  par  difTérents  auteurs. 

J'ai,  depuis  quelques  années,  entrepris  de  recueillir,  à  Oian  même,  et  en 
d'autres  points  du  département,  notamment  à  Saint-Denis-du-Sig,  les 
représentants  de  cette  faune,  beaucoup  plus  riche  en  réalité  qu'on  ne  le 
soupçonnait. 

Je  connais,  en  effet,  actuellement  environ  80  espèces  déterminables, 
dont  l'élude  m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

Quatorze  espèces  sont  connues,  d'Oran  ou  de  niveaux  sjnchroniques  européens  : 
Oxyrhina  haslalis  Ag.,  Odonlaspis  açiitissima  Ag.,  Carcluirodon  megalodon  Ag., 
Myliobatis  meridionalis  Gerv.,  Syngnalhtts  Albyi  Sauv.,  Cliipea  nuinidica  Sauv., 
Annpterus  megislôsoma  Sau\.,  Scoinbresox  obliisiros/ris  Sauv.,  T'odopteryx  Bos- 
niaskii  Sauv.,  Capros  Slcindachneii  Kiamli.,  Diplodiis  Jomnilnnus  \n\.,  Diplodus 
oranensis  Woodw.,  Trigonodon  Otveni  Sism.,  Sparus  cincltis  Ag. 

Douze  sont  des  espèces  .Tcluelles  :  Hexauclius  griseiis  Raf.,  Oxyrhina  Spallanzanii 
Ii|).,  Carcharias  {Prionodon)  lanica  Mul.  et  Heul.,  Serranus  Cabrilla  Lin.,  5e/'- 
rnniis  scribci  C.  \'.,  Scomber  Collas  Lin.,  Trachiirus  Irnchunis  Lin.,  Lophius  biide- 
gassa  Spinola,  Batrachoides  didactyliis  Bi.  Sclin.,  Capros  aper  Lin.,  Zens  faber 
Lin.,  Sparus  aiiraliis  Lin. 

Di\  sont  des  espèces  nouvelles,  mais  très  affines  à  des  types  actuels  :  Scorpœna  alT. 
iistiilata,  Clinus  {Labrisomus)  aflT.  nucliipinnis,  Tripterygiuni  ail",  iiasiis,  Lepido- 
piis  aff.  caiidalus,  Neopercis  aiï.  allarilica,  Parapristipoma  aflT.  ocloUiteatum. 
Crenidens  alT.  Forsiiali,  Myctophiiin  alT.  laternatum,  Synodus  afi".  nllanticus, 
Itulisles  aff.  caprisciis. 

Quarante-cinq  sont  des  espèces  jiouvelles  et  appartiennent  aux  genres  suivants  : 

(Carcharias  {Prionodon),  Holocentruni,  Epineplieliis,  Serranus  (2  sp.),  Cepola, 
Scorpœna  (3  sp.),  Trigla,  Gobius  (9  sp.),  Trichiunis,  Caraiix,  Naiicrales,  Creni- 
labrus  (2  sp.),  Mugil,  Chœlodon,  Ophidiiun,  Spams  (asp.),  Pagelltis,  /?o.r  (2sp.), 
Mti'na,  A/osina,  Spralelloides,  Myctophnm^  Miirana.  Achiriis,  Microchir,  Solea  (?), 
Synaptiira,  et  à  trois  genres  nouveaux  des  familles  suivantes  :  Sparidés,  Scopc- 
lidcs  (2  sp.).  Labridés. 

On  voit  qu'il  s'agit  là  d'une  faune  franchement  marine,  composée  d'un 
mélange  d'espèces  côtières  dominantes,  avec  quelques  formes  bathyales  ou 
bathypélagiques. 


1244  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Rile  comprend  un  certain  nombre  de  genres  récents  qui  sont  signalés 
pour  la  première  fois  à  l'élal  fossile;  mais  rintêrêl  qu'elle  présente  réside 
surtout  dans  l'existence  d'espèces  actuelles  bien  caractérisées,  et  de  formes 
très  affines  à  des  espèces  vivantes,  dont  l'ensemble  forme  près  du  tiers  de  la 
masse  totale  des  espèces  recueillies. 

Ce  fait  très  intéressant  n'a  cependant  pas  été  mis  en  évidence  jusqu'ici, 
dans  les  divers  travaux  relatifs  aux  faunes  ichtyologiques  européennes, 
synchroniques  de  celles  d'Oran,  et  pour  lesquelles  de  nombreuses  espèces 
ont  été  créées  sans  préoccupation,  ainsi  que  l'a  déjà  indiqué  IJassani  ('), 
de  leur  identité  possible  à  des  formes  actuelles. 

D'autre  part,  le  caractère  de  la  faune  d'<  )ran  est  déjà  nettement  médi- 
terranéen, malgré  la  présence  de  quelques  types  tropicaux  (")  et  de 
quelques  formes  atlantiques  communes  à  la  côte  occidentale  d'Afrique  et  à 
celles  de  l'Algérie  et  du  Maroc  ('').  Quant  au  petit  nombre  de  types  pure- 
ment atlantiques  qui  s'y  rencontrent,  comme  d'ailleurs  pour  ceux  de  la 
catégorie  précédente,  l'babitat  de  leurs  représentants  actu<'ls  est  entière- 
ment localisé  aux  régions  de  l'Océan  qui  jalonnent  le  bord  méridional  de 
l'ancien  géosynclinal  transverse  :  Synodiis  atldjiticiis  vit  sur  les  côtes  de 
Madère;  Ncnpcrcis  atlanlica  dans  la  région  du  cap  Vert;  Clinus  {Lahri- 
somus)  nuchipinnis,  aux  Canaries  et  aux  Antilles. 

On  peut,  par  conséquent,  les  considérer  comme  paléomédilcrninéens^  en 
donnant  à  ce  mot  son  sens  géologique,  et  leurs  formes  actuelles  ne  sont  que 
Ivi  relicies  à\\nc  faune  plus  ancienne  s'étendant  vraisemblablement  à  toute 
la  mésogée,  et  dont  le  gisement  d'Oran  nous  fournit  une  trace  (  '  ). 

La  présence,  au  Sahélien,  d'un  petit  nombre  de  types  tropicaux  à  afiinilés 
indiennes,  dans  la  région  méditerranéenne,  n'est  également  que  le  sou\enir 
de  faunes  antérieures  dont  le  caractère  tropical  est  bien  connu  et  qui  ont 
émigré  vers  le  Sud-Est,  probablement  au  début  des  temps  néogènes,  avant 

(')  Bassani,  La  ilhiofutina  délie  nrgillc  marnone  plistoceniche  di  Taranlo  e  di 
Nardo  (Alli  délia  fi.  Accadeniia  dcllc  scie nze  fis.  c  inalh.,  2"  si'iie,  vol.   \î,   ig".")). 

(-)  Holocentruni,  Clui'todon,  Crcnidcns,  Spratelloidcs. 

(^)  Parapristipoma.  Batiaclioides. 

(■•)  Il  esl  très  remarquable,  à  cet  égard,  (|ue  les  mers  du  Japon,  et  cei  laines  parties 
du  Pacilique  Ouest  renferment  actuellement  un  pelil  nombre  d'espèces  et  de  genres 
dont  on  ne  retrouve  les  équivalents  ou  les  très  proches  parents  que  dans  la  Méditer- 
ranée cl  les  parties  voisines  de  l'Atlantique,  à  l'exclusion  complète  de  la  mer  Houge  cl 
de  l'océan  Indien.  L.  Joleaud  a  d'ailleurs  déjà  attiré  l'attenlion  sur  l'actuelle  localisa- 
tion, dans  c.Mlaincs  parties  du  I'acili(|uc,  d'élasmobranclies  européens  de  l'époque 
mésczoïiiui'. 


SÉANCE    DU    17    MAI    I92I.  IS^S 

ijuc  la  réunion  des  conlinci;ts  asiatique  d  africain  ne  fût  dénnilivcnicnl 
efCecluée. 

L'ciiscinhle  de  ces  faits,  d'ailleurs  partait. 'ment  d'accord  avec  ce  quf  l'on 
sait  déjà  pour  d'autres  groupes  zoologiqucs  marins,  a  pour  conséqui'ncf  de 
vieillir  sensiblement  notre  faune  ichtyologique  actu<'lle  en  en  reculant 
la  date  d'apparition  dans  nos  régions,  et  de  montrer  sa  faible  variation 
depuis  cette  époque,  conséquence  de  la  fixité  probable  des  conditions  de  vie 
dans  le  milieu  marin  méditerranéen,  à  partir  des  temps  néogènes. 

.MORPHOLOGIE  DYNAMIQUE.  —  Le  rapport  (le  la  surface  alaire  à  la  surface 
caudale  chez  les  Oiseau.r.  Note  de  M.  A.  M.vg\ax,  présentée  par 
M.  Edmond  l'errier. 

Richet,  dans  son  étude  sur  le  vol  des  Oiseaux  (  '  ),  s'est  préoccupé  du  rap- 
])ort  qui  existe  entre  la  surface  alaire  et  la  surface  caudale.  Pour  calculer 
ces  surfaces,  il  a  employé  la  méthode  géométrique,  c'est-à-dire  qu  il  a  com- 
paré les  ailes  à  des  figures  géométriques,  rectangles  ou  triangles.  Tout  en 
reconnaissant  qu'il  obtenait  de  celte  façon  des  mesures  assez  incertaines,  il  a 
estimé  qu'il  était  possible  de  se  contenter  de  ces  approximations. 

Il  n'a  retenu  dans  son  travail  que  les  rapports  de  la  surface  alaire  à  la 
surface  caudale  des  ()iseaux  bons  voiliers  et  éliminé  ceux  des  Oiseaux 
volant  mal.  11  a  trouvé  des  rapports  variant  de  2,8  à  i3,9  et  une  moyenne 
générale  de  G,  8,  chiffre  qu'il  a  jugé  intéressant  parce  qu'il  indique  à  peu 
[irès  quelle  doit  être,  à  son  avis,  la  surface  de  la  queue,  envisagée  unique- 
ment comme  gouvernail  chez  les  grands  et  petits  Oiseaux. 

J'ai  été  amené,  dans  mes  recherches  organométriques  sur  les  Oiseaux,  à 
étudier  aussi  le  rapport  qui  existe  entre  la  surface  alaire  et  la  surface  cau- 
dale. J'ai  décalqué  avec  autant  d'exactitude  que  j'ai  pu  les  ailes  de  ])rès  de 
400  Oiseaux,  déterminés  par  moi  avec  précision.  Pour  cela  j'ai  étendu  les 
ailes  sur  du  papier  millimétré  de  façon  à  donner  aux  rémiges  l'écartement 
copiant  le  mieux  celui  réalisé  pendant  le  vol  et  j'ai  dessiné  alors  leur  con- 
tour, y  compris  les  espaces  digités  qui  se  rencontrent  fréquemment  à 
l'extrémité  de  certaines  ailes.  J'ai  pu  avoir  ainsi  la  surface  réelle  des  ailes  en 
centimètres  carrés.  J'ai  opéré  de  la  même  manière  pour  rechercher  la  sur- 
face de  la  queue  que  j'ai  étalée  au  maximum,  en  ayant  soin  que  les  reclrices 
restent  imbriquées  comme  dans  la  nature. 

(')  Cu.  KiciiET  el  Ch.  liiciiET,  Obsi-rviUions  rclalii'es  ait  vol  des  Oiseau.r  {Arrliivio 
(li  Fisologia,  \o\.l .  1909). 


1246  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  surfaces  que  j'ai  trouvées  sont  donc  aussi  proches  que  possible  de  la 
réalité. 

Pour  obtenir  le  rapport  cherché,  j'ai  divisé  la  surface  alaire,  directement 
mesurée  en  centimètres  carrés,  par  la  surface  caudale  mesurée  de  la  même 
façon. 

Je  résume  dans  le  Tableau  suivant  les  chiffres  moyens  que  m'ont  donné 
les  différents  groupes  d'()iseaux,  ([ul  sont  caractérisés  chacun  par  un 
genre  de  vol  particulier.  Il  est  évident  (jue  la  (paeue  n'est  pas  uni(juemenl 
un  organe  de  vol  chez  les  Oiseaux  où  elle  constitue  souvent  un  ornemenl. 
Mais  comme  je  n'ai  étudié  jusqu'ici  (pie  des  espèces  (pii  ne  sont  pas  dans  ce 
cas,  les  rapports  ci-dessous  j;ardent  tout  leur  intérêt  au  point  de  vue 
du  vol. 

l;a])|i'iit  (li;  la  surface  ohaie 
ù  la  surface  canclale. 

iiiiiyen  NUmbirs  extrêmes. 

lUi  — — ««.—  ~  _^ ^  Noinlire 

corps.  .Minlniiiiu.        Maximum.  iiinven. 

,    Corvidés 867,5  2,2  3,8  3,3 

\  Passereaux 21,6  2,1  5,i  3,3 

I  Colombins 4oo,  .5  2,6  4)4  ^>'^ 

i  Râpa  ces  diurnes 1600,2  3.  i  4,1  3,4 

I  Gallinacées 616, 5  3,8  4i9  4i  ' 

'    Hapaces  nocturnes 703,5  3,5  5,5  4, G 

t  Petits  Echassiers 226,4  5  9,8  6,8 

\  Palmipèdes  à  grandes  ailes. .  .  io33,7  6  8,6  6,8 

i  Grands  Eoliassiers 3498,7  6,1  11,1  8,8 

V  Oiseau.v  plongeurs 574,6  5,)  22.1  10, 3 

11  ressort  de  ce  Tableau  qu'il  existe  deux  séries  d'Oiseaux. 

1°  La  série  A  formée  d'Oiseaux  terrestres  chez  lesquels  le  rapport  étudié 
eft  toujours  inférieur  à  5,5. 

2°  La  série  B  constituée  par  des  Oiseaux  habitués  à  vivre  dans  les  régions 
aquatiques,  et  qui,  de  ce  fait,  ont  souvent  à  supporter  les  eflets  des  grands 
courants  d'air.  Chez  ceux-ci.  le  rapport  est  toujours  supérieur  à  5. 

C'est  ainsi  que  se  classent  d'ailleurs  ces  divers  groupes,  comme  je  l'ai 
déjà  montré  ('),  lorsqu'on  étudie  l'acuité  de  l'aile,  c'est-à-dire  le  rapport 
de  l'envergure  à  la  largeur  de  l'aile,  et  la  longueur  de  la  queue.  Les  Oiseaux 
de  la  série  lî  ont  en  effet  une  grande  acuité  et  une  petite  longueur  caudale  : 
La  largeur  de  leur  aile  est  très  réduite  comme  celle  de  leur  cpieue. 

(')  I".  HorssAY  et  \.  Mai;nan.  L'envcr^'ii/e  et  la  rjitcKe  chez  les  Oiseaux  {Comptes 
rendus,  t.    l.'iV,  1912,  p.   iy) . 


SÉANCE    DU    17    MAI    1921.  12/17 

Les  Oiseaux  plongeurs  possèdent  un  rapport  de  la  surface  alaire  à  la  sur- 
face caudale  très  élevé  parce  que  leur  queue  est  extraordinairement  petite, 
plus  petite  que  celle  des  autres  Oiseaux  fréquentant  les  rivages  et  les  marais, 
mais  ne  menant  pas  la  vie  aquatique  et  cela  par  suite  du  modelage  exercé 
par  l'eau  qui  a  réduit  les  rectrices  en  longueur  et  en  poids  comme  je  l'ai  mis 
récemment  en  évidence  (  '  ). 

Ces  résultats,  bien  que  présentés  sous  une  forme  dilTércnte,  ne  sont  pas 
en  désaccord  avec  ceux  fournis  par  Richet.  Ils  sont  intéressants  parce  qu'ils 
montrent  qu'une  machine  volante  construite  sur  le  modèle  d'un  Oiseau  bon 
voilier  comme  un  Rapace,  devrait  disposer,  à  certains  moments  du  vol 
et  pour  l'atterrissage  en  particulier,  d'une  surface  caudale  de  5"'  pour  une 
surface  portante  de  20'"'.  Un  appareil  conçu  pour  voler  au-dessus  de  la  mer 
à  la  manière  des  Palmipèdes  à  grandes  ailes,  devrait,  par  contre,  être 
pourvu  d'une  surface  caudale  bien  moins  importante,  celle-ci  étant  de  2'"',  8 
au  maximum,  pour  une  surface  alaire  de  20™'. 

HISTOLOGIE.  —  Uecherches  hùlologiques  el  histochimiques  sur  l'atrophie 
pigmcntnire  du  foie.  Note  de  M.  F.  Ladreyt,  présentée  par  M.  L.  Joubin. 

Le  foie  de  Scylliuin  caluliis  Cuv.  qui  fait  l'objet  de  la  présente  Note  pré- 
sentait une  coloration  noir  bleuâtre  et  une  réduction  des  deux  tiers  de  son 
volume  normal.  L'examen  histologique  de  l'organe  révèle  un  ensemble  de 
lésions  dont  les  unes  sont  aspéci/iques  et  se  traduisent  par  la  plasmoiyse  des 
constituants  cellulaires;  les  autres  sont  spécifiques  et  sont  caractérisées  par 
la  transformation  pigmentaire  de  la  cellule  hépatique.  Ces  deux  ordres  de 
phénomènes  ont  une  résultante  commune,  la  formation  de  larges  plages  de 
nécrose  dans  lesquelles  les  éléments  plus  ou  moins  fusionnés  se  ramènent 
essentiellement  à  deux  types  :  la  cellule  vacuolisée  dont  l'évolution  est 
conditionnée  par  la  fonte  de  certaines  parties  du  territoire  cellulaire  et  la 
chute  du  noyau  dans  le  milieu  ambiant,  la  cellule  ocracéc  ou  noire  caracté- 
risée par  des  granulations  individualisées  ou  fusionnées  en  un  bloc  pigmen- 
taire plus  ou  moins  compact.  Au  milieu  de  ces  éléments,  sont  épars  des 
noyaux  pycnotiques  ou  vésiculaires  et  des  granulations  de  pigment  dont  la 
situation  extra-cellulaire  est  consécutive  à  la  destruction  des  formations  cù 
s  était  accomplie  leur  évolution. 

(')  A.  M.niXAX,  De  l'aclion  laurbilloniKiire  de  Veini  sur  le  an-ps.  et  la  <]iieue  des 
Oiseaux  plongeurs  {Comples  rendus,  t.  172,  1921,  p.  236). 


I24S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  pigmeiU  jaune,  successivement  traité  par  l'alcool  clilorhydrique  ou 
sulfurique  et  le  ferrocyanure  de  potassium,  présente  les  réactions  caracté- 
ristiques du  fer  :  c'est  une  hémosidérine  que,  seule,  sa  forte  liaison  avec  la 
matière  proléiquc  ne  me  permet  pas  d'identifier  avec  la  rubigine  de 
Lapicciue.  Le  pigment  noir  n'est  ni  un  pigment  biliaire,  ni  un  pigment 
ferrugineux  :  c'est  une  mélanine  très  comparable,  par  ses  réactions,  à 
riiémofuscine  de  Recklinghausen.  Tandis  que  l'iiémofuscine  se  différencie 
aux  dépens  des  dérivés  hémoglobiqucs,  la  mélanine  évolue  tantôt  à  partir 
du  pigment  ferrugineux,  tantôt  aux  dépens  des  acides  aminés  accumulés 
dans  la  cellule  du  foie  pathologique.  Nous  pouvons  donc  considérer  certains 
éléments  du  foie  atrophique  comme  des  formations  tout  à  fait  comparables 
au\  ainirio-acidopliores  dont  nous  devons  la  notion  récente  (et  nouvelle 
dans  l'histologie  du  pigment)  à  M.  Verne  (');  d'autre  part,  M.  Prenant  (■) 
a  signalé,  chez  les  Batraciens,  la  mélanisation  des  xanthophores  trans- 
formés en  cellules  grises  à  pigment  vraisemblablement  amino-acide. 

Je  n'ai  pas  tenté  d'isoler  l'oxydase  mélanisante;  il  m'a  semblé  que  celte 
recherche  serait  d'autant  plus  stérile  que  même  si  j'avais  pu  extraire  ce 
ferment,  il  m'aurait  été  bien  difficile  de  déterminer  si  son  activité  ne  relevait 
pas  d'autres  agents.  Du  reste,  pourquoi  ne  pas  conclure  plus  simplement 
que  la  mélanine  représente  le  dernier  terme  des  transformations  que 
l'oxygène  du  fer  hépatique  fait  subir  aux  acides  aminés?  Provisoirement 
on  pourrait  sciiématiser  cette  mélanisation  dans  la  formule  hypothétique 
suivante  : 

(  l'er  -h  o\ygène)  +  substance  albumineuse  (aiuino-acitles)  =  mélanine  qui  devien- 
diail,  ilans  le  cas  de  l'hémosidérine  : 

(  l'er  -h  oxygène)  -)-  substance  albumineuse  (dérivés  liémoglobiques)  r=  hémo- 
fuscine.  Feut-èlre  existe-t-il  entre  le  fer  et  les  amino-acides  ou  les  dérivés  liémoglo- 
biques certains  intermédiaires  qui  préparent  ou  déclanclient  la  réaction,  intermédiaires 
qui  formeraient  avec  le  fer  un  couple  catalytif|ue.  Dans  ce  cas,  le  ftr  représenlerail  la 
complémentaire  active  (substance  pigmentative  de  J'renanl),  l'intermédiaire  (acida- 
minase?  liémoglobinase?),  la  complémentaire  activante  (substance  pigmentante  de 
Prenant),  les  acides  aminés  et  les  dérivés  liémiiglobi([ues,  l'accepteur. 

Dans  le  foie  do  notre  Scylliiim,  ja  pigmcntogeiièsc  parait  reh'ver  de  deux 
processus  différents  :  la  topographie,  la  forme  et  l'évolution  des  milochon- 
dries  et  des  chromochondries  jaimes  semblent  m'autoriser  à  conclure  que 
l'hémosidérine  et  une  partie  de  la  mélanine  se  développent  aux  dépens 

(')  C.  R.  Soc.  liiol.,  1919,  et  7/icse,  Paris,  1921. 
(-)  C.  H.  Soc.  liio/.,  1920. 


SÉANCE    DU    17    MAI    I921.  I2/19 

d'iia  siibslraliuu  chondiiosoinKiiic;  une  partie  de  riiémofusciiic  provient, 
au  contraire,  de  la  mélanisation  des  acides  aminés.  T'ans  les  éléments  peu 
niélanisés,  en  elYet,  l'eau  dissout  une  quantité  relativement  considérable  du 
contenu  cellulaire;  le  phénomène  inverse  se  produit  dans  les  formations 
contenant  de  nondjreuses  granulations  noires.  Ces  faits,  suivis  sous  le  mi- 
croscope, sont  confirmés  par  l'examen  histochimique  de  certains  éléments 
(réactions  xantlioprotéique  et  de  Millon  positives,  réaction  du  biuret  néga- 
tive, etc.  )  et  la  formation  de  beaux  cristaux  d'acides  aminés  (lyrosine  et 
leucine  surtout)  après  évaporation  sur  lame  des  produits  d'hydrolyse  acide 
des  cellules  hépatiques. 

Conclusions .  —  A.  Lo  foie  atrophique  de  ScYlUnm  catuhts  Cuv.  présente  : 
1°  de  larges  plages  de  nécrose,  dont  l'évolution  relève  de  la  plasmolyse  ou 
de  l'homogénéisation  des  constituants  cellulaires;  2°  des  cellules  pigmen- 
tées jaunes  (hémosidérine)  ou  noires  (hémofuscine).  —  B.  Tantôt  la  mélanine 
peut  être  considérée  comme  l'état  définitif  du  pigment  ferrugineux  et  recon- 
naît, comme  son  générateur,  une  origine  mitochondriale  ;  tantôt  elle  se 
différencie  aux  dépens  des  acides  aminés  de  certaines  cellules  hépatiques 
(amino-acidophores  de  Verne).  Dans  aucun  cas,  mes  observations  ne  m'ont 
permis  d'envisager  la  participation  directe  des  éléments  nucléaires  à  la  for- 
mation de  l'hémosidérine  ou  de  l'hémofuscine. 


BIOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  toxicité  du  milieu  intérieur  des  Ruiracicns 
Urodcles  vis-à-vis  de  leurs  œufs.  Note  de  M.  A.  Weber,  piésentée  par 
M.  Henneguy. 

.l'ai  déjà  exposé  comment  les  œufs  de  Triton  alpestris,  greffés  dans  la 
cavité  péritonéale  d'adultes  de  même  espèce,  sont  tués  rapidement,  s'ils 
sont  inoculés  à  des  mâles,  un  peu  moins  vite  chez  les  femelles  [' ).  J'ai 
repris  ces  expériences  et  je  suis  arrivé  à  préciser  certains  points. 

L'œuf  de  Triton  se  détache  de  l'ovaire  et,  après  avoir  passé  dans  la  cavité 
péritonéale,  s'engage  dans  l'oviducte  où  il  est  fécondé  et  où  il  s'entoure 
d'un  liquide  transparent  et  d'une  coque  élastique  et  résistante.  L'œuf  ne 
se  segmente  jamais  avant  la  ponte;  il  ne  commence  à  se  développer  que 
quelques  heures  après. 

(')  A.  Weber,  Gre/fes  d'œu/s  de  Batraciens  Urodèles  dans  la  cai-ité  péritonéale 
d'adultes  de  la  même  espèce  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  t.  83,  1920). 
C.  R.,  1931,  i"  Semestre.  (T.  172,  N»  20.)  9^ 


I2Jo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.le  n'ai  pas  encore  pu  déterminer  à  quel  moment  appaiail  la  sensibilité 
de  l'œuf  vis-à-vis  du  milieu  interne  de  l'adulte.  Il  est  probable  que  celte 
sensibilité  à  l'égard  d'une  substance  tovique,  qui  existe  même  cbez  la 
mère,  n'apparaît  qu'après  la  fécondation. 

Dans  une  Note  qui  paraîtra  dans  les  Comptes  rendus  de  l' Association  des 
analomisles  de  1921,  j'ai  cherché  à  préciser  le  temps  nécessaire  pour 
amener  la  mort  de  l'œuf  de  Triton  cristatus  greffé  sur  adulte.  Ce  temps  est 
d'environ  5  minutes  chez  le  mâle,  voisin  de  10  minutes  chez  la  femelie.^l.a 
survie  de  l'd-uf  est  plus  longue  dans  le  péritoine  du  père  ou  de  la  mère  ou 
chez  les  Tritons  à  qui  la  rate  a  été  extirpée. 

J'ai  observé  également  un  phénomène  curieux,  l^n  greffant  successi- 
vement des  œufs  sur  le  même  adulte,  Triton  a/pestris  ou  Triton  cristatus,  la 
toxicité  vis-  à-vis  de  l'œuf  disparai  t  et  ne  réapparai  t  même  pas  après  24  heures. 
Il  semble  que  les  œufs  introduits  dans  la  cavité  péritonéale,  puis  retirés, 
aient  progressivement  absorbé  la  substance  toxique  du  milieu  intérieur  de 
l'adulte. 

■l'ai  repris  ces  différentes  expériences  sur  Triton  cristatus  et  Triton  alpes- 
tris  et  j'ai  constaté  que  le  pouvoir  toxique  de  l'adulte  pour  l'œuf  diminue 
très  rapidement  avec  la  vie  en  captivité.  Ainsi  un  mâle  de  Triton  cristatus, 
qui  a  séjourné  plusieurs  mois  eu  aquarium,  ne  tue  plus  Foinf  greffe  dans  son 
péritoine  au  bout  d'une  heure,  alors  que  nouvellement  capturé  il  le  lue  en 
5  minutes.  J'ai  fait  des  constatations  identiques  chez  Triton  a/pestris.  La 
toxicité  de  l'animal  élevé  en  aquarium  diminue;  elle  ne  se  manifeste  plus 
que  par  un  retard  apporté  au  développement. 

Ainsi,  des  o'ufs  fécondés,  non  segmenlés,  de  Triton  alpestris  sont  greHés 
successivement  dans  la  cavité  péritonéale  de  leur  adulte,  mâle  ou  femelle, 
et  retirés  chacun  après  un  séjour  d'une  heure.  Les  trois  premiers  œufs  ino- 
culés ont  un  retard  de  développement  considéiable.  tandis  (pie  les  autres 
évoluent  normalement. 

Alors  que  le  premier  de  ces  o^ufs  se  trouve  au  stade  de  quatre  blasto- 
mèrcs,  incomplètement  séparés,  le  cinquième  montre  déjà  seize  cellules  de 
segmentation.  Le  développement  se  continue  normal  pour  tous  ces  œufs. 
Les  larves  s'édifient;  lorsque  celles  provenant  des  premiers  œufs  montrent 
encore  une  plaque  médullaire  étalée,  les  dernières  ont  une  gouttière  ner- 
veuse en  voie  de  fermeture.  (  )n  constate  une  assez  grande  fragilité  des 
larves  à  développement  ralenti,  quchpios-uncs  meurent  duiaiit  les  premiers 
stades  de  leur  édification. 


SÉANCIÎ    DU    17    MAI    1921.  I25l 

La  suhslaiice  toxique  du  uiilieu  iutérieur  des  Triions,  capable  de  luer 
lapidemenl  les  (luifs  de  leur  espèce,  s'atténue  donc  par  la  vie  en  captivité. 
EWe  possède  alors  une  action  retardatrice  sur  le  développement,  mais  non 
téralogène. 

J'ai  répété  les  mêmes  expériencrs  et  obtenu  les  mêmes  résultats  en  opé- 
lant  in  ritro  avec  du  sang  do  Triton  prélevé  au  moyen  d'une  pipette  dans 
le  ventricule  cardiaque.  En  plongeant  successivement  plusieurs  œufs  dans 
le  plasma  centrifugé,  j'ai  constaté  que  la  substance  toxique  ou  retardatrice 
du  dév(>loppement,  lorsqu'elle  est  atténuée,  existe  dans  le  sang.  Des 
passages  successifs  d'onifs  peuvent  l'absorber  totalement;  les  premiers 
œufs  sont  tués  ou  retardés  dans  leur  évolution,  les  derniers  se  développent 
normalement.  Le  sang  des  Tritons  femelles  "agit  toujours  avec  moins 
d'intensité  et  de  rapidité  que  celui  des  mâles. 

Supposant  que  c'est  cette  substance  toxique  qui  empêche  les  œufs  de  se 
segmenter  dans  l'oviducte  avant  la  ponte,  j'ai  procédé  à  des  greffes  d'œufs 
de  Tritons  dans  la  cavité  périlonéale  d'un  Batracien  Urodèle  ovo-vivipare, 
Spelcroes  fascus ;  ces  animaux  étaient  du  leste  en  captivité  depuis  plusieurs 
mois.  La  toxicité  du  milieu  intérieur  de  Sprlerpcs  pour  les  œufs  de  Tritons 
est  assez  considérable,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  mâles;  les  œufs  sont 
tués  chez  ces  derniers  en  moins  d'une  demi-heure;  chez  les  femelles  l'œuf 
n'est  tué  qu'après  une  heure  de  séjour. 

En  greffant  des  œufs  de  Triton  successivement  sur  des  Spelcrpes  adultes 
mâles  ou  femelles,  je  suis  arrivé  facilement  à  amener  la  disparition  de  cette 
toxicité. 

A  c.e  point  de  vue,  les  Spelcrpes  se  comportent  absolument  comme  des 
Tritons. 

Il  est  bien  probable  que  leur  toxicité  vis-à-vis  des  œufs  de  ces  derniers 
provient  d'une  substance  comparable  et  non  pas  simplement  du  fait  de 
l'introduction  d'un  œuf  dans  un  milieu  intérieur  différent  de  celui  de  son 
espèce. 

Ou  bien  la  substance  en  question  est  inoffensive  pour  les  œufs  de  Spe- 
lcrpes, ou  bien  elle  est  arrêtée  par  la  paroi  de  l'oviducte  dans  lequel  se 
poursuit  le  dévelo[)pement. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Recherches  sur  In  présence  dans  les  Météorites,  h-s 
Pierres  dures,  les  Minerais,  le  Quartz,  le  Granité,  le  liasalte,  les  Cendres  et  les 
laves  rolcani(jues,  d'ori^anites  susceptibles  de  reviviscence  et  sur  leur  résis- 
tance aux  hautes  températures .  Note  de  M.  V.  GalippecI  M'""" G .  Soufflaivu, 
présentée  par  M.  Henneguy. 

Avant  d'aborder  la  question  des  Météorites,  nous  devons  revenir  sur  nos 
recherches  sur  les  fossiles.  Bien  qu'ayant  répondu  par  avance  aux  objec- 
tions relatives  à  l'introduction  possible  dans  les  fossiles  de  microrganismes 
venant  de  l'extérieur,  nous  avons  eu  recours  à  des  expériences  démonstra- 
tives en  portant  des  fossiles  à  une  température  variant  entre  200°et34o°C. 
Il  est  évident  qu'aucun  microrganisme  vivant  ne  saurait  résister  à  de 
pareilles  températures  et  cependant  les  résultats  obtenus  ont  été  les  mêmes. 
Ces  organismes  ont  pourtant  vécu,  édifié  des  tissus,  des  organes  et  assuré 
leur  fonctionnement.  Au  cours  de  la  fossilisation,  ils  ont  subi  une  sorte  de 
rétrogradation,  identique  à  celle  des  tissus  au  milieu  desquels  ils  vivaient. 
Ils  ont  perdu  leur  eau  et  leur  matière  organique.  Celle-ci  a  été  remplacée 
par  des  éléments  minéraux.  Ils  ont  suivi  une  marche  inverse  dans  nos 
expériences  et  ont  récupéré  ce  qu'ils  avaient  perdu.  Leur  cycle  est  indéfini 
et  ils  seront  toujours  capables  de  donner  naissance  à  des  êtres  vivants. 

Météorites.  —  Nos  expériences  ont  porté  sur  21  spécimens  que  nous  devons  à 
raniabililé  ùe  M.  Stanislas  Meunier.  En  voici  Ténumération  :  M.  de  /Vetv-Co/icord 
d'h'risis/ieim,  de  Juvinas,  de  Chassigny,  de  lieusle  de  Tadjera,  de  Jelica:  Fer  del 
Inca,  Pierre  de  Kerillis,  de  Pultusk,  de  lowa,  de  huyiéné,  de  Rulham,  de  Sindré, 
de  Stanneru,  d'Ornans,  Teilletils,  1  riquerre  Parnalée,  Setier-Counly,  Fer  de 
liendayo. 

La  techni<|ue  suivie  a  été  la  même  que  celle  appli(|uée  aux  fossiles.  1. 'examen 
microscopi(|ue  direct  des  météorites  a  prouvé  qu'elles  renfermaient  sans  exception 
des  corpuscules  ovoïdes  doués  ou  non  de  mouvements.  Les  ensemencements  se  sont 
montrés  constamment  positifs.  Nous  avons  perlé  un  certain  nombre  de  ces  météorites 
à  une  température  variant  de  'Tioo"  à  335°  C.  Cette  élévation  de  température  n'a  eu 
aucune  influence  sur  les  résultats  obtenus.  Ces  expériences  démontrent  ((ue  les 
météorites,  quelle  que  soit  leur  composition,  renferment  des  organiles  susceptibles 
trôire  revivifiés  et  de  se  multiplier. 

Pierres  dures.  —  Nos  expériences  ont  porté  sur  les  spécimens  suivants  :  turquoise, 
opale,  agate,  onyjc,  marbre  rouge;  gris-veiné,  obsidienne,  pecfistein,  /hiorure 
de  calcium  (deux  spécimens).  Bon  nombre  de  ces  pierres  ont  été  soumises  ii  plu- 
sieui'S    séries    d'expéiiences.   La    leclinique    employée   a   été   la   même   cpie   pour  les 


I 


SÉANCE  DU  17  MAI  1921.  ia53 

méléoriles.  Nous  avons  jiorlé  un  certain  nombre  de  ces  pierres  à  des  Lempéralures 
variant  entre  33i"  et  335°  C.  Les  examens  miscroscopiques  directs  ont  montré  que 
toutes  ces  pierres  renfermaient  des  corpuscules  ovoïdes  doués  ou  non  de  mouvements. 
Tous  les  ensemencements  ont  donné  des  résultats  positifs.  Ces  expériences  sont 
absolument  comparables  aux  précédentes. 

Minerais.  —  Mos  expériences  ont  porté  sur  les  spécimens  suivants  :  pyrite  en 
rognons.,  p.  cristallisée,  minerai  de  fer  de  Soniorostro,  fer  oligiste  terreux  et  cris- 
tallisé, hématite,  stibine,  wolfram,  acerdèse,  tourmaline,  c/ialcosine,  galène, 
blende,  cuivre  natif.  Le  plus  grand  nombre  de  ces  minerais  a  été  porté  à  des  tem-' 
pératures  variant  entre  9.00°  et  34o°  G.  avant  d'être  mis  en  expérience.  Les  examens 
microscopiques  directs  ont  constamment  montré  la  présence  dans  ces  minerais  de 
corpuscules  ovoïdes  doués  ou  non  de  mouvements.  Les  ensemencements  ont  tous 
donné  des  résultats  positifs. 

Quartz.  —  A.  été  l'objet  de  nombreux  e3sais,'les  uns  par  la  méthode  antérieurement 
décrite,  les  autres  avec  du  quartz  porté  à  200°  C.  et  enlin  avec  du  quartz  fondu  à 
1800°  C.  et  porté  par  surcroît  à  la  température  de  3 10°  C,  avant  d'être  mis  en  expé- 
rience. Tous  ces  essais  nous  ont  donné  des  résultats  positifs.  Les  examens  microsco- 
piques directs  nous  ont  montré  que,  en  dépit  des  hautes  températures  employées,  la 
poudre  de  quartz  était  douée  d'une  vie  intense  et  renfermait  un  nombre  considérable 
de  corpuscules  ovoïdes  ou  arrondis  et  doués  de  mouvements  très  vifs. 

Granité  et  basalte.  —  Technique  habituelle  avec  résultats  positifs.  Puis  le  granité 
et  le  basalte  ont  été  portés  à  des  températures  variant  entre  aoo"  et  800°  C,  sans  que 
les  résultats  aient  été  modifiés.  Le  basalte  fondu  à  i3oo°  C,  d'après  le  procédé  du 
D''  Ribbe  (de  Mauriac)  et  porté  par  surcroît  à  335°  C,  avant  d'être  mis  en  expérience, 
a  donné  des  résultats  identiques.  Les  examens  microscopiques  directs  nous  ont  tou- 
jours montré  un  nombre  considérable  de  corpuscules  ovoïdes  doués  de  mouvements. 
La  poudre  de  basalte,  même  fondue,  renferme  plus  de  corpuscules  ovoïdes  doués  de 
mouvements  que  celle  de  granité. 

Cendres  et  laves  du  Mont-Pelé  (don  de  M.  le  professeur  Lacroix).  —  Nous  a\ons 
fait  un  très  grand  nombre  d'expériences  sur  ces  produits  volcaniques,  d'abord  avec 
nos  procédés  habituels,  puis  sur  ces  mêmes  produits  portés  à  une  température  variant 
entre  120"  et  323°  G.  Tous  nos  ensemencements  nous  ont  donné  des  résultats  positifs. 
L'examen  microscopique  des  cendres  nous  a  permis  de  voir  de  nombreux  corpuscules 
ovoïdes  doués  de  mouvements  très  vifs.  11  en  a  ét^  de  même  poui^  la  lave.  On  peut 
supposer  que  les  cendres  et  la  lave  du  Mont-Pelé  ont  subi  une  température  de  1800° 
à  2000°  C. 

On  admet  ojénéi'aleiiieiitqu<>  la  vie  s'est  d'aboi'd  développée  dans  les  eaux 
sous  la  forme  de  microrganisines,  ancêtres  de  tous  les  êtres  vivants.  Au  fur 
et  à  mesure  que  s'opérait  le  dépôt  des  sédiments,  ces  microrganismes  ont 
été  entraînés  avec  eux  et  y  sont  restés  inclus.  Sous  l'influence  de  pressions 
violentes,  les  sédiments  se  sont  solidifiés  et  ont  subi  une  fusion  partielle; 
d'autres  modifications  se  sont  produites  par  l'action  d'infiltrations  gazeuses 


1254  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OU  liquides:  les  roolies  ont  pris  Taspccl  cristallin  ou  se  sont  luélamorplii- 
sées.  Toutefois,  les  microrganismes  inclus  dans  ces  roches  n'ont  point  perdu 
de  leur  aptitude  à  la  reviviscence  et  ont  conservé  une  vie  latente.  Us  se  sont 
minéralisés,  perdant  leur  eau  et  leur  matière  organique.  C'est  ainsi  que  nous 
les  retrouvons  dans  nos  examens  directs  sous  forme  de  corpuscules  ovoïdes 
généralement  doués  de  iiiouvements,  alors  que  souvent  les  particules  miné- 
rales les  plus  fines  n'en  préscnleni  pas.  Nous  pensons  que  si  la  ihcoiie  de 
l'agitation  moléculaire  était  absolue,  elle  n'aurait  pas  montré  d'aussi  nom- 
breuses exceptions  dans  les  conditions  comparables  de  nos  examens  et  nous 
inclinons  à  considérer  ces  mouvements  comme  une  manifestation  de  la 
vie  des  organites.  Quand  il  s'agit  de  sphérules  d'origine  organique,  on 
peut,  à  volonté,  arrêter  leurs  mouvements  par  l'emploi  de  matières  tincto- 
riales. Quoi  qu'il  en  soit,  nous  retrouvons  ces  corpuscules  ovoïdes  dans  nos 
cultures  où  ils  se  multiplient  et  se  transforment.  L'emploi  comme  déminé- 
ralisateurs  de  réactifs  chimiques  favorise  leur  reviviscence  et  leur  évolution,, 
mais  leur  inicrvcntion  n'est  pas  indispensable  et  l'on  peut  concevoir  que.  si 
tous  les  êtres  existant  actuellement  à  la  surface  du  globe  venaient  à  dispa- 
railrc,  la  vie  pourrait  renaître  grâce  aux  organites  que  nous  avons  décr-its 
el  qu'elle  demeurerait  indestructible.  La  malièii-  n'est  pas  inerte,  elle  con- 
stitue, au  contraire,  un  réservoir  inépuisable  de  vie. 


l'AlUSlTOi.OGlE.  —  Sur  un  lrYi»inosnme  de  la  Chauve-soinis,  \  esperugo 
pipistrellus,  à  Jormes  critiuiliennes  intratissulaircs  et  crstigènes.  Hypothèse 
relative  à  rêtiologie  du  gott/v  endémique.  Note  de  MNL  Ei)or.4iiD  Cii.4ttox 
et  ItoBERT  CocRRiEii,  présentée  par  M.  Laveran. 

En  Basse-Alsace,  le  Vesperugo  pij)islre//u.<!  esl  assez  fréipiemment  parasité 
par  un  trypanosome  dont  l'év^ulution  rappelle  celle  jusqu'ici  unique  en  son 
genre  du  Schizotrypanurn  Cruz-i,  agent  de  la  trypanosomiase  humaine 
américaine  ou  maladie  de  (^hagas.  Nous  le  trouvons  chez  lo  pour  loo 
environ  des  pipistrelles. 

Sa  forme  sanguine  est  incapable  de  multiplication,  et  le  parasite  ne  j)ro- 
lifère  qu'à  l'état  de  formes  crithidicnncs  peu  mobiles,  sédentaiies  inlratis- 
sulaires.  (.les  crithidia  constituent  dans  les  organes  des  amas  sphéri(|ues, 
kystiques,  volumineux,  résullanl  de  la  miillipllcalion  sur  place  des  llagellés. 
Au  terme  de  cette  uailtiplication,  une  séi  ie  de  scissions  précipitées  des  cri- 


SKANCE  DU  17  MAI  1921.  1355 

lliidiii  [irodiiil  de  aoiubreiix  Irypanosoiiics  (jui  se  répandciil  dans  la  ciicu- 
lalioii  où  ils  ne  se  divisent  plus. 

Nous  avons  obtenu  la  culture  de  ce  trypanosome  sur  milieu  Novy-Neal- 
INicolle.  Elle  est  remarquable  et  se  distingue  des  cultures  de  Irypanosomes 
réalisées  jusqu  ici  par  l'abondance,  la  prédominance  des  formes  trypano- 
sonies  sur  les  critbidia  ([ui  sont  les  formes  culturales  normales.  La  puce  de 
la  pipistrelle  présente  une  infection  intestinale  à  crithidia  de  deux  types 
dont  l'un  correspond  à  celui  des  critbidia  intratissulaires  des  cbauves- 
souris.  Nos  expériences  en  cours  nous  fixeront  sur  le  rôle  de  cette  puce 
dans  la  propagation  du  parasite. 

Précisons  la  description  des  principaux  stades  de  son  évolution  cbez  la 
Pipistrelle  : 

1"  Formes  crithidiennes  en  amas  enl;ysl<is. —  Elles  sont  de  forme  aide  dimensions 
très  constantes.  Le  centrosome  anténiicléaire  est  toujours  bacilliforme.  La  membrane 
ondulante  est  très  courte,  mais  fonctionnelle.  Elle  imprime  aux  parasites  des  mouve- 
ments d'oscillation  sur  place,  faibles  mais  faciles  à  coostater  dans  les  amas  kystiques 
observés  à  l'étal  frais. 

2°  Siège  et  slruclure  des  (Unis  kysikjttcs.  —  Nous  les  trouvons  dans  les  organes 
suivants:  estomac  et  intestin  (muqueuse  et  sous-muqueuse),  vésicule  biliaire,  rein, 
\e3sie  urinaire,  rate,  ovaire,  utérus,  èpididyme,  toujours  et  exclusivement  dans  le 
tissu  conjonctif.  Sphériques  ou  ellipsoïdaux,  mesurant  jusqu'à  aoof-  de  diamètre,  ils 
sont  circonscrits  par  une  capsule  fibreuse  jamais  épaisse  et  souvent  très  mince.  Dans 
ces  kystes,  mélangés  aux  parasites,  se  voient  des  blocs  formés  par  un  ou  plusieurs 
noyaux  hypertrophiés  appartenant  à  des  cellules  dont  ie  protoplasme  a  complètement 
disparu.  Cette  constalalion  l'ait  présumer  mais  ne  suffit  pas  à  établir  que  le  parasite 
est  il  l'origine  intracellulaire. 

Des  cellules  circonscrites  par  l'infection   peuvent  être  nécrosées  sans  être  envahies. 

3°  Transformation  des  crithidia  en  trypanosonies  dans  les  hysles.  —  Les  Irypa- 
nosomes ne  se  rencontrent  que  dans  les  plus  gros  des  kystes.  Ils  sont  beaucoup  plus 
grêles  que  les  crithidia  et  bien  plus  tassés  les  uns  sur  les  autres  quoique  l'esjjace  dis- 
ponible soit  plus  grand.  D'où  nous  concluons  que  le  passage  de  la  forme  crithidia  à  la 
forme  trypanosome  s'accompagne  d'une  brusque  prolifération  des  ilagellés.  Le  cenlro- 
sonie,  de  bacilliforme,  est  devenu  ponctiforme. 

4°  Trypanosonies  du  sang  circulant.  —  Ils  sont  comme  le  Schisolrypaniim 
Cruzi  du  type  Lavisi,  mais  plus  petits.  Ils  ne  montrent  aucune  figure  de  division 
dans  le  sang. 

5"  Relations  de  l'infection  sanguine  avec  l'infection  lissulaire.  —  Cette  relation 
est  démontrée  par  les  constatations  suivantes  ;  Sui-  35  chauves-souris  dont  le  sang 
a  été  examiné  et  ensemencé,  3  seulement  ont  montré  des  trypanosonies  à  l'examen 
direct  et  les  ont  aussi  fournis  en  culture.  Chez  ces  35  chauves-souris,  les  kystes  lissu- 
laires  avaient  été  recherchés  dans  les  organes  après  la  saignée.  Seules  les  trois  pipis- 


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1256  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trelles  à  Irypanosomes  ont  présenté  des  kystes  à  crilliidia  et  à  livpanosonies.  l'Ius 
encore,  la  densilé  de  l'infection  sanguine  est  en  rapport  direct  avec  le  nombre  des 
kystes  dans  les  organes.  Des  trois  chauves-souris,  deux  n'avaient  que  de  rares  try- 
panosomes  et  de  très  rares  kystes,  la  troisième  beaucoup  de  trypanosomes  et  de  nom- 
breux kystes.  La  coexistence  de  crilliidia  et  de  trypanosomes  dans  certains  kystes 
est   une  autre  preuve  des  liens  génétiques  qui  unissent  les  deux  formes. 

L'existence  de  trypanosomes  cliez  les  chauves-souris  a  été  maintes  fois 
signalée.  Sept  auteurs  difTorents  en  ont  trouvé  chez  Vesprriigo  pipistrellu.s. 
Aucun  d'eux  ne  fait  allusion  au  cycle  évolutif  que  nous  décrivons  ici,  ni 
même  à  l'existence  de  formes  tissulaires. 

Charles  Nicolle  et  C.  Comte  (1909)  qui  à  Tunis  ont  obtenu  et  entretenu 
pendant  très  longtemps  des  cultures  du  Irypanosome  de  Vespertilio  Kulili 
n'ont  jamais  constaté  les  formes  trypanosomes  si  abondantes  dans  nos  cul- 
tures. Mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il  y  ait  là  de  raisons  suffisantes  pour 
affirmer  dès  maintenant  l'autonomie  spécifique  du  parasite  que  nous 
étudions. 

Une  autre  question  pour  l'instant  nous  préoccupe  davantage  :  le  trypa- 
nosome  de  la  Pipistrelle  est  un  Schizotrypanum,  le  seul  connu  après  celui 
de  la  maladie  de  Cliagas;  on  sait  que  les  signes  dominants  et  constants  de 
cette  infection  sont  les  signes  thyroïdiens  :  goitre,  myxti'dème. 

Certes  le  goitre  endémique  banal  n'est  pas  à  confondre  avec  la  maladie 
de  Chagas.  Mais,  entité  morbide  analogue,  ne  peut-il  êtie  attribué  à  une 
cause  analogue  "?  Son  étiologie  est  encore  des  plus  obscures. 

Ses  relations  avec  la  constitution  chimique  des  eaux,  avec  la  physiologie 
génitale  varient  avec  les  régions.  Et  loin  d'exclure  un  facteur  d'ordre  topo- 
graphique, elles  l'imposent  à  l'alteiilion.  Il  y  a  des  foyers  de  goitre  (la 
Basse-Alsace  en  est  un),  comme  il  y  a  des  foyers  de  paludisme  ou  de 
bouton  d'Orient.  Le  goitre  est  géographiquement  localisé  comme  ces 
maladies  dont  le  virus  est  en  relation  étroite  avec  la  faune,  qu'il  y  ait  son 
animal  réservoir,  ou  son  animal  vecteur,  ou  les  deux  à  la  fois. 

Il  nous  est  permis  de  nous  demander  si  les  chauves-souris,  tjui  hantent 
les  habitations  humaines  et  qui  peuvent  contribuer  à  entretenir  certains 
des  parasites  de  l'homme,  ne  joueraient  point  ce  rôle  de  léservoirde  virus 
du  goitre,  maladie  parasitaire,  schizotrypanose. 

Il  faudra  rechercher  d'ailleurs  si,  parmi  les  trypanosomes  dos  Mammi- 
fères et  spécialement  des  Insectivores,  il  ne  s'en  trouve  point  qui  pré- 
sentent les  formes  viscérales  caractéristi(|ues  des  Schizotrypanums,  et  qui 


SÉANCE    DU    17    MAI    192I.  1257 

ppuvenl  conliihuer  à  cnlrelenir  certains  des  parasites  de  l'iiomme,  aptères 
ou  ailés. 

La  fréquence  bien  connue  du  goitre  dans  les  régions  humides  et  mon- 
tagneuses du  globe  suggère  le  rôle  probable,  comme  vecteurs,  de  diptères 
à  larves  aquati([ues  :  culicides,  chironomides,  simulides,  tabanides. 


MICROBIOLOGIE.  —  Du  poa\'uir  a^g/uUnant  du  sulfate  de  thorium  sur 
les  spores  f/' Vspergillus  fumigatus  Fr.  Note  de  MM.  A.  Sartouy  et 
P.  Baillv,  présentée  par  M.  L.  Guignard. 

En  étudiant  les  variations  du  pouvoir  agglutinant  du  sérum  sanguin  en 
présence  des  sels  de  terres  rares,  nous  avons  été  amenés  à  rechercher 
l'action  directe  de  ces  sels  sur  des  éniulsions  parfaitement  homogènes  de 
spores  àWspergilhis  fumigatus  Fr. 

Nous  nous  sommes  servis  pour  nos  expériences  de  solutions  de  sulfate  de 
thorium  dans  l'eau  bidistillée  au  -^j  y^,  ~,  r^,  7^,  ^,  ^j-^,  j^,-,  ttstî 
et  Tiiw  I'  6st  important  d'utiliser  une  eau  très  pure  si  l'on  veut  éviter  en  les 
mélangeant  des  troubles  et  même  des  précipités  pouvant  gêner  les  réactions 
d'agglutination. 

Les  émulsions  des  spores  sont  obtenues  de  la  façon  suivante.  Une  culture 
àWspergillus  fumigatus  sur  pomme  de  terre  âgée  de  i5  à  20  jours  est  mise 
dans  un  matras  avec  5o""'  d'eau  bidistillée,  on  agite  vigoureusement  (au 
moyen  d'un  agitateur  mécanique)  pendant  i  heure  environ,  de  manière 
à  obtenir  un  mélange  aussi  parfait  que  possible.  Ce  résultat  atteint,  on  filtre 
sur  un  tampon  de  colon.  (  )n  obtient  un  liquide  trouble  contenant  les  spores 
en  suspension.  La  vérification  est  faite  par  l'examen  microscopique. 

Dans  une  série  de  luhes  à  liémolyse,  nous  déposons  successivement  i'"™'  des  solutions 
titrées  de  sulfate  de  thorium,  nous  ajoutons  ensuite  dans  chaque  tube  i'''"'  d'émulsion 
de  spores.  Four  chaque  série  d'expériences  figure  un  tube  témoin  qui  contient  1""' 
d'eau  bidistillée  et  1""'  d'émulsion.  Nous  possédons  alors  une  série  de  tubes  dont  les 
dilutions  sont  les  suivantes:  (i)  rsir»  (2)âTo>  (3)  rJôi  (4)  tôW>  (»)  jirôo>  (6)  ttooo. 
(7)  TT?oô>  (8)  jrôoo,  (9)  Tû-JoT)>  (10)  5oiirû-  Le  tout  est  placé  à  l'étuve  à  .^7°. 

Au  bout  de  i5  minutes,  nous  oliser\ons  dans  les  tubes  (4)  et  (5)  un  louche 
iilanchàtre  formé  par  de  petits  llocons  très  ténus;  les  tubes  (3)  et  (6)  présentent  aussi 


1258  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

celle  parlicularilé  mais  a\ec  moins  de  nellelé.  Après  3o  mimiles,  nous  conslalons 
que  dans  les  lulies  (4),  (5)  el  (6),  les  (locons  plus  denses  s'agglomèrenl  el  c|ue  le 
liquide  s'éclaircil.  Dans  le  tube  (3),  l'agglulinalion  est  moins  caraclérislique.  I'>nfin,au 
lioul  de  45  minules,  l'agglulinalion  esl  lolale  dans  les  lul)es  (4  ),  (5)  el  (6  1,  el  le  licpiide 
esl  alors  parfallement  limpide,  les  llocons  sonl  Noiumineux  el  Inniiienl  au  fond.  Dans 
le  tube  <  3)  l'agglulinalion  n'est  toujours  que  pa nielle  et  dans  les  tubes  (  1),  (a),  (7), 
(''*)>  (9)  ^^  ('o)  et  le  tube  témoin,  elle  esl  nulle.  Nous  conliniHuis  il'cxaminei'  de 
i5  minules  en  i;")  minutes  l'ensemlile  des  tubes  et  nous  conslatons,  au  licmi  de  1  lnMire 
i5  minules,  une  agglutination  totale  dans  le  tube  (3)  el  une  très  faillie  agglulinalion 
dans  les  tubes  (7  ),  (8),  (9),  (10)  qui  \  a  en  augnienlaiil  sans  jamais  de\  enir  lolale. 

A.près  2  heures  le  tube  (2)  présente  également  une  faible  agglutination  fjui 
malgré  le  temps  restera  partielle.  I-.e  lube  (i)  el  le  témoin  restent  identiques,  c'est-à- 
dire  ne  présentent  pas  de  phénomènes  d'agglutination  même  après  12  heures  d'étu\e 
à  37°. 

Les  flocons  siml  ensuite  examinés  au  microscope,  il>  sont  unii|uement  constitués  pai' 
des  spores  englobées  dans  un  fin  réliculum  formanl  ainsi  des  paqi  els  plus  ou  moini; 
\olumineu\.  Les  agglutinations  microscopiques  et  macroscopiques  sont  donc  des  plus 
nettes. 

En  résumé,  de  ces  expériences  nous  pouvons  conchiro  :  1"  que  l'agglu- 
lination  est  fort  nctle  du  -~  au  j^\  1°  qu'elle  est  maxiniuiu  el  rapide  au 
riTôV^'- ir;:?'  3°  qu'au  7^  et  aux  taux  supérieurs  à  n;^  elle  esl  très  faible; 
4"  qu'elle  esl  nulle  avec  des  soltilions  très  concentrées. 

T^es  expériences  efTecluées  dans  les  mêmes  conditions  avec  des  sels  de 
lanthane,  erbium,  yttrium,  néodjiie  et  praséodyne  ont  toujours  donné  des 
résultats  négatifs,  à  savoir  aucune  agglutination.  Jl  est  intéressant  de 
rappeler  et  do  rapprocher  ici  les  travaux  de  Frouin  el  Moussalli  qui  ont 
montré  que  le  pouvoir  bactéricide  el  agglutinant  du  thorium  était  plus  fort 
que  celui  des  autres  terres  rares  sur  le  bacille  pyocyanique  el  les  bacilles  de 
la  d\ssenterie. 


ANATOMIE  PATHOLOGIQUE.  —  Lésions  du  systciiie  iicivcux  dans  Ir  lypliii^ 
exiinthêmatique  et  leur  rapporl  avec  la  nèvrke  ascendante.  INole  de  MM.  (î. 
Marinesco  el  E.  Cracu'x,  présentée  par  M.  Roux. 

Dans  les  formes  graves  de  typhus  cxanthémaliqui'  les  lésions  sont  géné- 
ralisées à  tout  11'  système  nerveux  central  cl  périphérique,  aux  ganglions 
spinaux  et  à  ceux  des  nerfs  crâniens.  Il  existe  dans  tous  les  nerfs  i)ériplié- 
riques,  mixtes,  moteurs  ou  sensilifs,  un  processus  de  péri-endonévrite  se 


SÉANCE  DU  17  MAI  1921.  1269 

propageant  de  la  péripliéiic  vers  la  profondeur  où  il  pénètre  grâce  aux  alté- 
rations des  vaisseaux  entre  les  fibres  nerveuses.  Ces  lésions  consistent  dans 
la  multiplication  des  éléments  cellulaires  des  gaines  conjonctives  et  dans 
l'iniiltration  du  tissu  conjonctif  péri  et  interfasciculaire.  En  dehors  de  ces 
altérations  on  constate,  de  dislance  en  distance,  la  présence  do  nodules  qui 
alTectent  des  rapports  intimes  avec  le  trajet  des  vaisseaux.  Ces  nodules  sont 
de  forme  et  de  dimensions  variables.  Sur  des  coupes  longitudinales  ils 
sont  fusiformes  et  disséminés  dans  toute  l'épaisseur  du  nerf;  néanmoins  ils 
sont  un  peu  plus  nombreux  à  la  surface. 

Ils  sont  oonstilués  d'habitude  par  des  lymphocytes,  des  mononucléaires 
basophiles,  des  polynucléaires  et  des  cellules  provenant  de  la  gaine  des 
vaisseaux.  Excepltonnellement  nous  avons  trouvé  des  nodules  constitués 
exclusivement  par  de  grosses  cellules  vésiculeuses;  quelques  cellules  plas- 
matiques  et  polyblaslcs,  à  la  périphérie. 

Au  voisinage  des  nodules  il  peut  se  trouver  des  hémorragies  et  les  globules 
rouges  forment  des  traînées  qui  s'infiltrent  entre  les  fibres  nerveuses,  de 
sorte  que,  sur  des  coupes  transversales,  les  dernières  paraissent  plongées 
dans  une  suffusion  sanguine.  F^es  nodules  dissocient  et  écartent  les  fibres 
nerveuses,  mais  d'habitude  on  ne  voit  pas  des  fibres  dégénérées.  A  leur 
voisinage  les  cellules  de  la  gaine  de  Schwann  sont  gonflées,  leur  proto- 
plasme augmente  de  volume  et  sont  riches  en  granulations  pyroxinophiles. 
Ces  cellules  ne  jouent  qu'un  rôle  tout  à  fait  secondaire  dans  la  formation  des 
nodules.  Ceux-ci  sont  très  abondants  dans  les  nerfs  sensitifs  (brachial 
cutané)  et  l'on  peut  les  suivre  sur  tout  leur  parcours  jusqu'aux  ganglions 
spinaux  qui  offrent  des  réactions  inflammatoires  accusées,  que  l'on  peut  voir 
aussi  bien  à  la  surface  que  dans  l'intérieur  du  ganglion.  Il  existe  dans  les 
ganglions  une  infiltration  des  petits  vaisseaux  précapillaires,  consistant 
dans  la  présence  d'un  grand  nombre  de  cellules  plasmatiques  et  de  lympho- 
cytes, infiltration  surtout  accusée  entre  les  cellules  ni'rveuses,  de  sorte  qu'il 
se  forme  autour  de  ces  dernières  une  espèce  de  nodule  péricellulaire  qui 
comprime,  à  divers  degrés,  la  cellule  nerveuse. 

En  dehors  de  ces  nodules  péricellulaires  il  y  en  a  d'autres  qui  ressemblent 
aux  nodules  rabiques,  à  la  formation  desquels  les  cellules  satellites  prennent 
une  part  importante.  Des  ganglions  le  processus  vasculaire  s'étend  le  long 
des  racines  postérieures,  se  propage  jusqu'aux  méninges  et  dans  la  moelle 
épinière.  Le  nombre  des  mast-zellen  est  augmenté  dans  les  nerfs  périphé- 
riques, com  me  dans  les  ganglions.  Le  pi'ocessus  inflammatoire  des  méninges 


I26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

est  constitué  par  l'infiltration  diffuse  des  gaines  adventices  et  du  tissu 
propre  de  l'arachnoïde  et  de  la  pré-mère.  Dans  ces  dernières  on  aperçoit 
des  mononucléaires  basophiles,  des  lymphocytes,  quelques  polynucléaires 
et  des  macrophages.  Les  lésions  de  la  moelle  épinière  portent  sur  la  subs- 
tance grise  et  la  substance  blanche,  mais  elles  sont  plus  accusées  dans  la 
première.  C'est  surtout  dans  celle-ci  qu'on  voit  un  grand  nombre  de  nodules, 
très  abondants  dans  les  renflements  lombaire  et  cervical  ;  leur  structure 
varie,  dans  une  certaine  mesure,  suivant  leur  siège. 

Dans  la  substance  blanche  ils  sont  plutôt  lâches  et  constitués,  pour  la 
plupart  du  temps,  par  des  cellules  névrogliques,  presque  exclusivement  par 
des  astrocvtes,  tandis  que  dans  la  substance  grise,  où  ils  sont  compacts,  ils 
présentent  une  constitution  histologique  plus  complexe-.  A  leur  formation 
prennent  part  des  cellules  à  noyau  oblong,  recourbé,  souvent  en  division 
directe,  des  noyaux  ronds  et  plus  foncés,  quelques  cellules  plasmatiques  des 
polynucléaires  et  des  lymphocytes.  Il  n'y  a  qu'à  la  périphérie  des  nodules 
compacts  que  les  cellules  névrogliques  sont  hypertrophiées  ou  même  multi- 
pliées. Toujours  dans  la  substance  blanche  on  voit  des  rosettes  et  des  nids  de 
cellules  névrogliques,  autour  des  petits  vaisseaux.  L'infiltration  des  vais- 
seaux précapillaires  et  pour  la- plupart  des  veinules  s'accuse  à  mesure  qu'ils 
se  rapprochent  de  la  substance  grise.  Dans  le  bulbe  il  y  a  les  mêmes 
lésions,  mais  les  nodules  siègent  de  préférence  dans  les  olives. 

Les  lésions  du  cervelet,  en  dehors  de  la  méningite,  consistent  dans  la 
présence  des  nodules,  d'aspect  arborescent,  qui  ont  été  si  bien  décrits  par 
Spielmeyer.  Ils  sont  constitués  par  des  cellules  névrogliques,  en  bâtonnet 
ou  de  forme  triangulaire.  Les  nodules  sont  très  nombreux  dans  les  tuber- 
cules quadrijumeaux.  Ils  sont  plus  rares  dans  la  couche  optique  et  les 
corps  striés,  plus  nombreux  dans  l'écorce  cérébrale  du  lobe  frontal,  parié- 
tal et  temporal  et  fait  défaut  dans  l'occipital  où  cependant  il  y  a  une  ménin- 
gite assez  accusée. 

L'analyse  des  lésions  que  nous  venons  de  décrire  nous  autorise  d'admettre 
que  le  virus  du  typhus  exanthématique  véhiculé  par  la  voie  sanguine, 
comme  cela  a  été  démontré  par  Ch.  Xicolle,  se  propage  aussi  par  voie 
lymphatique,  ainsi  que  le  témoignent  les  altérations  de  névrite  ascendante, 
constituée  par  une  phase  de  névrite  intoislilielle,  phase  ganglionnaire,  mé- 
ningitique  et  médullaire. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1921,  1261 


MÉDECI.NE  EXPÉRIMENTALE.  —  Conservation  du  virus  aphteux  par  le  froid. 
Note  de  M.  Chaules  Lebaii.ly,  présenlée  par  M.  Roux. 

L'étude  expérimentale  de  la  fièvre  aphteuse  est  reprise  périodiquenient 
à  l'occasion  des  épizoolies,  mais  les  conditions  sont  alors  défavorables, 
puisqu'on  est  exposé  à  expérimenter  sur  des  animaux  qui  possèdent  pour 
une  raison  ou  une  autre  un  degré  souvent  gênant  de  résistance  (immunité 
provenant  d'une  atteinte  antérieure,  immunité  conférée  aux  jeunes  par  le 
lait  des  animaux  guéris). 

Il  y  aurait  grand  intérêt  à  possédiT  en  tous  temps  dans  les  laboratoires 
un  virus  actif  de  façon  à  expérimenter  dans  l'intervalle  des  épidémies  sur 
des  animaux  sans  passé  aphteux. 

lyOeffler,  Roux  et  Nocard  ont  conservé  à  la  glacière  la  sérosité  aphteuse, 
soit  pure,  soit  diluée  dans  l'eau  salée  physiologique.  Ils  ont  constaté  qu'elle 
y  gardait  son  activité  pendant  un  mois  (').  J'ai' répété  ces  expériences  et 
réussi  dans  les  mêmes  conditions  à  garder  le  virus  généralement  bien 
qu'inconstamment  actif  pendant  26  jours  au  voisinage  de  0°. 

Etant  donnés  les  résultats  avantageux  que  l'on  obtient  en  gardant  la 
pulpe  vaccinale  à  basse  température  —  iS^à  18°,  on  pouvait  espérer  allonger 
considérablement  de  même  la  durée  de  conservation  des  produits  aphteux. 
J'ai  tenté  cette  conservation  avec  un  appareil  fonctionnant  entre  —  4° 
et  —  8°;  800™' de  sang  d'un  bovin  en  pleine  période  fébrile  ont  été  recueillis 
aseptiquement  dans  un  llacon  renfermant  5o"""  d'une  solution  stérilisée  de 
citrate  de  soude  à  10  pour  100  dans  l'eau  distillée,  puis  répartis  en  petits 
llacons.  La  température  n'étant  pas  suffisamment  constante,  le  virus  s'est 
trouvé  soumis  à  des  alternatives  fâcheuses  de  gel  et  de  dégel. 

Au  bout  de  i5  jours  cependant  10™'  de  ce  sang  ont  conféré  en  ">  jours 
par  inoculation  sous-cutanée  à  deux  bovins  une  fièvre  aphteuse  typique  et 
intense. 

Le  même  virus  s'est  encore  montré  actif  au  bout  de  72  jours  à  la  dose  de 
10""'  en  inoculation  sous-cutanée.  L'animal  d'expérience,  un  ba:'uf  de 
18  mois,  a  contracté  le  septième  jour  une  fièvre  aphteuse  classique  avec 
symptômes  très  violents  :  aphtes  buccaux  énormes  et  multiples,  aphtes  des 
espaces  interdigités,  dyspnée,  température  atteignant  4o°,  8. 

(')  Cosco  et  Agiizzi  ont  plus  récemment  gardé  du  sang  aphteux  virulent  pendant 
plus  d'un  mois  au  froid. 


1262  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

11  n'est  pas  douteux  qu'à  l'aide  d'appareils  l'rigorifif[ues  lonclionnanl 
régulièrement  on  puisse  arriver  à  des  résultats  bien  supérieurs  et  mes  expé- 
riences sont  continuées  dans  ce  sens.  La  congélation,  emprisonnant  le 
microbe  inconnu  et  les  éléments  du  sang,  paralyse  les  réactions  humorales 
et  les  oxydations  qui  ont  pour  effet  d'atténuer,  puis  de  faire  disparaître  la 
virulence. 

Il  est  à  peine  nécessaire  de  l'aire  remarquer  l'importance  pratique  de  tels 
résultats.  Nous  avons  dit  plus  haut  combien  il  était  désirable  de  posséder  en 
permanence  au  laboratoire  un  virus  aphteux  actif.  Celle  condition  indis- 
pensable de  l'expérimentation  en  dehors  des  périodes  d'épidémi<'  nous  parait 
à  présent  réalisée. 

La  séance  est  levée  à  iG  heures. 


ERRATA. 

(Séance  du   il\  mars   1921.) 

Noie  de  M.  L.-E.  Dickson,  La  composition  des  polynômes  : 

Page  63;,  ligne  /),  au  lien  de  \,  .  ..,  Y„,  lire  X,,  ....  \„  ;  lignes  9,  21,  2G,  au  lieu 
de  (z),  lire  (2);  ligne  3i,  au  lieu  de  opérations,  /ire  hypothèses;  ligne  82,  au  lieu 
de  considérer,  lire  considérez. 

Page  639,  lignes  1  1  et  15,  au  lieu  de  q  dans  le  dénominaleur.  lire  9. 

(Séance  du   18  avril   1921.) 

Note  de  M.  A.  Dubois,  Sur  la  constitution  du  smalt  : 

Page  975,  ligne  4i  ""  ^'^"  '^^  l'impératrice  IMarie-l.oiiise.  lire  rimucinlrice  José- 
phine. 

(Séance  du  aï)  avril    1921.) 

Note  de  M.  Delépine,  Sur  les  racémiques  actifs  : 
Page  io5i,  ligne  3o,  intervertir  les  nombres  ±93»  et  ±63°, 8. 


SÉANCE    UV    17    MAI    1021.  126'^ 


ltllM.KTI\     ItlIlI.IOCKAPIlIQlTE. 


Ouvrages  reçus  dans  les  séances  de  mars   iq"".  i. 

Calciilo  de  las  Piobahilidades,  par  D.  Manuel  Velasco  de  Pando.  Madrid,  de  For- 
linel,  1920;  I  vol.  So'-'"'. 

Vector  Calculas,  bj'  Durgaprasanna  Biiattacharyya.  Calcutta,  Université,  1920; 
I  vol.  21'"'. 

A  new  graphical  Solution  of  llie  Probleni,  wliat  position  a  train  of  concentra- 
ted  loads  musl  hâve  in  order  to  cause  tlie  greatest  stress  in  any  given  part  of  a 
bridge  truss  of  girder,  by  Henry  T.  Eddy.  Extrait  des  Transactions  of  the  Ameri- 
can Society  of  civil  Engineers,  1920.  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

A  New  graphical  Method  of  conslrucling  the  Entropy  Température  Diagram 
of  a  gas  or  oil  engine  froni  ils  indicator  card,  by  Henry  T.  Eddy.  Extrait  des 
Transactions  of  the  American  Society  of  Mechanical  Engineers,  1899.  (Présenté 
par  M.  le  général  Sebert.) 

The  Electromagnelic  Theory  and  the  Velouty  of  Lighl,  by  Henry  T.  Eddy. 
Extrait  de  Physical  Review,  igoS.  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

The  Properlies  of  Superheated  Steam,  by  Henry  T.  Eddy.  Extrait  of  The  Min- 
nesota Engineer,  1909.  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

The  mechanical  Principles  of  Brennans  Mono-Rail  Car,  by  Henry  T.  Eddy. 
Extrait  from  the  Journal  of  the  Franklin  Inslilule,  1910.  (Présenté  par  M.  le 
général  Sebert.) 

Slab  Defleclion  and  subsidence  of  Colunin  supporto  in  a  floor  lest  of  interna- 
tional Hall,  Chicago,  made  seplember  igiS,  by  Henry  T.  Eddy.  Extrait  from  the 
Journal  of  the  Franklin  Institute,  19 16.  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

J he  Theory  of  tlie  Flexure  and  Strength  of  Rectangular  flat  plates  applied  to 
Reinforced  Concrète  Floor  Slabù  by  Henry  T.  Eddy.  Minneapolis,  Rogers  et  C°, 
1918;  I  vol.  28"=".  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

7 he  graphical  7 reatment  of  Allernating  Currents  in  branching  Circuits,  by 
Henry  T.  Eddy,  i9i4-  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

Steel  stresses  in  fiai  Slabs,  Henry  T.  Eddy.  Extrait  des  Transactions  of  the  Ame- 
rican Society  of  civil  Engineers,  i9i4'  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 

A  further  Discussion  of  the  Steel  stresses  in  Flat-Slab  Floors,  by  Henry  T.  Eddy. 
Extrait  des  Transactions  of  the  American  Society  of  civil  Engineers,  1914.  (Pré- 
senté par  M.  le  général  Sebert.) 

On  the  Distribution  of  the  Energy  stored  in  reinforced  concrète  Beams  and 
column-supported,  Flat-Slab  Floors,  by  Henry  T.  Eodv.  Extrait  from  the  Journal 
of  the  Franklin  Inslilule,  1918.  (Présenté  par  M.  le  général  Sebert.) 


1264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Aullagcndritckliii icii  und  Dcreii  Eigensclial'ien,  par  voii  II.  T.  Eddv.  Berlin,  von 
Ernst  et  Korn,  1890.  (Présenté  par  M.  le  général  Seberl.) 

Concrete-Steel  Construction.  Part  I  :  Buildings,  by  Hiixnv  T.  I'^ddy.  Allnneapolis, 
1919;   I  vol.  23='". 

La  théorie  de  la  relativité  restreinte  et  généralisée  (mise  à  la  portée  de  tout  le 
monde),  par  A.  Einsti:iî«,  traduil  par  M""  .1.  Piouvifciii:.  Paris,  Gaiilliier-N  illars,  1921; 
I  vol.  18™. 

L'élher  et  la  théorie  de  la  relativité,  pir  Albert  Einstein,  tia<luit  par  iMairice 
SoLOViNE.  Paris,  Gaulliier-Villars,  1921;  i  vol.  iZ"". 

Hôpital  de  l'Institut  de  France.  Chirurgie  de  guerre  et  d'après-guerre,  par 
AuciiSTE  Broca.  Paris,  Masson,  1921;  i  vol.  25"'°.  (Présenté  par  M.  (Juéiiu.) 

Vie  d'Élie  Melchnikoff  (i8'i^)-ig^6),  par  Olga  Metchnikoff.  Paris,  Hachette.  1920; 
I  vol.  21'^"'.  (Présenlé  par  M.  Roux.) 

Conseil  international  de  reclierclies.  l  :iion  géodésique  et  géophv>ique  internatio- 
nale. Section  d'océanographie  physique.  Bulletin  n°  1.  Venezia,  Carlo  Ferrari,  1921; 
1  fasc.  29"". 

Détermination  des  positions  géographiques  par  les  méthodes  des  hauteurs  égales. 
par  F.J.  DuARTE.  Paris,  J.  llermann,  1920;  i  vol.  25"'". 

\  .  S.  A.  Congress.  A  Bill  to  fuc  the  metric  System  of  weights  and  measures  as 
the  single  standard  for  weighls  and  measures,  by  Briptin.  ^N'asiiinglon,  1920; 
I  fasc.  26'^'°.  (Présenlé  par  M.  Guillaume.) 

Union  internationale  de  la  Cliimie  pure  et  appliquée.  Statuts  et  Règlement.  Paris, 
Secrétariat  général,  s.  à. 

The  spiral  Orbit  in  celestial  Mechanics,  by  .1.  G.  U.  Goedhart.  \e\v-Vork,  192  i; 
I  fasc.  22'^'". 

Typhus  Fever  ivith  particular  Référence  to  the  Serhian  Epidémie,  by  Hir.iiARi) 
P.  Strong,  George  C.  Shattuck,  A.  W.  Sellards,  Hans  Zinsser,  J.  Gardner  Hoi'k;ns. 
Cambridge  (Mass.),  1920;  i  vol.  26'=°'. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI   23   MAI    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geouges  LEiMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'AGA.DÉMrE. 

M.  le  Mi.visTRE  DE  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
amplialion  du  Décret  en  date  du  i4  mai  1921  portant  approbation  de 
l'élection  que  l'Académie  a  faite  de  M.  Georges  Urbaus  pour  occuper,  dans 
la  Section  de  Gliimie,  la  place  vacante  par  le  décès  de  M.  E.  Bouiquelot. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Georges  Urbain  prend  place 


pa 


rmi  ses  confrères. 


M.  le  Président  annonce  la  présence  à  la  séance  de  M.  Tkowbridge, 

professeur  de  physique  à  l'Université  de  Princeton. 

M.  Paul  Appell  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  qui  lui  a  été  adressée 
par  M.  Mittag-Leffler,  Correspondant  de  l'Académie: 

S.  M.  le  Roi  Gustave  garde  avec  joie  le  souvenir  du  jour  mémorable  où 
son  auguste  père,  le  Roi  Oscar  II,  parvenu  à  l'âge  de  soixante  ans,  le  21  jan- 
vier 1889,  eut  l'occasion  d'accorder  une  haute  distinction,  dans  un  concours 
institué  par  lui,  en  même  temps  au  grand  Français  Henri  Poincaré  et  à 
vous,  Monsieur  le  Recteur.  Aussi  Sa  Majesté  m'a  chargé  de  vous  adresser 
en  son  nom  une  demande. 

Lorsque  la  nouvelle  tragique  de  la  mort  de  Poincaré,  qui  était  alors  à 
l'apogée  de  sa  carrière,  parvint  dans  noire  pays,  il  fut  décidé  que  les  Actd 

C.  R.,  igîi,  I"  Semestre.  (T.  172,  N»  21.)  9^ 


I2G6  ACADÉMIE    DES    SCIEN'CES. 

malhematica  suédois,  qui  depuis  leur  fondation,  il  y  a  bienlùt  quarante  ans, 
sont  sous  le  patronage  du  Roi  et  qui  ont  été  inaugurés  par  la  publication 
d'un  des  émincnts  travaux  de  Poincaré  pour  ensuite  en  donner  une  série 
ininterroriipue  de  vingt-quatre  autres  dus  à  sa  plume,  consacreraient  un 
volume  spécial  à  l'étude  des  différentes  parties  de  l'o'uvre  du  grand  savant 
qui  a  posé  tant  de  fondemenls  dans  les  diverses  branches  des  sciences  mathé- 
matiques. Ce  volume,  qui  s'ouvre  par  un  compte  rendu  de  Poincaré  hii- 
même  sur  ses  propres  travaux,  vient  de  païaître,  et  Sa  Majesté  m'a  chargé 
de  vous  prier,  vous  l'intime  ami  de  jeunesse  et  en  tant  d'occasions  le  colla- 
borateur de  Poincaré,  de  le  présenter  en  Son  nom  à  l'Académie  des  Sciences 
qui,  pendant  vingt-cinq  ans,  a  pu  associer  le  nom  immortel  de  Poincaré  à 
ceux  de  tant  d'autres  que  la  science  compte  parmi  les  plus  grands. 


M.  Appeli.  s'exprime  ensuite  en  ces  termes  : 

Le  Tome  38  des  Acta  malhemalicd ,  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  des  Sciences,  est  entièrement  consacré  à  la  mémoire  de  notre 
confrère  IIr.vri  Poincaué. 

Le  volume  s'ouvre  par  un  compte  rendu  de  Poincaré  lui-même  sur  ses 
propres  travaux;  vient  ensuite  un  rapport  sur  la  théorie  des  groupes  et  sur 
les  travaux  de  M.  Cartan,  que  Poincaré  a  lu  au  Conseil  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  l'Université  de  Paris  la  veille  de  son  opération;  viennent 
ensuite  diverses  lettres  de  Poincaré  à  M.  Mittag-Leffler  et  à  L.  Fuchs, 
suivies  de  lettres  de  L.  Fuchs  à  Poincaré;  le  volume  contient  également  un 
bref  article  qui  m'a  été  demandé  par  M.  Miltag-Lefiler  sur  Henri  Poincaré 
en  mathématiques  spéciales  à  Nancy;  une  lettre  de  M.  Pierre  Boutroux  à 
M.  Mittag-Lcftler,  relative  à  la  méthode  de  travail  de  son  oncle.  Après  une 
importante  notice  de  notre  confrère  M.  .lacques  Hadamard  sur  l'œuvre 
mathématique  de  Poincaré,  vient  une  Note  de  M.  Wien  sur  l'œuvre  de 
Poincaré  en  physique,  une  Note  de  M.  Lorenz,  relative  à  deux  Mémoires  de 
Henri  Poincaré  sur  la  physique  malhématicjue,  un  article  de  M.  Zeipel  sur 
l'oeuvre  astronomique  de  Henri  Poincaré,  ime  Note  de  Planck  sur  Henri 
Poincaré  et  la  théorie  des  qucnita;  une  Note  de  notre  confrère  M.  Paul 
Painlevé.sur  Henri  Poincaré. 

Ce  Volume  était  à  peu  près  imprimé  il  y  a  cinq  ans,  mais  la  guerre  en  a 
retardé  la  publication.  Il  présente  un  très  grand  intérêt,  comme  hommage 
à  la  Science  franraise  elcomme  contribution  à  l'Histoire  des  mathématiques. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I921.  1267 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Acide  acrylique  et  ètliers  acryliques.  Acides  et  éllicrs 
lialogcnopropioniquest  Note  de  MM.  Charles  Moureu,  Makcci.  Mliiat 
et  Louis  Tampiek. 

Si  l'acide  acrylique  CH-  =  CH  —  CO-H,  le  plus  simple  des  acides  non 
satinés,  n'a  jusqu'ici  lait  l'objet  que  d'un  nombre  relativement  restreint  de 
Lccherches,  la  raison  en  est,  sans  nul  doute,  dans  les  diUîcultés  que  présen- 
tait sa  préparation.  DifTérents  procédés  ont  été  donnés  (Redtenbacher, 
Claus,  Caspary  et  Tollens,  Wisliceniis,  Moureu,  Biilmann,  etc.).  Celui 
que  l'un  de  nous  a  indiqué  ('),  consistant  à  soustraire  les  éléments  de 
l'acide  chlorhydrique  à  l'acide  [i-cbloropropioniqueCH-Cl  —  CH"  —  CO-II, 
qu'on  obtenait  par  l'oxydation  nitrique  du  «  chlorhydrate  d'acroléine  » 
(CH-Cl  —  CH-  —  CHO)",  rencontrait  un  gros  obstacle  dans  la  prépara- 
tion de  la  matière  première,  l'acroléine  CH- =  CH  -CHO,  longue  et 
pénible  à  obtenir  et  d'une  grande  instabilité.  Une  telle  difficulté  n'existe 
plus  maintenant.  Grâce  à  la  découverte  récente  de  procédés  de  l'abrication 
industrielle  et  de  stabilisation  de  l'acroléine  (-),  on  peut  se  procurer  aisé- 
ment, aujourd'hui,  des  quantités  quelconques  de  cet  aldéhyde  à  l'état  pur, 
et  nous  nous  bornerons  à  indiquer  qu'au  cours  des  expériences  qui  lont 
l'objet  de  la  présente  Note  on  en  a  traité  plusieurs  kilogrammes. 

Nous  avons  réussi  à  améliorer  notablement  la  susdite  méthode  de  prépa- 
ration de  l'acide  acrylique,  et  il  nous  a  été  alors  possible  d'exécuter  sur 
l'acide  acrylique  une  série  de  recherches,  les  unes  d'ordre  physico-chimique 
et  les  autres  d'ordre  purement  chimique,  dont  nous  résumerons  ici  les 
points  principaux. 

I.  Préparation  de  l'acide  acrylique.  —  Le  «  chlorhydrate  d'acroléine  », 
obtenu  en  saturant  de  gaz  chlorhydrique  sec  l'acroléine  refroidie  à  —  i5°, 
est  oxydé  par  2,3  parties  d'acide  nitrique  de  densité  i,49  à  i5°.  L'attaque 
étant  très  vive,  on  opère  sur  de  petites  quantités;  on  refroidit  au  début, 
pour  terminer  sur  le  bain-marie.  Après  refroidissement,  on  étend  d'eau  et 
l'on  épuise  à  l'éther;  la  liqueur  éthérée  ayant  été  séchée  sur  le  chlorure  de 
calcium  et  l'éther  chassé  par  distillation,  on  distille  le  résidu  dans  le  vide. 
La  fraction  qui  passe  à  iio°-i3o"  sous  20"""  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en 

{')  Cil.  MoLREU,  Ann.  de  Chini.  el  de  Phys.^  ■j'^  série,  t.  i,  189^,  p.  191. 
(-)  Ch.  Moureu  et  K.  LiiPiPE,  Comptes  rendus,  t.  169,  1919,  p.  885.  —  (ai.  Moiniîi. 
Cii.  Dlfr.4!SSe,  l^.  Robin  et  J.  t'ouGNEi,  Coinpies  rendus,  t.  170,   1920,  p.  '26. 


1268  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  niasse  de  cristaux  fondant  à  ^o''-^^",  constitués  par  de  l'acide  f:J-cliloro- 
propionique  pratiquement  pur. 

Ce  dernier  est  chauffé  à  reflux,  pendant  un  qnart  d'heure,  avec  2'""' 
de  soude  caustique  en  solution  aqueuse  (au  ^  environ),  on  ajoute  0™°',  G 
d'acide  sulfurique,  on  épuise  la  liqueur  à  Télher  (bien  exempt  d'alcool), 
et  la  liqueur  éthérée,  après  lavage  et  dessiccation  sur  le  chlorure  de  cal- 
cium, est  distillée.  On  sépare  d'abord  l'étber  (à  la  colonne),  et  le  résidu 
est  distillé  dans  le  vide.  (  )n  recueille,  passant  à  'i7*'-52°  sous  i^""",  l'acide 
acrylique  pratiquement  pur. 

Le  rendement,  à  partir  de  l'acide  ^-chloropropionique,  est  de  80  pour  100. 
Calculé  à  partir  de  l'acroléine,  il  est  de  !^o  pour  100.  Il  nous  parait  encore 
susceptible  d'amélioration. 

II.  Caractères  et  cimstatiti's  physiques  de  l'acide  acrylique.  —  L'acide 
obtenu  ci-dessus  est  d'emblée  sensiblement  pur.  Kedistillé,  il  passe  à  48°. 5 
sous  i5°"°.  Déterminé  sur  un  échantillon  résultant  d'une  série  de  congéla- 
tions Iraelionuées,  le  point  de  fusion  était  de  12°, 3  et  le  point  d'ébullition 
de  \[\i°.(S  sous  752™™.  On  a  trouvé,  en  outre  :  D!r=  1,0600  (liquide  en 
surfusion);  D'4?'=  i,o5i  i  ;  ÎNf"  =  i,  'l-24i  d'où  R.M.  =  17,42 (cale.  17,22). 

^ous  donnerons  encore  ici  les  constantes  suivantes  [mesures  récentes  (') 
de  Moureu  et  Boutaric]  :  chaleur  moléculaire  de  neutralisation  (par  la 
soude  en  liqueur  étendue)  :  i3'^'^',85;  chaleur  moléculaire  de  combustion  : 
327''-'', 9;  conductivité  moléculaire  limite  (à  18")  :  35o  mhos:  constante  de 
dissociation  (à  18°)  :  K  =  5,6. io~". 

III.  Action  des  acides  /lalo/ndriqties  sur  l'acide  acrylique.  —  Linne- 
mann  a  signalé  que  les  acides  halohydriques  s'unissent  à  chaud  (les  autres 
conditions  ne  sont  pas  spécifiées)  avec  l'acide  acrylique  en  donnant  les 
acides  [i-halogénopropioniques.  et  Wislicenus,  en  chauffant  à  130°  l'acide 
acrylique  avec  la  solution  saturée  d'acide  iodhydrique,  a  obtenu  l'acide 
p-iodopropionique  CH-I  —  CH-  —  CO'H. 

Nous  avons  reconnu  que  les  gaz  HCl,  HBr  et  III  attaquaient  à  Iroid 
l'acide  acrylique  en  donnant,  avec  rendement  inlégial,  les  acides  p-halo- 
génés.  La  réaction  est  très  énergique  avec  le  gaz  iodhydrique  :  à  partir 
de  /i^»4  d'acide  acrylique,  on  a  obtenu  ii«,8  d'acide  iodé  (cale.  i2«). 

IV.  Elhers  de  Vacide  acrylique  et  des  acides  '^-halogénopropioniques.  — 
L'clhérilication  directe  de  l'acide  acrylique,  avant  nos  recherches,  n'avait 
pas,  à  notre  connaissance,  été  réalisée.  Quelques  élhers  avaient  été  obtenus 

(')./.  de  Chiin.  phys.,  I.  18,   ty.îO,  p.  3^8. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I921.  1269 

par  voie  détournée,  nolaiiiment  en  traitant  par  le  zinc  les  éllicrs  dibron)o- 
propioniques  CH-Br  —  CHBr  —  CO-R  (Gaspary  ^n  ToUens).  Nous  avons 
réussi,  sans  difficulté  spéciale,  à  préparer  quelques  étlicrs  acryliques  en 
cliaullant  l'acide  avec  l'alcool  correspondant  en  présence  d'acide  sulfurique 
(10  pour  100). 

En  second  lieu,  étant  donnée  la  facilité  générale  avec  laquelle  les  dérivés 
3-lialogénopropioniqaes  perdent  les  éléments  des  acides  halohydriques  sous 
l'aclioii  des  alcalis,  nous  avons  pensé  qu'on  pourrait  obtenir  les  éthers 
acryliques  en  traitant  les  éthers  [3-lialoi;éno])ropioniques  par  une  hase 
tertiaire,  comme  la  diéthylaniline,  qui  soustrairait  les  éléments  de  l'acide 
halohvdrique  en  respectant  la  fonction  éther-sel.  ?Sos  prévisions  ont  été 
confirmées  par  l'expérience  :  l'élimination  s'effectue  à  chaud  d'après  l'équa- 
tion suivante  : 

CII^X— CtP-C02R+C'lIt>i(C-ll  )-    =    CH^=:CH-CO^R  +  C"H'\(CMl)^HX. 

Réciproquement,  nous  avons  pu  fixer  aisément  les  acides  halohydriques 

sur  les  éthers  acrvliques  et  former  ainsi  les  mêmes  éthers  haloi;énopropio- 

niqucs  : 

CIl^^CM— C0M^»  +  11.V    =     CH-\-ClI^— CO-R. 

Voici  quelques-uns  des  corps  obtenus.  Plusieurs  n'avaient  pas  encore  été 
préparés.  Nos  constantes  s'écartent  souvent  de  celles  qui  ont  été  données 
par  les  différents  auteurs. 

Acrylate  de  mclliyle  CFP==  Cil  —  CO-Cll'  :  Mb.  8o»,5  sous  761""";  Dîf  z=  0,9.558; 
N{r=  1,4^7.  —  p-chloropropionate  de  mélhyle  CIPCI  —  CH^  —  CO^CIP  :  Eb.  i/iS"- 
1.50°  sous  760™";  [)jr=  1,1874;  N{r=  1,4319.  —  '•j-bromopropionale  de  métliyle 
CIPBr— CIP— CO^'CII':  Eb.  80°  sous  27'""';  1)1"=  i,48So;  Ni;'=  i  ,46o3. 

Acrylate  d'élhyle  Cir^=  CH  —  CO^C'-H^  :  Eb.  99°. 8  sous  761""";  01?'=  0,9288; 
Nir=  i  ,liO-]i.  — '^-chloropropionale  d'élhy le  CRiCi—Oi^—CÂy Cn\'  :  Eb.  i62»,5 
sous  761™";  Dlf  =  1,1141;  N{)'°=:'i  ,4284.  —  P-iodopropionate  d^éthyle  CH-I  —  CFP 

—  GO- G-  H°  :  Eb.  n6°-i  17°  sous  45™";  Dl'' =;  i  ,7040. 

Acrylate  de  butyleCW'—Cn  —  CO-CH^—  GH^—  GH^—  CH'  :  Eb.  og°  sous  25'""'; 
Djr^  0,9117;    No°^  1,4254.    —    p-broniopropioiiate    de    butyle    GH-Br — GH- 

—  GO^G'-H'-'  :  Eb.  i22°,5  sous  iS'"'";  \f:—  1,2778;  N?;=  1,4577. 

Acrylate  d'isoamyle  (Z\\'=^C\\  —  CO-C/'H"  :  Eb.  7i°-72°sous  22™"';  Dir^o,907o; 
N],-^  1 ,4287.  —  <^-bromopropion(ite  d'isoainyle  Cll-I-!r  —  CH- —  CO-C'H"  :  Eb.  1  to°- 
iii"  sous  11"'"';  D'.=  1,2020;  NJ,  =1  i,455G. 

Acrylate  de  benzyle  CH' =  CH  —  GO-CM- —  C" H'  :  Eb.  iio''-iii°  sous  8'^™; 
0'!=:  1 ,0690;  iN'o  =  1 ,0282. 

Ic/-j7a/erfe/He/t//ij/eCH-=:CH  — CO-C'H'''  :  Eb.  128»  sous  t8'"'";  D!.r  =  0,9810; 

Nir=  1,4024. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ÉLECTROTECHNIQUR.   —    Gènériililés  de  hi  rcpréxcntation  topoi^rapliiqur  cirs 
couples  (les  mnlears  a  courants  alternatifs.  JNole  de  M.  Andrk  IJloxdel. 

J'ai  exposé  antérieurement  à  l'occasion  des  moteurs  synchrones  ( ')  un 
mode  de  représentation  de  la  valeur  du  couple  des  moteurs  fondée  sur  le 
tracé  de  courbes  de  couples  constants,  dont  l'ensemble  peut  être  considéré 
comme  représentant  une  surface  topographique;  pour  simplifier,  j'appellerai 
une  épure  de  ce  genre  un  tnpoi^ranmie  des  couples.  J'ai  montré  également 
que  le  même  mode  de  représentation  s'applique  à  la  rcprésenlalion  des 
puissances  transmises  par  des  lignes  électriques. 

Plus  généralement,  on  peut  appliquer  à  tous  les  moteurs  à  courants 
alternatifs  la  même  représentation,  grâce  aux  deux  théorèmes  suivanls  : 

Théorème  I.  —  Quel  que  soit  le  type  de  moteur  polypiiasé  alimenté  à 
potentiel  constant,  la  résultante  du  courant  vectoriel  du  stator  1,  et  du 
courant  vectoriel  du  rotor  l^  multiplié  par  un  facteur  vectoriel  constant  est 
constante.  (On  distinguera  ici  les  vecteurs  par  un  trait  horizontal.) 

Désignons,  en  effet,  par  R,  la  résistance  du  stator,  par  !>,  son  coefficient 
de  self-induction,  par  Z,  —  R,  -+-j^s>\^^  son  impédance  vectorielle,  par  M  le 
coefficient  d'induction  mutuelle  entre  le  stator  et  le  rotor  (coefficient  vec- 
toriel dans  les  moteurs  polyphasés  M  =  M  |a)  et  par  U,  la  tension  appli- 
quée auv  bornes  du  stator;  tous  les  moteurs  donnent  lieu  à  une  même  équa- 
tion vectorielle  des  forces  électromotriccs. 

(!)  Z,r,+,/Âïr,=  U, 

qui,  divisée  par  Z,,  devient  une  équation  vectorielle  des  courants 

z,  z, 

Le  second  membre  de  (2)  représente  le  courant  vectoriel  constant  1, 
qu'on  obtiendrait  en  supprimant  le  rotor.  Le  premier  membre  se  compose 
de  deux  vecteurs  :   le  vecteur  I,   et  le  vecteur  \.,  multiplié  par  le  simple 

coefficient  vectoriel    _!'"   •  Cela  démontre  la  propriété  énoncée. 

Portons   î,    suivant   une   droite   dirigée   OA    partant   «le   l'origine  (*), 

(')  Ac?  n(o/('H/-.v  .«v/jc/i/o/fM  (Gaulliier-\  illai's,  l'ari-;  1889). 

C)  Le  lecteur  peiil  faire  iiisémenl  la  ligure  lui-mênu-,  en  suixant  le  lf\le. 


SÉAXCE  DU  2  3  MAI  I921.  I271 

et     -1'     L  suivant  un  autre  segment  dirigé  AS.  La  lésullante  (  )S  repré- 

sente  I,  vecteur  constant.  Les  points  ()  et  S  étant  fixes,  on  a  ainsi  un 

diagramme  bipolaire  permettant,  pour  chaque  point  A,  de  déterminer   F, 

en  fonction  de  L,   ou  réciproquement.    Par  exemple,  si    l'on  se  donne 

OA  =  l|,  L  est  donné  en  grandeur  par  AS  :  -^-  Pour  ramener  ce  courant 

en  pliase^   il  faut   le  faire   tourner,   dans  le  sens  des  retards,  de  l'angle 

constant  y,,  argument  du  facteur  vectoriel  -n-  la  -1-  y,,  c'est-à-dire 

7:  o,L,  H, 

(i)  ."/i  ^^ ''*'■'-'  1311  g  -j—  ^  arc  lang — j—  • 

Théorème  II.  —  Dans  tout  appareil  composé  de  deux  parties  susceptibles 
d'un  mouvement  de  rotation  de  vitesse  relative  ù  et  agissant  l'une  sur 
l'autre  par  induction  mutuelle  (coefficient  M),  le  couple  mécanique  C  a 
pour  expression  générale,  en  désignant  par  1,  et  L  les  courants  dans 
chacune  des  parties,  et  par  0  l'angle  que  font  entre  eux  les  enroulements 
correspondants, 

(.',)  C  =  MI,I,MnO. 

En  effet,  la  considération  de  l'énergie  montre  que  la  puissance  dépensée 
pendant  la  rotation  a  pour  expression  générale  : 

(5)  P  =  f„MI,I.,cos(^  — 0  )  =iMMl,l2sino. 

L'expression  (4)  se  rencontre,  par  exemple,  dans  la  théorie  du  galvano- 
mètre où,  en  né  considérant  que  de  faibles  écarts,  011  remplace  sino  par 
1  arc  0. 

Dans  le  cas  du  moteur  asynchrone  ordinaire,  7.  =  0;  c'est  ce  qu'on 
admettra  dans  la  suite. 

Le  vecteur  OA  qui  représente  I,  peut  se  mettre  sous  la  forme  suivante, 
en  désignant  par  .v  et  y  ses  deux  composantes  rectangulaires  : 

(f.)  (JA=î,  =  ,r+,/r. 

Désignons  par  a  et  h  les  deux  composantes  rectangulaires  du  vecteur 
constant  OS.  Le  vecteur  AS  qui  représente  L  en  grandeur  pourra  s'écrire 

(7)  ÂS=^L  |^,  =  («-,r)+,/(6-v). 


1272  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  vecteur  représentant  1^  en  grandeur  et  en  phase  sera  le  vecteur  AS  tourné 
de  l'angle  (x  -t-  y,  ), 

(8)  A'S=:  ^r2=[(«  — ,r)H-y(^— j-)][cosy,— ysiny,] 

ou,  en  développant, 

{9)       A'S  — (rt  —  .r)cosy,+  (  i  — y  )  siiiy, +y[(/^  —  j)  co.-y,— (a  —  j-)siiiy,]. 

Pour  effectuer  le  produit  cherché  à  parti]-  de  (i)  et  de  (9),  il  suffit  de 
calculer  à  l'aide  des  projections  le  produit 

(10)  ^— l,l,sino=        i[(«  —  ./' )  cosy,  H-( /y  —  r)  siny,] 

—  ^-[(A— V)cosy|  — (rt— ./■)siny,]. 

En  ordonnant  par  rapport  aux  puissances  décroissantes  de  x.,  et  de y^  et 
en  posant 

(11)  —  1^  Ml,  I., sin  0. 

7 

cette  équation  devient 

M  G 

(12)  jr--i- J-2+  x(/>colyi  —  rt)  —  j(a  coly,  +  ^;)  =  1 

ou  aussi 

,   ,,  /  icoly,— rt\=       /  rt  coly,-|- /j\'^       M  ('.  LJ 

V  2  y         V  2  I         L,  <i        4cos-yi 

Le  centre  de  tous  les  cercles  d'égal  couple  '  C  =  const.)  a  ainsi  pour^coor- 
données 

a   -  b  coty, 

a  cnly,  J-  b 


et  le  rayon  a  pour  expression 

'^        V    -|Cos-y,    I 


1  cos-y,    l.,7 


Pour  C  =  o,  le  rayon  est  égal  simplement  à  ;; — ^-  Ce  cercle  passe  par 

l'origine  O;  donc  le  centre  N  des  cercles  du  topogramme  des  couples  sera 
sur  la  perpendiculaire  élevée  sur  OS  en  son  milieu,  et  sur  une  droite  faisant 

avec  OS  1  angle  -  • 


SÉANCE    DU    l'i    MAI    1921.  1 2'j'S 

.  On  vérifie  d'ailleurs  que  hi   lieu  de  ces  centres  quand  y,  varie   a  pour 
équalion 

(  1  < I )  a.i\.-\-  bVc  — ) 

qui  représente  une  droite  normale  au  milieu  de  OS. 

Le  mode  de  représentation  des  couples  par  topogrammes  est  moins  direct 
que  celui  que  l'on  emploie  ordinairement  et  qui  consiste  à  mesurer  la  dis- 
lance du  cercle  des  diagrammes  circulaires  à  une  droite  fixe.  Mais  il  a  le 
grand  avantage  d'être  beaucoup  plus  général  et  de  s'appliquer  mêrne  quand 
le  diagramme  des  courants  n'est  pas  un  diagramme  circulaire. 


HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Visite  of/îcielle 
de  S.   A.    S.   LE  Pai\t;E   de  Monaco  aux  Etats-Unis. 

L'Académie  nationale  des  l'^tats-Unis  m'ayant  décerné  sa  grande  médaille 
d'or  pour  l'année  1920,  je  viens  de  me  rendre  à  Washington  où  devaient  se 
réunir  pendant  trois  jours  plus  d'une  centaine  de  ses  membres  qui  appar- 
tiennent à  tous  les  Etats  de  la  République. 

L'accueil  que  j'ai  reçu  a  été  tel  que  je  tiens,  comme  associé  de  l'Institut 
de  France,  à  vous  le  faire  connaître  avec  le  sentiment  que  me  laisse,  au  point 
de  vue  des  intérêts  du  monde  civilisé,  un  contact  pénétrant  avec  l'élite  du 
peuple  américain. 

L'Académie  nationale  avait  tenu  à  marquer  son  action  personnelle  vis- 
à-vis  de  mon  voyage,  en  donnant  à  l'un  de  ses  membres  les  plus  illustres, 
Fairfield  Osborn,  président  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  New-York, 
la  mission  de  me  recevoir  à  mon  arrivée  dans  cette  ville;  et,  pendant  une 
semaine,  le  savant  paléontologiste  m'accompagna  dans  les  milieux  intel- 
lectuels les  plus  distingués.  L'un  d'eux,  la  Société  de  Géographie,  décida 
aussitôt  de  me  donner  sa  grande  médaille  d'or  pour  1921.  Enfin  la  Société 
américaine  des  Explorateurs  m'associa,  par  la  r<'mise  d'un  magnifique 
diplôme,  au  groupe  remarquable  qui  la  constitue. 

Huit  jours  plus  tard,  à  Washington,  dans  une  réunion  solennelle  de 
l'Académie  nationale  où  les  progrès  de  l'Océanographie  ont  été  célébrés 
d'une  façon  superbe  par  le  Président  et  par  plusieurs  orateurs,  la  médaille 
d'or  me  fut  remise. 

Il  intéressera  sûrement  mes  Confrères  de  notre  Académie  de  savoir  que, 
après  avoir  entretenu  pendant  un  mois  des  rapports  continuels  avec  l'élite 


1274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  hommes  de  la  Science,- de  la  politique  et  des  alTaires.  je  suis  revenu  liés 
confiant  dans  la  résolution  partout  exprimée  chez  les  Américains,  de  faire 
participer  les  Etats-Unis  aux  efforts  qui  se  produisent  en  ce  moment  pour 
établir  la  paix  du  monde  sur  des  bases  solides  et  équitables,  c'est-ii-dire 
pour  que  la  France  et  ses  alliés  n'aient  pas  à  subir  les  conséquences  rui- 
neuses d'une  guerre  déchaînée  par  les  ennemis  de  notre  civilisation  et  pra- 
tiquée sans  aucun  égard  pour  les  engagements  d'honneur  ou  pour  les 
mœurs  de  l'humanité  moderne. 

Dans  les  divers  milieux  de  New -York  et  de  ^Vashinglon.  parmi  les 
hommes  les  plus  distingués  de  l'activité  américaine  sous  toutes  ses  formes, 
je  n'ai  pas  cessé  d'entendre  exprimer  des  sentiments  conformes  à  lindigna- 
tion  ressentie  par  tous  les  peuples  qui  assistèrent  dans  la  personne  de  leurs 
combattants  aux  actes  mille  fois  répétés  de  la  barbarie  allemande.  Cons- 
tamment j'ai  entendu  formuler  par  des  hommes  dont  les  qualités  morales 
atteignent  la  valeur  intellectuelle,  l'impossibilité,  pour  un  peuple  aussi 
grand,  de  ne  pas  accompagner  jusqu'au  bout  ceux  qui  défendent  en  ce 
moment  le  droit,  le  progrès  et  la  liberté.  J'ai  participé  à  des  repas  intimes 
qui  rapprochaient  des  hommes  éminents  auxquels  on  voulait  faire  pro- 
noncer devant  moi  leurs  vues  sur  la  situation  actuelle  :  partout  j'ai  reconnu 
le  même  ton,  le  même  ensemble;  et  si  l'on  pouvait  remarquer  des  voix 
timidement  indulgentes  envers  les  coupables,  elles  parlaient  régulièrement 
d'un  milieu  très  spécial  de  la  presse,  connu  de  tout  le  monde.  En  somme, 
l'impression  que  je  rapporte  est  celle-ci. 

Le  culte  de  la  Science  est  en  grand  honneur  aux  iàats-Unis,  il  monte 
visiblement  sous  l'impulsion  de  beaucoup  d'hommes  remarquables  étroite- 
ment mêlés  à  toutes  les  classes  sociales. 

Après  un  mois  de  séjour  dans  ce  pays,  je  suis  imprégné  d'un  optimisme 
que  mont  donné  les  sympathies  et  les  tendances  d'une  majorité  considé- 
rable; optimisme  qui,  d'ailleurs,  n'avait  jamais  été  troublé  que  par  les 
malentendus  rapidement  dissipés  ensuite  par  des  missionnaires  géniaux  de 
la  France.  Aujourd'hui,  qu'ils  soient  républicains  ou  démocrates,  les  Amé- 
ricains sont  tous  réunis  dans  une  même  pensée  autour  du  souvenir  vivant 
de  Lalayetle  et  des  fondateurs  de  la  République. 

Si  la  guerre  européenne  recommençait,  les  Américains  reviendraient-iis 
chez  nous?  Oui,  si  la  guerre  était  amenée  par  une  mauvaise  loi  évidente  de 
l'Allemagne;  alors  c'est  aussi  la  voix  de  leurs  morts  qui  les  appellerait. 


SÉANCE    DU    2^    MAI    1921.  11-5 

GÉO.MÉTRIi:  IMIMTKSIMALK.  —  Sur  les  systèmes  31  do/it  loutes  les  droites 
appartiennent  à  un  complexe  linénire.  Note  de  M.  C.  Giiciiard. 

Je  suppose  toujours;  que  l'axe  du  complexe  coïncide  avec  le  troisième  axe 
de  coordonnées.  Je  considère  un  déterminant  (  )  d'ordre  \ 


A  = 


[Los  notations  sont  celles  de  mon  Ouvrage  Sur  les  systèmes  triplement 
indéterminés  et  sur  les  systèmes  triple-orthogonaux  (Collection  Scientia)\. 

Soit  maintenant  G  une  droite  qui  décrit  dans  l'espace  ordinaire  un  sys- 
tème "îl,  les  paramètres  directeurs  de  G  pourront  toujours  être  représentés 

par 

i.     x' ,     x^. 

Les  coordonnées  complémentaires  qui  rendent  le  système  31  sont 

.;■'      et     .r-. 


On  a  ici 


Ou, 


àr-_ 
On, 


,  ,.  Ox' 

<7"j 


En  se  reportant  aux  résultats  de  ma  précédente  Note,  on  voit  que  si  la 
droite  G  décrit  un  système  formant  un  complexe  linéaire  on  devra  avoir, 
avec  un  clmix  convenable  des  variables  //,.  u.^,  u.^, 

On  voit  que  tout  revient  à  trouver  un  déterminant  A  possédant  les  pro- 
priétés (^i).  De  ces  équations  on  déduit 


Je  p'ose  maintenant 
(3)  X,  =  - 


X,= 


x.= 


Le  point  M  qui  a  pour  coordonnées  X,,  X.,  X-,  décrit  un  >ystème  triple 
orthogonal.  Je  désignerai  par  [/(,i  les  fonctions  de  Lamé  pour  le  système  M 


1276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

el  par  ]  p,v,|)  '^s  fonctions  ^i,/,  qui  leur  correspondent.  On  a 

(t)  1/'.|=— ^^>  |/'2l=--^'  |/'3|=    — 

el,  par  suite, 

Les  formules 
permettent  de  calculer  les  |  ^3,^,  j.  En  particulier  on  trouve 


^21  I  —  r-ii— — — — T'  I  r'iîl  —  ^12        .    ,    , 


(  )n  voit  que  l'on  a 

(6)  13,,1  =  |?,,|. 

(  )n  trouve  des  systèmes  triples  connus  (hr.  cil..  Chap.  IX). 

Quand  on  possède  un  système  triple  possédant  les  propriétés  (6),  il  y  a 
parmi  les  systèmes  parallèles  une  infinité  de  systèmes  possédant  la  pro- 
priété (5).  Avec  un  tel  système  on  pourra  très  simplement  remonter  au 
déterminant  A. 

En  partant  du  déterminant  A  on  peut  facilement  former  les  systèmes 
cherchés.  Pour  cela  je  forme  dans  un  espace  d'ordre  !\  un  système  point  <  ) 
(X,.  Xo,  X.,  X.  )  en  prenant,  pour  les  fonctions  de  Lamé,  les  valeurs 

(7)  fh=ç^,         /i.=  lh         fh  =  il 

qui  satisfont  hien  aux  équations 

à/>,       .     , 

Dans  ces  condiliims  les  dérivées  de  X,  sont  les  mômes  que  celles  de  ^r^; 
je  choisis  la  constante  d'intégration  de  telle  sorte  que 

(8;  \,.=  .r\ 

Je  pose  maintenant 
(9)       \-io,     V,:-\,4-p.r',     \,—  \,-i-pr-,     Y3=\,  +  pjr%     Y.  —  \j  +  p.i-'. 

Le  point  qui  a  [)Our  coordonnées  (V,  Y,,  '^  ,,  Y.,,  ^  .,  )  dans  un  espace 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  I277 

d'ordre  (5)  décrit  quand  p  varie  seul  une  droite;  l'ensemble  de  ces  droites 
forme  un  système  T.  La  projection  d'un  tel  système  sur  l'espace  ordinaire 
forme  un  système  31.  Il  en  résulte  que  la  droite  définie  par  les  équations 

(im)  Z,=  (p,  Zi  =  X4-4- px*,  Zjr^  X3-I-  px"'' 

décrit  un  système  31;  en  tenant  compte  de  la  relation  (8)  on  voit  que  celte 
droite  appartient  à  un  compleve  de  paramètre  i;  par  une  homothétie  on 
obtiendra  un  système  31  dont  1rs  droites  appartiennent  à  un  complexe  de 
paramètre  quelconque. 

(.)n  sait  qu'à  un  système  droite  31  sont  assemblées  deux  séries  de  systèmes 
points  O  (systèmes  triples  orlbogonaux).  On  obtient  ces  systèmes  O,  en 
donnant  dans  les  formules  (  ro)  à  p  la  valeur  fixée  par  l'équation 
(II)  Y,±:jV,=  C, 

C  étant  une  constante.  Soient  P  le  point  qui  décrit  un  tel  système;  A,  B,  C, 
U,  I'],  F  les  centres  de  courbure  des  trois  surfaces  de  Lamé.  (Ces  centres  de 
courbure  sont  placés  comme  l'indique  la  figure  (i)  de  l'Ouvrage  cité.]  On  a 
alors  les  propriétés  suivantes  : 

Lrs  droites  AD,  BE,  CF  appartiennent  au  complexe.  Parmi  les  svs/émes 
droites  assemblées  au  système  V,  il  y  a  une  infinité  de  systèmes  appartenant  an 
complexe. 

Il  y  a  une  infinité  de  systèmes  V  parallèles  au  système  V  et  tels  que  les 
droites  analogues  aux  droites  AD,  BE,  CF  rencontrent  l'axe  du  complexe. 

Enfin,  en  cboisissanl  convenablement  les  variables  «,,  u.,,  u.^,  on  a  les 
relations 

■-:t  •:  o  ;:t  o  p  --3 o  p 

-1  —  r'2:l  i-'-"l2-  t3 —   H31  |-'l:S'  ^:l  —  Hl2 f'H 

qui  caractérisent  la  représentation  sphérique  des  systèmes  (P). 

llEMAnniE.  —  On  aurait  pu  se  poser  un  problème  plus  général.  Trouver  les 
couples  de  systèmes  31  tels  que  les  droites  correspondantes  des  deux  systèmes 
soient  conjuguées  par  rapport  au  complexe.  On  est  ramené  à  la  recbercbe  des 
systèmes  O  opposés  ilans  l'espace  ordinaire  (loc.  cit.,  Chap.  IX). 

M.  Georges  Urbain  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  (  )uvrage  intitulé  : 
Les  disciplines  d'une  science.  La  Chimie. 

M.  Paui.  Janet  s'exprime  en  ces  termes  : 

J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie  uu  Ouvrage  inti- 
tulé :  Problèmes  et  Exercices  d'Électricité  générale.  Cet  Ouvrage  est  destiné  à 


1278  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

domiei-  aux  étudiants  l'occasion  d'appliquei-  correctemeiil  les  lois  générales 
de  ri'^lectiicité  et  du  Magnétisme  sous  des  formes  vaiiées,  et  à  bien  com- 
piendie  le  sens  physique  des  méthodes  du  calcul  différentiel  et  intégral  ;  un 
certain  nombre  d'applications  mécaniques  simples  montrent  le  lien  étioit 
des  deux  sciences  et  donnent  l'occasion  de  se  seivii'  à  de  fréquentes  repiises 
du  principe  de  la  Conservation  de  l'ICnergie. 

Je  dépose  également  sur  le  bureau  le  Tome  1  de  la  cinquième  édition  de 
mes  Leçons  d' /ileclrotechnique  générale. 

M.  Aimé  Witz  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Ouvrage  intitulé  :  Lrs 
<>a~osèni's  et  l'économie  du  combustible. 


ELECTIONS. 

Par  36  voix  contre  8  à  M.  G.  de  Toni  et  3  à  Sir  David  l'niin,  M.  Jea.\ 
Massaut  est  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Botanique,  en  rem- 
placement de  M.  P/effcr,  décédé. 

Par  la  majorité  absolue  des  suffrages,  M.  Charles  ^Iouiiei:  est  élu 
Membre  de  la  Troisième  Section  de  la  Commission  technique  de  la  Caisse  des 
recherches  scientifiques. 

PLIS  CACHETÉS   ('). 

M.  (jrEoiKiEs  BoiRGuiG.vox  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  reçu 
dans  la  séance  du  9  octobre  191G  et  inscrit  sous  le  n"  8317. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Président,  contient  une  Note  intitulée  : 
La  chronuxie  dans  les  élals  pathologiques  chez  l' homme. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  A.  d'Artonval.) 
(')  Séance  du  17  mai  1921. 


SÉANCE  DU  23  MAI  192I.  1279 


CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Ministre  du  Commerce  et  de  l'Industrie  invite  l'Académie  a  dési- 
gner un  de  ses  Membres  qui  la  représentera  au  sein  de  la  Commission  per- 
manente de  Standardisation,  réorgAnisèc  par  le  Décret  du  11  janvier  192 1. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  posthume  de  M.  NoisL  Bernard,  inlilnlè  :  Principes  de 
Biologie  végétale.  (Présenté  par  M.  J.  Costantin.) 

2"  Les  fascicules  9  (2''  Partie),  17  et  18  (2"=  Partie)  des  Études 
de  Lépidoptérologie  comparée,  par  Ciiari.ks  Ouerthijr.  (Présenté  par 
M.  E.-L.  Bouvier.) 

3°  Faune  malacologique  terrestre  et  Jîuviatile  des  des  Mascareignes,  par 
Loiis  GrR.MAiN.  (Présenté  par  M.  L.  Joubin.) 

.\"  L'élevage  industriel  des  salmonidés,  par  Euc-kne  Jlillkrat. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  discontinuités  des  solutions 
de  certaines  équations  de   Fredholm.   iSOli'  de  M.  Gaston  Jilia. 

l.   On  envisage  Téquation  de  Frcdliolni  suivante  : 

(1)  .  /i.r)^l  f^ia-,  z)/{z)dz  =  o{x),. 

ç.(a.-)  est  holomorphe  dans  une  région  A  du  plan  des  .r;  C  est  une  ligne  joi- 
gnant deux  points  a  et  h  dans  la  région  iK  ;  N(j7,  =)  peut  s'écrire 

-.  ,  Gf.r,;) 

(j  et  H  étant  holoaiorphes  lorsque  x  et  ^-  sont  dans  Jl.  Mais  H(.r,  :■)  peut 
s'annuler  dans  iil  :  ou,  d'une  façon  précise,  z  décrivant  C  de  a  à  ù,  l'équa- 
ti(m  H(a:,r)  =  o  admet  des  racines  .t(:;)  intérieures  à  A,  et  lorsque  r  décrit 
une  petite  région  ."H,,  entourant  C,  aucune  des  racines  cc(z)  ncsl  intérieure 
à    a,.  Ceci  écarte  des  noyaux  intéressants  tels  que  N(a7,  2)=  _>  qui 

nécessitent  une  élude  spéciale. 


1200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Soit  r  un(^  ligne,  inlérioure  à  A,  joignant  a  à  !i,  i-t  telle  que,  lorsque  a- 
décrit  r,  de  a  à  [î,  l'équation  H(jr.  :■)  =  o  ait  une  racine  simple  z(x)  décri- 
vant C  de  a  k  h  {Y  est  extérieure  à  iR,  ).  Le  but  de  cette  Note  est  de  montrer 
cjue  r  est,  pour  la  sohili'on  f{x)  de  (i),  une  ligne  de  disconlijiuité  arli/icielle 
du  type  introduit  par  Hermite  (coupures  d'intégrales  définies). 

2.  Soient  \  un  point  de  F,  auquel  correspond  "C  sur  C;  x„  et  x\  voisins 
de  ;  de  part  et  d'autre  de  F,  auxquels  correspondent  r„  et  z„  voisins  de  Ç  et 
de  part  et  d'autre  de  C. 

Traçons  la  ligne  F,,  voisine  de  F,  joignant  y.  à  [i  de  façon  que,  lorsque  .i- 
décrit  F,,  :;  décrive  une  ligne  G,,  intérieure  à  A,,  joignant  a  à  h. 

Pour  préciser,  le  contour  j'-F^F,  a,  décrit  dans  le  sens  positif,  contient  .r„ 
et  laisse  x'^^  à  l'extérieur;  le  contour  f/C6C,  «  contient  :;„  et  laisse  z[^  à  Texté- 
rieur.  Envisageons  les  formules  de  l'Vedholm  qui  expriment  la  solution 
de  (i)  par 

(2)  /(,r)  =  9(x)-/.  rX(^,  z,l)o{z.)clz. 

-'c 

Le  noyau  résolvant  )X,(x,  z,  X)  est  défini  par  deux  séries  d'intégrales 

C0(.r,  ;,  l)     et     ®(/,) 

où  les  intégrales  sont  toutes  prises,  z  décrivant  C. 

Si  X  reçoit  la  valeur  a"„  et  ensuite  la  valeur  .i:\^  ces  intégrales  ont  un  sens. 
mais  les  valeurs  de  Œ){x,  z,  A)  en  x„  et  x[^  ne  sont  pas  voisines,  bien  que  x„ 
et  jr',|  soient  voisins.  Au  contraire,  cO(  A)  ne  dépend  pas  de  x. 

Appelons  5î,,  (x,  z,  A)  ce  que  devient  DX,(x,  z,  A)  lorsque  les  intégrations 
sont  faites  sur  C,  et  non  plus  sur  C.  On  voit  que  {0(  a)  ne  change  pas  et  qu'on 
a  la  relation 

;rb,(.r„,  z,  /.)  =  3X.(.r„  z,  /.)  +  ■■'■'->■  m'//!"  ''"l  ■'^'(■^"o.  -^  >■), 

l"':(.-''o,   -■o) 
OÏ,,(,r;,  z,  l}  —  DZ{.r\,.  z,  /.). 

Donc,  si  l'on  désigne  par 

f,(.r)  =  ^{.r)-lf  .JZ,(.r.  z.  ).) '^(  z)  dz, 

ce  que  deviennent  les  formules  de  l'"redliolm  quand  toutes  les  intégrations 
se  font  sur  C,  on  a 

C  *  '  (  ï"o      "  1  ) 

ni  )  /(■'■o)=/.(-'-û)  — •^'■-'■■-pT— -— ■  /(--(,). 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  1281 

[Lorsque  :  est  dans  .A,,  les  formules  de  Frcdliolm  définissent  sans  difli' 
cultéy(j;),  qui  est  holomorphe  dans  Ji,.J 

Le  terme  ,.', ,'  "  "" ,  est  le  résidu  de   '      "  '    pour  le  pôle  ;„. 

3.  Lorsque  x^  et  x'^  tendent  vers  ^, 

(^)  (/(■^■o)  tend  vers /,(:)- 2,Va^^^/(?), 

(/(^.;)  tend  vers /.(;). 

Ory,(H)  n'admet  comme  ligne  singulière  que  F,,  elle  reste  holomorphe  en  ^ 
sur  F;  on  voit  donc  que  f{x)  est prolnngeable  analytiqucinent  au  delà  de  F. 
Mais  suivant  qu'on  passe  de  a.-,,  à  x-^  eu  traversant  F  ou  en  ne  la  traversant 
pas,  le  résultat  final  n'est  pas  le  même.  F  est  une  ligne  de  discontinuité  artifi- 
cielle pour  laquelle 

( 5 )  ^    I i"^  ^  [/( -K  )  -  A  -r.  )]  .=  3  M.  ^i|^  /C). 

4.  Le  résultat  (5)  peut  s'établir  directement  à  l'aide  de  l'équation  (  i) 
définissant /(a-).  On  forme  la  difTérence /(a"„)  —  /(x„)  dans  laquelle  on 
transforme  les  intégrales  prises  sur  C  en  intégrales  sur  C,,  il  vient 

(6)  /(■r„)-/(.r.,) 

En  passant  à  la  limite  on  obtient  (5). 

Puis  en  formanty(.r„  )  -i-  f(x'^)  à  l'aide  de  (i),  et  transformant  encore  en 
intégrales  prises  sur  C,,  il  vient 

(-)/(-'-o)+/(^'„) 

^_2,V/./(--o),^.^,"';'  '':\  -  /  r/(:  =  }  [N(.r- .  .)+  \(^o,  -^)]  r/c  +  y(.ro)+  ?(:r,) 

qui,  à  la  limite,  donne 

lim[/(.rJ+/(^;)]=-2.VA/(0^^j  +  ■i?(c:)-2>.J^'(i:,  =)/(--)^= 
=-2.•T:>./(s^j|^+2/,(^). 

On  en  déduit  que  /{x„)  et  f(x\^)  ont  séparément  des  limites  données 
par  (4). 

5.  Ces  considérations  sont  susceptibles  de  généralisations  faciles  rela- 
tives au  cas  où  "C  n'est  pas  racine  simple  de  H(£,  'C)  =  o,  au  cas  où  C  est 
fermée,  etc. 

c.  R.,  1951,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  21.)  9'^ 


1282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


AXALYSE  MATlIÉMAl  IQL'E.  —  Sur  1rs  polynômes  liypci-gèométricjucs. 
Note  (If  M.  Pierre  Himbert,  présentée  par  M.  Appell. 

Les  intéressantes  propriétés  que  vient  d  indiquer  M.  Félix  Vaney  pour 
des  polynômes  analogues  à  ceux  de  Laguerre  (*)  ont  attiré  mon  attention 
sur  une  propriété  du  même  genre,  mais  beaucoup  plus  générale,  qui  permet 
de  faire  rentrer  les  polynômes  hypergéomélriques  dans  la  classe  des  poly- 
nômes de  M.  Appell,  et  qui,  je  ciois,  n'avait  jamais  été  remarquée. 

I .   Considérons  le  polynôme  d'ordre  n  en  \  défini  par 

H„(;)  =  ;«I'(-«,  3,  y,  ^ 


où  F  est  la  fonction  de  Cîauss,  !ii,  y  et  X  des  constantes  indépendantes  de  n, 
11  est  facile  de  voir  que  ce  polynôme  est  de  la  classe  de  M.  Appell  :  on  a  en 
elTet 


77r  =  "^    2 


___ï,V  


.^_j  ■^  ( —  n,  m  )  (  3,  m  )  (m  —  n  )'/.'"  -,i-i\''  ^  f-*'  '")  * —  n  -h  1 ,  m)  }.'" 

~'       '        ■^^     (■/,  /it  )(l,  m)  >"  ^     '■       Jm^         {y,  lit)  (i,  m)  ^"' 

La  même  propriété  appartient  évidemment  au  polynôme 

S„{;;)  =z:"tl>(—n,  y,  l 

OÙ  <I>  est  la  fonction  de  Ivummer  (cas  limite  de  la  fonction  de  Gauss  )  définie 
par 

(  )r,  le  polynôme  étudié  par  M.  Vaney  s'écrit  précisément 

P„(.<;,  rt)  =  a"<I)(_„.  I,  —  -  ), 


de  sorte  que',  considéré  comme  fonction  de  «,  il  est  du  type  ci-dessus  et  de 
la  classe  de  M.  Appell  :  c'est  lacuricuse  propriété  signalée  par  M.  Vaney  et 
dont  on  comprend  ici  la  véritable  nature. 

(')  (uniples  rendus^   t.  172,  1921,  p.  iiDi. 


SÉANCE    DU    23    MAI    1921.  I28!i 

"2.  Les  fonctions  génératrices  (au  sens  de  M.  Appell)  des  polynômes  U 
et  S  sont  inléressanles;  on  verra  aisément,  par  exemple,  que  la  fonction 
génératrice  de  II  est 

,i{li)  =<I'l3,  7,  —Ih). 
a»(5,  y,  -/.//)e''«=::y  ^H„(4) 


de  sorte  que  1 

l'on  a 

(') 

et  de  même 

(^) 

où  B  est  le  second  cas  limite  de  la  fonction  de  (îauss,  défini  par 

r5(y,  ./■):=  lim    via,  i,  7.4-)-     - 
<  >n  sait  d'ailleurs  que  B  se  ramène  aux  fonctions  de  Bessel,  par  la  formule 

I  -y  _ 

H(y,  .r)  =  (y  — l)('-T.r    ^    J.._,  fa  i  y'^). 

La  formule  (2)  n'est  pas  nouvelle  :  elle  a  été  indiquée,  sous  une  forme  un 
■f,eu  différente  et  après  de  très  longs  calculs,  par  N.  Sonine  ('),  dont  le 
polynôme  T  est,  à  un  facteur  constant  près,  égal  au  polynôme  S  ci-dessus. 

3.  Des  considérations  analogues  s'appliqueraient  à  la  plupart  des  poly- 
nômes liypergéométriques  à  deux  variables  et  à  leurs  cas  limites. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —   Sur  quelques  qurslions  de  calcul  fonctionnel. 
Note  de  M.  Paul  Lévy,  présentée  par  M.  Hadamard. 

1.   Soit  U  une  fonctionnelle  dépendant  de  la  fonction  a(/)  dêlinie  dans 
l'intervalle  (o,  i),  et  assujettie  à  vérifier  la  condition 

Nous  dirons  qu'elle  est  uniformément  continue  de  degré  />  si,  quelque 
petit  que  soit  i,  on  peut  déterminer  q  de  manière  que,  dans  le  domaine  (i), 


(')  Moih.  Aiinalen,  t.  l(j,  iSSo,  p.  41 


1284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

rinégalité 

/    \r(i)  — ■'■{')  \'' (il -^-nP 
enUaînc  linégalilc 

(2)  ||-|[^(ni|-U|[.r(0]||^- 

Aous  dirons  qu'elle  possède  \ii  propriété  Ci,,  dans  un  domaine  si,  quelque 
petit  que  soit  t,  on  peut  déterminer  it  de  manière  que  deux  fonctions  x(t) 
et  r(/)de  ce  domaine,  ayant  mêmes  moyennes  d'ordres  i.  2 p  dans 

cliacuu  des  intervalles  ( >  -j,  vérifient  nécessairement  Tinégalité  (2). 

Nous  appellerons  polynôme  fonctionnel  normal  de  classe  p  une  somme 
d'un  nombre  fini  de  termes  de  la  forme 

1      I     ■•■j     o(l„  t,.  ...,  /„).r=^'{l,).r^:(/,)....T='r((,.)dl,dt,...dt,.^ 

les  exposants  a,  étant  au  plus  égaux  à  p,  et  la  fonction  o  élant  telle  que 
cette  expression  ait  dans  le  domaine  (i)  la  conlinuité  uniforme  de  degré  p 
définie  ci-dessus. 

On  a  le  théorème  suivant  : 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  (ju'une  fonctionnelle  soit  repré- 
sentable dans  le  domaine  (i)  par  une  série  uniformément  concergente  de 
polynômes  fonctionnels  normaux  de  classes  p  est  quelle  y  soit  uniformément 
continue  de  degré  p  et  y  possède  la  propriété  G,,. 

Pouryj  =  I  ce  théorème  se  réduit,  à  une  petite  modification  près  dans  le 
domaine  fonctionnel  considéré,  à  un  théorème  démontré  par  Gâteaux  ('"). 

2.  Nous  dirons  que  U  possède  \a  propriété  H  dans  un  domaine  si,  quelque 
petit  que  soit  s,  on  peut  déterminer  11  de  manière  que  deux  fonctions  •»"(/) 
et  j'(/)  de  ce  domaine  ayant  même  foncliou  sommatoire  (  ■)  dans  chacun 

des  inlervalles  ( >  -j>  vérifient  nécessairement  l'inégalité  (2). 

Celle  propriété  apparaît  comme  la  limite  de  la  propriété  (j^,  pour /j  infini. 
Elle  caractérise  sans  doute  les  fonctionnelles  représentables  par  des  séries 
uniformément  convergentes  de  polynômes  fonctionnels  normaux  de  classes 
(|uelcon(|ues.  .le  ne  puis  pour  le  moment  donnera  ce  sujet  un  énoncé  précis. 


(')  Ace.  dei  Liiicei,  \>a  décembre  igiS. 

('■')  Au  sens  de  M.  Lebesgiie,  la  foncliou  sommatoire y"(;)  dejr(/')  dans  un  inlervalle 
esl  la  mesure  de  l'ensemlile  des  points  de  cel  intervaiii^  pour  lesquels  v"^  i. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  1285 

t*()ur  les  fonelionnelles  représenlables  par  dr  telles  séries,  la  valeur  de  la 
moyenne  dans  une  sphère  de  l'espace  fonctionnel  se  calcule aisémenl  parles 
formules  données  par  Galeaux  (  '  ). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  la  relation  entre  la  propriété  H  et  la  représentation 
par  de  telles  séries,  on  a  le  théorème  suivant  : 

Pour  les  fonctionnelles  vérifiant  la  propriété  H,  la  moyenne  dans  une  sphère 
a  toujours  une  valeur  bien  déterminée. 

3.  C'est  une  circonstance  connue  que,  dans  l'espace  fonctionnel,  de  deux 
volumes  donnés,  l'un  des  deux  est  pres(|ue  toujours  négligeable  devant 
l'autre.  En  particulier,  si  Ton  divise  un  volume  V  en  deux  parties,  l'une  voi- 
sine de  la  surface  extérieure  S,  l'autre  intérieure  à  la  précédente,  la  seconde 
est  toujours  négligeable  devant  la  première,  et  par  suite,  la  movenne  dans  V 
d'une  fonctionnelle  uniformément  continue  U  ne  dépend  cjue  de  ses  valeurs 
sur  la  surface  S.  Cette  remarque  est  précisée  par  l'énoncé  suivant  : 

La  moyenne  dans  le  volume  V  d'une  fonclionnelle  uniformément  continue 
est  éi>ale  à  sa  moyenne,  calculée  sur  la  surface  S  qui  limite  le  volume  V,  en 
accordant  à  des  éléments  de  smfaces  égaux  des  poids  proportionnels  aux 
rayons  de  courbure  moyenne  de  ces  éléments. 

Il  arrive  d'ailleurs  fréquemment  que  le  rayon  de  courbure  moyenne  a 
pres(]ue  partout  la  même  valeur;  alors  les  moyennes  dans  V  et  sur  S  sont 
égales. 

D'une  manière  générale,  il  existe  des  catégories  étendues  de  surfaces  sur 
les(juelles  toute  fonclionnelle  uniformément  continue  est  presque  partout 
égale  à  sa  moyenne  m,  c'est-à-dire,  en  termes  précis,  comprise  entre  m  —  t 
et  m  -h  t,  quelque  petit  (jue  soit  £,  sauf  dans  une  fraction  négligeable  de  l'aire 
totale.  Tel  est  le  cas  pour  les  surfaces  convexes  pour  lesquelles  le  rayon  de 
courbure  des  sections  normales  est  toujours  inférieur  à  un  nombre  fixe  R. 

Mais  on  peut  aussi  former  des  exemples  de  surfaces  que  l'on  puisse  diviser 
en  tranches  d'aires  comparables,  et  pour  lesquelles  Its  valeurs  de  la  cour- 
bure moyenne  soient  différentes.  Pour  une  telle  surface,  la  moyenne  d'une 
fonctionnelle  naura  pas  en  général  la  même  valeur  sur  la  surface  ou  dans 
le  volume  qu'elle  limite. 

(')  Bull.  Soc.  iitalh.,  i(j2o. 


UJ 


ia86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.  — Sur  T  aurore  hon-ale  du  i\-i5mai  H)iii  ohsen'ée  à  Slrnshoiir^, 
Noie  de  M.  Ernest  Esclaxgox,  présentée  par  M.  Deslandres. 

L'aurore  boréale  exceplionnelle  du  t5  mai  a  pu  être  observée  par  un  ciel 
favorable  à  !'(  )bservaloire  de  Strasbourg  dans  la  nuit  du  i4  au  1 5  mai. 

C'est  après  ruinuit  et  après  le  coucher  de  la  Lune  que  sa  visibilité  s'est 
fortenienl  accentuée;  la  clarté  de  l'horizon  iNord  est  devenue  alors  vrai- 
ment trappante. 

Vers  i''3o"'  (temps  légal;  o''3o"'  t.  m.  Greenwich)  ^L  Rougier,  astro- 
nome à  l'Observatoire,  en  a  noté  les  limites  septentrionales  de  la  partie 
brillante  qui  s'étendait  depuis  0  Grande  Ourse  jusqu'à  y  Cassiopée  se 
perdant  en  ce  point  dans  la  Voie  lactée,  lia  cherché  à  voir  des  rayons  ou 
des  arcs  auroraux,  sans  y  réussir  en  raison  de  l'illumination  du  ciel  par  les 
lumières  de  la  ville. 

Far  contre,  M.  North,  notaire  à  Hoclifeiden,  observant  en  rase  campagne, 
a  bien  voulu  nous  communiquer  les  observations  très  complètes  qu'il  a  pu 
faire  du  phénomène  entre  i''3o"'  et  3''  du  matin. 

Vers  le  Nord  une  immense  lueur  claire,  jaune  verdâtre,  se  détachait  de 
l'horizon  et.  sauf  la  couleur,  aurait  pu  èlre  comparée  à  une  lueur 
d'jncendie. 

A  côté  de  ce  foyer,  mais  séparé  de  lui  et  plus  à  l'Ouest,  d'immenses  fais- 
ceaux de  rayons,  couleur  blanc  d'argent,  émergeaient  de  l'horizon  et 
montaient  presque  jusqu'au  zénith.  Ces  faisceaux  changeaient  lentement 
d'intensité  et  de  forme,  disparaissaient  pour  reparaître  plus  ou  moins 
nombreux,  redisparaître,  etc. 

Tout  à  fait  à  l'Ouest,  alors  qu'avait  disparu  le  foyer  jaune  verdâtre  de 
l'horizon  Nord,  la  région  des  faisceaux  lumineux  s'évanouissait  dans  une 
sorte  de  toufl'e  lumineuse  et  étendue  mais  de  couleur  foncée  (rouge  chau- 
dion). 

A  3''  i5"',  le  phénomène  était  encore  très  apparent,  mais  à  V'  1^  lever  du 
jour  en  avait  fait  évanouir  la  a  isibililé. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I921.  1287 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Réactions  cluiniqucs  cl  rayons  de  courlmrc. 
Note  de  M.  Luge,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Dans  une  Note  précédente  (' )  M.  lleboul  et  moi  avons  indiqué  (jue 
l'action  chimique  d'un  liquide  sur  un  solide  dépend  de  la  forme  de  ce 
dernier,  qu'elle  est  plus  vive  aux  points  où  la  courbure  moyenne  est  la  plus 
grande. 

I.  Voici  les  réactions  que  j'ai  étudiées  : 

Action  de  dissolulions  aqueuses  très  étendues  de  chlore,  de  brome,  d'iode  el  d  liy- 
drogène  sulfuré  sur  l'argent  el  le  cuivre. 

Déplacement  réciproque  de  métaux  :  fer,  dans  dissolutions  très  étendues  de  sulfate 
ou  de  chlorure  de  cuivre;  zinc,  dans  les  mêmes  solutions  et  dans  azotate  et  acétate  de 
plomb,  azotate  mercurique,  chlorure  de  plaline;  cuivre,  dans  chlorures  d'or  et  de 
platine,  azotate  d'argent.  Dans  tous  les  cas,  le  dépôt  (couciies  minces  colorées,  dépôt 
pulvérulent,  cristaux)  commence  aux  points  oii  la  courbure  movenne  est  la  plus 
grande. 

Attaque  de  métaux  par  solutions  d'acides  très  étendues;  les  bulles  de  gaz  se  forment 
lentement  d'abord  aux  angles  et  sur  les  rayures  accidentelles  ou  faites  à  dessein.  Si  le 
polissage  est  imparfait,  elles  apparaissent  partout  à  la  fois;  exemple  zinc  sur  acide 
clilorhydrique. 

Action  de  dissolution  de  soufre  (benzène,  sulfure  de  carbone,  essence  de  térében- 
thine, alcool)  sur  le  cuivre,  le  sulfure  de  cuivre  (couche  mince  colorée  ou  dépôt  noir) 
a|)paraîl  d'abord  aux  bords  de  la  lame.  L'influence  de  la  courbure  est  particulièrement 
nette  en  opérant  avec  une  solution  saturée  de  soufre  dans  le  benzène.  Si  la  lame  est 
parfaitement  polie,  le  dépôt  se  fait  instantanément  aux  bords  et  ne  progresse  que  len- 
tement vers  le  centre.  Si  la  lame  possède  quelques  rayures,  elles  noircissent  en  même 
temps  que  les  bords.  Une  lame  grossièrement  polie  noircit  immédiatement  sur  toute 
sa  surface. 

Action  de  gaz  ou  de  solutions  extrêmement  étendues  sur  des  papiers  imprégnés  de 
réactifs  ajipropriés  (tournesol,  héliantine  phtaiéine,  acétate  de  plomb). 

II.  Quand  l'attaque  produit  un  sel  transparent  se  déposant  en  lame 
mince  sur  le  solide,  les  colorations  interférentielles  de  celte  lame  permet- 
tent de  faire  des  mesures.  J'ai  opéré  de  deux  façons  : 

Première  méthode.  —  J'immerge  pendant  le  même  temps  dans  des  solutions  aqueuses 
d'halogène  ou  d'hydrogène  sulfuré  des  (ils  de  cuivre  ou  d'argent  à  bouts  paraffinés  de 
diamètres  dilTérents.  Les  (ils  retirés  et  sèches,  je  note  la  teinte  de  la  lumière  rénéchie 
normalement  à  leur  surface.  Les  tables  de  Werthein  ou  de  Rollet  permettent  de 
trouver  l'épaisseur  relative  de  la  lame  formée. 

(')  G.  Reboil  et  R.  Lice,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921.  p.  197. 


1288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Deuxième  méthode.  —  ,1'iinineige  un  cône  mélallique  el  je  noie  après  l'allaque  les 
couleurs  el  les  rayons  de  courbure  correspondants,  exemple  :  un  cône  d'argenl  immergé 
pendant  sept  minutes  dans  une  solution  d'hydrogène  sulfuré  a   donné   les  résultats 

suivants  : 

Teintes  Épaisseurs 

Uiamélres.  (anneaux  Iranîmis).  (  unitcs  arbitraires). 

5,1    brun  .  120 

4,3"»..-.. rouge  carminé  i33,.5 

4        violet  i4o,5 

3,5    indigo  ij3     ^ 

3        bleu  foncé  166 

1,1    vert  bleuâtre  aTjo 

0,4   orangé  332 

J'ai  cherché  si  ces  nombres  vérifiaieiil  la  formule  donnée  par  M.  lleboul 

dans  le  cas  des  gaz  : 

b 

a'i  =  — f-  H-  c, 
2  l> 

dans  laquelle  n,  b,  c  sont  des  constantes,  2R  le  diamètre  et  q  l'épaisseur 
relative. 

En  prenant,  dans  le  cas  présont,  pour  constantes  : 

a=i,oi23,         b  =  2i,S>8-ji,         c  =  o,35i9, 

on  obtient,   en    remplaçant   les   lettres    par  leurs   valeurs,   les    identités 
suivantes  : 

4,35=1,33;  5,i3=    5,i3;  5,59=    5,62;         5,52  =  5.47; 

7,64  =  7,61;         21,39^21,36;         58,41=09,36. 

La  formule  se  vérifie  donc  de  manière  satisfaisante.  11  en  est  de  même 
dans  tous  les  cas  étudiés. 

Jusqu'à  présent,  l'influence  de  la  courbure  d'un  solide  se  manifeste  dans 
les  liquides  et  les  gaz  de  la  même  manière. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Application  de  la  loi  (/'action  des  masses  aux  résultats 
obtenus  dans  la  réaction  de  la  guhtclosidase  ^  sur  le  galactose  en  solution 
dans  l'alcool  propylique.  Note  de  M.  3I.\r<:  Hkidel,  présentée  par 
M.  L.  (juignard. 

En  interprétant  les  résultats  nbtenus  pai'  Vaw.  Bourquelot  et  Em.  \  erdon 
dans  l'action   de   rémiilsine   sur  le   glucose   en   solution  dans  des   alcools 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921,  I289 

mt'lhyliqu<\s  de  difféients  litres,  M.  O.  Bailly  est  arrivé  à  celle  conclusion 
que  «  la  loi  d'aclion  des  masses  régil  la  réaction  diaslasique  de  s\  ntlièse  et 
d'hydrolyse  du  luéthylglucoside  ^  et  que  Tapplication  de  celte  loi  permet 
de  prévoir  les  résultats  des  expériences  effectuées  dans  n'importe  quel 
mélange  d'eau  et  d'alcool  métliylique  »  ('). 

J'ai  appliqué  les  formules  indiquées  par  M.  O.  Bailly  aux  résultats 
obtenus  en  étudiant  laction  de  Fémulsine  sur  le  galactose  on  solution  dans 
des  alcools  propyliques  de  différeiils  titres  ('-).  Mon  but  était  de  savoir  si 
ces  résultats  s'accordaient  avec  la  loi  d'action  des  masses  qui  doit  régir  les 
actions  fermentaircs  par  le  fait  même  qu'elles  sont  réversibles  (  "  ).  Dans  le 
cas  conlraiie,  j'aurais  acquis  la  preuve  que  l'équilibre  n'a  pas  été  alleinl  et 
l'on  a  vu  que  l'on  a  déjà  montré  expérimentalement  qu'il  on  est  ainsi  dans 
les  alcools  propyliques  à  '(5*^  et  à  55^,  à  cause  de  la  facile  destruclion  de  la 
galactosidase  ^  à  +  3o"  dans  ces  alcools  et  de  l'action  oxcessivcmcnl  lente 
du  môme  ferment  à  la  température  ordinaire. 

Ces  formules  sont  les  suivantes  : 

.T(c  +  a:)         __,.- 


{a  —  ■^)  (b  —  a;) 


_  lv(<7  +  ^)  -^  c±  V^rivif?  +  /))  -t-  c]-—  4(lv  —  I  )Kc/A 
(■'-)  -''-  .(Iv-i) 

dans  lesquelles  a  représente  le  nombre  de  molécules-grammes  d'alcool, 
h  celui  de  molécules-grammes  de  sucre,  c  celui  de  molécules-grammes 
d'eau  et  a;  la  quantité,  en  molécules-grammes,  de  sucre  disparue  au  cours 
de  l'expérience,  le  tout  dans  100""'. 

K  a  été  pris  égal  à  3,7,  en  le  calculant  d'après  la  formule  (i)  avec  les 
chiffres  fournis  par  l'essai  dans  l'alcool  à  35'  pour  100™'  (''). 

Le  Tableau  ci-après  résume  les  résultats  des  calculs  : 


(')  La  loi  d'action  des  masses  régit-elle  les  réactions  diaslasiques?  {Joiirn. 
Pharm.  Cliini..  7"  série,  t.  IG,  1917,  p.  161). 

(^)   Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  ii3o. 

(^)  Em.  Bourquelot  el  M.  Mv^Knf.h,  Synthèses  de  glucosides  d'alcools  à  Vaidc  de 
l'éniulsine.  La  réversibilité  des  actions  fermentaircs  {Joiirn.  Pharm.  Cl:im., 
7"  séiie,  t.  0,  J912,  p.  16I). 

(')  On  trouvera  les  cliilTres  qui  ont  permis  de  calculer  les  valeurs  de  a.  h,  c,  .c, 
dans  un  Mémoire  détaillé. 


1290  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

.r  oli^ci  vi-  : 

Titre  de  — ^ — - 

l'alcool  pi-opyliqiir.  a.  h.  c.  exp.  1.  c\|i.  II.  J  calculé. 

10 0,166       0,00269       4,87'  o,ooo44  0,00047  o,ooo3o 

[5 0,200  »  /|,53S  o.oooG'i  o,ooo6:t  o,ooo45 

25 (),4i6  »  3,871  0,00090  0,00089  (1,00076 

35 o,583  »  3,2o5  0,00095  0,00108  0,0010!^ 

45 0,700  »  2j566  o.oooSG  0.00092  o,(ioi39 

55 0,916  »  I1843  0.00093  0,00101  0,00174 

65 i,o83  »  1,1 5o  11,  00143           >.  0,00208 

ro i,iG6  »  OJ77I  o,ooij8           »  o.oo235 

rô 1,200  »  0,400  0.0021 3            »  o,oo'.47 

En  éliminant  immédiatement  les  résultats  obtenus  avec  les  alcools  à  /p*-' 
et  à  .55"  dans  lesquels  on  sait  déjà,  par  l'expérienec,  que  l'équilibre  n'avait 
pas  été  atteint,  on  voit  que  les  différences  entre  les  valeurs  expérimentales 
do  X  et  les  valeurs  calculées  sont  assez  grandes,  de  près  de  3o  pour  100  dans 
l'alcool  à  iD°  et  dans  l'alcool  à  ()5%  de  2.4  pour  100  dans  l'alcool  à  70',  de 
18  pour  100  dans  l'alcool  à  25' et  de  i3  à  i  4  pour  100  dans  l'alcool  à  75'. 

Dans  les  alcools  à  to^,  i5-  et  25',  c'est-à-dire  dans  les  alcools  plus  faibles 
que  celui  avec  lequel  on  a  calculé  K,  les  valeurs  calculées  sont  plus  faibles 
que  les  valeurs  observées,  tandis  cjue  dans  les  alcools  plus  forts,  à  ()5',  70" 
et  75%  c'est  l'inverse,  la  valeur  calculée  étant  plus  forte  que  la  valeur 
observée. 

Il  nous  semble  que  l'on  peut  interpréter  ces  résultais  de  la  faeon  suivante  : 

Dans  les  alcools  faibles,  à  lo»,  i5s  et  20^,  l'équilibre  de  la  réaction  a  été 
atteint,  alors  que  dans  les  alcools  forts,  à  65°',  701;  et  73^',  il  n'en  est  pas  de 
même,  ainsi  que  dans  l'alcool  à  35**  qui  nous  a  servi  à  calculer  la  valeur 
de  R.  C'est  ce  qui  explique  que  les  valeurs  expérimentales  de  ./■  dans  les 
trois  premiers  alcools  sont  plus  fortes  que  les  valeurs  calculées. 

Le  fait  suivant  vient  appuyer  cette  interprétation  : 

On  a  vu  que,  dans  l'alcool  à  35°,  il  avait  êlé  combiné,  en  1  17  jours, 
o",if)47  de  galactose  pour  100""'.  On  a  laissé  la  réaclion  se  conlinuer,  à  la 
température  du  laboratoire,  pendant  encore  76  jours,  soit  une  durée  totale 
de  193  jours.  Dans  l'espace  de  ces  76  jours,  la  quantité  de  galactose  restée 
libre  a  passé  de  o5>',290i  à  0^,284(1,  soit  une  diminution  de  o°,oo55  pour 
100""'.  La  réaction  s'est  donc  continuée  lentenjeni  vcrsrécjuilibre.  Dans  ces 
conditions,  l'éfpiilibre  n'ayant  pas  été  atteint  dans  l'essai  fait  dans  l'alcool 
à  35'-',  la  valeur  de  k  que  l'on  a  obtenue  est  trop  faible,  K  augmentant  dans 


SÉANCE  DU  2,3  MAI  192I.  ISgi 

ré({uali()n  (i  )  quand  .r  augmenle.  Il  s'ensuit  que  les  écarts  existant  pour  les 
essais  clans  les  alcools  forts  entre  la  valeur  calculés  de  .r  et  la  valeur  expé- 
rimentale sont  plus  grands  que  ceux  qu'on  a  indiqués,  .r  augmentant  dans 
l'équation  (2)  quand  K  augmente. 

L'application  de  la  loi  d'action  des  masses  à  l'étude  de  l'action  de  la 
galact03idc'\se  [i  sur  le  galactose  en  solution  dans  l'alcool  propylique  a 
montré  qu'au  moment  où  les  essais  ont  été  arrêtés  l'équilibre  n'était  atteint 
que  dans  les  alcools  faibles.  Il  l'audiait  donc,  dans  les  alcools  à  35*^',  45»,  d.j*'', 
65^,  70S  et  75s,  prolonger  de  longs  mois,  et  peut-être  des  années,  l'action  du 
ferment  pour  atteindre  cet  équilibre,  en  admettant  même  qu'on  puisse  y 
arriver.  <  )n  cnnçoil  la  difficidté  de  pareilles  expériences. 

ClIIMir:  rilYSIQUE.  —  Sur  tine  cause  de  c/ispersion  t/u  colloïde  dans  une  classe 
imporlunte  d'/iydrosols.  Xole  de  M.  A.  Tian,  présentée  par  M.  Haller. 

Par  suite  de  l'hydrolyse,  toute  solution  d'un  sel  dont  la  base  est  peu 
soluble  constitue  un  liydrosol  :  il  faut  cependant  que  la  solution  ne  soit  ni 
trop  étendue,  ni  trop  acide  pour  que  le  produit  de  solubilité  de  la  base 
puisse  être  atteint.  (_^,ette  classe  d'Iiydrosols  comprenant  toutes  les  solutions 
de  sels  de  métaux  lourds,  est  particulièrement  importante. 

Il  existe  dans  ces  liydrosols  une  cause  toute  spéciale  de  stabilité,  qui 
permet,  dans  de  très  larges  limites,  la  réversibilité  de  leurs  transforma- 
tions. Cette  cause  est  due  à  la  dispersion  spontanée  de  l'bydrate  métallicjue 
colloïdal,  qui  résulte  elle-même  d'une  action  cliimique. 

J'ai  récemment  montré  (')  que  dans  une  pareille  solution,  le  colloïde 
participe  par  sa  surface  à  une  réaction,  neutralisation  de  la  base  insoluble 
par  l'acide  dissous,  avec  régénération  du  sel. 

lien  résulte  qu'au  contact  immédiat  du  colloïde  la  rétrogradation  de 
riiydrolyse  est  assez  accentuée,  beaucoup  plus  que  dans  le  reste  de  la  phase 
aqueuse.  L'excès  de  sel  reconstitué  va  donc,  par  diffusion,  s'éloigner  de  la 
couche  génératrice,  subir  l'hydrolyse  normale  et  abandonner  l'hydrate 
temporairement  dissous.  De  nouvelles  particules,  évidemment  plus  petites 
que  la  particule  qui  leur  a  donné  naissance,  vont  se  former,  d'abord  très 
près  de  celle-ci.  Puis  par  le  même  mécanisme  ces  particules  seront  divisées 
et  transportées  plus  loin.  II  y  aura  donc  dispersion  du  colloïde. 

Vérification  expérimentale.  —  On  peut  par  l'expérience  prouver  direc- 

(')   Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  1179. 


1-292  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tement  la  réalité  de  celle  action  en  prenant,  ce  qui  est  plus  comiuodi'  et 
revient  exactement  au  même,  un  sel  dont  l'acide  et  non  Tliydrale  est  peu 
soluble.  J'ai  utilisé  l'oléate  de  sodium. 

Soit  une  solution,  nécessairement  hydrolysée,  d'oléate  de  sodium  recou- 
verte d'une  couche  d'acide  oléiquc  On  constate,  au  bout  de  peu  de  trm|)S, 
que  la  surface  de  séparation  des  deux  liquides  perd  sa  n<'lti'lô.  Une  dcini- 
lieure  après  on  voit  une  zone  émulsionnce  d'L|iriisscuf  appréciable  :  elle  est 
surtout  visible  dans  la  partie  supérieure  du  liquide  aqueux  qui  se  raccorde 
aux  parois,  entre  le  vase  et  le  ménisque  d'acide  oléique;  après  qui'lques 
heures  la  couche  blanch*^  et  opaque  tranchenettement  sur  l'excès  de  liquide, 
elle  a  alors  quelques  millimètres  d'épaisseur;  le  lendemain  elle  en  a  environ  4; 
les  jours  suivants  elle  augmente  très  lentement  et  après  plusieurs  semaines 
son  épaisseur  ne  dépasse  guère  i'"\ 

l']n  outre,  au-dessous  de  cette  couche  visible  et  dont  le  contour,  au  moins 
les  premiers  jours,  est  parfaitement  net.  se  trouve  une  zone  claire  comme 
le  reste  du  liquide,  où  pourtant  de  l'acide  oléique  en  suspension  est  en  excès 
sur  la  composition  du  liquide  narmalement  iiydrolysé.  En  eflet,  si  la  solution 
piimitive  a  été  colorée  en  rose  par  addition  d'une  trace  de  phénol-phtaléine, 
cette  substance  est  non  seulement  décolorée  dans  la  zone  émulsionnée,  mais 
à  quelque  distance  de  celle-ci.  La  décoloration  est  due,  dans  celte  région,  à 
l'excès  notable  des  particules  d'acide  oléique,  en  sorte  que  la  teneur  <'n 
soude  libre  n'est  plus  suffisante  pour  colorer  en  rose  la  phtaléine,  comme 
cela  se  produit  dans  la  ]>artie  inférieure,  normalement  hydrolysée,  de  la 
solution.  L'addition  de  piitaléine  démontre,  en  outre,  que  la  composition 
chimique  de  la  phase  aqueuse  n'est  plus  la  même  en  tous  les  points. 

J'ai  montré  ensuite  par  des  expériences  qui  seront  décrites  ailleurs  (|ue  la 
division  et  la  dispersion  de  l'acide  oléique  sont  bien  le  résultat  d'une  action 
chimique  et  non  le  fait  de  la  solution  de  savon  agissant  comme  substance 
émulsionnante,  quoique  la  production  spontanée  d'une  émulsion  par 
simple  contact,  à  température  constante,  sans  aucune  agitation,  soit  bien 
improbable. 

Des  phénomènes  importants  se  trouvent  expliqués  parce  mode  de  disper- 
sion colloïdale. 

Peplisdtion  par  les  solutions  Jiydrolysècs  de  sels  de  inèlaux  lourds  des  liy- 
dnites  mélalliques  précipités.  —  On  sait  (pi'il  est  généralement  facile  de 
dissoudre  les  hydrates  mélalliques  dans  les  solutions  salines  de  métaux 
lourds  :  par  exem|)le,  l'hydrate  ferrique  se  dissout  sans  difficulté  dans  une 
solution  pas  trop  étendue  de  perchloiure  de  fer. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  1298 

Actiiin  dclcrsive  spontanée  du  sa\-on.  —  La  délcision  exercée  par  une  solu- 
tion de  savon,  sans  aiiciino  agitalion,  propriété  bien  connue  et  souvrnl 
utilisée,  peut  s'expliquer  par  le  même  mécanisme  :  les  matières  grasses, 
surtout  lorsqu'elles  sont  étendues  sur  une  grande  surface  et  à  chaud,  soni 
d'abord  dédoublées  en  glycérine  et  acides  gras,  lesquels  sont  ensuite  pep- 
tisés  par  la  solution  hydrolysée  de  leurs  sels  alcalins.  Celle  action  du  savon 
(Nt,  bien  enlendu,  tout  à  fail  indépendante  de  celle  qui  procède  pai- émul- 
sion  directe,  déterminée  par  des  moyens  mécaniques. 


CHiMllî  PHYSIQUi:.  —  Floculation  du  suf/urc  d'arsenic  colloïdal.  Principe 
d'une  méthode  d'étude.  Note  de  MM.  A.  lîotTARic  et  M.  Vkillaume, 
présentée  par  M.  Daniel  Berthelot. 

Parmi  tous  les  phénomènes  que  présentent  les  solutions  colloïdales,  la 
floculation  paiait  un  des  plus  propres  à  nous  éclairer  sur  leur  constitution. 
Les  nombreux  auteurs  qui  l'ont  envisagée  se  sont  surtout  préoccupés  des 
conditions  à  réaliser  pour  proxoquer  unejloculation  complète.  Nous  a\ons 
pensé  qu'il  serait  intéressant  d'étudier  le  mécanisme  de  la  floculation  et 
nous  axons  porté  notre  attention  sur  les  modifications  qui  précèdent,  dans 
la  solution,  la  séparation  entre  le  gel  et  le  liquide  intermicellaire. 

1.  Principe  dk  la  jiéïiiode.  —  Nous  avons  appliqué  à  l'étude  de  ces 
modifications  la  méthode  spectrophotométrique  utilisée  antérieurement 
par  l'un  de  nous  pour  suivre  la  formation  des  précipités  (')  et  certaines 
réactions  en  milieu  coloré  (-). 

Sur  l'un  des  faisceaux  d'un  spectrophotomètre  de  Féry,  nous  disposons 
une  cu\e  en  verre  à  faces  parallèles,  de  Go""",(J  d'épaisseur,  contenant  5o""' 
d'une  solution  colloïdale  de  sulfure  d'arsenic,  préparée  par  l'action  d'un 
courant  d'hydrogène  sulfuré  sur  une  solution  d'anhydride  arsénieux  à  2",  5 
par  litre. 

a.  A  celte  solution,  on  ajoute  5o™'  d"eau  et  l'on  note  la  position  j-,,  du 
prisme  absorbant  qui  réalise  l'identité  des  plages  pour  les  deux  faisceaux 
dans  la  région  spectrale  A  =  SyS"'^. 

(')  A.  BoUTARic,  Contribution  à  V étude  des  milieux  troubles  {Le  Rudiuni,  t.  Il, 
191  (,  p.  74,  et  Annales  de  Physique,  9°  série,  l.  9,  1918,  p.  i83). 

(-)  A.  BouTARic,  Sur  la  vitesse  de  réduction  du  pernianganaLe  de  polassiun:.  par 
l'acide  oxalique  {Comptes  rendus,  t.  160,  igiS,  p.  711,  el  Journal  de  Physique, 
.")^  série,  t. 7,  i9i7,p.  i52). 


I29i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

h.  A  5o"""  de  la  solution  primili\e,  on  ajoute  5o""'  d'une  solution  d'un 
éleclrolyte  de  concentration  convenable.  L'opacité  de  la  cu%  e  va  en  augmen- 
tant; on  rétablit  l'égalilé  d'intensité  des  plages  en  déplaçant  le  prisme 
absorbant.  Soit  x  la  position  de  ce  prisme  à  un  instant  quelconque  /.  Le 
coefficient  d'absorption  dû  à  la  modification  réalisée  dans  la  solution  à 
l'instant  /  par  la  présence  do  l'électrolyte  est  proportionnel  à  .r  —  x^. 

2.  Variation  du  coefficient  d' absorption  en  Jonction  du  temps.  —  La 
courbe  de  la  figure  i  indique  la  variation  du  coefficient  d'absorption  en 
fonction  du  temps,  obtenue  en  versant  5o""'  d'une  solution  de  IvCl  de  con- 
centration-r^N  dans  5o""'  du  colloïde. 


Jt-JC, 

I            l 

/ 

/ 

fs> 

Fig.  I. 

Le  coefficient  d'absorption  croît  d'abord  très  vite,  puis  de  plus  en  plus 
lentement,  il  tend  vers  une  limite.  La  séparalion  entre  le  gel  et  le  liquide 
intermicellaire  se  produit  lorsque  la  limite  est  atteinte,  sous  l'influence  de 
causes  très  légères  (agitation,  fumée  de  tabac)  témoignant  d'une  instabilité 
particulière  du  colloïde  assez  comparable  à  une  sursaluration  ('  ). 

On  remarquera  l'analogie  de  forme  entre  la  courbe  d'absorption  et  les 
courbes  de  magnétisme. 


(')  Si  aucune  cause  exlérieure  n'iiUervient,  Va  solulion  colloïdale  peul  être  con- 
servée pendant  un  temps  variable;  ceci  explique  l'incei'tilude  des  résultais  obtenus 
sur  la  vitesse  de  lloculation  par  les  méthodes  consistant  à  mesurer  le  temps  (]iii 
s'écoule  enlie  l'inlroduclion  de  l'électrolyte  et  la  lloculation  complète. 


SÉANCE    DU    2Ji    MAI    I921.  1296 

.'}.  Influence  sur  la  courbe  d'absorplion  de  la  présence,  dans  la  solution 
colloïdale,  d'un  e.rccs  d' liydrogène  sulfuré  et  d'un  excès  d'anhydride  arsé- 
nicux.  —  Kn  étudiant,  d.ins  les  iiicmes  conditions  de  températuie  et  de 
concentration,  une  même  solution,  on  obtient  des  courbes  d'absorption 
identiques,  aux  erreurs  de  lecture  près  (  i  à  2  divisions  de  l'éclielle  du  spec- 
tropbotoaièlre),  ce  qui  permet  d'augmenter  la  précision  de  l'expérience  en 
la  répétant  un  grand  nombre  de  l'ois. 

11  importe  toutefois  d'opérer  sur  des  solutions  tout  à  fait  ïdentif/ucs. 

a.  En  particulier,  il  est  essentiel  que  la  solution  colloïdale  ait  été  parfaite  ni  eut 
débarrassée  de  tout  evcès  d'iiydrosène  sulfuré. 

.  ,  .    3  'N 
Ainsi  la  figure  2  reproduit  les  courbes  obtenues  avec  une  solution  de  lîadi-  à  — r — 

s  ir  une  solution  colloïdale  déi)arrassée  d'hydrogène  sulfuré  (courbe  a)  et  renfermant 
un  excès  d'hydrogène  sulfuré  (courbe  b).  On  voit  que  l'etcès  d'hydrogène  sulfuré, 
dans  ce  cas,  accélère  la  variation  de  l'absorption. 


Des  expériences  analogues  nous  ont  permis  de  constater  que  la  présence  d'un  excès 
d'hydrogène  sulfuré  exerce  une  influence  variable  sui\ant  la  nature  de  l'éleclrolyle. 
i;ile  relarde  très  nettement  la  floculation  pour  les  chlorures  alcalins  et  le  cliloiure 
d'aluminium.  Elle  l'accélère  pour  les  chlorures  de  baryum,  calcium,  sirontuim. 
L'influence  est  beaucoup  plus  faible,  presque  nulle,  pour  les  chlorures  de  manganèse 
et  de  magnésium. 

b.  La  présence  d'un  excès  d'anhydride  arséiiieux  a  une  influence  Ires  faible.  Nous 
avons  constaté  qu'elle  accélère  légèrement  l'augmentation  de  l'opacité  pour  tous  les 
èleclrolytes  étudiés.  L'accroissement  est  parfaitement  sensible,  mais  faible,  pour  un 
excès  d'anhydride  arsénieux  égal  à  iS.S  par  litre  (la  solution  contient  alors  une 
quantité  d'anhydride  arsénieux:  libre  égale  à  celle  transformée  en  sulfure  d'arsenic). 


1296  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

En  résumé,  pour  avoir  des  floculations  parfailcmcnl  comparables,  il 
importe  que  la  solution  colloïdale  ne  contienne  ni  hydrogène  sulfuré  libre 
(le  liquide  inlermicellaire.  après  lillralion,  ne  doit  pas  noircir  avec  l'acétate 
de  plomb),  ni  anhydride  arsénieux  libre  (le  liquide  inlermicellaire  ne  doit 
rien  donnei-  avec  l'hydrogène  sulfuré);  la  présence  d'un  excès  d'anhydride 
arsénieux  ayant  d'ailleurs  une  influence  beaucoup  moins  sensible  que  celle 
d'un  excès  d'hvdrogène  sulfuré. 


CHIMIE  A.\AT,YTIQUE.  —  Contribution  à  P  étude  des  huiles  de  pépins  de  raisin. 
Note  de  M.  Emile  A.xdrê,  présentée  par  M.  Ch.  Moureu. 

En  France,  l'extraction  de  l'huile  contenue  dans  les  pépins  de  raisin  a  été 
l'objet  de  diverses  études  pendant  la  première  moitié  du  xix*"  siècle;  elles 
n'ont  abouti  à  aucun  résultat  pratique  (').  Vu  cours  de  la  dernière  guerre, 
la  pénurie  de  matières  grasses  amena  l'Intendance  militaire  à  reprendre 
l'étude  de  cette  question;  une  usine  installée  à  Villefranche-sur-Saùne  a 
extrait  des  quantités  importantes  d'huile  de  pépins  de  raisin;  quelques 
industriels  des  départements  de  l'Hérault  et  du  Var  s'y  sont  également 
intéressés;  mais,  ces  efl'orls  méritoires  n'ont  pas  réussi  à  vaincre  l'indifTé- 
rence  des  viticulteurs  français  qui  négligent,  comme  par  le  passé,  les  prolits 
qu'ils  pourraient  tirer  de  l'exploitation  des  sous-produits  de  la  vigne. 

Au  point  de  vue  chimique,  l'huile  de  pépins  de  raisin  est  mal  connue, 
les  données  que  l'on  trouve  dans  les  traités  spéciaux  et  dans  les  diverses 
publications  périodiques  sont  assez  nombreuses,  mais  elles  sont  à  tel  point 
discordantes  qu'elles  paraissent  contradictoires.  La  densité,  l'indice  de 
saponification,  l'indice  d'iode,  l'indice  d'acétyle  sont  tellement  variables 
qu'il  parait  impossible  de  leur  fixer  aucune  limite. 

Dans  le  but  d'éclaircir,  s'il  était  possible,  ce  point  particulier  de  la 
chimie  des  matières  grasses,  nous  avons  entrepris  quelques  recherches 
dont  les  premiers  résultats  font  l'objet  de  la  présente  Note. 

Nous  avons  examiné  onze  échantillons  difl"érents  d'huile  de  pépins  de 
raisin;   six  ont  été  préparés  au  laboratoire  en  épuisant  par  l'éther  de 


(')  ISAsin.i.i.VT,  Compte  rendu  di-s  lni<,'<iii.c  de  tu  Société  des  Ails  et  Sciences  de 
M'icon.  iSi3.  —  Jllia  I'omenelli:,  Joiu/iat  de  CItimie  médicale,  1827,  p.  66.  — 
HoY,  Rrcliercties  sur  ta  nature  physique  et  chimique  de  l'huile  de  pépins  de  raisin 
(  Thèse  dr  Ch'coti'  supérieure  de  l'Iiurmacie  de  Paris,  1840. 


SÉANCE  DU  2  3  MAI  1921.  I297 

pétrole  (')  (les  pépins  de  raisin  récoltés  par  nous-nnènie;  trois  autres  pro- 
venaient des  Huileiies  Maurel  et  From  à  Marseille  où  ils  avaient  été 
obtenus  par  pression  de  pépins  de  raisin  noir  d'origine  italienne;  les  deux 
derniers  nous  ont  été  fournis  par  les  Services  de  Santé  et  de  l'Intendance 
militaires;  ils  provenaient  de  l'usine  de  Villefranche-sur-Saône. 

On  trouvera  dans  les  deux  Tableaux  ci-dessous  :  1°  les  renseignements 
généraux  (pie  nous  avons  pu  nous  procurer  au  sujet  de  chacun  de  ces 
échantillons;  2°  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  dans  la  détermina- 
tion de  leurs  principales  constantes  physiques  et  chimiques. 


•Annce 

Teneur 

.ilo  la 

l'a\^ 

•ri  liuile 

Couleur 

lÀiiisin*. 

\ciiihiiigc. 

i|-orisinc. 

"/„■ 

■  le  riiuilc. 

Observallon.s. 

Ulancs 

1918 

Ton  rai  ne 

i3 ,3 

Jaune  vert 
clair 

l'épins    retirés  du    marc 
après  distillation 

Id. 

"J'9 

Id. 

•0,7 

.laune 
à  peine  vert 

l'épins  retirés  de  la  cuve 
après  soutirage  du  vin 

\oiis 

,,,,8 

Id. 

7,0 

V'erl  clair 

Id. 

hl. 

Id. 

Id. 

l'i.O 

JaLine  vert 

Id. 

IH. 

Id. 

Id. 

.4,'i 

Jaune  clair 

Id. 

Id. 

kl. 

Id. 

11,3 

Vert  foncii 

I'é[>ins    retirés   du    marc 
après  dislillaliou 

Id. 

Id. 

Italie 

" 

\'erl  clair 

Huile  de  1  '"  pressimi 

Id. 

Id. 

Id. 

.. 

Id. 

1  luile  de  ■?'"  pression 

Id. 

Kjia 

? 

7 

Jaune  vert 

Huile  extraite 
par  pression  en  njiS 

Id. 

1  y  1 8 

France 
méridionale 

" 

Brun  verl 

•.' 

Id. 

? 

» 

Id. 

Nota.  —  Le  n°  2  provenait  d'une  vendange  à  cèpa;;e  unique  le  Pineau:  les  n°*  3,  k 
et  3  provenaient  d'une  même  vendange  composée  de  90  pour  100  Gamay  et  10  pour  100 
Grolleau:  le  n"  3  a  été  e.vtrait  des  petites  graines  (criblures);  le  n"  4  des  pépins  de 
grosseur  moyenne;  le  n"  5  des  grosses  graines.  Les  trois  huiles  difFéraient  par  leur 
aspect  (couleur)  et  par  certaines  de  leurs  propriétés  plivsi(|ues  et  chimiques. 


(')  \ous  avions  pensé  tout  d'abord  que  ce  dissolvant  ne  conviendrait  pas  pour 
extraire  une  huile  signalée  comme  contenant  des  glycérides  d'acides-alcools;  en  fait, 
les  rendements  qu'il  fournit  sont  à  peine  inférieurs  à  ceux  obtenus  avec  l'éther  sul- 
furique  qui  dissout  des  substances  résineuse*  et  dciiine  une  huile  moins  pure. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N'  21.)  9^ 


lagS 

ACADÉMIE 

des   SCIENCES. 

Indices 

de  sapo- 

nilication 

W  sapo- 

de  l'huile 

d'aci-l>le  (') 

N". 

Densité. 

1 
de  rcfructiiin. 

ificalion 

(S), 

d'iode 
llauus). 

ai'étylée 
(S'). 

^-K-îè^) 

1... 

Dir=r  0,9216 

/([;**— I  ,4760 

i83,7 

1 35 , 0 

201  ,7 

20,9 

■1    .. 

05?-=  0,9193 

"^=.,4-46 

182,5 

in-.o 

194,0 

1 3 , 3 

a... 

DJ?°=  0,9103 

,»ir =1,4-23 

180,0 

1  •'.  1 , 3 

'97>7 

20,4 

k... 

D;f= 0,9180 

«r=.,4739 

180,0 

iiî,5 

2o5,6 

29,6 

5... 

Di?"  =  0 , 9'.j  1 0 

«r=  1,4748 

i83,o 

116,0 

201,7 

21,4 

6... 

Dr= 0,9180 

«r=  1,4733 

184,0 

127,5 

212,8 

33,4 

7..  . 

D?f=  0,9186 

nr=  1,4733 

171,0 

io3,o 

■89-7 

21 ,4 

8... 

D3?'=o,9i70 

«!r=i,47"8 

'79'« 

94,3 

204 , 3 

29,2 

!».  .  . 

DÔ?°=  o,9''.5o 

«D°=:l ,4706 

191,1 

126,0 

206,6 

18,1 

10... 

0^=0,9334 

«l,'-=  1,477'^ 

189,5 

1 22,2 

23  1,8 

49,3 

11... 

Dfz=o,92!6 

«•!,''"=  1,47  28 

186,7 

129,0 

'.10,5 

27.7 

Dans  son  Traité 

classique  sui- 

es hui 

es, 

eraisses 

et  cires 

Lewkowitscl 

constate  combien  les  données  l'ournies  sur  l'huile  de  pépins  de  raisin  sont 
divergentes  et  considère  comme  très  désirable  une  nouvelle  élude  de  cetlo 
huile  (2). 

Comme  on  peut  en  juger  par  l'examen  des  Tableaux  ci-dessus,  nos 
recherches  conlirinent  tous  les  résultats  qui  ont  été  publiés  auparavant. 
11  n'est  pas  possible,  croyons-nous,  de  lixer  aucune  limite  pour  les  cons- 
tantes physiques  et  chimiques  de  l'huile  de  pépins  de  raisin.  C'est  là  un  fait 
qui,  à  la  réflexion,  ne  paraît  pas  aussi  extraordinaire  qu'on  pourrait  le 
croire.  Le  Vitis  vinifera  L.  est  une  plante  déformée  par  de  nombreux 
siècles  de  culture;  c'est  à  peine  si  elle  est  capable  de  vivre  lorsqu'elle  est 
privée  des  soins  du  viticulteur,  le  nombre  de  ses  variétés  est  si  grand  et 
celles-ci  sont  fixées  depuis  si  longtemps  que  l'on  ne  peut  guère  s'étonner 
que  les  huiles  fournies  par  leurs  graines  puissent  être  si  différentes. 


(')  )i^o,75  est   une  conslanle  parliculière  ;'i  tous   les   étiiers  acétiques  (Comptes 
/endiis,  t.  172,  1921,  p.  984)- 

(-)  5"  édition  anglaise,  vol.  2,  pai;e  3S5  ot  suiv. 


SÉANCE  DU  23  MAI  192I.  1299 


CRISTALF.OGI'MiSlC.  —  Sur  fa  cohnt/ion  tirti/irie/le  des  ciislan.r  ohlentis  j)nr 
solidiflcalion  d'une  substance  fondue  et  sur  la  diffusion  eris/al/ine.  iNolc 
de  M.  Paui,  Gaubert. 

Los  recherches  sur  la  coloration  artificielle  des  cristaux  en  voie  d'accrois- 
sement ont  surtout  été  fail(>s  par  l'addition  d'une  matière  colorante  à  leur 
eau-mère.  Il  semble  qu'il  est  plus  facile  d'arriver  au  même  résultat  ou 
colorant  la  substance  fondue  qu'on  fait  ensuite  cristalliser  par  refroidisse- 
ment. Ce  procédé,  employé  avec  succès  pour  reproduire  le  rubis  et  le  saphir, 
réussit  très  rarement  avec  les  autres  substances.  En  effet,  si  la  plupart  des 
matières  fondues  et  surtout  les  corps  organiques  se  colorent  bien,  au 
moment  de  la  cristallisation  la  matière  colorante  est  rejetée  et  ce  n'est  ([ue 
dans  des  cas  exceptioiniels  ([u'il  se  produit  une  véritable  coloration  par  suite 
de  la  formation  d'une  solution  solide.  J'en  ai  déjà  signalé  ([uelques-uns  (') 
et  le  but  de  cette  Note  est  non  seulement  d'iMi  indiquer  de  nouveaux,  mais 
de  montrer  que  la  diffusion  dans  les  cristaux  ainsi  colorés  est  quelquefois 
possible. 

Les  cristaux  obtenus  [)ar  solidification  d'une  masse  fondue  contenant 
uui>  matière  colorante  sont  toujours  en  apparence  colorés,  mais  l'examen 
microscopi([ue  et  l'étude  du  polychroïsme  montrent  qu'il  s'agit  d'inclu- 
sions solides  de  la  matière  colorante  dans  le  cristal,  inclusions  plus  ou  moins 
petites,  plus  ou  moins  régulières,  habituellement  cristallines,  dont  le  volume, 
la  forme  et  l'orientation  dépendent  de  la  nature  de  la  matière  colorante  et 
du  cristal  à  colorer.  Parfois,  on  a  affaire  à  un  mélange  eutectique. 

Après  de  nombreux  essais,  j'ai  constaté  que  l'indophénol  ou  bleu  de  Java 
permet  de  colorer  les  cristaux  de  vanilline,  de  terpine,  de  pipéronal  ou 
héliotropine,  de  benzine  bibromée,  de  benzine  quadrichlorée,  de  nitro- 
chlorobenzile,  de  sulfunal,  de  trional,  de  codéine,  de  cinchonamine,  etc.  En 
outre,  j'ai  observé  que  les  cristaux  ou  sphérolites  de  vanilline  et  de  terpine 
se  colorent  par  presque  toutes  les  matières  colorantes  organiques. 

Les  résultats  obtenus  sont  identiques  à  ceux  que  j'ai  déjà  observés  avec 
les  cristaux  produits  dans  une  eau  mère  colorée,  si  l'on  considère  les  pro- 
priétés physiques  des  cristaux.  Ainsi,  pour  chaque  sorte  de  faces  limitant  le 
cristal,  la  matière  colorante  pénètre  d'une  manière  inégale,  aussi  les  cristaux 

(')  I'.  Gaubert,  Comptes  rendus,  l.  167,  1918,  p.  1073. 


l3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'une  mêm»^  substance  peuvent-ils  présenter  des  teintes  très  variées  et 
montrent  fréquemment  la  structure  en  sablier. 

La  plupart  des  corps  organiques  présentent  plusieurs  modifications  poly- 
morphiques  pouvant  parfois  se  produire  simultanément  sur  une  lame  de 
verre  porte-objet.  Chacune  d'elles  prend  une  teinte  particulière  par  suite 
de  l'inégalité  de  capacité  d'absorption  de  la  matière  colorante  et  aussi  parce 
que  possédant  un  ellipsoïde  optique  particulier,  elles  montrent  un  poly- 
chroïsme  spécial.  Ainsi  les  quatre  modifications  de  la  vanilline,  les  deux  du 
benzoale  de  naplityle  et  de  la  cinchonamine  ont  des  teintes  diftérentes,  ce 
qui  permet  de  les  reconnaître  facilement. 

Un  fait  intéressant  que  peuvent  montrei'  parfois  les  cristaux  obtenus  par 
le  procédé  étudié  ici,  est  la  diffusion  de  la  matière  colorante  dans  le  réseau 
cristallin  sans  que  celui-ci  soit  détruit  (  '  ).  Le  phénomène  est  facile  à  observer 
avec  les  cristaux  de  pipéional  et  de  benzophéuone  (modification  fondant 
à48°,5). 

Les  cristaux  de  pipéroual  se  colorent  eu  rouge  violacé  avec  l'indophénol, 
mais  seulement  dans  les  secteurs  limités  par  certaines  faces  d'accroissement; 
les  parties  correspondant  à  l'accroissement  d'autres  faces  peuvent  cire 
incolores  ou  colorées,  mais  alors  par  des  inclusions  cristallines  d'indophénol, 
qui  parfois  ont  toutes  une  Orientation  identique,  ce  qui  donne  à  la  plage 
considérée  un  fort  polychroïsme.  Les  secteurs  colorés  constitués  par  une 
solution  solide  peuvent  êlre  tout  à  fait  transparents,  homogènes  et  sans 
aucune  trace  d'inclusion.  Mais  au  bout  de  quelques  jours,  si  la  préparation 
n'est  pas  déplacée  et,  presque  instantanément,  si  elle  est  chauffée  ou  si  elle 
subit  des  chocs  répétés,  la  teinte  s'ad'aiblit  l)eaucoup  et  il  se  produit  un  grand 
nombre  d'inclusions  cristallines  d'indophénol,  ayant  toutes  la  même  orien- 
tation. Par  conséquent,  les  molécules  de  la  matière  colorante,  d'abord 
réparties  régulièrement  dans  le  cristal  de  pipéronal,  onl  diffusé  dans  le 
réseau  de  ce  dernier  pour  former  elles-mêmes  de  petits  cristaux.  La  solution 
solide  primitive  n'est  donc  pas  stable,  il  y  a  pour  ainsi  dire  sursaturation 
cristalline. 

Les  cristaux  de  benzophénone  présentent  le  même  phénomène,  mais 
comme  ils  ne  se  colorent  que  si  la  vitesse  de  cristallisation  est  grande,  on 
peut  attribuer  la  sursaturation  à  ce  que  les  molécules  de  matière  colorante, 


(')  M.  \\  iilleiaiil  [Ciitnptes  rendus,  l.  li-2,  1906,  p.  i(io)a  étudié  la  diilusion  qui 
se  produit  dans  les  crislaux  niivle^  au  nioiueiit  des  Iraiisforuialions  pulvmoiphi(]ue^. 
Le  phénomène  est  donc  dillérenl. 


SÉANCE    ïiV    'j/j    MAI    1921,  l3oi 

si  elles  ne  dépassent  pas  un  ceiLain  ncimbie,  coriseivent  avec  les  paiiiciiles 
ciistalliiies  les  liaisons  (ju'elles  avaient  avec  les  molécules  du  liquide. 

La  diiVnsion  de  la  matière  colorante  dans  le  réseau  du  ciistal  étant  une 
consé(juence  de  la  sursaturation,  il  est  tout  naturel  qirelle  n'ait  pas  été 
constatée  dans  les  cristaux  obtenus  d'une  cau-mèrc  ('). 

La  dilVusion  des  molécules  de  matière  colorante  dans  un  cristal  et  la 
formation  d'inclusions  cristallines  secondaires,  de  même  orientation,  per- 
mettent de  donner  une  explicalion  de  l'origine  des  inclusions  lamellaires 
d'ilniénite  dans  les  cristaux  d'hypersthène  et  de  diallage. 

Du  fer  titane  existant  dans  le  magma  a  dû  former  une  solution  solide 
avec  le  pyroxène.  Plus  tard,  par  suite  d'actions  mécaniques  et  calorifiques 
subies  par  la  roche  contenant  les  cristaux,  la  matière  étrangère  se  trouvant 
à  l'étal  instable  dans  le  cristal  s'est  séparée  sous  forme  d'inclusions  orien- 
tées. Le  fait  que  des  cristaux  d'augite  présentent  la  structure  en  sablier,  qui 
montre  qu'ils  contiennent  une  matière  étrangère  au  cristal,  vient  ix  l'appui 
de  cette  explication. 


GÉOLOGIE.  —  Kclu'lle  slrali graphique  delà  Kahylic  des  liahnrs. 
ÎVote  (-)  de  MM.  V .  Ebkma\n  et  .1.  Savornin,  présentée  par  M.  Cli.  Depéret. 

La  Kabylie  des  Babors  comprend  tous  les  massifs  côtiers  qui  forment  à 
l'admirable  golfe  de  Bougie  un  décor  grandiose. 

Tissot  et  Brossard  ont  été  longtemps  les  seuls  géologues  qui  aient  eu 
l'occasion,  il  y  a  plus  de  quarante  ans,  d'y  faire  des  recherches  géologiques 
suivies.  Les  documents  qu'ils  ont  laissés  ('')  sont  malheureusement  fort 
vagues.  M.  Ficheur  a  précisé  divc^rs  [)oints  de  détail,  en  1890  (''),  puis  en 
1904  ("),  et  dans  l'intervalle  a  été  publiée  la  troisième  édition  de  la  (]arte 
géologique  au  j^^^j^  (1900).  Cette  carte  montre  plusieurs  étages  méso- 
zoïques.  Mais  leurs  superpositions  paraissent  comporter  de  telles  lacunes 
que  des  géologues  n'ayant  point  vu  le  terrain  ont  cru  pouvoir  récemment 

(')  S.  RuzicKA,  Zeil.  p/iys.  Cli.,  t.  72,  1910,  p.  38i. 

(-)  Séance  du  17  mai  1921. 

(')  IMotes  manuscrites  de  Brossard  :  Texte  explicatif  de  la  Carte  géologique  pi  o~ 
iHsoire  au  soo'oôô  du  département  de  Constantine,  par  J.  Tissot  (Alger,  1881). 

(')  E.  Ficheur,  Description  géologique  de  la  Kabylie  du  Djurjura. 

(')  H.  Jacob  et  E.  Ficheur,  Notice  sur  les  travaux  récents  de  la  Carte  géologique 
de  l'Algérie  {Ann.  des  Mines,  octobre  1904). 


l3o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

écrire  (^'  )  que  la  slrucliue  de  celte  région  se  résume  en  «  unt-  série  de  digi- 
tations  (d'une  nappe  de  charriage)  dont  les  lêles  correspondent  à  des  barres 
calcaires  liasiques  chevauchant  les  marnes  crétacées  ». 

L'un  de  nous  a  rétabli  les  faits  en  rappelant  (-)  que  «  la  stratigraphie  de 
ces  massifs  est  encore  à  faire,  la  tectonique  suivra  ».  (irâce  aux  levés  de 
détail  entrepris  par  F.  Rhrmann,  pour  les  caries  au  -7^,  cette  étude  est 
aujourd'hui  assez  avancée  pour  que  nous  en  exposions  les  résultats  géné- 
raux, contrôlés  par  des  observations  faites  en  commun. 

La  série  des  formations  reconnues  est  la  suivante  : 

Permien.  I^saimniles  rouges  classiques,  formant  noyiiu  d'un  vaste  anticlinal  dans  la 
vallée  inférieure  de  l'oued  Agrioun.  Ailleurs,  simples  traces  des  mêmes  roches  embal- 
lées dans  le  Trias. 

Trias.  Complexe  habituel  d'argiles  bariolées  et  roches  diverses  avec  gypse  et  sel 
gemme.  Situations  variées,  comme  toujours,  mais  avec  fréquence  de  la  position  nor- 
male sous  le  Lias.  Extension  superficielle  considérable. 

Série  liasique.  L'Hettangien,  tel  qu'il  est  bien  connu,  dans  les  régions  liddnéenncs 
et  autres,  n'a  pas  été  rencontré.  Les  faciès  lithologiques  du  Lias  inférieur  et  moyen 
lessemblent  à  ceux  du  Djurjura  ou  du  Bou-Taleb  :  calcaires  massifs  avec  dolomies. 
bancs  oolilhiques,  etc.  Brossard  y  a  recueilli  Amallha'us  spinalus  et  Lyluceras  fini- 
brialiim.  qui  caractériseraient  le  Domérien.  Nous  n'y  avons  point  encore  découvert 
la  zone  à  Pygope  Axpaaia,  si  remarquable  ailleurs  et  connue  à  Bougie.  Nous  attri- 
buons au  Lias  supérieur  une  puissante  série  de  calcaires  marneux,  réglés  ou  lilés, 
même  avec  feuillets  schisteux.  Brossard  et  M.  l'icheur  en  ont  rapitorlé  (jraïuiiioceras 
radians  et  Lioceras  complanaluni. 

Oolithique  inférieur.  Concordant  avec  le  groupe  qui  précède  et  formé  de  calcaires 
en  bancs  nombreux,  généralement  riches  en  silex.  De  puissantes  lentilles  dolomi- 
liques,  fort  étendues,  s'y  intercalent.  On  sait  que  ce  groupe,  inconnu  au  Djurjura,  est 
relativement  peu  épais  au  Sud  de  Sétif,  où  l'un  de  nous  y  a  cependant  signalé  des 
horizons  fossilifères  ('). 

Oolithique  moyen.  A  l'inverse  du  précédent,  ce  groupe  d'étages  est  lieaucoup 
moins  puissant  qu'au  Sud  de  Sétif  et  le  contraste  est  frappant.  Une  faunule  d'Amrao- 
hoïdés,  Lvtoceras,  Rhacophylliles,  encore  insuffisante,  pourra  se  compléter  et  servir 
à  le  caractériser. 

V  la  partie  inférieure  s'observe  d'ailleurs  V Argovien,  aux  colorations  rouges,  d'une 


(')  L.  Gkktil  et  L.  Joleaud,  Lex  nappes  de  charriage  de  l'Afrique  du  i\ord 
(Revue  générale  des  Sciences,  i5  octobre  1918,  p.  436). 

(')  J.  SAVORNiN,  liludes  sur  les  nappes  de  charriage  de  V Afri(iuv  du  i\ord  1  /lull. 
Soc.  Ilisl.  nal.  Afr.du  /V.,  i5  mars  1920,  p.  44)- 

(^)  J.  Savohnin,  Etude  géologique  de  la  région  du  lludna  et  du  Plateau  Sétijien 
(Bull.  Carte  géol.  Alger.,  2"  sér.,  n"  7,  p.  i54). 


SÉANCE  DI  -2^    MAI  I921.  l3o3 

coiislitutidii    icleiUii[iie   ;'i   relie   iiu'il    revêt   ;'i   Batiia   el  au  lîou-Talel).  m"i  sa  faune  est 
riche.  Dans  les  Habors,  on  n'y  \oit  i]iie  des  Aplychits  {  '  ). 

Nous  n'avons  pu  identifier  VOolilhique  sapérieur :  mais  sa  place,  réduite,  peut 
aisément  être  marquée  en  plusieurs  points. 

Nous  mentionnons  à  part  le  Berriasien,  car  il  constitue,  comme  VArgovicn, 
un  repère  précis  permettant  de  faciles  comparaisons  lithologiques  avec  le 
Bou-Taleb  et  Batna.  Comme  il  arrive  en  cette  dernière  localité,  on  n'y 
trouve  généralement  que  des  Aptychus.  Il  se  rattache  à  toute  la  série  ooli- 
thique  sous-jacente  par  continuité  de  sédimentation. 

De  nombreux  épisodes  détritiques,  précurseurs  de  ceux  signalés  dans  le 
(>étacé  ('-),  sont  marqués  par  des  inclusions  de  petits  galets  épars  à 
différents  niveaux  depuis  le  Lias  supérieur. 

V Eocrétacifjue  débute  par  la  zone  à  Kilianella  Roubaudi,  qui,  comme  au  Bou- 
Taleb  et  à  Balna,  inaugure  un  ordre  de  choses  nouveau,  avec  phénomènes  de  trans- 
gressions locales  et  de  discordances.  Il  est  constitué  par  des  marnes  el  calcaires 
marneijx,  fortement  schisloïdes,  avec  inlercalalions  fréquentes  de  conglomérats  spé- 
ciaux. On  trou\e  des  céphalopodes  de  faciès  balhyal  jusque  dans  ces  poudingues. 
VHauteririen,  le  Barrêinien  et  V  Ajtlieii  oitrent  les  mêmes  particularités  litholo- 
giques, avec  variations  de  détail. 

VAlbien  el  le  Cénomanien,  indépendants  en  général  de  tous  les  étages  sous-jacents, 
ressemblent  à  ce  ([u'ils  sont  dans  la  chaîne  des  Biban.  Toutefois,  la  zone  à  Morlo- 
niceras  injlaluin^  dont  l'un  de  nous  a  montré  l'importance  dans  ces  régions  méri- 
dionales, ne  paraît  jusqu'ici  représentée  que  par  un  horizon  riche  en  Beleinnopsis 
ultiniKs. 

Les  deux  étages  sont  encore  localement  pourvus  de  bancs  poudingui- 
formes.  Ils  demeurent  généralement  groupés. 

Le  Sénonien,  sous  ses  faciès  septentrionaux  de  marnes  noires  à  lentilles  calcaires, 
patinées  d'ocre  jaune,  et  de  calcaires  marneux  k  Jnocérames,  se  reconnaît  aisément. 
Il  est  largement  transgressif,  comme  on  sait,  jusqu'au  revers  nord  de  la  chaîne  des 
Biban. 

Les  étages  tertiaires  sont  rares  et  mal  conservés.  Le  Suessonien  est  relégué  au  Sud. 
M.  Ficheur  a  signalé  des  traces  de,  MésonumtnuUtique  au  Kef  Roubba  (').  Le 
NéonummuUlique  est  reconnaissable  à  Ti/,i  Kfrida.  Mais  c'est  surtout  à  l'Ouest  qu'il 
se  développe,  comme  le  montre  la  carte. 

(')  F.  Ehrmànn,  Le  Jurassique  moyen  el  supérieur  dans  la  chaîne  des  Babors 
{Algérie)  (Comptes  rendus  sonim.  séances  Soc.  géol.  de  France,  7  juin  1920, 
p.  117). 

(■^  )  F.  EIiiRMANN,  Sur  un  important  mouvement  orogénique  au  début  du  Crélacique 
dans  la  Kabylie  des  Bahors  {Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  860). 

(')   H.  .Iac.ob  et  E.  Ficheur,  loc.  cit.,  page  34  du  tirage  à  part. 


j'io/j  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Après  M.  Ficheiir,  nous  avons  reconnu  le  Cartennien  ('),  donl  l'un  de  nous  a 
découverl  île  nouveaux  aftleui  ements  se  reliant  avec  ceu\  de  l'est  et  du  sud  du 
Dj  nid  jura. 

En  i-ésuinè.  ['('chelle  slialigia)ilii(iue  de  la  Kabylie  des  liabois  comprend 
presque  tous  les  étages  mésozoïques,  délermiiiés  soit  par  leurs  faunes,  soit 
indirectement  par  leurs  ressemblances  avec  leurs  équivalents  d'autres 
régions. 

Abstraction  faite  des  particularités  tectoniques,  d'ailleurs  très  variées, 
les  séries  se  montrent  concordantes,  avec  solutions  de  continuité  locales, 
donl  la  piemière  est  à  la  base  du  Valanginien,  une  autre  sous  l'Albien,  la 
troisième  sous  le  Sénonien.  Ces  lacunes  et  discordances  se  multiplient  et  se 
généralisent  dans  les  séries  tertiaires. 

L'évolution  orogénique  de  cette  région  est  donc  très  comparable  à  celle 
de  la  (Chaîne  des  Biban  et  des  Monts  du  Hodna,  qui  portent  les  multiples 
empreintes  dp  mouvements  d'âge  crétacé,  nummulitique  et  néogène. 


Ml'iTÉOROLOGIE.  —  Lcs  oscillttlions  simullnnérs  de  la  pression  et  du  vent  au 
sommet  de  ta  Tour  Eiffel  el  Icar  relation  a\'ec  la  surface  de  grain  {s(/aall 
siu'ûice  de  J.  BjerLness)  d'un",  dépression.  Note  de  M.  R.  I)on«;ikk. 
présentée  par  M.  Daniel  Berlhclol. 

Dans  une  iNole  récente  ('■)  j'ai  montré  que  les  oscillations  simultanées  du 
vent  et  de  la  température,  observées  dans  certains  cas  au  sommet  de  la  Tour 
Eilîel,  [)ar  pression  barométrique  sensiblement  staliounaire,  maripient  le 
passage  de  la  surface  directrice  (slcering  surface)  qui.  sur  le  front  d'un 
cyclone  en  mouvement,  sert  de  limite  au  secteur  cliaud. 

I^es  mêmes  instruments  fournissent  le  moyen  de  mettre  en  évidence  le 
passage  de  ce  que  M.  J.  Bjerkness  appelle  la  surface  de  grain  (squall 
surface)  qui  sert  de  limite  à  la  partie,  non  plus  antérieure,  mais  postérieure 
du  secteur  chaud. 

A  la  suite  du  refroidissement  déterminé  par  l'entrée  en  jeu  des  masses 
froides  de  l'arrière  du  cyclone,  il  arrive  parfois  qu'on  observe,  à  la  Tour 
Kiflel,  par  température  sensiblement  stationnaire,  des  oscillations  concor- 
dantes, d'amplitudes  très  notables,  du  vent  et  de  la  pression.  De  pareilles 

(')  11.  ,Iacob  et  M.  FiCHEUR,  toc.  cit.,  page  39  du  tirage  à  part. 
(')  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  699. 


SÉANCE  DU  l'i    MAI  1921.  l3o5 

coïncidences  ni'  se  produisent  pas  fréquenunenl;  dans  les  Mc-nioires  annuels 
sur  les  Orages  en  France  (  i()otJ-i9io),  je  n'ai  pu  les  signaler  qu'un  petit 
nombre  de  fois;  elles  présentent  néanmoins  un  grand  intérêt,  car  elles 
apportent  un  témoignage  concret  à  la  conception  nouvelle  de  M.  .1.  Bjerk- 
ness  qui  s'exprime  ainsi  à  ce  sujet  :  «  L'air  froid  venant  de  gauche  pénètre 
sous  l'air  chaud  en  forçant  celui-ci  à  remonter  rapidement  et  en  exécutant 
srins  doute  ensuite  des  oscillations  verticales  »  (  '  ). 

Le  cas  que  nous  allons  nienlionner  s'est  produit  le  i5  septembre  i9o6('-). 

La  réi;ion  parisienne  se  ti-ouvait  alors  sous  l'influence  d'une  dépression 
dont  le  centre  cheminait  du  nord  de  l'Ecosse  (i5  sept.,  à  7'')  vers  le  Dane- 
mark (16  sept.,  à  7'').  Le  refroidisseinenl  s'est  manifesté  brusquement  à 
ii''2o"'  (voir  les  diagrammes  de   la  figure  ci-dessous);   l'abaissement  de 


Xi*.  A'i>  S.<u^i><XAv£-m  'l^oà  Umim") 


la  température,  de  l'ordre  de  5",  a  été  observé  simultanément  à  tous  les 
étages  de  la  Tour  Eiffel  et  au  Bureau  Central  météorologique.  Comme  d'or- 
dinaire en  pareil  cas,  le  baromètre  a  présenté  une  montée  rapide  atteignant 


(')  Ciel  et  Terre,  1920,  p.  241  • 

(-)  R.  DoNGiER,  Les  Orages  en  France  en  1906  (Ann.   du  IL  tj.  M.,  i.  1,  p.  829; 
Gauthier-Villars,  Paris.  1909). 


l3o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

o"^^,(),  et  le  venl,  de  diivclion  Ouest,  a  subi  une  saute  vers  le  Nord,  pour 
revenir  bientôt  à  sa  direction  initiale ('). 

Ainsi  donc,  dans  les  portions  basses  de  l'alniosplière,  les  masses  chaudes 
ont  été  remplacées  par  des  masses  froides  jusqu'à  des  hauteurs  dépassant 
le  sommet  de  la  Tour  Eiffel.  Il  est  naturel  de  penser  que  les  masses  chaudes 
se  sont  élevées  au-dessus  des  masses  froides,  el  que  rensemble  a  donné  lieu 
à  des  courants  juxtaposés  de  vitesses,  de  températures  et  de  densités  diffé- 
rentes. Ces  courants  ne  se  pénètrent  pas  notablement  et  ne  cheminent  pas 
nécessairement  dans  la  même  direction;  leur  frottement  mutuel  entraine  la 
production  de  vagues  dont  les  effets,  si  les  amplitudes  sont  assez  grandes, 
peuvent  être  décelés  par  les  oscillations  concordantes  de  l'anémomètre  et 
du  baromètre. 

De  l'examen  des  diagrammes,  il  ressort  que  le  vent  au  sommet  de  la  Tour 
Eiffel  el  la  pression  jont  présenté  des  oscillations  simultanées  entre  i4''3o'" 
et  i8'';  l'anémomètre  a  enregistré  la  composante  horizontale,  tandis  que  le 
baromètre  a  accusé  l'existence  d'une  composante  verticale.  Cette  produc- 
tion de  mouvements  ondulatoires  dans  le  sens  vertical  est  confirmée  encore 
par  l'existence  d'une  température  à  peu  près  stalionnaire;  le  refioidisse- 
ment  dû  à  la  détente  adiabalique  de  l'air  ascendant  est  alors  exactement 
compensé,  quand  l'air  est  descendant,  par  le  réchauHcmenl  dû  à  la  com- 
pression adiabalique. 

Ces  conclusions  sont  en  accord  avec  les  vues  si  ingénieuses  émises  par 
M.  J.  Bjerkncss;  il  sérail  désirable  qu'elles  pussent  être  contirmées  par  des 
observations  directes,  au  moyen  de  dispositifs  adaptés  à  la  mesure  de  la 
composante  verticale  du  venl. 


BOTANIQUE.  —  Sur  tes  modifications  de  la  forme  cl  de  la  slruclitre  des  Ilépti- 
tiqiies  niainleniies  submer<^ées  dans  l'eau.  Note  de  MM.  Ad.  Davy  dk 
ViRvii.LE  et  Robert  Doiin,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Divers  auteurs  ont  fait,  incidemment,  quelques  observations  relatives  à 
l'action  du  milieu  sur  les  Muscinées.  On  trouvera  de  rares  indications  dans 

(')  Il  iaiporlede  remarquer  que  l'abaissement  de  température  qui  iiiar(iue  le  passage 
de  la  (1  sqoall  line  ou  ligne  de  grain  )i  de  M.  Bjerkness  n'est  pas  toujours  accompagné 
des  manifestations  violentes  qui  se  produisent  dans  le  cas  ordinaire  des  grains.  Ce 
ptiénoméne,  si  redouté  des  aviateurs,  n'est  d'ailleurs  pas  spécial  à  la  limite  postérieure 
du  secteur  cliaud  ;  il  se  produit  dans  des  conditions  niétéorologi(|ues  variées  et  se. 
reconnaît  sur  la  carte  synopli(|ue  par  la  structure  en  \   des  isobares. 


SÉANCE  DU  -l'i    MAI  1921.  l3o7 

les  travaux  de  Knv  (  '  )  et  de  (lavers  (-').  \lalieu  (  ^),  dans  ses  éludes  sur  la 
llore  des  cavernes,  Beau\ene('),  puis  Lîlnio  ['),  en  faisant  quekiues  cul- 
tures expérimentales,  ont  obtenu  des  résultats  plus  précis.  Iléccmmenl,  l'un 
de  nous  (")  montrait  que  le  milieu  aquatique  pouvait  modifier  profondé- 
ment les  litiiscinées.  Nos  expériences  mettent  en  évidence  l'action  de  ce 
milieu  sur  les  Hépatit/ues. 

Ces  recherches  ont  porté  sur  un  certain  nombre  de  types  que  nous  avons 
cultivés  dans  des  cristallisoirs  sous  une  faible  épaisseur  d'eau  qui  était  fré- 
quemment renouvelée.  L'immersion  occasionne  un  arrêt  momentané  du 
développement  de  l'appareil  végétatif  qui  continue  bientôt  à  s'accroUre,  en 
se  modifiant,  tandis  que  les  parties  qui  s'étaient  développées  dans  les 
conditions  habituelles  se  nécrosent  peu  à  peu. 

Riccia  ciliala  IlolTm.  —  Les  thalles  normaux,  qui  sont  peu  ramil'u-s,  ont  ir™,ri  de 
long  sur  o"",i  de  large  el  sont  garnis  sur  leurs  bords  de  nombreux  cils  blanchâtres. 
Après  trois  mois  de  submersion,  on  observe  une  ramitication  abondante  (jusqu'à 
cinq  bifurcations  successives)  qui  donne  à  la  plante  un  port  rappelant  celui  des 
Riccia  at|natiques.  Ces  pousses,  moins  riches  en  chlorophylle,  ont  •^"="'  de  longueur, 
et  les  cils  caractéristiques  de  l'espèce  ont  disparu.  Les  rhizoïdes,  plus  nombreux  l't 
plus  longs,  ne  présentent  plus  que  de  rares  épaississemenls,  alors  que  d'ordinaire  ils 
sont  tiès  abondants. 

Fc^atella  coiiica  Corda.  —  Cette  espèce  a  donné  des  pousses  subapicales  dressées 
et  ramifiées,  d'un  vert  pâle,  atteignant  7'-'"'  de  longueur  sur  o™',4  de  largeur,  au  lieu 
de  i""  comme  c'est  le  cas  normalement.  La  dorsiventralité,  fait  déjà  observé  parUlmo 
{loc.  cit.),  n'est  pas  atténuée,  mais  les  stomates  sont  très  saillants,  el  leurs  parois 
sont  fortement  redressées,  leur  ouverture  offrant  un  diamètre  de  lol*,  alors  qu'il  n'est 
habituellement  que  de  5l^.  Dans  les  chambres  aérifères,  les  cellules  hyalines  surmon- 
tant les  poils  chlorophylliens  ont  disparu. 

Nous  avons  observé  des  modifications  du  même  ordre  sur  le  Lunii/aria  vulgalis 
Mich. 

Pellia  calycina  Nées.  —  Cultivé  sous  une  faible  couche  d'eau,  ce  Pellia  a  donné 
naissance  à  des  thalles  non  ramifiées  de  6"""  de  long  sur  o'^™,3  de  large,  à  bords  forte- 
ment repliés  longitudinalement.  Par  contre,  en  eau  profonde  de  20'^'",  les  pousses,  après 
un  même  temps  de  culture,  ne  mesuraient  que  2"^°' de  longueur  et  leurs  bords  n'étaient 
pas  repliés.  La  pression  de  l'eau  entrave  donc  le  développement  lorsqu'elle  devient 
trop  considérable.  Ce  nouveau  facteur,  dont  on  soupçonnait  peu  l'importance,  doit 
èlie  pris  en  considération. 

(')  Kny,  Bau  und  Enlwicklung  von  Marchantia  polymorpha  L.,  Berlin,  1890. 

(^)  Gavers,  Annals  of  Bolany,  t.  17,  n"  69,  igo/î,  p.  87-120. 

(')  Mabei',  C.  fi.  du  Congrès  des  Sociétés  savantes,  1906,  p.  53-58. 

(')  Beauverie,  Ann.  Soc.  Linn.  de  Lyon,  t.  kk,  1897,  p.  67-69. 

{')  Ulmo,  Recherches  sur  les  Marchanliacées,  igiS. 

C)  Ad.  Davy  de  ViRViLLE,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  168-170. 


l3ô8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sph(eiocarpus  terresirh  Srii.  —  Dans  l'eau,  les  llialles  9  se  dressent  el  s'allongent 
énormémenl.  Ils  ne  présentent  plus  les  nombreux  lobes  que  l'on  peut  observer  dans  la 
nature  et  se  montrent  sous  l'aspect  de  lames  assez  étroites,  longues  de  i'""  environ, 
portant  des  involucres  dressés  plus  longs  que  les  involuci-es  normaux  el  largement 
éxasés;  même,  sur  certains  thalles,  ces  in>olucres  se  sont  développés  sous  forme  de 
lames  foliacées;  ces  résultats  sont  conformes  à  ceux  signalés  par  Cli.  et  R.  Douin  ('  )  à 
propos  de  l'inlluence  de  l'humidité  sur  les  Splueracarpus  (involucres  ouverts  ou 
fendus  longitudinaleraent).  Ces  faits  semblent  aussi  venir  à  l'appui  des  idées  île  cer- 
tains auteurs  qui  considèrent  les  Iliella  comme  des  Sphœrocarpiis  adaptés  à  la  vie 
aquatique. 

Calypogeia  Trichomanis  Corda.  —  Cette  espèce  a  donné  des  pousses  dressées 
de  a''™,  5  de  longueur.  Le  Tableau  suivant  résume  les  diflérences  observées  : 

Calypogeia  Trichomanis  Corda.  1  ype  ncniiial.  '.vpe  aqiialuine. 

Distance  entre  les  feuilles 0,8  1  , .! 

Cellules  de  la  tige 0,070x0,035  o,  i33  x  o,o3.^) 

Taille  des  feuilles 0,880  x  0,880  o,52  X  o,.">2 

Cellules  des  feuilles 0,049  ^  0,0^0  o,o35  x  o,o3i 

On  constate  donc,  loisqu'on  a  cultivé  cette  espèce  dans  l'eau,  une  élon- 
galion  de  la  tige,  ainsi  qu'une  diminution  de  la  taille  des  feuilles  et  de  leurs 
cellules  dont  les  membranes  sont  moins  épaisses.  Dans  la  tige,  les  mem- 
branes des  cellules  externes  ne  sont  plus  cutinisées. 

Le  Plagiochiln  asplenioides  Dum.  et  le  Lophocolea  biderUala  \ees.  ont 
présenté  des  modifications  analogues. 

Il  résulte  donc  de  ces  faits  que  les  Hépatiques,  cultivées  dans  l'eau,  sont 
susceptibles  de  s'adapter  à  leur  nouveau  milieu  qui  provoque  des  change- 
ments remarquables  dans  le  développement,  la  taille,  la  structure  et  aussi 
dans  la  direction  suivant  laquelle  se  fait  l'allongement  de  ces  végétaux.  Si 
ces  formes  étaient  rencontrées  dans  la  nature  sans  qu'on  en  conm'it  la  genèse, 
on  n'hésiterait  pas  à  les  décrire  comme  des  variétés  ou  même  comme  de 
bonnes  espèces. 


BOTANIQUE.  —  Une  nouvelte  Asclépindacée  aphyllc  du  nord-ouest  de  Mada- 
gascar. Note  de  M.  P.  Ciioux,  présentée  par  M.  (îaston  Bonnier. 

On  connaît  aujourd'hui  à  Madagascar  une  trentaine  d'espèces  dAsclé- 
piadacées  aphylles,  et  c'est  à  partir  de  190G  que  le  nombre  s'en  est  particu- 
lièrement accru,   grâce  aux  travaux  de  MM.  Costantin,  Gallaud,  Bois, 

(')  Ch.  et  11.  DoLiJi,  lie\>.  gén.  de  Bol.,   1917,  u°  3V1.  p.  i23-i36  el  1  planche. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I92I.  iSog 

Jumelle  el  Perrier  de  la  Bàthie.  Nous-même,  en  i()i3-i9i4,  avons  l'ait 
connaître  plusieurs  espèces  qui  nous  ont  paru  nouvelles. 

La  liste  n'en  est  pas  cependant  entièrement  close,  puisque  nous  avons 
l'occasion  de  signaler  aujourd'hui  un  genre  nouveau. 

La  plante  dont  il  s'agit  a  été  récoltée  en  septembre  1920  par  M.  Peirierde 
la  Bàlhic  dans  des  sables  très  secs  de  l'Ankarafanlsika,  c'esl-à  dire  dans  ces 
parties  sèches  du  Boïna  on  l'on  a  déjà  signalé  maintes  Asclépiadacées 
a  ph  y  Iles. 

Les  tiges,  dépourvues  de  feuilles,  sont  nombreuses,  dressées,  mais  peu 
raides.  Si  certaines  s'allongent  en  s'appuyant  sur  les  buissons  d'alentour, 
d'autres  retombent  sur  le  sol  où  elles  s'enracinent.  Remarquons  déjà  que 
pai'  son  port  notre  plante  s'écarte  de  la  plupart  des  Cynanchinées  aphylles 
malgaches,  qui  sont  surtout  des  lianes,  et  parmi  lesquelles  on  ne  connaît 
que  quatre  es[)èces  non  grimpantes,  le  Plalykdeha  insignis  N.  E.  Br.,  le 
Çynanduim  macrolobiim  Jum.  et  Perr.,  le  C.  Perrieri  Choux  et  le  C.  corn- 
paclitm  Choux. 

I^es  enveloppes  florales  n'ont  aucune  particularité  bien  caractéristique. 
Le  calice,  de  petite  taille,  est  à  sépales  ovales-triangulaires  ou  triangulaires 
arrondis  et,  dans  ce  dernier  cas,  aussi  longs  que  larges  ou  même  plus  larges 
que  longs.  Leurs  dimensions  varient  entre  1°"",  i  et  i""",3  de  longueur  sur 
o""",8  à  i™°\6  de  largeur.  Au  niveau  de  chaque  sinus  calicinal,  se  trouvent 
deux  à  trois  glandes,  souvent  inégales.  La  corolle  est  blanche,  finement 
lisérée  de  rouge  à  la  gorge.  Les  pétales,  soudés  à  la  base  sur  2""", 5  à  3""", 
et  d'une  longueur  totale  de  8'"™,  5  à  i*^^'",  sont  oblongs,  à  sommet  obtus, 
entièrement  glabres,  et  mesurent  2'"'", 3  à  2'"'",:")  de  largeur. 

Le  principal  intérêt  est  offert  par  la  couronne,  qui  est  formée  de  cinq 
pièces  vertes,  linéaires,  très  aiguës,  s'élargissant  cependant  un  peu  à  la 
base,  et  devenant  par  suite  triangulaires  dans  cette  région.  Ces  cinq  lan- 
guettes, aplaties  dorsalemenl  dans  leur  partie  basilaire,  sont  soudées  aux 
étamines.  Un  mince  pont  aplati  latéralement  relie  les  premières  aux  se- 
condes. En  outre  —  et  c'est  là  le  caractère  important  —  ces  pièces  coronaires 
sont  à  peu  près  complètement  indépendantes  et  nettement  séparées  les 
unes  des  autres.  Chacune  d'elles  s'unit  bien  à  sa  voisine  sur  une  hauteur  de 
()'""',  I  à  o""",2,  formant  même  au  point  de  jonction  une  minuscule  pochette 
qui  fait  très  légèrement  saillie  à  l'extérieur;  mais,  comme  les  filaments 
coronaires  ont  une  longueur  totale  de  4""")  2  à  4°""5  5)  dépassant  de  2"'",  5 
le  sommet  du  gynostège,  on  peut  considérer  ces  pièces  comme  presque 
complètement  libres  sur  toute  leur  hauteur.  De  plus,  si  à  leur  extrême 
base,  ces  pièces  sont  confluentes  et  ont  de  o™"',  7  à  o"""',  8  de  largeur,  elles 


l3lO  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

s'écartent  très  rapidement  les  unes  des  autres  et  s'amincissent  progressive- 
ment jusqu'à  devenir  linéaires.  A  partir,  cependant,  du  niveau  de  l'insertion 
des  rétinacles  sur  le  plateau  stigmatiquc,  elles  ne  se  rétrécissent  plus  que 
fort  peu  jusqu'au  sommet,  où  leur  largeui- est  de  o^^joSj  à  o""",io5.  La 
couronne  na  donc  point  cette  forme  de  coupe,  d'anneau  ou  de  tube,  qui  sert  à 
caractériser  les  plantes  de  la  tribu  des  Cynanchinées,  tribu  à  laquelle  appar- 
tiennent toutes  les  Asclépiadacées  aphylles  signalées  jusqu'ici  à  Madagascar. 

Les  anthères  sont  surmontées  par  une  membrane  triangulaire,  arrondie 
ou  rectangulaire,  toujours  munie  d'une  pointe  aigui-  au  sommet.  Cette 
membrane,  qui  se  rabat  sur  le  plateau  stigmatique,  mesure  de  o™"',4o7  à 
^mm  5g.^  de  hauteur  sur  o""", 542  à  o™'",665  de  largeur. 

Les  poUinies  elliptiques  (o"'",35o  à  o"'°',385  de  hauteur  sur  o""",2io  à 
o'"'",227  de  largeur)  sont  pendantes  à  l'extrémité  de  caudicules  obliques 
(o"'",i92  de  longueur)  et  un  peu  arqués,  s'élargissant  à  leur  insertion  sur 
les  pollinics.  Le  rétinacle,  rouge,  court,  est  déforme  ovalaire  (o"™,i92  à 
o"'"',2io  de  liauleur  sur  o"'",i48  à  o""",i66). 

Le  stigmate  se  compose  d'un  court  pédicelle  qui  supporte  un  plaleau  de 
coiitouf  peiitagonal.  Chacun  des  angles  du  pentagone  présente  une  minime 
dépression  pour  l'insertion  des  rétinacles  ;  et,  dans  l'intervalle  de  ces  angles, 
les  bords  sont  fortement  déprimés  en  arc  de  cercli'.  Le  plateau  est  surmonté 
en  sa  partie  médiane  d'une  portion  conique  très  courte,  qui  ne  dépasse 
pas  o""",5  de  hauteui'.  le  plaleau  lui-même  ayant  une  hauteur  sensiblement 
égale. 

En  définitive,  lous  ces  caractères  peuvent  être  résumés  dans  la  diagnose 
suivante  : 

.4[>hylluin,  lantis  crec/is.  niiillis,  paititn  lii^idis.  F/m  es  nlbi,  intiis  Ic^dtef  iiibri. 
Sepalisovalis-lriaitgulis,  i;landulosis,  1"'™,  i-i'n^jS  longis,  i)'""',^-i""",6  latis.  Pelalis 
obtongisy  npice  obliisis,  8'»"',  0-1""  longis,  2'"",  3-2""",  5  laits,  basi  (2""",  5-3°"")  con- 
crescentibus.  Corona  viridi.  4"""i  2-4™"',  ■">  fdia:  lobis  r/iiim/ue  linearihiis,  apice 
acttlis,  basi  teriler  triangulis,  fere  omnino  liberis.  gynosleginin  niultuin  (3'"'", 5) 
siiperatitibus.  Antherœ  meinbraiia  Iriangula  vel  roltindaia,  apice  acuta  ((•""", 4117- 
()""",  r)y,^  rt//'7,  o™"',  542-0""",  665  latn).  Polliniis  elliplicis.  Stigmate  apicr  Icviler 
coiiico. 

,\olre  espèce  ne  nous  paraît  pas  pouvoii'  rentrer  dans  la  tribu  des  Cynan- 
chinées, au  sens  où  la  comprend  K.  Schumann.  iVIais  elle  se  placerait  parmi 
les  Asclépiadinées,  (pii  jusqu'ici  ne  sont  représentées  à  Madagascar  (jue  par 
deux  espèces.  Nous  croyons,  d'autre  part,  ne  pouvoir  la  classeï-  dans  aucun 
des  genres  de  celte  Iribu  acluellemenl  conIlu^.  Nous  créerons  donc  le  genre 
Nematostemnia  el  notre  espèce  sera  le  Xernatostenuna  Perricn,  que  nous  pla- 


SÉANCE  DU  23  MAI  I92I.  l3ll 

cerions  volontiers  à  côté  du  genre  Metastelma  R.  Br.,  qui  comprend  égale- 
ment (section  Ampliistelrna  K.  Schum.)des  espèces  aphylles,  telles  que  le 
Metastelma  aphylltim  Dcne,  mais  dont  tous  les  représentants  sont  exclusi- 
vement de  l'Amérique  tropicale. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Contrihution  à  Vètude  du  rôle  physiologique 
(les  anthocyanes.  Note  de  M.  Stain  Joxesco,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

La  question  des  anthocyanes,  qui  a  été  tant  discutée  dans  ces  derniers 
temps,  a  reçu  une  solution  presque  définitive  en  ce  (jui  concerne  leur 
origine,  leur  formation  et  les  conditions  dans  lesquelles  elles  se  forment. 
A  ce  point  de  vue  il  suffit  de  citer  les  récentes  recherches  de  Raoul  Combes. 
Willstatter  et  ses  élèves  ont  réussi  à  déterminer  la  composition  et  la  for- 
mule cliimi([ue  de  ces  corps. 

Si  sur  ce  terrain  on  a  abouti  à  résoudre  la  question  des  anthocyanes, 
le  problème  reste  complètement  irrésolu  au  point  de  vue  du  rôle  physio- 
logi((ue  (jue  ces  pigments  jouent  dans  la  vie  intime  des  plantes. 

D'après  Pringsheim,  les  anthocyanes  se  trouvant  en  grande  ([uanlilé 
dans  les  feuilles,  associées  à  la  chlorophylle ,  elles  auraient  pour  rôle  de 
protéger  le  pigment  vert  contre  l'intensité  li-op  forte  de  la  lumière.  Les 
recherches  ultérieures  de  Reinke  et  d'Engelmann  ont  démontré  que  la 
théorie  de  Pringsheim  n'est  pas  fondée  sur  des  faits  rigoureusement  établis. 

Stahl,  s'appuyant  sur  de  nombreux  faits  observés  dans  la  nature,  leur  a 
attribué  un  rôle  très  important  dans  l'élévation  de  la  température  des 
plantes.  Enfin  Palladine  croit  que  les  anthocyanes  constituent  des  pigments 
respiratoires  et  jouent  le  rôle  de  corps  de  transition  dans  l'oxydation  des 
matières  qui  servent  dans  la  respiration. 

Pour  éclairer  autant  qu'il  est  possible  le  rôle  physiologique  de  ces 
pigments,  j'ai  entrepris  une  série  de  recherches  dans  une  voie  différente  de 
celle  qui  a  été  suivie  par  les  auteurs  dont  il  vient  d'être  question. 

Il  ne  paraît  pas  convenable,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances, 
d'étudier  les  glucosides  anthocyaniques  seuls,  lorsqu'on  s'occupe  de  leur 
rôle  physiologique.  Ces  substances  semblent  tellement  liées  aux  gluco- 
sides flavoniques  qu'il  est  indispensable  d'étudier  ensemble  ces  deux 
groupes  de  corps.  J'ai  donc  cherché  à  savoir  ce  que  devient  l'ensemble 
des  anthocyanes  et  des  glucosides  flavoniques  contenus  dans  des  plantules 
rouges  lorsqu'on  place  ces  dernières  à  l'obscurité.  J'ai  dosé  l'ensemble  de 


l3l2  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

ces  corps  en  épuisant  les  tissus  au  moyen  de  Falcool  à  chaud,  en  préci- 
pitant ces  glucosides  à  l'état  de  combinaisons  plombiques,  hydrolysant  ces 
dernières  et  déterminant  le  pouvoir  réducteur  des  produits  dhydrolysf 
obtenus.  J'ai  également  déterminé  la  quantité  de  sucres  réducteurs,  sucres 
non  réducteurs,  d'amidons  et  de  celluloses  dans  ces  mêmes  plantules  de 
façon  à  établii'  le  rapport  qui  peut  exister  entre  les  variations  des  antho- 
cyanes  et  celles  des  substances  hydrocarbonées. 

Mes  expériences  ont  porté  sur  des  plantules  de  Sarrasin  et  de  Blé  de  Bordeaux 
développées  à  l'obscurité.  Dès  que  -les  plantules  avaient  atteint  une  longueur  de 
3™  à  5=™,  elles  étaient  exposées  à  la  lumière.  Après  48  heures  d'insolation,  le  Sarrasin 
et  le  Blé  étaient  fortement  colorés  par  une  anlhocyane  ;  le  Sarrasin  en  rouge  vif,  le 
Blé  en  rouge  violacé.  J'ai  fait  porter  mes  analyses  sur  une  première  série  de  plantules 
s'étant  pigmentées  dans  ces  conditions  et  qui  servait  de  témoin,  tandis  que  deux 
autres  séries^étaient  placées  à  l'obscurité  dans  une  chambre  noire,  où  je  les  laissais 
pendant  6,  lo  ou  i5  jours.  Après  2  ou  3  jours  de  séjour  à  l'obscurité,  les  plantules  ont 
été  observées,  et  j'ai  constaté  qu'elles  se  développaient  assez  bien,  tandis  que  leur 
coloration  commençait  à  s'atténuer.  Après  6  jours  d'obscurité,  lorsque  la  coloration 
avait  sensiblement  diminué  sans  disparaître  complètement,  car  la  base  des  tiges  était 
encore  colorée,  j'ai  fait,  sur  une  série  de  plantules,  une  anaivse  semblable  à  colle  qui 
avait  porté  sur  le  témoin.  Après  un  séjour  à  l'obscurité  de  10  jours  pour  le  Blé  et  de 
1.")  jours  pour  le  Sarrasin,  c'est-à-dire  lorsque  la  coloration  avait  à  peu  près  complè- 
tement disparu,  j'ai  fait  l'analyse  de  la  dernière  série  de  plantules.  Je  réunis  dans  le 
Tableau  ci-dessoiis  les  résultats  de  l'une  des   expériences  faites;    ces   résultats    sont 

rapportés  à  100-  de  substance  sèche. 

lilé  longe  Sarrasin  rouge 

fi  joni's  10  jouis  i;  joni-s  l.S  jours 

Blc  a  a  Sarrasin  ."i  à 

rnuye.       l'oliscurilé.    j'obscurilé.       roupe.         l'oliscurilc.    Idliscurilr. 

Glucosides  anllioc^ani-  '  ?    ,  -,  ''  n   ■  '  ,  '    •  "  ■>    . 

(|ues  et  (lavoniques..  i  ' -Q^'^  ".f^'^  o,323  2,471  '•7'"J  "--^'m 

Sucres  réducteurs ■'>'97  7i'^>à8  8.1S8S  5. 608  3, 026  3,ii4 

Sucres  non  réducteurs..  1,079  1,002  0,762  0,734  0,279              " 

Amidons 16, 234  '^^,79-5  14,200  ig,o8(i  8,700  S. 383 

Celluloses 1,468  >,i86  4,5o3  0,876  1,228  i,6.i4 

L'examen  de  ce  Tableau  permet  de  faire  les  constatations  suivantes  : 
I"  Chez  le  Sarrasin  comme  chez  le  Blé  a\ant  formé  des  pigments  antho- 
cyaniques  à  la  lutnière,  et  maintenus  ensuite  à  l'obscurité,  les  glucosides 
antliocyaniques  et  flavoniqucs  diminuent  sensiblement  à  mesure  que  se 
prolonge  le  séjour  à  l'obscurité.  C^hez  le  Blé,  nous  voyons  la  ([uantité  initiale 
de  1*^,943  tomber  à  o''',423,  après  6  jours,  et  à  0^^,323,  après  10  jours.  Chez 
le  Sarrasin,  la  quantité  initiale  de  2^,^\'^i  tombe  à  1*^,7^0,  après  G  jours,  et 
à  o^^jlfi^,  après  i  ">  jours.  Une  grande  partie  de  l'ensemble  des  glucosides 
anthocyaniques  et  flavouiques  disparaît  donc  dans  ces  circonstances. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  l3l3 

2°  Dans  les  inèiues  condilions,  les  sucres  réducleurs  évoluent  de 'manière 
différente  chez  lo  Blé  et  chez  le  Sarrasin.  Ils  augmentent  dans  la  première 
plante  et  diminuent  dans  la  seconde. 

3°  Les  sucres  non  réducteurs  et  les  amidons  diminuent. 

4°  Dans  les  deux  plantes  nous  constatons  une  augmentation  des  cellu- 
loses. Cette  augmentation  est  expliquée  par  le  fait  que  les  plantulcs 
continuent  à  croître  à  l'obscurité  et  forment,  par  conséquent,  de  nouveaux 
tissus. 

L'observation  des  plantules  colorées  par  des  pigments  anlhocyaniques 
au  cours  de  leur  séjour  à  l'obscurité  permet  de  constater  nettement  la 
diminution  du  pigment  rouge.  On  pouvait  supposer,  ou  bien  que  ces 
pigments  se  transforment,  repassant  par  exemple  à  l'état  de  glucosides 
flavoniques,  ou  bien  qu'ils  sont  détruits.  Les  analyses  dont  je  viens  de 
résumer  les  résultats  montrent  que  cette  dernière  hypothèse  doit  être 
adoptée  puisqu'une  grande  partie  de  l'ensemble  des  glucosides  anlhocya- 
niques et  flavoniques  disparaît  à  mesure  que  les  plantules  perdent  leur 
pigment  rouge. 

Il  semble  donc  qu'on  puisse  conclure  de  ces  faits  que  les  glucosides 
anlhocyaniques  et  llavoniques  sont  susceptibles  d'être  utilisés  par  les 
plantes  mainte  iu2s  à  l'obscurité  d  uis  1  !s  conditions  où  les  expériences  ont 
été  réalisées. 


PHYSIOLOGIE  PATiiOLOGK^LE.  —  l'anaphylaxie  chez  les  végétaux. 
Note  de  MM.  Aitouste  Loiière  et  Hexiu  Coutcrier,  présentée  par 
M.  Roux. 

L'état  de  sensibilisai  ion  qui  est  conféré,  chez  les  animaux,  par  l'injection 
d'une  matière  albuminoïde  étrangère  à  leur  organisme,  est  un  l'ail  dont  le 
caractère  est  si  général  que  nous  avons  eu  l'idée  de  rechercher  si  ce  phéno- 
mène pourrait  aussi  se  manifester  chez  les  végétaux. 

/'/c/niète  expérience.  —  A  cet  eflTel,  nous  avons  choisi,  sur  une  plante  d'oseille 
sauvage,  quatre  feuilles  ayant  les  mêmes  dimensions  approximatives.  Dans  le  pétiole 
de  deux  de  ces  feuilles,  nous  avons  injecté,  le  i\  janvier,  -j-J^  Je  centimètre  cube  de 
sérum  de  clieval;  au  bout  d'un  mois,  aucune  dilTérence  .de  végétation  n'est  perceptible 
entre  ces  quatre  feuilles;  nous  injectons  alors  à  l'une  des  deux  feuilles  ayant  reçu 
l'injection  préliminaire,  ainsi  qu'à  l'une  des  feuilles  témoins,  o'^™",  3  de  ce  même 
sérum. 

Pendant  quatre  jours,  on  n'observe  rien  d'anormal;  mais  à  partir  du  cinquième,  on 
voit  la  feuille  qui  a  reçu  les  deux  injections,  préparante  et  déchaînante,  se  flétrir  peu 

C.  R.,  1921,  ."  Semestre.  (T.  172,  N-  21.)  9^' 


i3i4 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


à   peu;   au  dixième  jour,    elle  est  complètement  flétrie,  alors  que  les  autres  feuilles 
continuent  à  végéter  normalement. 


Fig.   I.  — -  Photograpliie  faite  6  jours  après  les  injections  massives. 

Deuxième  expérience.  —  Prenant  ensuite  trois  jacinthes,   plantées  dans  le  même 
pot  et  se  trouvant  par  conséquent  dans  les  mêmes  conditions  de  vie,  nous  pratiquons 


Avec  injection  préparunlo.       Sans  injection  préparante. 

V\f.  7..  —  Les  deux  plaiHes  uni  reçu  une  injection  massive, 
l'holographie  faite  6  jours  après  les  injections  massives. 

dans  le  bulbe  de  deux  d'entre  elles,  une  injection  de  3',;  de  centimètre  cube  de  sérum, 
(le  clieval;  trois   semaines  après,   nous    constatons    que   la    croissance    n'a    pas    été 


SÉANCE  DU  2,3  MAI  1921.  l3l5 

iiilliiencée  parce  Irailenienl  :  on  injecte  alors  dans  l'un  des  bulbes  a^anl  reçu  l'injec- 
tion préparante  et  dans  le  bulbe  non  encore  traité  |  de  centimètre  cube  du  même 
sérum.  (Quatre  jours  après,  la  plante  à  laquelle  on  a  administré  les  deux  injections, 
préparante  et  déchaînante,  commence  à  dépérir  :  au  onzième  jour,  elle  est  flétrie 
complètement,  alors  que  le  développement  des  autres  reste  noimal. 

Troisième  expérience.  —  Le  i5  mars,  on  injecte  dans  des  bulbes  d'oignons,  plantés 
8  jours  auparavant,  o^^^oi  de  sérum  d'âne,  d'autres  bulbes  étant  conservés  par  ailleurs 
comme  témoins,  dans  les  mêmes  conditions  ;  i5  jours  après  l'injection  préparante,  qui 
n'a  en  rien  modifié  la  croissance,  nous  injectons  dans  l'un  des  bulbes  préparés,  ainsi 
que  dans  le  bulbe  d'une  plante  témoin,  o'^"'',8  du  même  sérum.  Au  quatrième  jour, 
les  feuilles  du  témoin  se  plissent  légèrement,  en  conservant  cependant  leur  rigidité, 
tandis  que  celles  de  l'oignon  sensibilisé  prennent  une  consistance  molle.  Au  bout  de 
8  jours,  l'état  du  témoin  est  demeuré  stationnaire,  tandis  que  la  plante  sensibilisée 
s'est  complètement  affaissée. 

Si  l'on  sectionne  les  tiges  de  ces  deux  plantes,  on  constate  que  celles  du  témoin  sont 
franchement  vertes  et  de  consistance  normale,  tandis  que  les  autres  sont  ramollies,  de 
couleur  gris  verdeîlre  et  presque  pourrie*. 

Le  bulbe  témoin  sectionné  est  normal,  sans  que  l'on  retrouve  la  trace  de  l'injection, 
alors  que,  chez  l'anaphylactisé,  la  place  de  l'injection  est  marquée  par  une  cavité 
remplie  d'un  magma  brunâtre  et  la  totalité  du  bulbe  se  trouve  dans  un  état  de  pour- 
riture déjà  avancé. 

Ces  premiers  résultats,  superposables,  montrent  que  l'état  anaphylac- 
tique peut  être  créé  chez  les  végclaux". 


Sans  injection  preparatUo.  Avec  injecuon  préparante. 

Fig.  3.  —  Injections  massives  dans  les  deux  bulbes. 

Des  expériences  actuellement  en  cours  ont  pour  objet  de  rechercher 
l'efTet  des  différentes  matières  albuminoïdes,  végétales  ou  animales,  le  degré 
de  spécificité  de  la  sensibilisation,  la  possibilité  de  désensibiliser  les  végé- 
taux par  l'administration  de  doses  subintrantes  et  de  comparer  les  carac- 
tères de  cette  anaphylaxie  à  ceux  que  l'on  observe  chez  les  animaux. 


l3l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.  —  Glande  inlerslititlle  du  testicule  et  caractères  sexuels 
secondaires  chez  les  Poissons.  Note  de  M.  R.  Coiruiku,  ptéscnlée 
parM.VVidal. 

L'élude  de  la  glande  germinalive  mâle  de  l'Epinoche  (Gas/rostous  acu- 
lœtus)  nous  a  permis  d'observer  les  faits  suivants.  Au  début  de  mars,  le 
testicule  est  en  préspermatogenèse;  des  noyaux  de  Sertoli  sont  appliqués 
contre  la  membrane  propre  des  ampoules  spermatiques,  et  la  lumière  de 
ces  canaux  est  occupée  par  les  divers  éléments  de  la  lignée  séminale  :  sper- 
malogonies,  spermatocytes,  spermatides.  Les  tubes  séminifères  sont  très 
distendus;  les  espaces  intertubulaires  sont  presque  virtuels;  on  y  distingue 
de  place  en  place  quelques  cellules  conjonctives  aplaties.  La  spermiogenèse 
apparaît  aux  derniers  jours  de  mars.  Elle  s'efTectue  rapidement  et  bientôt 
les  tubes  séminifères  ne  contiennent  plus  que  des  noyaux  de  Sertoli,  des 
spermatozoïdes  et  des  spermalogonies.  Tandis  qu'a  lieu  celte  évolution 
dans  les  canaux  spermatiques,  certaines  modifications  apparaissent  au 
niveau  des  espaces  intertubulaires.  Ceux-ci  s'agrandissent  et  se  remplissent 
d'un  tissu  conjonclivo-vasculaire.  Les  cellules  conjonctives,  d'abord  petites, 
grossissent  considérablement;  noyau  et  prolo[)lasme  s'byperlropbienl 
parallèlement  et  de  nombreux  capillaires  s'insinuent  entre  les  éléments 
connectifs.  Vers  la  mi-avril,  les  tubes  séminifères  sont  moins  dilatés;  ils 
contiennent  des  spermatozoïdes  qui  s'orientent  autour  des  éléments  serto- 
liens.  Il  existe  de  très  rares  spermalogonies;  spermatocytes  et  spermatides 
font  entièrement  défaut.  Si  l'on  a  traité  l'objet  par  une  lecbnique  spéciale, 
les  éléments  intertubulaires  révèlent  des  détails  cytologi(jucs  intéressants. 
Les  cellules  conjonctives  ont  acquis  un  aspect  glandulaire  parfaitement 
distinct;  autour  d'un  noyau  arrondi  à  gros  nucléole  central  se  trouve  un 
protoplasme  de  structure  différente  suivant  les  éléments  considérés.  Il  est  le 
plus  souvent  foncé  grâce  à  l'abondance  de  granulations  extrêmement  fines 
qui  sont  des  mitochondries.  D'autres  cellules  possèdent  des  granulations 
plus  volumineuses  et  enfin  quelques  éléments  renferment  dans  leur  cyto- 
plasme de  gros  grains  de  sécrétion.  On  a  donc  sous  les  yeux  les  didércnts 
stades  d'un  cycle  sécrétoiie.  yVjoutons  que  ces  cellules  glandulaires 
s'orientent  autour  des  vaisseaux  sanguins,  devenus  très  abondants  dans  les 
espaces  intertubulaires.  Celle  description  montre  nettement  que  nous  sommes 
en  présence  d'une  glande  endocrine  en  activité  :  c'est  la  glande  interstitielle  du 
testicui'e. 

L'Epinoche  présenle   un   caractère   sexuel   secondaire  bien   marqué  au 


SÉANCE  DU  23  MAI  I921.  l3l7 

moment  de  la  reproduclion.  Le  mâle  possède  une  paiiire  de  noces Jrès  spé- 
ciale, le  dos  est  vert  émeraude  et  la  région  ventrale  devient  ronge  écarlale. 
Nous  avons  pu  constater  que  c'était  an  moment  où  se  produisent  les  pre- 
miers phénomènes  sécrétoircs  dans  les  cellules  interstitielles  qu'apparaît 
la  teinte  rouge  caractéristi(jue.  Les  travaux  de  Bouin  et  Ancel  sur  le  con- 
ditionnement des  caractères  sexuels  secondaires  chez  les  Mammifères  ont 
mis  nettement  en  évidence  qu'ils  étaient  sous  la  dépendance  d'hormones 
élaborées  par  les  cellules  interstitielles  du  testicule.  Les  faits  d'observation 
que  nous  venons  de  relater  tendent  à  montrer  qu'il  en  est  exactement  de 
même  chez  des  Vertébrés  inférieurs  comme  les  Poissons.  Il  ne  peut  s'agir 
ici  d'une  action  provenant  des  cellules  séminales,  car  au  moment  où  appa- 
raît la  couleur  rouge,  la  spermatogenèse  est  terminée  et  les  tubes  semini- 
fères  ne  renferment  que  des  spermatozoïdes  et  des  éléments  de  Sertoli.  Il 
parait  impossible  d'attribuer  aux  premiers  un  rôle  endocrine;  quant  aux 
seconds,  les  recherches  des  auteurs  déjà  cités  les  ont  écartés  de  la  question 
chez  les  Mammifères  en  montrant  qu'ils  ne  subissent  pas  l'hypertrophie 
compensatrice  dans  la  castration  unilatérale  et  que  les  caractères  sexuels 
secondaires  peuvent  se  développer  et  se  maintenir  en  leur  absence. 

Nous  croyons  donc  qu'il  y  a  lieu  d'établir,  chez  l'Epinoche,  une  relation 
de  cause  à  eiTet  entre  le  fonctionnement  de  la  glande  interstitielle  et  l'appa- 
rition de  la  parure  de  noces. 

Conclusions'.  —  Il  existe  chez  les  Poissons  (Epinoche)  une  glande  inters- 
titielle du  testicule  qui  présente  une  évolution  cyclique.  Cette  glande  se 
développe  quand  la  spermatogenèse  est  terminée.  Les  caractères  sexuels 
secondaires  se  révèlent  lorsque  les  cellules  interstitielles  sont  en  activité 
glandulaire;  ils  paraissent  conditionnés  par  les  hormones  sécrétées  par  ces 
cellules. 

Des  recherches  expérimentales  sont  en  cours  en  vue  de  compléter  ces 
faits  d'observation. 


HISTOLOGIE.  —  Nouvelle  technique  pour  les  inclusions  et  les  préparations 
microscopiques  des  tissus  végétaux  et  animaux.  Note  de  M"''  Larbai'd, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

La  méthode  la  plus  généralement  employée  pour  le  traitement  des  pièces 
anatomiques  à  inclure  dans  la  paraffine  consiste  dans  lepassagesuccessif  de 
ces  pièces  dans  les  huit  bains  suivants  :  1 ,  alcool  à  So"  ;  2,  alcool  à  60"  ;  3, 
alcool  à  80°  ;  4,  alcool  à  93°  ;  5,  alcool  absolu  ;  6,  alcool  absolu  |,  xylol  ou 


l3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

toluène  {;  7,  alcool  absolu  i,  xylol  ou  toluène  ~\  8,  xylol  ou  toluène  pur. 

Les  principaux  inconvénients  de  celte  méthode  sont  :  l'impureté  des  pro- 
duits employés,  les  traces  d'eau  que  contient  presque  toujours  l'alcool 
étliylique  dit  absolu,  la  contraction  du  protoplasma  et  le  durcissement  des 
tissus  dans  le  xylol  ou  le  toluène.  Enfin,  le  prix  de  revient  de  ces  produits 
est  toujours  élevé. 

J'ai  cherché  à  supprimer  ces  inconvénients  et  à  simplifier  cette  méthode 
en  réduisant  le  nombre  de  bains.  Pour  cela,  j'ai  employé  l'alcool  bulylique 
normal  qui  est  livré  pur  et  absolument  anhydre.  Cet  alcool  est  un  produit 
accessoire  de  la  fabrication  de  l'acétone  (procédé  Fernbach);  actuellement 
on  en  fabrique  annuellement  plusieurs  milliers  de  tonnes  qui  n'ont  aucune 
application  industrielle.  Ce  produit  a,  sur  l'alcool  étliylique,  l'avantage  de 
dissoudre  la  paraffine,  ce  qui  supprime  complètement  le  xylol  ou  le  toluène. 
C'est  donc  une  simplification  de  la  méthode,  et  les  résultats  ont  prouvé  que 
c'était  aussi  une  amélioration. 

Traitement  des  pièces  anatomiqiies  et  des  préparations.  —  L'alcool  bulylique 
normal  dissolvant  très  peu  d'eau  {^i  ^^  son  volume),  on  ne  peut  pas  préparer  direc- 
tement, par  addition  d'eau,  la  série  des  alcools  à  So",  à  60°  et  à  8o^  Mais  le  mélange  à 
parties  égales  d'alcool  éthylique  à  96°  et  d'alcool  butjlique  norm:il  pur  est  un  très 
bon  dissolvant  de  l'eau.  J'emploie  donc  ce  mélange  pour  les  quatre  premiers  bains. 
Les  calculs  montrent  qu'à  loo'^""  de  ce  mélange  il  faut  ajouter  :  225""'  d'eau  pour 
obtenir  de  l'alcool  à  So"  (i^'  bain);  62'''"',  5o  d'eau  pour  obtenir  de  l'alcool  à  60°  (2"  bain); 
21*^"°', 87  d'eau  pour  obtenir  de  l'alcool  à  80°  (3»  bain),  et  2'^™', 63  d'eau  pour  avoir  de 
l'alcool  à  95°  (4"  bain). 

C'est  alors  que  s'introduit  la  simplification  de  la  méthode.  F.n  elTet,  il  suffit  de  deux 
bains  successifs  d'alcool  bulylique  normal  pur  pour  achever  le  traitement  des  pièces 
à  inclure.  Dans  le  second  bain,  on  ajoute  peu  à  peu  de  la  paraffine,  et  l'on  achève 
l'inclusion  comme  d'habitude. 

Pour  les  coupes  montées  sur  lames  porte-objet,  on  remplace  la  série  des  alcools 
éthyliques  par  la  série. des  alcools  éthyliques  et  butyliques  emj)loyée  pour  le  traite- 
ment des  pièces  à  inclure.  Enfin,  pour  le  traitement  des  coupes  de  matériaux  non 
inclus  dans  la  paraffine,  on  remplace  les  alcools  éthyliques  à  95"  et  à  100°  par  les 
alcools  butyliques  correspondants. 

Rèsullats  et  avantages  de  cette  méthode.  —  Les  essais  ont  été  faits  sur  des 
tissus  végétaux  et  sur  des  tissus  animaux;  fleurs  développées  avec  leurs 
divers  tissus,  jeunes  boutons  floraux,  méristèmes  de  sommets  végétatifs  de 
racines  et  de  tiges,  embryons  de  lapins. 

Dans  tous  les  cas  j'ai  observé  la  parfaite  conservation  du  protoplasma 
sans  aucune  rétraction.  Les  colorations  en  masse  faites  avant  l'inclusion 
n'ont  subi  aucune  altération,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  pour  les  autres  méthodes. 
Au  moment  de  l'inclusion,  les  pièces  ne  sont  ni  dures  ni  cassantes,  comme 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  iSig 

après  leur  trailomcnt  avec  le  xylol  ou  le  toluène.  Enfin,  à  ces  avantages,  il 
faut  ajouter  le  gain  de  temps  par  la  suppression  de  deux  bains. 

Ces  résultats  permettent  de  présumer  que  l'alcool  butylique  trouvera  un 
débouché  dans  les  laboratoires  pour  les  recherches  histologiques. 

BACTÉRIOLOGIE  AGRICOLE.  —  Augmentation  du  nombre  des  Clostridium 
Pastorianum  (  Winogradski)  dans  des  terres  parliellement  stérilisées  par  le 
sulfure  de  calcium.  Note  de  MM.  G.Tuuffaut  et  N.  BezssongI'F,  présentée 
par  M.  L.  Maquennc. 

Dans  un  travail  précédent  ('),  nous  avons  basé  l'évaluation  du  nombre 
des  Clostridium  Pastorianum  du  sol  sur  le  comptage  des  colonies  symbio- 
tiques de  cet  organisme  se  développant  en  profondeur  dans  l'agar  des  boîtes 
de  Pétri  ensemencé  par  une  dilution  de  terre  au  ^75775- 

Un  tel  mode  d'évaluation  a  l'inconvénient  de  nécessiter  le  contrôle  de  la 
majorité  des  colonies  se  développant  en  profondeur;  aussi,  tout  en  conti- 
nuant l'étude  des  colonies  symbiotiques,  nous  avons  cherché  un  procédé  de 
mesure  plus  rapide. 

A  cet  effet,  nous  ensemençons  des  dilutions  de  terre  en  tubes  d'agar  glu- 
cose (^)  et,  après  pasteurisation,  nous  constatons  ou  non  une  fermentation  ; 
dans  le  cas  d'une  fermentation,  nous  établissons  la  présence  du  Clostridium 
par  des  préparations,  puis  nous  contrôlons  le  pouvoir  de  fixation  d'azote 
par  des  ensemencements  en  bouillon  ('). 

Opérant  ainsi,  nous  avons  pu  nous  convaincre  qu'un  seul  chauffage  à  80" 
pendant  20  minutes  des  tubes  d'agar  ensemencés  était  insuffisant  pour 
assurer  des  résultats  constants;  le  développement  d'anaérobies  facultatifs 
influence  défavorablement  la  fermentation  butyrique.  La  résistance  du 
Clostridium  au  chauffage  est  bien  connue  (Omelianski,  1917);  cet  orga- 
nisme est  susceptible  de  se  développer,  même  après  un  chauffage  à  110° 
pendant  20  minutes;  on  pouvait  donc  s'attendre  à  ce  que  des  chauffages 
à  une  température  plus  élevée,  en  entravant  le  développement  des  anaé- 
robies  facultatifs,  faciliteraient  celui  du  Clostridium. 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  1278,  et  l.  171,  1920,  p.  268. 

s  f 

C)            Peptone...        2,5  (')  Peptone...  2,5 

Liebig.  ...  2  Liebig 2 

Glucose.  .  .  10  Mannite.  .  .  10 

Agar i5  Eau i' 

Eau 1' 


l320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cependant,  nous  avons  constaté  que  deux  chauflagcs  à  loo"  pendant 
20  minutes,  répétés  à  il\  heures  d'intervalle,  diminuent  considérablement 
le  nombre  des  germes  de  CLostridium  pouvant  se  développer  et  produire  la 
fermentation  butyrique;  ainsi,  en  moyenne  dans  ce  cas,  sur  dix  tubes  ense- 
mencés avec  I™'  d'une  dilution  de  terre  au  775V01T'  '"'cun  ne  feiinente  ; 
sur  cinq  tubes  ensemencés  avec  une  dilution  au  .  J^,,,  un  seul  tube  fermente; 
tandis  que,  en  chauffant  deux  fois  à  80°  seulement  une  dilution  au  , ^ „',j „ „  de 
la  même  terre,  quatre  tubes  sur  dix  fermentent. 

Nous  avons  donc  cherché  à  déterminer  un  mode  de  chauffage  qui,  tout 
en  éliminant  les  anaérobies  facultatifs,  donne  le  plus  grand  nombre  de 
tubes  fermentes;  des  essais  comparatifs  faits  avec  quinze  terres  de  prove- 
nance française,  tunisienne  et  marocaine,  nous  amenèrent  aux  procédés 
suivants  : 

A.  Des  dilutions  de  terre  au  7^7^,  , „ „'„ „ „ ,  ., ;,,]„„„  sont  placées  pendant 
3o  minutes  dans  une  étuve  à  5o°.  Pour  chacune  de  ces  dilutions,  i""'  est 
ensemencé  dans  un  tube  d'agar  glucose  liquéfié,  maintenu  entre  65°  et  70°. 
On  chauffe  tous  les  tubes  ensuite  à  ^S"  pendant  20  minutes  et  on  les 
refroidit  brusquement  dans  un  courant  d'eau  froide. 

B.  On  peut  introduire  dans  les  tubes  un  tampon  imprégné  de  pyro- 
gallate  de  soude  (procédé  Wright-Burri),  ce  qui  évite  le  refroidissement 
brusque. 

Quatorze  heures  après  l'ensemencement  on  chauffe  à  nouveau  les  tubes 
à  5o°  pendant  3o  minutes  et  l'on  répète  cette  opération  deux  fois  pour  ceux 
qui,  maintenus  dans  une  éluve  à  35",  n'auraient  pas  fermenté.  En  employant 
un  stérilisant  à  base  de  CaS  (i5  pour  100)  et  de  MgCO'  (4,5  pour  100)  à 
la  dose  de  6^,66  par  kilogramme  de  terre,  dans  des  pots  contenant  3'^'^' de 
ce  sol,  on  obtint  les  résultats  suivants  : 

Tubes  refroidis  brusquement. 

Huit  jours  .Seize  jours 

après  traitement.  apics  traitement. 

Nomljre  de  tuLics  Nombre  de  tubes 

DiliilicHis.       ensemencés.      fermentes.  ensemences,     fermentes. 


Témoin ...... 

Terre  IrailL-e. 


I  0  0  0  u 

ÏÛOOIIO 

( 

TTToTÔ 

1 

1 uuooo 


SÉANCE  DU  23  MAI  1921.  l32I 

Tubes  (H'ec  tampon  île  pyrogallale  ensemencés  1(3  Jours  après  le  Iraileiuent. 

Nombre  de   tubes 
Dilutions.  ensemencés.  feiriienlés. 

Témoin -nfiôT  ^  i 

"  i  oooiiu  'O  .  ' 

Terre  traitée TToTïr  ^  3 

"  "  I  00(100  '"  ^ 

Il  e^l  à  noter  que  dans  toutes  nos  expériences,  nous  avons  toujours  observé 
une  fermentation  butyrique  plus  énergique  dans  les  tubes  ensemencés 
avec  des  dilutions  de  terre  partiellement  stérilisée  que  dans  les  tubes 
témoins. 

Dans  les  tubes  ayant  fermenté  on  a  pu  constater  la  présence  de  formes 
bactériennes  correspondant  à  celle  du  Closlridiwn  Pastorianum ;  des  bouillons 
inoculés  par  des  tubes  fermentes  donnèrent  lieu  à  une  fixation  moyenne 
d'azote  de  4o™^  par  litre  de  bouillon. 

En  outre,  dans  nos  recherches  précédentes  faites  sur  plusieurs  centaines 
de  tubes,  nous  n'avons  constaté  que  deux  fois  une  fermentation  butyrique, 
probablement  causée  par  un  spirille  non  déterminé. 

On  connaît  la  difficulté  qu'éprouvent  les  spores  bactériennes  âgées  à 
germer  dans  des  milieux  solides.  Nos  chiffres  ne  doivent  en  conséquence 
représenter  que  les  Clostridium  actifs  ou  venant  de  sporuler.  Toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  le  nombre  des  Clostridium  que  nous  avons  trouvés  dans  un 
sol  se  trouvant  à  une  température  basse  est  toujours  nettement  inférieur  à 
celui  que  nous  constatons  dans  la  même  terre  lorsque  la  température 
dépasse  i5°. 

Conclusions.  —  L'influence  de  la  stérilisation  partielle  sur  |le  dévelop- 
pement du  Clostridium  est  confirmée  par  ce  fait  que  sur  10  tubes  ensemencés 
avec  des  dilutions  de  terre  témoins,  3  fermentent,  alors  que  8  subissent  la 
fermentation  butyrique  dans  le  cas  de  terres  partiellement  stérilisées,  et 
cela  8  jours  après  ce  traitement.  Les  rapports  sont  encore  de  2  à  i,  16  jours 
après  le  traitement. 

Ces  méthodes  nous  ont  donné  des  nombres  de  Clostridium  voisins  de 
looooo  au  gramme,  chiffres  qui  sont  forcément  bien  au-dessous  de  la  réa- 
lité. Il  est'intéressantcependant  de  constater  que  même  en  les  adoptantiissont 
de  10  à  100  fois  supérieurs  à  ceux  qui  ont  été  donnés  par  Jones  et  Murdoch 
pour  les  azotobacter.  Les  numérations  maxima  de  ces  auteurs  sur  17  terres 
indiquent  1800  organismes  par  gramme.  Nos  propres  essais  ne  nous  ont 
pas  permis  d'en  compter  plus  de  5oo. 

G.  R.,51931,  i"  Semestre.  (T.  t72,  N-  2t.)  •  97 


l322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  nous  semble  donc  que  c'est  le  Clostridium  Pastoiianum  et  non  V Azoto- 
bacter  qui  est  l'agent  principal  de  la  fixation  de  l'azote  dans  le  sol. 


ENTOMOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  déterminisme  de  la  perte  de  la  faculté 
du  vol  chez  les  Hémiptères  aquatiques.  ÎNote  de  M.  R.  Poisson,  présentée 
par  M.  E.-L.  Bouvier. 

On  sait,  d'après  les  recherches  de  Perrière  (1914),  que  certains  exem- 
plaires de  Ranatra  linearis.  L.  possèdent  des  muscles  vibrateurs  longitudi- 
naux anormaux.  Ces  muscles  présentent  des  insertions  défectueuses  et, 
d'autre  part,  ils  sont  formés  de  fibres  striées  beaucoup  plus  grêles  que  celles 
des  exemplaires  à  muscles  normaux.  Ces  fibres  sont  entourées  par  des 
cellules  arrondies  à  gros  noyaux  entre  lesquelles  s'insinuent  de  nombreuses 
trachées.  Ranatra  linearis  nous  montre  le  début  d'un  processus  remarquable: 
l'indice  primitif  d'une  dégénérescence  des  muscles  du  vol  (muscles  vibra- 
teurs longitudinaux)  et  la  formation,  à  leur  place,  d'organes  particuliers 
connus  sous  le  nom  d'organes  trachéo-parenchymateux . 

Celle  évolution  régressive  des  muscles  vibrateurs  s'accentue  chez  Nepa  cinerea  L. 
En  eflel,  les  observations  de  Perrière  (1914)  el  de  Brocher  (igiS)  montrent  que  les 
muscles  vibrateurs  longitudinaux  dorsaux,  latéraux  dorsaux  postérieurs  et  sternali- 
dorsaux  (vibrateurs  transversaux  de  Janet)  s'atrophient  progressivement  pendant  la 
vie  larvaire.  Chez  l'adulte,  sauf  quelques  rares  exceptions,  on  trouve  à  la  place  des 
muscles  vibrateurs  longitudinaux,  deux  organes  trachéo-parenchymateux.  Ces  organes 
sont  constitués  par  des  fibres  non  striées,  entre  lesquelles  s'insinuent  les  nombreuses 
Irachéoles  musculaires.  Les  muscles  latéraux  dorsaux  postérieurs  et  sternali-dorsaux 
ont  totalement  disparu.  D'après  Brocher,  ils  seraient  représentés  par  des  lames  de 
tissus  accolés  aux  sacs  aériens. 

Les  muscles  de  vol  faisant  défaut,  la  Nèpe  ne  peut  donc  plus  voler,  quoique  possé- 
dant des  ailes  et  des  éivtres  d'apparence  normale. 
"  ♦ 

Dans  le  but  d'établir  le  déterminisme  cjui  préside  à  la  régression  des 
muscles  du  vol  chez  les  Hémiptères  a(juatiques,  j'ai  entrepris  l'étude  de  ces 
muscles  : 

1°  Chez  deux  espèces  affines  ne  volant  pas,  Naucons  ciniicoides  L.  et  Nau- 
coris  maculatus  Fabr.  ('),  mais  dont  la  première  possède  des  élytres  et  des 

(')  L'expérience,  tentée  sur  de  nombreux  exemplaires,  a  toujours  été  concluante. 
Des  Notonectes,  des  Corises,  des  Gerris  macroptères,  placées  au  voisinage  d'une 
source  de  chaleur  d'où  elles  ne  peuvent  s'enfuir  par  la  marche,  ne  lardent  pas,  sauf 
quelques  très  rares  exceptions,  à  s'envoler  vers  une  fenêtre,  lorsque  la  température 
s'élève.  Par  contre,  Nèpe  et  IXaiicorises  ne  s'envolent  pas  et  cherchent  uniquement  à 
s'enfuir  par  la  marche;  elles  courent  jusqu'il  complet  épuisement. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I921.  l323 

ailes  normalement  développées,  alors  que  la  seconde  ne  présente  plus  que 
deux  petits  moignons  aiaires. 

2°  Chez  Gerris  lacustris  L.,  espèce  qui  vole  sous  sa  fornie  macroptère  et 
ne  vole  plus  sous  sa  forme  brachyptère  ('). 

A.  Cas  de  Naucoris  cimicoïdes  (forme  ailée). 

Les  muscles  vibraleurs  longitudinaux,  dorsaux  onl  disparu  et  ils  sont  remplacés, 
ainsi  que  Perrière  l'a  déjà  signalé,  par  deux  petits  organes  iracliéo-parenchymateux 
recouverts  en  partie  par  les  sacs  trachéens.  Ces  organes  sont  constitués  par  des  fibres 
régulières  extrêmement  minces,  sans  aucune  trace  de  slrialion,  qui  possèdent  de  gros 
noyaux  de  forme  ovale,  occupant  toute  la  largeur  de  la  fibre.  Les  fibres  sont  mélangées 
à  un  réseau  de  tracliéoles  dont  certaines,  lorsqu'elles  sont  pleines  d'air,  ont  l'aspect 
de  petites  vésicules. 

B.  Cas  de  Naucoris  maculalus  (forme  à  ailes  rudimentaires). 

Aucune  trace  des  muscles  vibrateurs  du  vol.  Les  organes  trachéo-parenchymateux 
eux-mêmes  n'existent  pas.  Dans  certains  cas,  cependant,  on  peut  observer  une  mince 
lame  de  tissu  accolée  au  tronc  trachéen  correspondant. 

C.  Cas  de  Gerris  lacustris. 

\°  Forme  macroptère  :  Individus  de  8""",  ailes  de  5"™. 

Sur  une  coupe  transversale  du  mésothorax,  on  observe  une  paire  de  muscles  vibra- 
teurs longitudinaux  dorsaux  et  une  paire  de  vibrateurs  transversaux  (^)  parfaitement 
bien  développés  et  localisés.  Latéralement,  se  trouvent  les  petits  muscles  de  mise  en 
place  des  ailes  et  les  muscles  moteurs  des  pattes,  dont  certaines  possèdent  une  inser- 
tion dorsale  située  au  voisinage  de  celle  des  vibrateurs  transversaux. 

3°  Forme  brachyptère  :  Individus  de  8"™  de  longueur;  les  élytres  atteignent  exac- 
tement la  moitié  de  la  longueur  de  l'abdomen,  elles  ne  se  recouvrent  pas.  Les  ailes 
rudimentaires  mesurent  2""°. 

Les  muscles  vibrateurs  du  vol  n'existent  pas  et  Von  ne  trouve  pas  à  leur  place 
d'organes  -analogues  aux  organes  trachéo-parenchymateux.  Uemplacemenl  laissé 
libre  par  ces  muscles  est  occupé  :  a.  parles  muscles  dorsaux-  ventraux  moteurs  des  pattes 
qui  viennent  prendre  leurs  insertions  plus  près  de  la  ligne  médiane  dorsale  que  nor- 
malement; b.  par  les  réservoirs  des  glandes  salivaires,  par  du  tissu  graisseux  et,  à 
maturité  sexuelle,  par  une  partie  des  organes  génitaux. 

En  résumé,  cette  étude  noas  montre  qu'il  n'y  a  pas  parallélisme  entre  la 

(')  Guérin  el  J.  Pénau  {Faune  enlomologique  armoricaine,  191  o,  in  Bull.  Soc. 
se.  et  médicale  de  l'Ouest,  t.  19,  n"  2)  [disent  n'avoir  rencontré  qu'une  seule  fois 
une  femelle  à  ailes  nulles  et  à  hémélytres  asymétriques.  Cette  forme  brachyptère 
paraît  bien  localisée  dans  certaines  stations  aux  environs  de  Caen  (Calvados). 

(-)  Chez  G.  lacustris,  ces  deux  sortes  de  muscles  apparaissent  après  la  quatrième 
mue  larvaire.  Au  voisinage  de  la  cinquième  el  dernière  mue  larvuire,  ils  ne  sont  pas 
encore  complètement  développés. 


l324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

disparition  des  muscles  vibrateurs  et  celle  des  ailes,  ainsi  que  Mercier  l'a 
déjà  constaté  chez  Chersodromia  hirln  Walk  et  Apterina  pedestris  Meig  ('), 

D'autre  part,  Ranatre,  Nêpe,  Naucorises  (N.  cimicoïdes  et  A^.  maculatus) 
peuvent  être  envisagées  comme  formant  une  série  où  Ton  assiste  progressi- 
vement à  la  disparition  des  muscles  vibrateurs  du  vol.  Cette  série  serait  à 
mettre  en  parallèle  avec  celle  que  donne  la  comparaison  des  Diptères  pupi- 
pares  entre  eux.  Chez  ces  derniers,  Massonnat  (^)  a  montré  que  l'atrophie 
des  muscles  du  vol  est  de  plus  en  plus  complète  suivant  que  les  rapports  du 
Diptère  parasite  et  de  son  hôte  sont  de  plus  en  plus  étroits.  Aussi  certains 
voient  dans  la  vie  parasitaire  menée  par  ces  insectes,  le  déterminisme  de 
la  perte  de  la  faculté  du  vol;  les  muscles  du  vol  ayant  disparu  par  non 
usage.  Mais,  pour  les  Ranatres,  les  Népes,  N.  cimicoïdes  qui  possèdent  des 
ailes  normalement  développées,  la  théorie  du  non  usage  ne  paraît  pas  aussi 
évidente  que  pour  les  Diptères  pupipares. 

A  mon  avis,  l'étude  de  Gerris  lacustris  sous  sa  forme  ailée  et  sous  sa  forme 
brachyptère  laisse  place  à  une  interprétation  plus  satisfaisante.  En  efl'et, 
chez  la  forme  brachyptère,  la  disparition  des  muscles  du  vol  apparaît  brus- 
quement comme  le  ferait  une  mutation. 


La  séance  est  levée  à  i6  heures  et  demie. 

A.   Lx. 

(')  L.  Mercier,  Variation  dans  le  nombre  des  fibres  des  muscles  vibrateurs  lon- 
giludinaujc  chez  Cliersodromia  hirla  Walk.  Perle  de  la  faculté  du  vol  {Comptes 
rendus,  t.  171,  1920,  p.  gSS).  —  Apterina  pedestris  Meig.  Les  muscles  du  vol  chez 
certains  Diptères  à  ailes  rudimentaires  ou  nulles  {Ihid.,  t.  172,  1921,  p.  716). 

(^)  Massonnat,  Contribution  à  l'étwie  des  Pupipares  (t/in.  Université  de 
Lyon,  fasc.  ^8,  1909). 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI   50   MAI    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geouges  LEMOLVE. 


MEMOIRES  ET  COMMUi\ICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  Emii.e  Picard,  en  déposant  sur  le  bureau  le  Tome  III  des  OEuvres  de 
Georges  Halphen,  s'exprime  comme  il  suit  : 

Je  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M""^  Halphen,  le  Tome  III  des 
OEuvres  d'HALPHEx.  Ce  volume  est  à  peu  près  formé  uniquement  des  deux 
grands  Mémoires  de  notre  regretté  confrère  :  Sur  ta  réduction  des  équations 
différentielles  linéaires  aux  formes  inlégrables  et  Sur  la  classification  descourbes 
gauches  algébriques.  Le  premier  de  ces  Mémoires  fut  couronné  par  l'Aca- 
démie en  1881  dans  un  concours  célèbre,  auquel  prit  part  Henri  Poincaté 
qui  commençait  alors  à  s'occuper  des  fonctions  fuchsiennes.  Dans  ce  travail 
considérable,  où  toutes  les  applications  sont  poussées  jusqu'à  leur  dernier 
terme,  les  invariants  des  équations  diflërentielles  linéaires  jouent  un  rôle 
capital,  et  c'est  de  leur  considération  que  Halphen  déduisit  la  solution  du 
beau  problème  qu'il  s'était  posé  sur  les  possibilités  de  réduction  à  des 
classes  étendues  d'équations  différentielles.  Le  second  Mémoire  est  peut- 
être  l'œuvre  la  plus  profonde  d'Halphen,  qui  a  été  beaucoup  plus  loin  que 
ses  devanciers  dans  la  classilicalion  extrêmement  difficile  des  courbes 
gauches  algébriques.  Il  a  appliqué  ses  méthodes  générales  à  la  classification 
complète  de  ces  courbes  jusqu'au  vingtième  degré,  et  à  celle  des  courbes 
de  degré  cent  vingt. 

Un  quatrième  Volume  terminera  la  publication  des  OEuvres  de  l'illustre 
géomètre  qu'une  mort  prématurée  enleva  à  la  Science,  en  1889,  à  làge  de 
quarante-quatre  ans. 

C    R.,  1931,  I-  Semestre.  (T.  172,  N°  22.)  9^  A^^O^""  "^^O^i:^ 

L13R  ARY)=D 
^'  /-^ 


l3-26  ACADÉMIE    DES    SCIEACES. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  /'applicalifin  de  .suivoltrurs  siatit/iics  réparlis  ou  réglage 
des  lignes  à  haute  tension.  Noie  de  M.  A.  Bloxdel. 

Dans  une  Note  antérieure,  j'ai  comparé  différentes  solutions  réalisables 
pour  les  lij^nes  de  transport  d'énergie  à  haute  tension  suivant  les  caractéris- 
tiques de  ces  lignes.  J'ai  signalé,  en  particulier,  la  ligne  sans  déphasage,  c'esl- 

à-dire  celle  qui  satisfait  à  la  condition  -  =  -.  dans  laquelle  /•,  /,  c,  g  repré- 
sentent respectivement  la  résistance,  l'inductance,  la  capacité  et  la 
perditance  par  unité  de  longueur. 

On  obtient  actuellement  un  ellet  correctif  en  disposant  en  dérivation  sur 
la  ligne  des  moteurs  synchrones  dont  on  fait  varier  l'excitation  de  manière  à 
débiter  ou  à  absorber  du  courant  déwatté.  On  peut  ainsi  ramener  le  cou- 
rant à  être  entièrement  watté.  Mais  la  chute  de  tension  et  le  décalage  n'en 
restent  pas  moins  augmentés  par  la  force  éleclroniotrice  réactive  w/1. 
Et  cette  correction  n'est  obtenue  quau  prix  d'une  augmentation  du  cou- 
rant total  dans  les  câbles. 

J'ai  étudié  dès  1919  d'autres  méthodes,  que  je  n'ai  pas  encore  publiées, 
dans  le  but  d'annuler  en  même  temps  l'eflet  de  la  réactance  des  câbles  par 
l'introduction  en  série  dans  la  ligne  de  forces  électromotrices  supplémen- 
taires. L'une  de  ces  méthodes  consiste  à  répartir  des  survolteurs  statiques 
dont  les  secondaires  seront  intercalés  en  série  dans  les  fils  de  la  ligne;  les 
circuits  primaires  montés  en  dérivation  entre  les  câbles  seront  parcourus 
par  des  courants  correctifs  capables  de  fournir  dans  les  secondaires  les 
forces  électromotrices  égales  et  opposées  aux  forces  électromolrices  réac- 
tives des  lignes.  Un  cas  particulièrement  intéressant  de  cette  solution  est 
celui  où  la  compensation  sera  limitée  à  ce  qui  est  nécessaire  pour  réaliser  la 
reliation  de  distorsion  nulle  rappelée  plus  haut  ('). 

La  théorie  du  transformalcar  statique,  appliqjé  sous  cette  forme 
déphasée,  peut  être  faite  aisément  en  introduisant  des  coefficients  d'induc- 
tion tournants,  c'est-à-dire  tenant  compte  des  réactions  mutuelles  des 
circuits  de  chaque  enroulement  primaire  ou  secondaire.  On  appellera  .1^, 
et  s:^^  les  self-inductions  tournantes  du  primaire  cl  du  secondaire,  R,  et  \\., 

(')  Depuis  iiiie  j'ai  rédigé  cet  exposé  el  la  théorie  suivaiile.  j'ni  a|>|)iis  de  M.  lîuii- 
cherol  qu'il  a  étudié  jui-iiiéme  par  une  autie  inélliode  un  dispositif  siinl^hilik'  el  iju'il 
se  réserve  d'en  faiie  ultérieurement  l'olijel  d'une  pulilicaticui. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I921,  l3-2J 

leurs  résistances,  t-,  et  i.,  les  impédances  vectorielles  correspondantes  (') 
définies  par 

ï,=  i!,H-yor„ 

(en  désignant  par  y  le  symbole  des  imaginaires,  et  par  il  la  pulsation  du 
courant)  ;  311  j^-  le  coefficient  d'induction  mutuelle  tournante,  correspon- 
dant au  cas  où  l'axe  des  enroulemeuls  secondaires  est  décalé  de  l'angle  a 
en  avance  par  rapport  à  celui  des  enroulements  primaires.  On  appellera 
d'autre  part  ],  le  courant  efficace  dans  chaque  phase  du  primaire,  L  le  cou- 
rant dans  chaque  phase  du  secondaire,  courant  qui  est  en  même  temps 
celui  du  fil  du  câble  de  la  ligne  mis  en  série  avec  cet  enroulement  secon- 
daire; U|  la  difîérence  de  potentiel  entre  les  conducteurs,  E  la  force  élec- 
tromotrice supplémentaire  que  doit  produire  le  secondaire  dans  les  fils  du 
réseau. 

Cela  posé,  les  équations  du  survolteur  statique  peuvent  s'écrire  comme 
il  suit  : 

(2)  ÏJ,  +  /<20IL|- ar,  =  — iï. 

La  résolution  de  ces  équations  se  fera  facilement  par  rapport  aux  in- 
connues E  et  I,. 

L'équation  (i)  donne  directement  I,  en  fonction  des  données  U,  a  et  lo 

Portons  cette  valeur  de  l,  dans  (2);  on  obtient  l'expression  de  E 


On  peut  développer  la  parenthèse  du  premier  terme  du  second  membre, 
en  désignant  par  1  un  coefficient  de  fuites  défini  par  la  relation 

(5)  Oli-'^(i-cr)  i^,.r,; 


(')  On   distingue   ici   par  des  Irails  au-dessus  des  lettres  les  quantités  vectorielles, 
'esl-à-dire  variant  en  phase  en  même  temps  qu'en  grandeur. 


l328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'expression  (4)  devient  alors 

Le  facteur  de  L  au  second  membre  de  (7)  prend,  quand  on  néglige  les 
résistances  des  enroulements,  la  valeur 

Ce  l'aclcur,  proportionnel  au  coefficient  t,  est  généralement  petit. 

L'action  de  survoltagc  est  caractérisée  principalement  par  le  second 
ternie  et  dépend,  par  conséquent,  de  l'angle  a. 

L'impédance   résultante  aux   bornes  du   secondaire  du  transformateur 

s'obtient,  simplement,  en  faisant  le  rapport  =^)  1.^  étant  le  courant  dans  les 
feeders  et  E  la  tension  survollrice  définie  par  l'équalion  ( '1)  : 

En  introduisant  le  coefficient  de  fuite  a-,  comme  on  l'a  défini  précé- 
demment, et  en  désignant  par  %^.^  =  %:.^  |'|.,  l'impédance  correspondant  au 
rapport  ^j  celte  expression  prend  aussi  la  forme  suivante  : 

ou,  en  séparant  les  parties  réelles  et  les  parties  imaginaires, 

(3)  ^  =_,-)H^sin('j>:,— 'I;,—  a) 

1.,  -1 

~  1 
-yTo01l|-^os('l;,,-^,-«) 

^(  '-:.R.+  ';Ji|)cos'.};|  — (RiR,-crO^  r,  r  2)5iM6|] 

en  désignant  par  ^^  l'angle  de  décalage  de  l'impédance  vectorielle  ï-;,. 

Si  l'on  néglige  les  résistances  H,  et  V\.,,  celle  formule  prend  la  valei:r 
ap|)rocbée  suivante,  d'une  discussion  plus  facile, 

„.„,    ï,iî:..,i„(.,_î_,)_,[:ï.,c„.(.,-:-.)-..=it.]. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I|)2I.  l329 

De  inômc,  le  survolteur  tnodilie,  par  sa  présence,  l'admitlance  de  fuite 
mire   les  deux   fils  de   ligne.  Celte  adiuiltance   résultante    se   déduit  du 

rapport  p--  qui  a  pour  expression 

ji  =  1  - ■/ "'^'^ '-  il  —  _L  _  -f^^llif 

Développons  le  second  membre  de  celte  équation  pour  séparer  les  parties 
réelle  et  imaginaire;  on  obtient  après  réduction 

^.^       ï,            cosij;,  n.TL     .     ^,  ,  ^  Tsin'J;,  il:)\l  1 

(3)     rr  —  ~^r^ r-^sin('L:;+'J;,-^)-./     —^  -h  -—- cos ('];,  +  ■!;,— 3()    . 


U, 


Si  l'on  néglige  la  résistance  II,,  on  a  l'expression  approchée 

^'^  tj; ^- ^^""('-'^ l ~ ") 'A^, ^ z^^'^'i:^'^  1-°")]- 

Le  survolteur  équivaut  donc  à  la  concentration  en  un  point  de  la  ligne  : 
a.  En  série,  d'une  résistance  sensiblement  égale  à 

L 1  V 

et  d'une  réactance  sensiblement  égale  à 


b.   En  dèrivalion,  entre  phases,  d'une  conductance  (ou  perditance)  sensi- 
blement égale  à 

tj  — T-^T- sin  ( 'ï;;  H a). 


et  d'une  capacilance  sensiblement  égale  à 


ii  L'  =  —  -r-^ ^    cos    'i;j  H a 


Supposons  que  l'on  dispose  des  survolleurs  statiques  semblables  à  celui 
qu'on  vient  de  considérer,  en  des  points  régulièrement  espacés  d'un  inter- 
valle le  long  d'une  ligne  x  ayant  poui-  résistance,  inductance,  perditance  et 
capacité  linéiques  (c'est-à-dire  par  unité  de  longueur  .r)  respectivement  /, 
l,  g,  c.  Les  constantes  apparentes  de  celle  ligne  par  unité  de  longueur 
deviendront  respectivement 

IV  „       ,       L'  ,  G'  ,  C 


ia3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expressions  dans  lesquelles  R',  L,  G',  G'  ont  les  expressions  données 
plus  haut. 

(  )n  peut  en  déduire  la  condition  à  remplir  par  les  constantes  du  transfor- 
mateur et  par  la  distance  ./■  de  répartition  pour  obtenir  une  ligne  sans 
distorsion  (  c'est-à-dire  ne  produisant  pas  de  décalage  de  phase),  au  moyen 

de  la  relatiçn  connue 

r'c'  =  g'l'. 

dans  laquelle  i!  suffit  de  substituer  à  r  ,  /',  g',  c'  leurs  valeurs.  La  perditance 
naturelle  g  n'est  d'ailleurs  pas  une  constante  absolue;  die  varie  dans  de 
très  grandes  limites  suivant  la  tension  de  la  ligne.  Il  en  est  de  même  par 
conséquent  de  g'. 

On  voit  ainsi  qu'on  peut  toujours  trouver,  pour  une  valeur  donnée  det-,, 
des  constantes  de  transformateur,  un  espacements  et  un  angle  de  calage  a 
permettant  d'obtenir  la  compensation.  Mais  une  fois  que  l'on  a  réalisé  et 
mis  en  place  des  transformateurs  donnant  cette  compensation,  le  calage  a 
devra  être  modifié  pour  chaque  valeur  des  courants  L  débités  dans  la  ligne, 
si  l'on  suppose  le  potentiel  sensiblement  constant  à  toute  charge.  Gela 
conduit  à  employer  des  transformateurs  pdlyphasés,  formés  de  deux  parties 
mobiles  l'une  par  rapport  à  l'autre,  comme  les  survolteurs  statiques,  et  dont 
on  puisse  régler  le  calage  en  cours  d'exploitation;  il  faut  alors  vaincre  le 
couple  qui  s'exerce  entre  le  stator  et  le  rotor,  suivant  les  dispositifs  connus. 

Gette  régulation  des  lignés  par  survolteurs  statiques  est  soumise  à  cer- 
taines limitations  par  le  fait  même  qu'elle  produit  seulement  un  échange  de 
la  puissance  réactive  prise  en  dérivation  en  une  puissance  réactive  restituée 
dans  le  circuit  en  série:  il  en  résulte  que  l'on  ne  peut  pas  fournir  de  la  puis- 
sance réactive  à  la  fois  en  série  et  en  dérivation,  et  que,  d'autre  part,  il  y  a 
forcément  équivalence  entre  la  puissance  réactive  absorbée  d'une  part  et  la 
puissance  réactive  restituée  d'autre  part,  sans  qu'on  puisse  faire  varier  le 
rapport  entre  ces  deux  quantités. 


ELECTIONS. 

Par  l'unanimité  des  suffrages,  M.  II.  Le  Giiatelier  est  réélu  Membre  de 
la  Commission  permanente  de  standardisation. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  IQ2I.  l33l 


CORRESPO^DA]\CE. 

M.  Jeax  Massart,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Botanique, 
adresse  des  remerciments  à  rAcadcmie. 

M.  le  Seckétaire  perpétuei,  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  L'effort  du  réseau  du  No/d  pendant  /■/  après  lu  guerre,  par  M.  Javaiiy. 
(Présenté  par  M.  E.  Tisserand.) 

2°  Les  Tomes  I  et  II  de  Fundamcnta  m-jt/w/natica' (\a.rso\'ie),  rédigés 
par  Stckan  Mazukkiewicz  et  Waci.aw  Sikisi-inski. 

5°  Théorie  nmlhématiquc  des  phénomènes  ihrrmiqurs  produits  par  la  radia- 
tion solaire,  par  M.  Milankcvitcii. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fondions  de  Bessel  à  deux  variables. 
Note  de  M.  Be.\.jamj.\  Jekiiowsky,  présentée  par  M.  Appell. 

Les  fonctions  de  Bessel  à  plusieurs  variables  dont  le  type  le  plus  simple, 
après  la  fonction  classique,  est  la  fonction  à  deux  variables,  ont  été  consi- 
dérées juscju'à  présent  sous  forme  d'intégrale  ou  sous  forme  de  série 
exprimée  à  l'aide  des  mêmes  fonctions  d'une  seule  variable.  Je  me  propose 
de  donner  l'expression  de  ces  fonctions  sous  forme  de  séries  entières  conver- 
gentes pour  toutes  les  valeurs  de  la  variable  et  indiquer  quelques  propriétés 
qui  en  résultent. 

a.   En  partant  de  la  relation 


on  trouve 

/'=-»- 

h.{-r,y) 

=  2 

,,-^_ 

(ï)' 


r(.  +  /.  — 2/y)r(.-f/.)      - 

7=+"  "=7 


l332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec 

o  1  =  I ,  (  />  -h  o  )  1  ^=  I ,  (  /.■  4-  ?-/J  +  o  )  !  =  I  : 

d'où  l'on  déduit  les  propriétés  suivantes  de  ces  fonctions  : 

J/,(         X,  J)  =  (-!)'•■  J_,.(         .'■.—.>•), 
J/,(        .r,v)  =  (-!)''     Jy,(-X.         J), 

Jt(    -ï-,  y)=  J_/.(— X,  —  j), 

vérifiées  pour  toutes  les  valeurs  de  l'indice  /  entier  (  '  ). 

b.  Si,  dans  lexpression  (  i  ),  on  change  ;/  en  • >  et  si  Ton  multiplie  cette 

nouvelle  expressi(jn  par  la  primitive,  puis  on  la  développe,  en  égalant  les 
termes  indépendants  de  «,  il  vient 

A  =  +  « 

V   (-,y|IJ,(x,_r)=J„(2x), 

/,  =  -  « 

doù,  on  prenant  la  dérivée,  on  trouve 

J,(2x)=  2  (-■)''•'■  J/.(-r,  7)  J/,-.(.^-,,v), 
A  =  -  » 

V^  ,  ,  .  d  i iAj:.  y) 

2^(~<)''J,(.r,.r)^^   =0. 

l*lnfin  si,  dans  rcxponenlielle  de  la  relation  (i),  on  remplace  a-  et  v 
pir  2x-  et  iy,  puis  qu'on  identifie  avec  le  carré  de  l'exponentielle,  on 
obtient 

J:ï./,(2.r,  ■}.r)r=iE,,  ^  Jzp,:/+,,i(x,  j)  J^,,(.z-,  r) 

avec 

formule  qui,  pour  une  variable,  se  réduit  à  la  formule  de  M.  Lonnnel  |  Hes- 
se/.sche  Fun/iL,  p.  3i,  '|8  (;5  12,  15)J. 


(')   On    vérifie    .lisémciil   ces   pio]ii'it''lés   aussi   \>,\r  la  formule   il)    que   nous   avons 
donnée  dans  le  lliillelin  des  Sci'jtices  nuilliciiKiliqucs,  ■>'  série,  l.  VI,  février  1917- 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I92I.  l333 


ANALYSE  MATHKMATIQUE.  —  Sur  les  développemeiUs  de  Ja  :obi .  Note 
de  M.  EnwAXD  Kocbeti.iantz,  présentée  par  M.  Appeli. 

Les  polynômes  hypergéométriques  de  Jacobi  'j?„*  '^  (a;\  orlliogonauxdans 
(  —  I ,  +1),  sont  définis  par  la  fonction  génératrice 


(i  -  9.XZ  +  Z'')     '^(1  4-  ;  +^/i  —  ixz  +  ;-=)"(l  —  :  +  \  \—kx  z  +  z'-)'^,     (^<i.  ,5<i). 

Supposons  que  /\x),  sommable  dans  (  —  i,  +  i  ),  ne  devienne  infinie  aux 
points  IVontiers  .r  =  —  1  et  a;  =  4-  i  que  d'ordres  moindres  que  i  —  a  et 
I  —  p  respectivement.  Le  développement  de  f{x)  en  série  de  Jacobi 
s'écrit  : 

(0      /(-r)- 


'-+-.')"('— y  )P 


Pour  a  =  ^  = À,   (i)   se   réduit  au  développement   ullraspliérique 

de  f{-v).  Darboux,  en  étudiant  la  convergence  de  (i)  aux  points  intérieurs 
.r  I  <^  I ,  a  établi  (  '  )  que  la  série  (  i)  diverge  partout,  si  les  ordres  d'infini- 
tude  de  f(ir)  aux  points  frontiers  sont>7 ^et-r  —  -respectivement. 

Par  exemple,  1î  développement  (i)  de  (i  -1-  a;)'"  diverge  partout,  si  a  <  - 

et  I  —  a  ">  w  >  y ^^  ;  c  uoique  cette  fonction  est  à  variation  bornée  et  con- 

tinue  dans  (i  —  i,  i). 

Mais  en  se  bornant  aux  polynômes  <f^'-^'(a-)  avec  a  -i-JÎ<ocl|a  —  [^Ki, 
on  démontre  le  théorèmeque  voici  : 

Pour  7.  -h  '^  <^  o  et  \  y.  —  '^  \  <C  i  '  ^"  ^erie  (1  )  uu  point  x  =  x„  est  sornmable 
(C,  0  >  I  —  a  —  ^)  avec  la  somme  -  [/(x„—  o)  -i-/(xo  +  o)] ,  si  f{x)  est 
à  variation  bornée  dans  le  voisinage  de  ce  point  intérieur  x  ^  x^'^la  somma- 
bilitè  est  uniforme  dans  tout  intervalle  de  continuité  de/(x),  compris  dans  un 
intervalle,  où  f(x)  est  à  variation  bornée. 

Par  exemple  le  développement  divergent  de  la  fonction   (i  +  xY"  avec 

co  >  7 est  uniformément  sommable  (C,  0  >  i  —  a  —  p)  vers  la  fonction 

développée  dans  l'intervalle  i>a;^£  — i  (£>o). 

C)  Journal  de  Lioiuttle,  3'  série,  l.  k,  1878,  p.  ogS. 


l334  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  déinonslration  est  basée  sur  un  llioorème  de  Chapiiian  (')  et  sur  la 
sommabililé  (  C.  o  >  i  —  a  —  ^)  de  la  série 

/         ,,-t'-"^ /'       '  —  =<  —  h\  r( /i -H  I  )  r(«  H- 1  —  «  —  3) ,,,, ,. ,  ,,,,,0,   , 

^    '  ^\  ■>.  /  1  (//  -Hi  — j:)1  (//  +1  — ,:i)     n      \     ;     ,1        ji 

avec  la  somme  zém  pour  x  ^  y,  si  a  -H  Ji  <^  o  et  |  a —  [i  |  <:^  i  ;  la  soiuim- 
bilité  est  unifoniie  pour  \x  —  r\^t  (î>o).  La  reclierclie  de  la  sonjiiia- 
bilité  (C.  0)  de  la  série  (2)  se  réduit  à  son  tour  grâce  aux  Ibrmules 

'■(0'-(V--:)  , 
(^)  (,V...(.-.:^^'^'<-' 

Y{p -h  coVin -h  \)  J     J  ?-p 

(COSO) COSy»-  (C0?0  COS'jj)p-l' 

^_     sin   -)        siii',)COi[(/i  H-  0  19  —  on]  f/'j  f/'.. 


r(fi-H;3)r(/iH-i)  jfj   X 


(COS^  —  COS'jj)-       ''(cosr.l  —  COSO)''^* 

OÙ  X  =  cosO.  2;  —  I  —  a  —  [i,  à  Tétude  de  la  série 

l("  +  p^r(2o)r(.,  +  .)'^"^^^"^P^"-'°^1      (0  =  "^-^^), 

qui  est  somiuable  (^C,  0  >>  23)  et  a  zéro  pour  somme,  si  //  ^  o,  2-,  et  l  est 
niéiiie  uiiirormémenl  dans  ["intervalle  (  0,  2-  —  t). 

La  formule  (3)  n'est  valable  que  si  a  +  |3  <  o  et  ^  —  œ  <  i  et  d)  n'est 
valable  que  si  a -f- ^  <|  o  et  a  —  jî<Ci-  H  est  très  probable  que  les  res- 
trictions a  -f-  ^  <[  o  et  I  X  —  i^  I  <C  '  "6  sont  nulleiiii-nt  nécessaires  et  (ju  on 
les  lèvera  en  étudiant  la  série  divergente  (2)  par  une  iiiélbo  le  directe. 
Celle  élude  diiecle  doit  aussi  diminuer  l'index  0  >  i  —  x  —  [il  de  la  somma - 

biiité  de  la  série  (2)  jusqu'à  0  > pour  |  j:|  <  i  et  même  juscpi  à 

o>o.  si  X  et  y  se  trouvent  tous  les  deux  à  l'intérieur  de  l'intorvalle 
(— I,  -I- i).  On  prouve  t'acilcmcnt  ([ue  la  série  (2)  n'est  pas  sommable 
(C,  o2  ——7-—^)  P*»"''  .v  =  ±t.  a- 1  <  I  ri  ne  l'est  pas  non  plus 
(C,  S5i  —  a  —  ]i)  pour  j- =  —  r  =  ±  I . 

(')   (JititrliiU  Jiiu/nal.  t.  i3,  191  !.  p-  i-J3,  ^  1,  tliéorènic  II,   \. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1921.  l335 

MÉCANIQUE.  —  Sur  une  conséquence  des  lois  du  froltrment. 
Noie  (  '  )  de   M.   Et.  Demssus,   présentée  par  M.   G.    KdMiigs. 

I.  Considérons  un  phénomène  physique  dépendanL  de  deux  variables 
X,  V  de  telle  sorte  cpie  le  fait  qui  se  produit  pour  un  système  de  valeurs 
de  a-,  /  soit  unique  et  varie  d'une  façon  continue  avec  ces  variables  tant 
(|u'elles  resteront  dans  un  certain  domaine  réel  cy. 

Supposons  qu'on  en  propose  une  ihéorie  mathémalirjue  conduisant  à  faire 
dépendre  le  fait  ([iii  se  produit  d'une  inconnue  :;  le  délerminant  d'une  façon 
univoque  et  continue  et  (|ue  celte  inconnue  s  soit  déterminée  par  une  équa- 
tion finie 

?>{x,Y,  -)  =  Q 

du  (juatrième  degré  dont  les  seules  racines  acceptables  sont  les  racines 
positives. 

Admettons  que  l'hypotiièse  suivanle  soit  réalisée  :  Il  existe,  à  l'intérieur 
du  domaine  uO  du  plan  des  xy,  un  point  x„y„  pour  lequel  l'équation  S 
possède  une  racine  triple  positive  z„  et  une  racine  simple  négative  ;'„. 

De  l'existence  de  .r„,v„  réel  donnant  une  racine  Iriple  résulte  l'exislence 
d'unecourbe  -;  passant  par  a;„V|,,  réelle  dans  le  voisinage  de  ce  point  et  pour 
les  points  de  la([uelle  l'équation  a  une  racine  double.  Un  petit  cercle  C 
tracé  autour  de  .r„  j,,  sera  parlagé  par  y  en  ^deux  régions  A  et  g\.'  telles  ([ue  : 

Dans  A,  l'équation  S  n'a  ([ue  deux  racines  réelles,  l'une  positive  :;,  voisine 
de  :•„,  l'autre  négative  :;',  voisine  de  3^.  La  solution  doit  donc,  d'après  la 
théorie,  être  fournie  parla  seule  racine  acceptable  (jui  est  z^. 

Dans  A',  l'équation  S  a  trois  racines  réelles  positives,  voisines  de  :;„,  et 
(jue  nous  désignerons,  rangées  par  ordre  de  grandeurs,  par  "(,,  'Ç.,,  "(,;  elle  a 
en  plus  une  racine  négative  s'  voisine  de  z\.  La  théorie  indique  alors  (|iie  la 
solulion  est  fournie  par  l'une  des  tiois  racines  'C,,  'C^,  'C^i  et  (|ue,  pour  lever 
celte  indéleimination  en  un  point  ç,  •/)  du  contour  de  A  ,  il  n'y  a  qu'à  partir 
d'un  point  .vy  du  contour  de  U,  point  à  solulion  bien  dctermincc  ;,,  puis 
à  déplacer  le  point. rv  sur  le  contour  du  cercle  de  façon  à  l'amener  en  £,?) 
tout  en  suivant  la  racine  z,  par  continuité;  on  arrivera  ainsi  en  i^r^  à  une 
racine  bien  déterminée  fournissant  la  solution  en  ce  point. 

Or,  en  procédant  ainsi  on  trouve  en  ^,  r,,  non  une  racine  détci  minée, 
mais  C,  si  l'on  v/i  de  xy  en  \,  Tj  en  marchant  dans  un  sens  et  'C^  si  l'on  marche 
dans  l'autre  sens. 

(  ')  Séance  du  23  mai  19?  1 . 


l336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  aboutissons  donc  à  une  singularité  qui.  élanl  conséquence  de  la 
simple  notion  de  continuité,  ne  peut  être  écartée  par  aucune  considération 
auxiliaire.  Si  elle  se  présente,  elle  prouve  qu3  la  théorie  mathématique  pro- 
posée n'a  aucune  valeur  de  représentation,  même  à  titre  d'approximation, 
du  phénomène  physique  étudié. 

2.  Le  problème  du  contact  d'un  solide  mobile  el  d'un  solide  fixe  avec 
frottement  de  glissement,  conditions  initiales  de  roulement  et  réaction  du 
roulement  force  extérieure  au  cône  de  frottement,  conduit,  pour  déterminer 
le  mouvement  de  glissement  qui  va  se  produire  au  début,  à  une  équation  du 
quatrième  degré  et  nous  devons  nous  demander  si  la  singularité  examinée 
plus  haut  peut  se  présenter  effectivement. 

L'étude  algébrique  directe  semble  inabordable  par  suite  des  inégalités 
très  compliquées  que  doivent  vérifier  certaines  quantités  (coefficients 
d'équation  d'ellipsoïde  d'inertie  )  figurant  dans  l'cqualioii  considérée. 

Par  contre,  en  appliquant  des  calculs  du  genre  de  ceux  que  j'ai  déve- 
loppés dans  la  théorie  des  liaisons  unilatérales,  on  est  conduit  à  l'interpré- 
tation comme  intersection  de  deux  coniques  à  définitions  simples.  Utilisant 
alors  quelques  propriétés  élémentaires,  on  arrive  à  prouver,  sans  calculs 
fastidieux,  que  la  singularité  />pm/  se  présenter  e(f'ecliveinenl  et  non  seulement 

avec  la  loi  classique 

l"=/N, 

mais  aussi  avec  des  lois  plus  générales  de  la  forme 

F  =  9(r)-H  N/tri. 

V  étant  la  vitesse  de  glissement,  de  sorte  que  toutes  ces  lois,  si  approchées 
qu'elles  paraissent,  sont  indistinctement  à  rrjcter. 

Sous  cette  foime,  la  conclusion  pourrait  donner  lieu  à  fausse  interpré- 
tation. 

En  réalité,  la  théorie  du  frottement  en  un  seul  contact  oblige  à  admettre 
un  certain  nombre  de  faits  considérés  comme  évidents,  puis  à  déduire  de 
l'expérience  la  loi  de  grandeur  de  F.  Or,  comme  je  l'ai  montré  dans  la 
théorie  de  la  réalisation  des  liaisons  et  dans  la  théorie  des  liaisons  unilaté- 
rales, ce  sont  toujours  ces  faits  si  évidents  qui  entraînent  des  absurdités; 
dans  la  théorie  actuelle,  il  en  existe  un  tellement  évident  qu'on  n'en  parle 
même  pas,  c'est  Texistence  d'une  force  de  frottement  bien  déterminée  cor- 
respondant à  des  conditions  données  de  pression  normale  et  dexitessede 
glissement. 

C'est  dans  ces  lois  évidentes  d'existence,  de  direction  et  de  sens  de  F,  et 
non  dans  la  loi  dintensité,  qu'il  faut  chercher  la  \  éritable  origine  des  absur- 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1921.  l337 

dites.  Certaines  d'entre  elles  doivent  être  fausses  et  c'est  d'ailleurs  ce  que 
semblent  déjà  montrer  certaines  expériences  que  je  poursuis  actuellcnieni, 
mais  qui,  vu  les  moyens  de  foi  tune  que  je  suis  obligé  d'employer  par  suite 
de  l'absence  de  laboratoire  de  Mécanique,  manquent  peut-être  un  peu  de 
précision  et  donnent  des  résultats  plutôt  qualitatifs  que  quantitatifs. 


ASrROXOMiE  PHYSIQUE.  —  La  radiation  diffuse  au  mont  Hhinc.  comparée  à 
celle  des  altitudes  inférieures.  Note  de  M.  .1.  Vallot,  présentée  jiar 
M.  Deslandres. 

Dans  une  précédente  Note,  à  laquelle  je  renvoie  pour  la  nomenclature  ('), 
j'ai  étudié  les  variations  diurne  et  saisonnière  de  la  radiation  difl■u^:e 
fournie  par  la  voûte  céleste,  mesurée  au  niveau  de  la  mer.  Il  reste  à  étudier 
l'influence  de  l'altitude,  et  à  rechercher  le  minimum  observable  de  celle 
radiation. 

Les  stations  choisies  sont  les  suivantes  :  Nice  (5o"'),  Chainonix  (  1 100'"), 
Station  du  Funiculaire  ('iDoo"'),  Dôme  du  Goûter  (/pSo),  Observatoire 
du  mont  Blanc  (4'35o). 

Le  premier  Tableau  donne,  en  calories  par  minute,  les  valeurs  moyennes 
de  plusieurs  belles  journées,  des  radiations  et  de  leurs  rapports,  en 
moyenne  globale  de  8  heures  à  16  heures.  Le  deuxième  Tableau  donne  les 
valeurs  horaires  de  ces  radiations  pour  des  journées  où  le  ciel  s'est  montré 
d'une  pureté  exceptionnelle. 

Les  valeurs  moyennes  montrent  l'augmentation  régulière  bien  connue  de 
la  radiation  solaire  I,  avec  l'altitude;  mais  la  radiation  totale  I,  éprouve  une 
augmentation  brusque  à  l'Observatoire  du  mont  Blanc.  La  radiation  dill'ufe 
\,/  diminue  d'abord  jusqu'à  '.joo"',  ce  qui  témoigne  de  la  pureté  de  l'alnios- 
phère  dans  les  hautes  régions,  pour  éprouver  ensuite  un  saut  brusque  qui 
la  double  au  mont  Blanc.  Celle  augmentation  insolite  s'explique  jiar  la 
réflexion  intense  de  la  radiation  sur  la  neige,  qui  remplace  la  réflexion 
infime  sur  le  sol  dans  les  régions  inférieures. 

En  employant  deux  actinomètres  d'Arago,  dont  l'un  était  soustrait  à  la 
radiation  de  la  neige  par  un  écran  noirci  placé  sous  les  boules,  j'ai  obtenu, 
par  dilTérence,  une  série  de  mesures  de  la  réflexion  I„  sur  la  neige.  On 
trouvera  les  résultats  à  la  fin  du  deuxième  Tableau.  Ils  montrent  que  l„ 


(')  Comptes  rendus^  t.  172,  i<)îi,  p.  1164. 


l338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peut  atteindre  près  d'une  calorie  cl  dépasser  Go  pour  loo  de  la  radiation 
solaire  I,.  Cette  intensité  explique  les  accidents  d'érythème  qui  atteignent 
les  alpinistes  sur  les  glaciers  malgré  l'emploi  de  chapeaux  à  larges  bords. 

En  retranchant  I„  de  I,/,  on  obtient  la  radiation  I^  de  la  voûte  céleste, 
I^.  moyen  diminue  très  régulièrement  lorsque  l'altitude  augmente,  et  se 
réduit  à  zéro  au  mont  Blanc,  ce  qui  dénote,  pour  la  moyenne  des  belles 
journées,  une  pureté  de  l'atmosphère  très  favorable  aux  observations 
d'astronomie  physique. 

Le  deuxième  Tableau  fournit  le  détail  lioraire  de  quatre  journées  d'été 
où  la  pureté  de  l'atmosphère  a  été  exceptionnelle,  donnant  sensiblement  le 
minimum  de  I,.  dans  chaque  région.  On  voit  qu'à  Nice  I^  peut  (très 
rarement)  se  réduire  à  zéro.  Cette  valeur  indique  une  dillusion  très  faible, 
juste  égale  à  la  radiation  vers  l'espace  de  l'appareil  actinomélrique. 

Dans  les  deux  slalions  du  mont  Blanc,  au  milieu  de  la  journée,  alors  que 
l'épaisseur  atmosphérique  devieni  peu  considérable,  l'aclinomètre  à  radia- 
lion  solaire  directe  Ij  qui  esl  soustrait  par  conslrudion  à  la  radiation  vers 
l'espace,  sauf  pour  une  élroile  ouverture,  donne  des  chiffres  plus  élevés  que 
l'aclinomètre  à  radiation  totale  I,  préservé  de  la  réflexion  de  la  neige. 
Alors,  la  radiation  de  la  voùle  céleste  I,.  devieni  négative.  La  voùle  céleste 
n'arrêle  plus  la  déperdition;  la  radiation  diffuse  est  devenue  nulle  et  il  y  a, 
en  plein  jour,  radidlion  vers  Cespace  de  l'appareil  actinoméliique.  Cette 
radiation  peut  atteindre  -^  de  calorie.  Elle  a  pour  effet  de  diminuer. la 
radiation  totale  1,  qui  devient  alors  plus  faible  que  la  radiation  solaire 
directe  I^. 

M'étanl  servi  de  l'aclinomètre  d'Arago,  je  dois  indiquer  ici  la  cause  de 
l;i  variation  diurne  et  saisonnière  du  coeflicienl  de  cet  instrument,  variation 
que  j'avais  sii^nalèe,  mais  laissée  inexpliquée  (').  Toute  mesure  actinomé- 
lrique dépend  de  la  chaleur  incidente  et  de  la  déperdition  de  l'inslrument. 
Celle  dernière  varie  avec  la  température  ambiante,  mais  l'expérience  de 
refroidissement  des  actinomèlres  dynamiques  donne  la  correction  pour 
chaque  mesure.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  actinomèlres  statiques, 
où  aucune  opération  semblable  n'intervient.  Les  valeurs  horaires  cl  saison- 
nières obtenues  expérimentalement  pour  le  coefficient  permettent  d'y 
remédier  et  d'oblenir  des  résultats  très  suffisants,  en  rapport  avec  la  préci- 
sion relative  dont  on  a  besoin  dans  les  recherchesde  méléorolo,i;ieet  d'agri- 
culture. 

(')  Comptes  rendus^  l.  170,  1920,  p.  •^■Mt. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1921  l339 

Pour  les  expériences  plus  délicates  de  la  présente  Noie,  les  coefficients 
ont  été  vérifiés  ;i  nouveau  dans  cliaqiie  station. 


Nice 

Cliamonix. ... 
i'uiiicul.iii e  .  . 
(  Mis  r\  aloire  .  . 


Altilmle 


1,      Mce 50 

„        Cliamonix 1100 

»       Dnme 'r250 

I       (JbstM  \  aloire  .  .  '»3a0 

I,       Nice ."SO 

Chanionlx 1100 

.>       Dôme 4250 

I)        Observatoire..  4350 

1,/      Mce o'.t 

1        Chamoiiix  ....  IIOO 

iJniue '1-250 

(  )bser\  aloire  .  .  'i3oO 

I,,      Nice oO 

.)        Cliamonix  ....  1 100 

Dùme 4230 

B        Observ  aloire.  .  '»330 

I,      Nice 30 

Cliamonix 1100 

»       Dôme 4230 

»       Obser\ aloire. .  4330 

I,,      (  lbser\  aloiie.  .  4330 


1 

(1  leur  s 

niorennes  de 

8''  à 

IC'. 

Allilude. 

l,. 

1,- 

1,1- 

I, 
1.' 

Ir. 

I^. 

1'' 
I.' 

1/ 

50 

i  ,\î 

.,45 

0,3', 

1 ,3o 

I  ,  3.^ 

(1,22 

1,20 

0,20 

1100 

I  ,  ■'.  I 

'  ,-14 

11,  2J 

','9 

I  ,  32 

0,12 

[  ,  09 

0, 10 

2300 

1,4'- 

i,6û 

0,19 

I ,  i3 

''4; 

0,0  5 

i,o4 

",o4 

4350 

1  ,32 

2,02 

0 , 5 1 

1 ,32 

I  ,  h>. 

—  0,02 

1 ,00 

—  0 , 0 1 

Délail  des  Journées  excepUonnelles. 


8''. 

;)'■. 

iO". 

II''. 

l-^. 

13''. 

l',^ 

l.î»'. 

Ki''. 

MoyeniK 

i,.8 

I  ,  23 

,,2- 

1 ,3(1 

I  ,32 

1 ,3i 

1 ,26 

1 ,  22 

1 ,  I  5 

1,23 

1 ,38 

1,38 

1,38 

' ,  '1 1 

[,4(1 

1 ,  36 

i,3o 

i ,  22 

1,35 

1 ,60 

1,09 

1,59 

I  ,65 

1,66 

I  ,63 

1,6(1 

1,56 

1  , 3  S 

1,38 

1 ,4i 

'■47 

1  ,.52 

i,4'i 

1,56 

1 ,55 

I  ,56 

I  ,52 

'.47 

1  ,  .^0 

1 ,54 

I ,  .'j  3 

1 ,53 

' ,  '1 4 

',44 

!  ,42 

'  '  '17 

1 , 5i 

1  ,5i 

1 ,  48 

i..i3 

1  ,.54 

'  -4; 

',48 

'■49 

.,47 

1,45 

1,43 

1,47 

2,28 

2,33 

2,33 

2.27 

■2,19 

2,09 

■,6', 

2,13 

1,80 

1 ,96 

2,12 

2,17 

2,23 

2,17 

2,01 

'•79 

1  ,65 

1,99 

0,36 

o,3i 

0,23 

0,14 

(  1 ,  12 

0,11 

0,20 

0,29 

,1,36 

0,23 

(1,  iC) 

o.i- 

o,oS 

0,08 

(1,09 

(1, 10 

0, 1 5 

0,20 

0,13 

0,69 

0,68 

0,67 

0 ,  64 

(1,5:) 

0,53 

0, 26 

0,37 

0,39 

0,49 

0,60 

0,71 

0,6- 

0.62 

0,45 

(  j ,  2  7 

0,18 

0,49 

1,43 

•  ,4i 

1,38 

1 , 3i 

i,3i 

1  , 3 1 

1,35 

.,4o 

1,4'^ 

1,37 

1 , 4 1 

[,42 

.,34 

1 ,35 

1,3- 

1,35 

1.35 

1 ,34 

1,36 

1,62 

1,42 

",39 

1,46 

1,56 

1,65 

1,43 

1,.33 

1 .5o 

I ,  i4 

1,46 

1 ,26 

'  '^7 

1 ,  36 

1 ,  4o 

1,56 

I  ,   |2 

1,'.2 

0, 25 

0, 19 

0, 1 1 

0,01 

—  0,01 

(1,00 

0,08 

0,18 

0,27 

0,12 

0,0', 

0 ,  o3 

— o,o5 

— o,o3 

— o,o3 

—0,02 

o,o5 

0,11 

0,01 

(i,o6 

o,o3 

—  (1,23 

-0,19 

— 0, 17 

—0,02 

0,09 

o,o3 

—0,03 

0,09 

— o,o3 

-0,06 

—  (1,20 

—  0,19 

—  0,  19 

— (i,i6 

-0,17 

—0,07 

-0,11 

.i,3o 

0,.")2 

0,66 

",9' 

0,86 

0,81 

(  1 ,  tj  1 

0,44 

0,20 

0,39 

Observatoire..      4330         0,21       o,35       o,43       0,62       o,55       »i,52       0,39       0,29       0,16         0,39 


l3/iO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.  —  Obsnvalions  de  In  comète  Dulnago  (1921  c),  faites  à  l'éc/ua- 

toriiil  coude  de  l'Observatoire  de  Nice  (o"',4o  d'ouverture).  Noie  de  M.  A. 
ScHAUMAssE,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Nombre 

Dates.            Temps  moyen                                                          de                                       Log.  facl.  Déclinaison          Log.  faet. 

1921.                    de  Nice.                 Ai.                      Ao.              comp.          H  apparenlc.        paiiill.  apparente.               parall. 

h       m    s                m       s                         ,        „                                    li        m       s  o        ,        „ 

Miii    •!4....     9.19.4       -HO. 23, 9.3     -hio.   9., 3     iS:io       9.15.37,75     9,68'i  +38.15.22,2       0,47?- 

»     i')....     8.55.8       -t-i.!3,o4     —  4-2  1,8     i5:io       9.21.   9,88     9,652  -i-38.43.4i  >6       0,409 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison. 


liéduclion 

lî. 

iduction 

Gv. 

M 

moyenne 
19Ï1,0. 

au 
jour. 

Déclin,  moyenne 
19-21,0. 

jour. 

Autorités. 

7.0 

h 

9- 

1 5 . 1 0 , 66 

+  1,16 

+  38.   5.24,5 

- 

-    i"6 

A 

.G.  Liind  4'*7' 

8,9 

9- 

19.45,68 

+  1,16 

+37.48.   8,0 

- 

-4,6 

-V 

.G.  Lund  46o5 

Remarques.  —  Comète  de  grandeur  11, 5,  présenlanl  vers  le  centre  une  faible 
condensation  se  fondant  graduellement  avec  le  reste  de  la  nébulosité  qui  pai'aît  arron- 
die et  de  2', 5  environ  de  diamètre. 


OPTI(.)L'E.  —  Sur  1(1  frange  noire  de  Lippieh  et  la  précision  des  mesures  jiolaii- 
mètriques.  Note  de  M.  G.  Bruiiat  et  de  M"*"  HI.  IIa.not,  présentée  par 
M.  J.  Violle. 

On  peut  chercher  à  augmenter  la  précis^ion  des  mesures  [lolariméti  iques 
de  la  pratique  courante  en  augmentant  l'éclat  de  la  source  et  en  réduisant 
langle  de  pénombre.  Nous  avons  constaté  que  dans  ces  conditions  la  frange 
noire  de  Lippieh  (')  devient  visible  dans  les  polaiimèlres  à  pénombre 
usuels  :  chacune  des  deux  plages  n"a  pas  un  éclat  uniforme,  et  légalité 
déclal  ne  peut  pas  être  réalisée  dans  tout  le  champ.  11  en  résulte  une  limi- 
tation de  la  précision  de  la  mesure.  Nous  nous  sommes  proposé  détudier 
le  phénomène  de  la  frange  noire  à  ce  point  de  vue,  en  utilisant  comme 
source  Tare  au  mercure;  les  radiations  pouvaient  être  séparées  par  dos 
écrans  colorés  convenables,  et  nous  avons  fait  les  mesures,  piir  l'observa- 
tion visuelle,  pour  la  radiation  verte  X  =  :")'|()0  et,  parla  phologra[)hie,  pour 
la  radiation  violette  X  =  /i3(3o. 


(')   Liri'icii,   \\  icn.  lier.,  l.  85,  1S8'.,  p.  26S. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I921.  l34l 

Nous  avons  d"a.bord  repris,  dans  un  cas  plus  général  et  avec  plus  de  pré- 
cision, les  calculs  de  Lippicli  donnant  la  mobilité  de  la  frange  noire.  Cette 

mobilité  est  caractérisée  par  le  rapport  m  =  -'  p  étant  la  rotation  qu"il  faut 

faire  subir  à  Fanalyseur  pour  éteindre  successivement  deux  points  du  cliamp 
pris  sur  une  perpendiculaire  à  la  direction  de  la  frange,  et  correspon- 
dant à  des  rayons  faisant  entre  eux  l'angle  %.  Les  formules  générales  que 
nous  avons  obtenues,  appliquées  au  cas  de  deux  niçois,  donnenl/n  =  o,  (8  ; 
différentes  séries  de  mesures,  pour  des  valeurs  de  a  variant  de  1"  à  2",  nous 
ont  donné  des  nombres  compris  entre  0,47  et  o,5i,  en  bon  accord  avec  la 
valeur  tbéorique. 

La  connaissance  du  nombre  m  permet  de  calculer  la  variation  d'éclat 
entre  les  différents  points  du  cbamp.  Si  l'angle  des  deux  niçois  est  90"  -i-  o 
(■p  est  dans  un  polarimèlre  le  demi-angle  de  pénombre),  et  si  les  rayons 
extrêmes  font  un  angle  y.  avec  les  rayons  centraux,  la  variation  relative 
d'éclat,  d'un  bord  à  l'autre  du  cbamp,  est  i\m--  Pour  y.  =  3o'  et  o  =  2", 

cette  variation  atteint  5o  pour  100  :  on  voit  combien  on  est  loin  de  pou- 
voir atteindre  l'égalité  totale  d'éclat  entre  les  deux  plages.  Ce  que  l'on 
cberche  à  réaliser  dans  les  pointés,  c'est  un  aspect  caractéristique  du  champ, 
et  la  précision  des  mesures  dépend  de  la  précision  avec  laquelle  on  peut 
reproduire  cet  aspect. 

Mais  l'introduction  entre  les  niçois  d'une  substance  douce  de  pouvoir 
rotatoire  modifie  l'orientation  et  la  mobilité  de  la  frange  noire,  et  l'aspect 
ne  saurait  être  le  même  lorsque  l'on  prend  le  zéro  de  l'appareil  et  lorsque 
l'on  mesure  une  rotation.  Si  l'on  ramène  la  frange  au  centre  du  cbamp  par 
une  rotation  p  de  l'analyseur,  le  calcul  montre  que  la  frange  tourne  d'un 
angle  -  dans  le  sens  de   la   rotation  et  que   le  nombre  m  est   multiplié 

par  \  2 .  sin  (  ^  ^  ~  )  '  ^^^  conclusions  sont  pleinement  vérifiées  par  l'expé- 
rience. Voici,  par  exemple,  les  résultats  de  quelques  mesures  de  mobilité  : 

0 —38", 5.        —li".         0.  -1-^:;".         -h3S",5. 

ni   calculé o,63         0,77  i  i,i5  1,27 

/»„  observé .-    0,66  0,79  i  1,18  i  ,  33 

La  modification  correspondante  de  l'aspect  du  cbamp  du  polarimèlre  à 
pénombre  dépend  de  la  nature  du  système  de  plages  et  de  l'orientation  de 
la  ligne  de  séparation.  Voici  deux  exemples  : 

1°  Polarimèlre  de  Porniing.  —  I.es  deux  franges  noires  sont  sensiblement  paral- 
C.  R.,  1921,  i"  Semestre.  (T.  172,  N-  22.)  99 


l3.'|2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lèles:  on  peul  olil-îiiir  l\'i;alilé  d'éclal  en  lous  les  points  de  la  ligne  de  séparalion 
en  la  plaçanL  parallèlemcnl  aii\  franges.  L'introduction  de  la  substance  fait  tourner  les 
franges,  el  si  l'on  réalise  à  nouveau  l'égalité  d'éclat  au  centre  du  champ,  il  apparaît, 
aux  autres  points  de  la  ligne  de  séparalion,  des  difTérences  d'éclat  entre  les  deux 
plages.  Pour  a  =  3o',  o  =:  i°  et  o  :=  20°,  ces  difTérences  atteignent  20  pour  100;  avec 
cette  pénombre,  la  précision  que  l'on  peut  espérer  de  la  mesure  poiariniélrique  est 
de  l'ordre  de  la  demi-minute  :  il  suffira  de  commettre  une  erreur  de  ,'„  de  la  largeur 
apparente  du  champ  dans  l'appréiialion  de  la  position  du  point  où  l'égalité  d'éclat 
cit  réalisée  pour  introduire  une  erreur  de  cet  ordre  de  grandeur. 

2"  Polaiimètre  de  Laurent.  —  Les  deu.x  franges  noires  sont  rectangulaires;  on 
peut  réaliser  l'égalité  d'éclal  enlre  les  deux  plages  en  tous  les  ])oinls  de  la  ligne  de 
séparation  si  celle  ligne  est  perpendiculaire  à  la  section  principale  du  polariseur. 
Lorsqu'on  introduit  la  substance,  il  n'est  plus  possible  de  réaliser  cet  aspect; 
pour  (B=:2a,  p  =  20°,  si  les  éclats  sont  égaux  au  centre  du  champ,  ils  didèrenl 
de  i3  pour  100  aux  extrémités,  et  les  erreurs  sont  approximativement  les  mêmes  que 
dans  le  polarimètre  de  Poynling. 

En  résumé,  nos  calculs  et  nos  expériences  nous  permetlenl  d'énoncer  la 
conclusion  suivante  :  même  en  choisissant  (tu  mieux  l'orienlation  de  la  ligne 
(le  séparation  ('  ),  on  ne  peut  pas.  avec  des  niçois,  espérer  mesurer  une  rotation 
de  l'ordre  de  20°  a\>ec  une  erreur  inférieure  à  i  minute.  Or  l'emploi  de  sources 
lumineuses  monochromatiques  intenses  (arc  au  mercure),  qui  tend  à 
s'introduire  dans  la  pratique  polarimélrique  courante,  doit  pei  mettre 
d'obtenir  facilement  une  précision  de  l'ordre  de  la  demi-minute.  Il  est  donc 
nécessaire  d'éliminer  le  phénomène  de  la  frange  noire,  en  construisant  les 
polarimètres  de  précision  avec  des  prismes  à  champ  normal. 


OPTIQUE.  —  Sur  le  problème  de  V achromatisme  des  systèmes  centrés  épais. . 
Note  de  M.  II.  lîoui.oicii,  présentée  par  M.  J.  \  iolle. 

Dans  l'approximation  de  Gaiis;:,  on  admet  qu'il  y  a  achromatisme,  lorsque 
le  spectre  axial  d'un  point  luminciix-ohiet  placé  sur  l'axe,  est  replié,  les 
radiations  se  superposant  deux  à  deux.  Il  est  aisé  de  voir  que  si  l'on  veut 
établir  un  système  achromaticjue,  il  faudra  satisfaire  à  trois  conditions;  en 
eiïet  le  point-objet  et  son  image  en  lumière  A  décrivent  deux  divisions 
liomographiques;  dès  lors  deux  images  du  même  point  forment  également 
deux  divisions  liomographiques;  et,  pour  assurer  la  coïncidence  de  ces  deux 

(')  A\L'<-  un  appiiiil  011  cett  ;  ligne  est  mal  orientée,  comme  par  exemple  le  nicc  I 
coupé  de  Gornu-,IelleU.  les  erreurs  peuvent  êlre  i  ou  .")  fois  plus  grandes. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I921.  l'i^'i 

divisions,  il  faut  écrlro  que  trois  images  de  longueur  d'onde  A  coïnciileiil 
avec  trois  images  de  longueur  d'onde  A'.  Il  peut  être  difficih;  ou  même 
impossible  de  satisfaire  à  ces  trois  conditions;  or  dans  un  grand  nombre  de 
cas,  pour  un  objectif  de  projection  par  exemple,  on  n'utilise  le  système  que 
pour  une  seule  position  de  l'objet,  et  dès  lors  il  suffit  que  l'acbromalisme  soit 
réalisé  pour  ce  dispositif.  Les  images  À  et  A'  formant  deux  divisions  liomo- 
grapliiques  il  existe  nécessairement  deux  points  doubles  (réels,  ou  ima- 
ginaires) où  les  deux  images  de  couleur  difîérente  sont  en  coïncidence;  il 
suffira  donc  d'exprimer  que  le  point  utilisé  est  précisément  l'un  de  ces 
points  doubles,  et  ce  sera  une  condition  unique  bien  plus  facilement 
réalisable. 

D'ailleurs   il   sera    facile  d'expliciter   ces   conditions  au    moyen  de  la 
méthode  suivante;  l'équation  du  premier  dioplre  s'écrit  (origine au  centre)  : 


"n-y,, 

"l'Jl 

I            I  ^ 

\        dn 

7i        Hi/        'l't'/l         "î'/î' 

on  peut  exprimer  les  abscisses  q„  et  q,  en  fonction  du  rapport  de  conver- 
gence Y,  au  point  considéré  r 

"o'7o=='m(' —  "/i)i  "l'/i— ' 

nous  formons  ainsi  une  fonction  C,  que  nous  pourrons  appeler  la  fonction  de 
chromatisine  du  système  relative  à  la  radiation  A;  pour  le  deuxième  dioptre 
on  aura  de  même 

ou,  en  posant  y,  y^  ^=  T,  rapport  de  convergence  du  système  résultant, 
/(„  a(/„  —  l^/i,  dq^_  =  — \ '—L 1. —  I 


^•2(Vi—  r)(/'iyi—  n-J)  /dn,        'fn,\ 
i'ii  —  'ii)  \  n,  II,  ) 

Or,  si  l'on  désigne  par  K  la  constante  du  système  résultant,  telle  que 
/=-       el       y'=-' 


l344  ACADÉMIE    DES    SClEiVCES. 

on  a 


y.-r 


K        K 

/.,  ^  /,-, 


et  dès  lors 


'/«o        II  \  d/i  i             du , 
/i(i  clij^  =r  1  -  //^  ilq,  rz:  f7„ H h  //^ - 


cia^  «,,  r/^  étant  des  fonctions  du  second  degré  de  F;  on  voit  aisément  que 
l'élimination  continuerait  de  la  môme  manière  et  que  finalement  on 
obtiendrait 

.  ,  ,  .     dn^  iln^  du,,         ,  ^ 

/'„  d<i„  -  -^-n,,  dij,,  =  A„  — -  +  A,  -—  4-  .  .  .  +  A;,  — !-  =  L  d\, 
"(1  "  1  ''  /' 

A„,  ...,  A/,  étant  des  fonctions  du  second  degré  de  y. 

Nous  pourrons  donc  écrire  pour  le  système  limité  aux  milieux  d'indices  n 
et  //' 

C  d).  =  n  d.r  —  -f-  n  '  il.r={  M  y  -  +  N  y  +  P  )  ,//., 

les   coefficients   de   la   fonction   de    chromatisme  étant  des    fonctions  des 

1     p  -1  ■    d/i„    du,  dn.,         .         ,-,  .    r     •    ■ 

constantes  de  1  appareil,  y  compris -T^,  -^)  ■••,  —p^  qui  y  tigurent  linéai- 
rement : 

i"  Il  y  aura  achromatisme  au  point  de  rapport  de  convergence  a  si 

M  ^'- +  \  a  +  1  '  ^  o  ; 

2°  Cet  achromatisme  sera  étendu  aux  points  voisins,  sur  Taxe,  si  l'on  a 
les  deux  conditions 

_        I^   _      2? 

3°   Knfin,  le  système  sera  achromatique  si 

M  =  o,         N  =  o,         P  =  o. 

Mais  il  est  préférable,  dans  le  cas  particulier  envisagé,  même  si  l'on 
dispose  d'un  nombre  suffisant  de  constantes  indéterminées,  de  réserver  ces 
constantes  pour  réaliser  un  achromatisme  s'étendant  aux  points  assez  éloi- 
gnés de  l'axe,  en  écrivant  que  les  diverses  aberrations  ont  les  mêmes  valeurs 
j)our  les  radiations  A  et  A  +  d'k. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I921.  l345 


■lÉLKGRAPIIIE  SANS  FIL.  —  Radioi>oniornéliie  et  inJJuences  altnosphériiiues. 
Note  de  M.  Uothé,  présentée  j)ar  M.  E.  liouly. 

Quelques  mois  avant  la  guerre,  j'avais  entrepris,  à  Nancy,  l'étude  des 
influonces  atmosphériques  sur  la  propagation  et  l'absorption  des  ondes 
hertziennes.  La  méthode  consistait  à  recueillir  par  antenne '.des  signaux 
émis  spécialement  parla  Tour  Eiffel  et  à  eu  mesurer  l'intensité  au  thermo- 
galvanomètre  de  Duddell  (  '  ). 

Ces  observations  ont  permis  de  constater  fréquemment  an  cours  de  la 
journée  une  absorption  importante. 

Pendant  l'été  dernier,  an  cours  d'observations  sur  les  orages  dont  j'indi- 
([uerai  ultérieurement  les  résultats,  lorsqu'ils  auront  été  complétés,  je  me 
suis  proposé  de  rechercher  si  les  variations  atmosphériques  produiraient 
aussi,  par  un  effet  analogue  à  la  réfraction  optique,  nn  changement  notable 
dans  le  repérage  radiogoniométri(jue  des  stations  d'émission,  c'est-à-dire  si, 
suivant  les  conditions  atmosphériques,  la  direction  des  ondes  serait  modifiée 
en  même  temps  qu'elles  seraient  plus  on  moins  absorbées. 

.l'ai  nlilisé,  à  cet  efl'el,  une  cabane  radiogoiiioniétri([ue,  type  militaire  dont  le  cadre 
fut  modifié  et  amené  à  une  gamme  de  longueur  d'onde  convenable.  Cette  cabane  était 
établie  dans  un  pré  voisin  de  la  station  météorologique  de  Strasbourg  et  suffisamment 
éloignée  des  bâtiments  et  des  lignes  télégrapliiques. 

Les  pointés  furent  faits  régulièrement  par  un  ingénieur  électricien,  AI.  Larivière.  Ces 
mesures,  faites  avec  toutes  les  précautions  d'usage,  d'après  les  méthodes  de  repérage 
aujourd'hui  bien  connues,  se  sont  étendues  du  20  juillet  au  10  octobre  1920.  La  station 
de  la  Tour  lîiffel  fui  pointée  à  trois  heures  difïérentes  au  moment  des  émissions  de  la 
journée,  (^'!\o^,  10^ [\b'",  16''  ;  celles  de  Nauen  et  de  l'oldhu  furent  pointées  une  fois  par 
jour,  à  C)^  et  9''  3o'". 

Pendant  tout  le  temps  que  les  obserxations  ont  duré,  l'état  de  l'atmosphère  fut  très 
variable  :  il  3'  eut  des  jours  de  grande  pluie,  de  ciel  découvert  ou  brumeux,  des  tempé- 
ratures diverses,  des  situations  isobariques  variées.  Les  divergences  entre  les  pointés 
n'ont  dépassé  2°  à  partir  de  la  valeur  moyeone  que  dans-des  cas  exceptionnels,  très 
rares,  et  pour  lesquels  aucune  particuUirité  au  point  de  vue  météorologique  n'apparaît 
d'une  manière  manifeste. 


(')  E.  RoTHÉ,  Sur  r in Ihience  possible  des  radiations  solaires  sur  la  propagation 
des  ondes  hertziennes  (Comptes  rendus,  I.  loi,  1912,  p.  i.'(54).  —  E.  Rotiié  et 
R.  Clarté,  Influence  de  Vétalde  C atmosphère  sur 'la  propagation  et  la  réception 
desondes  hertziennes  {Comptes  rendus,  t.  1.58.  191^,  p.  699). 


1,346  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Ainsi  pour  Nauen,  sur  60  visées  ou  déterminations  de  la  position  du  cadre 
correspondent  à  Textinction  du  son  au  téléphone  : 

D  (')...      '^'>.        3o,5        3o        sij,-.")        2Ç),5        29        28,75        28,5        28,20        28 
N.  P I  I  2  4  18  n  2  i5  2  3 

ce  qui  conduit  à  une  moyenne  voisine  de  2(f. 
Pour  Poldhu,  sur  Go  visées  : 

IJ ri  10,:")      100     99,5     99,25     99     98,75     98,5     98,25     98     97,0     97,25 

N .  1' . .  .  .  I  3      1 1  1  I  o        r  19  6  (5        I  1 

Moyenne  voisine  de  99". 

Pour  F.  L.,  à  9'' 45™,  pour  G3  visées  : 

D.  ...     92,5    92    91,75     91,5     91,25     91     9", 75     90,5     90,25     90     89,5     89 
N.  1'  .       3'         26  17  3  9       '1  9  '  81  1 

Moyenne  voisine  de  91°. 

Pour  F.  L.,  à  10'' 45'°,  pour  56  visées  : 

D 92,5    92     Qii/'î    9')-^     9' '25     91     90,75     90,5     90,20    90    89,5     89 

N.  1'. ...       2  '1       5  19  3  4       1  9  '  '4  3 

Moyenne  :  91". 

Pour  1*\  L.,  à  16'',  sur  49  visées  : 

I) 92,5     92     91,75     91,5     91.20     91      90,75     90,5     90,25     90     89,5 

N.  IV ...       1  21  i3  I  32  20  I  22 

Moyenne  :  91". 

Les  écarts  observés  sont  de  l'ordre  de  un  ou  deux  degrés;  si  l'on  consi- 
dère que  les  erreurs  expérimentales  atteignent  aisément  le  degré,  on  voit 
que  la  précision  de  la  méthode- ne  permet  pas  de  tirer  des  conclusions  cer- 
taines sur  la  cause  des  petitrs  variations  observées. 

Dans  une  Note  récente  intitulée  l'itudcs  de  radiogonioniêlric  (  -),  MM.  G. 
Ferrie,  R.  Jouaust,  W.  Mesny  et  A.  Perot  ont  publié  les  résultats  d'obser- 
vations faites  à  Meudon  sur  diverses  autres  stations  :  Lyon.  Hanovre, 
Rome,  Nantes.  Il  est  intéressant  de  remarquer  que  ces  résultats  sont  d'ac- 
cord avec  ceux  des  observations  faites  à  Strasbourg  sur  Paris,  Nauen  et. 


('  )   [>.  =  degrés.  —  N.  1*.  :=  noml)re  île  poinli'-. 

(-)  (1.    l'ERinf:,  R.  .louAL'ST,  R,   Mksny  ei   \.I'i:hot,  Comptes  rendus,  t.  17-2,  1921 
p.  54. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I921.  l347 

Poldhu,  en  ce  qui  concerne  les  pointés  de  jour.  Les  dilTérences  observées  par 
ces  auteurs  sont,  en  cfTet,  de  l'ordre  du  dei^ré. 

Mais  ils  ont  trouvé,  le  soir,  après  le  coucher  du  soleil,  un  effet  important, 
très  intéressant  au  point  de  vue  cosmique. 

Les  situations  atmosphériques  ne  semblent  pas  avoir  eu  ladiogonio- 
raétrie  une  importance  prépondérante,  il  est  vraisemblable  que  cet  effet 
doit  bien  être  attribué,  pour  la  plus  larj;e  part  à  des  variations  dans  l'ioni- 
sation de  l'atmosphère  el  que  les  condensations  aqueuses  ou  variations 
atmosphériques  diverses  qui  se  produisent  au  voisinai^e  du  poste  de  récep- 
tion ne  sont  pas  la  cause  principale  des  variations  d'orientation. 

Ces  recherches  seront  poursuivies  à  Strasbourg'  au  cours  de  cet  été,  il 
serait  intéressant  de  pouvoir  mesurer  par  une  méthode  thermi([ue  l'énergie 
reçue  sur  antenne  et  sur  cadre  pour  des  signaux  de  durée  déterminée 
(lo  secondes  par  exemple),  en  même  temps  que  l'énergie  serait  également 
mesurée  à  la  station  d'émission.  Les  données  météorologiques  seraient 
notées  avec  soin  aux  deux  stations  d'émission  et  de  réception,  en  particulier 
il  serait  bon  de  suivre  les  variations  du  champ  électrique  de  l'atmosphère. 


ÉLEGïRIcrrÉ.  —  Ionisation  de  Variion  par  des  électrons  lents.  Note 
de  M.  Georges  Déjardin,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

L  Le  potentiel  d'ionisation  de  l'argon,  c'est-à-dire  le  potentiel  corres- 
pondant à  la  vitesse  des  rayons  cathodiques  les  plus  lents  qui  puissent 
produire  l'ionisation  du  gaz,  a  été  l'objet  d'un  assez  grand  nombre  de 
déterminations  (').  Les  résultats  obtenus,  peu  concordants,  oscillent  entre 
12,5  volts  (Stead  et  Gossling)  et  17  volts  (Rentschler). 

Si  l'on  ne  recherche  pas  une  très  grande  précision,  le  potentiel  d'ionisa- 
tion d'un  gaz  peut  être  aisément  déterminé  au  moyen  d'une  lampe  à  trois 
électrodes,  du  type  courant  de  la  Télégraphie  militaire,  renfermant  le  gaz 
considéré  sous  une  faible  pression.  La  grille  et  la  plaque  sont  réunies 
de  manière  à  former  une  anode  unique;  une  différence  de  potentiel  pro- 
gressivement croissante  est  établie  entre  cette  anode  et  l'une  des  extré- 

(')  .McLennan,  Physical  Rd'iew,  juillet  1917.  —  Uet^tschlek,  .Physical  Raiew, 
l.  \k.  1919.  p.  5o3,  et  Journal  of  Franklin  Inslitule,  t.  188,  1919,  p.  4"8.  —  Foum), 
Pliysical  Recien-,  t.  lo,  1920,  p.  iSa.  —  Horion  el  Davies,  Proc.  Roy.  Soc,  t.  97, 
19-20.  p.  I.  — ■  Stead  el  Gossi.ing,  Philos.  lUag-..  t.  iO,  1920,  p.  4i3.  —  Uodgso.n  et 
l'.iLMEii,  Radio  Reriety,  août  igao,  p.  52.5. 


l348  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

miles  du  filament.  Le  polenliel  crilique,  coirespondanl  à  l'ionisation  du 
gaz,  est  atteint  quand  la  courbe  du  courant  produit  par  les  électrons 
se  détache  nettement  de  la  courbe  correspondant  à  la  lampe  parfaitement 
vide. 

J'ai  repris  par  cette  méthode  simple,  déjà  utilisée  par  Stead  et  (ioss- 
ling  (et,  dans  un  but  un  peu  différent,  par  L.  et  E.  Bloch)  ('),  la  déter- 
mination du  potentiel  d'ionisation  de  l'argon.  La  lampe  employée, 
préalablement  vidée  au  moyen  d'une  pompe  à  mercure,  renferme  de 
l'argon  sensiblement  pur  sous  une  pression  de  o"™,  lo  ;  une  différence  de 
potentiel,  réglable  et  mesurable  à  moins  de  o,i  volt,  peut  être  établie 
entre  l'anode  unique  et  l'e.xtrémilé  négative  du  tilament.  Le  courant 
produit  par  les  électrons  émis  par  la  cathode  incandescente  est  mesuré 
av^c  précision  au  moyen  d'un  milliampèremètre  intercalé  dans  le  circuit. 
Les  courbes  obtenues  en  portant  en  ordonnées  l'intensité  de  ce  courant 
et  en  abscisses  le  potentiel  accélérateur  des  électrons  mettent  en  évidence 
un  potentiel  critique  voisin  de  id  volts,  pour  un  courant  de  chauffage  de 
4  ampères. 

Le  potentiel  critique  ainsi  déterminé  ne  peut  être  considéré  comme  égal 
au  potentiel  d'ionisation  de  l'argon.  Des  corrections  importantes  sont 
nécessaires  par  suite  de  la  chute  de  potentiel  le  long  du  filament  (2, 5  volts 
environ)  cl  de  la  vitesse  d'émission  des  électrons.  Le  potentiel  appliqué 
représente,  en  effet,  le  voltage  maximum  entre  les  électrodes;  le  nombre 
des  électrons  soumis  à  celte  chute  de  potentiel  est  entièrement  négligeable 
à  cause  du  refroidissement  des  extrémités  du  filament  par  les  supports. 
La  correction  négative  à  appliquer  au  potentiel  limite  observé  est  de 
l'ordre  de  o,5  volt.  Les  électrons  émis  par  un  filament  incandescent  pos- 
sèdent une  distribution  de  vitesses  donnée  par  la  loi  de  NLix\\ell;  l'énergie 
cinétique  moyenne  de  ces  électrons  correspond  sensiblement  à  o,5  volt 
pour  une  température  absolue  du  filament  égale  à  2500°.  La  correction 
additive  relative  à  la  vitesse  d'émission  des  électrons  compense  donc  à  peu 
près  la  correction  négative  précédente  (^).  Enfin,  il  y  aurait  lieu  d'envi- 
sager une  troisième  correction,  relative  à  la  dilTérence  de  potentiel  de 
contact  entre  le  filament  incandescent  et  l'anode  placés  dans  un  gaz  à 
basse  pression;  il  est  impossible  d'évaluer  avec  certitude  cette  correction, 

(')  ('omptex  rendus,  l.  170,   1920,  p.  i38o. 
■  (-)   Cependanl,   le  potentiel  ci'ili(|ue  obseixé  diminue  légèrement  (variations  de 
quelques  dixièmes  de  volt)  (|uand   la  température  du   filament  séléve  (courants  de 
haulfage  de  4,3  et  !\,->  ampères). 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I92I.  1^49 

dont  rordre  de  grandeur  est  probablement  le  même  que  celui  des  correc- 
tions précédentes. 

En  résumé,  il  résulte  de  Tétude  du  courant  produit  par  les  électrons  que 
le  potentiel  d'ionisation  de  l'argon  est  voisin  de  i5  volts  (à  o,  5  volt  près). 
Celte  valeur  est  en  bon  accord  avec  celles  indiquées  par  Ilorton  et  Davies 
(i5,i  volts)  et  Found  (entre  i5  et  iG  volts).  La  fréquence  maximum 
émise  par  l'argon,  sous  un  potentiel  de  i5  volts,  est  donnée  par  la  rela- 
tion d'Einstein  :  eV  =  ^v;  on  obtient  ainsi  une  fréquence  limite  corres- 
pondant à  une  longueur  d'onde  voisine  de  800  A.  Or,  au  cours  de  ses 
recherches  sur  l'ultraxiolet  extrême,  Lyman  a  trouvé  que  le  spectre  de 
l'argon  se  termine  au  voisinage  de  cette  limite  ('). 

II.  La  discontinuité  des  courbes  de  courant  n'est  accompagnée  d'aucune 
luminosité  visible  dans  la  lampe.  Quand  le  potentiel  accélérateur  atteint 
une  \aleur  de  iG,2\olls,  on  observe  une  déviation  brusque  du  milliampère- 
mètre  et,  simultanément,  une  luminosité  très  nette  se  produit.  Elle 
apparaît  d'abord  au  voisinage  de  l'extrémité  négative  du  filament,  se  dé\e- 
loppe  peu  à  peu  si  l'on  fait  croître  lentement  le  potentiel  et  ne  semble  com- 
plètement épanouie  que  ^ers  16, g  aoUs.  Si,  après  avoir  dépassé  cette 
valeur,  le  potentiel  accélérateur  décroît  progressivement,  le  phénomène 
passe,  en  sens  inverse,  par  les  mêmes  phases,  mais  toutefois  avec  un  léger 
retard,  voisin  de  0,1  volt. 

Le  potentiel  critique  correspondant  à  l'apparition  de  la  luminosité,  nette- 
ment supérieur  au  potentiel  d'ionisation,  peut  être  appelé  potentiel  d'illu- 
mination. 11  n'est  pas,  comme  le  potentiel  d'ionisation,  une  constante  spéci- 
fique des  atomes  du  gaz.  Il  dépend  de  la  forme  des  électrodes  et  de  celle  du 
tube,  ainsi  que  de  la  pression  (-).  Far  contre,  il  semble  sensiblement  indé- 
pendant de  l'intensité  du  courant  de  chauffage  (entre  4  et  5  ampères),  c'est- 
à-dire  de  la  température  de  la  cathode. 

En  vue  de  compléter  les  observations  précédentes,  j'ai  recherché  quelles 
étaient  les  radiations  émises  par  le  gaz  pour  différentes  valeurs  du  potentiel 
accélérateur  des  électrons.  L'image  de  l'espace  compris  entre  le  filament  et 
la  plaque  est  projetée,  au  moyen  d'un  objectif  de  25'^'"  de  foyer,  sur  la  fente 
d'un  spectrograpbe.  L'appareil  employé  est  muni  d'un  prisme  composé  de 
Rulherford,  associé  à  un  collimateur  de  2  V'"  de  foyer;  il  est  assez  lumineux 

(')  Aslrophysical  Journal,  1916,  n°  1,  p.   nu. 

(-)  Campbell  et  Ryde,  Philos.  Mag.,  t.  40,  ig-io.  p.  585. 


l35o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  donne,  sur  les  clichés,  une  dispersion  moyenne  de  20  A.  par  millimèlic 
pour  la  région  spectrale  comprise  entre  Zjoooet  45oo  A.  Su  ries  clichés  relatifs 
à  des  potentiels  accélérateurs  de  i(j,5,  17,  20,  23  et  3)  volts,  sont  visibles 
de  nombreuses  raies  appartenant  toutes  au  spectre  rouge  de  l'argon  (en  par- 
ticulier les  fortes  raies  ;  ^o[\^,  4'39'  4 19'  »  4198,  4201,  4^59,  4272). 

La  lampe  renferme,  outre  l'argon,  de  la  vapeur  de  mercure  sous  une 
pression  extrêmement  faible.  En  efTel,  quand  le  voltage  appliqué  est 
inférieur  à  i5  volts,  on  obtient  sur  les  clichés,  pour  de  très  longues  poses 
(2  ou  3  heures),  quelques  raies  du  mercure  (4047,  4o8o,  4358).  La  raie  'i35i^. 
qui  est  la  pins  intense,  apparaît  pour  un  potentiel  accélérateur  minimum  de 
10,5  volts  et,  par  conséquent,  voisin  du  potentiel  d'ionisation  bien  connu 
de  la  vapeur  de  mercure  (cette  apparition  n'est  accompagnée  d'aucune 
discontinuité  appréciable  du  courant  produit  par  les  électrons).  Enfin,  sur 
certains  clichés  correspondant  à  un  potentiel  compris  entre  i  j  et  16  volts  et 
à  une  durée  de  pose  de  3  heures,  sont  visibles,  en  même  temps  que  les  raies 
du  mercure  indiquées  précédemment,  les  raies  les  plus  intenses  du  spectre 
rouge  de  l'argon. 


ÉLECTRO-OPTIQUE.  —  Sur  1rs  séries  h  de  /'iirfiru'iim  et  le  principe  de  combi- 
naison dans  1rs  spectres  de  rayons  X.  Noie  de  AL  A.  Dauvii.liek,  présentée 
par  M.  E.  Bouly. 

Dans  une  récente  NoteC),  nous  avons  présenté  les  piemiers  résultats 
de  l'étude  détaillée  des  séries  L  de  l'uranium.  Nous  avons  depuis  acquis 
un  certain  nombre  de  faits  nouveaux. 

L  La  série  L,  photographiée  seule  avec  de  très  longues  poses (i5  heures- 
degré)  a  montré,  outre  les  raies  /,  a^,  a,,  ,3,,,  ^.2.  '^-  et  [i.i,  deux  nouveaux 
satellites  de  jîj  :  ^\  =  754.  i  •  io~"cm  et  [5"  =  7^7,  ce  dernier  se  confondant 
avec  p,.  Le  premier  a  été  prévu  théoriquement  par  A.  Sommerfeld  :  il  est 
extrêmement  voisin  de  ^^  et  donne,  avec  y,,  la  vraie  valeur  du  doublet  L('). 

En  prenant  sur  le  même  cliché  la  série  l^,  et  sa  discontinuité  d'absorption, 
nous  avons  vu  apparaître,  grâce  à  de  très  longues  poses, une  raie  blanche 
très  nette  (raie  d'absorption)  juste  au  delà. de  la  discontinuité.  Cette  ligne 

(')   Comptes  ifiidua,  l.  172.   i<)'-i.  p.  Qiô. 

(■-)   La  raie  %".,  semljU;  èlre  pour  W  :  i23<|..5;  la  raie  5^,  sérail  inséparal)le  de  jS,. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I921.  I?5l 

a  la  même  largeur  que  les  raies  d'émission.  La  distance  existant  sur  la 
plaque  entre  la  limite  d'absorplion  (  L,  =  721,5  en  accord  avec  Duane  et 
Patlerson  ),  et  la  raie  j3 ,  étant  voisine  de  o""",5  nous  avons  pu  mesurer, 
d'une  faron  précise,  la  difTérence  de  fréquence  correspondante  qui  donne 
l'énergie  de  l'anneau  N,  (voir  plus  loin).  Nous  trouvons  ainsi,  pour  lon- 
gueur d'onde  de  la  discontinuité  X,,  la  valeur  A  =  200  U.  A.  qui  se  place 
dans  l'ultraviolet  extrême  et  qui  correspond  au  potentiel  d'excitation 
de  61  volts.  Il  s'agit  probablement  là  du  second  anneau  garni  d'électrons 
de  Bolir,  de  l'atome  d'uranium,  en  venant  de  la  périphérie. 

H.  Les  potentiels  criti([ues  d'excitation  des  séries  L.,  et  L.,  sont,  d'après 
les  chiffres  de  Duane  et  de  Patterson,  relatifs  aux  limites  d'absorption,  res- 
pectivement de  20860  et  de  2 1  720  volts.  Nous  avons  pu,  ,t;ràce  à  une  pose 
très  prolongée,  effectuée  à  2i45o  ±  5o  volts,  séparer  photograpliiqncment 
ces  deux  séries  :  Nous  ne  troin'ons  clans  la  série  h,  que  les  raies  Tj,  [i,,  y,,  Yi. 
Yi,  e(  -[.,  qui  donnent  le  doublet  L  de  Sommerfeld.  Nous  avons  observé  sur  ces 
clichés  les  quatre  raies  K  du  molybdène  (')  qui  proviennent  d'un  film  de 
cet  élément  évaporé  de  la  cathode  Coolidge  et  déposé  sur  l'anlicathode. 
Les  raies  y^  et  [3.,  de  U  coïncident  avec  les  raies  Kj3,  et  Ka,  de  Mo,  ce  qui 
pourrait  introduira'  une  confusion  dans  le  classement  des  premières.  Cepen- 
dant les  rapports  qui  existent  entre  les  intensités  de  Yi  et  y,  de  \j  et  de  Ka, 
et  Ky-o  de  Mo  sont  tels,  sous  21  et  3o  kilovolts,  que  l'on  peut  conclure  avec 
certitude  que  ys  appartient  à  L...  et  ^:,  à  L,.  Par  contre,  la  raie  711,8  que 
nous  avons  signalée  est  certainement  Ka,  de  Mo.  Nous  trouvons  aussi  la 
limite  d'absorption  K  du  niobium  (64  '1,7)  q'ii  semble  exister  dans  le  mica 
constituant  la  fenêtre  transparente  du  tube.  Enfin  les  raies  679,7  ^'  685  qui 
pouvaient  être  le  doublet  Ka,  x^  de  l'élément  43  sont  de  la  série  L.,  si  elles 
appartiennent  à  l'uranium.  Elles  sont  excessivement  faibh^s  et  seraient  en 
ce  cas  les  homologues  des  raies  i2o3,  1  et  1209  du  tungstène  (j3g  et  [i,,). 
Cette  question  sera  résolue  par  l'étude  du  thorium. 

IIL  La  série  L3  a  été  photographiée  à  4^  kiiovolts  de  manière  à  faire 
ap[)araitre  les  lignes  faibles  et  à  préciser  les  mesures  dans  le  groupe  y.  Nous 
avons  ainsi  trouvé  une  nouvelle  ligne  y»  =  568,9  /'^"^  cojirlc  que  y,,  et  plus 
faible  que  y^.  Les  noms  des  lignes  596,8  et  ()o3,8  doivent  être  échangés  :  la 
première  est  Y3  et  la  seconde  Yf,.  Nous  trouvons  de  plus  deux  lignes  très 


(  '  )  Ije  doiiijlel  \\.  X,  y.,  de  cel  élément  fui  visible  sur  uq  cliché  eiïeclué  à  20600  volt», 
valeur  comprise  entre  les  potentiels  d'excitation  de  la  série  Lj  de  U  et  de  la  série  K 
de  Mo  (ii)(j'3o  volts). 


t35s 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


faibles:  (124  et  608.  Il  est  très  difficile  de  din-  laquelle  est  y,- (  ancienne 
ligne  Y^  intense  de  tungstène  ot  du  groupe  des  terres  rares).  Sur  le  gra- 
phique de  Moscley,  la  ligne  y,  de  L.,  est  coupée  pour  l'élt-mcnt  Pt  par 
la  ligne  y-  de  plus  grande  courbure.  En  même  temps  les  intensités  de 
[3-,  y.  et  y-  changent  pour  un  élément  compris  entre  W  et  Pt;  les  deux 
premières  deviennent  plus  intenses  pour  les  éléments  lourds  et  la  dernière 
beaucoup  plus  faible.  Il  semblerait  que  y.  doive  être  pour  U  la  radia- 
tion 608,  la  ligne  62 '|  prenant  le  nom  de  y,,.  Nous  trouvons  en  somme 
dans  L.,  les  raies  y„,  y.,  r,,  y-,  y,,,  3.,  3,,.  3,  et  ,3.. 

IV.  Ce  classement  esten  outre  en  partie  confirmé  de  deux  autres  manières 
distinctes  : 

1"  En  calculant  les  écarts  des  raies  homologues  sur  le  graphique  de 
Moseley  par  les  éléments  W  et  U  on  obtient  des  valeurs  qui  varient  régu- 
lièrement dans  les  séries  L,  et  L.,  mais  non  dans  I.3  ; 

2"  En  appliquant  le  principe  de  combinaison  dans  les  séries  L  du 
tungstène  et  de  l'uranium,  les  anneaux  d'arrivée  étant  alors  connus-pour  ce 
dernier  élémenl.  Il  est  très  remarquable  de  constater  que  l'on  retrouve  ainsi 
les  cinq  discontinuités  d'abscrption  M  de  Stenstrôm,  comme  M.  Coster  Vu 
récemment  montré  pour  U  l't  Th,  et  sept  limiles  N  qui  dounenl  la  genèse  des 
raies  M.  Pour  W  on  trouve  cinq  limiles  M  encore  inconnues  et  se|iL 
limites  N  qui  permettent  d'obtenir  l'origine  des  laies  M  et  même  des 
raies  Iv3  en  ulilisanl  les  chiffres  de  Duane.  L'eiiseuible  de  ces  résultats  est 
exposé  dans  le  Tableau  suivant  : 

Anncaiiv  \iiiicaiix  ilai  i  ivrc. 

•  Iip.irt.  k.  Ly  Lj.  L^.  M 


M-,- 

M;. 
M3. 

M,. 
M,. 
\,. 

Ne. 

N;. 
\,. 

No. 


P* 


p3 

» 

» 

P» 

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^- 

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r>i 

SÉANCE  DU  3o  MAI  1921.  l35i 

La  lii,nie  y^,  inlense  pour  \\  ,  donne  un  anneau  \,.,  (|ui  ne  sert  qu'à  la 
pi'oduclion  de  celle  raie,  les  ligm-s  Y5  et  3,,  provenant  de  \;.  Au  contraire, 
pour  U.  l'anneau  N,;  est  commun  pour  ces  trois  lignes,  ce  qui  expliquerait 
la  faiblesse  de  ^■-.  Le  Tableau  permel  en  outre  de  trouver  deux  dillérences 
de  frc(|ueiice  L.,  —  L^  et  des  relalions  d'addition  comme  cel'e  de  Costcr 
(Lp,  =  Lx,  +  Mj3). 


PIIYSIQIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  lin  appareil  athuneiir-cxlincU'ur  automatique 
pour  becs  de  gaz  à  veilleuse.  Note  de  M.  Alexandre  Cabriek,  présentée 
par  M.  J.  Violle. 

J'ai  établi,  il  y  a  quelque  huit  ans('),  un  appareil  avec  lequel  l'allumeur- 
extincteur  de  M^L  Paul  Bernard  et  Barbe  (-)  pi'ésente  plus  d'un  point  de 
ressemblance. 

Mon  appareil  se  compose  d'une  Ijoîte  cylindiique  verticale,  contenant 
une  cloche  mobile,  éi;alement  cylindrique  et  verticale,  que  l'on  peut  tarer 
à  volonté  avec  des  rondelles  métalliques.  Cette  cloche,  guidée  dans  son 
mouvement  vertical  par  une  tige  centrale,  est  elle-même  munie  intérieu- 
rement d'un  tube  obturateur,  coiffant  le  tuyau  d'amenée  du  gaz.  La  cloche 
mobile  |)longe  dans  un  bain  de  mercure,  ainsi  que  le  tube  obturateur,  pen- 
dant la  période  de  repos  où  il  intercepte  le  passage  du  gaz.  Relevé  avec  la 
cloche,  par  une  surpression  à  l'usine,  le  tube  obturateur  sort 'du  meicure 
et  livre  passage  au  gaz  sous  la  cloche.  Celle-ci,  tout  en  continuant  à  plonger 
dans  le  mercure,  laisse  échapper  le  gaz  par  un  petit  orifice  latéral  qui  en 
stabilise  le  débit;  le  ga2  se  rend  au  bec  où  il  s'enflamme  à  la  veilleuse. 

Pour  l'éleindri',  il  suffit  de  provoquer,  à  l'usine,  un  abaissement  de 
pression  correspondant  au  minimum  que  l'on  s'est  donné;  le  tube  obtura- 
teur vient  alors  plonger  à  nouveau  dans  le  mercure,  interceptant  le  passage 
du  gaz. 

Tous  les  effets  obtenus  au  moyen  dr  cet  appareil  (allumage,  stabilité  de 
soulèvement  de  la  cloche  pendant  la  période  totale  consacrée  à  l'éclairage; 
extinction)  sont  du  domaine  purement  physique  et  n'exigent  aucun  méca- 
nisme accessoire  d'accrochage. 

(')  Brevet  italien  du  i5  décemlîre  1912.  vol.  91,  11°  129.'i.4o;  brevet  français  du 
8  novembre  1918.  n°  4-64680. 

(-)  I'ai'L  Bernard  et  Barbk,  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  3-2. 


l354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'endanl  la  période  de  repos,  la  pression  du  gaz  n'agil  iiiie  sur  la  petite  surface  de 
l'obturateur;  et  tant  que  I  action  de  cette  pression,  répartie  sur  cette  petite  surface, 
ne  devient  pas  supérieure  au  poids  de  la  cloche,  celle-ci  ne  se  soulève  pas  suflisani- 
ment  pour  permettre  au  gaz  de  s'échapper  ;  la  formule  d'équilibre  est  donc,  dans  ce 
cas, 

l'i£n  —  q     (étal  de  re/tos). 

P  étant    la  pression  du  gaz,   s  la   surface  de   l'obturateur,   <^>    le  poids    de  la    cloche, 
(/  le  poids  du  mercure  déplacé  par  la  plongée  de  la  clociie.  dans  ce  liquide. 
I^'aliumage  aura  lieu  au  moment  de  la  surpression,  quand  on  aura 

P*  >  Q  —  y  (  allumage), 

P'   él  inl   la   forte   pression  momentanée,  [)rovoquée  sous  l'obturateur  par  la  surpres- 
sion à  l'usine. 

L'allumage  obtenu,  la  surpression  cesse  et  la  pression  rede\ient  normale  au  choix; 
elle  agit  pendant  toute  la  période  de  l'éclairage  sur  une  surface  correspondant  à  la 
totalité  de  la  surface  de  la  cloche;  et  la  formule  d'équilibre  devient 

(  P  —  /-•  )  S  i-  O  —  y  {péit'ode  d'éclairage), 

I'  étant  la  |)res^ion  du  gaz  à  l'intéiieur  de  la  cloche,  /*  la  pression  du  gaz  à  l'extérieur 
de  la  cloche-dans  la  boîte,  S  la  surface  totale  de  la  cloche. 

Pour  obtenir  l'extinction  il  faudia  que  l'action  des  pressions  répartie  sur  la  giande 
surface  S  devienne  inférieure  au  poids  de  l'ajjpareil;  ce  qui  exige  un  abaissement  de 
la  pression  à  l'usine;  la  formule  d'équilibre  sera  dans  ce  cas 

(P'  —  l'")i<Q  —  'J  [e.iUinclion). 

L'obturateur  plongeant  à  nouveau,  la  pression  nagiia  |)lus  que  sur  sa  petite  surface 
et  l'étal  de  rejios  sera  rétabli  avec  la  formule  d'éf|uilibre  déjà  indiquée  au  début. 

L'examen  de  ces  formules  montre  qu'entre  les  coups  extrêmes  de  surpression  pour 
l'allumage  et  d'abaissement  minimum  pour  l'extinction,  choisis  au  moment  de  la  mise 
en  service  de  l'appareil,  les  pressions  intermédiaires  [)euvent  varier  d'une  façon  quel- 
conque sans  rompre  les  efi'els  physiques -lemandés;  /'ac'C/oc//r/^'e  de  la  cloche,  c'c^t- 
à-dire  le  miinlien  de  son  soulè\ement  )ieiidanl  la  période  d'éclairage,  est  absolument 
automatique. 

Le  constructeur  peut  faire  varier  à  son  choix  le  rapport  des  diamètres  des  surfaces 
S  et  .s-,  ainsi  que  le  poids  Q,  pour  satisfaire  aux  besoins  de  la  pratique. 

Tous  accessoires  mécaniques  étanl  évités  par  ce  syslcme,  l'appareil  a  des 
dimensions  1res  réduites  qui  lui  permettent  d'être  placé  immédiatement  au- 
dessous  du  bec,  dans  la  lanterne. 

Il  est  en  usage  sur  les  4700  larilernes  du  réseau  de  Florence,  depuis 
191 3,   a\ec  e.vtinction  partielle  des  lanternes   à   minuit,    et  le  reste  de 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I()2r.  l355 

rextinction  au  malin.  Des  coups  d'exlinclion  cl  de  rallumage  rapide  cou- 
ronnés de  succès  ont 'conlribué  à  conserver  à  la  ville  son  éclairage  public 
au  giiz  duranl  toiile  la  guerre. 


c  HIM I E  mini':  llA  le  .  —  Catalyse  double  de  l'acile  vanndique  et  de  Veau  oxygénés. 
Noie  M.  V.  AuGEH,  présentée  par  M.  G.  Urbain. 

On  a,  depuis  longtemps,  el  à  plusieurs  reprises,  observé  que  l'acide  per- 
vanadiquc  donne  naissance,  par  décomposition  spontanée  en  solution  acide, 
il  un  mélange  de  sel  de  vanadyle  et  d'acide  vanadique.  En  1912,  Gain  et 
Hostelter  (')  ont  constaté  qu'en  solution  fortemenl  sulfurique,  H^O^  dé- 
compose les  solutions  vanadiques  et  les  réduit  ([uantilalivement  en  sulfate 
de  vanadyle  VO(SO'H)-;  ils  ont  expliqué  cette  réduction  en  admettant 
que  H-0'^  donne  d'abord  naissance  à  l'acide  monopersulfurique  de  Garo, 
qui  joue  le  rôle  de  catalyseur  vis-à-vis  de  l'acide  vanadique. 

Ayant  eu  l'occasion  .d'observer  que  le  passage  du  vanadium  penlavalent 
au  lélravalent  avait  lieu,  sous  l'influence  de  IPO-,  en  présence  de  divers 
acides,  j'ai  attribué  cette  réaction  à  la  présence  des  ions  11"^  et  j'ai  poursuivi 
l'analogie  qu'elle  semble  présenter  tout  d'abord  avec  l'action  de  l'acide 
cliromique  sur  l'eau  oxygénée. 

Les  expériences  qui  suivent  ont  été  exécutées  en  parlant  d'un  acide  vana- 
dique colloïdal,  ne  contenant  que  des  Iraces  de  VO'NH',  et  les  solutions 
employées  en  contenaieni  en  général  2  pour  100. 

Aci'le  cltlorhydrir/iie.  —  Il  n'y  a  pas  lieu  de  faire  ici  des  expériences  quaiililalives, 
car  cet  acide  agit  dtijà  seul  comme  réducteur,  en  dégageant  du  chlore;  mais  en  obser- 
vant deux,  solutions  clilorliydrl(|ues  également  conceiitiées,  dont  l'une  est  additionnée 
de  It^O-,on  constite  que  celte  dernière  vire  au  bleu  en  quelques  heure?,  alors  que 
l'autre  possède  encore  une  teinte  jaune  vert  après  plusieurs  jours.  La  réduction  a 
donc  été  trè-i  accélérée  par  suite  de  la  formation  provisoire  d'acide  pervanadique. 

Acide  sulfurique.  —  En  faisant  varier  la  concentration  de  10  m.  à  0,01  m.,  on  cons- 
tate qu'aussitôt  après  l'addition  de  II'O'^  à  la  soiulion  sulfurique  lo  m.  la  coloration 
rouge  pervanadique  fait  place,  en  quelques  secondes,  à  la  couleur  bleue  du  sulfate  de 
vanadyle;  la  réduction  est  totale.  La  solution  5  m.  est  catalysée  en  24  heures  et  la 
rédu:tion  atteint  gS  pour  100;  la  stabilité  de  l'acide  pervanadique  est  à  son  maximum 
avec  l'acide  i  m.  et  la  réduction  n'est  terminée  qu'après  J2  jours  environ;  elle  porte 
sur  33  pour  100  de  vanadium;  enlin  avec  un  acide  o,of  m.  le  taux  de  réduction  est 
tombé  il  2,ô  pour  100. 

(')  Journ.  amer,  cheni.  Soc,  l.  3i,  1912,  js.  274. 


l356  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Acide  iiilrir/iic.  —  Dans  l'enseinljle.  les  pliérioniènes  sont  les  même*  qu'avec  SO' 11-, 
cependant  on  noie  une  stabilité  plus  grande  de  l'acide  pervanadi<jue  ipii  n'est,  en  solu- 
iion  I  m.,  décomposé  qu'au  bout  de  3  semaines  à  la  température  ambiante.  D'autre 
part,  on  ne  peut  pas  expérimenter  avec  des  solutions  plus  concentrées  que  lo  m.  parce 
que  NO' Il  agit  à  froid  comme  oxydant;  ré(iuilibre  final  a  lieu  entre  V",  V^,  NO'II  et 
NO-  et  se  déplace,  par  élévation  de  température,  en  faveur  de  l'acide  vanadique.  Les 
solutions  nitriques  lo  m.  et  5  m.  ont  été  maintenues  froides,  et  dans  ces  conditions  la 
réduction  a  porté  respectivement  sur  loo  et  8o  pour  loo  de  l'acide  vanadique. 

Acides  faibles.  —  L'acide  acétique,  n'émetlanl  des  ions  H"*"  qu'à  faible  concentra- 
tion, ne  provoque  presque  pas  la  catalyse  :  la  solution  lo  m.,  à  peine  colorée  en  rouge 
par  H^O',  est  catalysée  en  quelques  heures  avec  une  réduction  de  12, 5  pour  100; 
celle  proportion  tombe  à  6  pour  100  avec  un  acide  2  m.  et  aux  environs  de  zéro  pour 
une  solution  o,a  m.  Un  acide  du  même  ty[)e,  mais  beaucoup  plus  ionisé,  l'acide  tri- 
cliloracélique,  a  provoqué  une  réduction  beaucoup  plus  avancée,  atteignant  34  pour 
1011  avec  une  solulion  2  m. 

Eulin,  comme  on  pourrait  alléguer  que  tous  ces  acides  peuvent,  avec 
plus  ou  moins  de  faci'téj  conr.er  naissance  avec  H-0^,  à  un  peracide  qui 
jouerait  le  rôle  de  catalyseur,  que  Gain  et  Hostetter  attribuent  à  l'acide  de 
Caro,  j'ai  employé  de  Tacide  perchlorique,  qui  ne  doit  guère  a\oir  de  ten- 
dance à  s'unir  à  H'O"  ;  une  solution  acide  5  m.,  très  fortement  rougie  par 
11-0-,  est  décomposée  spontanément  en  24  heures  et  la  réduction  de 
l'acide  vanadique  est  totale. 

Solution  aqueuse.  —  La  pseudo-solution  aqueuse  de  l'acide  vanadique 
colloïdale,  additionnée  de  H-0-,  subit  dos  changemenls  notables;  son 
dichroïsine  disparaît,  elle  prend  une  couleur  orangée  qui  passe  au  jaune 
clair  à  mesure  ([ue  l'oxygène  se  dégage,  et  après  quelques  heures  l'eau 
oxygénée  a  été  détruite  sans  que  la  réduclion  ait  porté  sur  plus  de  2  pour  100 
du  vanadium;  il  est  probable  que  celle-ci  est  due  à  l'action  des  ions  H'*' émis 
par  l'acide  vanadique  lui-même. 

Pour  compléter  cette  étude,  j'ai  déterminé  l'influence  que  peuvent 
exercer  les  acides  persulfurique,  monopersulfurique,  acide  de  Caro  con- 
centré, sur  la  solution  vanadique;  les  essais  ont  montré  que,  bien  loin  de 
faciliter  la  catalyse  réductrice,  ces  acides  r(Mnpêchent  au  contraire  d'être 
totale. 

Les  persulfates  d'ammonium  ou  de  potassium  ne  réduisent  pas  les  solu- 
lions  vanadiques  tant  que  la  (|uantité  d'acide  sulfuri(|ue  ne  dépasse  pas 
20  pour  100,  et  d'autre  part,  une  solution  de  sulfate  de  \anadyle  est,  dans 
les  mêmes  conditions,  oxydée  totalement  par  ces  sels. 

L'acide  monopersulfurique,  versé  dans  la  solulion  vanadi(|ue  sulfuri(jue. 
donne  une  solution  verte  contenant  des  (luantités  \ariables  de  sel  de  vana- 


SÉANCE   DU   3o   MAI    1921.  l357 

dyle,  sans  (jne  jamais  la  réduction  soit  totale.  Avec  l'acide  de  Caro  con- 
centré, et  lorsque  la  concentration  sulfurique  totale  atteint  92  pour  100, 
le  taux  de  réduction  est  de  85  pour  100  environ;  le  peracide  est  violem- 
ment décomposé  en  dégageant  de  l'oxygène  ozonisé,  et  cette  réaction  a 
lieu  avec  des  traces  de  sel  de  vanadium  qui  catalyse  rapidement  des  quan- 
tités ([uelconques  d'acide  de  Caro.  La  réduction  est  de  moins  en  moins 
avancée  lorsque  la  concentration  de  l'acide  diminue;  elle  tombe  à 
70  pour  100  avec  SO'H%  à  ()5  pour  100,  et  à  3  pour  100  avec  SO'H^ 
à  45  pour  100.  Les  états  finaux  sont  des  états  d'équilibre,  car  on  les 
retrouve  en  effectuant  les  réactions  avec  des  solutions  de  sulfate  de 
vanadyle. 

Les  expériences  précédentes  permettent  d'établir  le  parallélisme  très  net 
des  acides  perchromiipie  el  pervanadique.  Spitalsky  (')  a  montré,  en  effet, 
(|u'une  solution  de  CrO'  catalyse  H-Q-  en  se  réduisant,  pour  sa  part, 
dans  la  proportion  de  28,3  pour  100  du  CrO^  total;  par  addition  d'acide 
au  système,  l'état  final  correspond  à  une  réduction  de  plus  en  plus  consi- 
dérable du  CrO%  qui  devient  totale  pour  une  teneur  suffisante  en  ions  H^. 
L'analogie,  complète  jusqu'ici,  cesse  lorsque  nous  comparons  l'action 
de  H^O-  sur  les  sels  de  cbrome  et  de  vanadyle;  la  solution  acide  de  Gr^"^"^ 
n'agit  plus  sur  H-0',  tandis  que  le  sel  de  vanadyle  est  immédiatement 
oxydé  en  acide  pervanadique,  de  sorte  qu'après  un  temps  plus  ou  moins 
long,  la  totalité  de  l'eau  oxygénée  introduite  se  trouve  avoir  été  catalysée, 
pendant  que  la  solution  vanadique  a  subi  une  réduction  plus  ou  moins 
profonde,  suivant  sa  teneur  en  ions  H"*",  comme  il  a  été  montré  plus  haut. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  furftiralcamphre  et  quelques-uns  de  ses  dérivés. 
Note  de  M"*^  Woi.ff,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  série  de  Communications,  M.  A.  Haller  (-),  soit  seul,  soit  en 
collaboration  avec  ses  élèves,  a  montré  que  le  camphre  sodé  est  susceptible 
de  se  condenser  avec  des  aldéhydes  aromatiques  pour  donner  naissance  à 
des  combinaisons  non  saturées  dont  le  type  est  le  benzylidène  ou  benzal- 
camphre.  Il  a  également  fait  voir  que  le  pouvoir  rotatoire  spécifique  et  la 

{')  Zeits.  f.  anorg.  Chem.,  t.  69,  1910,  p.  179. 

(^)  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  113,  1891,  p.  22-26;  t.  128,  1899,  p.  1270. 
—  A.  Haller  et  E.  Bauer,  Comptes  rendus,  t.  148,  1909,  p.  1490. 

G.  R. ,1921,  I"  5emes<re.  (T.  172,  N- 22.)  lOO 


l358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

réfraction  moléculaire  de  ces  composés  étaient  plus  ou  moins  exaltés  suivant 
la  nature  de  l'aldéhyde  employée  dans  la  condensation.  Il  nous  a  paru 
intéressant  d'essayer  si  le  furfurol  se  prêtait  à  la  même  réaction  et  si,  d'autre 
part,  les  composés  résultant  de  la  condensation  possédaient  des  propriétés 
analogues  aux  dérivés  déjà  décrits. 

Far furylidène  camphre.  —  i5o'^s  de  camphre  bien  sec  dissous  dans  400^ 
de  benzène  pur  sont  chauffés  à  l'abri  de  l'air,  dans  un  ballon  à  réfrigérant 
ascendant,  avec  [\çfi  d'amidure  de  sodium  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dégage  plus 
d'ammoniac.  On  laisse  refroidir  le  mélange  et  l'on  y  ajoute  ensuite  peu  à  peu 
96s  de  furfurol  sec  dilué  dans  un  volume  égal  de  benzène.  Le  mélange 
s'échauffe.  On  termine  la  réaction  en  maintenant  le  ballon  au  bain-marie 
pendant  quelques  heures.  Apiès  refroidissement,  le  liquide  est  traité  à 
plusieurs  reprises  par  de  l'eau,  séché  sur  du  chlorure  de  calcium,  et  dis- 
tillé pour  chasser  le  benzène.  Le  résidu  est  fractionné  sous  pression  réduite. 
La  partie  principale  passe  à  i7i*'-i75*'  sous  11°""  et  se  prend  peu  à  peu  en 
masse  par  le  refroidissement.  Soumis  à  une  série  de  cristallisations  le  pro- 
duit solide  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux  jaunâtres  fondant  à  64", 
très  solubles  dans  l'éther,  l'alcool  et  le  benzène,  mais  peu  solubles  dans 
l'éther  de  pétrole.   L'analyse  et  ses  propriétés  permettent  de  lui  assigner 

la  formule 

O 

C'll''<  I 

^co     cm lien 

Des  essais  en  vue  de  transformer  ce  composé  par  réduction  au  moyen  de 
l'amalgame  de  sodium,  en  fuifurylcamphre,  ne  nous  ayant  pas  donné  do 
bons  résultats,  nous  l'avons  hydrogéné  en  présence  du  nickel  par  la  méthode 
de  M.NL  Sabalier  et  Senderens  modifiée  par  M.  Brochet.  Nous  devons 
toutefois  remarquer  que,  dans  cette  opération,  la  réduction  va  au  delà  de 
la  formation  du  furfurylcain|)hre  chelché,  et  qu'il  y  a  fixation  de  G  atomes 
d'hydrogène  avec  fornulion  de  télrahydrofurfurylcamphre 


C"!!" 


i-i'analyse  et  les  propriétés  optiques  du  produit  oblenu  viennent  à  l'appui 
de  cette  manière  de  voir. 


0 

CH-^ 

-  CIP 

— ch/\ch» 

1 

r.ti'      v.w- 

SÉANCE  DU  3o  MAI  I921.  l359 

Le  télraliydrofiirfurylcainplire  cotislilue  un  liquide  incolore  el  visi|ueux 
bouillant  à  166"  sous  14'°™,  soluble  dans  Talcool,  Tétlier,  le  benzène  el 
l'élber  de  pélrole. 

Préparation  des  Jury t-ary/camp/iomét/uines  ('  ) 


.CM  -  C 
CMI''<^| 

CO   Cil 


Ar 

Cil 


Cil 


l'allé  s'cffeclue  comme  celle  des  dipliényl,  pliénylbenzylcampliomélhane 
préparés  par  MM.  A.  Haller  et  Bauer  (-).  On  ajoute  à  la  solution  del'orga- 
nomagnésien  dans  l'étber  une  quantité  de  furfuralcamphre  légèrement 
inférieure  à  celle  qu'exige  la  théorie.  Le  mélange  est  ensuite  maintenu  à 
l'ébullition  pendant  quelques  heures  et,  après  refroidissenient,  traité  par  une 
solution  de  chlorure  d'ammonium.  Après  décantation  et  distillation  on 
obtient  le  produit  cherché  qu'il  suffit  de  faire  cristalliser  ou  de  distiller 
dans  le  vide. 

Nous  avons  ainsi  obtenu  : 

yC  H' 

/Cil  — Cil— CMPO 

Lf  phénylfurylcamphontélhane  C'H'\    I  sous    la    forme   de 

petits  prismes  rondaiit  à  1 14°,  très  soiubles  dans  l'alcool,  l'éllier  el  le  benzène,  peu 
solubles  dans  lélher  de  pélrole.  _, 

/CH-CII-C'H'O 
Le    benzylfurylcampliomélane    C*H'*s    I  huile    épaisse    de 

couleur  jaune  très  soluble  dans  l'élber,  ralcool,  le  benzène,  peu  soluble  dans  l'élher 
de  pétrole. 

yCMI'CIF 

/CM  -  Cil  -C'HMJ 
Le  p-toljlfurylcamphoinéthane    C*H"\^  I  qui  distille   à  234° 

sous  17™™.  Il  forme  une  huile  semblable  à  la  précédente  el  de  même  solubilité. 

O 

CH|^"^,C- 
(')   Nous  donnons  au  radical  dérivé  du  furane,  le  nom  de  ftirylr  pour 

Ch! !cil 

éviter  toute  confusion  et  aussi  pour  mettre  les  noms  de  nos  dérivés  en  harmonie  avec 
ceux  attribués  par  MM.  A.  Haller  et  Ed.  Bauer  aux  composés  qu'ils  ont  obtenus. 

(-)  A.  Haller  et  Ed.  Bauer,  Comptes  rendus,  t.  142,  1906,  p.  971-97(3;  t.  146,  1908, 
p.  717-722. 


l36o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

/Cil— Clî  — C'II^O 
Le    p-anisyljitrylcainphométliane     C"H'\     ',  dont     le    poinl 

ti'ébullilion  est  2j5°  sous  ij""".  Le  produit  est  semblable  aux  deu\  précédenlf  el  de 
même  solubilité. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  bromure  d' t'thylmai^nésium  sur  lesdibenzvli- 
dène  cyrlnhencnnone  et  ^^-mèlhvlcvrlohr.ranonf.  ^ote  rie  M.  M.*\oi.iîsro, 
présentée  par  M.  A.  Ilaller. 

On  sait,  d'après  les  expériences  de  M.  Koliler  ('),  de  MINI.  Haller  et 
Bauer  (^),  que  lorsqu'on  fait  a^ir  un  composé  organoniagnésien  .sur  les 
dérivés  henzN  lidéniques  de  la  p-méthylcycloliexanone,  du  camphre,  etc., 
le  radical  hydrocarboné  se  fixe  non  sur  le  groupi-menl  célonique,  mais  sur 
le  carbone  de  la  chaîne  benzvlidénique  qui  se  trouve  en  [i  vis-à-vis  de  ce 
groupement. 

Dans  l'étude  que  nous  avons  entreprise  sur  ladibenzylidènecyclohexanone 
nous  espérions  obtenir  des  corps  semblables  à  ceux  que  M.  Kohler  avait 
obtenus  en  étudiant  l'action  des  combinaisons  organoniagnésiennes  sur  le 
dibenzylidène-[3-méthylcyc!ohexanone. 

Cet  auteur  a,  en  effet,  isolé  :  i°  un  composé  résultant  do  Taddilion  d'un 
groupe  phényle  sur  l'un  des  complexes  benzylidéniques,  composé  qui  existe 
sous  deux  formes  isomériques;  2°  les  mêmes  composés  avec  2^' d'oxygène 
en  plus  et  répondant  à  la  formule  C-'H"'0^;  3°  deux  composés  C"H''-0 
qu'on  peut  considérer  comme  des  tétraphényl-trimélhylcyclohexanones 

CH^  CIP 

CH'/\cn  -  CM'  CH^/N—  GII  —  CIP 

CG  CO 

I.  '  II.  m. 

Nous  sommes  parti  de  la  dibenzylidène  cyclohexanone  déjà  préparée 
pour  la  première  fois  par  1\I.  Petrenko-Kritschenkoet  Arzibascheff(^)etpar 


(')   Arneric.  C/iem,  Soc,  I.  30,   içjoG,  p.   17-;  t.  37,   1907,  p.  070. 
(-)   Comptes  rendus,  t.  I'i."2,  igoti.  p.  971. 
(3)  Ber.  Ber.,  l.  2!),  p.  lo'ji. 


SÉANCE  UU  io    MAI  1921.  l36l 

M.  Wallacli  el  de  son  dérivé  [jaraïuélliylé,  cl  nous  les  avons  traités  parle 
broMuircd'étliylniagnésiiun  en  solution  éthéréc,  d(!  fa(.cn  à  obtenir,  soit  les 
dérivés  nionoélliylés,  soit  les  dérivés  diélhylés. 

Avec  les  deux  composés  dil)enzylidétii(pics  nous  avons  observé  une 
réaction  et  nous  avons  pu  isoler  dans  clia(|ue  cas  un  produit  cristallisé,  à 
côté  de  (juantités  notables  d'huiles,  incrislallisablesjuscju'à  présent,  et  dont 
nous  poursuivons  l'étude. 

Ces  deux  produits  cristallisés  répondent  respectivement  aux  formules 

brutes  C^^H-'O'  et  C^'H^O^;  c'est-à-dire  qu'ils  forment  deux  peroxydes 

des   composés  monoéthylés   auxquels   on  peut   attribuer   la  constitution 

suivante  : 

CiP  CH— CH3 

,^'ît^CH  — cul    J— C  — CH-CH^  ^''l'NcH-CIll    Jc  — CH~C"H' 

co     Y  c^-*    0 

Il  II 

o  o 

La  fonction  peroxyde  de  ces  nouveaux  composés  a  été  mise  en  évidence 
par  l'action  d'une  solution  d'iodure  de  potassium  dans  l'acide  acétique  :  il  y 
a  mise  en  liberté  d'iode. 

Pr'éparaliim  du  dérivé  C-'^M^*0'.  —  A  une  solutiun  étliérée  de  bromure  d'élliyl- 
niagnésium  on  ajoute  peu  à  peu  de  la  dibenzylidène  cyclohexanone  en  poudre.  La 
réaction  a  lieu  instantanément  el  est  parfois  très  vive.  Ouand  tout  le  produit  a  été 
ajouté,  il  convient  de  cliaiilTer  encore  une  demi-heure  au  bain-marie. 

On  décompose  le  produit  de  la  réaction  par  une  solution  saturée  de  chlorhydrate 
d'ammoniac,  les  acides  dilués  donnent  de  mauvais  résultats.  En  évaporant  l'éther  on 
obtient  des  cristaux  blancs  fondant  à  187°, o5  solubles  dans  le  chloroforme,  l'alcool 
niéthylique,  l'éther. 

Cette  réaction  a  été  également  eflectuée  dans  une  atmosphère  d'azote  et  les  résultats 
ont  été  les  mêmes,  ce  qui  semble  prouver  que  l'auto-ovydation  se  fait  après  la  décom- 
position du  produit  par  le  sel  ammoniac.  Les  rendements  en  peroxydes  ont  été  environ 
de  20  pour  100. 

Une  autre  opération  a  été  eflectuée  en  faisant  barboter  un  courant  d'air  dans  la 
.solution  éthérée  qui  jjiovient  de  la  décomjiosition  du  magnésien  et  les  lendements  ont 
pu  de  la  sorte  s'élever  à  j5-6o  pour  100. 

ftéduclion  du  peroxyde  C"H'*0'.  —  Quand  on  ajoute  une  solution  d'iodure  de 
potassium  dans  l'acide  acétique  à  du  perox.yde,  on  constate  une  mise  en  liberté 
d'une  quantité  d'iode  (  dosée  au  moyen  d'une  solution  d'hyposulfite)  correspondant 
à  1"  d'oxygène  par  molécule  de  produit  avec  formation  subséquente  d'un  corn, 
posé  cristallisé  blanc,  fondant  à  111°,  corps  auquel  nous  croyons  devoir  attribuer  l» 


formule 


ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

CIP 
CIV'^^  VAV- 


cm-' 


>CH  -  CH 


C-CH.CH' 


CO 


o 


Action  dti  chlorure  de  benzovlc  sur  la  so/ti/io/i  ét/ieree  du  produit  d'addition 
du  bromure  d' élhylnuii^nésiurn  et  de  lu  dihenzyUdéne  cyclohexanone.  — 
L'introduction  du  chlorure  de  benzoyle  dans  ladite  solution  doit  se  faire 
peu  à  peu,  en  maintenant  le  ballon  dans  la  glace  pendant  toute  la  durée  de 
la  réaction.  Ou  chauffe  ensuite  une  demi-heure  et  l'on  traite  la  masse 
comme  à  l'ordinaire. 

On  isole  ainsi  un  produit  fondant  à  io5°,  très  soluble  dans  l'éther  et  le 
chloroforme,  et  dont  l'analyse  correspond  à  la  formule  C^'H^'O-  qui  est 
celle  d'un  éther-sel  auquel  on  peut  attribuer  la  constitution  suivante  : 

CH^/\CI1-^ 


Cll-G^  /C  — CH.r/H» 
C0.C0C«I|5 


Saponifié  par  de  la  potasse  alcoolique,  ce  corps  donne  naissance  à  du 
benzoate  de  potassium  et  à  une  huile  incristallisable  et  qui  se  décompose 
quand  on  veut  la  distiller.  L'alcoolyse  nous  a  conduit  au  même  résultat. 

Si  au  lieu  du  chlorure  de  benzoyle  on  substitue  du  chlorure  de  cinna- 
myle,  on  obtient  un  corps  blanc  cristallisé,  fondant  à  i22°-i23",  très  peu 
soluble  dans  l'éther,  soluble  clans  le  benzène  à  chaud,  et  dont  la  saponifica- 
tion donne  de  l'acide  cinnanii(|ue  et  la  même  huile  incristallisable. 

Préparation  du  dérivé  C-'H-*0',  en  partant  de  la  p-inéthyldibenzylidcne 
cyclohexanone.  —  Obtenu  dans  les  mêmes  conditions  que  son  homologue 
inférieur,  ce  produit  fond  à  ii9"-i2o°;  il  est  très  soluble  dans  l'éther  et 
dans  le  benzène.  Il  se  comporte  également  comme  un  peroxyde.  Nous  en 
poursuivons  l'étude. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    K^il-  1^63 

CHIMIE  ORGANIQUK.  —  De  i'in/luerice  t/u  /lio/ylji/atc  (rammonitique  sur  le  pou- 
voir rolaloire  de  quelques  sucres.  Noto  de  M.  (ieorgf.s  Tanriît,  présentée 
par  M.  L.  Maquenne. 

Depuis  les  travaux  de  Gernez  (1891-1892)  on  connaît  les  modifications 
de  pouvoir  rotatoire  que  subissent  les  alcools  polyatomiques  (mannile,  sor- 
bite,  perséite)  quand  on  additionne  leur  solution  de  molybdate  acide  d'am- 
monium. On  sait  peu  de  chose  en  ce  qui  concerne  les  sucres  réducteurs  : 
d'après  Gernez,  «  ils  n'éprouvent  de  la  part  des  molybdates  alcalins  acides 
que  des  effets  d'une  intensité  généralement  très  faible  »  ;  de  leur  côté,  Rim- 
bach  et  Weber  (iQoS)  virent  le  pouvoir  rotatoire  du  glucose  passer  de 
[a||,+  Sa"  à  -f-  55°, 8,  tandis  que  celui  du  lévulose  baissait  de  [a][, —  91", 9 
à  —  78°, -2.  De  nouvelles  recherches  m'ont  amené  à  relever  d'importantes 
variations  qui  n'avaient  pas  été  signalées  jusqu'ici. 

I.  Dans  tous  les  cas,  la  technique  des  expériences  a  été  la  même  :  dissolu- 
tion du  sucre  à  chaud,  de  manière  à  obtenir  d'emblée  le  pouvoir  rotatoire 
stable  en  cas  de  multirotation,  et,  après  refroidissement,  addition  de  molyb- 
date d'ammoniaque  en  quantité  progressivement  croissante;  on  complétait 
ensuite  à  volume  constant.  Le  poids  de  sucre  employé  était  de  i^,  le  volume 
total  de  la  solution  de  3o™',  porté  parfois  à  iS™'  ou  Go™'  pour  étudier  l'in- 
fluence de  la  concentration.  Les  déterminations  suivantes  ont  été  faites  à  la 
température  de  12°  et  avec  un  molybdate  bien  pur. 

Pentoses.  —  Four  le  .rylose,  [a],,  est  passé  de  -1-19°,  2  à  -+-  33°, 5.  L'augmenlation 
(71, 5  pour  100)  est  du  même  ordre  que  celle  du  rliamnose  (io5  pour  100)  déjà  étu- 
dié par  Gernez  et  qui  passe  de  -I-  9°, 7  à  -i-i9'',9.  Pour  Varabinose,  au  contraire, 
[a],,  tombe  de  -+-  io5'  à.-i-  84",  9  (diminution  :  19,  i  pour  100). 

Hbxoses.  —  Le  glucose  m'a  fourni  des  chillres  légèrement  plus  faibles  que  ceux  de 
Rimbach  et  Weber,  [«]„  passant  de  ■+-  52°,  5  à  -t-  54°,  i  (augmentation  :  3  pour  100). 

Dans  le  cas  du  galactose,  le  pouvoir  rotatoire  subit  une  baisse  importante  et  tombe 
de  -+-  82°, 5  à  -t-  60°  (diminution  :  27,  2  pour  100). 

Celui  du  sorbose  passe  de  —  43°, 2  à  ■—  36°, 3  (diminution  :  16  pour  100). 

Avec  le  lévulose^  la  chute  du  pouvoir  rotatoire  est  profonde  et  d'autant  plus  forte 
que  le  titr-e  de  la  solution  sucrée  est  plus  faible.  C'est  ainsi  que,  selon  qu'on  a  aflfaire 
à  des  solutions  de  lévulose  à  -J^,  15L  ou  ■^,  [a]i)  tombe  de  — 90°  (valeur  moyenne)  à 
—  60°,  —  55°  et  —  5o°. 

Quant  au  mannose,  son  pouvoir  rotatoire  change  de  signe  et  passe  de  ■+■  i4°à  — 20°. 

Sl'cres  hydrolysables.  —  On  a  recherché  l'action  du  molybdate  d'ammoniaque  sur 
le  pouvoir  rotatoire  des  sucres  en  C'^  (saccharose,  nialtose,  lactose,  tréhalose),  des 
sucres  en  C"  (mélézitose,  raffinose),  d'un  sucre  en  C'^'  (siacliyose),  sur  celui  de  l'inu- 


l364  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

line  :  elle  a  élé  nulle  dans  tous  les  cas,  quelles  que  fussent  les  quanlilés  de  sel  ammo- 
niacal employé.  Il  en  a  été  de  même  pour  les  sucres  de  la  série  cyclique  :  quercite, 
/-inosite. 

Influence  du  temps.  —  Les  solutions  de  lévulose  nddillonnéos  do  molyh- 
date  d'ammoniaque  ne  tardent  pas,  à  IVoid,  à  se  coloier  en  bleu  par  réduc- 
tion du  sel  (réaclion  de  Pinoff)  :  le  galactose  donne  aussi  la  même  léaclion 
au  bout  de  plusieurs  jours,  quoique  moins  énergiquement  que  le  lévulose. 
En  même  temps,  on  constate  pour  tous  les  monoses  réducteurs  une  baisse 
sensible  de  pouvoir  rolatoire  et  de  pouvoir  réducteur.  C'est  ainsi  que  pour 
le  lévulose  (en  solution  à  ^),  [aj^  peut  tomber  à  zéro  au  bout  de  six 
semaines,  le  pouvoir  réducteur«n'étant  plus  que  de  60.  Aussi  une  solution 
de  sucre  interverti  additionnée  de  molybdate  devient-elle  dextrogyre  au 
bout  de  quelques  jours. 

II.  Dans  les  données  numéiiques  précédentes,  on  pourra  trouver  le  prin- 
cipe d'une  méthode  d'évaluation  rapide  de  tel  ou  tel  monose  réducteur 
mélangé  à  d'autres  sucres  déjà  connus,  réducteurs  ou  non,  et  sur  lesquels 
le  molybdate  n'a  pas  d'influence.  Les  variations  de  pouvoir  rotatoire  d'une 
pareille  solution,  avant  et  après  addition  de  molybdate,  renseigneront  sur 
le  pourcentage  du  sucre  considéré.  On  trouvera  dans  un  autre  Recueil 
quelques  chifl"res  obtenus  au  cours  de  différents  essais  poursuivis  dans  cette 
voie. 

III.  Pour  expliquer  ces  changements  de  pouvoir  rotatoire,  il  est  naturel 
d'invoquer  la  formation  de  complexes  organomolybdiqucs.  Les  faits  sui- 
vants viennent  à  l'appui  d'une  telle  hypothèse. 

On  sait  qu'il  est  loisible  de  dosera  la  phénolphtaléine  les  /)  MoO' 
faiblement  engagés  dans  l'heptamolybdate.  Or,  si  à  un  poids  donné  de 
molybdate,  dissous  à  volume  constant,  on  ajoute  des  quantités  croissantes 
de  l'un  des  sucres  précédemment  étudiés  et  optiquement  actifs,  on  voit, 
par  un  simple  dosage  alcalimétrique  en  présence  de  phtaléine,  une  partie 
des  4  MoO'  être  progressivement  saturée  par  ce  sucre. 

Ainsi,  soit  6'"', 6  NaOH  la  quantité  de  soude  normale  nécessaire  pour 
neutraliser  l'acidité  de  i*-'  molybdate  (dissous  dans  4o™"  ^au)  :  Il  n'en 
faudra  que  5""',  7  après  addition  de  o«,5o  lévulose,  que  5™',  3  après  addition 
de  i^  et  seulement  4™', 9  après  addition  de  1^,00  du  même  sucre.  L'expé- 
rience montre  que  c'est  avec  les  sucres  dont  la  variation  polarimétrique  est 
la  plus  forte  que  la  neutralisation  de  MoO''  est  aussi  la  plus  complète. 

Le  virage  à  la  phtaléine  est  du  reste  assez  fugace  et  s'efface  au  bout  de 
peu  de  temps,  exigeant  pour  se  reproduire  l'addition  de  nouvelles  quantités 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1921.  l365 

d'alcali,  preuve  que  la  comhinaisou  oi'^anou>olybcli(|ue  formée  se  dissocie 
rapidement  et  tend  vers  un  nouvel  équilibre. 

Dans  l'étal  actuel  de  nos  connaissances,  il  serait  peut-être  prémaluré  de 
proposer  une  formule  re[)résontant  la  composition  de  pareils  complexes; 
on  pourra  sans  doute  y  arriver  en  employant  une  méthode  d'investigation 
plus  sensible  que  la  méthode  polarimétriquc,  ou  mieux  encore  en  isolant 
à  l'état  cristallisé  un  des  complexes  envisagés.  C'est  dans  cette  direction 
que  nous  poursuivons  nos  recherches. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  formation  de  chlorure  de  Julin  dans  la  prépa- 
ration du  chlore  èleclrolylicjue.  Note  de  MM.  F.  Bourio\  et  Ch.  Courtois, 
présentée  par  M.  G.  Urbain. 

En  examinant  les  tu^^aux  en  grès,  collecteurs  de  chlore  dans  la  prépara- 
tion du  chlore  électrolytique  (électrolyse  d'une  solution  aqueuse  de  chlo- 
rure de  sodium),  nous  avons  observé  d'une  façon  constante  un  peu  au 
delà  des  cellules  la  présence  d'aiguilles  soyeuses,  blanc  jaunâtre,  plus  ou 
moins  abondantes,  parfois  au  point  d'obstruer  presque  complètement  les 
tuyaux  :  elles  proviennent  vraisemblablement  de  l'attaque  par  le  chlore, 
des  charbons  anodiques. 

Afin  d'être  fixés  sur  la  nature  de  la  substance  organique  qui  en  constitue 
la  masse  principale,  nous  l'avons  séparée  de  la  partie  minérale  qu'elle  ren- 
ferme toujours  en  faible  proportion  par  dissolution  dans  la  benzine  bouil- 
lante, et  cristallisation,  la  substance  blanc  jaunâtre  ainsi  obtenue  plus 
légère,  mais  de  même  aspect  que  la  substance  primitive,  fond  à  220°;  une 
deuxième  cristallisation  dans  la  benzine  fournit  une  substance  aisément 
sublimable,  fondant  à  223",  et  possédant  une  légère  odeur  aromati([ue.  En 
y  dosant  le  chlore,  nous  avons  trouvé  : 

Pmcédé  BauLiignv  et  Cliavaiine. 

— -_ -"        -            -<-  Piir 

1.              '2.              3.              4.              5.              G.  hi  cliaux. 

Cl  pour  100 73,39     73,82     73,74     78,32     72,92     78,56  72,90 

Si  l'on  se  rappelle  que  le  chlorure  de  Julin  C/'Cl"  fond  vers  225''-22G°,  et 
que  sa  teneur  en  chlore  est  74,74  pour  100,  il  est  naturel  de  penser  que 
l'on  se  trouve  en  présence  de  cette  substance  souillée  par  un  peu  d'impu- 
retés mais  riches  en  chlore. 

H  est  impossible  au  reste  d'en  élever  le  point  de  fusion  et  la  proportion 


l366  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  chlore  par  des  cristallisations  renouvelées  dans  la  benzine  bouillante. 

Or  Jungfleiscli  (  '  ),  en  étudiant  systématiquement  l'action  du  chlore  sur 
la  benzine,  a  pré|>aré  et  décrit  les  dérivés  chlorés  successifs  du  benzène,  et 
notamment  le  chlorure  deJulin  C"C1*;  pour  débarrasser  ce  composé  des 
dérivés  de  substitution  chlorés  plus  ou  moins  avancés  du  benzène,  et  prin- 
cipalement de  C'HCl',  cet  auteur  le  traite  par  un  mélange  de  benzine  et 
d'alcool,  car  l'alcool  dans  lequel  le  chlorure  de  .Julin  est  insoluble  dissout 
les  autres  dérivés. 

Nous  avons  alors  dissous  à  l'ébuUilion  8^  de  substance  impure,  dans  260** 
d'un  mélange  à  poids  égaux  d'alcool  et  de  benzène;  les  aiguilles  obtenues 
par  refroidissement,  après  essorage,  encore  faiblement  odorantes,  soumises 
au  même  traitement,  ont  donné  une  substance  inodore,  et  plus  blanche  que 
la  substance  primitive;  le  dosage  du  chlore  par  la  chaux  a  donné  : 

observé  Calculé 

^ —  pour  C«C1«. 

Cl  pour  100 74,2"       74,47       74-7"         •  74,7^ 

11  est  dès  lors  naturel  d'admettre  que  les  aiguilles  blanc  jaunâtre  que  l'on 
recueille  à  la  suite  des  générateurs  industriels  de  chlore  sont  formées  en 
majeure  partie  par  du  chlorure  de  Julin  souillé  par  une  faible  proportion 
de  dérivés  de  substitution  chlorés  moins  avancés  du  benzène. 

11  eût  été  intéressant  de  pouvoir  en  déduire  que  ce  chlorure  de  Julin 
provient  de  l'attaque  des  charbons  anodiques  par  le  chlore  naissant;  mais 
la  présence  des  dérivés  du  benzène,  moins  riches  en  chlore,  n'autorise 
guère  cette  conclusion,  et  fait  songer  plulùt  que  ce  composé  a  pris  naissance 
dans  l'attaque  des  goudrons  servant  à  agglomérer  le  coke  et  le  charbon 
pulvérisé,  dans  la  fabrication  des  charbons  anodiques,  et  que  le  chauffage 
ultérieur  n'a  pas  détruits  complètement,  spécialement  lorsqu'il  n'a  pas  été 
suffisamment  prolongé. 

A  la  vérité,  la  présence  de  cette  substance  avait  déjà  été  signalée,  car 
Foerster  (^)  dans  son  Traité d' Électrochimie ^  indique  que  lorsqu'il  se  dégage 
du  chlore  sur  des  anodes  en  charbon  amorphe,  on  peut  y  déceler  des  traces 
de  tétrachlorure  de  carbone,  de  chloroforme,  d'hexachlorure  de  carbone, 
d'hexachlorobenzol  et  combinaisons  analogues,  qui  peuvent  être  séparées 
par  condensation;  nous  avons  signalé  sa  formation,  parce  que,  avec  le 
temps,  il  se  dépose  spontanément,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  et  de  façon 

(')  JuNGFLEiscH,  Thcse,  l'aris,  Gaulliier- Villars,  1868. 

(^)  FuîRSTER,  Eleclrocliemie  wasscri:^cr  Losii/i i;c/i,  190"),  p.  370. 


SÉANCE    DU    '^0    MAI    1921.  I  ;-567 

massive,  se  séparant  ainsi  des  antres  produits  plus  volatils  qui  l'accon»- 
pagnenl;  nous  avons  constaté  sa  présence,  non  seulement  dans  les  collec- 
teurs d'appareils  en  activité,  mais  aussi  dans  des  tuyaux  hors  d'usage,  ayant 
servi  avant  la  guerre. 

Il  est  probable  que  c'est  à  cette  attaque  des  charbons  par  le  chlore  qu'est 
due  la  présence  du  chloroi'orme  signalée  par  l'un  de  nous(  '  )dans  la  benzine 
extraite  des  chlorobeiizènes  industriels  et  dont  l'origine  n'avait  pas  été 
expliquée.  Le  chloroforme  se  condense  dans  le  chlorobenzène  brut  en  même 
temps  que  le  chlore  est  intégralement  absorbé. 

Il  conviendrait  de  faire  une  cotilre-expérience  en  montrant  l'absence  de 
chloioforme  dans  des  chlorobeiizèiies  obtenus,  à  partir  du  chlore  non 
électrolytique,  par  exemple,  résultant  de  l'action  de  l'acide  chloi  hydrique 
sur  le  bioxyde  de  manganèse. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  structure  de  la  chaîne  des  Alpines. 
Note  (-)  de  MM.  F.  Roman  et  P.  de  Bru.v,  transmise  par  M.  Ch.  Depéret. 

La  chaîne  des  Alpines  est  un  massif  montagneux  qui  s'étend  perpendi- 
culairement au  llhôiic,  de  Tarascon  à  Orgon,  et  surgit  brusquement  au 
milieu  des  terrains  tertiaires  et  quaternaires  qui  l'environnent  de  toutes 
parts.  Le  Jurassique  et  le  Crétacé  inférieur  ont  pris  part  à  sa  formation. 

Un  peut  distinguer  liois  termes  dans  le  premier  de  ces  terrains  : 

1°  Des  calcaires  dolomiliques  (J*  de  ia  coupe)  ; 

2°  Des  calcaires  en  bancs  minces  (J°); 

3°  Des  calcaires  compacts  ruiniformes  (J*~*). 

La  rareté  des  fossiles  ne  permet  [as  de  préciser  les  niveaux;  le  n°  2  païaîl  corres- 
pondre au  Lusitanien;  le  n°  3  représente  le  Kiméridgien  elle  Titlionique. 

L'Infracrétacé  comprend  : 

I"  Des  calcaires  à  faune  berriasienne  (C,,)  ; 

2°  Des  marnes  jaunes  avec  rares  fossiles  pyriteux  (Valanginien  inférieur)  surmontés 
par  des  calcaires  en  bancs  minces  ( Valanginieii  supérieur,  C,); 

3°  Des  marno-calcaires  jaunâtres  (Haulerivien  inférieur,  C,vi)  a"'"iuels  se  super- 
posent des  calcaires  blanchâtres  en  gros  bancs,  devenant  marneux  au  sommet  (Haule- 
rivien supérieur,  C,,.,,)- 

La  faune  du  niveau  inférieur  a  été  signalée  par  M.  Kilian,  près  de  Saint-Elienne- 
du-Grès, 

(')  F.  BouRio.v,  Comptes  rendus,  l    170,  192(1,  p.  iiSi.  et  Ann.  de  C/iim.jÇ)"  série, 
t.  14-,  1920,  p.  2i5-32i . 
(')  Séance  du  23  mai  1921. 


l368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

'("  (Calcaires  compacts  en  gros  bancs  à  silex,  sans  fossiles  (Rarrémien  inférieur,  G,„), 
passant  à  la  partie  supérieure  à  des  bancs  à  débris  contenant  la  petite  faune  d'Orgon. 

La  série  se  termine  par  le  Harréniien  supérieur,  récifal  crayeux,  niveau  classique 
d'<)rgon  (Ursonieri,  C„). 

Au  point  de  vue  structural,  la  cliaiue  est  formée  de  deux  anticlinaux 
parallèles,  E.-O.  X^e pli  septentrional,  réduit  à  sa  retombée  nord,  se  suit  de 
Saint-Pierre-de-Vence  à  Saint-Étienne-du-Grès.  11  comprend  tous  les 
terrains  précités  qui  plongent  vers  le  Nord.  Très  faiblement  inclinées  dans 
la  partie  orientale  du  massif,  les  assises  barrémicnnes  se  redressent  presque 
jusqu'à  la  verticale,  vers  le  milieu  de  la  chaîne. 

.M' 


Coupe  transversale  des  Alpines  passant  par  le  signal  des  Alpilles. 
(Eclielle  :  environ  t-J;„„.) 

Le  flanc  sud  du  pli  est  représenté  par  une  surface  de  conlact  anormal,  sur 
laquelle  les  assises  poussées  vers  le  Sud  sont  venues  reposer  contre  le  flanc 
nord  du  pli  méridional,  dont  les  couches  plongent  aussi  vers  le  Nord. 

Cet  accident,  de  première  importance,  passe  sur  le  flanc  sud  du  petit 
chaînon  aboutissant  à  la  Patouillarde.  Il  met  en  conlact  les  calcaires  en 
plaquettes  jurassiques  avec  le  Berriasien,  puis  les  calcaires  ruiniformes 
avec  le  Valanginien  inférieur  et,  plus  loin,  ces  mêmes  calcaires  avec  l'Hau- 
terivien  inférieur,  qui  plonge  sous  le  Jurassique. 

Plus  à  l'Ouest,  une  boutonnière  de  ïilhonique  sur  la  roule  de  Mouriès 
indique  la  suite  de  ce  même  accident,  et  met  ce  terrain  en  contact  avec 
l'Hauterivien.  On  le  relouve  au  delà,  dans  un  vallon  parallèle  à  celui  du 
château  de  Pieiredon,  oti  il  fait  apparaître  un  instant  la  série  jurassique 
depuis  les  calcaires  doloiiiitiques.  Au  delà,  l'axe  du  synclinal  s'enfonce 
et  la  surface  de  contact  anormal  longeant  l'Hauterivien  borde  la  dépression 
occupée  parle  Danien  des  iiaux. 

Le  trajet  de  cette  ligne  de  fracture  se  rapproclie  dans  son  ensemble,  mais  non  dans 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I921.  1 369 

ses  détails,  de  la  faille  portée  sut'  la  Carte  géologique  :  à  pailir  di>  la  roule  d'Aureille, 
elle  passe  au  sud  du  chaînon  de  la  l'alouillarde  el  non  au  nord.  Sur  ce  dernier  point, 
il  y  a  un  accident,  de  moindre  importance,  faisant  seulement  disparaître  le  Rerriasien 
pai-  écrasement. 

'Le pli  méridional  forme  le  ch{\lnon  culminant  du  signal  des  Alpilles  (Les 
Houpies)  el  son  axe  passe  légèrement  au  sud  de  la  crête  formée  par  les 
caicairos  jurassiques  en  bancs  minces  dressés  presque  à  la  verticale.  Au- 
dessous,  sur  le  versant  sud,  apparaissent  les  calcaires  dolomitiques.  On 
iviroii\e  plus  à  l'Est  ce  hr.mbement  ;iiuieliiiai  dans  l;i  mollasse  vindo- 
bonieiine  d<-  la  montagm-  du  iJefiend,  prt>  de  Laniaiioii.  el  vers  l'Ouest  on 
le  reconnaît  dans  le  calcaire  hauterivien,  près  de  la  roule  d'Aureille,  puis 
dans  la  bande  bauterivienne  i\\n  borne  au  Sud  la  dépression  des  Baux,  près 
de  Maussane.  On  ne  peut  le  suivre  au  delà. 

On  voit  donc  (|ue  les  efforts  tangentiels  (|ui  ont  produit  ce  massif  sont 
venus  du  Nord  et  ont  tendu  à  rompre  Fanticliiial  principal  en  le  déversant  vers 
le  Sud  et  en  faisant  disparaître  en  profondeitr  tout  le  flanc  sud  qui  n'est 
indiqué  que  par  une  surface  de  glissement.  Ce  fait  est  en  opposition  avec  ce 
que  l'on  observe  en  Provence,  011  la  plupart  des  plis  sont  déversés  et  même 
cbarriés  vers  le  Nord.  La  cbaîne  de  Sainte-Victoire,  comme  les  Alpines,  fait 
cependant  exception  à  celle  règle  et  se  déverse  vers  la  vallée  de  l'Arc,  ainsi 
que  le  montrent  les  coupes  de  Collot.  Le  Luberon,  qui  est  le  pli  le  plus 
voisin,  est  peu  dissymétrique;  il  offre  cependant  vers  le  Sud  une  ligne  de 
contact  anormal  indiquant  un  effondrement  qui  a  permis  l'établissement 
du  bassin  miocène. 


PALÉONTOI.OGIE.  —  5»/'  Ics  variations  individuelles  de  Psiloceras  planorbis 
Sosv.  Note  de  M"*"  G.  Cousrx,  présentée  par  M.  Emile  Haug. 

On  sait  que  Psiloceras  planorbis  Sow.  caractérise  lescoucbesde  la  base  de 
l'Hettangien  dans  l'Europe  occidentale.  Les  observations  que  j'ai  faites 
portent  sur  des  écbanlillons  au  nombre  de  80  environ,  dont  M.  le  Profes- 
seur Haug  a  bien  voulu  me  confier  l'étude,  et  qui  proviennent  tous  d'un 
même  gisement  :  Nellingcr  Miihle,  au  sud  d'Esslingen  (Wurtemberg). 

Un  premier  classement  sommaire  établi  d'après  le  caractère  morpholo- 
gique le  plus  apparent,  c'est-à-dire  l'ornementation,  conduit  à  des  séries 
allant  de  types  entièrement  lisses,  se  ra|)portant  à  la  forme  classique  de 
Psiloceras  planorbis,  jusqu'à  des  formes  diversement  costulées,  décrites  par 


I^70  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quelques  auteurs  (Waliner,  Pompeckj,  Holland  )  comme  espèces  distinctes. 
Ces  variations  dans  rornementation,  pour  être  les  plus  apparentes,  ne 
sont  cependant  pas  les  seules;  d'autres  modifications  s'observent  :  dans 
l'enroulement,  dans  l'épaisseur  des  tours,  dans  la  ligne  de  suture,  dans  la 
position  du  siphon. 

A.  Kn  se  basant  à  la  fois  sur  les  caraclercs  de  rorncmenlalion,  de l'enroi^ 
fement,  de  l'épaisseur  des  tours,  on  peut  établir  plusieurs  séries  : 

i"  L'une  pari  de  Ps.  planorbis  et  conduit  insensiblement  à  Ps.  Johnsloni  Sow. 
(espèce  pourvue  de  côtes  marquées),  par  une  série  de  formes  de  plus  en  plus  coslulées 
où  la  hauteur  et  l'épaisseur  des  lours  reslenl  sensiblement  les  mêmes. 

2°  Une  autre  série  pas<e  des  formes  listes  à  des  formes  coslulées,  où  la  largeur  du 
tour  diminue  et  où  la  hauteur  croit.  On  arrive  ainsi  à  des  individus  ayanl  des  côtes 
droites,  plus  ou  moins  serrées,  plus  ou  moins  accusées.  Chez  certains /'i//oce/'a.$,  elles 
sont  droites  et  rayonnantes;  chez  d'aulres,  droites,  mais  afi'ectant  une  direction 
oblique  en  arrière  par  rapport  au  rayon  de  la  coquille;  chez  d'autres  enfin,  normales 
au  pourtour  de  l'ombilic,  mais  se  recourbant  en  avant  vers  la  région  externe. 

On  a  donc  des  formes  qui  dérivent  insensiblemeni  de  Ps.  planorbis  par  une  série 
de  variations  et  qui  présentent  finalement  l'apparence  de  Ps.  subangiilare  0|)p.  Les 
caractères  ornementaux  de  celle  dernière  espèce  rappellent  ceux  des  W'œlincroceras. 

3°  Une  dernière  séiie  passe  des  formes  lisses  à  des  formes  coslulées,  où  la  largeur 
du  tour  augmente  et  où  la  hauteur  diminue.  On  aboutit  ainsi  à  des  individus  ayant 
l'aspect  de  Ps.  hadroptychum,  espèce  de  Wahner  qui,  avec  d'autres  voisines,  établi- 
rait, d'après  cet  auteur,  le  passage  de  Psiloceras  auK  Arictidœ. 

B.  En  considérant  ensuite  la  ligne  de  suture,  on  observe  une  très  grande 
diversité,  sans  relation  avec  les  caractères  morphologiques  précédemment 
décrits.  Les  variations  portent  sur  le  nombre  et  la  forme  des  indenlalions 
secondaires  des  éléments  de  la  suture.  Celle-ci  se  compose,  chez  Psiloceras, 
d'un  lobe  siphonal  divisé  en  deux  par  une  toute  petite  selle  médiane,  d'une 
première  selle  latérale  généralement  un  peu  moins  haute  que  la  deuxième, 
celte  dernière  moins  large  que  la  [)iécédente.  Puis,  sur  la  partie  du  tour 
restant  visible,  trois  selles  dont  la  hauteur  et  la  largeur  vont  en  décroissant 
rapidement.  Les  selles  sont  légèrement  étranglées  à  la  base. 

1"  Si  Ton  considère  des  individus  au  même  stade  de  développement,  on  remarque  des 
variations  dans  la  découpure  secondaire  des  éléments  de  la  cloison.  Chez  certains,  le 
persillage  est  accentué,  caractérisé  par  des  indenlalions  irrégulières  faites  de  loliules 
ovales,  bien  ai-rondis  en  avani,  larges  dans  leur  partie  médiane,  se  resserrant  à  leur 
base  et  se  raccordant  entre  eux  sous  un  angle  aigu.  Chez  d'aulres,  ces  petits  lobes 
secondaires  moins  nombreux  ne  sont  pas  resserrés  à  la  base,  il  arrive  même  que  la 
ligne  de  suture  présente  à  peine  quelques  indenlalions  sur  ses  éléments.  Elle  corres- 


SPANCE    DU    3()    MAI    I921.  I'57I 

pond  cepeiicJanl  toujours  au  pinn  g^'néral  nippelé  ci-dessus,  mais  les  selles,  au  lieu 
d'èlre  étranglées,  sont  largement  ouvertes  à  leur  base. 

•>,"  Une  autre  variation,  indépendante  de  la  précédente,  intéresse  l'espacement  des 
lignes  de  suture  sur  des  surfaces  de  dimensions  identiques.  Deux  cloisons  consécutives 
peuvent  être  distantes  de  i"™  ou  parfois  de  i™.  Ce  fait  est  peut-être  en  relation  avec 
raccroissemenl.  Les  individus  à  cloisons  très  espacées  lénioigneraienl  ainsi  d'un 
accroissement  rapide,  les  autres  d'un  accroissement  plus  lent. 

'i"  Le  plan  de  la  cloison  est  également  variable.  Tantôt  les  cloisons  suivent  réguliè- 
rement des  rayons  de  la  coquille;  tantôt  elles  forment  un  angle  aigu  avec  ces  rayons. 
Dans  ce  dernier  cas,  la  ligne  sulurale  au  voisinage  de  la  région  externe  présente  une 
avancée  très  nette  vers  le  péristome. 

C.  Le  déplacement  du  siphon  est  également  un  caractère  qui  présente  une 
grande  variabilité.  —  Rai^ementle  siphon  est  médian;  il  est  presque  toujours 
dcjelé  soit  à  dfoite,  soit  à  gauche  du  plan  de  symétrie  de  la  coquille.  Il  peut 
s'éloigner  de  i"""  à  2°""  de  la  région  externe,  mais,  entre  ses  déplacements 
extrêmes,  tous  les  intermédiaires  sont  possibles.  Un  échantillon  particu- 
lièrement intéressant  [trésente  à  lui  seul  tous  les  déplacements  possibles  du 
siphon.  On  en  suit  la  trace  d'une  façon  continue;  d'abord  à  1™'°  à  gauche 
de  la  région  ventrale,  le  siphon  passe  insensiblement  dans  le  plan  médian, 
puis  se  dirige  nettement  à  droite  de  celui-ci. 

Chez  ces  Psiloceras,  la  position  du  lobe  siphonal  est  liée  à  la  place  du 
siphon.  Il  en  résulte  une  répercussion  sur  le  plan  général  de  la  ligne  sulu- 
rale. On  remarque,  en  effet,  une  réduction  de  la  largeur  des  lobes  et  des 
selles  sur  le  flanc  où  se  porte  le  siphon.  Cette  réduction  se  traduit  par  une 
diminution  de  largeur  et  non  par  une  simplification  des  éléments  de  la 
cloison,  qui  sont  au  contraire  élargis  sur  le  flanc  opposé. 

Il  est  à  noter  également  cjue  la  présence  du  lobe  siphonal  sur  un  flanc 
entraîne  la  première  selle  latérale  à  passer  sur  la  région  ventrale.  Elle  se 
trouve,  de  ce  fait,  particulièrement  élargie  et  déformée. 

J'ai  pu  établir  que  toutes  les  variations  envisagées  ci-dessus  sont  abso- 
lument indépendantes  les  unes  des  autres.  Mais,  d'autre  part,  toutes  les 
combinaisons,  toutes  les  associations  de  ces  variations  sont  possibles  sur  un 
même  individu  ou  sur  des  individus  extrêmement  voisins. 

Ces  constatations,  jointes  aux  suivantes  : 

a.  Provenance  d'un  gisement  unique  où  l'on  trouve  associés  des  ([uantités 

d'individus  dans  un  même  bloc; 

b.  Passage  d'une  manière  insensible,  par  une  série  de  variations  morpho- 

logiques, de  la  forme  lisse  plannrbis  à  des  formes  extrêmes  diver- 
sement costulées, 


l^-jl  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

permettent  de  supposer  que  ces  formes  extrêmes  ne  constituent  pas  des 
espèces  distinctes,  mais  de  simples  variations  individuelles,  comparables  à 
celles  que  M.  Haug  a  signalées  pour  (ilyphinceras  lieyricJiianitm  Kon., 
dans  ses  Ktudes  sur  les  Goniatites. 


MAGNÉTISME  TERRESTRE.    —   Forle  perHirbation  iiHii^nètique 
dm  i4-iT  mni  iq2r.  Note  de  M.  Fi.a.ioi.et,  présentée  par  M.  Baillaud. 

Entre  le  14  mai  à  i2''3o'"  et  le  i.")  à  <S''  temps  moyen  local,  le  décli- 
nomètre  enregistreur  de  l'Observatoire  de  Lyon  nous  indique  une  pertur- 
bation très  forte  et  anormale.  V.w  effet,  les  variations  sont  importantes  et 
rapides;  en  quelques  minutes  leur  amplitude  atteint  le  degré  et  vers  le 
maximum  la  déclinaison  a  une  forte  tendance  à  se  rapprocher  du  méridien 
géographique.  Malheureusement,  à  ce  moment,  les  images  sont  sorties  des 
limites  de  l'enregistrement,  c'est-à-dire  dépassent  dans  ce  sens  3o'  par 
rapport  à  la  courbe  moyenne. 

Cette  perturbation  a  été  aQcompagnée  de  troubles  importants  sur  toutes 
les  lignes  télégraphiques.  Nous  nous  bornerons  ici  à  citer  les  heures  et 
grandeurs  des  principaux  écarts,  en  prenant  comme  origine  la  courbe 
moyenne  diurne  de  la  déclinaison. 

Nous  affecterons  du  signe  4-  les  oscillations  tendant  à  augmenter  la 
déclinaison.  Du  cùlé  des  oscillations  négatives  le  spot  lumineux  est  fréquem- 
ment sorti  des  limites  de  l'enregistrement  et,  par  suite,  à  ce  moment, 
l'écart  par  rapport  à  la  normale  a  nettement  dépassé  3o'. 

Le  I '1  mai.  Le  lô  mai. 

16'' normal  o''i5"' — 18' 

i6''3o"' —16'  ..''So"' normal. 

17'' à  ig'' sensiblement  normal  i''2ii'" oscillation  — >  3o' 

iy''2()"' — 16'  '.''."lO"' iil. 

2o''-;'.a''3o™ normal                                                                        1  coiitiiuiellemeiit 

22''35"' — 31'  3''3o"' à  VW"'- •  •    I  en  dehors 

22'4n normal                                                                        '  des  limites  — >  3o' 

aS''"'" —  20'  5*^2.")'" -1-26' 

23''5o"' -+-19'  ,-,.  .  ,-..f   ..,              (  en  dehors 


('>!'  à  (ii'.5()'" 


S''3o" 


(  des  limites  —  >>  3u 
5o"'...  id. 

(         sensiblement 
)  normal 


SÉANCE    bV    3o    .MAI    1921.  i3-]3 

Depuis  le  12  le  déclinomèlre  était  agile,  el,  dans  [ajournée  du  i6onnote 
encore  des  [)erlurbations  liés  fortes. 

Entre  le  19  à  2'i''.")o'"  et  le  20  à  o'':')o'"  une  forte  perturbation  magnéli(]ne 
de  28'  d'amplitude  a  été  encore  observée. 

A  la  suite  de  la  première  perturbation  des  modilicalions  ont  été  apportées 
à  notre  mode  d'enregistrement  pour  nous  permettre  d'enregistrer  avecloute 
leur  amplitude  les  perturbations  de  la  déclinaison  magnétique;  nous  dis- 
posons dès  maintenant  de  près  de  5°  d'amplitude. 


CUIMIE  VÉGÉïAr.lî.  -  Coiilribulùm  à  Vèiude  des  consliliiants  acides  de  la 
gemme  du  pin  ma  ri  lime.  Isnmérisalion  des  acides  pimariques.  \ote(')  de 
M.  Georges  Dupont,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Vacille  abiélifjue.  constituant  principal  de  diverses  colophanes,  n'est  pas, 
on  le  sait,  un  corps  pur,  mais  un  mélange  complexe  d'acides  isomorphes, 
dont  un  seul  constituant  pur  a  été,  jusqu'à  ce  jour,  isolé  par  Schultz  (^). 
Ces  acides  n'existant  pas  dans  la  gemme,  mais  étant  le  résultat  de  l'isoméri- 
sation  par  la  chaleur  des  acides  pimariques  et  sapiniques,  il  est  logique  de 
chercher  à  obtenir  les  acides  abiétiques  purs  en  partant  de  leurs  acides 
mères. 

Dans  une  récente  Note  ( '),  nous  avons  indiqué  comment  nous  sommes 
parvenus  à  dédoubler  l'acide  pimarique  en  ses  deux  constituants,  l'acide 
dextropimarique  et  l'acide  lévopimarique.  Nous  allons  étudier  ici  les  pro- 
duits d'isomérisation  di-  ce  dernier  acide. 

1°  Isoinérisalion peu  la  chaleur.  —  Vesterberg  (')  a  signalé  que  l'acide  dexlropima- 
ri(|iie  était  exlrêmement  stable  vis-à-vis  de  la  chaleur  et  pouvait  même  distiller  sans 
décomposition.  Koiiler  ('*)  a  montré  que  l'acide  lévopimarique  s'isoniérisait ,  au 
contraire,  à  la  fusion,  en  donnant  un  mélange  d'acides  abiétiques.  En  solution  alcoolique 
à  5  pour  100  bouillante,  nous  avons  vérifié  que  cette  isomérisation  était  très  lente,  le 
pouvoir  rota  toi  re  variant  de  —  2820,4  à  —  27.5°,  2  en  4  heures  (pour  le  jaune). 

1°  Isoinérisalion  par  Vacide  chlorhydrique.  —  L'intervention  d'un  catalyseur 
comme  l'acide  chlorhydrique  rend  l'isomérisation  rapide  à  fioid  et  permet  aisément 
de  la  suivre  dans  le  tube  polarimélrique  lui-même. 


(')  Séance  du  28  mai  igar. 

(■-)   ScHULTZ,  M  cm  leur  scientifique,  .")=  série,  t.  10.  1920,  p.  102. 
(')  Comples  rendus.,  t.  172,  1921,  p.  928. 

(')  VftzEs,  Moniteur  scientifique,  4"  série,  t.  16,  1902,  p.  355. 
(^)  Moniteur  scientifique,  5"  série,  t.  k,  i9i4i  p-  95- 
C.  R.,  jgji,  I"  Semestre.  (T.  17Î,  N"  22.) 


1^7 'i 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Tableau  1.   —   Isoinérisntinn  par  ■^^  d'acide  c/ilor/nd/i'/iie  (temp.  t3"). 


Aciile 

ilextri)- 

pimariqni- 


-63,5 


Acid.- 

Acide 

Irvo- 

(IcXtlD- 

pimanque 

pimariqu 

Temps. 
Il       III 

I«|.. 

I  »  li. 

8.   5.. 

..     -83,6 

+63,, 5 

() .  3o . . 

•  •     —79,0 

» 

^ 

..     -76,4 

» 

3 I . 3o . . 

••     -77.8 

II 

O  1 

..     -81,8 

» 

io6 

..     —88,4 

1) 

i'i6 

..        1)0,2 

» 

1-6.... 

..     -9'>6 

n 

242.^0.. 

••       — 9'l.2 

11 

Aciilr 
Icvo- 
pimariquc 
'l'emps.  I  ==  l'- 

lnilialemeiil  .  .  .      — 282,4 
Il      III 

0.10 —2.54,8 

o.  25 — 237 ,6 

0.37 —225,6 

I —  2o4  ,  2 

1.32 -'79.2 

2.5 — i59i6 

5.  '|0 —    96  ;0 


Dr  l'observation  des  résultats  rassemblés  dans  le  Tabb-au  I,  nous  pouvons 
conclure  : 

1"  L'acide  fh\rtropirnani/iir  ne  subit  aucune  isoinérisation  dans  les  condi" 
lions  de  l'expérience. 

2°  L'acide  lévopi manque  ■s.nh'xl^  au  contraire,  une  vive  transformation;  le 
pouvoir  rotatoire.  fortement  négatif  ( — 282°. 4),  s'élève  d'abord;  au  bout 
de  24  heures,  il  passe  par  un  maximum  très  net  (^ — 7G°,4)  puis  redescend 
pour  se  fixer  au  voisinage  de  —93". 

Cette  allure  de  la  réaction  montre  que  celle-ci  a  lieu  en  deux  stades  : 

Premier  stade .  —  Transformation  de  l'acide  lévopimarique  en  un  premier 
isomère  instable  dont  les  pouvoirs  rolatoircs  sont  voisins  de 

|^|.,=r— 76°,4;         |5!K  =  -87».6;  |5:|,^-  r63",2     (M. 

I>a  forme  cristalline  de  ce  corps  le  caraclérise  comme  un  acide  aliii'ti(iiio  :  nous 
appellerons  ce  corps  acide  a.-pimarahiélique. 

L'élude  phvsico-cliimique  de  ceUe  première  pailie  de  la  réaction  conlirme  tout  à 
l'ail  riivpolhèse  d'une  Isomérisation  caliilvliqiie.  La  loi  d'arliuii  (11-  niasse  indique 
qu'on  doit  avoir  dans  ce  cas 

K  —  1_  Ino-    I  "  l'L±_ZM 

/-/„      "lai  +76,4 

\y.\„  élanl  le  pouvdlr  rotatoire  ;i  l'instant  /„,  \y.\  à  l'instant  /,  l'I  K  nne  constante. 
On  vérilie  aisément  que  : 

i"  (^etle  formule  est  liés  e\actement  vérifiée  avec  K  ^0,00288; 

2"  Celle  constante  K  est  proportionnelle  à  la  concenlialion  du  calal\s -,  car  jiuur 

une  concentration  double  on  trouve  K=:ro,oo5G; 


(')  |5!|i,|3<  |v,  |3(||Sont  respectivennnl  les  pouvoirs  rolaloires  pour  les  raies  Jaune, 
verte  et  indiiro  de  l'arc  an  mercure. 


SÉANCE    IJU   io    MAI    1921.  13; 5 

3"  Il  s'af;il  bien  il'ime  simple  ailioii  calalvlique,  cai-  les  liriiiles  restent  les  mêmes 
(]iiaiiil  011  fait  (lesceiulre  la  concentration  du  catalyseur  à  -,'77  (ce  i|iii  correspond 
à   I'""'  de  IICI  pour  4'"°'  d'acide  lévopiniarifjue. 

Deiixiènif  stade.  —  Lacidc  a-piinarabiétique  n'est  pas  la  forme  stable;  il 
s'isomérise  à  son  tour,  dans  les  conditions  mêmes  de  sa  formation,  et  con- 
duit à  un  nouveau  stade  de  transformation.  On  peut  isoler  ce  nouvel  acide 
qui,  rccristallisé  dans  Falcool,  donne  de  beaux  cristaux  ayant  la  forme  si 
caractéristique  dns  acides  abiétiques  et  les  constantes  suivantes  : 

l'nlnt  de  fusion  172°- 170"  :  |  a  |j=r  —  100°,  1  ;  |  a  |\  = —  1  i5<',:!i. 

Ce  corps  s'identi/ie  parfaitement  par  ces  constantes  avec  l'acide  abiétique 
par  isolé  par  Sc/iii/tz  ('  ). 

Pour  rappeler  son  origine,  nous  appellerons  cet  acide  abiétique  Vacide 
'^-piinaraliiéli(pie. 

hoinrrisalioii  par  l'acide  acèliqae.  —  Nous  avons  signalé  déjà,  dans  nos  pré- 
cédentes ^otes.  risomérisalion,  par  l'acide  acétique,  de  J'acide  lé\  opimarique,  et 
nous  avons  utilisé  celle  isotnérisation  pour  isoler  l'acide  dextropimarique.  Nous 
a\ons  étudié  ici  l'isomérisation  de  l'acide  lévopimarique  pur  eiv  solution  acétique 
à  2,5  pour  100. 

1°  A  froid,  risomérisalion  est  lente  mais  sensible  :  en  2  heures,  1 3;  |j  tombe 
de  —  274°, 8  à  —  261",  2  ; 

2°  A  100",  la  transformation  est  totale  en  '|o  minutes,  le  pouvoir  rolatoire  se  fixe 
à  I  y.  |.i= —  61", 6. 

l'ar  précipitation  par  l'eau  et  recristallisation  dans  l'alcool,  on  obtient  de  beaux 
cristaux  d'acide  ^3-pimarabiétique. 

Conclusions.  —  Dans  celte  Aote,  nous  avons  montré  que  la  chaletir, 
l'acide  acétique  et  surtout  l'acide  chlorhydrique  isomérisent  l'acide  lévo- 
pimarique, tandis  qu'il  laissent  inaltéré  l'acide  dextropimarique. 

Avec  l'acide  cblorbvdrique  il  est  possible  de  saisir  deux  stades  successifs 
d'isomérisation  :  l'acide  lévopimarique  se  transforme  d'abord  en  acide 
a-pimarabiélique,  puis  celui-ci  en  acide  B-pimarabiétique  qui  est  la  forme 
stable. 

Cet  acide  [3-pimarabiétique  a  pu  être  isolé  et  identifié  avec  l'acide  abié- 
tique pur  isolé  par  Schultz. 

L'étude  physico-chimique  confirme  qu'il  s'agit  là  de  simples  réactions 
d'isomérisation. 

(M  Loc.  cil.  Schultz  indique  le  pouvoir  rolatoire  |  y  |n  =  —  96°, o,  la  valeur  qui 
correspond  à  environ  — 101"  pour  la  raie  jaune  du  mercure. 


li-jd 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ANATOMil':  COMPARÉE.  —  Elude  (inatuiiùque  sur  lu  terminaison  (trèlinicnnr 
du  nerf  optique  dans  la  série  animale.  Nolo  de  M.  X.-A.  Uarbiehi, 
prcsenloe  par  M.  Pcri'ier. 

On  ouvre  au  niveau  du  plan  équalorial  le  globe  oculaire  d'un  cheval,  on 
vide  riîumour  vitrée  et  l'on  détache  la  rétine.  Chez  le  cheval,  la  rétine 
s'insère  sur  un  disque  blanchâtre,  dépourvu  de  choroïde,  et  renfermé  par 
celle-ci  comme  dans  un  anneau.  Afin  d'isoler  de  la  calotte  sclérale  le 
segment  relatif  du  nerf  optique  (longueur  3*^^'"  à  4*""  )j  on  coupe  la  sclé- 
rotique en  suivant  les  contours  de  l'anneau  choroïdien. 

Après  avoir  dégagé  le  nerf  optique  du  trou  scierai,  on  constate  la  plus 
parfaite  intégrité  de  la  dure-mère,  laquelle,  sans  se  continuer  avec  la 
sclérotique,  se  termine  en  cul-dc-sac  coiffant  l'extrémité  du  nerf.  Une  petite 
spatule  triangulaire  est  alors  introduite  du  côté  libre  du  nerf,  entre  la 
dure-mère  et  la  pie-mère.  On  touiiie  cette  spatule  à  gauche  et  à  droite  en 
parcourant  le  périmètre  du  nerf,  on  l'enfonce  de  plus  en  plus  pour  gagner 
le  cul-de  sac  durai  sans  toutefois  le  percer.  Grâce  à  cette  technique  on  brise 
les  fibres  de  Y  arachnoïde  (')  qui  relient  la  dure-mère  à  la  pie-mère.  On 
retrousse  alors  la  gaine  durale,  devenue  libre,  on  la  glisse  d'abord  le  long 
du  nerf,  ensuite  sur  une  baguette  en  os  ou  en  verre  située  au-dessus  du 
disque  optique  {/ig.  i  ). 


I"'ig.   1.  — •  O,  iipii(|iie  couvert  |)ur  \;\  gaine  piale ;  CI',  coupole 
pialc;(^l',  coupole  liuralc:   l>,  (hire-niéic  ;   lî,  bagueUc. 


Kig.   !..  —  C  I'',  coupole  piale 
détachée  (les  faisceaux 
nerveux. 


Après  le  passage  de  la  plus  grande  partie  de  la  gaine  durale  sur  la 
baguette,  des  mouvements  de  llexion  suivis  de  mouvements  de  traction, 
réitérés  avec  soin,  entre  l'extrémité  du  n<'rf  et  la  baguette,  permettent  de 
rompre  les  dernières  fibres  de  l'arachnoïde.  Le  nerf  optique,  libéré  ainsi  de 


(')   UMBiKni,  h'iiide  ana/omti/ue  .sur  la  terminaison  arélinienne   du  nerf  optit/tic 
{(Jiimptes  reni/iis,  I.  l.'iV,  i<)i''..  |>.  i532). 


SÉANCE   DU    3o    MAI    192I,  li;/ 

sa  cou|)oIc  diiralc.  se  prcsenl(.'  complèli'mcnt  recouvert  par  la  gaine  piale. 
Pour  séparer  celle  gaine  des  faisceaux  nerveux  sous-jacenls,  il  esl  néces- 
saire de  répéler  la  technique  indiquée  et  détruire  les  nombreuses  libres 
conjonctixes,  «  fibres  interpiales  »'qui  de  la  face  interne  de  la  pie-mère 
pénètrent  dans  le  nerf.  On  remarque  alors  que  la  pie-mère  se  termine  aussi 
en  cul-de-sac  el  coiffe  une  lame  conjonctive  translucide  au-dessous  de 
laipielN^  viennent  se  loger  les  tubes  nerveux  de  l'optique  groupés  en 
faisceaux.  Chaque  tube  nerveux  de  l'optique  présente  un  diamètre  inférieur 
à  celui  des  fibres  interdurales  ou  inlerpia'es.  Les  coupoles  durales  et  piales 
ne  possèdent  pas  de  trous,  excepté  ceux  destinés  au  passage  des  vaisseaux 
sanguins  (fig-  2).  Ces  coupoles  demeun^nl  toujours  translucides,  même 
après  un  séjour  plus  prolongé  dans  l'alcool,  tandis  que  la  cornée  devient  de 
suite  opaque  au  contact  de  l'alcool. 

A.   Disque  opli(jiie.  —  Le  plus  souvent  il  a  une  forme  circulaire  qui  coïn- 
cide avec  la  surface  d'insertion  de  la  rétine;  il  possède  un  diamètre  ou 

V  I!  c 


Kig.  3.  —  A.  C.  insertion  lim'aire  à<-  In    n-tine  c;lic/,  le  ceif;   li,  nerf  optique 
(jiii  se  termine  en  niiissue. 

supérieur  (cheval  )  ou  inférieur  (homme  )  à  celui  du  nerf  optique,  et  il  est 
ou  dépourvu  (cheval)  de  choroïde,  ou  tapissé  par  celle-ci.  La  rétine 
chez  tous  les  cerfs  (Ceivtts  elaphus,  C.  capreohis.  Dama  vulgaris)  prend 
son  insertion  sur  un(>  surface  linéaire  trois  ou  quatre  fois  plus  petite  que  la 
surface  terminale  de  l'optique  (//V.  3)  conformée  en  clavo  et  recouvert  chez 
le  cerf  uu'ile  par  une  pic-mère  pigmentée. 

B.  No-/  optù/uc.  —  Le  nei  f  optique,  qui  est  plus  ou  moins  long  chez  les 
Mammifères,  se  divise  (bœuf,  fias  indiens,  Bubalus  buffalus)  en  deux  parties 
symétriques  ;  chez  les  Oiseaux,  au  contraire,  il  est  très  court  et  il  se 
termine  {Jig.l\)  au-dessous  de  la  sclérolique  en  deux  branches,  dont  l'une 
robuste  et  l'autre  faible  qui  chemine  dans  un  petit  canal.  Ces  branches 
s'étendent  sur  une  surface  linéaire  surmontée  aussi  par  un  peigne  linéaire. 
La  rétine  prend  ses  insertions  en  bas  el  autour  du  peigne  selon  un  disque 


t,'i7'*^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

oviilc  eL  Uanslucidc  qui  est  situé  en  dehors  du  pliin  (]ui  couvre  les  branches 
opticines.  (^hez  le  crocodile,  le  peif^iic  a  la  l'orme  d'un  cône  dont  la  ba^e 
couvre  l'exlrémilé  de  l'oplique.  Un  profond  sillon  Iranslornie  rexiréinilé 
du  nerf  optique  des  Gadidés  dans  une  lame  très  mince.  Le  nerf  optique  des 
Mollusques  céphalopodes  n'arrive  même  pas  à  la  sclérotique,  puisqu'il  se 
termine  dans  un  ganglion  préscléral  (  '  )• 

(].  Rétine.  —  Le  nerf  optique  (cheval,  biHuf)  subit  ^4  ou  .'i^^  heures 
après  la  mort  un  ramollissement  complet  qui  permet  de  le  vider  do  tout 
son  nouroplasnia  (-'). 

Malgré  cela,  la  rétine  présente  toujours  quelque  résistance  pour  se  faire 
détacher  de  ses  insertions  (  fîg.  ')). 


»v\.*. 


—  Les(Jiu\  branches  du  nerf  optique  (NO) 
ilu  Jaljiiii  l'ouvertes  par  le  peigne. 


rig.  5.  —  l'ace  postérieure  de  la  rétine  du 
Ijivuf  avec  l'insertion  circulaire  (CK). 


La  rétine  est  plus  ou  moins  épaisse  selon  que  l'humeur  vilrée  est  plus 
(bœuf)  ou  moins  dense  (cheval).  Les  Mollusques  céphalopodes  possèdent 
une  rétine  très  mince  parce  r[ue  l'humeur  vitrée  est  li(juide  et  est  incoagu- 
lable  par  l'alcool.  La  rétine  disparaît  lorsque  l'humeur  vitrée  disparaît 
(Crustacés,  Orthopodes).  On  peut  considérer  la  rétine  comme  une  mem- 
brane séreuse  qui  enveloppe  le  corps  vitré  jusqu'aux  processus  ciliaires. 

L'anatomie  ne  doit  pas,  à  mon  avis,  interpréter,  mais  seulement  décrire 
les  formes. 

Néanmoins,  les  résultats  exposés  de  l'analyse  anatomicjue  me  semblent 
prouver  l'indépendance  complète  et  réciproque  de  la  rétine  et  du  nerf 
optique  dans  la  série  animale.  Ces  résultats  ouvrent  la  voie  à  des  éludes 
pour  l'intervention  chirurgicale  possible  dans  la  ehaujhre  postérieure  des 
yeux,  il  peut  se  faire  qu'on  puisse  soigner  quelque  forme  de  cécité  (décol- 


(')  Haruif.ri,  ■Sur  le  nerf  oplùjue  laminaire  cl  sur  le  nerf  oplitiiic  ^'ci/iffliimnaire 
(Coiiip/e.s  rcniliis,  t.  IC."i,  1917,  |).  6j-). 

(')   BARniEKi,  Ae  neuroplasma  est  inohila  {Comptes  rendus,  t.  i'rl,  191  1.  p.  i-'.<i"). 


SÉANCE    DU    lio    MAI    I921.  l'^7() 

lomciildi"  lii  1  r-liiii-,  gliiucomî,  épaississcmenl  de  la  coupole  diiralcj  ju}^<''e 
iiK'iirahle.  .ladis,  par  crainte  de  la  inorl,on  n'oiivrail  pas  le  crâne,  lelliorax, 
rahdomen;  rien  n'arrête  aujourd'hui  la  main  liahile  du  cliiruii^icn. 

lllSTOl.OGIi:.  —  Sur  (/in'/(/ues  ail iliides fonctionnelles  du  chondrionic 
de  la  cellule  hèpatiijne.   Noie  de   M.  K.   IVoEi,,    présentée  par   M.  Houx. 

I.a  cellule  liépalique  du  rai  constitue  au  point  de  vue  du  chondriome  un 
objet  d'étude  remarquable,  grâce  auquel  nous  avons  pu  retrouver  chez  les 
mammifères  uu  processus  cytoloi^ique  identi(jue  au  cycle  évolutif  sécré- 
toire  du  foie  des  Amphibiens. 

Nous  avons  utilisé  comme  fixateurs,  d'une  |)art  le  mélange  osmio-chro- 
mique  de  Mcves,  d'autre  part  le  bichromate-formol  di'  Regaud,  suivi  d'un 
mordençage,  d'une  durée  moyenne  de  2.)  jours,  dans  le  bichromate  à 
3  pour  100.  Les  coupes  ont  été  colorées  |)ar  l'hémaloxyline  ferrique  de 
Heidenhain.  et,  moins  souvent,  })ar  la  fuchsine  acide,  selon  le  procédé  de 
Kull.  utilisé  comme  méthode  de  contrôle.  Les  [)ièces  ont  été  prélevées, 
immédiatement  a|irès  la  mort,  sur  des  animaux  adultes  normaux,  sacrifiés 
2  heures  environ  après  un  repas  ordinaire. 

L  La  cellule  hépatique  du  rat  apparaît  botirrée  de  formations  niito- 
chondriales  de  types  divers,  dispersées  dans  toute  l'étendue  du  cyto[)lasme 
inlervacuolairo.  Nulle  part  on  ne  note  une  tendance  au  groupement,  à  la 
[)olarisation  de  ces  éléments,  sauf  autour  du  noyau,  ou  l'on  constate  une 
condensation  nette  des  milochondries  et  des  chondriocontes.  Les  chondrio- 
contes,  beaucoup  plus  abondants  que  les  mitochondries  à  ce  stade  de  la 
digestion,  sont  en  général  rectilignes,  rarement  llexueux,  quelquefois 
bifur(jués.  On  peut  voir  à  une  de  leurs  extrémités,  ou  au  niveau  de  leur 
partie  centrale,  un  renflement  d'abord  fusiforme,  qui  grossit  peu  à  peu  en 
absorbant  la  masse  chromatique  du  chondriome  initial.  On  peut  ainsi 
saisir  les  dilTérenls  stades  successifs  de  la  transformation  du  chondrioconte 
en  grain  de  sécrétion.  Formes  en  raquette,  formes  en  goutte  d'eau,  grains 
à  queue  précédant  le  grain  de  sécrétion  définitivement  constitué,  se 
retrouvent  ici  avec  la  même  netteté  que  chez  la  grenouille. 

Nous  avons  montré  dans  un  travail  précédent  (')  que  ces  formations 


(  '  I  or.  II.  Ni)i;(..  Sur  l'élaboration  de  grains  de  sécrélion  par  le  chondriome  de 
ta  ccltale  lii'pali(iHe  chez  la  grenouille  (Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie, 
l.  8'i-,  p.  'loy,  séance  <lii  21  février  19'ii). 


iJSo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ne  peuvent  être  considérées  comme  des  arlefacls  relevant  de  la  lixalion  ou 
de  l'autolyse.  Il  existe  donc,  dans  la  cellule  hépali(iup,  un  processus  éla- 
boraleur  à  subslratum  mitochondrial. 


>o. 


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.-1  gauche  :  l'"i^iiie    infiTieui-e,   cellule   l]i'|i;ilii|uc    ■lu    liai      0.   i^on).  - 
du  cliondriome  île  la  cellule  liépaliijuc  du  liai. 

A  droite  :  Figure  inférieure,  cellule  du   parcncliyme   corticale  de  la 
supérieure,  détail  du  cliondriome  de  la  mcine  cellule. 


de  courte.     -   Figure 


II.  A  l'intérieur  du  cliondrioconle,  s'accumulent  certains  matériaux, 
issus  du  protoplasma  et  qui  subissent  des  transformations  menant  en  lin 
de  compte  à  deur  subslances  au  moins,  l'une  représentée  par  des  grains 
entièrement  teintés  par  rbématoxyline  ferrique  :  grains  sidèrophiles:  l'autre 
représentée  par  des  grains-  non  sidéropitilcs,  dont  le  centre,  qui  se  montre 
clair,  est  cerclé  par  uneécorce  colorable  par  l'hématoxyline  de  lleidenhain. 

Ces  deux  variétés  coexistent  le  plus  souvent  dans  la  cellule  hépatique 
avec  une  prédominance  plus  ou  moins  mar(juéc  de  telle  ou  telle  catégorie. 


siUnce  du  3o  mai  1921.  I  J8i 

IMus  raies  sont  les  cas  où  Ton  ne  constate  qu'une  seule  calégorie  à  l'exclu- 
sion de  Taulre. 

On  est  donc  en  droit  de  croire  que  le  cliondrioconle  initial  peut  évoluer 
dans  deux  sens  histochimiquement  dilîérents,  et  donner  naissance  à  deux 
variétés  de  différenciations  cytologiques.  Il  n'est  pas  possible,  actuelle- 
ment, de  délinir  la  nature  des  produits  élaborés  par  ce  processus.  Nous 
poursuivons  des  recberches  dans  celte  direction. 

III.  Un  rapproclienient  paraît  devoir  être  effectué  entre  les  faits  observés 
dans  la  cellule  hépatique  et  les  phénomènes  du  même  type,  décrits,  en 
particulier  par  (iuilliermond,  dans  la  cellule  véi;étale.  L'amyloplaste 
dérive  du  chondrioconte  initial  suivant  une  série  de  transformations  suc- 
cessives rigoureusement  parallèles  à  celles  observées  dans  la  cellule  hépa- 
tique. Dans  les  deux  cas,  comme  le  montrent  les  ligures  ci-dessus,  on  observe 
des  images  identiques  représentatives  de  processus  élaborateurs  sem- 
blables. Il  nous  parait  intéressant  de  souligner  qu'il  s'agit  dans  l'une  et 
l'autre  alternative,  comme  le  remarque  Guilliermond,  d'éléments  cellu- 
laires doués  d'une  activité  synthétique  particulièrement  grande. 


HÉMATOLOGIE.  —  Cellules  à  granulations  éosinophiles  d'origine  histioule  dans 
le  sang  circuhml  de  r embryon.  Note  de  M.  L.-M.  BÉTA^CES,  présentée 
par  M.  Henneguy. 

La  ])lupart  des  hématologistes  ont  constaté  que  les  premiers  granulocyles 
apparaissent  dans  le  foie  et  la  rate  embryonnaires  avant  que  la  moelle 
osseuse  soit  constituée,  et  lorsque  la  cellule  primitive  du  sang  (Hémato- 
gonie  de  Sabrazés,  Hémocyloblaste  de  Ferrata,  etc.,  etc.)  qui  donne 
naissance  aux  cellules  lymphocytaires  dans  les  organes  lymphoïdes  et 
granulocy  taires  dans  la  moelle  osseuse,  apparaît  tout  à  fait  différenciée. 
J.  JoUy  n'a  trouvé  des  cellules  polymorphes  à  granulations  éosinophiles 
que  lorsque  la  moelle  osseuse  est  déjà  formée,  et,  chez  le  Cobaye  et  le  Rat, 
seulement  à  une  période  proche  du  terme  de  la  parturition  ('). 

Il  nous  a  semblé  assez  intéressant,  tant  au  point  de  vue  de  l'étude  de 
l'hématopoïèse,  qu'au  point  de  vue  de  l'expérimentation,  de  signaler  le  fait 


(')  .1.   JoLLY  et  AcuN'A,    Archives   d' Anatoinie  microscopique,   vol.  7,    1904-1905, 
p.  267,  260  el  268. 


l3S2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  nous  avons  constalé  chez  l'embryon  de  Cobaye  de  27""",  clicz  Icijucl  la 
moelle  osseuse  n'est  pas  encore  ébaucbée.  Nous  avons  trouvé  à  cetlf  période, 
dans  le  sang  circulant,  des  cellules  éosinopliiles  à  noyau  polymorphe  tout  à 
fait  nettes.  Les  novaux  de  ces  cellules  étaient  constitués  par  un  réseau  de 
chromatine  lâche;  ils  étaient  différents  de  ceux  des  granulocyles  myéloïdes 
et  ressemblaient  beaucoup  à  ceux  des  cellules  hislioides.  Les  autres  cellules 
du  sang  étaient  de  grandes  et  moyennes  cellules  hémoglobinifères  à  cyto- 
plasme déjà  basophile,  déjà  polychromalique.  ou  déjà  oxyphile  ;  il  y  en 
avait  plusieurs  en  division  et  des  érythrocyles  avec  des  restes  nucléaires. 
Dans  le  foie  et  la  raie  nous  avons  trouvé  quelques  cellules  à  granulations 
basophiles  et  éosinopliiles  qui  avaient  la  structure  hémohistoblaslique,  et 
des  hémocyloblaslcs  non  complètement  différenciés. 

Cette  constatation,  que  nous  ne  sachons  pas  avoir  été  faite  et  (jui  parait 
être  rare,  vient  confirmer  ce  qui  a  été  déjà  constalé  expérimentalement,  et 
à  l'état  pathologique,  chez  l'adulte,  par  Dominici,  Sabrazes,  Maxiinow, 
Fcrrata,  Pitlaluga,  Franco,  elc,  et  par  nous,  chez  le  fœtus  de  Souris  et 
chez  la  Souris  adulte  normale  ('),  c'est-à-dire  la  formation  possible  de 
cellules  à  granulations  éosinopliiles,  par  différenciation  directe  de  la 
cellule  mésenchymateuse  polyblastiquc,  diffuse  (-). 


PHYSIOLOGIE  GÉiVÉHALE.  —  Mutalio/is  p/ivsio/ogir/ites  brusques  chez-  les  Jh-- 
ments  lactiques  par  divergences  individuelles.  Note  de  M.  il.  Goitixi, 
présentée  par  M.  Charles  Richct. 

(jouimc  je  l'ai  signalé  dès  iiS()2,  il  y  a  des  ferments  laclicpies.  (juc 
j'ai  appelés  aci<lopiolè~)lyliques^  qui  sont  capables  de  solubiliser  la  caséine  en 
milieu  acide,  d'où  le  rôle  que  je  leur  ai  assigné  dans  la  maturation  des  fro- 
mages. Cette  propriété  n'est  pas  toujours  de  décèlemeiit  facile  :  aussi  a-t-ollc 
été  souvent  méconnue. 

Dans  une  série  de  travaux  (' )  j'ai  démonlré  (|uc  la  duiilile  fonction 
saccharolytique  et  protéolylique  de  ces  ferments   présente  variabilité  et 

('  )  L.-.M.  Béiancks,  Comptes  rendus  de  la  Soeiélé  de  Biologie,  16  avril  1921 ,  n"  11$. 

(-)  FiiANCO  cl  FiîiuiATA,  Arclùvio per  le  Scienze  incdicite,  \o\.  42,  fiisc.  'i-h,  i<)i9. 
—  L.-M.  HftTANciîS,  Hœinalologica^  n"  2,  1920,  p.  199.  —  A.  Fkrrata  el  N.  Kinaidi. 
Hirinatologiea,  n"  2,  1920.  —  A.  (""eriiata,  Ihvmatologica,  n"  2,  "vol.  2,  1921. 

(')    Ace.  dei  Lineei  (1910  à  1921,  passim). 


SÉANCE    DU    3o    MAI    1921.  1  "583 

iriogularilo  selon  les  conditions  de  vie  (Icmpéralure,  aéiobiosc,  qualité  du 
substratuiii  et  nolaiiiment  du  lait,  etc.)  :  la  caséolyse  se  manifeste  surtout 
dans  des  cultures  à  des  tcinpératures  basses  (20"  et  25°  C),  en  présence 
d'air  el  dans  du  lait  qui  a  été  stérilisé  modérément  (non  pas  autoclave, 
mais  plutôt  tyiidalliséjdc  manière  à  conserver  sa  teinle  blanche. 

Dernièrement,  j'ai  établi  que.  côté  des  variations  transitoires  liées  aux 
fadeurs  extérieurs  et  au  modas  operandi,  ces  ferments  présentent  aussi  des 
miilatioiis  brusques  sponUinées  cl  Lransmissihles. 

J'ai  observé  ceci  :  normalement  les  ferments  lacticoprotéolytiques  coa- 
gulent le  lait  en  un  premier  temps  et  ensuite  redissolvent  le  caillot;  mais 
parfois,  bien  que  assez  rarement,  une  certaine  variété  de  ferment  peplonise 
le  lail  loujours  en  réaction  jicide,  mais  sans  le  cailler  auparavant,  el  une 
telle  modification  se  perpétue  par  hérédité.  Naturellement,  je  me  suis  assuré 
que  la  culture  se  conservait  parfaitement  pure;  il  s'agit  d'une  atténuation 
ou  plutôt  d'un  raleulissemenl  du  pouvoir  acidifiant,  d'où  le  manque  de  coa- 
iiulalion  préalable  à  la  pep'loiiisalion.  Pour  supplément  de  preuve,  j'ai 
ensemencé  plusieurs  tubes  d'une  même  qualité  de  lait  avec  la  culture  mère 
d'où  provenait  l'écart;  j'ai  constaté  au  contraire  que  les  repiquages  paral- 
lèles, toutes  conditions  égales  d'ailleurs,  se  comportaient  normalement. 

J'ai  rencontré  aussi  des  cas  de  rétroniutation,  c'est-à-dire  d'un  retour 
soudain  de  l'écart,  après  plusieurs  générations,  au  comportement  normal  : 
et  même  dans  ces  cas,  les  ensemencements  parallèles  poursuivaient  au  con- 
traire leur  comportement  anormal.  Partant,  j'ai  été  amené  à  reconnaître  un 
fait  inattendu  :  qu'il  ne  s'agissait  point  d'une  modification  globale  de  toute 
la  culture,  mais  simplement  de  la  modification  d'une  partie  de  cette  culture. 

C'est  pourquoi,  pour  expliquer  ces  phénomènes  de  mutation  brusque, 
j'ai  eu  recours  au  princi[)e  de  la  divergence  individuelle  que  Charles  Richel 
a  invoqué  pour  justifier  l'irrégularité  d'un  ferment  lactique  vis-à-vis  des 
toxiques.  En  effet,  on  doit  admettre  logiquement  que,  parmi  des  cellules 
douées  d'un  double  pouvoir  saccbarol)  tique  et  protéolytique,  quelques-unes 
soient  surtout  saceharolytiques  et  d'autres  surtout  [irotécly tiques;  lorsque, 
par  hasard,  la  semence  est  constituée  exclusivement  ou  presque  de  cellules 
d'un  seul  ly[)e,  on  a  l'écart  soudain  qui  se  per[iétue  par  hérédité  jusqu'à  ce 
que,  toujours  par  hasard,  on  tombe  dans  la  semence  sur  un  lot  constitué 
[)ar  des  cellules  à  facultés  équilibrées. 

J'ai  observé  aussi  que  les  modifications  sont  d'autant  moins  apparentes 
et  fréquentes  (jue  les  conditions  de  culture  sont  plus  favorables,  les  repi- 
quages sont  plus  nombreux  el  rapprochés,  la  semence  plus  abondante  et 


i;i84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tirée  de  toule  l'c|)aisseur  de  la  culture  mère.  Toutefois,  uialgro  toutes  les 
précautions,  les  mutations  s'accomplissent  fatalement,  mênif  dans  des 
conditions  eugénésiques,  et  non  pas  seulement  dans  des  conditions  dysgé- 
nésiques,  comme  voudraient  certains  auteurs  pour  expliquer  les  muta- 
lions. 

Le  principe  de  la  divergence  individuelle  vient  aussi  me  donner  raison 
des  incertitudes  (pie  j'ai  lencontrées  dans  la  détermination  dé  différents 
types  chez  plusieurs  bactéries  du  lait  (Streptococcus  lacticits,  Coccus  de  la 
mamelle,  etc.);  il  amène,  en  effet,  à  substituer  à  la  conception  de  la  plura- 
lité d'espèces,  sous-espèces,  races,  types  et  variétés,  la  conception  de  l'uni- 
cité de  l'espèce  avec  des  variations  qui  sont  liées  à  des  dillérences  normales 
des  individualités  cellulaires.  On  arrive  par  là  à  apporter  une  simplilicalion 
dans  la  classification  des  ferments  lactiques,  qu'on  tend  à  compliquer  outre 
mesure,  l'^t  il  y  a  lieu  de  conclure  avec  Cbarles  Richet  que  les  variations 
de  l'individualité  pour  une  même  espèce  prendront  une  importance  crois- 
sante dans  la  Physiologie. 


MKDlîCINE  Li'.GALE.  —  Procédé  de  diagnostic  individuel  du  sang  et  du  sperme. 
ÏNolc  de  M.  Dervieux,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Continuant  des  recherches  entreprises  depuis  lo  ans  et  modifiant  une 
technique  proposée  en  1912  ('),  j'ai,  de  la  façon  suivante,  préparé,  avec 
du  sperme  humain,  un  sérum  [)récipitant. 

Un  lapin  a  reçu,  en  injections  sous-cutanées  pratiquées  Ions  les  'i  jours, 
cinq  doses  de  2""'  chacune,  d'un  même  sperme  humain  pur,  et  employé 
alors  que  les  spermatozoïdes  étaient  encore  vivants. 

Au  bout  de  3  semaines,  le  lapin  ainsi  préparé  a  été  saigné  par  la 
carotide.  Le  sérum  recueilli  aseptiquement  a  été  conservé  en  ampoules 
scellées. 

Ce  sérum  de  lapin  préparé  au  s|)erine  humain  a  pour  pro|iriétés  fonda- 
mentales de  donner  des  précipitations  avec  le  sperme  humain  et  avec  le 
sang  humain,  alors  que  le  sérum  de  lapin  préparé  au  sang  humain  donne 
di'S  précipitations  avec  le  sang  humain  mais  n'en  donne  pas  avec  le  sperme 
humain. 


(')   l)i:ii\  ii;i:\  el  I.E(::i.iîiic(,),  Ae  dingnoslic  de.^  lâches  en  médecine  Irgale,  p.  •>'!-  cl 
siiiv. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    1921.  l'^85 

J'ai,  par  iiiu'  série  d'expériences,  déterminé  conimenl  ce  sérum  de  lapin 
préparé  au  sperme  humain  se  comporte  vis-à-vis  du  sperme  humain,  vis- 
à-vis  du  sang  humain,  vis-à-vis  du  sang  d'homme  et  du  sang  de  femme, 
enfin  vis-à-vis  du  sperme  et  du  sang  de  même  origine  que  lui. 

Les  résultats  obtenus  ont  été  les  suivants  : 

I.  Le  sérum  de  lapin  préparé  au  sperme  humain  donne  un  précipité  avec 
le  sperme  humain,  alors  qu'il  ne  donne  aucune  réaction  avec  les  spermes 
des  autres  animaux. 

II.  Le  sérum  de  lapin  préparé  au  sperme  humain  a,  vis-à-vis  du  sperme 
originel,  un  pouvoir  précipitant  beaucoup  plus  considérable  que  vis-à-vis 
du  sperme  d'autre  provenance. 

m.  Le  sérum  de  lapin  préparé  au  sperme  liuniain  donne  encore  un  pré- 
cipité avec  des  dilutions  très  étendues  de  sang  humain,  alors  que  le  sérum 
de  lapin  préparé  au  sang  humain  n'en  donne  plus  avec  des  dilutions  beau- 
coup plus  concentrées.  Il  est  par  conséquent  plus  sensible;  son  pouvoir 
précipitant  est  en  outre  plus  stable. 

IV.  Le  séi'um  de  lapin  préparé  au  sperme  humain  donne  encore  un 
précipité  avec  des  dilutions  très  étendues  de  sang  d'homme  quand  il  n'en 
donne  plus  avec  des  dilutions  plus  concentrées  de  sang  de  femme. 

V.  Le  sérum  de  lapin  préparé  au  sperme  humain  qui,  ainsi  que  cela  a  été 
dit  plus  haut,  donne  un  précipité  avec  des  dilutions  d'un  sang  humain 
quelconque,  donne  un  précipité  plus  intense  avec  des  dilutions  beaucoup 
plus  étendues  du  sang  de  même  origine  que  lui. 

En  résumé,  ces  expériences  montrent  qu'en  utilisant  un  sérum  préci- 
pitant préparé  avec  du  sperme  humain,  il  est  possible  : 

i"  De  diagnostiquer  l'origine  humaine  d'un  sperme; 

2"  De  préciser  que  du  sperme  provient  de  tel  individu  et  non  pas  d'un 
autre; 

3°  De  diagnostiquer  l'origine  humaine  d'un  sang; 

4°  De  vérifier  que  du  sang  provient  d'un  homme  ou  d'une  femme; 

5°  De  préciser  que  du  sang  provient  d'un  individu  donné. 

En  d'autres  termes,  le  procédé  permet  de  |)rouver  l'origine  humaine  d'un 
sperme  ou  d'un  sang,  de  faire  le  diagnostic  individuel  du  sperme,  de  faire 
le  diagnostic  entre  du  sang  d'homme  et  du  sang  de  femme,  enfin  de  faire 
le  diagnostic  individuel  du  sang. 

Il  y  a  tout  lieu  de  penser  que  l'on  pourrait,  de  la  même  façon,  préparer, 
avec  le  sperme  de  différents  animaux,  des  sérums  précipitants  ayant  des 
propriétés  identiques.  Le  procédé  aurait  ainsi  une  portée  générale. 


l'i86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Illanl.  donné  que  les  sérums  précipiunls  onl  une  spécificilé  d'espèce,  le 
l'ail  qu'ils  onl  aussi  une  spécificité  d'orj^ane  el  une  spécificilé  d'individu 
donne  à  penser  que  la  inélhode  pourrait  être  utilisée  dans  mainles  recherches 
bioloiiiques,  nolamiuenl  pour  résoudre  certains  |)roblènies  de  parenté  entre 
les  espèces. 


Ml':i)E(:iNE.  —  Anaplivlnrie  aliinenlaire  el  sa  ihérapeulique. 
Note  (  '  )  de  M.  W.  Kopaczewski,  transmise  par  M.  d'Arsonval. 

Rosenau  et  Anderson  (-)  ont  établi  ((u'on  peut  observer  l'anaphylaxie 
par  ingestion  des  aliments.  Cli.  lîichet  (')  a  conclu  de  ses  expériences  que 
([uelquefois  il  y  a  anaphylaxie  par  ingestion  de  certaines  toxines. 

Toutefois  les  expériences  de  Rosenau  n'ont  |)as  pu  être  reproduites  et 
avec  des  aliments  tels  ((ue  le  lait  ou  les  œufs  on  ne  peut  presipie  jamais 
obtenir  le  choc  anaphylacti(]ue  expérimental.  Or,  en  clini(|ue,  on  observe 
souvent  des  «  idiosyncrasies  »,  terme  qui  n'explique  rien,  vis-à-vis  de 
certains  aliments;  Richet,  Ilutinel,  I>esné,  etc.  en  citent  plusieurs  cas 
excessivement  nets  et  curieux,  pour  le  lait,  les  œufs,  crevettes,  etc. 

En  somme,  la  (|uestion  de  l'anaphylaxie  alimentaire  n'a  pas  été  défini- 
tivement lianchée  :  pourtant  elle  doit  nous  intéresser  au  point  de  vue  pra- 
ti([ue,  étant  donné  que  les  accidents  du  choc  s'observent  dans  i4  pour  loo 
des  cas  d'injections,  même  premières,  des  sérums  curatifs,  et  prennent 
parfois  une  allure  redoutable.  Chez  les  individus  soumis  à  l'alimentation 
de  la  viande  crue  de  cheval,  pour  une  cause  thérapeutique,  des  accidents 
constants  apparaissent  après  une  première  injection  de  sérum  curatif  de 
cheval  :  cela  a  été  observé  par  Risl  et  Ch.  Ilichel  lils  (  ').  Des  cas  mortels 
ont  été  relatés  par  Langerhans,  d'isar  Aifodi,  Mac  (veen  et  (lOltstein  (*). 

En  feuilletant  les  travaux  de  médecins  russes,  nous  avons  constaté  (|u'ils 
relatent  très  souvent  des  cas  excessivement  graves,  survenant  chez  les  tar- 
tares  après  la  première  injection  de  sérum  antidiphtérique  de  che\al.  Or, 
nous  savons  que  les  enfants  des  tarlares  sont  nourris  avec  du  lait  de  cheval. 

Nous  avons  eu  l'occasion,  nous-même,  d'observer  quatre  cas  d'accidents 

(')  Séance  du  28  mai  1921. 

(■-)  Rosenau  el  Andbuson,  Hull.  Ilygien.  Lnboratory,  1906.  n"  29,  et  1907,  n"  3. 

(')  Gh.  Kiciiet,  Anapfiylaxic,  p.  73-77,  218-219,  29.5.  Alcan,  Paris,  1912. 

('•)  HisT  et  Cil.  UiciiKi-  lils,  in  Cii.  Richet,  Anaphj  ln.iic,  p.  77. 

(')  fioTTSTEiN,  Theiapeut.  Monatsiiefte,  1896. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    192t.  1  )87 

redout;il)les  surveiiiinl  i  t  jours  après  la  [)reinière  adminislralion  sous- 
cutaoée  de  3o""'  de  sérum  aali'Ji|)hléri(iue.  Dans  un  cas  la  gravité  des  acci- 
dents était  exceptionnelle  :  loni|)érature  de  39°, 9  C;  arthralgic  violente ^ 
face  vullueuse;  tachycardie,  pression  artérielle,  max.  =  9,(),  niin.  =  4,S 
(à  l'appareil  de  l>aubry-Va(iaez).  l/entourage  du  petit  malade,  très  im[)res- 
sionné,  a  fait  toutes  les  diflleultés  pour  [)ratiquer  l'injection  du  sérum 
curatif  dans  un  autre  cas  de  diphtérie  ultérieure. 

En  cherchant  la  cause  de  cette  gravité  exceptionnelle  nous  avons  eu 
l'idée  de  demander  si  la- famille  ne  se  nourrissait  pas  de  viande  de  cheval. 
La  réponse  a  été  affirmative. 

Il  est  difficile  de  ne  pas  admettre,  dans  ces  conditions,  l'influence  capitale 
de  l'alimentation  et  la  sensibilisation  préalable  par  la  voie  digestive. 

Des  observations  analogues  et  plus  remarquables  encore  ont  été  recueil- 
lies par  nous  dans  trois  cas  d'anémies  graves  (dilatation  d'estomac,  hémor- 
ragies répétées  hémorroïdales  et  hémorragie  grave  causée  par  un  accident 
de  voiture)  que  nous  avons  soignés  par  les  injections  intraveineuses  d'hémo- 
plase  de  Lumière.  Celte  préparation  est  obtenue  en  dissohant  les  globules 
rouges  de  mouton  par  l'action  du  froid  et  une  centrifugation  consécutive, 
pour  se  débarrasser  de  débris  de  cellules;  c'est  donc  le  protoplasma  globu- 
laire. Les  accidents  que  nous  avons  observés  à  la  suite  de  la  première 
injection  intraveineuse  chez  une  de  ces  malades,  ont  été  des  plus  redou- 
tables. Nous  donnons  ci-dessous,  avec  plus  de  détails,  celte  observation 
vraiment  instructive  : 

M™°  L...,  20  ans.  Poids  4o''s.  Hémoglobine  =9,1  pour  100;  les  globules  rouges 
r=3,4  millions  par  centimètre.  Après  la  première  injection  intraveineuse  de  5'™ 
d'hémoplase  surviennent,  i5  minutes  après,  les  tremblements  violents  avec  cla- 
quements de  dents;  sensation  d'un  froid  intense;  la  température  s'élève  ensuite  à 
.Î;)'',8C.;  puis  la  tacliycarJie  et  quelques  mouvements  convulsifs  apparaissent.  Ace 
uioiuent  la  pression  artérielle  est  de  :  max.  :=8,5;  min.  ^z  1\,T)  (à  l'appareil  Laubry- 
\  aquez).  Au  bout  de  4  heures,  tout  disparaît  et  il  en  résulte  une  migraine  insup- 
portable, des  névralgies  et  faiblesse  marquée  des  extrémités. 

Deux  jours  aj)rès  on  réinjecte  2''"', .5  de  la  même  préparation,  considérant  que  la  pre- 
mière injection  devrait  établir  l'état  antianaphjlactique.  Or,  il  n'en  est  rien:  la  crise  se 
répète  avec  la  même  violence.  Une  injection  sous-cutanée  de  lo"^'"',  pratiquée  deux 
jours  après,  a  provoqué  également  des  accidents  les  plus  graves,  n'apparaissant  toute- 
fois que  5  heures  après  l'injection;  c'était  une  migraine  terrible;  des  névralgies 
diverses;  un  état  de  nervosité  très  marqué;  des  bourdonnements  d'oreilles;  tachy- 
cardie; faiblesse  consécutive  et  manque  d'appétit  absolu.  Chacune  de  ces  crises  a  été 
accompagnée  d'émission  d'urines   très  abondantes  et  foncées,   et  de  sueurs  profuses. 

En  présence  de  ces  accidents,  nous  avons  appliqué  la  thérapeutique  anti- 


I  )88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

anaphylactique,  dont  nous  avons  antérieurement  {' )  tracé  les  i^randcs 
lignes,  et  en  occurrence  nous  avons  employé  les  substances  diminuant  la 
tension  superficielle  des  humeurs  :  une  injection  sous-cutanée  de  5""'  de 
l'huile  camphrée  pratiquée  3o  à  4o  minutes  avant  Tintroduction  de  Thémo- 
plase,  avait  complètement  raison  de  ces  accidents. 

Mais  une  question  plus  embarrassante  était  celle  de  Texplicalion  de  ces 
piiénomènes,  contredisant  formellement  les  laits  concernant  Tanti-anaphy- 
laxie.  En  (juestionnant  minutieusement  la  malade,  nous  avons  appris  que 
son  médecin  lui  avait  ordonné  de  se  nourrir  exclusivement  de  viande 
haciiée  de  mouton  et  qu'elle  continuait  journellement  cette  alimentation. 
Il  est  donc  plausible  d'admettre  que  l'organisme  de  cette  malade  se  trou- 
vait en  état  de  sensibilisation  continuelle. 

Au  point  de  vue  général  les  cas  que  nous  avons  cru  important  de  signa- 
ler dès  à  présent,  comportent  une  conclusion  pratique  capitale  :  la  néces- 
sité, de  la  part  du  corps  médical,  de  s'informer  de  l'alimentation  du  sujet, 
avant  de  pratiquer  une  injection  de  séruins  curatifs  ou  de  produits  orga- 
niques de  nature  similaire  (  hémoplase,  hémostyl,  etc.).  Cette  indication 
est  de  plus  formelle,  étant  donnée  la  nécessité  qui  oblige  la  classe  laborieuse 
à  se  nourrir,  par  mesure  d'économie,  de  viande  de  cheval,  animal  qui  sert 
aussi  pour  la  préparation  de  sérnms  curatifs.  Dans  ces  cas,  il  faut  faire 
précéder  l'injection  des  sérums  d'une  injection,  soit  d'huile  camphrée,  soit 
de  carbonates  alcalins,  ou  bien  l'additionner  de  quelques  gouttes  d'éther. 
ou  d'une  solution  à  i  pour  loo  d'oléate  de  soude. 


MKDEGINlî  ExrÉRlMEiNTALi;.  —  Emploi  de  /'o^fv^cne,  addilionnè  de  i>(iz 
carbonique,  en  injections  sous-cuUmées,  comme  trailemeni  du  m<tl  des 
altitudes  et  de  certaines  dyspnées  toxiques.  Note  de  M.  Iîaoui,  Iîayeu.v, 
présentée  pai'  M.  Roux. 

Les  symptômes  morbides  du  mal  des  altitudes  afl'ectent  deux  formes  bien 
distinctes,  trop  souvent  confondues  dans  les  descriptions  classiques  :  la 
forme  nsphyxique  et  la  forme  toxique.  La  première  se  caractérise  par  de 
l'anhélation,  de  la  cyanose,  de  la  tachycardie,  de  l'arythmie  respiratoire, 
de  l'insomnie  et  des  troubles  anorexiques  plus  ou  moins  accentués.  La 
seconde  est  constituée  par  un  état  nausée\ix  avec  ou  sans  vomissements, 

(')  W.  KoPÀczEWSKi,  Annales  de  Médecine,  1920,  n°  4. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I921.  1889 

céphalée  violente,  prostration  des  forces,  frissons  sans  fièvre,  refroidis- 
sement progressif,  respiration  lente,  superficielle,  pouls  ralenti,  filiforme, 
et  raréfaction  des  urines. 

Tous  les  ascensionnistes,  môme  les  guides,  souffrent  plus  ou  moins  de  la 
première  forme,  laquelle  se  déclare  parfois  à  des  altitudes  peu  élevées.  La 
forme  toxique,  au  contraire,  ne  se  manifeste  généralement  qu'à  partir 
d'environ  4000"",  surtout  dans  les  longues  ascensions  de  neige  comme 
celle  du  mont  Blanc,  et  particulièrement  lorsqu'on  séjourne  dans  les 
cabanes  ou  les  Observatoires  très  élevés.  Les  accidents  qu'elle  présente 
peuvent  se  terminer  par  la  mort,  si  les  sujets  qui  en  sont  atteints  ne  sont 
pas  ramenés  assez  rapidement  à  des  altitudes  plus  basses.' 

Les  inhalations  d'oxygène,  très  efficaces  contre  les  accidents  asphyxiques, 
sont  sans  action  contre  les  accidents  toxhémiques,  comme  l'ont  reconnu 
Mosso,  Agazzotti  et  Kuss. 

J'ai  d'ailleurs  montré  (')  que  l'oxygène  est  alors  aussi  efficace  en  injec- 
tions sous-cutanées  qu'en  inhalations  :  l'effet  immédiat  est  peut-être  moins 
intense,  mais,  par  contre,  le  bénéfice  d'une  inhalation  de  i5  minutes  ne 
dure  guère  que  3  heures,  au  lieu  que  celui  d'une  injection  persiste  pen- 
dant 20  heures  environ  :  la  respiration  redevient  aisée  en  quelques  minutes 
et  la  toxicité  urinaire  même  diminue  (^).  Cependant,  pas  plus  que  les 
inhalations,  les  injections  d'oxygène  pur  ne  suppriment  les  grandes  crises 
toxiques. 

Personnellement,  pendant  mes  séjours  au  mont  Blanc,  les  indispositions 
que  je  ressens  consistent  seulement  en  anhélation,  cyanose,  insomnie  et 
perte  radicale  de  l'appétit.  Les  injections  d'oxygène  pur  m'ont  toujours 
soulagé,  sauf  en  ce  qui  concerne  l'anorexie,  laquelle  est  déjà  un  symptôme 
d'auto-intoxication.  A  deux  reprises,  cependant,  j'ai  été  atteint  des  grands 
accidents  du  mal  de  montagne  :  la  première  fois,  ce  fut  en  1904,  pendant 
la  nuit  que  je  passai  au  sommet  du  mont  Blanc  (4810™)  dans  l'ancien 
Observatoire  Janssen;  pendant  plusieurs  heures,  j'eus  de  grands  frissons, 
une  céphalée  violente,  des  nausées,  des  crampes  musculaires,  un  pouls  fili- 
forme et  une  respiration  de  Cheyne-Stokes.  Ne  disposant  pas  d'oxygène  à 
cette  époque,  je  me  hâtai  de  quitter  le  sommet  au  point  du  jour  et,  redes- 
cendu avec  de  longs  efforts  jusqu'au  Grand  Plateau  (4000"),  je  m'y  trouvai 
rétabli.  Ma  seconde  atteinte  se  produisit  en  1920,  pendant  l'une  des  deux 

(')   Comptes  rendus,  l.  172,  1921,  p.  291. 
(*)  Comptes  rendus,  i.  169,  1919,  p.  ''79- 

C.  R.,  iqîi,  I"  Semestre.  (T.  n2,  iN*  22  )  lO^ 


iSgo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expéditions  que  j'ai]  pu  effectuer  cette  année-là  à  l'Observatoire  Vallot, 
grâce  aux  ressources  mises  à  ma  disposition  par  la  Société  des  Observatoires 
du  mont  Blanc  :  le  surlendemain  de  mon  arrivée  à  cet  Observatoire,  et 
pendant  une  nuit  d'insomnie,  je  fus  saisi  d'un  violent  malaise  avec  vertige, 
nausées,  angoisse  respiratoire,  névralgie  occipitale,  sueurs  froides,  arythmie 
et  faux  pas  du  cœur.  Une  injection  de  Soo"™'  d'oxygène,  suivie  d'une  longue 
inhalation  du  même  gaz,  n'améliorant  pas  cet  état,  j'injectai,  dans  ma  poche 
sous-cutanée  d'oxygène,  de  l'anhydride  carbonique  pur,  à  la  dose  de  ipo™' 
(ce  qui  faisait  un  mélange  gazeux  à  25  pour  loo  de  CO^).  11  m'avait  suffi 
pour  cela  de  remplacer,  sur  mon  Oxygénateur  de  précision,  le  tube  d'oxy- 
gène de  cet  appareil,  par  un  tube  semblable  chargé  de  CO^. 

A  la  suite  de  cette  opération,  je  me  trouvai  en  proie  à  une  espèce  d'ivresse 
analogue  à  celle  que  produirait  l'absorption  d'un  vin  mousseux;  ma  respi- 
ration passa  de  iG  à  28  par  minute;  mon  cœur  battait  violemment,  ses 
battements  s'étendant  jusque  dans  les  artères  du  cou.  Au  bout  d'environ 
20  minutes,  tout  se  calmii,  y  compris  mon  malaise,  et  je  dormis  pendant 
8  heures.  A  mon  réveil,  je  constatai  que  la  masse  gazeuse  était  entièrement 
résorbée,  beaucoup  plus  vite,  par  conséquent,  que  ne  l'eût  fait  de  l'oxygène 
pur. 

J'ai  repris  à  Paris  cette  expérience  sur  moi-même  avec  des  mélanges 
gradués  de  ces  deux  gaz.  11  m'est  apparu  que  l'effet  utile  de  l'adjonction 
de  CO^  à  l'oxygène  consiste  dans  l'activation  de  l'absorption  plasmalique 
de  ce  dernier  gaz,  comme  Demarquay  et  Leconte  l'avaient  indiqué  en  1869. 
J'ai  vu  que  l'addition  de  i5  pour  100  de  CO-  à  une  masse  d'oxygène 
injectée  sous  la  peau  suffit  pour  tripler  sa  vitesse  d'assimilation  sans  qu'elle 
soit  plus  douloureuse.  C'est  un  mélange  semblable  que  Mosso  et  ses  colla- 
borateurs ont  recommandé  de  respirer  contre  le  mal  des  altitudes. 

Transportant  dans  le  domaine  de  la  thérapeutique  les  résultats  de  ces 
expériences  commencées  au  mont  Blanc,  j'ai  remplacé  l'oxygène  pur  par 
mon  mélange  dans  plusieurs  cas  de  dyspnées  toxiques  où  l'injection 
d'oxygène  pur  n'agissait  que  faiblement  (dyspnées  azotémiques,  grippales, 
bacillémiques),  et  j'ai  rendu  le  sommeil,  en  particulier,  à  des  malades  qui 
ne  l'obtenaient  plus  qu'à  force  d'hypnotiques.  C'est  là  :un  résultat  qui  me 
paraît  digne  d'intérêt. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1921.  iSgi 

MÉDECINE  EXPÉRIMKNTALE.  —  Action  dit  bismuth  sur  la  syphilis  el  sur  la 
trypanosomiase  du  Nngana.  Noie  de  MM.  U.  Sazerac  et  C.  Lkvaditi, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

Sauton  et  Robert  (  '  )  ont  montré  que  le  bismuth  possède  une  action  pré- 
ventive et,  jusqu'à  un  certain  point,  curative,  vis-à-vis  delà  spirillose  des 
poules.  Ils  ont  annoncé  également  des  résultats  positifs  en  ce  qui  concerne 
le  traiteuient  des  trypanosnmiases  par  le  même  corps,  mais  sans  donner  de 
plus  amples  détails.  Nous  avons  entrepris  de  confirmer  ces  dernières 
recherches  et  de  les  compléter  par  des  expériences  sur  la  syphilis  expéri- 
mentale du  lapin. 

1°  Syphilis.  —  Nous  avons  employé  le  tarlrobismuthate  de  potassium  et 
de  sodium,  et,  comme  races  de  spirochètes  : 

a.  Un  virus  dermotrope,  provenant  d'un  cas  de  syphilis  primaire 
humaine,  ayant  subi  des  passages  successifs  sur  le  lapin  ; 

b.  Un  virus  de  paralytique  général,  entretenu  depuis  près  de  deux  ans 
sur  la  même  espèce  animale. 

De  plus,  nous  avons  employé  un  virus  de  la  spirillose  spontanée  du  lapin 
{Spir acheta  cuniculi). 

Les  animaux  ont  été  traités  alors  que  leurs  lésions  étaient  en  pleine 
évolution  et  contenaient  de  très  nombreux  Spirochètes.  I/injection  a  été 
pratiquée  sous  la  peau  ou  dans  les  muscles  du  dos. 

Expériences.  —  A.  Virus  dermotrope.  —  Le  lapin  98-B,  porteur  de  nodules  scro- 
taux,  très  riches  en  "tréponèmes,  reçoit  o',  100  par  kilogramme  du  sel  en  solution 
aqueuse  et  injecté  dans  le  muscle.  Disparition  des  Spirochètes  dès  le  lendemain.  La 
lésion  s'améliore  dès  le  second  jour  et  guérit  le  quatrième  jour. 

B.  Virus  neurotrope.  —  Lapin  32-M.  Lésion  prépuliaie  et  scrolale  très  riche  en 
Spirochètes.  Même  dose  de  médicament  injecté  sous  la  peau.  Dispariiion  des  Spiro- 
chètes el  guérison  complète  le  deuxième  jour.  Absence  de  récidive  après  4  mois. 

Mêmes  résultats  avec  le  lapin  71-C  ayant  reçu  os,o5o  par  kilogramme  sous  la  peau. 

G.  Virus  cuniculi.  —  Lapin  70-O.  Lésions  prépuliales,  très  riches  en  Spirochètes. 
Injection  intramusculaire  de  os,  100  par  kilogramme.  Disparition  des  Spirochètes  le 
troisième  jour.  Guérison  complète  sans  récidive  ('). 


(')  Annales  rie  Vlnstilul  Pasteur,  t.  30,  1916,  p.  261. 

(^)  Nous  avons  tout  lieu  de  croire  que  les  doses  inférieures  que  nous  expérimen- 
tons actuellement,  en  ce  qui  concerne  les  trois  virus,  donneront  également  des 
résultats  satisfaisants. 


l392  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Des  essais  lliérapeuliqiies  sur  l'homme  sont  en  cours.  Ils  moiUrent  déjà  que  les 
tréponèmes  disparaissent  du  chancre  et  des  papules  après  la  première  injection  d'une 
dose  inofîensive  du  sel;  mais  on  sait  que  la  guérison  des  accidents  locaux  n'est  pas 
celle  de  la  syphilis  et  que  l'efficacité  d'un  médicament  antisyphilitique  ne  peut  être 
jugée  qu'avec  le  temps.] 

2°  Trypanosomuse  :  Nagana  ducobaye.  — Le  cobaye  infecté  supporte  assez- 
bien  0^,200  du  sel  par  kilogramme  en  injections  sous-cutannée.  L'adminis- 
tration de  0^,060  par  kilogramme  provoque  la  disparition  des  trypanosomes 
circulant,  après  /j8  heures,  et  la  dose  de  0^,100  donne  le  même  résultat 
dans  les  il\  à  48  heures.  Avec  cette  dernière  dose,  on  constate  une  rechute 
au  bout  de  12  a  i5  jours.  De  telles  rechutes  n'ont  pu  être  évitées  que 
difficilement,  et  l'action  thérapeutique  n'a  pu  être  appréciée  qu'en 
tenant  compte  de  la  survie  des  animaux  traités  par  rapport  aux  témoins 
(20  à  60  jours). 

Conclusions.  —  Il  résulte  de  l'ensemble  de  ces  recherches  que  le  tartro- 
bismuthate  de  potassium  et  de  sodium  exerce  une  action  thérapeutique 
curative  incontestable  sur  la  syphilis  expérimentale  du  lapin  (virus  der- 
motrope  et  neurotrope)  et  sur  la  spirillose  spontanée  de  cet  animal  (Spiro- 
chetacunicidi).  Les  effets  curatifs  dans  la  trypanosomiase  du  Nagana,  tout  en 
étant  manifestes,  sont  inférieurs  aux  précédents.  Nous  essayons  d'obtenir, 
par  l'emploi  de  certains  autres  dérivés  du  bismuth,  des  résultats  analogues 
ou  même  plus  satisfaisants,  tout  en  diminuant  la  dose  du  corps  actif  à 
administrer. 


La  séance  est  levée  à  16  heures  et  quart. 


E.  1». 


ACADEMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    (î   JUIN    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geokges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  CO»I»IUIVICATIOi\S 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


AI.  le  Pkésidext  annonce  le  décès  de  M.  Gaillot,  Correspondant  pour  la 
Section  d'Astronomie,  survenu  à  Chartres  le  4  juin  192  i.  et  donne  lecture 
delà  Notice  suivante,  rédigée  par  M.  B.  Baillaud  : 

Gaillot  (  Jean-Iîaptiste-Amiable)  débuta  à  l'Observatoire  de  Paris,  le 
i"'  janvier  i86i.,  à  l'âge  27  ans.  Attaché  au  Bureau  des  Calculs,  il  y 
accomplit  toute  sa  carrière.  Astronome  adjoint  de  première  classe  en  18G8, 
il  fut  nommé  titulaire  en  1874.  Sous-directeur  en  1897,  il  se  retira  en  ^9^^'^' 
ayant  près  de  70  ans.  Il  fut  nommé  en  1908  Correspondant  de  l'Académie. 

Pendant  son  séjour  à  l'Observatoire  il  a  surveillé  et  dirigé  la  publication 
d'un  très  grand  nombre  de  volumes  des  Annales  de  I  Obsetxatoire 
consacrés  aux  observations.  Il  a  dressé  le  plan  et  poursuivi  l'exécution  du 
Catalogue  d'étoiles  de  Paris,  résultat  de  la  réobservation  des  étoiles  du 
Catalogue  de  Lalande,  et  a  assuré  la  publication  des  8  volumes  qui  ren- 
ferment la  première  partie  de  cette  grande  œuvre. 

En  dehors  de  ces  travaux  du  service  régulier,  il  a  collaboré  avec 
Le  Verrier  dans  ses  recherches  célèbres  relatives  aux  planètes  principales. 
Celte  collaboration  est  affirmée  par  Le  ^  errier  lui-même  dans  les  Comptes 
rendus  du  21  décembre  1874,  lors  de  la  présentation  de  la  théorie  de 
Neptune.  Pendant  la  longue  maladie  de  son  illustre  directeur,  Caillot 
construisit  les  Tables  d'Uranus  et  de  Neptune.  Après  la  mortde  Le  Verrier, 
Gaillot  révisa  entièrement  les  théories  d'Uranus  et  de  Jupiter.  Ces  dernières 
furent  terminées  le  3o  juin  1913,  dix  ans  après  l'admission  de  Gaillot  à  la 
retraite. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N'  23.)  Io3 


17)94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  1902  l'Académie  lui  avait  décerné  le  prix  Damoiseau;  elle  le  lui 
accorda  une  seconde  fois  en  1914  ;  en  1907  il  avait  eu  le  prix  Pontécoulant. 
En  1914  il  fut  nommé,  sur  la  proposition  de  la  grande  chancellerie,  officier 
de  la  Légion  d'honneur. 

D'une  modestie  extrême,  son  premier  mouvement  avait  été  de  refuser  le 
titre  de  Correspondant  de  l'Académie;  et  plus  lard  sa  promotion  au  titre 
d'officier  de  la  Légion  d'honneur  faillit  être  empêchée  parce  qu'il  ne  voulut 
pas  consentir  à  écrire  une  demande  à  cet  égard.  Lne  lettre  deM°"'LeA  errier 
écrite  en  1877  à  Gaillot,  peu  après  la  mort  de  son  mari,  contient  le  témoi- 
gnage le  plus  éloquent  de  la  haute  estime  et  de  la  reconnaissance  que 
Le  Verrier  et  les  siens  avaient  pour  lui.  Otte  lettre  sera  publiée  prochai- 
nement. Elle  est  reproduite  dans  le  rapport  de  M.  Uaillaud  sur  le  prix 
Damoiseau  en  1914- 

CRISTALLOGRAPHIE.  —  Sur  le  calcul  de  F inlensilè  des  rayons  X  diffractès par 
les  cristaux.  Rectification.  Note  de  M.  Georges  Friedel,  présentée  par 
-M.  l'ierre  Termier. 

J'ai  montré  (')  comment  la  considération  d'un  train  d'ondes  régulier 
moyen  dont  la  longueur  est  petite  par  rapport  à  l'épaisseur  intéressée  et 
par  rapport  à  la  largeur  du  faisceau  permet  de  prévoir  très  simplement  les 
lois  observées  par  W.-H.  et  W.-L.  Bragg  dans  les  inlensilés  des  rayons  X 
diffraclés  par  les  cristaux. 

Une  erreur  est  à  rectifier  dans  l'application  que  j'ai  faile  de  ce  principe 
au  cas  dos  radiogrammes  de  Laue.  La  formule  indiquée  est  inexacte  et  doit 
être  remplacée  par  la  suivante,  les  notations  restant  les  mêmes  : 

V-  Cl  cos  y  ' 

De  ce  fait,  les  considérations  relatives  à  l'exislence  d'un  maximum  de  I 
en  fonction  de  0  tombent  d'elles-mêmes,  ainsi  que  la  possibilité  de  lirer  de 
l'obscrvalion  de  ce  maximum  la  connaissance  de  s. 

Par  contre,  on  voit  que  si  l'on  fait  varier  l'épaisseur  E  de  la  lame  crislal- 
line,  l'intensité  d'une  tache  variera  comme  la  fonction  E.- c~'''^ ,  el  présen- 
tera par  suite  un  maximum  pour 

I;d 

(')  Comptes  rendus^  l.  1C!>,  1911).  ]>.  i>47. 


SÉANCE    DU    6   JUIN     192I.  l3g5 

Ou  peul  ainsi,  soit  calculer  d'avance  ropliiaum  d'épaisseur  de  la  lame 
cristalline  pour  une  région  du  speclie  doni  le  coefficient  d'absorption  /  est 
connu  dans  le  cristal  considéré,  soit  aussi  Irouver  là  un  moyen  de  mesurer  /■ 
par  l'observation  de  cel  optimum. 

Je  rappelle  que  /■  est  le  coetlicienl  d'absorplion  massique  défiii  par 
/  =  /„e-'"".  m  éla\i[  la  masse  absorbante  Iraversée  par  le  rayon  d'i  ;le[.silé 
iniliale  /„  et  de  section  i'"''. 

L'expression  que  j'ai  donnée  de  Tinlensilé  dans  la  méthode  Bragg  es!  à 
rectifier  également,  mais  ici  cela  est  de  peu  d'importatice.  La  valeur  cor- 
recte est 

De  ce  côté,  toutes  les  conclusions  subsistent. 


CORRESPOND  AIVCE . 


M.  le  Ministre  du  Travaii.  invite  l'Académie  à  lui  désigner  U!i  de  ses 
Membres  qui  occupera,  dans  la  Commission  supérieure  des  Maladies  d''ongine 
professionnelle,  la  place  laissée  libre  par  la  démission  de  M.  A.  Lavcran. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"   The  scientific  papers  of  the  Honourable  Henry   CAVENbisii   F.  li.   S. 
Volume  I  :  The  electrical  researclies.  Volume  II  :  Chemical  and  dynumical. 
2°  Gr.AHAM  LusK.  Somc  influences  of  french  science  on  medicin. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  équation  intégrale  dans  le  domaine 
complexe.  Note  de  M.  S.  Pincherle. 

Dans  une  Note  fort  intéressante  (Comptes  rendus,  21  février  1921), 
M.  H.  Wavre  considère  une  é(|ualion  intégrale  dans  le  domaine  complexe, 
et  met  en  relation  la  solution  de  cette  é(]uation,  du  type  de  Fredbolm.  avec 
celle  d'nn  sxslème   linéaire   d'é(|nalions  à  une   infinité  d'inconnues.  J'ai 


r396  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

exprimé  la  même  idée,  il  y  a  (|uelqucs  années,  dans  une  Noie  [)ubliée  dans 
les  Rcndiconti delV Accademia  délie  Scienze  di  Bologna  (  '  ),  et  il  n'est  peut-être 
pas  inutile  de  rapproclier  quelques  résultats  qui  se  trouvent  dans  celte  Note 
de  celui  de  M.  Wavre. 

.le  désii^nc  par  (p)  une  circonférence  a\ant  son  crntre  à  Torigine  et  z 
comme  rayon;  par  S,o)  l'ensemble  fonctionnel  des  séries  de  puissances 
entières  positives  de  la  variable  complexe  .r.  convergentes  dans  le  cercle  (p), 
circonférence  comprise.  Soit  un  noyau  de  la  forme 

(i)  y.[x.  y)^=  2,     y    TjrzT: ' 

n=0    v=ll 

OÙ  les  coefficients  a,,,,  sont  différents  de  zéro;  sup|iosons  que  le  second 
membre  de  (i)  soit  convergent  pour 

U'I-''-  ljl>7l"^l-         o  </■,</•; 

si  z  est  plus  petit  (|ue  /-,  et  si  /'(j)  est  un  élément  de  S^,  l'expression 

(2)  T^^f  y-{r,y)f{y)fly  =  K{f) 

est  une  opération  fonctionnelle  dont  le  résultat  est  aussi  un  élément  de  S  ,  . 
Les  opérations  itérées  A-(/'),  A.^{f).  ...  donnent  des  éléments  du  même 
ensemble,  et  la  série 

convergente  dans  un  domaine  de  ^  =  o  qu'il  est  facile  de  préciser,  est  la 
résolvante  de  Fredholm  de  l'opération  A.  On  peut  la  mettre  sous  la  forme 
de  rapport  de  deux  fonctions  entières  de  /•,  dont  les  coefficients  sont  des 
déler.minants  analogues  à  ceux  qui  figurent  dans  les  formules  de  Fredholm, 
mais   formés  de   la  façon  la  plus  simple  avec   les  coefficients  a,,.,,,..,.  Les 

,  .  •    •  III 

nombres  caractéristiques  ne  sont  autres  crue — .  — >  ■••,- — ,  •••;  quant 

aux  fonctions  caractéristiques   w,„(r),   ce   sont   des  séries  de   puissances 

de  S,p,  : 

(.>,„(  j:)z:z  C,„,o-1-  ''m.i''  -H  C,„,.i.f--i-  .  .  .  , 

('  )  Ses>ioi!e  ciel  (j  ii|)iile  Mjili. 


SÉANCE    DU   6   JUIN    1921.  l397 

dont  les  coefficients  sont  déterminés  par  le  système 

...  \    C„,,,(l  —/.'/,,,)  —  /.C,„,. ,('1.0=0, 

^^'  \  I  I  I 

j    '^■«.2(1  —  ''"2.2' ''Cm.\"i.\       ■  '''■/h.m'i'î.O  ^^  0, 


.TVeC  C,„,„  =  I ,  C,„  „  =  C,„  ,  =  .  .  .  =  ''m.m-{  =  " . 

L'équation  non  homogène 

(à)  9-/.A(9)^,/, 

pour  /■  différent  des  nombres  caractéristiques  - — ,  et  /"(a;)  élément  de  S,p), 

a  une  solution  unique  en  S,,j,  c'est  la  solution  régulière  de  M.  Wavre. 
L'équation  homogène 

16)  .         o  —  kh.{o)  —  o 

a,  pour  A  := ■>  o  =  co,, (x)  comme  solution. 

"n.ii       ' 

Dans  le  cas  particulier  où  le  noyau  a  la  forme     _,  — -,  X(a7)  étant  un 

élément  de  S^,,  co,  (.r)  n'est  autre  que  la  fonction  bien  connue  de  M.  Kumigs, 
solution  de  l'équation  de  Schnxder  à  laquelle  se  ramène  l'équation  (G)  dans 
ce  cas  particulier. 


Gl'OMÉTRlE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  les  surfaces  applicables  et  Véquaiion 
(le  Laplacc.  Note  (')  de  \L  Beutraxd  Gambier,  présentée  par  M.  (!. 
Kœnigs. 

l.  On  sail,  qu'étant  donné  un  réseau  conjugué  C  sur  une  surface  S,  il 
n'existe  en  général  aucune  surlace  S'  applicable  sur  S  av(>c  cette  particula- 
rité que  C  se  transforme  sur  S'en  un  réseau  C  également  conjugué  ;  on  doit 
intégrer  une  équation  aux  différentielles  totales  et  l'on  trouve  trois  cas  : 
impossibilité,  ou  possibilité  avec  une  surface  S'  el  une  seule ,  ou  possibilité 
avec  une  inanité  de  surfaces  S'  à  un  paramètre  se  déformant  d'une  façon 
continue  à  partir  de  S.  Petei'son  appelle  ce  problème  déformation  de  S 
suivant  la  hase  C.  Réciproquement,  M.  Kœnigs  a  montré  que  deux  surfaces 
a[iplicables  S  et  S'  étant  connues  et  rapportées  à   leur  réseau   conjugué 

(')  Séance  du  3o  mai  1921. 


1898  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

commun,  l(^urs  coordonnées  (a-,  v,  ;)  et  (.t',  v',  :■' )  satisfont  à  une  mêmi' 
équation  de  Laplacr  adnicltant  fncorc  Irs  solutions 

.r^H-   )'--t- ;'-— x'-— j'-  -^'-     el      i. 

Ri'])rcnons  la  même  sur  l'ace  S  et  le  même  réseau  C;  on  peut  trouver  ci-lle 
l'ois  une  infinité  de  surfaces  S,  correspondant  à  S  par  plans  tangents  paral- 
lèles avec  celle  particularilé  que  C  se  transforme  sur  S,  en  un  réseau  C, 
également  conjugué,  les  tangentes  aux  points  homologues  d'une  courbe  C. 
et  d'une  courbe  C,  étant  elles-mêmes  parallèles  :Peterson  dit  ipie  S,  est 
parallèle  à  S  suivant  la  base  C.  Cela  lienl  à  ce  qui- l'équation  de  Laplace 
relative  à  S  et  C  étant 

(PO       .  ,      ^09     .^         <yj 

Ou  di'  ()ii  (Ji- 

l'expression  L(ii,  v)-—du  +  M(ii,v)  --dr  esl  une  difTéreulielle  totale 
exacte,  quand  0  est  une  solution  (juckonqtic  de  (E),  si  L,  M  vérifient  le 
svslème 

C)  ;;;?=A(L_M,,  '-;^'=H(M-L). 

Le  système  (  i)  peut  être  remplacé  par  l'une  ou  l'autre  des  deux  équations 
de  Laplace,  équivalentes  entre  elles  : 

(P\.  ù\.      /         1  ôy.  ù\.  _ 

■  ^  ^  du  (Jv      '   ()ii  ~  \    ~  A  TT^  ,'  TTi"'  "  °' 

^  '   '  1)11  àv       V    ^  B   Ov  I  Ou  ,h-   ~"' 

Il  en  résulte  aussitôt  que  s'il  existe  zéro,  une,  ou  une  infinité  de  surfaces  S' 
applicables  sur  S  suivant  la  base  C,  il  existera  aussi  zéro,  une,  ou  une 
infinité  de  surfaces  S',  applicables  sur  S,  suivant  cette  base  (//,  c^  et,  de  plus, 
parallèles  suivant  cette  même  base  {11,  e)  à  la  surface  S'  correspondante. 

i.  Si  ces  propriétés  sont  déjà  connues,  leur  rapprochement  donne  une 
méthode  que  je  crois  nouvelle  paur  découvrir  systématiquement  de 
nouNcaux  couples  de  deux  surfaces  applicables  ou  de  nouvelles  familles 
déformables  à  un  paramètre.  Nous  parlons  d'une  équation  (L')  donnée 
(I  priori  :  cherchons  parmi  les  surfaces  S  correspondant  à  (  E)  celles  qui  sont 
déformables  suivant  cette  base  (m,  t').  Le  choix  de  E  pourra  être  guidé  par 
le  désir  que  soit  (  K),  soit  (E"),  soit  toutes  deux  puissent  être  intégrées  pai" 
la  méthode  de  Laplace  ou  toute  autre  métliode.  Il  faut  l)ien  remarquer  que 


SÉANCE   DU   6    JUIN    1921.  ï^gp 

rinlégration  de  (E')  est  tout  à  fait  distincte  de  celle  de  (E).  bien  que  la 
donnée  de  (E)  entraine  la  connaissance  de  (I'7). 

à-O 
.'5.   L'équation  (  K  )  la  plus  simple  est-; — r-  =0.  La  méthode  réussit  et 

*  ^  '  '  OUOi' 

fournit  une  surface  mlnima  quelconque  avec  la  famille  de  ses  associées,  ou 
bien  une  surface  de  translation  engendrée  par  deux  profils  plans  arbitraires 
situés  dans  doux  plans  rectangulaires,  surface  déformable  à  un  paramètre,  ou 
bien  une  surface  de  translation  dont  les  deux  protils  générateurs  admettent 
pour  cônes  directeurs  de  leurs  tangentes  deux  cônes  homofocaux  du  second 
degré,  surface  à  laquelle  correspond  une  surface  déformée  unique.  J'ai 
signalé  ces  deux  dernières  solutions  aux  Comptes  rendus  et  aux  Nouvelles 
Annales  en  1920. 

4.  L'énuation   - — r^  =  —  —r^  où   A  est  une  fonction  quelconque  de   a. 
^  (Jx  dp         h.   Op  11 

donne  précisément  pour  S  et  S'  les  surfaces  que  j'ai  étudiées  (')  à  propos  de 
mécanismes  déformables  ou  transformables  :  elles  correspondent  aux  for- 
mules 


(S) 

X  ^\b,—  ffi.c/X, 

y 

=  A  i,  ■ 

-  1  a,d\. 

5  =  A  b,  —  fa,  d\  , 

(S') 

x'=:AH,—  /  A,  ^/A, 

y'-. 

=  AB,- 

-  f\,d\. 

.'=:AB.-/a3.A, 

où  A,  a,,  «o,  «3,  A|,  Ao,  A.J  sont  certaines  fonctions  de  a  etù,,  //.,,  O^,  B,, 
Bj,  B3  certaines  fonctions  de  [i.  Les  surfaces  S,,  S',,  que  je  n'avais  pas  songé 
à  déterminer  et  que  j'indique  aujourd'hui  comme  application  intéressante 
de  cette  méthode,  s'obtiennent  en  ajoutant  à  a:,  v,  z,  x' ,  y\  :■'  les  quantités 
(\,  c.,,  C;,,  C|,  Co,  C.,,  fonctions  de  [î  seulement  obtenues  par  les  quadratures 

iil  —  iij— £i.  — S.  — ^  — !±L— >frM 

b\  ~  b\_  "^  b:,  ~  b;  "  n;  ~  m,     ^^'' 

où  A  est  une  fonction  quelconque.  Sur  les  trois  mécanismes  qui  avaient  été 
retenus,  deux  fournissent  un  seul  couple  à  chaque  fois  :  ces  couples  (S,  S'), 
puis  (S,,  S,)  sont  nouveaux.  Le  troisième  mécanisme  fournit  les  surfaces  S 
que  Peterson  a  signalées,  susceptibles  d'une  déformation  continue  à  un  para- 
mètre :  la  base  (m,  r)  se  compose  d'une  série  de  sections  par  des  plans 
parallèles  à  xOy  par  exemple  et  d'une  série  de  sections  par  les  plans  pivo- 
tant autour  de  O:^;  les  surfaces  S,,  que  la  méthode  de  cette  Xote  conduit  à 
former  en  même  temps,  sont  précisément  celles  que  M.  (îoursat  a  étudiées 

(')   Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p-  363  el  570. 


l4oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  iSç)2.  (American  Journal  of  Mat/tenuilics),  cai'actérisées  par  ce  fait  qu'au 
cours  de  la  défonnalion  les  sections  planes  horizontales  restent  sections 
planes  horizontales  :  les  lignes  conjuguées  sont  les  sections  planes  par  des 
plans  tangents  à  un  cylindre  parallèle  à  Or.. 

5.  On  remarquera  que  les  surfaces  signalées  aux  n"'  3  et  4  comprennent 
comme  cas  particuliers  ou  dégénérescences  presque  tous  les  exemples 
connus  jusqu'ici.  Cela  suffit  pour  justifier  la  méthode  exposée  qui  permet 
non  pas  seulement  de  constater,  mais  à\'X[)tl(iuer  pourquoi  on  obtient  des 
surfaces  applicables.  Un  choix  judicieux  de  (K)  permettra  sans  doute 
d'obtenir  des  types  nouveaux. 


ALGÈBRE.  —  Sur  la  tJiéorie  des  nombres  ali;ébriqucs  idéaux. 
Note  de  M.  Auric. 

Considérons  une  équation  irréductible 

f(x)=^  OiiX"  -t-  «,,r"~'  -r  .  .  .  -^  ^/„_.|  J-  -+■  a„  =  o 

dont  les  coefficients  «,  appartiennent  à  un  corps  algébrique  A  et  soit  co, 
une  racine  de  cetle  équation  (|ue  nous  adjoindrons  à  A  pour  obtenir  le 
corps  i2|. 

Nous  admettrons  que  A  est  un  domaine  holoïde  complet,  c'est-à-dire  que 
toul  élément  de  ce  corps  peut  être  décomposé  en  nn  produil  de  facteurs 

premiers,  et  cela  d'une  seule  manière;  si  nous  appelons  r,,  c^, e„  les 

unités  fondamenlales  de  A  (e,  étant  une  racine  ordinaire  de  l'unité)  et 
Pt,  p.,  /';,.  ...  les  facteurs  premiers  de  ce  corps,  une  unité  quelconque  c  de  A 

s'écrira 

,,  _g/j,g/,,  _     j,/,,,. 

el  un  élément  n  sera  de  la  forme 

Dans  le  domaine  des  entiers  réels  e,  ==  —  i  et  les  y>,  sont  les  nombres 
premiers  successifs  réels  :  dans  le  domaine  des  entiers  complexes 

<\  =  ±  \''-  ' 

et  les/>,  sont  les  nombres  premiers  complexes. 

En  considérant  l'ensemble  des  racines  conjuguées  co, ,«2,  ...,0J„  elles  corps 
correspondants  il,,  12.,  ...,  ù^,  nous  obtiendrons  par  composition  de  ces 


SÉANCE  DU  6  JUIN  1921.  l4oi 

derniers  un  corps  normal  ou  corps  de  Galois  L  de  degré  p  et  nous  savons 
que  toute  fonction  rationnelle  de  co,,  co^.,  ...,  w„  pourra  se  mettre  sous  la 
forme  d'une  fonction  rationnelle  d'une  racine  0,  choisie  arbitrairement 
parmi  les  p  racines  de  la  résolvante 

G(S)=o. 

Les  corps  Ll,.  il.^,  ■  ■  -,  ii»  sonl  des  sous-corps  de  L;  il  en  résulte  qu'un  de 
ces  sous-corps  considéré  isolément  ne  sera  pas  en  général  un  domaine 
holoïde  complet;  on  comprend,  en  effel,  que  deux  éléments  A,,  c,,  apparte- 
nant à  12,  et  par  conséquent  à  L  puissent  avoir  un  diviseur  commun  contenu 
dans  L,  mais  non  dans  il,  ;  ce  diviseur,  bien  ([u'existani  réellenienl  dans  L, 
sera  if/éal  dans  ii, . 

Cette  simple  remar([ue  montre  la  nécessité  de  remonter  loujours  au  corps 
normal  d'un  corps  donné  si  l'on  veut  conserver  au  calcul  algébri(|ue  toute 
sa  généralité. 

Dans  le  corps  normal  L  nous  savons  ([u'il  exisie  des  unités  fondamentales 
11,,  II.,,  II.,,  ...  (Il,  étant  une  racine  ordinaire  de  l'unité),  mais  en  général  la 
norme  de  ces  unités  ne  sera  pas  égale  à  une  unité  fondamenlale  de  A;  de 
même  nous  aurons  dans  L  des  nombres  premiers  y,,  y^,  q,,  ...  dont  les 
normes  ne  seront  pas  en  général  des  nombres  premiers  de  A;  enfin  le 
corps  L  ne  sera  pas  en  général  un  domaine  holoïde  complet. 

Ainsi,  dans  le  corps  des  nombres  quadratiques  réels  obtenu  par  l'adjonc- 
tion de  v^j  il  existe  toujours  des  nombres  t -h  u  \,  \  dont  la  norme 
t-  —  Au'-  =  -f-  I  ;  mais  la  résolution  de  l'équation  i'-  —  lu-  =  —  i  n'étant  pos- 
sible que  pour  certaines  valeurs  de  A,  il  en  résulte  qu'en  dehors  de  ces 
valeurs  il  n'existera  pas  de  nombre  quadratique  de  norme  —  i;  de  même, 
dans  le  domaine  complexe,  l'équation  t'-  —  Azi^=  -f-  i  a  loujours  des  solu- 
tions, tandis  que  la  relation  /-  —  A»- =  ±  \  —  i  n'est  satisfaite  que  pour 
certaines  valeurs  de  A. 

On  comprend  pourtant,  au  point  de  vue  de  la  généralité  des  calculs,  la 
nécessité  de  rendre  L  domaine  holoïde  complet  et  d'établir  une  correspon- 
dance univoque  entre  les  nombres  de  L  et  ceux  d(^  A;  il  suffit  pour  cela  de 
postuler  l'existence  réelle  ou  idéale  de  nombres  entiers  de  L  dont  les  normes 
soient  égales  soit  à  chacune  des  unités  fondamentales  e,  de  A,  soit  à  chacun 
des  facteurs  premiers yj^  de  ce  corps  et  de  poser 

N(£,-)  =  e,,         y(--)=pi. 
A  un  nombre  choisi  -7  d'unités  fondamentales  ou  de  nombres  premiers- 


l402  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fie  A  correspondront,  dans  L.  07  unités  l'ondameii laies  ou  nombr(^s  premiers, 
p  étant  le  degré  de  la  résolvante  de  (ialois;  c'est  l'n  somme  une  générali- 
sation du  théorème  de  dWlendjeil  sur  l'égalité  du  nombre  des  racines  e|  du 
degré  d'une  équation  algébrique. 

La  liiéorie  des  idéaux  algébriques  ainsi  introduits  se  développera  comnn' 
la  théorie  ordinaire  avec  la  seule  diiïérence  que  l'on  aura  un  plus  grand 
nombre  d'idéaux  premiers;  mais  il  en  résultera  plus  d'harmonie  dans 
l'exposition  et  plus  de  géuéralilé  dans  les  calculs  pour  la  même  i-aison  que 
l'inlroduction  des  racines  complexes  a  constitué  un  progrès  considérable 
par  rapport  à  l'élude  exclusive  des  racines  réelles. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  1(1  Stabilité  et  la  réversibilité  des  transformations 
des  hydrosols  obtenus  par  hydrolyse  des  sels.  Note  de  M.  A.  Tiax,  transmise 
par  M.  Haller. 

J'ai  en  l'occasion  de  montrer,  dans  une  Xole  précédente  ('),  que  ks 
liydrosols  constitués  par  les  solutions  hydrolysées  de  sels  de  métaux  lourds 
étaient  le  siège  d'un  phénomène  très  particulier  :  l'hydrate  peu  soluble,  en 
suspension  colloïdale,  est  constamment  divisé  et  dispersé  par  un  processus 
chimique. 

C'est  à  cette  cause  cpie  sont  dues  la  grande  stabilité  et  la  réversibilité  des 
transformations  de  ces  hydrosols. 

Stabilité.  —  Un  fait  bien  remarquable,  et  sur  lequel  il  faut  attirer  l'atten- 
tion, est  la  grande  stabilité  des  solutions  colloïdales  complexes  constituées 
par  des  solutions  salines  hydrolysées. 

Alors  que  les  hydiosols  d'hydrates  métalliques  sont  en  général  peu 
stables,  puisqu'il  sufiit  de  minimes  quantités  d'éleclrolytes  pour  les 
détruire,  il  est  tout  à  fait  exceptionnel  de  voir  les  solutions  salines  de 
métaux  lourds  qui  conticuineut  une  projiortioir  plus  on  moins  grande  de 
leur  base  à  l'état  de  suspension  colloïdale,  lloculer  comme  les  hydrosols 
purs.  Ce  fait  est  particulièrement  remarquable  pour  des  solutions  telles 
(jue  les  sidfates  métalliques  qui  contiennent  une  forte  proportion  d'anions 
polyvalents  dont  la  moindre  trace  amène  ordinairement  la  eoagidation  des 
hydiosols  d'hydrates  métalliques.  Celle  stabilité  est  si  grande  que,  pendant 
longtemps,  on  a  ignoré  l'existence  d'hydrates  libres  dans  de  pareilles  solu- 

(')  Comptes  rendus,  l.  17:i,  igai,  p.  1291. 


SÉANCE    DU   6    JUIN    192I.  l4o3 

lions;  il  n'\  a  guère  (jiic  depuis  une  vini^taine  trannées,  depuis  ipie  Spring 
eut  montré  l'impossibilitt'  de  les  piéparrr  «  optiquement  vides  »,  que 
l'attention  des  chimistes  a  élé  atlirée  sur  leur  nature  complexe  ('  ). 

La  théorie  que  j'ai  exposée  expli(|ue  très  bien  celte  stabilité  :  tandis 
que  dans  Thydrosol  normal  d'un  hydrate  métallique,  les  particules  par 
évolution  plus  ou  moins  lente  et  irréversible  se  réunissent  entre  elles  sous 
rinlluence  des  forces  capillaires  pour  donner  des  particules  de  plus  en  plus 
grosses,  ici  nous  avons  une  cause  de  dispersion  qui  opère  eu  sens  inverse. 
L'expérience  montrant  cpie  les  sols  normaux  d'hydrates  métalliques  sont 
peu  stables,  tandis  (jue  les  solutions  hydiolysées  de  leurs  sels  le  sont  à  un 
haut  degré,  cette  cause  de  stabilité  doit  être  relativement  très  efficace. 

On  a  donc  là  un  exemple  de  stabilisation  des  solutions  colloïdales  par  un 
processus  chimique.  Il  n'est  pas  impossible  que  dans  d'autres  solutions  col- 
loïdales également  très  stables,  il  y  ait  dispersion  du  colloïde  par  un  méca- 
nisme analogue,  grâce  à  une  réaction  réversible,  comme  l'hydrolyse  saline, 
à  laquelle  prendraient  part  le  colloïde  et  la  phase  aqueuse  (  '■  ). 

Réi-ei-sibilùé  des  transjormations.  — Prenons  une  solution  saline  présen- 
tant l'hydrolyse  lente.  Elle  peut  être  considérée,  à  chaque  instant,  comme 
étant  en  équilibre  chimique.  Cet  équilibre  actuel  est,  comme  nous  l'avons 
vu  (•■'),  transformé  en  équilibre  définitif  û  l'on  empêche,  par  gélification,  la 
modification  du  système  due  au  phénom.ène,  en  quelque  sorte  accessoire, 
de  «  polymérisation  »  du  colloïde.  En  milieu  non  gélatine,  l'équilibre  défi- 
nitif n'est  atteint  que  si  l'état  définitif  de  l'hydrosol  est  lui-même  atteint,  et, 
à  la  stabilité  de  cette  solution,  est  liée  la  stabilité  de  l'équilibre  chimique. 
On  \ient  de  voir,  et  pour  quelle  cause,  combien  cet  hydrosol  était  stable  : 
il  doit  donc  en  être  de  même  de  l'équilibre  chimique  du  système.  Inverse- 
sement,  la  réversibilité  de  la  transformation  chimique  doit  nécessairement 
prouver  la  ré\ersibilité  de  la  transformation  de  l'hydrosol. 

(_)r,  on  sait  depuis  longtemps,  qu'au  moins  entre  certaines  limites  de 
concentration,  l'hydrolyse  lente  des  solutions  salines  aboutit  à  des  systèmes 


(')  On  peul  faire  les  mêmes  remarques  sur  la  stabilité  des  solutions  de-;  sels  dont 
l'acide  est  insoluble,  tels  que  les  silicates  alcalins. 

(-)  La  phase  aqueuse  pourrait  participer  à  cette  réacliun  réversible,  non  seulement 
par  l'eau  (comme  dans  l'Iiydroly>e  saline),  mais  surtout  par  une  matière  étrangère 
à  riiydrosoi.  La  présence  de  cette  «  impureté  »  intéresserait  essenlielleineni  la  stabi- 
lité de  la  solution  colloïdale  :  on  sait,  en  elïet,  que  la  purification  de>  liydrosols 
diminue  généralement  leur  stabilité. 

(')   Comptes  rendus,  i.  1T2,  1921,  p.  1172. 


l4o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  équilibre  à  la  suile  de  transformations  réversibles.  Foussercau  ('  )  a 
montré,  par  exemple,  que  Ton  obtient  le  même  état  limite  que  l'on  aban- 
donne à  froid  à  l'iiydrolyse  lente  une  solution  récente  de  cblorure  fer- 
rique,  ou  la  même  solution,  mais  ayant  subi  une  bydrolyse  très  complète  à 
chaud.  Le  premier  système  subit  une  décomposition  hydrolytique  crois- 
sante, le  second  décroissante,  chacun  aboutit  lentement  à  un  équilibre 
déterminé,  qui  est  le  même  pour  les  deux. 

Il  existe  donc  des  transformations  colloïdales  réversibles  (-)  :  les  parti- 
cules colloïdales  sont  capables  non  seulement  de  s'unir,  mais  de  se  diviser, 
comme  l'explique  et  le  préxoit  la  théorie. 

Ce  qui  précède  montre  (ju'un  h\drosol  peut  passer  plus  d'une  fois  par  le 
même  état,  et  cju'il  n'est  pas  exact  de  dire  qu'un  des  caractères  de  révo- 
lution des  colloïdes  est  d'être  irréxersible,  comme  les  phénomènes  de  la  vie 
auxquels  ils  sont  intimement  liés. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Eludes  sur  la  réfraction  moléculaire  et  le  pouvoir  rota- 
toire  spécifique  du  furfurulcamphre  et  de  quelques-uns  de  ses  dérivés.  Note 
de  M"""  AVoLFF,  transmise  par  M.  Haller. 

Dans  une  Note  précédente,  nous  avons  décrit  la  formation  du  furlural- 
camphre,  du  tétrahydrofurlurylcampbre  et  de  cjuelques  aryllurylcampho- 
mélhanes.  Nous  donnons  ici  un  Tableau  de  leurs  réfractions  moléculaires 
et  de  leurs  pouvoirs  rotatoires  spécifiques.  Les  réfractions  ont  clé  déter- 
minées en  solution  toluénique  0,1-0, 3  normale,  à  des  températures  variant 
entre  ■2^",-2-2\°,n.  Les  nombres  calculés  sont  donnés  selon  le  Hefrakto- 
metrisdics  Hilfshucli  de  Rotli  et  Eisenlohr.  Les  pouvoirs  lotatoires  ont  été 
mesurés  à  des  températures  variées.  Nous  les  indicjuons  dans  la  colonne  T  ('). 

{  ')  Ann.  de  Phys.  cl  de  C/ii/ii.,  16'  série,  t.  il,  1887,  p.  383. 

(*)  La  réversibililé  du  phénomène  de  dissolution  colloïdale  ne  prouve  pas  néces- 
sairement la  réversibilité  d'une  transformation  du  colloïde,  car  le  départ  de  Peau  n'a 
pu  altérer  ni  les  dimensions,  ni  les  propriétés  des  particules  colloïdales. 

(')  Les  nombres  qui  figurent  dans  ces  Tableaux  ronstituenl  des  moyennes;  nous 
nous  réservons  de  donner,  d'une  façon  plus  détaillée,  dans'  un  autre  recueil,  les 
résultats  obtenus. 


SÉANCE    DU    6    JUIX    1921.  l4o5 

Mlix.  Ml:l>.  Mlip.  ?  — ï- 

de  la  sulistiiii(«.  l'ormule.  Ti'oiiM'.    Caloiili-.     Trouvé.    Calculé.     Trouvé.    C.altuli:.         Tr.        Calr.        \>-]u.      'I'. 

I"iiifiiralrain|)lire. .  .  (l'^H'^O-i'  ''g,*»^  64,74  70, 2i  6.'3,i2  72,28  (5(5, oo  ■<,(>(5  1.26  33()  18 
'l'élralivdiofurfuryl- 

camphiv C'H-'O^  66. .58     66,2.',      66,82     66,52      68, 2^     67,22       1,76     0,98        4?.     20 

l'lii''n\ifiu"\  Icamplio- 

iiiétliane (  !-' I  l-M  )-!->       89,4!)     89,1.3       90,16     89,69       91,5»     90,97       2,o4      i,82         66     20 

lieiizvKuivIcainpIio- 

niflliane C--H-''0-|"'       9^,94     98i74       94i5o      94 . 3 1        96.2.'!      95,64       2.29      1.90         57      18 

I  al  \  I  f  iii'\  Icampho- 

niét  liane C-'-lI-*0-|-''      94,82     93,74      95, 5 1      94j3i       97,20     95,(54       2,38      1,90        5()     24 

Anisvlfiirvlcanipliri- 

inétliane C--H=*(3^l^-'       96,09     96,38       96,80     95,95       98,82     97,28       2,73      1,90         66      '.4 

Les  nombres  que  nous  avons  trouvés  pour  la  réfraction  moléculaire  et  le 
pouvoir  rotatoire  spécifique  sont  en  accord  avec  ceux  qu'ont  obtenus 
MM.  Haller  et  Muller  (  '  )  pour  les  produits  de  condensations  du  camphre 
avec  des  aldéhydes  et  leurs  produits  de  réduction. 

Le  luri'uralcamphre  a,  comme  les  alcoylidènecamphres,  de  fortes  exal- 
tations de  la  réfraction  moléculaire,  du  pouvoir  rotatoire  spécifique  et  de 
la  dispersion  moléculaire,  et  ses  exaltations  disparaissent  lorsque  le  pro- 
duit est  réduit,  c'est-à-dire  lorsque,  outre  la  double  liaison  sur  le  novau 
camphre,  les  deux  doubles  liaisons  du  noyau  luranique  ont  disparu.  Les 
arylfurvlcamphométhanes  n'ont  que  de  faibles  exaltations  de  la  réfraction 
et  de  la  dispersion  moléculaires.  Leurs  pouvoirs  rotatoires  restent  plus 
grands  que  celui  du  camphre,  mais  sont  très  inlérieurs  à  celui  du  furlural- 
camphre. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —   Variétés  nllotropiqucs  d'oxydes. 
Note   de   M"*^  S.   Veil.    présentée  par  M.   G.   Urbain. 

L'élude  (^-'),  en  fonction  de  la  température,  de  la  conductibilité  d'un 
certain  nombre  d'oxydes  métalliques  (oxyde  de  cérium  CeO-,  sesquioxyde 
de  chrome  Cr-0'',  oxyde  de  nickel  INiO,  oxyde  cuivrique  CuO.  acide  tita- 
niqueTiO",  oxydes  de  manganèse  MnM)'  et  MnO,  oxydes  d'élain  SnO- 
etSnO,  oxydes  de  fer  Fe-0^  et  Fe^O',  oxyde  de  zinc  ZnO  et  oxyde  de 


(')     Comptes  rendus,  t.  128,  1S99,  p.  i370-i373;  t.  129,  p.  ioo5-ioo8. 
(-)  S.  \  i;ii,,  A  lliages  d'o.iydes  (Comptes  rendus,  t.  170,  1920,   p.  939). 


iAo6 


ACADÉiMIE    DES    SCIENCES. 


cadmium  CdO).  montre  que  de  ce  point  de  vue  ils  se  comportent  comme 
les  élecliolyles  (')  et  comme  le  charbon.  La  conductibilité  est  une  fonction 
croissante  de  la  température,  la  courbe  représentative  étant  dallure  para- 
bolique. 


Fig.  I.  —  O-ryde  de  fer  magnelit/ue.  —  Hi'gion  du  puinl  de  Cuiic. 

En  outre,  certains  oxydes  montrent  des  particularités  qu'il  est  possible 
d'attribuer  à  des  variations  allotropiques. 

La  courbe  conductibilité-température  relative  à  l'oxyde  niaj^nélique  de 
fer  présente  à  la  montée  un  changement  d'allure  entre  Soo"  et  (Joo°.  Ce 
changement  d'allure  correspond  au  point  de  Curie,  température  à  laquelle 
le  minéral  naturel  de  magnétite  perd  son  magnétisme.  L'expérience  a  été 
poussée  jusqu'à  ijoo";  à  part  le  point  de  Curie,  aucune  singularité  n'a  été 
observée.  Au  refroidissement,  le  puint  de  Curie  n'est  plus  visible,  le  sys- 
tème ne  repasse  pas  par  une  suite  analogue  d'états,  et  la  conduclibilité 
reste  plus  grande. 

Rappelons  que  Curie  fixe  cette  température  à  53j°  par  des  mesures  de 
susceptibilités  magnétiques  et  que  \\  eiss  la  fixe  à  080",  à  la  fois  par  des 
mesun'S  de  magnétisme  et  par  des  mesures  de  chaleurs  spécifiques.  La 
méthode  envisagée  ici  fournit  des  résultats  moins  précis,  étant  donnés  les 
phénomènes  d'hystérésis  et  les  irrégularités  inhérenles  à  la  conductibilité 
d'oxydes  agglomérés. 

L'oxyde  de  cadmium  est  déjà  très  conducteur  à  la  température  ordi- 


(')  Nernst,  Zellscli.  fiir  Elehtrocli.,  (6).  189g,  p.  /;i,  et  Nekkst  et  Reynolds,  Gotlin  , 
J\(ic/ir.,  1900,  p.  028. 


SÉANCE    DU    6   JUI.N    I92I,  1407 

naire.  Lorsque  la  tenipératiirc  s'élève,  la  conductibilité  aug-mente  noniia- 
Icnient,  suivant  une  courbe  d'allure  parabolique.  Un  peu  au-dessus  de  -200°, 
la  courbe  redescfiid  puis  rcuioiitc  jusqu'à  un  second  maxiinuiu  vers  85o"  et 


Fig.  2.  —  Oxyde  de  cadmium.  —  CliaulTage. 

redescend.  Les  observations  ont  été  faites  jusqu'à  i3oo'\  La  conductibilité 
n'est  plus  alors  qu'une  très  petite  fraction  de  ce  qu'elle  est  à  la  température 
ordinaire  avant  le  chauffage. 

On  peut  interpréter  ces  résultats  en  admettant  qu'il  existe  trois  variétés 
allotropi([ues,  a,  ^,  y,  d'oxyde  de  cadmium,  dont  les  domaines  de  stabilité 
se  trouvent  de  part  et  d'autre  des  maxima,  le  domaine  de  la  variété  y.  se 
trouvant  approximativement  entre  la  température  ordinaire  et  200",  celui 
de  la  variété  [i  approximali\  ement  entre  200*"  et  85o"  et  celui  de  la  variété  y 
aux  températures  plus  élevées. 

Les  conductibilités  des  variétés  a  et  j3  sont  du  même  ordre  de  grandeur, 
la  \  ariélé  y  est  relativement  très  peu  conductrice. 

Au  refroidissement,  on  obtient,  à  partir  de  i3oo°,  une  courbe  régulière- 
ment descendante;  à  1000°,  la  conductibilité  n'est  plus  appréciable. 
Les  vitesses  des  transformations  sont  trop  lentes  pour  que  celles-ci  se  pro- 
duisent au  cours  d'un  refroidissement  rapide.  Après  un  reposprolongépc 
l'ordre  de  quelques  semaines  à  la  température  ordinaire,  l'oxyde  reprend 
spontanément  la  forme  a. 


l4o8  ACADÉMIE    DES    SCIE^XES. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  iririation  de  la  réfraction  spécifique  des  sels 
dissous  en  solutions  étendues.  Note  de  M.  C.  Chê\eve.\i',  présentée 
par  M.  Paul  Janet. 

M.  V.  Posejpal  a  fait  paraître  dans  le  Journal  de  Physique  (')  un  inté- 
ressant travail  sur  la  variation  de  la  réfraction  des  gaz  avec  la  pression, 
au-dessous  d'une  atmosphère.  Il  arrive  en  particulier  à  cette  conclusion 

(|ue  le  pouvoir  réfringent  spécifique,  — - —  par  exemple,  d'un  gaz,  tel  que 

l'air  ou  l'anhydride  carbonique,  a\ant  un  indice  de  réfraction  n  pour  la 
raie  verte  du  mercure  et  une  densité  </,  diminue  lorsque  le  gaz  est  soumis  à 
des  pressions  de  plus  en  plus  faibles. 

J'ai  montré,  il  y  a  quelques  années  (  -),  que  le  pouvoir  réfringent  spéci- 
fique, -^ — -,  d'un  sel  dissous,  ayant  un  indice  de  réfraction   n^,  pour  la 

raie  D  et  une  densité  d,  occupant  le  volume  de  la  dissolution,  restait 
constant  jusqu'à  une  limite  très  petite  de  la  concentration  équivalente,  de 
l'ordre  de  o.i  équivalent-gramme  par  litre  de  solution  :  de  sorte  que  l'on 
pouvait  conclure  que  l'ionisation,  déjà  très  avancée,  n'agissait  pas,  en  deçà 
de  cette  limite,  sur  la  réfraction  du  corps  dissous.  Mais,  après  avoir  corrigé 
les  résultats  obtenus  au  delà  de  cette  limite  de  l'influence  possible  de  la 
température,  ce  qui  donnait  des  variations  un  peu  moins  rapides  que  celles 
déduites  des  expériences  de  Dijken  ('),  j'ai  reconnu  qu'aux  extrêmes  dilu- 
tions le  pouvoir  réfringent  diminue  ou  augmente,  suivant  les  cas,  lors(iue 
la  concentration  décroit. 

Dans  l'hypothèse,  aujourd'hui  admise,  que  le  corps  dissous  en  solution 
très  étendue  est  assimilable  à  un  gaz,  cela  revient  à  dire  que  le  pouvoir 
réfringent  varie  lorsque  la  pression  du  corps  dissous  s'abaisse;  en  eflet, 
puisque  j'ai  supposé  que  le  sel  dissous  occupe  le  volume  de  la  dissolution, 
sa  pi'ession  est  alors  la  pression  osniotiquc.  en  kilogrammes  par  centimètre 
carré,  de    la    solution,    proportionnelle    à    la    concentration    moléculaire 

^-  io-%  si  Y  est  la  masse  du  sel.  de  masse  moléculaire  M,  dans  i'  de  solu- 
tion. D'autre  part,  la  solution  saline  étant  un  électrolyte,  si  l'on  veut  con- 

(  '  )  6''  série,  t.  2,  n°  3,  mars  1931.  p.  85. 

(-)   Annales  de  Chimie  et  de  Physit/iie.  8''  série,  t.  i\,  seplemiire  i()io.  p.  36. 

(')  Zcitsclirifl  fiir  pliYsikalische  C/ie/nie,  t.  ^'i.  1897.  !'•  ^'- 


SÉANCE    DU   6    JUL\    I921.  1409 

naître  exacteinenl  la  pression  P  du  corps  dissous,  il  faut  tenir  compte  de 
l'ionisation  qui  inlervient  par  un  facteur  /=  n-(/-  — 1)0,  en  appelant  r  le 
nombre  d'ions  contenus  dans  1'"°'  du  srl  considéré  et  0  le  coefficient  de  dis- 
sociation éleclrolytique  qui  est  le  rapport  des  conductivités  équivalentes  de 
la  solution  étudiée  et  de  la  solution  de  dilution  infinie. 

Si  R  est  la  constante  des  gaz  parfaits,  à  une  température  absolue  T,  la 
formule  de  Van't  HofT,  ainsi  corrigée,  donne 


,.  1000  M 

V — -—  =[•  +  ('• 


■.)o]HT, 


Supposant  que  la  température  centigrade  est  de  lî",  comme  R  =  84, 5 
avec  les  unités  adojîtées,  ou  peut  donc,  finalement,  calculer  la  pression  P 
du  corps  dissous,  en  atmosphères,  par  la  relation 


I'=r 


84,5  X  288      y\\  +  (/■  — i)ô] 
I  ,o333  X  1000  M 


Si  l'on  fait  ce  calcul,  pour  les  solutions  des  trois  sels  KCl,  \0-'_M-I% 


0.330 


1            Pouvoirs   réfringer 
T                        spécifiques 

ifs 

V^J 

< 

no'nh'-      j 

y^ 

Kn 

/  ^ 

.     (NO')'Mg 

* 

/ 

a2« 


10  20  30       Atmosphé. 

Pressions  P  du  corps    dissous 

(NO')-Mg,  que  j'avais  étudiées,  et  si  l'on  porte  en  ordonnées  les  valeurs 
du  pouvoir  réfringent  spécifique  -^— —  du  corps  dissous  et  en  abscisses  les 
valeurs  de  P,  on  a  les  courbes  représentées  dans  la  ligure  ci-dessus.  On  voit 
immédiatement   l'étroite    analogie    des   courbes   obtenues    pour   KCl    et 

C.  R.,  1921,  i«  Semestre.  (T.  172,  N- 23.)  lo/f 


l4lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(N(_)')-Mg  avec  celles  indiquées  par  M.  Posejpal  pour  l'air  et  CO';  la 
seule  différence  est  que  la  diminution  du  pouvoir  réfringent,  lorsque 
la  pression  décroît,  se  produit  pour  le  corps  dissous  dans  un  domaine  de 
pressions  un  peu  plus  élevées  que  pour  le  gaz.  Mais,  alors  que  pour  les 
solutions  de  K  Cl  et  (\0^)"Mg  le  pouvoir  réfringent  diminue  comme  la 
pression,  il  augmente  pour  NO'NH'  lorsque  la  pression  s'abaisse. 

Sans  préjuger  des  résultats  expérimentaux  que  doit  publier  sur  l'hydro- 
gène M.  Posejpal,  je  peux  faire  remarquer  que  ce  gaz,  contrairement  aux 
autres,  parait  donner,  entre  i""'"'  el  2"'™,  un  résultat  assez  analogue  à  celui 
obtenu  avec  NO^MI'.  En  effet,  si  p  est  la  pression  : 

Il  —  I  ^ /.'/M  I -i- 3/^),  S    = — 85.10^     I  l'erreau  4' )], 

rf=    kp[\  ~  ZiiP),  |3,;  =  —  80.10*     I  Loduc  et  Sacerdote  (-)]. 

Donc  le  pouvoir  réfringent  spécifique  est  de  la  forme 

—j-  C[l-r  (p  —  ,3,;)/j]  =:C(l  — 5.  I0«/J'l, 

cest-à-dire  qu'il  augmente  quand  p  diminue. 

Pour  explicjuer  la  diminution  du  pouvoir  réfringent  avec  la  pi-ession, 
M.  Posejpal  admet  que  dans  l'expression  de  ce  pouvoir  réfringent 

VJ  —  V- 

où  N  est  le  nombre  de  particules  par  unité  de  volume,  v„  la  fréquence  des 
oscillations  propres  des  atomes  ou  des  molécules  et  v  la  fréquence  de  la 
lumière  qui  traverse  la  matière,  la  fréquence  v,,  peut  augmenter  pour  assurer 
plus  de  stabilité,  dans  l'état  dilué  de  la  matière,  aux  divers  états  possibles 
pour  un  même  atome  ou  une  même  molécule. 

Si  la  variation  de  R  peut  se  produire  en  sens  inverse  de  celle  de  />,  cette 
explication  doit,  probablement,  être  ainsi  complétée.  Le  numérateur  de  11 
dépend,  en  réalité,  du  nombre  \  de  particules.  Dans  les  solutions  concen- 
trées, on  peut  admettre  que  le  nombre  de  particules  et  leur  fréquence 
d'oscillations  propres  ne  varient  pas  sensiblement  el  R  est  constant.  Dans 
les  solutions  diluées,  le  nombre  N  de  particules  s'accroît;  comme  v„  croît 
aussi,  si  la  variation  de  \  est  plus  rapide  que  celle  dev^%  R  peut  augmenter; 
c'est  le  contraire  si  \  augmente  moins  vite  que  v,^. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  m'a  paru  intéressant  de  rapprocher  les  résultats 
obtenus  dans  deux  cas  assez  analogues  de  raréfaction  de  la  matière. 

(')    Table  de  t'onsUiitles  de  la  Socictc  française  de  Plirsù/ite,  i;)i3.  p.  \\)0. 
1^  =  )   Ihid..  j).  18,). 


SÉANCE    DU   6    lUIX    I921.  l4ll 


CHIMIE  MINÉlîALE.  —  Sur  le  peroxyde  de  lilnnc. 
N'oie  de   \I.  MAriticE  Bii.i.y,  présentée  par  M.  G.  Lhbaln. 

Lors(|u'on  traite  le  sulfate  de  titane  par  l'eau  oxygénée,  on  obtient  une 
liqueui-  jaune  orangé  qui  donne  avec  Famnioniaque,  la  soude  ou  la  potasse 
un  précipité  jaune  solnble  dans  un  excès  d'eau  oxygénée.  L'oxygène  s'est 
fixé  sur  l'acide  tilanique. 

La  composition  de  ce  peroxyde  a  été  déterminée  par  différents  chi- 
mistes (')  qui  admettent  généralement  que  le  degré  d'ox\dation  du  titane 
s'élève  à  TiO'. 

Les  composés  obtenus  sont  des  poudres  jaunes  amorphes  contenant  de 
l'eau  d'hydratation. 

,                  1    1     ,■          1                              titane 
Les  analyses  onteupnur  but  fondamental  de  lixer  le  rapport : --; 

or  j'ai  toujours  obtenu  avec  les  sels  cristallisés  des  chiiïres  d'oxygène  actif 
inférieurs  à  ceux  qu'exige  la  formule  TiO'.  Par  contre,  les  chiffres  d'oxy- 
gène actif  sont  supérieurs  à  ceux  qui  cori'espondent  à  TiO',  avec  les  sels 
insolubles  amorphes. 

Préparation  du  sulfate  double  de  titaneet  de  potassium. —  Ondissoutà  cbaud  5og 
d'acide  titanique  hydraté  dans  un  mélange  de  1 00'^'"' d'acide  siilfurique  concentré'ol 
de  40"""  d'eau.  La  liqueur,  diluée  jusqu'à  ce  qu'elle  renferme  10  pour  100  de  TiO'^ 
est  traitée  par  une  quantité  de  carbonate  de  potassium  puhéiisé  correspondant  au 
double  de  la  quantité  de  sel  nécessaire  pour  obtenir  le  composé  (SO)'-Ti,  SOMv-. 

Enfin,  à  la  li(|ueur  claire,  on  ajoute  le  double  de  la  quantité  théorique  d'eau  oxy- 
génée à  100'"',  nécessaire  pour  transformer  tout  l'acide  tilanique  en  oxyde  pertita- 
nique  hypothétique  TiO'. 

Par  évaporation  au-dessous  de  lâ",  il  se  dépose  d'abord  du  sulfate  de  potassium 
(|ui'  l'on  sépare;  on  obtient  ensuite  d'abondants  cristaux  orangçs,  mélangés  de  cris- 
taux blanc-jaunàlres. 

La  masse  cristalline,  pulvérisée  et  traitée  par  l'eau  glacée,  donne  une  iii|ueur 
orangée  et  laisse  des  cristaux  presque  incolores  qu'on  lave  rapidement  à  l'eau  glacée; 
ils  admettent  la  formule  SO'TiO,  SO'*K=.  ' 

(')  A.  WKLI.EH,  /J^e/-.,  l.  lo,  1S82.  p.  ■.^599  (Ti-Ô'''").  —  Picci.ni,  Gazz.  ch.  iiuL, 
t  12,  1882,  p.  i5i  (mélange  d'acide  titanique  et  de  peroxyde  de  lilane  variable).  — 
Glassen  et  ses  collaborateurs,  Ber.,  t.  21,  1888,  p.  071  [Ti(OH)"].  —  Li:vv,  Conijiles 
rendus,  t.  108,  1S89,  p.  284  (TiO').  —  Fabiîii.  Ztsc/i.  /.  anal.  Client. .  t.  ?i.(i.  1907, 
p.  277  (TiO').  —  A.  i\lAZZL'r.iii;i.L[  et  E.  Pantanelli,  Atti  R.  Accad..  t.  KL  1907, 
p.  ''J)').  349  et  i39'i;  t.  17,    1908,  p.  5i3;  t.   IS,   1909.  p.  420,  5o5,  5iS  et  (io8  (TiO^). 


l4l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  la  liqueur  orangée  les  dosages  de  titane  et  d"o\ygène  actif  corres- 
pondenl  à  un  oxyde  de  formule  Ti-'O "'■'  ou  2Ti-0'.  i.5  H-0-. 

.l'ai  essayé  de  mettre  en  évidence  Teau  oxygénée  qui  figure  dans  la 
formule  précédente  en  admettant  Tliypotlièse  de  Ti-'0\  Le  sel  orangé 
étant  dissous  dans  l'eau  glacée  et  précipité  aussitôt  par  l'alcool,  la  liqueur 
(lécantée  contient  de  l'eau  oxygénée  qui  peut  être  mise  en  évidence  en 
développant  sa  coloration  orangée  par  addition  de  sulfate  tilanique. 

Pour  obtenir  IVm/ra/e  de  prroxydedc  titanrTvO'Ai\.,  je  préconise  le  Irai- 
temeni  suivant  : 

Des  quantilé;5  éqiiituoléculaires  de  sulfale  de  potassium  SO'K'  ei  de  sulfate 
de  titanyle  SO''(Tir))  sont  dissoutes  séparément  dans  le  moins  possible  d'acide  sulfu- 
rique  au  '  ;  0:1  les  verse  dans  une  solution  d'eau  oxygénée  à  100'°'.  employée  en  excès 
(5o  pour  100  environ)  relativement  à  la  quantité  nécessaire  pour  faire  TiO^.  Le 
mélange  limpide,  fait  à  froid,  est  précipité  à  la  température  ordinaire  par  l'alcool  à  95°; 
ce  précipité  armorphe,  cannu  de  Mazzuclielli  et  l'antanelli,  est  lavé  à  l'alcool  pour 
éliminer  l'excès  d'acide  sulfurique. 

Le  sel  essoré  est  dissous  sur  (litre  par  l'eau  glacée;  une  petite  quantité  de  sel  plus 
clair,  non  pero^jdé,  reste  insoluljle:  la  lii|ueur  orangée  est  étendue  d'environ  10' d'eau 
pour  2'  de  'J'i<J-. 

Après  dix  heures  de  re[)0s,  la  température  restant  de  lo"  à  20°,  on  peut  recueillir 
un  abondant  précipité  d'hydrate  de  peroxyde  de  titane  jaune  clair,  ne  dégageant  pas 
la  moindre  bulle  d'oxygène. 

Pour  l'analyse,  ce  précipité  est  lavé  avec  de  l'eau  pure  jusqu'à  ce  que  l'eau  mère  ne 
décolore  plus  le  iJermanganale  ;  oji  le  dissout  alors  dans  l'acide  sulfuri([ue  au  ;.  et  l'on 
obtient  une  liqueur  orangée. 

-,  ,  anhydride  litaniciue 

Le  i\ipport  — : : — J — est  toujours  compris  entre 0,0  et  10,  u. 

^  '  oxygène  actit  •>  <■  •     ■' 

Pour  obtenir  un  [jliD.^phale  pcrtilanùiue  insol/ib/e.  je  mélange  à  froid  des  liqueurs 
de  sulfate  acide  de  titane,  de  phosphate  de  sodium,  d'eau  oxygénée;  le  précipité  se 
forme  quand  on  ajoute  un  excès  d'acétate  de  sodium. 

Le  phosphate  lavé  i  fond  perd  de  l'oxygène;  si  on  laisse  le  précipité  dans  la  liqueur, 
en  dosant  l'eau  oxygénée  non  combinée,  on  trouve  qu'il  se  fixe,  sur  l'acide  litanique 
du  phos|ili;ite,  une  quantité  d'oxygène  actif  correspondant  à  la  formule  : 

TiO''"-'     ou      :>.TiM)'.3H-(t-. 

J'^n  résumé,  alors  qu'on  ne  connaissait  aucun  composé  pertitani(iue  cris- 
talisé,  j'ai  obtenu  un  sulfate  complexe  cristallisé:  d'autre  part,  j'ai  pu  pré- 
parer l'hydrate  de  peroxyde;  enfin,  il  résulte  des  analyses  précédentes  que 
tous  les  hydrates  considérés  jusqu'ici  comme  des  sels  de  l'oxvde  TiC)^  sont 
des  complexes  d'eau  oxygénée  et  de  sels  pertilaniques  correspondant  au 
jieroxyde  Ti-0  '. 


SÉANCE  DU  6  JLIX    ig^i.  i4«3 

CHIMIE  AXAr.YTiQUK.  —  Conlrihiilion  à  T élude  (les  huiles  de  pépins  de  raisin. 
Note  de  M.  Emile  Axdré,  présentée  par  M.  Cli.  Mourcu. 

Dans  une  précédente  Note('  )  nous  avons  donné  les  principales  cons- 
tantes physiques  et  chimiques  d'une  série  de  1 1  échantillons  d'huile  de 
pépins  de  raisin  et  nous  avons  montré  qu'il  existe  de  telles  ditîérences  dans 
leurs  propriétés  qu'il  est  impossible  de  les  rapporter  à  un  type  déterminé. 
Le  cépage,  le  climat  et  la  nature  du  sol  influent  sans  doute  sur  la  qualité  de 
l'huile  contenue  dans  les  |?raines  comme  sur  la  qualité  du  jus  qui  fournit  le 
vin  par  fermentation. 

De  toutes  les  propriétés  chimiques  de  cette  huile,  c'est  certainement 
l'indice  d'acétyle  qui  est  la  plus  variable;  nous  avons  enregistré  dans  nos 
essais  des  valeurs  allant  de  i3.'3  à  49)3,  Ilorn  (-)  et  Paris  (')  ont 
indiqué  i44.5  et  i4  >,  i,  Fachini  et  Dorta  (  ')  ont  trouvé  des  valeurs  variant 
de  23  à  23.  Ces  données  discordantes  permettent  cependant  de  conclure 
d'une  façon  certaine  qu'il  existe  des  glycérides  d'acides-alcools  dans  l'huile 
de  pépins  de  raisin;  aussi,  tous  les  traités  spéciaux  la  rangent-ils  dans  le 
même  groupe  que  l'huile  de  ricin.  Nombre  d'auteurs  admettent  même, 
sans  preuves  suffisantes  et  par  simple  raison  d'analogie,  que  l'indice  d'acé- 
tyle de  l'huile  de  pépins  de  raisin  est  attribuable  à  l'acide  ricinoléique.  Les 
analyses  immédiates,  assez  peu  approfondies,  qui  ont  été  faites,  n'ont 
cependant  jamais  permis  d'isoler  le  ou  les  acides-alcools  que  contient  cer- 
tainement cette  huile. 

Nous  avons  essayé  d'apporter  une  contribution  à  la  solution  de  ce  pro- 
blème. Dans  nos  premiers  essais,  nous  avons  appliqué  les  méthodes  que 
l'on  trouve  décrites  dans  tous  les  traités  spéciaux  d'analyse  des  matières 
grasses  :  séparation  des  acides  solides  et  des  acides  liquides  par  différence 
de  solubilité  de  leurs  sels  de  plomb  dans  Félher,  précipitation  fractionnée 
des  sels  de  Ba  ou  de  Mg  des  acides  solides,  études  des  dérivés  bromes 
d'addition  des  acides  liquides,  étude  de  leurs  dérivés  d'oxydalion  par  le 
permanganate  de  potasse  en  solution  alcaline.  11  nous  est  bien  vite  apparu 

(')   Comptes  rendus,  l.  172,  192 1,  p.  1296. 

(-)  IloRN,  Mit/,  techn.  (ieirerbe  Jhis.  Wien.  1891.  p.  iSÔ;  Client.  Zeil.,  t.  io, 
1891,  Report  28),. 

(')  G.  Paris,  Slaz.  Sperimcnt.  aL;rar.  liai.,  t.  44,  191 1,  p.  (169;  Jahresbericht 
der  Agrikullurchemle,    l.  oi.  ign,  p.  291. 

(')  Lewkowitscii,  Chemical  Icchnidagie  of  Oi/s,  Fais  and  Wa.res,  5''  éclilion,  t.  2, 
1914.  p.  387. 


I4l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'il  n'est  pas  possible  d'isoler  les  acides-alcools  par  celle  lïîélhode  qui 
nous  a  seulement  permis  de  déceler  la  présence  des  acides  |)almilique, 
sléarique,  oléique  et  linoléique,  constituants  que  l'on  rencontre  dans  la  plu- 
part des  matières  grasses. 

Après  de  nombreux  tâtonnements,  nous  sommes  parvenu  à  séparer  les  acides  gra?- 
de  l'huile  de  pépins  de  raisin  en  trois  groupes  et  à  concentrer  les  acides-alcools  dans 
l'un  d'eux.  \  oici  la  description  succincte  du  procédé  que  nous  avons  suivi  : 

12.5"  d"liuile  sont  mélangés,  dans  un  ballon  de  i',  avec  i5o3  d'alcool  à  90";  dans  ce 
mélange,  on  verse  une  solution  alcaline  contenant  35s  de  ÎVaOH  pure  du  commerce 
dans  quantité  suffisante  d'eau  distillée  peur  obtenir  loo"'"'";  on  agite  vivement  le  tout 
pour  maintenir  l'huile  en  émulsion.  Au  bout  de  i5  à  20  minutes,  le  mélange,  dont  la 
température  atteint  .40°  environ  par  suite  de  la  chaleur  dégagée  par  la  réaction,  est 
complètement  liomogène  et  limpide;  on  constate  que  la  saponification  est  complète  en 
versant  une  petite  quantité  "de  ce  liquide  dans  un  grand  volume  d'eau  :  la  solution 
obtenue  doit  être  limpide.  On  verse  alors  toute  la  masse  dans  12.J0""'  4'eau  et  l'on 
agite  à  trois  reprises  avec  de  l'éther  dans  une  ampoule  à  décantation.  Les  solutions 
éthérées  réunies  et  lavées  à  l'eau  distillée  sont  séchées  sur  du  sulfate  de  soude 
anhydre;  la  distillation  de  l'éther  laisse  comme  résidu  la  matière  insaponifiabie  que 
l'on  met  à  part  pour  l'étudier  ultérieurement.  On  ajoute  à  la  solution  savonneuse 
i25k  d'acide  sulfurique  dilué  au  ^.  Les  acides  gras  mis  en  liberté  viennent  surnager  le 
liquide,  entraînant  avec  eux  la  majeure  partie  de  l'éther  et  de  l'alcool  qu'il  retenait  en 
dissolution;  on  les  sépare,  lave  à  l'eau  distillée  et  sèche  sur  du  sulfate  de  sodium 
anhydre.  On  chasse  l'éther  et  l'alcool  par  distillation  et  l'on  obtient  ainsi  les  acides 
gras  totaux  exempts  d'insaponifiable.  On  les  dissout  dans  3'  d'alcool  à  70°  et  Ton 
ajoute  à  cette  solution  40='  de  carbonate  de  lithine;  on  fait  bouillira  reflux  pen- 
dant I  heure  et  l'on  abandonne  ensuite  en  lieu  frais  pendant  2  (  heures.  Les  savons  les 
moins  solubles  cristallisent;  on  les  sépare  par  filtration  et  essorage.  La  solution 
alcoolique  est  distillée  jusqu'à  ce  que  le  liquide  restant  dans  le  ballon  donne  une 
mousse  abondante  qui  empêche  de  poursuivre  l'opération.  Par  refroidissement,  il 
fouinit  en  abondance  des  cristaux  blancs  nacrés  que  l'on  sépare  de  leurs  eaux  mères 
par  essorage.  Premiers  cristaux,  deuxièmes  cristaux  et  eaux  mères  sont  traités, 
chacun  séparément,  pour  extraction  des  acides  gras  qu'ils  contiennent. 

Les  premiers  crisl;iu\  fournisseiil  des  acides  solides,  fraction  1;  les  deuxièmes  cris- 
taux des  acides  liquides  à  peu  près  incolores  très  fluides,  fraction  II;  les  eaux  mères 
fournissent  des  acides  li(|uides  très  \is(|ueux,  fraction  111,  assez  fortement  coloré^  pur 
les  substances  entraînées  a\cc  m\\  dans  les  eaux  mères.  Les  acides  des  fractions  I  ei  II 
sont  entièrement  solubles  dan*  l'éther  de  pétrole;  les  acides  de  la  fraction  III  n'y  sont 
(|ue  partiell(Mnenl  soluble*.  Le-  •savons  litlii(|ues  des  acide>-alcools,  plus  solubles. 
s'accumuleni  donc  dans  les  eaux  mère--,  et  e'est  là  un  premier  pas  vers  leur  sépa- 
ralion. 

Nous  avons  ainsi  opéré  de  nombrcu.x  iVactionnemenls  sur  l'iuiilc  n"  lO('), 

(')   Coniplcs  rend  us,  loc.  cit. 


SÉANCE  DU  6  jri\   1921.  i4i5 

que  nous  avions  pu  nous  procurer  en  quanlité  imporlanic  grâce  à  la  bien- 
vcillanlr  obligeance  de  M.  le  D''  Le  Moignic,  direcleur  du  Service  du  Lipo- 
vaccin.  Par  un  iieureiiv  concours  de  cireonslances,  cette  huile  était,  de 
toutes  celles  que  nous  avons  eues  entre  les  mains,  la  plus  riche  en  glycérides 
d'acides-alcools,  comme  l'indiquent  sa  densité  (D^"'o,g334  )  «'t  son  indice 
d'acétyle  (49,3). 

La  moyenne  des  rendements  pour  loo"  d'acides  lotaux  a  été  de  12, 5 
d'acides  solides,  62,3  d'acides  fluides  el  25,o  d'acides  visqueux.  Nous 
donnons  ci-dessous  les  propriétés  chimiques  les  plus  importantes  de 
chacun  di'  ces  trois  groupes,  que  nous  avons  par  la  suit»-  étudiés,  chacun  en 
particulier,  pour  en  extraire  les  acides  qu'il  contient  : 

*Inilice  Poids 

-- — ^ moléculaire 

d'iode.       de  satuialion.  moyen. 

I.  Acides  solides. .,       32  199  ^.Si  P.  F.  ^g'-So" 

II.  Acides  fluides.  ..      i.3i  igS  287  . 

III.  Acides  visqueux.      iii>  202  277 

*Ces  cliifTi-es  sont  la  moyenne  d'une  série  de  déterminations. 

On  remarquera  que  le  poids  moléculaire  moyen  des  acides  visqueux  est 
relativement  faible;  cette  première  indication  ne  corrobore  point  l'hypo- 
thèse de  l'existence  de  l'acide  ricinoléique  (  poids  moléculaire,  298")  dans 
l'huile  de  pépins  de  raisin. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  de  nouveaux  dérkés  sulfonés  de  Voxindnl  et 
de  Visatine.  Note  de  MM.  J.  3Iartixet  et  O.  Dorxier,  transmise  par 
M.  A.  Haller. 

On  sait  qu'il  est  possible  d'obtenir  des  dérivés  indoliques  à  partir  de 
l'acide  phénylacétique  orlhonitré,  par  réduction  et  cyclisation.  Baeyer 
prépara  ainsi  l'oxindol  (').  La  matière  première  s'obtient  avec  de  très 
mauvais  rendements;  car  le  groupe  nitré  qui  entre  dans  le  noyau  benzé- 
nique  est  orienté  par  le  groupe  CH-  —  COOH  en  ortho,  mais  surtout  en 
para.  Par  ce  mode  de  formation  l'oxindol  est  donc  peu  accessible. 

Nous  avons  pensé  qu'en  occupant  la  position  para  par  un  autre  substi- 
tuant, puis  en  efîectuant  ensuite  la  nitration,  nous  pourrions  obtenir  plus 
facilement  un  dérivé  nitré  en  ortho  de  la  chaîne  latérale.  Ce  corps  réduit 

(')  \.  Baeyer,  Bciichle  der  deulsch.  Gcs.,  t.  11,  1878.  il  082;  t.  12,  1879,  p.  1764. 


l4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  cyclisé  conduirait  à  Foxindol  correspondant  dans  de  bonnes  conditions. 
Nous  avons  préparc  dans  ce  but  l'acide  phényiacélique  o-nitro-yj-sulfo- 
nique  ('). 

On  cliaude  an  Ijain-inarie,  pendant  i  heure,  los,.")  dacide  pliénylacétiiiue  et  jmB 
d'acide  sulfurique  à  66°  B.  A  basse  lempéraluie  on  ajoute  un  mélange  de  Cs,  .">  d'acide 
azotique  fumant  (D  ^  i,5i)  et  i3s,5  d'acide  sulfurique  à  66°B.  On  verse  la  raas>e 
ainsi  obtenue  dans  de  l'eau  salée;  au  bout  de  2]  heures  il  s'est  formé  un  abondant 
précipité  du  sel  de  sodium  de  l'acide  (/-nilro-/j-~ulfophénylacéti(|ue.  Il  se  présente 
après  plusieurs  cristallisations  sous  lornie  de  spliérolillies  blancs  a~>ez  soluble>  dan> 
l'éau. 

Ce  sel  i)osséde  encore  une  fonction  acide  libre  que  l'on  peut  titrer  en  présence  de 
phtaléine.  Son  sel  d'argent  est  insoluble  et  noircit  rapidement  à  la  lumière.  La  réduc- 
tion du  groupe  nitré  de  cet  acide  peut  s'eflTectuer  sous  l'inlluencede  divers  réducteurs, 
tels  que  le  zinc  ou  le  fer  et  l'acide  acétique,  l'hydrosulflte  de  soude.  Il  suffit  de  traiter 
la  solution  chaude  du  dérivé  sull'oniiré  par  l'hydrosulflte,  pour  obtenir  par  concen- 
tration et  refroidissement  un  précipité  du  sel  de  sodium  dé  l'acide  oxindol-('>-sulfo- 
nique,  soit  sous  forme  de  bâtonnets,  soit  sous  forme  de  paillettes  brillantes  inco- 
lores. Nous  avons  dès  lors  un  ovindol  facilement  accessible.  Nous  l'avons  transformé 
en  acide  isaline-fi-sulforvique,  qu'il  était  intéressant  de  comparer  à  son  isomère  sulfoné 
en  position  5,  étudié  dans  une  Communication  précédente  |  -  ). 

Traité  par  l'acide  nitreux.  l'oxindol-G-suifonique  donne  un  dérivé  isoni- 
Irosé  :  risatoxime-G-suH'onique.  Son  sel  de  sodium  forme  de  longues  aiguilles 
jaune  citron  solubles  dans  l'eau.  (Contrairement  àl'oxime  de  l'acide  isaline- 
5-sulfoniqtie,  celle  de  l'acide  isatine-6-sulfonique  donne  avec  la  poudre  de 
zinc  en  milieux  aqueux  une  coloration  pourpre  intense.  Cette  oxime  a  été 
transformée  en  amino-oxindol  par  réduction  au  chlorure  slanneux.  On 
obtient  une  combinaison  chlorostanniquc  (jui  se  présente  en  petits  cristaux 
blancs,  isolubies  dans  l'eau. 

Par  oxydation,  à  l'acétate  de  cuivie.  l'oxyde  roui^e  de  mercure  ou  le 
chlorure  ferrique,  elle  donne  l'acide  isatine-G-sulfonique.  Avec  l'acétate 
de  cuivre,  nous  avons  opéré  comme  il  suit  :  on  met  en  suspension  la  combi- 
naison stannique  de  l'amino-oxindol  dans  l'eau  bouillante;  on  y  ajoute  une 
solution  concentrée  d'acétale  de  cuivre,  immédiatement  la  solution  prend 
une  teinte  rouge  vif,  puis  jaunit,  et  l'oxydule  de  cuivre  précipite.  Par  addi- 
tion de  chlorure  de  potassium  à  la  solution  filtrée,  le  sel  de  l'acide  isatine 
sulfonique   cristallise.   Baeyer  avait    aussi   observé   une    coloration   rouge 

(')  Brevet  allemand  n"  289028. 

C)  .1.  M.MiTiNKT  et  O.  l>(i[iMi:ii,  Ci'iii/ites  reit</iis.  t.  172.  19^.1,  p.  3.îo. 


SÉANCE    DU   6   JUIN    192I.  1417 

fugace  dans  l'oxydation  de  ramino-oxindol  ordinaire  (').  Il  reste  à  en 
élucider  la  nature. 

Le  sel  de  potassium  de  cette  isatine  sulfonée  C'H'O-N,  SO'K,  H-O  est 
assez  soluble  dans  l'eau  et  donne  facilement  la  réaction  de  l'indophénine. 
Le  sel  de  baryum,  poudre  cristalline,  jaune  orangée,  cristallise  avec  une 
molécule  d'eau.  Ces  sels  monobasiques,  traités  par  les  alcalis,  donnent  une 
coloration  violette  intense  qui  passe  immédiatement  au  jaune  :  il  y  a  ouver- 
ture du  cycle  indolique  et  formation  de  sulfoisatales  alcalins.  Le  sel  diba- 
rytique  cristallise  en  aiguilles  jaune  pâle  avec  une  molécule  d'eau.  De  même 
que  les  sels  dibasiques  de  l'isaliue  sulfonée  5,  ceux  de  l'isatine  sulfonée  G 
se  cyclisenl  sous  l'inlluence  des  acides  minéraux,  lentement  à  froid,  el  rapi- 
dement à  chaud. 

Par  condensation  du  sol  de  potassium  de  cet  acide  sulfonique,  avec  l'in- 
doxylc,  en  milieu  acétique,  nous  avons  obtenu  l'indimbine  en  cristaux 
violacés.  Elle  possède  pour  les  fibres  animales,  qu'elle  leint  en  violet,  une 
grande  affinité.  Cette  même  indirubine  a  été  préparée  par  condensation  en 
milieu  hydro-alcoolique  de  l'pxindol-G-sulfonique  avec  l'a-anilide  de 
l'isatine.  Il  est  à  remarquer  que  la  couleur  de  cette  indirubine  est  moins 
profonde  que  celle  de  son  isomère  5  sulfoné. 

Le  sel  disodique  de  l'acide  isoindigo-tj.ô'-disulfonique  s'obtient,  en  ciis- 
taux  grenat,  par  condensation  des  sels  de  sodium  des  acides  oxindol  et 
isatine-6-sulfonique  en  milieu  aqueux,  en  présence  d'une  trace  d'acide 
sulfurique  concentré. 


CHIMIE  ORGAMQUE.  —  Préparation  (l''arnines  fhènolicjues  mixtes  secondaires 
et  tertiaires.  Noie  (-)  de  MM.  A.  Mailhe  et  F.  de  Godon,  transmise  par 
M.  Paul  Sabatier. 

Nous  avons  montré,  antérieurement  ('),  qu'il  était  possible  de  préparer 
d'une  manière  commode  et  simple  les  aminés  phénoliques  mixtes  secon- 
daires et  tertiaires  de  l'aniline  et  des  bases  homologues,  toluidines  et  xyll- 
dines,  ainsi  que  des  naphtylamines,  par  catalyse  de  ces  bases  en  présence 
d'alcool  méthylique. 

(')  A.  lliEYKR  et  Knoi'P,  Liebigs  Annalcn,  t.  IVO,  p.  3;. 

(-)  Séance  du  3p  mai  1921. 

(^)  A.  Mailhe  et  de  Gonox,  Comptes  rendus,  l.  IGG,  1918,  p.  467  et  ofi^. 


l/jlH  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Nous  nous  sommes  proposé  d'étendre  la  réaction  à  FélliyUnion  de  ces 
bases,  en  utilisant  comme  catalyseur  l'alumine  qui  était  chauffée  à  des 
températures  \oisines  de  35o''-38o°.  La  bonne  marche  de  la  réaction  était 
indiquée  encore  dans  ce  cas,  par  le  faible  dégagement  d'éthylène,  ce  qui 
indiquait  que  l'alcool  échappait  à  la  déshydratation  éthyiénique;  mais  il 
s'i'st  formé  copcndant  uni'  certaine  quantité  d'éther  ordinaire,  qui  a  pu 
être  isolé  dans  toutes  les  opérations  que  nous  allons  indiquer. 

Uaniline  a  été  mélangée  à  deux  fois  son  volume  d'alcool  ordinaire  à  gV'. 
Los  vapeurs  du  liquide  ainsi  obtenu,  dirigées  sur  l'alumine,  fournissent  un 
produit  qui  se  sépare  en  deux  couches  :  l'inférieure,  formée  d'eau-alcool  et 
d'oxyde  d'élhyle;  la  supérieure,  constituée  parmi  liquide  légèrement  jaune 
qui  a  été  soumis  à  la  rectification.  Après  enlèvement  de  léther,  le  thermo- 
mètre est  monté  tout  d'un  coup  à  iqS"  et  de  i()5"  à  204°,  il  distille  un 
mélange  d'aniline  non  transformée  et  de  base  éthylce.  Dès  que  le  liquide 
condensé  ne  donnait  plus  de  combinaison  solide  avec  l'acide  sulfuriquo 
dilué,  on  a  recueilli  les  bases  éthylées,  formées  par  un  mélange  de  monoélhvl- 
aniline  et  de  diéthylaniline.  C'est  surtout  la  base  secondaire  C'H^ÎNIl  C^H' 
qui  a  pris  naissance,  ainsi  que  le  montre  l'étude  de  la  nitrosation  du  pro- 
duit obtenu.  La  fraction  de  liquide  qui  a  distillé  entre  i95"-284"  a  été 
mélangée  à  une  nouvelle  quantité  d'alcool  ordinaire,  pour  subir  une 
nouvelle  action  du  catalyseur,  afin  d'éthyler  complètement  l'aniline. 

Celle-ci  n'a  été  transformée  d'une  manière  totale  en  aminé  secondaire 
mélangée  d'un  peu  d'aminé  tertiaire,  qu'après  trois  passages  sur  l'alumine. 
On  voit  que  la  formation  des  anilines  éthylées  est  hion  moins  aisée  (|ue 
celle  des  anilines  méihylées,  puisque  dans  les  inèines  conditions  et  avec 
moins  d'alcool  niéthylique,  nous  étions  arrivés  du  premier  coup  à  la  trans- 
lormation  inlégrale  de  l'aniline  en  mono  et  diméthylanilines. 

Les  Irois  tohddines  n'ont  pas  éprouvé  la  même  résistance  (jiie  l'aniline  à 
l'éthylation.  La  Iransl'ormation  en  un  mélange  de  monoinélliylloluidine  et 
de  diélhylloluidine  a  été  presque  complète  du  premier  coup.  Il  a  suffi  d'un 
second  passage  des  premières  fraclions,  mélangées  à  une  nouvelle  (pianlilé 
d'alcool,  pour  avoir  une  éthylaiion  totale  des  Irois  bases  primaires. 

Les  .rvlidines r,Q  sont  encore  mieux  comportées  que  les  toluidines  vis-à-vis 
de  l'alcool  ordinaire.  La  métaxylidine,  provenant  de  la  réduction  du  nitro- 
12-mélaxylène,  mélangée  à  deux  fois  son  volume  d'alcool,  a  fourni  sur  l'alu- 
mine un  liquide  catalysé  qui  s'est  séparé  en  deux  couches.  La  supérieure 
a  donné  après  dislillalion  un  mélange  à'él/iylmêlaxylidine  cl  de  diélliyl- 
nirld.iYlidiin',  hnuillant  de  216"  à  223".  L'orl/ioxylidine  et  la  pnraxylidirir 


SÉANCE    DU    6   JUIN    I921.  1419 

sont  éj^alcment  changées  en  bases  élhylées.  Un  seul  passage  du  mélange  de 
la  base  primaire  avec  deux  lois  son  volume  d'alcool,  sur  le  catalyseur,  a 
suffi  pour  la  faire  dis])araîlre  et  la  changer  totalement  en  un  mélange  de 
bases  monoéthylée  et  diéthylée. 

Les  naphtylamincs  a  et  fi,  mélangées  pour  les  dissoudre  complètement 
à  un  grand  excès  d'alcool  ordinaire,  l'ournissent  du  premier  coup  un 
mélange  à^étln'l  et  de  diètlivlnaphtylamines.  La  transiormalion  intégrale 
des  naphtylamincs  en  bases  éthylées  a  été  efîectuée  dans  un  seul  passage 
sur  le  catalyseur. 

Enfin  nous  avons  essayé  l'alcoylation  de  la  dipliènylami ne .  Celle  base 
secondaire  se  change  eu  présence  de  méthanol  en  mélhyldiphènylomine, 
(C'''H'*)-.\  .CH'',  bouillant  à  282°,  et  au  contact  d'alcool  éthylique,  en 
èthyldiphénylamine,  (C°H"^)- .  N  .  C-H*,  qui  bout  à  i%']°-i'6()".  Dans  chaque 
cas,  la  transformation  de  la  hase  primitive  en  aminé  tertiaire  a  été  totale. 

On  voit  que  notre  méthode  catalytique  de  préparation  des  aminés  phé- 
noliques  mixtes  secondaires  et  tertiaires  s'applique  facilement  à  la  prépa- 
ration des  bases  éthylées. 


.MLNÉRALOGIIC.  —   Sur  la  paliinénte  du  Vésuve  et  les  minéraux 
qui V accompagnent.  Note  (  ')  de  M.  F'ÉRRrccio  Zamhoxixi. 

Sous  le  nom  de  pabniérite,  M.  A.  Lacroix  a  décrit  en  ifjo'j  un  nouveau 
minéral  des  fumerolles  à  haute  température  de  l'éruption  vésuvienne 
commencée  le  G  avril  1906  :  il  constitue  de  petites  lamelles  à  contour 
hexagonal,  très  biréfringentes,  uniaxes  et  optiquement  négatives,  mais  la 
véritable  composition  et  la  forme  cristaline  de  ce  minéral  sont  encore 
imparfaitement  connues. 

En  effet,  de  l'analyse  faite  par  M.  Pisani,  sur  quelques  décigrammes  de 
matière,  M.  A.  Lacroix  a  conclu  (-)  comme  formule  probable  (K,  JNa)-  S0\ 
PbSO'ou  3  (K,  i\a)-S()''.  1  PbSO'  :  Grolh  a  admis  comme  probable  une 
autre  formule  (K,  Na)'^  SO'.  ■:>.  PbSO\  Or,  il  est  aisé  de  voir  que  si  l'analyse 
de  M.  Pisani  est  exacte,  la  seule  formule  que  l'on  puisse  en  déduire  est 
()  SO'.u'i  PbO.3  (Iv,  l\a)- O,  c'est-à-dire  que  la  palmiérile  serait  un  sel 
basique  :  la  quantité  trouvée  de  SO'  est  de  5,2  pour  loo  plus  petite  que 
celle  nécessaire  pour  former  avec  PbO,  Na-0  et  K'O  des  sulfates  neutres. 

('  )   Séance  du  ()  mai  i<)2i. 

(-)   Comptes  rendus,  t.  lii,  1907,  p.  iSg. 


l420  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

De  mon  côté,  j'ai  pu  mesurer  un  très  petit  cristal  de  palmiérite  isolé  dos 
matériaux  d'une  fumerolle  de  la  lave  de  1868,  dans  lesquels  A.  Scacchi 
avait  trouvé  une  quantité  notable  de  sulfate  de  plomb  :  mon  cristal  pré- 
sentait la  combinaison  de  la  base  avec  un  prisme  hexagonal  et  un  rhom- 
boèdre incliné  sur  la  base  de  55°,  ">.  Ce  rhomboèdre  est  très  voisin  de  celui 
que  l'on  prend  comme  fondamental  dans  l'aplithitalite,  et  je  fus  conduit 
à  penser  que  la  palmiérite  devait  posséder  des  relations  intimes  avec 
l'aphthitalite. 

J'ai  retrouvé  la  palmiérite  dans  des  échantillons  des  produits  formés 
récemment  sur  les  laves  des  petits  cônes  qui  s'élèvent  sur  le  fond  du 
cratère  du  Vésuve.  M.  Malladra,  qui  les  a  recueillis  le  8  juin  1919,  a 
bien  voulu  m'en  confier  l'étude. 

La  palmiérite  est  bienrhomboédrique,  comme  je  l'avais  trouvé  en  1910,  et 
ses  formes  cristallines  peuvent  être  rapportées  à  une  forme  primitive  très 
voisine  de  celle  de  l'aphtliitalite;  mais  on  obtient  des  symboles  un  peu  plus 
simples,  si  l'on  prend  pour  c  une  valeur  trois  fois  plus  grande,  c'est-à-dire 

<7  :  c  =:  I  :  3,761  (3f  =:  3,8d2  dans  l'iiplaliitalile  ). 

Dans  les 'deux  orientations,  les  formes  simples  observées  possèdent  les 
symboles  qui  suivent  : 

d' .  e-,  (I-.  jl.  f\  e-.  (■■>. 

(Jnentalion     de  j     ^^^^  -^       )  :$0:5o  1      IIOU;      ;  3032  ;      ,'3031;      ;  033:2  1 

I  aplillutalile.  \ 

ri -.0=1 -.3,-61.     0001:   |ioTo;   ;ioTa;    ;ioî3;   ]\oi-2:   ;ioTi;    ;oiT-2; 

A  l'exception  du  rhomboèdre yo,  tous  les  autres  déterminés  dans  la  palmié- 
rite ne  sont  pas  connus  dans  l'aphlliilalite.  ce  qui  montre  que  la  structure 
cristalline  des  deux  minéraux  est  différente  et  que  l'orientation  plus  vrai- 
semblable pour  la  palmiérite  est  celle  avec  0^3,761.  Avec  cette  orien- 
tation on  prend  comme  fondamental  un  rhomboèdre  de  ii5°7',  ce  qui  est 

très  rare  dans  les  substances  rhomboédriques.  La  combinaison  a' e'  de  la 
palmiérite  est  assez  voisine  d'un  octaèdre  régulier. 

Les  combinaisons  observées  dans  les  cristaux  de  palmiérite  sont  les  sui- 
vantes :  1°  a'  <r  ;  1°  a'  c'  ;  3°  a'  e'  e'  ;  4°  a' (i  i'^  '•,  5°  n'  c'-p.  Cette  dernière  a  été 
observée  dans  le  cristal  de  la  lave  de  1868  fjue  j'ai  décrit  en  1910  dans  ma 
Mineialogid  rc\ini(ina ;  ]cs  autres  ont  été  trouvées  dans  les  nouveaux  cris- 
taux de  1919.  Dans  ceux-ci,  la  combinaison  la  plus  fi-éqnentc  est  la 
deuxième. 


SÉANCE    DU    6   JUIN    I921.  ILill 

Les  cristaux  de  palmiéiite  sont  toujours  très  tabulaires  suivant  la  base; 
leur  épaisseur  souveiil  n'arrive  pas  à  ^^  de  millimètre.  Les  cristaux 
englobés  dans  raplitbitalite  sont  toujours  très  petits;  ceu\  que  l'on  trouve 
libres  très  faiblement  attachés  à  la  roche  sont  un  peu  plus  grands  et  ils 
forment  souvent  des  groupements  réguliers  très  élégants,  qui  ressemblent 
un  peu  à  ceux  de  la  glace,  et  qui  peuvent  même  mesurer  i '""',:")  à  2"""  dans 
leur  plus  grande  dimension.  Sur  les  faces  de  la  base,  l'éclat  est  un  peu 
nacré,  vitreux  sur  celles  des  rhomboèdres.  Les  mesures  sont  assez  bonnes. 

a'e-.  «'e\  a'ji.         a'a-.  a'c'.  e^e-. 

Ani^Ies  :  o      '  n      '  o      ■  <i     1  o      '  o     ' 

Mesurés.... 77.  2  G5.i^  55.3oenv.  4i-  5  65.25  37.41 

Calculés 77.  2  (35. 16  55.22  4^.59  65. 16  87.42 

Calculés  avec  lescoiisUnles 

de  raphtliitiilile 77-2^)  65.47  ^*'-  '^  4' -39  65.47  36.53 

La  palmiérite  nouvelle  est  o|)tiquement  uniaxe,  négative,  sans  anomalies. 
Par  la  méthode  de  l'immersion,  j'ai  trouvé  co  =  1,712  (pour  la  lumière  de 
sodium). 

La  palmiérite  est  décomposée  par  l'eau,  même  à  froid,  avec  une  très 
grande  rapidité.  Des  essais  chimiques  ont  montré  qu'elle  est  un  sulfate 
double  de  plomb  et  de  potassium,  avec  très  peu  de  sodium,  comme  l'avait 
déjà  fait  M.  A.  Lacroix,  en  s'appuyant  sur  une  ancienne  expérience  de 
Berlliicr;  j'ai  préparé  artificiellement  la  palmiérite  par  fusion;  j'ai  chaufié 
pendant  une  heure  à  1000''  un  mélange  de  5°  K-SO",  7^,5  PbSO% 
9S  Na^  SO'  et  laissé  refroidir  lentement  la  masse  fondue.  J'ai  obtenu  ainsi 
des  belles  lames,  quelquefois  à  contours  hexagonaux,  optiquement  uniaxes, 
négatives,  avec  co  =  1,71  (Na),  qu'il  est  aisé  d'isoler,  en  traitant  la  masse 
refroidie  avec  une  solution  de  K-SO'  au  2  pour  100,  et  en  lavant  ensuite 
les  lames  avec  une  solution  de  K'SO'  au  0,4  pour  100.  lùifin  les  lames 
furent  essuyées  entre  le  papier. 

L'analyse  de   ces  lames  a   donné  : 

SO'33,62.-     I^b047,48;     k-0  17,53;     Na-0i,3i.       Somme  =  99,94. 

Elles  répondent  à  la  formule  (K,Na  )-S0' .PbSO*,  puis([ue  l'analyse  donne 

se  :  l'hO  :  K-^0  -f-  Na-0  =  :>.  :  i,oi  :  0,98. 

La  palmiérite  représente  donc  le  composé  K-Pb(S()'')-,  dans  le(juel  une 
petite  partie  du  potassium  est  remplacée  par  le  sodium;  les  cristaux  artifi- 
ciels sont  formés  par  90  pour  100  Iv-Pb(SO')-  el  10  pour  100  Na-Pb(  SO^)-. 


l422  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Leur  densité  esl  4,5o;  leur  volume  inolêculaire  io5,/|,  assez  voisin  de  celui 
de  l'aphiliitiilile  (i^3).  En  dépil  de  ce  fait  et  des  remarquables  relalions 
crislailographiques  doni  nous  avons  parlé,  il  semble  que  l'aplilhilalile  et  la 
palmiérile  ne  donnent  pas  de  cristaux  mixtes. 

La  palniiérite  se  Irouve  dans  un  échaniillon  eng;lobé  dans  laphtliilalile 
blancbe.  qui  est  accompagnée  par  de  i'apbtliilalile  pluinbo-ciipiifère  (' )  el 
par  de  la  ferronatrile.  Ce  dernier  rninéial  n'avait  élé  rencoulié  au  Vésuve 
qu'en  i<)i 'i  par  M.  Washinglon.  Dans  un  aulre  échantillon,  la  palniiérite 
esl  accompagnée  par  de  l'hématile,  de  l'aplitliilallle,  des  mélanges  blancs, 
verdàtrcs  ou  un  peu  jaunâtres,  formés  en  bonne  pailie  par  de  la  sùlice, 
avec  des  sulfates  et,  très  peu  de  chlorures,  .l'y  ai  trouvé  aussi  la  jarosite, 
minéral  nouveau  pour  le  Vésuve.  iMifin  j'ai  encore  renconlié  la  palniiérite 
avec  l'euchlorine. 


GÉOLOGIE.  —  Le  litige  des  déplacements  de  lignes  de  rivage  devant  le 
phénomène  d' équidé formation.  ISote  de  M.  Ucmiecx,  présentée  par 
M.  IJourgeois. 

Lorsqu'il  s'agit  d'interpréter  les  déplacements  des  lignes  de  rivage, 
deux  doctrines  opposées  se  heurtent  :  l'une  veut  que  les  terres  restent 
immobiles  et  que  ce  soit  le  niveau  des  mers  qui  bouge,  l'autre  regarde 
celui-ci  comme  fixe  et  les  terres  comme  affectées  de  soulèvements  ou 
d'aflaisseinents.  Les  points  de  départ  de  l'une  et  de  l'autre  sont  arbitraires, 
car  l'observation  ne  peut  constater  que  des  déplacements  relatifs;  chacune, 
dans  ce  phénomène  à  deux  variables,  nie  a  priori  la  variabilité  que  l'autre 
admet.  De  plus.  Tune  comme  l'autre  attiibuenL  ces  propriétés  à  une  zone 
superficielle  dont  elles  laissent  l'amplitude  verticale  indéterminée,  et  sans 
se  préoccuper  de  ce  que  les  événements  morpbogéniqucs  dont  celte  zone 
est  le  siège  sont  en  liaison  nécessaire  avec  ce  qui  se  passe  au-dessous,  la 
mobilité  des  terres  avec  le  fait  de  la  déformation  générale  du  sphéroïde,  le 
niveau  de  l'océan  avec  la  conformation  que  celle-ci  donne  au  vase  océa- 
nique. 

(  '  )  .le  montrerai  dans  un  Mémoii'e  plus  détaillé  que  l'aplitliilalite  piumljo-cupiiféie, 
([ui  s'est  formée  aussi  au  Vésuve  en  1870  et  dans  queliiues  autres  occasions,  conslitue 
des  cristaux  liomogénes,  et  aussi  des  systèmes  disperses  solides.  Au-dessus  d'uue 
certaine  température,  ces  derniers  se  changent  en  cristaux  homogènes  :  pendant  le 
refroidissement,  on  observe  généralement  des  phénomènes  de  réarrangement,  mais 
il  peut  se  faire  qu'ils  arrivent  à  l'état  homogène  jusqu'à  la  temjièralure  ordinaire. 


SÉANCE    DU   6    Jl  h\     1921.  1/42J 

Le  principe  il^équidéformatiun  permet,  cl  permet  seul,  de  rapporler  les 
deux  variables  à  un  même  lernio  de  couiparaison  qui  soit  indépendanl  du 
pliénomèue  de  la  déformation,  à  savoir  la  surface  du  niveau  d'èrpiidéforma- 
tion.  Car  celle-ci  représente  à  toute  époque  ce  que  serait  devenu  l'équini- 
veau  lilhospliérique  original  s'il  avait  pu  se  contracter  uniformément  à  la 
demande  du  nouveau  rayon.  La  déformation  a  obvié  à  ce  qu'il  ne  le 
pouvait  pas,  en  faisant  passer  de  dessous  au-dessus  de  lui  une  certaine  por- 
tion de  la  matière  lithosphérique;  d'où  la  conception  morphologique  d'un 
déblai  et  d'un  remblai  équivolumes,  moyennant  substitution  de  la  notion 
de  volume  à  celle  de  masse  (').  Dès  lors,  ce  qu'on  observe,  c'est  la  diffé- 
rence algébrique  de  deux  déplacements  verticaux  absolus  rapportés  à  une 
origine  identique  dans  le  temps  :  déplacement  du  niveau  libre  des  mers, 
forcément  mondial;  déplacements  régionaux,  théoriquement  susceptibles 
d'être  mondialement  uniformes,  des  repères  continentaux  (lignes  de  rivage 
et  systèmes  de  terrasses  alluviales). 

Associé  à  rbypcjlhèse  inéluctable  de  la  constance  du  volume  des  mers, 
le  principe  d'équidéformation  veut  qu'acre  toute  variation  infiniment  petite 
du  niveau  marin  dans  un  sens  coexiste  une  variation  du  moyen  relief  (rapporté 
au  niveau  d'équidéformation)  en  sens  contraire,  et  réciproquement. 

Ainsi  tout  changement  de  forme  du  vase  océanique  a  poui'  effets  : 

1°  Suivant  ce  qu'il  est,  descente  (ou  montée)  absolue  mondiale  —  M  du 
niveau  libre; 

2°  Corrélativement,  montée  (ou  descente)  absolue  du  moyen  relief, 
assujettie  à  maintenir  l'égalité  des  volumes  déblai  et  remblai; 

3"  Suivant  la  façon  dont  il  infléchit  les  formes  déclives  du  bloc  remblai 
dans  ses  parties  basses  subaériennes  ou  néritiques,  déplacements  absolus 
régionaux  et  de  sens  non  nécessairement  uniformes  T',  T",  . . .  des  repères 
continentaux. 

Le  seul  moyen  d'arriver  à  connaître  les  valeurs  numériques  des  deux 
premiers  de  ces  effets  serait  de  construire  et  de  comparer  à  leur  niveau 
d'é([uidéformation  les  courbes  géhypsographiques  des  deux  époques.  C'est 
impossible  quant  au  passé,  quasi  impraticable  quant  à  l'avenir.  Force  est 
d'en  prendre  son  parti  :  tout  ce  dont  on  dispose,  ce  sont  les  résultats  d'ob- 
servation M  H-  T' ,  M  -+-  T",  .... 

(')  C'est  celle  substitution  d'une  équivalence  géométrique  à  une  équivalence 
cliimico-thermo-mécanique  qui  rend  le  problème  de  la  déformation  terrestre  abor- 
dable en  première  approximation  par  une  loi  simple  {Comptes  rendus,  23  juin  kjio 
et  14  février  1931). 


1^24 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


S'ils  ne  présentent  [las  une  valeur  numérique  uniforiuc,  c'est  que  T', 
T",  ...  sont  dilTérents;  et  celle  conslalation  suffit  à  prouver  la  réalité  Je 
déplacements  rcrlicaiix  relatifs  entre  les  voussoirs  régionaux. 

Si  M  -+-  T'  =  M  4-  T'  =  . . . ,  c'est-à-dire  si  l'observation  constate  que,  par 
i'\eniple,  les  systèmes  de  terrasses  sont  mondialement  parallèles,  c'est  que 
T',  T",  ...  ont  une  valeur  uniforme  ï.  Laquelle"?  Impossible  de  la  savoir, 
pas  plus  d'ailleurs  que  celle  de  M.  Supposer  nulle  soit  l'une,  soit  l'autre, 
comme  le  font  les  géologues,  est  purement  arbitraire.  Tout  ce  (|ui  est  licite 
de  conclure  des  observations,  c'est  l'uniformité  de  T.  Sa  possibilité 
esl-elle  susceptible  de  se  concevoir,  et  comment"? 

De  même  que  pour  éludier  l'évolution  du  dynamisme  terrestre  (Co/tip/rs 
rendus,  il\  février  1921),  transportons  sur  la  s])hère  le  schéma  géhypsogra- 
phique,  mais  cette  fois  sans  ré([uiniveler.  La  calotte  océani<|ue  ollie  le  profil 
d'une  sorte  de  gobelet  éi  bords  moins  renflés  que  la  sphère  d' écjuidè formation 
où  il  s'insère,  sur  lequel  la  calotte  continentale  repose  et  s'emboîte  à  la  façon 
d'un  couvercle.  Or  ce  couvercle,  sur  presque  toute  son  étendue,  sauf  au 


centre,  à  partir  de  la  crête  sous-marine  |  —  a,,  environ  :  voir  Comptes  rendus, 
ï\  juin  ("^  juillet)  191  3]  de  sa  paroi  plongeante,  épouse  de  très  prés  la  sphère 
du  niveati  libre  prolongée.  Ainsi  conformée  actuellement,  ce  schéma  montre 
que,  aux  temps  géologiques  récents,  toute  cause,  même  régionale,  de  con- 
traction du  gobelet,  a  dû,  en  vertu  du  principe  d'équidéformation,  tendre 
à  soulever  la  portion  tabulaire  du  couvercle  et,  ce,  pres(pic  parallèlement 
vu  sa  (piasi-sphéricité. 

Si  l'on  repasse  du  schéma  au  détail  di's  formes  réelles  (juil  intègre,   et 


SÉANCE    DU   6    jriN    I921.  l^lCi 

qu'on  réflécliisse  ([u'il  s'est  agi  d'absorber  un  surplus  de  volume  en  respec- 
tant la  suranipleur  corticale  survenue,  on  voit  que  d'un  point  à  l'autre  les 
variations  d'amplitude  d'un  tel  soulèvement  ont  dû  être  très  faibles,  sauf 
exceptions  régionales  :  car  pour  une  même  surampleur^  un  même  accrois- 
sement de  volume  comporte  des  déplacements  verticaux  d'autant  moindres 
que  le  rapport  de  l'ampleur  superficielle  à  la  dénivelée  correspondante  est 
plus  grand,  et  il  était  très  grand,  vu  la  conformation  tabulaire  d'ensemble, 

11  y  a  donc  lieu  de  s'attendre  à  ce  que  Ton  constate,  non  une  uniforniité 
mondiale  rigoureuse  de  T',  'V",  ...,  mais  plutôt  leur  presque  uniformité 
habituelle;  à  celle-ci  d'ailleurs  les  incertitudes  d'observation  pourraient 
donner  une  certaine  apparence  d'uniformité  réelle,  illusion  dont  divers 
épisodes  régionaux  ou  locaux  plus  intenses  du  phénomène  souligneraient 
probablement  par  places  le  caractère  véritable. 

La  méthode  géhypsographique  ne  peut  raisonner  que  sur  les  intégrales 
des  faits  concrets.  Mais  elle  doit  à  cela  des  facultés  de  généralisation  et  une 
puissance  d'abstraction  qui  la  font  propre  à  projeter  des  lumièies  et  à 
suggérer  des  directives.  La  fécondité  du  principe  d'équidéfonnation  suffi- 
rait à  le  prouver. 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Relie f  littoral  et  plateformes  fluviales. 
Note  de  M.  Jovax  Cvmu';,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Il  est  peu  de  régions  de  la  Terre  où  l'ancien  relief  littoral  soit  aussi  bien 
développé  et^onservé  qu'à  la  limite  méridionale  du  bassin  pannonicn.  Un 
certain  nombre  de  conditions  ont  favorisé  son  maintien. 

La  régression  des  mets  iiéogènes  n'a  pas  été  suivie  de  transgressions; 
donc,  le  relief  littoral  créé  par  les  régressions  successives  n'a  été  ni  anéanti 
ni  comblé  par  des  transgressions  ultérieures  et  leurs  sédimentations. 

Une  grande  partie  des  rivages  n'a  pas  été  alfeclée  par  des  mouvements, 
tectoniques  récents,  d'âge  pliocène  ou  diluvial,  susceptibles  de  bouleverser 
les  reliefs  littoraux  élaborés  antérieurement. 

Les  glaciers  quaternaires  n'ont  pas  atteint  le  niveau  du  relief  littoral 
comme  [)ar  exemple  sur  le  plateau  suisse  entre  Alpes  et  Jura. 

Cependant  le  relief  littoral  n'est  pas  également  conservé  dans  toutes  les 
portions  méridionales  du  bassin  pannonien.  C'est  dans  la  Serbie  d'avant  191 2 
qu'il  l'est  le  mieux.  Il  s'y  observe  de  la  gorge  de  Grdelica  (Morava  méri- 
dionale) au  sud  de  iNisch  jusqu'à  Belgrade,  sur  aôo'^'"  en  ligne  droite.  A 

C.  R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  17Î,  N°  23.)  Io5 


l/|26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'ouest  de  cette  ligne,  la  zone  qu'il  occupe  est  moins  large,  car  les  montagnes 
dinariques  se  rapprochent  de  la  plaine  pannonienne.  Néanmoins  elle 
atteint  iJo*""  de  largeur  entre  Cajetina  près  d'Uzice  et  Belgrade.  A  l'est 
de  la  Morava,  dans  toute  la  Serbie  orientale,  le  relief  lilloral  prédomine; 
ici,  dans  certains  anciens  bassins  lacustres  d'âge  pliocène,  il  est  aussi  intact 
que  si  le  lac  venait  de  se  retirer. 

Le  relief  littoral  est  aussi  développé  dans  la  Bulgarie  septentrionale  au 
nord  des  Balkans.  La  plateforme  dite  de  la  Bulgarie  du  Nord,  inclinée  des 
Balkans  vers  le  Danube,  oflVe  eu  l'espèce  l'exemple  d'une  série  de  terrasses 
d'abrasion  reliées  en  une  plateforme  sous  une  épaisseur  considérable  de 
lœss  à  certains  endroits.  Enfouies  dans  cette  couverture,  les  formes  du 
relief  littoral  sont  cachées  en  beaucoup  de  points. 

Il  est  hors  de  doute  que,  dans  la  plastique  do  la  Valachie  et  de  la  Mol- 
davie, le  relief  littoral  est  de  grande  importance  :  j'ai  vu  en  beaucoup 
d'endroits  de  Munténie  des  falaises  et  des  terrasses  d'abrasion. 

Cependant  à  l'ouest  de  la  Serbie,  quoique  les  couches  pliocènes  aient 
été  constatées  par-ci  par-lâ  presque  jusqu'à  Ogulin,  à  l'ouest  de  Zagreb, 
les  traits  du  relief  littoral  sont  beaucoup  moins  bien  conservés.  Déjà  le  long 
de  la  Drina,  au-dessous  de  Gucevo  près  de  Loznica,  les  terrasses  d'abrasion 
sont  fortement  inclinées  par  suite  de  mouvements  tectoniques.  Aux  environs 
de  Tuzla  en  Bosnie,  les  plissements  s'étendent  aux  couches  du  Levantin. 
En  Slavonie,  surtout  dans  le  bassin  de  Pozega  où  j'ai  cherché  les  traits  du 
relief  littoral,  les  couches  néogènes  les  plus  récentes  sont  redressées  presque 
verticalement.  Le  même  cas  se  présente  dans  les  couches  néiigènes  à  Jaska 
au-dessous  de  Plesevica  en  Croatie. 

Bien  que  j'aie  observé  le  relief  littoral  dans  toutes  les  régions  meiilionnées, 
j  el'ai  particulièrement  étudié  en  détail  en  partant  de  la  lisière  du  bassin 
pannonique  à  Belgrade  et  en  allant  vers  le  Sud  jusqu'aux  hautes  montagnes 
dinariques,  car  c'est  là  qu'il  est  le  mieux  conservé,  en  Chumadija  au  sens  le 
plus  large. 

L'objet  de  ces  études  était  : 

1°  D'identifier  les  séries  successives  du  relief  littoral,  les  anciennes  ter- 
rasses d'abrasion  et  les  anciens  rivages,  souvent  développés  en  forme  de 
falaises  ; 

2"  De  découvrir  les  relations  (|ui  existent  entre  chaque  groupe  de  formes 
littorales  et  les  formes  fluviales  corres|)i)ndaules  formées  en  même  temps  : 
plateformes  d'origine  fluviale,  phases  du  creusement  successif  des  vallées  et 
leurs  terrasses. 


SÉANCE    DU    6   JUIN    I921.  l427 

Les  reliefs  Uuoraux.  —  Dans  la  région  mentionnée  plus  haut,  on  constate 
huit  séries  de  reliefs  littoraux,  c'est-à-dire  de  terrasses  d'abrasion,  avec 
leurs  rivages  ou  falaises  qui  s'étendent  successivement  les  unes  au-dessus 
des  autres.  Elles  partent  de  l'altitude  absolue  de  1 10"'  à  120'°  à  Belgrade  et 
s'élèvent  jusqu'à  960"  au  sud  d'Uzice.  Je  les  ai  désignées  d'après  les  régions 
ou  les  lieux  où  elles  sont  le  plus  développées.  Ce  sont,  en  commençant  par 
la  plus  élevée  : 

k.  Plateforme  de  Mackat,  au-de?sii'<  d'Uzice  à  environ  960'". 

B.  Plateforme  de  Vlelaljka  entre  Uzice  el  Kosjeric  à  780'". 

C.  Plateforme  de  Brezovac,  d'après  le  village  de  Brezovac  au-dessus  de  Vencac,  au 
centre  de  la  Sumadija,  à  environ  600"'. 

D.  Plateforme  de  Kacer,  d'après  la  région  de  Kacer  à  4i""'"420™. 

h;.  Plateforme  de  Bipaiij,  d'après  le  village  de  Ripanj  à  20'"°  ou  vi^'^  de  Belgrade, 
à  3  i()°'-33o™. 

F.  Plateforme  de  Pinosava,  d'après  le  village  de  Pinosava  près  de  Belgrade  à  ■.310'"- 
3:|0"'. 

G.  Plateforme  de  Belgrade,  développée  sur  la  croupe  entre  Save  et  Danube;  la 
limite  inférieure  de  cette  terrasse  d'abrasion  est  à  la  hauteur  de  120"  à  140"'.  Au-dessous 
d'elle  on  remarque  une  rupture  de  pente  qui  correspond  au  rivage  à  la  hauteur  de 
1 10"  à  120™,  stade  dit  de  Biilbul  Dere  (  H.  ). 

L'examen  des  détails  a  permis  d'établir  que  ces  sept  ou  huit  plateformes 
ne  sont  autre  chose  que  des  terrasses  d'abrasion  de  la  mer  ou  des  lacs  panno- 
niens  d'âge  pliocène  qui  se  sont  retirés  en  huit  temps  et  ont  marqué  leur  em- 
preinte par  des  traits  de  relief  littoral. 

Voici  les  caractères  principaux  de  ces  plateforuies  : 

Elles  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  des  ruptures  de  pente  douce  ou 
par  des  abrupts  qui  en  beaucoup  d'endroits  ont  la  forme  de  falaises.  Près  de 
Belgrade,  les  rivages  sont  tranchés  dans  les  calcaires  crétacés  ou  dans  les 
calcaires  de  Leitha  et  du  Sarmatien.  Ils  sont  clairement  indiqués.  Sur  les 
rivages  se  trouvent  des  cailloutis  et  des  graviers  littoraux;  en  s'éloigfiant  de 
la  côte  commencent  les  argiles  du  Pontien,  les  marnes  et  les  sables. 

Dans  toute  la  région  ces  rivages  et  falaises  sont  perpendiculaires  au  cours 
des  rivières,  donc  sans  aucune  relation  avec  l'érosion  fluviale. 

Les  terrasses  d'abrasion  sont  souvent  recouvertes  de  sédiments  avec  fossiles 
du  Pontien.  C'est  en  parliculier  le  cas  au  centre  de  la  Sumadija  entre  Kra- 
gujevac  et  Gorni  Milanovac, 

C'est  donc  une  région  typique  de  relief  fossile  lacustre  et  marin. 


1428  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PAI.ÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Découverte  d' une  flore  wealdienne  dans  les 
environs  dWvesnes  (Nord).  Note  de  M.  A.  Cakpextier,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

Au  sad-est  d'Avesnes  (Nord),  Jules  Gosselet  a  indiqué  sur  la  carte  géo- 
logique, feuille  de  Rocroi,  des  aflleuremeiits  de  sables  et  d'argiles  (Aachénieii, 
Civ).  En  l'absence  de  fossiles  il  était  impossible  d'en  préciser  l'âge.  Deux 
exploitations,  entreprises  pour  extraire  des  sables  el  des  argiles  à  poteries, 
nous  ont  fourni  récemment  une  série  d'empreintes  végétales  en  bon  état  de 
conservation. 

L'un  de  ces  gisements  est  situé  au  flanc  de  la  butte  de  Monifaux,  à  l'ouest 
du  territoire  de  Glageon.  On  y  a  découvert,  sous  une  couclie  d'argile  glau- 
conieuse  de  0",  75,  environ  6"  de  sables  et  grès  quarizeux  ferrugineux 
avec  lits  minces  d'argiles  à  slralificalion  entre-croisée.  L'autre  gisement  se 
trouve  près  la  halle  de  Féron-Glageoii,  au  lieudit  «  la  Tape-Jean  »  ;  c'est 
une  poche  dans  le  calcaire  frasnien.  Au-dessus  de  quelques  mètres  de  sables, 
de  grès  ferrugineux  avec  passages  argileux,  on  exploite  actuellement  de  la 
terre  à  poteries  sous  une  épaisseur  de  i"\8o;  plusieurs  lits  sont  fossilifères. 
Les  grès  ferrugineux  contiennent  aussi  par  places  des  déliris  végétaux. 

La  flore  est  en  majeure  partie  constituée  par  des  Fougères  el  des  Gymno- 
spermes : 

FiLiCALES  ET  PLANTES  FiLicoïDES  :  Sagenopleris  MantelU  (Dunker);  Sphenopleris 
Cor(^a«  Sclienli,  rare;  Gleichenites  sp.,  fertile,  commun;  Hausmannia  dicliolomn 
Dunker,  rare  ;  Weichselin  Manicl/i  (Hrongl.)  Seward  ('  ),  assez  rare;  cf.  Tœniopleris 
nov.  sp. 

GiNK(iOALES  :  GiiiAgoites  pliuipiirlila  {Schim^er)Se\\aid.  assez  rare  (');  fragments 
d'inllorescences  mâles. 

CoNiFERALES  :  Splicnolepidiii m  Kurrianiim  (Dunker)  Seward,  commun  (^);  Ela- 
tides  cun.if()lia  (Dunk.)  Seward  ;  tous  deux  fertiles. 

Il  faudra  ajouter  à  celte  liste  plusieurs  Fougères  à  l'étude,  des  organes 
isolés  (feuilles,  écailles,  cônes  de  Cycadnles  ou  de  Coni/erales),  dont  l'attri- 
bution reste  à  déterminer. 


(')  A.-C.  Seward,  CaCaloguc  nf  Ihe  nicsozoic  plants  in  ihc  lirilish  Musci/ni  (Tht 
Wealden  Flora,  I,  191^!  P-  l'-'i)- 
(^)  A.-C.    Shward,  f'ossil  planls,  vol.  4,  1919,  p-  27. 
(')  A.-C.  Sevvakd,  Fossil  plants,  vol.  4,  1919,  p.  364- 


SÉANCE    DU    6    JUIN    192I.  lf\2() 

Parmi  nos  empreintes,  celles  de  Gleicheniles  et  de  Sp/ienolepidium  sont 
les  plus  abondantes.  Les  quelques  folioles,  trouvées  jusqu'ici,  du  Weicliselia 
Mantclli  paraissent  avoir  été  tlottées  et  amenées  d'une  localité  plus  lointaine 
que  les  i'rondes  de  Gleicheniles . 

Conclusions.  —  La  flore  recueillie  à  Féron-Glageon  est  d'âge  wealdien, 
car  elle  ofl're  plusieurs  des  espèces  caractéristiques  des  dépôts  wealdiens 
d'Europe,  d'après  les  études  de  M.  Seward. 

La  fréquence  de  certains  Coniferahs  et  des  Fougères  est  un  trait  commun 
de  cette  flore  et  de  la  flore  wealdienne  de  l'Allemagne  du  Nord,  que  Schenk 
a  bien  fait  connaître  (').  La  prédominance  des  Fougères  la  rapproche  de  la 
flore  de  Bernissart  (Belgique),  analysée  par  MM.  Bommer  et  Seward  (-). 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  systèmes  nuageux. 
Note  de  M.  Ph.  Schereschewskv,  présentée  par  M.  R.  Bourgeois. 

L'étude  des  aspects  du  ciel  nous  a  conduit  à  envisager  une  notion  nouvelle 
qui  est  celle  des  «  systèmes  nuageux  ». 

On  a  cherché  pendant  longtemps  à  rattacher  les  divers  aspects  du  ciel  aux 
particularités  topographiques  des  cartes  d'isobares.  Ces  eff'orts  ont  été 
vains.  En  réalité,  il  faut  commencer  par  étudier  les  rapports  des  nuages 
entre  eux,  rapports  des  nuages  existant  à  un  même  instant  dans  tout  l'es- 
pace, et  rapports  des  nuages  se  succédant  dans  le  temps  en  un  même  lieu. 
On  n'envisagera  qu'ensuite  les  relations  des  nuages  avec  la  pression  atmo- 
sphérique. Encore  faut-il  se  garder  de  rapporter  exclusivement  comme  on 
l'a  fait  les  nuages  aux  formes  isobariques. 

1°  Moyens  d'étude.  —  Il  a  été  nécessaire  de  perfectionner  l'instrument 
d'étude  des  aspects  du  ciel. 

a.  Le  réseau  international  des  stations  d'observation  d'avant-guerre  était 
beaucoup  trop  espacé.  Ses  mailles  laissaient  échapper  des  phénomènes 
caractéristiques  de  l'évolution  nuageuse  et  ne  saisissaient  qu'un  aspect,  le 
plus  souvent  grossier  et  trompeur.  11  a  fallu  d'une  manière  générale  tripler 
ou  quadrupler  le  nombre  des  stations  d'observations.  L'expérience  nous  a 
conduit  à  prendre  au  moins  une  station  pour  i5ooo'"°\ 

(')  A..  Schenk,  Bei/ragc  ziir  Flora  der  VoïKvelt  {J'aUcoiilogiapInca,  t.  19, 66  pages, 
22  planches). 

(^)  A.-C.  Seward.  La  flore  svealdienne  de  Bernissart  {Mém.  Musée  Royal  Hisl. 
JVat.  de  Belgique,  t.  1,  1900,  33  pages  4  planches).  —  C.  Bommer,  Contribution  à 
l'étude  du  genre  Weichselia  {Bull.  Soc.  Boy.   Bot.  Belg.,  t.  W,  1910,  p.  296). 


l43o  ACAIJÉMIE    DES    SCIENCES. 

h.  I^a  classificHtion  internalionale  créée  il  y  a  un  quart  de  siècle  est 
devenue  1res  insuffisfiute,  tant  au  point  de  vue  théorique  qu'au  point  do 
vue  pratique.  Il  a  fallu  en  augmenter  iH  en  modifier  les  termes.  Un  tel 
travail  sera  naturellement  sujet  à  une  révision  constante  au  fur  et  à  mesure 
que  se  perfectionnera  l'étude  des  nuages. 

2°  Définition  des  systèmes  nuagcii.v.  —  l^'étude  du  ciel  se  fait  au  moyen 
des  cartes  de  nébulosité  dont  on  complète  les  indications  par  un  examen 
minutieux  du  ciel  dans  une  station  centrale.  Les  cartes  de  nébulosité 
s'obtiennent  en  traçant  d'abord,  à  l'emplacement  de  chaque  station,  un 
signe  conventionnel  représentant  l'état  du  ciel  et  les  groupant  ensuite 
dans  des  courbes  spéciales. 

Sur  des  cartes  de  nébulosité  à  réseau  serré  on  peut  faire  les  remarques 
suivantes  : 

I^es  aspects  du  ciel  dans  des  lieux  voisins  ne  sont  |)as  indépendants.  Par 
exemple,  les  points  où  il  tombe  simultanément  de  la  pluie  (et  sous  ce  terme 
il  faut  se  garder  de  comprendre  les  averses  ou  les  bruines)  couvrent  des 
aires  géographiques  de  forme  généralement  allongée.  De  plus,  ces  zones 
de  pluie  sont  bordées  d'un  côté  par  une  bande  assez  étroite  où  le  ciel  est 
couvert  mais  élevé;  de  l'autre,  elles  touchent  à  une  région  étendue  où 
l'aspect  du  ciel  est  très  varié  :  les  averses  et  les  lambeaux  de  ciel  couvert 
y  voisinent  avec  des  éclaircies  où  la  visibilité  est  excellente.  A  l'une  des 
extrémités  de  l'aire  pluvieuse  on  trouve  des  nuages  plus  bas,  peu  pluvieux 
et  accompagnés  de  brume. 

Si  la  carte  synoptique  figure  une  portion  assez  vaste  de  terre,  on  peut 
retrouvera  quelque  distance  des  ensembles  analogues  de  zones  pluvieuses 
précédées  par  des  portions  de  ciel  élevé  et  suivies  par  un  ciel  bigarré. 

En  examinant  une  carte  de  nébulosité  tracée  quelques  heures  plus  tard, 
on  retrouve  les  mêmes  ensembles,  lueurs  parties  occupent  les  mêmes  posi- 
tions relatives,  mais  le  système  complexe  qu'elles  constituent  a  subi  géné- 
ralement un  déplacement  d'ensemble.  On  est  ainsi  amené  à  attribuer  une 
individualité  à  ces  entités  constituées  par  les  ensembles  de  ciel  couvert,  de 
pluie  et  de  ciel  bigarré.  Elles  font  partie  de  celles  que  nous  désignons  sous 
le  nom  de  systèmes  nuageux. 

Une  étude  plus  détaillée  montre  qu'il  existe  un  autre  type  de  système 
nuageux.  Il  se  compose  de  diverses  variétés  de  ciel  couvert  et  reste  presque 
immobile.  Déplus,  on  peut  observer  la  transformation  des  systèmes  mobiles 
en  systèmes  fixes. 

En  résumé,  si  l'on  envisage  les  étals  nuageux  obserAés  à  un  même  instant 
dans  toutes  les  stations  européennes,  on  peut  y  constituer  un  petit  nombre 


SÉANCE    DU    6    lUIN    192I.  14^1 

d'ensembles  dits  syslémes  nuageux  :  hyslèmes  mobiles,  systèmes  fixes  ou 
types  de  transition.  Dans  les  intervalles  de  ces  systèmes,  le  ciel  est  soit  pur, 
soit  traversé  de  cirrus  ou  de  cumulus  de  beau  temps.  Nous  allons  indiquer 
maintenant,  très  sommairement,  les  propriétés  des  systèmes  nuageux. 

3°  Description  générale.  —  Un  système  nuageux  mobile  comprend  une 
nappe  généralement  allongée  d'altitude  moyenne  (alto-stratus) qui  se  meut 
perpendiculairement  à  l'allongement.  Des  cirrus  et  cirro-stratus  ta  pré- 
cèdent. Des  lambeaux  d'alto-stratus  la  suivent.  Des  fracto-cumulus  et  des 
fracto-nimbus  courent  au-dessus  d'elle.  Les  lambeaux  d'alto-stralus 
dominent  souvent  des  cumulo-nimbus.  Des  strato-cumulus  et  des  cumulus 
bourgeonnants  suivent  ces  lambeaux. 

Les  systèmes  fixes  sont  plus  symétriques  :  ils  se  composent  d'un  ciel  cou- 
vert bas  au  centre,  couvert  haut  sur  les  bords. 

4°  Aspects  successifs  du  ciel  en  an  même  point .  —  Si  les  systèmes  nuageux 
mobiles  passent  au-dessus  d'une  station,  on  y  observera  successivement  leurs 
différentes  parties  et  l'histoire  du  ciel  dans  la  station  sera  pour  ainsi  dire  la 
coupe  dans  le  temps  des  systèmes  qui  auront  passé  au  zénith.  Ces  observa- 
tions locales  sont  à  l'étude  des  systèmes  ce  que  la  courbe  du  baromètre  en 
une  station  est  à  l'étude  des  cartes  d'isobares.  Bien  que  très  insuffisantes  elles 
ne  sont  pas  sans  intérêt  et  elles  ont  conduit  à  la  notion  de  succession  nua- 
geuse, cas  très  particulier  du  concept  que  nous  exposons  ici. 

5"  Les  différents  types  de  systèmes  nuageux.  —  Nous  distinguons  des 
variétés  de  systèmes  mobiles  d'après  la  nature  de  leurs  nuages  d'altitude 
moyenne.  Chacun  d'eux  se  rattache  à  un  trait  caractéristique  de  la  climato- 
logie de  la  France.  Ce  sont  :  les  systèmes  dépressionnaires,  les  systèmes 
à  alto-cumulus,  les  systèmes  orageux. 

Le  premier  type,  correspond  aux  grandes  tempêtes,  le  deuxième  corres- 
pond au  temps  brumeux  et  le  dernier  aux  orages.  On  observe  naturelle- 
ment des  types  de  transition. 

G"  En  résumé.,  les  nombreux  états  du  ciel  observés  à  un  même  instant  sur 
une  vaste  étendue  géographique  se  groupent  autour  d'un  petit  nombre 
d'entités  dites  systèmes  nuageux;  ces  systèmes  nuageux  doivent  constituer 
un  concept  nouveau  et  essentiel  de  la  météorologie  dynamique.  Dans  l'in- 
tervalle de  ces  systèmes  on  ne  rencontre  d'autres  nuages  que  quelques 
cirrus  errants  et  des  cumulus  de  beau  temps. 


l432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉTÉOROLOGli: .  —  Influence  du  relief  et  de  l èchaulJetnenl  du  sol 
sur  les  renls  de  surface.  Note  de  M.  Octave  Menuel,  présentée  par 
M.  R.  Bourgeois. 

La  Note  de  M.  Guilberl  (')  sur  le  rùle  exclusif  an  vent  de  surface  dans 
la  commande  des  variations  de  la  pression  barométrique,  rôle  dont  je  ne 
conteste  pas  la  valeur,  m'incite  à  formuler  quelques  réserves  sur  l'emploi  du 
complexe  dénommé  rent  de  surface. 

J'attirerai  spécialement  l'attention  sur  le  régime  de  ce  vent  dans'lrois  sta- 
tions de  l'extrémité  orientale  des  Pyrénées  :  Perpignan  (Sa"),  Saint- 
Féliu-de-Guiscols  (20'")  et  Mont-Louis  (iGoo'").  Les  deux  premières 
situées  sur  le  littoral,  de  part  et  d'autre  de  la  chaîne,  se  trouvent  englobées 
dans  la  même  zone  de  variations  barométriques,  en  tant  que  soumises  au 
même  régime  de  hautes  pressions,  continentales  en  hiver  et  maritimes  en 
été,  avec  régime  de  transition,  également  accusé  pour  l'une  et  pour  l'autre, 
en  automne  et  au  printemps.  La  station  de  Mont-Louis  (M.  Cave)  placée 
dans  l'axe  même  de  la  chaîne  n'est  pas  suffisamment  éloignée  des  deux 
autres  pour  qu'on  puisse  la  regarder  comme  soumise  à  un  régime  général 
notablement  dilTérenl. 

Or,  je  viens,  par  un  calcul  de  moyennes  portant  sur  les  vingt  dernières 
années,  pour  les  deux  stations  françaises,  et  en  m'aidant  des  nombres 
donnés  par  M.  Patscot  pour  la  station  espagnole,  de  dresser  sur  une  carte 
de  la  région,  un  graphique  permettant  la  comparaison  immédiate  du  régime 
et  de  l'amplitude  des  variations  diurne  et  saisonnière  de  la  direction  du  vent 
(le  seul  facteur  que  je  considère  ici)  dans  les  trois  stations. 

Le  graphique  de  Mont-Louis  révèle  deux  particularités  curitMises.  D'une 
part,  la  rotation  saisonnière  du  vent  de  midi  dans  le  sens  des  aiguilles  d'une 
montre,  d'autre  part  la  rotation  diurne  du  vent  d'été  en  sens  contraire  du 
déplacement  du  Soleil  :  le  matin  il  souffle  de  l'W  (remontant  la  vallée  du 
Sègre);  à  midi  du  SE  (remontant  la  vallée  de  la  Tet);  le  soir  du  N-NE 
(remontant  la  haute  vallée,  vallée  de  l'Aude). 

L'influence  de  la  lopogiaphie  et  de  l'exposition  est  ici  de  toute  é\  idence. 

Elle  peut  tout  aussi  bien  donner  les  raisons  des  autres  particularités  sui- 
vantes. Dans  les  trois  stations,  le  vent  du  matin  a  une  direction  d'entre 

(')  Comptes  renn'i/s,  I.  172,  1921,  p.  à'i". 


SÉANCE    DU    6    JUIN    I921.  l433 

W  \\\  à  N\\  .  Celui  du  uillleu  du  jour  est  [)ar  conlre  notablement  did'érent 
comme  régime  et  direction,  et  c'est  là  un  des  résultats  les  plus  instructifs  de 
cette  petite  étude.  Au\  stations  de  plaine,  les  directions  sont  sensiblement 
symétriques  par  rapport  à  Taxe  de  la  chaîne  :  N  à  NE  à  IVrpignan,  S 
à  SK  à  Saint-Féliu-de-(iuiscols;  fait  que  la  pratique  de  la  navigation  à 
voile,  au  droit  du  cap  de  Creus,  a  dévoilé  depuis  longtemps  aux  marins. 

Les  aéronautes  ont  déjà  dû  s'apercevoir  également  de  cette  particularité; 
et  qui  sait  si  les  récents  naufrages  de  l'air  qui  se  sont  produits  au  passage 
de  l'extrémité  de  la  chaîne  ne  seraient,  en  partie,  imputables  aux  tour- 
billons locaux  qui  résultent  de  la  transition  plus  ou  moins  brusque  entre 
ces  doux  régimes?  H  y  aura  lieu  d'en  tenir  compte  dans  la  discussion  du 
projet  du  camp  d'aviation  des  Pyrénées-Orientales.  Dans  tous  les  cas 
l'exploration  de  l'atmosphère  par  des  sondages  aériens  s'impose  au-dessus 
des  Albères,  du  col  du  Perthus  au  cap  de  Creus. 

A  Perpignan  le  vent  du  soir,  comme  celui  de  la  nuit  et  du  matin,  souflle 
du  NW.  A  Saint-Féliu,  il  rétrograde  simplement  vers  l'W  par  rapport  à 
celui  du  milieu  du  jour,  pour  sauter  pendant  la  nuit  au  N-NW .  A  Mont- 
Louis  il  se  trouve  directement  opposé  à  celui  de  Saint-Féliu. 

Conclusions.  —  De  l'aperçu  qui  précède  il  semble  résulter  qu'en  un  lieu 
donné  le  vent  de  surface,  qu'on  peut  dénommer  le  vent  géographique,  est  la 
résultante  de  deux  composantes  :  l'une  dépendant  de  la  position  relative 
des  aires  de  hautes  et  basses  pressions  par  rapport  à  la  station,  c'est  le  vent 
barométrique  ;  l'autre  intimement  liée  à  la  topographie,  c'est  le  i^ent  topo- 
graphique (brise,  vent  de  vallée,  etc.).  La  première  seule  de  ces  compo- 
santes, à  mon  sens,  est  à  utiliser  dans  l'application  des  règles  de  M.  Guil- 
bert,  principalement  pour  ce  qui  regarde  la  considération  des  vents  conver- 
gents ou  divergents.  Dans  les  régions  à  topographie  offrant  de  grands 
contrastes  d'altitude,  d'exposition  et  d'échaulTement,  l'influence  de  la 
composante  topographique  est  prédominante.  C'est  le  contraire  dans  les 
régions  continentales  de  moyenne  altitude  où  le  vent  barométrique,  deve- 
nant prépondérant,  et  par  suite  sensiblement  égal  au  vent  de  surface,  peut 
théoriquement  et  pratiquement,  conduire  à  la  prévision  du  mouvement 
de  l'atmosphère.  Dans  les  stations  maritimes  ou  montagneuses,  voisines 
d'un  relief  profondément  sculpté,  de  l'observation  du  veut  de  surface, 
il  faudrait  pouvoir  déduire  de  règles  locales  établies  au  préalable  la 
direction  et  la  force  du  vent  topographique.  Il  serait  alors  possible  de 
remonter  à  la  valeur  du  vent  barométrique  :  d'où  prévision  réalisable 
par  la  méthode  Guilbert. 


l434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Bien  que  la  prévision  par  Texanien  de  révolution  des  noyaux  de  varia- 
tion ou  par  la  méthode  toute  récente  du  Bureau  météorologique  militaire 
soit  d'application  plus  facile,  parce  qu'elle  est  plus  rationnelle  pour  notre 
région  pyrénéenne,  je  vais  essayer  cependant  de  dégager  du  vent  géogra- 
phique à  Perpignan,  la  composante  topographique.  Ce  sera  peut-être  de 
quelque  intérêt  pour  la  navigation  aérienne. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  méthode  permettant  F  application,  aux 
végétaux,  du  procédé  biochimique  de  recherche  du  glucose.  Note  de 
MM.  M.  Bridei.  et  R.  Arnold,  présentée  par  M.  L.  Guignard. 

Le  procédé  biochimique  de  recherche  et  de  caractérisation  du  glucose  a 
été  appliqué  pour  la  première  l'ois,  en  1920,  par  Bourquelot  et  Bridei  ('). 

Il  est  basé  sur  la  propriété  que  possède  l'émulsine  de  combiner,  en  solu- 
tion alcoolique,  le  glucose  à  l'alcool  qui  le  tient  en  dissolution.  .lusquici,  ce 
procédé  n'a  été  utilisé  que  pour  caractéi-iser  le  glucose  dans  des  mélanges 
peu  complexes.  Le  but  de  notre  travail  a  été  de  trouver  une  méthode 
permettant  de  l'appliquei' aux  végétaux.  Après  de  nombreux  essais,  nous 
sommes  arrivés  à  une  méthode  qui  nous  a  donné  satisfaction  et  qui  est  la 
suivante  : 

On  doit  irailer  d'abord  la  plante  à  essayer  par  l'alcool  boiiiilanl  afin  de  détruire  les 
ferments  et  de  fixer  sa  coniposilion.  L'extrait  alcoolique  ainsi  obtenu  est  dissous  dans 
un  volume  déterminé  d'eau  distillée  et  la  solution  aqueuse  est  déféquée  complètement 
à  l'extrait  de  Saturne.  On  essore  et  l'on  précipite  le  plomb  dans  le  liquide  par  l'hydro- 
gène sulfuré.  Le  liquide,  débarrassé  du  sulfure  de  plomb,  est  évaporé  à  sec,  sous 
pression  réduite,  sans  dépasser  -1- 5o",  afin  d'éviter  l'action  h jdroivsanle  de  l'acide 
acétique  sur  les  principes  de  l'extrait.  On  épuise  cet  extrait  par  l'éther  acétique 
liydralé  qui  élimine  un  certain  nombre  de  produits  pouvant  entraver,  par  la  ~iiite, 
l'action  de  l'émulsine  ou  pouvant  même  fausser  les  résultats  (glucosides). 

L'extrait  épuisé  par  l'éther  acétique  est  traité,  à  plusieurs  reprises,  à  l'ébullilion, 
par  l'alcool  à  gS"^.  On  doit  suivre  la  dissolution  des  principes  réducteuis  dans  l'alcool 
en  opérant  des  dosages  dans  chaque  liquide  alcoolique.  Généralement,  les  sucres 
passent  dans  le  premier  traitement  et  l'on  peut  limiter  à  trois  le  nond>re  des  reprises 
par  l'alcool  à  gS'.  Il  reste,  néanmoins,  loujouis  un  peu  de  produits  réducteurs  dans 
l'extrait. 

Les  liqueurs  alcooliques  réunies  sont  distillées  à  sec,  sous  pression  réduite,  eu 
présence  de  carbonate  de  calcium.  L'extrait  obtenu  est  repris,  à  froid,  par  l'alcool 

(')  Recherche  et  car actérisalion  du  glucose  dans  les  vëgétau.r,  par  un  procédé 
biiichiinique  nouveau  {Comptes  rendus,  l.  170,  1920,  p.  63i  ). 


SÉANCE   DU   h   Jll.X    1921.  l435 

iiiéllivliqiie  à  .')o  pniii-  loo,  Cil  poids,  en  t|iiiintilé--  variables  siii\aiiL  la  [noporlion  de 
produits  réducteurs  ayant  passé  dans  l'alcool.  Après  liltration,  le  liquide  est  prêt  pour 
l'essai.  On  y  dose  les  sucres  réducteurs  et  l'on  y  ajoute  de  l'émulsine  dans  la  propor- 
tion de  oK,5o  pour  100'''"'.  On  abandonne  le  mélange  vers  -|-  20°,  et  on  l'agile  au 
moins  une  fois  par  jour. 

Tous  les  dix  jours,  on  dose  de  nouveau  les  sucres  réducteurs.  S'il  y  a  du 
glucose  en  solution,  on  constate  une  diminution  progressive  de  la  quantité 
des  sucres  réducteurs;  puis  cette  diminution  cesse.  Cet  arrêt  de  la  réaction 
n'implique  pas  forcément  que  l'équilibre  est  atteint.  Il  faut  avoir  recours  à 
plusieurs  vérifications  : 

1°  Renouvellement  du  ferment;  2°  essai  du  ferment  ayant  agi;  3°  addi- 
tion de  glucose. 

1"  Renouvellement  du  ferment.  —  On  enlève,  par  filtration,  l'émulsine 
ayant  agi  dans  le  liquide  et  l'on  remet  une  dose  d'émulsine  fraîche.  Quand 
le  renouvellement  du  ferment  n'amène  aucun  changement  dans  la  quantité 
des  sucres  réducteurs,  c'est  que  l'équilibre  est  atteint.  Généralement,  on 
constate  que  ce  renouvellement  provoque  une  reprise  de  la  réaction,  mais 
peu  marquée  et  de  peu  de  durée. 

Cette  seconde  addition  de  ferment  suffit  pour  atteindre  l'équilibre. 
Toutefois,  il  a  fallu,  dans  certains  cas,  procéder  à  de  nombreux  renouvelle- 
ments du  ferment  dont  l'aclion  était  paralysée  dès  les  premiers  jours  de 
contact  et  qui  ne  donnait  lieu  qu'à  des  synthèses  faibles. 

2°  Essai  du  ferment  ayant  agi.  —  L'émulsine  qu'on  a  recueillie  par 
filtration  est  lavée  à  l'alcool  à  pS''  et  séchée  à  l'air.  On  l'essaie  sur  une 
solution  de  glucose  à  2  pour  100  dans  l'alcool  méthylique  à  5o  pour  roo. 
On  suit  la  marche  de  la  réaction  au  polarimètre. 

De  cet  essai  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  :  Une  émulsine, 
retirée  d'un  milieu  où  la  diminution  des  sucres  réducteurs  était  arrêtée  ou 
nulle,  et  gardant  à  l'essai  une  vitalité  très  appréciable,  donnait  la  preuve 
que  l'équilibre  était  atteint  dans  le  milieu  ou  qu'il  n'y  existait  pas  de  glucose. 
Une  émulsine  dont  la  vitalité  était  nulle  ou  très  fortement  amoindrie 
indiquait  que  dans  le  milieu  où  elle  avait  agi  il  fallait  renouveler  fré- 
quemment le  ferment. 

3"  Addition  de  glucose.  —  Quand  on  suppose  la  réaction  terminée,  on 
provoque  une  reprise  de  cette  réaction  par  dissolution,  dans  le  liquide, 
d'une  quantité  connue  de  glucose  qui  doit  se  combiner  dans  les  proportions 
prévues  (69  pour  100). 

Mais  la  preuve  irréfutable  de  la  présence  du  glucose  n'en  reste  pas  moins 


l4'^6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

IVxtraction  du  mélhylglucosidc  [i  formé  dans  la  réaction,  et  son  oblontion 
à  l'état  cristallisé.  En  efl'i-t,  l'émulsinc  des  amandes  renferme  toujours  à  côté 
de  la  giucosidase  [î  une  certaine  quantité  de  galactosidase  [ï  qui,  dans  les 
condilions  de  l'cxpérienco,  peut  L'onibiner,  à  l'alcool  méthylique,  une  faible 
propoitioM  de  galactose,  si  ce  sucre  existe.  Le  pouvoir  rotatoire  du  uiéthyl- 
glucoside  ]!J  étant  de  a,,  =  —  32°,  5  et  celui  du  mélhylgalactoside  [ï  étant 
pratiquement  nul  (a,,  =  —  o°,4i9),  il  est  facile  de  distinguer  ces  deux 
produits  l'un  de  l'autre. 

Pour  extraire  le  produit  de  la  réaction,  on  évaporera  à  sec,  sous  pression 
réduite,  le  liquide  de  l'essai  et  l'on  épuisera  l'extrait  pai-  l'étlier  acétique 
hydraté  et  bouillant  qui  s'emparera  du  glucoside.  Par  concentration 
convenable  de  l'élher  acétique  ou  par  reprise  à  l'alcool  à  qS*^  du  résidu 
d'éva])oration  de  l'élher  acétique,  le  méthylglucoside  [3  se  séparera  à  l'état 
cristallisé.  On  en  déterminera  le  pouvoir  rotatoire.  Si  la  quantité  obtenue 
est  trop  faible  pour  faire  celle  détermination,  le  méthylglucoside  [3  peut 
être  caractérisé,  au  microscope,  par  la  forme  de  ses  cristaux. 


BOTANIQUE.  —  La  détermination  bol  (inique  des  haricots  exotiques. 
Noie  de  M.  NtiUVEiv  Tiiasu  Giu.\<;,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

On  cultive  et  l'on  consomme  dans  les  pays  tropicaux  les  plus  divers  ces 
très  petits  haricots,  le  plus  souvent  verts,  que  les  botanistes  réunissent 
ordinairement  sous  le  seul  nom  général  de  Phasrolus  Munf^o.  Linné,  cepen- 
dant, avait  admis  deux  espèces  :  Pliaseolus  Mitngo  et  l'hascolus  radiatus. 
Roxburgh,  ultérieurement,  ajouta  une  troisième  espèce,  le  Pliaseolus 
aurcus.  Mais  c'est  la  très  grande  ressemblance  que  présentent,  comme 
forme  et  comme  dimensions,  toutes  ces  graines,  qui  fit  considérer  les  trois 
termes  comme  synonymes.  Plus  récemment  seulement,  en  I9i4)  M-  Piper, 
du  Déparlement  de  l'Agriculture  de  Washington,  révisant  ces  Pliaseolus, 
a  rétabli,  à  côté  de  l'espèce  Pli.  Miingo,  l'espèce  Pli.  aureus  Uoxb.,  et  il 
regarde  le  Pliaseolus  radiatus  L.  comme  l'ancêtre  de  ce  Pli.  aureus. 

Il  n'en  reste  pas  moins  difficile  de  distinguer  trois  sortes  de  graines  aussi 
voisines  lorsque,  dans  les  collections  notamment,  elles  ne  sont  pas  accom- 
pagnées, ce  qui  est  h-  cas  le  plus  fréquent,  des  autres  parties  de  la  plante. 
Or,  au  cours  d'une  étude  d'ensemble  sur  les  téguments  séminaux  des 
Légumineuses,  nous  avons  eu  l'occasion  de  constater  que  la  structure  de 


SÉANCE    DU   6    Jl  IN    1921.  lV^7 

ces  téguments  offre,  en  général,  d'une  espèce  à  l'autre,  de  sensibles  difl'é- 
reiices,  et  nous  avons,  dès  lors,  cherché  à  reconnaître  si,  d'après  des  carac- 
tères de  cet  ordre,  nous  ne  pourrions  pas  séparer  les  graines  de  Ph.  Mungo 
et  de  Ph.  aureiis. 

Grâce  à  l'obligeance  du  Département  de  l'Agriculture  de  Washington, 
qui  nous  a  envoyé  des  échantillons  types,  d'authenticité  bien  incontestable, 
puisqu'ils  proviennent  du  Laboratoire  où  ces  Phaseolus  ont  été  étudiés, 
nous  avons  pu  constater  que  cette  distinction  est  possible. 

Tout  d'abord,  les  téguments  séminaux  des  deux  Phaseolus  Mungo  e\  aureus 
se  séparent  nettement  des  téguments  des  Phaseolus  vulgaris  et  multijlorus 
par  le  nombre  des  couches  qui  les  constituent,  et  qui  est  de  trois,  au  lieu 
de  cinq.  D'autre  part,  les  téguments  de  certains  autres  Phaseolus,  tels  que 
le  Ph.  calcaratus,  ont  bien  également  trois  couches,  mais  l'assise  sous- 
épiderniique  est  très  différente. 

Dans  le  tégument  de  la  graine  de  Phaseolus  Mungo,  nous  trouvons,  de 
l'extérieur  vers  l'intérieur  : 

1°  Une  assise  épidermique  formée  de  cellules  dont  la  cavité  cellulaire, 
qui  contient  une  matière  verte,  est  en  forme  de  massue,  cette  cavité,  très 
étroite  supérieurement,  devenant  très  large  au  contact  de  l'assise  sous- 
épidermique  ; 

2°  Une  assise  sous-épidermique,  dont  les  cellules,  qui  contiennent  encore 
une  matière  verte,  sont  en  forme  d'haltères  à  extrémités  égales,  ces  cellules 
laissant  toutes  régulièrement  entre  elle  des  méats  hexagonaux; 

3°  Un  parenchyme  à  cellules  à  parois  minces,  allongées  tangentiellemenl, 
celles  des  dernières  assises  étant  très  aplaties. 

Dans  le  Phaseolus  aureus,  le  nombre  des  couches  est  encore  de  trois,  mais 
les  cellules  de  l'assise  sous-épidermique,  tout  en  présentant  encore  im 
étranglement  médian,  ne  sont  plus  aussi  nettement  en  haltères,  car  les 
parois  latérales  des  cellules  sont  plus  régulièrement  concaves  au  lieu  d'être 
presque  droites  dans  la  partie  rentrante.  Les  méats,  par  conséquent,  en 
section  transversale,  sont  vaguement  ovales  et  n'ont  plus,  comme  dans  le 
Ph.  Mungo,  la  forme  d'un  hexagone  radialement  allongé.  Enfin  la  présence 
de  ces  méats  n'est  plus  aussi  constante  que  dans  le  Ph.  Mungo;  ces  méats, 
cà  et  là,  peuvent  disparaître. 

Nous  basant  sur  ces  caractères  distinctifs,  il  nous  a  été  possible  de  déter- 
miner de  nombreuses  graines  provenant  soit  du  Musée  Colonial  de  Marseille, 
soit  d'autres  musées  ou  jardins.  Avec  les  lots  ainsi  établis  nous  avons  été 
alors  amené,  en  comparant  les  graines  des  deux  catégories,  à  reconnaître 


l438  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que,  en  général,  celles  de  la  première  {Ph.  Mungo)  ont  un  tégument  vert 
noirâtre,  plus  ou  moins  piqueté  de  jaune  orangé,  avec  hile  un  peu  saillant, 
tandis  que,  dans  celles  de  la  seconde  catégorie  {Ph.  aui-eus),  le  tégument  est 
plus  uniformément  vert,  avec  un  hile  non  ou  à  peine  proéminent. 

Ajoutons  en  particulier  que  le  dau  xanh,  ou  haricot  vert^  d"Indo-(  Ihine 
appartient  bien,  par  les  caractères  do  son  tégument  séminal,  comme  Font 
déjà  reconnu  morphologiquement  M.  Merill  et  M.  Chevalier,  au  Ph.  aureits. 
INous  avons  trouvé  dans  un  lot  du  Tonkin  la  structure  caractéristique  de 
cette  espèce. 

En  même  temps  que  toutes  ces  constatations  confirment  le  bion-fondé  de 
la  séparation  établie  par  M.  Piper,  elles  nous  montrent  le  parti  que  l'on 
peut  tirer,  dans  certains  cas  difficiles  ou  douteux,  de  cette  constitution  ana- 
tomique  du  tégument  séminal  pour  la  détermination  et  le  classement  des 
graines  de  Légumineuses. 


BOTANIQUE.  —   Sur  les  Graphidècs  corlicoks.  Note  de  M.  G.  Bioket, 

présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Les  Lichens,  de  la  famille  des  Graphidées,  caractérisés  par  une  apothécie 
à  croissance  linéaire,  ou  lirelle.  sont  pres(|ue  exclusivement  représentés  en 
France  par  des  lypes  corticoles.  La  plupart  des  espèces,  distribuées  entre 
les  trois  principaux  genres  Grapfiis,  Opegraplia,  Art/ioriia,  se  rencontrent  sur 
les  écorces  lisses;  leur  appareil  végétatif,  ou  thalle,  dit  hypophlénde,  se 
confond  plus  ou  moins  avec  les  couches  externes  du  substraluni. 

La  structure  très  simple  de  ce  thalle  n'a  été  l'objet  f(ue  de  rares  et 
fragmentaires  recherches  de  laboratoire;  les  relations  du  thalle  avec  le 
substratum,  riiitlucnce  de  l'écorce  sur  l'allure  du  thalle  et  de  la  lirelle  ont 
été  de  même  presque  complètement  laissées  de  côté.  Par  ailleurs,  les 
auteurs  systématiques  ont  multiplié,  d'après  les  caractères  extérieurs,  les 
noms  d'espèces,  de  sous-espèces  et  de  variétés. 

J'ai  été  amené  à  me  demander  :  d'une  part,  si  le  thalle,  même  très 
simple,  d'un  Lichen  hypophléode.  tel  qu'un  Graphis,  ne  présentait  pas 
quelque  caractère  anatomique  permettant  de  différencier  une  espèce  d'une 
espèce  voisine,  et,  d'autre  part,  si  les  nombreuses  espèces,  sous-espèces  ou 
variétés  des  auteurs  systématiques  ne  devaient  pas  leurs  particularités  à  la 
nature  spéciale  du  substratum.  Je  résumerai  ici  les  principaux  faits  qui 


SÉANCE    DU    6    JUIX    1921.  I.'j39 

ressortenlde  ces  recherches  :  j'ai  l'inlention  de  les  détailler  et  de  les  illustrer 
par  des  dessins  dans  nn  Mémoire  prochain. 

Le  premier  fait  qui  frappe,  quand  on  étudie  la  structure  d  un  Lichen 
hypophléode,  vivant  sur  une  écorce  lisse,  c'est  que  le  thalle  tout  entier  est 
renfermé  dans  les  couches  du  liège  :  le  phcUodcrme  sous-jacent  apparaît 
comme  impénétrable. 

Eu  second  lieu,  il  est  claii ,  comme  l'avail  déjà  montré  Lindau,  que  les 
éléments  du  thalle,  hyphes  et  gouidies,  ne  s'établissent  pas  dans  le  substra- 
tum  grâce  à  des  actions  perforantes  ou  dissolvantes  :  leur  pénétration  et 
leur  extension  dépendent  de  déchirures  ou  de  décollements  dus  à  la 
croissance  de  l'arbre  ou  à  leur  propre  prolifération. 

Il  résulte  de  ces  deux  premiers  faits  que  la  profondeur  de  pénétration  des 
éléments  du  Lichen,  et  par  consét[uent  l'épaisseur  du  thalle,  dépendent,  en 
grande  partie,  de  la  structure  du  substratum.  Dans  un  liège  tabulaire,  à 
parois  tangentielles  modérément  épaisses  et  bien  alignées,  à  parois  normales 
minces,  on  rencontre  le  maximum  de  pénétration  et  de  régularité  dans  la 
distribution  :  les  fissures  longitudinales  des  couches  extérieures,  produites 
par  l'épaississement  de  l'arbre,  ouvrent  aux  éléments  du  thalle  l'accès  des 
cellules  du  liège;  en  s'y  multipliant,  ces  éléments  provo(|uent  l'étirement  et 
la  rupture  des  cloisons  normales,  trop  minces  pour  résister  à  la  traction;  le 
liège  est  ainsi  débité  en  feuillets,  constitués  par  les  parois  tangentielles 
restant  adhérentes  entre  elles;  entre  ces  feuillets  s'étageni  les  éléments  du 
Lichen.  Dans  un  liège  mou,  à  parois  tangentielles  non  alignées  et  de  même 
épaisseur  que  les  parois  normales,  la  résistance  à  la  traction  est  plus  grande 
et  la  désorganisation  irrégulière  :  en  conséquence,  la  pénétration  des  élé- 
ments du  Lichen  est  moins  profonde,  et  leur  distribution  moins  régulière. 
Le  minimum  de  pénétration  et  de  régularité  de  distribution  est  réalisé  sur 
les  écorces  rugueuses  où  les  tissus  phellodermi([ues  ou  ligneux  sont  mis 
à  nu. 

La  même  espèce  de  Graphis  peut  donc  présenter  de  grandes  variations 
de  thalle,  suivant  l'écorce  où  elle  végète  :  l'épaisseur  du  thalle  peut  varier 
du  simple  au  triple,  par  exemple. 

Pour  des  raisons  semblables,  la  forme  extérieure  de  la  tache  lichénique 
est  sous  la  dépendance  étroite  des  détails  anatomiques  du  liège.  Sur  une 
écorce  lisse,  cette  forme  est  d'ordinaire  celle  d'une  ellipse  à  grand  axe 
horizontal.  Les  auteurs  qui  ont  cherché  l'explication  de  ce  fait  l'ont 
attribuée  simplement  à  la  croissance  en  épaisseur  de  l'arbre  :  celui-ci  ne 
s'accroissant  que  dans  une  direction,  la  tache  lichénique  est  étirée  dans 


l44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cette  même  direction.  L'explication  est  certainement  insuffisante  :  pour  une 
espèce  donnée  de  Graphis,  le  rapport  des  axes  de  l'ellipse  varie  considéra- 
blement avec  les  diverses  écorces  :  il  peut  être  voisin  de  i  sur  l'Erable  et 
atteindre  lo  sur  le  Cerisier,  et  la  variation  de  ce  rapport  n'a  aucune  relation 
avec  la  rapidité  de  croissance  en  épaisseur  de  l'arbre;  mais  les  cellules  de 
liège  de  FKrable  sont  presque  isodiamétriques,  tandis  que  celles  du  Cerisier 
sont  dix  fois  plus  longues  dans  la  direction  horizontale  que  dans  la  direction 
verticale  :  la  pénétration  des  éléments  du  Lichen  dépendant  de  déchirures 
el  de  décollements,  l'extension  est  dix  fois  plus  rapide  dans  la  direction 
où  les  obstacles,  constitués  par  les  cloisons,  sont  dix  fois  moins  nom- 
breuses. 

La  même  explication  vaut  pour  la  lirelle.  Celle-ci  s'accroît  seulement 
par  son  extrémité  et  le  point  d'accroissement  est  enfoncé  dans  l'écorce  : 
dans  un  liège  à  cellules  isodiamétriques,  la  direction  de  la  lirelle  est 
quelconque  et  la  lirelle  est  sinueuse;  sur  le  Cerisier,  au  contraire,  toutes 
les  lirelles  sont  droites,  parallèles  entre  elles  et  parallèles  au  grand  axe  de 
la  tache  Hellénique,  qui  marque  la  direction  de  moindre  résistance  du 
liège.  Les  espèces  ou  variétés  créées  par  les  auteurs,  d'après  des  caractères 
semblables,  Graphis  recta,  parallela,  Opegrapha  Cerasi\  ...  ne  sont  donc  pas 
autre  chose  que  des  formes  slationnelles. 

Quand  la  tache  lichénique  est  jeune  et  l'écorce  assez  facilement  péné- 
trable,  les  éléments  du  Lichen  sont  complètement  recouverts  pai'  des 
travées  de  liège,  le  thalle  est  lisse;  mais  avec  l'âge,  surtout  sur  un  subs- 
tratum  peu  pénétrable,  les  éléments  se  multipliant  sur  place  font  éclater 
tôt  ou  tard  la  couche  recouvrante  de  liège  :  les  parties  externes  du  Lichen 
sont  ainsi  mises  à  nu.  Le  thalle,  de  lisse  qu'il  était,  devient  plus  ou  moins 
pulvérulent.  On  a  créé,  sur  de  semblables  caractères,  des  variétés /JM/i^rvu- 
lenla,  qui  n'ont  pas  d'autre  signification  que  celle  de  formes  dues  à  l'âge  et 
au  substratuni.  Le  Graphis  abi etina  ^ichar.,  décrit  par  les  auteurs  comme 
épiphléode,  n'est  de  même  qu'une  forme  de  Graphis  scrinta,  dont  le  thalle 
est  pulvérulent  du  fait  que  les  couches  externes  du  liège  d'Epicéa  sont 
friables  et  se  réduisent  en  miettes. 

La  variation  considérable  que  subit  le  thalle  d'une  (iraphidée  du  fait  de 
l'écorce  rend  délicate  la  comparaison  de  deux  thalles  d'espèces  difi'érentes  : 
pour  établir  cette  comparaison,  il  faut  éliminer  l'inlluence  du  substratum 
et  s'adresser  à  des  écorces  aussi  identiques  que  possible  et  même  à  une  seule 
écorce  :  c'est  la  méthode  que  j'ai  suivie  pour  étudier  l'anatomie  comparée 
des  espèces  de  Graphis.  Même  dans  un  appareil  végétatif  aussi  simple  que 


SÉANCE    DU    6   .UJIN    1921.  ïl^l^I 

celui  d'un  Gni/t/u's,  il  est  possible  de  déceler  des  caractères  spécifiques, 
maiiiués  surtout  dans  Tallure  de  la  couclie  à  gonidies  :  tandis,  par  exemple, 
que  chez  G.  .vc/7/>/(7  les  gonidies  sont  distribuées  dans  toute  l'épaisseur  du 
tiialle,  chez  G.  dendrillca,  elles  forment  un  cordon  presque  superficiel, 
au-dessous  duquel  s'étend  une  large  méduUe,  constituée  exclusivement  par 
des  hyphes. 

CYTOLOGIE.  —  Fausse  et  vraie  inyogénèsc  chez  les  Copépodes  pélagiques. 
Erreur  due  à  la  méconnaissance  de péridiiiiens  parasites  cœlomiques.  Note 
de  M.  EoorARn  Ciiatton. 

Dans  un  Mémoire  de  belle  ampleur  et  abondamment  illustré,  paru 
en  1912,  Théodore  Morofi"(')  a  décrit  un  mode  de  foi^mation  du  tissu  mus- 
culaire chez  divers  Copépodes  pélagiques,  dont  la  connaissance  était  de 
nature  à  révolutionner  les  notions  classiques  relatives  à  la  myogénèse.  Il  y 
donnait  en  outre  une  importante  extension  à  la  doctrine  chromidiale,  selon 
laquelle  peuvent  se  former  de  la  substance  du  noyau  entier,  ou  préalable- 
ment résolu  en  nébuleuse,  les  organes  les  plus  divers  et  les  plus  complexes 
de  la  cellule  :  no3'aux  des  gamètes  chez  les  protozoaires  (Schaudinn,  Gold- 
schmidt  et  toute  leur  école),  trichocystes  des  ciliés  (Tonniges),  cnido- 
cystes  des  coelentérés  (Moroff),  etc. 

Voici  brièvement  résumés  les  faits  relatés  j)ar  Moroflf.  Cliez  les  jeunes  Coj)épocles 
pélagiques  {Paracalanus  parvus,  Centropages  lypicus,  C.  Krôyeri),  même  chez 
les  nauplius,  il  existe,  à  côté  des  muscles  déjà  formés,  un  tissu  embiyonnaire  myo- 
gène  qui,  lout  d'abord  localisé  au  contact  du  tube  digestif,  eu  une  masse  spliériquc 
pluriaucléée,  prolifère  activement  et  se  répand  progressivement  dans  toute  la  cavité 
générale.  A.  tous  les  stades  de  son  développement  ce  tissu  niyogène  est  syncjtial. 

Ses  noyaux  diftèrent  de  ceux,  des  autres  tissus  du  Gopépode.  Au  repos  leur  cliro- 
maline  est  divisée  en  lins  granules  entourant  un  nucléole  central.  Mais  cet  état  est 
rare  et  la  plupart  d'entre  eux  sont  en  division.  Les  granules  sont  alors  rangés  en  (iles 
convergeant  vers  un  centre. 

Celui-ci  se  dédouble  et  les  iiles  de  granuk'-s  forment  un  fuseau  qui  linit  par  se  couper 
en  son  milieu. 

L'auteur  souligue  l'analogie  frappante  ([ue  présentent  ces  figures  avec  celles  qu'il  a 
lui-même  décrites  chez  les  Aggregala  {cocciA'uti). 

(')  Cylo-hislugeneLm-he  Sludien,  2.  Veber  die  Enhvickelung  des  Muskelgewebes 
bei  Cruslaceen  (Zool.  Ja/irbiic/ier,  Aht.  /'.  An.  u.  Onlog.,  t.  31,  p.  55ç)-62(). 
pi.  39-il). 


C.  R.,  191 1,  I"  Semestre.  (T.  \n,  N»  23.) 


106 


l442  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Au  terme  de  celle  inulliplicalion  nucléaire,  ce  tissu  embryonnaire  cjui  leinplil  toute 
la  cavité  générale  esl  prêt  à  si;  muer  en  muscles.  Chose  inallendue  :  certaines  de  ces 
parties  peuvent  aussi  se  diderencier  en  ovules,  que  l'on  voit  inclus  dans  le  syncyliuni. 

Les  fibrilles  musculaires  se  dillérencienl,  soil  directement  aux  dépens  des  noyaux, 
par  arraniçemenl  de  leurs  (îles  de  granules  en  disques,  soit  avec  interposil'on  d'un  stade 
cliromidial  résultant  de  la  dispersion  des  granules  dans  loul  le  plasma  environnant. 
Cette  métamorphose  est  si  précipitée  (|ue  les  images  en  sont  très  rares  dans  les  prépa- 
lions.  Elle  est  cependant  totale;  elle  porte  sur  tous  les  noyaux  du  svncytiuin  embrvoi]" 
naire,  et  il  ne  s'en  trouve  plus  aucun  dans  la  masse  musculaire  qui  en  résulte. 

Si  lu  description  et  les  figures  de  Moroff  peuvent  ne  point  suffire  à  con- 
vaincre les  cytologistes  de  la  réalité  de  celle  myogénèse,  elles  sont  jtourtanl 
assez  fidèles  pour  me  permettre  d'affirmer  qu'elles  se  rapportent  toutes, 
non  au  développement  d'un  tissu  propre  aux  Copépodes,  mais  à  l'évolution 
dans  leur  cœlome  de  plasmodes  de  péridiniens  parasites,  les  Syndinium  que 
j'ai  fait  connaître  ici  même  en  1910  ('),  et  dont  j'ai  donné  l'étude  détaillée 
en  1919(0- 

Le  jeune  syncytiuiii  embryonnaire  accolé  au  tube  digestif  n'est  autre  ([ue  le  jeune 
plasmode,  tel  que  je  l'a!  figuré  dans  ma  monographie.  La  structure  et  le  mode  decinèse 
de  ses  noyaux  ne  laissent  aucun  doute  quant  à  sa  nature --yiidinienne.  L'envahissement 
total  de  la  cavité  générale  du  Copépode  esl  la  conséquence  constante,  fatale,  de  la  pro- 
lifération du  parasite.  La  présence  de  fibres  musculaires  el  d'ovules  dans  le  plasmode 
s'expll([ue  par  l'infillration  de  celui-ci  dans  tous  les  interstices  des  tissus  el  par  la  désa- 
grégation qu'il  détermine  dans  leur  masse. 

Là  où  MorofT  voit  la  transformation  du  plasmode  en  muscles,  se  place  dans  la  réalité 
sa  résolution  en  spores.  Loin  de  diffuser,  la  chromaline  se  condense,  les  granules  se 
lassent,  les  files  deviennent  des  filaments,  des  chromosomes  très  nets,  qui  s'agencent  en 
candélabres  à  dix  branches,  (jue  j'ai  figurés.  Chacun  de  ces  noyaux  esl  le  centre  de 
formation  d'une  spore  gvmnodinienne.  Moroll  lui-même  a  assisté,  à  son  insu,  au  début 
de  ce  phénomène.  La  figure  qu'il  donne  d'un  Copépode  plein  du  plasmode,  correspond 
au  stade  d'individualisation  des  spores,  reconnaissable  à  l'orienlalion  des  noyaux  en 
files. 

Après  la  mise  en  liberté  de  ces  sj)Ores,  le  Copépode  est  mort,  il  est  rèduil  à  un  sac 
de  chitine.  Toute  celle  évolution  a  été  déjà  relatée  en  détail  dans  ma  Note  de  1910. 

Je  ne  veux  point  analyser  ici  toutes  les  causes  de  l'erreur  commise,  ni 


(')  Sur  Texislcnce  de  dirioflageltés  parasites  cœlomiques.  Les  Svndinium  cliez  les 
Copépodes  liélai^uiiies  {Comptes  rendus,  t.  102,  1861,  p.  65/(-656). 

(')  Les  péridiniens  parasites.  Morphologie,  reproduction,  étiiologie  {Archiies  de 
Zool.  expér.  et  gén,,  t.  59,  p.  1-473,  pi.  1-18). 


SÉANCE  DU  6  ,iri,\  1921.  1443 

exposer  les  raisons  de  ne  point  s'égarer,  ([iic  l'auteur  aurait  [)u  trouver  dans 
ses  [)réparatioiis  nicnies.  On  me  permettra  cependant  deux  coinnientaircs  : 
f'un  de  méthode,  l'autre  de  doctrine. 

Si  l'auteur  n'avait  mis  en  œuvre  du  matériel  fixé,  sans  l'avoir  préala- 
blement étudié  sur  le  vif,  la  sporulation  des  plasmodes  ne  lui  aurait  point 
échappé.  Ne  lui  aurait  point  échappé  non  plus  cet  objet  exceptionnellement 
favorable  à  l'étude  de  l'histogenèse  musculaire  qu'est  entre  sa  quatrième  et 
sa  cinquième  mue,  le  mâle  du  Paracalanus  pan'us,  de  Tune  des  espèces 
mêmes  qu'il  a  étudiées. 

II  se  produit  chez  lui  à  ce  moment,  en  relation  avec  la  maturation  de  ses 
produits  génitaux,  une  prolifération  de  son  tissu  musculaire  telle  que 
celui-ci  envahit  en  très  peu  de  temps  toutela  cavité  générale,  et  [)rovoque 
la  régression  du  tul)e  digestif.  C'est  un  phénomène  de  même  ordre  que  celui 
que  l'on  observe  dans  l'épitoquie  des  annélides  polychètes.  Je  l'ai  signalé 
brièvement  dans  mon  Mémoire  de  igi»)  comme  cause  possible  d'erreur 
dans  l'élude  des  parasites  de  la  cavité  générale  des  Copépodes  pélagiques. 
MorolTl'a  ignoré.  Aucune  partie  de  son  étude  ne  peut  s'y  rapporter. 

Le  Mémoire  de  Moroff  participe  d'un  ensemble  de  travaux  qui  ont  tiré 
leur  origine  de  la  doctrine  chromidiale  et  qui  n'ont  eu  comme  raison  d'être 
que  sa  vérification,  ce  qui  n'en  est  point  à  mes  yeux  une  justification.  Issue 
d'observations  exactes,  d'une  signification  très  précise,  mais  par  là  même 
très  limitée,  la  notion  de  chromidies  (R.  Hertwig)  fut  ensuite  inconsi- 
dérément étendue.  De  par  la  nature  même  de  son  objet,  qui  est  le  contraire 
de  toute  structure  définie,  elle  a  introduit  en  cytologie  et  en  prolistologie 
une  tolérance  technique  et  critique  tell?  qu'une  image  défectueuse  dans  une 
préparation  insuffisante,  une  lacune  documentaire,  une  faute  de  contrôle 
peuvent  donner  l'illusion  d'une  découverte. 


HISTOLOGIE.  —  Sur  un  prélcndu  tissu  interstitiel  dans  le  testicule  des 
Batraciens  Urodèles.  Note  de  M.  Charles  Pérez,  présentée  par  M.  L.-F. 
Ilenneguy. 

Dans    une    Note    récente  (')  M.   (Christian    Champy    étudie   le    cycle 
saisonnier  d'un  tissu  prétendu  interstitiel  dans  le  testicule  des  Tritons; 


(')   Coinplea  rendus,  t.  iTl,  1921,  p.  48'.. 


l/,4'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'auteur  renvoie  à  un  travail  antérieur  ('),  où  il  a  signalé  robservation  de 
ces  éléments  endocrines  comme  une  découverte  originale. 

Je  crois  utile  de  faire  remar(juer  que,  dès  190^,  j'ai,  par  une  Communi- 
cation à  la  Société  de  Biologie  ('),  à  la  fois  fait  connaître  l'existence  de  ce 
tissu  particulier,  et  décrit  son  mode  de  genèse,  qui  permet  de  dclinir  sa 
signification  morphologique, 

Le  testicule  des  Batraciens  Urodèles  est  conlitué,  comme  on  sait,  non  de 
tubes  séminifères,  mais  de  lobules  globuleux  appelés  cystes,  séparés  les 
uns  des  autres  par  de  minces  travées  conjonctives,  et  délimités  chacun  par 
une  couche  enveloppante,  de  signification  folliculaire,  à  l'intérieur  de 
laquelle  se  fait  l'évolution  des  cellules  sexuelles.  Après  la  période  génitale, 
toute  une  région  du  testicule  subit  un  processus  d'atrophie  particulier,  que 
la  captivité  et  le  jeûne  peuvent  rendre  plus  manifeste,  et  qui  consiste  essen- 
tiellement en  une  phagocytose  du  contenu  spermatique  de  certains  cysles 
par  les  cellules  de  l'enveloppe  folliculaire.  Celles-ci  se  gonflent  vers  la  cavité 
du  cyste,  qu'elles  envahissent  peu  à  peu,  en  englobant  les  spermatozoïdes 
pelotonnés  sur  eux-mêmes  par  une  sorte  d'agglutination;  tout  d'abord 
parfaitement  reconnaissables,  les  spermatozoïdes  sont  peu  à  peu  fragmentés, 
puis  désagrégés. 

On  peut  observer,  par  exemple,  des  vésicules  prenant  les  colorants  plas- 
matiques  qui,  comme  une  ampoule  soufflée  sur  un  tube  de  verre,  s'inter- 
calent sur  le  trajet  d'un  lilament  chromatique  représentant  un  tronçon  de 
tête,  ou  se  renflant  comme  une  tète  d'épingle  à  l'extrémité  de  ce  tronçon. 
Ce  sont  évidemment  là  des  signes  de  digestion  intra-cellulaire;  et  cette 
digestion  des  spermatozoïdes  donne  naissance  aux  inclusions  diverses, 
lipoïdes,  grasses,  etc.  qu'on  observe  dans  le  tissu  phagocytaire,  qui  peu  à 
peu  se  substitue  au  cyste  résorbé.  Dans  les  stades  avancés  de  cette  atrophie, 
les  cystes  résorbés,  considérablement  réduits  de  taille,  bouri'és  de  graisse, 
ont  en  effet  un  aspect  de  glande  close,  qui  pourrait  en  imposer  à  un  obser- 
vateur non  prévenu;  mais  il  suffit  d'avoir  suivi  pas  à  pas  les  étapes  delà 
iransformalion  pour  être  bien  convaincu  qu'il  s'agit  uniquement  là  d'un 
tissu  dérivant  directement  de  l'enveloppe  folliculaire  des  cysles,  et  dont  la 
signification   morphologique  est    par  suite   clairement  définie.  On  peut 


(')  C.  li.  Soc.  Hiol.,  t.  7'i,  1913,  p.  m-. 

(')  Cii.    Pérez,    Résorplion    phagocytaire    dex   spcrmalozoïdi'n   chez    les    Triloiix 
(C.  n.  Soc.  iSiol..  t.  56,  190',,  p.  7S3). 


SÉANCE    DU   6    JUIN    1921.  l445 

d'iiilleiirs  parfois  déeeli-r  encore  par-ci  par-là  une  inclusion  clironiatique, 
sous  formr  d'un  filament  pelotonné,  fragment  de  spermatozoïde  non  encore 
digéré  et  (pii  marque  indubitablement  l'origine  du  tissu.  Ultérieurement 
CCS  lobules  bourrés  de  réserves  sont  colonisés  par  de  nouvelles  spermato- 
gonies  primitives,  à  noyau  lobé  polymorphe,  qui  donneront,  à  leur  place, 
naissance  à  de  nouveaux  cystes,  en  voie  d'évolution  progressive. 

On  voit  que,  par  sa  genèse,  le  ti-^su  d'aspect  endocrine  du  irsticule  des 
Urodèles  fait  en  réalité  partie  intégrante  du  cycle  évolutif  de  la  partie 
germinale  de  la  glande  sexuelle;  il  n'a  donc  rien  de  commun  avec  le  tissu 
que,  dans  le  testicule  dos  Mammifères,  on  a  appelé  interstitiel  parce  qu'il 
est  précisément  insinué  dans  les  intervalles  des  tubes  séminifères.  L'em- 
ploi d'une  même  désignation  pour  deux  formations  morphologiquement  si 
dilTéientes  me  parait  ne  pouvoir  entraîner  que  des  confusions  regrettables. 


PHYSIOLOGIE.    —    Foi(\   plasma   sanguin   et   sucre  protèidique. 
Note  de  MM.  II.  lîiERKvctF.  Uathery,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Les  travaux  de  Cl.  Bernard  ont  non  seulement  mis  en  lumière  une  fonc- 
tion remarquable  du  foie  qui  est  de  fabriquer  le  sucre,  mais  ont  révélé  un 
rôle  capital  du  sang  qui  est  de  contenir  et  de  transporter  ce  sucre,  dont  la 
présence  se  maintient  à  travers  les  régimes  et  jusque  dans  l'inanition  elle- 
même. 

he  ghTogène  représentait,  pour  Cl.  Bernard,  la  seule  forme  sous  laquelle 
les  hydrates  de  carbone  s'incorporent  aux  tissus,  et  était  par  suite  la  source 
unique  du  glucose  sanguin.  Cependant,  à  divers  étals,  chez  l'animal  —  ina- 
nition prolongée,  diabète  —  le  glycogène  du  foie,  en  particulier,  peut  faire 
totalement  défaut,  alors  que  le  sang  peut  conserver  une  teneur  élevée  en 
glucose.  Il  y  a  là  un  point  encore  obscur  qui  nous  a  engagé  à  vérifier  une 
hypothèse,  soulevée  autrefois  par  Pavy,  concernant  un  apport  en  sucre 
possible  par  les  albumines  liématiques. 

Les  recherches  relatives  à  l'élaboration  ou  à  la  disparition  des  matières 
sucrée»,  dans  les  divers  organe^  de  l'économie,  doivent  reposer  sur  une 
détermination  exacte  de  ces  substances,  dans  le  plasma,  à  l'entrée  et  à  la 
sortie  de  l'organe.  Or,  on  ne  considère  généralement  qu'une  substance 
liydrocarbonée,  le  sucre  libre;  il  existe  cependant  une  deuxième  forme  de  la 
matière  sucrée  dans  le  plasma,  ainsi  qu'il  ressort  des  recherches  de  l'un  de 


l446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  avec  L.  Fandard,  puis  avec  A.  liane,  qui  peut  être  égalo  ou  nettement 
supérieure  en  quantité  à  la  première,  4e  sacre  prolèidl que  ;  de  sorte  que  si 
l'on  veut  faire  l'inventaire  des  matières  liydrocarhonc(^s  du  sang,  il  faut  éva- 
luer non  seulciiienl  le  sucre  libre,  mais  encore  le  sucre  proléidiquc 

De  ce  point  de  vue  nouveau,  nous  avons  tout  d'abord  entrepris  l'élude 
du  plasma  sanguin  à  l'entrée  et  à  la  sortie  du  foie.  Nous  avons  dans  de  pre- 
mières recherches  comparé,  en  ce  qui  concerne  la  teneur  en  sucre,  le  plasma 
sus-hépatique  aux  plasuias  de  la  veine  porte,  de  la  veine  fémorale  et  au 
plasma  artériel,  et  nous  avons  constaté,  touchant  le  plasma  sus-hépatique, 
d'une  part  une  teneur  plus  grande  en  sucre  libre,  et  d'autre  part  une  teneur 
plus  faible  en  sucre  protéidique,  par  rapport  aux  autres  plasmas  prélevés 
simultanément.  C'est  ainsi  que  si  les  chilTres  du  sucre  libre  et  du  sucre  pro- 
téidique des  diversplasmasoscillentrespectivemont  autour  de  i*-'  pour  looo""' 
de  ces  plasmas,  le  taux  du  sucre  libre  du  plasma  sus-hépatique  correspon- 
dant dépasse  2»,  tandis  que  le  taux  du  sucre  protéidique  peut  descendre 
jus([u'à  o',  35  par  litre. 

Nous  avons  été  amenés  à  penser  qu'il  y  a,  au  niveau  du  foie,  un  remanie- 
ment du  plasma  sanguin  et  une  mise  en  liberté  du  sucre  protéidique.  \\n 
efTet,  les  difTérences  constatées  sont  au  moins  de  l'ordre  de  grandeur  de 
celles,  trouvées  par  Chauveau,  entre  le  sucre  du  sang  artériel  se  rendant  au 
muscle  et  celui  du  sang  veineux  correspondant. 

Voulant  serrer  le  problème  de  plus  près,  nous  avons  dosé  concurrem- 
ment dans  les  divers  plasmas  :  l'eau,  le  sucre  libre,  le  sucre  protéidique 
et  les  albumines,  l^tant  donné  que  le  sucre  protéidique  entre  dans  la  consti- 
tution moléculaire  des  albumines  du  plasma,  il  nous  a  semblé  cpie  le 
rapport  de  ce  sucre  protéidique  à  la  teneur  en  azote  de  ces  protéines  : 

N  proléidinue  N,. 

-r-î ..  ,.  ' —  ou  -=!- , 

^5  proleidique  b,, 

teneur  qui  sert  à  évaluer  globalement  ces  substances,  serait  particulière- 
ment instructif  dans  celte  étude  des  divers  plasmas. 

E.vjji'ricnces.  —  Nous  avons  opéré  sur  de  très  gros  chiens  (  ■.î5''S  à  3o''s)  à  jeun 
depuis  a.'i  ou  48  heures.  Les  animaux  étaient  aneslhésiés  dans  la  plus  stricte  limite; 
on  faisTil  alors  une  laparotomie.  On  prélevait  très  rapidement  et  simullanément,  le 
matériel  étant  préparé  d'avance  et  les  intestins  maintenus  par  des  compresses  chaudes, 
du  sang  à  la  veine  fémorale,  à  la  mésenlérique  supérieure,  el  à  une  veine  sus-hépa- 
ti(|ue.  DeuK  ligatures  placées  au  dernier  moment,  l'une  en  amont,  l'autre  en  aval  des 
veines   sii>liépatif[ufîs.   permellaieiit   d'éviter   un   relliix   du   sang  du   cœur  droit,   des 


SÉANCE  DU  6  JUIN  1921.  144? 

veines  (llapliiai;inali(nie'.  el  Je  la  veine  cave  inférieure.  On  s'assurait  à  l'iuilopsie 
(|ue  les  ligatures  avaient  bien  été  opérantes. 

Le  sang,  reçu  au  sortir  des  vaisseaux  dans  le  Ihiorure  de  i\a  était  centrifugé  immé- 
diatement. On  évaluait  ensuite  l'eau,  le  sucre  libre,  le  sucre  proléidique  (par  des 
méthodes  déjà  décrites  par  l'un  de  nous  el  L.  Fandard)  et  les  protéines.  Les  dosages 
d'a/.ote  étaient  faits  par  la  méthode  de  Kjeldhal  (destruction  en  présence  de  SO*Cu 
et  SO'K';  distillation  de  l'ammoniaque  à  l'appareil  de  Schlœsing). 

Résultats.  —  Voici,  rapportés  à  1000'''"''  d'eau,  quelques   résultats  concernant  les 

N 
plasmas  sus-hépatique  et  porte,  et  relatifs  au  sucre  protéidique  el  au  rapport  -^  : 


Pliisiua 

SUS- 

hépali 

que 

Plasma 

porl( 

pour  100()> 

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;-olciflique. 

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0,37 

i3,3 

I 

s 
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0,9.3 

1 1 

I 

,23 

8,2 

0.61 

i3,5 

I 

.  10 

8,3 

Chien  n°   2 

—  n»   .3 

—  n"   6 

Conclusions .  —  De  ces  recherches,  concernant  la  teneur  en  eau,  en  sucre 
libre,  en  sucre  protéidique,  en  protéines,  en  azote  protéique,  et  le  rap- 
port-^^  des  divers  plasmas  :  sus-hépatique,  porte,  etc.,  nous  nous  croyons 

autorisés  à  conclure  que  le  plasma  sanguin  subit  dans  le  foie  un  remanie- 
mont  qualitatif  et  quantitatif,  et  qu'il  se  fait,  en  particulier  dans  cet  organe, 
une  libération  de  sucre  aux  dépens  des  protéiques  plasmatiques.  Ktant 
donnée  la  circulation  intense  qui  se  fait  à  travers  le  foie  (des  centaines  de 
litres  de  sang  pax  24  heures),  une  mise  en  liberté  de  sucre,  de  l'ordre 
signalé,  doit  avoir  un  grand  retentissement  pour  l'organisme. 

Il  y  a  là,  croyons-nous,  une  fonction  importante  du  foie  qui  n'avait  pas 
encore  été  signalée. 


PHYSIOLOGIE.  —  Tapis  roulant  pour  F  élude  de  la  marche  el  du  travail. 
Note  de  M.  J.-P.  Langlois.  présentée  par  M.  Charles  Richet. 

Le  tapis  roulant  que  nous  avons  installé  est  un  perfectionnement  de 
l'appareil  établi  par  Bénédict  dans  le  laboratoire  de  Washington.  Sa 
construction  est  moins  onéreuse,  il  peut  donner  des  vitesses  variant  de 
gkm  ^  26'""  à  l'heure,  el  surtout  il  est  susceptible  d'offi^r  une  pente  variable 
permettant  l'étude  de  la  montée  et  de  la  descente  à  des  vitesses  différentes. 


'448  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Il  consisie  e>senliellemeiU  imi  iiii  iapi>  de  cuii'  san>  lin,  entiainé  par  un  moleur. 
silon  le  système  des  lapis  roulanl>  des  grands  magasins,  a\ec  toutefois  la  diflerence 
que  ce  lapis  glisse  en  sens  contraire  de  la  inarclie,  ayant  pour  but,  non  d"aider  la  pic- 
gression  de  ceux  qui  l'utilisent,  mais  bien  de  maintenir  en  place  un  sujet  qui  marclie. 

La  longueur  totale  du  tapis  est  de  8'"  et  sa  largeur  de  Go""  ;  il  est  tendu  entre  deu\ 
poulies  de  bois  de  52™  de  diamètre,  l'une  fixe,  l'autre  folle,  distantes  de  3'",i8  d'axe 
en  axe;  sa  longueur  utilisable  est  de  2'",8o  environ,  ce  qui  permet  d'y  faire  marcher 
deux  hommes  portant  un  brancard.  La  tension  du  tapis  est  réglable  au  moyen  de  deux 
VIS  qui  agissent  sur  la  poulie  folle  pour  l'écarter  ou  la  rapprocher  de  l'autre.  Kntre  les 
deux  poulies,  le  lapis  glisse  sur  un  plancher  de  chêne  soigneusement  poli  et  talqué, 
qui  remplace  les  rouleaux  en  tubes  d'acier  de  l'appareil  de  Bénédicl.  La  poulie  lixe 
est  calée  sur  un  arbre  qu'entraîne  le  moleur  par  l'inlermédiaire  d'un  réducteur  de 
vitesse.  Le  tout  est  naturellement  solidement  encastré  dans  un  bâti  métallique  en  fer 
à  T  entretoisé. 

L'inclinaison  variable  de  tout  l'ensemble  con>litue  un  imj.orlanl  perl'ectionnemenl. 
L'arbre  sur  lequel  est  calée  la  poulie  lixe  dépasse  le  bâti  et  es4.  monté  sur  deux  palieis 
scellés  dans  le  sol;  c'est  autour  de  cet  arbre  qu'oscillera  tout  l'appareil  quand  on 
élèvera  l'autre  extrémité.  Le  système  élévatoire  est  simple  :  deux  fortes  chaînes  sont 
boulonnées  sur  l'extrémité  du  bâti  et  passent  sur  les  pignons  d'un  treuil  scellé  dans  le 
mur  ,3""  plus  haut.  Au  bout  de  chaque  chaîne  pend  un  contrepoids  de  8o'-s^  qui 
contre-balance  en  partie  le  poids  de  l'appareil  soulevé.  L'extrémité  mobile  du  bâti 
porte  un  gros  ergot  qui  glisse  dans  un  fer  en  II  servant  de  guiile.  L'appareil,  même 
levé,  conserve  donc  une  stabilité  parfaite. 

L'inclinaison  maxima  peut  atteindre  35'^"'  par  mètre;  l'adhérence  du  pied  sur  le 
lapis  est,  ù  ce  moment,  à  peine  suffisante  pour  maintenir  le  sujet.  Le  mouvement  est 
donné  par  un  moteur  électrique  de  5  III*.  Ne  disposant  du  courant  monophasé  de 
42  périodes  sous  110  volts  de  tension,  il  était  très  difficile  de  modifier  considérable- 
ment la  vitesse  d'un  moteur.  On  a  dû  recourir,  pour  obtenir  les  variations  de  vitesse 
nécessaires,  au  décalage  des  balais.  Ce  dispositif  présente  un  grave  inconvénient  :  on 
est  obligé  de  partir  en  grande  vitesse  et  de  i-alenlir  peu  à  peu  jusqu'à  la  vitesse  voulue. 

Deux  petites  ban(|uettes,  fixées  sur  le  bâti  à  droite  et  à  gauche  du  tapis,  permettent 
au  sujet  de  ne  commencer  à  marcher  qu'au  moment  où  la  vitesse  convenable  est 
atteinte.  Enfin  un  dispositif  de  sécurité  permet  d'arrêter  instaulanémenl  l'appareil  tn 
tirant  en  arrière  la  rampe  droite  qui  agit  sur  un  disjoncteur. 

Un  ventilateur  disposé  à  l'avant  ou  à  l'arrière  du  marcheur  permet,  d'autre  part, 
d'atténuer  les  erreurs  dues  au  déplacement  de  l'air  et  d'étudier  l'intlueuoe  de  la  \  ilesse 
du  vent  sur  les  réactions  du  sujet. 

Pour  éludier  les  échanges  fespiraloircs,  le  sujel  porle  un  iiiiis(]iie  Tissot 
modifié,  conimuiiiquaiit  avec  un  spiroiiièlie  eniei;islreur,  récliaulillonnage 
se  faisant  en  dérivalion. 

[.a  pression  artérielle  est  prise  pendant  la  marche  avec  loscillographe  de 
l*aclion  contrôlé  par  des  mesures  au  Riva  Rocci  cl  an  Vaquez.  La  tempéra- 


SÉANCE  DU  6  .iriN  1921.  1^49 

liire  sera  observée  avec  une  sonde  tlicrnio-électriquc  donl  le  réglagf  n'esl 
pas  lenniiié. 

L'objection  la  plus  grave  qui  ail  clé  faite  à  ces  appareils  est  que  le  sujet 
niarchaiil  sur  le  tapis  ne  progresse  pas  et  surtout  ne  monte  pas,  si  le  lapis 
est  incliné,  il  n'y  a  pas  déplacemeni  d'un  poini  à  un  autre.  Cette  objeclion 
peut  être  réfutée  par  le  calcul  comme  elle  l'esl  par  l'expérience. 

En  vertu  du  principe  d'inertie,  on  ne  change  rien  aux  forces  d'un  système 
si  l'on  ajoute  à  l'ensemble  de  ce  système  un  mouvement  de  Iranslalion  à 
vitesse  constante,  c"osl-à-dire  un  mouvement  correspondant  à  l'équation 

X=  \  -{-ht.  donl  la  vitesse  -^  =  h  el  donl  l'accéléralion  7  dérivée  seconde 
al  ' 

est  =  G. 

On  a  donc  le  droil  de  supposer  le  trottoir  et  son  passager  entraînés  d'un 
mouvement  de  translation  uniforme  d'ensemble,  ayant  pour  effet  d'annuler 
la  vitesse  de  la  partie  supérieure  du  trol  loir  sur  laquelle  marche  le  sujel  ;  il 
en  résulte  que  ce  deinier  sera  entraîné  précisément  avec  celle  vitesse  de 
translation  uniforme,  c'est-à-dire  que  tout  se  passe  pour  lui  comme  s'il  mar- 
chait sur  un  Irolloir  immobile  en  progressant  réellement,  avec  une  vitesse 
uniforme,  dirigée  dans  le  sens  inverse  de  celle  qui  est  donnée  effectivement 
au  tapis.  Le  même'raisonnemenl  peut  être  appliqué  à  la  montée. 

Les  nombreuses  observations  de  Bénédicl  en  marche  horizontale,  les 
nôtres  encore  peu  nombreuses  en  marche  horizontale  ou  avec  penle  de  5  à 
2  )  pour  100,  démontrent  que  les  résultats  obtenus  concordent  avec  ceux 
des  observateurs  travaillant  en  marche  sur  piste  fixe.  Et  même  les  obser- 
vations du  professeur  Waller,  les  premières  faites  sur  cet  appareil,  indiquent 
un  chiffre  de  dépense  plus  élevé  que  sur  piste  fixe,  mais  ceci  s'explique 
facilement,  les  premières  marches  sur  le  tapis  roulant  surprennent  le  mar- 
cheur, qui  a  bes  )in  d'une  adaptation. 


PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Hémopréi'eiition  et  liémovacci nation 
anti-aphteuses.  Note  de  MM.  H.  Vallée  et  Carré,  présentée  par 
M.  Leclainche. 

Les  propriétés  spécifiques  du  sang  des  Bovidés  guéris  de  la  fièvre  aphteuse 
ont  été  mises  en  évidence,  depuis  de  longues  années  déjà,  par  Lôffler  et 
Frosch,  Perroncito,  Roux,  Nocard,  Carré  et  Vallée. 


Ll  3  R  A  R  Y:rc] 


l45o  ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 

Devant  riinposslbilité  d'obtenir  en  quantité  suffisante  des  sérums  anti- 
aphteux efficaces,  divers  auteurs  furent  tout  naturellement  conduits  à 
utiliser,  dans  la  lutte  contre  la  redoutable  épizootie,  le  sang  ou  le  sérum 
d'animaux  guéris  (Perroncito,  Kuypers,  Beijers,  Broersma,  Aukenia, 
Lebailly.  Deslions,  etc.). 

Entièrement  satisfaisants  pour  les  uns,  des  plus  discutables  pour  les 
autres,  les  résultats  rapportés  dans  les  diverses  publications  françaises  ou 
étrangères  devaient  être  comparés,  opposés  entre  eux,  soumis  aussi  à  un 
contrôle  expérimental. 

Reprenant  nos  premiers  travaux,  poursuivis  avec  Xocard  et  Roux  dès 
1902,  nous  formulons  aujourd'hui  une  opinion  ferme  sur  la  valeur  de  la 
méthode  et  les  conditions  de  son  utilisation.  La  voici  sommairement 
résumée  : 

I.  De  même  que  les  producteurs  expérimentaux  de  divers  sérums  théra- 
peutiques, les  bovins  guéris  de  fièvre  aphteuse  ne  fournissent  point  tous, 
à  conditions  égales  d'infection,  des  sangs  également  actifs. 

Il  est  donc  nécessaire,  dans  le  but  de  régulariser  les  résultats  de  l'hénio- 
thérapie,  d'utiliser  dans  la  plus  large  mesure  possible  un  mélange  homogène 
de  sangs  citrates  empruntés,  à  tout  un  groupe  d'animaux,  du  douzivme  au 
quinzième  pur  après  l'éruption  résicii/ruse.  On  n'utilisera  dans  aucun  cas 
le  sang  recueilli  chez  un  seul  convalescent,  si  grave  qu'ait  pu  paraître 
l'infeclion  qu'il  a  subie.  Il  y  a  lien  d'ailleurs,  dans  l'appréciation  de  la 
gravité  de  l'évolution  de  la  maladie,  chez  un  malade,  de  ne  point  confondre 
ce  qui  revient  à  l'infeclion  proprement  dite  et  ce  qui  relève  de  compli- 
cations diverses  survenues  sur  les  lésions  de  sortie  du  virus. 

II.  Additionné  d'un  antiseptique,  le  sang  citrate  peut  être  conservé  au 
frigorifique  à  +  i"  durant  au  moins  trois  mois  sans  rien  perdre  de  ses  qua- 
lités utiles. 

III.  Va\  aucun  cas,  la  dose  employée,  quelle  que  soit  l'espèce  animale 
traitée,  ne  sera  inférieure  à  i""'  de  sang  par  kilogramme  du  poids  vif  à 
protéger  (  '). 

IV.  Les  conditions  ci-dessus  précisées  étant  satisfaites,  les  injections  de 
sang  citrate  provenant  d'animaux  guéris  se  révèlent  très  régulièrement 


(')  Nous  avons  signalé  déjà,  en  1908,  que  la  dose  efficace  de  sérum  provenant  d'ani- 
maux guéris  oscille  entre  Son'''"'  et  1000™'  {Revue  générale  de  Médecine  vétérinaire, 
t.  1 ,  ipoS,  p.  3-2). 


SÉANCE    DU    6   Jl  IN    I92I.  '45l 

pourvues  de  qualités  préventives  entières,  qui  permellent  aux  animaux  qui 
en  bénéficient  de  résister  victorieusement,  tant  à  la  contamination  naturelle 
qu'à  l'inoculation  sons-cutanée  de  doses  massives  de  virus  aphteux  (lymphe 
virulente,  ^  de  centimètre  cube;  sang  virulent,  5™'  et  10""'). 

V.  La  durée  de  l'immunité  conférée  n'excède  pas  i;")  jours  dans  lu 
plupart  des  cas.  Elle  peut  être  prolongée  de  temps  égaux  à  la  faveur  d'une 
seconde  ou  d'une  troisième  injection  effectuées  dans  les  mêmes  conditions 
que  la  première. 

VI.  Seuls  sont  prémunis  les  sujets  encore  indemnes  au  moment  de 
l'injection  préventive.  Pratiquée  au  cours  de  Tincubation  de  la  maladie, 
l'injection  de  sang  d'animaux  guéris  n'entrave  en  rien  la  marche  de  l'in- 
feclion  qui,  cependant,  évolue  sous  une  forme  d'apparence  plus  bénigne. 

Si  fructueuse  que  puisse  être  l'utilisation  pratique  de  l'hémoprévention, 
surtout  pour  l'infaillible  conservation  des  jeunes  sujets,  elle  demeure  d'un 
intérêt  limité  au  regard  du  bénéfice  qu'on  peut  attendre  d'une  méthode 
susceptible  de  conférer  aux  organismes  à  protéger  une  résistance  d'une 
plus  longue  durée. 

Les  tentatives  réalisées  dans  ce  but  par  Lôffler,  Nocard,  Roux  et  nous- 
mêmes,  Cosco  et  Aguzzi,  etc..  sont  bien  connues.  La  plupart  d'entre  elles 
tendaient  à  des  essais  de  séro-vaccinalion. 

Nous  avons  repris  nos  recherches  en  ce  sens  en  utilisant  le  sang  issu 
d'animaux  guéris,  diversement  associé  au  virus  aphteux,  représenté  soil 
par  des  lymphes  aphteuses  ou  des  broyages  d'épithéliums  filtrés  sur 
bougie,  soit,  de  préférence,  par  du  sang  virulent  défibriné. 

Sous  le  couvert  d'une  injection  de  sang  d'animaux  guéris,  efTectuée  dans 
les  conditions  ci-dessus  précisées,  on  peut  impunément  inoculer  aux  bovidés 
et  au  mouton  des  doses  de  1""'  à  10™'  de  sang  virulent,  soit  au  moment 
même  de  l'injection  du  sang  préventif,  soit  5  jours  plus  tard. 

Les  animaux  ainsi  traités,  éprouvés  (alors  qu'ils  ont  en  toute  certitude 
éliminé  le  sang  par  eux  reçu  à  titre  préventif)  soit  par  contact  avec  des 
malades,  soit  par  aphtisation,  résistent  à  l'infection.  En  dehors  du  labora- 
toire, ils  traversent  sans  dommage  toute  une  épizootie  sans  contracter  la 
maladie. 

Des  expériences  en  cours  établiront  la  durée  de  l'immunité  ainsi  con- 
férée, sa  valeur  au  regard  des  virus  aphteux  de  races  ou  d'activités  diverses, 
et  s'il  convient  de  donner  la  préférence  à  l'inoculation  simultanée  du  sang 
d'animaux  guéris  et  du  virus,  ou  aux  inoculations  successives  de  l'un  et  de 
l'autre. 


l452  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lîn  exécution  des  décisions  de  la  Conférence  internationale  pour  la  lutte 
contre  les  épizooties,  récemment  ouverte  à  Paris,  il  nous  a  paru  indiqué  de 
livrer,  sans  plus  de  délai,  des  conclusions  qui  portent  sur  des  centaines 
d'animaux,  au  contrôle  des  expérimentateurs  chargés,  en  divers  pays,  de 
l'élude  de  la  fièvre  aphteuse. 


MKDECINE.  —  La  chronaxie  dans  la  dcgénércscence  WuUéiienne  neuro- 
musculaire^  chez  F  howme.  Nole(')de  M.  Giioittiiis  Bouiuiii«:No\,  trans- 
mise par  M.  d'Arsonval. 

L.  Lapicque  appelle  Chronaxie  le  tein|is  di'  passage  du  ooui-anl  nécessaire  pour 
obtenir  le  seuil  de  la  conlraclion  avec  une  iiileiisité  double  de  celle  qui  donne  le  seuil 
avec  une  ferniel^ire  prolongea  de  courant  conitaul  (courant  de  piles  ou  d'aeciimu- 
ialeurs)  :  ce  seuil  est  appelé  Rhcobase.  La  clironaxie  caractérise  l'excitabilité. 

Si  la  résistance  du  ciicuit  est  connue,  on  peut  mesurer  la  chronaxie  à  l'aide  des 
décharges  de  condensateurs. 

A  l'aide  des  décharges  de  condensateurs,  j'ai  réussi  à  mesurer  la  chronaxie  à  travers 
les  téguments  et  j'ai  donné  la  valeur  de  la  chronaxie  normale  des  muscles  squelelliques 
de  l'homme  et  leurs  nerfs,  et  ses  lois  (-).  Depuis,  j'ai  simplifié  la  technique  (').  Des 
recherches  de  contrôle  avec  le  pistolet  de  Weiss  ont  confirmé  l'exactitude  de  la 
méthode  ('). 

En  appliquant  à  la  dégénérescence  Wallérienne  neuro-musculaire  la 
mesure  de  l'excitabilité  par  la  chronaxie,  j'ai  obtenu  des  résultats  qui  ont 
été  consignés  dans  le  pli  cacheté  déposé  le  9  octobre  191 G  et  que  je  viens  de 
faire  ouvrir. 

Mes  recherches  actuelles  ont  porté  sur  /|00  sujets,  dont  33o  blessés  de 
guerre,  qui  réalisaient  de  véritables  expériences,  et  ont  confirmé  mes  pre- 
miers résultats. 

Les  lésions  des  nerfs  périphériques  s'accompagnent  de  dégénérescence  des  muscles. 
Quand  les  muscles  striés  dégénèrent,  leur  contraeiioii,  normalement  \ivi'.  se  lalentil 
et  devient  d'abord  galvanotoui(|ue  (contraction  toni(|ue  pindant  le  passage  du  courant 
constant)  avec  début  brusque,  puis  franchement  lente. 

(')  Séance  du  3o  mai  192  i. 

(■•)  Comptes  rendus,  t.  1G2,  igid,  p.  o'iO,  et  1.  Ki:}.  içjiC),  p.  (\S  ;  lUill.  Soc.  Hiol., 
17  juin  et  !'■'' juillet  1916. 

(■■')  liull.  Soc.  fiiol.,  3o  avril   19^.1. 

('•)  G.  lîouRr.uir.NOx  et  II.  L.iii(;iER.  /iii/l.  Soc.  Biol..  ')  mars  i()).i. 


SÉANCE    DU    6    JIIN    1921.  \f\5i 

On  (lil  ([lie  l;i  (li'g('iiéresc('iici'  r^t  tolale  qiuiiul  il  y  a  incvcilaliililé  |)ai'  le  nerf,  cl 
pailii'lio  quaiul  ro\<italioii   par  le  ncif  esl  encoie  possible. 

I.  Dés^énérescence  loldle.  —  Lachronaxie  est  sensiblemeiil  la  inrinc  quelle 
que  soit  la  région  du  muscle  excitée  et  dépasse  rapidement  o^oi.  Elle  peut 
atteindre  o'',07.  (Les  chronaxies  normales  de  l'homme  sont  comprises 
entre  o\oooi  et  o%ooo7  suivant  les  muscles.)  La  contraction  devient  lente. 

IL  Dégéné?-escence  parlielle.  —  A  l'état  normal,  la  chronaxic  est  sensi- 
blement la  même  sur  le  nerf,  au  point  moteur  du  muscle  (point  de  péné- 
tration du  nerf  dans  le  muscle)  et  par  excitation  longitudinale  (électrode 
active  placée  sur  le  tendon  ou  à  l'union  du  tendon  et  du  muscle). 

Mes  expériences  sur  la  dégénérescence  partielle  caractérisée  (3  semaines 
à  6  mois  après  la  blessure  ou  le  début  de  la  maladie)  par  excitation  avec  le 
pôle  négatif,  ont  donné  les  l'ésultats  suivants  : 

i"  La  chronaxie  est  différente  suivant  le  siège  de  l'excitation  :  sur  le  nerf 
elle  reste  normale  ou  s'élève  un  peu  :  la  contraction  par  le  nerf  est  vive. 

Par  excitation  longitudinale  la  chronaxie  est  grande  :  la  contraction  est 
galvanolonique  avec  début  brusque,  ou  franchement  lente. 

Au  point  moteur  du  muscle,  la  chronaxie  est  intermédiaire  aux  deux 
précédentes  et  se  rapproche  davantage  de  celle  du  nerf  ou  de  celle  de  l'exci- 
tation longitudinale,  suivant  la  forme  de  la  contraction. 

La  chronaxie  de  la  contraction  vive  est  normale  ou  légèrement 
augmentée,  sans  jamais  dépasser  i5  fois  la  valeur  normale. 

La  chronaxie  du  galvanotonus  à  début  brusque  esl  toujours  supérieure 
à  i5  fois  la  valeur  normale  et  inférieure  à  o%oi. 

La  chronaxie  de  la  contraction  lente  dépasse  toujours  5o  fois  la  valeur 
normale  (au  moins  o%oi)  et  j)eut  augmenter  jusqu'à  o'',07. 

2"  Dans  certains  cas  favorables,  on  peut  prendre  successivement,  au 
point  moteur,  la  chronaxie  d'une  contraction  vive  et  la  chronaxie  d'une 
contraction  lente. 

3°  En  faisant  le  rapport  du  temps  utile  (temps  minimum  de  passage  du 
courant  donnant  le  seuil  avec  la  même  intensité  que  la  fermeture  du  courant 
continu)  à  la  chronaxie,  on  trouve  un  rapport  plus  grand  qu'à  l'état  normal. 

Si  au  lieu  de  mesurer  directement  la  chronaxie  on  la  calcule  en  cher- 
chant le  seuil  avec  deux  capacités  différentes,  grandes  (i™'  à  4"')  on  petites 
(o'"*^,  I  à  o"'',  5),  on  trouve  une  chronaxie  répondant  au  temps  utile  avec  les 
grandes  capacités,  et  une  chronaxie  répondant  à  la  chronaxie  mesurée 
directement  avec  les  petites  capacités. 


l454  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Ces  faits  i:ioiitrent  que  le  muscle  en  dégénérescence  partielle  n'est  pas 
homogène.  Il  n'a  pas  une  chronaxie,  mais  au  moins  deux  citronaxies,  et  il 
est  composé  de  fibres  vives  el  de  fibres  lentes.  Le  teime  partielle  doit 
s'entendre  comme  désignant  la  répartition  de  la  lésion  à  une  partie  des  fibres  ^ 
et  non  le  degré  de  la  lésicm. 

Conclusions.  —  1.  Le  muscle  en  dégénérescence  totale  est  /lumogène, 
composé  exclusivement  de  libres  lentes. 

2.  La  contraction  restée  vive  a  une  cbronaxie  ne  dépassant  jamais  lafois 
la  valeur  normale.  C'est  ce  qu'on  trouve  aussi  bien  flans  le  début  de  la 
dégénérescence  que  dans  les  atrophies  réflexes. 

Le  galvanotonus  a  une  chronaxie  comprise  entre  i5  lois  la  normale  el 
moins  de  o%oi;  elle  oscille  en  général  entre  o%ooi  et  o\oo8.  La  contrac- 
tion lente  a  une  chronaxie  comprise  entre  o%oi  et  o-jO-. 

3.  Le  muscle  en  dégénérescence  partielle  est  hétérogène.  Il  n'a  pas  une 
chronaxie,  mais  au  moins  deux  cbronaxies,  et  est  composé  d'un  mélange  de 
fibres  vives  et  libres  lentes. 


La  séance  est  levée  à  i6  heures. 

A.  Lx. 


SÉANCE    DU   6   Jl  IN    I921.  1455 


BULLETIiN    lilBLIOGKAPMIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  les  séances  d'avril  1921. 

Fédération  française  des  sociélés  de  sciences  naturelles.  Office  central  de  faunis- 
tique.  Faune  de  France.  I  :  Fcliinodernies,  par  H.  Koehler.  Paris,  Paul  Lechevalier; 
I  vol.  23"^"'.  (Présenté  par  M.  Bouvier.) 

Mémoires  concernant  l'Iiisloire  naturelle  de  l  Empire  chinois,  par  des  Pères  de 
LA  Co.MPAGNiK  DE  JÉSUS.  Tome  Vl.  Premier  Caliior  :  L'herbier  de  Zi-ka-wei.  Herbori- 
sations dans  le  Kiang-sou  en  1918.  Chang-IIaï,  Imprimerie  de  la  Mission  catholique, 
1920;  I  vol.  43'='".  (Présenté  par  M.  H.  Lecomte.) 

Bibliotlièque  de  culture  générale.  Histoire  de  la  formation  du  sous-sol  de  la 
France.  Les  anciennes  mers  de  la  France  et  leurs  dépôts,  par  Léon  Bertrand.  Paris, 
Ernest  Flammarion,  1921;  1  vol.  19"=°".  (Présenté  par  iM.  Pierre  Termier.) 

Atlas  météorologique  de  Paris,  par  Joseph  Lévlne.  Paris,  Gauthier-Villars,  1921; 
I  vol.  34""".  (Présenté  par  M.  Bigourdan.) 

MouK'eau  traité  des  eaux  souterraines,  par  E.-A.  Martel.  Paris,  Doin,  iy2i; 
1  vol.  24"\ 

Actes  dii  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Rouen.  Discours  sur  l'évolution  des 
connaissances  en  histoire  naturelle,  par  Georges  Pennetier.  IV"  Partie,  xviii"- 
XLV  siècles.  Botanique.  Rouen,  Imprimerie  administrative  de  la  ville,  1917.  i  vol.  24'''". 

Programme  général  des  éludes  de  physique  et  de  mécanique  intéressant  le 
Service  technique  de  l'Aéronautique.  Ministère  des  Travaux  publics.  Sous-Secréta- 
riat d'Etat  de  l'Aéronautique  et  des  Transports  aériens.  Service  technique  aéronau- 
tique. I  fasc.  3i'=™. 

Précis  de  médecine  légale,  par  A.  Lacassagne  et  Etienne  Martin.  Paris,  Masson 
et  G"',  192  i;  I  vol.  19"".  (Présenté  par  M.  Widal.) 

(.4  suivre.) 


1456 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du  9  mai   1921.) 

Noie  de  iM.  St.  Procopùi.  Sur  la  biréfringence  électrique  des  Liqueurs 
mixtes  et  la  structure  cristalline  : 

Piige  1174,  ligne  9,  nu  lieu  de  5ô5s  par  litre,  /ire  55^  par  lilre. 


(Séance  du  3o  mai   1921.) 

Note  de   M"''    ^l'ol/f,   Sur   le    iurluralcamphre  et  quelques-uns    de  ses 
dérivés  : 

l^aye  loTtg,   lignes  5,  i5,  18  et   nole(')dii   bas  de  la   page,  remplacer  les  forinulcs 
suivantes  : 


Au  lieu  de 


,CH  -  C 


G«Hr 


C"H" 


en 

^CO    cil Ici! 

(  I 
\co 


/ 


cil" 


c« 

H' 

\co 

cil 
cil 

^  en  - 
0 
—  cil 

c 

H 

() 

Lire  : 

H  Ar     O 

,CH  -  C  -  C 


C»H'*: 


CO         lie 
/CMl 


CH 

Cil 


/CH  — Cil  -C'iiMj 

(:-ii'<  I 


/' 


c/11 


/CM       (fil— C-ll'U 

\C() 

o 

CH/\,C- 


CIliJ — "Cil 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    13  JUIN    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  Appeli.,  en  présentant  à  l'Académie  un  opuscule  intitulé  Elèmcnls  de 
la  Théorie  des  vecteurs  et  de  la  Géométrie  analytique,  s'exprime  comme  il  suit  : 

Avant  la  guerre,  les  Allemands  avaient  publié  des  collections  nombreuses 
d'opuscules  portant  sur  des  questions  de  littérature,  d'art,  d'histoire,  de 
philosophie  et  de  science;  il  est  très  important,  pour  le  rayonnement  de  la 
pensée  française,  que  des  collections  analogues  se  publient  en  France;  la 
librairie  Payot  en  a  commencé  une  :  j'ai  tenu  à  l'encourager  en  lui  donnant 
la  matière  de  ce  petit  volume  de  1/17  pages.  Les  formules  fondamentales  de 
la  Géométrie  analytique  s'y  trouvent  rattachées  à  celles  de  la  Théorie  des 
vecteurs  :  projections  et  grandeur  d'un  vecteur  ;  angle  de  deux  vecteurs  ; 
conditions  de  parallélisme  ou  de  perpendicularilé  de  deux  vecteurs. 

S.  A.  S.  Albert  de  Monaco  fait  hommage  à  l'Académie  des  Résultats 
des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  :  Fascicule  LIX  : 
Antipathaires  provenant  des  campagnes  des  yachts  Princesse-Alice  et  Hiron- 
delle II  (igoS-iQiS),  par  Cn.  Gra-vieu. 


ELECTIO]\S. 

Par  la  majorité  absolue  des  votants.  M,  Widal  est  désigné  pour  faire 
partie  de  la  Commission  supérieure  des  maladies  d'origine  professionnelle , 
en  remplacement  de  M.  .1.  Laveran,  démissionnaire. 

C.  R.,  igJi,  1"  Semestre.  (T.  172,  N"  24.)  IO7 


i4j8  académie  des  sciekces. 


CORRESPONDANCE. 


Le  Sous-DiRECTErR  le  i.'Ecole  d'Anthropologie  fait  connaître  à  F  Aca- 
démie l'emploi  qui  a  <!'té  fait  d'une  partie  de  la  subvention  accordée  en  1920 
sur  la  fondation  Loulreiill  pour  la  publication  de  la  Reiue  ant/irojjologique. 


Le  Secrétaike  du  Comité  d'exécution  poir  i.'ékection  d'ux  monument  a 
LA  MÉnoiRE  DE  l'asthoxo.me  Li\  Caille,  A  HuMUiNY  (Ardennes).  annonce 
à  l'Académie  que  l'inauguration  de  ce  monument  aura  lieu  le  samedi 
3o  juillet  prochain. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  P.  CiiAnno.NNiiir,.  Traite  de  Balistirjiie  extérieure.  Tome  I  :  Balistique 
exlériewe  rdliofinelle.  Les  thèorénies  généraux  de  la  Balistique.  (Présenté  par 
M.  Sebert.) 

2"  M.  Klii'PEl.  L'évolution  de  l'organisme  et  la  maladie.  (Présenté  par 
M.  Bazy.) 

3"  Léon  IvAriAsiNSKi.  W'ytrzymaioès  livorzyw. 


ANAI^YSE  MA1'IIÉ.MATIQI:e.  —  Equations  de  Fredhobn  ii  intégrales  principales 
au  sens  de  Cauc/iy.  Noti'  de  M.  Gaston  Bertrand. 

1.  Certains  problèmes  de  Physique  malliémallque,  notamment  e<-lui  des 
marées,  couduiseni  à  des  équalimis  inlégrales  dans  lesqiu'lles  les  intégrales 
ordinairi'S  soiil  remplacées  par  iem-  valeur  principale  au  sens  de  Caucliy.  Il 
esl  donc  utile  d'eu  ap[)r()londir  la  ibéorie  éban(lié<'  par  Poiiicaré.  Dans  ci' 
(pii  suit,  on  désignera  la  valeur  principale  par  le  signe  siunnii'  liabitui'l  suivi 
d'un  accent. 

Thi:oiu;mk  L  —  Etant  donnée  une  courbe  1  kii.mi  1:  C  à  tangente  uruijue  sur 
laquelle  se  meut  la  rcuiahle  complexe  x,  et  une  fonction  f(x')  holomorphe  dans 
une  bande  tO  à  cheval  sur  C  ;  si  l'on  prend  dans  cette  bande  un  contour  fermé  M 


SÉANCE   DU    l'i   JUIX    I921.  j/459 

fnlérieiir  à  C  el  un  contour  fermé  M'  extérieur,  un  a 

'f{y)'iy 


r  J\y)dy  ^  11    rf{y)dY  ^  i  A 


y- 


ce.  qui  ramène  les  intégrales  de  Cauchy  aux  intégrales  ordinaires. 
.    Théorème  II.  —  f{x)  étant  la  fonction  précédente,  A.{x,y)  el  B(j.-,  v) 
deux  fonctions  des  deux  variables  complexes  x  et  y  holomorphes  dans  la  même 
bande  co,  on  a 

Je   y--^    ■'Je    --J  Je 

en  posant 

Oi<,  s'il  y  a  lieu. 

Je   y-^'    --y   " 

Celle  formule  fniidamenlale  permet  d'itérer  les  noyaux  singuliers.  Uu 
cliaiigement  de  variables  la  rend  applieablc  au  domaine  réel. 

TmionÈME  111.  —  Soient  M  (a;,  y)  et  N(x,y)  deux  noyaux,  admettant  la 
période  O  par  rapport  à  x  et  ày,  holomorphes  dans  de  petites  bandes  à  cheval 
sur  /es  axes  réels  des  x  et  des  v,  sauf  au  point  y  =  x  où  l'on  a 

/'(j:)  ayant  la  même  péridde  l'I  le  uième  domaine  d'hojomorpliie,  on  Uouvt> 

Ç      \{.v,r)dyf      M{y,z)/{z)dz 

=  -7r^N,(a-)M,(x)/(^)+  r    f{z)dzf      \  (.r,  j)  M  (  r,  =)  c//. 

C'est  la  formule  à'interversionôn^  Tordre  des  inlégralioiis  dans  u)ie  intégrale 
double  avec  valeurs  principales. 

2.  Application  à  la  théorie  des  marées.  —  La  première  question  à  résoudre 
est  la  suivante  :  Trouver  une  Jonction  z>{x^  y)  harmonique  à  l'intérieur  d' un 
domaine  tO  et  salisjaisanlsur  son  contour  C  à  la  relation 

-Y-  -\ cos  y  -p  =  7 1  .$  ) . 

on  [1.  Os 


l46o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

w  est  la  vitesse  de  rotation  de  la  Terre,  [j.  une  quantité  réelle,  0  une  fonc- 
tion connue  de  s. 
Si  l'on  pose 

(!){x,y)r^i   \o^- p{s')ds' . 

on  sera  amené  à  considérer  la  dérivée  langentielle  d'un  potentiel  de  simple 
couche,  dérivée  qui  a  pour  expression  une  intégrale  dont  on  ne  prend  (jue 
la  valeur  principale.  On  obtient  ainsi,  avec  les  notations  habituelles, 
réquation 

r     ,    ,,  cosi";    ,,        2fjw'c()s5    r      ,    ,    siri'L    ,  , 

■Krjys)z=--/_is)-^    \    p{s)—-J-ds'^ /      p{s)-—^ds. 

Si  la  courbe  C  est  règuliéirntent  analytique ^  le  noyau  — ^  n"a  pour  toute 

singularité  qu'un  pôle  simple  de  résidu  i ,  on  peut  appli<[uer  le  tliéorème  IV 
et  l'itération  donne 


Si  I '- — ; —  ne  s'annule  pas,  on  a  une  é(|uation  de  Fredholm  ordi- 
naire; 

Si  I 5 s  annule,   1  ecpialion   obtenue   rentre  dans   le    type  de 

celles  que  M.  Picard  a  appelées  équations  de  troisième  espèce. 

3 .   Application  aux  équations  de  première  espèce  : 

Exemple  I.   —   /(x)  étant   donnée,  résoudre   par  des   i'onclions  holo- 
morplies  o(.r)  ré(|ualion 

On  trouve  aisément,  en  remarquant  (|ue 


'  ny)dy 


y  —  X 


et  cette  l'orniule  peut  étie  vériliéc  en  preiuint  pour  C  une  circonférence 
et  en  leinplaeant  y(.i')  et  ='(■»)  par  leurs  développements  en  série  de 
Laur(  nt. 


SÉANCE    DU    l3    JUIX    1921.  l46l 

Exemple  II.  —  Trouver  la  dcnsilé  g{y)  d'une  simple  couche  répandue 
sur  une  circonférence  de  ravon  i  connaissant  en  chaque  point  de  ceUe-ci  hi 
composante  tangenlicUe  de  l'allraclion  -J\x)  (.r  et  y  représentent  l'arc). 
L'é(|ualion  du  problème  esl 

"         2  tane 

2 

et  l'application  de  la  formule  du  théorème  11!  donne  immédialemenl 


.<«,  =  -!/-' 


"        /(,'•)'(>' 


c. 


2  tant;'- 


Pour  une  circonférence  il  y  a  donc  une  sorte  de  réciprocité  entre  la 
densité  de  la  simple  couche  et  la  composante  taiigentielle  de  son  attraction. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  qui  (idniettenl  un  ihéorèine 
d'addilion  algébrique.  Note  de  M.  H.  Misiecr. 

I.   Soit  z  =  K-c;  v)  une  fonction  de  deux  variables  possédant  les  pro- 
priétés suivantes  : 

1°  (^)uels  que  soient  x.,  v,  z,  on  a 

2°  Il  existe  un  nombre  a  tel  que 

'^  [  a  ;  a-  ]  iz;  j;,  tj;  [  .r  ;  i<  ]  =  ,r 

quel  que  soit  x. 
Posons 

désignons  par  '-{^.(a;)  la  fonction  inverse  de  ■|'„(-î?)  et  par  '\/,.{^x^  la  fonction 
'l/'T'IiC^)!'  définissons  'l^_„(^x')  par  la  condition 

'|i,j(x)  se  trouve  définie  pour  toutes  les  valeurs  du  nombre  rationnel  n  et 
vérifie 


I/JG2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

II.  Supposons  que  la  fonction  considérée  :;  =  ,J;(a-,  r)  soit  une  fonction 
analytique  holomorphe  dans  le  voisinage  de  x  =  a,  y  =  y..  11  existe  alors 
une  fonction  analytique  et  une  seule  f{x,  t),  holomorphe  lorsque  x  et  t  sont 
voisins  respccliveinent  de  a  et  de  o,  qui  se  réduit  à  '\'r(x)  lorsque  /  est 
rationnel.  Nous  poserons 

Il  résulte  de  la  foimule 

que  'K-^i  '^')  t-'st  symétrique  par  rapport  à  a;  et  à  y;  cette  ronction  est  dite 
indéftnlmenl  symétrique. 

III.  L'équation  fonctionnelle 

(')  ^  /{-r+j)  =  ?[/(^-), /(y)]- 

où  cp(a7;  y)  ost  indéfiniment  symétrique  et  où  f(x)  est  l'inconnue,  admet 
une  infinité  de  solutions  lioloniorplies  dans  le  voisinage  de  a:  =  o  el  se 
réduisant  à  a  pour  x  =  o.  Elles  sont  toutes  de  la  l'orme  /(a-)—  o.,.(C), 
où  G  est  une  constante  arbitraire. 

Réciproquement,  s'il  existe  une  l'onction  vérifiant  cette  équation  fonction- 
nelle, o(;r,  )-)  est  indéfiniment  symétrique. 

<_)n  peut  en  déduire  que  tout  groupe  continu  à  un  paramètre  est  permu- 
table et  scndilable  au  groupe  des  translations  à  un  paramètre. 

IV.  Etudions  le  cas  où  z  =■  '^{x,y)  est  une  branche  de  fonction  algé- 
brique définie  par  l'équation 

(■-!)  l'C'*"-  y;  ^)  =  o- 

Les  fonctions  /(«)  définies  par  (i)  admettent  le    théorème  d'addition 

algébrique 

(3)  ■  «!>[/("),/(«•);/(" +  <')]==o 

et  par  conséquent  rentrent  dans  l'un  des  trois  types  suivants  :  fonction  algé- 
brique; fonction  algébrique  de  r'"';  fonction  algébrique  d'une  fonction 
ellipti(|ue. 

Nous  sommes  donc  conduits  à  étudier  le  théorème  d'addition  de  ces 
fonctions. 

V.  Le  cas  lo  plus  simple  est  celui  o(\f(u)  est  uniforme  : 
Soity(«)  une  fonction  elliptique  et 

(3)  <!»[/(«),/(  (•l;/(»  -hOJnrO 

son  théorème  d'addition,  on  démontre  les  résultats  suivants  : 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I921.  1403 

1"  L'élimination  de  l  entre  les  équations  $(0-,  y;  t)  =  o,  «I>(/,  c;  Z)  =  o 
conduit  a  une  relation  0(a;,  i',  r;  Z)  ^  o  symétrique  en  x,y,  z. 

2°  11  existe  une  valeur  a  et  une  seule  telle  que  <!»(  r,  a;  a;)  ==  o. 

3°  Il  existe  une  seule  racine  c  =  s(.r,  y)  de  l'équation  (2),  liolomorphe 
lorsque  a?  et  y  sont  voisins  de  a,  égale  à  a  lorsque  ce  ^  ca,  y  ==  a,  et  symé- 
trique par  rapport  à  a;  et  à  v;  cette  racine  vérifie  o(x',  a)  =  .r. 

VI.  Réciproquement,  supposons  que  *!>  vérifie  les  conditions  précé- 
dentes, la  racine  z  ^  (f{x,y),  définie  au  3°  est  indéfiniment  symétrique, 
la  fonction  /{u)  =  a»„(C),  où  C  est  une  constante,  est  holomorplie  dans  le 
voisinage  de  w  =  o  et  vérifie  l'équation  (3);  il  est  facile  de  suivre  son  pro- 
longement analytique  et  de  voir  qu'elle  est  uniforme. 

Les  conditions  du  paragraphe  V  sont  donc  nécessaires  et  suffisantes  pour 
qu'il  existe  une  fonction  uniforme  vérifiant  l'équation  (3).  On  peut  recon- 
naître facilement  si  les  fonctions  ainsi  définies  sont  rationnelles,  ration- 
nelles en  c^"  ou  elliptiques. 

VIL  Soit 

(3)  $[X(«),  X(r);  X(« +  ,•)]  =  o 

le  théorème  d'addition  d'une  roiiclioii  algébrique  X  d'une  fonction  ellip- 
tique/(i<). 

La  condition  1°  du  paragraphe  V  est  toujours  vérifiée  par  <I>;  il  existe 
n  valeurs  a,,  a,,  a„  telles  que 

'I>(.r,  a,;  .r)  =  o, 

et  pour  chacun  de  ces  nombres  a,  la  condition  3"  est  vérifiée. 

Récipro(juement,  on  démontre  que  si  $(a',  y,  z)  salisfait  aux  conditions 
précédentes,  il  existe  une  infinité  de  fonctions  X(i<)  admettaiil  n  déterrai- 
nalions  dans  tout  11' plan  etvériliaiil  ré(|ualion  (3).  Ce  sont  des  l'onclions 
algébriques  de  fonctions  uniformes  de  u. 

Le  polynôme  $  élanl  donné,  on  peut  former  par  des  calculs  rationnels 
une  relation  algébri([U(' 

l-'(.r,  \)  =  o 

telle  (.[ue  les  solutions  X(;/)  de  l'équation  (3)  soient  définies  par  une  équa- 
tion de  la  forme 

F[/("),X(,0]=^o, 

où/'(«)  est  une  fonction  uniforme;  par  élimination,  ou  pourra  former  le 
théorème  d'addition  de  /"(;/). 


l4G4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  /ivpercylindriques. 
Note  de  M.  .1.  Kampé  de  Fériet,  présentée  par  M.  Appell. 

Les  fonctions  considérées  récemn:ient  par  M.  Pierre  Humbert(').  sous  le 
nom  de  fond  ions  hypcrcylindriqties.  jouent  par  rapport  aux  fonctions  har- 
nioni({ues  dans  l'espace  à  un  nombre  quelconque  de  dimensions  le  même  rôle 
que  les  fonctions  cylindriques  de  Bessel  dans  l'espace  à  trois  dimensions. 
Dans  l'expression  d'une  fonction  harmonique  en  coordonnées  hypercylin- 
driques,  M.  Ilumbert  introduit,  outre  des  fonctions  à  une  variable,  se 
déduisant  par  dérivation  des  polynômes  de  Gegenbauer,  une  fonction 
G(a,  8,  y,  X,  j)  qui  est  une  dégénérescence  de  la  fonction  hypergéomélrique 
de  M.  Appell  F.,(cf.,  o'.','ji,[i',^^',x,y).  Je  voudrais  montrer  que  l'on  peut 
donner  de  ces  fonctions  harmoniques  une  expression  simple  et  symétrique,  où 
n'interviennent  pas  d'autres  éléments  que  les  fonctions  hypersphériques  à 
n  variables  et  les  fonctions  ordinaires  de  Bessel.  Il  suffit,  dans  ce  but,  de 
substituer  un  système  de  coordonnées  symétriques,  aux  coordonnées 
polaires  0,  ç,,  ...,  o,,^,  employées  par  M.  Ilumberl. 

Considérons,  dans  l'espace  à  n  +  3  dimensions  où  les  coordonnées 
rectangulaires  sont  ::|,  ...,;„+.,,  le  système  de  coordonnées  curvilignes 
défini  par 

:^■^  rxt,  z,z=zrx.2,  ....  :,iZ=r.  rjc„, 

j„_n  nz  /•  y/X„  cos tp,  j„^_,=: /■  y/\„  sin  o,  Zn+i=  t, 

(X„^i  —  x\  —  ... —  a;;,  ^o,         oiol'ii:.         — oc;;/ 5  4- oc) 

(le  passage  des  variables  a-,,  . ..  ,  x„  aux  angles  polaires  0,  o,,  . . . ,  ç>„_,  est 
immédiat). 

Dans  ce  système,  où  les  surfaces  /•  =  const.  sont  des  hypercylindres  (C) 
de  révolution  autour  de  l'axe  des  r„i;i)  l'équation  de  Laplace  s'écrit 

I     <)  I  ....  ôv\      .^<r-\-       I  â'-v 


dr\         Or  j  di-        -\„   <)'J- 


(')  Pierre  Humbert,  Sur  les  fonctions  /iy/>crcy/indriqiies  [Comptes  rendus,  t.  171, 
1920,  p.  490);  Les  fondions  hypercylindriques  dans  l'espace  à  « -H  2  dimensions 
{Comptes  rendus,  t.  171.  1920,  p.  587);  J  lie  Conlhienl  Hypergeonictric  Funclions 
of  two  variables  [Proceedings  of  Ihe  Itnyal  Socictr  of  Edinburgli,  vol.  'il.  Part  I, 
n°9,  192.). 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    192I.  l465 

Clicrclions,  par  analo<;'ie  avec  la  métliodo  classique  pour  l'espace  ordi- 
naire, à  déterminer  une  solution  F  de  la  forme 

Fr=r-""P(,r,,  ....  J-„-)/(/-)*^°^/-» 

(A  constante  arbitraire.  /.  entier  positif). 

Il  est  clair  que  l'équation  de  Laplace  est  satisfaite  lorsque  l'on  a 

(//■-  /■       dr        L  '  J 

Or,  en  supposant  que  u.  est  un  entier  positif  supérieur  à  k,  la  première 
équation  est  vérifiée  (juand  on  prend  pour  P  une  fonction  hypersphérique 
de  degré  u.  et  d'ordre  /:,  V'^-''  {x^,  . . . ,  x,^)\  on  sait  que  ces  fonctions  se 
déduisent  très  simplement  des  polynômes  d'Hermite  V„, „,„(^i  >  •  •  •  j  ^n)  '• 

P'M,(^„ ,„)  =  xJ^-_^  /«^,  +  ...^-^,„=:^,  ^_ 

^  "  à.r\^ .  . .  t)a-î,"  \  /. ,  +  .  .  .  +  />•„  =  /. ,     oi  I;  5  p./ 

Quant  à  la  deuxième  équation  elle  est  vérifiée  si  l'on  prend 

■2 
J      „  désignant  une  fonction  cylindrique  de  Bessel. 

Nous  obtenons  donc,  pour  la  fonction  harmonique,  l'expression 

(2)  p,M)— c'"''P^!^-'"(.r, x,i)r~~-i       Alr)'^''^  ko. 

!J.+  -  sin 

Les  entiers  a  et  k  étant  donnés,  il  existe  2  ,   '  ^ — ^  fonctions  harmoniques 

'  (  '  J  ,"•  —  '■'  ) 

de  ce  type  linéairement  indépendantes;  exceptionnellement  pour  X- =  o,  ce 
nombre  s'abaisse  à  JhJL^^  et,  comme  la  fonction  hypersphérique  zonale  P'^''" 
se  réduit  au  polynôme  d'Hermite,  on  a  dans  ce  cas 

¥'V:'')  —  e't\„,^ „,„(:.ri,  ...,x„)r~~-i^     „(>■/•)• 

En  faisant  n  =  o  dans  (2)  on  retrouve  la  formule  classique^our  l'espace 


l466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  trois  dimensions  : 

11  est  à  remarquer  que,  si  la  théorie  des  fondions  liarmoniques  à  trois 
variables  ne  conduit  à  considérer  que  des  fonctions  de  Bessel  à  indices 
entiers,  au  contraire  la  formule  (2)  introduit  ces  mêmes  fonctions  avec  des 
indices  fractionnaires,  chaque  fois  que  le  nombre  des  dimensions  de  Tespace 

est  pair;  l'indice  de  J  est  alors  un  multiple  impair  de  -;  on  sait  que,  dans  ce 

cas.  J  s'exprime  par  des  fonctions  élémentaires.  , 

Les  fonctions  F'^'  s'introduisent  naturellement  pour  le  développement 
d'une  fonction,  harmonique  à  l'intérieur  de  l'hypercylindre  (C)  /•  =  i,  dont 
les  valeurs  sur  (C)  sont  données.  Pour  un  choix  convenable  de  X,  elles 
forment  un  système  de  fonctions  fondamentales  de  l'équation  (  i);  en  ell'et, 
si  l'on  prend  pour  A  une  racine  de  l'équation  J      „(>,)=::  o,  la  fonction  F*^* 

correspondanlc  s'annule  sur  (C)  et  reste  harmonique  dans  tout  domaine 
intérieur  à  (  C)  ne  s'étendant  pas  à  l'infini. 

MÉCANIQUE   APPLIQUÉE.    —    Les  résistances  de  roulement  cl  la  méthode 
optique  du  miroir.  \ote  de  M.  Jcles  Andkade. 

La  méthode  optique  que  j'ai  indiquée  pour  l'étude  expérimentale  des 
résistances  de  roulement  par  l'emploi  d'un  plan  rouleur,  roulant  sur  un 
cylindre  horizontal,  avait  l'inconvénient  de  confier  au  solide  mobile  le 
porlage  de  l'équipage  optique  générateur  d'un  faisceau  lumineux  de  rayons 
parallèles  dont  un  rayon   passait  par  un  point  'Cwc  de  l'espace. 

(Jelte  complication  peut  être  évitée  par  un  ajustage  préalable  et  con- 
venable du  solide  lié  au  plan  rouleur  et  construit  avec  lui. 

Le  cylindre  destiné  à  supporter  le  roulement  est  préalablement  sectionné 
sur  sa  longueur  par  une  section  transverse  le  partageant  en  deux  cylindres 
de  longueurs  à  peu  près  égales;  l'un  de  ces  cylindres  choisi  pour  supporter 
le  roulement  est  sectionné  à  son  tour  par  um^  section  longitudinale  qui  va 
tailler  le  futur  support  en  une  lentille  cylindrique  dont  le  dessus  convexe 
supportera  le  plan  rouleur;  mais  la  lentille  est  posée  par  son  plat  sur  la 
base  d'un  étrier  réglable  parallèle  aux  génératrices  du  cylindre,  dont  la 
direction  a  été  repérée. 

Le  plan  rouleur  forme  le  dessous  d'une  règle  dont  deux  talons  ajustés  en 


SÉANCE    DU    l3    JUIX    1921.  1467 

équerrc  forment  une  entaille  omerle  qui  permet  au  plan  rouleur  d'exccut(îr 
SCS  oscillations  par  roulement  sur  la  surface  convexe  de  la  lentille  cylin- 
drique (plan  convexe)  dont  les  génératrices  horizontales  sont  parallèles  à 
la  base  de  Tétrier  support;  sur  les  deux  talons  enfin  s'appuie  en  pont  une 
règle  dont  la  face  inférieure  porte  en  son  milieu  une  petite  entaille  rectan- 
gulaire formant  elle-même  miroir  ou  fixant  un  miroir  plan  dont  le  plan 
parallèle  au  plan  rouleur  est  aussi  parallèle  aux  génératrices  de  la  surface 
convexe  de  ce  cylindre;  or  la  distance  de  ces  plans  a  été  construite  égale 
au  rayon  du  cylindre  primitif  conservé  sur  le  demi-cylindre  témoin  et 
utilisé  pour  le  contrôle  de  cette  construction  et  de  ces  ajustages. 

Dans  ces  conditions,  le  plan  du  miroir  possède  la  double  propriété  d'être 
parallèle  au  plan  rouleur  et  de  passer  pendant  le  roulement  de  celui-ci 
constamment  par  l'axe  géométrique  de  la  surface  cylindrique  (conservée) 
de  la  lentille. 

C'est  sur  ce  miroir  mobile,  ainsi  axé  par  un  ajustage  formé  préalablement 
et  maintenu  par  l'appui  même  du  roulement  étudié,  que  l'on  envoie  un 
faisceau  cylindrique  de  lumière,  formé  et  dirigé  sur  des  supports  fixes  du 
laboratoire. 

Ainsi  la  méthode  du  miroir  tournant  reste  encore  applicable  dans 
l'emploi  d'un  plan  rouleur,  comme  dans  la  détermination  pendulaire  des 
glissements. 

MÉCANIQUE.  —  La  loi  de  firavilalion  ut  ses  conséquences. 
Note  (')  de  M.  J.  Le  Roux,  présentée  par  M.  G.  Kœnigs. 

L'étude  de  la  loi  de  gravitation  de  Schwarzschild  et  des  conséquences 
que  Ton  en  a  déduites  est  extrêmement  instructive  au  point  de  vue  de  la 
valeur  logique  de  la  théorie  de  la  relativité. 

Considérons  la  forme  quadratique  de  différentielles 

f  I)  (ls-  = /-"-dh'-—  r-i\n-Od'j)^'+  (  i )  dt''. 


Les  variables  /•,  0,  0  qui  figurent  dans  cette  forme  sont  interprétées 
comme  des  coordonnées  [xilaires  ordinaires.  Je  note,  eu  particulier,  qu(>  r 
est  le  nombre  qui  mesure  la  longueur  du  rayon  vecteur. 

(')   Séance  du  3o  mai  ig'Jl. 


l468  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I^e  systèijie  des  dix  équations  covariantes  d'Einstein  conserve  sa  forme 
générale  pour  toutes  les  transformations  ponctuelles  effectuées  sur  les 
quatre  variables.  Les  transformations  de  ce  groupe  toutefois  ne  conservent 
pas  chaque  solution  individuellement,  elles  translorment  les  intégrales  les 
unes  dans  les  autres.  A  la  forme  quadratique  (i)  correspondent  donc  toutes 
celles  qu'on  en  peut  déduire  par  une  transformation  du  gioupe  général  à 
quatre  variables. 

Dans  cet  ensemble,  la  forme  (i)  joue  le  rôle  d"une  forme  canonique  carac- 
térisée par  les  propriétés  suivantes  : 

1°  Elle  jouit  de  la  symétrie  sphérique  par  rapport  à  lorigine; 

2°  Les  trajectoires  des  mouvements  quon  en  déduit  sont  planes  et  par- 
courues suivant  la  loi  des  aires,  quand  on  attribue  à  la  variable  s  le  rôle  du 
temps  vulgaire  de  la  Mécanique  classique  (.çesl  \c  temps  propre,  Eigrnzeit,  de 
Minkowski)  ; 

3°  La  variable  t  ne  figure  dans  la  forme  que  par  le  carré  dl-  de  sa  diffé- 
rentielle. 

Considérons,  d'après  cela,  un  ensemble  de  mouvements  (M)  rapportés  à 
un  système  de  référence  (S)  et  régis,  dans  ce  système,  par  la  forme  quadra- 
tique (i  ). 

Les  mêmes  mouvements  rap[)orlés  à  un  autre  système  (  S')  seront  régis 
par  une  nouvelle  forme  quadratique  ds'-  se  déduisant  de  la  forme  (  i)  par  la 
même  transformation  qui  établit  la  correspondance  entre  (S)  et  (S'). 

On  pourrait  imaginer  que  (S)  el  (S')  correspondent,  par  exemple,  à 
deux  systèmes  d'axes  ayant  pour  origine  le  centre  du  Soleil,  l'un  (S), 
orienté  par  rapport  aux  étoiles  fixes,  l'autre  (S' ),  entraîné  dans  le  mouve- 
ment de  rotation  du  Soleil  par  rapport  à  (S). 

La  nouvelle  forme  ds'-  sera,  en  général,  diiférente  de  la  foime  cano- 
nique ds'-.  L'emploi  de  la  forme  canonique  suppose  donc  l'existence  d'un 
système  de  référence  privilégié  pour  lequel  les  mouvements  de  l'en- 
semble (M)  présentent  un  caractère  spécial  de  simplicité. 

Nous  ignorons  évidemment,  a  priori,  s'il  existe  d'autres  ensembles  de 
mouvements  (M')  pour  lesquels  le  système  (S)  correspondrait  lui-même 
à  une  forme  canonique.  Nous  constatons  simplement  que  l'expérience  n'a 
révélé  l'existence  que  d'un  seul  système  de  référence  privilégié;  et  cette 
constatation  a  une  importance  scienlilique  capitale. 

Nous  remontons  ainsi,  en  partant  de  la  théorie  de  la  relativité,  à  l'un  des 
principes  fondamentaux  de  la  Mécanique  classique,  à  ce  système  de  réfé- 
rence privilégié  dont  la  théorie  contestait  l'existence. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I92I.  1469 

Il  exislc  quelques  applications  de  la  théorie  de  la  gravilalioit  qui 
deuiaiideirl  à  être  examinées  avec  une  allenlioii  spéciale. 

Eiiisleiii  considère  la  forme  quadratique  r/.v-  comme  correspondant,  non 
seulement  aux  mouvements  des  corps  j^raves,  mais  aussi  aux  mesures  géo- 
métriques dans  un  pseudo-espace  à  quatre  dimensions.  De  sorte  que,  dans 
l'espace  statique,  pour  lequel  ou  suppose  dt  =^  o.  l'élément  linéaire  (h  serait 
donné  par  la  formule 


Ayant  aiiisi /jréy«y>y>fW  ridenlité  de  la  forme  directrice  des  mouvcmenis 
avec  la  forme  directrice  des  mesures  de  longueurs  géoméiriques,  il  en 
conclut  que  la  gravitation  est  une  conséquence  de  la  structure  de  l'espace. 

L'emploi  du  langage  géométrique  en  cette  matière  est  évidemmeni 
permis,  pourvu  que  l'on  prenne  la  précaulion  de  réserver  aux  termes 
employés  la  signification  d'une  simple  image.  Mais  ici  nous  trouvons  une 
contradiction. 

Nous  avons,  en  effet,  considéré  précédemnienl  le  symbole  r  comme 
représentant  la  mesure  de  la  longueur  du  rayon  vecleur.  D'après  la  nou- 
velle hypolhèse  sur  la  conslilulion  de  l'espace,  celle  même  longueur  serait, 
au  coniraire,  mesurée  par  un  nombre  p,  tel  que  l'on  ail 

(3)  df=^- 


L'îs  deux  hypothèses  soni  coniradicloires  et  ne  peuvent  être  utilisées  dans 
la  même  question. 

De  l'équation  (3)  on  liie 

f/o  >  (Ir. 

Einsleiu  en  conclut  que  l'instrument  de  mesure  subil  une  conlraclion  dans 
le  sens  du  rayon  \ecteur.   Rien  ne  justifie  une  pareille  affirmation. 


Mi:cANlQUE.  —  Sur  les  phénomènes  de  résonance  dans  les  turbines 
à  aspiration.  Note  de  M.  A.  Focii,  présentée  par  M.  Râteau. 

La  masse  liquide  contenue  dans  le  tube  de  succion  d'une  turbine  à  aspira- 
tion, la  turbine  elle-même  et  la  cbambre  d'eau  constituent  un  système  où, 


l470  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  certaines  conditions,  peuvent  prendre  naissance  des  oscillations  entre- 
tenues du  type  des  ondes  de  compression.  S'il  est,  en  raison  de  la  com- 
plexité des  formes  des  parties  de  ce  système,  fort  difficile  de  calculer  a/Wo/i 
ses  périodes  propres,  il  est  néanmoins  possible  de  montrer,  en  schématisant 
les  phénomènes,  que,  dans  l'état  actuel  de  la  construction  des  turbines,  on 
peut  s'attendre  à  rencontrer  de  tels  entretiens  d'oscillations,  et  d'indiquer 
les  conséquences  qui  peuvent  en  résulter. 

I.  .Soit  une  turbine  que  nous  supposerons  à  axe  verlical  pour  pouvoir 
négliger  l'inlluence  de  la  pesanteur.  La  section  de  passage  de  Teau  à 
l'endroit  du  joint,  entre  le  distributeur  et  le  rotor,  subit  des  étranglements 
périodiques,  dont  la  fréquence  fondamentale  j,  est  évidemment  égale  au 
produit  du  nombre  d'aubes  par  le  nombre  de  tours  du  rotor  par  seconde. 
Par  suite,  la  vitesse  au  joint  subira  des  variations  périodiques,  de  faible 
amplitude,  que  nous  su[)poserons  en  première  approximation  sinusoïdales. 
S'il  est  à  peu  près  impossible  de  calculer  exactement  la  période  propre  du 
volume  contenu  dans  le  rotor  d'une  turbine  Francis,  on  aura  du  moins  une 
idée  de  cette  période  en  assimilant  l'espace  contenu  dans  le  rolor  à  un 
tuyau  conique  fermé  à  l'extrémité  laige  (c'est-à-dire  à  la  sortie  de  la  tur- 
liine  dans  le  tuyau  d'aspiration)  et  ouvert  à  l'autre  extrémité  (c'est-à-dire 
au  joint  de  la  turbine)  où  l'on  impose  de  très  petites  variations  de  vitesse  et 
où  la  pression  sera  regardée  comme  constante. 

.Soient  /  et  ^  -(-  L  les  distances  des  deux  bases  du  tronc  de  cùnc  au  sommet. 

On  trouve  pour  expressions  de  la  vitesse  et  de  la  pression  à  la  dislance  .i'  du 

sommet 

A    .  /   ri     .  .r  -    /        2-         27:  ,  ,1 

('=  -Sm2  7lTj;       -SIll!-  ^j^ rpCOS-=;  {x  —  l)\, 

—  «    -^     2-  .,_/;,_•*'—' 

Ces  expressions  donnent  bien  un  nœud  de  pression  (  v  =  o)  à  rcxlréiuité 
étroite  et  fournissent  une  vitesse  constante  à  l'extrémité  large,  pourvu  que 
l'on  ait 
(3)  tan8.^  =  ^(/-.L). 

L'écjualion  (3)  nous  fournit  la  période  propre  du  volume  d'eau  compris 
entre  les  aubes;  on  vérifie  aisément  que,  si  /et  T  sont  donnés,  la  plus  petite 
valeur  de  L  produisant  la  résonance  est  inférieure  à  —y-;  pour  les  nouvelles 

formes  de  turbines  rapides,  clic  serait  de  l'ordre  de  —  cl  même  moins. 


(■) 


SÉANCE    DU    l3    JlIN    1921.  147I 

\u  joint  de  la  turbine,  Tampiitude  de  la  vai'iation  de  vitesse  est 


T  ôT" 


V  la  sortie  de  la  turbine,  où  la  vitesse  vibratoire  est  nulle,  l'amplitude  de 
la  variation  de  pression  est 


«      A      2-    .  L 

r2=^ -, r  — 7f  sin  i7i  — ;p• 
,A'  /  -t-  L  n  T  fl  r 

Par  suite,  pour  une  turbiiie  où 

"T 
L  ^=  —-  =  /  et  (',  =  o™,  10 

8 

(négligeable,  par  suite,  vis-à-vis  de  la  vitesse  d'entrée  de  l'eau  dans  la 
turbine,  qui  est  de  plusieurs  mètres  par  seconde),  l'amplitude  de  la  varia- 
tion de  pression  au  déboucbé  dans  le  tuyau  d'aspiration  atteindrait  3'",5o. 
Considérons,  mainlenant,  le  tube  d'aspiration,  que  nous  supposerons 
cylindrique  :  pour  qu'un  régime  permanent  d'oscillations  de  période  T  s'y 
élablisse,  il  laut,  puisque  san  exlréniité  inférieure  esl  à  la  pression  almo- 
spbérique,  et  que,  à  son  extrémité  supérieure,  l'amplitude  de  la  vitesse 

vibratoire  est  nulle,  que  la  longueur  A  de  ce  tube  soit  égale  à  (2/-  -f-  1)  —^, 

a'  étant  la  vitesse  de  propagation  des  ébranlements  dans  ce  tube  (vitesse 
qui  tend  vers  i^iB  m  :  sec,  quand  la  paroi  du  tuyau  devient  de  plus  en  plus 
épaisse). 

11.  Précisons  sur  un  exemple  numérique  les  diverses  grandeurs  précé- 
dentes : 

Soit  un  rotor  à  2.\  aubes  tournant  à  SyS  t:min;  la  longueur  L,  qui 
serait  sensiblement  égale  à  la  longueur  moyenne  des  filels  liquides  dans  le 
rotor,  vaudrait  environ  i'",2o;  pour  une  turbine  moderne,  elle  serait  un 
peu  inférieure  au  plus  grand  diamètre  du  rotor.  Le  tube  de  succion  anrail 
donc  i'",5o  de  diamètre  environ.  Admettons  1000  m  :  sec  comme  vitesse 
de  propagalion  des  ébranlements  dans  le  tube  de  succion  plein  d'eau;  la 
première  longueur  de  résonance  sera  A|  =  i'".66;  la  deuxième  A^ 
sérail   5"'. 

D'ailleurs,  en  raison  des  corrections  aux  extrémités,  les  longueurs 
du  tuyau  d'aspiration  pour  lesquelles  la  résonance  aurait  effectivement 
lieu  seraient  plutôt  voisines  de  i*"  et  de  4™>5o  |  et  monteraient  à  i'",5o  et 
6'",  20,  si  le  tube  de  succion  était  noyé  dans  du  béton  (a'=  i^aSm  :  sec.)J. 


14/2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

III.  Les  données  de  l'exemple  piécédenl  (avec  .\.j  égal  à  trois  (|uarts 
d'onde)  pourraient  èlre  les  données  d'établissement  d'une  turbine  rapide 
fournissant  960  chevaux  sous  16"' de  hauteur  de  chute.  Quelles  conséquences 
entraînerait  pour  la  turbine  l'établissement  d'oscillations  entretenues  ? 

1°  Si  l'amplitude  l'o  devient  telle  que  la  pression  à  la  sortie  de  la  turbine 
tombe  à  zéro,  la  colonne  liquide  remplissant  le  rotor  et  le  tube  se  rompra  au\ 
ventres  de  pression,  d'où  écoulement  lumullueux  de  l'eau  et  baisse  certaine 
du  rendement  de  la  turbine. 

2°  Si  l'amplitude  j)'2  des  variations  de  pression  à  la  partie  supérieure  du 
tube  de  succion  est  assez  faible  pour  qu'à  aucun  moment  la  pression  ne  des- 
cende au-dessous  de  la  pression  atmosphérique,  il  y  aura  à  la  sortie  de  la 
turbine  une  série  de  surpressions  rythmées.  Si  la  portion  de  la  bâche  du 
côté  aval  est  de  l'ordre  du  mètre  carré,  ces  surpressions  se  traduiront  par 
des  efforts  de  plusieurs  tonnes,  se  répétant  à  la  fréquence  de  96  par  seconde. 
La  dislocation  des  parties  rivées  est  inévitable. 

IV.  Les  dangers  des  phénomènes  de  résonance  étant  ainsi  indi(|ués,  les 
mesures  à  prendre  sont  évidentes  : 

1°  Le  changement  du  rotor  fournira  parfois  un  remède,  d'une  applica- 
tion toujours  coûteuse  et  souvent  difficile,  si  par  exemple  la  vitesse  de 
rotation  est  imposée. 

2."  La  modification  du  tube  d'aspiration  sera  généralement  plus  aisée; 
on  pourra  allonger  ce  tube,  le  remplacer  par  un  tuyau  d'épaisseur  diffé- 
rente, noyer  dans  du  béton  un  tube  libre,  tous  changements  qui  influeront 
sur  la  période  propre  du  volume  d'eau  contenu  dans  le  conduit  d'aspiration 
et  empêcheront  par  suite,  dans  le  tube,  l'établissement  dun  régime  per- 
manent en  résonance  avec  les  vibrations  de  la  masse  d'eau  contenue  dans 
le  rotor. 


IVote  de  M.    IIateav  an  sujet  de  la  Communication  précédente. 

M.  Foch,  dans  sa  Communication,  indique  que  la  fréquence  fondamentale 
de  la  pulsation  du  courant  d'eau  dans  la  turbine  est  égale  au  nombre  de 
tours  du  rotor  par  seconde  multiplié  par  son  nombre  d'aubes.  Cela  ne  me 
semble  pas  complètement  correct  dans  le  cas  général.  En  elfet  les  à-coups 
se  pioduisent  cha([uc  fois  qu'une  cloison  du  rotoi'  passe  en  face  d'une 
cloison  du  distributeur;  la  fréquence  est  donc  égale  au  nombre  de  ces 
coïncidences  dans  l'unité  de  temps.  Oi'  il  est  facile  de  voii'  que,  les  aubes 


SÉANCE    DU    l3    JLI-\    I92I.  l^')^ 

étant  tégulièrement  esparées  dans  le  rotor  d'une  paît  et  dans  le  distributeur 
d'autre  part,  le  nombre  des  coïncidences  diiïcientes  par  tour  est  égal  au  plus 
petit  rnulliple  dis  nombres  des  aubes  du  rotor  et  du  distributeur. 

La  fréquence  du  phénomène  envisagé  par  M.  Foch  est  donc,  suivant  moi, 
égale  à  ce  plus  petit  multiple  multiplié  lui-même  par  le  nombre  des  lévolu- 
tions  du  rotor  dans  l'unité  de  tem[)S. 


ASTRONOMIE.    —    Contribution    à    l'élude    des   plages    claires    martiennes. 
IVotc  de  M.  R.  Jarry-Desloces,  préscnléc  par  "S\.  Bigourdan. 

En  étudiant  l'angle  de  position  de  la  calollc  polaire  boréale  de  la  planète 
Mars,  dans  sa  partie  ccnlralc,  par  rapport  à  l'axe  de  rotation  de  celle 
planète,  d'après  les  observai  ions  faites  à  Sélif  en  1920,  M.  G.  Fournicr  a 


la 

0 

^ — 7 

ô             -^^ 

/ 

/       V- — ^ 

"^xV 

\ 

olo 

//^C/C 

r^       \\   '^\~'^\ 

J„"' 

01  f- 

1  '^W     /\ 

°io 

^ 

V^'-^vA^""— ^ 

o_^^-^-''^ 

^ 

0 

Croquis  de  la  ré|;ion  boréale  de  Mars,   pour  monlrcr  l'cxcentricilé   de   la  calolte  polaire. 
(Les  cercles  en  pointillé  dojinent  les  positions  des  blanclieurs  polaires  aux  dates 
'  marquées  sur  ces  cercles.) 

mis  en  évidence  une  excentricité  très  marquée  de  celle  calotte  par  rapport 
au  pôle  aréographique.  Même  le  20  avril  1920,  moment  où  les  matériaux 
blanchâtres  polaires  étaient  à  une  période  de  minimum,  ce  pôle  était  libre 
de  toutes  blancheurs,  mais  en  général  l'exccnlricité  était  moins  accusée. 
C.  R.,  igai,  1"  Semestre.  (T.  172,  N»  24.)  Itj8 


l474  ACADÉMIE    DES    SCIE^'CES. 

On  verra  d'après  le  croiiuisci-joinl  que  l'excenlricilé  moyenne  atteignait 
plus  de  4°-  Elle  était  orientée  approximativement  vers  3o°  de  longitude. 
Les  cercles  on  pointillé  donnent  la  position  des  blancheurs  polaires  aux 
diverses  dates  envisagées. 

■  D'un  autre  cô'té,  il  résulte  des  recherches  faites  d'après  les  documents 
reiueillis  à  l'Observatoire  de  Sétif,  en-  iQiO,  par  M.  P.  Briault,  que  ]\ix 
Olympica  (ou  tout  au  moins  la  blancheur  dans  laquelle  elle  est  englobée; 
aurait  été  nettement  aperçue  dès  cette  époque  (5  janvier  igit)),  dans  une 
position  assez  voisine  de  celles  où  elle  tut  observée  en  1918  et  1920. 


CAPILLARITÉ.  —  Sur  la  râleur  de  la  tension  superficielle  du  mercure 
ddiis  des  divers  gaz.  ^otc  (')  de  M.  Jeax  Popesco.  présentée  par 
M.  Lippmaim. 

Il  résulte  des  travaux  de  M.  Slôckle  (-')  que  la  valeur  de  la  tension  super- 
ficielle du  mercure  décroit,  lorsque  la  surface  du  liquide  reste  en  contact 
avec  un  gaz  quelconque.  Il  a  fait  des  mesures  avec  certains  gaz  :  hydrogène, 
air  sec,  anhydride  carboiii(jue.  etc.,  et  a  trouvé  des  variations  de  l'ordre 
de  o"'",G  par  millimètre  au  bout  d'une  heure. 

Je  me  suis  proposé  d'étudier  la  marche  du  phénomène  et  de  me  rendre 
compte  des  causes  qui  pouvaient  l'engendrer. 

Méthode  et  dispositif  expérimentol .  —  J'ai  employé  la  méthode  de  la  large 
goutte.  On  sait  qu'entre  la  dislance  v,  du  sommet  de  la  goutte  au  ])lan 
é(|uatorial,  la  densité  du  mercure,  d,  et  la  tension  superficielle,  x,  du  liquide 
existe  la  relation 


v/t' 


En  mesurant  y  on  a  immédiatement  a.  car  d  est  connu. 

La  goutte  repose  sur  la  surface  très  polie  d'un  bloc  d'acier;  le  tout  est 
sous  une  cloche,  également  en  acier,  dans  laquelle  on  peut  introduire  les 
gaz,  après  y  avoir  préalablement  fait  le  vide.  Deux  fenêtres  en  verre,  diamé- 
tralement opposées,  placées  à  la  hauteur  de  la  goutte,  permettent  de 
l'éclairer  par  un  faisceau  de  lumière  j)arallèlc.  et  de  faire  les  mesures.  La 
goutte  apparaît  dans  le  champ  de  la  lunette  du  cathétomètre  comme  une 


(')  Séance  da  3o  mai  1921. 

(-)    \\  ieiemanns  Annalen,  3"'  série,  11"  i)0,  iSrjS,  p.  49".)  el  ôio. 


SÉANCE    DU    l3    .UIN    1921.  l^-^S 

lâche  noire,  donl  11'  sommel  est  mar.jiic'  |>ai-  un  grain  de  poussière  délaché 
du  [ilafoud  de  la  cloche,  par  un  léger  choc  et  le  plan  de  Féqualeur,  par 
rimai;e  rélléchie  d'une  petite  source  lumineuse  quelconque,  placée  à  2"'  de 
distance,  et  sensiblement  à  la  hauteur  du  plan  équatorial  de  la  goulle. 

Les  gaz  employés  étaient  purifiés  et  bien  desséchés. 

RésuUals.  —  1°  Dans  le  vide  j'ai  trouvé,  comme  valeur  moyenne  et  cons- 
tante, la  valeur  trouvée  déjà  par  M.  Stockle,  c'est-à-dire  44)4  mg  '■  "l'ï»-»  h\Gn 
que  je  n'ai  poussé  le  vide  que  jusqu'à  quelques  miitimètre^  de. mercure. 

2"  Pour  l'air,  l'ammoniac  et  l'anhydride  sulfureux,  j"ai  trouvé  les 
valeurs  indiquées  dans  les  Tableaux  suivants  : 

I._ —  Tableau  des  ri'sullals pour  /'air. 

Teiiips  en  minutes. 

0.  1.  '2.  10.  -Vi.  'lO.  5.3.  70.  b.ï.  -^i''. 

\  aleur  de  la 

tension...     5i,i3    4*^:98    47,*jS    46-49    45)'^3    45,28    44-98    44i47    44.-'--J    4'!i5.5 

IL  —  Tableau  des  résiil/als  pour  l'aniDioniac  cl  l'anhydride  suif  ai  eux . 

Temps  \\\\  S0-. 

en  minutes. 

c 45,83  44;  60 

1 44,49  4l-34 

2 43,86  39,76 

3 43,7^  39,24 

4 »  38,75 

5 43, 5i  38,32 

7,5 »  37,88 

10 42,95  87,53 

i5 42,86  37,19 

20 42,68  36,97 

3o 42,60  36,67 

45 42,55  36, 4i 

60 42,40  36 , 1 7 

24'- .' 39,71  3i,33 

On  voit  que  la  tension  superficielle  du  mercure  décroît  1res  vile  pendant 
les  dix  premières  minutes,  plus  lenlemenl  ensuite,  el  qu'elle  alleini  des 
valeurs  inférieures  à  celle  (jui  correspond  au  vide,  lorsque  la  goulle  a 
séjourné  pendant  24  heures  dans  l'ammoniac,  dans  l'air  ou  dans  l'anhydride 
sulfureux. 

3°  Après  avoir  laissé  séjourner  pendant  :i4  heures  une  goulle  dans 
l'un  de  ces  gaz,  j'ai  voulu  voir  s'il  ne  sérail  pas  possible  de  faire  évoluer  le 


1476  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pliénomène  en  sens  inverse.  Pour  cela  j'ai  fait  le  vide  dans  la  cloche  et  j'ai 
conslalc  (jue  la  lension  superficielle  du  mercure  remontait  et  revenail  à  une 
valeur  sensiblement  égale  à  celle  qui  correspond  au  vide,  c'csl-à-dire 
/|'l,  1  m  g  :  mm. 


"^/m.n 


1  lanhydr-ide   iulfui 


\ 

«6 

- 

— --. 

-«.. 

X)  -  ,^ 

" 

» 

"*—- - 

i—- . 

<,•, 

\ 

•  ^ 

■•-^ 

--t-- 







42  55 

<-Z 

-. 

..,.. 

Ammt 

"- 

..... 



...H 

pour 

39,71 
'•'2^' 

40 

38 

36 

- 

^        ^.-- 

-.- 

— — ^ 

"\             1 

2.11_ 

.... 

,.-_. 

'pôJr'l'2'>h 

IP         20        30 


*0        50        60        70        80        90       100       lîO       MO 


II  semble  donc  que  le  phénomène  nesl  pas  dû  à  une  acliuii  chimique  qui 
aurait  modifié  la  surface  du  liquide,  puisque  la  lension  superficielle  reprend 
sa  valeur  initiale  lorsqu'on  fait  disparaître  le  gaz. 

La  cause  la  plus  probable  du  phénomène  doit  être  Vadsorplion. 


OPTIQUE.    —  Emploi  de  la  lumière  polarisée  pour  ie.ramen   des  (dhleinix 
anciens.  Note  de  M.  Piicrke  Lambeut,  présentée  par  M.  I.ippmann. 

Ayant  cherché  à  distinguer  sur  des  tableaux  anciens  certains  détails  peu 
apparents,  je  me  suis  rendu  compte  que.  même  dans  les  conditions  d'éclai- 
rage les  plus  favorables,  la  lumière  rélléchie  par  la  surface  vient  toujours 
dans  une  certaine  mesure  atténuer  et  laver  de  blanc  l'image  diffusée  par 
les  couleurs. 

Ce  phénomène  ne  se  produirait  pas  si  le  vernis  était  parfaitenicnl  plan 
et  ])oli  et  si  l'observateur  se  plaçait,  comme  il  cherche  naturellement  à  le 
faire,  en  dehors  de  la  direction  des  rayons  réfléchis;  mais  la  surface  est 
généralement  irrégulière,  mamelonnée  et  crevassée,  il  est  donc  impossible 
de  se  mettre  complètement  à  l'abri  de  ces  réflexions  qui  nuisent  à  l'effet 
exprimé  par  le  peintre. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  1/177 

Pour  éviter  cet  inconvénient,  j'ai  éclaire  le  tableau  au  moyen  de  la 
lumière  polarisée  et  je  l'ai  examiné  au  travers  d'un  prisme  de  Nicol.  Dans 
ces  conditions  la  lumière  réfléchie  par  la  surface,  restant  en  très  grande 
partie  polarisée,  sera  éteinte  par  un  Nicol  placé  dans  la  position  de  l'exlinc- 
tion,  tandis  que  celle  qui  traverse  le  vernis  se  dépolarisant  par  diffusion  à 
la  surface  des  matières  composant  les  couleurs  parviendra  jus([u'à  l'œil  en 
traversant  le  prisme. 

L'appareil  se  compose  donc  d'une  source  de  lumière  intense,  arc  ou 
lampe  à  incandescence  à  l>as  voltage.  Cette  lampe  est  placée  dans  une 
lanterne  munie  d'un  condensateur  suivi  d'une  lentille  destinée  à  rendre 
les  rayons  parallèles  pendant  leur  passage  au  travers  de  l'appareil  polari- 
sateur  (  iVicol  ou'pile  de  glaces).  Une  lentille  divergente  vient  ensuite  (|ui 
élargit  le  faisceau  éclairant  le  tableau,  dont  le  plan  est  pres(]ue  normal  à 
l'axe. 

Bien  que  celte  position  soit  très  désavantageuse  dans  les  conditions 
ordinaires,  l'observateur  regardant  au  travers  d'un  Micol  pourra,  en  taisant 
tourner  cet  instrument  entre  ses  doigts,  trouver  une  position  pour  laquelle 
les  reflets  superficiels  seront  complètement  supprimés.  Kn  fait,  si  l'on 
opère  ainsi,  une  peinture  vieillie  et  d'aspect  terne  prend  de  la  sigueur,  sa 
surface  semble  nettoyée,  les  couleurs  deviennent  plus  intenses  et  des  détails 
<[ui  n'attiraient  pas  l'attention  semblent  reprendre  la  valeur  (ju'ils  avaient 
primitivement. 

Quoique  ce  procédé  ne  soit  que  l'application  d'un  phénomène  bien 
connu  des  physiciens,  il  m'a  semblé  bon  de  signaler,  persuadé  qu'il  peut 
permettre  de  mieux  juger  certaines  œuvres  anciennes  et  de  déterminer  si 
un  tableau  est  susceptible  d'être  amélioré  en  modifiant  son  vernis. 

OPTIQUE.  —  La  biréfringence  du  verre  comprimé. 
Note  de  M.  et  M"""  E.  He\rii»t,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

On  admet  généralement,  à  la  suite  d'expériences  anciennes  de  Wer- 
iheim  ('),  que  la  dispersion  de  biréfringence  du  verre  comprimé  est  négli- 
geable, c'est-à-dire  que  la  dilTérencc  n'  —  n"  des  deux  indices  principaux  est 
indépendante  de  la  longueur  d'onde. 

Cette  absence  de  dispersion  sensibie  serait  tout  à  fait  remarquable.  \\n 

(')   Wkiitheim,  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysi/jiie,  3'^  série,  l.  iO,  i854,  P-  '''f'- 


1478  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

efl'et,  dans  les  autres  cas  de  biiélVingence  artificielle,  notaimiienl  quand  il 
s'agit  du  phénomène  de  Kerr  et  du  phénomène  de  Cotton  et  Mouton,  il 
existe  une  dispersion  de  biréfringence  notable  qui  obéit  à  la  loi  d'Havelock. 
D'après  cette  loi,  le  produit  de  n'  —  n"  par     ^_       doit  rester  constant. 

IVous  avons  cherché  si  cette  dernière  loi  est  valable  ou  non  dans  le  cas  de 
la  biréfringence  par  compression.  Nos  recherches  ont  porté  sur  différents 
échantillons  de  crown  qui  ont  donné  des  résultats  concbrdanis. 

Les  expériences  sont  plus  délicates  que  lorsqu'il  s'agit  d'étudier  la  biré- 
frijigenc.-  de  liquides  soumis  à  des  champs  électriques  ou  magnétiques. 
D'abord,  il  est  impossible  de  trouver  des  verres  rigoureusement  exempts 
de  trempe;  ensuite,  il  est  très  difficile  de  réaliser  des  déformations  uni- 
formes. 

Nous  avons  été  conduits,  dans  nos  expériences,  à  utiliser  des  lames  de 
verre  fortement  comprimées,  fournissant  des  retards  atteignant  une  dizaine 
de. longueurs  d'onde.  Les  biréfringences  du  verre  étaient  déterminées  en 
^  mesurant  le  déplacement  des  bandes  d'un  spectre  cannelé  :  ce  spectre  était 
produit  par  une  lame  de  gypse  ou  de  quartz  dont  une  direction  principale 
était  parallèle  à  la  compression.  Le  Tableau  suivant  montre  que  la  dis- 
persion de  biréfringence  obéit  à  la  loi  d'Havelock  avec  des  écarts  qui 
n'excèdent  pas  les  erreurs  expérimentales  possibles  : 

"  (  "  —  "'  ) 


• 

* 

(«■--■r- 

6708 

1  .-'ig''') 

0.98', 

0.9.58 

6i38 

I-I99' 

0.995 

0 .  g.Mj 

:)89;i 

I ,5ooi 

1 

0.959 

5  (6i 

i.5oo3 

1 . 0096 

0.960 

i9''' 

1  ..")o.3() 

1  .09.23 

0 . 9  J8 

43.-J- 

1  ,  Ô  1  0() 

I  .o'iS.') 

0.958 

La  biréfringence  n'  —  n'  inscrite  dans  ce  Tableau  est  rapportée  à  la 
valeur  de  la  biréfringence  pour  la  raie  D,  prise  comme  unité. 

La  vérification  peut  encon-  se  faire  d'une  manière  différente  :  si  l'on 
prend  la  différentielle  logarilhmicpie  de  l'expression  qui  doit  rester  cons- 
tîinte  en  vertu  de  la  loi  d'Havelock,  et  si  l'on  calcule  le  quotient  r  de  la 

iiuanlité  — -, r-  l>ar  ^'  on    trouve   que   r  doit  être   éjral  à  l'exijres- 

;i  /;  ■  -t-  I 

S  ion  —:, 

n-  —  I 

L'expérience  donne  pour  cette  dernière  expression,  dans  les  radiations 
ntilisées,  des  valeurs  comprises  entre  G,i5  et  (),ao.  D'autre  part,  si  l'on 
trace  les  courbes  représentant  respectivement   rï  —  n    et  /;,  en   fonction 


SÉANCE   DU    l3    JUI.X    1921.  ^479 

de  —>  l'I  si  l'on  détermine  le  rapport  /■,  on  trouve  (|Lie  la  valeur  moyenne  de 
ce  rapport  est  (i,  18.  Ces  résultats  montrent  que.  (/(tns  /es  cas  étiu/iês,  la 
(lispcrsinn  de  birc fringence  du  croun  peut  êlre  calculée  par  Vcxprcssion 
d^lkneloc/c. 


THi:aMOl)Yi\AMIQUi:.  —  Sur  l'énoncé  du  Principe  de  l Equivalence. 
Note  de  M.  L.  Décombk,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Une  Note  récente  de  M.  Leduc  ('  )  vient  d'attirer  l'attention  sur  le  rôle 
de  la  réversibilité  dans  l'application  du  principe  de  l'équivalence.  On  me 
permettra  de  revenir  sur  cette  question  et  de  montrer  qu'en  introduisant  la 
notion  de  réversibilité  dans  l'énoncé  même  du  principe,  celui-ci  se  dédouble 
en  deux  principes  distincts  dont  rajiplicalion  séparée  permet  une  analyse 
plus  approfondie  des  phénomènes  calorifiques. 

1.   Le  principe  de  ré([uivalence  s'exprime  par  la  relation 

où  AvÇ'  représente  la  variation  d'énergie  cinétique  du  système.  Ad  sa  varia- 
tion d'énergie  interne,  i?;  le  travail  efTectué  par  les  forces  extérieures  et  (^)  la 
chaleur  absorbée. 

Imaginons  une  transformation  auxiliaire  conduisant  réversiblement  le 
système  du  même  état  initial  au  même  étal  final  (c'est-à-dire  donnant  lien 
à  la  même  variation  d'énergie  interne  Ai:)).  Dans  cette  transformation 
auxiliaire  la  force  vive  du  système  est  constamment  nulle  et  l'on  a  AvÇ'  =  o. 
Le  travail  s'y  réduit  d'autre  part  au  travail  F,,  des  forces  nécessaires  pour 
assurer  à  chaque  instant  l'équilibre  mécanique  {travail  compensé)  et  la 
chaleur  absorbée  à  celle  Q,,  nécessaire  pour  réaliser  l'équilibre  calorifique 
{chaleur  compensée).  On  a  donc,  pour  cetle  transformation  auxiliaire, 

(2)  AV'=C,+  JQ<„ 

En  soustrayant  (2)  de  (i)  et  posant 

c  —  (Te  =  e„ ,       *^  —  Qf  =  Q„ ,  / 

il  vient 

(3)  A\t*'  =  (?„-t- JQ„, 

où  C„  représente  le  travail  non  compensé  et  0„  la  chaleur  /io/i  compensée.    .. 

(')   Comples  rendus,  t.  172,  i92i,p.  ii6|. 


l48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ainsi  la  relation  (i)  se  dédouble  en  deux  autres  (2)  et  Ç])  enliéremcnt 
distinctes  :  la  première,  où  ne  figurent  (|uc  les  éléments  réversibles  de  la 
transformation,  conditionne  la  variation  d'énergie  interne  Ai»;  elle  est 
complètement  indépendante  de  la  célérité  du  phénomène  et  constitue  le 
cadre  statique  dans  lequel  se  déroule  cincrnatiquement  (en  s'y  moulant  plus 
ou  moins  exactement  suivant  son  degré  de  vivacité)  la  transformation 
réelle  donnée;  la  seconde,  où  n'interviennent  que  les  éléments  irréversibles 
de  la  transformation,  conditionne  la  variation  d'énergie  cinétique  Av*?'. 
Elle  dépend  directement  (explicitement  pour  Avv?',  grâce  aux  propriétés  de 
la,  chaleur  non  compensée  pour  Q„)  de  la  célérité  du  phénomène,  c'est- 
à-dire  de  la  vitesse  de  variation  desparamèlresquiservcntà  en  définir  l'état. 
Il  importe  de  remarquer  que  la  relation  (2)  ne  constitue  pas  seulement 
la  forme  particulière  à  laquelle  se  réduit  le  principe  de  l'équivalence  dans 
le  cas  de  la  réversibilité,  ni  même  simplement  la  forme  approchée  de  ce 
principe  pour  une  transformation  quasi  révc.sible,  mais  (\\\  elle  est  toujours 
rigoureusement  applicable  à  la  partie  ré^rr.sihle  d'une  transformation  réelle 
quelconque.  Des  confusions  de  cet  ordre  paraissent  s'être  produites  chez 
divers  auteurs.  En  particulier,  l'hypothèse  d'un  courant  infiniment  petit 
n'est  nullement  nécessaire  pour  obtenii'  les  formules  classiques  de  la  thermo- 
électricité. 

2.  Le  dédoublement  impliqué  par  les  relations  (2)  et  (3)  peut  donner 
lieu  à  de  nouveaux  énoncés. 

En  premier  lieu,  dans  une  transformation  réelle  quelconque,  il  y  a  équi- 
valence séparée  entre  la  chaleur  et  le  travail  eompe/isés,  toutes  les  fois  que  la 
variation  d'énergie  interne  est  nulle,  alors  même  que  la  transformation 
serait  accompagnée  d'une  variation  de  Jorce  vive.  Ce  sera,  par  exemple,  le 
cas  d'un  gaz  parfait  reprenant  sa  température  initiale  au  cours  d'une  trans- 
formation de  vivacité  finie.  En  second  lieu,  il  y  a  aussi  équivalence  séparée 
entre  la  chaleur  et  le  travail  non  compensés,  toutes  les  fois  que  la  variation 
de  force  vive  est  nulle,  même  si  le  système  ne  reprend  pas  son  étal  initial. 
C'est  pratiquement  le  cas  d'un  métal  fortement  tordu  ou  comprimé.  Plus 
généralement,  c'est  aussi  le  cas  do  la  chaleur  irréversible  dégagée  par  le 
frottement  ou  la  viscosité  lorsque  l'expérience  a  lieu  à  vitesse  constante,  ou 
qu'elle  s'effectue  avec  une  faible  célérité  (  '  ). 

On  voit  qu'il  est  nécessaire,  lors([u'on  parle  du  reloiir  d'un  système  à  sou 


(  '  )  Celle  propriété  a  été  quelquefois  utilisée  sans  démonstration  (voir  I*",.1I.  AjuciAT, 
Comptes  rendus,  1908). 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  l48l 

étal  initial,  de  liieii  préciser  si  Ton  entend  par  là  le  retour  à  leurs  valeurs 
|)rimitives  des  variables  d'étal  (retour  à  Vélat  statique)  ou  celui  des  célérités 
(retour  à  l'étal  cinématique),  ou  encore  de  ces  deux  retours  envisagés  simul- 
tanément. C'est  dans  ce  dernier  cas  seulement  (|u'il  peut  être  (jneslion 
d'étpiivalence  entre  le  travail  loi  al  el  la  chaleur  totale. 

3.  Si  nous  idenlilions  la  chaleur  non  compensée  absorbée  par  le  système 
avec  le  travail  essenliellemcnl  négalif  des  forces  de  viscosité  ( — £^)  en 
écrivant 

(4)  JQ„  =  -s% 
la  relation  (3)  prend  la  l'orme 

(5)  5„  =  Aiffi -t-e'. 

Le  travail  non  compensé  est  donc  employé  pour  partie  à  produire  la 
variation  de  force  vive  AvV"  et  pour  partie  à  équilibrer  exactement  à  chaque 
instant  le  travail  de  la  viscosité. 

En  ajoutant  (/j)  et  (5)  on  retrouve  la  relation  (3)  avec  élimination  au 
second  membre  du  travail  de  viscosité.  Celle  circonstance  souligne  et  précise 
la  façon  remarquable  dont  se  fait  le  passage  de  la  réversibilité  à  l'irréversi- 
bilité. La  portion  e-  du  travail  non  compensé  ne  fait  en  quchpie  sorte  que 
traverser  le  système  en  y  éveillant  les  forces  de  viscosité  qui  la  transforment 
en  chaleur. 

\.  On  peut  encore  observer  qu'en  fait,  ce  qui  disparaît  généralement 
dans  une  expérience  donnée  (celles  de  Joule,  Hirn,  Violle,  elc),  ce  n'est  pas 
le  travail  mais  bien  plutôt  la  force  vive.  Ainsi,  dans  l'expérience  classi([uc 
de  Joule,  le  travail  moteur  des  poids  n'est  nullement  anéanti,  il  est  le 
même  que  le  calorimètre  soit  vide  ou  plein  :  seule  la  force  vive  est  moindre 
dans  le  second  cas.  On  est  ainsi  amené  à  envisager  l'énoncé  suivani  : 

Il  y  a  toujours  équivalence  entre  la  perle  de  force  vive  du  système  relative- 
ment  à  la  transformation  purement  mécanique  correspondante  el  la  chaleur 
dégagée  par  le  système. 

Cet  énoncé,  qui  exprime  sous  forme  très  concrète  la  transformation  d'une 
partie  de  l'énergie  cinéti({ue  sensible  du  système  en  cette  forme  d'énergie 
invisible  que  nous  appelons  chaleur,  est  applicable  à  une  transformation 
absolumenl  quelconque,  sans  aucune  restriction. 


l482  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Evci/ntion  des  spectres  de  F  argon  par  des  cleciroiis  lents. 
Noie  de  M.  GEOR«iEs  Dïmaudix,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Il  existe  trois  diflérents  spectres  de  Tiirgon  :  le  spectre  rouge  et  le  spectre 
bleu  n'ont  aucune  raie  commune,  tandis  que  le  spectre  blanc  embrasse  les 
deux  autres.  Au  cours  de  leurs  recherches  sur  les  rayons  positifs,  Stark  et 
Kirschbaum  (')  onl  été  conduits  à  considérer  les  raies  du  spectre  rouge 
c^mine  omises  par  des  ious  monovalents  et  les  raies  du  spectre  bleu  par  des 
ions  portant  deux  ou  trois  charges  élémentaires.  Leur  Mémoire  renferme 

des  tables  de  raies  «  bivalentes  »  et  «  trivalentes  »,  comprises  entre  4ooo  A. 

et  4^^oo  A. 

J'ai  recherché  les  conditions  d'excitation  des  spectres  de  l'argon  par 
chocs  des  atomes  du  gaz  avec  des  électrons  de  faible  vitesse.  Le  dispositif 
employé  est  identique  à  celui  utilisé  j)our  la  détermination  du  potentiel 
d'ionisation  de  l'argon  (").  Il  se  comjiose  d'une  lampe  à  trois  électrodes, 
du  type  moyen  de  la  Radiotélégraphie  militaire,  renfermant  de  l'argon 
sensiblement  pur  sous  une  pression  de  o"^'°,io;  une  différence  de  potentiel 
progressivement  croissante  peut  être  établie  entre  l'anode,  constituée  parla 
plaque  et  la  grille  réunies,  et  l'extrémité  négative  du  filament.  Les  radia- 
tions émises  sont  analysées  au  moyen  d'un  spectrographe  assez  lumineux 
donnant  une  dispersion  de  20  A.  par  millimètre  dans  la  région  spectrale 
/|Ooo-45oo.  Les  clichés  n'ont  été  étudiés  en  détail  que  dans  ce  dernier  inter- 
valle. La  plupart  des  observations  sont  relatives  à  un  courant  de  chauffage 
de  4  ampères,  correspondant  au  régime  normal  de  la  lampe. 

L'ionisation  du  gaz  se  produit  lors(jiie  le  potentiel  accélérateur  des  élec- 
trons dépasse  une  valeur  critique  voisine  de  ij  volts  (potentiel  d'ionisation), 
mais  une  luminosité  n'est  visible  dans  la  lampe  qu'à  partir  d'une  valeur  du 
potentiel  dépassant  légèrement  iG  volts  (po.tentiel  d'illumination).  On 
obtient  sur  les  clichés  correspondant  à  d(^s  voltages  appliqués  de  16, 5,  17, 
20,  23,  3o  et  33  volts  un  grand  nombre  de  raies  appartenant  toutes  au 
spectre  rouge  de  l'argon.  (Quelques  raies  intenses  de  ce  spectre  apparaissent 
d'ailleurs  faiblement  sur  les  clichés  relatifs  à  un  potentiel  accélérateur  com- 

(')  AniKilen  dvr  l'Iiysik,  l.  V2,  igiS,  p.  25ô. 
{■)    C<>iii/>li'S  rcnctiis,  l.  172,   ig'J-i,  p.  !■>')-. 


SÉANCE    DU    l3    JUI.N    I921.  l483 

pris  enlre  i5  cl  16  volts,  lorsque  ia  duiée  de  poso  est  considérable  (3  lieurcs, 
au  lien  de  1 5  minutes  pour  tous  les  autres  cliciiés  (' ). 

Le  spi'clre  bleu  de  l'argon  n'est  visible  que  pour  un  potentiel  accéléialeur 
beaucoup  plus  élevé.  Un  certain  nombre  de  raies  apparaissent  d'abord, 
v(^rs  3\  volts,  dans  la  région  4^00- '(Soo,  puis,  vers  35  volts,  dans  la  région 
/|00o-V3oo.  Celte  particularité  n'est  probablement  due  qu'à  la  variation 
de  sensibilité  des  plaques  entre  les  limites  de  fréquences  considérées. 
En  fait,  pres(|ue  toutes  les  raies  signalées  par  Stark  comme  «  bivalentes» 
(4072,  4i32,  4-28,  ^\'2']S,  4'-83,43oq),  ainsi  (|u'un  grand  nombre  d'autres, 
sont  visibles  sur  le  clicbé  relatif  au  potentiel  accélérateur  de  35  volts.  La 
comparaison  de  ce  clicbé.  avec  celui  correspondant  à  33  volts,  montre 
nettement  la  modification  du  spectre  et  l'émission  des  radiations  nouvelles. 
De  simples  observations  visuelles,  faites  avec  un  petit  spectroscope  à  vision 
directe,  suffisent  d'ailleurs  pour  constater  l'apparition  des  raies  du  spectre 
bleu. 

Les  raies  «  trivalenles  »  de  Stark  (4î5(i,  4-i9>  4233,  443 '1)  ne  sont 
\isibles  que  vers  4o  volts,  c'est-à-dire  pour  un  [)Otentiel  accélérateur  nette- 
ment supérieur  (de  5  volls  environ)  à  celui  qui  correspond  à  l'apparition 
des  raies  «  bivalentes  ».  Seule,  la  raie  «  trivalenle  »  iioi  semble  déjà 
visible  à  35  ^  olls,  mais  cette  raie  est  très  intense  et  son  apparition  peut  être 
attribuée  aux  électrons  les  plus  rapides  (le  faisceau  cathodique  est  loin 
d'être  bomogène).  La  comparaison  des  clichés  relalifs  à  38  et  à  1 1  volts 
montre  d'ailleurs  nettement  le  caractère  spécial  de  cette  raie. 

Enfin  d'autres  raies  du  spectre  bleu,  qui  ne  figurent  pas  dans  les  tables 
de  Stark,  n'a[)paraissenl  que  pour  un  potentiel  accélérateur  supérieur  à 
35  volts.  Ce  sont,  en  général,  quelques  raies  assez  faibles,  visibles  sur  les 
clichés  relatifs  à  45,  5o,  55  et  80  \olts,  auxquelles  il  con\ient  d'ajouter  les 
raies  43G8  et  4384  (comparaison  des  clichés  correspondant  à  39  et  42  volls). 
Toutes  les  raies  obserxées  figurent  d'ailleurs  dans  les  tables  de.Kayser  et 
d'l<"der  et  Valeula,  sauf  un  très  petit  nombre  de  raies  faibles,  visibles  seule- 
ment sur  les  derniers  clichés  (80  volts).  Les  raies  du  spectre  bleu  :  4i74) 
4175,  4488,  mentionnées  dans  les  tables,  n'ont  pas  été  observées.  Elles 
n'apparaissent  (^),  dans  le  spectre  des  tubes  à  vide,  qu'avec  les  plus  fortes 
décharges  condensées. 

( ')  Ce  résullat  semble  indiquer  que  l'apparition  de  la  liiminosilé,  pour  un  polei.- 
liel  voisin  de  16  volts,  ni»  correspond  pas  à  un  nouveau  mode  d'ionisation  des  atomes 
(J'argon,  mais  simplement  à  un  accroisseraenl  de  l'ionisation  relative  au  potentiel  de 
i5  volls. 

(-)  Ainsi  que  les  raies  4'7^  et  4i83. 


l484  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  couranl  produit  par  les  électrons  peut  être  mesuré  au  moyen  d'un 
milliampèremètre  intercalé  dans  le  circuit  anode-filament.  A  partir  de 
i8  volts,  ce  courant  augmente  lentement  et  régulièrement  sans  qu'il  soit 
possible  de  déceler  aucune  discontinuité  vers  35  volts,  potentiel  critique 
correspondant  à  l'apparition  du  spectre  bleu. 

Les  observations  précédentes  correspondent  à  un  courant  de  chauirage 
de  l\  ampères.  Si  l'on  élève  la  température  du  filament,  en  portant  l'inten- 
sité du  courant  de  chaulTage  à  4.5  et  5  ampères,  les  raies  du  spectre  bleu 
sont  déjà  visibles  sur  les  clichés  pour  un  potentiel  accélérateur  minimum 
de  17  volts,  mais  elles  sont  alors  considérablement  plus  faibles  que  les  raies 
du  spectre  rouge.  Dans  ces  conditions,  on  ol)serve  une  discontinuité  très 
nette  de  l'intensité  du  spectre  bleu  en  comparant  les  clichés  relatifs  à  des 
potentiels  accélérateurs  de  32  et  36  volts. 

Ces  résultats  ne  sont  pas  susceptibles  d'interprétation  théorique  piécise. 
Ils  semblent  cependant,  dans  une  certaine  mesure,  confirmer  les  conclu- 
sions obtenues  par  Stark  au  moyen  de  l'observation  de  l'effet  Doppler  dans 
les  rayons  canaux.  On  peut,  en  effet,  considérer  les  potentiels  critiques 
do  1 5  et  33  volts  comme  représentant  l'énergie  nécessaire  pour  arracher 
un  ou  deux  électrons  à  l'atome  neutre,  avec  émission  correspondante  des 
raies  «  monovalentes  »  et  «  bivalentes  »  du  spectre  de  l'argon.  L'émission 
du  s|)ectrc  bleu  pour  un  potcnliel  inférieur  à  35  volts,  dans  le  cas  d'une 
température  élevée  du  filament  (et,  par  conséquent,  d'un  bombardement 
électronique  très  nourri)  peut  être  attribuée  aux  chocs  des  électrons  avec 
les  atomes  ionises,  venant  de  subir  un  choc  efficace  et  n'ayant  pas  encore 
repris  l'état  normal.  Celle  hypothèse,  déjà  proposée  par  ^  an  der  BijI  ('), 
parait  d'autant  plus  valable  qu'il  s'agit  ici  d'un  gaz  sous  une  pression  assez 
élevée  parcouru  par  un  llux  d'électrons  1res  intense.  Enfin,  l'émission 
des  raies  «  trivalentes  »  peut  être  interprétée  au  moyen  d'hypothèses 
analogues. 

RADIOACTIVITÉ.  —  Méthode  rapide  de  mesure  de  la  dèperdilion piopic  d\tn 
électroscope  en  vue  du  dosage  de  rêiiianution  du  radium.  Note  de 
M.  P.  LoiSEL,  in'ésentée  par  M.  Lippmaïui. 

Lorsqu'on  veut  doser  de  l'émanalion  du  radium  en  se  servant  comme 
instrument  de  mesure  d'un  électroscope,  il  est  nécessaire  de  corriger  l'in- 
tensité  du   courant    d'ionisation    mesuré  du  courant  de  déperdition   de 


(')  l'hysical  /ierietv,  t.  9,  191-,  p.  i-3,  et  t.  10,  1917,  p.  "i^tJ. 


SÉANCE    DU    l3   JUIX    I92I.  l485 

l'électroscope,  dû  à  la  fuite  le  long  des  isolaiils  et  à  l'ioiusation  par  la 
radiation  pénétrante.  Ce  courani  de  déperdition  subit,  au  cours  de  !a 
journée,  des  variations  importantes,  surtout  au  voisinage  des  sources 
radioactives,  variations  qu'il  faut  connaître  à  chaque  instant.  Dans  le 
dosage  de  l'émanation  du  radium  par  la  méthode  habituelle,  on  mesure  le 
courant  de  déperdition  axant  l'introduction  de  l'émanation  dans  le  conden- 
sateur et  l'on  calcule  l'intensité  du  courant  maximum,  mesuré  trois  heures 
après,  en  retranchant  de  l'intensité  observée  la  valeur  du  courani  de  déper- 
dition mesuré  au  début,  ce  qui  entraîne  des  erreurs  notables  surtout  si  la 
quantité  d'émanation  à  déterminer  est  faible.  La  méthode  suivante  permet 
de  calculer  le  courant  de  déperdition  au  moment  de  la  mesure  du  courant 
maximum. 

Le  courant  maximum  est  dû  en  partie  à  l'ionisation  produite  par  le 
rayonnement  propre  de  l'émanation,  en  partie  à  celle  due  au  rayonnement 
des  radium  A,  B,  C  en  équilibre,  la  valeur  de  ce  dernier  courant  consti- 
tuant les  jv^d^J  courant  total  d'ionisation,  indépendamment  de  la  fuite  de 
l'électroscope. 

On  sait,  d'autre  part,  qu'après  exposition  longue,  le  rayonnement  a 
d'une  lame  exposée  à  l'émanation  du  radium  et  retirée  de  l'enceinte  acti- 
vante décroît  de  moitié  en  i5  minutes  environ. 

Ceci  posé,  mesurons  l'intensité  du  courani  d'ionisation  produit  dans  le 
condensateur  3  heures  après  l'introduction  de  l'émanation;  nous  avons 

1,„,   courant  maximum  ; 

li,    courani  mesuré  à  l'électroscope; 

I,i^;p,  courant  de  déperdition. 

Faisons  rapidement  le  vide  dans  le  condensateur  et  remplissons  d'air 
inactif;  l'émanation  est  enlevée,  seule  reste  l'activité  induite,  el  le  courani 
qu'elle  provoque  est  égal  à 

0,571,,,. 

Si  nous  mesurons  alors,  i5  minutes  après  avoir  fait  le  vide,  l'intensité  du 
courant  d'ionisation,  nous  avons 

C^)  o,;!85I,„=I,-Ij,,„ 

I2  étant  le  courani  mesuré. 

Divisant  (1)  et  (2)  membre  à  membre,  il  vient 

0,285(I,-I«p)=::l2-I.lép, 


i486  académie  des  sciexces. 

d'où 

,      _l,-o,2851, 


Nous  aJiiiellons  que,  pendant  la  courle  durée  de  Texpérience,  le  courant 
de  déperdition  n'a  pas  varié. 

Remarque.  —  Le  vide  doit  être  fait  aussi  rapidement  que  possible,  sinon 
le  coefficient  o,285  de  la  formule  (2)  doit  être  pris  légèrement  inférieur. 
D'ailleurs,  pour  des  mesures  très  précises,  il  faut  laver  le  condensateur  avec 
un  courant  rapide  de  gaz  comprimé,  Fair  atmosphérique  que  Ton  y  intro- 
duit contenant  toujours  un  peu  d'émanation. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  inolyhdo-mjhtles  d'amnioniiun  cl  de  sodiiiDi. 
Note  de  M.  E.  Darmois,  présentée  par  M.  Ilaller. 

Dans  une  Communication  précédente  ('),  j'ai  indiqué  que  j'avais  pu 
isoler,  dans  les  mélanges  d'acide  malique  et  de  molyhdate  d'ammonium,  un 
composé  cristallisé  très  actif  auquel  il  faut  attribuer  les  fortes  rotations 
droites  présentées  par  certains  de  ces  mélanges.  J'ai  obtenu  également  le 
même  com|)osé  :  i"  dans  l'action  du  molybdatc  d'ammonium  sur  le  malate 
acide  d'ammonium  ;  2°  dans  l'action  de  MoO^  dissous  sur  le  malate  neutre 
d'ammonium.  Dans  ce  dernier  cas,  MoQ^  peut  être  indifl'éremment  soit 
l'acide  jaune  soluble,  soit  l'acide  blanc  peu  soluble,  soit  l'acide  très  soluble 
obtenu  par  action  de  SO'H-  sur  le  molybdalc  de  baryum  précipité.  J'ap- 
pelle provisoirement  ce  corps  molybdo-malate  d'aDinioniiiiti. 

Pour  étudier  sa  composition,  j'ai  fail  les  expériences  suivantes  :  on  réalise 
une  série  de  mélanges  (M(iO^)"CMl''0"  où  n  prend  les  valeurs  i;  1,.');  2, 
2,5  ;  3,  4.  5.  On  pn^nd  un  de  ces  mélanges.  On  étudie  les  solutions  obtenues 
en  ajoutant  à  une  quantité  connue  du  mélange  des  quantités  croissanles 
trammoniaipic  et  complétant  au  même  volume  aM'c  de  l'eau.  Les  rolalicuis 
dès  solutions  sont  mesurées  sous  2''"' pour  les  trois  raies  du  mercure  .'>7<S, 
.ï46,  4.36.  On  calcule  le  jîouvoir  rolatoirc  en  divifanl  la  rotation  hius  r'"' 
par  la  quantité  totale  de  substance  dissoute  dans  100""'.  Les  résultats  sont 
les  suivants  : 

i"  [aj  varie  légèrement  avec  la  concentration;  on  comparera,  par 
exemple,  des  solutions  renfermant  toutes  le  même  poids  d'acide  malicpie 
dans  100""'. 

(')  Comptes  rendus,  l.  171,  1930,  p.  348. 


SÉAXCE    DU    l3    JUl.N    I921.  1487 

2"  Pour  II  doiiiié,  |a|  augmente  d'abord  avec  la  ([iiaiilité  de  MIP  jiis(|ii'à 
un  maximum,  puis  décroît.  La  cour'oe  [)résente  uu  coude  extrêmement  nd. 
Il  a  lieu  en  inèine  leinps  pour  toutes  les  couleurs. 

Exemple  :  n  =  3(-^MoO%  ^C*H"0-'.  Ou  ajoute  .r""'  d'une  solution 
de  NH'  à  i""'',i>5  ])ar  lilre,  mi  complète  à  5o""'): 

X  ..  ■,',  .'1.  1.  'i.ô.  "1.  5,5.  G.  fi, 5. 

[a].,;,...      ii4,8     i34,^     i54,7     157,0     162,4     i46,3     i3i.2     ii3,5 

3"  La  courbe  pour  11  =  1  est  licitement  au-dessus  de  toutes  les  autres; 
le  coude  sur  cette  courbe  correspondant  à  2"'"'  de  NH'  pour  1"*°'  d'acide 
malique. 

Maximum  approximatif  de  ('A  pour  : 

n 1.  1.5.  -l.  ?,5.  3.  4.  5. 

[s!),y* 80  lf\b  220  190  160  i3(i  iio 

Le  pouvoir  rotatoire  maximum  obtenu  est  de  l'ordre  de  220",  c'est-à-dire 
précisément  celui  du  molybdo-malate  d'ammonium.  La  cristallisation  de  la 
solution  correspondante  fournit,  de  nouveau,  le  même  composé.  11  semble 
donc  probable  que,  dans  celui-ci,  Mo(3%  G''H"0'  et  NH'  entrent  respec- 
tivement dans  les  proportions  2,  i  et  2. 

J'ai  étudié,  par  le  même  procédé,  le  partage  de  la  soude  entre  les  acides 
molybdique  et  malique;  les  résultats  sont  identiques.  J'ai  pu  les  utiliser 
pour  isoler  le  sel  de  sodium  à  l'état  cristallisé  :  1°  par  action  directe  de  la 
soude  sur  les  deux  acides;  2"  dans  l'action  du  molybdale  acide  de  Na  sur 
l'acide  malique.  Gernez  avait  montré  (')  (jue  cette  dernière  action  est 
absolument  parallèle  à  celle  du  molybdate  d'ammonium.  Le  sel  obtenu 
est,  toutefois,  plus  difficile  à  purifier  que  celui  d'ammonium,  à  cause  de  sa 
grande  solubilité  dans  l'eau.  Son  pouvoir  rotatoire  est,  également,  voisin 
de  200"  pour  le  jauni^. 

Il  est  vraisemblable  ((ue  la  méthode  indiquée  ci-dessus  est  générale  et 
qu'elle  permettra  d'étudier  et  de  préparer  les  molybdo-malales  correspon- 
dant aux  difïerentes  bases.  Je  poursuis  l'étude  de  celte  question. 

(')  Comptes  rendus,  t.  111,  iSyo,  p.  792. 


l488  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉUALE.  —  Action  (lu  carbonate  de  soucie^  sur  les  solutions  d'alun 
de  chrome.  Note  (')  de  MM.  L.  Mecmer  et  P.  Caste,  transmise  par 
M.  A.  Hallei-. 

Si  l'on  prépare  Vapidement  une  solution  d'alun  de  chrome  à  une  tem- 
pérature connue,  que  l'on  maintient  constante  avec  le  temps,  et  si  l'on  déter- 
mine les  (|uantités  d'une  solution  titrée  de  carbonate  de  soude,  nécessaires 
pour  produire,  dans  un  même  volume  de  liqueur  d'alun  de  throme,  l'appa- 
rition d'un  précipité  permanent.,  au  fur  et  à  mesure  que  la  solution  vieillit, 
on  est  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

1°  Immédiatement  après  la  dissolution  du  sel  solide,  on  observe  une 
première  période  relativement  courte  pendant  laquelle  la  quantité  de  car- 
bonate de  soude  va  en  augmentant  avec  le  \ieillissemenl,  jusqu'à  un 
maximum  \ariant  avec  la  dilution  et  la  température. 

Cette  première  période  est  d'autant  plus  longue  et  d'autant  plus  accusée 
que  la  solution  est  plus  concentrée  et  la  température  plus  basse. 

2°  Après  ce  maximum,  ou  constate  l'existence  d'une  deuxième  période, 
relativement  longue,  pouvant  durer  plusieurs  mois,  et  pendant  laquelle  le 
volume  de  solution  de  carbonate  nécessaire  décroît  lentement,  au  fureta 
mesure  que  la  solution  vieillit. 

3°  A  température  élevée,  et  particulièrement  à  loo",  les  deux  périodes 
sont  de  durée  tellement  courte,  que  l'on  est  conduit  immédiatement  à  la 
lin  de  leur  action  combinée. 

Par  exemple,  si  l'on  prend  des  prises  d'essai  de  5o""'  d'une  solution  d'alun 
de  chrome  à  o,5  pour  loo,  préparée  en  /|  minutes  à  la  tempéiature 
de  i/i^jSj  à  partir  du  sel  pulvérisé,  et  qu'on  l'additionne  d'une  solution  de 

N  . 
carbonate  de  soude —  jusqu'à  apparition  du  précipité  permanent,  en  pre- 
nant toutes  précautions  utiles  pour  régler  et  maintenir  constantes  dans 
toutes  les  expériences  lu  \  itesse  d'addition,  l'agitation  et  la  température,  on 
constate  que  pendant  la  première  période,  qui  dure  environ  3G  heures  après  la 
dissolution  du  sel  solide,  les  quantités  de  carbonate  de  soude  vont  en  crois- 
sant de  6"", ()  à  io""',4  (maximum).  Ces  quantités  \ont  en  décroissant 
ensuite  lentement  pendant  plusieurs  semaines. 

Avec  une  solution  à  5  pour  loo,  préparée  en  une  demi-heure  à  i5°C., 

(')  Séance  du  6  juin  1921. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  i/jSq 

sur  la([U('llf  on  effectue  des  prises  d'essai  de  10""',  qu'on  iidditionne  d'une 
solution  à  i  pour  100  de  carbonate  de  soude,  la  picniièiT  période  dure 
environ  '(8  heures  et  correspond  à  des  quantités  de  caibonale  de  soude 
croissant  de  5""',  5  à  10""'  (niaximutn).  Ces  quantités  \ont  en  décroissant 
ensuite  lentement  pendant  plus  d'un  mois. 

Interprétation  des  résultats.  —  Les  résultats  précédents  semblent  être  la 
conséquence  de  la  superposition  de  deux  phénomènes  distincts,  se  dévelop- 
panl  simultanément  pendant  le  vieillissement  des  solutions  de  sulfate  chro- 
mique;  d'autre  part,  le  minimum  de  conducli'vité  électrique  signalé  par 
Sénéchal  (')  pour  ces  solutions  paraît  correspondre  exactement  au 
maximum  que  nous  avons  observé  dans  l'action  du  carbonate  de  soude. 

1°  Aussitôt  dissous  dans  l'eau,  le  sulfate  chromique  subit  une  hydrolyse 
partielle  immédiate,  conduisant  à  un  écjuilibre  provisoire.  L'hydrate  chro- 
mique libéré  est  tout  d'abord  simplement  peptisé  par  le  sulfate  chromique 
normal  non  hydrolyse,  qui  le  maintient  en  solution  colloïdale. 

Petit  à  petit,  l'hydrate  chromique  et  le  sulfate  chromique  normal  réa- 
gissent l'un  sur  l'autre,  pour  donner  naissance  à  un  complexe  moins  ionisé 
et  dans  lequel  l'hydrate  chromique  est  plus  dissimulé  vis-à-vis  de  l'action 
alcaline  du  carbonate  de  soude. 

Si  ce  premier  phénomène  se  passait  seul,  l'ionisation  diminuerait  donc 
avec  le  temps  et,  au  contraire,  la  quantité  de  carbonate  de  soude  nécessaire 
pour  déterminer  le  commencement  tie  précipitation  irait  en  augmentant. 

2°  L'hydrolyse  immédiate  ci-dessus  n'est  pas  définitive;  elle  progresse 
et  s'accentue  petit  à  petit,  en  devenant  plus  profonde  (-),  ce  qui  augmente 
la  concentration  ionique  et,  par  conséquent,  la  conductivité.  Les  granules 
d'hydrate  chromique  libérés  par  cette  nouvelle  hydrolyse  progressive, 
ainsi  que  ceux  de  la  première  hydrolyse  immédiate,  non  entrés  dans  le 
complexe,  grossissent  avec  le  temps  et  la  solution  colloïdale  qu'ils  cons- 
tituent devient  de  plus  en  plus  sensible  à  l'action  du  carbonate  de  soude 
agissant  comme  électrolyte,  agent  de  coagulation. 

3°  Les  deux  phénomènes  analysés  ci-dessus  se  produisent  simultané- 
ment, mais,  au  début,  c'est  le  premier  qui  prédomine;  aussi  la  conductivité 
électrique  commence  par  diminuer  et  les  volumes  de  carbonate  de  soude 
'par  augmenter;  il  en  est  ainsi  jusqu'à  ce  que  le  deuxième  phénomène  prédo- 

(  '  I  Sénéchal,  L'étude  physico-chimique  des  sels  ckromiques,   p.  20.  Paris,  191 3. 
(-)   D'après  le  mécanisme  récemmenl  indiqué  par  M.  Tian  {Comptes  rendus,  t.  172, 
1921,  p.  1179). 

C.  R.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  1T2,  ^•  24  )  I09 


î490  ACADÉMIP    DES    SCIENCES. 

mine  à  son  lour,  cl  alors  la  conduclivité  électrique  augmenlc,  tandis  que 

les  quantités  de  carbonate  de  soude  diminuent. 

4°  La  théorie  que  nous  venons  d'exposer  e.-^t  encore  confirmée  par  les 
faits  suivants  : 

a.  Si  au  lieu  de  limiter  l'addition  A\\  carbonate  de  soude  à  celle  qui  est 
ijécessaire  pour  faire  apparaître  le  début  du  précipité  permanent  on  ajoute 
la  quantité  néeessaire  pour  précipiter  entièrement  la  solution,  on  constate, 
en  opérant  sur  unt;  solution  fraîchement  préparée  à  froid,  que  le  précipité 
lavé  à  fond  ne  contient  p^s  trace  d'acide  sulfiirique. 

h.  En  répétant  le  même  essai  sur  iino  solution  doqt  on  détermine  l'évo- 
lution rapide  immédiate  par  l'ébullition,  le  carbonaite  (\ç  soude  précipite 
un  mélange  d'hydrate  chromique  et  d'un  sulfate  complexe;  en  effet,  ce 
mélange  lavé  à  fond  et  décomposé  par  l'aciçie  chlorhydrique  chaud,  s<' 
dissout  en  fournissant  de  l'acide  sulfurique  en  proportions  notables. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  La  dissolution  retardée  et  la  précipitation  prématurée 
du  carbure  de  fer  dans  les  aciers  et  Pinfliience  de  Vétat  iintial  sur  ces  p/iéno- 
jnènes.  iNote  de  MM.  A.  Portevin  et  P.  Cuevekard,  présentée  par 
\l.  Henry  Le  Cliatelier. 

La  trempe  d'un  acier  au  carbone  cotnpreiid  deux  opérations  : 

1°  A  réchauffement,  mise  en  solution  solide  dans  le  fer  y  du  carbure  de 
fer  l'e^C  pu  cémentite. 

■À°  Au  refroidissement,  conservation  en  solution  solide  hors  d'équilibre 
dans  le  fer  a  du  carbure  de  fer  ainsi  dissous,  y— >a. 

Il  y  a  donc  grand  intérêt  à  étudier  le  processus  et  les  modalités  de  la 
solubilisation  du  carbure  de  fer  au  chauffage  et  de  sa  précipitation  ulté- 
rieure au  cours  du  refroidissement. 

Nous  nous  bornerons  ici  à  examiner  le  cas  le  plus  simple  de  l'acier  eutec- 
tique  au  carbone;  dans  celui-ci  en  effet  la  solubilisation,  ou  inversement  la 
séparation,  du  carbure  de  fer  ne  s'ofTectue  en  principe  qu'en  une  seule 
période  marquant  l'accomplissement  de  la  réaction  unique  réverr 
sible  Fea  4-  Fe^C  ^solution  solide  Fey  —  C. 

Les  courbes  de  dilatation  ne  devraient  donc  présenter  qu'une  seule  ano- 
malie très  marquée,  tant  à  réchauffement  (Ac)  qu'au  refroidissement(Ar), 
anomalie  sé[)arant  la  courbe  de  dilatation  de  l'état  stable  à  froid  de  celle  de 
l'état  stable'  à  chaud  (austénile).  La  dilatabilité  à  l'état  stable  à  chaud 


SÉANCE    DU    l3    JlIN    1921.  1/191 

(élat  y)  étant  d'ailleurs,  pour  les  divers  aciers,  à  peu  près  indépendante  de 
la  teneur  en  carbone. 

En  fail,  si  l'on  examine  altenlivement  une  combe  de  dilalation  dillé- 
renlielle  {fig-.  i)  d'un  acier  eutectiqui-,  on  remarque,  en  oulre  des  ano- 
malies principales  Ac  et  Ar,  les  particularités  suivanles  : 

I"  En  fin  de  transformation  des  crochets  parasites  tels  que  celui  marqué 
Cr  au  refroidissement;  ils  sont  d'origine  purement  thermique  et  lésullent 
de  la  non-identité  des  températures  de  l'échantillon  et  de  l'étalon,  du  fait 
de  la  chaleur  dégagée  par  la  transformation  ;  ces  crochets  élroilement 
localisés  dans  l'échelle  des  températures  ne  constituent  qu'un  incident 
expérimental  systématique  de  la  méthode  différentielle.  INous  ne  nous  en 
occuperons  pas  dans  ce  qui  suit. 


° 

5-^ 

•-,,.200 

5  00 

l'o 

J     500 

faoo       y-Ol 

)       ^00 

900 

1 

-- 

^7:^ 

■a.\. 

^^^ 

'V 

■5 

if^ 

0 


Fig.  I.  —  Courhe  fie  dilatalion  diU'érentielle  d'un  acier  euteclique  coalescé. 

Intervalle  des  tirels  :   5  minutes. 
/Vu  refroidissement,  on  oliserve  la  précipitation  prématurée  de  la  eénientite. 

■1°  Une  période  à  forte  dilatabilité  à  réchauffement  coiiséculive  à  la 
transformation  Ac;  elle  est  entièrement  comparable  à  celle  qui  s'observe 
dans  les  aciers  hypereutectiques  et  qui  marque,  dans  ces  derniers,  la  rpise 
en  solution  de  la  cémentite  dans  la  solution  solide  y  créée  lorsqu'on  franchit 
Ac.  Cette  anomalie  supplémentaire  à  réchauffement  déjà  observée  par 
divers  auteurs  (')  a  été  interprétée  par  eux  comme  une  manifestation  du 
retard  à  la  dissolution  de  la  cémentite. 

Tout  d'abord,  il  est  aisé  de  montrer  expérimentalement  le  caractère 
irréversible  de  ce  dernier  phénomène.  L'anomalie  de  dissolution  retardée 
présente  une  amplitude  d'autant  plus  faible  que  la  température  croît  moins 
rapidement,  bien  qu'elle  persiste,  très  atténuée,  pour  des  chauffages 
extrêmement  lenls  de  Tordre  de  10  degrés: heure.  En  outre,  quand  la  durée 
et  la  température  de  chauffage  sont  suffisantes,  la  loi  de  dilatation  de  l'acier 

(')  De  Nolly  el  Verrey,  P.  Chevenard,  Andrew,  Rippon  Aliller  et  Wragg. 


1/192  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

devient  e.xaclcnienl  réversible  dans  loul  le  domaine  dv  lenipératures 
supérieures  à  Ar,  avec  une  dilatabilité  sensiblement  égale  àcolle  du  fer  y,  le 
carbure  de  fer  est  alors  dissous  entièrement  et  d'une  manière  bomogène. 
Mais,  quand  rhomogénéilé  de  la  solution  solide  n'est  pas  réalisée,  on  observe 
de  même  au  refroidissement  et  peu  avant  le  début  de  Ar  une  région  à 
forte  dilatabilité  (/ig.  i)  ;  l'acier  apparaît  donc  hypereutectoïde  ;  en  d'autres 
termes,  il  y  a  précipita/ion  prématurée  de  la  cémentile  au  refroidissement  ; 
par  suite  de  la  lenteur  des  diffusions  à  l'état  solide,  la  teneur  en  carbone 
dépasse  0,9  pour  100  en  certaines  régions  de  l'austénite  et  l'acier  est 
localcmenl  hyjiereutectoïdc. 

Si  cette  conception  est  exacte,  l'bomogénéité  de  la  pliase  y  (caractérisée 
par  la  disparition  du  pbénomène  de  précipitation  prématurée^  doit  être 
assurée,  pour  une  vitesse  de  cliauffe  donnée,  a  partir  d'une  température 
d'autant  plus  faible  que  les  particules  de  cémentite  ont  des  dimensions  plus 
restreintes.  Or  l'expérience  est  venue  confirmer  entièrement  cette  con- 
clusion. 


Fig.  3.  —  Courbe  de  dilalalioii    dillùienliellp   du    même    acier   régénéré. 

Intervalle   rjcs  lirels  ;  .')  minutée. 

Au  refroidissement,  la  dilalal)ilité  est  normale  dans  le  domaine  de  l'austénite, 

Les  deux  diagrammes  {Jîg.  i  et  2)  se  rapportent  à  un  même  acier  eutec- 
toïde  et  ont  été  décrits  dans  des  conditions  identiques  de  cbauffage  et  de 
refroidissement.  Mais  dans  le  premier  cas  (acier  coalescé),  le  métal  avait 
été  recuit  préalablement  de  manière  à  renfermer  la  cémentite  à  l'état  globu- 
laire; dans  le  second,  l'acier  régénéré  par  plusieurs  chauffages  suivis  de 
refroidissements  rapides  était  constitué  par  delà  perlite  en  lines  lamelles.  La 
précipitation  prématurée,  manifestée  dans  l'acier  coalescé.  n'apparaît  pas 
dans  l'acier  régénéré. 

Ces  constatations  expliquent  le  riMe  joué  dans  la  trempe  par  la  tempéra- 
ture et  la  durée  de  chauffage,  par  les  traitements  préliminaires  (trempe  ou 
recuit)  que  l'acier  a  subi  antérieurement  et  par  la  trempe  à  température 


SÉANCE   DU    I )    JUIN    1921.  l493 

descendante (').  On  conroil,  d'après  ce  qni  précède,  que  l'influence  de  ces 
facteurs  est  variable  suivant  les  aciers  et  pour  un  même  acier  suivant  l'état 
initial  ('). 

Si  Ton  n'oblienlpasTaustéuite  homogène  au  chaulYage,  la  trempe  ne  pourra 
fournir  qu'un  complexe  de  martensites  à  concentration  inégale  en  carbone. 
On  s'explique  ainsi  les  points  multiples  Ar"  à  basse  température  observée 
dans  les  aciers  pour  lesquels  la  mise  en  solution  du  carbure  est  très  lente 
(aciers  chrome-tungstène,  aciers  nickel-chrome). 


CHIMIE  ORGANK^UE.  —  Sur  fa  (lés/ivdratation  du  phényl-i-itiméthyl- 
1.1-hutnnol-i  et  du  diphènyl-\.?)-dimèthyl-'i.i-piopanol-\.  Note  de 
M"*"  Jeanne  Apolit,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

MM.  Haller  et  Bauer  ont  donné  une  méthode  générale  de- préparation 
des  trialcoylacélophénones  au  moyen  de  l'amidure  de  sodium  et  des  halo- 
génures  alcooliques  (^).  ils  ont,  entre  autres,  préparé  diverses  célones 
répondant  à  la  formule  générale 

C'II^— CO-C— R2, 

\r, 

R,,  Ro,  R3  étant  des  radicaux  gras  ou  aromatiques. 

La  réduction  de  ces  cétones,  au  moyen  du  sodium  et  de  féthanol,  donne 

des  alcools  de  la  forme 

/H. 
C''H'-CH011-C— R2, 

\R3 

qui,  par  déshydratation,  conduisent  à  des  carbures  dont  la  formation  ne 
peut  s'expliquer  que  par  la  migration  d'un  radical. 

M.  Haller  et  M™"  Ramart  ont  étudié  les  transpositions  accompagnant  la 


(')  On  peut  ainsi  réaliser  une  auslènite  homogène  à  haute  température  tout  en  ne 
trempant  qu'à  température  aussi  basse  que  possible,  ce  qui  oITre  tous  les  avantaf^es  au 
point  de  vue  tapures  et  déformation.  L'écart  entre  les  températures  de  chaullage  et  de 
trempe  peut  être  très  grand  dans  les  aciers  spéciaux  (600°  pour  des  tôles  minces  en 
acier  nickel-chrome). 

('-)  Voir  A.  PoRTEViN  et  \  .  Bernard,  Rev.  Mél.,  t.  12,  1916,  p.  147. 

(')   Comptes  rendus,  t.  Ii8,  1909,  p.  70. 


l494  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

déshydratation  du  phéiiyl-i.diiiiéthyl-2.2-propanol-i 

C«H^- CHOH  -  G— CHS 
\CH' 
et  ils  ont  caractérisé  le  carbure 

identique  à  celui  que  MM.  Biaise  et  (  lourtot  ont  obtenu  par  une  autre 
voie  (^). 

Ayant  à  notre  disposition  ces  méthodes  générales  de  préparation  des 
cétones  et  alcools  correspondants,  nous  envisageons  le  cas  où  les  radicaux 
il,,  R.,,  1»3  sont  différents,  dans  le  but  de  voir  quel  est  le  radical  qui  émigré 
de  préférence  au  cours  de  la  déshydratation. 

fifude  de  CH^.CHOH  -  C-C=H'.  -   Le  phény]-i-diméthyl-2.2-buta- 

nol-i    est  un  liquide    obtenu    par    réduction    de    la    diméthyléthylacéto- 
phénone. 

La  déshydratation  de  cet  alcool  a  été  laite  sous  l'action  de  la  chaleur,  en 
présence  de  terre  d'infusoires,  vers  Soo".  La  distillation  du  produit  obtenu 
donne  deux  portions:  l'une  passant  à  i95°-i98''  à  la  pression  ordinaire, 
l'autre  à  2o4°-2o6''.  L'analyse  de  ces  corps  montre  que  l'on  a  deux  isomères 
de  formule  C'^* H". 

Oxydation.  —  La  portion  qui  passe  à  ao^^-aGG"  a  été  traitée  par  CrO'  en  solution 
acétique  de  façon  à  fournir  a^^So  par  molécule  de  carbure.  Ouand  la  totalité  du  CrO' 
a  été  ajoutée,  et  que  la  solution  est  devenue  verte,  on  cliauil'e  à  l'ébullition  et  l'on 
i-ecueille  les  premières  portions  qui  passent  à  la  distillation. 

Elles  contiennent  un  liquide  donnant  de  l'iodoforme  avec  une  solution  alcaline  d'iode 
dans  Kl.  Le  reste  de  la  liqueur  verte,  reprise  par  l'éther,  est  neutralisée  par  du  car- 
bonate de  sodium,  séchée  et  distillée. 

Après  élimination  de  l'éther,  le  liquide  restant  a  donné  par  rectification  deux 
portions  :  l'une  passant  à  igS^-aoc"  et  l'autre  à  2io°-2i5°.  Chaque  portion  est  traitée 
par  du  chlorhydrate  de  semi-carbazide  et  de  l'acétate  de  soude.  La  première  donne 
la  serni-carbazone  de  l'acétophènone,^  fondant  à  20^»;  la  seconde  donne  la  semi-car- 
bazone  de  l'éthylphénylcélone  fondant  à  177°. 

La  porticn  de  carbure  distillant  à  ig^^-igS"  a  donné  les  mêmes  semi-carbazones  avec 
une  quantité  plus  importante  de  semi-earbazone  de  réihyl])hénjlcétone. 

(')  Bull.  Soc.  chimif/ae,  4°  série,  i.  27,  ign),  p.  ^Si. 
(')  Bull.  SoCi  chimique,  '.i"  série,  t.  2.Ï,  i;)ii6,  p.  5S7. 


SÉANCE    DU    li   .WIN    I92I.  I^gS 

Les  deux  carbures  isomères,  depuintsd'ébullilion  très  voisins,  ne  pouvant 
pas  être  séparés,  on  conclut  que  la  première  portion  (193"- 198°)  contient  en 
majeure  partie  du  carbure 

et  la  deuxième  du  carbure 

L'équation  de  déshydratation  peut  donc  être  exprimée 

/CH'  /     CH3/^-^\cH3 

C«H^-CHOH  — G  — C^H— H-0     < 

\CH3  \     C»H'\  /CH3 

.CH3 
Déshydratation    du    C'H'^— CHOH  -  C— CH^-G^HS    dip/ténvl-i.i-di- 

mèthyl-i.i-propanol-\ .  —  MM.  Haller  el  Bauer  ont  préparé  la  diméthyl- 
benzylacétaphénine  (-)  dont  la  réduction  donne  un  alcool  cristallisant  en 
aiguilles  groupées  en  petites  liouppes.  Ce  corps  est  soluble  dans  l'éthaiiol 
bouillant,  dans  l'éther  et  le  benzène.  11  fond  à  49°j5o  (n.  c).  Déshydraté 
à  240°  au  maximum,  en  présence  de  terre  d'infusoires,  il  donne  un  carbure 
qui  distille  à  170°- 172°  sous  20™"'. 

Oxydation  du  carbure.  —  L'oxydalion  chroiiii([ue  est  dirigée  comme  dans  le  cas 
précédent.  On  opère  lentement,  de  façon  que  la  température  ne  dépasse  pas  60°. 
Ap'rès  addition  totale  de  la  solution  chromique,  quand  la  liqueur  est  verte,  on  chauffe 
à  l'ébullilion  el  Ion  recueille  quelques  centimètres  cubes  de  propanone,  caractérisée 
par  la  formation  d'iodoforrae  sous  raction  d'une  solution  d'iode  dans  Kl  en  milieu 
alcalin.  La  solution  de  S0'*llg  donne  également  un  précipité  blanc.  Le  reste  de  la 
solution,  repris  par  l'éther,  a  donné,  après  distillation  de  l'éther  et  rectification  sub- 
séquente du  résidu,  des  portions  passant  à 

lou'J-io")'',      ior)°-i2o°,      i2o"-i^5'',      i75°-i85",     sous  20"'™. 

Chaque  portion,  traitée  par  du  chlorhydrate  de  semi-carbazide  et  de  l'acétate  de 
soude  en  milieu  acétique,  a  permis  d'obtenir  les  semi-carbazones  suivantes,  déter- 
minées par  leur  point  de  fusion  : 

(')  Kla,^es.  C,  1904  (I),  p.  i5i5. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  149,  1909,  p.  5- 


I^g6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Serni-caibazone  de  racélopliénone.  de  la  niéthvlbenzylcélone  el  de  la  désoxyben- 
zoïne.  lin  outre,  on  a  décelé  la  présence  de  l'acide  henzoïque. 

Cette  oxydation  permet  de  montrer  qu'il  y  a,  dans  la  déshydratation, 
migration  du  radical  méthyl  ou  du  radical  benzyl,  dans  des  proportions 
sensiblement  égales.  Les  deux  isomères  ont  des  points  d'ébullition  trop 
voisins  pour  qu'on  puisse  les  séparer. 

Nous  pouvons  représenter  le  phénomène  de  déshydratation  par  l'équalion 
suivante  : 

/CH»  /  CH^/^-  \CH*— C'IP 

C«[I'-CHOH-C  — CH^C'H'— H^O     / 

\CH'  C«H^\  /CH3 

C«H~CH-/  \CI1^ 

c'est-à-diic    (ju'il    se     lorine    du    diphéiiyl-i  .3-méthyl-2-butène-2   el  du 
diphényl-i.2-méthyI-3-bulène-2. 

ciu.MlE  oliiiANlQUE.  —  Sur  la  composllion  de  l^essrnce  de  tèrêhenthine 
française  et  sur  le  bromure  d  y.- pi  ne  ne.  Note  de  M.  Pari.selle,  pré- 
sentée |);ir  M.  Haller. 

En  éliidianl  la  dispersion  rotatoire  des  diverses  fractions  de  l'essence  de 
lérébenthinc  française,  M.  Darmois  (^)  est  arrivé  à  cette  conclusion  que 
celle  essence  contenait  62  pour  100  de  pinène  a  et  38  jiour  100  de  pinène  [i 
ayani  des  pouxoirs  rolaloires  respeclivemenl  égaux  à  —  44"î4  cl  — 22", 6. 

Dans  le  but  d'éludier  la  fixation  d'acide  bromhydrique  et  de  brome  sur 
des  produits  chimiquement  définis,  j'ai  soumis  à  de  1res  longs  fraclionnc- 
menls  dans  le  vide,  au  moyen  d'un  luhe  Ollo  à  5  bnules,  i5'  d'essence  de 
térébenthine.  .J'ai  pu  ainsi  isoler  les  coiislituanls  de  l'essence  française  et 
retrouver  expérimentalement  la  plujiari  des  résultats  relatifs  au  pouvoir  el 
à  la  dis|)eisioii  rolatoires  prévus  par  M.  Darmois.  Je  donnerai  les  princi- 
[)ales  pmpriélés  physiques  de  ces  carbures,  puis  j'étudierai  la  fixation  de 
l'acide  brondiydrique  et  du  brome. 

I'|M';>K  z.  —    Tenipéraluif  (réluillilldii  ;  [53°,  5-i5V',  •'>  sons  ^60™"';  62°  sous  32'""'. 

(/„=o.8748,        (/6= ^V-7  ;  /.,'■  =  0,000, q3.         /,i''"  =  o,ooi; 

i  -h  i<'J 

Afi'i' ~  I . '|('90-  lim=i'.''^5         (i-aliiilc  :  '|3,.54)- 


(')    l>AiiMois,   Thèse  rt<'  dovloral.  i()io,  p.  (k'i. 


SÉANCE   DU    l3    JUIN    1921.  ll^Ç)'] 

Coeflicii'iil  (le  viscosilo  :  rjr=o,oi4'- 

l'iitivoir  rotaloirc  :  [5:|,',"r= — '|3'',48. 

Dispersion  rolatoire  :  1  (Àr^SSg);  i,i85  (À  =  546)  ;  i  .^{'/.  =  !tÇj-2);  2{l^=  yiô). 

On  peut  remarquer  que  le  pou\oir  rolatoire  du  pinèiie  «  ainsi  isolé  est  supérieur  à 
tous  ceux  que  l'on  avait  obtenus  jusqu'ici  a\ec  l'essence  française.  La  plus  ferle  \;ilcur 
obtenue  par  M.  Aignan  (  '  )  était  de  —  4i")9'J. 

i>e  plus,  la  dispersion  égale  à  2  pour  la  raie  bleue  '|3(')  niontie  (|ue  ce  corps  est  pra- 
ti(|ucrncnl  exempt  de  pinène  jj. 

I'okm:  lÎ.  — 'l'enipéralure  débullition  ;   i63''-i(i4"  sous  j6o""".  71", 5  sous  34"'"'- 

f/„—   0,8848,  f/,3=  0,8728, 

«,','=  1,479- 

Coefficient  de  \iscosilé  :  r,  =  0,0173. 

f^apport  des  tensions  superficielles  de»  pinènes  {S  et  a  :  i  ,o65  ('). 

Pouvoir  rotaloirc  :  [<z]|',' =:  —  19°, 80. 

Dispersion  rotatoire  :  t(>.  =  589);  i,i(/t=ô46);  1 ,  i5(>.  =  492);  1  ,08  (A  =  136). 

Action  de  l'acidk  bromhydrique.  —  1°  Pinènr  x.  —  Une  molécule  de  a-pinéne 
absorbe  à  froid  une  molécule  de  gaz  bromhydrique  desséché  en  donnant  une  niasse 
pâteuse  renfermant  de  60  à  76  pour  100  de  cristaux. 

Le  bromhydrate  solide,  après  une  série  de  cristallisations  dans  l'alcool  métbylique 
bouillant,  fond  à  94°  et  bout  sans  décomposition  à  g4°  sous  12°"". 

Ces  deux  derniers  nombres  donnent  approximativement  les  coordonnées  du  triple 
point  de  bromure  d'isobornyle. 

Son  pouvoir  rotatoire  pris  en  solution  dans  le  toluène  est  [oi]l,' =  21" ,g^.  La 
partie  liquide  séparée  des  cristaux  et  distillée  dans  le  vide,  redonne  encore  une  forte 
proportion  de  bromhydrate  solide,  mais  permet  cependant  d'isoler  un  bromhydrate 
liquide  isomère  qui  ne  peut  être  considéré  comme  pur  car  il  retient  forcément  en 
dissolution  l'isomère  solide.  Ce  liquide  bout  à  96°  sous  12'°"',  a  un  indice  de  i  ,5o6  et 
un  pouvoir  rotatoire  d'environ  3o°. 

En  opérant  la  fixation  d'acide  bromhvdriqne  en  solution  acétique  les  résultats  sont 
analogues,  mais  la  proportion  d'isomère  liquide  est  plus  forte. 

2»  Pinène  !3.  —  Les  choses  se  passent  de  la  même  façon  et  l'on  obtient  encore  deux 
variétés.  Le  bromhydrate  solide  qui  domine  a  les  mêmes  constantes  physiques  que 
celui  relatif  à  l'ot-pinène,  en  particulier  la  dispersion  rotatoire  est  égale  pour  les  deux 
corps  à  1,98  pour  la  raie  bleue  436;  seul  le  pouvoir  rotatoire  est  différent  et  égal 
à  3i°3o. 

(^)uanl  à  la  variété  lii[uide  elle  a  un  pou\oir  rolatoire  égal  à  22°. 

Les  résultats  [trécédents  conlirment  ce  fait  que  pat'  fixation  des  hydra- 
cidcs,  les  deux  pinènes  donnent  les  mêmes  corps;  mais,  en  outre,  ils  per- 

(')  AiiiNAN,  Thèse  de  doctorat^  1898. 

(')  Ce  nombre  a  été  déterminé  en  comptant  le  nombre  de  gouttes  données  par  une 
pipette. 


l49^  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

mettent  de  déterminer  le  rapport  outre  le  poids /j,  d'y.-pinène  dextrogyre 
et  le  poids/>;2  d'a-pinène  inactif  qui  se  trouvent  dans  l'essence  française. 

iCn  effet  si  Ton  admet  que  le  ^-pinène  est  une  variété  dexlrogyre  pure 
(hypollièse  rationnelle,  puisque  le  pou\  oir  rotatoire  est  sensiblement  indé- 
pendant de  la  nature  de  lessence  d'où  on  l'a  extrait)  et  qu'il  donne, 
comme  l'a-pinène  dextro,i<yre,  la  variété  dextrogyre  pure  de  bromure 
d'isobornyle,  on  aura 

Pi-hp,        3r.,5 
El  l'a-pinène  dextrogyre  aura  pour  pouvoir  rotaloire 

43%48x  -^4-4  =  480,80 
27»,  95 

nombre  qui  correspond  aux  plus  grandes  valeurs  obseivées  (')  et  (-). 

Actions  du  broMe  sur  le  pinènè  a.  —  J'ai  fait  agir  du  brome  dilué  dans  le 
tétracWorure  (ïe  carbone  sur  le  pinène  a  dilué  dans  le  mêrtie  solvant  et 
refroidi  à  —  10".  Kn  versant  la  solution  de  brome  goutte  à  goutte  de 
manière  à  éviter  toute  élévation  de  température,  on  n'observe  aucun 
dégagement  d'acide  bromhydrique,  mais  contrairement  à  ce  qu'affirme 
M.  \^  allach  (')  il  faut  verser  plus  de  deux  atomes  de  brome  (  '  )  par  molé- 
cule de  pinène  pour  arriver  à  une  coloration  persistant  d'une  façon  tem- 
poraire. 

Le  produit,  débarrassé  du  télrachlorure  de  carbone,  esl  distillé  dans  le 
vide  en  plaçant  un  laveur  à  eau  entre  la  trompe  et  l'appareil  de  distillation. 
(.)n  obtient  d'abord  du  bronihydiiHc  .solide  (F.  94°)  sans  qu'il  v  ait  trace  de 
décomposition.  En  chauffaftt  davantage,  on  peut  recueillir  ensuite  un 
liquide,  la  température  indiquée  par  le  thermomètre  montant  de  pô^à  160" 
sous  12""".  Cette  deuxième  distillation  ne  selTectue  pas  sans  décompo- 
sition, car  on  a  constaté  quil  s'est  dissout  dans  le  laveur  une  forte  propor- 
tion d'acide  bromliydrique  (correspondant  au  tiers  enxiron  du  brome 
employé).  Le  licjuide  la\é  et  rectifié  à  nou\eau,  m'a  donné  un  monobrc- 
mure  liquide  et  un  dibfomure  cristallisé  (analyse  Br  pouf  100,  5/i,55; 
calculé  54«o5)  qui  fond  à  iSo",  mais  commence  à  se  décomposer  légèrement 
à  i3()". 

(')  N'iiZFs,  Bull.  Soc.  Ch.,  ^'  série,  t.  5,  p.  gSy.. 

(-)  Smith,  J.  and  Proc.  0/  fioy.  Soc.  oj N.  S.  Il  alis^  1.  ;V2.  p.  19"), 

(')  Wai-LACII,  Licbigs  Ann.,  l.  '2&k.  p.  H. 

('•)  environ  :>.  et  4. 


SÉANCE  DU    l3   JUIN    1921.  l499 

Quant  au  résidu  non  distillé  de  la  première  opération,  il  cristallise  par 
refroidissement  et  on  peut  en  extraire  un  dihromure  qui  fond  à  iGS^-iGS" 
(analyse  Hr  pour  100,  5/(,4g)f  c'est  le  dihromure  de  Wallach  {loc.  cit.) 
distinct  du  précédent.  I.a  formation  de  ce  dihromure  sous  forme  solide 
a  toujours  été  postérieure  à  la  décomposition  des  bromures  primitifs.  Ce 
fait,  joint  à  l'existence  d'un  faible  rendement  et  à  l'inactivité  optique  du 
produit,  permet  de  conclure  que,  selon  toute  probabilité,  ce  dihromure  n'est 
pas  un  dérivé  d'addition  de  l'a-pinène. 

En  résumé,  l'action  du  brome  sur  le  pinène,  même  lors(|u'elle  ne  donne 
pas  lieu  à  un  dégageinenl  d'acide  biomhydrique,  conduit  à  un  mélange 
complexe  de  produils  d'addition  et  de  substitution,  l'hydracide  étant 
absorbé  par  le  pinène  au  fur  et  à  mesure  de  sa  formation. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  Ics  tétrahydronaphlol.s. 
Note  de  MM.  A.  Brochet  et  R.  Cornubert,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Des  quatre  létrahydronaphlols  a  et  [ï  possibles,  trois  ont  été  décrits 
jusqu'ici;  seul  le  tétrahydro-a-naphtol  aticyclique  n'avail  pu  être  préparé. 
L'hydrogénation  des  y.  et  3-naphtols  sous  pression  en  présence  d'un  cata- 
lyseur constitué  par  du  nickel  réduit,  nous  a  permis  d'obtenir  les  quatre  iso- 
mères ainsi  que  l'un  de  nous  a  déjà  eu  l'occasion  de  le  signaler  ('). 

1°  Hydrogénation  de  V'i.-naphtol.  —  200^  d'a-naphtol  ont  été  hydrogénés 
à  iSo"  environ  sous  une  pression  de  iS"'"  en  présence  de  25^  de  nickel.  Dans 
le  produit  brut  ainsi  obtenu  nous  avons  séparé  les  deux  isomères,  aroma- 
tique et  alicyclique,  par  battage  à  la  soude,  ce  qui  nous  a  donné  i5  pour  100 
de  dérivé  aromatique  (1)  et  85  pour  100  de  dérivé  alicyclique  (11). 

CH^    C-OH  Cil     CHOH 


CH^    CH  CH     CH' 

r.  If. 

Ces  corps  présentent  les  propriétés  suivantes  :  nr-tétrahydro-y.-naphtol{\), 
F.  68";  ac-létrahydro-y.-naphtol  (II)  liquide  assez  visqueux,  brunissant  len- 
tement au  contact  de  l'air,  Éb.Ji,,,  :  i39''-i4o;  fi?^=  1,0896;  nî;^=î,567i; 

(')  A.  lÎBOCHET,  Hall.  Soc.  chini.,  4'  série,  l.  J3,  1910.  p.  198. 


lOOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

(H.  M. )„  trouvée 4/1. 3;,  calculée pourC" H" 01^14,10;  (E.  M.)„=^  +  o,^7- 
Cet  alcool  a  donné  très  aisément  une  phényluréthane  fondant  à  121°. 

2°  Hydrogénation  du  ^-naphtol.  —  L'hydrogénation  a  été  effectuée  dans 
les  conditions  indiquées  pour  risomère  a.  Elle  a  fourni  25  pour  100  de 
dérivé  aromatique  (III)  et  7.5  pour  100  de  dérivé  alicyclique  (IV). 

Cli^    CM 

cii-^l^\<--^%:  — OU 

cii^l    .Pv   Jeu 


m. 


CH     CH- 
CH:/'\C/\CH0II 

CH      CH= 


Ces  corps  ont  présenté  les  caractères  suivants  :  ar-tèlrahydro-'^-naplitol, 
F.  ^']°^^\  ac-tèti-aliYdro-'^j-naphtol,  liquide  excessivement  visqueux,  brunis- 
sant au  contact  de  l'air;  Eb.JII,^  :  il\[\°^S-\'\6°,3\  ^-J  =  IjO^iS;  «j,"  :  i,5523; 
(R.M.)„  trouvée  44>i6,  calculée  44» 'o;  (E.  M.)„=  +  o,o6.  Cet  alcool 
nous  a  donné  une  phényluréthane  fondant  à  99°. 

L'hydrogénation  des  naphtols,  par  la  méthode  mise  au  point  par  l'un  de 
nous  (  '  ),  conduit  donc  très  aisément  aux  tétrahydrodérivés  ;  l'hydrogénation 
se  fait  complètement  sans  qu'il  y  ait  formation  des  décahydronaphtols 
décrits  par  Leroux  (-  ). 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  l'influence  du  molyhdatc  d^ ammoniaque  sur 
le  pouvoir  rotaloire  de  la  mannite.  Note  de  M.  (jeokges  Tanket, 
présentée  par  M.  1^.  Maquenne. 

On  connaît  les  modilications  apportées  au  pouvoir  rotatoire  des  sucres 
par  l'addition  de  molybdate  acide  d'ammonium,  modilications  dont  j'ai 
rappelé  quelques-unes  et  signalé  de  nouvelles  dans  une  récente  Communi- 
cation (^)  et  qui  sont  vraisemblablement  attribuables  à  la  formation  de 
complexes  organo-molybdiques. 

Dans  le  but  d'isoler  un  de  ces  composés,  je  me  suis  adressé,  non  pas  aux 
sucres  réducteurs,  plus  ou  moins  altérables  et  de  cristallisation  souveni 


(')   A.  Wv.ov.WKt ,  CoinjiU's  rciithts,  l.  I5S,   191  i.  p.  i35i. 
{-)   Leroux,  .(////.  67i.,  8''  l^cl■i(^  t.  21.  lyio,  p.  !\'i'6. 
C)  Cl.  Tanhkt,  Comptes  rendus,  l.  172,  h)2),  p.   iS63. 


SÉANCE    bU    l3    JUIN    1921.  l5oi 

dil'iicile,  mais  à  un  alcool  polyal(niii(|iie  slahlc  et  lelaliveiiieni  |i('ii  soliililc  : 
la  mannite. 

I.  (Icrnez.  en  iH()i,  a  inoiilrc  (jiie  la  iiiaiinilc,  Itès  l'aiblcment  lévogyre 
(|a|n=:—  o",25),  devient  l'orlemeiit  dexlrogyre  sous  l'mfluence  de  quan- 
tités croissantes  d'heptamolybdate  d'ammoniaque  :  son  pouvoir  rotatoire 
atteint  un  maximum  et  se  met  aussilôt  à  décroître.  Mes  déterminations 
conlirment  celles  d^•  Liernez.  F.lles  montrent  de  plus  que  la  valeur  de  ce 
maximum  est  variable  selon  la  concentration  en  mannite  des  solutions, 
passant  de  [a]„  +  39^,2  à  +  45"  pour  des  concentrations  de  -7-  à  -r-  :  elles 
montrent  aussi  que  la  décroissance  ultérieure  de  pouvoir  rotatoire  est  beau- 
coup plus  profonde  qu'elle  n'avait  été  notée  jusqu'ici,  celui-ci  tombant 
à  +  7°,5  et  peut-être  même  plus  bas. 

L'expérience  montre  que  le  maximum  est  exactement  atteint  lorsqu'à  ii^de 
mannite  on  a  ajouté  -2^  de  molybdate.  Si  l'on  supposait  qu'il  s'est  l'orme  une 
combinaison  moléculaire  entre  la  mannite  et  MoO'  libre  du  molybdate,  on 
serait  amené  à  conclure  que  ce  maximum  est  obtenu  lorsqu'à  i™"'  de  man- 
nite on  a  ajouté  i"'°',i8  MoO',  d'où  la  formule  probable 

6C"H'*0%7MoO^ 
Si,  d'autre  part,  on  s'atlachait  à  l'idée  d'un  simple  composé  d'addition,  on 
verrait  qu'il  faut  1'"°'  de  mannite  pour  — —  de  molécule  de  molybdate,  pro- 
portion qui  se  rapproche  sensiblement  de  la  fornnde 

C^H-'O^    -^^Mo'02'•Am^  4H-^0|. 
.) 

Aucune  de  ces  deux  formules  ne  paraît  pourtant  rigoureusement  satis- 
faisante. 

II.  Comme  les  sucres  réducteurs,  mais  plus  complètement  encore  qu'eux, 
la  mannite  est  capable  de  saturer  l'acidité  due,  dans  l'heptamolybdate  d'am- 
moniaque, aux  4 MoO'  faiblement  combinés  de  ce  sel.  Ainsi,  tandis  que 
is  molybdate,  dissous  dans  4o"°'  eau,  exige  l'addition  de  6™', 6  NaOH  nor- 
male pour  être  neutralisé  à  la  phénolphtaléine,  il  ne  faut  plus,  pour  arriver 
au  début  du  virage  rosé,  que  4™°)2  lorsqu'on  a  ajouté  os,25  de  mannite, 
que  2"""  lorsqu'on  en  a  mis  o»,5o,  etc. 

Comme  dans  le  cas  des  sucres,  le  virage  s'efface  du  reste  assez  vite  et 
nécessite  ultérieurement,  pour  se.  reproduire,  l'addition  de  nouvelles 
quantités  d'alcali.  Il  semble  donc  que  la  combinaison  organo-molybdique 
formée  se  dissocie  ra|)idement  et  tend  à  un  nouvel  équilibre. 


I$02  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

ni.  Il  est  aisé  d'isoler  i'i  l'étal  cristallisé  le  complexe  répondant  au  pou- 
voir rotatoire  maximum  de  la  mannile. 

Pour  cela  on  fait  une  solution  de  iS*''  mannite  et  3o''  molybdate  dans 
200""'  eau.  Au  bout  de  peu  de  temps  une  abondante  cristallisation  se  pro- 
duit :  on  la  recuiille,  on  lave  à  l'eau  et  l'on  sèclie  à  l'air.  La  concentration 
modérée  des  eaux  mères  fournit  de  nouveaux  cristaux. 

Le  corps  ainsi  obicnu  est  blanc,  cristallisé  en  fines  aiguilles  soyeuses. 
Il  se  dissout  à  i5°  dans  36  parties  d'eau,  dans  3'', 5  à  100".  Sa  solubilité 
augmente  en  présence  de  molybdate  d'ammoniaque  ou  de  mannite.  Son 
pouvoir  rolatoire,  pour  des  solutions  variant  de  /„  k  ~,  est  constant  et  égal 
à  -f-  52°, 5. 

Le  dosage  de  \lo(V,  de  MH%  de  H-()  et  du  carbone  lui  assigne  la 
composition  [(  i3MoO%  7NH',  7C«H'M  )«)  -  6H-0]  +  3H-().  On  voit 
donc  que,  abstraction  faite  des  3™°'  d'eau  de  cristallisation  qui  s"en  vont 
sur  l'acide  sulfurique,  il  s'agit  d'un  complexe  formé  de  7™°'  d'un  man- 
nito-molybdate  d'ammonium,  dont  les  restes  de  mannite  seraient  à  nou- 
veau étliérifiés  par  6\lo<)'  avec  élimination  de  GH^().  (  )n  peut  le  repré- 
senter par  un  scbéma  tel  que 

MoCr^  Mo  02  Mo  02 

CHOH  C(On)  CHOH 

I  I  I 

(CHOH)'  (CHOH)»  (CHOH)» 

I  II 

xM   r.,/GHOH      „   ^,/CHOH  „    _    /CHOH 

Ce  cumpk'xo,  acide  aux  indicateurs,  cl  dont  la  neutralisation  par  NaOH 
est  lento  et  progressive,  est  remarquable  par  sa  fragilité  chimique.  Il  est 
inaltérable  par  l'eau,  mais  les  alcalis  dilués  le  décomposent  immédiatomenl 
on  mol>bdal('  neutre  et  mannite,  d'où  perle  totale  du  pouvoir  rolatoire. 
Los  aoidos  minéraux  le  dédoublent  à  froid  et,  selon  leur  concentration,  il 
s'établit  un  équilibre  (mannite  +  polymolybdale  4- complexe)  variable 
selon  la  masse  de  l'acide  mis  en  œuvre  et  entraînant  une  baisse  graduelle  de 
pouvoir  rotatoire  :  ainsi  i^  de  ce  corps,  dissous  dans  30""'  SO'H^  à  3 
pour  100,  donne  [a]D  =  +38°,3;  avec  SO*H-  à  10  pour  100,  on  a 
[a]„  =  +  i3°,3  et,  avec  SO^H"  à  4o  pour  100,  [a]^  =  +  2".  On  comprend 
ainsi  pourquoi  la  courbe  primitive  des  pouvoirs  rotatoires  de  la  mannile, 
telle  qu'on  peut  la  dresser  sivec  les  chiffres  de  Gernez,  présente  une  cassure 
brusfjue  et  comment  sa  deuxième  branche  l<Mid  vers  zéro  :  un  excès  d'iiep- 


SÉABfCJE  PU    l3  JCIX    1921.  i5o:i 

tamolybdatc,  mis  rn  présenc<>  du  complexe  étudié,  agit  en  effet  par  son 
M()<  )■'  lil)re  et,  par  une  série  d'équilibres  suecessil's,  tend  vers  l'état  final 
I  polymolN  bdi)te  -+-  mannite  |  dépourvu  de  pojfvoir  rotatoire. 

E/i  résumé,  la  mannite  ofTre  ainsi  le  premier  exemple  d'un  alcool  pojy- 
atomiqne  capable  de  donner,  avec  le  molybdale  acide  d'ammoniaque, 
un  complexe  bien  défini,  d(jué  de  pouvoir  rotatoire  et  isolabb- par  simple 
cristallisation.  Une  telle  reclierciie,  qui  complète  celles  de  (îernez,  appa- 
raît, il  va  sans  dire,  comme  susceptible  de  généralisation. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  In  réduction  du  naphtoale  d'éthyle  et  un  cas  de 
réduction  d'alcool  en  carlmre  par  le  .sodium  et  V alcool  absolu.  iNote  de 
M.  Hervé  de  Poh.mereau,  présentée  par  M.  Cb.  Mouren. 

MM.  Bouveaull  et  Blanc  ont  montré  (')  que  le  benzoate  d'étbyle  n'est 
pas  réduit  par  le  sodium  et  l'alcool  absolu;  je  me  suis  proposé  de  voir  s'il  en 
était  (le  même  pour  le  naphtoate  d'éthyle. 

Le  napbtoate  d'éthyle  a  est  réduit  par  le  sodium  et  l'alcool  al»solu,  mais 
il  ne  donne  pas  l'alcool  correspondant,  ainsi  que  cela  se  produit  générale- 
ment pour  les  éthers-sels.  Cette  réduction  fournit  un  carbure  qui  bout 
à  228"  sous  760""°,  et  qui  a  été  reconnu  comme  étant  un  dihydrométhyl- 
naphtalène.  En  effel,  ce  carbure  répond  à  la  composition  C"  H'-,  il  fixe  deux 
atomes  de  brome  pour  donner  un  dibromure  cristallisé  C'H'^Br-,  blanc, 
fusible  à  84";  de  plus,  il  est  identique  au  produit  obtenu  en  réduisant 
l'oc-méthylnaphtalène  par  le  sodium  et  l'alcool  absolu.  Ce  carbure  ne  donne 
pas  de  picrate;  c'est  donc  probablement  un  méthyldihydro-i  .4-naphtalène, 
car  le  dihydronaphtalène-i  .4,  provenant  de  la  réduction  du  naphtalène  par 
le  sodium  et  l'alcool  absolu  (-),  ne  donne  pas  non  plus  de  picrate,  tandis 
que  le  méthyl-i-dihydro-3. 4-naphtalène  obtenu  par  Auwers  (^),  en  déshy- 
dratant le  méthyl-i-télrahydronaphtol-i  par  l'anhydride  phosphorique, 
formerait  un  picrate. 

Ce  résultat  m'a  conduit  à  rechercher  si  l'alcool  a-naphtylique 

C'"H'CH20H 
est  réduit  par  le  sodium  et  l'alcool  absolu.  La  réduction  par  le  sodium  de 

(')  Comptes  rendus,  t.  137,  igoS,  p.  60. 

(-)  Bamberc.er,  Liebigs  Ann-,  t.  -288,  iSgS,  p.  70. 

(^)  K.  YON  AuwEus,  Liebigs  Ann.,  t.  415,  1918,  p.  i63. 


l5o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tiilcool  a-naplilylique  a  donné  quiinlitativement  le  même  diliydrométhyl- 
naphlalène  (;"'ir'CH\  Celle  réduction  d'un  groupemeiil  alcool  primaiie 
en  groiipemeiil  méthyle  par  le  sodium  et  l'alcool  absolu  n'a  pas  encore,  à  ma 
connaissance,  été  signalée. 

L'acide  naplitoïque  a  été  préparé  en  oxydant  l'alcool  cz-naphtvlique.  soil  par  le 
mélange  chromiqiie,  soil  par  l'acide  nitrique  (D  =;  i,  i3);  celte  dernière  oxydation  a 
donné  des  rendements  un  peu  plus  élevés  que  la  première. 

L'a-mélliyinaplilalène  a  été  obtenu  un  faisant  agir  le  sulfate  neutre  de  méthyle  sur 
le  bromure  de  naphtylmagnésium,  d'une  manière  analogue  à  celle  indi(|uée  par 
Houben  (')  dans  la  série  benzénique. 

L'alcool  a-naplitylique  a  été  préparé  suivant  la  méthode  emplovée  par  \ohnar(-) 
en  faisant  agir  du  trioxyméthylène  sur  le  bromure  de  naphtylmagnésium. 

.]'ai  constaté  que  cet  alcool  a-naphlylique  peut  se  décomposer  partiellement  ii  l:i 
distillation  en  l'éther-oxyde  correspondant  (C'H'CH-  )-0,  lequel  forme  de  [)etils  cris- 
taux blancs  fusibles  à  ii8°. 

En  résumé,  le  naphtoate  d'éthyle  a  est  réduit  par  le  sodium  et  l'alcool 
absolu,  pour  donner  non  pas  l'alcool  correspondant,  mais  un  dihydromé- 
thylnaphlalèue  identique  à  celui  que  l'on  obtient  en  réduisant  de  la  même 
façon  le  méthylnaphtalènc  a.  L'alcool  a-naplitylique  est  également  réduit 
dans  les  mêmes  conditions  pour  donner  le  inêmcdihydroiiiélliyinaphtalène. 

Je  me  propose  do  poursuivre  Fétudo  de  la  conslitulion  et  des  propriétés 
de  cel  liydrocarbure,  et  d'étendre  ces  résultais  à  la  série  [i. 


CHIMIE  ORGANIQUI:;.  —  Décom/josiUun  des  alcoolatcs  et  des  p/iénales  nutal- 
liq lies  par  la  chaleur.  Note  (']  de  M.  J.-F.  l)rn.%Ni).  transmise  par  M, 
P.  Sabatier. 

Les  alcoolatcs.  surtout  ceux  des  métaux  alcalins  cX  de  l'aluminium, 
réagissent  sur  un  grand  nombre  de  corps  et  ont  été  fréquemment  utilisés, 
à  ce  titre,  en  Chimie  organique.  Kn  revanclie,  il  ne  semble  pas  qu'ils  aient 
été  beaucoup  étudiés  en  eux-mêmes. 

De  Forcrand  (  ')  a  indiqué  la  préparation  des  mélhylates  et  élhylales  de 
potassium   et  de  sodium,  exempts  d'alcool  en  excès,   et  a  calculé  leurs 

(')  lIoLiinN,  Bcr.,  i.  36,  1900,  p.  3o83. 
('-,)  Voi.MAn,    Thvse  doc(,  es  Se.  p/ivs.,  I^aris,  ujiS. 
(■')  Séance  du  li  juin  1921. 

(')  l)K  l'ORCHAND,  Annales  de  Chimie  cL  df  l'liYsi<it(i\  6'=  séiie.  t.  il,  18S7.  p.  "iJ.") 
et  '162. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  l5o5 

chaleurs  de  formation.  Il  résulte  de  ses  recherches  que  ces  alcoolatcs  sont 
stables  jusqu'à  200°  au  moins.  Je  me  suis  proposé  d'étudier  la  façon  dont 
se  comportent  les  alcoolates,  et  aussi  les  phénates,  sous  l'aclion  de  la 
chaleur. 

I.  Mi,TiiYL.vri,s.  —  Mélhylale (le sodium.  —  Lin  poids  connu  de  sodium  métal- 
li([ue  est  introduit  dans  un  ballon  en  verre   peu  fusible,   renfermant  du 
méthanol  pur.  L'excès  d'alcool  a  été  chassé  par  distillation  et  la  température    ' 
a  été  élevée  progressivement. 

La  masse  reste  blanche  jusque  vers  '^o^^°,  où  elle  commence  à  noircir  par 
charbonnement,  en  même  temps  qu'il  se  dégage  en  abondance  de  l'hydro- 
gène. Ce  gaz  est  accomipagné  de  fumées  difficilement  condensables,  formées 
d'un  hydrocarbure  à  odeur  spéciale,  rappelant  un  peu  la  menthe  poivrée-, 
ce  corps  ne  se  forme  qu'en  très  faible  proportion. 

Quand  le  dégagement  d'hydrogène  a  cessé,  il  reste  dans  le  ballon  une 
masse  noire,  qui  est  pyrophorique  à  l'air,  même  à  la  température  ordinaire. 
Après  refr.oidissemertt  à  l'abri  de  l'air,  une  addition  d'eau  fournit  des  quan- 
tités importantes  d'acétylène.  Enfin,  en  ajoutant  de  l'acide  chlorhydrique, 
on  détermine  un  abondant  dégagement  de  gaz  carbonique. 

De  la  mesure  des  volumes  des  trois  gaz  et  de  la  pesée  du  carbone  restant 
dans  le  ballon,  il  résulte  que  la  décomposition  du  méthylate  s'est  faite  à 
peu  près  quantitativement  suivant  l'équation 

eClP.ONa     -y     9H-+G-Na-+2iVa'-C0'+2C. 

Méthylate  de  potassium.  —  Ce  corps  se  décompose  par  la  chaleur  comme 
le  précédent  :  on  note  seulement  un  déficit  en  acétylure  métallique,  (^e  fait 
semble  lié  à  un  curieux  phénomène  qu'on  observe  vers  la  tin  du  déga- 
gement de  l'hydrogène  :  à  ce  moment  le  ballon  se  remplit  de  vapeurs  d'un 
beau  vert,  qui  sont  constituées  par  du  potassium  libre,  car  elles  se  con- 
densent à  la  partie  supérieure  du  ballon,  en  formant  un  enduit  métallique 
brillant  immédiatement  détruit  par  l'eau. 

Méthylate  île  baryum.  —  Ce  corps  a  été  préparé  par  l'action  de  la  baryte 
anhydre  sur  le  méthanol.  Un  volume  déterminé  de  la  solution  obtenue,  et 
dans  laquelle  on  a  dosé  le  baryum,  est  versé  dans  le  ballon  et  l'alcool  en 
excès  chassé  par  la  chaleur.  Vers  35o°  la  masse  blanche  commence  à  char- 
bonner,  en  même  temps  que  se  dégage  de  l'hydrogène,  avec  un  hydrocar- 
bure liquide,  ce  dernier  en  très  faible  proportion.  Après  refroidissement, 
l'addition  d'eau  détermine  une  forte  élévation  de  température,  sans  déga- 
gement gazeux.  L'acide  chlorhydrique  donne  ensuite  un  abondant  dégage- 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  24.)  I  IC> 


l5o6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

ment  de  gaz  carbonique.  On  pèse  enfin  le  carbone  restant  dans  le  ballon. 
La  décomposition  se  fait  suivant  l'équation 

2(CH'.0)''Ba     -^     (illM-BaO  4- BaCO'-hSC. 

II.  Ethylates.  —  Ethylate  de  sodium.  —  Ce  corps  se  décompose  sous 
l'action  de  la  chaleur,  en  donnant  de  l'éthylène,  du  carbone  et  de  la  soude. 

La  décomposition  se  fait  suivant  les  deux  équations 

2C^H^()Na     ->     2C2H*4-2NaOH. 
aC/^H'.ONa     ->     4  H' 4- NaOH  +  4  G. 

III.  PiiKNATES.  —  l'hénate  de  sodium.  —  Ce  corps  a  été  préparé  par 
l'action  du  métal  sur  le  phénol.  Le  phénale  pur,  sous  l'action  de  la  chaleur, 
donne  de  l'hydrogène  et  un  résidu  formé  de  soude  et  de  carbone  : 

C«H».ONa     ^     2H^+NaOH  +  6C. 

Je  me  propose  de  poursuivre  l'étude  de  la  découiposilion  des^alcoolates 
et  des  phénates  métalliques  sous  l'aclion  de  la  chaleur. 


CRISTALLOGRAPHIE.  —  Sur  ht  plwlograpitie  stérèoscopique  des  cristaux. 
Noie  (  '  )  de  M.  Maurice  François,   présentée  par  iSL   Charles  Moureu. 

Les  cristaux  microscopiques  étant  des  formes  naturelles  à  reliiT  considé- 
rable, on  no  saurait  en  obtenir  une  image  exacte  qu'en  en  iaisanl  une  pho- 
tographie stérèoscopique  (hinnanl  l'impressioii  du  relief.  Mais  il  est  bien 
évident  que.  pour  faire  la  photographie  stérèoscopique  d'un  obj(>t  micro- 
scopique, il  faut  que  cei  objet  ne  soit  pas  éclairé  par  transparence,  mais  par 
réflexion,  en  sorte  que  la  photographie  microscopique  stérèoscopique  devait 
avoir  pour  base  préalable  le  procédé  d'examen  des  cristaux  opaques  par 
réflexion  que  j'ai  indiqué  précédemment  (').  Ce  procédé  comprend  l'emploi 
d'un  miroir  concave  placé  sous  l'objectif  ei,  en  outre,  c<'lui  d'un  éclairage 
électricpie  placé  dans  l'axe  qui,  par  sa  constance,  permet  de  régler  les  temps 
de  pose  et  d'arriver  à  deux  clichés  stéréoscopiques  de  même  valeur. 

On  entre\oit  la  réalisation  de  la  photographie  stérèoscopique  des  cristaux 
sous  deux  aspects  : 

On  jieul  photographier  un  groupe  cristallin  placé  légèrement  à  gauche  de  l'axe  du 

(')   Séance  du  ()  juin  1921. 

(■-)  Comptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  967. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I92I.  iSoy 

microscope,  le  déplacer  d'une  très  petite  ((iiaiilité  pour  le  faire  passer  à  droite  de  cet 
axe  et  le  photographier  de  nouveau.  L'examen  des  deux  photographies  dans  un  stéréo- 
scope devra  donner  l'impression  du  relief.  Malheureusement  ce  procédé,  si  simple  en 
apparence,  exigerait  un  appareil  de  grande  précision  pour  produire  le  déplacement  qui 
devrait  être  réglé  exactement  et  qui  serait  de  l'ordre  du  centième  de  millimélre.  I'".n  un 
mot,  il  faudrait  construire  une  vis  micrométrique  horizontale  très  exacte. 

11  est  possible  aussi  d'employer  un  microscope  binoculaire  vrai,  c'est-à-dire  a  deux 
i>l)jeclifs.  Ces  microscopes,  construits  pour  examiner  les  objets  par  réflexion,  donnent 
l'impression  du  relief  d'une  façon  remarquable.  Si  donc  on  surmontait  chaque  oculaire 
d'une  chambre  noire,  prenait  en  même  temps  du  groupe  cristallin  une  photographie 
vue  de  gauche  et  une  photographie  vue  de  droite  et  examinait  au  stéréoscope  les  deux 
clichés  rapprochés,  on  aurait  une  impression  de  relief.  Quehpies  difficultés  appa- 
raissent. C'est  d'abord  (|ue  l'appareil  n'est  pas  fait  pour  de  forts  grossissements  ;  c'est 
ensuite  que  les  deux  tubes  du  microscope  sont  disposés  obli(|uement  par  rapport  à  la 
verticale,  ce  (|ui  oblige  à  l'emploi  de  deux  chambres  noires  distinctes  ayant  leurs 
glaces  dépolies  dans  des  plans  diderents  et  conduit  à  des  difficultés  pour  rapprocher 
dans  les  limites  convenables  les  deux  clichés  en  vue  de  l'examen  au  stéréoscope. 

La  préférence  doit  aller  au  microscope  binoculaire,  mais  on  arrive  plus 
facilement  au  but  ciierché  en  parlBijeant  l'opération  pholographique  en 
deux  phases  et  en  se  servant  d'un  microscope  dont  le  tube  unique,  garni 
d'une  chambre  noire,  peut  être  incliné  successivement  à  gauche  et  à  droite. 

Un  groupe  de  cristaux  microscopiques  étant  dans  l'axe  du  microscope 
ou  dans  son  voisinage,  on  incline  le  microscope  à  gauche  et  l'on  prend  une 
photographie  des  cristaux  vus  de  gauche.  Ou  incline  alors  le  microscope 
d'une  quantité  égale  à  droite  et  l'on  prend  une  seconde  photographie  des 
cristaux  vus  de  droite.  L'examen  des  clichés  positifs  au  stéréoscopique 
donne  une  vue  en  relief  des  cristaux.  Un  dispositif,  basé  sur  un  principe 
analogue,  a  été  imaginé  par  MM.  Quidor  et  Nachet  (');  il  ne  comprend  pas 
d'appareil  de  réflçxion  ni  d'éclairage  central  uniquement  pour  l'étude  de 
l'anatomie  animale. 

Je  me  suis  servi  des  plaques  pour  vérascope  Richard,  de  format 
44°*'"  X  107°"°.  Au  moyen  des  deux  clichés  négatifs,  on  lire  des  |)ositifs 
sur  verre  que  l'on  examine  dans  un  stéréoscope  Richard,  en  éclairant  de 
préférence  le  stéréoscope  à  l'aide  d'une  source  lumineuse  intense. 

J'ai  obtenu  par  ce  procédé  des  clichés  de  deux  sortes;  ou  bien  la  photo- 
graphie par  réflexion  de  cristaux  opaques  secs  à  facettes  brillantes  en  pla- 
çant les  cristaux  sur  une  tache  opaque  aussi  blanche  que  possible,  ou  bien 
la  photographie  par  réflexion  de  cristaux  transparents  secs  en  les  plaçant 

(V)  Comptes  rendus,  t.  1V4,  1907,  p.  go8. 


l5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sur  une  taclie  opaque  noire.  J'ai  en  particulier  obtenu  de  très  beaux  clichés 
de  cristaux  de  bimétaanlimoniate  de  soude  et  de  tartrale  de  chaux.  Ces 
crislaux  apparaissent  avec  un  relief  remarquable  et  montrent  une  transpa- 
rence et  un  éclat  qui  approchent  de  ceux  du  diamant  laiilé. 


LITHOLOGIE.  —  Su?-  quelques  roches  cristallines  d' Albanie. 
Note  de  MM.  Jacques  Iïourcari  et  René  Abrard. 

La  pétrographie  de  l'Albanie  moyenne  est  encore  presque  inconnue  ('); 
au  cours  de  trois  années  d'exploration  de  ce  pays,  l'un  de  nous  (-)  a  récolté 
des  échanlillons  de  la  plupart  des  roches  cristallines  qui  affleurent  dans  ce 
pays.  l'allés  se  répartissent  en  deux  groupes  :  les  granités  et  granulites  de 
l'axe  cristallin  de  la  Péninsule  (massif  cristallin  septentrionnal  de  Phi- 
lippson)et  les  roches  vertes  des  chaînes  dinariques  si  largement  représentées 
dans  l'Albanie  moyenne. 

Les  roches  du  premier  groupe  ont  été  récoltées  dans  la  Stara  nerecka 
planina,  chaîne  de  montagnes  qui  s'étend  du  Peristeri  de  Monastir  au  \içi 
Vrli,  culminant  au-dessus  de  Kastoria. 

Cette  chaîne,  limite  ancienne  départage  deseaux  adriatiqueset  égéennes, 
forme  la  frontière  naturelle  orientale  de  l'Albanie  moyenne. 

Sur  son  versant  occidental,  les  granités  et  granulites  sont  recouverts  par 
des  calcaires  crétacés  à  Rudistes;  au  sommet  de  la  chaîne  et  sur  le  versant 
oriental,  des  gneiss,  micaschistes  et  schistes  à  sérielle  recouvrent  les  gra- 
nités. 

Le  long  de  la  route  de  Florina  à  Kor(;a  (col  de  Pisoderi)  aftleun-  le  gra- 
nité (pii  constitue  tout  le  massif  du  Peristeri;  en  ce  point  les  carrières  de  la 
route  française  ont  permis  de  recueillir  des  échantillons  frais. 

I.,es  échantillons  examinés  monlienl  une  roche  à  élémenls  moyens,  l'orlhose  y  est 
visible  à  l'œil  nu  et  présente  la  màcle  de  Carlsbad.  Au  microscope  on  aperçoit  un 
pavage  de  quartz  souvent  brisés,  à  crliitctinn  rinilnntr,  ortliose.  microcline  avec 
veinules  d'albite,  oligoclase. 

Mica  pléochroïque  :  suivant  iig,  brun  olivâtre;  suivant  np,  jaune  brun  très  pâle. 

Un  peu  de  hornblende  s'est  formée  aux  dépens  du  mica.  Sphène  à  contours  géonié- 

(')  A  l'exception  d'une  Note  de  V.  IIu.beh  el  J.-A.  Ippen,  Gesteine  ans  Nordgrie- 
chenland  and  dessen  tiirkischen  GrenzUindcrn  {Neues  Jahrbuclt  fiir  minéralogie, 
Meil.  Band  18,  p.  i-56,  "i  pISnches,  igoS). 

(■)  Jacques  Hourcart. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  I $09 

triques,  apalile  souvent  en  inclusion  dans  le  mica.  Un  piui  iri'pidole  el  de  clinocldoie 
foinu's  secondairement,  magnélile  rarf. 

Au  monastère  de  Sv.  Trolsi^a  el  sur  la  rive  est  du  lac  l'respa,  les  échantillons 
recueillis,  très  écrasés,  n'offrent  plus  à  l'oeil  l'aspect  d'un  granité,  mais  au  micro^copc 
montrent  la  même  composition  que  le  granité  du  col  avec  un  peu  plus  de  hornblende 
verte,  légèren)ent  pléochroïque  du  vert  bleuâtre  au  vert  jaune.  Le  mica  et  la  horn- 
blende l'ornienl  de  petit-,  nids,  la  roche  contient  en  outre  de  l'oxjde  de  fer  hydraté  et 
de  la  chlorite. 

Un  gisement  important  de  pyrite,  avec  chalcopyrite,  se  trouve;  dans  ce  granité  au 
pied  de  l'ancien  monastère. 

Au  contact  ruêiiie  des  calcaires  à  Rudisles,  qui  ne  présentent  aucune 
trace  du  métamorpliisine,  dans  la  vallée  de  la  Zhelova,  d'énormes  masses 
de  uranuliles  aflleiircnt;  à  Idnl  nu  la  roche  présente  l'aspect  d'une  pro- 
tot^ine. 

Au  microscope  elle  montre  une  structure  en  ciment,  du  quartz  à  extinctions  rou- 
lantes, de  grands  cristaux  d'orthose,  du  microcline  et  de  l'oligoclase. 

Le  mica  blanc  est  très  étiré.  Un  peu  de  chlorite  et  de  magnétite. 

La  roche  en  s'altérant  fournit  des  arènes  grossières,  en  masses  considérables. 

Une  granulite  analogue,  mais  à  éléments  beaucoup  plus  fins,  et  contenant  une  grande 
abondance  de  microcline,  forme  des  filons  un  peu  au  sud  du  col. 

Toutes  ces  roches  ont  dii  subir  des  pressions  considérables. 

A  l'ouest  de  la  Nerecka  planina.  aucun  granité  ou  granulite  n'affleure  en 
Albanie  moyenne.  Les  cailloux  roulés  des  poudingues  aquitaniens  de  la 
Morova  et  de  la  Mokra,  ainsi  que  les  sables  poiitiens  de  Çereva  (cuvette 
d'Ohrida)  et  les  terrasses  supérieures  du  Sbkumbi,  nous  ont  donné  un  gra- 
nité très  altéré,  oii  le  sphènc  est  fort  abondant  et  qui  paraît  absolument 
analogue  au  granité  de  Pisoderi. 

Les  roches  vertes  qui  forment  le  second  groupe  se  présentent  presque 
toujours  sous  forme  de  serpentines  presque  noires,  à  structure  souvent 
entièrement  colloïdale;  elles  affleurent  en  masses  énormes,  constituant  à 
elles  seules  parfois  tout  un  massif  montagneux,  en  relation  avec  les  calcaires 
à  Rudistes  et  avec  les  radiolarites  jurassiques. 

Elles  sont  continues,  le  long  de  tout  l'axe  montagneux  central  de  l'Al- 
banie moyenne  qui  court  du  Sud-Sud-Est,  du  col  de  Zygos  du  Pinde  à  la 
Mirdita  au  Xord-Nord-Ouest,  jusqu'à  Scutari.  Par  là  elles  se  continuent 
avec  celles  de  la  Mclohija  el  du  Sandjak  de  Novi-Pazar  (  Rascie). 

Quelques  coupes  naturelles  profondes  (Morava  près  de  Korça,  gorge  du 
Shkumbi,  vallée  du  Fani  Vogel  à  la  cathédrale  d'Oroshi  en  Mirdita)  ont 
permis  de  recueillir  des  échantillons   dont    la   serpentinisation  est  moins 


l5lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avancée   et  qui  présentent  à  l'œil    nu  l'aspect  d'un   gabbro  à  éléments 
fins. 

\u  microscope  on  reconnaît: 

Une  roclie  très  fraîche  à  éléments  très  lins  avec  anorthile  màclée  suivant  les  lois  de 
l'albite  et  de  la  péricline.  diallage,  olivine,  quelquefois  partiellement  transformée  en 
anligorite  (Morova  planina);  il  s'agit  d'un  gabhro  typique  à  olhine. 

D'autres  échantillons  (Babia  sur  le  Shkumbi,  Nerfanina  en  Mirdila,  Uroshi)  sont 
constitués  par  un  gabbro  à  pyroœène  ouralilisé  en  voie  de  serpenlinisation  avec 
anorthite,  amphibole  d'un  vert  pâle  en  lumière  naturelle,  résultant  de  la  transforma- 
tion du  pyroxène,  magnétile  abondante. 

Par  contre,  les  serpentines  du  Lenja,  de  la  Mokra  planina,  du  Shebenikut 
et  de  la  Kaplina  de  Martanesh  (Haut  Mati)  proviennent  nettement  de  la 
transformation  de  péridotites . 

On  observe  tous  les  intermédiaires  :  olivine  à  peine  fissurée,  puis  à  un  stade  plus 
avancé  envahie  par  de  l'antigorite  aboutissant  à  une  structure  maillée.  D'autres 
échantillons  montrent  des  restes  d'amphibole  d'ouralitisation  et  de  l'antigorite  à 
structure  calcédonieuse,  ils  passent  à  des  serpentines  colloïdes. 

.  A  la  base  de  ces  massifs,  on  observe  de  la  wehrlite  dont  la  serpentinisa- 
tion  est  assez  avancée  avec  bastite  épigénisant  le  (Hallage,  olivine  se  trans- 
formant en  anligorite. 

Les  masses  de  serpentines  semblent  provenir  indifféremment  de  gabbros 
ou  de  péridotites.  Les  conglomérats  helvétiens  contiennent  en  abondance 
des  galets  de  ces  deux  roches;  inais  jamais  de  galets  de  serpentine. 

On  rencontre  en  abondance  les  minéraux  suivants  dans  les  serpentines  : 
crysotyle  en  rubans,  asbeste  en  filons,  anligorite  en  longues  fibres,  diallage 
en  cristaux  de  plusieurs  centimètres,  souvent  transformé  en  bastite,  magné- 
tite.  Des  gisements  importants  de  chromite  avec  magnétite  et  traces  de 
manganèse  se  trouvent  à  Mëmi-lishta  sur  le  lac  d'Ohrida  et  à  Bulqiza 
(vallée  du  Vito  zezë.  affluent  du  Drin  noir). 


GÉOLOGIE.    —    observations  tectoniques  dans  la    zone  préri /aine  du  R'arh 
septentrional  {Maroc).  Note  de  M.  Léon  Litaud,  présentée  par  M.  Emile 

Haiig. 

A  la  fin  de  Tété  1918,  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier  avec  quelque  détail  la 
région  du  R'arh  septentrional  située  au  nord  et  à  l'est  d'une  ligne  partant 
du  confluent  de  l'oued  Sebou  a\ec  l'oued  ()ucrrlia,  pour  aboutira  la  zone 


SÉANCE  DU  1?  JUIN  I92I.  l5ll 

espagnole,  en  passant  par  Mechra  Bel  Ksiri  el  le  massif  de  I.alla  /oiah. 
Les  conditions  de  sécurité  m'ont  empêché  de  dépasser,  à  Test  el  au  nord, 
une  ligne  reliant  le  djebel  Kourt  au  poste  de  Rmel  (o""™  à  Test  du  camp  de 
Mzoufroun)  et,  de  là,  au  versant  nord  du  djebel  Sarsar  ('). 

Des  circonstances  indépendantes  de  ma  volonté  ne  m'ont  pas  permis  de 
publier  jusqu'ici  mes  obser\  ations.  Mais  les  discussions  récentes  qui  se  sont 
engagées  au  sujet  de  la  tectonique  du  Nord  Africain,  m'incitent  à  exposer 
aujourd'hui  certains  résultats  de  mon  voyage  relatifs  à  ce  point  de  vue 
spécial. 

La  stratigrapliie  de  la  région  n'esl  pas  encore  bien  précisée,  certains  niveaux  étant 
fort  peu  fossilifères.  Cependant  les  éludes  de  M.  le  professeur  Gentil  et  de  divers 
autres  auteurs,  ainsi  que  l'examen  des  fossiles  que  j'ai  rapportés,  permettent  de 
ramener  à  cinq  formations  principales  les  terrains  que  l'on  rencontre  ; 

i"  Le  Trias,  repiésenté  par  des  argiles  bariolées,  souvent  salifères,  des  cargneules, 
des  schistes  et  des  marnes  fétides,  associés  à  des  roches  éruptives  (syénites,  ophites); 

1°  ]^e  Numraulitiqiie,  constitué  par  des  grès  compucls  à  grain  fin,  avec  Nunniiulites, 
et  par  des  marnes  cnicaires  blanches  à  silex  très  caractéristiques; 

3"  Le  Burdigalien,  formé  de  grès  grossiers,  généralement  roux  et  renfermant  de 
nombreux  débris  de  Lamellibranches; 

4°  Un  puissant  ensemble  d'argiles  compactes  homogènes,  grises  en  surface  (couleur 
variant  du  gris  bleu  au  gris  brun,  souvent  noirâtres  en  profondeur)  rapportées  à 
l'Helvétien  ; 

5°  Un  autre  ensemble,  formé  de  siibles  jaunes,  argileux  à  la  base,  localement 
cimentés,  et  de  galets  bien  roulés,  certainement  supéiieur  à  tous  les  termes  précédents 
et  représentant  très  probablement  le  Sahélien. 

Les  relations  stratigraphiques  de  certains  de  ces  terrains  soni  tout  à  fail 
anormales  : 

Los  argiles  iielvétiennes  sont  à  la  base  de  loute  la  série;  nulle  part  je  ne 
les  ai  vues  reposant  nellement  sur  le  Trias  ou  sur  le  Nummulitique.  Par 
contre,  le  Sahélien  recouvre  normalement  tous  les  terrains  plus  anciens. 

Le  Trias  ne  donne  que  des  affleurements  réduits  et  morcelés,  dans 
lesquels  règne  un  complet  désordre.  Ses  éléments  si  divers  s'y  rencontrent 
en  lambeaux  juxtaposés,  écrasés  et  mélangés  dans  un  ordre  quelconque;  on 
ne  peut  y  établir  aucune  succession  stratigraphique  el  il  est  certain  que  cet 
ensemble  a  subi  l'effet  d'actions  mécaniques  intenses  de  broyage  et  de  lami- 
nage. 

(')  Toutes  ces  indications  géographiques,  et  celles  qui  suivront,  sont  données 
d'après  les  caries  provisoires  du  Service  géographique  du  Maroc  :  feuilles  d'Ouezzan 
et  de  Larache  au  j^'ôoû  el  au  sôoWô- 


l5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  Trias  se  présente  fréquemment  à  l'état  d'îlots  isolés  à  la  surfaci'  des 
argilrs  {prises  helvétienn<'s;  il  ne  saurait  être  question  de  considérer  ces 
lambeaux  comme  des  pointemcnts  en  boutonnière  d'un  Trias  normal  sous- 
jacent  :  leur  morcelleiuent  et  leur  confusion  stratigraphique  s'y  opposent. 
Le  plus  souvent  ils  formenl  un  léger  relief  au-dessus  des  argiles  et  appa- 
raissent netteinenl  comme  reposant  sur  celles-ci.  Dans  quelques  cas  ces 
masses  triasiquos  sont  plus  ou  moins  enrobées  dans  les  argiles,  sans  qu'il 
soit  possible  de  considérer  cet  enveloppement  comme  un  eniacinement. 

Ces  |)reniiers  faits  (observables  notamment  au  nord-est  de  Souk  el  Arba, 
dans  la  vallée  de  l'oued  Tine,  dans  la  haule  vallée  de  l'oued  Mda  et  dans 
la  dépression  de  l'oued  Rercm)  conduisent  déjà  à  considérer  le  Trias 
comme. foriuanl  les  restes  écrasés  el  morcelés  d'une  nappe  recouvrant  les 
argiles  grises.  Je  dois  ajouter,  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir,  qu'en 
deux  points  j'ai  trouvé,  mélangés  au  Trias,  des  lambeaux  tout  à  fait  isolés 
de  schistes  métamorphiques,  dont  l'origine  est  inconnue  et  dont  la  présence 
ne  peut  s'expliquer  que  par  un  transport  mécanique. 

Le  plus  souvent  le  Trias  se  trouve  en  liaison  intime  avec  les  marnes  à 
silex  éocènes  ou  les  grès  burdigaliens. 

Les  marnes  blanches  à  silex  sont  généralement  plissées,  parfois  très 
rediessées.  avec  des  pendages à  la  fois  variables  et  quelconques  par  rapport 
aux  argiles  grises  environnantes.  Partout  où  j'ai  observé  le  contact  de  ces 
deux  termes,  j'ai  acquis  la  conviction  que  le  Nummulitique  repose  en  dis- 
cordance  mécanique  sur  les  argiles.  Cette  disposition  est  très  nette  dans  le 
massif  situé  à  l'est  d'Arbaoua,  au  sud  du  Dj.  Sarsar  et  sur  le  pourtour  du 
massif  de  Sidi  Amenr  el  Hadi,  c'est-à-dire  dans  la  partie  nord  et  est  de  la 
zone  fjue  j'ai  étudiée.  Au  sud  et  à  l'ouest  l'I^ocènecst  plus  morcelé,  en  petits 
dômes  épars  ou  alignés,  représentant  les  restes  d'une  couverture  plus  impor- 
tante (Dahar  Larbi,  cotes  196-188,  etc.).  Le  plus  souvent  ces  lambeaux 
reposent  nettement  sur  les  argiles  grises  et  les  dominent  topographique- 
ment.  .\illcurs,  il  existe  des  affleurements  isolés  de  marnes  ou  de  grès 
nummulitiques,  coincés  dans  la  masse  des  argiles  et  enrobés  dans  celles-ci. 
L'érosion  les  a  le  plus  souvent  dégagés  et  mis  en  relief. 

En  outre,  d'une  manière  très  générale,  il  s'intercale  au  contact,  entre  le 
Nummulilique  et  les  argiles  grises  sous-jacenles,  des  lambeaux  de  poussée  tria- 
siques,  écrasés  et  morcelés.  C'est  là  mie  disposition  fréquente  et  caractéris- 
tique. 

Les  grès  burdigaliens,  qui  reposent  soit  sur  les  marnes  blanches  éocènes, 
soit  directement  sur  les  argiles  helvétiennes,  présentent  des  faits  du  même 


SÉANCE    DU    I  )    .HUN    1921.  l5l3 

ordre  :  ils  se  Ironventcn  discordance  très  nette, mais  faiblement  plissés.  De 
plus,  on  constate  encore  fiéquemment,  au  contact  de  ces  grèseldes  arj^iies, 
des  lambeaux  cbaoliqnes  de  1'rias. 

l.e  djeljcl  El  Aloiia,  à  lo'-'"  à  l'eslde  Souk  el  Arba,  est  une  caloUe  de  gi'és,  soulevée 
en  dôme  au-dessus  des  argiles  grises,  Au  premier  abord  le  peiidage  des  grès  eb  cer- 
tains points  et  l'allure  générale  du  dôme  pourraient  faire  croire  que  ces  grès  s'e.i- 
foncenl  au  nord  et  au  sud  sous  les  argiles;  mais  la  distribution  des  sources  à  la  péri- 
phérie du  massif  est  déjà  peu  favorable  à  cette  interprétation;  de  plus,  un  vallon 
entame  au  sud-est  la  carapace  de  grès  et  permet  de  constater  que  les  argiles  rentrent 
assez  loin,  dans  ce  vallon,  sous  les  grès  et  qu'un  lambeau  de  Trias  y  est  écrasé  entre 
les  deux  foi  mations. 

toute  la  région  qui  avoisine  le  camp  de  iMzonfroun,  jusqu'au  Rmel,  est  en  grande 
partie  constituée  par  des  grès  roux,  burdigaliens.  A  l'ouest  et  au  sud-ouest  ceux-ci 
forment  un  vigoureux  relief '^u-dessus  des  argiles  lielvétiennes  qu'ils  recouvrent.  Sur 
le  versant  nord-est  du  massif,  les  argiles  réapparaissent,  toujours  dominées  par  les 
grès.  En  certains  points,  cependant,  ces  derniers  semblent  s'enfoncer  sous  l'Helvétien  ; 
mais  il  ne  s'agit,  là  encore,  que  de  lames  enrobées  ainsi  qu'on  peut  le  voir,  en  coupe 
naturelle,  dans  un  vallon  profond  creusé  à  l'est  du  camp. 

Des  faits  que  je  viens  d'exposer,  il  résulte  que  le  Trias,  le  Nummulitique 
et  le  Burdigalien  sont  charriés  et  reposent  en  discordance  mécanique  très 
nette  sur  un  soubassement  d'argiles  rapportées  à  l'Helvétien. 


GÉOLOGIE.   —  Les  minerais  de  fer  wagnéticjite  du  Bassin  de  Longwy-Briey. 
Note  de  M.  L.  Cayeux,  présentée  par  M.  H.  Douvillé. 

Il  y  a  près  d'un  siècle  que  les  propriétés  magnétiques  de  certains  minerais 
de  fer  lorrains  ont  été  reconnues  pour  la  première  fois.  Berthier('),  en  1827, 
et  après  lui  différents  auteurs,  Karsten,  Beudant,  Dufrénoy  et  Elie  de 
Beaumonl,  Jacquot,  Braconnier,  etc.,  ont  appelé  l'attention  sur  le  «  minerai 
bleu  »  d'IIayange,  tout  en  rapportant  par  erreur  à  la  berthiérine  sa  pro- 
priété d'être  altirable  à  l'aimant.  L'emploi  du  microscope  a  montré  que,  si 
la  berthiérine  est  magnétique,  elle  l'est  uniquement  par  des  inclusions  de 
fer  oxydulé,  et  non  par  elle-même.  Contre  toute  attente,  il  y  a  en  effet 
du  fer  magnétique  dans  les  minerais  du  Lias  supérieur  de  Lorraine.  Ce  com- 
posé ferrugineux,  y  a  été  signalé,  notamment  par  Van  Wervecke,  Stein- 
mann,  Tabary,  A.  Lacroix,  Hoffmann,  etc.  et  toujours,  à  une  seule  excep- 

(')  P.  BeiiTHiER,  Sur  la  c<inipo<iition  des  minerais  de  fer  en  grains  (Ann.  Clnniic 
et  Physique,  t.  35,  1827,  p.  a56-257). 


l5l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lion  près,  dans  la  couche  grise  dHayange,  où  il  s'est  fixé  dans  les  oolithes 
(A.  Lacroix,  Van  Wervecke).  Notons  encore  que  la  plupart  des  géologues, 
(|ui  ont  formulé  une  opinion  sur  le  mode  de  formation  de  la  magnétite,  lui 
ont  attribué  une  origine  sédimentaire,  en  rejetant  toute  idée  d'action  dyna- 
momélamorphique. 

On  sait  aujourd'hui  que  cet  élément  existe  non  seulement  à  Hayange, 
mais  à  Oettange,  où  il  était  déjà  connu  avant  1870,  dans  le  Luxembourg  et 
à  Pienne  (arr.  de  Briey).  Partout  où  il  a  été  observé,  il  est  subordonné  à  la 
couche  grise.  A  Pienne,  il  forme  un  horizon,  suivi  sur  i'^"'  sans  en  atteindre 
lii  terminaison. 

A  Oettange,  par  contre,  il  s'agit  d'un  système  de  petites  barres  tout  au 
plus  longues  d'une  dizaine  de  mètres  et  occupant  plusieurs  niveaux  dans  le 
minerai  gris.  Dans  les  différents  points  où  il  existe,  le  fer  magnétique  s'est 
développé  indépendamment  de  toute  influence  métamorphique  spéciale.  A 
lui  seul,  le  fait  qu'on  le  rencontre  dans  la  même  couche  en  des  points  très 
distants,  prouve  à  l'évidence  qu'il  faut  renoncei-  à  faire  intervenir  un  agent 
métamorphique  exceptionnel  pour  en  expliquer  la  formation. 

Au  point  de  vue  génétique,  l'analyse  des  minerais  de  fer  magnétique 
lorrain  fournit  des  précisions  intéressantes,  sur  lesquelles  l'attention  n'a 
jamais  été  appelée.  En  définitive,  le  fer  magnétique  des  minerais  de  Lor- 
raine revêt  trois  manières  d'être  principales  :  il  prend  part  à  la  formation 
des  oolithes;  il  épigénise  partiellement  les  débris  organiques  et  il  se  déve- 
loppe à  l'état  libre  dans  le  ciment. 

i"  Lorsqu'il  se  concentre  dans  les  corps  oolithiques.  le  fer  magnétique 
engendre  des  oolithes  dépourvues  de  structure  concentrique,  des  couronnes 
entières  régulières  ou  non,  des  croissants,  des  amas  irréguliers,  et,  enfin, 
une  sorte  de  poussière  très  fine  dont  les  particules  sont  distribuées  confu- 
sément ou  ordonnées  en  lignes  concentriques.  Le  plus  souvent,  lorsqu'une 
oolithe  n'est  (|ue  partiellement  envahie  par  le  fer  magnétique,  c'est  une 
chlorite  qui  lui  est  intimement  associée.  Il  importe  d'ailleurs  d'observer 
(|ue  la  très  grande  majorité  des  oolithes  ont  une  composition  mixte,  réalisée 
pai  la  coexistence  du  fer  magnétique  et  de  la  chlorite,  du  fer  magnétique 
cl  de  la  sidérose,  etc. 

•.i"  Tous  les  organismes  en  présence  peuvent  fixer  du  fer  magnétique.  Kn 
fait,  on  rencontre  quantité  de  restes  de  Mollusques  partiellement  épigénisés 
par  ce  minéral,  des  articles  de  Crinoïdes  au  réseau  transformé  en  fer 
magnétique,  etc. 

■}"  Enfin,  cette  substance  s'est  développée  dans  la  gangue,  où  elle  est  en 


SÉANCE  DU  l3  JUIX  1921.  l5l5 

moyenne  très  rare  et  inanijue  complèteinentsiir  de  grands  espaces;  et,  point 
important,  elle  est  associée  dans  le  ciment  à  la  même  çlilorile  que  dans  les 
oolithes. 

A  s'en  tenir  à  ces  brèves  indications  on  peut  être  tenté  de  simplifier  le 
problème  posé  et  de  dire  :  tout  le  fer  magnétique  a  pris  naissance,  in  situ, 
dès  l'instant  qu'il  s'en  trouve  dans  la  gangue.  Or,  il  n'en  est  rien.  Sur  ce 
sujet,  l'anahse  iiiicrographique  fournit  quelques  éléments  d'information 
décisifs. 

1°  Dans  tous  les  échantillons  analysés  et  dans  presque  toutes  les  prépa- 
rations qu'on  en  tire,  il  existe  des  oolithes  brisées  par  les  flots.  Celles-ci  sont 
envahies  par  le  fer  magnétique  de  telle  manière  qu'il  est  évident  que  la 
magnétite  s'est  fixée  dans  les  morceaux  d'oolithes,  après  la  fragmentation 
de  celles-ci.  En  etl'et.  dans  les  individus  où  le  fer  magnétique  se  borne  à 
dessiner  un  cadre  superficiel,  ce  cadre  se  poursuit  sur  tout  le  pourtour  de 
l'oolithe  tronquée,  preuve  qu'il  est  de  formation  postérieure  à  la  fragmenta- 
tion. En  conséquence,  le  fer  magnétique  s'est  substitué  à  un  élément  pré- 
existant et  les  oolithes  n'avaient  certainement  pas  à  l'origine  la  composition 
qu'elles  ont  aujourd'hui.       ? 

2°  Ditlérentes  données  démontrent  que  le  fer  magnétique  des  oolithes  et 
celui  du  ciment  n'ontpas  pris  naissance  en  même  temps  et  dans  le  même 
milieu.  L'une  d'elles  résulte  de  ce  fait  que  le  fer  magnétique,  en  association 
avec  la  chlorite,  abonde^dans  les  oolithes,  alors  qu'en  moyenne  il  est  très 
rare  dans  le  ciment,  pourtant  constitué  par  le  même  type  de  chlorite.  Ce 
contraste  est  inexplicable,  si  l'on  admet  que  le  fer  magnétique  des  oolithes 
s'est  développé,  comme  celui  de  la  gangue,  après  la  mise  en  place  des  ma- 
tériaux. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  il  est  à  signaler  que  le  fer  magnétique,  épi- 
génisant  partiellement  les  oolithes,  s'arrête  à  la  limite  des  grains,  sans 
jamais  empiéter  sur  la  chlorite  du  ciment,  alors  que  dans  une  foule  d'indi- 
vidus elle  envahit  irrégulièrement  la  chlorite  qui  en  occupe  le  centre. 

Bref,  le  développement  de  la  magnétite  dans  les  oolithes  est  antérieur  à 
leur  mise  en  place. 

Un  dernier  trait  fait  ressortir  avec  évidence  l'indépendance  des  deux 
types  de  magnétite.  Dans  le  cas  particulier  où  le  fer  magnétique  se  con- 
centre de  manière  à  remplir  des  espaces  interoolithiques,  il  est  toujours 
séparé  des  uolilhes  en  magnétite  qu'il  cimente  par  un  liséré  de  chlorite 
(Pienne). 

Deux  enseignements  découlent  de  la  présente  Note  : 


l5l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

1°  Les  oolithes  n'ont  [)as  été  constituées  à  l'oiit;inepai-  le  fer  magnétique. 
(]et  élément  s'est  introduil  dans  les  oolithes  entre  le  moment  précis  où 
elles  ont  été  morcelées  et  celui  où  elles  ont  été  incorporées  définitivement 
au  sédiment. 

2"  Tout  se  passe  comme  si  le  fer  magnétique  des  minerais  s'était  formé 
en  deux  temps.  A  la  première  génération  se  rapporte  l'épigénie  des  oolithes 
et  vraisemhlahlement  celle  des  organismes.  La  seconde  correspond  au  déve- 
loppement du  fer  magnétique  dans  le  ciment.  En  cela,  l'histoire  de  la 
magnétite  en  question  reproduit,  dans  ses  grands  traits,  celle  de  l'hématite. 
J'ignore  en  quoi  les  conditions  de  milieu  ont  été  modifiées  au  cours  delà 
formation  de  la  couche  grise,  en  difîérents  points  du  Bassin,  de  manière  à 
engendrer  du  fer  magnétique.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  genèse  de  ce  niinéral, 
à  grande  échelle,  dans  les  conditions  ordinaires  de  température  et  de  pres- 
sion, nous  met  en  garde  contre  la  tendance  hien  naturelle  à  rapporter  le  fer 
magnétique  si  répandu  dans  les  minerais  siluriens  de  l'Anjou,  à  des  actions 
métamorphiques,  tout  antres  que  celles  qui  peuvent  s'exercer  sur  h-s  fonds 
sous-marins. 


P.VLÉONTOLOGIE.  —  Sur /fi  coirèlntion  des  fosses  ulvéolaires,  des  inouvemenls 
et  de  la  structure  des  dernières  molaires  des  mastodontes  et  des  éléphants. 
Note  de  M.  Sabba  Stefanescu. 

J'ai  étudié  les  dernières  molaires  des  mastodontes  et  des  éléphants,  au 
point  de  vue  de  la  corrélation  des  fosses  alvéolaires,  des  mouvements  et  de 
la  structure.  Je  vais  exposer  cette  corrélation,  que  pas  un  des  paléontolo- 
gistes qui  m'ont  précédé  n"a  entrexue,  mais  je  limite  mes  ohservations  à  la 
dernière  molaire  et  à  la  fosse  alvéolaire  inférieure  de  gauche,  parce  que  les 
molaires  et  les  fosses  alvéolaires  du  maxillaire,  inférieur  ou  supérieur,  sont 
symétriques,  et  celles  des  deux  moitiés  du  crâne,  gauche  ou  droite,  sont 
inverses. 

I.  Les  deux  branches,  horizontale  et  \erlicale,  de  la  moitié  de  gauche  du 
maxillaire  inférieur,  ne  se  trouvent  pas  exactement  dans  un  seul  et  même 
plan  vertical,  car  la  branche  \erticale  est  inlléchie  \ers  l'extérieur,  par  rap- 
port à  la  branche  horizontale,  laquelle  est  infléchie  vers  l'intérieur  de  la 
bouche.  Cette  doultle  inflexion  du  maxillaire  lui  donne  la  direction  d'une 
sorte  de  S  irrégulier,  très  allongé. 

(I.  lia  fosse  ahéolairi'  suit  la  direction  des  deux  branches  du  maxillaire; 


SÉANCE    DU    l3    JlIN    1921  l5l7 

sa  partie  pioximale  est  infléchie  comme  la  hranche  \erticale,  et  sa  partir 
distale  est  inflécliie  comme  la  branche  horizontale  du  maxillaire;  ses  deux 
parois  opposées,  externe  et  interne,  ne  sont  pas  semblables,  car  la  paroi 
externe  est  convoxe,  tandis  que  la  paroi  interne  esl  concave. 

b.  Là  où  finit  la  bianclie  horizontale  et  où  commence  la  branche  verti- 
cale, le  maxillaire,  dos  deux  côtés,  inféro-externe  et  supéro-interne,  esl 
élargi.  A  l'intérieur  de  rélargissement  du  maxillaire,  dans  la  partie  proxi- 
male  de  la  fosse  alvéolaire,  est  logé  le  germe  de  la  dernière  molaire,  placé 
dans  une  position  oblique,  la  liasc  dirigée  \ers  le  côté  inféro-exteriie  et  le 
sommet  vers  le  côté  supéro-interne  du  maxillaire. 

c.  Pendant  qu'il  se  dévelojipe  et  s'organise,  le  germe  épouse  la  forme 
de  la  fosse  alvéolaire  dans  laquelle  il  est  logé,  et  non  seulement  il  garde  la 
position  oblique,  mais  il  se  tord  de  sorte  que  les  collines  ou  lames  posté- 
rieures soient  beaucou))  plus  inclinées  que  les  collines  ou  lames  antérieures. 

II.  Pour  remplir  la  fonction  de  la  mastication,  la  molaire  ([uitle  la  partie 
proximale  et  avance  dans  la  ]>artie  distale  de  la  fosse  alvéolaire;  ses  diverses 
[larlies,  collines  ou  lames  et  racines,  s'organisent  d'avant  en  arrière  et  |)ro- 
gressenl  d'arrière  en  avant.  Ce  mouvement  de  progression,  le  seul  connu 
par  les  paléontologistes  qui  m'ont  précédé,  est,  d'après  de  Blainville,  dû  à 
l'observation  d'Adrien  Camper. 

a.  Mais,  pour  passer  de  la  position  oblique  à  la  position  normale  exigée 
par  la  mastication,  les  collines  ou  lames,  en  commençant  par  l'antérieure 
vers  la  postérieure,  se  redressent  d'abord  et  se  renversent  ensuite  vers 
l'extérieur  de  la  bouche.  Simultanément  donc,  la  molaire  accomplit  un 
mouvement  de  progression  et  un  mouvement  de  torsion. 

b.  Mais,  pour  suivre  les  inflexions  et  pour  é[)0user  la  forme  de  la  fosse 
alvéolaire,  au  fur  et  à  mesure  que  la  molaire  avance,  elle  se  dé|)loie  hori- 
zontalement et  verticalement,  et  c'est  ainsi  qu'en  plus  d(^s  deux  mou\e- 
ments  de  progression  et  de  torsion,  la  molaire  en  accomplit  en  même  temps 
encore  deu-x  autres,  à  savoir  :  un  mouvement  de  déploiement  horizontal  et  un 
mouvement  de  déploiement  vertical. 

III.  Pendant  que  la  molaire  accom[)lit  ces  quatre, sortes  de  mouvements, 
la  couroinie  acquiert  des  caractères  ([u'(4le  garde,  et  qui  nous  révèlent  les 
mouvements  qu'elle  a  subis;  pour  ainsi  dire,  les  mouvements  sont  comme 
gravés  ou  empreints  sur  la  couronne,  et  c'est  ainsi  que  : 

a.  La  couronne  non  usée  ou  usée  nous  renseigne  sur  la  position  qu'occupait 
la  molaire  dans  la  fosse  alvéolaire .^  au  moment  de  la  mort  de  l'animal.  La 
couronne  non  usée,  par  exemple,  appartenait  à  une  molaire  en  germe  ou 


•l5r8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

très  jeune,  qui  n'avait  pas  encore  fonctionné,  et  qui  était  située  dans  la 
partie  proximale  de  la  fosse  alxéolaire.  tandis  que  la  couronne  com])lète- 
ment  usée  appartenait  à  une  molaire  très  vieille,  entièrement  arrivée  dans 
la  |)artie  distale.  Entn'  les  deux  extrêmes  il  y  a  des  intermédiaiies. 

b.  Les  angles  intèro-interne  et  postèro-externe  (Al,  PI'.)  Je  la  couronne,  plus 
relevés  que  les  aniiles  antèro-exlerne  et  poster o-i ni erne  (Al^,  PI),  nous  ren- 
seignent que  la  couronne  est  tordue  suivant  la  diagonale  AE-PI.  Mais,  puisque 
la  torsion  des  molaires  très  jeunes  est  moins  accentuée  que  la  torsion  des 
molaires  de  plus  en  plus  âgées,  il  s'ensuit  qu'au  fur  et  à  mesure  que  la 
molaire  avance  dans  la  fosse  alvéolaire,  les  collines  ou  lames  se  redressent, 
en  commençant  par  les  antérieures  vers  les  postérieures,  et  se  renversent 
vers  l'extérieur. 

c.  Horizontalement  la  couronne  est  courbe,  ses  deux  J aces  latérales,  externe 
et  interne,  sont  courbes,  l'externe  concave,  l'interne  convexe.  Il  est  à 
remarquer  la  corrélation  inverse  des  faces  latérales  de  la  couronne  et  des 
parois  de  la  fosse  alvéolaire. 

Les  collines  ou  lames  de  ht  couronne  ne  sont  pas  parallèles;  elles  sont  plus 
espacées  du  coté  du  bord  interne  et  plus  serrées  du  côté  du  bord  externe,  exacte- 
ment comme  si  elles  étaient  dirigées  suivant  les  rayons  d'un  are  de  cercle  situé 
dans  un  plan  liorizontfd,  dont  le  centre  serait  en  dehors  de  la  bouche.  Mais, 
puisque  la  courbure  de  la  couronne  est  plus  accentuée  lorsque  la  molaire 
est  plus  près  de  la  partie  proximale  que  lorsqu'elle  est  arrivée  entièrement 
dans  la  partie  distale  de  la  fosse  alvéolaire,  il  est  évident  qu'en  même  temps 
que  la  molaire  avance,  la  couronne  se  déploie  lon.nitudinalement  dans  un 
plan  horizontal. 

d.  Verticalement  la  couronne  est  courbe;  ses  deux  faces,  radicale  et  tritura- 
trice,  sont  courbes,  concaves  en  haut,  convexes  en  bas.  11  est  à  remarquer  la 
corrélation  directe  de  la  forme  en  bateau  de  la  couronne  et  de  la  fosse 
alvéolaire. 

Les  collines  ou  lames  de  la  couronne  ne  sont  ]>as  parallèles  ;  elles  sont  plus 
espacées  du  côté  de  la  face  radicale  et  plus  serrées  du  côté  de  la  face  tntura- 
trice,  exactement  comme  si  elles  étaient  dirigées  suivant  les  rayons  d'an-  de 
cercle  situé  longitudinalement  dans  un  plan  vertical,  dont  le  centre  serait 
au-dessus  de  la  couronne.  Mais,  puisque  la  courbure  de  la  couronne  est  plus 
accentuée  lorsque  la  molaire  est  plus  près  de  la  partie  proximale  que 
lorsqu'elle  est  arrivée  entièrement  dans  la  partie  distale  de  la  fosse  alvéo- 
laire, il  est  certain  qu'en  même  temps  (jue  la  molaire  avance,  la  couronne 
se  déploie  longitudinalement  dans  un  plan  vertical. 


SÉANCE   DU    l3    JUIN    I92I. 


i5i9 


ACI INOMÉTRIE.  —    Mesures  (ictinométriques  et  polarimètiiqaeii  aux  altitudes 
élevées.  Note  de  M.  A.  Boutaric,  présentée  par  M.  J.  \iolle. 

J'ai  élabli,  parune  nombreuse  série  d'observations  faites  à  Montpellier('), 
que  rintensité  du  rayonnement  solaire  reçu  à  la  surface  du  sol,  pour  des 
épaisseurs  atmosphériques  traversées  égales,  varie  dans  le  même  sens  qur 
les  polarisations.  Je  me  suis  proposé,  en  un  séjour  que  j'ai  fait  à  l'Observa- 
toire du  Pic  du  Midi  de  Bigorre  (2859'"),  du  1 1  août  au  if\  août  1919,  de 
vérifier  si  cette  relation  est  applicable  aux  altitudes  élevées. 

I.  Les  courbes  horaires  des  intensités  de  rayonnement  solaire,  relatives 
aux  observations  faites  les  12,  i4  et  i5  août,  s'étagcnt  bien  dans  Tordre  des 
])olarisations,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  par  l'examen  du  Tableau 
où  sont  relevées  les  intensités  i  du  rayonnement  en  cal-g  par  min  et  par  cm'- 
el  les  polarisations  P  aux  diverses  heures. 

Les  courbes  relatives  aux  autres  jours  d'observation  n'obéissent  plus 
d'une  manière  aussi  régulière  à  la  loi  ci-dessus  mentionnée.  Ainsi  la  courbe 
du  16  août  est  1res  nettement  au-dessus  des  courbes  des  12,  i4  et  i5  août, 
bien  que  la  ])olarisation  ait  une  valeur  plus  faible. 

Relevé  horaire  des  intensités  du  ravonneinrnt  solaire  et  des  polarisations. 


8 

1 ,200 

9 

1 ,  287 

10 

1,344 

Il • . 

1 ,071 

12 

■>377 

i3 

1,368 

■4 

1,346 

1 .  j 

1 ,3o4 

i(i 

1 ,238 

'  / 

1,128 

17,43.... 

1 ,000 

18 

» 

o,:jt! 
o,  T)- 


(. 

P. 

(. 

I'. 

i- 

P. 

/. 

P. 

0,937 

0,49 

1 ,010 

T, 

1 ,  122 

o,5i 

I  ,223 

0,66 

• ,  094 

j) 

'.'94 

» 

1,264 

0,52 

1  ,  334 

» 

1,198 

0,53 

1,364 

0,55 

1,336 

» 

1,396 

0,66 

I>37'| 

). 

1.3(8 

0, 56 

1,376 

o,4i5 

1 ,43."> 

» 

(1,334) 

0,49 

» 

» 

I ,  -^94 

» 

1  ,4ti 

.. 

(1,364) 

» 

>■ 

» 

1 ,396 

<.,4' 

1,4.56 

» 

(1,356) 

» 

» 

» 

1 ,  384 

» 

1 ,  IJ1 

» 

1 ,3i6 

» 

» 

» 

1 ,36o 

<.,i4 

i,43(i 

« 

1 ,3 4 i 

)) 

» 

» 

I  ,324 

0, 45 

1.400 

0 ,  54 

1 ,  1 60 

0,  Ji 

» 

» 

1 ,262 

0,01 

1,346 

» 

I ,  oo4 

» 

» 

., 

i,i36 

» 

I  ,231 

0.58 

0,900 

0 ,  585 

» 

» 

0,936 

0,59 

I  ,  ogu 

» 

(')  A.  BouTARii:,  Thèse.  Paris,  1918. 


l520  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

/ielrié  horaire  dix  inlrnsilrs  du  rayanneinenl  soltiire  et  dis  polarisations  (suite). 

1S  anùt.  19  aiiùl.  2>  aortl.  "23  amU.  21  août. 

h.  i.  \\  i.  V.  i.  I'.  /  P.  /.  p. 

7 i)'-i34  o,(i6  i,23'|  o,-i      )>  »  i,(j.â6  o,58       »      » 

S 1,358   »  i,3(îo  0,69  ijaS'i  o,58  i,256  o,(3i  1,110  (i.5i5 

9 1 .4''-6  o,()2  I  1 '|3o  0,70  1)334  0,55  i,35fi  o,63  i,22()    » 

10 1,400        »  i,4''2          »  I  .35(1  ))  1,426  o,(i2  i,28G  0.55 

ri 1,4*^4  o,()0  I . '|68  0,1  )<)                »  «  ';470          »  1,3 1(3          » 

12 I  . '187  o,5<)  1.4(18          »                  »  »  Il 479  o,()95  1,323          )) 

i3 1,483        n  I , '|(52          »                  »  »  'j474          »  ('j3i8)        » 

■  4 '»469  0,09  ii443  0,67               »  ))  (i,'|52)        »  (i,3o4)        » 

i5 1,428  0,00  i,4o8          »                  »  »  ('îi^o)        »  (1,27(3)        » 

16 1,34(3  0,62  1,332  0,67               I)  »  (1,370)  0,57  (i,'i28)        » 

17 1 ,  240  o ,  ()  1 5  1 , 1 52  o ,  67               »  »  1,284          »  1 .  1 28  0 .  (33 

i7,45.---  1,024  0,64  0,980          »                  »  »  1.0(34  0,645              »              )i 

18 »            »                    »              «                  »  »  1)              »                   »              » 

Les  courbes  des  16,  17,  18  aoùl  s'échelonnent  dans  l'ordre  des  polaiisa- 
tions.  Celles  des  18  et  19  août  sont  sensiblement  confondues  quoique  la 
polarisation  soit  nellemcnt  plus  forte  le  19.  Celles  des  22,  23,  24  août 
s'échelonnent  dans  l'ordre  des  polarisations. 

2.  A  partir  du  iG  août  s'est  manifesté,  avec  plus  ou  moins  d'intensité,  le 
curieux  phénomène  de  la  mer  de  niia<j:es^  formée  d'une  immense  nappe  de 
cumulus  quicouvrenl  toute  la  plaine  et  s'élèvent  à  une  hauteur  variable  sur 
les  flancs  du  Fie,  laissant  le  sommet  de  l'Observatoire  au-dessus  des  nuages. 

C'est  à  cette  mer  de  nuages  qu'il  faut  sans  aucun  doiile  attribuer  les 
écarts  à  la  relation  que  j'ai  signalée  entre  la  transparence  de  l'atmosphère 
et  la  polarisation  de  la  lumière  difTusée  par  le  ciel.  La  mer  de  nuages  cons- 
titue, en  elTel,  une  surface  très  difîiisante  et  la  lumière  qu'elle  renvoie 
suivant  toutes  les  directions  se  superpose,  dans  l'atmosphère,  à  la  lumière 
des  rayons  solaires,  diminuant  ainsi  la  proportion  de  lumière  polarisée.  Il  '■ 
y  a  là  une  cause  d'affaiblissement  de  la  polarisation  qui  est  indépendante 
de  la  transparence  de  l'atmosphère. 

Notons  que  Kimball('')  avait  déjà  observé  qu'une  couche  de  neige 
répandue  sur  le  sol  entraine  une  diminution  notable  dans  la  polarisation  de 
la  lumière  diffusée  par  le  ciel,  ce  qu'il  attribuait  à  un  accroissement  de  la 
quantité  de  lumière  diffusée  par  le  sol.  Mes  observations  confirment  la 

{')  Knin.vi.l,,  Bulletin  of  tlie  Moiint  ]]'eatlier  Ohsrrvator}\  vol.  2,  2"  Partie,  et 
,/.  (if  Franklin  /nsliliit'-,  iivril  191  i,  p.  33(i. 


SÉANCE  UU  lH    n AN    1921.  l52I 

remarque  do  Iviniliall  el  la  coinplètcnl  :  les  mesures  aclinomélriques  éla- 
blissent,  en  elTet,  que  la  cause  de  rabaissement  do  la  polarisation  constaté 
pendant  les  jours  où  s'ost  manifesléc  la  mor  de  nuages  ne  réside  pas  dans 
l'atmosphère,  puisque  son  pouvoir  de  transmission  pour  le  rayonnement 
solaire  n'est  pas  afl'aibli. 

3.  J'ai  retrouvé  sur  les  courl)es  d'insolation  les  anomalies  signalées 
autrefois  par  Crova  à  Mont|)ellier  :  1°  les  courbes  présentent  un  aplatisse- 
ment, parfois  une  dépression,  au  voisinage  de  midi  où  elles  sont  particu- 
lièrement irrégulières;  2"  elles  ne  sont  généralement  pas  symétriques  par 
rapport  à  l'ordonnée  de  midi;  les  intensités  observées  après  midi  sont  plus 
faibles  que  celles  du  matin  à  égal  éloignement  de  12''. 

BOTANIQUE.  —  CuUures  cxpérùnenlales  du  Fegatella  conica  el  de  (quelques 
autres  Muscinées.  Note  de  M.  Pierre  Lesage,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

Je  garde  au  laboratoire  pendant  des  temps  variables  et  je  renouvelle, 
quand  il  eîi  est  nécessaire,  des  cultures  de  Pellia  epiphylla,  de  Lunutaria 
vulgaris  et  de  Fegatella  conica  que  j'utilise  dans  les  cours  ou  les  mani|)ula- 
tions  et  sur  lesquelles  je  fais  des  expériences  variées.  C'est  ainsi  que  j'ai  fait 
se  développer,  sur  l'eau,  le  sporogone  du  Pellia  epiphylla  en  dehors  du 
gamétopliyte,  pour  vérifier  que  ce  développement  est  du  à  l'élongation  des 
cellules  du  pédicelle  avec  disparition  de  l'amidon  de  ces  cellules,  et  que  j'ai 
été  amené  à  constater  que  cette  élongation  se  produit  aussi  bien  quand  le 
sporogone  est  enti'^r  que  quand  il  est  décapité,  ou  même  réduit  à  un  tronçon 
de  pédicelle  plongé  par  un  bout  dans  l'eau  de  source,  et,  enlin,  qu'il  y  aurait 
une  période  pendant  laquelle  ces  expériences  ne  réussissent  pas,  août  à 
décembre,  el  après  laquelle  elles  réussissent  ('  ).  Ici,  la  vie  indépendante  et 
la  croissance  du  sporogone  sont  différentes  de  la  vie  indépendante  des  sporo- 
g< )nes  des  Mousses  (/'o/j/m7/«m/b/7/iOi7///2)  que  j'ai  pu  faire  croître,  pendant 
trois  mois,  en  longueur,  en  épaisseur,  avec  conmiencement  de  la  formation 
de  la  capsule,  après  les  avoir  isolés  de  la  plante-mère  (-). 

(')  PiERHE  Lesagk,  Croissance  du  sporogone  en  dehors  de  la  plante- mère  dans  le 
I^ellia  epiphylla  (6  mai  igio);  Notes  biologiques  sur  /e  Pellia  epipliylla  {Bull.  Soc.  se. 
el  niéd.  de  l'Ouest,  3  mars  1911). 

(^)  Pierre  Lesage,  Croissance  comparée  du  sporogone  du  Polyti-iclium  formosum 
sur  plante-mère  cl  en  dehors  de  la  plante-mère  {Bull.  Soc.  se.  et  méd.  de  l'thiest, 
■>  juin   1910). 

G.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  24.)  I  I  * 


13-22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  utilisé,  dans  mes  expériences,  le  Fegalella  conica  dès  i()09  pour  le 
substituer  au  Lumdaria  vuli^aris  qui  fructifie  beaucoup  plus  irrégulièrement 
à  Rennes.  Far  ces  essais,  j'ai  cherché  à  montrer  la  possibilité  d'un  certain 
balancement  organique  entre  le  pédicelle  du  sporogone  et  le  pédicelle  du 
chapeau  femelle,  dans  ces  deux  Hépatiques  où  le  pédicelle  du  chapeau 
femelle  s'allonge  très  rapidement  à  la  matuiation  des  spores  (' ).  Depuis 
cette  époque,  ce  FegatcUa  \it  au  laboratoire  dans  des  cultures  qui  sont 
conservées  le  plus  longtemps  possible  et  qui  sont  renouvelées  quand  le 
besoin  s'en  fait  sentir. 

Des  variations  assez  considérables  de  forme,  de  taille,  s'étant  produites 
dans  certaines  de  ces  cultures,  j'ai  continué  ces  expériences  avec  soin,  en 
notant  attentivement  le  milieu  et  les  conditions  dans  lesquelles  elles  se 
poursuis  aient  :  cultures  dans  des  assiettes  ou  dans  des  cuvettes,  sur  terr£ 
humide  seulement,  sur  terre  très  humide  ou  immergée,  en  plein  air  ou  sous 
des  cloches,  ou  dans  un  aquarium  recouvert  d'une  placjue  de  verre.  J'ai 
publié,  en  ipiS  (-),  une  Note  donnant  la  photographie  de  trois  formes.  A, 
B,  C,  de  ce  Fegalella  très  modifié,  avec  quelques  indications  sur  ces  formes 
et  leurs  dimensions  :  A,  forme  normale  prise  dans  la  forêt  de  Villecartier; 
B,  forme  conservée  depuis  quelque  temps  sous  un  large  cristallisoir,  dans 
une  atmosphère  saturée  d'humidi,té;  C,  forme  conservée  depuis  plusieurs 
années  sous  une  cloche,  dans  une  atmosphère  saturée  d'humidité.  Voici,  en 
millimètres,  les  dimensions  données  à  cette  épo(|iie  : 

Longueur.  I.argrm.  I^palsseur. 

K 1 00  I  o  à    1 5  o ,  ■^5 

B 8o  à    1 00  2  à     .'i  o ,  35 

(] 5o  1    à     2  0,20 

Depuis  191'),  j'ai  gardé  dans  les  mêmes  assiettes  la  forme  C.  sous  trois 
cloches,  en  utilisant  son  héliolropisme  positif.  Les  thalles  rampants  sur  la 
terre  humide,  éclairés  latéralement  par  une  fenêtre,  s'accroissaient  progres- 
sivement vers  cette  fenêtre  jusqu'à  déborder  de  l'assiette,  pendant  que  leurs 

(')  FiERiiK  Lesage,  Sur  le  balancemenl  organique  entre  le  pédicelle  du  chapeau 
J'ciucllc  el  le  pédicelle  du  sporogone  dans  les  Marclianliacées{Bull.  Soc.  se.  el  inèd. 
de  l'Ouest,  1='  juillet  1910):  Balancement  organùfue  entre  le  pédicelle  du  chapeau 
femelle  et  le  pédicelle  du  sporugone  dans  le  Lunularia  vulgaiis  {Comptes  rendus. 
l.  1(i(),  i(ji5,  p.  679). 

(^)  l'iERRE  Lesage,  Modifications  dans  la  forme  et  les  dimensions  du  l'egalclla 
conica  {liull.  Soc.  se.  et  méd.  de  l'Ouest,  3  décembre  i9i5). 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  l523 

parties  poslorieuics,  anciennes,  mortifiées,  disparaissaient,  laissant  la  terre 
recouverte  de  leurs  débris.  A  ce  moment,  sur  cette  terre  abandonnée, 
j'ajoutai  de  nouvelle  terre  imbibée  d'eau  et  même  submergée,  et  je 
tournais  Tassiette  de  180".  La  croissance  continuant,  il  se  faisait  un 
retournement  dans  un  temps  plus  ou  moins  long,  et  la  végétation,  pro- 
gressant toujours  vers  la  fenêtre,  recouvrait  peu  à  peu  cette  nouvelle 
terre.  C'est  ainsi  que  j'ai  pu  conserver  les  cultures  dans  les  mêmes 
assiettes. 

La  forme  B  s'est  montrée  une  l'orme  C  ramenée  vers  la  forme  A. 

Le  retour  de  la  forme  B  à  la  forme  A  m'a  paru  se  réaliser  à  la  longue 
dans  une  cuvette  en  porcelaine  contenant  de  la  terre  souvent  immergée  et 
formant  une  boue  à  laquelle  je  faisais  subir  des  alternatives  de  dessiccation 
et  d'immersion.  La  forme  A  du  début  avait  donné  des  pousses  subapicales 
qui  produisirent  des  formes  B;  c€lles-ci  se  conservèrent  plus  ou  moins  bien 
en  certaines  places  immergées;  en  d'autres  places,  elles  se  modifièrent  peu 
à  peu  en  sens  contraire  et  se  rapprochèrent  plus  tard  de  la  forme  initiale, 
particulièrement  cc'les  qui  grimpèrent  le  long  des  parois  obliques  de  la 
cuvette. 

La  forme  C  est  tellement  différente  de  la  forme  normale  A  qu'on  pourrait 
la  confondre,  à  première  vue,  avec  un  Ancura  miifli/ùlaoïi  un  Riceiajhnlatis. 
En  ce  moment,  j'ai  trois  cultures  où  cette  confusion  pourrait  se  faire.  Dans 
un  cas,  c'est  un  gazon  extrêmement  touffu  de  formes  B  et  C  qui  s'est 
desséché,  s'est  mortifié;  sur  les  débris, on  voit  actuellement  se  produire  des 
formes  beaucoup  plus  réduites.  Dans  deux  autres  cas.  des  formes  A  avaient 
recouvert  deux  cuvettes  d'un  gazon  dense  que  j'ai  fortement  maltraité  en 
l'arrosant  avec  un  liquide  assez  nocif,  le  gazon  s'est  mortifié;  je  l'ai  lavé  et 
soumis  à  des  alternatives  de  dessiccation  et  d'immersion  et,  maintenant,  il 
est  sorti,  des  restes  de  ces  cultures,  des  formes  naines,  courtes,  étroites, 
ramifiées,  qui  sont  très  éloignées  de  la  forme  normale  et  qui  rappellent  tout 
excepté  le  Fegatetla  conica. 

11  y  a  là  de  nombreux  motifs  de  recherches,  tant  au  point  de  vue  de  la 
biologie  de  ces  Muscinées  qu'à  celui  de  leur  détermination  dans  la  nature. 


l524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Modificalions  des  racines  el  des  tiges  par  action  mécanique. 
Note  de  M"""  E.  Bloch,  présentée  par  M.  J.  Costantin. 

Nous  avons  donné  antérieurement  (')  des  indications  sur  les  chan^ic- 
nients  que  subit  l'anatomie  des  racines  et  des  tiges  lorsque  leur  développe- 
ment est  modifié  par  emprisonnement  dans  un  tube  de  verre  étroit  ou  entre 
deux  plaques  de  verre. 

Avant  de  compléter  les  résultats  déjà  obtenus,  nous  croyons  utile  de 
donner  queUjues  reproductions  des  échantillons  résultant  de  nos  expé- 
riences. 

La  figure  ci-contre  reproduit  quatre  racines  (n""  1,  2,  3  et4)  et  deux  tiges 
(n'^*  5  et  6)  qui  se  sont  développées  dans  les  conditions  indiquées.  Les 
figures  i,  2  et  3  se  rapportent  à  Ikiphanus  sativus  L.  ;  la  figure  4  à  Lat/iyrus 
aphaca  L.  ;  la  figure  5  à  Solanum  nigrum  L.,  et  la  figure  6  à  Fagopyrum 
esculenliim  Moench. 

Les  écliantillons  1,  2  et  6  se  sont  dé\eloppés  entre  deux  plaques  de  \erre  carrées 
de  2'="', 5  de  côté,  disposées  parallèlement  et  immobilisées  par  un  (il  de  laiton  enroulé 
autour  d'elles,  de  manière  que  la  jeune  germination  ne  dispose  pas  d'un  espace 
supérieur  à  2"""  dans  un  sens.  Dans  l'autre  sens,  elle  pouvait  croître  librement  :  l'échan- 
tillon de  la  ligure  1  atteint  dans  ce  sens  i3""",  celui  de  la  figure  2,  7""°  et  celui  de  la 
figure  6,  5""". 

Les  échantillons  3,  4  et  "i  se  sont  développés  dans  des  tubes  de  verre  de  i""  de  lon- 
gueur et  de  i™"'  ou  2"""  de  diamètre  intérieur. 

A  l'inspection  de  la  figure,  on  est  d'abord  frappé  de  voir  que  les  racines 
et  les  tiges  ont  pu  se  développer  normalement  au-dessus  el  au-dessous  de 
la  région  emprisonnée,  et  que  des  racines,  comme  celles  de  Rnphanus 
salivas,  se  sont  tubérisées  au-dessous  de  la  partie  emprisonnée,  comme  les 
témoins  cultivés  en  même  temps. 

On  note  aussi  la  formation  d'un  bourrelet  bien  visible  ijig.  5  et  6)  dans 
les  tiges,  au-dessus  de  la  partie  emprisonnée. 

Certains  des  échantillons  non  représentés  sur  la  planche  ci-contre  offrent 
d'autres  particularités  intéressantes.  Ainsi,  dans  les  tiges  de  Impatiens 
parvijlora  D.  C,  on  constate  la  formation  de  radicelles  immédiatement 

(')  M""'  E.  Blocb,.Sh/-  les  modifications  produites  dans  la  structure  des  racines  el 
des  tiges  par  une  compression  extérieure  {Comptes  rendus,  t.  158,  i()i4.  P-  '70')! 
Modifications  anatoniiiiue.i  des  racines  par  action  mécanii/ue  (Comptes  rendus, 
t.  ICi),  1919,  p.  195). 


SÉANCE    DU    l'^    JUIN    I92I.  iSîS 

au-dessous  de  la  partie  eiiipiisonuée.  Dans  d'autres  espèces,  moins  charnues 
et  moins  riches  en  eau  (Ileliunlhus  annuiis),  de  jeunes  radicelles  à  peine 
ébauchées  ont  commencé  à  devenir  visibles  tout  autour  de  la  tige  au- 
dessus  du  tube  de  verre,  sans  se  développer  complètement. 


On  peut  prévoir,  d'après  l'aspect  des  figures  reproduites,  combien  seront 
profondes  les  modifications  anatomiques  et  histologiques,  quand  on 
passera  des  régions  normales  aux  autres,  dans  les  parties  emprisonnées. 


iSaG  ACADÉMIE    DES    SCIE-NCES. 

Comme  résultais  histologiqiies,  nous  ne  signalerons  aujourd'hui  que  la 
petite  taille  des  cellules  et  des  vaisseaux,  environ  deux  fois  moindre  que 
dans  les  témoins  pour  la  plupart  des  espèces  considérées;  les  vaisseaux  sont 
non  seulement  plus  petits,  mais  ils  sont  moins  nombreux. 

En  plus  de  la  lignification  intense,  indiquée  précédemment,  il  est  utile 
d'ajouter  que  l'épaisseur  des  membranes  lignifiées  augmente  jusqu'à 
devenir  double  de  l'épaisseur  normale. 

Au  point  de  vue  du  développement  anatomique,  bornons-nous  à  signaler 
la  modification  suivante  due  à  l'emprisonnement  de  racines  dans  des  tubes 
de  verre  dont  le  calibre  est  de  2™™  (les  racines  ayant,  à  et-  moment,  un 
peu  moins  de  2"""  de  diamètre)  : 

Dans  différentes  espèces  {Raphanus  salivas,  Soja  hispida,  Fauopyrum 
tataricum)  on  constate  la  conservation  de  l'écorce  primaire  avec  son  épi- 
derme,  dans  la  région  de  l'axe  hypocotylé.  Au  contraire,  dans  les  portions 
de  racines  situées  au-dessus  et  au-dessous  du  tube  de  verre,  ainsi  que  dans 
les  témoins,  on  note  la  présence  de  formations  subéro-phellodermiques  très 
importantes. 

Tous  les  résultats  indiqués  sont  obtenus  sur  des  plantes  ayant  atteint 
leur  complet  développement  normal,  ayant  en  particulier  fleuri  et  fructifié. 


PHYSIOLOGIE.  —  Ecli(ini;es  niilrili f.s  des  animaua:  en  fonction 
(lu  poids  corporel.  Note  de  M.  Louis  LAPicyiE,  présentée  par  M.  Cli.  Ilicliet. 

Cliarles  Ricliet,  dans  les  recherches  qui  ont  rendu  classique  la  loi  de 
proportionnalité  entre  les  échanges  nutritifs  et  la  surface  corporelle,  a 
remarqué  qu'il  ne  pouvait  faire  rentrer  dans  cette  loi  ni  les  bœufs 
pesant  600''*'',  ni  les  chardonnerets  pesant  21*^;  les  uns  comme  les  autres 
donnent  des  chiffres  trop  élevés  par  rapport  aux  animaux  de  poids  moyen. 
(I  n'est  pas  étonnant  qu'avec  un  tel  écart  de  grandeurs,  les  poids  des  ani- 
maux étant  ici  dans  le  rapport  de  un  à  trente  mille,  apparaisse  une  diver- 
gence. J'ai  cherché  à  préciser  cette  divergence  et  à  l'interpréter. 

Je  n'ai  pas  de  documents  nouveaux  sur  les  grands  herbivores,  li 
d'ailleurs,  la  nutrition  de  ces  animaux  comporte,  par  suite  des  fermen- 
tations intestinales,  des  complications  qui  demanderaient  de  nouvelles 
études.  Mais  j'ai  systématiquement  déterminé,  autrefois  (  '),  avec  M"""  La- 

(').  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  ao  février,  17  mars  et  3i  juillet  1909. 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  I921.  1627 

picquo,  les  râlions  d'entretien  à  diverses  températures  de  petits  oiseaux 
de  tailles  diverses,  depuis  le  pigeon  jusqu'au  bengali,  qui  ne  prse  que  ']*^,5\ 
récemment,  la  souris  nous  a  servi  de  sujet  pour  de  nombreuses  mesures  do 
la  valeur  alimentaire  des  farines.  En  combinant  les  renseignements  ainsi 
obtenus  pour  les  petits  homéotbermes  avec  les  chiffres  des  auteurs,  j'ai 
pu  représenter  par  une  courbe  empirique,  en  fonction  du  poids  du  corps, 
les  échanges  nutritifs  exprimés  en  calories  par  jour.  Pour  une  si  large 
échelle  de  variations  les  coordonnées  logarithmic[ues  étaient  tout  indiquées; 
ce  système  de  représentation  a,  en  outre,  l'avantage  de  rendre  nettement 
sensible  la  divergence  par  rapport  à  l'approximation  remarquable  donnée 
par  la  loi  des  surfaces.  A  travers  les  petits  écarts  ca|)ricieux  tenant  aux 
indéterminations  expérimentales  de  chaque  auteur,  comme  aux  conditions 
variables  de  l'embonpoint  et  du  pelage  ou  du  plumage,  même  en  se  limi- 
tant pour  les  poids  corporels  éle\és,  au  chiffre  bien  établi  de  l'homme,  il 
est  manifeste  que  toute  ligne  continue  capable  de  représenter  la  généralité 
des  expériences  à  /a  température  ordinaire  apparaît  concave  vers  l'axe  des 
poids  et  à  peu  près  telle  que  je  l'ai  figurée  ci-dessous  {fig.  i). 


1 2î45e789 

ik  10  100  k 


POIDS  DU  CORPS 


La  loi  des  surfaces,  d'une  claire  et  élégante  simplicité,  se  représenterait 
ici  par  une  droite  inclinée  à  06  pour  100;  je  l'ai  figurée  en  pointillé,  de 
manière  à  satisfaire  aux  grandeurs  des  animaux  de  taille  moyenne,  usuels 


l528  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

dans  les  laboratoires  de  Physiologie.  Les  animaux  plus  petits,  et  les  ani- 
maux plus  grands  ont  une  dépense  supérieure. 

Cette  courbe  a  un  certain  intérêt  prati(|ue;  elle  ])ermet  d'olitenir  avec 
une  valeur  suffisamment  approchée  (par  lecture  directe  en  utilisant,  au 
moyen  d'un  compas,  l'échelle  logarithmi(|ue  tracée  en  bas  à  droite)  la 
réponse  à  la  r|uestion  des  besoins  alimentaires  pour  un  animal  à  sang  chaud 
de  poids  donné. 

Au  point  de  vue  théorique,  elle  appelle  une  explication. 

Il  y  a  lieu  de  l'aire  entrer  en  ligne  de  compte  la  variation  des  échanges 
nutritifs  en  fonction  de  la  température.  Nos  expériences  ont  montré, 
conformément  à  des  considérations  évidentes,  que  celte  variation  est  d'au- 
tant plus  importante  que  l'animal  est  plus  petit.  Mais,  en  outre,  ces 
échanges  recalculés  par  unité  de  surface  et  représentés  pour  plusieurs  ani- 
maux de  taille  différente  sur  les  mêmes  coordonnées  s'entre-croisent,  les 
jjetits  animaux  qui  se  placent  au-dessus  des  grands  pour  les  températures 
basses  passant  au-dessous  pour  les  températures  élevées. 

Toutes  ces  courbes  tendent  vers  un  minimum,  qui  correspond  à  des 
températures  différentes,  d'autant  plus  voisines  de  la  température  propre 
que  l'espèce  est  plus  petite.  L'interprétation  de  ce  résultat  est  facile  et  je 
l'ai  donnée  dans  mes  publications  antérieures;  j'ai  eu  plus  de  peine  à 
admettre  celui-ci  :  la  liauleur  de  ces  minima  est  sensibicnwnt  la  même,  que/le 
que  soit  la  grandeur  de  l'espèce.  Mais  c'est  un  fait  qui  ressort  directement  de 
nos  expériences  et  qui  s'accorde  avec  les  résultats  des  autres  auteurs, 
notamment  de  Rubner. 


15        20        25        30  -     55 
TEMPERATURE  AMBIANTE 


40 


I^a  figure  2  ci-dessus  monti  e  les  courbes  de  la  dépense  en  calories  par 
décimètre  carré  :  i"  chez  un  petit  ihicn  de  ,'1''"  étudié  par  Rubner;  2"  chez 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1921.  l52() 

nos  pigoons  et  chez  des  cobayes  de  Riibiier  (les  courbes  de  ces  oiseaux  et 
de  ces  inanunirères  de  nièuie  poids  pouvant  être  confondues  schématique- 
ment);  3°  chez  les  bengalis.  Le  minimum  de  7''''  à  8''"'  par  décimètre  carré, 
pour  ces  trois  poids  corporels  variant  déjà  de  i  à  5oo,  se  retrouve  encore 
chez  l'homme,  avec  les  valeurs  rondes  bien  connues  de  2'"'  pour  la  surface 
et  1600'"'  pour  la  dépense  minima. 

C'est  en  ce  point,  à  la  température  ambiante,  variable  avec  chaque 
espèce,  où  la  perte  de  chaleur  déterminée  par  les  conditions  physiques  est 
égale  à  la  production  de  chaleur  résultant  de  l'entretien  même  à  la  vie,  que 
s'applique  exactement  d'un  bout  à  l'autre  de  l'échelle  la  loi  des  surfaces. 

Si,  au  contraire,  on  prend  toutes  les  espèces  à  une  seule  et  même  tempé- 
rature extérieure,  on  voit  que  la  loi  est  masquée  par  les  différences  dans  la 
mari>e  de  thcnnni>enèse  qui  s'ajoute  à  la  dépense  fondamentale  pour  équi- 
librer la  perte  de  calorique. 

Mais  alors  cette  loi  des  surfaces  ne  peut  plus  être  expliquée  par  le  besoin 
de  chaleur;  d'ailleurs  on  la  retrouve  chez  les  animaux  à  sang  froid;  elle 
repose  sur  quelque  fait  de  physiologie  générale  plus  profond  et  qui  reste  à 
déterminer. 


PHYSIOLOGIE.   —   Contribution  à  l'étude  biologique  des  plongeurs. 
Note(')  de   M.  Alfred  Thooris,   présentée  par  M.  R.  Bourgeois. 

I.  Au  cours  de  mes  recherches  sur  les  hommes  d'élite  de  l'athlétisme, 
j'ai  été  amené  à  étudier  deux  champions  de  la  durée  de  séjour  sous  l'eau  : 
Pouliqucn  et  de  Lalymun.  Le  phénomène  est  le  même  à  quelques  varia- 
tions près.  Comme  tous  deux  sont  capables  de  le  reproduire  à  l'air  libre, 
j'ai  pu  en  entreprendre  d'autre  part  l'étude  radioscopique.  L'enregistrement 
graphique  permettait  d'ailleurs  de  contrôler  la  fidélité  de  la  reproduction. 
Enfin  j'ai  pu  imiter  moi-même  le  procédé  :  l'exactitude  de  l'imitation  a  été 
garantie  par  l'identité  des  tracés.  La  dernière  épreuve,  exécutée  dans  les 
deux  éléments  :  air  et  eau,  complétait  heureusement  l'examen  objectif  des 
faits  par  leur  représenta.tion  subjective. 

Les  deux  sujets  ont  été  armés  de  ceintures  pneumographiques,  d'olives 
nasales  et  d'une  ampoule  laryngée. 

(')  Séance  du  (3  juin  1921. 


l53o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  engins  explorateurs  communiquaient  leurs  mouvements  manomé- 
triques  à  des  tambours  inscripteurs,  avec  ou  sans  réservoir  amortisseur 
intermédiaire.  Vitesse  du  cylindre  enregistreur  :  3""". 

Au  moment  de  Timmersion,  l'homme  épure  l'intérieur  de  ses  poumons 
par  des  mouvements  respiratoires  do  grande  amplitude,  que  Pouliquen 
complique  personnellement  d'éructations.  Il  s'immerge  ensuite  sur  une 
inspiration  d'amplitude  deux  fois  moindre  que  l'inspiration  dite  de  net- 
toyage. 

A  priori,  il  semble  qu'un  homme  immergé  doive  immobiliser  son  appa- 
reil respiratoire  pour  éviter  toute  introduction  de  liquide  dans  la  trachée 
en  inspirant.  Le  tracé  thoracique  devient  en  effet,  dès  l'immersion,  sensi- 
blement rectiligne  et  horizontal,  comme  la  tenue  d'un  son  vocal  émis  éco- 
nomiquement pour  qu'il  dure.  iMais  au  bout  d'environ  3o  secondes,  s'établit 
un  nouveau  régime  du  souffle  dont  les  tracés  thoracique,  nasal  et  laryngé 
montrent  les  événements.  On  reconnaît  trois  faits  principaux  :  expansion  et 
retrait  périodique  du  thorax,  mobilité  singulière  du  voile  et  déplacement 
franc  du  larynx. 

Pour  étudier  le  synchronisme  de  ces  mouvements,  partons  du  moment 
où  l'inspiration  se  déclanche  :  le  larynx  s'ébranle,  mais  reste  sur  place.  Le 
tracé  nasal  accuse  une  dépression  brusque,  bientôt  interrompue  par  une 
pression  qui  commence  avec  l'excursion  du  larynx,  se  maintient  pendant 
sa  tenue  et  cesse  avec  son  retour.  Celui-ci  correspond  à  la  lin  de  l'expansion 
du  thorax.  Alors  a  lieu  l'expiration;  le  tambour  olivaire  inscrit  une  pres- 
sion brusque,  signe  manifeste  d'un  jeu  d'air  terminal. 

En  résumé,  chaque  période  révèle  :  une  inspiration  initiale  avec  blo- 
cage des  choannes  par  le  voile;  une  ascension  du  larynx  avec  constriction 
glottique  synergique;  une  expiration  soulignant  à  la  descente  du  larynx  qui 
est  synergique  avec  la  détente  glottique.  Toute  communication  avec  lair 
extérieur  est  interrompue  à  l'inspiration;  une  communication  discrète  et 
fugace  s'établit  à  l'expiration. 

Les  oscillations  sont  d'autant  plus  amples  et  rares  que  le  régime  tarde  à 
s'établir  ou  est  établi  depuis  plus  longtemps. 

Par  exemple,  en  2™  20*  on  compte  1 1  périodes.  La  durée  de  l'excursion 
laryngée  varie  de  2*,  53  au  début,  à  3*.  20  à  la  fin  de  l'expérience.  Son  ampli- 
tude était,  chez  Pouliquen.  deux  fois  plus  grande  ]iar  rapport  à  de  Lalyman. 
et  quatre  fois  par  rapport  à  moi.  L'amplitude  de  la  cage  thoracique  atteint 
celle  de  la  respiration  normale  et  souvent  la  dépasse. 


SÉANCE  DU  i3  luiN  igai.  i53i 

Le  plongeur  sort  de  l'eau  en  expiration.  11  exécute  alors  quelques  mouve- 
ments respiratoires  de  grande  fréquence  (8  en  20*),  et  de  faible  am])litude 
(7""")  pour  reprendre,  au  bout  de  ce  temps,  le  rythme  solennel  et  l'ampli- 
tude (')  normale  (22"""). 

II.  La  radioscopie  a  donné  lieu  aux  constatations  suivantes  :  brusquerie 
du  mouvement  d'ascension  du  cartilage  thyroïde,  expansion  périodique  du 
thoiax  afl'ectant  l'ensemble  de  la  cavité. 

m.  Le  témoignage  des  plongeurs,  le  contrôle  radioscopique  et  ma  pra- 
tique p(M'sonnelle  m'ont  permis  de  reconnaître  dans  les  tracés  thoracique, 
laryngé  et  nasal,  la  traduction  graphique  de  mouvements  périodiques  de 
déglutition . 

Il  semble  (jue  le  bi^soin  de  respirer  sous  l'eau  ne  devienne  impérieux 
qu'au  bout  de  3()  secondes  environ;  le  thorax,  isolé  do  l'air  extérieur, 
accuse  alors  les  mêmes  mouvements  d'ampliation  et  de  rétraction  qu'à  l'air 
libre. 

Or,  ces  mouvements  alternatifs  ne  peuvent  être  réalisés  que  de  deux 
manières  :  ou  par  des  mouvements  d'effort  ou  par  des  mouvements  de  déglu- 
tition. Le  premier  procédé  épuise  le  plongcnir,  la  ligne  générale  des  retraits 
thoraciques  rejoint  rapidement  la  ligne  des  r;  le  tracé  des  mouvements  du 
larynx  n'a  d'ailleurs  pas  l'instantanéité  ni  l'amplitude  de  ceu?i  cjue  four- 
nissent mes  champions.  C'est  en  effet  à  des  mouvements  de  déglutition 
((u'ils  recourent.  On  retrou\e  dans  l'exercice  de  cette  fonction  l'expansion 
préparatoire  du  thorax,  l'ascension  du  larynx  et  son  letour  au  repos  sui\  i 
d'une  ])rève  expiration  nasale. 

Conclusions.  —  A.  L'homme  spécialisé  est  capable  de  séjourner  plusieurs 
minutes  sous  leau.  Tout  en  faisant  la  part  de  l'élasticité  individuelle,  la 
durée  du  séjour  est  liée  à  la  manière  dont  le  plongeur  satisfera  le  besoin  de 
respirer  qui  le  presse. 

Ce  besoin  comprend,  en  fait,  trois  besoins,  qui  soni ,  par  ordre  d'urgence  : 
i"  le  besoin  alternatif  d'expansion  et  de  rélraclion  du  thorax;  2°  le 
besoin  d'éliminer  l'acide  carbonique;  3°  le  besoin  d'oxygène,  qui  est 
susceplible  d'attendre  le  plus  longtemps  la  reprise  de  contact  avec  l'atmo- 
sphère. 


(')  Toutes  les  expériences  ont  été  faites  avec  les  mêmes  appareils  et  dans  les  mêmes 
conditions.  Les  chi lires  énoncés  représentent  des  moyennes. 


l532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  premier  besoin  est  mécanique  et  relève  de  la  volonté,  le  second  est 
chimique  et  relève  de  l'aulomatisme. 

B.  Le  procédé  biologique  du  plongeur  comporte  trois  temps  :  i°  Inspi- 
ration avec  fermeture  du  voile  faisant  clapet;  i°  élévation  du  larynx 
avec  constriction  synergique  de  la  glotte;  3°  expiration  avec  descente  du 
larynx  et  détente  de  la  glotte  et  du  voile.  Le  temps  de  détente  du  voile  est 
exactement  mesuré  pour  assurer  la  sortie  explosive  d'une  quantité  d'air 
conforme  au  régime.  La  fonction  de  débit  du  voile  termine  automati- 
quement l'exercice  de  déglutition  qui  vient  s'insérer  tout  entier  dans  le 
moment  iiispiratoirc  du  phénomène  comme  pour  mettre  au  point  l'explosion 
expiratoire  finale.  La  constriction  synergique  de  la  glotte  et  du  voile  semble 
ainsi  suppléer,  chez  l'amphibie  humain,  à  la  constriction  des  narines  propre 
par  exemple  à  l'otarie. 

C.  La  connaissance  scientifique  du  mécanisme  biologique  permettant  le 
séjour  sous  l'eau  facilite  singulièrement  son  enseignement  technique.  L'exé- 
cution du  premier  temps  sera  plus  rapidement  acquise  avant  tout  essai 
sous  l'eau  par  le  moyen  pédagogique  du  manomètre  et  de  l'olive 
nasale. 

D.  Tout  nageur  augmentera  considérablement  sa  sécurité  en  s'entrainant 
méthodiquement  au  séjour  sous  l'eau,  en  appliquant  la  méthode  dont 
nous  avons  établi   la  démonstration  graphique,  radioscopique  et  pratique. 


OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Les  effets  du  chroniatlsmr  de  ra-il  dans  la 
lésion  des  couleurs  complexes.  Note  de  M.  A.  Polack,  présentée  par 
M.  J.-L.  Breton. 

Dans  une  Note  antérieure  ('),  j'ai  montré  l'influence  de  l'état  de  réfrac- 
tion de  l'œil  sur  la  vision  des  couleurs  complexes  : 

Lorsqu'on  observe  à  l'éclairage  du  jour  des  petites  plages  de  couleurs 
pigmentaires,  en  faisant  varier  légèrement  la  réfraction  de  Tn'il  au  moyen 
de  verres  de  lunettes,  on  constate  que  ces  couleurs  changent  de  nuance,  sui- 
vantjl'état  de  réfraction  réalisé  et  suivant  le  fond  sur  lequel  les  petites  plages 
sont  disposées. 

Sur  fond  noir,  l'ù-il  rendu  légèrement  myope  voit  le  rouge  plus  saturé, 

(')  Comptes  rendus,  t.  138,  1904,  p-  i538. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I921.  ib'Vi 

le  jaune  un  peu  plus  oraiii^c,  le  vert  plus  jaunâtre  et  le  bleu  plus  gris  vio- 
lacé. Sur  le  môme  fond  noir,  l'd'il  rendu  légèrement  hypermétrope  voit  au 
contraire  le  rouge  prendre  une  nuance  violacé  grisâtre,  le  jaune  devenir  un 
peu  verdâtre,  le  vert  plus  bleuté  et  le  bleu  plus  saturé.  Sur  fond  blanc,  le 
phénomène  est  renversé,  c'est-à-dire  :  l'd'il  myope  y  voit  à  peu  près  les 
mêmes  modifications  de  nuance  qu'un  d'il  hypermétrope  observe  sur 
fond  noir,  et  inversement.  Sur  fond  coloré,  le  phénomène  est  plus  com- 
plexe. 

Les  changements  de  nuance  sont  d'autant  plus  marqués  que  les  plages 
sont  vues  sous  un  plus  petit  diamètre  apparent,  et  s'accuse  encore  davan- 
tage lorsqu'on  dilate  la  pupille  à  l'aide  d'un  mydriatiquc. 

Tel  est  le  fait  brièvement  exposé. 

J'en  ai  donné  l'interprétation  suivante  : 

L'œil  humain  est  loin  d'être  achromatique.  La  distance  entre  le  foyer  des 
radiations  rouges  et  celui  des  radiations  violettes  est  évaluée  par  les  auteurs 
à  o™™,6  environ. 

Dans  ces  conditions,  un  œil  légèrement  myope  se  trouve  au  point  pour  les 
radiations  rouges  et  reçoit  sur  la  rétine  les  autres  radiations,  sous  forme  de 
cercles  de  diffusion  dont  le  diamètre  croît  avec  la  vitesse  des  vibrations. 
La  lumière  rouge  conservera  donc  dans  l'image  rétinienne,  à  peu  près  le 
même  éclat  relatif  qu'(>lle  possède  dans  l'objel,  tandis  que  l'éclat  intrin- 
sèque des  autres  radiations,  plus  ou  moins  diffusées,  se  trouvera  affaibli  en 
raison  même  de  cette  diffusion.  Au  total,  tout  se  passera  comme  si,  dans 
l'image  rétinienne,  on  avait  soustrait  de  la  lumière  complémentaire,  contenue 
dans  l'objet  rouge.  Débarrassée  d'une  partie  de  cette  lumière  complémen- 
taire, son  image  paraît  évidemment  d'un  rouge  ])lus  saturé,  plus  [)ur. 

Pour  l'œil  légèrement  hypermétrope,  ce  sont  au  contraire  les  radiations 
les  plus  réfrangibles  qui  forment  une  image  nette  sur  la  rétine  et  les  radia- 
tions rouges  sont  diffusées;  il  en  résulte  donc  une  diminution  relative  dans 
l'éclat  intrinsèque  de  celles-ci;  dans  ces  conditions,  la  [)lage  rouge  paraît 
moins  rouge,  plus  grisâtre  et  plus  violacée. 

Dans  tous  ces  cas,  la  mydriase  augmente  l'effet  du  chrumatisme  et  con- 
tribue à  accentuer  le  phénomène  observé. 

Cette  interprétation  heurte  les  idées  classiques,  car  on  considère  générale- 
ment que  subjectivement  l'œil  se  comporte  à  peu  près  comme  un  appareil 
achromatique.  Depuis  plus  de  100  ans,  les  savants  s'efforcent  d'expliquer 
l'achromatisme  apparent  ou  subjectif  de  l'œil  humain,  difficile  à  concilier 


l534  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  le  chromalisnic  [)hysique  incoiili'stablc,  mis  l'ii  évidence  par  les  Ira- 
vaux  do  Dollond. 

L'explication  piiremenl  théorique  que  j'ai  donnée  jusqu'ici  pourrait  donc 
paraître  insuffisante,  et  il  était  nécessaire  d'apporter  une  démonslration 
expérimentale. 

A  cet  effet  j'ai  fait  construire  un  objectif  pliotoj^raphiquf  corrigé  des 
aberrations  sphériques,  mais  pourvu  d'un  chromatisme  suffisant. 

Avec  cet  objectif  on  obtient  facilement  sur  plaque  autochrome  les  diffé- 
rentes modifications  de  couleur  que  produisent  les  variations  de  l'état  diop- 
trique  de  l'œil. 

Les  expériences  nous  ont  montré  que.  lorsqu<'  la  plaque  sensible  de 
l'appareil  photographique  est  amenée  au  point  d'intersection  des  radia- 
tions rouges,  on  obtient  sur  l'épreuve  les  effets  de  couleur  de  la  myopie 
légère,  lorsque  cette  plaque  est  placée  dans  le  plan  d'intersection  des  rayons 
bleus,  on  obtient  la  couleur  qui  caractérise  la  vue  de  l'œil  hypermé- 
trope. 

On  peut  se  rendre  compte  sur  les  épreuves  que  nous  présentons  à  l'appui 
de  cette  Communication  avec  quelle  netteté  se  produit  ce  phénomène. 

Je  crois  donc  avoir  démontré  expérimentalement  le  fait  que  le  chroma- 
tisme de  l'œil  exerce  une  influence  considérable  sur  la  vision  des  couleurs 
complexes. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  un  nouveau  poisson  abyssal  (Scombrolabrax  heterolepis, 
«oc.  gen.  nui>.  sp.)  péché  dans  les  eaux  de  l'île  Madère.  Note  de  M.  Locis 
Roule,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Ce  poisson  a  été  capturé  par  des  pêcheurs,  le  20  janvier  1915,  au  sud  de 
Madère,  par  800™  à  900'°  de  profondeur.  Il  fut  remis  au  P.  Jaime  de 
Gouvela  Barreto,  directeur  du  Musée  du  Séminaire  de  Funchal,  qui  cm  fit 
don  au  Musée  océanographique  de  Monaco.  Ce  dernier  me  l'a  transmis 
dernièrement  dans  le  but  de  l'examiner  et  de  le  déterminer.  Nouveau 
comme  genre  et  comme  espèce,  ses  principaux  caractères  sont  mentionnés 
dans  les  lignes  suivantes  : 

L'individu  unique  est  entier,  en  bon  élal  de  conservation,  sauf  les  angles  de  sa 
nageoire  caudale,  qui  ont  été  brisés  et  qui  font  défaut.  Sa  couleur  est  brun  jaunâtre 
sur  la   région  dorsale  du   tronc  et  une  partie  des  lianes,    noire  partout  ailleurs.  Il  ne 


SÉANCE    DU    l3    JllN    192I.  l535 

porte  aucun  oryaiie  lumineux.  Sa  longueur  totale  égale  aôg"""  el  sa  plus  grande  hau- 
teur 53'"™.  Le  corps  est  de  forme  régulière,  assez  élancée. 

Les  nageoires  dorsales,  au  nombre  de  deux,  se  suivent  sans  intervalle.  La  première 
comprend  deux  parties  :  l'une  antérieure,  triangulaire,  soutenue  par  six  rayons 
minces  et  épineux.;  l'autre,  postérieure,  composée  de  six  épines  grosses  el  courtes, 
inclinées  en  arrière,  privées  de  membrane  inlerradiaire,  à  base  élargie  et  di\isée  en 
deux  brandies.  La  seconde  dorsale,  étendue  jusqu'au  pédoncule  caudal,  com- 
porte i  +  i4  rayons  mous  et  cirrhiformes,  dont  les  trois  derniers  oiFrenl  l'aspect  de 
petites  pinnules  cohérentes  à  la  nageoire  ;  le  premier  raj  on,  mince  et  épineux,  est  court, 
La  nageoire  anale  est  symétrique  de  la  seconde  dorsale;  elle  présente  i  4-  i5  rayons 
mous.  La  nageoire  caudale,  falciforme  et  régulière,  possède  une  vingtaine  de  rayons. 
Le  pédoncule  caudal  est  libre,  sans  pinnules. 

Les  nageoires  pectorales,  étroites  et  longues,  portent  17  fins  rayons.  Les  nageoires 
pelviennes,  dont  la  longueur  égale  le  tiers  de  celle  des  précédentes,  sont  munies 
de  I  -f-  5  rayons.  Leur  insertion  est  thoracique. 

La  tête,  allongée  et  effilée,  plate  en  dessus,  mesure  72™™  de  longueur  depuis  le 
bout  du  museau  jusqu'au  sommet  de  l'angle  operculaire.  Cet  angle  porte  une  épine, 
plate  et  triangulaire,  suivie  de  cinq  autres  épines  de  plus  en  plus  petites  placées 
sur  le  bord  postéro-supérieur  de  l'opercule.  Le  bord  postéro-inférieur.  finement  strié 
en  travers,  porte  de  fines  denticulations;  il  en  est  de  même  pour  la  partie  inférieure 
du  préopercule.  Les  yeux  sont  volumineux,  non  télescopiques;  le  diamètre  orbilaire, 
plus  grand  que  l'espace  préorl)itaire  el  que  l'espace  interorbitaire,  égale  sensiblement 
les  I  de  la  longueur  de  la  tête.  Les  ouïes  sont  largement  fendues;  le  nombre  des  rayons 
branchiostèges  est  de  six,  dont  un  peu  apparent. 

La  bouche  est  assez  vaste;  ses  commissures  se  placent  à  l'aplomb  du  tiers  antérieur 
des  yeux.  La  mâchoire  supérieure  porte  deux  fortes  dents  symétriques,  antérieures, 
semblables  à  deux  crocs  recourbés  en  arrière;  elle  est  armée  en  outre,  sur  la  première 
moitié  de  chacun  de  ses  deux,  bords,  d'une  douzaine  de  petites  dents  coniques.  La 
mâchoire  inférieure,  privée  de  crocs,  est  garnie  sur  chacun  de  ses  deux  bords  d'une 
quinzaine  de  dents  trois  à  quatre  fois  plus  fortes  que  celles  de  la  mâchoire  supérieure. 

L'écaillure  couvre  tout  le  corps  avec  la  majeure  part  de  la  tête,  et  engaine  partielle- 
ment les  bases  des  nageoires  impaires.  Les  écailles,  lisses,  minces,  dilTèrent  de  dimen- 
sions, les  dillérences  allant  du  simple  au  quadruple  et  au  quintuple;  elles  s'associent 
irrégulièrement  sans  ordre  apparent,  en  s'imbriquant  de  manière  serrée  et  confuse.  La 
ligne  latérale  s'étend  de  l'opercule  au  début  du  pédoncule  caudal,  suit  de  près  le  profil 
du  dos,  et  s'accompagne  d'écaillés  non  dissemblables  des  autres,  mais  rangées  plus 
régulièrement,  au  nombre  de  48  à  5o  pour  la  longueur  entière. 

Le  nom  spécifique  exprime  la  disposition  remarquable  de  l'écaillure.  Le 
nom  générique,  rappelant  à  la  fois  celui  des  Scombres  et  celui  des  Labntx, 
exprime  à  son  tour  la  dualité  des  particularités  offertes  par  ce  poisson,  qui 
présente  à  la  fois  des  caractères  de  Scombriformes  et  des  caractères  dePer- 
ciformes.  Les  nageoires  impaires  reculées,  la  première  dorsale  comportant 


l536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  série  d'épines  distinctes,  la  caudale  fourchue  et  régulière,  l'insertion 
ihoracique  des  pelviennes,  le  rapprochent,  parmi  les  Scombriforraes,  d'un 
certain  nombre  de  Caraniiidés  et  de  Thyrsilidès,  (|in  offrent  des  particiila- 
rilés  similaires.  En  revanche,  son  préopercule  épineux,  son  préopercule 
denticulé,  l'éloignent  de  ceux-ci  pour  le  ranger  non  loin  des  Perciformes. 
Sa  situation  dans  la  classification  est  mixte. 

Il  semble,  pour  conclure,  que  l'on  doive  considérer  ce  genre  comme  un 
type  de  transition,  ainsi  qu'il  en  est  pour  plusieurs  autres  poissons  abyssaux. 
On  peut  estimer,  conformément  aux  vues  de  M.  T.  Regan  (1909)  que  les 
Perciformes,  qui  se  relient  déjà  par  quelques  passages  aux  Salmonidés  el 
aux  Mugilidés,  se  rattachent  en  outre  aux  Scombriformes  par  divers  intermé- 
diaires, dont  les  Tétragonuridés,  les  Chiasmodontidés  feraient  partie,  et 
dont  I  état  le  plus  net  serait  celui  du  présent  Scombrolabrax,  qui  compose- 
rait à  lui  seul  une  famille  spéciale.  On  peut  ainsi  entrevoir,  comme  consé- 
quence dernière,  la  création  d'un  groupe  nouveau,  celui  des  Scombroperci- 
formes,  qui  unirait  étroitement  entre  eux  les  deux  principaux  groupes  des 
anciens  Acanthoptérygiens  ihoraciques  de  Cuvier. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Action  synthétisante  de  la  méthyl-d-mannosidasc  a. 
Note  de  M.  H.  Hérissev,  présentée  par  M.  L.  Guiguard. 

J'ai  publié  récemment  (')  les  résultats  de  recherches  relatives  au  dédou- 
blement du  méthyl-(^/-maiinoside  a  par  les  ferments  solubles;  j'ai  montré,  à 
celte  occasion,  que  la  source  la  plus  avantageuse  de  c^-mannosidase  a, 
ferment  qui  réalise  cette  hydrolyse,  paraissait  actuellement  constituée  par 
la  semence  de  luzerne  gerinée. 

Il  devenait  dès  lors  possible  d'aborder  le  problème  de  la  synthèse  biochi- 
mique du  méthyl-rf-mannoside  a  en  faisant  agir  la  f/-mannosidase  a  sur  le 
f/-mannose,  en  présence  d'alcool  méthyliqu<'  déconcentration  convenable. 
Les  essais  que  j'ai  tentés  dans  celte  direction  m'ont  conduit  à  des  résultats 
positifs,  qui  devront  évidemment  être  étendus  cl  complétés,  mais  qui 
apportent  toutefois,  dès  maintenant,  la  preuve  absolue  de  la  nature  réver- 
sible des  réactions  produites  par  la  (^/-mannosidase  a. 

(')  Comptes  rendus,  l.  [li,  1921.  p.  -66;  Journal  de  l'/iarmacie  el  dr  Cltiiiiie, 
-'■  série,  l.  23,  igai,  p-  '109. 


SÉANCE  DU  i3  juix  igii.  i537 

J'ai  préparé  le  mannose,  qui  m'était  nécessaire,  par  décomposition  de  Ja 
mannose  phénylh^'drazone  au  moyen  de  l'aldéhyde  benzoïque;  le  sucre  a  été 
obtenu  complètement  pur,  après  de  nombreuses  cristallisations  dans 
l'alcool  cthylique  à  gS''.  L'alcool  mélhylique  à  99'', 5,  qui  a  été  utilisé,  pro- 
venait du  commerce. 

L'expérience  m'a  montré  que,  comme  cela  se  passe  pour  la  d-g\uco- 
sidasea  (')et  larf-galactosidasea  (-),  l'ajction  synthétisante  de  la^Z-mannosi- 
dase  a  ne  s'exerce  que  dans  des  milieux  très  aqueux,  peu  riches  en  alcool.  Il 
est  facile  de  mettre  en  évidence  cette  action  synthétisante,  en  opérant  sur 
des  solutions  contenant  sensiblement  10'''  d'alcool  méthylique,  pour  100""'. 

On  a  préparé,  par  exemple,  les  trois  mélanges  suivants  : 

1. 

Solution  aqueuse  de  mannose,  à  i*, 92^4  pour  100"^'"' 5o''"'' 

Alcool  mélhylique  à  99'^, 5 los 

Eau  distillée q.  s.  pour  loo"""^ 

Poudre  de  luzerne  germée  et  sécliée  (contenant  la  ^/-mannosidase  a)..  4^ 

-     Toluène i""' 

2  (témoin). 

Solution  aqueuse  de  mannose,  à  10,9244  pour  100'^™" 5o"°' 

Alcool  méthjlique  à  99'^,  5 los 

Eau q.  s.  pour  loo"^™' 

Toluène. i  "»' 

3  (témoin). 

Alcool  méthylique  à  99*^,5 los 

Eau q.  s.  pour  100'''"' 

Poudre  de  luzerne  geimée  et  séchée 4° 

Toluène i*^""' 

Au  cours  de  l'expérience,  qui  a  duré  106  jours,  les  mélanges  ont  été 
habituellement  maintenus  à   l'étuve,  à  la  températuie  de  32°;   toutefois, 

(')  Comptes  rendus,  t.  135,  1912,  p.  i552;  Journal  de  Pharmacie  el  de  Chimie, 
7"  série,  t.  7,  1913,  p.  iio. 

{'^)  Comptes  rendus,  t.  138,  1914)  p.  204;  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie, 
'j"  série,  t.  9,  1914,  p.  225. 

C.  R.,  igai,  1"  Semestre.  (T.  17Î,  N-  24.)  H2 


l538  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pendant  6  jonrs,  ils  ont  été  laissés  à  la  température  du  laboratoire;  ils 
étaient  agités  à  peu  près  une  fois  par  jour.  A  trois  reprises  différentes,  on 
en  a  prélevé  2o'^°'',3  en  vue  de  la  détermination  des  rotations  polarimé- 
triques  et  des  pouvoirs  réducteurs  des  liqueurs  respectives,  après  défécation 
par  i"""  d'extrait  de  Saturne.  On  a  constaté  ainsi,  pour  le  mélange  1,  une 
augmentation  progressive  de  la  rotation  polarimétrique,  en  même  temps 
qu'une  diminution  corrélative  du  pouvoir  réducteur.  ^  oici  les  derniers 
résultats  numériques  obtenus,  rapportés  par  le  calcul  au  volume  primitif 
des  liqueurs  : 

1.  2.  3. 

Rolalion  (/^  2) +i°i7'.7  -i-'7'  -1-33', 6 

Sucre  réducleur,  expiimé  en  manno-e,  pour  lou'''"' .        ie,ii63         0^,9622       oe.^D^g 

Ces  valeurs  sont  tout  à  fait  en  accord  avec  l'hypothèse  de  la  formation  de 
méthyl-r/-mannoside  a,  par  synthèse  biochimique,  sous  l'action  de  la 
</-mannosidase  a  contenue  dans  la  luzerne.  D'une  part,  en  effet,  la  dispa- 
rition de  o^,3oo8  de  mannose  («^^4-  il\'\i)  doit  entraîner  une  diminution 
de  la  rotation,  pour  /  =  2,  de 

14,2  X  2  X  o,3oo8  -^ , 
=  -h  0° ,  0804  ; 


d'autre  part,  o%3oo8  de  mannose  (poids  moléculaire  :  180,096)  corres- 
pondent à 

igi,  I  ta  X  o,3o  18 


1 bo , 096 


=r  06,3242 


de  méthylmannoside   (ap  = -t- 79°,2;   poids  moléculaire  :    194,112),  qui 

donne  une  rotation  de 

79,2  X  2  X  0,324?  „  c  of 

-!-^ =4-  o''.5i35. 

100 

Il  doit  résulter  finalement,  de  la  formation  de  métliyl-r/-mannoside  a,  une 
augmentation  globale  de  la  rotation,  qui  sera 

o, 5i35  —  0,08.54  ^  o", 4-38 1  -=:  25', 6. 
La  rotation  du  mélange  i  devra  donc  devenir  " 

[-H  5o',6]     (somme  des  rolalions  des  mélanges  2  et  3)  -\- 
[-1-  25',6]  =r  4- 76',2  =4- 1°  l6',2. 

Or  l'expérience  a  donné  +\°i']\'j.  La  concordance  est  donc  aussi  satisfai- 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  I92I.  1 539 

santé  que  possible  et  bien  en  accord  avec  l'hypothèse  de  la  formation  de 
niélbyl-rf-mannosido  x. 

D'autres  expériences  faites  en  utilisant,  comme  source  de  ferment,  soit 
encore  la  poudre  de  gjraine  de  luzerne  germée,  ainsi  que  dans  l'expérii-nce 
précédente,  soit  le  macéré  aqueux  de  cette  poudre,  nronl  toujours  conduit 
à  des  résultats  analogues,  se  traduisant  par  la  diminution  du  pouvoir-  réduc- 
teur des  solutions  et  par  l'auginenlalion  de  leur  rotation  polarimélrique 
droite. 

L'isolement,  à  l'état  pur,  du  méthyl-(/-maunoside  formé,  ne  pourra  être 
réalisé  qu'en  opérant  sur  des  quantités  notables  de  mannose;  elle  présente 
d'ailleurs  quelque  difficulté,  du  fait  de  la  présence  des  impuretés  apportées, 
dans  les  solutions  fermenlaires,  par  la  graine  de  luzerne  germée.  Dès 
maintenant,  toutefois,  je  puis  affirmer  que  les  concordances  relatées  plus 
haut  correspondent  effectivement  à  la  formation  de  métliyl-r/-mannoside  a, 
par  voie  de  synthèse  biochimique.  Par  traitement  convenable  des  liqueuTs 
fermenlaires,  j'ai  pu  obtenir,  en  effet,  des  extraits  qui  cristallisent  sur 
amorce  de  méthyl-c?-mannoside  a  et  fournissent  des  préparations  microsco- 
piques tout  à  fait  caractéristiques  de  ce  dernier. 


MICROBIOLOGIE.  —  Influence  de  la  matière  azotée  élaborée  par  l' Azotobacter 
sur  le  ferment  alcoolique.  Note  de  M.  E.  Kayser,  présentée  par 
M.  Lindet. 

On  admet  que  l'azote  fixé  par  l' Azotobacter  donne  lieu  à  une  matière 
azotée,  constituée  en  majeure  partie  par  les  dérivés  de  l'acide  nucléique; 
l'observation  a  montré  que  souvent  cette  matière  n'est  que  très  lentement 
assimilée  par  les  végétaux  supérieurs,  cependant,  si  les  conditions  du  sol 
sont  favorables  aux  micro-organismes  transformateurs,  sa  nitrification  est 
facile. 

Lippmann  a  émis  l'hypothèse  que  l'Azotobacter  n'était  utile  aux  végétaux 
que  par  ses  excrétions;  pour  Moler  cet  azote  ne  devient  utilisable  que  grâce 
au  métabolisme  azoté  des  amibes  du  sol. 

J'ai  pensé  apporter  une  contribution  à  la  solution  de  celte  question  en 
recherchant  l'action  des  produits  de  l'Azotobacter  sur  des  cellules  végétales 
et  j'ai  choisi  les  cellules  de  levure.  Les  levures  employées  dans  mes  expé- 


l5jO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

riences  ont  été  d'une  part  des  levures  se  re  roduisant  par  bourgeonnement 
(saccharoinyces  de  vin,  cidre,  distillerie),  d'autre  part  des  levures  se 
reproduisant  par  scissiparité  (schizosaccliaromyces  de  rhum);  cette  matière 
azotée  compl3xe  peut-elle  être  utilisée  par  la  cellule  levure  dans  sa  multi- 
plication, peut-elle  gêner  ou  favoriser  ses  sécrétions  diastasiques? 

En  ajoularU  à  du  moùl  de  pommes,  à  des  infusions  de  lonraillons  intentionnellement 
très  diluées,  pauvres  en  azote,  riches  en  sucres,  ^'j  de  culture  d'Azolobac  1er  comprenant 
liquide  et  masse  microbienne  mise  en  suspension  (soit  environ  i,f,„\i,(,  d'azote),  quantité 
très  minime  qui  ne  peut  exercer  aucune  influence  sur  l'alimentation  de  la  levure,  on 
obtient  un  rendement  alcoolique  plus  élevé,  variant  entre  2?  à  12°  par  litre. 

Réparlissons  une  infusion  de  louraillons  à  2/17S  pour  1000  en  sucre  interverti,  à 
raison  de  200"°'  par  matras,  ensemençons  une  levure  de  vin,  une  de  distillerie,  une  de 
rhummerie  (schizosaccharomjces)  ;  trois  matras  (A)  servent  de  témoin,  trois  (B)  ont 
reçu  la  culluie  bactérienne  avant  stérilisation,  les  trois  autres  (C)  l'ont  reçue  après 
stérilisation  ;  la  fermentation  se  déclare  d'abord  dans  les  ballons  B  ;  ce  sont  les  ballons  C 
qui  partent  les  derniers;  la  fermentation  s'eli'ectue  à  27°.  L'analyse  a  eu  lieu  après 
\?.  jours;  les  données  suivantes  se  rapportent  au  litre  : 

Saccharoinyces 

Schizosaccliaromyces 
de  distillerie  de  grains.  de  rhummerie. 

IMalras A..             B.               C.                 \.              B.               C.                 A.               B.  C. 

Levure  produite  (gr.). .  .  i,58o  0,713  1,1 13  o,8i3  o,6i3  0,660  1,100  1,9,33  1,273 

Sucre  disparu 83, o  109,0       98,0  1/49          181          i85            109          198  117 

Alcool  (vol.)..' 4o  53,3       42,7  78,7       97,3         96             64           60  57,3 

Pouvoir  ferment 52,5  i52,9  880  iS3,2  293,2  280,2  99,1  io3,8  92 

:  Dans  les  ballons  B  et  C  les  poids  de  levures  de  vin  et  de  distillerie 
(levures  à  bourgeonnement)  sont  plus  faibles,  la  synthèse  des  protéines  a  été 
pénible,  gênée,  sans  doute,  par  les  produits  bactériens;  le  schizosaccliaro- 
myces a  été  moins  influencé;  les  levures  sont  inégalement  sensibles;  la 
composition  de  l'infusion  de  touraillons,  la  proportion  d'azote  soluble 
apportée  par  la  culture  bactérienne,  celle  de  produits  plus  ou  moins 
toxiques  peuvent  occasionner  certaines  inégalités,  amener  certaines  varia- 
tions de  poids  pour  une  levure  donnée  dans  un  même  essai,  alors  que  pour 
toutes  les  autres  les  poids  varient  dans  le  inême  sens. 

La  proportion  de  sucre  disparu  c-t  plu<  faible  dans  le-  témoins,  le  sucre 
-esL.  très  inégalement   utilisé,  l'alcool   n'est  pas  eu  la^jpqrt  avec   le  sucre 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    192I.  I 54 I 

disparu,  les  décliets  dans  le  sens  indiqué  par  M.  Lindet  (')  sont  souvent 
élevés. 

ElTront  a  déjà  signalé  (^)  que  le  pouvoir  ferment  n'est  pas  toujours  en 
rapport  avec  le  pouvoir  d'accroissement,  il  peut  y  avoir  production  de 
zymase  sans  multiplication  notable. 

Relevons  encore  que  les  ballons  C,  malgré  une  forte  disparition  du  sucre, 
contiennent  moins  d'alcool  que  les  ballons  B  ;  le  taux  alcoolique  peut, 
cependant,  devenir  inférieur  à  celui  des  témoins,  comme  le  prouve  l'expé- 
rience suivante,  contenant  252,4  pour  1000  en  sucre  interverti  ;  trois 
ballons  (C)  ont  reçu  l'addition  bactérienne  après  stérilisation  du  bouillon 
de  culture. 

Saccharomyces 

de  distillerie  Schizosaccharomyces 

de  vin.  de  grains.  de  rhummerie.    , 

Alcool  produit  par  litre  en  volume. 

Témoin 56,8  79>2  73j9 

C 52,8  76,6  71  ,3 

Sucre  disparu  par  litre. 
Témoin i25,i  i63,5  169,9 

C 142,5  176,5  172,5 

Pi oporlion  centésimale  de  sucre  disparu. 

Témoin 49>5  64,7  66,9 

C 58,8  69,8  68,3 

L'addition  d'une  culture  d'Azotobacter,  en  propoi  tion  même  minime,  à 
une  fermentation  alcoolique,  gêne,  en  général,  la  multiplication  de  la 
levure,  augmente  la  décomposition  du  sucre,  peut  stimuler  la  fonction 
zymasique  et  augmenter  le  rendement  alcoolique;  la  race  de  levure,  l'âge 
de  la  culture  bactérienne,  son  mode  d'emploi  ont  de  l'importance. 

On  est  donc  eu  droit  de  se  demander  si  les  Azotobacter  du  sol  et  leurS 
produits  ne  sont  pas  susceptibles  de  diminuer  la  production  des  cellules 
végétales  en  excitant  la  disparition  des  matières  hydrocarbonées  que  ces 
cellules  trouvent  à  leur  disposition'. 


(')  Comptes  rendus,  l.  164-,  1917,  p.  58. 
(*)  C.  R.  Soc.  Biol.,  t.  83,  1920,  p.  19'!. 


l542  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉDECINE  EXPÉRIMENTALE.  —  Virulence  pour  riiomme  du  spirochêle  de  la 
spirillose  spontanée  du  lapin.  Noie  de  MM.  C.  Levakiti,  A.  Marie  et 
S.  Nicoi.AiT,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Nous  avons  étudié,  au  point  de  vue  microbiologique,  histologique  et 
pathogénique,  une  maladie  spirochétienne  du  lapin,  caractérisée  par  des 
lésions  papulo-croùteu=es  intéressant  les  organes  génitaux  et  les  narines. 
Cette  maladie  avait  été  signalée  en  Autriche,  en  Allemagne  et  en  Hollande 
par  Arzt  et  Kerl  ('),  Schereschewsky  (^),  Jacobsthal  (')  et  Klarenbeek  (*). 
Elle  est  provoquée  par  un  spirochète  ressemblant  morphologiquement  au 
Treponema  pallidum. 

Nos  recherches  histologiques  et  les  données  concernant  le  mode  de  trans- 
mission de  cette  maladie  ont  fait  l'objet  d'une  Note  présentée  à  la  Société  de 
Biologie,  en  collaboration  avec  M.  Isaïcu  (').  Nous  désirons  insister,  dans 
la  présente  Communication,  sur  la  virulence  du  Spirochœta  cuniculi 
(Jacobstal)  pour  l'homme.  La  question  est  intéressante  à  un  double  point 
de  vue.  D'abord,  il  y  aurait  lieu  de  rechercher  si  l'infection  est  transmissible 
à  l'espèce  humaine  et  si  elle  peut  devenir  le  point  de  départ  de  contamina- 
tion syphilitique  chez  les  éleveurs  de  lapins.  Ensuite,  on  peut  supposer  que 
le  spirochète  du  lapin  se  comporte,  à  l'égard  du  tréponème  de  la  syphilis, 
comme  la  vaccine  vis-à-vis  de  la  variole.  Dans  ce  cas  on  tenterait  la  vacci- 
nation de  l'homme  contre  la  syphilis,  en  ayant  recours  à  l'inoculation  pré- 
ventive du  virus  supposé  atténué  de  la  maladie  du  lapin. 

Expérience.  —  Le  i8  mars  1921,  deux  d'entre  nous  (Levaditi  et  Nicolau)  s'ino- 
culent par  scarification,  à  la  surface  externe  du  bras,  du  virus  proveDant  d'un  lapin 
infecté  spontanément.  Très  nombreux  spirocliètes  mobiles  dans  le  produit  inoculé. 
Réaction  de  Bordel-Wasserraann  négativi;  dans  le  sérum,  le  jour  même  de  l'inocu- 
lation. Les  croûtes  de  sang  coagulé  qui  couvrent  les  stries  de  scarification,  se  détacheut 
vers  le  cinquième  jour.  Depjis,  aucune  réaction,  ni  locale,  ni  générale.  La  réaction 
de  Bordet-Wassermann  reste  négative. 

En  même  temps  que  l'inoculation  du  virus  à  Thomme,  ou  pratique  une  scarification 

(')   Arzt  et  Kerl,  Wiener  Gesellsch.  fiir  Aerzie,  aviil  1914;  Wiener  klin.  Wocli., 
1914,  no^O. 
(')  SniiiîRiîscnEWSKV,  Berl.  klin.   Woch,  1920,  n"  iS,  p.  iijla. 
(^)  .lA(;onsTH\L,  Dermatolog.  Woch,  t.  71,  11"  33. 

(')   IvL.tiiKNBEEK,  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  3o,  192 1,  11°  o,  p.  826. 
(')   Levaditi,  Marie  et  Isaicu,  C.  R.de  la  Société  de  Biologie,  séance  du  1  1  juin  1921. 


SÉANCE   DU    l3    JUIN    1921.  1 543 

infectante  sur  le  Macaccus  cynomolgus  n"  11  et  sur  le  lapin  n"  54-.  Le  premier  n'a 
montré  aucune  lésion  locale,  tandis  que  le  lapin  a  présenté,  le  treizième  jour,  des 
altérations  caractéristiques  du  prépuce,  riches  en  spirochètes. 

Il  en  résulte  que  le  Spirochœta  ctiniculi  n'est  pas  pathogène  pour  l'homme 
et  les  singes  cathariniens  inférieurs  (').  Etant  donné  que  son  inoculation 
à  l'homme  n'a  été  suivie  d'aucune  réaction  locale,  si  minime  fût-elle,  et 
qu'elle  n'a  modifié  en  aucune  façon  les  propriétés  humorales  (absence  de 
réaction  de  Wassermann,  même  faiblement  positive),  nous  avons  considéré 
inopportun  de  rechercher  si  les  sujets  humains  inoculés  étaient  vaccinés 
contre  le  Treponcma  pallidum.  Le  contraire  est  plus  que  vraisemblable  (*). 

Conclusions.  —  Le  spi rachète  de  la  spirochélose  spontanée  du  lapin  (Spiro- 
CH.BTA  CUNICULI  Jacobsthal)  n'est  pas  pathogène  pour  V  homme. 

A  16  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  i6  heures  trois  quarts. 

É.    P. 


ERRATA. 


(Séance  du  23  mai   192 1.) 

Note  de  M.  André  Blondel,  Généralités  de  la  représentation  topogra- 
phique des  couples  des  moteurs  à  courants  alternatifs  : 

Les  lignes  28  et  24  de  la  page  1271  sont  à  reporter  à  la  suite  de  la  ligne  2  de  la 
page  1272. 
Dans  les  formules  (4),  (11))  (12),  (i3)  et  (iS),  M  est  à  remplacer  par  —  M. 

(')  Schereschewsky  a  inoculé  sans  succès  un  Cynomolgus. 

('^)  Le  singe  n°  11  vient  d'être  inoculé  avec  du  virus  syphilitique;  le  résultat  de 
cette  inoculation  montrera  s'il  est  vacciné. 


l544  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


BULI^ETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  les  séances  d'avril   1921   {suite  et  fin). 

Cours  de  physique  générale  à  l'usage  des  candidats  au  certificat  de  physique 
générale,  au  diplôme  d'ingénieur-électricien  et  à  l'agrégation  des  sciences  phy- 
siques, par  II.  Ollivier.  Tome  I  :  Unités  C.  G.  S.  et  M.  7.  S.  Gravitation.  Électri- 
cité et  Magnétisme.  Ions  et  Électrons.  Symétries;  1"  édition.  Paris,  Hermann,  1921; 
I  vol.  25"".  (Présenté  par  M.  Violle.) 

Cours  de  l'Institut  électrotechnique  et  de  mécanique  appliquée  de  l'Université 
de  Toulouse.  Cours  de  mécanique  appliquée  à  l'usage  des  élèves  de  l'Institut  élec- 
trotechnique et  de  mécanique  appliquée,  par  Louis  Roy.  Tome  II  :  Statique  gra- 
phique et  résistance  des  matériaux.  Paris,  Gaulliier-Villars,  192 1;  i  vol.  25"^™. 

Union  astronomique  interm  tionale  (  U.  A.  J.).  Commission  de  Vheure  (  C .  I.  H .). 
Rapport  annuel  sur  Içs  travaux  effectués  par  le  Bureau  international  de  l'heure 
{B.  I.  H.),  en  1920  (i"  année),  par  G.  Bigourdan.  Paris,  Gauthier-Villars,  1921; 
I  fasc.  24"". 

Investigation  0/  Metals  with  regard  lo  their  Internai  Friction,  by  Mishio  Ishi- 
MOTO  (Extrait  des  Proceedings  of  the  Physico-mathematical  Society  oj  Jupan, 
1919.  (Présenté  par  M.  Berlin.) 

State  of  New-York-Department  of  Agriculture.  Sturtevant's  Notes  on  Edible 
Plants,  edited  by  U.  P.  Hedrick.  Albany  J.-B.  Lyon,  1919;  i  vol.  Si'^". 

Meddelse  fra  det  Anatomiske  Institut.  Del  Anatomiske  Institut,  par  II.  Hopstock. 
Christiania,  iQiS;  i  vol,  27'^™. 

Norsk  Historisk  Vidénskap  i  femtiàr  i869-i9r9,  utgitt  ar  den  Norske  Historiske 
forening.  Kristiania,  Grondahl,  1920;  i  vol.  25"^"". 

Studien  i'tber  die  Polychàten-familie  Spionidœ.  Inaugural-Dissertation,  par 
A.  SôDERSTRoM    Uppsala.  1920;   I  vol.  32''"'. 

Nirtls  Ileurik  Abel.  Mémorial  publié  à  l'occa-^ion  du  centenaire  de  sa  naissance. 
Kristiania,  Jacob  Dybwad,  1902;  i  vol.  29'"". 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI   20  JUIN    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Geohges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.   —  Démonstration  directe  d'un  théorème  de  Tisserand 
relatif  au  développement  de  la  fonction  perturbatrice.   Note  de   M.   H. 

AxDOYER. 

Soit 

cos  H  =  a  cos  A  -f- 13  cosB, 
avec  la  condition 

OU  bien 

z  -] =1:  J,'  H +  w, 

^  X 

en  faisant 

z^=e'^,  ^:=e'*,  jrrc'",  tor=(3(r  —  -î")  (  1 

On  cherche  le  développement  de  cos  «H  en  fonction  linéaire  des  cosinus 
des  sommes  des  multiples  de  A  et  B. 
Soit  à  cet  effet 

f(„  =  j"+'-t-  — ^  =  2  cos(«  -1-  i)n, 

n  désignant  un  entier  positif  ou  nul,  et  adjoignons  à  ces  quantités  u^^,  dont 
la  valeur  sera  l'unité  ;  u„  est  fonction  de  //„,  et 

I        du,, 

; -j =  "«-1+  "h-:î+  "«-5-i--  •-, 

la  suite  du  second  membre  se  terminant  à  ?/„  ou  u^^  suivant  la  parité  de  n 

G.  R.,  igai,  i"  Semestre.  (T.  172,  N'  25.)  I  l3 


l546  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'application  répélée  de  cette  formule  donne  sans  peine 


{Il   -4-  I)/.-l      rfH*"" 


%■(■/••      ri.-       .„ 


en  désignant  par  C,''  le  coefficient  de  x''  dans  le  développement  de  (i  +  j)'', 
et  en  donnant  à  h  toutes  les  valeurs  entières  de  zéro  à  n  —  k. 
D'autre  part,  le  développement  direct  de  <x>''  conduit  à 


/,  -  7  -I-  t      k-il- 


(o'-=i(-i)-<C;,  ^     c,.   ■'    ..^yp'--, 

la  somme  des  valeurs  absolues  des  entiers  quelconques  q  ç\s  étant  inférieure 
à  /•  et  de  même  parité. 

Soit  alors 

I        dii„  sin(«  J-  i)  Il 

/«  +  1    dlli,  siii  H  ' 

la  formule  de  Taylor  donne  immédiatement,  en  changeant  n  —  k —  ■>.h  -+-  s 
en/), 


■„=i(— j)-<x''j-7,5''C,.    '      c,    -      C,Ua  +  ,,-.<C* 


la  sommation  portant  sur  toutes  les  valeurs  entières  de  /•.  /j,  q^  s  qui  vérifient 

les  conditions 

o  ^k     II,  \'/\  +  \s\-_  /<%  \p—  s\^n  —  /,-, 

les  deux  membres  de  chacune  des  deux  dernières  inégalités  étant  en  outre 
de  même  parité. 
Faisons 

et  supposons  p  et  q  positifs  ou  nuls,  puisque  leur  signe  est  indifîerent;  leur 
somme  est  d'ailleurs  au  plus  égale  à  «,  et  de  même  parité. 
En  remplaçant  k  —  s  par  /'.  k  -+-  s  par  /',  on  a 

ii'--j^   /.'-^  I." 


k'  vaiiaut  de  q  k  n  —  p,  k"  de  q  à  /;  -+-  p,  par  degrés  égaux  à  deux. 

La  séparation  qui   se   manifeste  entre  les  indices  /'  et  k"  nous  montre 


SÉANCE    DU    20   JUIN    192Î.  l547 

que  V;,"'  est  le  produit  de  deux  facteurs,  et  lUn  a  iminédi.Tlcnient  d'après  la 
notation  ordinaire  do  la  série  hypergéométrique 


■      -  -  /'  +  7  -4-  '(  H 
\,  fn  —  p-^q\ 


XF(        P  +  'l-\        r+^l  +  n-^^^^^^^^ 


Il  +/)-+-  (7 


('-r-r- 


n-h  p~f/\     I  n  ~p—'j 


Par  raison  de  symétrie,  on  doit  trouver  le  facteur  a''  dans  cette  expression, 
et  en  effet  la  formule  connue 

F(a,  b,  c,  ^)=:(i  —  .r )'-«-'' F (c  —  rt'  c—  h,  c,  .r) 
nous  donne 

c'est  le  théorème  démontré  pour  la  première  fois  par  Tisserand. 
Une  autre  formule  connue,  savoir 


F((7,  b,  c,  ./■)  =;  (1  —  a-)-"  F  (  a,  c  —  b,  c, j, 

permet  encore  d'écrire  d'une  façon  peut-être  plus  élégante 

/'S\''  ,„ /a  +  p  —  «    <i  —  p  —  n  3 

"        "      \  a  y      V        2  2  X 

Remarque.  —  Si  Ton  fait 

=  ( 2  cos n )"  =  'LT.'];'! xi' yi , 


m  a  directement,  sans  aucune  peine,  et  avec  les  mêmes  hypothèses  sur  les 
entiers  «,  y>,  q  : 


M  = 'Il a"  r^  '  F  j'I^P-" ,  9-p-n  ^ 


On  retrouve  donc  le  même  polynôme  hypergéométrique  que  précédemment, 
la  variable  étant  —,  au  lieu  de  —  - 


l548  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si,  d'autre  part,  on  fait 

_  i 

(  ,  _  2  y  cos H  ^  -/=  )    ■  —  l.<i„y"=l  SM  xPr-J y" , 

on  sait  que  l'on  a,  toujours  avec  les  mêmes  hypothèses  sur  n,p,  q 

Si;;'l  z^  bP;1  ai"  i-\    Y  (<]  -^  p  ^  Il .    q  —  p  —  ll,    iq-^l,    — 

avec 

il  suffît  pour  le  voir  d'utiliser  l'équation  différentielle  linéaire  du  second 
ordre  que  vérifie  le  polynôme  de  Legendre  s„,  considéré  comme  fonction 
de  (2C0S H). 

On  voit  que  l'on  retrouve  encore  ici  le  même  polynôme  liypergéoniétrique 
que  dans  l'expression  de  V;|'',  en  changeant  «,  p.  q  en  2/2,  2/j,  iq. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  tectonique  de  lu  région  littorale  entre  Saint-Cvr 
et  Hyères  (  Ven-).  ÎNote  de  M.  Emile  Hau»;. 

Bien  que  les  recouvrements  du  Beausset  et  de  Sicié  aient  fait,  do  la  part 
de  Marcel  Bertrand  et  de  Ph.  Zurcher,  l'objet  de  publications  classiques, 
aucun  travail  d'ensemble  n'a  encore  été  consacré  à  la  tectonique  de  la  région 
toulonnaise  et  cependant  il  est  peu  de  contrées  où  se  trouvent  accumulées 
des  complications  aussi  multiples.  Ayant  consacré  plusieurs  campagnes  à 
lever  la  carte  géologique  au  7;;^  du  littoral  compris  entre  Saint-Cyr-sur- 
Mer  et  Hyères  en  vue  de  la  publication  des  feuilles  de  Toulon  et  de  la 
Ciotat  de  la  nouvelle  Carte  au  j^^,,  j'ai  été  naturellement  amené  à  entre- 
prendre l'exécution  d'un  schéma  structural  des  environs  de  Toulon,  où 
seraient  figurées  les  lignes  directrices  de  la  région.  Je  me  suis  beurté.  dans 
cette  tentative,  aux  plus  grandes  difficultés.  La  principale  réside  dans  les 
différences  profondes  qui  existent  dans  la  structure  des  pays  situés  à  l'ouest 
et  à  l'est  du  méridien  de  Toulon. 

Le  trait  dominant  dans  la  tectonique  de  la  région  occidentale  est  la 
présence  de  deux  grandes  cuxettes  synclinales  d'inégale  importance,  celle 
de  Bandol,  la  moins  étendue,  au  sud,  et  celle  du  Beausset,  de  dimensions 
beaucoup  plus  considérables,  plus  au  nord.  Presque  toute  la  largeur  de  la 
région  orientale  est,  par  contre,   occupée  par  l'extrémité   occidentale  de 


SÉANCE  DU  20  JUIN  1921.  l5l^g 

Taire  anliclinale  des  Maures  et  par  son  manteau  pcrmien.  Cette  importante 
unité  tectonique  est  située  dans  le  prolongement  des  deux  cuvettes  syncli- 
nales,  elle  les  relaie  en  quelque  sorte,  d'où  la  profonde  dissemblance  des 
deux  régions. 

A  côté  de  ces  éléjuents,  donl  la  largeur  est  du  même  ordre  de  grandeur 
que  la  longueur,  ii  en  existe  d'autres,  qui  présentent  plutôt  un  dé\eloppe- 
ment  linéaire  et  qui  sont,  les  uns,  localisés  à  l'ouest,  tandis  que  d'autres 
peuvent  être  suivis  sans  peine  à  l'est  du  méridien  de  Toulon. 

Après  ces  remarques  préliminaires,  l'énumération  des  éléments  tecto- 
niques de  la  région  littorale  et  leur  groupement  en  zones  offriront  moins 
de  difficultés.  Je  procéderai,  dans  cette  énumération.  du  sud  au  nord. 

I.  La  zone  tectonique  la  plus  méridionale  est  la  :one  du  cap  Sicié.  Elle  a 
déjà  fait  l'objet,  de  la  part  de  M.  Ph.  Zurcher,  d'une  étude  magistrale,  à 
laquelle  je  ne  pourrais  ajouter  que  des  observations  de  détail. 

Je  rappellerai  seulemenl  que  le  irait  dominant  de  la  tectonique  de  celte  zone  est  la 
présence  d'une  nappe  de  Phyllades  antécarbonifères  superposée  à  une  série  auto- 
chtone comprenant  le  Permien  et  les  trois  termes  du  Trias  en  série  normale,  avec 
quelques  rares  lambeaux  renversés.  Par  suite  d'un  plissement  postérieur  au  char- 
riage, la  nappe  a  été  irrégulièrement  entamée  par  l'érosion,  de  sorte  que  l'on  peut 
distinguer  une  bande  méridionale  de  Phyllades  (îles  des  Einbiez,  cap  Sicié,  presqu'île 
de  Gien,  îles  d'IIyères),  voisine  de  la  racine,  et  une  bande  septentrionale  en  recou- 
vrement, partiellement  conservée  dans  un  synclinal  secondaire  (collines  de  la  Seyne, 
lambeaux,  de  la  Malgue,  de  Sainte-Marguerite  et  du  Pradet).  Ces  deux  bandes  se 
rejoignent  à  l'ouest,  au  sud  de  Six-Fours,  et  encadrent  la  fenêtre  permienne  et  iria- 
sique  du  Pas-du-Loup,  donl  font  partie  également  la  presqu'île  de  Saint-Mandrier  et 
la  Golle-Xoire  de  Garqueiranne,  jalonnant  un  anticlinal  secondaire. 

II.  A  défaut  d'un  terme  plus  approprié,  je  désigne  sous  la  dénomination  de 
dépression  de  Bandol-Sanary  la  zone  de  faible  relief,  située  entre  la  zone  de 
Sicié  et  les  crêtes  urgoniennes,  que  traverse  la  voie  feiTee  entre  Saint-Cyr 
et  Toulon.  Elle  ne  s'étend  pas  à  l'ouest  de  cette  ville  et  comprend,  du  sud 
au  nord,  plusieurs  éléments  tectoniques  : 

1°  Le  massif  des  Playes,  groupe  de  collines  situé  au  nord  de  Six-Fours, 
est  formé  d'un  noyau  de  Phyllades,  sur  lequel  s'appuient  en  succession 
normale,  au  nord  et  à  l'ouest,  le  Houiller  et  le  Permien,  débutant  par  un 
beau  conglomérat  de  base;  puis,  à  la  chapelle  de  Pépiole,  en  concordance 
parfaite,  le  Trias  inférieur  et  moyen.  Cette  série  est  certainement  auto- 
chtone et  son  contact  avec  les  Phyllades  charriés  de  la  zone  de  Sicié  ne  peut 
être  tracé  que  d'une  manière  arbitraire.  Cependant,  deux  lames  de  Phyl- 
lades qui,  au  nord  des  Playes  et  sur  le  versant  de  Sanary,  s'appuient  sur  le 


ï55o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

Houiller  OU  sur  le  Permien,  peuvent  être  envisagées  comme  des  lambeaux 
de  la  nappe. 

■i"  Les  deux  cuvettes  synclinales  d'Alon  et  de  Bandol.  jumelles,  mais  de 
dimensions  inégales,  toutes  deux  fortement  entamées  par  la  mer,  sont 
constituées  par  les  différents  termes  du  Trias  et  du  Jurassique;  mais,  tandis 
que  dans  la  plus  orientale,  celle  de  Bandol,  la  série  est  complète  et  tout 
à  fait  régulière,  dans  celle  d'Alon,  une  surface  de  glissement  coupe  obli- 
quement les  couches  inférieures  et  met  en  contact  direct  le  Bathonien  ou  le 
Lias  supérieur  avec  le  Trias  supérieur  ou  ITlettangien.  Les  deux  cuvettes 
s'appuient  sur  un  socle  triasique  commun,  qui  relie  en  profondeur  les  aflleu- 
rements  de  Sanary  et  de  Pépiole  à  ceux  de  l'unité  tectonique  qui  fait  suite 
au  nord  aux  deux  cuvettes. 

3"  J'appliqui-rai  à  celle-ci  la  dénomination  de  zone  triasique  de  Saint-Cyr 
et  d'Ollioules.  On  pi'Ut  la  suivre  depuis  la  pointe  Grenier,  à  l'ouest,  jusqu'à 
la  darse  de  Missiessy,  dans  l'arsenal  de  Toulon,  à  l'esl.  Elle  comprend  des 
accidents  multiples,  qui  donnent  lieu  à  des  répétitions  de  couches  :  imbri- 
cations (à  la  poinle  Grenier);  plis  normaux,  droils  ou  déversés  au  nord  (à 
l'ouest  cl  à  l'est  d'Oilioulesj;  et  surtout  brachyanticlinaux  ou  petits  dômes, 
faisant  surgir  les  calcaires  mésotriasiques  au  milieu  de  bandes  de  Trias 
supérieur  (nord  de  Bandol,  est  d'Ollioules  et  banlieue  ouest  de  Toulon).  V 
2'""  à  l'est  d'Ollioules,  les  axes  des  plis,  jusqu'ici  à  peu  près  W-E,  s'inflé- 
chissent au  SW  et  s'abaissent  de  telle  sorte  que  toute  la  zone  triasique  s'en- 
noie  sous  la  petite  rade  de  Toulon,  eu  se  raccordant  en  profondeur  avec  le 
Triiis  que  recouvre  la  nappe  de  Sicié.  Le  bord  septentrional  de  la  zone  pré- 
sente un  intérêt  capital.  Au  sud  d(>  Saint-Cyr,  il  chevauche  sur  le  bord 
méridional  de  la  cuvette  synclinale  crétacée  du  Beausset.  Dans  la  colline 
du  Télégraphe,  au  sud  de  la  Cadière,  il  forme  une  avancée  aux  contours 
sinueux,  qui  corresponde  une  partie  découpée  par  l'érosion  dans  une  masse 
triasique  en  recouvrement.  Marcel  Bertrand  en  a  décrit  en  détail  les  parti- 
cularités les  plus  importantes.  11  a  établi  en  outre  que  l'îlot  triasique  du 
Beausset  est  un  témoin  de  la  même  nappe,  épargné  par  l'érosion,  et  primi- 
livement  continu  à  la  fois  avec  l'avancée  du  Télégraphe  et,  à  l'est  du  val 
d'Aren,  avec  le  bord  septentrional  de  la  zone  triasique  de  Saint-Cyr  et 
d'Ollioules.  A  partir  du  val  d'Aren,  ce  n'est  plus  sur  le  bord  méridional  du 
bassin  du  Beausset  qu'est  lefoulée  cette  zone  triasique,  car  de  nouvelles 
zones  tectoniques  s'interposi-nt  entre  elh'  et  ce  bassin. 

4^"  C'est  d'abord  une  zone  de  terrains  renversés,  comprenant  tous  les 
ti'rraes  du  .lurassique,  depuis  le  Rhélien  ou  l'IIettangien  jusqu'aux  dolomks 


SÉANCE  DU  20  iri.x  192 1.  i55i 

néojurassiques,  en  succession  inverse  el  plongcanl  au  sud  sous  le  Trias.  On 
la  suit  sans  iulcrruption,  mais  avec  drs  étircments  fréquents,  dçpuis  le  val 
d'Aren,  à  Touest,  jusqu'au  Lançon,  à  Test.  On  peut  lui  attribuer  ensuite  un 
petit  lamlx-au  de  Lias  et  de  Hhélien,  qui,  au  nord-ouest  d'Olliouies,  s'inter- 
cale entre  le  Trias  et  les  dolomies  néojurassiques  d'une  zone  plus  seplen- 
trionale.  A  l'est  d'Olliouies,  ou  n'en  reirouve  plus  la  moindre  trace,  et  l'on 
voit,  à  mi-cliemin  d(?s  Roules,  les  calcaires  mésotriasiques  s'appuyer  direc- 
temenl  sur  le  Bathonien  marneux  de  cette  même  zone. 

Cette  série  renversée  correspond  manifestement  au  flanc  inverse  d'un 
grand  pli  couché,  dont  le  ilanc  normal  n'est  autre  que  la  zone  triasique. 
Elle  n'existe  que  dans  la  région  profonde  du  pli,  au  voisinage  de  sa  racine, 
d'où  les  interruptions  et  les  étirements  qu'elle  subit.  Plus  haut  et  plus  en 
avant,  le  Jurassique  manque  dans  le  ilanc  inverse,  qui,  dans  le  lambeau  de 
recouvrement  du  Vieux-Beausset,  est  constitué  par  l'Hettangien,  le  Rhétien 
et  le  Trias  supérieur. 

II  bis.  A  l'est  du  méridien  de  Toulon,  on  ne  retrouve  aucun  des  éléments 
tectoniques  de  la  dépression  de  Bandol-Sanaiy  et  la  structure  est  ici  géné- 
ralement beaucoup  plus  simple.  Au  quartier  des  Ameniers,  un  affleure- 
ment de  Permien  est  entouré,  au  nord,  à  l'ouest  et  au  sud,  par  une  bande 
de  poudingues  du  Trias  inférieur.  Les  plongements  de  ce  Trias  permettent 
de  reconnaître  la  terminaison  périclinale  d'un  anticlinal,  dont  le  noyau 
permien  va  s'élargissant  indéfiniment  vers  l'est.  C'est  Vanliclinal  des  Ame- 
niers. Son  ilanc  nord-ouest  se  prolonge  très  loin  vers  le  NE  et  constitue 
la  dépression  permienne  de  Cuers.  Son  flanc  sud  est  en  partie  masqué  par 
les  lambeaux  de  recouvrement  de  la  nappe  deSicié.  Entre  les  deux  se  trouve 
la  grande  plaine  quaternaire  de  la  Garde  et  de  la  Crau.  Plus  à  l'est  se  dressent 
les  collines  du  Fenouillet,  des  Maurettes  et  du  château  d'H  vères,  formées  de 
Phyllades.  Avec  le  mont  Redon  et  les  collines  Saint-Jean  et  de  l'Estagnol, 
de  même  composition,  elles  constituent  la  terminaison  occidentale  du 
massif  des  Maures.  Les  Phyllades  s'enfoncent  au  nord  et  au  sud  sous  le 
Permien  de  l'anticlinal  des  Ameniers  et  sont  eiîserrés  entre  ses  deux 
branches  divergentes.  La  terminaison  occidentale  tlu  massif  des  Maures 
peut  donc  être  assimilée  à  la  terminaison  en  pointe  des  «  massifs  amygda- 
loides  »  des  Alpes.  L'hypothèse  que  les  Maures  sont  en  recouvrement  doit 
être  définitivement  rejetée  et  il  est  désormais  certain  que  ce  grand  massif 
n'a  rien  de  commun  avec  la  zone  de  Sicié,  dont  il  est  séparé  par  une  large 
bande  de  Permien. 

L'anticlinal  des  Ameniers  fait  face,  à  l'est  de  Toulon,  à  la  dépi'ession  per- 

/B  R  A  Ry!?' 


l552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mienne  qui,  à  l'ouest,  s'étend  entre  Sanary  et  la  gare  de  la  Seyne  et  au 
milieu  de. laquelle  surgissent  les  collines  des  Playes  et  de  Six-Fours. 
Celles-ci,  constituées  par  des  Phyllades,  peuvent  être  homologuées  au 
massif  des  Maures,  dont  elles  sont  en  quelque  sorte  une  réplique  en  minia- 
ture. On  peut  invoquer  en  faveur  de  cette  manière  de  voir,  outre  l'identité 
de  situation,  la  présence,  aussi  bien  dans  la  colline  de  Six-Fours  que  dans 
les  Maureltes,  de  bandes  de  (juartzites  orientées  à  peu  près  ■N-S. 

La  bande  de  Permien  qui  borde  au  sud  la  terminaison  occidentale  des 
Maures  sert  de  support  à  un  vaste  témoin  de  Trias,  presque  horizontal, 
qui  forme  lui-même  le  socle  des  deux  collines  basiques  et  jurassiques  situées 
au  sud-ouest  d'Hyères,  le  Paradis  et  le  mont  des  Oiseaux.  Leur  situation 
est  analogue  à  celles  qu'occupent,  par  rapport  au  Permien,  les  deux  cuvettes 
d'Alon  et  de  Bandol,  mais  elles  se  trouvent  au  sud  du  massif  ancien,  tandis 
que  l'axe  commun  aux  deux  cuvettes  jumelles  passe  au  nord  du  petit  massif 
des  Playes.  La  tectonique  des  collines  j massiques  d'Hyères  présente  en 
outre  une  assez  grande  analogie  avec  celle  de  la  cuvette  d'Alon.  Dans  les 
deux  cas,  les  terrains  basiques  et  jurassiques  sont  décollés  de  leur  substra- 
tum  naturel.  Ainsi,  dans  la  colline  du  Paradis,  le  Hhétien  repose,  au 
sud  de  la  Moutouue,  directement  sur  le  Permien.  et  l'Hettangien  supporte, 
plus  au  sud,  une  lame  de  Bathcmien  marneux,  recouverte  elle-même  soit 
par  l'Hettangien,  soit  par  les  dolomies  néojurassiques.  Sur  le  versant  nord 
du  mont  des  Oiseaux,  le  Bathonien  fait^suite  immédiatement  à  l'Hettangien 
et  les  Dolomies  du  sommet  s'appuient  soit  sur  le  Bathonien  marneux,  soit 
sur  l'Hettangien.  Sur  le  versant  ouest  du  Paradis  et  sur  le  versant  sud  du 
mont  des  Oiseaux,  le  Lias  supérieur  supporte  directement  le  Bathonien 
calcaire  ou  les  Dolomies. 

De  pareils  étirements,  avec  imbrications  locales,  dans  une  série  en 
succession  normale,  ne  peuvent  s'expliquer  que  par  des  poussées  tangen- 
tielles  agissant  dans  une  nappe  superposée  aux  masses  jurassicjues  et 
aujourd'hui  enlevée  par  les  agents  de  dénudation.  11  ne  peut  v  avoir  de 
doute  (|ue  cette  nappe  n'est  autre  que  celle  de  Sicié,  dont  le  bord  septen- 
trional se  trouvait  sensiblement  plus  au  nord  (jue  ne  pourraient  le  faire 
supposer  les  témoins  actuels.  11  est  manifeste  (jue  la  même  explication 
s'applique  également  à  la  cuvette  d'Alon  et  que,  dès  lors,  on  est  en  droit 
d'admettre  que  la  nappe  de  Sicié  s'étendait  bien  plus  loin  à  l'ouest  qu'on  ne 
pourrait  le  croire  d'après  les  racines  conservées. 

Si  toute  trace  de  dépôts  basiques  et  jurassiques  fait  défaut  entre  la 
cuvette  de  Bandol  et  les  collines  jurassiques  d'Hyères  et  si  l'on  ne  rencontre 


SÉANCE    DU    2()    JUIX    I921.  l553 

aucun  lambeau  de  ces  terrains  dans  le  substratum  de  la  nappe  de  Sicié,  on 
ist  en  (/roi/  de  conclure  que,  dans  ces  reliions,  le  Lias  et  le  Jurassicjue  (noient 
dis  pur  u  par  dèiiudation  (intérieurement  au.  charriage  des  Phylhides. 

III.  Au  nord  des  unités  tectoniques  dont  il  a  été  question  juscpi'ici 
s'étend  une  zone  de  véritables  montagnes  qui  dominent  le  site  de  Toulon  et 
qui  sont  en  partie  constituées  par  les  ternies  inférieurs  du  système  Crétacé, 
entièrement  absents  dans  les  zones  plus  méridionales.  L'Urgonien  en  forme 
toutes  les  crêtes  et  cette  zone  urgoniennc  méridionale  comprend  les 
chaînons  du  (Jros-Cerveau,  du  Croupatier  et  du  Faron,  tandis  que  le 
Coudon  appartient  à  une  zone  plus  septentrionale.  Elle  apparaît,  à  Touest, 
dans  le  val  d'Arcn,  sous  le  Trias  charrié  qui  s'élève  vers  le  Télégraphe  de 
la  Cadière,  et  elle  s'intercale  entre  la  zone  triasique,  au  sud,  et  le  bassin  du 
Beausset,  au  nord,  sous  la  forme  d'un  anticlinal  d'Aptien,  dont  l'axe  se 
relève  rapidement  vers  l'est,  de  manière  à  laisser  voir  l'Urgonien,  puis, 
plus  loin,  les  dolomies  néojurassi({ues,  qui  constituent  le  noyau  du  pli. 
Celui-ci,  accidenté  de  deux  anticlinaux  secondaires,  est  d'abord  droit  et 
presque  symétrique;  mais,  à  l'est  du  grand  ravin  qui  descend  de  la  pointe 
du  Cerveau,  l'I  rgonieii  et  l'Aplien  du  flanc  méridional  disparaissent  et 
les  Dolomies,  plongeant  au  sud,  s'enfoncent  directement  sous  le  Bathonien 
de  la  zone  de  terrains  renversés.  Au  sud  du  Gros-Cerveau,  les  Dolomies  de 
cette  zone  recouvrent  même  entièrement  les  Dolomies  autochtones  et 
viennent  en  contact  avec  l'Urgonien. 

A  l'est  du  Lançon,  il  n'existe  plus  aucune  trace  de  la  moitié  sud  du  pli, 
et  la  zone  triasique  s'appuie  directement  sur  des  Dolomies  plongeant  au 
nord  et  appartenant  donc  au  flanc  septentrional.  Al'estd'Ollioules,  on  voit 
apparaître  sous  les  Dolomies  leur  substratum  normal,  le  Bathonien  calcaire, 
le  Bathonien  marneux  et  même  le  Lias.  Mais,  en  outre,  une  large  bande  de 
calcaires  blancs  portlandiens  ou  valanginiens  s'intercale  dans  les  Dolomies 
et  plonge,  comme  elles,  au  NW.  C'est  manifestement  l'affleurement  de  la 
région  axiale  d'un  anticlinal  déversé  au  SE. 

11  est  difficile  d'expliquer  l'absence  de  tout  le  flanc  sud  du  pli  droit  du 
Gros-Cerveau  par  un  étirement  complet  du  Jurassique  supérieur,  de  l'L  rgo- 
nien  et  de  l'Aptien.  Par  contre,  si  l'on  suppose  que  ces  termes  ont  été  enle- 
vés par  dénudalion  antérieurement  au  charriage  de  la  zone  triasique,  leur 
absence  s'explique  d'autant  plus  facilement  qu'ils  sont  totalement  inconnus 
dans  cette  zone  et  dans  les  zones  plus  méridionales,  où,  sous  la  Véserve  des 
exceptions  indiquées  ci-dessus,  les  termes  inférieurs  du  Jurassique  et  le 
Lias  font  également  défaut.  Le  démantèlement  total  ou  partiel  des  régions 


l554  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

situées  au  sud  de  la  zone  urgouienne  méridionale  a  transiornié  celles-ci  en 
une  zone  de  moindre  résistance,  vers  laquelle  —  la  contraction  continuant 
à  agir  après  la  formation  de  ranliclinal  du  Gros-Cerveau  et  après  sa  dénu- 
dation  partielle  —  la  poussée  au  vide  a  donné  naissance  à  un  pli  en  retour, 
déversé  vers  le  SK. 

Le  l'ole  tectonique  des  dénudations  antérieures  aux  charriag^es  n'a  pas  été 
jusqu'ici  pris  suffisamment  en  considération.  Il  est  très  important  en  ['ro- 
vence.  On  doit  toutefois  renoncer  à  faire  le  départ  rigoureux  entre  les  dénu- 
dations antérieures  au  plissement  principal  et  celles  qui  se  sont  produites 
peu  après  cet  événement  et  avant  la  transgression  oligocène. 

PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Les  alternances  entre  V accnutumance  ri  l  ana- 
phylnxie.  (Klades  sur  le  ferment  lactifjiie.)  Note  (')  de  M.  Charles 
lliciiET,  de  M"''  EuDoxiE  liAciiRAcii  61  de  M.  IIexuy  Cardot. 

I.  Dans  une  série  de  recherches  communiquées  à  l'Académie  (-),  nous 
avons  montré,  par  l'étude  méthodique  du  ferment  lactique  cultivé  pendant 
plusieurs  générations  en  milieux  légèrement  toxiques,  qu'on  pouvait  suivant 
les  conditions  observer  soit  raccoutumance,  soit  l'anaphylaxie  ('). 

Ces  conditions  sont  extrêmement  variables.  En  effet,  elles  paraissent 
dépendre,  même  si  l'on  ne  s'adresse  qu'à  une  seule  espèce  microbienne  : 

a.  iJe  la  dose  du  poison  ; 

[3.  De  la  nature  de  ce  poison; 

y.  Du  nombre  des  cultures  successives,  autrement  dit  de  la  durée  de 
l'intoxication. 

II.  Voici,  en  prenant  pour  exemple  le  bichlorure  de  mercure,  une  expé- 
rience qui  récapitule  presque  scliémaliquement  nos  nombreux  essais  à 
ce  sujet. 

Un  ferment  lactique  est  ensemencé  sur  un  milieu  renfermant  oB,ooi()par 
litre  de  IlgCl-,  et  réensemencé  toutes  les  24  heures  sur  même  milieu. 
L'activité  des  fermentations  effectuées  sur  ce  milieu  mercurique  est  com- 
parée à  celle  d'une  souche  normale  on  milieu  ordinaire. 

(')   Séance  du  i3  juin   I9'JI. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  171,  1920,  p.    l'i'.yi,  et  t.  172,  1921,  p.  5i2. 

(■•)  Il  sem^)le  que  la  consialation  de  ciUU;  anapliylaxie  sur  les  microbes  conslilue  la 
première  observation  d'anapliylavie  sur  les  \éi;élaux.  M.  Lumière  vient  de  publier  une 
Note  intéressante  on  il  établit  qu'on  peut  anapliylactiser  les  \é2;étan\  supérieurs 
(^Comptes  rendus^  t.  172,  ig^r,  p.  i3i3). 


SÉANCE    DU    20    .ll'IN    1921. 

On  trouve  alors,  en  [nenant  comme  mesure  de  l'activilé  du 
l'acidité  développée  en  /nS  heures,  et  en  faisant  égale  à  ion  celle  du 
témoin,  les  cliiffres  suivants  : 


Perment  témoin 
sur  milieu  normal. 


100 
ICO 


Ferment  t('mniii 
snr  niilien   merciinque 

i3,8 
3,4 

9'7 


Ferment  accoutume 
sur  milieu  mercurique. 

»        (après  un  premier  p; 
21        (aprc's  un  deuviénie 

2,:")   (après   un  troisième 
0,0   (après  un  quatrième 


i555 

ferment 
ferment 


issage) 
passage) 

passage  ) 
[>assage  ) 


La  figure  montre  ces  variations  de  l'accoutumance  et  d^  l'anapliylaxie. 

Le  trait  plein  indique  le  croît  normal  supposé  égal  à  loo  du  ferment  en  milieu  normal. 

Les  deux  autres  traits  indiquent  :  celui  du  haut,  les  doses  faibles  de  HgCI";  celui  du  bas,  les 
doses  fortes.   Ensemencements  successifs  sur  même  milieu  mercurique. 

On  voit  qu'il  y  a  :  pour  les  doses  faibles,  d'abord  accélération,  puis  graduellement  anaphylaxic 
et  dépérissement;  pour  les  doses  fortes,  d'abord  acrontuniance,   puis  dépérissement. 

L' accélération  jieut  donc  être  considcréc  comme  une  des  modalités  de  l'accoutumance. 

Ainsi  le  ferment,  d'abord  ralenti  par  l'action  du  poison,  s'y  habitue 
successivement,  passant  de  i3,8  à  49  '•  mais  cette  accoutumance  ne  dure 
pas,  et  bientôt  il  se  sensibilise  et  périt. 

.4  une  première  phase  (f  accoutumance  fait  suite  une  phase  d'aiiaphylaxic. 

m.  Si  l'on  opère  avec  des  doses  plus  faibles,  indifférentes  ou  même 
accélérantes,  la  sensibilisation  se  produit  tout  de  même,  de  sorte  qu'une 


l556  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dose  qui  a  au  début  été  accélérante  finit  par  être  d'abord  ànapliylactisante, 
puis  mortelle. 

Voici  deux  expériences,  prises  parmi  beaucoup  d'autres,  qui  le  prouvent  : 

Ferment  ensemencé 
sur  milieu  mercuri(]ue 

(  doses  faibles)  ('  ). 


■ni  témoin. 

A. 

i5o 

'■'■<) 

iM. 

oj'enne. 
i^io 

P 

assagc. 

dose  accélérante. 

lOO 

io6 

1 15 

I  10 

2 

>> 

lOO 

» 

II 1 

1  I  1 

3 

» 

lOO 

io3 

1 1 1 

107 

4 

>• 

lOO 

24 

9*^ 

60 

.') 

phase  d'anaplivlaxie, 

loO 

29 

86 

57 

6 

» 

lOO 

0 

0 

0 

- 

mort  (lu  ferment. 

IV.  Avec  un  autre  toxique,  le  nitrate  de  thallium,  si  la  dose  est  1res 
faible,  il  y  a,  comme  nous  l'avons  montré,  anaphylaxie.  Autrement  dit,  le 
ferment  qui  a  ])Oussé  sur  de  faibles  doses  île  thallium  résiste  aux  fortes 
doses  de  thallium  moins  bien  que  le  ferment  témoin.  Mais  l'anaphylaxie 
apparaît  beaucoup  plus  lentement  avec  les  sels  de  thallium  qu'avec  les 
sels  de  mercure,  et  elle  ne  va  jamais  jusquà  amener  la  mort    du  ferment. 

Si  la  dose  du  thallium,  plus  forte,  est  ralentissante  au  début,  c'est  l'ac- 
coutumance qu'on  observe,  et  cette  accoutumance  est  très  forte,  puisque 
le  ferment  accoutumé  depuis  quelques  mois  peut  supporter  des  doses 
quatre  à  cinq  fois  plus  fortes  que  celles  qui  arrêtent  la  croissance  des 
témoins.  Cependant  cette  accoutumance  n'est  peut-être  pas  définitive.  Au 
bout  d'une  année  de  culture,  le  ferment  du  milieu  thallique,  sans  avoir 
complètement  perdu  son  accoutumance,  semble  être  devenu  plus  fragile,  et 
il  se  différencie  moins  du  témoin  quant  à  sa  résistance  aux  doses  fortes  de 
thallium. 

Il  semble  donc  qu'on  arrive  graduellement  et  lentement  pour  le  thallium 
à  une  sensibilisation  comme  pour  le  mercure.  Dans  les  deux  cas  l'anaphy- 
laxie succède  à  l' accdiilumaiicc.  Il  est  \rai  qu'avec  le  nitrate  de  thallium  cette 

(')  Ces  doses  dites  faibles  ne  sont  faibles  que  relativement.  En  effet,  comme  nous  le 
montrerons  dans  un  Mémoire  ultérieur,  on  ne  peut  savoir  exactement  la  quantité 
de  HgCI''  qui  reste,  après  stérilisation,  dans  un  milieu  où  il  y  a  à  la  fois  IlgCI-,  lactose 
et  protéines.  Tout  se  passe  comme  s'il  y  a\ait  alors  transformation  d'une  petite 
quantité  de  HgCI-  en  Hg-CF.  Dans  l'expérience  citée  plus  haut  (avec  0^,0016)  la 
stérilisation  de  llgCl'  et  celle  du  bouillon  de  culture  ont  éli'  faites  isolément,  de  sorte 
que  la  quantité  de  lli;(^!-  indiquée  est  la  i|uaiililf  \raie. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    I92I.  iSS"] 

transformation,  qni  met  plusieurs  mois  à  s'établir,  est  bien  moins  facile  à 
constater  qu'avec  le  biclilorure  de  mercure;  car  dans  ce  dernier  cas  elle  se 
produit  en  quelques  jours. 

V.  On  peut  donc  concevoir  qu'il  existe  au  moins  deux  phases  successives 
extrêmement  variables  comme  durée  suivant  la  nature  ou  la  quantité  du 
poison  (et  sans  doule  aussi  suivant  rcs[)èce  microbienne)  :  c'est  d'abord 
l'accoutumance,  puis  l'anajibylaxie. 

Mais  ce  sont  là  des  études  trop  nouvelles  pour  qu'on  puisse  prétendre, 
d'après  quelques  exemples  seulement,  affirmer  quelque  loi  générale.  Il  est 
très  possible  qu'avec  d'autres  toxiques  et  d'autres  espèces  microbiennes  les 
résultats  diffèrent  notablement.  Il  n'en  résulte  pas  moins  un  fait  certain  : 
c'est  la  mobilité  des  caractéristiques  biologiques  d'un  microbe  dans  une 
série  d'ensemencements  successifs  en  présence  d'un  poison,  une  sorte  de 
polymorphisme  fonctionnel. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  Sahèlicn  de  la  Tunisie  seplenlrionalc. 
Note  (  '  )  de  MM.  Cii.  Depéhet  et  Marcel  Sougnac. 

A  la  suite  de  recherches  géologiques,  eflectuées  par  l'un  de  nous  de  19 17 
à  1920,  pour  le  compte  de  la  Société  de  Recherches  et  de  Forages,  dans  la 
région  comprise  entre  les  parallèles  de  Bizerte  et  de  Tunis,  la  mer  et  le 
méridien  de  Mateur(-),  nous  sommes  amenés  à  modifier  la  classification 
qu'Aubert  (•')  avait  donnée  du  Sahélien  et  du  Pliocène  du  nord  de  la 
Tunisie. 

Le  Sahélien  se  rencontre  :  i"  sur  le  flanc  sud  des  collines  de  Menzel 
Djemil.  au  nord  et  au  sud  de  l'oued  Tindja;  2°  sur  les  deux  flancs  de  l'anti- 
clinal diapir  du  djebel  Kechabta,  dont  il  constitue  la  totalité  de  l'extré- 
mité nord-est  (dj.  En  Nadour,  au  nord  de  Porto-Farina)  ;  3°  dans  l'anti- 
clinal jalonné  par  les  Djebel  Besbassia,  Douimis,  Menzel  R'oul;  4"  dans 
l'anticlinal  de  Galaat  el  Andeless. 

Le  substratum  du  Sahélien  est  encore  mal  connu  :  au  djebel  Kechabta  et 
à  Galaat  el  Andeless,  il  repose  en  discordance  sur  le  Tortonien  (marnes 

(')  Séance  du  iSjuiii  1921. 

(-)  Voir  Cartes  de  Bizerte,  djebel  Aclikel  et  Porto-Farina  au  -^ „  ', „ „  du  Service 
géographique  de  l'Armée. 

(')  F.  Albert,  E.cplication  de  la  Carte  géologique  provisoire  de  la  Tunisie,  Paris. 
1893,  p.  6i  à  73. 


l558  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

grises  alternant  avec  des  grès  durs  ferrugineux  et  des  grès  à  structure  curvi- 
corticale)  ;  entre  le  dj.  Kecliabta  et  le  dj.  En  iSadour,  il  surmonte  un 
complexe  de  marnes  noires  ou  grises  a\ec  grès  et  bancs  de  gypse  saccha- 
roïde;  ces  marnes  renferment  des  Huîtres  naines  du  groupe  d^ Oslrea  cras- 
sissima  Lmk.,  rappelant  0.  agincnsis  Tourn.  de  l'Aquitanien.  et  une  huître 
piissée  du  groupe  d'O.  digitalina  Dub.,  dont  elle  parait  être  une  mutation 
naine  très  ancienne,  associée  à  un  Pélécypode  miocène  et  pliocène,  Venus 
fdsciata  da  Costa  (bordj  ruiné  de  Toued  EnNeiiicha  sur  la  feuille  de  Porto- 
Farina).  Ce  subslratum,  Vindobonien  ou  peut-être  Burdigalien.  a  une 
puissance  de  ijoo'";  il  comporte  trois  discordances  dans  ces  assises,  et 
c'est  dans  la  plus  élevée  de  celles-ci  qu'ont  été  trouvés  les  fossiles  précités. 
La  composition  stratigraphique  du  Saliélien  est  la  suivante  de  bas  en  haut  : 

a.  Calcaires  marno-gypseux,  blancs,  farineux,  en  plaquettes  (en\iron  oo")  ren- 
fermant, d'après  Aubert  (')  :  Oslrea  Velaiui.  La  base  est  fréquemment  conglomé^ 
ratii|ue  avec  éléments,  de  gi'ès  et  de  gypse  empruntés  au  subslralum;  elle  renferme 
des  Litliodomes  et  des  radioles  d'Echinides.  On  ne  trouve  cette  assise  que  le  long  de 
l'anticlinal  Kecliabta  En  Nadour,  ainsi  que  l'avait  déjà  remarqué  Aubert. 

b.  Assise  peu  puissante  et  très  irrégulière  de  sables  jaunes  et  de  grès  tendres  ren- 
fermant des  débris  de  Pectinidés  (visible  seulement  dans  le  lit  de  l'oued  Rommane  au 
djebel  Kecliabta  ). 

c.  Maines  bleues  compactes  (environ  loo'")  très  fossilifères. 

Le  faciès  de  ces  marnes  varie  du  Nord  au  Sud.  A  Menzel  Djemil,  le 
faciès  est  assez  littoral;  elles  sont  moins  pures  et  passent  à  des  argiles 
sableuses.  Elles  s'appuient  directement,  en  l'absence  des  termes  a  et  h,  sur 
les  calcaires  blancs  à  Foraminifèros  (Crétacé  supérieur)  du  dj.  Iverrita  et 
du  dj.  Touila.  Elles  contiennent  plusieurs  espèces  d'huîtres  et  notamment 
Oslrea  gingcnsis  L.  qui  est  abondamment  représentée  et  s'y  trouve  associée 
avec  Chldinys  l'cuius.  Elles  plongent  sous  un  angle  de  10°  à  i  5°  vers  le 
Sud-Est. 

Dans  l'anticlinal  Kechabta-En  ISadour,  notamment  au  conlluent  de 
l'oued  Uommane  et  de  l'oued  Ez  Ziloun,  les  mêmes  marnes  ont  fourni  de 
nombreux  exemplaires  d'O.  gingensis  L.,  Tuiritella  stibangulala  Broc, 
Cardila  inlermedia  Broc,  Nalica  sp.,  etc. 

On  les  retrouve  dans  le  synclinal  qui  sépare  le  dj.  Kccliabla  de  la  ligne 
des  djebel  lîesbassia  el  Doiiïmis;  elles  devaienl  occuper  vraisemblablement 
une  partie  de  la  plaine  d'ellondrement  située  entre  les  hauteurs  de  Menzel 

('  )  F.  Albkrt,  loc.  cit.,  p.  6'.î. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    1921.  iSSg 

R'oul-Ulique  et  le  prolongement  nord-est  du  Ivechalita,  dans  la  direction  de 
Porto-Farina.  Elles  se  relèvent  ensuite  en  un  anticlinal  jalonné  par  le 
djebel  Bcshassia,  le  djeiiel  Douïmis,  le  djebel  Menzel  R'oul,  les  collines 
d'LHique  et  (pii  s'ennoie,  au  Nord-Est  sous  les  alluvions  de  la  plaine  quater- 
naire et  sous  la  mer.  L'axe  de  cet  anticlinal,  de  direction  S^^ -Nl<], 
présente,  entre  le  dj.  Douïmis  et  le  dj.  Menzel  H'oul,  un  point  d'intlexion 
qui  lui  donne  d'abord  une  direction  à  peu  près  NS,  puis  une  direction 
sensiblemeni  parallèle  à  ia  direction  primitive.  Grâce  à  cette  particularité, 
une  fracture  qui  longe  la  bordure  nord  de  la  plaine  de  la  Mabtouha  et  est 
jalonnée  par  le  petit  aflleurement  triasique  d'Ain  El  (  irifa  (  '  )  et  la  source 
légèrement  thermale  (22°)  et  arsenicale  d'Ain  El  Hammam  (ruines  d'Uti- 
que),  a  abaissé  le  flanc  sud-est  du  pli  à  l'ouest  du  point  d'inflexion  et  le  flanc 
nord-ouest  à  l'est  de  ce  même  point.  Celte  faille  qui  tronque  les  djebel  Bes- 
bassia  et  Douïmis  montre  que  ces  reliefs  sont  entièrement  constitués  par 
des  marnes  sabéliennes  dont  quelques  niveaux  sableux  ont  fourni  O.  crassis- 
sima  Lmk.,  0.  gingensis  L.,  Cytherea pedemontana  Ag.  et  un  Flabellipecten, 
mutation  intermédiaire  entre  F.  Bosniasckii  àe  St.  et  P.  et  F.  Aimerai  Dep. 
et  Rom.  Au  djebel  Menzel  R'oul,  les  marnes  sabéliennes  sont  masquées 
par  des  sédinK^nts  pliocènes  :  un  puits  de  reconnaissance  de  la  Société  de 
Recherches  et  de  l^'orages  à  la  cote  i55  les  a  recoupées  à  la  cote  90  ;  elles 
ont  fourni,  en  ce  point,  une  faune  de  mer  profonde  caractérisée  par  la  pré- 
sence de  pleurotomes  du  Tortonien  d'Italie  (Slazzano)  tels  que  Clavatula 
rugala^  Drillia  substriata,  Pleurotoma  coronata,  avec  des  espèces  pliocènes  : 
Nassa  semistriata  Broc,  Turritella  siibangulata  Broc,  Chlarnys  cf.  bollenensis 
Font.;  à  partir  de  la  cote  90,  jusqu'au  fond  du  puits,  poussé  jusqu'à  la  cote 
39,  les  couches  bathyales  précédentes  ont  montré  qu'elles  succédaient  à 
des  alternances  de  marnes  bleues  et  de  grès  durs  à  Cardiuin  Daiwini. 

Enfin,  les  marnes  sabéliennes  se  montrent  encore  dans  l'anticlinal  de 
Galaat  el  Andeless,  dont  l'axe  est  aussi  i\E-SW,  mais  qui  s'ennoie  vers 
le  Sud-Ouest  et  est  tronqué,  au  village  même  de  Galaat,  par  une  faille  per- 
pendiculaire à  la  direction  du  pli. 

Une  secondi»  faille,  parallèle  à  l'axe,  a  abaissé  le  flanc  sud-est  et  une 
partie  du  flanc  nord-ouest  entre  le  village  et  la  cote  28.  Le  reste  du  pli  a  été 
arasé  à  l'époque  quaternaire  jusqu'à  la  cote  i5  par  une  terrasse  d'abrasion 
marine.  Ici  les  marnes  sabéliennes  renferment  le  même  Flabellipecten  inter- 
médiaire entre  Bosniasclii  et  Aimerai  el,  en  plus,  Flabellipecten  flabelliformis 

(')  Carte  du  djebel  Acl)l<el  à  -TTr^^rr- 


l56o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Broc,  Chlarnys  varias  L.,  0.  aassissima  Lmk.,  Cytlicrea  pedcmonlana  Ag. 
et  une  Turrilelle  très  voisine  de  Turritella  Archimcdis  Brongn.,  espèce 
inconnue  du  Pliocène  et  qui  a  été  déjà  signalée  du  Sahélii-n  de  Carnot  (') 
(département  d'Alger)  et  de  Dar  Bel  Haniri  (")  (Maioc). 

d.  Grès  et  sables  jaunes,  considérés  par  Aubert  comm<'  Pliocènes  marins 
et  auxquels  les  marnes  précédentes  passent  par  Tintermédiaire  d'une  assise 
de  sable  riche  en  débris  de  Bryozoaires.  La  répartition  géographique  de 
ces  sables  et  grès  est  la  même  que  celle  des  marnes;  leur  puissance  maxima 
est  de  25o"  au  djebel  En  Nadour,  tandis  qu'ils  sont  réduits  à  une  assise 
de  i"',5o  d'épaisseur  au  djebel  Menzel  R'oul  (puits  n°  2  de  la  Société  de 
Recherches  et  de  Forages).  Leur  pendage,  perpendiculaire  à  la  diieclion 
nord-est-sud-ouest,  des  plis  de  la  région,  varie  de  i5°-20°  à  42"  (flanc  nord- 
ouest  de  l'anticlinal  de  Galaat),  45"  (tlanc  sud-est  de  l'anticlinal  d'El 
Nadour)  et  même  70°  (anticlinal  de  Galaat  vers  le  point  coté  ia).  Au 
djebel  Biada  ('),  ils  sont  horizontaux. 

Au  point  de  vue  paléontologique,  malgré  la  présence  d'une  faune  à  cachet 
pliocène,  la  coexistence  des  huîtres  nettement  miocènes  (0.  aassissima, 
0.  gingensis)  avec  des  mutations  de  passage  à  des  espèces  de  Mollusques 
du  Néogène  supérieur  est  un  argument  que  nous  considéions  comme  décisif 
en  faveur  de  l'attiibution  au  Sahélien  supérieur  des  couches  qui  les  con- 
tiennent. La  plus  intéressante  de  ces  formes  de  transition  est  le  Flahclli- 
peclen,  déjà  mentionné,  intermédiaire  entre  F.  Aimerai  Dep.  et  lîom.  du 
Vindobonien  de  Kio  de  Oro  el  F.  liosniasckii  de  St.  et  P.  du  Pliocène  ita- 
lien; cette  l'orme  est  de  beaucoup  la  plus  répandue  dans  les  grès  et  sables 
en  question. 

Nous  avons  pu  reconnaître,  en  outre  des  espèces  qui  viennent  d'être 
citées  :  Flahellipccten  Jlabcllifonnis  Broc,  Lissochhimys  exrisus  IJr.,  Chliimys 
scahrel/usL.,  C/iiamvs,  du  groupe  inœt/i/icostalis,  Macroc/ilamys  /atissimus  Br., 
Pecten  Jacobaeits  L.,  de  petite  taille,  P.  cf.  opercularis  L.,  P.  cf.  Gentoni 
Font.,  Cordiutn  hians  Br.,  Ec/iino/t///ipax  HoZ/nuinni Des..  Cidaris  ci.  Miins- 
teri,  Scalpellum  rulgare('')  Leach.,  lialanus  tulipiformis  (''),  dents  de  Cltry- 
sophrys,  Myliobatis,  Foraminifères  du  genre  Polystomelln,  etc. 

(')  A.  BitiVES,  Les  terrains  le/liains  du  bassin  du  Cliélif  it.  du  Ihilira.  Aliter, 
1897,  p.  78. 

(-)  Cil.  Dkpéret  el  L.  Gextil,  Sur  une  faune  miocène  supérieure  marine  {Sahé- 
lien) dans  le  li'arb  (Maroc  occidental)  (Comptes  rendus,  t.  1(34.  1917,  p.  21). 

{^)  Carte  du  djebel  Achkel  à  50 Jo^. 

(')  Délerminalion  de  A.  Joleaud. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    I921.  l56l 

Au  point  de  vue  i;énéral,  le  passage  dans  le  nord  de  la  Tunisie  du  syn- 
clinal marin  de  la  lin  du  Miocène  supérieur  constitue  un  fait  nouveau  inté- 
ressant, servant  à  jalonner  !<•  trajet  du  bras  de  nier  saliélien  entre  la  vallée 
du  Chéliir(M.  Brives)  et  l'île  de  Crête  (^M.  Cayeux). 


HYDRAULIQUE.    —  Sur  le  rendement   des  turbines  qui  travaillent 
sous  une  hauteur  de  chute  variable.  Note  (  '  )  de  M.  de  Si'akue. 

Je  désigne  par  H„  la  hauteur  de  chute  normale  pour  laquelle  la  vitesse 
relative  est,  à  son  entrée  dans  la  roue,  tangente  à  l'aube,  et  par 

I[  =  H„(>+-o), 

7]  pouvant'  être  positif  ou  négatif,  la  hauteur  de  chute  à  un  instant  quel- 
conque. Lorsque  v)  est  différent  de  zéro,  la  vitesse  relative  de  l'eau  ;i  son 
entrée  dans  la  roue  nest  plus  tangente  à  l'aube;  il  en  résulte,  à  l'entrée  de 
l'eau  dans  la  roue,  une  zone  de  tourbillonnement  ([ui  produit  une  perte  de 
charge,  en  plus  de  celles  considérées  dans  ma  Communication  du  7  mars 
192 1.  Après  cette  zone  de  tourbillonnement,  la  vitesse  relative  de  l'eau 
devient  de  nouveau  tangente  à  l'aube  et  j'admets  que  l'on  peut  sensiblement 
la  regarder  comme  tangente  à  son  premier  élément;  de  plus,  pour  tenir 
compte  de  cette  nouvelle  perte  de  charge,  j'admets,  avec  Resal,  que  la  force 
vive  perdue  est  égale  à  la  force  vive  due  aux  vitesses  variées. 

Je  conserve  d'ailleurs,  pour  la  turbine  travaillant  sous  la  hauteur  de 
chute  normale  H„,  les  notations  de  ma  Communication  du  7  mars.  De  plus, 
pour  le  cas  où  la  turbine  travaille  sous  la  chute  H  =:  H„f  i  -i-  •{]),  je  désigne 
par  w\  la  vitesse  relative  de  l'eau  à  la  sortie  de  la  roue,  et  je  pose 


en  posant  toujours  (-) 
(0 


i.^Ho 


(')  Séance  du  6  juin  1921. 

(^)   «0,  «1,  «0,  |3n,  |3,,  To,  /'i,  ainsi  que  a,  b,  c\  conservant  la  même  signification  que 

dans  la  Communication  du  7  mars  et  [j.  ayant  également  la  valeur  m  =:  — j  (Vi  étant  la 

'Ml 

vitesse  relative  de  l'eau  à  la  sortie  pour  /)  =;  o,  de  sorte  que,  pour  r,  =  o,  on  a  /a:=i. 
C.  R.,  1911,  1"  Semestre.  (T.  172,  N»  25.)  I  l4 


I  562  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

on  arrive  alors  à  la  rolalion  suivante  : 

i -^- -fl /•;'   i -\- h  I      r         a  sin-3,,-!- c  sin-au"|  2  sin  (Sa  cosJ3„ 

î'  l'i      I'  '"/-'•"  L  sin-(_3„ — «(,)      J        >*-,!J-sin(^o — ^v) 

on  trouve  d'ailleurs  pour  le  rendement 

.  2c-      Tz-j/cOsS,  \  sill3„COS3!n       1 

Si  Ton  pose  alors 
(3)  ,^l±^^^%  1  = 


sin  j,,  cosaîri 


(-1) 


■/  = 


sin  (^j,|  —  a,,  ) 
—  I,  ^  =  :^(i--6), 

sina„cos,3„ 


sin(p„ — a,,)  sin-(3o — x„) 

on  aura,  en  éliminant  A  entre  (i  )  et  (2), 
{  5)  (//  +  qij.-)z- —  in  (i;j.  +  l)z  —  m  ( i<j.  +  /)'-=  o. 

Si  yj,  et  par  suite  la  hauteur  de  chute,  est  donnée,  cette  équation,  pour 
une  turbine  déterminée,  fera  connaître  :■  et  par  suite  le  rendement. 

Réciproquement,  si  l'on  donnait  la  valeur  du  rendement,  on  pourra  en 
déduire  la  valeur  correspondante  de  r^.  Pour  cela,  on  tire  de  (3)  et  (4) 


et  portant  cette  valeur  dans  (  5)  on  aura 

((i)       {p  +  g,j:')z^--?.{l^  ,j.,-)  I  „  -H  i(/-4-  ,j,n  1   -:  -+-  (/  -(-  p-iy-ï'-j^  (^^i—  I  j  -(-  .1  =0, 

équation  qui,  si  s  est  donnée,   fait  connaître  r   et  par  suite  v]  au  moven 
deC3\ 

Si  la  hauteur  de  chute  varie  de  H,  —  ll„(i  +  "/),)  à  H.  =  H„(i  -+-  r^.,). 
Nous  déterminerons  alors  p  de  façon  que  ïj,  et  iQo  correspondent  aux  deux 
racines  z,  et  :-.,  de  (G;,  c'est-à-dire  de  façon  que  le  rendement  soit  le  même 
pour  la  hauteur  de  chute  minima  que  pour  la  hauteur  de  chute  maxima 
et  nous  en  conclurons  la  hauteur  de  chute  normale  H„.  Pour  cela  on  déduit 


SÉANCE  DU  20  Ji;i.\   1921.  l56.i 

de  (3) 

-,  +  ;.,  —  -J^  (  2  -i-  -0,  +  -0,)   -t-  2  -4  ^-    -^   r- h  2  -I  , 

1  2;-  /•,-  2;-  II,,  /•- 

l       "  2--        "  2Ç-  Ho 

Si  l'on  pose  alors 

-  +-  _.^ 
(b)         A— — - — ,        J>— Ti rr  —  — :       :        '        -^  —  7^ 


IL — Jli  ij— ;,  /f,     i  ■+■  [J-i 

On  déduit  des  relations  entre  les  coefficients  et  les  racines  de  (6) 

(9)  (H^_  .)\^_  2(R^-  .)  A\  -  A=-  WHp  +  .j.j:^)(, -'-!)  +  n^  R^^  o. 


On   prendra  pour   X    la    plus   grande    racine,   qui   répond   seule   à    la 
question  ('), 

(10)  X  =  A  +  Rt/^^(^^+,^ 

et  l'on  en  déduira  p  par  la  relation  (8),  on  obtiendra  ensuite  H,,  par  la  rela- 
tion suivante  que  l'on  déduit  de  (6),  (7)  et  (8  )  : 

,  \\  —  J_  Hi+  H,  p  +  <i\jr  _  H|  +  H,  p-^\j:-q 

^"'  "~4i;-  X  — A     i-\-iJ.i  ~~    .'u-x      \  — a' 

On  peut  remarquer  que,  dans  les  conditions  indiquées,  le  rendement  sera 
maximum  pour  une  valeur  de  H  différente  de  Ho. 

En  effet,  pour  que  les  racines  de  (G)  soient  réelles,  il  faut 

X     \,. 

X,  étant  la  plus  grande  racine  de  l'équation 

(12)  X- —  2  AX  —  {p-^  'IV-')  (  ' ^  I  -î-  «-=-  o. 

Pour  \  =  X,  les  racines  de  (G)  étant  égales  on  aura  pour  la  valeur  corres- 

(')  On  déduit  en  .-fiel  de  (0)  et  de  (7) 

-—     -  t(^— A)=-r^ p >o, 


-'-  ''f>        P-^Ç'i-^ 

on  doit  donc  a\oir  X  >  A. 


l564  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pondante  z,„  de  z 

(i3)  ^„,=  (X,  +  /0-'"^"' 


p  +  qiJ- 
el  pour  la  valeur  luaxima  du  rendement 


X, 


('4)  p„ 

(  )[i  déduit  d'ailleurs  de  (r2) 

Si  nous  prenons  par  exemple  H  =  i,  p  =  iSy",  5'.,,=  [î,  =  20",  ;•,  =  o,Sr„ 
en  conservant  pour  a,  b,  c  les  valeurs  a  =  />  =  o,oG,  r  =  0.225  de  la  note 
précédente  ce  qui  conduit  pour  [j.  à  la  valeur  u.  =  0,8472  et  si  de  plus  nous 
prenons  H,  =  20'",  Ho  =  4o"\  nous  déduirons  des  formules  (10)  et  (8) 
p  =  o,8ooT  et  ensuite  par  la  formule  (i  i)  H„=  21'", 98.  On  a  de  plus  pour 
la  valeur  maxima  du  rendement  p,„=o,8i6G  et  pour  la  hauteur  de  chute 
correspondante,  déduite  de  (i3),  H,„  =  28™, 44. 

On  voit  que,  bien  que  la  hauteur  de  chute  varie  du  simple  au  double,  le 
rendement  ne  varie  que  de  i,5  pour  100  environ.  On  doit  remarquer  tou- 
tefois que,  s'il  en  est  ainsi  avec  la  valeur  que  nous  avons  déterminée  pour  H„, 
et  qui  a  été  choisie  de  façon  que  l'on  ait  le  même  rendement  pour  les 
hauteurs  de  chute  II,  et  Ho,  il  n'en  serait  plus  de  même  si  l'on  prenait 
pour  H„  une  valeur  quelconque.  Si,  par  exemple,  on  prenait 

11„:^   :=:  30'", 

pour  H  =^  H,  =  20™  on  trouverait  pour  le  rendement  p  =  0,682. 

GEOLOGIE.  —  Sur  la  prèscitre  d'une  nappe  sous-alluvionnaire  d'eau  thermale 
et  minéralisée  dans  le  lit  de  la  Lurunce^  à  Serre-Ponçon  (Ilautes-Mpes). 
Note  de  MM.  \V.  Kiiian  et  F.  IÎla\«:iiet. 

Des  travaux  d'exploration,  exécutés  en  I()i2-i9i3  dans  une  partie  du 
thalweg  rocheux  de  la  Durance.  au  droit  de  remplacement  projeté  pour 
l'installation  d'un  barrai;e  de  retenue  destiné  à  l'aménagement  hydro- 
électrique de  ce  cours  d'eau,  ont  amené  la  découverte  en  profondeur  à'eaux 
ihernudes  el  minéralisées  dans  les  circonstances  suivantes  : 


SÉANCE    DU    20    JUIN    I921.  l565 

Ces  travaux  comprenaient  un  puits  sur-  la  rive  droite  cl  une  galerie 
transversale  creusée  à  une  profondeur  de  Go™. 

A  une  dislance  de  nj"  de  la  rive  droite  (point  do  départ  de  la  galerie), 
c'est-à-dire  à  environ  j'"  à  10™  de  l'axe  du  thalweg,  les  recherches  furent 
interrompues  par  la  rencontre  de  venues  importantes  à^eaux  thermales  ;  ces 
eaux  salines,  ferro-magnésiennes  et  sulfatées,  devenant  facilement  sulfu- 
reuses sous  l'efTet  de  la  réduction  des  sulfates  par  les  matières  bitumineuses 
ou  charbonneuses  contenues  dans  les  calcaires  du  Lias  dans  lesquels  est 
creusé  en  ce  point  le  thalweg  de  la  rivière,  avaient  une  composition  analogue 
à  celles  de  Brides,  d'Allevard  ou  d'Uriage;  leur  température  atteignait  47° 
à  [\cf  lors  de  l'irruption  au  fond  de  la  galerie,  le  5  avril  i<)i3,  et  le  débit 
pouvait  être  estimé  de  4oo'  à  420'  à  la  seconde,  mais  il  ne  fut  à  ce  moment 
fait  aucune  tentative  pour  épuiser  le  puits  et  la  galerie,  ni  pour  se  rendre 
compte  de  la  permanence  de  ce  débit  vraiment  considérable. 

A  ce  moment,  l'un  de  nous,  s'appuyant  sur  le  fait  étrange  de  l'apparition 
de  ces  eaux  au  toit  (en  calotte)  et  non  au  mur  ou  dans  la  paroi  latérale  de 
la  galerie,  ainsi  que  sur  le  débit  anorm.al  de  ces  venues  d'eaux,  débit  qui 
semblait  tout  à  fait  invraisemblable  pour  un  griffon  thermal,  émit  la  sup- 
position qu'il  s'agissait  d'une  nappe  d'eau  thermale  sous  pression,  empri- 
sonnée sous  les  alluvions  et  dépôts  fluvioglaciaires  argileux  et  peu  per- 
méables qui  occupent  en  ce  point  le  thalweg  l'ocheux  de  la  Durance. 

Depuis  lors,  des  travauv  exécutés  pour  le  compte  de  l'Etat,  sous  la  direction  du 
Service  des  I^onts  et  Chaussées,  par  la  même  Société  qu'en  igiS,  ont  donné  les  résultats 
suivants,  que  nous  avons  vérifiés  sur  place  au  fur  et  à  mesure  de  ravancemenl  des 
sondages  : 

Sondage  n°  1  (rive  gauche).  —  1°  Graviers  et  galets  grossiers  non  striés  :  10™. 

2"  tJépùt  sablo-argileux,  grés  et  petits  galets  non  stiiés,  de  couleur  noire  vers  le 
bas  (glaciaire?)  :  iS"". 

3°  Eau  chaude  ('). 

4°   Roche  en  place  (calcaire  marneux  noir  du  Lias). 

Sondage  11°  2  (milieu  du  thalweg).  —  i"  Graviers  fluviatiles  d'abord  grossiers; 
à  9"",  caillou  strié. 

2°  Graviers  sableux  nettement  fluviatiles  à  galets  subanguleux. 

3°  Gros   galets  gréseux  vers  ^g"  (grès  d'Annot)  et  galets  de  calcaire  noir. 

4°   Bloc  de  calcaire  noir  de  o"',9o. 


(')  La  température  de  l'eau  qui  était  pour  chaque  sondage  de  33°  au  fond,  a  été 
trouvée  égale  à  [\'i"  lorsque  le  thermomètre,  au  lieu  d'être  descendu  au  fond,  était 
descendu  au  niveau  de  la  surface  rocheuse. 


l566  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

5"  Graviers  grossiers  jusqu'à  une  profondeur  de  71'". 

6°  Eau  chaude. 

r"  Roche  en  place  (calcaire  noir  du  Lias). 

Sondage  n"  3  (rive  droite).  —  i"  Graviers  lluvialiles  avec  quelques  faillies  inlerca- 
lations  glaciaires  :  .14™. 

>.°  Eau  cliautle. 

3"  Roche  en  place  (calcaire  noir  du  Lias). 

Un  sondage  elfectué  à  100™  en  amont  des  précédents  (sondage  l').  en  un  point  où 
le  thahveg  de  la  Durance  est- moins  resserré,  a  conduit  également  à  la  découverte  de 
l'eau  chaude  à  une  profondeur  de  17™.  Les  travaux  d'aviincement  ont  permis  de  cons- 
tater que  la  température  de  l'eau  augmentait  en  profondeur  et  atteignait  4-3"  à  33™;  ce 
caractère  indiquait  sinon  le  voisinage  du  rocher,  du  moins  une  profondeur  du  thalweg 
beaucoup  moins  grande  (ju'au  sondage  n°  2  et  par  suite  l'existence  d'une  pente  très 
accentuée  du  lit  rocheux.  En  fait,  le  rocher  a  été  rencontié  à  48''-.. jo.  « 

La  piésence  de  Teiiu  .chaude  en  diflérenls  points  à  ht  surface  de  la  roche 
en  place  et  non  pas  au  sein  même  de  celte  roche  ou  dans  des  fissures  ou 
diachises  montre  qu'il  ne  s'agit  pas  là  de  recoupements  d'une  fissure,  uiais 
d'une  nappe  ou  «  poche  »  d'eau  sous  pression,  véritable  cours  d'eau  souter- 
riiin  existant  sur  le  fond  du  thalweg  au  contact  du  retnplissage  de  boues  et 
de  graviers  fluvio-glaciaires  et  du  lit  rocheux  de  la  vallée.  Cette  «  nappe  » 
est  vraisemblablement  alimentée  par  une  source  thermale  à  débit  moins 
considérable,  dont  l'eau,  minéralisée  dans  le  Trias,  remonte  sans  doute  par 
une  diaclase  des  calcaires  basiques  située  bien  en  amont  de  Serre-Poncon. 

Des  sources  plus  ou  moins  fortement  thermales,  également  minéralisées  par  le  Trias 
et  ven;int  au  jour  par  des  fissures  ou  diaclases  des  schistes  ou  calcaires  du  Lias, 
e.xistent  d'ailleurs  en  un  certain  nombre  de  points  des  Alpes  françaises  [La  Motte-les- 
lîaius,  L  riage,  Allevard  (Isère),  Digne  (Basses-Alpes),  etc.].  La  présence  d'un  grifl'on 
de  cette  catégorie  dans  la  région  de  Serre-Poiiçon  n'a  donc  rien  qui  puisse  surprendre, 
mais  il  est  intéressant  d'avoir  pu  constater  avec  autant,  de  netteté,  le  chemineine/it 
sous-alluviniiitaii  e  des  eaux  thermales  en  profondeur,  au  conlacl  du  lit  rocheux  de  la 
vallée  ('). 

Les  émergences  d'eau  d'une  température  anormale,  signalées  jadis  par 
David  Martin  (-)  dans  le  lit  de  la  Duiance  en  a\al  et  non  loin  de  Serre- 

(')  l  ne  analyse  de  ces  eaux  a  montré  qu'elles  reafermaient  en  dissolution  les 
mnnes  éléments  que  ceu\  constatés  dans  les  prélé\ements  de  igiS,  mais  dans  des  pro- 
portions plus  faibles;  celte  difTérence  s'explique  par  h;  fait  (|ue  les  prélèvements  nou- 
veaux ont  été  elTectués  dans  les  tubes  où  les  eaux  thermominérales  étaient  mélangées 
à  celles  de  la  Durance. 

(-).  D.ivio-ALtmiN,  La  Nature,  10  mai  191.5,  p.  toS5;  voir  aussi  Martel,  Moui'cau 
7 rai/é  des  /ùiu.i.\(}nlerrai/ies,  l'arls,  (  ).  Doin,  19;  1.  p.  6tj5. 


SÉANCE   DU    20   JUIN    1921.  1067 

Poiiroii,  s'expli([iieraient  ainsi  facilement  et  proviendraient  vraisemblable- 
ment de  cette  nappe  sous-alluvionnaire  dont  l'eau  remontait  sans  doulc  en 
des  «  points  bas  »  grâce  à  des  solutions  de  continuité  du  remplissage  fluvio- 
glaciaire, et  par  suite  de  la  pression  exercée  par  les  eaux  froides  descen- 
dantes de  la  Durance. 

Cle  seraient  également  les  eaux  de  celte  nappe  qui  auraient  pénétré  dans 
la  galerie  exécutée  en  iQi'i,  par  un  point  faible  de  son  plafond  au  moment 
où  cette  galerie  se  serait  trouvée  trop  rapprochée  du  lit  mineur  qui,  vers  le 
milieu  atteint  une  profondeur  minimum  de  71'"  ainsi  que  l'ont  établi,  depuis 
lors,  les  sondages  récents. 

Ces  résultats  sofit  d'ailleurs  remarquablement  conformes  aux  prévisions 
motivées,  que  l'un  de  nous  avait  émises  en  191 7  dans  un  rap[)0rt  géologique 
officiel  dans  lequel  la  profondeur  éventuelle  du  lit  mineur  était  évaluée  à  60" 
on  80'"  (on  a  vu  plus  haut  que  cette  profondeur  est  en  réalité  de  71""!)  et 
où  des  doutes  formels  avaient  été  exprimés  sur  la  rencontre  d'un  vériiable 
grillon  par  la  galerie  de  191 3. 


CORRESPOND  AI\  CE . 

M.  le  MixisTRK  DE  1,'Iîivriircriox  publique  et  des  Beaux-Arts  invite 
l'Académie  à  lui  présenter  une  liste  de  deux  candidats  pour  la  Chaire  de 
Mathématiques  \acdiX\lQ  au  Collège  de  France. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Cathelin.  Les  principes  directeurs  de  la  c/tirnr^ie  contemporaine. 
2"  M.  MoLLiAUD.  Nutrition  de  la  plante.  lic/iani^es  d'eau  et  de  substances 
minérales.  (Présenté  par  M.  L.  Mangin.) 

3°  L.  Descour.  Pasteur  et  son  œuvre.  (Présenté  par  M.  E.  lloux.) 
4"  GiovAXXi   Battista  de  Tom.   Mario  Cerinenali  per  Leonardo. 


l568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOMÉTRIE   INFINITÉSIMALE.    —  Défornidlinn   des  surfaces  et  équation   de 
Laplace.  iSote  de  M.  Bertr.wd  Gamiiier,  présentée  par  M.  G.  Kœnigs. 

1.  J'ai  indiqué  le  6  juin  1921  qu'une  équation  de  La[)lace  (E)  peut 
fournir  soit  deux  surfaces  S,  S'  applicables,  soit  une  famille  de  surfaces 
S,  S',  S",  ...  à  un  paramètre  déformées  de  l'une  quelconque  d'entre  elles. 
L'intégration  d'une  autre  équation  de  Laplace  (E')  déduite  de  (E)  fait 
correspondre  à  ce  couple  (ou  cette  famille)  un  groupe  de  couples  (ou 
familles)  de  surfaces,  applicables  dans  chaque  couple  (ou  chaque 
famille). 

Il  s'agit  maintenant  de  donner  des  exemples  nouveaux  déduits  d'une 
équation  (E)  judicieusement  choisie.  Les  essais  seront  guidés  par  un 
problème  plus  général,  dont  on  connaît  quelques  solutions,  encore  trop 
rares.  Nous  savons  déformer  complètement  quelques  surfaces  (paraboloïde, 
développées  de  surfaces  minima,  etc.).  Soient  deux  surfaces  S,  S'  déformées 
d'une  telle  surface;  à  ce  couple  correspond  une  équation  (E)  du  type 
cherché.  Le  résultat  est  encore  pins  intéressant  si  S, S'  apparticnrtent  à  une 
famille  de  surfaces  admettant  un  paramètre  de  déformation  avec  un  réseau 
conjugué  restant  conjugué  au  cours  de  cette  déformation  continue. 

2.  Bornons-nous  à  une  surface  S  développée  d'une  surface  minima  M; 
la  déformée  la  plus  générale  de  S  est  une  autre  surface  S'  de  même  défini- 
tion. S  admet  une  infinité  d'auto-applications  à  un  paramètre,  obtenues 
par  les  quadratures  fournissant  les  lignes  de  courbure  de  M.  Donc  à 
chaque  couple  de  surfaces  minima  M  et  M',  que  M  ou  M'  soient  ou  non 
superposables,  je  peux  faire  correspondre  une  équation  (E). 

Bornons-nous  à  une  auto-application  de  S  :  on  voit  aisément  que,  M  et  S 
étant  réelles,  si  la  fonction  #(«)  de  Weierstrass  est  de  la  forme  Au'",  où  A 
et  m  sont  des  constantes  réelles,  S  possède  un  réseau  conjugué,  dont  les 
courbes  s'échangent  simplement  entre  elles  au  cours  de  raulo-a|)pIication  ; 
c'est  donc  un  réseau  conjugué  persistant.  Ces  surfaces  M  sont  celles  qui 
sont  ou  hélicoïdales  ou  applicables  sur  une  surface  de  révolution.  Si  m  est 
commensurable  {m  =z  —  2  excepté)  on  a  même  une  surface  S  algébrique, 
avec  auto-application  et  réseau  conjugué  eux-mêmes  algébriques.  Chatjue 
valeur  de  ni  fait  donc  connaître  une  équation  (E)  du  type  annoncé  et 
chaque  solution  de  l'équation  (!'?)  correspondante  donne  une  famille  de 
surfaces  à  un  paramèlie  toutes  applicables  entre  elles.  L'une  de  ces  équa- 
tions (E)  est  particulièrement  simple,  c'est  celle  qui  provient  de  la  surface 


SÉANCE    DU    110    JlîIN    1921.  1369 


d'I'lnnepei-  :  on  a  réqnation  E  (  —  -,  — -)  avec  les  noiations  classi(}iies('); 
l'équation  (E')  est  ré(juation  E  (-,-]•  Ces  deux  équations  s'intègrent 


complètement pai- des  quadratures  convenables,  cornuK^  l'a  montré  Poisson; 
M.  Appell  a  établi  rigoureusement  que  le  procédé  de  Poisson  donne  bien  la 
solution  générale.  J'indique  les  coordonnées  (x,  y,  z)  d'un  point  de  S  au 
moyen  de  deux  paramétres  a,  [3  ;  la  surface  S'  s'obtiendra  <'n  accen- 
tuant .r,  V,  z,  a,  3  : 

,'  .r  =r  6  a  +  6  3(  (3-  -(-  2  3('', 

L'auto-application  est,  avec  une  constante  arbitraire  C,  définie  par 
(1)  a  =  oc'-l-2C,  a°-+- {3-=  «'-+ p'-. 

Les  courbes  ayant  pour  image  dans  le  plan  a,  p  les  paraboles  homofo- 
cales  d'équation  a- -4-  p"^  (a  —  2«)-,  où  a  est  une  constante  quelconque, 
forment  le  réseau  conjugué  persistant.  Pour  rapporter  S,  S'  à  ce  réseau 
conjugué,  on  peul  supposer  x' ,  y' ,  z',  d'abord  exprimées  en  (a',  p'),  puis 
en  (a,  [i)  par  les  formules  (i),  et  l'on  pose  ensuite 


,    ,  \  \/x--T-i-=:a  —  2«=;2r  —  a.  !X=zu-\-v,  S"=  —  4"''i 

(2)  ' 

(  ds--—  36[i  +  (c  —  u)-]'-  [(du  -f-  d^')--h  (v  —  ii)-{dv  —  rf«)-]. 

Le  seul  ds'-  suffit  pour  former  (E)  puis  (E')  qui  ont  les  formes  indiquées. 
L  étant  l'intégrale  générale  de  E  ( -,  ^  | ,  les  quadratures 


(3) 


\  .r,  =  L  — -  du  ^     L  —  -  I  M  —  (•  )  -—     -—  dv, 
y  du  I  a  dv ]  dv 

l^.r^  =  L—du+^L--(u-n^,\^dr, 


avec   formules  analogues   pour    }',,   z,,    v',,   :', ,   fournissent    une    surface 
S,  (a-,,  V|,  "-,)  et  une  déformée  continue  de  S,,  à  savoir  S',  (x\ ,  y],  z\ }. 

Si  L  coïncide  avec  , -+-  K.,  où  K  et   K,  sont  constantes,  les  sur- 

(u  —  (•)'  '  ' 

faces  S,,  S|  sont  superposables,  on  obtient  une  seule  surface,  dont  le  <^/.v- est 
(')  Voir  Darbolx,  Jhcorie  des  surfaces,  t.  2,  p.  54  et  suiv. 


137°  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  révolution,  cl  ses  aulo-applicalions;  les  coordonnées  .r,,  v,,  ;;,  sonl  des 

combinaisons  aljiébrico-logarilhmiques  de  u,  r. 

Pour  une  inl,éij;rale  L  aulre  que  celle-là,  les  surfaces  S,,  S',  ne  sonl  plus 
supcrposabies. 

3.  On   aperçoil   alséiuenL   trois  couples,  dépendani    de   C,  apparlenani 

à  l'êqualion  E  f  —  -,  —  "-  j  •  Le  procédé  que  j'emploie  réussit  très  souvent 

quand  deu\  surfaces  S,  S'  applicables  admelleni  loutes  deux  soil  un  plan, 
soit  un  a\e  de  symétrie.  Si  C  esl  imaginaire  pure,  on  peul  s'arranger  pour 
(|ue  y.,  fi,  y.',  [i'  soieni  tous  imaginaires  pures,  les  surfaces  (  ia:',  iv',  z) 
el  (i.x,  ly,  :■')  sont  réelles  et  applicables.  De  même  pour  a,  a',  C  imagi- 
naires pures  et  p.  [3'  réels,  on  a  le  couple  {i.v',  y,  :;)  et  (ir.y'.  z'  )  ;  puis 
pour  a,  a',  C  réels  el  |i,  [î'  imaginaires  pures,  le  couple  {x,  iy',  z) 
et  (.r',  iy,  z'). 

4.  Il  sérail    intéressant  de   décider  si   E(  — -,  — -)   possède  d'autres 

familles  ou  couples.  Il  sérail  intéressan!  de  chercher  les  équations  E(!i.  'i' ) 
qui  définissent  des  familles  ou  couples;  l'équation  (  E'  )  esl  alors 

El  --  5+  I,   —  l). 
Un  aulre  problème  inléressani  esl  le  suivant  :  un  ds-  esl  donné  a  priori. 

Dans  quel  cas  l'écjualion 

.\{ii,  i.')dii-  —  i\\{  Il ,\')  du  c/i-  -1-  C(«,  i-  )  c/i--rr  o 

délinil-elle  un  réseau  susccplible  de  resler  conjugué  dans  une  déformation 
particulière  à  un  paramèlre ?  Ce  problème  peut  èlre  résolu  sans  avoir  cons- 
truit de  surface  représentative  du  dx- \  celte  Note  a  fourni  de  nombreux 
exenqoles  de  tels  réseaux  pour  le  ds-  particulier  ir((lir  -\-  dv'-  ). 


BAUSTIQUE.  —  Déterininalion  chranopliolonraphiquc  coniplèlc  des  trajectoires. 
Noie  de  M.  L.  UrvovEu. 

On  détermine  généralement  les  Irajccloires  des  projecliles  d'après  l'ob- 
servation des  points  de  chute  et  des  éléments  initiaux  du  tir  (angle  de  tir, 
vitesse  initiale).  Des  calculs,  du  reste  assez  ial)orieux,  permettent  de  déduire 
de  ces  données  les  propriétés  géométriques  de  la  trajectoire  et  celles  du  pro- 


SÉANCE    DU    20   Jl'IX    I92I.  1571 

jeclile.  Aucune  iiiélliode  ne  parait  actuellement  en  usage  permeilanl  l'élude 
directe  et  complète  d'une  trajectoire  réelle. 

L'adjonction  au  projectile  d'une  cartouche  éclairante,  soit  dans  l'ogive, 
soit  au  culot,  permet  de  rendre  visible,  la  nuit,  toute  la  trajectoire  ou  un 
arc  plus  ou  moins  long  de  celle-ci.  La  pliolographie  permet  alors  de  la 
déterminer  complètement. 

Ce  procédé  présente  évidemment  des  avantages  précieux.  Il  permet  de 
voir,  sur  une  trajectoire  déterminée,  les  irrégularités  accidentelles  qui 
peuvent  se  pioduire.  La  méthode  classique  n'est  applicable  qu'aux  résultais 
moyens  d'un  certain  nombre  de  coups;  elle  élimine  par  conséquent  ces  irré- 
gularités dont  l'étude,  cependanl,  peut  fournir  des  renseignements  inléres- 
sanls  sur  la  cause  qui  les  produit,  soit  qu'elles  proviennent  des  défauts 
balistiques  du  projectile,  soit  qu'elles  se  produisent  au  passage  de  la  zone 
de  séparation  entre  des  vents  conligus  de  vitesses  el  de  directions  tiès  difïé- 
rentes,  comme  il  en  exisie  souvent. 

Ce  procédé  esl  aussi  le  seul  applicable  à  l'étude  expérimentale  du  tir  en 
aéronef,  la  détermination  des  éléments  initiaux  du  tir  devenant  alors  pra- 
ti([uement  impossible  par  les  méthodes  ordinaires.  Les  expériences  dont  il 
s'agit  ont  précisément  été  elTeciuées  en  1916,  par  des  moyens  de  forlune, 
en  vue  de  satisfaire  aux  besoins  d'un  groupe  de  bombardemeni  doté  d'nvions- 
canons  ('  ). 

2.  La  méthode  repose  sur  la  comparaison  des  clichés  obtenus  en  deux 
stations  munies  de  deux  appareils  photographiques  exactement  repérés 
l'un  par  rapport  à  l'autre,  au  point  de  vue  de  leurs  positions  et  de  l'orien- 
tation de  leurs  axes  optiques.  Ces  appareils  possèdent  les  organes  néces- 
saires pour  rendre  la  plaque  verticale  et  déterminer  Tangle  de  l'axe  optique 
et  de  la  ligne  joignant  les  deux  stations.  Les  objectifs  étant  démasqués 
d'une  manière  permanente  pendant  le  tir,  la  trajectoire  s'inscrit  sur  cha- 
cune des  plaques. 

La  question  est  de  savoir  quels  sont  les  points  qui,  sur  les  deux  images, 
correspondent  à  une  même  position  du  projectile  dans  l'espace.  L'un  de  cef< 
points  est  connu  d'avance,  c'est  l'origine  de  la  trajectoire.  Pour  pouvoir 
déterminer  les  autres,  on  place  devant  les  objectifs  des  disques  à  secteurs 


(')  M.  Hadamard  ;i  signalé  (Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  444),  àansson  Bapporl 
sur  les  travaux  examinés  et  retenus  par  la  Commission  de  balistique  pendant  la 
durée  de  la  guerre,  le  t^a^ail  détaillé  dont  la  pi-és-ente  Note  est  le  résumé.  La  publi- 
cation de  ce  travail  fut  admise  en  principe  par  la  Commission. 


l5-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

obturateurs  qui  tournent  à  vitesse  constante  ('  •)  Siins  qu'il  soit  aucunement 
nécessaire  que  ces  deux  vitesses  soient  égales.  Des  mesures  luicrométriques 
faites  sur  les  plaques  permettent  de  déterminer  les  coordonnées  photogra- 
phiques de  chacune  des  extrémités  des  petits  arcs  qui  correspondent  aux 
intervalles  de  temps  où  l'objectif  est  démasqué  (le  choix  de  la  vitesse 
linéaire  du  bord  des  disques  doit  être  fait  de  manière  à  donner  à  ces  extré- 
mités la  ])lus  lurande  netteté  possible  ).  On  peut  donc  construire  une  courbe 
en  portant  en  abscisses,  pour  l'un  des  clichés,  l'une  des  coordonnées  pho- 
tographiques et  en  ordonnées  des  longueurs  arbitrairement  proportionnelles 
aux  intervalles  de  temps  ".,  2t,  3-,  ....  si  l'on  désigne  par  t  la  durée  pen- 
dant laquelle  l'objectif  est  découvert  entre  les  passages  de  deux  secteurs 
obturateurs  consécutifs.  Cette  courbe  une  fois  tracée,  il  est  jiossible  d'y 
placer,  par  la  connaissance  de  sa  coordonnée  photographique,  l'origine  de 
la  trajectoire,  et  de  fixer  par  conséquent  sur  les  ordonnées  du  graphique 
l'origine  des  temps.  On  peut  ainsi  connaître  (par  quatre  graphiques  ana- 
logues, pour  chaque  cliché  et  pour  chaque  coordonnée)  les  coordonnées 
photographiques  de  toutes  les  positions  du  projectile,  ]iar  exemple  de  o*"',  i 
en  o"'',  I.  Il  ne  reste  plus  ensuite  qu'à  en  déduire,  par  les  formules  trigono- 
métriques  très  simples,  les  coordonnées  réelles  d'un  point  quelconque  de  la 
trajectoire  rapportée  par  exemple  à  trois  axes  rectangulaires  (pii  seront  de 
préférence  :  la  projection  horizontale  de  la  tangente  à  l'origine,  l'horizon- 
tale perpendiculaire  à  celle-ci  du  côté  des  dérivations,  et  la  verticale  de  la 
bouche. 

Pour  effectuer  les  mesures  micrométriques  ("  )  sur  les  clichés,  il  est 
indispensable  d'y  marquer  la  trace  du  plan  horizontal  passant  par  l'axe 
opti(]ue.  Il  sufllt  pour  cela  d'allumer,  en  un  point  quelconque  de  ce  plan, 
un  artifice  lumineux  et  de  faire  tourner  lappareil  photograpliicjue  autour 
de  son  axe  vertical  :  l'horizontale  s'y  enregistre  ainsi  automatiquement. 

Bien  que  ces  expériences  aient  été  improvisées,  elles  ont  montré  que  la 
méthode  peut  fournir  la  description  complète  dune  trajectoire,  avec  la 
mesure  des  vitesses  et  des  accélérations  instantanées  en  chacun  de  ses 
points  avec  une  grande  facilité  et  une  remarquable  précision.  La  discussion 

(')  La  même  tnétliode,  employée  dans  le  cas  plus  simple  où  un  seul  cliclié  suflll.  a 
doni.é  lécemmenl  des  résultais  très  intéressants  à  M.  Camicliel  pour  litude  du  niou- 
veiiient  des  lifpiides  (/luUetin  de  la  Direction  des  /nvertlions,  tnars  19  m). 

('-)  (]es  mesures  ont  été  faites  avec  une  machine  Beaudoin  à  mesurer  les  spectres 
qui  m'a  été  donnée  en  191a,  pour  des  recherches  bien  différentes,  sur  le  fonds 
B(ina|i:ii  tr. 


SÉANCE    DU    120    JllN    192I.  1373 

montre  que  les  durées  de  trajet  ont  été  obtenues  ci  —  près,  les  hauteurs  du 
projectile  à  ()'",5  prés  et  ses  abscisses  a  moins  de  10'"  prés  {^onv  la  fin  de 
la  trajecloire.  le  début  étant  lieaucoup  plus  précis). 

Il  serait  ciTtainenicnt  possible  de  l'aire  mieux  encore  avec  des  appareils 
[)lus  perfectionnés.  Il  conviendrait  aussi,  surtout  pour  la  mesure  des  déri- 
vations, de  placer  une  troisième  station  photographique  derrière  la  pièce,  à 
peu  près  dans  le  plan  de  tir. 

Ajoutons  que  la  comparaison  directe  de  (ilusieurs  trajectoires  est  parti- 
culièrement rapide  et  facile.  Il  suffit  de  décalquer  l'une  d'elles,  de  préfé- 
rence agrandie,  sur  une  f(^uille  de  celluloïd  et  de  reporter  ce  calque  sur  les 
autres  trajectoires.  La  comparaison  des  hauteurs  du  projectile  se  fait  ainsi, 
très  aisément,  à  2'"  ou  3"'  près. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l'absorption  des  oxydes  d'azote  par  les  acides 
nitrique  et  sulfurique.  Note  de  M.  A.  Saxfourche,  transmise  par  M.  H. 
Le  Chalelier. 

Lors  de  l'analyse  des  oxydes  supérieurs  de  l'azote,  on  est  conduit  à  les 
faire  absorber  par  l'acide  sulfurique.  Les  transformations  qu'ils  subissent 
au  cours  même  de  cette  absorption  ont  provoqué  des  interprétations 
diverses  :  les  auteurs  qui  employaient  les  méthodes  physiques,  spécialement 
les  procédés  manométriques,  admettaieni  le  passage  en  un  seul  stade  de  i\0 
à  NO",  et  niaient  la  formation  de  l'anhydride  azoteux  gazeux,  même  en 
présence  d'un  excès  de  NO.  Au  contraire,  les  expérimentateurs  qui  se 
basaient  sur  l'analyse  chimique  constataient  dans  certains  cas  la  présence 
de  N-0'  et  en  faisaient  l'intermédiaire  de  l'oxydation  de  l'oxyde  azotique. 

Cette  contradiction,  qui  paraissait  insoluble,  sest  trouvée  éclaircie  à  la 
suite  des  recherches  de  M.  \\  ourtzel  ('  );  ila  été  établi  que  la  décomposition 
du  gaz  N-0'  en  NO  -t-  NO"  n'est  pas  totale,  et  que  de  même,  NO  et  NO- 
peuvent  se  combiner  partiellement  pour  donner  N*0';  si  bien  qu'il  peut 
subsister  une  proportion  de  N'O^  allant  jusqu'à  6  pour  100  sous  la  pression 
atmosphérique,  tresl  cette  faible  quantité  qui,  grâce  à  sa  grande  aptitude  à 
réagir  et  à  se  régénérer  rapidement  aux  dépens  de  NO  et  NO',  donne 
naissance  en  présence  de  réactifs  absorbants  aux  dérivés  nitreux.  Cette 
explication  est  bien  plus  satisfaisante  que  celle  de  Lunge.  D'après  ce  savant, 

('  )   tï.  ^^0lRTZE(.,  Comptes  rendus,  t.  J70.   1910,  p.  109. 


1374  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  présence  d'acide  sulfuiique,  NO-  se  dissoudrait  d'abord,  donnant  : 

(0  2.\()^-HS0-ll-=S()'IIi\(»-i-.\O'H, 

puis  NO  réagirait  sur  Tacide  nitrique  formé  : 

(2)  2\0  +  NO^H  -H  :^S()'II-=;  iîSCt'ILM  »  4-  fll-o. 

Pour  expliquer  une  absorption  extrêmement  rapide,  on  admettrait  donc 
Fintervention  superposée  de  deux  réactions,  dont  la  première  est  déjà  plus 
lente  que  la  réaction  totale.  Quant  à  la  seconde,  les  données  font  défaut, 
car  elle  n'a  pas  été  étudiée  à  ce  point  de  vue. 

Nous  nous  sommes  efforcé  de  combler  cette  lacune  en  examinant  l'action 
de  l'oxyde  azotique  sur  un  mélange  sulfo-nitrique  à  7,54  pour  loo  NO'^H. 
lo™'  de  ce  mélange,  pesant  17"',  889,  sont  placés  dans  un  clocz  -maintenu 
à  i5°,  et  traversés  ])ar  un  lent  courant  de  NO  à  96,5  pour  100  de  gaz  pur. 
D'après  l'équation  (2  ),  ils  doivent  fixer  i»,  283  de  NO.  Ils  fixent  : 


prr: 

S  45  m. 

Après  -2  1). 

Après  3  11. 

\[.n'-s  4  h. 

Oi. 

."5,32 

0^,727 

os,  S06 

os.Scjfi 

Cet  essai  inonlre  (|ue  la  réaction  (2)  est  très  lente,  et  que  la  ilxatinn 
de  NO  est  très  imparfaite,  car  il  en  est  passé  de  6'  à  7',  pour  moins 
de  o',  700  retenus. 

La  même  expérience  a  été  répétée  à  100°;  à  cette  température,  la  tension 
de  vapeur  de  l'acide  nitricpie  dans  le  mélange  n'est  plus  négligeable  et  une 
partie  est  entraînée,  ainsi  qu'on  le  constate  par  un  essai  préliminaire  avec 
un  gaz  inerte.  La  réaction  est  plus  rapide  qu'à  i5",  puisque  l'augmentation 
de  poids  est  de  o°,699  après  3o  minutes. 

Il  se  superpose  en  outre  une  action  oxydante  plus  énergique  de  l'acide 
nitrique,  probablemeni  : 

(  3  )  iN'C)  4-  2  \0^'  1 1  =  II-(:)  4-  3  i\0^ 

En  effet,  l'atmosplière  du  cloez  se  remplit  de  vapeurs  nitreuses.  La  perte 
de  NO^H  est  supérieure  à  celle  qui  correspondrait  à  la  réaction  (2).  La 
réaction  (3)  doit  avoir  lieu  entre  gaz,  grâce  au  NO'' H  vaporisé. 

La  réaction  (2)  étant  très  lente,  l'absorption  rapide  des  vapeurs  nitreuses 
de  composition  NO  -f-  NO-  ne  peut  s'opérer  suivant  le  mécanisme  décrit 
par  Lunge.  Pour  lever  tout  doute,  nous  avons  comparé  dans  des  conditions 
identi(jues  l'absorption  de  NO  par  le  mélange  sulfo-nilrique  ci-dessus,  à 
celle  du  mélange  gazeux  NO  -f-  NO"  par  l'acide  sulfuriijue.  La  première, 


SÉANCE   DU    20    JUIX    1921.  l575 

dans  l'hypothèse  de  Lunge,  aurait  dû  être  pkis  rapide  que  hi  seconde, 
celle-ci  exigeant  la  superposition  des  réactions  (i)  et  (2),  tandis  que 
celle-là  ne  dépend  que  de  la  seule  réaction  (2).  Or,  au  contraire,  l'absorp- 
tion de  iSO  exige  un  temps  très  long,  alors  que  celle  du  mélange  NO  H-  NO" 
est  sensiblement  complète  en  un  temps  12  à  i5  fois  plus  court.  Les  deux 
exemples  suivants,  pris  parmi  un  bon  nombre  d'expériences,  sont  particu- 
lièrement frappants  : 

I.  425""'  oxyde  azoticpie  absorbé  par  i5"""  mélange  sulfo-nitrique. 

Temps  (en  min.),..        U.  1.  2.  3.  '1.  i.  "         11.  '•  ■  .S.  0. 

P  (en  inillim.Ilg)..      -40       7 '.g       jiâ       702       6S9       67.5       662       648       G35       622 

Temps  (on  iniii.)...        Kl.  12.  14.  1«.  liS.  ■:!0.  iî.  -lô.  3(1.  .35. 

P  (en  millim.  Hg  ). .      609       582       557       ^3''-       ■^°*^       ■^^^       ^^7       ^'^'^       '^^^       ^"^ 

Tcmps(en  min,)...        41).  4ô.  50.  55.         -61.  05.  70.  IKI.  1.50. 

P  (en  niilUni.  Ilg). .      359        209        164        124  75  l\Ô  27  27  27 

il.  Le  même  oxyde  azotique  additionné  d'oxygène  jusqu'à  correspondre 
à  la  composition  moléculaire  :  40,20  pour  100  NO,  59, '70  pour  100  NO". 
Absorbant  :  10""'  SO'H-. 

Temps U.  lO'.  W.  30'.  40'.  50.  1'".  1"'1.5'. 

!'(en  millim.  Hg)..  ..  .      610  4io  3io  2^0  iga  168  i5o  i35 

Temps 1-30'.       i-45'.         '^■.  2'"  .30'.        3'".  4-.  5-.         '"SO. 

P  (  en  millim.  Hg) 127  122  116  108  100  90  84  77 

Temps lir.  15"'.  ÎO'".  30-.  (iO"'.  90"'.  lîO"'. 

P  (en  millim.  Hg) 74  72  70  70  69  6g  6g 

Les  pressions  résiduelles  27"""  et  69"""  sont  celles  de  l'azote  constituant 
l'impurelé  des  gaz  utilisés. 

Les  conditions  de  l'expérience  ont  été  variées  de  plusieurs  manières  : 
modification  de  la  ([uantité  d'absorbant,  admission  variable  d'oxygène  ou 
d'air  avec  le  NO,  remplacement  de  l'acide  sulfurique  par  le  sulfo-nitrique 
comme  absorbant  du  mélange  gazeux  seul.  Les  résultats  sont  toujours  du 
même  ordre.  Notons  seulement  que  si,  au  lieu  de  mettre  NO  en  présence 
d'un  grand  excès  de  sulfo-nitrique,  on  n'emploie  qu'un  excès  de  25  [)Our  100 
sur  la  (juantité  calculée,  la  durée  d'absorption  s'élève  à  plus  de  3  heures. 

Conclusions.  —  Lors<[ue  des  gaz  nitreux  dont  la  composition  d'ensemble 
est  voisine  de  \-0'  réagissent  sur  l'acide  sulfurique,  ils  ne  se  comjjortenl 
pas  comme  le  ferait  un  simple  mélange  de  NO  et  de  NO",  bien  que  consti- 


1576  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

tués,  en  majeure  partie,  par  ces  deux  corps.  (^)uoique.  contrairement  à  ce 
que  nous  pensions  tout  d'abord,  la  proportion  de  N-0'  réel  y  soit  faible, 
sa  vitesse  de  réaction  est  telle  qu'il  sert  d'intermédiaire  à  la  dissolution, 
étant  reformé  aussilôl  qu'absorbé,  jusqu'à  ce  que  le  mélange  gazeux  tout 
entier  ail  réagi.  De  nianièro  que  l'on  a 

Ce  mécanisme  ne  s'applique  [)as  seulement  à  l'absorption  par  l'acide 
sulfurique,  mais  aussi  à  celle  par  l'acide  nitrique,  l'eau,  les  alcalis.  11  permet 
d'expli([uer  très  simplement  la  formation  exclusive  de  composés  nitreux. 

CIIIMIIl  physique.  --  Sur  les  points  critiques  dus  à  l'écrouissagc.  Note  (') 
de  M.\I.  LÉox  Guii.LEï  et  Maucei.  Iîai.i.ay.  présentée  par  M.  Henry 
Le  Chatelier. 

Aucune  détermination  systématique  n'a  été  faite  sur  la  position  des 
points  singuliers  que  peuvent  présenter  les  produits  écrouis.  ^ous  avons 
reclicrcbé  les  moyens  qui  permettent  le  mieux  de  les  mettre  en  vue. 

Nous  avons  essayé  deux  métliodes  : 

La  méthode  dilatomélrique  avec  l'appareil  Clievenard  utilisant  le  baros 
comme  métal  de  comparaison. 

La  variation  de  la  résistance  électrique  en  fonction  delà  température; 
ici  nous  avons  adopté  un  dispositif  spécial  que  nous  allons  décrire  succinc- 
tement : 

Le  but  est  de  comparer  la  résistance  électrique  d'un  fd  écroui  au  même 
fil  recuit;  à  cet  effet,  le  circuit  est  constitué  par  le  fd  écroui  sur  une  cer- 
taine longueur  et  recuit  par  chauffage  sur  le  reste  de  la  longueur  utilisée; 
ce  circuit  est  constitué  de  façon  que  le  fil  écroui  se  trouve  en  opposition 
avec  une  partie  du  fd  recuit,  les  deux  parties  intéressantes  du  fd  étant  pla- 
cées dans  la  zone  isotherme  d'un  four  dont  on  peut  faire  varier  la  tempéra- 
ture de  façon  connue;  le  courant  fourni  par  une  batterie  d'accumulateurs 
traverse  le  circuit.  En  dérivation  se  trouve  branché,  avec  les  boîtes  de  résis- 
tance voulues,  l'un  des  galvanomètres  de  l'appareil  Saladin-Le  Chatelier, 
tandis  que  l'autre  galvanomètre  enregistre  les  températures  par  l'intermé- 

(')   Séance  du   iSjiiiii   kiîi. 


SÉANCE    DU    ao^.H  l.\    192I.  1577 

diaire  d'un  couple  therino-électricjue  placé  dans  la  zone  isotherme  du  four 
(//'i'.  i).  Celte   méthode  supprime  les  difficultés  que  l'on  éprouve  dans  les 


Accus 


t'         '.Région  iaotherme:. 


F'ig.   I.  —  Montage  pour  renregistrement  des  courhcs  dilli'renlielles  de  résistance  électrique. 

autres  dispositions  pour  assurer  les  conlacis  à  température  élevée  ou  pour 
éviter  les  perturbations  d'ordre  thermo-électrique  dans  les  parties  exté- 
rieures aux  contacts  d'amenée  du  courant. 

Nous  avons  appliqué  ces  méthodes  à  un  fil  de  laiton  Cu  =  67,  Zii  =  33; 
à  un  fil  de  laiton  Cu  =  Go,  Zn  =  4o;  et  à  divers  pioduits  sidérurgiques. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 


Fil  de  laiton  Cu  =  67,  Zn  =:  o3.  —  Les  caractéristiques  sont  : 


\  l'état  écroui 
A  l'étal  recuit. 


Illiai'ge  de  rupture 
par  millimètre  carré 

06 . 5 
06,6 


I^oids 

spécifique. 

8 .  "lOi  ) 

S  ,  f)  I  '■! 


llésisliviti' 
miciolim.s  :  cm'-cm. 

•'■99 
6,61 


La  méthode  dilaloinétrique  ne  donne  pas  <le  résultais  très  nets  : 
La   courbe  dillerentielle  de   la    résistance   électrique   fournit  -des    renseignements 
précis  (y?,i^  ',).0n  voit  notamment  une  chute  brusque  entre  365°  et  4i"".  Il  apparaît  bien 


l<'ig.  2.  —  Courbe  différentielle  de  résistance  électrique  sur   laiton  1^7  x  33  écruul 


que  cette  courbe  permette  de  suivre  les  phénomènes  qui  accompagnent  la  perte  d'écrouis- 
sage,  elle  possède  la  même  allure  que  les  courbes  classiques  de  la  variation  des  pro- 
priétés mécaniques  d'un  produit  écroui  en  l'onclion  de  la  température  du  recuit. 

C.  R.,  1921,  1"  Semestre.  (T.  1T2,  N*  25.)  I  l5 


ïh-]S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I  les  lésultals  an;iloi;ues  oui  été  obleii us  avec  le  lailoii  Cti  =z  (»),  Zn  =  4"- 
Acier  dur  ((>  r^  (1,8d  environ  ).  —  Le  métal  trempé,  revenu  et  écroiii.  dans  l'étal 
où  il  est  livré  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  corde  à  piano,  n"a  pas  une  couibe  dif- 
Jérenlielle  de  résistance  électri(|ue  qui  soil  nelle  (la  variation  de  résistance  électrique 
du  fer  par  écrouissage  esl  bien  moins  élevée  que  pour  le  laiton);  on  n'aperçoit  aucune 
chute  l)ru>(|ue;  par  contre,  le  même  mêlai  simplement  trempé  donne  une  courbe 
nuinlrant  une  diminution  progressive  de  la  résistance  en  fonction  de  la  température. 

Conclusions .  —  En  résiiiiié,  la  détermination  do  la  courbe  :  température- 
difTérence  de  résistance  électrique  d'un  fil  écroui  et  du  môme  fil  recuit 
obtenu  par  le  montage  indiqué,  donne,  pour  difléronls  alliages,  notamment 
les  laitons,  des  résultats  précis  sur  la  variation  de  récrouissage  en  l'onction 
de  la  température  et  paraît  nettement  supérieure  aux  autres  méthodes.  Elle 
nous  permet  d'étudier  actuellemenl  l'influence  des  difl'érents  facteurs  qui 
iutervienneni    dans   récrouissage. 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Un  nouveau  ciment  hydraulique  magnésien.  Noie 
di'  M.  A.-Cii.  VoïKXAzos,  Iransmisc  par  M.  II.  Le  Clialelifr. 

La  magnésie  oblenue  par  la  calcinalion  du  carbonale  naluri'l  à  la  leinpé- 
ralure  d'environ  900",  qui  suffi!  pour  provocpior  le  dégagemeni  complel 
de  CO",  conslilne  à  elle  seule  une  niaiière  hydraulique  de  peu  de  \aleur. 
Aussi  la  magnésie  anhydre  n'a  élé  employée  jus((u'ici  que  pour  la  prépara- 
lion  du  cimenl  Sorel  el  des  divers  mélanges  qui  en  dérivcnl. 

AyanI  soumis,  il  y  a  quelque  lemps,  ii  une  élude  spéciale  certains  échan- 
tillons des  magnésies  gri'cques,  j"ai  examiné  la  (jueslion  dhydraulicilé  sur 
des  mélanges  de  celle-ci  avec  la  ponce  de  Sanlorin  don!  l'agenl  hydrauli(|ue 
principal  esl  la  silice  amorphe  Je  suis  ainsi  parvenu  à  composer  un  nou- 
veau cimenl  hydraulique  doni  le  conslilnanl  essenlicl  esl  un  hydrosilicale 
de  magnésie  insolnblc 

La  magnésie  employée  a  élé  oblenne  par  la  cuisson  du  carbonale  de 
magnésium  extrait  des  gisements  de  l'île  d'l<"ùbée.  qui  esl  appelé  sur  place 
Icucoliihc  (pierre  blanche).  On  arrèle  la  cuisson  au  premier  degré  suffisant 
[)our  chasser  l'acide  carbonique  du  minerai,  el  le  causiifîe,  sans  pousser 
cepcndani  la  Icrnpéralure  jusqu'au  poini  de  vilrificalion. 

La  magnésie  cuile  est  soumise  au  brovage^  puis  esl  blulée  au  lamis 
n"  80  el  finalemenl  mise  en  dépôt.  Le  produit  ainsi  préparé  s'hydrate  à  la 
longue  et  se  transforme  en  hydroxyde  de  magnésium  (jui  exerce  la  même 
action  sur  la  silice  amorphe. 


SÉANCE  DU  20  ji;i\  1921.  l579 

La  malicre  pri^iniére  qui  conlii-nl  celle  derniorc  suhsiancc  osl  la  ponce  de 
Sanlorin  :  on  eiilcnd  sous  ce  nom  la  pouzzolane  bien  connue  due  aux  déjec- 
tions volcaniques  ancieiines  el  élalée  sur  la  surface  presque  enlière  de  l'île. 

La  ponce  de  Sanlorin  se  compose  de  6')  pour  100  de  silice  et  1 5  pour  100 
d'alumine,  le  reste  est  formé  par  les  oxydes  de  fer,  de  titane,  de  manga- 
nèse, la  chaux  (3  pour  100),  la  magnésie  el  les  alcalis.  La  silice  esl 
eu  partie  amorphe.  En  traitaiit  la  pouzzolane  pulvérisée  linemenl  par 
une  lessive  de  potasse  diluée,  on  dissout  jusqu'à  18  pour  100  de  silice 
amorphe,  qui  représente  la  partie  principalement  active  de  la  terre. 
Cette  silice  est  capable  de  former  avec  la  magnésie  el  en  présence  de  l'eau 
un  hydrosilicale  magnésien  cristallisé  en  finesaiguilles.  Plusieurs  recherches 
quanlilativcs  que  j'ai  exécutées  en  partant  des  matières  conslituantes  prises 
à  l'étal  pur  m'ont  fait  admettre  que  l'hydrosilicate  en  question  répond  à  la 
formule  SiO-2Mg()  -t-H=(). 

A  partir  de  celte  formule  on  peut  calculer  que,  à  18  parties  en  poids 
de  silice  amorphe  correspondent  24  parties  de  magnésie  cuite  supposée 
pure,  ou  autrement  3o  parties  de  leucolithe  calciné.  J'ai  ainsi  préparé  un 
mélange  constitué  de  : 

Ponce  de  Sanlorin 100  punies. 

Leucolillie  calcinée 3u         » 

Les  deux  constituants  doivent  être  pris  sous  forme  d'une  poudre  qui 
passe  entièrement  par  le  tamis  n"  60;  ils  sont  intimement  mélangés  à  la 
main  ou  à  la  machine,  puis  gâchés  aveC  3o  pour  loo  d'eau  pure.  La  durée 
de  prise  de  la  pâte  ainsi  préparée  osl  de  48  heures  à  l'air  et  de  90  heures  à 
l'eau  douce. 

Pour  éviler  l'alTaiblissemenl  dû  au  retrait  il  faut  ajouter  du  sable, 
comme  matière  dégraissaiite;  les  recherches  ex[)érimentales  m'ont  démon- 
tré que  la  proportion  de  2i,3.">  pour  100  de  sable  est  la  plus  convenable 
pour  obtenir  un  maximum  de  résistance.  Le  mélange  qui  m'a  donné  ainsi 
les  meilleurs  résullals  était  composé  de  : 

Terrfe  de  Sanlorin 100       (lai  lies 

Leucolilhe   calciné 3o  » 

Sable 3"),  3       » 

Les  trois  constituants  du  mortier  sont  inliniement  mélangés,  puis  addi- 
tionnés de  21, 7")  pour  100  d'eau  douce,  el  la  terre  humide  qui  en  dérive  esl 
disposée  dans  des  moules  en  huit  et  soumise  à  l'action  du  petit  marteau- 
pilon  à    i5o  coups.  Pour  chaque  briquette  on  emploie  11 5*5  de  matière 


l58o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

sèche.  Voici  les  résultais  de  la  résistance  moyenne  calculés  en  kilogrammes 
par  centimètre  carré  : 

A  l'air.  A  leau  douce. 

Hu  mortier.  Traction,  ('.innpression.  l'raclion.  Compression. 

7  jours 6,r)o               Si  5,40               65 

aS      »       9i2.^)              11).")'  7)00               72 

3  mois I  '1 .5o              i  \!\  ■      10,75               98 

6    »      1 8 ,  5o              1 8 1  I  _'( ,  20              118 

12     »      21,20             201  17 '75              l'ii 

Le  maximum  de  résistance  n'est  pas  atteint  après  un  an,  et  le  morlier 
tant  aérien  qu'hydraulique  reste  absolument  inaltérable. 

Le  ciment  silicomagnésicn  a  la  couleur  grisâtre  et  le  grain  fin,  il  reçoit 
facilement  la  peinture  à  l'eau  et  à  l'huile  et  jieul  être  appliqué  à  nu  pour  la 
construction  des  murs  extérieurs  ou  intérieurs.  11  attaque  le  fer  moins 
encore  que  le  ciment  portiand  et  adhère  sur  ce  métal  aussi  bien  que  ce 
dernier.  Son  coefficient  de  dilatation  linéaire  est  de  o""",oi'3i,  c'est-à-dire 
presque  égal  à  celui  du  fer;  il  peut  alors  être  appliqué  comme  ciment 
armé. 

Leiicoci menl .  —  J>n  remplaçanl,  dansie  mélange,  la  ponce  de  .^antorin  par 
la  silice  amorphe  artiliciellement  préparée,  on  obtient  un  ciment  blanc  de 
marbre  que  j'appelle  leucocimcnl.  Pour  la  confection  du  morlier  corres- 
pondant, j'emploie  100  parties  de  leucolilhe  calciné  tout  blanc,  60  parties 
de  silice  amorphe  et  70  parties  de  sable  blanc  ou  de  quartz  broyé  et  passé 
au  tamis  n°  ;}U. 

Le  mortier  fait  prise  dans  /jo  heures,  il  est  extrêmement  homogène  el 
possède  un  bel  aspecl  blanc  qui  le  rend  parfaitement  propre  pour  imiter  le 
marbre,  il  est,  comme  le  ciment  silico-magnésien,  inaltérableà  l'air  et  sous 
l'eau,  mais  sa  résistance  mécanique  n'est  pas  supérieure  à  celle  du  mortier 
préparé  à  base  de  ponce  de  Sanlorin. 


CHIMII',  INDWSTRIELLi;.  -  Conlrihitliori  à  l'étude  de  la  cokêjdcllon  des 
c/Hirbons  de  la  Sarre.  Note  de  M.  Baii.i.e-Barrelli:,  présentée  par 
M.  L.  Maqiienne. 

La  mauvaise  (pialité  du  coke  de  la  Sarre  est  due  à  sa  fissuration  exagérée. 
Nous  avons  indi(|ué.  dans  une  élude  préeédenle,  (pi'elle  provenait  de  l'im- 
portance tlu  retrait  que  subit  ce  coke  entre  la  température  à  laipielle  il  se 


SÉANCE    DU    20    Jl'IX    I921.  l58l 

forme  et  celle  h  laquelle  il  estporlé  en  lin  do  cuisson,  cl  de  rintcnsité  parli- 
culière  que  prend,  avec  les  cliarlions  riches  en  matières  \olatiles  conden- 
sables,  le  pliénomène  dit  de  la  zone  écran.  Nous  avons  indiqué  é}j;alemenl 
qu'en  évitant  la  production  de  ce  dernier  phénomène,  il  était  possible  d'ob- 
tenir du  coke  de  très  belle  qualité,  et  que  nous  a\  ions,  il  y  a  déjà  un  an, 
réussi  il  en  fabriquer  de  petites  quantités. 

Depuis  lors,  nous  avons  pu  préciser  les  conditions  de  cuisson  qu'il  con- 
vient de  réaliser  pour  obtenir  ce  résultat,  et  le  procédé  de  carbonisation 
auquel  nous  avons  été  conduit  a  reçu  la  sanction  d'essais  semi-industriels. 
Il  consiste  : 

1°  A  enfourner  les  tlnrs  pilonnées  dans  un  four  dontla  température  est 
maintenue  en  dessous  de  3:io"  (température  à  laquelle  les  Fellkohl  com- 
mencent à  se  décomposer)  jusqu'à  ce  que  l'écart  de  tempéralure  entre  le 
centre  elles  parois  du  saumon  de  charbon  ne  soit  plus  que  de  T  degrés; 

2"  V  élever  la  température  du  four  avec  une  vitesse  uniforme  de  N  degrés 
à  l'heure  jusqu'à  la  température  finale  de  cuisson  (  ySo"  environ)  et  à  main- 
tenir celte  température  lonstante  jusqu'à  ce  que  le  saumon  de  coke  soit 
entièrement  cuit. 

Dans  la  première  partie  de  l'opéralion,  on  réalise  une  lépartilion  homogène  de 
température  dans  toute  la  masse  de  charbon,  et  si  T  et  N  sont  suffisamment  petits,  il 
ne  peut,  par  la  suite,  se  former  de  zone  écran.  Les  phénomènes  de  fusion,  d'agglo- 
mération et  de  contraction  intéressent  alors  simultanément,  sinon  tout  le  contenu  du 
four,  du  moins  des  tranches  importantes  de  celui-ci,  et  il  ne  se  forme  que  quelques 
larges  fissures,  d'autant  moins  nombreuses  ((ue,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  T  et  N 
sont  plus  petits.  N  ne  peut  toutefois  décroître  indéfiniment  car  un  franchissement 
trop  lent  de  l'intervalle  de  température  compris  entre  320°  et  la  température  de 
fusion  des  Fellkohl  (4>o°)  leur  fait  perdre  toute  faculté  d'agglomération.  Comme 
d'autre  part,  plus  les  fours  sont  larges,  plus,  ils  doivent  être  chauffés  lentement  si  l'on 
veut  éviter  que  l'écart  de  température  entre  l'intérieur  et  l'extérieur  n'augmente 
suffisamment  pour  qu'il  y  ait  formation  de  zone  écran,  l'existence  d'un  minimum 
pour  N  entiaîne  pour  la  largeur  des  fours  l'existence  d'un  maximum  au  delà  duquel 
il  est  inutile  de  vouloir  appliquer  ce  procédé. 

Pratiquement,  les  conditions  dans  lesquelles  a  foiicliouné  le  four  d'essais 

sont  : 

Largeur  du  four 25'''" 

Capacité .5oo''s 

Température  d'enfournement 'i>.n° 

Durée  totale  de  la  cuisson 5o'' 

Le  coke  présentait  les  caractéristiques  suivantes  : 


l582  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

(  SSo"^*-'  :  cm- 

Résistance  à  la  compiession j         ,,         •„  •    .     -   i,„v 

'      "  f  (         (maximum  exige  2J0'-s). 

Cohésion  (refus  sur  le  lamis  à  mailles  de  ^o'"™     \  80  à  8(i  pour  100 

après  essais  au  lamboui) )     (minimum  exigé  7")  poui-  100) 

c'esl-à-dirc  qu'il  était  au  moins  comparable  aux  plus  beaux  cokes  de  la 
Uubr. 

Les  rendements  en  sous-produits  obtenus  avec  ce  procédé  sont  1res  supé- 
rieurs à  ceux  obtenus  dans  les  fours  à  coke  actuels;  leur  détermination  pré- 
cise, comme  celle  de  la  nature  exacte  de  leurs  constituants,  n'est  pas  rncorc 
terminée.  Les  résultats  aujourd'liui  acquis  confirment  ee  qui  a  déjà  été 
publié  à  ce  sujet,  sauf  loutefois  en  ce  (jui  concerne  le  rendement  en  sulfate 
d'ammoniaque.  Il  est  en  eïïci  admis,  d'une  faeon  assez  générale,  qu'il  se 
forme  d'autant  plus  de  produits  ammoniacaux  volatils  que  le  coke  est  cuit 
à  plus  haute  température,  et  alors  que  nous  opérons  à  plus  de  200"  en  des- 
sous de  la  température  moyenne  des  fours  actuels,  nous  avons  obtenu  un 
rendemeni  de  22''*^  (Je  sulfate  d'ammoniaque  par  tonne  de  charbon 
à  7  pour  100  de  cendres,  contre  10''^  a  i^'"''  avec  l'ancien  procédé.  Celte 
anomalie  lient  d'ailleurs  uniquement  à  ce  que.  grâce  à  la  progressivité  du 
chaull'age,  s'il  se  forme  moins  de  composés  ammoniacaux,  ceux-ci  sont 
entièrement  récupérables  parce  que  produits  et  évacués  en  dessous  de  la 
tempéi'ature  à  partir  de  laquelle  ils  sont  susceptibles  de  se  dissocier,  landis 
que,  dans  les  fours  à  coke  actuels,  les  gaz  étant  portés  à  plus  de  700",  les  com- 
posés ammoniacaux  sont,  de  ce  fait,  en  grande  partie  décomposés  en  azote 
cl  hydrogène,  et  par  suite  irrémédiablement  perdue. 

L'élude  du  four  permettant  la  réalisation  industrielle  de  ce  procédé  de 
carbonisation  est  dès  maintenant  commencée;  la  mise  au  point  de  cet  appa- 
reil permettra  sans  doute  aux  forges  lorraines,  jusqu'ici  tribnuires  des 
cokeries  de  la  Ruhr,  de  se  libérer  en  grande  partie  de  ce  joug  si  lourd, 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  décomposition  catnlytique  des  hydrocurbures 
aliphatiques polyhalogénés.  Note  (  ' )  de  M.  Alphonse  Mailhe,  transmise 
])ar  M.  P.  Sabatier. 

Dans  des  Communications  antérieures  (-  ).  j'ai  montré,  avec  M.  Sabatier, 
que  l'hydrogénalion  des  dérivés  halogènes  de  la  série  grosse,  elfectuée  en 

(')  Séance  du  iSjuin  ig'.»!. 

{')  Sabatier  el  Mailhk,  Comptes  /cnJiis,  l.  138,  lyM,  P-  ^"^'t  ^''  '•  1^1)  "j'i-î.  p.  238. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1921.  l583 

présence  de  nickel  à  270",  a\ ait  lieu  d'une  manière  (lilTérenle  suivant  que 
l'on  a  afîaire  ;\  un  hydrocarbure  ayant  un,  deux  ou  plusieurs  halogènes. 
Parmi  ces  deriiieis,  en  dehors  du  chloroforme  et  du  tétrachlorure  de  car- 
bone qui  sont  sans  intérêt,  nous  avions  étudié  l'hydrogénation  du  sesqui- 
chlorure  d§  carbone  qui  perd  ainsi  deux  atomes  de  chlore  pour  donner  le 
tétrabromoéthylènc. 

J'ai  examiné  dans  ce  travail  la  façon  dont  les  autres  hydrocarbures  poly- 
halogénés  se  comportent  vis-à-vis  du  nickel  en  présence  d'hydrogène,  ainsi 
que,  dans  plusieurs  cas,  l'action  du  chlorure  de  baryum  sur  ces  composés. 

1°  TétrachloroaçétYlène  CHCPCHCI-.  —  Il  est  très  peu  attaqué  au-des- 
sous de  270",  A  3oo°-32o",  la  réduction  est  beaucoup  plus  intense  et  les 
vapeurs  de  H  Cl  se  dégagent  abondamment.  On  recueille  par  condensation 
un  |i(|uide  qui  commence  à  bouillir  à  55";  on  sépare  ce  (|ui  distille  jusiju'à 
120".  Au-dessus,  le  produit  est  formé  par  du  tétrachloroacétylène  non 
modifié.  Soumis  à  une  nouvelle  hydrogénation,  il  fournit  une  nouvelle 
quantité  de  produit  volatil,  de  telle  sojte  qu'après  avoir  ainsi  hydrogéné  à 
quatre  reprises  ioo«  de  dérivé  tétrachloré,  on  parvient  à  isoler  par  recti- 
fication i5'''d'un  liquide  pur,  bouillant  entre  "iS"  et  Go°.  C'est  le  dkhloro- 
eMy/r«eCHCI  =  CHCl. 

Mais  les  gaz  de  la  réaction  ont  emporté  la  majeure  partie  de  ce  produit 
volatil.  En  les  faisant  barboter  dans  du  brome  sous  l'eau,  ils  donnent  une 
quantité  importante  d'un  composé  qui  bout  à  192"- iqS";  c'est  X %^^-dichlo} o- 
%^-âihrQmoétl\ane  CHCj  Br.CHCl  Br. 

On  voit  que  le  tétrachloroacétylène  perd,  par  hydrogénation  au  contact 
du  nickel  à  3oo°-32o°,  deux  atomes  de  chlore,  pour  fournir  le  dérivé  éthylé- 
nique  dichloré  qui  bout  à  55"  : 

CHGr-CHC12-)-H-=2HCl  +  CHCl^CHCl. 

2"  Têtrabromure d' acétylène  CHBr*.  CHBr-.  —  Il  se  comporte  comme  le 
précédent  dans  l'hydrogénation  à  3oo''-320''.  11  fournit  des  vapeurs  de  HBr  et 
l'on  condense  un  liquide  qui  bout  à  iio°-ii5°.  C'est  le  dihromure  d''élhy- 
lène  CHBr  =  CHBr.  Les  gaz  entraînent  également  une  partie  importante 
de  ce  composé,  puisque,  en  le  faisant  barboter  dans  du  brome,  on  reforme 
du  têtrabromure  d'acétylène,  bouillant  à  239°. 

Lorsqu'on  catalyse  directement  ce  dérivé  tétrabromé  sur  du  chlorure  de 
baryum  chauffé  à  4oo''-42o°,  on  constate  un  dégagement  de  vapeurs  de 
brome  et  de  gaz  bromhydrique.  On  recueille  un  produit  rouge,  qui  se  déco- 
lore par  un  lavage  à  la  soude  et  à  l'eau.  Sa  rectification  fournit  d'abord  un 


l584  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

licjiiide  distillant  de  110° k  ii3",  \edihromoét/iylc/>e,  puis  entre  i5o°-i6o",on 
recueille  une  fraction  importante  du  produit,  dont  la  densité  prise  à  25°  est 
égaie  à  2,54i5;  elle  correspond  au  tribromoélhylène  CHBr  =  CBr-,  souillé 
d'un  peu  de  dibromure. 

Ces  résultats  indiquent  que  la  décomposition  catalytique  du  létiabro- 
niure  d'acétylène,  au  contact  du  chlorure  de  baryum,  se  fait  suivani  les 
deux  réactions 

GHBr^CHF5r^     =      Br^   +CHI!r  =  CHBr, 
CHBr^CHBi'i     =     HBr4-GHBr  =  CBr=. 

3°  Chlorodihroinnpropane  CH'Br.  CBrCl.  CH\  —  J'ai  hydrogéné  So^de 
chlorodibromopropane,  sur  le  nickel  à  3oo°-32()".  Il  se  dégage  des  vapeurs 
acides  qui  donnent  un  précipité  jaunâtre  avec  le  nitrate  d'argent,  et  l'on 
condense  un  liquide  qui  abandonne  déjà  vers  f[0°  une  petite  quantité  de  pro- 
duit absorbahle  par  le  brome.  D'autre  part,  les  gaz  traversant  une  couche 
de  brome,  le  décolorent  et  il  se  forme  du  ^^-rhloro-'/^j-dihromoftrojxuif. 
bouillant  à  170°. 

On  voit  que  l'hydrogénation  du  carbure  chlorobromé  fournit  le  '^j-cliluro- 
propènc  et  que  l'enlèvement  du  brome  est  le  plus  facile  à  réaliser. 

4°  Dichlorodihromnacptylène  Cil  CIBr .  CH(]lBr.  —  Son  hydrogénation 
sur  nickel,  vers  3oo",  fournit  de  l'acide  biomhydrique  el  deVca^^-i/ir/doro- 
éthylme  (]HC1  =  CHC1,  doni  une  partie  peut  être  recueillie  sous  forme 
d'un  liquide  bouillant  à  55"-(Jo°,  et  dont  la  plus  grande  qiianlilé  entraînée 
par  les  gaz  va  se  combiner  avec  du  brome  sous  l'eau  pour  redonner  le  pro- 
duit primitif  facile  à  isoler  et  à  identifier. 

5"  Trichlorodibmmoacèlylme  CHClBr .  CCl-Br.  —  C'est  un  liquide  qui 
bout  sans  décomposition  à  125"- 126°  sous  85""°.  Son  hydrogénation  sur 
nickel,  à  ioo",  fournit  du  gaz  bromhydricjue  et  du  frir/iloroéf/iy/ène, 
CHCl  =  CGl^  qui  bout  à  88"-9o". 

La  catalyse  directe  sur  du  chlorure  de  baryum  à  400"  le  dissocie  en 
brome  et  trichloroéthylène,  sans  qu'il  se  produise  de  réaction  secondaire. 

On  voit  que  l'hydrogénation  directe  des  dérivés  polyhalogénés  des  hydro- 
carbures aliphatiques  a  lieu  d'une  manière  identique  à  celle  du  sesquichlo- 
rure  de  carbone.  Il  se  iormc  \.o\i\ouvs  un  cnrl)ure  éthylêniquc polyluilogi-nr. 
Lorsqu'il  y  a  des  halogènes  difl'érents,  ce  sont  les  plus  lourds  qui  sont  les 
premiers  entraînés  par  l'hydrogène.  Enfin  la  catalyse  directe  sur  chlorure 
de  baryum  à  '|00°  conduit  également  à  des  carbures  éthyléniques  poly- 
halogénés. 


SÉANCE    DU    20    lUIN    I92I.  l585 

CHIMII';  OKGANiQUt:.  —  Di'axiiposilion  ruUilyliquc  des  dcides  hi-ormicéUqttcs  et 
des  mélanges  de  hrninc  et  d'acide  acétique.  Note  de  MM.  J.-B.  SENnEiiEivs 
et  .1.  Aboiti.evc,  |>résentée  |iar  M.  (.!.  Ijcmoine. 

I.  Les  acides  hroiiuK-èlitiiics  résislenl  moins  à  l'iiction  de  la  chali-ur  seule 
((lie  les  acides  c/doiaeèliques,  comme  le  montre  le  Tableau  suivant  qui 
donne  la  température  T,  où  commence  le  dégagemeni  ,:;azeu\,  et  la  compo- 
sition des  gaz  recueillis  : 

Acides 
oliloracétiqiies  Acides  broniacéliq\ies 

mono.  ni.  mono.  di.  tri. 

•l'empératiire    T :l(:(l".  lîdfl".  :i'iO°.  'IXi'.  '2.'il)". 

Gaz  carbonique 7,8         5^,2  34,5         60,6         93,8 

Oxvde  de  carbone S(î,4         4  1 ,  ^-  68,:")         38,6  .'),(> 

Pit'sldii    inflammable...  5,8  3,6  7  0,8  0,6 

Te  liai 100,0        100,0  100,0        100,0        1110,0 

Le  rioif  a/ti/na/  puviWè  s'étant  montré  supérieur  ii  la  tliorine  et  au  kaolin 
dans  la  catalyse  des  acides  cliloracétiques  ('),  c'est  uniquement  avec  ce 
noir  qu'a  été  étudiée  la  décomposition  catalylique  des  acides  bromacé- 
liques. 

Kn  désignant  toujours  par  T  la  température  où  commence  ledégagemeiil 
des  gaz,  on  a  eu  pour  leur  composition  : 

Acides  bioniacétiqnes 

mono.  di.  tri. 

Température  T 2'25°.  2.35°.  250». 

Gaz  carbonique 62,8  64,;>.  94 1 2 

Oxyde   de   carbone 36,4  35, o  5,2 

Késidu  inflamnnable 0,8  0,8.  0,6 

Tolal 100,0  100,0  100,0 

Les  acides  di  el  tribromacélique  se  décomposant  déjà  à  l'ébullition,  c'est- 
à-dire  vers  'a35°  et  250°,  on  s'explique  que  le  noir  animal  n'abaisse  pas  la 
température  où  commence  leur  destruction  parla  seule  action  delà  chaleur. 
Jusqu'au  voisinage  de  Soo",  la  composition  des  gaz  reste  à  peu  près  la  même 
dans  les  deux  cas;  mais  tandis  que  le  dégagement  gazeux  produit  par  la 
chaleur  seule  ne  varie  guère  quand  on  élève  la  température,  il  augmente  au 
contraire  rapidement  en  présence  du  noir,  et  à  280°  il  est  très  abondant. 

(')  J.-B.  Senderens,  tjompte.s  rendus,  t.  172,  1921,  p.  i55. 


l586  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

C'est  au  voisinage  de  cette  température  que  les  trois  acides  biomacéliques 
ont  fourni,  au  contact  du  noir  animal,  les  résultats  suivants  : 

Acide  mon<>bioin(icèli<jue .  —  Au.v  j^az  inscrits  dons  le  second  Tableau  il 
faut  ajouter  :  i"  du  IIBr  absorbé  par  l'eau  d'un  llacou  laveur;  u°  du  bro- 
mure de  méthyle,  CH'Br,  bouillant  vers  .5°,  retenu  par  l'alcool  niétbyli(|ue. 
Kn  dehors  des  produits  gazeux,  la  réaction  donne  lieu  simplement  à  im 
dépôt  de  charbon  et  pourrait  s'exprimer  comme  il  suit  : 

(i)  »:ii=Hi(;(>-ii      =    (:in!i+<;<)-. 

(2)  cii-iii  (;().(»ii    =    iiisi- +  ii=o-+-co  +  c. 

Acide  dihromafèli(juc.  —  Ici  on  a  également  production  de  11  Br.  Le 
liquide  recueilli,  insoluble  dans  l'eau,  est  formé  de  •>">  pour  loo  environ  de 
bromure  de  méthylène,  CH-Br'-,  bouillant  vers  ioo°,  et  de  70  pour  100  de 
bromoforme,  CHBr%  bouillant  vers  1.^)0°.  Avec  ces  deiniers  produits  et 
les  gaz  inscrits  dans  le  second  Tableau  on  est  conduit  aux  équations  sui- 
vantes : 

(3)  CHI'.r-CO-ll        =:     Cil- lir- +  COS 

(4)  aCJll'.riCO.Ull     =     CllBr'+ linr+ 11^0  + COM-C(). 

Acide  Iribromacétique.  —  Nous  avons  employé  l'acide  pur  que  l'on  obtient 
en  oxydant  le  bromal.  Cet  acide,  avec  le  noir  animal,  donne  à  peu  près 
exclusivement  du  bromoforme  : 

(5)  CBrH:()MI     =     CHBr'  +  CO^. 

La  faible  quantité  de  CO  et  de  HBr  provient  d'une  réaction  secondaire 
qui  fournil,  en  même  temps,  le  tétrabromure  de  carbone  CBr',  fondant 
vers  90"  et  bouillant  vers  190"  : 

(G)  aCHi-sCO.OH     =     aCO -+- alIBr  4- CBr*-t- CO', 

IL  Mélanines  de  brome  et  d'acide  acétique.  —  Les  données  précédentes 
permettent  d'expliquer  l'action  du  noir  animal  sur  ces  mélanges. 

D'après  Damoiseau  (  '),  le  mélange  de  i'""'  de  l'acide  acétique  et  de  3'"°'  de 
brome  passant  sur  le  noir  animal  vers  ^'io^'-'^ioo"  donnerait  simplement  du 
bromoforme: 

(;i  CH'COMi -)-,)Br-     =     CIlBr'-i- ûiiBr -t-CO-. 


(')  Comptes  reiulits,  I.  'J2,  1881,  p.  .'2. 


SlUNCE    DU    20    JUIN    1921.  1687 

Kn  réalité,  la  réaclion  n'est  pas  aussi  simple,  et  elle  se  complique  d'autant 
plus  que  la  température  est  plus  élevée.  On  a  en  ell'et  : 

reiiipih;iture. 

■,'.')0'.  m:.')".  :!(ki°. 

Gaz  iarl)onli|iie <.|0,  '.  8  '>.i'i  7*>,8 

()\yde  de  carbone 9,'.  i:),S  ■?.■>.  ,^> 

Hésidu  indammablo- o,(i  0,8  o,() 

Total 1011,0  100,0  100,0 

T^e  bromolorme  esl  toujours  accompagné  d'une  proportion  notable  de 
liromure  de  métliylène  (i3,:i  pour  100  à  276";  2J,8  pour  100  à  3oo")  et  de 
tétrahromnre  de  carbone  avec  un  peu  de  bromure  de  méthyle. 

De  l'ensemble  de  ces  résultats  on  est  amené  à  conclure  que  le  premier 
eft'et  du  brome,  en  présence  du  noir  animal,  est  de  se  substituer  à  l'bydro- 
gène  pour  former  les  acides  tribromacétique  et  dibromacétique  et  un  peu 
de  monobromacétique,  lesquels  donneront,  comme  on  l'a  vu  plus  liant, 
CHBr%  CH-'Br-  et  CH'Br.  Le  brome  non  utilisé  par  les  substitutions 
formera  du  CBr'  avec  les  bromures  précédents,  et  c'est  ainsi  que  dispa- 
raissent les  3Br-  opposés  à  1'"°'  d'acide  acétique  et  que  l'on  recueille  un 
liquide  sensjblen^ent  incolore. 

GÉOLOGIE.  —  Observations  sur  le  Patéozo'ù/iie  de  Rabat  (Maroc). 
Note  (')  de  M.  J.  Savobniv,  transmise  par  M.  Ch.  Depéret. 

Les  travaux  du  port  de  Rabat-Salé  ont  nécessité  l'ouverture  de  grandes 
carrières  à  20'""  sud-est  de  Rabat.  L'évacuation  clés  matéiùaux  se  fait  pro- 
visoirement par  eau,  sur  l'oued  BouRegreg,  mais  devra  être  prochainement 
remplacée  par  une  voie  ferrée  dont  les  tranchées  toutes  fraîches  permettent 
d'utiles  observations  au  bord  du  fleuve. 

On  sait  que  le  Néogène  forme  toute  la  hauteur  des  berges  du  Bou  Regreg 
(hauteur  croissant  de  So""  à  i5o'"),  depuis  l'embouchure  jusqu'à  20'''"  en 
amont.  U  est  formé  de  mollasses  et  de  calcaires  coquilliers  pliocènes,  avec 
poudingues  ou  simples  inclusions  de  galets,  d'une  puissance  totale  pouvant 
atteindre  40™  à  So"".  La  décalcification  superficielle  donne  lieu  à  une  for- 
mation sableuse,  à  grains  fins  siliceux  peu  mélangés  d'argile,  qui  joue  un 
rôle  important  sur  tout  le  plateau.  Un  horizon  inférieur,  que  l'on  voittrans- 

(')  Séance  du  i3  juin  1921. 


l588  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

gressif  sur  Ii-  l^aléozoïque  au  four  à  chaux  dit  de  VOurd  Akrec/i,  est  riche  en 
dents  de  Squales  {Carcharodon  mc^alodon,  O.ryrliitia,  Odonlaspis'),  et  de 
liajidés. 

Les  argiles  miocènes,  suhordonnées  à  celte  première  assise,  épaisses  en 
a\al  de  Oo'"  à  80"',  sont  progressivement  réduites  xei's  l'amont  et  dispa- 
raissent totalement  sous  la  transgression  pliocène.  Elle>  débutent  pai  une 
assise  calcaréo-mollassiqueà  fragments  de  grandes  lluitres. 

C'est  sous  cette  assise  formant  un  re])ère  très  net,  à  pendage  nord  de 
quelques  degrés  à  peine,  qu'apparaît  le  Paléozoïque  à  iS''™  sud-est  du 
Chella.  En  ce  point  précis  commence  à  se  dessiner  la  plaine  alkniale  du 
Bou  Regreg  inféi'ieur. 

Les  premiers  termes  de  la  série  primain-  sont  des  conglomérats  rouges 
\  iolacés,  à  gros  blocs  souvent  mal  arrondis,  ayant  plutôt  l'apparence  d'une 
formation  fluviatile  que  marine.  Je  n'hésite  pas  à  attribuer  cette  masse 
détritique  au  Permien,  en  raison  de  son  aspect  caractéristique. 

l)<'s  schistes  argileux,  traversés  par  une  roche  filonienne  non  déterminéi'. 
au  contact  de  laquelle  se  voit  un  gisement  recliligne  d'oxyde  de  manganèse 
prospecté  par  diverses  tranchées,  se  présentent  au-dessous  des  poudingues. 
Les  stratifications  sont  d'ailleurs  sub\erticales. 

A  une  centaine  de  mètres  en  amont  du  dyke  minéralisat<'iir.  la  tranchée 
du  futur  chemin  de  fera  coupé  une  masse  schisteuse  à  feuillets  très  réguliers 
montrant,  sur  leur  épaisseur,  des  bandelettes  alteinativemi'nl  grises  cl  blan- 
châtres. Ces  feuillets  sont  couverts  d'empreintes  île  (îraplolithos.  La 
présence  du  genre  Monogmpliis  permet  de  les  ra|i[)orter  au  (îothlandien. 

Bientôt  succède  à  la  formation  schisteuse,  vers  l'amont  toujours,  nue 
zone  de  calcaires  réglés  ou  feuilletés  qui  ne  tardent  pas  à  passer  à  un  calcaire 
massif,  fortement  cristallin,  en  très  gros  bancs.  J'altribn(^  ce  calcaire  au 
Carboniférien  inférieur,  en  raison  de  son  aspect  (]ui,  souvent,  le  rappi-oche 
du  «  petit  granit  »  de  Belgique.  La  calcite  dont  il  es!  presque  exclusivement 
formé  présente  des  facettes  de  clivagi'  larges  de  3"""  à  4"""  en  moyenne. 
C'est  la  roche  destinée  à  la  jetée  du  futur  port.  On  l'emploie  déjà  comme 
pierre  d'ap|)areil  pour  quelques  constructions  monumentales  de  Rabat. 

La  masse  calcaire  es!  nettement  ployée  en  synclinal,  de  direction 
03o°NL3o'^S  environ.  Le  confluent  de  l'oued  Akrech  et  i\n  Bou  Regreg,  à 
l'angle  aigu  de  ce  dernier,  se  fait  dans  le  synclinal.  Le  Bon  Regn'g  emprunte 
d'ailleurs  cette  vallée  tectonique  depuis  ')'""  en  amont  et  les  carrières  s'éche- 
lonnent dans  cette  portion  de  la  vallée. 

On  peut  compter  jusqu'à  cinq  bandes  d'affleurement  des  calcaires  dans 


SÉANCE   DU   20   JUIN    1921.  l58() 

Toued  Akrrch  et  trois  à  2''"'  plus  à  Fl^sl.  Ce  sont  les  flancs  de  plis  siibvcr- 
ticiiux  déciipilés  pas  Térosion  iinlémiocène  dans  leurs  boucles  anliclinales. 

Kii  remontaut  les  vallées  de  Toued  AUrrch  cl  du  (  irou,  qui  sont  normales 
aux  axes  de  ces  plis,  on  trouve  ensuite  de  petits  congloniérats  quartzeux  et 
des  gi'ès  grossiers  grisâtres,  que  j'attribuerais  volontiers  encore  au  Carbo- 
nifère. Les  grès  ne  tardent  pas  à  devenir  très  fins,  à  se  charger  de  mica  en 
minuscules  paillettes.  Un  prospecteur  russe,  M.  Hoy,  y  a  découvert  un 
gisement  de  Lepidodcndron  et  C«/w/;iVf,v  ( ')  que  je  n'ai  pu  retrouver.  L'asso- 
ciation de  ces  deux  genres  semble  affirmer  l'exislence  du  Rouiller  eu  ce 
poinl. 

Daus  les  proches  environs  du  gisemeut  j'ai  observé  une  grauwacke  à 
articles  de  Ciinoïdes  et  à  Spirifers  \Spir.  cf.  Vei-neuilli  ('?)  et  autres].  Je  n'ai 
malhcurcusenient  pu  arrivera  des  déterminations  spécifiques  précises.  Mais 
la  roche  et  l'aspect  géuéral  des  formes  fossiles  font  songer  au  Dévonien 
plulôt  qu'au  Carboniférien. 

Il  reste  donc  de  nombreuses  lacunes  dans  la  connaissance  des  formations 
primaires  que  l'érosion  du  Bou  Regreg^  et  de  ses  affluents  a  mises  à  nu  sous 
le  plateau  néogène  jusque  près  de  Rabat.  Néanmoins,  les  faunes  déjà  ren- 
contrées, la  nature  et  la  succession  des  roches  observées,  la  direction  géné- 
rale des  plissements  qui  les  affeclent  :  à  angle  droit  sur  les  direclious 
habituellemenl  constatées  dans  le  pays  Zaër,  sont  autant  de  faits  qui  méri- 
taient d'être  dès  à  présent  signalés. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  éruplions  volcaniques  mêsocrélacées  et  leurs  rapports 
avec  la  distribution  des  faciès  dans  les  géosynclinaux  caucasiens.  Note  de 
M.  Pierre  Bo\met,  présentée  par  M.  Kmile  Haug. 

Dans  la  description  de  la  gorge  de  Djoulfa  que  j'ai  publiée  en  1912  (-), 
j'ai  signalé  l'existence  d'un  amas  de  basaltes  andésitiques  de  600'"  à  700"' 
d'épaisseur  interrompant  la  succession  des  couches  crétacées,  mais  j'ai  dû 
remettre  à  une  date  ultérieure  l'étude  des  conditions  de  leur  mise  en  place. 

.l'ai  pu  revoir  en  détail  cette  formation  lors  de  ma  di-mière  Mission 
en  1914-  L'ensemble,  formé  d'une  série  alternante  de  coulées  et  de  Lufs, 
s'inlercale  en  concordance  entre  les  couches  du  Turonien  supérieur  trans- 

(')   échantillons  donnés  à  la  colleclion  du  Service  des  mines  de  Raliat. 
(-)   Bull.  Soc.  Géol.  Fr.,  \^\2,  p.  3 12. 


l5go  ACADÉMIE    DES    SCIEIVCES. 

gressif  et  le  conglomérai  que  j'avais  alors  indiqdé  comme  «  crétacé?  »  et 
qui  recouvre  m  discôrdanci'  le  JuraSsiqur  inoven.  La  roupe  provisoire  que 
j'ai  donnée  dans  la  Note  précitée  doit  donc  être  modifiée  en  ce  sens,  ces 
roches  volcaniques  y  étani  figurées  à  tori  (omme  coupant  en  fliscordancc 
la  série  crélacée. 

Je  liie  suis  efforcé  de  délerminer  l'âge  de  la  sortie  de  ces  roches;  j'ai  déjà 
indiqué  comme  appaMenanl  à  la  partie  supériouro  du  Turonien  la  base  des 
couches  à  faciès  de  Gosau  qui  les  recouvrent  :  tille  est  donc  l'époque  vers 
laquelle  les  éruptions  semblent  avoir  pris  fin.  (^uant  à  la  date  di-  leur  début, 
on  ne  |)eut  procéder  que  par  approximation  :  je  n'ai  en  elî'et  trouvé,  malgré 
mes  recherches,  aucun  indice  paléontologique  ni  dans  les  tufs,  ni  à  la  base 
de  ces  épanchements.  Le  conglomérat  (jui  les  précède  en  concordance  est 
composé  d'éléments  empruntés  aux  formations  sous-jacenles  :  Trias,  roches 
vertes  basiques  et  Jurassique  moyen.  Il  est  donc  simplement  postérieur  à 
cette  dernière  formation;  mais,  d'aiilre  part,  êuint  donné  qu'il  la  surmonte  en 
discordance  angulaire^  il  ne  peut  êlrr  aUrihnv  à  un  àgf  antérieur  au  Tit/io- 
niffiiCj  parce  qu'en  aucun  point  des  géosynclinaux  on  n'a  jusqu'ici  observé 
de  mouvements  orogéniques  entraînant  ilne  discordance  angulaire  entre 
deux  termes  de  la  séri<^  jurassique  infra-tithonique.  C'est  la  seule  indication 
que  l'on  puisse  donner  sur  la  limite  inférieuio  des  éruptions  crétacées  à 
Djouifâ. 

Mais  ces  roches  volcaniques  ne  sont  pas  localisées  dans  ce  seul  point.  Je 
les  ai  retrouvées,  toujours  surmontées  par  des  couches  de  Gosau  synclno- 
niques  de  celles  de  Djoulfa,  dans  les  chaînes  de  l'Araxe  moyen,  depuis  les 
abords  du  rebroussement  dé  l'Araral  jusque  <lans  le  massif  dn  Daralago-z. 
I"^t,  dansée  dernier,  elle  sont  précédées  i-n  concordance  par  toulè  nn<'  série 
sédimentaire  d'abord  sans  fossileSj  puis  (  ouronnée  à  son  sommet  par  un 
niveau  fossilifère  vraconnien  à  Ammonoidés  :  leur  âge  se  précise  donc 
ici  et  se  place  entre  la  base  du  Génomanien  et  la  partie  supérieure  dn 
Turonii'u. 

C<'s  épanch(^nienls  basalliqui's  sont  loin  de  montrer  partolil  uni"  impor- 
tance égale.  Au  nofd-esl  île  l'Araral,  ils  prennent  un  développement  consi- 
dérable ei  remplissent  de  lenrs  puissantes  coulées  (\i'^  vallées  entières. 
Moins  importants  à  DjoulCa,  ils  se  réduisent  encore  ilavaniage  dans  le 
Daralagœz.  Corrélalivemfnl  à  cet  Hfl'aiblifesemenI  des  mnnifislalions  volca- 
niques, les  formations  sédimentaires  du  Mésocrétacé  qui  les  aceompagnenl 
subissent  une  modification  dans  le  caractère  de  leurs  faciès.  Les  couches  de 
(iosau  des  vallées  du  -\ord-(  )uest   témoignent  d'une  faible  piofondenr,  bien 


SÉANCE    DU    20    ,H  IN    1921.  l.'ipl 

inar(|iié(-  par  I  aliomlaiice  des  lluilrcs;  à  Djoult'a,  il  s'y  ajouli'  <li's  Kiiilislcs: 
dans  le  Daialagœz,  ces  deux  groupes  disparaissciil  iM  loiil  place  à  des  Ino- 
ccraines.  D<'  plus,  c'est  seiilemeri'l  dans  ce  dernier  massif  que  l'yMbien,  avec 
Vraconnien  balhyal,  est  représi>nté.  J'ai  donc  ainsi  pu  retrouver,  au  Mcso- 
erélacè,  dans  e<'lte  terminaison  de  l'aie  Iranien  de  Fl^^lliourz,  la  mènn'dis- 
Ii'iljution  des  faciès  qile  J'ai  déjà  signalée  pour  le  Tiiiis  «i  le  Lias  (  ' ).  H  y  ;> 
là  <'ncoii'  uni'  aiignientalion  dr  la  néritieité  des  dépôts,  vers  le  rcbroussr'- 
menl  et  vers  le  sud  :  le  Daralagcrz  demi-ure  la  partie  la  plus  profonde,  la 
plus  néritique  se  trouvant,  aux  abords  ilu  rebroussement  de  l'Ararat  ;  d  la 
région  de  Djoulfa  continue  à  présenter  des  caraclèrcs  inlprnlédiaires,  parce 
que,  correspondant  au  Daralaga'z,  elle  fait  partie  de  la  bande  méridionale 
plus  néritique. 

L'examen  des  données  que  nous  jiossédons  sur  la  partie  orientale  du 
grand  Caucase,  homologue  si>plenlrional  de  la  terminaison  de  l'arc  de 
l'Elbourz,  m'a  permis  d'y  reconnaître  l'existence  de  phénomènes  analogues 
à  ceux  que  j'ai  observés  en  Transcaucasie.  Près  du  rebroussement  du 
kazbelv,  dans  les  vallées  du  Ksan  et  de  l'Aragva,  on  trouve  dans  la  série 
crétacée  néritique  des  coulées  d'andésite  augilii|ue,  avec  tufs  de  même 
nature.  Ces  roches  sont  en  relations  stratigraphiques  peu  précises  avec 
ri{ocrétacé  et  le  iNéoci'étacé;  mais,  étant  donné  l'absence  du  Mésocrélaeé 
dans  cette  région  i-t  l'Age  cénomanien-turonien  des  éruptions  transcauca- 
siennes, il  parait  vraisemblable  de  les  attribuer  à  la  même  époque.  Vers 
l'est,  dans  la  direction  du  centre  de  l'arc,  les  manifestations  volcaniques 
disparaissent  totalement,  et  en  même  temps  la  série  devient  plus  complète 
et  plus  bathyale.  C'est  ainsi  que,  dans  h^  Daghestan,  s'accuse  une  simple 
lluctuation  régressive  correspondant  au  Cénomanien-Turonien  :  au-dessus 
de  l'Albien,  très  riche  en  Ammonoïdés,  viennent  des  couches  à  Végétaux 
et  à  petits  Lamellibranches,  passant  insensiblement  au  Sénonien  balhyal. 

A  l'ouest  du  rebroussement  du  Kazbek,  nous  trouvons  daus  les  mon- 
tagnes Mesques,  qui  forment  l'extrémité  de  la  iiranche  orientah'  de  l'arc 
Ponlique,  les  premières  indications  symétriques  d'une  gradation  analogue. 
Sur  le  bord  méridional  des  dômes  de  Tkvibouli  et  de  la  Dziroula,  le  Méso- 
crétacé  est  entièrement  représenté,  luais  néritique,  et  les  dépôts  du  Céno- 
uianieu  et  du  Turonien  sont  interrompus  par  des  coulées  et  des  tufs  andé- 
sitiques  et  basaltiques;  plus  à  l'Ouest,  la  série  plus  bathyale  devient  com- 

(')  Comptes  rendus,  t.  170,   1920,  p.  i58S;  t.  172,  19.'.  i-  p.  iii4. 


iSga  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

parablr-  à  celle  ilii  Daghestan,  sans  inlercalation  volcani(|ue,  el  manifesie 
simplemeni  une  diniinulion  de  profondeur  an  Turonien. 

En  résumé,  Vètude  du  Mcsocrétacé  de  l'isthme  caucasien,  basée,  pour  la 
Transeaiieasie,  sur  mes  observations  personnelles,  et,  pour  le  giand  Cau- 
case, sur  l'ensemble  des  travaux  des  divers  auteurs  qui  l'ont  étiidu-,  m\i 
révélé  Vexislcncp.  à  celte  époque,  de  phénomènes  analogues  à  ceu.r  que  j'ai 
déjà  signalés  au  Lias  :  même  constance  dans  les  relations  entre  les  rebrousse- 
ments,  les  variations  d'intensité  des  manifestations  volcaniques,  et  les  modifi- 
cations progressives  et  concomitantes  des  faciès;  même  parallélisme  entre  les 
deux  arcs  du  Nord  et  du  Sud,  le  /tremier  apparaissunt  toujours  comme  plus 
profond  que  le  second.  H  se  [)rodMit  de  nouveau  à  celle  époque,  spéciale- 
ment au  GénoMumien-Tuionien,  une  tendance  à  l'émersion  des  géosyn- 
clinaux caucasiens.  C'est  dans  la  région  du  rebroussement  Ararat-Kazbek, 
et  surtout  dans  la  partie  méridionale  de  celui-ci,  que  ce  phénomène  est  le 
plus  accentué  :  les  fractures  qui  l'accompagnent  donnent  lieu  à  des  épan- 
cheuienls  volcaniques  correspondant  à  une  interruption  de  durée  variable 
de  la  sédimentation.  Kn  même  temps,  les  parties  centrales  des  arcs  sont 
réduites  à  de  simples  oscillations.  Mais,  soit  dans  les  parties  néritiques, 
soit  dans  les  parties  profondes,  on  ne  voit  pas  que  cette  tendance  à  l'émer- 
sion ait  donné  lieu  à  un  mouvement  orogénique  susceptible  d'engendrer 
une  discordance  au  cours  de  la  série  mésocrétacée,  contrairement  à  ce  qui 
a  été  décrit  dans  plusieurs  points  des  géosynclinaux  alpins. 


GlCOGRAPHlE   PHYSIQUIl.   —   Plateformes  fluviales  et  ressauts  d'érosion. 
Note  de  M.  Jova.\  Cvmic,  présentée  par  M.  l'ieire  Termier. 

Si  l'on  part  du  rivage  de  la  plateforme  de  Mackal  à  960'",  et  si  l'on  exa- 
mine le  relief  des  montagnes  dinariques  en  se  dirigeant  vers  le  Sud,  on  voit 
le  terrain  s'élever  par  des  escarpements  qui  marquent  le  passage  dune 
plateforme  à  une  autre.  Ces  escarpements  sont  rarement  abru|)ts  cl  tran- 
chés :  aussi  faut-il  un  examen  attentif  pour  déterminer  la  succession  de 
leurs  séries.  Entre  eux,  le  terrain  es!  plus  ou  moins  ondulé;  il  n'est  jamais 
aussi  aplani  que  sur  la  plateforme  de  Mackal. 

Le  relief  se  présente  de  la  même  façon  avec  ressauls  et  plateformes  en 
remontant  les  vallées  de  direction  dinarique  :  Uvac,  Liiu,  Drina  (Piva  et 
Tara)  vers  le  Sud-I']st. 


SÉANCE  DU  20  Jim  1921.  1593 

Plateformes  flmialcs.  —  Dans  l'ensemble,  on  peiU  remarquer  quatre 
grandes  platd'ormrs.  Je  les  ai  désignées  d'après  les  noms  des  montagnes 
ou  des  régions  où  elles  sont  le  plus  étendues  :  plateformes  de  Bcla  (r/), 
Zlatibor  (/>),  Drobnajk  (c),  et  Kopaonik  {d),  cette  dernière  d'après  le 
grand  plateau  ([ui  fait  partie  du  Kopaonik. 

Ces  hautes  plateformes  ont  les  caractères  distinctifs  suivants  : 

1.  Extension  dans  la  même  direction  que  le  cours  des  rivières  auquel  les  terrasses 
d'abrasion  et  leurs  rivages  sont  perpendiculaires  ou  obli([ues. 

2.  Inclinaison  vers  le  rivage  de  la  plateforme  A  ou  les  suivants. 

3.  Ondulation  relative  à  l'encontre  des  plateformes  d'abrasion  qui  sont  nivelées. 
Entre  de  larges  ondulations,  en  règle  générale,  se  trouvent  des  vallées  à  fond  plat  et 
peu  profondes  où  les  rivières  coulent  très  lentement.  Ces  vallées  datent  de  l'établis- 
sement de  la  plateforme.  D'autres,  particulièrement  aux  lisières,  sont  profondes  et 
escarpées  :  plus  jeunes,  elles  résultent  de  phases  d'érosion  plus  récentes. 

i.  Absence  de  sédiments  pliocènes  constatés  sur  les  plateformes  d'abrasion.  Les 
hautes  plateformes  sont  nues,  à  part  l'éluvium,  les  cailloux  non  roulés  et  l'argile 
qu'on  rencontre  rarement. 

Donc  ces  hautes  plateformes  ne  sont  pas  des  terrasses  d'abrasion  comme 
celles  situées  au-dessous  de  960™.  Elles  représentent  des  plateformes  d'ori- 
gine fluviale.  D'autre  part,  leur  surface  est  ondulée,  elles  sont  souvent 
emboîtées  l'une  dans  l'autre  et  séparées  par  des  ruptures  de  pente  bien 
marquées;  elles  ne  sont  donc  pas  des  pénéplaines.  Ces  plateformes  fluviales 
présentent  des  analogies  avec  les  terrasses  fluviales  rocheuses,  mais  s'en 
distinguent  :  elles  sont  beaucoup  plus  vastes,  leurs  lignes  de  rupture  de 
pente  sont  beaucoup  plus  éloignées  des  thalwegs  que  les  escarpements  des 
terrasses  fluviales. 

Par  suit  ;,  l'espace  compris  entre  Belgrade  et  la  ligne  de  partage  des 
eaux  coulant  vers  le  Danube  et  la  mer  Adriatique  renferme  douze  plate- 
formes. Les  huit  plus  basses,  au-dessous  de  960'",  sont  des  terrasses  d'abra- 
sion, les  quatre  plus  hautes  sont  des  plateformes  fluviales.  La  plus  haute 
plateforme  d'abrasion,  dite  de  Mackat  (A),  départage  les  deux  séries.  Ses 
falaises  sont  très  bien  conservées,  particulièrement  à  Cajetina  et  à  Gliza. 
Sur  sa  largeur  de  20''™  à  So*^™,  elle  est  en  beaucoup  d'endroits  recouverte 
de  cailloutis  et  de  sables  quartzeux  d'âge  pontien. 

Ressauts  d'érosion.  —  Quoique  les  plateformes  fluviales  situées  entre  le 
rivage  de  Mackat  (A)  et  la  ligne  de  partage  primitive  soient  en  général  bien 
développées  et  bien  reconnaissables,  il  est  souvent  difficile  d'attribuer  à 
l'une  d'elles  telle  ou  telle  surface  isolée. 

C.  R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N«  25.)  Il6 


l594  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  hauteur  al)solue  de  ces  surfaces  isolées  n'est  d'aucune  aide  :  les  plate- 
fornîes  fluviales  sont  des  plateaux  ondulés  dont  la  surface  primitive  était 
inclinée  de  la  ligne  de  partage  des  eaux  au  rivage  correspondant. 

Mais  on  passe  d'une  plateforme  à  l'autre  par  des  ruptures  de  pente  souvent 


iiclation  i-nLrc   les  rivages  plioccnes  el   le>  ressauts  d'crnsion. 
1',  Bassin   pannonieii;  A,  B,  C,  D,   K,  F,  G,  H,  rivages   plioccnes;  X,  témoins  de    la  surface  pn'pon 
tienne;  a,  b,  c,  d,  plateformes  fluviales  correspondant  aux  rivages  A,  B,  C,  D;  e,/,f;,  /i.  ter- 
rasses fluviales   correspondant  aux  rivages  K,  F,  G.  H: ,   prolongement  des  rivières  sur 

les  terrasses  d'abrasion;  1,  2,  vallées  épigéniques;  a,  p,  y,  soudure  de  deux  ressauts  d'érosion. 

bien  accusées.  Pour  les  discerner  des  ruptures  de  pente  d'autre  origine  nous 
les  appelons  ressauts  d'érosion.  Si  l'on  fixe  sur  une  carte  leur  répartition 


SÉANCE    UU    20   JILX    1921.  1393 

géographique,  on  obtient  une  ligne  très  sinueuse  qui  limite  deux  plate- 
formes successives. 

Les  ressauts  d'érosion  se  forment  sur  le  continent  par  l'érosion  fluviale 
correspondant  à  la  régression  d'un  rivage  d'une  isoliypse  à  l'autre.  Ce  ne 
sont  pas  uniquement  des  ruptures  de  pente  dans  le  profil  longitudinal  d'un 
fleuve  et  de  ses  affluents.  |]n  réalité  l'érosion  totale  s'est  développée  à  la  suite 
de  la  régression  d'un  rivage  et  s'est  manifestée  par  la  formation  de  nouvelles 
courtes  vallées  et  ravins,  par  le  façonnement  de  leurs  versants  et  par  l'action 
du  ruissellement  plus  vive  qui  s'étend  jusqu'à  une  certaine  isohypse.  Cette 
limite  supérieure  de  l'érosion  correspondant  à  une  phase  de  régression  sera 
marquée  par  le  ressaut  d'érosion. 

Le  ressaut  d'érosion  marque  donc  la  limite  supérieure  d'une  plateforme 
fluviale.  Mais  il  est  incliné  lui-même  de  la  même  façon  que  la  plateforme 
correspondante.  Néanmoins  il  peut  servir  pour  déterminer  la  hauteur  d'une 
plateforme  flu^'iale.  D'abord  ses  parties  les  plus  hautes  en  représentent  la 
limite  supérieure  et  les  points  où  il  passe  dans  son  rivage  en  sont  la  limite 
inférieure.  Si  l'on  peut  fixer  ces  deux  limites,  on  déterminera  le  caractère 
hypsométrique  d'une  plateforme.  D'autre  part,  si  l'on  s'avance  d'un  point 
d'un  thalweg  dans  une  direction  déterminée  vers  le  haut,  on  peut  déter- 
miner les  hauteurs  relatives  des  ressauts  d'érosion  successifs. 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Les  «  frane  »  de  la  vallée  de  la  Ccre. 
ÎNote  de  M"*^  Y.  Boisse  de  Blace,  présentée  par  M.   ICmile  Haug. 

Si  le  Cantal  a  été  modelé  par  l'érosion  fluviatile  et  glaciaire,  comme  l'ont 
montré  les  travaux  de  Rames  (')  et  de  M.  Boule  (-),  il  me  semble  intéres- 
sant de  faire  ressortir  que  d'autres  agents  ont  contribué  secondairement  à 
imprimer  à  ce  pays  sa  topographie  actuelle. 

Le  sol  du  Cantal  est.  en  certains  points,  assez  perméable,  notamment  sur  les  aflleu- 
rements  de  conglomérats  andésitiques,  composés  en  grande  partie  de  ponces  vacuo- 
laires,  à  travers  lesquelles  l'eau  s'infiltre  facilement.  Ces  conglomérats  reposent  parfois 
sur  l'Oligocène  constitué,  du  sommet  à  la  base,  par  des  calcaires,  des  marnes,  des 
argiles  et  des  sables.  La  partie  inférieure  des  marnes  forme  un  niveau  étanche,  corres- 
pondant aux  marnes  vertes  du  bassin  de  Paris,  oi'i  s'établit  également  un  niveau  d'eau. 

(')    Topoi(raphic  raisimnée  du  Cantal.  Aurillac,  Bouygues  frères,  1879. 
(-)    Topographie  glaciaire  en   Auvergne  (Annalea  de   Géographie,    \  "^    année, 
Armand  Colin,  Paris). 


l5g6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  plateaux  situés  à  l'ouest  du  massif  cantalien  rei^oivent  environ  2'"  deau  par  an 
au-dessus  de  1000"  d'altitude  et  l'on  est  surpris  de  constater  la  faible  importance  de 
leur  réseau  hydrographique  qui,  avec  l'altitude,  les  rend  peu  propres  à  la  culture. 

Une  partie  de  l'eau  qu'ils  reçoivent  est  drainée  par  des  ruisseaux,  l'autre,  la  plus 
grande,  s'infiltre,  traverse  les  conglomérats,  les  calcaires,  le  sommet  des  marnes  et 
s'arrête  à  la  base  de  ces  dernières  dans  la  région  du  Pas  du  Lue.  près  de  Vic-sur-Cère. 
La  nappe  piézométrique  est  intercalée  entre  les  marnes  de  base  d'une  part,  le  sommet 
de  r(.)ligocène  et  le  conglomérat  andésitique  d'autre  part.  Elle  est,  en  outre,  favorisée 
par  le  pendage  de  l'Oligocène  vers  la  vallée;  et,  ainsi  que  l'a  montré  Emile  Duclaux, 
elle  ressort  à  ce  niveau  au  flanc  nord-est  sous  forme  de  sources  très  abondantes,  à 
température  et  à  composition  constantes,  ce  qui  confirme  son  unité. 

L'Oligocène  n'est  visible  que  par  de  très  petits  affleurements  sur  les 
flancs  de  la  vallée  de  la  Gère.  Il  est  presque  toujours  masqué  par  un  revê- 
tement détritique  dû  aux  éboulis  des  pentes;  la  nappe,  au  lieu  de  sourdre 
à  l'air  lil)re,  à  liane  de  coteau,  sinliltre  en  biseau  sous  les  dépôts  des  pentes 
et  donne  des  émergences  de  pied  de  versant  qui  forment  une  doul)le  ligne 
de  marais  parallèles  à  la  rivière.  La  nappe  phréatique  imbibe  fortement  les 
éboulis  au  niveau  piézométrique,  et,  si  un  orage  ou  une  longue  période  de 
pluie  vient  achever  cette  imbibition,  il  se  produit  d'abord  ce  que  j'appellerai 
une  doline  de  pente,  puis  une  Jrana. 

L'infiltration  de  leau  sur  un  sol  plan,  perméable,  forme,  par  affaisse- 
ment des  couches  superficielles,  la  doline.  Si  le  même  phénomène  de  disso- 
lution et  d'infiltration  se  passe  sur  un  sol  incliné,  il  se  produit  au  début  un 
accident  de  relief  identique,  c'est-à-dire  un  affaissement  circulaire  du  sol; 
mais  toute  la  partie  de  l'excavation  tournée  vers  Taxai,  fortement  sollicitée 
par  la  pente,  finit  par  t'-tre  arrachée  Elle  constitue  sur  le  liane  de  la 
\ allée  un  ressaut  de  terrain  en  forme  de  loupe,  tandis  que  la  partie  amont 
reste  en  place  en  donnant  un  escarpiment  en  arc  de  cercle  plus  ou 
moins  ouvert.  Cet  accident  de  terrain  rappelle  fidèlement  le  type  II  des 
jrane  de  M.  Almagia  ('),  minutieusement  étudié  dans  les  Apennins. 

La  vallée  de  la  Gère,  entre  Vie  et  Arpajon,  est  formée  de  deux  auges 
glaciaires  emboîtées,  l'une  rissienne,  l'autre  xviirmienne.  La  ligne  de  rup- 
ture de  pente  entre  l'auge  supérieure  et  l'auge  inférieure  coïncide  grossiè- 
rement avec  le  contact  de  l'Oligocène  et  du  conglomérat  éruptif.  Le  long  do 
cette  ligne  se  sont  produites  la  plupart  des  frane  qui  découpent  le  palier 
rissien  de  la  façon  la  plus  étrange  et  donnent  à  cette  topographie  son  aspect 

(')  D"'  RoiiimTO  ALMA(iiA,  Sludi  geografici  sitlli franc  in  /talia  (Società  geografica 
ludiana^  i9"7;  MeniDiie  dclla  Socielà  geografica  llaliana.  1910). 


SÉANCE    DU    20   JUIN    I92I.  1597 

caractéristique.  Ces  dolines  de  pente  et  les  Jrane  qui  en  résullenl  sont  nom- 
breuses. Je  me  contenterai  d'en  décrire  doux,  la  première  nous  donne 
l'appareil  complet  qui  vient  d'être  décrit,  la  seconde  est  remarquable  par 
ses  grandes  dimensions. 

Au  niveau  du  village  de  la  Maisonblanclie  (commune  d'^ûiel),  la  vallée  dessine  un 
replat  de  terrain  :  la  plalefornie  rissienne  sur  laquelle  est  bâli  le  village.  Imniédia- 
lemenl  en  dessous  de  cette  terrasse  s'est  formée  une  frana.  Tout  le  haut  de  cet  arra- 
chement est  dans  le  conglomérat  andésilique;  à  la  base  seule  apparaissent  les  calcaires 
blancs  oligocènes.  Son  diamètre  est  d'environ  ^o™,  la  distance  du  sommet  de  la  frana. 
à  la  loupa  est  aussi  d'environ  ^o™,  la  profondeur  de  l'escarpement  de  13™  et  la  surface 
d'arrachement  de  l^o"''.  La  source  qui  a  produit  le  décollement  n'apparaît  pas  entre 
la  loupe  et  le  bord  du  fer  à  cheval,  elle  sourd  à  5o™  plus  bas  dans  un  pré,  les  paysans 
l'ont  captée  pour  alimenter  un  réservoir. 

La  seconde //«/(rt  est  celle  du  Puy  de  Vaurs,  situé  à  l'intersection  de  la  vallée  de  la 
Gère  et  de  la  vallée  de  Mamou.  Cet  accident  est  figuré  dans  le  «  Cantal  miocène  » 
de  M.  Boule  (');  il  constitue  \a  frana  la  plus  vaste  et  la  plus  nette  que  je  connaisse 
dans  la  région.  Le  talus  qui  la  circonscrit  forme  un  arc  de  cercle  de  180°  de  dévelop- 
pement. Très  abrupt,  il  a  une  vingtaine  de  mètres  de  haut  :  le  fond  de  la  frana  large 
de  200"°  est  ici  plat,  avec  une  très  légère  pente  vers  Aurillac.  Des  infiltrations  souter- 
raines en  rendent  le  centre  humide.  La  loupe  qui  la  prolonge  vers  l'aval  commande  un 
petit  ravin  encfaissé,  très  rapide  et  bordé  de  saules.  Sur  le  bord  de  la  loupe  s'est 
produit  un  décollement  secondaire. 

Visible  d'Aurillac,  celle  frana,  creusée  au  sommet  de  la  montagne,  est  si  frappante 
qu'elle  a  souvent  été  prise  pour  un  cratère  ébréché. 

Les  frane  de  ces  régions  continuent  à  se  produire  sous  nos  yeux,  je 
pourrais  en  citer  plusieurs  qui  sont  toutes  récentes. 

\u^%  frane  exposées  au  midi,  ce  qui  est  fréquent  dans  la  vallée  de  la  Gère, 
offrent  un  excellent  emplacement  pour  une  habitation  rurale.  Les  parois 
de  \^  frana  abritent  celle-ci  contre  les  vents  froids  de  l'esl,  du  nord  et  de 
l'ouest,  le  fond  constitue  un  sol  admirablement  approprié  à  un  verger  ou  à 
un  jardin  et  enfin  la  source  qui  a  provoqué  le  décollement  sert  à  l'alimenta- 
tion en  eau  potable  de  la  maison.  Ici  encore  la  géographie  humaine  a  été 
conditionnée  par  la  géographie  physique. 

('  )  Bulletin  du  Sen'ice  de  la  Carte  géologique  de  la  France,  n°  54-,  t.  8,  1896-1897, 
p.  6,  fig.  4. 


iSgS  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


l'HYSIQUE  DU  GLOBE.    —   Quelques  nouvelles  mesures  de  la  densité  de  l'air 
de  Genève.  Noie  de  M.  A.  Treuthardï. 

Contrairement  à  ce  qui  est  généralement  admis,  la  densité- de  l'air  n'est 
pas  rigoureusement  constante  et  identique  à  elle-même  ;  elle  paraît  subir  de 
faibles  diminutions  en  un  même  lieu  (quelques  dixièmes  de  milligramme 
par  litre)  dans  les  périodes  de  hautes  pressions  barométriques.  Ce  dernier 
fait  a  été  constaté  pour  la  première  fois  en  1910  par  MM.  (luye,  Kovacz  et 
Wourtzel,  sur  l'air  de  Genève  à  la  suite  de  i3  déterminations  moyennes 
journalières  et  sur  l'air  du  mont  Salève  (Haute-Savoie)  pour  une  moyenne 
de  4  observations  le  même  jour.  Il  a  été  ensuite  confirmé  par  M.  A.  Germann 
en  1912  sur  l'air  de  Genève  (2  moyennes),  puis  par  MM.  (iermann  et  Boolli 
(3  moyennes)  en  1916,  sur  l'air  de  Cleveland  (Ohio,  U.  S.  A.). 

En  résumant  ces  résultats  et  en  discutant  leur  interprétation,  M.  («uye  a 
signalé  en  1917  le  faitque  les  7  observations  faites  en  1892  par  Lord  Rayleigh 
sur  l'air  de  Terling  Place  (Essex)  présentent  aussi  des  niinima  de  densité 
en  relation  avec  desi  maxima  barométriques;  il  en  est  de  même  d'une  série 
d'observations  faites  en  1916  à  Neuchâtel  par  M.  .lacquerod  par  la  méthode 
du  flotteur  ('). 

On  trouvera  dans  cette  Note  les  résultats  de  quel(|ues  nouvelles  mesures 
eflectuées  en  1917  sur  l'air  de  Genève. 

La  méthode  est  celle  des  ballons,  sous  la  forme  i)rali([iiée  à  Genève  à  i'épo<|iie  des 
mesures  de  la  densité  du  gaz  Brll  :  les  trois  ballons,  à  parois  relativement  épaisses, 
sont  remplis  simultanément  à  0°  d'air  desséché  et  privé  de  gaz  C0-.  soigneusement 
filtré  à  travers  du  coton;  ils  sont  fermés  sous  une  pression  très  voisine  de  ^fio"'™,  et 
non  pas  sous  la  pression  barométrique  ambiante;  les  corrections  de  compressibilité 
entre  la  pression  de  fermeture  et  la  pression  de  760"""  et  celle  de  contraction  des 
ballons  par  le  vide  sont  ainsi  négligeables.  Ces  opérations  seront  décrites' dans  un 
Mémoire  détaillé. 

Dans  le  Tableau  1  sont  transcrites  dix  \aleurs  moyennes  du  |)oids  du  Ulre  normal 
d'air,  résultant  chacune  de  deux  ou  trois  observations.  La  colonne  15,, donne  la  hauteur 
du  baromètre  du  laboratoire,  réduite  à  zéro,  au  moment  de  la  prise  d'air.  En  regard 
on  a  indiqué  la  caractéristique  de  la  pression  barométrique  extérieure  à  1  éjjoque  de 
chaque  expérience,  d'après  les  données  de  l'Observatoire  de  (lenève. 

(')  GuvE,  Kovacz  et  Wouiitzel,  Comptes  rendus,  t.  Loi,  1912,  p.  \î\2\  et  i58'i; 
J.  Clam,  phys.,  1. 10,  1912,  p.  33?,.  —  A.  Gehimann, /i/c^.,  t.  12,  191/I,  p.  107. —  Germann 
et  BooTii,  Wesl.  Res.  Unh\  liulL,  t.  19,  1916,  p.  45.  —  Guve,  ,/.  C/iim.  p/tys.,  t.  lo, 

1917,  p.  561,  ou  se  trouvent  résumées  toutes  les  observations  antérieures. 


SEANCE   DU    20   JUIN 


1921. 


1599 


Tt 

BLEAU    I 

Oates. 

Obser- 

Séries. 

1!)17. 

v:ilions. 

L. 

B„. 

1.... 

t6  février 

3 

I , 2934 

73i,3 

II... 

2  mars 

2 

I , 3933 

728,2 

m. . 

4  avril 

3 

1,29282 

7'-3,7 

IV... 

28  avril 

2 

.,29>.6 

728,6 

V... 

7  juin 

3 

1 ,292.5 

731,6 

VI... 

20  juin 

2 

1,2924 

732,0 

VII.. 

5  juillet 

2 

1,2926 

731 ,0 

VIII. 

7  juillet 

3 

1,29307 

725 ,3 

I\ . . 

Kl  juillet 

3 

1.29273 

.26,9 

\ ... 

12  juillet 

3 

1.29253 

734,. 

Moyenne. 

1  ,'Hr->.(>9 

( à  arro 

Observations 
sur  la  pression  barométrique. 

Maximum  barométrique  le  16  Cévr. 

Régime  de  pressions  décroissantes 
du  25  février  (734)  au  7  mars  {701  j, 
min.   exceptionnel    pour  Genève. 

Régime  de  pressions  faibles  entre  le 
jer  avril  (719)  et  le  7  avril  (721). 

Maximum  25  avril  {731);  pressions 
décroissantes  jusqu'au  3o  avril. 

Hautes  pressions,  légèrement  dé- 
croissantes du  3  juin   (734,0)  au 

1 1  juin  (  726,3)  ;  le  7  juin  (  73o,4  ) 
maximum  relatif. 

Maximum  relatif  le  25  juin. 

Maximum  le  4  juillet  (730,6)  ;  pres- 
sions décroissantes  jusqu'au  8  juil- 
let (724,0),  croissantes  jusqu'au 

12  juillet  (733,4). 


Ces  valeurs  de  L  n'ont  pas  toutes  la  même  précision;  celles  imprimées 
en  caractères  gras  peuvent  seules  être  considérées  comme  définitives;  leur 
détail  est  reproduit  au  Tableau  II.  Pour  les  autres,  je  n'ai  retenu  que  les 
valeurs  moyennes. 


Tableau  II. 

Ballons 
Séries.  B,,.  a.  //.  c.  Moyennes. 

III 723,7  1,29283  1,29287  1,29277  1,29282 

VIII.......  725,3     1,29309    1,29804    1,29309     1,29807 

IX. 729,9      1,29395     1,29272     1,29253      1,29273 

X 734,1     1,29243    1,29276    1,29255     1,29253 

Moyennes 1,29282    1,29285    1,29274     1,29280 

Les  valeurs  de  L  inférieures  à  la  moyenne  1,29269  (Tableau  I)  corres- 
pondent soit  à  des  niaxima  barométriques,  soit  à  des  pressions  encore 
élevées  suivant  de  près  des  maxima  barométriques,  soit  à  des  périodes  de 
hautes  pressions.  Les  valeurs  de  L  supérieures  à  la  moyenne  correspondent 


l6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soit  à  des  pressions  décroissantes,  voisines  d'un  minimum,  soit  à  une 
période  dépressions  basses. 

En  d'autres  termes,  les  valeurs  de  L  inférieures  à  la  moyenne  1,29269 
ont  été  obtenues  alors  que  la  pression  barométrique  était  supérieure  à  la 
pression  moyenne  à  Genève,  qui  est  de  ^27""",  i5. 

La  même  constatation  s'applique  aussi  aux  quatre  expériences  les  plus 
précises  III,  VIII,  IX,  X  considérées  seules  (Tableau  II). 

Cette  nouvelle  série  d'observations  apporte  donc  une  conlirmalion  de 
plus  à  celles  rappelées  plus  baut  établissant  une  relation  entre  les  minima 
de  densité  de  l'air  et  les  maxima  barométriques. 

Quant  à  la  densité  moyenne  de  l'air  de  Genève,  telle  qu'elle  résulte  du 
Tableau  il,  le  seul  à  retenir,  elle  est  L  =  1,2928;  cette  valeur  diffère 
de-j-jj^  du  nombre  moyen  i,2g3o  trouvé  à  Genève  en  1 910  et  en  191 2. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  l/i    densité  de  l'air  de  Madrid  et  ses  petites 
vciriations.  Note  de  MM.  E.  Moles,  T.  Iîauccas  et  M.  Paya. 

Nous  avons  effectué  récemment  une  série  de  déterminations  de  la  densité 
de  l'air  de  Madrid  en  vue  de  vérifier  si  celle-ci  subit  des  variations  dans  le 
sens  prévu  par  l'hypothèse  de  Loomis-Morley  que  M.  Guye  (')  a  invoquée 
pour  expliquer  ce  phénomène. 

Cette  série  est  la  plus  étendue  qui  ait  été  publiée  jusqu'à  présent;  elle 
comprend  52  observations,  réparties  en  25  moyennes  journalières,  effec- 
tuées entre  le  iG  juillet  et  le  3o  mai.  Les  expériences  ont  été  exécutées  au 
Palacio  de  la  Industria,  situé  sur  une  hauteur,  à  G80'"  d'altitude,  assez 
éloignée  de  la  ville,  des  fabriques  et  des  grands  centres  de  végétation,  con- 
ditions évidemment  favorables  pour  les  prises  d'air.  La  méthode  suivie  est 
celle  des  ballons,  sous  la  l'orme  pratiquée  au  laboratoire  de  Chimie  physique 
de  Genève.  Ceux-ci  sont  remplis  à  0°  et  fermés  sous  une  pression  voisine 
de  760""'";  l'air,  fdtré  à  travers  un  tampon  de  coton,  est  privé  de  CO^  et 
d'humidité.  Les  détails  des  expériences  seront  publiés  ultérieurement. 

Les  résultats  des  aS  séries  d'observations  sont  consignés  au  Tableau 
ci-après;  L  représente  le  poids  du /i>e/io/wa/d'air  (soit  ramené  à  la  pression 

(')  Pu. -A.  (JuYE,  Journal  de  Cliimie  physiifiie,  l.  15,  1917,  p.  061.  On  trouvera 
dans  ce  Méiaoiro  le  résumé  des  travaux  antérieurs,  ainsi  que  la  discussion  des 
diverses  interprétations  possibles. 


SÉANCE  DU  20  JUIN  I92I.  160I 

de  70)0'"'",  à  0°,  au  niveau  de  la  mer  el  sous  45"  de  laliludc);  la  pression 
indiquée  esl  la  pression  barométrique  ambiante. 


Séries. 
1. 


5. 

(). 

7. 

8. 

9. 
10. 
11. 
12. 
13. 
14. 
16. 
17. 
20. 
21. 
22. 
'2k. 

2.3. 

20. 
27. 
28. 
30. 


Dates, 
juillet. 


Nombre 


octobre. 


I  no\eiiibre. 


décembre  , 
janvier. .  .  , 


février, 
mars.. . 


avril 
mai. 


Pression. 
706,2 
701  ,2 
708  ,  '1 
700,0 
706,7 
704.4 
702,5 

701 ,6 

708 ,  o 

699.5 

707,0 

705,0 

689 , 5 

«97.0 

715 

704,5 

704,0 

712 

712,0 

699 

710,0 

709,0 

698,0 

<597.o 

708,0 


L  moyen. 

Observateurs 

I  ,  293  1  ', 

lialuecas 

l.-'-9-29' 

" 

1,29817 

» 

I ,29820 

» 

1,29297 

» 

I , 29826 

» 

1,29809 

» 

1,29294 

)) 

I , 292S8 

» 

1 ,29826 

Pavii 

1 , 29262 

» 

1 ,29256 

» 

I , 29829 

» 

1 , 298 I 5 

» 

I , 29807 

» 

1 ,29258 

» 

1 , 298 I I 

i> 

1 ,2y33l 

» 

1,29277 

» 

I ,29881 

» 

I , 29889 

» 

I ,29285 

» 

I ,29294 

» 

I , 298 1 9 

» 

1 , 29800 

1) 

I , 29808 

Moyennes 704,0 

Chaque  valeur  de  L  est  la  moyenne  de  2  ou  3  mesures  isolées,  dont 
l'écart  par  rapport  à  la  moyenne  est  en  général  de  0,00008  et  atteint  rare- 
ment 0,00020,  de  sorte  que  les  différences  constatées  d'un  jour  à  l'autre 
sont  des  différences  réelles  et  non  pas  des  erreurs  d'observation  ;  les  varia- 
tions de  la  densité  de  l'air  se  trouvent  ainsi  incontestablement  démontrées. 

Dans  la  plupart  des  cas  (surtout  pour  les  mesures  effectuées  en  automne 
et  au  printemps),  l'hypothèse  de  Loomis-Morley  se  vérifie.  Ceci  ressort 
encore  plus  clairement  du  graphique  dressé  en  prenant  comme  abscisses  les 
temps  (en  semaines)  et  comme  ordonnées  doubles  les  différences  de  pres- 
sion ot  les  différences  de  densité  par  rapport  au.x.  moyennes.   Quelques 


i6o2 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


points  cependant,  marqués  d'un  astérisque,  sont  tout  à  fait  anormaux;  ils 
correspondent  à  des  mesures  faites  pendant  des  périodes  de  hautes  pres- 


sions et  de  beau  temps,  avec  forte  insolation.  Dans  ces  conditions,  on 
pourrait  admettre  l'existence  de  traces  appréciables  d'ozone  dans  l'air,  ce 
qui  produirait  une  légère  augmentation  de  la  densité.  De  fait,  au  cours 
d'une  de  ces  périodes,  nous  avons  effectué  les  i"'  et  3  mars  deux  séries  de 
mesures  (n"'*  25  et  26)  dans  des  conditions  identiques,  avec  cette  seule 
différence  que  l'air  recueilli  le  3  mars  avait  été  préalablement  dirigé  à 
travers  un  tube  garni  d'amiante  platinée,  chaufTée  à  400"  environ,  de  façon 
à  détruire  l'ozone;  on  a  retrouvé  ainsi  une  valeur  normale  de  L  qui  norma- 
lise (traits  ponctués)  le  graphique  des  variations.  Ce  résultat  devra  cepen- 
dant faire  l'objet  d'autres  vérifications. 

En  résumé,  nos  mesures  démontrent  que  les  variations  de  la  densité  de 
l'air,  en  un  même  lieu,  et  sur  une  longue  période  d'observations,  peut 
atteindre  d=  0*^,0008  par  litre;  que  ces  variations  se  j)roduisent  générale- 
ment d'une  manière  conforme  à  l'hypothèse  de  Loomis-Morley,  les  minima 
de  densité  correspondant  aux  maxima  de  pression  et  inversement;  que  la 
moyenne  de  nos  expériences  a  donné  pour  l'air  de  Madrid  L=  i«,293o3 
que,  dans  ces  conditions,  il  faut  insister  une  fois  de  plus  sur  la  nécessité 
d'abandonner  définitivement  l'usage  consistant  à  rapporter  les  densités  des 
gaz  à  celle  de  l'air.  D'autres  conséquences  qui  se  dégagent  de  nos  observa- 
tions seront  développées  ailleurs. 


SÉANCE   DL    20   JUIN    I921.  l6o3 

BIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  pollen  du  Lin  et  la  dégénérescence 
des  variétés  cultivées  pour  la  fibre.  Noie  de  M.  L.  JÎlaiunghem,  pré- 
senlée  par  M.  L.  Guignard. 

On  alU'il)ue  géiiéralemeiil  la  dégénérescence  des  variétés  de  Lins  à 
longues  libres  à  l'aclion  du  climal.  Los  observations  résumées  dans  cette 
Noie  montrent  ((ue  la  constitution  génétique  des  lignées  n'est  pas  négli- 
geable; elles  fournissent  une  méthode  de  sélecti(Mi  nouvelle  qui  repose  sur 
le  triage  des  lignées  à  pollen  uniforme. 

En  mars  1918,  j'ai  entrepris  l'étude  d'une  vingtaine  de  sortes.  La  sépa- 
ration des  descendants  de  plantes  choisies  dans  les  sortes  cultivées  pour  la 
graine  m'a  fourni  immédiatement  des  lignées  homogènes,  précoces  et 
stables;  les  lignées  Maroc,  Bombay,  Graines  blanches,  à  caractères  bien  tran- 
chés, n'ont  présenté  aucune  altération  durant xjualre  générations.  Les  varia- 
lions  sont  au  contraire  très  marquées  dans  toutes  les  lignées,  sauf  une, 
isolées  dans  les  variétés  cultivées  pour  la  tîbre.  Seule,  la  lignée  EGIiKpvo- 
venanl  de  Russie  a  conservé  la  haute  taille,  les  ramilicalions  secondaires 
courtes  et  souples  et  la  maturité  précoce  qui  l'avaient  fait  remarquer. 

Or  j'ai  observé  en  1920,  puis  vérifié  en  1921  sur  un  grand  nond^re  de 
plantes  cultivéeis  à  lîellevue  (Seine-et-Oise),  que  le  pollen  des  lignées  homo- 
gènes est  uniforme,  composé  uniquement  de  grains  réguliers  (^Maroc,  Bom- 
bay, Graines  blanches  :  6o-5o  X  5o-45ui.;  EGBK  :  55-5o  X  45-42  [J-);  on  ne 
trouve  pas  de  grains  avortés  dans  le  pollen  prélevé  dès  l'ouverture  des  fleurs; 
ils  sont  très  rares  dans  les  anllièi'es  desséchées. 

Au  contraire,  on  trouve  un  pourcentage  délini,  faible,  de  grains  vides 
dans  le  pollen  des  lignées  irrégulières,  qui  atteint  5  à  8  pour  la  lignée  fran- 
çaise Centre  en  1920  et  1921.  De  plus,  chez  tous  les  Lins  à  libres,  sauf  EGBK, 
la  taille  et  la  forme  des  grains  pleins  sont  1res  variables;  les  pores  longitu- 
dinaux, souvent  au  nombre  de  2,  peuvent  être  au  nombre  de  3,  parfois  4- 
Peu  de  prélèvements  sont  nécessaires  pour  constater  ces  altérations;  cer- 
tains individus  les  présentent  à  un  haut  degré;  d'autres  paraissent  réguliers, 
mais  leur  descendance  est  hétérogène;  en  fait,  onze  lignées  sur  douze  se 
comportent  au  point  de  vue  du  pollen  comme  les  races  instables  de  De  Vries  ; 
elles  sont  sujettes  à  dégénérescence. 

Soupçonnantque  le  croisement  devait  entraîner  des  altérations  analogues, 
j'ai  réalisé  de  nombreux  hybrides  qui  m'ont  fourni  des  résultats  inattendus, 
continuant  en  partie  mon  hypothèse  : 


l6o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

a.  Les  liybrides  directs  et  réciproques  des  J^ins  Maroc,  Bombay ,  Graines  blanches 
donnent  un  j)ollen  ])arfait  et  uniforme  en  première  et  seconde  généfalions  ;  il  n'y  a  pas 
d'avorlemenls,  malgré  les  irrégularités  de  \igneur,  de  taille,  des  fleurs  et  des  fruits; 
toutefois,  une  plante  à  graines  vertes,  isolée  dans  le  lot  P>ombav  initial,  a  entraîné 
dans  le  croisement  Maroc  x  Bombay  vert  des  Aarlations  de  taille  du  pollen  et  des 
avortements. 

h.  Les  hybrides  entre  Maroc^  ou  Bombay ,  on  Graines  blanclies  et  les  Lins  français 
ou  russes  donnent  en  première  génération  des  plantes  \ariables,  tantôt  à  pollen  parfait 
du  type  Maroc,  tantôt  à  pollen  irrégulier  et  partiellement  avorté  du  type  français  ;  les 
qualités  du  pollen  sont  in(li\  iduelles  et  ne  peu\enl  être  prévues  d'après  le  port  de 
l'hybride.  Le  pollen  de  l'hybride  EGBK  x  Bombay  reste  régulier. 

c.  J'ai  obtenu  des  hybrides  féconds  en  croisant  toutes  les  lignées  nommées  ci-dessus 
a\ec  un  Lin  sauvage,  lot  issu  d'une  plante  iinique  récoltée  en  juillet  1918  à  Porl- 
ÎNavalo  (Morbihan)  ;  c'est  une  forme  naine,  bisannuelle,  à  tiges  couchées  du  L.  angus- 
lifoliiim  Huds.  à  fleurs  bleues,  à  pollen  homogène  (6o^X  /i!)V-),  à  graines  foncées 
longues  de  2"""  sans  bec.  Les  plantes  F,  sont  intermédiaires  entre  les  parents,  à  souche 
ramifiée  dès  la  base,  à  rameaux  obliques  ou  dressés,  dont  la  floraison  est  de  longue 
durée.  Tous  les  hybrides  dérivés  de  L.  angustifolium  présentent,  sans  exception  et 
beaucoup  plus  accusés,  les  a\ortements  et  les  déformations  du  pollen  constatés  sur 
les  1 1  Lins  à  fibres.  La  proportion  des  grains  avortés  oscille  entre  -j^  et  |;  la  taille  des 
grains  pleins  est  très  \aiiable;  quel(|ues-uns  sont  très  petits,  d'autres  sont  énormes; 
par  exemple  : 

Bombay  yi  angustifolium  :  moyenne,  5ol^-55l^  x  4ol^-45^'-;  extrêmes,  S^l'-x  3o!', 
75H-  X  551^; 

Centre  x  angustifolium.  :  moyenne,  5oH- x  li^^;  extrêmes,  45i^X  Zbv-,  60!^  X  55!^; 

Graines  blanches  x  angustifolium  donne  le  maximum  701^  X  70!^. 

En  résumé  ;  1°  les  hybrides  de  divers  Lins  cullivés  annuels  avec  L.  ansiits- 
///b/à/w  sauvage  et  bisannuel  sont  féconds,  donnent  des  pollens  parlicllemenl 
avorlés  el  des  grains  pleins,  1res  variables  de  contour  ol  de  dimensions; 
2"  tous  les  Lins  cultivés  pour  la  graine,  annuels,  soni  précoces,  homogènes  et 
donnenl  un  pollen  parfait,  uniforme;  3°  la  plupart  des  Uns  îi  fibres  sont  hété- 
rogènes; leur  pollen,  irrégulicrou  même  avorlé  en  faible  proporlion,  l'ail 
supposer  qu'ils  ont  une  ascendance  lointaine  hybride  ;  /("j'ai  isolé,  dans  le 
Lin  russe  PJG/iK,  une  lignée  régulière,  précoce  el  bien  stable;  .son  pollen 
est  parfait  et  très  régulier. 

La  sélection  des  Lins  à  libres,  par  l'étude  de  la  qualité  des  pollens  de 
pedigrees  isolés  et  suivis  pendant  plusieurs  générations,  est  un  j)r(>cédé 
recominandable  pour  atténuer,  sinon  l'aire  totalement  disparaître,  la  dégé- 
nérescence des  variétés  connues. 


SÉANCE    DU    20   JUI^    1921.  l6o5 

PHYSIOLOGIE.  —  La  reparution  des  substunces  salines  et  des  éléments  miné- 
raux dans  le  lait.  Note  de  MM.  Ch.  Porcher  et  A.  Chevalmer,  présentée 
par  M.  E.  Roux. 

Le  lait  de  vache  renferme  des  matières  salines  dont  on  connaît  qualita- 
tivement et  quantitativement  les  acides  et  les  bases.  Dans  les  bases,  nous 
trouvons  :  potasse,  chaux,  soude,  magnésie;  dans  les  acides  :  les  acides 
phosphorique,  chlorhydrique  et  sulfurique  qui  sont  minéraux,  les  acides 
citrique  et  carbonique  qui  sont  organiques. 

Si  nous  laissons  de  côté  les  éléments  minéraux  qui  ne  sont  dans  le  lait 
qu'à  l'état  de  traces  :  silicium,  arsenic,  fer,  cuivre,  zinc,  bore,  alumi- 
nium, etc.,  nous  devrons  reconnaître  qu'il  en  est  deux,  le  soufre  et  le  phos- 
phore, qui  se  rencontrent  en  assez  grande  quantité  en  liaison  avec  des 
édifices  organiques,  uniquement  dans  les  matières  protéiques,  en  ce  qui 
concerne  le  soufre,  dans  la  caséine  et  les  phosphatides,  en  ce  qui  concerne 
le  phosphore. 

La  calcination  de  l'extrait  sec  du  lait  entraîne  des  modifications  pro- 
fondes dans  l'édifice  salin-minéral  originel  du  lait.  Qualitativement,  il  y  a 
une  déformation  de  cet  édifice  qui  n'est  pas  sans  conséquences  pondérales; 
les  citrates  (plus  de  3")  deviennent  carbonates  à  la  calcination  (i*^');  le  soufre 
protéique  de  l'albumine  et  de  la  caséine  se  transforme  partiellement  en  sul- 
fates; quant  au  phosphore  de  la  caséine  et  des  phosphatides,  il  passe  à  l'état 
phosphorique.  Nous  avons  donc  ici  une  minéralisation  d'éléments  antérieu- 
rement liés  à  un  complexe  organique,  ce  qui  tend  à  provoquer  une  augmen- 
tation du  poids  des  cendres;  mais  par  ailleurs,  notamment  du  côté  des 
citrates,  nous  avons  une  perte  importante  (de  2^  environ)  engendrée  par  la 
calcination.  Dans  l'ensemble,  les  pertes  sont  supérieures  aux  gains,  et  c'est 
pourquoi  le  poids  des  cendres  est  toujours  inférieur  de  2s  à  2^,5  au  poids 
des  matières  solides. 

Il  est  difficile  de  remonter  des  cendres  du  lait  aux  matières  salines  et 
minérales  originelles,  et  un  tel  calcul  d'interpolation  demande  à  être  1res 
serré  pour  ne  pas  s'écarter  de  la  vérité.  Les  cendres  nous  disent  qu'il  y  a  dans 
le  lait  :  chaux,  potasse,  etc.,  acide  phosphorique,  acide  chlorhydrique,  etc.  ; 
mais  comment  toutes  ces  substances  sont-elles  réparties  dans  le  lait,  tel 
qu'il  est  sécrété?  Pour  répondre  à  semblable  question,  il  nous  faut  faire 
intervenir  cette  fois  les  édifices  que  la  calcination  a  détruits  :  caséine, 
acide  citrique,  etc. 


l6o6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Pour  discipliner  les  opéralions  qui  nous  permellront  de  tirer  des  cendres 
la  véritable  physionomie  des  matières  salines  et  minérales,  telles  qu'elles 
existent  dans  le  lait,  nous  devons  faire  appel  à  l'ensemble  des  données  chi- 
miques, physiques  et  physico-chimiques  que  l'analyse  met  à  notre  disposi- 
tion. La  comparaison  des  laits  normaux  avec  certains  laits  apparemment 
normaux  tels  que  les  lails  de  rétention,  et  certains  laits  palhologiqu<'s  sera 
également  utile.  C'est  la  dialyse  qui  nous  décèlera  dans  le  lait  la  présence 
d'une  |)etite  quantité  d'acide  sulfurique.  C'est  la  filtralion  sur  bougie  de 
porcelaine  qui  nous  dira  quelles  sont  les  proportions  de  chaux,  de  magnésie 
et  d'acide  phosphorique  solubles  et  qui,  par  conséquent,  fera  la  distinction 
nécessaire  entre  la  portion  de  ces  composants  qui  se  trouve  à  l'état  colloïde 
et  celle  qui,  an  contraire,  alTecle  l'état  crislalloïde. 

Mais  ce  ne  sont  pas  là  les  seuls  guides  qui  nous  ont  servi  dans  la  conduite 
de  nos  recherches.  Sachant  que  le  lait  normal  a  un  poini  cryoscopique 
précis,  une  résistance  éleclrique  et  un  indice  de  réfraction  moyens  bien 
définis,  nous  devions,  dans  notre  travail  de  reconstitution  des  éléments 
salins  el  minéraux  du  lail,  et  tout  en  répondant  aux  données  antérieurement 
acquises,  satisfaire  étroitement  aux  indications  physico-chimiques  de  l'ana- 
lyse. 

En  résumé,  nous  avons  cherché  à  faire  un  lait  artificiel  dans  lequel  toutes 
les  relations  chimiques  et  physico-chimiques  des  composants  du  lait  répon- 
daient au  lait  moyen.  Devant  la  difficulté  de  préparer  de  l'albumine  du  lait 
pure,  nous  lui  avons  substitué  de  la  gélatine,  ou  mieux  encore  de  l'albu- 
mine d'œuf  bien  séparée  de  sa  globuline.  ?Votre  reconstitution  synthétique 
du  lait  n'est  donc  qu'une  approximation,  mais  nous  pensons  qu'elle  marque 
un  progrès  important  sur  toutes  les  tentatives  antérieures. 

("elle   Noie   résume  de   longues  el  difiiciles  reciiercFies  qui  seront  plus  largenienl 
exposées  dans  un  Mémoire  à  paraître  plus  lard  (  '). 
Nous  sommes  arrivés  à  la  coniposilion  suivante  : 

Chlorure  de  sodium '-09 

»         de  potassium '^  -92 

(Citrate  tricalcique '  •7'^ 

1)       trimagnésien o,7(> 

»       tripotassique 0.67 

Bicarbonate  de  soude 0,26 


(')  Ce  Mémoire  paraîtra  dans  un  autre  Recueil. 


SÉANCE  DU  20  JUh\  19a  l.  1607 

Phosphates  alcalins  : 

Phosphate  inonopotassique i  ,00 

»          l)ipolassic|ue 1,10 

Phosphate  bicalcique 1  ,06 

»           bimagnésien 0,16 

Sulfate  (le  potassium 0,18 

Chaux  de  la  caséine 0,61 

5 1 
L'abaissement  du  point  de  congélation  (A  =  — CiSô)  est  dû  pour  les -rrr  au  lactose 

et  aux  sels  solubles,  auxquels  il  faut  ajouter  les  composants  à  azote  non  protéique 
(urée,  acides  aminés,  créatinine,  etc.),  dont  le  total  n'atteint  pas  loin  de  28  par  litre. 
La  part  des  proléiques  n'est  pas  négligeable,  et  la  caséinatecalcique  intervient  dans  A 
pour  —  o°,o35  à  —  o°,o4. 

Un  lait  composé  tel  qu'il  vient  d'être  défini  au  point  de  vue  salin  avec,  en  plus,  par 
litre,  5o?  de  lactose  hydraté,  3oS  de  caséine  et  /J'^  de  gélatine  ou  d'albumine,  la  caséine 
étant  salifiée  par  la  chaux,  nous  a  donné  une  résistance  électrique  moyenne  de  235  ohms 
à  1.5°,  et  un  indice  de  réfraction  de  i  ,343o  à  la  même  température. 

De  pareilles  recherches  assignenl  à  chaque  composant  du  lait  la  part 
exacte  qui  lui  revient  dans  le  point  cryoscopique  (A),  la  résistance  élec- 
trique (/•)  et  l'indice  de  réfraction  (n);  elles  nous  montrent  notamment  que 
si  le  groupe  de  matières  salines  envisagées  isolément  a  une  résistance  élec- 
trique moindre  que  le  lait,  l'intervention  des  éléments  colloïdes  a  pour  efTet 
d'élever  celle-ci  et  de  l-'amener  au  chiffre  moyen  connu.  Ces  recherches  nous 
permettront  également  de  définir  avec  exactitude  ce  que  l'on  entend  par 
constante  moléculaire  simplifiée.  Nous  pensons  même  peut-être  que  trans- 
portées du  lait  sur  le  sang,  elles  seront  capables  d'apporter  des  éclaircis- 
sements dans  l'étude  physico-chimique  de  ce  dernier  liquide. 


PHYSIOLOGIE.  —  Le  rôle  compensateur  des  chlorures  dans  ses  rapports  avec  la 
composition  chimique  des  humeurs.  Note  de  M.  W.  3Iestrezat  el  M""  S. 
Ledebt,  présentée  par  M.  Roux. 

Le  produit  de  sécrétion  des  glandes  différenciées  mis  à  pari,  la  leneur  en 
chlorures  des  humeurs  de  l'organisme  oscille  entre  le  taux  des  chlorures  du 
plasma  et  celui  d'un  petit  groupe  de  celles-ci,  dont  le  liquide  céphalo- 
rachidien  peut  être  pris  comme  type. 

La  constance  relative  de  la  tension  osmotique  des  humeurs,  l'abondance 


l6o8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

du  chlore  dans  l'organisme,  la  grande  difTusibililé  des  clilorures,  la  con- 
naissance peut-être  du  jeu  de  ceux-ci  à  travers  la  muqueuse  gastrique  a 
amené  Winter  à  penser,  dès  i8g6.  que  ces  sols  interviennent  comme 
éléments  «  compensateurs  «  dans  le  maintien  de  la  tonicité  des  sérosités 
organiques ('). 

Le  bien-fondé  de  celte  conception,  sa  démonstration  expérimentale 
n'ont,  toutefois,  jamais  été  prouvés.  Les  faits  suivants  établissent  la  réalité, 
la  grandeur  et  le  caractère  relatif  du  rcMe  compensateur  des  chlorures. 

La  séparation  partielle  ou  totale  des  colloïdes,  qui  est  à  la  base  de  la  difTérencialion, 
à  partir  du  plasma,  des  diverses  sérosités  de  l'organisme,  a  été  réalisée  par  les  auteurs 
en  filtrant,  sous  pression,  du  sérum  sur  coUodion  (Cushny).  ]-.e  liquide  intermi- 
cellaire  ainsi  obtenu  n'est  plus,  d'après  nos  conceptions  modernes,  en  équilibre 
pliysico-chiniique  avec  le  milieu  complet  générateur.  Si,  donc,  le  filtrat  formé  demeure, 
comme  dans  l'organisme,  au  contact  du  se[)tum  qui  l'a  engendré,  des  échanges  cristal- 
loïdes  «  compensateurs  »  sont  à  prévoir,  tout  autant  que  la  membrane  filtrante  n'est 
pas  polarisée,  échanges  qui  aboutiront  à  un  dialysat  équilibré,  seul  assimilable  aux 
litjuides  naturels. 

Ce  sont  les  conditions  expérimentales  de  maintien  prolongé  du  filtial  au 
contact  du  septum  générateur  que  nous  avons  cherché  à  réaliser,  en  inver- 
sant l'opérai  ion  ordinaire  de  la  dialyse  sur  sac,  suivant  un  dispositif  imaginé 
par  M.  Delezenne  au  cours  de  recherches  antérieures. 

Nos  sacs  formés  de  deux  à  trois  couches  d'un  cojlodiort  riche  en  cellulose,  stéri- 
lisés lo  minutes  à  i  m",  d'une  contenance  de  4»™°  à  So*^"*',  étaient  remplis  d'eau  pure 
ou  d'eau  salée  à  5  pour  lood  et  dialyses  contre  700'"'  à  800™°  de  sérum  récent  de 
cheval.-  Nous  suivions  par  une  méthode  microchimique  la  teneur  en  chlorures  du 
li([uide  du  sac.  Le  sérum  environnant  était  renou\elé  jusqu'à  ce  qu'un  équilibre  défi- 
nitif avec  le  sérum  original  soit  établi. 

Les  «  dialysats  équilibrés  »  obtenus  avec  le  sérum  sont  incolores,  isolo- 
niques,  pour  ainsi  dire  privés  d'albumine.  Le  fait  le  plus  frappant  est, 
toutefois,  leur  richesse  en  chlorures.  Deux  fois  sui-  quatorze,  les  différences 
ont  atteint  ou  dépassé  i*^.  Le  Tableau  suivant  rend  compte  des  résultais 
observés  : 


(')  J.  Winter,  Arch.  de  Physiologie,  5«  série,  t.  8,  1896,  p.  \i!\,  9.87,  296  et  029. 


SÉANCE    nu    20    JUIN    1921.  .  1609 

Ci  fil  gi  iimnics  de  \\\('A  par  litre  (  '  ). 

Dialj^al  Happurl  : 

Séniiii  i-quilibré  dialysal 

rie  cheval.  (lO'C)-  DIITcreiice.  «i-rum 

l''.\|)ériuiice   u"    I 5,72  6,53  +o,8t  i ,  i '1 

))                 '1 ■").-!  <i ,  4o  +0 , 69  1,11 

»              5 ">.3."')  5,93  -f-i>,58  T.ii 

»              () r).o6  5.911  4-1', 8'|           i,i(i 

»              7 ■"'■'7  ■''•7'-  +0.55           i,ii 

1)              8 ^jJÔ  5,70  +1,1 4           i,-î5 

»              i) 5,-1  (),3a  +o,()o           i.ii 

10 5.(33  (i.i3  4-0. 5o              " 

»             11 5 ,  63  6,11  +0 ,  48              " 

»             12 5,38  6,38  4-1,00           1.18 

)i             13 5,67  6.|«  -1-0,94            '-'3 

n             IV 5 .  69  6 , 3 1  4-0 ,  Sg           1,1 3 

Des  constatations  identiques  peuvent  être  faites  in  vivo. 

Le  chien,  le  lapin,  le  cobaye  supportent  l'introduction  dans  la  cavité  abdominale, 
sans  enkyslement,  quand  l'asepsie  a  été  parfaite,  d'un  système  dialvseur,  constitué  piu- 
un  sac  de  collodion  stérilisé,  renfermant  à  son  intérieur  de  l'eau. salée  à  5  pour  inoo. 
L'animal  est  sacrifié  3,  6  ou  i5  jours  après  l'intervention. 

Le  li(juide  du  sac  présente  une  teneur  en  chlorures  supérieure  à  celle  du 
plasma  carotidien  (  résultais  en  grammes  de  \aCI  par  litre)  : 

Dialysal 
Sérum.        équilibré.        Dilléieiico.      Kapport. 

(lliien   n"  1 6,7,4  7.i4  0,40  I  ,  '.O 

Chien   n"  V 6,38  ",25  0,87  " 

Lapin    n"  5 6  .  3(i  6  ,  85  o  ,  55  ' 

Les  taux  trouvés  de  7,14  et  7,26  sont  tout  à  lait  voisins  de  c<'ux  que 
présente  le  liquide  cé[)halo-rachidien. 

Les   faits  précédents  constituent    la   première    démonstration    du   rôle 


('  )  Le  dosage  des  cl  dorures  a  clé  elleclué  pour  le  sérum  par  \,\  méthode  Charpentier- 
Volhard,  suivant  une  technique  rigoureuse,  que  nous  donnerons  et  que  nous  avons 
homologuée  avec  lincinération  magnésienne  el  le  procédé  Mac  Lean-Van  Slyke.  Dans 
les  dialysals  cette  détermination  a  été  faite,  soit  de  la  même  façon,  soit  par  une  micro- 
méthode dont  les  résultats  sont  superposables  aux  précédents.  Si  une  erreur  s'était 
glissée  dans  nos  résultats,  ce  serait  une  erreur  de  quelques  centigrammes  par  défaut, 
ce  qui  ne  saurait  modifier  nos  conclusions. 

C.  R.,  tgai,  1"  Semestre.  (T.  17'2,  N°  25.)  I  I7 


l6lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cornpi'nsiileur  (|ue  peuvenl  jouer  les  clili)rures  dans  la  gcnéraliiin,  aux  dépens 
•  lu  sang,  do  liquides  moins  riches  que  lui  on  colloïdes,  mais  en  équilibre 
physico-chimique  avec  ce  milieu. 

I^e  chlore  ne  parait  pas  intervenir  seul,  d'ailleurs,  comme  clément 
compensateur,  à  en  juger  par  les  chiffres  de  calcium,  de  magnésium  et 
d'acide  phosphorique  trouvés  dans  les  dialysats  équilibrés. 

Ces  constatations  laissent  entrevoir  l'origine  de  la  chloruration  variée  di-s 
sèrosiH's  de  l'oraranisme. 


l'IlVSlOLOGlK.  —  Sur  le  «  second  soujjlc  »  des  coin  ans.  Note  (')  de 
MM.  I*.  (JHAiLi.EY-IÎEHr,  II.  Failliu  et  J.-I*.  La.nci.ois,  présentée 
par  M.  Charles  Uichet. 

On  oliserve  souvent,  chez  les  coureurs  et  les  rameurs  principalement, 
après  une  première  apparition  de  l'essoufflement,  une  amélioration  remar- 
(juable  de  la  respiration,  le  rythme  se  ralentit,  le  malaise  initial  disparait. 
C'est  le  «  second  wind  »  des  sportifs  anglais.  Lagraiige  a  donné  une  pre- 
mière explication  de  le  second  souffle.  D'après  lui,  le  second  souflle  serait 
amené  par  une  meilleure  utilisation  de  l'appareil  pulmonaire:  un  certain 
nombre  d'alvéoles,  non  ou  mal  utilisées,  seraient  dilatées  par  une  plus 
grande  ampliation  de  la  cage  thoracique  et  le  champ  de  l'hématose  s<'  trou- 
verait ainsi  augmenté,  Il  évoque,  en  faveur  de  cette  conception,  les  modili- 
cations  de  l'auscultation  observées  chez  les  coureurs. 

Ijne  autre  théorie  a  été  évoquée  :  le  centre  respiratoire  bulbaiie  pré- 
sente au  cours  du  travail  des  variations  d'excitabilité,  surtout  au  début. 
Ces  variations  sont  presque  toujours  dans  le  sens  d'une  byperexcilabilité. 
provoquant  une  ventilation  plus  énergique,  mais  on  peut  admettre  quil 
peut  se  produire  également  de  l'hypoexcitabililé  par  intervention  des 
centres  supérieurs. 

L'étiide  poursuivie  sur  des  coureurs  marchant  sur  le  tapis  roulant,  décrit 
dans  une  Note  précédente  (-),  avec  des  vitesses  variables  et  suivant  une 
[)ente  dillérenle,  permet  d'éliminer  ces  deux  hypothèses.  Déjà,  en  kjo.S, 
l'embrey  et  Cooke,  dans  leurs  recherches  sur  le  «  second  wind  ».  mais 
opérant  pendant  des  intervalles  d'arrêt,  avaient  signalé  la  chute  du  quo- 

(' )  Séaiice  du  i.ijuiti  1921. 

(•')  Complus  rendus,  l.  172,  lyai,  p.  lii-'i"- 


SÉANCE   DU  20  ,Iirii\    1921.  ifiir 

liciil,  respiratoire  de  l'air  alvéolaire  et  la  diminiilioti  de  la  vciililalion  pen- 
dant le  «  second  wind  ».  (iràre  à  notre  tapis  roulant,  nous  avons  pu  pour- 
suivre le  problème  dans  de  meilleures  conditions,  en  établissant,  pendant 
toute  la  durée  de  la  course  d'une  heure,  les  courbes  des  échanges  pulmo- 
naires, de  la  ventilation  et  de  la  pression  artérielle. 

Ces  courbes  montrent  presque  toujours  après  une  première  période 
d'hyj)eraclivité,  une  chute  de  la  ventilation  et  des  échanges,  chute  passa- 
gère, pouvant  se  produire  à  une  distance  variable  du  début  et  d'autantplus 
marquée  que  le  sujet  est  moins  entraîné  au  travail  qui  lui  est  demandé. 

Tableau. 

VeiUilalioii 
Temps  moyenne  CD"   élimine; 

de  l'expérience.  par  minute.  par  minute. 

Expérience    I. 

min  lit  lin» 

I  à  10 II  /isS 

i5  à  28 8  3o.5 

3o  à  60 1 4  '1 3o 

Expérience  o. 

là 19  85i) 

10  à  30.  ,...., 16  7(10 

}.o  à  3o, , 18  825 

Expérience  T. 

1  à   i5, T4  625 

1.5  à  22. 1 3  .575 

23à32... ..,,.  =  .. i4  64" 

]1  paraît  bien  établi  que  l'apparition  du  second  vent  est  amenée  par  une 
diminution  des  échanges  et  <{ue  cette  diminution,  le  travail  reslanl  cons- 
tant, est  le  résultat  d'une  meilleure  adaptation  du  sujet,  d'une amélioralion 
du  rendement  de  la  machine  humaine. 

Les  muscles  actifs  travaillent  mieux  el  surtout  les  muscles  antagonistes 
cesseni  de  contrecarrer  l'effet  des  premiers.  Une  preuve  en  est  donnée  par 
ce  fait  qu'un  sujet  peu  habitué  à  la  marche  sur  le  tapis  roulant  et,  quoique 
entraîné  à  la  marche  ordinaire,  accusera  un  second  wind  très  accentué  dans 
ces  premiers  essais  et  à  peine  esquissé  dans  les  marches  suivantes,  et  qu'il 
suflit  de  modifier  l'exercice,  en  accélérant  la  vitesse  ou  en  modifiant  la 
pente  pour  voir  réapparaître  nettement  le  second  vent.  Nous  espérons,  dans 
un  travail  ultérieur,  montrer  que  le  second  wind  coïncide  avec  une  variation 
dans  la  concentration  des  H-ions. 

(^uant  à  la  plus  ou  moins  grande  brièveté  du  second  wind,  elle  s'explique 
par  les  ell'ets  d'accumulation  de  la  fatigue. 


l6l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PSYCHOLOGIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  De  Vimporlance  de  la  phase  pèri- 
Ij/tériqur  dans  la  marge  de  vaiialion  des  temps  de  latence  sensorielle 
en  foiiclion  dis  intensités  excitatrices.  Noie  (  ')  de  M.  Henri  Piérun, 
présentée  |iai'  M.  (~!liarlcs  Richel. 

l'Audiant,  pour  dillérentes  calégories  d'excitations  sensorielles,  la  variation  du 
temps  de  la  réaction  motrice  en  fonction  de  l'irjtensité  d'excitation,  j'ai  établi  que  la 
décroissance  de  ces  temps  t  (inscrits  en  ordonnée),  pour  une  intensité  croissante  / 
I  inscrite  en  abscisse),  dessinait  une  brandie  d'hyperbole  asymptote  à  une  parallèle  ;i 
l'abscisse,  et,  soit  à  l'ordonnée,  soit  à   une  j)arallèle  à  l'ordonnée,  avec  une  formule 

d'interpolation  générale  du  tvpe  l  --^ r  +  /, . 

i  —  V 

La  constante  /.  représente  la  partie  irréductible  du  temps;  elle  comporte  primipa- 
lemcnt  la  phase  motrice,  centrifuge,  et  la  phase  associative,  sensori-motrice.  en  outre 
elle  comporte  encore  le  temps  de  transmission  centripète  de  l'influx  nerveux,  et  le 
résidu  inéductible,  de  durée  pratiquement  ici  négligeable,  de  la  transformation  péri- 
phérique et  de  l'excitation  sensorielle  centrale. 

•  le  n'est  pas  commettre  une  erreur  notable  que  de  considérer  la  valeur  /.,  partie 
irréductible  (temps  correspondant  aux  excitations  submaximales  )  comme  représentant 
la  phase  associati\  o-réactionnelle,  et  hi  dillérence  entre  /.  et  le  temps  liminaire, 
maximal  (dillérence  représentée  par  la  constante  a  dans  le  cas  le  plus  simple  et  le 
plus  fréquent  où  l>  peut  être  négligé),  comme  représentant  le  temps  de  latence  senso- 
rielle, ou  du  moins  sa  partie  réductible. 

Celte  partie  réductible  s'étanl  montrée  très  variable  suivant  les  sensations,  j'en 
avais  tiré  l'hypothèse  que  c'était  la  phase  périphérique  (transformation  de  l'excitation 
en  inilux  nerveux)  qui  devait  en  constituer  la  presque  totalité.  Mais,  dans  la  phase  de 
transmission  et  dans  la  phase  centrale,  il  pouvait  y  avoir  un  retard  réductible  du  fran- 
chissement des  synapses  (excitation  des  neurones  l'un  par  l'autre). 

Une  analyse  était  nécessaire,  et  c'est  cette  analyse  que  j'ai  entreprise  par  diverses 
mélhodes,  dont  les  résultats  permettront  des  recoupemeiils,  en  m'adressant  tout 
d'aboril  aux  sensations  visuelles. 

.l'ai  tout  d'abord  rendu  négligeable  Finlluenie  des  temps  d'action  limi- 
naires, en  limitant  leur  variation  à  la  marge  d'une  durée  brève  d'excitation 
(9  à  î8c:). 

Or,  dans  ces  conditions,  la  marge  des  variations  des  lemps  de  latence  ne 
s'est  trouvée  léduite  que  de  5oo  ou  6000-  à  1  ")0  environ,  soit  notablement 
plus  encore  que  la  marge  des  temps  d'action  (^). 

Seulement,  en  ce  qui  concerne  la  lujiiière,  l'excitation  de  nerf  se  fait  par 

(')  Séance  du  iSjuin  1921. 

(-)  (omplrs  rendus  Société  de  Itiiil^gic.  jijuin  ly,!  i , 


SÉANCE    DU    20    JlIN    1Ç)2I.  161) 

riiilcr'iiiédiiiire  dos  prodiiils  d'une  réaction  plioLodiimique.  Dès  lors  le 
temps  d'action  périphérique  se  dédouble  (')  :  il  y  a  d'abord  le  temps 
d'action  de  la  lumière  pendant  lequel  la  sommation  au  (  ours  du  temps, 
jusqu'à  une  limite  au  delà  de  laquelle  les  fuites  d'énergie  l'emportent  sur 
les  apports  nouveaux,  conduit  le  taux  des  produits  de  la  réaction  jusqu'à 
une  certaine  valeur  liminaire;  et  il  y  a  ensuite  le  temps  pendant  lequel  les 
produits  de  la  réaction  accumulent  leurs  effets  sur  le  nerl  jusqu'à  atteindre 
le  seuil  de  l'excitation.  La  deuxième  phase  déborde  la  première;  mais  nous 
ne  pouvons  en  limiter  à  notre  gré  la  marge.  Toutefois,  si  nous  nous  plaçons 
dans  des  conditions  telles  que  la  réaction  soit  déjà  amorcée,  que  les  produits 
de  la  réaction  se  trou\ent  déjà  accumulés,  nous  rendrons  négligeable  la 
durée  de  ee  supplément  de  latence  impliqué  par  l'excitation  indirecte  du 
nerf. 

Ceci  est  réalisable  dans  l'état  d'adaptation  à  !a  lumière  :  une  plage  lumi- 
neuse provoque  une  sensation  durable  dans  une  région  donnée  de  la  rétine; 
elle  est  masquée  et  suivie  aussitôt  par  une  excitation  brè\e  d'une  étendue 
déterminée. 

Dans  ces  conditions,  la  marge  de  variation  est  réduite  à  moins  de  357. 
En  supprimant  même  le  masquage,  et  en  proNoquant  les  réactions  à 
l'auginenlation  de  luminosité  partielle  de  la  plage,  à  partir  d'un  seuil  qui 
est  ici  différentiel,  la  marge  s'esl  trouvée  atteindre  Soc  environ.  Si  l'on 
déduit  les  1  87  qui  repn'-senlent  la  marge  du  temps  d'action  de  la  lumière, 
la  partie  réductible  non  périphérique  du  temps  de  latence  a  d(mc  bien  une 
valeur  minime. 

\  oici  queUiiies  résultais  movens  (temps  de  réaction  en  millièmes  de  secmide)  poni- 
re\cilation  lumineuse  (')  a(i\(|uels  s'ajoutent  ceu\  ([ui  avaient  été  obtenus  par  e\cilu- 
tion  électrique  cutanée  : 

(')  S.  liecht,  dans  ses  expériences  sur  la  variation  des  temps  de  réaction  de  la  Mya 
en  fonction  des  intensités  excitatrices,  où  il  a  retrouvé  ma  loi  de  la  branche  d'hyper- 
bole, a  été  conduit  à  la  même  distinction  (./.  of  gcn.  Physiology,  II,  1920,  p.  Sot). 

('^)  La  variation  des  temps  est  toujours  inlerpolalile  par  la  même  formule.  Cepen- 
dant, dans  l'adaptation  à  l'obscurité,  j'avais  trouvé  des  décroissances  de  type  plus  lent. 
I£n  évitant,  par  une  fixation  oculaire  préalable,  l'inlcrvenlion  de  déplacements  de 
l'œil,  je  n'ai  pas  relrou\é  ce  Ivpe  pour  l'cvcltation  fovéale.  Mais,  en  excitation  j)éri- 
phériquR,  il  reste  un  écart  systématique  par  ra)iport  ;ni\  chifTres  calculés  même  en 
excitation  brève.  Je  pense  ijue  cela  tient  à  l'iiitliicnce  de  l'excitation  du  nerf  par 
les  produits  de  la  réaction  photochimique  des  liàloimets.  dillerente  de  celle  des  cônes. 
En  ce  qui  concerne^  la  ré:\ciion  pliotochiinif(ue  elle-même,  l'étude  des  temps  d'action 
a  montré  qu'elle  ne  pouvait  intervenir  ici. 


l6l/i  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

\  aleur  miiiima 

Uuiée  \aleur  dans  Marfie 

(l'excita-  limi-      les  conditions  em- 

tion.  naiie.     dexpérienie.  piiique. 

Excitation  liiminnise  i  adaplation  ;i  liibscurilé). 

Bùlonnels   péripliéri(|ues    (  lu-  (      Saôo'  S8o  240  G^o 

mièi'e  bleue) /  ga  325  1S2  i '|3 

,,,          ,.      ,  (  indéfinie  6iu  iqS  421 

Lunes  tûveaux ■  ' 

(  10(7  i\6  170  ii\i 

Excitation  lumineuse  (aciaptallon  à  la  limiiére). 

,,.        ,,     ,                 .       .        ,.,-,,,    /  indéfinie  o3o  17a  S.'i.S 

C-ones  lo\eaux  (  excilalion  aille-  I  '  . 

...                                                 '          1  o  ff  !  1 7  1 6ù  20 

'■enlielle) /  '  - 

'         187  236  182  5^ 

Excitation  eleetri(iuc. 

Hépélée  (courant  inlerroinpu  ).      indélinie  37:)  161  2i4 

Unique  (fenneluie) brè\e  à43  i55  88 

Il  ressort  de  ces  chiffres  que  la  varialion  des  temps  de  latence  sensorielle, 
pour  la  vision  du  moins,  esl  bien  commandée  en  majeure  partie  par  la 
variation  des  temps  périphériques  d'excilalion  du  norl',  pour  des  durées 
indélinies  d'e.\cilalion,  11  en  est  certaineiiioni  de  même  pour  les  excilalions 
guslalivi's  (temps  liminaires  de  2  à  3  secondes),  sonores  (o'"'.  )),  iher- 
miques  cutanées  (o'*'=,4  à  i'*"'^  j,  tactiles  même  (o''*'^,4)  et  électri(|ues  prolon- 
gées par  courant  interrompu.  Dans  tous  ces  cas,  la  marge  non  périphérique 
représente  à  peu  près  de  un  quart  à  un  centième  de  la  marge  totale  de 
varialion. 


EMBRYOGÉNIE.   —  La  question  de  hi  spt-cifîcité  crUulciirc  cliez  les  Pkinairt's, 
Note  de  M,  A.  Vanuel,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Les  processus  de  la  différ,enciation  cellulaire,  de  même  que  ceu.\  du  déve- 
loppement tmtogénique  auxquels  ils  font  suite,  ont  été  interprétés  de  doux 
fa(;ons  différentes  :  les  uns  admi-ltent  ([ue  rimtogcnèse  n'est  que  le  dérou- 
lement d'un  plan  qui  existe  déji'i  plus  ou  moins  tracé  dans  l'œuf,  et  la 
destinée  de  chaque  hlastomère,  et  de  chaque  cellule  en  particulier.  ("St 
irrévocablement  déterminée;  c'est  là  l'idée  maîtresse  des  théories  corpus- 
culaires de  Niigeli,  de  De  Vries,  de  Weismann,  etc.  D'autres,  au  contraire 


SÉANCE    DU    20    JUIX    I92I.  l6ir) 

(Driescli,  O.  Herlwig,  Loeb,  (^liikl,  de.)  considèrent  le  développement 
comme  étant  une  épigenèse.  c'est-à-dire  la  production  d'une  structure 
diversifiée  à  partir  d'un  tout  primitivement  homogène;  les  cellules  se 
ditTérencient,  non  en  raison  de  leur  constitution  initiale,  niais  à  cause  de 
leur  emplacement  et  des  rapports  réciproques  (jui  s'établissent  entre  elles. 

Les  faits  de  régénération  sont  une  des  preuves  les  plus  fortes  en  faveur 
de  ce  second  groupe  de  théories.  J'en  ai  étudié  un  cas  tout  à  fait  frappant 
à  cet  égard  chez  certaines  Planaires  (Polycc/is  cornula)\  il  est  relatif  à  la 
régénération  de  la  région  postérieure  du  corps  qui  contient  les  organes 
copulateurs  et  musculo-glandulaires.  Plusieurs  auteurs  (Morgan,  Pbacher, 
Bardei'ii,  Stoppenbrink)  ont  étudié  la  régénération  de  semblables  fragments, 
mais  les  processus  très  intéressants  qui  assurent  la  refonte  de  ces  pièces 
semblent  leur  avoir  échappé.  Seul,  E.  Schuitz  (1904),  dans  ses  lemar- 
quables  études  sur  la  réduction  à  la  suite  de  l'aftamemenl  chez  les  Planaires, 
a  insisté  sur  les  phénomènes  de  dédilîérenciation  dont  les  organes  copula- 
teurs étaient  le  siège  (  '),  mais  il  n'a  pas  suivi  le  sort  des  cellules  revenues 
à  l'étal  embryonnaire. 

Doux  faits  particulièrement  intéressants  ressorlent  de  l'examen  de  mes 
préparations. 

i"  La  disparition  des  organes  copulateurs  et  musculo-glandulaires  se  fait 
principalement  par  voie  de  déditîérenciation.  Comme  l'ont  déjà  noté 
plusieurs  observateurs,  les  processus  de  phagocytose  sont  extrêmement 
réduits  datts  le  parenchyme  des  Planaires;  ils  ne  jouent,  en  tout  cas,  aucun 
rôle  dans  la  destruction  des  organes;  la  disparition  des  anciens  tissus  se  fait 
par  dédifférenciation,  c'est-à-dire  par  retour  à  une  forme  embryonnaire  ('). 
Ces  processus  s'observent  facilement  sur  les  cellules  épithéliales  et  muscu- 
laires qui  forment  lapins  grande  partie  des  organes  copulateurs  et  musculo- 
glandulaires;  les  premières  se  transforment  en  cellules  fusiformes,  généra- 
lement  bipolaires,  à  gros  noyau  et  à  protoplasme  réduit,  semblables  aux 

(')  E.  Scliullz  admet  que  la  dédifTéreiicialioû  suit  exactement  l'ordre  inverse  de  la 
ditTérenciation  ;  c'est  là  réduire  des  phénomènes  très  complexes  à  une  vue  un  peu  trop 
schématique;  il  est,  en  réalité,  toujours  facile  de  distinguer  les  stades  de  réduction  de 
ceuK  de  développement. 

(-)  I^es  causes  de  la  dédifférenciation  de  ces  organes,  ayant  perdu  leurs  corrélations 
ordinaires,  sont  encore  fort  mal  connues;  on  pourrait  peut-ètie  la  comparer  aux 
phénomènes  de  retour  à  l'état  embryonnaire  qui  se  manifestent  dans  les  tissus  cultivés 
en  dehoi-3  de  l'organisme  (Champy). 


l6l()  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

«  cellules  de  régénéra  lion  »  décrites  par  les  iiuleiiis.  (^)uaiil  aii\  élénienls 
musculaires,  on  sail  depuis  1rs  reclieiches  de  Blocliniann,  de  Beltendort'. 
de  .lander,  de  Bohniig,  etc.  qu'ils  sont  formés  de  deux  constiluants  bien 
distincts  :  d'une  pail  de  fibres  musculaires,  d'aiitie  pari  de  «  myoblasles  ». 
conlenant  le  noyau, .ces  deux  parties  n'étanl  réunies  que  par  quel(|ues  pio- 
loni;emenls  protoplasmiqiies.  Dans  les  préparations  en  question,  les  libres 
musculaires,  qui  se  coloraient  primilivement  de  ra(.on  intense  par  Fliéma- 
toxyline,  s'allèreni  et  devienueni  francliemenl  éosinopbiles;  puis  elbîs 
forment  des  masses  amorphes  el  finisseni  par  disparaîlre;  quant  aux  myo- 
blasles. ils  se  Iransformeut,  comme  les  cellules  épiihéliales,  en  «  cellules  de 
régénération  ». 

2"  Dans  le  dé\eloppemenl  des  nouveaux  organes,  el  en  parliculiei' dans 
celui  du  pharynx  qui  se  forme  jusie  en  a\anl  de  l'appareil  copulaleur,  on 
est  frappé  de  la  rareté  des  caryocinèses  (').  Les  nouvelles  parlies  s'édilienl, 
non  à  partir  de  cellules  rmhr\  onnaires  du  parenchyme,  mais  aux  dépens 
de  cellules  dédiiTérenciées  de  l'appareil  copulaleur.  Le  pharynx  en  forma- 
lion  aspire,  en  quelque  sorte,  les  cellules  des  organes  xoisins;  sur  des  coupes 
on  ne  peul  assister  à  la  migration  eiïective  de  ces  cellules,  mais  on  peut 
s'en  rendre  comple  du  fail  qu'elles  sont  loules  nettement  orientées  \ers  les 
régions  de  néoformation.  Ces  phénomènes  de  migiation  ont  pour  résultai 
de  vider  les  organes  copulateurs  de  tous  leurs  éléments  cellulaires;  il  ne 
resie  plus  sur  leur  emplacement  (pi'un  cauexas  formé  par  les  fibres  muscu- 
laires, mais  dépourvu  de  noyaux;  puis  cette  trame  [elle-même  s'estompe  el 
finil  par  s'évanouir.  Les  organes  situés  le  plus  près  de  la  région  de  forma- 
lion  du  pharynx  sont  les  premiers  à  disparaîlre;  c'est  ainsi  que  le  pénis, 
organe  de  taille  cependani  considérable,  n'est  plus  qu'un  ludiment  amorphe, 
alors  que  les  organes  musculo-glandulaires,  situés  à  hi  partie  postérieure 
du  corps,  sont  encore  bien  reconnaissables  (-). 

De  l'étude  de  ce  processus,  dont  on  peul  suivre  l'ensemble  sur  une  seule 
préparation,  se  dégage  donc  avec  netteté  le  fait  suivant  :  les  mêmes  cellules 

(')  Sievftns  (1911-)  a  diijà  remarqué  (|iie.  clio/.  les  espèces  oii  la  «  détliirt'i-enciiilion  >: 
est  très  accentuée,  les  mitoses  sont  hraïu-oup  moins  nombreuses  (|U('  ciie/.  celles  nu 
prédomine  la  «  régénération  •>. 

('-)  Tous  ces  processus  ont  lieu  erUre  iS  i^l  iS  jours  après  la  section  ;  l'époque  à 
laquelle  on  rencontre  les  différents  stades  est  un  peu  variable  suivant  l'état  de  déve- 
loppement initial  des  organes  copulateurs.  Les  spermatozoïdes  mûrs  sont  très  résistants 
et  subsistent  très  longtemps  après  la  disparition  complète  de  l'appareil  génital. 


SÉANCE   DU   20   Jri.X    1921.  1617 

i|ui  onl  servi  à  ioniicr  rappaieil  copiilaleur  pcuxenl.  apirs  un  retour 
nioiuenlaiié  à  l'élal  einl)rvonnaire,  donner  naissance  à  un  piiarynx  ('  ).  Ces 
cellules  ne  sont  donc  pas  préd<'slinées  par  l(^ur  nature  même  à  former  un 
organe  délerminé  ;  il  semble  que,  cliez  les  Planaires  tout  au  moins,  ce  sont 
l)ien  pliitùt  les  rapports  des  cellules  enlre  {'lies  que  la  structure  de  chaque 
cellule  en  |iartic\ilier,  (|ui  déterminent  leur  évolution;  les  cellules  consti- 
tuent un  matériel  plastique,  apte  à  former  les  productions  les  plus  variées  ; 
cette  lotipentence  des  éléments  va  de  pair  avec  le  grand  pouvoir  de  régéné- 
ration de  ces  animaux. 

Cet  exemple  montre  (|ue  les  théories  de  la  préformalion  sont  trop  rigou- 
reuses et  absolues,  et  ne  sauraient  s'appliquer  à  tous  les  cas;  il  serait,  |)ar 
contre,  tout  aussi  fâcheux  de  généraliser  les  résultats  obtenus  sur  les  Pla- 
naires; il  est  toujours  dangereux  détendre  une  conclusion  tirée  de  l'étude 
d'un  seul  groupe  à  l'ensemijle  des  êtres  vivants;  des  cas  de  prédétermina- 
tion et  de  spécificité  cellulaire  très  étroite  existent  de  façon  indéniable  ;  là, 
/Comme  en  bien  daulres  ([uestions  de  biologie,  il  semble  difficile  d'établir 
une  loi  absolument  générale  ;  il  n'est  guère  possible  que  de  préciser  les 
limites  extrêmes  d'une  série  qui  comprend  tous  les  inleimédiaires. 


HIOI-OGIE.  —  Le  défrr/tiinisnic  de  la  ponte  chez  un  Hymènoptère  lérêbronl, 
le  Pimpla  insligator  L.  Note  de  M.  F.  Picard,  présentée  par  M.  P. 
Marchai. 

Certains  actes  des  Insectes,  même  parmi  ceux  qui  semblent  les  plus  com- 
pliqués, peuvent  être  réduits  à  de  purs  réflexes  :  telles  sont  les  manœuvres 
des  Hyménoptères  paralysenrs,  passant  autrefois  pour  le  type  des  instincts 
inexplicables  et  merveilleux,  et  dont  le  détermisme  est  très  simple,  comme 
l'ont  fait  ressortir  les  expériences  de  Rabaud(- ). 

Le  mécanisme  de  la  ponle  chez  un  Hymènoptère  parasite  comme  le  Piin- 
pla  instigdtor  peut  paraître  aussi  fort  complexe.  Cet  Ichneumonide  pond 
dans  les  chrysalides  de  Pi'eris  brassicœ  et  dans  celles  de  quelcjucs  autres 
Lépidoptères.  Il  lui  faut  rechercher  et  reconnaître  sa  proie,  distinguer  les 

(')  Il  est  possible  ((ue  certaines  cellules  ainsi  dédiflërenciées  soient,  dans 
certains  cas,  à  l'origine  des  éléments  génitaux  ;  de  nouvelles  reclierches  sont  encore 
nécessaires  pour  préciser  ce  point. 

(-)  E.  Rabaud,  Noies  ski-  rinslinct  du  Mellinu'^  iirxensis  L.  {  Bull.  biol.  Fr.  el 
Belg..  t.  31,  1917 j. 


l6l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

clirysalides  vivantes  des  mortes  el  des  muscardiiiées,  qui  abondent  toujours 
au  milieu  des  saines,  des  défroques  vides  dont  le  papillon  est  sorti,  etc. 
La  nymphe  n'est  pas  seulement  utilisée  pour  le  dépôt  de  l'œuf  mais 
encore  pour  la  nourriture  de  l'Insecte  qui,  après  y  avoir  enfoncé  sa  tarière, 
se  recule  el  lèche  le  sang  ([ui  s'écoule  de  la  blessure.  (îe  dernier  fait,  observé 
chez  les  Chalcidiens  par  Marchai,  Dolen,  Roubaud  et  d'autres,  se  remarque 
aussi  chez  certains  Braconides  comme  VHdbrohracon  Jo/iannseni,  ennemi  de 
la  Teigne  des  pommes  de  terre,  et  se  montre  de  plus  en  plus  comme  une 
habitude  très  fréquente  dans  les  familles  de  térébrantsentomophages.  Mais, 
chez  les  Pimpla,  le  mâle  lui-même  profite  du  perluis  ouvert  par  l'arme  de  la 
femelle  et  vient  souvent  s'y  abreuver. 

Ces  actes  variés  dont  la  chrysalide  est  le  sujet  sont  cependant  sous  la  dé- 
pendance d'un  psychisme  très  rudimentaire.  L'Hyménoplère  est  attiré, 
uniquement  sous  l'influence  de  l'odorat,  comme  je  le  démontrerai,  par 
beaucoup  de  chrysalides,  dont  quelques-unes  ne  lui  conviennent  pas,  Bom- 
byx newilria,  par  exemple,  dont  sa  tarière  ne  peut  entamer  l'épais  tégument. 
Alors  qu'une  nymphe  de  l'ieris  |)i'ésentée  aux  Pirnpla  est  immédiatement 
transpercée,  c'est  sans  succès  que  ces  Insectes  s'acharnent  sur  les  Pyra/ticis 
co/'dui  donl  les  soubresauts  et  les  vibrations  très  rapides  de  l'abdomen  les 
roulent  et  les  secouent  en  tous  sens,  rendant  vaines  toutes  les  tentatives  de 
ponte.  Ce  n'est  qu'après  plusieurs  heures  d'efforts  qu'une  nymphe  de  Pyva^ 
/neis,  blo(|uée  entre  le  fond  du  bocal  et  la  paroi,  put  être  enfin  transpercée. 
Une  autre  Pyrameis,  suspendue  par  la  (|ueue  dans  sa  situation  ordinaire, 
vibre  bien  dasanlage  an  moindre  fi(')lcmcnt  et  repousse  victorieusement 
pendant  i  heure  les  assauts  obstinés  d'une  dizaine  de  Pimpla.  11  faut 
admettre  que,  dans  la  nature,  le  Pimpla  instipalor  doit  bien  rarement  par- 
venir à  pondre  dans  une  Vanesse  du  Chardon. 

Une  vieille  dépouille  chrysalidaire  de  Pietis  n'a  pasd'ell'el  ourles  Pimp/a  ; 
la  même  dépouille,  légèrement  enduite  de  sang  frais  de  chrysalide,  les 
excite  an  plus  liant  point.  Toutes  les  femelles  s'y  précipitent  à  la  fois,  se 
bousculent,  y  enfoncent  fréuéti(iuement  leur  laiière.  Puis  le  sang  se  sèche 
et  la  peau  de  nymphe  est  délaissée. 

Un  cylindre  de  papier  blanc,  tordu  auv  extrémités,  n'ayant  pas  la  teinte, 
ni  même  la  forme  d'une  clnysalide,  n'attir(>  pas;  mais  il  suflll  d'étaler  à  sa 
surface,  avec  un  pinceau,  ntu'  gouttelette  de  sang  de  nymphe  de  Pieris  pour 
que  l'excitation  se  produise.  Les  Pimpla,  toutes  vibrantes,  embrassent  ce 
simulacre  avec  leurs  pattes,  y  enfoncent  leur  taiièie  toutes  ensemble  et 
bientôt  le  jiapier  est  criblé  de  trous.  Ses  propiiélés  altiaclixes  égalent,  si 


SÉANCE   DU    20    lULN    I921.  1619 

elles  ne  les  dépassent,  celles  des  chrysalides.  Mais  son  attirance  est  fugace; 
le  sang  se  dessèche,  les  eftliives  excitantes  s'é\anouissent  et,  une  demi- 
heure  après,  il  ne  reçoit  plus  aucune  visite. 

Une  feuille  sur  laquelle  une  nympiie  de  Picris  est  fixée  est  présentée  à 
une  Piinpla  par  la  face  upposéc.  Aussitôt  la  tarière,  lra\ersantla  feuille,  est 
plongée  dans  celte  chrysalide  invisible. 

Ces  ex[iériences  démontrent  que  la  vue  ne  prend  aucune  part  dans  l'acte 
de  la  ponte.  Le  jeu  de  la  tarière  est  un  simple  réflexe  déterminé  par  une  vio- 
lente sensation  olfactive.  Mais  la  percée  de  la  victime  qui  sera  sui\ie, 
tantôt  du  dépôt  de  l'œuf,  tantôt  de  l'absorption  du  sang,  n'est  que  te  pre- 
mier temps  du  phénomène,  et  le  seul  qui  soit  réglé  par  l'olfaction.  Le  second 
temps,  c'est-à-dire  l'émission  de  l'œuf  elle-même,  dépend  dune  sensation 
tactile,  celle  de  vide  et  de  plein.  En  elïet  une  chrysalide  réduite  à  son  en\e- 
loppe,  un  cylindre  de  papier  doni  l'intérieur  ne  contient  rien,  peu\ent  être 
perforés  de  mille  trous,  jamais  aucun  œuf  n'y  sera  déposé. 

Le  eomporlement  du  Pimpln,  qui  parait  si  bien  combiné  en  vue  d'un  but 
final,  peut  donc  être  décomposé  en  mou\  ements  que  l'on  arri\  e  à  déclencher 
indépendamment  l'un  de  l'autre,  et  en  dehors  de  toul  profit  pour  l'Insecte 
et  sa  descendance. 

ENTOMOLOGIE  APPr.lQUÉE.  —  De  l'action  des  vapeurs  de  chtornpicrine  sur 
/'Argas  reflexus  Fahr.  Note  de  M.  P.  Remy,  présentée  par  M.  P.  Marchai, 

VArgas  rejlexiis  doit  être  considéré  comme  préseiitaut  un  réerdanger  tant 
pour  la  grande  mortalité  qu'il  cause  dans  les  pigeonniers  que  pour  les  acci- 
dents parfois  graves  que  provoque  sa  piqûre  hirsqu'il  attaque  l'Homme;  cet 
Acarien  est  un  parasite  d'autant  plus  sérieuv  que  sa  destruction  est  très 
difficile.  On  ne  peut  espérer  le  détruire  par  la  famine,  sa  résistance  au  jeûne 
étant  extraordinaire  :  il  en  a  été  trouvé  (')  de  bien  vivants  dans  un  colombier 
de  Nancy  vide  de  ses  Pigeons  depuis  6  ans;  l'un  d'eux,  que  j'ai  conservé  en 
boîte  fermée,  a  encore  vécu  10  mois  après  sa  capture.  Les  insecticides 
utilisés  jusqu'à  présent  ne  sont  pas  d'une  efficacité  absolue;  en  efTet,  les 
Argas  ne  sont  visibles  que  l()rs(|u'ils  piquent  l'hôte,  ce  ([ui  dure  environ 
23  minutes;  ([uand  ils  sont  repus,  ils  se  tiennent  cachés  dans  les  tissures  du 
plancher  et  des  murs,  où  tous  ne  peuvent  être  atteints  par  les  agents 
li(|uides  :  pétrole,  formol,  essence  de  térébenthine,  eau  bouillante,  lait  de 

(,')   I!.  l.iÉNHART  et  ^^  1»;my,  C.  fi.  Suc.  /Un/.,  i.  8:î,  ii)2(),  p.  ii55. 


lG20  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chaux,  cliloruic  de  cliaiix  <jui  ont  l'ié  [Hoposés,  el  qui  ne  sont  eliicaces  t\n'ii 
condition  de  toucher  le  corps  de  VArgas;  la  poudre  de  pyrèthre,  le  sublimé 
en  poudre,  le  gaz  sulfureux,  l'hydrogène  sulfuré,  le  sulfure  de  carlxine,  le 
chlore,  l'acide  [ihénique,  la  fumée  de  cade  vert  sont  iuefticaces  (Pianchon  ). 
Les  vapeurs  de  chlorcjpicrine  ayant  été  reconnues  1res  toxiques  pour  diffé- 
rents animaux  (  '  ).  j'en  ai  fait  re>sai  contre  l^s  Argas. 

Le  mode  upéialoire  est  oiialogiie  à  celui  indiqué  par  (i.  Herlrand  :  une  (juantilé 
connue  de  ililoropicrine  est  intr.oduile  dans  des  flacons  de  l'ii  l'aide  d'une  pipette 
capillaire  donnant  de  petites  gouttes  dont  li-  poids  a  été  préalablement  déterminé  par 
pesées;  le  flaeon  est  bouché  hermétiquement  et  agité  plusieurs  fois;  les  animaux  sont 
introduits  une  demi-heure  à  i  heure  après,  suivant  la  i|uantilé  de  toxique  xersée;  ils 
sont  enfermi's  dans  un  morceau  de  tulle  suspendu  au  bouchon  par  un  fil;  les  animaux 
retirés  du  llacon  sont  conservés  dans  des  tubes  non  imuchés,  placés  dans  un  eudmil 
sombre. 

La  marche  de  l'intoxication  est  la  sui\ante  :  les  Argas,  pendant  qu'on  les  enferme 
dans  le  nouet,  à  l'air  libre,  replient  leurs  pattes,  les  appliquent  snus  le  corps  et  «  font 
le  mort  »  ;  quelques  minutes  après  leur  introduction  dans  le  flacon,  ils  sont  très  agités, 
se  déplacent  sans  arrêt;  souvent,  surtnut  chez  les  animaux  repus,  il  apparaît  à  droite 
et  il  gauche,  entre  la  première  el  la  deuxième  paire  de  pattes,  au  fond  d'une  invagi- 
nation des  téguments  qui  est  à  la  base  des  coxas,  une  goutte  de  liquide  transparent, 
très  réfringent,  dont  la  signification  sera  étudiée  dans  une  Note  ultérieure.  A  la  vive 
agitation  du  début  fait  suite  un  ralentissement  de  plus  en  plus  grand  des  mouvements, 
puis,  au  bout  d'un  temps  variable  avec  la  teneur  de  l'atmosphère  en  ehloropicrine  et 
la  vigueur  des  individus,  \ei,  Argas  restent  complètement  immobiles,  les  pattes  à  demi 
déployées;  les  jeunes  sont  immobilisés  avant  les  adultes,  les  individus  à  jeun  avant 
ceux  qui  ont  mangé  depuis  peu.  Les  animaux  ainsi  immobilisés  ne  sont  pas  morts  : 
alors  que  Aes  Argas  tués  à  coup  sûr  par  immersion  dans  le  sulfure  de  carbone  liquide 
sont  desséchés  au  bout  de  5  à  6  jours,  ceux  (|ui  sont  immobilisés  par  le  séjour  dans  la 
ehloropicrine  restent  mous  pendant  des  semaines,  parfois  pendant  des  mois;  un  animal 
sain,  lorsqu'il  est  louché,  ramène  ses  pattes  sous  le  corps  et  «  fait  le  mort  «;  si  alors  on 
lechaufle  sur  l'étuveà  35''-42°,  il  agite  vivement  ses  pattes  el,  souvent,  laisse  échapper 
entre  les  coxas  des  première  et  deuxième  paires  de  pattes,  deux  gouttes  de  liquide  ; 
si  l'on  continue  à  chaufl'er.  les  mou\emcnts  se  ralentissent,  et  la  mort  survient 
vers  .")',°,  le  temps  mis  pour  passer  de  .55°  à  ')i°  étant  de  i.5  minutes;  VArgas  immo- 
bilisé par  la  ehloropicrine,  au  contraire,  ne  réagit  pas  au  toucher;  chaufTé  lenlemenl 
el  progressi\  emenl  de  35"  à  55",  il  ne  bougea  aucun  moment  et  n'émet  jamais  de 
liquide  coxal.  Si  l'animal  est  paralysé.  la  vie  cellulaire  cependant  persiste  :  lorsqu'on 

(')  G.  Bertrand,  en  collaboratiim  a\ec  M'""  H>osenb[,att.  HRocy-liotissEï-  et  Dasson- 
viLLE,  Comptes  rendus,  t.  1()8,  njig.  p.  -.\>.  et  911;  t.  1()9,  1919.  p.  'i4i,  '|8<>.  8S0. 
loSg,  i4*8;  t.  170,  rgao,  p.  345.  —  A.  Piutti,  /bid..  t.  170.  1920,  p.  854.  —  .1.  Fev- 
TAUD,  Ihid.,  t.  171,  i9^o,  p.  44o.  ~  1*.  N'AYSSifcRE.  /iew  llist.  nat.  appl.,  i''*  Partie, 
t.  1,  i9!0,  p.  339. 


SÉANCE    DU    20    ,IUli\    192 1.  162 1 

lui  injecte  dans   la   i:a\ili'  caloiniijui-  de  lencie  de  Gliiiic.  lus  pailiculcs  soli<les  sont 
l'iiplurét's  |).ii  des  leuiotvles,  comme  clie/.  un  aiiiinal  sain. 

Les  expériences  ont  eu  lieu  à  une  loinpérjitun'  de  i5"  à  18",  elles  ont 
porté  sur  plus  de  i5o  Argtis  ;  les  résultats  numéricjues  sont  les  suivants  : 

lin  séjour  de  l'î  licures  dans  une  almosphère  contenant  io"'«  de  chloro- 
picrine  par  litre  détermine  la  paralysie  de  tous  les  individus,  repus  ou  à 
jeun;  des  animaux  ([ui  n'étaient  pas  paralysés  après  10  heures  d'exposition, 
le  sont  devenus  2  jours  après  (prils  étaient  à  l'air  libre  ;  avec  20'""  par  litre, 
tous  les  Acariens  sont  paralysés  en  ~  lieui-es,  mais  les  animaux  à  jeun  le  sont 
hien  avant,  au  bout  de  3  à  5  heures;  une  dose  de  3o'"s  par  litre  produit  la 
paralysie  de  tous  les  animaux  en  (>  heures;  avec  So^^^  |a  paralysie  est 
obtenue  en  4  heures  i5  miimtes  et  avec  8o'"fi  en  3  heures. 

Cette  paralysie  est  durable  et  se  termine  infailliblement  par  la  mort;  les 
.4/-i,'aA  paralysés  sont  donc  définitivement  irioffensils.  La  seule  preuve  cer- 
taine et  objective  de  la  mort  réelle  est  la  dessiccation,  mais  cette  mort  doit 
avoir  lieu  bien  avant;  la  dessiccation  se  produit  au  bout  d'un  temps  variant 
de  i5  jours  à  4  mois,  l'animal  restant  constamment  immobile;  je  n'ai  pu 
reconnaître  de  relation  entre  ce  temps,  la  dose  de  toxique  et  la  durée  d'ex- 
position. Si  r,4r^«5  traité  était  à  jeun,  il  se  dessèche  sans  changer  de  cou- 
leur; s'il  a\ait  mangé  depuis  peu,  la  dessiccation  est  précédée  d'un  rougisse- 
ment d'abord  de  la  région  voisine  du  tube  digestif,  |)uis  des  pattes;  celte 
coloration  semble  due  au  passage  à  travers  la  paroi  du  tube  digestif  du 
liquide  rose  qui  se  trouve  à  ce  moment  avec  des  débris  d'hématies  dans 
l'estomac  de  VAr^as,  liquide  qui  résulte  évidenmient  de  la  lyse  du  sang  du 
Pigeon. 

Donc,  en  résumé,  VArga.s  reflexiis  |)eut  être  détruit  par  les  va[ieurs  de 
chloropicrine  à  des  doses  assez  faibles  |)Our  en  permettre  un  emploi  pra- 
tique; des  expériences  de  désinfection  en  grand  n'ont  pas  été  faites,  mais 
les  doses  de  20»  à  So*^  par  mètre  cube,  qu'on  laisse  agir  pendant  une  journée, 
paraissent  les  plus  convenables;  les  joints  des  ouvertures  des  locaux  à 
désinfecter  seront  bouchés  avec  du  papier;  si  les  fissures  soni  trop  nom- 
breuses (tuiles  d'un  toit),  on  pourra  apposer  des  toiles  imperméabilisées 
par  application  dhuile  de  lin  ou  de  paraffine,  analogues  à  celles  prescrites 
pendant  la  guerre  pour  fermer  l'entrée  des  abris;  l'emploi  de  masques 
rendra  l'opération  sans  danger. 

La  durée  de  léclosion  des  œufs  étant  de  8  à  i5  jours  (Gibert),  une  nou- 
velle opération  sera  nécessaire  un  mois  après  la  première  pour  détruire  les 
animaux  récemment  éclos. 


Ib22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


MICROBIOLOGli::.  —  Ohservaùom  sur  la  culture  du  /nici/Ic pvocyunù/ue 
sur  milieux  arliftcich  définis.  Note  de  MM.  A.  Gokis  el  A.  Lior, 
présentée  par  M.  lîoux. 

Une  des  propriélés  principales  du  li.  pyocyanique  est  son  aptitude  à  pro- 
duire une  substance  de  nature  spéciale,  la  pyocyanine  (pigment  bleu  ),  qui 
présente  les  réactions  analytiques  des  alcaloïdes. 

(]e  pigment  peut,  se  produire  sur  les  milieux  albuminoïdes  peptonés 
comme  sur  les  milieux  exclusix ement  minéraux  additionnés  de  succinate 
d'ammoniaque  (dessard). 

On  sait  que  ce  composé  à  chaîne  linéaire 

m\'  —  CO^—  CM^—  CH-  —  CO'—  NH* 

a  la  propriété  de  fermer  sa  chaîne  avec  perte  de  H-()  et  de  NU  '  pour  don- 
ner le  succinimide;  celui-ci  par  réduction  conduit  aux  composés  pyrroli- 
diques.  Nous  avions  espéré  (ju'en  suivant  pas  à  pas  le  développement  du 
B.  pyocyanique  sur  milieux  artificiels  définis  renfermant  du  succinate 
de  NH%  nous  pourrions  déceler  le  mode  de  formation  d"un  composé  à 
chaîne  fermée,  présentant  des  réactions  alcaloïdiques. 

Nos  premières  recherches  ne  nous  ont  pas  donné  les  résultats  espérés, 
mais  nous  avons  cependant  pu  faire  quelques  observations  qui  méritent 
d'être  relevées. 

Nous  avons  cultivé  ce  microbe  sur  milieux  solides  (gélose  sinqile  et 
gélose  minéralisée),  et  sur  milieux  liquides  (eau  distillée  el  sohilion  miné- 
rale). 

1°  La  gélose  simple  esl  une  SDliilioii  a(|ui'use  tie  géloso  à  2ci  pour  kidu  lillrée  el 
siérilisée. 

2°  Pour  la  préparalion  de  la  gélose  minéralisée,  on  a  stérilise  séparénjenl  :  eau. 
r>5^"'";  P0''UNa-,5s;  eau,  i2,ô'^'"'.  SO'Mg,  -.iSjSo.  Ou  a  prélevé  7.00'^'"'  d'une  solution 
gélosée  à  riôpour  1000  fillrée  el  siérilisée  à  lo.V',  à  lai|uelleon  a  ajouté  avant  refroidis- 
semenl  la  solulion  de  l'<J'' il  Na-.  puis  celle  de  SO'Mi;,  eu  ayant  soin  de  bien  agiter 
après  chaque  addition. 

3"  L'eau  distillée  esl  l'eau  distillée  oflicinale  redislillée  dans  un  ballon  en  verre. 

/i"  La  solulion  minérale  esl  obtenue  par  mélange  à  parties  égales  des  deux  solu- 
tions aqueuses  :  PC>'lL\a-  à  m  pour  lono  el  SO'Mg  à  5  pour  1000  stérilisées  el 
refroidies. 

Ces   milieux-supports   ainsi    préparés  ont   été   répartis  eu   tube-  par  ii>""'  el  addi- 


SÉANCE    DU    20    JLIX    Ipai.  1^23 

lioiiiios  ;iii  iiioinenl  ck'  l'emploi  de  ii-,o.")  de  succinale  de  Nil' (10  goiilles  d'une  scdulion 
à  l'ii)  correspond iiiil  à  oï,oi  i  de  Ml'. 

Le  B.  pyocyiinique  cnseiiiencé  sur  ces  milieux  se  comporte  un  [iru 
difl'éremmenl. 

Sur  les  milieux  géloses  contenant  uniquement  du  succinale  de  Ml',  la 
culture  est  pen  visible;  mais  au  bout  de  /|8  à  ^2  beures,  toute  la  masse 
prend  une  leinlr  bleue  1res  franche. 

Sur  les  milieux  j-élosés  minéralisés,  additionnés  de  succinate,  on  obtient 
au  bout  de  24  beures  des  colonies  peu  abondantes,  mais  bien  apparentes, 
avec  production  d'un  pigment  de  couleur  veiie  très  nette. 

Sur  Tcau  distillée,  additionnée  de  succinate,  le  liquide  reste  linqjide, 
sans  développement  de  culture  apparente,  mais  le  liquide  devient  d'un 
beau  bleu. 

Sur  milieu  minéral  li(piide  avec  succinale,  on  constate  la  production  de 
pigment  à  la  partie  siqjérieure  du  liquide,  au  contact  de  l'air.  En  introdui- 
sant dans  l'atmosphère  de  ces  tubes  des  papiers  réactifs  (tournesol  et 
réactif  de  Nessler),  on  constate  un  dégagement  de  INtP,  qui  très  probable- 
ment est  en  relation  avec  les  phénomènes  d'oxydation,  car  on  voit  se 
former  à  la  surface  du  liquide  des  cristaux  de  phosphate  ammoniaco- 
magnésien  qui  lombent  bientôt  au  fond  du  tube. 

On  pouvait  se  demander  si  cette  production  de  pyocyanine  était  parli- 
culière  au  succinate  de  JNII''  et  si  le  pigment  ne  pouvait  se  former,  dans 
les  mêmes  conditions  biologi(jues,  avec  d'autres  sels  ammoniacaux  orga- 
niques. Nous  avons  refait  les  expériences  parallèles  avec  les  sels  des  divers 
acides  bibasiques  de  la  série  succinique  :  acides  oxalique,  malonique, 
glutarique,  sébacique,  subérique;  et  des  acides  bibasiques  à  fonction  éthy- 
lénique  :  acides  fumarique,  maléique,  mésaconique,  itaconique,  citra- 
conique. 

On  prépare  les  sels  ammoniacaux  neutres  de  ces  acides,  on  en  fait  des 
solutions  titrées  telles  (|ue  10  gouttes  renferment  o*', on  de  NH' (quantité 
correspondant  à  celle  contenue  dans  10  gouttes  de  la  solution  de  succinate 
de  NH'^).  On  ajoute  ces  sels  aux  milieux-supports  au  moment  de  l'emploi. 

En  ce  qui  concerne  les  sels  des  acides  bibasiques  de  la  série  succiniqne, 
on  constate,  après  24  beures,  que  : 

1"  Sur  gélose  pure,  additionnée  des  sels  ammoniacaux,  il  y  a  production 
àe pii^me/it  bleu; 

1°  Sur  les  milieux  géloses  minéralisés  se  manifeste  une  réaction  analogue 
à  celle  donnée  par  le  succinate,  avec  coloration  verte. 


1624  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

L'o.valalc  (ramiuoni;iqiie  ne  donne  lieu  à  aucune  coloration. 

Avec  les  sels  des  acides  bibasiques,  à  fonction  élhylénique,  le  lésultal  esl 
ditrérent  suivant  les  acides  cl  les  milieux  utilisés. 

La  production  de  pigment  b/cii  l'sl  nette  .sur  gélose  pure  pour  tous  ces 
sels. 

Sur  gélose  minéralisée  la  production  de  pigment  vert  est  intense  avec  les 
sels  (les  acides  fumarique,  mésaconique  (métliylène-succinique),  itaco- 
iiicpie  (  mélhyl-fumarique).  tandis  qu'avec  les  sels  des  acides  maléitjue  et 
cilr'aconiquc  (  métbvl-maléiquc  )  il  y  a  culture  sans  production  de  pi|;meiit. 

iiC  bacille  pyocyaniquc  peut  donc  produire  sa  pyocyanine  (pigment 
bleu)  aux  dépens  des  sels  ammoniacaux  des  acides  bibasicjues  en  l'absence 
de  tout  autre  élément  nutritif  minéral  ou  organique.  L'addition  de  phos- 
phate de  soude  au  milieu  naturel  a  pour  effet  de  modifier  la  couleur  rlu 
pigment  qui  de  bleu  passe  au  rcrt. 

Il  est  intéressant  de  constater  que  parmi  les  acides  à  fonction  éthylé- 
nique,  ce  sont  les  acides  en  position  Irons  qui  donnent  le  pigment,  alors  que 
les  acides  en  position  cis  ne  le  produisent  [las  sur  le  milieu  gélose  miné- 
ralisé. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  la  nature  inycosicpw  cVune  noinetlc  //lahu/ic  des 
dattiers  menaçant  les  oasis  marocaines.  iNote  de  MM.  Ed>i.  SKR«iE.\r  it 
M.  Béguft,  présentée  par  M.  lioux. 

Depuis  une  vingtaine  d'années,  les  habitants  de  l'oasis  de  Figuig  voient 
avec  elTroi  une  maladie  nouvelle  décimer  leurs  dattiers.  Tout  palmier  atteint 
est  condamné  et,  dans  le  sol  où  il  a  poussé,  aucun  autre  palmier  ne  peut 
être  planté  sans  se  contaminer  et  périr  à  son  tour.  Chaque  dattier  mort 
crée  ainsi  un  champ  maudit.  Les  oasiens  de  Figuig  prévoient  le  moment 
où  cette  épiphytie  pourrait  anéantir  leurs  palmeraies.  Le  comman- 
dant l'ariel,  qui  adminisire  les  Hauls  Plateaux  du  Maroi'  oriental,  parta- 
L;eanl  ces  préoccupations,  provoqua  des  tecln'rclies  scientifiques  sur  les 
causes  du  mal. 

La  maladie,  appelée  par  les  indigènes  l>ai<iu<lli,  serait,  d'après  eux,  origi- 
naire du  Draa  (sud-ouest  du  Maroc  ).  d'où  elle  a  gagné  le  'rafilalelt,  puis, 
vers  i8(j8',  Figuig.  C'est  dans  cette  dernière  oasis  que  nous  létudions 
depuis  un  an  et  demi.  î^a  marche  de  l'épiphytie  est  assez  lente,  mais  elle 
est  continue.  La  propagation  ne  s'opère  pas  en  tache  d'huile;  elle  laisse  des 


SÉANCE    DU    20   JUIN    Iijil.  162^ 

clairières  indemnes  :  (^uand  la  maladie  éclate  dans  un  jardin,  elle  essaime 
au  voisinage,  comme  une  colonies;  puis  elle  peut  sauter  de  là  dans  un  autre 
jardin  qui  n'est  pas  attenant  au  premier.  C'est  pendant  la  saison  chaude 
surtout  qu'elle  se  développe. 

Le  premier  symptôme  apparent  est  le  blanchiment  des  folioles;  d'où  le 
nom  de  la  maladie  (abiod/i  veut  dire  blanc  en  arabe).  On  voit  en  même 
temps  apparaître  sur  le  pétiole  de  la  palme,  du  coté  des  folioles  blanchies 
et  desséchées,  des  veines  brun-rouge  foncé  décelant  la  dégénérescence 
gommeuse  des  faisceaux  libéro-ligneux.  On  peut  suivre  ces  veines  brun- 
rouge  jusque  dans  le  stipe. 

L'infection  sembla  ascendante  des  racines  jusqu'aux  palmes.  Toutes  les 
palmes  ne  sont  pas  atteintes  à  la  fois.  Il  n'y  a  pas  d'ordre  régulier  dans  la 
façon  dont  elles  sont  prises  les  unes  après  les  autres  sur  un  dattier.  Quand 
les  jeunes  palmes  du  cœur  sont  frappées  les  premières,  la  mort  survient  en 
quelques  semaines.  Au  contraire,  lorsque  le  mal  débute  par  les  palmes  exté- 
rieures du  bouquet,  l'affection  peut  durer  jusqu'à  3  ou  4  ans  avant  la 
terminaison  fatale. 

La  résistance  des  dattiers  au  baïoudh,  se  traduisant  par  un  retard  dans 
la  mort  du  palmier,  diffère  beaucoup  d'une  variété  à  l'autre.  A  Figuig  les 
races  les  plus  résistantes  sont  Vossiane,  et,  à  un  degré  moindre,  la::iza. 
Les  moins  résistantes  sont  la  ghars  et  \e  frouklidjeii. 

Le  baïoudh  ne  ressemble  à  aucune  des  autres  maladies  que  connaissent 
les  indigènes  :  le  doudn,  le  bou-qmech,  etc.  Les  indigènes  disent  qu'ils 
savent  guérir  toutes  ces  maladies  ou  en  pallier  les  effets  :  seul  le  baïoudh 
est  sans  remède. 

Le  baïoudh  est  propre  au  dattier;  aucun  des  arbres  fruitiers  qui  poussent 
à  l'ombre  des  palmeraies  n'en  est  atteint. 

I^a  maladie,  d'après  nos  renseignements,  n'a  pas  encore  dépassé  le  méri- 
dien de  Figuig  vers  l'est.  File  n'est  pas  connue  dans  le  Sahara  algérien  ni 
dans  le  Sahara  tunisien. 

On  s'est  demandé  si  le  baïoudh  était  une  maladie  de  la  nutrition  des 
dattiers,  due  soit  à  un  excès  de  calcaire,  soit  à  un  excès  d'irrigation  qui 
causerait  l'asphyxie  des  racines.  L'étude  comparative  poursuivie  sur  place 
nous  a  montré  qu'à  cet  égard  les  palmeraies  atteintes  et  les  palmeraies 
restées  jusqu'ici  indemnes  sont  placées  dans  les  mêmes  conditions.  Les 
hypothèses  qui  font  du  baïoudh  une  maladie  de  dépérissement  manquent 
de  preuves.  L'épiphytie  présente  au  contraire  les  caractères  d'une  maladie 
contagieuse. 

C.  R..  1921,  ."  Semestre.  (T.   t7î,  N"  25.)  1  18 


1626  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  indigènes  le  savent  si  bien  qu'ils  prohibent  l'introduction,  dans  les 
palmeraies  encore  préservées,  d'un  dattier  atteint  de  baïoudh.  fût-il  mort  et 
à  l'état  de  bois  de  construction. 

Sur  l'iniliative  du  commandant  Pariel,  M.  P.  Vayssière,  directeur  de 
station  entomologique,  vint  à  Figuig  faire  une  enquête,  d'où  il  ressort 
qu'aucun  insecte  ne  peut  être  accusé  déjouer  un  rôle  prépondérant  dans  le 
baïoudh  ('  ). 

Jitudiant  à  noire  tour  la  question,  nous  avons  trouvé  d'une  façon  con- 
stante et  à  l'état  de  pureté  un  champignon  dans  les  lésions  de  baïoudh.  Ce 
champignon  n'existait  jamais  chez  les  dattiers  sains  ni  chez  les  dattiers 
morts  par  d'autres  causes. 

Les  fragments  de  tissu  malade  brun  rouge,  immergés  dans  un  liquide  nutritif  (le 
meilleur  est  le  bouillon  glucose  ),  se  couronnent  au  bout  de  deux  jours  de  houpettes. 
Celles-ci  se  réunissent  bientôt  en  une  masse  spongieuse  qui  occupe  parfois  la  moitié 
du  tube  et  présente  l'aspect  de  coton  hydrophile  llottant  dans  l'eau.  (Jette  niasse  gagne 
la  surface  du  bouillon  et  des  filaments  délicats  s'étalent  en  étoiles  multiples  sur  la 
paroi  du  tube  au-dessus  du  bouillon.  A  la  surface  du  liquide  se  forme  un  voile  qui 
s'épaissit  au  point  de  former  une  calotte  hémisphérique  poudrée  de  rose.  Les  cultures 
sur  milieux  solides  ont  aussi  cette  couleur  rose  caractéristique.  D'après  M.  René 
Maire,  qui  a  bien  voulu  se  charger  de  classer  ce  champignon,  ses  formes  conidiennes 
le  rapprochent  du  groupe  du  P^cocosinospora  vasinfecla,  groupe  bien  connu  comme 
phytopalhogène. 

liéstillats  numériques  des  ensemcncenwnls  de  tissus  malades  de  haïoud/t. 
—  Le  matériel  a  été  prélevé  à  des  dates  très  éloignées  (décembre  1919, 
mai  1921)  dans  des  palmeraies  distantes  les  unes  des  autres.  On  ensemence 
des  raclages  faits  à  la  spatule  de  platine  ou  des  fragments  de  tissu  rouge 
de  o^'jS  environ. 

110  ensemencements  ont  donné,  à  l'élat  de  pureté,  107  fois  le  champi- 
gnon rose. 

Témoins  :  Ensemencemenls  de  tissus  sains  de  dattiers  livants  ou  de  tissus 
morts  par  une  cause  banale  (seclion,  etc.).  —  60  ensemencements  dî  tissu 
sain  vivant  ou  en  voie  de  dessiccation  sont  restés  stériles,  bien  que  le  malé- 
riel  ensemencé  ait  dépassé  parfois  le  volume  de  1°°'. 

La  reproduction  expérimentale  de  la  maladie,  qui  ne  serait  pas  al)solu- 
mcnt  probante  en  pays  infecté,  ne  peut  pas  être  tentée,  en  raison  de  ses 
dangers,  dans  une  oasis  indemne.  Nous  l'essaierons  au  laboratoire,  à  Alger, 

(M  E.  l'oEX  et  I'.  Vayssièuk,  ./onrn.  d'Agric.  Iropic.,  t.  19,  3o  novembre  1919, 
p.  33ti-;iS9. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    I921.  1627 

sur  des  dattiers  que  nous  élevons  dans  ce  but  depuis  un   an,  à  partir  de 
semis  faits  avec  des  noyaux  provenant  de  pays  sains. 

En  conclusion,  le  baioudh,  maladie  mortelle  du  dattier,  qui  menace  de 
ruine  nos  oasis  occidentales,  est  dû  à  un  champignon  dont  l'étude  expéri- 
mentale est  poursuivie,  en  vue  de  trouver  une  médication  pratique.  Comme 
mesure  prophylactique,  il  y  a  lieu  de  contrôler  Fexportation  des  rejetons 
,de  dattiers  des  oasis  contaminées. 


A  16  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  16  heures  trois  quarts. 

A.   Lx. 


ERRATA. 


(Séance  du   7   mars   1921.) 

Note  de  M.  de  Spaire,  Sur  le  rendement  maximum  des  turbines  : 

Fage  564,  'igné  i5,  au  lieu  de  4  =  0,9270,  Pu^  i23°37',  lire  ^=: 0,8262,  [3o  =  i33"37'  ; 
Ugne  18,  au  lieu  de  25  pour  100,  lire  i5  pour  joo. 

(Séance  du    17   mai   1921.) 

Note  de  M.  Gustave  Dumas,  Sur  les  contours  d'encadrement  : 
Page  1222,  remplacer  l'alinéa  des  lignes  21,  22  et  23  par  le  suivant  : 

Z  est  un  contour  fermé,  tracé  sur  le  polyèdre  unilatéral  II.  Les  nij  sont  des  coeffi- 
cients égaux  respectivement  à  zéro,  i  et  — 1.  La  relation  (2),  sa  forme  l'indique, 
constitue  une  homologie  sans  division. 


1628  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


BULLETIN'    BIBLIORRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  les  séances  de  mai   192  i. 

//C  Rhin  et  le  Rliâne,  par  L.-E.  Bertin.  Paris,  Gaulhier-Villars,  1921;  i  fasc.  28'^". 

7 lie  Eléments  of  Itie  Science  of  Nutrilion,  by  Graham  I-Usk.  Pliiladelphia,  Saun- 
ders,  1919;  1  vol.  a^*^™. 

Annales  des  Services  techniques  d'hygiène  de  la  Ville  de  Paris.  Tome  1  :  Compte 
rendu  des  travaux  de  igiS  à  1919.  Paris,  Gaiithier-Villars,  1921;  i  vol.  25"=™. 

Essais  de  Paléoconchologie  comparée,  par  M.  Cossmann.  Paris,  chez  l'auteur,  1921; 
I  vol.  28'="'.  (Présenté  par  M.  Douvillé.) 

Description  géométrique  détaillée  des  Alpes  françaises,  par  Paul  Melbronner. 
Annexe  du  Tome  second  :  Les  origines  iconographiques  de  l'œuvre  géodésique. 
Paris,  Gaulhier-Villars,  1921;  i  allas  64^,5.  (Présenté  par  M.  Appell.) 

Géologie  de  la  France,  par  L.  de  Lau.nav.  Paris,  Armand  Colin,  1921;  1  vol.  23'-'"'. 

Comment  Vhomme  accroîtra  progressivement  les  pluies  des  régions  arides  en 
créant  et  en  multipliant  les  centres  de  coordination  atmosphériques,  par  Hippolvte 
Dessoliers.  Alger,  Imprimerie  algérienne,  192 1;  1  fasc.  2/4*^'". 

Bibliographie  des  séries  trigonométriques,  par  MauriOe  Lecat.  I^oiivain- Bruxelles, 
chez  l'auteur,  192  i;  i  vol.  25"". 

Détermination  en  vol  du  point  estimé,  pai-  L.  Dunover.  Extrait  de  la  Technique 
Aéronautique  àe  mars  192  i;  i  fasc.  26"^'". 

Acta  matheniatica.  Journal  rédigé  par  G.  Mittag-Leffler.  Tome  38  :  Henri  Poin-- 
caré  in  memoriam.  Stockholm,  Almquist  et  Wiksells,  1921;  1  vol.  28"™, 5.  (Présenté 
par  M.  Appell.) 

Les  disciplines  d'une  Science.  La  Chimie,  par  G.  Urbain.  Paris,  Gaston  Doin, 
1921  ;  I  vol.  18"". 

Leçons  d' Electrotechnique  générale  professées  à  l'Ecole  supérieure  d'hleclricilé, 
par  P.  Janet.  Tome  I  :  Généralités.  Courants  continus.  Paris,  Gautliier-Villars,  1921; 
1  vol.  25'™. 

(  A  suivre.) 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    27   JUIN    1921. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Georges  LEMOINE. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MAT^É^LVTIQUE.  —  5///'  les  furnilles  complètes  de  figures  intégrales 
d'un  système  d'équations  aux  dérivées  partielles  du  premier  ûrdre.  Noie  (  ') 
de  M.  RioriEB. 

I.  Dans  l'espace  [[a;, y.  ...]],  nous  nomnwvon?,  figure  un  ensemble  de 
points  défini  par  un  système  d'équations  reliant  les  n  coordonnées,  réelles  ou 
imaginaires,  .f,  ^',  ...;  \)0\n\.  ordinaire  d'une  figure  un  point  tel,  que,  dans 
un  voisinage  suifisamment  rapproché  du  point,  la  figure  puisse  être  définie 
à  l'aide  d'un  système  réduit  d'équations  normalement  résolubles.  Nous 
bornant  à  la  considération  exclusive  de  ce  voisinage,  et  supposant  tour  u 
tour  que  le  système  réduit  comprenne  i,  2.  3,  ...  équations,  nous  dirons, 
suivant  le  cas,  que  la  figure  est  à  «  —  i,  n  —  2,  /i  —  3,  . . .  dimensions.  Deux 
systèmes  réduits  numériquement  é(juivalents,  et,  par  suite,  nécessairement 
composés  d'un  même  nombre  d'équations,  définissent  deux  figures  iden- 
tiques. Si,  désignant  par  p  et  p'  deux  entiers  difTérents,  on  suppose  que 
deux  systèmes  réduits,  S  et  S',  comprennent  respectivement /j  et  p'  équa- 
tions, et  que  le  premier.  S,  soit  une  conséquence  numérique  du  second,  S', 
on  a  nécessairement  yj  <ip'  >  d'où  n  —  p^  n  —  p',  et  la  figure  à  n  —//dimen- 
sions que  définit  S'  sera  dite  située  sur  la  figure  à  n  — p  dimensions  que 
définit  S;  inversement,  la  ligure  S  sera  dite  contenir  la  ligure  S'. 

Une  figure  k  n  —  p  dimensions,  définie  par  un  système  réduit  de  p  équa- 
tions, peut  encore  se  représenter  à  l'aide  d'un  groupe  de/?  formules  égalant 

(')  Séance  du  20  juin  1921. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N»  26.)  ï  '9 


l6  5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  /;  coordonnées  ^,y,  ...  à  /'  fonctions  analytiques  ci  régulièn-s  de  n  —  p 
arbitraires,  de  telle  façon  que  ji  —  p  di'  ces  formules,  convenablement 
cboisies,  soient  résolubles  par  ra|)port  aux  arbitraires  :  de  ces  deux  modes 
de  représenlalion,  le  premier  sera  qualilic  de  rrdiiit,  le  second  de  para- 
mèiiique. 

II.  Considérons  doux  ligures  ayant  un  point  commun,  ordinaire  pour 
chacune  d'elles;  désignons  par  //  — /.»,  n  — /•  leurs  nombres  respectifs  de 
dimensions,  et  supposons  n—p^n  —  r.  Les  doux  ligures  étant,  dans  le 
voisinage  de  ce  point  initial,  représentées,  la  première  (celle  à  n  —y;  dimen- 
sions), suivant  le  mode  réduit,  par  le  système  desp  équations 

/,(,r,r,  ...)  =  -,        /,rr,r,  ...)  =  ",         ...,        /,,(,r,  r,  ...)  =  o. 

la  seconde  (celle  an  —  /■  dimensions),  suivant  le  mode  paramétrique,  à 
l'aide  des  n  formules 

a; —£(.<,/,..  .)■  y  =  •/)(.?,/..  ..)-  •••> 

les yj  fonctions  composées 

I  J\{l(s,  i,  ...).n{s,  /....)....], 

^,^  ]./;[;(..  ^  ...),  o(■s^  ■■•),'.. -1, 

oui  évidemment  dc.'s  valeurs  iiiitiales  nulles.  Cela  posé,  et  en  désignant 
|jar  g  un  entier  positif  ou  nul,  si  les  fonctions  (i)  et  toutes  leurs  dérivées 
(relatives  aux  71  —  /•  variables  .v,  '.  . . .')  jusqu'à  l'ordre  g  inclusivement  ont 
des  valeurs  initiales  nulles,  sans  que  toutes  celles  d'ordre  g'  -f-  1  jouissent  à 
la  fois  de  celte  propriété,  les  deux  ligures  seront  dites  avoir  au  point 
considéré  un  contact  d'ordre  g. 

III.  Soient  ,r,  V,  ...  du,  c,  ...  deux  groupes  de  variables,  en  contenant 
respectivement  h  et  /  :  si,  dans  l'espace  à  //  +  /r  dimensions 

Ir.r.  ,r,  ....  Il,  e,  ...]], 

deux  ligures  à  h  dimensions  contiennent  l'une  et  l'autre  une  même  ligure  à 
h  —  (j  dimensions  i^o"î(i zh),  et  si,  en  tout  point  de  cotte  dernière,  elles  ont 
L'une  avec  l'antre  un  contact  proprement  dit  (c'est-à-dire  d'ordre  supérieur 
à  zéro),  elles  seront  dites  avoir  l'une  avec  l'autre,  suivant  eelle  (lornière.  un 
vaccordi'ment  de  genre  h  —  q. 

Supposons  actuellement  <]u"uiie  famille,  .t'a,   de  ligures  à  //  dimensions, 


SÉANCE    DU    27    IL'IN    1921.  liVU 

dôpeiidaiil  des  </  paramètres  «,,  a.^,  . . .,  c/,^  soit  dêliiiie  à  l'aide  d'r  système 
do  /•  é(|ualions  entre  -i',  y,  ...,  //,  c,  ....  «,,  ao,  ....  f/y(et  que  ce  système, 
soit,  coirime  de  raison,  résoluble  par  rapport  à  quelque  groupe  de  &  coor- 
données, M,  ç,  ...  par  exemple).  On  peut  se  proposée  de  rechercher  s'il 
i'xiste  quelque  ligure  fixe  à /<  dimensions  avec  laquelle  chacune  des  iigures.f/, 
présente  un  raccordeuient  de  genre  h  —  q  :  ce  pioblèiiie,  qui  dépend  d'un 
système  de  k(q  +  i)  équations  Finies  à  A  -i-  17  fonctions  iitC( nues,  n'est  pas 
toujours  possible;  en  supposant  qu'il  le  soit,  la  ligure  Nxe  ol)tei  ue  se 
nommera  Venwhppe  des  ligures  ,7/,. 

l\  .  Supposons  qu'un  système  d'équations  aux  dérivées  partielles  du 
premier  ordre,  impliquant  les  /"  foncti(nis  inconnues  //,  c,  ...  des  /;  variables 
.indépendantes  a.',  r,  ...,  soit  résolu  par  rapport  à  un  gn  upe  de  dérivées 
(premières  )  de  «,  r,  ....  Pour  disposer  nettement  lesé<[uatif;sd'u  'système 
de  cette  espèce,  on  peut  les  écrire  dans  les  cases  d'un  quadrillag(^  rectan- 
gulaire dont  les  lignes  correspondent  aux  variables  x,  y,  ...  et  les  colonnes 
aux  incuinues  u,  r,   ,..,  en   mettant  l'équation  qui  aurait,  {lar  exemple, 

j-  pour  premier  membre,  dans  la  case  qui  appartient  à  la  fois  à  la  coloime 

(li)  et  à  la  ligne  (,r)  :  on  obtient  ainsi  une  sorte  de  damier  où  les  cases 
pleines  et  vides  peuvent  oflrir  des  disposifions  relatives  variées.  Si,  pour 
lixer  les  idées,  on  considère  un  système  du  premier  ordre,  S,  imp'iiquant  les 
deux  fonctions  inconnues  u,  c  des  quatre  variables  indépendantes  -v,  y,  :■,  s, 

et  résolu  par  rapport  aux  trois  dérivées  -r-,  -r-,  -— ,  le  damier  dit  il  s'agit 

contiendra  trois  cases  pleines,  correspondant  à  ces  trois  dérivées,  et  cinq 

•  ,  ,      .  j  '   •    ■  ,      .       '^"    <^"    <)■■'     àv     àc 

cases  vides,  correspondant  aux  dérivées  restantes  -r-i  --1  -—^  -—j  -r- ;  ces 
'  ();      as     ().r     ôy     Os 

dernières  figureront,  avec  x.  y,   ".  s.  11,  e.  dans  les  seconds  membres  du 

système. 

Gela   posé,   nous   dirons   qu'une   figure   à   4   dimensinns,   définie,   dans 

l'espace  à  4^-2  dimensions     ja^,  r,  :■,  s,  u,  r]  ,  par  un  groupe  réduit  de 

deux  équations  finies,  est  wna  figure  intégrale  du  système  S,  si  ce  groupe 

réduit  est  résoluble  par  rapport  aux  deux  coordonnées  ;/,  c,  el  que,  après 

résolution,  il  fournisse  un  groupe  d'intégrales  particulières  de  S.  La  figii-rc 

intégrale  sera  dite  oïdinaire,  si  l'on  peut  assigner  à  (ï-,  v,  :■,  y)  quelque 

'  hamp  de  variation  tel,  que  non  seulement  les  intégrales  dont  il  s-'agit  y 

soient  analytiques  et  régulières,  mais  que,  do  plus,  leurs  valeurs,  prises 

eonjoinlement  avec  celles  do  leurs  dérivées  premières  et  des  variables   r. 

V,  z,  s,  restent  toujours  intérieures  à  quelque  domaine  où  tous  les  seconds 


lG32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

membres  di>  système  S  soient  eux-mêmes  des  fonctions  analytiques  et  régu- 
lières. Une  figure  intégrale  non  ordinaire  sera  dite  singulière. 

\  .  Le  système  S  étant  supposé  complètement  inlègrable,  ajoutons  au 
nombre  des  cases  vides  de  son  damier  celui  des  lonctions  ^inconnues  que  le 
système  implique,  ce  qui  donne  le  total  7;  puis,  en  même  ti-mps  que  le 
système  S,  considérons  les  deux  relations 

(    Im  //.  r,  r,  y.  z,  s,  a.  [t>.  y,  0.  0, 1,  /j.)  =  o, 
(    Ui  II,  V,  .r,  y,  z,s,  a,  ^ti.  y,ô,  0.'/..  iJ.j^o, 

OÙ  ^figurent,  avec  x\  v,  :.  s,  m,  c,  les  sept  constantes  arl)itraires  x,  jj,  •■, 
0,  0,  X,  u..  Les  relations  (2)  étant  supposées  résolubles  par  rapport  à  11,  i, 
exécutons  sur  elles  les  diverses  différcntiations  pi-emières  relatives  à  x.  y. 
z.  s,  en  triiilant  ;/,  r  comme  des  lonctions  de  .r,  y,  z,  s,  a,  [i,  y,  0,  0,  A,  u.: 
il  vient  ainsi 


(3) 


Cela  olanl,  les  relations  (2)  seront  dites  définir  une  famille  complète  de 

figures  iiilégiales  ordinaires  du  système  S,  si  les  deux  conditions  suivantes 

se  trouvent  à  la  fois  satisfaites  :  1°  En  même  temps  que  les  relations  (2)  sont 

résolubles  par  rapport  aux  inconnues  u.  <-,  le  système  formé  par  les  dix  èqua- 

s        ,  .-.s  .      ,    »  j  I-  •  ■    du    du    0\'  r, 

tions  (  2)  et  {S)esl  résoluble  par  rapport  au.v  di.r  quantités  -^^  -r-j  — i  y.,  p,  y. 

0,  0,  A,  a;  2"  par  Valtrihution  à  a,  p,  y,  0,  0.  A,  [i.  de  toutes  valeurs  numé- 
riques, les  relations  (2)  donnent  des  figures  intégrales  ordinaires  de  S. 

\l.  Désignons  par  /  un  entier  auquel  on  attribuera  tour  à  tour  les 
diverses  valeurs  telles  :  1°  que  /'  soit  supérieur  à  zéro;  2°  qu'il  soit  au  plus 
égal  au  nombre  des  constantes  arbitraires,  c'est-à-dire  à  7  ;  3°  (ju'il  soit  au 
moins  égal  à  ce  même  nombre,  diminué  du  nombre  des  variables  indépen- 
dantes, c'est-à-dire  à  >.  Gela  posé,  et  les  relations  (2)  étant  supposées  définir 
une  famille  complète  de  figures  intégrales  ordinaires  du  système  S,  il  suffit, 
pour  avoir  sans  aucune  figure  étrangère  toutes  les  figures  intégrales  ordinaires 
de  ce  systèmi',  d'effectuer  de  toutes  les  manières  possibles  l'opèra/ion  consistant  : 


OF       OF  du        OF  dv  _  ^ 
dr        du  O.r    '    dv   dx 

dU 

do- 

^  dU  du        dU  dv  _ 
du    d.r         dv   d.r 

dF        OF  Ou        ÔF  dv  _ 
dv        du  dv        dv    dy 

OU 

dy  ~ 

^  dU  du        dU   à    _ 
du   dy        dv   dy 

OF  .      dF  du        ,)V  dv  _ 
dz        du  dz        dv  dz          ' 

dU 
'éh' 

dU  du        d\l  dv  _ 

Ou  dz        dv   dz  ~~    ' 

dF        dF  du        dF  Ov  _ 

Os        du   (|v     '    dv   ds 

dU 

ds  ~ 

^  dU  du        dU  dv  _ 

du    Os         Ov   Os 

SÉANCE    DU    27    JUIN    1921.  iG^j 

i"  à  n'fii/)liiccr,  (/uns  les  re!a/io/is  (->■),  J  dis  ~  parantilns  y.,  [i.  y,  0,  0.  A,  7. 
par  (lultint  île  fonctions  <nhitrairfs  des  "  -— j  pctrainctres  restants  ;  1"  à 
prendre,  chacpie  fois  quelle  e.iiste,  V enveloppe  des  figures  de  la  sous- famille 
ainsi  obtenue. 

L'entiery  reccvaiiL  tour  à  tour  les  cinq  valeurs  7,  G.  "i.  'i,  3,  on  peut  par- 
tager en  cinq  groupes  correspondants  les  ligures  intégrales  ordinaires  de  S; 
ces  groupes  n'ont  deux  à  deux  aucune  figure  commune. 

M.  L.  Bertix  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  intitulée  :  Le 
l 'ieux  .lapon . 

NOMINATIOIVS. 

La  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  invite  rAcadéinlt  à  se  taire 
représenter  à  la  célébration  du  septième  centenaire  de  sa  fondation  qui 
aura  lieu  le  5  novembre  prochain. 

MM.  L.  Gri'iXARD,  Heaneguy,  Yiala,  Widal,  lÎAZY  sont  désignés  pour 
représenter  l'Académie. 

CORRE  SPOND  AIVCE . 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étravgèkes  transmet  une  liste  de  G4  espèces 
de  tnoustiqu's  découvertes  jusqu'à  ce  jour  au  Costa-Hiea . 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  E.  Bouvier.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  panai  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

L.  Stockhammep,.  La  sléréoscopie  rationnelle. 


l634  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANAf^Y.siî  MArilÉi\IAlI(^)UE.  —  Siif  les  sysl.cmes  (Vèrjuiilions  aii.r  ilérnècs 
partielle  des  fomiions  /tYpirgèométriqucs  les  jiliis  iiènèrales.  Note 
de  M.  J.  Kampé  de  Férikt,  préseiilée  par  M.   \p[)(ll. 

1.  Dai.s  des  Notes  récentes,  M.  R.  IJirkeland  (')  a  donné  le  dévelop- 
peiiicnt  dt^s  r  icines  d'une  équation  ali^ébrique,  en  introduisanl  comme  élé- 
nienl  analytique  des  fonctions  de  n  variables  qu'il  nomme,  en  élargissant  le 
sens  habituel  de  ce  mot  :  fonctions  hyper  géométriques .  lui  nous  bornant  au 
cas  de  /;  =2.  soit 

une  telle  fonction;  elle  est  caractérisée  par  la  condition  que  les  rupports 

'""^  '•"  et  -^^'—  soirnt  des  fondions  nilionncllcs  de  m  et  de  n  : 

a, 11,1,  «,„  ■■ 

0,„-^-^,f•.  V(lll.   Il)  <'m.ii  +  \  ^}{"'-   '>) 


(0 


\\{m.  n) 


W  (),  H,  S  désignant  di'>  polynômes  en  m  et  n.  soumis  seulement  au\  res- 
trictions Sidvantes  :  1°  les  degrés  de  P  et  Q  sont  au  plus  égaux  pes[>«ctive- 
ment  à  ceux  de  11  et  S;  2°  R  et  S  ne  s'annulent  pour  aucune  valeur  des 
entiers  positifs  rn  et  n;  J"  la  condition  de  compatibilité 

!    (  /« ,  /(  -H  I  )  Q  (  ifi.  n]         P  (  »i ,  n  )  Q  (  /«  +  I ,  /()  _ 
'.\(  ■>! .  />  -h  I  )   i{iii.  Il  )         \\(iii.  Il  )   S(iii  -i-  1.  n) 

esl  \ériliée  quels  que  soieni  m  et  n. 

Ces  fonctiorts  n'ont,  je  crois,  été  l'objet  d'une  étude  approfondie  que  dans 
le  cas  où,  le  d 'gré  de  I',  (>,  W,  S  étant  au  plus  égal  à  deux.  l''(.r.  y)  se 
ramène  à  Tune  de-  cjuatre  fonctions  bypergéoniélriques  de  M.  Vppell  ou  à 
leurs  dégéné  esci'nces.  \u  poini  de  vue  général,  M.  Hj.  Mellin  (-  )  a  donné 
(sous  forme  symbolique)  un  système  de  deux  équations  aux  dérivées  par- 
lielles  vériiiées  par  F(.'r,  r)dansun  cas  étendu  :  celui  ou  les  polynômes  sont 
décomposés  en  (acteurs  linéaires,  nm  -+-  l>r}  -+-  e.  Je  me  jtroposc  de  montrer 
(jiic.  I',  ^  ).  R .  >  'tiint  donnés,  on  peut  (  sons  foin-  d'hypothèse  sur  la  [mssihi- 


(')   I!.  lï'iiRF-  AM'.   Complet  rendiK,    t.    171,    i<)'.o,    p.    kiju;    l.  172,    19'!,   p.   J0<) 

cl    1  I  jfl. 

(-)   1*1.  Miai  %,  Comptes  rendus,  i.  172.  ig.'.i,  p.  ('>.">8. 


SÉANXE    DU    17    JUIiN    I921.  l635 

lilè  de  leur  décomposillon  en  facteurs  linéaires),  former  très  simplement  un 
système  d'équations  aux  dérivées  partielles  vérifiées  par  F(.r',  y  ),  lors(nCon  a, 
au  préalable,  écrit  ces  polynômes  sous  une  forme  appropriée . 

II.   Un  polynôme  arbilrairi'  lT(//c,  «)  peul  loiijourssr  incltre  sous  la  forme 

(2)  II(/«,  H)  :^iA,,/,A,'„A;;, 

A4  =^  1)1  {ni  —  \)  ...  {/Il  — ,/  +  1  ),  A*  —  /i  (  /*  ■"  I  )...(/(—/.  -H  I  )  ; 

les  coerficieiils  7.^  /,  se  détermineni  par  les  lorniules 


en  outre,  il  est  clair  qu'on  a  l'idenlité 

(3)  ,r"'r"  !!(/«,  n  )  =-  i  ).,,;,  .r.'j-''  -^-^  (,r"'j"  ). 

Ceci  posé,  uietlons  les  polynômes  donnés  sous  la  l'orme  (2)  de  la  manière 
suivante  : 

\'{m,n\  =ia^,4.A{,Af;,  (Ji//;./(i         —  l^ij^,,\i,\f,, 

]{{m  —  i.  n)  —  lpjj,\{„A';„  Si  m,  n  —  i  )  =  i  7y,/.  Af,,  A^;. 

11  est  alors  aisé  de  démontrer  que  ]''(.z%  v)  vérifie  les  deux  équations 

En  cfTet.  d'après  l'identité  (i),  les  coeffirients  de  ,/"' v"  dans  les  crochets 
de  Cl)  et  de  (  '1')  onl  pour  expressions 

et 

«,„,„  S(  m,  n  —  I  )  —  Oiiin-x  *J('"i  "  —  •  N 

quantités  identiquement  nulles  en  vertu  des  conditions  (i)  (la  première 
pour  m-^i ,  la  deuxième  [jour  n-^  i). 

L'ordre  des  équations  (4)  et  (4')  est  respectivement  égal  au  degré  des 
polynômes  R  et  S  augmenté  d'une  unité.  Lorsque  R  et  S  contiennent  en 
facteur  respectivement  (/«  +  i)  et  («  +  1),  ce  qui  entraine 

Oo,/.  =  0         ( /.  3Z  o,    I.   -2,    .  .  .),  ^'■yJi^O         0  — O,   I;   a,    .  .  .)i 


l636  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

le  système  s'écrit  simplement 

en  oulte  réquali'in  (5)  est  divisible  par  ^  el  (5')  par  v. 

III.  Les  l'onclioiis  hypergéotuétriques  de  M.  Appell  et  leurs  dégénéres- 
cences appartiennent  à  ce  dernier  type;  pour  F2(a,  p,  |îi'.  y,  y',  x,  v),  par 
exemple  : 

)'(«(,  «  )  =  (:z  -(-  «j  -(-  /i  )  (  3  -H  »i  I,  R(  /«,/))  =  (y  ^  //(  )  (I  -i-  //;,), 

d'où 

«0,0=  a,Q,  :(,.,jr=  ^ -;- j3 -)- I.  :z,i^,=r,3,  yo.„=i,  3!,,,=  i,  z„,o=o, 

Po,o=0,  p,D=:y,  p„_,=:0,  o,.,i=:i,  p,  ,  =:  O,  p„,2=o; 

ces  valeurs,   portées  dans  (5  ),  redonnent  bien  la  première  équation  de 
M.  Appell. 

^  oiei  un  exemple  où  P  et  R  s-uit  de  di-gré/?,  (^)  et  S  de  degré  q' 

■*■»  )'>  P,  (j)~  Tv r7 —     /  /  z -,  du  dv 

=  7 ; — -  (o,  q  enliLM-s  positifs). 

-^  (i,  mj  (i,  /n  (m -t- !)'■  I /( -t- i)'/  '     •'  ^  ' 

Cette  fonelioii  hypergéométriqui'  vérifie  le  système 

où  les  D^',  son!  des  nombres  entiers 

IV  =  (/-M  )/'--f  (/)/>+  ■^^4^(y. -.)'■-.... 


o, 


SÉANCE    DU    27    Jl  IN    I921.  163- 

AXALYSli  MATHl':.\lA') KjUE.  —  Sur  les  syslèmes  aiir  dé ràées  pnrliel/es  compre- 
nant autant  d'èquatinns  que  de  fonctions  inconnues.  Noie  de  M.  Maurice 
Janet,  présentée  par  M.  Iladaniard. 

I.  ()n  possède  des  méthodes  générales  qui  permetlcnt,  élanl  donné  nn 
système  (|uelconque  d'équations  aux  dérivérs  partielles  (analytique)  : 
1°  de  leconnaitrc  s'il  est  possible;  2"  dans  l'affirmative,  d'indiquer  le  degré 
(le  généralité  de  sa  solution.  Mais,  en  raison  même  de  leur  puissance,  ces 
méthodes  sembleni  souvent  insulfisanles  dans  la  pratique  :  on  sait  qu'elles 
doivent  aboutir  «  au  bout  d'un  nombre  fini  d'opérations  »;  encore  peuvent- 
elles  exiger  un  temps  fort  long  et  peut-on  demander  de  les  ^■o^■/•  aboutir  pour 
un  système  de  forme  simple  donnée.  C'est  à  une  question  de  ce  genre  que 
nous  nous  proposerons  do  répondre  pour  certains  systèmes  assez  généraux 
dont  létude  semble  s'imposer  d'elle-même. 

Soient  A,/,  des  expressions  différentielles  linéaires  (  '  )  (  «',  /•  =  i ,  2,  . . . ,  N) 
en  nombre  N".  Nous  dirons  que  les  expressions 

/.  =  N 
/.  =  1 

sonl  indépendantes  ^'i\  n'existe  aucun  système  B,  d'expressions  différentielles 
linéaires  (non  touti'S  identiquement  nulles  )  telles  que  Ion  ait 

I = 1 

pour  tout  choix  possible  des  fonctions  //,,  «o,  . . . ,  Us.. 

Supposons  que  l'on  égale  les  >«  expressions  U,  respectivement  à  des 
fonctions  données  J,  des  n  variables  indépendantes  .r,,  j^^,  ...,  a"„  ;  on 
obtient  ainsi  un  système  de  N  équations  linéaires  (E,  )  aux  N  inconnues  i/,; 
dans  le  cas  où  les  expressions  U,  sont  indépendantes,  nous  dirons  que  les 
équations  E,  le  sont.  Ln  tel  système  est  évidemment  possible  quelles  que 
soient  lesy".  (lue  peut-on  dire  du  degré  de  généralité  de  sa  solution? 

(')  Une  expression  ilitTérenlielle  linéaire  Ai«)  est  une  somme  d'un  nombre  iiiii 

^a,+a;-i-...-Mi„„ 
d'expres.sions  de  la   forme  Oi  a      n   -: ; — ::: r— j   '>ù  les  a   sont  des   fonctions 

données  des  variables  indépendantes  ^i,  .i,,  ....  x,^.  Une  telle  expression  est  dite 
identiquement  nulle  -i  tous  les  a  qui  v  ligureiit  sont  identiquement  nuls. 


l638  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2.  On  peut  se  l)orner  aux  systèmes  <lu  preuiier  ordre  sans  restreindre 
la  portée  du  problème  posé.  La  réponse  est  alors  presque  immédialr 
lorsque  N  ==  2. 

'Si  le  système  n'est  pas  susceptil)le  délre  mi.-  siuis  la  forme  normale 
de  Cauchy  (même  en  utilisant  un  changemcnl  de  variables),  on  s'assure 
aisément  qu'après  un  changement  linéaire  éventuel  de  foiictinns  inconnues, 
l'une  des  fonctions  a  satisfait  à  une  seule  équation  (d'ordre  i  ou  o), 
l'autre,  v,  étant  parfaitement  déterminée  en  fonction  de  u  et  des  dérivées 
premières  de  //.  I^n  excluant  le  cas  où  les  deux  fonctions  se  trouvent  entiè- 
rement déterminées,  la  solution  générale  dépend  (')  donc  soit  de  deux, 
soit  de  une  fonction  arbitraire  de  n  —  i  variables. 

3.  Nous  considérerons  ici  un  système  quelconque  de  trois  équations  linèdircs 
du  premier  ordre  aux  ti  ois  fonctions  inconnues  u,  v,  (r,  en  supposant  seulement 
que -ces  équations  S(ml  indépendantes.  Dans  le  cas  (n'i  les  équations  sont 

résolubles  (après  changement  éventuel  de  variables  indépendantes)  par 

.    ,     du      'h-      Oiv  .  ,         ,    ..         , ,         ,    ,  ■    f 

rapport  a  -; — >  - — ,  - — >  on  sait  que  la  solution  dépend  de  t/ois  tondions 
'  i  o,/-,    o.r,    Jti  1  ' 

arbitraires  de  «  —  i  variables.  Excluons  ce  cas,  qui  est  classique.  Excluons 
aussi  les  cas  dont  l'étude  est  immédiate,  oïi,  par  de  simples  combinaisons 
linéaires  des  équations  données  et  par  un  changement  linéaire  (éventuel) 
des  fonctions  inconnues,  on  peul  ramener  le  système  donné  à  l'une  des 
formes  (a),  (b),  (c)  : 

a.  Un  sysième  de  deux  équations  indépendantes  du  premier  ordre  en 
//,  r,  et  une  équalion  déterminant  complètement  n  en  fonction  de  u.  c 
(et  (le  leurs  dérivées  premières); 

b.  Une  é(|uation  d'ordre  i  (ou  o)  en  f/ seul;  une  équation  déterminant 
complètement  c  en  fonction  de  u  (et  de  ses  dérivées  |)reniières  );  une  éijua- 
ti(m  d'ordre  au  plus  i  en  u,  v,  <r,  contenant  efieclivement  des  termes  en  ^v 
(d'ordre  au  plus  i); 

c.  Deux  équations  déterminant  respectivement  u,  c  en  fonction  de  o- 
(et  de  ses  dérivées  premières);  une  équation  du  premier  ordre  en  ;/.  c,  i<  . 
La  fonction  (r  satisfait  alors  évidemment  à  une  seule  équalion  dont  l'ordre 
est  2,  I  ou  o. 

(')  Les  lliéorèmes  généraux  d'existence  jiermelleiil  de  donner  à  celle  expression  un 
sens  précis  :  d'une  manière  générale,  en  appelant  genre  d'uno  arltilraire  le  nombre  de 
ses  variables,  on  sait  que  le  genre  ma^iiinuin  "/,  des  arbitraires,  et  le  nombre  [j.  de? 
arbitraires  de  genre  niruimiini  conservent  la  même  \aletir  quelles  que  soient  la  forme 
<;anonique  et  les  variables  indépendantes  choisies;  le  degré  de  généralité  est  carac- 
térisé, à  noire  point  de  vue  acUtel,  par  les  deux  nombres  \,  ;jl. 


SÉANCE  DU  27  jri.X  1921.  1639 

Oti  voit  Iininéclialeiiieiit  qw  la  soluliun  d'un  syslèine  do  l'une  des  l'orines 
a,  b,  c  peut  dépendre  de  deux  ou  de  une  lonclion  arbilrain.'  de  n  —  1  va- 
riabli'S,  ou  encore  être  enlièremeiil  déterminée. 

Les  cas  précédents  étant  exclus  (  '  ),  nous  clèmonlnins  quon  jieiil  toii/mirs, 
jxir  .\i//i/>les  conihinaisons-  linéaires  d  cqualinns  cl  c/i(i/iL;ernerU  linéaire  de 
Jonctions  inconnues,  ramener  le  système  i>roposé  à  la  lorine 

I    Va  II,  i',  ir)  =  Il(c)    —  Ql  ir)  +  a  II  +  h  r  -\-  r  ii' =r /, 
(1)  .    I''i  II.  1-,  ir)  ~  P(,ri  — [î(h)  -^a'ii  +  b' v  +  l' w  —  f\ 

I    Gi  II.  r.  ,r)  -  -  <l(ii)  —  P  (  r)  H-  a"  u  -h  b"  v  ^  c'\v  =  J"\ 

OÙ  I',  (^>,  Il  sont  trois  expressions  dilï'érentielles  linéaires  ne  renlermanl  que 
des  lermes  du  premier  ordre  el  doni  aucune  n'esl  combinaison  linéaire  des 
deux  autres  (rt,  h,  ...,/"  fondions  connues). 

La  solution  générale  d'un  tel  système  dépend  soit  de  deux,  soit  de  une  fonc- 
tion arbitraire  de  n  —  i  variables;  ou,  plus  corrcctenienl,  le  genre  maxi- 
mum \  des  arbitraires  dont  dépend  la  solution  est.  dans  tous  les  cas,  n —  i, 
et  le  nombre  u.  de  ces  arbitraires  de  genre  n  —  i  esl,  suivant  les  cas,  1  ou  i . 

4.  L'élude  précédente  pose  d'elle-même  la  queslion  suivante  :  «  LtanI 
donné  un  système  linéaire  comprenanl  autant  déqualions  que  de  Conclions 
inconnues;  si  ces  équations  sont  supposées  iiidèiicndanles,  peut-on  allirmer 
que  la  solulion,  ou  bien  est  entièrement  déterminée,  ou  bien  dépend  deyo/jc- 
tions  arbitraires  de  n  —  i  variables?  » 


ANALYSE   MAïilÉ.MATlQUE.    —    Sur  une  classe  de  fondions  transcendantes. 
Note  de  M.  Théodore  Vaisopoulos,  présentée  par  M.  Hadamard. 

L   Soit  II  =  o{x)  une  fonction  de  .i-  ayant  un  nombre  v  fini  de  branches 
satisfaisant  à  l'équalion 

/(h,  .r)  =  «■'-!-  A,(.r)«''-'-l-  \,{x)u'---\-..  .H-  \.,{jc)—o. 

OÙ   A,(.r)   désignent   des   fonctions  entières.  En  vertu  du  théorème   sui- 
{')   On  rencoiilie  dans  la  tlii-orie  de  la  déroi-malion  des  surface-  le  système 

où  r,  y,  z  sont  des  fondions  inconnues  el  X,  Y,  Z,  a.  b,  c  des  fonctions  données  de- 
deux  variables  n.  i ■;  en  prenant  trois  nouvelles  fonctions  inconnues,  parmi  lesquelles 
S.rX„  el  S.îX,,,  on  voit  que  ce  système  est  du  type  (a). 


l64o  ACADÉMIE    DES    SCIENXES, 

vant  (  '  )  :  Une  Iranscendanle  algébrohie  qurkoiunw  à  v  hninchcs prend  dn/is 
le  domaine  de  Vin  fini  toutes  les  valeurs  sauf,  peut-être,  i>v  au  plus,  l'infini 
roiiiprix.  théorème  qui  est  l'cxlension  aux  fonctions  multiformes  du  célèbre 
théorème  de  M.  Picard,  le  nombre  des  valrurs  iwceptioiniclles  de  la  fonction 
o(.r)  ne  surpasse  jamais  2v. 

2.  Dans  cette  Note  nous  allons  établir  un  théorème  qui  concerne  le 
nombre  des  valeurs  exceptionnelles  d'une  classe,  assez  générale  d'ailleurs, 
<le  fonctions  du  type  précédent.  C'est  le  théorème  suivant  : 

'rnroni'.JiE.  —  Considérons  la  transcendante  u  ^  'ù{x)  définir  par  l'équation 
suivante 

f(ii,  x)  —  11''-+-  Ai(. ;■)«•'-'  +  A.(j-)»''---T-.  .  .—  .\v-i(j')"  4-  A.,(  .r)  —  i>, 

\,(a;)  étant  des  fonctions  entières. 

Si  les  fonctions  A,( \r)  («  =  r ,  2, /  )  ont,  nu  moins,  une  racine  cunintu/ir 

.r  =  a  et  si  (  v  —  i  )  fonctions  quelconques  panni  ces  A,(.r  )  ont  aussi  une  racine 
ronunune  .r  =  ^  ^  rt,  P  ensemble  des  râleurs  erceplionnelles  de  u  =  ofr")  ne 
surpasse  jamais  v  +  i ,  l'infini  compris. 

La  démonstration  du  théorème  que  nous  venons  d'énoncer  se  fait  par  la 
méthode  d'élimination  qui  est  devenue  classique  depuis  les  travaux  de 
M.  lîémoundos  sur  les  fonctions  multiformes,  et  s'appuie  sur  le  fait  qu'on 

ne  peut  pas  avoir  de  valeurs  de  «,  u,  et  //,  pour  lesquelles  le  rapporf-r — ^;^— — 

est  une  constante. 

L'importance  de  ce  théorème  réside  dans  le  fait  qu'ici  le  nombre  2v  est 
remplacé  par  v  +  i. 

Enfin,  nous  signalons  que  nous  pouvons  en  tirer  des  conséquences  tout  à 
fait  analogues  à  celles  que  nous  avons  déjà  établies  dans  une  Mole  prété- 
dente  { -  ). 


CÉO.MÉTKIE.  — Sur  les  li<^nes  de  eourhure  des  qundriques. 
Note  de  M.  d'Ocauxe,  présentée  par  \L  Hadamard. 

Je  ne  suis  si  l'on  a  déjà  formulé  explicitemenl  la  remarque  ([ue  les  faut 
gênéralrice.s  isotropes  d'une  quadrique  constituent  une  solution  singulière  de 

(')  Tliésc  (le  M.  lîémoundos,  l'arls.  ii(iô.  )>.  il. 
(-)  Comptes  rendus,  l.  17'2,  1921,  p.  i  l'i. 


SÉA>'CE    DU    1^7    JLI.V    1921.  164 1 

VvquaUon  dlj/èirnllellc  des  lignes  de  courbure  de  celle  (juatlriiiue.  el,  par  siiile. 
i[n  elles  forment  r enveloppe  de  ces  lignes  de  courbure. 

On  peut,  en  loul  cas,  établir  lrè>  simplement  cette  remarque  par  Ir  rai- 
sonnement purcmeni  syntliéli(|ue  (pie  voici  : 

En  tout  point  M  d'une  telle  L;énératrice  isotrope  Ml,  le  plan  tangent  à  la 
quadrique  contient  :  i"  une  secondr  droite  isotrope  MJ  ;  i"  la  seconde 
génératrice  recliligne  M(  1  de  la  surface. 

■■  Les  directions  principales  en  M  sont  conjuguées  par  ra[)port  aux  géné- 
ratrices MI  et  MG  ;  mais,  puis(|u'elles  sont  rectangulaires,  elles  le  sont  aussi 
par  rapport  aux  droites  isotropes  MI  et  MJ;  et,  comme  ces  deux  couples  de 
droites  ont  en  commun  la  droite  Ml.  il  n'en  peut  être  ainsi  qu'autani  que 
les  deux  directions  principales  se  confondent  avec  cette  droite  Ml,  ce  ({ui 
établit  la  proposition. 

La  projection,  sur  un  plan  principal,  des  buit  génératrices  isotropes  se 
composant  des  tangentes  menées  à  la  section  principale  correspondante  par 
les  quatre  ombilics  qu'elle  contient,  il  résulte  de  là  que  les  projections  des 
lignes  de  courbure  d'une  quadrique  sur  un  de  ses  plans  principaux  se  con- 
fondent avec  les  coniques  inscrites  élans  le  losange  formé peir  les  tangentes  à  la 
section  contenue  dans  ce  plan,  menées  par  les  ombilics  qui  appartiennent  ii 
celte  section. 

Toutes  les  quadri(jues  pour  lesquelles  ces  tangentes  sont  les  mêmes  cons- 
tituent donc  une  famille  pour  laquelle  les  projections  des  lignes  de  courbure 
sur  un  plan  principal  comnain  sont  les  mêmes. 

Soit,  par  exemple,  dans  le  plan  principal  0.i";  (où  se  trouvent  pour 
l'ellipsoïde  de  demi-axes  a^  b^c,  les  ombilics  réels),  le  losange  l  ^YU'^V' 
dont  les  sommets  U  et  U'  sont  sur  (  )x,  les  sommets  W  et  W  sur  <  );. 

Toutes  les  coniques  inscrites  dans  ce  losange  sont,  à  la  fois,  les  projec- 
tions des  lignes  de  courbure  de  toutes  les  quadriques  ayant  l'une  quel- 
conque d'entre  elles  pour  section  principale,  el  leurs  ombilics  réels  aux 
points  de  contact  de  cette  section  principale,  avec  les  côtés  du  losange.  Il 
suit  de  là  que  le  demi-diamètre  déterminé  par  chacune  de  ces  coniques  sur 
les  parallèles  aux  cotés  du  losange  menées  par  G  est  égal  au  demi-axe  /;  de 
la  quadrique  correspondante,  situé  sur  Oy. 


l642  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHROXOMÉTRli:.  —  Le problciiie  de  V ncheminement 
cl  les  mouvements  pendulaires  entretenus.  >iole  ('  )  de  M.  Jules  Axdkade. 

Quelques  écrivains  horlogers,  sous  le  nom  A'acliennnemenl,  désignent  la 
marclic  plus  ou  moins  régulière  d'une  machine  horaire  dont  le  balancier 
vient  d'être  lancé,  jusqu'à  la  réalisation  à\tn  lè'^ime pèiiod'Kjue  limite,  carac- 
térise pour  un  instrument  doinié  par  son  amplitude  de  rèi>inie.  liien  que  celle 
comrrgencevevs  un  régime  limite  périodique  paraisse  un  l'ait  certain,  sa  réa- 
lisation demeure  liée  cependant  non  seulement  à  l'action  régulière  de 
l'échappement,  mais  encore  à  la  spécialisalion  de  certaines  hypothèses  faites 
tacitement  sav  \es  lois  du  choc.  Pour  développei' celte  remarque  j'envisage 
le  cas  d'un  mouvement  pendulaire  entretenu  par  l'impulsion  réparatrice  de 
l'usure  d'énergie  qui  est  due  à  un  frottement  constant. 

Dans  ces  conditions,  je  me  propose  de  discuter  la  convergence  de  réta- 
blissement d'un  régime  limile  lorsque  le  choc  réparateur,  instantané,  se  tra- 
duit par  un  accroissement  instantané  d'une  puissance  constante  p  de  la 
vitesse;  en  d'autres  termes,  je  suppose  que  la  grandeur  mécanique  constante 
se  transmettant  dans  le  choc  réparateur  soit  de  l'ordre  d'homogénéilé  d'une 
puissance  positive  p  d'une  vitesse  et  je  ne  considère  que  les  cas  où  la  puis- 
sance p  est  positive  et  supérieure  à  i.  Pour  plus  de  simplicité,  j'envisage 
un  échappement  à  coup  perdu,  c'est-à-dire  ne  fonctionnant  que  toutes  les  deux 
ribratiims  simples,  réchappement  lonctioimera  par  exemple  au\  oscillations 
d:  rangs  i,  i,  5,  .  .  .;  si  ./"est  le  déc.ilage  du  point  mort  du  au  Irotlemenl 
constant  et  si  o  est,  par  rapport  au  point  mort  décalé,  la  phase  de  la  dislri- 
huliondn  choc  de  l'échappemenl,  les  semi-amplitudes  initiales  successives 
//„,  u.,,  . . .,  u.^„  ou  plutôt  leurs  valeurs  absolues  se  succéderont  suivant  la  loi 

(i)  \{!i,n+  ■?,  /Y  -  o-y  —  \{u.,^,^  jy  —  '/  Y  ^-  :\t  -  cou^iauW  |,o-llive; 

cette  loi  de  récurrence  définit  inq)licilemenl  une  foncliou  u.,„=^  <'("2"-^)- 
D'après  un  élégant  théorème  de  M.  Kœnigs  sur  les  suhslitutions  répétées 
el  en  envisageant  la  valeur  de  régime  y.  délinie  par  la  relalion 

''  '1 

nous  pourrons  utiliser  comme  condition  de  convergence  tissuréi'  la  condi- 

(  '  )  Séance  du  2"  juin  ic)T  i . 


SÉAXCE  DU  a;    Il  IX   1921.  i6/|3 

lion   |G\7.){<[i,   cl  cuinmo  cnndiliini  do  (liicrgencc  assurée   \,\  condlllnii 
i(^'(a)!>i!        , 
<  )r  nous  aurons  ici 


,3,     .,.,=(^^y-/_jw^ 


(oe  +  3/)-/ 

d'uù,  pour  ■-  pelil,  les  couclusidiis  suivanles  : 
1"  Cnnvei'i^ence  ccriaiiie  pour /j  \;  2; 
2"   l'our  ^  el  -  de  même  ordre  de  pelilesse,  convergence  cerlaine  si 


I  > 


3°  Pour  "-  <Ci)  mais  iiiodéréiiieni  pelil,  el  ^  toujours  pelil,  convergence 
certaine  si 

4"  La  condition  0  =  0  assure  un  isoclironisme  rigoureux  quand /?^i; 

5"  Ainsi  donc  un  échappement  instantané  agissant  non  pas  au  véritable 
point  mort,  mais  au  point  mort  décalé,  assure  à  la  fois  un  rigoureux  isocliro- 
nisme et  un  acheminement  coiivergenl  îcmtes  les  fois  que  ^  <?5/ .ra/^e'/ve;//' À  i  ; 

6°  Le  cas  de^  =  i  et  de  'ù  =/ donne  toujours  divergence  ; 

7°  Le  cas  de  p  =  I  et  de  s  =  o  produirait  l'arrêt  du  mouvement,  sauf 
dans  un  cas  sini^ulier  inslable. 


MÉCANI<)UE  APPLIQUÉE.  —  Équilibre  Cl  stabilité  des  appareils  élastiques. 
Note  de  M.  A.  Thuloip,  présentée  par  W.  Bertin. 

Dans  sa  Note  Sur  le  Jkanbeinetit  des  poutres  et  des  an/ieau.x'  élastiques, 
publiée  en  191 2  [Bulletin  de  V Association  technique  maritime),  ringénicur 
en  chef  du  Génie  maritime  Marbec  a  exposé  succinctement  les  fondements 
de  la  théorie  du  flambcmcnt  des  appareils  élastiques.  Dans  une  étude 
récente  dont  voici  un  bref  résumé,  nous  avons  approfondi  el  complété  les 
indications  de  Marbce. 

A.   Considérons  un  appareil  élastique,  de  potentiel  élastique  n  soumis 


l644  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  un  syôlème  de  forces  i /.F)  :  "/.  est  un  nombre  variable,  (F)  un  système 
de  forces  dérivant  d'un  potentiel  tn,  fonction  comme  II  des  variables  de 
forme  7.,  j3,  ...  de  l'appareil.  Nous  pouvons  donner  à  la  fonction 

0  =  n(a,  }.  ...)H-lvn{y..  l,  ..  .) 

le  nom  de polen/ir/  total  de  ra|)par('il  dans  l'état  (/..  a.  [i,  . . .). 

Bornons-nous  à  considérer  un  appareil  à  état  initial  élasti(piemenl 
neutre  et  à  déformations  réversibles. 

En  vertu  du  principe  de  Lagrangc-Dirichlet,  un  élat(A,.  «,,  [i,,  . . .  )  est 
un  état  d'équilibre  siablc  si  (-),  est  un  minimum  de  (-). 

B.  Pour  metire  facilement  en  évidence  les  points  ess<'ntiels  du  problème, 
il  est  commode  de  s'adresser  à  des  a[)pareils  dépendant  d'un  petit  nombre 
de  variables  de  forme.  Nous  avons  étudié  à  ce  point  de  vue  les  cloiiblels  élas- 
tiques :  un  tel  appareil  est  constitué  par  un  solide  (supportant  les  forcesXF). 
uni  au  repère  fixe  par  des  liaisons  élastiques,  lesquelles  ne  supportent  aucune 
charge. 

Soit  par  exemple  un  doublet  bivariant,  c'est-à-dire  dépendant  de  deuv 
variables  de  forme  a,  [i.  A  chaque  valeur  A,  de  A  correspond  une  position 
d'équilibre  (a,,  p,  ).  Par  rapport  à  trois  axes  Oa,  O7.,  O'^,  le  point  (A,,  a,, 
pi  )  décrit,  quand  A,  varie  de  —  ce   à  +  co  ,  itnr  courbe  (f  équilibre. 

Celle-ci  comporte  en  général  une  brunclie-nri'^ine  passant  par  le  point  O 
(étal  initial)  et  des  branches  forcées.,  sur  lesquelles  l'appareil  ne  peut  se 
placer  sans  avoir  subi  transitoirement  des  Forces  autres  que  (  "aF ). 

Sur  ces  diverses  branches  se  trouvent  des  points  critiques  (à  distance 
finie  ou  infinie),  qui  séparent  les  portions  stables  des  portions  instables. 
Quand  l'appareil  traverse  un  point  critique,  il  cbaniie  de  branche  d'écpii- 
libre,  soit  par  bifurcation  sur  une  branche  croisant  la  première,  soit  par 
chaviremenl  sur  une  branche  éloignée. 

Le  llambement  est  la  règle  sur  les  branches  forcées;  sur  la  branche- 
origine,  il  exige  des  modes  de  chargement  s|)éciaux.  Si  l'on  appelle  appa- 
reils réduits  ceux  cju'on  obtient  en  supprimant,  dans  l'appareil  donné,  les 
liaisons  élasticjues  correspondant  à  une  ou  plusieurs  des  variables  de  forme, 
c(^s  chargements  spéciaux  sont  ceii.r  qui  laissent  sans  défn/znalion  un  des  appa- 
reils réduits  (critérium  de  Marbec  généralisé). 

C.  Pour  un  doublet  univariant,  la  considération  de  deux   développées 


SÉANCE    DU    27    JlIX    1921.  1645 

mélflcetitriques,  l'une  externe,  l'autre  inteine,  permet  d'exposer  la  question 
géométri([uem('nt  et  de  mettre  eu  é\ideiice  une  intéressante  analogie  avec 
l(>s  questions  d'équilibre  et  de  stabilité  des  navires. 

Il  est  très  facile  de  réaliser  un  dispositil'  expérimental  malérialisant  tous 
les  cas  possibles  de  flambement  et  d'enregistrer  les  résultats. 

D.  Le  flambement  des  poutres  droites  sous  l'action  des  forces  debout 
peut  être  étudié  |>ar  les  mêmes  procédés.  Nous  en  avons  traité  un  cas  usuel 
en  tenant  compte  de  l'exti'nsibilité  :  l'action  de  celle-ci  est  négligeable, 
comme  on  le  suppose  habituellement  sans  démonstration. 

Nous  avons  aussi  étudié  les  conditions  de  flambement  d'un  ressort  cylin- 
drique, appareil  pour  lequel  la  simplification  précitée  n'est  pas  toujours 
admissible. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Phdlo^raphies  de  la  planète   Vénus. 
Note  (')    de  M.    F.   Quémsset,   présentée   par    M.    H.    Deslandres. 

Les  astronomes  qui  ont  observé  la  planète  Vénus  >avent  qu'on  y  voit  très 
rarement  des  taches  et  que  sa  surface  paraît  le  plus  souvent  uniformément 
éclairée,  sauf  au  terminateur  où  existe  toujours  un  assombrissement  marqué, 
indice  d'une  atmosphère  épaisse.  Quelquefois,  cependant,  on  peut  observer 
des  régions  plus  ou  moins  foncées,  ainsi  que  des  taches  assez  claires.  Quand 
nous  les  avons  vues  au  télescope,  nous  avons  cherché  aussi  à  les  photogra- 
phier et  nous  y  sommes  parvenu  pour  la  première  fois  le  29  juin  1911  ("). 

Celle  année,  le  fait  s'est  encore  produit,  mais  d'une  façon  plus  marquée 
qu'en  191 1  et  la  position  de  la  planète,  très  favorable  pour  notre  latitude, 
facilitait  beaucoup  les  observations. 

Comme  en  191 1 ,  je  me  suis  servi  d'un  excellent  objectif  astrophotogra- 
phique  taillé  par  M.  Viennet,  de  l'Observatoire  de  Paris,  d'un  diamètre 
de  o'",i6o  et  d'une  distance  focale  de  2™, 90.  Un  système  de  lentilles  permet 
l'agrandissement  direct  de  l'image  focale  Sur  chaque  plaque,  nous  avons 
eu  soin  de  faire  plusieurs  images  à  quelques  secondes  d'intervalle,  de  façon 
à  identifier  plus  sûrement  les  détails  enregistrés  et  aussi  pour  faire  la  part 
des  défauts  accidentels  de  l'émulsion  employée. 

Pendant  les  mois  de  février  et  mars  de  cette  année,  chaque  fois  que  l'état 
des  images  le  permettait,  nous  avons  fait  un  grand  nombre  de  photogra- 

(')  Séance  du  20  juin  1921. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  133,  191 1,  p.  120S. 

C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  172,  N*  26.)  I20 


l6/i6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

phics  de  \  énus.  Souvent  on  ne  vovait  rien  au  télescope  «1  la  photographie 
n'enrciristrait  aucun  détail  non  plus.  Quelquefois,  des  plages  grises  ou 
blanchâtres  étaient  visibles  dans  la  lunette  d'observation  et  la  plaque  sen- 
sible les  enregistrait  aussi.  iNous  avons  l'honneur  de  présenter  à  rAcadémie 
une  des  meilleures  photographies  obtenues,  celle  du  20  février  1921 
à  18'' 20™  (  t.  m.  Greenwich).  Ce  jonr-là,  une  observation  faite  à  l'é(|ua- 
torial  de  o"',2'io  nous  avait  révélé  l'existence  indéniable  d'une  tache  gri- 
sâtre très  marquée  sur  le  terminateur  de  la  planète,  près  du  centre.  Aussi 
nous  prîmes  immédiatement  plusieurs  clichés  sur  des  plaques  de  sensibilités 
dill'érentes.  Les  images  n'étaient  pas  calmes,  une  légère  agitation  atmos- 
])hériquc  leur  enlevait  même  une  certaine  netteté,  mais  celte  tache  était  si 
frappante  que  nous  étions  pour  ainsi  dire  certain  de  l'obtenir  sur  les  clichés. 
Et,  en  effet,  toutes  les  plaques  exposées  la  montrent  avec  la  plus  grande 
évidence.  M.  Iv-M.  Antoniadi,  qui  est  un  spécialiste  apprécié  pour  l'obser- 
vation des  planètes,  a  bien  voulu  exécuter  un  dessin,  extrêmement  lidèle, 
d'après  ces  photographies  et  montrant  tous  les  détails  enregistrés.  Nous  le 
donnons  ici. 

Les  meilleures  photographies  ont  été  obtenues  sur  une  plaque  «  Lanlern  » 
Easliiian,  plaque  lente  donnant  donc  du  contraste.  Dix-sept  images  ont  été 
tixées  entre  i8''2o"'et  î8''3o'",  avec  des  poses  variant  de  2  à  10  secondes.  Le 
diamètre  polaire  de  Vénus  sur  ces  images  mesure  S'""",'].  Deux  de  ces 
images,  exposées  seulement  2  secondes,  sont  trop  faibles,  mais  les  quinze 
autres  sont  excellentes  et  montrent,  toutes,  les  détails  suivants  : 

1°  Terminateur  très  sombre  et  dégradé  vers  l'Ouest  ; 

1°  Limbe  occidental,  tourné  vers  le  Soleil,  très  Itrilhint; 


']"  Tache  sombre  très  marquée  (indi(juéeen  //  sur  le  dessin)  vers  le  centre 
du  leruiinateur  et  s'avançant  assez  loin  dans  la  partie  intérieure  du 
croissant; 


SÉANCE    DU    27    JUIX    1921.  ï6'{-] 

4"  Tadie  sombre  [a  sur  le  dessin  )  un  peu  moins  marquée  <j:ie  hi  jU'écé- 
denle,  mais  bien  visilile  cependant,  dans  la  partie  aiisirale  du  terminaleiir, 
un  peu  moins  étendue  que  !a  tache  b; 

5"  Entre  ces  deux  taches  existe  une  /)lri^r  paraissani  très  bhinclic,  proba- 
blemenl  par  effet  de  contraste. 

Les  laclies  3"  el  ')"  (  marquées  h  cl  d  sur  le  dessin)  snnt  donc  alisolument 
certaines  el  leurs  pholojîraphies  apporlcnl  une  contribution  importante  à 
notre  connaissance  de  l'aspect  physique  de  la  planète  \  énus.  Elles  viennent 
confirmer  nos  observations  visuelles.  Quelle  est  leur  nature  ?  Nous  mon- 
trent-elles un  piMi  de  la  surface  delà  planète  et.  dans  ce  cas,  elles  seraient  des 
éclaircies  dans  le  voile  nuageux  qui  recouvre  la  planète,  011  bien  sonl-elles 
des  masses  plus  absorbantes  dans  l'atmosphère  vénusienne? 

Le  lendemain  ?.'[  février,  à  la  même  heure,  nous  avons  repris  un  assez 
grand  nombre  de  photographies  de  Vénus  (lii  images").  Sur  toutes  ces 
images  on  ne  voit  plus  les  taches  a  et  b,  mais  d'autres  tacfies,  bien  plus 
faibles  el  plus  vagues,  et  sensiblement  à  d'autres  positions.  Il  faut  donc 
admettre  cjue  les  détails  photographiés  le  ii3  février  étaient,  ou  bien 
d'origine  atmosphérique  sur  Vénus  et  que,  datis  un  inlervalle  de  ■i'\  heures 
terrestres,  elles  se  sont  modifiées  considérablement,  ou  bien  que  ces  mêmes 
taches  [louvaienl  appartenir  à  la  surface  de  la  planète  et  que  celle-ci  a  un 
mouvement  de  rotation  très  diO'érent  de  celui  de  !a  Terre. 

Ces  premiers  résultats  photographiques  sont  encourageants  et  nous 
montrent  que  Ton  pourrait  peut-être  arriver  à  élucider  la  question  de  la 
rotation  de  la  planète,  en  entreprenant  sa  photographie  systématique, 
dans  un  observatoire  placé  dans  de  bonne~  conditions  au  double  [)oint 
de  vue  atmosphérique  et  instrumental. 


PHYSKjUE  MATHÉMATIQUE.  —   Le ^  formules  de  Ficncl 
pour  un  espuee  de  .1/.  Weyl.  Note  de  M.  Jfvci .  présentée  par  M.  Hadamard. 

M.  ijlaschke  a  donné  récemment  (')  les  frmules  de  Frenel  pour  une 
courbe  tracée  dans  un  espace  (K„)  à  métriqu-  riemannienne,  où  [\\n  définit 
le  déplacement  parallèle  comme  le  fait  M.  L  'vi-Cività  (  -  t.  En  employant 
les  mêmes  procédés  de  calculs  que  M.  Blaschke,  nous  avons  obtenu  les 

(')  Math.  ZciLiclirift,  1919,  13d  6. 

(-)  Rendicoiili  del  Circolo  mal.  di  Palerino,  t.  h"-!.   1917. 


l648  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

formules  de  Freiiet  pour  une  courbe  /racée  dans  un  espace  (W„)  à  métrique  de 
WeyI. 

Un  espace  de  ^\  eyl  (')  ;i  n  diinensimis  (  ^^  „)  est  une  inulliplicilé  à  n 
dimensions  où  la  métrique  est  déiinie  par  les  deux  formes  (  quadratique  et 
linéaire)  : 

ds-=^   ^    gii.d.tjd.ii.  f/-j  r=  2,   O/dj:,: 

dz,  est  un  invariant  pour  toute  transformation  continue  (T)de  la  forme 

,Z',  ^t 'i,(  >•,,   ...,)■„)  (t  =  i.2.   ...,n). 

De  plus,  si  l'on  change  d'étalonnage,  c'est-à-dire  si  en  chaque  point 
(;r,  ...,  x„)  on  prend  une  unité  de  longueur  \  /.  fois  plus  petite  (/.  =  fonc- 
tion continue  de  a-,  .. .,  .r„),  les  deux  formes  deviennent  : 

f/.v' -  =z      y     "k gt/.-  ffj-'i  dXi,  ,  d-j'  TZ^  do ;—  • 

Les  lois  de  la  Géométrie  doivent  satisfaire  aux  deux  conditions  sui- 
vantes : 

i"  Elles  s'expriment  par  des  formules  qui  sont  invariantes  pour  toute 
transformation  (T); 

2°  Ces  formules  restent  invariante.s  si  l'on  change  i,',/,  i-n  "/-^,a,  s*-  9i 
.    ,)\ 

M.  Weyl  a  défini  le  déplacement  parallèledans  cette  nouvelle  conception. 
Soit  un  vecteur  aux  composantes(^',  .. .,  ;")  attaché  au  point  V{x,  ...,  a-,,), 
nous  dirons  que  sa  niesiirc  est 

I  I, 

eu  le  dépla(;anl  par  congruence  de  P  en  l"(a', -h  f/j;',).  ses  composantes 
deviennent  ^'  -f-  ^^',  avec 


1 n 

,-,  1   V      a  r  '^8'".        é)gi,,-        dgri    ,  .  „    ,.  1  -/ 

^  2  .^  ^      I   ().'■,.  ().ri  <te/,  •  j 


dx,. 


Soit  une  courbe  C,  dont  les  r(piations  paramétriques  soûl  .r,  =  /',(-^):  en 
chaque  point  l'(''))  imaginons  ipie  nous  ayims  fixé  suivant  une  loi  continue 

(')  Voir  Wevl,   /Icniiii,  Zeil,  Malerie,  4°  édition,  §  16. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    192I.  164^ 

un  vecteur  3,  dont  les  composantes  (^')  sont  des  fonctions  continues  de  v; 
soient  P(i)  et  P'(.v -f- «?*)  deux  points  voisins,  il  leur  correspond  donc  les 
deux  vecteurs  S  et  3' ;  déplaeons  H  par  congruence  de  P  à  P',  on  obtient 
en  P'  un  vecteur  E*  différent  en  général  de  3';  la  différence  3' —  3*  est  un 
vecteur  iniininient  petit  attaché  à  l'arc  PI'  ;  formons 


\ous  obtenons  ainsi  un  nouveau  vecteui-  0(3)  al  Lâché  au  point  P(.s)  de 
la  courbe  C,  et  dépendant  du  champ  3  d'une  manière  invaiiante  (').  Soit 
alors  3  =  Z,  aux  composantes  H',   ^^  ~J^'  Posons  ensuite 

5(ï,)      T=  E.2  aii\  composantes  ç'^  , 


?(^„_i)  =  ^„  aux  composantes  ç'„ 


Le  n-èdre  Z,,  Zo,  ...,  Z,^  n"est  pas  orthogonal  en  général.  Orlhogona- 
lisons-le  suivant  la  méthode  de  M.  Schmidl  (-  )  en  déiînissant  un  n-èdre 
formé  par  les  /?  \ecteurs 


\  I  »/.-  i  I-»,. 
où  l'on  a  posé 


(1,1),  (■•■^), 

12, 1), 


(p,i)^ 


',(p,p  —  '\  ^„ 

!    (  I ,  I  ) .  .  .  (  I ,  /)  j . 


{p  =  i,  2,  —  n: 


Do=i. 


A-  I   (p.  n...(/'. /;,) 

Le  «-èdre  (\  ),  H,,  ...,  H  ,  est  orthogonal  et  norme,  c'est-à-dire  que 


2  S'n.  -r/,,  ■n\i  —d,„i  = 


I       SI      p^  >], 
o     SI     p  ^  q. 


Les  formules  de  Frenct  pour  la  courbe  C  sont  les  formules  qui  donnent 
les  valeurs  de  s  : 

M',,-  II!. 


/(H„)=r 


(')  Whyl.  /oc.  ci/.,  p.  io3. 

(- ).  Iitlegralgleichungeii^  etc.  {Matli.    i/iii.,  BdOS). 


l65o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  trouve,  par  des  calculs  simples  : 

-"        î  as  o,      - 

•  I       ■  I    ri.,  I 


(i') 


OU 


,    .  f       ,•  I  rfo    ,  I      , 

r.  .  '  '  O      y  /  ^'  '    '  r.  /    ^    <  •  * 


V'D/.    ,0, 


Les  Or,  ,,  >ont  donc  des  fonctions  linéaires  et  lioniOi;'ènes  des  r/  ;  le 
déterminanl  des  coeflicients  de  ces  fonctions  est  synK'lriqtic  fiai«he;  les  c, 
sont  les  (  rt  —  \)  rayons  de  miirburc  de  la  courbe.  Ce  déterminant  possède 
uni'  diasfonale  jirincipale  dont  tous  les  lermes  sont  évaiicr  à-  -r^;  pour  un 
espace  (K„).  les  formules  (F)  sont  les  mêmes  que  celles  que  nous  venons 
de  trouver,  sauf  à  y  faire  tous  les  lermes  de  la  diagonale  principale  égaux 
à  zéro  (les  p  n'ayant  pas  la  même  valeur,  ils  dépendent  des  C/,).  Si  Ton 
regarde  le  trièdre  (N  )  comme  mobile  sur  la  courbe  C,  on  peut  dire  que  l'on 
passe  d'une  de  ses  positions  à  la  position  voisine  en  Ir  drplaçiml  par 
congruence,  puis  en  lui  faisani  subir  une  rotation  définie  par  les  coui- 
hures  —  de  (].  et.  enlin,  en  le  défoimnnt  suivant  une  homothètie  de  rap- 


9 

cl. 
po/l  t  H 


PHV^l<,iUE.  —  Sur  la  structure  éleclronique  des  aln/ucs  lourds. 
ÎNole  de  MM  .  L.  DE  lîi!o<;i.ii:el  A.  Dauvim.iek,  présenlée  par  M.  Dcsiandres. 

L'objel  di-  celle  Noie  est  de  confronter  les  indications  pliysico-chimitpies 
concernant  la  sliiicluie  éleclronique  des  éléments  avec  celles  qui  soni 
fournies  par  Télude  de  leurs  spectres  de  rayons  X. 

L'an  de  nou-  (  ')  a  proposé  la  classification  périodique  des  corps  simples 
basée  sur  leur  -Iructure  éleclroni(pie  (p)i  est  roproduile  ci-aprè>  : 

(')  A.  I>AH  ii.i  ii;it,   Piiif.  uc  i^'énvralc  de  l'IUeclrieiliK  t.  8,  ili'CL'mliie   ly^o,  p.  7S7. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I92I.  l65l 

Noiiihir  (r,lc(li.iiis  -niH-rlicliU. 

1.  2.         3.         4.  :;.  (i.  7.  8. 

1.  iir  (aile) 

2.  3Li         iG\         .1!         GC  7\  XO  9I"       io.\o 
g-\  3.  iiNa      lîiM-     i3\l      i1Si                 i5P                             iGS                 17CI     isA 

4.   rgK  .oCa  2iSc  iîTi  Vj  V  Cr.  Mii.Fe.Co.M 

o.   'oCu  3oZu  3iGa  3>. Ge  l'iAs  34 Se  3')lir     3(1  Kr 

(î.  37RI)  3SSr  39Yt  4oZr  41  Nb  Mo. 43.  Ru. RI,.  IM 

^  ï  1  7.  47Air  ISCd  49'i'  5oSn  5rSb  'n.'Yr  VU        i  î  \ 

t|8.   ".5Cs  ">6l!u  SjLa  .SCl       Pr.  ^d.6l .  Sni .  Eu     Gd.Tb.  D\  .Ho.  Im 

5|9.  69T1.1  7oYb  71I.U  72C1.  73Ta  \V.75.0s.li  .l'i 

.ï  110.  79  Au  80H-  SiTl  HaPb  83l;i  S4  l'o  83  HOKiu 

'11.87  88Ra  71)  Vc  90Tb  91 UX,  92U  93  94 

Dans  les  quatre  groupes  de  cinq  éléments  de  propriétés  ihiiuiques  analogues,  Félec- 
tron  additionnel  (  oorrespondanl  à  Taugmentation  d'une  unité  du  nombre  atomique) 
s'ajoute  non  plus  à  la  couche  externe,  mais  à  la  couche  électronique  sous-jacente.  Par 
evemple,  le  chrome  possède  une  couche  Iv  constituée  par  2  électrons,  une  seconde 
couehe  L  comptants  corpuscules,  une  troisième  M  en  renfermant  8  également  et  enfin 
<)  corpuscules  superliciels  de  valence.  Le  nickel  ne  difTére,  à  ce  point  de  vue,  du  chrome 
(|ue  par  sa  troisième  couehe  qui  renferme  rj  corpuscules. 

Les  quatre  séries  horizontales  incomplètes  (n"*  V,  6,  8  et  9)  qui  résultent  de  ces  conden- 
sations d'électrons  et  qui  ne  se  terminent  pas  par  un  gaz  rare  se  condi'nsent  elles-mêmes 
de  la  même  façon  dans  les  séries  complètes  qui  les  précèdent  si  liien  que  le  nombre 
des  électrons  des  diverses  couches  définitives  des  éléments  inertes  peut  être  repré- 
senté comme  il  suit  : 

Nombre  d'élei-ti'oiis 

clans  les 

couches  électroniques  coniplèle^r. 

Nombre  ,  -"^ — -  

aloinique.  Élément.  K.      L.        M.         N.         0.        I'.       O. 

2 He  2  'r  ,,  u  „  ,'  „ 

10 "Ne  3  8  „  n  '.  //       " 

18 A  2  8  8 

36 Kr  2  8  18  8 

5A X  2  8  iS  18  S  . 

86 Em  %  8  18  18  02  8 

92 U  2  8  18  18  32  8       6 

Ce  schéma  difft're  de  cçux.  qui  ont  été  publiés  jusqu'à  ce  jour,  notam- 
ment (le  ceux  de  Langmuir  et  de  Sommerfeld. 

Or  Tun  de  nous,  ayant  récemment  déterminé  le  nombre  et  la  valeur  des 
niveaux  d'énergie  dans  l'atome  d'uranium  par  l'étude  spectrographique  des 
séries  L  de   cet  élément,  n'a*  trouvé  pour  cet   atome   que  cinq   couches 


l652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

distiiiclos  K,  L,  M,  N,  <  )  (' ^.  La  dispersion  était  dans  ces  expériences 
suffisante  pour  qu'une  raie  faible  dénotant  un  niveau  P  fût  visible  entre  la 
raie  Ji^et  la  discontinuité  d'absorption  L,.  Aucune  raie  de  ce  genre  n'ayant 
été  observée,  il  s'agit  d'expliquer  ce  désaccord  apparent. 

L'uranium  constituant  l'anticathode  étant  métallique,  et  par  suite  cris- 
tallisé, apparaît  tout  d'abord  exister  sous  forme  d'ions  (J-'-+++++  qui 
occupent  les  nœuds  d'un  réseau.  La  couche  optique  Q  est  donc  déjà  dis- 
sociée en  électrons  libres.  Pour  expliquer  la  disparition  de  la  couche  P, 
nous  proposons  l'hypothèse  suivante  :  les  ions  occupant  le  foyer  anticatho- 
dique doivent  s'y  trouver  dans  un  état  très  particulier,  par  suite  de  la  très 
haute  température  locale  qui  y  règne. 

Lilienfeld  (-)  a  récemment  analysé  au  moyen  d'un  spcctrographe  en 
verre  le  rayonnement  lumineux  issu  d'un  tel  foyer  et  a  observé  un  spectre 
continu  prédominant  dans  le  bleu  dénotant  une  température  locale  extrê- 
mement élevée.  Le  travail  d'extraction  des  corpuscules  P  n'atteignant 
sans  doute  que  quelques  dizaines  de  volts,  nous  pensons  que  ces  électrons 
sont  expulsés  de  l'atome  par  les  chocs  dus  à  l'agitation  thermique  et  que  la 
première  couche  conservant  son  intégrité  est  la  dernière  couche  révélée 
par  le  spectre  X,  dont  le  potentiel  d'extraction  est  voisin  de  Go  volts. 

Un  calcul  rapide  montre  que  la  destruction  de  l'anneau  P  peut  être  expliquée  par 
une  température  locale  de  quelques  milliers  de  degrés,  compatible  avec  les  obserxa- 
tions  de  Lilienfeld  et  peu  surprenante  si  l'on  songe  qu'en  cet  endroit  se  convertit  en 
chaleur  une  puissance  de  plusieurs  lie('to\\alls  dans  une  masse  de  matière  de  Tordre 
du  dixième  de  milligramme. 

Suivant  cette  liypotlièse,  on  devrait  voir  apparaîtie  des  lignes  faibles  entre  la 
ligne  j3-  et  la  discontinuité  1.,  par  exemple  en  excitant  la  série  L,  par  fluorescence. 
L'existence  du  ni\eau  \  pour  le  calcium  révélée  par  l'apparition  de  la  ligne  Ky 
s'expliquerait  en  admettant  que  ce  ni\eau  normalement  dépourvu  de  corpuscules 
n'intervient  que  coin  me  niveau  possible  de  Hohr,  comme  cela  a  lieu  pour  les  spectres 
optiques  de  l'hydrogène  et  des  premieis  éléments. 

Dans  sa  théorie  de  l'équilibre  des  astres,  M.  Eddinglon  (')  a  été  amené 
à  formuler  une  hypothèse  voisine  de  celle  que  nous  venons  d'énoncer. 

(')  A.  DauvilliI'R,  Comptes  rendus:,  t.  172,  1921,  p.  gij  et  i35o.  —  Erratum  :  Une 
erreur  de  copie  a  fait  attribuer  à  la  ligne  K,.  l'origine  Nj.  C'est  N.-,  qu'il  faut  lire.  De 
plus,  une  élude  plus  complète  nous  a  montré  depuis  que  les  ni\eau\  désignés  par  N, 
et  1N2  sont  en  réalité  des  ni\eaux  O. 

(-)  Phjs.  Zeits.,  t.  20,  juin  1919,  p.  280. 

(')  Scienlia,  t.  23,  n"  (>f),  1918. 


SÉANCE  DU  27  JUIN  I92I.  1653 

D'après  celte  théorie,  il  réi^^nerait  à  l'intérieur  des  étoiles  une  température 
de  quelques  millions  de  degrés,  température  à  laquelle  l'intensité  maxinia 
de  la  radiation  «  noire  »  correspond  à  des  longueurs  d'onde  de  quelques 

Angstrônis.  Les  coefficients  d'absorption  calculés  par  M.  Eddington  pour 
ces  longueurs  d'onde  sont  très  inlerieurs  à  ceux  qui  leur  correspondent 
à  la  température  ordinaire.  Le  savant  astronome  a  interprété  ce  lait  eu 
supposant  qu'à  des  températures  aussi  élevées,  les  atomes  constituant  la 
matière  stellaireont  perdu  un  très  grand  nombre  de  leurs  électrons  internes 
et  sont  devenus  incapables  d'absorber  les  radiations,  du  moins  dans  le 
domaine  spectral  des  rayons  X  très  mous. 

Des  calculs  approximalils  confirment  cette  manière  de  voir  et  montrent 
<jue  tous  les  anneaux  périphériques,  y  compris  les  anneaux  N,  ne  peuvent 
résister  aux  chocs  dus  à  une  agitation  thermique  aussi  intense.  La  corréla- 
tion avec  notre  point  de  vue  est  évidente. 


PHYSIQUE.  —  Sur  une  trompe  à  mercure  d'cncoinhr.^meiil  réduit.  Note 
de  M.  G.  Raxqle,  présentée  par  M.  H.  Le  (Thatcher. 

En  vue  de  fournir  aux  laboratoires  disposant  de  crédits  restreints  un 
moyen  de  faire  des  vides  de  Tordre  du  centième  de  millimètre,  nous  avons 
mis  au  point  un  appareil  de  faible  encombrement,  peu  fragile,  et  n'uti- 
lisant que  400°  de  mercure  environ;  cet  appareil  est  de  construction 
relativement  facile  et  fonctionne  au  moyen  d'une  trompe  à  eau  ou  d'une 
machine  pneumatique  ordinaire,  car  il  ne  nécessite  qu'un  vide  auxiliaire  de 
<Jo"'"  à  80'"'"  de  mercure.  A  partir  d'un  vide  préliminaire  de  200°"°  on 
obtient  en  un  quart  d'heure  environ  le  vide  cathodique  dans  un  récipient 
de  5o™\ 

L'appareil  esl  consliUié  par  un  réservoir  cylindrique  R,  empli  de  mercure  jusqu'au 
voisinage  de  E,  qui  alimente  par  le  robinet  K  et  le  tube  Q,  la  cliule  H  de  la  trompe. 
Le  tube  de  chute  P  recourbé  à  sa  base  se  termine' dans  une  ampoule  D,  qui  commu- 
nique en  F  avec  le  tube  de  remontage  S.  L'extrémité  M  de  ce  tube,  munie  d'un  robinet, 
sert  de  rentrée  d'air  et  l'autre  extrémité  aboutit  en  E  au  réservoir  R  dans  lequel  on 
fait  le  vide  auxiliaire  par  l'ajutage  C.  Ce  réser\oir  a  une  longueur  de  20''"  environ 
au-des-ous  de  \Z  pour  éviter  l'entraînement  de  l'air  par  le  mercure. 

Le  fonctionnement  repose  sur  les  différences  de  pression  réalisées  entre  les  points 
H,E  et  F.  La  pression  en  H  est  inférieure  de  plusieurs  centimètres  à  la  pression  en 
E,  ce  qui  permet  l'écoulement  du  mercure  par  le  tube  O;  la  pression  en  F  esl  supé- 
rieure à  la  pression  en  E  grâce  à  la  rentrée  d'air  M  qui  ell'ectue  le  remontage  du 
mercure  par  S,  mais  comme  celte  rentrée  d'air  est  très  faible  celte  pression  ne  dilTére 


i654 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


de  la  pression  en  II  (|ue  d'une  dizaine  de  cenlimélres:  il  reste  ainsi  sur  le  tube  P  un 
espace  de  ^5""  environ  dans  lequel  se  fail  la  chute  rapide  du  mercure.  On  règle  la 
vitesse  de  circulation  du  mercure  à  l'aide  des  robinets  K  et  M. 

Pour  vider  un  récipient  on  le  soude  en  A.  on  ferme  les  robinets  K  et  M.  puis  on  fait 


le  vide   par  (.]  aussi  loin   que  le  permet  Inppareil  employé.  Jusqu'à  ce  que  la  pression 
dans   le    récipient   ait   atteint   une   valeur   voisine   de   celle  du  \ide  auxiliaire,   lesi;a/. 
s'écliappent  à  travers  le  mercure  de  l'ampoule  D:  on  ouvre  alors  le  robinet  K,  puis  un 
peu    le   robinet    M   et   l'on    ferme   lentement   le    robinet  L;    la  pression  monte  dans  la' 
trompe  jusqu'à  réaliser  les  conditions  du  fonctionnement. 

Le  vide  étant  fait  dans  le  récipient,  pour  le  remplir  d'un  ga/  particulier,  on  amènr 
ce  gaz  en  M  pendant  le  fonctionnement,  puis  on  ferme  K  et  L;  le  gaz  rentrant  en  M 
refoule  le  mercure  de  l'ampoule  D  dans  l'ampoule  O.  puis  traverse  ce  mercure  pour 
emplir  le  récipi('nt.  (  hi  remet  ensuite  en  marclie  comme  il  est  indiqué  ])récédemment. 
Pour  arrêter  l'appaieil  à  un  instant  quelconque,  il  suffit  de  fermer  les  trois  robinets 
K  .  M,  L  dans  cet  ordre. 

(3n  peul  Cacileiiient  consLruire  de  tels  appareils  comportant  plusieurs 
cJuiles  et  un  seul  tube  de  remontag'e,  ou  en  grouper  plusieurs  en  paiallèle 
pour  obtenir  plus  rapidement  le  vide. 

U  importe  de  remarquer  (]ue  la  forme  dr  la  chute  inllue  beaucoup  sur  la 
rapidité  du  fonctioiiueincnl  :  la  forme  adoptée  {])  donne  des  cliapelels  très 
ré^^uliers  entre  de  lariics  limites  de  débil.  taudis  (pie  la  forme  (II)  ne  possé- 
derait celte  régularité  que  pour  un  débit  bien  délini. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I921.  l655 

CHIMIK  PHVSKjUE.  —  Itelation  mire  lu  dilatation  anomale  el  la  variation  ther- 
mique de  r ai mantat ion  des corpx  ferromti gnèti (fues .  Note  de  M.  Cbeve.vard, 
transmise  par  M.  Le  Cliatelier. 

l'our  interpréter  Taction  de  la  température  sur  les  propriétés  dun  corps 
ferromagnétique,  j'ai  déjà  formulé  l'hypothèse  (')  d'une  transformation 
progressive  et  réversible  d'une  forme  a,  stable  au  zéro  absoUi,  en  une  forme 
.isomorphe  ^,  stable  à  chaud;  à  toute  température  0,  l'étal  du  corps  peut 
être  caractérisé  par  la  proportion  r  de  la  forme  a. 

Les  données  recueillies  dans  l'étude  de  la  dilatation  des  ferronickels 
réversibles  m'ont  permis  de  tracer  la  courbe  x=f{<ï),  pour  les  alliages  à 
grande  anomalie  totale  (  voisins  de  Fe-Ni);  et  j'ai  trouvé  que  la  quantité  x 
est  sensiblement  proportionnelle  au  carré  de  P aimantation  à  saturation  \- ,  dans 
tout  le  domaine  des  températures  inférieures  au  point  de  Curie.  J'ai  pu,  ensuite, 
vérifier  indirectement  la  légitimité  de  cette  loi  pour  la  plupart  des  substances 
ferromagnétiques. 

Dans  cette  Note,  je  me  bornerai  à  exposer  les  bases  expérimentales  de  lu 
relation  .:c  =  (t-)  ■>  me  réservant  d'en  étudier  ultérieurement  la  significa- 
tion physique. 

.T'admets  qu'à  une  température  quelconque,  les  volumes  spécifiques  Y,  V,^ 
et  Vp  du  ferronickel  et  de  ses  deux  composants  a  el  'i  sont  reliés  par  une 
relation  linéaire 

\   =  J-\  v.-^  (i  — .'jV^j;  don  '^■=T} ï^- 

Va  —  \  'J, 

Cette  hypothèse  est  vraisemblable,  car,  au  zéro  absolu  (.r  — 1).  les 
volumes  spécifiques  des  ferronickels  réversibles,  de  Fe-Ni  au  nickel,  suivent 
très  exactement  la  loi  des  mélanges. 

La  quantité  V  —  Vr^  est  représentée  par  la  courbe  différence  r(voir  la 
figure);  celle-ci  est  obtenue,  comme  je  l'ai  exposé  {loc.  cit.  ),  en  rapportant 
la  courbe  expérimentale  de  dilatation  à  une  courbe  hypothétique  normale, 
tracée  par  extrapolation  de  la  première  vers  les  températures  basses.  Au 
zéro  absolu,  V  —  Vo  et  \ .^  —  V.^  ont  pour  valeur  commune  V anomalie tot(de. 

Si  l'on  peut  évaluer  la  dilatabilité  îles  deux  formes  a  et  [i,  on  dispose 
donc  (le  tous  les  éléments  néci'ssaircs  au  calcul  de  ir,  pour  toutes  les  tem- 
pératures. 

(')  1^.  Chevenard,  Comptes  rendus,  t.  172.  1921,  p.  .jg^. 


i656 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Or  la  courbe  normale  représente  précisément  la  dilatabilité  do  la  forme  3, 
qui  subsiste  seule  à  haute  température  Pour  la  forme  x,  il  iaut  faire  une 
hypothèse  :  j'ai  admis  que  sa  dilatabilité  était  peu  différente  de  celle  des 
ferronickels  irréversibles  (o  à  3o  pour  loo  \i  )  au-dessous  du  point  allotro- 
pique Ar;  de  o  à  3o  pour  loo  Ni,  ces  alliages,  à  l'état  transibrmé,  sont 


V 

s-"'' 

-V 

x    ■ 

"■f 

•  V\ 

5 

o.} 

y^ 

o.l 

V 

"■' 

■  v_ 

-2oo 

"'""  °  '™  -"°  '^°°  ^"° 

"°  '"^  '"" 

Les  courbes  V  —  V3(r),  V„  —  W^  et  x  sont  relatives  à   un  ferroiiicUcl  à  Jo,^  pour  ino  .M. 
et  les  points  expérimentaux  à  un  alliage  à  4^  pour  loo  Ni  étuilié  par  Ilegs- 

dépourvus  d'anomalie  réversible,  et  leurs  coefficients  de  dilatation  linéaire, 
pour  la  température  de  o°,  s'écarlciit  peu  de  «  =  lo,  "i.  lo""  ;  b  =  4,3.  io~'\ 
J'ai  attribué  la  même  dilatabilité  à  la  forme  a  des  réversibles  compris  entre 
32  et  /|5  pour  loo  de  nickel.  Comme  l'anomalie  de  ces  alliages  esl  considé- 
rable, l'erreur  commise  sur  la  dilatation  de  a  retentit  peu  sur  la  valeur 
de  y  a—  Vp,  et  le  diagramme  x  peut  être  tracé  avec  assez  de  certitude. 

Or,  pour  les  températures  inférieures  au  point  de  Curie,  et  moyennant 
une  réduction  convenable  de  l'échelle  des  ordonnées,  les  «ourbes  ,t-  coïn- 
cident sensiblement  avec  celles  de  la  variation  thermi(|ue  du  carré  de 
l'aimantation  à  saturation  1%  établies  par  Ilegg  ('  ).  Ainsi,  dans  la  ligure, 
les  points  expérimenlaux  représentent  les  données  qu'il  a  obtenues  pour  un 


(')   F.  HbGi;,  T/ièse,  /.uricli.   1910.  F.ii  rcaliti 
rapport  (  -r-  )    donné   par  Ilegg,   car  (  rlui-ci   a   extrapole 


noiiilire   c  sénarlc  sensililoiiieiil  du 

.     „^ ,,„.    --^„H'     - ^ f" -    courbes  jusqu'au    zéro 

absolu  il'iiprès  une  loi  toute  dillérente  de  celle  que  j'ai  admise.  Mais  la  concordance 
s'établit  si  Ton  restreint  la  comparaison  de^  deu\  piopriélis  an  diunaiiic  île  lempéra- 
tures  réellement  exploré. 


SÉANCE    Dr    27    JLI.N     I92I.  1657 

alliage  sensihl.'ment  identique  par  sa  composition  à  celui  dont  j'ai  étudié  la 
dilatation  :  seul  le  point  relatif  à  la  température  de  l'air  liquide  se  dispose 
à  quelque  dislance  de  la  courlte  j;  mais  cet  écart  s'explique  sulfisamment 
par  l'inccrtitudi'  du  Iraré  de  la  courbe  normale  aux  très  liasses  tenqié- 
ra turcs. 

Pour  les  fcr;onickels  à  faible  anomalie  totale  (plus  de  5o  pour  100  Ni), 
les  erreurs  qui  ailcclenl  le  calcul  de  .r  prennent  une  importance  relative 
considérable,  et  il  serait  vain  de  cheicher  une  vérification  quanlitalive  de 

la  relation   .r  =  (  j-  )  ■  Mais  il  est  possible  d'en  prouver  indirectement  la 

validité. 

En  elîet,  sauf  au  voisinage  (lu  zéro  absolu,  la  dilatation  d'une  substance 
normale  peut  être  représentée,  avec  une  grande  approximation,  par  une 
formule  pa:abolique  de  la  température  0.  La  différence  V,^  —  Vr.  des  volumes 
spécili(|ues  des  deux  formes  normales  y.  et  [i  est  donc  une  fonction  du  second 

degré  en  0,  et  //  duil  en  être  de  même  du  (juolient  (V  —  Vp)  :  (  =- j  »  5?  fo 

relalion  a?  =;  (-p  )   est  exacte.  Or  cette  prévision  se  vérifie  très  sensiblement, 

non  seulement  pour  les  ferronickels  tenant  plus  de  5o  pour  100  \i,  mais 
encore  pour  le  fer  a,  la  cémentite.  la  magnétite,  les  alliages  fer-cobalt,  fer- 
chrome,  nickel-cobalt. 

Ainsi,  malgré  la  diversité  de  leurs  a>pects,  les  anomalies  de  dilatation  de 
la  plupart  des  corps  ferromagnétiques  peuvent  être  interprétées  à  l'aide  de 
la  même  conception.  L'anomalie  est  dite  nei>r//iVe  quand  V,  est  constamment 
supérieur  à  Vp:(Fe-i\i,  Fe'C,  etc.)  et  posilke  dans  le  cas  contraire 
(Fe'O'',  Ni,  alliages  \i-Co).  Mais,  pour  certains  corps  à  faible  anomalie 
totale  (par  exemple,  ferronickel  à  G8,o  pour  100),  la  différence  des  dilata- 
bilités des  doux  formes  x  et  ^  suffit  à  inverser  le  signe  de  V^ —  V^  quand 
la  température  s'élève  :  suivant  la  valeur  de  celle-ci,  l'anomalie  est  donc 
positive  ou  négative.  Ces  considérations  font  rentrer  dans  la  loi  généiale 
des  courbes  d'anomalie  dont  l'allure  semblait  assez  énigmatique  de  prime 
abord. 


l658  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Action  de  l'acide  hoiitfue  sur  la  glycêi-ine  et  les  alcools 
polyvalen/s.  Application  d  une  nouvelle  met /iode  de  rolumélrie  physico- 
chimique.  Nole(')de  M.  IIexê  Dlbrisay,  présentée  par  M.  H.  LeCliatelier. 

On  sait  qu'il  est  possible  de  titrer  Facide  borique  par  alcalimétrie  si  Ion 
ajoute  dans  les  solutions  un  excès  d'alcool  polyvalent  (-)  :  il  est  naturel 
d'attribuer  cetle  particularité  à  la  formation  d'une  combinaison  susceptible 
de  donner  avec  les  alcalis  des  sels  moins  byd^ol^  sables  que  les  borates. 
Divers  auteurs  (^)  ont  cherché  à  vérifier  celte  hypothèse  au  moyen  de 
mesures  physico-chimiques,  en  employant  soit  la  méthode  des  conductibi- 
lités électriques,  soit  la  méthode  <?ryoscopique.  .l'ai  pensé  à  appliquer  à 
l'élude  de  ce  problème  le  procédé  d'analyse  basé  sur  l'observation  des 
phénomènes  de  miscibilité  que  j'ai  décrit  dans  des  Communications 
antérieures  (  '). 

Dans  ce  but.  je  mêle  en  proportions  \ariables  des  solutions  à  lilre  connu 
d'acide  borique  et  de  glycérine  et,  sur  la  liqueur  ainsi  préparée,  je  déter- 
mine la  température  de  miscibité  avec  le  [)hénol.  Les  résultais  sont  con- 
signés dans  le  Tableau  suivant  : 

Tableai    I. 

Suliilions  d  acide  boiiqiie  cl  de  glycérine  à  '  de  nwlécnlc  pur  litre, 
jc  =z  volume  de  solution  d'a(-ide. 
100  —  .r:;^  volume  de  solution  de  glycérine, 

T„=r:  température  de  miscibilité  observée, 
Tc=  température  calculée  par  la  règle  d"addili\  ilé, 
e  := '!",, —  T,.  :  écart  correspondant. 

ar.  T,,.                                    T.  e. 

o 'JÎ^j^  ()!S,^o  o 

33,3 ()6,o  ''3i93  -!-o,o- 

ôo ()  'i ,  tj  '•  1 ,  70  — 0,10 

66,6 63,:")  63, '|6  -i-o,o4 

70 62,9  6!,8.")  -HO,  00 

100 61,0  (ir  ,00  o 

(')  .Séance  du  i  3  juin  1911. 

I  -)  JoiKilîNSEN,  Cent.  Blall.,  189.Ô.  —  C<i|'AI\,  (  o/ii/i/cs  rendus,  1898,  cl  ISiill.  Soc. 
c/iini.,  1909. 

(^)  iMagnanim,  (idz.  Cliini.  ital.,  181)0  et  1891.  ■  Hoesekicn,  l!e\ite  des  Trai.au.r 
vlùmiqiies  des  Pars-Bas,  t.  ;îO,  191 1  ;  t.  3i-,  i9i">;  i.  'Xr>,  i<)i('). 

(')  RenI-  DiiiriiSAY,  Comptes  rendus,  t.  170,  nj'o,  |).  \j^?.;  Ilull.  Soc.  cliini, 
niiii  iijK)  et  février  1921. 


SÉANCE    DU    27    JLI.N    1921.  iGSp 

Les  écarts  entre  les  lem|iéraliires  nbsi'rvées  et  les  températures  calculées 
sont  nuls  ou  (lu  moins  ifil'érieurs  aux  erreurs  d'ovpérieiice  :  aucune  C(UTibi- 
naison  ne  parait  doue  se  former. 

Il  en  va  autrement  dans  le  cas  du  système  mannllc-acide  borique,  ainsi 
qu'il  ressort  des  chiffres  du  Tableau  1 1  : 

TAntEAU    II. 
X.  T„.  T.  e. 

O 69 ,2  69 ,  2  O 

4o 6719  68,52  0,62 

5o «'7,6  <i8,3.")  0,7.5 

60 67,4  68,18  0,78 

66,6 67,3  68, 06  .0,76 

luo 67,5  67,5  o 

Ici  les  écarts  sont  nets  et  laissent  [)résumer  la  formation  d'un  composé  de 

T  T 


mannile  et  d'acide  borique  (')  :  mais  la  courbe  ([ue  Toii  peut  tracer  pour 
représenter  les  résultats  n'a  pas  de  points  anguleux,  ce  qui  indique  que  la 
combinaison  est  dissociée. 


(')  Celte  ('oncliision  doil  être  lappiocliée  du  travail  de  Fox  et  Garge  (Chciii.  Soc. 
of  Lmidon,  i9r  i)  qui  décrivent  uue  combinaison  d'acide  borique  et  de  niannite  obtenue 
en  raiMant  les  solutions  alcooliques  des  deu\  corps.  Cette  combinaison,  qui  contient 
une  molécule  d'acide  pour  une  de  mannite,  se  décompose  en  solution  aqueuse. 


l66o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  étudié  ensuite  l'action  de  l'acide  borique  <'t  delà  glycérine  en  pré- 
sence de  soude. 

Pour  cela,  je  mêlais  à  une  solution  de  soude  —  des  liqueurs  tenant  en 

solution    par    lilre    lo^    d'acide    hori<|ne     cristallisé    et    des    proportions 
variables  de  glycérine. 

Les  résultats  sont  consignés  dans  le   l'ableau  siiivanl  et  repiésentés  sur 
la  figure. 

Tableau  III. 

Action  d'une  solution  de  soude  —  sur  les  liqueurs  contenant  par  lilre  io= 

y 

d'acide  Iwr/fjue  cristallise  et  des  proportions  variables  de  i: Ircérine. 

V  =  poids  de  glycéi'ine  par  lilre. 
.(  --  volume  de  solution  de  soudt', 
100  —  '  =:  volume  de  snlulion  acide. 


(cour 

be 

1  1. 

.  ■  -— ~^ 

— -. 

r. 

'1'. 

>..J 

r>9,2 

33,33 

57,6 

5o 

54 , 6 

66,66 

49,0 

7'> 

46,5 

GO 

36,  r> 

1'  = 

:rGO 

(coin 

■l.e  •.'). 

— . ■ 

- — — . . 

.r. 

T. 

0 

60,0 

10 

60,  a 

2.) 

•">9>4 

33,33 

58,2 

5o 

55, 1 

66,66 

5o,5 

7.J 

47)7 

00 

36,5 

1' 

IIH) 

(cour 

l.e  :;). 

— _  - 

— .— — - 

.r. 

T. 

0 

.53,  S 

•>.o 

5  i  >  9 

33 ,33 

54,''> 

5o 

5?.  ,2 

66.6(i 

48,2 

75 

45,7 

00 

3(i .  5 

L'allure  de  la  courbe  2  et  surtout  de  la  courlje  3  concorde  Itien  avec 
l'existence  d'une  combinaison  de  glycérine,  d'acide  et  de  soude.  Toutefois, 
puisqu'on  n'observe  aucun  point  anguleux,  cette  combinaison  est  certaine- 
ment dissociée  :  sa  formation  n'apparaît  même  pas  sur  la  courlje  I. 

.l'ai  obtenu  des  courbes  tout  à  fait  analogues  dans  l'étude  du  système 
inannite,  acide  borique,  soude. 


CHIMIE  PIIYSlcu  Ë.  —   Influence  du  corroyagc  sur  la  rcsislivitv  <lc  l' ncirr. 
Note  de  W.  Er«ÈXE-L.  Dupuy,  transuiisc  par  \i.  H.  Le  Cliatelier. 

Lorsque  l'on  transforme  en  fil  par  étirage  à  froid  une  barre  d'acier 
laminé,  on  constate  que  la  rési-lance  électricjue  décroît  au  fur  et  à  mesure 
que  la  section  diminue 


SÉANCE    UU    •!■]    Jl'IN    1921.  1661 

Nous 'avons  ol)l<'nii.  par  eveinple  dans  une  série  de  mesures,  les  valeurs 


>uivantcs 


Ki;>-i.>'livilù  (  iiiicrnliiii 


I...1IC 

l;,uic  ii.iliali: 

i-ii 

r   mil. 

1)  =  (i 

1) 

=  1 

,00 

•'.5 ,  ■'. 

■M.. 8 

'79 

27  ,0 

■>.  i ,  0 

N.iliiie  .1 it.il. 

Acier  iin-ilin 

Acier  dur 0,79 

L'examen  microscopique  de  la  harre  avant  étirage  montre  qu'elle  est 
constituée  par  des  zones  de  ferrite  et  de  periite  unitormémcnt  réparties  sans 
orientation  visible.  Le  passage  par  la  filière  provoque  un  alignement  de  ces 
zones  qui  s'allongent  et  se  transforment  en  longs  filaments.  A  ce  change- 
ment de  structure  correspond,  comme  le  calcul  permet  de  le  voir,  une 
diminution  de  la  résislivité.  En  clTet,  dans  le  premier  cas,  on  peut  admettre 
que  tout  se  passe  comme  si  pour  une  moitié  de  la  section  les  éléments  de 
ferrite  et  de  periite  étaient  en  série,  et  comme  s'ils  étaient  en  parallèle 
pour  le  reste  de  la  section;  après  étirage,  ces  éléments  seront  au  contraire 
tous  en  parallèle. 

Cette  explication  n'est  cependanl  pas  suffisante  :  en  effet,  si,  par  un 
recuit  à  800°  suivi  d'un  refroidissement  à  vitesse  convenable,  on  fait  recris- 
talliser le  métal,  l'alignement  des  grains  de  periite  disparaît  et  l'on  retrouve 
une  structure  micrographique  semblable  à  celle  qu'avait  la  barre  initiale. 
Or,  après  ce  traitement,  la  variation  de  résistivité  persiste,  quoique  sensi- 
blement atténuée. 

Nous  avons  obtenu,  pour  les  fils  que  nous  avons  cités  plus  haut,  les  varia- 
lions  suivantes  : 

Résistivilé  après  recuit. 
Carboiu-  _  ^  ,,, 

Nature  du  métal.  pour  Iflll.  Barre  initialr.  Fil. 

Acier  mi-dur. . o.S.ii  2 2  ,0  21  .6 

Acier  dur 0.79  2!  .7  20,9 

L'attaque  par  le  réactif  au  cuivre  d'une  coupe  longitudinale  du  fil 
montre  la  persistancr  après  recuit  des  bandes  colorées  mises  en  évidence 
par  ce  réactif  et  dues,  comme  l'a  montré  IVL  H.  Le  Chatelier,  à  la  présence 
d'oxyde  de  fer  en  solution. 

Une  partie  de  la  résistivité  du  métal  serait  donc  due  à  la  présence  de 
cet  oxyde. 

Cette  hypothèse  permettrait  de  comprendre  pourquoi,  alors  que  l'extra- 
polation à  l'origine  des  formules  donnant  la  variation  di-  résistivité  du  fer 
en   fonction   de   la   teneur  en   élément  ajouté  conduit  à  des  valeurs   peu 

C.  R.,}g2i,i"  Semestre.  (T.  172,  N»  26.)  121 


l(>62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

supérieuics  à  7  inicrolims  :  ctn'.  on  oblieiil  |)iali(|iieiiienl  des  résistivilés 
sciisihleinciit  plu>  ùlevérs.  Cel  ccait  sérail  dû  à  la  piéseiice  de  l'oxyde, 
d'autant  plus  diflicilc  à  éliminer  que  le  métal  est  moins  carburé. 


cniMii',.   —   Su/-  le  ciirhDiKile  (/'a/-i^r/tt  iiininoiuacdl.  Note  de  MM.  Dekvix 
et  Olmer.  présontée  par  M.  (J.  l>emoiiie. 

Le  carbonate  d'ari;enl  ammoniacal  n'a  été  sis^nalé  que  par  Kern  (')  qui 
l'obtint  en  pondre,  de  formule  Co'Ag',  4  AzH',  en  précipitant  par  l'alcool 
absolu  la  solution  ammoniacale  de  carbonate  d'argent.  Plus  tard,  Bruni 
et  Lcvi  (-)  n'oni  pas  pu  l'obtenir  en  faisant  passer  de  l'ammoniac  sur  du 
carbonate  d'argent.  Au  cours  de  rechercbes  actuellement  en  cours  sur 
l'argent  fulminant  et  qui  feront  l'objet  d'une  Note  ultérieure,  nous  l'avons 
obtenu  accidentelli-ment  par  l'action  de  l'anhydride  carbonique  de  l'air  sur 
la  dissolution  de  l'argent  fulminant  dans  l'ammoniaque  concentrée. 

.Nous  avions  remarqué  que  l'argent  fulminant  obtenu  par  l'évaporation  à 
l'air  de  la  dissolution  d'oxyde  d'argent  dans  l'ammoniaque  se  dissolvait 
dans  l'acide  sulfurique  étendu  avec  dégagement  d'anhydride  carbonique: 
ce  fait  qu'il  était  facile  de  prévoir  n'a  pas  été  signalé  par  les  auteurs  qui  se 
sont  occupés  de  l'argent  fulminant. 

La  carbonatation  lente  à  l'air  atmosphérique  de  la  solution  ammoniacale 
d'oxyde  d'argent  s'effectue  a\ec  une  telle  facilité  que  nous  a\ons  pu.  par 
dissolutions  de  l'argent  fulminant  dans  l'ammoniaque,  suivies  d'évapo- 
lations  spontanées,  transformer  en  carbonate  ammoniacal  ()4  pour  100  de 
loxyde  d'argent  en  quatre  npérations  seulement,  les  6  pour  100  reslaiils  se 
trouvant  à  l'état  d'argent  métallique. 

Ayant  à  notre  disposition  une  assez  grande  quantité  de  celte  solution, 
nous  en  avons  piolité  pour  étudier  le  carbonate  ammoniacal  insuflisamment 
décrit.  La  dissolution,  liltrée  de  l'argent  métalli(jue,  a  été  laissée  à  l'obscu- 
rité dans  une  cloche  contenant  de  la  chaux  vive  et  du  sel  ammoniac.  Elle 
nous  a  donné  de  beaux  cristaux  incolores,  de  forme  hexagonab-  très 
régulière,  transparents,  de  i"""  à  '|"""  de  lôté;  les  deux  bases  sont  très 
développées,  le  prisme  très  court  avec  en  biseau  les  faces  de  la  pyramide. 
<^es  tables  sont  formées  d'associations  complexes  de  cristaux  optiquement 


I  ')  ki:iiN.  Cli,-in.  N.,  t.  31,  iS;.'),  {>.  "..ii. 
M-j   BitiM  el  Li;m.  Giizz.  c/iii».  l'/n/..  i.  -'>(>,    i(|i(j. 


SÉANCE    DU    27    JtiN    1921.  l663 

|)i)silil's,  ;'i  lieux  axes  optiques  i';lp[)rocliég,  |trêsenlaiil  une  foiie  (lis(»i'rsion, 
avec  :  <^  V. 

Ces  ciislaux  jaunissent  à  l'air. en  perdanl  tle  l'eau  et  de  ramniouiac  cl  en 
donuaiil  du  carbonate  il'argent,  (jui  garde  la  forme  des  crislaiiv  de  curlionalr 
iimmo/iiaceil.  Ils  noircissent  à  la  lumière.  On  peut  les  conserver  à  l'obscurilé 
dans  un  petit  tube  scellé.  Ils  sont  très  solubles  dans  l'eau;  la  solution  aban- 
donnée à  l'air  perd  de  l'ammoniac  cl  le  carbonate  d'argent  se  dépose 
cristallisé;  à  cliaud,  la  liqueur  noircit  et  le  carbonate  d'argent  est  mêlé 
d'argent  métallique.  De  même  la  dissolution  ammoniacale,  évaporée  lerite- 
mcul  à  l'air  atmospiiérique,  donne  de  petits  cristaux  jaunes,  transparents, 
en  forme  d'aiguilles  associées,  de  carbonate  d'argent. 

li  analyse  a  été  laite  en  dosant  l'argent  soit  à  l'élat  de  clilorure,  soit  à 
l'état  métallique,  l'ammoniac  à  l'état  de  cbloroplalinate:  la  |)résence  de  l'eau 
a  été  contatée;  on  l'a  dosée  par  différence  entre  la  perte  dans  le  vide  sulfu- 
rique  et  le  poids  d'ammoniac;  l'anliydride  carbonique  a  été  obtenu  par 
calcination  du  carbonate.  Ces  analyses  conduisent  à  la  formule  CO'Ag-, 
lAzH',  HH): 


Vrgent •'Qi^à 

Ammoniac 18,61 

(;0--4-0 


99.97  100,00 

CHlMli:  (.l.NÉH  \l.i:.  —  Sur //■  /■()/(■  (/c.v  iiiipitrcU'S  gnz-cusis  dans  riKvydiition 
caUilyti(iuc  du  gaz  anunoniar.  >.ole  de  M.  Et'CKxt:  Decaiskiùke,  présentée 
par  M.  A.  Ilaller. 

La  présente  Noie  fait  suite  à  V Elude  de  l' orydation  raLalYti(]ue de l' anu)ui- 
nùi(/ue.  faite  en  commun  avec  M.  Pascal  et  [jarue  au  Bulletin  de  la  Socié/c 
r/ii/)Hi/ur  de  France  du  G  janvier  19 ii)  où  l'on  trouvera  une  description 
succincte  de  la  méthode  et  du  dispositif  employés;  elle  résume  une  première 
série  d'expériences  relatives  à  rinlluencedes  im})uretés  gazeuses  qui  accom- 
pagnent l'ammoniac  obtenu  indusirielleuient  en  parlant  de  la  cyanamide 
calcicpie. 

Le  cataUseur  esl  roiislilin''  piir  is.gj  tle  l'euilles  de  plaline.  lioissees  en  buuleltes, 
foiiiuml  à  riiiléiieLir  d'un  Uilie  dequarU  de   >/'"', .'(O  de  section  un  lampon  de  1"",.")  de 


(.'.alcuk-  puur 

CM   Af:',  4Azll'.  H-0. 

59,8-., 

5,, ,67 

18.6S 

18, 7X 

16,35 

.6,58 

5,1-2 

-1-97 

l664  ACADÉMIE    DES    SCIE^■CES. 

longueur,  lifi  peniifable  aux  gai.  Le  mélange  d'air  et  d'aiiimoriiac  renreriiianl  eiivjioii 
S,  3  jiour  iipii  de  ce  dernier  gaz  en  \oluiiie  reçoit  I  impureté  gazeuse,  dosée  à  I  aide  d'un 
inbe  capillaire  étalonné,  puis  pénétre  dans  le  tube  de  quartz  à  la  vitesse  de  lo  lities 
111  11  minutes  ou  secondes,  vitesse  suftisamment  faible  pour  qu'on  puisse  assister  en 
(|uel(]ue  sorte  à  l'empoisonnement  j)rogressif  du  calalv=cur.  La  température,  réglée  de 
façon  à  atteindre  son  maximum,  70(S"-jio''.  à  l'endroit  où  se  trouve  le  platine,  est 
déterminéi'  de  pai  l  et  d'autre  pai-  un  mode  de  chaulLage,  toujours  le  même,  qui  permet 
d'éviter  les  condensations  dans  le  lube  et  d'obtenir  (jue  l'écliaufi'ement  pnalabli'  du 
mélange  gazeux  soit  sensiblement  If  même  dans  toutes  les  exiiériences. 

L'action  de  riiydi^ogène  stilfucé  a  été  étudiée  en  premier  lieu  ;  mais,  ci' 
gaz  se  dissociant  parliellcineiit  avant  l'arrivée  au  catalyseur  a\ec  dépôt  de 
soufre  et  mise  en  liberté  d'hydrogène  qui  s'oxyde  en  même  temps  que 
l'Iiydrogène  sulfuré  restant,  l'inlluence  de  l'hydrogène  a  été  étudiée  sépa- 
rément dans  la  même  série  d'expériences.  D'après  les  résultais  qui  sont 
donnés  ci-dessous  et  qui  ont  été  fournis  par  deux  échantillons  de  platine, 
alors  qu'une  faible  dose  d'hydrogène  (o,44  pour  loo)  accroît  l'activité  du 
catalyseur,  une  dose  beaucoup  plus  considérable  (i  à  i,  j  pour  loo)  abaisse 
le  rendement  en  diminuant  la  proportion  d'oxygène  disponible  pour  l'oxy- 
dalion  du  gaz  amtnoniac. 

'l'enip>  (if-  pa^^dl^e 

de  ce  mélange  H  puur  10(1 

Il    |iniir   100'"'                             depuis  l'expérience  pendant                       Hendeiiieiil 

du  tiiélaii^e.                                      piécédeiMi'.  l'expéricncr.                    pnui    100- 

Ec/iiintillun  II"  I . 

') "•""  "  <.)J-7 

'J.  'li "1"  "-M-i  1"" 

1,3 o.  111  1,3  y3,S 

1,3 3 .1111  o  ',P,3 


lùliiiiililldii  II"  2. 


9*),  5  et  9G,; 

1)5  ,  A 


Dans  le  cas  de  l'aclioii  de  riiydrogènc  sulfuré,  les  e.\|)éiiences  ont  été 
faites  sur  un  même  échanlillon  de  platine  pendant  (pic  la  dose  indiquée 
d'impureté  gazeuse  était  présente  dans  le  mélange. 


SÉANCIv    nu    'l-]    JIIN    I921.  lfi().^ 

lrn,|„  ,1,-   I,.,-,,,;;,. 
Il   >  l"Jiii-  m-'  lie  CL-  NuMungc  ilcpiMs  li,',Hloi„ei,l 

(lu  iii('-Li]igr.  l'o\pr'rience  pn-ri-fleiilL-.  |iiiiii-  100. 

h       lu 

'1 Cl.  11(1  ().T  .3 

"■  " "1"  <)•'■  î 

"•Il ."'.10  1)1  .3 

.  "•; , ■^•""  9"'-'' 

"•■^r '1"  ^■'■: 

o i--'"  93.>^ 

■^.O (,.!,,  ;;.S 

■'•.Il 2  .  (  (.'j  7^  •  ' 

I.li <.1.1(.  79.6 

1.0 .;.,».  86,', 

I." 3.(..,  90.3 

1.0 (.3(1  90.  Il 

^■" 1  •'^  79-1 

" :i...(i  8'!,(i 

-.3(1  87.8 

o 7.3(1  86.  . 

.1 .ii.dd  87,,. 

Les  nombres  du  Tableau  précédent,  relatifs  à  une  durée  totale  de  fonc- 
tionnemenl  de  plus  de  60  heures,  montrent  que  l'aclixité  du  catalyseur  est 
progressivement  mais  non  définiti\ement  amoindrie,  puisqu'une  diminution 
de  la  dose  d'bydri>gène  sulfuré  provoque  un  relèxement  du  rendement:  et 
Fou  peut  dire  que  la  baisse  finale  de  rendement,  pour  une  dose  donnée, 
dépend  beaucoup  moins  de  la  quantité  absolue  du  gaz  nocif  qui  a  passé  que 
de  la  proportion  actuelle  de  ce  gaz. 

Pendant  les  périodes  d'into.Kicàtion  à  forte  dose,  à  2  pour  100  par 
exemple,  un  peu  moins  de  la  moitié  du  soufre  est  transformée  en  acide 
sulfurique;  pendant  les  périodes  de  désintoxication  par  le  passage  du 
mélange  (air  +  NH'"),  du  soufre  se  dépose  à  la  sortie  du  tube.  Signalons 
pour  terminer  que  l'écliantillon  de  platine  précédent,  dont  le  rendement 
n'avail  pu  être  relevé  que  de  -3.i  à  87.0  pour  100  en  présence  de  doses 
dimiiuiécs  puis  nulles  d'hydrogène  sulfuré,  a  été  tinalemcut  soumis  à 
l'action  de  l'hydrogène  à  la  dose  i,25  pour  100  et  a  donné  ()0.2etc)0.3 
au  bout  de  3  heures.  91 , G  après  un  nouveau  passage  de  3  heures,  l'hydro- 
gène n'étant  pas  présent  dans  le  mélange  pendant  les  expériences.  On  voit 
que  le  soufre  est  mieux  entraîné  par  l'hydrogène  que  par  l'air  et  que,  si 
l'action  d'une  très  forte  dose  d'hydrogène  sulfuré  se  traduit  par  une  fatigue 
finale  du  catalyseur,   ce   gaz  a   des   propriétés   nocives  considérablement 


1(166  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

iiioiiuli es  ([lie  celles  (|u'oii  lui  alliibiie  irordinaire,  sa  piuporlioii  élaiil  au 
maxiuium  0.002  pour  100  dans  l'opération  industrielle  avec  Teinploi  de 
cyananiides  non  préalablement  mouillées. 

Oti   ne  saurait  eu  dire   aulaut   d'autres    iLii|>urelés   gazeuses   tout   aussi 
courantes  doni  la  loxicité  est  partiçulièremeul  i;rande. 


(lÉOLOGIi:.  --  liemarqiii's  ^(■iiéniles  sur  lu  icctoniijue  de  la  zone  pirri I aine 
du  n'arh  seplenlrional  [Maroc).  Note  de  \l.  Léox  Ll'tai'd.  présentée  par 
\l.  h]mile  Haug. 

Dans  une  Note  précédente  ('),  j'ai  montré  par  quelques  obseivahons 
de  délai!  que  le  li'arb  septentrional  de\ait  être  considéré  comme  une  région 
de  charriages.  Cette  conclusion  est  analogue  à  celle  formulée  déjà  par 
divers  auteurs  pour  d'autres  parties  du  Maroc  septentrional  et  qui  a  été  très 
contestée.  I^llc  se  heurte  donc  aux  mêmes  objections  que  je  désire  d'abord 
discuter. 

Il  résulte  de  mes  levés  que  tout  un  ensemble  de  terrains,  formé  de  Trias, 
de  Nummulitique  et  de  Burdigalien,  repose  en  recouvrement  anormal  sur 
un  soubassement  d'argiles  grises  que  j'ai  rapportées  à  l'Helvélien.  Cette 
attribution  est  à  coup  sur  précaire,  car  elle  ne  s'appuie  ici  sur  aucune 
preuve  paléontologique  précise  :  elle  est  acceptée  cependant  par  beaucoup 
de  géologues,  en  se  fondant  sur  la  continuité  qui  relie  ces  terrains  à  des 
formations  très  semblables  dont  l'âge  hclvétien  a  été  reconnu.  Au  surplus, 
depuis  mon  vo\age,  des  études  de  détail  ont  été  poursuivies  dans  le  H'aib 
et  apporteront  bientôt,  je  l'espère,  les*  précisions  désirables.  Cepemlant 
M.  A.  Brives  a  récemment  rappelé  ('-)  qu'il  considérait  les  argiles  grises 
comme  suessonieimes  et  constituant  la  base  normale  des  marnes  blanches 
à  silex  de  ri']ocène.  Celte  opinion  ne  s'appuie  pas  davantiige  sur  des  données 
paléonlologiques  :  la  discussion,  sur  ce  point,  ne  peut  donc  aboutir  pour  le 
moment. 

L'attribution  des  argiles  grises  au  Suessonien  ne  saurait  en  soi  modilier 
le  problème,  puisque,  d'après  mes  observations.  \v  Trias  les  recouvrirait, 
surmonté  lui-même  par  les  marnes  blanches  éocènes. 

La  position  anormale  et  le  brov  âge  mécanique  du  Trias  étant  incontes- 
tables et  a\ant  déjà  été  signalés  en  d'autres  points  du  Maroc,  certains 


(')   Co/iip/cs  rcin/(/s.  t.  172,  19'.!,  |).   i:")iii. 
{'')  C .   Il-   Sdliiliu  s.   a.   /■'.,    >    in;ii    i()  1  1  ,    |i.    i  ?S. 


SÉANCE   DU    27    JUIN    I921.  1667 

géologues,  qui  n(^  croient  pas  à  l'exislencc  de  charriat^es  dans  la  région,  onl 
pensé  que  le  Trias  se  serait  élevé  de  la  profondeur  à  la  laveur  de  failles  et 
de  phénomènes  de  «  diapirisnie  »  (  '  ). 

La  notion  du  Trias  intrusif  ne  peut  en  aucune  faron  s'a|)pliquer  à  la 
région  que  j'ai  étudiée.  La  multiplicité  des  lambeaux  triasiques  et  leur  dis- 
position supposeraient  tout  un  réseau  de  failles  nombreuses  et  complexes  : 
or  je  n'en  ai  jamais  observé  aucune  qui  fût  en  relation  avec  les  affleure- 
ments du  Trias.  De  plus,  on  m-  connaît  pas  le  soubassement  des  argiles 
grises  :  il  se  peut  que  le  Trias  existe  en  profondeur,  mais  il  est  probable 
qu'une  importante  série  sédimentaire  le  sépare  de  la  surface,  ce  qui  rend 
tout  à  fait  hy|)0thétiques  les  possibilités  mécaniques  de  son  intrusion  ascen- 
sionnelle. 

A  la  vérité,  le  Trias  est  beaucoup  plus  donlinu  sous  les  marnes  blauclics 
éocènes  et  le  Burdigalien  qu'on  ne  serait  tenté  de  le  croire  à  première  vue. 
Ses  affleurements  sont  d'autant  plus  fréquents  et  plus  importants  que  les 
massifs  éocènes  et  burdigaliens  sont  eux-mêmes  plus  nombreux  et  plus 
étendus  :  ceci  est  déjà  en  faveur  d'une  relation  directe  entre  l'existence  de 
ces  trois  termes.  En  outre,  le  Trias  n'est  pas  seulement  localisé  à  l'état  de 
lambeaux  broyés  sur  la  bordure  de  ces  massifs,  à  leur  contact  avec  les 
argiles  grises;  il  continue  en  profondeur,  surtout  sous  les  marnes  et  les  grès 
de  l'I^ocène,  et  l'érosion,  en  de  nombreux  points  (dans  la  région  du  djebel 
Sarsar  notamment),  y  a  mis  à  jour  le  Trias  sous-jacent;  parfois  même,  sous 
cf  dernier,  les  argiles  grises  apparaissent  localement  en  petites  «  fenêtres  », 
Ikon  le  travail  de  l'érosion  est  poussé  plus  loin.  Je  demeure  donc  convaincu 
que  le  Trias  repose  en  nappe  sur  les  argiles  grises,  que  celles-ci  soient 
suessoniennes  ou  lielvétiennes. 

J'ajouterai  que  l'existence  du  charriage  n'est  pas  seulement  l'ondée  sur 
l'étude  stratigraphique  et  la  position  relative  des  dillérents  terrains.  Elle 
résulte  tout  autant,  à  mes  yeux,  de  la  nature  des  phénomènes  mécaniques 
que  l'on  peut  observer,  et  qui  sont  à  tous  égards  analogues  à  ceux  que  l'on 
connaît  dans  d'autres  régions,  où  l'existence  des  charriages  a  été  claire- 
ment mise  en  évidence  (brèches  mécaniques,  lambeaux  de  poussée,  lîimes 
enrobées,  etc.). 

Voici,  en  résumé,  l'idée  d'ensemble  (|ue  je  me  suis  faite,  dès  1911^,  de  la 
structure  du  R'arb  septentrional  : 

(")  \oii-  iiutamment,  pour  la  région  du  IVarl).  A.  Brives,  C.  II.  snmin.  S.  G.  F., 
7  mars  1  921 ,  p.  56. 


l668  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I  II  soubassement  continu  et  liomogènr  d'aijuiles  grises  est  recouvert  par 
une  nappe  complexe  formée  de  Trias  (à  la  hase),  de  Nummulitique  et  de 
Burdigalien.  Il  existe  une  incontestable  indépendance  entre  ces  trois  termes 
charriés  :  le  premier  est  complètement  écrasé,  broyé;  ie  second,  moins 
morcelé,  est  souvent  énergiquenient  plissé;  le  troisième,  beaucoup  plus 
tranquille,  est  discordant  sur  les  deux  autres.  Il  est  donc  permis  de  consi- 
dérer la  nappe  comme  conslituée  de  trois  unités  tectoniques  indépendantes, 
probablement  décollées,  le  Trias  formant  une  nappe  inférieure,  que  son 
écrasement  peut  faire  comparer  à  une  véritable  brèche  mécanique  de  base. 

La  poussée  est  dirigée  du  Rif  vers  le  S  et  le  SW.  Ce  que  l'érosion  a 
laissé  subsister  de  la  nappe  permet  de  croire  que  le  front  de  nappe  suivait 
assez  exactement  le  mouvement  d'incurvation  vers  le  nord  de  l'arc  Rifain. 
N'ayant  pu,  en  1918,  dépasser  vers  le  nord  et  l'est  la  limite  que  j'ai 
précédemment  indiquée  ('),  j'éviterai  d'émettre  une  hypothèse  concernant 
l'amplitude  du  phénomène  de  recouvrement  et  la  zone  des  racines.  L'âge 
des  charriages  est  évidemment  postérieur  à  FHelvétien  -  s'il  se  confirme 
que  les  argiles  grises  appartiennent  à  cet  étage  —  et  antéiieur  au  Sahélien, 
donc  nettement  miocène. 

Les  terrains  en  recouvrenjenl  forment  des  massifs  importants  dans  le 
nord  etl'esl  de  la  région  que  j'ai  parcourue  (Dj.  Sarsar,  Nador,  Mzoufroun, 
Sidi  Ameur  el  HadiV  Au  sud  el  à  l'ouest,  c'est-à-dire  dans  la  zone  plus 
externe,  ils  ne  forment  plus  que  de  petits  massifs  isolés  ou  des  klippes 
(Dj.  Kourt,  Kl  Aloua,  lambeaux  éocènes  et  burdigaliens  de  Souk  el  Arba, 
cote  188,  cote  196,  etc.).  Cette  disposition  est  fonction  --  mais  en  partie 
seulement  —  de  l'érosion. 

Mes  observations  sur  les  phénomènes  de  chai  liage  dans  la  partie  septen- 
trionale du  R'arb  prérifain  viennent  à  l'appui  de  l'opinion  émise  par  \1.  le 
professeur  (ienlil  à  la  suite  de  ses  explorations  au  Tselfatt,  au  Zerhoun  el 
au  seuil  de  Taza(^V  En  ce  dernier  point,  notamment,  M.  Gentil  a  montré 
que  des  nappes,  venues  des  régions  inexplorées  du  Rif,  étaient  poussées 
vers  le  sud  sur  les  argiles  helvéliennes  du  détroit  Sud-Rifain.  \\  avail 
mên>e  émis  l'hypothèse  que  des  nappes  ])rérifaines  devaient  exister  sur 
toute  la  zone  externe  de  l'arc  Rifain,  jusqu'au  détroit  de  (îibrallar. 


(')  Complet  rendus,  t.  172.  19'u,  p.  ijio. 

(')  L.  (jENTH.,  M.  Lrr.EON  et  !..  .Ioi.eaid.  Comptes  rendus,  1.  I(i(i.  it)i8.  p.  ti-, 
•'.90,  /'17a  el  (>l4.  —  !..  riKM'U.,  l'oviiffe  ffén/ni;ii/iir  il  Tiizd  (H.S.H.i..  V  *''iie,  I.  IH, 
1918.  p.  149-1771. 


SÉANCE    DU    27    .lUI.X    1921.  1669 

h'iui  iiuli'o  cnlé,  lÀ.  Douvilli'  cl  Mcklès  oui  établi  rexislence  di- 
nappes  de  cliariiage,  poussées  vers  Ir  (  iuada!(|uivir,  dans  la  zon»' externe 
de  l'arc  Bétique.  Sans  vouloir  généraliser  d'une  manière  prénialuréi',  dans 
un  pays  où  les  observations  sont  encore  incomplètes  et  iinprécisées,  il  est 
permis  de  penser  qu'un  même  régime  lectonique.  caractérisé  par  la  pré- 
sence de  napjies  poussées  veis  la  zone  externe,  doit  exister  tout  le  long  df 
rimporlant  système  orograpbi(|ue  hélico-rifain. 

r'ALi:ONTOLOGIE.  —  Sur  la  râleur  iJiylogénèlique  cl  rvohitive  des  formules 
laiiiellaircs  des  dernières  molaires  M-i  M->  M-;  des  tnaslodonles  et  des 
èlèpliants.  Note  ('  )  de  M.  Sabba  Stefa\escu. 

IjCS  paroles  de  Craudry  (-  )  :  «  Supposons  toujours  que  les  collines  conti- 
nuent à  se  multiplier,  à  s'oxhausser,  VElephas  meridionalis  deviendra  à  son 
tour  un  Elcp/ias  niiliquus  ou  un  éléphant  du  type  de  l'Inde  ».  précisent  suffi- 
samment la  méthode  suivie  par  les  paléontologistes,  pour  établir  la  phylo 
génie  et  l'évolution  des  maslndonles  et  des  éléphants,  f/augmenlaliofi  du 
nombre  des  collines  ou  lames,  habiluellemenl  rendue  en  formules  lamellaires, 
serait  donc,  pour  tous  les  paléontologistes  qui  m'ont  précédé,  le  critérium 
qui  indiquerait  à  la  fois  et  la  filiation  et  l'évolution  de  ces  proboscidiens. 

<  )r,  d'après  mes  observations,  les  formules  lamellaires  sont  dénuées 
d'importance  phylogénétique,  parce  qu'elles  ne  nous  renseignent  pas  sur 
les  caractères  morphologiques  qui  nous  révèlent,  d'après  l'étude  des 
molaires,  la  parenté  des  animaux  en  question.  Quanta  l'importance  évo- 
lutive de  ces  formules,  elle  ne  saurait  être  mise  ei:  évidence  que  si  la  con- 
dition sine  qua  non  que  le  phylum  des  genres  et  des  es|)èces  qu'elles 
représentent  est  connu. 

I.  Pour  rechercher  le  phylum,  nous  pratiquons  la  méthode  de  la  mor- 
phologie phylogénétique,  qui  consiste  à  suivre  la  variation  des  caractères 
morphologiques  |ihylogéiiétiques,  à  savoir  :  la  composition  hituherculnire, 
la  différenciation  dissemblable,  et  la  disposition  non  alterne  ou  en  apparence 
alterne  des  deux  tubercules  congénères  de  diaquc  colline  ou  lame. 

Hue  fois  le  phylum   déterminé,   pour  repérer  les  genres  et  les  espèces, 

(')   Séance  du   j 3  juin    I9'2i. 

(  - 1  Les  enchaînements  du  inonde  aninint  dans  les  temps  grulogiqui-s,  Mammifères 
tertiaires,   1S7S,  p.  1^9. 


1670  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

c'esl-à-diie  pour  lixer  leurs  places  dans  le  phylum,  d'après    leur   degré 
d'évolution,  nous  utilisons  les  formules  lauiellaires. 

D'ailleurs  l'importance  scienliliquc  de  ces  l'ormules  ncsl  pas  exempte  de 
toute  objection  fondée,  du  moment  qu'une  seule  et  même  espèce  peut  être 
représentée  par  deux  ou  trois  formules  différentes,  d'après  les  auteurs, 
comme  par  exemple  Slegodoii  insignis,  dont  les  trois  formules  lamellaires 


7  O  10  I  1  1,  .1-11  /  1  — 

»t-)5 , : — ^,a  après  talconer  ('),   ^— 

-s  —  Mil  —  10  ^  \" 


8     10- 


-i3 


)  d'après 


Lydelvker  (  -')  et 


S      7  -  « 


,  d'après  Andrews  (  "). 
.      /      ■      ^  — 1'    9  .  i3       •  • 

II.  Pour  éviter  la  confusion  qui  peut  résulter  de  l'emploi  des  diverses 
formules  lamellaires  établies  par  divers  auteurs,  j'ai  eu  en  vue  uniquement 
les  formules  d'un  seul  auteur:  j'ai  additionné  les  termes  de  chaque  for- 
mule, qui  se  l'éduisent  à  un  seul  nombre.  F^es  formules  publiées  par 
Andrews  forment  alors  la  série  que  voici  : 

3         4- 


TetrabeJodon  angustidens 
Mastodnn  Cautleyi 
Tclrahchxlou  lougiroslris 
Mdstodon  lalidens 
l''J('i>li((s  ( Sicgodon)  Clifti 
h'/eij/ias  (Sicgodon)  Ixmdnfràiis 
Eleplias  (Stcgodon)  insig/iis 
l:7t'f)/ifis  /i/ti/iifrc/is 


7 

_ 

—  6 

5 

—  () 

4 

i  - 

-  5 

1 

—  (i 

4- 

-  a 

—  (; 

G 

—  7 

'      ( 

' 

7 

—  s 

—  22. 


— r  20. 


Z7  l'i- 

5    '-• 


7  8.-9       10  13 

III.  Pour  (pie  cette  série  soit  entièrement  phylogénétitpie  et  évolutive, 
il  faudrait  que  tous  les  genres  et  toutes  les  espèces  dont  elle  est  formée 
appartiennent  à  un  seul  et  même  phylum.  Or,  cette  condition  n'i'st  pas 
remplie,  donc  la  série  n'est  pas  pliylogénéti(|ue,  et  par  conséquent  pas 
évolutive  en  totalité,  et  voilà  pourquoi  : 

o.   1  )'après  Lydekker  (  '),  Teirabclodon  angustidens  serait  la  souche  ances- 

(')  Palaennlological  Mcmoirs,  vol.  2,  1868,  p.  8(). 

('-)  Paluronlologia  Indica,  10'' série,  vol.1,  l'.irl.T,   iSSo.  p.   1-3-59'?. 

('')  A  Ciiiidc  II,  thr  lîlcplianis,  190S,  p.   '|('>. 

(■•)  Ofi.  <ii.,  I..-  -^-Tie,  vol.  :$,  i8S',-i88G.  !>.  wiii. 


SÉANCE    nu    27    Jl  IX    192I.  1671 

Irale  du  pliyliiin  :  Tclidhelodon  lorii^irnslris  >  Masiodon  Vimllcyi  ■  Md.s- 
todon  lalidcns.  Mais  los  collines  de  Maslodon  ('aitllcyi  ne  sont  [las  des 
collines  de  Teiralieloilon  /o/iiiimstri.s  dill'érenciées  t'égressiveinent;  le  jthy- 
liint  précité  n  est  donc  pas  iKiliircl.  Par  suile,  il  ne  peiil,  être  question  de 
l'évolution  de  ces  espèces,  et  les  formules  lamellaires  qui  les  représentent, 
tant  au  point  de  vue  de  la  phylogénie  qu'à  celui  de  l'évolution,  sont  sans 
valeur. 

h.  D'après  tous  les  paléontologistes,  Masladoii  idlideits  et  Mastodon 
rlephantoides  \  =  Elephas  (Stegodon)  ('liùi\  seraient  les  espèces  de  pas- 
sage de  Mastodort  à  Elephas  i^Sfegodoit).  Mais  le  t'ait  que  les  molaires  de 
Moslodon  elephnntoidis  \=^  Elephas  [Stegodon)  ('lifli\  ont  des  collines 
plus  nombreuses  que  les  molaires  de  Maslodon  lalidens  n'est  pas  une  preuve 
décisive  que  ces  deux  espèces  sont  liées  phylogénétiqueuient.  Cette  obser- 
vation est  il'aiitanl  plus  justifiée  que,  sur  les  figures  des  molaires  de  Mas- 
todon  tdephantoidcs  publiées  par  Clift  ('),  0\ven(-)  et  (îaudry  ('),  on 
ne  peut  discerner  la  composition  bituberculaire  des  collines,  très  mani- 
feste sur  les  figures  des  molaires  de  Maslodon  /titidens,  publiées  par  Clifl, 
Owen  et  Falconer  (  *).  Puisqu'il  n'est  pas  certain  que  les  collines  de  Mas- 
lodon plephantoides  soient  des  collines  de  Maslodon  lalidens  différenciées 
régressivement,  la  filiation  de  ces  espèces  n'est  pas  rigoureusement  démon- 
trée. Vxi  outre,  la  synonymie  Maslodon  elephanloides  (^lift  |  =  Elep/ms 
{Strgodon)  Clifti  Falconer]  est  discutable,  parée  que.  au  point  île  vue  des 
caractères  morphologiques  phylogénétiques  des  collines  ou  lames,  les 
figures  des  molaires  de  Maslodon  rlejilianloides  publiées  par  Clift  diffèrent 
de  celles  à'Elephas  (Siegodon)   r/(/>/ publiées  par  Falconer  ('). 

r.  D'après  tous  les  paléontologistes,  Elephas  {Stegodon)  insignis 
et  Elephas  planifions  seraient  les  espèces  de  passage  iVEIepIias  (Stego- 
don) a  Elephas.  Mais  cette  filiation  n'est  pas  réelle,  pour  les  motifs 
suivants  : 

1°  IJ Elephas  (Stegodon.)  insignis  et  VElephas  planifions  n'appartiennent 
pas  à  un  seul  el  même  pliylum.  Les  lobes  et  les  expansions  des  lames  des 


(  '  )   On  Ihe  fossil  fieniains  of  tno-  A'cii'  Species  0/  Maslodon  { GcoUt^iccd  Transac- 
tions, 2"  série,  vol.  2,  1838,  p,  369). 

(')   Odonlography,  vol.  2.  pi.  l'i^o,  iS^o-iS'p. 

(')    Ùp.ril.,  p.    176. 

(')   Fduni    \iili(iua  Sividfnsis,  l'art  '1,  pi.  "50,  fig.  G. 


{')  Ibid..  li. 


1672  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

"inolaiii'3  il' nie  pi  ni  s  planij'rons  {  '  )  n'i^xisleiit  pas  chez  les  hune--  i\'E/i/j/tu\ 
(Stegoe/on)  insignis,  de  .--orle  (jiie  les  latnes  A^ lilephus planil  1  <ms  ne  sont  pat. 
(les  lames  iVEIephas  ( Sirgndo/i )  insignis  difTérenciécs  régi-essivement. 

2"  Si  vraiment  VEIeplias  planifrons  descend  (l(>  VElcphas  ( Sicgodon) 
insignis,  sa  formule  lamellaire  devrait  être  progressive  par  rappoit  à 
celle  à'Elcpliiis  {S(egof/nn)  insignis,  et  non  régressive. 


l'HYSlQlK  DU  GLOBi:.  —  Sur  f'aufore  horêule  ilti  \\  nuii  n_)-io. 
Noie  (  -)  de  M.  Caki,  Storjikr. 

Malgré  la  nuit  d'été  si  courte,  nous  avons  réussi,  mes  assistants  et  moi, 
à  prendra  toute  une  série  de  photographies  de  l'aurore  boréale  du  i3  mai 
dernier.  Les  stations  Bygdô,  Kristiania,  kongsberg  et  Oscarsborg  furent 
en  action  el,  comme  lésultat,  nous  avons  une  vingtaine  de  photographies 
simultanées  de  deux  stations  pour  déterminer  l'altitude  et  la  situation  de 
l'aurore  et  une  dizaine  de  photographies  de  couronnes  d'aurore  pour  déter- 
miner le  point  de  radiation  des  rayons  auroraux. 


\ 


X--»; 


i'armi  les  photographies  prises  de  deux  stations,  il  y  en  a  une  qui  mérite 
une  mentiim  particulière  :  C'est  un  photogramme  d'un  long  rayon  auroral, 

(')  Faitnn  An/i'/ua  Sii'a/i'iisis,  l'on  I,  |il.  Il    1-2,  el  i';iil  -2.  pi.  1C  i'(». 
(')  Séance  du  ■>.!<  juin  1921 . 


SÉANCE  UL  27  JUIN  I921.  167} 

l)lioloi,^i-aphié  siimillaiiéinenl  par  M.  Tveler  à  Krisliauiii  el  M.  bjerke 
il  <  )scarsl)Oig,  à  ii^'.'\"''2l\\  temps  de  <  Ireenu  Icli.  (Distance  Krisliariiu- 
<  >scarsboi'g  27^^60'",  l'azimut  d'<  )scarsboig- vu  do  Krisliania  égal  à  i3"i'2o" 
vers  l'Ouest.)  Sur  la  ligure  ou  voit  la  sii^alion  de  ce  rayon  parmi  iesêloiles, 
celle  vue  de  Kristiania  en  traits  pleins,  celle  d'Oscarsborg  en  Irails 
pointillés. 

Nous  avons  clioisi  le  long  du  bord  gauche  une  série  de  points,  marqués 
par  les  n""  I.  "2,  3,  4,  5  el  G,  dont  les  points  correspondanis  vus  do  l'autre 
station  sont  marqués  par  les  n°*  1'.  2',  3', ''1',  5',  le  point  correspondant  au 
point  ((étant  en  dehors  du  champ  do  la  photographie  prise  d"(  >scarsborg. 

Voici  les  résultats  du  calcul  de  la  hauteur  et  la  situation  de  ces  points  : 

N".                                    //.                     ti.  Il-  I). 

t 19,3  78,3  19',  i8', 

2 2Z1 ,  ')  76.1  ■>.'i'j  i6(j 

-3 •!9,.">  73,7  '80  44s 

'1 34 ,  /)  7  '  :  i  33.5  .'|43 

o 39,2  68.4  4  •  o  433 

G 43.0  65,8  en\.470  env.  4r>o 

Ici  h  et  >i  sont  la  hauteur  et  l'azimut  du  point,  mesurés  en  degrés,  et  H 
et  D,  qui  sont  donnés  en  kilomètres,  sont  l'altitude  au-dessus  de  la  surface 
de  la  Terre  et  la  distance  de  Kristiania  au  point  ayant  le  point  d'aurore  au 
zénith. 

Ce  qui  est  frappant  ici  c'est  la  grande  altitude  du  pied  du  rayon  ainsi 
que  le  fait  que  Tauiore  atteint  presque  le  niveau  de  Sog"""  au-dessus  de  la 
Terre.  Ce  dernier  fait  a  déjà  été  constaté  par  nos  mesures  pliotogrammé- 
triques  pendant  l'aurore  du  22-23  mars  1920;  en  efîet  nous  trouvâmes 
alors  pour  les  sommets  des  rayons  des  altitudes  entre  5oo'""  et  600'''"  ('). 


MÉTÉOl\OI.OGIE.  —  Sur  une  méthode  noitvrlle  de  prévision  des  rariations  baro- 
métriques, Note  (-)  de  MM.  E.  Dklcambre  el  Pu.  Scheresciiewskv, 
présentée  par  M.  H.  Bourgeois. 

La  mél  hode  que  nous  décrivons  a  pour  but  d'annoncer  le  sens  et  la  valeur 
numérique  des  variations  barométriques.  Elle  est  valable  dans  des  cas  bien 

(')   Voir  Gcofyaiske   l'tililikationer,  \o\.    2,    11°  2.    Ivristiania,    K)-.!  ,  à  l'imprimerie 
(inindahl  el  fils. 

(■)   Séance  du  30  juin   19'.!!, 


167/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

déleiluincs  el  cxtiêmcmcnl  fiêquenls.  Elle  est  foiidoc  essenliellenieiil  sur 
l'examen  d'uiie  onlilé  niétéoi  ologique  délinic  plus  bas  :  le  noyau  des  nirui- 
/ions  haromctrif/ues  qu'elle  substitue  à  l'ancienne  nolion  de  dépir.ssion.  Elle 
remplace  l'étude  des  cartes  isobariques  par  celle  des  cartes  dill'érenlielles 
où  l'on  porte  les  variations  de  la  pression  atmosphérique  en  cliacjue  slalion 
au  cours  de  divers  intervalles  de  tem])S. 

La  méthode  consiste  à  rei^arder  les  variations  de  pression  de  lous  les 
points  d'une  carie  météorologique  comme  élanl  dus  au  déplacement  ou. 
d'une  manière  plus  générale,  à  l'évolution  des  noyaux  de  varialions  baro- 
métriques. 

1"  Ih'/inition  el  existence  des  noyaux  de  rariaiio/is.  —  .Notons  sur  une 
carie  la  valeur  des  varialions  de  la  pression  atmosphérique  observées  dans 
chaque  slation  depuis  un  certain  nombre  d'heures,  12  par  exenqile.  et 
traçons  les  courbes  d'égale  variation  ou  iscdlobares.  On  remarque  que  ces 
courbes  Iracentdes  figures  d'allure  lopographique  qui  ressemblenl'dans  une 
certaine  mesure  aux  dépressions  et  aux  anticyclones  des  caries  disobares. 

Les  ensembles  de  courbes  affectent  des  formes  généralement  ellipticjues  et 
bien  centrées  autour  des  points  où  la  pression  a  subi  les  plus  grandes  varia- 
lions positives  ou  négatives.  Ce  sont  ces  groupes  elliptiques  que  nous  nom- 
mons noyaux  de  variations.  Comme  les  dépressions  et  les  anlicvclones  ils 
conservent  une  individualité  bien  marquée  sur  les  cartes  successives.  La 
considération  de  tels  systèmes  de  courbes  nest  pas  absolument  nouxelle; 
les  cartes  d'isobares  du  Bulletin  météorologique  international  français 
contenaient,  depuis  fort  longtemps,  en  pointillé,  le  tracé  sommaire  des 
isallobares  correspondant  à  un  intervalle  de  2/1  heures,  mais  elles  se  propo- 
saient uniquement  de  rendre  ainsi  plus  clairement  compte  des  varialions 
passées, sans  en  faire  un  instrument  de  prévision;  d'au  Ire  part,  M.MlsKelvholm 
en  Suède  a  envisagé,  dès  avant  n)i  1,  les  isallobares  correspondant  à  un 
intervalle  de  12  heures  el  a  étudié  leurs  déplacements.  l<'nfin  le  liureau 
météorologique  militaire  a  élé  conduit  pendant  la  guerre  à  tracer  des  cartes 
de  tendances,  c'est-à-dire  des  cartes  d'isallobares  correspondant  à  un  inter- 
valle de   5  heures  seulement. 

Notre  méthode  systématise  l'élude  des  no\aux  de  varialions  et  euqjloie 
surtout  des  isallobares  à  12''  <M  à  3''.  Elle  se  dislingue,  notamment,  par  le 
fait  ([u'elle  exige  que  le  tracé  des  isallobares  soit  fait  au  moyen  d'un  grand 
nombre  de  stations,  deu\  ou  trois  fois  plus  nombreuses  que  dans  les  mélhodes 
|)récédenimenl  employées.  Il  ne  s'agit  pas  là  seulement  d'une  complication 
d'imporlance  secondaire,  mais  au  contraire  d'une  question  de  principe  : 


SftANCK    DU    27    JlilN    1921.  1^75 

c'osl  CM  elVi'l  [)ar  ro.\;iiiu"ii  miiuilieux  de  cetlaiiis  délails  des  c.ii'tcs  dilIV'icii- 
liflles  (|U('  la  iiiélhodc  se  propose  d'indiciucr  le  sens  et  la  grandeur  nuiiié- 
ii(liie  des  variations  baroméiriques. 

■_>"  Propriétés  des  noyaux  de  varidliom.  Dijf'èrenls  types  d'évolution.  — 
Les  noyaux  de  variations  barouiélri(|urs  peuxent  évoluer  de  diverses 
manières  : 

a.  Ils  sont  animés  souvent  d'un  mouvement  général  de  translation, 
parallèle  au  [lelit  axe  des  ellipses,  (^ctle  translation  peut  être  uniforme  et  n'être 
accompagnée  d'aucune  évolution  importante  de  la  profondeur  du  noyau. 
Il  est  alors  beaucoup  plus  régulier  que  les  mouvements  analogues  des 
dépressions.  Ce  type,  particulièrement  simple  d'évolution,  avait  déjà  été 
signalé  par  M.  Nils  l<]ckliolm;  mais  il  est  loin  d'être  le  seul,  et  les  autres 
se  prêtent  comme  lui  à  la  prévision  qualitative  et  quantitative  des  vaiiations 
baromélriqucs. 

h.  Le  mouNcmi'ut  de  translation  peut  être  uniforme  et  accompagné 
d'une  décroissance  ou  d'un  accroissement  de  la  profondeur  du  noyau. 

c.  Il  peut  être  uniforme  et  accompagné  d'une  dislocation  du  noyau  qui 
se  décompose  alors  en  deux  éléments  marchant  dans  des  directions  diffé- 
rentes, parfois  presque  rcctangulaii'es. 

Dans  tous  les  cas  précédents,  les  vitesses  de  translation  sont  com|»rises 
entre  'iS'"'"  et  70'""  à  l'heure. 

Enfin  les  noyaux  [teuvcnt  évoluer  sur  place  en  se  créant  ou  en  dispa- 
raissant progressivement.  Un  même  noyau  de  variations  peut  d'ailleurs 
successivement  évoluer  suivant  les  différents  types  que  nous  venons  de 
décrire. 

D'une  manière  générale,  les  mouvements  nets  de  translation  obéissent 
à  la  loi  sui\ant<'  :  Les  noyaux  de  rariations  se  déplacent  en  laissant  les  anti- 
cyclones, centres  d  action  élevés,  à  leur  droite. 

3°  Méthode  de  prévision.  —  Les  obseivations  précédentes  ne  sauraient 
avoir  de  valeur  pratique,  en  dehors  de  leur  intérêt  purement  descriptif,  que 
s'il  est  possible  dans  cliaque  cas  de  reconnaître  quel  va  être  h-,  type  d'évolu- 
tion de  chacun  des  noyaux  qui  figurent  sur  les  cartes.  A  cet  effet,  on  com- 
pare les  cartes  de  noyaux  de  variations  à  m'',  et  les  cartes  de  noyaux  de 
tendances  tracées  à  un  même  instant,  (le  son!  la  position,  la  valeur  et  la 
forme  relatives  des  noyaux  de  (endancts  et  des  noyaux  de  variations  qui 
indiquent  le  genre  d'évolution.  (Quanta  la  vitesse  de  translation  des  noyaux, 
elle  est  donnéi',  lorsqu'il  y  en  a  une,  par  l'examen  des  positions  succ<'ssives 
d'un  mêmi'  noyau  à  quelques  heures  d'intervalle,  par  exemple  (J  Jieures. 


1676  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

I.a  prévision  consiste  alors  à  désigner  !a  position  liiliire  des  noviiux  de 
variations  ainsi  (jue  leur  valeur  et  leur  forme.  Ceci  élanl  t'ait,  on  peul  en 
déduire  qin'lle  sera,  en  cliaqne  slalion,  Tainplitudr  des  vaiialiuns  baronn'- 
iriques  et,  par  conséquent,  le  tracé  fului  des  isobares  el  de  la  direclion  des 
vents.  L'inlervalle  de  temps  auquel  s'applique  celte  méthode  est  de 
12  lieures;  dans  certains  cas,  il  peul  s'éb'ver  jusqu'à  2 '1  lieiires. 

Au  poini  de  vue  général  de  la  Méléorologie  dynamique,  Texistencc  do 
ces  mouvemenis  qui  transportent  les  noyaux  de  variations  semble  prouver 
l'existence  dans  l'atmosplière  de  grands  courants  d<'  direction  plus  régulière 
(jue  les  courants  de  surface,  de  vilesse  parfois  considérable  elqui  conservent, 
au  cours  d'une  même  journée  e|  même  parfois  pendani  plusieurs  jouis,  des 
caractères  fori  conslanis. 

Ajoutons  que,  comme  un  grand  nombre  de  noyaux  de  varialions  pro- 
viennent de  l'océan  Atlanlique,  il  devii'Ut  indispensable  de  recueillir  les 
obser\ allons  des  navires  en  mer. 


BO  TANIQU I',.  —  Siir/t's  mlcrosomcsel  Icsfurnintions  Upoïdes  de  la  cellule  régélale. 
Note  (  ')  de  M.  A.  Giillierihond,  présentée  par  \l.  (iaston  Bonnier. 

Sous  le  nom  de  microsumcs,  Uangeard  a  décrit  de  petits  grains  très 
réfringents  dont  il  fait  un  système  spécial,  le  sphérome.  Comme  ces  grains 
nnl  été  confondus  avec  des  mitocliondries,  il  nous  a  paru  nécessaire 
d'étudier  leurs  caractères  é\olulifs  et  microchimiques  encore  peu  connus. 

A.  Sur  le  vivant,  il  est  très  facile  de  distinguer  les  niicrosomes  des  milocliondrie? . 
grâce  à  leur  réfringence  beaucoup  plus  accusée  et  à  leurs  déplacemenls  plus  rapides, 
ainsi  que  par  leurs  dimensions  et  leur  nombre  beaucoup  plus  variables.  Dans  la  plu- 
part des  cellules,  les  niicrosomes  sont  nettement  plus  petits  que  les  mitocliondries 
jçranuleuses;  dans  d'autres  cas,  ils  peuvent  oll'rir  des  dimensions  variables  :  les  plus 
petits  Kilt  toujours  un  volume  supérieur  à  celui  des  milochondries  et  les  auln-s  sont 
plus  ^rûs  que  ces  dernières.  Kniin.  leur  iiombii-  varie  infiniment  et  dépend  de  I  élal 
de  développement  des  cellules.  I.n  général.  1res  nombreuv  dans  les  très  jeunes,  ils 
deviennent  rares  dans  les  tissus  iidulles.  Souvent  1  ependant,  ils  sont  capables  de  réap- 
paraître en  grande  abondance  dans  les  tissus  adultes;  en  quelques  cas,  ils  restent 
très  iibondiinls  pendani  toute  la  durée  de  la  vie  des  cellules.  Les  microsonies  ne 
semblent  pas  être  des  éléments   permanents  du   cvloplasme.  ce   sont  des   granulations 


(')  Séance  du  1 3  juin   igai 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I92I.  1677 

(|iii  |)(Hivenl  a|i|)araîlic  et  dispaiiiîtie  selon  les  circonslaiices.  mais  leur  présence  esl 
excessivenienl  fréinicnto  rt  II  esl  rare  ((u'urie  lelliile  n'en  lenfeirne  pas  au  raoiiis 
<|uel(iues-uiis. 

l'ar  leur  tiNolulioii,  les  micmsiiiiies  se  couipdileiit  donc  cdiiiiiio  île  simples  pioiluits 
ilu  métabolisme  <-ellulairc. 

I!.  Les  microsome'-  iic  picseiiteul  pas  de  biréfringence.  Ils  ne  prennenl  pas  le  bleu 
liu  Nil,  ni  a\icun  anlre  coloranl  vital.  Dans  une  solution  d'acide  osmique,  ils  bru- 
nissent toujours  nettement,  quoique  rarement  d'une  manière  intense.  Sur  coupes 
il  congélation  ou  sur  fragments  détachés  d'épidermes  lixés  par  le  formol,  les  micro- 
somes  se  colorent  par  le  soudan  111  et  le  scarlacli.  La  méliiode  de  l'ichler,  qui  permet 
de  mettre  en  évidence  les  acides  gras,  révèle  parfois  la  présence  d'acides  gras  dans  les 
cellules  végétales.  Dans  une  coupe  à  congélalion  d'un  bourgeon  iV/ris  gcrmanim. 
traitée  p^r  cette  méthode,  on  aperçoit,  par  le  simple  examen  microscopique,  une~  colo- 
lation  nette,  presque  exclusivement  localisée  dans  le  méristème,  qui  parait  indiquer  la 
jirésence,  dans  celte  région,  d'acides  gras.  L'observation  microscopique  de  la  coupe 
montre  que  ces  acides  n'ont  aucun  rapport  topographique  avec  les  microsomes;  ils 
apparaissent  à  l'état  dift'us  dans  le  cytoplasme  et  parfois  dans  losplastides.  La  méthode 
préconisée  par  Dietrich  pour  la  détection  des  iipoïdes  montre  également  la  présence 
de  ces  substances  dans  les  cellules  végétales.  I>ans  une  coupe  de  bourgeon  à' fris  ger- 
maiiica,  les  Iipoïdes  [)résetitent  microscopiquemenl  la  même  localisation  que  les 
acides  gras,  mais  à  l'examen  microscopique,  il  est  facile  de  constater  qu'ils  coires- 
pondent  aux  microsomes,  ainsi  qu'aux  granulations  d'aspect  graisseux,  que  conlien- 
nenl  les  jeunes  pla^lides.  Les  microsomes  paraissent  en  grande  partie  insolubilisés 
après  lixation  par  la  méthode  de  Regaud,  car  même  sur  coupes  à  la  paraffine  traitées 
par  cette  technique,  ils  peuvent  être  mis  en  évidence  par  le  Soudan  et  le  scarlach 
(méthode  de  Ciaccio). 

Les  microsomes  présentent  donc  tous  les  caractères  miirocliimi(|ues  des  Iipoïdes 
(coloration  par  les  méthodes  de  l)ielricli  et  de  Ciaccio)  et  il  semble  qu'on  puisse  les 
considérer  comme  tels.  11  ne  paraît  pas  cependant  que  les  microsomes  aient  partout 
la  même  constitution.  C'est  ainsi  que  dans  l'épiderme  des  pétales  de  la  plupart  des 
variétés  de  Tulipe,  on  trouve  dans  chaque  cellule  un  ou  deux  énormes  globules, 
d'aspect  graisseux,  qui  paraissent  résulter  de  la  fusion  des  microsomes;  dans  d'autres, 
on  observe  des  microsomes  de  toutes  les  dimensions,  depuis  de  très  petits  grains 
jusqu'à  de  1res  gros  globules.  Or,  à  mesure  que  les  microsomes  grossissent,  ils 
réduisent  beaucoup  plus  l'acide  osmique,  jusqu'à  prendre  une  teinte  noire.  En  trai- 
tant la  préparation  fixée  par  l'acide  osmique,  par  le  Soudan  ou  par  le  scarlach,  ou 
constate  que  les  petits  microsomes  faiblement  brunis  prennent  le  colorant,  tandis  que 
les  gros  conservent  leur  teinte  brun  foncé,  due  à  l'acide  osmique.  Les  plus  gros  glo- 
bulf^s  sont  aussi  moins  résistants  à  l'alcool  après  fixation  par  la  méthode  de  Regaud  et 
se  dissolvent  partiellement,  laissant  à  leur  place  une  vacuole  renfermant  sur  l'un  de 
ses  pôles  un  résidu  en  forme  de  calotte  qui  continue  à  brunir  par  l'acide  osmique  et  à 
se  colorer  par  le  soudan  et  le  scarlach.  Cependant  la  méthode  de  Dietrich  les  colore 
comme  les  petits.  Us  renferment  donc  également  des  Iipoïdes,  mais  joints  à  des  graisses 
neutres. 

C.  Examinons  maintenant  comment  se  comportent  les  microsomes  par  les  techniques 
C.  R.,  1921,  I"  Semestre.  (T.  ni,  N-  26.)  Ï22 


1678  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

iiiilucliundiiales.  I)niis  les  prépaiiilioiis  fixées  par  la  iniilliocle  do  Meves  el  colorées  par 
les  ujélliodes  de  Hcnda,  de  Kull  ou  par  riiéiiialoxyline  i'eirique.  les  inicrosomes  se 
comporlent  d'une  iiianii're  1res  variiible  :  souvent  ils  apparaissent  Ibrtenient  bruni> 
pitr  l'acide  osmi(|ue  el  se  distini^uenl  facilement  des  niilocliondries.  tlependanl  souveni 
aussi,  le  brunissement  s'atténue  dans  le  baume,  de  telle  sorte  ((ue  les  niicrosomes 
n'appaiaisseiil  pas.  Il  semble  ([ue  parfois,  mais  rarement,  les  niicrosomes.  surtout  les 
plus  petits,  ([uand  ils  sont  faiblement  brunis,  soient  capables  de  se  colorer  pai-  l'Iiéma- 
toxvline  el  surtout  par  la  fuchsine  acide,  mais  en  ce  cas,  ils  ne  sont  pas  difficiles  à 
distinguer  des  initochondries  par  leurs  plus  petites  dimensions  et  leur  coloration  plus 
faible.  Pai- contre,  après  fixation  par  la  méthode  de  Regaud,  les  microsomes  ne  se 
colorent  jamais,  ni  par  riiémalnxjline  ferri([ue,  ni  par  la  fuchsine  acide.  On  peut  les 
mettre  en  évidence,  en  trailant  la  préparation  colorée  jiar  l'Iiématoxyline  par  le 
Soudan  ou  le  scartac/i.  .\insi  il  esl  bien  établi  <[ue  les  microsomes  ne  se. colorent 
pas  électivement  par  les  techni(|ue.s  milochondriales  et  ne  peuvent  être  eu  aucun  cas 
confondus  avec  les  mitocliondries. 

h.  Nos  recherches  antérieures  ont  montre  que  les  cliondrioconles  en  voie  d'é\oluei' 
en  amyloplasles  ou  en  chromo  ou  en  chloroplasles  dans  les  cellules  de  jeune  tissus 
dV/7'5  gcrmanicii  se  remplissent  de  nombreuses  petites  goulteielles  d'aspect  graisseux 
([ui  ensuite  se  résorbent  partiellement  ou  tolalement  à  la  (in  de  l'élaboration  de  l'ami- 
don el  des  pigments.  Ces  gouttelettes  oll'rent  les  mêmes  caractères  microchimiques 
(|ue  les  microsomes.  On  pourrait  donc  se  demander  si  les  microsomes  ne  sont  pas  éla- 
borés par  les  éléments  du  chondriome.  La  présence  de  nombreux  microsomes  dans  les 
(champignons  et  dans  certains  l'hanerogames  i(ui  ne  montrent  jamais  de  granulations 
lipoides  dans  les  éléments  de  leur  chondriome  semble  exclure  cette  hypothèse. 

E.  De  l'ensemble  de  ces  faits,  il  résulte  que  les  microsomes  sont  do 
'^impies  produits  de  métabolisme  cellulaire.  Ils  semblent  constitués  le  plus 
souvent  par  des  lipoïdes,  parfois  joints  à  des  yi-aisses  neutres.  Les  termes 
de  microsomes  cl  de  spbérome  sont  donc  impro[)res  et  doivent  être  rempla- 
cés par  celui  de  granulations  lipoïdes. 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉKALE.  —  Sur  le  mode  d'action  des  présures  végétales. 
Note  de  MM.  E.  Couvreur  et  P.  Chosson,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

L'un  d'entre  nous  a  établi,  il  y  a  longtemps  déjà,  que  la  présure  ordinaire 
(produit  de  la  macération  de  la  caillette  du  veau)  n'exerce  pas  sur  la 
matière  caséinogène  du  lait  une  action  dédoiihlanic  el  que,  quand  on  cons- 
tate après  coagulation  du  lait  par  cette  présure  des  proléoses  dans  le  pelll 
lait,  ces  dernières  sont  le  résultatd'une  iritervenlion  surajoutée  {m\cvo\ic&)  ('_). 

(  ')  Action  du  lai)  dans  la  caséljïculion  (Comptes  rendus  de  laSocicU:  de  lliologn:, 

l.Jlo-ign). 


SÉANCE    DU    27    JUIX    I92I.  1679 

Il  élail  inléiessaiiL  de  savoir  si  d'auln-s  présures^,  aiiiinalcs  011  végétales,  se 
(•i>iii|)orLc  raieiil  de  la  même  manière.  A  col  ertel,  nous  avons  insliuié  lonl 
d'abord  un  certain  nombre  de  recherches  sur  des  présures  d'Invertébrés 
(drustacés,  Mollusijiies,  Anuélidcs).  Laissant  de  côté,  pour  le  moment,  ce 
tjue  nous  a  révélé  cette  étude,  nous  exposerons  seulement  dans  celte  Note 
ce  qui  a  trait  aux  végétaux. 

On  sait  depuis  longtemps  que  certaines  plantes  ou  parties  de  piaules 
broyées  donnent  un  suc  susceptible  de  faire  coaguler  le  lait.  Gerber  a  fait 
de  nombreux  travaux  sur  cette  question  et  on  lui  doit  un  moyen  pratique 
de  préparer,  d'isoler  cl  de  conserver  les  présures  végétales  ('  ). 

(  '.'est  ce  moyen  que  nous  avons  employé  pour  préparer  les  présures  con- 
tenues dans  les  racines  du  Solainau  Diilcdmara.  dans  les  liges  et  feuilles  de 
1  '  Hfllehorus  Ja-lidus . 

Ces  présures,  fort  actives,  ont  provoqué  à  l'étuve  à  35"  très  rapidement 
la  coagulation  du  lait,  résultai  d'ailleurs  attendu,  simple  vérificalion  de 
constatations  anciennes.  Ce  qu'il  nous  importait  de  savoir,  c'était  le  pro- 
cessus inlime  de  cette  coagulation.  Or,  en  opérant  avec  les  précautions 
indiquées  par  l'uu  de  nous  dans  les  Notes  que  nous  avons  rappelées,  nous 
n  a\  ons  jamais  pu  déceler  la  présence  de  proléoses  dans  le  pelit  lait. 

Nous  devons  donc  conclure  ([ue  les  présures  végétales  (au  moins  celles 
du  Solanitm  Diilcamaid  et  de  V HeUeborus  fœtidus)  se  comportent  comme  le 
lab  des  Mammifères  et  que,  là  non  plus,  le  passage  du  caséinogène  de  l'état 
soluble  à  l'état  insoluble  ne  s'accompagne  du  dédoublement  de  cette  subs- 
tance. 

Il  seiail  intéressant  de  savoir  si  les  sucs  présuranls  de  certains  végétaux 
ne  sont  pas  également  protéoly tiques.  Nous  étudions  actuellement  celte 
question. 


l'HYSlûLOiilE.     —     Le    radiopuncluif    microscopique    des    cellidfs    mobiles. 
Noie  de  M.  Serge  Tchaiiotixe,  présentée  par  M.  Koux. 

J'ai  décrit  (-)  il  y  a  quelque  lemps  la  méthode  de  radiopuncture  micro- 
scopique, qui  permet  d'appliquer  la  microviviseclion  à  des  cellules  isolées, 
telles  que  les  uiifs  microscopiques,  etc.,  en  localisant  un  dard  très  lin  de 

{'  I  Mêlhude  générale  de  préparation  des  présures  végétales  (Comptes  rendus  de 
la  Société  de  Biologie,  séance  du  2<S  mai  1909). 
(■)  S.  ToiiAUOTiNE,  Comptes  rendus,  l.  171,  i9'2o,  p.  1237. 


l68o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

rayons  ultraviolets  sur  le  noyau  et  sur  d'autres  organes  ou  sur  des  points 
clioisis  à  rinlérieur  et  à  la  périphérie  des  cellules.  J'ai  conmiuniqué  ('  i 
aussi  les  résullats  des  premières  expériences  faites  avec  cette  méthode  pour 
éclaircir  certains  problèmes  de  la  c\  tologie  expérimentale,  devenues  abor- 
dables. 

Les  expériences  tentées  se  reportaient  à  des  cellules  immobiles,  telles  que 
les  œufs  d'oursins  surtout.  Mais  une  foule  de  problèmes  importants  se 
pressent  aussi,  qui  ont  Irait  à  la  vie  des  cellules  isolées  mobiles,  telles  que 
les  êtres  unicellulaires,  les  protozoaires,  parmi  lesquels  ce  sont  surtout  les 
infusoires,  qui  attirent  notre  attention  en  premier  lieu.  J'ai  essayé  donc 
actuellement  de  résoudre  avant  tout  le  problème  technique  de  la  ladin- 
|)uncture  microscopique,  appliquée  aux  cellules  mobiles,  comme  les  infu- 
soires. Deux  tâches  se  sont  présentées  ici  :  i°  immobiliser  ces  êtres  pour  la 
durée  de  la  pi(|ùre;  2°  avoir  la  certitude  que  la  piqûre  a  atteint  la  cellule. 
Dans  le  cas  des  œufs  d'oursins  j'ai  décrit  (-)  le  phénomène  Indiquant  que  le 
but  a  été  atteint  :  on  voit  au  point  radiopiqué  apparaître  aussitôt  une  petite 
échancrure  ou  une  invagination. 

Poui'  l'iuiMiobilisatiou  des  infusoires,  j'ai  eu  recours  à  deux  procédés  :  à  la 
narcotisation  et  à  la  fixation  mécanique. 

La  technique  de  la  première  je  l'ai  décrite  ailleurs  ('•'). 

Pour  la  technique  de  la  fixation  mécanique  des  infusoires  pendant  la 
durée  do  l'irradiation  localisée,  je  procède  de  la  manière  suivante  : 

Au  moyen  d'un  tube  capillaire  en  verre  on  pêche  un  infusoirc  de  la  cul- 
ture et,  en  soufllaul  doucement,  on  expulse  sur  une  lame  le  contenu  formant 
plusieurs  gouttes  miniines.  dans  une  desquelles  se  trouve  l'infusoire. 

On  l'aspire  ensuile  avec  un  tulje  capillaire  très  lin  cl  l'on  [)lace  cette 
goutte  sur  une  lauielle,  sur  laquelle  ou  a  tracé  avec  un  diamant  deux  cercles  : 
un  plus  grand  au  milieu  el  un  autre  [)lus  petit  à  côté.  La  goutte  est  déposée 
au  milieu  du  premier,  mais  du  côté  opposé  de  la  lamelle,  l'entre  les  deux 
cercles,  mais  sur  la  face  opposée  de  la  lamelle,  on  trace  avec  le  diamant  une 
petite  ligne.  Dans  le  petit  cercle  on  place  une  autre  petite  goutte,  contenant 
une  solution  de  lluorescéine.  Ensuite  avec  un  tube  capillaire  encore  plus  fin 
on  aspire  doucement  l'eau  de  la  première  goutte,  en  y  laissant  l'infusoire 
dans  très  peu  de  liquiile;  la  couche  mince  d'eau  l'aplatit.  <  >ii  renverse  ali)i> 


(')  S.  'l'riiAiiOTiNi;,  C.  H.  Soc.  lii<jl.,  I.  SU.   i()'.o,  p.  i:j().!;  l.  8'i.  ii|'.  1.  |).  i6.i. 
(-)  S.  Tcii.vHOTiNB,  C.  /».  Soc.  Biol..  I.  S4,  1921,  p.  )6i. 
(')  S.  TcHAiioTiNE,  c.  R.  Soc.  liiol.,  i.  84,  ly^i. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1921.  l()8l 

la  lainello  et  on  la  |)lac<^  vite  avec  les  deux  ^oiiUes  en  dessous  sur  les  hoids 
d'une  petite  clianibie  Immide,  doni  le  fond  est  consliliié  par  une  laine  en 
(|uartz.  Cette  clianibie  est  munie  sui"  le  cote  d'un  luhe  capillaire,  par  lequel 
le  liipiide  peut  s'éva|if)rer  peu  à  peu.  Tout  le  reste  est  clos  au  niOM'n  dliuile 
ou  de  vaseline. 

I^es  manipulation--  à  suivie  soni  alors  les  suivantes  : 

1"  (  >n  met  an  point,  axant  Iniit.  le  <iiniiil  nercle,  tr.iré  siu"  le  verre,  el  l'on  elierclie 
le  point  oii  les  deux  cercles  se  lonclienl: 

■'."  <  )n  abaisse  le  liil>e  jusqu'à  voir  la  llyin',  liacée  iiii-clessoiis  ; 

■  '>"  l'ar  (les  inùiivemenls  de  la  plallne  à  rliarlot  on  liouve  l'infusoire.  on  le  niel  hlen 
au  point  el  l'on  noie  la  posillon  du  \ernler  pour  le  repérage  nliérleur; 

4°  On  recule  jusqu'à  avoir  au  milieu  la  gontle  avec  la  (luorescéine; 

.">'!  (  )n  obscurcit  le  champ,  en  mettant  un  écran  de\ant  la  lampe; 

6"  On  met  ;ui  point  le  dard  ultraviolet  et  en  contact  de  celui-ci  l'aiguille  de  l'oculaire 
à  indice  ; 

-°  On  éclaire  de  nouxeau  le  champ  cl ,  en  niann-iivraiit  la  platine  à  chariot,  on  repère 
le  point  011  se  trouve  rinfiisoire. 

Les  mouvements  de  ce  dernier  deviennent  de  plus  en  plus  difficiles  et 
lents,  le  liquide  s'évapore  peu  à  peu,  on  attend  encore  et  au  moment  otï  les 
mouvements  sont  plus  ou  moins  arrêtés  (il  n'y  a  que  le  battement  des  cils  et 
la  vacuole  contractile  qui  continuent  à  donner  des  signes  de  vie),  on 
obture  l'orifice  du  capillaire  avec  de  la  paraffine  fondue.  L'évaporalion  est 
aussitôt  arrêtée,  on  passe  le  point  à  piquer  sous  la  pointe  de  l'aiguille  indi- 
catrice et  l'on  radiopique.  Ceci  fait,  on  enlève  doucement  la  paraffine  et 
l'on  aspire  par  le  capillaire  une  goutte  d'eau,  on  soulève  doucement  la 
lamelle  el  Ton  ajoute  vile  une  goutte  d'eau  à  l'infusoire  opéré. 

Comme  critère  de  l'efficacité  de  la  radiopuncture  dans  le  cas  des  infusoires, 
je  me  sers  d'une  réaction  caractéristique  :  en  radiopiquant  fortement  un 
infusoire,  par  exemple  un  Colpidium,  à  sa  périphérie,  on  voit  apparaître  très 
vite  une  contraction  de  tout  le  corps,  à  l'exception  du  point  piqué;  ici  il  se 
forme  une  protubérance,  qui  ne  tarde  pas  à  éclater,  à  crever,  sous  la 
pression  exercée  par  la  contraction  de  tout  le  corps  sur  l'intérieur;  aussitôt 
le  cytoplasme  sort  par  la  blessure  et  de  même  le  noyau,  qui  est  presque 
|)rojeté  au  dehors  el  reste  gisant  parfaitement  isolé  des  restes  du  corps  el 
(les  débris  du  cytoplasme  expulsé,  ayant  son  micronucleus  à  côté.  Par  celte 
méthode,  on  peut  tirer  le  noyau  au  dehors,  pour  l'avoir  autant  que  possible 
liliéré  du  cytoplasme,  qui  l'environne  dans  la  cellule. 


l68a  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.  —Sur  le  mécanisme  physiologique  de  la  résistance  du  Lapin  à 
l'avitaminose.  Note  de  MM.  J.  Lope/.-L«mba  et  Paix  Portier,  présentée 
par  le  Prince  de  Monaco. 

Dans  un  travail  antérieur,  l'un  de  nous,  en  collaboration  avec  M""  lïan- 
doin,  avait  signalé  le  fait  que  les  lapins  adultes  nourris  avec  un  mélanine  de 
légumes  stérilisés  à  haute  lempéralure  ne  succombaient  pas  si  l'on  incorporait 
à  leur  nourriture  des  déjections  i[ui  pouvaient  d'ailleurs  provenir  de  lani-. 
mal  lui-même.  Nous  en  avions  lire  la  conclusion  qu'il  pouvait  y  avoir, 
dans  ces  conditions,  créatioa  de  vitamines  dans  l'intestin  du  Lapin. 

Nous  avons,  depuis  lors,  fait,  sur  cette  même  espèce  animale,  un  grand 
noml)re  d'expériences  dans  le  but  d'élucider  le  mécanisme  de  cette  lésislance 
anormale  à  l'avitaminose. 

Nos  nouvelles  recherches  nous  ayant  montré  (ju'il  fallait  tenir  le  plus 
grand  compte  de  l'âge  des  animaux  d'expérience,  nous  présenterons  nos 
l'ésultats  en  les  classant  d'après  ce  l'acteur. 

1°  Jeunes  Lapins  pesant  moinsde  \^^.  —  Les  très  jeunes  Lapins  encore  à  la  mamelle, 
nourris  avec  du  lait  stérilisé  à  haute  température,  meurent  en  quelques  jours. 

Les  l^apins  déjà  sevrés,  mais  pesant  moins  de  &^,  nourris  avec  un  mélanj;ed<'  légumes 
(carottes,  choux,  son),  stérilisés  entre  i  r»,;")"-!  So",  meurent  avec  les  svniplàmes  ei  les 
lésions  caractéristiques  de  l'avitaminose. 

Lu  durée  de  lii  survie  dépend  du  développement  de  l'aninifil  au  iléliut  île  l'expé- 
rience. Les  Lapins  de  ;joos  ont  survécu  environ  rj  jours;  ceux  de  jook,  So  jours,  et 
ceux  de  85o6,  2  mois. 

Les  jeunes  Lapins  nourris  à  la  viimde  île  ciiexal  stérilisée  |i  expérience),  au  r'n 
décortiqué  stérilisé  et  même  au  riz  décortiqué  iiiil,  succombent  rapidement  (10  jours 
environ).  En  somme,  nous  retrouvons  pour  les  jeunes  Lapins  les  résultats  classiques, 

2°  Lapins  pesant  plus  de  i''s.  —  (?est  à  partir  de  ce  poids  que  le  Lapin  privé  de 
vitamines  paraît  se  dillérencier  des  autres  animaux  de  laboratoire. 

Nous  avons,  en  efifet.  véi'ifié  à  nouveau  que  les  Lapins  de  l'^eet  au-dessus  résistaient 
à  un  réi;iniiu  de  légumes  stérilisés  à  haute  température  non  seulement  lorsqu'on  ajoute 
:'i  celle  nourriture  des  déjections,  mais  aussi  lorsqu'on  piend  toutes  les  précautions 
pour  éliminer  autant  que  possible  la  coprophagie  (animal  maintenu  sur  un  «lilliise  à 
larges  mailles  qui  se  laisse  tra\erser  par  les  déjections). 

3°  Mécanisme  de  la  résistance  à  l'avitaminose.  —  C'est  là  le  point  le  plus 
importani  à  élucider,  celui  sur  lequel  ont  porté  nos  principaux  ell'orts. 

Va  d'abord  la  coprophagie  spontanée,  fréquente  chez  les  rats  soumis  aux 
expériences  d'avitaminose,  ne  les  préserve  pas  des  accidents  cl  de  la  nioi  1  : 


SÉANCE    DU    27    JUIN    192I.  l683 

tout  au  plus  peut-elle  la  retarder.  Le  Lapin  présente  donc  vraiment  une 
résistance  anormale.  Il  nous  a  semblé  qu'on  pouvait  tenler  de  l'expliquer 
par  une  parlicularilé  physiologique  très  frappante  signalée  par  Masson  et 
Regaud. 

Ces  expérimentaleurs  ont  montré  en  effet  que  le  tissu  lymphoïde  de 
rinleslin,  et  en  particulier  celui  de  l'appendice,  est  normalement  le  siège 
(l'une  culture  abondante  de  bactéries  de  provenance  intestinale. 

(]es  bactéries,  phagocytées  en  masse  dans  le  tissu  lymphoïde,  constitue- 
raient pour  l'animal  une  source  abondante  de  vitaniinc.-s;  elles  pourraient 
remplacer  celles  qui  font  défaut  dans  la  nourriture. 

Cette  interprétation  concorde  d'ailleurs  avec  une  série  de  faits  analogues 
que  nous  avons  relevés  chez  de  nombreux  Invertébrés. 

I']n  effet,  beaucoup  d'Insectes,  des  Vers,  des  Molliis([ues,  qui  se  sont 
adaptés  dans  la  nature  à  une  nourriture  atypique,  hébergent  constamment 
dans  leurs  tissus  des  micro-organismes,  Aariables  d'un  type  à  l'autre,  qui 
semblent  bien  remplacer  les  vitamines  absentes  dans  les  aliments. 

Ce[)endanl,  ces  conee|)tions  tirées  de  la  Physiologie  comparée,  si  sédui- 
santes (|u'elles  paraissent,  doi\ent,  toutes  les  fois  que  cela  est  possible,  être 
soumises  à  une  vérification  expérimentale.  Celle-ci  est  pratiquement  très 
limitée  lorsqu'on  s'adresse  aux  Invertébrés,  e'est  pourquoi  le  La|)in  est 
jiréeienx  dans  la  circonstance. 

L'expérience  consistera  à  s'efforcer  d'éliminer  les  luicro-organismes  du 
tissu  lym|ihoïde  et  à  voir  si  la  faculté  normale  de  résistance  à  l'avitaminose 
disparaît  en  même  temps. 

Pour  cela,  nous  avons  fait  l'ablation  de  l'appendice  à  i3  Lapins  d'âges 
très  différents  supprimant  ainsi  la  jjrincipale  des  masses  lymphoïdes.  Nous 
avons  ensuite  additionné  la  nourriture  stérilisée  d'acides  organiques  (tar- 
trique,  lactique,  oxalique).  Nous  espérions,  |)ar  ce  moyen,  cré<'r  dans 
l'intestin  un  milieu  défavorable  à  la  culture  des  micro-organismes  dans  les 
amas  lymphoïdes  persistant  le  long  du  tube  digestif. 

Ces  tentatives  si'  montrèrent  inefficaces;  l'examen  histologique  des 
masses  lymphoïdes  du  Lapin  soumis  à  ce  régime  révélèrent  de  nombreuses 
bactéries,  et  les  animaux  continuèrent  à  résister  à  ce  régime  privé  de 
vitamines. 

Supposant  que  la  neutralisation  des  acides  organiques  était  due,  en 
grande  partie,  à  la  présence  du  suc  pancréatique,  nous  avons  réséqué  le 
canal  de  Wirsung  à  un  de  nos  Lapins  déjà  privé  d'appendice. 

Sept  jours  après  l'opéialion,  l'animal  présentait  des  symptômes  graves 


l684  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

d'avilaminosc  et  mourait  au  bout  de  12  jours.  Celle  expérience  unique  sera 
reprise  sous  peu. 

Kn  résumé,  les  Ljipins  adultes  résistent  indéfinimenl  à  une  nourriture 
■  stérilisée  à  haute  température;  il  semble  que  ce  soient  les  bactéries  qui  se 
développent  normalement  dans  le  tissu  lymphoïde  qui  fournissent  les  vita- 
mines que  la  nourriture  n'a  pas  apportées.  Chez  le  jeune  Lapin  en  période 
de  croissance,  celte  source  de  vitamines  est  insuffisante,  el  Tanimal  succombe 
d'aulanl  plus  rapidcmcnl  qu'il  est  jeuni'. 

C<'pcndaiit  de  nouvelles  l'Xpériences  sont  nécessaires  pour  fournir  une 
preuve  définitive  du  bien-fondé  de  cette  interprétation. 

CYTOLOGIE,  —  Lp  mècanisnif  de  la  mélaphase  el  de  Vaiiaphasr  somatiques  el 
SCS  conséquences  chez  (loye\hv  A  pinmieornis.  NoIedeM.  Armaivi»  Dehorxe, 
présentée  par  M.  Henneguy. 

Les  parliculaiilés,  signalées  dans  nos  \oles  précédentes  sur  Corellira. 
n'apparlionneni  pas  (pTà  celle  espèce.  Le  liavail  de  Melz  (')  peimel,  en 
(■(Tel,  d'affirmer  qu'on  les  reliouvera  dans  la  mitose  de  tous  les  Diptères. 
Chez  Culex pipiens,  cet  auleur  a  décril  des  chromosomes  identiques  à  ceux 
de  Coretliru :  m&i?, 'i\  fournit  de  la  mélaphase  el  de  l'anaphase  une  descrip- 
lion  très  parliculièie. 

Pour  lui,  les  Irois  élémcnls  de  la  fin  de  la  prophase  sont  des  paires  de 
chromosomes  homologues  paternels  et  maleinels,  \u  cours  de  la  méla- 
phase, les  membres  de  chaque  paire  s'individualisent  et  se  divisent  pour 
leur  compte;  de  sorte  que  la  mélaphase  comporte  la  division  longitudinale 
de  six  chromosomes  disposés  dans  le  plan  équalorlal.  Puis,  à  l'anaphase, 
les  Irois  paires  se  reconslilueraienl  de  part  et  d'autre  du  plan  de  divisiim. 
Celle  descriplion  ne  s'applique  sùremeni  pas  à  (orcthra^  el  nous  la  tenons 
pour  inexacle.  L'étude  renouvelée  de  la  mitose  de  grandes  cellules  de  lépi- 
derme  abdominal  dans  des  larves  montées  in  loto  nous  per-mel  d'êlr-e  calé- 
gori(|ue. 

La  mélaphase  ell'anaphase  soniati([ues  se  font  e,\actcmcrrt  comme  celles 
de  la  première  mitose  maluralive  de  beaucoup  d'animaux  (Salamandre, 
'romoplère  ).  I^es  trois  chromosomes  se  présenlerri  comme  des  dyades  à 
éléments  plus  ou  moins  éloignés;  ceirx-ci  se  ra])prochenl  ensuite  élroite- 

(')  Cii.-\A'.  Mr-T/,,  Clironiosonies  Siintics  on  ihe  Diplira.  Il  iThr  .Iniirnal  nf  E.rp. 
Xoriln:^y,  \ol.  •1\,  ri"  "2,   i()r(>). 


SÉANCE    DU    27    JUIX    I921.  l685 

lueiil  el  ils  se  trouveiii  en  superposition  dans  la  pla(|iie  équaloiialc.  Le 
premier  ell'orl  d'écarlemcnl  dicentriqiic  se  traduit  par  la  transformation 
des  trois  clironiosomes  en  des  sortes  de  losanges  ailés;  puis,  ces  derniers, 
par  agrandissement  de  l'ouverlure  losangique,  deviennent  des  anneaux 
élirés  constilués  par  les  moitiés  en  l'er  à  cheval  complètement  opposées, 
(/existence  de  ces  anneaux  est  éphémère,  on  les  rencontre  raiement  dans 
les  préparations. 

Lorsque  les  trois  anneaux  soni  complètement  développés,  nous  sommes 
déjà  à  Tanaphase.  Alors,  les  anses  en  fer  à  cheval,  ou  moiliés  primaires, 
qui  les  constituent  ne  montrent  pas  encore  de  clivage  longiludinal.  Puis,  la 
séparai  ion  définitive  de  ces  anses  et  leur  montée  vers  les  pôles  commence, 
et  c'est  sculemeni  au  cours  de  celte  montée  (qu'elles  se  chvent  et  forment 
chacune  un  groupe  de  deux  moitiés  secondaires  hien  détaché.  Kn  somme, 
la  fragmentation  longitudinale  des  moitiés  primaires  est  un  phénomène 
purement  anaphasiquc  et  même  tardif.  Comme  on  voit,  la  mitose  soma- 
tique  opère  sur  trois,  el  non  sur  six  chromosomes. 

ilya  donc  répartition,  d'un  côté  et  de  l'autre  du  plan  équatorial.  de 
moitiés  primaires  cnlicres.  Si  le  clivage  longitudinal  de  celles-ci  se  produi- 
sait, au  contraire,  dès  la  métaphase,  au  sein  même  de  la  plaque  équato- 
riale,  on  pourrait  invoquer  des  mouvements  des  moitiés  si^condaires  tels 
que  la  mitose  se  ferait  en  définitive  sur  six  anses.  Mais  la  constitution 
d'anneaux  comme  celui  de  notre  préparation  enlève  toute  possibilité  à  une 
pareille  interprétation. 

Le  fait  que  la  fin  de  la  métaphase  somatique  porte  sur  trois  chromo- 
somes seulement  est  d'une  grosse  importance.  Les  dyades  prophasiques  ne 
sont  donc  pas  trois  paires  de  chromosomes  homologues.  Nier,  ou  affirmer, 
à  la  suite  de  l'observation  diiecte,  la  permanence  des  chromosomes  est 
également  vain;  car  ce  procédé  est  impuissant  à  fournir  une  démonstration 
véritable.  Mais  des  voies  détournées  conduiront  peut-être  à  une  certitude 
plus  scientifique.  Ainsi,  chez  Corclhra,  l'obseiAation  directe  des  noyaux 
quiescents  est  favorable  à  la  notion  de  permanence.  Cependant  on  arrive  à 
une  conclusion  opposée  lorsqu'on  envisage  Tliistoire  des  chromosomes  à 
partir  de  la  fécondation.  V.n  eflet,  les  spermatides  renfermant  trois  anses 
simples,  il  est  logique  de  croire  que  le  noyau  de  fécondation  initial  contient 
six  chromosomes  simples.  Mais,  cette  donnée  étant  admise,  comme  d'autre 
part  la  mitose  somatique  opère  sur  trois  chromosomes  seulement  de  la  façon 
que  nous  avons  indiquée,  on  est  forcé  de  conclure  que  les  chromosomes 
paternels  et  maternels   ne  se   sont  pas  conservés  tels  qu'ils  se  trouvaient 


l686  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

dans  les  pronucléi.  Ils  ont  dû  se  fusionner,  et  les  trois  chromosomes  sont 
alors  formés  d'une  substance  mixte,  à  la  fois  paternelle  et  maternelle. 
Autrement  dit,  l'individualité  des  chiomosomes  ne  serait  pas  permanente 
et  les  mitoses  de  maluralioii  n'auraient  aucun  caractère  qualitatif. 

Une  autre  preuve  que  les  dyadcs  de  la  fin  de  la  prophase  sont  bien 
Irois  chromosomes  seulement,  c'est  qu'à  la  fin  de  l'état  quiescent  les 
trois  spirèmes  grêles  dojit  elles  dérivent  se  forment  aux  dépens  de  bandes 
alvéolisées  analogues  à  relies  que  décrivent  Grégoire  et  ses  élèves  chez  les 
plantes;  ces  auteurs  n'admettent  pas,  en  eflct,  que  les  bandes  quiescentes 
soient  doubles  dans  la  mitose  sonialique. 

Ouant  à  la  perle  de  l'individualité  des  chromo.somes,  elle  a  lieu  en  réalité 
à  chaque  mitose  à  la  fin  de  la  télophase.  En  effet  il  n'est  pas  douteux 
que.  après  l'anaphase,  les  moitiés  secondaires  sont  nettement  individualisées 
et  forment  des  anses  achevées  (consulter  les  belles  figures  de  Metz  ).  dépen- 
dant, après  s'être  rapprochées,  un  peu  plus  tard,  d(>ux  à  deux,  elles 
s'unissent  et  donnent  naissance  à  une  seule  bande  ahéolisée.  Kt  de  cette 
bande  persistant  à  l'état  (piiescent  sortira,  au  début  de  la  prophase  sui- 
vante, un  filament  grêle,  indivis,  en  zigzag,  (le  processus  est  même  très 
curieux,  puisqu'il  nous  montre  en  somme  que,  chez  les  Diptères,  le 
nombre  haploïde  se  trouve  obtenu  après  chaque  télophase  somati(|ue  par  la 
constitution  d'une  bande  quiescente  aux  dépens  de  deux  éléments  chromo- 
somiques. Mais  cela  montre  aussi  la  disparition  des  chromosomes  en  tant 
qu'unités  morphologiques.  Il  v  a  conservation  des  bandes  à  travers  la 
période  quiescente;  mais  la  constitution  de  bandes  entraîne  la  perte  de 
l'individualité  des  anses.  Aussi  convient-il  de  dissocier  ici  les  deux  notions  : 
conservation  des  bandes  et  conservation  de  l'individualité  des  anses. 

De  tout  ce  qui  précède,  il  suit  que  le  schéma  héléro-homéotypique  ne 
convient  pas  à  Corelhra,  ayant  été  édifié  à  une  époque  où  l'on  croyait  ([ue  la 
première  mitose  maturative  ne  ressemblait,  dans  aucun  cas,  aux  mitoses 
soniati(|ues  qui  la  précèdent.  Or,  notre  étude  prouve  que  cette  mitose  I  est 
à  tout  le  moins  homéotypique.  et  peut  même  être  considérée  comme  la  der- 
nière des  mitoses  somaliques.  Le  qualificatif  de  hétérotypi([ue  devenant 
libre,  on  pourrait  le  donner  à  la  deuxième  mitose.  Mais  les  deux  dénomina- 
tions de  b^lemming  nous  paraissent  fortemetit  usées  par  l'emploi  (|u'on  en  a 
fait  depuis  cet  auteur.  D'autre  part,  chez  Coivllira.  la  mitose  II.  ne  pouvant 
être  interprétée,  non  plus,  comme  amenant  la  disjonction  de  chromosomes 
homologues,  n'est  pas  chargée  du  rôle  qu'on  attribue  à  la  mitose  1  dans  le 
schéma    héléro-homéolypicjue.   l'our  nous,   elle   est  caractérisée   par  son 


SÉANCE   DU   27   JUL\    1921.  1687 

anaphase  à  anses  simples,  c'est-à-dire  à  substance  réduite,  la  réduction  clu-/. 
Corel/ira  n'étant  guère  qu'une  (|U(^stion  de  masse.  Appelons-la  mitose 
liaploidique.  Nous  arrivons  ainsi  à  formuler  pour  les  Diptères,  groupe 
auquel  appartient  le  genre  Drosopliila.,  un  schéma  somatico-haploidique  qui 
répond  aux  seuls  résultats  de  l'analyse  microscopique  et  n'implique  aucune 
hypothèse  téléologiqne. 


BIOLOGIE.  —  (ircffrs  d'œufs  de  Triions  dans  la  cavi(é përitonéalc 
de  Salamandres.  Note  de  M.   A.   Weber,  présentée  par  M.   Henneguy. 

Les  premiers  résultats  que  j'ai  obtenus  en  iniroduisani  des  œufs  de  Tri- 
Ions  {T.  cn'slaius  el  T.  alpestris)  dans  la  cavité  péritonéale  d'I  rodèles 
adultes  {T.  crisfatus,  T.  alpcsiris  et  Spelcrpes  fucus)  semblent  pouvoir 
s'inlei'préler  en  admetlaul  dans  le  milieu  inléiieur  de  ces  animaux  une 
substance  qui  tue  les  œufs  el  qui,  lorsqu'elle  est  alténuée.  retarde  seule- 
ment leur  développemeni  (').  L'action  nocive  se  produit  aussi  bien  sur  des 
œufs  fécondés  non  encore  segmentés  que  sur  des  œuls  déjà  avancés  en 
segmenlation.  ou  même  sur  des  larves. 

La  manière  dont  se  comporte  le  milieu  inlérieur  des  hôtes  adultes  et 
surtout  de  Triton  crislatus,  vis-à-vis  de  ces  larves  ou  bien  vis-à-vis  d'œufs 
arrivés  au  stade  de  blastula  ou  de  gastiula,  peut  être  comparée  à  ce  qu'ont 
observé  l'écemment  A.  Drzewina  et  G.  Bohn  (-),  qui  foni  agir  sur  de  jeunes 
larves  de  Grenouille  des  solutions  faibles  de  métaux  colloïdaux  :  les  blasio- 
mèies  supeiliciels  ou  les  cellules  épidermiques  sont  rapidement  lues  ei  se 
détachent  de  la  suiface  du  germe. 

La  premièie  hypothèse  (jui  vient  à  l'esprit  au  sujet  de  l'existence,  dans  le 
milieu  des  Urodèles  adultes,  d'une  substance  nocive  pour  les  œufs  ou  les 
larves,  est  sans  doute  insuffisante  ou  inexacte.  Les  phénomènes  que  j'ai 
observés  sont  peut-être  d'essence  plus  physique  que  chimique;  mais  dans 
l'état  actuel  de  mes  recherches  l'idée  de  substance  agissant  comme  un 
toxique  traduit  plus  facilement  leurs  résultats. 

(')  Voir  (Jomples  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  l.  83,  lyo,  el  l.  81,  iqni:- 
Comptes  rendus,  t.  17'2.  1921,  et  Comptes  rendus  de  l'Association  des  A/iatomistes, 
Paris,  igii . 

(')  A.  DrziiWINa  et  G.  Bohx,  Variations  dans  le  temps  de  la  résistance  au  r  agents 
physiques  et  chimiques  chez  Raiia  fusca  {Comptes  rendus  de  la  Société  dr  Hialagie. 
t.  8V,  28  mai  192  r). 


l688  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

<  lliercliant  à  vérifier  si  cette  substance  existe  cliez  Ions  les  Urodèles  et 
(|iielles  peuvent  être  les  modalités  de  son  action,  j'ai  introduit  dans  la 
cavité  péritonéale  de  Salamandres  n(jires  { Si//fi//itindr/i  atro)  récemment 
capturées  des  œufs  déjà  sej^mentés  de  Triton  alpestris.  Dans  l'ensemble,  les 
résultats  obtenus  sont  les  mêmes,  quejagretre  soit  faite  sur  des  Salamandres 
mâles  ou  sur-  des  femelles;  les  phénomènes  soni  seulement  un  peu  plus 
rapides  dans  le  péritoine  des  mâles. 

SuivanI  lo  temps  passé  au  contact  du  milieu  intérieur  de  ces  I  rodèles 
adultes,  le  développement  de  l'œuf  de  Triton  est  ralenti  ou  arrêté.  Vu  bout 
de  I  heure  et  demie  de  séjour  chez  les  Salamandres  mâles,  après  -i  lieiires 
et  demie  cliez  les  Salamandres  femelles,  les  processus  de  segmentation  de 
l'itMif  de  Triton  sont  inhibés. 

Les  germes  ainsi  obtenus  sonttl'aspect  parfaitement  normal  ;  ils  n'ont  pas 
ce  dépoli  léger  de  la  surface  qui  traduit  l'action  toxique  d\\  milieu  intérieur 
dans  les  greffes  sur  d'autres  Urodèles.  Du  reste,  l'œuf  de  Triton  inoculé  dans 
la  cavité  péritonéale  de  la  Salamandre  n'est  pas  tué;  il  traverse  ime  période 
de  vie  latente  et,  après  cette  inhibition  passagère,  il  reprend  le  cours  de  sdn 
développement. 

Les  blastomères  de  germes  de  Triton  alpestris  ayant  séjourné  i()  heures 
dans  la  cavité  péritonéale  '  de  Salamandres  noires  recommencent  à  se 
segmenter  au  bout  de  l\o  heures  si  la  greffe  a  été  laite  sur  une  Salamandre 
femelle,  après  (io  heures  si  l'inoculation  a  été  pratiquée  sur  un  mâle. 

.le  serais  tenté  de  supposer  que  le  milieu  interne  des  Salamandres  noires 
renferme  une  sidjstauce  agissant  comme  un  narcotique  sur  les  œufs  Aw 
Triton  alpestre  et  que  cette  substance  est  capable  d'être  éliminée  peu  à 
peu.  Le  développement  reprenrj  ensuite,  mais  pas  immé<liatement  normal: 
en  elTet,  il  semble  que  les  blastomères  sortent  d'autant  plus  vite  de  leur 
léthargie  (ju'ils  contiennent  moins  de  vilellus.  .l'ai  obtenu  ainsi  des  larves 
diins  lesquelles  il  y  avait  i\Q^  modilicalions  de  formes  dues  ii  ce  man(pic 
d'ensemble  dans  l'évolution  des  blastomères.  Mais  progressivement,  tout 
rentre  dans  l'ordre  et,  malgré  une  assez  forte  mortalité  portant  principa- 
lement sur  les  œufs  greflés  dans  le  péritoine  de  Salamandres  mâles,  on 
observe  finalement  des  larves  de  Triton  incurvées  en  forme  de  croissant  à 
concavité  ventrale  et  qui  nagent  en  tourbillonnant,  puis  des  têtards  d'appa- 
rence complètement  normale. 


SÉANCE    DU    27    JILN     192I.  1689 

BlOi.tHUE.  —  Le  c)cfc'ei(>luti/dc  DuïidVifWn  saUim. 
Note  de  M.  Alphonse  Labbë,  pn-sentée  par  \T.  Hennegux . 

Kn  suivant  jour  pac  jour,  corrélaliveiiieni,  dans  les  salines  du  Croisic  cl 
dans  les  cultures  expérimentales  par  passage  de  l'eau  douce  à  Teau  sursalée 
el  réciproquement,  les  diverses  formes  de  DiinaUelln  satina  Dunal,j'ai  pu 
élablir  le  cycle  évolutif  de  ce  curieux  l^Magellé  ([ui  détermine  la  couleur 
rouge  des  marais  salants. 

Sans  entrer  dans  les  détails,  voici  brièvement  comment  je  conçois  ce 
cycle  complexe  : 

Au  déliut  de  l'Iiivei'.  c|uaiid  la  récolle  du  sel  a  élé  faite,  il  ne  reste  dans  les  salines  que 
quelques  individus  ; 

Oes  zoospores  rouyes  {érylhrospores)  colorées  par  riiémaloclirome; 

Des  zoospores  vertes  à  stigma  rouge  {ehlonispores)  de  taille  variable,  mais  toujours 
très  petites. 

Pendant  l'hiver,  l'apport  d'eau  douce  (lavage  des  (jeillets,  pluies)  tend  à  clahlir  un 
milieu  de  concentration  saline  faible,  souvent  presque  nulle,  l^es  ér\throspores  dispa- 
raissent presque  toutes,  sauf  quelques-unes  qui  forment  des  kystes  de  repos  (hypno- 
cystes  rouges,  crvlhrocystes).  l'ar  contre,  dans  ce  milieu  dilué,  les  chlorospores  se 
développent  rapidement,  seconjugueni,  et  forment  de  gros  zygotes  verts  {c.hlurocvstes  1. 
immobiles,  qui  se  divisent  d'autant  plus  activement  que  l'eau  est  plus  diluée.  D'où 
dominance  des  formes  vertes,  comme  dans  mes  cultures  expérimentales  (').  Vers 
mars-avril,  les  œillets,  remplis  d'eau  de  mer  fraiclie,  sont  au  repos,  el  tout  lété  la 
concentration  saline  se  fait  progressivument,  en  corrélation  avec  l'évaporation  et  la 
température. 

C'est  alors  que  l'on  commence- à  observer  chez  certains  individus  l'apparition  de 
l'hématochrome,  suivant  le  mode  que  j'ai  indiqué  dans  une  iVote  précédente. 

Peu  à  peu,  les  érylhrospores  provenant  de  chlorospores  prolifèrent,  el  leur  domi- 
nance est  fonction  de  la  concentration  saline.  Aussi,  en  juillel-aoùt,  les  érylhrospores 
el  les  érythrocystes  dominent,  bien  qu'il  reste  toujours  avec  eux  un  assez  grand  nombre 
de  très  petites  chlorospores.  Il  en  va  ainsi  jusqu'au  moment  où  les  paludiers  enlèvent 
le  sel.  El  le  cycle  recommence. 

Il  faut  ici  noter  plusieurs  points  importants  : 

I"  Les  formes  vertes,  chlorophylliennes,  coexistent  toujours  avec  les 
formes  rouges  à  hématochrome,  même  dans  l'eau  sursalée.  C  est  la  forme 
normale  de  propagation,  puisqu'elle  s'adapte  à  tous  les  milieux.  Très  grandes 

(')  Alphonse  L.4BBé,  Sur  les  inodifica lions  adaptatives  de  Dunaliella  salina  Dunal 
{('oinptes  rendus,  t.  172,  1921,  p.  1074). 

Dans  l'eau  douce,  il  n'v  a  plu>  que  des  formes  verles. 


1690  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

dans  leiiu  douce,  elles  devieniienl  1res  peliles  dans  l'eau  bursalée,  mais 
persistent. 

■1"  La  dominance  de  l'une  ou  1  autre  des  deux  formes  est  fonction  de  la 
concentration  saline,  les  formes  rouges  étant  liées  aux  milieux  de  concen- 
tration élevée. 

3"  Si  les  ehlorospores  en  milieu  salé  peuvent  se  transformer  en  érythro- 
spores,  la  réversibilité  n'est  pas  possible;  la  chloropbylle.  une  fois  disparue, 
ne  se  régénère  pas  de  l'hématochrome.  Si  donc  les  ehlorospores  sont  la 
forme  normale,  les  érylhrospores  ne  sont  qu'une  forme  ada|)tative,  excep- 
tionnelle, anormale,  sans  retour  possible  en  arrière. 

Ce  cycle,  avec  des  variantes  et  de  curieuses  formes  intermédiaire'-,  me 
parait,  dans  ses  grandes  lignes,  invariable,  et  il  est  peu  probable  que  les 
Dundliella  des  cbotts  algériens  ou  des  étangs  salés  non  exploités  passent 
par  des  stades  très  différents. 

Le  déçlanchement  de  la  transformation  des  formes  vertes  en  formes 
rouges  est  toujours  le  même  :  une  plasmolyse  partielle  avec  disparition  de 
Tamidon,  formation  de  glycogène,  apparition  de  cet  hématochrome,  qui  est 
probablement  une  anthocyanine;  l'odeur  de  violette  des  Dunaliella  que 
possède  aussi  V Hwmulococcus  plimalis  (des  neiges  rouges),  les  réactions 
phénoliques  montrent  une  parenté  avec  les  essences  et  les  composés  gluco- 
sidlques. 

Ouant  à  la  cause  du  déçlanchement,  qui  ne  parait  pas  eniapport  avec  la 
lumière,  elle  se  trouve  peut-être  dans  l'influence  de  l'amphimyxie,  comme 
chez  les  Voho.r,  si  voisins  des  Dunalielhi,  où  l'ouf  fécondé  perd  sa  chloro- 
phylle et  se  colore  par  un  hématochrome.  Mais  il  y  a  des  causes  physico- 
chimiques plus  nettes  qui  soni  les  conditions  mêmes  des  salines  :  viscosité 
et  forte  teneur  en  sels;  chaleur  et  lumière  intensives  à  cause  de  la  grande 
surface  et  du  peu  de  profondeur;  oxygénation  faible.  Le  début  de  la  trans- 
formation est,  en  tout  cas,  un  changement  d'état  physique,  du  à  une  tur- 
gescence d'ordre  osmotique,  c'est-à-dire  un  apport  d'ions  dans  la  cellule  : 
d'où  un  changement  dans  l'état  colloïdal  ;  puis  vient  une  question  chimique, 
(pti  ne  pourra  être  résolue  que  quand  nous  connaîtrons  la  nature  de  riiénia- 
tochrome. 

En  résumé  :  f'organùmc  qui  co/çi't'  en  vaiige  les  marais  sala nts  et  à  ijui 
nous  pouvons  cousener  le  nom  de  Dunaliella  salina  n'est  (/ue  la  phase  ultime 
de  l^ évolution  d' un  Jlagellë chlorophvllien  roisindex  Vohovinées,  trèseuriliyalin, 
t/ui en  eau  siirsidèr  donne  des  formes  siénohyalines  non  rèversihhs  ativ  J ormes 
chlorophylliennes^  el  colorées  par  un  hématochrome. 


SÉANCE    UU    27    H'IN    Kjil.  1691 


i;iOI.Oi;il",.  —  Ci)inliti(>ns(lu(lés'(l()()j)rrm'nl  de  I  (ru  /  diirdhicche:  les  l'IiyHoinxles. 
^olc  di'  M"'^'  LuciEiviNii  lÏEHoit.vE,  présenU'c  pai'  M.  \j.  .loubiii. 

î.es  (liadocères  poiidcnl  comme  on  sail  deux  sortes  d'œiifs  :  les  uns 
évoluenl  rapidement  aiissilôt  après  la  ponle  et  se  développent  complète- 
ment sans  fécondation,  les  autres  ne  pourraient,  d'après  Weismann,  se 
développer  sans  avoir  été  fécondés.  En  outre,  les  œufs  parthénogénétiques 
accomplissent  leur  entier  développement  dans  une  cavité  de  la  carapace 
(chambre  incubatrice)  située  dorsalement  par  rapport  au  corps  de  l'animal  ; 
l'iEuf  lécondé  séjourne  aussi  quelque  temps  dans  celte  eliambre,  il  y  subit 
sans  doute  les  premières  phases  de  son  développement;  mais  il  y  est  étroi- 
tement envelo{)pé  par  une  épaisse  membrane  provenant  des  parois  de  la 
chambre  incubatrice  (  ')  et  l'œuf  ainsi  enveloppé  est  expulsé  lors  de  la  mue 
avec  la  carapace  qui  l'enserre  (Lubbock,  iSS^).  On  sait  que  ces  œufs 
conservent  longtemps  la  possibilité  de  se  développer. 

Les  ovogonies  dont  dérivent  ces  deux  sortes  d'œufs  sont  primitivement 
équivalentes  et  ne  diffèrent  entre  elles  que  dans  leur  évolution;  sous  cer- 
taines influences  dont  je  parlerai  ultérieurement,  quelques  ovogonies  se 
comportent  en  phagocytes,  absorbent  leurs  voisines  et  se  transforment  en 
ovules  qui  ne  pourraient  évoluer  sans  l'intervention  de  l'élément  mâle, 
l^e'ur  présence  dans  l'ovaire  suffirait  à  provoquer  la  préparation  de  la 
sécrétion  éphippiale  dans  la  chambre  incubatrice,  si  bien  que  ces  ovules 
spéciaux  sont  toujours  logés  dans  une  éphippie  (-). 

Ainsi  le  développement  de  l'œuf  éphippial  serait,  suivant  les  auteurs, 
étroitement  conditionné  par  la  nécessité  de  la  fécondation;  or,  il  résulte  de 
mes  recherches  que  cette  condition  n'est  peut-être  pas  nécessaire  et  que 
néanmoins  le  développement  de  ces  œufs  est  lié  à  des  conditions  telles 
que,  malgré  l'apparence,  ce  mode  de  reproduction  est  extrêmement  pré- 
caire. 

(')  I.a  formation  de  celle  eineloppc  ne  parai'l  pas  avoir  élé  evacleiueiU  comprise 
par  les  diUéreiils  auteurs.  Il  ne  n'agii  pas  d'un  épaississement  partiel  ou  lolal  de  la 
carapace,  mais  d'une  séiîrélion  qui  remplit  la  cavilé  de  la  cliamhre  incuhalrioe.  Mn 
s'enfonçanl  dans  le  sein  de  celle  sécrélion,  les  toufs  durables  se  trouvent  du  même 
coup  entourés  par  celle  sul)slance  qui  durcit  et  forme  une  membrane  d'enveloppe, 
epliippium,  exaclemeul  moulée  sur  les  œufs. 

(■-)  L'épliippie  des  Daplinies  contient  liaiiiuiellemenl  deux  o:ufs  durables,  celle  des 
Mot  nu  un  seul  œuf. 


l6g2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  Tdn  ahandoiiiie,  «oinme  je  lai  fait.  les  éphippies  sur  le  fond  d'un 
hocal  rempli  d'eau,  on  conslale  (jue,  quelle  que  soit  la  lempéralure,  quelles 
que  soient  les  qualités  chimiques  du  milieu,  aucune  d'i-lles  ne  se  développi-: 
mais  il  suffit  de  les  soumettre  à  une  dessiccation  prolongée  puis  dr  les 
remettre  dans  l'eau  pour  les  \oir  éclore. 

Les  OMifs  éphippiaux  des  Cladocrres  lentrent  donc  dans  la  catégorie 
des  œufs  à  coque  dure  des  Apus  et  des  lîranchipes  dont  l'éclosion  nécessite 
l'action  préalable  et  prolongée  de  la  séclieresse.  (  )r  Apus  et  lîranchipes 
habitent  des  mares  peu  profondes,  alimenlées  par  les  pluies  du  piinleuips 
et  de  l'automne,  mais  que  les  chaleurs  <ie  l'été  assèchent:  tel  n'est  pas 
généralement  l'habitat  des  Cladocères  qui  \i\ent  surtout  dans  des  lacs  cl 
des  étangs  permanents.  La  plupart  du  temps  les  œufs  durables  des  Clado- 
cères ne  trouvent  donc  pas  les  conditions  nécessaires  à  leur  développe- 
ment. Toutefois,  à  supposer  que  les  bords  d'un  étang  xiennenl  à  se 
dessécher  et  que  la  vase  contienne  des  éphippies,  si,  comme  je  l'ai  maintes 
fois  constaté,  ces  éphippies  ont  été  formées  en  l'absence  complète  de 
mâles,  aucune  d'elles  ne  se  développera  du  moment  que  la  fécondation 
est  vraiment  nécessaire.  La  formation  de  ces  œufs  devient  donc  inutile. 
J'aurai  du  reste  l'occasion  de  montrer  que  la  reproduction  des  Clado<ères 
est  peut-être  exclusivement  parthéuogénétique. 

De  même  (|ue  les  œufs  éphippiaux  des  Cladocères,  les  <eufs  des  Apus  el 
Branchipus  conservés  dans  leau  ne  peuveni  se  développer,  il  sensuil  (|ue 
ces  l'byllopodes  ne  se  perpélueronl  pas  dans  des  marcs  qui  ne  soni  jamais 
à  sec.  Par  contre,  si  le  dcssèchemeni  persisie,  la  vase  pulvérisée  esl  dispersée 
par  le  veni,  el  avec  elle  les  u'ufs  durables;  en  oulre  l'expérience  montre  (jue 
la  dessiccation  subie  par  les  leufs  ne  peut  être  quelconque,  car  des  (eufs 
d'Apus,  des  a-ufs  de  Branchipus,  des  éphippies  de  Cladocères  maintenus 
dans  une  atmosphère  dépourvue  de  toute  humidité  deviennent  stériles  au 
bout  de  quelque  temps.  Des  (cufs  de  ces  l'byllopodes  conservés  à  sec  dans 
mon  laboratoire  durant  les  mois  d'été  et  à  l'abri  de  toute  iniluence  humide 
n'ont  pu  se  développai';  inversement  des  i  eufs  provenant  de  mêmes  cultures, 
conservés  à  sec  pendant  les  mêmes  mois,  mais  dans  un  aquarium  ouvert, 
situé  au  voisinage  d'une  eau  courante,  se  sont  parfaitement  développés  une 
fois  mis  dans  l'eau;  à  une  tempéiature  moxenne  de  i(i"C.  des  naupliusdc 
Branchipes  nageaient  déjà  le  cinquième  jour,  déjeunes  Dap/uiia  longisj>inii 
le  sixième  jour.  .L  .Iézé(|uel  laisse  les  petits  aquariums,  dans  lescjuels  il  élève 
depuis  17  ans  divers  Phyllopodes,  dans  une  galerie  spéciale  où  des  courants 
d'eau  alimentent  des  bacs  d'élevage.  Cette  galerie  est  largement  exposée 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I921.  lÔgS 

aux  rayons  du  Soleil  el  l'eau  des  bacs  non  alimenlés  s'épuise  d'elle-même. 
Les  aquariums  restent  à  sec  durant  quelques  mois;  dans  ces  conditions,  les 
œufs  de  ces  Crustacés  y  conservent  toute  leur  vitalité  et  sont  susceptibles 
d'éclore  à  n'importe  quel  mois  de  l'automne  ou  de  l'biver  qui  suit  l'époque 
de  leur  ponte;  même,  suivant  Jézéquel,  des  œufs  maintenus  ainsi  durant 
trois  ans  ont  pu  cependant  éclore. 

Pour  résumer,  les  œufs  à  éphippie  des  Cladocères  sont  inutiles  puisque 
la  reproduction  parthénogénétique  suffit  à  conserver  l'espèce  et  que  d'ail- 
leurs les  conditions  exigées  pour  le  développement  de  l'œuf  éphippial  sont 
très  rarement  réalisées. 

Au  contraire,  si  l'unique  mode  de  reproduction  des  autres  Phyllopodes 
est  constitué  par  les  œufs  durables,  c'est  un  mode  fâcheux,  même  nuisible; 
on  admet  généralement  en  effet  que  la  résistance  des  œufs  à  la  dessiccation 
est  une  propriété  remarquable  parce  que  l'espèce  qui  les  forme  vit  dans  des 
eaux  douces  sujettes  à  s'épuiser  rapidement;  en  réalité  leur  développement 
exige  des  conditions  telles  qu'il  supprime  le  plus  grand  nombre  des  chances 
de  survie. 


PARASITOLOGIK.  —  Présence  d' un  Spirochètoïde  nouveau,  Cristispirella  caviae 
n.  g.,  n.  sp.,  à  membrane  ondulante  très  développée,  dans  l'intestin  du 
Cobaye.  Note  de  M.  A.-Ch.  Hollande,  présentée  par  M.  Henneguy. 

J'ai  observé  à  diverses  reprises  en  Savoie  (C/iambéry)  dans  l'intestin  de 
plusieurs  Cobayes  morts  d'infection  indéterminée,  un  Spirochétoïde  qui, 
par  ses  caractères  particuliers,  s'écarte  des  espèces  actuellement  signalées. 
Ce  parasite,  qui  n'est  peut-être  pas  pathogène,  existait  dans  le  contenu  de 
l'intestin  grêle  à  l'état  de  culture  pure,  et  se  retrouvait  également  dans  le 
gros  intestin. 

Caractères.  —  Le  parasite  est  essentiellement  constitué  par  un  fin  filament 
axial,  non  rectiligne,  très  llexible,  décrivant  deux  ou  trois  larges  courbures; 
sur  un  des  bords  du  filament,  et  dans  un  même  plan,  s'insère  une  membrane 
ondulante  bien  développée  et  très  visible  i/ig-  i  et  3).  Le  corps  du  Spiro- 
chétoïde mesure  de  9!*  à  la"^;  sa  largeur  (filament  axial  et  membrane  ondu- 
lante compris),  atteint  i^^,  5o  à  i^]  les  courbures  sont  de  4"^  en  moyenne. 

Le  filament  axial  (frottis  desséchés  fixésàl'alcool-éther  ou  frottis  humides 

C.  R.,  igai,  I"  Semestre.  (T.  172,  N°  26.)  123 


1694  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

exposés  aux  vapeurs  d'acide  osmique)  se  colore  uniformément  en  rouge 
violacé  par  les  éosinates  à  la  soude  du  bleu  de  méthylène  (  '  ),  comme  la  cliro- 
matine  des  noyaux  des  Métazoaires;  la  substance  chromatique  (noyau?)  de 
ce  filament  est  continue,  non  cloisonnée  et  ne  décrit  pas  de  lignes  éche- 
lonnées comme  chez  les  Crislispira,  Spirochétoïdes  des  Mollusques. 


Divers  stades  de  Cristhpi relia  caviœ  n.  g.;  n.  sp.  —  1,  '2,  2',  formes  libres;  3,  4,  5,  formes  en 
voie  de  division  transversale;  6,  7,  début  de  l'enkyslement  ;  8,  9,  deux  stades  de  l'enkyslement; 
10,  kyste  formé;  c.  cl.  x  2,260. 

Le  filament  axial  est  peu  visible  après  coloration  à  riiématoxyline 
ferrique  ;  je  n'y  ai  pas  \\x  tout  autour  de  membrane  périplastique  diffé- 
renciée. 

La  membrane  ondulante  apparaît  en  bleu  pâle  après  coloration  (voie  lente) 
par  les  éosinates  du  bleu  de  méthylène;  sa  structure  est  homogène  et  formée 
d'un  plasma  à  grains  colloïdaux  très  fins;  elle  ne  renferme  aucun  myonème 
ou  autre  différenciation  striée;  exceptionnellement,  on  peut  y  observer 
quelques  petites  inclusions  de  substance  chromatinoïde  (métachroma- 
tine?;  fig.  2). 

Les  deux  extrémités  du  parasite  sont  assez  effilées;  il  n'y  existe  pas  de 
grains  basaux;  la  membrane  ondulante  s'y  termine  par"  un  amincissement 


(')  Cf.  Hollande,  C.  /?.  Soc.  Biol.;}..  79,  1916,  p.  746. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1921.  lÔgS 

progressif;  je  n'y  ai  vu  aucun  cil  ou  llagcUc  (  ullra-microscope,  mélhode 
de  Lôffler). 

Le  filament  axial  peut  parfois  être  contourné  sur  lui-même  et  décrire  un 
ou  deux  tours  de  spire;  la  membrane  ondulante  suit  alors  ces  déplace- 
ments {Jig.  2). 

Le  parasite  se  déplace  dans  les  deux  sens,  en  avant  et  en  arrière  ;  au  cours 
de  sa  progression,  il  décrit  une  rotation  hélicoïdale,  les  ondulations  de  la 
membrane  se  dessinent  et  s'incurvent  suivant  la  flexion  du  filament  axial 
{fig.  I  et  2'). 

Multiplication.  —  On  observe  des  individus  de  taille  difîérente;  les  plus 
petits  dérivent  des  plus  grands  par  division  transversale  et  non  longitudi- 
nale. Précédant  la  division,  on  voit  apparaître  vers  le  milieu  du  filament 
axial  {fig.  3)  un  épaississement  de  la  substance  chromatique,  celui-ci  se 
divise  ensuite  en  deux  granules  {fig.  5),  puis  l'étirement  de  l'individu  se 
produit  {Jig.  4);  en  ce  point  la  membrane  ondulante  s'amincit  et  bientôt  les 
deux  individus  formés  se  séparent.  Ce  mode  d«  division  est  semblable  à 
celui  de  Spirochœta  plicalilis . 

Spores.  —  Je  n'ai  pas  observé  la  formation  d'éléments  coccoïdes  aux 
dépens  du  filament  axial  qui  puissent  être  interprêtés  comme  des  spores. 

Enkystement.  —  Le  Spirochétoïde  est  capable  de  s'enkyster;  son  corps 
prend  alors  la  forme  d'un  C  {Jig-  6),  puis  s'enroule  comme  un  ressort  de 
montre  {fig.  7);  il  sécrète  en  même  temps  une  substance  sidérophile  d'où 
naît  la  membrane  kystique  {fig.  8  et  9).  Le  kyste  formé  est  circulaire  et 
mesure  i^^,  5o  à  2^^. 

La  morphologie  de  ce  parasite  rappelle  celle  des  Crislispira  des  Mol- 
lusques (sensu  Gross,  1912)  par  le  mode  d'insertion  de  la  membrane  ondu- 
lante; elle  en  diffère  par  l'absence  de  cloisonnement  du  filament  axial  et 
des  myonèmes  de  la  membrane  ondulante;  son  hôte,  ses  petites  dimensions 
propres  (12'^  au  lieu  de  701^)  l'en  écartent  également.  Par  ses  processus  de 
division  (formation  de  grains  chromatiques)  il  présente  des  affinités  avec 
les  Spirochœta  (sensu  Zuelzer,  191  i),  mais  s'en  éloigne  par  sa  membrane 
ondulante  flexible  et  non  rigide. 

Je  propose  de  désigner  ce  Spirochétoïde  du  Cobaye  sous  le  nom  de 
Cristispirdla  caviœ,  formant  ainsi  le  nouveau  genre  Cristispirella,  dont  les 
caractères  se  résumeraient  ainsi  : 

l'etit  Spii'ochéloïde  à  filameiil  axial  1res  fin,  chromatique,  (lexible,  décrivant  deux 
ou  trois  larges  courbures,  ayant  une  membrane  ondulante  bien  développée,  déformable 


lôgfi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  non  rigide,  sans  m^onèmes,  située  généralement  dans  le  même  plan  que  le  filament 
axial;  absence  de  grains  basaux.  et  de  flagelles  ou  cils  aux  deux  extrémités  du  corps; 
division  transversale  précédée  de  la  formation  de  granules  chromatiques  spéciaux; 
enkystement  possible. 

Il  semble  que  Ton  doive  ranger  également  dans  le  genre  Cristispirella 
l'espèce  de  l'intestin  de  l'Annelide  marine  /'o/ji/orayZapa  Clpde,  observée 
et  décrite  par  Mesnil  et  Cauliery  (igi6)  sous  le  nom  de  Cristispira  poli- 
dorœ  ('). 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Sur  l' épuration  baclérienne  et  colibacillaire  au  cours 
du  traitement  des  eaux  d'éf;outs  par  le  procédé  des  «  boues  activées  n. 
Note  de  MM.  Paul  Courmo.vt,  A.  Uociiaix  et  F.  L.vupix,  présentée  par 
M.  Widal. 

Dans  une  Note  précédente  (■),  nous  avons  montré  qu'en  prolongeant 
pendant  longtemps  l'aération  des  eaux  d'égouts,  en  présence  des  boues 
activées,  en  les  soumettant  à  une  aération  prolongée,  on  obtient  une  dimi- 
nution considérable  du  nombre  total  des  germes. 

I.  Nous  avons  repris  la  question  de  l'épuration  bactérienne  au  cours  de 
r épuration  normale  (temps  strictement  nécessaire  à  la  dispaiilion  de  l'am- 
moniaque); car  les  résultats  indiqués  par  les  auteurs  sont  contradictoires  : 
95  pour  100  de  réduction  du  nombre  total  des  germes  (Russel  et  Bartovv); 
97  pour  100  (Hatton);98  à  99  pour  100  (Ardern);  5o  pour  100  (Die- 
nert),  etc. 

Expériences.  —  De  l'eau  dégoût,  en  quantité  variant  de  1'  à  6',  est  mise  en  contact 
avec  -j  de  son  volume  de  boue  activée;  le  mélange  est  aéré  jusqu'à  la  disparition  de 
l'ammoniaque. 

Une  numération  iiactérieiine  est  faite  dans  l'eau  d'égout  brute  après  repos,  et  une 
autre  dans  l'effluent  décanté  après  aération  et  sédimentation  des  boues. 

Nous  avons  utilisé  la  méthode  classique  de  numération  sur  gélatine  en  boites  de 
l'étri,  après  dilution  à  i  pour  looooo.  Les  numérations  sont  faites  chaque  jour,  jus- 
qu'au quinzième  jour. 

Si  la  li(iuéraclion  de  la  gélatine  se  produit  a\aiU  ce  terme,  on  utilise  les  tables  de 
Vincent. 

Neus  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

(')  Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie.  i6  décembre  1916. 
(')  Comptes  rendus,  t.  170,  1920,  p.  75. 


SÉANCE   DU    27    JUIN    1921.  1697 


Nombre  de  germes  aérobies 
au  centimètre  cube. 


Durée 
d'aération. 

Il 

6 

Sewage  brut. 

5480000 
4600000 
7400000 
4  100000 
17200000 

Effluenl. 

4620000 
2600000 

5 

5 

3  Sooooo 

6 

4300000 

» 

6 

863oooo 

Dans  trois  autres  expéiiences,  la  niiinéralion  a  été  rendue  Impossible  par  l'envahis- 
sement rapide  de  la  gélatine  par  les  germes  liquéfiants. 

Dans  une  expérience  (exp.  4)  'a  diminution  des  germes  a  été  nulle.  Dans  les  autres, 
nous  avons  obtenu  successivement  les  chiffres  de  16,  46,  56  et  52  pour  100  de  réduction 
du  nombre  total  des  germes. 

Conclusions.  —  L'épuration  bactérienne  du  sewage  traité  par  le  procédé 
des  boues  activées  est  un  phénomène  irrégulier.  Elle  n'est  jamais  poussée 
très  loin.  On  n'obtient  une  épuration  bactérienne  véritable  qu'en  prolon- 
geant longtemps  l'aération  (plusieurs  semaines)  comme  nous  l'avons  montré 
précédemment  (  '  ). 

II.  Disparition  du  colibacille.  —  Nous  avions  de  même  montré  que 
l'aération  prolongée  en  présence  des  boues  activées  amenait  la  disparition 
du  colibacille. 

Nous  avons  étudié  le  sort  de  cette  bactérie  dans  les  eaux  d'égouts  soumises  aux 
conditions  normales  d'épuration  (jusqu'à  la  disparition  complète  de  l'ammoniaque)  et 
d'autre  part  dans  une  eau  d'égout  soumise  à  l'aération  prolongée  en  dehors  de  la 
présence  des  boues  activées. 

La  recherche  et  l'isolement  du  colibacille  a  été  faite  par  le  procédé  au  rouge  neutre, 
suivant  la  méthode  de  Rochaix.  Les  microbes  isolés  étaient  caractérisés,  outre  leurs 
caractères  morphologiques  et  de  coloration,  par  les  réactions  biochimiques  suivantes  : 
réaction  du  rouge  neutre,  virage  de  la  gélose  lactosée  et  tournesolée,  recherche  de 
l'indol. 

1°  Pour  les  eaux  d'égouts  aérées  en  présence  de  boues  activées  jusqu'à  la  disparition 
de  l'ammoniaque  (conditions  habituelles  de  l'épuration),  nousavons  obtenu  les  résultats 
suivants  : 


(')   Loc.  cit. 


1698  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Nombre  de  colibacille?  par  litre. 

Temps  — ^ — ^^ — ^ 

d'aération.  Sewage  brut.  Efflueiit. 

h 

I"  expérience 6         800000         200000 

2'  i>  5  200080  2DO00O 

3'  »  5  oooooo  200000 

4'  »  6  5oooo  5oooo 

.5°  11  6  200000  looooo 

6''  »  6  100  000  100  000 

7'  »  5  aSoooo  200000 

8"  n  5  5ooooo  100  000 

2°  Pour  les  eau\  d'égouls,  soumises  à  l'aération  prolongée  en  dehors  de  la  présence 
des  boues  activées,  le  courant  dair  a  passé  pendant  82  jours,  sans  boues  activées. 
Le  résultat  a  été  le  suivant  : 

Sewage  brut.  Eftluenl. 

Colibacilles  au  litre looooo  5ooo 

Conclusions.  —  La  diminution  du  colibacille  au  cours  de  l'épuralion 
normale  par  le  procédé  des  boues  activées  est  un  phénomène  essenlicUcment 
variable. 

Le  maximum  d'épuration  colibacillaire,  atteint  dans  rexpérience  8,  a  été 
de  80  pour  100;  dans  d'autres,  le  nombre  a  été  sensiblement  égal  avant  et 
après  le  traitement.  La  disparition  du  colibacille  est  donc  un  phénomène 
irrégulier,  souvent  peu  marqué.  L'aération  prolongée,  sans  boues  activées, 
produit  une  diminution  beaucoup  plus  sensible  :  elle  atteint  95  pour  100. 
Pour  obtenir  la  disparition  complète  du  microbe,  il  faut  utiliser  l'aération 
prolongée  en  présence  des  boues  activées,  comme  nous  l'avons  montré 
antérieurement. 


A  i5  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


La  séance  est  levée  à  iG  heures  et  demie. 


E,   P. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I921,  1699 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus   dans  les  séances  de  mai   1921   {suite  et  fin). 

Problèmes  et  exercices  d'Électricité  générale^  par  P.  Janet.  Paris,  Gaulliier- 
Villars,  1921;  i  vol.  aS'^™. 

Les  gazogènes  de  l'Économie  du  combustible,  par  Aimé  Witz.  Paris,  J.-B.  Bail- 
Hère,  1921;  I  vol.  19"°. 

Principes  de  Biologie  végétale,  par  Noël  Bernard.  Paris,  Félix  Alcan,  1921;  1  vol. 
19'™.  (Présenté  par  M.  Coslantin.) 

Études  de  Lépidoplerologie  comparée,  par  Charles  Obgrthur.  Fasciwile  IX 
(2°  Partie),  mai  i9f4;  fascicule  XVII,  novembre  1920;  fascicule  XVIII  (i''*  Partie), 
mai  1921.  Rennes,  Oberthur;  3  vol.  25°™.  (Présentés  par  M.  Bouvier.) 

Faune  malacologique  terrestre  et  fluvialile  des  îles  Mascareignes,  par  Louis 
Germain.  Angers,  Gaultier  et  Thébert,  1921;  i  vol.  25'="'.  (Présenté  par  M.  Joubin.) 

L'élevage  industriel  des  Salmonidés,  par  Eugène  Juillerat.  Paris,  Delagrave,  1921; 
I  vol.  19'="'. 

Œuvres  de  G.-H.  Halphen,  publiées  par  les  soins  de  G.  Jordan,  H.  Poincaré, 
Emile  Picard,  avec  la  collaboration  de  E.  Vessiot.  Paris,  Gaulhier-Villars,  1921» 
I  vol.  25™. 

L'effort  du  réseau  du  Nord  pendant  et  après  la  guerre,  par  M.  Javary.  Lille, 
L.  Danel,  1921;  i  vol.  a5'=™.  (Présenté  par  M.  Tisserand.) 

Fundamenta  mathematicœ,  rédigés  par  Stefan  Mazurkiewicz  et  Waclaw  Sierpinski. 
Tomes  I  (1920)  et  II  (1921).  Warsawa,  Université;  2  vol.  25"=™. 

Théorie  mathématique  des  phénomènes  thermiques  produits  par  la  radiation 
solaire,  par  M.  Milankovitch.  Paris,  Gaulhier-Villars,  1920;  i  vol.  24'="'. 

«  Papyrus  »  et  papier  de  «  Papyrus  »,  par  P.  Ammann,  Q.  Aribert,  C.  Chalot, 
M.  Denis,  L.  Vidal.  Paris,  E.  Larose,  192 1;  i  fasc.  25'=". 

Calcul  des  valeurs  absolues,  par  D.  Riabouchinskv.  Copenhague,  1919;  i  fasc.  26'='". 

Tourne-t-elle?  ^?iT  Gustave  Plaisant.  Paris  et  Liège,  Ch.  Béranger,  1921;  i  vol.  19'=°. 

"Motion  and  hyperdimensions,  by  F.  Tavani.  Extrait  de  The  Philosophical 
Magazine,  avril  1921;  i  fasc.  22'="'. 

Electrical  engineering,  by  T.-F.  Wall.  Londres,  Methuen,  1920;  i  vol.  28'='". 

Araldica  ,Vicotianœ,  pel  G.  Emilio  Anastasia.  Vol.  I  :  Testo:  vol.  II  :  7 ai  oie 
illustrative.  Scafati,  E.  Fienga,  i9i4i  2  vol.  27'=". 

La  classificazione  dei  Colori  e  délie  Tinte  col  metodo  di  Ferraris  Adolfo.  Ales- 
sandria,  Tipografia  l'Economica,  1920;  i  fasc.  24*=™. 


1700  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

Jac.  Berzelius  Bref,  publiées,  au  nom  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de.  Suède, 
par  H. -G.  SôDERBAUM.  Tome  VU  :  Lettres  détachées  (1809-1847).  Uppsala,  Almquist 
el  Wiksells,  1920;  1  vol.  2Z"^. 

Opère  matematiche  di  Eugenio  Beltrami,  publicate  per  cura  délia  Faculta  di 
scienze  délia  R.  Università  di  Roma.  Tome  IV  et  dernier.  Milan,  Ulrico  Hoepli,  1920; 
I  vol.  29'™. 


ERRATA. 


(Séance  du  3o  mai   1920.) 

Note  de  M.  N.-A.  Barhieri,  Etude  anatoniique  sur  la  terminaison  aréti- 
nienne  du  nerf  optique  dans  la  série  animale  : 

Page  1877,  ligne  12,  au  lieu  de  après  un  séjour  plus  prolongé,  lire  après  un  séjour 
le  plus  prolongé. 

(Séance  du  20  juin   1921.) 

Note  de  M.  Emile  Haug,  Sur  la  tectonique  de  la  région  littorale  entre 
Saint-Cyr  et  Hyères  (Var)  : 

Page  i553,  ligne  9  en  remontant,  au  lieu  de  anticlinal,  lire  synclinal. 


FIN    DU    TOME    CENT-SOIXANTE-DOUZIEME. 


COMPTES   RENDUS 

DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 


TABLES    ALPHABETIQUES. 


.lANVIEU  -  JUIN  1921. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME   172. 


P.iges. 
Académie.  —  Etat  de  l'Académio  des 

sciences  au  i^""  janvier  1921 0 

—  Errata  relatifs  à  cet  état a^S 

—  M.  Henri  Deslandres,  président  sor- 

tant, fait  connaître  à  l'Académie 
l'état  où  se  trouve  l'impression  des 
recueils  qu'elle  publie  et  les  chan- 
gements siirvenus  parmi  les 
membres  et  les  correspondants 
pendant  le  cours  de  l'année  1920.  .  i5 

■ —  Allocution  prononcée  par  M.  G.  Le- 
moine  en  prenant  possession  du 
fauteuil  de  la  présidence iS 

—  M.    le    Secrétaire   perpétuel  présente 

«  l'Annuaire  de  l'Académie  des 
sciences  pour  1921  » 20 

—  M.   Bigourdan   remet   à   l'Académie 

pour  la  bibliothèque  un  globe 
céleste  à  latitude  variable  et  à  pôle 
mobile aï), 

—  L'Académie  des  Sciences  de  Lisbonne 

adresse  des  condoléances  à  l'occa- 
sion du  décès  de  M.  Armand  Gau- 
tier          20^ 

—  M.  Mittag-Leffler  adresse  des  condo- 

léances  à  l'occasion  du  décès   de 

M.  G.  Humberl 354 

C.  R.,  jgji,  1"  Semestre.  (T.  172.) 


Pages. 

-  M.  lo  Secrétaire  perpétuel  annonce  que 

le  tome  167  (juillet-décembre  1918) 
des  Comptes  rendus  est  en  distribu- 
tion au  Secrétariat SSy 

-  M.  le  Président  annonce  un  déplace- 

ment de  séance  à  l'occasion   des 

fêtes  de  Pâques 729 

-  M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue 

à  M.  A.  Michelson,  Associé 
étranger,  qui  assiste  à  la  séance.  .  .        9^1 

-  Le  Comité  du  centenaire  de  Napo- 

léon i^''  invite  l'Académie  à  se 
faire  représenter  à  la  séance  qui  se 
tiendra  à  la  Sorbonnc  en  l'honneur 
des  Institutions  civiles  de  Napo- 
léon         952 

Les  membres  du  Bureau  et 
M.  A.  Mesnager  sont  désignés.  .  .  .        952 

M.  Lacour-Gayet  fait  une  lecture  sur 
«  Bonaparte,  membre  de  l,i  pre- 
mière classe  de  l'Institut  national 

des  sciences  et  des  arts  » 932 

Le  Royal  Sanitary  Institute  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter 
au  Congrès  qui  se  tiendra  à  Folkes- 
tone  du  20  au  23  juin  1921 953 

M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue 

124 


c^tJJ^f 


1703  TABLE   DES 

Pages, 
à  ï\r.   Lciiiiiiil  Siiiilli.  professeur  à 
rUiiivcrsilé   (!'•   Liiuil,    qui   assisU- 
à  la  séance 1 1 4  5 

—  M.  le  Président  ïiiinouce  un  déplace-' 

ment  de  séance  en  raison  des  fêtes 

de  la  Pentecôte 1 1 4  j 

—  M.  le  y-'resirfenZ  souhaite  la  bienvenue 

à  M.  Sœrensen,  directeur  du  Labo- 
ratoire de  Carlsbcrji;,  à  Copcnliajîuc.      1 2 1 7 

—  M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue 

à  IM.  Trowbridge,  professeur  de 
physique  à  l'LTniversité  de  Priii- 
cetoii !  '.(0  ) 

—  M.   PaidApprll  iUmw  brturc   dune 

lettre  qui  lui  a  été  adressée  par 
M.  Mittag-Lef[!er,  correspondant 
de  l'Académie li(yj 

—  M.  Paul  Appell  présente  à  l'Académie 

le  tome  38  des  «  Acta  matlnma- 
tica  »  consacré  à  la  mémoire  de 
Henri  Poincaré \:>X>(> 

—  M.  Emile  Picard  dépose  sur  le  bureau 

de    l'Académie    le    tome    III    des 

«  Œuvres  de  Georges  Halphen  ».  .      l'^■l'^ 

—  Voir  Candidatures,  Collège  de  France, 

Commissions  académiques.  Com- 
missions ministérielles.  Décès,  Elec- 
tions, Fondation  Loutreuiî,  Fonds 
Bonaparte,  Histoire  des  Sciences, 
Nécrologie,  Notices  biographiques. 
Plis  cachetés.  Solennités  scienti- 
fiques. 

Acoustique.  —  Sur  la  propagation  du 
son  du  canon  à  grande  distance  : 
périodicité  annuclli'  ;  par  M. 
Maurice  CulUgnou 2  r  3 

AcTi.No.MÉTRiE.  —  Sur  les  variations  de 
la  radiation  solaire  jieridani 
l'éclipsé  de  Soleil  du  S  avril  ni'i  à 
Bagnères-de-liigorre,  station  dr 
l'Observatoire  du  Pic  du  Midi;  )iar 
M.  Dort 1  1  1  (') 

—  Etude  de  la  radiation  diffuse  de   la 

voûte  céleste,  comparée  à  la  radia- 
tion solaire  directe;  par  M.  ./. 
1  allot I  Uj  J 

—  La  radiation  dillusi'  au  mont  lilani-, 

comparée  à  celle  des  altitudes  infé- 
rieures, par  M.  ./.  Vallot 133" 

—  Mesures  aciinoméiriqucs  et  polarimé- 

Iriques   au.\  altitudes  élevées;  par 

M.  A.  Ilontaric l'inj 

Al  i!i)OV.N.\MiQLi:.  -  Sur  les  installa- 
lions  expérimc-ntales  de  n'cherehcs 


MATIERES. 

Pages, 
aérodynamiques:     ])ar     M.      .Ivan 

1  illet/ 270 

AiinONAUTiQUE.  —  Une  série  de  vols 
en  hélicoptère  libre  monté  effec- 
tués les  l5,  28  et  29  janvier  192 1 
par  M.   Etienne  Œhmichen 3(jG 

—  Sur  les    résultats   des  essais    récents 

d'un  hélicoptère;  par  JL  Pcscara..        H'ii 

—  Note    sur    la    communication    précé- 

dente; par  M.  Paul  Painla'é 847 

—  Etudes  expérimentales  sur  le  vol  à. 

voile:  par  M.  Idrac 1 161 

—  ^'oir  Tltérapculique. 
AcitONOMiE.  —  Utilisation  des   liiirs  de 

diverses  plantes  annuelles  en  vue 
de  la  production  de  l'énergie  méca- 
nique nécessaire  aux  travaux  agri- 
coles de  la  vallée  du  Niger  ;  par 
M.  Charles  Audeheau  Bey 7O4 

—  Voir  Bactériologie,  Chimie  itidustriclle. 
Algèbre.      —     La      composition     des 

polynômes;  par  M.  L.  E.  Dickson.        636 

—  Errata   relatifs    à   cette    communica- 

tion        1 262 

—  Sur  la  position  des  racines  des  déri- 

vées d  un  |)()lynome;  par  M.  ./.-L. 
ir,i/.v/i G62 

—  Noir   Analyse   mathématique.     Equa- 

tions, Fonctions,  Géométrie  infini- 
tésimale. Séries,  Théorie  des  nom- 
bres. 

At.iments.  —  Relations  entre  les  pro- 
priétés mécaniques  des  pâtes  de 
farine  et  la  panification;  par 
M.  Marcel  Chopin 43o 

Analyse  mathématiqle.  —  Sur  cer- 
tains modes  de  détermination  des 
solutions  de  A  »  =  m-  u  :  par 
M.  Georges  BouUgand 437 

—  Sur  un  calcul  de  totalisation  à  deux 

degrés;  par  M.  Arnaud  Denjoy.  .  .  .        Gi3 
-  Sur  un<>  équation  aux  dérivées  foiu- 
tionnellcs    analogue     à    rétpialion 
de  M.  Hadamard;  par   M.   Gaston 
Julia 83 1 

—  Les   polynômes   \')   dlIermile-Didon 

et  les  fonctions  de  Laplace  daits 
l'hyperespaci';  par  M.  Pierre 
Humbert 901 

—  Sur  les  polynômes  di-  Laguerre:  par 

JI.  Fc-li.r  l 'aney i  i  3 1 

—  Sur    une    représentation    des    poly- 

nômes   par    des    intégrales:     par 

M.  ^.  Angelesco i  i  ")3 


TABLE   DES 

P;i  ges 

—  Sur  la   convcTgciicc   des   déVcloppi- 

moiits  qui  oxprimpnt  les  racines  <lc 
l'i-qualiou  algébrique  géncrali' 
par  mic  somme  de  fonctions  hypcr- 
géométriqups  do  plusieurs  va- 
riables; par  M.  Richard  Birkeland .      i  i  )  > 

—  Sur  les  contours  d'encadrement;  par 

M.    Gustave  Dumas iau 

—  Erratd   relalil.s   à   celle   eoninniiiica- 

tion iG)- 

—  Sur      les      ])olynomes      liypergéomé- 

triques;  par  M.  Pierre  Humbert .  .  .      i,>,S) 

—  Sur    quelques    questions    de     calcul 

fonctionnel;  par  M.  Paul  Lévy .  .  .  .      i-i'i'i 

—  Sur  les  développements  de  Jacobi; 

par  M.  Envand  Kogbelliantz i'î')3 

—  Voir  Algèbre,    Élasticilé,    Équations, 

Fonctions,  Géométrie  infinitési- 
male, Séries,  Théorie  des  nombres. 
Analyse  spectrale.  —  Principes  de 
l'analyse  au  moyen  des  flammes 
réductrices;  recherche  do  traces 
de  manganèse  en  présence  du  fer 
ou  autres  substances;  par  M.  Jean 
Meunier G78 

—  Voir  Spectroscopie. 
Anaphylaxie.  —  Sur  la  nature  du  elioe 

anaphylactique;  par  MM.  Auguste 
Lumière  et  Henri  Couturier .i<j'i 

—  Désensibilisations     et     resensibilisa- 

tions à  volonté  chez  une  malade 
anaphylactisée  à  l'antipyrine;  par 
MM.  Fernand  Widal  et  Pasteur 
Valtery-Radot 4 1 4 

—  Les  phénomènes  d'anaphylaxie  chez 

les  microbes;  par  M.  Charles 
Richet,  M"^  Eudoxie  Bachrach  et 
M.  Henry  Cardot 5 1 2 

—  Tension    superficielle    et    choc    ana- 

phylactique; par  M.  Auguste 
Lumière 544i   1071 

—  Grossesse    et    phénomènes    de    choc 

anaphylactique;  par  MM.  Au- 
guste Lumière  et  Henri  Couturier . .        77^ 

—  Tension     superficielle     et     aiitiana- 

phylaxie;  par  M.  11'.  Kopaczewski .        956 

—  L'anaphylaxie     chez    les     végétaux; 

par  MM.  Auguste  Lumière  et  Henri 

Couturier 1 3 1 3 

• —  Anaphylaxie  alimentaire  et  sa  théra- 
peutique; par  M.  W.  Kopaczewski .      i38() 

—  Les     alternances     entre     l'accoulu- 

mance  et  l'anaphylaxie.  (Études 
sur     le     ferment     lactique);     par 


MATIÈRES.  1703 

Pages. 
M.    Charles    Richet,    M""    Eudo:ric 

Bachrach  et  M.  Henry  Cardot i554 

Anatoimie  coMPAitÉE.  —  Sur  quelques 
différences  sexuelles  dans  le  sque- 
lette des  membres  supérieurs;  par 
M.  ,4. -.4.  Mendes-Corrêa 817 

—  Etude  anatomiquc  sur  la  terminaison 

arétinicnne  du  nerf  optique  dans  la 
série  animale;  par  M.  A'.  A.  Bar- 
bieri 1376 

—  Erratum    rehilif    à    eelte    communi- 

cation        1700 

Anatomie  PATUoLouiyvE.  —  Sur  la 
transformation  néoplasique  des 
fibres  mtisculaires  striées  avec 
métastases  viscérales  dans  l'évolu- 
tion du  sarcome  expérimental  des 
oiseaux;  par  MM.  Alexander  Paine 
et  Albert  Peyron i  o  i 

—  Sur  les  tumeurs  de  la  glande  inters- 

titielle du  testicule  du  cheval;  par 

M.  A.  Peyron Ca'i 

—  Sur  le   mode   de   développement  des 

tumeurs  dites  mixtes  et  des  cylin- 
dromes  de  la  région  de  la  face;  par 
MM.  Alezais  et  Peyron 781 

—  Sur  le  mode  de  développement  et  les 

variétés  des  tumeurs  de  l'ovo- 
testis;  par  M.  A.  Peyron looi 

—  Lésions  du  système  nerveux  dans  le 

typhus  exanthématiquc  et  leur 
rapport  avec  la  névrite  ascen- 
dante; par  MM.  G.  Marinesco  et 
E.   Craciun 1 2  'jS 

Anatomo-physiologie.  —  Etude  aua- 
tomo-physiologique  d'un  procédé 
japonais  de  massage  abdominal; 
par  MM.  Léon  Mac-Auliffe  et 
A.  Marie 999 

Anémométrie.  —  Sur  la  comparabilité 
des  anémomètres;  par  M.  C.-E. 
Brazier 84  3 

Anthropométrie.  —  Etude  et  mensu- 
rations de  117  Belges;  par 
MM.  Léon  Mac-Aulijle  et  A. 
Marie 284 

—  Classement         morphologique         de 

5o  athlètes,  champions.  Vérifica- 
tion métrique  par  la  radioscopie; 

par  M.  Alfred  Thooris 718 

Astronomie.  —  M.  Bigourdan  présente 
un  volume  publié  pour  faciliter  la 
classification  bibliographique  des 
questions  relatives  à  l'Astronomie 


1704 


TABLE    DES    MATIERES. 


tt  aux  Sciences  connexes .!3 

—  Sur    l'emploi    des    latitudes    géoccn- 

triques  poui"  faciliter  l'identifica- 
tion des  petites  planètes;  par 
M.  Louis  Fahiij '■/■' 

—  Sur  la  réapparition  de  l'anneau  de 

Saturne,  observée  le  22  février 
1921,  à  l'Observatoire  de  Stras- 
bourg;   par    MM.    .4.    Danjon    et 

G.   Roiigier >'■>'> 

■ —  Sur  le  diamètre  apparent  de  Bétel- 

geuse  ;  par  M.  Charles  yordmann .  .        ijoG 

—  Sur  l'aplatissement  du  sphéroïde  de 

Saturne;  par  M.  P.  Slroohant 'ji  1 

—  Mesures    de    parallaxes    stellaires    à 

l'Observatoire        Dcarborn;        pnr 

M.  Philippe  Fox ini<'> 

—  V'oir  Comètes,  Cosmogonie,   Eclipses. 

Mécanique  céleste,  Relativité. 
Astronomie  puysique.  —  Observations 
du  Soleil,  faites  à  l'Observatoire 
de  Lyon,  pendant  le  troisième  tri- 
mestre de  1920;  par  M.  J.  Guil- 
laume   48 

—  Id.  pendant  le  quatrième  trimestre, 

par  le  même J 70 

—  Recherches     sur     l'atmosphère     des 

étoiles.  Reconnaissance  d'étoiles 
qui  ont  les  mêmes  raies  brillantes 


Pages, 
de  l'atmosphère  que  le  Soleil;  par 
MM.  H.  Deslanclres  et  V.  Bursoii.  .        .\o'> 

—  .Mesure  de  la  pression  de  l'atmosphère 

solaire  dans  la  couche  du  magné- 
sium et  vérification  du  principe 
de  relativité;  par  M.  A.  Perol 578 

—  Hypothèses    sur    la    formation    des 

étoiles  nouvelles;  par  ^L  Alex. 
Véronnel (JG6 

—  Recherches     sur     l'atmosphère     des 

étoiles.  Reconnaissance  de  la 
couche  supérieure  dans  quelques 
étoiles  et  comparaison  avec  li' 
Soleil:  par  :\IM.  //.  Deslauitrcs  et 
Bwson 7'.i9 

—  Contribution    à    l'étude    des    plasics 

claires  martiennes;  par  M.  H. 
■larry-Desloges '47^ 

—  Photographies  de  la  planète  Vénus; 

par  M.  F.  Quénissel iG45 

—  Voir        Actinométiie,        Cosmogonie, 

Météorologie,  Spectroscopie. 
AviATio.\.  —  Moteur  d'aviation  admet- 
tant une  masse  constante  et  effec- 
tuant une   compression   constante 
à  toute  altitude;  par  M.  A.  Witz.  .  .        6\i 

—  Voir    Aérodynamique,    Météorologie, 

Thérapeutique. 


Bactériologie.  —  Voir  Anaphylaxie, 
Chimie  biologique.  Épuration  des 
eaux.  Immunité,  Microbiologie,  Pa- 
rasitologie,  Radioartivilc,  Radium- 
thérapie. 

Bactériologie  agricole.  —  Augmen- 
tation du  nombre  des  Closlridium 
Paslorianum  (Winogradsky)  dans 
des  terres  partiellement  stérilisées 
par  le  sulfure  de  calcium;  par 
MM.  G.  Trujjaul  cl  -V.  Bezssonojj . 

—  Voir  Cryplogamie. 

Balistique.  —  Déterminutioii  ehroiio- 
photographiquc  complète  des  tra- 
jectoires; par  M.  L.  Dnnoyer 

B10GÉ0CHAP111E.  —  Phylogéogrupliir 
dynamique  des  dunes  du  golfe  du 
Lion;  par  M.  G.  Kiihnholtz-Lordal . 

—  Contribution  à  l'élude  de  la  réparti- 

tion des  zones  biologiques  sur  les 


dunes   méditerranéennes   du   golfe 

du  Lion;  par  M.  Gaston  Astre 

Biologie.  —  Recherches  sur  la  présence 
dans  les  météorites,  les  pierres 
dures,  les  minerais,  le  quartz,  le 
granité,  le  basalte,  les  cendres  ou 
les  laves  volcaniques,  d'organites 
susceptibles  de  reviviscence  et  sur 
leur  résistance  aux  hautes  tempé- 
ratures; par  M.  V.  Cidippc  et 
M""!  G.  Soufjland 

—  \'oir  .inaphylaxie,  Viticidlure. 
BioLor:ii.  animale.  —  Loi  du  n  tout  ou 

rien  »  ou  de  conslanoe  fonclion- 
nelle,  relalive  à  l'action  du  testi- 
cule considéré  comme  glande 
endocrine;  par  M.  .1.  Pézard 

—  L'amour  maternel   chez  la  Raie  tor- 

pille; par  M.  Raphaël  Dubois 

— ■  Temps    de    latence    dans    les    expé- 


TABLE    DES    MATIERES. 


I':o5 


riciici's  il(-  li-auspl;\alall<iii  Irslicu- 
lairc  ot  loi  du  «  tovit  ou  rien  >;  par 
M.  A.  Pèzarit i -(> 

Sur  la  semi-perméabilité  biologique 
(les  parois  extérieures  des  Sipun- 
eulides;  par  M.  C.  Dekliinjsen ^SS 

Sur  la  croissance  des  poissons  main- 
tenus en  milieu  de  température 
constante:  par  M.  P.  Atidigé :>%- 

L'instinct  paralyseur  des   araignées; 

par  M.  Etienne  Rabaud aSg 

Sur  les  corrélations  entre  les  carac- 
tères sexuels  mâles  et  les  divers 
éléments  du  testicule  chez  les 
Ampbibiens  |  Etude  sur  Triton  al- 
pestris)  ;  par  M.  Christian  Champy.        \ii 

Variations  de  la  susceptibilité  aux 
agents  nocifs  avec  le  nombre  des 
animaux  traités;  par  M™^  Anna 
Drzewina  et  M.  Georges  Bohn |85 

Variations  de  l'instinct  et  leur  déter- 
minisme chez  diverses  araignées; 
par  M.  Etienne  Rabaud /ISy 

Sur  les  réactions  chimiotactiques  du 
flagellé  Chilomonas;  par  M.  E. 
Fernandez  Galiano 776 

La  défense  des  animavix  groupés 
vis-à-vis  des  agents  nocifs;  par 
jVjme  Anna  Drzewina  et  M.  Georges 
Bohn 779 

Prolongation  de  la  vie  chez  les  Gal- 
leria  mellonella  ;  par  ^L  Louis 
Destouches 998 

Biologie  de  la  perche  malgache:  par 

M.  Jean  Legendre loo'î 

La  régénération  des  glandes  génitales 
chez  les  planaires;  par  M.  A. 
}'andel 1072 

Sur  les  modifications  adaptatives  de 
Duiialiella  salina  Dunal;  par 
M.  Alphonse  Labbé 1071 

Sur    le    phototropisme    de    Leucoma 

phœorrhiea:  par  M.  M.  Manquât.  .      i  lïi 

Changement  expérimental  du  sexe 
chez  Triton  alpestris  Laur;  par 
M.  Ch.  Champy 1 20  1 

Recherches  sur  la  toxicité  du  milieu 
intérieur  des  batraciens  L'rodèlcs 
vis-à-vis  de  leurs  œufs;  par  M.  A. 
Weber 1249 

Contribution  à  l'étude  biologique  des 

plongeurs;   par  M.  Aljred  Thooris.     l529 

Le  déterminisme  de  la  ponte  chez 
un  Hyménoptère  térébrant.  le  Pini- 


l'iices. 
pla  instigator  L;  par  J\L  /•'.  Picard.      1617 

—  Grcflcs   d  œufs   de   Tritons   dans   la 

cavité  péritonéalc  de  Salamandres; 

par  M.  .1.  ^Veber ir)S7 

—  Le  cycle  v\o\\\V\tApDunalieUa  salina  ; 

jpar  M.  Alphonse  Labbé lOSg 

—  Conditions     du     développement     de 

l'œuf  durable  chez  les  Phyllopodes  ; 

par  M"^  Lucienne  Dehorne 1(191 

—  Voir    Biogéographie,    Cytologie    ani- 

male, Embryogénie  animale.  Ento- 
mologie, Histologie,  Médecine,  Mi- 
crobiologie, Physiologie  animale, 
Spermatogcnèse. 
Biologie  végétale.  —  Les  aberrations 
do  la  symétrie  florale;  par  M. 
Paul   Vuillemin 35 

—  Plantes  salées  et  période  des  anoma- 

lies ;  par  M.  Pierre  Lesage 82 

—  Sur  les  théories  de  la  myrmécophilie; 

par  M.  E.  de  Wildeman 124 

—  Modification  de  la   forme   et   de   la 

structure  d'une  mousse  [Hypnum 
commutatum  Hedw.)  maintenue  en 
submersion  dans  l'eau;  par  M.  Ad. 
Davy  de  Virville 1 68 

—  Les  végétaux  inférieurs  et  les  facteurs 

accessoires   de   la   croissance;   par 

M.  Pierre  Goy 242 

—  Observations    sur    une     algue     cul- 

tivée à  l'obscurité  depuis  huit  ans; 

par  M.  A.-P.  Dangeard 254 

—  Sur   la    reproduction    du    Cliœloceros 

Eibenii  Meunier:  par  M.  J.  Pa^'il- 

lard '    469 

—  Sur   des   phénomènes   tératologiques 

survenant  dans  l'appareil  floral 
de  la  carotte  à  la  suite  de  trauma- 
tismcs;  par  M.  M.  Molliard 473 

—  A   propos   des   greffes    de    soleil   sur 

topinambour;  par  M.  Lucien 
Daniel 610 

—  Erratum    relatif    à    celte    communi- 

cation         783 

—  Influence  de  la  température  des  eaux 

thermales  de  Luchon  sur  leur 
flore;  par  M.  Jean  Dujrenoy 612 

—  Variations    et   fertilité   de   l'hybride 

Primula  variabilis  Goupil  com- 
parées à  celles  de  ses  parents  Pr. 
vulgaris  Huds  et  Pr.  o/pcinalis 
Scop;  par  M.  L.  Blaringhem 992 

—  Sur  l'origine  mitochondriale  des  pig- 

ments   anthocyaniques    dans    les 


I7o6 


TABLE  DES  MATIEHES. 
Pa 


fiuits  ;  par  :\[.  ./.  Polilis 

—  Sur  les  modifications  de  la  forme  cl 

<Ie  la  structure  des  hépatiques 
maintemies  submergées  dans  l'eau; 
l>ar  MJI.  Ad.  Davy.de  Viiville  el 
Robert   Doitin 

—  Cultures    expérimentales    du    Fega- 

lella  conica  et  de  quelques  autres 
muscinécs;  par  M.  Pierre  Lesage.  . 

—  Modifications  des  racines  et  des  tiges 

par  action  mécanique;  par  M™^  E. 
liloch 

—  Sur  le  pollen  du  Lin  et  la  dégénéres- 

cence des  variétés  cultivées  pour 
la  fibre;  par  M.  L.  Blaringhem  .... 

—  Voir   Bactériologie   agricole,    Biogéo- 

graphie, Cliiinie  biologique.  Chimie 
végétale,  Cryptogamie,  Cytologie 
végétale.  Embryogénie  végétale, 
Parasitologie. 


gcs. 
I  oC,  I 


i3oG 


rni 


Pases. 


l'oTANiQuE.  • —  Sur  les  «  grains  de  tuco- 
sanc  »  des  Phéophycées;  par  M.  G. 
Mangeiwl 1 26 

—  Sur  des  croisements  de  pois  h  cosses 

colorées;  par  M.  Jacques  de   Vil- 
morin          y  I  J 

—  Une  nouvelle  Asclépiadacée  apbylle 

du  nord-ouest  de  Madagascar:  par 

M.  P.  Choux i3o8 

—  La  détermination  botanique  des  hari- 

cots   exotiques;    par    JI.    Sguyen 
Thanh   Giung l 'iSô 

—  Sur    les    Graphidées   corticoles;    par 

M.  G.  Bioret I  /l'ÎS 

—  \'o!r  Biogéographie,    Cytologie  végé- 

tale. Embryogénie  végétale,  Parani- 
tologie.  Viticulture. 
Bulletins    bibliographiques.  —  728, 
;84,  824,  884,   1084,   1216,   1265, 
14  56,  1544,1628,  1699. 


Calorimétrie.  ■ —  Voir  Thermochimie. 

Caps'didatures.  —  MM.  Marcel  Delé- 
pine  et  Camille  Matignon  posent 
leurs  candidatures  à  la  place 
vacante,  dans  la  section  de  chimie, 
par  le  décès  de  M.  Armand  Gau- 
tier         ni 

—  M.   Théodore  Tiif/ier  à  la  place  va- 

cante dans  la  section  de  médecine 
et  chirurgie;  par  le  décès  de 
M.    Guyon 115 

—  M.  L.  Lapicque  à  la  place  vacante, 

dans  la  section  d'anatomie  et  zoo- 
logie, par  le  décès  de  M.  Yves 
Delage 20J 

—  M.   Marcel  Delipine  à  la  place  va- 

cante, dans  la  section  de  chimie, 
jiar  le  décès  de  JL    Emile  Bour- 

quelot 9")û 

■ —  Liste  des  candidats  à  la  place  va- 
cante, dans  la  section  de  médecine 
et  chirurgie,  par  le  décès  de 
M.  Guyon  :  1°  MM.  Pierre  Bazy, 
Pierre  Delhel;  1°  MM.  Jean-Louis 
Faure,  Henri  Hartmann,  Félix 
Legueu,  Théodore  Tuffier 18; 

—  Liste  des   candidats  à  la   place  va- 

cante, dans  la  section  de  chimie, 
par  le  décès  de  M.  Armand  Gau- 


tier :  I"  MM.  Auguste  Béhal  et 
Georges  Urbain;  2"  MM.  Emile 
Blai.'ie,  Albert  Colson,  Marcel 
Delépine  et  Paul  Lebeau;  3°  M.  Ca- 
mille Matignon 

—  Liste   des    candidats  à  la   place  va- 

cante, dans  la  section  d'anatomie 
et  zoologie,  par  le  décès  de  M.  Yves 
Delage  :  i"  M1\L  Charles  Gravier, 
Louis  Joubin;  -1°  MM.  Raoul  An- 
thony, Maurice  Caullery,  Félix 
Mesnil,  Louis  Roule 

—  Lisledcscandidats  à  la  place  vacante, 

dans  la  scclion  de  géométrie,  par 
le  décès  de  M.  Georges  llumhert  : 
1°  M.  Emile  Borel;  2°  M.  Henri 
Lebesguc;'i°  MM.  Elle Carlan,  Jules 
Drach,  Claude  Guichard.  Ernest 
Vcssiot 

—  Liste  des  cundidals  à  la  place  vacanle, 

dans  la  scclion  de  chimie,  par  le 
décès  de  5L  Emile  Bowquelot  : 
1°  M.  Georges  Urbain;  1°  M.  Emile 
Biaise;  3°  MM.  Marcel  Delépine, 
Paul  Lebeau,  Robert  Lespieau,  Ca- 
mille .Matignon 

Capillarité.  —  Aplatissement  suivant 
l'axe  polaire,  par  la  tension  super- 
liiirlle,    d'une    goulle    liquide,    de 


883 


TABLE    DES    MAIIEIÎES. 


Pages. 
r(''volulioii      i-l      sans      ]Hsaiiloui', 
posscdani     une    viU'ssr,    aiigulairc 
donnée   (o   de   rolalioa    aulour   de 
cet  axe;  par  M.  J.  lious.siiiesq ij  j  i 

—  Rcclificatiou    et    complément    à    la 

note  précédente;  par  M.  J.  Boussi- 

iiesq 1 08  ) 

—  Sur  la  valeur  de  la  tension  superfi- 

cielle du  mercure  dans  des  divers 

gaz;  par  M.  Jean  Pope.ico '  I7I 

Catalyse.  —  Décomposition  calaly- 
tique  des  acides  ehloracéliques; 
par  M.  J.-'B.  Senderens i  î") 

—  Préparation     catalytique     d  aminés 

secondaires  et  essai  d'alcoylation 
de    ces    bases;    par    M.    Alphoiiae 

Mailhe 280 

■ —  Sur  le  rôle  catalytique  du  mercure 
dans  la  sultonation  de  l'anthraqui- 
none;  par  M''^  .4.  Roux  et  M.  J. 
Martine! , , , .  .       385 

—  Hydrogénations   cataly tiques   sur  le 

cuivre;  par  MM.  Paul  Sabatier  et 
Bennosuke  Kubola. , .        733 

—  Hydrogénation  catalytique  des  phé- 

nylhydrazones;  par  M,  Alphonse 
Mailhe 1 10; 

—  Catalyse    double    de    l'acide    vana- 

dique   et   de  l'eau   oxygénée;   par 

M.  r.  Auger 1 35) 

—  Sur  la  décomposition  catalytique  des 

hydrocarbures  aliphatiques  po- 
lyhalogénés;  par  M.  Alphonse 
Mailhe i58:! 

—  Décomposition  catalytique  des  acides 

bromacétiques  et  des  mélanges  de 
brome  et  d'acide  acétique;  par 
MM.  J.-B.  Senderens  et  J.  Abou- 
lenc , 1 585 

—  Voir  Chimie  industrielle. 

Chimie.  —  Sur  les  doubles  décomposi- 
tions salines  et  la  loi  des  phases; 
par  M.  Etienne  Rengade 60 

—  Sur    la    concentration    isothermique 

d'une  solution  préparée  à  partir  de 
deux  sels  à  ions  différents;  par 
M.  Etienne  Rengade 218 

—  Sur  les  doubles   décompositions  sali- 

nes et  leur  représentation  géomé- 
trique; par  M.  Henry  Le  Cha- 
telier 3.1 5 

—  Sur  le  déplacement  des  métaux  dans 

les  solutions  salines;  par  M.  Barlot.        3; 8 
Chimie  agricole.  —  Sur  le  rôle  respectif 


i;o7 

l'aïcs. 


lies  trois  bases  :  potasse,  chaux, 
magnésie,    dans    les    plantes    enl- 

livécs;  par  M.  H.  Lagatu 119 

CniMiF,  analytique.  —  A  propos  d'une, 
note  de  M.  A.  Bolland  sur  des  réac- 
tions mierochiniiques  de  l'acide 
iodi([ue.  Kéelamation  de  priorité; 
par  M.  O.  Denigés 62 

—  Critique  des  méthodes  do  dosage  des 

faibles  quantités  d'oxyde  de  car- 
bone dans  l'air  et  les  gaz  de  fumées, 
par  MM.  Daniel  Florentin  et  //. 
Vandenherghe Sgi 

—  Sur  l'entraînement  de  la  chaux  et  de 

la  magnésie  par  les  précipités 
d'oxyde  chromique;  par  M.  Er. 
Toporescu 600 

—  Dosage   du   n^altose    ou    clu   lactose 

en  présence  d'autres  sucres  réduc- 
teurs (emploi  de  la  liqueur  de  Bar- 
fœd)  ;  par  M.  LegranU,  ..........        602 

— •  Voir  Analyse  spectro/le.  Pouvoir 
rotatoire,  Viticulture. 

Chimie  piologique.  —  Sur  le  méca- 
,  nisme  chimique  de  l'assimilation 
du  gaz  carbonique  par  les  plantes 
vertes  ;  par  M.  P.  Mazé i  yS 

—  Influence  de  la  chaleur  sur  l'activité 

de  la  salicinase;  par  MM.  Gabriel 
Bertrand  et  Arthur  Compten.  .....        548 

—  Sur  l'hydrolyse  du  méthyM-manno-  ' 

side  x  par  les  ferments  solubles; 

par  M.  H.  Herissey 76G 

—  Sur   les    causes   de   variation   de   la 

teneur  en  zinc  des  animaujç  ver- 
tébrés; influence  cje  l'âge;  par 
MM.  Gabriel  Bertrand  cl  R.  Vla^ 
desco... 7G8 

—  Recherches    sur    l'Azotobacter;    par 

M.  Kayser 93i) 

—  Application   de   la   méthode   biochi- 

mique de  recherche  du  glucose  à 
l'étude  des  produits  de  l'hydrolyse 
fermentaire  de  l'inuline;  par 
MM.  Eni.  Bowquelot  etM.Bridel, .       946 

—  xVction  de  l'émulsine  sur  le  galactose 

en  solution  dans  des  alcools  pro- 
pyliques  de  différents  titres;  par 
M.  Marc  Bridel 11 3o 

—  Action  synthétisante  de  la  niéthyl-rf- 

mannosidase  a;  par  M.  H.  Herissey     1  536 

—  Influence  de  la  matière  azotée  éla- 

borée par  l'Azotobacter  sur  le 
ferment    alcoolique;    par    M.    E. 


1708  TABLE    DES    MATIÈRES. 

Pilles. 

Kayser 1  'J'J) 

—  Voir    Embryoghiie    animale,    Radiu- 

aclit'ilé,  Toxicologie. 
Chimie  industrielle.  —  La  balance  ihi 
chlore  pendant  la  fabrication   du 
sucre  et  la  teneur  de  la  betterave 
en  chlore;  par  M.  Emile  Saillant .  .        'S  ! 

—  Fabrication  de  l'hydrogène  pour  hi 

synthèse    de    l'ammoniaque;     par 

M.  Georges  Claude 971 

- —  Sur  la  composition  de  l'essence  de 
térébenthine  française:  par  M.  il/. 
yèzes 977 

—  Sur    la    détermination    de    l'indice 

d'acétylc  des  matières  grasses;  par 

M.  Emile  André 98 i 

—  Un     nouveau     ciment     hydraulique 

magnésien;   par  M.   A. -Cit.    ^'otlr- 

nazos 1578 

■ —  Contribution  à  l'étude  de  la  cokéfac- 
tion des  charbons  de  la  Sarre;  par 
M.  Baille-Banelle 1 58o 

—  Sur   le   rôle   des   impuretés   gazeuses 

dans  l'oxydation  catalytiquc  du 
gaz  ammoniac;  par  M.  Eugène 
Decarrière lôli'i 

—  Voir    Chimie    analytique,    Physique 

industrielle. 
Chimie  mi.nérale.  —  Sur  les  polymo- 

lybdates  tétrabasiques;  par  M.  S. 

Pasternak r  i  "l 

■ —  Réactions  réversibles  do  l'oxyde  de 

carbone  sur  les  oxydes  de  fer;  par 

M.  Georges  Chaudron i  Vj 

—  Systématique     et     constitution     des 

oérivés  de  l'acide  molybdique;  par 

M.    L.     Forsén 2i5,    327,681 

■ —  Réactions  génératrices  du  magné- 
sium; par  M.  Camille  Matignon.  .  .        !!Si 

—  Action  de  l'iode  à  froid  sur  différents 

métaux.  Procédé  pour  déceler  la 
présence  du  chlore  dans  l'atmo- 
sphère ;  par  M.  Camille  Matignon  . .       532 

—  Les    bismuthobromocyanures;    nou- 

veaux complexes;  par  M.  A.-Ch. 
Vournazos 5  j  j 

—  A    propos    d'une    systématique    des 

molybdates;  par  M.  S.  Postenuik .  .        "97 

—  Sur   la   constitulion   du   smalt;    par 

M.  A.  Duboin 972 

—  Erratum  relatif  à   cette  eoiuniunica- 

tion '  1 2G2 

—  Sur    le    tétraiodure    de    tellure;    par 

M,  -4.  Daniiens i  lo'J 


Pages. 

—  Sur  le  peroxyde  de  titane;  par 
M.  Maurice  Bilhj 1  i  1 1 

—  Action  du  carbonate  de  soude  sur  les 
solutions  d'alun  de  chrome;  par 
MM.  L.  Meunier  et  P.  Caste 1  |8S 

—  Sur  1  absorption  des  oxydes  d  azote 
par    les    acides    nitrique    et    sulfu- 

rique:  par  iM.  .4.  .San/ourche i  578 

— .  Sur  le  carbonate  d'argent  ammonia- 
cal; par  MM.  Dert'in  et  Olmer.  .  .  .      16G2 

—  Voir  Analyse  spectrale.  Catalyse, 
Minéralogie. 

Chimie  organique.  —  Propriétés 
et  constitution  du  groupe- 
ment (OCCP);  par  MM.  André 
Kling  et  Daniel  Florentin 03 

—  L'isomérie  éthylénique  des  styro- 
lènes M  bromes;  par  M.  Charlei 
Dujraisse C7 

—  Action  des  métaux  alcalins  sur  les 
éthers-oxydes;  par  M.  J.-F. 
Durand 70 

—  Sur  deux  homologues  du  sulfure 
d'éthylène  :  le  thiopropane  et  le 
thiobutane-i  .2;  par  MM.  Marcel 
Delépine  et  Pierre  Jalfetuv i  58 

—  Synthèse  de  l'acide  cyanique  par 
oxydation  de  la  formamide  et  de 
l'acide  o.xamique;  par  M.  H.  Fosse.         160 

—  L'autoxydation  du  styrolène  x  bronié 
par  M.  Charles  Dufraisse 162 

—  Sur  la  G-méthylisatine;  par  M"''  ./. 
Bonnefoy  et  J.  Martinet 220 

— •  Dérivés  des  dicétones  l-'i  et  ili'  la 
semicarbazide;  par  M.  E.-I'l. 
Biaise 221 

—  Nouvelle  méthode  générale  di'  pré- 
paration des  aminés  à  partir  des 
aldéhydes  ou  des  cétones;  par 
M.   Georges  Mignonac 223 

—  Sur  l'acide  isatine-5-sulfonique;  jiar 
MM.  J.  Martinet  cl  O.  Dornier.  ..  .        33o 

—  Sur  quelques  ~  transpositions  rétro- 
pinacoliqucs;  par  M"^  .Jeanne 
Lé^'y 383 

—  Sur  la  nature  pinacolique  de  quelques 
transpositions  dans  la  série  du 
|)hényldimélhylglycol;  par  MM. 
M.  Tijieneau  et  Orékhoji 38; 

—  Sur  un  nouveau  sel  de  calcium;  jjar 
MM.  Louis  Gaucher  l'I  Georges 
Bollin 390 

—  Sur  les  iodamidines;  ])ar  M.M.  J. 
Bougault  et  P.  Robin 152 


TAliLU:    Dli:S    MATIHKKS. 


l-Oi) 


-  Synllirscs  .le  l'aciili'  i-y^iiiiiiic  ol  de 
l'urri'  par  oxydation,  m  luiliou 
ammoniacal  d'alcools,  de  phénols 
et  ilaldchydcs;  par  MM.  H.  /•o.v.sy 
et  (;.  I.aiiile (>8'| 

Sur    (|uclquos   dérivés    dr    la    lliuya- 

mcnlliorio;  par  M.  Marrrl  (indrhol .        (")8G 

Sur  r.iction  de  l'épioldorliydrinc  sur 
le  phosphate  monoacide  de  sodium 
en  solution  aqueuse  et  sur  la  stabi- 
lité d'un  diéther  monoglycéromo- 
nophosphorique;  par  M.  Octave 
Bailly O89 

Préparation  d  aminés  d'alcools  secon- 
daires; par  M.  Alplion.ie  Mailhe.  .  .        Oç)>, 

Sur  les  cyanocampholates  de  crésyle 
et  lexir  produit  de  réduction;  par 
M.  L.  Palfray 980 

Oxydation  pcrmanganique  de  1  xa 
méthylallylcyclohcxanone  en  mi- 
lieu alcalin;  par  M.  R.  Cornuhert..       ()8a 

Sur  le  diéthylmalonate  acide  d'éthylc 

par  M.  Philippe Dumesnil lo43 

Sur  la  substance  organique  fonda- 
mentale de  l'amylopectine;  par 
MM.  Samec  et  Anka  Mayer '"79 

Sur  la  transformation  du  phénol  en 
cyclohexanol;  par  MM.  G.  Vavon 
et  ,/.  Detrie 1 23 1 

Action  de  l'oxime  du  chloral  sur  les 
aminés  aromatiques  ;  synthèse 
d'isatines;  par  MM.  ./.  Martinet 
et  P.  Coisset ri'ii 

Action  du  propylène  dibromé-2.3 
sur  le  bromure  d'isopropylmagné- 
sium;  par  M.  Lespieait 1236 

Recherches  sur  le  sulfure  d'éthyle 
pp-dichloré;  par  MM.  Delépine, 
Fleury  et  Ville 1 238 

Synthèses  de  l'acide  cyanique  et  do 
l'urée  par  oxydation  de  cétones, 
d'acides  et  d'aminés,  en  présence 
d'ammoniaque;  par  MM.  R.  Fosse 
et  G.  Laucle 1240 

Acide  acrylique  et  éthers  acryliques. 
Acides  et  éthers  halogénopropio- 
niqnes:  par  MM.  Charles  Moureu, 
Marcel  Murât  et  Louis  Tainpier.  .  .      1 267 

Sur  le  furfuralcamphre  et  quelques- 
uns  de  ses  dérivés;  par  M"<'  Wolff .      i357 

Errata  relatifs  à  cette  communica- 
tion      i4"jG 

Action  du  bromure  d'éthylmagné- 
sium   sur   les   dibenzylidène-cyclo- 


hexaiione;  et  Y-mélhylryelohe- 
xanone  par  M.    Maitolesro i 

—  Sur  la  formation  de  chlorure  de  .Julin 

dans  la  préparation  du  chlore  élec- 
trolytique;  par  MM.  F.  Ilourimi 
et  Ch.  Courtois i 

—  Sur  de  nouveaux  dérivés  sulfonés  de 

l'oxindol  et  de  l'isatine:  par  MM.  ./. 
Martinet  et  O.  Dornier i 

—  Préparation     d'aminés     phénoliqiies 

mixtes  secondaires  et  tertiaires; 
par  M.  A.  Mailhe  et  F.  de  Godon  .  .      i 

—  Sur  la  déshydratation  du  phényl-i-. 

diméthyl-2.2-bulanol-i  et  du  dip- 
hényl-l.3-diméthyl-2.2-propanol-i  ; 
par  M"^  Jeanne  Apolit i 

—  Sur   la   composition   de   l'essence   de 

térébenthine  française  et  sur  le 
bromure  de  a-pinène;  par  M.  Pari- 
selle I 

—  Sur     les     tétrahydronaphtols;     par 

MM.  A.  Brochet  et  R.  Cornuhert.  .  .      i 

—  Sur     la     réduction     du     naphtoate 

d'éthyle  et  un  cas  de  réduction 
d  alcool  en  carbure  par  le  sodium 
et  l'alcool  absolu;  par  M.  Hervé 
de   Pommereau I 

—  Décomposition     des     alcoolates     et 

des  phénates  métalliques  par  la 
chaleur;  par  M.  J.-F.  Durand i 

—  Voir  Catalyse,  Pouvoir  rotatoire. 

CuiMIE       PHYSIOLOGIQUE.       L'aCtioU 

d'arrêt  du  foie  sur  l'acide  urique 
exogène;  par  MM.  Chauffard,  P. 
Brodin  et  Grigaut 

—  Influence    de    quelques   bases    orga- 

niques et  de  leur  chlorhydrate  sur 
l'activité  de  l'amylasc  pancréa- 
tique; par  MM.  A.  Desgrez  et  R. 
Moog 

—  Sur   la   formation   de   l'urée   dans   le 

foie  après  la  mort;  par  M.  R.  Fosse 
et  M'iiî  iV.  Rouchelman 

—  Le   pouvoir   réducteur   des    liquides 

organiques  et  des  tissus  de 
quelques  animaux  marins;  par 
M.  Raoul  Bayeu.r 

—  Emploi  du  chloroforme  pour  la  pré- 

paration de  nucléo-protéides  et 
d'acides  nucléiques'  actifs  in  vitro 
sur  le  sang.  Complexité  de  l'action 
des  acides  nucléiques  in  vitro;  par 

M.  Doyon i 

Chimie  physique.  —  Application  de  la 


■1 1 7 

193 

496 
499 


477 


I7I0 


TABLI-     DES    MATIERES. 


loi  d'iiyilrolysi'  à  la  lii'trrmiiiatiun 
(les  poids  moléculaires;  par  M.  //. 
Colin  l't  M"«  .1.  Chaudun 

—  Anomalie   de   dilatation   des  alliages 

or-euivre:  par  MM.  Albert  Por- 
tefiit  el  Jean  Durand 

—  Sur  la  précipitation  fractionnée;  par 

MM.  Pierre  Joliliois,  Robert  Bos- 
snet  et  C'Iiet'ry 

—  Sur     le     mécanisme     des     échanges 

d'énergie  dans  la  vaporisation; 
par  M.  liené  Audiiberl 

—  Contribution   à   l'étude   du   système 

iodc-lclluro.  Etude  de  la  vapori- 
sation; par  M.  A.  Damiens 

—  Solubilité    de    nilranilines    isomères 

dans  le  métaxylènc;  par  M.  Chapns 

—  Sur  les  propriétés  des  diagrammes. 

Courbes  représentatives  du  dépla- 
cement de  l'équilibre  des  systèmes 
chimiques;  par  M.  Jean  Barbaudy . 

—  L'action  des  additions  sur  l'anomalie 

de  dilatation  des  ferronickels; 
applications  aux  alliages  fer-nickel- 
ciirome;  par  M.  P.  Ctievenard 

—  Sur   les   hydrates   de   pyridine;   par 

M.  Pariselle 

—  Sur  la  quantité  élémentaire  d'énergie 

mise  en  jeu  dans  la  dissolution; 
par  M,  René.  Auduherl 

—  Retrait   au   séchage   des   kaolins    cl 

des  argiles;  par  M.  A.  Bi«ol 

—  Sur    une    méthode    d'enregistrement 

par  photographie  des  réactions 
chimiques  accompagnées  d'une 
variation  de  pression;  par  M.  Pierre 
Jolibois 

—  Kaolins,  argiles,  bauxites,  etc.  Varia- 

tions de  volume  sous  l'action  do  la 
chaleur;  par  M.  A.  Bigot 

■ —  Sur  les  phénomènes  électriques  ac- 
compagnant le  déplacement  des 
métau.\  ;  par  M.  Barlot 

• —  Influence  de  la  forme  géométrique 
des  corps  solides  sur  les  actions 
chimiques  qu'ils  subissent;  par 
-MM.  G.  Reboul  et  R.  Luce 

—  Ai)parcil  enregistreur  des  variations 

(l'une  masse  gazeuse  avec  le  temps; 
l)ar  M.  .4. -.4.  Gunfz 

—  Sur  le  poids  atomi(iue  du  chlore  dans 

quelques  minéraux;  par  M"^  Irèn^e 
Curie 

—  Principes     de     mcthoilcs     nouvelles 


■5-3 


•J9i 
(i-'l 


755 


8()i) 


918 


appliiahles  à  la  délrrminalioii  des 
]ioids  molécidaircs:  par  M.  CiiiiiiUe 

Miili'^non lo'iG 

Sur  la  solubilité  de  divers  sels  de 
potassium  dans  des  mélanges 
d'eati  et  d'alcool;  par  M.  M.  Pier- 

ral if>ii 

Les  solutions  saturées  de  deux  ou 
plusieurs  corps.  Application  du 
principe  de  Le  Chatelier;  par  M.  C. 

Raveau 1  oy.) 

Sur  la  dispersion  spécifique  des  car- 
bures   d'hydrogène;     par    M.      /•-'. 

Dar/nois 1  loi 

Une  théorie  de  l'hydrolyse  lente  des 

sels;  par  M.  .4.  Tian 1 1  79 

'Sur  la  réversibilité  de  la  réaction 
CO^  Ca  =  CCI-  -f-  Ca  0 
par  MM.   Pierre  Jolibois  et   Hou- 

fier ii?2 

Réactions    chimiques    et    rayons    de 

courbure;  par  M.  Luce 19.87 

Application  de  la  loi  d'action  des 
masses  aux  résultats  obtenus  dans 
la  réaction  de  la  galaclosidaso  [3  sur 
le  galactose  en  solution  dans 
l'alcool  propylique;  par  M.  Marc 

Bridel ! laSS 

Sur  une  cause  de  dispersion  du  col- 
lo'ide  dans  une  classe  importante 

d'hydrosols  ;  par  M.  A.  Tian 1  «j  1 

■  Floculation  du  sidfure  d'arsenic 
colloïdal.  Principe  d'une  méthode 
d'étude;  par  MM.  ,4.  Boularic  et 
M.  Vuillaume 1993 

-  Sur  la  stabilité  et  la  réversibilité  des 

transformations  des  hydrosols 
obtenus  par  hydrolyse  des  sels; 
par  M.  .4.  Tian i  i"-" 

-  A'ariétés  allotropicpies  d'oxydes;  par 

M"<^  6'.  Veil I  |05 

-  Sur  la  variation  de  la  réfracliou  spé- 

cihque  des  sels  dissous  en  sohitions 
étendues  :  par  M.  C.  Chénefeau  ....      1 4o8 

-  Sur    les    molyhdo-malates    d'ammo- 

nium et  de  sodium;  par  -M.  A'. 
Darinoi/i i  ÎSO 

-  Ri'lation  entre  la  dilatation  anomale 

cl  la  variation  lliernii(]ue  de  l'ai- 
mantation des  corps  ferromagné- 
li(|ues;  par  M.  Clie^'enard l655 

-  Aclion     de     1  acide    borique    sur    la 

glycérine  cl  les  alcools  poly  vali-nis. 
Applicaliini     d'une     iiDiivrile     nié- 


TAlîl.E    DES    MATIEHES. 


thoili-  (le  vohiinriiic  i>liysii'o-clu- 
mii|U(':  par  M.  Ihni'  Duhrisiii/ 

—  ^'oil■     Mclaltiirgio,     PliDspliorcwencc, 

Physique  inchistrictle.  Pouvoir 
rotaloire,  Radioactivilr. 
Chimie  véoétale.  —  Sur  la  présence 
d'acide  quiiiiquo  dans  1rs  feuilles 
de  quelques  conifères  ;  par 
M.  Georges  Taniel 

—  Nouvelles      recherches      concernant 

l'extraction  des  glucosides  chez 
quelques  orchidées  indigènes: 
identification  do  ces  glucosides 
avec  la  loroglossine;  par  M.  P. 
Delaiiney 

—  Contrihutiou    à    l'étude    des    eonsli- 

luauts  acides  de  la  gemme  de  pin. 
Les  acides  dextropimariqiie  et 
lévopiniarique  ;  par  M.  Georges 
Dupont 

—  Id.    Composition    de    l'acide    pima- 

rique;  par  M.  Georges  Dupont.  .  .  . 

—  Id.    Isoniérisation    des  acides   pima- 

riques;  par  M.  Georges  Dupont.  .  .  . 

—  Sur  les  alcaloïdes  de  la  valériane;  par 

MM.  A.  Goris  et  Ch.  Vischniac.  .  .  . 

—  Sur   les   graines   à   autofermentation 

sulfhj  drique  de  la  famille  des 
Papilionacces;  par  ]\I.  Marvel 
JMirande 

—  Sur  une  méthode  permettant  l'appli- 

cation aux  végétaux  du  procédé 
biochimique  de  recherche  du  glu- 
cose; par  MM.  M.  Briflel  et  R. 
Arnold 

CiiRONOGBAPiiiE.  —  CliTOuographe  à 
pointage  photographique  pour  la 
mesure  des  durées  brèves  à  mou- 
vement harmonique,  ou  à  mouve- 
ment circulaire  uniforme  au  moyen 
des  figures  de  Lissajous;  par 
M.  A.  GuilleC 

Chuoxométhie.  —  Les  déplacements 
élastiques  transverses  du  centre 
de  gravité  du  spiral  cylindrique  et 
des  doublets;  par  M.  .Jules  An- 
drade 

—  Horloge   mécanique   à   échappement 

libre;  par  M.  Ch.  Féry 

—  Sur  les  écarts  à  la  loi  d'isochronismc, 

produits  par  la  lame  de  suspen- 
sion   du    pendule;    par    M.    Paul 

Le   Rolland 

■ —  Sur    le    mouvemi'iil    du    pendule    à 


9*5 
118I 

I0".>) 


l'agcs. 
suspension  élaslic|ne:  \y.iv  M.  Paul 

Le    Rolland 800 

-  Le  ]>ri)lilènie  de  l'acheminement  et  les 
inouveiuenls  pendulaires  entre- 
t(-nus  ;  par  M.  Jules  Andrade 1 0  i  >. 

Cinématique.  —  Méthode  graphiqu.^ 
pour  l'élude  des  trains  épicye- 
loi'daux;  par  M.  Pal  Ravigneaux .  .  .        'iGi 

Climatologie.  — ■  Les  changements  de 
climat  du  Sahara  pendant  le  qua- 
ternaire; par  M.  R.  Chudeau Go'i 

Collège  de  France.  — -  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  invite 
l'Académie  à  lui  présenter  une 
liste  de  deux  candidats  pour  la 
chaire  de  mathématiques I ÏO7 

Comètes.  —  Eléments  provisoires  de  la 
nouvelle  comète  1920  b  (Skjel- 
lerup)  ;  par  MM.  G.  Fayet  et  A. 
Schaumasse 1 1  ^ 

—  Observations    de    la    comète    Skjel- 

lerup  (1920  6),  faites  à  l'équato- 
rial  coudé  de  l'Observatoire  de 
Nice  ;  par  M.  .1.  Schaumasse 1 1  ^> 

—  Observations    de    la    comète    Skjel- 

lerup  faites  à  l'Observatoire  de 
Bordeaux  (équatorial  de  n™,  38)  ; 
par  M.  //.  Godard ni 

—  (Jbservations     de    la     comète     Ilcid 

laites  à  l'Observatoire  de  Bor- 
deaux (Equatorial  de  o™,  38)  ;  par 
M.  H.  Godard 81 1 

—  Observations    de    la    comète.     Keid 

(igai-  a],  faites  à  l'équatorial  coudé 
de  l'Observatoire  de  Besançon;  par 
M.  P.  Chojardet 8ia 

—  Observations    de    la    comète    Rcid, 

faites  à  l'équatorial  coudé  de 
l'Observatoire  de  Lyon;  par  M.  J. 
Guillaume 8^2 

—  Observations     de     la     comète     lieid 

[1921  a]  faites  à  l'Observatoire 
de  Marseille,  Équatorial  Eichens 
de  o™,  26;  par  M.  Michkovitch.  .  .       911 

—  Observations    de    la    comète    Win- 

necke  (1921  b]  faites  à  l'Observa- 
toire de  Bordeaux  (équatorial 
de  om,  38)  ;  par  M.  H.  Godard 1092 

—  Observation    de    la    comète    Pons- 

■Winneckc  (1921  b),  faite  à  l'équa- 
torial coudé  de  l'Observatoire  de 
Lyon;  par  M.  J.  Guillaume I23l 

—  Observations  de  la  comète  Dubiago 

(1921  c)  faites  à  l'équatorial  coudé 


171 


TABLE    DES    MATIERES. 


l'^qes. 


clo  J'(  )bsorvaloii'('  de  Nice  (n™,  -Jo 
d'ouverture);    par    M.    ^1.    Scltcui- 

masse il  iO 

Commissions    académiques.     —    F.lec- 

Vinns  dej   cDnimissions  de  prix.  .  .        ï'i^ 

—  MM.  les   membre;    do    la  section    de 

physique.  3MM.  \.  .\rsonval,  J.  Car- 
pentier.  Ijergoiiin  formeront  la 
commiîfion  chargée  do  contrô!er 
les  expériences  de  M.  Contremoii- 
lins  sur  la  portée  des  rayons  X.  .  .  i  l'jo 
Commissions  MiNisTÉniEi-i.Es.  —  M.  !e 
Ministre  de  l'Agriculture  invite 
l'Académie  à  lui  désigner  trois  de 
ses  membres  pour  occuper  les  trois 
places  vacantes  dans  le  Conseil 
supérieur  des  stations  agrono- 
miques et  des  laboratoires  agri- 
coles    119, 

—  MM.     L.     Guignard,     G.     Lemoine, 

A.-Tli.   Schlœsing,  sont  désignés.  .        if'î 

—  MM.  ./.  \'iolle  et  R.  Bourgeois  sont 

élus  membres  du  Comité  consul- 
tatif de  l'OfTice  national  météo- 
rologique au  Sous-Secrétariat 
d'Etat  de  l'Aéronautique i  Î3 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 

que invite  l'Académie  à  désigner 
un  de  ses  membres  qui  fera  partie 
(le  la  Commission  technique  de  la 
troisième  section  de  la  Caisse  dcx 
recherches  scientifiques i  i  5o 

—  M.  Charles  Moureu  est  désigné !9;y 

—  M.  le  Ministre  du  Commerce  et  de  V In- 

dustrie invite  l'Académie  à  dési- 
gner un  de  ses  membres  qui  la  repré- 
sentera au  sein  de  la  Commission 
permanente  de  Standardisation....      I5;9 

—  M.  //.  Le  Chatelier  est  réélu 1 3'io 

—  .Al.  le  Ministre  dn  Tra^'ail  invite  l'Aca- 

démie à  lui  désigner  un  de  ses 
membres  qui  occupera,  dans  la 
Comrni.<ision  supérieure  des  maladies 
d'origine  pro/essionnelle,  la  place 
laissée  libre  par  la  démission  de 
M.  A.  Laveran iSgï 

—  M.  ^Yidal  est  désigné i  î 5/ 

Cosmogonie.  —  Constitution  et  forma- 
lion  des  nébuleuses  spirales:   par 

M.  Alex.   Véronnet ijjt 

—  \o'u  A.itronomie  physique,  Relativité. 
CiiiSTAi.i.oGE.NÈKi;.  —  Sur  la  coloration 

artificielle  des  cristaux  obtenus 
par  solidification  d'une  substance 


Pases. 


fondue  et  sur  la  diffusion  cristal- 
line: par  M.  Paul  Gauhert 1299 

Ci!isTALi.oGn.\pHiE.  —  Sur  les  couleurs 
d'interférence  produites  par  les 
lames  cristallines  minces;  par 
M.  Paul  Gaubert 69 1 

—  Sur   la    photographie   stéréoscopique 

des  cristaux;  par  M.  Maurice 
François i  îoO 

—  Sur      quelques      roches      cristallines 

d'.Mbanie:  par  MM.  Jacques  Bour- 

cart  et  René  Abrard i  loS 

—  Voir   Electro-optique,  Métallographie, 

Microscopie,  Minéralogie,  Pouvoir 
rotatoire,  Rayons  X. 
Cryptogamie.  —  Sur  l'emploi  d'écrans 
colorés  pour  combattre  les  mala- 
dies cryptogamiques  des  végétaux; 
par  M.  Robert  Lance 1201 

—  Sur  un  produit  anticryplogamique; 

par  M.  Robert  Lance i'.!Oi 

—  Voir  Bactériologie  agricole.  Mycologie, 

Parasilologie,  V iticulturc. 
Cytologie   animale.   — ■  L'hétérotypie 
dans  la  mitose  somatique  de  Co- 
rethra  plumicornis;  par  M.  Armand 
Dehorne 9^1 

—  Sur  la  pression  osmotique  d'arrêt  de 

la   division  cellulaire;  par  MM.  /•". 

Vlès    et    J.   Dragoiu 1127 

—  Les    conséquences    cytologiqucs    de 

l'arrêt  osmotique  de  la  division 
cellulaire;  par  MM.  ./.  Dragoiu  el 
F.    Mes 1210 

—  Sur  quelques  attitudes  fonctionnelles 

du  chondriome  de  la  cellule  hépa- 
tique ;  par  M.  R.  J\oël I  179 

—  Cellules   à   granulations   éosinophilcs 

d'origine  histioïde  dans  le  sang 
circulant  de  l'embryon;  par 
M.  L.-M.  Bétances 1  iSi 

—  Fausse  et  vraie  myogénèse  chez  les 

Copépodes  pélagiques.  Krreur  due 
à  la  méconnaissanc<'  des  péridi- 
iiiens  parasites  cœlomiques;  par 
M.  Edouard  Chatton I  i  i  1 

—  La   question   de   la   spécilicilé   cellu- 

laire chez  les  planaires;  par  M.  A. 
Vandel l6i4 

—  Le  radiopuncture  microscopique  des 

cellules  niobilc-s;  par  M.  Serge 
Tchaliotine iG;9 

—  Le  mécanisme  de  la  mélaphase  el  do 

l'anaphase  somatiques  et  ses  con- 


TABLE    DES    MATIERES. 


1713 


scqUL-ncos  ihoz  (iirrlliia  iiluniicor- 

iiis;  par  M.  Armaiiil  Dehonie 168  J 

—  Voir  Histologie,  Spernialogéiièse. 
Cytologie  végktai.k.  —  A   propos   ilr 

l;i  constitution  morphologique  (hi 
cytoplasme;  par  M.  .1.  Guilliei- 
rnond l' i 

—  Le  dimorphisme  des  cléments  chro- 

mosomiques chez  le  Polypodiiiiii 
Schneideri  pendant  les  périodes  de 
télophase  et  d'interphase;  par  M. 
R.  de  Lilardièrc Go  7 

—  Les    phénomènes     nucléaires    de    la 

cinèse  hétérotypiquc  chez  le  Lobe- 
lia  ureris  et  chez  cjuclqucs  campa- 
nulacées;  par  M.  L.  Armand ;G-.) 

—  Sur   le     Gymnodinium    pseudonocli- 

luca    Pouchet;    par  M.  J.    Pai'il- 

lard 868 


L'évolution  des  grains  (ralciu'oiie  en 
vacuoles  ordinaires  el  hi  l'ornia- 
lion  des  tannins;  par  -M.  Pii'i-n: 
Dangeard    lils \)\j'> 

Sur  la  structure  et  l'évolution  du 
noyau  dans  les  cellules  du  méris- 
lème  de  quelques  euphorhiacées; 
par  M.  E.  Licent loC)  > 

Remarque  au  sujet  de  quelques  pro- 
cessus chromosomiques  dans  les 
noyaux  diploïdiques  du  Podophyl- 
litrn  peltatuin  L;  par  iM.  H.  de 
L  ilardière 1 06G 

La   structure  des   anthérozoïdes   des 

fucacées;  par  M.  G.  ]\Iangenol 1 198 

Sur  les  microsomes  et  les  formations 
lipoïdes  de  la  cellule  végétale;  par 
M.  A.  Guilliermond 167G 


DÉCÈS    DE    MEMBRES    ET    DE    ConRESI'O.N- 

DANTS.  —  De  M.  Georges  Hiimherl, 
membre  de  la  section  de  géomé- 
trie           189 

—  De  M.  Emile  Boiirquelol.  membre  de 

la  section  de  chimie 2  iy 

—  De   M.    Pjeffer,   correspondant   pour 

la  section  de  botanique 3  J  j 


—  De   M.    Vallier,    correspondant   pour 

la  section  de  mécanique 82! 

—  De  M.    Gaillot,   correspondant  pour 

la  section  d'astronomie '^yj 

Dynamique.  —  Voir  Aérodynamique, 
Electrodynamique ,  Hydrodyna- 
mique,   Thermodyniim  ique. 


Eaux.  —  Voir  Epuration  des  eaux. 
Eclipse  du  soleil  du  7-8    avril  1991. 

—  Observations  à  l'Observatoire  de 
Paris;  par  M.  B.  Baillaud 886 

—  id.  à  l'Observatoire  de  Strasbourg; 

par  M.  Ernest  Esclangbn 908 

—  id.  à  l'Observatoire  de  Besançon; 
parM.  yl.  Lebeuj goy 

—  id.  à   rObservatcire   de   Bourges; 

par  M.  Moreux 910 

—  id.  à  l'Observatoire  de  Lyon;  par 

M.  Jean   Mascart y  12 

■ — ■  id.  à  l'Observatoire    de    Toulouse; 

par  M.  L.  Montangerand y'^G 

—  id.  à  l'Observatoire  astronomique 
de  l'Université  de  Valence  (Es- 
pagne) ;  par  M.  /.  Tarazona 101  > 

—  Voir  Actinométrie. 

Elasticité.  —  Sur  le  cas  de  Poincaré 


dans  la  théorie  de  l'élasticité;  par 

M.  E.  Jouguet 3 1 1 

—  Equilibre   et   stabilité   des    appareils 

élastiques;  par  M.  A.  Thuloup.  .  .  .      1643 
Elections  de  membres  et  de  corres- 
pondants. —  M.  Pierre  Bazy  est 
élu  membre  delà  section  de  méde- 
cine et  chirurgie 201 

—  M.   Auguste    Béhal  est  élu  membre 

de  la  section  de  chimie 26^ 

—  M.  Ernest  IV.  Brown  est  élu  corres- 

pondant  pour   la   section   d'astro- 
nomie          îGî 

—  M.  Louis  Joubin  est  élu  membre  de 

la  section  d'anatomie  et  zoologie.  .        353 

—  ^L  Jules  Bordet  est  élu  correspondant 

pour    la    section    de   médecine   et 
chirurgie 43l 


171/i  TABLE    DES 

Pages. 

—  Sir  Eniesl  Rutheiford  osl  élu  corrcs- 

pondanl  pour  la  scclion  de  phy- 
slcjuc  générale i'^' 

—  Sir   Oeorge   Creenhill  est  élu  corres- 

pondant pour  la  section  de  méca- 
nique         6  i  î 

—  M.   Emile  Borel  est  élu  membre  de 

la  section  de  géométrie 900 

—  M.    Georges  Urbain  est'  élu  membre 

de  la  section  de  chimie 1 1  i9 

—  M.  Jean  Massart  est  élu  correspon- 

dant pour  la  section  de  botanitiue.      i'2-y 
Electricité.  —  Sur  une  nouvelle  pro- 
priété de  corps  faiblement  conduc- 
teurs  de   l'électricité;   par   M.    G. 
Beboul 210 

—  Interprétation,  par  la  cohésion  diélec- 

trique, d  une  expérience  célèbre  de 
Sir  .J.-.J.  Thomson;  par  M.  E. 
Bonlij 731 

—  Sur  l'éclat   de   l'élincplle   électrique; 

parM.  L.BkH 807 

■ —  Voir  Chimie  phyaique.   Ions,   Métal- 
lurgie. 
Electricité   .vTJiosniÉRiQVE.   —   Voir 

Météorologie,    Radiogoniométrie. 
Electricité  industrielle.  —  Complé- 
ment à  la  théorie  de  la  réaction 
d'induit     pour     les     alternateurs 
saturés;  par  M.  André  Léauté 27G 

—  Pile  à  dépolarisa  lion  par  l'air;   par 

U.Ch.Féry ^17 

—  Généralités     de     la     représentation 

topographicjue  des  couples  des 
moteurs  à  courants  alternatifs; 
par  M.  André  Blondel 1270 

—  Errata   relatifs  à    cette  communica- 

tion       I  j4''> 

—  Sur  l'appliealion  de  survolleurs  sla- 

tiques  répartis  au  réglage  des 
lignes  à  haute  tension;  par  M.  A. 
Blondel I  j2G 

—  Voir  Télégraphie. 

Electricité  médicale.  —  l^flicacilé  de 
la  d'Arsoiivalisation  diathermique 
dans  les  plaies  atones(  ulcères 
vari<iueux,  troubles  trojjhiques 
cutanés,  etc.)  ;  par  M.  Bordier 1214 

Electrodvnamique.  —  Potentiels  sca- 
laire et  vecteur  dus  au  mouvement 
de  charges  électriques;  par  M.  Lié- 
iiard ^  I 

—  Errata  relatifs   à   celte  eommunica- 

lion 2,18 


MATIERES. 

Pages. 

—  Énergie  éleelromagnétique  et  poten- 

tiel thermodynamique  d'un 
système  de   courants;   par  M.   .4. 

Liénard 208,  SaS 

Electromagnétisme.  —  Actions  mu- 
tuelles (apparentes)  d'aimants  et 
courants  plongés  dans  un  liquide 
magnétique;  par  M.  W.  C/»'part.     58(),  750 

—  Voir  JS'ai'igation. 

I'i.ectro-optiqve.  —  Sur  la  biréfrin- 
gence électrique  des  liqueurs 
mixtes  et  la  structure  cristalline; 

par  M.  St.  Procopiu 11 72 

-  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion       l45G 

—  Voir  Physique,   Spectroscopie. 

i'^MBRYOGÉNIE  ANIMALE.  SuT  TaCtion 

cju'exerce  l'acide  sulfuricpie  con- 
centTé  sur  h'S  œufs  de  Bombyx 
niori;  par  M.  .1.  Lécaillon 718 

—  L'irritabilité     aneurale     de     l'ecto- 

deruLc  décelé(!  par  le  déplacement 
ciliairc  de  l'embryon  chez  Rana 
temporaria;  par  M.  Paul  Wintre- 
hert .  . .  .• ij 34 

—  La  forme  rijïtilienne   du   spermato- 

zoïde du  pangolin  et  sa  significa- 
tion: par  MM.  R.  Anthony  et  Cli. 
Champy M  3  J 

—  L'activation   parlhénogénétique   des 

œufs  de  Grenouille  rousse  (Rana 
lenipoiraria  L.)  dans  les  milieux 
hypotoniqucs  et  hypertoniques; 
par  M.  R.  Hovasse i  '  '7 

—  Voir  Cytologie  animale. 

Embryogénie  végétale.  —  Embryo- 
génie des  serofulariacées.  Déve- 
loppement de  l'embryon  chez  le 
\'eronica  arvensis  L;  par  M.  René 
Souèges : 70  3 

—  Embryogénie    des    labiées.   Dévelop- 

pement de  l'embryon  chez  le  Meii- 
tlia  viridis  L;  par  M.  René  Souèges.  10J7 
l'.NTOMoLOGiE.  —  Utilisation  des  cocci- 
nelles contre  les  insectes  nuisibles 
aux  cultures  dans  le  midi  de  la 
Elance;  par  M.  Paul  Marchai 10 'j 

—  Un    foyer    de    multiplication    de    la 

mouche  des  fruits  [Ceratitis  capi- 
tula Wied.)  aux  environs  de  Paris; 
par  M.  Pierre  Lesne lyo 

—  Morphologie    générale    et    slruelure 

de  l'appareil  digestif  des  lépidop- 
tères; par  M.  L.  Bordas ('>i  7 


—  Sur  qni-l(|urs  araisiiiiTs   apiioumoncs; 

par  M.  Louis  Fai;e &.><> 

—  Aptrrina  pedeslris  Mois.  Los  musclos 

(lu  vol  chez  coitaius  diptères  à 
ailrs  l'udiinontairos  ou  iiullos;  par 
M.  /..  Mercier 7 1 0 

—  Kolr  du  lapin  domosticpio  dans  l'al- 

tractiou  pt  la  nulritioii  à' Anophèles 
inacidijyrniti.i:  par  MM.  J.  Lc^endre 
ot  A.  Oliveaii 82-^, 

—  ru'génératioii    de    paltos    à    la   placu 

d  antennes  sectionnées,  chez  un 
pliasme;  par  M.  L.  Cuénot 91',) 

—  Sur  les  différents  modes  de  régénéra- 

tion des  antennes  chez  le  phasnie 
Carausius  inorosus;  par  M.  L.  Cué- 
not        I  onç) 

—  Recherches   sur   le   déterniinisnie   de 

la  perte  de  la  faculté  du  vol  chez 
les  hémiptères  aquatiques:  par 
M.  R.  Poisson i  j'22 

—  Voir  Insectes. 
Epidémiologie.  —  La   fièvre  aphteuse 

hovine  n'est  pas  transmissible  à 
l'homme;  la  stomatite  aphteuse 
humaine  n'est  pas  transmissible 
aux  bovins;  )>ar  M.  Charles 
Lebailly 1  i  jo 

—  Yoii  Hygiène,  Médecine  expérimentnlc. 
Epun.vTiON  DES  EAUX.  —  Sur  l'épuration 

bactérienne  et  colibacillaire  au 
cours  du  traitement»  des  eaux 
dégoûts  par  le  procédé  des  «  boues 
activées  »;  par  MM.  Paul  Cour- 
mont,  A.  Rochaix  et  F.  Laupin.  .  .  .  i6ijG 
Equations.  —  Sur  certaines  équations 
différentielles  linéaires  complè- 
tement intégrables;  par  M.  -4/;- 
gelesco Il) 

—  Sur  une  équation  de  Fredholm  dans 

le  domaine  complexe  et  son  appli- 
cation à  la  théorie  des  systèmes 
d'équations  linéaires  à  une  infinité 
d'inconnues;  par  M.  Rolin  ITorre.  .         '{yi 


TABLE    DES    MATIERES. 

l{és(.h.li.Mi     ,lr      léqualioM      incléter 


1715 

Paccs. 


/.  X-  V  +  q  X3  —  ;,  XY-  X  -Y»  =,  I 

jiar  M.  Boris Delauiiiui \'.>\ 

—  Uésolution  de  l'équalion  algébrique 

générale  à  l'aide  de  la  fonction  'i  ; 

par  M.  ///.  Mellin 038 

—  Sur    certains    systèmes    d'équations 

de  l'faff  et  les  transformations  des 
équations  aux  dérivées  partielles; 
par  M.  G.  Cerf 5i8 

—  Sur  une  classe  d'équations  intégralrs 

à  noyau  asymétrique;  par  M.  T. 
Carlcman 05  5 

—  -    Deux  conséquences  de  l'équation  aux 

dérivées  fonctionnelles  qu  ou  tire 
de  la  représentation  conforme; 
par  M.  Gaston  Julia 7 38 

—  Sur  les  discontinuités  des  solutions 

de  certaines  équations  de  Fred- 
holm; par  M.  Gaston  Julia 1279 

—  Sur  une  équation   intégrale  dans   le 

domaine  complexe;  par  M.  S.  Pin- 

cherle 139") 

-  Équations  de  Fredholm  à  intégrales 
principales  au  sens  de  Cauchy;  par 
M.  Gaston  Bertrand i458 

—  Sur  les  familles  complètes  de   figures 

intégrales   d'un  système   d'équa- 
tions aux   dérivées  partielles  du 
premier  ordre  ;  par  M.  Riquier ....      1 629 
--   Sur    les    systèmes    d'équations    aux 
dérivées    partielles    des    fonctions 
hypcrgéométriques  les  plus  géné- 
rales; par  M.  J.  Kampé  de  Fériet.  .      i034 

—  Sur  les  systèmes  aux  dérivées  par- 

tielles comprenant  autant  d'équa- 
tions que  de  fonctions  inconnues; 
par  5L  Maurice  Janet 1O37 

—  Voir  Algèbre,  Analyse  mathématique. 

Géométrie  infinitésimale,  Fonctions. 

Errata.  —  I04,  188,  248,  3o4,  628,  783, 

io83,  laO-i,  1455,  1543,  1627,   1700. 


Fonctions.  —  Sur  certaines  fonctions 
se  rattachant  à  des  surfaces 
fermées;  par  M.  Emile  Picard.  .  . . 

• —  Sur  les  fonctions  ayant  un  nombre 
fini    ou    infini    de    branches:    par 


M.  Théodore  Varopotilos 

Sur  li'S  fonctions  automorphes;  par 
M.  Guida  Fubini 

Sur  une  classe  de  fonctions  multi- 
formes: jiar  M.  Théodore  }'aropoii- 


I7l(l  TABLE    DES 

Pages. 
los 265 

—  Résolution  de  l'équalion  algébrique 

générale  par  des  fonctions  hyper- 
géométriques  de  plusieurs  va- 
riables; par  M.  Richard  Birkelaiid .        îoij 

—  Sur  les  fonctions  aulomorphes;  pur 

M.  Georges  Giraud >  >'\ 

—  Variation  de  la  fonction  qui  fournit 

la  représentation  conforme  d'une 
aire  sur  un  cercle,  lorsque  le  con- 
tour de  l'aire  varie:  par  M.  Gaston 
Jttlia Vis 

—  Sur   les   couples   de    fonctions    algé- 

broïdes  d'une  variable  correspon- 
dant aux  points  d'une  courbe  algé- 
brique de  genre  supérieur  à  l'unité  ; 
par  M.  Georges-.I.  Rémoundos G  j  ) 

—  Sur    les     fonctions     hyperelliptiques 

singulières  ;  par  M.  C.-E.  Traynard.       (i  j  7 

—  Sur  quelques  points  de  la  théorie  des 

fonctions  et  de  la  théorie  des 
nombres;  par  M.  Théodore  Varo- 
poulos G  ')  ; 

—  Sur    les    fonctions    entières    d'ordre 

fini;  par  M.  G.   Valiron 7  1 1,  i.)  »G 

—  Sur    l'approximation    des    fonctions 

de  grands  nombres;  par  M.  Alau- 

rice  Haniy 78') 

—  Sur  la  détermination  des  fonctions 

présentant  certain  caractère  com- 
plexe de  résolubilité;  par  M.  Ar- 
naud Denjoy 8  33 

—  Le   théorème   de   M.    Landau   et   les 

fonctions         multiformes;         par 

M.  Théodore  Varopoulos 8  5") 

—  Caractères     de      certaines     fonctions 


MATIERES. 

Pages, 
intégrablcs    et    opérations    corres- 
pondantes; par  M.  Arnaud  Denjoy .        903 

—  Sur   les   fonctions   de   Bcsscl   à   deux 

variables;  par  M.   Benjamin   Jek- 
hoivsky I  'Î3 1 

—  Sur  les   fonctions  qui  admettent  un 

théorème    d'addition     algébrique; 

par  M.  H.  Alineur i^Gl 

—  Sur  les  fonctions  bypercylinfWques: 

par  M.  J.  Kampé  de  Fériet i  jG^ 

—  Sur   une   classe    de   fonctions    trans- 

cendantes; par  M.  Théodore  \'aro- 
poulos 1 639 

—  Voir  Algèbre,   Analyse  iiiiil/icniiiliiiuc 

Equations. 

l''ll.NL>ATIU.N-  LonrtLLiL.  —  MM.  C 
Jordan.  II.  Le  Chalelier,  le  prince 
Roland  Bonaparte  sont  réélus  mem- 
bres du  Conseil  de  la  Fondation 
Loutreuil 900 

—  Rapports  relatifs  à  l'emploi  de  suli- 

ventions  précédemmeut  accordées  : 

—  par  M.  Léon  Guillet lOî 

—  par      le      Sous-directeur     de 
l'Ecole  d'anthropologie i  iîS 

Fonds  Bo.naparte.  —  MM.  .4.  Ilaller 
et  Mangin  sont  élus  memllres  de 
la  Commission  du  Fonds  Bona- 
parte en  remplacement  de  MM.  .-I. 
Lai'eran  et  H.  Lecointe loi.'j 

—  Kai)ports  relatifs  à  l'emploi  de  sub- 

ventions précédemment  accordées: 

—  par  M.  E.  Fauré-Frémiet .  ...        112 

—  par  M.  Paul  Winirebert .  ...      i  lâo 


GÉOCBAPHIE.  —  Le  nouvel  Atlas  uni- 
versel de  Vivien  de  Saint-Martin 
et  Schrader;  par  M.  Frantz  Sclini- 
der 

—  Voir  Navigation.  (Jcéanogra/ihie. 

GlioGIlAIMIlF.      PUYSIQLt.      LoS      BaS" 

Cliamps  de  Picardie  au  sud  de  la 
Somme;  par  M.  A.  Briquet 

—  Les     Bas-Champs     de     Picardie     au 

nord   de   la   Somme   :   la   ligne  de 
rivage;    par   M.    A.    Briquet..     G97, 
--  Sur    la    géologie    et     la    géographie 
physique  de  la  dépression  du  Rio 
(liKuliiilo      (Sierra      Morcna,      bls- 


92: 


pagne)  ;  par  M.  Henry  Joly 811 

—  Sur    la    dépression   longitudinale    du 

(:iiîli;     par    M.     de    Monlessus    de 
Bnllnre 990 

—  Relief    littoral    et    plate-formes     llii- 

viales;  par  M.  .lovan  Cvijic i.laj 

—  Plateformes      fluviales     et     ressauts 

d'érosion;  par  M.  Jovan  Cvijté.  .  .  .      i  "92 

—  Les  «  franc  »  de  la  vallée  de  la  Cère; 

par  M'":  Y.  Baisse  de  Black 1391 

—  Voir  Géologie,  Géophysique. 
GÉoi.oGir:.  —  Sur  l'âge  des  phénomènes 

de  charriage  dans  la  région  d'.Vvi- 
gnon;   par  M.    Pierre   Terniier   et 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


Pages.  , 

Léonce    Joleaud j4 

Observations    sur   les   alluvions   an- 
ciennes   de    la    Seine;    par    M.    E. 

Chapiu ::.":• 

Sur  un  ancien  lit  glaciaire  du  Pdione 
entre  Léaz  et  le  Pont-Houge  des 
Usses  (Haute-Savoie)  :  par  MM. 
Maurice  Lugeon  et  J.  Vilkmagne.  109 
Évolution  minéralogiquc  des  mine- 
rais de  fer  oolithique  de  France, 
indépendante   du   facteur    temps; 

par  M.  L.  Catjeiix 119 

Sur  l'âge  des  phénomènes  de 
charriage  dans  les  montagnes 
de  Gigondas  (Vaucluse)  ;  par  MM. 
Pierre  Termier  et  Léonce  Joleaud.  191 
Les  monts  de  la  Margeride;  leurs 
éruptions  porphyriques;  leurs 
cycles  d'érosion  et  leurs  glaciers; 

par  M.  Ph.  Glangeaud aaô 

■  Notion  d'un  métamorphisme  général 
sous-marin,  déduite  du  remanie- 
ment des  minerais  de  fer  ooli- 
thique jurassiques,  contemporain 
de  leur  dépôt;  par  M.  L.  Cayeu.r .  .  .  460 
•  Une  faune  saumàtre  au  sommet  du 
Crétacé  inférieur,  près  de  Bayonne  ; 
par  M.  H.  Douvillé.  . 63o 

-  Les  terrasses  alluviales  de  la  Nive  et 

leurs  rapports  avec  l'abri  mous- 
térien  d'Olha  (B.-Pyr.)  ;  par  M.  E. 
Passemard 758 

-  Sur  l'âge  des  formations  à  lignite  de 

l'île  de  Majorque;  par  MM.  C. 
Depéret  et  P.  Fallot 790 

-  Sur  nn  nouvel  exemple  de  striage  du 

lit  fluvial  ;  par  M.  Maurice  Lugeon .        828 

-  Existence     de     nombreux     spicules 

d'Alcyonaires  dans  les  minerais  de 
fer  jurassique  de  France;  par  M.  L. 
Cayeux 987 

-  Sur  l'âge  des   couches  les  plus   an- 

ciennes du  Massif  armoricain  ;  par 

M.  F.  Kerjorne 1 1 1  J 

-  Sur  un  forage  profond  qui  démontre 

l'existence  d'une  nappe  de  char- 
riage dans  la  Tunisie  septentrio- 
nale; par  M.   L.  Joleaud 1192 

-  Le  Trias  de  la  Kabylit  des  Babors 

(Algérie)  ;  par  M.  F.  Ehrniann  .  ...      i  ig4 

-  Sur  la  iaune  ichthyologique  du  Sahé- 

lien  de  la  région  d'Oran;  par  M.  C. 
Arambourg 12  Jj 

-  Sur  le  Sahélien  de  la  Tunisie  septen- 

C    R.,  19J1,  I"  Semestre.  (T.  n^.) 


trionale:  par  MM.  Cit.  Uei>êrct  et 
Marcel  Solignac 

—  Observations  sur  le  Paléozoïquc  de 

Rabat  (Maroc)  ;  par  M.  ./.  Savor- 
nin 

—  Voir   Climatologie,    Géographie   phy- 

sique, Géopliysique,  Ihjdrograplde, 
Hydrologie,  Lithologie,  Paléonto- 
logie animale  et  végétale,  Sismo- 
logie, Stratigraphie,  Tectonique, 
Vulcanologie. 

GÉOMÉTniE       IXFI.MTÉSIMALE.       Sur 

les  couples  de  deux  congruences  Oi 
polaires  réciproques  par  rapport  à 
un  complexe  linéaire;  par  M.  C. 
Guichard 

—  Sur  la  détermination  des  congruences 

de  droites  dont  le  plan  moyen  est 
donné;  par  M.  Axel  Egnell 

—  Sur    certains    réseaux    qui    se    pré- 

sentent dans  l'étude  des  congru- 
ences qui  appartiennent  à  un 
complexe  linéaire;  par  M.  C. 
Guichard 

—  Sur    certaines    surfaces    hypcrellip- 

tiques  singulières;  par  M.  C.-E. 
Traynard 

—  Courbes  algébriques  non  unieursales 

à  torsion  constante;  par  M.  Ber- 
trand   Gambicr 9'"' 

—  Sur  les  systèmes  triplement  indéter- 

minés de  droites  et  leurs  conjugués 
par  rapport  à  un  complexe  liné- 
aire; par  M.  Claude  Guichard 

—  Sur  une  amélioration  de  l'inégalité 

isopérimétrique  du  cercle  et  la 
démonstration  d'une  inégalité  de 
Minkowski;  parM.  T.  Bonnesen.  .  . 

—  Sur  les  systèmes  3  I  dont  toutes  les 

droites  appartiennent  à  un  com- 
plexe linéaire;  par  M.  C.  Guichard. 

—  Sur  les  surfaces  applicables  et  l'équa- 

tion de  Laplace;  par  M.  Bertrand 
Gambier 

—  Déformation   des   surfaces   et   équa- 

tion de  Laplace;  par  M.  Bertrand 
Gambier 

—  Sur  les  lignes  de  courbure  des  qua- 

driques;  par  M.  d'Ocagne 

—  Voir  Analyse  mathématique. 
Géophysique.  —  Affaissement  des  côtes 

méditerranéennes    de    la    France; 

par  M.  Ph.  Négris 

'  —  L'évolution  du  dynamisme  Icrreslrc; 


717 
âges. 

1557 


l:")87 


141 

350 


423 


ioo5 


1273 

•397 

i568 
i64o 

465 


I7I8 


TABLE   DES   MATIERES. 


Pages. 

par  M.  A.  Romieux û'J  ^ 

Voir  Magnétisme  terrestre,   Météoro- 
logie,  Océanographie,   Physique  du 


globe,  Sismologie,  Vulcanologie. 
Gravitation.  —  Voir  Physique,    Rela- 
tivité, Speclroscopie. 


Pages. 


H 


Hélicoptèke.  —  Voir  Aéronautique. 

IIiiLiOTiiÉnAPiE.  — •  Quelques  remar<|Ui'S 
sur  l'aclion  des  radiations  lumi- 
neuses et  ealorifiques  dans  l'hélio- 
lliérapie  ;  par  M.  E.  Roux i>'^-^ 

Hématologie.  —  Voir  Cytologie  ani- 
male. 

Histoire  des  sciences.  —  Visite 
officielle  aux  États-Unis;  par 
S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco 1  a-j 

—  Voir  Navigation. 

Histologie.  —  Rapport  des  neurites 
avec  les  tissus  dans  la  cornée;  par 
M.  ,/.  Nageotte <J  1 

—  Recherches    histologiques    et    histo- 

chimiques   sur   l'atrophie   pigmen- 

taire  du  l'oi(^  ;  par  M.  F.  Ladreyt ...      i  ■?.',- 

—  Nouvelle   technique  pour  les   inclu- 

sions et  les  préparations  microsco- 
piques des  tissus  végétaux  et 
animau.x;  par  M""  Larbaud i  >i  7 

—  Sur    un    prétendu    tissu    interstitiel 

dans  le  testicule  des  batraciens 
urodèles  ;  par  M.  Charles  Pérez i  M  i 

—  Voir  Cytologie  animale. 
Hydraulique.   —   Calcul   du   coup   de 

bélier  dans  une  conduite  alimen- 
tant une  turbine  à  forte  réaction  ; 
par  M.  de  Sparre '\'i'j 

—  Sur     le     rendement    maximum     des 

turbines;  par  M.  de  Sparre 'Ah 

■ —  Errata   relatifs   à   cette   communiea- 

lioii lOi- 

—  Sur  le  maximum  de  rendement  des 

turbines    à    libre    déviation;  '  par 

M.  de  Sparre SgG 

—  Sur    les    phénomènes    de    résonance 

dans  les  turbiiK'S  à  aspiration;  jjar 

M.  .4.  Foch I  1 1)1.) 

—  Note  d(^  M.  Râteau  au  sujet  de  cette 

commuuiealion I  1 J'-* 

—  Sur   le   rendement   des    tuihines   qui 

travaillent   sous    uni'    hauteur   de 


chute  variable;  par  M.  de  Sparre.  .      i3Gi 
Hydrodynamique.  —  Sur  l'écouleinenl 
initial  d'un  liquide  par  un  orilice 
brusquement  ouvert;  par  M.  Henri 

Villal.  . 1  iS 

— ■  Sur  le  mouvement  varié  des  lluides; 

par  M.  L.  Lecornu !  Jo 

—  Sur  les  mouvements   cycliques  d'un 

fluide  limité  par  un  mur,  et  conte- 
nant un  solide;  par  M.  Henri 
Villat JJiJ 

—  Mouvement    initial    d'un    liquide    en 

contact  avec  un  obstacle  à  arêtes 
vives;  par  M.  Dimitri  Riabou- 
chinski 52 1 

—  Sur   le  mouvement   périodique   d  uu 

fluide; par  M.  Paul  Appell «SJ 

—  Voir  Aérodynamique,  Capillarité,  Hy- 

draulique. 

Hydrographie.  —  L'hydrographie 
ancienne  du  Sahara;  par  M.  R. 
Chudeau .\')J 

Hydrologie.  —  Sur  la  présence  d'unu 
nappe  sous-alluvionnaire  d'eau 
thermale  et  minéralisée  dans  le  lit 
de  la  Durance,  à  Serre-Ponçon 
(Hautes-Alpes)  ;  par  MM.  W. 
Kilian  cl  F.  Blanchet i  j(.)4 

Hygiène.  —  Le  rôle  des  mouches  dans 
le  transport  des  germes  palhogèues 
étudié  par  la  technique  des  éle- 
vages aseptiques;  par  M.  E. 
Wnllman ui)8 

—  Sur  remploi  des  polysullures  alcalins 

pour  neutraliser  certains  gaz 
toxiques;  par  M.  Desgrez,  Guille- 
niard  et  Labat o4''i 

—  lulluenee   de   la   température   sur   le 

nomlire  de  décès  par  diarrhée 
infantile,  à  Paris;  par  M.  Louis 
IScs.wn , ioi 

—  Voir  .l/i;/((7i/.v,   Anatomo-physiologie, 

/■épuration  ites  cau.i,    \'ilaotincs. 


TABLE    DES    MATIERES. 


•719 


Immlmti';.  —  Lo  microlic  baoloriophagi.', 
asri'iit  d'iniinunilo  dans  la  poste  et 
lo  barbono;  par  M.  F.  d'IIerelle.  .  .  . 

—  Mécanisme  tic  l'immunité  bumoralc 

chez  les  insectes;  par  M.  A.  Paillol. 

—  Contribution  à  l'étude  de  l'immunité 

humorale  chez  les  insectes;  par 
M.A.PuilloI 

—  Sur   un   mode   de   défense   naturelle 

contre  les  infections  microbiennes 
chez  les  invertébrés;  par  MM.  E. 
Coinreur  et  X.  Clialiovitrli 

—  Rôle  des  humeurs  dans  la  destruc- 

tion extracellulaire  des  microbes 
chez  les  insectes  ;  par  M.  A,  Pailloi. 

—  Contre    les    infections    microbiennes 

chez  les   invertébrés;  par  MM.  E. 


99 
^97 

546 


876 


P;iSes. 
Couvreur  cl  .V.  Clialtovilili i  riO 

—  Voir  Médeciuc  vélérinaire, 
I.NsiiCTEs.  —  De  l'action  des  vapeurs  de 

chloropicrine  sur  VArjius  rejlexus 
Fabr.;  par  M.  P.  Remy iGig 

—  Voir  Entomologie,  Immunité. 

Ions.  —  Sur  le  mécanisme  des  échanges 
d'énergie  dans  le  passage  électro- 
chimique  d'un  atome  à  l'état  d'ion; 
par  M.  René  Audubert 753 

—  Emploi  de  la  lampe  à  trois  électrodes 

pour  la  mesure  des  courants  d'ioni- 
sation; par  M.  ,7.  Malassez 109?) 

—  Ionisation  de  l'argon  par  des  élec- 

trons lents;  par  M.  Georges  Déjar- 
din       i347 

—  \o\t  Chimie,  Hadionctivilé. 


LiTiiOLOcii:.  —  Le  caractère  épisodiquc 
des  bancs  du  calcaire  carbonifère 
dans  le  Boulonnais  et  la  dolomili- 
salion  de  certains  d'entre  eux; 
piu'  M.  Jacques  de  Lappareiil io5'2 

—   Rôle  pétrographique  des  alcyonaires 


fossiles,    déduit    de    l'analyse    des 
minerais    de    fer    jurassiques     de 

France  ;  par  M.  L.  Cayeux i  '89 

—  Voir  Cristallogenèse,  Cristallographie, 
Optique. 


M 


Magnétisme.  —  Anomalie  de  dilatatioii 
accompagnant  la  transformation 
magnétique  de  la  pyrrhotine  et  de 
la  magnétite;  par  M.  P.  Chece- 
iinrd 

—  Sur     les     homologues     d  un     aimant 

permanent  uniformément  aimanté. 
Loi  de  rellipsoïdc;  par  M.  H.  Chi- 
part 

—  Voir    Chimie    physique,     Électrornn- 

gnétisme.  Minéralogie,  Radiogo- 
niométrie. 
Maonétisme  terrestre.  —  Valeurs  des 
éléments  magnétiques  à  l'Observa- 
toire du  Val-Joyeux  au  i^''  jan- 
vier 1921  ;  par  M.  Ch.  Dufour 

—  Forte  perturbation  magnétique  des 

l/j-i  5  mai  195 1  ;  par  M.  Flajolet.  .  . 


C)()0 


MÉCANiQirE.  —  Variation  d'une  trajec- 
toire conique  sous  l'action  d'une 
résistance  de  milieu;  par  M.  Alex. 
Véronnet 267 

—  Sur    les    systèmes    articulés    défor- 

mablcs     ou     transformables;     par 

M.  Bertrand  Gambier 363 

—  Détermination  de  l'axe  de  rotation, 

de  la  vitesse  de  rotation  d'un  corps 
solide  et  réalisation  d'un  corps 
solide  sans  rotation;  par  M.  G. 
Lippmann 55/ 

—  Systèmes    articulés    déformables    et 

couples  de  surfaces  qui  s'en  dé- 
duisent; par  M.  Bertrand  Gambier.        i'O 

—  Sur    la    détermination    de    l'axe    de 

rotation  et  de  la  vitesse  de  rotation 
d'un  corps  solide;  par  M.    Emile 


1720  TABLE    DES 

Pafjes. 
Picard 629 

—  Sur  la  déterminalion  expérimentale 

du  mouvement  d'un  solide  quel- 
conque; par  M.  L.  Lecorim 7  J 1 

—  Mouvement    du    centre    de    gravité 

d'un  solide  symétrique  par  rapport 
à  un  plan  vertical  se  déplaçant 
dans  un  milieu  résistant;  par 
M.  Alayrac 1 0)^9 

—  Sur    une    conséquence    des    lois    du 

frottement  ;  par  M.  Et.  Delansiis .  .  .      là!) 

—  Voir  Cinémalique,  Elasticité,  Hydro- 

dynamique, Relativité. 
Mécanique  appliquée.  —  Sur  les  chocs 
dans    les    engrenages    de    change- 
ment de  vitesse  des  automobiles; 
par  M.  A.  Petot /l  ? 

—  Au  sujet  de  la  détermination  d'un 

critère  de  fatigue  générale  des 
moteurs  à  combustion  interne; 
par  M.  Dumanois îl 

—  Compresseur  à  membrane;  par  M.  //. 

Corblin i<i 

■ —  Sur  le  renversement  des  efforts  dans 
les  barres  de  treillis  des  tabliers 
métalliques  à  travées  solidaires; 
par  M.  A.  Talon J7  J 

—  Sur  les  déterminations  optiques  des 

résistances  do  roulement  d'un 
plan  rouleur;  par  M.  .fuies  An- 
drade 798 

—  Les   résistances   de   roulcincnt   et   la 

méthode   optique    du    miroir;    par 

M.  Jules  Andrade 1 100 

■ —  Voir  Aérodynamique,  Aviation, 
Chroiwmélrie,  Cinématique,  Élas- 
ticité, Hydraulique,  Mclfillurgic, 
Oscillograplie. 

Mécanique  céleste.  —  Démonstralio]i 
directe  d'un  théorème  de  Tisserand 
relatif  au  développement  de  la 
fonction  perturbatrice;  par  M.  //. 
Andoyer i  ">  i  "> 

Mécanique  physique.  —  Sur  la  loi 
d'équilibre  de  grains  solides  dans 
un  courant  d'eau  vertical  ascen- 
dant; par  M.  R.  Féret '>''i 

Médecine.  —  L'élimination  el  la  lixa- 
tion  des  novarsenicaux  Ihérapcu- 
ti(iues;  par  MM.  Kohn-Ahrcst. 
Sicard  et  Paraj '"n 

—  Elude   de   quelques   réaclions   Icucu- 

cytaires  consécutives  aux  ini(<- 
tions  intraveineuses:   par  MM.  //. 


MATIERES. 

Pages. 
Grenet,  H.  Drouin  et  M.  Gaillard.  .        353 

—  Sur  la  recherche  des  vibrations  tho- 

raciques  chez  la  femme  et  l'enfant 
dans  les  pleurésies;  par  M.  Henri 
Frossard 556 

—  Modifications   apportées   au   rythme 

de  l'imbibition  du  tissu  muscu- 
laire et  de  la  peau  par  l'adjonction 
de  lijîoides  à  des  solutions  stan- 
neuses  ;  par  M.  //.  Drouin 721 

—  Vn  appareil  simple  pour  mesurer  la 

tension  superficielle;  par  M.  W. 
Kopaczewski ~/ïi 

—  Action    du   bismuth    sur   la    syphilis 

et  sur  la  trypanosomiase  du 
Nagana;  par  MM.  R.  Sazerac  et 
G.   Levaditi 1^91 

—  La  ehronaxie  dans  la  dégénérescence 

wallérienne  neuromusculaire,  chez 
l'homme;  par  M.  Georges  Bour- 
guignon        I  4  'J2 

—  Voir   Anaphylaxie ,   Anatomo-physio- 

logie,    Électricité  médicale,    Épidé- 
miologie,    Héliothérapie,    Hygiène, 
Microbiologie,     Radiumthérapie, 
Rayotis  X,   Thêrajieulique,   Tuber- 
culose, Vitamines. 

MÉuECiNE  LÉGALE.  —  Procédé  de  dia- 
gnostic individuel  du  sang  et  du 
sperme  ;  par  M.  Dervieux 1 384 

MÉDECINE  vétérinaihe.  —  Hémo- 
prévention  el  liémovaccination 
anti-aphteuses;  par  MM.  //.  l'allée 
et  Garré 1  J49 

—  Voir  Microbiologie,  Paludisme. 
MÉTALLOGRAPiiiE.      —      L'emploi      des 

rcfroidissemeiils  très  lents  pour 
l'élude  inicrograpliique  des  alliages 
et  la  structure  des  aciers  au  tungs- 
tène; par  M.  A.  Porteviu 9G4 

MÉTALLiKGiE.  —  Essai,  à  l'emboutis- 
sage, des  tôles  minces;  par 
M.  Gharles  Erémont i  JO 

—  Errata  relatifs    à   celle   communica- 

tion         •»-i8 

—  De  la  frai;ililé  au  bleu  dans  eerlaiiics 

soudures  d'acier;  par  !M.  Charles 
/•'rémont 368 

—  Sur  la  résistance  éleclrii|ue  des  aciers 

au  nickel;  par  M.  A.  Portevin 445 

—  Sur  la  trempe  des  laitons  à  l'élain; 

par  M.  Léo;i  Guillet iojS 

—  La  dissolution  relardée  et  la  précipi- 

talion   prémalui'ée  du   carbure  de 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages, 
for  dans  les  aciers  e(  riiiflucncc  de 
l'état  initial  sur  ces  phénomènes; 
par  iMJI.  .1.  Poilenn  et  P.  Chei'e- 

nard ■  i  'jo 

■ —  Sur  les  points  critiques  dus  à  l'é- 
crouissas^e;  par  MM.  Lénn  Cuillel 
et  Marcel  Ballay 11711 

—  Influence  du  corroyagc  sur  la  résis- 

tivité  de  l'acier;  par  M.  Eii^hte-L. 

Diiptiij I  fiGo 

Météorologie.  —  Sur  un  cas  d'anéan- 
tissement d'une  bourrasque;  jiar 
M.  Gabriel  Guilberl '\\i 

—  Les    oscillations    simultanées    de    la 

température  et  du  vent  au  sommet 
de  la  tour  Eiffel  et  leur  relation 
avec  la  surface  directrice  (Bjerk- 
ness)  d'une  dépression;  par  M.  R. 
Dongier 6()9 

—  Sur  un  cas  de  comblement  brusque 

d'une  dépression;  parM. Delcamhre.       701 

—  Sur    la    brume    sèche;    par    M.    P/i. 

Schereschewsky 7(10 

—  Observations    du    champ    électrique 

de  l'atmosphère  pendant  léclipse 
de  Soleil  du  8  avril  1921  ;  par  M.  J. 
Rouch 95,5 

—  Aurore  boréale  dans  la  nuit  du  l 'i  au 

i5  mai  1921  et  phénomènes  ma- 
gnétiques simultanés;  par  M.  Ber- 
nard  Lyot 19.30 

—  Sur   l'aurore   boréale   du   i4-i5   mai 

1921    observée  à  Strasbourg;   par 

M.  Ernest  Esclangon 128G 

—  Les    oscillations    simultanées    de    la 

pression  et  du  vent  au  sommet  de 
la  Tour  Eiffel  et  leur  relation  avec 
la  surface  de  grain  (squall  surface 
de  J.  Bjerkness)  d'une  dépression; 
par  M.  if.  Dongier i3oi 

—  Sur  les  systèmes  luiageux;  par  M.  Pli. 

Sclierescliewsky I  i''.9 

—  Influence  du  relief  et  de  réchauffe- 

ment du  sol  sur  les  vents  de  sur- 
face; par  M.  Octave  Mengel i'\'il 

—  Sur  l'aurore  boréale  du  l3  mai  192 1  ; 

par  M.  Cari  Stôrmer 1672 

—  Sur  une  méthode  nouvelle  qc  prévi- 

sion des  variations  barométriques; 
par  MM.  E.  Delcambre  et  Ph.  Sche- 
reschetvski i  G73 

—  Voir      Acoustique,         Anémoméirie, 

Hygiène,  Pliysiijue  dn  globe, 
Radwgon  ioméirie. 


I72I 

Pilles. 


.MÉTBOLOGiF.  —  L'adoption  obligatoire 
du  système  métrique  par  l'empiri' 
du  Japon;  par  M.  Ch.-Ed.  Guil- 
laume         795 

Microbiologie.  —  Sur  l'adsorption  du 
virus  aphteux;  par  M.  //.  Vallée 
et  H.  Carré iS5 

—  Influence  de   l'état  do   division  des 

gouttelettes  microbiennes  surl'en- 
semencement  des  terrains  dç  cul- 
ture; par  M.  A.  Trillat 339 

—  Erratum  relatif  à  cette  commimica- 

tion C28 

—  Des  leuco-agglutinines;  par  MM.  ^1/. 

Weinberg  et  Léon  Kepinow 880 

—  l'echerches    expérimentales    sur    le 

virus  de  l'herpès;  par  M.  Georges 
Blanc 725 

—  Nouvelles  acquisitions   dans  l'étude 

expérimentale   du   trachome;   par 

MM.  Charles  Nicolle  et  A.  Cuénod.      loi  l 

—  Du   pouvoir   agglutinant   du   sulfate 

de  thorixim  sur  les  spores  à'Asper- 
gillus  fumigatus  Fr;  par  MM.  A. 
Sartory  et  P.  Bailly 1257 

—  Conservation  du  virus   aphteux  par 

le  froid  ;  par  M.  Charles  Lebailly.  .  .      1261 

—  Observations      sur    la     culture     du 

bacille  pyocyanique  sur  milieux 
artificiels  définis;  par  MM.  .4. 
Goris  et  A.  Liât 1622 

—  Voir  Anaphylaxie,  Bactériologie  agri- 

cole, Biologie,  Chimie  biologique, 
Épidémiologie,  l'épuration  des  eaux, 
Hygiène,  Immunité,  Paludisme, 
Parasitologie,  Pathologie,  Stéréos- 
copie. 
MiCROScopiE.  —  Sur  un  dispositif  mi- 
croscopique pour  l'examen  des 
cristaux  opaques;  par  M.  Maurice 
François 9*^7 

—  Voir  Métallo  graphie. 
MiNÉR.\LOGiE.    —    Sur    l'existence    de 

plans  différenciés  équidistants 
normaux  à  l'axe  optique  dans  les 
liquides  anisotropes  (cristaux  liqui- 
des) ;  par  M.  F.  Grandjean 71 

—  Contribution   à   l'étude   de   la   silice 

globulaire  représentant  l'argile  à 
silex  au  sud  du  Bassin  de  Paris; 
par  M.  Randoin 10 i6 

—  Sur  la  palmiéritc   du   Vésuve  et  les 

minéraux      qui      l'accompagnent; 

par  M,  Ferruccio  Zambonini , , . . , .     l4'9 


1722 


TABLE    DES    MATIERES 

Pages. 


—  Les  minerais  Je  fer   iua{;nétique   du 

bassin     de      Longrwy-Briey;      par 
M.  L.  Cayeiix 

—  Voir        Criilalhgruijhic.        Géologir. 

Lithologie,  MèUillographie. 
Morphologie.  —  De  l'action  tourbilloii- 
naire  de  l'eau  sur  le  corps   et   la 
queue  des  oiseaux  plongeurs;   par 


Pages. 

M.  .1.  Magnan 236 

—  Le  rapport  de  la  surface  alaire  à  la 

surface  caudale  chez   les   oiseaux; 

par  M.  .1.  Magnan 1245 

—  Xoir  Aiilhropologie,  Paléontologie. 
Mycologie.  —  Sur  un  nouveau  réactif 

des    lactaires    et    des    russules    à 
saveur  acre;  par  M.  Barlot 87 


Navigation.  —  Sur  le  guidage  des 
navires  à  l'entrée  des  ports  et  che- 
naux par  un  câble  électrique 
immergé;  par  MM.  L.-A.  Ilerdl  et 
R.-B.  Owens "m 

—  M.  L.  Fai'é  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie  de   graphiques   destinés    à   la 
détermination    des    routes    ortho- 

dromiques 9,v>, 

■ —  Au  sujet  de  l'île  de  .Jean  Mayen;  par 

M.  J.-B.  Charcol 6C9 

—  Voir  Aéronautique. 
NÉCROLOGIE.  —  M.  le  Président  annonce 


la  mort  et  rappelle  les  principaux 
travaux  de  M.  Georges  Iliimherl, 
membre  de  la  section  de  géométrie.        1 80 

—  id.    de    M.    Emile    Boiirquelol, 
membre  de  la  section  de  chimie.        'i\<j 

—  id.  de  M.  T 'allier,  correspondant 

pour  la  section  de  mécanique. .        825 

—  Voir  Décès. 

Notices  biographiqles.  —  Vie  d' Ëlie 
Metchnikojl  (iS'rj-iyiG)  ;  par  M")" 
Olga   Metchnikojl 737 

—  Notice   biographique   de   .M.    Guillut; 

par  M.  B.  Baillaiid i  SyS 


o 


Océanographie.    —  Caries    de  pèche; 

par  M.  Ed.  Le  Danois 3c)6 

—  La  circulation  océanique  et  la  den- 

sité des  eaux;  par  M.  J.  Thoidet.  .  .       80 1 

—  Densités  et  indices  des  eaux  de  mer; 

par  M.  C.  Vauraboiirg 80  ) 

—  Voir  Géophysique. 

Optique.  —  Sur  un  théorème  d'oplii|ur 
géométrique,  et  son  application 
aux  systèmes  de  prismes  ;  par  M.  G. 
Gouy 196 

—  Sur  les  systèmes  de  prismes  à  arêtes 

parallèles;  par  M.  G.  Gouy 3o5 

—  Sur  l'aplanétisme  ot  la  condition  des 

sinus;  par  M.  G.  Gouy 4  '9 

—  Sur    l'aplanétisme    imparfait    et    li; 

calcul  du  coma;  par  M.  G.  Gouy...        632 

—  Sur  le  calcul  du  coma;  par  M.    G. 

Gouy 827 

—  Sur  la  frange  noire  de  Lippich  et  la 

précision  des  mesures  polarimé- 
triques;  par  M.  G.  Bruhat  et 
M"«  M.  Ilanot i34o 

—  Sur   le   problème   de   l'achromalisine 


des    systèmes    centrés    épais;    par 
M.  R.  Boulouch 

—  La  biréfringence  du  verre  comprimé; 

par  M.  et  M""  Ë.  Henriot 

—  Voir   Chimie   physique,    Cristallogra- 

phie.  Electro-optique,  Mécanique 
appliquée,  Micro.icopie,  Phospho- 
rescence, Poui'oir  rotatoire. 
Rayons  X,  Spectroscopie,  Stéréo.'t- 
copie.  Tableaux  anciens. 
OpTiQLE  appliquée.  —  Triplct  achro- 
mali(|ue  à  grand  champ;  par 
M.  Pariselle 

—  Appareil  projetant,  en  salle  éclairée, 

tout  objet  sur  écran  de  S™  de  côté 
avec  3  ampères;  par  M.  Dus.<iaud.  . 
Optique  physiologique.  —  Les  effets 
du  chromatisme  de  l'œil  dans  la 
vision  des  couleurs  complexes; 
par  M.  A.  Polack 

—  Voir  Slêréoscopie. 
Oscillographe.   ■ —    L'évolution    de   la 

méthode  graphique;    par   M.   Ma- 


1342 

i't77 


53o 


i532 


349 


TABLE    DES    MATIERES. 


723 


PilgCS, 

Paléontologie  animale.  —  Sur  des 
ololillios  suhfossilos  de  poissons 
du  Sahara  méridional  et  leur 
signification;  par  M.  ■Jari/tirs  Pellc- 
grin 77  I 

—  Comment      ont      apparu      eertaines 

formes  nouvelles  :  rudistes  et 
cliames,  Mytihis  et  Dreissensia, 
Anomia  et  Parnitoiiiia;  par  M.  //. 
Doiivillr '. 88; 

—  Sur   l'asymétrie   et   sur   les   sections 

longitudinales  techniques  de  la 
couronne  des  molaires  des  masto- 
dontes et  des  éléphants;  par 
M.  Sabba  Stefaiiescu 929 

—  Sur    quelques    caractères    morpholo- 

giques de  la  couronne  des  molaires 
des  mastodontes  et  des  éléphants; 
par  M.  Sabba  Slejancscn loî/i 

—  Sur    les    variations    individuelles    de 

Psiloceras     planorbis     Sow;      par 

M"e  a.  Cousin rH69 

—  Sur  la  corrélation  des  fosses  alvéo- 

laires, des  mouvements  et  de  la 
structure  des  dernières  molaires 
des  mastodontes  et  des  éléj^hants; 
par  M.  Sabba  Stefaneseu i  nO 

—  Sur    la     valeur     phylogénétique     et 

évolutive  des  formules  lamellaires 

des  dernières   molaires   M-)M— , 
I  2 

3 
M  -rj  des  mastodontes  et  des  élé- 
phants; par  M.  Sabba  Slefanescit .  .      iGGg 

—  Voir  Géologie. 

Paléontologie  végétale.  —  Décou- 
verte du  genre  Plinlhiothcca  Zeiller 
dans  le  Weslphalien  du  nord  de  la 
France  ;  par  M.  A  Ijred  Carpenlier .  .        81  \ 

—  Découverte   d'une    flore   wealdicnne 

dans  les  environs  d'Avesnes  (Nord)  ; 

par  M.  A.  Carpenlier i'\'i.% 

—  Voir  Géologie. 

Paludisme.  —  Essais  de  vaccination 
contre  le  paludisme  des  oiseaux 
dû  au  Plasmodium  relictum;  par 
AÎM.  Etienne  et  Edmond  Sergent .  .        296 

Parasitologie.  —  Sur  la  biologie  de 
l'altiso  de  la  vigne  {Hallica  ampe- 
lophaga   Guér.)  ;   par  MM.  F.   Pi- 


Pages, 
card  et  7'.  Pagliano 'Uy) 

—  Action    d'un     champignon    parasite 

sur  Dilsea  ednli.i  .Stackhouse;  ])ar 

M.  E.  Chemin Gi  4 

—  La    résistanc(^    plaslidaire    cl    mito- 

chondriale  et  le  parasitisme;  par 

M.  J.  Beauverie 119') 

—  Sur  \vn  trypanosome  de    la  chauve- 

souris,  \'r\penigo  pipistrellus,  à 
l'ormes  crithidiennes  iutratissu- 
laires  et  cystigèncs.  Hypothèse 
relative  à  l'étiologie  du  goitre  endé- 
mique; par  MM.  Edouard  Challon 
et  Robert  Courrier I2')4 

—  Sur  la  nature  mycosique  d'une  nou- 

velle maladie  des  dattiers  mena- 
çant les  oasis  marocaines;  par 
MM.  Edm.  Sergent  et  .1/.  Bégiiet.  .  .      1G24 

—  Présence    d'un     spirochétoi'de    nou- 

veau, Cristispirella  caviœ  n.  g., 
n.  sp.,  à  membrane  ondulante  très 
développée,  dans  l'intestin  du 
cobaye;  par  M.  A.  Cli.  Hollande.  .  .      1C93 

—  Voir    Cytologie    animale,    Épidemio- 

logie,  Microbiologie. 
Pathologie.  —  Sur    le    lathyrisme  ou 
intoxication     provocpiée    par    les 
graines  de  gesses;  par    M.  Marcel 
Mirande il  4  2 

—  Virulence    pour    l'homme    du    spiro- 

chèLe  de  la  spirillose  spontanée 
<lu  lapin;  par  MM.  C.  Levaditi, 
A.  Marie  et  iS'.  JSicolau l'il\J. 

—  Voir   Analomic   pathologique.    Méde- 

cine. 

Phosphorescence.  —  Action  des  rayons 
rouges  et  infra-rouges  sur  les  subs- 
tances phosphorescentes;  par 
M.  Maurice  Curie 272 

Photographie.  —  Voir  Balistique, 
Chimie  physique,  Chronographie, 
Cristallographie,  Tableaux  an- 
ciens. 

Physiologie  animale.  ■ —  Sur  un 
ensemble  de  phénomènes  de  l'ordre 
expérimental  et  clinique  permet- 
tant d'étudier  l'état  fonctionnel 
de  l'appareil  vestibulairc  dans  ses 
rapports  avec  l'équilibration  orga- 
nique; par  M.  Etienne  Lombard. . .       iSa 


1724 


TABLE    DES 


—  Action     anlicoagiilaiitr'     do     l'afidi' 

nucléique  du  pancréas.  Staliililé 
et  caractères  du  plasma  nucléaté; 
par  M.  Doyon 1 3  ■! 

—  Le  seuil  de  l'audition;  par  M.  iMa- 

rage i7?> 

—  Recherches     expérimentales    sur    Ir 

colostrum;   par  MM.   Ch.   Poirhci- 

et  L.  Panisset i S i 

—  Le   rôle   de   Ja   tension    superriciclle 

dans  les  phénomènes  du  choc  ;  par 

M.  W.  Kopaczewski 337 

—  Sur  une  double  courhc  représentant 

très  exactement  les  oscillations 
sphygniométriques;  par  M.  Henri 
Harlé -i-^ 

—  Propriétés  physioloîjiques  des  acides 

Jiucléiques  des  ganglions  lympha- 
tiques et  du  thymus.  Conditions 
pour  obtenir  un  acide  thymo-nu- 
cléique  très  actif  sur  le  sang;  par 
M.  Doyon 820 

—  De  la  variation  en  poids  des  muscles 

abaisseurs  et  releveurs  de  l'aile 
suivant  l'étendue  de  la  surface 
alaire  chez  les  oiseaux;  par  M.  A. 
Magnan 1077 

—  Recherches  comparatives  sur  le  fonc- 

tionnement du  foie  à  la  suite  de 
.  l'anesthésie  chirurgicale  par  le 
chloroforme,  l'éther,  le  protoxyde 
d'azote  ou  la  novocaïne:  par 
MM.  F.  Widal,  P.  Abmmi  et  ./. 

Hulinel 1 1 1  '1 

■ —  Glande  interstitielle  du  testicule  et 
caractères  sexuels  secondaires 
chez  les  poissons;  par  M.  R.  Coiii- 
rier Ti  i  G 

—  Mutations    physiologiques    brusques 

chez  les  ferments  lactiques  ])ur 
divergences  individuelles;  par 
M.  C.  Goiini i3H'), 

—  Foie,  plasma  sanguin  et  sucre  jirolél- 

dique;  par  MM.  JI.  liierry  el  /''. 
liaihery i  i  1 5 

—  Tapis    roulant    ]ioiir    l'élude    de    la 

marche  et  du  travail;  par  M.  .I.-P. 
Langlois i  j  1 7 

—  Échanges  nutritifs   des   animaux   en 

fonction    du    poids    cor|)oiel;    par 

M.  Louis  Lapicque i  V>0 

—  La  répartition  dis  substances  salines 

et  des  éléments  minéraux  dans  le 
lail;  par  MM,  Clu  Porcher  et  .1, 


MATIERES. 

Pages. 
C'hevaUicr )  Go  '1 

—  I,e  rôle  compensateur  des  chlorures 

dans  ses  rapports  avec  la  compo- 
sition chimique  des  humeurs;  par 
M.  11'.  Mestrezat  et  M"«  .S.  Ledehl ..      i G07 

—  Sur  le  '  second  souffle  »  des  coureurs; 

par  MM.  P.  Chailltnj-Bert,  H. 
Faillie  et  ,f.-P.  Langloin iGio 

—  Sur   le   mode   d'action   des   présures 

végétales:   par   Mftf.    E.    Couvreur 

et  P.  Chosson i  G7S 

—  \ oir  Anaphylaxie.  Atuilnmo-physiolo- 

gie.  Chimie  hiotogirpie.  Chimie  phy- 
siologique. Cytologie  animale.  Ento- 
mologie,  Histologie ,  Immunité , 
Médecine,  Optique  physiologique, 
Psycho-physiologie,  Thérapeutique, 
Vitamines. 
PnvsioLOGiE  PATHOLOGIQUE.  —  Dia- 
bète et  glycémie;  par  MM.  H. 
Bierry  et  F.  Rathery 5^4 

—  Voir  Anaphylaxie. 

Physiologie  végétale.  ^-  Contribu- 
tion à  l'étude  du  mécanisme  de 
l'action  fertilisante  du  soufre;  par 

M.  G.  Nicolas 85 

—  Action    de    la    chloropicrine    sur    la 

faculté    gcrminative    des    graines; 

par  M.  E.  Allège i  70 

—  Action  nocive  des  feuilles  mortes  sur 

la  germination;  par  M.  Auguste 
Lumière 232 

—  Considérations  sur  rendodiTnie;  par 

M.  //.  Bouygues 33'2 

—  La     zygomorphose     endogène    dans 

les  fleurs  normalement  actino- 
morphes;  par  M.  Paul  ^'uil- 
lemin 4-'8,  '>\'\ 

—  Sur  une  tige  à  géotropisme  horizon- 

tal ;  par  M.  Henri  Coupin G08 

—  Action  de  quelques  alcaloïdes  sur  le 

Botrytis       cinerea       Pers.  ;        par 

M.  Pierre  Nobécourl 706 

—  Variation  des  acides  organiques   au 

cours  de  la  pigmentation  antho- 
cyanique;  par  M'i^De/n'i-eiio/Jer.  .        709 

—  Iniluenee  du  chlorure  de  sodium  sur 

le  développement  du  Slerigmato- 
rystis  nigra:  iiar  M.  Marin  Mol- 
liard 11  iS 

—  Contribution  à  l'éludidu  lôlc  physio- 

logique     des      anllioeyanrs;      par 

j\L  Slan  ■Ionesco ,  , , ,  • ,  .      1 3 1 1 


TABLE    DES 

Pages. 

—  Voir    Aii{ipli)ila.ric.    CJiiiiiie    vci!,i'lah\ 

Cfilohi'^ie  vé'^étale. 
l'iivsiQiE.  —  Sur  le  point  de  fusion  do 
riieptanp  et  la  loi  des  points  de 
fusion  ;  par  M.  R.  de  Forcrand 3 1 

—  Erratum  relatif  à  cet  te  communica- 

tion         ■>.  i  S 

—  Le   diamètre    rcctiligne   de   l'hydro- 

gène; par  MM.  E.  Malhias,  C.-A. 
CroiDineliii  cl  //.  KaiiierlinsiU 
Onnes '^('n 

—  Errata   relalil's   à    celte    communica- 

tion         Cy?fi 

—  L'influence  de  la  luniièri'  sur  la  con- 

ductibilité des  liijuides  fluores- 
cents; par  M.  //.  Soiilaii 58 1 

—  Nouvelles    applications    de    la    mé- 

thode des  charges  de  très  courte 
durée  et  des  éclairages  instanta- 
nés; par  M.  Pauthenier 583 

—  Sur    quelques    conséquences    de     la 

contraction  de  Lorentz  au  point 
de  vue  de  la  cohésion,  de  la  gravi- 
tation et  de  l'électromagnétisine; 
par  M.  F.  Giièry logi 

—  Sur    la    structure    électronic|uc    des 

atomes  lourds;  par  MM.  !..  de 
Broglie  et  A.  Daiivillier iG5o 

—  Sur  une  trompe  à  mercure  d'encom- 

brement réduit;  par  M.  G.Ranque.      i653 

—  Voir    Acoustique,   Capillarité,    Chro- 

nographie,  Chronométric,  Elec- 
tricité, Eleclrodynamique,  Magné- 
tisme, Mécanique  physique. 
Optique,  Pouvoir  rotatoirc.  Radio- 
activité, Spectroscopie,  Thermody- 
namique. 
Physique  appliquée.  —  AUumetir  et 
extincteur  de  becs  de  gaz  des  lan- 
ternes publiques;  par  MM.  Paul 
Bernard  et  Barbe 872 

—  Procédé    d'évaporation,    de    concen- 

tration et  de  dessiccation  de  toutes 
substances  organiques  ou  miné- 
rales; par  MM.  A.  Sartory,  L. 
Sche/fler,  P.  Pélissier  et  C.  Vaucher.       ~!\  \ 

—  Sur  un  appareil  allumeur-extincteur 

automatique  pour  becs  de  gaz  à 
veilleuse;  par  M.  Alexandre  Ca- 
hier        1 3  5  3 

Physique  ou  cloi:e.  —  Relations  de 
sismicité  et  de  géotectonique  dans 
les  Pyrénées;  par  M.  Octave 
Mengel 5^0 


-  (1uel(]Ui'S  iHiuvrlIes  mesures  de  la 
densité  de  l'air  de  Cenéve;  par 
M.  .4.  Trcuthardt i  59S 

—  Sur  la  densité  de  l'air  de  Madrid  et 

ses  petites  variations;  par  MM.  F. 
Moles,  T.  Batuccas  et  M.  Paya  ....      lOno 

—  Voir     Actinométrie,         Oéopliysiquc, 

Magnétisme  terrestre,  Météoro- 
logie, Océanographie,  Sismologie, 
Stéréoscopie,  ^ 'ulcanologie. 

Physique  industp.ieli.e.  —  Sur  l'étal 
actuel  de  la  synthèse  de  l'ammo- 
niaque par  les  hyperpressions:  par 
M.  Georges  Claude 442 

Physique  mathématique.  —  Les  for- 
mules de  Frenet  pour  un  espace 
de  M.  Weyl;  par  M.  Juvet 1047 

Pi.is  CACHETÉS.  —  M.  Jules  Cesario 
demande  l'ouverture  d'un  pli 
cacheté  intitulé  :  «  Recherches  sur 
le  vol  en  général  et  ses  applications 
à  l'aviation  » Sg 

—  M.  R.  Bourgeois,  au  nom  de  MM.  Del- 

cambre  et  Schereschewski,  demande 
l'ouverture  d'un  pli  cacheté  inti- 
tulé :  «  Etude  et  prévision  de  cer- 
taines variations  barométriques  ».        6'14 

—  M.  H.  Bordier  demande  l'ouverture 

d'un  pli  cacheté  intitulé  :  «  EfTica- 
cité  de  la  d'aisonvalisation  dia- 
thermique  dans  les  plaies  atones  ».       lOl  4 

—  M.    Georges    Bourguignon    demande 

l'ouverture  d'un  pli  cacheté  inti- 
tulé :  "  La  chronaxie  dans  les  états 
pathologiques  chez  l'homme  i.  . .  .  1278 
Pouvoir  rotatoire.  —  Sur  la  varia- 
tion du  pouvoir  rotatoire  de  l'acide 
tartrique  ;  par  M.  R.  de  Mallemann.        i  5o 

—  Sur      les      racémiques      actifs;      par 

M.  Marcel  Delépine ioi9 

—  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion       1 2G2 

—  Sur  la  mesure  du  pouvoir  rotatoire 

dans     les     cristaux     biaxes;     par 

M.  Louis  Longchambon 1 1S7 

—  De  l'influence  du  molybdato  d'am- 

moniaque sur  le  pouvoir  rotatoire 
de  quelques  sucres;  par  M.  Georges 
Tanret 1 363 

—  Eludes  sur  la  réfraction  moléculaire 

et  le  pouvoir  rotatoire  spécifique 
du  furfuralcamphre  et  de  quelques- 
uns  de  ses  dérivés;  par  M"'^  Wolfj .      1404 
— •  Do      l'influence      du      molybdate 


1726 


d'ammûniaquo  sur  le  pouvoir  rota- 
foirc  de  la  mannite;  par  M.  Georiies 
Tanrel 

■ —  Voir  Optique. 

Psychologie  animale.  — •  Voir  Biolo- 
gie animale. 


TABLE    DES    MATIERES. 

Pages 


Pages. 

Psvciio-ruvsioLociE.  —  Dn  l'impor- 
tance de  la  ])hase  périphérique 
<lans  la  marge  de  variation  des 
temps  de  latenee  sensorielle  en 
l'onction  des  intensités  excita- 
trices; par  M.  Henri  Piéron 1G12 


R 


Radioactivité.  —  Influence  des  radia- 
tions lumineuses  sur  razotobaetcr; 
par  M.  Ë.  Kayser ; .  .  .  .    i8'5 

—  Sur  le  rayonnement  A  et  le  dégage- 

ment de  chaleur  du  radium  et  du 
mésothorium;  par  M™''  P.  Curie.  . 

—  Sur  la  mesure  de  la  mobilité  des  ions 

gazeux  par  la  méthode  de  la  roue 
dentée;  par  M.  Laporte 

—  Influence  des  sels  d'urane  sur  le  fixa- 

teur d'azote;  par  M.  E.  Kayser .  .  .  . 
•—  Méthode  rapide  de  mesure  de  la 
déperdition  propre  d'un  électros- 
cope  en  vue  du  dosage  de  l'émana- 
lion  du  radium:  par  M.  P.  Loisel.  . 

—  \'oir  Aelinométrie. 

Radiogoniométrie.  —  Études  de  radio- 
goniométrie; par  MM.  G.  Ferrie, 
R.  Jouaust,  Ft.  Mesny  et  .4.  Perot.  . 

—  Radiogoniométrie       et        influences 

atmosphériques  ;    par    M.   Rolhé .  . 

Radiumthéhapie.  —  Action  bactéricide 
du  rayonnement  que  donnent  les 
tubes  radifères  employés  en  ra- 
diumthérapie;  par  MM.  Cliizel, 
Hocliaix  et  Kojman 

Rayons  X. —  Absorption  des  rayons  X 
lie  grande  longueur  d'onde.  Liaison 
cnlre  les  rayons  X  et  !a  lumière: 


lOJ-A 

10.?  8 
ii-ÎS 


par  M.  llolweck 1 3g 

—  Données    expérimentales   et   balanee 

pour  le  dosage  des  rayons  X  en 
radiographie  et  radiothérapie; 
^a.T^\M..F.Miramond  de  Laroquellc 
et  Slanida.1  Millot SaS 

—  A  propos  de  la  protection  des  tiers 

contre  les  rayons  X;  par  M.  G. 
Coniremoiilins lo3o,  1097 

—  Sur  le  fonctionnement  du  tube  Lilien- 

feld;  par  M.  A.  Dativillier lo'îS 

—  A  propos  du  danger  des  installations 

radiologiques;  par  MM,  Maxime 
Menard  et  Pestel 1 1 78 

—  Sur     le     calcul     de     l'intensité     des 

rayons  X  diffraetés  par  les  cristaux. 
Rectification;  par  ÎM.  Georf^en 
Friedel i  '59/i 

—  Voir    Antliropomélrie,    Tdhleniir    nn- 

rienn. 
Relativité.  —  Sur  la  théorie  de  la  rela- 
tivité  et    le   mouvement  séculaire 
du  périhélie  de  Mercure;  par  M.  J. 
Le  Roti.v 1227 

—  La  loi  de  gravitation  et  ses  consé- 

quences: par  M.  J.  Le  Roux 1 1^7 

—  Voir  Astronomie  physique.  Physique 

mathématique. 


Séries.  —  Sur  les  développements  en 
série  suivant  les  inverses  de  poly- 
nômes donnés;  par  M.  V.  ,-lfcra- 
mesco G  iy 

—  Sur    les     séries     de     Diriclilet;     par 

M.  Fritz  Carlson 838 

—  Calcul  des  coefTicients  d'une  série  Iri- 

gonométrique  convergente  quel- 
conque dont  la  somme  est  donnée; 
par  M.  Arnaud Denjoy 1218 

—  Sur  les  séries  dont  le  terme  général 

lend  vers  zéro  ;  par  M.  liralii i  22j 


Sis.MoLOGiE.  —  Contribution  à  l'histoire 
des  tremblements  de  terre;  par 
JI.  Eugène  Mesnard 

—  Sur  le   tremblement  de  terre  qui   a 

affecté,  le  3  octobre  l'jao,  une 
notable  partie  des  régions  volca- 
niques du  I\Iassif  Central:  par 
M.  Ph.   Glauiicaïul 

—  Voir  Physique  du  i;lohe. 
Solennités  scientifiques.  —  M.  Auilré 

Rlondel  informe  l'Académie  (]u'une 
cérémonie  commémorative  du  ccii- 


TABLE    DES 


l'imcs. 


IrlKliri'       (les       (Iri-dUVrl'Ics       Idllda- 

iiK-iital(!S  d'-lnipcrc  t:n  éli'Oli'o- 
dynamiquc  vient  d'avoir  lieu  au 
villaçe  d'Ampère  (Élals-Unis) H)! 

—  h' Université  de  ^'ivifiine  invile  l'Ins- 

titut de  Franee  à  se  faire  repré- 
senter à  la  célébration  du  centième 
anniversaire  de  sa  fondation 5'")4 

—  Le   Comité   du  six-centième  annirev- 

saire  de  la  mort  de  Dante  AUgliieii 
invite  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter à  la  cérémonie  commémora- 
tive  qui  aura  lieu  le  27  avril  1921  .  .        ;)V.' 

—  Le  Comité  du  centenaire  de  la  mort 

de  Napoléon  /''■  invite  l'Académie 
à  se  faire  représenter  à  la  séance 
qui  se  tiendra  à  la  Sorbonne  eu 
l'honneur  des  Institutions  civiles 
de  Napoléon 912 

—  L'Académie  désigne  son  Bureau   et 

M.  A.  Mesnager \)'>2 

—  M.  le  Prince  Bonaparte  est  adjoint  à 

la  délégation loS- 

—  M.  Wurtz  annonce  à  l'Académie  que 

l'inauguration  du  monument  élevé 
en  souvenir  de  son  père  Adolphe 
^Vurtz,  aura  lieu  à  Strasbourg.  .  .  .      1014 

—  MM.  A.   Haller,   Ch.   Moureu  et  .1. 

Béhal  sont  désignés  pour  repré- 
senter l'Académie io8~ 

—  1j' Association    des    Ingénieurs    sortis 

des  Écoles  spéciales  de  Gand  prie 
l'Aeadémic  de  l'autoriser  à  inscrire 
son  nom  au  Comité  d'honneur 
sous  le  patronage  duquel  sera  orga- 
nisée une  manifestation  en  sou- 
venir de  Jules  BouU'in 121 8 

—  M.    G.   Bigourdan   est  désigné   pour 

représenter  l'Académie  à  l'inaugu- 
ration d'un  monument  élevé  à  la 
mémoire  de  l'abbé  Lacaille 1 1  io 

—  Cette    cérémonie     aura    lieu     le    3o 

juillet  192 1 I  i'jS 

—  MM.  L.  Guignard,  Henneguy,  Viala, 

Widal,  Bazy  sont  désignés  pour 
représenter  l'Académie  à  la  célé- 
bration du  septième  centenaire  de 
la  fondation  de  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Montpellier l663 

Spectroscopie.  —  Sur  les  spectres  cor- 
pusculaires des  éléments;  par 
M.  Maurice  de  Broglie 27.4,  527 

—  Sur    le  modèle  d'atome   de  Bohr  et 

les     spectres     corpusculaires;     par 


MATIERES.  1727 

Pages. 
MM.  Maurice  et  Louis  de  Broglie.  .        746 
-  Sur     quelques     spectres     d'étincelle 
dans    l'ultraviolet    extrême;     par 
MM.  Léon  et  Eugène  Bloeh 8o3 

—  Sur  les  spectres  corpusculaires.  Lois 

de  l'émission  photoélectrique  pour 
les  hautes  fréquences;  par  M.  Mau- 
rice de  Broglie 8f)G 

—  Spectres    d'étincelle    du    fer    et    du 

cobalt  dans  l'ultraviolet  extrême; 

par  MM.  L.  et  E.  Bloch 8  ")  l 

—  Sur  l'utilité  en  astronomie  physique 

de  la  considération  do  sensibilité 
des  raies  spectrales;  par  M.  A.- de 
Gramont 893 

—  Errata   relatifs   à   cette   communica- 

tion       io83 

—  Sur  la  structure  d<^  la  série  L.;  par 

M.  A.  Dauvillier 91 5 

—  Spectres    d'étincelle    de    l'or    et    dti 

platine  dans  l'ultraviolet  extrême; 

par  MM.  Léon  et  Eugène  Bloch  ....        9G2 

—  Sur  le  déplacement  des  raies  solaires 

sous  l'action  du  champ  de  gravi- 
tation; par  MM.  H.  Buisson  et  Ch. 
Fabry m^o 

—  Sur    les    spectres    d'absorption    du 

chlore    pour    les    rayons    X;    par 

M.  Axel-E.  Limlh 1 1 75 

—  Le  principe  de  combinaison  et  la  loi 

de  Stokes  dans  les  séries  des 
rayons  X  ;  par  M.  £).  Cosler 1 1 7C1 

—  Sur  les  séries  L   de  l'uranium  et   le 

principe  de  combinaison  dans  les 
spectres  de  rayons  X;  par  M.  .4. 
Dauvillier 1 35o 

—  Excitation   des   spectres   de   l'argon 

par     des     électrons     lents;      par 

M.   Georges  Dé  jardin i  482 

—  Voir   Analyse    spectrale,    Astronomie 

physique. 
SrcRMATOGÉNÈSE.  —  Sur  le  processus 
méiotique  dans  la  spermatogénèse 
do   la    salamandre    et   du    triton; 
par  M.  Armand  Dehorne 4  80 

—  Spermatogénèse      et     chromosome 

exceptionnel  chez  Naucoris  macu- 

latus  Fab.  ;  par  M.  R.  Poisson 873 

—  Voir  Embryogénie  animale. 
SiÉRÉoscopiE.    —    Application    de    la 

vision  stéréoscopique  au  contrôle 
des  variations  glaciaires;  par 
M.  P.-L.  Mercanton 582 

—  Principe  d'une  nouvelle  méthode  do 


1728 


TABLE    DES    MATIERES. 

Pases. 


roconslruclion  ijrnpliiqup  sléri'os- 
copiquc  d'ol)j(ts  microseopiqufs 
grossis;  par!^t.  G.  Diibreiiil 

—  Voir  Cristallographie. 

STnATiGnAPiiiE.    —    Krliellp    sfraliitia- 


'.)G'.) 


plii(|uc'  tli'  la  Kaliylic  fies  Baliors; 
par  MM.  F.  Elirmniiii  il  ./.  Sa- 
l'orniii i3oi 

Sucres.  —  Voir  Pouvoir  rolaloire. 

Systf-me  métrique.  —  Voir  Méirolonie. 


T.\ni.EAux  ANCIENS.  —  Sur  la  ncoiis- 
liliilion  dp  cprtaiiis  détails  invi- 
sibles dps  lablpaux  aiicipiis:  par 
M.  H.   Parenlij '\\ 

■ —  La   radiograpliif   des    tableaux;    ]iar 

AL  André  Chéron 57 

■ —  Emploi  de  la  lumière  polarisée  pour 
l'examen  des  tableaux  anciens; 
par  M.  Pierre  Lain berl i  1 7O 

Tectonique.  —  Sur  les  oscillations 
glaciaires  des  temps  quaternaires 
et  les  mouvements  correspondants 
de  la  lithosphère;  par  M.  Pli. 
Négris 7/1 

• —  Erratum  relatif  à  cette  communica- 
tion         6a8 

—  Mouvements     tectoniques     intergla- 

ciaircs  et  postglaciaires  de  l'extré- 
mité orientale  des  Pyrénées;  par 
M.  Octave  Mengel i65 

—  Sur  la  répartition  et  l'allure  des  bas- 

sins phosphatés  dans  le  Maroc  occi- 
dental; par  M.  ./.  Savornin 291) 

—  Le    lambeau   de   recouvrement   de 

Propiac  (Drôme),  témoin  d'une 
vaste  nappe,  d'origine  alpine, 
poussée,  avant  le  Miocène,  sur  la 
vallée  du  Rhône;  par  MM.  Pierre 
Termier  et  Léonce  Joleaud iix) 

—  Sur  l'orlhogonalité  des  systèmes  de 

rides    de     l'écorep     terrestre;     par 

M.  A.  Cuébhard , -,  1 

—  Sur  un  important  mouvement  oro- 

génique au  début  du  Crétaciquc 
dans  la  Kabylie  des  Babors;  par 
I\L   Ehrniann SOn 

—  Observations  touchant  une  note  sur 

la  tectonitpie  des  Pyrénées  occiilin- 
tales;  par  jM.  Pedro  Palacios i  1  ici 

—  Sur    la    sirnchii'p    iW    \:\    ehaîiic    di^s 

Alpines;    p.ir    .M.M.    /•'.    Uonian    et 

P.  de  liruu ilC; 

—  Le  litige  <|ps  déplaceinpnts  de  lignes  de 

rivage  devant  le  phénomène  d'équi- 
(Jéfoiinalion;  par  .M.  ftoiiiieii.c.  .  .  .      1 1^2 


—  Observations     tectoniques     dans     la 

zone  prérifaine  du  R'arh  septen- 
trional (Maroc)  :  par  M.  Léon 
Lutnuil.  .  .  . I  uo.  i()66 

—  Sur  la  tectonique  do  la  région  litto- 

rale   entre    Saint-Cyr    et    Hyères 

(Var)  ;  par  M.  Emile  Haug 1 548 

—  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion       1 700 

—  Voir  Géologie,  Physique  du  globe. 

TÉLÉGRAPHIE.  —  Sur  l'emploi  du  télé- 
graphe Baudot  en  télégraphie  sans 
fil;   par   MM.    Henri   Abraham    et 

René  Planiol 1 1  70 

—  Voir  Radiogoniométrie. 

—  Tension     superficielle.   —     Voir 

Anaphyla.rie.   Médecine,  Physiolo- 
gie animale. 
Théorie  des  NOMnnES.  —  Sur  quelqucà 
points  de  la  théorie  des  nombres; 
par  M.  Théodore  Varopoulos 355 

—  Sur  les   formes   d'Hermitc   ternaires 

dans  un  corps  quadratique  imagi- 
naire (champs  y/ — i  et  J. — 2  )  ; 
par  M.  G.  Ilumbert 497 

—  Sur    la    théorie    des    nombres    algé- 

briques idéaux;  par  M.  Auric i  îoo 

TiiÉnAPEUTiQUE.  —  L'insuflisance  res- 
piratoire aux  très  hautes  altitudes 
et  sa  correction  par  les  injeclions 
sous-cutanées  d'oxygène;  par 
JL  Raoul  liayeux 291 

—  Emploi  de  l'o.xygène,  additionné  de 

gaz  carbonique,  en  injections  sous- 
cutanées,  comme  traitement  du 
mal  des  altitudes  et  de  certaines 
dyspnées  toxiques;  par  M.'Raoïd 
liayeu.r 1 388 

—  \'oir    Héliothérapie,     Médecine.  Ra- 

iliunilliérajiie.    Rayons  .V.     Tuber- 

TnFHMociii.MiE.  —  Sur  l'emploi  îles  bom- 
bes émaillées  en  caloriniélrie;  par 
!\L  r.  Matignon  et  .AI"^^  G.  .Marchai.       92 1 

TnEn.MODVNAMiQUE,  —  l^lude  énerséT 


TABLE    DES    MATIERES. 


tique   d  un   syslènio   de   courants; 

par  M.  Félix  Michaiid 

Id.  Conditions  de  stabilité  de  ré<|ui- 

libre,  par  M.  Félix  Michaud 

Le   principe   de   l'équivalence   et   la 

réversibilité;  par  M.  ,1.  Leduc.  .  .  . 
Nouvelle    équation    d'état    des    gaz, 

fondée    sur    la    connaissance    des 

pressions     internes;     par     M.     .1. 

Leduc 

Sur  l'énonce  du  |)iMMcipc  de  I  éi|uiv;i- 

lencc;  par  M.  />.  Déconihc.  . 


1729 
Cages. 


Toxicologie.  —  Sur  la  toxicité  des  car- 
bonates et  cbloroearbonales  dr 
métliyle  elilorés;  par  MM.  André 
Maijer,  II.  .Magne,  L.  Planle/ol 

—  Voir  Pathologie. 

Tuberculose.  —  Traitenn'ut  de  la  tu- 
berculose humaine;  [lur  M.  Henri 
Spahlinger 

—  La    vaccination    de    la     tuberculose; 

par  M.  Rappin 

—  \'oir  lléliolhcraiiie. 


l'Jl 

l'JJ 


ViT.vMiNEs.  —  Sur  l'action  antiscorbu- 
tique de  la  pomme  de  terre  crue, 
broyée  et  intacte;  par  M.  Bezs- 
sonojj 9î 

—  Ration  alimentaire  et  vitamines;  par 

MM.  A.  Desgrez  et  //.  Bierry i o()8 

—  Sur  le  mécanisme  physiologique   de 

la  résistance  du  lapin    à    l'avita- 
minose; par  MM.  J.  Lopez-Lomba 

et  Paul  Portier 1 68  î 

Viticulture.  —  De  la  non-toxicité  du 
cuivre  pour  le  mildiou;  par  M.  et 
Mme  G.  Villedieu 335 

—  Sur  les  corpuscules  bruns  de  la  bru- 

nissure  de  la  vigne;  par  M.  Jean 
Politis ". 8;o 

—  Contribution  à  l'étude  des  huiles  de 

pépins   de    raisin;    par   M.    Emile 


André 1296,  i4i3 

Vol  .NATUREL,  A  VOILE.  —  Voir  Aéro- 
nautique, Morphologie  animale. 
Vulcanologie.   —   La   situation  géolo- 
gique des  volcans  d'Oudjda  (Ma- 
roc Oriental)  ;  par  M.  P.  Russo .  .  .       989 

—  Sur    les    éruptions    volcaniques    lia- 

siques  et  leurs  rapports  avec  la 
distribution  des  faciès  dans  les 
géosynelinaux  caucasiens;  par 
M.  Pierre  Bonnet mi 

—  Sur  les  éruptions  volcaniques  méso- 

crétacées et  leurs  rapports  avec  la 
distribution  des  faciès  dans  les 
géosynclinaux  caucasiens;  par 
M.  Pierre  Bonnet 1 389 

—  Voir  Géologie. 


Zoologie.  —  Sur  la  présence  d'un 
batracien  urodèle  en  Afrique 
intertropicale;  par  M.  Paul  Cha- 
banaud 

—  Note     préliminaire     sur     la     notion 

d'espèce  et  la  variabilité  chez  les 
épinoches  ;  par  M.  Léon  Berlin 

—  Sur  un  ouvrage    relatif  à    la    faune 

française;  par  M.  E.-L.  Bom'ier.  .  . 

—  Sur  les   poissons   de   la   famille    des 

dirctmidés  et  leur  place   dans   la 
classification;     par     MM.      Loui.s 


1^9 

62  3 
8-26 


Roule  et  F.  Angel 1207 

Sur  la  distribution  géographique  de 
quelques  langoustes  de  Madagascar 
et    leur    exploitation    industrielle; 

par  M.  A.  Gruvel 1209 

Sur  un  nouveau  poisson  abyssal 
(Scombrolahrax  heterolepis,  nov. 
gen.  nov.  sp.)  péché  dans  les  eaux 
de  l'ilc  Madère  ;  par  M.  Louis  Roule,  i  53  4 
Voir  Biologie,  Cytologie,  Entomo- 
logie, Morphologie,  Paléontologie, 
Spermatogénèse. 


TABLE    DES    AUTEURS. 


I73l 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages 

ABOULENC  (J.).  —  Voir  Seiiilerens 
(J.-B.)  et  J.  Aboulenc. 

ABRAHAM  (Henri)  et  René  PLA- 
NIOL  — •  Sur  l'emploi  du  télé- 
graphe Baudot  en  télégraphie  sans 
fil 1170 

ABRAMESCO  (N.).  —  Sur  les  dévelop- 
pements en  série  suivant  les  in- 
verses de  polynômes  donnés....        649 

ABRAMI  (P.).  —  Voir  Widal  (F.), 
P.  Abraiiti  et  J.  Hiiliiiel. 

ABRARD  (René).  —  Voir  Bourcml 
(Jacques)  et  René  Abrard. 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE 
LISBONNE.  —  Adresse  des  con- 
doléaueis  à  l'occasion  de  la  mort 
do  M.  Armand  Gautier 264 

ALAYRAC.  —  Mouvement  du  centre 
de  gravité  d'un  solide  symétrique 
par  rapport  à  un  plan  vertical  se 
déplaçant  dans  un  milieu  résis- 
tant       1089 

ALBBRT  I"  (S. A. S.),  prince  souverain 
de  Monaco,  fait  hommage  de 
fascicules  des  Résultats  des  cam- 
pagnes scientifiques  accomplies 
sur  son  yacht Sg,  3oy,  i457 

— •  Visite  officielle  aux  Etats-Unis....      1273 

ALEZAIS  et  PEYRON.  —  Sur  le  mode 
de  développement  des  tumeurs 
dites  mixtes  et  des  cylindromes  de 
la  région  de  la  face 781 

AMPERE.  —  Le  centenaire  de  ses  dé- 
couvertes fondamentales  est  célébré 
au  village  d'Ampère  (Etats-Unis) .  hji 
ANDOYER  (Henri.).  —  Démonstration 
directe  d'un  théorème  de  Tisserand 
relatif  au  développement  de  la 
fonction    perturbatrice 1345 

• —     Fait   partie    de    la    commission    de 


MM.  Pages, 

prix  Lalande,  (Benjamin  Valz, 
Pierre  Guzman,  G.  de  Pontécou- 
lant 565 

ANDRADE  (Jules).  —  Les  déplace- 
ments élastiques  transverses  du 
centre  de  gravité  du  spiral  cylin- 
drique et  des   doublets 202 

—  Sur  les  déterminations  optiques  des 

résistances    de     roulement     d'un 

plan  rouleur 798 

—  Les  résistances  de  roulement  et  la 

méthode  optique  du  miroir 1466 

—  Le  problème  de  l'acheminement  et 

les  mouvements  pendulaires  entre- 
tenus        1 642 

ANDRÉ  (Emile).  —  Sur  la  détermina- 
tion de  l'indice  d'acétyle  dos 
matières  grasses 984 

—  Contribution  à  l'étude  des  huiles  de 

pépins  de  raisin 1 296,  1 4 1 3 

ANGEL    (F.).    —    Voir    Roule    (Louis) 

et  F.  Aiigel. 
ANGELESCO  (A).  —  Sur  certaines  équa- 
tions différentielles  linéaires  com- 
plètement   intégrables 4o 

—  Sur  une  représentation  de  polynômes 

par  des  intégrales n53 

ANTHONY  (Raoul)  est  présenté  en 
seconde  ligne  pour  la  succession 
de    M.    Yves  Delage 344 

ANTHONY  (R.)  et  Ch.  CHAMPY. 
—  La  forme  reptilienne  du  sperma- 
tozoïde du  Pangolin  et  sa  significa- 
tion       I  i  34 

APOLIT  (M'I'î.Ieanne). —  Sur  la  déshy- 
dratation du  phényl-l-diméthyl- 
a.2-butanol-l  et  du  diphényl-i.3- 
diméthyl-2.2-propanol-i l493 

APPELE  (Paul).  —  Sur  le  mouvement 

périodique  d'un  fluide ^85 


1732  TABLE    DES    AUTEURS. 

MM.  Pages. 

• —  Donne   lecture  d'une   lettre   qui  lui 

a  été  adressée  par  M.  A/iHag-Le//Zpc.      1265 

—  Présente  à  l'Académie  le    tome    38 

des  «  Acta  mathematica»  consacré 

à  la  mémoire  de  Henri  Poincaré  .  .      1266 

—  Présente   un   opuscule  intitulé  «Élé- 

ments de  la  théorie  des  vecteurs  et 

de  la  géométrie  analytique» 'ta? 

■ —  Fait  partie  des  commissions  sui- 
vantes : 

—  Prix  Bordin,   Francœur 564 

—  Prix    Montyon    de    statistique 5C6 

—  Prix     Binoux 5GG 

—  Prix    Gustave    Roux,    Thorlct,   Ion- 

dation    Lannelongue ,     Trémont  , 
Gegner,   Henri  Becquerel 566 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 566 

—  Prix  Saintour 567 

—  Prix    Henri    de    Parville    (  ouvrages 

de  sciences  ) 567 

—  Question  de  grand  prix  des  sciences 

mathématiques   pour    1924 567 

ARAMBOURG  (C).  —  Sur  la  faune 
ichthyologique  du  Sahélicn  de  la 
région  d'Oran 1243 

ARMAND  (L.). —  Les  phénomènes  nu- 
cléaires de  la  cinèse  hétérotypique 
chez  le  Lobelia  urens  et  chez 
quelques  Campanulacées 762 

ARNOLD  (R.).  —  Voir  Bridel  (M.)  et 
R.  Arnold. 

ARSONVAL  (Arsène  d')  lait  partie  des 
commissions   suivantes    : 

—  Prix     Montyon,     Barbier,     Bréant, 

Godard,     Mège,     Bellion,   Larrey, 
Argut 566 


MM.  Pages. 

—  Prix  Montyon,  Lallemand,  Phili- 
peaux,    Fanny  Emden 566 

—  Fonds    Charles    Bouchard 566 

—  Grand  prix  des  sciences  physiques.  .        566 

—  Prix  Jean  Reynaud 567 

—  Commission  chargée  de  contrôler  les 
expériences  de  M.   Contromoulins.      1 1  jo 

ASTRE  (Gaston).  —  Contribution  à 
l'étude  de  la  répartition  des  zones 
biologiques  sur  les  dunes  méditer- 
ranéennes du  golfe  du  Lion 1 120 

AUDEBEAU  BEY  (Cuaules).  —  Uti- 
lisation des  tiges  de  diverses 
plantes  annuelles  en  vue  de  la 
production  de  l'énergie  mécanique 
nécessaire  aux  travaux  agricoles 
de  la  vallée  du  Niger 764 

AUDIGE  (P.).  —  Sur  la  croissance  des 
poissons  maintenus  en  milieu  de 
température  constante 287 

AUDUBERT  (Re.né).  —  Sur  le  méca- 
nisme des  échanges  d'énergie  dans 
la    vaporisation 875 

—  Sur  la  quantité  élémentaire  d'éner- 
gie mise  en  jeu  dans  la  disso- 
lution          676 

—  Sur  le  mécanisme  des  échanges 
d'énergie  dans  le  passage  électro- 
chimique d'un  atome  à  l'état 
d'ion ^53 

AUGER  (V.).  —  Catalyse  double  de 
l'acide  vanadique  de  l'eau  oxy- 
génée        1 355 

ALTRIC.  —  Sur  la  théorie  des  nombres 

algébriques    idéaux 1400 


B 


BACHRACH  (M»»  Eudoxie).  —  Voir 
Richet  (Charles),  M""  Eudoxie 
liachrach  et  Henry  Cardot. 

BAILLAUD  (Benjamin.).  —  Observa- 
tions dcréclipscde  Soleil  du  7  avril 
1921  à  l'Observatoire  de  Paris.  .  .  . 

—  Notice  nécrologique  sur  M.  Gaillol .  . 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes    : 

—  Prix  Lalandc,  Benjamin  Valz,  Pierre 

Guzman,  G.  de  Pontécoulant.. . . 

—  Prix    Saintour 

BAILLE-BARRELLE.—  Contribution 


SS6 


à  l'élude  de  la  cokéfaction  des 
cliaibons  de  la  Sarre 1 58o 

BAILLY  (Oct.we).  —  Sur  l'action  de 
l'épichlorhydrine  sur  le  phosphate 
monoacide  de  sodium  en  solution 
aqueuse  et  sur  la  stabilité  d'un 
diéther  monoglycéromonophos- 
phoritiuc 6S9 

BAILLY  (P.).  —  Voir  Surlonj  [A.)  d 
P.  Bailly. 

BALLAY  (Mahcei.).  —  Wnv  CuiHcl 
[Léon)  et  Marcel  lialldi/. 

BARBAUDV    (.Iea.n).    —  Sur  Us   pro- 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

prîtes  des  diagraniitios.  Courbes 
représentatives  du  déplacement  de 
l'équilibre  des  systèmes  chimiques.       agi 

BARBE.  —  Voir  Bernard  {Paul)  et 
Barbe. 

BARBIERI  (N.  A.).  --  Étude  anato- 
mique  sur  la  terminaison  aréti- 
nicnne  du  nerf  optique  dans  la  série 
amimale 1 376 

—  Erratum  relatii  à  celte  luiimuinica- 

tion 1 700 

BARLOT.  —  Sur  un  nouveau  réactif 
des  Lactaires  et  des  Russules  à 
saveur  acre 87 

—  Sur  le  déplacement  des  métaux  dans 

les   solutions  salines 878 

—  Sur     les      phénomènes      électriques 

accompagnant  le  déplacement  des 
métaux 837 

BARRÉ   (E.).    —     Éléments    déleclro- 

technique  générale  (imp.) i44 

BARROIS  (Ch.\rles)  fait  partie  de  la 
commission  de  prix  Cuvier,  De- 
lesse,  Victor  Raulin,  Joseph  Labbé.       565 

BATUCCAS  (T.).  —  Voir  Moles  (E.), 
T.  Batuccas  et  M.  Paya. 

BAYEUX  (Raoul).  —  L'insuffisance 
respiratoire  aux  très  hautes  alti- 
tudes et  sa  correction  par  les  injec- 
tions   sous-cutanées    d'oxygène..        291 

—  Le    pouvoir   réducteur   des    liquides 

organiques  et  des  tissus  de 
quelques    animaux    marins 878 

• —  Emploi  de  l'oxygène,  additionné  de 
gaz  carbonique,  en  injections 
sous-cutanées,  comme  traitement 
du  mal  des  altitudes  et  de  cer- 
taines dyspnées  toxiques i388 

BAZY  (Pierre)  est  présenté  en  première 
ligne  pour  la  succession  de 
M.   Félix    Guyon 187 

—  Est  élu 20 1 

—  Fait   partie    des     commissions    sui  - 

vantes  : 

—  Prix  Montyon,  Barbier,  Bréant,  Go- 

dard, Mège,  Bellion,  Larrey,  Argut.       566 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie au  septième  centenaire  de 
la  Faculté  de  médecine  de  Mont- 
pellier       i633 

BEAUVERIE  (J.).  —  La  résistance 
plastidaire  et  mitochondriale  et 
le  parasitisme i  l'jS 


C.  R.,  192 


Semestre.  (T.  17'2.) 


AUTEURS.  1733 

MM.  Pages. 

BÉGUET  (M.).  —  Voir  Sergent  (Edm.) 
et  M.  Béguet. 

BEHAL  (Auguste)  est  présenté  en  pre- 
mière ligne  pour  la  succession  de 
M.  Armand  Gautier 247 

—  Est  élu 264 

—  Son    élection  est  approuvée 3o5 

—  Fait   partie    de   la    commission    des 

prix  Montyon  (arts  insalubres), 
Jecker,  de  la  fondation  Cahours, 
des  prix  Berthelot,    Houzeau....        565 

—  Est       désigné        potir       représenter 

l'Académie  à  l'inauguration  de  la 
statue  de  Adolphe  Wurtz 1087 

BERGONIÉ  (Je.^n)  fait  partie  de  la 
commission  chargée  de  contrôler 
les  expériences  de  M.  Contremou- 
lins 1 1 5o 

BERNARD    (Noël).    —    Principes    de 

biologie  végétale  (imp.) 1279 

BERNARD  (Paul)  et  BARBE.  —  Allu- 
meur et  extincteur  des  becs  de 
gaz  des  lanternes  publiques 872 

BERTHELOT  (Daniel)  fait  partie  de 
la  commission  des  prix  Gaston 
Planté,  Hébert,  Henri  de  Parville, 
Hughes,  fondation  Clément  Félix.       565 

—  Fait  partie  de    la  commission   char- 

gée   de   contrôler   les    expériences 

de  M.  Contremoulins i  i5o 

BERTIN  (Emile)  fait  hommage  de  deux 
volumes  posthumes  de  M.  Jules 
Boulvin 481 

—  Présente  un   fascicule    «Sur  le  Rhin 

et  le  Rhône  » 1089 

—  Fait   hommage  d'une  brochure  inti- 

tulée «  Le  vieux  Japon  » i633 

— ■  Fait  partie  des  commissions  sui- 
vantes :  Prix  Montyon,  Poncelet, 
Boileau,   Pierson-Perrin 565 

—  Prix   Gay,   fondation  Tchihatchef .  .        565 

—  Prix  de  six  mille  francs,    Plumey..        565 

—  Médailles  Arago.Lavoisier,  Berthelot.       566 

—  Prix    Gustave   Roux,   Thorlet,    fon- 

dations Lannelongue,  Trémont, 
Gegner,   Henri  Becquerel 566 

—  Prix  Henri  de  Parville  (ouvrages  de 

science) 567 

BERTIN  (Léon).  —  Note  préliminaire 
sur  la  notion  d'espèce  et  la  variabi- 
lité chez  les  Épinoches 628 

BERTRAND  (Gabriel)  et  Artuur 
COMPTON.  —  Influence  de  la 
chaleur  sur  l'activité  de  la  salici- 

126 


1734 

MM.  Pages, 

nase 5^8 

BERTRAND  (Gabriel)  et  R.  VLA- 
DESCO.  —  Sur  les  causes  de  varia- 
tion de  la  teneur  en  zinc  des  ani- 
maux vertébrés:  influence  de  l'âge.        768 

BERTRAND  (Gaston).  —  Équations 
de  Fredholm  à  intégrales  princi- 
pales au  sens  de  Cauchy l458 

BERTRAND  (Léon).  —  Histoire  de  la 
formation  du  soiis-sol  de  la  France. 
I.  Les  anciennes  mers  de  la  France 
et  leurs  depuis   (inip.) 83l 

BESSON  (Louis).—  Influence  de  la  tem- 
pérature sur  le  nombre  de  décès 
par  diarrhée  infantile,   à  Paris....        /ioi 

BÉTANCES  (L.-M.i.—  Cellules  à  granu- 
lations éosinophiles  d'origine  his- 
tioïde  dans  le  sang  circulant  de 
l'embryon i38l 

BEZSSONOFF.  —  Sur  l'action  anti- 
scorbutique  de  la  pomme  do  terre 
crue,  broyée  et  intacte 92 

—  Voir   Tnijlmit  (G.)  et  iV.  Bezssonojl. 
BIERRY  (IL)    et    F.  RATHERY.  — 

Diabète  et  glycémie 244 

—  Foie,  plasma  sanguin  et  sucre  proléi- 

dique i  ■145 

BIERRY  (H.).  —  Voir  Desgrez  [A.)  et 

H.  Bierry. 
BIGOT  (Alexandre).  —  Retrait  au  sé- 
chage des  kaolins  et  des  argiles.  .        755 

—  Kaolins,  argiles,  bauxites,  etc.  Varia- 

tions de  volume  sous  l'action  de  la 

chaleur 854 

BIGOURDAN  (Guillaume)  présente  un 
volume  sur  la  classification  biblio- 
graphique des  questions  relatives 
à  l'Astronomie  et  aux  Sciences 
connexes 23 

—  Remise   à    la  bibliothèque  de   l'Ins- 

tilul  d'un  globe  céleste  à  latitude 
variable  et  à  pôle  mobile aSa 

—  Fait  hommage  du  n  Rapport  annuel 

sur  les  travaux  effectués  par  le 
Bureau  international  de  l'heure 
(B.  I.  II.)  en  iijio  (!'■"'  année)  »..  .      Ioo5 

—  Est  désigne   pour  représenter   l'Aca- 

démie à  l'inauguration  du  monu- 
ment de  l'abbé    Lacaille ii5o 

- —  Fuit  partie  des  commissions  sui- 
vantes :  Prix  Lalande,  Benjamin 
Valz,  Pierre  (iuzmaii,  G.  de  Ponté- 


TABLE    DES   AUTEURS. 


coulant. .  . 
—  Prix  Binoux. 


565 
5G6 


MM.  Pages. 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 566 

—  Prix  Parkin 566 

—  Prix  Saintour 566 

—  Prix   Henry   Wilde 567 

BILLY  (Mauiiice).  —  Sur  le  peroxyde 

de  titane 1 4 1 1 

BKJliET  (G.). —  Sur  les  Graphidées  cor- 

licoles 143s 

BIRKELAND  iRichard).  —  Errata  re- 
relatifs à  deux  communications 
précédentes 1 88 

—  Résolution  de  l'équation  algébrique 

générale  par  des  fonctions  hyper- 
géométriques  de  plusieurs  va- 
riables         309 

—  Sur  la  convergence  des  développe- 

ments qui  expriment  les  racines 
de  l'équation  algébrique  générale 
par  une  somme  de  fonctions  hyper- 
géométriques  de  plusieurs  va- 
riables       1x55 

BLAISE  (Emile).  —   Dérivés  des  dicé- 

tones  1-4  et  de  la  semicarbazide. .        221 

—  Est  classé  en  seconde  ligne  pour  la 

succession  de  M.  Armand  Gautier.        247 

—  Est  classé  en  seconde  ligne  pour  la 

succession  de  M.  Emile  Bourquelot.     1 1 44 

—  Obtient  des  suffrages 1 149 

BLANC  (Georges).  —  Recherches  expé- 

mentales  sur  le  virus  de  l'herpès.  .        725 
BLANCHET  (F.).  —  Voir  A"(7ia;i  (ir.) 

et  F.  Blanchet. 
BLARINGHEM  (L.).  —  Variations  et 
fertilité  de  l'hybride  Primiila  varia- 
bilis  Goupil  comparées  à  celles  de 
ses  parents  Pr.  i>ulgaris  Huds  et 
Pr.  offlcinalis  Scop 992 

—  Sur  le  pollen  du  Lin  et  la  dégénéres- 

cence des  variétés  cultivées  pour 

la  fibre 1 6o3 

BLOCH  (M°>e  E.).  —  Modifications  des 
racines  et  des  tiges  par  action 
mécanique i524 

BLOCH  (LÉON  et  Eugène).  —  Sur 
quelques  spectres  d'étincelle  dans 
l'ultraviolet    extrême 8()3 

—  Spectres    d'étincelle    du    fer    et    du 

cobalt  dans  l'ultraviolet  extrême..       }55l 

—  Spectres  d'étincelle  de  l'or  et  du  pla- 

tine dans   l'ultraviolet   extrême..        962 
BL(  )NDEL(ANDnÉ)  informe  l'Académie 
de  la  célébration  d'une  cérémonie 
eoinmémorative  du  centenaire  des 
découvertes  fondamentalcB  d'Am- 


MM. 


peie. 


TABLE    DES 

Pages. 

191 


—  Gcncralitos  de  la  représentation  topo- 

graphiijuc  des  couples  des  moteurs 
à   courants   altcrnatil's 

—  Errata   relatifs   à    cette  communica- 

tion  

—  Sur  l'application  des  survoltcurs  sta- 

tiques répartis  au  réglage  des  lignes 

à  haute  tension 

BOGDANOVITCH    (Charles)    adresse 

un    naémoire    intitulé    «  Réserves 

houillères  de  la  Pologne  actuelle  ». 
BOHN    (Georges).    —    Voir  Drzewina 

(M"«  Anna)  et  Georges  liohn. 
BOISSE  DE  BLACK  (M»e  Y.).  — ■  Les 

«  francs  »  de  la  vallée  de  la  Cère. . . 
BOLLAND  (A.).  —  Fait  l'objet  d'une 

réclamation  de  priorité  de  M.   G. 

Denigès 

BONAPARTE  (le  prince   Roland)  fait 

partie  des  commissions  suivantes  : 

Prix  Gay,  fondation  Tchihatchef.. 

—  Prix    Desmazières,  Montagne,   Jean 

Thore,      de      Coincy,     Jean      de 

Rufz    de    Lavison 

— -  Prix  Da  Gama  Machado,  fondation 
Savigny 

—  Prix    Montyon    de    statistique 

—  Prix  du  baron  de  Joest 

— ■  Réélu  membre  du  Conseil  de  la  fon- 
dation  Loutreuil 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  une  séance  qui  se  tiendra 
à  la  Sorbonne  en  l'honneur  des 
Institutions  civi'es  de  Napoléon.  . 

BONAPARTE  (Napoléon).  —  M.  La- 
cour-Gayel  fait  une  lecture  sur 
Bonaparte,  membre  de  la  pre- 
mière classe  de  l'Institut  national 
des  sciences  et  des  arts 

BONNEFOY  (M""  J.)  et  Jn.  MARTI- 
NET. —  Sur  la  6-méthylisatine.. 

BONNESEN  (T.).  —  Sur  une  améliora- 
tion de  l'inégalité  isopérimétrique 
du  cercle  et  la  démonstration  d'une 
inégalité    de    Minkowski 

BONNET  (Pierre).  —  Sur  les  éruptions 
volcaniques  liasiques  et  leurs  rap- 
ports avec  la  distribution  des  faciès 
dans  les  géosynclinaux  caucasiens. 

—  Sur  les  éruptions  volcaniques  méso- 

crétacées et  leurs  rapports  avec  la 
distribution  des  faciès  dans  les 
géosynclinaux  caucasiens 


1326 

I'2l5 

iSgS 

6a 

565 

565 

565 
566 
567 

900 

1087 

95a 
220 

1087 


1589 


AUTEURS.  1735 

MM.  Pages. 

BONNIER  (Gaston)  offre  à  l'Académie 
le  tome  -4  de  la  «  Flore  complète 
illustrée  de  France,  Suisse  et  Bel- 
gique » 109 

—  Offre  à  l'Académie  le  tome  32  de  la 

«Revue  générale  de  Botanique».  .        952 

—  Fait   partie   de    la   commission   des 

prix  Desmazières,  Montagne,  Jean 
Thore,  de  Coincy,  Jean  de  Rufz  de 
Lavison 565 

BORDAS  (L.).  —  Morphologie  générale 
et  structure  de  l'appareil  digestif 
dos    Lépidoptères 617 

BORDET  (Jules)  est  élu  Correspondant 
pour  la  section  de  médecine  et  chi- 
rurgie         43i 

—  Adresse   des   remcrcînients   à   l'Aca- 

démie          5 1 8 

BORDIER.  —  Eiricacité  de  la  d'Arson- 
valisation  diathcrmique  dans  les 
plaies  atones  (ulcères  variqueux, 
troubles  trophiques  cutanés,  etc.). 

[I0l4],  1214 

BOREL  (Emile)  est  présenté  en  pre- 
mière ligne  pour  la  succession  de 
M.  Georges  Humherl 883 

—  Est   élu 900 

—  Son  élection  est  approuvée 941 

BOSSUET   (Robert).  —  Voir  Jolibois 

[Pierre],  Robert  Bossuel  et  Chevry. 

BOUGAULT    (J.  )    et    P.    ROBIN.  — 

Sur  les  iodamidines 452 

BOULUJAND  (Georges).  —  Sur  cer- 
tains modes  de  détermination  des 
solutions   de   Am  =  w'm 43? 

BOULOUCII  (R.).  —  Sur  le  problème 
de  l'achromatisme  des  systèmes 
centrés  épais i342 

BOL'LVIN  (Jules).  —  Cours  de  méca- 
nique appliquée  aux  machines, 
professé  à  l'Ecole  spéciale  du 
génie  civil  de  Gand  :  Machines  et 
chaudières  marines  et  leurs  ap- 
pareils auxiliaires;  compresseurs. 
Transmission  du  travail  à  dis- 
tance. Appareils  de  levage  (imp.).       43i 

—  L'Académie   est  invitée  à  la  mani- 

festation organisée  à  sa  mémoire 

à   Gand 121 8 

BOURCART  (Jacques)  et  René 
ABRARD.  —  Sur  quelques  roches 
cristallines  d'Albanie 1 5o8 

BOURGEOIS  (Robert)  est  élu  membre 
du   Comité  consultatif  de  l'Office 


TABLE    DES 


565 
565 


644 


1  Ît;-, 


65 


1736 

MM.  Pages, 

national  météorologiquo if\'i 

—  Fait  partie  des  commissions  de  pri.\ 

suivantes   :    Prix   Gay,   fondation 

Tchihatchef 

• —  Prix  de  six  mille  francs,  Plumey.  .  .  . 

—  Demande,  au  nom  de  MM.  Delcambie 

et  Schereschewski,  l'ouverture  d'un 
pli  cacheté  intitulé  :  «  Étude  et 
prévision   de   certaines   variations 

barométriques  » 

BOURGUIGNON  (Georges).  —  De- 
mande l'ouverture  d'un  pli  cacheté 
contenant  une  note  intitulée  «  La 
chronaxie  dans  les  états  patho- 
logiques chez  l'homme  » 127 

—  La  chronaxie  dans  la  dégénérescence 

Wallérienne  neuromusculaire,  chez 
l'homme 

BOURION  (F.)  el  Cu.  COURTOIS.  — 
Sur  la  formation  de  chlorure  de 
Julin  dans  la  préparation  du  chlore 
électrolytiquc 

BOURQUELOT  (Emile).  —  Son  éloge 
funèbre  est  prononcé  par  M.  G.  Le- 
inoine 

—  Son    remplacement    dans    la    section 

de  chimie 

BOURQUELOT  (Em.)  et  M.  BRIDEL. 
• —  Application  de  la  méthode  bio- 
chimique de  recherche  du  glucose 
à  l'étude  des  produits  de  l'hydro- 
lyse fermentaire  de  l'inuline y46 

BOUSSINESQ  (JosEPn).  —  Aplatisse- 
ment suivant  l'axe  polaire,  par  la 
tension  superficielle,  d'une  aputte 
liquide,  de  révolution  et  sans 
pesanteur,  possédant  une  vitesse 
angulaire  donnée  tu  de  rotation 
autour  de  cet  axe 

—  Rectification    et    complément    ù    la 

note  précédente 

—  Fait    partie    des    commissions     sui- 

vantes  :    Prix   Bordin,  Francœur. 

—  Pri.x    Montyon,    Poncelet,    Boileau, 

Picrson-Perrin 

-^  Prix  de  six  mille  francs,  Plumey  .... 

—  Prix   Gaston   Planté,   Hébert,  Henri 

de  Parville,  Hughes,  fondation 
Clément  Féli.x 563 

—  Prix   Petit  d'tDrmoy 566 

—  Prix  Saintour 567 

—  Question  de  grand  prix  des  sciences 

mathématiques   pour    1924 56; 


I1 19 


AUTEURS. 

MM.  Page». 

BtJUTARIC  (A.).  —  Mesures  actinomé- 
triques  et  polarimétriques  aux 
altitudes  élevées l5ly 

BOUTARIC  (A.)  et  M.  VUILLAUME. 
—  Floculation  du  sulfure  d'arsenic 
colloïdal.  Principe  d'une  méthode 
d'étude 1293 

BÛUTY  (Edmond).  —  Interprétation, 
par  la  cohésion  diélectrique,  d'une 
expérience  célèbre  de  Sir  J.-J. 
Thomson ~  il 

—  Fait  partie  de  la  commission  des  pri.x 

Gaston  Planté,  Hébert,  Henri  de 
Parville,  Hughes,  fondation  Clé- 
ment Félix 565 

—  Fait  partie  de  la  commission  chargée 

de    contrôler    les    expériences    de 

M.    Contremoulins i  i5o 

BOUVIER  (Lovis).  —  Sur  un  ouvrage 

relatif  à  la  Faune  française 826 

—  Fait     partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Demazières,  Mon- 
tagne, Jean  Thore,  de  Coincy,  Jean 
de   Rufz    de  Lavison 565 

—  Prix  Da  Ciama  Machado,  fondation 

Sa  vigny 566 

—  Prix  Binoux 566 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 566 

BOUYGUES  (IL).  —  Considérations  sur 

l'endoderme 3o2 

BRANLY  (ÉDOUAnD)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Gas- 
ton Planté,  Hébert,  Henri  de  Par- 
ville,  Hughes,  fondation  Clément 
Félix 565 

—  Prix  Montyon,  Barbier,  Bréanl,  Go- 

dard, Mège,  Bellion,  Larrey,  Argut.       566 

—  Fonds    Charles    Bouchard 566 

—  Fait  partie  de  la  commission  chargée 

de    contrôler    les    expériences    de 

M.  Contremoulins 1 1  jo 

BRATU.  —  Sur  les  séries  dont  le  ternie 

général  tend  vers  zéro 122J 

BRAZIER  (C.-E.).  —  Sur  la  eomparabi- 

lité    des    anémomètres 84 J 

BRETON  (J.-L.l.  —  Son  nom  omis  par 
erreur  parmi  ceux  des  Membres 
élus  en  1920  est  rétabli  sur  la 
liste ". 248 

—  Fait    partie     des    commissions     sui- 

vantes: prix  Jean  Rcynaud  et  du 

baron  de  Joest 567 

BRIDEL  (Marc).  —  Action  de  l'émul- 
sine  sur  le  galactose  en  solution 


TABLE    DES 


MM 


dans  dos  alcools  piopyliqiiis  de 
différents   titres I 

—  Application   de   la   loi   d'action   des 

masses  aux  résultats  obtenus  dans 
la  réaction  de  la  galaetosidase  p  sur 
le  galactose  en  solution  dans  l'al- 
cool propylique I 

BRIDEL  (M.)  et  R.  ARNOLD.  ~  Sur 
une  méthode  permettant  l'applica- 
tion, aux  végétaux,  du  procédé 
biochimit(ue  de  recherche  du  gln- 
cose 1 

—  Yoir  Bourquelot  (Edm.)  et  A/.  Biidel. 
BRIQUET  (A.).  —  Les  Bas-Champs  de 

Picardie  au  sud  de  la  Somme.  .  .  . 

—  Les  Bas-Champs  de  Picardie  aii  nord 

de    la    Somme  :  la  ligne  de  rivage 
actuelle 

—  Les     Bas-Champs     de     Picardie     au 

nord   de   la   Somme   :    la   ligne   de 

rivage  ancienne 

BROCA    (Auguste).    —    Chirurgie    de 

guerre  et  d'avant-guerre  (imp.).     736, 
BROCHET   (A.)   et  R.   CORNUBERT. 

—  Sur  les  tétrahydronaphtols.  .      i 
BRODIN  {P.).—  Yoh Chaiillard.  P.  Bro- 

din  et  Giigaul. 
BROtiLIE  (L.  de)  et  A.  DAUVILLIER. 

—   Sur    la   structure  électronique 


AUTEURS.  1787 

MM.  Pages, 

des  atonies  lourds l65o 

BROGLIE  (Maurice  de).  —  Sur  les 
spectres  corpusculaires  des  élé- 
ments       9,7^,  527 

—  Sur  les  spectres  corpusculaires.  Lois 

de  l'émission  photo-électrique  pour 

les    hautes    fréquences 806 

BROGLIE  (Maurice  et  Louis  dei. 
—  Sur  le  moc'c  d'atome  de  Bohr 
et  les  spectres   corpusculaires  ....        74G 

BROWN  (Ernest  W.)  est  élu  corres- 
pondant pour  la  section  d'astrono- 
nomie 264 

—  Adresse  des  remerciements  à  l'Aca- 

démie          5 18 

BRUHAT  (G.)  et  M""  M.  HANOT.  — 

—  Sur  la  frange  noire  de  Lippieh  et  la 

précision  des  mesures  polarimé- 
triqucs 1 34o 

BRUN  (P.  de).  —  Voir  Roman  (F.)  et 
P.  de  Brun. 

BUISSON  (H.)  et  Cii.  FABRY.  —  Sur 
le  déplacement  des  raies  solaires 
sous  l'action  du  champ  de  gravita- 
tion       1020 

BULL  (L.).  ~  Sur  l'éclat  de  l'étincelle 

électrique 807 

BURSON.  —  Voir  Deslandres  (H.)  et 
Blason. 


CARRIER  (Alexandre).  —  Sur  un 
appareil  allumeur-extincteur  auto- 
matique pour  becs  de  gaz  à  veil- 
leuse       :353 

GAILLARD  (M.).  —  Voir  Grenet  IH..), 
H.  Drouin  et  M.  Gaillard. 

CARDOT  (Henry).  —  Voir  Eichct 
{Gbarles),  M'i<^  Eudoxie  Baehrach 
et  Henry  Cardot. 

CARLEMAN  (T.).  —  Sur  une  classe 
d'équations  intégrales  à  noyau 
asymétrique 655 

CARLSON  (Frit-).  —  Sur  les  séries  de 

Dirichlet 838 

CARPENTIER  (Alfred).  —  Décou- 
verte du  genre  Plinlhiotheca  Zeiller 
dans  le  Westphalien  du  nord  de  la 
France 814 

—  Découverte   d'une   flore   wealdienne 

dans  les  environs  d'Avesnes  (Nord).     1428 


CARPENTIER  (Jules)  tait  partie  des 
commissions  suivantes  :  prix  Gas- 
ton Planté,  Hébert,  Henri  de  Par- 
ville,  Hughes,  fondation  Clément 
Félix....; 565 

—  Fait  partie  de  la  commission  chargée 
de  contrôler  les  expériences  de 
M.  Contremoulins 11 5o 

CARRÉ  (H.).  —  Voir  Vallée  [H.)  et 
H.  Carré. 

CARTAN  (Élie)  est  présenté  en  troi- 
sième ligne  pour  la  succession  de 
M.  Georges  Humbcrl 883 

CASTE  (P.).  —  Voir  Meunier  (L.)  et 
P.  Casie. 

CATIIELIN.  —  Les  principes  directeurs 
de  la  chirurgie  contemporaine 
(imp.) 1567 

CAULLERY  (Maurice)  est  présenté 
en  seconde  ligne  pour  la  succession 


1738  TABLE    DES 

MM.  Pages, 

de  M.  Yves  Delage 344 

—  Obtient  des  suffrages 3^)3 

CAVENDISII   (IIenuv).  —  The  scien- 

tific  papers  of  the  Honourable 
Henry  Cavendish  vol.  I  :  The 
clcclrical  rcsearches.  Vol.  II  : 
Chemical  and  dynamical  (imp.)...  .  l'igî 
CAYEUX  (L.).  —  Evolution  minéralo- 
gique  des  minerais  de  i'cr  oolithique 
de  France,  indépendante  du  fac- 
teur temps 1 1<) 

—  Notion  d'un  métamorphisme  général 

sous-marin,  déduite  du  remanie- 
ment des  minerais  de  fer  oolithique 
jurassiques,  contemporain  de  leur 
dépôt /fio 

—  Existence     de     nombreux     spiculcs 

d'Aleyonaires  dans  les  minerais  de 

fer  jurassiques  de  France 1)87 

—  Rôle  pétrographique  des  Alcyonaires 

fossiles,  déduit  de  l'analyse  des 
rainerais  de  fer  jurassiques  de 
France 1 1  Sg 

- —  Les  minerais  de  fer  magnétique   du 

bassin  de   Longwy-Briey l'ji'i 

CERF  (G.).  —  Sur  certains  systèmes 
d'équations  de  Pfafîetles  transfor- 
mations des  équations  aux  dérivées 
partielles 5 1 8 

CESARIO  (.Jules)  demande  l'ouverture 
d'un  pli  cacheté  qui  contient  un 
mémoire  intitulé  :  «  Recherches 
sur  le  vol  en  général  et  ses  applica- 
tions à  l'aviation  )i 39 

CHABANAUD  (Paul).  —  Sur  la  pré- 
sence d'un  Batracien  Urodèle  (^n 
Afrique    intertropieale 1  3g 

CHAJIOVITCH  (X.).  —  Voir  Cou- 
vreur (i'.)  et  A".  Chahovi/ch. 

CHAILLEY-BERT  (P.),  R.  FAILLIE 
et  J.-P.  LANGLOIS.  —  Sur  le 
i(  second  souffle  >>  des  coureurs.  ...      iGio 

CHAMPY  (Christian). —  Sur  les  corré- 
lations entre  les  caractères  sexuels 
mAles  et  les  divers  éléments  du 
testicule  chez  les  Amphibiens 
(Etude  sur  Triton  alpeslris] /,82 

—  Changement   expérimental    du   sexe 

chez  Triton  alpeslris  Laur 1 204 

—  Voir  Anthony  (R.)  et  Ch.  Champy. 
CFIAPAS.  —   Solubilité  des  nitralinines 

isomères  dans  le  métaxylène 538 

CHAPUT  (E.).  —  Observations  sur  les 

alluvions  anciennes  de  la  Seine.     77,  117 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

CHARBONNIER  (P.).  —  Traité  de 
balistique  extérieure.  Tome  I  : 
Balistique  extérieure  rationnelle. 
Les  théorèmes  généraux  de  la 
balistique  (imp.) l458 

CHARCOT    (.I.-B.).    —    Au    sujet    de 

l'île  de  .Jean    Mayen 669 

CHATTON  (Ëdouadd).  —  Fausse  et 
vraie  myogénèse  chez  les  Copé- 
podes  pélagiques.  Erreur  due  à  la 
méconnaissance  de  péridiniens  pa- 
rasites  eœlomiques i  'i4  ' 

CHATTON  (Edouard)  et  Robert  COU- 
RRIER. —  Sur  un  trypanosome 
de  la  Chauve-souris,  Vesperugo 
pipistrethis,  à  formes  crithidienncs 
intratissulaires  et  cystigènes.  Hy- 
pothèse relative  à  l'étiologie  du 
goitre  endénii(jue 1254 

CHAUDRON  (Georges).  —  Réactions 
réversibles  de  l'oxyde  de  carbone 
sur  les  oxydes  de  fer 1 52 

CHAUDUN  (M"«  A.).  —  Voir  Colin  (II.) 
et  M"«  A.  Chaudun. 

CHAUFARD,  P.  BRODIN  et  GRI- 
GAUT.  — •  L'action  d'arrêt  du 
foie  sur  l'acide  urique  exogène..        477 

CHEMIN  (E.).  —  Action  d'un  champi- 
gnon parasite  sur  Dilsea  edulis 
Stackhouse Gl4 

CHÉNEVEAU  (C).  —  Sur  la  variation 
de  la  réfraction  spécifique  des  sels 
dissous  en  solutions  étendues.  .  .  .      i4o8 

CHÉRON  (A.NDUÉ).  —  La  radiographie 

des  tableaux 5j 

CHEVALLIER  (A.).  —  Voir  Porcher 
[Ch.)  et  A.  Chevallier. 

CHEVENARD  (P.).  —  Anomalie  de 
dilatalion  accompagnant  la  trans- 
iormalion  magnétique  de  la  pyr- 
rholine  et  de  la  magnétite 320 

—  L'action  des  additions  sur  l'anomalie 

de  dilatation  des  ferronickels; 
application  aux  alliages  fcr-nickel- 
ehrome Sg^ 

—  lielation  entre  la  dilatation  anomale 

et  la  variation  thermique  de  l'ai- 
mantation des  corps  ferromagné- 
tiques       if>55 

—  Voir  Porlevin  [A.)  et  P.  Chevenanl. 
CHi;VI'.Y.    -      Voir    Joliboi.t    (Pierre), 

Hubert  Bos.tuet  et  Chevry. 
CIIIPART   (IL).  —  Actions   mutuelles 
(apparentes)  d'aimants  et  courants 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM. 


ploiifjos  dans  un  liquide  magné- 
liquo 

—  Actions  mutuelles  (apparentes)  d'ai- 

mants et  courants  plongés  dans 
un  liquide  niagnélique 

—  Sur  les  homologues  d'un  aimant  per- 

manent uniformément  aimanté. 
Loi  de  l'ellipsoïde 

CHOFARDET  (P.).  —  Observations 
de  la  comète  Rcid  (1921  a),  faites 
à  l'équatorial  coudé  de  l'Observa- 
toire de  Besançon 

CHOPIN  (Marcel).  —  Relations  entre 
les  propriétés  mécaniques  des 
pâtes  de  farine  et  la  panification. 

CHOSSON  (P.).  —  Voir  Couvreur  [E.) 
et  P.  Chosson. 

CHOUX  (P.).  —  Une  nouvelle  Asclépia- 
dacée  aphylle  du  nord-ouest  de 
Madagascar 

CHUDEAU  (R.).  —  L'Hydrographie 
ancienne  du  Sahara 

—  Les  changements  de  climat  du  Sahara 

pendant    le    Quaternaire 

CLAUDE  (Georges).  —  Sur  l'état 
actuel  de  la  synthèse  de  l'ammo- 
niaque par  les  hyperpressions.  .  .  . 

—  Sur  la  fabrication  de  l'hydrogène  des- 

tiné à  la  synthèse  de  l'ammoniaque. 

CLUZET,  ROCHAIX  et  KOFMAN.  — 
Action  bactéricide  du  rayonne- 
ment que  donnent  les  tubes  radi- 
fères  employés  en  radiumthérapie.- 

COISSET  (P.).  —  Voir  Martinet  {Th.) 
et  P.  Coisset. 

COLIN  (H.)  et  M"«  A.  CHAUDUN.  — 
Application  de  la  loi  d'hydrolyse 
à  la  détermination  des  poids  molé- 
culaires  

COLLIGNON  (Maurice).  —  Sur  la  pro- 
pagation du  son  du  canon  à  grande 
distance    :    Périodicité  annuelle.. 

COLSON  (Albert)  est  présenté  en  se- 
conde ligne  pour  la  succession  de 
M.   Armand   Gautier 

—  Obtient  des  suffrages 

—  id.   au   scrutin   pour   l'élection   d'un 

membre  pour  la  section  de  chimie. 
COMPAGNIE  DE  JÉSUS  (Pères 
DE  la).  —  Mémoires  concernant 
l'histoire  naturelle  de  l'Empire 
chinois.  Tome  VI.  Premier  cahier  : 
L'herbier  de  Zi-ka-wei.  Herbori- 
sations dans  le  Kiang-sou  en  1918 


Pages. 

5S9 

730 
ij6o 


450 

ijo8 
457 
604 

442 
974 

97 


247 
264 


[1I9 


MM. 


(imp. 


■739 

•âges. 


COMPTON  (Arthur).  —  Voir  Ber- 
trand (Gabriel)  et  Arthur  Compton. 

C0NTREM0ULINS(G.).— Aproposdo 
la  protection  des  tiers  contre  les 
rayons  X io3o,  1097 

—  Une   commission   est   nommée  pour 

contrôler  ses  expériences  sur  la 
portée  des  rayons  X 1 1 'io 

CORBLIN     (H.).     —     Compresseur     à 

membrane 4^ 

CORNUBERT  (R.).  —  Oxydation  per- 
manganique  de  l'aa-méthylallyl- 
cyclohcxanone  en  milieu  alcalin.  .        98a 

—  Voir  Brochet  (A.)  etiî.  Cornuberl. 
COSSMANN.  — Essais  de  Paléoconcho- 

logie  comparée  (imp.) 1  i5o 

COSTANTIN  (Julien)  fait  partie  des 
commissions  de  prix  suivantes  : 
Desmazières,  Montagne,  Jean 
Thore,  de  Coincy,  Jean  de  Rufz 
de  Lavison 565 

—  Fait  hommage  des  fascicules:  «  An- 

nales des  Sciences  naturelles  : 
Botanique  » 121 7 

COSTER  (D.),  —  Le  principe  de  combi- 
naison et  la  loi  de  Stokes  dans  les 
séries  de  rayons  X 1 17G 

COUPIN   (Henri).  —   Sur   une    tige   à 

géotropisme     horizontal 608 

COURMONT  (Paul),  A.  ROCHAIX 
et  F.  LAUPIN.  —  Sur  l'épuration 
bactérienne  et  colibacillaire  au 
cours  du  traitement  des  eaux  d'é- 
gout  par  le  procédé  des  «  boues 
activées  » 1696 

COURRIER  (R.).  —  Glande  intersti- 
tielle et  caractères  sexuels  secon- 
daires  chez  les   Poissons i3i6 

—  Voir    Chatlon    (Edouard)    et    Robert 

Courrier. 

COURTOIS  (CH.).  —  Voir  Bourion  (F.) 
et  Ch.  Courtois. 

COURTY  (F.).  —  Observations  des 
orages  de  1919  dans  les  départe- 
ments de  la  Gironde  et  partie  de 
la  Dordogne.  Expériences  des 
paragrèles  électriques  (imp.) ao2 

COUSIN  (M"e  G.).  —  Sur  les  variations 
individuelles  de  Psiloceras  pla- 
norbis  Sow 1 369 

COUTURIER  (Henri).  —Voir Lii/«(èce 
(Auguste)  et  Henri  Couturier. 

COUVREUR  (E.)  et  X.  CHAHOVITCH. 


i74o 


TABLE  DES 


MM.  Pages. 
—  Sur  un  mode  de  défense  natu- 
relle contre   les  infections  micro- 
biennes chez  les  Invertébrés 711 

—  Contre    les    infections    microbiennes 

chez  les   Invertébrés 1 126 

COUVREUR  (E.)  et  P.  CHOSSON.  — 
Sur  le  mode  d'action  des  présures 
végétales 1678 

CRACIUN  (E.).  —  Voir  Maiinesco 
(  G.)  et  E.  Craciun. 

CROMMELIN  (C.-A.).  —  Voir  Ma- 
Ihias  [E.].  C.-A.  Crommelin  et 
H.  Kamerlingh  Onnes. 

CUÉNOD  (A.).  —  Voir  Nicolle  {Charles) 
et  A.  Cuénod. 

CUÉNOT  (Lucien).  —  Régénération  de 
pattes  à  la  place  d'antennes  sec- 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

tionnées  chez  un  Phasme 949 

—  Sur  les  différents  modes  de  régénéra- 
tion des  antennes  chez  le  Phasme 
Carausius  morosus 1009 

CURIE(Mn"=p,ERRE).  — Sur  le  rayonne- 
ment Y  et  le  dégagement  de  chaleur 
du  radium  et  du  mésothorium ....      1022 

CURIE  {M"e  Irène). —  Sur  le  poids  ato- 
mique du  chlore  dans  quelques 
minéraux loaS 

CURIE  (Maurice).  —  Action  des  rayons 
rouges  et  infra-rouges  sur  les  sub- 
stances phosphorescentes 272 

CVIJIC   (Jovan).   —  Relief   littoral    et 

plate-formes  fluviales i425 

— •  Plate-formes     fluviales     et    ressauts 

d'érosion l592 


D 


DAMIENS  (A.).  —  Contribution  à 
l'étude  du  système  iode-tellure. 
Étude  de  la  vaporisation 447 

—  Sur  le  tétraiodure  de  tellure iio5 

DANGEARD   (P.-A.).  —  Observations 

sur  une  Algue  cultivée  à  l'obscu- 
rité depuis  huit  ans 254 

—  Fait   partie   de    la   commission   des 

prix  Dcsmazières,  Montagne,  Jean 
Thore,  de  Coincy,  Jean  de  Rufz  de 
Lavison 565 

DANGEARD  (Pierre)  fils.  —  L'évolu- 
tion des  grains  d'aleurone  en  va- 
cuoles ordinaires  et  la  formation 
des    tannins 995 

DANIEL   (Lucien). —    A    propos    des 

greffes  de  Soleil  sur  Topinambour       610 

—  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion         783 

DANJON  (A.)  et  G.  ROUGIER.  — 
Sur  la  réapparition  de  l'Anneau  de 
SaturiK^,  observée  le  22  février 
jyai  à  l'Observatoire  de  Stras- 
bourg          523 

DANTE  ALIGHIERI.  —  L'Académie 
est  inviléc  à  se  faire  représenter  à 
la  cérémonie  qui  aura  lieu  en 
l'honneur  de  son  six-centième  anni- 
versaire         952 

DARMOIS  (E.).  —  Sur  la  dispersion  spé- 
cifique des  carbures  d'hydrogène.      II02 

- —  Sur    les   niolvbdo-malales   d'ammo- 


nium  et   de   sodium i486 

DAUVILLIER  (A.).  —  Sur  la  structure 

de     la   série   L giS 

—  Sur  le  fonctionnement  du  tube  Lilien- 

feld io33 

—  Sur  les  séries  L  de  l'uranium  et  le 

principe  de  combinaison  dans  les 
spectres   de   rayons   X i35o 

—  Voir  Broglie   (L.   de)    et  A.  Daiivil- 

lier. 

DAVY  DE  VIRVILLE  (Ad.).  — 
Modification  de  la  forme  et  de  la 
structure  d'une  Mousse  {Hypiutm 
comntutalum  Hedw.) 168 

DAVY  DE  VIRVILLE  (Ad.)  et  Robert 
DOUIN.  —  Sur  les  modifications 
de  la  forme  et  de  la  structure  des 
Hépatiques  maintenues  sub- 
iiiei  irées  dans  l'eau 1 3oG 

DECAl-vRlÈRE.  (Eugène).  —  Sur  le 
rôle  des  impuretés  gazeuses  dans 
l'oxydation  cataly  tique  du  gaz  am- 
moniac       l663 

DÉCOMBE  (L.).  —  Sur  l'énoncé  du  prin- 
cipe de  l'équivalence '179 

DEFOUR  (André).  —  Sur  lutilisation 

éleclromécanique  des  marées Sg 

DEIIORNE  (Armand).  —  Sur  le  pro- 
cessus meiotique  dans  la  spermata- 
genèse  de  la  Salamandre  et  du 
Triton 480 

—  I/liétérotypie  dans   la   mitose  soma- 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

tique  de  Corelhra  plumicornis .  ...        901 

—  Le   mécanisme  de  la  mélaphase  et  de 

l'anaphase  somatiques  et  ses  con- 
séquences chez  Corethra  plumicor- 
nis        1684 

DEHORNE  (M"»  Lucienne).  —  Condi- 
tions du  d^cloppement  de  l'œut 
durable  chez  les  Phyllopodes 1691 

DÉJARDIN   (Georges).    —  Ionisation 

de  l'argon  par  des  électrons  lents.      i347 

—  Excitation  des  spectres  de  l'argon  par 

des  électrons  lents 1482 

DEKHUYSEN  (C).  —  Sur  la  semi-per- 
méabilité biologique  des  parois 
extérieures  des  Sipunculides 288 

DELASSUS  (Et.).  —  Sur  une  consé- 
quence des  lois  du  frottement.  .  .  .      i335 

DELAUNAY    (Boris).     —    Résolution 
de  l'équation  indéterminée 
/>X^Y-+-<7X3  _«\Y2-f-Y3=  !..        454 

DELAUNEY  (P.).  —  Nouvelles  re- 
cherches concernant  l'extraction 
des  glucosides  chez  quelques  Orchi- 
dées indigènes  ;  identification  de 
ces  glucosides  avec  le  loroglossine.        471 

DELBET  (Pierre)  est  présenté  en  pre- 
mière ligne  pour  la  succession  de 
M.  F.   Guyon  .*. 187 

—  Obtient  des  suffrages 201 

DELCAMBRE  . —  Sur  un  cas  de  comble- 
ment brusque  d'une  dépression.  .        701 

—  Voir  Bourgeois  (R.). 
DELCAMBRE  (E.)  et  Pu.  SCHERES- 

CHEWSKY.  —  Sur  une  mé- 
thode nouvelle  de  prévision  des  va- 
riations brusques 1672 

DELÉPINE  (Marcel).  —  Sur  les  racé- 

miques    actifs io49 

—  Errata  relatifs   à  cette   communica- 

tion        1 262 

—  Pose  sa  candidature  à  la  succession 

de  M.  Armand  Gautier 112 

—  Est  classé  en  seconde  ligne 247 

—  Pose  sa  candidature  à  la  succession 

de  M.  E.  Bourquelot 953 

—  Est  présenté  en  troisième  ligne 1 144 

—  Obtient  des  suffrages 1 149 

DELÉPINE   (Marcel)  et  Pierre  JAF- 

FEUX.  —  Sur  deux  homologues 
du  sulfure  d'éthylène  :  le  thiopro- 
pane  —  1.2  et  le  thiobutane  —  1.2.  i58 
DELÉPINE,  FLEURY  et  VILLE.  — 
Recherches  sur  le  sulfure  d'éthyle 
aS-dichloré 1288 


AUTEURS.  17/1! 

MM.  Pages. 

DENIGÈS  (G.).  —  A  propos  d'une 
note  de  M.  A.  Bolland  sur  des  réac- 
tions microohimiques  de  l'acide 
iodique.  Réclamation  de  priorité.  .  62 

DENJOY  (Arnaud).  —  Sur  un  calcul 

de  totalisation  à  deux  degrés.  .  .  .        653 

—  Sur  la  déterminatioon  des  fonctions 

présentant  certain  caractère  com- 
plexe de  résolubilité 833 

—  Caractères  de  certaines  fonctions  inté- 

grables  et  opérations  correspon- 
dantes         903 

—  Calcul  des  coefficients  d'une  série  tri- 

gonométrique  convergente  quel- 
conque dont  la  somme  est  donnée.      1218 

DEPÉRET  (Ch.vrles)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Cu- 
vier,  Delesse,  Victor  Raulin,  Joseph 
Labbé 565 

DEPÉRET  et  P.  FALLÛT.  —  Sur  l'âge 
des  formations  à  lignite  de  l'île 
de   Majorque 790 

DEPÉRET  (Ch.)  et  Marcel  SOLIGNAC 

—  Sur  le  Sahélien  de  la  Tunisie 
septentrionale l557 

DERVIEUX.  —  Procédé  de  diagnostic 

individuel  du  sang  et  du  sperme.      l384 

DERVIN  et  OLMER.  —  Sur  le  carbo- 
nate d'argent  ammoniacal 1662 

DESCOUR     (L.).     —    Pasteur    et    son 

œuvre    (imp.) 1 567 

DESGREZ  (A.)  et  H.  BIERRY.  —  Ra- 
tion alimentaire  et  vitamines.  ..  .      1068 

DESGREZ,  GUILLEMARD  et  LABAT. 

—  Sur  l'emploi  des  polysulfures 
alcalins  pour  neutraliser  certains 

gaz     toxiques 342 

DESGREZ  (A.)  et  R.  MOOG.  —  Influence 
de  quelques  bases  organiques  et 
de  leur  chlorhydrate  sur  l'activité 

de  l'amylase  pancréatique 55 1 

DESLANDRES  (Henri),  Président 
sortant,  fait  connaître  à  l'Aca- 
démie l'état  oîi  se  trouve  l'impres- 
sion des  recueils  qu'elle  publie  et 
les  changements  survenus  parmi 
les  membres  et  les  correspondants 
pendant  le  cours  de  l'année  1920.  i5 

—  Fait    partie    des    commissions     sui- 

vantes :  Prix  Lalande,  Benjamin 
Valz,  Pierre  Guzman,  J.   de  Pon- 

técoulant 565 

DESLANDRES   (H.)    et  V.  BURSON. 

—  Recherclies    sur    l'atmosphère 


1742 
MM. 


TABLE   DES   AUTEURS. 


Pages. 

des  étoiles.  Reconnaissance  d'é- 
toiles qui  ont  les  mêmes  raies 
brillantes  de  l'atmosphère  que  le 
Soleil 4o5 

—  Recherches     sur     l'atmosphère     des 

étoiles.  Reconnaissance  de  la 
couche  supérieure  dans  quelques 
étoiles  et  comparaison  avec  le 
Soleil 729 

DESSOLIERS  (Hippolyte).  —  Com- 
ment l'homme  accroîtra  progressi- 
vement les  pluies  des  régions 
arides  (imp.) 1218 

DESTOUCHES  (Louis).  —  Prolon- 
gation de  la  vie  chez  les  Galleria 
melloiiella qg8 

DETRIE  (J.).  —  Voir  Va^mi  {G.)  et 
.7.  Detrie. 

De  WILDEMAN  (E.).—  Sur  les  théories 

de  la  myrmécophilie 124 

DICKSON   (L.-E.).  —  La  composition 

des  polynômes 636 

—  Errata  relatifs   à  cette  communica- 

tion       1262 

DONGIER  (R.).  —  Les  oscillations 
simultanées  de  la  température  et 
du  vent  au  sommet  de  la  Tour 
Eiffel  et  leur  relation  avec  la 
surface  directrice  (Bjerkncss) 
d'une  dépression 699 

—  Les    oscillations    simultanées    de    la 

pression  et  du  vent  au  sommet  de 
la  Tour  Eiffel  et  leur  relation  avec 
la  surface  de  grain  [squall  surface 
de    Bjerkness)    d'une    dépression.      i3o/( 

DORNIER  (O.).  —  Voir  Martinet  (J.) 
et  O.  Dornier. 

DOPlT.  —  Sur  les  variations  de  la  radia- 
tion solaire  pendant  l'éclipsé  de 
Soleil  du  8  avril  192 1  à  Bagnères- 
de  Bigorre,  station  de  l'Observa- 
toire du  Pic  du  Midi 1 1 1 6 

DOUIN  (Robert).  —  Voir  Davij  de 
Viriiille  (Ad.)  et  Robert  Doutn. 

DOUVILLÉ  (Henri).—  Une  faune  sau- 
mâtre  au  sommet  du  Crétacé  infé- 
rieur, près  de  Rayonne 63o 

—  Comment      ont      apparu      certaines 

formes  nouvelles  :  Rudistes  et 
Chames,  Mylilus  et  Dreissensia, 
Anomia  et  Paranomia 887 

—  Fait   partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Cuvier,  Delesse,  Vic- 
tor Raulin,  Joseph  Labbé 565 


MM.  Pages. 

—  Grand  prix  des  sciences  physiques. .        566 

—  Prix   Petit  d'Ormoy 566 

—  Prix  Parkin 567 

—  Question  du  prix  Bordin  pour  1924-       567 
DOYON.  —  Action  anticoagulante  de 

l'acide  nucléique  du  pancréas. 
Stabilité  et  caractères  du  plasma 
nucléaté 1 34 

—  Propriétés  physiologiques  des  acides 

nucléiques  des  ganglions  lympha- 
tiques et  du  thymus.  Conditions 
pour  obtenir  un  acide  thymo- 
nucléique   très   actif  sur   le   sang.       820 

—  Emploi  du  chloroforme  pour  la  pré- 

paration de  nucléo-protéides  et 
d'acides  nucléiques  actifs  in  vitro 
sur  le  sang.  Complexité  de  l'action 
des  acides  nucléiques  in  vitro  ....  1210 
DRACH  (Jules)  est  présenté  en  troi- 
sième ligne  pour  la  succession  de 
M.  G.  Humhert 883 

—  Obtient  un   suffrage 900 

DRAGOIU.    —    Voir    Vies    (F.)    et    ,/. 

Dra^oiu. 

DRAGOIU  (J.)  et  F.  VLÈS.  —  Les 
conséquences  cytologiques  de  l'ar- 
rêt osmotique  de  la  division  cellu- 
laire       1210 

DROUIN  (H.).  —  Modifications  appor- 
tées au  rythme  de  l'imbibition 
du  tissu  musculaire  et  de  la  peau 
par  l'adjonction  de  lipoïdes  à  des 
solutions  stanneuses 721 

—  Voir  Grenet.   (H.),  H.  Drouin    et   H. 

Gaillard. 
DRZEWINA    (M«ie    Anna)    et    BOHN 
(Georges).  — •  Variations  de  la  sus- 
ceptibilité aux  agents  nocifs  avec 
le  nombre  des  animaux  traités..        485 

—  La    défense    des    animaux    groupés 

vis-à-vis  des  agents  nocifs 779 

DUARTE  (F.-J.).  —  Détermination  des 
positions  géographiques  par  les 
méthodes  des  hauteurs  égales 
(imp) 738 

DUBOIN    (A.).  —  Sur  la  constitution 

du  smalt 972 

— ■  Erratum  relatif  à  cette  communica- 
tion       1262 

DUBOIS  (Raphaël).  —  L'amour  ma- 
ternel chez  la  Raie  Torpille 96 

DUBREUIL  (G.).  —  Principe  d'une  no\i- 
vcllc  méthode  de  reconstruction 
graphique  stéréoscopique  d'objets 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

microscopiques  grossis 969 

DUBUISAY  (Renb).  — Action  de  l'acide 
boriqvic  sur  la  glycérine  et  les 
alcools  polyvalents.  Application 
d'une  nouvelle  méthode  de  volu- 
métrie  physico-chimique iG58 

DUCIIHSNE  (Armand).  —Obtient  des 
suffrages  au  scrutin  pour  l'élection 
d'un  correspondant  pour  la  section 
de  mécanique (') i4 

DUFOUR  (Ch.).  —  Valeurs  des  éléments 
magnétiques  à  l'Observatoire  du 
Val-Joyeux  au  l*''  janvier  1921  .  .        167 

DUFRAISSE  (Ch.vrles).  —  L'isomérie 
éthylénique  des  styrolènes  10  bro- 
mes   67 

—  L'autoxydation  du  styrolène  y.  brome.        1 62 
DUFRENOY   (Jean).  —  Influence  de 

la  température  des  eaux  thermales 

de  Ludion  sur  leur  flore 612 

DUMANOIS.  ^  Au  sujet  de  la  détermi- 
nation d'un  critère  de  fatigue  géné- 
rale des  moteurs  à  combustion 
interne 44 

DUMAS  (Gustave).  —  Sur  les  contours 

d'encadrement 122 1 

—  Errata  relatifs   à   cette   communica- 

tion       1627 

DUMESNIL  (Philippe).  —  Sur  le  dié- 

thylmalonate    acide    d'éthyle....      io43 


AUTEURS.  1743 

MM.  Pages. 

DUNOYER  (L.).  —  Détermination 
chronophotographiquc  complète 
des    trajectoires 1 370 

DUPONT  (Geouges).  — •  Contribution 
à  l'étude  des  constituants  acides 
de  la  gemme  de  pin  :  les  acides 
dextropiraariciuc  et  lévopimariquc.       923 

—  id.    :  composition    de    l'acide  pima- 

rique 11 84 

—  id.  :    isomorisation  des  acides  pima-         "~i 

riques I  SyS 

DUPUY  (Eugène.-L.).  —  Influence  du 

corroyage    sur    la    résistivité    de 

l'acier iGGo 

DURAND    (Jean).    —    Voir    Porlcvhi 

[Alhert]  et  Jean  Durand. 
DURAND  (J.-F.).  —  Action  des  métaux 

alcalins  sur  les  éthers-oxydes.  ...  70 

—  Décomposition  des  alcoolates  et  des 

phénates  métalliques  par  la  cha- 
leur       i5o4 

DURGAPRASANNA     BHATTACHA- 

RYYA.  —  Vector  calculus  (imp.)..       568 

DUSSAUD.  —  Appareil  projetant,  en 
salle  éclairée,  tout  objet  sur  écran 
de  3™  de  côté  avec  3  ampères 808 

DUTENS  (Alfred).  —  L'acceptation 
de  son  legs  est  autorisée  par 
décret 1014 


E 


ÉCOLE  D'ANTHROPOLOGIE.  —  Son 
sous-directeur  fait  connaître  à 
l'Académie  l'emploi  qui  a  été  fait 
d'une  partie  de  la  subvention 
accordée  en  1920  sur  la  fondation 
Lou  treuil i458 

EDDY  (Henry).  —  Adresse  diverses 
brochures  relatives  à  la  physique 
mathématique  et  à  l'art  de  l'ingé- 
nieur         644 

—  Obtient  des  suffrages  au  scrutin  pour 
l'élection  d'un  correspondant  pour 
la  section  de  mécanique 644 

EGNELL  (Axel).  —  Sur  la  détermina- 
tion des  congruences  de  droites 
dont  le  plan  moyen  est  donné...  .        356 

EHRMANN.  —  Sur  un  important  mou- 
vement orogénique  au  début  du 
Crétacique   dans   la   Kabylie    des 


Babors 860 

—  Le  Trias  de  la  Kabylie  des  Babors 

(Algérie) 1 194 

EHRMANN  (F.)  et  J.  SAVORNIN.  — 
Échelle  stratigraphique  de  la  Ka- 
bylie des  Babors 1 3oi 

EINSTEIN  (Albert).  —  La  théorie  de 
la  relativité  restreinte  et  généra- 
lisée (mise  à  la  portée  de  tout  le 
monde)    (imp.) 644 

—  L'éther  et  la  théorie   de  l'élasticité 

(imp.) 644 

ESCLANGON  (Ernest).  —  Observa- 
tions de  l'éclipsé  de  Soleil  du 
8  avril  192 1  faites  à  l'Observa- 
toire de  Strasbourg 908 

—  Sur     l'aurore      boréale      du       i4-i5 

mai  192 1   observée  à  Strasbourg. .      1286 


1744 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

FABRY  (Ch.).  —  Voir  Buisson  (//.)  et 
Ch.  Fabrij. 

FABRY  (Lotis).  —  Sur  l'emploi  des 
latitudes  géocentriqucs  pour  faci- 
liter l'identification  des  petites 
planètes 27 

PAGE  (Louis).  —  Sur  quelques  Arai- 
gnées apneumones G20 

FAILLIE  (R.).  —  Voir  Chailley-Berl 
(P.),  R.  Faillie  et  J.-P.  Langlois. 

FALLOT  (P.).  —  Voir  Depéret  [Ch.]  et 
P.  Fallût. 

FAURE  (Jean-Louis)  est  présenté  en 
seconde  ligne  pour  la  succession 
de  M.  F.  Giiyoïi 187 

—  Obtient  des  sufTrages aoi 

FAURÉ-FREMIET    (E.)    adresse    un 

rapport  sur  une  subvention  accor- 
dée sur  le  fonds  Bonaparte  en  1919.        1 12 
FAVE  (Louis) .  —  Graphiques  destinés  à 
la  détermination  des  routes  ortho- 
dromiques a'ja 

—  Fait    partie    des    commissions    sui  - 

vantes  :  Prix  Gay,  fondation 
Tchihatchef 565 

—  Prix  de  six  mille  francs,  Plumey.  .        565 
FAYET   (G.)    et    A.    SCHAUMASSE. 

—  Eléments  provisoires  de  la  nou- 
velle comète  19206  (Skjelierup) .  .        ii3 

FERET  (R.).  —  Sur  la  loi  d'équilibre  de 
grains  solides  dans  un  courant 
d'eau  vertical  ascendant SjS 

FERRIE  (G.),  R.  JOUAUST,  R.MESNY 
et  A.  PEROT.  —  Études  de  ra- 
diogoniométrie   54 

FERY   (Ch.).  —  Horloge  mécanique  à 

échappement  libre 2o5 

—  Pile  à  dépolarisation  par  l'air 817 

FLA.K)LET.    —     Forte     perlurbation 

magnétique  des  l4-i5  mai  1921  .  .      1872 
FLEURY.  —  Voir  Delépine,  Fleunj  et 

Ville. 
FLORENTIN  (Daniel)  et  II.  VAN- 
DENBERGIIE.  —  Critique  des 
méthodes  de  dosage  des  faibles 
quantités  d'oxyde  de  carbone 
dans  l'air  et  les  gaz  de  fumées.  .        391 

—  Voir   Kling   {.4ndré)    et  Daniel  Flo- 

rentin. 
FOCII     (A.).    -   ■    Sur    les    phénomèm-s 


MM.  Pages, 

de  résonance  dans  les  turbines 
à   aspiration 1469 

FORCRAND  (Robert  de).  —  Sur  le 
point  de  fusion  de  l'hcptane  et 
la  loi  des  points  de  fusion 3l 

—  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion         248 

FORSEN  (L.).  —  Systématique  et  cons- 
titution   des     dérivés     de    l'acide 

molybdiquc 21 5,  327,  'J^' 

FOSSE  (R.).  —  Synthèse  de  l'acide  eya- 
nique  par  oxydation  de  la  forma- 
mide  et  de  l'acide  oxyamique...  iGo 
FOSSE  (R.)  et  G.  LAUDE.  —  Syn- 
thèses de  l'acide  cyanique  et  de 
l'urée  par  oxydation,  en  milieu 
ammoniacal,  d'alcools,  de  phénols 
et  d'aldéhydes 684 

—  Synthèses  de  l'acide  cyanique  et  de 

l'urée  par  oxydation  d'acétones, 
d  acides  et  d'aminés,  en  présence 
d'ammoniaque 1240 

FOSSE  (R.)  et  M"«  N.  ROUCHELMAN. 
—  Sur  la  formation  de  l'urée  dans 
le  foie  après  la  mort 771 

FOURNIER  (Ernest)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Gay. 
fondation  Tcliiliatehef 565 

—  Prix  de  six  mille  francs 565 

FOX  (Philippe),  —  Mesures  de  paral- 
laxes stellaires  à  l'Observatoire 
Deadborn i  o  1 6 

FRANÇOIS  (Maurice).  —  Sur  un  dis- 
positif microscopique  pour  l'exa- 
men des  cristaux  opaques 967 

—  Sur  la  photographie  stércoscopiquc 

des     cristaux 1 5o6 

FRÉMONT  (Charles).  —  Essai,  à  l'em- 
boutissage, des  tôles  minces i  '|6 

—  Errata   relatifs   à    cette    coinnuinica- 

tion, 248 

—  De  la  fragilité  au  bleu  dans  certaines 

soudures  d'acier 368 

FREYCINET  (Charles  de)  l'ait  partie 
de  la  commission  du  Prix  Monlyon 

de  statistique 566 

FRIEDEL  (Georges).  —  Sur  le  calcul 
de  l'intensité  des  rayons  X  dif- 
fractés  par  les  cristaux.  Heclifi- 
cation i^9  i 


MM.  Pages. 

FROSSARD  (Henri).  —  Sur  la  rr- 
chcrelic  des  vibrations  thoraciques 
chez  la  femme  et  l'enfant  dans  les 
pleurésies 556 

FROST  (E.  B.).  —  (11, lient  un  sulIVag,; 


TABLE    DES   AUTEURS. 
MM. 


i7/',5 

Pages. 


au     scniliu     pour     l'élection     d'uu 
correspondant     i)Our     la     section 

d'astronomie 264 

FUBINI  (GuiDo).  —  Sur  les  lonctions 

automorphes 265 


G 


CAILLOT  (,Ie.\n- Baptiste -Aimable). 

—  Notice  nécrologique  par  M.  B. 
Baillaud 1 3g3 

GALL\NO  (Fernande?.).  —  Sur  les 
réactions  chimiotactiques  du  fla- 
gellé «  Chilomonas  » 776 

GALIPPE(V.)etM°icG.SOUFFLAUD. 

—  Recherches  sur  la  présence  dans 
les  météorites,  les  pierres  dures,  les 
minerais,  le  quartz,  le  granité,  le 
basalte,  les  cendres  ou  les  laves  vol- 
caniques, d'organites  susceptibles 
de  reviviscence  et  sur  leur  résis- 
tance aux  hautes  températures..      laSa 

GAMBIER  (Bertrand).  —  Sur  les  sys- 
tèmes articulés  déformablcs  ou 
transformables 363 

—  Systèmes    articulés    déformablcs    et 

couples  de  surfaces  qui  s'en  dé- 
duisent         570 

—  Courbes  algébriques  non  ui,iicursalcs 

à   torsion  constante g53,  11 58 

—  Sur  les  surfaces  applicables  et  l'équa- 

tion de  Laplace i397 

—  Déformation  des  surfaces  et  équation 

de   Laplace 1 568 

GAUBERT  (Paul).  —  Sur  les  couleurs 
d'interférence  produites  par  les 
lames  cristallines  minces 694 

—  Sur  la  coloration  artificielle  des  cris- 

taux obtenus  par  solidification 
d'une  substance  fondue  et  sur  la 
diffusion  cristaline 1299 

GAUCHER  (Louis)  et  Georges  ROL- 
LIN.  —  Sur  un  nouveau  sel  de 
calcium 890 

GAUTIER  (Armand).  —  Son  remplace- 
ment dans  la  section  de  chimie ....        264 

GERMAIN  (Louis).  —  Faune  malaco- 
logiquc  terrestre  et  fluviatile  des 
îles  Mascareignes  (imp.) 1279 

GIRAUD  (Georges).  —  Erratum  relatif 
à  une  communication  du  27  dé- 
cembre   1920   :   «   Réponse   à  une 


note  de  M.   Fubiiii  » 3o4 

—  Sur  les  fonctions  automorphes 354 

GLANGEAUD  (Pu.).  —  Errata  relatifs 

à  une  eommunication  du  i3  dé- 
cembre 1920  «  Sur  les  traces  lais- 
sées dans  le  Massif  Central  fran- 
çais »  I  o4 

—  Les   monts    de   la   Margcridc;    leurs 

éruptions  porphyriques  ;  leurs 
cycles  d'érosion  et  leurs  glaciers.  .        226 

—  Sur  le  tremblement  de  terre  qui  a 

affecté,  le  3  octobre  1920,  une 
notable  partie  des  régions  volca- 
niques du  Massif  Central 4*^2 

GODARD  (H.).  —  Observations  de  la 
comète  Skjellerup  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Bordeaux  (équatorial 
de  o'>^,38) u4 

—  Observations    de    la    comète    Reid 

faites  à  l'Observatoire  de  Bordeaux 
(équatorial  de  o™,  38) 841 

—  Observations  de  la  comète  Winncckc 

(1921  b]  faites  à  l'Observatoire  de 
Bordeaux  (équatorial  de  o™,  38) .  .      1092 

GODCHOT  (Marcel).  —  Sur  quelques 

dérivés  de  la  thuyamenthonc .  .  .  .        686 

GODON  (F.  de).  —  Voir  Mailhe  (A.)  et 
F.  de  Godon. 

GORINI  (C).  —  Mutations  physiolo- 
giques brusques  chez  les  ferments 
lactiques  par  divergences  indivi- 
duelles       i382 

GORIS  (A.)  et  A.  LIOT.  —  Observa- 
tions sur  la  culture  du  bacille  pyo- 
cyanique  sur  milieux  artificiels  dé- 
finis        1 622 

GORIS    (A.)    et   Ch.   VISCHNIAC.    — 

Sur  les  alcaloïdes  de  la  valériane.      io59 

COURSAT  (Edouard)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Bor- 
din,  Francœur 564 

GOUY  (Georges).  —  Sur  un  théorème 
d'optique  géométrique,  et  son 
application      aux      systèmes      de 


1746  TABLE    DES 

MM.  Pages. 

prisnifs 196 

— ■  Sur  les  systèmes  de  prismes  à  arêtes 

parallèles 3o5 

—  Sur  l'aplanétismc  et  la  condition  des 

sinus 419 

—  Sur    l'aplanétisiiie    impartait    et    le 

calcul  du    coma 63a 

—  Sur  le  calcul  du  coma 827 

GOY  (Piehbe).  —  Les  végétaux  infé- 
rieurs et  les  facteurs  accessoires  de 

la  croissance 5  "î  2 

GRAMONT  (Arnaud  de).  —  Errala 
relatifs  à  une  communication  du 
6  décembre  1920  :  «  Tableau  des 
raies  de  grande  sensibilité» lo/î 

—  Sur  l'utilité  en  astronomie  physique 

de  la   considération  de  sensibililé 

des  raies   spectrales 898 

—  Errala   relatifs    à  cette   communica- 

tion       108 j 

GRANDIDIER  (Alfred)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Gay, 
fondation  Tchihatchef '565 

—  Prix  de  six  mille  francs,  Plumey.  .  .  .        565 

—  Prix   Da  Gama  Machado,  fondation 

Savigny 566 

—  Prix    Binoux 566 

—  Prix   Henri  Wilde .' 567 

GRANDJEAN   (F.).  —  Sur  l'existence 

de  plans  différenciés  équidistants 
normaux  à  l'axe  optique  dans  les 
liquides  anisotropes  (cristaux  li- 
quides)   71 

GRAVIER   (CnABLEs).  —  Larves  d'ac- 

tiniaires  (imp.) ^9 

—  Madréporaires   provenant  des   cam- 

pagnes des  yachts  «  Princesse  - 
Alice  »  et  «Hirondelle  II»  (iSgS- 
191 3)  (imp.) 309 

—  Est  présenté  en  première  ligne  pour 

la  succession  de  M.  YvesDelage. . .       344 

—  Obtient  des  suffrages 353 

GREENHILL  (Sir  George)  est  élu  Cor- 
respondant pour  la  section  de 
mécanique 644 

—  Adresse  des   remercîmcntg   à  l'Aca- 

démie         83o 

GREGORY  (Sir  Rici.AnD).  —  Sir  Nor- 
man   Lockyer   :    Obituary    notice 

(imp.) 20T 

GRENET  (H.),  H.  DROUIN  et  M.  GAIL- 
LARD. —  Étude  de  quelques  réac- 
tions leucocytaires  consécutives 
aux  injections  intraveineuses....       553 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

GRIGAUT.  —  Voir  Chaitjtavd,  P.BroJin 
et   Grigaut. 

GRUVEL  (A.).—  Sur  la  distribution 
géographique  de  quelques  lan- 
goustes de  Madagascar  et  leur 
exploitation  industrielle 1209 

GUÉBHARD  (A.).  —  Sur  l'orthogo- 
nalité  des  systèmes  de  rides  de 
l'écorce      terrestre 454 

GL^ERY  (F.).  —  Sur  quelques  consé- 
quences de  la  contraction  de 
Lorentz  au  point  de  vue  de  la 
cohésion,  de  la  gravitation  et  de 
l'éleclromagnétisme I094 

GUICHARD  (Claude). —  Sur  les  couples 
de  deux  congruences  Oi  polaires 
réciproques  par  rapport  à  un  com- 
plexe linéaire i4l 

—  .Sur    certains    réseaux    qui    se    pré- 

sentent dans  l'étude  des  con- 
gruences qui  appartiennent  à  un 
complexe  linéaire 423 

—  Sur   les    systèmes    triplement    indé- 

terminés de  droites  et  leurs  con- 
jugués par  rapport  à  un  complexe 
linéaire ioo5 

—  .Sur  les  systèmes  31  dont  toutes  les 

droites  appartiennent  à  un  com- 
plexe linéaire 1275 

—  Est  présenté  en  troisième  ligne  pour 

la  succession  de  M.  G.  Humberl..       883 
GUIGNARD    (Léon)    est   élu   membre 
du  Conseil  supérieur  des  stations 
agronomiques  et  des  laboratoires 
agricoles i43 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie aux  fêtes  de  la  Faculté  de 

Médecine   de  Montpellier i633 

■ —  Fait  partie  des  commissions  sui- 
vantes :  Prix  Gay,  fondation  Tchi- 
hatchef        565 

—  Prix     Montyon,     Barbier,     Bréant, 

Godard,  Mège,  Bellion,  Larrey, 
Argut 566 

—  Fonds  Charles  Bouchard 566 

—  Prix  Gustave  Roux,  Thorlet,  fonda- 

tion Lannelongue,    Trémont,    Gc- 

gner,  Henri  Becquerel 566 

— -  Grand  prix  des  sciences  physiques.  .  566 

—  Pri.x  du  baron  de  Joest 667 

—  Prix  Lonchampt 567 

—  Prix  Henry  Wilde 567 

—  Question  de  prix  Bordin  pour  1924-  567 
GUILBERT     (Gabriel).     —  Sur    un 


TABLE   DE 

MM.  Pages, 

cas  d'aiiéantissemuul  d'une  boui- 
rasque 542 

GUILLAUME  (Ch.-Kd.).  —  L'adop- 
tion obligatoire  du  Système  mé- 
trique par  l'Empire,   du    Japon..        7<j5 

GUILLAUM1-:  (J.).  —  Observations  du 
Soleil,  faites  à  l'Observatoire  de 
Lyon,  pendant  le  troisième  tri- 
mestre  de   1920 48 

--  id.   pendant   le   quatrième    trimestre 

de    1920 370 

—  Observations    de    la    comète    Reid, 

faites  à  l'équatorial  coudé  de 
l'Observatoire    do    Lyon 842 

—  Observation    de    la    comète     Pous- 

Winnecke  (1921  6),  faite  à  l'équa- 
torial coudé  de  l'Observatoire  de 
Lyon I  a3 1 

GUILLAUMIN  (A.).  —  Voir  Schinz 
{Hans)  et  A.  Guillaumin. 

GUILLEMARD.  —  Voir  Desgrez,  Guil- 
lemard  et  Labat. 

GUILLET  (Amédée).  —  Cbronographie 


SAUTEURS.  1747 

MM.  Pages, 

à  pointaj,'c  pliotographique  pour  la 
mesure  des  durées  brèves  à  mouve- 
ment harmonique,  ou  à  mouve- 
ment circulaire  uniforme  au  moyen 
des   figures  de  Lissajous 3l4 

GUILLET  (Léon).  —  Adresse  un  rap- 
port relatif  à  une  subvention  ac- 
cordée sur  la  fondation  Loutreuil 
en   1917 202 

—  Sur  la  trempe  des  laitons  à  l'étain.  .      lo38 
GUILLET  (Léon)  et  Marcel  BALLAY. 

—  Sur  les  points   critiques  dus  à 

l'écrouissage 1 576 

GUILLIERMOND  (A.).  —  A  propos  de 
la  constitution  morphologique  du 
cytoplasme 121 

—  Sur  les  microsomes  et  les  formations 

lipoïdes  de  la  cellule  végétale.  .  .  .      1676 
GUNTZ  (Antoine).  —  Appareil  enregis- 
treur des  variations  d'une  masse 

gazeuse  avec  le  temps 918 

GUYON  (Jean-Casimir-Félix).  —  Son 

remplacement  à  l'Académie 201 


H 


HADAMARD  (Jacqies)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Bor- 
din,   Francœur 564 

HALLER  (Albin)  présente  ses  deux 
conférences  intitulées  :  «  l'Indus- 
trie chimique  pendant  la  guerre».        108 

—  Fait    partie    des     commissions    sui- 

vantes :  Prix  Montyon  des  arts 
insalubres,  Jecker,  fondation 
Cahours,  prix  Berthelot,  Houzeau.       565 

—  Prix  du  baron  de  Joest 567 

—  Question  de  prix  Bordin  pour  iy24-       567 

—  Fait   partie    de    la    commission   du 

fonds    Bonaparte 1014 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  l'inauguration  de  la  statue 

de  Adolphe  Wuriz,  5  juillet  1921.  .      1087 

HALPHEN  (Georges).  —  M.  Emile 
Picard  présente  le  tome  III  de  ses 
œuvres i326 

HAMY  (Maurice).  —  Sur  l'approxima- 
tion des  fonctions  de  grands 
nombres 785 

—  Fait   partie    des    contmissions    sui- 

vantes :  Prix  Lalande,  Benjamin 
Walz,  Pierre  Guzman,  G.  de  Pon- 


técoulant 565 

—  Question  du  grand  prix  des  sciences 

mathématiques   pour   1924 267 

HANOT  (Mlle  M.).  —  \oiTBruhat  (G.) 

et  Miii^  M.  Hanoi. 
HARLE    (Henri).  —   Sur   une    double 
courbe   représentant   très    exacte- 
ment les  oscillations  sphygmomé- 

triques 47? 

HARTMANN  (Henri)  est  présenté  en 
seconde  ligne  pour  la  succession  de 
M.   F.   Giiyon 1 87 

—  Obtient    des   suffrages 201 

HATON      DE     LA     GOUPILLIÈRE 

(Julien)  fait  partie  des  commis- 
sions suivantes  :  Prix  Montyon, 
Poncelet,  Boileau,  Pierson-Perrin.        565 

—  Prix  Montyon  de   statistique 566 

HAUG  (Emile).  —  Sur  la  tectonique  de 

la  région  littorale  entre  Saint-Cyr 

et  Hyères  (Var) i  548 

—  Erratum    relatif    à    cette    communi- 

cation       1700 

—  Fait   partie   de    la    commission   des 

prix  Cuvier,  Delesso,  Victor  Raulin 
Joseph  Labbé 565 


1748 


MM. 

HEDRICK     (U.-P.).     —     Slurtevants 

notes  on  ediblc  plants  (imp.) .  .  .  .      loi 

HELBRONNER  (Paul).  —  Description 
géométrique  détaillée  des  Alpes 
françaises  (imp.) 1 1  i 

HENNEGUY  (Félix)  fait  partie 
des  commissions  suivantes  :  Prix 
Da  Gama  Machado,  fondation 
Savigny 

—  Prix     Monlyon,     Barbier,      Uréant, 

Godard,     Mègc,     Bellion,   Larrey, 
Argut 

—  Prix    Montyon,     Lallemaud,     Pliili- 

peaux,   Fanny    Emden 566 

—  Fonds  Charles   Bouchard 566 

■ —  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 
démie aux  fêtes  de  la  Faculté  de 
Médecine  de  Montpellier i63'3 

IIENRIOT  (M.  et  M™»  E.).  —  La  biré- 
fringence du  verre  comprimé.  .  .  . 

HERDT  (L.-A.)  et  R.-B.  OWENS.  — 
Sur  le  guidage  de  la  navigation  à 
l'entrée  des  ports  et  chenaux  par 
un  câble  électrique  immergé 

IlERELLE  (F.  d').  —  Le  microbe  bac- 
tériophage,  agent  d'immunité  dans 
la  peste  et  le  barbone 

HÉRISSEY  (H.).  —  Sur  l'hydrolyse  du 
méthyl-rf-mannoside  a  par  les  fer- 
ments solubles 

—  Action  synthétisante  de  la  méthyl-;/- 

mannosidase  a i536 

HERRERA  (A.-L.)  adresse  une  note 
intitulée  :  «  Recherches  sur  la 
pscudo-caryocinèse     des      cellules 


TABLE   DES  AUTEURS. 

Pages.    MM.  Pages 

artificielles    fluorosiliciques loo4 

HOLLANDE  (A.-Ch.).—  Présence  d'un 
Spirochétoïde  nouveau,  Cristispi- 
lella  cavix  n.  g.,  n.  sp.,  à  membrane 
ondulante  très  développée  dans 
l'intestin  du  cobaye iGgS 

HOLWECK.  —  Absorption  des 
rayons  X  de  grande  longueur 
d'onde.  Liaison  entre  les  rayons  X 
et  la  lumière 439 

HOVASSE  (R.).  — L'activalion  parthé- 
nogénétique  des  œufs  de  Grenouille 
rousse  (Raiia  temporariah.)  dans  les 
milieux  hypotoniques  et  hyperto- 
niqucs 1 1 37 

HUMBERT  (Georges).  --  Son  éloge 
funèbre  est  prononcé  par  M.  G. 
Lemoine 1 89 

—  M.  Mitlag-Le/fter  adresse  des  condo- 
léances à  l'Académie  à  l'occasion 
de  sa  mort 334 

—  Sur  les  formes  d'Hermite  ternaires 
dans  un  corps  quadratique  imagi- 
naire (champs  y/ — i   et  / — 2)  ..        497 

—  Son  rcniplacement  dans  la  section  de 
géométrie 900 

liUMBERT  (Pierre).  —  Les  poly- 
nômes \''  d'Hermite-Didon  et  les 
fonctions  de  Laplace  dans  l'hype- 
rcspace 901 

—  Sur  les  polynômes  hypei'géomé- 
triques I  aSa 

IIUTINEL  (.J.).  —  Voir  Widal  [F.],  P. 
Ahiaini  et  J.  Jlulinel. 


566 


566 


1477 


99 


766 


IDRAC.  —  Études  expérimentales  sur 

le  vol  à  voile 

ISIIIMOTO  (MisHio).  —  Investigation 


of    luilals    \vitli    reg;ii(l    tu     Iheir 
iiihiiKil  rilclion  (imp.) I0l5 


J 


JAFFEUX  (Pierre).  —  Voir  DcUpiiic 

(Marcel)  et  Pierre  Jajjeux. 
JANET    (Paul),   présente  un    ouvrage 

intitulé  :  «  Problèmes  et  Exercices 

d'Électricité  générale  i> 1277 

—  Fait    partie    de    la    commission    du 

prix    Henri   de   Parville   (ouvrages 


de  science) 567 

JANET  (Maurice).  —  Sur  les  systèmes 
aux  dérivées  partielles  compre- 
nant  autant   d'équations    que   de 

fonctions  inconnues 1637 

JAQUET  (Maurice).  —  Contril)iilioii 
à  l'anatomie  du  Sinieiichelys  para- 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

xilii.s  (  mII  (imp.)' oog 

JAllRY-DESLUGES  (H.).  —  Contribu- 
tion à  l'étude  des  plages  claires 
martiennes l473 

JAVARY.  • —  L'effort  du  réseau  du  Nord 

pendant  et  après  la  guerre  (inip.) .  .      i3!5o 

JEKHOWSKY  (Benjamin).  —  Sur  les 
fonctions  de  Bessel  à  deux  va- 
riables       l33i 

JOLEAUD  (Léonce).  —  Sur  un  forage 
profond  qui  démontre  l'existence 
d'une  nappe  de  cbarriage  dans  la 
Tunisie  septentriouale i  '92 

—  Voir    Termier    {Pierre)     et    Léonce 

Joleaud. 

JOLIBOIS  (Pierre).  —  Sur  une  mé- 
thode d'enregistrement  par  photo- 
graphie des  réactions  chimiques 
accompagnées  d'une  variation  de 
pression 809 

JOLIBOIS  (Pierre),  Robert  BOS- 
SUET  et  CHEVRY.  —  Sur  la  pré- 
cipitation fractionnée jyS 

JOLIBOIS  (Pierre)  et  BOUVIER.  — 
Sur  la  réversibilité  de   la  réaction 

C<)'Ca=  C0=+- CiiO 1183 

JOLY  (Henry).  —  Sur  la  géologie  et 
la  géographie  physique  de  la 
dépression  du  Rio  Guadiato  (Sierra 
Morena,   Espagne) 811 

JONESCO  (Stan).  —  Contribution  à 
l'étude  du  rôle  physiologique  des 
antocyanes i3li 

JORDAN     (Camille)     fait    partie    du 

Conseil  de  la  fondation  Loutreuil.       900 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes  ;    Prix   Bordin,    Francœur.        564 

—  Prix     Montyon,     Poncelet,     Boileau, 


•749 

MM.  Pages. 

Pierson-Pcrrln 565 

—  Prix  Lalando,  Benjamin  Valz,  Pierre 

Guzman,  G.  de  Pontécoulant.  .  .  .  565 

—  Prix   Petit  d'Ormoy 567 

—  Prix  Jean  Roynaud 567 

—  Prix  Saintour 667 

—  Question  du  Grand  prix  des  sciences 

mathématiques   pour    1924 567 

JOUAUST    (R.).   —   Voir   Ferrie    (G.), 
R.  Jouausl,  R.  Mesny  et  A.  Pérol. 
JOUBIN  (Louis)  est  présenté   en  pre- 
mière ligne  pour  la  succession  de 

M.    IVes   Delage 344 

^  Est  élu 353 

—  Son  élection  est  approuvée 497 

—  Fait   partie    de    la     commission    du 

prix  Da  Gaina  Machado  et  de  la 
fondation  Savigny 566 

JOUGUET  (E.).  —  Sur  le  cas  de  Poin- 

caré  dans  la  théorie  de  l'élasticité.        3li 

JUILLERAT    (Eugi-ne).   —   L'élevage 

industriel  des  salnionidés  (imp.)..      1279 

JULIA  (Gaston).  —  Variation  de  la 
fonction  qui  fournit  la  représen- 
tation conforme  d'une  aire  sur  un 
cercle,  lorsque  le  contact  de  l'aire 
varie 568 

—  Deux  conséquences  de  l'équalion  aux 

dérivées  fonctionnelles   qu'on  tire 

de  la  représentation  conforme ....        ^38 

—  Sur  une  équation  aux  dérivées  fonc- 

tionnelles analogue  à  l'équation  de 

M.  Hadamard 83i 

—  Sur  les  discontinuités  des  solutions 

de    certaines    équations    de    Fre- 

dholm 1 279 

JUVET  . —  Les  formules  de  Frenct  pour 

un  espace  de  M.  Weyl i647 


K 


KAMPE  DE  FERIET  (J.).  ~  Sur  les 

fonctions  hypercylindriques l464 

—  Sur  les  systèmes  d'équations  aux  dé- 

rivées partielles  des  fonctions  hy- 
pergéométriques  les  plus  générales.      l634 

KARASINSKI   (Léon).  —  Wytrzyma- 

tocs  tworzyw  (imp.) i458 

KAYSER  (E.).  —  Influence  des  radia- 
tions lumineuses  sur  l'azolobac- 
ter i83,  4g l 

—  Microbiologie  appliquée  à  la  fertilisa- 

C.  R.,  «921,  I"'  .Semestre.  (T.    172.) 


tion  du  sol  (imp.) 3o9 

—  Id.  à  la  transformation  des  produits 

agricoles    (imp.) 309 

—  Recherches  sur  l'azotobactor 939 

—  Influence   des   sels    d'urane    sur    le 

fixateur  d'azote Ii33 

—  Influence  de  la  matière  azotée  éla- 

borée par  l'azotobacter  sur  le  fer- 
ment  alcoolique '539 

KÉPINOVV  (Léon).  —  Voir  Weinberg 
{M.)  et  Léon  Képinow. 

127 


i75o 


MM. 


TABLE   DES 

Pages 


KERFORNE  (F.).  —  Sur  l'âge  des 
couches  les  plus  ancieanes  du 
Massif    armoricain 1 1 1 3 

KILIAN  (Wilfrid)  et  F.  BLANCHET. 
—  Surlaprésenced'une  nappesous- 
alluvioniiaire  d'eau  thermaleet  mi- 
néralisée dans  le  lit  de  la  Durance, 
à  Serre-Ponçon   (Hautes-Alpes)..      i564 

KLING  (Andhé)  et  Damei.  FLOIÎEN- 
TIN.  —  Propriétés  et  constitution 
du  groupement   (O  CCI') 63 

—  Les   progrès    de    la    chimie    en  1919 

(inip.) 2O4 

KLIPPRL  (M.).  —  L'évolution  de  l'or- 
ganisme et  la  maladie  (inxp.) i4'i8 

KŒCHLIN  (Heniii)  présente  un  mé- 
moire intitulé  :    «  Sur  l'Elasticité 

plane  !> 1 1  •j  3 

KŒNIGS  (Gabriel)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Mon- 
tyon,  Poncelet,  Boileau,  Pierson- 
Perrin 565 

—  Prix  de  six  mille  francs,  Plumey..       565 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

KOFMAN.  —  Voir  Cluzet,  Rochaix  et 
Kojinan. 

KOGBETLIANTZ    (Erwand).   —  Sur 

les  développements  de  Jacobi.  .  .  .      l333 

KOHLER(M"^  Denise).— Variation  des 
acides  organiques  au  cours  de  la 
pigmentation    anthocyaniquc.  .  .  .        709 

KOHN-ABREST,  SICARD  ET  PARAF. 
—  L'élimination  et  la  fixation  des 
novarsenicaux  thérapeutiques.  ...        3oi 

KOPACZEWSKI  (W.).  —  Le  rôle  de  la 
tension  superCcielle  dans  les  phé- 
nomènes du  choc 337 

—  Un  appareil  simple  pour  mesurer  la 

tension  superficielle 723 

—  Tension     superficielle     et     antiana- 

phylaxie 936 

—  Anaphylaxie  ahmentaire  et  sa  théra- 

peutique       i386 

KUBOTA  (Bennosuke).  —  Voir  Saha- 

tier  et  Bennosuke  Kubola. 
KÛriNHOLTZ-LÛRDAT  (G.).  —  Phy- 

togéograpliie  dynamique  des  dunes 

du  golfe  du  Lion 865 


LABAT.  —  Voir  Pesgrez,  Guillemard  et 
Labat. 

LABBE  (Alphonse),  —  Sur  les  modifi- 
cations adaptatives  de  Dunaliella 
sallna  Dunal 107'! 

—  Le  cycle  évolutif  de  iJtmaiJeHa  sa/uifl.      1C89 
LACAILLE  (Abbé  Nicolas-Louis  de). 

—  Quelques  notes  sur  la  famille 
Lacaille   (inap.) y.oa 

—  M.  P. -G.  Bigourdan  est  désigné  pour 

représenter  l'Académie  à  l'inaugu- 
ration d'xin  monument  élevé  à  sa 
mémoire 1 1  5o 

—  L'Académie  est  informée  de  la  date 

de  cette  cérémonie i458 

LACASSAGNE  (A.)  et  Etienne 
MARTIN.  —  Précis  de  médecine 

légale  (imp.) 9-33 

LACOUR-GAYET  fait  une  lecture  sur 
Bonaparte,  membre  delà  Première 
Classe   de   l'Institut   national   des 

Sciences  et  des  Arts 952 

LACROIX  (Alfred)  présente  1'  «  Aa- 
nuairc  de  l'Académie  des  Seicuees 
pour  1921  » 20 


—  Fait    partie   des    commissions    sui' 

vantes:  Prix  Cuvier,  Victor  Raulin, 
Joseph  Labbé 565 

—  Médailles  Arago,Lavoisier,Bcrthclot.        566 

—  Prix  Gustave  Roux,  Thorlet,  fonda- 

lion  Lannelongue,    Trémont,    Ge- 

gner,   Henri  Becquerel 566 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques.       566 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 567 

—  Prix  Jean  Reynaud 567 

—  Prix    Parkin 567 

—  Prix  Henri  de   Parville  (ouvrages  de 

science  ) 567 

—  Prix  Henry  Wilde 567 

—  Prix  Bordin 567 

LADREYT  (F.).  —  Recherches  histo- 

logiques  et  histocliimiques  sur 
l'atropliie   pigmentaire   du   foie..      I2i7 

LAGATU  (H.).  —  Sur  le  rôle  respectif 
des  trois  bases  :  potasse,  chaux, 
magnésie  dans  les  plantes  culti- 
vées         129 

LALLEMAND  (Cuarles)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Gay, 
fondation  Tcliihalchef 565 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

—  Prix  de  six  mille   francs,   Plumcy..        565 
LAMBERT  (Pierue).  —  l-'.mplui  do  la 

lumière    polarisée    pour   l'examen 

des  tableaux  aiieiciis 1 176 

LANCE  (Robert).  —  Sur  l'emploi 
d'écrans  colorés  pour  comballre 
les  maladies  cryptogamiques  des 
végétaux r-).oi 

—  Sur  un  produit  anticryptogamique..      i''.oi 
LANGLOIS   (.J.-P.).    —   Tapis   roulant 

pour  l'élude  de    la    marche    et   du 
travail 1 1 17 

—  Voir  Chailley-Bert  (P.),  R.  Faillie  et 

J.-P.  Langlois. 
LAPICQUE  (L.)  pose  sa  candidature  à 

la  succession  de   M.    Yi'es  Delage.       ao2 

—  (Jbtient  des  suffrages Sî'i 

—  Echanges  nutritifs  des  animaux  en 

fonction  du  poids  corporel i5>G 

LAPORTE.  —  Sur  la  mesure  de  la  mobi- 
lité des  ions  gazeux  par  la  méthode 
de  la  roue  dentée 1058 

LAPPARENT  (Jacques  de).  —  Le 
caractère  épisodique  des  baiies  du 
calcaire  carbonifère  dans  le  Bou- 
lonnais et  la  dolomitisalion  de 
certains  d'entre  eux 1032 

LARBAUD  (M"'=).  Nouvelle  technique 
pour  les  inclusions  et  les  prépara- 
tions microscopiques  des  tissus 
végétaux    et    animaux i3i7 

LAUDE  (G.).  —  Voir  Foast  [R.)  et 
G.  Lande. 

LAUNAY  (Louis  de)  présente  son  ou- 
vrage :  La  Géologie  de  la  F-'ance.  .      1217 

—  Fait    partie    des    commissions     sui- 

vantes   :     Prix    Cuvier ,    Delesse, 
Victor  Raulin,  Joseph  Labbé....        565 

—  Prix    Binoux 566 

LAUPIN  (F.).  —  Voir  Courmont  (Paul), 

A.  Rochaix  et  F.  Laupin. 
LAVERAN  (Alphonse)  présente   le  vo- 
lume 13   du  «  Bulletin  de  la   So- 
ciété de  pathologie   exotique  »...        351 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Da  Gama  Machado, 
fondation  Savigny. .  .  .  .• 566 

—  Prix     Montyon,    Barbier,     Bréant, 

Godard,    Mège,    Bellion,    Larrcy, 
'       Argut 566 

—  Prix    Montyon ,    Lalleinand ,    Phili- 

peaux,   Fanny  Emden 566 

—  Prix  Parkin 567 

- —   Prix   Lonchampt 667 


AUTEURS.  i^Sl 

MM.  Pages. 

LÉAUTE  (Andrk).  —  Complément  à 
la  théorie  de  la  réaction  d'induit 
pour  les  alternateurs  saturés....        276 

LEBAILLY  (Ckarles).  —  La  fièvre 
aphteuse  bovine  n'est  pas  trans- 
missible  à  l'homme,  la  stomatite 
aphteuse  humaine  n'est  pas  trans- 
missible  aux  bovins ii4o 

— ■  Conservation  du  virus  aphteux  par 

le  froid 1 26 1 

LEBEAU  (Paui.)  est  présenté  en  troi- 
sième ligne  pour  la  succession  de 
M.    A.     Gautier 247 

—  Est  présenté  en  troisième  ligne  pour 

la  succession  de  M.  E.  Bourquelol.      1144 
LEBESGUE    (Henri)    est   présenté   en 
seconde    ligne  pour   la  succession 
de  M.  G.  HurnberL 883 

—  (Jblienl  des  suffrages goo 

LEBEUF  (Auguste).  —  Éclipse  de  So- 
leil du  7  avril  1921.  (Résumé  des 
observations  effectuées  à  l'Obser- 
vatoire de  Besançon.) 909 

LÉCAILLON  (A.).  — -  Sur  l'action 
qu'exerce  l'acide  sulfurique  con- 
centré sur  les  œufs  de  Bombyx 
mort 718 

LECAT  (Maurice).  —  Bibliographie  des 

séries  trigonométriques  (imp.) ....      1218 

LE  CHATELIER  (Henry).  —  Sur  les 
doubles  décompositions  salines  et 
leur    représentation    géométrique.        345 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Montyon  des  arts 
insalubres,  Jecker,  fondation  Ca- 
hours,  prix  Bcrthelot,  Houzcau..        565 

—  Grand  prix  des  sciences  physiques.  .        566 

—  Fait  partie  du  conseil  de  la  fonda- 

tion Loutreuil goo 

— ■  Est  réélu  membre  de  la  commission 

permanente  de  standardisation..      l33o 

LECOMTE  (Henri)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  prix  Des- 
mazières,  Montagne,  Jean  Thore, 
de  Coincy,  Jean  de  Rutz  de  La- 
vison  565 

LECOMTE  DU  NOÙY  (P.)  adresse  un 
mémoire  intitulé  :  «Remarques  sur 
certaines  séries  homologues  de  la 
série  grasse  » 72^ 

LECORNU  (Léon).  —  Sur  le  mouve- 
ment varié  du  fluide 35o 

—  Sur  la  détermination  expérimentale 

du  mouvement  d'un  solide  quoi- 


Pages. 

73i 


564 


1752  TABLE    DES 

MM. 

conque 

—  Fait    partie    des    commissions    su 

vantes  :  Prix  Bordin,  Francœur 

—  Prix    Montyon  ,    Poncelct,   Boileau  , 

Pierson-Pcrrin 565 

—  Prix  de  six  mille  francs,  Plumcy .  .  .  .        565 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 566 

—  Question  du  Grand  prix  des  Sciences 

mathématiques    pour    lya»! 56; 

hEBUBT  [Wi«S.).~-\ohMestrez„l  [n.] 

et  M""  .S.  Leilebl. 
LE  DANOIS  (Ed.).  —  Cartes  de  pèche.       396 
LEDUC  (Anatole).  —   Le  principe  de 

l'équivalence  elle  réversibilité...      1018 

—  Nouvelle    équation   d'état   des    gaz, 

fondée  sur  la  connaissance  des 
pressions    internes 1 1 67 

LEGENDRE  (Jean).  —  Bioloj^ie  de  la 

Perche  malgache ioo'3 

LEGENDRE  (J.)  el  A.  OLIVEAU.  ^ 
Rôle  du  lapin  domestique  dans 
l'attraction  et  la  nutrition  d'Ano- 
pheles    maciâipennis 822 

LEGRAND.  —  Dosage  du  maltose  ou 
du  lactose  en  présence  d'autres 
sucres  réducteurs  (emploi  de  la 
liqueur   de    Bartœd) 602 

LEGUEU  (Félix)  est  présenté  en  se- 
conde ligne  pour  la  succession  de 
•     M.   Giiyon 187 

—  Obtient  des  suffrages 201 

LEMERCIER  (H.)  adresse  un  mémoire 

intitulé    :  «  Structure    moléculaire 
des  nitriles  et  des  carbylamincs».        io'i 
LEMOINE  (Georges). — Allocution  pro- 
noncée  en  prenant  possession  du 
fauteuil   de   la   présidence 18 

—  Élu  membre    du    Conseil    supérieur 

des  stations  agronomiques  et  des 
laboratoires   agricoles 1^3 

—  Eloge  funèbre  de  :  M.  G.  Hiiniherl.  .  .        189 

—  De  M.  E.  Bowquelol 249 

—  De  M.  le  colonel  V allier 823 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Montyon  des  arts 
insalubres,  Jecker,  fondation  Ca- 
hours,  prix  Berthelot,   Ilou/.eau..        565 

—  Médailles  Arago,  Lavoisier.  Berthe- 

lot         566 

—  Prix  Gustave  Roux,  Thorlct,  fonda- 

tions Lannelongue,  Trémont,  Ge- 

gncr,  Henri  Becquerel 566 

—  Prix  Henri  de  Parville  (ouvrages  de 

science) 567 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

LE  ROLLAND  (Paul).  —  Sur  les  écarts 
à  la  loi  d'isochronisme,  produits 
par  la  lame  de  suspension  du  pen- 
dule         664 

—  Sur  le  mouvement  du  pendule  à  sus- 

pension   élastique 800 

LE  Roux  (Jean).  —  Sur  la  théorie  de 
la  relativité  et  le  mouvement  sécu- 
laire du  périhélie  de  Mercure.  .  .  .      1227 

—  La   loi  de   gravitation   et  ses  consé- 

quences       1467 

LESAGE  (Pierue).  —  Plantes  salées  et 

période  des  anomalies 82 

—  Cultures  expérimentales  du  Fegalella 

conica  et  de  quelques  autres  Mus- 
cinées 1  52i 

LESNE  (Pierre). —  Un  foyer  de  multi- 
plication de  la  Mouche  des  fruits 
[Ceralilis  capilata    Wied.) 490 

LESPIEAU  (Robert)  est  présenté  ense- 
conde  ligne  pour  la  succession  de 
M.  Emile  Bowquelol 1 144 

—  Obtient  des  suffrages 1149 

—  Action  du  propyIènedibromé-2.3  sur 

le  bromure  d  isopropylmagnésium.      1236 

LEVADITI  (C),  A.  MARIE  et  S.  NICO- 
LAU.  —  Virulence  pour  l'homme 
du  spirochète  de  la  spirilose  spon- 
tanée  du  lapin i  5  (2 

LEVINE  (Joseph).  —  Atlas  météorolo- 
gique de  Paris  (inip.) 83 1 

LÉ'VY   (Mlle  Jeanne).  —  Sur  quelques 

transpositions  rétropinacoliques...        383 

LÉVY  (Paul).  — ■  Notice  sur  ses  titres  et 

ses  travaux  scientifiques  (imp.) ...        i  44 

—  Sur  quelques  questions  de  calcul  fonc- 

tionnel       1283 

LICENT  (E.).  —  Sur  la  structure  et 
l'évolution  du  noyau  dans  les  cel- 
lules  du   méristème    de    quelques 

Euphorhiacées io63 

LIÉNARD  (A).  —  Potentiels  scalaire  et 
vecteur  dus  au  mouvement  de 
charges   électriques 5i 

—  £)7fl/arelatifs  à  cette  communication.        248 

—  Énergie  électromagnétique  et  poten- 

tiel thermodynamique  d'un  sys- 
tème   de     courant 208,  323 

LINDET  (Léon)  fait  partie  des  commis- 
sions suivantes  :  Prix  Montyon  des 
arts  insalubres,  Jecker,  fondation 
Cahours,  Prix  Berthelot,  Houzeau.       565 

—  Prix  Jean   Reynaud 567 

—  Prix  du  baron  de  Joesl 567 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

LINDH  (AxKi.-K.).  -  Sur  1rs  sp.-ctrcs 
d'absorption  «lu  ililorc  ])i)iir  les 
rayons  X 1175 

LIPPMÂNN  (Gabhiki.).  -  Dclorinina- 
lion  do  l'axe  de  rotation,  do  la  vi- 
tpsso  de  rotation  d'un  corps  solide 
otrcalisation  d  un  corj)S  solide  sans 
rotation ")57 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Lalande,  Benjamin 
■Valz,  Pierre  Guzman,  G.  de  Ponté- 
coulant 51)5 

—  Prix  Gaston  Planté,  Hébert,  Henri  de 

Parville,  Huglios,  fondation  Clé- 
ment   Félix 5(i5 

—  Prix    Saintour 567 

—  Prix  Henry  Wilde 567 

—  Fait  partie  de  la  commission  cbargée 

de    contrôler    les    expériences    de 

M.  Contremoulins i  i5o 

LITARDIÈKE  (R.  de).  —  Le  dimor- 
pliismc  des  éléments  chromoso- 
miques chez  le  Polypodium  Schnei- 
deri  pendant  les  périodes  de  télo- 
phase  et  d'intcrphase... 607 

—  Remarque  au  sujet  de  quelques  pro- 

cessus chromosomiques  dans  les 
noyaux  diploïdiques  du  Podo- 
pliyllum  peltatum  L 1066 

LOISEL  (P.).  —  Méthode  rapide  de 
mesure  de  la  déperdition  propre 
d'un  électroscope  en  vue  du  do- 
sage de  l'émanation  du  radium..  .      I'i84 

LOMBARD  (Etienne).  —  Sur  un  en- 
semble de  phénomènes  de  l'ordre 
expérimental  et  clinique  permet- 
fant  d'étudier  l'état  fonctionnel  de 
l'appareil  vestibulaire  dans  ses 
rapports  avec  l'équilibration  orga- 
nique          1 3a 

LONGCHAMBON    (Loris).    —   Sur   la 


AUTEURS.  175.3 

MM.  Pages, 

mesure  du  pouvoir  rolaloiro  dans 
les    cristaux   biaxes 1 1 87 

LOPKZ-LOMBA  (.1.)  et  Paui.  POR- 
TIER. —  Sur  le  mécanisme  pliysio- 
logi(|U('  <le  la  résistance  du  Lapin  à 
l'avitaminose l68i 

LUGE  (R.).  —  liéactions    ehimiiiues  et 

rayons  de  courbure 19H7 

-  Voir  Rebotd  (C.)  et  R.  Liice. 

LUGEON  (Mauiuce).  — Sur  un  nouvel 

exemple  de  striage  du  lit  fluvial..        SaR 

LUGEON  (Maurice)'  et  ,1.  VH^LE- 
MAGNE.  —  Sur  un  ancien  lit  gla- 
ciaire du  Rhône  entre  Léaz  et  le 
Pont- Rougi'  des  Usscs  (Haute- 
Savoie)  109 

LUMIERE  (Auguste).  —  Action  nocive 
des  feuilles  mortes  sur  la  germi- 
nation         aSî 

—  Tension    superhciellc    et    choc    ana- 

phylactique  , S.'liî.  '071 

LUMIÈRE  (Auguste)  et  Henri  COU- 
TURIER. —  Sur  la  nature  du  choc 
anaphylactique 294 

—  Grossesse    et    phénomènes    de    choc 

anaphylactique 772 

—  L'anaphylaxie   chez  les   végétaux..      i3i3 
LUSK   (Graham).  —  The  cléments  of 

thc  science  of  nutrition  (imp.) ....      I  i5o 

—  Somc  influences  of  french  Science  on 

medicin  (imp.) iSqS 

LUTAUD  (Léon).  —  Observations  tec- 
toniques dans  la  zone  prérifaine 
du    R'arb    septentrional   (Maroc).      i5io 

—  Remarques    générales    sur   la    tecto- 

nique de  la  zone  prérifaine  du 
R'arb  septentrional  (Maroc.)....  1666 
LYOT  (Bernard).  —  Aurore  boréale 
dans  la  nuit  du  i4  au  i5  mai  1920 
et  phénomènes  magnétiques  simul- 
tanés       i23o 


M 


MAC-AULIFFE  (Léon)  et  A.  MARIE 
—  Etude  et  mensurations  de 
117  Belges 284 

—  Etude  anatomo-physiologique  d'un 
procédé  japonais  de  massage  abdo- 
minal         999 

MAGNAN  (A.).  —  De  l'action  tourbil- 
lonnaire  de  l'eau  sur  le  corps  et  la 


queue  des  oiseaux  plongeurs 236 

—  De  la  variation  en  poids  des  muscles 

abaisseurs  et  releveurs  de  l'aile 
suivant  l'étendue  de  la  surface 
alaire  chez  les  oiseaux '077 

—  Le    rapport    de     la     surface    alaire 

à  la  surface  caudale  chez  les  oi- 
seaux        1245 


[754 


TABLE  DES  AUTEURS. 


Pages. 


280 


I  117 


MM. 

MAGNE  (H.).  —  Voir  Maijer  (Aiitlré). 
H.  Magne  et  L.  Planlejol. 

MAILIIE  (Alphonse).  —  Préparation 
catalytique  d'amincs  secondaires 
et  essai  d'alcoylation  de  ces  bases. 

—  Préparation  d'aminés  d'alcools  secon- 

daires         692 

—  Hydrosçénation  catalytique  des  phé- 

nylhydrazones 1 1 07 

—  Sur  la  décomposition  catalytique  des 

hydrocarbures  aliphatiques  poly- 
lialoffénés 1 382 

MAILHE  (A.)  et  F.  de  GODON.  — 
Préparation  d'aminés  phénoliques 
mixtes    secondaires    et    tertiaires. 

MAILLARD  (Loui?)  adresse  un  mé- 
moire intitulé  :  «  Mise  au  point  des 
hypotlièses  cosmogoniques  nébu- 
laires  »  

MAILLOUX.  —  A  représenté  l'Acadé- 
mie à  une  cérémonie  commémora- 
tive  du  centenaire  des  découvertes 
fondamentales  d'Ampère 

MALASSEZ  (J.).  —  Emploi  de  la 
lampe  à  trois  électrodes  pour  la 
mesure   des  courants  d'ionisation. 

MALLEMANN  (R.  de).  —Sur  la  varia- 
tion du  pouvoir  rotatoire  de  l'acide 
tartrique 

MANGENOT  (G.).  —  Sur  les  «  grains  de 
fucosanc   i)   des    Phéophycées .... 

—  La   structure   des  anthérozoïdes  des 

Fucacées 

MANGIN  (Louis)  fait  parlie  des  com- 
missions suivantes  :  Prix  Desina- 
zières,  Montagne,  Jean  Thore,  de 
Coincy,  Jean  de  Rufz  de  Lavison. 

—  Prix    Montyon,    Lallemand,      Phili- 

peaux,  Fanny  Emden 

— •  Fonds  Charles  Bouchard 

—  Prix  Petit  d'Orraoy   (sciences  natu- 

relles)         567 

—  Prix    Lonchampt '167 

—  Fait    partie    de    la    commission    du 

fonds     Bonaparte 1014 

MANOLESCO.  —  Action  du  bromure 
d'éthylmagnésium  sur  les  diben- 
zylidène-cyclohexanone    ol   ■■-mo- 

thylcyclohexanone 

MANQUAT    (M.).   ~  Sur  le   phototro- 
pisme  de    Leucoma    phieorrhipa .  . 
MAQUENNE  (Léon)  fait  partie  des  com- 
missions suivantes  :  Prix  Montynii 
des  arts  insalubres,  Jecker,  fonda- 


"Ji 


10'.)- 


126 


liuS 


565 


jGd 


i:i(i() 


MM.  Pages, 

tion  Cahours.  prix  Berthelot.  Hou- 
zcau 565 

—  Prix  Lonchampt 567 

MARAGE.  —  Le  seuil  de  l'audition 178 

-^  L'évolution  de  la  méthode  graphique.       849 
MARCHAL  (Pail).  —  Utilisation  des 

coccinelles  contre  les  insectes  nui- 
sibles aux  cultures  dans  le  Midi  de 
la  France lo5 

—  Fait    partie   des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Da  Gama  Machado  et 

de  la  fondation  Savigiiy 566 

MARCHAL  (Mlle  qj,  _  Voir  Mnli- 
i'Hon  (C.)  et  M"e  G.  Marchai. 

MARIE  (A.).  —  Voir  Levadili  (C), 
A.  Marie  et  S.  Nicolaii. 

—  Xoir  Mac- Aiili /Je  {Léon}  el  .1.  Marie. 
MARINESCO  (G.)  et  E.  CRACIUN.  — 

Lésions  du  système  nerveux  dans 
le  typhus  exanthématique  et  leur 
rapport  avec  la  névrite  ascendante.      I258 

MARTEL    (E.-A.).    —    Nouveau   traité 

des  eaux  souterraines  (imp.) 900 

MxVRTIN  (Etienne).  —  Voir  Lacas- 
sagne  (A.)  et  Etienne  Martin. 

MARTINET  (J.).  —  Voir  Bonnejoy 
(M'ie  ./.)  et  .J.  Marlinet.  —  Voir 
Houx  (Mlle  ,4.)  et  J.  Martinet. 

MARTINET  (J.)  et  P.  COISSET.  — 
Action  de  l'oxinic  du  chloral  sur  les 
aminés  aromatiques;  synthèse 
d'isatines 1234 

MARTINET  (J.)  et  O.  DORNIER.  — 

Sur  l'acide   isntine   5-sulfonique.  .        33o 

—  Sur   de    nouveaux    dérivés    sulfonés 

de  l'oxindol  et  de  l'isaline 14/3 

MASCART  (Jean).  —  L'éclipsé  de  Soleil 
du  7  avril  1921  à  l'Observatoire  de 

Lyon 912 

MASSALKI  adresse  une  note  relative 
à  un  «  baromètre  à  deux  liquides 

superposés    i> 404 

MASSA  KT  (Jean)  est  élu  correspondant 

pour  la  section  de  botanique 1278 

—  Adresse    des   remercîments   à   l'Aca- 

démie       i33i 

MATIilAS  (Emile),  C.  -  A.  CIIOM- 
MELIN  et  II.  KAMERLINGII 
(INNES.  —  Le  diamètre  reetiligne 
de  l'hydrogène 261 

—  Errata    relatifs   à    celte  eommuniea- 

tion 628 

MATIGNON  (Camille)  pose  sa  candi- 
dature à  la  succession  de  M.  .4r- 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM. 


innnd     Cfiiitipi' 

—  Est  adjoint  A  la  liste  de  candidats. . 

—  Obtient  des  suffrages 

—  Est  pr6sonté  en  seconde  lipcne  pour  la 

succession  de  M.  E.  Boxirqiwlol .  . 

—  Obtient  des  suffrages 

—  Réactions    génératrices    du    magné- 

sium  

—  Action  de  l'iode  à  froid  sur  différents 

métaux.  Procédé  pour  déceler  la 
présence  du  chlore  dans  l'atmo- 
sphère   

—  Principes  de  méthodes  nouvelles  ap- 

plicables à  la  détermination  des 
poids  moléculaires 

MATIGNON  (C.)  etM'ie  G.MARCHAL. 
—  Sur  l'emploi  dos  bombes  émail- 
lées  en  calorimétrie 

MAYER  (André),  H.  MAGNE  et  L. 
PLANTEFOL.  —  Sur  la  toxi- 
cité des  carbonates  et  chlorocar- 
bonates  de  méthyle  chlorés 

MAYER  (Anka).  —  'Voir  Saiiiec  et  Ankn 
Mayer. 

MAZÉ  (P.).  —  Sur  le  mécanisme  chi- 
mique de  l'assimilation  du  gaz  car- 
bonique par  les  plantes  vertes  .... 

MAZURKIEWICZ  (Stefan)  et  WA- 
CLAW  SIERPINSKI.  —  Fuda- 
menta  mathcmatica"  tomes  I  et  II 
(imp.) 

MELLIN  (Hj.).  —  Résolution  de  l'équa- 
tion algébrique  générale  à  l'aide 
de  la  fonction  gamma 

MENARD  (M.\xime)  et  PESTEL.  — 
A  propos  du  danger  des  installa- 
tions  radiologiques 

MENDES-CORRÉA  (A.-A.).  —  Sur 
quelques  différences  sexuelles  dans 
le  squelette  des  membres  supé- 
rieurs  

MEXGEL  (Octave). — Mouvements  tec- 
toniques interglaciaires  et  post- 
glaciaires de  l'extrémité  orientale 
des   Pyrénées 

—  Relations  de  sismicité  et  de  gcotec- 

tonique  dans  les  Pyrénées 

—  Influence  du  relief  et  de  réchauffe- 

ment du  sol  sur  les  vents  de  surface. 
MERCANTON  (P.-L.).  —  Application 

de    la    vision    stéréoscopique    au 

contrôle  des  variations  glaciaires. 
MERCIER   (L.).  —  Aplerina  pedestris 

Meig.  Les  muscles  du  vol  chez  cer- 


Pages. 

H2 

247 

■>64 

>  I  il 

11  !'.) 


II78 
817 

i65 
540 

I  |32 

582 


I7:jd 

MM.  Pages, 

lains  Diptères  à  ailes  nidinicntaires 
ou    nulles 71O 

MESNAGER  (Augustin)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  prix  Mon- 
tyon,  Poncelet,  Boileau,  Pierson- 
Perrin 565 

—  Des  prix  de  six  mille  francs,  Phimey.        565 
MESNARD  (Eugène).  —  Contribution 

à   l'histoire  des   tremblements  de 

terre 79 

MESNIL  (Félix)  est  présenté  en  seconde 
ligne  pour  la  succession  de 
M.  YvesDelage 344 

—  Obtient  des  suffrages 353 

MESNY    (R.).    —    Voir    Ferrie    (G.), 

R.  .louatist,  R.  Mesny  et  A.  Perot. 

MESTREZAT  (W.)  etM"e  S.  LEDEBT. 
—  Le  rôle  compensateur  des  chlo- 
rures dans  ses  rapports  avec  la 
composition  chimique  des  hu- 
meurs        1 607 

METCHMKOFF  (Eue).  —  Sa  vie  par 

Mme  Olga  Metchnikoff  (iwip.) 737 

MEUNIER  (Jean).  — Principes  de  l'ana- 
lyse au  moyen  des  flammes  réduc- 
trices; recherche  de  traces  de 
manganèse  en  présence  du  fer  ou 
autres  substances 678 

MEUNIER  (L.)  et  CASTE  (P.).  — 
Action  du  carbonate  de  soude,  sur 
les  solutions  d'alun  de  chrome..      1488 

MICHAUD  (Félix)  —  Énergétique  gé- 
nérale  (imp.) ...., 112 

—  Étude  énergétique  d'un  système  de 

courants 580 

—  Étude  énergétique  d'un  système  de 

courants.   Conditions  de   stabilité 

de  l'équilibre 748 

MICIIELSON  (A.).  —  Son  remplace- 
ment comme  correspondant 43 1 

—  M.  le  Président  lui  souhaite  la  bien- 

venue         941 

MICIIKOVITCH.  —  Observations  de 
la  comète  Reid  (1921  n)  faites  à 
l'Observatoire  de  Marseille,  Équa- 
torial  Eichens  de  o'",26 911 

MIÈGE  (E.).  —  Action  de  la  chloro- 
picrine  sur  la  faculté  germinative 
des  graines 1 70 

MIGNONAC  (Georges).  —  Nouvelle 
méthode  générale  de  préparation 
des  aminés  à  partir  des  aldéhydes 
ou  des  cétones 223 

MlLANKOVITCH.  —  Théorie  mathé- 


[756 


TABLE    DES 


MM. 


mathique  di'S  phénomènes  ther- 
miques produits  par  la  radiation 
solaire    (imp) 

MILLOT  (Stanislas).  —  Voir  Mira- 
moiid  de  Laroquelte  {F.)  et  iSto- 
nislas  Millot. 

MINEUR  (H.).  —  Sur  les  fonctions  qui 
admettent  un  théorème  d'addi- 
tion algébrique 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRAN- 
GÈRES transmet  une  liste  de 
64  espèces  de  moustiques  décou- 
vertes jusqu'à  ce  jour  au  Costa- 
Rica 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE 
invite  l'Académie  à  désigner  trois 
membres  du  Conseil  supérieur  des 
stations  agronomiques  et  des  La- 
boratoires agricoles 

MINISTRE  DU  COMMERCE  ET  DE 
L'INDUSTRIE  invite  l'Académie 
à  désigner  un  membre  de  la  com- 
mission permanente  de  Standardi- 
sation   

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PU- 
RLIQUE  ET  DES  BEAUX-ARTS 
adresse  ampliation  du  décret  ap- 
prouvant l'élection  de  M.  Pierre 
Bazy 

—  id.  de  M.  Auguste  Béhal 

—  id.  de  M.  Louis  Jouhin 

—  id.  de  M.  Emile  Borel 

—  id.  de  M.  Georges  Urbain 

—  Adresse   ampliation    du    décret   qui 

autorise  l'Académie  à  accepter  le 
legs  de  M.  Albert  Dutens 

—  Invite     l'Académie     à     désigner    un 

membre  de  la  commission  tech- 
nique de  la  troisième  section  de 
la  Caisse  des  recherches  scienti- 
fiques   

—  Invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 

liste  de  deux  candidats  pour  la 
Chaire  de  mathématiques  vacante 
au  Collège  de  France 

MINISTRE  DU  TRAVAIL  invite  l'Aca- 
démie à  désigner  un  membre  de 
la  commission  supérieure  des  ma- 
ladies d'origine  professionnelles  .  . 

MIRAMOND  DE  LAROQUETTE  (F.). 
et  Stanislas  MILLOT.  —  Don- 
nées expérimentales  et  balance 
pour  le  dosage  des  rayons  X  on 
radiographie  et  radiothérapie.  .  .  . 


Pages. 
i33i 


14G1 


i633 


1279 


249 
3o5 

497 
941 
1265 


ioi4 


I  i5o 


1567 


iSgâ 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

MIRANDE  (Marcel).  —  Sur  le  Lathy- 
risme  ou  intoxication  provoquée 
par  les  graines  de  Gesses 1 142 

—  Sur  les  graines   à   autofermentation 

sulfhydrique    de    la    famille    des 

Papilionacées 1202 

MITTAG-LEFFLER  (Gustaf)  adresse 
des  condoléances  à  l'occasion  du 
décès  de  M.  G.  Humbert 354 

—  Adresse    un    tome   des   Acta   luiillie- 

matica  consacré  à  la  mémoire  de 
Henri  Poincaré 1 263 

MOLES(E.),T.BATUCCASetM.PAYA. 
—  Sur  la  densité  de  l'air  de  Ma- 
drid et  ses  petites  variations 1600 

MOLLIARD  (Marin).  —  Sur  des  phéno- 
mènes tératologiques  survenant 
dans  l'appareil  floral  de  la  Carotte 
à  la  suite  de  traumatismes 473 

—  Nutrition    de    la    plante.    Échange 

d'eau  et  de  substances  minérales 
(inip.) ■■■      i567 

—  Influence    du     chlorure  de    sodium 

sur  le  développement  du  Slerig- 
malocystis  nigra 1 1 1 8 

—  Nutrition  de  la  plante.  Échange  d'eau 

et  de  substances  minérales  (imp.).      i5(')7 

MONTANGERAND  (L.).  — Observation 
de  l'éclipsé  deSoleil  du  7  avril  1921, 
faite  à  l'Observatoire  de  Tou- 
louse        956 

MONTESSUS  DE  BALLORE  (Fer- 
nand  de).  —  Sur  la  dépression 
longitudinale  du  Chili 990 

MOOG  (R.).  —  Voir  Desgrez  (A.)  et 
R.  Moog. 

MORAT  (Pierre).  —  Son  remplace- 
ment  1 3 1 

MOREUX.  —  Observation  de  l'éclipsé 

de  Soleil  du  8  avril  1921 910 

MOSÉRI  (Victor  M.).  —  Note  sur  la 
purification  et  l'amélioration  des 
cotons  égyptiens  (imp.) 39 

MOUREU  (Charles)  fait  partie  des 
Commissions  suivantes  :  Prix  Mon- 
tyon  des  Arts  insalubres,  Jccker, 
fondation  Cahours,  prix  Berthclot, 
Ilouzeau 565 

—  Prix  Henri  de  Parvillc  (ouvrages  do 

science) 367 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  l'inauguration  de  la  sta- 
tue de  Adolphe  Wurlz,  qui  aura 
lieu  le  5  juillet  1921 1087 


MM.  Pages. 

—  Est  élu  mcinbrc  de  la  troisième  soc- 
tion  de  la  Commission  technique 
de  la  Caisse  de  recherches  scienti- 
fiques        1278 

MOUREU  (CuAHLEs),  Marcel  MURAT 
et    Louis    TAMPIER.    —   Acide 


TABLE    DES    AUTEURS. 
MM. 


i7>7 

Pages 


acrylique     el     élhcrs     acryliques. 
Acides   et  éthers   halogénopropio- 

niques 1 267 

MURAT  (Mahcel).  —  Voir  Moureii 
(Cluiiicf),  Marcel  Mwat  et  Louis 
Tanipicr. 


NAGEOTTE  (.J.).  —  Rapport  dos 
neurites  avec  les  tissus  dans  la 
cornée 94 

NÉGRIS  (Pu.).  — -  Sur  les  oscillations 
glaciaires  des  temps  quaternaires 
et  les  mouvements  correspondants 
de  la  lithosphère 74 

—  Errata    relatifs    à  cette  communica- 

tion         C28 

—  Affaissement    des    côtes    méditerra- 

néennes de  la  France 465 

NGUYEN  THANH  GIUNG.  —  La  dé- 
termination botanique  des  haricots 

exotiques i43G 

NICOLAS  (G.).  —  Contribution  à  l'étude 
du  mécanisme  de  l'action  fertili- 
sante du  soufre 85 


NICOLAU    (S.).   —    Voir  LevatUli  (C), 

A.  Marie  et  S.  Nicolau. 
NICOLLE  (Charles)  et  A.  CUÉNOD. 

—  Nouvelles  acquisitions  dans 
l'étude  expérimentale  du  tra  - 
chôme, loi  l 

NORÉCOURT  (Pierre).  —  Action  de 
quelques  alcaloïdes  sur  le  Botnjtis 
cinerea  Pers 706 

NOËL  (R.).  —  Sur  quelques  attitudes 
fonctionnelles  du  chondriome  de 
la    cellule    hépatique l379 

NORDMANN     (Charles).    —    Sur    le 

diamètre  apparent  de  Rételgeuse.       906 

NUSRAUM-HILAROWOCZ    (Joseph). 

—  Etude  d'anatomie  comparée  sur 

les  poissons  (imp.) Sg 


o 


ORERTI-IÙR  (Charles).  —  Études  de 

lépidoptérologie   comparée    (imp.).      1279 

OCAGNE  (Maurice  d)  .  —  Sur  les  lignes 

de  courbure  des  quadriques 1640 

ŒHMICHEN  (Etienne).— Unesériede 
vols  en  hélicoptère  libre  monté 
effectués  les  i5,  28  et  29  jan- 
vier 1921 366 

OLIVEAU  (A.).  —  Voir  Legendre  (J.). 
et  A.  Oliveau. 

OLLIVIER.  —  Cours  de  physique  géné- 
rale. Tome  I  :  Unités  C.  G.  S.  et  M. 


T.    S.    Gravitation.    Électricité    et 

magnétisme.     Ions     et     électrons. 

Symétries    (imp.) 

OLMER.  —  VoirZ)wiJin  et  Oliner. 
ONNES  (H.-Kamerlingh).  —  Voir  Ma- 

thias  (E.),  C.-A.  Crommelin  et  H. 

Kainerliiigh  Onnes. 
ORÉKHOFF.  -- Voir  Tifjetieau  (M.)  et 

Orékhoff. 
OWENS  (K.-R.).  —  Voir  flerdt  (L.-.4.) 

et  K.-B.  Owens. 


953 


PAGLIANO  (T.).  —  Voir  Picard  (F.)  et 
T.  Pagtiano. 

PAILLOT  (A.).  —  Mécanisme  de  l'im- 
munité humorale  chez  les  Insectes. 

—  Contribution  à  l'étude  de  l'immu- 
nité humorale  chez  les  Insectes. .  .  . 


397 


—  Rôle  des  humeurs  dans  la  destruction 
extracellulaire  des  microbes  chez 
les  Insectes 

PAINE  (Alexander)  et  Albert  PEY- 
RON.  —  Sur  la  transforma- 
tion  néoplasique   des    fibres   mus- 


876 


1758 

MM. 


564 
566 


culaires  striées  avec  métastases 
viscérales  dans  l'évolution  du  sar- 
come expérimental  des  oiseaux .  . 
PAINLEVÉ  (Pavi).  —  Sur  une  com- 
munication de   M.    Pescara 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Bordin,  Francœur. 
■ —  Grand  prix  des  sciences  physiques. 

—  Question  de  grand  prix  des  sciences 

mathématiques   pour    1924 567 

PALACIOS  (J.-Pedro).  —  Observa- 
tions à  une  note  sur  la  tectonique 
des  Pyrénées  occidentales 1 1  lo 

PALFRAY  (L.).  —  Sur  les  cyanocam- 
pholates  de  crésylc  et  leur  pro- 
duit de  réduction 980 

PANISSET  (L.).  —  Voir  Porcher  (Cli.)  et 
L.  Panisset. 

PAPiAF.  —  Voir  Kohn-Abrest,  Sicard 
et  Paraf. 

PARENTY  (Henry).  —  Sur  la  recons- 
titution de  certains  détails  invi- 
sibles des  tableaux  anciens 'Î4 

PARISELLE.  —  Triplet  achroma- 
tique  à   grand    champ 53o 

—  Sur  les  hydrates  de  pyridine 678 

—  Sur  la  composition  de  l'essence   de 

térébenthine  française  et  sur  h- 
bromure    d'a-pinène i  196 

PASSEMARD(E.).  — Les  terrasses  allu- 
viales de  la  Nive  et  leurs  rapports 
avec  l'abri  moustérien  d'Olha 
(B.-Py.) 

PATRIZI  (L.).  —  Il  Caravaggio  e  la 
nova  critica  d'arte  (imp.) 

PAUTHENIER.  —  Nouvelles  applica- 
tions de  la  méthode  des  charges 
de  très  courte  durée  et  des  éclai- 
rages   instantanés 

PAVILLARD  (J.).  —  Sur  la  reproduc- 
tion du  Chœtoceros  Eibenii  Meu- 
nier  ; 

—  Sur     le     Gymnodinium     pseudonoc- 

tiluca  Pouchet 

PAYA  (M.).  —  Voir  Moles  {£.),  T.  Ba- 
tuccas  et  M.  Paya. 

PELLEGRIN  (Jacques).  —  Sur  des 
otolithes  subfossiles  de  Poissons 
du  Sahara  méridional  et  leur  signi- 
fication        7 

PELLISSIER  (P.).  —  Voir  Sartonj  [A,], 
L.  Sche/Jer,  P.  Pellissier  et  C.  \'ai(- 
cher. 

PENNETIER   (Gi-oncEs).  —  bisOours 


TABLE  DES  AUTEURS. 

Pages.     MM.  Pages. 

sur  l'évolution  des  connaissances 
in  histoire  naturelle.  Quatrième 
partie  :  xviiT*  et  xix*  siècles. 
3.   Botanique.  4.   Zoologie  (imp.) .  .        900 

PEREIRA  DE  SOUSA  (F.  L.).  —  Es- 
boço  geologico  dn  parte  occidental  do 
Norte  de  Angola,  1916,  et  Esboço 
geologico  da  parle  occidental  do  Sul 
d'Angola,  1913  (imp.) Sg 

PEREZ  (Chaules).  —  Sur  un  soi-disant 
tissu  interstitiel  dans  le  testicule 
des  Batraciens  Urodèles i443 

PEROT  (A.).  —  Mesure  de  la  pression 
de  l'atmosphère  solaire  dans  la 
couche  du  magnésium  et  vérifi- 
cation du  principe  de  relativité..        378 

—  Voir  l^errié  (G.),  R.  Jouaiist,  /?. 
Mesny  et  A.  Pérot. 

PERRIER    (Edmond)    offre   son  livre  ; 

«  La  Terre  avant  l'Histoire  » 260 

—  Fait  partie  des  commissions  sui- 
vantes :  Prix  Gay,  fondation 
Tchihatchcf 565 

— -  Prix    Cuvier,    Delesse,    Victor    Rau- 

lin,  Joseph  Labbé 565 

—  Prix  Desmazières,  Montagne,  Jean 
Thore,  de  Coincy,  Jean  de  Rufz 
de  Lavison 565 

—  Prix  Da  Gama  Machado,  fondation 
Savigny 565 

—  Prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 
Godard,  Mège,  Bcllion,  Larrey, 
Argut 565 

—  Prix  Montyon,  Lallemand,  Phili- 
peaUx,  Fanny  Emden 566 

—  Fonds    Charles    Bouchard 566 

—  Prix  Binoux 566 

—  Prix  Gustave  Roux,  Thorlet,  fonda- 
tions Lannelongue,  Trémont,  Ge- 
gner,  Henri  Becquerel. ..........        566 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques...       566 

—  Prix  du  baron  de  Joest 567 

—  Prix  Lonchampt ;  .  .  .        567 

—  Question  du  prix  Bordin  pour  1924 . .       567 
PESCAIÎA.    ~    Sur    les    résultais    des 

essais  récents  d'un  hélicoptère...        845 
PESTEL.  —  Voir  Menard  (Maxime)   et 

Pestel. 
PETOT  (A.).  —  Sur  les  chocs  dans  les 
engrenages  de  changement  de  vi- 
tesse des  auf  omobiles f^'i 

Pi".Ylt(lN  (AiBEnT).  —  Sur  les  tumeurs 
di' la  glande  interstitielle  dtitcsti- 
ciilr  du  cheval 6?.5 


758 


'|J2 


58':; 


469 


868 


MM. 


TABLE    DES    AUTEURS. 
MM 


—  Sur  le  niodr  de  dévoloppi'incnt    et  les 

variétés  des  tumeurs  di-  l'ovoleslis.      loni 

—  Voir  Alezais  et  Peijroii. 

—  Voir    Pfli;i<"    [Ale.vnndi'f)     et    Alheii 

Pei/ron. 
PÉZAHD  (A.).  —  Loi  du  «  tout  ou  rien  » 
ou  de  constance  fonctionnelle,  rela- 
tive à  l'action  du  testicule,  consi- 
déré comme  glande  endocrine.  ...  89 

—  Temps   de    latences    dans    les    expé- 

riences de  transplantation  testicu- 

laire  et  loi  du  «  tout  ou  rien  » 1 76 

PFEFFER  (Wilhelm-Friedrich-Phi- 
Lipp).  —  Sa  mort  est  annoncée  à 
l'Académie 354 

—  Son    remplacement    comme    corres- 

pondant        !  278 

PICARD  (Emile).  —  Sur  certaines 
fonctions  se  rattachant  à  des  sur- 
faces fermées i 20 

—  Sur  la  détermination  de  l'axe  de  ro- 

tation et  de  la  vitesse  de  rotation 

d'un  corps  solide 629 

—  Dépose   sur  le   bureau    le    tome    III 

des  Œuvres  de  Georges  Halphen..      l325 

—  Annonce   que  le    tome   167    (juillet- 

décembre  iÇfiS]  des  Comptes  rendus 

est  en  distribution  au  Secrétariat.       557 

—  Fait    partie    des    commissions     sui- 

vantes :  Prix  Bordin,  Francœur.  .        564 

—  Prix  Lalandc,  Benjamin  Valz,  Pierre 

Guzman,  G.  de  Pontéeoulant.  .  .  .        565 

—  Prix  Gaston  Planté,  Hébert,   Henri 

de     Parville,     Hughes,     fondation 
Clément  Félix 565 

—  Prix  Montyon  de  statistique 566 

—  Prix  Binoux 566 

—  Médailles     Arago,     Lavoisicr,     Ber- 

thelot 566 

—  Prix   Gustave    Roux,    Thorlet,   fon- 

dations    Lannelongue,     Trémont, 
Gegner,  Henri  Becquerel 566 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 566 

—  Prix  Jean   Reynaud 567 

—  Prix  Saintour 567 

—  Prix  Henri  de  Parville  (ouvrages  de 

science) 567 

—  Question  de  grand  prix  des  Sciences 

mathématiques  pour  192 1 567 

PICARD  (F.).  —  Le  déterminisme  de 

la    ponte    chez   un    Hyménoptère 

térébrant,  le  Pimpla  instigalor  L.  161  7 
PICARD   (F.)    et    T.    PAGLIANtl.    — 

Sur  la   biolocie   de   l'Altise   de   la 


io4i 


1395 


I7S9 
Pages 
Vigne  (llallicnanipelophagaGw.r.).       Sgg 
PICKERING.    —    Son    remplacement 
parmi  les  correspondants  pour  la 

section  d'astronomie 26 '( 

PIÉRON  (Henbi).  —  De  l'importance 
de  la  phase  périphérique  dans  la 
marge  de  variation  des  temps  de 
latence  sensorielle  en  fonction  des 

intensités  excitatrices 1612 

PIERRAT  (M.).  —  Sur  la  solubilité 
de  divers  sels  de  potassium  dans 
des  mélanges  d'eau  et  d'alcool .... 
PINCHERLE  (S.).  —  Sur  une  équation 
intégrale  dans  le  domaine  com- 
plexe  

PIVANO    (SiLvio).   —   Annuario   degli 

Institute  scientifici  italiani  (imp.). 

PLANIOL    (René).   —   Voir   Abraham 

{Henri)  et  René  Planiol. 
PLANTEFOL  (L.).  —  Voir  Matjer 
{André),  H.  Magne  et  L.  Plan- 
tefol. 
POINCARÉ  (Henri).  —  M.  Miltag- 
Lefjler  fait  hommage  du  tome  38 
des  '<  Acia  mathematica  »  consacré 

à  sa  mémoire 

POISSON  (R.).  —  Spermatogenèse  et 
chromosome  exceptionnel  chez 
Naucoris  maculalus  Fab 878 

—  Recherches  sur  le  déterminisme  de 

la  perte  de  la  faculté  du  vol  chez 

les  hémiptères  aquatiques 1 322 

POLACK  (A.).  —  Les  effets  du  chroma- 
tisme  de  l'œil  dans  la  vision  des 
couleurs  complexes l532 

POLITIS  (Je.\n).  —  Sur  les  corpuscules 

bruns  de  la  brunissure  de  la  vigne.       870 

—  Sur  l'origine  mitochondriale  des  pig- 

ments anthocyaniques  dans  les 
fruits I061 

POMMEREAU  (Hervé  de).  —  Sur  la 
réduction  du  naphtoate  d'éthyle 
et  un  cas  de  réduction  d'alcool  en 
carbure  par  le  sodium  et  l'alcool 
absolu I  5o3 

POPESCO  (Jean).  —  Sur  la  valeur  de  la 
tension  superficielle  du  mercure 
dans  des  divers  gaz 1 474 

PORCHER  (Ch.)  et  A.  CHEVALLIER. 

—  La  répartition  des  substances 
salines  et  des  éléments  minéraux 

dans  le  lait i  6o5 

PORCHER    (Ch.)    et    L.    PANISSET. 

—  Recherches  expérimentales  sur 


1265 


1760  TABLE  DES 

MM.  Pages. 

Ic^coloslruin 181 

PORTEVIN  (Albert).  —  Sur  la  résis- 
tance électrique  des  aciers  au 
nickel /i  4  5 

—  L'emploi  des  refroidissements  très 
lents  pour  l'étude  micrographique 
des  alliages  et  la  structure  des 
aciers   au    tungstène 464 

PORTEVIN  (Albert)  et  P.  CIIEVE- 
NARD.  —  La  dissolution  retardée 
et  la  précipitation  prématurée  du 
carbure  de  fer  dans  les  aciers  et 
l'influence  de  l'état  initial  sur  ces 
phénomènes i  i^ijo 

PORTEVIN  (Albert)  et  DURAND 
(Jean).  —  Anomalie  de  dilatation 
des  alliages  or-cuivre 325 

PORTIER  (Paul).  —  Obtient  un  suf- 
liM!;!'  au  scriitin  pour  l'élcclioii 
(l'un  niciiiliiT  ili'  la  section  d'analo- 


AUTEURS. 

MM.  Pages, 

mie  et  zoologie '.V)'i 

—  Voir  Lopez-Lomha  (•/. )  et  Paul  Por- 

tier. 
POSTERNAK  (S.).  —  Sur  les  polymo- 

lyhdates  tétrabasiqucs 1 14 

—  A  propos  d'une  systématique  de  mo- 

lybdates 597 

PRAIN  (David).  —  Obtient  des  suf- 
frages au  scrutin  pour  l'éloclion 
d'un  correspondant  pour  la  section 

de    botanique 1278 

PISOCOPIU  (St.).  —  Sur  la  biréfrin- 
gence électrique  des  liqueurs  mixtes 
et  la  structure  cristalline 1 172 

—  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion       i/pG 

PUISEUX  (Pierre)  fait  partie  de  la 
commission  des  prix  Lalande, 
Renjamin  Valz,  Pierre  Guzman, 
G.  de  Pontécoulant 5C5 


o 


QUENISSRT  (F.).  —  Pholograplii.s  de 

la  planète  Vénus i('>'['> 

(^>UENU  (Edouard)  présente  un  volume 
de  M.  Auguste  liroia,  intitulé  :  «  Chi- 
rurgie de  guerre  e1  d'après-guerre».        7?)(j 


Fait  partie  des  commissions  sui- 
vantes :  Prix  Montyon,  Rarbier, 
Bréant,  Godard,  Mège,  Rellion, 
Larrey,  Argut 5GG 

Fonds  Charles  Bouchard ;  .  .        3GG 


R 


RABAUD     (Etienne).     —     L'instinct 

paralyseur    des    araignées 989 

—  Variations  de  l'instinct  et  leur 
déterminisiiK^  chez  diverses  arai- 
gnées          '\^'] 

RANDOIN.  —  Contribution  à  l'étude 
de  la  silice  globulaire  représentant 
l'argile  à  silex  au  sud  du  Rassin  de 
Paris lo/JG 

RANOUE    (G.).    —    Sur    une    trompe 

à  mercure  d'encombrement  réduit.      iG'i'j 

RANVIER  (Louis)  fait  partie  de  la 
commission  de  j>rix  Da  (jama 
Macbado  et  de  la  fondation  Sa- 
vigny 5G6 

RAPPIN.  — La  vaccination  de  la  luber- 

lose 495 

RATEAU  (AugusteI.  —  Note  au 
sujet  d'une  eommunicalion  de 
M.  A.  Fnch 1-17) 


RATllI'.RV  (F.).  —  Voir  Bicrry  \U.]  et 
/■'.  Ralheri/. 

RAVEALI  (Camille).  —  Les  solutions 
saturées  de  deux  ou  plusieurs  corps. 
Application  du  principe  de  Li'  Clia- 
teli<'r 1099 

RAVIGNKAUX  (Pol).  —  Méthode 
graphique  pour  l'élude  des  trains 
épicyeloidaux '5Ci 

REBOUL  (G.).  —  Sur  une  nouv.lle 
propriété  de  corps  faiblement  1011- 
ductcurs    de    l'électricité 210 

REBOUL  (G.)  et  R.  LUGE.  —  Influence 
de  la  forme  géométrique  des  corps 
solides  sur  les  actions  chimiques 
qu'ils    subissent 917 

RÉMOUNDOS  (GEORGES-.I.).  —  Sur  les 
couples  de  fonctions  algébroides 
d'une  variable  correspondant  aux 
lioinls     d'une     eoni'be     algébri(|ue 


TABLE   DES 

MM.  Pages, 

de  genre  supérieur  à  l'unilé 6^5 

■REMY  (P.).  —  De  l'action  des  vapeurs 
de  chloropicrine  sur  l'-lrgns  rc- 
flexus  Fabr i^Ikj 

REi\(;ADK  (Etienne).  —  Sur  les 
doubles  décompositions  salines  et 
la  loi  des  phases Oo 

—  Sur    la    concentration   isothermique 

d'une  solution  préparée  à  partir  de 

deux  sels   à  ions  différents 218 

RIABOUCIIINSKI  (Dimitri).  —  Mou- 
vement initial  d'un  liquide  en  con- 
tact avec  un  obstacle  à  arêtes  vives.       Sai 

RICHET  (Charles)  fait  partie  des  com- 
missions suivantes:  Prix  Montyon, 
Barbier,  Bréant,  Godard,  Mège, 
Bellion,  Larrey,  Argut 566 

—  Prix     Montyon,     Lallcmand,     Phili- 

pcaux,   Fanny   Emden 566 

—  Fonds  Charles  Bouchard 566 

—  Prix    Lonchampt 567 

RICHET    (Charles),     M»''     Eudoxie 

BACI-IRACH  et  Henry  CARDOT. 
—  Les  phénomènes  d'anaphylaxie 
chez  les    microbes 5i2 

—  Les     alternances     entre     l'accoutu- 

mance   et    l'anaphylaxie  étudiées 

sur   le   ferment   lactique l554 

RIQUIER.  —  Sur  les  familles  complètes 

de  figures  intégrales  d'un  système  » 

d'équatiojis  aux  dérivées  partielles 

du  premier  ordre 1629 

ROBIN  (P.).  —  Voir  Bougaull   {J.)   et 
jP.  Robin. 

ROCHAIX  (A.).  —  Voir  Cluzcl,  Ro- 
chaix  et  Kofman. 

—  Voir  Courmonl  {Paul),  A.  Rochaix  et 

F.  Laupin. 

ROLLIN  (Georges).  —  Voir  Gaucher 
{Louis)  et  Georges  Rollin. 

ROMAN  (F.)  et  P.  de  BRUN.  —  Sur 
la  structure  de  la  chaîne  des 
Alpines 1 367 

ROMIEUX  (A.).  — L'évolution  du  dyna- 
misme terrestre '393 

—  Le  litige  des  déplacements  de  lignes 

de    rivage    devant  le    phénomène 

d'équidéforniation 1422 

ROTHE.  — Les  applications  delà  télé- 
graphie sans  fd  (imp.) 5i8 

—  Cours  de  physique  professé  à  la  fa- 

culté de  Nancy  (imp.) 5i8 

—  Radiogoniométrie   et    influences  at- 

mosphériques  ' 1345 


AUTEURS.  1761 

MM.  Pages. 
ROUCH  (J.).  —  Le  compas  de  naviga- 
tion aérienne  (imp.) 264 

—  Observations   dvi    champ   électrique 

de   l'atmosphère  pendant  l'éclipsc 

de  Soleil  du  8  avril  192 1 925 

ROUCHELMANN  (M"|=  N.).  —  Voir 
Fosse  et  M"^  Rouchelmann, 

ROUGIER  (G.).  —  Voir  Uanjon  (.1.) 
et  G.  Rougier. 

ROULE  (Louis).  —  Est  présenté  en 
seconde  ligne  pour  la  succession  de 
M.  Yves  Delage ■      344 

—  Sur    un    nouveau     poisson     abyssal 

{Scombrolabrax  heterolepis,  nov. 
gen.  nov.  sp.)  péché  dans  les  eaux 
de   l'île   Madère 1 534 

ROULE  (Louis)  et  F.  ANGEL.  — 
Sur  les  poissons  de  la  famille  des 
diretmidés  et  leur  place  dans  la 
classification 1 207 

ROUVIÈRE  (Mlle  j_j,  _  Adresse  la 
traduction  d  un  ouvrage  de  M.  A. 
Einstein 644 

ROUX  (Mii«  A.)  et  J.  MARTINET. 
—  Sur  le  rôle  catalytique  du  mer- 
cure dans  la  sulfonation  de  l'an- 
ihraquinone 385 

ROUX  (Emile)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie, au  nom  de  M^^  Olga  Metch- 
nikoff,  d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Vie 
d'Elie  Metchnikofï  (1845-1916)  ».  .        737 

—  Fait    partie    des     commissions    sui- 

vantes :  Prix  Montyon,  Barbier, 
Bréant,  Godard,  Mège,  Bellion, 
Larrey,  Argut 566 

—  Prix     Montyon,     Lallemand,     Phili- 

peaux,   Fanny  Emden 566 

—  Fonds  Charles  Bouchard 566 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 667 

—  Prix  Jean  Reynaud 567 

—  Prix   du   baron  de   Joest 567 

—  Prix  Parkin 567 

—  Prix  Lonchampt 567 

—  Question  de  prix  Bordin  pour  1924.  567 
ROUX    (E.).    —    Quelques    remarques 

sur  l'action  des  radiations  lumi- 
neuses et  calorifiques  dans  l'hélio- 
thérapie       1082 

ROUX  (Jean).  —  Voir  Sarasin  {Frilz) 
et  Jean  Roux. 

ROY  (Louis).  —  Cours  de  mécanique 
appliquée.  Tome  II  :  Statique  gra- 
phique et  résistance  des  matériaux 
(imp.) :..        953 


1762 


MM.  Pages 

ROYAL  SANITARY  INSTITUTE.  — 
Invite  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter au  congrès  qui  se  tiendra  à 
Folkestone  du  j.o  au  23  juin  lyui  .  .  ij  V 
RUSSO  (P.).  —  La  situation  géologique 
des  volcans  d'Uudjda  (Maroc  orien- 


TABLE    DES   AUTEURS. 
MM. 


Pages. 
989 


tal) 

RUTIIERFORD  (Sir  Ernest)  est  élu 
correspondant  pour  la  section  de 
physique    générale i  3l 

—  Adresse  des  remcrcînienls  à  l'Aca- 
démie.         il  S 


SARATIER  (Paul)  etBENNOsuKE  KU- 
BOTA.  —  Hydrogénations  cata- 
Ijtiques   sur  le   cuivre 7-33 

SAILLARD  (Emile).  —  La  balance 
du  chlore  pendant  la  fabrication 
du  sucre  et  la  teneur  de  la  bette- 
rave en   chlore 283 

SAINT-AUBIN  (Jacques  de).  —  Eirala 
relatifs  à  diverses  communications 
du  premier  semestre  de  igi3....        lo.l 

SAMEC  et  AisKA  MAYER.  — Sur  la  sub- 
stance organique  fondamentale  de 
l'amylopectine I079 

SANFOURCHE  (A.).—  Sur  l'absorption 
des  oxydes  d'azote  par  les  acides 
nitrique    et  sulfurique 1673 

SARASIN  (Fritz)  et  Jean  ROUX.  — 
Nova  Caledonia.  Recherches  scien- 
tifiques en  Nouvelle-Calédonie  et 
aux  îles  Loyalty  :  B.  Botanique 
(imp.) 144 

SARTORY  (A.)  et  P.  BAILLY.  —  Du 
pouvoir  agglutinant  du  sulfate 
de  thorium  sur  les  spores  d'As/ier- 
gilus  jumigalus  Fr 1257 

SARTORY  (A.),  L.  SCHEFFLER, 
P.  PELLISSIER  et  C.  VAU- 
CHER.  —  Procédé  d'évaporation, 
de  concentration  et  dessiccation 
de  toutes  substances  organiques 
ou  minérales 744 

SAVORNIN  (J.).  —  Sur  la  répartition 
et  l'allure  des  bassins  phosphatés 
dans    le    Maroc    occidental 22g 

—  Observations  sur  lé  paléozoïque  do 

Rabat  (Maroc) . 1687 

—  Voir  Ehrinann  (F.)  et  .1 .  Savornin. 
SAZERAC   (R.)    et  C.   LEVADITI.  — 

Action  du  bismuth  sur  la  sypliilis 
et  sur  la  trypanosomiase  du  Na- 

gana 1 3g  i 

SCIIAUMASSE  (A.).  —  Observations 
de  la  comète  Skejellerup  (ig2oi), 


faites  à  l'équatorial  coudé  de  l'Ob- 
servatoire de  Nice 1 1 3 

—  Observations  de  la  comète  Dubiago 

(1921  c),  faites  à  l'équatorial  coudé 

de  l'Observatoire  de  Nice l34o 

—  Voir  Fayet  (G.)  et  A.  Schaumasse. 
SCHEFFLER  [L.). —\oiT  Sarlory  {A.), 

L.  Schefjhr,  P.  PelUssier  et  C.  Vau- 
cher. 
SCHERESCHEWSKY    (Pu.).    —    Sur 

la  brume  sèche 760 

—  Sur  les  systèmes  nuageux l4'i9 

—  Voir  Bourgeois    (R.) . 

—  Voir  Delcanibre  {E.)   et  Ph.  Scheres- 

chewsky. 

SCHINZ  (Hans)  et  A.  GUILLAUMIN. 
—  Recherches  scientifiques  en 
Nouvelle-Calédonie  et  aux  îles 
Loyalty  :  Botanique  (imp.) i44 

SCHLŒSING  (A.-Tn.)  élu  membre  du 
Conseil  supérieur  des  stations  agro- 
nomiques et  des  laboratoires  agri- 
coles          143 

—  Fait    partie    des     commissions    sui- 

vantes: PrixMontyondes  arts  insa- 
lubres, Jecker,  fondation  Cahours, 
prix  Berthelot,  Hou/.eau 5G5 

—  Question  de  prix  Bordin  pour  192  4 .  .        367 
SCHRADER    (Frantz).   —  Le   nouvel 

atlas  universel  de  Vivien  de  Saint- 
Martin    et   Schradcr G70 

SEBERT  (Hippolytk)  fait  partie  des 
commissions  des  prix  Montyon, 
Poncelet,  Boileau,  Pierson-Perrin.        565 

—  Des  prix  de  six  raille  francs,  Plumey.       565 
SECTION     DE     PHYSIQUE     CÉNÉ- 

RALE.  —  Fait  partie  de  la  com- 
mission chargée  de  contrôler  les 
expériences    de   M.  Contremoulins 

sur  la  portée  des  rayons  X i  i5o 

SENDKUENS  (Jean-Bai-tistk).  —  Dé- 
composition catalytiquu  des  acides 
ehloraccliiiues l55 


TABLE   DES 

l' il  ses 


MM. 

SENDERENS  (J.-lî.)  ol  .1.  AliOU- 
LENC.  —  Décoiuiiosilioii  ciitaly- 
tiquo  dos  aoidus  l)rouiaccliquus  el 
des  mélanges  de  brome  et  d'acide 

acé  tique 1 5S5 

SERGENT  (Edmond  et  Étienm;).  — 
Essais  de  vaccination  contre  le 
paludisme  des  oiseaux  dû  au  Plas- 

modium   relictum 296 

SERGENT  (Edm.)  et  M.  RÉGUET.  — 
Sur  la  nature  mycosique  d'une 
nouvelle  maladie  des  dattiers  me- 
naçant les  oasis  marocaines 162/1 

SICARD.  —  Voir  Kohn- Abre.it,  Skard 

et  Paraj. 
SIERPINSKI      (Wacl.wv).      —      Voir 
Mazurkiewicz  (Slephaii)  et  Waclaw 
Sieipiiiski. 
SIMON    (Eugène).   —    Histoire    natu- 
relle des  TrochilidiB  {inrp.) 354 

SMITH    (Lennart).   —   Assiste  à  une 

séance  de  l'Académie 1 1 45 

SŒRENSEN.    —  Assiste  à  une  séance 

de  l'Académie 1 2 1 7 

SOLIGNAG  (Marcel).  —  Voir  Depéret 

{Cil.)  et  Marcel  Solii;imc. 
SOLOVINE     (Maurice).     —    Adresse 
la   traduction     d'un     ouvrage     de 

M.  Einstein 644 

SOUÈGES  (René).  —  Embryogénie 
des  Scrofulariacées.  Développe- 
ment de  l'embryon  chez  le  Vero- 

nica  arvensis  L 70 j 

—  Embryogénie  des  Labiées.  Dévelop- 
pement de  l'embryon  chez  le  Meii- 

tha  viridis  L .      io57 

SOUFFLAND    (M^e   G.).   —  Voir   Ga- 

lippe  {V.)  et  M"e  G.  Souffland. 
SOULAN    (H.).    —    L'influence    de    la 
lumière  sur  la  conductibilité  des 

liquides  fluorescents 58 1 

SOUS-SECRÉTAIRE  D'ÉTAT  DE 
L'AÉRONAUTIQUE  ET  DES 
TPuVNSPORTS  AÉRIENS  adresse 
le  programme  général  des  études 


AUTEURS.  1763 

MM.  Pages, 

de  physique  et  de  mécanique  inté- 
ressant le  Service  technique  et  de 
l'aéronautique '.)JJ 

SPAHLINGER  (Henri).  —  Traitement 

de  la  tuberculose  humaine 494 

SPARRE  (Maunus  de).  —  Calcul  du 
coup  de  bélier  dans  une  conduite 
alimentant  une  turbini^  à  forte 
réaction  , 4'^ J 

—  Sur    le    rendement    maximum    des 

turbines J"l 

—  Errata   relatifs   à  cette  communica- 

tion       1627 

—  Sur  le  maximum  de  rendement  des 

turbines  à  libre  déviation **9'j 

—  Sur  le  rendement  des   turbines  qui 

travaillent   sous   une    hauteur   di^ 

chute  variable i  jb  l 

STEFANESCU  (Sabra).  ~  Sur  l'asy- 
métrie et  sur  les  sections  longitu- 
dinales techniques  de  la  couronne 
des  molaires  des  mastodontes 
et  des   éléphants 929 

—  Sur  quelques  caractères  morphologi- 

giques  de  la  couroime  des  molaires 

des  mastodontes  et  des  éléphants.     io54 

—  Sur  la  corrélation  des  fosses  alvéo- 

laires, des  mouvements  et  de  la 
structure  des  dernières  molaires 
des  mastodontes  et  des  éléphants.      l5i6 

—  Sur  la  valeur  phylogénétique  et  évo- 

lutive    des     formules     lamellaires 

des  dernières    molaires    M-,   M-, 
2  2 

M7  des  mastodontes  et  des  élé- 
phants       1669 

STOCKHAMMER  (L.).  —  La  stéréos- 
copie  rationnelle  (imp.) i633 

STÔRMER     (Carl).     —    Sur    l'aurore 

boréale  du    l3  mai   1920 1672 

STROORANT   (P.).  —  Sur  laplatisse- 

ment  du  sphéroïde  de  Saturne...        91 3 

STURTEVANTS.   —   Notes   on   edible 

Plants    (imp.). I0l5 


TALON  (A.).  —  Sur  le  renversement  des 
efforts  dans  les  barres  de  treillis  des 
tabliers  métalliques  à  travées  soli- 
daires  


TAMPIER  (Louis).  —  Voir  Mourcn 
[Charles,  Marcel  llurut  et  Louis 
Tampier. 

TANRET  (Georges).  —  Sur  la  présence 


1764 

MM. 


Pages. 

(jacidc  quinique  dans  les  feuilles 
de  quelques  conifères 234 

—  De  l'influence  du  molybdate  d'am- 

moniaque sur  le  pouvoir  rotaloire 

de   quelques   sucres 1363 

■ — •  De  l'influence  du  molybdate  d'am- 
moniaque sur  le  pouvoir  rotatoire 
de    la   mannite i5oo 

TAKAZONA  (I.).  —  Observation  de 
l'éclipsé  annulaire  de  Soleil  du 
7  avril  1921  à  l'Observatoire  astro- 
nomique de  l'Université  de  Valence 
(Espagne) ioi5 

TCHAHOTINE  (Serge).  —  Le  radio- 
puncture  microscopique  des  cel- 
lules   mobiles 1679 

TERMIER  (Pierre)  fait  partie  des 
commissions  suivantes  :  Prix  Cu- 
vier,  Dclesse,  Victor  Raulin,  Jo- 
seph Labbé 565 

—  Grand  prix  des   sciences  physiques..        566 

—  Prix  Petit  d'Ormoy 567 

—  Prix  Parkin 567 

TERMIER   (Pierre)    et  Léo.nce   JO- 

LEAUD.  • —  Sur  l'âge  des  phéno- 
mènes de  charriage  dans  la  région 
d'Avignon 

—  Sur  l'âge  des  phénomènes  de  char- 

riage dans  les  montagnes  de 
Gigoiulas  (Vaucluse) 

—  Le  lambeau  de  recouvrement  de  Pro- 

piac  (Drôme),  témoin  d'une  vaste 
nappe,  d'origine  alpine,  poussée, 
avant  le  Miocène,  sur  la  vallée  du 

Rhône 

THOORIS  (Alfred).  —  Classement  mor- 
phologique de  5o  athlètes,  cham- 
pions. Vérification  métrique  par  la 
radioscopie .  .  .  .        71 3 

—  Contribution  à  l'étude  biologique  des 

plongeurs 1 529 

THOULET  (J.).  —  La  circulation  océa- 
nique et  la  densité  des  eaux....        861 
TIIULOUP  (A.).  —  Étude  sur  les  dou- 
blets élastiques  (inip.) 9  )  ) 

—  Equilibre    et    stabilité   des  appareils 

élastiques 16  i  3 

TIAN  (A.).  —  Une  théorie  de  l'hydrolyse 

lente  des    sels '  '  79 

—  Sur  une  cause  de  dispersion  du  col- 

loïde dans  une  classe  importante 


TABLE   DES  AUTEURS. 

MM. 


24 


191 


409 


Pages, 
d'hydrosols 1291 

—  Sur  la  stabilité  et  la  réversibilité  des 

transformations      des      hydrosols 
obtenus  par  hydrolyse  des  sels.  .      1402 
TIFFENEAU    (M.)     et    ORÉKIIOFF. 

—  Surlanature  pinacoliquc  de  quel- 
ques transpositions  dans  la  série  du 
phényldiméthylglycol 087 

TIMOCENKO.  —  Obtient  un  suffrage 
au  scrutin  pour  l'élection  d'un 
correspondant  pour  la  section  de 
mécanique 644 

TISSERAND  (Eugène)  fait  partie  de 
la  commission  du  prix  Montyon 
de  statistique 566 

TONI  (Giovanni  Battista  de).  — 
Obtient  des  suffrages  au  scrutin 
pour  l'élection  d'un  correspondant 
pour  la  section  de  botanique 1278 

—  Mario      Cermenati      per      Leonardo 

(imp.) I  567 

TOPORESCU  (Er.).  —  Sur  l'entraine- 
ment  de  la  chaux  et  de  la  magnésie 
par   les   précipités    d'oxyde    chro- 

mique 600 

TRAYNARD(C.-E.).  — Sur  les  fonctions 

hyperelliptiques  singulières 647 

—  Sur    certaines    surfaces    hyperellip  - 

tiques    singulières 797 

TREUTHARDT  (A.).  —  (,)uelques 
nouvelles  mesures  de  la  densité  de 

l'air  de  Genève l598 

TRILLAT  (A.).  —  Influence  de  l'état 
de  division  des  gouttelettes  micro- 
biennes sur  l'ensemencement  des 
terrains  de  culture 33g 

—  Erratum  relatif  à  cette  communica- 

tion          628 

TROWBRIDGE.  —  M.  le  Président  lui 

souhaite  la  bienvenue 1265 

TRUFFAUT  (G.)  et  N.  BEZSSONOFF. 

—  Augmentation  du  nombre  des 
Clostridium  Paslorianum  (Wino- 
gradski)  dans  des  terres  partiel- 
lement stérilisées  par  le  sulfure  de 
calcium iJiy 

TUFFIER  (Théodore)  pose  sa  candi- 
dature à  la  succession  de  M.  /•■. 
(luyon 112 

—  Est  présenté  en  seconde  ligne 187 

— ■  Obtient  des  suffrages 201 


TABLE    DES    AUTEURS. 


I7o5 


u 


MM.  Pages 

UNION  GÉODÉSIQUE  ET  OÉOPIIY- 
S1()UE  FNTERNATIONALE.  ~ 

BTilIctin  (împ.) :38 

UNION  INTERNATIONALE  DE  LA 
CHIMIE  PURE  ET  APPLI- 
QUÉE.  —  Statuts   et  règlements 

(imp-) •••        796 

UNIVERSITÉ  DE  VIRGINIE  invite 
l'Institut  de  France  à  se  faire 
représenter  à  la  célébration  du 
centième  anniversaire  de  sa  fonda- 
tion         3  54 


MM.  Pages. 

URBAIN  (Georges)  est  présenté  en  pre- 
mière ligne  pour  la  succession  d<' 
M.  Armand  GaïUier a47 

—  Obtient  des  suffrages 261 

—  Est  présenté  en  première  ligne  pour 

la  succession  de  M.  E.  Bourquelot..     1 144 

—  Est  élu 1 149 

—  Son  élection   est  approuvée 126') 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  d'un  ou- 

vrage intitulée  :  «  Les  disciplines 
d'une  Science.  La  Chimie  » 1277 


VALIRON  (G.).  — Surlcs  zéros  des  fonc- 
tions entières  d'ordre  infini 741 

—  Sur    les    fonctions    entières    d'ordre 

fini 1226 

VALLÉE  (H.)  et  H.   CARRÉ.   —   Sur 

l'adsorption   du   virus   aphteux.  .        i85 

—  Héraoprévention  et  hémovaccination 

antiaphteuses i449 

VALLERY-RADOT  (PASTEUR).  — 
Voir  Widal  (Fernand)  et  Vallery- 
Radot-PaMeur. 

VALLIER.  —  Son  éloge  funèbre  est  pro- 
noncé par  M.  G.  Lemoine.  ........        825 

VALLOT  (.1.).  —  Étude  de  la  radiation 
diffuse  de  la  voûte  céleste,  com- 
parée à  la  radiation  solaire  directe.      1 164 

- —  La  radiation  diffuse  au  mont  Blanc, 
comparée  à  celle  des  altitudes 
inférieures l337 

VANDEL  (A.).  —  La  régénération  des 

glandes  génitales  chez  les  Planaires.      1072 

—  La   question   de   la   spécificité   cellu- 

laire   chez    les    Planaires i6i4 

VANDENBERGHE  (H.).  —  Voir  Flo- 
rentin    {Daniel)     et    H.    Vanden- 
berghe. 
VANEY  (Félix).  —  Sur  les  polynômes 

de    Laguerre i  i5i 

VAROPOULOS  (Théodore).  —  Sur 
les  fonctions  ayant  un  nombre 
fini  ou  infini  de  branches l44 

—  Sur  une  classe  de  fonctions  multifor- 

formes 265 

<:.  K.,  iqî Semestre.  (T.  17'.!.) 


—  Sur   quelques   points    de    la    théorie 

des  nombres 355 

—  Sur  quelques  points  de  la  théorie  des 

fonctions     et    de    la     théorie  des 
nombres 65i 

—  Le  théorème  de  M.  Landau  et  les  fonc- 

tions multiformes !..        835 

—  Sur  une  classe  de  fonctions  transcen- 

dantes       1639 

VAUCHER.  —  Voir  Sartory  {A) ,  L.  Schef- 
fler,  P.  Pelissier  et  C.  Vaucher. 

VAURABOURG    (C).    —    Densités    et 

indices  des  eaux  de  mer.  ...:...        863 

VAVON  (G.)  et  J.  DETRIE.  —  Sur  la 
transformation  du  phénol  en  cyclo- 
hexanol I23i 

VEIL  (M"e  S.).  —  Variétés  allotro- 
piques d'oxydes i4o5 

VELASCO  DE  PANDO  (D.  Manuel). 
—  Calculo  de  las  Prohabilidades 
(imp.) -,68 

VÉRONNET  (Alex.).  —  Variation 
d'une  trajectoire  conique  sous  l'ac- 
tion d'une  résistance  de  milieu..        267 

—  Hypothèses    sur    la    formation    des 

étoiles    nouvelles 666 

—  Constitution  et  formation  des  nébvi- 

leuses  spirales 957 

VESSIOT  (E.)  est  présenté  en  troisième 

ligne  pour  la  succession  de  M.  G. 

Humbert 883 

VÊZES  (M.).  —  Sur  la  composition  de 

l'essence     de     térébenthine     fran- 

|-2« 


1^66  TABLE    DES 

MM.  Pages, 

çaise -, 977 

VIALA  (PiERiiE)  ist  désigné  pour  repré- 
senter l'Académie  aux  fêtes  de  la 
Faculté  de  médecine  de  Montpel- 
lier        i633 

VIALAY  (Ai.FiiKu).  —  Contribution  à 
l'état  des  relations  existant  entre 
les  circulations  atmosphériques, 
l'électricité  atmosphérique  et  le 
magnétisme  terrestre  (imp.) i44 

VIEILLE  (Paul)  fait  partie  des  com- 
missions suivantes  :  Prix  Mou- 
tyon,  Poncelet,  Boileau,  Pierson- 
Pcrrin 565 

—  Des  prix  de  six  mille  francs,  Plumey.       565 
VILLARD  (Paul)    fait  partie  des  com- 
missions suivantes  :    Prix   Gaston 
Planté,  Hébert,  Henri  de  Parville, 
Hughes,  fondation  Clément  Félix.        565 

—  Fait  partie  de  la  commission  chargée 

de.  contrôler    les     cxpéricncrs    de 

M.  Contrcmoulins I  l5o 

VILLAT  (Henri).  —  Sur  l'écoulement 
initial  d'un  liquide  par  un  orifice 
brusquement  ouvert 1 48 

—  S«r  les  mouvements   cycliques  d'un 

fluide  limité  par  un  mur,  et  conte- 
nant   un    solide SSg 

VILLE.  —  Voir  Ddéiniu-,  l' leur  y  et 
Ville. 

VILLEDIEU  (M.  et  M<^«  G.).  —  De  la 
non-toxicité  du  cuivre  pour  le  mil- 
diou          335 

VILLEMAGM-:  (J.).  —  Voir  Lugeon 
[Maurice)  et  J.   Villemagne. 

VILLEY  (Jean).  —  Sur  les  installa- 
tions expérimentales  de  recherches 
aérodynamiques 270 

VILMORIN  (Jacques  de).  —  Sur  des 
croisements  de  pois  à  cosses  colo- 
rées          8l5 


AUTEURS. 

MM.  Pagci. 

VIOLEE  (Jules)  est  élu  membre  du 
Comité  consultatif  de  l'Office  na- 
tional météorologique l43 

—  Fait    partie    des    commissions    sui- 

vantes :  Prix  Gaston  Planté,  Hé- 
bert, Henri  de  Parville,  Hughes, 
fondation  Clément  Félix 565 

—  Prix  Montyon  de  statistique 566 

—  Prix  Henry  Wilde 567 

—  Fait  partie  de  la  commission  chargée 

de    contrôler    les     expériences    de 

M.  Contremoulins 1 1 5o 

VISCHNIAC  (Cii.).  —  Vo.r  Guris  [A.] 
et  Cil.   Viscliniac. 

VLADESCO  (R.).  —  Voir  Berlraml 
[Gabriel)  et  R.  Vladesco. 

VLÈS  (F.).  —  Voir  DragioH  (./.)  et 
F.   I7è.s. 

VLÈS  (F.)  et  J.  DRAGOIU.  —  Sur  la 
pression  osmotique  d'arrêt  de  la 
division   cellulaire 1 1 27 

VOIGT.  —  Son  remplacement  coiumu 
correspondant  pour  la  section  de 
mécanique 644 

VOLTERRA  (Vito).  —  Erratum  relatif 
à  la  mention  de  son  remplacement 
comme  correspondant 248 

VOURNAZOS  (A.-Ch.).  —  Les  bis- 
muthobromocyanures  ;  nouveaux 
complexes 535 

—  Un     nouveau     ciment    hydraulique 

magnésien 1 578 

VUILLAL'ME    (M.).    —    Voir    UuiiUiric 

[A.)  et  M.  Vuillaume. 
VUILLEMIN    (Paul).   —   Les   aberra- 
tions de  la  symétrie  florale 35 

—  La  zygomorphose  endogène  dans  les 

fleurs  normalement  actinomorphes.       l\'i.% 

—  La  zygomorphose  exogène  dans  les 

fleurs  normalement  actinomorphes.       5l4 


w 


WALLERANT  (FRioÉRic)  fait  partie 
des  commissions  suivantes  :  Prix 
Cuvier,  Delesse,  Victor  Raulin, 
Joseph  Labbé 565 

WALSII  (J.-L.).  —  Sur  la  position  des 

racines  des  dérivéesd'unpolynome.       662 

WAVRE  (Rolin).  —  Sur  une  équation 
de  Frcdholm  dans  le  domaine 
complexe  et  son  application   à  l.i 


théorie  des  systèmes  d  équations 
linéaires  à  une  infinité  d'inconnues.       43* 

VVEBER  (A.).  —  Recherches  sur  la 
toxicité  du  milieu  intérieur  des  Ba- 
traciens Urodèles  vis-àvis  de  leurs 
œufs 1 249 

—  Greffes  d'œufs  de  Triions  dans  la  ca- 
vité péritonéale  de  Salamandres.      1687 

\VEINBi:iî(;  et   Lko.n    KEPIiNOW.  — 


TABf. 

MM. 

Dus  Ifuco-aggluliniiics 

WIDAL  (Ferna.nd)  fait  paitio  des  coiu- 
missions  suivantes  :  Prix  Montyon, 
Barbier,  Bréant,  Godard.  Mège, 
Belliou,  Larrey,  Argut 

—  Fonds  Charles  Bouchard 

—  Fait  partie  de  la  commission  supé- 

rieure des  maladies  d'origine  pro- 
fessionnelle   

—  Est  désigné  pour  représenter   l'Aca- 

démie aux  fêtés  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Montpellier 

WIDAL  (F.),  P.  ABRAMI  et  J.  HU- 
TINEL.  —  Recherches  compara- 
tives sur  le  fontionnement  du  foi  ■ 
à  la  suite  de  l'anesthésie  chirurgi- 
cale par  le  chloroforme,  l'éther,  le 
protoxyde  d'azote  ou  la  novocaïne. 

WIDAL  (Fernand)  et  PASTEUR 
VALLERY-RADOT.  —  Désen- 
sibilisations et  resensibilisations  à 
volonté  chez  une  malade  ana- 
phylactisée  à  l'antipyrine 

WINTREBERT  (Paul).  —  L'irritabi- 
lité aneurale  de  l'ectoderme  décelé 
par  le  déplacement  ciliaire  de 
l'embryon  chez  Rana  lemporaria .  . 

—  Adresse   un   rapport    relatif   à    une 


E    DES    AUThUKS. 


l'ages, 
880 


566 

566 


1457 
i633 

1145 

4i4 
934 


subvention  accordée  sur   le   fonds 

Bonaparte 

WITZ  (Aimé).  —  Moteur  d'aviation 
admettant  une  masse  constante 
et  eflectuant  une  compression  cons- 
tante à  toute   altitude 

—  Fait   hommage   d'un   ouvrage    inli- 

tulé  :  «  Les  gazagènes  et  l'économie 

du  combustible  ». 

WOLFF  (M'i").  —  Sur  le  furfural- 
camphre  et  quelques-uns  de  ses 
dérivés 

—  Errata   relatifs    à   cette  communica- 

tion.'  

—  Études  sur  la  réfraction  moléculaire 

et  le  pouvoir  rotatoire  spécifique 
du  furfuralcamphre  et  de  quelques- 
uns  de  ses  dérivés 

WOLLMAN  (E.).  —  Le  rôle  des  mouches 
dans  le  transport  de  germes  patho- 
gènes étudié  par  la  technique 
des    élevages    aseptiques 

WURTZ  annonce  la  date  de  l'inaugura- 
tion du  monument  de  son  père .  . 

—  MM.     A.    Haller,     Ch.     Moureu    el 

A.  Béhal  sont  désignés  pour  repré- 
senter l'Académie 


'7^7 

Pages. 
li5o 

64 1 

1278 

i357 
14  56 

1404 

298 
1014 

1087 


ZAMBÛNINI  (Ferruccio).  —  Sur  la 
palmiérite  du  Vésuve  et  les  miné- 
raux qui  l'accompagnent ■4iê 

ZEEMAxN  (Peter).  —  Obtient   un  suf- 


frage au  scrutin  pour  l'élection 
d'un  correspondant  pour  la  section 
de  physique  générale 43 1 


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OAUTHIER-VILLABS,  IMPBtUr'JB-LIBRAIRE  DES  COMPTES   RENDUS   DES  SÉANCES   DE  L' ACADEMIE  DES  SCIENCEa 

Palis.  —  Quai  des  Grands-Augustms,  55. 
67116-Q3 


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