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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PARIS. — lUPBlMblRIB GAUTHIER- VILLARS ET v}', QDAl DES GRANDS-ALGUSTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
EN DATE DU 13 JUILLET 1835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT-SOIXANTE-DOU/IEME.
JANVIER — JUIN 1921.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS et C'% IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Graads-Augustins, 55.
1921
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Ail 1=' JANVIER 19-2 1
SCIEIVCES MATHEMATIQUES.
Section I". — Géométrie.
Messieurs:
Jordan (Marie-Ennemond-Camille), o. «.
Appell (Paul-Émile), G. o. «.
Painlevé (Paul), *.
HUMBERT (Marie-Georges), o. *.
Hadamard (Jacques-Salomon), *.
GouRSAT (Edouard-Jean-Baptiste), *.
Section II. — Mécanique.
BOUSSINESQ (Joseph-Valenlin), O. *.
Sebert (Hippolyte), c. *.
Vieille (Paul-Marie-Eugène), G. o. «.
Lecornu (Léon-François-Alfred), o. *.
Kœ'nigs (Paul-Xavier-Gabriel), *.
Mesnager (Augustin-Cliarles-Marie), o. *•.
Section III. — Astronomie.
Deslandres (Henri-Alexandre), o. ».
Bigourdan (Guillaume), o. *.
Baillaud (Edouard-Benjamin), c. *.
Hamy (Maurice-Théodore-Adolphe), *.
Puiseux (Pierre-Henri), *.
Andoyer (Marie-Henri), *..
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sectiox IV. — Géographie et Navigation,
issieurs :
Grandidier (Alfred;, o. «.
Bertin (Louis-Emile), C. *.
Lallemand (Jean-Pierre, dit Charles), O. *.
FoURNiER ( François-Ernesl), G. C. *, %.
Bourgeois (.loseph-Emiie-Uoberl), <;. o. *.
Favé (Louis-Eugène-Napoiéon), C. *.
Sectiox V. — Physique générale.
LIPPMANN (Jonas-Ferdinand-Gabriel), G. o. *.
ViOELE (Loiiis-Jules-Gahriel), C. *.
BouTY (Edtnond-Marie-Léopold), o. *.
ViLLARD (Paul), O. *.
Branly (Désiré-Eugène-Edouard ), o. *.
Berthelot (Paul-Alfred-Daniel).
SCIENCES PHYSIQUES.
Sectiox VI. — Chimie.
Lemoinë (Clément-Georges), o. «.
Haller (Albin), G. o. «.
F^E Chatelier (Henry-Louis), c. *.
Moureu (Franrois-Cbarlcs-Léon), c. *.
BouRQUELOT (b]lic-Emile), ».
N
Sectiox VII. — Minéralogie.
Barrois fCbark's-Eugène), O. *.
DOUVILLÉ (Joseph-IIenri-Ferdinand), O. «.
Wallerant (Frédcric-Félix-Auguste), ft.
Termier (Pierre-Marie), O. *.
Launay (Louis-Auguslc-Alphonse DE), O. «.
Ha UG (G us lave-Emile), *.
ÉTAT DE l'académie AU l'"" JANVIER iQ'-il.
Seotiox VIII. — Botanique.
Messieurs :
GuiGNARD (Jean-Louis- Léon), c. *.
BONNIER (Gasloa-Etigènc-Mai-ie), O. *.
Mangin (r.ouis-Alexaiidre), c. «;.
COSTANTIN (Julien-Noël), *.
Lecomte (Paul-Henri), ^.
Dangeard (Pierre-Augustin-Clément), *.
Section IX. — Economie rurale .
Roux (Pierrc-Paul-Euiile), G. c. *.
SCHLŒSING (Alphonsc-Tliéopliile), O. *.'
Maquenne (Léon-Gervais-Marie), ».
Leclainche (Aug'usle-Louis-Emmanuel ), C. *.
ViALA (Pierre), o. *.
Ll.NDET (Gaston-Aimé-Léon), o. *.
Sectio.v X. — Anatomie el Zoologie.
Ranvier (Louis-Antoine), o. *.
Perrier (Jean-Oclave-Edmond), c. ■».
Bouvier (Louis-Eugène), o- *.
Henneguy (Louis-Félix), o. #.
Marchal (Paul-Alfred), *.
N
Section XI. Médecine el Chirurgie.
Arsonval (Jacques -Arsène d'), c. «.
Laveran (Gliarics-Louis-AIplionse), c. *.
RlCHET Robert-Charles), c. *.
QuÉNU (lùlouard-André-Victor-Alfred), c. *.
WiD.VL ( Fernand-Georges-lsidore), C. *■.
N
ACADEMIE DES SCIENCES.
SECRETAIRES PERPETUELS.
Picard (Charles-Éniile), c. «, pour les sciences malhématlques.
Lacroix (François-Anloine-Alfred),o.ft, pour les sciencesphysiques.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Freycinet (Louis-Charles DE Saulses de), o. ft.
Haton DE LA GouPiLLiÈRE (Julien-Napoléon), G. o. *.
Bonaparte (le. prince Roland).
Carpentier (Jules-Adrien-Marie-Louis), C. *.
Tisserand (Louis-Eugène), G, c. «;.
Blondel (André-Eugène), o. ft.
Gramont (le c*' Antoine-Alfred-Arnaud-Xavier-Louis de), O. ft.
FOCH (le maréchal Ferdinand), G. c. *:, S.
Janet (Paul-André-Marie), O. *.
Brei'ON (Jules-Louis).
MEMBRES NON RÉSIOVIV rS.
Sabatier (Paul), o. *, à Toulouse.
GouY (Louis-Georges), ft,à Lyon.
DepÉret (Charles-Jean-Julien), *, à Lyon.
Flaiiault (Charles-llenri-Marie), O. *, à Montpellier.
KiLiAN (Charles-Constant-Wilfrid), *, à Grenoble.
Cosserat (Eugène-Maurice-Pierre ), à Toulouse.
APPLICATIONS DE L V SCIENCE
A L'INDLSTUIE.
Leblanc (Charles-Léonard-Amiand-Maurice), *, à Paris.
Bateau (Camille-Eduiond-Auguste), *, à Paris.
Charpy (Augustin-Georges-Alberl), a, à Paris.
GHARDONNET(lecomteLouis-Marie-HilaireBERMGAUDDE),*,àParis.
Lumière (Louis-Jean), c. *, à Lyon.
Laubeuf (Alfred-Maxime), O. ft.
ÉTAT DE l'académie AU l"' JANVIER 1921,
ASSOCIÉS ÉTRAIVGERS.
Messieurs :
Albert I''' (S. A. S.), pi-incc souverain de Monaco, G. c. *.
Van der Waals (Joannes Diderik), à Amsterdam.
Lankester (sirEdwin Kay), à Londres.
LoRENTZ (Hendrik Anloon ), à Haarlem (Pays-Bas).
Geikie (sir Archibald), O. *, à Ilaslemere, Surrey.
Volterra (Vito), c. *, à Rome.
Hale (George Ellery),àMounlWilsonObservatory (Californie).
Thomson (sir Joseph John), à Caml)ridge (Angleterre).
Walcott (Charles Doolittle), à Washington.
CiAMlciAN (Giacomo), *, à Bologne (Italie).
MiCHELSON (Albert Abraham), à Chicago (Étals-Unis).
N
CORRESPONDANTS.
SCIENCES MATHEMATIQUES.
Section I". — Gcomt'lrie (10).
ScHVS'ARZ (Hermann Amandus), à Griinevvald, près de Berlin.
INIittag-Leffler (Magnus Gnstaf), c. ft, à Djursholm (Suède).
Nœther (Max), à Erlangen.
GuiCHARD (Claude), à Paris.
Hilbert (David), à Gôttingen.
LA Vallée Poussin (Charles-Jean-Gustave-Nicolas de), à Louvain,
BlANCHi (Luigi), à Pise (Italie).
Larmor (sir Joseph), à Cambridge (Angleterre).
Dickson (Léonard Eugène), à Chicago (États-Unis).
RiQUiER (Charles-Edmond-Alfred), à Caen (Calvados).
ACADEMIE DES SCIEN'CES.
Section II. — Mécanique (lo).
Messieurs :
Vallieim l"réd(''i-ic-M;uio-Eiiimamiel ), o. *, à Veisailles.
WiTZ ( Maric-Josepli-Aiinc), à Lille.
Levi-Civita (Tullio ), à Rome.
ScHWOERER (Emile), *, à Colmar.
Sparre (le comte Magnus-Louis-Maric UE ), à Lyon.
Parenty (Henry-I^oiiis-Joseph), *, à Paris.
AriÈS (Louis-Marie-Josepli-Kmmanuel), O. *, à Versailles.
Waddell (,]olin Alcxander Low), à Kansas City, Missouri.
TOHRES (^>L'EVEl)0 ( Leoiiardo), à Madrid.
N
Sectiox 111. — Astronomie ( i6).
Stephan (^Jean-Marie-Kdouard), O. s, à Marseille.
Van'DE Sande Bakhuyze.x (Ileiidrik Gerardus). c. *, à Leyde
(Hollande).
Christie (sir William Henry Mahoney), à Down (Angleterre).
Gaillot (.lean-Baptisle-Aimable), o. *, à Chartres ( lùire-el-Loir).
TURNiiR (Herbert llall;, à Oxford.
Kapteyn (Jacol)us Cornélius), «;, à Groningiie (Hollande).
Verschaffel (Aloys), à Abbadia (Basses-Pyrénées).
Lebeuf (Auguste-Mctorj, i^, à Besançon.
Dyson (sir Frank Walson), à Greenwich.
GoMNESSiAT (François), *, à Alger.
Campbell (William Wallace), à Mount Haniilton (Californie).
Fabry (Louis), à Marseille.
FOWLER (Alfred ), à Londres.
N
N
N
Sectiox IV. — Géographie et Xavigalion (lo).
TeffÉ (le baron de), à Petro[)olis (Brésil).
Nansen (Fridtjof ), c. ft, ii LysaUer (Norvège).
ETAT DE l'académie Al" l"' JANVIER l()'2l.
Messieurs :
Colin (Edouard-lCIio), l'i Tiiiiaiiaiivo.
IIedin (Sveii Andors), c. *, à SlncUliolin.
Hn.DEBRAND HiLDEBRANDSSOX ( Huyo), O. w, à Upsal.
Davis (William Morris), *, à Cambridge (Massacliusells ).
Amundsen (Roald), g. o. «, à Ivrisliania.
TiLHO (Jean-Augusle-Marie), o. #;, à Paris.
Lecointe ( Cieorges), c. *, à Uccle (Belgique).
Watts ( sir Pliilip), à Londres.
Section V. — Physique générale (lo).
Blondlot ( Prosper-Ilené), o. *, à \ancy.
Benoît (Justin-Miranda-René), o. *, à Courbçvoie.
<îuiLLAUME (Cliarles-Édouard), O. *, à Sèvres.
Arrhemus (Svante Augusl), à Stockholm.
Mathias (Emile-Ovide-Joseph), *, à Clermont-Ferrand.
Dewar (sir James), à Cambridge (Angleterre).
OxNES ( Hecke Ivamerlingh), à Leiden (Hollande).
NN'eiss (Pierre ) la;, à Strasbourg.
N
^
SCIEIVCES PHYSIQUES.
Sectiox VI. — chimie (lo).
P'ORCRAND DE CoiSELET ( Hippolylc-Robert DE ), *, à Montpellier
Guye (Philippe-Auguste), *, à Genève.
GuNTZ (Antoine-Nicolas ), *, à \ancy.
Graebe (Cari), à Franctort-sur-le-Main.
Barbier ( François-Antoine-Philipiie), o. *, à Bandol (\ar).
Grignard ( François-Augustc-Victor ), ?,-, à Lyon.
Walden ( l'aul), à Riga.
SOLVAY (Frnest-Gaston), c. #, à Bruxelles.
Paterno di sessa ( le marquis Lmanuele), g. o. #, à Rome.
Perkix (William Henry), à Oxford (Angleterre).
ACADEMIE DES SCIENCES.
Section- VII. — Minéralogie (lo).
Messieurs :
TsCHERMAK (Gustav), à Vienne (Aulriclie).
BrÔGGER (Waldeinar Christoferj, c. ft, à Krisliania.
Heim (Albert), à Zurich.
Lehmann (Otto), à Karlsruhe.
Grossouvre (Marie-Félix-Albert Durand de), o. *, à Bourges.
Becke (Friedrich Johann Karl), à Vienne (Autriche).
Friedel (Georges), ft, à Grafenstaden (Alsace).
Bigot (Alexandre-Pierre-Désiré), à Caen (Calvados).
Lugeon (Maurice). O. a. à Lausanne.
N
Sectiox VIII. — Botanique (lo).
Pfeffer (Wilhelm Friedrich Philipp), à Leipzig.
Warming (Johannes Eugenius Biilow), à Copenhague.
Fngler (Heinrich Guslav Adolf), à Dahlem, près de Berlin.
De Vries (Hugo), à Lunteren (Pays-Bai,).
VuiLLEMlN (Jean-Paul), à Malzéville ( Meurlhe-et-Moselle).
Battandier (Jules-Aimé), à Alger.
Sauvageau (Camille-François), à Bordeaux.
Chodat (Robert-Hippolyle), *, Palmella, Pinchat, près de Genève.
Leclerc du Sari. on ('Albcrt-Mnlliiou ), à V(''néjnn (G;ird).
^
Sectiox IX. — Économie rurale (lo).
Gayon (Léonard-Ulysse), o. *, à Bordeaux.
Winogradski (Serge), à Pélrograd.
Godlewski (Emil), à Cracovie.
l'ERRONCrro (Eduardo), o. ^, à Turin.
Wagner (Paul), à Darmsladt.
Imbeaux (Charles-Edouard-Augustin), o. *, à Nancy.
Bauland (Joseph-Antoinc-Félix), o. s, à Saint-Julien f Ain).
ÉTAT DE L'ACA.DÉMIE AU l"' JANVIER I()2I.
i3
Messieurs :
Neumann (Louis-Georges), o. «, à Saint-Jean-de-Luz (Basses-
Pyrénées).
Trabut (Louis), ft, à Alger.
Effront (Jean), à Bruxelles.
Section X. — Analomie et Zoologie (lo).
Simon (Eugène-Louis), •», à Paris.
Lœb (Jacques), à New-York.
Ramon Cajal (Santiago), c. *, à Madrid.
BOULENGER (George-Albert), à Londres.
Bataillon (Jean-Eugène), o. «;, à Strasbourg.
Cuénot (Lucien-Claude), à Nancy,
Vayssière (Jean-Baptiste-Marie-Albert), à Marseille.
Brachet (Albert-Toussaint-Josepli), *, à Bruxelles.
Lameere (Auguste-Alfred-Lucien-Gaston), à Saint-Gilles-lez-
Bruxelles (Belgique).
ViGUlER (Antoine-François-Caniille), à Alger.
Section XI. — Médecine el Chirurgie (lo).
Câlmette (Léon-Cbarles-Albert), c. «, à Paris.
Manson (sir Patrick), à Clonbur (Angleterre).
Pavlov (Jean Petrovitch), à Pètrograd.
Yersin (Alexandre-John-Émile), c. *, à Nha-Trang (Annam)
Bergonié (Jean-Alban), o. *, à Bordeaux.
Depage (Antoine), à Bruxelles.
Bruce (sir David), à Londres.
Wright (sir Almrolh Edward), à Londres.
NiCOLLE (Charles-Jules-Henri), «;, à Tunis.
N
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 5,JA>JVIER 1921.
l'Uf':SIDEN(;E DE M. Hi;nhi DKSLANDIiKS. PUIS DE M. J.EMOINE.
M. IIevki Dcsi.andres, Président sortant, fait connaître à rAcadémic
l'état où se trouve l'impression des recueils qu'elle publie et les change-
ments survenus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours
de l'année 1920.
Étal de rimpression des recueils de l'académie au \" janvier J 92 i .
Comptes rendus des séances de r Académie. — Le tome 166 ( i"' semestre de
Tannée 1918) est paru avec ses tables et a été mis en distribution.
Les numéros des 2' semestre de l'année 1918, i"' et 2" semestres de
l'année 1919, i*'' et 2"" semestres de l'année 1920 ont été mis en distribu-
tion, chaque semaine, avec la régularité habituelle.
Mémoires de r Académie. — Le tome LVH, 2*^ série, est sous presse.
Procés-rerhaux des séances de l' Académie des Sciences, tenues depuis la
fondation de l'Institut jusqu au mois d'août i835. — Le tome IX, années
i828-i8'3i , et le tome X, années i832-i835, sont sous presse.
Annuaire de l'Académie. — L'Annuaire pour 192 1 est paru et est mis
ea distribution au cours de cette séance.
l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Membres décédés depuis le i'' janvier 1920.
Section de Cliimic. — M. Armand GAUiiEn, le 27 juillet.
Section d\Anatornic et Zoologie. — \l. Yves Dei.age, le 7 octobre.
Section de Médecine et C/iiruri^ie. — M. Félix <îlyo.\, le 21 juillet.
Académiciens lihres. — - \l. Adolphe Cakvot, le 21 juin.
Associés étrangers. — M. Slmox Scii\vexde\er, à Berlin, le 27 mai.
Membres élus depuis le 1" Ja/n'/er ](j'20.
Section de Mécanique. — M. Augisti.v Mesxager, le i""' mars, en rempla-
cement de M. Marcel Deprez, décédé.
Section d^Économie rurale. — M. Léon Li.\det, le i5 mars, en rempla-
cement de M. SciiLœsiNG père, décédé.
Division des applications de la science à rindiistrie. — M. 3Ia\i>ie Laibeif,
le 22 mars.
Associés étrangers. — M. Giacomo Cia.mkiax, à Bologoe (Italie), le
iG février, en remplacement de Sir Wu.liam Ra.msav, décédé; M. Albert-
AitRAHAM MicHELsoN, à Cliicago ( Etats-Unis ) , le 2> février, en rempla-
cement de lord Rayi.i.I('.ii, décédé.
Membres à remplacer.
Section de Chimie. — M. Ar>iaxd Gautier, mort le :>.- juillet 1920.
Section d' AruUomie et Zoologie. — M. Yves Delagi:, mort le ~ octobre 1920.
Section de Médecine et Chirurgie. — M. Félix Guvox, mort le 'i juillet 1920.
Académiciens libres. — M. Adolphe C.uixor, mort le '.i juin 1920.
Associés étrangers. ■- M. Suiox S«;iiwEXDE>En, mort le 27 mai i()20.
Correspondants décèdes depuis le {"janvier ig*.iO.
l'our la Section de Géométrie . — M. Zeutiiex, à (lopenliasjue, le G janvier.
Pour la Section de Mécanif/ue. — M. Voicr, à (loltingen, le i''> décem-
bre 1919; M. lîin'Lvix, à Gand, le 21 janvier 1920.
SKA.NCi: Dr ') J.VNVIF.R I921. I7
Pour la Section (P Astronomie. — Sir Joseph Lockyer, à Devon (Angle-
terre), le 17 septembre 19-20.
l'oiir la Section de Minéralogie. — M. Damel-Paulixk (M'^iir.EitT, à Laval,
le 17 septembre 1920.
Pour la Section de Botanique . — M. Jeax-Louis-EmiM': liocoiMt, à Blois,
le 4 février i9'.io.
Pour la Section de Médecine et Chirurgie. — M. .lEAX-PiEimE Morit,
à Lyon, le 2.") juillet 1920.
Correspondants élus depuis le \" janvier \\y-^.o.
Pour la Section de Géométrie. — M. Luigi Biaxciii, à Pise, le 16 février,
en remplacement de M. \ no VoLiERnA, décédé; Sir Joseph Larmor, à
Cambridge (Angleterre), le i5 mars, en remplacement de M. Liapolnoff,
décédé; M. L.-E. Dicksox, à Chicago, le 17 mai, en remplacement de
M. Eugène Cosserat, élu membre non résidant; M. Charies Kiquier,
à Caen, le i4 juin, en'remplacement de M. H. ZErTHEX, décédé.
Pour la Section de Mécanique. — M. L. Tonni<;s Quevedo, à Madrid,
le 21 juin, en remplacement de M. Boilvin, décédé.
Pour la Section d'Astronomie. — M. Alfueu Fowf.eh, à Londres, le
i"" mars, en remplacement de M. Eomund ^^ eiss, décédé.
Pour la Section de Physique générale. — Sir James Dewak, à Cambridge,
(Angleterre), le 8 mars, en remplacement de M. Blasehna, décédé;
M. K\.MERLixoii O.xnes, à Lcydc, le 7 juin, en remplacement de Sir
^YILLIAM CuooKES, décédé; M. Pierre W'uss, à Strasbourg, le i4 juin, en
remplacement de Sir J.-J. Thomson, élu associé étranger.
Pour la Section de Chimie. — M. W.-H. Perkiv, à Oxford, le 10 mai,
en remplacement de M. (jiacomo Ciamician, élu associé étranger.
Pour la Section de Minéralogie. — M. Maurice Luueox, à Lausanne,
le 9 février, en remplacement de M. Cn. D. Walcott, élu associé étranger.
Pour la Section de Botanique. — M. Rorert CiionAi-, à Genève, le
2 février, en remplacement de M. Charles Flaiiault, élu membre non
résidant; M. Mathieu Leclerc du Sarlox, à Toulouse, le 9 février, en
remplacement de M. W.-G. Faui.ow, décédé.
C. R., 1931, I" Semestre. (T. 17,', N» 1.) 2
l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour In Si'ct/on iF Andluniie cl Zoolo^if. — M. Camillk Vigvier, à Alger,
le 23 février, en remplacement de M. Grsr,\r Iîktzius, décédé.
Pour la Section de Médecine et Chirurgie. — M. Charles Xicoi.le. à Tunis,
le 2 février, en remplacement de M. Rai'11ai;i, Lkpim:, décédé.
Correspondants- à remplacer.
Pour la Section de Mécanique. — M. AV. Voi<;t, mort à (jôttingen, le
i3 décembre 19 19.
Pour la Section dWstronomie. — M. Pickeri.ng, mort à 1 Observatoire
du Harvard Collège, à Cambridge (Massachusetts), le 3 février 1919;
M. George: Ellerv Hai.e, au Mount Wilson (3bservatory (Californie), élu
associé étranger, le 10 mars 1919; Sir Normax Lockyer, mort à Salcombe
llegis, Sidmouth (Angleterre), le 16 août 1920.
Pour la Section de Physique générale. — M. Albert Miciielsov, à Chicago,
élu associé étranger, le 2j février 1920; M. Auguste Kigiii, mort à Bologne,
le 8 juin 1920.
Pour la Section de Minéralogie. — M. OEuleut, mort à Laval, le 17 sep-
tembre 1920.
Pour la Section de Botanique. — M. FiouoiEit, mort à Blois, le .'i février 1920.
Pour la Section de Médecine et Chirurgie. — M. Pierre Morat, mort à
La Roche Vineuse (Saône-et-Loire), le 2:") juillet 1920.
En prenant possession du fauteuil de la présidence, M. (». Lemolxe
s'exprime en ces termes :
Mes chcrj Confrères,
Je liens tout d'abord à vous expiimer ma vive reconnaissance pour le
grand honneur que vous m'avez fait en me coniianl la présidence de nos
séances pour l'année r()2i.
Si celle royauté éphémère, motivée par mes vingt années d'académicien,
m exposait à des tentations d'orgueil, j'en serais piéservé par le souvenir
écrasant des savants illustres qui nous ont précédés ici, ces hommes que les
jeunes générations ne connaissent que par leurs œuvres, mais que j'ai
SÉAXCE DU 3 lA.NVIER 1921. 19
connus personnellement. Pour la (Chimie, en pailiculier, Dumas, dont la
figure grandit poui' moi à mesure qu'elle s'éloigne dans le passé: \N urtz,
Fremy, Devillc et ses collaborateurs, Berliielot, Scldu'sing.
Je n'oublie pas la bienveillance de ces grands savants. Celte bienveillance,
nous tenons, à notre tour, à l'assurer à la généi'ation qui nous suit. Les
jeunes gens d'élite ne se rendent pas asse.-: compte de la vive sympathie
qu'ils inspirent aux hommes de science qui sont leurs aînés dans la carrière. *
Ces encouragements pour les chercheurs sont l'une des fonctions de
l'Académie des Sciences. Par les prix, par les fondations dont elle dispose,
elle veut leur venir en aide de toutes manières pour leuis travaux. >{ous y
tenons d'autant plus qu'aujourd'hui un grand danger menace la Science
française : on l'a déjà signalé et l'on ne peut trop y insister. Le nombre des
jeunes gens se dévouant aux recherches de science pure, dans toutes les
branches de l'activité intellectuelle, tend à devenir de plus en plus restreint.
.Je n'ignore pas l'importance des recherches de science appliquée. Mais la
science pure reste la base de tous les progrès matériels : c'est la « poule aux
œufs d'or » qu'un grand pays doit avant tout favoriser. Honneur aux jeunes
savants qui, sans trop regarder au?^ difficultés de la vie, ont le courage de
se dévouer aux recherches originales sans envisager un profit immédiat et
se laissent aller au charme de la poursuite de la vérité inconnue.
Il me semble également utile d'appeler votre attention sur le développe-
ment de l'action extérieui'e de l'Académie, l'.lle doit être moins qu'autrefois
une société fermée. Il est désirable qu'elle se relie aux autres groupements
scientifiques en leur offrant un point d'appui. Déjà nous nous sommes
engagés dans cette voie : c'est dans cette même salle, par exemple, qu'ont
eu lieu les premières réunions du Comité national de Géodésie et de Géo-
physique. Il serait important de développer, sous une forme ou sous une
autre, ces relations de confraternité avec les savants qui ne siègent pas
encore au milieu de nous.
Votre élu manquerait aux devoirs de sa charge si, à l'exemple de ses pré-
décesseurs, il ne vous soumettait pas quelques améliorations désirables.
Le bruit des conversations gêne trop souvent nos séances. Il est vrai que
l'Académie est un salon où l'on aime à échanger des idées utiles. Mais pour
les entretiens un peu prolongés, la salle de l'Académie française offre un
asile commode dont on peut toujours disposer.
Souvent aussi on entend mal les communications parce que nos confrères
ne parlent pas assez haut. .le leur demande d'élever la voix davantage.
20 ACADEMIE DES SCIENCES.
On a déjà exprimé k- désir de ne pas trop relarder l'heure de l'ouverture
effective de nos séances. Pour réaliser celte réforme, il faudrait une extrême
exactitude pour les commissions qui précèdent la séance.
Je no veux pas commencer l'année 192 1 sans offrir en votre nom à tous,
nos meilleurs remercîments à ceux de nos confrères qui ont dirigé nos
réunions en 1920 : d'abord à nos chers secrétaires perpétuels qui forment
la base de notre Vcadémie et qui ont un si admirable dévouement; ensuite
à notre Président sortant, M. Deslandrcs, qui nous a animés par son activité
juvénile et par son enthousiasme pour les merveilleux progrès de lAstro-
nomie physique. "
MEMOIRES ET COM3IUi\ICAriOîVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire PRRPt,TVF.i.\)résen[.e [' Annuaire de /' Ac^i(/émie rfes Sciences
pour I 92 I .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines fondions sc rntliichant
à (tes surfaces fermées. ISote de M. Emile Picakd.
1. Dans des recherches déjà anciennes ('), j'ai indiqué comment on
pouvait faire correspondre à une surface fermée certaines fonctions se
présentant comme solutions particulières d'équations aux dérivées partielles.
Ces fonctions comprennent, comme cas très particuliers, des fonctions
étudiées à d'autres points de vue, les fonctions \„ de Laplace par exemple
et d'autres fonctions analogues. Je crois utile de résumer ici les résultats
que j'ai obtenus à ce sujet dans divers Mémoires, et dont l'élude pourrait
être approfondie.
2. Soit une surface fenuée dont l'élément linéaire est donné par l'ex-
(') Sur l'équilibre calorifirjiie d^une surface fermée rayonnant au dehors
{Comptes rendus, l. 131, 1900, p. 1/199); Sur une équation aux dérii-ces partielles
du second ordre relative à une surface fermée correspondant à un équilibre calo-
fique (Annales de l'École Normale supérieure, 'i' série, l. 26, 1909).
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 21
pression
ds" =: E du- -T- 2 F du c/c 4- G (^i''.
Je considère l'équation aux dérivées partielles relative à V
,) 1
du dr
)^i{
du oc
du
\ v'liG-1'^ /
^KG - F-
= c{u,v)s/EG — V'\
Celte équation correspond, pour c(//, <■) toujours positif, à un problème
d'équilibre calorifique avec rayonnement de la surface, Y désignant la
température. Nous désignerons dans la suite le premier membre de l'équa-
tion précédente par AV.
3. En nous bornant ici au cas de c = i, envisageons l'équation
(i) AV = /.s KG — F- V,
où X est un paramètre constant. < )n peut établir qu'il existe une infinité de
valeurs singiilirres de A toutes négatives ( A = o est la première d'entre elles),
pour lesquelles il existe une ou plusieurs intégrales, uniformes et non iden-
tiquement nulles, de l'équation (i) et partout continues sur la surface.
Une application immédiate est relative à la sphère de rayon un.
L'équation (1) est alors
cos9 --jr -h sinô— — -+- -^-^ --— r= /sin9V
dd da- Hin9 d'y-
en se servant des coordonnée? polaires 0 et -p sur la sphère. On trouve faci-
lement que les valeurs singulières sont
/. r= — /i(/i H- 1),
/i étant un entier positif, et pour celte valeur de A, il y a 2/i + i fondions V
linéairement indépendantes; ce sont les fonctions \„ de Laplace.
Le cas du tore est à examiner après celui de la sphère. En désignant
[)ar r le rayon du cercle méridien, et par R la distance de son centre à l'axe
de révolution (R > r), l'équation (1) est ici
• ,,. ..à-y ■ ,r, ^ '^y (^'^ 1 / rj s »•
-(K — rcoi'j)-^—: + iin'jj(n — /-coscp)— \- r-—- := /(H — rcosQ>)r\ .
r ' à'j- ' 09 d'\i-
où 0 et 'I représentent deux angles dont la signification géométrique est
évidente, et qui varient de o à 2-. < )n pourrait rechercher les valeurs
singulières de A correspondant à cette équation et les fonctions corres-
22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pondantes. Le cas particulier où V ne dépend que de o conduit à l'équation
dilTérentiellc linéaire ordinaire
" (R — /■ coso)- —r-r -+- si M -.^ ( H — /co-'j) -;- — '/./■{[{ — r cos'j)\ = o.
/• ' ao' (l'o ' '
Cette équation donne un exemple simple d'équation diiïérenlielle linéaire
ayant, pour certaines valeurs d'un paramètre A, une solution périodique.
4. D'autres problèmes peuvent se poser relativement à l'équation (i).
Tout d'abord, si À dans cette équation n'a pas une valeur singulière, il y
aura une solution uniforme sur la surface et partout continue, sauf en un
point où elle aura un infini logarillimique correspondant à une source de
clialeur avec un flux donné.
Soit maintenant X„ une valeur singulière pour la(|uelle l'équation
{■i) AV = 7„v'KG-F^V
admet une ou plusieurs intégrales continues sur toute la surface. Soient de
plus donnés n points sur celle-ci
(fl„6,), {a,_,b,) (e>,„/>„)
et les coefficients respectifs
A,, A,,
Existe-t-il une intégrale de l'équation (2), ayant les points singuliers
(«,, bj), du type des sources de clialeur, avec le flux A, ?
La réponse à cette question est la suivante : -En désignant par
V|, V, \',
les V solutions partout continues, linéairement indépendantes de l'équa-
tion (2), la condition nécessaire et suffisante s'exprime par les v relations
\,\',(/U, ^', )+ A,V,(«., A,) -+-... 4-A„\,(rt,„ ^,) = o.
où / prend ks valeurs i, 2, . . . , v.
."). Pour prendre un exemple particulier, revenons au tore dont j'ai dit
plus haut un mot. il revient au même de considérer les solulions double-
blement périodiques de l'équation
.„, 0'\ 0'\ ..
or- Oy
nous faisons X = i ([ui n'est pas une valeur singulière. I^c premier problème
SÉANCE DU 3 JA.WIIIR I921. 23
du para^raplie précédenl revient à trouver rinlégrale unifonue de l'équa-
tion {3), ayant une période a par rapport à /;, et une période h par rapport
à V. et continue sauf au point (a, !i) et à ses lioinologues dans les rectanolcs
des périodes qui sont des sources de chaleur, lia solution est la suivante (') :
On forme la fonction
qui est définie pour ; négatif. L'expression
répon J à la question.
dz
AI. BiGouBDAv présente un Volume qu'il vient de pulilier pour faciliter
la classilîcatio:! bibliograpliique des questions relatives à l'Astronomie et
aux Sciences connexes.
C'est un tirage à part, assez fortement remanié, de ce qu'il avait donné
d lus le Biillelin astronomique de 1919 (2'' Partie : Rck'hc i>vnérale des iravaiia.-
(Ktrono'nifjuex), où l'on a reconnu la nécessité de désigner chaque (juestion
par un noml)re classificateur, afin de faciliter les recherches.
On connaît de nombreux essais tentés pour classer rationnellement
l'ensemble de nos connaissances : il suffit de rappeler ceux de A. -M. Am-
père, d'A. Comte et de II. Spencer au xi\'' siècle; mais aucun d'eux n'est
parvenu à s'imposer.
A défaut de classification rationnelle, il a donc fallu adopter quelque
systè.ne artificiel, pour satisfaire des Ijesoins manifestes, d'ordre pratique.
Mais sur ce terrain de convention il n'existe pas davantage de classement
qui soit universellement adopté.
Aujourd'hui deux surtout sont en vogue pour les Sciences : celui de 1'//;-
tirnnlional Caldloguc of Scientijir Literalitre (I. C. S. L.), patronné par la
Rovtil SacielY de Londres, et celui de M. Melvil Dewey, connu sous le nom
de Classifïcalion décimale (C. D.).
En présence de la difficulté de faire un choix, j'ai donné les deux concur-
remment; toute^MS pour l'Astronomie j'ai rendu l'un et l'autre plus expli-
(') E. Fi lAiiD, Sur quelques problèmes relatifs à l'équation \u ^= k- u {Bullelut
de la Société matii'hnati jue de France, t. 28, 1900, p. 186).
24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cites, tout en conservant aulant que possil)le les cadres adoptés jusqu'ici.
Ces deux classifications procèdent d'ailleurs de la même idée, qui nous
paraît éminemment juste et pratiquement très utile : diviser et subdiviser
chaque branche de nos connaissances jusqu'à réduction à des éléments sensible-
ment /tomoi^énes et peu étendus, que l'on désigne |iar une phrase courte ou
rubrique^ puis affecter convenlionnellemenl à chaque rulirique un numéro
ou cliilTre classificateur.
Cela fait, imaginons que sous chacun de ces numéros un ait inscrit les
litres des (3uvrages, Mémoires, etc., qui traitent du sujet correspondant,
et qu'en outre l'ensemlile ait été distrihiié dans l'ordre croissant de ces
numéros. Alors le Tahh'au des riihriques de la science considérée, avec le
numéro correspondant, sera comme une c/^y permettant soit de classer les
matières, soit de se reporter directement à ces matières quand le classe-
ment a déjà été fait. C'est ce Tahleau de classement à cle/qm est donné ici
pour l'Astronomie et les Sciences connexi-s. Géodésie et Géophysique.
GÉOLOGIE. — Sur l'à^e des phénoitiènes de charriage dans la région
d'Avignon. Mote de \1M. Pikkre Teioiiku et Lkojjce Joleaid.
L'existence de phénomènes de charriage a été signalée par l'un de
nous ('), l'an dernier, à la hordure occidentale de la plaine d'Avignon.
Le relief calcaire du plateau de Villeneuve, qui domine la rive droite du
Rhône depuis Sauveterre jusqu'à Aramon, est formé presque entièrement
par la série néocomienne. La succession des assises crétacées s'y présente
ainsi, de la hase au sommet (-) : i" des calcaires cruasiens à Parahoplites
cruasensis. correspondant au Hauterivien et au Barrêmien inférieur; -1° des
marno-calcaires barutéliens, synchroniques du Barrêmien moyen. Les cal-
caires urgoniens, classés aujourd'hui dans le Barrêmien supérieur, n'appa-
raissent qu'un peu plus à l'Ouest, au delà d'une ligne N 55° E allant de
Nîmes à Chàleauneuf-Calcernier. Les calcaires cruasiens sont bien dévelop-
pés, vers le .\ord, en face d'Avignon, et vers le Sud, entre La Vernède et
Aramon; les marnes barutéliennes occupent le synclinal qui se dessini-
entre ces deux masses calcaires, au voisinage du château des Issarts. Un
polit lambeau lutétien à Planorbis pscudo-ammonius a été découvert par
(') [*iEi'.itK TiiR.MiKii, tjoinpies rendus, t. 1(58. 1919. [i. laQ'-
('-) L. .lol-KAi'O. Géologie (lu Conilat, l'eirains noogèiies. 11. kiis. pi. l-lll.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 25
M. Caziot au nord d'Aramon, près de la ferme de la Choisily, tandis que
plus au Sud, au voisinage de la station Aramon du chemin de fer P.-L.-M.,
E. Pellat, accompagné de M. Depéret, trouvait un lambeau de marnes
roses à Hélix Itaniondi . Des affleurements de mollasse miocène avaient été
depuis longtemps indiqués en plusieurs points du plateau : leur répartition
entre les dililt'rentos subdivisions du Burdigalien et de FHelvélien a été pré-
cisée par l'un de nous ('), en même temps que Tattribution à l'Oligocène
supérieur (Clialtien) des marnes à Hélix d'Aramon et d'une localité voi-
sine, Sainl-Pierre-du-Terme.
Entre le Miocène et le Crétacé s'intercale, à La Vernèdc, à Saint-Picrrc-
du-Terme et à Aramon, une série d'épaisseur très variabl(\ parfois très
épaisse, tantôt chaotique, tantôt vaguement stratifiée, formée de blocs
volumineux empruntés au subslratum. Délimitée par MiVI. L. Carcz et
F. Fontanncs sur la feuille Avignon de la Carte géologique au 77^, elle a
reçu des auteurs de cette feuille la notation <■'. En réalité, elle correspond,
comme l'un de nous (-) l'a montré, à une brèche d'origine mécanique, ou
mylonite, en relation évidente avec des phénomènes di' charriage de grande
amplitude.
Les observations que nous avoTis faites sur le terrain cet été nous ont
permis de préciser l'âge de ces mouvements tectoniques. Nous avons cons-
taté, en effet, que le lambeau des marnes à Hélix d'Aramon fait partie inté-
grante de la masse mylonilisée. Tandis qu'au nord et à l'ouest de
Sainl-Piorre-du- Terme les brèches soûl fortement cimentées, près de la
gare d'Aramon elles nianquenl souvent de cohésion. Les marnes à Hclix,
qui p:irticipent à leur constitution, ne se présentent plus tout à fait sous
leur faciès habituel. Dans la tranchée de la voie ferrée, au nord-est de la
gare d'Aramon, le Burdigalien inférieur à Pecten Davidi repose sur les
marnes roses à Hélix, mélangées de blocs calcaires cruasiens; des morceaux
de mylonite consolidés sont même inclus dans ces amas hétérogènes (').
(') L. JoLHAUD, Géologie du Comtat, Tenalns néogènes, 1, jgoJ-igoj, p. 20 et suiv.,
et Bull. Soc. géol. France, t. 8, 1908, p. 41.
(^) PiEHRF Termier, loc. ctl . Dans celle Note préliminaire de 1919, 1 âge du char-
riage qui a produit la mylonile est indiqué comme anlé-liehélien. (l'est anlé-burdi-
galieii qu'il faut lire, la l)ase de la niolla--se miocène étant ici, sans aucun doute po>-
siiile, d'âge burdigalien.
1') Le point précis cil l'on peut ol>^er\er ce mélange de la mylonite aux marnes
roses à Hélix se trouve à l'nviron i''"' de la gare de voyaj;eui- d'Aramon du côté du
Nord-Est, dans le talus tl'un petit chemin qui loni;i' le liord nord de la voie feri-éc
P.-L.-M.
26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un peu plus au Nord, au kilomc-lre yo'i, à la hauteur du moulin à vent de
Sainl-Pierre-du-'l'cïmc, on relrou\<', sous le Miocène, une zone bréchi-
foniic mal consolidée, comprenant aussi des marnes roses oligocènes. (3n
obs&i've ainsi, dans '«"S deux localités où a été cons<T\é TOligocène, une
allure de la zone de contact du Crétacé et du Miocène identique à celle
reconnue sur les points où ces deux systèmes sont directement en-relation.
[>a mylonite se présrnle partout inlimemcnl liée à son substratum; à
Aramon et à Sainl-Pierre-du-Terme, des blocs de cette brèche seul
e.iglobés dans les marnes roses, tandis que, au Nord et à rOu<-st, les
brèches sont plus ou moins irrégulièrement distribuées au voisinage de la
surface des calcaires; tantôt ceux-ci sont à peine écrasés, tantôt ils sont
même intacts.
La Carte géologique, feuille Aiii^/io/i. figure avec la même notation <■■' des
affleurements d'une roche comparable à celle de La \ ernède, sur la rive
gauche du Ilhùnc, en face d'Aramon, près du hameau des Bouisses, dans la
Monlagnette. Le petit massif calcaire, au relief tourmenté, qui a reçu ce
nom imagé, est constitué, au Nord et à l'Ouest, entn- Barbenlane et
Boulbon, par des calcaires cruasiens ; au Centre, vers Sainl-Micliel-de-Fri-
gollei, par des marno-calcaires barutéliens: au Sud, au-dessus de Tarascon,
par des calcaires urgoniens.
A l'ouest des Bouisses, ou voit, par endroits, les calcaires cruasiens se
raylonitiser; localement, les brèches ainsi formées sont recouvertes par le
Burdigalien inférieur. Ces myloniles correspondent, comme celles de
La Vernède et d' Vranion, à des charriages, qui ont découpé les calcaires
crétacés de la région d'Avignon en une série d'écaillés.
Les surfaces de chevauchement qui délimitent ces écailles plongent uni-
formément au Sud-Est. La Montagnelle correspond à une écaille supé-
rieure, peut-être dédoublée vers les Bouisses. Au-dessous vient, comme l'a
montré l'un de nous ('), une seconde écaille, séparée de la première par la
zone mylonitique d'Aramon et de Saint-Pierre-du- Terme, zone à la(juellese
mélangent les marnes roses à Hclix. A celte seconde écaille appartient le
plateau néocomien de Yilleneuve-lez- Vxignon; et c'est elle encore qui, à une
cinquantaine de kilomètres plus à l'Ouest, apparaît, écrasée i-t morcelée,
dans les hlippe'! de la plaine d'Alais.
Cette secondeéciille, au cours du charriage, a été sensiblcmenl réduite
e 1 épaisseur à la base. Dans le plateau de Villeneuve, elle débute, comme
(') riiMutK l'iRMiin, l<ic. cit.
SÉANCE DU 3 JANVIER 192I. 27
nous avons dit, par les calcaires cruasieiis, au-dessus desquels viennent les
marno-calcaires barutéliens. Les calcaires urgoniens ne sont pas représen-
tés dans ce relief, alors qu'ils existent dans la Monta gnelle. Par contre, ils
jouent un rôle largement prépondérant dans la formation des klippcs
d'Alais. Un décollement dans la nappe-écaille de \ illeneuve-Alais semble
donc s'être produit, habituellement, au niveau des marno-calcaires baru-
téliens, entre les deux masses calcaires cruasienne et urgonienne.
Les hlipprs d'Alais semblent toutes reposer sur un complexe d'argiles,
de calcaires, de grès et de poudingues à petits éléments ('). Assez haut
dans cet ensemble, on a trouvé, à Auzon, une dentition à'Acerutlicriunt
minuliun ; M. Roman (-), qui a étudié les restes de ce Hbinocérolidé, les
place à un « niveau très élevé de l'étage Stampien..., à la limite de
l'Aquitanien ». Le substratum des klippes d'Alais serait exactement syn-
cbronique des marnes d'Aramon et daterait de l'Oligocène le plus élevé
(Cbattien). La successinn relevée mix eiwirons d'Alais concorde donc avec la
coupe d'Aramon. en ce qu\ concerne l'âge des charriages de la région ; ces
mouvements lectonifpies se sont effectués après l'Oligocène cl avant le Miocène,
très iTuisemblablement entre le Chalticn et l' Aquitanien. Quant à la question
de savoir si les poudingues à gros galets de calcaires crétacés, qui surmon-
tent normalement l'Oligocène sur le bord ouest de la plaine d'Alais et que
l'on a, jusqu'ici, rapportés à l'Aquitanien, sont antérieurs ou postérieurs à
ces charriages, ou encore leurs contemporains, elle demeure pendante et
appelle de nouvelles observations.
ASTRONOMIE. — Sur l'emploi des latitudes gèoceniriques pour faciliter
V identification des petites planètes. Noie ( ') de M. Loris Fabkv.
La circulaire 138 de l'Observatoire de Marseille publie une Note de
M. le directeur de l'Observatoire d'Alger, qui signale que deux petites
planètes (1 l't 2) ont été photographiées, dans le cliché o''2o'", + 1° de la
Carte du Ciel, à Alger, le 4 décembre 1910 à 7'' 55'" l. moy. d'Alger.
(') l'iEitRB Termieh el Oeoiicks l'^iiEDEL. Comptes rendus, l. 1()8, 1919, p. io3^-
io38. Voir aussi I'aui. Tiiiéry. Comptes re/u/us.l. 169, 1919, p. 583.
(-) Les Rhinocérolidés de l'Oligocène d' Europe, 191 i. p. So.
(') Séance du ■?.- décembre igîo.
28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici If'S positions approchées de ces astres, rapportées à l'équinoxc
moyen 1915,0 :
1 R=o''i9'",3 D=-+-o"47' ,u(')=:4-22' —2' grr=ii,6
2.... o'-aS"»,! -f-(>°-i'' +14' + ''-' l'i-"
I.a Note ajoute : « Il parait difficile d'identilier ces positions avec celles
de planètes connues ».
Voilà donc encore un problème réputé difficile, que les procédés que
j'emploie depuis plusieurs années vont nous permettre de résoudre.
Ici nous n'avons qu'une seule position pour chaque planète, et les mouve-
ments mesurés sur les plaques photographiques, conclus d'un court
intervalle de temps, sont souvent peu précis. Je laisse donc de côlé la
méthode que j'ai indiquée dans le Bulletin astronomique, t. 30, p. 49» pour
utiliser les éphémérides d'opposition qui ont été publiées.
INIais les positions observées se trouvent à deux mois de l'opposition et
un mois après la fin des éphémérides. L'extrapolation des ascensions droites
et déclinaisons devient alors très incertaine, parce que les planètes se
trouvant près de la station, leurs mouvements varient rapidement ït même
changent de signe.
On peut remédier à cet inconvénient en utilisant les latitudes géocen-
triques, lesquelles varient plus régulièrement que les 1\ et D.
Les latitudes présentent aussi certaines particularités facilement recon-
naissables à première vue. Ainsi la date de l'opposition, comparée avec la
longitude du nœud, montre immédiatement si une planète est près du nœud
ascendant, auquel cas la latitude héliocentrique est faible et varie positive-
ment; — ou près du noîud descendant, et la variation est alors négative. La
latitude géocentrique suit à peu près la même marche que la laliludc
héliocentrique, et la seule onnsidéralion des distances au Soleil r et à la
Terre A fait comprendre quelle marche doit suivre la latitude géocentri(juc.
Car les deux latitudes, li et p, sont liées par la relation simple
sin 3 = — si 11 h ;
ou approximativement p = -r A, les angles étant petits.
Si la date d'opposition montre qu'une planète est à 90" de ses nœuds, la
(') I.es inoiiveiniMiU i|Ut! j'lriilii|iie ici sont ceii\ iloniiés |i.ir l'dhsei'v aleiir: après
vcrificalioii, ceiiv ddinios par la cliciilaire sont tleii\ fuis liop forls.
SÉANCE DU 3 JANVIICR 1921. 29
lalitude héliocenlrique est égale à rinclinaison /, et la latitude géocenliiqiie
est à peu près -ri. Comme le rapport -r est presque toujours inférieur à 2, la
latitude géocentrique iic peut guère dépasser le double de l'inclinaison.
Ces considérations peuvent grandement aider pour l'identification des
planètes qui sortent des éphémérides.
Le calcul des latitudes géocentriques n'est pas difficile; cependani, je
simplifie encore en remplaçant la latitude par la distance de la planète à
l'écliptique, mesurée sur le cercle horaire.
Pour obtenir cette distance, il suffit de prendre dans la Connaissance des
Temps, à l'éphéiuéride du Soleil, la déclinaison de l'écliptique qui corres-
pond à W, puis de retrancher cette déclinaison de D.
Ainsi, dans le cas actuel, le prolongement à vue des ascensions droites et
déclinaisons montre que la planète 1 se trouve dans la même région du ciel
que (^" Mnèmosyme et (i3j) Alceste. Mais cela est très insuffisant pour
l'identifier avec l'une ou l'autre de ces deux planètes. En calculant rapide-
ment les dislances à l'écliptique, comme je viens de le dire, on trouve :
191:.. '^?j. Diir. (124). Difr, (Ûïï). Dill.
Septembre 23 -h5.i4 , +1 — i .-î^
OclolMc I ' 4 .33 ~ '' — 8 ~^ 1 .3:j '~l
» 9 3.49 —17 1 . 4 1
3. 2 y -26 - ..45 __:
.4 ~f -34 "^ ..48 ^
Novembre 2 -1-1.27 '*■' — 4i '-'T'
D'autre part, les ,T\, D et U observés de la planète I, comparés avec la
déclinaison de l'écliptique, prise dans la Connaissance des Temps, donnent
de même :
igio décembre 4 n miniiil de Greenwicli :
distance à l'écliplique :z= — 1° 19', variation en i joiir=: — 4-
Extrapolons les Tableaux ci-dessus du 2 novembre au [\ décembre, ce
qui fait quatre intervalles de huit jours. Pour '^. , les différences premières
passant par un maximum, nous tenons compte des diirérenccs troisièmes
prisas constantes et égales à leur valeur moyenne -1- i . Pour (nj^, nous
prenons les différences troisièmes nulles et les différences secondes égales
à -I- I. Nous obtenons ainsi les valeurs calculées :
3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
1915 décembre 4 .1 niinuil de dreenw icli :
.■û ; dislance à réclipli(|ue = — 1° I 1', \ari;itionen i jourz^ — 4';
lîT. » .. — "°59'. .. .. o ;
(î^- » .. — ""'iS', " " o-
Pour \^i . la position concorde mieux avec l'observation, — r'19', que
pour 'jtT . 'l'oulefois Fincerlitude de Textrapolalion et aussi Técarl possiljle
en longitude, qui provoque un écart en latitude, laissent encore un doute.
( le doute disparait si l'on considère le mouvement, car seul celui de ^,
concorde; il reste donc seulement à examiner de près cette planète.
De même pour la planète 2, qui se trouve dans la région de 'u^, Urda
(voir- Tableau ci-dessus).
Nous calculons alors, avec des logaritbnies à quatre décimales, deux ou
trois colonnes d'éphéméride, en utilisant les Tables numériques que j'ai
calculées en 188") sous la direction de Callandreau, Bulletin astronomique,
t. 2, p. 468. Et obtenons ainsi :
•iT Mnénwsyne. lïiléments publiés dans les Astr. .\ac/i., I. iW. p. 104 :
4 décembre igiJ, à niinuil de (ireenw icii. — l'^i|uiu. niov. kji J>o.
li. D. .Mouvemenl*.
l'osilion calculée o'''2i",3 -ho"5i' -i-.!2* —2'
Ligne de recherclie : pour -t- 1 niinule en .U. correction en D=+ i',8.
iManèle 1 observée o''i9"',4 -t-o°47' +22* — 2'
Obs. -cale — '"Ny — V
pour — '"'.9 en .U. correction en D =: — 3'. l'>arl de l'orbile — 1'.
L'identité de la planète I avec .v^) Mnémosync se trouve ainsi prouvée.
Kl l'on voit de même que 2 est idm tique à (Hii) .
Il est bon aussi d'examiner les grandeurs.
Pour (^ Mnémoayne (gr = 6,ô), le calcul donne à la date 1915 dé-
cembre /) :
logA — 0,359; log/- = o,4'"»', ^' + 5log A/- -- io,();
mais c'est un f.iit connu que cette formule ne donne des grandeurs exactes
ijue pendant jo jours environ avant et après l'opposition, l'.n debors de cet
intervalle de 80 jours, les grandeurs obtenues sont plus brillantes, d'environ
une demi-grandeur, que celles qui sont observées. Nous tenons toujours
compte de cela dans nos épbéméridos. La grandeur calculée le '\ décembre
StlANCI- DU 3 JANVIER 1Ç)21. 3l
i()i5, Ga jours apivs ro[)posilion, se Iroiive ainsi êlre ii,i environ, qui
concorde suflisauinienl avec la valeur observée i i,(i.
l'our (kt,) Un/a (gr = 9,4), le calcul donne pour 191:) décembre l\,
.v) jours après Topposilion, gr= i''i,o, qui est exaclemenl la grandeur
oiiservée.
PHYSIQUE. — Sur le poinl de fusion de Vheplane cl la loi d'allernance
des poinls de fiisio/i. Noie ( ' ) de M. I\. de Foucr.wd.
Lors d'un précédcnl travail, exécuté en 1896, en collaboration avec
Paul Henry, mon très regretté collègue de l'Université de Louvain, et
publié récemment ('^), nous avions été conduits à reprendre la détermi-
nation du point de fusioa de l'octane normal, pour lequel M. Gultmann
avait donné (^) — 98", 2, soit i74°)8abs.
Deux déterminations très concordantes nous avaient fourni — S']°,[\,
soit 2i5",6 abs. pour l'octane (^), nombre très différent de celui de
< iuttmann, alors que cependant nous avions retrouvé, à très peu près pour
l'hexane, le point de fusion donné parle même auteui' : — 95", soit 178° abs.,
au lieu de — 9'3",5.
L'intérêt de cette reclilîcalion réside dans ce fait ({ue, tandis que les points
d'ébullition croissent très régulièrement d'un terme à l'autre dans les difl'é-
lenles séries de composés homologues, les courbes (très peu nombreuses
faute des données nécessaires), que l'on peut dresser pour les poinls de
fusion, indiquent, presque toujours, une alternance des poinls de fusion
des homologues successifs de condensation en carbone paire ou impaire. Il
semble y avoir pour chaque série deux courbes : l'une, reliant les poinls de
fusion des termes pairs; l'autre, plus basse que la première, reliant les
points de fusion des termes impairs; ces deux, courbes forment un faisceau
qui se rétrécit peu à peu et finit par se confondre sensiblement avec ure
courbe moyenne unique pour les condensations en carbone très grandes.
Déjà, en 1H77, Baeyer avait signalé ("') cette particularité pour les
(') Séance du i- décembre 1920.
(-) Congrès de Strasbourg de CA. F. A. S., juillet 1920.
(') /. Amer. Cliein. Soc, t. 20, 1907, p. 347.
(*) Noire octane élait pur : E corrigé ^r i 25",.) ; D ."-= 0,7183.
(•') BericIUe, t. 10. 1S77, p. 1286.
32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diacides de la série oxalique
C==485<'('). C'=4o5°, C'-453". C-^iî;..". G'==42i", C—Sjô», C''=4>3°, 0' = 3-9°.
Louis Henry y a insisté de nouveau en i8iS5 (-), en faisant remarquer
que, si l'on passe d'un ternie pair à un terme impair immédiatement
supérieur, la courbe s'abaisse pour se relever ensuite de ce terme impair au
terme pair qui suit.
En 1890, M. Massol (') a l'ail la môme observation pour les monoacides
gras, pour lesquels il a donné les courbes complètes de G' à C".
En 1904, Otto Biath (') a publié un tableau d'ensemble de tes
remarques qui s'appliquent aussi à quelques amides, aux diamines pri-
maires normales et aux carbures foruiéniques du C' à C^'.
Cependant les données un peu incomplètes et soment imprécises que
nous avions sur les points de fusion des carbures forméniques de C à C*
semblaient indiquer deux portions de tourbe qui ne se raccordaient pas :
l'une, de C à C", montrait une alternance très marquée, des « dents de
scie » très nettes, avec abaissement et relèvement de la courbe; l'autre,
de C" à C^^, en prenant le nombre de Guttmann pour l'oclane, s'élevait
constamment, a\ec des dents de scie beaucoup moins accusées et sans
raccord possible avec la première. Et justement, dans cette région, le point
correspondant à G" H'" manquait.
Mais en adoptant le point de fusion rectifié pour Foclane (2i5",G abs.),
les deux portions de la courbe se raccordent parfaitement, et nous avons
pu annoncer, comme résultat de notre tracé, que le point de fusion inconnu
de riieplane devait être très voisin de 179" abs.
J'ai cherché récemment à vérifier expérimenlalenienl cette déducli(Ui en
préparant de l'heptane pur et en en déterminant le point de fusion.
J'ai obtenu sans difficulté l'heptane avec un 1res bon rendement par la
méthode (irignard. Après rectification il bouillait à -t-98'',8 sous 760™'",
et sa densité D" était de 0,7010 (au lieu de -f- 98°, j el 0,7018).
Deux déterminations très concordantes (') m'ont donné pour son point
de fusion : — 9/1", 5 et — 90°, soit en moyenne 178", 25 abs.
C) Ou plus exaclemenl' : 46'.'' abs.
(-) Coinplcs rendus, t. 100, i885, p. Go.
(') Bull. Soc. cliiin., 3' série, t. l!î. iSi)"), p. 86j.
(') Z. fur pliysikal. ('Iiciii., t. .'iO. ii)n'|, p. .',3.
{') Pour ces expériences, le mieux est d'employer un bain d'élher ordinaire anliydre
préalablement solidifié en grande partie dans l'air liquide, ce qui donne • — 113"; on
SÉANCE DU 3 JANVII'R I921. 33
Ce résultai se confond avec le nombre prévu (17;)" al)s.).
J'ajoute (|iu% tout rccriniiiPiil, M. Jean Timmernians a précisé ( ') le
point de fusion du [jropanc, que l'on no connaissait encf)re rpriniparfaite-
ment, et qui est de ■ — i7iS",8, soit SS^/^abs.
On a, dès lors, tous les points de fusion des carbures forniénicpies,
deC'àC-'.
La courbe complète vérifie bien la loi d'alternance ou des « dents de scie » ;
mais pour les premiers ternies seulement, jusqu'cTC', il y a alternativement
chute et relèvemeni de la courbe, puis de C" à C' il y a un palier; au-dessus
la courbe s'élève constamment d'un terme à l'autre, mais toujours plus
dans le passag-e d'un terme impair à un terme pair que pour les intervalles
voisins, ce cjui donne encore l'aspect caractéristique des « dents de scie ».
Je me propose de rechercher si cette loi s'applique aux séries voisines :
carbures éthyléniques ou acétyléniques par exemple. Mais pour les
éthyléniques on ne connaît encore que le premier terme, pour les acéty-
léniques deux ou trois seulement.
Les cyclanes fournissent déjà un plus grand nombre de données :
C^=l47°, C'? C' = 20^°. C'''= 2-Q°,5, C':=26l°, C*rn284",5;
malgré la fâcheuse lacune relative au cyclobutane C''H% ces nombres
suffisent pour faire prévoir une alternance aussi marquée que pour les
premiers carbures forméniques, avec abaissement et relèvement de la courbe
alternativement, les termes pairs ayant toujours un point de fusion plus
haut que leurs voisins immédiats.
On devrait conclure de ce fait que le point de fusion du cyclobutane
serait voisin de — 5o°, soit 223" abs.
J'ai essayé également une vérification avec les si/tiiics de Stock. On en
connaît quatre termes :
SiH'=:88", SiMi«= i4(,°,5, Si3H«=:i56°, Si* H'» = 179», 5,
les différences
52°. 5, 10°, 5 et 20°, 5
place ce bain clans une large éprouvelle Dewar non argentée, et l'on y introduit, dans
un petit tube à essai fermé l'heptane, soit liquide, soit solidifié; on agile la masse
d'éther en fusion comme pour une expérience crjoscopique, et l'on saisit bien l'instant
où l'heptane se solidifie ou entre en fusion. La température est donnée par un llier-
monièlre à toluène liaudin.
(') y. Chimie physique, t. 18, 1920, p. i34.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. \1% M» 1.) 3
34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sont alternalivenirnt grandes et pclilcs: la courbe monte eonstamment,
mais plus vite de Si à Si' et de Si' à Si' que de Si- à Si'. C'est la même
règle que pour la poition supérieure de la courbe dos carbures formé-
niques; on peut même prévoir, par extrapolation, un point de fusion voisin
de 190° abs. pour Si' II'- et de 2o5° abs. pour Si" H", lesquels sont encore
inconnus.
PHOTOGRAPHIE. — Sui- la reconstitution de certains détails imisihies
des tahJrait.r anciens. Note ( ' ) de M. H. Parentï.
A propos d'une Communication récente dans laquelle M. A. (Jihéron
préconise l'emploi de la radiograpbie pour reconnaître les tableaux anciens,
(voir ci-dessus p. 67) j'ai l'honneur de rappeler que le 9 juin I9i3(-) j"ai
indiqué les résultats que j'avais obtenus dans cette recherche au moyen de
la photographie. Seul d'abord, puis avec le concouis d'un photographe
radiographe M. A. Golti, j'ai réussi à allribuer un très grand nombre de
tableaux à des maîtres anciens tcjs que Rubens, Rembrandt, Van Eicke
le Titien, Andréa del Sarto, etc. et en dernier lieu Raphaid.
Ma découverte d'un Rembi-andt au musée de Calais a été sanctionnée par
une enquête officielle du Ministère des Beaux-Arls. Et dans cette même
visite, l'objectif de MM. Gates et Guillemin a fait revivre, sans aucune main-
d'œuvre et sans déplacement du tableau, les invisibles écritures d'un
Jugement de Paris allribué sans preuves à Rubens, et notamment les noms
(les personnages, les signatures : P. I'. llubens et la date : i*'' juin i('>i9.
Dans mes recherches de Lille que l'occupation et les pillages allemands
ont fâcheusement interrompues, nous avons reconnu que la photographie
directe en noir, (|ui met en jeu la transparence indéniable des couches
superficielles des tableaux est préférable à la radiographie qui utilise la
transparence de la toile subjacente et de .ses apprêts.
La photographie des couleurs n'a pas ajouté de précision supérieure aux
palimpsestes qui sont des écritures, des monogrammes dont Rembrandt
faisait gi'and usage, mais souvent des figures et même de véritables tableaux
dissimulés dans les fonds etqu'u-nc opération bien conduite fait apparaître
(') Séance (lu .- dérejnljre ig.'.o.
( - ) II. I'ahkmv. Sur lu recoiislUitlion par clkln' pliotographique de certains
dtitails invisibles des lahleaux anciens [Comptes rendus, t. I.ÏC), igiS, p. 1878).
SÉANCE DU 3 JANYll'.R 1921. 35
avec un fini comparable h celui du sujet principal. Une malencontreuse
bombe a détruit, dans le laboratoire de M. Ciolli, une grande partie de mes
clicliés dont je n'ai conservé que les plaques de projection fort l'cduilcs de
plusieurs conférences faites à Lille avant la guerre.
Sur les tableaux que j'ai réussi à attribuer, je citerai comme exemples de
sujets recouverts par les fonds : 1° un Chrisl. à la Madeleine de Rubens dont
le paysage dissimule des scènes bibliques fort délicatement étudiées; 2" un
portrait (T'iso) de Léonard de Vinci, peint par Rapbaël, dont le fond
recouvre de nombreux R. S. et V. L., enfin des médaillons sur lesquels j'ai
pu reconnaître le Christ et Saint-Pierre. Les noms Raffaello Sanzio et
Leonardo da Vinci suivent correctement les lignes du dessin et se lisent sur
les arcades sourcillières, dans les yeux, sur les narines et les lèvres et enfin
dans la barbe du portrait. La date est i5i5. Pour obtenir ces palimpsestes,
il convient dans le tirage du positif de sacrifier les figures principales et de
tirer les fonds à part en très clair.
En résumé, je rappelle ici la priorité scientifique de mon invention
de 1913, que j'ai divulguée avec le plus grand désintéressement.
BOTANIQUE. — Les aberi-alions de la symétrie florale.
Note(')de M. Paul Yuii.i.emix.
La fleur peut être symétrique quand ses appendices, en nombre défini,
se groupent en verlicilles. La symétrie de la fleur comporte un certain
degré d'approximation. On convieni de faire abstraction des dissemblances
résultant de-l'apparition successive des membres homologues et des inéga-
lités de développement qui les amènent à se recouvrir ou qui altèrent
faiblement leur symétrie propre. Les limites de celle tolérance ne sont
édictées par aucun règlement ; c'est afl'aire de tact. Toutefois, il n'est pas
permis de faire abstraction des différences morphologiques, quelles que soient
l'analogie superficielle, la similitude apparente des pièces hélérologues.
Ces conventions admises, nous excluons les fleurs évidemment asymé-
triques, qu'elles soient indéfinies quant à la quantité ou la qualité de leurs
membres, ou spiromorp/ies, c'est-à-dire formées d'appendices insérés sur
une spire à tours lâches; puis nous divisons les fleurs symétriques, selon
qu'elles ont un ou plusieurs plans de symétrie, en fleurs zygomorphes et
fleurs aclinomorphes.
(') Séance du 27 décembre 1920.
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces types ne sent pas immuables. La Tératologie enregistre une foule de
dérogations. Je nommerai si'iuomoiumiosk la substitution de fleurs spiro-
morphes aux Heurs symétriques, actiinomoui'IIOSe la substitution de fleurs
actinomorphes à des fleurs zygomorphes ou asymétriques, zYr.oMORPiiosE la
substitution de fleurs zygomorpbes à des fleurs asymétriques ou actino-
morpbes.
La spiromorphose a élé signalée par Morren sous le nom de speiranlliie,
qui convient aussi bien à la spiromorpbie normale.
L'aolinomorphose est souvent décrite sous le nom de pélorie; mais si
toute actinomorphose est une pélorie, la réciproque n'est pas vraie; la
i-égularisalion est limitée aux enveloppes florales dans la pélorieclassique
de Linné; l'actinomorplioseestimpossible tantque les nombres de membres
des cycles sont premiers entre eux.
La zygomorphose n'a pas retenu Tatlention. Les faits qui s'y raltaclient
sont mentionnés incidemment et épars dans la littérature. 11 importe de les
grouper dans un Chapitre spécial de la Tératologie. Les fleurs atteintes de
zygomorphose difl'èrent entre elles par la nature et l'origine de l'anomalie.
D'ai'Uks sa NAITRE, la zygomorphose, comme la zygomorphie normale, est
Dièdlune. oblique ou transversale. La première se confond avec la symétrie
bilatérale.
Les appendices floraux sont modifiés dans leur configuration, leur
position, leur nombre.
La fixité normale des nombres définis est inscrite sui' le dingramme de la
fleur. On distingue le diagramme empirique et le diagramme théorique.
Le premier est construit d'après les données réelles; le second est le même,
complété éventuellement par l'indication de membres dont la place est
prévue par les règles phyllotaxiques et que l'on suppose avortés ou latents.
Le diagramme empirique est complet s'il ne diffère pas du diagramme
théorique, incomplet s'il renferme moins de membres que le second. Dans
le premier cas, la fixité normale ne peut être altérée que par avortement ou
par addition de pièces supplcnwnlaircs . Dans le second, le réveil insolite des
membres latents ajoute des membres complémenKiires qui restreignent ou
effacent la différence entre le nombre empirique et le nombre tbéori(jue.
Dans (piantité d'espèces, la configuration et le nombre, au lieu d'être
' fixes, oscillent habituellement dans certaines limites. 11 importe de sé[)arer
V oscillai ion normale delà déformation et de l'augmentation ou de la dimi-
nution exceptionnelles.
D'ai'Iu'cs son 5ioi)E i>e l'iiODi'CTioN, la zygomorphose est exogène ou endo-
SÉANCE DU 3 JANVIER I92I. 3;
gène. Dans le premier cas, la déformation est limitée aux pièces prévues
dans une fleur complète; dans le second, elle frappe simultanément plusieuis
fleurs confondues en une seule (svnant/iie) ou assez rapprochées pour
s'influencer réciproquement (parasyiiantliic)-^ elle peut même s'étendre à
des portions de l'appareil végétatif envahissant les fleurs. Bien que les
modifications morphologiques les mieux localisées soient la traduction
visible de troubles nutritifs dont l'étendue nous échappe, nous nous
renfermerons dans la limite des données objectives on plaçant la cause
prochaine de la zygomorphose, soit dans la fleur elle-même, soit au delà.
C'est sous la réserve de cette convention qu'il faut entendre les termes de
ZYGOMORPHOSE ENDOGÈNE et de ZYGOMORPHOSE EXOGÈNE.
Pour fixer les idées, je choisirai des exemples de chaque section parmi
quelques centaines d'anon)alies observées sur le Tropœohirn majus.
La conliguralion, la position, le nombre des appendices sont définis dans la (leur de
Capucine. La fleur normale est asymétrique. L'actinomorpliie est empêchée par les
caractères imprimés par l'appareil sécréteur à la lèvre postérieure. La zygomorpliie
est troublée au début du développement par la déviation du sépale antérieur. Ce
sépale Sg, le troisième du cycle interne du calice, s'écarte de la médiane vers la droite
dans les fleurs dextres, vers la gauche dans les fleurs sénestres; il se fusionne avec le
dernier sépale du cycle externe S3 et forme avec lui une pièce mixte, plus herbacée
dans la moitié externe que dans la moitié interne. Les deux pièces antérieures du
calice ne peuvent être symétriques, l'une S, gardant le type externe, l'autre 83+,;
ayant un type mixte.
Les carpelles, superposés aux sépales externes, s^nt déviés dans le même sens, ainsi
que les étamines, dont les trois premières répondent aux sépales internes. Une fleur
séneslre ressemble à l'image d'une fleur dextre dans un miroir placé latéralement. Ni
l'une ni l'autre n'a de symétrie propre,
La cause initiale d'asymétrie, provenarht de la concrescence d'un sépale externe avec
un sépale interne, sera supprimée: i^si la pièce mixte Sj+g disparaît; 'î° si le sépale S,;
s'aflVanchit du sépale S3. Les deux alternatives se réalisent et entraînent la zygomouimiose
ENDOGÈNE.
1° Dans l'observation 228, l'ordre de déhiscence des étamines indique une fleur
dextre. Le pétale antérieur a di«>paru; il reste un seul sépale antérieur S,; la troisième
étamine épisépale est avortée comme Sj, le troisième carpelle comme S3; les deux
carpelles sont médians comme l'unique étamine antérieure survivant à l'avortement du
pétale. Parfaitement zygomorphe, la fleur 228 est d'ailleurs normale. La fleur 11.5 n'en
difl'ère que par la bifurcation de l'éperon, la persistance des deux étamines antérieures
et des trois carpelles, dont la suture antérieure est exactement médiane.
2° Dans les observations 323, 316, 223, le sépale médian S5 est dégagé de S3 symé-
trique à S,. Le pétale médian est dissocié en deux pièces symétriques P, et V^ accom-
pagnées chacune d'une étamine E;, Eg sans préjudice de E3 médiane comme Se. La
suture antérieure du pistil n'est nullement déviée. La zygomorphose médiane n'est
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tioiiblée que par des modificalions accessoires : petit éperon seiui-iiivaginé sur le
pétale latéral droit (323), concrescence du même pétale avec son élamine (31C),
pétale antérieur gauche filiforme (223). Dans celte dernière fleur, ainsi qu'il arrive
fréquemment en cas de dilatation de la lèvre antérieure, les pétales postérieurs sont
fusionnés en une pièce médiane; il en est de même des étamines correspondantes.
La ZYGOMORPiiosE EVOGÈNE résulte de la fusion de deux rudiments dans les exemples
suivants :
Dans l'observation 277, la lèvre postérieure est normale; seulement les deux éta-
mines postérieures sont les premières épipétales H., Ej; les pétales correspondants
ont donc la valeur de Po, l'un dextre, l'autre sénestre. Le pistil se compose de quatre
ciirpelies orthogonaux; les transversaux sont C^ dextre et C3 sénestre. La lèvre anté-
rieure n'a que deux pétales symétriques a^ec les deux dernières étamines et un sépale
médian Si. Malgré l'absence de Sj et de l'élamine correspondante, il existe trois éta-
mines épisépales ; les deux premières sont conformes au diagramme dextre; E,, placée
à gauche en avant de Ej, provient d'une composante sénestre. L'écartenieut de ces
deux pièces est le seul obstacle à la zvgomorphie.
Dans l'observation 337, les sépales externes médians sont communs aux deu\ Heurs
conlluentes. Les vestiges symétriques de deux S3 se reconnaissent à la virescence du
bord antérieur des sépales internes de la lèvre postérieure. Le sépale S,-, est médian,
superposé à S,, entièrement libre. Sa largeur et la bifurcation de l'élamine médiane E^
attestent sa double origine. La même dualité se manifeste dans l'éperon muni d'une
cloison médiane prolongée par un petit pétale concrescenl à son étamine Pj-t-Es
commun aux deux composantes. Les pétales voisins représentent Pj comme dans la
synanthie précédente. L'étamine qui fait pendant à E3 gauche est concrescente à E^.
Les étamines Eg, E, répondent aux pétales latéraux, dont le gauche est avorté. Le
pistil tricarpe a la cloison antérieure exactement médiane.
La zygoraorphose est parfaite dans l'observation 162. La fleur dilïère de 277 par
l'absence de l'étamine perturbatrice E,. C, a la même position; mais les carpelles
transversaux sont confondus avec le postérieur en une loge médiane surmontée de
deux stigmates symétriques.
La Heur de l'observation 22 s'en dislini;ue par l'avortemenl. du sépale et du carpelle
postérieuis, la fusion des pétales postérieurs, la séparation des carpelles transversaux
dans la portion ovarienne comme dans la portion stigmatique. On croirait le pistil
retourné.
Le pistil a la même apparence dans l'obserN alion 3(). De plus, la lè\ re posléiieure
est réduite à un sépale inteine médian comme l'étamine correspondante, la lèvre anlé-
l'ieure à un sépale externe médian et à une pièce superposée où l'on distingue dans
chaque moitié le rudiment d'un pétale et d'une élamine, P, de chaque composante.
Les deux pétales bien dé\eloppés avec leurs étamines sont exactement transversaux.
La fleui' de l'obserx ation 33 est presque identique, seulement elle a (|ualre carj)elles
diagonaux, l'antérieur gauche un peu difiTorme.
La Heur de l'observation 6 a quatre élamines et quatre sépales orthogonaux, quatre
étamines entre quatre pétales et quatre carpelles diagonaux. Les pétales postérieurs
Mont munis chacun d'un é|)eron dUlinct. Sa zygomorpho>e est parfaite.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 3g
S. A. s. le prince Albkrt de Monaco fait hommage à rAcarloniie des
fascicules LVH et LVIII des nésiilttils 4(es campagnes srienliliijues arcomjdics
sur son yacht : Lanes dWcliniiiin-s, par Cii. Graviku; Elude t/Wna/oDiie
cof/iparéc sur les Poissons, par Josr.i'ii Nusi!ai;m-Hii.aiu)\vicz.
PLIS CACHETES.
M . Ji'i,ES Cesario demande roiiveiture d'un pli caciiclé reru dans la
séance du 22 juillet 191H et inscrit sous le n° 8557.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient un Mémoire
ntitulé : Heclierches sur le roi {'n général cl ses applications à raviation.
.([Renvoi à l'examen de M. A. Râteau.)
CORRE SPOND AXCE .
M. le Secrétaike perpétuel signale parmi les pièces de la Correspon-
dance :
1° Un Mémoire descriptif (dactylographie) déposé à l'appui d'une
demande de brevet d'invention en France et en Angleterre pour procédé
et installations pour Futilisalion électromécanique des marées, formée par
Andué Defour. (Présenté par M. G. Bigourdan.)
2° Note sur la purification et l'amélioration des colons égyptiens, par
M. Victor M. Moséri. (Présenté par M. H. Lecomte.)
3" Deux caries géologiques dressées par F.-L. PEitrinA de Sous\ : Esboi^o
geologico da parte occidental do Norlc de Angola, I()i6, el Esboço gcologico
da parle occidental do Sul d'A ngola, 1 9 1 5 .
MM. CoBLENTz et Lagrula adressent des remercîments pour les distinc-
tions que l'Académie a accordées à leurs travaux.
M. J. JoLLY adresse des remercîments pour la subvention qui lui a été
accordée sur la fondation Loulreuil.
4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Su7- cerlaïnes équations diJjl'érr/itirUes
linéaires complètement intégrahles. Note de M. Axgelesco, pré-
sentée par M. Appell.
1. LeiMME. — PC'^") ^' Q(^') ^'''?"' (leur polynômes quelconques m x
respectivement du degré p et du degré </, p > q, r expression
r '^'/ ir., /^'P '/''"''v*
/ — 0
, ^„ /7i(//? — i). . .(m — « + i) , , ,
o<< L = est un polynôme du degré n — q.
"' l .1. . .11 ■' O 1 1
Pour^ = I. la proposition est évidente. Supposons ce lemme vrai pour Q
un polynôme quelconque du degré q\ nous allons montrer qu'il lest aussi
pour Q un polynôme du degré </ + i. Considérons pour cela l'expression
d\i
ct.v
(2) (/j-7)E~(.r-o:)-
où a est une constante arbitraire, expression qui est, d'après nos hypo-
thèses, un polynôme du degré p — q — i. Si nous ordonnons l'expres-
sion (2) d'après les dérivées successives de P, le coefficient de (— i)'-/-?
sera
En tenant compte que
on voit facilement que ce coefficient (3) peut s'écrire
cr
<r/x'/+'-
De sorte que l'expression (2), qui est un polynôme de degré/; — (7 + i)-
se met précisément sous la forme (i). où q est remplacé par y -(- i et Q
par (x — ».)().
2. Nous allons nous servir de ce lemme pour former et intégrer une
classe d'équations dilTérenlielles linéaires.
Supposons que l'équalion Q(.r)=^o a loutes ses racines distinctes et soient
a,, a^, ..., a^ ces racini's. Si dans l'expression lî nous faisons P = (.r — a,)'',
a, étant une quelconque de ces racines, on voit que chaque terme de celte
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 4l
somme est divisible par ( ;r — 'J-,)''"''' ' ; mais d'après notre lemme, l'expres-
sion M est un polynôme du degré /j — q, il résulte, dans ce cas, que V. doit
être idenliquemenl nulle. Donc l'équation diiïérentielle linéaire
a pour intégrale parliculière ( r — 7.,)''. Par suile son intégrale générale
sera
y = C,(.r- a,)/'+ C-(.î^ - «2)" + . • • + C,,(.p - a,,)".
Cas (les racint's égnh's. — Ce cas se traite immédialemcnt, soit par la
méthode de d'Alembert, soit à l'aide de notre lemme.
Supposons, en effet, que x, soit racine double de Q(^) = o. Alors si nous
remplaçons dans E, P par (C.r -h C) (o^ — a,)''-', C et C étant deux
constantes arbitraires, cette expression est encore identiquement nulle. Par
suite, les deux intégrales particulières de l'équation (/|) correspondant à
la racine double a,-, sont x(x ~ x,)''"' et {x — o^,)''~', ou bien (a; — a,)'' et
(.r — y./)'' '. Si 3c, était une racine multiple d'ordre s, les s inlégrales parti-
culièr.is correspondantes sont {x — 7./)'', {x — •x,)''-"', ..., {x — dc,- )''"*"*"' .
Extension. — Dans l'équation (4) nous avons supposé jusqu'à présent
p entier; cette restriction n'est pas nécessaire : p peut être une quantité qiu-1-
co/ique. Carie premier membre de (4) devient, en remplaçant_/par (.r — a,)'',
un polynôme du degré q en p qui est nul pour toutes les valeurs entières
de p supérieures à q. Ce polynôme doit donc être identiquement nul.
Cas limite. — Soit
Q(.r) = A^/.rî-i- A,,_, j"/-' + . . . + „.
Si nous faisons dans l'équation différentielle (4) le changement r =: — -
et si, après avoir divisé par/»'', nous faisons croître /> indéfiniment, l'équa-
tion (4) se réduit à l'équation différentielle à coefficients constants
. d'iy di-'y .
Nous retrouvons l'intégrale générale de cette équation en écrivant l'inté-
grale générale de léquation (4) sous la forme
■= G, I + -^ 4_ C', I + -^ + . . . + C, . +
et en faisant croître p indéfiniment.
I\1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE. — Sur les chocs dans les (■n^reri<ii:;cs de cliangenienl de vitesse
des automobiles. iNole (') de M. A. Petot, présentée par M. Appell.
I. Avant d'aborder le problème du choc dans les trains d'engrenages,
tel qu'il se pose praticjuenient pour l'automobile, il y a lieu de considérer
le cas schématique de deux engrenages isolés. O et O'. Soient a, a' les
rayons de leurs circonférences primitives; I et l' leurs moments d'inertie;
w, c. Cl)', c' leurs vitesses angulaires et linéaires à l'instant de la mise en
prise, avec r> t''; u la vitesse linéaire commune après le choc; ûî et ra' les
deux percussions égales et de sens contraires, exercées par O' sur O et
par O sur O; et — A(v la perte totale de force vive. Nous avons négligé
le frottement dans une première approximation, ce qui revient à admettre
que la ligne d'action des deux percussions ro et cï' passe par le point de
contact C des circonférences primitives; nous désignerons par a l'angle de
cette ligne avec la tangente commune en C à ces deux circonférences.
Si l'on pose
(i) 1 = ma'^, l'= m' a"^,
en désignant par m et m' des masses convenables, on trouve
, , mv H- m' r'
(2) u = —,
m -+- m
' inm'{\-— y) 1
(01 ra ^ ■ — )
m -h m cos5<
, min'{v — v'Y
expressions presque identiques à celles obtenues dans le cas du choc direct
de deux sphères de masses m et «i, complètement dépourvues d'élasticité.
Par exemple, avec les engrenages à développantes de cercle, qui sont les
seuls employés dans les boîtes de vitesses, on a d'ordinaire a = i5°,.et, par
suite, — — = i,o3'). valeur très voisine de l'unité.
2. De là il est facile de passer à l'élude des chocs qui se produisent dans
les trains d'engrenages; les raisonnements sont les mêmes et les calculs à
peine plus compli(iués. Supposons, pour fixer les idées, que l'arbre O porte
un deuxième engrenage O,, en prise au point C, avec un autre Oj, et. de
C) Séance du 27 décembre 1920.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 43
int'ine ([ue l'aibic ()' porie un deuxième engrenage O,. en prise au
point C'i avec un autre O., ; tous ces engrenages étant à développantes avec
la même valeur de l'angle a. Deux cas sont à considérer, suivant que les
percussions modifient ou non le sens des contacts; nous commencerons par
ce dernier. 11 en est ainsi, par exemple, quand O, est conduit par 0._, et
que O', conduit G',.
Conservons pour O el O' les notations précédentes, et désignons par /;,
c, // et f' les rayons des circonférences primitives des engrenages O,, O^,
0|, O',, et par J et .1' les moments d'inertie de Oo el de O!,. Si l'on pose
(5)
1 = ma-.
(<i)
V z=. m'a''
on trouve
(7)
(8)
(9)
J = iii.,c', M = m
M r + M' c'
M 4- M'
M M' (<■ — (■')
A(r = -
M + M' cosa
MM'(i'— r'i-
M + M' '
comme dans le cas simple de deux engrenages isolés.
Ces conclusions doivent être complètement modifiées quand les percus-
sions changent l'ordre des contacts; nous allons le montrer sur un exemple.
Supposons que O, conduise O^ et (|ue O', soit conduit par ()... 11 se produit
alors à l'instant du choc de ( ) contre ( )' deux changements de contact, l'un
en C| entre <), et i)^? et l'autre en (1\ entre (_), el ()',, en sorte que les
engrenages O^ et ( >'j n'interviennent pas dans ce premier choc, mais seule-
ment dans d'autres, qui ont lieu presque immédiatement après, à la reprise
du contact. On a ainsi dans ce cas, au lieu d'un seul choc, nécessairement
assez violent, parce qu'il met enjeu les masses totales des deux trains, une
suite de chocs moins im[)ortants, se succédant à des instants exti'êmemenl
rapprochés. Les considérations précédentes permettent d'étudier successi-
vement tous ces chocs partiels dans l'ordre où ils se produisent.
3. Enfin, pour donner un exemple, sous forme concrète, des problèmes
de choc qui se posent à propos de la manœuvre du changement de vitesse,
nous supposerons que l'on passe de la première vitesse à la seconde. On
sait que l'on débraye à fond, de manière à mettre en jeu le frein d'em-
brayage, dont l'effet s'ajoute à ceux du frottement de la fourchette de
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
débrayage; il en résulte que l'arbre inlcnnédiaire tend à se ralentir moins
vite que le primaire.
On peut alors, pour étudier lecbocqui se produit au passage des vitesses,
utiliser les résultats obtenus plus haut, en faisant jouer aux arbres inter-
médiaire et secondaire les rôles respectifs des arbres O et O'. C'est d'ail-
leurs ici l'engrenage O, qui conduit O2, en sorte que l'arbre primaire
n'intervient pas dans le choc principal, mais seulement dans les suivants,
ce qui est avantageux. Cela suppose que la vitesse linéaire de O n'ait pas
été abaissée au-dessous de celle de O', aussi ne doit-on user qu'avec pré-
caution du frein d'embrayage.
Pour ce qui est du choc du pignon conique sur la couronne du diffé-
rentiel, il paraît plausible, à cause de la grande longueur de l'arbre secon-
daire, d'admettre qu'il se produit avec un certain relard, et que, par suite,
le choc principal intéresse seulement l'arbre intermédiaire et l'arbre secon-
daire, les autres n'en recevant ensuite, par contre-coup, que des réactions
très atténuées. Ces questions seront traitées avec plus de détails dans le
troisième volume, actuellement à l'impression, de mes recherches sur la
Dynamique de l'automobile.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Ail sujet de hi détermination (V un crilérc (le fatigue
'générale des moteurs à combustion interne. Note (') de M, Ditmanois,
présentée par M. Bertin.
Le moteur Diesel, par son rendement économique élevé, la possibilité de
brûler des combustibles liquides peu volatils, par conséquent peu coûteux
et peu dangereux, présente un intérêt industriel considérable.
C'est le moteur idéal des sous-marins el des cargos. A puissance égale,
et par rapport à une installation de machine à vapeur et chaudière à combus-
tible liquide, il permet une économie de 3o à 65 ])our 100 de combustible,
une diminution d'encombrement de 3o à 5o pour 100 el l'économie de
toute la main-d'œuvre du personnel de chaufle. A un autre point de vue,
c'est également le moteur indiqué de toutes les installations électricpies de
secours, car il permet la possibilité d'une mise en route immédiate à air
comprimé.
Par contre, la réalisation d'un tel moteur présente des difficultés spéciales
(') Séance du 27 décembre 1920.
SÉANCE DU â .lANVIER I921. 45
résiillanldes teinpc'Taluies élevées auxquelles sont soumises certaines pièces :
soupapes, culasses, fonds de piston, en conlact avec les gaz enllammés.
Alors que dans la machine à vapeur il suffit de calculer les pièces en tenant
compte des efforts mécaniques faciles à déterminer, un tel procédé est
insuffisant pour les moteurs à combustion interne, et particulièrement les
moteurs Diesel. C'est la difficulté d'évaluer a priori la fatigue résultant des
phénomènes thermiques qui a été cause de tant de déboires dans la réali-
sation de ces moteurs, et particulièrement des moteurs très poussés destinés
aux sous-marins.
C'est dans le but de combler cette lacune que nous avons été conduit à
la recherche et à la détermination d'un critère de fatigue générale. On peut
considérer que les phénomènes thermiques sont concrétisés par la tempéra-
turc de la paroi interne, car lorsque la température de cette paroi s'élève,
la température des points localement les plus chaufTés s'élève corrélative-
ment, ce qui en accélère la destruction, et l'on conçoit que, dans ces condi-
tions, l'étude de la variation de température de la paroi interne puisse
donner un renseignement utile sur l'endurance et par conséquent la fatigue
du moteur. Ceci posé, en étudiant le refroidissement des cylindres de mo-
teurs, dans les différents cas possibles, nous avons été conduits à exprimer
les variations de température de la paroi interne et à déduii-e la valeur du
coefficient de fatigue générale *I> sous la forme
p étant l'ordonnée moyenne du diagramme, N lenombre de tours par minute, e l'épais-
seur de la paroi.
Comme la puissance F a pour valeur
F — KnD^CNp,
K étant une constante, D l'alésage, C la course, n le nombre de cylindres,
on déduit
4» =
K«D^C
Ce coefficient est susceptible de diverses simplifications, suivant les cas
envisagés; il s'applique aux différents types de moteurs thermiques.
En tout état de cause, ce coefficient permet de concrétiser la fatigue
thermique en fonction uniquement des caractéristiques géométriques et
mécaniques de la machine : course, alésage, nombre de tours, nombre de
46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cylindres, puissance. C'est h'i l'intérêt fondamental d'un tel coefficient
puisqu'il doit permettre a priori, avanl construction, d'éliminer, par
comparaison avec les moteurs antérieurement construits, les conceptions
vouées à l'insuccès et d'économiser ainsi les pertes de temps, d'argent et
de confiance qui en résulteraient et qui se sont mallieureusement produites
trop souvent.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Compresseur à membrane . Note(')
de M. II. CoRBLix. présentée par M. M. Leblanc.
Les compresseurs à membrane offrent un certain nombre d'avantages qui
sont principalement :
La suppression du graissage : les gaz sont comprimés à l'abri de tout
lubrifiant, ce qui évite les encrassements de clapets, de robinets, etc., rend
inutiles les purgeurs et séparateurs d'buile, permet de comprimer des gaz
attaquant'les lubrifiants et d'obtenir tous les gaz sous pression à l'étal de
pureté;
La possibilité de comprimer des gaz attaquant les garnitures et les métaux
employés d'ordinaire dans la construction des compresseurs; le choix des
meilleures matières pour le plateau inférieur et pour la membrane étant
beaucoup plus facile (on peut à cet effet superposer plusieurs membranes
dont une inattaquable);
La suppression' des inconvénients des presse-étoupes et des garnitures de
piston et, par suite, des fuiles, des frottements exagérés el de l'écbauffement
qui en résulte : le piston de la pompe de l'appareil dont il est question ici
travaille dans l'eau et ses fuiles sont récupérées;
11 n'y a plus aucune perte de gaz du fait du compresseur dans les cycles
fermés des machines frigorifiques à compression.
Jusqu'à présent ces compresseurs à membrane n'ont pas été employés
avec succès tant à cause des mauvaises dispositions adoptées pour la com-
mande de la membrane, que des difficultés, qui se présentent dans la
levée de celle-ci de la surface des plateaux limitant sa course el dans son
application sur ces plateaux.
L'appareil que nous avons construit donne des résultais pratiques satis-
faisants.
La figure représente une coupe verticale schématique de l'ensemble.
(') Séanco du f.' déceinijie 1920.
SÉANCE DU 3 JAWIER 1921. ^7
La meinbiaiio A, serrée eiilie deux |)lalcaiix B el C, laissant entre eux
une cavité en forme de deux troncs de cônes à angle très ouvert cl ayant
nicine base, oscille en allant s'appliquer successivement sur ces deux |)!a-
teaux, grâce à une pompe hydraulique D, refoulant ou aspirant un licpiide
à travers les trous du plateau supérieur.
Compresseiii- à iiieinlirane : coupi^ verticale scheinalique.
C'est en somme un compresseur à piston liquide, la membrane ne servant
qu'à limiter ce liquide.
La pompe est munie d'une soupa[)e E et d'un reniflard F qui ne devraient
s'ouvrir ni l'un ni l'autre s'il n'y avait aucune fuite, mais qui sont des
organes de sécurité. Un réglage de course facile et précis est disposé sur le
vilebrequin et permet de réduire au minimum le jeu de ces organes.
Avec le compresseur à membrane en fonctionnement on [)eut monter en
48 ACADÉMIE DES SCIENCES,
une seule |)hase de la pression atmospliériquc à une pression de plus de
loo'^s j)ar centimètre carré.
La compression est voisine de la compression isolliermique : le gaz est
comprimé en lame mince animée d'une grande vitesse, entre une masse
métallique et une membrane également métallique de l'autre côté de
lacjuelle se trouve un liquide animé lui aussi d'une grande vitesse. De là,
réduction de force motrice et économie dans les systèmes réfrigérants qui
suivent généralement les compresseurs.
Il est possible de faire tourner ce compresseur à membrane à des vitesses
très diverses.
On peut aussi envisager l'obtention de très bautes pressions avec un
assemblage des plateaux et de la membrane suffisamment résistant.
•ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon, pendant le troisième trimestre de 1920. Note de
M. J. Guillaume, présentée par M. 13. Baillaud.
Il y a eu 88 jours d'observation dans ce trimestre ( ') et voici les prin-
cipaux faits qu'on en déduit :
Taches. — Malgré un Jiombie de groupes de laclies moindre (3i au lieu de 'nj),
Taire totale enregistrée est plus grande que précédemment (-) (3468 millionièmes au
lieu de 2o83); cet accroissemenl de la surface lacliée est dû à des formations plus
importantes, en septembie, que dansles mois précédents. La naissance du plus remar-
quable de ces groupes a mis lin à l'absence de lâche constatée le 28 aoùl ; son dévelop-
pement rapide l'a rendu visible à l'œit nu dès le 2 septembre, et la durée de sa
dispaiition, en contournant le limbe occidental, a été de plus d'un jour, les 8
et 9 septembre {'').
Dans la répartition des groupes, on remarque 1 i;roupe en jilus au sud de l'équateur
(18 au lieu de 17), et 16 en moins au nord (16 au lieu de 82).
La latitude moyenne de l'ensemble s'équilibre à égale distance de l'équateur. mais
a augmenté, avec — i2°,5 et -4- r',",5 au lieu de — 10°, o et + io°,7.
Au cours des observations dans ce trimestre, on a noté cinq jours sans tache.
Régions d'activité. — Les facules enregistrées sont en décroissance : on a, en elTet,
i3o groupes au lieu de i52 el i 1 '1,7 millièmes au lieu de 120,. "i-
(') Avec l'aide de M"- Gmii lor.
(') \o\r Comptes rendus, t. 171, iij'.o, p. \\>.a.
(^) La persistance de ce groupe s'est nianifestée diins les i\ii»\ rolalions solaires
suivantes.
SÉANCE nu 3 JANVIER 1921. 49
La diminution se ra|)|)orte toute à l'héniisphère austral avec 28 groupes en moins,
soit 60 au lieu de 83, et l'on a i groupe en plus dans l'autre hémisphère avec le nombre
de 70 au lieu de 69.
Ta
BI.KAU I.
— Tacf
IM.
Dalel
.Nombrs
l'usa
Lalitutleft ui
uvtniius.
Surfaces
Dates
Nombre
Pass.
Latitudes
moyennes.
Surfaces
extrtmes
d'obier-
au mer.
— -
^^^^ —
Dioyennt^s
extrêmes
d'obser
au mer.
' ^
- ■■ — ■
moyenne
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TBtlons.
J
central,
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t-)'iO. — 0,
N.
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talions.
central.
Août
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2
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10
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99
(1-7
2-7
2
4
3,3
6,1
-h 12
-t-i3
i5
10
76 j
,6
— 12°
3 +14°
Tableau II. — Distribuiion des taches en latitude.
Juillet
Août
Septembre.
Totaux..
90'. kO°. 30". 20*.
.Nord.
10*. 20*. 30'.
» 5
I J
3 i3
Surfaces
ToUui
totales
Dentuelt.
réduites.
'4
982
9
36i
1 I
2123
3468
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
0'. 10*. 20*. 30°. ko*. 90°.
5 10 6 » »
5 16 3 I »
5 12 6 » i
i5 38 i3 I I
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 172. N° 1.
5o
42
38
i3o
4
Surfaces
totales
réduiies.
46,1
32,8
35,8
'■4,7
5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
NAViGAiio.x. — Sur le guidage des navires à l'entrée des ports et chenaux
par un câble électricpie immergé. Note (') de MM. L.-A. Herdt et R.-B.
Owens, transmise par M. A. Blondel.
Au cours de la dernière guerre, des expériences, et même des instal-
lations, ont été exécutées dans dilTérents pays pour le guidage des navires
à l'entrée des ports et chenaux à Taide d'un câble immergé, parcouru par
des courants alternatifs.
On nous permettra de rappeler, à cette occasion, que celle méthode
a été imaginée par nous en collaboration, il y a de longues années, et a fait
l'objet de notre part de différentes publications et d'expériences publiques.
Notre système avait été pris en considération par le Ministre de la
Marine canadienne, l'honorable M. Raymond Fréfontaine, à Ottawa, qui
fit voter, en igoS, une somme de 6000 dollars pour faire des expériences
officielles à Sorel, sur le fleuve Saint-Laurent. Ces expériences furent entre-
prises en mai-juin 1904, puis exécutées en présence du Ministre et des
autorités navales canadiennes en juillet 1904 et les journaux en ont rendu
compte.
iVotre système consistait essentiellement dans les parties suivantes : un-
câble électrique est immergé et placé sur le lil du fleuve au centre du
chenal; il reçoit d'une distribution un courant électrique alternatif de
5o périodes, faisant retour par l'eau du fleuve. Le courant agit par induc-
tion sur un système détecteur formé de deux cadres en bois d'environ
3 pieds carrés, portant environ 1000 tours de fil de cuivre très fin; les
bobines sont reliées chacune à un récepteur téléphonique.
Un des cadres pivote autour d'un axe horizontal et l'autre autour d'un
axe vertical; le premier indique le déplacement à droite ou à gauche des
navires par rapport au centre du chenal; le second est utilisé pour indiquer
les courbes du chenal. L'opérateur qui manœuvre les cadres les place de
façon à n'entendre aucun son et il estime la position du navire par rapport
aux cadres d'après l'angle que forme le premier cadre avec le plan hori-
zontal (un indicateur placé dans la chambre du pilote lui indi(juait direc-
tement la position exacte du navire).
Les expériences, qui devaient être continuées avec un remorqueur à
coque d'acier, furent interrompues par la mort de M. Préfontaine. Nous
(') Séance du •>.- ilécembre igao.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 5l
avons comiiiiiiii([ué d'ailleurs les résultats qui précèdent et un échantillon
du câble, le 2 mars 1908, à M. Blondel, à la suite d'une lettre qu'il nous
avait adressée le 21 janvier 1908, nous signalant que ce système pourrait
peut-être trouver une application en France dans un chenal à aménager en
mer sur une distance de So""".
Il ne fut pas donné suite à ce moment à ce projet à cause des frais élevés
qu'entraînait l'installation du système en comparaison d'autres procédés
qui pouvaient alors suffire en temps de paix. Mais la guerre a montré tout
l'intérêt de notre méthode et il est à supposer que les applications en
deviendront nombreuses dans l'avenir; c'est pourquoi il nous parait
opportun d'en rappeler aujourd'hui l'origine.
Il est bien évident, d'autre part, que la méthode peut être susceptible de
nondjreuses modifications et de perfectionnements ('); en particulier,
l'invention des audions, qui sont employés maintenant dans tous les appa-
reils de réception pour en augmenter la sensibilité, trouve une application
toute naturelle avec nos câbles récepteurs. On peut également, comme
l'ont fait différents expérimentateurs pendant la guerre, augmenter la fré-
quence du courant pour donner au son. du téléphone une note plus musi-
cale. Si nous avons employé du courant à 5o périodes, c'est parce que
c'était le seul que nous avions alors à notre disposition.
PHYSIQUE MAïHÉiMATlQUE. — Potentiels Scalaire el i^ecteur dus ail mouvement
^de charges électriques. Note de M. Liënard, présentée par M. L.
Lecornu.
Le professeur Anderson a exposé récemment dans le Philosophical Maga-
zine {& série, vol. 40, août 1920, p. 228) une méthode pour déterminer les
potentiels scalaire et vecteur dus au mouvement de charges électriques.
Cette méthode le conduit, pour le potentiel scalaire d'une charge e animée
(') M. Blondel nous a fait d'ailleurs savoir récemment que MM. Audouard el Fioch
ont complété le système à cadres mobiles placés suivant l'axe du navire par l'addi-
tion de deux cadres auxiliaires fixes placés à bâbord et à tribord en dehors du navire,
et qu'ils ont procédé à une élude beaucoup plus complète que nous avions pu le faire
du champ électromagnétique produit jjar le câble immergé. Mais cela ne modilie pas,
croyons-nous, le principe même de la méthode qui repose sur le repérage au moyen
de cadres détecteurs influencés par les courants électromagnétiques d'un câble élec-
trique immergé au tond de la mer ou d'un fleuve.
47: , ^^ c -1- (/
,.(,
u.\
" " f — a
c)
,1
e
52 ACADÉMIE DES SCIENCES
d'une vitesse «, à l'expression
II
2-
(0
au lieu de l'expression
(2)
que j'avais donnée en 1898 {Kclairap;c électrique, l. 16, p. S) et que
Wiechert a obtenue de son côté (^Archives néerlandaises, 1900, p. S/ig). En
laissant de côté le facteur 4"^^ tenant à la dillërenco des unités adoptées, les
expressions (i) et (2) concordent, comme on le voit facilement, lorsque le
carré de - est négligeable, mais, en général, elles sont en désaccord. En
présence de cette divergence, il m'a paru utile de rechercher un procédé de
démonstration de la formule (2) qui permette de découvrir où est l'erreur
de la iNote du Philosophical Magazine .
H. -A. Lorentz a établi que l'équation
-Lg;_A.^ = 47rp(..,r,=,0
admet la solution
/■ /' ru(x', y' , z' ,B) fl.r' dy' ilz'
(3) ^{x,y.z,t)=j j j^^ '-' ' J ■
avec
(4) B=t-'-,
r est la distance du point a?, y, s au point x' , y', :•'.
Je prends un système de coordonnées curvilignes ^, y], C entraîné avec les
charges p. ^, yj, '( sont des constantes pour une charge donnée de et la posi-
tion d'une telle charge de, à l'instant 6, est définie par des équations
(5) ,r'=/(i,n, ç, ô), /=«(4, -0, Ç, S), z'=^]>a,-n.:,B).
Les composantes de la vitesse de la charge sont
rf.r' ^ i)f rfy' d'^ dz' fj^'
Je fais maintenant, dans l'intégrale triple de l'équation (3), le change-
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 53
ment de variables défini par les relations (5), ^, t], 'C étant les nouvelles
variables d'intégration substituées à .v', y' , z' .
Dans ce changement de variables, ce, y, z, t doivent être traitées comme
des constantes, mais 0 comme une variable dépendant de x' ^ y', z' par la
relation (/j). DifTérenliant la première équation (5), il vient
d.v':
à/
àf
d.f .
5t''^-^"" + t'«-|l-
■r' ) cLv'
L c /■ J C V ~ c
dz'
Ox'
dl
d(\
f/Ç.
Les règles connues des changements de variables dans les intégrales mul-
tiples permettent de déduire, de cette relation et des deux analogues obte-
nues par permutation tournante, que la relation qui régit le changement de
variables est
".c '
V — X
Il ,
y — y
"x
c
'•
C
c
c
Il y .
■ j'
">
y -y'
")
.,,,,, àf>(x', v' z')
dx dy dz' = -—--^. -— df du rtC.
L'indice 0 mis dans l'expression du jacobien '.^ ' — '-^ signifie que les
àl, Yi, Ç)
dérivées sont prises à 9 constant.
Le déterminant du premier membre se réduit à i — ^
et le changement de variables transforme (3) en
llj. ( X — x' )
ou 1 >
àiiix', y\ z') ..
?J
fk(x'
^ — d^r/'n (/C représente le volume au d( \, -ex, 'C) temps 0 de l'élément
û?^, (i-c\, (fC et le produit de ce volume par p est la charge de de l'élément. On
peut donc écrire
■1^
de
{-?]
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsqu'il n'y a qu'une charge élémentaire, on retombe bien sur l'expres-
sion (2).
M. Anderson a raisonné comme si l'on pouvait écrire de = p dx' dy' dz\
tandis que l'analyse ci-dessus montre clairement que l'on n'en a pas le droit.
TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. — h'Auilcs dr nidiogoniométrie. Note de
MM. G. FERitrË, R. JouAUST, lî. i^Iesny et A. Pekot, présentée
par M. II. Deslandres.
On sait que la réception des signaux de T. S. F. à l'aide d'un cadre
mobile autour d'un axe vertical permet, par l'observation du son fourni par
le téléphone récepteur, de déterminer la direction suivant laquelle les ondes
électromagnétiques parviennent au cadre; c'est le principe de la radiogo-
niométrie qui a été indiqué dès 1902 par M. Blondel, et dont les premières
applications pratiques ont été réalisées en France pendant la guerre par la
Télégraphie militaire. Ces applications doivent prendre une importance
croissante, tant dans la navigation maritime, par l'installation de nouveaux
postes côtiers radiogoniométiiqiies et de phares hertziens dont les bateaux
relèvent les gisements, que dans la navigation aérienne, pour permettre
aux aéronefs de reconnaître de nuit leur route et leurs points d'atterrissage.
Dans les conditions nornvales, la précision atteinte est de l'ordre du degré ;
mais la cjuestion n'est pas aussi simple qu'elle le parait a priori; il arrive en
effet que l'azimut d''un poste ne reste pas fixe, mais varie d'une façon
capricieuse dans le cours de il\ heures et que parfois la détermination ne
puisse pas se faire avec précision, aucune direction du cadre ne donnant
d'extinction. Ces phénomènes, observés pour la première fois par l'un de
nous (' ) à Corfou en novembre 1916, ont donné lieu à de nombreux travaux
très intéressants, tant en France qu'à l'étranger. Nous nous sommes pro-
posés de chercher à en découvrir les causes et, à cet effet, un poste récep-
teur a été établi dans le parc de l'Observatoire de Meudon, muni de tous
les perfectionnements utiles. Ce sont les premiers résultats obtenus pendant
la période qui s'étend de fin mai à octobre de l'année 1920 que nous avons
l'honneur de présenter à l'Académie.
Les stations étudiées ont été : Lyan, Hanovre, Rome, Nantes et, d'une
manière moins suivie, Annapolis; Clifden, Moscou, etc.
( ' ) VIesny, Bulletin de la Commission d'études de T,S. f .de la Marine, octobre 191 8.
SÉANCE DU 'i JANVIER I921. 55
' Tout d'abord, quel que soil le poste, l'azimut déterminô de jour est très
voisin, sinon identique à Tazimut géographique ; pour le poste de Hanovre,
par exemple entre 9'' et 19'', l'erreur maximum a été 1°.
S C f S ? ^o AI 'l^^
Mais il en est tout autrement dès que la nuit se produit : Au début des
recherches, c'est-à-dire en mai-juin, on a constaté qu'une brusque déviation
se produisait entre 21'' et 22'' pour le poste de Hanovre, entre 2o''3o°'
et 2i''3o" pour celui de Lyon, à laquelle succédait une déviation de sens
contraire, plus ou moins importante, atteignant une quinzaine de degrés,
qui durait jusqu'au lever du Soleil. La première déviation diminua progrès- /^Vî
sivement d'amplitude pour disparaître vers le mois de novenibie; son'-"^
os H,
/Qo
^ ^«'
<.cPN
LISRARY'
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s<^/
V
56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
maximum sur Hanovre fui observé le <) juin, il a été de 73", ce qui revient
à dire que Hanovre était alors entendu dans une direction voisine de celle
de Londres, en quelques minutes la direction changea de io5°etle poste
était entendu dans la direction de Metz. La figure ci-dessous représente
reuspmble des relevés effectués sur Hanovre dans la période compiise de
la fin du moi de mai au mois de septembre 1920.
Sur le poste de Nantes, les résultats obtenus indiquent des dévia-
tions nocturnes de sens contraire à celles de Hanovre et de Lyon, et
sur le poste de Rome, les déviations se répartissent de part et d'autre de
l'azimut vrai, sans qu'il y ait de décalage appréciable dans les heures
d'apparition et de cessation des troubles. Ceci montre, de toute évidence,
qu'il s'agit de réfractions intenses, se produisant dans le milieu où les ondes
se propagent; on ne peut en localiser l'origine au poste d'émission, cai' ces
anomalies se produisent à la même heure pour des postes dont la longitude
diffère de 9°, 5; de plus, dans des expériences de réception faites simul-
tanément à Brest et à Meudon, des anomalies se sont produites sur un
même poste d'émission à des heures différentes. Il s'agit probablement
d'effets analogues aux réfractions que l'on envisage en optique et que le
mirage illustre, dont l'origine, non encore précisée, peut être rattachée
à la variation de l'ionisation et vraisemblablement à des condensations
atmosphériques, dont les rôles à l'égard des ondulations électromagné-
tiques sont certainement extrêmement différents de ceux qu'ils ont vis-
à-vis des ondes lumineuses ordinaires.
Souvent, lors des perturbations, il n'y a pas de position d'extinction
nette, ceci indique que les ondes doivent parvenir au cadre récepteur
suivant deux ou même plusieurs directions, avec des différences de phase
d'autant plus marquées que la longueur d'onde est plus petite, produisant
ainsi une vibration elliptique de force magnétique, qu'il serait bien inté-
ressant de pouvoir analyser. Il est arrivé que l'orientation d'un poste de
petite longueur d'onde (Soo") n'a pu être déterminée, le son du téléphone
ne présentant pas de minimum discernable pendant la rotation du cadre.
L'intensité du rayonnement reçu doit d'ailleurs varier avec la différence
de phase, tout comme dans le mirage optique il se produit des franges
d'interférence (').
Nous comptons pouvoir préciser ces idées quand l'appareil de mesure
(') MacÉ de LfiriNAï el A., i^iiiior, CoiUrihiition a l'clude du mirai^e {Annales de
Chimie el de Physique, 6" série, t. 27, 1892).
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 67
des intensités des signaux, (|ue nous installons, sera complètement au
point.
D'autre part, nous avons signalé plus haut que l'on pourrait déjà dire
que les phénomènes observés dans les dernières semaines sont diiïérents de
ceux des premières, en ce sens que la forte déviation observée au coucher
du Soleil a disparu. Il y a dans ce fait l'indication très nette d'une influence
saisonnière, dont l'étude nous occupe actuellement, et que nous espérons
pouvoir expliciter d'ici peu.
RADIOGRAPHIE. — La rddiographie des lablcaiix. iNote (') de M. André
Ghëron, présentée par M. Lippmann.
C'est en Allemagne que paraissent avoir été faites, en igi/h les premières
recherches sur la radiographie des tableaux, relatées par Faber dans la
Zcitsc/irifl/ur Miiscurnkundc.
Elles ont été poursuivies en Hollande par le D'' Heilbron, d'Amsterdam,
qui est arrivé à des résultats fort curieux. Nous avons pu, pour notre part,
faire en France quelques expériences.
Voici en quelques mots le principe de la méthode. On sait que le degré
de transparence des corps aux rayons X dépend du nombre et du poids des
atonies qui les constituent. Or il y a dans un tableau trois choses à consi-
dérer : le support (toile ou panneau de bois), l'enduit dont ce support est
recouvert et enfin les couleurs qui composent l'image.
Le support est toujours très transparent, mais la toile encore plus que le
bois.
Pour ce qui est de l'enduit, il semble résulter de documents que nous
avons sur la fabrication des couleurs et la préparation des toiles et panneaux
que les anciens étendaient sur leurs supports un mélange de carbonate de
chaux et de colle, relativement transparent aux rayons X. Actuellement,
au contraire, on se sert presque exclusivement d'un enduit à la céruse,
beaucoup plus opaque.
Quant aux couleurs ayant servi à l'artiste pour composer son sujet, elles
sont aussi d'un poids atomique et par conséquent d'une transparence aux
rayons des plus variables. Les unes, comme le blanc, sont et ont toujours
été presque exclusivement composées de sels lourds, de plomb ou de zinc;
(') Séance du i3 décembre igao.
58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
elles opposent donc un sérieux obstacle au passage des rayons. D'autres,
comme le bitume et la plupart des noirs, sont extrêmement légères et se
laissent très facilement traverser. Enfin, entre ces deux extrêmes, nous
trouvons toute une série d'intermédiaires.
Mais un certain nombre de couleurs qui étaient autrefois à base de sels
minéraux sont aujouidhui parfois formées de substances végétales beau-
coup plus transparentes comme la garance. Il en est de même pour cer-
taines couleurs modernes à base d'aniline.
Or il est bien évident que, pour obtenir une bonne image radiogra-
|)hique d'un tableau, deux choses sont essentielles :
1° La transparence du support et de l'enduit ;
2" L'opacité relative des couleurs ou du moins de certaines des couleurs
employées dont les contrastes formeront l'image.
Ces conditions se trouvent précisément réunies dans les tableaux anciens.
Au contraire, les tableaux modernes pourvus d'un enduit assez opaque
recouvert de couleurs souvent plus transparentes aux rayons donnent des
images beaucoup moins parfaites et souvent même presque invisibles.
Tout en se gardant de conclusions hâtives, on peut donc espérer parfois
trouver par la radiographie un indice sur Tàge d'un tableau et, par consé-
quent aussi, sur son authenticité.
Un autre résultat est de pouvoir, grâce aux rayons X, mettre en évi-
dence tous les dégâts qu'a subis un tableau au cours des siècles malgré les
restaurations les plus habiles. En effet, comme il s'agit d'œuvres anciennes,
l'enduit et les couleurs employés à la restauration seront d'une fabrication
et probablement d'un poids atomique difleient et se traduiront sur la
plaque par de véritables taches à contours parfaitement limités décelant
des ravages parfois insoupçonnés.
Enfin, et c'est là peut-être le côté le plus intéressant de ces recherches,
la radiographie des tableaux réserve bien des surprises. Voir un tableau
par transparence, c'est connaître en partie son histoire. Outre que l'artiste
lui-même peut avoir modifié son œuvre au cours même de son exécution,
les truquages, les additions, les repeints dont elle a pu être l'objet nous
sont révélés; sans parler des découvertes imprévues de tableaux entiers
disparus sous des œuvres nouvelles.
Les deux premières épreuves présentées : la \ ierge de Stella et le
Bouquet de fleurs montrent bien le contraste entre la radiographie d'un
tableau ancien et celle d'un tableau moderne.
La première a des contours assez nets et l'on y reconnaît les personnages.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. ^p
D'aulre part, elle révèle dans le bas du tableau des restaurations dont on ne
soupçonne pas l'étendue sur l'original Sur la seconde, au contraire, aucune
image n'est visible à part celle des trois fleurs blanches, seules formées
d'une couleur assez opinpie pour porter une ombre à travers l'enduit à la
céruse qui recouvre certainement la toile.
r^e tableau de l'Enfant royal en prière, de l'École française du xv*" siècle,
appartient au Musée du Louvre où il a été radiographié dernièrement. Les
Conservateurs du Musée supposaient d'après certains documents que le
fond primitif du tableau avait subi des dégradations importantes, et qu'on
les avait masquées il y a peut-être un siècle au moyen du fond noir uniforme
.que l'on voit aujourd'hui; la radiographie que nous avons faite a pleinement
confirmé cette hypothèse, et a révélé les dégâts très importants d'un fond
primitif plus clair apparaissant à travers le fond noir actuel très transparent
aux rayons.
Ensuite vient une radiographie faite par le D'' Heilbron d'Amsterdam. Il
s'agit d'une « Crucifixion » d'Engelbrechtsz. L'un des personnages, à
droite au pied de la croix, nous apparaît double; une restauration fut faite,
et sous la femme à genoux ([)ortrait de la donatrice) on trouve le moine en
prière que révélait déjà la radiographie. Les photographies du tableau
prises avant et après sa lestauration nous montrent le service qu'ont rendu
les rayons X en permettant de restituer à l'œuvre du maître son intégrité
première.
Enfin la dernière radiographie est celle d'un tableau représentant une
petite scène flamande : des gens qui dansent et font de la musique. Il avait
été attribué autrefois à van Ostade. La radiographie en est dfs plus
curieuses. Elle ne présente pas trace des personnages (à part la tête de l'un
d'eux que l'on devine au centre de l'image), mais par contre apparaissent
sur l'épreuve deux paons, deux canards et deux poules, dont les contours
sont des plus nets. Il y a évidemment deux tableaux superposés sur un
même panneau de bois. Le premier, celui des animaux, est vraisemblable-
ment ancien, puisque aucun enduit opaque ne nuit à la netteté de son image.
Le second, le faux van Ostade, est probablement moderne, puisque les
couleurs, sauf les blancs, en sont presque uniformément transparentes aux
rayons.
6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur /es doubles décompositions salines et la
loi des phases. Note (') de M. Etien.ne Rexgade, présentée par
M. Henry Le Chatelier.
En nous appuyant sur la loi des phases, nous avions annoncé antérieure-
ment (-) que l'action d'une petite quantité d'eau sur un mélange en excès
de deux sels à ions différents provoquait nécessairement l'apparition, à
l'état solide, de l'un des deux autres sels conjugués.
Se guidant sur des notions d'ailleurs assez vagues de stabilité,
M. Raveau (') a conclu récemment que le mélange des deux sels
NO'Na et AmCl doit subsister sans décomposition au contact d'une
petite quantité d'eau. Nous croyons interpréter fidèlement sa pensée en
la résumant de la façon suivante : Dans deux couples de sels conjugués,
il existe un couple instable et un couple stable : le premier a la propriété
de se transformer au contact de l'eau en donnant un mélange de trois sels;
le second reste inaltéré dans les mêmes conditions.
La vérité est entre ces deux affirmations contraires. Nous nous proposons
de montrer aujourd'hui que, pour le mélange NO'Na et AmCl, les
phénomènes se passent bien comme nous l'avions prévu. Si l'on met ces
deux sels en présence d'eau, un troisième sel, le chlorure de sodium,
apparaît à l'état cristallisé à côté des deux autres; en revanche, il existe
des couples salins qui peuvent demeurer en équilibre au contact de l'eau,
sans qu'une troisième phase solide apparaisse.
i" Considérons d'abord le mélange NO" Na, AmCl, et supposons, comme
l'admet M. Raveau, que l'eau le dissolve sans décomposition. La solution
en équilibre avec un excès des deux sels sera saturée à la fois par rapport
à chacun d'eux. Désignons, suivant la notation adoptée précédemment,
par P et Q les concentrations correspondantes. Ces deux sels ne peuvent
exister à l'état dissous qu'en équilibre avec une certaine proportion des
sels du second couple NO^Am et NaCI, dont nous appellerons /• et s les
concentrations. En vertu de la double décomposition qui leur a donné
naissance, on a nécessairement r ^^s. D'autre part, la loi d'action de masse
donne la relation
P'Q' = K r-' s'"' .
(') Séance du 27 rléceiiibre 1920.
(-) Comptes rendus, t. 165, 1917, p. aSy.
(') Comptes rendus, l. 171, 1920, p. 019.
SÉANCE DU 3 JAWIER 1921. 61
que Ton peut remplacer, comme première approximation clans le cas
actuel, par
Or, si l'on considère les coefficients de solubilités des quatre sels, on voit
que la solubilité S du chlorure de sodium est très voisine de P, tandis
que Q lui est de beaucoup supérieure. Donc .y=yPQ est certainement
supérieur à S, c'est-à-dire que la solution est sursaturée en chlorure de
sodium. Donc celui-ci doit cristalliser, c'est-à-dire que, contrairement à
notre supposition primitive, le mélange NO'Na -H AmCl est partiellement
décomposé par l'eau avec dépôt de NaCl.
Mais la loi d'action de masse sous la forme où nous l'avons écrite n'est
que grossièrement approchée; d'autre part, les valeurs que nous connais-
sons de P, Q, S sont les solubilités des sels isolés, tandis qu'il faudrait
considérer ici les solubilités simultanées. Néanmoins, l'écart entre S et v^PQ
est tel que l'on peut, tout au moins, tenter l'expérience en espérant qu'elle
donnera un résultat positif.
Ce résultat est des plus nets : en plaçant sous le microscope une goutte
d'une solution saturée de AmCl à la température du laboratoire et y
projetant quelques cristaux de MO'Na, on voit, en même temps que
ceux-ci se dissolvent peu à peu, des cubes deNaCl prendre naissance tout
autour.
D'autre part, en agitant un mélange de So^ de NO'Na et aS^ AmCl,
soit o^^^ôSS et o'""',467, en présence de 14*^ d'eau, durant 5 heures à 22",
et essorant, nous avons obtenu une solution qui contenait, en atomes-
milligrammes :
^ \>-
/ Am io4o ( Am il\0
Pour \ Na g'io Soit, \ Na i3o
ioo« d'eau : y Cl 63o pour ii^' d'eau : j CI 89
( NO'' i34o ( NO^' 187
La partie non dissoute contenait donc, par difTérence ;
NO'Na 401 = 33,2
AmCl 321 ;= 17,3
NaCI 57 = 3,3
Il s'est donc bien formé par double décomposition du chlorure de sodium
cristallisé.
Cette composition est très différente de celle du liquide en équilibre avec
le mélange solide NO'Na, NO'Am, AmCl (i) que nous avons donnée
62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
anlérieuremenl, et qui provenait de l'action de i'ean sur un mélange
de NaCl avec un excès de NO' Ain. Par contre, comme on devait s'y
attendre, et comme nous l'avons vérifié, elle est identique à celle qui
résulte de l'action de l'eau sur un mélange de NO'Am avec un excès
de NaCI, mélange qui se décompose, par suite, en
NO'Na + AmCl-t-NaCl (2).
Il y a donc, à la température ordinaire, deux mélanges lei'naires(i) 01(2)
et deux seulement, qui peuvent subsister sans changement au contact d'une
petite quantité d'eau. Tout autre mélange de deux, trois ou cjuatre sels,
contenant les quatre ions, se décompose en donnant, suivant les cas, l'un
ou l'autre des mélanges (i) et (2).
2° Plus généralement, si l'on met au contact de l'eau deux sels quel-
conques à ions différents, appartenant au « couple stable » (stabilité toute
relative, d'après l'exemple précédent), le même raisonnement prouve qu'il
apparaîtra, ou non, un troisième sel solide, suivant que la concentration de
ce troisième sel dans la solution, reliée par la loi d'action de masse aux-
solubilités des deux sels donnés, sera supérieure ou inférieure à sa solubilité
propre.
En particulier, si les deux sels donnés sont tous deux moins solubles
(jue les deux sels conjugués, ils resteront seuls en présence de la solution.
Ces phénomènes ne sont aucunement en contradiction avec la règle des
phases : dans le cas où deux sels seulement restent en présence de leur
solution, les concentrations des deux autres sels dissous sont égales entre
elles. Au contraire, si l'un de ces deux derniers sels cristallise en partie, les
concentrations deviennent diflerentes. Il y a donc, dans le premier cas, un
constituant indépendant de moins que dans le second.
L'action de l'eau sur les mélanges salins devient encore plus compré-
hensible quand on étudie le phénomène inverse, c'est-à-dire l'évaporation
isothermique des solutions.
CHlMlii: ANALYTiQL'lî. — .1 propos d^incNole de M. A. Holland sur des réac-
tions microchimiques de V acide iodique. Réclamalion de priorité. Note de
M. G. Demgès, présentée par M. Ch. Moureu.
Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences dans sa séance du
i5 novembre 1920 et insérée dans les Comptes rendus du 23 novembre sous
SÉANCE DU 3 JANVIER IQÎI. t'3
le titre : Hé<tr/i()n.i niicmchimiques de Vacidc iodiquc, M. A. BoUand, de
Cracovie, étudie les formes microcrislallines que donne directement cet
acide avec les sels de tliallium, de bai-yum, strontium, calcium, manganèse,
iimmonium et ceux des métaux alcalins, et commence sa communication
|)ar la phrase suivante : « Les réactions microchimiques de l'acide iodique
n'étaient pas connues jusqu'à présent. »
En écrivant cet article, M. Bullund n'a certainement pas eu connaissance
des divers travaux que j'ai publiés, depuis le début de 1920, sur les réac-
tions microchimiques de l'acide iodique, et dont trois ont été présentés
à l'Académie des Sciences par M. le Professeur Moureu et ont pour titres :
J. L'acide iolique, réactif microcliimiquc des combinaisons snlubles et
insolubles du calcium, du baryum et du strontium {^Comptes j-endus, t. 170,
1920, p. 996).
La même Note (avec 3 figures) a été développée dans le Bulletin de
(a Société de Pharmacie de Bordeaux, 1920, p. 85.
IL L'acide iodique, réactif microcliimique caractéristique de V ammoniac
gazeux (iwec i Cigare) (^Co?)iptes rendus, t. 171, 1920, p. 177).
Ili. Réaction mici'ochimique du ?ri'/iuni, sa différenciation du baryum
par l'acide iodique (_avec 2 figures) {Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 633).
Les autres Notes ont pour litre :
Action du gaz ammoniac sur les solutions concentrées d'acide iodique (en
commun avec M. Barlot) (Bulletin de la Société chimique de France, l\^ série,
t. 27,p. 8>4);
Microréactions de Vion iodique. Emploi spécial de l'acétate de thallium
pour déceler cet ion dans les nitrates de soude du Chili (avec 2 ligures) (/y»/-
letin de la Société de Pharmacie de Bordeaux, 1920, n" 21 1 ).
Ces diverses publications contiennent, ou à peu près, tout ce qu'a fait
connaître M. Bolland dans sa Note, et montrent, à l'évidence, ma priorité
sur les microréactions de l'acide iodique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Propriétés et constitution du groupement (OCCP).
Note de MM. André Kli.vg et Dainiel Florentin, présentée par
M. Haller.
Au cours des études que nous avons poursuivies antérieurement sur les
produits de substitution chlorés des chloroformiates (' ) et carbonates de
(') A. Kling, D. Flokentin, A. Lassieur, H. Schmutz, Comptes rendus, l. 1(59, 1919,
p. 1166.
64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inélhj'Ie ('), nous avons observé que la substitution complète du chlore à
l'hydrogène dans le radical méthyle du groupement — OCH' y faisait
apparaître des propriétés anormales. Nous avons été de ce fait amenés à
admettre, qu'au cours de la substitution, le radical oxyde de méthyle subis-
sait une modification de structure.
(l'est ainsi, qu'en particulier, en réagissant sur les alcools le groupement
en question fournit la réaction suivante :
ROCCP+ iR'OH — CO(OR')''-)-RCI+ 2HCI
qui en réalité comprend deux phases successives : production d'un chloro-
formiate alcoolique, puis transformation de ce dernier en éther carbo-
nique neutre.
De même, avec l'eau d'aniline, il fournil quantitativement la diphényl-
urée, réaction grâce à laquelle un dosage tout à fait précis de ce groupe-
ment est possible.
On iwit, d'après ces exemples^ choisis parmi les plus typiques, que le grou-
pement — OCCP se comporte, non pas comme s'il était l'analogue d'un pro-
duit de substitution du r a diccd méthyle, mais bien comme s il était constitué par
l'association d'une molécule de phosgéne à un atome du chlore.
Ce caractère est d'ailleurs absolument général, ainsi que nous l'avons
constaté en examinant les propriétés du même groupement dans diverses
autres séries organiques aliphatiques.
Par exemple, l'oxalate de trichlorméthyle, étudié par Cahours (-),
fournit avec l'alcool méthylique une molécule d'oxalate de méthyle et deux
molécules de carbonate de méthyle. De même l'acétate de méthyle hexa-
chloré : CCI'' CO^ CCI', étudié par Cloez ('), puis par Anschiitz et
Emery (''), donne avec l'eau de l'acide trichloracétique et de l'oxychlorure
de carbone : et avec l'alcool éthylique du trichloracétate et du chlorofor-
miate d'éthyle.
De même l'oxyde de méthyle hexachloré, étudié par V. Regnault (°),
subit, sous l'influence de la chaleur, une décomposition donnant naissance
à du tétrachlorure et à de l'oxychlorure de carbone, etc.
Cette manière d'envisager la fonction du groupement trichloré permet
(') A. Kling, D. FloiibiMi.n, E. Jacoii, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 234.
(^) Afin, de Ph. et Ch., 3« série, t. 19, 18/17, P- 342.
(») Ibid., i. 17, i846, p. 297.
(') Ibid., 2"= série, t. 71, 1889, p. 896.
(") Liebig's Ann., l. 273, p. 59.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 65
de prévoir, non seulement toutes les réactions chimiques des élhers méthy-
liques perchlorés, mais encore leurs propriétés physiologiques. En outre,
il est intéressant de remarquer que ces éthers perchlorés sont parfois des
agents de synthèse fort intéressants, témoin l'oxalate de méthyle perchloré
qui contient en puissance le chlorure d'oxalyle(C1.0C — CO.Cl, 2COCI-).
Parmi les élhers trichlorés, le chloroformiate de méthyle trichloré et le
carbonate de méthyle hexachloré sont particulièrement intéressants puisque,
dans notre conception, le premier doit être considéré comme le produit de
condensation de deux molécules de phosgène et le second comme son
trimère, ce qui se vérifie exactement en fait.
Des considérations qui précèdent, il s'ensuit que les élhers méthyliques
perchlorés, tout au moins lorsquils agissent dans les conditions de milieu
convenables^ affectent une structure différente de celle que possède l'éther
méthylique qui leur a donné naissance.
La tautomérisation qu'ils subissent peut s'exprimer de la façon suivante :
(I) R_0-CCI' -^ R-0 = CCP (II)
I
Cl
ou encore en faisant intervenir la notion de liaison supplémentaire
(III) R — 0 = CCI-
Cl
la seconde forme et la troisième ayant elles-mêmes tendance à se scinder en
une molécule de phosgène et une molécule de dérivé chloré.
Dans le but de rechercher si les liaisons nouvelles, que l'on est en droit
de supposer exister dans les élhers méthylés trichlorés, ont une répercussion
sur leurs propriétés optiques ('), nous avons examiné quelles étaient, pour
les chloroformiates de méthyle mono, di et trichlorés, les valeurs respec-
tives des réfractions et dispersions moléculaires (^).
Les résultats de nos mesures sont reproduits ci-après :
(') Rappelons que la réfraction atomique du clilore présente des anomalies dans le
cas des chlorures d'acides ( Eisenlohr).
(-) Ces déterminations ont été faites avec un appareil Pulfrich, mis aimablement à
notre disposition par M. Ilaller, en son laboratoire.
C R., igai, I" Semestre. (T. 172, N" 1.) 5
66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Kéfrdctiiiii inoicculaire.
I ~^ ^_^ Dispersion
KaieHa. Raie Hy. moléculaire.
Com|)Osés. Trouvé. Calculé. Trouvé. Calculé. Trouvé. Calculé.
Cliloroforniiate de méthyle
monochloré (') 22,66 22,589 28,87 28,186 0,71 0,597
Cliloroformiale de méllnle
dicliloré 27,68 27,429 28,40 28,168 Oi77 0,784
Chloroforiniate de méthyle
Irichloré 32,54 82,270 33,44 82,142 0,90 ,0,872
On voit, qu'aux erreurs d'expérience près, il n'a pas été constaté de
différence sensible entre les valeurs trouvées et celles calculées pour la
structure normale — OCCP. Mais, de ce résultat négatif, on ne saurait
tirer un argument définitif, attendu que l'on n'est qu'insuffisamment fixé
sur la valeur de la réfi'action moléculaire de l'oxygène télravalent, qui est
peut-être très voisine de celle de l'oxygène appartenant à un groupe-
ment OH.
En terminant, nous ferons remarquer:
1° Qu'il est vraisemblable que les dérivés comportant le groupement
— O — GHCI- sont eux-mêmes susceptibles de réagir sous une forme
tautomère, attendu qu'en s'hydrolysant, ils ne fournissent pas d'acide
formicpie, mais de l'oxyde de carbone, bien que, dans les conditions de
l'hydrolyse, l'acide formique ne soit pas décomposé.
2° Que l'aptitude à réagir sous une forme tautomère n'apparaît que
quand le carbone est lié directement à l'oxygène; la dimélhylcétone hexa-
chlorée, par exemple, réagit normalement et, en présence des réactifs, se
scinde ainsi : Cl^C — i GO — GCP.
i
3° Qu'en outre, Gardner et Fox ('-) ont montré que la chloropicrine se
décomposait lentement en oxychlorure de carbone et en chlorure de nitro-
syle, réaction permettant de supposer que ce corps est susceptible de
prendre la forme tautomère 0 = N — 0^G = Gl-.
■■■■■- I
Gl
(') Ce corps renferme 8,8 pour 100 de dérivé dicidoré qu'il a élé impossible de
séparer par distillation fractionnée.
(') Journal 0/ C hem. Soc, t. 115, 1919, p. 11S8.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 67
CHIMIE ORGANIQUE. — L'isoméne èthylpnique des styrolènes w bromes.
Noie (' ) de M. Charles Dupraisse, présentée pai- M. Ch. Moureu.
L'étude du nouveau cas d'isomérie étliylénique que j'ai fait connaître (-)
tire un intérêt spécial du fait, très peu fréquent que les deux styrolènes co
bromes stéréoisomeriques sont liquides à la température ordinaire, tout en
présentant d'incontestables caractères de pureté ('). Quelques particula-
rités méritent d'être soulignées.
I. Couleur et odeur. — L'examen superficiel des deux isomères révèle
immédiatement deux particularités frappantes : l'un des deux corps, celui
qui était anciennement connu, manifeste une légère coloration jaune pâle,
qui se fonce à la longue, tandis que l'autre est et reste incolore. De plus, ils
ne possèdent pas la inême odeur : le premier a une odeur agréable rappe-
lant la jacinthe, le second a une odeur empyreumatique rappelant le gou-
dron de houille.
IL Transformations réciproques . — Les deux composés paraissent èlie
stables sous l'influence de la chaleur : on peut les distiller dans le vide sans
modifier leur point de fusion.
En revanche, ils sont très sensibles, quoique d'une façon inégale, à l'action
de la lumière. Exposés à la lumière solaire, ils se transforment tous les
deux rapidement, et l'on observe au bout de peu de temps, pour chacun
d'eux, un abaissement du point de fusion.
Cette simple expérience laisse prévoir que, dans certaines conditions,
il peut s'établir un équilibre entre les deux formes. L'existence d'un état
d'équilibre entre les deux formes stéréoisomeriques d'un composé éthylé-
nique a été déjà plusieurs fois signalée; j'ai eu moi-même l'occasion d'en
citer un exemple très net dans un travail antérieur (*). Mais ici, grâce à un
concours de circonstances avantageuses, l'obtention de l'état d'équilibre
peut être observée avec une facilité et une netteté remarquables. Je me
contenterai d'exposer deux expériences très concluantes.
a. On introduit séparément, dans deux tubes à essai, les deux isomères
(') Séance du 27 décembre 1920.
(^) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 960.
(') Il convient de mentionner, à ce sujet, les intéressanles recherches de MM. Cha-
vanne et Van de Valle sur les dichlorures et dibromures d'acétylène {Bull. Soc. chini.
Belg., l. 26, 1912, p. 287; t. 27, igiS, p. 209), ainsi que sur l'ot-bromopropène
{Comptes rendus, t. 158, 191/4) p. 1698).
(') Comptes rendus, l, 158, 191/41 P- 1698.
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
purs el, dans un troisième, leur mélange à parties égales. Si l'on prend
aussitôt le point de fusion du contenu des trois tubes, on trouve respecti-
vement pour les deux premiers : -h 7° et — 7°, tandis que le contenu du
troisième ne cristallise que difficilement dans la neige carbonique et t-e
trouve complètement fondu en dessous de — 20°. On expose alors les tubes
à la lumière solaire pendant une heure, et l'on prend de nouveau les points
de fusion : dans chacun des trois tubes le liquide cristallise facilement dans
le mélangé réfrigérant et donne comme point de fusion finissante ■+- 1°
environ. Bien distincts avant l'insolation, ces liquides se sont donc trans-
formés en un mélange unique.
b. On expose simultanément à la lumière solaire deux tubes contenant
séparément les deux isomères et l'on prend de temps à autre les points de
fusion.
Dans le tube qui contenait primitivement l'isomère anciennement connu
(fus. +7")) on constate quele point de fusion finissante s'abaisse gra-
duellement pour se fixer aux environs de 4- 2".
Dans le tube où l'on avait introduit l'isomère nouveau (fus. — 7°), on
observe aussi, au début, un abaissement de la température de fusion. Cet
abaissement d'abord assez lent s'accélère bientôt, jusqu'au point où la cris-
tallisation ne peut être que difficilement amorcée. La température de fusion
finissante passe par un minimum et s'élève aussitôt pour atteindre et se fixer
sensiblement au même point, -+- 2°, que dans le cas de l'autre isomère. -
Durée Points de fusion finissante.
l'insolation Premier Deuxième
(minutes). isomère. isomère.
'• -(-6,5 — 7
3 H-6 - 7
8 +5 — 7
i3 -t-4 — 7>5
18 -h3,5 - 8
a3 -1-3,5 - 8
aS -1-3 — 8
38 -H 2-, 5 — 8
48 -1-2,5 — 9
58 -t-2,5 —20
6t H- 2,5 — 6
64 H- ! , 5 — 2
66 -(-2,5 -I- 0,5
76 -+- -3,5 -)- 2
i46 -(-2 -t-2
Pendant les 23 [irciiiières [uiimles, l'insolalion a clé faible ((iii d'un a|ircs-niiili);
l'expérience a été cnnlinuéo le lendeinain vers midi.
SeANCE DU 3 JANVIER 1921. 69
Ces expériences se prêtent à des mesures qui seront efTectuées dès que les
circonstances le permettront. Dès maintenant, elles suscitent plusieurs
remarques :
1° L'é({uilil)re est très déplacé en faveur de l'isomère au point de fusion le
plus élevé, c'est-à-dire de l'isomère anciennement connu qui est par consé-
quent l'isomère stable.
2° Contrairement à toute attente, cesl Cisomère stable qui se transforme
le plus facilement sous l'influence de la lumière. Cette curieuse observation
a été confirmée : conservé à la demi-obscurité pendant 3 mois, l'isomère
stable a subi la transformation complète jusqu'à l'équilibre, tandis que,
dans les mêmes conditions, l'autre s'est maintenu sans aucune mcdilication.
Cette anomalie étrange semble se trouver en contradiction avec les
principes de la mécanique chimique, en particulier, avec la loi d'action de
masse. Elle fera l'objet de recherches nouvelles.
3° Les propriétés organoleptiques se modifient au fur et à mesure que
progressent les transformations. L'odeur du mélange d'équilibre est la
même dans tous les cas et se rapproche de celle de l'isomère stable.
4° Les recherches en vue de l'obtention à l'état de pureté d'isomères
clhyléniques doivent être entourées de précautions extrêmes pour éviter
Tes influences isomérisanles. La préparation et la purification des styro-
lènes oj bromes ont été effectuées dans l'obscurité presque complète.
On voit, en effet, qu'il suffit d'un temps 1res court d'exposition à la
lumière pour que le second isomère puisse passer inaperçu, et il paraît
naturel d'attribuer à cette cause les insuccès de ceux qui ont cherché précé-
demment à isoler le second isomère du styrolène w brome. C'est ainsi que
C. Liebermann (') a noté dans certains cas le point de fusion -1- 2° qui est
précisément le point de fusion du mélange d'équilibre. De même, K. v.
Auwers (^), dans la longue série d'expériences qu'il consacra à la recherche
du second isomère, obtint parfois également des échantillons de styrolène
w brome dont la fusion se produisait « entre 0° et + 7° ». Ces divers échan-
tillons ont, sans aucun doute, subi une transformation isomérique sous
l'influence de la lumière.
(') Berichle, t. 27, 1894, p. 204.
C) Berichte, t. 4.5, 1912, p. 1795.
^O ACADÉMIE DES SCIENCES
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des métaux alcalins sur les êthers-oxydes.
Note (') de M. J. Durand, transmise par M. P. Sabatier.
Les étliers-oxydes ont été considérés jusqu'ici comme sans action sur les
métaux alcalins, propriété implicitement supposée, en particulier, pour
priver d'eau et d'alcool l'éther ordinaire, soit par digestion à froid, soit
par rectification sur le sodium. .
Depuis longtemps j'avais cru remarquerque de l'oxyde d'éthyle àpeu près
pur, abandonné sur un excès de sodium, à l'abri de l'air humide, dégageait,
pendant des mois, de l'hydrogène, tandis que le vase se remplissait peu à peu
d'une gelée, formée, en partie au moins, d'éthylate sodique. Cette observa-
tion m'a conduite reconnaître que tous les éthers-oxydes (R — O — R')
réagissent plus ou moins aisément sur les métaux alcalins.
Les circonstances qui favorisent la réaction sont principalement :
la négativité des radicaux R et R';
l'accumulatioB des fonctions « éther-oxyde » ;
réiévation de la température;
l'étal fondu du métal alcalin;
l'ébullition du liquide.
Ces (leuxdernières circonstances permettent au métal de se débarrasser de
la couche protectrice formée, suivant les cas, d'un alcoolate, d'un phénate,
de bulles gazeuses, de produits résineux, ou de matières charbonneuses.
Voici quelques résultats obtenus avec des éthers de divers types :
1° Oxydes d'alcoyles. — L'oxyde d'ét/iyle (Eh. 35°), préalablement rec-
tifié avec soin sur du sodium, attaque peu à peii ce métal, à l'ébullition,
avec formation d'alcoolate et d'hydrogène gazeux. Mais les conditions
restent désavantageuses, car la température est peu élevée et le métal
solide. Avec l'alliage de composition KNa, qui est liquide à la tempéra-
ture ordinaire, l'attaque est plus vive, surtout à l'ébullition.
Pour Voxyde d''isoamyle (Eb. 176°), l'attaque par le sodium, déjà nette
à froid, devient 1res vive à l'ébullition, température où le métal est fondu.
Avec KNa, la réaction s'amorce à froid, puis s'intensifie, de sorte que,
dans quelques instants, le vase se remplit d'une gelée épaisse, où dominent
les amylates alcalins.
(*) Séance du 27 décembre 1920.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 7I
2" Oxydes mixtes d'alcoyles et d'aryles. — Uanisol (Eh. 1 55") est vive-
ment attaqué à chaud par le sodium; de même le phénétol.
Le l'érntrol {Eh. 2o5°) est nettement attacjué par le sodium. En chauffant
un peu, la réaction se poursuit d'elle-même; la température s'élève, ce qui
amène la fusion du métal; le liquide reste d'abord incolore et limpide, puis
la réaction devient très violente, jusqu'à formation d'une gelée épaisse, qui
immobilise le métal. Pendant cette réaction, il se dégage de l'hydrogène.
Avec KNa, la réaction commence à froid, se continue d'elle-même et donne
rapidement la même gelée.
\j''oxYde de benzyle et d'éthylc est vivement attaqué par le sodium,
surtout dès que celui-ci est fondu. L'attaque, une fois commencée, se
poursuit spontanément et conduit à une gelée. Avec KNa, l'attaque
commence à froid et produit en une minute une gelée consistante.
3° Oxydes d'aryles. — Uoxyde de phényle (Eb. 253°) réagit bien avec le
sodium, surtout dès que celui-ci est fondu. Bientôt le métal s'entoure d'une
matière charbonneuse. L'attaque devient très vive et la masse charbonne
entièrement.
Mécanisme de la réaction. — i" La première phase est la formation d'un
phénate ou, à défaut, d'un alcoolate:
R — O — R' + Na -V R — O — Na + R' - .
1° Le radical R' — , qui ne peut exister à l'état libre, abandonne de
l'hydrogène, au moins dans un grand nombre de cas, et donne des produits
condensés.
3" S'il s'est formé un phénate, celui-ci peut être attaqué par le métal
alcalin, avec formation de résines ou charbonnement.
Je me propose d'étudier en détail l'action des métaux alcalins sur les
éthers-oxydes-des types ci-dessus et des autres types (oxyde de vinyle,
d'éthylène, de diphénylène, de cyclohexyle, etc.), pour établir le mécanisme
de cette réaction et la nature des produits obtenus.
MINÉRALOGIE. — Sur Vexistcnce de plans différenciés équidistants nonnaux
à l'axe optique dans les liquides anisotropes {^cristaux liquides). Note (') de
M. F. Graxdjea.\, présentée par M. de Launay.
Pour expliquer les belles couleurs que les liquides anisotropes négatifs
donnent par réflexion, plusieurs auteurs ont fait l'hypothèse d'une division
(*) Séance dii 27 décembre 1920.
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de ces liquides en lames parallèles d'épaisseur constante, à la surface
desquelles la lumière se rélléchirait. Un tel système de lames doit fonc-
tionner en effet comme une sorte de réseau favorisant certaines longueurs
d'onde et détruisant les autres, suivant qu'il y a ou non concordance de
phase entre les ondes réfléchies. Un raisonnement très simple montre que
les vibrations favorisées sont données par Tégalité
(i) id cosi ^ /cl,
dans laquelle d est l'épaisseur d'une lame, i l'angle d'incidence des rayons,
k un nombre entier quelconque et X la longueur d'onde, dans le milieu de
la vibration considérée. C'est la même formule que pour la diflraction des
rayons X par les cristaux.
J'ai été surpris de constater, en étudiant un liquide à grande biréfiin-
gence et à très grand pouvoir rotatoire dextrogyre, le cyanbenzalamino-
cinnamate d'amyle ('), que de telles lames sont parfaitement visibles au
microscope, malgré la faible valeur de d. Il suffit pour cela d'observer le
liquide dans une fente de clivage d'un minéral à clivage parfait comme les
micas, le talc, l'orpiment, etc. La fente doit être provoquée au moment de
l'expérience, afin qu'elle soit d'une parfaite propreté; on y introduit un
.petit fragment du cyanbenzal et l'on porte sur la platine chauffable du
microscope; après fusion, le liquide anisotrope remplit la fente par capilla-
rité et s'oriente normalement au support cristallin. On l'observe donc dans
la direction de son axe optique et sous des épaisseurs variables depuis zéro
au bord (c'est-à-dire au fond de la fente) jusqu'à un maximum. La tempé-
rature peut varier entie la fusion des cristaux solides (T,) et la transfor-
mation en liquide isotrope (T,) (-).
Le liquide est divisé en bandes parallèles au bord, séparées les unes des
autres par des lignes absolument nettes. Ces lignes sont des lieux d'égale
épaisseur du liquide; on les voit très bien sans analyseur, mais beaucoup
mieux entre niçois croisés, à cause de l'opposition des deux teintes (ju'elles
séparent; r()[)position est d'ailleurs beaucoup plus fortement marquée à
basse température qu'au voisinage de T^. J'appellerai piovisoirement ces
lignes des lignes de niveau, car elles ont tout à fait l'allure des courbes de
niveau équidistanles d'une carte topographique. Ce sont les intersections
avec le support cristallin d'une série de plans parallèles qui traversent tout
le liquide. Les plans sont prescpie parallèles aux parois de la fente de
(') Sur une petile quantité préparée par M. Mauguin.
(') 9?" e.l io5° d'après VorUmler et Hutli, mais il y a facilement surfusion.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 7^
clivage et c'est le défaut de parallélisme exact qui les fait rencontrer ces
parois.
L'équidistance d est facilement mesurable. En lumière monochroma-
tique, par exemple en lumière du sodium, on observe la fente de clivage
avant remplissage par le li([uide. Elle donne des anneaux de Newton qui
font connaître très exactement l'épaisseur en chaque point. On laisse
ensuite pénétrer le liquide et l'on compte le nombre des lignes de niveau
pour les mêmes épaisseurs. Par exemple, on trouve que le 12* anneau
sombre (en lumière transmise) correspond à la 18® ligne de niveau à T, et
à l'intervalle entre la i5® et la 16" ligne à T,, ce qui donne, en appelant d^
et û?2 les équidistances à T, et T^,
i^j -+- i!-y5,89.io-=^ = i8^, = i5,5f/,,
d'où
f/, = I ,88. lo"' cm , c/o =: 2 , 18. lO""" cm.
Les équidistances sont donc de l'ordre du tiers de la longueur d'onde de la
raie D.
On voit combien la variation de d est considérable pour une faible
variation de la température. En outre, le sens est bien conforme à ce que
l'on sait sur la lumière réfléchie, car on observe des longueurs d'ondes
décroissantes (par exemple, le rouge passe au vert) quand la température
baisse; donc f/, qui est proportionnel à X d'après l'égalité (i), doit bien
diminuer avec la température.
Quand on a vu les lignes de niveau dans une fente de clivage, on peut
les voir sur la surface libre du liquide reposant sur un clivage cristallin.
Il faut naturellement observer des gouttes très plates pour que les lignes de
niveau soient bien séparées. On les voit alors très nettement, mais dans des
conditions cependant un peu moins bonnes qu'entre deux clivages. Par
contre, on observe un nouveau phénomène très remai-quable : la surface du
liquide, examinée à un fort grossissement, n'est pas lisse. Elle est ordinaire-
ment marquée par un grand nombre de petites rides courbes dont la figure
ci-après donne une idée. Ces rides s'intercalent en files entre deux lignes
de niveau successives. Elles sont d'autant plus régulières que les lignes de
niveau sont plus régulières elles-mêmes. Par exemple, elles sont souvent
parfaites au voisinage de la ro'^ ligne. Elles se déplacent souvent toutes
ensemble en gardant bien leurs intervalles et en restant toujours comprises
entre les mêmes lignes de niveau. Le sens de leur courbure est parfaitement
défini : si l'on parcourt une de ces rides de son point le plus haut à son
74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
point le plus bas, on tourne dans le sens des aiguilles d'une montre, c'est-
à-dire que la rotation est droite. Cette curieuse propriété est évidemment
en relation avec le pouvoir rotatoire du liquide.
Dans les observations qui précèdent, le support cristallin joue seulement
le rôle d'une surface propre et homogène. Sa nature n'intervient pas, tandis
que la perfection du clivage est absolument nécessaire à la netteté des
observations. On peut voir cependant les lignes de niveau avec le verre,
entre un porte-objet et un couvre-objet bien nettoyés. On réussit mieux en
donnant au couvre-objet de petits chocs qui rendent les lignes plus régu-
lières.
GÉOLOGIE. — Su?' les oscillations glaciaires des temps quaternaires et les
mouvements correspondants de la lithosphère. Mote de M. Ph. ]\égris,
présentée par M. Pierre Termier.
Dans deux Notes récentes ('), j'ai traité la question de l'invasion des
glaces dans les Alpes pendant les temps quaternaires, ainsi que de leur
retrait à l'époque actuelle, en attribuant ces phénomènes à des mou-
vements épirogéniques d'élévation d'une part, d'aflaissement d'autre part.
J'ai de même expliqué les oscillations intermédiaires des glaciers par la
succession de surrections et d'affaissements en corrélation, cette fois, avec
la surcharge et la décharge de l'écorce par les neiges. Je crois devoir
donner plus de précision au jeu de ces dernières oscillations.
(') Comptes rendus, t. 170, J920, p. i 191; t. 171, 1920, p. 728.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 7^)
Dès que, à la suite des mouvements épirogéniques d'élévation, tels que
je les ai définis dans ma Note du 18 octobre, les glaces, à l'origine des temps
quaternaires, se sont accumulées sur les parties culminantes des Alpes, la
surcharge provenant de cette accumulation, s'ajoutant au poids de l'écorce,
Fa emporté sur les forces antagonistes, à savoir la poussée de la masse
fluide interne et la ténacité de l'écorce; la tendance à l'affaissement se
déclarait, affaissement qui amenait une augmentation de la fusion des
glaces pendant la saison chaude, et une diminution de l'accumulation des
neiges pendant la saison froide. La première époque interglaciaire était
ainsi inaugurée. Après une décharge suffisante de glaces, l'équilibre étant
obtenu entre les forces antagonistes, l'affaissement s'arrêtait. La fusion des
glaces, cependant, se continuant, l'équilibre ne tardait pas à être de nou-
veau rompu, en sens inverse, l'allégement produit par la fusion amenant
un mouvement ascensionnel de l'écorce; ce mouvement se continuait tant
que la fusion pendant la saison chaude l'emportait sur l'accumulation des
neiges pendant la saison froide, et il ne cessait que lorsque fusion et accu-
mulation parvenaient à s'équilibrer; en même temps prenait fin l'époque
interglaciaire. Une nouvelle phase glaciaire allait commencer et c'est ainsi
que les phénomènes se sont répétés dans les Alpes, pendant les époques
giinzienne, mindélienne, rissienne, wûrmienne.
Ce mécanisme cependant n'explique pas les différences qui existent entre
les différentes extensions glaciaires, pourquoi, par exemple, les extensions
mindélienne et rissienne furent beaucoup plus considérables que les deux
autres. Il nous faut donc admettre qu'indépendamment de ces mouvements
secondaires, causes des oscillations glaciaires, les mouvements épirogé-
niques d'élévation signalés, dans notre dernière Note, à l'origine des temps
quaternaires, ont continué à agir. Il semble d'ailleurs qu'il existe des
preuves plus directes de cette action dans les dislocations que présentent
les formations quaternaires dans la région alpine.
Ces dislocations peuvent provenir, il est vrai, de trois causes différentes :
soit des mouvements épirogéniques fondamentaux ci-dessus, soit des mou-
vements secondaires dus à la surcharge ou à la décharge de l'écorce par
les glaces, soit des mouvements épirogéniques d'affaissement qui ont
amené la fin de l'époque glaciaire; et il est difficile de faire la part de ces
diverses causes. Cependant deux catégories de faits semblent devoir être
attribués aux mouvements épirogéniques fondamentaux d'élévation qui
ont amené les phénomènes glaciaires et auraient persisté pendant toute
76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'époque glaciaire, malgré les interruptions produites par les afTaissements
d'ordre secondaire, pendant les époques interglaciaires. C'est ainsi que les
moraines de l'époque de Mindel, dans les Alpes orientales, dépassent les
moraines de l'époque de Riss, tandis que dans la Suisse, la France et la
région du Pô, c'est le contraire qui arrive (Penck et Brijckneii, Die Alpen
in dem Eiszeit, p. ii55-ii56), ce qui conduit M. Penck à admettre une
surrection des Alpes à la suite de la glaciation de Mindel, surreclion qui
aurait épargné les Alpes orientales. A l'appui de cette manière de voir
vient l'augmentation de pente des cailloutis des plateaux de la Suisse jus-
qu'à 10 et 12 pour 100, au lieu de 3 pour 100, qu'ils possèdent à l'Est.
Mais il ne semble pas que même les Alpes orientales aient été épargnées
complètement par les mouvements épirogéniques d'élévation. C'est ainsi
que les vallées de l'Iller et de la Lech, à chaque époque interglaciaire, ne
se sont pas contentées, pour atteindre leur profil d'équilibre, du creusement
de la nappe de cailloutis qui avait encombré leur lit pendant l'époque gla-
ciaire immédiatement précédente, mais ont vu ce lit entamé jusqu'au-
dessous de la nappe de cailloutis glaciaire {Ibid., p. 121), preuve que le
soubassement antéquaternaire s'est soulevé par rapport à la position qu'il
avait occupée pendant l'époque interglaciaire précédente, et cela même à
l'époque de Wiirm dont les nappes de cailloutis ont aussi été creusées jus-
qu'au-dessous de leur lit.
Cette dernière surrection fut suivie des mouvements épirogéniques
d'alfaissement post-glaciaire, dont il a été question dans ma Note du
18 octobre. Nous avons vu précédemment comment ce dernier affaissement
fait partie des mouvements grandioses de l'Europe occidentale et des
régions atlantiques, phénomènes auxquels se rattache la formation du
Gulf-Stream, qui déposait en Islande, à près de 200"^ d'altitude, les bois
du golfe du INlexique, altitude qui permettait au Gulf-Stream de s'étendre
librement jusqu'aux rivages de la Sibérie et même de les envahir. La
Sibérie, réchauffée ainsi par le Nord, put fournir une végétation suffisante
à l'alimentation des grands pachydermes, aujourd'hui ensevelis sous la
neige. C'était l'époque de l'optimum de température. Avec l'abaissement
du niveau marin, connexe des eiïoudrements de la lithosphère, les eaux
chaudes du Gulf-Stream furent gênées dans leur marche et n'atteignirent
plus la Sibérie ; la mer s'établit peu à peu dans ses limites actuelles, et en
même temps s'établissait le climat de nos jours.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921, 77
(îÉOI.OCilE. — Obscivalions sur les allumions anciennes de la Seine.
Noie (') de M. E. Chaput, transmise par iNI. (^Ii. Depéret.
Les alluvions anciennes de la Seine et de ses affluents sont assez déve-
loppées pour que l'on ait souvent essayé, depuis les travaux bien connus de
Belgrand, de reconstituer les anciens lits du fleuve d'après les terrasses
alluviales étagées sur les flancs des vallées. Les difficultés de cette étude
tiennent surtout au grand développement des méandres, dont les déplace-
ments soit latéralement, soit vers l'aval, ont substitué aux plaines alluviales
anciennes, primitivement horizontales, des plaines à pente douce, inter-
rompues par de faibles gradins; les terrasses locales, secondaires, ainsi
formées, doivent évidemment être éliminées dans un essai de coordination
applicable à toute une grande vallée. Je me propose de signaler ici quelques
terrasses essentielles, dont le plateau supérieur est bien conservé, et qui
correspondent à des phases imporlantes de remblaiement dans l'évolution
du fleuve.
Seine Maritime. — Deux terrasses sont particulièrement remarquables : a. A l'em-
bouchure de la Risle, le plateau de Berville-Conteville, à 33""-35"', limité par une
falaise de craie cénomanienne, est une belle surface de terrasse, de 4''™ de longueur
environ : sous des limons épais de plusieurs mètres, les cailloutis exploités à la « Côte
de Conteville » ont été traversés par un puits sur 10"° d'épaisseur. Ce sont des allu-
vions mixtes, provenant surtout de la Risle, où dominent des sables ferrugineux à
silex roulés, avec quartz peu nombreux dans les lits de cailloux roulés.
b. Bien distincte de la précédente, la terrasse de la Forêt de Brolonne, au sud de
Caudebec, avec prolongement sur la rive droite (Jumièges, le Trait) a une très grande
extension. Le plateau supérieur est à SS^-ôo" ; aux sablières du Trait, les alluvions
paraissent former un remblaiement continu de 20"; les sables sont très rubéfiés, les
graviers <;omprennenl des quartz de i"""' au maximum; quelques graviers calcaires
sont conservés dans la profondeur : les gros cailloux roulés ne comprennent plus
guère que des silex de la craie. Aucun fossile n'a été recueilli, à ma connaissance,
dans les exploitations actuelles; un' fragment de molaire à''Eleplias priinigenius
Blum., indiqué, au Musée de Rouen, comme provenant du Trait, aurait été trouvé
dans d'anciennes sablières, à un niveau inférieur.
Au-dessus de ces alluvions, on trouve, près de la Batterie de la Uève, à 100" d'al-
titude, des dépôts altérés, à graviers de quartz souvent peu roulés, assimilés parfois (^)
(') Séance du 27 décembre 1920.
(-) G. -F. DoLLFUS, Relations entre la structure géologique du bassin de Paris et
son hydrographie {Ann. de Géographie, t. 9, 1900).
^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aux a sables granitiques » peut-être miocènes de la région. M. Depéret (Notes citées
plus loin) a pensé au contraire que ces dépôts étaient des alluvions. A mon avis,
l'existence, dans ce terrain, de cailloux roulés de silex et même de quartz montre qu'il
s'agit bien d'alluvions ayant emprunté une partie de leurs matériaux à des sables gra-
nitiques antérieurs. La topographie indique que cette terrasse de loo" se prolonge
par les plateaux d'Harfleur, de Gainneville, etc., au moins jusqu'à Tancarville. On ne
voit nettement les cailloutis qu'en quelques points (environs d'Hardeui-, Tancarville);
ils sont, ailleurs, masqués par des limons dont l'épaisseur peut dépasser i5"' (Gainne-
ville). En amont de Tancarville, quelques plateaux (forêts du Trait et de Rouraare)
prolongent encore cette terrasse, en contrebas de la surface ondulée ( 1 3o"'- 1 So"" ) du
pays de Caux.
Les caractères des divers dépôts précédents indiquent bien des alluvions
fluviatiles et non des sédiments marins; malgré la proximité de la mer dans
cette région, le littoral était, aux moments de la formation des terrasses,
bien au delà de la côte actuelle vers le Nord-Ouest : des faits, même récents,
montrent le recul progressif du rivage; en outre on observe que les val-
leuses de la côte ont été creusées par des cours d'eau coulant non vers
la côte actuelle (environs de Bléville), mais en sens inverse, vers la rivière
d'Harfleur. Le recul du littoral a donc fait disparaître non seulement les
petites vallées qui sans doute autrefois débouchaient sur la côte, mais
encore les têtes des vallées anciennes à écoulement vers l'intérieur. On ne
peut dès lors espérer retrouver autour du Havre aucun dépôt marin cor-
respondant aux niveaux de terrasses indiqués.
Malgré cela, il est bien certain que les niveaux de la mer étaient sensi-
blement ceux des terrasses fluviales correspondantes : S^^'-SS™, 55'"-6o'",
qS'^-ioo™; la pente des terrasses en question est en effet pratiquement
nulle, comme celle de la Seine maritime actuelle.
On remarquera d'ailleurs que les altitudes précédentes concordent avec
celles que M. Depéret (') a été conduit à admettre pour les lignes de rivage
de trois des étages distingués par lui (Tyrrhéiiien. Milazzien, Sicilien)
dans le (Quaternaire des régions que n'a affectées, à cette époque, aucun
mouvement épirogénique ; ceci permet d'autre part de fixer avec vraisem-
blance l'âge des terrasses de la Seine Maritime.
Seule des lignes de rivage étudiées par M. Depéret, la ligne monaslirienne
(iS^-ao"") n'est pas représentée dans la Seine Maritime par une terrasse à surface
supérieure conservée; il existe toutefois, au pied des coteaux d'Yville et de Saint-
(') Cii. DsPÉnET, Essai de coordination chronologique générale des temps qua-
ternaires {Comptes rendus, Notes de 1918 à 1920).
SÉANCE DU 3 JANVIER I921, ^9
Martin-de-Boscherville, des alluvions fines, jjIus récenles que celles de la terrasse
de 35™, el dont raliilude, dépassant i5", n'alleinl jias 20" (vallée morte d'Yainville) ;
elles représentent sans doule la terrasse de i5™-20"' que nous retrouverons mieux
développée plus en amont.
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Contributioji à l'histoire des tremblements de terre.
Note de M. Eugène Mesnari», présentée par M. Gaston Bonnicr.
Ayant enregistré pendant trois années consécutives les tremblements de
terre importants, les cyclones, tempêtes, raz de marée et éruptions volca-
niques signalés dans le monde entier, et noté dans le même temps les indi-
cations météorologiques du Bureau Central et les vérifications locales faites
à Rouen, dans le but de rechercher des relations de cause à effet entre ces
divers {)hénomènes mondiaux et la météorologie dans l'Europe occidentale,
il m'a été possible de faire les remarques suivantes :
I. Les faits recueillis étant confondus dans leur ordre chronologique, on
est frappé de voir avec quelle facilité des intervalles de temps de 10 jours
ou d'un multiple se retrouvent en passant de l'un à l'autre. Des intervalles
de 7 jours et de 4 jours se rencontrent également, mais ils se renouvellent
moins fréquemment pour les séismes.
L'impression de lignée continue se ressent nettement lorsque, au bout
de 10, de 20, de 3o ou même de 4o ou 5o jours, on retrouve d'autres trem-
blements de terre; et elle se précise d'avantage encore lorsque les jours
d'absence sont marqués par des faits météorologiques notables qui, envi-
sagés sous un certain angle, paraissent correspondre à des manifestations
d'énergie. D'autres séismes auraient pu se produire certains decesjours-là ;
ils semblent avoir été évités; mais on retrouve la trace du passage de la
vague d'énergie qui aurait pu les faire naîlie.
Au fond, le contraire serait surprenant, et s'il est prouvé un jour qu'il
existe une cause commune, insoupçonnée jusqu'ici, du domaine de la Phy-
sique générale et de l'Astronomie, et capable d'engendrer des phénomènes
aussi ditîérents, on doit s'attendre évidemment à ce que les circonstances
favorables à la production des séismes ne soient pas toujours offertes par
le sol.
Exemples. — a. S. Vera-Cruz, S. bords du Hljlii. 3-4 janvier 1920, à S. Mexique,
i3-i4 janvier ( 10 j.); à S. Vancouver et S. mer du Marmara, 24 janvier ( 10 j.).
b. S. Fort-de-France, 21 mars 1920, à S. Uzèclies, Limoges, etc., lo-i 1 avi il (20 j.) ;
à S. enregistré à Tolède, 20 avril (lo j.).
8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les intervalles peuvent se rattacher à une époque de s\zygie :
c. N.L., éclipse sans pluie, lo novembre 1920, à S. Pyrénées-Orientales, 20 novembre
( 10 j.) ; à S. Aude et Ariége, 3o novembre (10 j.) ; à N.L., lo décembre, S. Amérique
centrale (10 j.).
Une série peut se compliquer beaucoup par les autres phénomènes et s'élargir sur
deux ou plusieurs jours :
d. Vague de chaleur Algérie, tempête Manche, 8-9 août 1920 à gr. pluies Japon,
orqges Midi et N. Italie (Savone), 18-19 (10 j.); à P.L., anticyclone, gr. raz de marée
Ordomari (Sakhaline), 28-80 (10 j.); à S.N. Italie, Côte-d'Azur, S. Régie d'Emilia,
7-8 septembre (10 j.); à gr. pluies or. Vierzon, vent or. Marseille, gr. pluies Italie,
•7~'9 ('o j-); à gr. brouillard New-York, P.L., S. Crihuela ( Espagne), 27-29 (10 j.) ; à
trombe d'Angoulême, vent or. Toulon, 'tempête or. Nantes, S. Algérie, 7-8 octobre (10 j.);
à S. Pérou, vent or. Nîmes, trombe Paris, pluies générales, S. Bagnères-de-Bigorre, vio-
lente éruption volcanique Mexique, 17-19 (le j.) ; à P.L., gr. pluies, 27-29(10 j.) ; à gr.
neiges Turin, gr. pluies, 6 novembre (10 j.); à cyclone Palerme, tempête Méditer-
ranée et Manche, 16-18 (10 j.); à P.L., S. Ponte-Vedre (Espagne), tempête Pas-de-
Calais, S. Pyrénées-Orientales, 26-28 (10 j.); à nébulosité, gr. neiges Pyrénées, cyclone
Bourbonnais, 6-8 décembre (10 j.); S. Alger, gr. S. mondial, S. Rome, S. Argentine,
i6-i8 décembre (10 j.). Rien d'intéressant ni de net auparavant.
II. Les tremblements de terre se produisent fréquemment un jour d'anti-
cyclone ou d'insolation totale, ou tout simplement de forte hausse baromé-
trique; mieux encore après plusieurs jours d'anticyclone et de sécheresse.
Les tremblements de terre suivants se sont produits après des périodes
d'anticyclone variant de deux à huit jours :
S. Guatemala, i5 décembre 1917; S. la Séréna (Chili), 20 mai 1918; gr. S. Sidney,
8 juin; S. Toulon, 11 août; S. Alicanle, 10 septembre 1919; S. Pérouse et S. Sienne,
i4 septembre; '>. Rome, 22 octobre; S. Goris, près Tillis, 22 février 1920; S. Fort-
de-France, 21 mars; S. Los Angeles, 28 juin ; gr. S. mondial, iG décembre.
On fait une remarque analogue pour certains raz de marée, des cyclories-
et de grands orages; de même pour les orages magnétiques coïncidant avec
le passage au méridien de foyers solaires très actifs, les troubles radiotélégra-
phiques avec vague de chaleur (gr. taches sol,) du lo-i i août 1919, et ceux
constatés à Sidney, 4 février 1920, 10 jours après le S. de Vancouver et
mer de Marmara, et qui firent songer à des signaux martiens.
III. Un tremblement de terre met fin, en générai, à une période anti-
cyclonique et sèche. Dès qu'il se produit, le même jour ou peu de jours
après, le vent, la tempête, les neiges ou la pluie apparaissent plus ou moins
localisés selon les circonstances : ils paraissent se faire sentir en de nom-
breux points de la surface du globe.
. Si nous groupons en un faisceau ces seules remarques, nous constaterons
SÉANCE DU 3 JANVIER Iy2I. 81
que les tremblements de terre n'apparaissent pas à une date (|uelcon(|ue et
qu'il y a lieu de considérer une sorte de relation en fonction du tenqjs
écoulé, l^n même tcjnps nous noierons des rapports entre les séisuies et
certains étals de l'almosplière (anlicyclone, sécheresse, liautes pressions
barométriques ) auxquels ils mettent fin habituellement en provoquant des
précipitations pluvieuses.
Nous pouvons donc en conclure que toutes les théories, basées sur un
mouvement de l'écorce terrestre et ayant par suite un certain caractère
accidentel, sont susceptibles d'être mises en doute ; de même pour celles,
assez récentes, qui font abaisser ou soulever, et avec possibilité de tremble-
ment de terre dans le sens des deux mouvements, un compartiment du sol,
d'abord en équilibre, puis surchargé ou délesté, par alluvions ou érosions,
après de grandes pluies de tremblement de terre : les pluies ne se produi-
sent qu'après les tremblements de terre, donc elles ne sauraient intervenir
dans ce cas.
Il est probable qu'une sorte de marée magnétique est constamment mise
en mouvement par l'apport journalier des radiations électromagnétiques
et radioactives du Soleil ; des courants telluriques ou autres s'y produisent
indéfiniment; une déperdition considérable d'électricité et de radiations
diverses à travers l'espace compense cet apport d'énergie.
Mais il est probable également que ce milieu magnétique est éminem-
ment susceptible d'être iniluencé par toutes les causes extérieures provenant
de l'atmosphère ou des astres eux-mêmes, et que les variations d'énergie
qui peuvent se produirent engendrent, en se surajoutant aux autres cou-
rants, de véritables points nodaux auxquels correspondent les séismes et
les événements météorologiques marquants.
On peut supposer, par exem[)le, qu'au moment d'un anticyclone, l'air
fortement ionisé, cessant de devenir bon conducteur de Télectricilé parce que
ses molécules dissimulent complètement la vapeur d'eau, une surcharge se
produit de ce fait dans le champ magnétique et rend imminente une rup-
ture d'équilibre. L'air est ramené assez brusquement à un élat où la vapeur
retrouve son point de saturation; l'électricité et la chaleur se dégagent,
engendrant des forces vives diverses et l'agitation : cyclones, tempêtes ou
vents, neiges et pluies sont alors la conséquence des dépressions formées.
Le phénomène se traduit autrement dans le sol. Là, les molécules, diffi-
cilement mobilisables, cherchent à se dégager les unes des autres en
poussées Irépidantes s'irradiant et oscillant en tout sens : c'est le tremble-
ment de terre, plus facile à rencontrer, comme on le sait, dans les terrains
C. lî., 1921, I" Semeslip. (T. KJ, N" 1.) "
82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soulevés et disloqués et où se conserve peiit-êire encore une énergie latente,
réserve du lointain passé où un travail mécanique énorme se produisit.
liO PANIQUE. — Plantes salées et période des anomalies. Note de M. Pieiiiîe
LESA«iE, présentée par M. Gaston Bonnicr.
Depuis 1911, je fais, chaque année, des cultures de Lepidiiim xalii'iim
pour savoir si cette plante, arrosée à l'eau salée, prendra des caractères
capables de se reproduire quand on supprime le sel marin dans les arro-
sages, afin de rechercher s'il y a hérédité de ces caractères. J'ai terminé la
dixième campagne ; pour ce motif et parce que des indications tendent à se
préciser dans les résullats, bien que ceux-ci paraissent de médiocre impor-
tance, je crois utile de passer en revue cette période décennaire pour insister
sur quelques points.
Dans la direction des expériences, il fallait envisager les variations atlri-
buables à la concentration des arrosages, à leur mode d'application (en
surface, en profondeur, etc.), et à la durée de ces expériences. J'ai adopté
les arrosages en profondeur. Quant à leurs concentrations, je les ai variées,
mais j'ai ilù les employer assez faibles pour être certain de poursuivre ces
expériences pendant plusieurs années en s'assurant, chaque année, une
récolte de graines capables de germer l'année suivante. A ce point de vue,
on peut imaginer une série continue et décroissante de concentrations dans
lesquelles trois valeurs critiques sont intéressantes : 1° CM, valeur au-
dessus de laquelle la plante ne peut vi\ re, mais au-dessous de la(juclle la
vie est possible; 2° Cm, valeur plus petite que CM, au-dessus de laquelle la
plante peut vivre, mais ne donne pas de graines on en donne qui sont mal
conformées, ne germent pas, et au-dessous de laquelle les graines obtenues
peuvent germer; 3° Cs, valeur inférieure à Cm, et à laquelle correspon-
draient les débuis de l'action modificatrice, à effets héritables, si cette action
est possible; ce serait le seuil de l'excitation utile. Dans mes expériences,
je devais chercher à opérer entre CsetCm, \aleurs qui ne peuvent ctie
connues qu'après de longs tâtonnements.
D'autre part, pour répondre au but de ces recherches, il fallait s'attacher
de préférence à des modifications aussi nettes (pie possible et susceptibles de
persister (juand la salure n'agit plus. Parmi les modifications ou caractères'
•des plantes salées, la carnosilé, le développement du tissu en palissade, la
réduction des méats intercellulaires, la diminution de la chlorophylle, ne
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 83
m'ont pas paru se prêter avantageusement à l'observation, soit parce que
cescaiactères ne sont nets que sous l'influence de la salure, soit parce qu'on
ne piMit les observer que dans les plantes traitées entre les limites Cm et CM.
Ce dernier cas est applicable certainement à la diminution de la chloro-
phylle et à la coloration jaunâtre des plantes salées. Je laisse donc de côté
ces caractères à avenir douteux, au moins pour le moment.
Kn revanche, d'autres caractères se prêtent mieux à des comparaisons
utiles : taille des plantes, poids et proportions des grosses graines. C'est ce
que montre le tableau suivant donnant les variations de ces caractères
pendant les cinq dernières années (1 916-1920) : première partie, pour les
plantes salées, S,, et, pour les plantes témoins, T,; deuxième partie, pour
les plantes arrosées toutes à l'eau douce, mais provenant des graines de
plantes salées l'année précédente, S.^, ou de plantes témoins, T,.
•ji'osses graines Poids
Année Taille. pour 1000. île 1000 grosses graines
riillu'rc. S,. T,. S,. T,. S,. T,.
1916 3rî"" 38"" 399 745 2^583 3,oo5
1917 19 34 y^g 816 2,472 3,074
1918 23 3.5 i48 716 2,55i 2,916
1919 2.) 36 98 901 2,33i 2,765
1920 38 42 668 832 2,754 2,812
Sj. T,. S,. 'i',. s,. T„.
1916 46 36 673 800 2,702 3,142
1917 37 32 543 794 2,687 3,19(1
1918 35 32 712 829 2,766 2,864
1919 4o 36 749 8i4 2,488 2,784
1920 63 41 864 887 2,897 ■^839
Il faut dire que les comparaisons ne peuvent se faire correctement que
pour la même année, car, si le sol était identique pour toutes les cultures
de chaque année, il était différent d'une année à la suivante.
D'après ce tableau, il y aurait dans les plantes salées une taille plus faible,
des grosses graines moins nombreuses et plus légères que dans les témoins.
J'ai déjà dit(')que ces trois caractères sont corrélatifs et peuvent se trouver
dans des plantes a l'état de souffrance, laissant entrevoir, tout au plus, une
hérédité de dégénérescence. La deuxième partie du tableau tendrait à
(') PiEnitE Lesage, Caractères des plantes salées et faits d'hérédité (?) (/?ec. géii.
de Botanique, 1916, p. 4^4)-
) ■ o
84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
corriger celle opinion, car, à pari l'année 1920, malj^ré leur taille plus
grande, les So présenlenl encore des grosses graines moins nombreuses el
plus légères que celles des témoins. Il y a là des observa lions à suivre allen-
livemenl dans les prochaines expériences, pour voir s'il n'y aurait pas autre
chose que de la dégénérescence.
Un autre caractère, déjà perçu dès 1913, se retrouve dans la forme des
graines : celles des plantes salées sont arrondies, dodues, relativement plus
courtes que celles des témoins. J'ai donné la photographie de graines
de 191B (') où ce caractère est assez net el marque suffisammeiil les diffé-
rences entre les graines des T et celles des S, et même des S^, indiquant
encore pour celles-ci une amorce à l'hérédilé. La comparaison des graines
de 1920 confirme cette manière de voir par un autre procédé. Pour faire
celle comparaison, j'ai pris, à un grossissement convenable, la longueur et
la largeur des graines, et calculé les rapports de ces dimensions; voici ces
rapports pour 4 cultures placées 2 à 2 dans des carrés différents : pour S,,
1,54 ; pour T|, 1,98; pour S., i,58; pour To, i,93.
Enfin, dans celte année 1920. une autre modification a retenu mon atten-
tion : la faime anormale de quelques fruits. Le fruit normal présente
2 loges. J'ai observé, pour la première fois, des fruits à 3 loges el même à
4 loges el en plus grand nombre dans les plantes salées, S,, que dans les
témoins. C'est ainsi que, sur 5o à 60 pieds portant plusieurs milliers de
fruits, j'ai noté, pour S,, 66 fruits à 3 loges el 6 à 4 loges; pour T,, 8 fruits
à 3 loges seulement; pour S^, i seul fruit à 3 loges; el. pour une plate-
bande de contrôle el d'essais divers, comprenant plus de 1600 pieds ordi-
naires, je n'ai compté que 3 fruits à 3 ailes. Je m'en tiens à celte seule
indication, pour le moment, au sujet de cette nouvelle modification; mais
je suis amené à me poser la question suivante : après 10 ans de culture, en
serais-je arrivé à une menace de rupture d'équilibre, à une période où un
léger affolement, précurseur de faits nouveau.x, s'annoncerait par ces ano-
malies?
C'est un nouvi'au niolif pour continuer ces expériences.
(') l'iERRE Lksagk, Sur la slobilisalion de caractères dans tes piaules salées
{Comptes rendus, l. 168, 1919, [). ioo3).
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 85
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Cnnlribtilion à Féliidc du mécanisme de l'ar/àni
fertilisante du soufre. Note de M. G. Nicoias, prcscnirc par M. Gaston
Bonnier.
Un certain noml)r(^ de recherches ont étahli que le soufre en Heur, ajouté
au sol à des doses con\enables, se comporle comme un engrais et accroît
les rendements. Le soufre, l'un des élémenls indispensables à la vie du
végétal, exerce sur celui-ci au moins une double aciion. Il lui fournit
d'abord, par son oxydation bactérienne dans le sol, de l'acide sulfurique,
directement assimilable, dont la présence permet en outre, surtout dans les
terres non calcaires, l'absorption de certains éléments minéraux (potasse,
oxyde de fer, alumine et même manganèse); il facilite, d'autre part, le
travail des bactéries ammonisantes et nitrifiantes et met ainsi à la disposi-
tion de la plante de plus grandes quantités d'azote. Tels sont les faits
acquis expérimentalement sur le rôle du soufre.
On a même pensé qu'il favorisait le développement des nodosités radi-
culaires des Légumineuses. Des expériences entreprises dans le but de
préciser ce dernier point, en 191 8, à Alger et, en 1920, au Jardin dos
Plantes de Nancy, avec le Pois, le Haricot, le Lathyriis Ochrus et le Lupinus
a/biis, cultivés dans des pots à la terre desquels j'ajoutais du soufre à la
dose de 100''*^, 200''^ et Soo'^''' à l'hcclare, ne m'ont donné aucun résultat
bien net, peut-être par suite de la richesse en azote du substratum (terreau
des jardiniers).
Ces expériences, si elles mettent une fois de plus en relief l'action fertili-
sante du soufre, ainsi qu'en témoignent les chiffres suivants pour le Haricot
Souvenir de Dreiiil :
Poids
Nombre ~~^ — • — ~
de graines. des graines. d'une graine.
B g
Sans soufre i3 4)900 0,876
loo^ô de soufre 12 5,3io o,l\6?,
2oo''8 » 10 f'.y^S Oï57i4
3oo''B » 12 5,ii5 0,426
sont intéressantes surtout à un autre point de vue. Elles montrent que le
soufre est susceptible, à doses convenables, de favoriser la nutrition car-
bonée des végétaux. Voici la répartition de l'amidon dans les organes
végétatifs (à l'exception des feuilles desséchées au moment de la récolte)
du Haricot et du Pois :
86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tige (base). Tigelle. Haciru; ( base).
1. Ainiilon très rare dans Amidon très ran: dan> Vniidoii larc (L.is !<■
Il' parenchyme ligneux le parenchyme ligneux parenchyme ligneux
secondaire et à la péri- secondaire, assez al)on- secondaire cl à la péri-
phérie de la moelle. dant à la périphérie de phérie de la moelle,
la moelle.
2. Id. Id. Id.
3. Amidon abondant dans Amidon 1res abondant Amidon abondant dans
le parenchyme ligneux dans le parenchyme le parenchym<' ligneux
secondaire et à la péri- ligneux secondaire, secondaire et à la péri-
phérie de la moelle. abondant à la péri- pliéi'ie de la moelle,
phérie de la moelle.
'i. Amidon très rare dans Amidon très rare dans Amidon rare dans le
le parenchyme ligneux le parenchyme ligneux parenchyme ligneux
secondaire, rare à la secondaire, abondant secondaire et à la péri»
périphériede la moelle. à la périphérie de la phérie de la moelle.
moelle.
1. Sans soufre; '2. loo''» de soufre ; '■). îoc"*" de soufre ; k. 3oo''s de soufre.
POIS.
'I'i!;r (li.Tse). Racine (base).
Sans âoufic I^as d'amidon. Pas d'amidon.
loo''* de soufre \midon très rarç dans le Id.
liber secondaire.
20o'<B de soufre Id. Id.
Soo'^s de soufre Amidon abondant dan> Amidon assez abondant
le liber secondaire et dans les rayons médul-
dans la moelle, assc/. laires du bois secon-
abondant dans le pa- daire.
renchyme ligneux se-
condaire.
A doses convenables, variables avec chaque espèce (■200''" à l'Iiectare
pour le llarirol, 'ioo'^s pour le /'oà), le soufre favorise \a for/ndlion de ra/m-
don el l'aclion plinlosynlliétique dont ce dernier n'est que la conséquence.
Nous savons déjà parMazé et Demolon que le soufre est nécessaire au déve-
loppement de la chlorophylle, que son absence provoque la chlorose et (ju'il
exalte le vert chlorophyllien. Far suite de cette action sur le [jigafenl verl,
la décomposition du gaz carbonique atmosphérique est activée, le carbone
est lixé en plus grandes quantités et mis on dépôt sous la fornic d'amidon :
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 87
des reclierclies sur les échanges gazeux de rassimilalion confirmeraient
vraisemblablement cette assertion.
11 semble bien, d'après ces observations, qu'au rôle déjà important attri-
bué au soufi'c, tant comme aliment sous la forme d'acide sulfurique, que
comme agent catalylique dans l'assimilation de l'azote du sol, puisse
s'ajouter l'inlUience également essentielle qu'il exercerait sur la fixation du
carbone atmosphérique par suite de son action sur la chlorophylle.
\\n raison de cette influence multiple, son emploi en agriculture mérite-
rait d'être soumis à des recherches approfondies.
MYCOLOCIE. — Sur un nouveau réactif ({es LacUiircs el des Riissuh's
à saveur acre. Note de M. Bari-ot, présentée par M. L. Mangin.
Au cours des recherches que nous avons entreprises sur les réactions
colorées des champignons supérieurs, et dont les résultats ont été déjà
parliellement publiés ('), nous avons fait une série d'observations intéres-
santes, en soumettant les échantillons examinés à l'action d'un réactif
nouveau à base de pentachlorure d'antimoine. On sait d'ailleurs que ce
dernier corps possède la propriété de donner facilement de très nombreuses
réactions colorées avec une foule de substances, les carbures d'hydrogène
notamment, lorsqu'il est en solution dans le tétrachlorure de carbone (-).
Le produit dont nous nous sommes servis, el que nous désignerons sous le nom de
chloroanlimoniate de mélhyle, a été signalé en 1876 par Carlelon Williams ('); c'est
un solide, fusible vers 80°; il s'emploie en solution dans l'alcool mélhylique. I^es
meilleures concentrations semblent celles pour lesquelles la teneur en chlore est com-
prise entre 20 et 3<j pour 100; les solutions trop concentrées ou trop diluées donnent
des colorations, ou noires, ou à peine sensibles. En remplaçant l'alcool métliylique
par ses homologues supérieurs, éthylique, propjliques, amyliques, etc., on peut pré-
parer une série de léactifs qui, dans l'ensemble, agissent tous de la même façon.
Beaucoup d'espèces mycologiques sont insensibles vis-à-vis du- chloroanlimoniate,
ou donnent des colorations trop lentes à apparaître pour être utilement employées
dans la diagnose. C'est ainsi qn Ainanita phalloïdes prend, au bout de plusieurs
minutes seulement, une teinte saumon pâle, au contact du chloroanlimoniate
d'umvle; mais cette action, bien que spécifique parmi les Amanites communes, n'est
pas assez rapide pour être pratiquement applicable. l'ar contre, Amanila citrina
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 679, el t. 171, 1920, p. 1014.
(-) lliLPERT et WoLF, Deulsche Chem. Gesells., l. 4(5, 1913, p. 2215-2218.
(^) Carleton' Williams, Journ. Chem. Soc, t. 2, 1876, p. 463.
88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réagil inimétliateinenl en brun foncé (ii° 00, ilu Code de Couleurs de Klincksicck el
N'alelle), caracléiislique de cette espèce.
Mais c'esl pour les Lactaires et surtout les lîussules que les phénomènes
présentent leniaximum d'intérêt. En effet, dans ces deux genres, les espèces
à saveur acre se comportent de façon analogue; il n'est plus nécessaire de
les goûter pour en faire la détermination, rapplicalion du chloroanlimoniale
suffit, (^esl ainsi que Russnla eineùca et Lactanu.s jnperatus se co\orçnl en
gris plombé (483) intense, au bout de quelques secondes de contact, quelle
que soit la portion examinée du carpophore. Une telle similitude faisait
prévoir l'analogie des principes acres des deux espèces; l'expcricnce a con-
firmé ces vues, el nous avons pu exliaire, de quelques kilogrammes de
cliampigtions frais, plusieurs grammes de deux substances qui paraissent
idenliques.
Ces composés sont assez instables; conservés en tubes scellés ils jaunissent
peu à peu, perdent leur saveur qui, au début, est extrêmement forte et
poivrée, et ne se colorent plus au contact du chloroantimoniate-de mélliyle.
Ils sont détruits par ébullition avec l'eau ou l'alcool ordinaire, ce qui ne
permet pas d'employer ces deux dissolvants pour les extraire.
L'extraction des substances actives se fait commodément en employant
l'éther, à froid; il suffit de laisser macérer les champignons coupés en
fragments grossiers, dans l'éther, pendant 12 à i5 heures;' il se foiine
deux couches liquides : la plus dense, btiinàlre, et renfermant surtout de
l'eau, esta rejeter; l'élhcr qui surnage est recueilli, el une évaporalion dans
le vide donne un corps blanc biillanl, en gros cristaux mous, feuilletés,
quelquefois avec des formes dendri tiques, et (jui constitue le principe actif.
La réaction colorée avec le chloroanlimoniate de méihyle est immédiate,
très intense, sur un fragment minuscule.
Toutes les Russules acres se colorent de la même façon, mais avec une
intensité plus ou moins grande en rapport avec la teneur en matière active.
Parmi les nombreuses espèces examinées, nous citerons comme r.éagissant
fortement :
JUissiila (J /i'/f/ii\ dont l'extrait étheré abandonne par évaporation des
cristaux d'aspect foliacé, d'odeur forte, irritante, et dont la saveur rappelle
celle de VAriim mnculalwn ; la chair se colore en gris verdâtre ( 1.")8 );
Rassulfi atropunmraa, R. fœlens, IL ntiiscosn, R. oclifolenca, IL rinhicea
se colorent en gris plombé, comme Rii.ssitla rmelicn ;
Riissulii sangitinea donne un bleu vert intense (K)^).
(,)uant aux espèces comestibles, ou bien elles ne se colorent pas du tout
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921. 89
(/iuasiila aiirata, H. Irpida, It. rirrsccns) ou bien elles deviennent à la longue
légèrement bleuâtres, et la teinte disparaît au bout d'un certain temps ; telles
sont : Ilussuld aziiren, R. cvano.ranlha, R. delica, R. oramrni'nicolor, R. lutea,
R. olhacca.
Nous attirons parliciilièreincnl l'altenlion sur Russida rosea ((^)uél('l) qui
se comporte de lacon toute spéciale; cette espèce est, jusqu'à présent, la
seule qui prenne une coloration vert pré intense (276) et instantanée, en
présence du réactif slibié, et cela en tout point touché par l'opérateur, sauf
sur la cuticule du péridium dont le pigment gêne l'observation. L'action
n'est pas localisée, mais généralisée dans tous les tissus.
En essayant d'extraire la substance active par l'éther, en suivant la même
méthode que pour les. autres Russules, nous avons pu obtenir un corps
blanc jaunâtre, cristallisé en prismes allongés, groupés en amas radiés, et
qui donne la réaction colorée avec le maximum d'intensité. Le produit
ainsi préparé paraît beaucoup plus stable que le composé acre de Russida
emclica., et se conserve sans altération sensible pendant plusieurs mois.
Riissida rosea donne une réaction différente si elle est desséchée ou trop
avancée : la teinte verte fait place à du brun rouge plus ou moins intense ;
la production du corps actif est certainement liée de façon très intime aux
phénomènes vitaux et aux transformations qui les accompagnent.
Il est intéressant de remarquer que Rnssula rosea est caractérisée par un
certain nombre de réactions chimiques qui lui sont bien spéciales, et lui
confèrent une indiscutable individualité; M. Maire a en effet montré (')
que les réactifs sulfovanillique et sulfoformolique agissent sur elle d'une
façon toute particulière.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — lj>i (1(1 « loiil OU rien » oii (le ronst(ii)C(' foiictioiiiiclle,
relative à l' action du testicule considcrê comme i^lande endocrine. Note (-)
de M. A. PÉZARD, présentée |)ar \I. Edmond Perrier.
Nos expériences sur les (iallinacés ont établi que de menus fragments de
teslicuk, implantés naturellement ou artificiellement sous le péritoine des
(') Dali. Soc. Mj'cot., \. 2(>, ii)io, p. 98 el suiv,
(^) Séance du i5 novembre 1920.
90 ACADÉMIE DES SCIENCES.
castrais, suffisent à assurer le dévelo[)|)cment des caractères morpholo-
giques et psychiques conditionnés par le testicule. En réalité, pour être
efficace, la masse de lissu testiculairc ne doil ])as. chez le coq. être infé-
rieure à 0*^,5 environ; mais une fois ce minimum réalisé, les caractères se
développent intégralement, sans fraclionnemenl aucun. Ce chiffre moyen,
0*^,5, eicctic loi du « tout ou rien » ressorlent clairemcnl d'une statistique
|)ortant sur 26 coqs étudiés par nous, et de plusieurs séries d'expériences
qui en constituent le conirôle.
1" Stdlàtique. — 26 coqs de races diverses, mis en observalion à la slalion pliysio-
logique du Collège de France, et comprenant :
a. 7 mâles normaux;
b. 8 castrais Iransplaiilés, à caractères de nifiles;
c. 4 castrais transplantés, à caractères de castrats;
(1. 7 castrats.
A l'autopsie, faite après que les caractères sexuels ont alleinl leur équilibre défi-
nitif, nous déterminons la masse m de tissu lesticulaire et nous vérifions la structure
iiistologique de ce tissu. La longueur de la crête L nous fournit un critère précis de la
masculinité des sujets.
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m.
L.
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m.
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62
l.,'c.\au)eii comparatif des colonnes m et l^ montre nettement (pi'aucuii
parall(''lisme n'e.xiste entre la masse de tissu conditionnant el la grandeur
du caractère conditionné. Sans doute, les coqs 1 à lô présentent des crêtes
inégales, mais cela tient à ce que nos observations portent sur des animaux
de races différentes : races à grandes crêtes (Leghorn doré), à crête moyenne
(Dorking), à crête petite (Orpington fauve ou noir, Faverolles); en tout
cas, l'ensemble de leurs caractères sexuels est [pleinement développé. Les
SÉANCE DU 3 JANVIER igit. 9I
coqs 15 à 2() possèdent des masses insignifiantes de tissu lesliculairc ou
n'en possèdent pas du tout : crête petite, pâle; aucun attribut sexuel. Le
nombre : 0^,5, qui est la limite inférieure des masses efficaces introduit
ainsi une discontinuité absolue entre l'état sexué et l'état neutre; nous
n'avons jamais pu obtenir un état intermédiaire stable.
■2° Expériences de contrillc. — n. Dans le Mémoire de F. Koussay relatif à l'aclion
lia légime carné exclusif chez les co(|s, nous avons décou\erl un résultai semblable :
les sujets qui possèdent plus de os, 7 de testicule sont devenus des mâles normaux
(crête développée, instincts combatifs); ceux qui ont moins de os.y sont notés comme
craintifs et non batailleurs (caractères de castrats).
0. Dans un Mémoire de Foges (1902), nous constatons que des coqs porteurs de
Iransplants sont, ou bien des mâles normaux, ou bien des chapons parfaits.
r. ObsenaCion personnelle. — (loq Leghorn doré né en mars /920. l'ériode de
puberté ; mai à septembre. l'résenle depuis lin août une paralysie des membres pos-
térieurs, mais continue à s'alimenter. Le iS septembre, la crête, qui atteignait
1 1>""" de longueur commence à régresser et nous diagnostiquons une régression du
testicule. L'animal meurt le 22 octobre. A l'autopsie : testicules très petits, nious
avec tissu interstitiel en assez bon état,- et canaux séminifères en régression.
//( =: ûs, '1 (au lieu de i5e environ).
{'niitlilioiis dctcrminaiiles (le hi piihcrté. — Noire étude comparée offre,
en sens inverse, l'image de ce qui se produit lors du développement du coq.
Il y a lieu de penser que l'apparition de la puberté, dès le troisième mois,
correspond au moment oîi les glandes reproductrices, en voie d'accrois-
sement, franchissent le minimum efficace. Leur action, iiiiUc aiipnrfn'nut^
crée (i'rinl>lèe la condition chimique de milieu qui permet à l'animal
d'atteindre son équilibre sexué.
A cette interprétation, comme à la loi du « toutou riei) », on pourrait faire une
objection. S'agit-il bien, en réalité, d'une cause pondérale; n'existe-t-il pas, entre
testicule prépubéraLet testicule pubère, ou bien entre iransplant inactif et transplant
efficace une difTérence histologique qui rendrait mieux compte des faits. Ce n'est pas
le cas : les Iransplants non fonctionnels ont la même structure que les autres : canaux
séminifères incontestables, souvent avec spermatozoïdes; tissu interstitiel plus ou
moins abondant. Quant au testicule du poulet, s'il subit, vers le troisième mois, un
accroissement rapide, cela tient à l'établissement de la spermatogénèse et à la dimi-
nution marquée du tissu interstitiel, mais il n'y a aucune crise histologique dans la
glande.
Conslancc fonctioniu'Ue . — L'identité qui existe, chez nos différents sujets,
entre l'action de masses testiculaires dont les extrêmes sont os,5 et 42" nous
92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
paraît devoir s'appliquer aux difTérents états du testicule, chez un animaf
en voie d'évolution sexuée. — Ainsi, dans les conditions normales, une très
petite fraction (j^ par exemple) de riiarniozone tcsticulaireejît utilisée pour
le maintien du caractère conditionné ; le reste est « sécrétion de luxe » pour
employer l'expression de E. Gley. Cela revient à dire que Faction du testi-
cule est constante à partir du moment où celte glande entre en jeu.
Coiichisinus. — i" L'action morphogène du testicule, chez les coqs, est
soumise à la loi du « tout ou rien » ;
1° Plusieurs séries d'expériences convergentes permettent de fixer à o*^, 5
environ la masse du minimum efficace;
3° La loi du « tout ou rien » entraine, comme conséquence, la loi de
constance fonctionnelle.
PHYSIOLOGIE. — Sur r action antiscorbtitiqur de la pomnie de terre crue, hroyée
et intacte. Note de M. Bezssoxoff, présentée par M. Roux.
D'après le premier travail de A. Holst sur le scorbut, la pomme de terre
crue aurait un rôle antiscorbutique dans le régime alimentaire des équi-
pages des bateaux. En 191 2- 191 3, A. Holst et Frolich, dans leur remarquable
travail sur le scorbut expérimental du cobaye, signalent l'action antiscor-
butique de la pomme de terre fraîche administrée après cuisson (').
Vu la place importante occupée par la pomme de terre dans notre
alimentation, il nous paraissait intéressant d'a[)porter quelques précisions
sur sa richesse en principes antiscorbutiques. A cet effet nous avons étudié
l'action antiscorbutique de la pomme déterre crue, non pelée, sur le cobaye
soumis au régime avoine-eau.
D'autre part nous avons entrepris de comparer l'action antiscorbulique
d'une quantitéjdurnalière déterm/ie'e de pomme de terre crue intacte à celle
de la même quantité broyée à la presse hydraulique et administrée aussitôt
au cobaye sous forme de jus et de marc. Nous nous sommes aussi proposé
de déterminer la valeur aiitiscorbutique de ces deux fractions prises
isolément. Les cobayes employés furent choisis après triage.
Il résulte de nos expériences que :
(') Les cobaves employés par ces auteurs lel'usèrenl de manger la pummr de lerre
crue.
SÉANCE DU 3 JANVIER I921. 93
i" L'action anliscorbulique de la pomme de terre intaclc pelée (jeune à
chaif jaune, n'ayant pas développé de cortex vert) égale celle des végétaux
à action antiscorbutique marquée, tels que le choux ou le pissenlit.
Deux cobayes soumis au régime avoiiio-eau-pomme de terre crue intacte
[)elée ([5" par animal et par jour) fureiil tués le 83'' jour de rexpériencc;
aucune trace de scorbut à l'autopsie.
2° La pomme de terre broyée exerce à dose égale une action anliscorbu-
lique bien inférieure à celle du tubercule intact.
Quatre cobayes soumis au régime avoine-eau, 5*-' de marc et 10""' de jus
obtenu en broyant la pomme de terre crue à la presse hydraulique. La
quantité de pomme de terre broyée donnée aux animaux correspondait à
celle de la pomme de terre intacte de l'expérience précitée.
Les quatre cobayes succombèrent au cours de l'expérience. Un cobaye
mourut le 70* jour du régime avec des lésions scorbutiques particuliè-
rement bien caractérisées à l'autopsie. Les trois autres moururent les Si*", 52*"
et 5G'^ jours du régime avec de faibles signes de scorbut à l'autupsie.
3° Le jus extrait par pression de la pomme de terre crue possède une
action antiscorbutiqne, mais cette action est plus faible que celle des quan-
tités équivalentes de pomme de terre intacte.
Quatre cobayes furent mis au régime avoine-eau-jus de pomme de terre,
extrait par pression de pomme de terre ayant hiverné et donné aux animaux
deux heures et demie environ a[)rès le commencement de l'extraction.
Deux cobayes recevaient 3o""' de jus par animal et par jour; ils mou-
rurent au 28*^ jour du régime. Deux cobayes recevant par jour 4o™' de jus
vivaient encore au 3o'^ jour (le dernier) de l'expérience. L'un d'eux déclinait
rapidement, mais l'état de l'antre restait satisfaisant.
Deux autres cobayes reçurent par jour 10™' de jus rapidement extrait
d'une pomme de Icvfq fraîchement récoltée. Un cobaye mourut au 4t>'' jour,
l'autre périt accidentellement au 3o''jour. Les courbes des poids des deux
cobayes avaient la même allure.
4" L'action du marc seul est presque nulle. Le marc obtenu par broyage
de la pomme de terre crue ajouté au jus extrait par la même opération ne
renforce pas d'une façon appréciable l'action anliscorbutique de ce dernier.
Trois cobayes reçurent, en plus de l'avoine-eau, une dose journalière de
marc de pomme de terre (restant après extraction du jus). Celte dose variait
entre ']^,S et lo^ par animal et par jour. Les animaux succombèrent les 26",
29'' et 32*' jours du régime.
94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La longévité des i5 cobayes témoins mis au régime avoine fut : 27 jours
(i cobaye), 25 jours (i cobaye), 22 jours (i cobaye), 18 jours (2 cobayes).
Les 10 autres succombèrent entre les 12'" et i5* jours.
HISTOLOGIE. — Rapport des nrniitrs avec les tissus dans la cornée.
Note de M. J. IVageotte, présentée par M. Marchai.
Il existe dans la cornée une disposition qui mérite d'être mise en évidence
parce qu'elle permet de préciser, dans des conditions particulièrement
favorables, certains rapports généraux entre les neurites et les tissus qu'ils
tiaversonl.
On sait (jue les plexus superficiels émettent des branches perforantes qui,
après s'être dirigées obliquement vers la face antérieure de la cornée, tra-
versent la membrane de Bowmann et se résolvent en arborisations de libres
sous-épilhéliales très fines et très longues.
Ces fibres sont appliquées sur la face antérieure de la membrane de
Bowmann, 011 elles forment ce que l'on appelle le plexus de Cohniieim.
Chez le lapin, elles courent parallèlement entre elles et se dirigent radia-
lement vers le centre de la cornée; mais elles émettent aussi des collaté-
rales qui restent dans le même plan qu'elles et qui s'cntre-croisent en
donnant l'illusion d'un plexus.
De cet ensemble de fibres partent à angle droit des collatérales qui
traversent toute l'épaisseur de l'épithélium, pour aboutir aux couches les
plus superficielles de cet épilhélium. Arrivées là, ces collatérales donnent
naissance chacune à une arborisation de rameaux qni s'éparpillent irrégu-
lièrement à la surface de la cornée et se terminent par de petits renfle-
ments.
Or, voici le fait intéressant : dans toutes les parties de cet appareil ner-
veux qui sont situées en arrière de la membrane de Bowmann, c'est-
à-dire en tissu nïèsodermicjue^ les neurites sont emprisonnés dans une gaine
névroglique disposée en réseaux; tandis que dans toutes les parties situées
en tissu ectodermique, les neuiites sont dépourvus de gaines et cheminent
nus entre les cellules épithéliales.
La coloration vitale au bleu de méthylène ou la méthode Ctijal colorent
électivement les neurites. On peut colorer isolément la gaine nêvro-
SÉANCE DU 3 JANVIEK I921. pS
j;li(|iie à l'aide de l'Iiématéine, suivant une tecliiii(|ue (jm- j'ai fait con-
naître précédemment (').
Fics impréi;nations à l'or colorent la névroglie aussi bien que les ncu-
rilcs; c'est pourquoi, dans les préparations faites par les méthodes usuelles
au ciiloi'ure d'or, les branches perforantes figurent des bag:ilettes réguliè-
rement cylindriques et d'apparence homogène. Mais aussitôt qu'elles ont
atteint la membrane de Bowmann, un léger renflement marque la termi-
naison de la i;aine névroglique et l'on en voit sortir des neurites qui désor-
mais sont nus et qui se distinguent facilement des branches du plexus par
leur gracilité et leur aspect moniliformc. Chaque branche perforante con-
tient I, 2, 3, quelquefois ] neuiites, ([ui s'échappent de son extrémité en
formant comme les lanières d'un fouet. (^)uand il n'y a qu'un seul neurite,
on distingue néanmoins très bien le point où il sort de la gaine névroglique,
parce qu'il change brusquement de direction, devient plus fin d monili-
fornie.
La formation des plexus, dans les tissus mésodermiques de la cornée,
est uniquement le fait de la névroglie qui, ici comme dans tous les nerfs
sans myéline, présente une disposition rétiforme: mais les neurites contenus
dans ces plexus ne s'anastomosent pas entre eux. Lorsque les neurites
deviennent inlra-épithéliaux, ils abandonnent en même temps la névroglie;
dès lors, ils peuvent se croiser et venir en contact les uns avec les autres,
mais ils ne s'anastomosent jamais, comme on ])eut aisément s'en assurer
par un examen pratiqué dans de bonnes conditions, et ils ne forment pas
de plexus véritables.
Dans la cornée, les neuiites n'entrent donc pas en contact avec les tissus
d'origine mésodermique; ils en sont toujours séparés par une gaine névro-
glique qui, comme eux-mêmes, provient de l'ectoderme. Mais lorsqu'ils
arrivent dans un tissu ectodermique, et qu'ils se retrouvent ainsi dans leur
feuillet d'origine, ils cheminent au contact des éléments épithéliaux, qui
jouent à leur égard le même rôle que les éléments névrogliques à l'égard
des neurites contenus dans les nerfs périphériques ou dans les centres
nerveux.
J'ai pu m'assurer que Cette loi est générale et que nulle part dans l'éco-
nomie l'élément nerveux n'entre en contact avec les éléments mésoder-
(') J. Nageotte, Syncytium de Sc/n\anii en forme de cellules hévrog'liqiies dans
la cornée {Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 70, '91 1)-
96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
iniques, sauf peut-être les l'acines antérieures à leur sortie de la uioelle
p;adiint une pîriole trèi courte du développement embryonnaire; chez
l'adulte, les neuritessont contenus dans des territoires ectodermi(|ues d'où
ils ne peuvent s'échapper que lorsqu'ils rencontrent un épithéliuni de
même origine embryonnaire. En somme, la migration du système nerveux
au sein du mésoderme, pendant l'évolution phylogénique des êtres vivants,
se fait par la pénétration de tractus formés de tissu nerveux, qui conservent
une délimitation rigoureuse, sans qu'il y ait de mélange entre les éléments
anatomiques de ce tissu nerveux et ceux des tissus mésodermiques envahis.
ZOOLOGIE. — Vamoiir malernel chez la Raie Torpille. Note ( ') de M. Rai>iiael
Dubois, présentée par M. Edmond Perrier.
Une forte Torpille ( Torpédo inormorotœ L.), sur le point de faire ses petits,
ayant été amenée au Laboratoire maritime de Physiologie de Taïuaris-sur-
Mer, je la fis placer dans un panier en osier, lequel fut immergé dans le parc
de l'établissement.
L'animal donnait à ce moment de fortes secousses électriques et ces
dernières ne furent pas dangereuses pour les petits avant leur naissance,
car, le lendemain, on en trouva sept, tous bien vivants, accolés sous le
ventre de la mère ; ils étaient nés pendant la nuit. La Torpille mère parais-
sait tout aussi vigoureuse que la veille, mais elle ne donnait plus de
secousses électriques. On pouvait la manier très facilement dans le panier
tant que ses petits étaient près d'elle.
Ces derniers ayant été pris pour des expériences, la Torpille jnère se
remit à donner de fortes secousses comme avant la naissance de ses petits.
Cette observation montre que la décharge électrique n'est pas seulement
réflexe, elle est réellement volontaire et consciente. La mère sait (jue la
secousse pourrait être dangereuse pour ses petits et elle la supprime
intentionnellement, malgré les excitations qui ordinairement la déclenclieiit
instantanément.
Il est curieux de constater encore que les décharges sont inollensivcs
pour les petits tant qu'ils sont dans le ventre de la mère. Ils se trouvent
protégés de la même manière que les organes internes de la luile élcctii(|ue.
(') Séance du 27 décembre 1^20.
SÉANCE DU '3 JANVIER I921. 97
BACTÉRIOLOGIiî. — Action bactéricide du rayonnement que donnent les tubes
radifcres employés en radiumlhèriipie . Note (' ) de iNIM. Ci-uzet, U<»ciiai\ et
KoFMAK, présentée par M. A. d'Arsonval.
Nos l'echerches, qui ont porté surtout sui' le bacille pyocyanique et sur
le bacille d'Eberth, ont été cflectuées en immergeant dans les cultures en
bouillon peptoné un tube à paroi de platine de o"°\ 5 d'épaisseui- et con-
tenant 5o'"*5 de RaBr^, 2H-0. Les cultures étaient elles-mênips contenues
dans des tubes de verre ayant 10""° de diamètre intérieur.
Nous avons d'abord constaté que l'action du rayonnement est nulle sur
les cultures âgées de 24 heures. Dans une première expérience, l'irradia-
tion a duré trois jours et, dans une seconde expérience, cinq semaines;
l'ensemencement des cultures irradiées et des cultures témoins n'a donné
aucune différence soit dans l'abondance des cultures après 24 heures, soit
dans la morphologie des microbes (bacille pyocyanique).
Fj'action es't retardante sur les cultures en état de développement rab'nti,
c'est-à-dire sur celles obtenues en ensemençant un tube d'eau peptonée
avec une ou deux gouttes de culture de 24 heures et en laissant le tube à
la température du laboratoire (16"), au lieu de le placer dans l'étuve à 77°,
de manière à ra-lenti^" le développement de la culture. Dans ce cas, l'irra-
diation a été poursuivie pendant sept jours; les tubes témoins ont poussé
au bout de 48 heures, tandis que le tube irradié a présenté un retard de
1 2 jours (bacille pyocyanique).
Nous avons alors cherché l'action des appareils radifères sur les cultures
à Vétat de vie latente., c'est-à-dire sur celles obtenues en ensemençant un
tube d'eau peptonée avec une ou deux gouttes de culture d'un microbe et
en laissant le tube dans la glace. Dans ces conditions, les cultures ne se
développent pas; mais si, quelle que soit la durée du séjour dans la glace,
on place ensuite le tube dans l'étuve à 3^°, les microbes se reproduisent
abondamment; ils étaient à l'état de vie latente pendant le séjour dans la
glace. Une série d'expériences nous ont montré que dans ces conditions le
bacille pyocyanique (race F) pouvait être détruit par une irradiation de
7 jours, soit 8400 mg-heures de bromure de radium hydraté, et le bacille
(') Séance du ■>.'] décembre 1920.
C. R., igîi, I" Semestre. (T. 172, N° 1.) 7
9© ACADEMIE DES SCIENCES.
d'Eberlh, par une irradiation de 12 jours, soit i4ooo mg-heures. Les
témoins donnaient des cultures abondantes en 4 ^^ heures après le séjour
dans la glace.
Les résultats précédents pouvaient laisser supposer que le rayonnement
des appareils radifères in fertilise le bouillon, sans avoir d'action directe
sur les microbes; mais, ayant soumis de l'eau peptonée à une irradiation
de 7 jours et l'ayant ensuite ensemencée (bacille pyocyanique) ainsi que
deux tubes témoins, nous n'avons obtenu aucune différence entre les trois
cultures. Le milieu n'est donc pas infertilisé par le rayonnement.
On a vu plus haut que pour détruire le bacille d'Eberth il faut une dose
plus forte que pour détruire le bacille pyocyanique. Nous avons constaté,
en outre, qu'un échantillon de colibacille n'est pas influencé par la dose de
8400 mg-heures, qui est cependant mortelle pour le bacille pyocyanique F.
La dose bactéricide varie donc avec l'espèce; mais elle varie aussi avec
les races d'une même espèce. Ainsi pour un bacille pyocyanique de la race
P de Gessard, la dose précédente a produit un simple retard de 12 heures
et non la stérilisation, comme avec le bacille de race F.
En outre, en prolongeant le séjour des cultures dans la glace 12 jours
après la fin de ^a période d'irradiation, on obtient la destruction du bacille
d'Eberth avec une dose de 9600 mg-heures (8 jours d'irradiation) qui avait
seulement déterminé un simple relarddans le dévelopj:)ement de la culture
à la fin de l'irradiation. Pour se manifester complètement, l'action du
radium demande donc une certaine période latente.
Il y avait enfin lieu de rechercher quelle est la partie du rayonnement
qui possède l'action bactéricide : les radiations y, seule partie du rayonne-
ment primaire du radium pouvant traverser la paroi de platine du tube
radifère, ou les rayons (3 secondaires, émis à la face émergente du tube de
platine. Nous avons éliminé les rayons secondaires au moyen d'un écran en
verre de 1°"° d'épaisseur enveloppant le tube radifère à paroi de plaline; il
s'est produit alors après une irradiation dans la glace d'une durée de
7 jours, puis d'une durée de i5 jours, un simple retard dans le développe-
ment du bacille pyocyanique, mais non plus la stérilisation. Ainsi, de tout
le rayonnement mis en jeu par l'appareil radifère, les rayons {3 secondaires,
émis en faible proportion, paraissent seuls bactéricides. Les tubes radifères
employés en radiumthérapie ont donc un faible rendement si on les utilise
dans un but de stérilisation , et cela explique (pie pour pouvoir faire absorber
aux microbes la dose mortelle, nous avons dû placer ceux-ci en état de vie
SÉA^CE- DU 3 JANVIER I921. 99
latente. Au contraire, les auteurs qui, avant nous, ont obtenu l'action
bactéricide mélangeaient l'émanation aux cultures ou faisaient agir des
appareils radifères laissant passer les rayons a et [3 primaires; ils avaient
une forte proportion de rayons bactéricides et pouvaient arriver à la stéri-
lisation sans arrêter au préalable, comme nous avons été obligés de le faire,
le développement des cultures.
BACTÉRIOLOGIE. — Le inicrohc hactériophagc, agent d^ùnrntinile dans ta peste
el le harhone. Noie de M. F. u'IIekklle, présentée par M. Koux. -
Je n'avais eu, jusqu'ici, l'opportunité de rechercher le microbe baclério-
phage que dans des maladies présentant des manifestations intestinales :
dysenteries bacillaires, fièvres entériques, typhose aviaire; dans toutes ces
maladies, j'avais réussi à isoler un microbe baclériophage actif contre la
bactérie pathogène. Il était intéressant de vérifier si le fait restait limité
aux maladies intestinales ou s'il s'agissait d'un phénomène général de
défense.
Dans le courant du mois de juillet dernier, j'ai pu étudier une sévère
épizootie de barbone qui sévissait dans l'ouest de la Cochinchine. Au
moment où l'épizootie louchait à sa fin dans les villages de la commune de
Thoi-Binh, j'ai prélevé des échantillons de déjections de nombreux buffles
sains, vivant dans des étables où des animaux avaient succombé peu de
jours auparavant; ils avaient donc résisté à la contagion. Dans toutes les
déjections examinées, j'ai reconnu la présence d'un baclériophage actif
contre la bactérie du barbone, baclériophage que j'ai pu isoler el cultiver.
Je n'ai pu le rechercher chez le convalescent : on n'a pu m'en désigner
aucun, tout buffle atteint mourant dans les vingt-quatre heures. Le baclé-
riophage actif contre la bactérie du barbone ne se rencontre qu'exception-
nellement dans les déjections de buffles vivant dans des régions indemnes.
J'ai entrepris des recherches en vue de déterminer les conditions de
l'immunisation parles cultures du microbe baclériophage. Outre l'intérêt
que présentait la découverte d'une méthode de protection contre une
maladie d'une importance économique considérable en Extrême-Orient,
le barbone, par sa nature, se prêle admirablement à une élude sur l'immu-
nité. Nous pouvons déjà faire connaître que l'injection au buffle d'une
minime quantité d'un bactériolysat obtenu en faisant agir le baclériophage
lOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
actif sur une culture de la bactérie du barbone, confère à l'animal l'état
réfractaire vis-à-vis de l'épreuve expérimentale.
En venant en Cochincliine j'avais l'intention de rechercher si, dans la
peste humaine, la défense était également assurée par un bactériophage. Il
ne m'a pas été possible de le rechercher chez le convalescent, car, outre que
les convalescents sont rares, la maladie n'a fait cette année que peu de vic-
times en Cochinchine. En septembre, une petite épidémie localisée a été
signalée dans la ville de Bac l^ieu, qui constitue d'ailleurs un foyer inter-
mittent; une dizaine de cas se sont produits, tous suivis de décès. Une épi-
démie de peste humaine n'étant que la conséquence d'une épizootie
murine, j'ai pensé que si" ma théorie de la défense de l'organisme par les
bactériophages était exacte, les rats survivants, c'est-à-dire qui ont résisté
à la contagion ou ont guéri, devaient présenter dans leurs excréments un
bactériophage actif contre le bacille de Yersin. Cette fois encore, l'expé-
rience a confirmé la théorie. J'ai fait prélever des excréments de rats en
quatre endroits dilTérents de Bac Lieu : tous quatre contenaient un bacté-
riophage extrêmement actif que j'ai pu isoler et cultiver en série. Je me
propose de recherciier le degré d'immunité conféré par ces cultures, et
d'étudier les conditions de leur application comme vaccin dans la prophy-
laxie de la peste humaine.
Je signale également qu'ayant eu roccasion d'observer des élevages de
vers à soie où sévissait la flacherie, j'ai constaté que la défense chez ces
insectes était également le fait d'un microbe bactériophage.
La conclusion à tirer de ces nouvelles recherches, c'est que la défense par
bactériophage constitue un fait général. Chaque fois qu'un organisme ani-
mal guérit d'une maladie bactérienne, chaque fois qu'un animal résiste à
l'infection, on peut isoler du contenu intestinal une souche du microbe bac-
tériophage active contre la bactérie pathogène. En cas de septicémie on
peut parfois constater le passage subséquent dans la circulation du microbe
bactériophage, mais toujours d'une manière momentanée. L'habitat nor-
mal et permanent du microbe bactériophage, c'est l'intestin.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1921.
MÉDECLNR EXPÉRIMENTALE. — Sur la transformation néoplasir/iie ries fibres
niusculiiirrs striées a^'ec métastases riscérales flans révolution du sarcome
expérimental des oiseaux. Noie de MM. Aiexander Pai.ve et Ai-bkkt
Pevron, prés(mtée par M. Roux.
Nos recherches poursuivies en collaboration sur le sarcome infectieux
des oiseaux viennent de conduire à une constatation décisive en faveur de sa
nature néoplasique que les auteurs, en majorité, continuent à contester.
Pour pouvoir réfuter l'a^serlion que la lésion sérail un « simple granulcme » déve-
loppé auK dépens d'éléments lymplio-conjonctifs, nous avons aboidé l'étude, négligée
jusqu'ici, des premiers slades en examinant jour par jour sur coupes sériées les nodules
obtenus par injections de filtrat d'une part dans le tissu conjonclif (bajoues et crêt'-s),
d'autre part dans les fibres musculaires du pectoral.
Dans le premier cas nous avons vu que le mode d'organisation de la tumeur, rappe-
lant certaines tendances évolutives du mésenchyme embryonnaire des oiseaux, diffère
totalement de celui des lésions inflammatoires banales qu'on réalise par exemple en
ajoutant au filtrai une terre à diatomées.
Pour le muscle nos recherches ont été précédées par celles de Pentimalli (') à qui
revient le mérite d'avoir signalé le premier, avec la réaction précoce des éléments
lyrapho-conjonclifs et des cellules fixes, une prolifération conséculive des fibres mus-
culaires.
Mais l'auteur italien, dont les recherches surtout expérimentales ne portaient pas
spécialement sur l'histogenèse, n'a pas cru devoir formuler de conclusions iléfinitives
sur la signification de celle prolifération.
Pour apporter une démonstration rigoureuse et élective de la transfor-
mation néoplasique du muscle nous avons cherché d'une part à réduire au
minimum la réaction des éléments conjonctifs interstitiels. A ce point de
vue notre filtrat de tumeur fraîche est préférable à l'extrait desséché
employé par Pentimalli (') en suspension dans le liquide de Ringer sans
filtra lion ni centrifugalion préalables.
D'autre part, nous nous sommes efforcés de réaliser une néoplasie à
marche lente" afin que les métastases viscérales aient le temps de se déve-
lopper. Sur ces deux points et particulièrement sur le dernier, les résultats
ont été probants, comme le montre le protocole ci-dessous.
(') Pentimalli, Tuniori dei Polli {I^o Sperimenlale, avril 1917).
I02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un coq adulle reçoit dans le pectoral i '^"'' de filtrat sur boutjie Chaniberiand L*. La
tumeur se dés'eloppe très leiileiiient. — 47 jours ;i|)rès, l'animal sacrifié montre des
noyaux méiastatiques dans le foie et les poumons.
Examen de la tumeur pectorale au voisinage des muscles. — Les fibres muscu-
laires normales, de coloration lie de vin après le trlchrome au bleu d'aniline, paraissent
infiltrées d'éléments cellulaires volumineux à forme ovoïde assez régulière, dont le
cytoplasme finement vacuolisé ou réticulé au centre montre souvent à la périphérie
une mince coque de fibrilles ordinairement homogènes, mais parfois striées. A mesure
qu'on s'éloigne des fibres musculaires ces éléments diminuent de volume; ils s'isolent
parfois à l'état globuleux ou fusiforme au milieu d'une gangue de nature collagène,
mais le plus souvent s'anastomosent en un réseau fenêtre. Cette dispo-iiion qui sera
décrite ailleurs avec plus de détails correspond en fait à la structure des myomes; et
les grands éléments à cytoplasme rose sont en réalité des myocytes provenant dune
dédifîérenciation des fibres musculaires dont les stades successifs peuvent être suivis
aisément au niveau du noyau, du sarcoplasme, et des fibrilles. La disposition typique
des vacuoles au centre de la cellule correspond à celle des disques sarcoplasniiques
de la fibre mu--culaire embryonnaire. La condensation remarquable de la chromaiine
au centre du noyau, sous forme d'une masse sphérique ou d'un ruban allongé et épi-
neux, n'est aulie que celle des myocytes bien connue des anatomopathologislcs eu
particulier dans la régression des fibres musculaires du myocarde. Ces formes ne
sauraient être rapportées à l'évolution des éléments d'un sarcome conjonclif banal.
Une seconde disposition, correspondant sans doute à une dédiiTérencialion plus
avancée, reproduit le stade syncylial du développement de la fibre striée. On voit
persister un fragment plus ou moins étendu de la gaine sarcolemmique et du myo-
plasme, alors que le reste de surface de section de la fibre est transformé en un plas-
mode réticulé parsemé de petits noyaux.
Ajoutons que ces dispositions caracléiistiques des fibres striées — les seules que nous
voulons retenir ici — se dégiadent progressivement pour aboutir à des aspects de
sarcome banal, dans lesquels il devient impossible de fixer la part originelle des deux
proliférations cotijonctive et musculaire.
Métastases viscérales. — Elles paraissent s'effectuer par voie sanguine et repro-
duisent les diverses dispositions de la tumeur primitive, avec quelques variations
secondaires. Dans les noyaux hépatiques, les cavités endothéliales vasculaiies sont
peu'-êlre plus nombreuses et plus régulières; le type néoplasique fusiforme prédo-
mine. Dans les poumons, (]ui leur offraient sans doute des conditions plus favorables
de développement, les grands myocytes se sont multipliés, atteignent des dimensions
considérables et présentent parfois des fibrilles striées, alternant avec des zones de
sarcoplasme réticulé.
La persistance des caractères morphologiques du muscle strié, dans cette métastase
pulmonaire, est particulièrement à souligner.
Eti résumé, au boni de sept semaines, nous trouvons dans le grand
pectoral une néopl.isie cousliluée d'éléments en majorité musctilaires (jui
SÉANCE DU 3 JANVIER ip2I. Io3
continue de s'accroître rapidement par sa péiiphérie aux dépens des fibres
striées normales, et dans laquelle la réaction lymphoconjonctive (plasmo-
cyles éosinophiles, etc.) est aussi minime que secondaire.
Dans le foie et les poumons, les noyaux métastatiques assez anciens et
déjà organisés reproduisent la structure du néoplasme initial.
Or les niétaslasses viscérales des tumeurs réalisées par filtrat aux dépens
du tissu coujonctif des bajoues, c'est-à-dire sans participation originelle des
fibres musculaires, ne nous ont jamais montré ces grands myocytes caracté-
ristiijiies. On doit encore admettre que le virus filtrant d'un sarcome dérivé
primitivement du tissu conjonctif peut exercer son action de prolifération
et de flexion morphologique aussi bien sur les fibres musculaires striées que
sur leurs éléments interstitiels.
Sur ce point, l'expérience que nous venons de rapporter a levé nos der-
nières hésitations : Depuis longtemps l'examen d'un grand nombre de
tumeurs obtenues par greffe, nous avait conduits à penser que la proliféra-
tion musculaire se produit également, mais à un moindre degré, lorsque la
tumeur est transmise par greffe intra-peclorale (sans doute parce que la dif-
fusion du virus hors du greffon s'effectue alors plus lentement?).
Cette participation des fibres musculaires au développement de la greffe,
qui découle du reste aisément de l'action du filtrat; n'avait pas été signalée
jusqu'ici.
La séance est levée à i6 heures et demie.
A. Lx.
Io4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Tome 156, i'^"' semestre ipiB.)
Notes diverses de M. de Saint- Aubin ;
Page 433 (sé<nce du 10 février), page ii3i (séance du i4 avril), p:ige 2112 (lablj
des matières), au lieu de G. de Sainl-Aiibin, lire .1. [Jacques] de Saint-Aubin.
(Séance du G décembre 1920.)
Note d? M. A. de Gramont, Tableau des raies de grande sensibilité des
éléments, destiné aux recbercbes anal^'tiques :
Page 1107, Etain, 3" colonne (oculaire), au lieu de 524,7. '"'^ 4524,7', 4" colonne
(crown uviol), ajouter 3173,0; Fer, 3" colonne, au lieu de 44o4i3, lire 44o4)8.
Page 1108, Molybdène, 4" colonne, ajouter 3524,7; f'Ial'ne, 3' colonne, au lieu de
53oi,6, lire 53oi,o; 5" colonne (quartz), supprimer 2734.9; Silicium, 4" colonne,
ajouter 39o5,5; Sodium, ajouter 2802,8.
(Séance du \'5 décembre 1920.)
Note de M. Ph. Glangeaud, Sur les traces laissées dans le Massif Central
français par les invasions glaciaires du Pliocène et du Quaternaire :
Page 1222, ligne 3 en remontant, au lieu de ne présente plus aucune trace gla-
ciaire, lire ne présente, d'après M. Boule, que de rares traces glaciaires; ligne 2 en
remontant, au lieu de moraines ont disparu, lire ont presque complètement disparu.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 JANVIEIl 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georgi:s LEMOIXE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ENTOMOLOGIE. — Utilisation des Coccinelles contre les Insectes nuisibles aux
cultures dans le Midi de lu France. Note de M. Paul Marcbal.
La méthode consistant à opposer à certains Insectes ravageurs des para-
sites ou des prédateurs vivant à leurs dépens, et notamment des Coccinelles,
a pris dans ces dernières années un très grand développement dans divers
pays étrangers et particulièrement en Californie. Des insectariums spécia-
lement aménagés pour la multiplication de ces Insectes bienfaisants ont été
édifiés dans les districts où dominent les cultures fruitières, les uns étant
fondés par l'Etat, d'autres par les propriétaires. Le but de ces installations
fut d'abord d'élever des parasites ou des prédateurs exotiques et de les
acclimater pour enrayer la propagation désastreuse de certains Insectes
nuisibles accidentellement importes de diverses parties du globe. Mais ces
établissements ne se bornèrent pas à cette œuvre d'acclimatation quieutpour
conséquence l'acquisition de nombreuses espèces utiles, nouvelles pour la
faune du pays; ils visèrent ensuite la production intensive de certains de
ces auxiliaires, choisissant parmi eux les plus efficaces et les plus facilement
maniables, de façon à avoir toujours des réserves prêtes à être dirigées sur
les cultures envahies.
Dans notre pays, le littoral méditerranéen qui, en raison de la douceur
de son climat et de la multiplicité des plantes diverses que l'horticulture y
a concentrées de toutes les parties du monde, ne se prête que trop à l'inva-
sion des Insectes nuisibles exotiques, semblait particulièrement désigné
pour y mettre en pratique les méthodes américaines.
G. R., J921, I'' Semestre. (T. 17Î, N° 2.) ^
lo6 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
L'événement qui motiva une première intervention dans cette voie fut
l'apparition au cap Férat, en 1912, d'une redoutable Cochenille austra-
lienne, Viccrya Piirchasi. On se rappelle comment une petite Coccinelle, le
Noviiis cardùiah's, ci;alement originaire d'Australie, et qui avait fait
merveille dans d'autres pays où l'/cprja avait été accidentellement importé,
nous permit d'enraver rapidement les ravages de cet Insecte, qui avait pris
un caraclère des plus alarmants.
Depuis celte époque, un inseclarium a été créé à Menton, et l'un de ses
principaux objectifs, en dehors de l'étude des ennemis des cultures et des
divers moyens de lutte qui leur sont applicables, est de rechercher les
parasites ou prédateurs qui peuvent être utilisés pour comballre les
Insectes nuisibles de la région, puis de tenterJeur acclimatation et leur
multiplication, en créant des foyers de l'espèce utile partout où apparaissent
des nouveaux foyers de l'espèce nuisible. Je me bornerai, dans cette Note,
à appeler l'attenlion sur une Coccinelle nouvelle pour notre faune, que,
grâce à la généreuse collaboration de M. L.-O. Howard, diiccteur du
Bureau d'Entomologie de Washington et de !\I. Harrj' Smith, directeur de
l'insectarium de Sacramento (Californie), nous avons établie aux environs
de Menton.
Connue sous le nom de Cryplo/œ/ntis Mo/itroii:ieri Muls., elle est comme
le Ntwius cardinalix, d'origine australienne, et c'est aussi de Cochenilles
fort nuisibles aux cultures méridionales qu'elle se nourrit; mais, dédai-
gnant Vlcerya, elle s'attaque aux Cochenilles blanches (Pseinlococciis) qui,
accompagnées de la fumagine, font dépérir les plantations d'Orangers et de
Citronniers, ainsi que d'autres cultures fort diverses do la région. Cette
Bète-à-bon-Dieu offre d'autant plus d'intérêt pratique qu'on ne lui connaît
pas de parasite secondaire limitant sa multiplication. VMc a été introduite
par Koebele, d'Australie en Californie en 1892, et plus lard, au cap de
Bonne-Espérance et aux îles Ilawaï, où elle a rendu de grands services
contre les Cochenilles blanches. C'est par centaines de mille, et d'une façon
en quelque sorte industrielle, qu'on l'élève aujourd'hui dans les insec-
tariums de Californie et en particulier à Alhambra, sa multiplication étant
intensifiée par le forçage des générations en hiver : indépendamment du
bénéfice qui a été retiré de sa siini>le acclimatation, on trouve ainsi profit
à la multiplier artificiellement et à la répandre par milliers dans tous les
endroits où les Cochenilles peuvent faire un retour offensif.
Le premier envoi qui fut le point de départ de nos élevages à Menton
nous a été adressé en juillet 1918 de Sacramento et comportait une quin-
SÉANCE DU lO JANVIER 1921. 107
zaine de larves et trois adultes de Cryplolwnms, un second envoi compor-
tant environ 5oo exemplaires nous parvint au début de l'année 1919 (').
Au printemps de celte même année, la multiplication dans les cages du
laboratoire sur pousses de pommes de terre cbargées de Cochenilles
blanches s'était poursuivie, sans avoir recours au forçage, avec une inlcii-
sité suffisante pour permettre la dispersion à l'air libre.
Les colonisations furent faites par M. Poutiers, chef des travaux de
rinsectarium, depuis le mois de mai jusqu'au mois d'octobre, pendant les
années 1919 et 1920. Kn 1919, chacune des colonisations, était faite avec
un groupe de 5o à 200 individus; et un millier d'Insectes fut au total
libéré en réparlissant les lots dans diverses propriétés ou promenades
publiques de Menton, de Garavan et de Cabbé-Roquebrune. En 1920,
avec trois milliers d'individus, de nouveaux foyers furent créés sur d'autres
parties du territoire de Menton et sur celui de la principauté de Monaco.
Des colonies furent en outre expédiées en Algérie et en Italie.
Celte année nous avons trouvé des Cryplolœmus en quantité abondante
sur plusieurs points où nous avions établi des colonies en 1919 et dans des
endroits éloignés des nouveaux foyers de 1920. Nous avons acquis ainsi la
certitude que ces Insectes avaient pu passer l'hiver en plein air sous le
climat de Menton malgré une température anormalement rigoureuse et s'y
étaient maintenus d'une année à l'autre, de façon à y continuer leur multi-
plication.
Dans une culture d'Orangers, où une colonisation avait été faite au mois
d'août 1919, en dépit d'une taille sévère faite depuis cette époque, taille
qui créait une condition particulièrement défavorable à la conservation
des Coccinelles, les Cryplolœmus s'étaient multipliés en telle abondance
que tous les pieds contaminés par les Cochenilles blanches en portaient un
nombre plus ou moins grand et que l'invasion de Cochenilles entra en
rapide régression.
On peut conclure de ce qui précède que le Cryptolœrnus Montrouziei-i est
en bonne voie d'acclimatation sur notre littoral méditerranéen et qu'il y
remplira le rôle utile qu'il joue dans les autres pays où il se rencontre, en
s'attaquant aux Cochenilles blanches souvent si préjudiciables aux cultures
méridionales et si résistantes aux diverses méthodes de traitement.
(') L'élevage, commencé ii Paris sous la surveillance de M""= VuilFet et de M. Vays-
sière, fut continué à Menton par M. Poutiers, qui assura en outre l'hivernalion par
une saison particulièrement rigoureuse et la multiplication dès le printemps 19^0 en
vue des colonisations en plein air.
Io8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. A. Hai-lek s'exprime en ces termes :
Les deux conférences inlitulées : V Industrie chimique pnidanl la guerre,
que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie, ont été faites
l'année dernière à la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale.
Elles ont eu pour objet de montrer les efforts réalisés par le Service des
Poudres et l'Industrie chimique dans le domaine de la fabrication des
Poudres, des Explosifs et de quelques autres produits ayant joué un rôle
important au cours de la guerre. INous y montrons comment, de 14*
de poudre B qu'il fabriquait par jour en août igi/j, le Service de l'État est
arrivé, peu à peu, à produire 367' dans les 24 heures, sans compter
le nombre respeclable de tonnes dont il assura la fabrication aux l^tats-
Unis.
Nous y faisons voir également l'effort produit quant à la fabrication des
explosifs nitrés et nitrates pour laquelle rien n'était pour ainsi dire prévu,
la matière première nous venant de l'étranger et notamment de l'Alle-
magne. Le développement de cette fabrication se traduit par les chiffres
impressionnants de 800' par jour au mois de juillet 1817, alors qu'au
début de la guerre il atteignait à peine 8' à 9'.
Dans ce chiffre ne sont pas compris les explosifs chlorates et perchloratés
dont nos usines pri\ées ont réalisé la fabrication, à raison de 17V, a\ec
possibilité de la porter à 3oo' dans les 9.!\ heures.
Pour obtenir un tel rendement, il a fallu créer et agrandir des poudreries,
s'assurer de la collaboration de l'industrie privée pour la production des
matières premières, inno\er de nouvelles fabrications, comme celle de
l'acide azotique synthétique, afin de parer à la pénurie éventuelle des
nitrates du Chili, dont les arrivages étaient entraxés par la campagne sous-
marine de l'ennemi.
La première conférence porte précisément sur la piéparalion de ces
matières premières indispensables : acide sulfurique, olcum, acide azotique,
alcool, élher, benzols, phénol, nitrate d'ammonium, etc., dont les unes
étaient tirées de l'étranger et dont les autres n'étaient produites que d'une
façon restreinte et proportionnée aux besoins d'avanl-guerre.
La seconde de ces conférences a été consacrée à la fabrication des ])0udre>.
des explosifs nitrés et nitrates : acide picri(pic, tolilc, xyllte, nilionaphta-
lines, chlorates et perchloratés, fabrication dont nous avons signalé plus
haut le développement graduel.
SÉANCE DU lO .lA.WlER 1921. 109
Nous monlrons onlin que le Service des Poudres est encore venu en aide
à l'aviation en lui produisant du peroxyde d'azote pour ses panclastites, et
au matériel chimique de guerre pour lequel il a monté, à Angoulême, la
t'abrication de l'ypérite.
Un tel résultat n'a pu être obtenu qu'avec le concours éclairé, et plein
de dévouement, d'un nombreux personnel d'ingénieurs et de chimistes
auxquels les usines privées comme celles de l'Iltat ont su l'aire appel et qui
lecevaient les directives du Service des Poudres du Ministère de laGuerre.
M. Gaston Iîo.wier offre à l'Académie le Tome l\ de la Flore complète
illustrée de France, Suisse et Belgique. Ce volume, accompagné de plus
de 600 figures en couleurs reproduites d'après des photographies, renferme
la fin des Rosacées, les Crassulacées, Saxifragées, Onagrariées, Paronycliiées,
(irossulariées, etc., ainsi que la majeure partie des Oinhcllifères.
' GÉOLOGIE. — Sur un ancien lit glaciaire du Rhône entre Lèaz et le
Pont-Rouge des Usses {Haute-Savoie). Note de MM. Maikice Luueox
et J. ViLLEMAGXE.
La géologie du quaternaire des environs de Bellegarde a donné lieu,
depuis très longtemps, à une série de recherches. Dans ces dernières années,
ces territoires ont été l'objet de travaux très jjrécis dus à MM. W. Kilian
et J. Revil ( ') qui, par des découvertes d'une haute importance et par une
analyse des faits révélés par leurs prédécesseurs, ont pu donner un aperçu
synthétique du plus haut intérêt. Ils ont montré que deux complexes gla-
ciaires s'emboîtaient en long comme en hauteur entre le fameux défilé du
Fort de l'Ecluse et Bellegarde : un régime élevé de moraines puissantes
d'une phase de retrait du glacier wiirmien, ayant à sa base des alluvions de
progression, domine un régime de moraines plus basses appartenant à la
récurrence néowiirmienne (Kilian) subdivisible en deux stades, celui de
Léaz en aval el celui de Longeray-CoUonges en amont.
Sous ces moraines de récurrence existe un dépôt lacustre bien connu
dans le défilé du Fort de l'I'xluse. Il serait antérieur à la phase de récur-
rence, reposant sur un subslratum rocheux de profondeur inconnue.
(') W. Kilian et J. Ri;vii,, Étn tes sur la périnde pléistocène clan'; la partie moyenne
.du bassin du llliône (Annales de l' Unive/sité de Grenoble, t.. 20, 191S).
IIO ACADEMIE DES SCIENCES.
Le défilé du Fort de l'Écluse aurait donc débuté dès l'époque rissienne,
peut-être avant. Il se serait approfondi t,'raduellenicnt (par l'efTet alternatif
des érosions glaciaires et interglaciaires). Puis quand les glaces de l'époque
Aviirmienne se furent retirées, l'érosion proprement fluviatile commença
son creusement en descendant au-dessous du tliahveg actuel. Un lac s'éta-
blit dans le délilé, puis le glacier de récurrence néovviirrnien réoccupa le
défilé qu'il remblaya et, à son départ, le llhône commença son travail non
encore terminé en cboisissant, à l'est du roclier de Léaz, par épigénèse,
localement, un nouveau passage.
Cette histoire est cependant plus compliquée encore.
Lorsqu'on examine des hauteurs de Grésin le caiion molassi([ue. on reste
frappé par un spectacle d'une saisissante grandeur. Subitement, à environ
800"' en amont du l'uisseau de Parnant, les hautes parois cessent et foni
place à une vallée plus largement ouverte, aux versants beaucoup plus
adoucis. De fait, à partir de ce point jusqu'au rocher de Léaz, le Rhône ne
s'écoule plus entre des parois rocheuses, mais entre des dépôts glaciaires et
fluvioglaciaires [)lus ou moins stratifiés, avec des lentilles de conglomérat^,
sur lesquelles il coule. La molasse indiquée par la carte géologique n'existe
pas.
Le Rhône entre donc brusfjuemeni, à angle droit, dans un pays molas-
sique et la surface de la molasse est plus élevée (45o"' environ) que
l'alluvion lacustre (33o'") et fluvioglaciaire (4oo'" à 4^0"') du défilé. Ce
fait, joint à celui de l'absence complète de parois rocheuses, laisse supposer
qu'une ancienne vallée doit evister par où s'écoula l'ancien glacier wiirmien
et le Rhône infra ou interglaciaire.
Cette ancienne vallée que l'on amorce ainsi le long du Rhône s'étend en
efl'et, très large, sur tout le territoire de Clarafond et de Vanzy et débouche
dans celle des Usses, entre le Pont-Rouge et Mons. Nulle part, sur ce
grand espace, nous n'avons trouvé trace des affleuremenls de molasse
signalés par la caile géologique dans les vallons. Partout il n'existe que
des terrains mobiles dans les moraines sous lesquelles apparaissent, an
voisinage des Dsses, des conglomérats fluvioglaciaires de la progression
wiirmienne.
La paroi rocheuse orientale de cette ancienne vallée, (jue nous désignerons
par l'expression de tronçon de Clarafond, n'est pas connue, entièrement
cachée par les pentes glaciaires qui s'élèvent vers le Vuache. La paroi occi-
dentale est aisée à amorcer. On la voit superbe le long du ruisseau de
Parnant, à l'ouest de Fretière, puis, après avoir disparu sous le glaciaire,
SEANCE DU :o JANVIER 1921. III
elle réapparaît, lor.-iqiic Ton approclic des IJsses, (ju'clle alleinl près du
Pont-Rou^e.
Dans le versanL droit de la vallée des Usses, les conlours de la molasse,
sous les conglomérais Ihivioglaciaircs, permettent du reste de dessiner la
forme en auge de l'anlitpie vallée, dont le fond se montre, par le fait du
non-raccordement de ses versants, plus profonds que la vallée actuelle. La
basse vallée des Usses n'est donc que le tracé d'une vieille vallée du Hhone
abandonnée par son maître.
Les moraines qui comblent celte antique dépression s'élèvent aux envi-
rons de Goo'", à Clarafond, sur la ligne de partage des Usses cl du Ubône.
Elles s'apparentent avec celles qui dominent Bellegarde. L'antique dépres-
sion ne serait donc qu'une auge wiirmienne.
Il est à noter que, dans le canon molassique, on aperçoit dans les deux
versants, en amont du pont de Grésin, la section d'une vallée comblée par
les conglomérats iluvioglaciaires et qui ne peut guère être que l'ancien tracé
de la Valscrinc antéwurmienne.
Comblée par les moraines wiirmiennes et les alluvions de progression, la
vieille vallée Nord-Sud (le tronçon de Clarafond) n'a plus laissé place
pour le Rlione après le retrait du glacier wùrmien. Le Kliône a été barré-
Le lleuve surélevé a cherché un autre chemin et c'est alors que s'est formé
le lac du défilé du Fort de l'Ecluse dont la retenue n'a jamais été expliquée.
Au lieu de marcher normalement vers le Sud, le Rhône s'est alors dirigé
vers le Nord-Ouest et s'est surimposé dans les molasses et plus lard dans
rUrgonien pour y scier son célèbre cafion. Ainsi s'expliquent les coudes si
singuliers du Rhône entre le Fort de l'Ecluse et Bellegarde, et cette
découverte a d\iutres conséquences.
Aujourd'hui, la vieille vallée se rouvre peu à peu sous l'action de l'érosion
régressive des tributaires des Usjos cl du Rhône. Nombreux sont les
glissements de terrain dans ces moraines argileuses. Là, justement où l'on
projette un canal de navigation par le torrent de Saint-Pierre, en existent
de nombreux qui rendent le canal aussi inexécutable que le serait le tunnel
en charge que l'on a également projeté, pour utiliser la chute du Rhône,
en détournant urte part considérable du débit du fleuve vers la vallée des
Usses : ce tunnel à grande section devant traverser les matériaux meubles
des moraines qui remplissent la vieille vallée dans sa section amont. Une
autre conséquence découle encore de l'existence du vieux tronçon de
Clarafond. Nulle part nous n'avons su voir le fond rocheux de la vallée
^vurmienne. La profondeur du vieux thalweg est inconnue. Si l'on excepte-
112 ACADEMIE DES SCIENCES,
les seuils rocheux des tronçons épigénétiques du fleuve, nulle part, entre la
Balme près Yenne (Savoie) à la cote de 200'" environ jusqu'au lac Léman
(370"), le Rhône poslglaciaire n'a al teint le fond des antiques vallées inter-
glaciaircs. Tout haut harrage que l'on projetterait dans les poinls où le
fleuve s'écoule à l'aplomb des anciens thalwegs risquerait de rencontrer
des difficultés d'exécution insurmontables. Tel serait le cas d'un barrage
que l'on voudrait, par exemple, construire de l'amont du défilé de (îrésin
au rocher de Léaz. Ainsi une découverte géologique qui ne peut, au
premier abord, ne présenter qu'un intérêt de curiosité, prend une impor-
tance exceptionnelle quand on envisage l'utilisation do la force hydraulique
du fleuve.
CORRESPOND A^ CE .
M. E. FAir.fi-FuEMiET adresse un Rapport sur les travaux efl'ectués avec
la subvention accordée sur le Fonds Bonaparte en 1919.
M. Tui FiEU prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des
candidats à la place vacante, dans la Section de Médecine et Chirurgie,
par le décès de M. Gityo/i.
MM. Marcel DELÉi'i.vEet Camille Matigvox prient l'Académie de vouloir
bien les compterau nombre des candidalsàlaplace vacante, dans la Section
de Chimie, par le décès de M. Armand (iaiilier.
M. le MivisTRE DE L'Ar.RicrLTiRE invile l'Académie à lui désigner trois
de ses Membres qui occuperont, dans le Conseil supérieur des stations
agronomiques et des Laboratoires ai^ri'v/rs, 1rs trois places vacantes par le
décès de M. Armani/ Gautier et par l'expiration des pouvoirs de MM. L.
Guinnard et A.-T/i. Sc/iia'si/ts\
M. le Seckétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Knei iiéli(iae générale, par Fri.ix Michald. (Présenté par M. Routy.)
SÉANCE DU lO JAWIEK 1921. Il3
ASTRONOMIE. — Ohsi'nvilio/i.u/c la cornclc SkjeUcnip(\ç^io h), faites à Vèijun-
toriiil coudé (Ici' Obseivaloire de Nice . Note de M. A. Si:iiau.>iasse, présentée
par M. B. Baillaud.
Monibvc
Dates. 'l'cmps moyen tic l.og. fact. Déclinaison I.oy. tact.
igiO. lie Nice. A3l. AiÔ. comp. Jl apparenle. paiall. apparenle. parall. * ,
h m s 111 s , „ h m s ^ ". ' "
Dec. 16 15.29.22 +1.48,01 — '>.'i9>''- ïJl'o 9.io.r)5,o3 6,071 — '1.52.22, 5 0,820 1
» 20 17. 5. 2 — 3. 3,78 — J.47,3 18:10 9.30.44,99 9,222 -1-0.56.38,8 0,778 2
» 23.... 16.21.35 4-0.25,46 — '..21,8 18:10 9.44-3o,oi 8,935 -i-5.i6.58,2 . 0,736 3
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
néduction Réduclion
M moyenne au Déclin, moyenne au
^, Gr. 19-20,0. jour. 19':!ll,0. jour. Aiilorilés.
1 8,0 9. 9. 2,09 -+-4,3! — 4-ai-i2,9 — 20,4 btrasboiiig .Kj-i
2 8,4 9.3o.|4,38 -h4,39 -f-i. 0.49,6 —20,4 i (Abb. 6i53 -f- Alb. 38i3)
3 8,6 94i- 0,10 -1-4, 4'J +5.19.45,9 —25,9 Leipz II 0256
Remarques. — Décembre 16. — Comète de grandeur 10, 5 présentanl une conden-
sation mal définie entourée d'une nébulosité très diffuse, de i',5 environ de diamètre.
Décembre 23. — La Lune éclaire forleinent pendant l'observation.
ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la nouvelle comète ïC)-20 b (Skje/feriip).
Note de MM. G.FAYEret A. Schau.masse, présentée par M. B. liaillaud.
En utilisant les observations obtenues les 16, 20 et 23 décembre par
M. Scbaumasse, à l'aide de l'équalorial coudé de l'Observatoire de ISice,
on a déduit le système d'éléments paraboliques
T =: 1920, décembre 1 1, o6i5, temps moyen de Greenwicli ;
o r it
oT, = 107.47. 7 J . _ _
i = 22. 8.5o > Kclipliqiie et èquinoNe moyens de 1920,0,
f.j =340.55. 7 )
log^ := O,o6o32.
• , ,. ,,-x ^x ( cos3flf>, ==— 4",8
Représentation du heu nioyei. (O — O) < ,„ ,„ ,.
i J ^ ' j </j3 =-t- 4 ,6
.<s.
^^ ^
Ncmbre
cle
A.l\.
AP.
coin par.
Grandnir.
■2"' l'so
-t-6'.27'i5
24:6
10, .5
1.49,39
+ 3.40,2
24:6
1 0 , .ï
1.^. f.irl.
Distance [lulairc
Loy. fact.
uallaxc.
apparente.
parallaxe.
' : -^67,,
75. 2.46,2
o,7i3„
r,6o8„
72.26.18,1
0,716,,
Il4 ACADEMIE Di:S SCIEXCES.
ASTRONO.MIE. — Observations dclacomcieSkji'llcrup faites à V Observatoire de
Bordeaux {équatoriul de o™, '5%). Noie de M. H. Godak», présentée par
M. B. Baillaïul.
lil-iO Dec. 3o I
19:>l Janv. i ■>.
l'ositions (ippiu entes de la comète.
Temps moj'cii Ascension droite L
Date de Greenwicli. apparente. p;
Il m s h m s
1920 Dec. 3o. . 11.48. (),g 10. i3. \ ,iji
1!V2! .laiiv. !.. 11.12. 6,8 10.20.19,87
Positions des étoiles de comparaison.
■dnclion
n jour. Atilnrité?.
„ " , r> . ,,| , D ( H-lS" 10'' 12™ El. 44
i-ai).S Cal. l'iiol. B\. . , , , ^ Z
{ -+-1I)" 10'' lO"" ht. 57
^ ( A .G. Berlin A 4 i H
^'''''' I <;al. l'hot. B\. +17° K^''20'" P:t.42
Erratum. — 01>iervalii>n du 17 décembre 1920 {Comptes rendus du 27 décembre
1920): ait lieu de i 1 ''4 i"'3 i\ 2. /(V'c Temps moyen de Greenwicli 1 2'' 18'", 43", 9.
CHIMIE .MI.N'ÉRALE. — Sur les polymolyhdatcs tétrahiisi(jucs.
NoLe de M. S. Posternak, préscnléc par M. L. Matiucniic
Les polymolybdatfs lu'xabasiques, cl particulièn-mcnl les mcmlnvs sii[)é-
riciirs de la série, subissent, sous l'influence de la chaleur, des aciiles miné-
raux en excès ou de MoO' à chaud, une dislocation hydroiyîinuo, avec
production de fragments asymétriques ayant, d'un cùlé. trois oTchydryles,
combinés ou non avec une basi-, de l'autre un seul oxhydrylc, à l'eiKhoit de
la rupture de la chaîne, (j'cst là l'origin»- des polymolybdales fétrabasiques,
groupe nouveau jusqu'ici complètement méconnu.
Les composés de ce genre étaient envisagés comme des mélamolybdah-s
dibasiques parce que, à l'exemple de Svandbcrg et 5truve, on y dosait l'eau
Ascension droite
Réduction
Dîstance polain
r,r.
moyenne.
au jour.
moyenne.
8,5
io.'i4"'58'78
-t-4,53
74.55.47.7
s, fi
10.22. 7,94
-f-l,3l
73. 2'.. 24,0
SÉANCE V>V lO JANVIER 1921. Il5
par calcinalion ou par dinérriicc ce (jui laissail confondre Feaii de cristal-
lisation avec fi'lli' de coiislilulion. Dans le Tableau ci-dessous sont récapi-
tulés les polyinolyhdaLes lélral)asi(]ucs menlionnés dans mes précédenles
Noies ^'):
l'olviiKilvljilaU-s tclr;il)aii(|iiL-s. Sels lioxalKisi^iucs gciuTalcuii.
(NaO)-OH.MoO(O.MoO-)-OH -t-61lM» 3 .\a-O.7Mo0'4- 2?. Il'O
(NIIM:))nioO(O.MoO = )'OH 3(NH')-.i2l\IoO' + 6Il^'0
(Nll'0)3MoO(O.Aro02)"OIl 3(NH')MJ.9MoO^+7HMJ
l\H'0(OII)-iVIoO(O.MoO-)'OII -^ii-<) Liqueur inoiylKlIfiue ;i chaud
L'élude de la liqueur molybdique nous en fournil d'autres e.veniples.
En examinant les changements di' composition du pliospliomolybdale
d'ammoniaque (-), nous étions arrivé à la conclusion qu(^ l'acide molyb-
diqui', en solution fortement acide, devait se trouver à l'étal léliamolyb-
dique. Il est possible, en elTel, de préparer li- télramolybdate trihydroryam-
moniquc
Nll'0(OII)-MoOiO.MnO=iH1Il-(-5IPO
en mélangeant 100""' d'une solution de molybdatc d'ammoniaque ordiraire
à 10 pour 100 avec 16""' de liqueur molybdique ou avec 25""' de SO''H-
deux fois normal et 10? de sulfate d'ammoniaque. Ce sel perd "iH^O dans
le vide sulfurique et encore H-0 à l'éluve, de i3o° à iGo".
Roseriheim (^), qui a préparé le même corps autrement et y a dosé l'eau
par dilîérence, en avait fait un octomolybdale ( Ml')-0.8MoO' + i3H-0,
en se conformant à l'ancienne classification d'Ullik (* ).
Les propriétés de ce sel sont curieuses et significatives pour la théorie des
polymolybdates. Dissous dans l'eau et ainsi soustrait à l'influence d'un excès
d'acide, il se recondense et devient instable; ses solutions aqueuses, chauf-
fées au bain-marie jusqu'à l'apparition d'un trouble ou maintenues à l'éluve
à 4o°, déposent des courtes aiguilles ayant la composition d^un peutamnlyl)-
datc inhydroxyammoniquc \ H ' G ( OH )'- Mo O ( O .Mo O- ) ' OH , sel anhydre
perdant H'O de constitution de [3o" à 160^, comme tous les composés de
celte série ayant deux oxydryles voisins. Rosenheim et Félix {'') le considé-
raient comme un décaniolybdate (NH')-0.ioMoO'+ 3H^0, pour les
(') Coniples rendus, t. 171, 1920, p. iô.")S et iîiS.
(-) Coniples rendus, t. 170, 1920, p. 930.
(') Zeitsch. f. anorg. Cliemie, t. 15, 1897, p. 180.
(*) Ann. der Cli. und Pharin., t. Hvk, 1867, p. i(\\ el Sio.
(") Zeitsclu f. anorg. Chemie, t. 79, I9i3, p. 29;.
Ilb ACADÉMIE DES SCIENCES.
inèiiies raisons que précédemment. Les eaux mères, concentrées sur S041-,
laissent cristaliiseï- le dodécamolybdatc liexammonique.
Si l'on recristallise deux fois le tétramolybdate précédent dans 4 parties
d'eau à 7:")", en ayani soin de filtrer la partie insoluble, on le transforme en
Iridécamolybdatc lribydroxylriammoni({ue
( Nll'0,^MoOiO..Mo()M"<)..MoO(OH)^-f-i9lI-U
que nous connaissons déjà pour l'avoir obtenu dans d'autres conditions.
L'insoluble, cristallisé en aiguilles prismatiques, forme environ 3 pour 100
du tétramolybdate mis en œuvre; il présente la composition de Vhexamo-
lyhdale triliydroxyammoidque NH* O (OH )- Mo O (O.Mo O^ )'' ( )H + H- O .
Le même hexamolybdale tétrabasique se dépose spontanément, à la
longue, dans les liqueurs molybdiques, sous forme de sédiment gris qu'il
ne faut pas confondre avec les cristaux jaunes de MoO'.2H-0 dont l'appa-
rition est plus tardive.
Il est évident que tous ces polymolybdates tétrabasiques, qui contiennent
au maximum 7 chaînons molybdiques, proviennent de la décomposition
d'un sel plus complexe existant dans la liqueur molybdique à côté du
fragment tétramolybdique. On peut l'en séparer par dialyse : l'acide
nitrique, le nitrate et le tétramolybdate d'ammonium sont rapidement
éliminés, tandis que le polymolybdate complexe reste dans le dialyseur
pendant assez longtemps.
On obtient ainsi, après G jours, une solution dans laquelle le rapport
MoO' : NH^= i3. Il s'agit donc du IrUléramnlybdaie pentahydroxyainmo-
nique
^H■• 0( OU )2 Mo O(n.MoO^)" O.Mo 0(011)'
qu'il n'a pas été possible d'obtenir à l'état cristallisé, mais (pie l'adjonction
de nitrate d'ammonium précipite sous forme de sel tribydroxylriammo-
nique.
D'ailleurs, l'acide molybdique soi-disant colloïdal que (iraham (' ) avait
préparé par dialyse d'une solution d'orthomolybdale de soude, fortement
acidifiée par 11 Cl, a une composition analogue. Après élimination du
chlore, l'acide molybdique et la soude restant dans le dialyseur s'y trouvent
dans le rapport de iii ou i3, suivant la durée de l'opération ; on ne réussit
donc pas, comme on le voit, à préparer l'acide tridécamolybdique libre en
suivant la méthode de Graham.
(') Comptes rendus, l. 39, iSfi'i, p. \-\.
SKAXCK 1)1' lO JAXVIEU If)2I. ITJ
Cesfaitsconfirmenl.de nouveau celte notion iinporlante que la conden-
sation de l'acide molylidiquo a une limite qui est atteinte par la formation
de l'acide Iridécaniolybdic/iie. Ils démontrent aussi que la classification
courante en ortlio, meta et paramolyhdates, avec les différences profondes
qui les séparent, n'a pas de raison d'être. Il n'existe que deux groupes de
molybdates: i" les polymolybdates hexabasiques dont les ortho et para-
molybdates ne sont que des cas particuliers ; et 2° les polymolybdates tétra-
basiques qui dérivent des précédents par rupture bydrolytiquc de leur
chaîne.
Il va sans dire que ces recherches ne touchent en rien à la question des
hétéropolymolybdates qui reste entière.
GÉOLOiilE. — Observations sur les allmions anciennes de la Seine.
Note (') de M. E. Ciiaput.
Les trois niveaux fondamentaux de terrasses (SS^-SS", 55™-6o™,
qS^-iod"^), indiqués précédemment pour la Seine maritime, existent aussi
plus en amont, nettement caractérisés, avec adjonction d'une terrasse
de i5'"-2o'° (-).
Autour de Rouen, où les paliers supérieurs des terrasses ont été souvent
détruits au cours des déplacements des méandres, il faut cependant noter,
outre la terrasse d'Oissel (altitude relative 18'"), celle du Rond-Point des
Bruyères (35'") nettement isolée par des talus. Les alluvions de cette ter-
rasse sont visibles surtout aux gravières de Trianon, près du Grand-
Quevilly, où leur base repose à 20'" sur la craie; on y trouve des graviers
granitiques et porphyriques de i""-2'^'" encore reconnaissables, tandis que
les cailloutis plus élevés sont plus décomposés.
La région parisienne, déjà très étudiée, est plus importante par suite
des documents paléontologiques et de la grande extension d'une terrasse
remarquée depuis longtemps, celle des « hauts niveaux » de Belgrand. Il
faut observer d'abord que le niveau d'éliage est de 26'" à l'entrée de la
Seine, dans Paris, pour s'abaisser à 20'° à Bezons : les altitudes relatives
(') Séance du 3 janvier 192 i.
(-) I^oiii" les faits déjà connus, on trouvera de nombreux renseignements dans les
Ouvrages classiques de MAI. Ilaug {Traité de Géologie) et Lemoine {Géologie du
Bassin de Paris). Je renvoie à ces Ouvrages pour les travaux de Belgrand et pour la
plupp.rt des publications sur les alluvions de la Seine.
Il8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doivent être prises par rapport à ces étiages, pour les comparaisons avec le
Quaternaire des autres vallées. Or la terrasse des hauts niveaux a son
palier supérieur à ()4™-65"' près de l'entrée de la Seine dans Paris (plateau
de la rive gauche au-dessus d'Ivry, et de là, vers la place d'Italie); la même
terrasse est à 6o'°-63'" autour de la porte de Vanves; l'altitude relative est
donc comprise entre 36'" et 4o"'.
La faune « chaude » de Montreuil (^Elephns fiiitiquiis Falc, ll/tinoceros
Mcrcki Kaup) provient de ses graviers de fond. Laville (' ) a signalé une
molaire à'Elephas mcridionalis JNesti, provenant du plateau d<' Bicêtre,
mais h^s lamelles de cet'.c molaire sont ])lus serrées que dans les dents
typiques (ÏEL mcridioiidli.s ; l'échantillon parait se rapporter plutôt à VEI.
intermedi II s Jour dan (^ E. trogoiitherii Pohlig). L'épaisseur du remblaie-
ment dépasse 8"' à Montreuil, et comme il s'agit d'un dépôt de bord de
vallée, l'épaisseur a dû être bien supérieure dans l'axe de la plaine allu-
viale.
Les alluvions des « bas niveaux », qui ont fourni la « faune froide » à
Elephas primigenius Blum. et Rhinocéros tichorhiiius Cuv.. avec outillage
varié comprenant en particulier des racloirs moustéricns, atteignent une
altitude relative d'au moins 12™ à Grenelle, Levallois, etc., mais le palier
supérieur n'est jjas conservé ici au voisinage même du fleuve. Dans la
région Colombes, Petit-Colombes, Bezons, ce palier est bien séparé par un
talus des alluvions modernes ; il est à 3()"'-40'", soit une altitude relative de
l6™-20"'.
Une terrasse importante domine celle des hauts niveaux; son palier est
très étendu dans la forêt de Sénait à 85'"-9o"', soit 55'"-6o'" au-dessus de
Fétiage. A Eliolles, la base des cailloutis ravine les marnes vertes à 70'";
l'épaisseur du remblaiement dépasse donc i5™. Les alluvions sont très
altérées, rubéfiées, avec roches cristallines très décomposées. En aval de
Paris, le liond-Point des Bergères, près Puteaux, montre les mêmes
cailloutis : la base descend à 65"", le sommet forme une terrasse étroite
à 77°'-8o"'. Les alluvions correspondant<'S forment une partie de la forêt de
Saint-Germain, dominant Poissy (-) (73'") et couvrent le plateau entre
Vernouillet l't Chapet jusqu'à 70'" (57™ au-dessus del'étiage).
(') Lavillk, Le Pliocène à El. meridionalis dans le dcpartemenl de la Sciiw
( Feuille des Jeunes Naluralislcs, 1906. p. 1 53- 108).
(-) G. -F. Doi-LFUS, iS'oUce sur une nouvelle carie ^'cologiijue des environs de
Paris {Congrès géol. inl., Z' sesôioD, Borliii, 1880).
SÉANCE DU lO JANVIER I92I. I19
Il s'agit donc d'un niveau très étendu, qu'on suit d'autre pail vers l'a mont
jusqu'au voisinage du confluent du Loing, à gS^-gS'" (plateau dominant
Thoiuei7 et Clnimpagne, à l'altitude relative SS^-Sô"").
Dans celle dernière région, plusieurs placages allu\iaux s'éièveni au-
dessus de la terrasse précédente, jusqu'à une centaine de mètres au-dessus
de la Seine (Samoreau : voir la deuxième édition de \;\ feuille de Sens pav
M. Thomas). Les mêmes cailloutis existent sur le plateau formant le sommet
du mont de Villeccrf, où M. Thomas les a considérés comme miocènes.
Mais les sables granitiques visibles plus à l'Est (dans les bois entre Saint-
Agnan et les Joncheries par exemple), au-dessus du Stampien, ont le faciès
typique des sables de la Sologne, sans cailloutis; au contraire, sur le mont
de Villecerf on trouve essentiellement des cailloux roulés (chailles de plus
de 2o'"', silex crétacés et sparnaciens, gros quartz, etc.). Il s'agit là de véri-
tables alluvions, venues du Sud. En réalité, vers le Sud, les cailloutis
contemporains se distinguent difficilement de ceux du Sparnacien, mais la
variété des éléments et l'existence de quelques gros quartz de plusieurs centi-
mètres permettent de les reconnaître en certains points (par exemple au nord
de Chàteiiurenard, à l'altitude i-]^). D'autre part ces dépôts se relient facile-
ment, par la topographie actuelle, à ceux qui couvrent les plateaux de la
Puisaye et du Nivernais, à une centaine de mètres au-dessus de la Loire,
et que j'ai étudiés antérieurement (' ).
Ainsi quatre terrasses très étendues, correspondant à des phases de grands
remblaiements, peuvent être suivies dans la vallée de la Seine, du confluent
de r\onne jusqu'à la Manche, sans variations bien notables des altitudes
relatives, chaque terrasse correspondant, comme le pi'ofil actuel, à un état
d'équilibre suffisamment avancé. La plus élevée de ces terrasses, celle de
g5"'-ioo'" (Sicilien), est due à un fleuve venant surtout de la vallée de la
Loire en amont de Gien.
GÉOLOGIE. — Evolution miiiéralugique des minerais de fer oolilhique de
France, indépendante du fadeur temps. Note de M. L. Cayeux, présentée
par M. IL Douvillé.
La règle que j'ai formulée en manière de conclusion, à la suite de mon
étude des minerais de fer oolithique primaires de France, s'applique égale-
(') K. CiiAPUT, Recherches sur Icx terrasses aUuvialcs de la Loire (A/m. U/iù'.
Lyon, (. I, 1917, p. ',!).
126 ACADEMIE DES SCIEXCES,
ment à la plupart des minerais de fer lorrains. C'est-à-dire qu'ils ont franchi
successivement des slRdes calcviircs, carbonates^ silicolés et Iièmatisés, lorsque
leur évolution minéralogique présente le maximum de complication. Dans
ces conditions, il est tout naturel de penser que le facteur temps a joué un
rôle décisif dans la formation des minerais lorrains. S'il en est ainsi, il faut
s'attendre à observer un lien très étroit entre la composition minéralogique
d'un minerai donné et sa position dans la série des couches, soit avec son
A cet égard, voici ce que nous enseignent les faits. La succession ascen-
dante des couches montre sept horizons distincts : les couches verte, noire et
brune, constituant le faisceau inférieur; les couches grise et jaune, formant le
faisceau moyen et la couche rouge représentant avec les culcoires ferrugi-
neux le faisceau supérieur.
Or il résulte de l'analyse d'un grand nombre d'échantillons, empruntés
aux différentes couches, que le fer carbonate et le fer silicate (chlorite, ber-
ihiérine) réalisent, en moyenne, leur maximum de fréquence dans le fais-
ceau inférieur et, par conséquent, le plus ancien; que ces deux composés
ferrugineux se retrouvent encore dans le faisceau moyen, mais avec une
moindre abondance, et qu'ils deviennent très rares et manquent presque
toujours dans le faisceau supérieur, c'est-à-dire le plus récent. Par contre,
le fer oxydé atteint son maximum de fréquence dans le faisceau supérieur,
et, pour tout dire, c'est dans la grande généralité des cas le seul et unique
composé ferrugineux représenté à cet étage.
Étant donné l'ordre d'enchaînement indiqué plus haut, il est de toute
évidence quey^///.v les mineruis de Lorraine sont anciens^ moins leurs composés
ferrugineu.r sont transformés. J'insiste sur le point que ladite règle se
dégage avec une extrême netteté de mes analyses micrographiques. Kn
conséquence, tout se passe comme si le facteur temps était resté étranger
au\ métamorphoses des minerais lorrains, conclusion diamétralement
opposée à celle qui nous paraissait dc\oir être l'expression de la vérité.
En sortant du domaine particulièrement visé ici, des faits du même ordre
sollicitent en foule notre attention. On sait notanmient que le fer carbonate
inclus en bancs et rognons dans le terrain houiller est resté carbonate
jusqu'à nos jours. Que si nous remontons plus loin dans le passé, les mine-
rais oolithiques siluriens de la presqu'île armoricaine nous fournissent, en
grand nombre, des exemples de sidérose et de bavalite non modifiées, en
dépit do la haute antiquité des dépôts auxquels ces éléments sont incor-
porés.
SÉANCE DU lO JANVIER 1921. 121
I'3n revanche, des minerais plus rccenls que ceux de Lorraine, tels les
minerais oolilliicjues bajociens, calloviens et o.vfordiens, sont presque tous
hématisés, c'est-à-dire arrivés au terme ultime de leurs transformations.
Bref, la rè^^Ie énoncée plus haut, à savoir que révolution minéralogique
des minerais de fer lorrains est indépendante du facteur temps, est, croyons-
nous, une loi générale pour les minerais de fer oolithique de France, et je
ne suis pas éloigné de croire cju'elle l'est pour tous les minerais de fi-r
d'origine sédimentaire. Il va sans dire que les parties des gîtes situées au-
dessus du niveau iiydrostati(pie ne sont nullement en cause dans la présente
étude.
BOTANIQUE. — A propos de la conslitulion morphologique du cytoplasme.
Note ("■) de M. A. GuiM.iii!i>io\D, présentée par M. Gaston Bonnier.
Tva question de la conslitulion morphologique du cytoplasme a donné
lieu à tant de controverses qu'il m'a paru opportun d'expliquer à l'aide
d'un schéma la conception à laquelle nous ont amené dix années de
recherches.
Prenons les cellules du foie de Grenouille (I) : Sur une préparation
traitée par la méthode de Regaud, on voit de nombreuses mitocbondries,
qui se détachent nettement du cytoplasme peu coloré. j^Ces éléments en
forme de grains, bâtonnets, filaments (I, en M), constituent le chondriome
de la cellule. On aperçoit, en outre, dans le cytoplasme de petites vacuoles
incolores (Y). Sur le frais, on constate que lo chondriome ne se colore pas.
Si nous examinons maintenant le thalle d'un Saprolegnia à l'aide de la
même méthode, nous y retrouvons un chondriome très semblable avec des
vacuoles incolores. Sur le vivant, on observe en outre des granulations
graisseuses que ne colorent pas les méthodes mitochondriales. Les colora-
tions vitales, qui ne teignent pas le chondriome, permettent de suivre la
formation des vacuoles dont le suc fixe énergiquement les colorants; celles-
ci apparaissent comme des canalicules allongés qui ensuite s'anastomosent
en réseau, puis se fusionnent en grosses vacuoles. M. Dangeard, n'ayant
pas vu le chondriome de ce Champignon, admet que ce que l'on a désigné
sous ce nom dans les Champignons et les animaux correspond aux formes
initiales du système vacuolaire et aux granulations graisseuses qu'il nomme
microsomes,
(') Séance du 27 décembre 1920.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. \T1, N» 2.) 9
122 ACADEMIE DES SCIEXCES.
Dans un Vci;cliil supérieur, |)ar exciiiple, dans les cellules épidermiqucs
de la feuille dVm ^e/7/i'^//»VYZ (II) nous retrouvons un chondrioine absolu-
ment semblable à celui de la cellule du foie, et des vacuoles (\) incolores.
Sur le vivant, on conslale que le chondriouie se [)résente»avec le même
aspect { III ;; seulement, on observe, en nuire, un grand nombre de petites
iir
vu vin
I. Cellule (lu foie (le greiiouillc ( na-tliode de lîegaud); II. Celliil.- .le lV|iul.inii- rit- la iV-uille d/ris
germaiiica (ni(jnic md'lliodc) ; III. kl., colorée vitalement; IV. kl., les \acuolcs stiile^; liguracs;
\'. Id.. le cliondriome seul lii;uié; VI. kl., le; gninulalioiis graisseuses seules (igur(;cs; \ II. Id., les
plasiidi's seuls figurés; VIII. lil., les niiloi lioudries inaclives seules figurées. (Schéma.)
granulations graisseuses {Gg) qui se distinguent des mitochondries granu-
leuses (M) par leur vive réfringence, et ({ue la méthode de llegaud ne
colorait pas. linfin les vacuoles renferment aussi un suc qui prend les colo-
rants vitau.v. ce (pii pci-mel de suivre leur naissance; celles-ci apparaissent
sous forme de filaments (III, N ) qui ressemblent beaucoup à des niito-
chondiies, mais les méthodes milochondriales ne les colorent pas. Ces lîla-
SÉANCE DU lO JAXVll 11 U)2I. 12'i
nu'iils que nous appellerons primonliu drs fctciiu/cs s'auastonioscnl on un
réseau dont les nœuds se rendent, puis ?<■ séparent en pelilcs vacuoles qui
se fusionnent ensuite en i,'rosses vacuoles. Cependant ici nous constaterons
une particularité : eu ellet. les chondrioconlcs (C) peuvent élaborer à cer-
taines phases de petits grains d'amidon; ce sont les mêmes éléments qui,
dans d'autres cellules, forment la cidorophylle et les pigments .vantoplivl-
liens et carotiniens; au contraire, les mitochondries granuleuses ou en
forme de courts bâtonnets ne participent pas à ce phénomène. Cependant
ces deux catégories d'éléments ont exactement les mêmes caractères chi-
miques; ils ont aussi les mêmes formes, car les chondrioconlcs dérivent
des mitochondries granuleuses, et les mitochondries granuleuses peuvent,
à de certains moments, prendre la forme des chondriocontes typiques. Il
existe donc dans les cellules des végétaux chlorophylliens deux variétés de
mitochondries, dont l'une correspond aux plastides. Cependant ces deux
variétés ne diffèrent que par leur fonction physiologicjue.
Tous les auteurs, sauf M. Dangeard, sont d'accord sur l'existence de ces
éléments. Seulement, tajidis que les uns ont admis que les plastides repré-
sentent une variété spéciale de mitochondries se différenciant à partir
des mitochondries indifférenciées des cellules embryonnaires, les autres
pensent que les deux catégories conservent leur individualité au cours du
développement et représentent des éléments de nature différente, n'ayant
de commun que leurs formes. Selon eux, seuls les éléments qui ne jouent
pas le rôle de plastides seraient des mitochondries. Nos recherches démon-
trent, au contraire, que les deux variétés conservent bien leur individualité
au cours du développement, mais que toutes deux rèpo/idenl à la dèfinilion
des mitocJiondries et sont absolument semblables aux mitochondries de la
cellule animale. Aussi admettons-nous que la cellule des végétaux chloro-
phylliens se distingue delà cellule des autres litres vivants par la coexis-
tence de deux variétés de mitochondries, dont l'une affectée à la photo-
synthèse. Cette dualité des mitochondries serait donc la condition de
la photosynthèse.
Au contraire, M. Dangeard a formulé une interprétation toute différente.
Pour lui, ce cpie l'on a décrit comme chondriome dans la cellule animale et
dans les Champignons correspond aux primordia des vacuoles qu'il rassemble
sous le nom de vacuoine et aux microsomes qui constituent le sphéromc.
Quant aux plastides qui forment le/jA/.v/fV/o//2e, ce sont des éléments spéciaux
aux végétaux chlorophylliens et qui sont bien distincts du chondriome.
Cette interprétation qui repose surtout sur des observations vitales n'est
124 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas foiii])iilible avec l'enspmble des faits. En efl'et. le chondriome ne peut
corrcspondri-, ni au système vacuolaire, qui ne se colore que très rarement
parles méthodes mitochondrialcs, ni auxmicrosomes brunissant par l'acide
osmique, qui laisse incolores les mitochondries.
On voit qu'il est aujourd'hui définitivement établi que le cytoplasme est
une substance d'apparence homogène qui contient en suspension trois
catégories d'élémenls :
I'' Un chondriome dont une partie, dans les Végétaux chlorophylliens, est
affectée à l;i photosynthèse ;
1° Des vacuoles (I) ;
3" Des granulations graisseuses.
BOTANIQUE. — Sur les théories de la mynnécopJiilie.
Note de M. E. Ue Wiloema-n', présentée par M. H. Lccomte.
Dans une élude présentée à la Société de Physique et d'Histoire natu-
relle de Genève, M. le professeur Chodat et M. Carisso ont proposé une
nouvelle théorie de la myrmécophilie (^).
Pour ces auteurs, les formicaircs, ou myrmécodomaties, de divers autres
botanistes, (piand elles se présentent sous la forme de renllements, auraient
pour origine une galle causée par des insectes. Ils se basent sur des obser-
vations faites, en Amérique du Sud (Paraguay) sur des Cordia et V Acacia
Cavenia Hook. et Arn., par le professeur Chodat.
Nous ne voulons pas discuter l'exactitude des observations du professeur
Chodat, bien au contraire, nous serons d'accord avec lui pour admettre
que dans bien des cas les fourmis ne sont pas les causes directes des cavités
qui se forment dans certains végétaux myrmécodomes. Nous sommes
comme lui persuadé que des galles peuvent être, à la sortie de l'insecte qui
les a formées, envahies par des fourmis. Des matériaux de plantes congo-
laises qui nous sont passés par les mains semblent appuyer nettement cette
manière de voir.
Mais nous ne pouvons admettre la généralisation de la théorie proposée
par M. Chodat et M. Carisso spécifiant que tout renllement, abritant ou
])ouvant abriter des fourmis, chez des myrmécophytes, ait pour origine
(' ) Une nom elle ihcm ic de la inyrnircopliylie {(\ II. des séances de la Société de
Physique et d' Histoire naiiire/le de Genèce. \ol. 37, n° 1, janviei-inars igao).
SÉANCE DU lO JANVIER I92I. 125
une piqûre d'insecte. Le cas de V Acacia Cavenia, comme celui des Con/iii de
l'Amérique du Sud, ne nous paraît pas pouvoir être généralisé.
Chez des Acacia à épines renllées, le gonflement de l'épine n'est pas
toujours dû à la présence d'un hôte quel qu'il soit. On cultive au Jardin
botanique de Bruxelles, sous le nom de Acacia cuhcnsis, une plante à épines
stipulaires qui dès le jeune âge montrent déjà une tendance au renflement.
Quand elles sont encore vertes, elles renferment au centre une sorte de
moelle lâche qui, petit à petit, disparaît en suite de l'augmentation de
volume, et laisse une cavité dans laquelle il n'y a pas trace d'insecte.
Quand les épines sont adultes, que la feuille est tombée, il n'y a pas
d'ouverture à ces stipules; elles ne deviennent pas, dans ces conditions de
culture, des domaties. Ici donc le renflement et le creux sont formés sans
la présence de l'insecte perceur, ni de la fourmi habitante.
Nous avons antérieurement insisté sur la myrmécophilie dans le genre
Scaphopetalum ('). Comme on le sait, la domatie est ici formée par un sac,
repli du limbe foliaire, formant renflement entre deux nervures basilaires,
et dans ce cas aussi il ne peut être question de piqûre. Dans les feuilles de
cette plante, dont nous avons suivi le développement dans les serres du
Jardin botanique de Bruxelles, on voit apparaître le repli dès le jeune âge;
d'abord peu accusé, mais cependant net, il se développe en sac avec l'âge
par suite de la croissance du limbe et de la rigidité des deux nervures
devant limiter l'ouverture de la cavité.
11 en est de même pour d'autres myrmécophytes, par exemple Cola
Laurenlii (-).
Il y a lieu de faire remarquer ici que parfois les feuilles peu développées
de la base des rameaux des ScapJwpclaliim, ou des boutures faites à l'aide
de très jeunes rameaux, ne présentent pas de trace de pochette; elles pos-
sèdent un limbe réduit, plan et peu inéquilatéral à la base ; elles n'ont
donc pas fourni de domatie.
Il faut remarquer en outre que, au point de vue de la domatie, il arrive
souvent que toutes les feuilles d'un rameau ne sont pas équivalentes. Nous
avons souvent observé des diiïérences dans le caractère acarodomatien dans
la même espèce, suivant l'emplacement des feuilles sur le rameau et suivant
la saison où se forment les feuilles (*).
(') Dk Wiluewa-x, Missiun Laurenl^ \ol. l, p. c.cxix l'I p. ^nn et sulv., c. lii;.
(-) Di; Wii.DEMAN, Mission Laurenl. \ol. 1, p. 4o3 et siiiv.
{') De \ViM)KM,iN, Noies sur queliiacs acaropliyles {Ulém. Soc. scient. Driiuclles,
t. 30, 1906, p. 287 el suiv.).
126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il faudrait donc pour ï Acacia, les Scaphopetahim el Cula |jrécités,
admettre qu'il y a « malfornuilion hérédilaire », comme le disait Beccari.
Mais, nous basant sur ces faits qui paraissent indiscutables, nous n'oserions
pousser plus loin, et dire qu'il y a adaptation I
Nous sommes persuadé que la myrmécophilie est un phénomène très
répandu parmi les végétaux, mais qu'il ne peut être expliqué par une
théorie unique. La m vrmécophilie se présente d'ailleurs sous des aspects
très variables.
Avec le professeur Chodat el M. Carisso, nous admettons que dans bien
des cas cette myrmécophilie, allant jusqu'à offrir un gîte à la fourmi, est
secondaire.
Mais, en outre, nous prétendons que dans la plupart des cas elle n'est
nullement une symbiose, au sens du mot, mais un parasitisme, comme le
soutenait Kohi ('); parasitisme en général 1res néfaste au myrmécophyte.
BOTANIQUE. — Sur les « L^rains de fucosanc » des PJiéophycèes.
Note de M. li. Ma\gexot, présentée par M. L. Mangin,
Les cellules des Phéophycées sont remplies di' globules réfringents de
tailles diverses, llansteen, qui les considérait comme formés par un hydrate
de carbone, leur a donné le nom de grains de fucosanc. Les travaux anté-
rieurs de Schmilz, Berthold, Ruckuck, ceux, postérieurs, de (>rato, et sur-
tout les récents mémoires de Kylin, monlrent que ces globules appar-
tiennent en réalité à plusieurs formations différentes. Certains d'entre eux
sont constitués par une substance bien définie par Cralo, puis par Kylin,
qui en a indiqué tous les caractères; c'est un composé à fonction phénoliquc,
présentant des réactions de la phloroglucini> (coloration rouge par une
solution de vanilline dans HCl).
C'est â ces globules que l'on réserve maintenant le nom de grai/isde fuco-
sanc. Leur nature et leur signification morphologique ont toujours excité
la curiosité des algologues. Crato les considère comme des jt/nxodes, c'est-
à-dire comme des organites fondamentaux de la cellule, constants chez tous
les végétaux, doués d'une certaine vitalité et capables de se déplacer.
(') 11. Koiii.. /)ie Aineisen/jjlaiizen des tropisc/ien Afrika mit besonderen lieriick-
sichligiing ihrer biologisclien \'erli('iltiiisse. Miiiisler, 1909. Voir De 'Wildeman,
Clerodcndron à tiges /islii/ciiscs (C . />'. Soc. de Iliologic, l. 83, 1920, p. ôSa)-
SÉANCE DU lO JA>"VIER 192I. 127
grâce à des inouvoineuls aina-boïdcs, le long des lral)t'culcs proloplas-
miques. Kylin en fait des vacuoles spécialisées pour conlenir le lucosane;
il admet, après Hansteen, que ces vésicules naistenl aux dépens des cliro-
nialophores, tandis que, pour Le Touzé, les grains se fornieraicnl autour
de plasles spéciaux. Au cours des recherches que nous poursuivons sur la
cellule des Algues, nous avons réalisé une série d'observations précises qui
nous permettent d'envisager les grains de fucosane d'une autre façon que
ne l'ont fait les précédents auteurs.
l'^n dissocianl avec précaution un conceptable de Fucus dans une solution de bleu
de crésyl dans l'eau de inei-, on colore presque instantanément le fuccsane, dont les
grains apparaissent teints en Isleu pur (' ). On peut employer aussi, mais avec moins
de succès, le bleu de Nil ou le rouge neutre. Dans les cellules des poils qui entourent
les organes reproducteurs, les aspects que l'on observe sont souvent des plus instructifs.
Beaucoup de ces cellules ne renfermejit que de tout petits grains fucojane, évidem-
ment au début de leur formation. Ces grains apparaissent en liberté au milieu des
vacuoles, où ils sont doués de mouvements rapides. Si l'observation se jirolonge, on
assiste à leur précipitation sur la paroi protoplasmique de la vacuole, où ils ne tardent
pas à se (i\er plus ou moins intimement. On peut suivre pas à pas cet intéressant
phénomène : on voit un ou plusieurs des grains colorés se rapprocher de la paroi
vacuolaire, en même temps que l'amplitude des mouvements diminue. Bientôt le
granule, souvent plus ou moins ovoïde, se fixe à la masse cytoplasmique par une de
ses extrémités et, autour de ce point d!allache, il continue à osciller, toujours plus
lentement, jusqu'au moment où il s'arrête tout à fait. Dans d'autres cellules, par
exemple dans les cellules des hyplies, le fucosane apparaît en beaucoup plus gros
grains, presque toujours adhérents aux trabécules piotoplasmiques ; on en observe
cependant parfois d'isolés au milieu de la vacuole où ils sont animés de mouvements
de rotation assez lents. Mais cet aspect est exceptionnel, les gros grains de fucosane
sont très généralement fixés. Il semble que l'on puisse interpréter ces faits en consi-
dérant les grains de fucosane comme des précipités intra-vacuolaires d'un composé
pliénolique; ces grains grossissent; et lorsqu'ils ont atteint une certaine taille, ou
lorsque la cellule est troublée dans son fonctionnement (lorsqu'elle est manipulée par
exemple), ils se] déposent sur la paroi de la vacuole et s'y fixent. Notons en outre que
ces grains paraissent avoir une consistance plutôt visqueuse que solide, comme eu
témoignent les expansions et les déformations qu'ils présentent lorsque, fixés dans le
cytoplasme, ils sont soumis à des tractions ou à des compressions; ce sont sûrement
ces aspects qui ont trompé Cralo en lui donnant l'impression de mouvements
ama>boïdes; et, comme la plasmolyse ccuitiacte et ratatine les grains de fucosane, or,
peut penser qu'ils sont formés d'une substance fortement hydralée.
(') Nous nous sommes toujours assuré, an moyen i\<- la réaction de la vanilline
chlorhydrique, qu'il s'agissait bien des grains de fucosane et non de globules d une
autre nature.
128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans nos coloralions par le bleu de crésyl, nous avons souvent réussi à
teindre en violet le suc des jeunes vacuoles. Celles-ci, dont la forme est
grossièrement polyédrique, souvent très allongée et parfois même filamen-
teuse, renferment par conséquent un composé liquide. Nos essais pour
reconnaître la nature de cette substance sont restés vains. Ce ne peut être
de la mélacbromatine, car celte substance, définie par plusieurs réactions
microcliimiques précises, n'existe pas chez les Fucacées. A. Meyer n'a pu
l'y déceler et, dans toutes nos tentatives, nous n'avons pas été plus heureux
que lui.
La teinte violette, métachromatlque par conséquent, du suc vacuolaire,
n'indique pas, en coloration vitale, la présence de métachromatinc; c'est
seulement l'indice, semblc-t-il, d'une réaction alcaline de ce suc. Peut-être
s'aglt-il d'un composé phénolique liquide, lequel, en se précipitant pro-
gressivement, produit les grains de fucosane. Car il paraît certain que la
substance du fucosane est parfois à l'état liquide. Sur coupes fixées et
colorées par la méthode de Ucgaud, où l'on distingue parfaitement le fuco-
sane, grâce à la teinte jaune brunàlre que lui conlère le bichromate de K,
on voit celui-ci, dans certains groupes de cellules, sous forme de plages
d'aspect homogène ou très finement granuleux, ce qui indique une substance
fluide. iNIais, dans presque tous les tissus, il esta l'état granuleux.
Il est dillicile chez les Fucacées ( l'iictts, Pclvetia ou Ascophylluni), de
reconnaître, sur des coupes minces, les rapports des grains de fucosane
avec le protoplasme, car celui-ci, formé de mailles très fines, est peu appa-
rent. Par contre dans les cellules axiles des méristèmes de Cladostephus (C.
spongiosasY^nv exemple), le cytoplasme est très abondant et creusé seule-
ment de vacuoles assez petites; la plupart de celles-ci sonl occupées par un
grain de fucosane, parfaitement, isolé en leur milieu. Si, comme nous
l'avons fait, on compare de telles préparations avec des coupes, obtenues
aussi par la méthode de RegaucJ, d'organes de plantes vasculaires riches
ou composés phénoliques, l'analogie est frappante : dans un cas comme
dans l'autre, on ^oit les \acuolcs occupées par des précipités granuleux de
teinte jaune.
Nous en arrivons donc à rapprocher les grains de fucosane des préci-
pités vacuolaires des autres \égétaux. Certains de ceux-ci, condensés en
granules au sein de la vacuole, dans les conditions normales, les cyano-
plastes par exemple, sont particulièrement comparaliles à nos globules de
fucosane. L'analogie entre ces globules et les autres précipités connus de
substances lannoïdiques n'est pas aussi remarquable, car, dans les cas
SÉANCE DU lO JANVIl-R 1921. 1 29
auxquels nous faisons allusion, le précipité granuleux n'existe qu'en faible
quantité ii l'état normal, mais les diverses manipulations requises pour
l'examen vital l'augmentent considérai)!ement. 11 ne faut d'ailleurs tirer de
ces faits que la notion d'une inégale stabilité des différents colloïdes vacuo-
laires : très instables dans les vacuoles à fucosane, ils le sont moins dans
les vacuoles tannokliques. Et nos observations semblent donc bien démon-
trer que les grains de fucosane ne sont pas des formations spéciales aux
Pbéophycées; ce ne sont ni des organites vivants, coiimie le voulait Crato,
ni des vacuoles spécialisées, comme l'admet Kylin. Ce sont simplement, au
moins quant à leur mode d'apparilion, des formations très communes cbez
les végétaux verts.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur le rôle respcclif des trois bases : potasse^ chaitx^
magnésie, dans les plantes cultivées. Note de M. II. Lagatc, présentée par
M. L. Lindet.
Le développement récent de l'emploi et du commerce des engrais
magnésiens, particulièrement sous forme de dolomie calcinée, est un fait
qui mérite l'examen des agronomes. Les travaux de Lœw et un assez grand
nombre d'cssais-culturaux montrent que l'addition au sol de magnésie et de
chaux peut, dans certains cas, être plus avantageuse, que l'addition de chaux
seule. Il nous a paru intéressant d'examiner pour quelles plantes l'analyse
des récoltes suggère plus spécialement cette pratique.
Parmi les substances minérales qu'absorbe le végétal, considérons la
potasse, la chaux et la magnésie. On sait que d'autres bases interviennent
pour la constitution et le fonctionnement des végétaux; mais, dans les
plantes terrestres, ces trois bases ont une importance particulière, qui jus-
tifie leur dosage habituel dans la plupart des études sur l'alimentation des
végétaux. Admettons que chacune de ces bases remplit un rôle spécifique;
en d'autres termes, qu'elles ne peuvent se remplacer l'une l'autre.
Nous pouvons adopter comme commune mesure l'équivalent uni-
, . KM) Ca() Ms;() ,,-,•, • • 1 1 -, 1 1
basique , — — > — ^^ — > c est-a-dire la quantité de l^ase susceptible de neu-
traliser un équivalent d'acide, par exemple 36, 5 d'acide chlorhydrique.
On connaît d'autre part les exigences des récoltes relativement à ces trois
bases; empruntons-les, par exemple, à un Ouvrage classique : Les Engrais,
par iVliinlzet A.-Ch. Girard. Les chiffres de potasse, de chaux et de magnésie
inscrits dans cette statistique analytique peuvent servir au calcul, et l'on
l3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
peul se poser le problème suivant : 5///- loo èquùmlerils basiqurs (itli-ibuables
à r ensemble des trois bases potasse, chaux et magnésie, combien en rei'ie/it-ii à
chacune d'entre elles dans les dii'erses récolles ?
On obtient ainsi un tableau dont voici quelques lignes. :
Potasse. Cliaux. Masni'sic.
Blé /,3,4 28,3 28,3
.Maïs 491 ' 23,9 27,0
Belterave siicriére -'i^-' 24,0 34,8
Luzerin- 21,2 67.4 i',4
Les diverses récoltes présentent une répartition très diverse des 100 équi-
valents basi(jucs attribuables à ces trois bases. Pour mieux se rendre compte
de cette diversité et pour permettre les comparaisons, il est commode de
substituer au tableau numérique un graphique où le résultat fourni par
chaque récolte est figuré par un point. On peut à volonté utiliser la repré-
sentation graphi([uc sur la surface d'un triangle équilatéral ou sur la surface
d'un triangle rectangle isoscèie. Si nous adoptons ce dernier mode de repré-
sentation, nous avons la répartition indiquée par la figure ci-contre.
L'e.\amen de ce graphique suggère d'intéressantes remarques aux points
de vue physiologique et agricole : nous aurons l'occasion de les développer
dans un autre Recueil. Pour l'emploi rationnel des engrais magnésiens, il
convient de porter son attention sur la médiane partant du sommet de
l'angle droit : elle correspond au rapport
nombre d'équivalents de chaux
I > = i rn — ^^^ — i ; r^ = ' •
nonibie a équivalents de magne>iu
On sait que ce rapport a fait l'objet d'importantes éludes expérimentales
de Lœw et de ses disciples. La statistique analytique présentée par notre
graphique montre que, parmi les plantes cultivées, la bellerave sucrière
surtout et. à un moindre degré, la betterave fourragère, le maïs et la pomme
de terre correspondent à un rapport R < i; en d'autres termes, ces plantes
demandent à la magnésie plus d'action chimique qu'à la chaux. Le blé en
demande exactement autant à chacune des deux bases; l'avoine, le seigle,
l'orge, le sarrasin à peu près autant. Ces constatations analytiques
expliquent les résultats expérimentaux obtenus récemment avec la dolomie
calcinée, plus particulièrement sur les plantes citées plus haut. Par contre,
il ne parait pas justifié d'attendre, pour toutes les plantes cultivées, des
résultats du même ordre.
SÉANCE DU lO JAXVIER 1921, l3l
Les lignes (médianes, parallèles au\ cnlés) tracées dans le triangle déliniitenl des
aires particiilièrenient intéressantes :
1° Petits triangles rectansles avant un sommet commun avec le grand triangle : si
30 40 50
ÉQUI VA LE NTS
60
DE
70 80
CHAUX
le point représL'iilatif >'\' trouve situé, l'une des bases représente une alcalinité supé-
rieure à la somme des alcalinités des deux autres.
2° Quadrilatères ayant pour sommets le centre de figure et uu sommet du grand
triangle : si le point représentatif s'\ troiive situé, l'une des bases représente une alca-
linité supérieure à l'alcalinité de chacune des deux autres considérée séparément.
l32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMEXTALE. — Sur un ensemble de phénomènes de l'ordre
erpêritnental et clinique permettant d' étudier l'état fonctionnel de V appareil
vestibulaire dans ses rapports avec l'équilibration organique. (600 observa-
tions peisonnelles.) Document retiré, en la Séance du 29 novembre 1920,
du pli cacheté n*' 8444 déposé le i5 octobre 1917 par M. Etiexxe
Lombard.
L'ensemble de ces phénomènes repose sur les deux observations sui-
vantes :
Première observation. — La fixation d'un objet placé latéralement, à
courte distance et à 45° par rapport au plan sagittal de la tèle, pourvu que
l'objet utilisé comme point de fixation soit et reste mobile avec la tète
(dispositif du bandeau de l'otocalorimctre). s'accompaone, au bout de peu
de temps, pour un angle de 45", plus rapidement si l'angle augmente, d'une
rotation lente de la tète du même côté que l'objet utilisé comme point de
fixation. Si, à ce moment, on commande au sujet de « fermer les yeux »,
et si on lui fait exécuter l'épreuve du bras tendu à la hauteur de l'épaule,
par mouvements rapides et de pronalion et de supination de lavant-bras et
de la main, épreuve portant sur le bras contre-latéral, on observe une dévia-
tion de ce bras du côté opposé à la fixation, plus marquée pendant les
mouvements rapides de pronation et de supination et pendant l'arrêt de la
main en supination.
Cette observation est d'autant plus facile à mettre en évidence que les
vestibules (appareil vestibulaire) sont plus hypeiexcitables ou que leur
excitabilité est momentanément augmentée.
Deuxième observation. — Pendant l'épreuve calorimétrique portant sur
le canal horizontal d'un côté, dans la position verticale du canal, ou voisine
de la verticale, en arrêtant le courant d'eau refroidissant (à 27°, 3oo""' et
3 minutes) dès l'apparition de la première ou des premières secousses
nystagmiques, et sans fixation convergente latérale, mais par examen
monoculaire (l'autre œil étant masqué), on observe, les paupières étant
fermées et maintenues fermées pendant un moment par une pression
légère de la pulpe des pouces de Vohser\i\lcuv prenant point d'appui sur la
racine du nez : i" une augmentation ou une exagération de l'amplitude des
secousses nystagmiques pendant la pression légère des pouces sur les globes
oculaires; 2" une inclinaison et une rotation de la tète du côté du vestibule
en expérience; 3" si l'on exécute l'épreuve des deux bras tendus à la hauteur
des épaules, la rotation des bras vers le côté du vestibule en expérience,
SÉANCE DU lO JANVIER I921. I.S3
rolalion plus apparente sur le membre liomolatéral et dans rallitudc de la
supination, après une série de mouvements de pronation et de supination,
au moment de l'arrêt en supination; 4" si l'expérience est prolongée, on
observe en même temps cbez certains sujets des oscillations du tronc (le
sujet est assis sur un tabouret) avec menace de rupture d'équililjre. L'en-
semble de ces quatre pbénomènes est connu et a été observé. Mais les
pdiiiciildrilés de cette deuxième observation sont les suivantes :
Première phase. — Si pendant la pliase nyslagniique (yeux fermés), rolalion el
inclinaison de la lêle, rolalion des membres supéiieiirsel oscillations du tronc, avec mani-
feslations objectives de déséquilibre imminent, on fail brusquement ouvrir les yeux et
n\er(7(er;«i<(?«//o/i(commedansrobser\ ation première) un objet placé latéralement (45°)
à courte dislance, solidaire des mouvements de la lête et dans un sens opposé à celui
du vestibule examiné, on note la suppression très rapide des oscillations du tronc avec
menace de rupture d'équilibre : dans un certain nombre d'observations, le sujet indique
la disparition parallèle et presque immédiate de la sensation d'entraînement et d<'
cluite, cette sensation étant indiquée comme entraînant le sujet vers le côté du vesli-
bule en expérience {correction par fixation latérale opposée) (').
L'observation est alors continuée de la manière suivante :
Deuxième phase. — Le nystagmus horizontal rythmique, provoqué par l'épreuve
calorimétrique dure un certain temps et va en s'atténuant: la fixation latérale opposée
étant maintenue et avec attention on observe le retour progressif à l'altitude droite de
la tèie (position de face, médiane, tête droite) ; la déviation des membres supérieurs
diminue progressivement avec léger retard sur la correction à l'inclinaison, rotation
de la tête. On s'assure, en ordonnant ay sujet de fermer les yeux de temps en temps et
commandant l'épreuve des bras tendus, avec mouvements de pronalion et de supina-
tion, (]ue cette déviation vers le ^estibule en expérience n'existe plus. La tête est alors
médiane elles bras non déviés pendant l'élévation commandée.
Troisième phase. — Elle succède sans interruption à la deuxième phase, si l'on
maintient la fixation latérale et attentive du côté opposé au vestibule en expérience.
Mais cette iixalion peut être supprimée et les constatations qui suivent se fout aussi
les yeux fermés : 1° une rotation de la lêle du côté de la fixation (côté opposé au
vestibule en expérience); 1" une rotation des membres supérieurs dans le même sens
pendant l'épreuve des bras tendus.
(;"esl la contre-rotation de la tèle et des bras (elle correspondrait théoriquement à
un postpostnvslagmus des yeux pendant Tépreuve classique de rotation ou au post-
nyslagmus signalé après le nystagmus observé dans l'épreuve calorimétrique bien
connue. Ce n'est encore qu'une hypothèse).
Quatrième phase. — Pendant la conlre-rotalion de la tèle, on commande au sujet
de fermer les yeux; on tourne (mouvement passif) seulement la tête du côté du vesti-
bule en expérience, les yeux toujours fermés, et la tète maintenue dans la posilioii
(') Ainsi l'ai-je dénommée.
l3/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
corrcspoiidant à la tliiecliori du rci:;irj lioii/.onlal. Le sujet niiiiiilieul la tèlr dans
celle^TTlTL'Diî (rolaliori sur Icpaule).
L'épreuve du bras tendu est commandée par élévation rapide à la hauteur de
l'épaule, alternative ou simullanée et avec mouvements de supination et de pronation
de la mainel de l'avant-bras. On observe avec une grande rietleté, chez les sujets à
réactions nerveuses, rapides et précises, la contre-rotation des bras, contre-rolalion
bien plus marquée sut' le bras contre-latéral et pendant l'arrèl de la main en supi-
nation.
Celte deuxième observation est cii (|ueli|ue sorte le complémi'nt de la première, en
ce sens qu'on fait intervenir le phénomène expérimental provoqué par lépreuve calo-
rimétrique, les efl'ets tardifs de ce phénomène et leur mise en évideiu-,e par l'altitude
volontairement maintenue de la tète après rotation très lente, active ou mieux passive,
le canal liorizontal étant ramené à un plan qui ron-espond sensiblement au plan de ce
canal dans l'attitude du regard horizontal."
L'ensemble de ces phénomènes paraît devoir |)ermetlre l'étude non dissociée des
eflets récipro(|ues, des influences d'ordres visuels et oculo-nioleurs, veslibulaires, de
sensibilité générale (sens articulaire), influences réciproi(ues ou influences sur les
actions motrices volontaires.
Pendant la quatrième phase de l'observalion II (deuxième) l'attitude des bras et de
la tète est une véritable attitude d'équilibre dynamique. Aussi ai-jc donné à cette
phase de l'épreuve dans mes observations le nom de « épreuve du balancier ». Cette
épreuve est d'autant plus nette qu'il s'agit de sujets à réactions nerveuses, rapides et
précises. Elle l'est beaucoup moins chez les hésitants ou les sujets à réactions
ralenties .
PHYSIOLOGIE. — Action anlicodgidaiite de l (ividc niidéuine du pancréas.
Stabilité el caractères du plasma nucléaté. iNole (')dc M. Dovov, présentée
par M. Charles Uichet.
I. L'aclioa anticoagulante des acides nucléiqties démontre la partici-
pation des noyaux cellulaires aux phénomènes de sécrétion et, plus parti-
culièrement, l'origine nucléaire de la sécrélion interne (antitlirombinc)
([ui maintient la fluidité du sang. Les faits quej'ai découverts ont donc une
signification générale {-). Je cherche à réaliser les conditions expérimenlales
les plus démoastratives, les plus exclusives de toute cause d'erreur et les
p'us faciles à contrô'er. Accessoirement, l'emploi d'un acide nucléique
(') Séance du 3 janvier 192 1.
(-) Dans rni.Note précédente. Comptes rendus, 27 dècemltre ii)!o, jiage i4o2,
ligue.îo, au lieu de: Cliaque échantillon est additionné de (.Ss de sang, il faut lire:
Cliafiuo échaiUillon est adilitionnc do -.'.o^' de sanir.
SÉANCE DU lO JANYIKR 1921. l35
appropriL- pcnnel de préparer facilcincnl un plasma relalivcmcnl stable,
convenant parfaitement à des démonstrations de cours.
11. J'ai indi(|né ['acide nucléique de Finteslin comme très favorable au\
expériences. L'acide du pancréas convient aussi bien, sinon mieux.
E rpérience. — Oa isole a'"? de pancréas de bœuf des tissus voisins, L'acide est
eaiail en siiivanl la mélliode de Neuiiiann.
*■ Le |n-odait, très lilaiic, est (Miiplové ajjiés avoir élé lavé plusieurs fois à Talrool et
l'éllier, puis séclié dans le \ide.
( »u dissoul oS,io5 d'aciile dans ij""' tl'une solution conlenanl pour 1000 d'eau
distillée, 4' '11' cliloruie de sodium, à» de carbonate de soude. L'acide se dissout
niéuie à froid, mais ou leriuinc Fopéralion en chaufî'ant pendant fjuelqurs instants au
bain-niarie. La solution e^l mltenient acide au tournesol.
On reçoit dans le liquide ainsi préparé 6ob de sang directement de la carotide d'un
chien. On agile longuement et vivement, puis on centrifuge immédialemeni, à grande
\iteise, le mélange, sauf quelques centimètres cubes que l'on conserve dans un tube
à essai pour l'observation du sang total. On obtient uneséparation parfaite du plasma,
des globules blancs et des globuli-5 rouges; le plasma est absolument limpide, sans la
moindre trace d'iiémolyse.
On prépaie dans des petits tubes les écliantillons suivants : i et 2, conlenanl 4'^'"' de
plasma el 1 j ou aogouUei de sérum de sang de chien ; 3 et 4, contenant 4""' de plasma
l'I 1') ou 20 gouttes d'une solution à 10 pour 100 de chlorure de calcium; 5 et 6, conle-
11, ml du plasma, du sérum et du chlorure de calcium dans les proportions indiquées ;
7, du plasma seul.
Li'i écliantillons 5 et 6 conlenanl plasma, sérum et chlorun^ de calcium ont pris en
masse en moins de 10 heures. Sepl jours plus tard l'échantillon 7 coagule mais incom-
plélrmenl; les échantillons i, 2, Set '\ sont toujours liquides, mais présentent de
pulils llucons de fibrine qui se sont constitués peu à peu. J'ai chaulTé au hain-marie
d.i plasma nucléalé peu api'ès sa séparation des globules; le fibrinogéue a coagulé
e.itre .")6" et ôS".
L'échantillon de sang total a donné les résultais suivants : Huit heures après la
s lignée le plasma est naturellement séparé des globules; les hématies sont intactes,
disposées en piles; on constate des amas de globules blancs; pas de fibrine. Cinq jours
pl'js tard les hématies sont crénelés et ont une tendance à se mettre' en amas; un peu
tie fibrine se forme.
Du plasma provenant d'une autre expérience faite exaetenieul dans les mêmes con-
ditions présentait après huit jours des llocons peu importants de fibrine. L'addition
à >""' de ce plasma de 10 gouttes de sérum el de 10 gouttes d'une solution de chlorure
de calcium à 10 pour 100 provoqua en quelques heures la prise en masse; l'échan-
tillon témoin était toujours liquide à ce moment.
Le ihvmol ne s'oppose pas à l'action coagulante du mélange sérum el chlorure de
calcium.
L'acide nucléique n'empêche pas la puliulation microbienne dans le plasma (').
(') Méthode de Neumann : consulter Arch. f. Anat. 11. P/ns., suppl. B. 18S9,
p. .')52, el A. MoREL, Précis de ledinique chimique, p. 637.
l36 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
TOXICOLOGIE. — Sur la Inxirilé des carho/ialrs cl cJilorooirhniKiles de inélJiylc
chlorés. Note ( ' ) de MM. Axdijè Mayer, H. Magne et L. Pi.axtefoi.,
pi'éscntée par M. Henneguy.
Certains carbonates et clilorocarbonatesde nnkh\le clilorés, entre autres
propriétés ph\siologiques, en présentent une qui leur confère une redou-
table toxicité : lorsqu'ils sonl inhalés sous forme de vapeurs, ils déterminent
chez les Mammifères des lésions de l'appareil pulmonaire se traduisant par
l'apparition d'un o'dème aigu, qui peut être assez intense pour amener très
rapidement la mort du sujet.
Il était intéressani de rechercher comment celle |>ro[)riété varie lorsque
varie la constitution de la molécule. Nous avons pu le faire grâce aux
travaux de MM. Grignard. Rivât et E. Urbain d'une pari, André Kling,
D. Florentin et E. .lacob d'autri' part (-)quioiit préparé la série des carbc-
nales et chlorocar])onales de mélh\Ie chlorés et nous en ont confié des
échantillons. Les différents corps essayés figurent dans ce Tableau :
ict 2 a 3 Cl. kQ 5a ta
r3=C0
\ •X)chh\] ^och^. ^.CHa^
\o'0«^:........<o^''^«'£-_CO'«-^"^'.l.-CO-°-""
-a XI *ci 'Cl.
Les essais ont été faits sur des lapins, des coba\es, et, en outre, pour
certains corps, sur des chiens, trois sujets au moins de ciiaque es[)èce étant
utilisés au cours de chaque expérience. Ees animaux respiraient pendant
i5 minutes un mélange titré d'air et de vapeur toxique, puis étaient al)an-
donnés à eux-mêmes.
Nous allons rapidement résumer nos résultats. Les grapliiques, qui
portent en ordonnées les doses mortelles, ex|iriment quelques-unes de nos
expériences, celles qui ont été faites en_ utilisant les corps préparés par
MM. Grignard, Rivât et Urbain.
(') Séance du 3 janvier 1921.
(-) André Klimi, D. Fi.orknïin ei I!. Jacob, Comptes rendus, l. IG!(, 1919, p- loîd
et 1 166; t. 170, uj-îo, p. 1 1 I et aS^. — Gni(;NARi>, Hivat el \'a). l rbaix. Comptes rendus,
t: 169, 1919, p. 1143.
SÉAXCE DU II) JANVIER l.)2 1. 187
1. Toxicité des carbonates de méthyle chlorés. — l. Influence de la position
des atomes d'halogènes. — En laissant invariable une des chainos du carbo-
nate de iiiélliyle et en chlorant progressivement l'autre on constate que :
A. Si la chaîne intacte ne contient pas de chlore, on augmeiite la toxicité
en chlorant l'autre chaîne et beaucoup en la chlorant une fois; l'addition
d'un nouvel atome de chlore augmente encore la toxicité, mais moins que ne
l'avait fait l'addition du premier atome de chlore et l'addition d'un troi-
sième moins que ne l'avait fait l'addition du second. Ceci se traduit sur
les courbes par le fait que la pente diminue progressivement sans changer
de sens.
B. Si la chaîne intacte contient i'" de chlore, on augmente beaucoup la
toxicité en fixant sur l'autre chaîne 2" de chlore; l'addition d'un troisième
atome de chlore ne semble pas augmenter la toxicité lorsque les essais sont
faits sur le lapin, mais elle l'augmente encore lorsqu'ils sont faits sur le
cobaye.
. C. Si la chaîne intacte contient 2"*' de chlore, l'addition de i-'" de chloreà
l'autre chaîne n'augmente pas la toxicité lorsqu'on expérimente sur le lapin,
la diminue même quand on fait les essais sur le cobaye.
D. Si la chaîne intacte contient 3"' de chlore, on diminue le pouvoir
toxique pour le lapin et pour le cobaye en chlorant une fois l'autre chaîne;
on Taugmenle pour tous deux en fixant 2"' de chlore sur l'autre chaîne.
2. Influence du nombre d'atomes d'halogènes. — Si l'on examine quel
pouvoir toxique confère à la molécule l'addition successive de 6^' de chlore,
on voit qu'on augmente ce pouvoir jusqu'à roblenlion d'un produit trichloré.
L'addition d'un nouvel atome de chlore diminue la toxicité si le produit
trichloré précédemment foru)é ne contenait de chlore que dans une seule
chaîne; elle ne la change pas si le produit précédent contenait :>*' de chlore
dans une seule chaîne, i*' de chlore dans l'autre. La fixation de 2"' de chlore
augmente très notablement la toxicité; la répartition symétrique ou la
moins dissymétrique des atomes de chlore diminue le pouvoir toxique.
IL TOXICM'É DES CHLOROCARBONATES DE MÉTHYLE CHLORES. — Le chlorOCar-
bonate de méthyle devient de plus en plus toxique lorsqu'on chlore
progressivement la molécule jusqu'à l'obtention du produit trichloré.
L'augmentation du pouvoir toxique est de moins en moins grande quand
on passe d'un terme à l'autre jusqu'à devenir nulle dans le cas du lapin ou
très faible dans le cas du cobaye, ce qui se traduit sur les courbes par une
pente de moins en moins accentuée.
IIL Comparaison entre les <;arbonates et les chlorocarbonatks de méthyle
CHLORÉS. — Celle comparaison ressort de l'examen du graphique 2.
CM,, içfii.i" Semestre. (T. 172, N- 2.) <0
i38
ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Le premier fait frappant est qu'à nombre d'atomes de chlore éj^al les
chlorocarbonates sont plus actifs que les carbonates.
1° Dans les trois séries, le nombre d'atomes de chlore influe sur le
pouvoir toxique quelle que soit la position que ces atomes de chlore
occupent dans la molécule de carbonate de mélhyle.
Toxicité des carbonates et chlorocarbonates de méthyle chlorés (Lapin).
I. Les concentrations minima mortelles sont II. Les concentrations mi"ima mortelles sont
exprimées en grammes. exprimées en molécules-grammes.
o« la g|a ia ufx sa bo. , , oa ict £a iu. hu set fia
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a. Le pouvoir toxique s'accroît proj^ressivement, mais de moins en
moins, jusqu'à ce que 3"' de chlore aient été fixés.
h. Il reste ensuite sensiblement stationnaire ou diminue par l'addition
d'un nouvel atome de chlore.
c. Dans la série des carbonates, l'additijn de deux nouveaux atomes de
chlore augmente considérablement le pouvoir toxique.
Les corps les plus toxiques — qu'on exprime les pouvoirs toxiques en
grammes ou en fractions de molécules-grammes — sont donc ceux dans
lesquels les deux chaînes sont saturées par du chlore : chlorocarbonate de
méthyle trichloré; carbonate de méthyle hexachloré, ce second corps étant
plus toxique que le premier.
SÉANCE DU lO JANVIER I921. iSg
Viennent ensuite ceuv dont une sen'e chaîne est saturée de clilorc, mais
dans ce cas, à poids égal, les chlorocarlionates sont plus toxiques que les
carbonates.
ZOOLOiîlK. — Sur 1(1 présence d'un Batracien Urodéle en Afrùjue
inlcrlropicalc. Noie de M. I'aul Chabanauo, présentée par
M. Edmond Perrier.
Au cours du voyage que j'ai entrepris en Afrique occidentale (fin sep-
tembre 1919 à juin 1920), j'ai découvert une larve d'Urodèle dans la région
forestière du sud de la Guinée française où ces animaux étaient réputés
faire défaut. La capture a été faite par moi-même, en péchant au troubleau,
après le coucher du Soleil, dans le marigot de Diéké, village situé par 'j'^ii'
de latitude Nord et 11° 18' de longitude Ouest de Paris, sur le versant
océanique, à quelques heures de marche du Mani, qui forme en cet endroit
la frontière guinéo-libérienne, et dont le marigot de Diéké est un affluent.
L'altitude est voisine de Soo". La date de capture se place entre le 1 5 et le
20 mars 1920.
J'avais primilivement rapporté celte larve au /"r/io/i Po//e<J Gervais ('), nprès com-
paraison avec des larves un peu plus âgées de celte espèce qui figurent dans la collec-
tion du Muséum, et dont elle ne m'avait semblé différer par aucun caractère essen-
tiel : analogie du faciès, de la coloration et des caractères buccaux; identité du
nombre des myomères. La conformation toute particulière des membres antérieurs
m'inspire les plus grands doutes sur la légitimité de cette détermination. Ces membres
sont atrophiés à leur extrémité qui s'arrondit, aux poignets, en un moignon aplati,
spaluliforme, dont la transparence ne laisse apercevoir aucune trace de processus
squelellique. Ils sont, en outre, dirigés obliquement en haut et en rrrière et appli-
qués contre les flancs, dans une position qui les condamne à une immobilité à peu
près complète. Par contre, les membres postérieurs sont normalement développés ; le
gauche a été mutilé, mais le droit est intact et pourvu d'orteils allongés et palmés.
La présence de Triton Poireti Gerv. en un lieu aussi éloigné du Maroc, son pays
d'origine, et doué d'un climat aussi différent, ne s'expliquerait que bien difficilement,
même en faisant appel à l'interprétation commode du transport accidentel des œufs
par les Oiseaux. L'hiatus qui sépare l'Atlas du Fouta-Djallon, tête nord de la chaîne
des montagnes de Guinée, et la faible altitude de Diéké ne permettent guère d'invo-
quer l'influence de ce facteur altitude, qui explique par ailleurs la dissémination vers
le Sud des Urodèles asiatiques et surtout américains.
(') Bulletin du Comité d'Études historiques et scientifiques de l'Afrique Occi-
dentale Française, 1920, p. 490 et 49' •
l4o • ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autre part, la coiiformalion paradoxale des membres antérieurs, dont le déve-
loppement normal précède celui des postérieurs, doit-elle être rangée au nombre des
caractères constants d'une forme encore inédile, ou bien n'est-elle qu'un simple acci-
dent tératologique ? Autant de problèmes qui se posent, auxquels la ca])ture d'autres
individus et surtout 'de l'adulte pourra seule apporter la solution.
Des quatre espèces qui représentent les Urodèles en Afrique et qui toutes sont
confinées au nord de l'Atlas, trois sont spéciales à cette faune {Triton Poireli Gerw,
7 riton J/agenmulleri hat.. Triton HV//</a Micliah.) et la quatrième, Salaniundra
maculosa Laur., se rétrouve largemenl distribuée en Europe.
Il me paraît utile de signaler, en terminant, les aftirmalions répétées
suivant lesquelles la présenee de « lézards » aurait été constatée à l'ifité-
rieur des puits creusés dans la ville de Kankan; assertion que j'ai le regret
de n'avoir pu vérifier. Rien ne s'oppose, en vérité, à ce que certains Gecko-
nidcs (Hemidaclylus Brooki Gray, ou autres) très communs en Afrique occi-
dentale et amis de l'obscurité, aient élu domicile dans les interstices du
revêtement en pierres sèches qui tapisse la paroi interne de ces puits; mais
ne peut-on supposer, après la découverte du Triton de Diéké, que ces pré-
tendus « lézards » ne seraient autres que des Batraciens Urodèles?
Quoi qu'il en soit, la présence d'un représentant de cet ordre en Afrique
tropicale est un fait définitivement acquis à la science; c'est un nouvel
indice de l'importance des richesses qu'il nous reste encore à découvrir
dans cette partie du globe oi'i s'étend l'un des plus vastes territoires de
notre empire colonial.
A 16 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 18 heures.
É. P.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 17 ,I\NVIi:i; 1021.
PRÉSIDENCE DE M. Geohoes LE.MOIXR.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les couples (le deux congruences O,
polaires réciproques par rapport à un complexe linéaire. Note de
M. C. GuiCHARD.
J'appelle congruence O, la congruence formée par les tangentes à la pre-
mière série des lignes de courbure d'une surface.
Je prends comme troisième axe de coordonnées l'axe du complexe; je
suppose cet axe vertical.
Soient alors B et C deux surfaces dont les premières tangentes princi-
pales possèdent la propriété indiquée; B, et C, les seconds foyers des con-
gruences O, correspondantes. On sait que B, et C d'une part, B et C,
d'autre part, décrivent des surfaces polaires réciproques par rapport au
complexe.
Soient alors a, A,c, f/ les projections horizontales des points B,, B, C, C, ;
6 et c décrivent des réseaux 2() ; d'après la théorie générale des congruences
qui sont conjuguées par rapport à un complexe linéaire, les réseaux a et c
se correspondent par orthogonalité des éléments; donc a décrit un
réseau 2O; il en est de même de d. Donc
Les réseaux focaux de la congruence plane ah sont des réseaux 2O.
Réciproquement, si l'on connaît une telle congruence plane, on pourra
résoudre le problème posé en effectuant une seule quadrature.
En effet, les réseaux focaux de la congruence orthogonale à ah seront
aussi 2O; faisons tourner cette congruence orthogonale de 90°, ce qui
l'amène en cd. Les réseaux a et c sont tels que la première tangente de l'une
c. R., 192 1, (•• Semestre. (T. 172, N° 3.) ' ?
I ')2
ACADEMIE DES SCIENCES.
soit parallèle à la seconde tangente de l'autre. D'après les résultais
établis dans ma Note du lo mai 1920, il y aura parmi les réseaux paral-
lèles à B,, un réseau dont la polaire réciproque est parallèle à C. Le pro-
blème posé sera alors résolu.
Le réseau a étant 2O sera la projection d'un réseau O, A; de même il y
a un réseau 0( D) qui se projette suivant d. Les surfaces A et B d'une part,
D et C d'autre part, possèdent la propriété suivante :
Ces surfaces sont rapportées à leurs lignes de courbure ; la seconde tangente
principale de la première surfiice et In première tangente principale de la
seconde surface sont dans un même plan vertical.
La recherche des congruences planes dont les réseaux focaux sont 2O
revient à trouver dans un espace d'ordre 4 un réseau dont les congruences
focales sont 2L Voici comment on obtient ces réseaux. Soit
x^ X., X3 .1';
Vl f-l J3 J\
^l Ç2 ^3 4i
•fli ri, -n-., O;
un déterminant orthogonal d'ordre 4 ayani pour rotations
a = (j) SI n t
_ do
e — -r — 5
an
y = — siml/.
m = (ocoso,
où o) est une constante. l*]n écrivant les relations qui doivent exister entre
les rotations, on trouve
(')
t)-9
Ou dt'
nz siii o cos'^,
-r !— := SI 11 7 COS S),
OU av
Le problème est du (jualiième ordre; mais les équations (i) sont équiva-
lentes aux deux suivantes :
(2)
an Or ' ' Ou av
de sorle qu'il suffit d'avoir deux solutions de l'équation des surfaces à
courbure totale constante. Mais on peut aller plus loin et énoncer le résultat
suivant :
SÉANCE DU 17 JANVIER I921. 1 43
Si l'on connaît deux surfaces à courbure totale constante rapportée à leurs
nsymptotiques, on pourra sous forme Jinie obtenir tous les éléments d'un délei-
ndnant A.
Soit alors (M) un réseau O de l'espace d'ordre 4 qui correspond au
déterminant A; je mène les normales Ma; et M/; je désigne par (j le premier
foyer de la congraence M.r'; par H le second foyer de Mr; par G y la
seconde tangente de G; par H./' la première tangente de H. Les cosinus
directeurs des droites G7' et Wx' sont donnés par les formules
y'i; =r jp/. cos 9 — r; /.. si n cp .
On vérifie facilement que les droites Gy' et H.k' décrivent des
congruences 2I ; les réseaux G et H possèdent donc la propriété indiquée :
ces réseaux se correspondent d'ailleurs par orthogonalité. Il suffit mainte-
nant de couper ces réseaux par un même plan isotrope, on obtiendra ainsi
les congruences planes (r//>) et(rû?); on imprimera à la seconde une rotation
de 90" pour la placer dans la position indiquée au début.
En réduisant les réseaux G et H à des réseaux points, on obtiendra des
surfaces (A), (B), (G), (D) qui ont même représentation sphérique que
les surfaces cherchées. Les coordonnées des points qui décrivent ces surfaces
sont :
X3 =
(A)
X3 -t- l.l\
x,=
(B)
\ - •^''
X, r^
' J'3 + if,
(C)
x,= '^ ,
\,=:
(D)
Y _ •^''
X, = -
•^':
y'..
y,
Vi
i
y\
, + 'y\
i
i
x,=
ELECTIONS.
MM. L. GuKiNAUD, G. Lemoine, A.-Th. Sciilœsimg sont élus Membres
du Conseil supérieiu- des stations agronomiques et des laboratoires agricoles.
MM. J. Vioi.i.E et U. Bourgeois sont élus Membres du Comité consul-
tatif de l'Office national météorologique au Sous-Secrétariat d'Etat de
l'Aéronautique.
l44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRE SPOND AIVCE .
M. le Seckétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
jo PniT2 Sar\sin et Jean Roux, Nova Calcdonia. Recherches scientifiques
en Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyalty : B. Botanique. Rédaction Hans
Sr.HiNZ el A. GuiLLAUMiN, vol. I, Livre II. (Présenté par le Prince Bona-
parte.)
2° Conlribulion à l'étal des relations existant entre les circula/inns atmo-
sphériques, l'électricité atmosphérique cl le magnétisme terrestre, par Ali ukd
ViALAY. (Présenté par M. G. Lemoine.)
3° Notice sur les titres et travaux scientifiques de Paul Lkvy. (Présenté par
M. Hadamard.)
4° Eléments d' électrotechnique générale, par E. Barré. (Présenté par
M. A. Blondel.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions -tiyant un nombre fini ou
infini de branches. Note de M. Théodore Varopoulos, préscnlée par
M. Hadamard.
1. Celle Note l'ail la suile do ma Communication précédenle ('); jeme
propose de faire connaître ici d'autres résultats, qui n'avaient pas de place
dans mes Notes antérieures.
TiiKORi'.ME I. — Une transcendante algéhroide m = cp(;) (jueleoiuiue à
V branches satisfaisant à une équation de la forme
u' + A, (c ) «■' -I + As (= ) u'-^- + . . . + A,_, ( :;) // + A,(:: ) = .,,
oii A,(-) désignent des fonctions entières et où il n'y a aucune relation de la
forma'
Cl A,(:) 4- C.2 A2(;) +. . .-t- fv Av(,;) :=c {c^ c^^ c^, ..., c, étant des constantes),
prend dans le domaine de IHnfini toutes les râleurs, sauf peut-être v -f- i ,
l'infini compris.
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. i368.
SÉANCE DU 17 JANVIER I921. l45
Ou encore :
L'exposant de comrrgcnce de la suite des zéros de V équation q = '^{z)
(où q nesl pas une valeur exceptionnelle) ne saurait être inférieur à l'ordre de
la transcendante algéhroïdr u = z>(z) pour plus de v + i valeurs de la con-
stante q.
2. Le théorème I s'étend encore à d'autres fonctions u = o{z) plus géné-
rales, définies par une équation de la forme suivante :
; F ( :. u) + II' H- A ,(;)«"-' + ... + A^-i ( ; ) « + A,, ( c) = .»,
/(;, (0 + A,(3)K''-'-HA,(;)"''-'-t----+Av_,(^)M-t-A,(j) = o,
F(z-, u) élant une fonction uniforme quelconque de u el enlière en z avec
un ordre de grandeur inférieur au plus grand e*'''' des ordres de grandeur
des fondions entières
),
A,( = ) (j = i, 2, ..., V) et /{:., Hl=:y^a,i,i)iJ.,{z),
I
les ['■i{z) ayanl un ordre de grandeur toujours inférieur à e''''' (/-i^l:;!),
A désigne un entier quelconque et les '/,(») des fonctions uniformes quel-
conques de u.
Nous supposons toujours qu'il n'y a aucune relation de la forme
(9) c. A,(.-) -f c, A,( =)+... + c, A,(;) = C.
3. Soit = = ^(«) la fonction inverse de // = ^(s)- Nous avons le théo-
rème suivant :
Le nombre des points critiques d'ordre (') di(férent de zéro de la fonction
z = ^""(w) ne dépasse jamais V + 1 , Vinfini compris.
4. Soit une équation différentielle de la forme suivante
(5) Au.( = ) + Ap,_,(;)«-4-. ..4- A,(:)(/!J-'H- uV--^z<^{u, u'. u", . .., « '") = o,
et désignons par e^"'' le plus grand des ordres de grandeur des fonctions
entières A, (s), A^C^), ..., A(j.(s) entre lesquelles il n'y a aucune relation
de la forme (G).
Considérons une intégrale u = q(z)d(i notre équation diflërenlielle (')
qui satisfait encore à d'autres équations
«'=:/),(«), u"^ /i,{u), 11'"=: /i-j{a), ..., «'"' = /(„((/),
$(«, u', m", (/'", ..., m''");=F(;/),
(') G. Rémoundos, Sur les points critiques transcendants {Annales de la Faculté
des Sciences de Toulouse, 1° série, t. 9). /oS^^ -~ ^ *S
w
^9-
l/»6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ les fondions /;,(»), /io(m) ^h,('t)j F(m) soni bien délerininéps pour
chaque intégrale u = q(:-)-
Si l'équalion
A|i( ; ) + A^._, ( 3 ) « 4- ... 4- A, ( j) «IJ-' + «t^ 4- ; F («) = <> ,
qui sera bien satisfaite par rinlégrale « = q{:), est irrécluctilile (c'est-à-dire
ne définit qu'une fonction unique), nous aurons le théorème suivant :
Pour toute intégrale u = f/{z) de l'équation différentielle ('), le nombre des
valeurs deu exceptionnelles non parfaites (d'après la terminologie de M. lîé-
moundos) est égal au plus à \i., l'infini non compris.
J'i-n tends par là que :
Véquntion u^^q{z) ti admet pas un ntmdtre fini de racines pour plus de
u. râleurs finies de u.
Ou encore plus précisément :
La densité des racines de V équation u ^ q{ z) ne saurait être inférieure à
celle qui convient à une fonction entière d'ordre de grandeur c*'" ' pour plus de
p. valeurs de u (l'infini non compris).
MÉCANIQUE. — Essai, (i l'emboutissage, des tôles minces.
Note de M. Charles Frémoxt, présentée par M. Léon Lecornu.
fjes essais de traction et de flevion des liMes minces présentent certaines
difficultés d'exécution, aussi beaucoup de praticiens préfèrent-ils effectuer
les essais des tôles, de 3""" d'épaisseur et au-dessous, par emboutissage
statique.
Dans cet essai, un poinçon, de forme et de dimensions déterminées,
emboutit l'éprouvette de tôle .et l'opérateur mesure laflécfie d'emboutissage
au moment de la rupture de la calotte.
Mais ce moment de U rupture de la calotte n'est pas précis, et, en outre,
il peut être choisi à des degrés différents, suivant l'usage auquel est destinée
la tôle essçiyée.
Une tôle destinée à être utilisée pour sa raideur doit travailler sans se
déformer d'une manière permanente, c'est donc sa limite d'élasticité ou,
plus pratiquement, le début de la fissuration à l'emboutissage qu'il importe
de mesurer^ tandis que pour une tôle destinée à être utilisée [)our sa résis-
tance vive c'est la quantité de travail nécessaire pour effectuer la perforation
complète de l'é[)rouvette qu'il importe de mesurer.
SÉANCE DU 17 JANVIKR 192I. lt\'J
Pour ine renseigner sur la j^randeur croissante de la flèche pendant la
rupture graduée de la calotte emboutie, j'ai pris une bande d'aluminium
de 2""" d'épaisseur et je l'ai emboutie avec un poinçon à extrémité splié-
riijue de 10""" de diamètre et une matrice de 16'"'" de diamètre.
La ligure i représente le diagramme de cet emboutissage statique.
Fig. I. — Diaiiriiinme de sept emboutissages successifs à flèche croissante.
J'ai ensuite effectué dans les mêmes conditions d'exécution, des embou-
tissages à flèche croissante, en me guidant sur le diagramme précédent
pour arrêter l'opération à chacun des points singuliers, c'est-à-dire aux
inflexions de la courbe.
La figure 2 est la photographie de ces emboutissages successifs, au
nombre de sept, vus du côté de la proue.
Fig. a. — Vue des proues de sept emboulissages'successifs à flèche croissante.
On voit que les quatre premières proues sont seulement fissurées, elles
correspondent à des flèches d'emboutissage de. 3""" à _V""' de profondeur;
les trois autres proues sont partiellement rompues sous des flèches variant
de 4'"'" à 9'"'" de profondeur.
Un agent réceptionnaire, chargé de relever dans cet essai la flèche d'em-
boutissage au moment de la rupture de la calotte, pourra choisir une flèche
quelconque comprise entre 3'"" et 9'"™. Pour éviter cette imprécision, il
faut donc, au cahier des charges, imposer l'enregistrement du diagramme
et limiter l'emboutissage au point i, c'est-à-dire à la première Inflexion de
la courbe, pour les tôles utilisées pour leur raideur.
Pour les tôles utilisées pour leur résistance vive, il est plus pratique
d'effectuer l'essai d'emboutissage au choc, avec le poinçon et la matrice
l/|8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
servant à l'einboutissag'e slaliquc, et de mesurer la quantité de travail
dépensée pour transpercer l'éprouvette de tôle mince.
C'est ainsi que j'ai trouvé par celte nouvelle méthode d'essai dynamique
de tcMes minces :
Dépense de travail.
Pour une l"le d'acier de i d épaisseur.
» ' ,y i »
Pour une l<'>le de cui\ re rouge de. . . i » 5
i> de laiton de i ,Ô3 « 7
n d aluminium de •! » 3,5
Pour les tôles d'acier de i""'" d'épaisseur ayant servi à la confection des
casfjiies de soldats, j'ai trouvé i '1''^ pour des tôles de casques anglais el "j^'
pour des tôles de casques français.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur l' écoulement initial d\in lit/uic/epar un ori/ice
brusquement ouvert. Note de M. Hrkri Vim.at.
A la suite de la publication d'un Mémoire de M. Signorini (Rendiconti di
Palermo, l. 41, 191G), M. Langevin a fait connaître la façon de déterminer
la distribution initiale des pressions (ou des accélérations) lors de l'ouver-
ture brusque d'un orifice dans un vase contenant un liquide primitivement
au repos. M. H. Nev^ne {Bulletin des Sciences mathématiques, 1920, j). 220)
a, dans un intéressant article, montré sur un cas très particulier qu'au
début de l'écoulement toul le débit était fourni par les bonis de l'orifice.
Comme le phénomène intervient j»our expliquer la production des anneaux
de fumée (ou de liquide) dans des expériences classiques, il n'est pas sans
intérêt de préciser les conditions dans lesquelles ce résultat reste exact.
Plaçons-nous d'abord avec M. Vergue dans le cas de deux dimensions.
Soient : a, la portion de paroi brusquement sup|)rimée sur le profil
A, + a, -f- A^; \j.., la surface libre, et >' l'ordonnée d'un point de a, par
rapport à [x.,. Transformons le domaine du plan z =^ x -\- iy qui nous occupe
en un rectangle d'un nouveau plan Z dont les côtés correspondent à a,, A.,
[j..^, A|. L'application d'une formule générale de mon INlémoirc {Àctu
matlicmuticd, t. 40, p. loi-i'jS ) permet de mettre la fonction CT( = yj 4- l'y)
de M. Langevin sous la forme
ivr,'— ^ j <i»(oi.;(z- i)-i-:{7.-i- t)]di-h
•iciri3.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. l49
avec la condition
*I>(\) n'est autre que la fonction g-y exprimée au moyen de la variable X,
sur le bord inférieur du rectangle dans le plan Z.
D'autre part, un procédé de transformation, analogue à celui que j'ai
donné (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. ij<J8) pour des domaines à
connexion double, prouve que la correspondance entre les plans : et Z
entraîne une égalité de la forme
^. - ' /■"'l.|,ii;i7.-/l+:,7, + /ll,// + I f (;,,^,i;,(Z-,V)+;,(Z + ".l."-^j' ' G,(/)lsl/— 'V|+riZ + ,V:!./^
7?Z = """"'■'• '°
Un bord A de l'orifice du plan z correspond à Z = o. En ce point les
fondions F(/) et (•■,(/) sont égales aux angles 9, et o,, que font avec Tbo-
rizon les tangentes en A à A, et a, (orientées dans le sens direct). ( )n peut
conclure de laque, au voisinage de Z — o, -^ se comporte comnieCZ " .
Si u' et c' sont les composantes de l'accélération, on déduira de ce qui
précède
H'-jr'=(P + jQ)— .
Lorsque le point considéré se rapproche du bord A, les formules ci-dessus
permettent de montrer que P tend vers — $'(+0), el que Q ne difiére
de — log A que d une quantité iinie.
D'où une discussion facile à faire ensuite, et d'où, en supposant, pour
fixer les idées, que<I>'(+ o) existe etsoit finie, il résulte que pour s, — 9(i<C:;'
u' (en général) et c' (toujours) deviennent infinis au bord A; au contraire,
ils sont nuls si 9, — 90 > -• Le cas intermédiaire o, — 9,,= -; pf^"t coin-
[lorter diverses circonstances dont on trouvera ailleurs le détail.
Par exemple, si le vase est à fond horizontal avec des bords faisant de
part et d'autre l'angle y. avec l'horizon, on trouve, en désignant par Zj cl
Z' de nouvelles variables, et par a, l>, c, p, c/, cinq constantes :
CT -(- t ro^ ^ — - — A ,
^ =^- p'-^ {74- c'-f'CAl- /y'f^; Z,= «S«(Z'|3«i,"),),
a
. , iq- {a^Sn^Z' — b-)^
(k'Sn-'Z' — ï)'' CnZ'DnZ'
l5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
En un bord (Z'= 2co, par exemple) on voit que raccélération devient
infinie. 11 y a exception, si la portion détachée du fond est le fond tout
entier (o = A), alors raccéléralion devient infinie pour a<;'', nulle
pour a > -) et elle reste finie pour a = -• Ceci est conforme aux résultats
généraux ci-dessus. C'est seulement si u' et v' sont infinis,que lout le débit
initial proviendra des bords.
La théorie se généralise au cas de trois dimensions, auquel cas on peut
traiter explicitement divers exemples particuliers.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur In varialiondu poin'oir rotntoire (le incidc Inrlriquc.
Note (') de \1. II. de Mallemanx, présentée par M. Haller.
I. On sait que l'addilion aux solutions aqueuses d'acide tarlrique droit
de certains composés minéraux dérivant <'n général d'acides _/V«7v/^'5 (acides
borique, antimonique, arsénique, molybdiquo, lungstique, de.) (-)
(m'j;menti' le pouvoir rotatoire de c»^s solulions dans une mesure consi-
dérable.
Un récent travail de Darmois (•') montre que cetle variation doit être
attribuée à une action chimique, introduisant dans la solution un composé
défini à pouvoir rotatoire élevé.
Nous avons signalé, dans une Noie précédente (*), une modification du
pouvoir rotatoire de l'acide tarlrique qui semble d'un genre nettement
différent.
a. Contrairement aux observations que nous venons de rappeler, le
pouvoir rotatoire diminue d'abord, puis change de signe.
h. La dispersion paraît suivre une loi caraclérislique, (pii relie les varia-
tions observées par addition de toute une série de sels métalliques.
En permutant dans cette série les différents éléments constiluiifs de
chaque sel, on semble n'agir que sur Vintensité du phénomène et non sur
sa nature spécifique.
Les groupes de corps rappelés au début ne présenleni absolument rien
d'analogue.
(') Séance du 27 ciécemliie igao.
(') BiOT, Annales de Chimie et de P/iysir/tie, iS'i't, i85o, 1860. — Giîr.nf.z, Comptes
rendus, l. lOV à ll'i.
( ') I']. I3AKM0IS, Comptes rendus, t. 17i, 1920, p. 349.
(') Mali.fmann, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. gS.
SÉANCE DU 17 JANVIER I921. l5l
Les faits que nous signalons se rapproclical par contre des variations
observées dans les solutions a(jUfuses d'acide tartri(]ue pur, de coiiccntrci-
litins (lijlï'rcnlrs, ou dans les solutions de cet acide réalisées au moyen de
mélanges de certains liquides organiques.
Toutefois, dans le cas actuel, les variations peuvent devenir beaucoup
plus importantes.
II. Nous compléterons aujourd'hui nos résultats relatifs à CaCP en
donnant à titre de comparaison quelques valeurs correspondant à l'action
d'un certain nombre de solutions salines de nature différente.
C<Hic. ";\, en volume [ a ] -^
— — ^ — - — —— (les solutions ['^}i (laies du Hg) rapportés à l'acide.
N.ituro on acide dac. tartr. pur Tcui- — ^ -~- — ^
du sel. en sel. lartri(|iie. ( même conc.). péralnre. 0;\.578. Ol^-SIG. Oi^, 'ilJ-^. Oi', 430.
iNaCI 24.8 39,1 +9)1 17 — 3,2 — 4^4 — 8,0 — 17,5
CaCl-. .... 42i7 3o,a -t-io.a » — 4''>5 — 49iO — 64,9 — 95, o
Si'CJ- 4i ■?.ïi,'è +10,9 19 — 16,3 — '9,4 — -27,1 — 43,2
BaCI- 28 47.0 +8,'. 17 —11,2 — 13,5 —19,0 —33,8
MgCI- 2.5 19,1 +11,9 " -t- 7,4 +7)5 +6,8 -t- 3,8
ZnCI- 22 24,4 -Hii,K i8 + 9,6 + 9,9 + 9,9 -(- 8,0
Na(NO*)... 36 21,8 -hii,3 18 +0,2 —0,6 — 3,(. —10, 5
Ca(NO^)^. 4o 21,8 .. 20 — i4,o —17,0 -24,1 —38,9
Sr(N03)'-.. 32 21,8 .. » —5,4 —7,0 -12,0 -22,5
Ba(i\0-')-.. 8 21,8 ,) 18 + 5,2 -h 4,9 + 3,7 ■^- 1,0
Nous avons coniUilé des vurliilions du même genre pour un cerliiiii nombre d'autres
sels.
Nous mentionnerons encore l'aclion de KCl, LiCI, NH'CI : le pliénomène se com-
plique alors par suite de la précipitation d'une certaine quantité de larlrate acide.
Les rolalions restent toutes droites pour KCl et LiCl : dans le cas de NH*CI, la
courbe de dispersion coupe l'axe des abscisses; Jes rotations sont gauches dans le bf»«.
Le Tableau précédent indique d'une manière générale (bien que les concentrations
n'y soient pas comparables) Vordre dans lequel se rangent les dilTérents sels au p(jinL
de vue de leur maximum d'elTet respectif.
L'ensemble de nos mesures nous a permis de dégager les faits suivants :
a. Pour les concentrations égales ( ' ) ce sont les métaux alcaliiTo-terreux
qui donnent rabaissement le plus grand : cet effet croît très fortement quand
(') L'ell'et dépend naLurellement de la solubilité du sel considéré : si la saturation a
lieu pour des concentrations très différentes, l'ordre général correspondant à l'effet
niiixiinuin peut subir des inversions, comme c'est le cas par exemple pour NO'Na
el(NO')-Ba.
l52 ACADÉMIE DES SCIENCES
on passe des métaux alcalins au Ca (') puis il décroît en correspondance
avec l'ordre de classification naturel : Ca, Sr, Ba, Alg, Zn.
Il est plus grand pour les chlorures (|ue pour les nitrates et les sulfates
solubles.
h. L'effet croît avec la conceniralion du sel et de l'acide tartrique : il
croît aussi avec la valeur du rapport ". , < mais semble alors passer par un
maximum.
c. Un accroisseuienl de température modifie l'effet dans le sens qui cor-
respondrait à une dilution.
III. Le tracé des courbes de dispersion est particulièrement instructif; le
faisceau ain^i constitué jouit sensiblement de la propriété suivante :
Une courbe quelconque divise les ordonnées comprises entre deux courbes
fixes dans un rapport conslant (").
On sait que cette relation énoncée pour la première fois par Darmois (')
caractérise les mélanges en pro[)ortions variables de deux corps actifs.
On remarque, en outre, que les courbes de dis[)ersion de l'acide tartrique
pur('') se rattachent exactement au faisceau précédent.
Il semble qu'une cause analogue détermine les variations du pouvoir rota-
toire dans les deux cas.
CHIMIE PHYSIQUE. — ' Réactions réversibles de l'oxyde de carbone sur
les oxydes de fer. Note (*) de M. Georges Ciial'dkox, préseiilée
par M. II. Le Chatelicr.
D'api'ès Moissan (^), la réduction du sesquioxyde de fer par l'oxyde de
carbone donne successivement les différents oxydes :
SFe^O'+GO = 2Fe'0'+C0S
Fe^O» + CO ^ 3FeO + CO%
FeO +C0 ^ Fe +C()^
(') L'impoiliince ilelefrel dû à CaCI^ permet de rc-'coniiiiilii' des iraces de ce corps
d;uis li's si)lutions concentrées d'acide larlrique.
(-) l/approximation à tolérer ne dépasse jamais les limites imposées par les erreurs
d'uxpérieiiee.
(^) F. liAiiMOis, Ann. Cil. J'h.. l. 22, i;)M.
(*} L(^ groiipcMneiil des courbes de dispersion rolatoire de l'acide larlrii|iie pur
suivant un réseau de Darmois a déjà été signalé par Hriilial (7Vic.se, l'aris, ii)i.i).
('') Séance du lo janvier 1921.
('■) Ann. Pli. et Ch., 5° série, l. 21, 1880, p. lyy.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. l53
Les doux dernières réactions sont limitées par l'oxydation du fer et de
l'oxyde ferreux par l'anhydride carbonique.
A l'équilibre pour une température donnée, la composition de la phase
gazeuse est délerminéc. Baur cl (ilassner (') ont mesuré ces équilibres à
différentes températures entre îoo" et 1000".
Nous avons repris cette étude avec un dispositif permettant l'emploi de
la méthode interférentielle pour l'analyse du mélange gazeux.
L'appareil est moulé de façon à faire parcourir aux gaz un circuit coniprenanl : le
tube laboratoire placé dans un four élecliique à résistance, la cuve d'un rétractomètre
et une chute de mercure assurant la circulation. On peut donc suivre à chaque instant
l'établissement de l'équilibre; en outre, ce brassage de la phase gazeuse augmente les
vitesses de réaction.
Au début des expériences, un poids connu d'oxvde ferrique est placé dans l'appareil,
et nous introduisons successivement des solumes connus d'oxyde de carbone; après
chaque réduction, l'équilibre étant obtenu, nous mesurons à difierentes températures
la composition de la phase gazeuse; le volume d'oxyde de carbone nous donne la
composition du mélange des deux phases solides définissant le système étudié.
Nous avons trouvé ainsi, au-dessous de SSo", un seul système correspon-
dant à l'équation
(I) Fe»0' + 4C0 ^ 4COM-3Fe.
Au-dessus de 5So°, il y a deux équilibres avant d'arriver au fer :
(II) FeMJ'+CO — 3FeO-i-CO%
(III) FeO -4-CO ;- Fe + CO^
Le diagramme ci-dessus, résumant nos mesures, est formé de trois
branches de courbes correspondant à ces systèmes.
Sur la ligure, nous avons tracé la courbe de dissociation de l'oxyde de carbone;
elle partage le plan en deux régions; dans la zone des basses températures, où se
dépose du carbone, les équilibres étudiés sont métastables.
(Les points marqués par une croix sont obtenus par réduction; ceux marqués par
un point, le sont au contraire par oxydation.)
Les trois phases solides coexistent en équilibre à 58o°.
Il y avait lieu de penser que l'oxyde ferreux était instable au-dessous de
cette température, et qu'il devait se transformer en un mélange de fer et
(') Z, /. l'h. Oh., t. 43, 1903, p. 354.
ACADEMIE DES SCIENCES.
<ôô s'ôô fôô 7ÔÔ JôB ?'oô iô'cô ÎToc
(I) (II)
Ces pliolograpliies sont prises (I) sui- l'oxyde ferrein fondu, (II) après le leouil.
SÉANCE DU 17 JA.WIER HJ2 1 . 1 55
d'oxyde magnétique conformêmenl à la réaction
4FeO =i l'eM;)i+Fe.
Nous avons pu constater directement cette transformation qui est réver-
sible.
Dans une [)remière série d'essais, nous sommes parti d'oxyde ferreux
préparé en fondant un barreau d'acier au chalumeau oxhydrique; la masse
fondue est composée en majeure partie d'oxyde ferreux; après sept jours
de recuit à 5oo° dans un tube scellé, nous avons obtenu une substance atti-
rable à l'aimant, donnant dans une solution de sulfate de cuivre un dépôt
métallique; enfin, l'examen micrographique d'une surface polie est encore
plus suggestif; après le recuit, on voit apparaître un réseau formé de
lamelles brillantes de fer. Inversement, toutes ces propriétés disparaissent
après avoir maintenu cet échantillon pendant quatre heures à 800°.
D'autres essais, effectués sur de l'oxyde ferreux préparé à 900° par la
méthode de Debray, ont donné des résultats aussi concluants que les pré-
cédents.
CHIMIE ORGANIQUE. — Décomposition catalytique des acides chloracèti(jues .
Note de M. J.-B. Senderens, présentée par M. G. Lcmoine.
La décomposition catalytique des acides organiques RC(_)-H se fait,
comme je l'ai montré ('), suivant l'équation
( 1 ) 2 RCO . 011 = 11^ 0 + CO- + RCOR.
Célone.
En est-il de même pour les acides organiques halogènes? L'acide mono-
chloracélique, par exemple, donne-t-il la dichloracélone symétrique,
suivant l'équation
(2) 2C1I*CIC0.0H = 1I^0h-C0^-i-CH-CI.G0.C1I=CI.
C'est ce que je me suis proposé d'examiner, en commençant par les
acides chloracétiques sur lesquels j'ai fait agir trois catalyseurs d'activité
bien difTérente vis-à-vis des acides organiques : la thorine, le Adolin elle
noir animal.
(') Afin. Cldm. Pliys., février igiS.
l56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
TiioRiNF.. — La lliorine esl, avec la zùcone, le meilleur catalyseur des
acides organiques. Elle Iransforme l'acide acétique en propanone dès la
température de 235" (lempêrature de l'intérieur du tube), avec (jC) pour loo
de CO-, ce qui correspond presque ihéoriquement à l'équation
(3) aCii^co.oii = iiM) -HC(>^^-CH^(;(>.(:l^'.
\vec l'acide monocliloracéllqne, la décomposition commence à 220°, mais
elle ne répond nullement à l'équation (2). H se dégage en effet d'abon-
dantes fumées de H Cl que l'on absorbe dans un flacon laveur, à la suite
duquel on recueille les gaz qui ont comme composition :
l'i-iiipci-iilure.
'-•5I>'. 31U". 3'i(l".
Gaz. carbonique 38,2 /^n 4". 6
Oxyde de carbone Gi ,■>. :'>9.9- 58,6
'Résidu 0.6 0,8 0.8
100,0 1011,0 100,0
[^e liquide recueilli ne renfermait ni chloracétone, ni chlorures de
carbone, mais simplement une solution aqueuse de II Cl mêlée d'une
petite quantité de cblorure d'éthylène. La thorine s'était fortement char-
bonnée.
L'acide monocliloracétique se décompose donc sous riiilhience de la
thorine en H Cl, CO-, CO et carbone qui se dépose.
Avec l'acide tricldonicétique , la décomposition par la thorine se fait déjà
à 210". L'analyse du gaz a donné :
'l't*in[iéi'ahire.
< >\ycliioriire de carbone 1 ,5 1,8
Gaz carbonique 63,8 6.1,4
n\yde (le cai-l)one 33,5 32,8
Uésidu 1,2 I
Tola I 1 00 , G 100,0
Le li(piide recueilli tient en dissolution de l'acide chlorliydrique et est
un mélange de chloroforme, Cil Cl% qui bout à Go"-()'^)", dï-lhylène
perchloré, C^CI%qui boufà 1 1 8"- 120", avec un peu d'élhane pcrchloré.
C-'C1% cristaux d'odeur camphiéc, fusibles vers uSo" el subliniables bien,
au-dessous de cette température.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. 1 57
Ti.T formation de ces corps peut se tirer des réiirlions suivantes :
(/,! cci'.coMi = (;ll(;l'-^-(;<»■^
(5) ' 2(:CI-^C()-H = C-^CI* -+- '..1101 + 200',
(6) 9.C(;i'COMI = C-CI'-' + MM') +C02+CO.
La ihorine se charhonne légèrenienl durant l'opcralion.
Kaolin. - - Le kaolin est un des catalyseurs les plus médiocres des acides
organiques. Il ne commence à agir sur l'acide acétique que vers 35o'\ avec
un rendement en propanone correspondant aux 54 pour 100 de gaz carbo-
nique que renferme le gaz dégagé.
Vis-à-vis des acides cliloracétiques, l'activité du kaolin se relève et se
rapproche de celle de la tliorine. Le kaolin, en effet, décompose Tacide
monochloracétique vers 25o'' et l'acide trichloracétique vers 2^0°^ en
donnant sensiblement les mêmes produits liquides et gazeux que la thorine.
Noir ammai,. — Ainsi qu'il résulte d'expériences faites en commun avec
M. Aboulenc. le noir animal, soigneusement lavé à l'acide ou provenant du
sang calciné, exerce sur l'acide acétique une action très difï'érente de celle
du kaolin et surtout de la thorine ('). Avec l'acide monochloracrtique, au
contraii'e. le noir animal se comporte comme ces deux catalyseurs, soit au
point de vue de la température de la réaction, soit au point de vue des
produits.
Il n'en est plus de même pour l'acide Irichloracèiicjue que la thorine et le
kaolin décomposent en produits complexes, tandis que le noir animal le
transforme presque exclusivement en chloroforme. La réaction commence
vers 230° et se poursuit régulièrement jusqu'à 3oo° comme le montre le
Tableau.
Température.
■25l>. 270". 300".
Gaz carbonique 86,5 85,8 85,2
Oxyde de carbone 12, 5 i3,2 i3,8
Résidu I I I
100,0 100,0 100.0
La proportion de CO-, qui était de G4 pour 100 avec le kaolin et la
thorine, monte à 86 pour 100 avec le noir animal.
Le liquide recueilli renfermait 85 pour 100 de chloroforme, le reste étant
un mélange de C-Cl', C-CK' avec du HCl dissous.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. io64.
C. K., 1931, i" Semestre. (T. 172, N» 3.) I '-Î
l58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La réactidii de heaiir hi|) piépoiuléranle esl donc
<;<;! <;nMi = ciici' ,- 1:0-.
On pouvail espérer (jue le cliloral CClH^OH donnerait égulenienl du
chloroforme par perle de CO ; j'ai conslalé qu'avec le noir animal comme
avec la ihoriiie, ilsuhil une toiil anlre décomposition,
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur (Icii.i- /lo/iiuloi^iies du sulfure (VéAlixlènc : le
tlu'<)i)r<)p(inr-\ .i cl la thiobulanc-i.'i. Note de \IM. ^Iaiicki. l)i;i,i:i>i\E
et l*iiîKRK «lAFrKUx, présentée par M. A. Haller.
Los (juelques recherches entreprises pour préparer les homologues du
sulfure d'élhylène n'ont jamais fourni jusqu'ici que des masses amorphes
de condensation inconnue, qui, bien (pi'appelées des noms correspondants
(sulfures de propylène, d'amylène ), ne représentent nullement des dérivés
sulfurés simples. Il nous a donc semblé intéressant de préparer au moins
quelques-uns des véritables homologues du sulfure d'éthylène, ne fût-ce
que pour établir plus amplement l'existence des combinaisons à chaîne
hétérocyclique formée de deux atonies de carbone et d'un de soufre; cela
devait aussi pei-mettre quelques compaiaisons avec les termes isomères à
chaînes carbonées plus longues.
Nous avons réalisé ces préparations en généralisant la réaction précé-
demment employée (') : action du sulfure neutre de sodium (contenant un
peu de sulfhydrale) sur le chlorosulfocyanate ou le disulfocyanate de
propylène et le bromosulfocyanate ou le disulfocyanate de butylène, dérivés
des carbures dihalogénés en 1.2.
Sans entrer dans aucun des dolails qu'on liouvera ailleurs, nous indi(iuerons senle-
mcnl le chemin suivi pour n'avoir (]ue des produits de constitution connue.
l'our le suifuie de propylène, nous sommes j)artis d'alcool propyli(|ue nor;nali
dcsliydiali' par catalyse, celui-ci a fourni du prop_)lèj)e que nous avHuis transformé eu
l)]|iiorMure; ce dernier a été ensuite changé en di^nlfocvaiiate qui a été liailé par !.■
Miilnii' de sodium. Une autre partie de noire proj]\lcrie a élé cliangée en ilii(ii.>lM(i-
mures Cil'.C.HCI.CIlMîr et Cl P. Cil 15r.( :i|-Ci, et ceuv-ci, en chorosnlloc^anale cl
disultocvanale, l'un d l'aulie Ir.uisl'orniahles en sulfui-e de propylène.
l'our le sulfure de liulvléue. on e^l parti de l'alcool bulylique normal pui- (|u'il e-t
aujourd'hui facile de ^e procurer; on ne l'a pas transformé en bulvièiie parcalal\se.
cette réaction donnant un mélanine.
( ' I M. Hri.ia'iM!, Cniiipu-s rvntltis, I, 171, i;)io, p. Jii.
SÉANCE DU 17 JANVIER I921. [^Ç)
On l'a l'iliéi'llii' pm- l'acide broniliydriqiio en bromure de bulvie normal; une partie
de celni-ii a t'tf iliangée en bulylène-i .■'. |iar la [mlasse alcooli(|ne (rendements lii''>
faiijle<). )nil-> l'ii liiliroiiiure par le iironie. Iiie antre |)arlie a été lironiée au soleil,
suivant les indioiil inns de Ueboid ('); le lilliromoliiiliiane-i . •>. [i été, enlin, change par
ad Ion d'une niolécuie de sulfoC}anate en nu jnélange de l)riimosuirocvaMatt' et dr
disulfiji-x anale séparables par distillation dans le \ide; avec den\ molécules, on n'a
c|ne du disuiroc\ anale. r>romosulfoc\'anale et di?ulfoc\ anale, traités [jar le Milliue de
sodinni, ilonnent le sulfure de butylène.
Toutes ces opérations sont séparément assez faciles à exécuter, mais le rendement
linal est laible. F^ai' exemple, 1'^° de bromure de bntyle, mis eu œuvre en passant |)ar
lu réaction de Kelionl, fouinit une vingtaine de grammes de sulfure <le butviéni' brnl:
il est \rai ([n'une partie du bromure de bnl\le est i-écupéiée.
Le sulfure de pi'0[)\ l(''iie ou lliiopropane-i . 2 el le sulfure de butylène
normal ou lliiobutane-i .2 sont des liquides parfaitement incolores, mobiles,
d'odeur spéciale, forte, non alliacée, rappelant celle du sulfure d'étliylène,
insolubles dans Ti'au, miscibles aux solvants organiques.
Le Tableau ci-dessous indique les principales constantes de ces corps, y
compris celles du sulfure d'éthylène, ainsi que celles des isomères à clialuc
carltonée plus longue décrits par !VL ( IricbUévitch-Trokhimovsky :
II',;. -Nil. lîMi,. I1.-II. pnur.s.
I , (10.") I • ii|i 18 1 7 , l 'i 7 >9'^
O, (,)()') I , \-i,.y •> .1)7 N, I I
i),i_)'i '1 I ,47"'i.v 26, (j I 8,16
I .11.") 1 1 ,.")o6.v, ! I . _'| '1 7 , ■")N
o , Q77 i,483.,|,~ îG,.):") 7>87
"'97'.i I . 18718- '.Ct/i'' -.is;
Ce Tableau montre manifestement la volatilité plus grande des tliio-
dérivés-i.ii, ainsi que leur densité plus faible, de beaucoup, comme si
l'attraction moindre du soufre pour deux atomes de carbone contigus pro-
voquait un moindre resserrement; ce qui fait que, bien que la réfringence
soit plus faible, la réfraction moléculaire arrive néanmoins à un cliifl're
élevé, qui est même supérieur à celui des dérivés tri et tétramétbylénitpies.
(') I",. lÎKiioii., Coiiijj/es /c-ndiis, t. 113, i8l)I, p. "iSy.
I'Iji.I.
1.
CI! -.Cil'
' — S — '
Cil^CII.CIl'
.").i-.".6
Il
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III.
idl'.CII.CII-.CJI'. . .
cir^cip.cir^
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cii-.cii^r.ii.cii .. . .
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I\.
V)i
\.
Kili
VI.
nS
l6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les réactifs exercent sur les sulfures de propylène et de butylène des
actions qui semblcnl plus douces ((ue sur le sulfure d'éthylène. L'acide
sulfurique forme une gelée transparente; l'acide chlorhydrique semble se
combiner; l'acide acétique ne polymérise pas; l'acide nitrique oxyde;
l'ammoniaque et les alcalis concentrés forment peu à peu des masses
visqueuses, etc. Les sels des métaux lourds (argent, mercure, or, platine)
forment des précipités. L'iodure de niétbyle engendre des combinaisons
peu stables. La pyridine brunit à leur contact, comme avec le sulfure
d'étbylène, mais sans former de masse solide..
Les deux sulfures préparés depuis G mois ne semblent pas encore s'être
polymérisés, ce qui indique évidemment que c'est le premier terme de la
série des sulfures d'éthylène qui est le plus instable.
CHIMIE ORGANIQUE. — S)/i//irsr de i'dcidr cya/iif/iir par o.rydtilion de
la formamide el de l'aciilr r»./7/A/;/Vy//r.Note de M. lî. Fosse, présentée
par M. A. Haller.
I. Dans l'oxydation des substances organiques, en milieu ammoniacal,
ou a souvent constaté la présence de l'acide oxamique et, aussi, mais plus
rarement, celle de la formamidc.
L'acide oxamique se forme, en elfet, lorscpi'on oxyde : le glycocolle
I Engel ('), Drecbsel (-), llalsey (^)|; les acides aminés, l'albumine
(Halseyj; la gélatine (Kulscher et ses élèves) ( '); le glucose, la glycérine,
les acides-alcools dissous dans l'ammoniaque (Halsey).
La formamide a été obtenue par l'action de MnOMv sur le métbanol et
le glycocolle, en présence de NH', ainsi qu'aux dépens de l'oxyde de car-
bone et de iNlP, sous l'influence de l'eflluve ( Losanitscli et .lovitschilsch) (^)
ou des radiations ultraviolettes (D. Berlhelot et Gaudechon ) ( ").
L'une et l'auti'e de ces deux amides se convertissent en urée j)ar oxyda-
(') t'^NiiRi., Comptes reiula.t, l. 70, i>^7/l, p. SoS.
(-') DiiF.ciisiîL, lic.richle der K. K. Gescl. d. \\ isx., iS-d.
(•') Hai.sbv, Zeit.f. pit. Ch., t. '>n, 1H9S, p. :^),."i.
(') KtJTSCllER el ZlCKCRAI-K, Sl'/Z. (I . A. /'/■. (/,. (I. Il ., I(|03. — Kl TSCIIEn el SciIENK,
liericltle^ i9''i> P- «g*'*^-
(■■^1 I.osA.MSTcii el .lovnsciHTScH, liericlite, l. 30, l'^^ii;, p. i i!~!.
(") I). liEiniiEi.OT el Gaudechon, Comptes re/idii.s, i. l.'iO, i<)i(), |). itnj^
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. 161
lion p('rinangani([ue | IIofmcislL'r ('), l'ippingcr (")|, on éleclrolylique
(^ Fichier) Ç).
2. lùilre la formainide on l'acide oxainiciue, d'une |)art, cl leur produil
d'oxydalion, l'urée, d'autre part, esl-il possible de saisir l'acide cyanique
II.CO.NIl- 4-0 = C0NII -h if-O
Mi-.co.coMi + 0 -coNii ^ iim:) + (:o=.
Espérant atteindre ce but, Halsey traite par Mn O' Iv ces deux corps. Le
précipité produit par le sons-acétate de plomb, lavé, est chauffé avec le
sulfate d'ammonium, afin de transformer en urée le cyanate de plomb,
éventuellement formé. L'urée ne put être décelée, ni par précipitation, ni
par la réaction colorée de Ludy.
Il est facile de montrer, grâce aux méthodes d'analyse, déjà décrites (^),
que l'acide cyanique se forme dans l'oxydation de la for'mamide et de l'acide
oxamique.
3. SyNTMKSK HE I.'aCIDK CYVNIOUi: AUX DICI'ENS DE I,,V 1 OU.MAAniJli. — Ou ajOUtC,
en plusieurs fois, en agitant, MnO'K, pulvérise (5^), à de la formamide
(i""' = is,i4), dissoute dans de l'ammoniaque concentré (10™'). Durée de
l'oxydation : i5 minutes. Volume de liquide : 27""'.
Foirnalion de l'urée p(ir chauffage de 1(1 liqueur avec INH'Cl. — 2""' delà
solution, non chauffée ou chauffée, une lieure, vers 93°, avec NH' Cl, au
reflux, reçoivent de l'acide acétique (7"" ) et du xanlhydrol en solution
mélhylique à ~ (i""') :
\,nilli,\l-iii-éc pour -J-^ l ICI' poui- 10(1- furiiiaiTiirlc.
Li(|Liicle non cliaulié ll•ace^ traces
T^iquide cliauné avec MI' Cl. . . o*',!!:'! r ^''iQ'^
Réactions coloi-ées. — A la liqueur on ajoute NO'Ag, puis NO 'H, dilue,
de manière que la réaction soit à peine alcaline. Le précipité (cristaux mi-
croscopiques), séché, puis broyé, avec KCl et acétate de cobalt, donne
une coloration bleue intense, au contact de la vapeur d'eau exhalée par la
bouche.
Le perchlorure de fer, très dilué, colore en violet bleu le produit de la
trituration du sel d'argent avec du chlorhydrate d'hydroxylamine.
(') HoFMEisrER, Archiv. f. e.vp. P. 11. P/i.. i. :}", iSg6, p. '^26.
(-) fM'i'ixURii, /Jeilr. :. Cli. l'Ii. u. II., l. (i, H)""», p. '|!^i.
(') l'icMïER, Zeii. f- Hk'Clr., l. IS, i.)i >. p. (i'17.
(') I!. l'ossi;, Cvniptes rendus, igiu, l. 171, lyio, |). 635 el -j-i-î.
l62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
4. Sy.miiksk 1)1, i,"\(.iiir. cvamui i'. Aix nri'i.Ns uv. i,'ai:idko\amiui i;. — On oxyde
l'oxanicTle (rainiiioniaquc (i*^), dissous dans volumes égaux d'eau cl
d'aïamoniaque (lo""'), par Mn()''K (5"), en cliaufîanl légèrcnienl. ^ o-
1 urne : 2'")""".
Fornidlion de l'iirri' />ar c/ii/i/J/tt-^i' de la liqueur <ivci: M 1' Cl :
I rce p.Mii lini-
\;inlljyl-ijioo pniir ,'"". oxaiiMln (r,iriMri(iiii.H|iir,
Lii|iiirle non <-liniiiré o-.ooo 06.00
Ll(]iii(le cliiiiilTé avec MIM;!.,. ot.oo.'iS ir.o.l
Hèaclums ccdorvcs. — M l'une ni l'autre de ces réaclions ne peuvenl èlre
ohlenucs avec le volumineux précipité brut, formé surtout d'oxalale, pré-
paré comme ci-dessus. Cependant, si on l'épuisé par très peu d'eau, à
l'ébullition, la liqueur fdlrée abandonne, en minime quantité, des cris-
taux brillants, produisant 1rs deux réactions colorées caractéristiques.
CHIMIE ORGAMOUl-:. — I.' iiulo.vydation dit slyrolnie v. hrtiinr.
Note de M. CiiAKi.iis DniiAissi':. présentée [)ar M. Cli. Moureu.
Ainsi ipie je l'ai signalé précédemment ('), le styrolène y. brome
(]'■ H' — (^ Br = ( 111- s'oxyde très facilement à l'air.
Si l'on abandonne celte substance dans un récipient non bouclié, on ne
larde pas à voir apparaître des aiguilles cristallines. Ces aiguilles sont
constituées par la bromacétopbénone C'H'*— CO — CIl'-Br. Il y a donc
tixation d'un atome d'oxygène suivant l'équation
CMI'lir-i- 0 = 011 (t l!i.
A. On remarque que Talome de brome, situé primilivemcnt en a, se
trouve en [losilion p, après oxydation. Cette réaction était de nature à
faire naître des doutes sur la constitution du styrolène brome : il paraissait,
en etTet, plus naturel d'admettre que, par oxydation, le styrolène brome
de formule (]'H'C Br =-- CIP aurait fourni la pbénylbromacélaldébydc
C' ii--(;iii;i -ciio ( ')•
(') (outiller rr/it/iis. I. 171, i(|-.>.o, p. (|(»i.
(■) Après ce f|iii a l'ic exposé dans une prccéduiile \olc sur la cuiislilulicm do la
bromol)en/.alacéloplionone Cil» — ( ;il — C I5r — CO — C' II', l'aUenlion se iroiive
encore ici appeli'C sur les difficiillés ((u'ollro la dèleriiiinalioii exacte d'une conslilii-
lioii. iiiLMiie peu coiiipli(|iu;o, si l'on lienl à éviter loule cause d'erreur.
SKANC1-: DU 17 ,I.\>VIKU l()3I. ll»3
(-cpciiclanl la ronslitulion de ci; caihiire Itioiiio ayant élc élnhiie, dans le
Iravail cité, par une méthode (jiii oITrc de grandes garanties d'exactitude,
j'ai recherché si d'autres cas analogues de migration d'halogène n'avaient
pas été déjà signalés. Ces recherches sont restées infructueuses : ni les
Traités, ni les Mémoires consultés ne décrivent de migrations de ce genre.
\\n revanche, j'ai relevé d'anciennes expériences, pui)liccs en i87<S par
Demole ('^), doni l'interprétation avait échappé à l'auteur, par suite d'une
erreur de conslilution (-), et qui se rapprochent singulièrement du phéno-
mène déciit ci-dessus.
Demole a constaté, en cIVcl. ([uc rélhylène diluomé C13r- = Cil- s'oxyde
spoulanément à l'air en donnant le hromurc de l'acide mouobi'omacétiquc
ClI-iîr — C()Bi-. Il y a donc, sans aucun doute, migration d'un atome de
brome au cours du processus d'auloxydation. Le cas du dérivé chlorohromé
est encore plus démonsliatif : à partir de (]Cll)r = CH^ on obtient, par
oxydation spontanée, un mélange de chlorure de bromacétyleCH-Br — CO(ï!
et de bromure de chloracétyle CH-Cl — COlîr. Cet exemple montre que
la migration [)cut intéresser aussi bien l'un des deux atomes d'halogène que
l'autre, et toujours de préférence aux atomes d'hydrogène.
Si l'on admet avec divers auteurs (■') que la lixation d'ox\gènc se pro-
duise dans cette réaction suivant le mécanisme suivant :
o o
on est obligé de conclure que dans risomérisalion de l'oxyde d clhylènc
instable, formé transitoiremenl. un atome d'halogène se déplace toujours
de prcférrncc à un atome (F hydrogène.
Il semble donc que la migration d'halogène loin d'être une anninalic,
comme on aurait pu être tenté de le penser n priori, soit la règle générale.
Ainsi la transformation en bromacétophénone du styrolène a brome, au
lieu de contredire la constitution primitivement attribuée à celte substance,
lui fournirait au contraire un nouvel appui.
H. Du reste, le fait même que le styrolène x brome s'oxyde facilement à
( ') K. rJEMdu;. Ber., t. 2, p. 3i"). — V.. Dkmoi.i- el 11. l>i fut. IhûL. p. 1'..)'..
{'^ ] Li véritable coiislilulion ;i l'U' élalilie par A ii-chillz 1 /jV/ .. l. 12. p. 2076).
(') ICn(Jleii et Weisueiu;. t'.mnuNN, Si u ihnckh, otc.
l6/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'air confirme une fois de plus sa formule. Il résulte, en effet, d'observations
glanées dans divers Mémoires, que l'accumulalion de groupements électro-
négatifs sur une double liaison facilite l'oxydation spontanée: mais le
pbénomène d'autoxydalion est incomparablement plus net quand les grou-
pements électronégatifs sont distribués d'une façon dissymétrique. Si X
et \ sont des groupements électronégatifs, le composé X^ C = C =
s'oxydera beaucoup plus vite à l'air que le composé isomère — XC = CV — .
Je me contenterai de citer, comme exemple 1res caractéristique, le cas
du dijibénylétbylèiie dissymétrique (C'H' )-C = CH-(' ) dont la facile
auloxydation a été constatée (il se forme de la benzopliénone
C'H' — CO — OU'
et de l'aldéhyde formique CH'- O ), alors que le dipiiénylétbylène symétrique
C°H' — Cil = CH — C''I1'', ou stilbène, ne paraît pas s'oxyder sensible-
ment à l'air.
Parmi les trois styrolènes monobromés que j'ai décrits, l'un s'oxyde
spontanément, avec une intensité beaucoup plus grande que les deux
autres. On doit en conclure, d'après ce qui précède, que, dans ce composé,
les deux groupements électronégatifs CH' et Br sont distribués d'une
manière dissymétrique par rapport à la double liaison : par suite, en dehors
de toute autre raison, la formule dissymétrique C'H^CBr = (JH- devra
être adoptée de préférence à la formule symétrique C^H'CH =; CHBr. Le
styrolène brome facilement autoxydable devra être considéré comme le
styrolène a brome C^H*CBr — CH', ce qui confirme la constilulioii
[)rimitivement établie.
C. Cette facile transformation en bromacétophénone pourrait être la
cause des propriétés physiologiques du styrolène a brome. Ce composé est,
en effet, nettement lacrymogène, mais son action, assez faible immédiate-
ment après la distillation, augmente au fur et à mesure que se prolonge
(') M. TiFi'EXiiAi', tlull. Soc. chint., 3^' série, l. 27, p. 1066.
Celles auloxydation ou d'autres analogues pourraient periuellre de décider si le
i^roupemenl phénjle ou ses homologues sont, en tant que groupements éleclronégatifs,
susceptibles de subir une migration semblable à la migration signalée plus liaul îles
atomes d'halogènes : on observerait alors, comme réaction accessoire, la formation
d'une quantité plus ou moins importante dedésoxybenzoïne C''!!* — Cil- — CO — C^H'
ou de composés analogues, suivant le processus décrit plus liaul.
Le cas du styrolène a brome ne laisse pas voir, en ellel, lequel des deux groupe-
ments CUi' ou Jlr a subi la migration.
SÉAiXCK DU ly JANVIER I921. 16S
l'aclion de Tair; il ne serait pas impossible que le pouvoir lacrymot^èiie
soil dû à la présence de la broinacétopliénone, dont raclion irritante est
bien connue.
1mi résumé :
i" Quand les processus d'antoxydalion sontaccoiin)ai;nés de pliénomèncs
de migration, ce sont les atomes électronéj^atifs cpii paraissent émigrer de
préférence aux atomes d'hydrogène. La migration électronégative parait
donc être la règle générale.
2" L'autoxydation d'une liaison éthylénique est d'autant plus intense
que les groupements électronégatifs sont distribués autour d'elle d'une
manière plus dissymétrique.
3° Le phénomène d'autoxydation du styrolène y. brome contirme la
constitution qui lui a été attribuée.
'1" Les propriétés irritantes du styrolène a brome paraissent être dues à
la bromacétophénone à laquelle il donne naissance.
GÉOr.OGlE. — Moavrnienis tectoniques inlcri^laciaircs et jjo.sl^/aciairrs dr
l' e.vlrèinité orienldlc des Pyrénées. [\ote de M. Octave Mengel, présentée
par M. Pierre Termier.
J'ai montré (') que le retrait de la mer de 280'" avait été suivi d'une
débâcle glaciaire dont les dépôts constituent, soit les anciens cônes de
déjections démantelés que l'on trouve sur le pourtour du Roussillon et de
l'Ampurdan, soit les éléments de sédimentation des anciens lacs du Conilenl
et de la Cerdagne. En Cerdagne, ces sédiments reposent sur les argiles
blanches sableuses et ligniteuses que les auteurs rapportent au Miocène et
qui avaient commencé dès cette époque l'envasement de cette large dépres-
sion si curieusement étalée à i5oo'" au centre des massifs de la ligne de
faite de l'extrémité orientale des Pyrénées. Dans cette région, la glaciation
contemporaine de la mer de 28o"'])araît s'être exercée suivant un réseau
hydrographique assez différent de celui de la glaciation suivante (-)
auquel, cependant, il se raccorde parfois (vallée de Carol ) par des ruptures
de pente donnant le « type pyrénéen » dit des glaciers suspendus. C'est à la
(') CoDipIcs rendus, l. 170, içcio, p. 003.
(-)(). MRN(iiîi., lîliides de i^éogrupliie phy-sujuc sur les l'y renées catalanes {liiill.
Seal, du Canigou du C. A. F., 1911, Perpignan).
l66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coiiosioii produite par les eaux ciiianant de cette calotte glaciaire qu'est
(là le palier supérieur des vallées (').
La glacialioii conlcmpoiaiuc delà merde loo™ a laissé des traces plus
nettes. C'i^sl à .sa déliàcle que je rappoilr la deuxième série de cônes de
déjections du Roussillon, le palier inférieur des vallées, et les coi'iloiis
littoraux morainiques fies anciens lacs du revers nord du Caiiigou el de la
Cerdagne.
La période iiilerglacialre parait avoir été une période de démantèlement
énergique. La sédimentation (pii en a été la conséquence se présent(; sous
la forme d'alternances de cailloux roidés, d'argiles à blocs, d'argiles gré-
seuses et paifois ligniteuses, d(> calcaire lacustre ( ^ inça à Marquixanes).
(]et ensemble est bairé de ."i à G lits, plus ou moins épais, de cailloulis
argileux forlemeni rubéfiés; indices d'exposilions répétées el prolongées à
l'air atmosphérique par suite d'arrêts momenlanés successifs dans la sédi-
nii'ntatioii. La similitude de celle répétition de faciès dans les dépressions
pradéenne et cerdane montre que la sédimentation y passait simultanément
parles mêmes phases. Dans les depuis dederdagne toutefois j'ai constaté
une allernance de lits ù cailloux striés et non striés. Je n'ai pu faire jusqu'ici
|)areille observation dans ceux de l'rades, vraisemblablement parce que les
glaciations partielles qui se sont produites enli'c les deux périodes glaciaires
ne sont pas descendues jusqu'au (^onllent.
Dans les deux régions, les sédiments interglaciaires sont recouverts par
les dé|)i')ts morainiques de la deuxième glaciation. Ils s'étendent
jusqu'à '140'" enlrc ICstoher et Marquixanes (je les ai retrouvés dans la
vallée du Tech, près de Montferrer, à la cote 490). En Cerdagne, les dépcUs
moi'ainiques sont sensiblement en concordance de plongement a\ec les
sédiments iuterglaciaires. Sur le pourtour méiidional du bassin, l'ensemble
plonge à letJléncur de la dépression, c'est-à-dire à coulrc-[)ente du versant
du massif de bordure, avec des pendages variant de ">" S\\ à (So" S en
allantdu massif silurien du l'nigmalau massif nummulilique de la Sierra
de Cadè. Sur le bord septentrional de la cuvette, les dé[)ôls plongent nor-
niiileinenl vers le Sud, mais avec un pendage plus accusé que le conqiorte
la nature des sédiments. Dans la région de l'rades, les moraines repoisent
horizontalement en discordance sur les dépôts interglaciaires, ()u'ils ont
d'ailleurs all'onillês. Ceux-ci, sur la bordure sud de la dépression, plongent
_ ( ') (). Mknkkl, h'ssai sur le creusement tics vallées de la Tct et du 7ecli {llull.
Siir/cté .I,'/'., Se. Ci Lett. des /'jié/ices-O/ic/itides, I. W, i\l>>~- l'i'i pi^nmii).
StiANCI', DU 17 .lA.Wll'U l<)2 1. 167
(1(^ )") " VOIS ri'.st-Xord-lisl ; sur l;i hoidiiie iioid, In jUMuliii^o ne dopasse [las
■-!;')" MMi le Siid-SiKl-l']>^t. ImiIic les deux, les slralcs passent à Thoiizoîilale
avec ((ucl(|iies ondiilalioiis. Le parallélisme de ces slrales à coinposilioii
lillioloj^iqiie si variée indique que la sédinientalion s'est faite hoiizonta-
li'Mient dans toute la largeur- de la dépression.
He ces observations, il sendjle résulter les conclusions suivantes. Lntre
les deux périodes glaciaires, conlemporaines des mers de 280'" et 100"', le
mouvement général aucjuel est due la régression marine se serait traduit sur
le revers nord des Pyrénées orientales par deux mouvements locaux simul-
tanés. L'un (>r()f;-é/ii(/iic, réveil de l'effort de plissement longitudinal post-
oligocène; l'autre e/>iroi^rni//ui', orlliogonal au premier, entraînant
l'exliaussemciit du seuil reliant les massifs de Caren(;a et de Madrés. Le
premier pr<)\o(jua un effondrement du bassin de la Cerdagne, sous l'action
d'une tendance à la reprise du clievaucliement vers le Nord du Nummuli-
tique espagnol. Je vois un témoin de cet effondrement dans la montagne
de Llivia si nettement détachée du palier glaciaire Odeillo-Targasonnc
dont elle faisait partie. Dans la région de Prades, le mouvement orogé-
nique parait ne pas s'être exercé au delà de la dernière période glaciaire et
si'mble s'être borné à un resserrement de la déjiression, avec maximum
d'effet sur le versant du Canigou..
.\1A(;nÉTIS.\IE TERRES! m:. — Viilcurs (les èléinenls inagnéliqucs à /'Ol/seivatoirr
dit Val-Joyi'iix lin V' /an\ter i\y2i. [Note de M. Ch. nri'orit.
Les observations magnétiques, organisées en 1901 à l'Observatoire du
Val-Joyeux par le Bureau Central météorologique, ont été continuées
en i()'-2o dans les mêmes conditions ([ue les années précédentes.
Les valeurs des éléments magnétiques au i"' janvier i()2i résultent de la
moyenne des valeurs horaires relevées au magnétographe Mascart le
>[ décembre et le i" janvier, rapportées à des mesures absolues toujours
faites par M. J. Itié à des dates qui précèdent et suivent immédiatement
le i"' janvier.
La variation séculaire des diilërents éléments est déduite de la compa-
raison entre les valeurs actuelles et celles qui ont été données pour le
1''' janvier 1920 (').
(') Conijjles icndtis, t. 170, 1920, p. A^b.
l68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Valeurs absolues et varialio/i séculaire des élénienls magncliqucs
à rObser\'aloire du Val-Joyeux.
Latitude : /(So/^q' '6"; longilude : 2°o'52" E. Gr.
\aliurs al^suhies
l'cpoque 1921 -fl. Variiiliun >.i riil.iire.
Déclinaison i2"48,5o — 9-97
Inclinaison Ç)\° !\\\ 8 -!-(>'. -
Composante horizontale o, igôliô — 0,00009
)> verticale n,;^i595 -t-o,oooo3
I) nord 0,19176 -ho,()oOo4
» ouest (>,o436o — 0,00057
Force totale o, 46110g — 11,11(111111
La série des observations magnétiques du \ al-Joyeux comprend actuel-
lement 20 années. La déclinaison était au i" janvier 1901 i5" it\\'\ ; elle a
ainsi diminué en 20 ans de a'^aG'; la variation séculaire, qui était d'environ 4'
en 1901 est, depuis 1913, supérieure à 9'.
BOTANIQUE. — Modificalion de lu forme el de la .structure d'une Mous.se
(Hypnuin commutatum Hc(U^\) maintenue en .submersion dans l'eau.
Note de M. Ad. Dawy de Vihvii.i.e, présentée par M. (iaslon Bonnier.
L'actiou du milieu a([ualique sur le développement des Mttscinèes a été
à peine étudiée jusqu'ici : je me propose de mettre en évidence Fimportanco
physiologique de ce facteur. Les Muscinées se prêtent très facilement à des
cultures expérimentales dans l'eau. Le mieux est de procéder ainsi. Dans
un tube à essai, on fait glisser, à l'aide d'un agitateur, une petite touiïe de
l'espèce (pie l'ou veut étudier, après l'avoir soigneusement lavée. Ou
remplit ce tube d'eau et on le couvre d'un petit cône de papier qui protège
le liquide contre la chute des poussières atmosphériques, sans nuire à
l'aération. Il faut renouveler cette eau tous les quinze jours environ.
Les expériences étant ainsi conduites, voici ce que j'ai constaté clic/
Vllypnum commutatum Hedw. Cette Mousse forme, dans la nature, des
touffes d'un vert clair, au premier printem])S, qui se foncent et jaunissent
pendant l'hiver. Les tiges, hautes de 5""-io"", se partagent en branches
pennées; elles portent des feuilles disposées sur trois rangs, séparées par
des entre-nœuds mesurant o""","2. (^es feuilles sont un ])eii plus grandes sur
l'axe [)rinci[)al que sur les axes latéraux; elles ont une forme (>\ale Irian-
SEANCE DU 17 JAxviEn igsr. 169
t^iilaire et se terminent par nn aciinien falcit'oiine cl denté, ainsi qnc la l)ase
(les feuilles. De pari et d'autic de la nervuie médiane iwjslenl toujours un
ou deux plis longitudinaux. Les cellules ilu llnihe sont llexueuscs et
allongées. 11 existe aussi des feuilles accessoires ovales-subulées et un
feutrage de rliizoïdes brunâtres.
Voici maintenant les transformations qui se sont produites après six mois
de culture en milieu aquatique. Toute trace de la ramification pennée
caractéristique de celte espèce a disparu, ce qui la rend méconnaissable.
Les tiges se sont très allongées el atteignent i8""-2o"" au lieu de 5"°-io"".
Les entre-no'uds mesurent o'""',4, soit le double de ce qu'ils sont normale-
ment. Les feuilles, qui se formèrent tout d'abord à la base des rejets venus
dans l'eau, sont étroitement ovales-lancéolées, quatre fois plus petites que
chez le type. Dentées sur tout leur contour, elles ne sont pas plissées.
L'acumen falciforme a disparu. Les cellules ont changé de taille et
de forme et sont devenues polygonales allongées. Les feuilles, qui se
développèrent ensuite, présentent presque les mêmes caractères; elles sont
toutefois un peu plus grandes, mais restent encore trois fois plus petites
(jue celles du type : surtout, caractère important, les membranes sont
devenues d'une extrême ténuité. Aussi les tissus développés dans l'eau sont
tellement mous (jue les tiges sont incapables de se soutenir dans l'air. Les
feuilles accessoires sont très réduites, quand elles ne font pas défaut. Les
rliizoïdes, également réduits, forment, çà el là, des houppes sous les
feuilles. De plus, ces pousses aquatiques sont d'un vert pâle, agréable à
l'oùl. car les grains de chlorophylle sont moins nombreux et d'une teinte
plus faible. Le Tableau suivant donne le résultat des mesures elFecluées.
llyjiniim coniniiilali/n) Uedw T\ pe aL'rien. Type aquuliqiie.
. Feuilles Fouilles (les Feuilles Feuilles
Organes examines .les lises raminaaliuns dëTolopljées développées
( iiriiiciiialos. latérales. au déliul. à la On.
Longueur totale des feuilles 3,2 1,8 o,5 0,8
Largeur » » o,g o,- o,4 o,4
Cellule des oi-eillettes : longueur. . 0,080 o,ii3o 0,021 0,027
» » largeur.... o.ni.ï 0,01.") 0,012 o,oi.î
Cellules du limlje : longueur (i,o3() 0,0.01 0.018 ii,(i2/j
>i » largeur i),oii(i 11,006 o,nii(3 o.ood
» de l'acumen : longiieui. . . 0,0-2 0,060 0,021 (),o38
» )) largeur o.inn) o,i>o6 0,0116 ci,oi;g
LIne preu\e convaincante de l'influence du milieu aquatique réside dans
ce fait que quelques rejets ont dépassé de i"" le niveau de l'eau maintenu
I-yo ACADitMIE DES SCIENCES.
sensiblement constant : on peut y observer, entie autres caractères, une
tendance à la ramification pennée qui a lolalemenl dispaïuc, je Pai dit,
dans la partie sid)nierj;ée.
Des expériences poursuivies simultanément avec d'autres espèces, telles
(jue VUypniiiii irlqiit-tntni I.., et des cultures de diverses Mousses et d'Hépa-
ti(jues à thalle que jr tais acluelleiuenl. me permettent de conclure à Tin-
lluence profonde de la vie en milieu aquatique sur le dé\ elop|iement des
Miiscinéi's.
Ces résultats, conformes aux observations faites en i885 par M. (]os-
lanlin à la suite de cultures expérimentales de Phanérogames, apportent
une nouvelle preuve en faveur des théories de l^amarck, et montrent ipie
l'adaptation au milieu, sans cesse prolongée, est un facteur très important
dans l'évolution e(jntinue des êtres vivants.
l'IlYSIOLOGIE VlîiiÉTALE. — Aclioii dr Id cliloropicri i\r siiv lu fnriillé
'j,eri)uncitirfi i/r.s graines. Note (') de M. E. .^Iii:»ii., présentée par
M. E. lîoux.
Plusieurs savants ont montré, dans des Notes précédentes ( Coiiij>tes ren-
dus, 1919 et 1920) que la chloropicrine possède un pouvoir insecticide |iuis-
sant, susceptible d'être utilisé efficacement pour la destruction de certains
parasites. Il était important de déterminer l'action de la chloropicrine sur
la faculté germinative el la valeur culturale des graines.
Diins une cpieuve préalable de grande ciiluiif, plusieuis i]iiiiitau\ de dilléreiiles
-eniences infestées (pois, haricots, blé, etc.) ojit été traités, snit en arrosant les saes
fertiles, selon la technique indiquée par M. (i. lierlrand, soit en plaçant la chloropi-
crine dans des récipients voisins. A la dose de ao'"'" par mèti-e cube d'espace, ou par
sac de 80'''-' environ, la bruche des pois (liruvliiis pisi). la bruche des haricots (/irii-
c/i us oùlect us) el \e c\iaiencon du blé {Calandra graniaria) furent, dans les deu\
cas, radicalement détruits après a4 heures de contact, sans que la faculté ijerminative
ait paru altérée. L'abiiile du h\i{SiU)lroi;<t cerralella) fut, de même, complètement
supprimée, dans des conditions semblables.
Dans une seconde série d'essais, poursuivis au laboratoiie, des échanlillons de
i;raines de plusieurs plantes cultivées furent placés dans des coupelles, réunies sous
une grande cloche de verre, el soumis pendant des temps variables ((i, l'î, •x'x, '|8,
'•f. el 96 lieuies) à l'inllueuce de doses de chloropici'ine allant de i5""'à.5o"" par mètre
cube. V la sortie de la cloche, les semences étaient mises en ijerminalion sous papier-
(') Séance du 10 janvier 19.JI.
SÉANCE DU I- .JANVIER I921. 171
lillrc, à l'air liljie sans ('■liive, iM rdiiiparaliv eniciil à des Idts Icnidiiis non liailc.-. I.:i
liMii()L'raUii'c, [HMidanl le liailcnicnl ri la ;;i'rni inalioii, oscilla anloni- de 11"
(i'\lirnies <o" et '.o'iSj. La rnaicliu lin (le\ eloji|n'nicnt îles graines fui suivie scilyncn-
senii ni jusiiu'à moisissiiic des individus non germes; mais le j élevé de toutes les
iiliservaliiins journalières étant très eneoinlirairt, nous rions homeronsà indiquei', dans
les 'l'ahleanx suivants. In valeui' delinilive de la l'acnlli' ^erminalixe des dill'eri'nls luis
de senienei's ('ral)lean\ I et II).
Taiu.fai: 1. — /■'((i-iillé f^enuiniitii'f après (rullciiiciil à l'j"" i/i- c/i/oropicfi/ic
par mi' Ire eu lu'.
IULIT.-
<lii liiiiU-ruenl. lik-, l!i/. l.liiiriMc. I.iii. l.eiMillr. Im-mii-iic . Ilcisini.
Il (^ témoin )... . 100 Su (iç) mu mo mu mu
() lieures 90 S'i .jo 1 ou lou lou lou
I >. ) 8>, 79 (il 1 00 1 00 I im I ou
>.'\ )i ■JO ^t) .j8 100 lui) 100 lUO
_jS » 66 60 j'i 100 IIJO liiO ion
-■'. I) 69 .il) 6.5 100 lui) mil lui)
96 )i 71 .iN 64 100 lui.) 100 100
'I'aiii.kai' II. — l'\iciillé i;r>'mi/iati\e après trailciiieitt 11 .îo""' i/e r/ilorapicri/ic
par- mètre cahe.
Un no
.In liiiilonii'iil. lile. lîel li-iiiv.'. l.iii. i.iNlilIf. l'^iiiign e. li.'sMiii.
i) (témoin) 100 ->. 100 100 mu luu
tJ heures S'i 61 9.") 99 luo 100
I ! » 36 6.5 96 100 luu 100
'. I » 3>. .')S 1)1 11)3 mu Kio
TAlii.KAi III. - lùiei'fiie ucrinirialii'c du bic. traité à !o'"'' de cliloropici inc
par' mètre eu lie.
\pparilii)n du |ii'eiiiiei' uernie. . . . .3" jour ■'.'' )'' .^'' j' 3"-' j'' 3'' j' '\'' j'' .")'' j''
!'l junr~. . . .V'i (■).■) .|o 53 :■) 7 u
6 »... 73 77 69 .').S .'19 411 ■) '1
S < .... N.") S.', 76 ().j .j.S .54 .30
lu . .... 9', SS Su 71 6) ,57 6-).
La clilofO[jicrine exerce donc une action ceiiaine sur la facnllé ^ei'iiiina-
li\e qui varie coiisidérableinent avec la naltne de la graine. CerLaiiies
semences supportent sans aucun inconvénient, et pendant des temps assez
longs, des doses relativement élevées d'insecticide; les légumineuses, en
particulier, manifestent une résistance remarijuable, sans doute due à la
nature de leurs tégunieiits; le lin possède la même immunité, sauf aux
172 ACADEMIE DES SCIENCES.
fortes doses, «iiii commencent à atteindre la vitalité des graines au hoiil de
G heures, i'ar contre, les graminées montrent une grande sensibilité à
l'action loxicjue de la cliloropicrine, même lorscju'elle ne se poursuit que
|)endant quelques heures.
Avec i')""' seulement et un bref contact de () heures, la faculté germina-
live du blé subit déjà une din)inution, qui s'accentue très vile, et plus rapi-
dement avec l'accroissement des doses employées (|u'avec la durée du
traitement. Ce résultat corrobore celui énoncé par Picetti et Heniardini
('9^7) T^' *^"'^ constaté un abaissement de 3o pour 100 dans la faculté ger-
minaïive du blé, sous Tinlluence de 20""' de chloropicrine s'exerçant
pendant une semaine. Cette perte, dans nos essais, n'augmente guère avec
un contact prolongé, mais elle atteint un taux relativement considérable
avec les doses élevées; les mêmes faits se remarquent pour le riz.
Le chanvre et la betterave supportent mal, également, les vapeurs
toxiques, mais la valeur médiocre des graines employées (révélée par le
développement imparfait des témoins) trouble quelque peu les résultats;
ceux-ci montrent, toutefois, cjue l'action de la chloropicrine paraît [uoins
profonde sur ces semences que sur les céréales.
[j'énergie germinalive a été aflectée, elle aussi, par le traitement et.
généralement, dans un sens défavorable, d'autant plus accusé (pie les doses
et les durées de contact étaient plus grandes. Cependant, lorsque celles-ci
sont faibles, on observe parfois une légère accélération de la germination
(lin, blé, fenugrec). Le Tableau III résume les principales constatations
faites sur le blé ( ' ).
Conclusions. — t" La destruction des insectes parasites des semences
(bruches, charançon, alucite, etc.) peut être assurée par l'emploi de la
chloropicrine, agissant pendant i[\ heures à la dose de i.j'"'' à ao™' par
mètre cube. [Jn contact plus prolongé et des quantités plus élevées ne
paraissent pas utiles.
2° L'action de la chloropicrine sur les semences varie a\ec la natui'e des
graines, la dose employée et la durée du traitenienl.
Insensible sur certaines semences (légumineuses, lin, etc.), elle all'ecle,
(') Un fait curieux et qu'il coinienl de signaler est la renian|uable \iguenr des
giaiiies do légumineuses qui, toutes, ont germé à hki pour loo el dans un délai
maximum de 5 jours; dans la plupart des cas, les semences de Bersim (irèlle d'Alexan-
drie) se sont même dé\eloppées complèlemeiit en /jS heures.
Toutes les graines utilisées ont été récoltées an Maroc et pio\ iennenl do la ilornliro
récolle.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. 1^3
au contraire, la facultij et l'énergie gerininalives de quelques autres
(chan\re, betterave, et, en particulier, céréales). Cette influence défavo-
rable augmente généralement avec les quantités utilisées et la durée de
contact. Dans les conditions requises pour la désinfection, elle peut dimi-
nuer de 3o pour 100 le pouvoir gerrainatif du blé, et les doses plus fortes
sont encore plus nuisibles; par contre, les semences de légumineuses mani-
festent une immunité absolue.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le mécanisme chimique de l'assimilation du gaz
carbonique par les plantes vertes. Note de M. P. Mazé, présentée par
M. Roux.
Quand on se propose d'expliquer la formation des produits immédiats
qui résultent de l'assimilation du gaz carbonique par les plantes vertes ( '),
on est conduit à attribuer un rôle fondamental à l'hydroxylamine.
L'existence de cette base dans les feuilles est rendue certaine :
1° Par la transformation de l'ammoniaque en composés oxygénés de
l'azote et ii'ce versa, qui s'y réalisent normalement (-).
Ces transformations comportent de nombreux composés intermédiaires
dont les principaux sont :
AzO^H -> AzOMt — AzH^OH =i AzIP.
L'hydroxylamine doit figurer dans cette double série, parce que les phé-
nomènes d'oxydation et de réduction réalisés par la cellule vivante, se
font graduellement et n'intéressent qu'un seul atome d'oxygène par étape.
Je n'ai pas réussi jusqu'à présent à mettre directement l'hydroxylamine
en évidence dans les milieux nitrifiants ou dénilrifiants; mais cela ne veut
pas dire qu'on n'y parviendra pas bientôt en mettant en' œuvre un artifice
d'expérience approprié. 11 est vraisemblable, en effet, que l'hydroxylamine
se combine aux aldéhydes et aux cétones pour donner des oximes, et c'est
en vertu de cette propriété même qu'elle joue le rôle que l'examen des faits
lui assigne.
(' ) P. Mazé, Recherches sur l'assimilation du gaz carbonique par les plantes
vertes {Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1891 ).
(-) P. Mazé, Recherches sur la présence d'acide nitreux dans les cellules végé-
tales et animales {Comptes rendus, t. 153, 1911, p. 357), dans la sève des végétaux
supérieurs {Fbid., l. 155, 1912, p. 781) et Annales de VI. P., t. 25, p. 289 et 869.
C. R., 1921, i- Semestre. (T. 172, N» 3.) l3
I 74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2" l*ar la présence constante de l'acide nilreux libre et celle, assez fré-
quente, de l'acide cyanhydii((ue, deux dérivés des oxiines.
Agissant d'abord comme base, Tliydroxylamine fixe le gaz CO" et forme
l'une ou l'aulredes combinaisons CO-AzH^OH, CO'H-AzH-OlI, pbysio-
logiquement équivalentes.
Or, on a
CO^ÂzIl'OII = H — CHO + A/.O-H.
Le formol n'existant pas dans les feuilles vertes, il faut poser, pour se
conformer entièrement aux résultats expérimentaux :
(rt) aCO^AzlPOU = ClPOli -CHO-i- AzOMI.
L'acide nitreux et l'aldéhyde glycolique qu'on obtient ainsi existent dans
les feuilles de sureau, et il se trouve précisément que ces feuilles ne
renferment ni alcool éthylique ni acide acétique, faits que j'ai établis par
une méthode sur laquelle je reviendrai.
L'aldéhyde acétique, très répandu pourtant dans les feuilles vertes, peut
provenir de l'aldéhyde glycolique par réduction et la transformation (a)
serait le procédé général de réduction du gaz carbonique. Mais il est hors
de doute que l'aldéhyde acétique résulte aussi de l'oxydation directe de
l'alcool.
Quelle que soit son origine, il peut servir de base à la formation d'une
autre série de corps par voie de combinaison avec l'hydroxylamine, en pas-
sant par les oximes.
On a alors
CIP — CHO-i-CO^AzII^OII = CH» — CHOH — GHO-1- AzOMl,
c'est-à-dire l'aldéhyde lactique et l'acide nilreux présents dans la feuille de
peuplier.
On conroil aisément que les aldéhydes glycolicjue et lactique peuvent
engendrer d'autres combinaisons, soit par hydratation ou condensation,
soit par oxydation, soit encore par de nouvelles combinaisons a\ec l'hydro-
xylamine.
Quant à l'acide cyanhydriquc et à racétylméthylcarbinol on doit les
considérer comme étant déjà des produits d'élaboration (').
On doit remarquer maintenant que toutes les transformations envisagées
jusqu'ici peuvent se faire uniquement avec le concours de l'énergie fournie
(') I'. Mazé, loc. cil.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. 175
par la combustion respiratoire. On a donc le droit d'admettre que ces pro-
cédés sont très répandus chez les cellules vivantes, mais qu'ils y sont mas-
qués par le phénomène inverse de la combustion respiratoire (jui libère un
volume de gaz CO" bien plus élevé que celui qui est assimilé par voie de
réduction.
Par contre, ces procédés deviennent la règle exclusive chez les ferments
nitrifiants qui empruntent précisément leur carbone au gaz carbonique.
L'équation de la fermentation nitreuse peut s'écrire :
2(C0^\zll^Oll) = CIIMJH — CHO + AzOMI,
et celle de la fermentation nitrique :
■j[3 A/.0- Il + 11^0 + CO- -f- O]
-y :>. [ CO- Âz 11^ OH 4- 2 Az O^ H + O ]
^CH^OII - CHO + 6ÂzO'H.
L'énergie nécessaire étant fournie par la transformation directe de
l'ammoniaque en acide nitreux dans la fermentation nitreuse, et par
l'oxydation de l'acide nitreux dans la fermentation nitrique, c'est l'azote
qui fait les frais de la combustion respiratoire ; et, en conséquence, il
s'accumule à l'état d'acides nitreux ou nitriques dans les milieux nitri-
fiants.
Les végétaux supérieurs mettent en œuvre l'énergie des radiations
solaires pour réaliser la transformation de l'acide nitreux en hydroxylamine
suivant l'équation
(b) AzO^FI-i-H'^O = AzH'^OH + O"- (').
En réunissant (a) et (h) on a
■>.(CO^AzII=OH)-+-2H2 0
ou
2(C0'lPAzlI^0H)
->CH^OH — CHO H- 2Az02H -h 2H^O
^CH^OH — CH0 + 2ÂzH^0H -t- 2 0%
d'où il résulte, en même temps, que rr-r^ = i.
( ') La décomposition de l'acide nitreux est une fermentation que les feuilles de maïs
réalisent dans le vide avec mise en liberté d'oxygène et production corrélative d'azote
et de protoxyde d'azote. (P. Mazé, Annales de l'I. P., t. 2.5, p. 878. )
176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Temps (le lalcnce dans les expériences (le Iransnlan-
lalion testiculaire cl loi du « lout ou rien ». Note de M. A. Pèzard,
présentée par M. Edmond Perrier.
Dans un travail antérieur ('), nous avons étudié le cas de jeunes coqs
castrés, chez lesquels des transplantations de testicule ont fait reparaître les
caractères mâles : instinct sexuel, chant, ardeur belliqueuse, grand déve-
loppement et rulilance de la crête et des organes similaires. De plus, chez
deux sujets que nous avons suivis d'une façon continue, nous avons constaté
que la réapparition des caractères mâles 11'' est pas immédiate : durant les
trois semaines qui suivirent la transplantation, les deux animaux présen-
tèrent les mêmes phénomènes de régression que les castrats témoins. Nous
avons imputé ce « temps de latence » à la durée d'implantation des nodules
testiculaires. De nouvelles observations, faites sur des coqs accidentellement
transplantés, nous conduisent à une interprétation plus précise et montrent,
en outre, que le tissu tesj.iculaire est, pendant la période de latence, sans
action sur le sujet (côté négatif de la loi du « tout ou rien »).
Le Tableau suivant est relatif à sept coqs porteurs de transplants (la
transplantation a été effectuée au moment de la castration). Nous indi-
quons, pour chacun d'eux, le temps de latence, compté en semaines :
\ iicirnnes oliservations. Nouvelles observations.
N- •}■?.. 24.^ 1. 2~ 3. i. 5.
Temps de latence ■).,- 1,9 -> 3 6 6 o
Le graphique ci-conlre est relalif au coq n" V (11° 10 de la scrie Legliorn doré).
La double évolution s'est accomplie, chez cet animal, avec une régularité remar-
quable; le tracé continu figure la longueur de la crête. Nous y avons ajouté, pour
comparaison, la courbe des longueurs de la crête chez un castrat ( trait discontinu
descendant), et chez un mâle normal (trait discontinu ascendant ).
L'examen du gniphique type conduit à distinguer, dans l'évolution
consécutive à la transplantation, deux périodes successives très différentes :
réi^ression puis reprise.
La régression de la crête a commencé et s'esl poursuivie suivant le
mode normal : angle habituel avec la verticale, au départ de la courbe,
(') A. Pézarii, Les condilionncmcnts physiologiques des caractères sexuels secon-
daires chez les Gallinacés {Bull. Biol. France et Belgique. Paris, 1918).
SÉANCE DU 17 JANVIER I92I. I77
allure parabolique du tracé. 11 y a même parallélisme, jusqu'au point II
entre cette courbe et celle que fournit le castrat témoin. Ainsi, durant les
dix premières semaines, V action du tissu lesliculaire, cependant présent
dans le péritoine, s'est montrée rigoureusement nulle.
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Temps de latence relalif aux expériences de transplantations tesliciilaires et loi de « tout on rien ».
La seconde partie de la courbe (segment de reprise) débute au point R
et ce segment prend tout de suite l'allure qui caractérise la croissance de la
crête chez les raàles normaux. Dans nos premières expériences, nos gra-
phiques figuraient un raccord tangentiel entre les deux segments; le point
anguleux II marque une discontinuité très nette entre les deux périodes.
l'^S ACADÉMIE DES SCIENCES.
En réalilé, il n'y a aucune conlradiclion enlre les <leux séries de résultats. Dans le
premier cas, castration et transplantation avaient été eliectuées sur des coquelets à
crête peu évoluée : le temps de régression (deux à trois semaines) a pu s'écouler tota-
lement avant la reprise fonctionnelle des transplanls; dans nos récentes observations,
au contraire, la régression n'était pas terminée au moment où les transplanls sont entrés
en acti\ilé.
A quelle cause faut-il attribuer le temps de latence? On doit remarquer
tout d'abord qu'il est très variable suivant les sujets : nul chez le coq n° 1 I ,
sa durée s'étend, chez les autres coqs, de deux à six semaines. D'autre part,
ces derniers n'ont reçu que des masses minimes de tissu génital, alors que
le n° 11 en a reçu plusieurs grammes, c'est-à-dire une quantité supérieure
au minimum efficace ('). Il semble donc que le temps de latence correspond,
non à la durée d'implantation du tissu testiculaire, mais au temps que met
la masse de ce tissu pour atteindre o^, 5.
Nous admettons en outre que, durant cette période latente, l'action du
tissu implanté consiste à vaincre ou à neutraliser une condition physico-
chimique qui empêche la crête et, d'une façon générale, les caractères mâles
proprement dits, de développer leurs potentialités. Le mininmm efficace
constituerait un seuil auquel on pourrait donner le nom de seinl morpho-
^é/ie.
PHYSIOLOGIE. — Le seuil de l'audition. Note de M. Marage,
présentée par M. d'Arsonval.
Toutes les fois qu'on ne peut enregistrer les vibrations sonores, on est
obligé de les écouter (').
Si l'on veut faire des expériences comparables avec des auditeurs diffé-
rents, le récepteur oreille doit être vérifié, ce qui revient à déterminer le
coefficient auditif de chaque écouteur.
C'est ainsi que, soit à propos du repérage des canons, des avions ou des
sous-marins, soit dans le réglage d'appareils télégraphiques et télépho-
niques, on est conduit à faire des recherches sur la variation de la sensibi-
lité auditive pour les diverses sortes de vibrations.
Plusieurs des résultats que j'ai obtenus ont déjà été publiés; il me suffira
(') Le tact n'intervient (jue pour des bruits ou des sons en nombre très limité (bruit
de tambour ou de grosse caisse, coups de canon, explosion diin obus, etc.).
SÉANCE DU 17 JANVIER I921. I79
de les rappeler en quelques mois, au cours de ce travail, eu renvoyant à la
Noie parue dans les Comptes rendus.
i" Sons faibles et sons forts. — Il convient d'abord de définir ce que l'on
appelle un son faible et un son fort : en effet, lorsque l'on dit : la millième
partie d'un son fort est un son fort ; la millionième partie d'un sou fort est
un son faible, on n'est pas très bien fixé sur la valeur de l'un ot de l'autre.
Voici un fait d'expérience :
a. Un son produit, dans une sirène à voyelles, par un courant d'air, sous
une pression de -^ de millimètre d'eau est très bien entendu par une oreille
à laquelle ce son est transmis au moyen d'un tube de caoutchouc muni
d'une membrane vibrante.
L'oreille perçoit le changement d'intensité produit par une aui;montalion
de pression de ■— de millimètre d'eau; c'est un son faible, car il ne fatigue
pas l'oreille qui peut le supporter plusieurs minutes.
h. Si le son, dans les mêmes conditions, est produit par une pression d'air
de iD™" d'eau, souvent il ne peut être supporté par l'oreille que pendant
60 secondes au plus : cest un son fort; mais une variation brusque de pres-
sion de I de millimètre d'eau est encore perçue.
L'oreille peut donc enregistrer des variations très faibles d'intensité, que
le son soit faible ou fort, mais quand le son est fort, l'oreille se fatigue très
vite.
2° Sons justes et sons faux. — a. Un son simple n'est jamais faux, quel
que soit le nombre de vibrations qui le produit; par conséquent, il n'est
nullement nécessaire que ce son représente une note de la gamme.
b. Un son complexe est juste lorsque le son fondamental est en rapport
harmonique avec les sons composants; il est faux dans le cas contraire.
L'oreille est excessivement sensible aux sons faux, et ne peut les sup-
porter, tandis qu'un son juste, n'étant pas désagréable, ne produit pas le
rétlexe de défense, il faut souvent l' écouter pour r entendre.
Si l'attention fait défaut, ce qui est fréquent, le début du son n'est signalé
qu'un certain temps après son apparition. Donc le seuil de r audition est
beaucoup plus rapidement atteint pour les sons faux que pour les sons justes.
3° Sons graves et sons aigus. - Dans des Notes précédentes (')j'ai
démontré que l'oreille était beaucoup plus sensible aux sons aigus qu'aux
sons graves; par exemple, si la voyelle synthétique i émise sur la note ul-
(') Comptes rendus, t. 140, igoS, p. 87.
l8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
est entendue à 70'", pour la transmettre à i25"\ il suffit a une énergie
100 fois plus faible si elle est émise sur la note /«"; il en est de même pour
les autres voyelles.
De telle sorte que si l'on prenait comme abscisses les diverses notes,
comme ordonnées les diverses pressions d'air correspondant à chaque son :
l'acuité auditive normale, pour des sons de hauteur ditTérenle, ne serait
pas représentée par une ligne horizontale.
Ceci est vrai quel que soit le timbre : une même voyelle est mieux
entendue sur une note aiguë que sur une note grave, mais il est vrai de dire
que certaines voyelles sont mieux entendues que d'autres émises avec la
même énergie parce qu'elles contiennent des harmoniques plus aigus.
4. Transmission des vibrations. — Quand on transmet les vibrations à
l'oreille par un tube muni d'une membrane vivante, on peut à volonté
diminuer ou augmenter l'énergie avec laquelle les sons agissent sur l'oreille
en faisant varier la nature du tube. Un tube métallique transmet les vibra-
tions avec toute leur énergie; un tube en caoutchouc en absorbe une partie
d'autant plus grande que ses parois sont plus minces.
Une application intéressante est la suivante : on peut à volonté augmenter
ou diminuer la force d'un tube acoustique en le composant de deux parties :
l'une, métallique, l'autre en caoutchouc, pouvant coulisser l'une dans l'autre.
Le maximum de force a lieu quand le tube métallique est seul, le minimum
quand c'est le tube de caoutchouc.
5. Bruits, vibrations musicales et parole. — L'oreille peut percevoir trois
sortes de vibrations : les bruits, la musique et la parole, et chaque oreille
est inégalement sensible à chacune de ces sortes de vibrations.
J'ai montré antérieurement que cela tenait aux différents centres céré-
braux auxquels arrivent les terminaisons du nerf acoustique (').
Celte différence de sensibilité est assez difficile à mettre en évidence dans
l'oreille normale; elle est au contraire très facile à dépister dans les sur-
dités consécutives aux méningites cérébro-spinales. Ces sujets, en effet,
arrivent souvent, après rééducation, à percevoir d'abord les bruits, puis la
musique et en dernier lieu la parole; c'est comme s'ils possédaient trois
oreilles distinctes, chacune étant sensible à une sorte de vibration et il
n'est pas rare de trouver des sujets n'entendant pas la parole et percevant
très nettement le faible choc d'un crayon sur une table.
{') Comptes rendus, t. IVl, iQoS, p. 782.
SÉANCE DU 17 JANVIER I921. 181
Conclusions. — i" Dans les recherches acoustiques quand on emploie
'oreille connue récepteur, il fant déterminer le coefficient auditif de chaque
écouteur, c'est-à-dire son acuité audilive pour les diverses vihrations : un
;ujct qui n'a pas la même acuité pour les deux oreilles ne peut déterminer
a direction d'un son.
■2° (^uand il s'agit de vihrations très énergiques, on doit s'arranger de
açon à diminuer leur intensité, car si l'œil est éhloui par une lumière trop
vive, l'oreille est assourdie par un son trop intense et l'on ne peut plus se
fier aux indications qu'elle fournit.
3° L'oreille entend mieux les sons aigus que les sons graves.
![" L'oreille est très sensihle aux sons faux; on n'a donc pas besoin de les
écouter pour les entendre.
PHYSIOLOGIE. — Rccherclies cxpêi-iincnlales sur le coloslrnm.
Note de M^L Ch. Porcher et L. Panisset, présentée par M. E. Roux.
L'étude histologique du colostrum a depuis longtemps montré que ce
produit renferme, à côté des globules graisseux, constituants normaux du
lait, des éléments mùriformes : les corpuscules de Donné. Malgré les nom-
breuses recherches dont ceux-ci ont été l'objet, on est encore loin d'être
d'accord sur leur signification.
Les recherches, notamment de Duclert, de Bab, de Weill et Thévenet,
confirmalives de celles de Czerny, tendent cependant toutes à établir que
les corpuscules de Donné sont des leucocytes chargés de gouttelettes grais-
seuses. La plupart des expérimentateurs ne sont d'ailleurs arrivés à cette
conclusion qu'au prix des difficultés de l'étude histologique, et avec les
incertitudes de toute découverte basée seulement sur la morphologie.
A la lumière des idées et des travaux de l'un de nous (') sur la rétention
du lait dans la mamelle, il nous a paru qu'il devenait facile de se faire une
opinion sur ce qu'était le colostrum, sur ce à quoi il correspondait au point
de vue général des réactions biologiques.
Le colostrum est, au premier chef, un produit de rétention. Pour nous, le
fonctionnement physiologique de la cellule mammaire n'a pas deux manières
différentes de s'exprimer et nous estimons qu'il n'est pas exact, au fond, de
dire que la mamelle, avant le part et dans les quelques jours qui suivent,
(') Ch. Porcher, La rétention lactée {Comptes rendus.^ i. 170, 1920, |). 963, et
Arch. de Méd. des Enfants, octobre et novembre 1920).
l82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sécrète du colostrurn; c'est du lait qu'elle donne, mais du lail dont nous
n'avons qu'une image déformée par des actions pha^ocytaires; en d'autres
termes, le cotostrum est un relùiual de phagocytose d\in lait antérieurement
produit .
Le lactose, le plus abondant des crislalloïdes, est résorbé rapidement, et
il nous suffit d'invoquer les lois de l'osmose, pour on comprendre la dispa-
rition; mais l'élimination plus difficile, plus lente, des colloïdes (matières
protéiques) qui sont en pseudo-solution et des globules gras, insolubles,
qui sont en suspension, réclame l'intervention des leucocytes.
Nous avons créé expérimentalement des conditions qui correspondent à
celles que réalise la rétention intra-mamniaire en injectant du lail stérile
dans le péritoine du cobaye. Nous avons noté la série régulière des pbéno-
mènes souvent observés : résorption de la partie liquide du lait, disparition
rapide du lactose, dépôt en divers points de la séreuse, au milieu d'un
liquide visqueux, d'amas irréguliers, allongés ou en plaques, assez sem-
blables à de la fibrine coagulée, mais qui sont en réalité uniquement cons-
titués par des leucocytes collés les uns aux autres.
Au premier examen, il semble qu'il faille établir une diflérence essen-
tielle entre le colostrurn et ce que donne l'injection intra-périlonale de lait
chez le cobaye. En réalité, il n'y en a pas; le processus qui intervient dans
l'attaque du lait est le même dans les deux cas et, seule, la difîérence des
milieux imprime une distinction facile à comprendre. Dans la mamelle,
une sécrétion faible, mais continue, alimente sans cesse la phagocytose, et
c'est pourquoi, dans le colostrurn, on trouve toujours de la caséine et du
lactose; dans le péritoine, il n'y a pas de mouvement sécrétoire centrifuge
et la phagocytose joue seule; le lactose disparaît très rapidement et totale-
ment puisqu'il n'est pas renouvelé et l'intervention des leucocytes s'exerce
largement et facilement.
L'étude histologitpie des dépôts péritonéaux faisant suite à l'injection de
lait nous a montré que les leucocytes sont des poly- et des mononucléaires.
Les polynucléaires prédominent quand le prélèvement est fait quelques
heures ((> à 7) après linjeclion de lait, alors que ce sont les mononucléaires
qui sont les plus nombreux quand les animaux sont sacrifiés au bout de
2/1 heures. Mais qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre variété des leucocytes,
toutes deux se montrent capables d'englober les globules graisseux du lait
injecté. Les globules gras ne sont pas toujours distribués régulièrement
dans le leucocyte, (juelquefois ils sont peu nombreux; d'autres fois, ils les
bourrent au point d'en masquer le noyau, et les leucocytes ont alors tout à
SI' ANGE DU 17 JANVIER 1921. l83
fait l'aspect des corpuscules mùriformes de Donné, tels qu'on les rencontre
dans le coiostruin. On peut, de plus, constater que des globules graisseux,
en général des plus gros, par conséquent plus difficilement phagocytahles,
circulent librement entre les corpuscules de Donné complètement formés
ou plus ou moins remplis de globules graisseux plus petits.
11 devenait intéressant de voir ce que donnerait l'injection intrapérito-
néale de lait bomogénéisé dont la matière grasse est fragmentée en globules
si petits qu'ils ne montent plus à la surface pour faire crème. Dans ces con-
ditions, L'englobeinenl total de la graisse est réalisé, les globules butyreux,
du fait de leurs très faibles dimensions, ont tous été phagocytés; il n'y en
a plus un seul circulant en liberté entre les corpuscules de Donné bourrés
de graisse, parfaitement mûriformes et très finement granuleux; mais que
le px'élèvement soit fait tôt ou tard (même après 17 heures de séjour dans
le péritoine), ce sont toujours les polynucléaires qui prédominent, ce sont
eux surtout qui ont englobé la graisse et qui se sont mués en corpuscules
de Donné. Des mononucléaires sont également présents chargés aussi de
globules gras et mûriformes, mais ils sont toujours moins nombreux que
les polynucléaires. Celte prédominance nette et constante des polynu-
cléaires nous parait devoir être rapportée aux dimensions fort minimes
qu'ont les globules gras dans le lait homogénéisé; les polynucléaires rem-
plissent à l'égard de ceux-ci leur rôle préférentiel de microphages.
Cette constatation nous semble devoir apporter un argument de grande
valeur dans la question souvent discutée de savoir si les corpuscules de
Donné sont des mono- ou des polynucléaires. A notre avis, les deux grandes
variétés de leucocytes sont susceptibles d'intervenir ici; le rôle le plus
important est toutefois dévolu aux mononucléaires qui paraissent être les
agents des résorptions lentes et de la défense durable, comme c'est le cas
avec le produit de sécrétion lorsqu'il séjourne dans la mamelle.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des radiations lumineuses sur Vazotobacter.
Note (') de M. E. Kayser, présentée par M. P. Viala.
Dans une Note précédente (") nous avons fait voir que l'azotobacter
était sensible aux diverses radiations lumineuses, et que c'étaient surtout
les radiations jaunes qui favorisaient la fixation de l'azote.
(') Séance du 10 janvier 1921.
{-) Comptes rendus, l. 171, 1920, p. 969.
I04 ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous nous sommes demandé si celte propriété se maintenait constante
pendant une série de générations et, par suite, comment se manifestait
l'action lumineuse vis-à-vis de générations de différents âges cultivées, tou-
jours dans les mêmes conditions d'éclairage et provenant de la même
origine.
Le milieu de cultuie employé contenait i,8i pour loo de glucose et i.agS pour loo
de niannite, et était additionné des sels minéiaux habituels; les cultures étaient faitus
dans des vases coniques, en faible épaii-seur de liquide, placées dans des conserves
jaunes, vertes et bleues ; comme conijjaraison, deux, cultures étaient placées à la
lumière blanche et deux autres maintenues à l'obscurité; la température constante
était 27°; l'analyse a été faite après trois semaines. Le glucose a été dosé par la mé-
thode Bertrand, la teneur en raannile déterminée par dilTérence à l'aide des extraits;
l'azote a été dosé par la méthode Kjeldalil dans la masse microbienne recueillie sur
filtre taré et dans les liquides de culture. Les poids microbiens obtenus diil'éraient
dans des limites allant de 25™s à Go""»', toujours en faveur de la troisième génération,
sauf pour les cultures des conserves jaunes où la différence n'était que de 4'"^.
D'une façon générale, toutes les cultures de la sixième génération étaient d'un
jaune plus pâle ; les cultures des conserves jaunes présentaient seules la couleur jaune
du li(tuide avec reflets verdùtres.
Couleur.
Noire,
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Jaune.
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pour 100
pour 100
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total.
fourni.
totale.
fom-iiie.
(U'i'ruits.
fixe.
consommé.
1.2795
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L'expérience apprend (jue la ipianlilé lolale d'azote assimilé a été ton-
jours plus forte avec la troisième génération, le taux varie avec la colora-
tion à laquelle la culture clail soumise; la différence, très élevée pour la
luiiiièrc blanche, entre les deux générations est lelativcnienl faible pour le
jaune et le bleu. On constate d'ailleurs qu'avec le nombre de générations,
les cultures de la lumière blanche se colorent de moins en moins et de plus
SÉANCE DU 17 JANVIER 1921. l85
en plus lentement, la coloration persiste dans toutes les autres couleurs
avec des nuances variées.
L'azote fixé par unité d'hydrate décomposé est minimum dans le jaune
où le microbe travaille le moins économiquement; le pouvoir assimilateur
a surtout diminué, avec la sixième génération poui- le vert, le blanc et le
noir.
Il est à noter que la proportion de glucose brûlé est toujours plus élevée
pour la troisième génération, sauf pour le bleu; nous remarquerons éga-
lement que, par cette couleur, la sixième génération a détruit plus de
mannite que la troisième génération.
Le taux des hydrates brûlés est le plus élevé pour les cultures exposées à
la lumière blanche et jaune, il est minima pour le vert; en présence du
glucose, la mannite n'y a été que faiblement attaquée; c'est encore pour
cette couleur que la différence entre le taux d'azote total fixé par les deux
générations est bien plus élevé que pour le bleu et le jaune.
Des expériences en cours nous renseigneront sur le point de savoir s'il y
a moyen de faire acquérir à la bactérie, ayant subi l'influence des radica-
tions lumineuses, ses anciennes propriétés, voire même les renforcer; elles
nous montreront en outre jusqu'à quel taux, on pourra diminuer le pou-
voir assimilateur de cette bactérie.
MICROBIOLOGIE. — Su/- l'iidsorptioii du virus aphteux.
Note de MM. H. Vallée et H. Carisé, présentée par M. E. Uoux.
Des recherches déjà fort anciennes sur l'anémie infectieuse du cheval et
la maladie des jeunes chiens nous ont permis de constater qu'à l'exemple
des toxines microbiennes les virus filtrants sont susceptibles d'adhérer à des
corpuscules de très petites dimensions, mis en suspension dans les liquides
qui les supportent.
Nous avons poursuivi ces études sur le virus aphteux et constaté qu'il
jouit de cette même faculté.
Si au liquide obtenu par liltration sur bougie Chamberland L, d'un
broyage d'épithélium aphteux en eau physiologique, on ajoute une quantité
convenable d'hématies de bœuf lavées, celles-ci, après agitation et contact
de quelques instants, fixent en abondance les éléments encore inconnus de
la virulence aphteuse.
Lavées plusieurs fois à l'eau physiologique et reprises par centrifugation.
l86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les hématies ainsi traitées conservent leur virulence. Inoculées sous la peau
à des bovidés, elles déterminent chez ces sujets l'évolution de la fièvre
aphteuse sous une forme classique.
I^'expéricnce peut être répétée avec le même succès en utilisant comme
éléments adsorbants des corps microbiens, tels que le pneumocoque et le
staphylocoque.
Il était légitime d'admettre que, fixé ainsi qu'il vient d'être dit, sur des
éléments figurés, le virus aphteux devenait susceptible, en certaines condi-
tions, d'une phagocytose totale. L'expérience n'a pas ruiné cet espoir.
Tardivement phagocytées lorsqu'elles sont d'extraction récente, les
hématies lavées sont au contraire rapidement reprises par les cellules
blanches lorsqu'elles sont tuées par un séjour de /^8 heures à la tem-
pérature de o" à + 2°. Sous cette forme dernière, chargées de virus dans
les conditions précédemment énoncées, elles reproduisent encore la fièvre
aphteuse par inoculation sous-cutanée pratiquée même à faible dose. Elles
ne la déterminent plus par inoculation intra-veineuse de quantités beau-
coup plus considérables.
De même, des bactéries tuées, sensibilisées par un sérum approprié,
éléments facilement phagocytés, chargées de virus aphteux par adsorplion
et inoculées à poids précis dans les veines de bovidés sensibles, ne pro-
voquent point l'évolution de la fièvre aphteuse, tandis que celle-ci succède
à l'inoculation sous-cutanée moins favorable à une phagocytose rapide et
totale du virus.
Il va sans dire qu'il est une limite au phénomène et que des doses 5o et
loo fois supérieures de virus adsorbé se montrent pathogènes, quel que
soit le mode d'inoculation choisi.
Selon les doses utilisées encore et alors même que la phagocytose du
virus adsorbé est totale, l'opération provoque ou non l'évolution d'une
poussée fébrile sans apparition de symptômes aphteux.
Une seule inoculation de virus adsorbé, effectuée en ces conditions, ne
suffît malheureusement point à immuniser les animaux soumis à l'expé-
rience. Ainsi se trouve confirmée cette constatation, faite depuis longtemps
déjà avec MlVl. Nocard et Koux, de la nécessité de l'évolution d'un aphte
au moins pour l'obtention d'une immunité antiaphlcuse appréciable.
Les faits indiqués en cette ÎSote nous paraissent devoir être féconds en
leurs conséquences. Ils montrent avec quelle prudence il faut conclure à
l'existence de virus intra-globulaires dans les infections au cours desquelles
le microscope ne révèle point avec évidence la présence dans les hématies
SÉANCE DU 17 JANVIER i^^l . 1H7
d'un élément anormal indultilable. Ils permettront d'obtenir pour diverses
maladies dues à des virus filtrants des suspensions pliagocylabics propres
à des tentatives d'immunisation encore irréalisables. Ils faciliteront enfin,
dans les mêmes conditions, la préparation de virus sensibilisés.
.Nos recherches se poursuivent sur ces données, mais il nous a paru sage
de livrer, sans plus tarder aux chercheurs, un élément d'études que certains
utiliseront avec profit.
C03IITE SECKET.
La Section de Médecine et Chirurgie, par l'organe de son IJoyen, pré-
sente la liste suivante de candidats à la place vacante par le décès de
M. Guy on :
En première ligne, ex cequo el par ordre j MM. Pierre Bazy
alphabétique ( Pierre Delbet
( MM. «Iean-Louis Faure
En seconde ligne, ex œquo et par ordre ] Henri Hartmann
alphabétique j Félix Legueu
[ Théodore Tuffier
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
A 16 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 18 heures et demie.
A. Lx.
l88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 29 novembre 1920.)
Note de M. Richard Birkeland, Résolution de l'équation générale du
cinquième degré :
Page 1049, ligne 2, au lieu de ^t=^ — i^c^, lire [3i = — ('4^''.
(Séance du 27 décembre 1920.)
Note de M. liicliard liirkcltind, Résolution de l'équation algébrique géné-
rale par des fonctions hypergéomélriques de plusieurs variables :
Page 1371), formule (2), au lieu de ^/^v'-U\<li' . . . l'u's^' , lire ix''^"+ l^'H'- ■ ■ If/L'i ;
ligne 22, au lieu de la somme — /,. étendu?, lire la somme l,-,, étendue; ligne 24. au
lieu de kl, /il, . . ., /.„-i =0, i , 3, . . ., « — 2, lire Zi, ^2» • • ■> "''-n-i =; o, i, 2, . . ., /( — 2 ;
ligne 26,
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ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 24 JANVIER 1921.
PRESIDENCE DE M. Georges LEMOINE.
IJIEMOIRES ET COMMUIVICATIOîVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Président s'exprime
en ces termes :
J'ai la douleur d'annoncer à l'Académie des Sciences la mort de notre
confrère M. Georges Himbeut.
Depuis longtemps, nous ne le voyions que rarement à nos séances. Son
état de santé l'avait obligé à vivre la plus grande partie de l'année à la
campagne. Depuis deux mois environ, sa maladie s'étant aggravée, il s'était
réinstallé à Paris. Il y est mort avant-hier, 22 janvier 1921, soutenu dans
de très pénibles souffrances par sa foi chrétienne dans une vie meilleure.
M. Humbert était né à Paris le 7 janvier iHSq. Il était entré le premier
à l'Ecole Polytechnique en 1877 et en était sorti dans le corps des Mines.
Il avait passé une thèse de docteur es sciences en i885. Prof'jsseur à
l'Ecole des Mines, il était devenu ingénieur en chef, puis inspecteur général.
En même temps, il était entré dans le corps enseignant de l'École Polytech-
nique, sur la présentation des Conseils : répétiteur en 1884, il était devenu
professeur d'Analyse en i885. Très aimé de ses élèves, il leur faisait
comprendre les questions les plus difficiles; ses leçons étaient des modèles
de clarté : il les a réunies dans un livre très apprécié.
M. Humbert était également professeur au Collège de France depuis
1912, époque de la retraite de M. Camille Jordan qu'il avait suppléé
pendant plusieurs années.
Porté de très bonne heure sur les listes de présentation de la Section
C. R., 1921, 1" Semestre. (T. 17Î, N» 4 ) ^4
igo ACADEMIE DES SCIENCES.
de (jéomélrie, il avait été élu membre de l'Acadcinie des Sciences le
18 mars 1901.
L'œuvre mathématique de M. Ilumberl est très considérable el très ori-
ginale. J'éprouve, je l'avoue, beaucoup d'embarras à essayer d'en rendre
compte : on sait qu'aujourd'hui les mathématiques ont atteint une éléva-
tion extraordinaire au-dessus des enseignements classiques de nos grandes
écoles ou de la licence es sciences, élévation presque impossible à atteindre,
même pour ceux qui n'ont pas perdu contact avec ces disciplines de spécu-
lation pure d'un si vif intérêt pour leur jeunesse. Le témoignage de nos
confrères les plus compétents peut cependant en donner une idée générale.
Les Mémoires de M. Huuibert se rattachent à la fois à l'analyse et à la
géométrie et traitent principalement de la théorie des courbes el des sur-
f ices algébriques. L'un de ses premiers travaux a consisté à exprimer sous
une forme précise et explicite les conditions pour qu'une intégrale abélienne
ait une valeur algébrique. Vinrent ensuite des compléments importants et
féconds à la théorie des surfaces cyclides.
Mais c'est surtout sur le théorème d'Abel que se sont dirigées les
recherches de notre confrère. Certains systèmes de diflérenlielles algé-
briques ont une somme rationnelle. Il fallait déterminer la valeur elîeclivc
de cette somme. M. Humbert a trouvé une transformation qui y conduit
facilement. De nombreuses conséquences en sont résultées.
On remarque encore uue longue série de recherches sur l'application des
transcendmtes à la géométrie. Les monographies qui se rattachent à ces
questions sont, dit-on, des modèles d'élégance et de clai'té.
En 1892, le prix Bordin avait été décerné à M. Humbert pour les appli-
cations de la théorie générale des fonctions abéliennes à la géométrie.
L'auteur compléta par deux Mémoires d'une très grande valeur celui qui
avait été couronné.
Le travail le plus remarquable peut-être de M. Humbert est relatif aux
transformations singulières des intégrales hyperellipliques el aux multi-
plications complexes qui en résultent. M. Hermite, dans un Mémoire
célèbre, avait indiqué toutes les transformations possibles des intégrales
hyperelliptiques lorsque les périodes restent arbitraires; mais si elles sont
reliées par certaines relations spéciales, de nouvelles transformations
peuvent être réalisées ; c'est ce qu'a montré M. Humbert.
L'importance de toutes ces publications est établie par l'impulsion qu'en
a reçue l'arithmétique supérieure.
SÉANCE DU 24 JANVIER I92I. igi
Depuis son éleclion à l'Académie, M. Humbert, toujours dominé par
raltrail de la recherche malhémali(iue, n'a [)as cessé sa production scienti-
fique: il s'est occu[)é surtout des formes quadratiques et des dévelop[)e-
ments en fractions continues.
Cette poursuite constante de la vérité abstraite était jointe chez
M. Humbert à une grande élévation d'idées sur les problèmes de la vie.
Elles l'ont soutenu au milieu des vicissitudes de l'existence aussi bien que
les affections dont il était entouré. D'un caractère charmant, il n'avait que
des amis dans tous les milieux auxquels il se trouvait mêlé. Pour ma part,
j'éprouve un grand chagrin à voir disparaître l'un des plus aimables repré-
sentants de la génération qui me suit, l'un de nos plus éminents élèves de
l'Ecole Polytechnique, sous tous les rapports un modèle pour les jeunes qui
viennent après nous.
Une des grandes satisfactions de M. Humbert avait été de voir son fils,
sorti également de l'Ecole Polytechnique, s'adonner comme lui à la
recherche mathématique, fixer sa vie par un excellent mariage et devenir
professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier; malheureusement
atteint en même temps que son père d'une maladie très sérieuse, il n'a pu
assister à ses derniers moments.
A la digne veuve de notre confrère si aimé et à ses enfants, j'otfre au nom
de l'Académie des Sciences l'expression attristée de nos plus vifs regrets et
le témoignage de notre profonde sympathie.
La séance sera levée en signe de deuil aussitôt après l'éleclion d'un
membre de la Section de Médecine et Chirurg-ie.
M, André Blondel informe l'Académie qu'une cérémonie commémo-
rative du centenaire des découvertes fondamentales d'A.MPÈRE en électro-
dynamique vient d'avoir lieu au village d'Ampère (États-Unis). L'Aca-
démie était représentée par M. MaiUoiix.
GÉOLOGIE. — Sur Vâge des phénomènes de charriage dans les montagnes
de Gigondas ( Vauduse). Note de MM. Pierre Tehmier et Lêoace Joleaud.
Les montagnes de Gigondas dessinent au sud-ouest du Ventoux plusieurs
lignes de crêtes, où l'érosion a sculpté, dans des barres de calcaires juras-
ig2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
siques parfois dressés verlicalemenl, toute une série de drntclles et à'' aiguilles,
telles que le rocher du Turc(63o"'} et la pyramide de Saint-Amand (734"').
Leur modelé, au profil hardi et profondément déchiqueté, contraste avec
l'aspect tabulaire des plateaux du Languedoc et avec la physionomie mas-
sive des chaînons du Dauphiné et de la Provence.
La géologie de ces montagnes a fait l'objet de nombreux Mémoires de
stratigraphie. M. Léenhardt (') en a donné une excellente description, plus
spécialement des terrains jurassifjues et crétacés : marnes du Callovien et
de rOxfordien, marno-calcaires de l'Argovien et du Rauracien, calcaires
lités du Séquanien et du Kimméridgien inférieur, calcaires massifs du
Kimméridgien supérieur et du Porllandien, calcaires marneux du Berria-
sien, marnes du Valanginien moyen, calcaires du Valanginiensupérieuretde
l'Hauterivien. F, Fontannes (-) a esquissé la succession des terrains oligo-
cènes et miocènes, dont l'étude a été reprise plus tard par l'un de nous (') :
calcaires à empreintes de Poissons, marnes multicolores et gypses du
Sannoisien, sables et calcaires à Mclanoides Laurœ du Stampien, mollasse
marneuse de l'Aquitanien, mollasse calcaire du Burdigalien, argiles et
grès de l'Helvétien.
Indépendamment de ces diverses formations, les montagnes de Gignndas
présentent, surtout au Sud-Est, de larges affleurements d'autres terrains,
que M. Léenhardt a réunis sous le nom à'/iorizon de Suzelte. F. Fontannes
a figuré ce complexe sur la feuille Orange, de la Carte géologique détaillée,
avec la notation e'~'. Depuis, l'un de nous a montré qu'il y a, là dedans,
non seulement de l'Eocène, mais aussi du Trias ('). Le Trias est beaucoup
plus développé que T l'Eocène. Quand ces deux terrains se touchent, leur
contact est anormal.
L'Eocène est surtout développé dans le pays raviné et boisé qui s'étend
au nord du Petit-Montmirail, des Petites-Eaux et de Beaumes-de-Venise.
Il est en parfaite continuité avec TOligocèno, comme le montre, par
exemple, la coupe du ravin des Crotles, où nous avons observé, sous le
Sannoisien, une épaisseur de j*iusieurs centaines de mètres de sables, de
(') Étude géologique de la région du !\Ioiit-Venloux, i883.
(-) Le groupe d'Aix dans le Dauphiné, la Provence et le lias Languedoc, ifSS.">.
p. 35-53.
(^) L. Joi.KAUi), ('amples rendus, t. l'iV, nji>;, p. 3'|5, el l. 1V3, p. li.io; liull. Soc.
géol. l'rance. t. 8, igoi^», p. 4'! Géologie du Coniiat, Terjiiiiis néogéiies, l. ii, 1912,
pi. III, lig. 21.
(' ) L. JOLEAII), loC. cil.
SÉANCE DU 24 JANVIl-R 1921. igS
grès, d'argiles et de conglomérais. Des bancs calcaires, qui s'intercalent
vers la partie inférieure de cet ensemble, sont sans doute l'équivalent des
calcaires à Planorhis pseiido-ammoniiis de la région. Ce Gastropode a,
d'ailleurs, été signalé par F. Fonlannes (') à la grange Peyrier, dans un
vallon à l'est de Suzette. La série éocène de Gigondas se continue sur le
revers sud-occidental du Ventoux, où elle présente également, entre
Grillon et Jocas, des calcaires dont la position straligraphicjue ne laisse pas
de doute sur leur âge lutélien. 11 semble donc très probable que la série
dèlrilique, ai'ec irilercalalions calcaires vers la base, da rai'in des Crottes, cor-
respond à r Éocène moyen et supérieur.
Le Trias est surtout développé au sud-est des barres jurassiques, depuis
Souiras et Urban jusqu'au pied de l'arête calcaire burdigaliennc qui
entoure la cuvette de Malaucène. Ce terrain est constitué par des cargneules
et dès argiles, auxquelles sont associés localement des gypses et des cal-
caires dolomitiques jaunâtres en plaquettes. Sa couleur générale, jaune ou
rougeàtre, contraste avec le gris noir de l'Oxfordien et avec le blanc du
Jurassique supérieur.
A droite et à gauche du chemin de Lafare à Suzette, ce Trias repose, par
une surface de contact presque horizontale, sur les marnes du Callovo-
oxfordien : vers sa base, on observe fréquemment des mylonites, qui se
lient intimement aux cargneules. La superposition constante de ces forma-
lions au Jurassique avait induit en erreur MM. Léenhardt et Fontannes,
qui faisaient des cargneules le terme le plus inférieur du Tertiaire conti-
nental des montagnes de Gigondas. En réalité, cette situation stratigra-
phique apparente est simplement la conséquence du charria<j;e sur le Juras-
sique d'une nappe de Trias (-) depuis longtemps signalée par l'un de nous (' ).
L'épaisseur du Trias charrié est souvent supérieure à 100"'; elle peut
atteindre Soo". Il repose indifféremment, avec une allure transgressive,
sur les divers termes, plissés énergiquement, du Secondaire et du Nummu-
litique. Des débris, parfois très gros, de calcaire portlandien, se mélano;ent,
(') Loc. cit., p. rî-^S.
(') Des roches variées y sont emballées. Ain>i M. Léenhaidl (loc. cit., p. i32) y a
indiqué des calcaires à articles d'Eiicrines de faciès iiifraliasiqiie; dans d'autres cal-
caires il a trouvé des aptychus peut-être néocomieiis. Raspail (in Léenhahdt, loc. cit.,
p. i3i,n''2)y aurait observé, dan^ des grès, des fossiles analogues à ceux d'Uchaux
(Turonien) et Rénaux. (Ibid., p. 210, n° 1), dans des calcaires, un Lychnits du Daiiien,
Cj L. JoLEAUD, Comptes rendus, t. IVS, 1907, p. i23.j.
194 ACADÉMIE DES SCIENCES.
çà et là, dans la mylonite, aux cargneules écrasées et aux calcaires triasiques
brisés.
Le charriage est certainement postérieur à l'Oligocène. La coupe donnée
par M. Léenhardt (') du coteau qui porte le village de Ciillon est particu-
lièrement instructive à cet égard : des cargneules subordonnées au conglo-
mérat miocène viennent, là, en recouvrement sur les marnes vertes avec
gypses et calcaires du Tongrien-Ludien. Ailleurs, ces terrainsse retrouvent
localement dans les replis de la nappe triasit^ue, entre Lafare, Suzette et
Malaucène : ainsi M. Léenhardt y signale dans le ravin de la Combe, au
sud-est de Suzette, l'intercalation dans les cargneules d'un lambeau d'Oli-
gocène, auquel est accolé un petit paquet de marnes oxfordiennes; plus en
amont, au-dessus de Gardon, et plus à l'Est, vers Bonfils et Cleyrier, des
marno-calcaires tongriens s'insinuent également dans la masse des car-
gneules (■). Le Trias a certainement recouvert l'Oligocène dans la plus
grande partie du massif: nous en avons, en effet, retrouvé un minuscule
affleurement sur le Tongrien, au contact du Néocomien, à l'ouest de la
grange Fabre, le long du chemin de Suzette à Malaucène.
La nappe de Gigondas a été mise en sa place avant le Miocène, comme le
montre la disposition générale des terrains au voisinage de la pyramide de
Saint-Amand. Le point culminant du massif est, en eOel. occupé par un
lambeau de mollasse burdigalienne, beaucoup plus étendu vers le Sud que
ne l'indique la carte de Fontannes. 11 s'avance, d'une part, jusque près de
Suzette, d'autre part, jusqu'à la font au Buis. Non loin de cette source, où
il avait déjà été figuré par M. Léenhardt, il repose nettement sur la nappe
triasiquc. et son conglomérat de base, plus ou moins bréchoide, en remanie
les éléments calcaires ou dolomitiquos.
En somme, la nappe de Gigondas est exactement du même âge que les
écailles de la Montagnelte, du plateau de Villeneuve-lez-Avignon, et que
les klippes d'Alais. Les mouvements tectoniques qui leur ont donné nais-
sance se sont effectués après l'Oligocène et avant le Miocène, très vraisem-
blablement entre le Chatlien et l'Aquitanien (').
La nappe de (iigondas a naturellement été affectée par les momemcnts
miocènes, qui se sont produits après V Hclvétien. Au nord de Heaumes,
MM. Léenhardt et Fontannes ont attribué à l'Oligocène des gypses incon-
(') Loc. cit., |). 17?,, fig. 3'..
(*) Lèknhardt, Inc. cit., p. i33-i.i<).
(^) P. TiiRMiEit el L. Joi.KAi'D, Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 2.'|.
SÉANCE DU 24 JANVIER I921. igS
testablomcnt triasiques. Ceux-ci, au sud du moulin de Mitre, sur la rive
droite du ruisseau de Salelte, viennent directement en contact avec la
mollasse à Peclcn Dmidi, dont les. couches sont fortement redressées,
Lors(}u'on suit la crête burdigalienne vers l'Ouest, on voit s'intercaler
i;raduellement, entre le Miocène et le Trias, une série d'assises subverti-
cales correspondant aux différents termes de l'Oligocène l't de l'Eocène qui
ont été coupés en biseau par la nappe : au contact de l'Eogène et du Trias
se développe une plus ou moins grande épaisseur de brèches. Des mouve-
ments posthumes ont d')nc fait ici déborder la nappe liiasique qui a
redressé rÉogène et renversé sous elle le Miocène, par suite de la poussée
au vide, depuis le \oifinage de Beaumes jusque près des Crottes. Le Néo-
gène demeure au contraire faiblement incliné en dehors du massif, dans la
plaine de Carpentras notamment. Des faits analogues s'observent aussi
bien au Nord-Ouest, près de Gigondas, qu'au Nord-Est, en bordure de la
cuvette de Malaucène.
Nous avons dit que le manteau de la nappe triasique qui s'étale de
Suzette au moulin de Mitre a recouvert indifféremment les divers étages
du Jurassique, du Crétacé inférieur, de FEocène et de l'Oligocène. Les
mouvements tectoniques qui ont donné naissance à celte nappe ont repris
dans les replis de la nappe des lambeaux du substratum. Ils n'ont cependant
pas modifié profondément les dislocations de l'Auloehtone, dont l'orienta-
tion se retrouve non seulement dans les arêtes tithoniques des Dentelles et
de La Roque Alric, mais encore dans les barres urgoniennes du Barroux.
Les relations de ces accidents tectoniques et des assises détritiques éocènes
témoignent de l'âge pyrénéo- provençal de ces plis, comme pouvait, d'ailleurs,
le faire prévoir leur direction WSW-ENE : les conglomérats si développés
aux abords de Crillon, au pied de la terminaison occidentale du Ventoux,
correspondent slratigraphiquement et tectoniquemenl aux poudingues de
Palassou du re\ers nord des Pyrénées.
Le pli Ventoux-Lure, magistralement décrit par ALM. Léenhardt et
Ivilian. serait donc un pli provençal de direction générale Ouest-]'>st, ayant
rejoué après le Miocène. De même les écailles de la Montagnelte et du
plateau de Villeneuve-lez-Avignon sont formées par le groupement de plis
provençaux Ouest-Est que recoupent obliquement les surfaces de charriage
d'Aramon-Saint-Pierre-du-Terme, des Bouisses, etc.
L'ensemble de la nappe trinsique de Gigon las et de son substratum affecté
par les dislocations provençales a été aussi replissé lors de la p/iase alpine..
Celle-ci s'est traduite, non seulement par une remise en mouvement de la
igC> ACADÉMIE DES SCIENCES.
nappe, mais aussi par une accentuation des dislocations WSW-1m\E et
par une surélévation du vaste bombement elliptique à grand axe Nord-Sud
Vaison-Gigondas : le Burdigalien a été ainsi porté au centre du massif
jusqu'à la côte 734, tandis qu'à la périphérie les difTérents étages miocènes,
y compris le Pontien, dessinent des auréoles concentriques que recoupent
transversalement les affleurements de Pliocène marin.
En somme, trois îèries de mouvements tectoniques se sont succédés dans les
montagnes de Gigondas : i" la pliose des plissements pyrénéens W SW'-ENE
contemporains de V Eocène moyen et supérieur ( ' ) ; 1° la phase de charriage
des nappes postérieure à COligocéne (^Chatlien) et antérieure au Miocène (Aqui-
tanien)\ 3° la phase des mouvements alpins, datant du Miocène supérieur
(Pontien^ et consistant ici dans la surrection d'un dame allongé du Sud au Nord
avec renversement local, en quelques points de sa périphérie, des terrains anté-
miocènes sur le Miocène lui-même. Dans ce dernier mouvement, il y a eu
glissement de la couverture miocène sur les terrains plissés sous-jacents ;
et c'est ainsi qu'au sud de Suzette, on peut voir, traînant sur le Trias, et
sur les mylonites triasiques, des lambeaux d'une autre mylonite, bien plus
récente, à débris, pêle-mêle, de Burdigalien et de Portlandien.
OPTIQUE. — Sur un théorème d'optique géométrique, et son application
au.v systèmes de prismes. Note (') de M. G. Gouv.
1. Dans divers systèmes optiques, on peut trouver aisément la marche
des rayons et des ondes jiour un certain faisceau, que nous appellerons
privilégié, tandis que les autres faisceaux présenlenl plus de difficultés.
Nous allons montrer que, de la connaissance du faisceau privilégié, on peut
déduire les propriétés d'un faisceau peu difl"érent, par une construction
très simple.
Nous considérons un système formé de corps homogènes (^), qui
(') Ce plissemenl WSW-ENKa élé e.vlrèinemenl énergique : il consiste en des plis très
aigus dans une série anlérieuremenl afleclée par des glissements élémentaires et où
beaucoup d'étages avaient élé sujjprimés, du fait de ces glissements. Les conlacts des
divers étages du Jurassique et du Crétacé sont presque tous anormaux.
(*) Séance du 17 janvier 1921.
{'■') Celte condition de riiomogénéilé n'est pas nécessaire, comme on le verra en
suivant la démonstration; il suffit que les propriétés optiques ne varient pas rapide-
ment d'un point à un autre. Nous l'introduisons pour ne pas compliquer l'exposé
inutilement.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1921. I97
peuvent être anisolropes, dont les surfaces utilisées n'ont ni discontinuités
ni rayons de courbure très petits. La lumière est liomogcne; le faisceau
incident et le faisceau émergent sont dans des milieux isotropes dont les
indices sont //, et n.^.
Considérons, à Torigine du temps, um- onde incidente \, et l'un de ses
rayons R, ; soient A^ l'onde émergente correspondant au temps t, et R. la
continuation du rayon R, (' ). Soient C, le point de l'onde V, qui est
sur R|, et Cj le point de l'onde A, qui est sur R^.
Considérons, à l'origine du temps, une autre onde a^ ; soit D son inter-
section avec R, ; posons
£-Dc;.
Au temps t, Tonde correspondante est a.,\ elle coupe W..^ au point V..
Soient /> celui des rayons de Tonde «, qui passe par le point D, et r., la
continuation de ce rayon. L'angle a de R, et de /•, est supposé très petit.
Le point D est un centre d'ébranlement qui produit une onde élémen-
taire qui coupe normalement R^ en un point G, tel que CjG = î— '> et qui
est tangente en H à a.^.
L'angle des directions de R^ et de i\ n'est pas grand par rapport à a. En
effet, si nous suivons les rayons R, et 7-, dans leur marche, nous voyons
qu'à chaque réflexion ou réfraction, l'angle de leurs directions se trouve
multiplié par un nombre de grandeur modérée (-). Mous voyons de même
{') Nous donnons au mot rayon le sens e\acl qu'il possède dans la théorie de la
double réfraction.
C) Cela n'est plus vrai pour la réfraction avec émergence rasante, ni pour la réfrac-
lion conique; nous excluons ces deux cas.
igS ACADÉMIE DES SCIENCES.
que HE cl H(i sont de l'ordre de /a, en désignant par / une longueur
médiocre; le parcours dans le système n'étant pas gra-nd.
Considérons maintenant le plan qui passe par r, et par le point G, et les
intersections parce plan de l'onde a., et de l'onde élémentaire G II : soient p
et p' leurs rayons de courbure. Appelons VI la projection de l'- sur ce plan.
L'angle de Gl'> et de Gl']' est de l'ordre de a; nous pouvons donc écrire
2 \ p ù /
GE est donc de l'ordre de grandeur de a'- multiplié par une longueur
médiocre ('), et nous pourrons regarder le point G comme appartenant à
l'onde a.,.
2. Il n'y aurait rien à en conclure si les normales à A^ et à «., variaient
très rapidement avec les coordonnées du point 1"]. Mais ce n'est pas ainsi
que se pose le problème pliysique. Les ondes A, et a, sont toujours planes
ou sphériques; les surfaces des divers milieux n'ont jamais de petits i-ayons
de courbure, en sorte que GH, l"]H, p et p' varient lentement, en grandeur
et direction, avec les cooi données a^, y, z du point 1^. Par suite, J"',,v', z'
, , 1 . 1 • /. T (Mx' — -lA d(u' — .r)
étant les coordonnées du point G, on peut dire que — — r- — -> y- — >
— — > et les dérivées analogues, sont de l'ordre de — r^ ou de ny.-,
l étant une longueur qui n'est pas petite, et n un nombre de grandeur
modérée.
Supposons que la construction soit faite pour tous les points E de
l'onde (i.,-^ appelons (i\ la surface passant par tous les points G. Soient L,
et 1% deux points intiniment voisins pris sur r/., et G, et G., les points
correspondants de n\. Les coordonnées de E, et de Eo sont .r. v, sel x -\- cLi\
y -f- dy, z -^ dz\ celles de ( i , et de Go sont .r', y\ z' et
dx' , ()x' , ôx' ,
dx dy à:
et de même pour les deux autres. Ces dérivées, d'après ce que nous venons
(') Gela est vrai ruùme si o' est très petit, puismie l'anL;le — — est de l'ordre de y..
Pour éviter des coinplicalions inuliles. no;is e\ciiions le cas où o est très petit; it
siffil alors de cansidérer les ondes A, et «» dans une position plus a\ancée, loin des
foyers ou des caustiques.
SÉANCE DU 2/} .TA.NVIER 1921. 199
de dire, dilTèrent de l'iinilé par un terme de l'ordre de a-. Par suile, l'angle
des direclions des tangentes I'-, 1'. et (i, G. estdc l'ordre de a-, tt, comme F.,
esl quelconque, il en est de même de l'angle des normales de ^/., et de ^z^.
Nous pouvons donc dire que /a distance de deux ondes simii/Ui/iées de
deiiv faisceaiuv peu différents^ mesurée sur le même rayon de l'un d'eux, vaut
un même nombre île longueurs d'onde à l'entrée ei à la sortie du système, avec
une erreur du second ordre [lour les normales.
3. Nous allons envisager maintenant, comme première application, le
problème général de la vision d'un objcl un peu éloigné, à travers un sys-
tème quelconque de prismes et de miroirs plans, qui serait sans doute dif-
ficile par un calcul direct. Les constructions sont assez simples pour que
nous donnions seulement les énoncés.
Les prismes que nous considérons sont en général anisotropes; leurs
arêtes sont orientées d'une manière quelconque; le système est placé dans
rair(').
Le faisceau privilégié est un faisceau parallèle, qui resle tel dans tout
son parcours. Appelons nappe l'ensemble des rayons qui sont dans un
même plan. Lue nappe du faisceau incident reste une nappe dans tout le
parcours. Deux nappes qui, à l'entrée étaient parallèles et ix la distance /,
sont encore parallèles à la sortie et leur distance /j est proportionnelle à /, .
La section droite du faisceau privilégié incident est arbitraire; suppo-
sons, pour faciliter l'exposé, que ce soit un carré de côté <i, dont deux côtés
sont liorizontaux. La section droite du faisceau privilégié émeigent est
alors un parallélogramme. Appelons b les longueurs des côtés qui corres-
pondent aux côtés horizontaux du carré, c'est-à-dire qui rencontrent les
mêmes rayons, c les longueurs des autres côtés, et w l'angle aigu du paral-
lélogramme.
Le point P, infiniment éloigné, produit le faisceau privilégié. Considé-
rons une ligne PP' perpendiculaire à ce faisceau, et dans un plan vertical;
soit Y la grandeur apparente de celte ligne. L'onde issue de P' forme, avec
l'onde privilégiée issue de 1', un angle dièdre y, dont l'arête est un des côtés
horizontaux de notre carré. A la sortie, daprès notre construction, l'onde
( ^ ) Il esl facile d'étendre les résultats donnés plus loin au cas où le faisceau incident
et le faisceau émergent sont dans des milieux d'indices «1 et n^, comme, par exemple,
pour la vision d'un objet au fond de l'eau. Il suffit de multiplier les grandeurs appa-
rentes des images par — , et les distances des droites focales par — •
200 ACADEMIE DES SCIEN'CES.
issue de V forme, avec Fonde issue de I', un an^le dièdre y — ■ — > dont
Tarêle est un des côtés b du parallélogramme.
Ainsi la ligne PP' est vue dans une direction perpendiculaire aux côtés b
du parallélogramme ( ' ), et sa grandeur apparente est multipliée par — : — •
Si la ligne PP' était horizontale, elle serait vue dans une direction per-
pendiculaire aux côtés c du parallélogramme, et sa grandeur apparente
, .... a ,
serait multipliée par -r-.
Il est facile, d'après cela, de construire Fimage d'un objet quelconque
à Finfini, qui est à la fois tournée, déformée, agrandie ou rapetissée.
4. Ce qui précède s'applique encore quand l'objet est moins éloigné,
mais il se produit alors de l'astigmatisme. Soit un point P, sur l'axe du
faisceau privilégié, à la distance L de l'entrée du système. Considérons, sur
la section droite du faisceau privilégié, un cercle inscrit dans notre carré.
L'onde sphérique issue de P, passe par ce cercle et, à son pôle, elle le
dépasse de ny Sur la section droite du faisceau privilégié émergent, tra-
çons une ellipse tangente aux côtés du parallélogramme en leurs milieux;
par cette ellipse passent les rayons du faisceau privilégié qui ont passé par
le cercle. Soient h et k les longueurs des axes de cette ellipse. Cette courbe
est y indicatrice de la surface de Fonde émanée de P,, qui, au centre, est en
saillie de — p- Il en résulte que les deux focales virtuelles sont parallèles aux
axes de cette ellipse, et se trouvent aux distances L — et L A;-
La connaissance du parallélogramme nous donne donc tous les rensei-
gneinenls utiles sur la vision d'un objet un peu éloigné. Le faisceau privi-
légié et son parallélogramme sont déterminés si l'on connaît seulement,
dans chaque milieu, la vitesse normale d'une certaine onde plane et la
direction de son rayon (^).
L'astigmatisme et la déformation de Fimage disparaissent ensemble
(') Le sens de l'image sur celle direclioii esl donne par ce fait i|ue les arêles des
deux dièdres sont sur les cùlés du cairé el du |iarallélûgramnie cjui »e correspondent.
(') On peul s'étonner qu''il soit possible de trouver les directions d'un petit groupe
de rayons, sans connaître la forme d'un élément de la surface d'onde de ciiaque
milieu. L'examen de la construclion de lluygens nous monlre que le terme ((ui en
dépend esl du second ordre.
SÉANCE DU 24 JANVIER I921. 201
quand le parallélogramme se réduit à un carré ('). Le rapport des gran-
deurs apparentes de l'image et de l'objet est alors ^; il peut y avoir une
rotation de l'image par rapport à l'objet.
Nous examinerons, dans une autre Note, ce que deviennent ces relations
dans les cas usuels.
ÉLECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement de M. Guyoïi.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 58,
M. Pierre Bazy obtient 29 suffrages
M. Jean-Louis Faure » 12 »
M. Pierre Delbet » 10 »
M. Henri Hartmann » 5 »
M. Félix Legueu » i »
M. Théodore Tuffier « i »
Au second tour de scrutin, le nombre de votants étant 58,
M. Pierre Bazy obtient 36 suffrages
M. Jean-Louis Faure » 12 »
M. Pierre Delbet » 8 »
M. Henri Hartmann » 2 »
M. PiEBRE Bazy, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
( ') C'est le cas de la curieuse luneUe astronomique que consliui>it Amici sans len-
tilles, avec 4 prismes pareils (Hersciiel, Traité de la Lumière, t. 1, n° 153).
1 1 3 R A R V • rc]
ACADEMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° F. CounTY, Obseivtitions des orages de iC)\C) dans les départements de In
(il ronde et partie de la Dordogne. Expérience des piuagrètes électriques . (Pré-
senté par M. J. Vielle.)
2" Quelques notes surla familleLa Caille. (Présenté par M. G. Bigourdan.)
3° Annuario degli Istituti scientifici italiani, direlto dal Prof. Silvio
PivANO délia R. Università de Parma. (Présenté par M. ^ ilo Volterra.)
4° Sir Noi;m\n Lockvei; K. C. B., F. li. S. May 17, i8'3G-August 16, 1920.
M. L. Lapicque prie l'Académie de vouloir bien le compter au iiomine
des candidats à la place vacante dans la Section d'Anatomie et Zoologie
par le décès de M. i\'es Delage.
M. Léov Guillet adresse un Rapport relatif à Temploi de la subvention
qui lui a été accordée sur la Fondation Loutreud en i<)i7.
CHRONOMÉïRlE. — Les déplacements élastiques transverses du centre de
gravité du spiral cylindrique et des doublets. Note (') de M. Jules
Andrade.
I. Le déplacement Iransversc du centre de gravité du spiral cylindrique
d'étendue angulaire d'équilibre P, dans chacune des phases de sa déforma-
lion élastique, peut cire déterminé à l'apjiroximalion de ^j par la métliode
di' Résal et Caspari.
Et efTectivemcnt Caspaii, dans sa théorie du spiral Le Roy, a indiqué
pour le déplacement considéré une niéliiode ayant pour objet de fournir les
coordonnées du centre de gravité en se bornant aux termes principaux de
l'ordre de j—
Les formules proposées sont cependant inexactes, et l'erreur eût pu com-
promettre les belles conclusions du Mémoire de 187G; par bonheur, en ce
(') Séance du 10 janvier 1921.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1921. 2o3
qui concerne l'objet esscnliel de ce Mémoire, c'est-à-dire rcslimalion du
moment transmis .lu balancier d*un clironomètre à rapproximation de •rrjt
les erreurs faites sur les deux coordonnées transverses se compensent ftnalc-
inenl, et la justilicalion de la niélhode de Le lioy n'est pas ébranlée par
l'oubli de deux termes individuellement non négligeables.
If. Toutefois, comme la position précise du centre de gravité du ressoit
réglant des chronomètres importe à plusieurs applications nouvelles, je me
propose d'indiquer, par la présente Note, la rectification qu'exige le calcul
de Caspari.
L'origine des coordonnées transversesélant le pied de l'axe du balancier,
l'ave des X étant dirigé vers la projection du piton sur le plan transverse,
et enfin l'axe des Y se déduisant du premier axe par une rotation d'un
quadrant exécutée dans le sens où le spiral se ferme, nous désignerons par ;/
la rotation qui sépare la position actuelle du balancier de sa position d'équi-
libre ; l'étendue angulaire co du spiral déformé est alors P -1- ?/ ; posons, avec
les notations mêmes de Caspari,
1 -^ . ,
(1) 1 A = P (w + sincij) — ^(i — cos'aj);
j __ 4 »(i — cosoQ
(a
mais nous conserverons les termes en a et i, trop tôt négligés par Caspari.
En posant
l J, r= / ( I cos; sin : 1 ( 1 — coiz r y z ] dz,
T r f " ^ ■ \f ■ « f'\ ^
( J,= / I cosz sin ; sin c z ■ az,
1 ' ■,'„ \ 2 2 y V -I ^y
nous observons cependant que le c/ianip angulaire (Finie grution est très
gran l el que le facteur c»^ devant l'un des termes a oui) nous oblige à retenir
ces termes.
Dès lors, envisageons les coordonnées x, el y, de la projection du centre
de gravité sur le plan transverse; celles-ci sont déterminées par les for-
mules
( r = P -_ — J
(3) '' ^ "''' "
I ' — —i
Dès lors, conformément à la précaution à prendre pour le terme co- appa-
2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
raissanl dans J, ou J^, nous obtenons d'abord
l ,i-. ^ 1 1 0) — un fj) — - ',)-
(3/-) l
■ COS 'j)
I 1^' /
formules dont les termes ^co* et ;5 w- avaient été omis par Caspari, puis
finalement les formules
V.r,^— sino) H — — p(i + cosu),
[ 71= p(' — cosoO 4- ^sin'.).
III. Ces formules deviennent plus simples pour des doublets, mais
supposons d'aljord que le spiral étudié soit un spiral Le Roy, c'est-à-dire
que P = (2n±-j-, // désignant un nomjjre entier; si nous posons, en
outre, î ^ ± I, les formules (4) deviennent
( R R,, . ^
Ix, =;p£COS« H — (i — cSiii«),
/ ,>i = 7;(i4-ssin u) H — £ coi II.
I\ . Considérons un doublet sinusoïdal de deux spiraux Le Roy, le spiral
associé ayant les axes 0\o et OYo, mais comptons u positif dans le sens de
l'enroulement de fermeture du premier spiral, nous aurons pour le second
spiral à écrire les formules (5) après changement du signe de «, ce qui nous
donne pour ce second spiral
( Fl R«, . ^
i JC.,^^ jj l COi II j^(l 4- £ sin II ),
( 5 bis ) <
) R . . , R ^/
/ 7j=: j;{i — ci\n II) — — s COi II.
Y. Si le doublet a ses viroles confondues, les axes OX, et 0\.^ sont
o[)[)osés el les axes OY, et OY, coïncident, en sorte que les coordonnées ?,
et r, , du cenlre de grmiU' du doublet, rapportées aux axes du premier spiral,
seront
I ^ _ .r, — .r, ï\u
(6) I ■* ^*'
SfAXCE DU 2'i JANVIER I921. 2o5
VI. Si le doiihlet a ses viroles opposées, les axes OX, el OX^ sont
confondus, mais les axes OV, et ( )\ , sont opposés; et les coordonnées du
centre de gravité du doublet toujours rapportées aux axes du premier
spiral seront
[ .l■^-^-.l^.i K Wit
l «, = ;= — £ cos n — £ sin «,
I y, — V, l{ . I> Il
I f, = = — £ sin (^ + — - £ cos«.
VII. La trajectoire rectiligue des formules ((i) est parallèle au diamètre
fixe des pitons; mais, des formules (7), on déduit une trajectoire /-c/r/aVc
parallèle au diamèlre des viroles.
MÉCANIQUE. — Horloge mécanique à échcippeinenl libre.
JNfole (') de M. Cii. Féry, présentée par M. Bigourdan.
I. Il existe comme on sait, eu liorlogerie, deux grandes classes d'échap-
pements :
1° Les échappements à repos frottants;
2° Les échappements libres.
Dans la première classe, la roue d'échappement est arrêtée entre le pas-
sage de chaque dent par l'échappement lui-même qui est muni de parties
concentriques à son point d'oscillation, et nommées pour celte raison
repos frotlanls. A celte classe appartiennent l'échappement à cylindre des
montres, et l'échappement à ancre de Graham des pendules ordinaires ou
astronomiques.
Dans la seconde classe, où la roue d'échappement es-l arrêtée par une
pièce auxiliaire, indépendante du balancier, ce dernier ne se trouve en rela-
tion avec les rouages qu'au moment où il passe au point mort, là où il
reçoit son impulsion, puis il termine librement son oscillation sans
éprouver de frottements solides. On nomme pour cette raison ces systèmes :
échappements libres. A cette classe appartient l'échappement à ancre des
montres, el celui dit à détente qui est utilisé dans les chronomètres de
marine.
Il est bien connu que les échappements libres donnent des résultats très
supérieurs à ceux fournis par les échappements à repos frottants, et l'on peut
(') Séance du i- janvier 1921.
C.K., 11^11,1" Semestre. (T. 172, N" 4.) l5
2.)6 ACADÉMIE DF-.S SCIENCES.
s'élonncr de voir les liorloges a.slronomiqucs figurer clans la classe des
écliappemcnls les moins précis.
La raison en est qu'il est assez facile d'appliquer le princii)e des échappe-
ments libres aux b:il mciers circulaires comme ceux des montres ou des
clironoinètres, tindis que le pendule recliligne des horloges s'y prêle très
mal cl (pie les solutions indiquées jusqu'ici sont relativement compliquées.
Disons toutefois que de nombreuses solutions mécaniques de ce pro-
blème ont été données, cl que les lioiloges directrices de l'Observatoire de
Paris sont munies d'un échappement libre dû àTbomas Reed; elles n'échap-
pent pas au reproche de la complication et de la délicatesse de Téchappe-
mciil.
II. La présente Note a pour but de décrire une solution très simple de
ce problème (' ).
B'; ^
Considérons {fîg. i) la roue d'écinppcmenl B d'une horloge qui tend
à tourner sous l'action du rouage et du poids moteur.
(') Une penduletle à demi-secondes munie de ce nom el écliappemenl a été soumise
au concours l'ieirel; elle \ a obtenu le premier prix.
SÉAN'CE DU -i'a .'ANVIHR ly2I. 207
L'ancre A, pivolée en (.), porte un levier muni d'un conlrcpoids M ijui
fait appuver ce levier sur la vis V peutlanl les niomenls d'arrêt de la roue
d'échappement.
L'autre extrémité de ce levier porte une pierre arrondie P' ou un galet.
Le pendule porte aussi une pierre arrondie P qui, lors du passage par la
verticale, viendra abaisser le levier.
Analysons de plus près ce qui se passe lorsi[ue le pendule passe par la
verticale :
Pendant que le pendule abaisse l'extrémité du levier, il se produit un
certain travail qui consiste à soulever la masse M placée de l'autre côté du
levier; de ce travail il faut retrancher néanmoins celui utile, produit par
la réaction de l'incliné / qui reçoit la pression de la pointe de la dent a de
la roue d'échappement.
Lorsque, après le passage exact par la verticale, l'extrémité P' du levier
remonte sous l'action combinée de la masse M et de la dent />, qui réagit
sur l'autre plan incliné /de lancre, le pendule reçoit son impulsion.
Remarquons cjue le travail total ainsi communiqué au pendule est indé-
pendant de la valeur de la masse M; il est égal à la somme des impulsions
dues aux deux levées de l'ancre.
Comme dans tous les échappements libres, nous trouvons ici que le sys-
tème oscillant est soumis à une action retardatrice tout d'abord, c'est ce
que les horlogers appellent le dégagement, puis à une action accélératrice
beaucoup plus grande a[)pelée Vimpitlsion.
^L Lippmann a démontré autrefois que seule la restitution dans la ver-
ticale n'a aucune influence sur la marche du pendule ('). L'analyse
( ' ) 5"/' l entretien du inotneinent penduhiire sans pertiirbalion ( t^^omptes rendus,
l. 127, 1898, p. i5).
•2o8 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
détaillée de la reslitulion dans récliappemenl précédent montre que pour
les petits arcs les effets font retarder le pendule.
Si OP représente les marches diurnes d'un pendule libre en fonction de
Tamplilude OA, la courbe arP représentera les marclies du même pendule
commandé par l'échappement précédent.
On voit facilement que la courbe arP passant par un maximum au
point /• donnera, pour l'amplitude correspondant à ce point, un isochro-
nisme bien meilleur que celui correspondant au pendule théorique.
J'avais proposé, dans une i\ote déjà ancienne, de donner à celle ampli-
tude le nom à\iiiiplilu(le de réglai:;t' ( ' ).
ÉLECTRODYXAMIQUE. . — Éncii^ie Heclromagnctiquc et poiendcl thermo-
(lYnamique (/'un système di- courants. Note (") de M. A. Liéx.\rd, présentée
par M. L. Lecornu.
Soit un système de courants i placés en présence de substances magné-
tiques. Un déplacement élémentaire des conducteurs des courants ou des
corps magnétiques donne lieu à la production d'un travail 6?c. En même temps
les variations d'aimantation, qui accompagnent les modifications du champ,
entraînent un certain dégagement de chaleur </Q. Le principe de la conser-
vation de l'énergie, joint à la loi fondamentale de l'induction, permet
d'établir facilement entre (/(?, dQ, l'énergie interne U et les flux <I>, $' à
travers les divers circuits conducteurs, la relation
( I ) d<f + rfQ -h dV — 1 i d'iK
La relation (i) est emplo\ée notamment en Llectrotechnique pour éva-
luer le travail des machines dynamos en négligeant ou calculant approxi-
mativement le terme d().
Je me propose de tenir compte exactement de ce terme, mais en me
bornant au cas de corps magnétiques dénués d'hystérésis. Dans ces
conditions, les phénomènes sont réversibles, ^Q est delà forme — STt/S,
T étant la température absolue et S l'entropie d'une région (finie ou infi-
niment petite) où la température est uniforme. L'équation (i) devient
( 2 ) fA~ - i T dS + dV — l i dil>.
(') Comptes rendus, t. 14-0, igoô, p. nifi.
(-) Séance du 17 janvier 192 1.
SÉANCE DU 24 JANVIER 192I. 209
On peut l'écrire idenliquement
OU encore
(3) (/iy-i-lSdT-^l<h(/i = —dll,
en posant
C) II = U - iTS - i(a».
Les relations (3) et ( /| ) montrent que la différentielle totale
d& + IS (/T -h l<i> di
est une différentielle exacte Supposons les variables normales, au sens
donné au mot normal en thermodynamique. Alors r/G ne peut dépendre
des (IT eldi, car de simples variations de températures ou d'intensités de
courants n'entraînent aucun déplacement, rfe ne peut contenir que des
différentielles des variables x, y, . .., autres que les r/T et r/t qui fixent la
fjrme et la position du système.
Par suite, l'équation (3) donne, par identification des deux membres,
(5) f/C = — f/f ,11,
(6) ^=--rr'
(-) '^ =
Suivant l'usage, le symbole f/, , représente une différentiation effectuée
à T et i constants.
Les équations (5) et (G) montrent que la fonction H joue le rôle d'un
potentiel thermodynamique. Mais, tandis que, dans les cas habituels, le
potentiel thermodynamique se réduit à Li — TS, on a ici d'après (4)
l'expression plus compliquée H =: U — DTS — Sî(l>.
Les équations (7) permettent de calculer la vabur de H. Ces équations
montrent d'abord que les fonctions <1>, $', «I>", ... satisfont nécessairement
à des équations de condition telles que
àf J«I.-
(^) ■^=^-
Cei équations se rédiiisenl à celles qui expriment la loi de réciprocité des
coefficients d'induction mutuelle dans le cas où les corps magnétiques sont ù perméa-
bilité constante.
2IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'intégration des équations (7} donne
(9) \\=z—f (a>r//H-<I)V/'-4-...)-+- F(T, .r, /, ...).
L'intégration indiquée par rappoit aux i, /', ... est prise en laissant les
T, X, y, .. . constants.
¥Ç\\x,y, ...) représente évidemment la valeur du potentiel thermo-
dynamique pour le même système supposé sans courant, car les équations
(4) cl (9) se réduisent, pour / = j' = . . . = o, à
H — \—1\'S — V(V,j:. y, ...).
Comme nous ne nous préoccupons que des phénomènes d'origine électro-
magnétique, nous pouvons laisser le terme F(T, x, . . .) de côté et prendre
simplement
(10) ji=— r («tf/i + aj'f//' -+-...)•
*^ 0, 0. ,. .
H étant ainsi déterminé, les équations (5) et ((>) donnent le travail et
l'entropie, tandis que l'équation (4) permet d'évaluer \j ; on trouve
ou, en tenant compte de (G) et ( 7),
^ ' à\ 1)1
Pour i =^ o, on retombe sur la relation connue
1=11 -t:^.
ÉI,ECTRIC1TÉ. — Sur une n()u\eUc propiirli- de carps faibUmcnl conducteurs
de iéleclricitè. Note de M. Cî. IIkuovi., présentée par M. Lijtpmann.
J'ai indiqué précédemment ( ') les conditions dans lcs(|ueiles des corps
faiblement conducteurs, Iraveisés par un courant, impressionnaient une
plaque photographique ; je ne me suis point occupé alors de la cause
produisant l'impression.
(') Comptes rendus, l. 171, ii).!i>, p. lo^i.
SÉANCE DU 24 JANVIER I921. 211
Pour expliquer l'aclion produite sur la plaque, deux liypollièscs «c pré-
sentent naturellement à l'esprit :
a. Le passage du courant produit une cLclroivse de Tciiu ou des sels
que contiennent les feuilles de papier ou les conducteurs employés ; les gaz
dégagés impressionnent la plaque photographique par simple c intact avec
les sels d'argent de la couche sensible.
i>. Il se produit des aigrettes ou des étincelles (analogues à celles du
carreau étincelant) et la plaque photographique est impressionnée.
I. La première hypothèse paraît tout d'abord justifiée par l'augmenta-
tion de l'effet que l'on constate quand on emploie des feuilles de papier
humidifiées. Mais elle se heurte aux objections suivantes :
1. Il faut admettre que le dégagement des produits de l'élcctrolyse ne se
fait pas seulement aux électrodes, mais aussi dans toute la masse de l'élec-
trolyte ; ceci admis, on s'explique cependant mal que ce dégagement soit
plus intense aux coupures ou aux incisions siipeificielles présenlées par la
feuille ou le conducteur.
2. Le phénomènese produit à distance(il est vrai 1res faible, 1'"™ ou 2""")
et permet d'obtenir l'ombre portée d'obstacles placés entre la feuille impres-
sionnante et la plaque photographique.
3. L'impression se produit encore, mais beaucoup moins forle, lorsque,
au lieu de feuilles de papier, on prend, après les avoir rayées, des lames de
celluloïd, de fdjre de bois, de verre, de mica ou de quartz, substances pour
lesquelles on voit moins bien quelle électrolyse et quel dégagement gazeux
pourraient se produire.
4. Enfin il y a, dans le voisinage des électrodes, une impression d'appa-
rence particulière lorsque Von place entre la plaqite et la feuille impression-
nante une lame de quartz nu de fluorine suffisamment mince; l'épaisseur des
lames interposées et l'aspect de l'impression ne permettent pas de supposer
que les gaz émis ont pu atteindre la plaque et produire cette impression.
L'action des gaz produits est donc insuffisante pour expliquer l'efTct :
ceci ne veut pas dire que les gaz émis sont sans action sur la plaque, on
constate souvent que les parties de la plaque, non recouvertes par la feuille
et dans son voisinage, sont impressionnées, celte dernière impression peut
être due à une simple action de contact des gaz produits.
II. L'impression photographique présente une dissymétrie; comme dans
le cas de l'aigrette lumineuse, l'action est plus vive du côté du. pôle positif.
Cependant si l'on donne au mot aigrette son sens habituel, noire deuxième
hypothèse est également à rejeter :
212 ACADEMIE DES SCIENCES.
1. Parce que l'efTet commence à se manifester pour une différence de
potentiel de iGo volts, il est. net pour 240 volts el très net pour 820 volts
(dans le cas de feuilles de papier et pour une distance des électrodes de 4'™)-
Ces voltages ne sont point ceux pour lesquels l'aigretle se manifeste ordi-
nairement; il est d'ailleurs probable que l'efTet se produirait encore pour
des voltages plus faibles, si l'on prenait des plaques plus sensibles ou des
poses plus longues.
2. L'œil, même reposé par une longue présence à rol)SCurité viiiperçuil
rien sur la feuille de papier ou sur le conducteur que le courant traverse.
Il ne semble pas non plus y avoir pi'oduction ou augmentation de lumi-
nosité quand on place sur la feuille une substance Ouorescente ou phospho-
rescente.
Toutefois, si la conductibilité des corps employés est trop grande ou si
l'on prend des voltages trop forts, de petites étincelles se produisent aux
points de contact du conducteur et des électrodes.
.3. Dans les conditions ordinaires, il ne se produit pas d'impression si
l'on interpose entre la plaque photographique et la feuille active une lame
de mica ou de quartz suffisamment fpaisse, une lame de quartz de 3""" ou
une lame de mica de — de millimètre ne laissent passer aucune impression.
Il est facile de s'assurer que l'aigreite visible impressionnerait dans tous
ces cas.
4. Quand on examine à réleclromètre la conductibilité du milieu gazeux
environnant, on trouve qu'il y a une ionisation dont les caractères sont
ncllcmeiit distincts de ceux de la conductibilité produite par l'aigreite. Les
caractères de celte ionisation permettent d'ailleurs de déduire dos rensei-
gnements intéressants sur la nature de l'effet que nous étudions.
111. Parmi les représentations mécaniques [)Ossibles du phénomène, il
en est une qui se rapproche de la deuxième hypothèse et, en la complétant,
rend sans valeur les objections qui précèdent : Tout se passe comme s'il y
avait, aux points où sont les discontinuités de résistance, des chutes de
potentiel suffisantes pour produire des décharges disruptivcs soit dans le
conducteur lui-même, soit dans le milieu environnant. Les décharges ainsi
produites seraient accompagnées de l'émission d'un rayonnement très
absorb.ib'.e, dont il est possible de préciser les caractères, et qui, comme les
radiations ullravioleltes et les rayons X, agirait sur la plaque photogra-
phique, mais n'impressionnerait pas l'œil.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1921. 2l3
ACOUSTIQUE. — Sur bi propai^alion du son du canon à grande dislance :
Périodicité annuelle. Note de M. Maurice Colmgxox, présentée
par M. Bigourdan.
J'ai montré dans une Note antérieure (') que le son du canon du front
s'était entendu à Louviers (Eure), presque uniquement du commencement
de mai au commencement de septembre, pendant la période du 23 juin 191 5
au iG mai 19 17. La fin des oljserva lions, du 17 mai 191 7 au lonoveuibre 191 8,
nionlrera que la loi de la périodicité annuelle s'est vérifiée jusqu'à la fin de
la guerre.
Une difficulté s'est présentée dans l'évaluation de N et 1, les 18 juin,
ij et 18 juillet 1918, les détonations se confondant en un roulement
continu. Pour calculer N,- nombre des détonations par minute, et I, total
des intensités par minute, j'ai utilisé une modalité très générale de l'audi-
tion, modalité qui consiste dans le rapport existant entre les auditions en
différents points d'observation.
Une résonance ayant s,?l périodicilé particulière a influé aussi sur l'évalua-
tion de N. Des groupes de détonations, de l'ordre 4 par seconde, parais-
saient provenir de détonations uniques, chaque groupe étant formé de
plusieurs sons composants à intensité souvent décroissante; dans ce cas, j'ai
compté une détonation pour 2, 3, ..., 5, ..., 10, ..., 20 sons composants. J'ai
distingué chaque détonation composée, en 191(3 et 1917, d'après l'oreille,
m 1918, d'après l'oreille et le calcul des probabilités.
Abrchialions du Tableau suivant (voir t. 107, p. 333).
J. nombre des jours d'observalion, groupés suivanl certaines similitudes.
M, nombre de minutes d'observalion.
Il" minimum-minute,
N, nombre de coups par minute 1 „ . . .
' . '. ' • ■?." mavimum-minute,
1, total des intensités par minute j ., . .
■^10" moyenne-minute.
Vents. Direction : le quadrant NE ou q. NE comprend les vents de N inclus à
E exclu; q. ES : vents de E inclus à S exclu, elc. — l'orce : nombres entre paren-
thèses ( ).
(') Comptes rendus, t. 1G7, '9i<S, p. 333.
21 4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
.1. M. N. I. N. I. N. I. Vcnls et rcmainucs.
1917.
1 7-3 1 mai i5 Sna o o i33 ?.3o 17,8 26,8 q.ME(-2-5)-q.ES(i-5)-q.S\\(i-2)-q.WN( 1-7)
I- 3 juin 3 ',S \ -, ii5 (73 ) ', 1 ',5 Si ri-SWi i)-SSU"(2i-S(3)-WSW(2)-SSWiî'i
4-6 » 3 II» o o 8', i.,S M 49 S(i-3i-SSE(i-v..)-SjSlt:(i)
7-8 » ■'. (ii « o 25<> i.o(M) Sf 197 ■ S(i(-SW(2-i)-N-S(i)
9-f9 » II '|lii o o 2)0 i.).f>o 3(i gd q. M!;( 2)-q. ESi i-3)-q. S^VM-4)-q.^\■^■l 'i
20-29 » 1" '<9î) i 6 i4o fido jg 17G q.S\A'(i-7)-q.W.\ii-6i
3n jiiin-6 juillel 7 341 r) o 128 32o 29 Cr q.NEi i-7)-q.S\Vi i-2!-q.'\VN(3)
7 juillet 1 77 ■>■ 3 200 1.21H1 \ii 123 S(i)-SE(i)
8 » I ")t> <> o 25o i.lioo ^i9 41 i \VS\V(6-5-3)
9-14 » (i 190 o o 200 i.ddo :8 iiK W(3)-WN\V(2)-\VSW(2;)-S\Vm-3)
l5-28 » ri 439 i I 270 1.190 7i 193 q. NE(2)-q.RS(2)-q.SW(2-6)-q.W.\(i-5)
29-31 » 3 224 o o 201 44s 92 2ot SSW(i-4)-N(i-5;)-\VS\Vi3)-i>iiM-.i ))
1-10 août 10 394 o o 197 600 ")8 i3t) q. \E( i)-q.ES( i)-q.S\V(2-5)-q.\VNi i-C))
11-16 » 6 2()-. G i3 197 531 6', 161 SW(3-7)-S(i-3)-W(2-3)
17-26 » 10 517 o o i83 47S 27 48 q.S\V(l-5)-q.WN(i-4)
27 » I G7 () o 32 63 3,8 3,7 violente tempête SW(7-9)
28 aoùt-4 septembre. S 363 o o i3i i'(() 17 29 q. SW(i-7)-q.\\N(i-4)
5-6 septembre ...". . 2 62 o o o 00 o S\V(î)-S('2)-\(2)
7-8 ■> 2 47 00 0,7 0,3 0,12 0,07 E\E(3)-\V.\\V(')-WSW(i)
9 sept.-3i liée 9) 802 00 o 00 o
1918.
4-lijanvier 3 17 o o o 00 o q. NE(4)-q. ES-q.S\\'-q. \\'.\(i-5)
12 11 1 0 8 7 29 22 23 18 S(3) neige
i3-3i » 14 91 o o o 00 o q.SW(i-8)-q.WN(3)
1-7 février 5 :\(\ o o loS m. 3« 3o \VSW(i-6)-S\V
8 févriei-2i mars... 23 190 00 o 00 o q.NEi i-4)-q. ES(6)-q. SWi i-di-rj. WNi i-Ci)
22-2C mars 5 90 o o i3 2,i :>. o,i >i.NW( i-3)-q.NE
>7 mars-9 avril 12 1S7 00 2 0,6 0,01 u,o5 q.NE(T-3)-q.ES(2-5)-q.S\V(3-7)-q. WN12-6 )
lo-n avril 2 4» o o G5 Ci 12 6 NN\V(i)-N(i)-SE(2)
12-24 » '2 1 59 o o o o o o q.NEi i-6)-q. ES(i)-q.SW{2)-q. \V\(2-G)
25-3o » 5 102 o o G2 57 2,4 2,6 W(2)-.\E(2)-NNW(2-4)
I- 7 mai 7 1G8 o o 68 rJg i3,2 9,8 NE-SE(i-2i-SW(i)-S(i)-NW(2)
8-9 » 2 67 o o ii5 323 40 S[ SE(i-2j-.\(i-2)-W(i)
10-11 » 2 72 I) 0 8 5 (>,52 0,17 N( r)-NE(i-2)-SV\(i-2i
12-17 " '' ■•'•iir "^ " '7^ Mo i4,3 14, G q.ES( i-3i-q.S\\(i-5)-q.W\i 1-2)
1S-21 » '1 210 o o 5i GG 2,9 2,8 S.SW(i)-SË(i)-I':(i)-E\E(i)-NE(i)
VA inai-7 juin 17 G>4 " o I7'^| 'i(o 24 29 q. NEfi-3)-q. ES(i-2)-q.S\V(l)-q.\VNi i-G)
8-18 juin Il )47 o o 5oo 2.5oo JS loG q. N'l';(i-G)-q. S\V( i-5)-q.\V.N(i-C)
19-24 ) '■' 3o4 o o 99 190 i4 25 q.NE(i)-q.S\V(4)-q.VVN(i-6l
2'. 28 >. 4 2>.() o (. 168 474 42 G3 ii.XE(3)-q.S\V(2-5)-q.WN(i-3)
29 juin-7 juillet 9 5ii 00 14G 412 21 27 q. NEi i-3)-g.EN(3)-q.SW(2)-q.WN('i-2)
8-11 juillet 1 239 2 I 192 338 G4 loG \V(i-6i-SWu-7)-WSWi2)
i>-i3 » 2 i3S o o i32 400 ".3 loG \VSW(i-4)-S\V(6)-\\(i-3»-W{SW(3)
li .. 1 iG'. <i n i.-.oi) S.<M.n Tm G>) S.^Wd-Gj-WjSWXi-G]
l5 > I G3 ■)) 83 I.)(in 8.(i<H> I08 I.9U) .S\Vil-4i
SÉANCE DU 24 JANVIER I921. 21 5
Min. Max. M.iy-
.1. M. N. I. N. I. N. I. Vents el remarques.
1918.
l6-i7Juillet •>- Vio o o i(i8 .\>.\ K. .5', SW(3H)-SSAV(3-7)-S-fSW(3)
18-19 » ■'. S8 Si (In icM) Hoo lis '.87 Si))-WS\V(a-5)-SW(3-4)
■>o » 1 107 o o 70i> -)i> 91. I")", WS\V(i)-S(i)-SSWii-l)
2i->6 » r, ■î(m> :>. 0,1 ■>!(; irfi 91 loS q,S\V(2-7)-q. W>(î-7)
27-31 .. 5 3C.8 o o ■>>- 3<>7 3'. /|>- N\V([-6hI\NW(i-5;-Eo)
I- i août i 3.S7 o o li'i -ei V. 9-) N(i)-\\Xi-l)-NVN\V(ij-q.SVV(i-5)
(i- ., » 1 3ii o o '.00 400 V. 77 N\V('i-5)-SSW(3)-W(i-3i-WNW(3)
io-i5 » 6 3(;-, „ o ir,8 14-, 8.7' \>. q.>ll!:(3)-q.ES('2-3)-q.SVV(t-2)-q.\VN(i-4)
it;-2i ). (■) -îgi o o l'.C. 189 i5.7 iG W(i-(i)-WNW(4)-NNW(2-3)-WS\V(i)
•li > I ")(i o o lot 'Il il il) S\V( i-2)-grande chaleur 35°
0,3-29 » 7 3m o o 1 i(i Ki) i,-. 3. S q.NE(2)-q.ES(->-)-q.SW(2-3)-q.W\(2-C)
3o >. \ ■>-< o (I o 00 o NiN\V(4)-N\V;3)-N(i)
il aoùt-iSsept li 738 00 i'>S >"io g.d 7,8 q. S\V(2-r))-q.WX(i-6j
1 ',-16 septembre.... 3 i4' 00 o 00 o S(2-4)-SVV(i)-W(2-3)-\V.NW
17-21
189
11
0
ii;
1S9
0
0
45
1 . iGo
0
0
0
o , 08 SW(2-3)-\VSW(3)-S(2 i-SS W
22 sept. -8 octobre. . . 17 '189 o o 45 'o o."), o, iG q. S\V(>-G)-q. WN( i-G)
9 octobre-io iiov.. . 'y i.iGo o o o o o o q. XE(i-4)-q.ES(i-')l-q S\V(i-())-q.WiV(i-4)
CHLMIE MINÉRALE. — Syslémotique et constitution des dérivés de l'acide
molybdique. Note (' ) de M. L. Forsén, présenlce par M. Haller.
On peut faire dériver tous les molybdates connus de deux acides for-
mulables comme suit :
Acide mol vbdiq lie Mo'O'- JI'^
Acide mélamolybdique . Mo'-O'-ll'-
Ce n'est qu'en attribuant à l'acide molybdique la formule triple :
]VIo'0'-H''(= 3iVIo(J''II-), que l'on peut rendre compte de l'existence des
divers molybdates :
Mo'O'-M H' représente les lieNaraoljljdates
Mo^O'-M-H' » les irimolybdi.les
Mo'O'-M'H' » les dimolybdates
Mo^O'-M'H- » les sesqiiimolybdates
.Mo^O'^M'''H' » des sels non désignés parliciilièremenl
iMo'O'-M" » . les orlhomolybdates
(') Séance du 17 janvier 1921.
2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les atomes d'hydrogène mis en évidence dans ces formules ont des fonc-
tions acides. En effet, les orthomolybdates sont neutres à la phtaléine du
phénol. Les autres moljbdates précédcMiinent mentionnés sont acides. Le
ternie de leur titrage avec cet indicateur marque la formation d'orthomolyb-
dale. Un certain nombre de molybdatesacides perdent facilement plus d'eau
que les constitutions précédentes le feraient prévoir, et ils se transforment
en anhydrides. C'est ainsi que le résidu de la dessiccation à l'air sec et à la
température ordinaire de la plupart des trimolybdales répond à la for-
mule Mo''()"M-H-. Le trimolybdale de potassium ordinaire desséché
devient complètement anhydre MoM )"'K-. Le sesquimolybdate de lithium
MoM)"Li'' cristallise anhydre de sa solution acide. Mais en solution ces
divers sels correspondent aux types formulés au début de cet article.
Il parait exister des molybdatos de rubidium et de potassium du type
MoM.)' -M 'II qui n'ont pas reçu de noms particuliers.
Les sels que l'on désigne du nom de paramolylnlates n'ont pas de compo-
sition définie. Les différents auteurs donnent des formules avec des pro-
portions telles que M':Mo% M* : Mo% M": Mo', M* : Mo'. Les paramo-
lybdates paraissent être des crislaux mixtes de dimolybdates Mo'O'^M^H'
et de trimolybdates Mo'0' = M-H''.
C'est ainsi que les corps désignés du nom de paramolylidates de sodium
sont des ci-istanx mixtes de deux c.«[)èccs au même degré d'hydratation :
Dimolybdale xMo'O'^NaHP -+- 8H=0
Trimolybdale Mo^O'^iNa^Ii^-l- 8H=0
C'est seulement pour des proportions bien déterminées entre MoO' et
Na(^H que l'on peut ol)tenir (d'après iiosenheim) le paramolybdate de
sodium correspondant à ia formule MoM )-■ \a'IL + iliH-O avec les
rapports atomiques Mo" : Na^ préconisés dans ces dernières années.
L'ensemble des faits conduit à donner à l'acide molvbdique : i" une
formule triple, 2" une représentation cyclique
O OH 011
/Mo — 0\ /.O
/" I \ ^"
o 011 011
SÉAXCE DU 24 JANVIER 19a I. 21 7
Pour cxiiliqucr la formation des anlivdrides, j'ai été coiidiiil à adinellre
les qualie représentations spatiales suivantes:
Ir.ins. 1 cis
Iruns, 2 cis.
La formation facile des anhydrides internes correspond seulement au\
portions cis. Je citerai, à titre d'illuslration, la formation des composés
Mo'M)"Li'', Mo'0"(NH'')-H'- et la préparation d'un nouvel anhydride
molyhdique Mo'()"H'' que j'ai obtenu bien cristallisé. Ces formules m'ont
ensuite suggéré la possibilité d'isomères. ( )n en connaît effectivement
quelques-uns.
Ainsi l'acide molyhdique blanc Mo'M)'-H° (auquel on attribue généra-
lement la formule Moi )' H-) est connu sous deux formes qui se distinguent
par leur inégale aptitude à perdre de l'eau (Rosenheim).
J'ai reconnu qu'il existait deux trimolybdates de potassium de com-
position
Mo^O'»K-+ SHM!).
Ces sels se distinguent par la façon dont ils se déshydratent à la tempéra-
ture ordinaire dans une atmosphère sèche. Alors que l'un perd rapidement
la totalité de son eau, l'aulre en perd lentement les deux tiers seulement.
Les trimolybdates de sodium Mo-'0'"Na-, aq. plus ou moins hydratés,
qui ont été successivement décrits, sont si diflérents entre eux qu'on ne
saurait attribuer les difïérences aux degrés d'hydratation, mais à des diffé-
rences plus profondes de constitution.
D'une façon générale, la formule proposée plus haut permet de prévoir
des isomères de position, cis et Irans, et des isomères optiques.
Il est i)robable que l'augmentation énorme du pouvoir rotatoire de cer-
tains acides organiques, lorsque ceux-ci se combinent avec des composés
de l'acide molybdique (Gernez). est liée à l'existence des isomères optiques
que suppose la théorie précédente.
2l8 ACADÉMIE DES SCIENCES
CHIMIE GÉ N'ÉRALE. — Sur la conccnlralioii isi)lhenni<iue d'une stilulion préparée
à punir rie deti v sels à ions différents. Note ( ' ) de M. EriEXXE Rexgade,
piéseiUéc par M. Henry Le Chalelier.
Supposons; qu'on évapore à lempératiire conslanle (V>2 )") une soliilioii
de y. malécnles de NO"" Am el [3 do NaCl. Il se produit réqnilibrr
NO'Am + INaCI =^ NO'Na + AmCI.
/' 1 '■ *'
les coiiconlralions//, y, ;■, .v étant reliées par la loi d'action de masse
pq = ,-.v.
Durant la concenlratidn, il arrivera qu'un ou plusieurs des sels cristal-
lisent ; appelons nr, y, p, a les masses déposées, et x l'inverse du volume de
)a solution. En exprimant que la somme de chaque espèce d'ions en pré-
sence est égale, soit à a, soit à ji, on obtient quatre équations (dont trois
seulement sont distinctes) reliant entre elles a-, p, tj, r, s et éventuellement
GT, •/, p, a. D'ailleurs, dès qu'une de ces quatre dernières variables appa-
raît, la valeur correspondante de p, q, r ou s devient déterminée et égale
au coeflicient de solubilité du sel,,P, Q, R ou S. Il y a donc cinq variables
liées par quatre équations, de sorte que la seule variable indépendante
esta; et que les autres peuvent s'exprimer en fonction de .r et des cons-
tantes a, ^, P, Q, R, S.
Ne pouvant développer ici les calculs, nous donnerons simplement la
représentation géométrique des résultats, en portant r on abscisses, et en
ordonnées dans le sens positif Ov, les concentrations p, y, /•, s, el dans le
sens négatif Ov' les valeurs de ro, y, p, a. Nous ferons varier x de zéro
(dilution infinie) à l'infini (évaporalion à sec).
Supposons d'abord a < [3. Au début de la concentration, les quatre sels
sont intégralement dissous, les valeurs de p, q el r = .v sont représentées
par trois droites issues de l'origine {/iif. i).
L'apparition du premier précipité correspond à la pren)ière rencontre de
l'une de ces trois droites avec la parallèle à Ox représentant la saturation
correspondante. NaCl étant ici le moins soluble des quatre sels, et </ la
plus inclinée des trois droites, le point (i sera le premier point de rencontre
(') Séance du 3 janvier 1921 .
SÉANCE DU 24 JANVIER 1921. 219
et les premiers cristaux seront formés de NaCI, ce que rex|)érience vérifie.
A partir de ce moment, les points yj el r = s décrivent deux arcs de para-
boles EH, FI, le point 1/ la droite GQ el le point / un arc do cubique.
L'apparition du dépôt salin a donc produit une discontinuité ; nous dirons
qu'une deuxième étape de concentration a succédé à la premicie.
La cristallisation de AmCl amène une troisième étape, durant laquelle
les poids (7 et / augmentent dans le précipité; q et s sont constants, p çt r
décrivent de nouveau deux droites issues de l'origine. Enfin NO'Na cris-
tallise à son tour (quatrième étape); la masse de ce sel dans le précipité
tend asymptotiqucmenl vers a suivant un arc d'hyberbole ; il en est de même
de T, tandis que y tend vers [^ — a. Il y a donc redissolulion graduelle du
NaCI. Quant à la solution, elle prend une composition constante, q — Q,
/•=rR,^= 8,7^ = 1/^- Au point sec, on trouve a molécules de N(3'Na,
ade AmCI, et |îi - a de NaCI.
Si l'on suppose a > p, mais très voisin de [i. (nous ne pouvons, faute de
place, discuter les valeurs plus grandes de a), le premier sel à cristalliser
sera encore NaCI {fig. 2), et il n'y aura rien de cbangé jusqu'à la qua-
trième étape; mais celle-ci ne pourra plus se prolonger jusqu'à sec, puisque
3 — 3c est < o. Une cinquième étape commencera au moment où NaCI
sera complètement redissous, et la composition du liquide redeviendra
variable, q diminuant et yj croissant jusqu'à ce qu'on atteigne la satura-
lion P en NO' Am. Ce sel cristallise alors à son tour, el son poids cî dans
le précipité augmente durant la sixième étape ainsi engendrée, en tendant
vers a — 3, tandis que p et cr tendent chacun vers 3. La concentration de la
US
solution est redevenue constante, avec la composition Pj -p-' R et h.
Inversement, les diagrammes lus de droite à gauche expliquent immé-
diatement la dissolution progressive, dans une quantité d'eau croissante,
d'un mélangée de i\aCl et NO-'Am.
220 ACADEMIE DES SCIENCES.
On étudierait de façon semblable l'évaporation d'une solulion faite à par-
tir des X et 3 molécules de deux sels quelconques à ions différents. On trouve
onze cas possibles, formant deux groupes suivant le résultat de l'évapora-
tion à sec : ou bien celui-ci reproduit les a et [5 molécules des sels généra-
teurs, ou bien il donne Jil molécules de cbacun des sels conjugués avec a — ^i
molécules du sel générateur en excès (a >3). Dans le premier groupe,
l'évaporation se termine en trois étapes si les deux premiers sels à cristalli-
ser sont les deux sels générateurs; le couple générateur est alors « stable »
au sens absolu, les sels conjugués n'apparaissant pas; si c'est un des sels
conjugués qui apparaît durant la deuxième ou la troisième étape, l'évapora-
tion complète exige une quatrième étape, le sel conjugué disparaissant au
point sec pour reparaître sous l'action d'une trace d'eau (couple à slabililé
limite). Dans le deuxième groupe, à couple générateur instable, on observe
soit quatre étapes, soit six quand le premier des sels générateurs qui cristal-
lise est celui qui a été introduit en plus faible proportion.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur 1(1 G-mélhylisatine.
Note de M"'' J. Boxxefoy et de M. Jn. Mautixet, présentée par M. A. Haller.
La G-métbylisatine a été préparée par W. Findeklee (') qui en a fixé la
constitution. Mais ce corps n'a été obtenu que péniblement et en très pelile
quantité. A partir de la mélaloluidine on peut a priori obtenir, soit la
4-méthylisatine, soit la 6-méthylisatine.
En fait, nous avons effectué la transformation de la métatoluidine en
méthylisaline par deux méthodes différentes et nous sommes arrivés dans
les deux cas à la G-méthylisatine de Findeklee.
La métatoluidine se condense avec les étliers mésoxaliques au sein de
l'acide acétique, à l'ébullilion. Nous avons ainsi isolé à partir du mésoxalate
de méthyle : le 6-méthyldioxindol-3-carbonate de mélhyle (F. 248''-25o" ).
et, à partir du mésoxalate d'éthyle, le (j-mélhyld:oxindol-3-carbonate
d'élhyle (F. i8G").
Par saponification à l'air, ces éthers se décarbo\ylent, le dioxindol formé
s'oxyde, la solution se colore en brun, puis, par agitation à l'air, prend la
teinte jaune caractéristique d'un isatate alcalin. De celle solulion les acides
minéraux précipitent l'isatine libre.
(' ) ^^ • I"i.m>i:ki.ki:, /ler.. l. 3S, p. .>543.
Sl'CANCE DU 24 JANVIER 1 92 1 . 22 1
Ce procédé utilise donc coiiuïk' intermédiaire la formation des étiiers
dioxindolcarhoniqiies, dans celui qui suit on emploie la formation de la
dimétalolyllhiourée.
Celle-ci se prépare commodément par l'action du sulfure de carbone
sur la mélatoluidine en présence d'eau oxygénée. Celte diméthyl-3. 3'-
thiourée déjà connue (') est traitée au bain-marie par le cyanure de
potassium et le carbonate de plomb en milieu bydro-alcoolique. On obtient
ainsi avec facilité l'iiydrocyanodimétatolylcarbondiimide de formule
CsN
/->_«_i = ._/->
Ce sont de petits cristaux jaune pâle qui, après plusieurs cristallisations
dans l'alcool, fondent à i2(S".
Ce corps bien sec est dissous dans le benzène et traité pendant 4 heures
à 4o° par trois fois son poids de chlorure d'aluminium. La solution se colore
en rouge violacé, on ajoute de la glace, on décante et l'on sèche la couche
surnageante qui contient la métatoluide de la 6-mélhylisatine. La cristalli-
sation est fort pénible, nous avons pu cependant isoler des cristaux qui
fondent à 65°-6-]°. Le produit est soluble dans l'alcool, le benzène, le sulfure
de carbone, l'acide acétique. Cette anilide d'isatine traitée par l'acide chlor-
hydrique dilué à l'ébullition se scinde en métatoluidine et en 6-méthylisa-
tine. La 6-méthylisatine cristallise soit en cristaux rouges, soit en superbes
aiguilles soyeuses dorées, variété d'aspect souvent observée sur les isatines.
Elle donne une phénylhydrazone déjà décrite. Traitée en solution acétiqjie
par la fondue technique de phénylglycine, elle donne le métyl-6-indol-
3-indol-2-indigo (F. 3o^°). Sa cuve teint la laine et la soie, elle a même
un peu d'affinité pour le coton qui se colore seulement en mauve très pâle.
CHIMIE ORGANIQUE. — Dèrwés des dicétoncs 1.4 et de la semicarbnzide.
Note de M. E.-E. Blaise, présentée par M. Haller.
Poursuivant l'étude des propriétés des dicétones 1.4, j'ai été amené
à examiner l'action de la semicarbazide sur les dicétones.
J'ai constaté d'abord qu'en opérant dans les conditions ordinaires on
(') Weitu, Landolt, Bev., l. 8, p. 719.
C. R., 1921, 1" Semestre. (T. 17Î, N° 4.) *"
222 ACADÉMIE DES SCIENCES.
oblienl simplement 'des disemicarbazoïies. Celles-ci constituent des
poudres cristallines blanches, à peu près insolubles dans presque tous les
solvants. L'intérêt que présentent ces corps est d'être facilement transfor-
mables en N-uréopyrrols.
Si Ton dissout la disemicarbazonc de l'acétonylacélone dans l'acide for-
miquc cristallisable, en tiédissant au baiii-marie, puis qu'on ajoute un
excès d'eau, on obtient un précipité constitué par un corps coinpicteuicnt
diflérent du produit initial. Ce corps cristallise dans l'alcool en belles
aiguilles, fondant à 245° (point de fusion inslanlanée sur bain de mercure).
il dérive de la disemicarbazonc par élimination d'une molécule de semi-
carbazide et constitue, comme le démontrent ses propriétés et sa synthèse,
le ^-uréo-aa'-diméthylpyrrol
CH' GII»
I I
Cir— (: = N- MI -CO — NH^ C1I=C\
I = NIl^—Nll—CO- NH^-H I ) N _NI1 -CO- NI1-.
Gin— C = N-NH -GO — NIP GH = G/
I I
GIP GIP
Cet uréopyrrol, réduit par le zinc et l'acide chlorhydrique, se dédouble
en urée et aa'-dimêthylpyrroline identique à celle que j'ai obtenue anté-
rieurement par hydrogénation du \ -oxy-aa'-diméthylpyrrol ou de
Paa-diméthylpyrrol. Il s'agit donc bien d'un dérivé pyrrolique et non pas
d'un dérivé pyridazinique. J'ai néanmoins tenu à vérifier synthéliquemenl
le fait.
On voit aisément que la synthèse du N-uréodiméthylpyrrol peut être
réalisée par action de l'acide isocyanique sur le N-aminodiméthylpyrrol et
j'ai été amené à rechercher pour ce dernier corps, qui ne paraît avoir été
qu'entrevu par Bulow [fieric/ite, t. 35, p. 43 1 1) une méthode de préparation.
L'action de l'acétylhydrazine sur l'acétonylacétone, en milieu acétiijue,
donne aisément Je N-acétylaminodiméthylpyrrol, qui forme de belles
aiguilles fondant à i38°-i39". Malheureusement, ce corps n'est pas hydra-
table par les alcalis, et les acides minéraux, par contre, déterminent un
dédoublement profond, avec élimination d'hydrazine. Au contraire, le
N-formylaminodimélhylpyrrol (aiguilles fusibles à 178") se laisse aisément
hydrater par la potasse a((ueuse et fournit le iN-aminodiméthylpyrroi. Ce
deinier fond à Sa" et bout à 109" sous 21"""; il possède une odeur légère-
ment indolique et constitue une base faible, très peu soluble dans l'eau, mais
soluble dans les acides étendus. Il possède les propriétés habituelles du
SÉANCE DU 2^4 JANVIER 1921. 223
groupement NH'' hydraziaique et se combine avec les aldéhydes et les
cétones; enfin, il donne avec l'acide isocyanique un N-uréodimétliyipyrrol
identique à celui qui résulte de l'action de l'acide formique sur la disemi-
carbazone de l'acétonylacétone.
De ces faits et de ceux que j'ai signalés antérieurement, se dégage nette-
ment la conclusion suivante : les dicélones i . '1 ne donnent de dérivés pyri-
daziniques (ju'avec Fliydrazine elle-même. Dans ce cas, au moins avec les
dicétones acycliques, on n'obtient pas les diliydropyridazines prévues, mais
un mélange de pyridazines et de tétraliydroridazines. Avec les dérivés
monosubstitués de l'bydrazine : phénylhydrazine, acétyl- et formylhydra-
zine, semicarbazidc, il ne se forme que des dérivés pyrroliques.
Il faut, en outre, remarquer que certains dérivés de l'acétonylacétone
ont été obtenus en partant de l'élher diacétylsuccinique, par élimination
ultérieure des deux carboxyles. Or, il n'est nullement indifférent de partir
de l'éther ou de la dicétone. C'est ainsi que l'acétonylacétone donne exclu-
sivement, avec l'hydroxylamine, une mono- et une dioxime, tandis qu'avec
l'éther diacétylsuccinique on obtient immédiatement un dérivé N-oxypyrro-
lique. De même, tandis que le dipropionylélhane fournit avec l'bydrazine
des dérivés pyridaziniijiies, l'élher diacétylsuccinique, dans les mêmes
conditions, donne un mélange de dérivés pyridaziniques, et pyrroliques
(BuLOW, loc. cil.). Il semble donc que l'existence des deux carboxéthyles [3
cétoniques contenus dans la molécule de l'élher diacétylsuccinique favo-
rise la production de composés pyrroliques, ce qui s'explique par le fait
que ces deux carboxéthyles concourent à donner à la molécule la forme
diénolique, favorable à la production de dérivés pyrroliques.
CHIMIE ORGANIQUE. — Noin'elle inèlhodc gènérali' de préparalioli ilcs aminés
à partir des aldéhydes ou des cétones. Note de M. Georges Micinonac, pré-
sentée par M. Charles Moureu.
1. Dans une Note récente, j'ai montré que, par hydrogénation cataly-
tique de l'hydrobenzamide, on pouvait obtenir très facilement soit la
benzylamine, soit la dibenzylamine ('). Au point de vue de la préparation
des aminés, il y avait lieu d'examiner s'il était bien nécessaire d'isoler
l'hydramide et si l'action simultanée, en présence de nickel, de l'ammo-
(') G. Mkjnoxac, Comptes rendus, t. 171, igio, p. 1 1 (8.
2 24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
niaque et de l'iiydrogène sur l'aldéhyde, ne conduirait pas au même
résultat.
L'ammoniaqne en solution alcoolique se combine très facilement aux
aldéhydes, et, presque immédiatement, l'aldimine (RCH = NH) formée
se polymerise. ou se condense avec élimination de gaz ammoniac. La nature
des produits condensés diffère, pour les premiers termes, avec chaque aldé-
hyde; mais, à mesure que le poids moléculaire s'élève, on tend vers le type
hydrohenzamide ( . ,,., ~ ,- /CH R j.
L'action simultanée de l'ammoniac et de l'hydro.uène sur les aldéhydes
se ramènera donc à l'hydrogénation des substances complexes résultant de
la condensation de l'aldimine ou à l'hydrogénation de ces substances envoie
de formation.
Si l'on envisage les combinaisons de l'ammoniac avec les cétoiies, on
remarque que l'acétone conduit à la diacélone aminé CHCO-X et à la tri-
acétone aminé C°H''ON (substances renfermant de l'oxygène). Thomse (')
a montré que les cétones homologues de l'acétone et l'acétophénone dis-
soutes dans de l'alcool saturé d'ammoniac conduisent, après un temps très
long (plusieurs semaines et même plusieurs mois) ou sous l'influence d'une
température élevée (i5o°-i8o°), à des produits complexes de la forme
D'autre part, j'ai observé, dans certaines conditions, la formation des céti-
mines iw/G = NH par l'action directe de l'ammoniac sur les cétones ('-).
On pouvait donc penser que les substances décrites par Thomœ devaient
résulter de la condensation de la célimine, et que celle-ci prend naissance,
môme à la température ordinaire, par action de l'ammoniac sur les cétones
en solution dans l'alcool absolu
J|,^CO-hMtP ^ ]^,^C = \H + H=0.
Dans un tel milieu, il paraît difficile d'isoler la cétimine qui se trouve en
équilibre; mais elle pourra être mise en évidence par sa transformation en
(') TiioJi.K, Arc/i. der P/ia/ni.. t. 2'i3, p. 291-296 et 393-099; t. "2VV, p. ("> 1 1-(').'|.5
el 663-664.
(-) G. MiGNONAC, Comptes rendus, t. Kj'J, 1919, p. ■207.
SÉANCE DU 24 JANVIliR 1921. 225
ainine primaire. Au cours de recherches sur rhydroi;énalioii des nitiiles, des
oximes, de l'hydrobenzaniide ('), j'ai remarqué, en eiïet, que le groupe-
ment ( ^C = NH ) five plus facilement l'hydrogène que le groupement
( ~/C = O ) , et, en outre, que l'on peut préparer un catalyseur fixant à peu
près uniquement, dans des conditions expérimentales déterminées, l'hydro-
gène sur la fonction ( /C = NH j.
Un tel catalyseur, mis en œuvre en présence d'hydrogène et d'ammo-
niac dans une solution alcoolique de cétone, provoquera la transforma-
tion de la cétimine en aminé primaire, ce qui aura pour conséquence de
supprimer la formation des substances complexes qui ont la cétimine pour
origine.
L'expérience a entièrement confirmé ces prévisions.
2. A la suite de ces différentes remarques, j'ai pu établir une méthode très
simple de préparation des aminés primaires à partir des aldéhydes et des
cétones et vérifier sa généralité en l'appliquant à l'obtention d'un certain
nombre d'amincs, qui ont pu être préparées avec des rendements satisfai-
sants.
Pour la mise en œuvre de cette méthode on prépare une solution de gaz
ammoniac sec dans l'alcool absolu (7 à 8 pour 100 de NH"*); on dissout
l'aldéhyde ou la cétone dans un volume d'alcool ammoniacal tel qu'il ren-
ferme la quantité théorique d'ammoniac pour la formation de Tiniine
(1™°' de NH^ pour 1'"°' d'aldéhyde ou de cétone) (-), et dans la solu-
tion on introduit, à l'abri de l'air, le catalyseur (nickel divisé"). On soumet
le mélange à une agitation énergique dans une atmosphère d'hydrogène
maintenue à une pression voisine de la pression atmosphérique. Dans ces
conditions et à la température ambiante (i5"-20°), l'hydrogénation a lieu
régulièrement, on l'interrompt quand l'absorption de l'hydrogène devient
trop faible.
Après séparation du catalyseur, l'aminé est isolée par les méthodes habi-
tuelles. La quantité d'aminé obtenue correspond sensiblement à l'hydro-
gène fixé.
L'aldéhyde élhjlique (85,6) conduit à un mélange (6s) à'élhylamine et de diéthyl-
ainine.
(') Comptes rendus, l. 170, 1920, p. gSG; t. 171, 1920, p. i i4 et p. 1148.
(^) Dans le cas des célones, un excès d'ammoniac (i""',» à 2™°') est préférable.
226 ACADÉMIE DES SCIENCES
V aldéhyde butylique (loS) à un mélange (7?) d« biity lamine et de dilnttylainine
contenant surtout la base primaire (58).
V(rnanthol (aSs) a fourni l'heply lamine (i4°)-
Valdéhyde benzoïque a conduit à un mélange à parties égales de bsnzjlamine et
de benzalbenzylamine.
h'aldéhyde p-éthylbenzoïquc (') (aSs) donne surtout la p-élhylbenzylamine {\%i).
Cette base bout à ioo''-ioi'' sous 10™'", 5; elle donne, à l'air, un carbonate facilement
dissociable sous l'action de la chaleur.
L\/cc'lone (12S) conduit à Visofiropy lamine (7^,5) et à une petite quantité de diiso-
propylamine (is). Avec la mélhylhexylcétone (ia-,8) il se forme uniquement de
Voclylamine-2 (laS); de même la cyctofre.ranone {\b«) donne aisément la cyclohexyl-
amine (12s). Dans le cas de Vacélophénone el de la propiophénone, l'hydrogénation
est lente, les aminés correspondantes a-p/iényléthylamine el cx-p/ié ny Ipropy la mi ne
sont obtenues avec des rendements de aS à 35 pour 100. Par traitement d'une cétone
élhylénique, la mét/tylheplénone, j'ai pu préparer, avec de bons rendements (60 pour
100), l'aminé correspondante, sans hjdrogéner la liaison éthylénique; Vamino-6-mé-
tliyllieplène bout à lâô^-iôS" : nj,"' = 1 ,4460; le picrate fond à iii°-ii2° et l'oxalale
à ao2°-2o3<'; ces caractères identifient la base avec celle qu'a obtenue Wallach en
réduisant l'oxime de la méthylhejiténone ('-).
GÉOLOGIE. — Les monts de la Margeride ; leurs éruptions porphyriqucs ; leurs
cycles d'érosion cl leurs glaciers. ?S'ole de M. Ph. Glaxceaud, présentée
par M. Pierre Termier.
Les inonts de la Margeride (i3oo'°-i554'") constituent ce bourrelet anti-
clinal surtout archéo-granitique de direction NNO, qui sur 60'"° de long
cl sur lo""" à iS""" de large culmine, au Nord, une ancienne pénéplaine oli-
gocène couverte de volcans démantelés (de looo"" à 1 100™). Au Sud el au
Sud-Est, par le plateau granitique du Palais du Roi (i44o") et les Trucs de
Forltinio (1540") et de Randan (i554"), ils s'élèvent au-dessus des causses
de Monde (ii5o'"), de la plaine jurassique de Montbel (1257") el de la
vallée du Lot.
A l'Ouest, ils se dressent au-dessus d'une longue dépression oligocène
disloquée el volcanique en partie déblayée (de 800" à 900'"), jalonnée par
la Truyère, cependant qu'à l'Est, des pentes plus douces, un versant plus
élalc, conduisenl à la gorge pittoresque el volcanique de l'Allier (600"').
(') G-t aldéhyde a été préparé par la méthode île M. Somnielct (action du /)-éth\l-
chloruie de benzyle sur riiexaméthyléne-tétramine).
(■') Waixacii, Annalen der Chemie, t. 30Î), p. aS.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1921. 227
Le territoire montai^neux de la Margeride, assez bossue au Nord, est
parsemé de nombreuses touil)ières sur ses bauteurs (i3oo'").
I. Il y a une dissyinêtrie et un contraste marqué des deux rersanls Est et
Ouest. Celui qui regarde, à l'Ouest, la dépression oligocène tombe brustpie-
ment sur celte dépression, par une suite de gradins rapprocbés, résultant
d'effondrements du flanc anticlinal de la Margeride en une série de compar-
timents. Aussi la montagne apparaît-elle plus massive de ce côté que sur le
versant Est.
En debors de ces particularités, l'ensemble offre sous les bauls sommets
une succession de paliers correspondant à cinq cycles d'érosion, ipie l'on peut
suivre sur les flancs et les vallées pénétrant fortement dans la montagne où
ils s'emboîtent : notamment le long des vallées de la Seuges et de la Desges.
Entre Saugues et les points élevés, on relève la série suivante, qui les
syntbétise :
1° llestes de 1res vieilles surfaces tojjo^rap/iiq/ies apparaissant en saillie,
de i/[Oo'" à i5oo"', au-dessus d'une deuxième surface topograp/iique déve-
loppée entre i3io'" et 1220'", dans laquelle s'enfoncent en général les
cirques d'érosion et glaciaires, les vallées glaciaires à faible pente et souvent
tourbeuses (vallées mijres ou séniles). A l'ouest de Gbàteauneuf-de-Randan,
les restes des première et deuxième surfaces sont également manifestes.
Le troisième cycle comprend des plateaux très étendus (io9o"'-io5o"') au
Nord et à l'Est vers Moncbamp, Védrines-Saint-Loup, Grèzes, etc., culmi-
nant des paliers (iooo'"-99o"^) qui correspondent au quatrième cycle, longeant
les vallées qu'ils dominent de 60"' jusqu'à Saugues, tandis que des restes de
terrasses ou de méplats s'observent à 1 5'" seulement au-dessus des vallées
dans le même territoire (931)'" ).
Mais à partir de la dépression alluviale de Saugues qui a servi de niveau
de base momentanée aux cours d'eau du quatrième cycle, les rivières
s'enfoncent rapidement sur '600™ de baul dans le socle cristallin, pour
atteindre l'Allier actuel par des gorges sauvages (^cinquième cycle) que l'on
utilise pour la houille blanche. Les ruptures de pentes principales séparent
le deuxième et le troisième cycle, et le quatrième et le cinquième. Les
cycles d'érosion observés dans la Margeride sont les homologues de ceux
des monts du Forez, chaîne également dissymétrique, d'altitude à peu près
semblable, où M. Briquet et moi les avons étudiés.
On les retrouve dans les grandes régions volcaniques (où ils sont rem-
placés parfois par des cycles d'érosion glaciaire), dans la Chaîne des Piiys,
dans le Plateau dé JNIillevaches et le Mont Lozère. Trois cycles ont été
220 ACADEMIE DES SCIEXCES.
reconnus par M. Demangeon dans le Limousin et par David dans la mon-
tagne Noire. Les inférieurs sont en relation avec des terrasses alluviales
pliocènes et quaternaires. Il sera donc probahlement possible d'établir une
synthèse de ces cycles et de les dater.
IL Le granité, 1res po/-p/iyro'ù/e, avec cristaux d'orthose de G"" à lo*^'"
de long-, riche en biolite, est la roche dominante de la chaîne, dans la
partie sud et centrale. Il est fortement altéré, parfois sur plus de lo"' d'épais-
seur, et présente en certains points (Malzieu) de curieux ravinements
résultant de cette altération, simulant ceux que l'on observe dans les
argiles. Au Nord, s'étend surtout Varchéen avec failles NE et NW
(gneiss, micaschistes, schistes à séricite, amphibolites, etc.). L'ensemble
est traversé au Nord de bosses de gnmitc à mtiscovite plus ou moins ramifié
(mont Chouvet, Le Clou), avec fréquence de tourmaline en nids, comme
la muscovite. Sur presque toute l'étendue de la chaîne affleurent de mul-
tiples et long liions NE et NW (atteignant jusqu'à 8*"") de microgranitc
à biotitc, de porphyre pèlru-siliceuv, en relation, dans certains cas, avec
des restes de coulées. Plusieurs de ces filons ont été figurés par Eabre sur
la feuille de Largentière (environs de la Panouse, Saint-Paul-le-Froid), par
M. Boule sur la feuille de Mende (La Villedieu) et par Fouqué en quelques
points de la feuille de Saint-Flour; mais si l'on lient compte des observa-
lions faites sur cette dernière feuille, où affleurent également des filons de
rhyolite^ de porphyrite et de kersantite (Lajo, Paulhac, Miolane), on peut
dire que la Margeride ressemble beaucoup, au point de vue de ces érup-
tions, au nord des monts du Forez et de la Madeleine. Elle a dû être le siège
au Carbonifère, comme ces dernières, de multiples éruptions volcaniques
représentées aujourd'hui seulement par les cheminées d'ascension des
laves et quelques restes de coulées. Les filons àequaitz. permolriasiques qui
accidentent celte région achèvent d'établir la similitude des deux terri-
toires réduits par l'érosion à leurs racines carbonifères.
III. Les news et les glaciers ont recouvert la Margeride au moins à deux
reprises, mais le modelé glaciaire et les restes de moraines ne sont pas tou-
jours discernables, en raison de l'altéiation profonde et rapide des roches
de ce territoire, ainsi qu'il a été dil plus haut. Je les ai cependant observés
sur les deux versants.
La haute vallée de la Desges et ses affluents sont entourés d'un cercle de
collines (dont l'altitude s'élève de i/|Oo"' à 1/197'") présentant à leur base
des cirques glaciaires occupés par des tourbières, se continuant par des
vallées en U (au pied des monts Chauvet, Mongrand 1497'") et olTrant
SÉANCE DU 2| JANVIER I921. 229
qiiel(|iies verrous et des resles de moraines. Les environs de Paulliac sont
parliculièrenienl caractérisliqiies à cet é^ard.
\a\ première i;lacialion y est figurée par des replats avec blocs errali(}ues
échelonnés entre 1250" et 1200'", et la deuxième vers ii25'". On les
retrouve entre Pompeyrin et La Beyssère-Saint-Mary, à Liconesse (huttes
moutonnées), à Freysscnet-Chazelal (verrou avec alluvions fluvio-gla-
ciaires), ainsi que dans le grand cirque de Dux-Miolanes, à l'ouest de
Maizieu, à des altitudes analogues.
GÉOLOGIE. — Sii7- la répdi-tiiinn et iallure des bassins phosphalés dans
le Maroc 'occidental. Note (') de M. J. SAVoimiiv, présentée par
M. Ch. Depéret.
Le Maroc présente de riches gisements de phosphates sédimentaires
éocènes (sables blancs ou grisâtres) dans la région dite : Plateau de lieni-
Meskine, ou d'El Borouj-Oued Zcm.^ qui se continue vers Kasba Tadla. Leur
étendue méridienne varie de i""" à So'^'", pour une longueur Est-Ouest de
plus de i2o'"°\ On sait que le tonnage à espérer dépasse 3 à 4 milliards de
tonnes.
J'ai observé d'autres gisements dans les bassins hydrographiques de
l'Oum er Rebia, du Bou Chane, du Tensift et de l'Oued Kçob.
1° Bassin des Ahmar-Bcliamna. — La moyenne vallée de l'Oum er Rebia
sépare le grand plateau des Beni-Meskine de celui des Selam-R'eraba-Oulad
Delim, où l'Eocène est transgressif sur le Primaire et l'Archéen (-). Les
surfaces des deux plateaux sont formées des mêmes calcaires lutétiens à
Tliersitées, concordants sur un faisceau de bancs calcaires, marneux, sili-
ceux e.1 phosphatés qui constituent l'étage Suessonicn.
Si l'on connaît bien le nombre, la puissance et la teneur des couches
phosphatées dans le plateau nord de l'Oum er Rebia, aucune prospection
n'a été faite au Sud; mais je puis y mentionner la présence de ces couches,
toujours sableuses, dont on voit les déblais autour de certains puits arabes.
Des blocs silico-phosphatés caractéristiques (fréquemment intercalés vers
(') Séance du 27 décembre 1920.
(-) Il repose sur le Crétacé supérieur à l'Est vers la Gada des Selam R'eraba (chez
les Rehamma) et sur le Crétacé moyen à l'Ouest, près la Zaouïa Sidi b. Madhi er Rhouati
(chez les Ahraar),
23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le toit do certaines couches à El Boroiij-Oued Zerii) jonchent aussi le sol sur
les pentes méridionales du Bou Chane.
Ce bassin s'étend en latitude sur une longueur de plus de 80'"" à Test du lac Zinia,
pour une largeur niaxima de So*"". La moitié environ de son étendue (Sud-l"sl) est
probablement noyée sous le niveau hydroslati(|ue.
Les cartes de MNL Brives et Gentil indiquent l'Eocène iiiféiieur à l'ouest du lacZima,
en bordure de la plaine-hinlerland de Safi. il ne peut s'agir que de \i retombée d'une
(lexure, au bord de la falaise crétacée, car celle-ci fait partie d'un grand affleurement
où domine le Cénomanien gypseux, jusque dans le douar Biassa. Celte indication
témoignerait néanmoins de l'existence du Suessonien sous une partie du Néogéne
littoral.
u" Hésidus sii/jerficie/s de C/iichaou/i. — Je désigne ainsi les affleurements
éocènes mentionnés par MM. Brives et Lemoine le long- de la route Moga-
dor-MarraUech (Ank cl Djeincl, Raïat, Tilda), à l'exclusion de ceux qui' les
caries figurent le long de l'oued Chichaoua et que je n'ai point observés.
Les calcaires à Thersitées forment ici des tables étroites^ rappelant les « gour »
désertiques. Le Suessonien occupe autour d'elles une étendue irrégulière, dont j'ai
relevé les contours déchiquetés. La plus grande dimension Iîst-<)aest est d'eux iron iS'*"',
pour Kl'"" Nord-Sud.
Les tra\au\ de prospection ont fait connaître au Tilda l'existence de bancs utiles
moins riclies qu'à El Borouj. La tiaiuliée de la route, aux Uaïat, montre un banc
exploitable interrompu pai- une faille.
On n'y connaissait pas l'existence de bancs phosphatés.
3° Synclinal des Medala. — Cet affleurement, dont l'étude est facile au
Khemis des Meskala, est serré dans le crétacé qui forme, au nord du
Mtouga, une série d'ondulations. (îrossièremenl elliptique, il mesure 25"''"
de long, sur une largeur méridienne de o'^'".
Un curieux témoin de Suessonien (où \a couverture lulétienne manque)
s'en détache et forme le plateau du Zned, dont la superficie n'excède
pas 3oo'"'.
La prospection de ces deux gisements, séparé [par un seuil crétacé large de i'""
(route du Tieta el Hanchen au Khemis Meskala) est encoie à faire. [L'existence de
bancs phosphatés que j'y ai \ us est seule acquise.
4" Témoin du Jbll. — Une minuscule trace de calcaires à silex est au
flanc sud du -Tiiil (DjebelJhil, sur la carte au ,^„'^,„„ « Dar Kaïd Mtougui »).
C'est la poitile d'un synclinal relayant le précédent vers l'Est et presque
tout enfoui sous la plaine alluvionnaire dos Oulad Jemmouna. La partie
SÉANCE DU ll\ JANVIEK I921. 23 1
visible occupe quelques iieclares. On y reconnaît des traces de bancs silico-
phosphatés.
.'1° Hassin cri/ni n'TanoiU. — J'ai précisé (, ' ) la position stratigraphique
d'un aflleurement, bord sud de synclinal, à Inii n'Tanoul. Ce pli se ferme
à l'Ouest à S""" de la Zaouia Sidi Abd cl Moumen. Il se prolonge vers l'Est,
à la lisière de l'Atlas, jusqu'au delà d'Amismiz. Sa terminaison orientale
est figurée par MM. Brives et Gentil au pied du plateau de Kik. La presque
totalité du bassin, dont la largeur peut atteindre i5'""à 20""", est cachée
sous les alluvions oligocènes et quaternaires.
Celle siliialion est fâclieuse, au point de vue induslriel, à cause du bassin hydrolo-
gique, probablement artésien, noyant les piiosphales. La prospection faite à Imi
n'Tanout et à Kahira a donné des résultats jugés encourageants, mais la remarque ci-
dessus leur enlève toute valeur pratique.
6" Bassin de Tanaout ou du Haouz. — J'indique ce bassin sur la foi des
cartes géologiques. Il est séparé de celui d'Imi n' Tanout par le grand seuil
éocrétacique et paléozoïque reliant le plateau de Kik à Tameslouht, que je
n'ai point franchi.
La disposition tectonique y doit être la même que dans le précédent bassin et le
phosphate peut s'y trouver.
Il resterait à rechercher des jalons le leliant, vers le Nord-Est, au synclinal de
Kasba Tadia, parDemnal et l'oued Abid.
En résumé, les grandes étendues tabulaires des Béni Meskine et des
Oulad Delim sont, de beaucoup, les plus importantes pour l'avenir indus-
triel. Auprès de ces immenses richesses, les résidus de Chichaoua n'ont
qu'un intérêt théorique : ils montrent la continuité du régime tabulaire
jusqu'au delà des Djebilel et le retour à la situation peu ou point trans-
gressive du Suessonien. Les autres bassins nous renseignent sur l'orogénie
de l'Atlas : la netteté de leur plissement et leur remplissage par la puissante
formation continentale aquilanienne mettent en valeur l'importance du
mouvement orogénique pyrénéen, à la bordure du grand et du moyen
Atlas.
Quant à la transgression suessoniennc, que j'ai notée au sud de Ben
Guérir et jusqu'au lac Ziina, elle témoigne d'oscillations euslatiques, non
accompagnées de plissement. On sait d'ailleurs que ce régime caractérise
toute l'évolution paléogéographique du Maroc occidental durant les temps
secondaires.
(') Comptes renduf!, t. 171, 1920, p. 807.
232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTAI.E. — Action nocive des feuiUcs mortes sur la germiiiiilion .
Note de M. Auguste Lumikrk, présentée par M. (iastoii Boniiier.
En chercliant à découvrir les causes du rylliine saisonnier et du réveil de
la terre, qui sont indépendantes des variations de température, nous avons
antérieurement (') émis l'iiypothèse que les produits solubles renfermés
dans les feuilles mortes et les débris des plantes annuelles, ainsi que ceux
qui résultent de leur fermentation, pourraient peut-cHre jouer ua rôle dans
ce phénomène périodique.
Pour vérifier cette supposition, nous avons fait tout d'abord macérer
pendant 12 heures, dans 2' d'eau de pluie, des lots de 5oos de débris de
végétaux morts, puis de feuilles de marronniers, de platanes et d'arbres
fruitiers divers, ramassées immédiatement après leur chute.
Les liquides de macération recueillis sont sensiblement neutres, colorés
en brun plus ou moins foncé et réduisent très nettement la liqueur de
Fehling à l'ébullition ; ils donnent un précipité noir vcrdàtre par le per-
chlorure de fer et des matières colorantes par condensation avec les dia-
zoïques. Ces solutions sont donc douées de propriétés réductrices très
nettes et paraissent renfermer des corps phénoliques.
Elles s'opposent complètement à la germination des graines.
Après une première macération, si nous remplaçons le liquide relire par
un égal volume d'eau de pluie, nous obtiendrons un nouvel extrait plus
dilué, mais qui empêche de la même façon la levée des graines.
En continuant ainsi des épuisements méthodiques, nous avons constaté
qu'il fallait en poursuivre la série de nombreuses opérations pour avoir une
liqueur qui n'agit plus sensiblement sur la germination.
Dans la nature, les feuilles mortes et les débiis végétaux subissent une
désorganisation progressive pour aboutir finalement à l'iiumus et il nous a
paru également important d'étudier l'action des produits qui prennent
naissance aux premiers stades de leur désagrégation.
A cet effet, nous avons abandonné ces débris à la fermentation spontanée
à l'air libre, dans les conditions liabiluelles de leur transformation et nous
avons constaté que leurs premières modifications s'efTecluenl sous l'in-
fluence de micro-organismes dont le plus impoitant est un bacille de l'espèce
(') Auguste I-uihièke, Le réveil de la terre amble (Coni/Ues rendus, l. 171, 1920,
p. 868).
SÉANCE DU 2/i JANVIER 1921. 233
coll. Ail fur el à mesure qu'elle se poursuit, le milieu devient acide, il se
colore davantage, prend une odeur aromatique prononcée; an bout de
3 mois de fermentation, le liquide d'extraction est rouge brun, très difficile
à fdtrer; dès qu'une portion est passée au travers du filtre, elle se trouble
en absorbant l'oxygène de l'air; sa surface se recouvre d'une pellicule irisée
et, si l'on procède à des fîltrations successives, les mêmes phénomènes se
reproduisent par suite de la formation de produits d'oxydation insolubles.
Cette solution possède aussi des propriétés réductrices analogues à celles
des macérations préparées immédiatement après la chute des feuilles et
exerce les mêmes effets d'inhibition sur la germination des graines.
De nombreux essais sont actuellement en cours afin de préciser les diffé-
rences que peut présenter la flore microbienne des débris pendant le cours
de leur désintégration; ces essais auront ainsipour but de déterminer, avant
l'attaque de la cellulose et des hydrates de carbone, déjà étudiée par d'autres
auteurs, la composition des produits intermédiaires élaborés dans ces fer-
mentations et leurs propriétés ainsi que les variations qui peuvent être
observées dans ces différents éléments quand on passe d'une espèce végétale
à une autre ou lorsqu'on change de climat.
Quoi qu'il en soit, l'explication- que nous avons donnée du réveil de la
terre semble bien confirmée par ces premiers résultats.
On sait, en effet, que la germination est caractérisée par des oxydations
d'une grande intensité; en l'absence d'oxygène, elle n'est pas possible; or,
au moment de la chute des feuilles et de la mort des plantes annuelles, les
pluies dissolvent les corps solubles réducteurs renfermés dans ces matériaux
et imprègnent le sol de substances qui tendent à absorber l'oxygène pour
leur propre compte en privant la graine de cet élément absolument indis-
pensable à sa levée.
Au début de la désorganisation des débris végétaux, les mêmes phéno-
mènes peuvent se poursuivre pendant un certain temps encore.
Après la chute des feuilles, la terre demeurera donc stérile jusqu'au jour
où l'oxygène atmosphérique ayant pénétré dans le sol, soit directement, soit
par sa dissolution dans les eaux de pluies, aura complètement oxydé les'
produits réducteurs qu'elle renfermait.
Ce mécanisme permet de comprendre toute l'importance du labourage
qui ramène à la surface les couches profondes imprégnées d'agents stéri-
lisants dont l'action paralysante est ainsi plus complètement annihilée.
Il explique, en outre, le réveil de la terre qui se manifeste aux premiers
jours du printemps, alors que le relèvement de la température a permis de
234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
liàter la fin de ces réactions dont le cycle se trouve terminé à celte époque
de l'année.
Nous nous proposons de poursuivre ces expériences, non seulenienl pour
apporter plus de précision dans l'étude du phénomène de biologie végétale
qui nous occupe, mais aussi dans l'intention de rechercher des moyens
de pouvoir rendre à la terre d'une façon précoce la fécondité qu'elle perd
momentanément en hiver du fait des substances réducliices dont nous
avons nionU'é l'origine. 11 est inutile d'insislei- sur Tintérèt que pourrait
présenter la solution d'un tel problème.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Su?- la présence iVacidc ciuinique dans 1rs fciiilles
de quelques Conifères. Note de M. Geor«es Tanket, présentée par
M. L. Maquenne.
L'acide quinique, découvert primitivement dans le quinquina (Hof-
mann, 1790), a, jusqu'à ce jour, été surtout rencontré dans la famille des
Rubiacées : dans les (Quinquinas, les Uemijias, le Café, le Caille-Lait de
nos prairies. Il existe aussi dans les feuilles de certaines Kricacées : lîusse-
role, Airelle myrtille et différents autres genres de Vaccinium; on l'a cnlin
signalé dans les feuilles de Tabac, de Betterave et de Groseillier noir.
Je viens à mon tour de constater sa présence dans les feuilles de (piel(]ues
Abiétinoes.
L Des feuilles de Cèdre (^Crdrus Lihani) sont traitées, à deux reprises,
par cinq fois leur poids d'alcool à 70" bouillant. L'extrait alcoolique est
déféqué par le sous-acétate de plomb, puis privé de plomb par SO'H- et
d'acide acétique par agitation avec de grandes quantités d'éther. La
liqueur, franchement acide, est neutralisée à la baryte, puis amenée en
sirop : celui-ci est privé de ses sucres par des épuisements à l'alcool bouil-
lant. Le résidu, surtout constitué par un sel organique de baryte, est
dissous dans l'eau et additionné de sous-acétate de plomb : le sel basique
de plomb ainsi précipité est décomposé par H- S : on évapore sa solution,
on reprend par l'alcool à 95° bouillant qui sépare des sels, on chasse l'alcool
et l'on concentre la soluti(m aqueuse qui abandonne lentement de beaux
cristaux d'acide quinique. Des eaux mères on retire encore un peu d'acide
en l'insolubilisant à l'étal de quinale de chaux.
L'acide quinique cristallise anhydre. Ti-ès soluble dans l'eau, il l'est
peu dans l'alcool fort : il se dissout à i4" dans 5o parties d'alcool à 9^",
SÉANCE DU l!\ JANVIER 1921. 235
3i parties d'alcool à 90°, i/| parties d'alcool à 80°, 6,6 parties d'alcool à 60".
Sa soliilion aipieusc a pour pouvoir rotatoire [aj^^ — 4^") 2. Ghaufle avec
un mélange de SO'H-et deMnO-il donne lieu à la production de quinone
qu'on isole par sublimation. Ses sels de calcium cl de baryum contiennent
les quantités tbéori(jues de Ca et de Ba.
(^uant à son point de fusion, il a été trouvé notablement supérieur à celui
indiqué par Hesse (161°, 6) et reproduit dans la plupart des livres clas-
siques : au bloc Maquenne ou en tube effilé fermé, les cristaux ne fondent
qu'à i83°-i84".
Des feuilles de Cèdre, récoltées dans la région parisienne, ont ainsi
donné, au mois de juilliH, un rcndemenl de 5''' d'acide cristallisé par kilo-
gramme (rapporté aux feuilles à 100"). En décembre, l'acidité libre des
feuilles avait diminué d'un tiers : on n'a alors pu isoler que 2« d'acide au
kilogramme.
II. Au cours de ce travail, on a été amené à rechercher les modifications
que, comme dans le cas de l'acide tartrique et de l'acide malique (Gernez),
le molybdale d'ammoniaque apporte à la valeur du pouvoir rotatoire de
l'acide quinique. On a ainsi constaté que des additions progressives de ce
sel changent notablement ce pouvoir rotatoire. Rapporté à i'""' d'acide qui-
nique, on le voit d'abord passer de sa valeur initiale à un premier maxi-
mum [a]n= — 63" pour ,'- de molécule de molybdate, puis décroître jus-
qu'à — 54°, 8 pour J de molécule, pour remonter enfin à la valeur limite
— 71°, 7 avec \ molécule (i» d'acide quinique pour i4""' de solution).
De telles solutions, longtemps abandonnées à elles-mêmes, déposent
lentement un polymolybdate peu soluble, analogue à celui que M. Darmois
a récemment signalé comme se formant dans l'action du molybdate d'am-
moniaque sur l'acide malique : en même temps le pouvoir rotatoire subit
de nouvelles modifications. Au bout de deux mois et demi, le minimum
était tombé à |a]i,— — 21° : le premier maximum ne varie pas, le second
remontant légèrement à [aj,, = — 7V) 7-
Cette action sensibilisatrice du molybdate d'ammoniaque peut, dans
certains cas, aider à la recherche de l'acide quinique et servir de base à une
méthode approchée de dosage, étant donné que le pouvoir rotatoire de
l'acide augmente des deux tiers par l'addition d'un excès de molybdate (').
III. La recherche précédente a été étendue à un certain nombre deConi-
(') L'augmeiilalion globale du pouvoir rotatoire de l'acide quinique sous l'induence
du molybdale d'ammoniaque avait déjà été signalée par liimbach et Schneider {Z. f.
physik. C/i., t. hk, 1908, p. 467)- L'existence des trois points critiques que je signale
ici n'a cependant pas été vue nettement par ces auteurs.
236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fères, doni l'acidité libre des feuilles était du reste très variahle, dans le
rapport de i à 8.
Les tentatives d'isolement sont restées négatives dans le cas de l'If
(Taxinécs) et du Genévrier (^Cupressinées). Dans le groupe des Abiétinées,
on n'a pas trouvé d'acide quinique dans l'Epicéa ni dans le Sapin; par
contre, le Mélèze (Lari-v eurojvva) m'a fourni des résultats à rapprocber de
ceux du Cèdre, mais avec des différences sensibles suivant la provenance
des écbantillons analysés. Des Mélèzes de la forêt de Fontainebleau (juillet)
ont donné 3^,5 d'acide par kilogramme de feuilles (à loo") : le rendement
a atteint 5''' pour des feuilles récoltées au même moment dans une vallée
des Haules-Alpes, à i8oo™ d'altitude. On retrouve donc, dans ce cas par-
ticulier, l'influence du climat sur la biologie d'un même végétal, aussi
nette au point de vue chimique qu'elle l'est souvent au [)oint de vue mor-
phologique. Cet exemple est à rapprocher de l'augmentation de la teneur
en quinine et en cinchonine des Quinquinas cullivés aux altitudes élevées,
de la richesse en essence des Lavandes croissant en monlagne, de la com-
position variable de l'essence de Crisle-Marine selon les points de sa
récolte (Delépinc et de Belsuuce), et de bien d'autres encore.
MORl'llOL03IE. — De l'action totirlnllninidirc de Icau sur le corps cl la queue
des Oiseaux plongeurs. Note de M. A. Mag\an, présentée par M. lulmond
Perrier.
J'ai montré, en collaboration avec M. F. Houssay('), que les Oiseaux
aquatiques se distinguent des autres groupes d'Oiseaux par une aile peu
large, et cela quelle que soit leur sorte de vol, plané ou ramé. En outre,
chez ces Oiseaux d'eau, l'acuité de l'aile étant très grande, la queue se
trouve raccourcie, alors que les autres Oiseaux s'opposent aux précédents
par une aile moins aiguë et une queue plus longue.
J'ai essayé de détailler davantage ces conclusions par une analyse plus
serrée et, à la suite de nouvelles observations, j'ai été amené à adopter le
groupement suivant pour les Oiseaux (jue j'ai étudiés, tellement les résultats
(pie j'obtenais étaient caractéristiques, lorsqile je comparais la longueur de
la (}ueue mesurée en centimètres à la racine cubique du poids exprimé en
grammes.
(') l". lIoussAY el A. Magnan, IJ'envergure et la queue chez les Oiseaux {Comptes
rendus, t. 15'»., IC)I2, p. Sg).
SÉANCE DU 24 JANVIER 192 1 . 287
Rapport
Poids Longueur de l'envergure
du relative ;i la largeur
corps. de la queue. de l'aile.
Rapaces diurnes i443,90 2,6 5,6
Corvidés 255 2,6 \,i
A. [ Passereaux 43, 20 2,3 4,''
Rapaces nocturnes 587 2,2 5,5
Gallinacés, Colombins 56o,5o 1,7 5,3
Palmipèdes à grandes ailes 2026,70 1,7 8,7
, Grands Ecliassiers 2662 i ,5 6
I Petits Echassiers 280,40 i ,3 6,7
\ Oiseaux plongeurs 892 0,8 7
11 ressort de l'examen de ce Tableau qu'il exisle bien deux séries d'Oiseaux
très distinctes :
1° La série A, formée d'Oiseaux terrestres, chez lesquels l'acuité de l'aile
est assez petite et la longueur de la queue assez grande.
2° La série B, constituée par des Oiseaux habitués à vivre dans les
régions aquatiques, qui, de ce fait, ont souvent à supporter les efî'ets de
grands courants d'air et chez lesquels l'acuité de l'aile est plus grande,
tandis que la queue est courte.
^L1is on peut se rendre compte que les Oiseaux plongeurs possèdent une
queue extraordinairement réduite, plus réduite que celle des autres Oiseaux
fréquentant les rivages ou les marais, mais ne menant pas la vie aquatique.
J'ajouterai que les chiffres que je donne ne représentent pas des moyennes
factices, puisque la longueur relative de la queue varie, pour les espèces
étudiées, de 2 à 3,3, chez les Rapaces diurnes par exemple, et seulement
de G, 3 à 1,1 chez les Oiseaux plongeurs.
On sait, comme plusieurs auteurs l'ont établi, que les Poissons ont leur
extrémité postérieure effilée. Cet effilement de la partie postérieure de leur
carène est la conséquence de l'action tourbillonnaire de l'eau qui a eu aussi
pour effet de provoquer une inversion du corps, avec compression dans le
plan horizontal à l'avant et dans le plan vertical à l'arrière, ainsi que l'a
montré C. Weyher (').
Or il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que ce modelage par l'eau
s'est exercé sur les Oiseaux plongeurs de façon identique, effilant la partie
(') G. Weyher, Revue générale des Sciences pure.> et appliquées, i5 janvier igoS.
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 172, N" 4.) ' '7
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
postérieure de leur corps et réduisant les rectrices en longueur et en poids,
souvent au point de les faire disparaître presque complètement, et cela est
vrai aussi bien chez les Palmipèdes et les Echassiers, que chez les Pas-
sereaux plongeurs tels que les martins-pccheurs dont la longueur relative de
la quL'ue est de i,i. alors que pour les autres Passereaux, celte longueur
est en moyenne de 2, 3.
J'ai constaté d'ailleurs que d'autres déformations avaient été apportées
au corps des Oiseaux plongeurs en raison de leur déplacement à une cer-
taine vitesse, quelquefois assez grande, dans le milieu aquatique. Tout
d'abord leurs membres postérieurs, pressés par les courants d'eau, se sont
placés dans le prolongement du corps en même temps que les jambes se
soudaient plus ou moins à celui-ci. En outre, ces Oiseaux ont subi, comme
les Poissons, une inversion à deux nappes plus ou moins masquée, la com-
pression postérieure dans le plan vertical étant la plus nette et se traduisant
particulièrement chez les grands plongeurs comme les grèbes elles plon-
geons, par un applalissoment des tarses dans ce même plan.
Celte forme générale de fuselage que l'on observe chez les Oiseaux plon-
geurs aussi bien que chez les Poissons méritait d'être signalée, car, étant
donnée sa généralité, elle nous parait susceptible d'applications pratiques.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — 5///' Id seiiii-f)cri)U'(ihllilé bioloiiit/itc des p/iifn.s cxté-
rieiiirs des Sipiinciilidrs. Note ( ' ) de M. C Dekhuvsen, transmise par
M. Y. Delage.
Les liquides cavitaires des invertébrés marins sont isotoniques avec l'eau
de mer ambiante. On pourrait admettre que les parois sont, du moins en
partie, perméables pour l'eau, les gaz et les sels. Les expériences suivantes
vont montrer que la paroi extérieure du Phascolosomd ruigarc et du Sipiin-
ciilus nudus est bio/ogù/uemenl semi-perméahle^ c'est-à-dire que l'eau pure,
CO- et O- passent avec une rapidité incomparablement plus grande que
les sels.
Ces animaux sont des sacs vermiformes, à parois musculaires fortes,
tapissées à l'extérieur par un épiderme, constitué d'une seule couche de
cellules, couvertes par une cuticule épaisse, tandis que, à l'intérieur, on
(') Séance du 20 septembre 1920.
SÉANCE DU 2/| JANVIER I921. 289
trouve un épilliélium à cils vibratils. La cavité générale très vaste est
remplie du liquide pcriviscéral. Elle communique avec le milieu ambiant
par deux pores excréteurs, toujours bouchés. Ce n'est qu'une seule fois,
au cours d'expériences avec une centaine d'individus, que nous avons vu
en sortir le liquide périviscéral, très facilement reconnaissable à sa couleur
rougeàtre, due aux nombreuses hématies chargées de hémérythrine. L'ani-
mal était en excitation considérable sous l'action du chloroforme. En capti-
vité, les animaux vident leur tube digestif et ne prennent pas le sable. Aussi
n'avalent-ils de l'eau de mer qu'en quantités négligeables. Nous avons,
dans la pesée, un moyen très simple pour étudier l'action de la pression
osmolique du milieu ambiant. La quantité du liquide périviscéral est d'en-
viron 58,6 pour 100 du poids des Phascolosomes, de 57,7 à 62,8 pour 100
du poids des Siponcles. Le point de congélation de 20™', empruntés à
10 Phascolosomes, était : — 2°, et contenait en chlorures, calculées comme
NaCl: 2,925 pour 100. Chez un Siponcle nous en avons trouvé 3,25
pourioo, exactement la même quantité que dans l'eau de mer. Le point
de congélation en est : — 2°,o3 en riioyenne.
1. Un Phascolosome en très bon état, pesant 3% 123, est lavé dans
5,45 pour 100 de NaNO' (à peu près isotonique avec l'eau de mer), puis
porté en 100™' d'eau distillée. 5 minutes après il pèse 3°, 470; remis dans
l'eau de mer il pèse après 3 heures S'"', i45 ; le lendemain 3^, 1 27. L'eau dixiillée
ne contenait qiCune trace de Cl, correspondant à moins de o"'°,2 de NaCl.
Le liquide périviscéral a absorbé 18,8 pour 100 d'eau sans dommage.
2. Poids originel du Phascolosome: 2^,429; après 10 minutes dans
H-0 : 2^,932, donc 35,35 pour 100 de dilution du liquide périviscéral.
Remis dans l'eau de mer, après 3 heures, il pèse 2^,610.
3. Poids originel: 4^,3o8; après 20 minutes dans 70""' deH-O : 4''j973.
L'animal, très vigoureux, avait contracté ses muscles et réduit sa surface
autant qu'il pouvait, ne diluant son liquide périviscéral que de 26,6
pour 100. L'eau d'où il sortait contenait 4'"^) 39 de NaCl.; 2 heures dans
l'eau de mer réduisent le poids à 4^)675.
4. Un Phascolosome, peu vigoureux, pèse 3°j8Go ; 10 minutes dans l'eau
distillée portent son poids à 4^)735, donc 38,7 pour 100 de dilution du
liquide périviscéral ; après 20 heures dans l'eau de mer, il pèse encore 4") 1 5o.
5. Trois Phascolosomes bien portants : L 7", 8, pèse : après 3o mi-
nutes ('), 9^^, 5, donc 37 pour 100 de dilution du liquide périviscéral;
(') En eau douce contenant io"'8 de NaCl par 100'™".
24o ACADÉMIE DES SCIENCES.
45 minutes après remise dans l'eau de mer, 8", 9; iG heures après, 8% 5. —
H. >",(), pèse : après ^)0 minutes ('), 4%2, donc 28,5 pour 100 de dilution
du li(juide périviscéral; 4^ minutes après remise dans l'eau de mer, 3*, 9;
I G heures après, 3'^, 7. — III. 3^,7, pèse: après 3o minutes ('). 4%^j donc
4i pour 100 de dilution du liquide périviscéral; 45 minutes après remise
dans l'eau de mer, 4%2; 16 heures après, 3", 9.
G. Trois autres, moins bien portants : I. 4'">4) après 80 minutes dans
3oo""' d'eau distillée, 5%9; 18 heures après, l'animal, plutôt moribond,
avait 4% 2. — II. 4% 2, après 80 minutes dans 3oo""' d'eau distillée, 5% 4'.
18 heures après, l'animal, moribond, avait 3%8. — III. iS5, après 80 mi-
nutes dans 3oo™' d'eau distillée, 2% 3; 18 heures après, l*animal, moribond,
avait 2^,3.
7. Un Phascolosome en bonne condition, pesant 2", 993, est mis dans
une solution de 12" de NaCl en loo" d'eau; après 20 minutes, 2', 772:
remis dans l'eau de mer après 2 heures, il pèse 2', 955.
Il résulte de ces chiffres que l'état de l'animal joue un o;rand rôle dans le
passage de l'eau et des sels à travers la paroi.
8. Deux Siponcles très bien portants pesaient Go-,o et 64% 5; 10 minutes
dans de l'eau de mer diluée d'un volume égal d'eau douce portent leur
poids à 64''', 5 et 69", 3. Après 19, heures dans l'eau de mer, nous trouvons
59^,1 et 64-, 3; mais 2 jours après, le second pesait 67^3 (sans avoir eu
du sable à sa disposition). Ils avaient dilué leur liquide périviscéral
de i3 pour 100.
9. Le Siponcle de 67", 3 transporté dans de l'eau de mer, où l'on avait
dissous II", o5 de NaCl pur, perd en 10 minutes i^,3. Après G heures
dans l'eau de mer il en regagne i%8. Son liquide périviscéral contenait
3'"', 087 pour 100 de NaCl : diminution tout à fait explicable par l'absorption
de 3", 5 d'eau pure dans les expériences décrites.
Nous préparons un liquide hypotonique A en mélangeant 900""' d'eau
de mer avec 100""' d'eau douce, et un liquide bypertonique H en dissol-
vant 3% 5 de NaCl pur dans i' d'eau de mer. Donc 10 pour 100 de dilution
et 10 pour 100 de concentration.
(') l£ri eau douce conlenant io™8 de NaCl par ioû™\
SÉANCE DU 24 JANVIER 1921,
241
.Dans l'eau
de mer
Après
Le liq. pér.
Après
Le liq. pér.
^'
l'oids
■,'0 m imites
1 ,lnn,- absoi-lR
■.'Il niiniiles
a donc perdu
après
après
11- I-.' Pl.asr.
en A.
p. mil (■)■
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3,9i5
7,39
).
2,988
Quand le milieu ambiant subit des variations de concentration suppor-
tables, les animaux se défendent. Ils absorbent moins d'eau dans le milieu
hypotonique qu'ils n'en perdent dans le milieu iiypertonique au même
degré. Est-ce que c'est leur défense musculaire qui combat la pression
osmotique? Ce serait un moyen efficace contre le gonflement, impuissant
contre le dégonflement; d'ailleurs les animaux s'étendent dans le milieu
dilué. Nous croyons plutôt au rôle des cellules de l'épiderme dans la défense.
Les gaz respiratoires traversent la paroi : Pbascolosomes et Siponcles
n'enfoncent dans le sable qu'une partie très peu étendue de leur corps : la
trompe ou le pôle apical sortent. Les tentacules ne s'étendent que rarement.
Nous n'avons pu trouver d'indications d'un passage de sels par la paroi tant
qu'elle était en état normal. C'est donc bien la seini-pciméabililé biologique.
(') En moyenne 4,49 pour 100 d'eau.
(-) lîn moyenne 6, S'.', pour 100 d'eau.
l[\1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQIE. — Les végétaux iiifcrirurs et les facteurs accessoires
de la croissance. Note de M. Pirrre Goy. présentée ]iar M. Gaston
Bonnier.
Depuis que le problème des vitamines a été posé au sujet des animaux
supérieurs, bien des chercheurs se sont demandés si les végétaux, et notam-
ment les monocellulaires, avaient besoin de tels composés organiques pour
mener à bien leur évolution. De l'avis de cjuelques auteurs, la question ne
fit aucun doute et ceux-ci répondirentpar l'affirmative; pour d'autres, il ne
saurait y avoir la moindre comparaison à ce sujet entre les végé-taux et les
animaux; enfin, certains ont admis de la part des infiniment petits une
sensibilité marquée à de tels composés sans que la présence de ces corps
revête un caractère obligatoire pour leur développement.
Nous nous sommes donc proposé de chercher si vraiment la présence de
certains composés organiques était une cause sine qua non au développe-
ment des végétaux inférieurs, si ceux-ci bénéficiaient d'un apport de corps
organique à action spécifique, et enfin dans l'affirmative si ces composés
étaient des vitamines, pouvaient y être assimilés ou non.
Nous nous sommes servi à cet efi'et du Saccharoniyces cerevisiœ comme
sujet d'expérience et du Mucor Miicrdo en fait de générateur; toutefois nous
n'avons pas circonscrit nos recherches à ces deux espèces, ayant expéri-
menté sur bon nombre d'autres sujets, entre autres Aspergil/us niger.
Pénicillium glaucwn, Baçillus niegaloriwn et plusieurs autres Bacilles,
Diplobacilles et Streptocoques.
Il ressort de nos recherches :
I" <jue les végétaux inférieurs, notamment ceux précités, n'exigent pour
leur développement aucun corps organique pouvant de près ou de loin
être assimilé aux vitamines, ce terme étant pris au sens habituel du mot,
car ils poussent admirablement en milieux minéraux apjiropriés sans la
moindre trace de facteurs accessoires; ces solutions composées de corps
strictement purs ayant été de plus stérilisées, pendant i heure So minutes,
à i3o°;
1° Que CCS mêmes végétaux voient, outre leur métabolisme modifié, la
vitesse de leur prolifération accrue dans des proportions surprenantes
Tsans augmentation toutefois de poids final récolté) par le simple apj)ort de
SÉANCE DU 24 JANVIER I921. 243
quelques fractions d'un milieu minéral analogue, mais où avait proliféré
auparavant soit une espèce identique, soit un végétal très différent;
3° Que le corps organique communiquant une telle propriété à ces
milieux, et que nous avons réussi à isoler d'une culture de Mik-oj-, parl'étlier,
à l'état pur et cristallisable ne révèle sa propriété accélératrice qu'une fois
porté en solution au bain-marie à HS^-go", la perdant seulement vers i68°-
170° (chaleur sèche n'entraînant pas sa carbonisation) et n'ayant pas l'air
de souffrir beaucoup d'un passage à l'autoclave pendant i heure 3o minutes,
à i'3o°.
Nous pouvons d'ores et déjà affirmer que ce corps est un composé car-
boné à fonction acide, fusible aux environs de i "5'^ sans laisser de cendres,
non précipitable par l'acide phosphotungstique, ne présentant aucun des
caractères d'un amino-acide quelconque, et ne décelant pas trace de phos-
phore on d'azote.
Dissoute dans l'eau et évaporée sur lame, la cristallisation de cette subs-
tance vue à fort grossissement, rappelle certaines feuilles de fougère; mais si,
par exemple, on la porte lentement à son point de fusion elle ne tarde pas à
se séparer en deux parties : l'une pulvérulente reste au fond du récipient
qui la contient, tandis que l'autre se condense sur les parois affectant une
nouvelle forme cristalline de système prismatique, d'ailleurs relrans-
formable en la première, à peu de chose près, à la suite d'une nouvelle
dissolution et évaporation. Ni la partie cristallisée, ni celle pulvérulente ne
possède plus d'action sur le développement des levures ; cette qualité du reste
ayant été annihilée par chauffage avant qu'aucune modification physique
ne nous ait frappé.
Il nous a été possible d'obtenir des résultats analogues à ceux fournis par
ce corps au moyen d'extraits de tissus végétaux, parmi ceux-ci seuls les jus
de citron et d'orange se révélèrent comme activant sans même avoir besoin
d'être chauffés préalablement; mais par contre ces dernières résistèrent
comme les précédents à des températures qui auraient détruit sans nul
doute possible les facteurs accessoires dénommés A et B.
Nous nous baserons sur les faits suivants pour conclure à la non-idenlilé
des corps appelés ritti/tiincs d'avec relui trouvé au cours de nos recherches :
i" Besoin d'un chauffage antérieur pour rendre actif ce composé orga-
nique ;
2° Non-destruction de celui-ci par la chaleur humide, même à haute
température;
244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° Présence de ce corps dans les grains de riz décortiqués.
Par contre, le peu de matière o™", 8 pour 5o™' de liquide de Mayer néces-
saire au plein effet de son action vis-à-vis des levures et des végétaux infé-
rieurs en général, sa destruction par le radium et par ébuUition en solution
alcaline, sa plus grande résistance aux rayons ultraviolets, et enfin son
caractère véritablement accessoire nécessitant un couvert des éléments
minéraux indispensables pour agir efficacement, font que par certains côtés
ce composé prend figure de véritable vitamine de croissance, non indispen-
sable à la vie des infiniment petits, mais singulièrement efficace quant à
leur prolifération.
11 résulte des rechercbes précédentes que les vitamines ne sont pas indis-
pensables aux végétaux inférieurs; toutefois l'évolution de ceux-ci est consi-
dérablement influencée par un corps organique que nous avons isolé, à
l'état pur et cristaliisable, de cultures de Mucor Miicede en milieux synthé-
tiques.
Ce composé n'agit qu'après avoir été chauffé a 85''-9o'' et perd sa pro-
priété vers 170°. Il ne présente aucun caractère propre aux acides aminés.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Diabète ct glycémie. ^o\.Qà^'S\}A.U..Yim&RX
et F. Rathery, présentée par M. Henneguy.
Dans des conditions physiologiques, bien déterminées, un individu
normal présente une glycémie qui lui est propre et qui peut être regardée
comme sensiblement fixe. Cette glycémie fonctionnelle doit servir de base
à des comparaisons ultérieures.
On observe, dans divers états physiologiques ou pathologiques, une aug-
mentation sensible de la teneur en sucre du sang, augmentation qui peut
coïncider avec la présence ou non du sucre dans l'urine. Si l'on admet que
l'hyperglycémie conditionne la glycosurie, et qu'on prenne le passage du
glucose dans l'urine comme réactif de l'hyperglycémie, on constate qu'il
existe toute une marge où l'hyperglycémie peut s'exercer sans effet glyco-
surique, et cela jusqu'à un cei'taintaux (pii d'emblée déclenche l'élimination
du glucose par le rein. Nous appellerons hyperglycémie liminaire la teneur
en sucre du sang nécessaire pour produire le seuil de la glycosurie, (lette
hyperglycémie liminaire est nettement individuelle.
SÉANCE DU 24 JANVIER I921. 245
Faute de pouvoir comparer la glycémie des sujets, atteints de diabète, à
la glycémie fonctionnelle de ces mêmes sujets lorsqu'ils étaient en bonne
santé, nous avons été obligés de tourner la difficulté. Voici le mode opéra-
toire que nous avons adopté pour l'étude de la glycémie des diabétiques,
cliez lesquels il est possible, par un régime strict ou par le jeûne, de faire
disparaître le sucre urinaire.
1° négiine strict. — A un diabétique, présentant de la glycosurie, nous
faisons une première prise de sang et nous déterminons la teneur du plasma
veineux en sucre libre et sucre protéidique. Le diabétique est ensuite soumis
à un régime strict, pauvre en hydrates de carbone, comprenant : œufs,
viande, légumes verts, beurre, vin et eau. En général, vers le troisième jour
de ce régime, le diabétique, du type envisagé, est devenu aglycosurique.
Ce régime est prolongé pendant 8 jours, temps au bout duquel est fait un
nouvel inventaire en sucre du plasma veineux. Ensuite, on améliore ce
régime sous le rapport des sucres en y introduisant un aliment riche en
un hydrate de carbone déterminé (pomme de terre par exemple), et l'on
cherche, dans les conditions précisées, la capacité de fixation du sujet
considéré vis-à-vis de cet hydrate de carbone, dont les prises sont progres-
sivement augmentées, jusqu'à ce que l'urine de 24 heures ne renferme plus
que des traces de sucre. A ce moment, nous diminuons très légèrement
la dose de l'aliment hydrocarboné de façon à faire disparaître complètement
le glucose urinaire (urine de 24 heures), et, par une troisième prise de
sang ('), nous déterminons ce que nous appellerons V indice glvcémùj ne de
tolérance, c'est-à-dire la teneur en sucre libre et sucre protéidique du plasma
veineux à ce moment.
Les modifications que nous avons constatées à la suite de ces différentes
épreuves peuvent être résumées ainsi : chez la plupart des diabétiques du
type envisagé on constate, après 8 jours de régime strict, un abaisse-
ment très net de la teneur du plasma veineux, à la fois en sucre libre et en
sucre protéidique. Cette teneur se relève, à la suite du régime de tolérance,
tout en restant inférieure à la teneur initiale. L'indice glycémique de tolé-
rance prend ainsi une teneur intermédiaire en sucre libre et sucre pro-
téidique. A chaque individu correspond un indice particulier.
(') Les trois prises de sang sont faites à une veine du bras, le matin à jeun, 10 heures
environ après le repas du soir, à S jours d'intervalle. 11 suffit pour la détermination de
l'indice glycémique de 8"^™' à lo*^"'' de plasma lluoré.
' G. R., 1931, !"♦ Semestre. (T. 17Î, N° 4.) '"
246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autres modalités ont été observées : à la suite du régime de tolérance,
le taux du sucre libre peut remonter et même dépasser le taux initial
(correspondant à la première saignée et à l'état de glycosurie), mais le
sucre protéidi({ue se maintient à un taux inférieur, ou vice lersa. Avec
certains cas on assiste aux différentes pliases d'un jeu de compensation
entre le sucre protéidique et le sucre libre.
Quand, initialement, la teneur en sucre protéidique est peu élevée, les
variations du sucre protéidique sont peu accusées.
2° Jeûne. — Pendant le jeûne, la teneur du plasma veineux en sucre libre
et en sucre protéidique subit une baisse notable. Exemple :
Sucre libre Sucre proléiilique
pour 100. pour 100.
Avant le jeinie i»-', 33 )P,88
Pendant le jeûne ''*"!99 i^,3i
Diabète consomptif. — Dans le diabète consomptif, avec acidose, on
peut, au cours du jeûne, observer deux sortes de phénomènes : i° la teneur
du plasma en sucre libre et en sucre protéidique augmente et les symptômes
de coma apparaissent; 2° les signes d'acidose disparais-sent, la glycosurie
s'atténue considérablement ou cesse; le taux du sucre libre et protéidique
baisse dans le plasma. Exemple :
Sucre libre Sucre proléidii|ue
pour 100. pour 100
Avant le jeûne 4^ï3i os,8i
Pendant le jeûne 3^, 65 O"» io
Conclusions . — Des recherches faites sur 45 diabétiques nous déduisons
les conclusions suivantes : 1° chaque diabétique a un indice glycémique de
tolérance qui lui est propre ; 2° un chiffre élevé de cet indice est en rapport
avec un pronostic réservé; 3° la valeur de l'indice glycémique proléidi(jue.
qui n'avait pas été envisagé jusqu'ici, paraît revêtir un intérêt tout parti-
culier ; 4° l'étude de l'indice glycémique donne le moyen de suivre des
modalités de diabète que le simple examen des urines ne permet pas d'envi-
sager. Dans la pratique courante, une seule prise de sang, faite dans les
conditions précitées, permet de caractériser l'indice glycémique de tolé-
rance.
A iG heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
SFANCE DU 2/j JANVIER 1921. '247
COMITE SECUET.
La Section de Chimie, par l'organe de son Doyen M. Lemoine, pré-
sente la liste suivante de candidats à la place vacante par le décès de
M. Armand Gautier :
En première ligne, ex œquo et par ordre ( MM. Auguste Béhal
alphabétique ( GEonr.ES Urbaiiv
!MM. Emile Blaise
Albert Colson
Marcel Delëpine
Paul Lbbeau
A runanimité, l'Académie adjoint à cette liste le nom de M. Camille
Matignon.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 18 heures.
K. P.
24^' ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 3 janvier 1921.)
Etal de l'Académie des Sciences au i'^"' janvier 1921 :
Page 16, à la liste des Membres élus depuis le 1"'' janvier 1920, ajouter :
Académiciens libres. — M. J.-L. Breton, le 29 novembre.
Page i^, ligné 11, au lieu de M. Vito Voltkrra, décédé, lire M. Vito Noltekha,
élu Associé étranger.
Note de M. R. de Forcrand, Sur le point de fusion de 1 heptane et la loi
d'alternance des points de fusion :
Page 3i, lig.ie 8, au lieu de exécuté en 1896, lire exécuté en 1916.
Note de M. A. Liénard, Potentiels scalaire et vecteur dus au mouvement
de charges électriques :
Dans toutes les formules des pages 52 et 53, lire partout /• au lieu de c.
(Séance du 17 janvier 1921.)
Note de M. C/uirh's Frêinont, Essai, à l'emboutissage, des tùics minces :
Page 148, lignes 6 et i4, eu lieu de Kg, lire kgni (kilogrammètres).
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 51 JANVIER 1921.
PRESIDENCE DE M. Gkoiu;es LE.MOINE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMFE.
M. le Mi.visTRE DE l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret, en date du 28 janvier 192 1 . approuvant Téleclion que
l'Académie a faite de M. Pieiire Iîazy pour remplir la place d'Académi-
cien titulaire devenue vacante, dans la Section de Médecine et Chirurgie,
par suite du décès de M. Félix Guyon.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Pierre Bazy prend place parmi
ses confrères.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Président s'exprime
en ces termes :
L'Académie des Sciences vient d'avoir la douleur de perdre encore un
de ses membres, M. Emile Iîourquelot, décédé le 26 janvier après une
courte maladie qui s'est terminée brusquement.
M. Bourquelot était né à Jandun (Ardennes) le 21 juin 1 85 1 . Il s'adonna
de bonne heure à l'étude de la pharmacie, mais il se dirigea bientôt vers
la carrière scientifique. Interne en pharmacie en 1873, il devint pharma-
cien des hôpitaux de Paris en 1878. H fut attaché au corps enseignant de
l'Ecole supérieure de Pharmacie comme préparateur de cryptogamie, puis
comme chef des travaux de micrographie. Ueçu agrégé au concours de 1889,
il soutint la même année en Sorbonne une thèse de docteur es sciences
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N" 5.) ^9
230 ACADÉMIE DES SCIENCES.
naturelles. En iSqS, il fut chargé à l'École de Pharmacie du cours de phar-
macie galénique et devint professeur de ce même enseignement en 1897.
Il fut élu Membre de l'Académie de Médecine en 1897.
En 1912, nous lui décernions le prix Jecker.
Il fut élu Membre de l'Académie des Sciences pour la Section de Chimie
le 2 juin 1919.
La Cliimie a un domaine tellement vaste qu'elle touche d'une part à la
Physique et même aux Mathématiques, de l'autre aux sciences naturelles.
C'est dans cette dernière région que M. Bourquelot a toujours dirigé ses
recherches. Sa thèse de doctorat avait pour sujet l'étude faite à RoscofT des
phénomènes chimiques de la digestion chez les Mollusques céphalopodes.
11 se trouva ainsi dès ses débuts aux prises avec les ferments digestifs qui
sont des ferments solubles. C'est sur les ferments solubles, envisagés surtout
au ()oint de vue chiuiique, qu'ont porté toutes ses recherches : chapitre
très s[)écial de la science, mais qu'il a approfondi avec une admirable persé-
vérance.
On sait que les ferments solubles (appelés souvent enzymes) sont des
corps organiques complexes formés de carbone, d'hydrogène, d'oxygène
et d azote qui déterminent des réactions sans s'altérer eux-mêmes, comme
le font nos catalyseurs minéraux. Les types classiques en sont : la diaslasc
qui change l'amidon en glucose en lui ajoutant de l'eau; l'invertine qui, de
la même manière, change le sucre de canne en glucose et lévulose; l'émul-
sine qui dédouble l'amygdaline en glucose et en essence d'amandes amèrcs
avec acide cyanhydrique, l'amygdaline étant ainsi un glucosule.
Avant les recherches de M. Bourquelot, on connaissait 10 glucosides : il
en a découvert 14 nouveaux.
11 a découvert en même temps G ferments solubles nouveaux. Il semble
que les êtres vivants disposent pour les réactions de leur organisme des fer-
ments solubles les plus variés.
M. Bourquelot s'est également occupé d'une autre classe de ferments
solubles, les ferments oxydants dont un savant japonais, M. Hikobokuro
Yoshîda, avait découvert l'existence en i883. M. Bourquelot, en collabo-
ration avec M. Gabriel Bertrand, a fait connaître, en 1895, les ferments
oxydants des champignons qui expliquent leur coloration à l'air, et il a
développé ces recherches.
Une partie très originale des travaux de notre confrère est l'emploi sys-
tématiipie des ferments solubles pour trouver la composition des principes
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 25 1
végétaux sur lesquels ils peuvent exercer leur action : c'est ce qu'il appelait
la méthode biochimique. Par exemple, à l'aide de l'invertinc, ferment
soluble qui dédouble le sucre de canne, on arrive à découvrir le sucre dans
un produit végétal, en s'appuyanl sur l'observation de la lumière polarisée.
Un autre résultat très curieux est l'incorporation des différents alcools
au glucose, sous l'influence des ferments solubles, pour former des alcools-
glucosides. Ceux-ci, inversement, peuvent, sous l'influence du même fer-
ment, mais en présence de l'eau, s'iiydrolyser, c'est-à-dire fixer de l'eau pour
redonner l'alcool et le glucose.
Cette réaction el les réactions analogues constituent la découverte essen-
tielle de iM. Bourquelot : la démonstration définitive de la réversibilité de
l action des ferments solubles. Le même ferment qui dédouble un glucoside
peut le reconstituer quand on change les conditions de l'expérience, notam-
ment quand on opère avec de l'alcool en excès. Il se produit un équilibre
entre deux réactions in\ erses comme dans l'éthérificalion. Celle synthèse
de glucosides et de certains sucres (appartenant à la catégorie des polysac-
charides) expliquera sans doute plusieurs réactions de la vie des végétaux.
Ces diverses recherches ont été publiées dans 3oo Notes environ, insérées
dans les Comptes ren'lus de l' Académie des Sciences ou dans le Journal de P/ia?'-
macie et de Chimie. Elles n'ont pu être accomplies qu'avec l'assistance de
beaucoup de collaborateurs quieux-mènips ont étendu dans difl"érentes direc-
tions l'œuvre de leur maître : l'un de ses grands mérites a élé d'avoir suscité
de nombreuses vocations scientifiques autour de lui.
M. Bourquelot était un grand travailleur, il restait l'a journée entière à
son laboratoire. Il a ainsi passé une quarantaine d'années, paisiblement, à
la recherche désintéressée de la vérité scientifique el à l'accomplissement
de ses devoirs professionnels.
Resté célibataire, il avait près de lui une excellente famille. Un de ses
frères était resté dans le pays d'origine, gardant le foyer paternel. Un autre,
ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, était depuis longtemps à Paris.
M. Bourquelot était très aimé de ses neveux et nièces.
D'un caractère modeste, il avait recommandé expressément qu'il n'y eût
à ses funérailles aucun discours et aucune députation officielle. Après la
cérémonie religieuse, l'inhumation a eu lieu dans le pays natal.
A tous les parents de notre regretté confrère, l'Académie des Sciences
ofTre l'assurance de sa très vive sympathie.
252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. BiGouRDAix (') .1 romis à la bibliothèque de l'Instilut, il y a quelque
temps déjà, un Glolir céleste à Jaliludr rarifibli- cl à pôle mobile, dont il avait
été chargé de surveilbr la construction (voir Rapport sur la Fondation
Debwiisse pour 191 1, p. 76). Cotte construction, interrompue par la guerre,
a duré assez longtemps.
Le globe, couvert en fuseaux de papier figurant les constellations.
a o'",5o de diamètre et est disposé pour permettre de résoudre graphique-
ment diverses questions chronologiques. Il est porté par un pied d'acajou
à trois branches, à roulettes et à vis calantes, qui en soutient le centre
à i" de hauteur environ. Ce pied se termine, à ia partie supérieure, par
un cercle de métal muni d'un niveau sphérique et représentant l'horizon.
A son tour, cet horizon supporte un méridien qui peut s'incliner dans son
plan, pour correspondre à une latitude quelconque et qui, par le moyen
d'un axe diamétral, porte dans son intérieur un système de deux cercles
concentriques et rectangulaires : l'un de ceux-ci est un second méridien,
l'autre l'équateur. La sphère est suspendue à un second axe, diamétral
aussi, qui est porté par le second méridien et qui fait, avec le premier axe,
un angle variable que l'on peut rendre égal à l'obliquité de l'écliptique.
Le mouvement autour du second axe est commandé par un engrenage
conique placé au pôle sud de l'écliptique et qui permet de commander et
d'arrêter à volonté le mouvement autour de ce second axe; ce mouvement
étant ainsi arrêté, le globe ne peut être déplacé qu'autour du premier axe,
et alors sa rotation figure le mouvement diurne.
Pour avoir égard à la précession, il suffit de libérer la sphère dans le
second méridien et de la placer dans la position correspondant à l'époque
considérée.
A l'exception de l'horizon, qui, soutenu par du bois, est plus mince,
ces divers cercles ont 12™"' d'épaisseur et 20'"'" de largeur: tous sont
divisés.
NAVIGATION .MARITIME ET AÉRIENNE. — M. L. Fa\é, en faisaul hommage à
l'Académie, de Gra/i/nVjites destinés éi la détermination des Routes orlho-
di-omiques, s'expriuie comme il suit :
Pour tracer sur les cartes marines, en projection de Merralor, la route
d'un point à un autre, on joint d'ordinaire ces points par une droite. La
(' ) Séance du i\ janvier 1921 .
SÉANCE nu 3l JANVIER 1921. 253
courbe qui, sur la sphère terrestre, correspond à cette droite, n'est pas la
plus courte de celles que l'on peut tracer entre ces points, car c'est une Io.vd-
dromie, et non un arc de grand cercle.
On peut réaliser une économie de temps cl de combusliMe, notable pour
de longs parcours, en faisant suivre au navire, non plus la loxodromic mais
l'arc de grand cercle auquel on a donné le nom de route orlhodromique.
Le tracé de ces arcs et la détermination des angles de route reposent sur la
résolution de triangles sphériques. On s'est ingénié depuis longtemps à
remplacer, pour cette application, le calcul logarithmique par des procédés
plus simples et plus rapides; aucun d'entre eux n'est devenu d'un usage
général.
Pour la navigation aérienne, le gain de temps et l'économie de combus-
tible sont également d'une haute importance et la simplification du tracé de
la route la plus courte n'est pas d'un intérêt moindre. L'un des procédés
entre lesquels on a le choix consiste à substituer à la projection de Mercator
la projection centrale ou gnomonique, sur laquelle tout grand cercle est
représenté par une droite; cette solution paraît, au premier abord, convenir
particulièrement à cette application. Des cartes ont été établies dans ce sys-
tème de projection en 1878, par le commandant Hilleret, et il semble facile
de les modifier et de les compléter pour répondre aux besoins de la navi-
gation aérienne.
Mais on reconnaît, par une étude détaillée, qu'aux inconvénients qui ont
empêché ce procédé de prendre l'extension que paraissait comporter son
élégance, s'en ajoutent d'autres résultant de ce que les parcours à envisager
ne sont plus limités aux océans.
La solution nouvelle consiste dans l'emploi d'une feuille transparente
sur laquelle sont tirées des courbes cotées représentant, en projection
de Mercator, une série de grands cercles coupant l'équatcur aux extrémités
d'un même diamètre. Si cette feuille est appliquée sur un planisphère
représentant l'ensemble du globe dans ce même système de projection,
de façon que les droites équatoriales coïncident, une translation latérale
permet d'amener les points de départ et d'arrivée marqués sur le plani-
sphère, à se trouver sous une même courbe. Cette courbe est, en général,
située entre deux de celles qui sont tracées, dont on fractionne facilement
l'intervalle à vue, avec une approximation suffisante si elles sont assez rap-
prochées. En opérant par tâtonnement, on amène très rapidement le gra-
phique à la position voulue et l'on peut, soit décalquer l'arc de courbe utile
sur le planisphère, soit en relevant les coordonnées géographiques d'un cer
tain nombre de ses points, le reporter sur une carte quelconque.
254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une deuxième famille de courbes d'une autre couleur permet, d'une
part, de mesurer la distance ortliodromique: d'autre part, par un artifice
très simple, de déterminer l'angle de roule avec une exactitude plus grande
que par une mesure directe au rapporteur.
Un premier graphique s'applique à un planisphère spécial embrassant
l'ensemble du globe, sauf les régions polaires; un second se rapporte au
planisphère terrestre en trois feuilles, publié antérieurement par le Service
Hydrographique, qui convient particulièrement à l'étude des itinéraires
aériens.
La route la plus courte, au point de vue géométrique, n'est pas toujours
celle qu'il convient de suivre, mais on peut poser en principe qu'il est
nécessaire en navigation maritime à vapeur et même à voile, ainsi qu'en
navigation aérienne, de la prendre comme base de discussion pour trouver
l'itinéraire le plus avantageux. L'économie qu'elle permet de réaliseï- peut
sembler négligeable pour de courts trajets, mais il faut remarquer qu'elle
se multiplie par le nombre des voyages et qu'elle augmente plus rapide-
ment que la distance à franchir. Les avantages de la navigation aérienne
seront d'ailleurs d'autant plus grands que l'on pourra effectuer, sans
escales, des trajets de plus en plus longs.
Pour réaliser des économies dont l'importance deviendra de plus en plus
sensible, les marins et les navigateurs de l'air doivent ne négliger dans
aucun cas la considération de l'orthodromie; les nouveaux graphiques
leur apportent, à cet effet, toutes facilités.
Ces graphiques se prêtent à une autre application.
Les rayons hertziens suivent sur la surface de la Terre, abstraction faite
des perturbations, des arcs de grands cercles. La délermination de l'orien-
tation à donner aux appareils pour l'émission et la réception des signaux
de T. S. F. s'effectue au moyen de ces graphiques avec une grande facilité.
et ils seront d'un emploi avantageux pour l'élude et la pratique de la radio-
goniométrie.
BOTANIQUE. — Observations sur une Aligne citllivér à V obscurité
depuis huit ans. Note de \l. A. -P. Daxgeaud.
On sait qu'une plante verte conservée à l'obscurité s'étiole, perd sa
chlorophylle et ne renferme plus au bout d'un certain temps que des
pigments carotinoïdcs : c'est le cas de la Barbe de capucin.
D'autre part, il est facile de constater qu'une graine qui germe en
SÉANCE DU 3t JANVIER I921. 255
l'ahsence de lumière fournit une [)lantule qui reste incolore, tant que la
radiation n'intervient pas.
La production de la chlorophylle semble donc liée d'une ra(;on étroite
et même nécessaire à l'aclion de la lumière.
Il existe pourtant d'assez nombreuses exceptions à cette règle : ainsi cer-
tains végétaux, comme les Fougères et plusieurs Algues {ChloreUa, Scene-
desrnus, Stichococcus) conservent leur couleur verte à Tobsourité.
Ce verdissement chez les Algues privées de lumière a été signalé déjà
par un certain nombre d'auteurs (Artari, Radais, Malruchot et Molliard,
Chodat, Kufferath) : il y avait place cependant pour une expérience de
longue durée du genre de celle dont je vais maintenant indiquer les prin-
cipaux résultats.
La culture initiale du Scenedesmiis aculiis m'a été fournie aimablement
par notre confrère, le professeur Chodat de Genève : les cultures que je
présente aujourd'hui à l'Académie proviennent, par repiquages successifs
opérés tous les deux ou trois mois, d'une culture placée à l'obscurité com-
plèle le 9 janvier 1913 : comme les repiquages sont efîeclués en quelques
secondes et à tâtons, on peut dire que les milliers de générations qui se sont
succédées dans les différents milieux nutritifs employés n'ont jamais reçu
de lumière depuis huit ans : or ces cultures sont aussi vertes que celles qui
ont été conservées à la lumière et d'autre part l'examen du spectre d'absorp-
tion de la chlorophylle ne montre aucune différence dans les deux séries.
Après une expérience aussi longue, on peut donc affirmer que la chlo-
rophylle, chez le Scenedcsiniis aciitus se forme en l'absence d'une action
proche ou lointaine de la lumière : on pourra cujiwer cette Algue indéfini-
ment à l'obscnrité sans quelle cesse d'être- verte^ à condition bien entendu de
lui fournir un milieu nutritif favorable .
Tous les milieux de culture ne conviennent pas à une expérience de ce
genre; celui auquel je me suis arrêté en utilisant les renseignements
fournis par Grintzesco et Chodat est constitué de la manière suivante : Eau
distillée, 1000»; nitrate de calcium. 0^,5; chlorure de potassium, o^jS; sul-
fate de magnésium, o»,5; phosphate de potassium, o",5; sesquichlorure de
fer, traces; glucose, i pour 100; peplone, 0^,8; le tout rendu solide par
2 pour 100 de gélose. Il est bon de temps en temps d'utiliser un milieu
liquide : on supprime alors simplement la gélose.
En augmentant la dose de glucose, on obtient des colonies étiolées, plus
ou moins incolores : il arrive également qu'avec la dose normale, le centre
des colonies âgées soit incolore; mais un nouveau repiquage remet les
choses en état.
256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le Scenedcsnius se reproduit vraisemblablement au moins une fois par
24 heures. Dans mes cultures, la nutrition liolopbylique, c'est-à-dire Fassi-
railalion du carbone de CO- sous Tinlluence de la radiation a donc été
suspendue au cours de ces huit années d'obscurité, pour des milliers de
générations.
Il était dès lors intéressant de voir dans quelles conditions la fonction se
rétablirait à nouveau en présence de la lumière; or, j'ai pu constater que le
dégagement d'oxygène, en milieu liquide, se produit déjà parfois à la
lumière électrique au bout de 5 heures d'exposition, d'où cette conséquence
un peu inattendue :
La disparition complète de la fonction chlorophyllienne pendant des années
n'a pas en plus d'effet sur l'Algue que les quelques heures d'obscurité à laquelle
elle est soumise chaque nuit dans la nature. Cette constatation n'est guère en
accord avec tout ce que nous savons par ailleurs des effets du non-usage
d'une fonction chez les êtres 'vivants.
Les modifications dans la morphologie de l'Algue et sa structure sont
très profondes et nombreuses : beaucoup sont. dues à l'influence d'un
milieu nutritif solide; d'autres résultent de l'absence de lumière. Il est
difficile, sinon impossible, de faire la part exacte de chaque facteur dans
les changements observés ; mais ces caractères nouveaux ne possèdent
aucune fixité : ils disparaissent rapidement sitôt que l'Algue est replacée
dans son habitat ordinaire ou simplement en milieu nutritif Hquide: leur
étude, surtout celle qui concerne les variations de structure, est cependant
fort instructive.
La structure normale du Scenedcsnius acutus comporte des colonies
de deux, quatre ou huit cellules associées latéralement (L fig- i) : ces
cellules sont allongées en pointe à leurs deux extrémités, d'où le nom de
l'espèce. Sous la membrane, on trouve un cytoplasme qui renferme,
comme dans toute cellule végétale ('), un plnstidome avec phistes C, un
vucuorne avec me tachromatine et corpuscules mètachromatiques et un sphé-
rome avec microsonies : le noyau qui est situé d'ordinaire au milieu du
cytoplasme comprend une membrane nucléaire, un nucléole cential et un
nucléoplasme homogène ou finement granuleux (L fîg- 2).
he plastiJome est représenté par un chlomplaste unique C disposé laté-
ralement et occupant une partie plus ou moins grande de la cellule : il
C) l'.-A. DAMîEAnD, Sur la distinction du ciiondriome des auteurs en vacuonie
plaslidome et spliéronie {Comptes rendus, X. !()!), 1919, p. loo")); La structure de la
ellule végétale et son mctaholisnie (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 709).
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 267
renferme en son centre un pyrcnoïde entouré d'une couche d'amidon :
à Pintérieur du plaste et selon les conditions de l'assiniilalion chloropliyl-
lienne, on trouve ou non des granules amylacés.
Le spliéromc comprend un petit nombre de microsomi's réfringents Mt qui
sont susceptibles de se transformer en i;lobulcs d'huile.
Le vdcuome mérite un examen spécial, car il ressemble tout à fait à celui
que j'ai observé chez beaucoup d'Algues unicellulaires {Chlamydomonas
Gonium, etc.). Le bleu de crésyl fait apparaître dans le cytoplasme un
nombre variable de sphérules métachromaliques de grosseur différente.
Ces sphérules M correspondent à des vacuoles élémentaires dont le
contenu est dense et formé de métachromatine en solution colloïdale : ce
sont donc des métachromes.
On sait que ces métaclH-omes, dans les cellules végétales, s'allongent
ordinairement en bâtonnets ou en filaments qui s'anastomosent ensuite en
réseau avant de s'unir pour donner les vacuoles ordinaires : ici, chez le
258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Scenedesmux, l'évolution du vacuome s'arrête au stade des inétacliromes de
forme sphérique. Je n'ai vu qu'une fois les niétacliromes s'allonger en fila-
ments plus ou moins contournés : il s'agissait d'une culture sur agar glu-
cose, venant de lobscurité et placée à la lumière, après addition du liquide
nutritif indiqué ci-dessus. Le nombre des métacliroines et leur grosseur scfnt
très variables : à l'intérieur, il ne se forme, sous l'influence du colorant
vital, qu'un seul corpuscule mélachromatique qui se confond avec la vacuole
ou ne s'en trouve séparé que par un mince intervalle; assez rarement et
seulement avec des vacuoles plus grosses, en nombre réduit, il y a préci-
pitation de plusieurs corpuscules métacliromatiques.
La multiplication, chez le Sccncdrsmus acutus, a lieu de la manière sui-
vante : dans chaque cellule, le noyau se divise suivant l'axe et une cloison
médiane, perpendiculaire à cet axe, intervient qui sépare le corps en deux
moitiés ; chaque moitié s'allonge de façon à devenir progressivement paral-
lèle à la seconde moitié. Si la paroi de la cellule mère se gélifie à ce stade,
on a une colonie de deux individus qui restent accolés.
Le plus souvent, chacune des moitiés subit également une division trans-
versale, d'où l'aspect si fréquent des cellules mères en division ( I, /ig. 6) ;
chacune des quatre cellules ainsi formées s'allonge suivant l'axe; lorsque
la membrane de la cellule mère se gélifie, les quatre cellules filles s'étalent
sur un même plan, en restant parallèles, d'où la forme si curieuse des colo-
nies ([,/7^. 3-7).
Pendant ceU3 multiplication, la division du noyau est accompagnée par
Cille du chloroplastaet la cellule mère, comme les cellules filles, possèdent
de nombreux métachromes dans leur cytoplasme.
Dans les cultures conservées à l'obscurité, les modifications qui portent
sur la morphologie des cellules et leur strucluie se retrouvent pour la
plupart dans les cultures ordinaires maintenues à la lumière : seule, la
disparition du pyrénoïde semble être en rapport direct avec l'absence de
lumière.
Si celte disparition du pyrénoïde était devenue définitive, on aurait
obtenu par ce séjour prolongé de l'Algue à l'obscurité une espèce ou tout
au moins une variété nouvelle : or, il n'en est rien : duns les cultures replacées
à la lumière et en milieu liquide^ le pyrénoïde fait son a/jparition dés le qua-
trième Jour chez quelques cellules : au bout d'une dizaine île jours, tous les
inelividus en sont pounus.
La conclusion importante qui se dégage de cette observation, au point
de vue de la systématique est celle-ci : I. a présence ou l'absence de pyrénoïde
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 2,59
dans une Algue constitue un caractère systématique de premier ordre, à condition
que celle-ci soit étudiée dans son liahitat ordinaire.
Les variations d'ordre morphologique qui se produisent clicz le Sccnedes-
nnis acutus avec les différents milieux nutritifs employés, ont été trop bien
décrits par Chodat pour qu'il soit nécessaire .d'y revenir ici puisque
l'obscurité ne semble pas intervenir comme un facteur important; je me
contenterai donc d'étudier les principales modifications qui portent sur la
structure cellulaire.
hes cidlures sur carotte à l'obscurité qui, au début, fournissaient rapide-
ment de belles colonies, sont devenues par la suite presque impossibles
à réaliser : après les réensemencements, les colonies restaient microsco-
piques.
En général, les cellules de forme ovale ou même complètement sphériques
sont hypertrophiées, volumineuses : la meml>rane s'est épaissie fortement
montrant parfois des stries concentriques : elle se colore par le vert d'iode
et par le bleu de crésyl, prenant avec ce dernier réactif une couleur rouge
vineux : le chloropilaste plus ou moins décoloré contient de nombreux
grains amylacés (') ; les métachromes sont également nombreux dans le
cytoplasme; certains individus renferment un grand nombre de chloro-
plastes distincts chargés de granules d'amidon : on trouve çà et là des
sporanges donnant naissance à quatre, huit ou seize spores (\\, fig. i-3).
Parfois, dès le quinzième jour, les cellules se trouvent arrêtées dans leur
multiplication : elles sont devenues sphériques el ont subi une sorte d'en-
kystement; le chloroplaste unique est très développé, presque incolore;
comme dans tous les cas de décoloration, la teinte verte est visible seule-
ment autour de certains grains amylacés, que l'on pourrait j>rendre faci-
lement pour des chloroplastes distincts; les métachromes, nombreux et
assez gros, remplissent le cytoplasme (II, fig. 5). Beaucoup de ces indi-
vidus renferment plusieurs noyaux et montrent à leur intérieur des prolon-
gements internes de la membrane, métachromatiques comme elle et très
irréguliers (II, //,!>■. 5).
Les cultures ordinaires sur gélose à l'obscurité sont restées jusqu'ici vigou-
reuses: elles fournissent assez rapidement de belles colonies.
Dans les colonies jeunes, tous les individus ont une belle couleur verte
(') Il est nécessaire de noter que par.toiit, dans ces cultures, l'amidon ne pi-ésente
pas, avec les réactifs iodés, une couleur bleue, mais une teinte rougeàlre qui est celle
de l'amylodextrine.
26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(III, //i,''. 8-10), le chloroplasie est souvent fragmenté en 4, 8, iG, 3a cor-
puscules discoïdes à contour irrégulier (l\l, /ïg. 2-4); cliacun d'eux est
parfois rempli de nombreux petits grains amylacés serrés les uns contre les
autres. Ces individus à nombreux chloroplastes se transforment par des
divisions plus ou moins simultanées de leur contenu en sporani;es à 4, 8,
16 ou même 32 spores (III, /ig. 3-G), de nombreux métacliromes sont
visibles dans chaque cellule.
Sur des cultures âgées, le centre est occupé par des cellules plus ou moins
incolores, avec seulement quelques granules amylacés et parfois un cristal
de Caroline; on ne dislingue plus sur le vivant aucune différence entre le
ehloroplaste et le cytoplasme (III, //i,'\ 12); l'emploi du colorant vital
permet de reconnaître ce dernier, en y rendant visibles les métachromes,
alors que les granules d'amidon sont localisés dans le plaste. Dans la zone
de bordure qui est restée verte, les cellules, pour îa plupart, montrent les
caractères qu'elles ont dans les colonies jeunes.
Des cultures anciennes m'ont permis de rencontrer, au milieu d'indi-
vidus de toutes dimensions, des cellules sphériques à membrane épaisse,
atteignant une taille considérable, et renfermant des grains d'amidon
relativement énormes (lll,/îg. i3); ces grains d'amidon ont le volume
des petits individus {lll, Jig. l/^), quelques-unes possèdent encore un peu
de chlorophylle, certaines sont incolores, elles renferment toutes de la
métachromat?ne en abondance, et parfois plusieurs noyaux; cette produc-
tion exagérée d'amidon est due, évidemuient, à une rupture d'équilibre
dans les phénomènes de nutrition.
M. Edmond Peruikii offre à l'Académie un A olumc qu'il a consacré à la
Terre avant r Histoire. Dans ce Volume sont étudiées successivement,
d'après les données actuelles de la Science, la naissance de la Terre, les
transformations successives des continents et des mers et les conditions
d'apparition de la vie. 11 est difficile de contester aujourd'hui ([ue les êtres
vivants aient lentement évolué et que les formes actuelles descendent de
formes antérieures qui se sont lentement modifiées et dont beaucoup ont
disparu. Les causes de leur évolution ou de leur disparition commencent
à être connues; un Chapitre a donc été consacré à l'exposé des principes
d'une généalogie explicative des organismes, principes qui ont été d'abord
appliqués à l'histoire de la formation des grands types de végétaux. Sont
ensuite étudiés les animaux lamifiés fixés au sol et les animaux libres dont
SÉANCE DU 3l JANVIER IQîf. 261
le corps est segmenté; viennent après les animaux dont l'organisme a été
profondément remanié à la suite de changements d'altitude et qui sont tous
issus dos vers annelés,ce sont les Echinodermes couchés sur le cùlé gauche,
les Mollusques descendant d'animaux nageurs le dos en bas, les Vertébrés
et los Tuniciers descendant de V Amplno.rus d'abord pleuronecte, puis se
renversant de manière à faire de sa face ventrale et réciproquement, comme
l'avait pressenti M. (îeofTroy Saint-Milaire, en raison de la tachygénèse du
système nerveux. L'histoire du peuplement de la haute mer et des conti-
nents fait l'objet de Chapitres spéciaux, el un exposé de la faune et de la
llore aux diverses époques géologiques termine l'Ouvrage.
PHYSIQUE. — Le diamèlre rectiligne de F hydrogène.
Note de MM. E. Mathias, C.-A. Crommeli.v et H. Kameri.i\gu Ox.ves.
1. Nous avons mené à bien, au laboratoire cryogène de Leyde, l'élude de
la courbe des densités de Fhydrogène entre le point critique ( — aSg^jQi G.)
et le point d'ébuUition ( — aSa^j^G C). Des études antérieures avaient
déterminé les densités du liquide entre le point d'ébullilion et le point de
solidification ('), ainsi que la température et la pression critiques (-).
2. Nos appareils étaient à peu près les mêmes que dans les recherches
qui viennent d'être mentionnées et auxquelles nous renvoyons pour les
questions de détail. Le cryostat seul différait essentiellement des bains de
liquides employés dans les recherches portant sur d'autres gaz. Comme il
n'existe pas de corps bouillant sous la pression atmosphérique et les pres-
sions plus faibles entre — 289°, 91 C. et — 252", 66 C. ('), nous avons fait
usage d'un cryostat à vapeur d'hydrogène surchauffée, dans lequel la
vapeur d'hydrogène, obtenue par l'évaporalion du gaz liquéfié, est chauffée
au moyen d'un courant électrique (')• Grâce à un réglage automatique du
courant, nous avons pu maintenir la température constante à o°,oi près
pendant plusieurs heures consécutives.
(') II. Kamerlingh Onnes el C.-A. Crommelin, Communications fro/n llie phrsical
Laboralory of Leide/i, 11° 137 a ( Versl. Kon. AI;. Amsterdam, juin igiS).
('-) II. IvAMEiiLiNGH Onnes, C.-A. Cro.mmelix el P. -G. Catii, Comm., n" loi c {Versl.
Kon, Ak. Amsterdam, mai 1917).
{") Le néon excepté. Mais ce corps n'est utilisable que dans un très petit intervalle,
entre — 2^5°, 92 G., son point délïullition, et — 249°, 76 son point de solidification.
(') II. KAiiiiiiLiXG OxNES, Comm., n° \o\ a {Versl. AI;. Amsterdam, fi'\rier 1917)-
262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les températures ont été déterminées à Taide de deux thermomètre? à
rêsislance de platine comparés directement au thermomètre à liélium dans
le même cryostat.
L'hydrogène, originaire des appareils utilisés pour la litjuéfaclion de ce
gaz, purifié et distillé à sa température d'ébuUition, pouvait être considéré
comme 'absolument pur. La série entière de nos déterminations a exigé la
préparation d'environ 170' d'hydrogène liquide et d'environ l\oo^ d'air
liquide.
Nous avons admis pour le poids d'un litre d'hydrogène dans les condi-
tions normales le nombre de Morley, soit o'^joSgS'yS.
3. iSous avons réuni dans le Tableau suivant les nombres trouvés pour
les densités 0 et 0' du liquide et de la vapeur saturée à la même tempéra-
ture 0 (échelle absolue thermodynamique) et pour l'ordonnée v du dia-
mètre. JNous y avons joint les nombres concernant la région de — 253" C.
à — 259''C. déterminés en iQiS par deux d'entre nous, l'ensemble étant
utilisé pour le calcul du diamètre rectiligne.
<)
1'
.1-
(0l)S.)
y (obs.)
en ileg. C.
en .lej:. K.
ô(o1js.).
S'(obs.). ,1
i(ol,S.). 1
i-rcalc).
—r
(cale).
->■ ('
calc).
—'240,07
32° 52
0,043 16 '
i),oi92'. o,()3i 19 1
i),o3i 38
— 0
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— c
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' 31,26
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06
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'9
— 243,03
3o,o6
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loSi
3241
3225
-h
16
-t-
49
-244,3o
^^8.79
5740
0S06
3270
3275
~
0!
—
06
—245,73
27,36
6o5o
061 3
3332
333 1
-h
01
+
o3
—247.79
25, 3o
6416
o4o5
34 1 1
34 1 i
—
01
—
o3
-249.89
2 3,20
6724
0264
3494
3495
—
01
—
o3
—252,68
20, 4 I
7081
oi35
36oS
36o5
-+-
• o3
H-
oS
— 353,24
'9,H5
7,37
01 16
0627
36', 7
00
00
-253,76
.9.33
7192
0101
3647
3648
—
01
—
o3
—205,19
'7-90
7344
0064
3704
3704
00
00
— 255,9()
17,10
742.
0049
3736
3735
-1-
01
-1-
o3
-256,75
16,34
7^9^
oo38
3766
3765
-+-
01
-H
o3
— 257,23
1 5 , 86
7538
oo3i
3784
3784
• 00
00
-2.58,27
14,82
763 1
0020
3826
3825
-)-
01
-1-
o3
Les valeurs calculées de l'ordonnée du diamètre, déduites des valeurs
observées par la méthode des moindres carrés en laissant de côté les trois
valeurs les plus proches du point critique, sont données par la formule
V (cale.) =-r — o,o63 5 10 — 0,000 39'] 02 9.
SÉANCE DU 3l JANVIER 192I. 203
Le coefficient iiiigulairc du diamètre est
a. -- — 0,000 394 02 ;
c'est la plus petite valeur qu'on ail jamais trouvée.
La formule du diamètre donne, à la température critique — 2^9", 91 C,
pour la densité critique : A = o,o3.
Le coefficient critique
H0A „ „
(0 = température critique absolue, - = pression critique, R =• constante
des gaz) fournit aussi la plus petite valeur de cette grandeur.
4. Les déviations du diamètre sont pour la plupart petites etne dépassent
guère j-^, en sorte que nous pouvons conclure que l'hydrogène obéit à la
loi du diamètre rectiligne. Cependant les trois points du diamètre les plus
proches du point critique montrent un ensemble d'écarts plus considérables
dont le plus grand atteint 7^. L'azote nous a montré des déviations du
même genre et même beaucoup plus graves (-^); pour l'argon, les dévia-
tions conservent le même caractère, mais sont très peu prononcées.
Nous ne donnerons pas d'explication de ces anomalies. Quoiqu'il soit
possible qu'il y ail de petites déviations, il nous parait bien plus probable
que les déviations constatées, à cause même de leur allure, ont leur cause
dans quelque défaut de la méthode, peut-être même dans quelque irrégula-
rité de la condensation de la vapeur contre les parois du dilatomètre,
laquelle se manifesterait principalement au voisinage du point critique.
5. Les données que nous avons obtenues, combinées avec les tensions de
la vapeur saturée, permettent le calcul de la chaleur de vaporisation L et de
la grandeur
f/L L
"'-"' = ^-^T'
dans laquelle m et ««'sont les chaleurs spécifiques du liquide et de la vapeur
saturée à T". Dans une Note ultérieure nous donnerons les valeurs de ces
grandeurs, non seulement pour l'hydrogène, mais aussi pour les autres
corps : l'oxygène, l'argon, l'azote, dont nous avons déterminé le diamètre.
Ces expériences ont été faites à l'aide de la subvention prise sur le fonds
Bonaparte, que l'Académie a bien voulu attribuer à nos travaux, et pour
laquelle nous lui exprimons notre gratitude.
264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section de Chimie, en remplacement de M. Armand Gautier, décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant Go,
M. Auguste Béhal obtient 3- suffrages
M. Albert Colson » lo »
M. Georges Urbain » lo »
M. Camille Matignon » 3 »
M. Auguste Béhal. ayant réuni la majorité absolue des suffrages-, est
proclamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
Par 0 1 voix contre i à M. E. H. Frost, M. Er\est AV. Krowx est élu
Correspondant de l'Académie pour la Section d'Astronomie, en remplace-
ment de M. l'icAeri/io, décédé.
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° .1. Iloucii, Le compas de navigation aèrirnne.
■i" Les progrès de la Chimie rn i;)ir). Traduction française autorisée des
Annual Mrpnrls on the Progress of Chemistry for 1919, vol. XIV, issued by
ihe CiiKMK.AL So(:u:ty, publiée sous la direction de Andrk Kling.
L'Académie des Sciences de Lisbonne adresse l'expression de ses condo-
léances à l'occasion du décès de M. Armand Gautier.
SÉANCE DU 3l JANVIER I92I. 205
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions (tiitomorphes.
Note de M. Guioo Fubixi.
Dans une Note antérieure ('). M. Cî. Giraud cite le tliéorème suivant,
énoncé par moi dans mon Traité : Introduzione alla teoria dei gruppi
discontinui e délie funzioni automorfe.
Un groupe G de colllnéalions réel'es, privé de transformations infinité-
simales, qui transforme en elle-même une forme quadratique du type
\ =: j'\ -\- x:, — ..ri — j'I — ... — a;,
(ou, ce qui revient au même, une forme réductible au type précédent au
moyen d'une collinéation réelle), opère d'une manière proprement discon-
tinue sur les points imaginaires de la quadrique V = o.
Il trouve que ce théorème est en contradiction avec un de ses résultats.
Et il a parfaitement raison; mais la contradiction disparaît bien facilement.
Il suffit de répéter dans V énoncé du théorème une condition, que je suppose
satisfaite dans ma démonstration, sans l'avoir, par distraction, énoncée expli-
citement. Dans ma démonstration, on parle, en effet, seulement des points
imaginaires A de la quadrique. qui jouissent de la propriété suivante :
La variété polaire, par rapport à la quadrique V, de la droite réelle qui passe
par A, rencontre la quadrique en des points imaginaires. Et si l'on énonce
explicitement cette condition, dont ma démonstration fait usage, mon
ancien théorème coïncide avec le théorème découvert récemment par
M. Giraud.
ANALYSE MATHÉMATiQUi:. — Sur une classe de fonctions multiformes.
Note de M. Théodore Varopoulos, présentée par M. P. Appell.
1. Dans cette courte Note, je me propose de préciser et de compléter les
résultats que j'ai obtenus dans mes Notes antérieures (■) et surtout d'établir
des classes étendues de fonctions d'un nombre infini de branches qui
n'admettent qu'un nombre fini de valeurs exceptionnelles.
Soient la fonction a = 9(:;) définie par une équation de la forme
(I) ¥ {z, u) = \,{z) + \,{z)„ + .K,{z)„'- -\-. . .-^ \„{z.)u" + . . .= 0
(') Comptes rendus, t. \~\, 1920, p. i365.
(-) (Jotnples rendus, t. 171, 1920, p. 991, i2no et i368.
C. R.,iQ-ii,i" Semestre. (T. 172, N" 5.) 20
266
ACADÉMIE DES SCIENCES.
et e^"'''' Tordre de grandeur de la fu/iclion cnliére A„( : ) | /« = o, i , 2, . . . , oc]
et^^'' le plus grand des ordres de grandeur de toutes les fonctions A„(;).
Supposons que r'""' décroît lorsque n croit indéfiniment, de sorte que
l'on puisse désigner une valeur v de n assez grande mais fixe, telle que l'iné-
galité ii'p-v entraine
;J.(/■)>|J(/■;^
OÙ 0 > I quelconque, à partir d'une valeur de r = | ^ |.
Si le rapport p^''^'^'' des ordres de grandeur des coefficients A,+,(;;),
Ai{z) tond vers zéro avec - à partir d'une valeur /•„ de r, nous aurons l'iné-
galité
M,( ;, iij)\ <ci'-"-)'"'.
a étant assez pelil, quel que soit le nombre itj, ou
\{, {z,ii) = Av+, ( -- ) "■'+' + A,_^, ( : ) «^+2 _^ _ .
comme l'a démontré M. Rémoundos dans sa thèse intéressante Sur les
zéros (Pline classe de Jonclioiis /ransce ridantes.
Dans ces conditions, nous arrivons à l'énoncé suivant :
TiiKORK.ME. — L'ensemble de râleurs exceptionnelles (E), (E,), (E.) (') ne
surpasse Jamais v -+- 2, rin/ini compris.
En effet, l'élimination des Ponctions A„(;), A, (::), ..., A.,(;) entre les
équations
F(c, Hy) = cp,(:), /=: I, 2, 3, ..., V,
F(.-, uj) = Uj ( Oe«''--\ y = V + I , V -t- 2
(ce qui est toujours possible), où les o,(-) désignent des fondions entières
croissant moins vite que e''-''"', nous conduit à l'identité suivante :
2 ff, cp, ( c) + rtv4-, Pv+, (-■)f''^'"''" + «V-H2 r*v-,-2 ( :)eU"''-"' =^ a,Rv( -", ",),
OÙ ai a la valeur suivante :
I II, 11:
I II,-, ",-.,
I iii+i ii'f^ I
"v + !
(') Comptes rendus, t. 171, 1930, p. 991.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 267
et puisque aucune des valeurs '/j+d "via ne fait partie de rensemble (l'".i),
qui comprend ici toutes les valeurs exceptionnelles de // pour lesquelles le
rapport
F(z, II,) : ^"(i, </y) ^r const. ;
d'autre part, les exponentielles e"-''*'"', r'-' *'"' croissent comme e^^''\ nous
avons ainsi une identité qui réalise bien les conditions exigées par le
théorème fondamental de M. Borel \^[émom' sur les zéros des fondions
entières (Acfa ruathematica. t. 20, 1897)].
2. Si entre les fonctions entières A„(:), A,(r), ..., A.,(z) il n'y a pas
de relations linéaires de la forme
C„Ao(;) + C,A,(0+--- + CvA,(;) =:/(:),
qjd Cg, C|, C^, ..., Cv sont des constantes et si la fonctionyi;) croît moins
vite que c^''''", a étant un nombre positif assez petit, nous aurons le
théorème suivant :
Le nombre total des valeurs exceptionnelles de In fonction 11 = y{~-) dé/inie
par l'équation ( 1 ) ne surpasse jamais v + 2, l'infini compris.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — P'arialion d'une trajectoire conique sous V action
d'une résistance de milieu. Note de M. Alex. Véronnet, présentée par
M. P. Appel).
Le grand axe et l'excentricité sont reliés aux constantes de la conique et
aux valeurs r gIv du rayon vecteur et de la vitesse en un point quelconque
par les formules
Supposons une résistance infinitésimale, ou une percussion directement
opposée à la vitesse c, qui introduise une perturbation instantanée w'^ de v"^.
On obtient pour les variations correspondantes de a et e
La variation du grand axe est toujours de même sens que celle de v'^ ou v.
Par conséquent une résistance de milieu a toujours pour effet de diminuer
le grand axe d'une trajectoire, quel que soit le point de la trajectoire où
268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
elle s'exerce, et quelle que soit la forme de cette trajectoire. Considérons
d'abord une trajectoire hyperbolique. L'axe a est négatif. Si l'eircl delà
résistance persiste et se renouvelle, cet axe croît en valeur absolue, passe
par l'infini, devient positif, puis décroit indéfiniment. La trajectoire hyper-
bolique devient parabolique, puis elliptique, et le grand axe de cette ellipse
diminue indéfiniment.
Pour une hyperbole ou une parabole, oe- a toujours le signe de w'- et
l'excentricité e diminue toujours quel que soit le point de la trajectoire.
Une trajectoire hyperbolique, e>>i, devient donc d'abord parabolique,
puis elliptique, comme on l'a vu.
On peut exprimer v'^ et /• en fonction de l'anomalie excentrique ii et,
d'autre part, la résistance du milieu en fonction d'une certaine puissance ii
de la vitesse et inverse d'une puissance //' de la distance au centre. On
aura
, > - . 2rt(i — e'-) ecoiii , „ . , i'" ,
(2) oe'= — i— 01% a,a— _/, rfi.
/M I + (' cos(^ /•"'
Pour une ellipse, le'- s'annule et change de signe pour /■ = a, c'est-à-dire
au sommet du petit ave de l'ellipse. Une résistance de milieu diminue
l'evcenlricilé quand elle s'exerce dans la moitié de la trajectoire qui est du
côté du périhélie. Elle l'augmente, au contraire, quand elle s'exerce dans
l'autre uioitié. Poincaré avait déjà fait remarquer qu'il devait en être ainsi
au voisinage du péribélie et de l'aphélie, sans déterminer la ligne de démar-
cation. (Hypothèses cosmogoniqiK's, p. i25.)
Prenons alors la variation instantanée oe correspondant à oc- pour deux
points symétriques du petit axe (cosu ayant des valeurs égales et de signes
contraires) et pour la même longueur (/*. On obtient la variation de e durant
une révolution complète en intégrant par rapport à ;/ de o à -
'' " (i — e-cos'//)- -
OÙ l'on a cos« > o.
Chaque élément d'intégration esl nul, et jjar conséquent aussi oc, si l'on
a « 4- /(' ;= I, c'est-à-dire /?'= o et // = i, ou /i = o et n' ^ 1 comme limites.
L^ excentricité d'une orbite elliptique ne varie pas, si la résistance esl proportion-
nelle à la vitesse, ou inverse de la distance.
On aura oc <^o et l'excentricité décroit si n + n"^ i, c'est-à-dire «> i
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 269
OU /('> I. On aura oc > o et rexcentricilé croit si l'on a /« + /«'< r el il faut
alors « <; I el /«'<] I. VexcentrUlté cVune orbite elliptique tend rers celle d'un
cercle, si la résistance est proportionnelle à une puissance supérieure à l'unité
pour la ritesse ou pour l'inverse du rayon. Dans le cas contraire, rexcentricilé
augmente et Vellipse s'aplatit de plus en plus et tend vers une droite.
Par exemple, pour «'= o et « = 2, résistance proportionnelle au carré
de la vitesse, on a
^ , , «s r ' COS- (/ r/ii
J y 1 — c'- co%- Il
(4)
Dans le cas limite n == «'= o, l'ésistance indépendante de la vitesse et de
la distance, on obtient la même expression pour or, mais avec le signe
contraire.
On peut remarquer par le développement du numérateur de (3) que oe
est toujours proportionnel à c comme dans (4 ). La variation est de plus en
plus faible à mesure que l'ellipse tend vers le cercle (deuxième cas), et de
plus en plus rapide à mesure qu'elle se rapproche de la droite (troisième cas).
Dans le cas d'une orbite circulaire, f = o et par conséquent oe = o.
Supposons une faible perturbation qui donne à l'orbite une légère excen-
tricité. Dans les deux premiers cas, u -!- n'^i, la résistance du milieu tend
à détruire cette perturbation, ou ne l'augmente pas. Le moinement circulaire
est stable. Dans le troisième cas /* + «' <C ij la résistance tend à augmenter
cette perturbation et l'excentricité. Le mouvement circulaire est instable.
Si l'on désigne par 0„ l'angle du grand axe avec la direction prise pour
origine, on aura
,.., /' , r. r ^ ■^r , 2 SI O" a COS" a / C- \ ^ ,
(5) i-=i + ecos 5-.9„ , èB, = e'--. ^-77^1 ' '•"'
qui donne la variation de la longitude du périhélie, proportionnelle à e'.
On voit en résumé que la variation oa de a est indépendante de l'excen-
tricité e. Celle de l'excentricité e est multipliée par e pour une révolution,
celle du périhélie par e^ en chaque point. Si l'orbite est presque circulaire,
ce seront des infiniment petits du premier et du second ordre, au moins,
par rapport à oa. Ces variations seraient à peu près du même ordre pour
une orbite très aplatie et tendant vers une droite.
270 ACADÉMIE DES SCIENCES,
AÉRODYNAMIQUE. — Sur les instollatinns exoérimcnlalcs de recherches
aèrodynamiques. Noie de M. Jean Vii.ley, présentée par
M. L. Lecornu.
Dans une Note récente ('), M. Margoulis a développé des considéra-
tions très suggestives relatives à l'emploi de souf fleries aérodynamiques
mettant en circulation de l'anhydride carbonique sous pression élevée et
à basse température. Cette méthode expérimentale permettrait de réaliser
sur des modèles réduits des nombres de Reynolds égaux à ceux des avions
et dirigeables réels évoluant dans l'atmosphère. Elle permettrait même
de réaliser en même temps, par le choix convenable de la température,
entre la vitesse relative.!^ du modèle par rapport au gaz et la vitesse du
son k' dans celui-ci, un rapport égal à celui de l'appareil réel en vol,
'^
soit - = -•
Ce projet fort intéressant mérite d'être examiné dans la préparation des
programmes de recherches expérimentales relatives à l'aérodynamique; il
doit être envisagé sous deux points de vue différents : d'une part, le point
de vue utilitaire immédiat qui vise à rendre, si possible, plus efficaces les
essais pratiques des modèles réduits d'appareils complexes; d'autre part, le
point de vue scientifique, qui vise à découvrir et préciser le mécanisme des
réactions aérodynamiques sur des solides, d'abord simples, puis de plus
en plus complexes, pour en tirer des lois qui puissent guider a priori (et
peut-être dans des voies très nouvelles) la construction aéronautique.
a. Au point de vue des essais de modèles réduits, la première question
qui se pose est d'estimer l'importance du bénéfice réalisable.
La valeur du rapport - influe sur la forme des ondes élastiques qui
s'éloignent du solide; elle aurait donc une importance piimordiale dans le
cas où l'énergie dissipée par ces ondes serait une partie notable de l'énergie
dépensée. En fait, on s'accorde, en général, à considérer qu'elle n'intervient
pas de façon sensible dans la valeur de la résistance pour les vitesses nette-
ment inférieures à la vitesse du son (ce qui revient à considérer la compres-
sibililé du fluide comme prali(piement négligeable aux vitesses qui inté-
ressent acluellemenl l'aéronautique).
Le rôle du nombre de Reynolds — a été, par contre, niis expérimenla-
lement en évidence à ces mêmes vitesses. I/égalité des nombres de Reynolds
(') Comptes rendus, l. 171, 1920, p. 997.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 27 1
exprimo la condition pour que, dans deux expériences à comparer, les
forces d'inertie et les forces de viscosité (proportionnelles aux gradients
tangentiels de vitesse) soient modifiées dans le même rapport. Cela permet,
non d'évaluer quantitativement, mais de définir qualitativement les cir-
constances qui peuvent réduire l'importance pratique de la condition de
Reynolds, et par conséquent aussi les sacrifices à consenti]' pour la satis-
faire :
Les forces (le ^•iscosité, bien qu'elles joiienl loujoiirs un rôle primordial dans ramol-
lissement ultérieur des mouvements imprimés à l:i masse lluide, peuvent n'intervenir,
dans la réaction exercée sur le solide, que par des termes pratiquement négligeables
auprès des réactions d'inertie. C'est ce qui se passe par exemple lorsque, pour une
famille de corps homnihéliques de forme géométrique simple, la loi de résistance
kl-v'^ reste pratiquement vraie, dans de l'air invariable, pour des variations impor-
tantes de la dimension / de référence. La condition de Reynolds, nécessaire en toute
rigueur, est alors pratiquement sans importance.
Inversement, il pourrait arriver que la condition de Rej'nolds devienne insuffisante,
et, de ce fait, pratiquement peu inléressante ; par exemple, si des réactions de con-
tact autres que les forces proportionnelles aux gradients de vitesse (c'est-à-dire non
introduites dans l'équation généiale hydrodynamique) intervenaient de façon notable.
Dans le cas des fluides gazeux, les distances inlermoltculaires sont assez grandes pour
que les actions de contact entre molécules restent probablement négligeables, auprès
des échanges de quantité de mouvement entre couches voisines qui constituent le
phénomène normal de viscosité; il semble donc que seule l'influence du polissage des
surfaces solides puisse introduire dans les résultats des divergences liées à la nature
des molécules. Dans les milieux liquides, les résultats des essais effectués jusqu'ici à
des vitesses faibles, et dans des conditions géométriques simples (tuyaux, frottements
tangentiels de disques, etc.), semblent prolonger ceux obtenus dans l'air, conformément
à la même équation générale du mouvement des fluides incompressibles (compte tenu
de la densité p et du coefficient de viscosité normale fx) ; ces essais ne suffisent
peut-être pas cependant pour affii-mer que, dans ta résistance globale exercée par un
liquide sur un solide de forme complexe à des vitesses très variées, les décollements
de filets (qui jouent un rôle si important dans la valeur de la résultante) ne seront pas
influencés de fiu;on appréciable par les propriétés spécifiques des molécules (mises en
évidence pjr les phénomènes de lubrification et par les variations de viscosité des
fluides en fonction de la pression).
De là résulte seulement que, dans l'élat actuel des données expérimen-
tales acquises, il y a encore lieu d'être prudent pour extrapoler d'un fluide
à un autre des résultats d'essais de résistance : il faudra être sûr de ne pas
introduire ainsi des erreurs du même ordre que celles qu'on cherche à éli-
miner; cela exige encore tout un ensemble de recherches expérimentales
comparatives que le Service technique de l'Aéronautique a entrepris de
réaliser progressivement.
272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
b. Au point de vue des recherclies scientifiques, la soufflerie proposée
par M. Margoulis permettrait sans aucun doute des expériences très inté-
ressantes pour l'élude comparée des phénomènes aérodynamiques dans
divers gaz. Il ne faut pas, toutefois, perdre de vue que presque tout reste
à faire pour arriver à analyser et interpréter les phénomènes aérodyna-
miques dans l'air; et, pour cela, il importe avant tout d y poursuivre des
recherches expérimentales méthodiques en étendant progressivement le
champ de \ariation des vitesses réalisables et des dimensions des solides, en
étudiant des formes géométriques de complexité croissante, et en faisant
variei", si possible, la pression et la température.
En résumé, et c'est la conclusion à laquelle nous aboutissons immédia-
tement, la réalisation de souffleries à gaz carbonique sous forte pression
parait intéressante; mais elle doit être envisagée en complément et non pas
en remplacement des installations d'expérience dans lair atmospliérique
(tunnels, chariots et dispositifs auxiliaires d'étude des filets d'air), qu'il
importe avant tout de perfectionner et même de multiplier si l'on veut
pouvoir espérer des progrès sérieux dans la science aérodynamique (et,
par contre-coup, dans l'Aéronautique pratique). Des tunnels étanches et
capables de résister à des différences de pressions notables entre riiilérieur
et l'extérieur étendraient fort utilement le champ des recherches expéri-
mentales nécessaires pour arriver à ces progrès; leur réalisation soulève
d'ailleurs de sérieux problèmes de construction.
PHOSPHORESCENCE. — Action des rayons rouges et infra-rouges sur les
substances phosphorescentes. Note de M. Maurice Curie, présentée par
M. Lippmann.
L'action extinctrice qu'exerce la partie la moins réfrangible du spectre
sur les substances phosphorescentes est un phénomène connu depuis long-
temps; il a été observé sur les sulfures alcalino-terreux et sur le sulfure de
zinc. On peut, par exemple, projeter un spectre sur une de ces sidjstances,
au préalable fortement insolée à l'aide d'une source riche en rayons de
courtes longueurs d'ondes; on o!:)serve que la place où s'étalaient les rayons
de grandes longueurs d'ondes est rendue obscure. On pîul constater aussi
que ces sulfures, exposés au soleil, s'insolent mieux derrière un verre bleu
absorbant une partie des radiations rouges. D'autre part, avec le sulfure de
zinc notamment, il y a, au début de l'action des rayons rouges, un bref ren-
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 278
forcement dV'clat suivi d'une cluite brusque; la quantité de lumière resti-
tuée pendant l'extinction par les rayons rouges est bien inférieure à celle
restituée lors de l'extinction normale (travaux de Becquerel, Lenard,
Nichols et Merritt, Ives et LuUiesh, etc.). M. Perrin a observé, comme
je l'ai remarqué de mon enté, que l'on ne peut provoquer une réappari-
tion de luminosité par cliauffage; certains échantillons m'ont cependant
donné un faible retour de luminosité, mais, à l'examen à la loupe, j'ai cons-
taté la présence de points lumineux montrant qu'il y avait tribolumines-
cence sous l'action de la chaleur.
Les divers expérimcnlaleurs ont fait agir successivement les radiations
excitatrices cl extinctrices. Dans le but d'essayer l'action de ces rayons à
faibles fréquences sur les substances fluorescentes, j'ai employé simulta-
nément des radiations excitatrices et extinctrices. La source excitatrice est
une lampe à mercure munie d'un verre-filtre à l'oxyde de nickel ; ce verre
a deux bandes de transmission; le centre de l'une d'elles coïncide avec la
raie du mercure oi'jSGG, qui est transmise sans diminution appréciable
d'intensité; l'autre bande est dans le rouge, région dans laquelle l'arc à
mercure n'émet précisément pas de rayons. Avec une épaisseur de filtre
convenable, on peut avoir un faisceau excitateur invisible; cette combi-
naison du verre à base de nickel avec l'arc à mercure a été préconisée par
M. Wood, de qui je liens le filtre qui m'a servi dans ces essais. La source
extinctrice est une lampe à arc munie d'un verre-filtre fortement chargé en
oxyde de cuivre, qui laisse passer les radiations du début de l'infra-rouge
et une très faible partie du rouge visible seulement; ce rayonnement était
concentré en un cercle de quelques millimètres de diamètre sur la substance
à étudier. On réalisait, avec celle-ci, une surface de luminosité homogène,
soit en coulant sur une plaque de verre un mélange de substance et d'une
dissolution de celluloïd dans l'acétone, ou bien en se servant de soie teinte
avec une substance organique fluorescente.
Dans ces conditions :
1° Avec le sulfure de zinc phosphorescent on observe, à l'endroit où l'on
concentre les rayons infra-rouges, une tache noire sur fond d'une très belle
luminosité; si l'on déplace la plage de sulfure, on met en évidence le ren-
forcement d'éclat signalé ci-dessus; il apparaît une tache lumineuse suivie
d'une traînée très sombre, derrière le passage du faisceau de rayons infra-
rouges. Ce renforcement d'éclat varie en intensité et en durée avec la
substance phosphorescente : avec un sulfure de zinc à phosphorogène
cuivre de nuance verte, il était très bref et bien moins intense qu'avec un
274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sulfure de zinc à phosphorogène manganèse de nuance jaune. En dt»hors de
ces échanlillons de ma préparation, j'ai essayé des sulfures de zinc très
lumineux et de teintes très diverses, variant entre le rouge orangé et le
violet, obtenus par M. A. Guntz. Tous ces sulfures donnent les mêmes
apparences.
Il est à signaler que le sulfure de zinc violet s'insole parfaitement à la
longueur d'onde peu inférieure o^,3GG, alors que le sulfure de calcium
violet à phosphorogène bismuth s'insole fort mal dans ces conditions;
d"autre part, bien qu'à phosphorescence très courte, ce sulfure de zinc est
très sensible à l'action des rayons rouges.
2° Avec une substance fluorescente, on n'observe aucune tache ni varia-
tion d'éclat à l'endroit où sont concentrés les rayons infra-rouges. Les
essais ont porté sur des plages de celluloïd chargé en nitrate d'urane, sul-
fate double d'urane et de potasssium, platinocyanure de baryum, ainsi que
sur de la soie teinte avec l'esculine, les rhodamines B et 6 (1, la fluores-
céine.
Cette deuxième série d'essais vient à l'appui d'une théorie récente du
phénomène qui repose sur l'agitation par résonance des atomes de soufre.
Dans des expériences en cours, je cherche à mettre cette action en évi-
dence.
SPECIROSCOPIE. — Sur les spectres corpiisciildires des élèmenls. Note
de M. Mai'rice de Broglib, présentée jiar M. E. Bouly.
On sait que les corps éclairés jiar les rayons X émettent deux sortes de
radiations; des rayons X caractéristiques, dits de fluorescence, et des élec-
trons photo-électriques de grande vitesse.
La connaissance des premiers constitue la nouvelle spectroseopie de
haute fréquence; les seconds ont élé jusqu'ici beaucoup moins étudiés; ils
offrent cependant un intérêt au moins égal.
Ces électrons photo-électriques sont caractérisés par leur vitesse; la
méthode de déviation dans un champ magnétique, qui a permis l'étude des
rayons ^ des corps radioactifs, s'applique encore pour mesurer cette gran-
deur. On peut ainsi obtenir un véritable spectre de vitesses des corpuscules
expulsés.
Au laboratoire de sir Ernest Ilulherford. Rawlinson et Robinson (") ont
(') PlùLMag., ...l'i.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 27$
ol)lenu des lignes plus ou moins nettes avec des radiateurs de fer et de
plomb; Kang Fu Hu (i) a montré que, pour l'argent et Tétain, on enregis-
trait deux lignes, qui paraissaient correspondre aux raies K des métaux
employés par l'intermédiaire de la relation des quanta; c'est-à-dire que
k'Lirà vitesses r seraient reliées aux fréquences v des raies par la relation
- 7)H- m //v.
2
.l'ai reprisée genre d'expériences, et des observations qui portent déjà
sur des éléments allant du molybdène (rang 42) au baryum (rang 56) m'ont
permis de retrouver les raies Iv de ces corps transposées sous forme de
rayons corpusculaires.
On voit de plus, et c'est une constatation importante, qu'à un endroit du
spectre, correspondant à la bande d'absorption Iv des éléments, prend place
une bande d'émission ^élective de corpuscules photo-électriques, à bord net
du côté des faibles énergies; c'est-à-dire que les électrons du début de la
bande possèdent la vitesse correspondant au quantum de la discontinuité
d'absorption des rayons X, la bande s'étendant du côté des vitesses plus
grandes. Ce point complète le parallélisme entre les deux émissions.
De plus, il semble exister d'autres bandes, mais ce dernier résultat ne peut
être donné que sous réserves. Ce que je veux signaler aujourd'hui, c'est
que, dans le spectre corpusculaire des éléments, on retrouve tous les traits
des spectres de rayons X, raies et bandes comprises. L'énergie absorbée
aux dépens des rayons incidents se retrouve dans le spectre de vitesse des
électrons secondaires, sous la forme de groupes homogènes, correspondant
aux raies, et de fond conlinu à début brusque, correspondant aux bandes
d'absorption, qui deviennent ainsi des bandes d'émission électroniques.
La comparaison de ces résultats avec les idées émises par Barkla (notam-
menl dans les Philosophical Transactions de 1917, Bakerian lecture^ est très
intéressante.
(') Physical Rei'tetv, 1918.
276
ACADÉMIE DES SCIENCES
ÉLECTRICITÉ. — Complèmenl à la lliéorie de la réaction d'induit pour
les alternateurs saturés. Note de M. André Léauté, transmise par
M. A. Blondel.
Dans une ÎNole antérieure ('), étudiant la réaction des alternateurs saturés
à pôles saillants, je suis parti du diagramme de M. Blondel pour déteiminer
les variations de l'intensité (ou delà puissance) en fonction dudéphasagedans
une machine fonctionnant avec une tension aux bornes et une excitation
constantes. Le problème se ramenait à construire le lieu que décrit l'extré-
mité du vecteur représentant la force électroniotrice joubertique. J'ai montré
que ce lieu est un limaçon de Pascal, quand il existe une relation linéaire
entre la force électroniotrice directe et l'intensité réactive, et j'en ai déduit,
comme résultat essentiel, que le nombre de paramètres dont dépend le pro-
blème est égal à trois.*
11 est important de savoir si l'on aboutit à une conclusion analogue pour
les inducteurs à enroulement cylindrique, lorsqu'on prend le diagrammede
Potier pour base. Pour simplifier, nous négligerons les fuites.
Xaus conservons nos nolalions précédentes ('); en outre, nous appellerons .1 le
couranl d'excitation et a le coefficienl d'équivalence des intensités inductrice et
induite. Nous réservons sur le diagi-amme un angle £ entre OC et OD ( ftg. 1) pour
tenir compte de l'hystérésis.
Pour mettre en évidence la variation de riiiteiisilé en fonction du dépha-
sage, une première méthode consiste à chercher le lien du point (1, car la
(') Comptes rendus, t. 1G.3, 1917, p. 1106.
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 277
longueur AC est proportionnelle à l'intensité et l'angle de ACavcc ()\ fixe
le déphasage. Menons par C une droite Cil faisant avec le [irolongeinent
de OC un angle 0 défini [)ar
l;iiig(o + î)
et, sur d'Ile droite, marquons un point H, tel que les deu\ triangles ACH
et ODE soient semblables. Le rapport de similitude m est indépendant de
l'intensité. Donc le lieu de H, quand le déphasage varie, est un cercle de
centre A et de rayon —> v étant l'échelle des intensités sur la figure.
Ce premier résultat, dans lequel l'iiypollièse de la linéarité de la caractéristique
n'est pas encore intervenue, permet de tracer le lieu de C, point par point, au moyen
d'une construction analogue à celle qu'a fait connaître récemment W. G. -II. Perrin ('),
mais qui parait être d'une exécution plus rapide. Traçons la caractéristique de la
macliine à circuit ouvert (y?,A'. 2) el menons par l'origine O une droite 0£ faisant
avec Taxe des X et au-dessous de lui un angle i]> défini par l'égalité
, cos 0
tang'i =: -. — ^•
D'un point quelconque de la caractéristique, abaissons la perpendiculaire sur OX,
et par son intersection / avec OX menons, jusqu'à sa rencontre /* avec 0£, une droite
faisant l'angle ô avec la verticale. Pour avoir un point du lieu de C, il suffit de
marquer sur le cercle, lieu de H, un point H dont la dislance à l'origine soit égale
à nh; puis, sur OH pris comme base, de tracer un triangle égal à /(/'/;. Le sommet y
vient s'appliquer en un point du lieu cherché.
Pour les alternateurs saturés, la caractéristique peut, dans la zone de
travail, être assimilée à une droite ne passant pas par l'origine. Sans revenir
sur la justification de celte approximation qui figurait déjà dans ma précé-
dente Couimunication, nous écrivons :
(|]\citation lésultante) =— « 4- i X (f. e. m).
Sur Cil. prenons à partir de C une longueur CI égale à '-^^ On
cherche le lieu, non plus du point C, mais du point I, qui peut lui être
substitué ; en effet, si l'on trace un vecteur AA' faisant avec OX au-dessous
de lui {fig. i) l'angle 0 et dont la longueur soit — ;-, la longueur A'I est,
comme l'était AC, proportionnelle à l'intensité.
C) G. -H. Perrin, /?. G. E., t. 8, n° 3, 1920.
2^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le lieu de I peut êlrc construit, car H décrit un cercle, et la longueur III
ainsi que Fanglc HIO sonl const;ints. Le procédé graphique pour traci,-r le
lieu est analogue à celui par lequel on peut dessiner un liinaçon de Pascal,
lequel est, d'ailleurs, un cas particulier de cette courbe. Le résultat
présente donc une certaine similitude avec celui qui correspond au
diagramme de M. Blonde!, bien qu'il soit moins simple.
-Mais une différence fondamenlale entre les deux théories se révèle dans le
nombre de paramétres qui, de trois, est porté à quatre. Nous avons vérilié que,
tout au moins dans le cas particulier où le déphasage interne diminué de
l'angle d'hystérésis est nul, le nombre des paramètres est irréductible pour une
mac/iine saturée.
Ce résultat est d'autant plus inattendu que la théorie de M. Blondcl
introduit, en apparence, un coefficient supplémentaire : celui de réaction
transversale. Il montre l'intérêt qu'il y a à perfectionner la théorie de la
réaction d'induit, en n'introduisant que le minimum de paramètres.
CHI.MIE PHYSiQUi:. — Application de la loi d'hydrolyse à hi détermination
des poids moléculaires. Note de M. H. Colin et de M"' A. Chaudux,
présentée par M. IL Le Chatelier.
Nous avons montré que l'inversion diastasique du saccharose est régie
dans sa marche par le rapport des concentrations du sucre et de l'enzyme ;
à une quantité fixe «, de catal\seur, mesurée par un certain volume d'une
solution diastasique donnée, correspond un poids déterminé a, de saccha-
rose; si à «, centimètres cubes de diaslase, on oppose une niasse a de
saccharose, inférieure ou égale à r/,, la vitesse d'h\drol\se décroît pendant
toute la durée de Tcxpérience suivant la loi de \\ ilheim\ ; si, au contraire,
le poids a de sucre est plus grand que a, , la vitesse reste constante tant que
l'excès de sucre n'a pas disparu, elle diminue ensuite justju'à la fin de la
réaction.
Les mêmes faits se reproduisent lorsqu'on substitue au sucre de canne le
raffinose, le genlianose, etc., c'est-à-dire les pol\saccharides tributaires de
l'invertine et sur lesquels le ferment agit d'une façon identique, en décro-
chant la molécule de lévulose qu'ils renferment. On doit donc pouvoir
vérifier que les poids des différents sucres susceptibles de Jixer la même quan-
SÉANCE DU 3£ JANVIER igar. 279
tité n, de sucrase sont entre eux comme leurs poids moléculiiircs, c'est-à-dire
comme les nombres
34.2 (saccliarose ^ C'-Il-'-O"),
594 (raffinose = C'«H='20">-l-5H'0),
5o4 (genlianofe = (C'»II"0'«),
Nous avons livdrohsé, dans des conditions identiques de teneur en
sucrase et de température, des solutions de saccharose, de raffinose et de
^enlianose de diverses concentrations, /e sucre étant toujours en excès par
rapport à l'enzyme. Voici une expérience à titre d'exemple ;
Conditions e.r péri mentales.
Concenlration en sucrase... S'"'',!') pour 100
. 1 .Saccliarose . . . 5"', 4 5o pour 100
Concenlratioiis en sucre.... Il Rafllnose 5i5..5oo »
'm Genlianose . . . 4"i26o «
Teuipéralure 16°, .'j
Dans le Tableau, x désigne la quantité de sucre transformée à chaque
instant dans 100™' de solution, et .r,^, — x^ la quantité hydrolysée pendant
l'unité de temps.
Tciijps I. .Saccliarose. II. liafliiiose. III. Genlianose.
quarts d'Iicure. x. j;,^, — x,. x. a:,^, — .«',. x. ^t*\ — ■'^r
t ï g g s s
I i,o58 1,0.58 0,172 ",'72 0,080 0,080
2 2,126 1,068 0,359 "i'87 0,1611 0,080
3 3,192 1,(166 0,543 0,184 11,240 0,080
4 3,780 11,588 0,718 .1,175 0,32.. ..,..80
5 4>'99 .1,4 m 0,9.16 11,188 » »
6 4i5o5 0,3.16 1.081 1,170 «1,487 11,167:2
7 '. . » )) 1,265 o,r84 1'^ »
8 » » 1,45' 0,186 ".647 .1,160:2
i.v » » i,8i3 0,062:2 0,821 1,174:2
12 » » 2,137 0,324:2 0,986 ii,i65:2
i4 » » 2,38i 0,254:2 1,1 5o 11,164:2
16 » » » » I , 3oo . 1 , 1 5o : 2
18 » » 2,775 .1,394:4 r,474 .1,134:2
20......... » » » » i,6ii3 0,129:2
22 » » 3,078 .i,3o3:4 '1693 0,090:2
26 » » B » .1,833 o,i4o:4
On voit que les poids de saccharose, de ratfinose, de gentianose qui
28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
subsistent dans les solutions (juand la vitesse d'h\drolyse commence à
décroître sont compris entre 2.^,-238 et 1^,6-0, 3^,487 et 3''', i63, 2^,786
et2e,G,')7.
11 est facile de resserrer Tintervalle et de déterminer exactement pour
quel poids de sucre le phénomène change d'allure; il suffit pour cela de
faire varier les conditions expérimentales. On trouve ainsi que les poids de
saccharose, de raffinose, de gentianose qui peuvent s'unir à une même
quantité de sucrase, correspondant à 3'"', G de la solution diastasique
employée, sont égaux à \^,S3, 'P, 18 et 2*"', 69, c'est-à-dire à la même frac-
lion de leurs poids moléculaires :
1.83 .„. . 3,18 2,69 „
-—- = 53.0X10-': -r^=53Cxio »; -^r^ =r 534 X 10— .
342 594 304
Donc, étant donné un groupe de corps de masses moléculaires M,, M^,
Mj, .. ., M„, tous h\drol\sés de façon identique par un même ferment, on
a, en désignant par a,, a.^, O3, . • ., ^/„ les poids de ces différentes substances
capables de fixer des quantités égales d'enzyme,
rt, a., «3 ^_ a„ _
et la loi d'h\drol\se permet de calculer les poids moléculaires de tous les
termes de la série en fonction de l'un quelconque d'entre eux.
CHI.VIIE ORGANIQUE. — Piépariition ral(dyli(jui' d" (imlnes scconildires el essai
d'alcoylation de ces bases. Note (') de xM. Alpho.vse 3Iailiie, transmise
par M. Paul Sabatier.
La transformation des bases de Schiff, en aminos secondaires, par hydro-
génation de leurs vapeurs au contact du nickel au-dessus de 220°, ne
conduit pas à un bon rendement, par suite de la destruction partielle de la
base primitive, qui se coupe à l'endroit de la double liaison en donnant une
aminé primaire et un hydrocarbure (-)
RCIIr:rMV4- '. H- = liC^P+R^'lI^
Afin d'éviter cette scission, corrélative de l'emploi d'une haute tempéra-
(') Séance du a'i janvier 1921.
(■) V. Maimik, liull. Soc. c/iim., i. 2"i. igi'». p. 3ii.
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. a8l
lure, j'ai essayé d'cITectuer la fixation de l'hydrogène sur les bases de
Schiff à l'élal liquide en les' mélangeant à une petite quantité de nickel
divisé et en dirigeant, dans le liquide chauffé à 170", un courant d'hydrogène,
(iràce à une agitation violente, le métal catalyseur est maintenu constam-
ment en suspension dans le li(juide. Dans ces conditions, l'hydrogénation a
lieu d'une manière très aisée et régulière : i^a basé primitive se change en
aminé secondaire sans que Ton puisse observer une scission de la molécule.
La benz-ylidéne (iniline , C'IPCH = NCH', se transforme totale-
ment, après /|5 minutes d'hydrogénation, dans la hcnzylpliénylamine,
C'H^CH-NIIC^H^, qui se dépose en cristaux fondant à 3G°.
La henzylidènc orthotoliiidinc, C*H'CH = NC'H''CH% qui bout à 3o5",
fournit, après 3o minutes, un liquide qui cristallise immédiatement
par simple refroidissement en aiguilles fondant à 55". C'est la benzylorlho-
tolylamine^ C'H'CH-MHCH^CH' . Cette réaction est totale; toute
l'imine liquide primitive est changée en composé cristallisé.
La benzylidènt' paralohddinc fond à 53". Par agitation avec du nickel,
à une température de 160°, l'hydrogène la change au bout d'une heure en
un composé liquide, bouillant à 3io"-3i2°. C'est la benzylparaudylamine,
dont la phénylurée, obtenue par action de l'isocyanate de phényle, fond
à 123°- 127°.
Comme dans le cas précédent, il y a un changement net dans la nature
physique du produit primitif, ce qui permet de suivre aisément la marche
de la réaction.
La benzylidéne métaloluidine bout à 3i5°. Agitée avec du nickel, à 160"-
170°, elle est transformée par un courant rapide d'hydrogène, dans l'aminé
secondaire, la benzylmélatolylamine^ qui est un liquide bouillant à 3 12°.
Elle fournit, avec l'isocyanate de phényle, une urée cristallisée fondant
à i59°.
La benzylidéne anisidine para, C H" CH = N . C" H'' OCH', dont le point
de fusion est de 72°, conduit dans les mêmes conditions à la benzylmèlhyl-
oxyphènylamine, CH^CH^NHCH'OCH^ qui cristallise en aiguilles
fondant à 64°-65°.
Dans toutes ces hydrogénations pratiquées à basse température, il n'y a
pas de scission de la molécule. Je n'ai jamais rencontré d'aminés phéno-
liques dans les produits transformés.
Ayant préparé par ce procédé des quantités importantes d'aminés secon-
daires, j'ai essayé de les alcoyler pour les transformer en aminés tertiaires,
C. U., 192 1, I" Semestre. (T. 17-2, N° 5. ) 21
282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en appliquant la méthode calalytique que j'ai fait connaître avoc M. de
Godon, pour la métliylation de l'aniline, des toluidines, etc. (').
Le mélange des vapeurs de benzylphénylamine et de méthanol en excès,
dirigé sur de l'alumine chauffée à 38o°-4oo", fournit un produit qui se sépare
en deux couches : l'inférieure est constituée par de l'eau-alcool, ayant
dissous une dose importante d'aldéhyde formique; la couclie sui)érieure,
soumise à la rectification, abandonne; d'abord un peu d'alcool, puis jus-
qu'à 125° du toluène, caractérisé par son dérivé dinitré, et entrej89''-i96'',
on recueille une fraction très importante, entièrement soluble dans l'acide
chlorhydrique.
Elle ne contient pas d'aniline. Traitée par l'anhydride acélique, elle
produit un écliaulTement notable, i""', additionné de 2™' d'anhydride
acétique, a fait monter instantanément le thermomètre de i4" à 29".
Elle fournit à froid un chlorhydrate de dérivé nitrosé, en belles aiguilles
rouges dont la décomposition par la soude conduit au composé nitrosé,
qui est formé par des cristaux verts fondant à 85". C'est la nilrosodiiné-
ihylaniline. Il s'est donc formé par mélhvlalion de la base primitive, de la
diinéthylaniline et de la monométhylanilinc dont la présence a été indiquée
par l'échaulTeuicnt produit par l'anhydride acétique.
Ou voit que dans l'alcoylation de la benzylphénylamine, au contact
d'alumine, il y a eu scission de la molécule en deux tronçons CH^CH-
et C'IPIMf. Il est vraisemblable qu'en présence de l'hydrogène naissant
provenant de la décomposition du méthanol,
CIl'OH = 11^ I- IICOII,
ces deux résidus se sont complétés pour donner du toluène et de l'aniline.
Celle-ci, au contact de l'alcool en excès, a conduit à un mélange de mono
et diméthylaniline :
G«il^Nll^+CIIM)ll = IIM) + C«H^M1CII\
c«H'Nri2H-.!c;iiM)ij = 'ii-o i-C''ii'N((:ii')-.
Les aminés secondaires décrites plus haut subissent une transforuialion
analogue par alkylalion. En particulier, le mélange benzylparatolylaminc
et d'alcool ordinaire, passant en vapeurs sur l'alumine à 38o"-4oo", donne
un produit qui se sépare en deux couches : l'une, formée d'eau-alcool-
(') A. MAM.iir! l'i i)i: Godox. Comptes rendus, 1. IGO, njiS, p. .\{'ij et 5i>i.
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 283
aldéhyde, qui fournit une combinaison cristallisée avec le bisulfite de
soude, et l'autre, après séparation de toluène, distille entre 2o5" et 2i5°;
elle est constituée par un mélange de paraloluidines monoélliylée et
diétliylée.
Cet essai d'alkylation catalytique des aminés secondaires mixtes,
CMPCH^NHAr, ne conduit pas à des aminés tertiaires. Toutes ces bases
se dédoublent au contact du catalyseur en donnant du toluène et des
aminés phénoliques méthylées ou éthylées.
CHIMIE AGRICOLE. — La balance du chlore pendant la fabrication du sucre
et la teneur de la betterave en chlore. Note de M. Emile Saillard, pré-
sentée par M. L. Maquenne.
Dans des Communications précédentes ('), j'ai établi la balance de
l'azote, de la potasse, de la soude, de l'acide phosphorique pendant la
fabrication du sucre. Je voudrais compléter ce travail en établissant la
balance du chlore.
Les dosages de chlore ont été faits sur un poids déterminé de cendres au
moyen d'une solution titrée de nitrate d'argent et par un titrage en retour
avec une solution titrée de sulfocyanure de potassium, l'alun de fer étant
employé comme indicateur.
Il a été tenu compte du chlore contenu dans les eaux de puits qui ali-
mentaient la batterie de diffusion (0^,02 par litre).
Dans les fabriques qui font du sucre blanc, la production de mélasse est
d'environ 4''^ pat" loo'^s de betteraves et le chlore contenu dans les jus de
diffusion passe, pour la presque totalité, dans la mélasse. Il ne peut y
avoir, pendant le travail, que des pertes de chlore insignifiantes ou négli-
geables.
La teneur en chlore des betteraves à sucre, des mélasses, des eaux de
puits varie quelque peu d'une usine à l'autre, d'une année à l'autre, etc.
Les résultats qui suivent sont des moyennes se rapportant à une dizaine de
fabriques de sucre :
(') Comptes rendus, l. 1G6, 1918, p. 697, et l. 170, 1920, p. 129,
284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cour 100.
Chlore clans la betterave 0,016
y Chlore dans la mélasse o,3o
Chlore de la bellera\e passé dans les résidus de (linUsion.. 19
Chlore lie la betterave passé dans la mélasse So
Perles indéterminées i
Il peut être intéressant de savoir comtnent se répartit, entre les dillërenles
parties de la plante, le chlore pris dans le sol par la racine.
Voici les résultats qu'ont donnés des échantillons de betteraves à 1 7 pour
100 de sucre prélevés, au commencement d'octobre 1920, dans un champ
de Seine-et-Oise et analysés immédiatement, après nettoyage avec une
brosse et essuyage avec un linge.
Limbes
Pétioles avec nervure principale des limbes.
Collets
Racines décolletées
r'oids inoyen
Cl.l..
ire pour 100
pour
Eau
<le
une plante.
pour 100.
matière sèche.
127
84,3
I
296
85,9
1,8
49
79.2
0,34
53o
75,3
0,08
Soit, dans la plante entière, 1,2 de chlore pour 100 de sucre de la racine
décolletée, chillre qui peut varier suivant les conditions de culture.
Ces résultats montrent que ce sont les pétioles qui accusent la teneur en
chlore la plus élevée. L'observation s'applique aussi aux betteraves fourra-
gères.
Ce travail a été fait avec la collaboration de M. Wehrung.
ANTHROPOMÉTRIE. — Kluch' et mensurations de 117 Belges. Note
de MM. Léon Mac-Auliffe et A.. Marie, présentée par M. Edmond
Perrier.
Les individus étudiés par nous étaient exclusivement des hommes dont
l'indice céphalométrique a tout d'abord permis le classement suivant :
Belles Français
(pour 100). (pour 100).
Dolichocéphales •">,98 2,68
Mésocéphales 28,94 23,28
Hrachycéphales 5i ,28 5o, i4
llvperbrachycéphales 18,80 23,90
Ces résultats confirment l'existence d'une dolichocéphalie plus frétjuenle
et d'une hyperbrachycéphalie plus rare chez le peuple belge que dans le
nôtre. Les travaux de nos devanciers ont indiqué, en effel (voir les Tableaux
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 285
de Denilver),que l'indice céphalique des Belges flamands ressortit à la rnéso-
cépbalie (79, 5), tandis que celui des Belges wallons a comme carach'-rislique
la sous-bracliycéplialie (82,2 V
Pour des raisons de voisinage, d'affinité, de communaulé de langue, etc.,
les Belges wallons dominent à Paris, d'où le chiffre de 81, 5 que nous trou-
vons comme indice céphalique moyen sur les individus soumis à nos obser-
vations. Bertillon indique d'ailleurs un chiffre très voisin pour l'ensemble
de la Belgique (80,93).
La taille moyenne des Belges est plus élevée que la notre. Nous l'avons
trouvée, comme Bertillon, de i'",669, et nos statistiques paraissent indiquer
que les plus petites tailles doivent s'observer chez les Belges brachy-
céphales.
Voici les caractères soniatiques moyens du Belge d'après les chiffres
relevés par nous :
Taille, i'",G69; buste, o"',893; envergure, i^j^iS; coudée gauche,
o°\454) médius gauche, o'", 1 14; auriculaire gauche, o"',o88; pied gauche,
o"\259; longueur de tête, o",i9i; largeur de tête, o™,i56; diamètre bizy-
gomatrique, o™,i4o; oreille droite, o"',o6f\.
Les caractères chromatiques des cheveux et des yeux offrent un réel
intérêt, surtout si on les compare aux nôtres et à ceux des populations euro-
péennes méridionales comme les Espagnols dont nous avons parlé récem-
ment (') et une série à l'étude de iV-^ Italiens.
En voici les traits principaux :
Comparaison des couleurs des cheveux des Belges, des Français,
■ des Espagnols el des Italiens.
Belges : Français : Espagnols : Italiens :
117 cas 6Gj'2 cas l'^2 cas 142 cas
(pour 100). (pour 100). (pour 100). (pourlOO)
lilond albinos » 0,01 » »
» clair 2,67 1,24 » »
» moyen 5,35 4>5o 0,81 i,''i7
» foncé 8,o3 5,5o 5,-3 4>4i
Chàlain clair 28, 21 i^i'"? 7 1^7 6,61
» moyen 38,39 42,97 27, o4 36, 02
Il foncé II, 5o . 22,98 4o,i6 42,64
1) noir.- 0,89 2,70 ïij47 2,94
Noir pur . 0,89 ' i,83 '^•,4^ 2,20
Roux clair 0,89 0,10 » »
» moyen » o,3i » »
» foncé » o , 3o » »
» blond 2,07 1,06 0,81 ",7'i
» châtain 2,07 2,25 3,28 2.94
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1077.
286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces chiffres semblent établir que, toutes choses égales d'ailleurs, la pigmen-
tation des cheveux est en relation avec la latitude et l'ensoleillement. En
Europe les populations méridionales sont les jilus pigmentées.
La couleur noire pure des cheveux est par contre exceptionnelle en
Europe, occidentale; elle est probablement d'origine asiatique, si l'on en
juge par la |)roj)ortion extraordinairement élevée des cheveux de cette
couleur que nous avons observés chez les Ilomanichels même français
(26,6 pour 100).
Broca envisageait Térythrisme comme pathologique ; Di'uiker l'attribuait
seulement au mélange de sang de plusieurs races blanches, brunes ou
hlondes; nos recherches donnent raison à Broca, en ce sens que les cheveux
roux paraissent s'apparenter à l'albinisme, qu'on les constate en proportions
très voisines cliez les différents peuples européens avec une prédominance
toute naturelle chez les peuples dont la pigmentation des cheveux est peu
prononcée.
Nous avons établi, par ailleurs, au cours de notre étude de 6652 Fran-
çais (') qu'il existe un parallélisme, sinon absolu, du moins très notable,
entre le développement du pigment des cheveux et des iris : plus la pigmen-
tation des yeux s'accentue, plus se développe celle des cheveux et inverse-
ment. L'étude de notre série de 1 17 Belges confirme cette loi une fois de
plus ainsi que le montre le Tableau suivant :
Comparaison des couleurs des yeux des Belges^ des français,
des Espagnols et des Italiens.
Belges : l-'i'aiiçais : ICspagnols : Ilalicns :
ll'i cas 0652 cas 127 cas l.!(j cas
(pour IDfl). (pom-lOO). (pourlOU). (pour 100).
Impigmentés (bleus) 2i,-.'> i8,r)8 7>87 4i92
Peu pigmentés. . ; \^i.'^.\ 'yi.'S'x 4')73 " 4o>84
Très pigmenlés 2>.\,t<'\ '^S.^j 50,87 54,22
A pigment jaune 24,3'| 21,76 11,81 'QjO'
)) orange 2t),86 20,76 2(),(j> 2i,t>3
» châtain ' 7 j ^9 2 1 , 96 ■>.'\ J\o 2 '1 , 64
» marron en cercle .'5,21 6,70 2,36 7:74
» marron verdâtre 8,6() 7,24 21, 25 '5)49
» marron pur '^75 ^'97 2,36 ■ 6,35
(') Vai. IJavi.h el Léon Mac-Ah.iii'k, /('ec. gêner, des Sciences, u"' l.'i-lC, aoùl 1920.
SPANCK DU 3r JANVIER 1921. 287
BIOLOGIE. — Sur In croissance des Poissons maintenus en milieu de tempé-
rature constante. Note de M. P. Ai-diké, présenlce par M. Kdmond
Peirier.
La conslance de la lempératutc du milieu était réalisée au moyen d'un
mélange, en proportions délînios, des eaux d'un puits artésien (32°) et
d'une source {^^"), dont les températures sont invariables pendant toute
l'année.
Au point de vue des résultats expérimentaux, il y a lieu de distinguer les
Poissons Eurythermes dos Sténothermes.
EuiiYTiiEiîiMES [Cypriniis carpis L., Carossius aurntus L., Sca/dinius erytro'
phthalmus L.) :
a. T. — i4° à i5". — l. La croissance est régulière et continue. Sa
courbe ne présente pas la succession de paliers et d'ascensions rapides
observés dans des conditions expérimentales différentes.
2. Dans l'ensemble, la taille demeure inférieure à celle des animaux
soumis aux variations saisonnières de température. Après quatre ans, elle
n'atteint pas la moitié de celle des Poissons élevés dans des conditions
naturelles, compte tenu du nanisme de confinement qui affecte les sujets
placés dans des bassins de faibles dimensions et que nous avons signalé par
ailleurs.
3. Les paliers des périodes de production sont absents. Ceci trouve son
explication dans le fait que les glandes sexuelles des animaux maintenus
dans de telles conditions n'offrent qu'un métabolisme restreint, n'abou-
tissant jamais à la production d'éléments sexuels.
h. T. = 20° à 21°. — l. L'accroissement en longueur est aussi régulier
que dans l'expérience précédente, mais il est plus rapide. Il présente
chaque année un palier d'une durée de 2 mois à 2 mois et demi, correspon-
dant à la période d'élaboration sexuelle. Les organes génitaux prennent
un développement normal et leur structure histologique est la même que
celle des animaux élevés en liberté. Il n'y a pas cependant émission des
éléments sexuels et les glandes ne tardent pas à rentrer en régression. La
croissance paraît légèrement accélérée à ce moment.
'2. A la fin de la première année, la taille est un peu inférieure à celle des
Poissons témoins (^ environ). A 2 ans, il y a égalité de dimensions entre
les uns et les autres. Après 3 ans, ceux-là ont de 2*='" à 3''" de plus que
ceux-ci. En tenant compte du nanisme de confinement, il est de toute
288 ACADEMIE DES SCIENCES.
évidence que la croissance, dans ces conditions, est beaucoup plus rapide
que celle des animaux soumis aux alternances annuelles de température.
c. T. = 24" à 2.5°. — l. Cette disproportion est encore plus marquée
à ces températures qui correspondent aux optima. La dillerence de taille,
au bout de 4 ans, va du simple au double, en faveur des sujets placés dans
les conditions de l'expérience.
2. La croissance est moins régulière que chez les animaux maintenus
à des températures moins élevées. Elle procède par paliers nettement
accusés, de durée et de fréquence irrégulières. L'un des paliers est en
correspondance évidente avec la période d'élaboration sexuelle; d'autres
n'ont avec celte période aucune relation. La croissance se produit donc
par à-coups. Il semble qu'après une période de croissance rapide, l'orga-
nisme fatigué ait besoin de repos.
3. La présence et la répartition de ces paliers de repos sur la courbe
permettent de se rendre compte que la croissance et la reproduction sont
indépendantes l'une de l'autre. Leurs inscriptions graphiques peuvent,
pendant un temps, coïncider ou se confondre, mais elles n'en sont pas
moins distinctes et seulement superposées. Celte dissociation fonctionnelle
met en évidence l'indépendance relative du Sonia et du Germe n , dont la
séparation précoce a, depuis longtemps déjà, été mise en lumière par les
travaux des biologistes.
d. T. = 3i° à 32°. — l. L'irrégularité est encore plus sensible. Les
paliers se succèdent dissemblables dans la durée et dans l'espacement.
A des périodes d'ascensions courtes et rapides succèdent de plus ou moins
longues phases de repos. On assiste à un véritable afîolement de la fonction.
2. A un moment donné, les paliers de croissance se superposent au palier
de reproduction qui, lui, conserve son caractère de régularité et de cons-
tance, montrant encore plus nettement la dissociation des deux manifesta-
tions vitales.
3. Une précocité plus grande peut se montrer dans la date d'apparition
du palier sexuel. En aucun cas cependant cette avance n'a dépassé une
trentaine de jours.
4. Dans fensemblc, la croissance se ralentit et n'atteint pas celle des
animaux laissés en liberté.
SiK.NOTiiKPiMKS {Siihnd ( riiims Mitch., Sa/vc/inus fonlinalis Mitch.) :
a. T. = i5" à iG". — 1. Celte température correspond à l'optimum de
croissance. Celle-ci dépasse parfois de trois fois celle des Poissons soumis
aux variatioifs lliermi({ues annuelles. Cette poussée rapide n'est pas sans
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 289
intérêt au point de vue pratique. Elle donne une explication des diiïérences
de poids et de taille que l'on constate chez les sujets de même âge provenant
d'établissements de pisciculture différents, l^^lle fournit aussi des indica-
tions sur les meilleures conditions à réaliser dans les élevages.
2. Comme précédemment, l'accroissement procède par bonds successifs.
h. T. = 20" à 22". — Beaucoup de Poissons ne résistent [)as à ces tem-
pératures. Le nombre des décès est très élevé au bout d'un temps relative-
ment court. La croissance de ceux qui résistent est considérablement
ralentie.
c. T. = 26° à 27°. — Quelles que soient les précautions prises, aucun
Poisson ne résiste dans ces conditions de température.
BIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Vinsùiicl parcdyscur des Araignées.
Note de \\. Etienne Rabaud, présentée par M. P. Marcbal.
Dans une Note antérieure (' ), j'ai montré que les Hyménoptères vulné-
rants ne « choisissaient » en aucune manière le point du corps de leur vic-
time correspondant à un ganglion. L'aiguillon ne pénètre que dans la
mesure où il rencontre un interstice articulaire. Il était tout indiqué d'exa-
miner la même question chez les Araignées.
Suivant J.-H. Fabre, les Thomises saisiraient leur proie de façon à
piquer droit sur un g'anglion, tandis que les Kpeires les piqueraient en un point
quelconque. La différence proviendrait de ce que les premières captureraient
presque exclusivement des Abeilles, tandis que les secondes prennent toute
proie qui tombe sur leur toile et no sauraient connaître, pour toutes, le point
vulnérable.
Cette différence n'existe pas. Les Thomises capturent bien d'autres
Insectes que les Abeilles, et elles les capturenl tous en les saisissant par une
partie quelconque du corps. Qu'il s'agisse de Tliomisus onusti/s, de
Misumena vatia, de Synema glohostim, le temps nécessaire à l'installation de
la paralysie ne semble en rapport ni avec la taille relative de l'individu qui
mord, ni avec le point d'application de la morsure. Dans tous les cas, la
paralysie survient rapidement. J'ai vu une Abeille, mordue à la partie pos-
térieure du thorax et immédiatement lâchée, devenir immobile au bout de
5o secondes. Une Mouche commune mesurant 8™™ de long, mordue à la
(') L'inslincl paralyseur des Hyménoptères vtilnéranls {Comptes rendus, t. 165,
1917, p. 680).
290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partie moyenne de l'abdomen par un Misumenn latia mesurant/)'""', devient
immobile en i minute. Les morsures d'Araignées ' plus volumineuses
n'agissent pas plus rapidement.
Une fois abolis ou très diminués les mouvements de la proie, la Tiiomise
la fait souvent tourner entre ses pattes et vient appliquer sa bouche sur une
région du corps différente de celle sur laquelle a porté la morsure initiale.
Fréquemment, cette région est l'articulation céphalo-thoracique, corres-
pondant, si l'on veut, à la « nuque » dont parle Fabre. Mais il importe de
remarquer que l'application des chélicères et de la bouche sur ce point a
lieu au moment où la victime, presque sans mouvements, ne saurait ni se
défendre, ni s'échapper. D'ailleurs, la membrane céphalo-thoracique n'est
pas un point plus privilégié qu'une autre membrane aiticulaire. La marche
des événements se reconstitue de la faeon suivante : saisissant sa victime
par n'injporte quelle partie du corps, l'Araignée plante souvent ses chéli-
cères sur des téguments assez résistants; lorsque, la victime immobilisée, la
succion commence, ces téguments y font obstacle; l'Araignée est donc
amenée à changer sa bouche de place, jusqu'au moment où elle rencontre
une surface de moindre résistance.
En somme, les Thomisides ne procèdent pas autrement que les Épeirides;
les unes comme les autres se comportent, au point de vue de l'inoculation
du venin, de la même manière; elles frappent au hasard, il suffit que les
chélicères puissent pénétrer.
Le parallélisme se prolonge, d'ailleurs, assez loin, el derrière l'indiffé-
l'ence apparente du point d'inoculation existe un déterminisme précis. Pour
les Araignées, comme pour les Sphégiens, la façon dont le prédateur saisit sa
victime dé[)end de la position relative des deux individus au moment où ils
se rencontrent. Le fait est très net quand on introduit une Mouche ou une
Abeille dans un tube renfermant une Thomise. Il n'est pas moins net
lorsqu'un Insecte tombe sur la toile d'une l<>peiride; tantôt l'Araignée arrive
suivant une direction [)erpendiculaire à l'axe longiludinal de la proie,
tantôt suivant une direction perpendiculaire à l'axe transA ersal.
Dans le premier cas, l'Araignée aborde la proie par côté et, tout en
l'enveloppant de sole, lui imprime un mouvement de rotation sur
l'axe longitudinal ; dans le second cas, elle l'aborde par l'une des extré-
mités et la fait tourner sur l'axe transversal. Dans les deux cas, le mouve-
ment de rotation dure un temps variable et, quand il cesse, la partie du
corps de la victime qui se trouve en face de l'Araignée est forcément quel-
conque : c'est celte partie que mord l'Araignée.
SÉANCE DU 3l JANVIER I92I. 291
Ces indications concernent exclusivement la première morsure. Celle-ci
reste unique quand elle est ellective, c'est-à-dire quand la résistance des
téguments de la proie ne s'oppose pas à la pénétration des chélicèt-es. Dans
le cas contraire, l'Araignée mord à plusieurs reprises, sans aucun ordre,
tout le long du corps, jusqu'au moment où, rencontrant une membrane de
moindre résistance, les cliélicères s'accrochent et pénètrent.
Si, la proie demeure immobile ou bouge peu, les morsures se succèdent
sans interruption; si la proie s'agite, l'Araignée cesse de mordre et reprend
le mouvement d'enveloppement. J'ai pu provoquer des alternatives de
morsures et d'enveloppement pendant plus de 45 minutes en jetant un
Carabus viohiccus sur la toile d'une Argiope brunneicld. Encore ai-je arrêté
l'expérience qui menaçait de durer indéfiniment, aucune partie des tégu-
ments du Coléoplère ne permettant la morsure.
Quant à l'action du venin des Epeires, elle varie infiniment, suivant
les proies, pour une même Araignée. Il n'est pas exact de dire, avec Fabre,
que la paralysie doit s'installer lentement pour que l'Araignée ait à sa.
disposition une proie conservant un reste de vie jusqu'à la fin du repas.
Parfois, l'action du venin est 1res rapide. Au bout de 5 minutes, un Homhns
teirestris n'a plus que de légers mouvements spasmodiques de rextrémité
des tarses; mais au bout de 45 minutes il a repris son activité. Au contraire
un Gryllide, OEcanthus pelluscens ment\.?,\xv\e. coup. Sur les Acridiens, proies
fréquentes des Epeires, l'elTet du venin varie suivant les individus. J'ai vu
des Sicnobolhrus bicolor mourir rapidement et d'autres se remettre de
la blessure; les Abeilles et les Guêpes, vite paralysées, ne survivent pas.
Au surplus, Argiope branneichi accepte sans la moindre difficulté les
proies mortes qu'on lui tend au bout d'une pince et les mange. 11 y aurait,
d'ailleurs, beaucoup à dire sur la façon dont mangent les Epeires : elles
enduisent extérieurement leurs proies d'un liquide qui fait penser à une
sorte de digestion externe; et le fait que la proie est progressivement réduite
en bouillie appuie cette suggestion.
PHYSIOLOGIE. — L'insuffisance respiratoire aux très hautes altitudes et sa
correction par les injections sous-cutanées d'oxygène. Note de M. Raoul
Baveux, présentée par M. Roux.
Une injection sous-cutanée d'oxygène, faite sur un sujet en bonne santé
augmente son débit respiratoire; on peut s'en assurer en le faisant respirer
292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à travers un spiromètre pendant un lempe égal, avant et après l'injection.
L'excès du second volume d'air sur le premier rcprésenle numériquement
le pouvoir ainplilicateur de l'oxygène sous-ciitané, sur la ventilation pul-
monaire.
Ce résultat expéi imenlal, que je crois nouveau, démontre que c'est par
voie indirecte que l'oxygène sous-cutané active l'hémalose. Son appli-
cation m'a permis d'évaluer la puissance d'action des injections d'oxygène
sur l'asphyxie des très hautes altitudes, pendant l'expédition que j'ai faite,
en 1919, à rOhservaloire du mont Blanc au moyen des ressources mises à
ma disposition par M. J. Vallot. J'y ai déterminé, pendant neuf jours, mes
valeurs spirométriques avant et après oxygénation sous-cutanée; je les ai
comparées aux valeurs similaires déterminées à Paris et à Chamonix avant
mon ascension, puis, de nouveau, à Chamonix et à Paris, après mon retour
du mont Blanc. J'ai ainsi effectué cinq séries d'expériences donnant un total
de soixante (lélrrminations en trente séances. Je me suis toujours servi d'un
spiromètre très sensible, avec soupape de Tissot.
La pression barométrique et la température de l'air ont été notées à
chaque altitude pour corriger, en les ramenant à o" et 760""" les chiffres
spirométriques. Sans cette correction, ils n'indiqueraient que la venti-
lation pulmonaire relative, et ils ne seraient pas comparables; celle correc-
tion étant faite, ils indiquent les l'entilalions absolues qui, seules, corres-
pondent aux valeurs pondérales de l'oxygène aspiré, quelle que soit Taltilude
où on les ait recueillies.
Le Tableau suivant donne les moyennes de chacune de mes cinq séries.
Les respirations sont comptées par minute; les débits respiratoires en litres
et fractions de litre. Nous utiliserons uniquement le débit par minute, qui
varie en fonction des deux autres quantités et qui les résume.
Taiîleau I.
Moyennes respiratoires avant et a/ircs oxygénation sous-cutanée (H, HavouxV
Paris. Cliamoiiix. Moiil Ulanc. Clianionix.
Années Avant Obseivaloiie Après
1910 et 1920. Il' mont lilanc. Vallot. le mont tilanc.
Oxygène.
Avant. Apiès, Avant. Apirs. \v:uit. Apios. Avant. Apivs.
Hespirations. . . 17 16,6 18,* il'),'i i(),S \-^ù iS,<. 1 '| , '|
Débit-imilé . . . ",79 ijf'9 <'.*>-i <>,IS") o.'ii <s.")8 "-99 '•■^7
Dêbil-iiiiiiiilo. . iL-V! if^.i"! ii.ii."> i.î.()'i '^.71 i".7i i8.()'.> 19.73
Kiiss.
Guilleniard.
Baveux.
générale
5,59
8, .4
18,67
8,37
5,00
7,o3
I I ,60
7,38
4,o4
5,58
8,63
5,66
SÉANCE DU 3l JANVIKR 1921. 298
L'examen des cliilTres de débit consignés dans ce 'rabicau permet
d'énoncer les deux proposilions suivantes :
1° Le débit respiratoire absolu diminue rjuand r altitude augrn-nle.
2." A toutes les altitudes, F injection sous-culanée iPoxYgèiK' corrige l'insuf-
fisance progressif du débit respiratoire.
Ma première proposition est corroborée par les résultais spiromélriqucs
qu'ont obtenus, au mont Blanc, avant les miennes, les recherclies de
J. Vallot ('), de Kuss (-), et de Guilleniard et Moog (').
Ces auteurs ont expérimenté sur 14 sujets, d'âge et de poids différents,
au cours de six expéditions réparties sur une période de huit années. Leurs
chiffres concordent entre eux et avec les miens.
Tableau II.
Moyennes de ventilation aljsolue prises à diverses altitudes.
Moyennes
J. Vallot.
Plaine 6,11
Chanioûix 5,42
Mont Blanc 4,42
Ma seconde proposition est démontrée par la comparaison entre les
cliiffres de débit que j'ai obtenus avant et après oxygénation, car on voit
que ces derniers sont toujours plus forts que les premiers. Cette comparaison
permet de calculer dans quelle proportion l'oxygénation sous-cutanée peut
compenser l'insuffisance respiratoire à la très haute altitude do l'Observa-
toire du mont Blanc.
Déficit respiratoire en passant de Chanionix au mont Blanc.
Lilres d'air
par minute.
Sans oxygénation hypodermique 2 ,g4
Avec oxygénation hypodermique i ,44
Diminution du déficit par l'oxygénation 1,.50
L'oxygénation sous-cutanée donne donc une amélioration de cinquante
et un pour cent dans la ventilation pulmonaire à la très haute altitude de
l'Observatoire du mont Blanc (435o™).
(') J. Vallot, Annales de l'Observatoire nietéurologiijue du mont Blanc. Expé-
ditions de 1898, 1899 et 1900, t. 6, igoS.
(-) G. Kiss, Comptes rendus, t. 14-1, 1903, p. 270. /^S
(^J GuiLLEHARD Cl MooQ, Comptes rendus, t. 14o, 19117, p. 828. /^ ■ c*^^ '
i>^ ^<^-
294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un calcul très simple montrerait que, d'après ces chiffres, une injection
sous-cutanée d'oxygène permettrait de respirer aussi amplement à Sooo™
d'altitude qu'on respire, sans oxygénation, à l'altitude de (>hamonix. Or
j'ai montré (') que l'effet utile des injections d'oxygène peut durer une
vingtaine d'heures.
Nous voyons cependant qu'il reste encore, à l'altitude du mont Blanc, un
déficit respiratoire de 49 pour 100.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la nature du choc anaphylactique.
Note de MM. Auguste Lumière et IIenri Couturier, présentée par
M. Roux.
Dans des recherches publiées antérieurement (-), nous avons montré
que l'injection intra-vasculaire d'un précipité insoluble et inerte, constitué
par du sulfate de baryte émulsionné dans du sérum artificiel isoloniquc et
isovisqueux, permettait de provoquer non seulement des symptômes iden-
tiques à ceux du choc anaphylactique, avec tous ses caractères, mais aussi
des lésions et des troubles semblables à ceux de l'anaphylaxie chronique ; la
similitude de ces effets tendait donc à faire attribuer la crise et les acci-
dents de l'anaphylaxie à une cause physique plutôt qu'à des phénomènes
chimico-loxiques.
Pour confirmer celte hypothèse, nous avons réalisé les expériences
suivantes :
Des cobayes ont élé sensibilisés au mojen d'injeclions sous-cutanées de sérum de
cheval de -^ de centimètre cube. Vingt jours après cette préparation, l'injection
intra-cardiaque de \ de centimètre cube du même sérum amène chez ces animaux
des accidents qui débutent au bout de 20 à 3o secondes. Une minute plus tard
environ, les témoins ainsi traités, tombent sur le côté et meurent vers la fin de la
deuxième minute.
Si l'on administre par la même voie à d'autres animaux du même lot o''"'',5 d'émul-
sion barytique à 0,265 pour 100, puis, 3o secondes après, la dose mortelle de sérum,
on n'observe alors que des troubles légers et passagers, ne se manifestant qu'à partir
de la deuxième minute; pendant quelques lieures, les sujets eu expérience demeurent
hérissounés, mais ils se rétablissent bientôt i:omplètement ayant ainsi toléré, sans
dommages appréciables, des doses qui les auraient infailliblenienl lues Siins l'injection
préalable de suspension barylique.
{^ ) Comptes rendus, t. 169, 19 19, p. i 179.
(■-) Auguste LiinikRE et Mrnri Goutuiueii, Sur le clioc provoqué par rinlroduction
de substances inertes dans la circulation {Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1 172).
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 29,6
(^>uaiul, I mimite après la première injeelion immunisante, on en prali(|ne une
seconde dix fois plus concentrée, le coliaye la supporte parfaileuieul bien et peut
recevoir au bout de 24 heures l'inoculation anaphylactique, mortelle chez les témoins,
sans présenter d'autres symplùmes que du prurit et un peu d'in(|uit-lnde, troubles qui
disparaissent en un quart d'heure.
L'iiniiiuiiité contre le choc anapliylactique vrai, créé par le précipité
inerte, n'a donc qu'une durée assez limitée, mais elle n'en est pas moins
réelle et complète; elle est effective aussi contre l'anaphylaxie passive et
contre les chocs déterminés par l'introduction de certains colloïdes dans la
circulation. Les expériences que Bordet a instituées avec le sérum gélose
conduisent d'ailleurs à des résultats semblables.
Nous avons voulu montrer, par les essais complémentaires rapportés
plus haut, que l'immunisation contre le choc pouvait être également réalisée
au moyen d'un corps inerte n'intervenant q\u& physiquement.
In verse nient, la vaccination contre le choc anaphylactique, par le pro-
cédé des doses subintrantes de Besredka, protège aussi temporairement,
contre le choc barytique, les animaux qui y sont soumis. C'est ainsi que
des cobayes sensibilisés comme nous l'avons indiqué, puis vaccinés par des
injections variant de ^- k -^ àQ centimètre cube d'antigène, peuvent, une
demi-heure après ce traitement, tolérer des doses mortelles d'émulsion de
sulfate de baryte en ne présentant que des symptômes insignifiants et
même aucun trouble suivant les quantités d'antigène administrées préala-
blemeiit.
La durée de l'immunité dans ce cas est aussi longue que le traitement
inverse et peut se prolonger pendant il\ heures.
Toutes ces expériences tendent à montrer que les causes du choc ana-
phylactique sont les mêmes que celles des crises anapliylactoïdes résultant
de l'introduction brusque de substances insolubles dans la circulation.
Si l'état d'antianaphylaxie durable créé par la vaccination au moyen des
doses subintrantes est bien, comme le fait remarquer Besredka ('), la
pierre de touche la plus importante de l'anaphylaxie vraie, elle n'est point
celle du choc pi^oprement dit car, en réalité, l'état de protection conféré
par les faibles doses d'antigène ne constitue une vaccination contre le choc
que pendant quelques heures après lesquelles les sujets ainsi traités, soumis
de nouveau à des injections d'un mélange de sérum d'un autre animal sen-
(■) A. Besredka, Anaphyloloxine el anaphylaxie {Annales de l'Institut Pasteur,
lai 1920, p. 334).
296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sibilisé el du même antigène ou dun précipité inerte, n'échappent plus à la
crise; ils ne sont point immunisés d'une façon persistante contre le choc
mais sim[)lement désensibilisés.
Les inoculations suhintrantcs ayant en (|uel(jue sorte saturé les éléments
précipitahles du sang, de nouvelles quantités d'antigène ne peuvent plus
déterminer la formation de précipité et il n'y a, par conséquent, plus de
choc possible. L'emploi de ces doses subintrantes conduit donc à deux
résultats distincts :
i" Une immunisation temporaire générale contre tout choc quel qu'il
soit;
1° Une désensibilisalion spécifique de l'animal dont le sang ne peut plus
réagir sur l'antigène sensibilisant pour donner le précipité indispensable
à la production du choc.
Les efl'els de protections réciproques que nous venons de rapporter
semblent bien constituer une démonstration cruciale de l'identité du méca--
nisme du choc dans tous les cas considérés.
MICROBIOLOGIE. — Essais de vaccination conlrc le pcdadisme des oiseaux dû
au Plasmodium relictum. Note de MM. Etie.vne et £d.>io.\d Seu^e.nt,
présentée par M. Roux.
On admet que le paludisme ne confère pus une immunité absolue, mais
que toutefois les paludéens dont l'infection est passée à l'état chronique ont
une immunité relative, c'est-à-dire qu'ils ne réagissent plus aux réinfections.
Nous avons cherché à voir si, dans le paludisme des oiseaux, il est possible
d'obtenir l'immunité relati\e, sans passer par le stade initial d'infection
aiguë toujours grave et même mortel dans un tiers des cas.
Nous avons essayé déjà l'inoculation de sporozoïtes conservés invitro (*).
Sur 24 sujets, 7 avaient acquis par ce procédé l'immunité relative immé-
diate sans phase d'infection aigu*'.
Dans une nouvelle série d'expériences, nous avons utilisé, pour atteindre
ce but, non pas un virus vieilli, mais un viius prélevé, soit chez le mous-
tique, soit chez l'oiseau, pendant la période d'incubation.
(') lvriK>>E et Ei)MO.M> Skrgent, Sur Vimniunilé ilnns le paludisme des oiseauu-,
Conscii'alion in vilro des sporozoïtes de l'Iasmodiuni relictiiiii. Iminiinité relathe
ohli-nue par inueulalion de ces sporozoïtes {Comptes renlus, l. I.'il. uji". p. 107).
SÉANCE DU 3l JANVIER I921. 297
jo J/^irus prélevé pendant son évolution sporogonique cliez /'i'n.yetVe (Gulex
pipiens). — Nous considérons comme période d'incubation le slade de 12
à 1 5 jours de durée (à une température de 25° à So") pendant lequel le virus
se présente sous forme de zygotes enkystés dans la paroi de l'estomac du
moustique, avant l'apparition des sporozoïtes.
On injecte, dans le péritoine d'un canari, quatre ou cinq estomacs de Ca/ex nourris,
6 jours auparavant, de sang d'oiseau riclie en Plasmodiuni. Les estomacs présentent de
très nombreux zygotes de 3o!* à !\oV- de diamètre ; on n'y voit pas encore de sporozoïtes;
ils sont broyés dans de l'eau chlorurée à 7,5 pour lobo. L'expérience est faite sur huit
canaris.
Aucun de ces oiseaux ne présente d'immunité consécutive : l'inoculation
de virus, faite 1 5 jours après rinjection des zygotes, est suivie, comme chez
les témoins, d'une infection intense.
2" Virus prélevé pendant son évolution chez l'Oiseau (Canari) (Expériences
faites en inoculant aux oiseaux du sang parasité). — La période d'incuba-
tion est celle qui sépare le moment de l'inoculation de celui de l'apparition
des parasites dans le sang périphérique. La durée de cette période varie
de 3 à 10 jours, elle est en général de 6 jours.
Nous injectons dans le péritoine de 61 canaris une goutte de sang de
canaris inoculés 24 ou 48 heures auparavant.
A. Dans une première série de recherches, une seule injection de sang
prélevé 48 heures après l'inoculation donne l'immunité relative à 2 sujets
sur i3.
B. Dans une deuxième série, une seule injection de sang prélevé 24 heures
après l'inoculation donne l'immunité relative à 3" sujets sur 12.
C. Dans une troisième série, deux injections, répétées à 8 jours d'inter-
valle de sang prélevé 48 heures après l'inoculation donnent l'immunité rela-
tive à 5 sujets sur 18.
D. Dans une quatrième série, deux injections, répétées à 8 jours d'inter-
valle, de sang prélevé 24 heures après l'inoculation donnent l'immunité
relative à 3 sujets sur 18.
Chez les témoins, la proportion des oiseaux naturellement réfractaires
est infime : 0,72 pour 100 (7 sur 963 au i5 décembre 1920). Donc
99,28 pour 100 des témoins s'infectent gravement à la première épreuve.
Au contraire, si l'on résume les résultats obtenus sur les 61 sujets traités
par le sang de canaris inoculés depuis 24 ou 48 heures, on voit que i3 au
c. R., 192 Semestre. (T. n2, N° 5.) 22 •
298 ACADÉMIE DES SCIENCES
total ont acquis rimmunité relative immédiate (2 i ,3 pour 100); les autres
s'infectent «gravement à la première épreuve.
Les i?> sujets « acclimatés» cl'eml)lée ont été suivis 2 et 3 mois; 4 d'entre
eus ont subi 2 et 3 inoculations, auxquelles ils ont résisté, sauf un qui
s'infecte à la troisième inoculation, 3 mois après Tinjcclion immunisante.
On peut donc conclure : Le sang d'un oiseau prélevé pendant la jxh-iodf
(rinciibalion du paludisme des oiseaux, c'est-à-dire avant l'apparition des
parasites dans le sang périphérique, n'est jamais infectant et peut conférer,
dans 21,3 pour 100 des cas, l'immunité relative à des sujets neufs sensibles.
HYGIÈNE. — Le rôle des mouches dans le transport de germes pnt/ioiiénes
étudié par la technique des éleva<^cs aseptiques. Mote de M. E. Woi.i.man,
présentée par M. E. Roux.
Le rôle des mouches en tant que véhicules de microbes pathogènes a fait
l'objet de très nombreuses recherches. Nous citerons celles de Ficker, de
Faichnie, de Graham-Smith, de Ledingham, de Marchoux, pour ne parler
que des plus récentes ('). A part quelques cas particuliers où le microbe
étudié est facile à mettre en évidence (bacille tuberculeux, b. de la lèpre),
de telles recherches se heurtent à de grosses difficultés du fait de la richesse
de la flore bactérienne normale de ces insectes. On a évalué, en elîet, à
plusieurs millions le nombre de bactéries couramment transportées par une
mouche ('■'). L'isolement d'un germe pathogène quelconque est dans ces
conditions pénible et aléatoire. Cet isolement devient presque impraticable
pour les bactéries du groupe du h. typhique ç\. des paralyphiques^i particu-
lièrement importants au point de vue tjui nous occupe. Un grand nombre
des bactéries normales de la mouche se rapproche, en effet, des germes de
ce groupe : ni la morphologie, ni l'aspect des colonies, ni les réactions
biochimi(jues ne permettent de les en distinguer; seules les méthodes
sérologiques peuvent donner un résultat (').
(') On Irouvera la bibliographie, ainsi que la tcrbniijue et la marche de nos expé-
riences, dans le travail détaillé qui païaîtra pi'ochaineiiienl dans' les Annotes de l' Ins-
titut Pasteur.
('■') D'après Coix, Lewis et Glynn, ce nombre s'élèverait à 5oo millions pour les
mouches capturées dans des endroits très soiiillés (Journ. of Hyg., Vl).
(') Gv.k\\>i.y\-'è>i&\i\\. Files and Diseuse,-^. i23.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 299
Il nous a semblé, pour toutes ces raisons, que la question inérilail d'être
reprise par la technique des élevages aseptiques ('). Les expériences
deviennent, dans ces conditions, schématiques : le milieu de culture reste
stérile ou présente une culture pure du microbe employé. T.'absencc de
germes autres que celui introduit par Texpérience permet de recourir à des
épreuves particulièrement sensibles : ensemencement en milieu liquide,
inoculation dans la chambre antérieure de l'œil (b. tuberculeux), etc.
Enfin, le germe pathogène étant soustrait à l'action de la flore normale se
trouve dans des conditions particulièrement favorables; les résultats posi-
tifs obtenus dans ces conditions semblent pouvoir être considérés comme
des résu/latx /imites.
Les mouches peuvent être contaminées soit à l'état de larves, lorsque le
développement se fait dans des matières renfermant des microbes patho-
gènes, soit à l'état d'irisecle parfait. De là, deux séries d'expériences. Dans
la première, il s'agissait de rechercher chez l'adulte les germes englobés à
l'état de larves. En cas de résultat positif, il était intéressant de savoir
comment se faisait le passage. Dans la deuxième série, nous devions établir
comment se comportaient les mouches aseptiques contaminées à l'état
adulte.
I. Les expériences de la première sécie ont porté sur les larves de la
mouche à viande {Calliphora vomitoiïa), celles de la mouche verte (Lucilia
césar) et celles de la mouche domestique. Les œufs aseptiques (") étaient
déposés sur de la cervelle stérilisée pour les deux premières espèces, sur du
crottin de cheval stérilisé pour la mouche domestique. A l'éclosion des
larves on introduisait dans le milieu une suspension de microbes pathogènes :
b. lypMque, b. dysentérique (Shiga), b. tuberculeux. C'est, en effet, la con-
tamination par les bactéries du groupe du typhique et des dysentériques
qui doit se réaliser le plus souvent dans la pratique, les larves pouvant ren-
contrer ces germes dans les déjections de malades ou de porteurs. Le
bacille tuberculeux peut, lui aussi, être éliminé en quantité avec les déjec-
tions (Calmette) et présente, d'autre part, un intérêt particulier par suite
de sa grande résistance à Faction de facteurs nocifs : dessiccation, etc. Enfin,
(') Au cours de raïuiée dernière, nous avons pu étendre celle lecliniciue à l'élevage
de la mouche domestique et obtenir des générations aseptiques successives de cet
insecte.
(2) Pour la technique, voir Annales de l' Institut Pasteur, t. 25, p. 79.
3oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans quelques expériences, nous nous sommes adressé à la hnctcridie char-
bonneuse, microbe sporulé qui dans la nature peut également se rencontrer
dans les habitats des larves de muscidés.
Dans un certain nombre de cas, le contenu des pupes a été ensemencé
soit aussitôt après la transformation des larves, soit plus tard, lorsque l'éclo-
sion ne se produisait pas : dans tous les cas nous avons obtenu une culture pure
et abondante du microbe contaminant.
Dans la majorité des expériences les pupes étaient transportées dans des
tubes stériles après ou sans stérilisation préalable au sublimé à 2 pour 1000
pendant2à 3 minutes et lavage à l'eau stérile. Dans tous les cas et quel q'u eût
été le germe infectant, les mouches êcloses de pupes ainsi stérilisées se sont mon-
trées aseptiques. ( Ensemencement sur gélose et en bouillon pour les larves
contaminées de b. typhique, de b. dysentérique , de charbon; broyage et ino-
culation dans la chambre antérieure de l'œil à des lapins, pour le b. tubercu-
leux bovin.) Pour ce qui est de mouches êcloses de pupes qui n'avaient pas
été stérilisées, un certain nombre ont donné des cultures du microbe conta-
minantl (6. typhique, b. dysentérique).
Cesexpérience.-î permettent de conclure que les germes pathogènes englobés
par les larves ne passent pas à l'insecte parfait. Toutefois, dans la pratique,
celui-ci peut se contaminer par les microbes adhérant à la surface de la pupe.
II. Les expériences de la deuxième série ont porté exclusivement sur la
mouche domestique. C'est, en eiïet, cette espèce qui entre surtout en ligne
de compte, à l'état adulte, au point de vue de la dissémination des germes
pathogènes pour l'homme.
Après avoir été contaminées par des cultures pures de b. typhique, do
b. dysentérique ou de b. tuberculeux (une seule expérience), les mouches
étaient recueillies dans des ballons stériles contenant du coton hydro()hile
imbibé d'une petite quantité d'eau et de lait. Conservées dans ces conditions,
les mouches ensemencent abondamment le microbe en question {b. typhique
ou b. dysentérique) pendant tout le temps que dure l'expérience : plus de
trois semaines dans certains cas. Cet ensemencement se fait aussi bien par
la surface du corps (pattes et trompe) que par les déjections.
Si, au contraire, on leur fait changer de ballon tous les jours ou tous les
deux jours, on constate que très rapidement les mouches se débarrassent de
leurs germes et redeviennent aseptiques. Dans certaines expériences cette
auto-stérilisation était complète au bout de huit jours. Dans runi(|ue expé-
rience faite avec le b. tuberculeux ce germe avait disparu quatre jours après
l'infection (inoculation dans la chambre antérieure de l'œil).
SÉANCE DU 3l JANVIER 1921. 3oi
Ces expériences élablissent (jiie les mouches contaminées restent infectantes
pendant un temps assez court (quelques jours). Eloignées de la source de
contamination, elles se débarrassent très vite (probablement niécaniqueinenl)
des germes infectants.
MÉDECINE. — L'élimination et la fixation des novarsenicaux thérapeuti-
ques. Note (') de IVÏVI. Kohn-Abrest, Sicard et Pakaf, présentée par
M. d'Arsonval.
Les recherches de l'un de nous(-) établissaient que l'ensemble des
viscères de près de 3 pour loo de nos contemporains contiennent, outre
l'arsenic « normal », des doses d'arsenic anormales. Mais ces dernières
r;sLent cjixipriàes entre i et 2 milligrammes. Elles sont donc très faibles et
inférieures à celles que l'on trouve dans les viscères des personnes ayant
réellement succombé à l'empoisonnement arsenical.
Les données ci-dessus onl été déduites de l'analyse des viscères de 116 personnes
prises au hasard des morts violentes ou subites, survenues à Paris entre igii et 1918;
mais sans qu'il s'agisse d'empoisonneinenl par l'arsenic. Parmi ces sujets devaient se
trouver une certaine proportion de syphilitiques, traités au moyen des arsenobenzols.
Aussi ces recherches confirment-elles, ce que l'on savait déjà (') de la prompte élimi-
nation de ces composés. Elles ont contribué à distinguer, dans certains cas de la
chimie légale, l'arsenic « vénéneux » de l'arsenic simplement « médicamenteux. ».
Depuis ces recherches, nous avons systématiquement rassemblé les cas
dont nous étions saisis, de personnes ayant succombé, alors qu'elles étaient
réellement soumises plus ou moins anciennement à des traitements novarse-
nobenzoliques. A de rares exceptions près, la mort de ces sujets n'a pas été
consécutive à l'intoxication arsenicale; mais à révolution naturelle de la
maladie (cancer, ramollissement cérébral, anévrisine, etc.).
La destruction des matières organiques, des viscères pris isolément, en vue de la
recherche de l'arsenic, a été ellectuée par nos procédés habituels : chlorate de potasse
et gaz chlorhydrique (*); mélange sulfonitrique (^), calcination en présence de
magnésie seule ("), ou d'un mélange de magnésie et de nitrate de magnésie ('). L'ar-
(' ) Séance du 24 janvier 1921 .
(^) E. KoHiN-A.BREST, Travaux du Laboratoire de Toxicologie à la Préfecture de
Police et Bull. Soc. Méd. légale, 1918.
(^) Notamment d'après Bongrand.
(*) Ogier. (^) Bartlie Deniges. (") Geneuil. (') Kohn-Abrest.
3o2
ACADEMIE DES SCIENCES.
senic, dans les produits de la deslriictioii, a lonjours été reclierclié et dosé au moyen
de l'appareil de Marsh.
l^es résultats de nos reclicrclics ont été rassemblés, suivant le mode d'in-
jection du produit, et de la durée écoulée entre la dernière injeclion et la
mort. Comme produit injecté, il s'est presque toujours agi des mélanges
formant les spécialités à base de dioxydiamidoarsênobenzohnéthylène sul-
foxyhile de soiide^ mais dont la définition laisse à désirer.
i
I
I
?
I
'Placés représenta lifs fies quantités d'arsenic retrouvées dans
les viscères de personnes traitées plus ou moins ancien-
nement par les dérives des arsénobenzols, notamment par
le novarsénobenzol (914).
eigiig Iminimum habituelf
p./Arsanic pisudo normal)
——.^-^firiertic narmal}
01294567831 _ ^_^ ^ ^
en ABClSSES/c nombrB dsjours «cou/as errttv h c/emisrv iryaction et h dévii du malada
Le tracé' n" 1 indique quelles quantités d'arsenic on a retrouvées en cas d'injections intraveineuses.
Le tracé n " 2 indique quelles quantités d'arsenic on a retrouvées après injections sous-cutanées.
L'ordonnée = lo — exprime la quantité d'arsenic formant la limite inférieure de ce que l'on
trouve habituellement dans les viscères en cas d'intoxication arsenicale aiguë. L'ordonnée = i —
exprime la quantité d'arsenic « pseudo-normale » que l'on trouve très fréquemment de nos jours
dans les viscères liuuiains. L'ordonnée = o,io — exprime la quantité d'arsenic dite normale.
Le taux de l'injection variait de o*-', i.5 à o''',2o; et la tjuantité totale de
produit qui a été administré, avait atteint chez certains sujets plus de lo^^C)
en quelques semaines, d(!ux mois ejiviron.
Di\ cas concernaient des personnes traitées par injections inlr/n'ei-
iieuscs et sept cas, par injections sous-cutanécs. Le temps écoulé entre la
dernière injection et la mort (due à des causes diverses) variait entre
(') Nous indiquerons les détails dans un Mémoire.
SKANCE DU 3l JANVIER 1921. 3o3
/fî minutes cl 120 jours. Les grapliiques ci-conlrc représentent les quantités
crarscnic retrouvées, et permettent de se rendre compte de la lixalion et de
l'élimination des « novarsénobenzols » (').
Les conclusions (jiie nous croyons devoir tirer de nos recheixlics sont les
suivantes :
L Au point de vue c/i'/»iy?/'' ;
i" L'élimination des « novarsénobenzols » donnés en injection intravei-
neuse parait très rapide et autant que celle des autres arsénohenzols. Elle
est ralentie (de moitié) lorstju'il s'agit d'injections sous-cutanées.
2° I^es organes où l'on a retrouvé l'arsenic dans les cas susvisés sont par
ordre de teneur croissante : poumons, intestins, rate, rein, foie. Quant au
cerveau, en cas de traitement intraveineux, et quelles qu'en soient la durée et
l'intensité, ce viscère ne contient pas de traces notables d'arsenic, ou tout
au plus des doses relativement très faibles (0^,0002). Mais il en contient
plus,fréquemment, et en doses plus élevées (0^,0002 à 08,00075) apiès
traitement sous-cutané ( -).
3° La présence dans l'encéphale de doses d'arsenic atteignant plusieurs
milligrammes présente une signification pathologique et constitue un indice
de l'intoxication.
IL Au point de vue de V expertise toxicologique :
Nos recherches confirment les indications données par l'un de nous et
que nous formulons actuellement ainsi :
i" Il n'y a pas lieu de tenir compte de la présence de très petites quan-
tités d'arsenic, soit environ i'^°(^), pour la totalité réunie des viscères
humains.
2° Lorsque les doses trouvées sont comprises entre 1 "'^ et 3"'^, elles ne pré-
sentent guère d'autre intérêt que d'être l'indice d'un traitement thérapeu-
tique arsenical. On les trouve généralement dans le foie, les reins, l'intestin,
sans ordre de priorité immuable.
3° Même la présence dans les viscères de 3'"" à 7™° d'arsenic, compte tenu
(') Un seul cas, non compris parmi les précédenls, fait exception et a montré la
présence de plusieurs centigrammes d'arsenic dans les viscères 9 jours après la
dernière injection d'un « novarsénobenzol ».
(^) La reclierclie de l'arsenic dans les liquides céphaloracliidiens des sujets en cours
de traitement novarsenical ordinaire, nous a donné des résultats négatifs.
(') Arsenic « pseudo-normal » à peu près constant de nos jours, chez l'homme et
dépassant notablement les quelques centièmes de milligrammes d'arsenic « normal »,
signalé il y a une vingtaine d'à n née s par A. Gautier et G. Bertrand.
3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de sa répartition, n'est pas en désaccord avec l'hypothèse d'un traitement
novarsénobenzolique datant de i jours à 25 jours, le composé étant en voie
d'élimination normale.
4° Par contre, la présence dans les viscères de cenli grammes d'arfcnic
s'accorde pleinement avec l'hypothèse d'une intoxication arsenicale.
En résumé : Au point de vue clinique^ nos recherches encourag;ent, en
matière novarsenicale, à pratiquer des traitements répétés et prolongés; de
préférence par injection sous-cutanée;
Au point de vue toxicologique ^ elles contribuent à la distinction si diffi-
cile et si importante au point de vue judiciaire, entre les traces que laisse
dans les viscères, l'arsenic médicamenteux et celles qu'y laisse l'arsenic
riénéneux.
A 17 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 17 heures et demie.
A. Lx.
ERRATA.
(Séance du 27 décembre 1920.)
Note de M. Georges Giraud., Réponse à une Note de M. Fubini sur les
fonctions automorphes :
F^age i365, lignes 22 et .î3, la parenllièse ne doit être fermée c[n après les mois : au
moyen d'une collinéalion réelle.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 FÉVRIEll 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georges LE.MOIXE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGADÉMFE.
M. le Ministre de l'Instkcction publique et des Beaùx-Arts adresse
ampliation du décret, en date du 4 février 192 r, approuvant l'élection que
l'Académie a faite de M. Augiste Iîéhal pour occuper, dans la Section de
Chimie, la place vacante par le décos de M. Armand Gautier.
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Auguste Béual prend place
parmi ses confrères.
OPTIQUE. — Sur les systèmes de prismes à arêtes parallèles.
Note de IVU^G. Gouv.
1. Dans une Note récente ('), nous avons étudié, au moyen d'une
construction géométrique, la vision d'un objet un peu éloigné à travers un
système quelconque de faces réfringentes ou réfléchissantes planes, les
milieux optiques étant en général anisotropes, et le système placé dans
l'air. Nous allons ici nous restreindre au cas, souvent réalisé, où toutes ces
surfaces sont parallèles à une même direction, que nous prendrons rcm'crt/^.
Nous nous bornerons à énoncer les résultats, dont la démonstration est
immédiate.
Le faisceau privilégié incident provient d'un point P à l'infini. Sa section
(') Comptes rendus, t. 1T2, 1921, p. 196.
C. R., 1921, i~ Semestre. (T. 172, N° 6.) ^3
3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
droite él;iiil aihitrairc. nous admettrons, comme précédemment, que c'est
un carré de côté a, dont deux côtés sont liorlzontaux. Le faisceau privilégié
émergent fait avec la verticale le même anglc'cjue le faisceau incident. Sa
section droite est un paiallélogramme; deux de ses côtés, qui correspondent
aux côtés du carré contenus dans des plans verticaux ('), sont eux-mêmes
dans des plans verticaux, et leur longueur est (i\ les deux autres, de lon-
gueur/>, correspondant aux côlés horizontaux du carré, peuvent être plus
ou moins inclinés; l'angle aigu du pardUélogramme est oj.
2. Appelons Largeur du faisceau la dislance des plans verticaux qui le
limitent. A l'entrée, la largeur /, = a; à la sortie, la largeur 1.^=^ bs'ini».
Si rolijel Pi'' à l'inlini est horizontal et de grandeur apparente y, il résulte
de notre conitruclion que l'image est aussi horizontale et que sa grandeur
« ^
apparente est 7-^ — ■. — = y-r-
Le pouvoir grossissant du sysli'/ne poir un oitjcl hoiizontal est donc le rap-
port des largeurs du faisceau à rentrée et à la sortie : c'est la généralisation
de la loi connue pour un prisme ordinaire.
Pour un objet PI'' contenu dans un plan vertical, l'image a une direc-
tion perpendiculaire aux côtés b du parallélogramme, et sa grandeur
appareille est -. Il est facile, d'après cela, de construire l'image d'un
objet très éloigné quelconque, qui est en général déformée, agrandie ou
diminuée.
Pour l'astigmatisme, il n'y a rien à noter de particulier sur la construc-
tion déjà donnée, qui consiste à tracer l'ellipse tangente aux côlés du paral-
lélogramme en leurs milieux; ses deux axes, de longueurs /* et/-, donnent
les directions des deux focales virtuelles, et, le point lumineux étant à la
distance L, ces focales sont aux dislances l>— et F^-^-
a- a-
3. Minimum de déviation. — Appelons 0 la déviation produite par le
système, et A la projection de 0 sur un plan horizontal.
Considérons, dans le faisceau, un observateur vertical qui voit venir à
lui les rayons. Si les réflexions sont nulles ou en nombre pair, les ra\ons
qui ont passé par un des côtés non horizontaux du carré se trouvent, à la
sortie, du même côté de l'observateur. Si donc l'objet PP' est horizontal,
le point P' est pour lui du même côté du point P dans l'image et dans
l'objet.
(') C'eil-à-Jire qui sont icncoiUics par les mêmes rayons.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 19'il. 807
Admettons, ce qui est ordinaire, que les prismes sont dis|)Osés di' telle
sorte que chaque réfraction produise une déviation projetée de même sens.
Alors A est délini sans ambiguïté, et les angles seront comptés positivement
dans ce même sens. Supposons que le point P' se déplace horizontalement
en tournant d'un angle d^ autour d'un axe vertical passant par le sys-
tème. L'image de P' tournera autour de cet axe dans le même sens, de
l'angle d'^j- La déviation A prend l'accroissement dl :
Si nous parlons de l'incidence rasante pour arriver à l'émergence
rasante, j- varie de o à œ, augmentant avec ^. comme on le voit en consi-
dérant isolément chaque réfraction, il y a donc une position pour
laquelle -7^ =: o, et, en partant do ce point, A augmente dans les deux sens
dp
(et de même ù), car /, — l., est du signe de d"^.
. Si nous laissons fixe le faisceau incident et faisons tourner le système
autour d'un axe vertical, il en résulte qu'on observe un minimum de dénation
quand les largeurs du faisceau à Ventrée et à la sortie sont égales. Comme
pour le grossissement, on a ici la même loi que pour un prisme ordinaire,
mais l'égalité de largeur ne correspond plus, en général, à l'égalité des
angles d'incidence et d'émergence, même pour un seul prisme anisotrope.
On remarquera aussi qu'en général, le minimum de déviation ne fait pas
disparaître l'astigmatisme ni la déformation de l'image.
Si toutes les réfractions ne sont pas de même sens, la condition /, = l.,
peut correspondre à un maximum au lieu d'un minimum.
Si le système comporte un nombre impair de réflexions, les rayons qui
ont passé par un des côtés non horizontaux du carré changent de côté pour
l'observateur; par suite, l'image de PP' est de sens opposé à l'objet. 11 en
résulte que l'on a ^A = ( ^ -1- i jf/j*i. Si l'on fait tourner le système, la condi-
tion /, = /., correspond au point où le faisceau émergent tourne avec une
vitesse angulaire double de celle du système.
4. Admettons maintenant que les rayons incidents sont hovizontaux. Si
les milieux sont isotropes, ou si la surface d'onde de chacun d'eux a un
plan de symétrie horizontal, le parallélogramme devient un rectangle, dont
le côté vertical est a. 11 en résulte qu'un objet vertical est vu tel et sans
grossissement, tandis que, comme précédemment, un objet horizontal est
3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
VU tel el avec le grossissement j-- Les deux droites focales sont, l'une hori-
zontale, à la même dislance L que le point lumineux, l'aulre verticale, à la
distance Lyf •
Si les largeurs /, et !.. sont égales, il y a à la fois minimum de déviation
et absence d'astigmatisme ainsi que de déformation pour les images. Ces
avantages sont les mêmes que si chaque prisme était au minimum de
déviation (').
En particulier, pour un speclroscopc à deux prismes pareils, on peut
fixer l'un el rendre l'autre solidaire de la lunette d'observation, de manière
que les axes du collimateur et de la lunette fassent toujours le même angle
avec la première et la dernière face. Les avantages du minimum sont réalisés
sans complication mécanique, et, en outre, rien ne se perd du faisceau, si,
l'on donne à cet angle fixe la valeur qui correspond au minimum de dévia-
tion de chaque prisme pour le violet (-).
Si le système comporte un nombre impair de réflexions, comme dans
certains spectroscopes, il n'y a pas de minimum de déviation pour
l'ensemble, mais l'absence d'astigmatisme et de déformation est encore
réalisée pour /, == 4.
5. Réseanv. — Tout ce que nous avons dit s'applique aussi bien aux
ondes paragéniques des réseaux qu'aux ondes proprement dites. En parti-
culier, pour un réseau plan à traits verticaux, il y a, dans le sens horizontal
seulement, un grossissement de l'image égal à j-, en appelant /, la largeur
du faisceau incident et 4 celle du faisceau diffracté; fait connu et important
pour les applications des réseaux à l'étude des protubérances solaires.
L'astigmatisme et la déformation disparaissent quand on a /,=/.; en
même temps, s'il s'agit d'un réseau transparent, il y a un minimum de
déviation.
(') Sauf pourtant si l'objet est liés lajjproclié, ce qui n'a pas lieu dans le spec-
lroscopc.
(') C'est le dispositif de njon spectrophotoraètre {Annales de Chimie cl de Phy-
sique., 5° série, t. 18, 1879). La méthode encore employée par les constructeurs,
qui consiste à faire pivoter chacun des deux prismes pour le mettre au minimum de
déviation, est vicieuse en ce que le faisceau est fortement diaphragmé aux extrémités
du spectre, là où il serait le plus nécessaire de ne pas perdre de lumière.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 192I. 3o9
S. A. S. le Pbince de Monaco fait hommage à l'Académie des fasci-
cules LV et LVI des Héstiltats des campagnes scientifiques accomplies sur
son yaclil par Albert /"'', prince soM-erain de Monaco, publiés sous sa direction :
Madréporaires provenant des campagnes des yachts Princesse-Alice et Hiron-
delle II (i8g3-i9i3), par Cii. Guaviku ; Contribution à Vanatomie du
Simenchelys parasilicus (iill, par Maurice Jaouet.
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
E. Kaysep,, Microbiologie appliquée à la fertilisation du sol et Microbio-
logie appliquée à la transfornmtion des produite agricoles (4" édition). (Pré-
sentés par M. Lindet.)
ANALYSÉ MATHÉMATIQUE. — Résolution de l 'équation algébrique générale
par des fonctions hyper géométriques de plusieurs variables. Note (') de
M. Richard Birkeland, présentée par M. E. Goursat.
Le résultat établi dans une \ote antérieure (Co/^p/r.v /v7;^///.v, t. 171, 1920,
p. 1370) peut être complété comme il suit. On a, d'après la formule (7) de
cette Note, F(v) et /'(v) ayant la même signification.
F' (y )=: V ""',
la sommet étant étendue à toutes les valeurs entières, non négatives, satis-
faisant à l'égalité a, + a.-i-. . .+ a„_| = r. Donc
/(y)'-F'(j)=- — ^y'— ^ r^^^ ;hl'...hJ^Ù-^y'-'-9,
•' •' •' Il — 1 .— J ai ! a,! . . .a„_, ! - " ^ j
(' ) Séance du i(\ janvier 192 1 .
3lO ACADÉMIE DES. SCIENCES.
le noml)re p étant
P
o = —
' n
il vient
0^ — , p = 2 «2 + 3 a, + . . . + ( /)
>) ,,
Quand V devient égal à l'unité, F{ y) = }' ""' devient une des racines de
l'équation v""' = i. Soit v une racine primitive de cette dernière équation,
et supposons que F(r) devient v' quand y devient i, i étant un des nom-
bres I, 2, 3, . .., n — I. Si nous posons dans les formules (5) et (6) de ma
Note précédente V ^ i, a = — Z, et si nous introduisons les valeurs de F(0 )
ety"(0), la formule de Lagrange (6) donne une racine c, de l'équation algé-
brique (4) par la formule
' ..-d « — 1 jLd a,! a,! . . . a,,_, ! ' ' " ''
/•— -1
i_
carj''*= y "^' devient pour y =: i égal à v'''. En donnant à t successivement
les valeurs i, 2, ..., n — i, nous obtenons les n — i des racines de l'équa-
tion (4). Nous avons
la somme^ étant étendue à toutes 1rs valeurs entières, non négatives de a,,
«2, . . ., y.„_, ; le système de valeurs a, = -j.., = . . . = jc.,_, = o est excepté. Si
nous introduisons 1=^1^^ Ih., = A, //*., = /.,, . . ., ///„_, = /„_,, l'équation algé-
brique (/)) devient l'équation considérée (i) dans ma Note précédente et
^ «—I «1! «jl • • -«n-l'
Introduisons maintenant, comme dans ma Note précédente,
«>, = X), H- /.x ( « — i) (■/, = I, 2, . . ., « — l),
X) étant positif el moindre que n — t, nous pouvons écrire la somme précé-
dente
,. - v'o- V .v.< /■'.,//, /•/.„ , V (-■^''"' (p^')(p + 2)...(p + /--i) ^^ ,,. J -
^^ - ' X^ Il — I «I ! «,! . . . «n 1 !
SÉANCE DU 7 Fl.VRlER 1921. 3ll
en introdi:isanl "C, = /" ',.'^2 = /""', ...,-„_, = /"ij. La première somme V
X
est élcndiie à toutes les valeurs
X| = O, I , 2, . . ., /( — 1, Xo=^ O, I , 2, . . . , « — 2, . . ., X„. , = O, I , 2, . . . , /( — 2,
La seconde somme V est étendue à toutes les valeurs entières et positives
A-
et les valeurs nulles de /(•,, /"o, . . ., kn-\- Le système de valeurs
est excepté. Le nombre ^ = Xo -+- 2X3 -1- . . . -1- (« — a)/.,,., — /., + i est
congru à jo (module n ^- 1). Mais la série
. (p + !)(&+ 2)... (p + '• — !).
est l'élément d'une fonction hypergéométrique de n — i variables '(,,
'Ç.,, ..., C„_, , ce que nous avons démontré dans ma Note précédente. Le
tliéorème est donc démontré. Nous pouvons donc exprimer chaque fonc-
tion algébrique par une somme de fonctions hypergéomélriques d'un cer-
tain nombre de variables, et nous avons trouvé ces fonctions hypergéomé-
lriques.
Dans l'équation algébrique (i)de ma Noie précédente, nous avons sup-
posé le coefficient de la première puissance de v égal à l'unité. Nous
pouvons aussi, par une transformation convenable, supposer que le coef-
ficient de (''' soit égal à l'unité. Nous avons alors, au lieu de (i), à consi-
dérer l'équation
et nous pouvons trouver n—p des racines exprimées par une somme de
fonctions hypergéomélriques. Nous pouvons facilement trouver les condi-
tions de convergence des séries hypergéomélriques obtenues.
ÉLASTICITÉ. — Sur le cas de Poincnré dons la ihéorie de 1^ élasticité.
Note de M. E. Jouguet, présentée par M. L. Lecornu.
L Poincaré a montré comment on pouvait étudier les petites défor-
mations d'un solide élastique à partir d'un état initial où les tensions ne,
ne sont pas nulles. Nous nous proposons d'examiner quelques propriétés
thermodynamiques des solides élastiques dans de telles déformations. Elles
3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
contiendront naturellement comme cas particulier les propriétés des petites
déformations des liquides et des gaz. ^
Les formules relatives aux coefficients thermodynamiques des solides
élastiques ont été données par Voigt. Mais cet auteur ne considère que des
états initiaux voisins d'un état naturel à tensions nulles. D'une manière
analogue, Duhem, dans ce qu'il a dit du cas de Poincaré. a toujours supposé
implicitement que les tensions dans l'état initial étaient petites ( '). C'est
de ces restrictions que nous voudrions nous affranchir.
IF. Loi de réciprocité. — L'état initial est supposé quelconque mais homo-
gène et de densité r. Soient Ç, •/], C les déplacements, p et 0 la densité et la
température absolue d'un état déformé quelconque. Le potentiel interne
de l'unité de masse $ est fonction de 0 et des six fonctions c, et y, associées à
la déformation (notations de M. M. Cosserat).
Marquons par l'indice zéro une valeur correspondant à £,= v,= o et
posons
' J- I 10^1 -H 1 ïo'i + ' 30=3 "1 } ■ /l "■ ~f /2 "< ; /3
4 I 4
-*- U,o-/,(£, -+- £3) + U,„-/,(£3+ £,) -^ UsoyjCîi + £2)
-H-U,„y.y3 4- -U20 73-/I+ ^^^Bo/r/î-
Les p et les U sont fonctions de la température 0.
Les formules de M. Boussinesq (Cosserat, premier Mémoire, équation Gi)
donnent l'expression des tensions N et T. Si la déformation est infiniment
petite et SI, en outre, elle est supposée pure, il est facile de voir que ces for-
mules donnent, au second ordre près,
(.) \
Dans le cas particulier où les tensions dans l'étal initial sont supposées
petites, on a simplement
N,- d<b T, (;<!>
/• </£, /• ôy,
et cela pour une déformation quelconque, non forcément pure.
A partir d'un étal initial où les £ el les y sont nuls, considérons deux
(') Nous enlendoii'. (lar tensions petites des leii>ion> comparables à celles que pro-
voquent les défoinialions iiifiMiiiieiil peliles envisagées à pailir de lélul initial.
ja> dv
T, J«l> dV
-X- ,
àzi Oi,
p â'/i d'/i
SÉANCE DU 7 FÉVRIEH 1921. 3l3
modifications in fininicnl petites 6^î, (h(, d& et 0£, oy, o0 qui soient /lomogénrs
elpiirrs. Les équations (i) nionlrenl que l'on a, cm désignani p.TP S l'en-
tra»
-(3) ^ df~) oJ/-(-^ (/(y\ 6y,-+-d& Ô5 = V 5 l'^A f/î, -(-^ 0 ("7) ''■''' "^ ''''® "'^•
C'est l'expression, pour les corps élastiques, du lliéorème général connu
sous le nom de loi de réciprocité de lord Ra yleigh.
Si l'élat initial est très voisin d'un état naturel à tensions nulles, la loi (3)
s'applique à deux déformations infiniment petites quelconques. Elle con-
tient alors comme cas particulier le théorème de l'éciprocité de Bclti.
III. Chaleurs spécifiques . — La loi (3) permet d'étendre au cas de Poin-
caré les formules données par Voigt pour les états voisins d'un état naturel
à tensions nulles.
Prenons, pour modification 0, une élévation de température 00 à N et T
constants et posons
C
ôc/^ a, 00, oy,= i3,ô0, oS=:7rô0.
Pour modification d, prenons une élévation de température c/Q à défor-
mation nulle et posons
La loi (3) donne
Prenons maintenant, pour transformation 0, une transformation isentro-
pique 11, Ay, A0 (AS = o) et, pour transformation f/, une élévation de tem-
pérature à déformation nulle. La loi (3) donne
(5) - /■|A0=2^'^^'+]S'^'■^■'''•
Envisageons une transformation isotherme Dî, Dy, DS (D0 = o) pro-
duisant dans les tensions N, Tles mêmes variations que la transformation A.
Les formules (4) et (5) donnent alors
(6) _ ,.^A0:=2 A,Dc,4-2B,Dy„
(7) ^ = :^ ±^
' ;^A,A.,+;^B,-Ay,
3r4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(4), (5), (6), (7) sont les formules de ^ oigt. Pour les solides isotropes,
(/j) et (7) deviennent
c-c [ds) c 3/.-H2M. + .V + — (^J
0 3 X -t- 2 fji 4- 2 V c 3 A -H 2 /JL 4- 2 V
expressions qui diiïèrent des deux expressions analogues données par
Duhem, par la présence de a 4- v cà la place de a. Cette formule (8) est
d'ailleurs identique à la formule de Reecli pour les fluides, qu'elle com-
prend comme cas particulier.
I\ . Célérité des ondes. — - Dans une \ole antérieure (') nous avons étudié
les célérités des ondes d'accélération pour les solides isotropes dans le cas
de Poincaré. Ces célérités sont-elles réelles?
Duhem a nionlvé ( liec/icfc/ies sin- 1' /ilaslicité, 3'' Partie) que cette question
se rallaclie à celle de la stabilité. Mais les résultais de cet auteur doivcnl
être révisés si l'on envisage des tensions non petites dans l'état initial. Sans
entrer dans le détail de cette révision, disons que les paragraphes l\ et \ II
du Chapitre II peuvent être maintenus à condition d'y remplacer A et M
par A -h- II(, et M — 11,,. La modification ne change ni le résultat suivant, ni
le degré de rigueur (non absolu ) avec lequel il est démontré : la stabilité de
l'équilibre entraîne la réalité des célérités des ondes transversales et longi-
tudinales.
CHRONOGRAPHIE. — C/u-onoiiraphe à poinlctgc p/iotograp/uque pour la mesure
des durées brèves à mouvernenl harmonique, — ou à mouvement circulaire
uniforme au moyen des ftgin-es de Lissajous. iNole de M. A. Guillet.
présentée [)ar M. G. Lippmann.
Au cours de recherches comportant la mesure précise de durées relati-
vement brèves, j'ai été conduit à employer une disposition de chronographe
à pointage photographique d'une manipulation commode et sûre (-).
En raison de l'étendue du champ de fréquence des oscillations de flexion,
de la masse vibrante et de l'amplitude qu'elles admettent, j'ai adojjlé le
diapason comme vibra teur définissant par sa période T l'unité auxiliaire de
temps choisi.
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 5i>.
(') Grâce à la I*"on(liUion Clt-menl l'élix. iinune décision l)iunveillanle de rAciuléiiiie
des Sciences m'a allribni-e en 1920, j'ai pu consiniire, avec l'aide de M. (lii. l'.nlres-
sengle, un modèle à peu près définilif de cel appareil.
SÉANCE DU 7 FKVIUER I921. 3l5
Le stylet eniegislroiir est constitué par l'image O' que donne un miroir
spliérique M de rayon U solidaire du diapason avec un degré de liberté,
d'un très petit trou O, fortement éclairé, percé dans un disque opaque
situé dans le plan du centre du miroir. Ue la sorte, le stylet O' décrit,
dans ce plan et d'un mouvement liaimonique, une trajectoire rectiligne
horizontale A'O'A.
Comment pointer, à un instant donné, la position occupée par ce stylet
malgré le mouvement rapide dont il est animé?
Il suffit, pour cela, d'imprimer au miroir un mouvement de grande accé-
lération initiale autour d'un axe horizontal. Alors le stylet O' se détache
presque verticalement de sa trajectoire et revient à sa position première
après avoir tracé un diagramme de son mouvement. Dans certains cas, il
suffit, pour pointer la position de O', d'agir sur le disque de façon à
déplacer le trou O.
Les vibrations du diapason sont enregistrées par le stylet optique O' sur
une large pellicule sensible couvrant la périphérie d'un tambour formé
d'une feuille cylindrique d'aluminium montée sur la roue d'un vieux rouet
enfermée dans une boîte obscure. Ce tambour est entraîné par un mouve-
ment d'horlogerie à une vitesse telle que les vibrations successives soient
suffisamment séparées sans dépense inutile de pellicule.
Pour un long enregistrement, on substitue au tambour un magasin
à pellicule avec dérouleur et récepteur, d'un type analogue, à la largeur
près, à celui que le télégraphe et le cinématographe ont vulgarisé.
Le plus souvent, le nombre entier de périodes T, contenu dans la durée
de l'événement étudié, est connu ou rafudement déterminé, et il suffit de
faire porter l'effort de répétition sur la mesure de la fraction complé-
mentaire de période; alors, suivant les cas, une plaque sensible ou une
longue pellicule fixe tendue horizontalement suffit.
Enfin, l'opérateur a seulement à pousser le levier libérant le mouvement
d'horlogerie, la succession et la durée des autres opérations que comporte
l'expérience étant réglées par des exC'Mitriques, convenablement décalés
les uns par rapport aux autres, montés sur l'axe du tambour et comman-
dant chacun un circuit électrique. Ce jeu d'excentriques, dont je me suis
servi en 1892 ('), se prête aux combinaisons variées que la succession des
opérations d'une mesure quelconque peut exiger.
Après développement et fixage, on compte le nombre entier de périodes
(') Détfiriniaation directe d'un kilohm absolu {Comptes rendus des Travaux de
l' Ecole pratùjue des Hautes Études, 1892).
3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comprises entre les deux pointés P, Q, et il ne reste plus qu'à exprimer
les temps complémentaires, définis par les deux pointés P, Q et les extré-
mités A ou A' des oscillations correspondantes comprises dans la durée
totale du phénomène.
Pour cela, on relève sur le cliché, au moyen d'une vis microméliique, les
lectures qui correspondent aux translations A', P, Q, A, dans l'ordre où
elles se présentent en allant, par exemple, de A' vers A. Le pas de la vis
étant pris comme unité arbitraire de longueur, on a alors A'A=:rt,
A'P = v,, A'Q = V2 et par suite l'élongation r/sinco/ est positive ou néga-
tive suivant que le point considéré est situé entre O' et A ou entre A' etO'.
Les époques auxquelles le stylet passe en un mêuie point P sont
donc données par la formule ï= -— T, dans laquelle a = 2K--i-a„
ou (2K -+- 1)- — aj, selon que le passage en P a lieu de A' vers A ou de A
vers A', k„ étant le plus petit angle admettant comme sinus.
Comme l'examen du diagramme indique immédiatement le sens des mou-
vements du stylet lors des pointages, les temps qu'il y a lieu d'associer pour
exprimer la durée du pliénouiène enregistré sont déterminés sans ambi-
guïté.
A une erreur d'appréciation t dans le relevé d'un pointé correspond une
erreur î' de la mesure de temps telle que
Pour <i = 2o''"\ et l'on peut obtenir aisément 1'" ouda\antage à l'aide
d'ampliiicateurs spéciaux adaptés au diapason, une fréquence basse N = 100
et une indécision £ = io~-cm :
(0
120(564
v-s
La sensibilité décroît lorsque le pointage a lieu de plus en plus près de A
ou de A', mais il est à remarquer que dans le mouvement harmonique la
presque totalité de la période s'écoule au voisinage immédiat des positions
extrêmes A et A'; ainsi :
Poiil-=o 0,2 n,4 0,6 0,S 11,8(16 I
SÉANCE DU 7 l'ÉVRIEK 1921. 3l7
Pour que la sensibilité soil réduite de moitié, il faut atteindre le dernier
dixième de la course vibratoire.
Si i était la largeur de l'image d'une fente lumineuse projetée sur la
pellicule, la loi (1) serait la loi pliotométrique de la pose harmonique de
l'image. La sensibilité de la méthode est limitée seulement par la sensibi-
lité des plaques ou des pellicules ainsi éprouvées.
Si l'on tient à enregistrer les temps à l'aide d'un stylet optique animé
d'un mouvement de rotation circulaire véritablement uniforme, comme on
cherche à le faire dans la méthode du miroir tournant, il convient d'opérer
avec deux diapasons en synchronisme, vibrant à angle droit et en quadra-
ture sous la même amplitude; le spot du miroir à pointage décrit alors,
d'un mouvement uniforme, une trajectoire circulaire le long de laquelle on
peut, et de diverses façons, effectuer les pointés.
Le rapport des sensibilités des méthodes d'enregistrement harmonique
et du miroir tournant a pour expression NRO„ : N' R'; N, X' étant les fré-
quences; R, II' les rayons des miroirs et 0„ l'angle d'oscillation.
PHYSIQUE. — Pi/c à dépolarisation par V air . Note (') de M. Ch. Férv,
présentée par M. d'Arsonval.
L La dépolarisation par l'air n'a donné jusqu'ici que des résultats peu
encourageants et il n'a subsisté aucun élément dépolarisé uniquement par
l'oxygène de l'air atmosphérique.
C'est cependant de ce côté que je me suis tourné lorsque, au cours de la
guerre, M. le général Ferrie voulut bien me faire part des ennuis rencontrés
dans l'emploi des piles au manganèse, et de l'utilité qu'il y aurait à rem-
placer ce produit.
Le bioxyde de manganèse français ne présente pas en effet les propriétés
physiques, ni la pureté indispensable pour servir de dépolarisant, et nous
ne pouvions plus en faire venir de l'étranger.
Tel a été le motif des études que j'ai entreprises sur ce sujet, ainsi que de
celles ayant pour but la construction d'un petit accumulateur à liquide
immobilisé, pou\ant remplacer la pile sèche et qui m'a valu une récom-
pense de l'Institut (-). J'espère pouvoir présenter d'ici peu cet accumula-
teur.
(') Séance du 3i janvier 1921.
(^) Subvention sur la fondation Clément Félix. 1919.
3i8
ACAUKMIt: DES SCIENCES.
il. Je me suis demandé tout d'ab3rd quelles soiil les causes qui ont pu
s'opposer à la réalisation prali(|ue d'un élément employant un aussi bon
dépolaiisant que l'oxygène dont Taclion doit être conslante, non seulement
parce qu'il est un corps simple, mais aussi |)arce qu'il est illimité.
11 faut remarquer tout d'abord ([ue, comme une règle, dans tous les élé-
ments employés couramment, le zinc sous forme de bâtonnet, de lame ou de
cylindre occupe toute la hauteur du liquide; or ce métal très oxydable
tend à se combiner avec l'oxygène dissous, et prive ainsi Li solution de son
gaz dépolarisant.
PILE FERY-i
B^i^S.G.D.G.
|[VlEin"R
15
20
I ' ' '
25
' ' ' I
40-
IV51
N2 2
N55
Comme c'est par la surface du liquide (jue se produit la dissolution de
l'oxygène, c'est là aussi que l'usure locale du zinc à circuit ouvert est le
plus rapide, l'expérience a montré depuis longtemps que les bâtonnets des
piles de sonnerie, où les périodes de repos sont longues, se coupent généra-
lement à la surface de la solution de sel ammoniac.
Ces deux remarques indi(pienl iii'llement (]ue le zinc doit être placé le
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I921. '6ig
])lus loin possible de la surface du liquide, c'est-à-dire tout au fond de
l'élément. La forme d'une lame horizontale est la meilleure, car tous les
points da métal seront dans une même sti'ate horizontale, c'est-à-dire de
même densité et de composition constante, ne donnant pas lieu à du
courant parasite d'un point à l'autre de l'électrode soluble.
Pour avoir une faible résistance intérieure, les deux électrodes zinc et
charbon ne doivent pas être trop distantes l'une de l'autre; mais d'autre
part le charbon doit baigner dans la solution superficielle aérée qui constitue
le dépolarisant.
Ces deux conditions qui semblent un peu contradictoires sont remplies
par une électrode verticale de charbon = cylindre, prisme ou tube occupant
toute la hauteur de la pile, et dont la partie inférieure n'est distante que de
quelques millimètres de la plaque de zinc placée au fond.
m. La figure i donne la coupe d'un élément ainsi réalisé et dont le
fonctionnement est le suivant :
Dès que l'élément travaille, les ions CF du chlorure d'ammonium, qui
est le sel employé pour préparer la solution excitatrice, se portent sur
le zinc où ils donnent du chlorure^ de zinc ZnCl- dense qui reste au fond
du vase.
D'autre part, 2>;H* se porte sur le charbon et donne avec de l'eau la
solution
2 NH' -t- 2 II'-O = 2 NH'OH + 11-.
La solution légère d'ammoniaque ainsi formée monte à la surface du
Jiquide, tandis que les ions hydrogène polarisent le pied du charbon.
Dès qu'on ouvre le circuit, le charbon recouvert d'hydrogène en bas, et
baignant dans un liquide aéré à sa partie supérieure, constitue une véritable
pile à gaz fermée sur elle-même. Les courants qui prennent ainsi naissance
entre les deux extrémités du charbon ont pu élre mis en évidence en
employant un charbon coupé en deux; ce sont eux qui dépolarisent
l'élément.
La distance entre les deux électrodes doit être petite comme nous l'avons
dit et la solution qui remplit cet intervalle est du chlorure de zinc dont la
cjnstitution ne changera plus dès cjue des cristaux apparaîtront sur le
charbon vers le ^ de sa hauteur ; toute nouvelle dissolution du zinc ne servira
qu'à accroître le volume des cristaux bien connus d'oxychlorure de zinc et
.d'ammonium qui prennent naissance dans toutes les piles à sel ammoniac.
La grande constance de cette pile, son rendement théorique puisqu'elle
n'a pas d'usure locale, l'absence de sels grimpants, et aussi l'économie due
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la suppressfon du bioxyde de manganèse, ont été 1res appréciés par
l'Administralion française dos Postes el Télégraphes (') où ces éléments
fournissent un service trois fois plus long que les anciennes piles.
MAGNÉTISME. — Anomalie de diliitulion accompagnant la tninsformatinn
magnéli'ine de la pyrrholine et de lamagnélilc. Note de M. P. Cheveaaud,
présentée par M. H. Le Chatelier.
L'anonaalie de dilatation corrélative de la variation thermique du
magnétisme, observée pour la première fois dans les ferronickels par
M. Ch.-Éd. Guillaume, puis retrouvée dans le fer a, le nickel, la cémen-
lite, etc., parait être une conséquence habituelle delà transformation réver-
sible des subslances^ ferromagnétiques. Je me suis proposé de rechercher
comment les transformations de la pyrrhotine et de la iiiat;iictite affectent
la dilatation de ces minéraux.
Pyrrholine {Jig. i et 2). — La dilatabilité de la pyrrhotine augmente
rapidement avec la température; puis, au voisinage de 820°, apparaît un
phénomène critique caractérisé par un brusque el notable accroissement de
longueur; la courbe de dilatation reprend, au delà, une direction peu
différente de celle qu'elle avait au départ. Au refroidissement, la courbe
de retour, très voisine de la première dans la partie quasi verticale, s'en
écarte progressivement et, après refroidissement, l'échantillon a subi un
allongement de plusieurs millièmes.
Si Ton répète l'expéricrice {Jig. i, courbe 2), on constate des phéno-
mènes analogues. Mais, alors que la température de brusque ascension
demeure sensiblement constante, l'accroissement de longueur correspon-
dant diminue d'amplitude à mesure qu'on réitère les chauffes, d'abord
rapidement, puis de plus en plus lentement. Comme le montrent les courbes
de la figure 2, les propriétés irréversibles subsistent quand la pirrhotine a
été préalablement chauffée cinq fois à l\oo°.
J'ai renoncé à élucider le méciuiisme de Tirréversibilité de la pyrrhotine,
car je me préoccupais surtout de préciser le caractère de sa transformation.
Or le changement de longueur quasi réversible et presque isothermique
autour de 820° correspond, très probablement, à une véritable transfor-
mation allotropique (avec changement de phase) analogue au changement
(')Voir Annales des Postes, Télégraphes' el Téléphones, S' année, n° '1, iQn.i,
p. 654.
iTyi^i^koli
o loo 2oo 5oo ^bo
Fi:;. r. — Pvrrliotinc vierge.
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SS^»3^^v,2gP ?oo 4foo
l'i,
— Pynhotine préalablement cliaulTée
5 fois à 4o"".
Courbes de dilatation dilTérentielles : Pyrrliotine (Ech°"de 25""'), Baros ( Éch"" de jo"'"'), tracées
automatiquement par le dilatomètre.
L'abscisse est proportionnelle à la dilatation de l'écliantillon de Baros et l'ordonnée, à la diircrer.ce
de dilatation des deux écbantillons. Pour éviter l'enchevêtrement, les i ourbes d'une incnie ligure
ont été décalées entre elles d'une petite quantité dans le sens des ordonnées.
\
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5
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^0
Fig.3. — Courbe de dilatation différentielle: Magnétite vierge (Ech°" de o"'» , Baros ( Kclr" de '
(traits pleins). Courbe dérivée en traits et points.
24
C. R., 1921
' Semestre. (T, 17Î, N° 6.)
3a2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'état aL:^y du fer. Celle liypothèse est confirmée par une observation
de M. Weiss(') : le coefficienl d'aimantation de la pyrrholine est presque
indépendant de la lempéralure au delà de 320°; la variété de pyrrholine
stable à chaud est donc nne substance paramagnéliquo. dont le point
de Curie est, non pas à 820°, mais à une température extrêmement basse.
Comme Ta déjà noté M. Weiss, la pyrrholine se comporte donc tout
autrement que la plupart des substances ferromagnétiques.
Magnéiite (/ïg. 3). — Après un recuit de quelques minutes, la dilata-
tion de la magnétile devient presque exactement réversible dans tout le
domaine des lempéralures inférieures à celle du recuit. Le coefficient de
dilaUilion vrai qui, à 0°, est sensiblement égal à 8. 10'", augmente avec la
température d'une manière accélérée, alleinl à S^o" (lempéralure peu diffé-
rente du point de Curie magnétique déterminé par M. Weiss) (^) un
maximum extrêmement accusé : 2'i . io~% puis décroît rapidement au delà.
La transformation de la magnétile, prestjue rigoureusem'ent réversible
et largement étalée dans l'échelle des températures, s'efl'ectue certaine-
ment sans changement de phase. Elle paraît donc entièrement comparable
à celle de la cémentile et à celle des ferronickels réversibles; mais, pour
interpréter l'allure des courbes de dilatation, il faut admettre que la
forme [3, stable à chaud de la magnétile, est moins dense que la forme a,
stable à froid : la transformation réversible a=i|5 entraîne donc, dans le
domaine de température où elle est active, une accélération de la dilatation
thermique normale. La magnétile fournil ainsi un evemple bien carao'.érisé
d anomalie positii'e .
Vers 680", la courbe différentielle présente une singularité qui ressort
avec plus d'évidence sur la courbe dérivée; ce phénomène coïncide avec la
variation progressive de la constante de Curie, observée par M. Weiss
auteur de la même température ('); par contre, les brusques changements
de cette constante, qui surviennent à 625° et 766", n'agissent pas sensible-
ment sur l'allure de la dilatation.
(') I'. Wkiss et G. l'oEX, AiinaïUalioii des corps ferroinai^iiéli(jiics [Journal de
Pltysit/iie, 5" série, l. 1, p. ']5:i).
(*) P. Wkiss et FoEX, toc. cil., p. -^^.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1921. 323
THERMODYNAMIQUE. — lùicrgie élcctromagnéliquc et potentiel thermody-
namique d'un système de courant. Note de AI. A. Liënakd, présentée par
M. L. Lecornu.
J'ai donné, dans une précédente Communication ('), les expressions
du potentiel thermodynamique, de l'énergie et de l'entropie d'un système
de courants en présence de corps magnétiques sans hystérésis. Je me pro-
pose d'étudier quehjues applications des formules établies.
Soit, tout d'abord, le cas d'un seul circuit électrique avec substances
magnétiques à perméabilité indépendante de l'état de saturation. Alors
$ = L?', le coefficient de self L ne dépendant que de T et des variables
normales, et les relations (10), (6), (5) et (11) de la précédente Note
deviennent
H=— -L/-, S=^«^^, rft = -!-f/|L
2 1 (ji 2
et
(,2) TJ = 1(L + T|^).•^
Un autre auteur avait donné (-) la formule
„., <-'=5('---'-|^)'-.
qui est en contradiction avec la précédente.
Pour obtenir la formule (12'), l'auteur a été obligé de faire plusieurs
hypothèses qui ne sont conciliables entre elles que pour i = o. Mais dans ce
cas particulier le signe devant le terme T -^f est indifférent.
Revenons au cas général d'un système de courants quelconques dans un
espace à trois dimensions. ïïU et âc représentant les vecteurs induction et
force magnétique, on sait que l'on a
et de même
(i3) liltdi=-^ jHî^dXdM.
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 208.
(^) Comptes rendus, t. 127, 189S, p. Soj.
324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans la formule (i3), di e\. dx. sont des variations de courant et de force
magnétique dans un système au repos et à température- constante.
Je me bornerai au cas de milieux isotro[)es et restant isotropes en se
déformant. Pour de tels corps, en absence d'hystérésis, les vecteurs îÎ!; et 5c
ont même direction, d'où résultent les identités
liU âë -- iiS,3C ( iJU rfJC = ii'.> dX.).
Soit en outre
ilî) := '■^(•^^, 1 , ^)i f = volume spécifique
la relation entre ii!. et JC pour la matière qui constitue l'élément c/w. Il sera
commode de poser
■.X
j o(X.T,a)dX = '\/{X,'l\rr),
d'où
On déduit de là, en vertu de (lo) et (i3),
= —7^ f-UX,T.<7)</<,u
Par suite,
(}H I rdû>{X,T,G) ^
— — — ' a'j).
O'V
La formule (i6) se justifie comme suit : lorsque la température varie,
tout étant au repos et les intensités de courants restant constantes, le champ
se modifie par suite des modifications de perméabilité. A une variation oT
de la température, coircspond pour H une variation
[^T-J \0X ÔV ) kv.J dl \tJ
La seconde intégrale est identiquement nulle, ce qui justifie la rela-
tion (iC). Cela résulte de ce (jue le vecteur m. a une distribution solénoidale,
tandis que le vecteur 03C a une distribution irrotationnelle, les courants
n'ayant pas varié d'intensité pendant la modification.
SÉANCE DU 7 rÉVKIER 1921. 325
On trouve ensuile facilemenl
^T.J fiT.J Ô.XL
L'enlropie derélément f/to est -; ^dL<i et la quantité de chaleur absorbée
dans une modiQcation élémentaire est j—di '^dii^y le symbole de différen-
liation s'appliquant aussi bien à r/co. s'il y a changement de volume, qu'à ~-
Quant au travail r/t, son expression est susceptible de prendre diverses
formes que je me propose d'étudier dans un travail plus étendu.
Les formules se généralisent facilement pour les corps non isotropes ou
ne restant pas isotropes en se déformant.
Dans le cas de substances à perméabilité indépendante de l'intensité du
champ, les formules précédentes deviennent
i(!, = a(T, c7)3€, ■^^-u.X-,
' ' ' 2 '
CHIMIE PHYSIQUE. — Anomalie de dilatalion des alliages or-cuivre. Note
de MM. x\lbert Portevix et Jeax Durand, présentée par M. H. Le
Chatelier.
Les alliages or-cuivre, à l'état brut de coulée, présentent, aux teneurs
voisines de 20 pour 100 Cu, une très grande fragilité (') qui disparaît par
trempe. Cet effet de la trempe, connu et utilisé par les lamineurs de métaux
précieux, résulte d'une transformation qui a été reconnue au moyen de
l'analyse thermique par N. Kurnakow, S. Zemczuzny et M. Zasedatelev(-).
Nous avons continué l'étude de ces alliages, interrompue par la guerre, en
procédant à des déterminations dilatométriques. La transformation est
accompagnée à réchauffement par une dilatation brusque de plusieurs
millièmes. La figure i, relative à un alliage à 25.2 pour 100 Cu, donne les
courbes d'échauffement et de dilatation tracées au moyen du dilalomètre
(') A. PoRTEviN et Jean Durand, Revue Met., l. Ki. 1919, p. i49-
(^) Journ. liisl. Metals, 1916, et Rev. Mél., l. 16 bis, 1919, p. î25.
326
ACADEMIE DES SCIENCES.
différentiel Chevenard ('). L'anomalie se manifeste vers 4oo° à l'écliaulVe-
ment el vers Sjo" au refroidissement.
A-
iô'
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Fig. I. — Alliage recuit préalaljleriiont à 700°.
En procédant sur le même alliage, préalablement trempé à l'eau (à 700"
en barreaux de S'"'", 5 ]de diamètre), à une série de cycles thermiques, on
Fig. 2. — Alliage inilialemenl trempé ^ 7110° ilans l'eau.
Aliscisses : Températures en degrés.
Ordonnées : Allongements diiïéreuliels par unité de longueui'.
obtient le résultat donné par la fij^ure 2. reproduisant 5 cycles successifs
allant depuis 100° jusque vers 55o°; les courbes ont été décalées de 5""'
(') llprouveltcs de 35'""'. 5 de lonsneiir opposées à un étalon de Marcs do 5o™'" de
Jongueiir.
SÉANCE DU 7 FÉVUIER I921. 827
environ pour éviter leur siiperposilioii. Jusqu'à 3o()", le revenu de l'alliagei
initicilemenl trempé provoque une contraction progressive; mais le quatrième
cliaulîage, poussé jusqu'à 4t>o", donne la dilatation brus([ue tignalée plus
haut; la comparaison des courbes 4 et 5 montre en outre que l'anomalie
due à la transformation devient moins importante lorsque l'alliage a été
préalablement porté à une température atteignant ou dépassant la trans-
formation à l'échaufTement, c'est-à-dire a été recuit.
Ces phénomènes sont comparables dans une certaine mesure à ceux que
l'on obtient avec les aciers trempés. Il convient d'ailleurs de remarquer que
les anomalies de dilatation sont de sens inverse dans les deux cas.
Dans ces conditions, il nous est apparu nécessaire de reprendre, avec
M. Chevenard, l'étude du mécanisme de la trempe des alliages or-cuivre.
Etant donnés l'importance et le sens de l'anomalie, cette étude permettra
vraisemblablement d'apporter des précisions au sujet de la question des
vitesses critiques de trempe, des modifications de volume consécutives à la
trempe, etc.
CHIMIE MmÉRALE. — Systèmalique et constitution des dérivés de l'acide
molybdiqiie II. Note (') de M. L. Forsé.v, présentée par M. A. Haller.
Dans une- Note précédente, j'ai signalé que les molybdates sont les
dérivés d'un acide molybdique hexabasique Mo^'O'-H" auquel j'attribue
une constitution cyclique
OH
OH I O
\l .•
Mo O
O^ />Mol-OII
Mo O ^011
OH I O
OH
On peut obtenir en cristaux purs l'acide anhydre Mo^O"H'' auquel
on peut rattacher les nombreux sels anhydres, tels que ]VIo^O"Li*,
Mo''0"(NH' )-H-, etc. Les sels anhydres absorbent l'eau en solution et
possèdent toutes les propriétés des dérivés de l'acide molybdique Mo^O'^ H^
Les tétramolybdates
4(MoO'jM20aq.
(') Séance du 3 1 janvier 1021. ,^ ^ ~^^ , c \
j L I B R ARY =cj
328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et les octomolybdates
8(MoO'')\POa.|.
dérivent d'un autre anion.
C'est ce que montrent pour ces sels le mode de formation, les courbes de
neutralisation, ainsi que la solubilité des sels alcalinoterreux. La différence
entre Fanion du trimolybdate [Mo'0'-]H*Na-etranion du tétramolybdate
de sodium de formule brute 4(MoO')Na-0 aq. apparaît lorsqu'on ajoute,
aux solutions de ces sels, de l'acide chlorli ydrique ou de la soude. On obtient
alors des solutions dans lesquelles (abstraction faite de NaCI) le rapport
Mo ; Na est le même, mais qui sont acides ou alcalines par rapport à Ihé-
lianthine suivant qu'on est parti du tri ou du tétramolybdate.
L'isomorpbisme des tétratungstates avec les pbosphododecatungstates,
les silicododecatungstates et les borododecalungstales complexes, exige
dans la molécule des tétratungstates la présence de 12 atomes de tungstène
(Copaux). D'après l'analogie des composés du tungstène et des composés
du molybdène, on est conduit à supposer que les tétramolybdates et les
octomolybdates doivent également être interprétés comme des dodeca-
composés contenant 12 atomes de molybdène.
La teneur en eau de cristallisation des sels de ^a des acides complexes
contenant Si et P, de l'octomolybdate de sodium et de l'acide molybdique
jaune, devient la même lorsqu'on ramène toutes ces formules à Mo'- :
[PoMo"0'Ul«]iNa^-h i8H'0,
[SiOMo'20"H«]iVa'+ i8H"-0,
[Mo'^O'-Mr'JH^Na^-HiSH^O,
[Mo"'0"H»]H«+iSll-0.
On connaît, pour les combinaisons du tungstène, des sels du même
genre au même degré d'hydratation et qui sont, de plus, isomorphes
entre eux.
Les réactions de formation des sels complexes tribasiques et des octo-
molybdates deviennent claires si on les ramène aux formules analogues
[1^0Mo'20*'-ir']Ii3+a/olale - [POMo•20'•Ml'>]M^
[SiOMo'-O'Ul"]!!'-!- azotate -y [SiOMo'^O'MP] HM»,
[Mo'n)"H'-'JH'=+azoiale -> [ Mo'^'O'MI''] I1\M'.
La formule la plus probable pour l'acide métamolybdique est ainsi
|Mo'm:)''MI"]ii''.
Les sels principaux sont les sels tribasiques et bexabasiques :
Tétramolybdates ( Mo"0"H'']M'';
Octomolybdates [Mo'-0' = H"JH'M\
SÉANCE DU 7 l'i:VRIER 1921. 829
On doit mettre H" dans le noyau, puisque Ton ne peut pas préparer de
sels plus basiques que les sels hexabasiques ; l'acide métamolybdique donne,
en effet, avec une plus grande quantité d'alcali, des sels de l'acide moiyb-
dique Mo^O' = H«.
L'acide molybdique jaune (ordinairement formulé MoO^+ 2 H'- O) est,
comme on l'admet généralement, l'acide métamolybdique. 11 doit donc être
formulé [Mo'-0''H"] H" + 18IPO. On sait qu'il se décompose facilement
en acide molybdique par l'action de l'eau. J'ai réussi à produire la transfor-
mation inverse de l'acide molybdique en acide métamolybdique en le
cbauffanl avec de l'acide chlorhydrique el une petite quantité d'acide
nitrique,
MCI
Il-O
La réaction renversable analogue est déjà connue pour les sels corres-
pondants :
11=0
L'acide métamolybdique est donc un produit de condensation de quatre
molécules d'acide molybdique Mo^O'-H"; on peut présenter la foi-mule de
constitution de la façon suivante :
/OH
0 \"
0
HO/''"^
L ,
o^"<:oH
ou
Mo— ÔH
O
/OH
O^ \0H
L'acide mélamolybdique doil être considéré comme hexabasiquc. Toute
33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
une série de faits relatifs à la fonnalion des complexes permet d'affirmer
que ce sont les hydroxyles isolés (on caraclères gras dans la formule) qui
ont le caractère acide.
L'acide mélamolybdique a, d'après cette formule, la composition
[Mo^O^MI'^']!!''.
Mais cette formule montre que l'acide métamolybdiqne donne naissance par-
ticulièrement aux anhydrides [Mo'-O'-H"] IP et [Mo'-0-"'JIl^ semblables
aux anhydrides de l'acide molybdique. Les résidus secs des tclia et oclo-
molybda tes correspondent à la formule générale [iVlo'-O'^H^JH"; les télia-
molybdates anhydres, comme par exemple
[Mo'^O^'KMr-)" et [iMo'^Oî-']Rb'>
correspondent à l'anhydride complet [ Mo' -0''' J H''.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur T acide i.sntine 5-sttlfonif/iie.
Note de MM. ♦!. Martinet et O. Dorxier, présentée par ^L A. Haller.
Jusqu'ici, l'isatine n'avait pas été sulfonée; on avait seulement signalé
sa dissolution en jaune brun dans l'acide sulfurique fumant, à chaud, avec
une vive effervescence.
Pourtant nous sommes arrivés facilement à introduire un groupe sulfoné
dans l'isatine.
La règle d'Ifollemann relative à l'orientation des substitutions dans un
noyau benzéniquc nous permet de prévoir l'introduction du groupe SOMl
en position 5: mais les migrations de ce groupe sont fréquentes dans l'acte
de la sulfonation. Il importe donc de vérifier cette prévision.
Vorlaender et Schubart (') ont démontré par synthèse que le carmin
d'indigo était le sel de sodium de l'acide 5-5'-disulfonique, et Schlieper (-)r
par oxydation de ce produit, est arrivé à une isatine identique à celle que
nous obtenons [)ar sulfonation directe : ce qui fixe bien la place de la subs-
titution.
Nous avons opéré de la manière suivante :
i6' d'isatine sont dissous dans 48" d'acide sulfuii(|ue fuiuant à -.'.o pour loo d'anliv-
dride. La niasse est cliautrée au iiain-niarie pendant 3o minutes, puis veisoe sui' de lu
glace pilée. ( )a évapore la solution jusqu'à consistance sirupeuse ; par rerroidisseiuenl,
il se forme une bouillie cristalline de l'acide sulfoniqiie cherché. Cristallisé de l'élher
(') h. Voiti.AiîNomi et Fil. Sciubmit, Deutsche client, fies.. 1. ti'i, p. if^(>a.
(-) A. et G. Snii.iRi'iîR, Liebigs Aunalen, I. 120, p. 6.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 192I. 33l
ncéliqiie lioiiillaiil, il forme une poudre ciislallini' jaune oinu;;(', très soluMc dans
Teau el dans l'alcool. l'rojelé sut- le l>loc Maquenne, il^loiid vois i.'i3° en un iiciuide
l'ougeàlre. La solution jaune orangé, d'acide isatine-sulfonique Imitée par les alcalis,
se coloie en violet foncé, puis peu à peu vire au jaune comme il était à prévoir. Elle
contient le sel neutre de l'acide 5-sulfoisatique.
Nous avons préparé une série de ces sels el les avons idenlifiés avec ceux
de Schlieper (/oc. cit.).
Ces sels dibasiques li\tilês par l'acide chlorhydrique en excès se lacla-
misenl rapidement, à l'ébuUilion, assez lentement à froid en donnant les
sels monobasiques. Ceux d'entre eux dont le sulfate est soluble se pré-
parent plus facilement en versant le produit de sulfonation de l'isatine dans
une solution concentrée et refroidie du clilorure mélallique.
Le sel de potassium, cinstalliscavec une molécule d'eau, forme de longues
aiguilles jaune d'oj, groupées en rosettes.
Le sel de baryum cristallise de sa solution aqueuse en petites aiguilles
rouge-bichromate. On l'obtient moins hydraté en cristaux jaune paille par
cristallisation dans l'acide chlorhydrique concentré.
Nousa vous caractérisé l'acide isaline 5-sulfonique par sa phényihydrazone
qui forme de petites aiguilles jaunes (K. vers 27o"avec décomp.). Elle donne
un sel de baryum jaune et un sel de potassium en aiguilles jaune citron très
soluble dans l'eau et dont la solution a beaucoup d'affinité pour la laine et
la soie qu'elle teint en une belle nuance jaune vert, rappelant colle obtenue
avec le jaune de quinoléine; cette phényihydrazone est un isomère du
jaune d'isaline.
Par action de l'hydroxylamine sur l'isatine sulfonate de potassium, nous
avons préparé l'oxime correspondante : longues aiguilles jaunes qui s'eflleu-
rissent dans le vide et sont solubles dans l'eau.
Son sel d'argent, en paillettes jaune pâle est peu soluble dans l'eau
froide.
L'isatine sulfonate de potassium condensé en milieu acétique avec l'in-
doxylc donne facilement l'indirubine. Elle forme un feutrage d'aiguilles
violettes. En solution aqueuse, elle teint en bain acide, la laine et la soie,
en nuance violette. Sous l'action réductrice de l'hydrosulfile de soude
elle donne une cuve jaune cjui a peu d'affinité pour les fibres.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Considêrntions sur l'endoderme. Note de M. II. Bouygues,
préscnlée par M. Gaslon Bonnier.
Dans ma dernière Noie (') j'ai désigné sous le nom d'écorce l'ensemble
des tissus parenchymateux situés à la périphérie du système libéro-ligneux
et limités à Tcxtérieur par Tépidernie.
En définissant ainsi celle région, j'ai eu surtout pour but de montrer que,
contrairement à ce qui est admis actuellement, celle-ci n'est diiïérenciée
dans la tige qu'à partir du moment où la première ébauche du système
libéro-ligneux apparaît au sein du mérislème général.
Or cette notion d'écorce, sans limite vers l'intérieur, enlève complète-
ment à l'endoderme son rôle déllmitatif, lequel est de séparer l'écorce du
cylindre central.
Cette modification, ainsi introduite dans le schéma classique, est impor-
tante et présente des avantages appréciables, comme on peut en juger par
ce qui suit.
On sait en effet que bon nombre de pétioles par exemple ('-) possèdent
des faisceaux libéro-ligneux concentriques individuellement entourés d'une
assise de cellules en tous points identique à l'endoderme qui entoure, dans
les rhizomes ou les tiges aériennes des mêmes plantes, le système libéro-
ligneux.
Or, malgré l'analogie profonde de ces assises entre elles, il est impos-
sible, à cause de la définition actuelle de l'endoderme ( '), de les désigner
sous ce dernier nom. Si partant, en effet, des idées classiques, on effectue
des recherches d'origine et de développement, on est amené à reconnaître
que les gaines des faisceaux concentriques sont des dépendances du méris-
tème vasculaire (*), tandis que l'endoderme est considéré comme dépen-
dance du méristème cortical. Il n'est donc pas possible de rendre identique
des assises d'une origine aussi différente. Du reste, M. Gaston Bonnier
(') II. UouïGUES, /.e méristème vasculaire de la lige et sa dii-ision en régions
{Comptes rendus, l. 171, 1920, p. 926).
(■-) H. BoLYGUES, Structure, origine et développement de certaines formes anor-
males du pétiole des Dicotylédones ( Th. Doct. Sci., l'aris, 27 juin 1902).
(') Van Tiegiirm, Les canaux sécréteurs des plantes {Ann. Sci. Aat. Bot., 5'' série,
l. IC, 1872, p. 96.
(') H. Bjuygues, Sur l'interprélalion an atomique, etc. (Soc. lincenne de Bor-
deaux. 1902, p. 85).
Sb■•A^'CK DU 7 FÉVRIER I92r. 333
avait déjà senli lui-même cette iiiif)ossil)ilité, car dès kjoo ( ' ), dans l'exposé
qu'il lit de ses savantes recherclies sur les méristèmes foliaires, il fut amené
à employer les expressions d'endoderme général et d'endoderme spécial,
pour désigner, par la première, la dernière assise du méristème cortical, et
par la deuxième, l'assise entourant chaque faisceau.
On sait encore que, dans la tige à' Equiseturn lùnosum, chaque faisceau
est entouré d'une assise d'éléments plissés exactement semblables à ceux
d'un endoderme (^). On sait aussi que celui-ci manque tout autour de
l'ensemble des faisceaux de la tige.
Or, malgré la ressemblance complète des éléments de ces gaines fascicu-
lairos avec ceux d'un endoderme, il n'est pas pofesible d'établir une analogie
quelconque entre ces diverses assises puisque les gaines fasciculaires n'ont
rien de cortical (■'). En outre, du fait qu'un endoderme ne délimite pas ici
l'écorce du cylindre central, il est classique de dire que celui-ci n'existe pas
et que l'organe considéré est astélique.
Donc, pas d'endoderme autour de l'ensemble des faisceaux, pas de
cylindre centra!. Mais alors remarquons en passant combien sont nom-
breuses les liges où il n'existe pas d'endoderme autour de la région vascu-
laire; combien sont nombreux, par conséquent, les cas d'astélie et, par
suite, combien la notion du cylindre central perd de sa valeur au point de
vue général.
On sait enfin que dans le rhizome de Pleris aqnilinn il existe des foima-
t ons libéro-ligneuses spéciales individuellement entourées d'une assise
d'éléments identiques à ceux d'un endoderme. On sait aussi qu'il est clas-
sique de voir, dans chacune de ces formations, un cylindre central et de
désigner, sous le nom d'ècorce, le parenchyme général au sein duquel ces
formations sont plongées (^). Il en résulte que chaque gaine plissée reçoil,
de ce fait, le nom à' endoderme. Or ces gaines sont en tous points seml)lal)les
aux gaines que nous avons déjà rencontrées dans les exemples précédents.
Mais, encore ici, ne faut-il point songer à établir entre elles la moindre
analogie, puisque les gaines du rhizome sont considérées comme dépendance
d'une région qu'on appelle ècorce.
(') G. BoNMF.R, Sur la différencialion des tissus vasculaires de la feuille et de la
lige {Comptes rendus, t. 131, igoo, p. 1276).
(-) Van TiiiGHEM, Traité de Botanique, 1891, p. 76.5.
(') II. Bouygues, Contribution à Vétude 'du système libéro-ligneux des Crypto-
games vasculaires {Soc. linn. de Bordeaux, t. 39, 1906, p. ]25).
(•) Vax Tieghe.m, lac. cit., p. 765.
33/t ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces exemples, comme on le voit, suffisent à nous montrer les inconsé-
quences anatomiques qui résultent des idées admises de nos jours sur la
division de la tige en régions, dès le point végétatif même, et sur le rôle
qu'on fait jouer à l'endoderme dans celte division.
Or, en considérant Técorce comme un reste du mérislème général,
dépossédée de toute limite du côlé interne, toutes les impossibilités précé-
dentes disparaissent. L'endoderme redevient en effet, dans ce cas, la simple
assise de cellules telle que Caspary l'avait définie, c'est-à-dire l'assise qui
entoure toujours, lorsqu'elle existe, une formation ou un ensemble de for-
mations libéro-ligneuses.
En somme, avec la notion d'écorce sans limite inlerne, l'cndodenne n'est
plus une constante anatomique de la tige; il en devient une particularité.
Si nous avions avant tout le souci de l'intérêt historique, nous devrions
d'abord délaisser l'expression d'endoderme, reprendre, quoique inexacte,
celle de membrane protectrice créée par Caspary, et appliquer exclusive-
ment celle-ci aux assises ponctuées sur leurs parois latérales et entourant
une formation vascnlaire.
Mais on sait que la' présence des ponctuations ne constitue pas, pour la
gaine protectrice, un caractère spécifique d'une fixité absolue. On sait aussi
que souvent les formations libéro-ligneuses sont entourées d'une assise de
cellules se distinguant très nettement des cellules voisines grâce à des carac-
tères aussi spéciaux que variés. Une telle assise semble isoler, pour ainsi
dire, du reste des tissus voisins les formations vasculaires qu'elle entoure.
Aussi nous semble-t-il rationnel de l'assimiler à la gaine protectrice de
Caspary, même lorsqu'elle est dépourvue de ponctuations sur les parois
latérales de ces éléments.
En résumé, il y aurait lieu, à notre avis :
1° De ne plus faire de l'endoderme la limite entre l'écorce et le cylindre
central de la lige;
2" De voir en lui une parlicularité et non une constante anatomique :
particularité qui, du reste, peut être retrouvée soit dans le pétiole, soit dans
le limbe autour de si-s nervures ;
3° D'étendre enfin les noms d'endoderme ou de gaine protectrice à toute
assise se distinguant, d'une façon quelconcpie, des tissus voisins, et entou-
rant directement une formation libéro-ligneuse isolée ou un groupe de ces
formations.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1921. 335
BIOLOGIE. — De la Tion-tojcicité du citlvie pour le inihUou.
Nolt> de M. cl M""" G. Vii.LEDiEu, présentée par M. P. Viala.
L'emploi des sels de cuivre dans les bouillies anlicryptogamiques a
loujours élé considéré comme indispensable depuis la publicalion des
travaux de Millardet ('), travaux concernant la toxicité des solutions de
sulfate de cuivre d'un ordre voisin de celui du millionième, pour les zoos-
pores du mildiou. De ce fait Millardet avait déduit une série d'hypothèses
pour e\pli(iuer l'action des bouillies bordelaises neutres ou légèrement
a'calines sur le mildiou. Il admettait :
i" Que dans les bouillies ci-dessus il se formait de l'oxyde de cuivre
devenant à l'air de l'hydrocarbonate;
2" Que cet hydrocarbonate ou l'oxyde étaient dissous par les eaux do
pluie ou de rosée contenant de l'acide carbonique et de l'ammoniaque (ou
du carbonate d'ammoniaque);
3'^ (^iie, dans cette eau cuivrée, les conidies libérant leurs zoospores,
celies-ci, grâce aux traces infinitésimales de cuivre qu'elles y trouvaient,
étaient condamnées à une destruction certaine.
Dans des Notes antérieures (-), nous avons en partie infirmé ces hypo-
thèses en démontrant :
1° Que par l'action d<' la chaux sur des solutions de sulfate de cuivre
les produits obtenus, en réalité, sont constitués par di's sulfates basiques
de cuivre;
2° Que le sulfate basique et l'hydrocarbonate de cuivre ne peuvent
donner que des solutions bien inférieures à l'ordre du millionième avec les
eaux de pluie;
3° Pour la troisième hypothèse, il nous avait été possible de faire vivre
du mildiou de la pomme de terre sur des solutions de sels de cuivre à
acides convenablement choisis, mais nous avons préféré montrer directe-
ment que les conidies de mildiou pouvaient germer, libérer leurs zoospores
et que ces zoospores pouvaient évoluer et germer à leur tour dans une solu-
tion contenant de l'hydrocarbonate de cuivre, dissous dans le carbonate
d'ammoniaque.
Nous avons eu recours pour cette expérience au Phytophlliora infcstans
(mildiou de la pomme de terre) cultivé sur des tranches de pomme de terre
non étérdisées; nous avons employé une solution d'hydrocarbonale de
(') Millardet, Traitement du mildiou et du rot, 1886.
(-) Comptes rendus, t. 171,, 1920, |>. 36o et 787.
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cuivre dissous à saluration dans des solutions de carbonate d'ammoniaque
au ■— ^ ou au j^, limite qu'on ne peut dépasser, car le carbonate d'ammo-
niaque agit alors lui-même et sans le secours du cuivre pour entraver le
développement des zoospores.
Une telle solution contient d'ailleurs 80 à 100 fois plus de carbonate
d'ammoniaque que les eaux de pluie ou de rosée; elle réalise la solution
idéale la plus favorable à la dissolution de l'hydrocarbonate de cuivre, car
en général les dépôts de bouillies étant acides ou alcalins, seul un des élé-
ments du carbonate d'ammoniaque peut agir, circonstance moins heureuse
pour la solution.
Ces solutions ont été préparées de la manière suivante : dans la solution
«*" sTnny o" 7Vir;rj de carbonate d'ammoniaque on a ajouté, pour 100™' de
solution, 0°, 5o ou 1° (constituant un grand excès) d'hydrocarbonate de
cuivre pur, sec et bien exempt d'alcali; on agite vivement pendant
i5 minutes et l'on filtre sur un filtre serré.
Dans une partie de la liqueur, on recherche la présence du cuivre par le
ferrocyanure de potassium en liqueur acétique (pour 100™' de solution on
ajoute 2 gouttes de ferrocyanure au j^ et 4 gouttes d'acide acétique). Cette
solution, au colorimètré^ correspond, pour sa teneur en cuivre, à une solu-
tion de T^T^nJTpj ou ^^^ de sulfate de cuivre cristallisé.
Dans des chambres humides (méthode de la goutte suspendue), on place
quelques gouttes de ces solutions où l'on ajoute, à l'aide d'un fil de platine,
des conidies de mildiou prélevées sur cultures obtenues sur tranches de
pommes de terre. Les chambres humides sont mises à l'étuve à -l-i5°
ou + 16°; au bout de qo minutes environ, les conidies germent et l'on peut
suivre au microscope l'évolution des zoospores issues de ces conidies; leurs
mouvements se continuent pendant au moins une demi-heure à la tempéra-
ture du laboratoire (i3°) sans se ralentir, puis elles se fixent et elles germent
comme dans l'eau ordinaire.
Cette expérience achève de détruire l'hypothèse émise par Millardet qui,
dans ses expériences, n'employait que le sulfate de cuivre, sulfate de cuivre
dont l'entité disparait complètement dans les bouillies neutres ou alcalines.
Elle démontre d'une façon indiscutable que ce n'est pas au cuivre qu'est
due l'action des bouillies anticryplogamiques et qu'il n'intervient pas, ainsi
qu'on l'avait admis jusqu'à ce jour, comme toxique, à doses infinitésimales,
des zoospores du mildiou.
Ou peut donc désormais envisager sûrement la possibilité de la suppres-
sion du cuivre dans les bouillies anticrypiogamiqucs.
i\ous nous proposons de continuer cette ( tude.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I921. 337
PHYSIOLOGIE. — Le rôle de la tension superficielle dans tes phénomènes du choc.
Note (') de M. W. Kopac/.ewski, présentée par M. d'Arsonval.
Dans deux Notes toutes récentes, MM. A. Lumière etClievrotier (-), tout
on se déclarant partisans de noire théorie de floculation micellaire de l'ana-
pliylaxie et des chocs par contact, ont en même temps formulé des réserves
quant au rôle éventuel de la tension superficielle dans ces phénomènes.
Partant d'un fait connu de la floculation de deux sérums hétérogènes, les
auteurs ont recherché systématiquement les substances capables de disperser
le floculé formé ('). L'hyposulfite de soude à 5 pour 100 s'est montré,
in vitro, doué de cette propriété et l'injection déchaînante du sérum, dilué
de son volume de cette substance, a été inoffensive. Dans ces conditions
d'expérimentation, il est possible de conclure, non à la dispersion d'un
floculé formé, mais uniquement à l'empêchement de cette floculation.
Nous étions curieux de savoir si la tension superficielle ne joue vraiment
aucun rôle dans ce processus antifloculant, et voici nos mesures.
Densité Tension superficielle
à en dynes
N»'. Substances. ib° C. par centimètre. Viscosité.
1. L'eau distillée 0,9991 -3, 00 1,0000
2. Solution physiologique à 8 pour 100 i,oo45 73,21 1,0019
3. Hyposulfile de soude à 5 pour 100 1,0240 69,62 1,8260
k. Sérum humain normal i ,0280 66,35 l ,8860
5. » dilué à moitié avec H^O i,oi5o 69,15 i,3263
6. » dilué à moitié avec la solution
physiologique i,oi65 67,84 i,326i
7. » dilué à moitié avec hyposulfite
de soude à 5 pour 100 1,0275 63,63 1,8273
8. Sérum du cobaye normal i ,0228 68,27 i ,8869
9. » dilué à moitié avec tPO. . . 1,0124 73,42 1,1242
10. » dilué à moitié avec la solu-
tion physiologique i,oi3o 71,28 i,i25i
11. >> dilué à moitié avec hypo-
sulfite à 5 pour 100 i,02i5 60,93 1,12.58
Il apparaît nettement que la tension superficielle du sérum est diminuée
par l'hyposulfite de soude, et ceci non seulement par rapport au sérum
dilué dans l'eau distillée ou dans la solution physiologique, mais aussi par
rapport au sérum normal, tel qu'on l'injecte pour déterminer le choc. Une
fois de plus le rôle de la tension superficielle est sûrement établi. La
(') Séance du 3i janvier 1921.
(^) A.* Lumière et H. Chevrotier, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 741 et 1172.
(') Nous employons ce terme au lieu de précipitation puisqu'il s'agit d'un phéno-
mène colloïdal et non de chimie pure, régi par des lois diflérentes.
C R., 1951, I" Semestre. (T 172, N- 6.)
25
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
suppression du choc anaphylactique par l'hyposulfite constitue donc un fait
de plus à l'appui de notre théorie, un fait d'autant plus intéressant qu'issu
d'une orientation diirérenlc. Et il ne peut pas en être autrement : la flocu-
lation (phénomène traduisant la labilisation, le bouleversement de l'équi-
libre colloïdal) dépend de l'aug'menlalion de la tension superficielle, de la
diminution de la viscosité, de l'introduction d'une charge électrique nou-
velle. Il est possible que d'autres facteurs y interviennent (facteurs encore
inconnus aujourd'hui); il est probable aussi qu'aucun des facteurs connus
n'agit pas seul mais associé aux autres; il est évident, enfin, que la flocula-
tion du sérum ne nécessite pas des perturbations énormes, le complexe
colloïdal sanguin étant excessivement labile, comme le prouve suffisamment
l'extrême facilité de provoquer les différents états de chocs par contact
par l'introduction d'une substance physiquement étrangère à ce milieu.
Si donc on admet notre théorie de floculation, on ne peut' pas formuler
des réserves quant au rôle éventuel de la tension superficielle dans la
suppression des phénomènes du choc. El d'autre part MM. Lumière et Chevro-
lier ont apporté en faveur de cette théorie une autre preuve : des expé-
riences sur la production du choc par des injections directes dans le
système circulatoire des suspensions fines de sulfate de baryum.
Remarquons en passant, que Foa et Aggazzotli, Wasserraann el surtout
Thiele et Eniblelon en 1913 ont bien décrit les phénomènes du choc,
observés à la suite d'injections intraveineuses de substances colloïdales, ainsi
que de suspensions fines de sulfate de baryum, de carmin, de kaolin, etc.,
et les ont assimilés aux phénomènes d'anaphylaxie. Toutefois, les lésions
à l'autopsie et les symptômes cliniques, d'après leurs observations,
ainsi que d'après nos propres expériences, ne sont pas tout à fait identiques
à celles du choc anaphylactique. Soulignons un seul point observé : la coa-
gulation intravasculaire du sang et la formation des caillots sont très rapides,
tandis que dans le choc anaphylactique on observe régulièrement un retard
de la coagulation sanguine. Il est peut-être prudent de ne pas généraliser
et d'apporter plus de finesse dans l'observation de ces phénomènes.
Mais au point de vue qui nous intéresse, MM. Lumière et Chevrotier
ont eu soin d'incorporer leur suspension dans un liquide « isotonique et
isovisqueux » pour « faire la part dans ces troubles anaphylactoïdes des
effets dus aux modifications de la tonicité et de la tension superficielle du
sang et de ceux qui peuvent résulter de la seule présence dans le torrent
circulatoire des particules insolubles ».
Tout d'abord soulignons que, dans le travail des auteurs, il n'y a pas de
données sur l'isolonicilé du li{juide injecté au point de vue de la tension
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1921. 339
superficielle. Mais cela n'a aucune importance pour démontrer que dans les
conditions des expériences des auteurs la viscosité, la tension superficielle,
l'isolonicité n'ont aucun rôle à jouer, puisque les « particules insolubles »
au lieu-de se former m situ, grâce à l'intervention justement de ces forces
et au profit des micelles colloïdales du sang, sont introduites directement
et toutes faites. Dans ces conditions, seule une bougie Ghamberland ou
un ultra-filtre, installé à l'entrée des petits vaisseaux, peut préserver l'ani-
mal du choc, les « particules insolubles «, charriées par le torrent sanguin
arrivant automatiquement dans les capillaires, provoquent la coagulation
et les obstruent. La différence est capitale. Il est donc aisé de comprendre
les nuances observées dans les chocs par injection des suspensions, aussi
bien dans leur symptomatologie que dans les lésions anatomo-patholo-
giques et dans la modalité de leur suppression (').
En résumé, les expériences de MM. Lumière et Chevrotier apportent
seulement un fait nouveau : la suppression du choc anaphylactique par la
dilution du sérum lors de l'injection déchaînante par son volume d'hypo-
sulfite de soude. Le mécanisme de cette suppression s'explique par la dimi-
nution de la tension superficielle du sérum, produite par cette substance, et
constitue un argument de plus à l'appui de notre théorie du choc. D'autre
part, on vient de signaler en faveur de cette orientation physiqus : la sup-
pression du choc par les arséno-benzènes, constatée par M. Sicard, avec le
carbonate de soude ou de la dyspnée toxique sine materia signalée par
M. Lhermitte avec le sérum glycosé.
Toutes ces modalités de la suppression des chocs par contact sont la con-
clusion logique de la théorie de floculation micellaire la base des chocs
humoraux et cellulaires.
HYGIÈNE. — Iniluence de l'état de division des gouttelettes microbiennes
sur l' ensemencement des terrains de culture. Note de M. A. Trillat,
présentée par M. Roux.
J'ai montré dans de précédents travaux (^) relatifs au transport aérien
des germes et à leur localisation parle froid (') que l'ensemencement de
( ' ) Le fait que rinjeclion iiUracardiaque ne produit pas de ce choc, parle encore
en faveur de cette difîérence.
(') Comptes rendus, t. 157, igiS, p. iS^y.
(') Comptes rendus, t. 158, igiAi P- 5i8.
•3/»0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
terrains de culture solides ou liquides dont la surface était exposée à des
nuages microbiens se faisait très facilement. Ce mode d'ensemencement
est en réalité l'image de ce qui se passe dans la vie courante lorsqu'une sur-
face comme celle d'un objet, d'un vêtement, d'une muqueuse ou de toute
autre substance pouvant servir de terrain de culture est exposée à l'air qui
renferme souvent de nombreuses poussières microbiennes en suspension.
J ai cherché à me rendre compte de la difîérence que ce mode d'ensemence-
ment pouvait présenter au point de vue de la marche du développement
microbien avec l'ensemencement pratiqué directement en mélangeant la
semence microbienne avec le milieu de culture. Les observations que j'ai
recueillies m'ont paru assez intéressantes pour justifier leur publication dans
cette Note.
Un essai comparatif sur gélose avec le B. prodigiosas m'avait déjà
montré par la numération des colonies que, pour les mêmes doses de mi-
crobes, le développement de la culture par ensemencement superficiel au
moyen d'un nuage microbien présentait une avance notable sur l'ensemen-
cement par la dilution des microbes dans le terrain de culture.
Pour mieux étudier le phénomène, j'ai cherché un germe dont on pût
suivre facilement le développement dans un terrain de culture approprié et,
dans ce but, je me suis adressé au ferment lactique dont l'activité peut
être facilement mesurée en dressant une courbe d'acidification.
Sous deuv récipients cylindriques de 4o', on dispose des cristallisoirs plais de même
diamètre renfermant la même quantité de lait écrémé décaséinifié et étendu de «on
volume d'eau. Les liquides de culture du premier récipient sont ensemencés suivant la
teclinique ordinaire par une quantité connue d'une éraulsion aqueuse de ferments
lactiques extrêmement étendue et dont la dilution variait de -rèwô ^" Tôo'oo?- Dans le
deuxième récipient, on pulvérise le même poids d'émulsion et l'on découvre les cristal-
lisoirs en suivant le procédé déjà indiqué ailleurs. Après une durée d'exposition
variable, les liquides ensemencés par les deux procédés sont portés à l'éluve et l'on dose
leur acidité après un temps déterminé. Il y a lieu d'observer que, par suite de diverses
circonstances, les surfaces des cultures découvertes ne reçoivent en réalité qu'une très
faible fraction (environ ^i^ d'après mon évaluation) de l'émulsion utilisée. Je rappel-
lerai aussi que la vitesse de chute des gouttelettes sur le terrain de culture est inverse-
ment proportionnelle à son volume : d'après mes essais, elle est d'environ i"" en
lo minutes pour des gouttelettes dont le diamètre est d'environ \v-, ce qui est d'ailleurs
conforme h la loi de Stock.
Le Tableau suivant donne les résultats comparatifs obtenus au cours de
quelques essais pris comme exemples.
Les chiffres représentent en milligrammes la (juantité de Na OU nécessaire
pour saturer l'acidité de loo'^"' de liquide de culture (^Acidité iiiiliale en
acide lactique : So'"'' par litre. Durée d'incubation : i8 heures).
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1921. 34 I
N" des essais. I. II. III. IV. V. VI. Vil. Mil. IX.
Ensemencement direct 180 170 i3o 170 280 120 .5o 100 aSo
Ensemencement jiar surface. 290 280 290 210 Sso 290 i3o igo 3io
A la longue, les acidités se rapprochent. Dans certains essais, rensemcii-
ccmenl direct reste infructueux. Les résultats montrent donc que pour des
doses. extraordinaireinent faibles, l'ensemencement superficiel s'esl traduit
au début dans mes conditions d'expérience par une plus grande activité
microbienne.
On peut expliquer ainsi le mécanisme de ce phénomène qui doit évidem-
ment s'appliquer d'une façon générale aux germes aérobies.
1. La pulvérisation d'une émulsion microbienne donne lieu à une libé-
ration considérable de germes par suite de la fragmentation des gouttelettes
et de l'ensemencement des gouttelettes d'eau naturellement en suspension
dans l'atmosphère qui en résulte ( ' ).
2. Les germes aérobies, aérés par la pulvérisation et déposés sur une
surface exposée à l'air, sont dans des conditions de vitalité plus favorables
que lorsqu'ils sont répartis dans la masse du terrain de culture.
3. La surface couverte par la chute des gouttelettes microbiennes est
considérable, malgré le poids infime de l'émulsion microbienne mise en
jeu. La somme des surfaces dessphérules tend en effet vers l'infini à mesure
que leurs surfaces diminuent et que leur nombre augmente (-).
La division d'un agii;lomérat microbien, circonstance qui se produit sous
l'effet d'une action mécanique dans une foule de cas journaliers, notamment
dans l'acte de parler et de tousser, augmente en quelque sorte à l'infini la
puissance d'ensemencement des projections microbiennes en multipliant
les contacts. On peut dès lors entrevoir le rôle important joué par cette
multiplication microbienne dans la propagation de la contagion : on
comprendra mieux comment les surfaces offertes par les voies respiratoires,
les vêtements, et dans un autre ordre d'idées par les aliments comme le lait,
peuvent être très largement ensemencés par un poids infinitésimal de
germes quand ceux-ci se trouvent, par suite des circonstances, sous la forme
spéciale que je viens d'étudier.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1291.
(^) Un simple calcul montre qu'un agglomérat de quelques millimètres cubes formé
de microbes d'une dimension de -j-ffô "^^ f^ "^ pourrait fournir un nombre de sphérules
microbiennes capables de couvrir plusieurs mètres carrés.
342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYGIÈNE. — Sur l'emploi des polysulfures alcalins pour neutraliser certains
gaz toxiques. i\ote(')de MM. Desghez, (îuillemard et Labat, présentée
par M. J.-L. Breton.
Nous avons donné (-) les formules de quelques solutions qui permettent,
employées en pulvérisations, d'assainir l'atmosphère contaminée par cer-
taines vapeurs toxiques. En terminant, nous appelions l'attention sur ce
fait curieux que le polysulfure de sodium, que nous avons appliqué à la
neutralisation de la chloropicrine, convient également pour d'autres gaz
suffocants. Comme il s'agit de faits qui intéressent l'hygiène industrielle,
nous avons cru devoir effectuer les déterminations nécessaires pour fixer les
rapports à observer entre les proportions de produits toxiques et la quantité
de solution à pulvériser. Si l'on adopte, pour cette solution neutralisante,
la formule suivante : foie de soufre sodique, 240'''; lessive des savonniers,
i4o™'; eau, quantité suffisante pour i', solution mère que l'on dilue en
l'additionnant de 10' d'eau au moment de l'emploi, les expériences con-
duisent à des résultats qui ont été condensés dans le Tableau suivant :
Quantité
de Volume
produit toxique de solution
dans la étendue
pièce de ÎO""". à pulvériser.
I
Chloropicrine b^ ''ï
Cliloramine(3o' de chlore saliiréb d'aiiiiiionlaqiie). 12
Chlore 20' 12
Oxychlorure île carbone 2' 18
Acroléine 3"^"'' 1 2
Broinacétone ^i""" 1 2
Chloroformiale de mélhyle chloré 3'^'"'' 12
Chloroforiniate de mélhyle surchloré 3""'' 2^
Bromure de benzyle 1 '"'"', 5 2^
lodure de benzyle 1 ''"'', 5 7.!\
Mélanges :
'{ Bromure de benzyle o'''"\ "3 / ,
^ ' , ' 1 > 2^1
j Bromacélone ("^"'jD \
Chlore 20' ) „-
Oxychlorure de carbone 19" \
1 Chlore 20' l .
( Chloropicrine l'^^ô )
(') Séance du 3i janvier 1921.
{') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1177.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I921. 343
(lomnie on le voit, ces résultats établissent, pour noire solution, une
polyvalence très étendue. Il faut mentionner que des essais comparatifs,
elTectués avec des solutions de monosulfure de sodium, de richesse en
soufre égale à celle de la solution précédente, ont montré que ce sel doit
être employé en quantité un peu supérieure, pour neutraliser une même
dose de chloropicrine.
La solution mère se prépare facilement, à chaud, en i5 minutes, le
soufre libre que contiennent tous les poiysulfures entrant en combinaison
avec la soude. Si l'on opère à froid et en agitant, la solution du sulfure
n'est complète qu'en 45 minutes; de plus, le soufre libre ne disparaît qu'à
la longue.
La composition des solutions varie avec la qualité du produit employé.
Les foies de soufre du commerce peuvent être, en effet, rapportés à deux
types distincts ;
1° Le foie de soufre H; plaques gris blanchâtre à l'extérieur, présentant
une zone brune au centre de la tranche. L'analyse donne pour 100 parties :
soufre actif (à l'état de polysulfure), i5,5o; hyposulfite anhydre, 35,55;
une très faible quantité de sulfate anhydre (moins de 1,00). Il faut ajouter
une notable proportion de soufre libre.
2" Le foie de soufre S; plaques gris blanchâtre à l'extérieur, présenlant
à l'intérieur une zone brun rougeâtre qui occupe presque toute la hauteur
de la tranche. Pour 100 parties, l'analyse donne : soufre actif, 18,24;
hyposulfite anhydre, '(,74; sulfate anhydre 17, i3. La proportion de soufre
libre est très faible.
Il faut attribuer ces différences de composition non seulement à la nature
des matières, mais encore à la température à laquelle a été porté le mélange
de soufre et de carbonate, dans la préparation. Les recherches de Vau-
quelin, de Gay-Lussac, de Berzélius, de Fordos et Gélis établissent en
effet qu'entre 25o° et 3oo°, on observe surtout la formation d'hyposulfite,
comme produit accessoire, alors qu'au-dessus de 3oo° ce sel se transforme
en sulfure et sulfate. Comme, d'autre part, la réaction du soufre sur le
carbonate de sodium s'opère à température plus élevée qu'avec le sel de
potassium, on s'explique la richesse fréquente, en sulfate, du foie de soufre
sodique. Ces faits s'accordent également avec notre observation, à savoir
qu'un foie de soufre sulfaté fournit des solutions plus riches en sulfure
qu'un foie riche en hyposulfite. Pour ces raisons, la richesse en soufre actif
des solutions mères expérimentées par nous a varié, pour le foie H,
de 35 à 4o pour 100, et, de 4o à 45 pour 100, pour le foie S. Bien que l'ex-
344
ACADÉMIE DES SCIENCES.
périence nous ait montré que ces deux composés ont sensiblement la même
activité vis-à-vis des gaz toxiques, la solution de foie riche en hyposulfite
présente cependant l'inconvénient, après la neutralisation de fortes quan-
tités de chlore, de donner naissance à de l'acide chlorhydrique d'odeur
piquante, inconvénient qui ne se produit pas avec la solution de foie riche
en sulfate. Pour cette raison, c'est à notre second type de foie de soufre que
vont nos préférences. Ses solutions laissent déposer, à basse température,
des cristaux de sulfate de soude. 11 n'y a pas à craindre que ces cristaux
obturent l'embout pulvérisateur, si on laisse refroidir la solution avant de
l'introduire dans les flacons et si on ne la verse, dans les appareils Vermorel,
qu'à travers les fdtres dont ils sont munis.
A i6 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECUET.
La Section d'Anatomie et Zoologie, par l'organe de M. Edmond Pcrrûr
remplaçant le doyen empêché, présente la liste suivante de candidats à la
place vacante par le décès de M. Yves Delage :
En première ligne ^ ex œqiio
par ordre alphabétique . . . .
En seconde ligne, ex œquo
par ordre alpliahêlique. . . .
MM. Charles Gravier
Louis Joubin
MM. Raoul Anthony
Matrice Cauli.ery
Félix Mesnil
Louis Roule
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 18 heures trois quarts.
É. P.
ACADEMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 14 FÉVRIER lî)21.
PRÉSIDENCE DE M. GiiouGRS LEiMOINE.
MEMOIRES ET C03IMUIVICATI0IVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Sur les doubles décompositions salines et leur représentation
géométrique. Note de M. Henry Le Chatelier.
L'étude des doubles décompositions salines est rendue assez complexe
par la multiplicité des cas à envisager. Dans cette Note je voudrais signaler
les avantages d'une représentation géométrique particulière, celle du dia-
gramme carré, employé déjà au cours de mes recherches sur la fusibilité de
mélanges de carbonates. Je prendrai comme exemple la double décompo-
sition saline étudiée récemment par M. Rengade :
NaNO^-)-NH<CI =NH*NO' + NaCI.
Ions a y (3 ô ,3 -^ a 5
Sels A B C D
Groupes AB CD
Pour la représentation géométrique de systèmes semblables, Van't Hofî
employait comme coordonnées les quatre arêtes partant du même sommet
d'un octaèdre. Il conslruisaitainsi une figure dans l'espace dont il donnait
les projections orthogonales sur deux plans perpendiculaires. On obtient
une représentation d'une lecture beaucoup plus facile en se servant d'un
diagramme à base carrée, combiné avec le système des plans cotés. On
peut représenter la composition d'un mélange de quatre sels récipro-
quement transformables les uns dans les autres, en portant en ordonnées
les ions acides et en abscisses les ions métaux. Il y a nécessairement égalité
entre les ions des deux espèces; la somme des ordonnées sera toujours
c. R,, 1921, I" Semestre. (T. I7'î, N° 7.) 2^
346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
égale à la somme des abscisses. Prenons un mélange renfermant au total
une molécule de sels et traçons un carré ABCD, dont le côté sera pris
comme unité. Nous compterons les ions Cl, de C vers B, et les ions NO',
de B vers C; les ions Na, de C vers A, et les ions NH*, de A vers C. Le
point O, par exemple, pris à l'intérieur du carré ABCD, correspond à un
mélange de sels renfermant au total, pour une molécule de mélange, les
quantités suivantes de quatre ions :
Na
NO"
Cl
.... y r=: o , 2
.... 0 = 0,8
NH*
(3 = (.,3
! ,0
1 ,0
Pour représenter sur ce diagramme la concentration de la solution, on
élève au point O une perpendiculaire au plan du carré et l'on porte sur
cette verticale une longueur égale au poids d'eau dans lequel est dissoute
la molécule totale du mélange des différents sels. Ces quantités d'eau,
empruntées aux recherches de M Rengade, sont indiquées entre paren-
thèses, sur la figure, pour certains points Intéressants du diagramme. On
pourrait également représenter la concentration de la dissolution en portant
sur cette ordonnée le nombre de molécules du mélange dissoutes dans
ioqs d'eau.
Passons en revue les divers problèmes dont cette représentation facilite
la solution.
PpiF.MiF.ri CAS : Détermination îles mélanges de trois sels de composition
identique à celle du mélange considéré. — Une infinité de mélanges de quatre
sels peuvent représenter également une même composition globale; le pro-
blème est donc indéterminé. On peut obtenir cette même composition par
un mélange de trois sels seulement, mais dans ce cas le nombre des solu-
tions est limité. Un calcul algébrique très simple donne quatre solutions,
dont deux seulement sont acceptables, les deux autres conduisant à des
quantités négatives pour la proportion de l'un des trois sels.
Le diagramme carré donne la solution du même problème sans aucun
calcul. Traçons les deux diagonales du carré et les ordonnées parallèles aux
côtés, passant par le point O. Appelons a, i, c. d les intersections de ces
deux systèmes de lignes. Les longueurs des segments A«, ah, /;B et Ce. cd.
dD sont proportionnels aux nombres de molécules des trois sels donnant
une composition identique à celle définie par la position du point O. Si
nous projetons ces segments sur un côté du carré et si nous prenons comme
unité de molécule la longueur de ce côté, les quantités de ces divers sels,
SÉANCE DU l4 FÉVRIER IQar. 347
exprimés en molécules, sont représentés par les projeclions des sep;menls.
Nous désignerons ces projections par le symi)ole ( ) embrassant la lon-
gueur du segment. On trouve ainsi, par simple lecture, les quatre solutions
suivantes, dont les deux premières seules conduisent à des valeurs toutes
positives:
Na^O' =(B6l= 7=0,-1. „ (Ba)— 0,7 —(«/)=— 0.1
NH'CI —(\a)— (3 = o.2 (cd) =0.1 (.\.h)= o,S
NH»NO'= » {Dd) =o,>. — (ab) =~o.'> {Dc]= o.:i
NaCl =(f7i) =a — -/-(..S (Ce) =0,7 .. (Cd} = . o,S
2° Surface de saturation. -- Si l'on part d'une solution avec un excès d'eau
suffisant pour maintenir la totalité des sels en dissolution, et que l'on
évapore progressivement cette solution à température constante, on verra
à un certain moment l'un des sels cristalliser. L'ensemble des points
3 48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
représenlillifs de la concentration correspondante constitue la surface de
saturation. Cette surface sera composée de plusieurs nappes, sur chacune
desquelles le même sel se dépose le premier. Ces nappes se coupent suivant
des lignes que l'on peut projeter sur le plan horizontal du carré; elles
correspondent au dépôt simultané de deux sels différents. Enfin ces lignes
se rencontrent elles-mêmes en des points correspondant au dépôt simultané
de trois sels. Ce sont les points invariants, que l'on appelle encore points
eutectiqiics.
Les expériences de M. Rengade permettent de tracer pour la température
de i5° le diagramme de la figure i. La zone DEIF correspond au dépôt de
NaCl;lazone CGJK, au dépôt de NO'NH''; la zone AFIJC, au dépôt de
NaNO'jCl la zone BEIJK, au dépôt de NH'Cl. Aux points I et J, les sels se
déposent avec la composition globale qu'ils possèdent dans la solution,
c'est-à-dire que le nombre de chacun des ions déposés simultanément corres-
pond aux ordonnées de ces deux points I et J. On aurait le nombre de
molécules de chacun des trois sels déposés à ces points, en déterminant les
intersections des ordonnées de ces points avec les diagonales du carré et
appliquant la règle énoncée plus haut.
3° Marche de la cristallisation. — A partir du moment où le premier sel a
commencé à cristalliser, la continuation de l'évaporation modifie constam-
ment la composition du mélange resté en solution et occasionne un déplace-
ment du point figuratif donnant la composition de la dissolution.
Pour le point O, le premier sel déposé sera NaCl et le point figuratif
de la solution se déplacera suivant la ligne DOK; cela résulte de ce que le
rapport ^Tû n'est pas modifié par le dépôt de NaCl. En K, le second
sel rvH'Cl commence à se déposer et alors le point figuratif de la solution
suit la ligne Kl; il arrive finalement au point eutectique I, où la solution
gardera une composition invariable, tant que trois sels subsisteront en con-
tact avec elle. Dans l'exemple actuel, l'évaporation à sec laissera un
mélange des trois sels NaCl, NaNO' et NH* Cl, dont le nombre de molécules
sera donné par les projections des segments de la diagonale ('//'), (B/')
et (Art).
4° Quantité de sel déposé. — Il peut être intéressant de connaître à un
moment quelconque de l'évaporation, la quantité de chaque sel déposé,
c'est-à-dire le nombre de molécules pour une molécule mise priiuilivement
en expérience.
La quantité de NaCl déposée en K est donnée par Je rapport -p-î- ou
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1921. 349
bien, so rappelant que le côté du carré représente l'unité de molécules ou
d'ions, on mène la ligne KB et par O une parallèle à cette ligne, et la
longueur du segment projeté BX- donne le nomijre cherché de molécules
de NaCI. A partir de K, on a à la fois un dépôt de NaCl et Nil' Cl. On
trouve la proportion des sels déposés en traçant la ligne BI et prolongeant
la ligne DOK jusqu'en L. Une parallèle menée par O à BL donne le seg-
ment B/qui représente le nombre total de molécules de NaCl déposées en
arrivant en I.
On aurait par un procédé semblable la proportion de NH'Cl dépose en
même temps. Il suffit de projeter le point L sur le côté BD par une paral-
lèle à la ligne DI. Pour éviter la confusion, cette parallèle n'a pas été tracée
sur le diagramme.
Enfin, en I, commence à se déposer NO^Na. Après l'évaporation
à sec la proportion déposée de ce sel sera représentée par le segment
(Bb) = ^. Supposons que ce sel se dépose d'abord seul, le point figu-
ratif suivra la ligne AIN et s'arrêtera à un point N déterminé par l'inter-
section d'une droite menée par D parallèlement à la ligne IP.
En joignant BN et prolongeant jusqu'à l'intersection avec la ligne DI,
le segment (NQ) donnera la nouvelle quantité de NH'Cl déposée au
point I. Enfin le dépôt de NaCl doit ramener la solution au point I
puisque celui-ci est un point invariant, où la composition de la solution ne
peut changer. La longueur QI donnera la proportion de NaCl mise enjeu
simultanément avec les deux autres sels. Mais ce segment étant dirigé vers
le sommet du carré, au lieu de s'en éloigner, est négatif, c'est-à-dire qu'une
partie du sel déjà déposé se redissout. Les constructions graphiques précé-
dentes montraient d'ailleurs que la quantité de NaCl déposé en arrivant
en I était déjà supérieure à la quantité totale qui doit se trouver dans le
mélange après dessiccation complète. Celle-ci est égale à a — y, c'est-à-dire
est représentée par le segment {Oh), projeté sur le côté du carré parallèle-
ment à la diagonale AB, soit Bo. Or Bo est plus petit que B/ trouvé précé-
demment pour la quantité totale de sel déposé en arrivant en I.
5" Redissolution de l'un des sels au point invariant. — Cette redissolution
de l'un des sels lorsque l'on arrive au premier point invariant I est un fait
nouveau, très important, découvert par M. Rengade. Le mode de repré-
sentation géométrique employé ici permet de prévoir très simplement dans
quel cas il y a redissolution de l'un des sels et dans quel cas la redissolution
est complète, de telle sorte que la solution, après avoir traversé un état
invariant, redevient univariante et se met alors à suivre la ligne IJ pour
35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
aboutir linalement à un second point invariant .1, où les trois sels en pré-
sence se précipitent simultanément jusqu'à évaporation à sec.
Dans le cas où le premier sel déposé est NaCl, c'est-à-dire que le
point représentatif du mélange initial tombe dans la zone DEIF, NaCl
se redissout en I, si ce point invariant est, par rapport à la diagonale AB,
du coté opposé au sommet D; c'est le cas envisagé ici. Si au contraire le
point I est du même côté que le sommet D, NaCl continue à se déposer
au point invariant.
Lorsque le point invariant I est du côté opposé au sommet 1) et qu'il y a
redissolution de NaCl, celle-ci est incomplète tant que le point originel O
est du même côté de la diagonale que le sommet D. Il reste finalement du
NaCl dans le mélange sec. Si au contraire le point (_) est de l'autre côté de
la diagonale, c'est-à-dire du même côté que le point I, la redissolution est
complète, le système redevient de nouveau univariant et il arrive finale-
ment au second point invariant .1. Si enfin le point O se trouve sur la dia-
gonale AB, NaCl acbève exactement de se redissoudre au moment où
l'évaporation à sec se termine et le mélange sec ne renferme que deux sels
NaNO^eiNH'Cl.
Il est facile de vérifier que tous ces résultats sont en plein accord avec les
conséquences déduites de la loi des phases.
HYDRODYNAMIQUE. — Sw le mouvement rtirié ilrsjluides.
Note de M. L. Lecorxu.
Dans le mouvement non permanent d'un Huide, on peut, à chaque ins-
tant, considérer trois courbes convergeant en un point fixe quelconque, A,
et définies de la façon suivante :
i" La iriijectoire C, est le lieu des positions successives d'une même molé-
cule, située en A à cet instant / ;
li" La file de molécules, C^, ou, simplement, la file, est le lieu des posi-
tions occupées à l'instant / par toutes les molécules (|ui ont passé ou passe-
ront successivement en A;
3" La ligne de couranl {\ est la courbe menée par A et assujettie à être
une enveloppe de trajectoires prises dans leurs positions actuelles.
Je me propose de préciser ici les positions respectives de ces courbes au
voisinage de A.
Il est évident (jue, dans le cas du mouvement |iermanenl, C,, C.j, C., coin-
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I921. 35l
rident et dcinourenl invariables. Ici, au contraire, ce sont des courbes dis-
tinctes et qui se dét'ormenl |)rot(ressivenient. Plaçons en \ l'origine des
coordonnées el appelons 0 l'instant du passage d'une molécule déterminée.
Si l'on connaît le mouvement du iluide, on peut, pour cette molécule,
exprimer chacune des coordonnées .*', j, s en fonction de f et 0. Ces trois
fonctions s'annulant pour f = 0, nous écrirons
(!) .T = {1-0)1 y^^{t—o)r„ z = (i-0)t:,
expressions où ^, y], Z désignent des fonctions de / et 0 qui demeurent finies
pour / = 0.
Les équations (i), quand on y prend / el 0 comme variables indépen-
dantes, définissent une surface S présentant en A un point singulier. En
attribuant à 0 une valeur constante et faisant varier t, on obtient, quel que
soit 0, une trajectoire située sur S. En faisant inversement varier 0 sans
faire varier t, on obtient, quel que soit t, une file située également sur S.
Cette surface est donc à la fois le lieu de toutes les courbes C, et de toutes
les courbes Co passant en A.
A l'instant t, la vitesse V de la molécule qui se trouve en A s'obtient en
dérivant les équations (i) par rapport à t et faisant ensuite ^ —■ t. Il vient
ainsi, pour les composantes de cette vitesse,
(2) " = i, f' = ri, iv=x^ (6=0-
en sorte que'?, •/), 'Ç sont les paramètres directeurs de la tangente en Aà C,.
Au même instant, les paramètres directeurs de la tangente à Co s'ob-
tiennent en dérivant les équations (i) par rapport à 0, puis faisant 0 = /,
ce qui donne — ^, — •/], — '(. On voit que C, et C„ se touchent en A.
C^i, d'après sa définition, touche aussi C, et, par conséquent, C^,.
Voyons maintenant à quoi conduit, quand on tient compte des quantités
du second ordre, la comparaison des trois courbes.
Pour la trajectoire C,, il y a une accélération totale y,, dont on obtient
les composantes u\, p, , i\\ en dérivant une seconde fois par rapport à f, puis
faisant ô = ï, ce qui donne
(3) «^=^J7' '^^'-j]^ "^.=^"^7 ^^=')-
En ce qui concerne C., remarquons cjne celle courbe peut être regardée
comme étant la trajectoire d'un mobile dont les positions sont définies par
les équations ( i), en admettant que 0 désigne le temps, tandis que / joue le
rôle d'une constante. L'accélération /_, de ce mouvement se calcule alors
352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'une façon analogue, et Ion trouve que ses composantes sont
(4) u,=-.-^, '■^=-^^' -^=-^^ (^ = 0-
EnGn la ligne C^ est, à l'instant /, décrite par un mobile animé, en chacun
des points où il passe, de la vitesse actuelle de l'élément qui se trouve en ce
point. Ceci posé, on a, pour un déplacement effectué sur cette courbe,
, du dv , di\' , / du du du\ ,
dx dv •' dz \ dx dy d: )
D'ailleurs la composante u^ de/', \érifie la formule connue
du - du
du du
—^ — (- " -; — y
- (' Y- d'
dt dx
dv dz
De même pour les deux autres axes.
Il suit de là que l'accélération /, sur Cj est la différence géométrique
entrey, et \ accélération locale, dérivée géométrique, par rapport au temps,
de la vitesse en A.
Cette accélération locale, /„, s'obtient de la façon suivante : La diffé-
rentielle totale de w, quand / et 0 varient simultanément, est
du=.$,d,+ ^4M^ d\{t-o)f\
dt ^ dO
Pour que .r, y, z soient et demeurent nuls, il faut et il suffit que l'on ait
/ = 0, dt = <!<), d'où
du = { —^ + —j- ] d/,
\dl d9j
dv, dw se calculent de même. On a donc dans ces conditions
r- du ùi dl àf _ df) ^ an c^ic _ JÇ d^ ,
Telles sont les couq)osantes de/',,. Celles de y', sont, par suite,
,^, , di dl , dv, dû , d'Ç dHi /a ,^
(^^ "^=Ji-j9' ''^ = Tt-W '''^=dï~dÔ ^^ = '^-
On voit que, géomélriciuement parlant, y, esl la moyenne dey, el dey^.
Connaissant V,/|, y'.,, y.,, on en déduil, par le procédé connu, la grandeur
et la direction des rayons de courbure des trois courbes.
i*our un mouvement permanent, ^, r^, '(, dépendent de Tunique variable
SÉANCE DU l4 l'ÉVRIER 192I. 353
/ — 0 ei l'on vérifie alors que l'accélération locale est nulle, tandis que
j\ijiij\ se confondent.
Ces considérations conduisent à envisager remploi éventuel, en hydro-
dynamique, d'un genre spécial de variables indépendantes. Dans le système
de Lagrange, on pose
équations où a\,, r,,, '„ désignent les coordonnées initiales d'une molécule
et X, y, - ses coordonnées actuelles. Les variables indépendantes sont
*'o) J'o' ^0' '• ^^^ li^'i ^^ cela, choisissons une surface arbitraire 2 et. expri-
mons les coordonnées de l'un quelconque de ses points au moyen de deux
paramètres À, fx. Les coordonnées d'une molécule sont connues, à l'instant/,
si l'on se donne les valeurs de X, [j. au point A où cette molécule franchit S
et l'instant 0 de son passage. On a ainsi
x — <^^Çk,y.,B,t), y=.<f,{l, ij., 6, t), z = c^,(l, p., 0, t),
et les variables indépendantes deviennent A, i^., 9, /. Dans les questions
examinées plus haut, X, jx étaient des constantes et l'origine était placée
en A. En supprimant cette double restriction, on obtient des équations
aussi générales que celles de Lagrange et pouvant, dans certains cas, leur
être avantageusement substituées.
M. L.vvERAN présente le tome 13 du Bulletin âc la Société de Pathologie
exotique (année 1920).
ÉLECTIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement de M. Yves Déluge,
décédé.
Le nombre de votants étant 58,
M. Louis Joubin obtient 3 1 suffrages
M. Charles Gravier » i3 »
M. Maurice Caullery » 6 »
M. Félix Mesnil » 5 »
M. Louis Lapicque » 2 ^ »
M. Paul Portier » i suffrage
354 ACADÉMIE DES SCIENCES
M. Louis Joubix, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
CORRESPOND AXCE .
L'Académie est informée que M. le Recteur de I'Univeiisitk de Virginie
invite l'Institut de France à se faire repréfcnter aux cérémonies de la célé-
l)ration du centième anniversaire de la fondation de ce': établissement, qui
auront lieu du 3i mai au 3 juin 1921.
M. Mittag-Leffler adresse des condoléances à l'occasion du décès de
M. G. Humbert.
M. le Secrétaire perpétiei, annonce à l'Académie le décès de
M. Pfeffer, Correspondant pour la Section de Botanique, survenu à
Leipzig, le 3i janvier 1920.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
EuGKNE Simon, Histoire nalunUr (/es Tvoc\\'\\ida^ (.synopsis e/ ca/aloi^iie).
(Présenté par M. E.-L. Bouvier.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fondions automorphes.
Note de M. Georges Giraud.
L'accord paraissant établi sur la proposition dont il a été question entre
M. Fubini et moi ('), je me permets d'ajouter quelques mots pour éviter
tout malentendu. La condition dont M. Fubini parle maintenant n'est
formulée explicitement nulle part, ni dans l'énoncé, ni dans la démonstra-
(.') Comptes rendus, i. 171. igio, p. iSG et 1365; t. 172, i()9.i. p. 'iC').
SÉANCE DU l4 l'KVRIER I92I. 355
lion de son Livre, où un fail équivalent (le fait que le cône /, = 0 est à
génératrices imae^inaircs) est même présenté comme une conséquence de
riiypolhèse, insuffisante et reproduite explicitement dans l'énoncé, que le
|)oint considéré n'est pas sur une génératrice rectiligne réelle de la qua-
drique V = o; il était donc facile au lecteur de ne pas apercevoir la condi-
tion exacte. L'énoncé reproduit par M. Fubini dans sa dernière Note, et
où celte hypothèse insuffisante ne figure point, n'est pas celui de son Livre,
mais celui de son Mémoire antérieur (licndiconli del Circolo mateinaliro di
l>(ili-rmo, I. 21).
iMifin Findépendancc de mes recherches est évidente aussi en ce qui
concerne le reste du Chapitre visé de mon Livre, puisque les propositions
qui s'y trouvent n'oni pas d'analogue dans le Livre de M. Fubini.
AiNALYSlC MATHÉMATIQUE. — Sur quelques points de (a lliéorir des nombres.
Note de M. Théodore Varopoui.os, présentée par M. Appell.
I . Soit un polynôme 0(^.17)
o(,r) = xV-+ «i.j-C-'-i- aïX\'---^ . . . -\- a^:^^x -4- fl,j.,
OÙ les nombres a,, «2» • • • . «11 ne sont pas tous algébriques. Considérons
une équation de la forme
(l) 9(.r)rrAt'^
les nombres A, y. étant algébriques. Alors, dans le cas où x :^ o, le second
membre de celle équation (i) sera un nombre transcendant, conformément
au théorème de M. Lindemann bien connu.
M. Hémoundos, dans son Mémoire : Sur quelques points de la théorie des
nombres ('), a démontré que les racines de l'équation (1) sont des nombres
transcendants et qu'une équation de cette forme, admettant des racines algé-
briques, doit être considérée comme exceptionnelle.
Appelons (E) l'ensemble des valeurs algébriques de x pour lesquelles ^(a;)
est un nombre algébrique; (E') l'ensemble des valeurs 'algébriques de .x-
telles que ^{x) soit de la forme A f" (A, a étant algébriques et difîéreuls
de zéro). Deux nombres x^, ,v.,, de l'ensemble (E'), seront appelés équi-
valents lorsque le quotient cp (a;, ) : '^(^•2) = algébrique.
('} Annales scientifiques de l'Ecole Normale supérieure, 3' série, l. '2-i, 1906.
356
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Soit encore (E,) l'ensemble des valeurs (E') non équivalentes. Dans ces
conditions, je veux établir un théorème analogue à celui que j'ai énoncé
déjà ('), et qui concerne la théorie des fonctions multiformes.
Théorème. — L'ensemble des valeurs (E), (E,) ne surpasse jamais le
nombre p..
En efïet, l'élimination des nombres «,, a., . . ., a^ entre les équations
(!f{Xi) — \i [j=:l, 2, ..., (fX — l)],
(A, a étant des nombres algébriques et A^, y.j^o) (ce qui est toujours
possible) nous conduira à l'égalité suivante
|X-1
(3) 2 >.,A, -(- ^p, A,xe^ +>.,.+ , A^_^, e«.+.= >.,
1
analogue à l'identité de M. Borel où
et puisque a^^ ay_+, et les coefficients A^A^, \^^+, A^^, --^ o, d'après le théo-
rème de Lindemann l'égalité (2) est impossible.
CoROLLAnîE. — Le nombre des valeurs équivalentes ne surpasse jamais [/. — i.
Je signale le fait que le Mémoire susdit de M. Réinoundos m'a été très
utile dans mes recherches en question.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la détermination des congruenees de
droites dont le plan moyen est donné, ^otc de M. Axel Egnell, présentée
par M. Appell.
Dans la recherche des congruenees de droites dont le plan moyen est
donné on peut laisser de coté le cas où ce plan ne dépendrait que d'un seul
paramètre. Il y correspondrait, en effet, des congruenees dont l'un des
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 991.
SÉANCE DU 14 KÉVRIER 192I. 357
foyers serait rejeté ;i l'infini et pour lesquelles on ne pourrait définir un plan
moyen.
Soit S une surface quelconque, non développable, enveloppe d'un plan II.
Désignons par a;,, x.j,, a;^ les coordonnées du point M(.r) qui décrit la
surface S, par X,, X., X3 les cosinus directeurs de la normale en M. Il
s'agit de déterminer, dans le plan II, un point l'( = ) qui soit le centre do la
congruence sur la droite D passant par P et perpendiculaire au plan II.
Supposons la surface S rapportée à deux familles de lignes para-
métriques C„, C^, quelconques. Les deux vecteurs, dont les paramètres
directeurs sont -^ et -p respectivement, sont parallèles au plan II et ne
sont pas parallèles l'un à l'autre. Les coordonnées d'un point P(z) quel-
conque du plan n peuvent alors être exprimées sous la forme
^ ' du ^ âf
La condition pour que le point P soit le centre de la congruence sur D
peut s'écrire comme suit :
\^ àz dX\ \^ âX d3\
^ ' \ au ai' \ \ ou or I
Les deux termes figurant au membre gauche de cette relation désignent
des déterminants dont on obtient les trois lignes en affectant aux X et aux z
les indices i, 2, 3 successivement.
Si, dans l'équation (2), on substitue à :; la valeur (i), on trouve une
relation qui peut être réduite à la forme suivante :
,. dX dx I
^,^ ô r !.. ^X dXU d \p\^ dX dX\-\ \ dx dX\ \ dX
(3) -r- « X,-T-) -rr-\ H-T-pP^i-r-'T- +Xî-r-' -irH--^iT~
du\_ \ du di'W dv\^\ 'du dv \\ \ du dv \ \ 'du
Désignons par H et par K la courbure moyenne eî la courbure totale de
la surface S, par E, F, G les coefficients habituels de Gauss, par w la
quantité
w = ^EG — F-.
L'équation (3) prend alors la forme très simple
(4) ^(aKa)) + jJ;([3Kco) + Hoj:rzo.
Des quantités a et [3 on peut donc choisir l'une arbitrairement; l'autre se
trouvera ensuite déterminée par une quadrature.
358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'équation (4) donne lieu à plusieurs remarques intéressantes. Tout
d'abord, on voit que si l'on connaît une solution (a, , p, ) de cette équation,
on peut, sans quadrature, déterminer toutes les solutions sous la forme
I âo or, l ÔJ
Ko) i)^- ^ \\',\ du
cp étant une fonction arbitraire de a et de c. En pailiculier, si le point P(r)
décrit la surface moyenne d'une certaine congruence C, le centre P( s) de
toute congruence ayant même plan moyen que C sera déterminé par les
formules
1 [ù-a dS. tjy ()\\
^''' " ~-^ "•" I rJ\ <^.\ I V j7' Ou ~ ôii 7Â^ ) '
Si l'enveloppée moyenne S est une surface minima, le point MO') qui
décrit cette s,urface est le centre de la congruence des normales de S. La
formule (5) détermine donc toutes les congruences de droites admettant
comme enveloppée moyenne une surface minima donnée.
Appelons caractérislique principale d'une congruence la droite Ml' qui
joint les deux points qui se correspondent sur l'enveloppée moyenne et sur
la surface moyenne. L'équation (4) fournit encore la solution du problème
suivant : Déterminer toutes les congruences de droites dont les caractéris-
tiques principales enveloppent, sur l'enveloppée moyenne S, une famille de
courbes donnée F. En effet, clioisissons sur S comme lignes paramétriques
la famille C„, conjuguée des trajectoires ortbogonales de F, et une seconde
famille C,, quelconque. Le vecteur — est alors parallèle à la tangente de F
et il suffit de poser dans la formule (/j) p = o, pour avoir la solution
cherchée :
V étant une fonction arbitraire de v.
Parmi les congruences déterminées par (4) on peut rechercher quelles
sont les congruences de normales. Si l'on rapporte la surface S à dcu.v
familles de lignes paramétriques dont la représentation sphérique forme un
système isotherme, on trouve la solution suivante :
,. Ô'a ^.. ÛQ
y. K fj) ;:3 -;— ; p K 'jj =; -r-^ »
au ^ dv
SÉANCE DU l/j FÉVRIER I921. SSg
la l'onction o devant satisfaire à la condition
-r-T, -h -rt + Hwrro.
Ou- Ov-
Kn particulier, si S est une surface mininia, on peut déterminer, sans
(juadrature, toutes les congruences de normales qui admettent S comme
enveloppée moyenne. Les courbes Y, enveloppes des caractéristiques prin-
cipales de la congruence, forment, avec leurs trajectoires orthogonales,
deux familles de lignes conjuguées d'un système isotherme de la surface.
Si le plan moyen II enveloppe une certaine courbe C, les congruences
correspondantes se déterminent toutes sans quadrature.
Enfin, si le plan II passe par un point fixe, on trouve une solution
analogue à (3), mais où le terme indépendant de a et p a disparu. Le
résultat est donc le même que si le plan II enveloppe une surface minima.
Ainsi, pour déterminer les congruences cherchées, on peut prendre une
surface minima quelconque, construire les congruences qui admettent cette
surface comme enveloppée moyenne, puis contracter la surface minima en
un seul point en laissant invariables la direction des caractéristiques prin-
cipales et des droites de la congruence ainsi que la longueur des segments MP.
Cette construction s'applique, en particulier, si Ton veut déterminer les
congruences de normales dont le plan moyen passe par un point fixe.
Rappelons que M. Appell a déterminé toutes ces congruences de normales
en montrant qu'à chacune d'elles se trouve associée une certaine surface
minima. La méthode exposée ci-dessus conduit au même résultat en
l'étendant à des congruences quelconques.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur les mouvements cycUcjues il' un fluide limité
pai un mur, et contenant un solide. Note de M. He.vri Vii.lat.
Soit D le domaine d'un plan z(:^œ -{- iy), compris entre un solide S
donné, et un mur (plan ou courbe) R; on suppose Dillimité au moins dans
une direction. Un courant fluide occupe ce domaine; il provient de l'infini,
et vient entourer S de part et d'autre (il ne s'agit donc pas d'un simple
mouvement de rotation autour de S). Suivant que la variation du potentiel tp
a ou n'a pas la même valeur le long des deux bords de S suivis par le
courant, le mouvement est acyclique, ou cyclique.
Si l'on se place dans le premier cas, on peut former tous les mouvements
36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
correspondants, en appliquant les résultats de mon Mémoire précédent (').
On applique d'abord D sur une couronne d'un plan Z, en appliquant les
résultats en question, puis on fera une opération analogue concernant le
domaine du plan /'(= (p + r]/) qui correspond à D. Ce dernier domaine est
1 • 1 > II •!• loirZ
un demi-pian perce d une coupure recliligne; en posant / = —^, on aura
entre Z et /' la relation
/ = ^'-L, ,'^' '' — ^Ç(2Wi< — '.'.ùiic,) -H /p(2&j,c, + w3) 4-consl.
(A et l'i étant des constantes);
avec une condition pour exprimer que le domaine du plan y est fermé :
(l) J)(2f,),C, -h(,)3)4- -i =0.
Le problème s'acbève ensuite facilement. On peut démontrer que si le mou-
vement est cyclique, bien que le problème se pose alors tout autrement, il
se résout par les mêmes équations, en supprimant simplement la condi-
tion (i). Ce fait tient à ce que ~ reste analytique dans le plan coupé, et que
par conséquent une intégrale de certaine fonction F(s)-^ prise le long
d'un chemin fermé entourant la coupure, est indépendante de ce contour
fermé.
Pour indiquer un exemple, si le profil de S est circulaire et le mur H rec-
tiligne, on utilisera entre c et Z la relation
ni
Ze--™"'
La vitesse à Tinfini du courant sera V = -^ ^,v, ' •
La pression exercée par le fluide sur S n'aui^a qu'une composante non
nulle; un calcul, que l'on ne peut reproduire ici, donne pour cette pression
-2.'.)
On est ramené à intégrer une fonction clli{)tiquc et deux fonctions pério-
diques de seconde espèce avec des multiplicateurs spéciaux. L'intégrale
indéfinie ne peut être obtenue ; mais, dans le cas actuel, diverses transfor-
(') Annales de r Kcole [\'onnal(\ 1921.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1921. 36l
malions, et une [iropriété que je démontre relative à la fonction
,,.,.-. ..,-.(0^.('--'--''.\
conduisent à rcxpression sous forme finie
L 1 2 (.) 1 J
De là on peut tirer diverses conséquences intéressantes. On constate que le
théorème de Joukowski, relatif à la circulation du fluide indéfini, ne
s'applique pas ici, où le fluide n'est pas illimité dans tous les sens.
Des cas nombreux se traitent d'une façon semblable et permettent d'étu-
dier diverses particularités de mouvements. Les exemples traités ainsi se
trouvent être précieux, non seulement en eux-mêmes, mais parce que de
lels mouvements se présentent comme essentiellement utiles pour la cons-
truction des mouvements avec sillage dans le régime non permanent, ainsi
que je l'ai montré dans une Note antérieure (').
CINÉMATIQUE. — Méthode graphique pour V élude des trains èpicycloidnux .
Note de M. Pol Havigneaux, présentée par M. (i. Ivœnigs.
Lorsqu'on veut étudier les vitesses angulaires simultanées de deux
membres d'un train épicycloïdal dont le troisième membre se trouve soit
immobilisé, soit animé d'une vitesse angulaire connue, on n'aperçoit, à
simple inspection des formules, ni la grandeur, ni le sens relatif de ces
vitesses. Encore moins, lorsqu'il s'agit de mécanismes complexes pouvant
comporter plusieurs trains épicycloïdaux ayant un ou deux membres com-
muns, ainsi qu'il se présente pour de nombreux types de changement de
vitesses. Cela est gênant dans la pratique.
La méthode graphique exposée ci-dessous présente l'avantage de mettre
en évidence, avec une précision fonction seulement de l'échelle adoptée
pour le dessin, toutes les combinaisons; toutes les possibilités d'un train
épicycloïdal simple ou complexe. Elle est particulièrement féconde dans
les recherches d'avant-projet d'un mécanisme.
Son principe repose sur la propriété suivante :
(') Comptes rendus, t. 170, iQio, p. 653.
G. R., 1901, I" Semestre. (T. 172, N" 7.) ^7
362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Théorème. — Etant donnés, d'une part, trois membres, P,Q,1\, d'un liain
é|)icycloïdal, et d'autre part troispoinls, P,Q,ll, figuratifs respectiv<'mentde
chacun des membres, et répaitls sur une droite horizontale de telle faron que
l'un d'entre eux, R par exemple, divise le segment P,(^>, joignant les deux
autres dans un rapport algébrique égal au rapport algébrique des vitesses
que possèdent respectivement ces deux membres quand K est fixe, chacun
des points, ou niembi-es F et Q, jouit vis-à-vis des deux autres points, ou
membres, de la même propriété qui est par conséquent réciproque.
Coiolldire. — Une droite passant par le point figuratif d'un membre
supposé immobilisé coupe les verticales élevées aux deux autres points,
à des hauteurs représentant algébriquement, à une certaine échelle, les
vitesses conjuguées de ces deux membres.
Méthode graphique. — Pour éviter les transformations pénibles dans
l'étude d'un train dont on connaît par exemple la raison géométrique, il
suffit de i-épartir sur une droite comme indiqué ci-dessus, les points figu-
ratifs des trois membres pour avoir les autres rapports par simple lecture.
Généralisation du corollaire. — En l'hypothèse, aucun des trois membres
n'est fixe, une droite du plan coupe les verticales élevées en P, Q, R, en
des points a, [3, y tels que les hauteurs Pa, (^[i, Ry, représentent toujours
en grandeur et sens, à une certaine échelle, des vitesses simultanées des
trois membres.
On peut donc compter, sur deux des verticales, des hauteurs égales par
exemple au nombre de tours par minute des deux membres figurés, et lire
le nombre de tours correspondant à la rotation du troisième membre.
Chaque droite du plan est figurative d'un mouvement.
Vitesse angulaire d' un satellite dans respaveet vitesse d'un satellite sur son
axe. — On peut placer en plus sur le diagramme le point figuratif d'un
membre satellitaire (il suffit de considérer sa liaison avec deux membres
déjà figurés, soit par exemple l'une des roues centrales et le bâti).
On aura sa vitesse angulaire dans l'espace par le point d'intersection
avec la droite figurative du mouvement considéré. Il suffira d'ailleurs d'en
retrancher algébriquement la vitesse du bâti (ou porte-satellite) pour avoir
en grandeur et sens la vitesse du satellite sur son axe.
Trains complexes. — Quand plusieurs trains ont des membres communs,
il suffit de faire le diagramme pour trois membres d'un des trains, et de
placer sur la droite chacun des autres points figuratifs en supposant le
membre correspondant accouplé à deux membres du train déjà ligure. Et
ainsi de suite et de proche en proche, s'il y a plus de (jualre membres.
SÉANCE DU l4 l'ÉVRIER I921. 363
Chaque droite issue de l'un des points P, T, O/P fournit, parlcsordonnéi^s
qu'elle détermine sur les verticales des autres points, les valeurs conjuguées
dos vitesses angulaires des mennbres mobiles quand on rend successi-
vement fixe l'un des membres P, T, Q, R,
On lit sur le même diagramme toutes les combinaisons pouvant résulter
de l'emploi de trois des quatre membres, c'est-à-dire de l'emploi do quatre
trains épicycloidaux PQï, PRT, UQT, PQT.
Toute droite du plan coupe encore les verticales élevées en ces points
à des hauteurs représentant à une certaine échelle les vitesses conjuguées
des membres figurés par les points.
On placerait sur ce diagramme le point figuratif du satellite s'il y avait
utilité.
MÉCANIQUE. — Sur les systèmes (irticulés déformahles ou Iransjormablcs.
Note de M. Bektr^vnd Gambier, présentée par M. G. Kœnigs.
1. M. Bricard a signalé (^Nouvelles Annales de Malhémadqucs, no-
vembre 1920) des mécanismes intéressants.
Dans l'espace (ou dans le plan), m points donnés A, d'une première série
sont reliés chacun aux/) points By donnés d'une seconde série par un total
de mp tiges rectilignes rigides; cela constitue un mécanisme à m +/> nœuds
d'articulation, en génénil strictement l'ndé/'ormable.
En cffel Ijj étant le nombre qui mesure la distance A,By, l'ensemble des
équations A,By = /;y, où les coordonnées des points A,- et By sont prises
comme inconnues, est un système de tnp équations contenant 3(m +p)— 6
paramètres de forme pour l'espace, ou 2(m + p) — 3 pour le plan. Sim>6,
/>>-4dans l'espace, ou m^ 3, p'^3 dans le plan, le nombre d'équations
surpasse le nombre d'inconnues; si les seconds membres /,y sont pris au
hasard, il y a incompatibilité; mais si les Ijj sont les nombres mesurés sur
la configuration donnée, le système est compatible et l'on peut avec
les mp tiges données reconstruire le mécanisme, supposé démonté, soit
dans sa configuration primitive, soit dans la configuration symétrique de
celle-là par rapport à un plan ; en général, il n'y aura pas d'autre solution,
nous avons donc un mécanisme indéformable.
Mais le système, compatible, peut avoir une ou plusieurs solutions diffé-
rentes, isolées : le mécanisme est alors transformable ; on passe d'une confi-
guration à une autre par un démontage suivi d'un remontage.
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le syslème, compatible, peut admettre une infinité de solutions dépen-
dant d'un paramètre arbitraire : c'est un système déformahle.
On [)eut imaginer des combinaisons de ces propriétés : une config^ura-
tion non susceptible de déformation continue peut, après démontage, être
remontée dans un nouvel état susceptible cette fois de déformation con-
tinue. Ou bien deux séries de déformations continues peuvent exister sépa-
rément, un démontage étant nécessaire pour passer d'un étal de la première
série à un état de la seconde; on peut au contraire dans ces deux séries
obtenir un état A' embranchement , c'est-à-dire une configuration commune
aux deux séries et telle que si cbaque point, au cours de la déformation
continue de la première série, y arrive avec vitesse nulle, on puisse aban-
donner cette première série et aiguiller le mécanisme dans la déformation
de la seconde série.
2. On peut imaginer que les nombres m et/» grandissent indéfiniment :
les points A sont répartis sur une courbe (ou surface) (A), les points B sur
une courbe (ou surface) (B). On suppose qu'à la courbe (A) on associe
une courbe («) telle qu'il existe une correspondance ponctuelle entre un
point A et un point a ; de même (B) est associée à une courbe (A) et l'on
doit avoir AB — ah, quels que soient A sur (A) et B sur (B). Nous négli-
geons bien entendu un déplacement d'ensemble de (A), (B) ou une
symétrie cfTecluée sur ce syslème. La détermination des mécanismes de
courbes (ou surfaces) est plus aisée que celle des mécanismes à nombre
fini de points.
Une solution banale est fournie par une courbe (A) réduite à un jioint et
une courbe (B) arbitraire, dont on déplacerait cliatpie point arbitrairement
sur une sphère ayant son centre en A.
// existe dans V espace à trois dimensions un mécanisme transformable, non
déformable, et un seul : il se compose de deux quadriques liomofocales, dont
l'une peut être an plan.
Pour la réalité de la transformation, i) et Q' seront deux (juadriques
homofocales non sécantes; le fait curieux est que (^ s'écliange avec (V et
(Y avec (^ ; Q et Q' appartiennent à une même famille de Lamé, dont les
trajectoires orthogonales sont les intersections des deux familles homofo-
cales associées : ce sont ces trajectoires qui établissent la correspondance
ponctuelle entre (^ et Q'. Celte proposition a déjà été signalée par Ivory.
La condition nécessaire et suffisante pour qu'un mécanisme soit iléfor/nable
est qu'il comprenne comme première courbe une conique (ou une droite), ou
hie/i qu'il se conqjose de deux courbes planes dans deux plans rectangulaires.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I921. 365
.'5. Je classe d'abord les déformations possibles formant une suite conti-
nue, sans embrancliement. Il y a alors qualic types seulement.
Premier type : une surface (te révolution et son axe. — Nous pouvons
prendre l'axe pour courbe (a ) et réduire la surface à une courbe (^) tracée
au basard dans l'espace : cbaque point de (a) reste invariant, cbaque
point de {h) tourne d'un angle arbitraire autour de l'axe («).
Deuxième type : une droite et une courbe plane arbitraire dans un plan
perpendiculaire à la' droite, — Soient (o, o, g) et {x^y, o) les points (|ui
engi'udrent la droite et la courbe. On écrit
Z- — ;^ + // , \^ + Y-' = ,r-^ -H )-2 — /, ,
OÙ // est un [)aramètre de déformalion arbitraire; il reste une fonction
arbitraire d'une variable dans la déformalion, X et Y n'étant liées à .r, y
que par une seule équation.
Troisième type : une conique et une courbe arbitraires . — La déformation
comporte un seul paramètre arbitraire : on peut transformer la conique en
une conique bomofocale, non sécante si l'on se borne à la déformation réelle.
Soient (rt|, a.,, o) le point qui engendre la conique, (6,, b^, b.^) le point qui
décrit la courbe. Supposons pour fixer les idées la conique à centre et
rapportée à ses axes
On éi
\/a-'
\
_.v/p-^-
G
B
T:
A, = o,
,2_G (3= -G'
pour déterminer la contlguration dépendant du paramètre arbitraire C, qui
pour C = o se réduit à (a), (b).
Quatrième type : deux courbes planes arbitraires dans deux plans rectangu-
laires. — La déformation dépend de trois paramètres arbitraires. Prenons
pour plan {x(.)y) celui de {a), pour plan {xOz) celui de (b) : là-position
de l'origine sur la droite Ox sera le premier paramètre arbitraire; le choix
fait, (a) sera lieu du point (a,, «o, o) et {b) celui du point (/>,, 0,^3).
366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous écrirons avec deux nouveaux paramètres ai'bilraires / et C :
B,= ^, B\-i-hl = b\ + bl-hC, B., = o;
pour / = I , C = G, on a simplement («), (h).
Une seconde solution de la déformation s'obtient dans ce cas en écrivant
avec deux paramètres 7u et C :
Ai = ai — m, A] + Al = (oi + m)^+ al —C, A3=o,
Ces deux solutions peuvent être condensées dans Tunique système où
figurent les trois paramètres l, m, C :
A,= lîti — m, AJ + A5 = («, -h niy-h a\ — C,
bi =/B,- w, b\ 4- 6^ = (B, + /«)'-+ B| — C.
A-ÉROXAUTIQUE. — Une série de t^ols en liélicoptère libre monté effectués les i5,
28 et 2.Ç) janner 1921. Note de M. Etienne OEhmichen, présentée par
M. J.-L. Breton.
L'appareil dont il s'agit est destiné à des recherches méthodiques sur
l'utilisation par l'aviation des hélices sustentatrices.
Il comporte deux hélices à deux branches, d'un profil spécial, et d'un
diamètre de 6™,4o. Les hélices, tournant en sens inverse l'une de l'autre,
sont placées aux extrémités d'un châssis en bois armé portant un moteur
de 25 chevaux à deux cylindres, de modèle ancien (type Dutheil-Chalmers
1910).
Le profil des hélices, ou plutôt des sustentateurs, dont les |)ales sont
constituées par des surfaces sensiblement cylindriques, avec une certaine
inclinaison de leurs génératrices en dessous de l'horizontale, a élé Iracé de
telle sorte que lesdites pales soient très larges au voisinage du moyeu et
amincies vers leurs pointes. Elles rappellent l'aspect des ailes de certains
sphinx crépusculaires à l'instant du changement de plan en fin d'abaisse-
ment, tel que j'ai pu l'observer au slrobographe électrique. D'après mes
théories, cette phase du battement correspond au moment de la récupéra-
tion de l'énergie cinétique contenue dans les courants de remous (Comptes
SÉANCE DU l4 FKVRIER 1921. 367
rendus-, mars 1920; liiiUctin de In Dirrclion des Reclierrhes et des Inventions,
avril-mai 1920).
Cette forme dérive directement des théories susdites et m'a conduit à la
qualité sustontatrico maximum, soit : o,32 à la balance sur modèle réduit,
en atmosphère indéfinie, et o,36 à 0,37 sur l'appareil en grandeur, la
chasse étant perpendiculaire au sol.
La commande des sustentateurs a lieu par courroies. Un ballonnet stabi-
lisateur cubant 144"" et gonflé à l'hydrogène surmonte l'appareil auquel
il est l'igidement fixé par sa poutre armée. Le poids de l'appareil complet
(en y comprenant mon poids propre qui est de 75"'^) est de SSG''*''. La force
ascensionnelle utile du ballonnet, à déduire, est de 71''». L'effort demandé
aux hélices est donc de aSS'''^, soit à peu près les \ du poids total.
A bord de cet hélicoptère, j'ai effectué, les i5, 28 et 29 janvier, une série
de vols soutenus, en complète liberté, ce qui, à ma connaissance, n'a pas
encore été accompli jusqu'à ce jour. Ces vols ont eu lieu dans les circons-
tances suivantes :
Le i5 janvier, l'appareil s'enleva à six reprises, à des hauteurs variant
entre o"\5o et i'°,70 et se maintint chaque fois à hauteur à peu près con-
stante, en complète liberté, pendant i minute en moyenne, éprouvant un
fort roulis et un tangage à peine sensible. Les vols ne purent être prolongés
longtemps, car le vent, dont la vitesse atteignit par instants 2™, transportait
rapidement l'appareil jusqu'aux limites du terrain marquées par des bar-
rières. Les atterrissages furent tous très faciles, .sauf un seul où, par erreur,
un peu avant de toucher terre, je fermai les gaz alors que je croyais les
ouvrir, pour freiner la descente.
L'appareil ne possède aucun dispositif amortisseur et porte, à sa partie
inférieure, un simple plateau de bois de i'"' dont les bords sont relevés.
Le 28 janvier, l'expérience fut reprise en présence de l'officier délégué
par la Section technique de l'Aéronautique. Quelques incidents survinrent,
dont le plus grave, éprouvé déjà dans des essais préliminaires, fut la rup-
ture d'un axe de galet de transmission qui entraîna le déraillement de la
courroie, l'appareil étant encore à terre. A 18'', à la lumière d'un projec-
teur, eurent lieu quatre courts vols dont le dernier dura [\o secondes. Le
vent déporta l'appareil de près de 4o™ avec un mouvement de roulis sen-
sible que je parvins à atténuer notablement par des mouvements de corps.
Les atterrissages furent bons et doux, mais je ne parvins pas à éviter les
rebondissements. La hauteur maximum du vol ne dépassa pas i"", 5o.
Le 29 janvier, par un temps complètement calme, j'exécutai cinq vols au
368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cours desquels je montai à une hauteur de 3"' dans un équilibre parfait.
L'insécurité de la commande par courroies, sujette à de fréquents acci-
dents et à des glissements, ainsi que l'absence de tout dispositif parachute,
m'empêchèrent seules de m'élever plus haut. L'appareil atterrit normale-
ment avec la plus grande douceur trois fois sur cinq. A la cinquième, le
vent s'élant levé, il y eut rebondissement avec inclinaison et saut de coté.
L'appareil a montré une remarquable stabilité en altitude, que j'attribue
à l'iniluence du sol. L'interception normale de la chasse d'air par une sur-
face plane de grande étendue et impénétrable au fluide gêne en effet l'éva-
cuation de celui-ci en l'obligeant à changer de direction. Il en résulte une
surpression qui équivaut à un accroissement de la densité du milieu. L'efl'et
augmente naturellement d'intensité lorsque la surface interceptante se rap-
proche de l'hélice. En dessous d'une certaine limite d'altitude, l'appareil
est donc d'autant plus facilement soutenu en l'air qu'il est plus voisin du
sol; de là résulte la stabilité en hauteur observée et que des expériences à
la balance concernant la qualité sustentatrice m'avaient permis de prévoir.
J'attribue à la même cause l'absence de tangage (ou oscillations dans le
plan vertical contenant les axes des hélices), alors que le roulis se fait
fortement sentir; le premier mouvement ne peut en effet se produire que si
les distances des deux hélices au sol subissent des variations inverses l'une
de l'autre, tandis que le roulis suppose simplement des inclinaisons simul-
tanées des hélices de part et d'autre de la verticale, sans qu'il y ait varia-
tion sensible de leurs distances au sol.
MÉïAI.LURGlli;. — Bc la fragilité an bleu dans certaines .soudures d acier.
Note de M. Charles Frémont, présentée par M. L. Lecornu.
La soudure de deux pièces d'acier doux peut, en pratique, être plus ou
moins bien réussie, mais rien ne l'indique.
Le seul essai qui permette d'évaluer la qualité de cette soudure exige le
sacrifice de la pièce soudée, aussi est-il réservé pour l'étude de la valeur rela-
tive d'échantillons ou de spécimens de soudures, mais ne peut être employé
pour la réception des pièces finies.
En principe, pour une bonne soudure, la résistance vive, suivant le plan
de la soudure, devrait être égale à celle du métal même, la mesure de cette
résistance vive étant obtenue par un essai de choc sur éprouvette entaillée.
.l'ai montré ailleurs (') que, même [)our des soudures bien exécutées, la
(') Le Génie civi/, 26 février 1910.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I921. 369
résistance vive est toujours très inférieure à celle du métal soudé, par suite
d'oxytlation [tendant la température élevée. Aussi ai-je conclu de ces expé-
riences que les soudures ne doivent être considérées que comme un collage
avec plus ou moins d'adhérence.
Cependant, parmi les divers procédés de soudure d'acier, il y en a un qui
permet d'obtenir du métal non oxydé, c'est celui qui consiste à souder élec-
triquement et en bout, sous une pression suffisante pour refouler le métal
et faire écouler latéralement, par une forte bavure, lout le métal qui s'est
oxydé au début de l'opération {Jlg. \).
J'ai parfois constaté un résultat satisfaisant dans ces soudures. Mais à
Fig. I. Fig. 1. Fig. 3.
Fig..i. — Soudure électrique de deux morceaux d'acier, sous pression longitudinale suffisante pour faire
écouler une forte bavure.
Fig. î. — Tuyau en acier soudé électriquement par rapprochement sous pression.
Fig. 3. — Fragment de ce tuyau rompu au choc dans la zone fragile au bleu (Echelle double).
l'occasion des expériences que j'ai effectuées sur ce procédé de soudure,
j'ai pu constater un autre cas de fragilité du métal que celui par oxyda-
tion dans la soudure, c'est celui de fragilité par suite de déformation au
bleu.
Ainsi, dans un tube en acier doux, soudé électriquement par rapproche-
ment sous pression (^fig- 2), j'ai constaté, en effectuant sur ce tube des
essais de frao^ilité suivant la méthode décrite dans ma Note du 3 no-
370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vemhre 191 9, que la rupture se produisait toujours à la même distance de
la soudure, dans la zone déformée au bleu, celte zone étant fragile [fig. 3).
En effet, à une petite distance de la soudure, une région, pour laquelle la
température est comprise entre 200° et 450" environ, subit la pression éner-
gique destinée à souder le métal, et, sous cette pression, se déforme an
bleu.
On sait que des aciers, non fragiles, deviennent généralement fragiles à
froid après une déformation' permanente produite, statiquement ou par
choc, pendant que le métal est à une température critique comprise entre
200° et 45o° environ.
Mais, ainsi que je Tai dit dans ma Note du 12 décembre 1901, j'ai pu
constater expérimentalement que cette fragilité au bleu n'est pas une pro-
priété absolue du métal, mais un défaut qui peut être évité, au moins dans
certains cas et dans certaines conditions de fabrication du métal.
Il doit donc être possible de réaliser des soudures non fragiles en choisis-
sant des aciers non fragiles au bleu et en les soudant électriquement, par
rapprochement sous pression, mais avec un écoulement de la bavure suffi-
sant pour éliminer, du plan de soudure, tout métal oxydé.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon, pendant le quatrième trimestre de 1920. Note de
M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud.
Il y a eu 65 jours d'observation dans ce trimestre ('), et les principaux faits
qu'on en déduit se résument ainsi :
Taches. — Le nombre des groupes de taclies enregistré est le même que précédem-
ment ('^), soit 34, mais l'aire totale est un peu moindre, avec 3'?.'j6 millionièmes au
lieu de 3468.
Leur répartition entre chaque hémisphère est resiée la même de part et d'autre,
avec 18 groupes au Sud et 16 au Nord; mais dans l'ensemble la latitude moyenne est
moindre : on a, en effet, — 1 1°,4 »" l'eu de — 12°, 5 d'une part, et -1- i l'jG au lieu
de H- 12°, 5 d'autre part.
Un groupe à — 11° de latitude, qui a passé au méridien central le 5,8 novembre, a
été visible à l'œil nu ('). Kn outre, le disque solaire ne s'est montré dépourvu de
taches en aucun des jours d'observation.
(') Avec l'aide de M"' Gauthier.
(') Voir Comptes rendus, t. 172, igai, p. 48.
(') Le passage suivant de ce groupe s'est effectué le 2,4 décembre. Aux passages
précédents, les 10, 4. octobre, 18,7 septembre, 18,'} août, 28,1 juillet, cette région,
resiée en activité durant six rotations solaires, ne présentait que des facules. J. G.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 192I. 37 1
Régions d'activité. ^— Les groupes de facules onl (liminiié d'environ un lieis, tant
en nombre qu'en étendue : on a, au total, 86 groupes ot 97 , ( millièmes au lieu de
i3o groupes et 11^,7 millièmes.
Dans leur réjiartition, on note i8 groupes en moins au sud do l'équateur (42 au lieu
de 60) et îS groupes, en moins également, au nord (42 au lieu de 70).
Dates Nombre
axlrémes d'obser-
d'obscrv. vaUoDS. conlra).
Taiîi.kau I. — Taches.
nés Surfaces
Octobre 1
)ii). —
n,00.
2- j
4 3,5
— 5
II
2-10
H 7,0
-+- 7
46
4-1 j
11 ll),0
-H 8
209
10-17
8 12,3
-+- 9
118
7-17
10 i3,(>
— 17
232
l4-2'2
7 '(i,7
— 9
116
ï5-22
5 21,5
+ 12
38
ai-3o
9 ■•'-4,5
-f-i8
102
22-28
(i 25,2
-14
a (
23-31
8 26,2
— 15
7;
26-29
3 26 , 9
+ 16
6
22-29
7 27,3
26 j.
— 14
5i
— 12°
3 -l-ii°7,
NovomI)
■c. — 0
00.
3
1 2,6
-•- 9
2
3o
I 4,1
+ 7
5
3o- 6
7 4,0
•+•10
4"
il- 6
G 5,8
— 1 1
7",(>
6
I 6,2
-+-i3
5
rj-i5
3 9,5
-+- I
108
, Surfaces
moyennes
réduiies.
Novembre (suite).
16
1
l3,2
— 1 1
18
24-26
,3
20,7
— 15
35
14-26
9
20,8
-+-'9
109
22- I
9
28,2
— 10
88
23- 5
1 1
.8j.
29,5
— 12
33
— 12°
2 -t- 9°,8
Décembre
. — 0
00.
26- 5
9
2,4
— 9
281
10-18
5
i3,8
— 1 1
38
18
1
18,0
— 13
7
18-23
4
18,4
-hi5
159
13-16
3
18,8
— 9
36
.7-26
8
22,4
+ 14
5o
18-27
7
23,5
- 8
ai
21
I
25,8
— 8
9
21- I
II
26,6
+ 9
220
2,4- 5
12
3o,i
— 13
147
■',5- I
7
3i,4
-1-18
75
21 j
— 10°
I -i-i4°,o
19^20 .
Octobre.
Décembre.
Totaux..
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
Sud. Nord.
10°. 0°. Somme. Soma
6
Tolaux
totales
meosueli.
f réduites
12
io3i
l l
1 193
1 I
1052
3276
Octobre
Novembre. . ,
Décembre. .
Totaux.. ,
Tableau III.
Sad.
90*. 40". 30°. 50". 10'
» I I 6
4
274
211 4
5 24 12
Distribution des facules en latitude.
Nord.
Somme. Somme. 0*. 10°. !0". 30". W. 90*.
12 l4 4 8 2 » »
21
3 6
l3 22
6
utaui
Surface
totales
nsuels.
réduites
26
32,5
34
33,7
26
3l,2
97,4
'i-j-i. ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Allumeur ct extincteur dc becs de gaz des Inntcnirs
publiques, >ote de MM. Paul Ber\ard et Barbe, présentée par
M. d'Arsonval.
Cet appareil, robuste et simple, fonctionne de rnsine à yaz elle-même, à
riienre que Ton veut, par toutes les températures, ne demande pratique-
ment aucun entrelien.
La partie essentielle de cet appareil consiste en une cloche plongeant dans la glycé-
rine et en communication avec la conduite du gaz. Une surpression progressive dans
la conduite finit par soulever la cloche, dont le poids el la section ont été calculés de
telle manière que le phénomène se produise pour une surpression de 75™"" à So"""
d'eau. On peut d'ailleurs modifier d'une façon simple cette surpression, si besoin est,
en lestant convenablement la cloche. Celte cloche entraîne dans son mouvement un
tube obturateur plongeant dans un godet de mercure et commandant l'arrivée du gaz
dans la lanterne. Quand la cloche est en haut de sa course, le tube émerge du mer-
cure et livre le passage au gaz. Une veilleuse allume le bec. Quand la pression revient
à sa valeur primitive, il faut que l'appareil reste allumé. On y arrive par un dispositif
ingénieux d'acciochage de la cloche : un crochet solidaire d'un lléau muni de poids
inégaux, dont l'un se trouve décroché du fiéau lorsque la cloche s'élève, se meut par
le simple jeu de la pesanteur, le long d'un guide de laiton découpé solidaire de la
clociie. C'est ce crochet qui maintient la cloche en place rpiand on diminue la pres-
sion.
Pour éteindre le bec, on doune^iine nouvelle surpression; le crochet abandonne la
cloche dont le tube obturateur ferme l'arrivée du gaz dès que la pression redevient
normale.
lMifin,'par une^ troisième surpression, le crochet est ramené à sa position primi-
tive, en empêchant le tube obturateur d'émerger du mercure. Le bec reste éteint et se
trouve prêt à décrire un nouveau cycle d'opérations.
Deux systèmes d'accrochage ont été réalisés, l'un d'eux pouvant être
employé de deux façons ditîérenles, en décalant les temps, de sorte qu'on
peut, en ^définitive, réaliser les trois marches suivantes de l'appareil, répon-*
dant à tous les besoins de la pratique :
1° Allumage le soir, extinction à minuit, pas d'elTet au jour;
2° Allumage le soir, pas d'ell'et à minuit, extinction au jour;
3" Pas d'elfet le soir, allumage à minuit, extinction au jour.
L'appareil ne comporte doive aucun ressort, aucun clapet, aucun méca-
nisme susceptible de se dérégler ou de se briser. Il ne donne lieu à aucun
raté. Le fonctionnement en est assuré non par un coup de bélier, qui doit
être absolument proscrit, mais par une surpression lente <pn ne risque pas
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 192I. 3']3
de soufllcr les veilleuses. L'étanchéité des joints est assurée; les licjuidcs
employés ne peuvent se congeler, même en plein hiver; le laiton oxydé
dont est fait l'appareil ne peut être attaqué par lés agents chimiques
contenus dans le gaz. L'effet des vibrations ne peut dérégler l'appareil.
La verticalité, théoriquement nécessaire puisqu'on fait appel à la pesan-
teur, n'a pas besoin d'être assurée à plus de 20" près. Enlin, le montage et
le démontaere sont faciles et l'entretien est nul.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la précipitation Jrrictioiinèe. Note de MM. Pieuriï
JoLiBois, Robert Bossuet et Chevry, présentée par M. Le Chalelicr.
Dans des Notes précédentes ('), l'un de nous a décrit un appareil qui
permet d'étudier systématiquement la précipitation consécutive à une
réaction chimique. Nous avons essayé d'appliquer la technique précé-
demment décrite à l'étude de la précipitation fractionnée.
Le principe de la méthode employée est le suivant. Nous faisons réagir
deux solutions étendues A et B dont le mélange donne lieu à une précipita-
lion d'un solide. Le titre de A est fixe dans toute la série d'expériences.
Le litre de B est variable d'une expérience à la suivante et calculé de telle
manière que dans chaque expérience une fraction connue de la substance
cherchée se précipite. Après la précipitation on analyse le liquide et le pré-
cipité. Le résultat de ces analyses en fonction de la concentration de la
liqueur B nous donne l'image du fractionnement.
Nous avons appliqué cette méthode à deux cas particuliers. Dans une
première série d'expériences nous avons cherché à fractionner une liqueur
contenant de l'azotate de cuivre et de l'azotate d'argent en la précipitant
par la soude. Ces métaux, quoique voisins dans leurs propriétés, ont des
oxydes d'une basicité différente. Ainsi l'oxyde d'argent déplace l'oxyde de
cuivre d'un sel de cuivre (■).
En introduisant au moyen de notre appareil une solution de soude dans
un mélange de deux solutions — d'azotate de cuivre et d'azotate d argent,
on obtient un précipité qui passe du vert au noir lorsque l'on augmente la
proportion de soude. Tant que l'on n'a pas ajouté la" moitié de la soude
nécessaire à une précipitation totale, il n'y a pas d'argent dans l'oxyde de
(') Comptes rendus, t. 169, 1919, p. logj et 1161.
(-) Sabatier, Comptes rendus, U 123, 1897, P- '7^'
374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cuivre précipité. Dès que Ton dépasse cette quantité de soude, l'oxyde
d'argent apparaît dans le précipité de cuivre et la liqueur snrnageant ne
contient plus de sel de cuivre.
Nous avons vérifié qualitativement et quantitalivement ces résultais qui
nous permettent de conclure que la précipitation par la soude d'un mélange
d'azotate de cuivre et d'azotale d'argent donne lieu à un fractionnement
quantitatif, le cuivre précipitant alors que l'argent reste en solution.
Dans une seconde série d'expériences nous avons abordé l'étude du frac-
tionnement de deux métaux très voisins : le nickel et le cobalt. Nous avons
adopté pour cette étude une technique analogue. La liqueur de laquelle
nous sommes partis contenait par litre ^NiCP, ^COCP mélangés. Nous
avons formé des précipités en introduisant des quantités de soude crois-
santes depuis -pj de la quantité nécessaire à une précipitation totale juscju'à
plus de 1^".
L'analyse quantitative des précipités et des liquides surnageants a été
faite par électrolyse pour avoir Ni + Co et en précipitant par la diméthyl-
glyoxime pour avoir Ni.
Le Tableau suivant rend compte de nos expériences.
Mélange à volume égal (Vune liqueur de soude A et d^iiiic liqueur B
contenant -^ Nitll-, ,'„ Colll- par litre.
Liqueur A.
is Liquide surnageant.
Précipilé.
En conliinètii
cub.-s
tleiNaOn
■s
l' Faction
de la
Li
iqui
de sur
En millig
rammt
■spj
ir 100"
normale
précipitation
. —
—
._
_-
N«.
par litre.
totale.
C0 +
Ni.
Ni.
!..
5
0, I
66
33
2.
.. 6,9
0, i4
63
3o
3.
11,1
0,22
■>9
28
.'i..
25
o,5o
35
1 4
.T.
.. 28,6
0,57
28
1 1
6.
. . 32 ■
o,64
23
8
7.
.. 40
0,80
8,
5
2,'l
8.
.. 45
0,9
5,
2
1,8
9.
. . 06 , 5
I
0
0
pporl-^.
Rapport^
I
1,43
o,yi
1 ,4i
0,90
I ,52
0,67
',49
0,05
1,36
i),53
1,33
o,4o
1,34
0 , 53
' > "-O
La précipitation se produit, quelle que soit la proportion de soude, d'une
manière caraclérislique.
Le liquide, une fois le mélange terminé, prend une teinte vert émeraude
en restant limpide. Il se troublt^ peu à peu, et en agitant le liquide au bout
de quebjues heures on obtient le dépôt du précipilé. Lorsque l'on cherche
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I92I. 375
à laver ce dernier il se met facilemenlen suspension colloïdale et il convient
d'ajouter à Toau de lavage environ 5''' par litre d'azotate d'aninionium pour
éviter cet inconvénient.
Les nombre inscrits dans le Tableau précédent nous pcnnellentde porter
les conclusions suivantes :
I" Le fractionnement du nickel et du cobalt par précipitation au moyen
de la soude est imparfait;
2" Le précipité est toujours plus riche en nickel que ne le comporterait
une précipitation à partage égal;
3" Le liquide surnageant est d'autant plus riche en cobalt que la teneur
en soude du liquide précipitant est plus grande;
4° Il est probable qu'il ne se forme pas de sels basiques dans cette pi-éei-
pitalion puisque les quantités de métal restant dans le liquide décroissent
à peu près proportionnellement à la quantité de soude introduite.
En résumé, la méthode d'analyse des précipités précédemment décrite
(loc. Ci/.). permet de suivre avec précision les différentes phases d'une
précipitation fractionnée ainsi que nous l'avons montré par ces deux
exemples dont l'un représente un fractionnement total (cuivre, argent) et
l'autre une séparation imparfaite (nickel, cobalt).
CHIMIE PHYSIQUE. — Su7- le mécanisme des échanges (rénergie dans la vapo-
risation. Note de M. Re\é Audubekt, présentée par M. P. Janet.
La vaporisation d'un liquide met enjeu une certaine quantité d'énergie
qui est représentée par la chaleur latente de vaporisation interne; on peut
donner à cette dernière une signification particulièie en considérant la
vaporisation comme un phénomène énergétiquement analogue à la disgré-
gation d'un solide ou d'un liquide à l'état de phase dispersée (suspension,
émulsion, solution colloïdale). Cette assimilation permet de considérer la
chaleur latente de vaporisation interne comme un travail effectué contre
les forces de cohésion, ce qui permet de la représenter par une variation
d'énergie superficielle. On peut arriver à une même conclusion sans faire
appel à une analogie semblable. Considérons, en effet ('), une molécule qui
passe de la zone interne du liquide à sa surface libre en franchissant la zone
superficielle; ce déplacement exige un travail W et ce travail est égal au
(') Stefan, Wied. A/m., t. :>9, r886, p. 555.
376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
travail W qu'il faut dépenser pour que la molécule abandonne la surface
libre pour pénétrer dans l'atmosphère extérieure, puisque dans le premier
cas comme dans le second, au sens près, la molécule passe d'une région où
les forces de cohésion sont nulles dans une région où elles ont une valeur
bien déterminée. La quantité W représente le travail nécessaire pour arra-
cher une molécule à la surface libre, c'est-à-dire pour la vaporiser; or W
représente la variation d'énergie superficielle quand une molécule pénètre
dans la zone superficielle, W = y. 6?S, a étant la tension superficielle du
liquide et r/S la variation de surface de la zone superficielle ; mais, en pre-
mière approximation, on peut admettre que dS est sensiblement égal à la
surface de la molécule, ce qui permet d'écrire, si d représente le diamètre
de la molécule : W = W = ar/S = a-nrf''.
En considérant la vaporisation d'une molécule-gramme, L représentant la
chaleur latente de vaporisation totale pour i'', N le nombre d'Avogadro,
J l'équivalent mécanique de la calorie, M la masse moléculaire, on a
MJL — «Trrf-N + RT.
Cette équation permet de calculer d. Le calcul a été fait pour un certain
nombre de corps et pour deux températures; les résullats contenus dans le
Tableau suivant comparés soit à ceux que fournit la théorie cinétique, soit
à ceux que fournissent les travaux de Bragg, indiquent une concordance
satisfaisante.
{1=0" d=:> .
\tau i , ,
( l = 100 a = ■)
Sulfure de ( / = o d=^6,i
carbone. (/= 46 f/r=6,i
< := o d^zô,""
tz= So d = 6,S
Clilo- U= o rf = 6,8
roformo. 1 i = 80 d^6,S
Clilorure de U= o d = 6,'t
inéthyle. ( i =; 5o d=z6,5
t = 30 of = 2, '|G
<= 100 (5?=2,5o
IJenzène . . .
Mercure ,
»
cm
[ Par
1
la théorie
nélique.
ci-j
' rf = 4
))
!
»
d = 6.,
|0
»
1
»
r/ = 6
d = 6,
.6
3
»
»
d:z^Ç>,
,3
1 »
1 »
) Par
les expériences
de Bragg. '
d—1.
.5(
/ Par
! les résu!
liais '
1 Tl
\ de Robinson
) l'absorption
sur 1
des 1
,2.
[ ra
yons X.
1
Brome /— 58 rf=r3.5o
Chlore.. .. < -^ —35,8 (/= 3,60 » » ^=3,76
SÉANCE DU r/| FKVRIER 1921. 877
Les considérations précédentes permettent d'oljtenir quelques consé-
quences intéressantes.
Par exemple, en transportant I^ tiré de l'équation de Clapeyron dans
l'équation précédente, et en supposant pour a une vaiiation linéaire avec
la température, on trouve, en intégrant. la relation suivante qui exprime la
variation de la tension de vapeur avec la température,
Elle est de même forme (jue celle obtenue par Dupré, Hertz et Nernst.
En outre, on peut retrouver la loi de Pietet Trouton, qui prend alors une
signification nouvelle; on vérifie en effet facilement que pour plusieurs
liquides le quotient —^Tp — (T„ étant la température normale d'ébullition)
est constanl. Pour la vaporisation d'une molécule, on trouve
-7= — = 10 X io~'° environ.
' 0
Ce résultat montre que la vaporisation est un phénomène discontinu dans
lequel la quantité élémentaire d'énergie mise en jeu est égale à
10 X lo-'Toergs,
M. J. Duclaux, en partant de l'expression normale de la loi de Pietet
Trouton, de la règle de Matignon ou de la cbaleurde dépolymérisalion des
vapeurs, a trouvé ii à 12 x 10-'" T„ ergs.
Enfin il était a priori possible de penser que la même interprétation était
applicable à la loi d'Eotvos; on vérifie en effet facilement pour un assez
grand nombre de liquides l'existence d'une relation «->i"rf-= K(Tc— T),
on trouve ainsi pour K en partant des données expérimentales et des
valeurs de f/, calculées plus haut, les résultats suivants :
K.
Sulfure de carbone 880 X 10'
Benzine 888 x lo'''
Chloroforme 890 x 10^
Chlorure de méthj'le 85o x 10"
Alcool 900 X 10'^
A l'avance, la valeur de K aurait pu être calculée en admettant que
C. p., igai, i" Semesfre. (T. \n, N» 7.)
28
378 ACADÉMIE DES SCIENCES.
— - — = -(Mu) (') cl en calculant (Mu) parla relation d'Eutvôs apprujuéc
aux li({uides a(VIu)' = X(T, — T), on trouve en effet
s'.r.'Sd'-= jDo X io*(T, — T).
La valeur de la constante ainsi calculée concorde donc d'une manière satis-
faisante avec celles qu'on obtient à partir des données expérimentales, lin
égalant cette valeur de a-Nrf- à celle déjà obtenue par l'évaluation du
quantum élémentaire d'énergie intervenant dans la vaporisation, on trouve
. T 2
entre la température d'ébuUition et la température critique la relation;j^ = 0
(environ), qui a été vérifiée par Guldborg (^) pour un certain nombre de
corps.
En résumé, on peutdire que la vaporisation est un phénomène discontinu,
le quantum élémentaire a une valeur voisine de 10 x 10-""' T„ ergs, il repré-
sente le travail nécessaire pour vaporiser une molécule et peut être exprimé
par une variation d'énergie superficielle.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le déplacement des métaux dans les .solutions .salines.
Note de M. Bari.ot, présentée par M. A. Haller.
On sait qu'un métal existant à l'état d'ions dans une solution aqueuse
d'un de ses sels peut être déplacé par un autre métal lorsque ce dernier est
plus électronégatif que lui; ou encore, si l'on adopte la théorie de Nernst
sur la dissolution des métaux, lorsque la tension de dissolution du second
métal est suffisamment grande par rapport à celle du premier. C'est ainsi
qu'un fragment de zinc ne tarde pas à se recouvrir d'utie masse spongieuse
de cuivre cristallisé, lorsqu'il est immergé dans une solution aqueuse d'un
sel cuivrique; on explique ce déplacement par une atli'action électrosta-
tique des ions cuivre par le zinc.
L'expérience faite sans précautions spéciales ne permet pas de se rendre
compte des particularités de la précipitation du cuivre. Il n'en est plus de
même si l'on étudie le phénomène dans un plan horizontal, c'est-à-dire si.
(') lîn suppusant les molécules collées au zéio absolu les unes conire les autres el
disposées comme une pile de boulels, el en négligeant, ce qui n'inlroduil pas une très
grosse difTérence, les termes dus à la dilatation.
(') GuLDBKRi;, Zeii. ph. Cli., l. 5, 1S80. p. 'i-j!\.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1921. 'i'][)
au lieu d'opérer avec une masse considérable de solulion, on se sert d'une
mince couche liquide homogène, étalée sur une surface plane, ou, plus
commodément, d'une feuille de papier non collé inibil-éo de la solulion à
étudier.
Nous utilisons le dispositif suivant : sur une lame de verre plane et
l^.
horizontale est étendue une feuille de papierà tiltrer imprégnée d'une solu-
tion de chlorure cuivriquc, par exemple; un fragment de zinc est placé sur
la feuille, et le tout est abandonné dans une enceinle fermée de façon à
réduire l'évaporation au minimum. Le cuivre est déplacé par le zinc et se
dépose peu à peu entre le verre et la feuille de papier; il ne forme pas une
couche continue, mais dessine des arborisations en éventail partant du zinc.
38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les ligaes de cristaux ainsi formées s'accroissent par leur extrémité, ne se
coupent pas et sont disposées régulièrement à partir du centre. L'accroisse-
ment centrifuge peut s'expliquer en admettant que la décomposition de la
solution est faite par le couple Zu-Cu.
La figure 2 représente une photographie grandeur naturelle d'un
« spectre » ainsi obtenu, avec le système Zn-CuCI-; le dessin de la figure i
a été obtenu avec le système Sn-CuCl". On peut d'ailleurs, après un lavage
parfait, conserver les préparations elles-mêmes en les recou\ rant avec pré-
caution d'une couche de gomme ou de vernis.
En employant deux fragments de zinc au lieu d'un, on obtient de curieuses
figures, telles que celle représentée en 4; le dépôt de cuivre est formé de
lignes de cristaux partant de chaque zinc, comme dans le cas précédent,
mais les lignes issues d'un zinc ne touchent en aucun point celles provenant
de l'autre fragment; il semble qu'il existe une répulsion entre elles, et l'on
observe nettement un espace blanc, que nous appellerons ligne neutre et qui
est perpendiculaire à l'axe joignant les deux zincs, espace dans lequel aucun
cristal de cuivre n'a pris naissance.
La figure 3 a été obtenue en utilisant trois fragments de zinc: la ligne
neutre est alors formée de trois droites disposées régulièrement à 120° les
unes des autres. On peut obtenir des figures plus compliquées en employant
un plus grand nombre de fragmeiits de zinc et en les disposant de toutes les
manières possibles.
Ces expériences ont été répétées avec un grand nombre de solutions mé-
talliques. Dans l'ensemble, les résultats sont identiques à ceux décrits ci-
dessus; on observe toujours des lignes neutres, mais la forme des lignes de
cristaux varie. La formation du dépôt métallique peut être plus ou moins
rapide; avec une solution de nitrate d'argent décinorniale et un fragment
de Cu on obtient en quelques minutes des dendrites de plus de i'"',
alors qu'avec le système nitrate de plomb-zinc il faut 12 à i5 heures pour
arriver à un résultat comparable.
Jusqu'à présent les composés suivants oui été étudiés :
Mi'lal. Sels.
Zii CiiCl-, (NO^)-Cu, SO'Cu, (N0=)2Pb, CH^COni,
SnClS SnCI-, CdCl"', (NO-^)'Bi, N0^\!;
Al CuClS NO^\g, SnCP, SnCl'
Mg CuCIS (NO^)-Cu, (NO')^Pb, SnCP
l'I) CuCl-
Sii CuCl^
Gu NO^Ag
SÉANCE DU l4 l'KVRII-R 192I. 38 1
Il semble, d'après des expériences actuellement en cours el dont les
résultats seront publiés ultérieurement, que les forces électriques jouent un
rôle importanl dans la production de ces « spectres métalliques ».
CHIMIE MINÉRALE. — Réactions génératrices du magnésium. Note
de M. Cahiii.le Matigxo.v, présentée par M. H. Le Chatelier.
Les besoins en magnésium, pendant la guerre, ont appelé mon attention
sur la rechercbe de nouvelles méthodes de fabrication du magnésium.
J'ai déjà indiqué le principe d'une préparation (') qui fournit au labora-
toire d'excellents résultats, mais qui fait intervenir la poudre d'aluminium,
produit assez coûteux pendant la guerre. Cette méthode n'a d'ailleurs
jamais élé essayée jusqu'ici sur une échelle industrielle.
Mon but était avant tout d'obtenir un procédé économique.
Envisageons les trois réactions suivantes :
(1) MgCl-„„ -\- C^Ca,„,= CaCl^„,
(2) MgO,„, -1- C^Ca,„, =CaOs„i
(3) MgOMgCl^ + aC'Ca =CaOCaCl'
dans lesquelles tous les corps sont réfractaires, sauf le magnésium el le chlo-
rure de magnésium, ce dernier ayant toutefois un point d'ébullition très
élevé et pouvant supporter de hautes températures sans se volatiliser
rapidement. L'application de la loi de volatilité, dont j'ai donné autrefois
l'expression ("), rend probable la possibilité de dégager à une température
suffisamment élevée le magnésium volatil des systèmes initiaux.
La chaleur de vaporisation du magnésium monoatomique peut être
calculée appro.ximativement, elle est voisine de3i''-^'; on en déduit, pour les
réactions précédentes, les absorptions de chaleur suivantes par molécule de
vapeur de magnésium mise en liberté :
-8-1,6. -39-1,4, -29-', 9.
D'après ces chiffres, la première réaction sera la plus facile à réaliser, les
deux autres exigeront des températures plus élevées. Il importe toutefois,
pour que les deux dernières réactions s'effectuent réellement, que la zone de
(') Comptes rendus, t. 136, 1910, p. 11.57.
('-) Comptes rendus, t. 136, igiS, p. i536.
2C„
„+ Mg,„, + 22"',4;
2G
+ Mg,„,- 8-, 4;
4C
+ 2Mg5„, -+- i«»',i X 2,
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
température n'atteiii^ne pas celle de l'action du carbone sur la chaux pour
former le carbure de calcium.
En opérant comme je l'ai fait autrefois pour la préparation du baryum (')
et du magnésium, j'ai reconnu que le mai^nésium pe!it être ainsi isolé à
partir du chlorure, de l'oxychlorure et de la magnésie.
La première réaction marche assez vile aux environs de 1200° dans le
vide, les deux autres fournissent bien le métal, mais avec lenteur, même
dans le vide entre 1200° et 1300°. Par exemple, une réaction effectuée avec
un mélange de dolomie calcinée aux températures suivantes et pendant les
durées indiquées, soit pendant près de 5 heures aux environs de i3oo",
n'a donné en magnésium que le quart du rendement théorique :
Il ^ m u Ml _o
10.42 1200 . 12. l5 1295
II. i3 125(1 ''•i-29 i3oo
1 1 . 45 1 3oii i'4 ■ l'^» 1 280
11.47 '^o^ '3 1276
11.55 1 3oo i5.25 1275
Les deux dernières réactions, plus lentes il est vrai que la première,
évitent la préparation du chlorure de magnésium anhydre, opération
industrielle délicate et coûteuse; elles permettent d'opérer, soit avec l'oxy-
chlorure de magnésium, si facile à obtenir par une dessiccation brutale du
chlorure hydraté, soit avec la magnésie, ou mieux encore avec le mélange
de chaux et de magnésie obtenu en calcinant la dolomie naturelle. On
comprend l'intérêt pratique de la mise en œuvre de matières premières
aussi peu coûteuses.
T3es essais sur une échelle semi-industrielle ont été poursuivis pendant
près d'une année sans aboutir à des résultats pratiques par suite des diffi-
cultés rencontrées dans l'appareillage.
Le mélange réaclionnel était chauffé dans de petites cornues horizontales
en fer prolongées par un tube de condensation et logées dans des cellules
appropriées formant résistances de chauffage. Malheureusement, aux hautes
températures nécessaires à ces opérations, le fer s'affaisse même quand on
opère dans un courant d'hydrogène ou de carbures d'hydrogène, car
l'hydrogène traverse rapidement la paroi et l'on est toujours exposé à des
rentrées d'air qui oxydent et azoturent le métal dégagé.
Il faut attendre que l'on puisse disposer communément d'un gaz inerte
(') CoinpWs rendds. i. \'M\. i()i3, p. 1378.
SÉANCE DU I^ FKVRIER 192 t. 383
comme l'argon pour reprendre les essais dans des conditions de succès très
probable; en opérant dans un courant lent d'argon on éviterait rallaisse-
inenl de la cornue qui jusqu'ici devait être renouvelée à chaque opération.
CHIMIE ORGANIQUK. — Sur (/iielqiics transpositions rétr'opinacoliques.
Note de M"' Jean.mî Lévy, présentée par M. Haller.
La transposition rélropinacolique consiste dans la transforinalion des
alcools primaires ou secondaires Irisubstitués dissymétriques, lors de leur
désIiNdratation, en carbures symétriques ou moins dissymétriques :
lAC — CHOH — R' -^ ^C — C<(1,. R'= H ou un radical quelconque.
Pour interpréter le mécanisme de cette réaction on a émis diverses
h\pothèses qui ont été successivement. rejetées : triméthylénisalion (Cou-
turier, 1891; Klinger, 189(3); échange préalable à la désh\ dratalion
(Zelinsky, 1901; A. VVerner, igoS).
Deux autres interprétations ont été proposées par M. Tilïeneau. L'une
consiste dans l'élimination de H-0 sur le carbone porteur de la fonction
alcoolique (' )
^\ -IPO '^\ I R\ /R
(I) R^C-CHOH:-R' — > R--)C-G-R' — ^ r/^==*^\R'-
K R 11
L'autre consiste dans l'élimination, de H-0 entre l'oxhydryle alcoolique
et l'un des radicaux non migrateurs, sans formation de noyau trimélhylé-
nique (^) :
f^\ . -H-0 -^nT^ \ R\ /R
(11) R^C-CHpHj-R' — ^ R^C-CH-R' -> qh^^C - GH<^j^,.
CH^H GH^ I
I
Par la simple inspection des formules, on voit que le choix entre ces deux
mécanismes peut être résolu expérimentalement, puisque avec le méca-
(') M. ïiFFENEAU, Bull, de la Soc. chini. de France, t. 35, 1906, p. ii56; Revue
générale des Sciences, 1908, p. 5Si. Ce mécanisme ne s'applique pas à la désliydra-
lalion des alcools tertiaires, bien que quelques-uns donnent lieu à une transposition.
(-) M. TiFFENE.\u, Bull, de la Soc. chim. de France, l. 'Ti , igw, p. 'iSg.
384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nisme (II) Ton doit obtenir un carbure méthénique (c'est-à-dire à double
liaison à rextrémité de la chaîne), tandis que d'après le mécanisme (1)16
carbure formé doit posséd<T sa double liaison en position symétrique.
Les recherches que j'ai entreprises ont ou pour but de vérifier celte posi-
tion de la double liaison dans plusieurs cas de transposition rétropinaco-
lique. Dans tous les cas la réaction s'est passée suivant le mécanisme (I).
Sans doute, on pourrait objecter que la double liaison a pu se déplacer;
mais pour prévenir cette objection, je me suis attaché le plus souvent à ne
réaliser la déshydratation que par la simple distillation, en l'absence de
tout agent acide isomérisant.
1. Déshydralntioii du diphéayl-i.i-bulnnol-Z. — Le diphénvl-a .2-butanol-3
CH' — C(C'''H^)2— CHOU - Cli'
{\lb. ifigo-ijo" sous i^™'") a élé obtenu par action de IMgCH' sur la dipliéuyl-a.a-
propaldélijde; sa déshydratation réalisée soil par dislillalion à la pression ordinaire
eu présence de terre poreuse, soil par distillation dans le vide eu présence d'une
trace de SO'Il-, fournit un produit unique, le dipliénvl-2.3-l)uténe
C'ii ■ ( cip) c -^ G — ( cir') cm- ( • )
(F. io4"-io5'') dont la constilulion est démontrée par identification avec le produit
de déshydratation du diphényl-2.3-bulanol-2 C HM Cll^) — COH — CH — (CIP)G'^li^
( Eb : i-f>° sous 20""").
2. Déshydratation du diphcnyl-'o.i-peiilanol-'\. — Le iliplién\ l-3.H-pentauol-4
C^M'(CMl')^ - C - CtlOH ~- CIP
(Eb. iSô^-igo" sous iD""")a été obtenu par action de IMgCH' sur la diphényl-3.3-
butanol. Sa déshydratation par simple distillation à la pression ordinaire fournit un
produit unique, le diphényl-2.3-penténe-2 C''H^(C'H')C = C — {CIP)C''H» (Eb. 297°-
299°) •
L'oxydation de ce carbure et celle du produit de déshydratation du diphényl-S.'l-
penlanol-3 C«H»(C^H») COH — CH — (CH')C«H5 (Eb. 175° sous 1 5""") m'ayanl fourni
de l'acélophénone caiaclérisée par sa seiiii-carbazone (F. 202°), sa constitution
se trouve démontrée.
3. Déshydratation du rnétliyl-i-diphényl-?..Z-propanol-Z. — Le mélhyl-2-diphényl-
2.3-propanol-3 C''H'(CH')-— C — CIIOH — C«H^ (Eb. iSS-'igo"" sous i8"'"') a été
obtenu par action de BrMgC'H' sur la mélhyl-2-|)hényl-2,-propanaldéhyde ; sa déshy-
dratation, réalisée soit par distillation à la pression ordinaire, soit par distillation sous
pression réduite en présence d'une trace de SO'Il-, fournit le diphén\l-i . i-méthyl-2-
(') Mkiîrwein, Ann. Lieb., t. 39G, 1913, p. 2.59; t. 397, i9i4i P- '74- Get auteur
n'a pas examiné la question de la déshydratation de cet alcool sans agents acides.
SÉANCE DU I 1 FÉVRIER I92I. 385
|)roi)ène (G'''ll=)'- — G r= C(CII')'- ( Kb. ?.8o''-282'') iilenlifié par comparaison avec le
proilult de désliydralalion du m('!lliyl-9.-dipliényl-i . i-propanol (')
(C"n»)H;(oii) — CH(CH')^
k.DcsIiydralationdd Iriphényl'i.-î.Zpropaiiol-o. — Lclriphéiiyl-2.2.3-propaiiol-3(')
(F. i2i-'-i22°) (C''1H)-.C1P.C.CH0H.C''H= a été préparé par action de BrMgC" 11-'
sur la dipliényl-2.2-propaldéliyde. Gel alcool distille sans déconiposilion sous pression
réiluilc, mais, en présence d'une trace de SO'IP, il fournitdu Iripliényl-i . 1.2-propène
(G'^II5)=.G=:C(GFP)C''IP (F. SQ-'-go") dont la constitution a été démontrée par
identification avec le produit obtenu soit par déshydratation du mélliyltriphéiiyl-
1.2.2-éllianol (F-SCjo-S;") (GHl«)2.Gli .G0H(CIP).G«H', ou du triphényl-i .1 .2-pro-
panol (F. .SS"-89'')(C''H'*)2G0II.GH.(C1P)CMI'' ('), soit par action de BrMgGMl^
sur le cliloropropionale d'éthyle.
Conclusions. — Dans la transposition rétropinacolique, le carbure trans-
posé possède sa double liaison en position symétrique. A moins d'admettre
un déplacement de cette double liaison au cours de la réaction, déplacement
peu probable étant données les conditions expérimentales que j'aiemployées,
il faut en conclure que la transposition n'a pas lieu par le mécanisme II
exposé ci-dessus. Il faut donc revenir à la première hypothèse émise par
M. TilTeneau (élimination de H-0 sur le même atome de carbone). Sans
doule, Meerwein (") a récemment soutenu que, dans le cas du bornéol,
cette hypothèse n'est pas vérifiée par l'expérience; mais cette conclusion
est basée sur ce qu'une même structure intermédiaire devrait conduire au
même produit définitif. Il ne semble pas que cette proposition soit rigou-
reusement nécessaire et M. TilTeneau admet qu'une même structure inter-
médiaire doit pouvoir conduire à des produits difTérents suivant le réactif
employé et suivant les conditions énergétiques de la réaction transpositrice.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur h rôle calalylique du mercure dans la sulfonadon
de Vanthraquinone. Note de M"'' A. Roux et M. Jh. Martinet, présentée
par M. A. Haller.
Par l'action, à chaud, de l'acide sulfurique fumant sur l'anthraquinone,
on obtient l'acide anlhraquinone-^-sulfonique. Cette opération effectuée un
(') Sabatier et MuRAT, CojnpLes rendus, i. 156, igiS, p. i433.
(-) TiFFE.NEALi et DoRLE.NCouRT, Ànii. Cli. P/iys., 8° série, t. 16, igog, p. 255.
( ') GiAMiciAX et Sn.BER, lier. d. D. cli. Gcs., t. 43, 1910, p. i536.
('•) Meerwein et Van Emster, fier. d. D. c/i. Ges., t. 53, 1920, p. i8i5.
386 ACADÉMIE DES SCIENCES,
jour à Taide d'un acide sulfurique provenant d'une pyrite mercurifère
conduisit inopinément à l'acide anthraquinone-a-sulfonique. Cette décou-
verte fit grande sensation dans les milieux industriels, elle retient aussi
l'attention an point de vue scientifique. D'abord le rôle catalyliquc du
mercure, bien qu'il ne soit pas unique, est fort curieux, on s'étonne de voir
un catalyseur changer l'orientation d'une substitution.
D'autre part, les dérivés de l'anthraquinone qui s'obtiennent directement
avec le plus de facilité sont des dérivés a, pourquoi n'en est-il pas de même
pour les dérivés sulfoniques?
Voici comment nous nous expliquons les faits. Le groupe suifonique doit
d'abord s'introduire en a, puis passer en p, ce qui est conforme à une
remarque d'une portée assez générale et que nous pouvons énoncer ainsi :
quand un substituant entre dans une molécule, il remplace d'abord l'atome
d'hydrogène le plus mobile, puis sous l'influence de la chaleur ou de liquide
dissociant ii rem[)lace ceux qui le sont moins, c'est-à-dire se fixe dans des
positions de plus en plus stables.
Il y a donc deux choses à considérer :
1° La vitesse d'introduction du groupe suifonique en a;
2" La vitesse de transposition de ce substituant de la position a à la posi-
tion p.
(^uand on sulfone l'anthraquinone, en l'absence de toute substance étran-
gère, l'introduction du groupe suifonique nécessite une tem|)érature assez
élevée. A cette température, la vitesse d'introduction du groupe suifonique
en a est du même ordre de grandeur que la vitesse de transposition de la
position a à la position p, de sorte que pratiquement c'est l'acide ^ qu'on
obtient.
Pour obtenir l'acide a, il s'agit de trouver un catalyseur qui abaisse la
température de sulfonation sans influer sur la vitesse de transposition. Le
mercure remplit ce rôle. Pratiquement, on obtient l'acide a à plus basse
température et en présence de mercure. Si cette manière d'interpréter les
faits est exacte on peut prévoir :
1° Que l'acide a isolé se transposera en acide ^ sous l'inlluence de la
chaleur;
2" Qu'en se plaçant dans les conditions de température et de concentra-
tion d'obtention de sel [3, mais en présence de mercure, on doit encore
obtenir du se' p.
L'expérience confirme ces prévisions,
On dissoul a» d'âc-anthraquinone sulfonaie de sodium dans 8' d'acide siilfiiri(|ue
SÉANCK DU l4 l'ÉVRIER I921. 387
ordinaire. On chaufTe pendant i heure 3o minutes au bain d'Iuiile à 1811°, puis on
verse dans l'eau froide, le précipité est essoré, purifié et identifié avec Fanthraqui-
none-j3-sulfonate de sodium.
Pour la deuxième vérification on Iraile .ïs d'antlnaquinone par S^^ d'acide sulfurlfiue
à j(i pour 100 d'anhydride pendant i heure 3o minutes à 160", en présence île
mercure. (In oiilient l'acide anlhraquinone-p-sulfonique. L'analyse du sel de sodium
a donné les résultais suivants :
Na pour 100.
Calcule. Trouve.
Dérivé monosuKonique 7,4 7.2
iJérivé disulfonique 11,6
Ce qui prouve qu'il ne s'est pas introduit un deuxième groupe sulfo-
nique.
L'acide anthraquinone-|îJ-sulfonique a été caractérisé par la solubilité de
son sel de sodium dans l'eau inférieure à la solubilité du sel 7. et peu dilTc-
rente à froid ou à chaud, par son aspect au microscope, il forme des
oursins constitués de petites aiguilles. Contrairement au sel a il ne donne
pas de précipité avec le chlorure cuivrique. Nous l'avons transformé en
la jîJ-oxyanthraquinone correspondante par la baryte sous pression. Nous
avons diiïérencic l'acide p de l'acide a par la facile transformation de
celui-ci en dérivé chloré correspondant par le chlorate de soude et l'acide
chlorhydrique.
Il est à remarquer que la sulfonation en présence de mercure pour
l'obtention du dérivé |3 fournit, en un temps donné, un rendement supérieur
à celui obtenu en l'absence de a métal, toutes choses égales d'ailleurs.
CHIMIE ORGANIQUE. — 5a/- la nature pinacolique de cjitelqites transpositions
dans la série du phènyldimélhylglycol. Note de MM. M. Tiffexeau
et Orèkhoff, présentée par M. Haller.
Nous avons repris l'étude des transpositions dans la série du phényl-
diméthylglycol en examinant successivement la déshydratation de ce
glycol et de ses moiioéthers, l'élimination de HI dans l'iodhydrine cor-
respondante et l'isomérisation de l'oxyde d'éthylène qui en dérive.
1. Phènyldimélhylglycol (phényl- i -méthyl-2-propanediol- 1 . 2) et ses
èthers mononièthyliques . — La déshydratation du phényldiméthylglycol par
ICC " --^ " ^''■
_ Ll 3 R A R Y'
388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'action à chaud de l'acide sulfuriquc dilué (') conduit à la diméthylphényl-
acétaldéliyde par suite d'une migration phénylique analogue à celle qui se
produit dans la transposition hydrobenzoïnique
C'^IF-CH0H-C(0H)<^^Jj3 > t'n'-C\\-C(^, -^ CHO — C^CH
CH'
Les deux étiiers monométhyliques de ce glycol, soumis à chaud à l'action
de l'acide sulfurique au tiers, se comportent de même. L'un de ces éthers
CH'^— Cli(OCH') - C(OH)(CH')% déjà étudié en même temps que le
glycol ci-dessus, avait été obtenu en faisant réagir l'iodure de magnésium
méthyle sur l'a-méthoxyphénylacétate d'éthyle (-). Nous avons préparé le
second de ces éthers C«H'' — ClIOH - C(OCH\)(CH^)- en soumettant
la mélhyliodhydrine dérivée du diméthylstyrolène à l'action de la potasse
alcoolique
+ IOf.H»
C«H3— CM =C(CH3)- y C«H'-CH1-C(OCHO(CH')'
+ KOII
V C« IP — CH OH — C (OCH' ) (CH^ f.
-- Kl
2. Oxyde de dimélliylstyrolène. — Cet oxyde (l'>b. iQG^-igy" sous 7G0""")
a été obtenu en agitant à froid une solution élhérée de l'iodhydrine dérivée
du diméthylstyrolène C"H' — CHl — C(()H) (CIP)- avec un excès de
potasse caustique en poudre. Chauffé en présence de chlorure de zinc ou de
traces d'acide sulfurique, cet oxyde s'isomérise avec migration phénylique
en phényldiméthylacétaldéhyde, suivant un mécanisme analogue à celui
exposé ci-dessus :
I i C^ H5
Ci>H^-CH-C<^,„ -> C^H^-CH-CCXm -> CHO-C^CH' .
\ / ^C" . 1 I ^^" \CH^
0 o
1
On voit que la rupture de l'oxygène pontal s'est produite du côté de
(') TiFFKNEAU et DoRLENCOURT, Àtiiiales de Chiinie et de Physique, 8'^ série, t. 16,
p. 287, 257. L'étude des autres agents déshydratants a conduit iM"' J. Lévy, dans
notre laboratoire, à des résultats curieux : dans certains cas, on obtient l'oxyde
diétiiyléni(|ue; dans d'autres cas, on obtient les deux produits de transposition possibles.
(') TiFFKNKAU et DoRLENCOURT, loc . Cit., p. a/Jg.
SÉANCE DU I '( FÉVRIER I92I. 889
l'atome de carbone le plus substitué, ainsi qu'on l'observe pour tous les
oxydes d'élhylène (').
3. lodhydrinc du phènyldimèlhylglycol. — Celte iodhydrine s'obtient par
action do l'iode, en présence de l'oxyde jaune de mercure, sur le dimélhyl-
st\ rolène dissous dans l'étber aqueux. La solution étbéréc de l'iodbydrine,
agitée par petites portions avec une solution concentrée de nitrate d'argent,
fournit un-abondant précipité d'iodonitrate d'argent. De la solution éthérée,
on isole la phényl-2-bulanone (Éb. 2io''-2i2°; semicarbazone F. 172°)
déjà décrite (-) :
i 1 r
C«H.-CHI-C(OH)(CH')^-"4c«H^-CH-C/CH3_^^„jj,,_^^_^Q_^j^3
I I \CH^
O
On voit (|u'il ne s'est pas produit ici de transposition phénylique, mais qu'il y a eu
simple migration d'un métliyle, migration qui d'ailleurs est nécessaire, puist[ue le car-
bone auquel l'oxvgène reste attaché ne peut satisfaire l'entière capacité de saturation
de cet atome d'oxygène qu'en perdant un de ses deux substituants.
Ainsi, dans la transposition des glycols trisubstitués ou de leurs dérivés, la nature
de la migration dépend, en dernière analyse, de la nature des radicaux substitués sur
le carbone resté porteur d'oxygène
R\ ^ /R' ^ \
„ )C - C< „, -^ R _::c _ GO - R".
Il/, ,\R ,^/
Si ces substituants R' et R" sont des radicaux carbonés, la transposition est néces-
saire au même titre que dans la transposition pinacolique, Si, au contraire, l'un des
radicaux R' et R" est un atome d'hydrogène, la forme de la réaction dépendra de la
nature de l'autre substituant; lorsque celui-ci est un radical aliphatique, c'est l'hydro-
gène qui émigré et il n'y a pas de transpositioti ; mais lorsque ce substituant est un
radical aromatique, ce radical émigranl de préférence à l'atome d'hydrogène, il se
produit une migration phénylique.
La transposition phénylique ne constitue donc qu'un cas particulier de la
transposition pinacolique. Comme cette dernière, elle répond à une néces-
sité structurale absolue. Toutefois, tandis que dans la transposition pinaco-
lique cette nécessité est toujours évidente, elle ne devient nettement appa-
(') TibFENEAU et FofRXEAu, Comples rendus, t. 141, igoS, p. 662; t. 146, 1908,
p. 697.
('-) TiFFENEAU, Ann. Ch. Phys., 8" série, t. 10,
390 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rente dans la transposition phcnylique que lorsqu'on tient compte de la
propriété du radical aromatique (phénylique) d'émigrer de préférence
à l'atome d'iiydroffène.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau scl (le calcium.
Note de MM. Louis Gaucher et Georges Rom.i\, présenlée par M. lîoux.
En Uailant l'acide propanoloïque concentré et pur par l'iodure de plios-
piiore, nous avons réussi à isoler un corps nouveau, parfaitement défini,
cristallisé en petits prismes, fondant à 120°, inaltérable à l'air sec, qui est
l'acide anliydropropanoloylpropanoloïphosphoreux
Cet anhydride, traité par l'eau, fournil l'acide dipropanoloïphosphorcux
r/H"0'l'
ou
CH^— GH — co.on
O
I
/P - ( )H
' I
O
I
cip-cn -r.o.oii
qui possède, comme on le voit, trois acidités basiliablcs.
En neutralisant exactemcnl cet raide pm- la chaux, on oblienl ledipro-
panoloïphosphite lricalci(|ue, sel soIuIjIc diins l'eau, inaltéiable à fioid :
(","H'<()-|"(;;.^ |ll-().
Les solutions aqueuses de ce sel, stériles, neutres ou très légèrement
acides, se conservent indéliniment à froid. Elles possèdent la propriété de
se décomposer très facilement, même à basse température, lorsqu'on les
additionne d'un alcali, en déposant du phos|)hilr de chaux insoluble.
Cette propriété permettra sans doute d'utiliser ce sel de chaux, dont
nous étudions les propriétés thérapeutiques.
SÉANCE DU l4 KÉVRIER I921. 39I
CUIMIK ANALYTIQUE. — Critiquf des mél/iudcs de dosage des faibles (luiinliliis
d'oxyde de carbone dans Cair et les gaz de fumées. Noie de MM. Damel
Floke.vtiv et II. Vandenbergue, présentée par M. A. Haller.
Le dosage exact des petites quantités d'oxyde de carl)one qui peuvent
exister dans l'air et les gaz de fumées présente un grand intérêt pour Tliy-
giénisle ainsi que pour l'ingénieur appelé à étudier des appareils de chauf-
fage ou des moteurs à combustion interne.
Quand la teneur en oxyde de carbone est de Tordre de 2 pour 100 ou plus,
on peut doser ce gaz, avec une exactitude suffisante, par les méthodes
ordinairement utilisées dans l'analyse des gaz (absorption par Cu-'Cl- am-
moniacal, grisouiiiètre, etc.).
Pour doser les quantités inférieures à ce chiffre, et jusqu'au ^^y^^, on a
préconisé deux méthodes : l'une consiste à oxyder l'oxyde de carbone
par PO' ('), l'autre à mesurer le volume de gaz nécessaire pour provo-
quer l'apparition des bandes d'absorption caractéristiques de l'hémoglobine
oxycarbonée (-).
Méthode à Vacide lodique. — Elle présente Tinconvénient de n'être pas
spécifique, car I-O' est réduit par de nombreux gaz qu'il est 1res difficile,
sinon impossible, de séparer au préalable.
Une étude approfondie de celte méthode nous a permis do préciser, entre
autres, les points suivants :
i" L'anhydride iodique commercial doit être purifié par dissolution dans
l'eau, évaporation lente au bain de sable à iSo", puis chauffage dans un
courant d'air à 20o"-2io", pour chasser l'iode occlus et décomposer PO' (').
2° La teneur en oxyde de carbone ne doit pas être supérieure à i pour 1000,
sous peine de voir l'iode se déposer sous forme de fines paillettes, dans les
parties froides de l'appareil, paillettes qu'il n'est possible de chasser que par
une purge prolongée.
(') Métliode indiqciée par A. Gautier {Comptes rendus, t. 12G, 1898, p. 798, 981 el
1299) el mise au point par M. Nicloux {Ami. Cli. et Pli., 7" série, t. \k, p. 565);
depuis, celte mélliode a été l'oljjel de la pari de dilTéreiits auteurs de modifications
général emenl malheureuses.
(-) Ogier el Kohn-Abrest, Aim. (Jhiinic anal., 1908, p. 169 el 218.
(^) \ oir M. Nicloux, Comptes rendus, l. Loi, 1912, p. i 166.
392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° L'appareil, de préférence, ne doit renfermer ni coton de verre, ni
amiante, ces substances fixant de petites quantilés d'iode.
l\° L'appareil ne doit comporter aucun joint direct en caoutchouc entre
le tube à PO' et le barboteur destiné à fixer l'iode dégagé.
5° Il y a lieu de tenir coniple du fait que la vitesse de la réaction :
ja Qô _j_ 5 CQ _ 12 _j_ 5 (]Q2 est lente. 11 est donc nécessaire, d'une part, de
laisser le gaz un temps suffisant au contact de PO' (ce que l'on obtiendra
en utilisant un tube en U contenant une colonne de PO' pulvérisé, d'envi-
ron 20"", et un débit de 700""' à 800""' à l'heure) et, d'autre part, de porter
le tube à une température assez élevée (i4o°-i5o°), sous peine de voir une
portion notable de l'oxyde de carbone échapper à la réaction.
Certains appareils, tels que ceux de Lévy et Pécoui, de Goûtai, dans
lesquels le tube n'est chauffé qu'à 100° ou même 70", sont à rejeter. C'est
ainsi que, par passage dans un tube de Goûtai, 60 pour 100 seulement de
l'oxyde de carbone sont oxydés :
Teneur initiale de l'air en 00 Teneur de l'air
(en looooo'). après passage.
42 16
a5 II
On peut mettre dans le barboteur soit une solution diluée de soude
pure, soit du chloroforme, mais il y a lieu, dans ce dernier cas, de se méfier
des retours en arrière et du fait que, par simple barbotage de l'air, le chlO'
roforme fournit des quantités appréciables d'oxyde de carbone.
11 sera toujours prudent, avant d'utiliser un tube, de vérifier qu'il oxyde
complètement l'oxyde de carbone, ce qui, somme toute, rend cette méthode
d'un emploi délicat.
Méthode au sang. — La technique à suivre est celle indiquée par Ogier
et Kohn-Abrest.
L'air sera aisément privé d'oxygène par agitation du gaz avec une solu-
tion sodique concentrée d'bydrosulfite de sodium.
On peut utiliser soit une solution de sang au y^, soit des sohi lions d'hémo-
globine que l'on trouve dans le commerce cl que l'on étalonne au piéiilable.
La vilesse de passage du gaz ayant une certaine importance, on utiliseia un
débit aussi voisin que possible de Goo""' à l'heure.
l'ji nous arrêtant dès le début de l'apparition des bandes de l'hémoglo-
bine oxycarbonée nous avons obtenu une échelle (piehiuc peu différente de
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 192I. SqS
celle indiquée par les auteurs; les ciiifîres ci-dessous ont d'ailleurs clé con-
trôlés à l'aide de la méthode à l'acide iodique :
Volume Teneur
de l'air privé d'oxygène de l'air initial
amenant en ()i)
l'apparition des l>andes. (en iuoduo").
90 1 00
125 60,6
1 5o 45 , o
- 200 25,0
3oo 1 3 , 3
4oo 8,8
5oo 6,5
7^0 3,7
1 000 3,1
1 3oo 2,0
2200 1,11
11 est recommandable de vérifier soi-même cette échelle, en ayant soin de
préparer les mélanges d-'air et de CO au moment même de leur emploi,
car, en présence d'eau, leur teneur en CO baisse assez rapidement.
Si les gaz à analyser renferment des quantités de CO supérieures
à I pour 1000, il est nécessaire de les diluer au préalable.
Cette méthode nous a fourni dans l'analyse des fumées provenant des
combustibles les plus variés (sciure de bois, lignite, etc.), des résultats
absolument constants, alors que la précédente, indépendamment des
causes d'erreurs que nous avons signalées, ne nous a donné, le plus souvent,
■que des résultats fantaisistes par suite de la présence dans les gaz de combus-
tion de substances organiques variées.
GÉOLOGIE. — L'évolution du dynamisme terrestre.
Note de M. A. Romieux, présentée par M. R, Bourgeois.
.Fai signalé, le 22 décembre i8go, puis confirmé par une autre iNote, le
23 juin (7 juillet) 1913, que les évaluations géhypsographiques mettent
en évidence deux égalités, peut-être seulement approximatives, mais
impressionnantes, qui suggèrent la réalité d'un certain équilibre océano-
continental, et j'ai donné aussi le principe d'une théorie simple qui en
explique les lois. Mon but présent est d'esquisser la conception à se former,
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N" 7.) 29
394 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'après elles, de l'évolution du dynamisme dans la zone corticale, je veux
dire jusqu'au niveau de plus en plus interne, dénommé nucléaire, où cesse
par hypothèse l'influence déformatrice.
Cette théorie considère, on le sait, un schéma èciuinivclé qui substitue à
la courbe géhypsographique les niveaux moyens (^yHc'nîV^aMa?) des èquivo-
lumes déblai et remblai répartis sur les champs respectifs en lesquels la
courbe partage son propre équiniveau (niveau d' équidé formation première)',
celui-ci n'est autre que Véqinniveau lithosphérique d'avant déformation, que
surmontait le niveau hydrosphériquc des mers. Ainsi se conçoivent un
voussoir océanique à socle submergé en tout temps et un voussoir continental
dont le socle, d'abord ennoyé, puis afileurant le niveau hydrosphériquc,
finit par émerger au-dessus, ce qui ravale le niveau, dit synocéanique, pris
alors par les mers. Ces trois /V/rwev 'd'évolution, dites anté-optima, opltma,
post-opliiiKi, forment cycle d\'quilibre caduc et renouvelable.
Pourquoi qualifier d^optima la phase d'affleurement? et pourquoi cette
caducité ? Parce que (/« surampleur corticale grandissant avec le refroidis-
sement planétaire et, avec elle, V équidè formation qui l'absorbe), des deux
états d'ennoyage et d'affleurement, c'est le second qui permet la plus volu-
mineuse équidéformalion susceptible d'assurer à l'un et à l'autre voussoir,
OLELLF, QUE SOIT l'ajIplkur uespective DE LEURS CMA.Mi's, même densité moyenne
(roches et eau) par le seul jeu des deux lois conjointes qui leur assurent
dans tout le cycle même pression moyenne à leur base nucléaire (voir Note
de 1913) : alors est obtenu, avec un maximum de liberté pour le choix des
formes, un minimum de trouble de l'équilibre astral, fait éminemment
propice à une stabilité prolongée. Et parce que l'état d'émergence rend
l'indiirérence quant à l'ampleur des champs incompatible avec le maintien
de l'égalité des moyennes densités respectives des voussoirs : d'où (on
verra comment) une exagération croissante des causes de crise dynamique.
L'une des deux lois détermine la densité du socle océanique en fonction
du volume d'équidéformation, de la densité des mers, de leur volume et
de leur proportion ennoyanle; elle ne dé[)end qu'implicitement de Vépais-
seiir (wticale moyenne et de l'ampleur des champs. L'autre détermine la
densité du socle continental en fonction explicite de ces six éléments.
Etant admis : 1° comme critérium rationnel, la tendance au moindre
effort: 2° comme très plausible, que V épaisseur corticale moyenne va, comme
l'équidéformation, en augmentant; 3" poui' simplifier, que la densité et le
rolume des mers sont constants dans tout le cycle, voici à quelle conception
du cycle on est conduit :
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I921. 395
/'(■//• /{/ première loi (déterminant la densité du socle océanique) : une
descente continue de l'équiniveau - déblai freinée par l'inertie infra-
nucléaire; une montée de l'équiniveau-remblai, coupée par le sUilionne-
menl d'optima au niveau hy(irosphéri(iue ; et, corrèladvement par plia.sc,
llux, rellux, puis récidive de flux du champ océanique entre deux limites
déterminées par les résistances dynamiques tant infra que supra-nucléaires;
décroissance certaine de la densité du socle océanique à partir de la deuxième
phase, mais pouvant avoir débuté dès la première.
Parla deuxième /o;' (déterminant la densité du socle contincnlal), en recou-
rant à la formule de Roche sur la croissance linéaire des densités des couches
mlernes avec les profondeurs faibles et appelant cogradient l'inverse du taux
de variation : aux phases de flux, croissance du cogradient des densités du
socle continental; à la phase de reflux (l'optima), atténuation du taux de
cette croissance, et même transformation probable en décroissance tempo-
raire ; en résumé, dans tout le cycle, surtout aux régions supérieures,
transfusion forcée de la densité vers le domaine continental en trois temps,
dont le deuxième consacré à une détente de l'effort. La discussion constate
la possibilité qu'il y ait dans le socle océanique, soit entier (et alors aux
débuts du cycle), soit seulement vers le haut (et plus persistante), inversion
de l'ordre normal de croissance des densités dans certaines conditions, parmi
lesquelles les relations régnant entre la répartition du refroidissement et
celle de la matière le long du rayon. Elle amène à évaluer entre 45'^'" et 85'^'"
l'épaisseur corticale actuelle, valeur déjà géothermiquement présumable.
Transportons sur la sphère le schéma équinivelé. Les champs se muent
en deux calottes de même axe, les voussoirs en deux troncs de fuseaux em-
boîtés. Le long du cône de joint, leurs poids se décomposent, en chaque
point du joint, en deux poussées méridiennes tangentielles opposées et deux
efforts radiaux opposés, toutes forces proportionnelles au produit de la den-
sité à ce niveau par le carré du rayon. Les dissymétries nées de la suram-
pleur déséquilibrent ces forces : elles créent, de l'équiniveau-remblai à
l'équiniveau-d^blai, une zone de surcharge inerte à excédent continental el,
de là au niveau nucléaire, une zone active corticale, où des prépondérances
de poussée, maxima en haut et en bas, nulles au milieu, océaniques au-dessus,
continentales au-dessous, tendent à faire basculer le joint.
Les modalités du dynamisme sont réglées par celles de ces deux facteurs.
A la lumière des expériences de Daubrée on voit qu'il tend à se former,
aux deux lèvres supra-médianes, une série de rides, déversées (surtout
celles des niveaux supérieurs) vers le domaine continental, et que la lèvre
SgÔ ACADÉMIE DES SCIENCES.
océanique (la moins surchargée) tend à se soulever plus que sa voisine en
s'inclinant plus ou moins vers elle : donc, en anlêoplima, tendance à ce
ridement général dissymétrique. Or dans tout le cycle, tm l'e\v/uiïon des
densités : i° la prépondérance océanique de poussée fléchit peu à peu et de
moins en moins; 2" l'excédent continental de surcharge croît au contraire,
mais moins vite en optima (ou même il peut décroître), beaucoup et plus
vile en posl-optima. L'optima marque donc une accalmie des tendances
engagées. Puis le post-optima les voit reprendre, la surcharge exagère le
dos du ridement, et la prépondérance océanique, faiblissante mais persis-
tante, de la poussée le fait déferler. Quant à la couverture continentale, la
reptation sous elle, de la zone active en a décollé, soulevé la lèvre; sa sur-
ampleur la fait chevaucher les plis; d'où son cJiarriage, la crise venue.
Les voussoirs réels ne sont pas équinivelés : de là, sur les densités, la
faible anomalie d'ennoyage partiel que le pendule décèle (Note de h)i3).
Dans tout le cycle, renforçant l'excédent continental de surcharge, aidant
le joint à basculer, c'est le lubréfiant du mécanisme.
Selon Lehrhuch der Géographie (H. Waonek, 9" édition^ '9'^)' 1^^
j'ignorais, l'équiniveau-remblai domine de 48'" le niveau hydrosphérique
(à peine o""",i sur une sphère de 25" de diamètre). Le cycle actuel aurait
ainsi dépassé quelque peu la phase optima de la théorie.
OCÉANOGRAPHIE. — Cartes de pêche .
Note de ^L En. Le Danois, présentées par le Prince de Monaco.
Il n'existait pas encore en France une carte applicable spécialement à la
pêche maritime et sur laquelle un capitaine de chalutier ou un patron de
pêche pussent trouver les indications nécessaires à leur métier. Le projet
de ce document figure cependant au programme de l'Office scienlillque dos
pêches : c'est pour répondre aux désirs des professionnels que je viens de
dresser les cartes que j'ai Thonneur de mettre sous les yeux de l'Académie.
Débarrassées des indications diverses qui compliquent la lecture des
cartes marines ordinaires, celles-ci portent uniquement les informations
dont les pêcheurs ont besoin pour se rendre directement sur les lieux et
pour entreprendre le travail qui leur convient, suivant la saison ou Dicure.
La profondeur, la nature du fond et la qualité des animaux utiles, dont ces
renseignements font pressentir la présence, sont marquées par des signes
conventionnels. Hieii entendu, il ne s'agit que de fixer sur un document
SÉANCE DU l4 FÉVIUER I92I. 897
très simplifié, des concordances bien constatées par une longue pratique.
L'observation des décliets rap[)ortés par le cbalut est un des plus précieux
éléments pour celte carte établie à l'usage des pêclieurs; elle donne une
sorte de faciès du terrain qui permet de connaître, avec une grande proba-
bilité d'exactitude, les espèces utilisables qui l'iiabitent.
Profilant d'études poursuivies dès 1897 par le professeur Pruvol et
d'observations réalisées par le Pourquoi -Pas? du docteur Cbarcot ou la
Pcrclu\ ainsi que de nombreux entretiens avec les meilleurs patrons de la
pêche côtière, j'espère pouvoir aujourd'hui rendre service à l'industrie dos
pèches sur certains points des régions françaises.
PHYSIOLOGIE. — Mécdiiisme de l'immunité /tumorale chez les Insectes.
Note de M. A. Paillot, présentée par M. Paul Marchai.
Nous avons décrit, en 1919 ('), un cas d'imnMinité naturelle humorale
caractérisé parla très grande rapidité d'apparition du pouvoir bactérioly-
tique, dans le sang des Insectes inoculés. Ce pouvoir, qui se manifeste
quelques heures après l'inoculation, ne difTère pas, sendile-t-il, de celui
qu'on observe dans l'immunsérum des Vertébrés. Après une première ino-
culation, la baclériolyse des microbes réinoculés commence beaucoup plus
tôt: ce caractère est le seul qui permette de différencier l'Insecte en état
d'immunité de celui qui n'a pas encore été inoculé.
On sait que la théorie actuelle explique la bactériolyse des microbes
dans les humeurs des animaux en état d'immunité par l'action combinée de
deux substances (hypothétiques) : l'une, l'alexine, qui existerait dans les
séruins normaux comme dans les immunsérums; l'autre, la sensibilisatrice
ou complément, rigoureusement spécifique, qui apparaîtrait dans le sang,
seulement après l'inoculation des microbes. Seules, l'action de la chaleur
et celle du vieillissement (nous sous-entendons par là l'action des facteurs
inconnus qui agissent à la longue sur rimiiiunséruni pour lui faire perdre
ses propriétés) permettent de différencier les deux substances : l'alexine est
détruite à 55°, la sensibilisatrice, vers ôo^-ôS" seulement; la première dis-
paraît spontanément de l'immunsérum abandonné à l'action de l'air;
l'autre subsiste sans altération sensible. Aucun fait, jusqu'ici, n'est venu
infirmer celle théorie.
(') Comptes rendus, l. 169, 1919, p. 1122.
SgS ACADÉMIE DES SCIENCES.
?S^ous avons essayé, dans le sang de chenilles d''Âgronssem'tumimmumsé(;s
contre le B. melolontha; non litjuefaciens y de mettre en évidence les deux
substances de Bordet. Si l'on ajoute à du sang de chenille inoculée depuis
24 heures (et maintenu à 24°) une goutte d'émulsion de bacilles dans Teau
physiologique, on observe une transformation rapide en granulations suivie
de lyse comme dans le phénomène de Pfeiiïer. Si Ton chauffe le sang de
chenille immunisée une demi-heure à 55°, le pouvoir bactériolytique n'est
pas aboli, ni même atténué; vers 6o''-62°, le sang coagule et se prend en
masse; mais en brisant le coagulum et cenlrifugant, on sépare une certaine
quantité de liquide clair dont le pouvoir bactériolytique est sensiblement le
même que celui du sang non chauffé. A partir de G8'\ on constate un affai-
blissement assez rapide du pouvoir bactériolytique; celui-ci disparaît à peu
près complètement vers la température de 75". Il ne peut être récupéré par
addition de sang neuf non chauffé.
Le sang de chenille immunisée perd rapidement ses propriétés caracté-
ristiques lorsqu'il est exposé à l'action de l'air, plus rapidement à 24'^ qu'à
basse température; il les perd de même, mais un peu moins vite, lorsqu'on
le soustrait à cette action; enfin, le pouvoir bactériolyti(}ue disparaît même
du sang vivant, quelques jours seulement après l'inoculation de la chenille.
Le sang inactif ne peut être réactivé par action de sang neuf.
Ni l'action do la chaleur ni celle du vieillissement ne permettent de déceler,
dans le sang des chenilles en état d'immunité, la présence de deux
substances comme dansl'immunserum des Vertébrés; noussommesdonc en
droit de conclure que ce cas d'immunité constitue une exception à la théorie,
des « deux substances ». Doit-on admettre alors que le pouvoir bactérioly-
tique s'exerce par l'intermédiaire d'une seule substance, homologue par
exemple, de la sensibilisatrice de l'immunserum des Vertébrés, ou voisine
des diastases, et sécrétée parles cellules du sang ? Celle Irj'pothèse serait
assez conforme aux idées actuelles; nous même avons admis, en étudiant la
réaction cellulaire de caryocinétose, que les macronucléocyles, qui parti-
cipent seuls à cette réaction, devaient jouer un rôle actif dans l'élaboration
des anticorps.
A la suite de nos recherches récentes sur le mécanisme de l'immunité
humorale et sur l'origine du pouvoir bactériolytique. il ne nous est plus
possible de soutenir une telle opinion. Si l'on centrifuge du sang de chenille
à' Agroiis segctum prélevé aseptiquement, qu'on ensemence le plasma
dépourvu de cellules, d'une trace de culture de B. m. non lique/aciens y, et
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I921. Sgg
qu'on abandonne ainsi le milieu à la température do 21°, en évitant l'action
de l'air, on observe toujours que les microbes végètent; le plus souvent, on
observe aussi ([u'un plus ou moins grand nombre se transforment en gra-
nules apiès un intervalle variable, puis se bactériolysent. Pour des causes
qui nous échappent, mais qui tiennent à ladifliculté d'opérer dans des con-
ditions toujours semblables à elles-mêmes et aussi rapprochées que possible
des conditions naturelles, la réaction provoquée in vitro n'a ni la constance
ni l'intensité de la réaction similaire qu'on peut observer in vivo. On observe
les mêmes réactions lorsqu'on opère sur le dépôt du lube de centrifugation
riche en cellules. Lorsque le sang infecté est largement en contact avec l'air
ambiant, la réaction ne se produit pas, mais la culture reste pauvre.
Puisqu'il est possible, dans certaines conditions, de réaliser in vitro, avec
le sang centrifugé, une réaction humorale du même type que la réaction
produite in vivo, nous croyons être en droit de conclure que la transformation
en granulations et la bactériolyse subséquente peuvent exister en dehors de
toute activité cellulaire, en dehors même de l'action d'un anticorps particu-
lier (nous prenons ce mol avec le sens précis qu'on lui donne généralement).
Ces deux phénomènes nous apparaissent comme les dernières phases d'une
série de réactions colloïdales entre les microbes ou leurs produits et certains
constituants du sang. Sans conclure fermement à l'identité de la bactério-
lyse et du phénomène de la dispersion, nous pouvons souligner dès mainte-
nant l'analogie assez frappante des deux réactions, au moins dans le cas
particulier qui nous occupe.
PARASITOLOGIE. — Sur la biologie de l'Altise de la Vigne (Haltica ampelo-
phaga Guér,). Note MM. F. Picard et T. Pagliano, présentée par
M. Paul Marchai.
La biologie de l'Altise de la Vigne {Haltica ampelophaga Guér.) a donné
lieu à un certain nombre de publications qui ne font, pour la plupart, que
reproduire les observations de V. Mayet (') et de J. Feytaud (-). D'après
le premier de ces auteurs, chaque femelle sort en avril de ses abris d'hiver,
prend un peu de noumture, s'accouple, pond moins de 3o œufs et meurt.
Le nombre des générations serait de trois ou quatre dans les conditions
(') V. Mayet, Les Insectes de la Vigne (Montpellier, 1899).
(') J. Feytaud, TJ Attise de la Vigne {Bull. Soc. Zool. agric, Bordeaux, 191 1)-
4oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
naturelles du midi de la France el jusqu'à cinq en captivité. Feylaud con-
firme les vues de V. Mayet, sauf en ce qui concerne le nombre de généra-
tions; il n'en admet que deux sous le climat du Bor'delais.
Nous avons isolé lo couples d'Altises dès leur apparition, vers le milieu
d'avril, noté chaque jour les accouplements, les pontes et suivi intégrale-
ment leur descendance. Nous nous sommes ainsi rendu compte que, contrai-
rement à ce que pensait V. Ma3'et, la vie des adultes de première apparition
est de très longue durée; elle se perpétue pendant tout le cours du prin-
temps et la plus grande partie de l'été, jusque dans les derniers jours de
juillet.
Pendant celte longue période, les accouplements sont presque journa-
liers; les œufs ne sont pas émis une fois pour toutes en un paquet, mais
continuellement, durant toute la vie de la femelle, en petits amas de 4
à 25 oîufs, d'abord chaque jour ou tous les deux jours, puis par intervalles
un peu plus espacés à mesure que l'Insecte vieillit. La fécondité est donc
considérable et le total de la ponte atteint généralement 5oo œufs. (Maxi-
mum 52i(, avec dernière émission le 22 juillet.)
Le développement de l'œuf et de la larve, qui subit deux mues, est
d'autant plus rapide que la température est plus élevée. Mais, de toute
façon, les premiers œufs, émis en avril, donnent des adultes alors que les
parents pondent encore, de sorte que, tout le long de la belle saison, il y a
dans les vignobles des Altises à tous les stades appartenant à des générations
différentes.
Les plus précoces de ces adultes de deuxième apparition, qui sont en
somme l'aboutissant de la première génération, ont été mis en élevage.
Leur première ponte fut observée le 24 juin et se continua jusqu'à l'au-
tomne. Ces Altises se conduisirent comme leurs parents, mais leur fécon-
dité fut moindre, car le nombre des œufs ne dépassa pas -ig^, avec une
moyenne beaucoup plus faible.
Les premiers de leurs d escendanls (3'' apparition) furent élevés à leur
tour. Très peu d'entre eux pondirent, du l'^'au 3o août, et leur fécondité
fut moindre encore, le maximum ayant été de i4oœufs. Quelques adultes
issus de ces pontes, et constituant la 4" apparition ou 3' génération, se
montrèrent du 7 au 3o octobre.
Ln résumé la vie el la période de ponte sont de bien plus longue durée
qu'on ne le pensait, de sorte que les générations s'enchevêtrent et que dans
chacune d'elles les premiers adultes éclos ont seuls le temps de se repro-
duire. On |)eul ol)server trois générations partielles en captivité, mais
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1921. 4oi
vraiseirihlahlemoiU deux seulement au deliors. L'arrêt de la ponte et de
l'alimentation, puis l'inhernation commencent avant les froids et semblent
déterminés au moins en partie par le changement de qualité de la nourri-
ture. [jCS hibernants appartiennent aux trois générations, mais surtout aux
derniers nés de la première et à ceux de la seconde.
Contrairement à l'opinion courante, l'Altise de la Vigne ne peut vivre
aux dépens des Saules. Adultes et larves ont refusé de s'alimenter avec
divers Sa/ia- mis à leur disposition. En revanche, nous avons réussi très
facilement des élevages sur Vigne-vierge, Salicaire, ÉpiloJje et plusieurs
espèces d'OEnolhères, moins aisément sur Eglantier. Réciproquement nous
avons élevé Yllaltica lythri, espèce des Lythnim et Epilohium, avec de la
Vigne et sans la moindre difficulté.
Nous avons réussi, dans un cas sur quatre, à obtenir des adultes issus du
croisement d'//. lythri cf X Ampelophaga Ç .
Les caractères classiques différenciant ces deux espèces nous ont paru
à peine apprécialiles, même en ce qui concerne le pénis, si distinct cepen-
dant chez les autres Hahica comme Oleracea. Pour toutes ces raisons nous
sommes portés à croire que H. ampelophaga n'est qu'une race ou sous-
espèce d'//. lytliri qui s'est adaptée à la Vigne. Le même phénomène de
migration des Lythrariées et Onagrariées vers la Vigne, qui a certainement
eu lieu pour le Gribouri (/iromiiis ohsciinis) et les quatre espèces de Sphinx
ampélophages, se serait donc produit chez l'Altise, le seul Coléoptère de la
Vigne que l'on considérât jusqu'à présent comme spécifique.
La Mouche de l'Altise {hegccria funcbris Meig.) ne produit pas néces-
sairement une castration parasitaire totale, comme le prétendent Vaney
et Conte (' ). Un de nos mâles, après s'être accouplé, mourut en donnant
issue à une larve de Dcgceria, tandis que sa femelle pondit de nombreux
œufs féconds. Des expériences concomitantes nous permettent d'éli-
miner la parthénogenèse.
HYGIÈNE. — Influence (le la température stu- le nombre de décès par diarrhée
infantile, à Paris, ^ote de M. Louis Besson, présentée par M. Bi-
gourdan.
Il est bien connu que la mortalité par diarrhée infantile augmente en été
avec la température, mais, autant que je sache, on n'a pas déterminé quan-
(') Vanjîy et Conte, Comptes rendus, 1. 136, 1908, p. 127.5.
C. R., igîi, I" Semestre. (T. 172, N« 7.)
3o
402 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tilalivemenl cette relation. L'intérêt pratique d'une telle détermination est
évident. S'il étail possible de calculer le noniljre de décès en fonction de la
température, la comparaison des résultats du calcul et des constatations de
la statistique révélerait les variations intrinsèques de l'état sanitaire et, au
cas où des mesures prophylactiques auraient été prises, permettrait de
contrôler l'efficacité de ces mesures.
J'ai fait cette recherche en me servant des données fournies par le Bulletin
hebdomadaire de Statistie/iie municipale, qui donne, pour chaque semaine, If
nombre de décès par diarrhée infantile de o à i an à Paris et les éléments
météorologiques enregistrés à l'Observatoire de Montsouris. Les moyennes
de chaque semaine ont été calculées sur les dix années 1904-1913 ('). La
mortalité, remarquablement constante jusque vers le milieu de mai, com-
mence à augmenter lorsque la température atteint 16" ou 17°, passe par un
maximum une semaine après celle-ci et revient ensuite lentement à sa
valeur initiale, en décroissant pendant l'automne avec une allure expo-
nentielle.
Cette variation rappelle d'une façon frappante la variation diurne de la
température de l'air. Au lever du soleil correspond ici le moment où la
température commence à dépasser 16° ou 17°; au coucher, celui où le
refroidissement automnal la ramène à cette valeur. On peut donc supposer
que, comme cela a lieu pour la chaleur pendant le jour, il y a, dans le phé-
nomène considéré, un effet d'accumulation, contre-balancé par une perte
proportionnelle, dans l'unité de temps, à l'excès atteint.
Avant de développer cette hypothèse, il était nécessaire de préciser le
degré à partir duquel la température agit sur la mortalité par diarrhée.
A cet effet, j'ai cherché quel est, pour les diverses valeurs de la température
moyenne, au début de l'été, le nombre moyen de décès enregistré la même
semaine. Les résultats de 1904-1913 sont d'accord avec ceux de 1894-1903,
que j'ai calculés aussi. D'après l'ensemble des vingt années, on a la corres-
pondance suivante :
Température moyenne, en période iiscendante.
1^. Ï3\ l'i". 15». \6-. 17"-. 1S°. 19^ 2(>7~
Nombre moyen de décès. 27 1- 28 28 27 3o 34 34 36
On voit que la température cherchée est sensiblement de 16°, 5. La tem-
pérature moyenne dont il s'agit est la moyenne des minima et des maxima,
supérieure d'environ o°,7 à la moyenne vraie.
(') D'après les recensements de 1906 et de 191 1, il y avait en moyenne à Paris, pen-
dant celte période, 34^00 enfants âgés de moins d'un an.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I921. 4o3
J'appellerai pour abréger température efficace la température diminuée
de iG", ") et mortalité llicrniirjue le nouibre hebdomadaire de décès diminué
de la valeur qu'il présentait au début de la saison, avant que la température
s'élevât au-dessus de iG",').
Considérons maintenant les moyennes décennales. A partir de la St*" se-
maine, la température efficace est nulle; la mortalité thermique tend vers
zéro d'une manière dont rend bien compte la formule y = y^.a'''', x est le
numéro de la semaine diminué de 87, lest la mortalité thermique cor-
respondante et a = o,8i3.
J'admets que la valeur de « ne varie pas. Cela étant, pour une semaine
d'été dont la température moyenne resterait inférieure à iG°,5, la mortalité
thermique serait égale à celle de la précédente multipliée par 0,81 3. Si la
température surpasse iG",5, on peut avoir une mesure de son effet immédiat
en retranchant de la mortalité thermique observée celle de la semaine pré-
cédente multipliée par o, 8i3. C'est ce que j'ai fait pour les dix années
1904-1913, en groupant les températures efficaces de iG°,5 à 18", 5, de
18'^, 5 à 20°, 5, etc., et faisant pour chaque groupe la moyenne des diffé-
rences calculées comme je viens de le dire. Le résultat est le suivant :
,,„, i obser\é.
t-flel l , ,,
calcule .
l'empérature
efficace.
3". 5C~
7°.
9».
I 1 .'.0
4i
62
10 21
38
63
La deuxième ligne donne les nombres fournis par la formule
(1) /M = 3 Ô -h o,o5 6^
qui, comme on le voit, représente bien la fonction considérée et permet de
calculer l'effet immédiat m d'une température efficace quelconque 0.
Dès lors, il est possible de calculer la mortalité thermique de chaque
semaine.
Pour la i'''"" elle est
(2) M,- = »i, + a 7n,_ , -1- «^ m ,_2 -+■ a^ /«,_3 + . . . .
Les valeurs de m sont calculées au moyen de la formule (i) en remontant
jusqu'à la première semaine dont la température a été supérieure à 16°, 5.
Pour avoir le nombre total de décès de la semaine, il faut encore ajouter
la mortalité non thermique, qui paraît à peu près constante, et que je
prends égale à la moyenne des nombres de décès des quatre semaines pré-
cédant celle dont la température moyenne a surpassé pour la première
fois 16'', 5,
t\Ol\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai fait le calcul semaine par semaine pour les dix années et j'ai pris la
moyenne des résultais pour cliacune des 32 semaines de l'année. Les
nombrqs moyens de décès ainsi calculés serrent d'assez près la réalité.
Sachant calculer l'effet de la température, on peut chercher sur les
résidus celui des autres éléments météorologiques. Ni l'humidilé, ni le
nombre de jours d'orage ne semblent avoir d'influence sur la mortalité
considérée. Peut-être est-elle légèrement accrue par les venls du sud-ouest.
Pratiquement, on peut dire qu'elle ne dépend que d'un seul élément
météorologique, la température.
Ce que l'on demandera aux formules proposées ci-dessus, c'est surtout le
nombre total de décès d'une saison. Il convenait donc d'examiner ce
qu'elles indiquent pour les dix années i9o4-if)i3. Voici les résultats
relatifs à la période thermique, de la dix-neuvième à la quarantième
semaine :
Nombre
Erreur
calculr.
pour 100.
'329
7
1073
— 1 1
1019
— '9
1904 '■329 — 7 1909.
1906 1073 — II i9>o-
1906 '019 — 19 19'''
1907 762 — 28 '9'''-.
1908 923 — I 19' >.
Nombre
Errtur
.alculr.
pour 100.
662
— ' i
6o3
— 3
216-
+ .55
Sous l'action de causes non météorologiques dont l'intervention n'a rien
de surprenant en pareille matière, une ou deux années ont présenté des
écarts importants, mais, dans l'ensemble, les indications du calcul sont,
semble-t-il, satisfaisantes (l'erreur sur le total des dix saisons est
de — I pour 100).
M. II. Lehercier adresse un Mémoire intitulé : Structure moléculaire des
nitiiles et des caihylarrdnes.
M. Massai.ki adresse une Note dans laquelle il établit la sensibilité que
présenterait un baromètre à deux liquides supcrjxisès et les difficultés ijue
rencontrerait la réalisation de cet appareil.
A iG heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 17 heures et demie.
A. Lx.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 21 FÉVRIER 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georges LEMOIXE.
ME3I0IRES ET C0M3IUIVICATI01VS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches siir V atmosphère des étoiles. Reconnais-
sance d'étoiles qui ont les mêmes raies brillantes de l'atmosphère que le
Soleil. Note de MM. H. Deslandres et V. Burson.
Dans une Note récente ( ' ), l'un de nous a exposé avec détails les moyens
de distinguer dans la lumière d'une étoile la lumière propre de son atmo-
sphère et même des couches successives qui la composent. La méthode
repose sur la découverte dans le spectre solaire en 1892 et iSg/j de raies
doublement renversées, et donc brillantes et noires appelées K^ et H^, K,
et H3, qui apparaissent sur tous les points de l'astre au milieu des larges
raies noires K et II les plus larges du spectre solaire. Les raies K^, ou H^
qui sont brillantes, surtout sur les facules, sont émises par la couche
moyenne de la chromosphère; avec une dispersion forte, elles se dédoublent,
ayant entre elles une raie noire plus fine, K3 ou H;,, qui correspond à la
couche supérieure (-).
(') Deslandres, Comptes rendus, i. 171, 1920, p. 45i. Voir aussi Comptes rendus,
t. 115, 1892, p. 22; t. 116, 1893, p. 238; t. 119, 1894;^ p. 467; t. 151, 1910, p. 4i6;
t. loi, 1912, p. i32i, et Annales de Meudon, t. k. p. io4 à loB.
(-) Le mot chromosphère désigne tout particulièremenl la partie gazeuse de
l'atmosphère solaire, qui apparaît rose au bord de l'astre pendant les éclipses totales.
La chromosphère comprend trois couches superposées, à savoir : i" la couche basse
ou couche renversante qui donne naissance aux raies noires du spectre solaire et en
particulier aux larges raies noires Ki et H,; 2° la couche moyenne, qui émet les raies
brillantes K., et H., et qui est spécialement considérée dans celte Note; 3° la couche
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N" 8.)
3i
4oG ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces mêmes raies brillantes, doublement renversées, se retrouvent avec une
forte dispersion, faibles mais nettes, dans la lumière générale du Soleil,
c'est-à-dire dans la lumière que nous enverrait le Soleil, s'il était aussi
éloigné de nous que les étoiles. D'où l'idée naturelle de les rechercher dans
les étoiles et en particulier dans les étoiles jaunes voisines du Soleil.
Les raies chromosphériques Ko et Ho du calcium sont bien les seules
raies brillantes que présente la lumière générale du Soleil. On a examiné
à ce point de vue les autres raies brillantes, dues à l'hydrogène et à l'hélium,
qui sont visibles au bord ou près des taches; or, dans la lumière générale
du Soleil, les raies de l'hydrogène sont toutes noires, et la raie jaune de
l'hélium manque absolument.
T^e Soleil est donc, grâce à ses radiations brillantes Ko et H^, une étoile
à raies brillantes; mais, pendant longtemps, elle est restée seule de son
espèci'. Les autres étoiles à raies brillantes, au nombre de ySo d'a|)rès un
Mémoire de 19 17 de l'Observatoire d'Harvard, offrent en effet seulement
les raies brillantes de l'hydrogène ('), et elles appartiennent aux premiers
types P, O, B, A, et aux derniers types M, N et R de la classification
d'Harvard, qui range les étoiles dans l'ordre de leurs températures actuelles,
en commençant par les plus chaudes. Les types intermédiaires F, G, K (-)
ne sont pas représentés dans le tableau d'Harvard, et l'on sait que le Soleil
est du type (î. La rc-connaissance généiale des spectres stellairesa élépi>ur-
suivic à Harvard avec des appareils de faible dispersion; et, comme les
raies Ko et Ho de la lumière générale du Soleil apparaissent seulement avec
un appareil puissant et une pose relativement longue, on a expliqué d'abord
sujjérleure, décelée seulement avec une forte dispersion par les petites raies relative-
ment noires K3 et H3, qui apparaissent au milieu des raies Ko et llj.
Dans les reclierclies exposées ci-dessus, la di^persion est faible et les raies K, et Ilj
ne sont pas dédoublées. Il serait plus exact de dire que, dans ces, conditions, les
raies Ko et H, représentent l'ensemble des couches moyenne et supérieure; mais la
couche moyenne est de beaucoup la plus lumineuse.
(') Ces raies brillantes de Ihydrogèiie apparaissent tn général dans les éiuiles qui
offrent les raies noires de l'hydrogène très larges.
(') Les types stellaires d'une pari, et les raies noires du spectre solaire d'autre part,
sont désignés par des lettres tle l'alphabet; ce qui entraîne des confusions fâcheuses.
Ainsi la lettre K représente le type d'étoiles qui, dans l'évolution normale, succède au
type solaire; et la même lettre représente la raie la plus large du spectre solaire. Aussi
a-t-on soin d'accoler à la lettre K soit le mot type ou classe, soit le mot raie ou radia-
tion, pour bien spécifier qu'il s'agit dans un cas d'étoiles particulières et dans l'autre
d'une r:iie spéciale du spectre.
SÉAJVCE DU ai KÉVKIER 1921. 4^7
par ces raisons que les étoiles solaires à raies brillantes n'aient pas été
signalées en Amérique.
Puis, en igiS, Schwarzschild et Eberhard(') ont annoncé la présence
des raies brillantes H^ et K^ du calcium dans les étoiles Arcturus (a Bouvier),
Aldébaran (x Taureau) et a- Gémeaux, qui appartientau type K d'Harvard.
Les raies brillantes ont été obtenues avec une cbambre prismatique de
dispersion relativement faible (10™™ d'intervalle entre la raie H-^, de l'bydro-
gène et la raie K du calcium); et elles sont notablement plus fortes que
dans le Soleil.
Tel était l'état de la question lorsque nous avons, après la guerre, en 1920,
entrepris la recherche systématique des raies brillantes chromosphéri(|ues
dans les étoiles, et en particulier dans les étoiles des types V, G et K, qui
ont les raies noires H et K du calcium particulièrement larges. Nous avons
utilisé un spectrograpbe à fente, fixé à la grande lunette de Meudon (24'"™
entre II,, de l'hydroircne et K du calcium) et une chambre prismatique
(i8™'" entre H^ et K). Les deu.v appareils offrent des dispositions spéciales
qui seront décrites dans un Mémoire ultérieur.
Nous donnons aujourd'hui seulement dans une Note préliminaire l'indi-
cation brève des premiers résultats. Notre élude a porté d'abord sur une
vingtaine d'étoiles dont le spectre a été photographié avec une pose plus
longue que celle employée d^ordinaire ; la pose a été surveillée par Bursan.
Le Tableau ci-joint relève celles de ces étoiles qui, à une date déterminée,
ont montré nettement les raies brillantes K^ ou Ho, émises par la chromo-
sphère moyenne.
Type Appaieil Haies Uemarques
Noms des étoiles. specli-al. Éclat. eiii|iloyé. des épreuves. sur les raies brillantes.
« Bouvier (Arcturus). K 3,09 Specl. fente 19, 20, 2 i , 26 jiiill., K2 et^ Hj '"tensité passable.
21 août 1920
Cil. prisin. 19 féviier 1921 Id.
^ l^etite Ourse K o,33 Specl. fente iiaoùligao K,, et Hj faiblem' visibles.
Id. Iv 0,91 Ch. prisai. 11 octobre 1920 Id.
aTaureau(.\ldébaran). Iv 0,91 Id. 11 novembre 1920 Kj et H, intensité passable.
y Dragon K 0,28 Id. 12 novembre 1920 K, et IJ2 faiblem' visibles.
(xBiVier K o,33 Id. i/( janvier 1921 K, seule et faible.
P Gémeaux K o,83 Id. 4 février 1921 Id.
ff Gémeaux K id. 16 jan v., i", 4 et K^ et IIj fortes.
I 5 février 1921
a Cocher (La Chèvre). G 2,09 Id. i4 et 19 fév. 1921 K, et Hj assez fortes.
(') Aslrophysical Journal, 1913. 2'' Partie, p. 192.
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les raies Iv, et IL, avec la faible dispersion employée, apparaissent
simples; selon toute vraisemblance, elles seraient doubles et renversées
en leur milieu avec une dispersion plus forte, qui même pourrait être moins
forte que celle exigée pour le Soleil (').
Sur les huit étoiles du tableau, sept sont du (ype K, qui, dans l'évolution
normale, succède au type solaire G, et trois de ces étoiles ont été déjà
signalées à Potsdam comme étoiles à raies brillantes. Les quatre autres,
reconnues à Meudon, sont nouvelles. La 8' étoile, a Cocher ou La Chèvre,
est la plus intéressante, car elle est notée par tous comme ayant un spectre
du type Ç, absolument identique à celui du Soleil, et elle est actuellement
la seule étoile de ce type, qui ail montré les raies brillantes K„ et H, de la
chromosphère solaire; même ces raies y sont beaucoup plus brillantes que
dans le Soleil.
Avec toutes les étoiles du tableau, d'ailleurs, l'intensité des raies chro-
mosphériques K^ et IL est supérieure à celle atteinte dans le Soleil, et elle
est variable d'une étoile à l'autre. Celte intensité, qui est liée intimement
à l'état électrique de la chromosphère moyenne, ne dépend donc pas seule-
ment de la température moyenne de l'astre, comme on avait pu l'admettie
jusqu'alors. D'autres causes interviennent; et, dans la Note d'août 1920,
Deslandres a indiqué une cause possible ou même probable, suggérée par
l'élude de l'éleclricité almosphérique terrestre, qui est l'émission d'un
rayonnement X extrêmement pénétrant par le noyau de l'astre.
L'étoile La Chèvre se dislingue aussi de notre Soleil sur un autre point.
Elle est une double speclroscopique, et ses deux composantes, de masses
très voisines, ont une orbite presque circulaire avec une période de 104^02.
Il convient de suivre les fluctuations de ses raies chromosphériques K^
et Hn au cours d'une période ou de plusieurs périodes, d'aulanlque ces raies,
d'après les études spectrales antérieures, sont probablement variables (-).
(') Avec une dispersion plus forte, on aurait en eflet les raies fines K;, et llj de la
couche supérieure; ces raies onl dans le Soleil des largeurs variables d'un point à
l'autre. Elles pourraient, dans certaines étoiles, être plus larges que dans le Soleil, et
donc apparaîlie avec une dispersion moindre.
D'autre pail, la raie brillante K» ou IJj apparaît a\ec une disjiersion d'nutanl moins
forte <|ii'elle est elle-même plus brillante.
(-) Dans j)hisieurs épreuves de La Chèvre, obtenues les années précédentes avec
une pose déjà longue, la raie brilhinle Kj n'est pas visible. De plus, Schwar.-.schild,
dans son Mémoire de i()k>, noie que I-a Chèvre, et aussi l'étoile |5Gcnican\, inscrite
égalinieiil dans notre lableau, n'ont pas montré les raies btili:inlrs du calcium.
SÉANCE DU 2 1 FÉVRIER I921. /Jog
GÉOLCiE. — Le lanihcaii de rccimvremenl de Propiac {Drame), témoin d'une
raslc nappe, d'origine alpine, poussée, avant le Miocène, sur la vallée du
Rhône. i\ole de MM. Pierre Tkrmier et Léonce Jolealo.
La feuille L" Huis de la C irte géologique détaillée de la France indique
au sud-ouest et au sud-est des Baionnies, dans les régions levées par
MM. Leenhardt et Paquier, plusieurs témoins de la formation appelée
horizon de Suzette. En des points très disloqués, dit la Notice delà feuille,
existent des gypses au milieu de cargneules. « Celles-ci se présentent
comme le résultat de la transformation, sous l'action d'agents hydrother-
maux, des différents termes locaux de la série sédimentairc : /' àMontrond,
Beauvoisin,y- à Propiac, /^-'* àMérindol, y^-c,,, à Montaulieu, au massif
d'Auzière; et jusqu'à" /«, , à Grillon, peut-être même, avec doute, m'"' à
Propiac. »
Nous avons, au cours de l'été dernier, étudié le lambeau de cette forma-
tion de Suzette qui affleure près de Propiac et de Mérindol, et nous avons
constaté qu'il était entièrement constitué par des sédiments triasiques.
Nous y avons rencontré, sur le bord du sentier du Pas de Manevrale, à
5oo"' au nm-d du Vieux-Mérindol, au-dessous du piton d'Auzière
(cote 759), des calcaires en plaquettes, de couleur jaune ocre, qui renfer-
maient des fossiles. A côté d'une empreinte douteuse de Myophorie et de
nombreux autres moulages de I^amellibranches rappelant, par leur forme
générale, le genre Anoplophora, nous avons trouvé plusieurs coquilles
remarquablement conservées d'une Lingule, bien caractérisée par ses deux
plis transversaux, faiblement accusés, qui, partant du crochet, divisent les
valves en trois régions à peu près égales. Ce Brachiopode est identique à
Lingala Zenkeri von Alberti (') des grès de la Lettenkohle moyenne à
Eslheria minuta et Végétaux, ainsi que des dolomies de la Lettenkohle
supérieure à Myophoria Gold/ussi, du Wurtemberg et de Bade. Leur niveau
straligraphique correspond à la partie supérieure du Trias moyen. Les
calcaires ne jouent pas un rôle important dans le massif triasique de Propiac,
qui est formé surtout de cargneules, associées à des gypses et à des marnes
et argiles versicolores.
(') Ueberblick iiber die Trias mil Beriicksichtigang ihres Vorkuinmens iii deii
A/peu. Slullgard', i864, p. 161, pi. VI, fig. /!• — Skiphos, Jahrb. /.. k. geol. /ieic/ts,,
l. 4.3, 1893, p. 28, pi. V, fig. 11-12.
4lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsqu'on suit la route de Propiac à Mérindol, on voit, à 400"" à
l'est de la bifurcation du cliemiii qui monte au pittoresque village du Vieux-
Mèr'indo\, la formalion de Suzrlle arri\er directement au contact an schlier
iielvélien. De la façoa la plus nette, on constate ici la superposition du
Trias au Miocène : ce dernier terrain a, d'ailleurs, été sensiblenienl modifié
par le broyage, au voisinage du contact anormal, tandis que les catgneules
triasiques sont fortement mylonitisées.
La limite occidentale du lambeau de Trias montre, plus au Nord, les
cargneules touchant les marnes oxfordiennes, puis les schistes à Posidono-
mies du Callovien supérieur et, de nouveau, les marnes oxfordiennes. La
masse triasique est ainsi discordante et transgressive sur les différents étages
d'un substratum jurassique. Elle a même rebroussé le Jurassique et l'a
ramené sur le Miocène immédiatement à l'est du Yieux-Mérindol.
Il y a donc, à Propiac et à Mérindol, indépendance complète entre le
Jurassique et le Trias : celui-ci est charrié sur celui-là. Le Trias est un
paquet, d'allure simple, mais où les couches sont fréquemment broyées et
transformées en mylonites ; ce paquet repose sur du Jurassique violemment
plissé. Les conditions tectoniques sont exactement les mêmes à Propiac-
Mérindol qu'à Suzette-Gigondas : ici comme là, il y a eu des mouvements
posl-helvéliens (') qui, localement, ont fait avancer sur le Miocène les
terrains de la nappe ou les terrains de son substratum. D'autres lambeaux
ou paquets analogues, tous formés de Trias, traînent çà et là sur le pays
jurassique et crétacé plissé : ce sont les multiples témoins de la fom/atiim
de Sitzeltc indiqués par la Carte géologique; ce sont en réalité les débris
d'une grande naj)pe triasique qui, avant le Miocène, a recouvert toute la
région.
Le charriage de cette nappe triasique semble avoir déterminé, près de
Propiac, la formation ou plut('it l'accentuation d'un régime d'imbrications
dans la série subordonnée du Jurassique et du Crétacé, aussi bien vers le
Nord-Ouest, à l'est du hameau des Géants, que vers le Sud-Ouest, dans la
roche d'Oie et dans la serre des Gipières. Celle-ci emprunte son nom aux
nombreux petits témoins de la nappe triasique respectés par l'érosion à la
surface des schistes ù Posidonomies et des marnes oxfordiennes, de part et
d'autre de la région déprimée et largement ouverte que l'on parcourt dans
sa longueur quand on va du Salin, près de Propiac, à la ville de lîuis-les-
lîaroimies.
('1 l'iKitHn TiiRiiii:!! el I.koxck .Iolkaid, Comp/rs rendus, t. 172, ni^i, p. 191.
SFANCE DU 2 1 1 liVIilER 192t. /jH
A l'esl du relief triasique d'YVuzièie, la liinile oricrilale rie la masse des
carg-aeLiles recoupe perpendiculairement les assises du suhstratum, marnes
oxfordiennes, calcaires marneux rauraciens, calcaires lilés séquaniens, cal-
caires massifs kimeridi;iens, marnes valanginicnnes, ainsi que le monlre les
tracés de M. Leenhardt : ici, comme sur d'autres points de la région, la
présence du Trias est liée à une minéralisation plus ou moins étendue; de
la calamine a été exploitée dans le Séquanien d'Auzièrc, non loin de la surface
de charriage.
Les diverses assises jurassi(|ues et crétacées du voisinage de la mine
d'Auzière font partie de la retombée nord-ouest du dôme de la serre des
•Gipières. Cet accident tectonique, qui est antérieur à la mise en place
de la nappe triasique, dessine une ellipse dont le grand axe est orienté
Ouest-Est. Le dôme est lui-même affecté d'accidents secondaires impor-
tants, plis imbriqués et plis failles, dont la première ébauche est sans doute
antérieure au charriage. Lorsque le recouvrement s'effectua, le dôme était
déjà profondément érodé, puisqu'on retrouve des paquets de Trias depuis
\e voisinage du Buis, vers la cote 35o, sur le Callovien, jusque près de
Beauvoisin, vers la cote 63o, sur l'Oxfordien, et, jusqu'au sommet
d'Auzière, à la cote ySç).
Toutes ces observations cadrent avec celles que nous avons faites dans les
montagnes de Gigondas, où nous avons vu que les plissements (.)uest-Est
étaient déjà passés, avant le charriage de la nappe triasique, par plu.'-ieurs
phases : 1° une phase de bossellement; 1° une phase de dislocation ayant
donné naissance à des chevauchements qui se traduisent aujourd'hui par
d'importantes lacunes stratigraphiques; 3° une phase de dcnudation
intense (').
Au nord du piton d'Auzière, le Trias déborde sur le Miocène qui, ici
encore, est rebroussé ; le long du contact, le Burdigalien a été ramené sur
l'Helvétien sous la forme d'une lame discontinue.
Plus loin, le Miocène est chevauché par les marnes oxfordiennes du
substratum de la nappe. Ce contact anormal, qui se continue sur tout le
revers oriental de la montagne d'Auluche, va rejoindre les dislocations
du substratum des lambeaux de recouvrement triasiques situés à 8'""
au nord de Propiac, entre Montaulieu et Condorcet, sur les deux rives de
l'Eygues, à l'est de Nyons. Les gypses et les cargneules de cette région ont
(') Pierre Termier et Lèo.nce Joleald, loc. cit.
4l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
été décrits par Paquier ('); ils viennent en rocoiivremenl sur le Callovo-
Oxfordien, chevauchent même le Burdigalien d sont accompagnés défilons
de célestine, de quartz, etc.
Les mêmes formations se retrouvent au sud-est des Baronnies. aux envi-
rons de Serres, notamment à Montrond, où elles reposent sur le Bajocien-
Balhonien par l'intermédiaire d'une brèche où sont repris des blocs calcaires
du Jurassique moyen et supérieur. Paquier, à qui l'on doit la plus récente
description géologique de cette, localité, y signale le passage graduel des
brèches aux cargneules. Les assises du Jurassique et du Crétacé inférieur
dessinent, à Test de MoiUrond, au bois de l'Llbac, une remarquable cuvette
synclinale allongée de l'Ouest à l'Est, dont la formation serait ainsi anté-
rieure aux charri-ages.
La nappe triasique des Baroimies méridionales et des montagnes de
Gigondas se rattache, par les lambeaux des environs de Serres, aux grands
plis couchés de la région de Digne, dont l'histoire géologique a été très
heureusement mise en relief, dès 1891, par AL l'jnile Haug. Le Trias à
faciès germanique joue là, en effet, un rôle capital dans les masses chevau-
chantes qui s'avancent sur les plis de direction Ouest-Esl, parallèles à l'an-
ticlinal du nord de la montagne de Lure (").
Ainsi une nappe de charriage, formée d'assises Iriasiques. s'est étendue
sur le Sud de la Drômc et le Nord du V^iucluse, depuis Serres jusqu'à
Nyons et Gigondas ; à celte na])pe, dont il ne, reste plus aujourd'hui (pie
des débris, tel le lambeau de Pjopiac, se lie un régime d'écaillés, développé
dans le Nord des Bouches-du-Rhùne et TEsl du Gard, depuis la Monta-
gnette jusqu'à Alais C). Ces accidents tectoniques alpins sont venus, entre
l'Oligocène et le Miocène, se superposer, vers les confins du Daujdiiné. de
la Provence et du Languedoc, aux plis pyrénéens Ouest-Est, qui avaient
été déjà le théâtre de phénomènes de chevauchement et qui venaient d'être
profondément érodés. Plis pyrénéens et nappe alpine ont été ensuite repris
par les poussées miocènes, qui ont déterminé des remises en mouvement,
(') neclierclics gi^ologùjdcs (laits le hioisel les flarun/r'es, U(00, p. SS.S-Sgf).
C) lilMiLK llArii, Les chaînes siihalpines entre (inp et Digne^ '891, nol;immenl
planche 1.
(') PuiitiiE TF.inuKii el Gkohgks I'riivDei., Comptes rendus, t. 168, 1919, p- 1034;
i. Kiî), 1919, p. 752 el 1371. — l'iEiuiii Termu;r, Ihid., t. 168, 1919, p. 1291. — Paul
TiiiÉuv, Ibid., t. 16S, 1919, p. 902; i. 1(50, i()i(), p. i/jS el J83. — I'ikrre Termier et
Léonce Joi.eaud, Ibid., i. 172, 1921, p. si.
SÉANCE DU 21 KÉVIUER I92I. /}l3
toutes locales, de la nappe, avant la naissance des boinhements à grand
rayon de courbure, phase ultime des plissenienls tertiaires.
La nappe tria^ique en question a été, senible-t-il, la matrice des impré-
gnations métallifères que l'on a signalées, et même exploitées, en de nom-
breux points de la région où confinent la Drôme, les Basses-Aljies et le
Vaucluse. A l'heure actuelle encore, des sources salées, parfois tiès con-
centrées, sortent des lambeaux de Trias, témoins de la nappe : telles sont
les sources exploitées c^ Propiac (Propitit/ nqua) et à Montmirail, près de
Gigondas, pour leurs propriétés purgatives. Les gîtes métalliques ont offert
de la calamine, de la blende, de la galène, accessoirement de la célestine.
Le gîte de Menglon, près .de Chàtillon-cn-Diois, a été de beaucoup le plus
important (environ 80000' de calamine et blende); celui de Brette,
près de Saint-Nazaire-le-Désert, a fourni quelques milliers de tonnes de
calamine; plusieurs autres (') ont donné quelques centaines de tonnes de
ce même minerai de zinc. Tous les gîtes calaminaires de la région sont
contenus dans le Séquanien et semblent avoir été formés/jf/- desce/isnm, par
des eaux minéralisées provenant d'une couverture du Jurassique, couver-
ture qui, pour nous, n'était autre que la nappe de Trias. S'il en est ainsi,
l'extension maxima, vers le Nord et vers l'Ouest, des gîtes de zinc de la
Drôme, nous renseigne sur l'extension ancienne de la nappe : celle-ci aurait
recouvert une grande partie du Diois.
Il y a là une curieuse analogie de genèse entre les gîtes de plomb et de
zinc de cette région du Sud-Est français et les gîtes de plomb et de zinc de
la Tunisie et de l'Est de Constantine. La plupart des gîtes tunisiens et
constanlinois sont : ou bien des giles pi-i maires, contenus dans le Trias; ou
bien des gîtes secondaires résultant du transport, par les eaux, des minerais
triasiques. Les gîtes secondaires sont situés dans des terrains quelconques;
ils sont presque tous formés per descensum ; les eaux qui les ont apportés
avaient traversé une nappe de Trias, recouvrant ces terrains, nappe dont
il reste encore des lambeaux et dont l'un de nous a signalé, il y a quelque
vingt ans, le charriage sur une vaste région de l'Afrique du Nord.
(') ^folammelU celui d'Auzière, près de Propiac, où la relalion entre le gîle de
calamine et la nappe iriasiqne qui le surmonte est presque évidente. Il est bien
remarquable que la précipitation des sels de zinc provenant de la nappe n'ait été
réalisée que dans les calciires, très légèrement marneux, du Séquanien.
4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE. — Dêsi'nsihilisallons et rescnsibilisalions à rnlontè chez une
malade anaphylactiséc à Vantipyrine. INole de MM. Fer.vaxd AVidai.
et Pasteur Vallery-IIadot.
Nous rap[)orlons un nouveau cas d'anaphyla^ie à l'anlipyrine. Clu-z une
malade, dont l'Iiistoire a été précédemment publiée, nous avions montré
comment une phase de désensibilisation pouvait succéder à la phase de
sensibilisation. Dans roi)servation dont nous allons relater les diverses péri-
péties, on verra que nous avons fait plus encore et (]ue nous avons pu, plu-
sieurs fois de suite, à volonté, désensibiliser et refensibiliser notre sujet. Un
tel fait, qui a été suivi avec une rigueur expérimentale, tire son intérêt des
notions précises qu'il apporte sur l'évolution de certains phénomènes ana-
phylactiques et des applications qui peuvent en découler pour la pratique.
Il s'agit dans notre cas, d'une femme de 42 ans atteinte de diabète
depuis 8 ans. Avant de ressentir les premiers symptômes de ce diabète, elle
prenait depuis de longues années, à intervalles assez espacés, de l'anlipy-
rine pour calmer de rares migraines, sans ressentir aucun symptôme anor-
mal. Il y a trois ans, alors que depuis le début de son diabète, c'est-à-dire
depuis cinq ans, elle ne prenait plus d'antipyrine, un médecin lui conseille
de revenir à ce médicament. Dès l'absorption du premier cachet appa-
raissent des accidents. Cinq minutes après avoir ingéré l'anlipyrine, elle
éprouve une sensation de tiraillement au-dessus de la lèvre supérieure près
de la commissure labiale droite. En même temps se manifestent en cette
région de la rougeur et de l'enflure; quelques heures après, apparaît une
vésicule d'herpès. Les jours suivants, à l'endroit de la vésicule, une petite
croûte se forme. La malade continue, malgré ces troubles, à prendre de
l'anlipyrine pendant deux mois, d'une façon discontinue. Aitiès chaque
ingestion, les mêmes symptômes apparaissent. Emue par ces manifestations
cutanées, elle va consulter un second médecin qui lui conseille de cesser
l'anlipyrine.
Depuis un an. la malade était restée dans l'abstinence complète de ce
médicament, lorsqu'un autre médecin lui ordonne à nouveau de l'anlipy-
rine. I']lle reprend un cachet. Les mêmes symptômes que précédemment se
manifestent. Elle renonce désormais à cette thérapeutique.
Lorsque nous vîmes pour la première fois la malade, en janvier 1920, elle
n'avait plus absorbé d'antipyrine depuis dix-huit mois. Nous recherchâmes
si elle était toujours sensibilisée. Le 17 janvier, à 17'' 5'°, nous lui faisons
SÉANCE DU 2 1 FKVIllER I921. 4l5
ingérer i» d'aiitipyrine. i7''f)"', sensation de « battements « dans la lèvre
supérieure près de la commissure labiale droite. I7''i4"', légère enllureàcet
endroit. i7''22'", sensation de brûlure localisée. i7''25'", la malade ressent
comme des picotements d'aiguille entre le nez et la lèvre supérieure, i y'v'io"',
rougeur localisée. i7''39"', fenflurc et la rougeur augmentent d'intensité.
La malade dit ressentir une sensation de « battements » et de brûlure dans
la région naso-labiale droite. Los heures suivantes, les mêmes symptômes
persistent. La nuit, elle ne oeut dormir. Le lendemain matin iS janvier,
nous la revoyons à 10''. La lèvre supérieure du coté droit, fortement
œJématiée, est complètement déformée. A l'œdème s'ajoute une rougeur
accentuée.
Le 19 janvier, une vésicule d'herpès se forme à la lèvre supérieure, dans
la région œdématiée. Le 20 janvier, la vésicule se dessèche. Les jours
suivants, à la place de la vésicule, existe une croùtelle; la lèvre reste
tuméfiée. Le huitième jour seulement, les symptômes ont complètement
disparu. Ainsi, quatre minutes après l'absorption, ont apparu des symp-
tômes subjectifs et, neuf minutes après l'absorption, les symptômes
objectifs se sont manifestés.
Il est remarquable de constater la (ixité de la topographie des accidents
chez la malade dont nous rapportons actuellement l'histoire. C'est toujours
au même point précis que chez cette malade les symptômes cutanés appa-
rurent au cours des très nombreux essais que nous fîmes dans la suite. Bien
plus, ayant pratiqué une cutiréaction à l'an tipyrine dans le but de rechercher
si de l'érythème et de l'œdème n'apparaissaient pas au point de scarifi-
cation, nous fûmes fort étonnés quand, un quart d'heure après la cuti-
réaction qui resta négative, la malade se plaignit de picotements à la lèvre
supérieure, exactement dans la même zone où elle avait coutume d'éprouver
cette sensation après l'ingestion d'antipyrine. Il y a donc ici, ainsi que
pour de nombreux cas d'anaphylaxie observés en clinique, un point d'appel :
comme l'un de nous l'a exprimé avec MM. Abrami et Et. Brissaud, si tel
sujet fait une crise d'asthme, tel autre une attaque d'urlicaire, tel autre
une crise d'épilepsie, c'est par suite d'une sensibilité organique spéciale
que le « choc » vient réveiller. Tels ou tels éléments cellulaires se montrent,
suivant les sujets, plus particulièrement fragiles et traduisent leur souf-
france par un syndrome fonctionnel déterminé. Notre observation actuelle
est une démonstration frappante de ces localisations de la crise anaphylac-
tique en un point toujours le même.
Cette anaphylaxie à l'antipyrine était spécifique. D'autres médicaments,
tels que le salicylate de soude, l'aspirine, étaient bien tolérés.
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Nous avons recherché si les symptômes d'anaphylaxie à la suite de
l'ingeslion d'antipyrine étaient précédés de la crise hémoclasique. Dans
notre précédente observation d'anaphylaxie à l'anlipyrine nous n'avions pu
déceler celte crise. Ici nous avons pu la mettre en évidence en faisant des
prises de sang toutes les deux minutes après l'ingestion d'antipyrine. Voici
une de nos expériences : à ()''4o'", la malade ingère i*-' d'antipyrine. Le
nomhre de ses leucocytes est de 7.600. Jusqu'à 9'' 5o'", ce chiiïre n'a pas
varié; mais à celte minute même, il tombe à 55oo. A 9"5i"', le prurit appa-
raît. A f)''54"' les leucocytes remontent à 9900 et à 9'' "JS™ ils reviennent au
chiiï're de 7800, tandis que l'érylhème apparut. Donc, 10 minutes après
l'ingestion, la crise sanguine apparaît préludant les signes cutanés. Elle fut
extrêmement fugace, ne durant que quelques minutes. Cette crise est bien
dilTérente de la crise hémoclasique qui s'observe dans les anaphylaxies
d'origine albuminoïdique, où les troubles vasculo-sanguins se déioulenl
d'ordinaire suivant un rythme lent.
Nous avons recherché ensuite la dose niinima d'antipyrine capable de
déclancher les accidents. Il est résulté de nos essais que os,oi élail la dose
la plus faible capable de déterminer des symptômes cutanés. Ayant constaté
que la malade était bien anaphylactisée elque des doses même extrêmement
minimes étaient capables de provoquer chez elle des troubles cutanés, nous
nous sommes appliqués à la désensibiliser en la soumettant à des doses
d'antipyrine progressivement croissantes, allant de o*'',oi à i^, du i5 mai
au iL\ juillet, mais en laissant parfois des intervalles de i à 7 jours entre les
prises d'antipyrine. Sous Tinfluence du médicament donné ainsi, d'une
façon réitérée, à doses faibles puis progressivement plus fortes, la désensi-
biiisation fut obtenue. Cette désensibilisation cependant n'était pas absolue :
l'ingestion de i^ provoquait encore des troubles, bien qu'extrêmement
atténués; la suite de l'oljservalion montrera que la désensibilisation n'aurait
pu être complète que si la malade avait pris tous les jours, sans interruption,
de Tanlipyrine.
A la suite de cette désensibilisation nous laissâmes notre nuilade pendant
43 jours, du 2/J juillet au G septembre, sans ingérer d'antipyrine. Après
ces 4^ jours nous constatâmes, à notre surprise, qu'elle avait retrouvé son
état anaphylactique; lessN mplômes étaient cependant un peu moins intenses
que ceux du 17 janvier.
Jusqu'au ^5 octobre nous lui fîmes ingérer tous les 3 jours i*' d anti-
pyrine et la malade perdit petit à petit de nouveau son état anaphylactique.
Ici la désensibilisation a pu être obtenue rapidement en donnant à la malade,
non plus comme la première fois des doses progressivement croissantes du
SÉANCE DU 21 1-ÉVRlER I921. 4liJ
médicament nocif, mais des doses d'emblée massives. C'est par des somma-
tions réitérées à l'organisme que l'état anaphylactique a pu, cette deuxième
fois, disparaître. Cependant, ici encore, la désensibilisation n'a pas été
complète : l'ingestion d'antipyrine provoquait encore le dernier jour des
manifestations cutanées. Il eût fallu, comme nous allons le voir, laisser la
malade sous l'influence constante de l'antipyrine pour obtenir une désensi-
bilisation complète.
Ainsi, nous avons pu voir se dérouler sous nos yeux Jeux cycles de sen-
sibilisation et de désensibilisalion. Les reclierches que nous finies dans la
suite nous montrèrent que ce n'était pas un fait du hasard : il nous fut
possible de désensibiliser et de resensibiliser de nouveau à volonté celte
malade. Bien plus, nous pûmes graduer, pour ainsi dire, l'état anaphylac-
tique suivant le laps de temps entre les ingestions du médicament nocif.
Nous laissons la malade sans antipyrine pendant 55 jours, du 25 octobre
au 20 décembre. Le 21 décembre nous lui faisons ingérer |S d'antipyrine.
Au bout de 11 minutes des accidents surviennent, calqués sur ceux des
deux précédentes reprises, mais un peu moins violents. Pour la troisième
fois, la malade était anaphylaclisée. Le 22 et le 23 décembre, i" d'anti-
pyrine provoque les mêmes symptômes que le 21 décembre, mais plus
atténués et d'apparition plus tardive. Le 24 décembre i*'' d'antipyrine reste
sans aucun eflet. A dater de ce jour jusqu'au i*''janvier inclusivement, la
malade prend tous les jours i« d'antipyrine sans qu'aucun phénomène se
produise, subjectif ou objectif. Dans cette nouvelle phase de notre obser-
vation nous avons donc assisté à un nouvel état anaphylactique qui disparut
celte fois-ci complèlement sous l'influence de doses massives ingérées d'une
façon continue sans laisser à l'organisme un jour de repos.
Si nous jetons un coup d'oîil en arrière, nous voyons jusqu'ici trois cycles
de sensibilisation suivie de désensibilisalion. Chaque nouvel état anaphy-
lactique était un peu moins prononcé que le précédent et la désensibilisa-
tion était chaque fois plus facile. C'est seulement la troisième fois que la
désensibilisation put être complète. Les essais suivants montreront que
cette désensibilisation totale fut obtenue parce que nous attaquâmes chaque
jour l'organisme.
Le 4 janvier, après être restée 2 jours sans prendre d'antipyrine, la
malade ingère i«; 3o minutes après, apparaissent du prurit et un très
léger érythèmc à la lèvre supérieure; cet érylhèmedure3 heures 3o minutes.
Du 5 au 10 janvier inclusivement, elle ingère quotidiennement i" d'anti-
pyrine : aucun symptôme. Donc, 2 jours d'abstention d'antipyrine avaient
4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
suffi pour que la malade retrouvai son état anaphylactique. Dès le lende-
main, elle était désensibilisée.
Du 1 1 au i4 janvier, elle ne prend plus d'anli|iyrine. Le i5 janvier elle
ingère i^'. Au bout de i4 minutes apparaissent les mêmes symptômes que
lors de la reprise du 4 janvier, un peu plus accentués cependant et d'une
durée de i4 heures. Du i6 au 19 janvier inclusivement, la malade ingère
quolidiennement i^ d'anlipyrine sans qu'aucun symptôme se manifeste.
Quatre jours sans anlipyrine ont donc fait réapparaître l'état anaphylac-
tique. Les svmplôuies sont plus accusés, plus rapides dans leur apparition
et plus persistants que les symptômes ol)servés, alors que la malade était
restée 2 jours sans antipyrine; mais, la désensibilisation a été obtenue ici,
comme précédemment, après le premier cachet.
Depuis, nous laissâmes de nouveau la malade sans antipyrine pendant
2 jours et nous vîmes réappaïaître ensuite les mêmes symptômes que
le 4 janvier. Ainsi, l'abstinence d'antip\rine pendant 2 jours redonne à la
malade son état anaphylactique. Pour qu'elle reste désensibilisée, il faut
donc qu'elle soit sous l'influence constante du médicament nocif.
Cette observation nous a montré dans son ensemble l'évolution des phé-
nomènes anaphylactiques et nous a révélé toute l'action que l'on peut avoir
sur eux. Nous avons pu, à notre gré, désensibiliser et resensibiliser plu-
sieurs fois cette malade, et il nous a été possible d'intensifier ou d'atténuer à
volonté les symptômes d'anaphylaxie : moins long était le temps laissé entre
la dernière et la nouvelle ingestion, moins violents étaient les symptômes et
plus était facile la désensibilisation. C'est la première fois, croyons-nous,
que l'on put ainsi à volonté désensibiliser et resensibiliser un sujet anaphy-
lactisé. Ces sensibilisations et ces désensibilisations, nous avons pu les disci-
pliner et même les graduer pour ainsi dire. Il nous a été possible de régler
la marche de cette observation clinique avec une précision rigoureuse et
d'étudier ce cas d'une façon expérimentale.
De tels faits de sensibilisations et de désensibilisations successives ne sont,
sans doute, pas exceptionnels. Notre constitution humorale doit être sans
cesse modifiée par ces alternatives et bien des troubles morbides qui appa-
raissent, disparaissent, et reviennent, sans que nous puissions saisir les
causes de ces variations, doivent trouver là leur explication.
Du point de vue pratique enfin, cette observation montre que par des
sommations réitérées de l'organisme, en soumettant le sujet à des doses
massives de la substance anaphylactisante d'une façon continue, on par-
vient, dans certains cas, à la désensibilisation.
SÉANCE DU 31 l'KVRIER I921. 419
OPTIQUE. — Sur raphinélisme et la cnndilion des sinus.
^()le ( ' ) de M. G. Gouy.
I. ÎNous considérons un système optique ayant un axe de révolution. On
dit qu'il y a sligmalismc quand il existe sur l'axe deux points A, et Ao, tels
que tous les rayons issus de l'un passent par l'autre, et qu'il y a aplanètisrnc
quand le même fait se produit, aux quantités du deuxième ordre près, pour
deux points B, et Bj, pris sur des plans normaux à l'axe aux points yV, et
Ai, et infiniment voisins de ces points (-).
Considérons un rayon parti de A, en faisant avec l'axe l'angle //,, et qui
arrive en A^ en faisant avec l'axe l'angle u.^. La condition des sinus
SI 11 II.,
siii ti.
est la condition de l'aplanétisme. Plusieurs démonstrations en ont été
données depuis Abbe. Celles que je connais montrent bien que la condition
des sinus est nécessaire pour l'aplanétisme, mais ne réussissent pas à
prouver qu'elle est suffisante. Les unes se bornent à considérer les rayons
contenus dans des plans passant par l'axe. D'autres s'appuient sur un
théorème qu'on formule ainsi :
Considérons deux ondes correspondantes quelconques S et S', et un de
leurs rayons qui les perce aux points iZ et C. Prenons sur S et S' deux
points quelconques B et B' voisins de C ou de C Si l'on regarde BC et B'C
comme des infiniment petits du premier ordre, on calcule que la diflérence
des chemins optiques (BB') et (CC) est un infiniment petit du deuxième
ordre. D'après cela, on établit aisément la condition des sinus comme
nécessaire et suffisante.
Mais cette proposition est erronée quand les ondes S ou S' se trouvent
infiniment voisines de deux points stigmatiques, tels que A, et \.. Consi-
dérons en effet le rayon A, CA^C' normal à S et à S', et le rayon A, B qui,
après avoir passé par Ao, vient percer S' au point B'. On a, dans l'air par
exemple,
( BB' ) := ( A, Aj ) - ÂTb + \7b^,
(CC ) = ( A, A,) — ÀTC -f- ÂJ? ;
C) Séance du i!\ février 1921.
C^) Nous supposons que l'espace-objet et l'espace-image sont occupés par des
milieux isotropes. Dans tout ce qui suit, les points Aj, A», B,, B2 peuvent être des
foyers réels ou virtuels.
420
d'où
ACADÉMIE DES SCIENCES.
{ BB') _ (CC-) =- ( A, B - A,C) -t- A^B' - \,C' .
Nous pou\ ons confondre les éléments de S et de S' aven leurs plans tangents.
Dans le triangle A, lîC, rectangle en C, si A, C est de Tordre de BC, il en
est de même pour A, B — A, C. On peut en dire autant du triangle A^BC.
Par suite (BB') — (CC') est du premier ordre, si A, C ou A 2 C' le sont aussi ('),
sauf (par compensation) pour une position particulière de S'. Dès lors, on
ne peut achever la démonstration de la condition des sinus, car on est
obligé de considérer des ondes pour lesquelles A, C et A^C sont des infini-
ment petits du premier ordre.
2. La construction géométrique que j'ai indiquée récemment (-) permet
de donner de la condition des sinus une démonstration qui paraît correcte.
Soient B, et Bj deux points infiniment voisins de A, et de A^ dans le plan
de la figure, qui contient l'axe AiAj. Appelons 0, et 0^ les angles B,A,A2
'v A,
et - — B, A.À|. Soient A.D, et A.D. deux rayons conjugués ; appelons u,
et u„ les angles aigus qu'ils font avec l'axe.
Soit Y] l'angle dièdre que fait le demi-plan D, A, A;,D^, avec le demi-plan
(') La raison de celle anomalie esl facile à reconnaître. Chacune des ondes S et S'
esl l'enveloppe des ondes élémentaires émises partons les points de l'antre. Ces ondes
élémentaires oui en général des rayons de courbure finis, et, par suite, si le point
considéré se déplace très peu sur S ou sur S', la variation du chemin optique esl du
deiixiènie ordre. Mais, si les points A, ou Aj sont infiniment voisins de S ou de S',
certaines de ces ondes élémentaires ont des rayons de courbure infiniment petits;
(le là l'anomalie.
{-) Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 196.
SÉANCE DU 2 1 FÉVIUER 1921. ' 421
B,A,Aj. Considérons, à un certain instant, deux ondes S, et S',, issues
de A, et de lî,, qui se coupent sur l'axe; leurs diamètres diffèrent
de 2A,B, cosO,. Soit s, leur dislance mesurée sur A,D| ; 0, sera positif
quand S', sera en avant de S,. On a
£, = A, B, \cos B, A,D, — co&Oi) = Ai B, [cos(?,(cos(/i — i) -h sin 0, siii «1 cos ri],
A un autre instant, les ondes S, et S, sont devenues S^ et S',. L'onde So,
par hypothèse, est une sphère dont le centre est A^. L'onde S'^, d'après
notre construction, passe par le point obtenu en portant sur DjAo, à partir
de So, une longueur t.> :
n, et n^ étant les indices des deux milieux.
Construisons ainsi point par point l'onde S.,. Pour qu'elle soit sphérique
avec son centre en B^, il faut et il suffit qu'on ait partout
£2 — A.2B.,[cos9j(cos«2 — ') + sin $2 *iu "2 cosrj].
Cette égalité doit être satisfaite quel que soit y], et 11.^ ne dépend pas
de q; il faut et il suffit qu'on satisfasse à l'un des trois groupes de condi-
tions :
(2) s'inO^ =r siiiSo =^ o
"1 «2A2B2
. I
un- - Ui - — TT-
2 //,A,B,
(3) cos9, = cosîjrr o,
si„.I„, «.A2B2'
2
siii «2 /(, A, B,
S'il", /i.,A,B.,
Pour (2), les points B, et B, sont sur l'axe; on a la condition d'Herschel.
Pour (3), les points B, et B, sont sur les plans de front passant par A, et
Ao; on a la condition des sinus. Ainsi cette condition est nécessaire et suffi-
sante pour l'aplanétisme.
La même construction nous donne la forme de l'onde S, dans le cas où la
condition des sinus n'est pas satisfaite. Elle nous montre que, en pareil cas,
l'aberration au point B, (coma) est déterminée par la seule fonction qui lie
sinMoàsin//,, sans autres données, ce qui n'était pas certain. De cette fonc-
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 17v!, N' 8.) ^^
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion on peut déduire le coma par un calcul simple, problème qui a un
certain intérêt pratique, et qui fera l'objet d'une autre publication (').
3. Considérons en terminant une difficulté apparente qui se présente
dans le cas où u, = -• Admettons que l'on ait ^^ — - -c^ i. La condition des
sinus étant supposée-satisfaite, il devrait y avoir aplanélisme, tandis que
celui-ci est loin d'exister dans ce cas particulier. En effet, le rayon A,B,
émis perpendiculairement à l'axe devrait passer à la fois par A., et par Bj,
ce qui est impossible, puisqu'il fait un angle aigu avec l'axe en arrivant
en A^.
Examinons le cas mieux défini d'une sphère d'indice n, placée dans l'air, où
les points A, et Aj occupent les positions conjuguées de stigmatisme, c'est-à-
dire que O étant le centre, on a OA, = — et OAj = n\\. Le fait qui nous
occupe se produit de même ici, quand on considère le rayon AjB, émis
perpendiculairement à la ligne A, Ao, tandis que pour toute valeur de «, non
infiniment voisine de -> il y a une image virtuelle Bo où viennent se croiser
les prolongements des rayons issus de B, .
Le calcul montre que pour ;/, = -, le rayon émergent est tangent à la
splière, et cette remarque nous donne la clef de la difficulté. Dans la
d ''monstration de notre construction, nous avons remarqué qu'il faut
exclure le cas où il y a une réfraclion avec émergence rasante; il se peut
donc, dans ce cas limite, que la relation générale entre l'aplanétisme et la
condition des sinus cesse d'exister. Cela nous apprend, par une voie indi-
recte, que, pour réaliser la condition des sinus jusqu'à la limite -> il est
nécessaire de faire intervenir une réfraction, qui, à cette limite, se fasse avec
éiuergeiice rasante.
Dans le cas du dioptre, l'anoujalie peut être étudiée en détail, (^uand u,
( ' ) Le lésuliat le plus saillant de ce calcul est le siii\ aiil : 'l'euons compte seulement
d^s rayons émis par B, qui font un angle «, avfc l'axe. Ces rayons dessinent sur le
plan f(>cal réel ou virtuel une courbe qui représente l'image de li, pour ce groupe;
l'ensemble de ces courbes, pour les diverses valeurs de </,, est le coma. Ces courbes
sont toujours des cercles, quelle que soil la fonction qui lie sinj/j à sin«,. Les valeurs
de cette fonction et de sa dérivée première déterminent leur diamètre et leur position,
a.nsi (|ue l'angle variable sous lequel on les verrait du point B,, image de B, ])our les
rayons centraux. A la limite, pour //, très petit, cet angle est de 60", résultat connu
dipuis longtemps.
SÉANCE DU 21 FKVIUER 1921. ^23
se rapproche de-> lant qu'il y a une différence finie, le proIonj;cmenl du
rayon émergent passe par B^; mais, quand //, devient infiniment voisin
de -> celte ligne se déplace et vient passer par Ao.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur certains réseaux qui se présentent dans
l'étude des congruences qui appartiennent à un complexe linéaire. Note
de M. C. GUICHABD.
' Je prends comme troisième axe de coordonnées l'axe du complexe que je
suppose vertical. Soit G une droite qui décrit une congruence du com-
plexe. Je désignerai parC son premier foyer, par D le second; parC,,C.j, ...
les réseaux déduits de C par l'application de la méthode de Laplace ; par
D,, Do, ... ceux qu'on déduit de 1). Si M est un réseau quelconque, je dési-
gnerai par 11,11,, ... les réseaux déduits de M en allant de u vers t-; par
S, S|, ... ceux qu'on en déduit en sens inverse.
Cela posé, je désigne par (a) un réseau qui correspond à (G ) par orlho-
gonalité; par (ji) un réseau conjugué à G; par (y) un réseau harmonique.
I. Si M décrit un réseau (a), les plans MRll,, MSS, sont perpendicu-
laires respectivement aux droites CC, et DD, ; les projections horizontales
de ces droites étant parallèles, les plans MRR, et MSS, se coupent suivant
une horizontale. Il est clair que la réciproque est exacte. Or les plans
MRR|, MSS, sont les plans osculateurs des courbes du réseau M. Donc :
La propriété caractéristique du réseau (a) est la suivante : La droite
(l^ intersection des plans osculateurs aux deux courbes du réseau est horizontale :,
d'où Ton déduit le théorème suivant :
Pour que les plans osculateurs aux lignes de courbure d'une surface se
coupent suivant une horizontale, il faut et il suffit que la représeniation sphé-
rique des lignes de courbure soit la même que celle d'un hélicoide d'axe
vertical.
II. Je suppose maintenant que le réseau M soit un réseau (fï), c'est-à-dire
que M soit conjugué à la congruence G. D'après la théorie générale des
réseaux et congruences, CC, ])asse par S, DD, par lî. La droite RS qui
rencontre les droites CC, et DD, , qui sont polaires réci[»roques par rapport
au complexe, appartient au complexe.
• La réciproque est exacte. Si la droite RS appartient au complexe, il y a
424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une infinilè de congruenccs. formant un faisceau linéaire, qui sont conjuguées
au réseau M et qui appartiennent au complexe.
Soit alors 1 le pôle du plan tangent en M ; le point I est sur RS; il décrit
un réseau polaire réciproque du réseau M; ce réseau 1 est harmonique à la
congruence G ; la droite US est la droite d'intersection des plans osculateurs
aux courbes du réseau I.
D'où les propriétés suivantes :
Pour qu un réseau soit un réseau (^), il faut et il suffit que la droite RS
appartienne au complexe.
Pour qu un réseau soit un réseau (^{), il faut et il suffit que r intersection des
plans osculateurs aux courbes du réseau appartienne au complexe.
Si le réseau M est un réseau O, les points R et S sont les centres de
courbure géodésiques des lignes de courbure, la eongruence G est O ou 2 O.
Donc :
Les réseaux O pour lesquels la droite qui joint le centre de courbure géodé-
sique des lignes de courbure appartient au complexe sont tracés sur un liélicoïde
ou sont conjugués à une congruence lO du complexe.
Si le réseau I est O, la congruence G est une congruence C. Donc :
Pour que la droite d^ intersection des plans osculateurs aux lignes de cour-
hure iTune surface appartienne au complexe, il faut et il suffit que le réseau O
formé par ces lignes soit harmoiwfue à une congruence C du complexe.
Dans une Note précédente j'ai étudié les congruences C et les
congruences 2O qui appartiennent à un complexe linéaire.
III. Je su|)pose toujours que M soit conjugué à G; par l'origine je mène
une droite g parallèle à G, sur cette droite ^ il y aura des points m qui
décrivent des réseaux parallèles à M ; je désigne par /•. s, les réseaux
déduits de m par la méthode de Laplace. On sait que CC, et DD, sont
respectivement parallèles à O* et à O/-; donc Os et Or sont dans un même
plan vertical, ce qui revient à dire que la droite rs rencontre l'axe du
complexe. Il est clair que, réciproquement, s'il en est ainsi, la droite Om
décrit une congruence point parallèle à une congruence du complexe;
donc :
Les réseaux pour lesquels la droite RS rencontre une droite fixe sont
parallèles aux réseaux p.
En particulier, on voit comment on peut trouver les réseaux O pour
lesquels RS rencontre une droite fixe.
IV. Je projette horizontalement les réseaux (a), (^^), (y); soient (a ).
(? )' (y) ^^^ réseaux plans respectivement parallèles à ces projections.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I921. 425
Je vais indiquer sans démonstration les propriétés caractéristiques de ces
réseaux.
Réseaux [i'. — Ils sont caractérisés |)ar la relation
(i) ?iri2— ^sYii = wU + «V.
Si {a) est un réseau plan pour lecjuel la propriété (i) existe, (Aj un
réseau qui se projette suivant {(i)\ il y aura une infinité de réseaux
parallèles à (A) et qui sont conjugués à une congruence du complexe.
Iléseaux a' el y\ — Ces réseaux sont identiques. Pour les caractériser je
prends le système d'équations
<2)
-r- = "' ,
dr
au '
qui admet les solutions (f = H^, /• ^ ■/^/,.. Le système (2) admet deux couples
de solutions 17, , r, et y^, r.. tels que ^
(3) iro,— i, ■/),-+- (]i7\_— f/,ri = o.
SoienT: alors (b) un réseau plan possédant la propriété indiquée, (B) un
réseau qui se projette suivant i; je désigne par ^3 et y], les troisièmes para-
mètres des tangentes au réseau B.
Si ;;, est une fonction linéaire de q, et q^, le réseau (B) est un
réseau (a).
Dans le cas contraire, le réseau (^B) est parallèle à un réseau (y).
HYDRAULlQUi:. — Calcul du coup de bélier dans une conduite alimentant
une turbine à forte réaction. ?Sote ( ' ) do M. de Sparre.
Dans une Communication précédente (^), j'ai montré que, dans une
conduite alimentant une turbine à forte réaction, le coup de bélier peut
dépasser de beaucoup, pour une loi de fermeture donnée, celui qui se pro-
duirait si la conduite alimentait une turbine sans réaction.
Dans ce qui suit, je vais donner des formules permettant de calculer le
coup de bélier pour les conduites dont il s'agit.
(') Séance du 14 février ig^i,
(-) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 833-835.
426 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Je désigne par H„ la hauteur de chute, par II„y) le coup de bélier, par V,
la vitesse de l'eau dans la conduite pour le distributeur complètement
ouvert, par «„ la vitesse d'un point de la turbine du côté de l'entrée de l'eau,
par )•„ et ?■, des rayons des circonférences d'entrée et de sortie de la tur-
bine ('), par y-n et j3„ les angles des vitesses absolues et relatives de leau, à
l'entrée de la turbine, avec w, lorsque la turbine travaille à pleine charge.
[îi„ est donc aussi l'angle des aubes à l'entrée de la turbine avec u„. Je désigne
en plus par «'c,,' (-) la perte de charge dans le distributeur lorsque la vitesse
de l'eau à sa sortie est i\. Jo pose, de plus,
2i,'H„ /■- _ (1 + «')sin-j3„ _ sina„cosi3„
"l ' ''l ' '^ sin-([3o — !/.(,)' " sin(|3o — a»)'
K
\ = t/P-, B=^A — I, A,--, B,= A, —■
Ceci posé, je rappelle que, pour le calcul du coup de bélier, on doit
partager la durée de fermeluie en périodes de durée 0 = —, L étant la
longueur de la conduite et a la vitesse de propagation. Je désigne par \]„r^„
et par X„ la valeur du coup de bélier H,,-/], et la fraction X, dont le distri-
buteur est ouvert à un instant t quelconque de la /«"'""'période, HhYj,,-, et
X„_, étant les valeurs de H„y] et A à l'instant / — 0, correspondant de la
période précédente.
On peut alors calculer de proche en proche le coup de bélier, dans le cas
d'une loi de fermeture quelconque, avec une approximation très suffisante
par la formule suivante (') :
^^ „ «V,, A _H(X„ + ?.„_,) .-K}.„_,(A|-B,>.„_.)
(,) M„-«„= — (A,,-.- /.«) , + K/.„(A,-B,).„) - "»^"-' , + lv/.„(A,-H,/.„)
Dans cette formule on a pour la première période H|,y]„ = o et elle permet,
par suite, de calculer de proche en proche le coup de bélier à un instant
(pielconque.
Si l'on suppose maintenant que la vitesse de fermeture soit constante et
(') .le suppose qu'il s'agit d'une luiltim; centrifuge ou cenlripèle et, par suilf, si d)
est la vitesse angulaire de la turbine, on a «0= uiio-
(■-) D'après M. Haleau, on pourrait prendre a = 0,06.
(■■') En supposant toutefois que le coup de Ijélier ne dépasse pas environ la moitié
de la 11 auteur de clin te, donc rj 1 •-•
SÉANCE DU 21 lÉVRIER 1921. 427
que Ton désigne par T le temps de la fermeture totale pour le distribiileur
complètement ouvert, on aura
_ ô _9.L
et la formule (i) devient par suite
., ,, _2LV, A -H(>.„ + /.„_,) i-k7„-,(Ai-B,/.„)
En partant de cette dernière formule, on peut faire voir que, dans le cas
présent d'une vitesse de fermeture constante du distributeur, le coup de
bélier maximum se produit, comme lorsque la conduite alimente une
turbine sans réaction, si l'ouverture initiale est telle que la fermeture totale
2 L ,
se fasse sur un temps 0 = — -> égale à la durée d'une période.
On devra donc, pour avoir le coup de bélier maximum, faire dans la for-
mule (2)
i al
On aura alors, pour ce coup de bélier maximum,
(3) ll„-fl„,= — =^ A — B.-=
Toutefois, s'il s'agit d'une fermeture peu rapide, auquel cas tt, est une
H 0
fraction assez petite comnie d'ailleurs B = A — i, on pourra négliger^
devant A et prendre, par suite, pour le coup de bélier maximum,
où, comme nous l'avons dit.
Ces formules ont été établies dans l'hypothèse où la fermeture du distri-
buteur se fait par tiroir, mais on peut montrer qu'elles sont encore
applicables au cas où cette fermeture se fait par directrices mobiles.
428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — La zygomorpliose endotiènc dans les fleurs normalement
actinomorplics. \o\q ( ' ) de M. Paui. Vuillemix.
J'ai précédemment défini la zygomorphose endogène; je l'ai opposée à
la zygomorphose exogène en m'appuyant d'exemples empruntés à une
fleur normalement asymétrique. La même anomalie est fréqufnle chez des
espèces habituellement polysymétriqucs.
Dans les fleurs aclinomorphes, la zygomorphose résulte de modifications
portant sur la position, la configuration, le nombre, quand ces modifica-
tions sortent des limites de l'oscillation normale.
A. MoDnicvTiON DE POSITION. — Dcs appendices, dont les rudiments ont
une position fixe, sont déplacés par des inégalités de développement. Le
déplacement, radial ou circulaire, peut dépasser les limites d'amplitude de
l'oscillation normale.
a. Déplacement radial. — Deux fleurs de LHiuin candidiim (igoo) sont rendues
zygomorplies par ailhérence de l'élamine anlérieure au pistil. Une fleur penlamére de
Fuchsia coccinea (1897) ^ "J"® étamine postérieure dont le filet se confond avec le
style et dégage son anthère à a"""', .5 de stigmate.
b. Déplacement circulaire. — Dans une fleur de l'apaver orientale (10 oc-
tobre i8g3), le déj)lacenient des sépales et des pétales, ([ui amène la zygomorphose
médiane, résulte de l'influence de l'appareil végétatif sur la fleui-. Tout en restant
tétramères, le calice et la corolle ont des appendices divergeant de i44° comme les
feuilles. Toutefois la divergence est de 108° entre la dernière feuille et le premier
sépale, de 252" entre le dernier sépale et le premier pétale, de 288" entre le troisième
et le dernier pétale. Tout se réduit à l'avortement du cinquième sépale et du (|ua-
Irième pétale, qui devraient, suivant la phyllolaxie, occuper. la médiane, le premier
en,arriéi-«, le second en avant, par suite d'une diveigence de passage, qui fait reculer
de 36° le piemier sépale et du même angle le ]ireniier^)élale. Le changement phyllo-
laxique et ra\orlement sont dans ce cas les fadeurs du déplacement circulaire et de
la zygomorphose.
Morren songeait au déplacement circulaire quand il ciéait le nom de méiaphérie
pour l'anomalie d'une fleur de /'"«c/(.5/a dont lus pétales étaient superposés aux sépales.
L'exemple est des plus discutables; les pièces pétaloïdes, concrescentcs aux étamines
épisépale.s, étaient sans doute issues de l'aiidrocée. tandis que la corolle était avortée.
B. Moi)iric.\TiON DE LA coNrii;uiiATio\. — D'après leur oi'iginc^, les appen-
dices floraux sont des phyllomes ou des frondomes. Bien que tous les fron-
domes soient homologues, ilsdiiïèrenl jiar la siruclure et les proportions.
(') Séance du 7 février 192 i.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. 429
Pétales, étamlnes, placentas prolongés par les stig-mates, ont leur structure
difTérenlielle imprimée par leurs rapports avec les organes reproducteurs.
Les pièces homologues sont interchangeables par simple oscillation de
structure dont on connaît des exemples, restreints il est vrai, à l'état
normal. Les proportions de chaque membre sont sujettes aussi à des oscilla-
lions de faible amplitude.
I^'anomalie commence quand les oscillations dépassent les limites habi-
tuelles. Les oscillations exorbitantes se traduisent : a, par des substitutions
homologues; h, par une disproportion exceptionnelle.
a. SubsliliUions homologues. — Un filet surmonté de deux anthères adossées
remplace létauiine et le pétale postéiieurs dun Colcliiciim aulumnale (iSgS). Le
pétille antérieur duii Lilium candidiim est réduit à une crêli' prolongeant le connectif
de létamine. Chez le Philadelphits coronarius. la pélalisalion de;* étaniines est fré-
quente. Selon Schleehtendai (1842), Jacobasch (1882), elle aflTecte avant tout les
quatre premières, superpo^ées aux sépales. Cette substitution, limitée à une élamine
ou à deux opposées, nia fourni (1917) des exemples de zygoinorpliose niédirtiie ou
transversale.
Chez le Forsythia viridissiina (1908) la zygomoiphose transversale est souvent due
à un lobe interpétalaire détaché d'un rudiment slaniinal.
J'en rapproche un petit pél;ile situé en dehors d'une étamine courte d Arabis
alpina (1902). Dans un autre exemplaire (1894) les deux étamines de droite étaient
réduites au filet; une anthère se détachait de la lame malingre de chaque pétale
correspondant.
La staminodie d'un ou deux stigmates, mentionnée par Massalongo (i883) chez Vliis
squalens x Jlore/iCina. est à retenir comme cause tie zygomorphose.
b. Disproportion. — Rien n'est plus commun qu'une dépression marginale parta-
geant en deux lobes un sépale ou un pétale. Le plus souvent le bord de la pièce voi-
sine offre un retrait semblable. J'ai vu chez le Seringat le lobe supérieur déborder
rinférieur dans un pétale, tandis que c'était l'inverse dans l'autre. D'ordinaire les
échancrures sont symétriques. Suivant la remarque de Pippow (1877) elles sont
surtout fréquentes dans les espèces dont la prélloraison oscille entre le type imliriqué
et le type tordu. Elles ont pour origine un déplacement et une collision des membres
au cours de la croissance.
La répétition du même ])hénomène en divers points du bouton peut détruire toute
symétrie. S'il se limite à une paiie où à des paires disposées symétriquement, il
devient la cause la plus eommune de la zygomorphose médiane, oblique ou trans-
versale.
La moitié postérieure d'une fleur de I^is (igrS) est uniformément atrophiée. L'aii-
drocée est réduit aux trois étamines antérieures. I^es )>élales postérieurs, trop rajipro-
chés, se sont heurtés sur la médiane, puis repliés symétriquement chacun de son côté;
ils restent en contact parla face dorsale.
Ailleurs, deux sépales contigus coniluenl en une pièce bifide et le pétale intermé-
43o ACADÉMIE DES SCIENCES.
diaire reste nidimenlaiie. Ainsi -.e réalise une 7,vgomor]iliose ol)Iique signalée précé-
demmenl ( ' ) chez la Fuchsia coccinca. Uildebrand (1899) a décrit un cas analogue.
C. Modification df. nombre. — Les nombres définis compalililes avec la
symétrie sont oscillants ou fixes. Les nombres oscillent fréquemment de
2 à 4 dans des espèces haliituellement trimères, de 3 à 5 dans des espèces
d'habitude tétramères, de 4 à 6 dans des espèces habituellement penta-
mères. L'oscillation ne modifie pas la symétrie quand elle est concordante
dans tous les cycles. Il en est autrement quand elle est discordante et change
les rapports numériques entre les cycles d'une même fleur. Les nombres
fixes sont altérés par avorlemenl ou par addition. Les nombres additionnels
sont soit supplémentaires, soit complémentaires.
Les modifications numériques qui entraînent la zygomorphose se ramè-
nent à. trois : a. Oscillation discordante; h. Avortement ou addition de
membres supplémentaires; c. Développement de membres complémen-
taires.
a. Oscillation discordante. — Une (leur de Lilium candidum (1907)3 tous les
cycles diiiières, sauf quatre étamines épipétales. Dans une autre, tous les cycles sont
trimères, à l'exception du pistil formé de deuN carpelles médians et des étamines
épipétales dont la médiane manque. Le périanihe d'un Scilla bifolia (1909) n'a que
cinq pièces, dont une plus large; le reste est trimère. Une fleur de Colchicuni atitiini-
nale (1890) serait exactement dinièrc si l'étamine postérieure épisépale n'était bifide.
Six autres ont deux pétales entre les sépales postérieurs. La première a une étamine
bifide entre ces deu\ pièces; les suivantes ont autant de ])ièces séparées à Tandrocée
qu'au périanthe. La corolle est d'ailleurs complète, ainsi que le calice et le pistil dans
les deux premières fleurs. Dans les quatre autres, les pétales antérieurs se confondent
en un seul, ainsi que les étamines, et le sépale médian est avorté. L"avortement
s'étend au carpelle médian dans la dernière.
I^a zygomorpliie n'est troublée que dans la troisième fleur, où le pétale antérieur
et le postérieur gauche ont des échancrures symétriques. Les autres fleurs de Col-
chique, de même que les làs et la Scille, ont acquis la zygomorphose médiane. \ous
la reli-ou\ons dans deux fleurs A'Anagallis phcenicea (1908). L'hexamérie n'est
troublée dans la ])remière que par l'absence du sépale postérieur; le type 5 n'est altéré
dans la seconde que par rin(li\ idualisation.d'un petit pétale postérieur. La zygomor-
phose oblique résulte, dans d'autres spécimens, de l'inlcrcalation d'un petit pétale
entre les pétales normaux ou de la bipartition de l'un d'eux'.
h. A t'orientent. Addition de membres supplcmentaires. — La fleur tVO.ralis cor-
niculata est normalement aclinomorjilie et penlamère. Cinq exemj)laires (1894-189.J)
sont rendus zygomorphtîS par l'aNortement de l'étamine médiane antérieure. Rien
d'autre ne distingue la première; le ()i'laie et le sépale médians manquent aux suivantes.
(') Comptes rendus, t. 171, '930, p. 1195, fig. 7.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. 43l
iJans la Iroisiènie, les étaiiiines épiinHales anlero-lalérales sont aussi longues que
les épisépales. Oulre le pistil normal, la qiiatiièine possède un carpelle médian posté-
rieur, rudiment d'un cycle épisépaie. Ce cycle esl complet dans la cinquième qui, par
contre, n'a gar.lé du cycle normal que le carpelle médian antérieur.
Le Sm'nga vitlffaris n'a qu'un plan de symétrie quand la coiolle compte trois ou
cinq pièces, le pistil restant dimère. Il en esl de mètiie du Gentiana Cruciata (1906).
Tout en restant pentamére dans le calice et le pistil, le Campanula Trachelium a
souvent six pétales et six élamines.
Les f^ychnis dioica et Malachiurn aijuaticum (1894), Cerasliuin arvense (i<S97),
m'ont fourni des fleurs tétramères, sauf dans le pistil demeuré peniamère.
Le Cornus sangtiinea est fréquemment irimére ou pentamére, à l'exception du
pistil. La zvgomorphie est habituelle dans la (leur teiminaie, le plus souvent penta-
mére.
c. Développement de membres complcmenlaires. — La iygomorphose médiane
provient chez un Iris variegata (18S9) du développement, devant le pétale j)oslé-
rieur, de l'étamine médiane d'ordinaire avortée.
Chez un Diplotaxis tenuifolia (iSgS) les deux étaiiiines antérieures sont soulevées
jusqu'au voisinage du sommet obtus d'une colonne due au développement excep-
tionnel d'une étamine médiane. Les pétales antérieurs ont des échancrures symé-
triques qui accusent mieux encore la zygomor|iliie médiane.
M. L. Bertiv fait liomiiiage à l'Acadéinie de deux volumes posthumes
de M. Jui.es Boci.vin, Correspondant pour la Section de Mécanique : Cours
de Mécanique (ippliquèc aitv macluiws, professé à l'Ecole spéciale du Génie
civil de Gand : Cf volume (2'' partie), 2'" édition : Machines et chaudières
marines et leurs appareils auxiliaires; 8'' volume, 2'' édition : Compresseurs.
Transmission du travail à distance. Appareils de levage.
ELECTIONS.
Par 48 suffrages contre i à M. P. Zreman, Sir Er\est Hutherford
est élu Correspondant de l'Académie pour la Section de Physique géné-
rale, en remplacement de M. .4. Michelson. élu Associé étranger.
Par l'unanimité de 48 suffrages, M. Jui.es Iîordet est élu Correspondant
de l'Académie pour la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement
de M. Pierre Morat, décédé.
432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRE SPOIXD AXCE .
M. Louis Froc adresse des remercîments pour la subvention qui a été
accordée à V Observatoire de Zi-ka-\rei sur la Fondation Louircuil.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance :
M. L. Patuizi. // CAr.AVAGGio c la nova crilica d'artc. (Prési-nté par
M. Cil. Richet.j
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une équation de Fredholm dans le domaine
complexe et son apolication à la théorie des systèmes d'équations linéaires
à une infinité d'inconnues. Note de M. Roi.ix Wavre, transmise par
M. Hadamard.
On sait que la théorie de l'équalion de Fredholm est étroitement liée à
celle des systèmes d'équations linéaires à une infinité d'inconnues, qui, après
Poincaré, doit ses progrès essentiels aux travaux de M. von Koch. Quoique
l'on ait habituellement ramené la discussion d'une équation de Fredholm
à celle d'un système infini, je voudrais montrer ici qu'il y a intérêt à faire
l'inverse dans certains cas.
S'>it l'équation intégrale
C) 9(.r) = ^.y^cp{..)N(^.r,l)^+/(.r), '
où F désigne un contour fermé entourant l'origine du plan complexe;
?s(.r, - ) une fonction holomorphe en x et bornée dans un domaine D,
contenant le contour 1" au sens étroit, et cela quel que soit ; sur Y\f{x)
une fonction holomorphe dans un domaine contenant, également au sens"
élpiiit, le contour V .
Snns ces hypothèses, ?S (x, -) étant bornée sur F, la théorie de l'iedholm
s'iq)|>lique à l'équation ( i ) et nous assure de l'existence et de l'unicité pour
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. 433
une valeur non caractérislique de X, d'une solution 9(j'), bornée sur V. On
en oonclul immédiatement que cp(j') — fi-'^') est holomorphe dans D.
Dès lors, en posant
NU^HSS'^-i' f^^^-^=l'
et en prenant pour F un cercle de rayon p, centré en .r = o, sur lequel je
supposerai que le développement de N(.r, -j converge absolument;
(i) équivaut formellement au système d'équations
(3) j:„—l'^a,„:J-„=Cp,
les œ„ étant les coefficients de Tayior de 9(^7). Ceci étant, j'appellerai,
d'une manière générale, fonction génératrice d'une solution quelconque
(a;,, a;,, ..., x, ) du système (2) la fonction 9(0?) =V^-„a;" et solution
n = l
régulière de (2) toule solution qui est aussi solution de (i). Je puis alors
énoncer le lliéorème suivant :
La solution unique de l'équation (i) est aussi solution de (2). fm'erscment,
toute solution de (2^ telle que sa fonction génératrice converge dans un cercle
de rayon supérieur à p est solution de (^1) et par suite est unique.
On voit que si l'on connaît la nature analytique de N f .r, -j et de/(x),
on connaîtra, sans avoir explicitement résolu le système (2), les inconnues x„
par l'intermédiaire de leur fonction génératrice, dont nous connaîtrons
intégralement ou partiellement le domaine d'existence suivant la nature
de N /a', - j • On sait que pour un grand nombre d'applications les rensei-
gnements obtenus de cette manière sur les solutions régulières x\, sont les
renseignements essentiels.
En tirant parti de ce que les hypothèses faites au début sur les a^,„ et
les Cj, peuvent être satisfaites pour plusieurs valeurs de p, on peut énoncer
le corollaire suivant :
Si les hypothèses faites sur les a^,„ et les c^ sont satisfaites quel que soit p,
compris entre deux nombres fixes p, et p., qui peuvent être o et ao, la
fonction génératrice de la solution régulière aura un rayon de convergence
au moins égal à p,; les fonctions génératrices des solutions non régulières
auront un rayon au plus égal à p, .
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au point de vue de la théorie des délerminanis infinis, les hypothèses
faites sur les n^,,, montrent que le déterminant infini du système (2) est
normaloïde au sens de M. von Koch.
La discussion précédente s'applique au nombre bien déterminé de solu-
tions de l'équation homogène (i) pour une valeur caractéristique de A.
Pour donner un exemple très simple, je citerai l'équalion
■^ 1T.lJy{Z-UX)"
" < I .
qui n'admet aucune solution. Donc le système correspondant a toutes ses
solutions singulières et leur fonction génératrice a un rayon de convergence
nul.
ALGÈBRE. — Résuliilion de Véqwiliun inilélcrminée
qX' — p\-y^ «\Y--t- V3=i.
Note do M. Boris Delaunay, transmise par M. HadamaiJ.
1. Soit a la racine réelle de l'équation cubique a^ = nvr -F-/>a 4- '/. Avant
tout il faut calculer l'unité fondamentale £„ de l'anneau 0(a), ce qu'on fera
par la méthode de Woronoï. Soit î„ = «a- -+- èa -4- c cette unité (celle
entre t, -, — i, — - qui donne o <<£„<; i ), alors toutes les solutions (X,Y)
seront les puissances e'J' ou e^'", avec des exposants entiers positifs m, qui
seront binômes, c'est-à-dire de la forme Pa -f- i).
'2. Nous appellerons l'unité réduite s'il n'y a pas de nombre À tel que a
soit divisible par A' et b par A; au cas où cela se rencontrerait, nous adjoin-
drions À à a en remplaçant a par a --^ Aa.
Théorème. — Aucune puissance de l' unité réduite (ic.-+ hy. -1- r ne peut être
binôme s'il y a un nombre premier impair t. qui est diviseur conimlm ck' <i et b.
Soit (a7.^ H- 07. + c)'" = Px -I- Q, en remplaçant a par ^ — ■/, et en posant
X = — —, où a = oa, ; b = o/>, et (^/,, A, ) =^ i [nous désignerons par (x, c)
le plus grand commun diviseur], nous oblenons (op- -+- t)'" = P'p + Q',
où p = 2a, P, 0 = (a, b), «7 =: !^a,e — cb'^. Nous avons (0, c) = i, puisque
(a, è, c)^T, et (0, «,) = i, puisque l'unité est réduite, et nous voyons
que (0, cr) ne peut être qu'un diviseur de 4, fl alors si 0 a un diviseur pre-
mier impair -, (-, 7) = 1 . Posons (0:'"'+ a-)"'= M'p--i- P'p + (/,- alors
SÉANCE DU 2 1 FKVRIER I921.
m ( //( - - 1 ):•_,„- ^ A , iii(ni — i) ( m — ■>, )
^A,
!.3
A..
435
, ce qui
ne peut être nul puiscjuc si m = Ti'-m, où (w,, ti) — i, les termes suivant le
premier seraient divisibles au moins par -'•"*"' par le t'ait que -rS'-<:^ 2; tt-'^S;
et ainsi de suite.- ',. (.1. v. d.
Remauque I. — Si (/i, b) =^ù esldidsiblr par-' mais que l'iinilé soit réduite,
et {ax- -\- h'j. + c )'" = M y.- + P x + ( J , alors (NI, P ) est divisible seulement
par -'■, si m ne V est pas par -, et sûrement par •û'''^"', si m est divisible par t:'' .
Remarque 11. — Toutes les puissances telles que (M, P) soit divisible par t.
sont puissances de la plus basse d'entre elles z'^^-. ~- Nous appellerons les
nombres premiers - pour lesquels la |)remière puissance î",- dans laquelle
(M, P ) est divisible par - n'a pas le nombre M divisible par -- de première
espèce par rapport à £„ et tous les autres de seconde espèce.
L'exposant a„ est, si - ne rentre pas dans l'indice de a, un diviseur
de o{-), où '^ est la fonction d'Eulor pour le corps cubique correspondant.
3. (^)uand le nombre cp(- ) est grand, il est très pénible d'élever î„ à la
puissance u.„ pour savoir de quelle espèce est -. Pour faciliter ce calcul,
nous avons trouvé les critères suivants. Pour que - soit de la seconde espèce
si ( — j = + 1(7: n'étant pas idéal premier, cas qui ne se rencontre pas dans
l'algorithme de reluiussenvnt), il faut et il suffit que la congruence V;^o
■inod-)soit s
alisfaite aui
— ) = — I , c'est V £:^ G ( mod - ) qui joue
le même rôle : V et T sont les quantités
£i/'(^i)
<L{x.i'){'îax,-+- b)
1^ ( uC,, ) ( 2 rt X:,
0)
Tr=
'\i{-r, ) {ici .r^
b)
t|;((3')(2q(3'+6)
M,3')/'(,8')
^{^"){2a^"+b)
S''
H
pose
v.t: £(,3")/'(,S")
-px—q =/{x) = (x — .fi) {x - x.,) (./■ - x,) + r.'\^{x);
/i36 ACADÉMIE DES SCIENCES
dans le premier cas, x,, j^, .r., sont des nombres entiers réels,
T, = , Zi= a .î-,- ■+- h j-, + (■ ;
dans le second cas a-, seulement est réel et oc.,= [i', j-., — j5" sont des racines
imaginaires de la congruence considérées par Woronoi (1894) (').
4. Abordons l'algorithme de rchaiissemeju . Calculons, pour cela, le
nombre — a,x + i, -1- «,« où a = Ort,, b= oh, et où (a,, b,) = 1, et soit
>'• = ^( — «I y- -I- l>, -h a,u) sa norme; tous les P des solutions doivent être
divisibles par z. Soit t. un diviseur premier de x : il faut savoir s'il est de
deuxième espèce; pour cela, trouvons la première puissance
sï=Mjj.s<--H l\j,a + (),,,.
dans laquelle M^ et P^,, sont divisibles par - ; u. sera un diviseur du nombre
~ — 1 si / - I = H- I , ou bien de -- — i si ( — j = — i , dans le cas excep-
tionnel où - divise D, a sera diviseur de ~^ — t., si - n'est pas diviseur de
l'indice de y., au dernier cas tout à fait exceptionnel a peut être plus grand,
mais il est toujours facile de le trouver. Si 0 n'est pas une puissance de 2,
ou bien si -1^2 et que M|^ne soit pas divisible par --, le théorème du para-
graphes montre qu'il n'y a pas de solutions.
■ La non-divisibilité de M^^ par -= est donc le critère d'arrêt pour l'algo-
rithme de rehaussement. Si M^^eo (niod-r:-) nous passons dans l'anneau
0(a)^ 0(7:7.), et nous y cherchons de la même manière de nouveaux
multiplicateurs û, que nous essayons de nouveau au point de vue de leur
espèce envers t„, et ainsi de suite jusqu'à ce que : ou bien, à un certain
moment, l'unité fondamentale d'un anneau soit binôme, et alors nous avons
la solution et il n'y en a plus; ou bien se rencontre un nombre - de première
espèce (c'est le critère d'arrêt), alors il n'\ a pas de solutions du tout. Si
le nombre 7: est trop grand, nous emploierons les critères du paragraphe 3.
5. .Soit — ay. -^ h -^ an une unité, alors notre forme est équivalente à
une forme qui a ses deux coefficients extrêmes égaux à i, et dont la racine
est £„. Nous appelons une telle forme fondamentale réversible. Soit celte
forme (i, — p, n, i). Dans ce cas nous trouvons /.— N(£' + £'), et nous
passons aux deux équations (x% — py.^, n/., 1)^ 1 et (7.% n/.-, — p/.. 1) = i
qui ne se réduisent déjà pas à des formes réversibles et que nous résolvons
comme au paragraphe précédent. Toutes leurs solutions donnent toutes les
solutions de (i, — p, n, i) = i.
(') WoitONOï, Sur les nombres algébriques entiers dépendant de la racine de
l'équation cubique. SaiiU-l'olersbourg, iSç)4"
SÉANCE DU 21 l'KVUIER I92I. f\Z']
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains modes de dèterininalioii des solutions
de \ii = m'-u. Noie de M. Georuks Boumga.xd, présenléo par .M. E.
(ioursal.
.Fai donné, ici iiièinc ('), quelques [)i'oposilions relatives à la délerini-
nalion unique d'une solulion de Au = ku, dans un domaine infini, par ses
caractères aux points très éloignés, el par ses valeiirs à la frontière. Il y a
intérêt à ne pas s'en lenir, comme je l'ai fait jusqu'à présent, à la considé-
ration exclusive des solutions partout bornées. Soil un domaine D de
frontière S, non singulière à dislance finie; D possède un nombre limité de
branches infinies, de genre fini. Soil une solution de
.}'U J-U O'I]
o.c- Or- dz-
analytique dans D, nulle sur S. Quel ensemble de conditions suffit-il de lui
imposer aux points 1res éloignés de D pour affirmer qu'elle y est partout
nulle ? On peut ado()ter deux points de vue bien distincts :
1" ( )u bien chercher des propositions s'appliquant collectivement à tous
les domaines ou tout au moins à des classes très étendues de domaines;
2° Ou bien, se limitant aux domaines dont l'ensemble des points à l'infini
répond à quelque hypothèse bien précise, chercher pour eux seuls des
critères d'unicité, moyennant des conditions moins restrictives.
Lorsque co n'est pas nul, on gagne relativement peu de précision lorsqu'on
passe du premier ordre d'idées au second. Voici en effet, quant au premier
point de vue, un théorème qui résulte aisément de mes recherches précitées :
Une solution de (i), nulle sur S, analytique dans D, est nulle en tout
point P de ce domaine, si Von a | Up| <C/(>')^ '" désignant la distance de P à
un point Jixc ijuelconque et /{r) une fonction telle que le produit
re-""'f{r) (oj > o 1
tende vers zéro lorsque /• augmente indélinimi;nl .
Il en sera ainsi, par exemple, si _/(/") est de la forme Ar'"' , eu, désignant
un nombre positif inférieur à w.
Essayons maintenant, en nous ralliant au second [loint de vue, d'obtenir
des résultats plus précis. Supposons que chaque branche de D, à partir
(') Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 893 et 10:10.
C. K., lyîi, I" Semestre. (T. 172, N- 8.) ^^
438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un cerlain moincnl, soil limilée par un cylindre, c'est là une hypolhèse
favorable à noire ohjel aciuel, et à lacjuetlc on peut appliquer le dévelop-
peiiienl indiqué dans ma thèse (') pour loule solution U de (i), analytique
dans un cylindre, au delà d'une certaine section droite et nulle sur sa
surface. Ce dévelop])ement procède suivant les fonctions fondamentales de
la section droite, les coefficients sont des fonctions exponentielles de la
dislance de P à une section droite fixe n.
Supposons que P s'éloigne indéfiniment sur une parallèle aux géné-
ratrices : la croissance de Dp sera le moins rapide possible si. à partir de 7,
Up garde un signe constant. Soit p la projection de P sur t, on a alois une
expression asymptolique de Up au moyen de la fonction fondamentale et de
la constante caractéristique de rang un :
Up=H9,(/<)^v»^^"V'^_£,
î tendant vers zéro lorsque P s'éloigne indéfiniment . De là résulte un crité-
rium d'unicité, spécial aux domaines à tranches cylindriques, facile à
énoncer, et dépassant en précision le théorème collectif indiqué plus haut.
En même temps, ces considérations conduisent à nne proposition inté-
ressante en elle-même. Elles montrent qu'une solution de (i), analytique et
positive dans un domaine à branches cylindriques, nulle sur sa frontière et
tendant vers zéro à l'infini dans toutes les branches, sauf une, est déter-
minée à un facteur constant près. D'où il suit qu'une solution de (i), ana-
lytique et positive en D, nulle sur S, a une expression générale de la forme
C,U,(t>)+...+ C„U„(I'),
C,, . . . , C„ désignant des constantes positives arbitraires en nombre égal à
celui des branches.
Mais ce cas est bien particulier el c'est seulement lors(jue les diverses
branches infinies de D seront suffisamment « é/m/wev » (jue nous pourrons
espérer gagner en précision sur l'énoncé du théorème collectif. On s'en rend
parfaitement compte en étudiant le cas d'un domaine à branches infinies
coniques, et l'on est conduit dans celle hypothèse à un résultat négatif, à
savoir l'absence de critère d'unicité spécial, (juelle (jue soit la petitesse des
angles solides des diverses branches. Si, en effet, on étend à une branche
conique l'analyse exposée plus haul pour une branche cylindrique, on
(') Sur les foiKlio/is (le Gree/t el de Neiiinanii {HiilUuin de la Société iiialhé-
inaliijiie de Fiance, 1914. \o)e/. priDcipaleinent le 11° 17).
SÉANCE DU 21 KKVIUI'H 1921. 43()
()l>liont. pour une solution U de (i). analytique dans cette branche à [)aplir
d'une certaine section droite sphérique, el nulle sur la surface, un dévelop-
penienl procodanl suivant les fonction.s fondamentaies de cette section,
issues d'une ccpiation de lieltrami. Les cocl'licients sont des fonctions de
la distance /de 1' au sommet du cône, vérifiant des équations diirérentielles
telles que
dr- \ I- j
dont toutes les intégrales ont même ra[)iditc de croissance et sont compa-
rables à
/■
En même temps, la proposition relative à l'indétermination reslrcinle
d'une solution positive el analytique dans le domaine, nulle à la frontière,
cesse d'être vraie. C'est ainsi que, dans le domaine à une seule branche,
formé par l'ensemble des points de cote positive, dont la frontière S est le
plan x( ) \', une solution analytique nulle sur ce plan n'est plus déterminée
à un facteur constant par la condition d'être positive dans tout le douiaine :
l'expression
^ s]>(;voj--«Oa'(«)'/« / /\9)e»i—"-.v-,„0,^^^
fournit en effet, quelles que soient les fonclionsyet o" positives, une solution
réalisant l'ensemble des conditions précédentes.
Il en est tout autrement pour l'équation de Laplace : nous montrerons
prochainement que les domaines à branches coniques compoitent des
critères spéciaux et qu'on peut leur étendre le théorème de l'indétermination
restreinte d'une fonction positive, nulle sur la surface. Le gain qu'on réalise
alors en passant du premier point de vue au second est notablement plus
important.
OPTiQUt;. — Absorption des rayons X de grande longueur d'onde. Lim'son
entre (es rayons X et la lumière. Note de M. Uolweck, présentée par
M. Lippmann.
Dans une Note précédente ('), nous avons indiqué le dispositif employé
pour produire des rayons X de grande longueur d'onde et mesurer leur
(') Comptes rendus, t. 171, iy2o, p. Sly.
44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
absorplion dans les gaz. Pour faire variej' la masse de gaz absorbant traversé,
on peut, soit laisser fixe la profondeur de la chambre d'ionisation et faire
varier la pression du gaz, soit laisser la pression fixe et faire varier, au
moyen d'un plateau mobile, le parcours des rayons dans le gaz. Les coeffi-
cients d'absorption déterminés par ces deux piocédés concordent sensible-
ment entre eux et avec les mesures faites en changeani aussi la pression du
gaz et le signe des ions recueillis (' ).
On a pu déterminer, pour les longueurs d'onde A variant de loo à
4i.io~* cm (X,„i„ des rayons produits par i 9.3 à 3oo volts), la loi de variation
de -, p étant la masse spécifique du gaz absorbant, en fonction deX et nous
avons trouvé pour :
Oxva;èiie — = 1,0 /r'
P
Azote 0,8
Hydrogène 0,2
A étant exprimé en io~' cm et u. en ■;^^. le gaz étant dans les conditions
normales.
Si Ton compare ces nombres avec ceux trouvés parOwen ( -), on voit que
le rapport des coefficients d'absorption entre eux et leurs lois de variation
avec \ sont sensiblement les mêmes, pour les rayons X ordinaires et pour
ces rayons, de longueur d'onde 100 fois plus grande. Les coefficients d'ab-
'sorplion des rayons X mous sont ce[)endaiit 10^ fois plus grands que ceux
des rayons X ordinaires.
A partir de A^j„4i.io"*' cm justprà A„„„ 10.10"" cm (rayons de 3oo à
1200 volts), ces coefficients d'absorption semblent devenir constants. En
réalité, on atteint très probablement, à ce moment, la bande d'absorption K
du carbone contenu dans la feuille mince de celluloïd qui sépare le tube
producteur des rayons de la chambre d'ionisation. Le coefficient d'absorp-
tion du carbone passant, à ce moment, par un minimum très prononcé, la
longueur fl'onde minimum des rayons filtrés ne varie plus avec la tension
aux bornes du tuije jusqu'à ce qu'on ait atteint la fréquence correspondant
à l'autre branche de la discontinuité; le coefficient d'absorption recommence
alors à décroître et la courbe obtenue se raccorde avec celle provenant de
(') La précision des mesures publiées dans celle Noie esl assez, faible, les expé-
riences étant difficiles. Les erreurs peuvent atteindre ) et (|utl(|ucfois 10 pour 100.
(') (-)wiiN, Proc. Jioy. Soc, t. %, 1918, p. 5io.
SÉANCE DU 2 1 KÉVRIKR I921. /^/^i
l'extrapolation des mesures faites sur les rayons X ordinaires. Ce pliérioiiiène
masque les bandes d'absorption K de l'azole et de l'oxygène.
Pour déterminer, avec un système plus sensible que celui décrit dans la
précédente Note, quelle est la plus faible diflerence de potentiel, entre
l'anode et la catbode, sous laquelle apparaissent les rayons mous, etpoui
déterminer l'absorption de ceux-ci dans une feuille mince de celluloïd, nous
avons employé, comme chambre d'ionisation, un électroscope étanche
contenant de l'air à la pression de o"", i de mercure et sans chute de tension
le long de l'isolant. La fuite de cet instrument était très faible. Les rayons
étaient produits par l'arrêt des électrons provenant d'un fil de tungstène
incandescent, sur une anode de molybdène en forme de V, des écrans conve-
nables empêchaient la lumière issue du filament d'entrer dansl'électroscope.
L'anode avait été portée au rouge, pendant une heure, dans un bon vide
pour éliminer les gaz occlus. Les rayons entraient dans la chambre d'ioni-
sation en traversant une feuille de celluloïd de 2,5. io~' cm d'épaisseur; un
dispositif, mu de l'extérieur par rodages, permettait de superposer à cette
lame, une, deux ou trois feuilles identiques.
Nous avons pu déceler un rayonnement pour une différence de potentiel
de 25 volts entre l'anode et la cathode ("A„i„ du spectre continu :
/(93.io~*cni) et acquérir la certitude qu'il ne s'agissait pas de rayons
ultraviolets parasites, en déterminant l'absorption de cette radiation dans
le celluloïd, comme il sera indiqué plus loin.
De X =: 4o à À = «So.io'* cm, le coefficient d'absorption du celluloïd
varie, avec la longueur d'onde, suivant une loi en À''* semblable à celle
trouvée pour les gaz ; mais pour X ^ 80. io~* cm, le [coefficient d'absorption
croit de moins en moins vite, passe par un maximum pour X = 32o.io~* cm
(4o volts aux bornes du tube), puis diminue lorsqu'on se rapproche de
l'ultraviolet, [j.,,,^,^ pour le celluloïd = i4,5.io'' ^^.
Le rayonnement de l'anticalhode devenant trop faible, lorsque la tension
entre l'anode et la cathode devient inférieure à 3o volts, pour permettre la
mesure d'un coefficient d'absorption, on peut, pour obtenir de plus
grandes longueurs d'onde avec une intensité suffisante, utiliser la production
de lumière ultraviolette, de longueur d'onde minimum bien déterminée,
accompagnant l'ionisation d'un gaz. On introduit, à cet effet, dans le tube,
un gaz à une pression telle que le libre parcours moyen d'un électron soit
du même ordre que la distance entre l'anode et la cathode, et, dans l'élec-
troscope, le même gaz à une pression suffisante pour absorber tout le
rayonnement. On établit, entre l'anode et la cathode, une différence de
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
potentiel légèrement supérieure au potentiel d'ionisation du gaz envisagé.
On peut mesurer ainsi l'absorption, par le celluloïd, d'une radiation doni
on connaît la longueur d'ondo. On fait varier celle-ci en changeant la
nature du gaz ('). *
On trouve que, pour la longueui' d'onde correspDudant à Tionisatlon de
rii\ drogène (environ 980. ïo~' cm, ultraNiolet de Scliumann), une feuillo
de celluloïd de 2, 5. 10— cm d'épaisseur laisse passer 20 pour 100 do la
radiation incidente, alors qu'elle ne laissait passer que .5 pour 100 de la
radiation correspondant au maximum d'absorption (A = 320.10-'' cm).
On a donc réalisé, par l'étude de l'absorption des corps, pour des radia-
tions de longueur d'onde comprises entre 1000 et lo.io""' cm, une liaison
continue entre la lumière et les raNons X, et mis en évidence le maximum
d'absorption existant dans celte région.
PHYSIQUE. — Sur rétftf aciuci de la synllièsc de l'iimmoniaque par les liyper-
pri'ssions. Note de M. (iEOROEs Ci-ai'de, présentée par M, d'Arsonval
Je crois utile de mettre l'Académie au courant des progrès réalisés dans
la synthèse de l'ammoniaque par les hyperpressions depuis mes Notes pré-
cédentes (- ). Je préciserai surtout ici les étapes franchies en ce qui concerne,
l'importance des appareils.
Je rappellerai d'abord que plusieurs membi'es de l'Acadéinie ont bien voulu visiter
ù deux, reprises mes inslallalions. Dans la première, le 9 janvier 1920, ils onl assisté
aux premiers pas de celle industrie hors dû laboratoire. Le mélange N + II' était
préalablement comprimé vers 100"'™ par un compresseur ordinaire de 60 m': h. Deux
liypBrcompresseurs en série l'amenaienl à 3oo'"'", puis à 1000""". Ce mélange liyper-
couiprimé, apj'ès purification, alimenlait un tube calalvseur uni(|ue. dont la production
élait de 6' à 7' d'amiuoniaque liquide par heure.
L'évacuation de la chaleur de réaction se faisait dans cet appareil à l'aide d'un
courant de plomb fondu circuilant le long de la paroi du tulse catalyseur par le prin-
cipe du thermosiphon : tout l'appareil do catalyse, assez dangereux pour des raisons
curieuses que j'indiquerai plus tard, était placé au fond d'un puits. Son maniement
et, en particulier, le remplacement (le la matlrre catalysante ubagée. étaient peu aisés.
(' ) (îe dispositif expérimental semble susceptible de rendre de grands services dans
l'élude du rayonnement et des potentiels critiques des gaz.
C) Comptes re/ir/i/s. I, lOS, i<)i9. p. 1001; t, 170, l'.cJo, p. i-\.
SÉANCE DU 2 1 FÉVRIER 1921. /|/i3
Cepeiuliinl, je crois pouvoir ilire (|iie la siiiipliciié de rinstall;ilioii, le foiiclionnemeiil
parfail des liypercoriipiesseurs, l'absence de fuites malgré la inuliiplicité des joints
eoiivain(|uiient dés cette date les visiteurs de l'enicacité des principes mis imi jeu et
de la légitimité des espérances conçûtes.
La seconde visite a eu lien le ',0 novembre 1930. Un sysiènic très didérent de luhes
catalyseurs étudié depuis quel(iues mois et permettant, entre autres avantages, le
remplacement assez facile du catalyseur, avait été mis en service. Les tubes cataly-
seurs étaient, cette fois, au nombre de ipialre : deux en parallèle, les deux, antres en
série à la suite, et permettaient la combinaison de 80 pour 100 des gaz traités. Ces
((uatre tubes étaient jiiacés dans les niclies sépaiées d'un simple petit abri bétonné
reconnu suffisant.
Les liypercompresseurs alimentant cette batterie de tubes étaient les mêmes cjue
ceux de la première visite, mais leur fonctionnement s'était montré à tous égards si
bon (|u'en augmentant simplement leur alésage et leur vitesse, on avait pu porter leur
débit de 60'"' à i5o m^:li. J'ajoute qu'à plusieurs reprises. In durée des cuirs emboutis
sous ces énormes pressions, qui était mise en doute, a atteint l'ordre des centaines
d'heures. Huant à la possibilité, non moins discutée, d'obtenir des canalisations et des
appareils étanclies dans de telles conditions, les faits se sont chargés d'en donner la
démonstration la plus péremploire, puisque, comme on a pu le noter, toute odeur
d'ammoniaque est très généralement inexistante dans l'usine.
Celte fois, la production des appareils montrés aux visiteurs s'était éle\ée à 60' ou
70' d'ammoniaque lUiuide par heure, soit environ i',25 par 24 heures. Kile avait
donc décuplé depuis janvier.
Celle installation continue à fonctionner, à titre de démonstration seule-
ment bien entendu, avec l'hydrogène très coTiteux fourni par une batterie
d'éleclrolyse alimentée par du courant d'usine thermique, en attendant le
jour très prochain oii une source d'hydrogène bien plus économique sera à
sa disposition.
A l'heure actuelle, une nouvelle étape a été franchie. Un hypercompres-
seur, réunissant dans un bâti unique les deux étapes 100 à 3oo et 3oo à 900,
pression finale employée, a été construit par M. Le Rouge. Il « agit celte
fois d'un puissant appareil, capable de comprimer par heure, malgré ses
dimensions réduites, 700'"' du mélange N + H', quantité nécessaire pour
alimenter une unité de 5' d'ammoniaque anhydre, soit l'équivalent de 26'
de sulfate par jour.
Une fois de plus, toutes les prévisions concernant la marche et la consom-
mation d'énergie d'un tel appareil ont été vérifiées.
Les mesures au wattmètre sur le moteur alimentant l'hypercompresseur
indiquent en effet, pour un débit de 710 m': h comprimé de 100 à 9.00''''"',
une puissance électrique de 97 kw; soit, au rendement de 90 pour roo,
une puissance mécanique de \ii chevaux développés au moteur. Si l'on
'|/,4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
admet d'autre part, ce qui est aisément réalisabli- avec de bons compres-
seurs industriels, un rendement pratique des j de la compression isother-
mique à I j°, on trouve, pour la compression de 710 m' : h de i"'"' à 100"'"',
187 chevaux.
La puissance totale requise de i»'"' à 900"'"' est donc de ')io chevaux,
soit plus de 2""' comprimés à 900"'" par clievai et par heure.
Quant à l'étanchéité, l'expérience suivante fixera sur sa \aleur. L'hyper-
compresseur, alimenté d'abord parle compresseur de basse pression, amène,
au débit normal de 700 m* : h, les appareils sous hypercompression à la
pression normale de 900'''"'. On supprime alors l'alimentation de la basse
pression et l'on ouvre en même temps un hy-pass reliant à l'aspiration
le circuit d'hyperpression, en réglant le débit de ce hy-pass do telle sorte
que la pression d'aspiration reslc constante à sa valeur normale, soit
100""". Les fuites sont alors mesurées, si l'on connaît le volume du circuit
sous byperpression, par la diminution progressive de celle-ci. Or, la
capacité du circuit d'hypercompression correspondant environ à 10'"' de
gaz comptés à la pression atmosphérique, la diminution dépression a été
au maximum, dans ces essais, de 100""" en i5 minutes, ce qui correspond,
en tenant compte de la compressibililé des gaz à ces pressions, à moins
de 3""' de fuites par heure : c'est, par rapport au débit di' 700'"', une
fuite de moins de o, 5 pour 100. Le résultat esl d'autant plus intéressant
qu'il n'y a aucune espèce de recueille-fuit(^s.
Parallèlement à l'hypercompresseur, un des quatre tubes catalyseurs
d'une installation de 5 tonnes de NH ' par jour a été essayé avec succès.
Il était nécessaire de faire cet essai pour certifier la possibilité d'installa-
tions aussi puissantes, car le dégagement d'énormes quantités de chaleur
dans un volume de plus en plus réduit par rapport aux surfaces d'évacua-
tion posait de difficiles problèmes (ju'il eût été mauvais de croire réali-
sables sur la foi d'une simple extrapolation.
L'expérience de notre installation piécédente montrant qu'il n'y a
aucune difficulté dans le fonctionnement simultané de quatre tubes soumis
au même courant gazeux, la certitude est donc maintenant acquise, grâce
aux efforts de collaborateurs parmi lesquels je suis heureux de citer
M. Parer, et tout spécialement M. Schideler. de pouvoir réaliseï' jusqu'aux
plus grosses unités actuellement désirables la synthèse de l'ammoniaque
par les hy])erpressions, en tant qu'on peut se procurer l'hydrogène néces-
saire.
SÉANCI' I>ll 2 1 l'ÉVRIER IQÎI. 4/|5
CHIMIE PHYSIQUE. — Stir la résix/ii/irc é/rrfritfur des aciers au /iic/,f/.
\oW de M. A. PoKTEviN, présentée par M. If. Le t^lialelici'.
Nous avons donné, en 190^ ( ' ), des valeurs de la résistivité d'nne séiie
d'aciers au nickel conlenanl de o, 1 à o,H pour 100 de carbone et de 2 à
3o pour 100 de nickel ; postérieurement, \1. O. l^oudouard (") a publié les
résultats de mesures analogues faites sur la même série d'aciers. Dans l'en-
semble, il y a concordance 1res satisfaisante entre les données numériques
obtenues; cependant on relève des écarts énormes, atteignant de 20 à
4o pour 100 de la valeur la plus faible, [lour certains aciers cont(^nant de
7 à i5 pour 100 de nickel.
Ce désaccord semble être dû à des différences de traitement thermique.
M. O. Boudouard n'indiquant pas les conditions du recuit subi par ses
échantillons, il devenait indispensable, en vue d'élucider la cause de ces
divergences, de préciser par de nouvelles expériences l'influence des condi-
tions de recuit, notamment de la lenteur de refroidissement, sur la résisti-
vité de ces aciers.
Dans ce but, on a soumis une série d'aciers au nickel à deux traitemenis
qui seraient désignés tous deux sous le nom de recuit dans la pratique
industrielle: l'un, correspondant à des conditions courantes et consistant
en un chauffage vers lono" suivi d'un refroidissement d'une durée totale de
4 à 5 heures ; l'autre, correspondant à des conditions volontairement exagé-
rées, consistant en un chauffage vers i3oo" suivi d'un refroidissement d'une
durée totale d'environ 3 jours. Nous désignerons ces deux traitements sous
les noms de recuit avec refroidissement lent et très lent.
La comparaison des résistivités obtenues sur une même éprouvette après
ces deux traitements n'accuse que des écarts nuls ou de l'ordre des erreurs
expérimentales pour les aciers à très basse teneur en carbone, mais fait res-
sortir des différences considérables pour les aciers contenant de o,3 à
0,8 pour 100 de carbone et 7 à i5 pour 100 de nickel.
Voici quelques exemples des résultais obtenus :
(') Iron and Sieel Instiliile, Carnegie Scholnrship Memnirs. i. 1 , igog. p.
Rev. Met., l. 6, 1909, p. i3o4.
(-) Jiet'. Mél., t. 9, 191a, p. 294.
446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lii-sistivitê en iniri-olnti^
a |iiii- ■entiniflie riilie.
l«e<uil Kecuil
Caihone Nickil Hvec lefroidisseiiienl avec refroidisseinenl
pour lllO. [Miiir mil. liés lent. lenl.
o,:r!:. 9,7 3o,7 .!6,i
0,4 12,2 36,0 40,4
0.3 j5,o 4',)i'> 69,7
0,5 ' ' )7 45 1 7 55 , 3
0,6 7,0 3o,G 43,9 ^
0,75 7,0 3 1,0 44 > 3
o,S 7,1 33, () 44,9
0.8 9,9 \o,(> 55,9
Cette variation considérable de la résistivité (de 10 à '|0 pour 100 de la
plus faible des deux valeurs) est accompagnée ou non de modifications
caractéristiques de la microstruclure ('); en particulier, certains acii-rs
oflVent ainsi un changement iniporlanl de la résistivité tout en présentant
la structure dite mar/ensiii/fiie. Ce fait est à rapprocher de l'observation
analogue que nous avons signalée pour les aciers au nickel à o,i< pour 100
de carbone à propos de la trempe (^). Celte structure n'est donc nullement
caractéristique de propriétés physiques définies d'un acier et peut corres-
pondre [)Our un même acier à des teneurs en carbone dissous très variables,
et, par suite, à une infinité d'états trempés ou hyperlrempés (').
Les résultats de M. O. Boudouard, dans la zone de discordance, se rappro-
chent plutôt de ceux obtenus par nous avec le refroidissement très lent. S'il
en était besoin, ces constatations a|)porteraient une nouvelle preuve de la
nécessité de définir les traitements thermiques par les conditions complètes
dans lesquelles ils sont effectués et notamment par l'indication de la rapidité
du refroidissement. ,
En complétant, par ces nouvelles données, celles déjà fournies par la
- (') Les modificalioiis de slriicliire résiillaiil tl'uri lecuil suivi de refiiiidissemeiil
liés lent, modificalioris très complexes dans le cas des aciers au nickel, seront exposées
iilti-rienrement. Nous les avons déjà fait connaître (A.is. i/il. essais des maléiiati.r,
noveniltie 1911), notamment, pour les aciers au chrome {Comptes rendus, t. 153,
i()i I, p. (l'i ) et au ui;tnt;anèse ( Comptes rendus, t. tG5, 1917, p. 6')-
('■') Imc. cit., p. i324.
(^) Voir les diagrammes des courbes caractéristiques do trempe et de recuit
(A. PoRTKViN, Chimie et Industrie, t. 2. 1919, |). ii'|!: I'. < liif:vK>.iRi), /fec. Met.,
t. 2". 1920, p. 688).
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 192I. 44?
résislivilè des aciers au nickel recuits à 950° avec refroidissemcnl loiil, ou
peut tracer le diagrainuio de la figure ci-dessous, lequel indique, par des
courbes de niveau, l'allure de la variation de la résistivilé(en niicrohmspar
centimètre cube) en fonction des teneurs en carbone et en nickel.
CHIMIE PHYSIQUE. — Contribution à l'élude du système iode-tellure. Etude
de la vaporisation. Note de M. A. Damikns, présentée par M. H. Le
Cliatelier.
L'étude thermique du système iode-tellure, appuyée par les examens
métallographiques, nous a conduit précédemment (') à établir une courbe
détaillée et à montrer la véritable nature du sous-iodureTel-, qui n'a aucun
caractère de composé défini. Nous avons fait parallèlement l'étude de la
vaporisation de produits plus ou moins riches en iode et tellure.
Berzélius, Gutbier et Flury n'ont pu obtenir par sublimation un corps
répondant à la formule Tel-. Wright a mesuré les tensions de mélanges
plus riches en iode que le tétraiodure et il trouve des chiffres sensiblement
égaux à ceux que donne l'iode pur, ce qui ne fournit aucun renseignement
sur l'existence d'un sous-iodure. Il en conclut que l'iode et le tellure ne
donnent pas de solution solide, conclusion que nous savons erronée dans sa
généralité. Dans la zone qu'il étudie plus spécialement, celle des produits
renfermant de 80 à 100 pour 100 d'iode, nous avons montré antérieurement
qu'il V a une solubilité très faible du tétraiodure dans l'iode et abaissement
de la tension de vapeur de celui-ci, manifesté par un accroissement, faible
d'ailleurs, de son point d'ébullition.
(') A. IJamiess, Comptes rendus, l. 171, 1920, !>. ii4"-
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En réalité, la mesure directe et précise de la tension de l'iode est 1res
délicate, et nous avons eu recours à une méthode indirecte d'un usage très
simple et rapide. Le principe est de chauffer dans le vide à des températures
aussi basses que possible des mélanges de compositions différentes, et à
étudier les fractions obtenues dans cette opération.
Nous avons préparé par fusion et refroidissement lent sept produits de
compositions différentes. Après pulvérisation, un poids connu de chacun
(le ces produits a été placé dans un tube de verre qui a été scellé après
qu'on y eut fait le vide. Les tubes furent disposés en faisceau, et placés dans
un thermostat constitué par un bloc d'aluminium chauffé électriquement.
Les produits d'iode et de tellure commençant à émettre des vapeurs à 120",
mais avec une extrême lenteur, nous avons fait deux séries d'essais, l'une
à i:")o", l'autre à 170", températures où les produits restent entièrement
solides. La chauffe a duré 80 heures à iSo", 5 heures 3o minutes à 170°.
Ln fin d'expérience, chaque tube renfermait trois produits différents :
un résidu, un produit A déposé en un point correspondant à la sortie du
four, où la température était voisine de 100°, un produit B formant de gros
cristaux dans les parties les plus froides du tube. Les produits B sont cons-
titués par de l'iode pur; les produits A par du létraiodure pur.
Ces résultats montrent que, dans tous les cas, deux phénomènes se
superposent : sublimation du tétraiodure et dissociation. Les quantités de
tétraiodure et d'iode vaporisées sont fonction, la première de la sublima-
lion, la seconde de la dissociation. Llles ne permettent pas d'apprécier
avec quelque exactitude les tensions, car elles sont seulcMuent fonction de la
vitesse d'établissement des équilibres, elle-même dépendante de nombreux
facteurs, mais leurs variations dans chaque série d'expériences parallèles
permettent d'établir une série de courbes utiles. On peut ainsi tracer sim-
plement les courbes de vitesse de vaporisation, et celles qui sont relatives à
la composition des vapeurs émises.
Nos résultats permettent les conclusions suivantes :
1° La vaporisation (courbe I) s'accentue quand la température s'élève
et quand le produit s'enrichit en iode. Le système est en effet divariant
(trois constituants et trois phases).
2° Les courbes présentent un point anguleux, au voisinage des points j]
ou E' de la courbe thermique, ce qui est lié à la présence dans les produits
entre E et !'/ de tétraiodure sous forme d'eutectique, à droite du point |],
de tétraiodure libre.
3" A droite du point E', la dissociation s'accroît plus vite (|ue la subli-
SÉA^fCE ou 21 FÉVRIER 1921. ^^Ç)
niation, ce qui se manifeste par le croisemenl des combes I[, dans chacune
des expériences, et en outre par l'allure des courbes IlLet IV qui s'écartent
nettement l'une de l'autre à partir du point E'.
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1° On n'observe aucune anomalie des courbes au poinl correspondant
à la composition TeP, ce qui démontre par un nouvel argument l'inexis-
tence de ce corps comme composé défini.
En [résumé, nous avons employé une méthode simple el d'application
rapide, susceptible d'èlte généralisée, pour l'étude méthodique de la vapo-
risation d'un système chimique. Appliquée à l'étude du système iode-tellure,
elle nous a apporté des faits qui viennent à l'appui des conclusions de l'ana-
/l5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lyse llierini(|ue ol de la inclallofrraphie, et f|ui nous onl coiifiriué l'inexis-
lence du sous-iodure de tellure.
AGKONOMIE. — lli'lalions entre les propriétés mécanir/iics des pâles ilc
farine et la panificalion . Note de M. Marcel Ciiopi\, présentée par
M. L. Lindet.
Nous nous proposons d'établir qu'il existe une relation simple entre la
faculté que possède une pâte de farine de se développer en membrane
mince et le poids spécifique apparent du pain susceptible d'être obtenu
avec cette farine. Nous avons, dans ce but, réalisé un instrument de mesure
des propriétés mécaniques des matières plastiques, qui permet de délimiter
l'éprouvette sur laquelle porte la mesure, et de développer cette éprouvette
en constituant une alvéole analogue à celle qui forme la partie élémentaire
de la mie de pain.
Cet appareil comprend deux, plateaux horizonlaux dont l'un est monté sur un socle
de fonle maintenu à température constante, et dont l'autre peut se déplacer parallè-
lement au premier. Ces plateaux sont percés au centre d'ouvertures Ironconiques
dont les axes coïncident. Des clapets, de même forme, peuvent obturer ces ouver-
tures. Les diamètres des petites bases des clapets inférieurs et supérieurs ont res-
pectif ement 8""" et 58""". Une manette latérale permet d'abaisser le clapet inférieur
dans une chambre reliée a un manomètre doué d'amortissement des oscillations, et
à un tube mesureur en veiie réuni par la partie inférieure à un llacon de manœuvie
renfermant de l'eau.
Les deux clapets étant placés sur leurs sièges, on dispose au centre du plateau nui-
bile un échantillon de pâte et on le comprime pai- la descente progressive du plateau
supérieur jusqu'à la rencontre d'une cale de 3™"" de hauteur. On enlève les clapets.
L'érliantllloii de pâte se trouve divisé en deux parties, dont l'une centrale constitue
une éprouvctli; lie dimensions bien déterminées, qui peut se déplacer à travers l'ou-
veiture du plateau supérieur. A l'aide du llacon de nianceuvre, on refoule l'air du
mesureur sous l'éprouvette. Celle-ci décolle et s'épanouit sous la forme d'une calotte
spîiérique dont les parois s'amincissent à mesure que son volume croît, ju><]u";i ce cpie
la rupture de la membrane se produise en un point. Le volume d'air refoulé à ce
moment est sensiblement proportionnel à la surface de rupture delà membrane et sei 1
démesure à ce que nous pouvons appeler le coefficient d'extension de la pâte, repré-
senté par IC. Au début de la montée de la pâle, il a été possible de relever la pression
maximum atteinte, définissant la ténacité de la jiàte.
Il est indispensable que les essais soient faits dans des condition* liien driinies. Une
pâte homogène est obtenue en pétrissant pendant 8 minutes dans un petit pétrin mé-
canique .33.^» de farin(! additionnée de irt6""'' d'eau salée à -.iô" G. Cette pâte repose
SICANCIÎ \)V 2 1 I KVRIEU 19'^- 1. /|5l
peiidaril 20 niiniilcs avant Testai el l'apijaieil poilr la iiieinln aiic de ])i'iL(; à iino leiiipé-
ratiu-e constante de a'i".
l'^nfin la loi de variation de l'elToit au((nel est soumise réprouvelle reste inva-
riable, puisqu'elle suit, à peu de chose près, l'écoulement du liquide entre les vases
communiquants. L'essai porte sur une moyenne de huit échantillons tirés d'une même
l)àte. Les résultats moyens obtenus avec une même farine s'écarlentde 2 ii 3 pour 100.
i-a durée totale d'un essai est de 1 heure.
Différentes farines ont été essayées par ce procédé et soumises parallèlement à des
panifications efifectuées par un boulanger expérimenté, qui conduisait les opérations
a sa guise, mais était tenu d'enfourner des pàions de 175s cuits à 270° pendant
18 minutes dans un four électrique spécialement construit pour cet usage. Clia(|ue
pauificalion portait sur (piatre pains dont on relevait les volumes spécifiques.
Il existe une i-elalion simple entre le gonflement panaire et le coefficient
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Racine carrée, dfi coefftcieiil ci <xUniien (E) de Ca piîle
d'extension de la pàtc Celte relation est mise en évidence sur la courbe
ci-dessus qui représente la totalité de nos expériences. Malgré des écarts
inévitables dans les essais de panification, les points représentatifs défi-
nissent une droite dont l'ordonnée à l'origine est précisément égale au
volume spécifique initial V,, de la pâte non fermentéo. En appelant ^ le
volume spécifique final du pain, et K un coefficient [de proportionnalité,
on a
V-V„=Kv'î^.
Cette relation définit la loi du gonllement panaire qui peut s'énoncer :
La différence entre le volume spécifique du pain susce|)tible d'être obtenu
avec une farine et le volume spécifique initial de la pâte est proportionnelle
452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
il la racine carrée du coefficient d'exlension de celle pâte dévelo|ipée en
inemhrane mince.
Elle nous ramène ;i cette constatation journalière qu'un pain est d'autant
plus léger, que sa mie est plus finement divisée en membranes minces.
Si l'on lient compte du fait que nos 3i essais ont porté sur les farines les
plus diverses, allant de farines avariées ou provenant des derniers passages
du convertissage, aux meilleurs produits de la mouture de blés très gluti-
neux, nous sommes amenés à conclure que cette loi approchée représente
les phénomènes complexes de la panification dans ce qu'ils ont d'essentiel,
et que la valeur boulangère d'une farine peut être prédéterminée d'une
façon exacte par ce procédé.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les iodaniùH nes.
Note de MM. J. Bougault et P. Uobiiv, présentée par M. A. Ilaller.
Dans une Noie précédente ('), nous avons fait connaître les iodaniidines,
composés cristallisés obtenus [)ar l'action combinée de l'iode et de la soude
sur les amidines. Par leur action sur l'iodure de potassium, ces corps
peuvent être considérés comme des hypoiodites; ils réagissent en ellet
suivant l'équation
H.C\M1-I + kl ^ MCI = KCI 4-H.CNMP-i- 2I.
l'our répondre à celle propriété, nous avons considéré que l'iode devait
être rattaché à l'azote, sans d ailleurs nous prononcer entre les deux for-
mules possibles
INous avons poursuivi l'étude de ces composés. En utilisant la benzio-
(lamidine, plus facilement accessible, nous avons examiné les deux points
suivants : i" action de l'anhydride acétique sur la benziodamidine;
2° action de la Ijenziodamidine sur divers composés susceptibles de réagir
avec l'acide hypoiodeux naissant.
Action de i.'anuydkmje Anftiiyi k. — Lors(|ii'oii ajoute peu ;• |)i'u de la l)eii/.i()fla-
inidine pulvérisée (4*^) à de l'anliyclride acéli<|ue (12""'), les jtremières parties se
dissolvent avec élévation de température; en conliiiuaMt les additions, il se dépose un
composé jaune cristallisé, qu'on lave au benzène.
(') (Comptes rendus, t. 171, lyp.o, p. j8.
SÉANCE DU 21 l'KVlUKR 1921. 453
(le corps loiul il i3.V': il est iiis(ilal)le (l;iiis le hen/.ènc el le clilorofoi'ine, soliilile
(hiiis l'alcool avec' (l(''Coinposilion el foimalioii triodorornie.
I.'aii;iUse el les propriétés de ce corps coiuliiiseril à la l'oriiuile
el rovéleiil mie conslitiiticm assez inatlendue.
Ce qui frappe toul d'abord, c'est que le composé conlieiil plus d'iode
que la benziodaniidine, tout en fournissant de l'acide acétique sous l'ac-
tion de l'eau, et cet iode est tout entier à l'état hypoiodeux, libérable
par (Kl4-H('l)'. Nous pensons qu'il représente une combinaison de
benzdiiodamidine et d'anliydride acétique; c'est l'iiypothèse qui cadre le
mieux avec nos observations.
Sa formation s'expliquerait ainsi : l'aiiliydride acétique agit sur une
partie de la benziodamidine en régénérant de la benzamidine et de l'acide
bypoiûdeux. Ce dernier se fixe sur la benziodamidine non décomposée en
donnant de la benzdiiodamidine, qui se précipiterait à l'état de combinaison
avec l'anliydiide acétique. La jjenzamidine, mise en liberté, ne se retrouve
pas telle dans les eaux mères, mais à l'état de dipliénylmétliylcyani-
dine C\C"H^)'-(CH')N\ produit normal de l'action de l'anliydride acé-
tique sur la benzamidine.
Cette combinaison de benzdiiodamidine et d'anhydride acétique, rela-
tivement stable à l'air, est décomposée instantanément par l'eau avec mise
en liberté d'iode cristallisé. Si l'on chasse l'iode par cliauiïage au bain-
marie, il reste une solution limpide qui, par évapora tion, donne un mélange
d'acétate et d'iodate de benzamidine, dont les proportions s'accordent avec
la formule proposée.
11. AmiON DK LA BENZIODAMIDINE SUR DIVEfiS COMPOSÉS. — L'aciioii caracit'il ^liq ue lie
la benziodamidine sur le mélange (KI + HCI)nous conduil à envisager ce corps
comme un générateur d'acide hypoiodeux; il était alors indiqué de Tuliliser comme
lel dans d'autres réactions.
a. Aniipyrine. — Si l'on triture molécules égales de benziodamidine el d'aiilipy-
rine avec quelques centimètres cubes d'acide acétique dilué au centième, on voit très
rapidement la coloration jaune de la benziodamidine faire place à la couleur blanche
de l'iodantipyrine. La réaction est assez rapide et sensiblement qiiantiUili\e (recueilli
08,628 d'iodanlipyrine pour une quantité théorique de o6,638).
b. ]'aiiilline. — En opérant de même avec la vanilline les résultats sont du même
ordre. Dans une expérience nous avons recueilli 15,87 d'iodovanilline (au lieu de
is, 3g, exigés par la théorie). Cette iodovanilline fond à 180°; elle a élé identifiée avec
le composé obtenu par Caries, mais pour lequel cet auteur indiquait le poini de
fusion 174°.
C. R., 1911,1" Semestre. (T. 172, N° 8.) ' ^4
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans celle opération, lorsqu'on ulilise une quantité trop faillie d'acide acétique, on
oblienl comme produit intermédiaire de l'iodovanillate de Ijenzamidine, eu beaux
prismes réfringents fondant à i i5" avec décomposition.
c. Thymol. — Avec le ihvmol, on obtient du tiiyiiiol monoiodé, fondant à 69",
identique à celui qui résulte de l'action de l'iode et du biclilorure de mercure sur le
thymol en solution alcoolique.
Dans ces diverses léaclions la ben/.iodamidine s'est comportée comme de la benza-
midine liée à de l'acide hypoiodeux, et en efl'et, à côté du composé iodé, nous avons
toujours retrouvé la benzamidine dans les eaux mères.
m. (]elle obtention si facile d'iodantipyrine, d'iodovanilline, d'iodotliyraol, à
partir de la benziodamidine, établit entre tous ces corps un lien évident, et conduit
à les considérer, du seul point de vue expérimental, comme étant tous des dérivés
liypoiodeux. Tous ces corps iodés doivent prendre naissance par fixation d'une molé-
cule d'acide hypoiodeux, suivie de l'élimination d'une molécule d'eau.
Mais si leur origine est la même, leurs propriétés, en particulier la stabilité 'très
différente de l'iode, obligent à exprimer d'une façon différente leur constitution. Dans
l'iodovanilline, l'iodolliymol, on rattache nécessairement l'iode au carbone' dans la
benziodamidine, on marque l'instabilité de l'iode el sa plus grande activité réactioii-
nelle en le rattachant à l'azote.
Avec l'iodantipyrine, le cas est plus embarrassant. Jusqu'à ces dernières
années on y rattachait l'iode an carbone. Mais les recherches de l'un de
nous (' ) ayant montré que ce corps réagissait avec (Kl 4- HCI ) comme la
benziodamidine, il conviendrait de rapprocher sa constitution, au point de
vue de la position de l'iode, de celle de ce dernier corps ; il en diffère cepen-
dant par le fait qu'il ne réagit pas sur le mélange (Kl -i- acide acétique).
Cet ensemble de faits nous apporte une nouvelle preuve de la difficulté
d'établir des classifications tranchées. Entre des types aussi nettement
différents que la benziodamidine et l'iodothymol, l'iodantipyrine nous fait
entrevoir la possibilité d'une série d'intermédiaires permettant le passage,
par degré insensible, d'un extrême à l'autre.
GÉOPHYSIQI'K. — Sur l'ortliogondUté des systèmes de rides de l'écorcr leirrslre.
Noie ( ^) de M. A. Guêbiiard, préseiilée par M. H. Douvillé.
Ayant vérifié souvent, dans les Alpîs-Maritimes, le Var, les Basses-Alpes,
la tendance à Torlhogonalité, signalée par Marcel ISerlrand, des réseaux
tectoniques, je m'étais contenté, comme interprétation, de la vague allu-
(') J. BouGAULT, Journ. de Pharin, et Cfiitn., 7° série, t. 20, 1919, p. ''4^>.
(-) Séance du i4 février tgai.
SÉANCE DU 2 1 FÉVRIER I921. 455
sion admise aux décompositions de forces physiques ou aux interférences
d'ondes, sans remarquer qu'il s'agit, eu géologie, de mouvements séparés
par de longues séries de siècles, avec modificalions de subslance. Une expli-
cation beaucoup plus proche de la réalité peut être obtenue si, au lieu do
regarder les déformations corticales comme dues au jeu, mécaniquement
inexplicable, de strictions tangentielles intrinsèques, on accepte d'y voir le
simple moulage cataclastique superficiel, enregistreur passif de grands
déplacements de masses pâteuses subordonnées, survenus, suivant une for-
mule depuis longtemps énoncée (' ), « chaque fois que, sur un plancher
suffisamment résistant, une couche suffisamment plastifiable s'est trouvée
écrasée par une surcharge suffisante ».
Il est clair, en efîel, qu'autant pouvaient paraître téméraires, appliquées
à des mouvements propres, à l'air libre,, de notre épiderme rocheux, cer-
taines assimilations hydrauliques (-), autant celles-ci deviennent légitimes
si l'on tient compte d;es frottements internes, quant aux déplacements sous
pression de substances mi-fluides en espace clos (/?§■. i c), comme les facilite,
au fond des géosynclinaux, l'élévation de la température et l'énormité indé-
finiment croissante du poids de la superstructure.
<af „C&aiicftje De gcosynclinctl V- . SétSimentcitioniqnée
sous la surcharge pnr ceaoracTncnts atmospnérimics
ces éjections volcanicjius 3.soititsie à hautes tempévcitures
uurospne'
UM°
<C-^Ttwie?- effpnt>rem«'nt &ct/vuAicn 3«ArocPu^> gcnwkmiMvtnPcj
I ( fcrrL5flhïrtj
V\%. I. — Origine (a, b) et mécanisme (c) du diastropliisme cortical.
Or, quelle qu'ait été l'origine de l'effondrement central dont une vague
plastique souterraine va débiter en soulèvements lointains l'énorme énergie
(') A. GuÉBHARD, Notes provençales, n" \, 1917, p. 38 et 49; n° 13, 1920, p. 10.
(-) Comptes rendus somm. Soc. géologique. 6 novembre 1916. p. i43; Notes prow.
n° 1, 1917, p. 3,
456 ACADÉMIli: DES SCIENCES.
d'cjifoncemenl [et l'obset-vation, d'accord avec le raisoniiemenl, situe ces
fosses au pied de la bordure volcanicjue du géosynclinal, où s'ajoutent aux
éjections eiiJogènes de laves {fi'^. i a) les apports exogènes de la sédimen-
tation {fig. I /->,)], la force des choses fera pour longtemps de ces points les
lieux d'élection des surcharges maximaies, cause périodi(iue de déclan-
chemenl pour les crises du diastrophisme ('). Mais la première vague de
fond, chassée en dessous du couvercle, en a violemment altéré l'horizontalité,
en imprimant, sous la face plane inférieure, irrésistiblement soulevée, ses
ondes puissantes, en cannelures (-) parallèlement concentriques à Taxe dVf-
fondrement (/?o-. i c). Survienne, après une longue période de lrom[)eiise
accalmie, un effondrement nouveau, soit sur place, soit ailleurs, pourvu que
ce soit au même niveau plastique (comme il semble bien que ce fut le cas
pour le Trias, aux époques dites alpine et pyrénéenne) et le raz de marée
nouveau se trouvera freiné au plafond par le relief ondulé qui ojipose doré-
navant à sa marche initiale, dans le sens de la flèche de la ligure, la résis-
tance des fonds plongeants de synclinaux et appelle, au contraire, le courant
à se dévier à angle droit, perpendiculairement au plan de la coupe, sous les
voûtes anticliiiales, où se canalisent bientôt, à la place des anciennes ondes
figées, les lignes de flux nouvelles, jusqu'à réaliser un régime à peu près
orthogonal au premier et à simuler grossièrement, par un mécanisuie
composite tout matériel, la réversibilité théorique des deux solutions
conjuguées de l'équation potentielle (').
Même en l'absence de récidive, si le premier mouvement avait eu assez
de puissance pour faire naître, sur les bords de la cuvette géosynclinale, des
ondes de retour, celles-ci eussent pu déterminer quelque chose d'analogue;
(i fnrliori, en cas de récidives multiples, même élagées à des hauteurs
diverses. En tout cas, comme les déformations de la base du couvercle se
transmettent, chaque fois, à l'extérieur, plus ou moins amorties, mais de
plus en plus disruplives, ce seront les traces d'orthogonalité qui prédomi-
neront souvent parmi d'autres moins récentes, dont la superposition enciie-
vètréc déconcertera les efforts des géologues, tant qu'ils s'obstineront à
('l Comptes rendus, t. 16S, 1919, p. 13-27; idoles proi.'., n° 10, 1919, p. a').
( - ) 11 va sans dire que ces cannelures n'onl rien, dans la nature, de la régularilé du
scliérna, mais contribuent encore, par la variété de leurs dislocations, à altérer la tlirec-
lion prifnilive du 11 (i\.
( ') A. GuIîmiAiU), Siii' la r('versilnlité ilf l<i mélliddc éleclrochiiiiiquc pour lu </<'-
Icriniiialion des rcseativ rquipolentiels ou d'ccou/cnient (Coniples rendus, t. !(lî,
1881, p. 792).
SÉANCE DU 2 1 KÉVRIER I921. f\!)']
vouloir lire, sur le masque inerte el squameux qu'est la face de la 'i'crre,
les secrets de sa vie intesline, au lieu d'interroger ses entrailles assez
rationnellement pour \ apercevoir, presque à fleur de peau, le cycle éner-
géti([ue complet du seul moteur naturel en jeu, la pesanteur.
(il':oi-OGli:. - Ij'Hydrogiripliie ancienne du Sahara. Note de M. I\. Cuudeau,
présentée par M. H. Douvillé.
On sait que, au sud du Saluira, les bassins lluviauv africains sont mal
délimités et qu'il résulte de cette disposition hydrographique une grande
homogénéité dans la faune éthiopienne, fluviale ou lacustre. Les nom-
breuses exploralions dont, depuis une quinzaine d'années surtout, le désert
a été l'objet, ont permis de reconstituer l'ancien réseau hydrographique du
Sahara occidental et central et de reconnaître que pareille disposition y a
existé jusqu'à une époque géologiquement récente.
Sur le versant atlantique, toute une série de rivières ont leurs lètos dans
le Tagant et l'yVdrar; les nombreuses dunes qui couvrent la Mauritanie
n'ont pas permis de les suivre complètement. Les plus méridionales d'entre
elles étaient sans doute des affluents du Sénégal et la chose estcertaine pour
l'oued Katchi qui passe à Guimi et à AIeg et rejoint l'un des bras du fleuve
en amont de Podor. On connaît sur le littoral quelques estuaires qui
prouvent l'existence de fleuves indépendants; l'un des [)lus importanis
semble av ùr été l'oued Atoui qui prend sa source au voisinage de la Seguiet
El lloinra, passe près de Zoug et aboutit à l'Océan au nord du cap Timiris.
Plus au Nord, la Seguiet El Homra et l'oued Draasont assez bien connus
et assuraient In liaison entre le Sénégal et le Maroc.
Dans le Sahara central, quatre fleuves importants reliiiient le domaine
méditerranéen à la région éthiopienne (').
L'oued Saoura qui prend sa source auprès de Figuig, \ers 32° lut. N, a
pu être suivi sous divers noms (Zousfana, Messaoud ) avec certitude, jus-
qu'au puits de Ilezeg Allah, vers 2(3" lat. N; au delà on sait mal ce qu'il
devient sous l'Ivg Chach. De ses affluents de droite, l'oued Guir est seul
bien connu ; on ne sait pas encore si l'oued Ziz (= Daoura), qui arrose le
Tafilalelt, rejoignait la Saoura ou aboutissait à un bassin fermé dans l'iguidi.
Des afflaents de la rive gauche, l'oued Namous et l'oued Salah sont par-
tiellement ensevelis sous le grand Erg occidental; plus en aval, l'oued Botha
I ' 1 A. Melmicii, Carie du Saltaru central à rrruoocMi- '''"''■ "J'7-
458 ACADÉMIE DES SCIEACES.
drainait le sud du Tadmaït, le Mouidir occidental et l'Alinet et rejoignait
la Saoura au sud de Rezeg Allah.
Le Niger descendu du Foula Djalon, vers (f lat. N, au lieu de se diriger
vers l'Est comme il le fait aujourd'hui à partir de Tomhouclou (i6°47'
lat. X; ait. 275™), poursuivait sa course vers le Xord et aboutissait à
Taodenni (vers 23° lat. ÎS ; ait. i5o™); un des principaux affluents de cet
ancien Niger, le Tamanracet, prenait sa source au cœur de l'Aliaggar (vers
23° lat. N, 3° long. E; ail. 3ooo"') et rejoignait le fleuve dans l'Azaouad.
L'oued Igharghar, né lui aussi dans FAhaggar, et grossi de l'oued Mia,
issu du Tadmaït, aboutissait, sous le nom d'oued Rirh , au sud-esl de
Biskra, dans le choit ^lelghir (33° lat^ N), qui recevait aussi les eaux des
monts Aurès. Plusieurs des affluents de l'oued Igharghar, nés dans le Tassili
des Ajjers (26° lat. N ). ont leurs sources voisines de celles du Taffassasset
qui, sous le nom de Dallol Bosso, rejoint le Niger actuel près de Boumba
(i2°24'lat. N). Ce grand fleuverecevait sur sa rive gauche (juelquesaflluents
venus de l'Air et, sur sa rive droite, des rivières importâmes venues de
l'Aliaggar (Igharghar du Sud, Zazir, Tin Amzi). J'ai montré ailleurs (Ann.
de Géographie, janvier 1919, p. 52-6o) commentée Taffassasset, qui abou-
tissait au golfe de Guinée, avait fait, à travers le seuil de Tosaye, la
caplure du Niger.
Un afflueiil de cet ancien Taffassasset et du Niger actuel, le Gouibi
N'Kebbi qui passe à Sokolo, re(,'oil les eaux du Tegama el du Damergou
et, par quelques-uns de ses sous-affluents, était l/ien proche de la Koma-
dougou-Yobé qui se jette dans le Tchad; on sait aussi comment la Bénoué,
par les marais de Toubouri, relie le Logone et le Chari au Niger.
IMus à l'Est, on est encore mal renseigné sur ce qui se passait dans le
bassin de Bilma et dans le désert de Libye; mais on sait, par les recherches
de Tilho, que les pays bas du Tchad se prolongeaient jusqu'au Tibesli; on
sait aussi que plus au Sud, par le pays des Rivières, le Nil voisine de près
avec les bassins du Congo et du Chari.
Les reconnaissances de ces dernières années moiilrent donc bien que, à
travers le Sahara, des fleuves morts aujourd'hui, établissaient des liaisons
entre le Nord el le Sud du désert et qu'aucun relief sérieux ne séparait les
dillerents bassins.
De nombreux aigumenls. tirés de la biogéographie, uionUcnl que d'un
bassin à l'autre les communications étaient faciles. Quelques mammifères
franchement éthiopiens, comme le P/iacoc/iœiiis, ont habité la Berbéric au
(Quaternaire i Néolithique?); il leur serait actuellement impossible de tra-
SÉANCE UU 2 1 FÉVRIER I921. 459
MM'soi' le Sahara. Le IJ'' l'cllegrin [Ass. fr. Av. Se, Tunis, i()i 5, p. iV'-
352) a attiré l'allenlion sur les vertébrés aquatiques du Sahara : le croco-
dile du Nil vit encore dans le Tassili des Ajjers et dans le Tagant; j'en ai
rencontré des débris (dents et plaques dermiques) près deTaodenni; parmi
les batraciens, la paléarctique Rr/na esculcnta vit dans le Tidikelt; U. niusca-
ricnsis se trouve dans le Tassili des Ajjers et //. ocvipitalis à Alar; toutes
deux sont éthiopiennes. Parmi les poissons (7 genres et 11 espèces au
Sahara), des silures nettement éthiopiens se trouvent k X\.nv {Clarias .scne-
galensc) et dans le Tassili des Ajjers (('/. lazera).
Les mollusques d'eau douce fournissent des exemples analogues; de
nombreuses expèces éthiopiennes se rencontrent vivantes dans les canaux
d'irrigation des oasis et, subfossiles, dans presque tous les oueds du Sahara.
(L. Germain, Uni/, du Muséum, kjoG- 1920); les espèces paléarctiqucs sont
beaucoup moins répandues; les plus notables {Mclanopsis iiiaroccana,
M. Maresi) paraissent spéciales au liassin de la Saoura et de l'oued Ziz;
elles manquent à Taodeni, ce qui seml)le bien prouver que la Saoura
n'aboutissait pas à ce choit.
Les mollusques terres! ros sahariens peu nombreux sont plulôl paléarc-
liques; les Helia; sont abondants le long du littoral Atlantique jusqu'au cap
Blanc; dans le Sahara central, on trouve vivants un Hélix (Jacosia) et
Rumina dccollata dans l'Ahaggar et subfossile un yrtcoj/a jusqu'à In Echaïé
(20° lat. N., dans l'Azaouad). Les formes éthiopiennes sont représentées
paroles Limicolariu qui ne dépassent pas le 22° lat.N.
L'élude des végétaux conduit à des conslalalions analogues. Une liane, le
Coccuhis Leœha, très caractéristique du nord du Soudan, depuis les iles du
cap Vert et le Sénégal jusqu'à la mer Rouge, pousse encore de loin en loin
au Sahara jusqu'au Tidikelt (27° lat.;N.); faute d'arbres pour la soutenir,
elle est devenue buissonnante ; son fruit est une baie qui ne peut être trans-
portée par le vent; elle est venue probablement en suivant les rideaux
d'arbres qui bordaient jadis les oueds sahariens. Le Salvadora persica
(limite nord 24° 3o' dans l'Abnel), le Boscia senegala.sis (25° dans le Tassili
des Ajjers) et quelques autres sont dans le même cas. Le Populus euphra-
lica, dernier représentant d'un groupe qui a été commun dans le Tertiaire
européen, se rencontre jusqu'au Tadmaïl (28° lat.N.); lui aussi a suivi les
oueds, mais en venant du Nord.
L'exemple le plus remarquable est probablement fourni par la flore des
parties hautes de l'Ahaggar (i5oo"'-3oo'"). Diverses récoltes étudiées par
E. Bonnet {Hull. du Muséum, 1912, p. 5i3-5i5) et Baltandier (ûud. Soc.
/|6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
botanique de France^ 1906 à 191 4) pormellenl de dresser une liste de
if)2 espèces de plantes subalpines : <) sont cosmopolites ou cultivées; 9 sont
endémiques et l'on peut citer parmi elles une composée, un Nonanihia,
genre formé de deux espèces dont la seconde se trouve seulement en Corse;
62 sont franchement méditerranéennes cl 11 éthiopiennes; le reste est
répandu dans tout le Sahara. Pour les plantes méditerranéennes, quelques-
unes, comme Cappans spinosa, sont connues en divers points entre l'Aljj^érie
et l'Aiiaggar; mais d'autres (Mah>a rotimdifolia, Verhascuni pitherulcnlum,
Celsia belonicœfolia, le Laurier-Ro.se, la vigne, variété bien dilTérente de
celle (jui est parfois cultivée dans les oasis), ne présentent pas de stations
inlermcdiaires.
Cette répartition est inexplicable dans l'état actuel du Sahara.
GÉOLOGIE. — Nolion cVun inèuwiorp/iisme génén'il sous-marin^ déduile du
remaniement des minerais de fer oolit/iie/iic Jurassiques, contemporain de leur
dépôt. Note de M. L. Cavei;x, présentée par M. H. Douvillé.
L'analyse très détaillée des minerais de fer oolilhique d'âge jurassique
nous met en présence d'un fait qui, par sa répétition pour ainsi dire à
l'iniini, révèle l'existence d'un phénomène général de grand intérêt.
Dans les minerais jurassiques de tout âge, depuis l'Hettangien jusqu'à
l'Oxfordien compris, on rencontre, ouli'c les minéraux élastiques et secon-
daires, les oolillies ferrugineuses et les organismes divers qui leur font cor-
tège, des morceaux de minerai remaniés, jouant le rôle de petits galets.
On peut dire que la presque totalité des matériaux analysés renferment de
pareils éléments. Le plus souvent la proportion en est très faible, mais il
est des échanlillons, exceptionnels ii la vérité, dans lesquels ils sont légion.
Au total, la variété en est illimitée. D'une façon générale, les fragments de
minerai leniis en mouvement se rapportent ou non â des types connus
dans l'horizon considéré, tel qu'il se présente à nous aujourd'hui.
Deux cas sont à distinguer :
1" La formation minéralisée , renfermant des matériaux ferruL!;ineux rema-
niés, se résout en une seule couche. — Lors<]u'il l'n est ainsi, la provenance
de ces matériaux ne peut prêter à discussion. 11 est de toute évidence, en
effet, qu'ils dérivent de l'horizon dont ils font partie inlégranle, y coriipris
son proliingement vers le rivage, détruit par les phénomènes d'érosion,
voire même son prolongement â l'intérieur du bassin inaccessible à nos
SÉANCE DU 21 KKVRIER 192I. /|(Jl
invesligalions. Dans l'espèce, il va de soi que le retiiiuiieiiicril d'un iniiiciai
donné est en quelque sorte conlr'mporain de son dépôt.
•2. La fonnalioii mincralisér est un complexe de coiic/ies séparées- par des
horizons siériles. — Tel est le cas pour le bassin lorrain, où Ton compte au
maximum sept couches distinctes. Si Ton envisage l'ensemble de la for-
mation, on constate que les sept horizons minéralisésnesont pas tous repré-
sentés parmi les matériaux remis en mouvement. En fait, la présence de
débris remaniés est extrêmement rare dans l'étage inférieur, constitué par les
couches verte, noire et brune, alors qu'elle est des plus fréquentes dans les
autres. De plus, il n'est jamais possible d'attribuer un fragment de minerai
remanié à un horizon plus ancien que celui auquel il appartient. Pour plus
de précision, notons que jamais on ne trouve un débris de couche verte ou
de couche grise, par exemple, dans la couche rouge. En règle générale, les
éléments remaniés procèdent de la couche dans laquelle ils sont inclus, et,
comm^dans le cas précédent, il est nécessaire de faire intervenir l'exten-
sion première des horizons minéralisés pour expliquer les caractères des
matériaux remaniés. Bref, ici comme là, on ne peut se dérober à la conclu-
sion que les morceaux de minerai remis en mouvement, trouvés dans un
horizon donné, dérivent de ce même horizon. En d'autres termes, il s'agit
encore d'un remaniement contemporain du dépôt de la couche considérée.
Cette conclusion s'étend aux oolithes qui, elles aussi, représentent des
éléments remaniés, de même provenance que les complexes oolithiques
remis en mouvement, et, au surplus, minéralisés de la même manière. Entre
la minéralisation de ces matériaux remaniés et celle du ciment, qui a pris
naissance in situ, les différences sont telles que les oolithes et fragments de
minerai étaient certainement minéralisés, comme ils le sont aujourd'hui,
au moment de leur mise en place. On peut l'établir avec toute la rigueur
désirable.
Ceci posé, un fait est à souligner tout spécialement à cette place, l'^n
comparant les caractères des débris remaniés -îi ceux du minerai dans lequel
ils sont incorporés, force est de conclure que le plus grand nombre d'entre
eux on té té empruntés au prolongement de la couche du côté de la terre ferme,
et que les autres viennent manifestement du large. En raison de l'impossibi-
lité d'exposer ici les faits qui accréditent cette opinion, bornons-nous à tirer
les principaux enseignements qui découlent de nos observations. Il en est
deux qui, par leur importance, priment tous les autres.
i" Dés ('"'poque même (le leur fon/iation, les minerais ooluliupies du Juras-
sique (le France étaient composés comme ils le sont aujourd'hui.
.462 ACADÉMIE UES SCIENCES.
2° La cunsuliddlion de ces minerais s'est faite tellriiitnl rite t/ii'clle eluit
achcèe au moment de leur remaniement.
Bref, riiisloire des innombrables galels sul)microscopi(|iics n'csl pas sans
analogie avec celle des galets de charbon, remaniés et réintégrés dans le
bassin, où les matériaux du combustible en voie de formation continuaient
à s'accumuler. De part et d'autre, les éléments remis en mouvement réali-
saient déjà leurs caractères physiques définitifs, quand ils ont été extraits
de la couclie en voie de dépôt. En ce qui concerne les minerais de fer, une
notion très féconde *me parait se dégager de leur analyse : le métamor-
phisme général des minerais de fer jurassiques est pour ainsi dire contem-
porain de leur formation, et comme le remaniement des éléments est loin
de toujours impliquer une émersion, comme je le démonlicrai plus tard, il
en faut conclure de toute nécessité qu'il cvisle un véritable mélamorpliisme
général d'origine sous-marine.
Le champ d'action de ce métamorphisme soits-marin se Irouvf dans
l'épaisseur du dépôt en voie d'accumulation, sans que je puisse dire si les
matériaux qui viennent de tomber sur le fond sont soumis à son inlluencc,
immédiatement ou non.
D'ores et déjà on peut ajouter que ce mélamorpliisme, antérieur à
l'émersion, n'est pas spécial aux minerais de fer jurassiques, et qu'il afl'ecle
des sédiments de natures très diverses. Je liens même pour absolument
certain qu'il a joué un rôle considérable sur le fond des mers anciennes; et
ce n'est pas sans raison (jue je vois en lui un des grands facteurs de la
pétrogenèse.
GÉOl.UGli:. - Sur le ireniblcment de tcri e ijui n ajfeelé, le 3 octobre 1920,
une notable partie des régions volcaniques du Massif Central. Note de
M. Pli. (ii.AXGEAii), présentée par M. Pierre Termier.
Le Massif Onlral de la France n'est pas une région aussi aséismicjue
qu'on s'est plu à le répéter, et ce, parce que des observations méthodiques
et régulières n'ont pas été faites, ou mentionnées dans des organes scienti-
fiques. Il serait cependant intéressant de connaître comment se conq^orle
actuellement ce vieu't Massif, si forlement disloqué au Permo-(]arboiiifère
et durant le Tertiaire et dont la mosaïcpie paraît maintenant piescpie entiè-
rement lassée.
J'ai eu l'occasion, à plusieurs re[)rises, de signaler des ébranlemenls le
SÉANCI': DU 21 FÉVKIER 1921. 463
long de la grande faille occidentale de la Limagne el de noter, comme par-
ticulièrement curieux, que la partie située à l'ouest du grand clienal houillcr,
aux confins des déparlements de l'Allier, du Puy-de-Dôme et de la Creuse,
considérée comme tranquille, avait été le siège, il y a peu de temps encore,
d'une succession de plus de 5o secousses, pendant 6 mois (de juin
à décembre i(ji3). (^es séismes provoquèrent à maintes reprises la chute
de muis, de cheminées, de meubles et effrayèrent les populations. Ils étaient
ordonnés autour du grand filon quartzeux (Saint-.VIaurice-de-Pionsat,
Evaux) étudié par M. de Launay. D'autres territoires, comme les environs
de Guéret, Ahun (Creuse), en relation avec des fractures hercyniennes,
avaient été également ébranlés le 27 mai 1913.
Mais c'est principalement la moyenne vallée de l'Allier entre Issoire,
Brassac et Brioude, correspondant à l'axe du synclinal oligocène de la
Limagne, qui offre la séismicilé la plus marqué^.
Elle a tremblé assez fortemenl le 3 octobre 1920 et la zone d'ébi anlemenl couvrit
un large espace. Des multiples renseignements recueillis par une centaine de cories-
pondants, notamment par MM. les directeurs des Mines de Brassac, de la.Taupe, de
Langeac, par M""^ Grenier et M. le lieutenant de vaisseau Haldil, par des instituteur?, etc.,.
i(ue je remercie vivement, il résulte que le maximum d'ébranlemenl s'étendit à
la cu'.'elle houillère el oligocène de Brassac-les-Mines, Auzon (Puy-de-Dôme),
à Brioude, Lavaudieu ( Haute-Loire), cuvette longue de 25''™, creusée dans les teriains
cristallins et traversée par rAllier suivant son axe. Il y eut deux secousses : Tune plus
faible à 4'') qui ne fut pas perçue par toute la population endormie, l'autre à 4''57'",
l)eaucoup plus forte, dont la durée fut de 3 secondes (de 4'' 57™ à S*") et dont 1 inten-
sité coriespondait à uns forte secousse de l'échelle de Rossi.
Un grand nombre d'habitants de cette zone furent réveillés el secoués. Les murs, les
meubles el objets meublants oscillèrent assez forlemenl, comme si une vague les avait
soulevés. Le déplacement alternatif maximum atteignit 10™™ d'amplitude; mais il n'y
eut pas, en général, de dégâts, sauf dans de rares cas. Quehjues portes furent ouvertes
(Lempdes) et certaines cloches sonnèrent (Chilhac).
Dans la partie de la ville de Brioude construite sur un teirain alluvial, la commo-
tion fut plus forte, mais on n'observa nulle part de déplacement de terrain.
Des observations intéressantes furent faites (fait assez rare) à 400™ de profondeur-
dans les mines de la Taupe, où le bruit du séisme fut nettement enregistré et où même
il se produisit quelques cluiles de pans de maçonnerie.
La zone du Massif Central qui trembla le 3 octobre est assez étendue.
Elle porte surtout sur trois départements : Puy-dc-Dùme ^ Haute Loire.
Cantal. Les limites sont, au Nord, Clermonl-Ferrand, où le séismographe
de l'observatoire enregistra l'événement, avec une courbe de 81^ d'amplitude
(M. Miithias), mais 011 les secousses furent faibles; à l'Est. Ambert, Mont-
/|6'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
faucon (Haute-Loire), Yssingcaux, Solignac-sur-Loire; au Sud, Sainl-Flour
et Pinols; à l'Ouest, Blesle (Haule-Loire), Mural, Neussargues, Riom-ès-
Montagne, Mauriac et Aurillac. Le territoire séisniique, de forme !fios-
siérrinenl elliptique^ couvre tout le Massif volcanique du Cantal, le Cczallier,
une partie des Monts Dore, le sud de la Limagne, tout le Livradois, le sud
du Forez et la porlinu nord du Velay. Il embrasse donc des terrains cristal-
lins, granitiques, oligocènes, cl une gninde jKiilic des rèi^ions i-olcaniqucs du
Massif Central.
■ La zone d'ébranlement épicentrale est une cuvellc houillère, oligocène cl
volcanique, très fracturée, située au centre et en contre-bas ( 39o"'-42o'") de
ces dernières (altitude de looo™ à 1842'") vers lesquelles se propagèrent les
ondes séismiques.
Il n'est pas inutile de souligner que tout le Massif volcanique du ( '.antal,
deu\ fois plus étendu en surface que l'Etna, trépida entièrement. La surface
d'ébranlement totale fut d'environ 7000''"^'.
La cause du séisme est due vraisemblablement à des réajustages de com-
partiments de la cuvette Brassac-Brioude, puisque à 4oo"' de profondeur
des dégâts ont été constatés, surtout dans ce territoire.
Je rappellerai qu'un séisme de grande étendue, dont il a été cependant fait
à peine mention en son temps à l'Académie, secoua tout le Massif Central le
2') août 1892, à 10'' du soir, et le 26 août, en deux fois, à /|''5o"' (secousse
prémonitoire) et à io''io'° (secousse principale).
Ce tremblement de terre fut relativement violent. Les dégâts en Auvergne
et dans le Velay furent assez sérieux. Il y eut arrêt des horloges, les cloches
tintèrent, les meubles furent déplacés, notamment à Vichy, ClermonI,
Brioude, Le Puy, etc., les fenêtres el les portes ouvertes, beaucoup de
vaisselle fut brisée et un assez grand nombre de cheminées tombèrent en
même temps que des murs furent lézardés. L'ébranlement de 10'' dura
5 secondes ('), s'étendit au delà même du Massif Central, jusqu'à Mende
(Lozère), Capdenac (Aveyron), Montélimar, ^ alence elLyon, c'esl-à-dirc
intéressa environ looooo'""'. On ne signala cependant que quelques victimes.
Plusieurs répliques à la secousse principale de ce séisme furent observées
les 27, 28 et 29 août.
D'après les documents que je possède, la zone èpifocalc s'étendit encore
(') Il me pnrail iiilciessanl de noler i|iii' îles toiiiistes (|iii fiiisaieiil rasccii^ioii ilii
Puy (le Dôme el du Sancy furent forlemenl secoués au soiiimcl ilc ces deux nHinlagiies
volcaniques, à i46j"' el à 1S86'" d'alliUide.
SÉANCb: DU 21 FÉVHIEK I9'2I. /iG5
à la valléo dr l'Allier, c'est-à-dire au synclinal de la Liiiiagne, zone la pins
profondément fracturée de tout le Massif.
En résumé, les séismes du Massif Central, en général peu destructeurs,
senihlenl dus à des réajustages de comparlimenls le long des grands acci-
dents tectoniques anciens ou récents, ou à des mouvements de tassement
d'ensemble ou locaux des cuvettes svnclinales.
GÉOLOGIE. — A()aissciitr?il des côtes méditerranéennes de la France.
Note de M. Pu. Nêgris, présentée par M. Pierre Termier.
Dans une Note précédente (i8 octobre 1920), j"ai montré que le massif
des Alpes s'est affaissé de G(Jo"' environ depuis l'époque glaciaire de Wiirm.
Or c'est à la même époque (fin d'i Pléistocène inférieur) que M. Boule
place la rupture entre la Corse et le continent. Il semble donc naturel
d'admettre qu'il s'agit de deux pbénomènes connexes, qui ont dû, sans
doute, entraîner l'affaissement des régions intermédiaires, c'est-à-dire des
côtes méditerranénnes de la France et des côtes voisines de l'Italie. C'est
la conclusion à laquelle j'étais arrivé pour le rocher de Grimaldi dès 1907 ('),
par d'autres considérations. L'hypothèse de l'affaissement rend mieux
compte que toute autre des anomalies qui se présentent autour de Grimaldi.
En effet, les Alpes s'étant affaissées de 660'" environ, tandis que, entre la
Corse et Grimaldi, nous avons des fonds de 25oo", il semble juste d'admettre
que le rocher de Grimaldi lui-même s'est affaissé, à la fin de l'époque de
Wiirm, de plusieurs centaines de mètres, et si l'on ne découvre pas de traces
de cet affaissement dans les environs, c'est qu'il ne s'agit pas d'un affaisse-
ment local, mais d'un affaissement régional ou épirogénique. D'après celte
manière de voir, la succession des phénomènes aurait été la suivante.
A un moment donné, avant l'époque chellécnne, le rocher de Grimaldi
était envahi par la mer, qui façonna les grottes. Mer et rocher se trouvaient
à cette époque à un niveau élevé, comparable à celui que j'ai observé en
Grèce, comme j'ai exposé ailleurs : c'est de cette époque que datent les
perforations et l'encorbellement au haut de la grotte du Prince. Puis la mer,
devançant l'abaissement du rocher, se retira de la grotte, en déposant sur
son plancher, et aux alentours, des coquilles, parmi lesquelles le Strombiis
hu/jonitis, et mit à nu la plate-forme qui s'étend aujourd'hui au-devant des
(') C. fi. S. de la Soc. géol. de France, 1907, p. 289.
466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grottes, sous la mer, jusqu'à l'isobathe de 200™, ce qui permit aux grands
herbivores (Eléphant, Rhinocéros, Hippopotame) de circuler librement
autour des grottes et d'abandonner leurs débris dans ces mêmes grottes. Le
remplissage des grottes se continua ainsi jusqu'à la fin de l'époque wiir"
mienne, comme le prouvent les fossiles rencontrés à la partie supérieure du
remplissage; et alors eut lieu l'affaissement des Alpes et de la Tyrrhenis,
auquel prit part le rocher de Grimaldi, entraînant avec lui la plate-forme
(alors émergée), sous les flot5 de la mer, jusqu'à la profondeur de 200"'.
L'envahissement de la mer s'arrêta à 8" au-dessus du niveau actuel, en
déposant autour des grottes les strates à Conus mediterrnneiis. Il est
d'ailleurs digne de remarque que ce niveau de 8™ est dénoncé comme niveau
de la mer à cette époque par les terrasses alluviales de l'Orbieu dans
l'Aude ('), situées à 8™ au-dessus du niveau de la rivière, tandis que dans
le reste du pays les alluvions quaternaires se fondent progressivement avec
les alluvions actuelles, preuve de l'aflàissement encore ici des alluvions
anciennes, avant le dépôt des alluvions modernes : cela n'a pas lieu de nous
étonner, car l'on sait que le golfe du Lion occupe l'emplacement des terres,
aujourd'hui effondrées, qui reliaient les Pyrénées au massif des Maures, et
si ce même massif ne présente pas aujourd'hui des traces d'anciens niveaux
marins élevés, c'est qu'il est lui-même effondré et que ces anciennes traces
sont, sans doute, submergées. Si elles paraissent ailleurs, comme dans les
grottes de Grimaldi et à Nice, c'est que l'amplitude de l'affaissement n'a
pas été la même partout, et il ne serait pas prudent de tirer de l'altitude de
ces traces d'anciens rivages sur ces côtes affaissées des comparaisons avec
d'autres régions restées immobiles ou moins affaissées.
Remarquons enfin que la convergence des alluvions anciennes de la
Durance avec les alluvions actuelles (-), et l'absence dans le Rhône de
la Haute et Basse Terrasse en aval de Tarascon (') s'expliquent aussi facile-
ment par l'affaissement des côtes méridionales de la France. D'autre part,
une terrasse appartenant au stade de Biihl, à 5™ au-dessus du lit de la
Durance actuelle à Tallard, se confondant en aval avec les alluvions
actuelles ('), semble prouver que l'affaissement se serait prolongé jusqu'au
stade de Riihl.
(') Haug, Traité de Géologie, l. 2, p. i854.
{■") Ibid., p. 1848.
( = ) Ibid., p. i856.
(■•) Ibid., p. 1849.
SÉANCE DU 2 1 FÉVUIEH I921. 467
GÉOGit.vl'Hii-: PHYSIQUE. — Les lids-Chomps dr Picanlie an sud de la Somme.
Noie (') (le M. A. Brkjuet, présenté^ par M. Ch. Barrois.
Dans la partie située au sud de la Somme, la plaine d'alluvions marines
des Bas-Champs s'est formée à l'abri du poulier de galets qui, de l'extré-
mité de la falaise de Normandie à Onival. s'avance en travers de l'estuaire
de la Somme jusqu'au llourdcl.
L'action des courants et des vagues entraîne vers le iNord-Est les débris
de la falaise, et le poulier du Hourdel s'allonge sans cesse. En même temps,
il se déplace latéralement : la partie d'amont recule vers l'intérieur, à
mesure qu'est rongée par la mer la falaise sur laquelle le poulier prend son
attache; la partie d'aval, au contraire, s'accroît vers le large, de nouvelles
crêtes de galets se formant en avant des plus anciennes. C'est la consé-
quence du mouvement de bascule par lequel le courant côtier est. à l'aval,
dévié vers le large dans la mesure où, à l'amont, il gagne sur l'intérieur
des terres.
De là résulte, pour l'extrémité aval du poulier, la disposition en épi-
digité très caractéristique des crêtes de galets des environs du Hourdel : à
cet aspect, s'oppose celui de la partie amont, réduite près d'Onival à un
mince pédoncule sans cesse attaqué par la mer et repoussé en arrière
(destruction de la ferme des Flots et d'une partie de la route d'Onival à
Cayeux).
En réalité, ce n'est pas à un unique épi, développé à l'extrémité d'un
pédoncule, que doit être comparé le poulier du Hourdel, mais à une série
d'épis disposés le long d'une, tige. Ceci résulte d'événements qui ont
empêché le développement normal du poulier: invasions de la mer s'ou-
vrant une brèche dans le rempart de galets.
L'irruption la plus récente, en date des temps historiques, a donné nais-
sance au Hable d'Ault : golfe où la mer s'étendait sur l'emplacement de la
plaine, au sud de Cayeux. La partie du poulier comprise entre la ferme des
Flots et l'ancien feu de marée avait été emportée.
L'existence du Hable marin devait être éphémère : l'arrivée des galets se
poursuivait, un nouveau poulier s'édifiait en travers du Hable. Les crêtes de
ce poulier, également disposées en épi, ont gardé jusqu'à l'heure actuelle
(') Séance du 14 février 1921.
468 ACADÉMIli; DES SCIENCES.
une grande fraîcheur : leur élal fait contraste avec celui des crêtes anté-
rieures à l'irruption de la mer, en partie conservées au sud de la ferme des
Flots.
Au nord du Hable, à Cayeux, la partie aval du poulicr défoncé formait
une pointe sur laquelle le flot marin se divisait, pénétrant en partie dans le
golfe. Dans sa marche, le flot entraînait vers l'intérieur des galets arrachés
à cette pointe : d'où la formation d'un poulier interne, dirigé vers le Sud,
poulier bien visible entre l'ancien feu de'marée et l'extrémité nord du Hable
d'Ault actuel (').
Par son avancée progressive en travers du Hal)Ie, le nouveau poulier
atteignit ce poulier interne auquel il se souda, obstruant le Hable devenu
lagune (une digue artificielle, le Grand HarremenI, construite en 1751,
mit de façon moins précaire le Hable et la plaine à l'abri d'un retour de la
mer).
Dès cet instant, les galets reprirent vers l'estuaire de la Somme leur
marche interrompue pendant quelques siècles. Les crêtes digitécs qu'ils
élevèrent au Nord, entre Mollière d'Aval et le Hourdel, se distinguent elles
aussi par leur fraîcheur des crêtes plus anciennes, qui constituaient, avant
la rupture, le poulier dont l'extrémité se trouvait à hauteur de Mollière
d'Aval.
Une rupture plus ancienne du poulier attaché à la falaise normande est
indiquée par la disposition des crêtes de galets sous la ville de Cayeux.
Les trois crêtes, dirigées de l'Ouest vers l'Est, qui portent les parties les
plus anciennes de l'agglomération, semblent les restes d'un ancien poulier
digité également emporté par la mer en amont de Cayeux. Ces restes, sous
l'action du flot cjui s'y divisait, dessinèrent une pointe à l'entrée d'un plus
ancien Hable : d'où la disposition, transversale aux crêtes, de la chaîne de
dunes anciennes que suit la principale rue de Cayeux, recouvrant vraisem-
blablement un poulier interne dirigé à l'opposé de la mer.
L'aspect des crêtes de galets de bi ville de Cayeux, leur recouvrement
par d'anciennes dunes, leur direction enfin les différencie avec netteté des
crêtes plus récentes, situées entre Cayeux et Mollière d'Aval. Celles-ci se
formèrent en elîet plus tard, lorsque le plus ancien ilable eut été (comme
par la suite le plus récent) barré par un poulier le long duquel les galets
poursuivirent leur course vers l'aval.
(') Signalé par Ci.ok/., l^es Bas-Champs du nord de la Somme {Bull, mensuel du
<iroupe parhien des anciens élèves de CKcole PolvU'clinùiue, i9<'9).
SÉANCE DU 21 FKVRIER 1921. 469
On roinarquo, dans les Bas-Champs du sud de la Somme, quelques crêtes
de galets bien plus rapprochées du bord intérieur de la plaine que le poulier
du Hourdel : par exemple à Monmignon et au nord de Brutelles. Le plus
interne de ces bancs de galets, peu élevés, s'attache à l'exlrémité de la falaise
morte qui borde la plaine d'Onival à Hautebut.
Ces crêtes paraissent en rapport avec un stade plus ancien de l'évolution
du rivage. A celte époque existait encore en grande partie le promontoire,
aujourd'hui emporté par l'érosion marine, que formait le plateau normand
en s'avançant jusque sur l'emplacement des Ridins de Dieppe. Les courants
marins, longeant le flanc nord du promontoire à direction presque trans-
versale à celle du rivage régularisé actuel, ne pouvaient édifier de pouliers
qu'en arrière de la ligne de rivage et du poulier d'aujourd'hui.
BOTANIQUE. — Sur la reproduction du Cha-toceros Eibenii Meunier.
Note de M. J. Pavillard, présentée par M. L. Guignard.
On ne connaissait jusqu'ici ni endocystes, ni auxospores dans les
Chœloceros du sous-genre Phœoceros, caractérisés, comme on sait, par leurs
cornes volumineuses, remplies de chromoplastes arrondis ou linéaires.
La présente Note a pour but de combler cette lacune.
La formation d'auxospores, immédiatement transformées en chaînes
végétatives, a été décrite dans les Ch. secundiim, Ch. conlortuin et Ch. con-
strictum, du sous-genre Hyalochœte ; la production d'endocystes a été
constatée dans un grand nombre d'espèces du même groupe.
Le Chœ/oceros Eibenii Meunier (ic)i3), étudié ci-dessous, a été rencontré
dans un plankton recueilli le 23 août 1920, par 25'" de profondeur, au largo
de Roscofi" (Finistère) (').
Cet organisme, intermédiaire entre les C/j. borealeeiCh. densum, aétépro-
bablemcnl presque toujours confondu avec l'unou aveci'autre. Il en diffère,
avant tout, par laprésence constante d'un apicule très court, situé au centre,
un peu ombiliqué, de chaque valve, etdèslors assez difficile à voir (/ig. 6-8).
Dans le matériel examiné, les chaînes stériles sont, en grande majorité,
composées de cellules toutes semblables entre elles (à l'exception des cornes
terminales).
D'autres chaînes présentent un dimorphisme cellulaire très accentué, en
rapport évident avec la reproduction. Certaines cellules, en effet, sont deux
(') Ce matériel m'a élé confié par M. Rose, professeur au Prytanée militaire, en vue
d'une étude systématique qui paraîtra ultérieurement.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N» 8.) ^-^
470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à trois fois plus longues que leurs voisines; elles doivent leur élongation à la
présence de nombreuses bandelettes zonales intercalaires, articulées en
zigzag sur les deux faces opposées de la cellule (^fig. 5). Ces cellules diffé-
renciées; véritables éléments niégacyliques, sont affectées à la reproduction.
Par une large perforation de la zone d'emboîtement, dans le plan sagittal,
le contenu entier est évacué, y compris les chromoplastes des cornes, préa-
lablement ramenés dans la cellule {fig- 2). Une vésicule volumineuse,
Fig. I à II. — Chsetoceios Eibenii ; I. Une chaîne avec un endocyste légèrement dévié. —
2. Première phase de Tauxosporulation. — .'!. Silualion normale 4e l'endocysle par rapport à la
cellule mère. — 4. Étal avancé de la vésicule auxosporale. — ."). Un mégacylc. — G, 7. Valves
isolées avec apicule centrale. — 8. Extrémité de chaîne montrant les apicules. — 9. Kndocyste
déjeté latéralement. — 10. Projection horizontale de l'endocysle, — 11. Fragment de chaîne en
iiiicrosporulation.
( Or. : 3 jo env. ).
d'abord pyriforme, se développe ainsi vers l'extérieur (/î"»-. 4) conformément
au processus d'âuxosporulation des Chœtoceros mentionnés ci-dessus ; mais
la destinée ultérieure de la vésicule auvosporale est ici toute différente.
Ayant atteint un certain volume maximum, elle s'élargit à sa base, et
prend une forme rigoureusement géométrique.
Dans l'intérieur de S'a base élargie se différencie la valve primaire, très
épaisse, d'un endocyste, à contour elliptique régulier, et disposé transversa-
lement par rapport à l'axe longitudinal de la chaîne {flg- 3).
Le contenu de la vésicule se contracte progressivement et se trouve fina-
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. 4^1
lenient enfermé sous la valve secondaire, bombée, mais assez mince, de
l'endocyste. Les deux valves sont parfaitement lisses.
L'endocysle est libéré par la déchirure do la base du sac auxosporal
(Jfii'. 5); mais la partie dislale dt> ce dernier, formant un périzonium trans-
parent à double paroi ( J/'g. i, 3 et 9), demeure annexée à l'endocyste avec
sa forme géométrique définie.
f^e sort ultérieur de ces endocystes est inconnu (comme partout).
Les valves des cellules végétatives mesurent de 3o''' à qo^ sur 22^^ à 24''';
les endocystes ont de 60^ à 65^^ sur 401^ à 42^^.
Cette évolution : mégacyte~y auxospore-yendocyste, diffère totalement
de tout ce qui avait été vu jusqu'ici chez les diatomées pélagiques; il serait
intéressant de vérifier si elle est particulière aux congénères systématiques
du Ch. Eibcnii.
Un rapprochement pourrait être tenté avec les phénomènes récemment
représentés par H. -H. Gran (iqiS) pour le Ch. pseudo-crinitum (=C7i.
Ingolfianum)-^ mais l'analogie ne mérite guère d'être retenue, car il s'agit
d'une espèce (?) dont le comportement anormal a été fortement souligné
par A. Meunier (1910), et de phénomènes auxquels Ostenfeld (1913)
n'hésite pas à attribuer un caractère pathologique (').
Dans la même récolte j'ai rencontré une chaîne de quatre cellules (//^. 11)
en « gestation de microscopes ». La ressemblance est frappante avec les
exemples figurés naguère par (\. Murray (1896). La pénurie de matériel
ne m'a pas permis de pousser plus loin mes investigations.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Nouvelles recherches concernant l'extraction des gliico-
sides chez quelques Orchidées indigènes; identification de ces glucosides avec
la loroglossine. Note de M. P. Dei.au.nev, présentée par M. L. Guignard.
Dans une précédente Note (-), j'ai montré que la loroglossine, glucoside
découvert par Bourquelot et Bridel dans le Loroglossum hircinuin Rich.,
existe également dans deux autres plantes de la même famille, VOrchisSimia
Lam., e\.VOphrysaranifera\{\iàs. Pousuivant mes recherches dans la même
direction, j'ai pu isoler le même glucoside de trois autres Orchidées : Cepha-
(') Pour la Bibliographie, voir : J. Pavili.ard, Recherches sur les diaLomiks péla-
giques du Golfe du Lion (1916), et H--H. Gkan, The Planklon production of the
north european Wathersin ihe spring of \<^\i (1916).
(-) Comptes rendus, t. 171, ig^n, p. 43:j-
l\'j-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lanthera grandijlora Babingt., Oph?YS api/era Huas., Orchis bifolia L. On
remarquera que la présence de la loroglossine est ainsi démontrée dans un
nouveau genre, le genre Cephalanthera.
Les plantes examinées ont été soumises, dans l'ensemble, à la série de trai-
tements qui a été indiquée pour V Orchis Simia (' ).
Cephalanthera grandijlora Babingt. — En ce qui concerne cette espèce, j'ai utilisé
une li<iueur alcoolique, préparée en 1914 par Bourquelot et Bridel, en traitant par
l'alcool bouillant i''s,5oo de plante fraîche, récollée à I.ardy (Seine-et-Oise).
Le glucoside obtenu a été finalement purifié par trois cristallisations successives
dans l'acétone anhydre.
Le produit se présentait alors en aiguilles blanches, légères, qu'on a séchées en les
maintenant pendant 2 heures dans une étuve à -H 110°. Les déterminations suivantes
permettent d'affirmer son identité avec la loroglossine.
Le point de fusion a été déterminé en tube capillaire par comparaison avec de la
loroglossine provenant du Loroglosse ; les deux produits se sont comportés de même;
ils se sont d'abord fortement rétractés vers -H iSo" et ont fondu vers -(-i39°-i4o°
(non corr. ).
Le pouvoir rotatoire a été trouvé égal à «1,=:— 4i°, 38 (5: = — 5o', /> := o8,og8î,
»' = io""', /=2). Bourquelot et Bridel ont donné comme pouvoir rotatoire de la loro-
glossine : «0 = — 42°, 97.
L ne solution contenant 08,491 5 de glucoside et 28,0 d'acide sulfurique pur pour loo*^™'
a été maintenue pendant 2 heures à l'autoclave à + loS". Après refroidissement, la
rotation était passée de — 26' à -1- i6'(/ = 2), et il s'était formé oS, 240 de sucre réduc-
teur exprimé en glucose (soit 49]03 pour loo du glucoside).
Ophrys apifera Huds. — 2''s de cet Ophrys, récoltés en mai 1920, à Lardy, ont
donné un corps cristallisé en fines aiguilles blanches, très légères, qui a été purifié par
deux cristallisations successives dans l'acétone anhydre et séché pendant >. heures
à -t- 1 10°,
Chauffé en tube capillaire, le produit a fondu à +i36°-i37'' (non corr.), après
s'être rétracté fortement.
Le pouvoir rolaloire était de v-i^zz: — 42°, 81 (« = — 4''i /' = o5,o798, crrio""',
/=2).
Une solution renfermant 08,399 de glucoside et 26, 5 d'acide sulfurique pur pour
100"°' a été maintenue pendant 2 heures à l'autoclave à 4-io5°; la déviation a passé
de — 20' à -1-12' et il s'est formé 06,1923 de sucre réducteur exprimé en glucose
(soit 48, îg pour 100 du glucoside).
Orchis bifolia L. — L'opération a porté sur une liqueur alcoolique préparée en
1914 et correspondant à 2''e à'Orchis bifolia, à laquelle a été joint le produit du
traitement de 4''", 285 de plante fraîche, récollée à Lardy en mai 1920.
Le glucoside extrait de celte esjjèce, purifié par une cristallisation dans l'acétone
anhvilre, a donné les résultats suivants :
(') Luc. cit.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. 473
ChaufTé en tube capillaire, il a fondu vers -t- i37"-i3g° (non corr.), après s'être
rùtracté.
Le pouvoir rotatoire était de «i)= — -''io°,o4 («= — 58', p :=os,\20'], l'mio""',
1^=2). Le pouvoir rotatoire trouvé est un peu faible; ce fait peut tenir à la présence
dans le produit obtenu d'une trace de glucose. La solution en elTet réduisait nette-
ment, quoique 1res faiblement, la liqueur cupropotassique. Le rendement en loro-
glossine était malheureusement trop faible pour que le produit ait pu être soumis à
une purification ultérieure.
Une solution à ok,6o3.5 de glucoside et 28,5 d'acide sulfurique pur pour 100*""' a été
chauU'ée pendant i3 heures au bain-marie bouillant. La déviation a passé de — 29' à
H- 18' et il s'est formé 08,2918 de sucre réducteur exprimé en glucose (soit 48)33
pdur 100 du glucoside).
Comme la loroglossine, le glucoside extrait des trois Orchidées précé-
dentes donnait une coloration rougo groseille par l'acide sulfurique
concentré froid. Il était également hydrolyse par l'émulsine avec formation
d'un produit blanc, amorphe, insoluble. Enfin, au cours de l'hydrolyse par
l'acide sulfurique dilué, il y a toujours eu séparation d'un produit rougeàtrc
résinoide, caractère que Bourquelot et Bridel avaient déjà signalé lors de
l'étude du glucoside extrait du Loroglossum hircininn.
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sw des phénomènes tératologiqitcs suivcnanl dani
r appareil floral de la Carotte à la' suite de traumatismes. Note de
M. 31. MoLiJAKD, présentée par M. Gaston Bonnier.
On a signalé à diverses reprises les anomalies présentées accidentellement
par la fleur et par l'inflorescence du Daucus Carota et de nombreuses autres
Ombellifères ; la plus fréquente consiste en une virescence des pièces florales
qui deviennent en même temps indépendantes, à des degrés variés, les unes
des autres; souvent aussi les inflorescences, qui sont normalement consti-
tuées par des ombelles d'ombelles, deviennent trois ou quatre fois compo-
sées. Mais les nombreux cas décrits correspondent à des observations
éparses et le déterminisme du phénomène n'a pu être établi que dans le cas
011 il correspond à une action parasitaire; on connaît en effet de nombreux
exemples de transformations de celte nature provoquées par des Aphidiens
ou des Phytoptides chez les Ombellifères.
Mon attention a été attirée au cours de ces dernières années sur la fré-
quence des cas lératologiques présentés par la Carotte dans certaines
prairies de Sainl-Pierre-en-Port (Seine-Inférieure), sans que l'action
474* ACADÉMIE DES SCIÉ'ncÈs.
(Taucun parasite ail pu être incriminée. Il s'agissait de champs de Trèfle
{Trifolium pratense) de deux ou trois ans, où cette plante n'était plus repré-
sentée que d'une manière très maigre, où dominait le Plantain (Plantago
lanccolota) et où les Carottes étaient très nombreuses; on avait mis à paître
des vaches dans ces champs quelques semaines avant l'époque des observa-
tions; l'examen des difTérents individus de Carotte m'a permis d'établir une
relation constante entre Texisteoce d'inflorescences tératologiques et un
sectionnement préalal)le de la tige des individus correspondants, à une
faible distance du sol ; seules les plantes qui avaient échappé à la dent des
animaux restaient normales et, par contre, toutes les inflorescences modi-
fiées étaient portées par des tiges de rejet.
Les dilTérentes tiges qui remplaçaient l'axe primitif unique présentaient
une grande homogénéité de caractères, rnais les modifications étaient au
contraire très variées d'un pied à un autre; ces modifications peuvent se
rapporter à un certain nombre de types, parmi lesquels il nous suffira de
distinguer ici les suivants :
\° Echantillons à fleurs doubles. — Ce sont de beaucoup les moins fré-
quents et ils sont caractérisés par des axes d'ombellules de longueur assez
irrégulière, mais surtout par la transformation plus ou moins complète dos
cinq étamines de chaque fleur en pétales; chaque étamine est remplacée tantôt
par une lame foliacée unique ayant tous les caractères des pétales normaux,
tantôt par une lame blanche plus étroite, présentant à sa face supérieure,
de chaque côté de la nervure principale, une émergence qui correspond à
l'un des sacs poUiniques internes; pétales normaux et pétales supplé-
mentaires provenant des étamines ont une teinte rosée et l'ensemble de
l'inflorescence se trouve avoir ainsi une forme et une compacité très parli-
culières,
1° Echantillons à fleurs presque apétales. — Dans d'autres individus, les
plus nombreux, les pétales sont très réduils, sépaloïdes, verts ou lilacés;
les étamines sont bien développées, les anthères sont jaunes ou d'une teinte
lie de vin; les plantes sont fertiles.
3° Echantillons virescents. — Leur caractère essentiel consiste en la pré-
sence de deux feuilles carpellaires indépendantes, avec atrophie des pétales
et des étamines ; souvent les feuilles pislillaires sont rouges et communiquent
à l'inflorescence une teinte très anormale.
4° Echa ntillons prolifères . — La transformation précédente est souvent
accompagnée d'une prolifération plus ou moins accentuée des fleurs, entraî-
nant une complication de l'inflorescence.
SÉANCE DU 2 1 FÉVRIER 1921, 4^5
Les inodilîcalions survenant dans les tiges de rejet qui se développent à
la suite de sectionnements sont donc très variées, et il est Lien probable,
puisqu'elles sont les mômes pour toutes les liges d'une même plante, que
leur nature est liée au stade de. développement et à la quantité de matériaux
nutritifs subsistant dans le tubercule au moment où s'est effectué le trau-
matisme; des expériences permettront de préciser ce point ; mais des sim-
ples observations que je rapporte il résulte déjà que les organes développés
sur des rejets peuvent présenter des transformations en tout point sembla-
bles à celles qu'on observe du fait d'actions parasitaires; la chose est parti-
culièrement intéressante à constater en ce qui concerne le phénomène de
duplicature florale qui apparaît, selon les cas, comme une conséquence
d'actions parasitaires, d'actions mécaniques ou de modifications du milieu
nutritif, toutes causes lointaines se traduisant évidemment par des change-
ments identiques dans le chimisme de la plante.
PHYSIOLOGIE. — Sur une double courbe représentant très exactement
les oscillations sphy iiniomètj-ixjues . Note de iNI. Henri Harlé.
On a construit jusqu'à présent les courbes oscillométriques en se conten-
tant de noter l'amplitude absolue de l'oscillation, sans tenir aucun compte
de sa situation sur la graduation. Il est cependant facile de voir que cette
situation a souvent une grande importance au point de vue clinique. Cher-
chons donc à construire un graphique qui tienne compte à la fois des ampli-
tudes absolues d'oscillation et de leur situation sur le cadran. Si, sur deux
axes rectangulaires, on porte en abscisses les valeurs de la compression
exercée sur le membre, et en ordonnées, non pas la grandeur absolue des
oscillations, mais bien l'extrémité de la course supérieure de l'aiguille et
qu'on réunisse les points ainsi obtenus, on aura un tracé polygonal qui
pourra être remplacé approximativement par une courbe. On obtiendra
une deuxième courbe en opérant de même pour les extrémités inférieures
de la course de l'aiguille.
L'ensemble solidaire de ces deux courbes constitue ce que j'appelle
la double courbe, laquelle, étant la reproduction fidèle des déplacements
de l'aiguille, donnera tous les renseignements que peuvent donner ces
déplacements. La courbe supérieure et la courbe inférieure sont toutes
deux essentiellement fonctions de la compression extérieure. De plus, la
courbe supérieure sera fonction de l'impulsion du cœur, et donnera des
4^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
renseignements sur la force et la vitesse de sa contraction, sur les condi-
tions d'ouverture des valvules sigmoïdes, et aussi sur l'élasticité des vais-
seaux et l'état vasomoleur. La courbe inférieure sera fonction de la
décontraction du cœur, et donnera des renseignements sur la vitesse et
les conditions de fermeture des valvules sigmoïdes, et aussi sur Télas-
PQ<Jop_ _ ,
diirepoi Selaiguille
Courbe /imite ofa ampfitjjdas
d'oici/fâtion supérieures
XjDoubkœurbb
Coulée limite des
amplitudes d'oKillation
intérieures
'^Courbe uniqut
<• 5 6 7 8 9 10 II 12 13 IV 15 16 17
Compressions P: pressions manomelriques dans le manchon
en centimètres de mercure
licite des vaisseaux. Elle donnera en outre des indications sur les pertur-
bafions introduites par le système de liaison entre la paroi vibrante
(artère) et l'aiguille.
D'une façon plus générale, dans un grand nombre de cas de nature très
diverse, les déplacements lus sur une échelle peuvent correspondre à des
indications différenles, suivant la région dans laquelle ils se produisent. Le
principe de la double courbe est donc un principe extrêmement général
qui trouvera son application toutes les fois que le phénomène étudié se
traduira dans l'expérience par le mouvement alternatif d'un index devant
une ijraduation.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. /j77
CHIMIE rilYSlOLOOlQUE. — U action d'aircl du joie sur l'acide urique
exogène. Note de MM. Cuauffard, P. linooiiv et Grigaut, présentée par
M. Charles Richet.
Nous nous sommes proposé de rechercher par voie expérimentale
directe (|uels rapports existent entre le taux de l'acide urique exogène
d'origine alimentaire apporté au foie par la veine porte et la teneur en
acide urique du sang sus-hépatique.
Cette recherche n'est devenue possible que depuis que nous possédons
une méthode de dosage colorimétrique suffisamment délicate et précise
pour permettre d'apprécier des différences minimes en opérant sur de
faibles quantités de sang.
Nous avons employé la technique de Folin et Denis modifiée par Gri-
gaul (') et qui consiste à agir directement sur le filtrat du sang désalbu-
miné par l'acide trichloracétique avec le réactif phosphotungstique, qui
donne avec les composés uriques et les polyphénols une coloration bleue
dont il est facile par le colorimètre de Dubosc de comparer la valeur à celle
d'un étalon titré.
Nos expériences ont consisté à prélever sur des chiens en période diges-
tive du sang porte et du sang sus-hépatique et à comparer leur teneur en
acide urique.
Nous avons opéré sur i3 chiens, préalablement anesthésiés au chloralose
ou à la morphine. Le Tableau ci-dessous résume l'ensemble de nos consta-
tations :
Coefficient
Numéros Sang d'arrêt
des ' — I ■ dans le foie
chiens, Hégime. perle. sus-licpalique. (pour 100).
1. >,...... = .. . jeune 0,0087 0,0087 "^
2..-. = , = .. » ■ 0,011 0,011 o
3., ,.,,,,.... » o,oi5 o,oi5 o
k..., lait 0,006 0,006 o
o. ,,.... o = :.. . varié 0,007 0,009 ^
6. ._....,-,,. . cervelle 0,010 0,088 \i
7 =......> ^... ris de veaii 0,0118 0,009 ^"^
8. ......... i , . varié o,o3.t o,025 27
9. . . . , ris de veau o,o3i 0,022 3o
10.... varié 0,018 0,011 89
11, ... j ....,,, , varié o,oi5 0,010 34
12 . foie et rate o,oi4 0,007 ^7
13...... foie et rate 0,01 3 0,006 53
(') A. Grig.xut, Procédé colorimétrir/ue de dosage de r acide urique dans le sang
{C. R. de la Soc. de Biol., 16 octobre 1920, p. 1278).
478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si nous reprenons maintenant le détail de ces expériencrs, nous voyons
que 5 chiens ont été, mis à des régimes variés, 2 ont été alimentés a\ec
du ris de veau et 2 avec du foie et de la rate; les résultats ont toujours
été du même ordre et chez 8 de ces 9 chiens la teneur du sang en acide
urique a été notablement plus faible dans la veine sus-hépatique que dans
^a veine porte. Une fois seulement, la teneur sus-hépatique a été un peu
plus élevée que la teneur portale, 9"'^ au lieu de 7'"«.
La proportion d'acide urique retenue a varié entre un chiffre minimum
de 12. pour 100 et un chiffre maximum de 53 pour 100 a\ec un chiffre
moyen de 33 pour 100.
La variabilité constatée dans le coefficient d'arrêl doit reconnaître des
causes multiples et individuelles pour chaque cas : état anatomique et
fonctionnel différent de la glande hépatique chez des chiens de toute pro-
venance et pris en fourrière; moments différents de Télahoration diges-
tive; nature dé l'alimentation donnée.
Les deux chiffres d'arrêt les plus forts : 4? ^^ 53 pour 100 ont été
obtenus chez les animaux nourris exclusivement avec du foie et de la rate
(aliments riches en acide urique).
D'autre part, chez 3 chiens maintenus en état de jeûne pendant
3 jours, avec eau à volonté, la teneur en acide urique a été exactement
la même dans le sang porte et dans le sang sus-hépatique. Même résultat
chez un chien maintenu au lait, aliment qui, pratiquement, ne contient que
des traces d'acide urique.
De ces recherches il est permis de tirer plusieurs conclusions.
Chez le chien en période digeslive, une portion plus ou moins notable
de l'acide urique apporté par la veine porte est retenu au niveau du paren-
chyme hépatique, le foie jouant ainsi le rôlç d'un régulateur de l'uricémie,
destiné à empêcher l'excès d'acide urique que pourraient provoquer dans
le sang les variations de régime si fréquentes dans l'alimentation humaine.
Nous ignorons du reste le sort de l'acide urique ainsi retenu, et ne pou-
vons que soupçonner qu'il se passe au niveau de la cellule hépatique des
transformations chimiques très complexes, dont nous connaissons un des
aboutissants : la formation de l'urée.
Il paraît difficile de ne pas supposer une connexion entre les différents
stades du métabolisme hépatique.
Par contre, il est très frappant de voir cette action d'arrêt du foie faire
défaut chez les chiens à l'étal de jeûne; il semble que, dès qu'il n'y a plus
d'apport digestif, la fonction d'arrêt ne joue pas et le foie se laisse traverser
comme un parenchyme indifférent.
SÉANCE DU 21 FÉVRIIÎR 192I. 479
I^a fonction d'arrêt du foie sur l'acide uritjue exogène est donc périodi(juc,
cyclique et subordonnée ù l'apport alimentaire.
Le réginie lacté qui n'apporte au foie que des traces infimes d'acide uriquc
et qui constitue pour tout l'appareil digestif un régime de moindre travail
agit comme le jeûne et ne provoque aucune dillerencedansla teneur urique
des sangs hépatiques afTérent et efférent.
Nous avons signalé au début de cette Note que lespolyphénols, aussi bien
que les corps uriques, donnent la réaction de Folin et Denis; nous avons dû
nous demander s'il n'y avait pas là une cause d'erreur possible, et, sur le
chien 13, soumis à un régime très riche en nucléo-protéides (foie et rate),
nous avons. recherché dans le sajig porte la présence des poly phénols qui,
étant comme on le sait retenus au niveau du foie, auraient pu, par cela
même, expliquer le déficit hépatique. Nous avons pu constater qu'ils fai-
saient complètement défaut dans le sang porte examiné.
L'ensemble de ces recherches nous permet de comprendre les rapports du
foie et de l'acide urique sous une forme très différente de celle qui est admise
par la majorité des cliniciens anglais depuis les travaux classiques de Garrod
sur la goutte et de Murchison sur les troubles fonctionnels du fpie. .
Le foie d'après eux deviendrait formateur d'acide urique quand, par le
fait de la maladie, sa fonction uréopoiétique devient insuffisante; cette
théorie n'est basée que sur des considérations d'ordre clinique et dépourvue
de toute base expérimentale.
Nous comprendrions beaucoup mieux qu'à l'étal pathologique, et notam-
ment chez les hyperuricémiques par goutte ou par gravelle, la fonction
d'arrêt du foie pût devenir insuffisante, incapable d'arrêter les apports
alimentaires d'acide urique, et nous trouverions là l'explication physiql^o-
glque de l'importance capitale des régimes chez les malades de ce genre.
Ainsi se comprendraient aussi les affinités que la clinique. a depuis long-
temps révélées entre les troubles de la nutrition générale, du métabolisme
azoté et hydrocarboné, et les troubles fonctionnels ou les lésions de la
glande hépatique.
Par toute une série de recherches effectuées in.n'lro, les physiologistes
ont depuis longtemps établi l'existence d'une fonction uricoly tique du foie;
nos expériences faites sur le vivant montrent une action très comparable
sans que l'on puisse cependant affirmer qu'il s'agisse là d'une destruction
d'acide urique plutôt que d'une fixation ou d'une mutation dont la formule
réelle nous est encore inconnue.
48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CYTOLOGIE. — Sur le processus meiolujHc dans la sprrmatogencsc de la Sala-
mandre et du Triton. Note de M. Armand Dehor.\e, présentée par
M. Ilenneguy.
Une notable quantité de la substance des vingt-quatre chromosomes
somatiqucs hérités de la spermalogonie par le spermatocy te I subit une sorte
de fonte, c'est-à-dire qu'elle s'ajoute à la partie achromatique qui forme le
reste du noyau. Il est possible qu'à ce moment le noyau prenne une part
plus grande à l'activité sécrétante du jeune spermatocyte, lequel n'est en
définitive qu'une cellule glandulaire. Mais il y a métabolisme visible de la
chromaline; d'ailleurs, un remaniement important de cette dernière est
reconnu par la majorité des auteurs, et il est tel que le mélange des subs-
tances des chromosomes paraît inévitable.
On trouve ensuite, dans la moitié du noyau opposée au centre cellulaire,
une douzaine de volumineuses masses, sortes de prochromosomes, qui ont
échappé au naufrage des chromosomes. J'admets que ces blocs représentent
les vestiges des plus gros chromosomes somatiques; mais quelques-uns sont
peut-être autre chose que des tronçons de ces derniers, et se seraient cons-
titués par accumulation de chromatine en certains points du réseau post-
télophasique. Quoi qu'il en soit, j'ai l'impression que, à un moment donné,
il n'existe pas plus d'une douzaine de ces formations. Elles ne jouent aucun
rôle directeur dans la réduction; elles sont l'expression de cette dernière
déjà effectuée. Par contre, elles doivent être considérées comme de vérita-
bles centres de formation chromosomique.
Ces masses gonflent et s'allongent, inclues dans un réseau chromatique
fortement organisé; elles fournissent autant de bandes alvéolisées, avec
de-ci de-là, des indications d'une fente longitudinale due à ce que plusieurs
alvéoles voisins s'ouvrent les uns dans les autres.
Pour cette partie, le matériel fourni par le Triton est de beaucoup plus
intéressant que celui de la Salamandre.
A un moment, chez le Triton, la charpente réticulaire, constituée princi-
palement par ces bandes, est double en presque toutes ses travées; mais
l'écartement des moitiés reste faible en général; il est surtout visible dans
les noyaux voisins du bord des coupes, où il rappelle un peu la fissuration
du réliculum de Hrauer.
Les bandes alvéolisées s'amincissent progressivement, les unes deviennent
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. /|8l
des filaments grêles où l'alvéolisalion est à peine visible, tandis (jue les
autres demeurent un peu plus larges malgré leur allongement.
Déjà, l'ensemble du réseau est soumis à roricntalion radiaire vers la
sphère, plus sensible chez la Salamandre (jue chez le Triton.
Chez le premier animal, du côté de la sphère, des filaments grêles, alvéo-
lisés, qui butent contre la membrane, oflVent une convergence remarcjuable
et sont fortement rapprochés. Pour quelques-uns d'entre eux, le rapproche-
ment est si étroit, le parallélisme si rigoureux, au moins sur de brefs par-
cours, qu'on se sent porté à admettre leur accollemenl deux à deux. L'illu-
sion est facile, mais c'est une erreur de croire à la réalité de cet accollemenl;
il n'y a pas de parasyndèse.
Nous sommes maintenant convaincu que les anses pachytènesre forment,
dans la partie du noyau tournée vers la sphère, par épaississemcnt graduel
des bouts de filaments grêles et étirés; en s'épaississant, leur chromaline
montre d'autres vacuoles, puis une constitution spiraléequi pi end les appa-
rences d'une division longitudinale.
Chez le Triton, la centrotaxie est moins apparente; par contre, on voit
mieux la formation des anses pachytènes par êpaississement progressif et
vacuolisation concomitante des parties les plus marquantes du réseau lepto-
tène en train de s'évanouir.
Le nombre des anses pachytènes, douze, correspond bien à celui des
masses chromatiques qui persistent après les transformations profondes des
premiers stades posttélophasiques. Autour d'elles s'organise d'ahord un
réseau très dense; puis, peu à peu, toute la chromatine se précipite sur
elles, alors qu'elles sont devenues de longs filaments plus ou moins étroits
et plus ou moins fendus ou simplement vacuolisés. Le stade pachytène
résulte de cette précipitation.
En résumé, dans le passage de la spermatogonie au spermatocyte, les
24 chromosomes subissent réellement les remaniements déjà signalés, et
qu'il est difficile d'accorder avec la notion de permanence morphologique.
On trouve ensuite, dans une moitié du noyau, une douzaine de masses
chromatiques que l'on peut considérer comme étant l'expression de la
réduction numérique déjà faite. Chacune des 12 anses pachytènes est, en
effet, constituée', pour une bonne part, par chacune de ces masses devenues
filamenteuses. Dans l'autre moitié du noyau, les anses pachytènes se
forment par êpaississement graduel des filaments grêles vacuolisés prove-
nant des masses chromatiques. Malgré quelques apparences favorables, il
n'y a pas de parasyndèse.
48:
ACADEMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE. — Sur les corrélalions entre les caractères sexuels mâles cl lesdners
éléments du testicule cliez les Amp/iihiens i^Elude sur Triton alpeslris).
Noie de M. Cbristian Champv, présentée par M. Edmond Perrier.
Dans un précédent travail (') j'ai montré par une étude saisonnière du
testicule de diverses espèces d'Amphibiens anoures et urodèles, qu'il n'y
avait aucune corrélation apparente entre la courbe d'évolution du tissu
interstitiel du testicule et l'apparition des caractères sexuels secondaires,
tandis qu'il y a corrélation constante entre cette courbe et celle de l'évolu-
tion de la spermalogenèse, le tissu interstitiel régressant toujours au
moment de la période spermatogénétique la plus active. Je m'étais tenu
sur la réserve quant à l'aipplication possible aux Batraciens de la théorie de
Bouin et Ancel sur le rôle morphogène de la glande interstitielle, ne pou-
vant repousser a priori comme impossible l'idée cependant peu vraisem-
blable que le tissu interstitiel agirait avec un retard de j^lusieurs mois.
J'ai depuis entrepris une longue étude de l'évolution des caractères
sexuels chez Triton alpestris. J'ai choisi cette espèce comme étant, d'après
mon expérience, celle qui supporte le mieux la captivité et s'en trouve le
moins modifiée (-).
(') Reclierchcs sur la spermalogenèse des Batraciens el les éléments accessoires
du testicule {Arch. de Zool. exp., l, 52, fasc. 2).
(*) Il me paraît nécessaire de rappeler les caractères dill'érentiels des sexes dans
celte espèce :
Miite en /liver. Femelte.
Ligne ponctuée noire el
jaune le long du dos.
Mâle en amour.
Crête de 3""" noire et
jaune.
Queue aplatie verticale-
ment de i5™"' de hau-
teur enviion.
Marbrures dorsales noires sur fond bleu foncé noyées
dans une leinle bleu foncé générale, la partie claire des
marbrures obscurcie par de fines ponctuations noires.
Trois séries de points noirs
sur les flancs sur fond
blanc jauiiàlre nacré.
Pas de crête, rarement
une légère trace jaune à
l'origine de la queue.
Queue subcylindriiuie île 8"'" de hauteur environ.
Marbi'ures foncées sur
fond bleuté ou verdàtre
nettement définies.
Deux séries de ponctuations sur les flancs sans |)ignien-
talion blanche.
(\ oir la suite page 483.)
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1921. 483
Les animaux sur lesquels ;i porté celte étude ont été suivis au laboratoire
pendant deux années consécutives.
SI l'on suit un lui de m;\les après la période d'accouplement, on constate f|u'ils
perdent leur parure de noces après des temps di\ers (réj;ression du cloaque et de la
iM-ète, disparition des couleurs bleues et l)lanclies). Cette régression accom])agtie le
retour à la vie terrestre, mais n'y est pas obligatoirement liée; on jieut dire qu'elle
coïncide aN ec le besoin de sortir de l'eau.
Si l'on tue vers juillet les animaux d'un même lot dont les uns ont et les autres
n'ont pas leur parure, ori constate que lorsque les caractères sexuels sont présents, le
tissu chargé de lécilhines qui se forme dans la glande génitale après l'expulsion des
spermatozoïdes (') n'a pas encore disparu, tandis (|u'il a disparu chez ceux dont les
caractères sont en régression. La spermatogenèse est aussi un peu plus avancée dans
le second cas que dans le premier.
Ce tissu, chargé de graisses, est homologue du tissu interstitiel des Anoures et des
autres \ertébrés; on pourrait donc croire qu'il y a relation entre ce tissu et la pré-
sence des caractères sexuels. Mais il ne faut pas oublier que les caractères sexuels
ont apparu longtemps avant lui au printemps. Ce fait ne donne donc guère d'indi-
cation.
Restait à trancher la question de l'influence possible de ce tissu sur les
caractères qui se développeront au printemps suivant.
J'ai donc mis au jeune complet des mâles au moment de la spermatogenèse, qui a
lieu de juillet à septembre. En l'absence d'alimentation, la spermatogenèse ne se
produit pas et, en octobre, on ne trou\e dans le testicule que des spermalogonies chez
les animaux ainsi traités, tandis que les témoins bien nourris Ont en outre des
ampoules nombreuses de spermatozoïdes. Remarquons que les deux lots ont possédé
du tissu interstitiel en mai-juin. Afin d'éliminer l'influence de l'état général, les
animaux mis à jeun l'été ont été très bien nourris à partir d'octobre.
Bande bleu ciel sur le flanc
et la queue de 2°"° à 3™™
de hauteur.
Points noirs arrondis sur
les joues sur fond jaune
pâle ou nacré s'étendant
en coUierautour du cou.
Cloaque gonflé de 7™"' à
gmm avec grosses taches
pigmentaires.
Ventre rouge tuile.
(') Voir loc. cit. et C. R.
Absence de pigment bleu de ciel.
Rares points «ans fond nacré ni jaune pâle, collier mal
développé.
Cloaque plat de 3'"™ à 4"" avec petits points pigmen-
taires.
Ventre jaune ou orangé.
Soc. Biologie, 22 février 191 3.
484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les témoins ont été les uns mis à jeun à ce moment, les autres simplement entre-
tenus, si bien que vers le milieu de novembre, les jeûneurs d'été étaient au moins en
aussi bon état que les témoins.
A la fin de novembre les témoins ont pris leurs caractères sexuels (bien plus lôtque
dans la nature ('), à cause de la température relativement douce de la pièce où ils
étaient) aussi bien chez les animaux mis à jeun que chez les autres, tandis que les
jeûneurs d'été ne les pvaienl pas. Toujours la présence de la parure de noces a coïn-
cidé ai'ec la présence dans le testicule de cystes à spermatozoïdes et vice versa.
Chez d'autres animaux tenus au froid, les caractères de la parure de noces n'ont
apparu qu'au printemps, tandis que les jeûneurs d'été n'en prenaient pas même à la
période des amours. Dans ce lot encore il y a eu coïncidence entre la présence de la
parure mâle et celle d'ampuules à spermatozoïdes dans la glande génitale.
Dans les deux lots, les caractères sexuels n'ont apparu que lorsque les spermato-
zoïdes étaient histologiquement achevés depuis quelque temps déjà, mais la compa~
raison des conditions m'a montré que le froid gêne le développement de la parure de
noces même lorsqu'elle est possible de par les conditions génitales. Lorsque les
animaux ont été privés de spermatozoïdes par le jeûne estival, on ne peut faire réap-
paraître leurs caractères sexuels avant l'année suivante, puisque la spermatogenèse
n'est possible que dans les conditions d'été. Le cadre de cette Noie ne me permet pas
d'entrer dans une longue discussion, je remari|uerai seulement que ces faits montrent
que la théorie d'Ancel et Bouin n'est pas applicable à tous les Vertébrés.
Une série d'oljservations que je ne puis détailler montre que chez les
Batraciens la présence du tissu d'aspect adipeux chargé généralement de
lécithines correspond à une mise en réserve sur place des produits prove-
nant de l'abondante phagocytose des spermatozoïdes qui a lieu en toutes
saisons chez certaines espèces et au moment dr l'accouplement chez d'autres
(c'est surtout le phosphore qui est ainsi réservé). Celte réserve est utilisée
à l'élaboration des nucléines lors de la poussée de spermatogenèse qui,
après son épuisement seulement, fait appel aux réserves générales; c'est
cette mobilisation des réserves générales qui paraît correspondre à la
régression estivale de la parure de noces. Les variations dans l'époque de
régression correspondent bien aux variations assez considérables du tissu
correspondant à la glande interstitielle.
(') Le phénomène peut se produire spontanément, j'iii trouvé dans les Cévennes,
par des automnes doux, des Tritons alpestres venus à l'eau (jui avaient leur pariu e de
noces.
SÉANCE DU 21 Fl-VKIER I921. 485
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Variadons de la susceptibililé aux agents nocifs
avec le nombre des animaux traités. ÎNole de M""^ Anna Dkxewina el
M. Georges Bohx, présentée par M. Henneguy.
Dans une Noie (^^ ) sur les \arialions de la sensibilité à l'eau douce des
Convo/iita, nous avons déjà fait ohseiver que, toutes conditions égales
d'ailleurs, les individus isolés sonL infininienl plussensibles que les individus
groupés. C'est en étudiant l'action de l'argent colloïdal (électrargol Clin)(^)
sur les Convoluta (jue nous nous sommes aperçus de l'importance du nombre
des animaux traités sur le résultat de l'expérience. Nous employions géné-
ralement une solution contenant 5 gouttes d'éleclrargol pour aS""' d'eau de
mer. Les Convolula étant des Vers de petite taille, 3"'™ environ, nous en
placions couramment une centaine ou plus dans un verre de montre; l'efTet
de l'argent colloïdal se traduisait surtout par de curieuses modifications
d'attitudes et de formes que nous décrirons ailleurs. Le fait qui nous
intéressait particulièrement était l'attaque jso/rtjVe, c'est-à-dire poitanl de
préférence sur l'une des extrémités du corps, et afin de la mieux suivre nous
avons essayé d'isoler les L'onvoluta, en n'en plaçant que 2 à 5 dans un verre
de montre. Loin que l'analyse des changements dans le temps s'en trouvât
facilitée, nous assistions à des attaques brutales, et qui assez rapidement se
terminaient par la mort des individus traités. Nous avons alors institué une
série d'expériences portant chacune, loules choses égales d'ailleurs, d'une
part sur un grand nombre de Convoluta (une centaine environ), d'autre part
sur quelques Convoluta. Le résultat fut invariablement celui-ci: les individus
peu nombreux [térissaient au bout de 4 heures environ, les individus
nombreux résistaient 4^ heures ou plus, quelquefois moins, suivant la
concentration et suivant la marée. Voici, à titre d'exemple, quelques-unes
de nos expériences, presque quotidiennes dans un espace de 2 mois.
29 jiiillel : «. Un \erre de montre con tenant, dans une solution de 5 goutles d'argent
pour aS*™^ deau, une centaine de Convoluta ; l>. m verres de montre, contenant
chacun, dans la même solution, 2 Convotala. 1 heures après, les b ont des mou-
vements très ralentis, tournent en rond, se déforment; 4 heures et demie après, elles
sont presques toutes en boules, et plus ou moins désagrégées. Quant aux a, 48 heures
après, elles sont encore en vie, bien qu'ayant subi des atteintes plus ou moins mar-
(') G. BoH.N et A. Drzewina, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. i023.
(-) A. I>RZEWiNA et G. BoHN, Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 83,
19211, p. 1600.
C K., 1911, 1" Semestre. (T. 172, N« 8.) jt>
486 ACADÉMIE DES SCIE^fCES.
(|uées : cylolyses partielles, iu])Uires, soudures arnenanl la foiinalion d'iiidiviilus à
plusieurs lèles, etc.
7 août : Après 4 heures de traitement, dans les verres de montre ne contenant que
quelques individus, ceux-ci sont entii-rement cytolysés; au contraire, les individus
groupés, tout en présentant des aberrations de forme et de mouvements, continuent
à vivre dans la solution le lendemain et le surlendemain.
Nous avons essayé compafativeiiient l'influence de doses croissantes
d'argent colloïdal : 5, (5. 7, 8, 9 et 10 gouttes pour 25""' d'eau. En les
faisant agir sur des individus groupés, nous n'avons pas constaté d'aggra-
vation très sensible de la première solution à la dernière. Il en est tout
autrement, comme on l'a vu, quand on compare, pour une même solution,
les individus groupés et les individus isolés, même si cette solution est plus
faible que les précédentes : avec 2 gouttes par exemple, les individus isolés
seront désagrégés au moment oii ceux groupés dans une solution à 1 o gouttes,
bien qu'abîmés, sont encore en vie.
Cette question du nonihre nous paraissant fort intéressante, nous avons
cherché à répéter nos expériences sur d'autres animaux. Nous avons obtenu,
avec des Iiifusoires, des résultats non moins frappants qu'avec des Com'o-
litta .
Des Infusoires provenant d'une même culture (au cresson, par exemple),
et comprenant des espèces variées, Slylonvchia, Golpodes, Vorticelles, Para-
mécies, etc., sont distribués, après lavage par centrifugation, ou sans avoir
été centrifugés, dans des verres de tnontre contenant une solution colloïdale
d'argent, à la dose de i à 5 gouttes, pour 2,5""' d'eau; on place comparatixe-
ment plusieurs centaines ou milliers d'Infusoires contre quelques dizaines.
Bien entendu, en prép-trant la solution, on tient compte de la quantité,
minime d'ailleurs, du liquide de culture dans les dillérents cas. l^li bien,
dans toutes nos expériences, les Infusoires isolés se sont montrés de
beaucoup moins résistants que ceux groupés en grand nombre. Souvent,
à la dose de 1 goutte (température i4" à if)°), les Sty/onyc/na isolées
pres({ue immédiatement se mettent à tourner en rayon de cercle, puis se
déforment, et, au bout de i5 à 3o minutes, elles sont cytolysées. Le con-
traste avec les individus groupés est alors frappant : d'une part, apparence
et translation normales; d'autre part, eytolyse complète. D'ailleurs, les
Infusoires groupés sont attaqués à leur tour; i ou 2 heures après, un certain
nombre sont désagrégés (il y a naturellement des diiVérences suivant les
espèces), mais beaucoup franchissent la crise, et le lendemain un peut
encore en trouver un grand nombre de vivants, dans la solution.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I921. 487
Avec une cloini-o;oiilte, i ou 2 goulles, les résultais sont sensiblement les
mêmes.
Nous ne croyons pas que la dilVérence de susceptibilité entre les indi-
vidus groupés et isolés puisse s'expli(|uer par l'épuisement plus ou moins
rapide de la substance active, voici pourquoi. Nous avons fait plusieurs
séries d'expériences où les Infusoires groupés étaient placés dans une solu-
tion à 5 gouttes d'argent colloïdal, et les individus isolés dans une solution
cinq fois plus faible. Ils n'en étaient pas moinscytolysés au moment où ceux
de la solution forte gardaient encore leur apparence normale, et bien que la
teinte de la solution, révélatrice de la concentration du collargol, restât
beaucoup plus foncée que celle de la solution qui a tué les individus isolés.
Nous poursuivons ces ex[)ériences, dans le but de préciser les facteurs
qui interviennent dans ces phénomènes.
BIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Variations (le l''instinct et leur déterminisme
chez iliversi's Araignées. i\ote de M. Etienne Rabaud, présentée par
M. P. Marchai.
S'il est bien connu que le comportement des Araignées varie non seule-
ment d'un individu à l'autre de la même espèce, mais pour un même indi-
vidu, le déterminisme de ces variations ne paraît pas avoir retenu l'attention
des observateurs; du moins ils en ont fourni une interprétation indépen-
dante des faits. J'ai pu analyser ces variations en ce qui concerne le mode
de capture des proies et reconstituer leur déterminisme avec une suffisante
approximation.
Tous les auteurs s'accordent à dire que les Epéires (Argiopr briinncichi .
Arancus diadenialus) enveloppent d'abord leur victime tlans une trame de
soie épaisse et serrée, puis les mordent et les paralysent. L'Araignée
enveloppe, soit en imprimant à sa victime un mouvement de rotation, soit
en revêtant de soie l'une des faces avant de faire tourner. Fabie pense que
l'Araignée procéderait d'une manière ou de l'autie suivant que la pioie
sérail ou non munie d'un moyen de défense, tel qu'un aiguillon. En fait,
tout dépend de la résistance que la proie offre à la mise en mouvement. Un
Insecte de petites dimensions et inoffensif, un Pentatome, par exemple,
qui, grâce à sa forme aplatie, fait largement prise sur la toile, est d'abord
revêtu de soie sur l'une de ses faces, tandis qu'une Abeille, un Bonibus.
munis d'aiguillons, sont directement enveloppés.
Les variations les plus importantes ont trait à la succession des temps
488 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la capluie. D'après les descriptions classiques, Tenveloppement pré-
céderait toujours la morsure et. suivant les idées régnantes sur l'instinct,
ce mode de succession devrait se reproduire nécessairement en toute occa-
sion. ()n constate, cependant, soit l'interversion des deux temps, soit la
suppression complète de l'un d'eux, et ces changemenis répondent à un
déterminisme précis. L'interversion des deux temps frappe toul particuliè-
rement quand on donne à une A. hrunneichi ou un yl. diadeuiatus tantôt une
Abeille, tantôt une Eristale, Insectes de volumes comparables et d'aspect
semblable.
Tandis que l'Araignée enveloppe d'abord, puis mord l'Abeille, <'lle saisit
d'abord l'Eristale avec ses cliélicères, le maintient pendant un temps
variable, puis l'enveloppe. L'interversion a également lieu avec un certain
nombre d'autres Diptères et avec les Lépidoptères. Même, avec ces der-
niers, l'enveloppement n'a pas toujours lieu ; l'Araignée saisit directement
le Papillon avec ses chélicères, le maintient, et souvent le dévore inconti-
nent sur place, sans esquisser le moindre mouvement de rotation.
Dire, comme l'ont fait Porter et Fabre, que l'Araignée agit avec pru-
dence, ne fournit aucune explication valable de ces variations ; une analyse
rigoureuse permet, au contraire, d'en donner l'interprétation rationnelle.
Tout dépend de la résistance que la proie offre aux pattes antérieures de
l'Araignée. Celle-ci, en eft'et, commence toujours par accrocher la proie,
quelle qu'elle soit, avec ses pattes antérieures. Souvent, les. mouvements de
cette proie, le battement de ses ailes, son bruissement exercent sur les
pattes de l'Araignée une traction moyenne; les pattes demeurent alors en
demi-flexion pendant le bref espace de temps qui sépare la capture du
début de l'enveloppement. Mais lorsque la proie s'agite très violemment,
quand ses ailes battent et vibrent fortement et rapidement, la traction
exercée sur les pattes devient plus puissante et accentue la flexion des pattes
de l'Araignée : la proie se trouve alors portée au contact des cliélicères, et
ce contact détermine le réflexe de préhension avant que l'enveloppement
ait commencé. J'ai très nettement suivi ce processus et sa liaison avec l'in-
tensité des vibrations.
Les faits sont un peu différents dans le cas des Lépidoptères. Pour eux,
il ne s'agit pas de résistance trop grande, mais de résistance insuffisante.
Les ailes, en effet, n'oflrent aucune prise solide, de sorte qu'en s'accrochant
sur elles, les pattes sont amenées à se fléchir fortement et à rapprocher la
proie des chélicères. Suivant toute vraisemblance, c'est un processus très
analogue qui entre enjeu pour les proies de petites dimensions.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I921. 4^9
A titre de preuve indirecte, je puis dire que l'Araignée plante directe-
ment ses cliélicères dans toute pioie portée à leur contact immédiat avec
une pince.
()uanl à la suppression totale de l'enveloppement, il est lié, suivant toute
vraisemblance, à l'état de replétion du tube digestif de l'Araignée.
Les variations du mode de capture des Agélénides (A. hthyrinlhicd, 7'ei;v-
narlti parictinn) sont d'un autre ordre. Ces Araignées n'enveloppent pas
leurs proies, elles les saisissent directement avec leurs chélicères, et il ne
saurait y avoir, de ce chef, aucune variation. Mais tantôt elles se précipitent
sur la proie, la saisissent et remportent dans leur gîte; tantôt elles la
mordent une première fois, se retirent à quelque distance, reviennent et
mordent une seconde fois, se retirent encore et recommencent ainsi jusqu'à
ce que, finalement, elles la saisissent et l'emportent. Ce comportement
Impressionne tout observateur non prévenu. Porter, qui l'a observé chez les
l'^peirides, v voit une marque de prudence. En réalité, il dépend de l'am-
plitude des mouvemenis effectués par la proie et de l'intensité de ses vibra-
tions. Une Sauterelle tout à fait inoffensive provoque ce comportement
aussi bien qu'une Abeille. Attirée par la secousse, l'Araignée arrive et
mord; mais ses chélicères ne s'implantent pas solidement sur \in Insecte
relativement volumineux, tandis (jue celui-ci, en s'agitant, repousse V \rai-
gnée. Une fois éloignée, la distance affaiblit l'intensité des secousses qui
redeviennent attractives : 1' \raigné(^ revient. Le même processus se renou-
velle jusqu'à ce que les secousses cessent ou, du moins, se lédnisentà des
mouvements légers et peu fréquents.
Ainsi les vibrations dominent le comportement des Araignées. .Jusqu'à
un certain degré, et pour une Vraignée donnée, les vibrations sont attrac-
tives; puis elles deviennent inhibitrices ou répulsives; la nature de la proie
n'intervient pas. Une Xylocope violette jetée sur une toile d'F<>peire attire
tout d'abord Argiope brunneiclii , mais à mesure que celle-ci s'approche,
l'intensité des vibrations grandit et au moment où s'établit le contact,
r Vraignée, violemment repoussée, s'enfuit rapidement et, parfois, aban-
donne sa toile. La même \\locope, affaiblie par un jeûne persistant, attire
encore l'Araignée, mais ne la repousse plus : l'enveloppement a lieu, puis
la morsun-.
Dans l'ensemble, nous constatons que les divers modes de comportement
sont nettement fonction des circonstances extérieures; les mêmes circon-
stances engendrent toujours le même comportement. S'agit-il d'instinct ou
d'intelligence'? La question mérite à peine d'être posée; c'est un instinct si
490 ACADÉMIE DES SCIËNCKS.
l'on envisage riniitililé complèle de certaines manœuvres, cVst un acte
intelligent si Ton envisage l'apparcule adaplahililé : au fond, c'est, dans
tous les cas, un seul et même processus fondamental.
ENTOMOLOGIE. — Un foyer de mullipliration rie la Mnuclie ilrs fruits
(Ccratitis capilata ]}ie(/.)atixe/n'iri>/i.\(/ePnri.s. JNotedeM. I'iekhk
Li:s.\i:, présentée par M. E.-L. bouvier.
Au mois d'octobre 191/1, j'avais observé les larves de la Mouche des
fruits {Ci-m/ilis ciipitata Wied.) dans des poires tardives cueillies sur un
même arbre dans un jardin d'Asnières (Seine) ('). Cette observation
succédant à celles qu'avait faites le Professeur Giard en 1900 et 190G dans
une localité voisine de Courbevoie, où les mêmes larves attaquaient les
abricots à la mi-juillet (-), permettait de se demander si le Çeralitis, qui
semble être originaire des contrées tropicales et qui est très répandu sur
les bords de la Méditerranée, ne s'était pas également acclimaté dans notre
région.
Les circonstances ne me permirent pas de recliercher méthodiquenienl
l'insecte pendant les années qui suivircnl mes premières constatations;
mais, en 1919, ayant cueilli dès les premiers jours de septembre, c'est-à-dire
bien avant leur maturité, et ayant déposé dans une pièce close les fruits du
même arbre qui avait fourni les exemplaires de I9i4) je remarquai, une
huitaine de jours plus tard, que l'une des poires devenait molle au toucher.
Le i4 septembre, le fruit présentait à sa surface une tache de bletlissure à
contour irrégulier et d'aspect assez anormal.
Ayant ouvert le fruit, je constatai que toutes ses parties centrales et
axiales étaient altérées par suite des dégâts très caraclérisl iqnes du Centlitis,
dont un certain nombre de larves étaient visibles dans la pulpe dilacérée et
brunie. Des lésions étendues existaient en outre immédiatement au-dessous
de l'épiderme. D'ailleurs, la poire était habitée égalcnienl par une chenille
jeune de Carpocapsa pomonella L., fait qui expliquerait peut-être le choix
qu'en avait fait le Venuitis à cause de son étal de maturité relativement
précoce.
Une recherche attentive me fit découvrir un second fruit du même arbre
également parasité par la Mouche des fruits, et, un peu plus tard (28 sep-
(' ) Bull, de la Soc. de Pathol. vég. de France, 191."), p. '.48.
(-) Coiit])les rendus^ t. 131. lyoo, p. '|3<), et t. \\'.\, lyod, p. 353.
SÉANCE DU 31 1 ÉVRIER I921. 4f)I
teinbre), j'observai une poire de Louise-Bonne allaquéc el hébergeant
G larves de Ccrdiuis parv<'nues à leur plus grande laille. Ce dernier fruit
avait été cueilli dans le mèmr jardin que les précédents el sur un arbre
voisin du premier. Knfin une (piatrième poire infectée el contenant 8 larves
nie fut apportée d'un autre jardin situé à proximité.
F^a plupart des larves subirent la transformation en pupe dans l'intervalle
du 10 au i5 octobre; mais, sans doute par suite de conditions hygromé-
triques défectueuses oil'ertes par les bocaux d'élevage, aucune ne fournit
d'adulte.
Il est à noier que les larves observées tant en 1919 qu'en 1914 furent
trouvées dans des poires de variétés tardives, de|)uis la (in de septembre jusque
vers la mi-octobre. Il est évident que ces larves étaient au moins celles d'une
deuxième génération, la génération précédente étant vraisemblablement
représentée par les larves trouvées en juillet dans les abricots (Giard, 1900).
Les conditions des observations successives de 1900, 1906, 1914 et
1919 (') semblent bien démontrer que le Ceratitis existe effectivement à
demeure dans la région s'étendant aux confins d'Asnières et de Courbevoie,
et qu'il ne s'agit pas seulement d'introductions répétées de l'insecte.
Les dégâts causés en ce point par le Ceraiitis ont été jusqu'ici très res-
treints, du moins à ma connaissance; mais on })eut craindre qu'à la faveur
d'une année chaude, res|)èce puisse se multiplier et devenir réellement
préjudiciable, surtout si elle venait à se propager dans les localités relati-
vement peu éloignées qui se livrent à la production à peu près exclusive des
fruits de table.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des radiations lumineuses sur V AzolohacWr.
Note (-) de M. E. Kavskr, présentée par M. P. Yiala.
Dans une Note précédenle (\) nous avons étudié l'influence de diverses
radiations sur les générations 3 el 6 d'une culture d'azotobacter, nous avons
constaté des différences assez sensibles selon les conditions de l'éclairage;
nous avons voulu voir jusqu'à quel taux la faculté assimilatrice était dimi-
nuée à la douzième génération et comment cette propriété variait avec le
changement de l'éclairage.
{') La récolte ayant été totalement pillée dans le jardin où je faisais mes obser-
vations, celles-ci n'ont pu être renouvelées en 1920.
(') Séance du i4 février 1921.
(') Comptes rendus, l. 172, 1921, p. 180.
492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons employé d'une part un milieu mannité (r,225 pour loo),
d'autre part un milieu glucose (1,327 pour 100) additionnés des sels habi-
tuels et contenus dans des vases coniques, placés dans les conserves colorées
et maintenues à 27°; dans la colonne a nous indiquons la couleur de la
conserve contenant la semence (douzième génération ) el dans la colonne b
celle de la conserve recevant le vase ensemencé.
0
a.
juU-urs.
h.
Hydrate d
louil.
e Ce
irbone détruit
pour 100
fourni.
\7.0lr loliil
li\é.
Azoli- lixé
par i;ramine d'hydrate
fie carbone consoiiiiiié.
A.
Milieu mannité.
jaune
jaune. . . .
o,6G.'>
28,85
■2 , 000
3,000
jaune
bleue.. . .
0 ,5oo
21,69
2,44
4,880
verte
verte
, 0,370
16,26
',97
5,253
verte
bleue
jaune.. . .
bleue. . .
0,955
1,190
41,43
5i,66
2,86
3,85
2,994
2,890
bleue
jaune . . .
0,665
B.
28,85
Milieu i^lu
cosé.
3,01
4,526
blanch
blanch
verte
verte
verte
e blanche,
e bleue.. . .
verte. . . .
rouge . .
bleue.. . ,
0,640
o>77i
, 0,582
. 0,78/i
I , io3
Si, M
88,89
29,24
89,89
55, 4i
3,756
4,324
2,i8o
4,782
7,457
5,868
5,587
8,745
6,099
6,760
Cnuleui^.
«. b.
fourni.
llvdratL-r,
toliil.
liour IIIO Azote 1
fourni. (ivé
A/.ote fi.\é Héduclion
par gramme centésimale
otal d'iivdiate par gramme
déïruit. dcliuit.
A. Milieu tnannilé.
,'énération jaune
» jaune
» jaune
» verte
» verte
» verte
» bleue
» bleue
» bleue
jaune 4,655
jaune i ,887
bleue I ,887
verte 4,655
verte 1 ,887
jaune 1 , 887
bleue 4,655
bleue I ,887
jauno 1 ,887
1,385
29,80
8,828
0,605
86,20
2,(100
0,000
27, 21
2,440
o,84o
18,04
6,i3o
0,875
20,41
1,970
0,955
51,98
2,860
1 ,800
27,92
8,527
r ,190
62, 7Q
3,3.5o
o,665
36,20
3,010
6,343
8 , 000
4,880
7,290
5,253
2,994
6,559
2,890
4,526
28,06
27^94
58,92
55,98
80,99
H. Milieu l'Uicosc.
blanclie blanche. . . 4,655
blanche blanche. . . 1 ,990
blanche bleue ',990
verte verte 4,655
verte verte 1 ,990
verte rouge 1 ,990
verte bleue 1,990
1,260
0 , 64o
0,774
1 , o5o
27 , 06
82,16
88,89
22,55
5,940
3,766
4.324
6, i3o
o-,582
29,84
2,180
0,784
1 , 108
89,89
,55,42
4 , 782
7,457
4.7*'<
5,587
7,29"
3,745
6,099
6,790
(24,48)
(18, 5i)
48,62
16,33
7.27
SÉANCE DU 21 FÉVRIER H)-2l. ^Ç)^
On voil que le total des hydrates consommés varie avec réclairage
( matras vert-vert et vert-jaune pour le milieu mannité), puis (matras
vert-vert et vert-bleu pour le milieu glucose); le changement de couleur
entraîne une augmentation de l'azote total assimilé et de l'azote fixé par
gramme diiydrale déiruit, saufdans les cas où le microbe a détruitune très
forte proportion d'hydrate.
En comparant les résultats obtenus avec la sixième généralion (') et ceux
de la douzième génération, nous pourrons nous renseigner sur la diminution
de la faculté assimilatrice selon le mode d'éclairage (proportion centé-
simale de réduction par gramme d'hydrate détruit).
Malgré la différence de composition des milieux de culture de la 6" géné-
ration (mannite-ulucose) et ceux de la 12'' génération (mannite ou glu-
cose), malgré leur différence en concentration, leur comparaison donne
lieu à quelques observations intéressantes.
Pour le milieu mannité la quantité totale d'hydrate consommé, la quan-
tité d'azote total fixé diminuent avec le nombre de générations; pour la
12" génération, le changement de couleur a pour effet d'atténuer cette
diminution (le matras bleu-jaune excepté); ainsi on peut trouver, pour la
même semence, plus d'azote assimilé que sans changement de couleur; il
en résulte que la fixation d'azote par gramme d'hydrate consommé subit
une diminution centésimale plus faible pour le jaune-bleu (23,06) contre
02,70 (jaune-jaune) et pour le bleu-jaune (80,9) contre 55,93 (bleu-
bleu).
Avec le milieu glucose les différences sont encore plus nettes; ainsi avec
la 12'' génération nous ne trouvons que 3'"^,']^j d'azote fixé par gramme de
glucose dans le matras vert-vert contre 6'"^, 790 dans le matras vert-
bleu, aussi la différence avec la 6'' génération n'atteint dans ce cas que
7,27 pour 100 de l'azote fixé par gramme d'hydrate détruit, é
Dans ce milieu glucose la semence provenant de la conserve verte, ense-
mencée dans une conserve bleue a assimilé, à la 12*' génération, plus d'azote
total que celle de la 6" génération (vert-vert), la différence pour l'hydrate
consommé n'atteint cependant pas 53"^ : pour les 12" générations de la
conserve blanche, la proportion centésimale d'azote assimilé par gramme
d'hydrate est en augmentation sur la G*" génération; la nature de l'hydrate
a de l'importance, c'est avec les radiations jaunes que l'Azolobacter détruit
beaucoup d'hydrates sans assimiler une quantité proportionnelle d'azote.
( ') Loc. cit.
C. R., 1931, I" Semestre. (T. 172, N' 8.) ^ J
494 ACAbÉMIE DES SCIENCES.
MliDIîCINE. — Trailcnient (le la luherctilose humaine.
Note de M. Henri Spahi.ixcjek, présentée par \1. dArsonval (').
Une série de recherches expérimentales m'a conduit à baser le traite-
ment de la tuberculose humaine :
En premier lieu sur la destruction, dans Torganisme malade, des divers
poisons d'origine tuberculeuse.
Et deuxièmement sur la vaccination thérapeutique.
Les formes cliniques si variées de la tujjerculose humaine peuvent, au
point de vue traitement, se diviser en deux catégories principales :
i" Les formes aiguës, caractérisées par fièvre, tachycardie, sueurs noc-
turnes, amaigrissement, etc., symptômes provoqués de façon directe ou
indirecte par les divers poisons du bacille de Koch, auxquels s'ajoutent
fréquemment les poisons des microbes associés. C'est à ces formes aiguës
que s'adresse le traitement antiloxique complexe.
2"* Les formes chroniques, justiciables de l'immunisation activeau moyen
d'extraits de corps bacillaires.
La méthode thérapeutique que je propose comporte par conséquent deux
médications distinctes :
A. Le Iraileinenl (tnlitoxiqiie et fniblemenl bactèriolydqne, basé sur l'ad-
ministration d'un mélange d'éléments anlitoxiques et bactériolyliques,
destinés à faire disparaître progressivement les phénomènes d'intoxication.
1j. L(i vaccination, au moyen d'une série d'antigènes, injectés dans le
but de :
1° Provoquer des réactions focales;
2° Réaliser l'iimniinisation active / ractionnèe .
Ces antigènes sont extraits des corps bacillaires par des procédés physico-
chimiques respectant, autant que possible, la nature spécifique des sub-
stances devant remplir la fonction vaccinale.
/Vfin de permettre à l'organisme d'utiliser progressiveme/il ces divers
antigènes, on les inocule séparèrne/ii, à doses croissantes, selon un schéma
fixe, pendant plusieurs mois. Les injections ont lieu au moins une fois par
semaine. Cette immunisation lente et fractionnée a pour but d'éviter les
réactions trop violentes, et de mettre le malade en état de lutter peu à peu
contre tous les composants des corps bacillaires.
(') Séance du i4 février 1921.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I921. l^r)S
Le traitemenl est de loiif^iie haleine et soûle une médication prolongée
peut' donner des résultais stables. Ayant ainsi exposé les principes géné-
lauv de la méthode, des communications ultérieures en donneront les
détails scientifiques et techniques.
MÉDECINE. — L(i vaccination de la tuberculose.
iNote de M. Happin, présentée par M. Laveran,
Depuis ma dernière Note présentée à l'Académie le 5 mars 1917, sur le
vaccin antituberculeux (juc j'avais déjà à ce moment réussi à obtenir,
mes expériences se sont continuées pendant ces quatre dernières années
en vue de donner à ce vaccin, comme je l'écrivais alors, une fixité d'action
et une activité plus grandes.
La préparation de ce vaccin élant basée sur la double action de solutions de fluo-
rure de sodium et du sérum antituberculeux que je prépare, suivant la niétliode dont
j'ai donné l'exposé dans ma Note antérieure ('), j'avais à déterminer exactement ù la
fois le temps pendant lequel il convenait de faiie agir les solutions de lluorure pour
amener complètement la stérilisation du bacille sans atteindre ses endoloxines, et
celui pendant lequel ce bacille doit demeurer en contact avec le sérum. Après de
nombreuses expériences sur le cobaye, je suis parvenu avec l'aide de mon préparateur
Louis Soubrane, à fixer ces données, et voici la formule à laquelle je me suis arrêté
pour la préparation de ce vaccin.
Les bacilles de cultures sur bouillon de i, 2 et 3 mois, desséchés pendant 24 lieiires
dans le vide, sont broyés et émuisionnés d'une façon aussi fine et aussi homogène ipie
possible dans des solutions lluorurées à 3 pour 100. Pour assurer complètement leur
contact avec la solution antiseptique, les tubes qui les renferment sont placés dans un
émulseur d'un système spécial qui en permet l'agitation continue. Ils sont ensuite
extraits de ces lubes après centrifugation, la\és à plusieurs reprises dans la solution
phy'siologi([ue et mis en contact avec le sérum antituberculeux.
L'expérience de ces dernières années m'a montré que la durée la plus
convenable à observer pour le contact des bacilles avec les solutions
lluorurées est de sept jours et celle de ce contact avec le sérum de trois
jours, la stérilisation des bacilles est alors complète et l'action du sérum
s'est suffisamment exercée. C'est cette émulsion de bacilles dans le sérum
(]ui constitue le vaccin et son inoculation présente, à ce moment, toute son
activité, en même temps qu'une innocuité absolue. Injecté au cobaye, au
liane, et suivant le poids de l'animal, à la dose de y„ à '^ de centimètre
(") Comptes rendus, l. 133, 1911, p. logô.
49'^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
cube, représentant environ rn poids sec initial, f",, à ^ de milligramme de
bacilles modifiés ensuite par le double contact des solutions fluorurées cl
du sérum, ce vaccin ou mieux ce séro-vaccin détermine seulement la for-
mation d'un ganglion plus ou moins volumineux qui n'a aucune tendance
à la suppuration et demeure induré, souvent sans régresser. Les animaux
ainsi vaccinés sont immunisés contre l'injection de tuberculose virulenir
qui ne détermine chez eux que la formation de gant^lions locaux sans
tendance à la suppuration ni à la généralisation. L'examen microscopique
des ganglions ainsi provoqués montre que les bacilles virulents y sont
l'objet d'une phagocytose d'une intensité remarquable et au bout d'un
certain temps leur résorption est complète.
Par contre, les témoins de ces vaecinés, inoculés de tuberculose virulente
dans les mêmes conditions, succombent en 4» 5 ou 6 mois avec les lésions
classiques et des plus étendues, de tuberculose expérimentale.
Nos expériences, au cours desquelles nos animaux ont été suivis parfois
pendant plus de i an, ont porté sur près de 4oo cobayes (exactement 388).
et c'est après de nombreux tâtonnements, en faisant varier les conditions
d'expériences dont il est parlé plus haut, que nous sommes parvenus ;"i
établir la formule vaccinale qui, dans plus de 4o expériences, nous a permis
de réaliser une immunisation absolue. Celle-ci a été, en effet, démontrée
chez les sujets vaccinés, non seulement par l'examen des organes, mais
encore par l'inoculation d(> fragments de la rate, faite au cobave et
demeurée négative.
Considérant, d'une part, l'extrême sensibilité du cobaye à la tuberculose
et, de l'autre, la longue suite de nos expériences, qui montrent qu'il est
possible d'immuniser cette espèce animale par celte méthode, je conclus
que nous sommes en possession d'un vaccin contre la tuberculose qui, en
raison de son innocuité, est dès ntaintenant applicable à l'homme.
La séance est levée à ifi heures et demie.
É. P.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 28 FÉVRIER 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACA.DÉMrE.
M. le MiMSTRE DE l'Iivstructio.\ pubmque ET DES Beaux-Arts adrcssc
ampliation du décret, en date du 22 février 192 1, qui porte approbation de
l'élection que l'Académie a faite de M. Louis Joubin pour occuper, dans
la Section d'Anatomie et Zoologie, la place vacante par le décès de M. Vies
Delage.
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Louis Jouniv prend place
parmi ses confrères.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur Icsf ormes d 'Hcrmite ternaires dans un corps qua-
dralique imaginaire (champs v'— i et y — 2). Note de M. G. Humbert.
I. Généralités. — Soit la forme d'Hermite
+ a'fJ'o+b„ysa-h by^z + a" zz^-^ b\zz^-\- b' z„x,
ti, a', a" étant des entiers réels, b, b„, ... des entiers conjugués du corps
quadratique y — i ou y — 2, ainsi que a;, x^,
La forme /"est àiie primitive lorsque les coefficients a^ l/^, ... n'ont aucun
diviseur, entier réel, commun. Lorsque, de plus, a, a', a" ne sont pas pairs
à la fois, la forme est àile proprement primitive.
Le déterminant
a b"„ b'
. D ^ b" a' bf)
b'„ b a"
C. R., 1921, 1" Semestre. (T. 172, N° 9.)
38
498 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est appelé dèlcrmindiU dr la forme. Son développement est
D == aci a' + bh' b" + b^b'^b], — cibb^— a' b' b'„ — a" b" b],
Si l'on pose
b'z-o = X
b" x„-
b Jo-
Y, ti'^u- -\- a' y -i- bz =r Vo,
:Z, ^' .r 4- ^oV -+- a"- =Zo,
La forme obtenue en remplaçant dans la forme donnée jc, y, z (et
aussi .r„, y„, z^) par leur valeur en fonclion de X, Y, Z, Xj, Y„, Z„, s'appelle
la forme adjointe de la forme /'(.r, y, :;).
Son expression est
XXo(a'«' — bb^
On désigne par il le plus grand commun diviseur (entier ordinaire) des
coeflicicrils de l'adjointe; on prend Q ^ o si la formey est définie et Q<^o
si elle est indéfinie. La forme adjointe peut s'écrire iiF; F est appelée la
forme réciproque de /'.
Les coefficients de l'adjointe sont
a
1^.
b'
X
b"
a'
b.
Y
^'0
b
a"
Z
\«
^\
Zo
0
A
= a' a'
-b b„
b;, = b,b, — a
(^",
k'
^ a a"
- ''' ^'„>
b; = bl b', — a
b\
y
^=-- (1 a'
— b"0"„
B„=b',b",-a
b.
Comme on a A'A — BBo:= Da, ..., LP divise Da, D'à', ..., c'est-à-dire
divise D, car les coefficienls de la forme /" n'admettent aucun diviseur,
entier réel, commun.
On pose alors
1)=:12U.
T^es formes /'(a;, y, z), pour lesquelles il et A sont les mêmes, forment un
ordre.
Les forinesy et F sont définies ou indéfinies en même temps (cela résulte
des conditions pour qu'une forme soit définie).
On démontre, comme dans le cas des formes ternaires ordinaires, les
deux relations fondamentales.
■/.
y.'
(3
?''
■/
■/ ■
SÉANCE DU 28 lÉVlUER 1921. 499
La première est
/{x, r, 3; .r„, y„ ;o)/(^'', /, ='. • • •) = HH„+ 12F(x'j"-/..r", . . .)
(la seule différence avec les formes ordinaires est que H- est remplacé
parHH„).
Dans les formes d'Hermile. il n'y a pas de genres, ce qui simplifie beau-
coup la théorie.
II. MeSURF. du NOMUtiK DES UEPIIÉSENTATIONS o'uN ENTIER, PREMIER A 2 iii PAR
XES FORMES DE l'ordre {il, à). — I. Représentations propres. — On passe,
comme dans la théorie des formes ordinaires, par la représentalion d'une
forme binaire.
Si, dans la forme /(a:,/, 2), on pose
.r = ai + a'n, .r^r^ «„Ço + «o'^'o»
J = (3;' + j3'r,, yo = Po;o-H(3'oT^o,
-=y;-Hy'-o, ÎQ = yoSo-t-7oT^o,
les X, a', ... étant des entiers complexes, tels que les mineurs
soient premiers entre eux (dans le sens de Gauss), et si
/(x, y, z) zzz cp(i, ■(]) = »îi;to+ «"ço'O + «oÇio + m'nno,
on dit que/(x, Y, z) représente proprement 9 (H, y]).
Soit D = n"nl — mm' le déterminant de 'p(^, •/]); on a
D=-OF((3y'-y(3', ...).
D est donc de la forme D = — il M".
La représentation de «p par f dépend de congruences, dont il suffit
d'écrire celle-ci (inconnues N, \„, conjuguées) :
I\'N„4-A/?( E=o (..lûdM").
Etudions d'abord le cas du champ \J — i .
On sait, par Hermite, que si M" est impair et premier à i2A, cas dans lequel
nous nous placerons, et si
M" = p'^p'^' . . .,
le nombre de solutions de la congruence est
5oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Supposons i2 et A impairs ; loules les formes S sont, dans ce cas, propre-
ment primitives.
On conclut, comme clans la lliéorie ordinaire, que « la mesure du nombre
des représentations propres de M", premiers à 2i2A, parles i, proprement
primitives, d'un même ordre (12, A) (ilA impair), est
H( — i2iVI') étant la mesure des classes de formes (positives, proprement
primitives) binaires d'Hermite, de déterminant — i2M", H, la même
mesure pour les classes de formes improprement primitives ».
2. ConséqueFice. — On déduit du théorème précédent l'étjuation
y —. ! ^V — rH(-Om) -1- \\A-ilm)^m\l,,\l— i—\ -].
Au premier membre, X porte :
: 1° Sur les S proprement primitives de l'ordre (ù, A);
: i>° Sur les x, y, z, entiers complexes du champ y' — i, premiers entre
'eux, rendant ^ premier à 2OA.
k est le nombre de transformations, à déterminant + i de i en elle-
même.
Au second membre, l porte sur les m, entiers ordinaires premiers à 2i2A;
p, p\ • ■ . sont les facteurs premiers de rfi.
Or, d'après une formule de M. Fatou,
„(-.„„. ^'n.„[,-(^')ij„4,.-(^)i]. ■
to désignant les facteurs premiers > i de 12, et, d'autre part,
11,1— <>/«) — o si li/?j = I (moj'i),
II,(-i>/») = -^ "( -""0 S' iîm^3 (mod ',). •
Le second membre s'écrit donc
5
/.,„= 1 ou ^j selon quel2w:j^i ou 3 (mod 4), c'est-à-dire
SÉANCE DU 28 rÉVRIER I921. 5oi
Prenons d'ahord dans X,„ le terme ~; la partie corres[)ondante du second
membre est, en faisant m =^ p'^p'^' . . . ,
3 8 '■' ^ ,y-<''>p'
p,p', ... parcourent les nombres premiers impairs, i compris: pour /> = i,
on pose ( I —
On voit de suite que I] est un produit par rapport k p.p', .... La somme
des termes qui répondent, pour /;, à y. = o, i , 2, . . ., te est
a = i I —
Donc, la première partie du second membre est
p>
p parcourant tous les nombres premiers réels impairs premiers à OA.
Prenons maintenant dans A,,, le terme
On peut récrire
■à\9.m
La seconde partie du second membre est donc
c'est-à-dire ,en sommant la progression géométrique,
II,,, n.
p J p-
-H-
p j P""
5o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le second membre total devient
4 En n -^ZZ _ 1 ^=J.V- n n '~(~^^
H 8 '■' " i_ -H ii ) « ' ''
3. Formule foixlameiilalc. — Appliquons à la forme 4'(^5 '^i) = ^" + ^j'>
de déterminant — i, la formule de Dirichlet du champ réel, on a
(") y",.., ' , =11
1 H
P'
\ P ] P'
Dans le jïremier membre, 2 porte sur les nombres \ et Tj premiers entre
eux, tels que ^- + y]- soit premier à 20^1 ; dans le deuxième, p est premier,
"^ I, premier à 2iîA. On ne prend dans 1" qu'une représentation par série
(c'est-à-dire que si Ton a pris S, v] on ne prend pas ^', Tj' déduits de ?, y] par
une des transformations de ^- + y]- en elle-même). Autrement, il faudrait
multiplier le second membre de la relation (R) par 4-
Multiplions membre à membre la relation obtenue précédemment et R;
on obtient au premier membre
y . ' V \ ,
c'est-à-dire, en posant H^ + -/j- = ?a/„,
y.- — ' — -'
^^ AS' {.ru. y II, z II)
Il ^ ~ + Y]j est un entier complexe premier à 2iiA; ç et /] sont premiers
entre eux dans le champ réel (cela exclut l entier réel > i et y) = o). Grâce
à la convention faite sur E, y,, tout système E, r, convenable figure une fois
et une seule au premier membre, /• désigne toujours le nombre des trans-
formations à déterminant + i de # en elle-même.
Le second membre est
I I
^^n II '^^ '{ziï\^ii 11 '"^/^
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 5oJ
Transformons les termes du produit 11^ :
Le second membre devient, par une transformation connue,
.-I I x^ / — I
3 8" "' x^ I 3 V i> j 8 '"
-yi I d \ li y S '^ 1
où n, dans les 1, parcourt les nombres entiers impairs positifs, premiers
àaOA.
Faisons passer > — - au premier membre: celui-ci devient
y : j
c'est-à-dire
V ' ,
où X, Y, Z ne sont plus premiers entre eux, mais sont tels que -'( X, A , Z).
est premier à iHX.
Par les conventions faites sur ;, y], chaque système X. "^ , Z convenable
ne figure qu'une fois.
On obtient ainsi l'équalion fondamentale :
[^^^^:L{^)i.-i^)ih^{^)M
Au premier membre, i porte :
1° Sur les J, proprement primitives de l'ordre (A, O) ;
2° Sur les X, Y, Z entiers complexes tels que ?,(X, \ , Zj soit premier
à2QA.
Au second membre, w désigne tout facteur premier, impair, > i, de i2;
n, dans les S, parcourt les entiers ordinaires positifs premiers à 2i^A.
4. ReprésefUation (Pan entier. — En égalant dans les deux membres de
l'équation précédente les coefficients de —^, on obtient le théorème suivant:
5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La rnrsure du noinhre des représentations^ propres ou non, de m, positij,
premier à 2.ÙA, pur les formes i proprement prionli\-es de l'ordre (Q. A)
(Q, A impair), est
la somme 2 étant étendue aux décompositions m = nn' .
Application. — Soil/" =^ xx^, +JT11 + ^^n- ^^ ^
Il n'y a qu'iuie classe proprement primitive de l'ordre (i, i). Pour cette
classe, k = 96. On a, par suite, le théorème :
Le nomhre de décompositions d'un no/nbre i/npair en une somme de si.v
carrés est
i étant étendu au.r décompositions m = nn' .
5. Cas de \Q.pair. — On démontre que. siyesl proprement primitive, elle
ne peut représenter proprement des formes binaires improprement primi-
tives. Supposons donc / et 9 proprement primitives, c'esl-à-dire prenons
toutes les /, proprement primitives de l'ordre (iiA) dont les réciproques ^i
sont proprement primitives. Il n'y a pas à introduire dans la formule les
formes improprement primitives, binaires, de déterminant — iiM"; on fera
donc \„= I. Il vient
^/,,.r-(\, V,Z) 8 "1 V t-J J ui\ ^n'-- ^^\ n J ,>■-■
les to étant les diviseurs impairs, premiers, > i de ii. < )n en conclut :
La mesure du nombre des npjvse/itatio/is (propres et impropres) par les §
de m impair, premier à 2ÛA est
i-4-(^)^]:S"'
s étant étendu, aux décompositions m = nn' .
Applications. — 1" Soient
Les classes correspondantes sont uniques dans leurs ordres respectifs*,
k ■= ?>2 pourycl.f. (^n obtient le tiiéoicme suivant :
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 5o5
Le nombre des représentai ions primilis'es ou non, de m impair, par l'expres-
sion
2{u-i -^ jc-,) + ■'.{x'I -i- .r} ) + .c? -H a-J
est
'.2«'(^)-
On obtient, de la même façon :
Le nombre des représentations de m impair par
j.'\ + .c\ -\- xl+ xl + i{xl-\- xl )
est
Ces deux ttiéorèmes ont été donnés, sans démonstration, par Liouville
(^Journal de Mathématiques, 1" série, t. 9).
3° /=xxo + 77o-1- 3:;o, S — 2,xx^-\r'iyyf,+ z:o, 12 = 1 , A = 3.
Il y a une autre forme proprement primitive, du même ordre, non équi-
valente:
La forme if'= 2y/„ -+- j;„ -i-y„: 4- 2zc„ admet 6 automorphies; /' en
admet donc 4 >< 6 = 24 ; / admet Sa automorphies. D'où le théorème :
Soient N,„ et N^„ les nombres des représentations de m, impair, prender à 3
par les expressions
j;^ -h j- 4- -- -h ^- 4- 3 «- + 3 r-
et
X- -\- y-+ 2 c- 4- 2 ; " 4- 2 ?/- 4- 2 /- + 2 <(• H- 2 (-•-.
On a, entre N„, et lS',„ la relation
3N,„.4N;.= 8[,',+(=^)]V„.(^).
III. Représentations d'un ENTIER (champ y' — 2). — 1. Cas de lu impair. —
Les formes/et § ont leur discriminant impair, et sont par suite proprement
primitives. Le nombre des représentations propres par les § de ?n positif,
premier à 2i2A, est {m =jo'p'*'. . .)
[M(l>«0 + M'(-^'")]'«[>-(=^)^3]
5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or, par la ihéoric des formes binaires, on a :
M{iim)^lx\Hi.im) et ,^ =. ' |^2 - (=^) j •
De même que pour le corps \! — i,
(.) y_-—. — ! — =y — [M(i2«o + M'(ii"0]'»iiJ •— f— ^')-l•
Au premier membre, a-, y, z sont des entiers, premiers entre eux, de
corps \li, tels que § soit premier k 2i2 A; les ? sont les formes ( proprement
primitives) d'invariants A. L*. La somme du second membre porte sur
les m premiers à 2OA.
Le second membre s'écrit
La quantité sous le signe - est
Pour /// = I, on a dans celte expression le terme
M(0) + M'(<>) ou glI„|^, + (^=-^)ij |^S-(^=^yj
que nous mettrons en évidence en écrivant (î) de la façon suivante :
24
X sf 1+ ( I-
]-(ï)[-(-;^)^(ïr)"-]
Sommons les progressions géométriques a = i à oc; on a
I \ p'-' \ p .1 (
^.oI^.^ + (.--^)-^^^ -^'fein
3"" " V /
7^),-:^^)
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. Soy
OU encore
^'■-^i^^'ï'fï)".' '-"'"
/'' ' ' V p ) p'"-
p parcourt, daus 11^^. tous les nombres premiers impairs, premiers à ill.
On a. d'autre part :
I
(3) '^" ' -" ' ' '''■
\ P ) P'
\- -h 2yj- premier à 2QA, ^ et •/] premiers entre eux.
Multiplions (i) et Ci) membre à membre, en remplaçant le second
membre de (i) par (2); on trouve
I
V
ly -
I
p'
),;-
3 iTf .)"••"'
H est un entier du corps à y/a premier à 2iiA, (?/ = S + ;'y] y 2, ^ et Y]
premiers dans le champ réel ).
Le second membre s'écrit
n entier quelconque positif, premier à 2 il A.
Chassant V — ^; on a :
X, Y, Z sont des entiers quelconques du corps «y 2, tels seulement que
00» ACADEMIE DES SCIENCES.
Î^(X, \ , /) soit preniierà 2QA; co esl un diviseur premier impair > i de il,
n un entier quelconque, positif, premier à 2i2 A.
2. Cas de LIA pair. — On décnontre, comme pour le corps y — i
que !Vr(iJA) n"a pas à intervenir; il reste (les formes f cl i étant pro-
prement primitives) pour la formule fondamentale :
y ■ — ■ — -, = ^ 11,0 r. ^ f— \-l y — y f^u.
■^ /.j-(\, Y, z) 4L V '^> ) ''> \ ■^ 1^'^- ■^K « /"'■
3. Urprèsentalions d'un entier. — Dans le cas de iiA impair, on a le
corollaire suivant :
Le nombre total des représentations de m, entier positif , premier à ■lill par
les .',, une représentation par Sj eornptant pour — est
a"»l-(-if:)r.lhi-(^)-(ï)2:'"(^)l-
les sommes étant étendues aux décompositions m =^ d d\ ou encore
4. Application. — Soit 12 ^ A ^ i .
Les formes #, sont alors :
J, = .r.c„ + j)-o+--:o (/'■i=f24).
J'5,=r.i-x„4- 2rj„+(i + (■ \/'2 ) -'0 J + ( 1 — ''v''' )-"„>'„+ 2;=„ (/.-2=:48).
[caria forme 2>'Vc, -f- ^ i 4- /\ 2) r„ y-t-~(i — ?\ 2) ;y„+ 2rr„ a 24 auto-
morphies, on en conclut que ru en a ^i^J-
J, donne des représentations par l'expression
■;•■- + ,>■-+ ;-H- 2(<=H- u--\- r-),
.r, y, :;, /, m, r étant réels. Soit N, le nombre de ces représenliitions.
Les représentations pour i., soni de la forme
"« — '^? + 2 j-^ + ■? j J + 4 j5 -h 2,)-, ;, + 4 1-. ;. + 4 ( J'i -2 — V» ^1 ) -+- 2 ;î + 4 ;;i ;
ce que Ton peut écrire
m =.*.'5-H2j:]-(-(2Vo+ --J— .-,)-+(--,+ V, + -%)-+ (/,-+- --2)--+-;-^
ou encore
m = .v\ + 1.v\ ■+- u'^-\- r--(- (V-+ /-
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. SoQ
Uvec la seule condilion
Il -r r + \v -{- t 7E1 (I (mod2)
OU a', impair.
Soit N., le nombre de ces représentations.
La formule du n" 3 donne
"-^-K-'l-'lS"'!
On en déduit une formule de Liouville, en distinguant dilTérenls cas.
1° /« :^ 5 (mod.8). — N, est le nombre des décompositions
(i) ' //; = .r'-H- j'+ ;- 4- /'+ «-+ 2r-,
OÙ / et n ont même parité, c'est-à-dire où .r-f-y + ; est impair. Or, les
décompositions (i) sont de trois espèces :
1. Celles où V est pair, a-, v, z, (, u impairs. Soit X leur nombre;
2. Celles où (' est pair, un seul des a-. ..« impair. Soit Y leur nombre;
.3. Celles où r est impair, trois des x. . .u impairs. Soit Z leur nombre.
Quelles sont celles de ces décompositions où .r -\- y -^ z est impair?
D'abord, toutes les décompositions 1, en nombre X; parmi les décomposi-
tions 2, celles où le carré impair figure parmi les trois premiers; leur
nombre est -Y.
D
Parmi les décompositions 3, il faut prendre celles où un ou trois carrés
impairs figurent parmi les trois premiers; leur nombre est — Z.
On a donc
N,=::X + ^Y + ?Z.
Quant à No, c'est le nombre des décompositions (i) où x est impaii
La relation entre N, et N. est
, - 5 - ^ .
D autre part, \ =î: -X. Soit, en elTet, \' le nombre des décompositions 2
où le carré impair est le premier; Y'= -• On a X = 2 Y', car dans une
^décomposition 1. on peut remplacer la somme des quatre carrés impairs
qui suivent le premier par une somme de quatre carrés pairs, et l'on sait
que le nombre des décompositions de 8 M -i- 4 en quatre carrés impairs est
5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
double de celui des décompositions en quatre carrés pairs. On en conclut
X = 2 y, et, par suite, X = r \ .
On a ainsi Z' = 5 X. Prenons, en efFet, les décompositions 3 en nombre Z',
où les trois carrés impairs sont les premiers; Z'= — Z. Soit une de ces
décompositions :
>n=J\+Jl+jl-'^-^l + ^l + yl (//impair, ro, pair).
Puisque m i^ 5 (modS) il faut que
ro, = 2/ii. m2=2«2, avec /;, + «2 pair.
Alors,
m =j\ +y I + Jl -t- 'i ( «, H- /) 2 )- + 2 ( /i , — « 0^ + ay i
ou
Ce qui est une décomposition 1. Une Z' donne ainsi deux décomposi-
tions 1. D'où
\ — i7J et \=^Z.
o
Il y a ainsi entre X, Y, Z, N,, No, cinq relations qui permettent de déter-
miner ces quantités.
On trouve
--l2-<=?)^ ^-ti;-^(^^)^ ^=?i;^^(ï)^
d'où
X,V.7.= ?^V..(-,Î).
On a donc le théorème :
Le nombre des décompositions de m(^^ 5 iiiod 8) en
est èi>al à
'4^d^i=^) (Liouville).
2" m~ '] (mod8). — Même démonstration et mêmes formules. Soient:
X le nombre des décompositions (i) où f est impair, a;.. . u impairs ;
Y le nombre dos décompositions (i) où c est impair, un seul des .r...// impair;
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 102 1. 5ll
Z le nombre dos décompositions (i) OÙ l'est pair, deux des a-... î/ pairs, trois
impairs.
On a les mêmes relations entre les N et les X, Y, Z.
D'où le théorème :
Le nombre des décompositions de m^j ou -j (mod 8) en
m = n'' + y-+ X-+ 2{l'-h u--\- i-'-)
est
'i° m^i (mod 8). — On considère les décompositions
/H ;^ ;; I -I- . . . + x'I -f- 2 f-
et les divise en :
1° r pair; un des x^ impairs, quatre pairs (en nombre X) ;
•1° (' impair, trois des cci impairs, deux pairs (en nombre Y).
Il vient
5 10 5 0
E^'f^
En éliminant N, et N,, on obtient :
Le nombre des décompositions de ni~i ( mod 8) en
m r= H- -t- r'^ -+- X- + t- -\- u--\- 1 v-
est
io^d^(^\ (Liouville).
4*^ m ^3 (mod 8). — Même démonstration et même résultat.
Oq établit ainsi la formule de Liouville :
Le nombre des représentations de w, impair, par
m = /i^ -I- >'- + X- -I- <- -(- j/^ -(- 2 1'-
est éi>al à
la somme portant sur les décompositions m = do.
5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Les phénomènes d'anapliyhixie chez les
microbes. Note de M. Charles Richet, M"" Eudoxie liAcniiACH et
M. Hexry Cardot.
En poursuivant Tétude de l'accoutumance du ferment lactique aux
toxiques, nous avons été amenés à constater un phénomène imprévu et
nouveau, qui doit être assimilé à l'anaphylaxie.
Voici le fait :
Soit un même ferment lactique, cultivé pendant plusieurs mois sur des
solutions nutritives, contenant en nitrate de thallium (par litre) o', ooo;
0^,01 ; 0^,1 et i^. Quand on ensemence ces diverses variétés sur un milieu
contenant i^ par litre de nitrate de thallium, on observe, au bout de if\ à
48 heures de fermentation, les chiffres suivants, moyennes de 10 1 dosages :
Teneur ( ' ). Vciililr.
o , 00 1 flO
0.01 26
0.1 80
• i54
Le graphique ci-joint donne l'indication très nette du phénomène. Il
s'agit de l'interpréter.
1° Le ferment qui a poussé sur i" de nitrate de thallium est accoutumé,
et alors, comme nous l'avons indiqué dans une Note précédente ('- ), il
pousse bien mieux que le témoin sur des milieux contenant 2« de nitrate de
thallium (i54 au lieu de 100).
1" Le ferment qui a poussé sur o", i de thallium est devenu beaucoup
plus sensible à l'action toxique que le ferment témoin : il ne produit que
26 d'acide lactique, quand le témoin donne lou. Celte sensibilité peut
s'appeler anaphylaxie.
On ne peut attribuer ce phénomène à une maladie du ferment, car il
donne, quand il est réensemencé sur son même milieu, c'est-à-dire 0,01
de AzO'Tl, des chiffres identiques à ceux du témoin (loG au lieu de 100).
De même quand on l'ensemence sur des solutions contenant des doses
toxiques d'arsenic. D'ailleurs, cette dose de 0,01 est tellement faible qu'elle
( ' ) Tentuir en iiilrale de thalliiiin par litre de la iiii;ieuc où avait été cullivê le ferment.
(■-) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1353.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 5l3
est sans influence sur le croit d'un ferment neuf, mC-me au premier passage.
3° Le ferment qui a poussé sur qs, i donne des quantités d'acide lactique
intermédiaires entre celles que donnent le microbe accoutumé, et le microbe
anapbylactisé. Tout se passe comme si les processus d'accoutumance et
0.01
0.1
Comparaison entre le croit (sur une solution à i~ pour 1000 de nilrale de tliallium) de quatre
variétés de ferment lactique ayant pendant plusieurs mois, avec réensemencemenls successifs,
poussé: le premier, sur milieu normal, sans tliallium; le second, sur des solutions à 0,01
pour 1000; le troisième, sur des solutions à o, i : le quatrième, sur des solutions à i^.
Le croit est mesuré parla quantité d'acide lactique produit (hauteur des colonnes). Moyenne
de 101 expériences.
d'anapliylaxie, qui ont des résultats inverses, se produisaient parallèle-
ment, et avec une intensité presque égale, quand la solution de nitrate de
thallium est à 0^,1. Quand la solution est à i^, c'est Faccoutumance qui
domine; quand la solution esta 0,01, c'est l'anaphylaxie.
4° Le facteur temps intervient efficacement. Si, au lieu de prendre un
ferment qui a, dans une série de cultures successives, poussé pendant
plusieurs mois sur une solution de nitrate de thallium à i^pour 100, on
prend un ferment qui a poussé seulement 24 heures sur ce milieu, il n'est
pas accoutumé, mais il est anapbylactisé. En effet, dans une expérience de
douze dosages, le ferment normal ayant donné loo, le ferment qui a poussé
pendant 24 heures sur du nilrale de thallium à 1» n'a donné que 4o.
G. R., 1921, I" Semestre. (T, ITl, N» 9.) ^9
5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il y a donc au début une anap}iyla\ie, et ce n'est que plus tard, après des
cultures successives sur môme milieu, que l'accoulumance va s'établir pour
dominer, ot annibiler l'anapbylaxie.
5" Dans cetlr Note préliminaire, nous n'indiquerons pas jusqu'à quel
point cette anaphylaxie est spécifique. Nous avons vu seulement qu'elle est
interchangeable pour le nitrate et le sulfate do thallium. Nous nous propo-
sons de rechercher jusqu'à quel point le ferment anaphylactisé aux sels de
thallium est anaphylactisé aussi pour les autres sels métalliques, et si des
doses plus faibles que o,oi par litre ne seront pas anaphylactisantes.
Ces faits ont probablement une grande importance théorique. Il semble
que l'anapbylaxie, c'est-à-dire la sensibilisation à un poison par une dose
très faible de ce poison, soit un phénomène général, puisqu'il apparaît en
toute netteté sur des êtres unicellulaires comme les bactéries.
Jusqu'à présent on ne définissait guère l'anapbylaxie que d'après les
symptômes toxiques par lesquels est affecté le système nerveux; mais doré-
navant il faudra l'envis-ager comme un phénomène beaucoup plus général,
commun à toutes les cellules \i\antes; sernihi/ité accrue pour un poison,
grâce à une petite dose antérieure de ce même poison.
Il est permis de supposer que cette anaphylaxie des microbes donnera
quelque jour un éclaircissement sur le processus, si inconnu encore, de
l'atténuation des microbes.
BOTANIQIE. — La zygomorphosc exogène dans les jlears normalement
actinnmorphes. Noie de M. Paul Vuillemin.
Le zygomorphose exogèfie se produit par trois procédés, séparés ou com-
binés : A, synanlhie ou confluence de deux ou plusieurs fleurs dont les
moins favorisées sont représentées par leur bractée; B, parasynanthie ou
conflit entre des fleurs qui, tout en restant séparées, font sentir l'une sur
l'autre une influence perturbatrice; C, introduction dans la fleur de l'appa-
reil végétatif.
A. ZYi;oMor.i'iiosE SYN'AMtiioui:. — La synantbie se réalise soit entre des
fleurs appartenant à des inflorescences normalement séparées, soit entre des
fleurs d'une même inflorescence.
Le, nom iVi/i/Iorescencc convieiii. exchisivernenl à l'appareil leproducleur des Aiitlio-
gones, de même que le nom de /leur doit èlre réservé, en bolaninue, à l'anlliogo-
nelle, forme supérieure de la gonelle.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 5l5
On dislingue des inllorescences simples el des inflorescences composées. La plus
simple des inllorescences est Vinjloresccnce clémenlaire, réduite i> une fleur lermiiialc
ou axillaire par rapport à l'appareil végétatif. Considérée en elle-même, cette inllores-
cence e^l nécessairement définie.
L'inflorescence est encore sinip/e, mais dilTérenoiée, indéfinie, quand elle possède en
outre un pédoncule simjile et que les fleurs en nombre indéterminé parfois réduit à
l'unité, pourvues ou non d'un pédicelle, appartiennent à des rameaux, de même ordre
issus du pédoncule (ombelle, grajjpe el ses dérivé^ : épi, corymbe, capitule, etc. ).
L'inflorescence est composée quand les fleurs appartiennent à des rameaux de plu-
sieurs oidres. L'inflorescence composée est déftnie dans la cyme, dont chaque rameau
est une inflorescence élémentaire, indéfinie dans les composés de l'ombelle, de la
grappe et de ses dérivés, mixte quand l'inflorescence élémentaire ou la cyme se com-
bine a\ec les inflorescences indéfinies.
Je précise le terme vague de thyrse en le réservant à l'inflorescence mixte où la
grappe est surmontée d'une inflorescence élémentaire. Le thyrse est uniflore, quand
la grappe stérile n'est indiquée c[ue par le pédoncule garni de bractées ou bractéoles
(Pensée). La panicule est un thyrse dont la grappe est composée.
La synanthie est fréquente : l, entre les fleurs des inflorescences élémen-
taires ; 2, entre les fleurs d'une cyme; 3, d'une inflorescence indéfinie
simple ou composée; 4, d'un thyrse.
1. La confluence des fleurs séparées en inflorescences élémentaires se
confond avec la synanthodie. Elle est commune au niveau des changements
phyllotaxiques, par suite du raccourcissement des entre-nœuds ou du res-
serrement des verticilles; les rudiments voisins empiètent l'un sur l'autre
dès que leur distance longitudinale ou angulaire est insuffisante. La synan-
thie est aussi amenée, sans déplacement des feuilles, par concrescence d'un
rameau axillaire avec l'axe dont il dépend.
La plupart des synanthies classiques appartiennent à cette catégorie. La
zygomorphose y est habituelle, mais non constante.
2. J'ai observé (1908) une zygomorphose synanthique dans une cyme
scorpioïde de Pulmonaria officinalis.
L'unicjue plan de symétrie de la synanthie répond à l'intersection de deux fleurs. Il
coupe un pétale commun aux deux composantes; le pétale opposé est avorté; les éta-
mines qu'il devrait écarter confluent par la base des filets devant un sépale commun
aux deux fleurs. Les autres pièces, propres à chaque fleur, sont disposées symétrique-
ment de part et d'autre de l'intersection, et en nombre normal. Seulement les deux
sépales, les deux pétales et les deux étamines qui escortent le pétale commun se sont
rapprochés de la médiane sur laquelle les deux pistils se comprimentréciproquement,
tout en restant complets avec atropliie symétrique des logetles contigués. ■
o. Renfermées dans les limites d'une inflorescence indéfinie, les synan-
5l6 ACADÉMIE DES SCIE.\CES.
tliics se comportent comme les précédentes. Les irrégularités liées à l'atro-
phie empêchent souvent la zygomorphose, comme on l'a vu chez le Fuchsia
coccinea.
4. Dans les inflorescences mixtes, la zygomorphose synanthique rentre
dans les cas précédents si elle est circonscrite à l'intérieur des inflorescences
indéfinies ou des cymes qui entrent dans la composition ou si elle combine
des thyrses uniflores (Canipamiles).
Le thyrse réalise des conditions spéciales par la présence de Tinflores-
cence élémentaire susceptible de combiner sa fleur avec des fleurs axiliaires
de la grappe sous-jacente. Par suite de la différence originelle des fleurs
confluentes, il ne se forme pas de plan de symétrie au niveau de leur inter-
section. En cas de zygomorphose, le plan de symétrie de la synanthie est la
médiane d'une ou plusieurs des composantes.
J'ai relevé une exception apparente dans la panicule de Lilas. Un tlijrse partiel
est souvent couronné par une sjnanlhie zygomorplie munie de 5 ou 7 pétales, 3 éla-
mines, 2 carpelles, dont le plan de symétrie répond à l'intersection des composantes.
L'exception n'est qu'apparente, car la fleur teiminale est éliminée. Les fleurs concres-
centes sont transversales par rapport à la position qui conviendrait à la terminale,
ainsi que le prouve l'orientation des carpelles; elles appartiennent à la dernière paire
axillaire. J'ai retrouvé (1896) un vestige de l'inflorescence élémentaire sous forme d'un
moignon refoulé en arrière de la synanthie heptamère dont la zvgomorpliose était
encore plus accentuée par la concrescence en deux paires svmétriques des pétales
tournés du côté du moignon.
La fré(juence d'une fleur pentamère zygomorphe au sommet de l'inflorescence du
Liguslriiin vulgare et du Connus sanguinca est peut-être en partie imputable au
même procédé.
La fleur terminale contribue à la constitution des svnanthies suivantes.
Le thyrse se développe aussi rarement à l'aisselle des feuilles de Lunaria
que la grappe à l'aisselle des feuilles de Fuchsia. Dans un cas comme dans
l'autre, la condensation persistante de l'inflorescence entraîne la synanthie.
.l'ai étudié (iqoS) une synanthie triflore de Liinaria annaa L. La fleur opposée
était normale. I>a médiane de la fleur terminale forme le plan de syméirie de la
synanthie. II ne manque à la fleur terminale que les sépales médians; son pistil est
trimère et indépendant des pistils dinières des composantes latérales; celles-ci
seraient complètes si elles n'avaient une étamine et un pétale communs coupés par le
plan de symétrie. Il leur mancjue à chacune un sépale transversal dont la place est
prise par la composante terminale, et à la composante gauche une étamine. Celte
lacune unilatérale est le seul accroc à la z\ gomorphose accentuée par l'obliquité des
fleurs latérales.
Dans les synanlhies biflores de PhUadelptuia cnronariat;. la part de la loniposaule
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I921. 5l-]
axillaire peut être très restreinle. J'en ai observé deux cas en 1917. Dans l'un, le
dernier nœud porte la cicatrice d'une seule bractée; le pédicelle axillaire, au lieu de se
dégager, forme un contrefort au pédicelle terminal; la lleur entraînée n'est repré-
sentée (]ue par un sépale doublant un sépale transversal de la ilenr terminale et inséré
avec lui au sommet de l'ovaire infère. Dans l'autre, le dernier nœud porte une Ilenr
normale; la (leur opposée, entraînée comme dans le cas précédent, jette un trouble
plus profond. Sa bractée adhère au sépale transversal de la (leur terminale; elle y
introduit en outre son sépale médian un peu dévié à droite et deux pétales, dont l'un
adliérent à la droite du sépale, l'autie imbrii(ué avec les pétales propres à la dernière
lleur. La zygomorphose est imjiiirfaite.
B. Zygo.moiu'Hose PAr.ASYiNANTniQiJF.. — Quand les dernières fleurs axillaires
de Philadelphus coronarius sont très proches de la terminale, elles se gênent
et souvent l'une d'elles devient trimère, soit la terminale, soit une latérale.
Ce dernier cas réalise une parasynanthie zygomorphe.
La fleur axillaire devient individuellement zygomorphe dans deux
exemples observés chez Vlris siberica (1887).
L'inflorescence normale des Iris est composée d'un thyrse unillore ou d'un épi
distique de tliyrses unillores. Quand une lleur apparaît à l'aisselle d'une bractée, elle
entre en conflit avec la fleur terminale. De (]andolle chez Vlris sinensis, Buchenau
chez V/ris Pseiidacorits, ont constaté sa pénétration dans la fleur terminale dont elle
écarte un sépale. C'est de la sj'nanthie. Dans mes observations, les fleurs restent
distinctes. La fleur axillaire, atteinte de zygomorphose médiane, a trois sépales, un
antérieur épigyne, les deux autres insérés obliquement du sommet à la base de
l'ovaire; l'étamine antérieure est réduite au filet surmonté d'une anthère filiforme;
les deux autres sont normales; la corolle, nulle dans le premier spécimen, est repré-
sentée dans le second par un rudiment postérieur épigyne; l'ovaire n'a que là lo"ge
médiane ; les trois stigmates sont bien développés dans le second exemplaire ; les
latéraux n'ont laissé que des vestiges dans le premier.
La première fleur embrasse le pédicelle d'un bouton pourvu de deux plans de
sjmétrie avec quatre sépales diagonaux, deux pétales transversaux, quatre étamines
diagonales, deux carpelles médians. Dans le second cas la lleur terminale est avortée.
C'est de la parasynanthie.
C. Zygomorphose par ad.ionction végétative, — L'empiétement végétatif
rend la fleur zygomorphe quand une ou deux feuilles adhèrent à l'ovaire
comme Heckel le signale (1879) chez le Citrus Limonum. Les ecblastèses
amènent un résultat semblable.
De l'analyse des divers cas de zygomorphose exogène se dégage une
règle de position du plan de symétrie. Si les composantes sont équivalentes,
deux fleurs terminales ou deux fleurs axillaires, le plan de symétrie est
l'intt'rsection des composantes. Si elles diffèrent, fleur terminale et fleur
axillaire, fleur et annexes végétalives, le plan de symétrie est la médiane
d'une ou plusieurs des composantes.
5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
MM. Ernest Brown, E. Rutherford, Jui.es Bordet, élus Correspon-
dants pour les Sections d'Astronomie, de Physique générale et de Méde«
cine et Cliiruro^ie, adressent des remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
E. RoTiiÉ, Les applications de la télégraphie sans fil.
E. RoTHÉ, Cours lir Physique professé à la Faculté des Sciences de Nancy.
Première Partie : Généralilés; Unités; Similitude: Mesures. Deuxième
Partie : Thermodynamique.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains systèmes d' équations de P/aff et les
transformations des équations aux dérisées partielles. Note M, G. Cerf,
présentée par M. Goursat.
I. La théorie des transformations des équations du second ordre à deux
variables indépendantes, comme l'a montré M. Goursat ('), gagne sur bien
des points, en simplicité et en élégance, à être entreprise au moyen de sys-
tèmes équivalents de trois équations à sept variables. Les transformations
que l'on découvre ainsi ne sont pas distinctes, au fond, de celles dont j'ai
signalé ailleurs l'existence (-), mais certains problèmes qui les concernent
sont avantageusement traités de ce nouveau point de vue. Les méthodes
employées par M. Goursat peuvent être généralisées, soit pour des équa-
tions d'ordre supérieur à 2, soit pour des équations à .plus de deux
variables indépendantes.
(') Voir en particulier E. Goursat, Sur quelques transformations des équations
aux dérii'ées partielles du second ordre {Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1217). Je
me conforme ici aux noiations de celle Noie.
('^) Journal de Malliém. pures et appliquées, 1918 : Sur les transformations, elc,
Chap. 111, II"' '1 ul 10.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 192I. SlQ
Le but de celte Note est d'exposer quelques considérations et quelques
résultats assez généraux, relatifs à la façon dont le problème des tnuisfonna-
tions des équations du troisième ordre à deux variables indépendantes peut
se ramener à des questions se rattachant à certains systèmes de Pfaff; il ne
s'agit donc pas de présenter un résumé complet. D'ailleurs, il est aisé
d'étendre ce qui suit à des équations d'ordre plus grand que 3.
11. Considérons le système (A) des six équations de FfalT à onze variables
déduit d'une équation(e)du troisième ordre ix = f(x,y,z,p,(f,r^s,l,^,^{,o):
!dz — p dx — q dy = o, dr — fdc — [3 dy = o,
dp — r dx — s dy:^ o, ds — p dx — y dy = o,
dq — s dx — tdy ^ o, dt — y dx — ô (// = o.
Le nombre des covariants distincts provenant de (A) est 3. On connaît
le rôle joué par le système de deux équations de Pfaffà six variables dans la
théorie des équations du deuxième ordre; pour un rôle semblable, on peut
songer ici soit à un système (B) de trois équations à hiHt variables et trois
covariants distincts, soit à un système (C)de quatre équations à neuf varia-
bles et trois covariants distincts seulement. Si nous formons, par exemple,
un système (B,) au moyen d'équations appartenant à (A), et que dans les
équations non utilisées de (A) nous considérions les variables liées par les
relations fournies parles équations d'une intégrale de (B,) à deux dimen-
sions, le système des trois équations à cinq variables ainsi obtenu est com-
plètement intégrable; si donc (B,) possède une résolvante du troisième
ordre (e'), nous avons obtenu une transformation des équations (e) et (r).
L'étude que nous avons à faire des systèmes (B) et (C) doit ainsi viser à
établir des formes canoniques sur lesquelles il soit facile de faire apparaître
une résolvante du troisième ordre. Sans entrer dans le détail de l'énoncé
des formes canoniques qui se présentent, je signale qu'une des équations
doit avoir la forme dz — p'dx' — q' dy' = 0, et que les cas les plus impor-
tants sont ceux où une deuxième équation possède comme élément intégral
l'élément caractéristique de la première. ^Nlais alors, il est aisé de montrer
que le système des équations qui définissent le changement de variables
permettant d'obtenir la forme canonique envisagée de (B) ou (C) doit
comprendre des équations telles que
(où «=/),
^F^
dFy
^{j'^y
c, p. q, r, s, /, x', y'
=')-o,
dx
dx
dF _
dF _ dF _
dF
—r- =0,
—
dF^
dF,
dx' ~ °'
dy' ' dx '
dy '
dy
dx
320 • ACADÉMIE DES SCIENCES.
c'est-à-dire que Téqualion (e) doit être équation (0) de la transformation
de surfaces définie par F = o, et nous retrouvons des Iransforniations déjà
obtenues ('). L'exemple que j'ai indiqué jadis est celui d'une équation de
la forme y = ç(a;, j, ;, /;, y, .v, /, o ); trois des équations du système (A)
forment un système (B) :
dz — p dx — ([dv r= o, dv — .s" (/./• — / dy =ri o, dl = -j dx — ô dv r= o ;
la fonction o doit être d'ailleurs choisie d'une façon particulière pour que le
système des trois équations conduise à une résolvante ((>').
m. Une autre façon d'envisager la question est la suivante : Supposons
que, grâce à un changement de variables, on ait réussi à mellre le sys-
tème (A) sous la forme (D, + Do) :
I d'L — P r/X — Q d\ = o,
(D, ) f/P — R d\ — SdY — o,
( f/O — S dX — T f/Y r= o ;
t X, f/X + Y, dY 4- R, dl\ -h S, f/S + T, dT + U, ^/U + V, d\ -+- W, dW = o,
(D^) I X, rfX + + W\dW = o,
( Xj a'X + ; 4- W3 (/W = o.
Cela se réalise facilement au mo^en d'une transformation de surfaces déli-
nie par une relation F(X, Y, Z, x, y, :■, p, ff)^= o, en exprimant œ, y, z,
p^ q, r, .y, t, p, y, 0 au moyen de \, Y, Z, P, v^, R, S, T et de trois variables
auxiliaires U,V, W. Remplaçons dans (D.), Z,P,Q,R,S,T par une
solution de (D,); nous obtenons un système à cinq variables, avec un seul
covariant : quelle que soit la façon de choisir U, V, \\ , le coefficient de
</K.dY dans ce covariant est l'expression que j'ai représentée par
[F,=<-/] = o.
calculée en considérant \, "\ , Z comme fonctions convenables de x, y, :,
p, q; et nous sommes ramenés à effectuer les opérations que j'ai indiquées
pour reconnaître si l'équation (e) admet la transformation définie par F = o.
l<!n prolongeant le système (A) nous serons conduits à retrouver d'autres
transformations obtenues au mo\en d'une relation
F(X, \ j Z, x.y, z, p. rj, r, s. I) = o.
(') Loc. cil., Cliap. III, n" 10.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I92I. 521
HYDRODYNAMIQUE. — Mouvement initial d'un liquide en contact avec un
obstacle à arêtes rives. \ole de M. Dimitri Riabouciiinski, présentée par
M. G. Koenigs.
Considérons le mouvement initial d'un liquide incompressible dans un
domaine à deux dimensions produit par la mise en mouvement brusque
d'un obstacle limité par un arc de courbe concave 5 et un segment recli-
ligne de longueur ir, normal au courant relatif, en admettant que :
i" Le liquide partant du repos, son mouvement est, au départ, irrota-
tionnel et « non glissant » ;
2° La pression ne devient nulle part négative;
3° La mise en mouvement brusque de l'obstacle détermine l'apparition
momentanée d'une cavitation derrière l'obstacle, sur la courbe s. Les
vitesses de décollement sont égales et normales sur cette courbe.
On trouve ainsi pour (r(=; cp 4- r|^)et'C( ^'7i;7~. ) 'es relations suivantes :
!iq,i\ . I — tanga.Z / /i — tangaA- 7:1
r. L < — laiiga V V' — langa / \i \
-=KÊ)'-(^)']
que j'avais obtenues dans un travail antérieur ('). .v est la longueur de l'arc
de la courbe de décollement qui réunit l'axe de symétrie du courant à l'un
des sommets de l'obstacle, q^ la vitesse relative de décollement, q,^ la vitesse
relative à l'infini, t une variable auxiliaire et langa un paramètre dont il
faut définir la valeur.
En employant une méthode analogue à celle qu'on utilise pour calculer
les surfaces et vitesses de glissement dans le problème des discontinuités
stationnaires, on trouve comme coordonnées de la courbe de décollement S,
r = — sJiAnSj-y. — i (tangcz — i)
i/-(langc« -f- i) — cos5
il /^(tangj! + 1) 1 /^(tanga-t-i)-t-cosî} - ( tanga 4- 1) — co.-5
(') Communiqué au Congrès des Mathématiciens, à .Strasbourg.
522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et
!7r " I
7= — V^'ang^w — 1 1 (langa+ i)
sin 5
sin^O + - (tanga — i)
(3 — tanga) sin6
. arc lan~
V
■(tanga — ))
sin6 "I
^i(lang«-,)J
OÙ l'angle 0 détermine la direction de la vitesse de décollement et varie, par
conséquent, de — - à + -> et que
tangoc = \/^)t
îl = s/<Jb-h-2 =2,06,
— - = I + 2 V V T — 2 arc tang yy/o — 2,
Quelques valeurs numériques des coordonnées sont données dans le-
Tableau ci-dessous : _
T.x -y
90 o I , (^[^o
80 (),ooo3 « ,439
70 0,007 1,438
Oo 0.024 1,429
Tto 0,059 ''409
4 ),i2o 1,334
3o 0,210 1 , 206
20 0,329 ^ , 9^2
ii> 0,436 0,540
o o,458
On peut aussi obtenir le mouvement envisagé, en considérant d'abord le
mouvement comme permanent et entretenu par une couche de sources
d'égale intensité disposées sur la cour])e S, et en admettant ensuite, qu'à
un moment donné, ces sources tarissent simultanément.
Il serait intéressant de comparer expérimentalement si les mouvements
lluides engendrés des deux manières indiquées plus haut se transforment
ensuite elîectivcment dans les fluides réels d'une façon plus ou moins sem-
blable, ce qui confirmerait (plus ou moins) l'hypothèse que nous avons faite
de l'équivalence des deux mouvements.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921, SsS
ASTRONOMIE. — Sur In réapparition de l'anneau de Saturne, observée le
0.1 février 1921, à f Observatoire de Strasbourg. Note de MM. A.DAxjoNet
G. KoiTGiER, présentée par M. Baillaud.
La réapparition de l'anneau de Saturne a pu être suivie à l'Observatoire
de Strasbourg dans de bonnes conditions atmosphériques. Le grand équa-
torial étant en partie démonté, pour la durée des travaux que nécessite
l'état de la coupole, les observations ont été effectuées au petit équatorial
de Reinfelder, de iG"" d'ouverture.
Du 1 1 au 21 février inclus, aucune trace de l'anneau n'a été vue en dehors
du disque. Sur le disque lui-même, l'ombre de l'anneau était bien visible,
sous l'aspect d'une ligne noire de o",2 d'épaisseur environ se projetant sur
l'équateur de la planète. C'est le 22 février que les anses de l'annean sont
redevenues perceptibles; les noies suivantes résument les aspects observés.
19. février : ^ (temps moven aslionomique de Greenwich). — L'anneau, coiii|)lète-
inent invisible la veille, se distingue à la condition d'employer un faible grossisse-
ment, sous l'aspect d'une ligne très étroite et d'éclat non uniforme. On aperçoit en
effet quatre conilensations plus brillantes, symétriques deux à deux par rapport au
centre du disque. La présence de Rhea et Dione dans le voisinage de ces condensa-
lions gêne les mesures micrométriques, mais permet des comparaisons : les condensa-
tions sont sensiblement moins brillantes que Dione et n'ont pas le même aspect
stellaire; elles sont au contraire allongées (2 secondes environ) et leur pointé est
plus incertain.
i3''. — L'anneau devient de plus en plus visible; les condensations sont main-
tenant tout à fait évidentes, et rien ne gène plus leur observation : Dione est éclipsé
et Rhea se projette sur le disque (entrée à I2'"4S'"). Les mesures montrent îa
symétrie des condensations, mais celles-ci sont plus brillantes du coté est.
23 février. — • L'anneau est maintenant facile à voir avec le plus fort grossissement
(5oo fois). Les condensations occupent le même emplacement, et leur éclat a peut-
être encore augmenté.
24 février. — L'anneau est devenu assez lumineux pour rester bien visible sur le
champ élairé, ce qui n'avait pas lieu le 28. Son éclat est devenu plus uniforme; une
seule condensation est facilement visible, c'est la condensation intérieure est. Elle
fournit le^ mêmes pointés que les jours précédents. Les autres ne sont pas mesurables,
elles se devinent à peine.
20 février. — L'éclat de l'anneau a encore agmenté, mais les condensations sont de
nouveau toutes visibles.
Les mesures d'angle de position de l'anneau ont fourni des résultats très
concordants et identiques pour les deux observateurs. Nous avons ainsi
trouvé 85" i4'. Le Nautical Alrnanach donne 85°2o',9 pour le 22. La diffé-
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rence est supérieure aux plus grands écarts entre les pointés et leur
moyenne.
Les dislances du milieu des condensations au centre du disque, réduites
à la distance moyenne de Saturne au Soleil, sont données ci-dessous :
I ibscrvateur.
D. li.
Gondensalions extérieures i8",'> 'S", 4
)i intéiieures iS'.G i4 ,'>
11 est intéressant de rapprocher ces résultats des rayons extérieurs et
intérieurs des diverses parties de l'anneau, mesurés par Barnard :
Anneau A 2u,o.j 17, "'2
Anneau B '6,99 12,82
Anneau de crêpe 12,82 10, 25
Nos mesures placent les condensations vers le milieu de l'anneau A et vers
le bord intérieur de l'anneau B. Les condensations observées par Barnard
en 1907 se trouvaient au contraire à la partie extérieure de l'anneau B et
sar l'anneau de crêpe. Mais alors le Soleil et la Terre étaient de part et
d'autre du plan des anneaux. Dans le cas présent, c'est la face éclairée qui
s'offre à nous.
De nombreuses mesures des diamètres de la planète ont été effectuées.
L'assombrissement 1res marqué du disque vers les p(Mes rend la mesure du
diamètre polaire moins sûre que celle du diamètre équatorial. Il est à
craindre qu'une erreur systématique n'entache les valeurs de l'aplatissement
obtenues avec de petits instruments, la planète étant en réalité moins
ajilatie qu'elle ne le paraît. Quoi qu'il en soit, voici les résultats obtenus :
Diamètre équatorial 17 ,65
Diamèlre polaire ir)",75
Anialisseinent . — -7
(Observateur : A. Danjon.)
La zone équatoriale t^st la région la plus claire du disque. La bande tro-
picale nord e^t diffusi-, peu marquée. La bande tropicale sud est bien accu-
sée, laige, mais neitemcril délimitée et plus sombre sur ses bords. Les deux
bai'di's n'ont pas, à b Mucoup près, la même latitude, ce qui ressort des
n)'"<ures suivantes, ii'iluites éj^alenuMil à la distance moyenne :
Distance de la bamle Non! à l'équaleur i",46
Dislancf di- la hanile Sud à rê(]ualeur 2", 69
SÉANCE DU 28 rKVlUEU 1921, 525
PHYSIQUE. — Données c.vpéiimcn taies et balance poui- le dosage des rayons X
en radiographie et radiothérapie. Note de MM. F. Miramond de L.\ro-
QUETTE et Stanislas I^Iili.ot, présenlée par M. Lavcran.
La quanlilomélrie des rayons V et la détermination des temps de pose
nécessaires pour obtenir des résultats constants et précis en radiographie et
radiothérapie sont des problèmes complexes el non entièrement résolus.
Chaque opérateur a un peu sa technique propre, étabHe d'après son expé-
rience et son api)areillage, et b(>aucoup d'aléas existent encore, surtout
pour les débutants.
Des points importants cependant sont acquis et les nouveaux appareils et
tubes radiologiques permettent de poursuivre dans de bonnes conditions
Tétude entreprise notamment en France par Bergonié, Belot, Guilleminot,
Pilon, Mazérès, Zimiiiern, Contremoulins en vue d'établir des lois ou du
moins des directives applicables dans tous les cas.
Les données anciennes que nous retenons et les données nouvelles que
nous avons établies sont vérifiées par :
1° De très nombreux clichés radiographiques impressionnés dans des
conditions exactement déterminées;
2° Des séries d'échelles de teintes obtenues sur de même plaques, en des
temps de pose régulièrement croissants et la réalisation de teintes identiques
avec des temps de pose calculés d'avance ;
3" Des expériences biologiques sur nous-mêmes et sur le cobaye;
4° Un millier d'observations d'indigènes algériens atteints de favus et qui
ont été guéris par la radiothérapie avec divers appareillages;
5° Des expériences de contrôle avec des pastilles radiométriques.
\ous avons été assistés dans ces travaux par MM. Lescuyer el Trucy.
L'action chimique (sur la plaque) et l'action biologique (sur les tissus)
du rayonnement de l'ampoule sont sensiblement parallèles, après élimina-
tion faite des rayons lumineux, des rayons secondaires et des rayons X
ultra-mous tous très chimiques mais non pénétrants et qu'arrêtent l'enve-
loppe du cliché.
La quantité de rayons X nécessaire pour obtenir sur la plaque sous enve-
loppe noire, mais sans interposition de tissus, une bonne impression moyenne
correspond à un peu moins de -^ de H (unité Holzknecht). c'est-à-
dire ^ de la dose d'érythème.
L'effet chimique ou biologique est proportionnel à la durée du temps de
526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pose, et inversement proportionnel au carré de la dislance de l' anticathode.
Il est, dans certaines limites, à peu près proportionnel à Vintcnsité en miUis
du courant qui traverse le tube.
L'effet (E) dépend aussi de la tension et se trouve en rapport avec la lon-
gueur d'étincelle équivalente et le degré sclérométrique du rayonnement,
mais dans des limites plus étroites et des conditions plus difficiles à préciser
pour une loi générale. Nous n'avons pas trouvé vérifiées les équations qui
lient en rapport proportionnel E avec Y- (voltage) et L- (longueur d'étin-
celle).
Les essais avec divers tubes et appareils nous ont montré qu'il vaut mieux
retenir pour le calcul l'élément degré 1] et que celui-ci doit être mesuré
directement avec un radiochromomètre, et non d'après la longueur d'étin-
celle, les variations de l'une et de l'autre n'étant pas toujours concordantes.
Quand le rayonnement augmente d'une unité de degré B, l'effet produit
en surface comme en profondeur augmente en moyenne d'environ
33 pour loo entre 4 et 7 B du moins, limites dont il ne nous parait pas
actuellement utile de s'écarter.
L'absorption des rayons X par les tissus est à peu près la même pour les
divers tissus mous, la peau, la graisse, le muscle. Nous avons particulière-
ment mesuré l'absorption par le lard, tissu homogène et très commode pour
expérimenter sur des épaisseurs bien déterminées. Le premier centimètre
retient environ 5o pour 100 du rayonnement, le deuxième '[o pour 100, le
troisième et les suivants 3o pour 100 de ce qui reste à leur niveau, abstrac-
tion faite du tissu osseux. On a ainsi à partir du troisième centimètre, quel
que soit le degré B (entre '1 et 7), un coefficient logarithmique d'absorp-
tion sensiblement constant; le calcul dépendant alors d'une exponentielle
analogue à celle qui intervient pour l'absorption d'une radiation lumineuse,
1 effet diminue et le temps de pose ou l'intensité doivent croître très rapide-
ment avec l'épaisseur des tissus à traverser.
Le coefficient d'absorption de l'aluminium est environ dix fois plus fort
que celui des tissus : 1""" d'aluminium équivaut pratiquement à i""" de tissu
mou. La filtralion par l'aluminium courante en radiothérapie, et qui est
utile aussi en radiographie avec les fortes épaisseurs, met pour ainsi dire
la peau à i*"", 2''" ou 3'="' de profondeur, suivant que le filtre d'aluminium
a i""", 2""" ou 3'"'" d'épaisseur; on peut donc pratiquement, pour le calcul
du temps de pose, additionner les millimètres de filtre avec les centimètres
de tissus à traverser. Il résulte d'autre part de nos calculs qu'il y a théori-
quement peu ou pas d'iulérét à filtrer avec plus de 3"""' d'aluminium.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 527
Sur ces données, que nous avons le plus possible simplifiées en vue de
leur application pratique, nous avons établi pour les divers éléments
qui interviennent dans les calculs des échelles graphiques que nous avons dis-
posées sur unpluteau oscillant autour d'un axe borizontal. Pour l'opération,
des poids égaux sont mis sur les échelles à hauteur des graduations corres-
pondant aux données du problème à résoudre, et un poids semblable est
déplacé sur Téchelle de l'inconnue jusqu'à ce que soit rétabli l'équilibre.
Les diverses formules étant calculables par logarithmes peuvent en effet,
grâce à l'intervention d'un poids arbitraire, être transformées en équations
d'équilibre.
On peut ainsi en un instant déterminer le temps de pose nécessaire pour
chaque cas de radiographie ou de radiothérapie superficielle ou profonde,
faire toutes combinaisons en variant rinlensité et la tension du courant, la
distance de l'ampoule, l'épaisseur du filtre, l'intervention ou non d'un écran
renforçateur et connaître exprimées en unité H, la quantité incidente du
rayonnement et celle qui est absorbée et par conséquent agit à tel ou tel
niveau dans les tissus.
D'autres déductions théoriques et 'pratiques peuvent encore être obte-
nues avec cette balance qui permettra dans les travaux de laboratoire et
pour les traitements une plus grande précision et des résultats plus cons-
tants.
Nos échelles ont pour base principale la dose de 5H obtenue en
10 minutes sans filtre, à iS*^"' avec ("""'etGB.
Une échelle de correction permet de tenir compte éventuellement de cer-
tains facteurs de variation, particulièrement de l'appareillage et du tube
dont il convient de contrôler une première fois le débit avec des pastilles
radiométriques, ou le fluoromètre de Guilleminot, ou par notre procédé des
échelles de teintes radiographiques.
La vérification faite et, s'il y a lieu, le coefficient de correction obtenu,
les données de la balance répondent exactement aux divers desiderata de la
technique radiologique.
EL EGTRO- OPTIQUE. — Sur les spec,tres corpusculaires des éléments.
Note de M. M. de Brogi.ie, transmise par M. Bouty.
J'ai indiqué, dans une Note précédente (' ), que les principaux traits des
spectres de rayons X des éléments se retrouvaient dans le spectre magné-
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 27^.
528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tique de vitesse des électrons, émis par ces éléments, quand on les éclaire
par le faisceau de rayons X d'un tube usuel.. Voici quelques détails et
quelques résultats relatifs à ces recherches.
Les corps, devant servir de radiateurs, sont placés sur une petite pla-
quette d'ébonitc ou d'aluminium, portant une rainure fine qui sert de
source (o""", 5 de largeur), on peut employer des composés, sels, oxydes,
sulfures, etc., tassés en couche mince dans cette rainure, et obtenir le
spectre corpusculaire magnétique des atomes présents; comme je l'ai
indiqué dans ma Note précédente, le dispositif général est analogue à celui
qui a été employé par Robinson et Rawdinson et les trajectoires, circulaires
des électrons dans un champ magnétique viennent former nu spectre sur
une plaque photographique.
Les auteurs, qui ont attaqué cette question, paraissent avoir été arrêtés
parla longueur des temps de pose; en utilisant bien le faisceau d'un tube
Coolidge ordinaire, j'ai pu obtenir de bons clichés avec seulement une
heure de pose.
Les spectres de vitesses présentent une disposition semblable pour tous
les éléments que j'ai étudiés jusqu'à présent. Ceux-ci s'étendent depuis le
zinc (nombre atomique 3o, longueur d'onde de i, 5 Angstrom) jusqu'aux
terres rares (nombre atomique de l'ordre de 6o, longueur d'onde de l'ordre
de o,3 Angstrom).
On sait qu'un corps éclairé par un faisceau de rayons X émet un rayon-
nement de fluorescence; s'il s'agit du spectre K, ce rayonnement comprend
un doublet a assez fort, puis une ligne [i plus faible et enfin une ligne encore
plus faible, qui coïncide sensiblement avec la rlisconlinuité d'absorption de
la série K.
Ces effets se produisent au sein du radiateur éclairé et sont accompagnés
par l'émission des corpuscules qui font l'objet de celte étude.
Les spectres magnétiques de vitesses, en les parcourant dans le sens des
vitesses croissantes, montrent les traits généraux suivants : on retrouve une
raie large correspondant au doublet a, une raie [3 un peu plus faible (mais
cependant avec un rapport d'intensité plus voisin de l'unité que pour les
rayons X) et une bande d'émission, dont le début, un peu renforcé, contient
peut-être aussi une raie. La bande d'émission se continue par une forte
émission sélective, qui s'étend sur un domaine spectral assez important;
cette bande paraît coupée du côté des grandes vitesses par deux et peut-être
trois diminutions brus({ues d'intensité; enfin le spectre se termine par une
limite supérieure de vitesse assez bien tranchée, comme le spectre de
rayons X vers les hautes fréquences dans les mêmes conditions.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I921. 029
L'inlei'prclalion des coupes successives de la bande d'émission n'est pas
encore claire; ce phénomène, qui a été trouvé correspondre à une valeur
constante de la vitesse, pour des champs magnétiques variés, change avec
le radiateur et suit le spectre de ce dernier; cela exclut une action venant
de l'émulsion photographique. On serait tenté de conclure à une absorption
sélective des électrons par la matière.
Des mesures sont en train, au point de vuedela com[)araison des énergies
électroniques correspondant à l'émission corpusculaire, et des quanta des
raies spectrales des rayons X.
.\ quelques unités pour 100 près, la relation
se trouve vérifiée, aussi bien pour ces raies que pour la limite supérieure du
spectre continu; mais la question se pose précisément de savoir si l'on doit,
ou non, retrancher de l'énergie initiale des électrons un travail de sortie. Si
les électrons libérés sont des électrons L, ce travail (s'il est intra-atomique)
sera celui qui correspondra aux anneaux L et la correction soustractive à
apporter au quantum des raies K sera de l'ordre de 10 pour 100.
Il parait bien, dans les mesures que j'ai effectuées jusqu'à présent, qu'une
correction soustractive de cet ordre de grandeur doive être apportée au
quantum des raies pour retrouver l'énergie cinétique des électrons, par
exemple, on trouve, pour la valeur du produit RH (rayon multiplié par le
champ magnétique) des raies de l'argent, les nombres 4^- et 5oo, tandis
que les chiflVes déduits du quantum des raies K seraient 5.io et 54o.
D'autre part, la présence du début d'une bande au voisinage de l'endroit
qui correspond au quantum de la discontinuité d'absorption des rayons X,
paraît indiquer qu'il n'y a pas, pour les électrons formant celte bande, de
correction soustractive à effectuer; si ces électrons sont des électrons K et
qu'il y ait à soustraire l'énergie de l'anneau K, leurs vitesses devraient
débuter par une valeur nulle.
Nos connaissances sur le mécanisme de l'éjection des corpuscules sont
encore trop rudimentaires pour rendre compte de tout cela; l'étude des
spectres corpusculaires va probablement permettre de débrouiller un peu
plus les phénomènes si curieux des relations mutuelles entre les radiations
corpusculaires et périodiques.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. \T2, N« 9.)
40
53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
OPTIQUE APPLlQUKli:. — Triplel (icliiomalique à grand cluimp.
Note de M. Pariseli.e, présentée par M. Maurice Leblanc.
Dans un cerlain nombre de lonlilles (viseurs, lunelles de poinlage de la
marine, lunettes de spectroscope, etc.) on est conduit, dans le but d'augmen-
ter le champ, à adjoindre aux oculaires composés usuels, un verre supplé-
mentaire. Dans ces oculaires triples, on corrige généralement les aberra-
tions en achromatisant le verre de l'œil.
Le but de cetle Note est do montrer comment il faut choisir les dilTé-
rentes lentilles pour obtenir, toutes choses égales d'aillours, un champ
maximum et pour avoir une bonne correction des aberrations par l'emploi
de verres simples.
Formule générale donnant le champ apparent d' un oculaire. — Il est bien
évident que le champ de plein cclairement, le seul généralement utilisé
dans les instruments, dépend des dimensions et de la position de l'objectif.
Dans le but de simplifier les calculs, je me bornerai à étudier le cas où
l'objectif étant suffisamment éloigné de l'oculaire, ou ayant un diamètre
assez faible (ce cas est sensiblement réalisé dans les lunettes astronomiques
et dans les microscopes), le champ de plein éclairement et le champ total
sont sensiblement égaux et indépendants de l'objectif.
Soit donc un oculaire formé de trois lentilles convergentes L,, L.,, L., de
diamètres utiles d,, d.,, d, et de distances focales ft, fi, fi associé à un
objectif de grande distance focale F ou de faible diamètre. L'anneau ocu-
laire étant très petit, le faisceau qui traverse l'oculaire est très étroit et peut
par suite être réduit au rayon moyen.
Dans ces conditions, le champ moyen a de l'instrument sera donné par
la formule
a f/,
laiig- = -^.
Le champ apparent [i de l'oculaire aura pour valeur
P ,. « d,
langÇ = t.. lang- — -i,
/"désignant la distance focale de l'oculaiio.
Or l'objectif étant supposé assez loin de la lentille du champ L,, les rayons
moyens des faisceaux considérés vont, après réfraction sur L,, converger
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 53 1
vers son foyer image et, finalement, ils sortent de L.,, en passant [)ar le point
oculaire confondu avec le foyer image du triplet.
La considération des triangles semblables conduit immédiatement à la
formule
& <l^ (/, d. d^
°2 •!/ ■.',/, if. if,
Génénilisation. — La formule (i), établie dans le cas particulier d'un
oculaire à trois verres, peut se généraliser pour un oculaire quelconque. On
a toujours, dans l'hypothèse d'un anneau oculaire de petit diamètre pour le
champ apparent
pour le champ vrai
'"'^8 2 = g1-/'
d étant le diamètre utile d'une lentille composante de distance focale/,
/est positif ou négatif selon que la lentille est convergente ou divergente;
quant à </, il sera affecté du signe -t- si le rayon lumineux limite rencontre
la lentille du même côté de l'axe que la lentille de champ, du signe — dans
le cas contraire : ainsi, dans le cas d'un oculaire terrestre, le premier terme
correspondant à la lentille de champ sera positif et les trois autres négatifs.
La valeur négative trouvée pour - indique que l'image est droite.
Conclusion tirée de la formule précédente. — - Si l'on veut, par l'emploi
d'un triplet convergent, donner à la lunette le champ maximum compatible
avec les aberrations, il faut évidemment que les diverses lentiUes tra-
vaillent avec la même ouverture, cette ouverture ayant pour valeur le
maximum admis.
On aura donc, entre les éléments des trois lentilles, les deux relations
suivantes :
di d^ f/3
.77 "/""./;'
qui deviennent, après introduction des distances a el b des verres,
(2) A^-f,-o
et
(3) f,:=f,-lb.
532 ACADÉMIE DES SCIENCES..
Ri'mdicjiK' imporidjile. — Si les éléments de l'oculaire vérifient les rela-
tions (2) et (3), le champ de rinslrumonl a sa valeur maximum; il est facile
de démontrer que, dans ces conditions, ta dèvidlion totale des rayons
lumineux est également partagée entre les trois lentilles, cest-à-dire que l'on
se trouve dans le cas où les aberrations de sphéricité sont minima. Les
déviations correspondant aux diverses lentilles sont, en effet, respectivement
. , . ^/, d. , d,
égales a —, —r et — •
'Il 2/, 2y.|
Correction des aberrations chroinaticjues. — Cherchons maintenant à
quelle condition les trois lentilles, supposées simples et de même nature,
forment un ensemble possédant l'achromatisme apparent.
Il suffit pour cela d'écrire que la distance focale du triplct donnée pnr la
relation
, I I 1 I a b a + l> ah
f"f^ J\ f. f^f■l }\J\ f.f^ f^M,
est indépendante de la couleur. On obtient immédiatement l'équation
(5) (,A-+-/3) (2« -/, ) + 2 bf,^b{3a ~ 2/,) +/,/,.
En résumé, un triplet dont les éléments vérifient les relations (2), ('5) et
(5) possède, dans les hypothèses faites, un champ apparent maximum et est
achromatisé en grandeur; de plus, il présente, toutes choses égales d'ailleurs,
des aberrations sphériques minima.
Si l'on se fixe la convergence du Iriplel [relation (4)]- on '' donc entre les
cinq quantités /,,/■,, fj, a, h quatre relations; il"resle encore une indé-
terminée.
Quant aux rayons de courbure des différentes lentilles, on sera guidé
dans leur détermination par la condition d'orthoscopie ainsi (jue par la
simplicité des formes.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'iode à froid sur différents métaux. Procède
pour déceler la présence du chlore dans V atmosphère. iNole de M. Camille
Matignon, présentée par M. H. Le Ghatelier.
Les recherches suivantes ont été effectuées, pendant la guerre, dans le
but de chercher à établir un appareil avertisseur susceptible de signaler la
présence du chlore dans l'atmosphère.
Une feuille d'argent battue, sur laquelle on dépose un petit cristal d'iode,
SÉANCE DU 28 lliVRIEU I921. 533
se transfoniu' progressivement en une fouille jaune criodiire d'argent sans
éclat métallii]uc', exlrèmemenl friable, qui tombe en poussière sous Tin-
lluence des moindres actions mécaniques. Pendant l'ioduration, le cristal
est entouré d'un cercle jaune dont le rayon augmente de plus en plus
lentement. Voici, par exemple, les distances de la circonférence de trans-
formation au polit grain d'iode à différents moments :
li III II m III III
1.01) Début 3. 7 3,25
33 0,7.5 i3 3,5o
4o 1,25 20 4>"o
44 1,70 3(1 4 ) 5o
46 2 45 5,112
5.J 2,5 54 5 , 5o
La vitesse initiale, évidemment la plus rapide, est supérieure ào^^^rS
par minute; on en déduit, en admettant la même vitesse de propagation
dans l'épaisseur de la lame, qu'une feuille de 3^ d'épaisseur (') exigeait un
temps d'action de l'ordre de la seconde pour être iodurée dans toute sa
profondeur au point de contact du cristal d'iode.
Les feuilles battues de laiton et de cuivre s'iodurent également dans les
mêmes condilions en formant, dans le premier cas, un mélange d'iodure
cuivreux et d'un peu d'iodure de zinc, dans le deuxième, seulement l'iodure
cuivreux non hygrométrique. La vitesse de propagation do l'ioduration
avec la feuille de laiton est comparable à celle de la feuille d'argent.
Les feuilles d'aluminium se trouent aux points de contact, mais l'iodura-
ration se propage lentement; les feuilles d'élain jaunissent, l'action est
lente; les feuilles de zinc donnent rapidement des gouttelettes liquides
autour de l'iode, parce qu'il se forme de l'iodure de zinc extrêmement déli-
quescent. Le même phénomène se produit avec des lames de cadmium, de
magnésium, de calcium.
De l'ensemble de tous ces essais, il résulte que la feuille battue d'argent
est une de colles qui s'iodure le plus rapidement, tout en présentant l'avan-
tage d'être inaltérable à l'air sec ou humide.
.l'ai cherché à utiliser cette action pour caractériser la présence du chlore
en un point donne d'une atmosphère et constituer un appareil avertisseur.
Découpons dans une feuille d'argent une bande de i'^"' de largeur par exemple,
disposons sur celte bande une mince couche d'iodure de "potassium humide placée
(') C:; sont les feuilles les plus minées qu'on peul obtenir par battage.
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
transversaleiiienl dans loiile la largeur de la bande et fermons un circuit électrique
avec celte feuille. Lorsque du chlore arrive au contact de l'iodure, il met l'iode en
liberté et celui-ci transforme aussitôt l'argent voisin en ioiure non conducteur, le
courant est interrompu et le déplacement correspondant de Taiguille d'un ampère-
mètre peut provoquer la mise en marche d'appareils avertisseurs.
Supposons que la largeur du petit, rectangle ioduré soit de 3'"'", i|u<' la feuille ait
une épaisseur de 3h- et une largeur de !'■'", il suffira de Y^àe cenlimètre cube de chlore
pour mettre en liberté l'iode nécessaire à l'ioduration complète d'une surface corres-
pondante de la lame d'argent. Autrement dit, il faut superposer à la couche d'iodure
une couche minimum de 3''>™,3 de chlore à la pression normale pour réaliser l'iodura-
tion totale; avec de l'air contenant j^ ''^ chlore, il faudrait une couche de cet air
chloi.uré dépassant 33"^'". Il importe que la couche d'iodure resle humide pour établir
un bon contact avec la lame; on peut obtenir ce résultat en incorporant à l'iodure
une petite quantité d'un sel hvgrométrique ou bien d'une solution glycérinée.
Les iodures de plomb, de mercure, se comportent comme l'iodure <le potassium.
On conçoit qu'en introduisant la lame précédente dans un pont de Wheastone, il
soit possible de déclencher une action énergique au moment de la rupture du courant
par ioduralion de la feuille.
En opérant avec un circuit comprenant une grande résistance, un élément d'accu-
mulateur et un ampèremètre, on a constaté qu'un courant de chlore arrivant dans le
voisinage de la lame produisait une interruption du courant après quelques secondes;
des vapeurs de brome répandues dans les mêmes conditions provoquent la rupture du
courant après 23 secondes.
Si l'on projette de l'iode en poudre sur la feuille d'argent, le courant s'allaiblit
progressivement, il n'y a pas de rupture brusque, il faut alors plusieuis minutes pour
ramener l'ampèremètre au zéro.
En vue de donner plus de sensibilité à rii|)pareil, nous avons reniphicé
les feuilles d'argent par une très mince couche d'argent déposée cliimique-
nient à la surface d'une lame de verre, mais nous avons constaté, contrai-
rement à notre prévision, que l'appareil était ralenti.
• On })eut doubler l'intensité d'action en plarant un enduit ioduré sur
chacune des faces de la lame.
L'appareil, toutefois, perd beaucoup de sa sensibilité quand la teneur en
clilore devient faible. On pourrait sans doute l'améliorer en soumettant
l'ajipareil à l'action d'un courant d'air permanent et en étudiant systémati-
quement la meilleure disposition de l'enduit ioduré.
SÉANCE DU 28 KÉVRllîK I921. 535
clIl.Mli; MhXÉRALE. — Les bismulhohroniucydnures ; nouveaux complexes.
Note de M. A.-Cii. Vour\azos, présentée par M. Charles Mourcii.
\a\ cuinbiii \isoii de Insmiith avec le cyanogène ne paraît pas possible à la
température ordinaire ; les composés halogènes de ce métal peuvent au con-
traire s'unir avec les cyanures métalliques pour donner des complexes, que
je viens de découvrir. Un examen sommaire a prouvé que les halogénures
bisinuthiques se comportent tous de la même manière. Les composés dérivés
du tribromure de bismuth ont été tout d'abord étudiés et peuvent servir
d'exem[)le.
La formation de ces nou\eaux complexes dépend principalement du
degré de siccité et aussi de pureté où se trouvent les matières réagis-
santes. On opère au sein du xylol, bien purifié et déshydraté par le
sodium métallique.
Le bromure de bismuth est obtenu en faisant passer des vapeurs de
brome sur du bismuth réduit en état spongieux et exempt d'arsenic ; il
cristallise en prismes d'un jaune de soufre. Très peu soluble dans le xylol
à la température ordinaire, il se dissout totalement lorsqu'on le traite au
bain-marie avec vingt fois son poids de ce dissolvant.
Le tribromure bismuthique combiné avec les divers cyanuics forme un
gioupement particulier [Bi(BrCy)'|, où l'on rencontre pour la première
fois une coordination du bismuth et du cyanogène. Cet union ternaire
appartient à un acide complexe H'BiBr'Cy', dont la pression osmotique
serait le quadruple de celle de la même molécule supposée à l'état ncî
dissocié.
La forte action hydrolytiqae exercée sur le bromure de bismuth j)ro-
voqae la décomposition plus ou moins rapide de la molécule complexe,
aussitôt que celle-ci se trouve en contact avec l'eau; les cyanures solubles
n'attaquent en effet ni les oxyhalogénurcs de bismuth ni l'oxyde bismu-
thique. Il en résulte que la formation des com[)lexes en question ne peut
pas avoir lieu en milieu aqueux, d'où l'emploi des liquides organiques, |)armi ,
lesquels le xylol agit, d'après mes recherches, comme un catalyseur |)ositif.
L'emploi de ce corps m'a déjà permis d'obtenir les cyanures complexes des
composés halogènes de l'antimoine (' ); l'action catalytique du xylol a été,
du reste, essayée par moi, avec succès, dans un grand nombre de cas ana-
(') A.-<". \'ouR>'Azos, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. i258.
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
loi;ues. La comliinaison du bromure de bismuth avec les cyanures se fait
directement en présence de xylol; les produits obtenus ne donnent |ilus la
réaction du bismuth, qui entre dans l'anion complexe. La formule générale
des bismuthobroinocyanures des métaux monovalents (M) serait alors
[BiBr'Cy^]M'.
Théorie de la conslitulion complexe. — L'étude détaillée d'un j^rand
nombre des cyanures complexes d'antimoine et de bismuth, que j'ai efFec-
tnée depuis un an, a prouvé que la plupart de ces coi])S, d'ailleurs bien
caractérisés, se dédoublent par l'eau en leurs molécules constituantes. Or,
il y a lieu d'admettre que certaines molécules, comme ici les cyanures, sont
attirées par certains éléments, dont la valence maxima n'a pas été saturée.
Cet racèdent latent de valence est réparti sur les espèces chimiques qui
forment la molécule complexe. L'attraction ainsi exercée ne dépend nulle-
ment des propriétés physiques des molécules attirées, mais seulement de
leur nature chimique; les molécules ne sont pas, d'ailleurs, toutes suscep-
tibles de cette attraction, comme les métaux ne sont pas tous magnétiques
vis-à-vis de l'aimant.
Pour ex[)liquer la structure complexe, Werner avait attribué l'aflinité
moléculaire à des valences secondaires développées par les lignes de force
que produisent les électrons, auxquels correspondent directement les
valences principales. Mais cette théorie est inadmissible; les molécules non
dissociées ne développent nullement des lignes de force, car elles ne sont
pas pourvues d'électrons; et ces molécules non dissociées peuvent, comme
je l'ai démontré, former des com|)lexes. ]'>lles sont alors attirées par le
métal à valence latente et rangées de façon à former un anion conij)lexe.
C'est ainsi que le cobalt, au maximum tétravalent (dans le bisulfure), et
même hexavalent dans la smalline, le platine, au maximum hexavalent
(Pt As-), l'antimoine et le bismulh, au maxinmm pentavalent, étant
combinés avec une valence inférieure, sont encore aptes à attirer certaines
molécules intégrales et donner des complexes. Dans mon cas, le bismuth
trivalent dispose de sa double valence latente pour attirer encore trois
molécules d'un cyanure de métal monovalent, avec lesquelles il s'unit en
complexe. Celte attraction qu'exerce le métal à valence latente, je l'exprime
par le sfgne ( dans les formules analytiques des complexes. Ainsi le
bismuthobromocyanure du métal nionovalent M serait représenté par la
formule Hi Dr' (■U:N.M.
Les principes ci-dessus, que je soutiens ii propos de la conslitulion
complexe, m'ont fait prévoir la possibilité de l'existence des nouveaux
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 53;
groupements complexes, dont j'ai en effet réalisé la préparation; le pro-
cédé expérimental est le même et peut être considéré comme général. Voici
d'ailleurs quelques bismuthobromocyanures étudiés.
liixniiilliohroniocynndre pnlassiijue. — • Les deux, constiliianls biomuie de
bismuth et cjauuie potassique doivent èlre séchés complètement dans le vide sulfu-
rique;on pè=e 4i4775 de BiBr'et i,9535 de KCN, et l'on mélange rapidement les deux
produits dans un morlier de porcelaine. On ajoute du xylol par gouttes jusqu'à ce
qu'on obtienne une masse ayant la consistance d'une pommade fine, que l'on triture
avec soin, afin d'obtenir un mélange intime; on continue alors à ajouter 'jusqu'à
100™' de xylol pur et exempt d'humidité; on porte le mélange dans un ballon en
verre à long col, on bouche le ballon et l'on chaufTe au bain-marie pendant i5-20 heures
en agitant de temps à autre. Le mélange initial, couleur jaune de soufre, s'est trans-
formé en un corps gris blanc, qui fut séparé par filtralion et séché dans le vide.
l>e complexe '"[Bi Br^Cy'] K^ • ■ • est décomposé par l'eau froide; il est soluble
dans l'acide chlorhydrique dilué, mais celte dissolution s'altère rai)idenient. Cliauli'é
à l'abri de l'air, il se transforme en KBr et bismuth métallique.
Bistnuthobroniocvanure d'argent : [BiBr^Cy'J Ag'. — Il est obtenu par l'action
du bromure bismuthique (3,582) sur le cyanure d'argent (3,2i3) suivant le procédé
général, exposé plus haut, et en chauffant pendant 6 heures au bain-marie. Le com-
plexe formé est un corps amorphe, couleur jaune orange, insoluble et inaltérable
dans l'eau et l'alcool, même à l'ébullilion prolongée. L'ammoniaque et le cyanure
potassique le décomposent à froid; il est réduit par la lumière solaire et se colore en
gris noirâtre. Chauffé à l'abri de l'air, il se transforme en bromure d'argent et bismuth
métallique.
Bismiithobromocyaiiure de ciiprosuin : BiBr' (3G iNCu. — Ce composé est préparé
en chauffant, au sein du xylol, pendant iS heures, un mélange de 5,373 de bromure
de bismuth avec 3,225 de cyanure cuivreux; on opère d'après la méthode générale.
Le mélange, au début brun clair, se transforme en une poudre amorphe d'un gris
verdâtre, insoluble dans le xylol, l'eau froide et l'acide tartrique; le produit est
attaqué par l'eau en ébuUition, en donnant du bromure cuivreux, de l'hydrate de
bismuth BiO(OH) et de l'acide cyanhydrique. Traité par le cyanure de potassium,
il se décompose en Bi(OH)^ et K''[Cu'Cy']. Il se dissout dans l'acide chlorhydrique
dilué à chaud, mais la dissolution incolore verdit avec le temps par la formation de
CuCI-. Chauflé dans un tube à essai, il donne du bromure de bismutli, du charbon
et du cuivre, formant un miroir rouge métallique.
Bismuthobromocyanure de mercure : 2BiBr'(3 HgCy". — Il est obtenu par l'ac-
tion du bromure de bismuth (4,478) sur lé cyanure de mercure (3,789), suivant la
méthode générale et en chaudant au sein du xylol pendant 1 5 heures. Le mélange pri-
mitif, couleur jaune de soufre, s'est transformé ainsi en une poudre blanche cris-
talline, qui, examinée au microscope, présente de longues aiguilles prismatiques.
538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Solubilité drs iiitranilincs isomères dans le mélaxylc ne.
Note de M. Chapas, présentée par M. Georges Lemoine.
Les règles connues sur riiilluence cl(.- la constitution sur la solubilité des
substances organiques sont peu nombreuses; on sait, par exemple, que les
divers corps d'une même série homologue sont miscibles les uns aux autres;
il en est de même des isomères de position, tels que les dérivés ortho-,
meta- et parabisubslitués du benzène. Ostromysslensky, dans un travail
déjà ancien ('), remarque que la miscibililé se rencontre souvent chez les
corps du même type c/iimi(/iie, et donne l'exemple de l'alcool ordinaire et de
Téther ordinaire
/H /G=H^
Ces règles, encore bien rudimentaires, nous ont amenés à rechercher
l'influence de l'isomérie de position, dans la série du benzène, sur la solu-
bilité. A cet effet, nous avons déterminé la solubilité des trois nilranilines
isomères
<^ ymi\ <^ y^\r-, N0-^<^ ^NH%
NO' * NO^
dans le même solvant, le métaxylèn<', à la température de i fi" C.
Mode opératoire. — I. Nous avons d'abord clierclié à préparer des sol u lions satu-
rées en cliaulTanl un excès de l'aniline nitrée mise en expérience, avec le m-xylène,
en refroidissant le mélange à iS", el en fillrant. Par évaporalion d'un poids connu de
celte solution saturée sur un verre de montre taré, d'abord à l'air, puis à l'éluve vers
90°-ioo'', nous pouvions déterminer la composition de la solution. Cette mélliode est
peu commode, à cause de la durée de l'évaporation ; de plus, il semble que le w-xviéne
s'unisse en proportions moléculaires avec le- nitraiiilines; nous pensons avoir olitonu,
avec 1t m-nilraiiiline, la combinaison
c«[^(^'H')(^o-)^-c/■lI'(ClI^)'
et les composés obtenus se dissocient à l'éluve en perdant du xylène, lequel entraîne
facilement de la nilraniline. C'est pounjuoi noiis avons abandonné celte méthode.
Néanmoins, son application nous a conduit à concluie ([ue les trois isomères se
classent dans l'ordre suivant de solubilités croissantes :
/> iiilrauiliiie, ;/i-uitraiiiline, o-iiitraiiiliiic,
alla solubilité pour la w-nitraniline a été lrou\ée à peu près i,tS pour loo.
('; J. OsTnoMYSsi.EXSKY, Sur les relations entre le soleanl cl le corps à dissoudre
{.loiirn. J'iir i>ral<t. Client. . t. 76, 1907, p. ^.G.'i ).
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I921. SSg
II. Nous conliriiions ces résultais par la méthode ci-après. Dans un lube à essai taré
(diam. 10™'"; haut, no""") muni d'une fine baguette de verre servant d'agitateur,
nous introduisons la nitraiiiiins et nous déterminons son poids en suspendant h;
tube au-dessus de l'un des plateaux d'une balance. Nous ajoutons alors une (juan-
tité de »j-xjlène insuffisante pour produire la dissolution complète et nous chaulions
au bain-marie en agitant; puis en portant l'appareil dans un bain d'eau à 1.5°, nous
observons d'abord la cristallisation de l'aniline nitrée; nous rajoutons du m-\y\ène,
chauffons, refroidissons à nouveau, et ainsi de suite; lorsque la solution juaintenue
à i.> ne cristallise plus, même en frottant les parois du tube avec la baguette, nous
concluons que la limite de solubilité à i5° est atteinte, et nous déterminons par
pesée la quantité de xylène employée (').
Ilésuliats. — Nous indiquons le poids de nitraniline dissoute (en grammes,
par exemple) dans 100*'' du solvant, à i5°C. (coefficient de solubilité,
d'après Gay-Lussac) :
Orthonitraniline 11,6 pour 100
Métanitraniiine i,74 »
Paranitraniline 0,28 »
Ces nombres sont très diiïérents les uns des autt^es; il est très remar-
quable que l'isomérie de position a une influence énorme sur la solubilité,
les écarts entre ces solubilités étant bien plus appréciables que les écarts entre
les autres constantes physiques (sauf, peut-être, le point de fusion).
Nous mentionnerons encore les observations suivantes :
a. Les solutions d'o-nitraniline sont jaunes; à la saturation, il s'en sépare
de petits cristaux oranges.
b. Les solutions de w-nitraniline sont jaunâtres; les cristaux qu'elles aban-
donnent par refroidissement sont de grandes aiguilles jaunes, extrêmement
caractéristiques.
c. Les solutions de /^-nitraniline sont incolores et donnent des cristaux
en lamelles très minces et brillantes.
Nous nous proposons d'étudier d'autres groupes d'isomères, en détermi-
nant les solubilités non seulement dans le m-xylène, mais aussi dans ses iso-
mères ortbo et para.
(') Nous utilisons la fraction du //i-xylène (les '\) passant à la distillation de 187°, 5
à 138°.
54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'HYSigUE DU GLOBi:. — Rcldtions de sismicilè el de i^éolecloinque
dans les Pyrénées. iMole de M. Octavk Mengel, présenlée par
M. Bigoiirdan.
La discussion de la réparlition géographique el du mode de répercussion
des tremblements de lerro qui se sont produits à rexirémilé orientale des
Pyrénées m'a révélé l'intime liaison des phénomènes sismiques avec l'archi-
tecture de celte partie de la chaîne ('). L'étude que j'ai faite des macro-
sismes signalés depuis 1908 dans la partie orientale el centrale des Pyré-
nées, associée à la synthèse tectonique que M. Léon Bertrand a faite du
revers septentrional de la chaîne, et aux nouveaux aperçus géologiques que
j'ai acquis personnellemenl sur le revers méridional, n'a l'ait que renforcer
mes précédentes conclusions.
Le revers méridional plus encore que le revers septentrional, est un pays
de nappes parties au Nord sous l'action d'une poussée générale venant du
Sud. Celte poussée contre l'axe anticlinal hercynien de la chaîne s'est
traduite par un grand accident longitudinal accusé, en de nombreux
points, par l'inlrication de ces nappes dans la bordure de la zone primair-e
centrale. A la hauteur de Prals de Mollo, cet accident éprouve un rejet
vers le Nord et la zone d'cncapuchonnemenl qu'on peut suivre du Mont
Perdu au Col d'Arcs, près Prals de Mollo, est reportée, par l'extrémité
orientale du Canigou, au synclinal secondaire d'Amélie-les-13ains, avec ligne
de suture suivant le synclinal dévonicn plus ou moins écrasé de Prats de
Mollo, Arles, Amélie-les-Bains. Ce synclinal et sa bordure, le massif
chevauché du Roc de France, jouent un rôle prépondérant dans la transmis-
sion des sismes nord-pyrénéens vers la région sismique espagnole que j'ai
dénommée antérieurement le « Voussoir Prats de MoUo-Gérone ».
Il existe d'autres régions hypocenlriques que celles que j'avais alors
signalées, mais toutes sont en relation directe avec des accidents tecto-
niques. L'une au NE des Albères est caractérisée par des sismes locaux
ayant généralement leur origine en mer, là ou l'ennoyage pliocène de l'axe
central a été suivi d'un effondrement (pialernaire.
Ces sismes sont souvent accompagnés d'un bruit de caractère nettement
explosif (18 mars 1915, 28 septembre 1917) qui, cha(jue fois, fait croire
(') O. Mengel, Aperçu sur la lecloniquc et la sisniicilé des Pays Catalans {Ass.
l'r. /(r. Se. : CoUL^rès de Cterinont-Ferrand. r()o8).
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. o/jl
tout d'iiliord à une explosion de dynamite à l'usine de l'aulilles. Ils sont
parfois précodés d'une secousse préliminaire sur le versant méridional
(avril i9o'5, le 17 à Uosas, le 20 de Port-Bou à Salées), ce qui indiquerait
un elTort propai^é du Sud au Nord. Je vois une seconde aire épiccnlri(|ue
en Cerdagiie. le lonji des liantes falaises de la Sierra-de-Cadi, front déman-
telé de la nappe supérieure du complexe espagnol, là où j'ai signalé récem-
ment des mouvements (juaternaires post-glaciaires. Le 20 février 1918,
cette aire entrait en vibration à 20'' 25'" sur le revers nord-ouest de la Sierra-
de-Cadi. Une réplique se produisait au Nord le 23, à 3'' 10'", à Bagnères-
de-Bigorre et à l'Est le 23, à 5'', à ,Prats-de-Mollo, sur la ligne du grand
accident sud pyrénéen. Il parait logique d'interpréter ces sismes comme des
ruptures de tensions auxquelles les roches internes sont encore soumises,
l'une déclenchant l'autre. Dans la région de la iVIaladetta existe une aire
épicentrique de plus grande activité. Le fait que cette aire se trouve en
pays de nappes où le chevauchement anormal vers le sud bordant le grand
accident sud pyrénéen est le plus développé, indique assez une origine tec-
tonique. KUe accuse d'ailleurs une certaine parenté avec l'aire épicentrique
bien connue du revers nord des Hautes-Pyrénées, qui se diffuse tout le
long du contact des nappes A et B de M. Léon Bertrand.
En novembre 1919, par exemple, on note les secousses suivantes : le 20,
en Ribagorza; 1627, à Pont-de-Suert et en Saint-Gironnais (^ France);
le 29, degré VL au sud des ^[onts-Maudils (d'après détermination de
MM. Fonlseré à Barcelone, Labrouste à Strasbourg) et à la même heure,
degré V, de Foix à Quérigut avec, en France, zone de vibration contour-
nant le massif granitique de Mont-Louis et le Canigou, pour passer en
Espagne par Prades, Amélie-les-Bains (renforcement au degré V), Saint-
Laurent-de-Cerdans; le 2 décembre, secousse en Venasque et en Saint-
Gironnais.
Novembre 1920 fournit une documentation analogue : le 18-19, série
d'une dizaine de secousses avec aire épicentrique de degré V d'Ansignan,
Maury à Saint-Paul, au contact des nappes A et B; le 28-29, aire épicen-
trique de degré VI à V, s'étendant de Sournia à Aulus et en largeur de
Quillan à Quérigut, encore en contact de la zone centrale avec les nappes \
et B. Les lignes isosistes, que me permet de tiacer une documentation basée
sur plus de 200 questionnaires, présentent une invagination en Cerdagne
par la vallée de Carol, une autre jusqu'à La Cassagne (degré IV), au-
dessous de Mont-Louis, suivant la prolongation vers l'ouest du synclinal
secondaire d'Amélie écrasé entre l'extrémité orientale du Canigou et la
542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
zone primaire centrale. Elles dessinent également une avancée vers le
Narbonnais. épousant la nappe des Corbières orientales avec maximum
relatif d'intensité vers Durban, à la base du clievaucbement de la nappe sur
l'extrémité orientale du massif autochtone du Moutlioumet. Ces isosistes
passent de nouveau en Espagne par le chevauchement du massif du Roc de
France et son synclinal de suture avec le Canigou. pour s'arrêter à Mas-
sanet. Le gradient des isosistes, fort au voisinage des accidents tectoniques,
est faible ou nul dans les terrains en place, ou sur le plateau tranquille des
nappes ( partie supérieure des Coibières). mais il se renforce au passage de
ces plateaux aux alluvions humides des plaines cotières (Roussillon et Nar-
bonnais). La plaine toulousaine paraît au contraire avoir arrêté la propa-
gation des ondes vers le Nord.
En résumé, les anticlinaux de la zone primaire centrale des Pyrénées sont
relativement asismiques. Par contre les rides de plissements tertiaires sont
le lieu des foyers hypocentriques, et le passage des vibrations qui en émanent
provoque, par résonance physique ou mécanique, dans les parties en
tension de ces rides, des aires épicentriqiies secondaires. Enfin, les terrains
meubles et humides en profondeur facilitent la propagation et Tamorlisse-
ment régulier des ondes (M.
MÉTÉOROLOGIE. — Sw un cas (V anéantissement d'une bourrasque.
Note (-) de M. Gabriel Guilbert, présentée par M. Bourgeois.
J'ai l'honneur d'exposer à l'Académie un exemple du phénomène
météorologique que je nomme compression du cyclone et qui n'est autre
que l'encerclemenl d'un tourbillon, par des vents de force supérieure à la
normale,
La règle 2 de ma méthode de prévision vise ce cas •."Toute dépression,
entourée de vents convergents et anormaux par e.rcès^ sera comblée, sur place,
dans les 2] heures, quelquefois en 12 heures, par hausse barométiitpie,
maximum au centre.
Une occasion s'est présentée le 5 février 1921 d'appliquer celle règle.
Au matin de ce jour, une bourrasque se trouvait à l'ouest de Bretagne,
(') O. Mengel, Du mode de répercussion en Houssillon du trenitdenienl de terre
de Provence du 11 juin 1909 (Annuaire de la Société méléorologi<iue de T-nince,
l. 57, 1909, p. 202).
(') Séance du \l\ février 192 1.
SÉANCE DU 28 l'KVRIER 1921. 543
avec — ()""", '(à IJrest. Des vents très fortsd'l'^à Falmoulli, Porlland, foilsde
SE au Havre, s"o|iposaien( à des vents de SW Torts à Lorienl, à Brest, réa-
lisant rencerclement exigé par la règle 2. De plus, au centre du cyclone,
à Ouessanl, un vent très fort de SW s'observait et exigeait l'application
d'une autre de mes règles, n° 5, ainsi rédigée : Toute dépression^ qui. an lieu
du calme central théorique, présentera dans la région du centre des vents forts
ou violents, se' a détruite dans les i[\ heures, avec hausse maximum au centre.
Je n'ai jamais découvert d'exceptions à cette règle 5.
En vertu donc de ces deux principes, j'ai rédigé de la façon suivante la
prévision de février : La bourrasque à Vouest de Bretagne sera détruite,
sur place, en 11 heures, avec hausse maximum à Ouessanl 4- 18'"'".
Cette prévision s'est réalisée dans tous ses détails :
La bourrasque a été détruite, sur place, en 12 heures et la hausse baro-
V métrique, de -|- 10™" dans la journée du 5 février, atteignait le (> au matin
_l_ i^mui ^ Ouessant même, c'est-à-dire exactement au centre.
En dehors de cette prévision principale, une hausse barométrique générale
sur l'Europe a été prévue, à Fexception de la Provence et de la Corse, où
ont été fixés — i'"'" pour la Provence et — 2™'" pour la Corse. Les résultats
donnent — i""°,7 à Toulon, — S""™ en Corse.
Pour Paris, une hauteur barométrique avait été indiquée, à 7'' du matin,
de 764"""-765"'™; il a été constaté 7G4'"'",6 à 7^
La pluie fut prévue pour le Sud de la France; le beau temps pour le Nord;
les vents d'Est en Bretagne, au lieu et place des vents d'Ouest, et toutes ces
prévisions, conséquence des variations de pression prévues, furent exacte-
ment réalisées. Toutes les méthodes classiques ne purent, au contraire,
fournir que des prévisions inexactes. La mienne a réussi parce que le calcul
est à sa base. Plusieurs de mes règles pourraient être représentées par des
équations : elles peuvent être appliquées aussi bien pour la marine que pour
l'aviation.
C'est ainsi que mon collaborateur, M. Guénaire, météorologste, a pu,
en mon absence, le 24 novembre dernier, rédiger une prévision analogue à
la mienne du 5 février. Devant une bourrasque qui amenait en Bretagne
une baisse de — 14™'", et qui obligeait les météorologistes à hisser les cônes
de tempête sur toutes les côtes de France, M. Guénaire écrivait : La dépres-
sion de Bretagne se comblera; les vents seront assez forts ou modérés. Cette
prévision, contraire à toutes les données de la science actuelle, mais com-
mandée par mes règles 2, 3 et 5, se réalisa exactement.
J'affirmerai, d'après une expérience de trente années révolues, que
544 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
nos principes, découverts en 1890, permettent la prévision chiffrée des
variations barométriques, en hausse ou en baisse, à 1 2 ou 24 heures
d'avance, quehjuefois au delà, sur toute l'Europe. Nulle prévision du temps
ne peut être rationnelle, si elle ne précise, par des chiffres, la valeur de la
variation future, puisque c'est cette valeur même qui détermine le temps :
pluies et vents, ainsi que le tracé des isobares du lendemain.
Or le vent, d'après mes règles, el le i^ent de surface seul, à l'exclusion des
vents de la Tour Eiffel et des montagnes, est le maître de la pression baro-
mélricjue et en commande seul les variations : les faits quotidiens rendent
toute dénégation impossible.
PHYSIOLOGIE. — Tension superficielle el choc andphylaclique.
Note de M. Auguste Lumière, présentée par M. Roux.
Dans des Communications précédentes ('), nous avons formulé quelques
réserves relativement au rôle de la tension superficielle dans le choc ana-
phylactique.
Discutant nos expériences réalisées avec l'hyposulfite de soude, i\I. Ko-
paczevvski montre, dans une intéressante Note récemment publiée (■),
que, d'après ses mesures, la tension superficielle du mélange par parties
égales de ce produit en solution à 5 pour 100 avec du sérum serait infé-
rieure à celle de ce sérum; il attribue alors l'action anlichoc de l'hypo-
sulfite, non à la dispersion ou à la dissolution des éléments iloculcs qui se
forment dans le sang à la suite de l'injection déchaînante, mais plulùt à
l'empêchement de la lloculation et en tire argument en faveur de l'inter-
vention de la tension superficielle dans la production du choc.
Les mesures de cet auteur ne paraissant pas s'accorder avec les cons-
tantes physiques et les formules connues, nous avons repris à notre tour
leurs déterminations et nous sommes arrivé aux chiffres, tout différents,
qui suivent :
(') Auguste l^uMitiiF. el Jean Cjievrotii:r, Sur tin procéda simple el inoffensif per-
meltant d'éviCer le choc anap/iylaclif/iie {Comptes rendus, l. 171, 1920, p. 74')' —
AuiiuSTE LiiMilîRE et IIeniu CouiURiER, Sur le choc provoqué par riiiiroduclion de
.substances insolubles dans la circulation {Comptes rendus, I. 171, 1920, p. 1172).
(-) W. Koi'AC/.KWSKi, Le rôle de la tension superficielle dans les phénomènes de
choc {Comptes rendus, l, 172. 1921, p. o3-).
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 5^5
Tensions superficielles
en tlyncs
par ccntinièire.
lîau disUllée 72,69
Sol u lion d'iiyposuliile 11 5 pour 100 7'^ '"9
Sérum j I ,S.i
Sérum dilué de moitié avec riijposuifile à 5 pour 100 .... 53,58
L'adcHlion de la solution d'hyposulfite au sérum augmenlant la tension
superficielle, rargumentalion de M. Kopaczewski sur ce point perd sa
valeur, bien que nous soyons, d'autre part, complètement de l'avis de cet
auteur quant à l'origine physique du choc (').
Nous nous sommes d'ailleurs assuré que l'on pouvait supprimer le choc
anaphylactique au moyen de substances (certains hypnotiques par exemple)
qui, en solution aqueuse, augmentent la tension superficielle du sérum et,
inversement, nous avons pu dans nos expériences provoquer le choc malgré
l'addition à l'injection déchaînante de corps organiques qui abaissent cette
tension.
Il n'est pas douteux cependant que, dans le choc anaphylactique vrai,
les phénomènes de floculation s'accompagnent inévitablement d'augmen-
tation de la tension superficielle; la conductibilité, l'ionisation, les pro-
priétés optiques et chimiques du milieu se trouvent brusquement modifiées,
en même temps que des troubles surviennent dans la coagulabilité et la
viscosité du sang. Ces changements s'accompagnent en outre de Icucopénie,
d'inversion de la formule leucocytaire, etc.
La variation de la tension superficielle, comme toutes ces modifications,
sont donc des phénomènes qui accompagnent la floculation ou lui sont con-
sécutifs sans constituer la cause du choc qui, d'après nos expériences, pro-
viendrait principalement de la présence, dans les vaisseaux, d'éléments
floculés.
(') 11 n'est pas surprenant que des erreurs puissent se glisser dans les déterminations
de tension superficielle, les dispositifs expérimentaux, ne permettant pas de tenir
compte de toutes les conditions du problème avec leurs valeurs relatives. Ce sont les
méthodes qui la plupart du temps sont en défaut plutôt que les expérimentateurs.
Nous avons cherché à nous mettre le plus possible à l'abri de ces erreurs en utilisant
le procédé de l'ascension dans les tubes capillaires et en prenant toutes précautions
utiles. Les chifTres que nous avons trouvé ne doivent pas être considérés en valeur
absolue, mais seulement dans les rapports qu'ils ont entre eux et qui s'accordent d'ail-
leurs avec les constantes physiques et les faits établis antérieurement.
C. R.,i9ii,i" Semestre. (T. 172, N- 9.) ^^
546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous n'avons point prétendu qu'il n'existait aucune différence entre tous
les piiénomèncs qui s'observent dans le choc anapliylactique et ceux qui
surviennent dans le choc barytique ou choc par contact, mais nous persis-
tons à croire que la cause primitive des accidents et leur mécanisme sont
semblables.
Il n'est pas possible en effet de ne point être frappé de la similitude com-
plète des symptômes de tous ces chocs, de()uis le [u-urit jusqu'aux accidents
agoniques : chute de pression, abaissement de température, vomissements,
hémorragies, troubles paralytiques et nerveux se déroulant dans le même
ordre; quand on passe d'une espèce animale à une autre, les mêmes diffé-
rences symptomatiques se manifestent. Les lésions anatomiques sont égale-
ment semblables, qu'on les observe macroscopiquement ou sur des coupes;
elles sont plus prononcées lorsque les troubles ont évolué lentement, aussi
bien dans le choc barytique que dans le choc anaphylactique; nous nous
sommes également assuré que les vaso-constricteurs, de même que les anes-
thésiques et les hypnotiques, suppriment ou atténuent aussi bien l'un de
ces chocs que l'autre, tandis que les vaso-dilatateurs les aggravent de la
même manière.
Lorsque les doses déchaînantes sont convenablement choisies et que les
accidents précoces se sont amendés, les troubles tardifs et les lésions qui
les accompagnent sont encore de même nature.
La possibilité de vacciner dans les deux cas par les doses subintrantes,
de préserver un animal sensibilisé contre le choc anaphylactique en lui
administrant du sulfate de baryte et inversement, constitue aussi un fait
d'une haute valeur en faveur de l'unité du mécanisme du choc.
Enfin la gravité des accidents suivant la voie d'introduction est encore la
même pour les deux types de chocs qui ont bien, en définitive, les mêmes
caractères et s'accompagnent des mêmes symptômes et des mêmes lésions;
leur cause physique semble donc bien être la même et réside dans l'intro-
duction ou la formation brusque dans la circulation d'un précipité lloculé.
l'HYSlOLOGIE. — Contrihulion à l'éludr de l'immunité humorale chez les Insectes.
Note (') de M. A. Paili.ot, présentée par M. Paul Marchai.
Dans une précédente Note, nous avons émis riiypothèse que la réaction
d'immunité humorale observée dans le sang des chenilles d'Agrotis segctum
(') Séance du 21 février 1921.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 547
inoculées avec le Bdcilltis melolontha' non lujticfacicns y pouvait se manifester
en dehors de toute activité cellulairo et sans la participation ciï'eclive d'un
anticorps déterminé, ('ette hypothèse est renforcée par les faits d'expériences
suivants : si l'on prélève ascptiquenicnt du sang de chenille à,' Agrolis^ qu'on
ronsemence largement et l'ahandonne en tube ouvert â la températurede 2/1",
les microbes ne subissent aucune transformation granulaire, même après
un séjour prolongé à l'étuve; cependant ils se développent mal, prennent
une forme plus allongée et plus mince que la forme coccohacillaire typique.
Si l'on inocule ce sang infecté dans la cavité générale d'une chenille neuve,
on observe que les microbes subissent très rapidement dans le sang la
transformation granulaire suivie aussitôt de bactériolyse. La réaction est
du même type que celle observée dans le sang des chenilles en état d'immu-
nité, à la suite de l'inoculation de bacilles de culture. Elle est terminée
généralement vers la deuxième heure qui suit l'inoculation et souvent à la
fin de la première.
On peut reproduire la réaction in intro en ajoutant du sang frais au sang
infecté, mais la transformation en granulations est toujours incomplète.
Les mêmes phénomènes qui viennent d'être décrits se manifestent lorsqu'on
se sert de sang centifugé au lieu de sang complet : il semble donc bien,
ainsi que nous l'avons déjà montré pour d'autres faits d'expériences, que
les éléments cellulaires du sang n'interviennent pas dans les réactions
humorales du nouveau type.
A la suite de l'inoculation du sang complet ou du sang centrifugé infecté,
et immédiatement après la disparition des microbes, le sang de la chenille
est capable de réagir à nouveau sur les microbes de culture, comme le sang
des chenilles en état d'immunité.
Ce fait démontre la possibilité d'accélérer dans une large mesure
l'immunisation des chenilles; alors que cette immunisation est complète
seulement après un séjour de •i[\ heures à la température de i[\° avec la
méthode ordinaire, avec l'autre méthode, elle le devient d'emblée dès
après l'inoculation.
Les théories modernes ne peuvent donner de ces différents faits qu'une
explication insuffisante. L'hypothèse cjue nous avons admise précédem-
ment, et dont la conception est antérieure à leur découverte, rend mieux
compte de leur nature. Entre les miciobes et le sang, se produisent des
réactions colloïdales complexes qui modifient plus ou moins profondément la
nature des uns et de l'autre. Si l'on admet que le microbe est en état d'équi-
libre instable dans le nouveau milieu, il suffira d'un changement insensible
548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la composition du sang, de Taddition, par exemple, d'un éleclrolyte
normalement présent dans le sang vivant, pour rompre Tétat d'équilibre et
déclencher les phases ultimes de la réaction humorale (granulation et
baclériolysc). Nous avons vu que le sang circulant était beaucoup plus
actif que le sang de prélèvement, probablement en raison de Taclion oxy-
dante de l'oxygène de l'air sur le ou les éléments actifs du sang.
Il est possible, en deinière analyse, que les phases ultimes de la réaction
bactériolytique ne mettent en jeu qu'un petit nombre de constituants
nouveaux du sang, ceux, par exemple, qui sont détruits vers ■jo°-'j5°',
mais la réaction considérée dans son ensemble nous apparaît infiniment
plus complexe. De toute façon, on ne peut guère assimiler la baclériolysc
à l'action d'une diastase sur les microbes.
La théorie nouvelle que nous adoptons pour expliquer l'immunité des
chenilles d'^. segetum contre le B. m. non liquefaciens est susceptible,
croyons-nous, de s'appliquer à d'autres cas d'immunité humorale, au
moins chez les Insectes. Mais, pour le moment, nous la considérons comme
une théorie provisoire destinée, sans aucun doute, à être modifiée par la
suite. Son importance réside pour nous dans le fait qu'elle élargit la ques-
tion de l'immunité et permet d'entrevoir des possibilités d'explication de
faits encore obscurs ou inexplicables par la théorie généralement admise.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la chaleur sur Vactivité de ta salicinase.
Note de MM. Gabriel Bertrand et Autuub Ccmpton, présentée par
M. Roux.
On sait que l'activité d'une diastase augmente d'abord rapidement avec
la température, passe par un maximum, puis décroît jusqu'à devenir nulle.
On appelle température oplima la température à laquelle correspond la plus
grande activité et température mortelle celle à laquelle la diastase devient
inerte. Communément, on admet que chaque diastase possède une tempé-
rature optima et une température mortelle propres et l'on va quelquefois
jusqu'à comparer ces températures à de véritables constantes physi(|ues,
analogues aux points de fusion et d'ébullition de certaines substances
définies.
Nous avons démontré, en opérant sur l'amygdalase et sur l'amygda-
linase, que la température optima, loin d'être constante et, par suite,
facile à retrouver quelles que soient les conditions expérimentales, varie
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I921. 549
au contraire, dans une large mesure, suivant la durée de Taclion : elle est
d'autant plus haute, toutes choses égales d'ailleurs, que le temps accordé
à la diastase pour agir sur la substance passive est plus court (').
Étant donnée l'importance de cette observation au point de vue des
recherches sur les diastases en général, nous avons étendu nos expériences
à la salicinase que nous avions découverte, à côté de l'amygdalasc et de
l'amygdalinase, dans les amandes (-). Mais, au lieu de déterminer,
comme précédemment, les températures oplima correspondant seulement
à deux durées d'action différentes (2 heures et i5 heures), nous avons mul-
tiplié les séries d'expériences el les avons échelonnées depuis la durée
d'action de i heure jusqu'à celle de 4 jours. Nous avons recherché en
même temps les températures mortelles.
Pour avoir de bonnes mesures dans un tel genre de recherches, il faut
que les proportions de glucoside hydrolyse soient assez grandes, mais il
ne faut pas qu'elles soient trop rapprochées de l'iiydrolyse totale. En consé-
quence, nous avons choisi des concentrations diastasiques permettant
d'hydrolyser de la moitié aux deux tiers environ de la salicine présente.
Naturellement, ces concentrations ont été d'autant plus faibles que les
durées d'action ont été plus longues. Quant aux concentrations du gluco-
side, elles ont été d'une molécule-gramme pour i5' dans presque toutes les
expériences et d'une molécule-gramme pour 27', 5 dans les expériences
de 2 heures et de i5 heures. Ces variations ne devaient pas avoir d'in-
fluence sur la marche du phénomène envisagé, car il avait été établi par
une élude préliminaire de l'un de nous que ni la concentration de la dias-
tase, ni la concentration du glucoside ne modifient la température
optima (').
En construisant les courbes correspondant à chaque série d'expériences,
nous avons obtenu les températures optima et les températures mortelles
suivantes :
(') Comptes rendus, l. 152, 1911, p- i5i8.
(-) Comptes rendus, t. 137, igiS, p. 797.
(^) A. CoMPTON, Ann. Inst. Past., t. 28, 191/4, p,
55o
ACADEMIE DES SCIENCES.
Durée Poids Poids \olume Tempér
des de de de
Séries. expériences, diastase. glucoside. solution. oplinia. mortelles.
h mi; nig cm' o . o
1 1 r>.o 386 i5 -+-55 +69
2 ■->. 8,0 309 30 +5 1,5 +68
3 ■ S 2,2 - 286 i5 +43 -t- G5
4 i5 1,3 209 3o -+--59 + G?
5 :>.o 1,5 286 i5 -+-35 +60
G 22 1 .0 286 i5 -t-33,5 +60
7 27 1,5 28G I .") -t- 33 +59
8 33 1,0 286 i5 -^ .3(1,5 -^59
9 45 i.o 286 i5 -f- 3o +57
10 G', . 1,0 286 i5 + 39 +56
11 ()G 1,0 286 i5 + 3o +54
Ces résiillats montrent qu'au point de vue de la température oplima
la salicinase se comporte comme l'amygdalase et Tamygdalinase. Ils
80
Temjiéra tares opi'imô
Sàlicinâse
DUREESUN HEURES^
montrent, en outre, ce qui n'était pas encore apparu d une manière aussi
nette, que la température mortelle varie aussi en sens inverse de la durée
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 55l
des expériences, ou, ce qui revient au même, du temps pendant lequel la
diastase est soumise à l'action destructrice de la chaleur.
Mais co n'est pas tout. l"^n portant en abscisses les durées d'expériences et
en ordonnées les températures optima et les températures mortelles, on
obtient deux courbes continues très suggestives.
On voit, en effet, qu'au-dessous d'une certaine température, voisine ici
de -f- 3o°, la température optima cesse pour ainsi dire de diminuer
quand on prolonge la durée d'action de la diastase. A partir et au-dessous
de cette température, la diastase ne subit donc pour ainsi dire plus de
décomposition sous l'influence de la chaleur : elle est dans une zone de
thermostabilité qui correspond aux conditions de son apparition et de son
fonctionnement dans le végétal el à laquelle on fera bien, désormais,
d'attacher de l'importance lorsqu'on voudra étudier le rôle physiologique
et les lois d'action d'une diastase.
On voit, d'autre part, qu'en plaçant le réactif diastasique dans des condi-
tions de température de plus en plus élevée, on exalte continuellement sa
vitesse d'action, phénomène conforme, dans son allure, à la loi générale
d'action de la chaleur sur les réactions chimiques.
Il résulte de toutes ces observations que la notion de température optima,
telle qu'on la conçoit ordinairement, disparait. Elle fait place à celle que
l'on pourrait appeler de la température maxima d'activité, température la
plus haute à laquelle la diastase puisse encore opérer comme catalyseur.
Cette température, voisine de 4- 70" dans le cas de la salicinase, est en
même temps la plus élevée que puisse atteindre passagèrement le ferment
soluble. Ainsi, la température maxima d'activité est aussi celle de destruc-
tion instantanée de la diastase par la chaleur.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Injluence de quelques bases organiques et de leur
cldorlivdratc sur l' activité de l'amylase pancréatique. Note de MM. A.
Desgrêz et R. MooG, présentée par M. d'Arsonval.
Nous avons établi, avec P. Régnier ('), l'action favorable exercée, dans
l'organisme, par le chlorhydrate de triméthylamine sur la destruction des
composés ternaires. Il nous a dès lors paru intéressant de déterminer l'in-
fluence propre de ce sel, de ses analogues et des bases libres correspondantes,
(') Comptes rendus, t. 133, 1911, p. 1288.
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur certaines actions diastasiques(' ). ISos recherches ont d'abord porté sur
l'amylase''pancréatique. Elles ont été effectuées avec l'empois d'amidon à
2 pour loo, en présence du fluorure de sodium, pour éviter l'action des
ferments figurés. La diastase était employée soit sous la forme de solution
glycérinée de pancréatine sèche, soit à l'état d'extrait glycérine de pancréas.
Dans chaque série d'expériences, on opère de la façon suivante : un premier
ballon, qui sert de témoin, reçoit loo""' d'empois fluoré et i""' de solution
d'amylase ; aux substances précédentes, on ajoute, dans les ballons suivants,
une quantité variable (of''.ooi à o''', lo) de la substance, base ou sel, dont on
veut déterminer l'influence. Les mélanges sont maintenus à l'étuve pendant
un temps variant de 5 à 24 heures. Au sortir de l'étuve, tous les ballons sont
portés dans un bain-marie bouillant, de façon à arrêter le travail diasta-
sique. Après avoir remplacé l'eau évaporée pour rétablir le volume initial,
on titre, à la liqueur de Fehling diluée au dixième, le sucre qui a pris
naissance.
Les substances essayées ont été la triméthylamine,la monométhylamine,
la triéthylamine et les chlorhydrates de ces bases (solution à i pour 100).
Les tableaux dressés à l'aide de plusieurs séries d'expériences montrent
que ces chlorhydrates exercent une influence favorisante marquée sur
l'action de l'amylase pancréatique. Alors que le ballon témoin donne, par
exemple, o'^,S'j de maltose, celui qui a reçu o^, 10 de chlorhydrate de tri-
méthylamine en donne i^,5o dans le même temps.
Le sel de triéthylamine exerce une influence parallèle, mais sensible-
ment moins prononcée. L'action du chlorhydrate de monométhylamine est
plus marquée que celle du chlorhydrate de la base tertiaire ; le maltose
formé passe, par exemple, avec le premier sel, de 0^,43 à o*'',83; avec le
second, de 0*^,43 à 0*^,65 seulement.
Les bases libres exercent, au contraire, une influence inhibitrice consi-
dérable sur l'activité diastasique : 5"" de triéthylamine suffisent à faire
tomber la proportion de maltose de 0^,29 à o^,o5. L'influence de la Irinié-
thylamine est notablement moins marquée, car, avec la même quantité
de base, le sucre formé ne tombe que de 0*^,68 à 0^,5^.
Il nous a paru intéressant de déterminer également l'influence comparée
de l'ammoniaque et de son chlorhydrate. La base libre provoque, comme
les précédentes, un ralentissement considérable de l'action diastasicjue.
(') Ces reclierchos onl élé commencées avec le concours de \. Moog, morl, depuis,
aux armées.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 553
Quant au chlorhydrate, soit à faihle dose, soit môuie à fî pour 100, il n'a
permis de constater aucune variation sensible de la proportion de maltose
fournie par le ballon témoin.
Les chlorhydrates des trois bases organiques précédentes, sels qui se ren-
contrent dans l'organisme, sont donc favorables à l'action de l'amylase
pancréatique. Les bases libres sont, au contraire, nuisibles à ce processus
diastasique.
Il y a lieu de se demander si l'acide chlorhydriquequi proviendrait d'une
dissociation des sels employés dans nos expériences ne peut pas, à lui seul,
accélérer l'hydrolyse de l'amidon. Pour prévenir cette objection, nous
avons placé à l'étuve, pendant 24 heures, 100""" d'une solution de pancréa-
tine et d'empois lluoré. Les dosages ont donné, en maltose produit: i''o''',43i ,
sans addition d'acide chlorhydrique au liquide ; 2° 01=', 429, avec addition
de i""' d'acide — ; oi*,384, avec 2™' d'acide et o''',i44i avec i""'. Loin
d'être une accélération du processus hydrolytique, c'est donc un léger
ralentissement qui est produit par la présence de faibles quantités d'acide
chlorhydrique.
Les auteurs qui ont étudié l'action favorisante de certains ions sur
l'amylase pancréatique (H. Bierry, Henri, Ambard) avaient limité leurs
recherches à certains éleclrolytes. On n'avait pas encore abordé l'étude de
l'aclion activante des chlorhydrates de bases organiques,
MÉDECINE. — Élude de quelques réactions leitaocytaires consécutives aux
injections intraveineuses. Note de MM. H. Grenet, H. Dkouin et
M. Gaillard, présentée par M. d'Arsonval.
Nous avons étudié les modifications leucocytaires consécutives aux
injections intraveineuses de diverses substances, en recherchant dans quelle
mesure elles sont influencées par l'état physique et par la nature chimique
du produit injecté. Les nombreux travaux déjà consacrés à cette question
sont fragmentaires, et ne comprennent cjue l'élude de certaines substances
prises isolément. Nous avons fait des expériences comparatives, portant
sur divers métaux, métalloïdes ou sels, bien définis.
L'animal qui a servi à nos recherches est le lapin.
Nous avons constaté d'abord que l'eau distillée ne détermine pas de
modifications leucocytaires appréciables.
G. R., igii, I" Semestre. (T. 172, N" 9.) 4^ '
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les Tableaux suivants montrent quelques-unes des réactions observées
après une seule injection intraveineuse :
RÉACTIONS OBSERVÉES APRÈS UNE INJECTION INTRAVEINEUSE DE 3""'.
Chlorure de sodium (solution isotonique à 9 pour 1000).
Après
4 jours.
Leucoc. par mm'. . . . i53oo 16600 16200 17600 aSooo igSou
Poly. neùlro. (p. 100). 58 58 65 6- 69 61:
Gr. et Moy, Mono. .
Lymphocytes
Eosinophiles
Formes de Trans.. .
lodure de potassium (solution isotonitjue à 25 pour 1000).
Après
Leucoc. par mm^. . . .
Poly. neutre, (p. luo).
Gr. et Moy. Mono. . .
Lymphocytes
Eosinophiles
Formes de Trans. . . .
Avant
1 heure.
__^_
l'iDJection.
C licures.
24 heures.
2 jour-
i53oo
16600
16200
17600
23 00
58
58
65
67
69
3o
10
27 j
12 )
35
33
{ '9
( 6
0
I
0
0
3
9
2
0
0
3
Avant
l'injection.
1 heure.
6 heures.
24 heures.
2 jours.
4 jours.
I I 900
l33oo
14900
1 4 000
1 2 000
1 I 3oo
56
61
,5l
46
55,5
52
3o
3o
35
38 1
1 3o
^4,.J
Chlorure de didynie (solution à 10 pour 1000).
•Après
l'injection. 1 heure. 0 heures. 24 heures. 2 jours. 4 jours. 7 jours.
Leucoc. par mm^. .. . i3oùo i4ooo i5ooo 19800 19000 17000 8000
Poly. neutre. (p. 100). 5i 4^ 4" 4<' 43 49 55
Gr. et Moy, Mono. . . '^i 34 45 46 4' 33 3o
Lymphocytes 7 18 12 i4 i5 16 10
Eosinophiles o i 1 o o 1 2
Formes de Trans.. . . 022011 3
Didyme colloïdal.
LeucDC. par mm'. . .
Poly. neutre, (p. 100)
Gr. et Moy. Mono..
l.,ymphocyles
Eosinophiles
Fermes de Trans.. . ,
Avant
l'inject.
\h min.
1 h.
0 11.
2i h.
2 jours.
4 jours.
Tjours.
12 5oo
1 4 000
io5oo
8000
i2 85o
18000
l5ooo
10000
52
53
55
60
46
45
5i
53
33
4o
3o
28
39
39
■«9
33
i3
7
i3
12
12
12
iG
10
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1921. 555
Argent co/Zo^c/a/ (Elecliargol Clin, isolonisé, non stabilisé).
Apres
Avani — — ^ — ^
l'injection. 1 heure. 6 heures. 21 heures. 2 jours. 4 jours. 7 jours.
Leiicoc. par mm'. . . . i465o 1 1 25o 1 1 250 17400 i5ooo i3ooo iSooo
Poly. neutro (p. 100). 48 5t) 68 72 62 46 ''s
Gr. el moy. Mono. . . 3o ) , , ( 20 ) , 1 Qo ) ^, ,„
II. } |t> o ^4 ^4 4^
Lymplioc3les 20 ) I ° ) ( '^ S
Eosinophiles o i 'o 1200
Formes de trans 2 3 4 3 4 00
Ces Tableaux montrent :
1° Que les solutions de concentration moyenne provoquent d'emblée de
la leucocytose sans stade de leucopénie;
2° Que le type de la leucocytose varie selon la nature de la solution
injectée : le chlorure de sodium détermine une leucocytose polynucléaire
qui se maintient plusieurs jours après une seule injection. Mêmes résultats,
dans d'autres expériences, avec le chlorure de potassium el le nitrate d'argent
à I pour 1000.
Au contraire les iodures, quel que soit le métal (potassium, sodium), les
sels de didyme, quel que soit le métalloïde (chlorures, iodures), déterminent
une leucocytose mononucléaire qui s'établit d'emblée.
3° Que l'injection intraveineuse d'un colloïde quelconque provoque
une phase de leucopénie (choc hémoclasique) avec polynucléose relative;
puis, au bout de 24 heures, apparaît la leucocytose. Mais, à partir de ce
moment, la forme de la leucocytose varie selon la nature da produit
injecté : polynucléose avec l'argent; mononucléose avec le didyme, et aussi
avec un complexe colloïdal iode-glycogène. La leucocytose présente donc
alors un type analogue à celui que l'on observe après injection d'une solu-
tion vraie de substances actives de la même série (sels d'argent, de
didyme, iodures).
Il résulte de ces recherches que les soluiions injectées dans les veines
déterminent d'emblée une leucocytose dont la forme varie selon la nature
du produit employé ;
Et que, d'autre part, les colloïdes agissent d'abord en fonction de leur état
physique (leucopénie constante avec polynucléose relative), et ensuite, au
bout d'un temps assez court, en fonction de leur nature chimique, la leuco-
cytose affectant dès qu'elle apparaît, un type variable (mononucléose ou
polynucléose) "selon le colloïde utilisé. On peut supposer que c'est au
556 ACADÉMIE DES SCIENCES,
moment où celui-ci se dissout que survient cette deuxième phase, qui est la
plus longue. Ainsi se précise ce qui revient, dans \es réactions sanguines,
d'une part à l'étal physique (solution vraie ou pseudo-solution colloïdale)
du produit injecté, et d'autre part à sa nature chimique, qui règle seule les
modifications les plus durables.
.MÉDECINE. — Sur la recherche des vibrations thoraciqiies chez la femme et
l'enfant dans les pleurésies. Note de M. Hknri Frossakd, présentée par
M. d'Arsonval.
On s'accorde à déplorer que les vibrations thoraciques soient difficile-
ment perçues chez la femme et l'enfant à cause de leur voix trop grêle.
Ce symptôme de premier ordre peut cependant être recherché avec
succès à la condition de faire compter les malades non seulement à voix
forte^ mais encore et surtout à voix très gra<.'e.
En effet le thorax de la femme a une capacité très voisine de celle du
thorax de l'homme.
Il en résulte qu'ils constituent des résonnalcurs presque équivalents et par
conséquent ne vibrant que pour des sons de même hauteur, ou très voisins.
Or il faut se rappeler que la femme parle un octave plus haut que l'homme.
Le résonnateur féminin ne peut donc normalement vibrer à la palpation
si l'on ne fait pas produire des sons très graves analogues aux sons normaux
de la voix de l'homme.
Il en est de même pour l'enfant.
La séance est levée à i6 heures.
A. Lx.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 7 M VUS 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Gt;oiu.KS LEMOI.NE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce que le Tome 1(57 (juillet-décembre
1918) des Comptes rendus est en distribution au Secrétariat.
MÉCANIQUE. — Dèlerminntion de l'axe de rotation, de la intesse de rotulion
d'un corps solide et réalisation d\in corps solide sans rotation. Note de
M. G. LiPPMAXX.
Etant donné un système de corps isolés dans l'espace, c'est-à-dire sous-
trait à toute action extérieure, peut-on constater l'existence d'un mouve-
ment de rotation possédé par ce système, et déterminer les constantes de
ce mouvement, sans avoir recours à aucun repère extérieur, à aucun sys-
tème de références, et sans faire usage d'un système de coordonnées,
désigné comme fixe? Une remarque de Newton donne en principe la solu-
tion de ce problème : tout mouvement de rotation produit des forces cen-
trifuges fonctions de la vitesse, forces que l'on peut mettre en évidence
et mesurer à l'aide d'observations faites à l'intérieur du système mobile et
sans avoir recours à aucun repère extérieur.
La bi'ève remarque de Newton demande cependanl à être complétée,
car la vitesse de rotation to n'est pas la seule inconnue du problème : il
peut être nécessaire de déterminer également l'axe de rotation, lequel peut
n'êl re pas donné. Ainsi dans le cas très simple où le système mobile est une
sphèri- rigide et homogène, tout diamètre peut servir d'axe de rotation et
la ligne des pôles n'est pas connue d'avance, puisque l'on ignore a priori
1; R., igji, 1" Semestre. (T. 172, N« 10.) ' 4^
558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
s'il y a rolalion; il y a lieu de calculer les parainèlrcs qui déterminent la
position des pôles. Tel est le cas de la splière homogène que nous considé-
rons dans ce qui suit.
Soit donc un globe sphérique homogène, habité par des observateurs
qui n'y perçoivent aucun mouvement, et qui sont privés de tout point de
repère extérieur. Leur situation est celle djes habitants de la Terre si la
vue du ciel leur avait été de tout temps cachée par dos nuages. Ils veulent
cependant savoir, sil y a rolalion, mesurer la période du mouvement et
marquer sur la surface du globe la posilion des pôles.
Nos observateurs possèdent un pendule géodésique de longueur
réduite /, ainsi qu'un chronomètre parfait. Us font osciller le pendule suc-
cessivement en trois stations X,, X^. X^ établies en des points arbitrairement
choisis à la surface du globe, et délerminenl les valeurs Yi. V^, Ya de l'accé-
lération apparente de la pesanteur aux trois stations. Les résultats de
l'observation fourniront la solution du problème. On suppose en outre
que les observateurs connaissent le rayon n du globe, la densité p de la
matière dont il est fait, ainsi que les distances qui existent entre les trois
stations.
Si le globe était immobile. Faccêlération de la pesanteur aurait en tout
point une même valeur g, égale à la masse divisée par le carré du rayon et
multipliée par la constante /• de l'attraction newlonienne; on aurait donc
en tout point
é= - ~ f p . /. .
Mais l'accélération centrifuge intervient. En X, celte accélération /', est
égale au carré de la vitesse angulaire w, multiplié par le rayon de la circon-
férence décrite, lequel est égal à ^/sinA,, À, étant la distance de la station
au pôle. On a donc
y, = fjj-rt sin'A,.
L'accélération y, observée est la résultante de g et de y,. On a donc, par
le parallélogramme des accélérations,
•/ î = /f + A'' — ayX' cos o, ,
cp, étant l'angle compris entre les directions de J\ et de g. D'ailleurs, ^, est
complémentaire de A, on a donc finalement
2) VÎ = n' -+- («"''J' — 2 i,'(7 f.i'-' ) sin-/.|.
SÉANCE DU 7 MARS I921. SSq
De même,
(3) yl = ^*+ {a'-(^^— lga<ir) sin->ij,
(4) -/:, =^'+(rt=w*— 2^aw2)sin''>.3.
Pour déterminer les inconnues to, A,, "/w, A^, on a les trois équations
précédentes, et, en outre, une relation qui existe entre les carrés du sinus,
puisque les angles X, , "X.,, X3 sont ceux que fait une même direction avec les
rayons de la sphère qui passent par les trois stations. Cette dernière
relation se présente sous une forme compliquée si les stations sont séparées
par des distances quelconques. Supposons que les stations étant d'ailleurs
arbitrairement choisies, on les prenne à 90" les unes des autres. Les angles
X|, Xo, X3 sont alors ceux de Taxe polaire avec trois droites perpendiculaires
entre elles. On a alors simplement
COS'-/,i + COS'Àj -h C0^-}.3 ^ I
et, par conséquent,
sin-),, -\- siii-Â, + sin-Àj ^ 2.
En ajoutant membre à membre les équations (2). (3), (4), il vient
7Î -+- yl -+- 'A = 3^---+- (ft'to'' — 2ffa',r) (sin''^),i -+- sin^/,-!- sin->.:,).
La somme du carré des sinus étant égale à 2, il vient finalement
( 5 ) fl- oj' — 2i,'-(>(,i^+ -(og'^ — 7] -~ yl — yl) = 0.
Cette équation, du second degré en ato'-, donne
(6) ""^'^ff—s/^iy^ + yl + yl-s')-
On a une vérification de l'équation (6) en faisant les remarques suivantes.
Soit le cas particulier où la station X, se trouverait être au pôle, on aurait
alors
y = 5'!
d'autre part, les stations X, et X. se trouveraient, dès lors, sur l'équatour :
on aurait alors
y,=^y,= ye,
en désignant par y,, l'accélération apparente à l'équateur. L'équation (6)
devient
, . , . , . . •A- = ^-au-,
relation évidente ^//?7Yon.
56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'équation ((>) permet encore de formuler les deux propositions sui-
vantes :
i" Le radical t -(y;-+-T'~'" Y' — ê' ) ^^^ ^ë'^'^ ^ Faccélération apparente
mesurée à l'équateur;
2° La somme y; -+- yl 4- y' a une valeur constante, indépendante du choix
des stations, pourvu que celles-ci soient à f)o° les unes des autres.
Les dis lances polaires A,, Âo; >'^n sont données par les équations (2 )à(5).
On a, en eflet, d'après(2),
sin^/.,= ^' ~''' — -
et par suite, d'après (5).
(7)
(8)
(9)
Ces équations donnent la position des pôles par rapport aux trois stations
et perrrteltent d'aller marquer la position des deux pôles à la surface du
globe, sans repère extérieur.
L'équation (6) donne la valeur de la vitesse de rotation en valeur abso-
lue; mais le signe de co n'est pas déterminé. Le double signe lient à ce que
la même accélération centrifuge peulètre produite par deux vitesses de ro-
tation égales et de sens contraires. Pour déterminer le sens de la rotation,
il faut avoir recours à quelque phénomène tel que la déviation de la chute
des graves vers l'Esl.
Connaissant la direction de l'axe polaire et la vitesse de rotation, nos ob-
servateurs peuvent résoudre le jn'oblème suivant : construire un mécanisme
.tel qu'une pièce solide ait une vitesse de rotation nulle. A cet eflet ils instal-
leront, dans une de leursstations, un axe de rotation matériel immobile par
rapport au globe et parallèle à l'axe des pôles. Cela fait, ils feront porter à
cet axe une pièce solide, à laquelle un mouvement d'horlogerie imprimera
une vitesse de rotation égale à -- w. Si cette pièce solide porte une lunette,
cette lunette seia une lunclle parallacliijue. fonclioiiiuinl sans (juc l'on ait
eu recours à aucun repère extérieur.
. ., .
P'—l\
:î(3^=
'—r\ — i\
-yl)
* 0-
^--:/i
^3^^
-"/? — 72
-yl)
fi---n
^(3,^=
— l\ — -l\
-7.)
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 56l
Le |»ai"allélisinc de l'axe de rotation avec la ligne des pôles en fonction
de /V'. X^, X'' peut être obtenu par des opérations géodésirjues, optiques et
physiques, sans l'observation du ciel, (^uant au mouvement de rotation,
sa vitesse est donnée par l'équation ( 6 ), et sans que l'on ait à se préoccuper
du choix de l'unité de temps.
En eiVet, les valeurs de y,, y.^, y^ ont été obtenues à l'aide d'une horloge
dont la graduation est arbitraire. Cette même horloge sert à régler la vitesse
de rotation imprimée à la pièce tournante: il suffit que sa marche reste
constante pendant toute la durée des opérations.
HYDRAULIQUE. — S(ir le rcndemenl maximum des turbines.
Note (' ) de M. DE Sparke.
Nous supposons que la turbine travaille à pleine charge et qu'à son
entrée dans la roue la vitesse relative de l'eau est sensiblement tangente à
l'aube, désignons par ('„ la vitesse de l'eau à la sortie du distributeur, par(v„
et <.\\ les vitesses relatives de l'eau à l'entrée et à la sortie de la roue, par «„
et ;/, les vitesses d'un point des circonférences d'entrée et de sortie de la
turbine, par /„ et ?•, leurs rayons, par a„ et ^„ les angles de v„ et u',, avec «„,
par H la hauteur de chute.
Nous désignerons de plus par avl la perte de charge dans le distributeur
et par bu\ 4- f n'X') c^lte perte de charge dans la roue. Nous aurons alors,
puisque tr„ est la résultante de c,, et de — ;/„ :
siii(|3,| — a„) siiiiîo sinj3o
(2) . "'o=^''ri+"o — ! "o''o C0S3C,,.
Puis par le théorème des forces vives appliqué au mouvement relatif de
l'eau dans la roue, en tenant compte de (2),
( 3 ) ny =; a :,' H — a^'l — i M^r,, cos a,, -1- /('J ^ inr; — cit'-.
Si, de plus, nous désignons par j3, l'angle (v, avec le prolongement de u^
on obtient pour le rendement p, par le théorème des moments des quantités
(') Séance du aS févi-ier 192 1.
(-) D'après M. Râteau {Traité des lurbo-iH'i.cliine<i), 011 pouriaii prenilre environ :
562 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de mouvc-ment (').
(4) ?——ïî\-^^ r -H-' — cosp, — I .
,i-H Lsin(j3„ — «„) /-iVi J.\
Si alors nous posons (-)
(5) y = lli r= '-±!li, :«=rJlL, s-^, x=''° '''"^°
Les équations (3) et (7|) donnent
^= ^(« + c) X^ 4-2(1 — r)Xcosao+ — r + l-'-' (^ -^ ^') — ^ y
' (1 '' î
. p ; ^ 2 X COS «i, -1- 2 ;ji COS j3i — 2.
En éliminanl a entre ces deux équations on aura
4cos^j3, /,
Pour que les racines de cette équation soient réelles, si l'on pose
(7) _r = p;-+-2,
il faudra que Ton ait
Y, élant la racine positive de l'équation
(S) Y--+- 4— 7 B cos-a„Y — 4 cos-a,, -4 A( I + 3 r
'i ''i \ '■;
, r,, , no a -i- c ri
1 + o r;
OÙ Ton a posé
X—_l ^ ! ^ ços^^ n—iliL.
a -\- c \-\- b r\ cos= a.^ n -f- c
On aura alors pour le maximum p, du rendement correspondant à la
valeur donnée de ç, en vertu de (7) et de la valeur de z,
(9) P. = (V,-2)^4=.
' 0
(') Bateau, Traité des turbo-mac/iines, p. i3. ,
(■•) La vitesse relative de l'eau à l'entrée de la roue élnnl supposée lanyeiUe à
l'aube, So est rinciinaison initiale de l'auhe.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 563
D'ailleurs, coin me |)our la valeur \ , de >', les racines de ((3) sont égales,
on en déduira, pour la valeur correspondante de X :
^^Ha + c)
' A cos a,,
Cl l'on en déduira [i„ par la formule
—1 A — COS «0
En prenant, comme nous l'avons dit, a = h ^= o,oG, c = o,i25 et de
plus a„ = ji», = 20°, on trouverait pour ^ = i , p, = o.SiSp, p^ = i5G°44''
Si, dans l'équation (8), nous remplaçons z par sa valeur tirée de (7),
(..•, .='~^
cette équation devient
(12) Y:-4^cos-^a„(-— B)Y
-{- 4 co5-(Z„ — ^ A ' -. I — 4 1^' ; — î cos-a„ cos'pi = o.
'"1 \po >ï ) ' — '' ''I
Pour que les racines de cette équation soient réelles, il faut
^, étant la plus grande racine di- l'équation
'B , /- V , \V-{a^c)
A Acos^a,, l'I ' A ' \ cos-a,, \ z',^
-^ C ] z= o.
On a, par suite, pour le maximum du rendement correspondant à des
valeurs données de a„ et ^|,
(l4) Pm=^'
SI
On aura ensuite, pour la valeur correspondante de Y, puisque les racines
de (12) sont alors égales,
(i5) Y,„=:2^co5^a,YA _bV
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
puis, pour la valeur correspondante de la vitesse relative :,
(.6)
P'i
/■; Y,„-
On aura enfin la valeur correspondante de ^„, par les formules (lo)
et (il), en prenant encore a„ = 3, = 20°, /•, = o,8/-„ et les mêmes valeurs
pour a, h, c, on trouve
p,„r=o,<)oo6, £ = 0,6740, j3(,^84°o'.
Toutefois on aura en général intérêt, si Ton désire une turbine rapide,
à faire un certain sacrifice sur le rendement pour obtenir une valeur plus
grande pour \. Dans ce cas on calculera d'abord, comme nous venons de le
dire, la valeur de p„, ('), puis on prendra pour s une valeur s, légèrement
inférieure à p,„. Pour cette valeur c, de p on déduira, par rc(|uation (12),
deux valeurs de Y; on prendra la plus petite, Y,, on en déduira :^ de l'équa-
tion (.9), et (10) et (i I ) feront connaître la valeur correspondante de Ji,,.
En prenant ainsi p, = o,8g(-), on trouve : = 0,7811, [3„ = 12 i"5i'.
Si l'on avait pris p, = 0.88, on aurait trouvé ; = o,()2;0. !3„ = i23''37'.
On voit qu'en sacrifiant i pour 100 sur le rendement, on gagne 11
pour 100 sur la vitesse relative de la turbine, et qu'en sacrifiant 2 pour 100
sur le rendement, on gagne 25 pour 100 sur la vitesse relative (^ ).
COMMISSIOiXS.
Le scrutin pour la nomination des commissions de prix de 192 1, ouvert
en la séance du 28 février, est clos en celle du - mars.
Le dépouillement des cahiers de vote donne les résultats suivants :
\. M.vrinaiATK.iui.s : l'rix lÎDrdin. Fraiinrur. — MM. .lordan, \ppell,
l'ainlevé, Hadamard, Goursat, .\...; 13oussines(|, lùnile Picard, Lecornu.
Aucun autre sull'rage n'a été exprimé.
(') Car p varie ienleinent dans le voisinai;e de son ma^iiiiuni o,,,.
{-) L-js autres données restent les mèine>.
(^) Nous avons, dans ce qui précède, négligé finlluence des fuites et les rendements
seraient, par suite, à corriger de leur inlliience; toutefois, cela n'influerait que peu
sur la valeur de po, correspondant aux maxima de p.
SÉANCE DU 7 MARS I921. 56'i
II. iMiicwiOLiî : l'rlr Monlyo/i , /'onre/ct, lioileau, l'icrson-l'crrin. --
MM. Boussincsq, Sebert, Vieille, Lecornu. Kd-nigs, Mesnager: Jordan,
Haton de la Goupillière, Berlin.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. I^mile Picard. Appell.
III. AsruoNOMiK : Piir Lalande^ Uenjamin Vah, Pierre Giizman, G. de
Pontécoiildnt . — MM. Deslandres, Bigourdan, Baillaud, Hamy, Puiseux,
Andoyer; Jordan, Lippniann, hjiiile Picard.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Boussincsq, Appell.
IV. GKor.r.APiiiE : Prl.v Cay, fondation Tchihalchef. — MM. (irandidier,
Bertin, Lallemand, Fournier, lîourgeois, Favé; Edmond Perrier, duignard,
le prince Bonaparte.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Douvillé, Lecomle.
V. Navigation : Prix de six mille francs. Plumer. — MM. Grandidier,
Boussincsq, Sebert, Bertin, Vieille, Lallemand, Lecornu, Fournier, Bour-
geois, Kœnigs, Favé, Mesnager.
VI. PiiYsioui: : Pri.v Gaston Planté, Hébert, Henri de Par<,'ille, Hughes,
fondation Clément Féli.v. — MM. Lippmann, Violle, Bouty, Villard,
Branly, Daniel Bertbelot; Boussincsq, Emile Picard,. Carpenticr.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Appell, Paul Janet.
VII. CiiunE : Prix Montyon des arts insalubres, Jecker, fondation
Cahours, prix Berthelot, Houzeau. — MM. Lemoine, Haller, Le Cliatelier,
Moureu, Béhal, N...; Schhrsing, Maquenne, Lindet.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Roux. A. Lacroix.
VIII. MiNÉRALOGiii ET Géologm'. : Prîx Cuvier, Delesse, Victor Paulin, Joseph
Labbé. — MM. Barrois, Douvillé, Wallerant, Termier, de Launay, Haug;
Edmond Perrier, A. Lacroix, Depéret.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. le prince Bonaparte,
Kilian.
IX. BoTAMouE : Prix Desmazières, Montagne, Jean Thore, de Coince', Jean
de Hufz de Lavison. — .MM. Guignard, Gaston Bonnier, Mangin, ( los-
tantin, Lecomte, Dangeard ; Edmond Perrier, Bouvier, le prince Bonaparte.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Henneguy, Flabault.
X. Anatojme El" Zoologie : Prix da Gama Machado, fondation Sa^ignv. — •
£66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
INIM. Ilanvicr, Edmond Perrier, Bouvier, Hennegiiy. Marchai, Joubin:
Grandidier. Laveran, le prince Bonaparte.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. d' \rsonval. Douvillé.
XI. Méijf.cune rr CmuuiiiiiF. : Prix Monlvoii, Barbier. Brêtinl, Godard, Mége,
BcUioii, Uirrcy. Argiit. — MM. d'Arsonval. Laveran. Charles Richet.
Quénu, Widal. Bazy; Edmond Perrier. (iuignard, Roux. Henneguy,
Branly.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Leclainche. Joubin.
XII. PnYSiOi.oc.ii: : Prix Montyon, LidlciiKiiid. Pliilijxdiir. Funiiy Emdcn.
— MM. Edmond Perrier. d'Aisonvai. Roux, Laveran. Henneguy. Mangiii.
Chailes Richet.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. de Grainont. Quénu.
XIIL Fonds Cluirlcs Bouchard. — MM. Edmond Perrier. d'Arsonval.
Guignard. Roux. Laveran, Henneguy, Mangin. Branly. Charles Richet.
Quénu. AVidal. Bazy.
XIV. Prix Monlyon de sitilisliqur. - MM. de Freycinet, Haton de la
Goupillière, Emile Picard, Appell, ^ iolle, le prince Bonaparte. Tisserand.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Boussinesq. Lecomte.
.W. HisToir.i: i:r imiilosoi'iiiI': des sciences : Pri.c Binonx. — MM. Gran-
didier, Emile Picard. Appell, Edmond Perrier, Bouvier, Bigourdan, de
Launay.
Ont ol)tenu ensuite le plus de suffrages : MM. Boussinesq, Danitl
Barthelot.
XVI. Médtnllc.s Arago. fjn-olsicr. Bcrilirloi. — MM. Lemoine. Berlin.
l"]mile Picard, A. Lacroix.
XVII. Pri.v (iitsiai'r Houx. Thorici. foiidalions Lnimelongue. Treiiionl.
(iegner. Henri Becquerel. — MM. Lemoine, Berlin, Emile Picard, A.
Lacroix, Appell, Edmond Perrier.
XVI II. Grand prix des sciences pliysiques. - M\I. Edmond Perrier,
d'Arsonval, Guignard, A. Lacroix, Uouvillé, Le Chatelier. Termier.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Roux. Lecomte.
XIX. Pri V Petit d'Orinoy (^sciences inaihémaliques). — \l\l. Jordan,
Boussinesq, l]mile Picard, Appell, Painlevé, Bigourdan. Lecornu.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. \ iellle. KoMiigs.
SÉANCE DU 7 MAHS 1921. 5()7
XX. l'ri.v l'iiil (l'Ormoy (sciences iialiircllcs ). — \IM. (iui^iiarcl. Koiix,
Bouvier, A. I^iicroix. Douvillé, Mangin, l'erniier.
Ont obtenu ensuite le plus de suilVages : MM. lùlmond Perrier,
Ucnneguy.
X\l. Prix Jciin RcyjkiikL — MM. Jordan, l'imilc Picard, d' Arsonval,
Roux, A. Lacroix, Lindel. Breton.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : _\l\l. Guignard. \ iollo.
XXII. Prix (lu Ixirou de Joes/. — MM. l']dnioud Perrier, Guignard.
Boux, Haller. le prince Bonaparte. Lindct. Brelou.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. d'Arsonval, V. Lacroix.
XXIII. Pii.v PdiLin. — MM. (iuignaid, Boux, Laveran. A. Lacroix,
Bigourdan. Douvillé. Termier.
Ont obtenu ensuite le plus de sulfragcs : MM. \ ioUe. Charles Ricliet.
XXIV. P/i.c Sdin/our. — MM. Jordan, Fjoussinesq, Lippuiann, Lmile
Picard, Appcll, Bigourdan, Baillaud.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. VioUe, Kœnigs.
XXV. Piix Henri de Panifie (ouvrages de science). — MM. Lemoine.
Bertin, Lmile Picard, A. Lacroix; Appell, Moureu, Paul Janet.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Boussinesq. Haller. le
prince Bonaparte.
XXVL Prix Lonclicimpl. — MM. Edmond Perrier, Guignard, Roux,
Laveran, Maquenne, Mangin, Charles Hichet.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. \. Lacroix, Leclainche.
XXVIL Prix Henry Wilde. — MM. Grandidier. Lippmaan, Lmile
Picard, Guignard, A ioUe, A. Lacroix, Bigourdan.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. BDUssinesq, Appell.
XXVIIL (^)uestion à proposer pour le Grand prix des Sciences niallté-
matiques à décerner en i()2''|. — MM. Jordan, Boussinesq, l']mile Picard,
Appell, Painlevé, Hamy, Lecornu.
Ont obtenu ensuite le plus de sullVages : MM. Bigourdan. Goursat.
XXIX. (Question à proposer pour le Prix ffordin (sciences physiques)
à décerner en 1921. — MM. Edmond Perrier, Guignard. Houx, Haller,
Schlœsing. A. Lacroix, Douvillé.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Bouvier. Mangin.
568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPOXDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces iin[)rimées de la
Correspondance :
D. M.vM i-.L VKL.v.sr.o DE Pando, Calculo de las Probahilidades.
DuRr,APi\A.s\N.\'.v BiiAT TACiiARYY.v, Vcctor calculits.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Variation de la fonclion qui fournil la rcprè-
scntation con forme d'une aire sur un cercle, lorsque te conloiir de l'aire rtirie.
Mole de M. Gastox Julia.
1. Le contour C de Taire sera une courbe analytique fermée. A un point
intérieur, Al une direction issue de A. Par Z = fx(:-), C devient le cercle
r[|Z I = i], A devient l'origine O du plan Z, A/ devient la direction OT fixée
à l'avance.
On donne à ; une valeui- fixe B intérieure à C: alors //^ /"^(B) dépend
du contour C. Etudier sa variation ob en fonction de la variation du contour,
définie par un déplacement normal on en chaque point M de C, compté
positivement vers l'intérieur de C.
M. Iladamard a déjà donné l'équation
J,- dliyi (Inyx
pour la variation de g(A, B) = — log \J\( B)|.
On en déduit aussitôt la relation
o; étant la variation normale de Va/fixe z du point M, (jiiand on passe du
contour (Z au contour varié C,.
Comme /Ji(-) est une l'onction lioinograplii(|uc de y\(r. ), il vient, api'ès
calculs simples,
SFANCE DU 7 ^rARS 1921.
56()
0 3 r/;
./,,Zi'/.— 61 "./„
Les dernières intégrales sont élenrlues au cercle T du plan Z.
2. Celte équation
(2)
' o7, r/Z
•/A'I.-b)
s'obtient directement, sans passer par réqualion(i) de M. Hadamard, en
remarquant que i^b -f- Cib) est une fonction analytique de b, dans le plan de
la variable Z, et qu'elle transforme le contour F,, décrit par Z, quand s
décrit le contour varié C, voisin de C, en F. On voit alors bien facilement
que -j-, partie principale de la fonction log — -r — > prend sur F des valeurs
dont la partie réelle est précisément ÔN, écart normal entre F et F,. La réso-
lution du problème de Diricblet pour le cercle F donne alors
'^\-r)= — / '^^ -7X1 'o?
b\dS:
o7.
N d log
7.- b
qui n'est autre que l'équation (2), car-^^ = — oN.
3. En posant Z = ^, dans la deuxième intégrale de (2), Z et Z„ sont
conjugués sur F et il vient
(3)
i^J?'^''-^"^-M''"A^'-^\
oN(Z) indique le déplacement normal à F au point Z d'aigument 9. Dans
la deuxième intégrale de (3), dX^ et it'/j ne sont pas conjugués, mais r/Z,, et
— (IL le sont. Moyennant celte remarque, (3) devient
(4)
db
=-4/r-'^"'^-4U'S]'
et, par conséquent,
' / .-V, ,., , « / oi\ d/.
, / rj^{/.)d'^~ - -+(C.
27rA ^ TjyL—b
570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais la cunslniitc réelle C est nulle puisque les deux fonctions /' et h -t- cZ»
font prendre à A/ la même direction ()T.
En définitive, il vient
oA(B) _ j_ Çb + L oLdf.
y\(C) ~ 'îT.ijyb-'L /J '
et, i-n revenant au contour C,
) .A'B)
(5)
La quanlité-T— / oN(Z)f/^, quiintervenail dans lescalculs précédents,
a une signification précise donnée par
(6)
ô/i(A) I foLcTL
/.UA)
Au contour,
La formule (G) s'obtient aiséaicnt en faisant tendre B vers A dans la
formule (5).
GÉOMÉTRIE INFIMTÉSIMALE. — Svslcmes ailiculés (U'formables et -couples de
surfaces qui s'en déduisent. Note ( ') de M. Iîertba.nd Gamdier, présentée
par M. G. Kœnigs.
L J'ai indiqué dans ma Note du i4 février 1921 l'unique système articulé
transformable constitué de deux surfaces ou de deux courbes et les quatre
seuls systèmes dèfoniiahles constitués de deux courbes, en me bornant,
pour ceux-ci, à ceux qui n'exigent pas la notion d'embranc/iement ; i\\cc cotte
notion, on peut définir trois types nouveaux :
Cinquième type. — Le type II est constitué par une courbe plane C et une
droite D perpendiculaire au plan de C; soit un systèmeC,, D, de même défi-
nition. On peut transformer C en D, et D en G,, en prenant comme défor-
(') Séance du 'H février 1921.
SÉANCE DU 7 MARS I921. 671
iiKilion cnilintm-linnciil un couple de deux droites sécantes rectangulaires
A, A, et appliquant la déformation I à (C. D) ou (C,, D,).
Sixième Ivpc. — Appelons plan/J7-«>îa/;rt/d'une conique le plan mené par un
des axes perpendiculairement au plan de cette conique. Le mécanisme formé
d'une conique (rt) et d'une courbe plane (/>) dans un plan principal de {a)
peut, comme type IIF ou IV, être déformé en une droite D et une courbe
plane C dont le plan contient D; (C, D) est l'embrancbement qui permet
de passer au type I, avec une courbe gauche F et une droite D. Quand (a)
et (/>) sont données, C est unique. Quand F et D sont données, on peut
obtenir une conique (o) arhilrairc.
Septième type. — Une quadrique de révolution et son axe peuvent être
réduits à une méridienne et l'axe; cette position d'embranchement est un
cas particulier du sixième type; on peut échanger l'axe avec la quadrique
et inversement.
2. Feterson et Darboux (') ont montré que la surface S la plus générale
admettant deux familles conjuguées formées de courbes de contact, l'une de
cylindres, l'autre de cônes, est donnée par les formules
(i) X = \[j,— fa,d\, Y = AA,— Trt.f/A, Y. = A/>,— h,,dA,
où b,, b.,, b, sont fonctions d'un [)ardmètre ^, et a,, a.,, a.^, A d'un autre a,
A n'étant pas constant. La surface, de définition semblable, S,,
(2) \ = \\i,- f\,d.\, Yz=XB,— f\,dA, Zr=kB,~ JA.dA
est applicable sur S si l'on a à la fois
{?,) (fl,— i'>, I-+ {a, — /},}■'-+■ {a^— 63,2=;(A,— B,)-+( A-2— Bj)-+ ( A,— Bj)^
• (4) db'i-Jrdl>l + dbi = d\r^-i-dBl + dBl.
. L'équation (3) définit tous les mécanismes de cette Note et de la précé-
dente; l'équation (4) ne peut être vérifiée que par certains mécanismes du
type II, III ou VI. Le type général II réussit à donner une première surface S
ne dépendant pas du paramètre de déformation et l'on obtient alors une
famille à un paramètre de surfaces toutes applicables, comme le montrent
Pcterson et Darboux. Mais pour III ou VI on doit fixer les constantes de
déformation du mécanisme, S et S, en dépendent toutes deux, de sorte
qu'une fois A fixé, on obtient à chaque fois un couple et un seul. On obtient
C) Théorie des surfaces, 2'" édition, t. 1, p. 182.
572 ACADÉMIE DES SCIENCES.
uu résiillal géométrique curieux : la courbe (B) ou ( h), suivant le cas, est
arête de rebroussement d'une développable D circonscrite à une qua-
drique Q. lléciproquemcnt, une telle développable donne, si Q n'est pas de
révolution, trois couples dérivés de III; si Q est de révolution, D donne
deux couples seulement dérivés de III. mais en plus un couple dérivé du
type VI. Enfin si la quadrique Q est de révolution avec un cône as\ mptote
égal au cône x--\-y" — z'^^o, on peut, en debors de ces trois couples,
obtenir, par une niétbode légèrement dillérente de celle de Peterson, un
couple dérivé du type II.
Si donc D se trouve même être de quatrième classe, circonscrite à un
faisceau tangentiel de quadriques, ou de troisième classe, elle peut définir
une infinité de couples.
Un autre résultat intéressant s'obtient si Q a ses génératrices réelles :
l'une des surfaces du couple, S par exemple, est partagée en ■mi secteurs
alternativement recouverts par l'autre S, composée de n nappes. Les
génératrices de Q tangentes à la courbe de contact de D et Q fournissent
Il séparation de S en secteurs, en écartant celles qui seraient tangentes
stationnaires
Bien que l'algébricité de S et S, n'ait pas un intérêt primordial, si D est
algébrique, on peut déterminer aisément la forme des fonctions « et A pour
que le couple soit algébrique. Dans le cas de Peterson on peut, dans une
famille transcendante, obtenir deux individus algébriques; j'ai même pu
déduire de la résolution de l'équation la plus générale du troisième degré
une famille où toutes les surfaces sont algébriques.
3. Soit f{ii) un polynôme donné du troisième degré arbitraire en
// et P{u)^/{u) — C, où G est une constante vai-iahic. L3 recbercbe des
l'acines de l'équation P(«) = o revient à écrire l'identité
. p. . _ {i( — ii„y Vjut) -+- [(/,— dY P(i'o) ^
{ "1 — "0)^
où u,, u„ sont deux nombres lacincs d'une équation du second degré les
définissant en fonction deC. On en conclut que Iv et K, étant deux constantes
fixes, les surfaces, variables avec C,
(6)
V ("i-"o)' ' V ("i"-"o)-'
SÉANCE DU 7 MAllS 1921. SyS
ont toutes pour r/s-
ds'^— y\ii) -^K-(i\\ 4- K, )]<//-+ tf {ii)dldu 4- '^/"(ii)dii\
On remarquera qu'en remplaçant 1/ par XU + a et C par C, + p, où A, [x, p
sont des constantes convenables, on peut supposer /(m) réduit à la forme
a(i -+- //)'+ /y(i — uy, de sorte que les surfaces (6) dépendent des para-
mètres a, b, Iv. K|, C. Quand les quatre premiers sont fixés, on a des
surfaces applicables, coupées par les plans horizontaux suivant des déve-
loppées d'ellipse (ab ^ o) ou d'iiyperbole ( ab <| o).
En supposant a= b = i, on a. les formules plus simples, où j'appelle /c
le paramètre de déformation
(7)
Ces surfaces sont coupées par les plans horizontaux suivant des hy])0-
cycloïdes à quatre rebroussemenls. Cela revient à supposer le polynôme /
du second degré.
MÉCANIQUE. — Sur le renversement des efl'orls dans les barres de treillis des
tabliers métaViqiies à travées solidaires. Note de M. A. Talox, présentée
par M. L. Lecornu.
L'importance de la détermination, aussi exacte que possible, des efforts
dans les barres de treillis des poutres principales des tabliers métalliques
sous voies ferrées ressort du texte même du llèglement ministériel du
8 janvier 1910 pour le calcul et les épreuves des ponis métalliques, lequel
dispose, en son article 8, qu'il y a lieu de faire état pour ces Ijarres des
efforts secondaires auxquels elles peuvent être soumises par une majoration
convenable des efforts principaux, arrêtée d'après les règles de l'art et les
enseignements de la pratique.
A ce dernier titre, nous croyons devoir signaler quelques résultats, par-
ticulièrement intéressants, des épreuves et expériences auxquelles ont été
soumises les diverses barres de treillis de poutres continues de quelques
ouvrages métalliques importants et notamment du Pont sur le Tarn, à
quatre travées solidaires, d'une portée respective de 27'",! 5 pour les
travées de rive et 35™, 28 pour les travées intermédiaires.
c. R., 1921, i" Semestre. (T. \l=i, N' 10 ) ''H
5^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ctiaque Iravée de rive de ce dernierouviage comprend neuf paiineau\ de a™, 9^0 de
longueur el 3"',5oo de hauteur; les travées centrales coniprennenl douze panneaux de
mêmes dituensions. Le treillis est à barres surabondantes', inclinées à 45°. La section
moyenne de chaque panneau coupe quatre barres, dont deux sont constituées par des
rails Brune! et deux par des fers méplats.
Les épreuves el expériences, qui ont comporté trois séries, ont été eliectuées sous
Je passage des liaiiis ordinaires de l'exploitation, remorqués, soit par une machine
de 60', soit par une ou deux machines de 85", à cijiq essieux couplés; elles compren-
nent un total de ài observations qui ont porté sur les diverses barres des panneaux
des quatre travées de l'ouvrage.
Les résultais, dùmenl véi-ifiés. onldunné lieu aux coiistalations générales
suivantes :
Les efibrls anormaux de compression dans les barres normalement
tendues se manifestent dans les travées de rive, sur la presque totalité de la
travée et, notamment, dans les panneaux immédiatement voisins de la
culée; dans les travées intermédiaires, la zone centrale où les elTorts tran-
chants peuvent changer de sens s'étend jusque vers le deuxième panneau à
compter de chaque appui.
En vue de l'interprétation graphique de ces résultats, nous avons fait
application de la méthode des surcharges uniformes à répartition variable,
les plus défavorables, que feu rinspocteur général des Ponis et Chaussées
J. Résal a exposée dans son remarquable Traité des Pouls niélal/iqucs. Mais
la zone centrale d'inversion, ainsi déterminée par le tracé des enveloppes
des efforts tranchants maxiina, est loin de s'étendre à tous les panneaux oîi
les appareils Manet-Rabut ont révélé l'existence d'efforts anormaux de
compression : c'est ainsi que ladite zone centrale ne s'étend pas dans les
travées de rive, au delà du sixième panneau à compter des appuis inter-
médiaires, ni au delà du quatrième dans les travées intermédiaires, alors
que les expériences ont accusé, comme on l'a vu ci-dessus, un renverse-
ment des efforts jusque dans le deuxième panneau à compter des mêmes
appuis.
Par contre, la considération, panneau par panneau, des lignes d'iniluence
des efforts tranchants permet d'expliquer l'existence, ainsi (jue le mode de
production, des efforts d'apparence anormale envisagés ci-dessus.
Toutefois, les efforts maxima de com[)ression ainsi déterminés sont géné-
ralement inférieurs aux efforts mesurés dont la valeur réelle atteint parfois
le double de la valeur théorique, ce qui dénoie l'existence d'efforts secon-
daires très importants.
Enfin, le rapport de ces efforts anormaux de compression aux efforts
SÉANCE DU 7 M Ans 1921. 5 7:»
normaux d'extension. <|ui restent néanmoins les plus élevés dans les pan-
neaux intéressés, peut atteindre jusiprà -•
\in résumé, bien que, dans lo cas de l'ouvrage soumis aux é[)reuves, les
limites réglementaires de sécurité n'aient pas été atteintes, lesdites épreuves
paraissent comporter Ifes conclusions prati(|ues suivantes :
1° Le renversement des ell'orts dans les Ijarrés de treillis des ouvrages
métalliques importants, à poutres continues, j'étend sur la presque totalité
des panneaux, tant dans les travées intermédiaires que dans les travées de
rive.
2° Dans ces conditions, il est sans intérêt de clierclier à déterminer, a
priori, les limites théoriques de la zone centrale d'inversion et il est prudent
et rationnel d'établir le treillis, dans toute sa longueur, avec barres sura-
bondantes;
3° La production des efforts anormaux de compression varie avec le sens
de marche, la répartition des charges, la vitesse des convois, etc., et non
pas, nécessairement, avec le tonnage des charges roulantes;
4" La majoration des efforts principaux d'extension, qui doit tenir
compte des efforts secondaires de compression spécifiés ci-dessus, peut, par
analogie avec le mode de réduction de la limite de sécurité imposée par le
Règlement du 29 août 1891 pour les pièces soumises à des efforts alternés
d'extension et de compression, varier de ^ à 75 de l'effort principal théo-
rique.
MÉCANIQUE PHYSIQUE. — Sur la loi d'équilibre de gniins solides dans
un courant d''eau vertical ascendant. Note (') de M. R. Feret,
présentée par i\L Mesnager.
Pour déterminer la composition granulométrique des poudres fines, on
procède souvent en pesant les grains non entraînés par des courants verti-
caux ascendants, liquides ou gazeux, de vitesses échelonnées.
Supposant tous les grains de même forme et appelant / une de leurs
dimensions linéaires homologues, d leur densité, d' celle du fluide et c la
vitesse de ce dernier, on admet généralement que, pour tous les grains res-
tant juste en équilibre sans être entraînés ni se déposer, le poids apparent
d'un grain est équilibré par la résistance du fluide, ce qui conduit aux
(') Séance du 28 février 1921.
576 ACADÉMIE DES SCIE.N'CES.
fonmiles
(.) ,.^A^/^_^ ou i=-^fzrj-^
dans lesquelles A et 7. sont des cocflicients numériques dépendant surtout
de la forme moyenne des grains.
D'autre part, pour une petite sphère tombant lenlemenl à travers un
fluide visqueux, Stokes a déduit déconsidérations purement lliéoi'iques une
relation toute difîérenle, de la forme
(2) V ..,:{', (d--d')l- OU /^
v^
où, les unités adoptées étant le millimètre et la seconde et / désignant le
diamètre, B et [i auraient seiisiblemonl les valeurs j'p cl CjO/iJ dans le cas
de l'eau à 20°.
Dans des expériences faites avec des grains minéraux concassés, dont les
dimensions étaient évaluées d'après celles dos jours des tamis ayant, servi à
les trier, et dont on mesurait les durées de cliule à travers une épaisseu'r
donnée d'eau en repos, Riciiards (') a trouvé que la vitesse était régie par
les formules (i) ou (a) selon que les grains étaient supérieurs ou inférieurs
à une certaine grosseur critique; pour la galène (d=-,5) et le quartz
(</= 2,05), les diamètres limites seraient à peu près o'""',i3 et o""",20, les
vitesses limites 63""" et 28'"'" par seconde, et les valeurs de B (VU et 424
comprennent entre elles la valeur théorique 54 > et donnant pour [ù les
valeurs o,o4o et o,o48.
En vue de vérifier s'il en est de même pour des grains en équilibre dans
un fluide ascendant, j'ai opéré au moyen d'un courant d'eau dans l'un (ui
l'autre de deux tubes verticaux, cylindriques, d'environ i"de hauteur,
raccordés par le bas, sans ressauts brusques, a\ec une prise d'eau à pression
constante, et terminés en haut par un ajutage étroit, recourbé à angle
aigu, où les grains entraînés pouvaient être recueillis. Après avoir réglé le
débit de manière que la vitesse dans le tube eût une valeur donnée, on
faisait barbotei" la poudre jusqu'à ce que les grains entraînés fussent de
grosseurs à peu près uniformes et constantes, ce cpii exigeait souvent plu-
sieurs heures; puis, admettant que les grains s'échappanl finalement dillé-
raienl infiniment peu de ceux restant juste en équilibre, on en recueillait
une petite quantité et on les mesurait sous le microscope. Les valeurs de /
(' ) Ore Drc'Ssiiig, vol. 3, p. 1 |2û.
SÉANCE DU 7 MARS I921. 577
indiquées dans le tableau ci-dessous sont les moyennes, pour environ
200 yrains, des dislances entre deux tangentes au contour apparent du
grain, quelle que fût rorienlation de celui-ci, parallèles à une direction
constante arbitraire (divisions du micromètre oculaire) (').
La netteté des résultats obtenus tend à montrer qu'ils n'ont pas été trop
inlluencés par les diverses causes d'erreurs inhérentes à la méthode.
^ Coifficicnls
Largeur cléduils pour les
•noy^nne . — ■ formules (!).
Matières
Section
(la plupart concassées
Densité
du
au pilon ).
d.
tube.
L il' Vrf-> ?• ^■
trouvée ' / "
Houille 1 , 3o
{ '°° 7^4 7^,4
1 225 1002 70, I
I ,07 ' 4oo i5o6 75,3
' 44' 3799 181
io3 22,9
o , 096 I 08
f 20
Sable siliceux moulu. 2,(5") 4>8o l mo 2i3 21,8 22,4 (-) 28,4 0,070 204
( 200 3oi 23,4 .'
[ / 20 187 27,4 \
„., 1 4 180 , 100 284 28,4 f ,1 .- 1- 00
OLiaitzile 2,60 { I ~ ,, } 28,20 3o,9 0,088 129
l 220 449 29,9 '
' I , 57 900 S19 27,3
,1- ■ c ■ n , / o ( 'OO 245 24,5 ), ^ , , .
iMinerai ferrugineux . o,q4 4)8o < - „. , > 34. J 4'i7 0,102 qO
" ^ j 225 3b I 24,1 )
c If j /• ^ 9 / o i 'o° 261 26, I ) , ,
h>ulfure de fer 4,i3 4)8o \ . , ^27,0 -17,8 0,117 -i
\ 220 419 27<9 ) '
l ^ 80 I '°" '^^ '^'^ I
Lilharge 7,99 '^' ( 225 212 i4,i / 18,7 36,2 0,089 126
' I ,57 900 385 i3,7 /
^ ' ) C'est ce que j'appelle la largeur moyenne d'un grain, par opposition à son dia-
mètre moyen, diamètre d'une sphère de même volume.
Pour le sable silicieux moulu cité au tableau, les grains s'échappant à la fin de la
lévigalion à la vitesse aSo, triés ensuite sous la loupe et un peu plus arrondis que
les grains moins gros, présentaient les caractéristiques suivantes :
Largeur moyenne : /^397/j. (d'où /:^'i'=r25,i et [3^0,078);
Diamètre moven : 3i i /j. :^ 0,78 /.
La grandeur du rapport dépend évidemment de la forme des grains.
{') Moyenne de S quotients (minimum : 21 ,3 ; maximum : 28,6) déduits de vitesses
échelonnées de 20"" à 200'^"' par minute.
578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il ressort de ces nombres que, tant que la section des grains est négli-
geable par rapport à celle du tube (ce qui n'était plus le cas pour la bouille
à la vitesse -i4i)' ^^ ^^^ ^^^ Stokes semble être continuellement applicable;
en tout cas, elle reste vérifiée bien au delà des grosseurs limites trouvées
par Ricbards; quant aux coefficients obtenus pour les diverses matières, ils
présentent entre eux des écarts tout à fait indépendants des densités et
difT'èrent beaucoup des nombres tliéoriques.
Ces discordances portent à conclure que les pbénomènes ne sont pas les
mêmes autour d'un même grain selon qu'il reste en équilibre dans un fluide
ascendant ou qu'il descend à travers ce fluide immobile.
Pour la lévigation par l'eau des minéraux finement concassés, on peut
compter sur une valeur moyenne de [3 d'environ 0,10.
ASTRONOMli: PHYSIQUE. — Mesure de la pression de V atmosphère solaire dans
la couche du niai;7iésiuni et 'vérification du principe de reUiti^ilè. Note de
M. A. Perot, présentée par M. H. Deslandres.
La mesure de la différence des longueurs d'onde d'une raie spectrale
émise par le Soleil et par une source terrestre, prévue par la théorie de la
relativité, est, comme on le sait, rendue très délicate par suite de la varia-
tion des longueurs d'onde avec la pression et l'ignorance de la valeur de
celle-ci dans les diverses régions de l'atmosphère solaire. Dans une précé-
dente Communication ('), j'ai indiqué les raisons qui faisaient penser que
les raies des bandes de cyanogène devaient être produites à basse pression;
mais, malgié leur vraisemblance, ces raisons sont discutables.
En 191 1. j'ai étudié les mouvements apparents de la vapeur de magné-
sium sur la surface du Soleil (^) et trouvé que la longueur d'onde terrestre
(arc à la pression atmosphérique) est plus'pelite que la longueur d'onde
solaire de 6. 10-' angstrom, c'est-à-dire de i,i5. 10 " en valeur relative.
Pour faire une vérification du principe de relativité, il faut ramener la
longueur d'onde terrestre à la pression de l'atmosphère solaire, là où les
raies h sont produites.
Or on sait que les raies du fer et celles d'autres métaux ne sont pas
toutes également déplacées vers le rouge quand la pression croît; la raie l)^
du magnésium, paraissant par sa largeur être différente des raies h.,_ et />,,
(') Ciuiiplcx rcnf/iis, t. 17 1. i9.^.i>, |). a'39.
(') A. l'mior el M"'' I.lndstadt, ConijUcs rendus, t. Iiy2, ii)i 1. p. iSôy.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. .^79
je me suis demandé si les coefficients de pression des raies />, el l>^ ne sont
pas diflérents. Si cela est, le rapport des longueurs d'onde est fonction
de la pression; or les vitesses radiales font varier les longueurs d'onde
de la même quantité en valeur relative, et les auties causes de variation
produisent des elTets très faibles ou symétri([ues (efl'et Zeeman). On |)eut
donc considérer le rapport des longueurs d'onde comme fonction de la
pression seule, à la précision près obtenue dans les mesures, et la mesure
de ce rapport comme revenant à une mesure de pression.
J'ai cberché à vérifier ces vues, et, par la méthode même qui m'a servi à
étudier la bande 4 '97 du cyanogène ('), ai déterminé le coefficient de
pression de la raie h.,\ les mesures ont, toutefois, été faites directement
par la méthode oculaire, au lieu de l'être par la méthode photographique.
I.a moyenne de i3 groupes de mesures effecluées soit par M. B. Lyot,
soit par moi-même, a donné pour une variation de pression de Go"" de
mercure une variation relative de longueur d'onde de 1,1.10"'^, c'est-
à-dire 1,35.10"° par atmosphère, l'erreur probable étant 0,1 5. lo^".
Les mesures sur 6, sont plus difficiles que sur b.^ à cause de la largeur
de la raie. Celles qui ont donné le meilleur résultat sont les mesures
directes, dont 11 groupes ont indiqué, pour une variation de pression
de 60*='", une valeur de -y é^ale à 1,67.10 °, c'est-à-dire 2,12.10"° par
atmosphère, avec une erreur probable de 0,17 . 10-°.
Le rapport des variations de />, et de b., se trouve être 1,37 très voisin
def
Il résulte de là que le rapport des longueurs d'onde des raies b^ cl b.,
donnera la pression.
Soient A et À les longueurs d'onde de 6, et de b.,, a et [ii leurs variations
relati\ es pour i''"' de mercure, on aura
4^ = --«(-6-/^), ^--=.-^(76-/.)
^^m ''76
ou
Ap ),„
">.„ A-r,
-(a-3)(76-/7).
Dans les mesures interférentielles, les diamètres des anneaux des deux
radiations étant I et ?', si les numéros d'ordre des anneaux pointés aux
pressions 76 et p sont les mêmes pour chaque raie, ce qui est le cas réalisé
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. g88.
58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
par suite de la petitesse des variations des longueurs d'onde, on aura simple-
ment, en vertu de la relation générale,
d'où
=:i-(a-S)(76-/0:
et, en introduisant les valeurs numériques trouvées pour a et [i,
p zzi -^b — 108 M 1 — 1 1 cm de mercure.
l_ ^ / TC \ 2 / /) J
Cette formule constitue la graduation dun véritable manomètre.
l'our l'appliquer au Soleil et déterminer ainsi la pression dans la région
d'absorption des raies b, j'ai utilisé des clicliés photographiques obtenus au
printemps de 1911; une première série de mesures a comporté G groupes
de mesures sur le Soleil et 7 sur l'arc; une deuxième série, j groupes
sur le Soleil et (i sur l'arc. Elles ont donné respectivement pour la pre-
mière — 16"" et -+- 3"" de mercure, dont la moyenne est — 6"".
Le fait que le résultat est négatif n'a lien qui doive surprendre, étant
donnée la valeur de l'erreur possible, vraisemblablement de l'ordre d'une
vingtaine de centimètres. Mais la signification du nombre obtenu est abso-
lument nette; la pression est très faible dans la région où se produisent les
raies Ij. Ceci vient à l'appui de re\[)lication que j'ai donnée (') des vitesses
radiales des sources de ces radiations, et autorise l'hypothèse, én)ise alors,
d'électrons se mouvant dans ces régions avec de grandes vitesses.
L'objet principal de cette recherche peut, dès lors, être atteint; à la dif-
férence de 1,16.10"" mesurée en 1911 entre la raie h^ du Soleil et celle de
l'arc à pression atmosphérique, il faut ajouter i , 35. 10-", différence entre la
raie terrestre à la pression atmosphérique et à la pression nulle, ce qui
donne pour l'écart entre les raies solaire et terrestre, dans les mêmes condi-
tions de pression, la valeur 2, 5. io~".
L'approximation obtenue est vraisemblablement de l'ordre du demi-mil-
lionième, de lelle sorte que le résultat peut être considéré comme d'accord
avec le princi|)e de relativité, la diflerence indiquée par M. Einstein
étant 2. lo"".
(') Coniples re/i(/iis, t. l.'i'», 191^, p. i(i8'|.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 58 I
Le procédé de mesure de la pression mis en œuvre se prêtera sans doute
à de nombreuses applications dans l'atmosphère solaire.
Dans le cours de ces mesures, j'ai déterminé les longueurs d'onde des
raies h dans lare et trouvé :
'i.i,^ =: 5 1 83 A , () 1 4 ; /■/, . = •"> I -2 A , O90 : Â/,, ^- 5 1 C)- A , 34o.
PHYSIQUE. — L'influence de la lumière sur la conduclibililè des liquides
fluorescents. Noie de M. H. Soulan, présentée par M. J. Violle.
La plupart des déterminations faites en vue de mettre en évidence
l'influence de la lumière sur la conductibilité des liquides iluorescents ont
fourni des résultats négatifs. Celles qui font exception donnent lieu à des
objections qui rendent douteuses les conclusions obtenues. J'ai moi-même
vérifié qu'un éclairemeiit de quelques secondes de solutions fluorescentes
d'éosine, d'esculine et de curcumine dans divers solvants n'entraînait pas
de variations de conductibilité de l'ordre de — ; •
10*
Mais si. comme l'a montré M. Perrin, l'état de fluorescence s'accom-
pagne d'une transformation chimique des molécules fluorogènes, l'éclaire-
n\&n\. prolongé à^ nn liquide fluorescent doit se traduire par une variation
de conductibilité progressive, jusqu'à l'établissement d'une valeur limite
correspondant à la transformation complète, valeur limite qui devra
subsister après retour à l'obscurité.
C'est ce que j'ai pu vérifier sur un certain nombre de solutions des fluo-
rogènes déjà mentionnés. Dans le Tableau ci-dessous, n indique le nombre
de milligrammes de fluorogène par litre de solution, 0 la variation relative
limite de conduclibililè, T la durée correspondante d'exposition en heures
au flux d'une lampe demi-watt de 200". La solution, protégée par une
solution d'alun de l'échaunemenl, était en couche assez mince pour n'absor-
ber qu'une faible portion du flux excitateur.
FhiorosoiiL-s. Suivants. n. i. T.
lilsculine Cli^ — OU 5o 0,000 i2q
» » 20 o,o35 ii4
» ■ » 0,01 0,107 7^
» » 0,000 0,094 57
» C-II'— OU 0,01 0,128 75
» ■ H-0 o.oi 0,082 63
Kosine CH^— OU 0,01 0,090 66
» C^H=-OH 0,01 0,127 75
» H^O o.oi o,o35 57
Curcumine C>f1" — Ofl 0,01 0,089 ^9
Bisulfate de quiniiie. . . . Il-O 0,01 o,o33 60
582 ACADÉMIE DES SCIENCES -
Si l'on suppose constante l'intensité du flux excitateur cl si l'on admet
qu'aux dilutions employées toutes les molécules lluorogènes participent au
passage du courant, on établit facilement la formule de première approxi-
mation
(i) Log(C.— (;,)=:/> — r^/;
C, reprcsentanl la conductibilité au temps /, C» la conductibilité limite;
(I et b étant, d'autre part, deux constantes caractéristiques du fluorogène,
indépendantes du solvant, la première étant en outre indépendante de la
concentration.
Cette formule se trouve approximativement vérifiée pour les solution--
très étendues (« = o,oi et ii = o,o()5).
Pour les solutions concentrées (n = 5o et n = 20), les a calculés sont
notablement plus petits, ce qu'on peut attribuer d'une part à ce que les
hypothèses nécessaires à l'établissement de la formule (i) ne se trouvent
plus vérifiées; d'autre part à ce que, pour les fortes concentrations, confor-
mément aux idées de M. l'errin, les molécules lluorogènes forment écran
protecteur les unes par rapport aux autres.
srÉRÉOSCOPlE. — Application de In rision sléréoscopique au contrôle
des variations <j;laciaires . Note de M. P.-L. 3Ierca.\to\, présentée
par M. Lippmann.
On ne peut pas toujours poser des repères d'avancement au front d'un
glacier. Cela demande en général beaucoup de temps et de peine et peut
être parfois dangereux. Souvent d'ailleurs on ne saurait le faire utilement,
la disposition du lit ne se prêtant pas à établir les stations fixes nécessitées
par les méthodes usuelles de contrôle. Enfin il arrive souvent que les varia-
tions glaciaires ne se traduisent pas par des déplacements accusés du front
mais plutôt par des modifications de forme, intumescences, afl'aissements
locaux, d'amplitude trop faible pour être immédiatement apparentes et qui
sont cependant significatives. La comparaison directe de photographies
.successives ne suffit pas non plus toujours à les révéler.
J'ai pensé (pie la vision stéréoscopicjue serait ici d'un secours efficace. On
l'applique, comme chacun sait, depuis longtemps à déceler les falsifications
des billets de banque. Pareillement les astronomes s'en servent pour décou-
vrir les corps célestes, comètes, petites planètes, parmi les étoiles fixes. A
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 583
levamen slérooscopique de deux photographies du ciel pris à inlervalle con-
venable on voit l'aslre. cherché se détacher en relief snr le fond plal du fir-
mament.
Ce procédé est immédiatement applicable à la glaciologie : D'une même
station et avec la même chambre noire prenons deux photographies du front,
de préférence dans un azimut normal à la direction présumée de la variation,
et à l'intervalle de temps voulu. Ce sera en général une année, de l'automne
à l'automne suivant, mais en voyage d'exploration ce pourra être un délai
quelconque. Examinons ensuite les deux épreuves au stéréoscope, nous
verrons les régions modifiées du glacier ressortir en relief sur les parties de
l'image correspondant à des objets immobiles, ciel, rochers, portions
inchangées du glacier, etc.
Ce mode opératoire exige quelques précautions. Tout d'abord on se
trouvera bien de rendre l'axe optique de la. photographie horizontal à l'aide
d'un niveau. D'autre part, on s'efforcera d'obtenir des épreuves égales de
teinte en uniformisant le tirage. Enfin on tâtonnera quelque peu, jusqu'à
obtention du relief, en plaçant les épreuves .devant le stéréoscope, car l'efï'et
0|>tique dépend du sens de la modification de forme du glacier. Pour un
appar^/il dont le frout s'est un peu déplacé vers la gauche de l'opérateur on
placera à gauche la photographie initiale et à droite l'image finale.
ï^c procédé est évidemment qualitatif. 11 est applicable aussi à la re-
cherche des déformations du glacier en dehors du front.
J'en ai vérifié l'applicabilité au glacier d'Orny (massif du mont Blanc).
Deux photographies faites en 191 7 et 1918 ont manifesté nettement un gon-
flement et une avance de la partie médiane du front. Le contrôle direct a
indiqué une crue de quelque 7'" d'une année à l'autre. Les clichés étaient
pris d'un point élevé de la. moraine gauche du glacier, à une distance d'un
demi-kilomètre environ.
PHYSIQUE. — Nouvelles applicntinns de lu méthode des charges de très courte
durée et des éclairages instantanés. Note de M. Pauthenier, présentée
par M. J. Violle.
Nous avons décrit (') une méthode de charges et décharges apério-
diques de durée très courte et d'éclairages instantanés, qui nous a permis
( ') Comptes rendux, i. 170. 1920, p. 8o3 et i5-6; t. 171, 1920, p. 102; Ann. de Plivs.
t. IV, 1930, p. 289.
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de résoudre le problème des retards absolus dans le cas de la nitrobcnzine
et du sulfure de carbone :
Nous avons réalisé d'autres applications de celle mélhode, d'une part
pour contrôler la ihéorie de l'orientation avec un nouveau liquide, d'autre
part pour aborder un autre genre de recherches.
I. Rapport (les retards absolus dans le ras de la benzine monoc/dorée,
— Les dispositifs optique et électrique restent les mêmes que dans nos pré-
cédentes expériences, hormis lo condensateur qui a i8o™'" de long et 2°"", 9
d'épaisseur. Les potentiels utilisés sont de l'ordre de 3oooo volts. Avec les
mêmes notations nous avons encore trouvé pour le rapport des retards
absolus
= — 2,0.
Dans le cas du benzène monnchloré^ le pouvoir isolant de ce liquide est
insuflisant pour permettre de suivre l'établissement de l'électrostriction,
comme dans le cas dû sulfure de carbone.
IL Mesure de la biréfringence des liquides conducteurs :
Principe. — On compare au même instant (aussitôt que possible après
leur établissement complet) les biréfringences du liquide à étudier et d'un
liquide de référence (sulfure de carbone). Puis 011 décharge instantanément
les deux condensateurs pour que le liquide conducteur ne s'écliaiille pas.
Réalisalioii pralvjue. — La comparaison des deux liquides se fait pi\r une mélhode
de compensalion. Deux coiidensateuis plans, d'armatures identiques, oui leuis plans :
l'un verliciil (condensateur à sulfure de carbone), l'autre horizontal (liquide à étu-
dier). Les armatures sont reliées deux à deux par de gros fils de cuivre. L'épaisseur<e
du premier condensateur est fixe et égale à 6'"'",7S. L'épaisseui- e' du second esl
variable. Ces condensateurs, dont les axes longitudinaux restent parallèles, sont
pi ces entre niçois croisés; les directions de vibration des niçois sont à 4^" des
lignes de forces des deux champs électriques, à 45° sur l'horizon par conséquent.
L'une des paires d'armatures esl reliée au sol. La seconde paire esl reliéeà l'armature
isolée du condensateur que nous avons appelé condensateur d'éclairage, l'ne dizaine
de fois par seconde, un gros condensateur se décharge dans ce double circuit. La
résistance du circuit biréfringent est, celte fois, de l'ordre d'une IVaclion d'ohm; celle
du circuit d'éclairage, de quelques dizaines d'ohrn-i. Les chaiges et décharges sont
toujon rs apério'Jiqa'es.
Les durées de charge (intervalle de temps, entre la charge des cordensaleurs
SÉANCE DU 7 MARS 192 I. 585
(le Kerr el le inoinenl où jaillil l'élliicelle d'éclairage) sont lit-s roiiiles (de l'ordre
de io~' seconde ou moins).
On observe l'élincelle d'éclairage (longueur 3""") à lra\eri le système foinié par les
condensateurs el les niçois croisés. I.a dislance enlre rélincelle el l'œil ilc l'observa-
teur est de 125''"'. La lumière de l'élincelle est rendue suffisamnienl nionocliromatif|ue
par un Rilre Jaiiiie.
Il convient, bien enlendu, dans loule mesuie. de faire varier la durée de charge
dans de larges limites : la persistance de rcwlinclion indiquera que la biréfringence
des deux liquides est complètement élablie. Pour ne pas risquer une rupture du gros
condensateur, nous ne sommes du reste pas descendus jusqu'à maintenant, pour les
durées de charge, au-dessous de 4 à 5. io~*' seconde.
Mesures. — Quand les condensateurs de Kerrne sont pas en circuit, l'élin-
celle d'éclairage est éteinte. Par mise en circuit, la lumière est en général
rétablie. On fait varier l'épaisseur e jusqu'à retrouver l'extinction. Si B
est la constante de Kerr du sulfure de carljone. B' celle du liquide étudié :
Nous avons, à titre d'essai de la méthode, mesuré la biréfringence de
Veau distillée ordinaire^ encore inconnue, et celle de V alcool éthyliqiie f pour
laquelle les Tables de Leiser et Schmidt indiquent qu'on en it^nore le signe
et qu'elle est inférieure en valeur absolue à ^ j . et des mélanines d'nkoul et
d'eau.
Résultats. — Les biréfringences de l'alcool et de l'eau sontyjoiîVàv.v.
Nous' avons, pour des raisons que l'on trouvera exposées ailleurs ('),
rapporté les résultats obtenus à la concentration en volume de l'alcool dans
le mélange ( rapport entre la masse c d'alcool, contenu dans un volume V de
solution dej^itre connu, et la masse C d'alcool pur qui remplirait complè-
tement le même volume).
La constante de Kerr du sulfure de carbone est représentée par 100.
1011^ 0. 21,--'. 46,3. GG.3. 85,:,. 93,'). 96,7. ICO.
B' iî3 94 69,1 '45,4 26,8 20,7 20,0 23,8
La température ambiante était de 17".
(') CoTTo.N et MouTOx, Ann. de Cliiin. et de P/irs., t. 30. igiS. p. iu.
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les résultats sont représenlés par la courlje ci-dessous. Ils s'expliqueraient
en admettant, dans les mélanges d'alcool et d'eau. Texistence d'un complexe
moléculaire, existence qui serait en accord avec la conliaclion notable
observée dans la préparation de ces mélanges.
THEH.MOD'ï.NAMlQL i:. — Elude énergétique cPun systéinc de couranls.
Note (' ) de M. Feux Miciiaud, présentée par M. E. liouly.
La théorie donnée par M. A. Liénard dans deux Notes récentes ('■') a
l'inconvénient de distinguer, dans les expressions de l'énergie interne, de
l'entropie et du potentiel thermodynamique d'un système de courants, une
part due aux actions électromagnétiques, et que l'auteur évalue indépen-
damment du reste. Cette façon de faire est assez arbitraire et laisse
quelque inquiétude sur sa rigueur, surtout dans les cas complexies; lorsque,
par exemple, les dimensions des circuits dépendent de la température, ou
encore lorsque les variations de pression changent la perméabilité magné-
tique du milieu environnant.
( ' ) Séajice ihi >i fi'vriiM- K).'. i .
(') Comptes rendus, l. \li, 1921, p. •o'^ e\ ,'.),ï.
SÉANCE DU 7 MAl'.S 1921. 58j
Dans un livre paru il y a environ un mois et demi ('), j'ai iudiiiué une
mélhodi' permettant dV'laljlir l'ensemble des équations que donne l'appli-
cation, à un système réversible quelconque, des principes de l'Énergétique.
Parmi ces équations, les plus intéressantes de beaucoup sont, non pas
celles qui donnent l'énergie interne, les dilTérents/>o/e/i/jV/i éncriièliques ou
["entropie sous foi me intégrée, tontes quantités dépourvues de signification
expérimentale directe, mais celles où interviennent, par leurs variations,
les seuls facteurs des dilTércnts termes de l'énergie.
Ces dernières équations se divisent en deux groupes.
Le premier groupe comprend des équations du type éqiuilion de Chi-
per ron. Des règles mnémoniques, que je demande la permission de rei)ro-
duire ici, permettent de les écrire immédiatement et sans erreur.
I" Kllesont chacune la forme d'une proportion où chacun des ternies est
une diirérentielle;
2° Dans cette [iroportion, les extrêmes sont constitués par les deux fac-
teurs d'un des termes de l'énergie; il en est de même des moyens;
3° Lorsque la différentielle d'un facteur d'intensité figure au dénomi-
nateur, on met le signe — devant la dérivée;
4° Les lettres qui figurent en indice, et qui indiquent quelles sont les
(juanlités qui restent constantes pendant la dérivation, sont d'abord, mais
|)ermutées, celles qui figurent soit aux dénominateurs, soit aux numéra-
teurs; on ajoute ensuite les lettres correspondant aux antres termes de
l'énergie, en mettant à volonté, mais pareillement pour chaque dérivée,
soit 1 > facteur d'extensité, soit le facteur d'intensité.
Dans le cas qui nous intéresse, les facteurs d'intensité sont : la pression
P(-), la température T, les forces X, X-',..., qui s'exercent entre les cir-
cuits, et les intensités i,, i.,, ... des divers courants. Les facteurs d'extensité
sont :1e volume (', l'entropie^, les déplacements a', x', ... et les flux <I>,,$2, ...
On compte positivement les variations des extensités lorsqu'elles corres-
pondent à unie augmentation de l'énergie du système.
Le nombre d'équations différentes — je ne dis pas distinctes — qu'il est
ainsi possible d'écrire est considérable. Il est égal, si n est le nombre des
(') Energétique générale (Gaiilliier-Villars).
(-) Nous nous limitons au cas où le milieu est un lluide homogène; l'extension de la
tliéorie au cas où se trouvent, au voisinage des circuits, des solides, isotropes ou non,
n oll'rirait pas de difficultés particulières; il suffirait d'introduire les divers coefficients
élastiques.
588 ' ACADÉMIE DES SCIENCES.
extensilés variables, à (S {n-^iy multiplié par le nombre des combinaisons
de n objets deux à deux.
Parmi ces équations, considérons d'abord celles de la forme
Elles expriment la réciprocité des coefficients d'influence. On peut encore
mettre en indice (voir plus haut 4°) 'I*- et $, au lieu de «, et f.,, .v au lieu
de T, V au lieu de P, ou enfin ([»:, et *!>,,, ... au lieu de r,, i,, On obtient
ainsi un ensemble d'équations beaucoup plus générales que celles qu'a écrites
M. Liénard, et qui montrent, en particulier, que la réciprocité des coeffi-
cients d'influence est encore exacte lorsque, faisant varier l'un des deux
courants, on fait simultanément varier l'autre de manière à maintenir
constant le flux qui traverse le premier circuit.
Les équations de la forme
permettent de calculer les forces s'exerçant entre les circuits. Elles con-
tiennent, comme cas particulier, une formule donnée par Maxwell (t. Il,
p . 26 1 ) .
Les équations du genre
\ à'V /„.,.,.r.,, :• ,„, \ài, / , ,P,,..,.. ,,.,„...
définissent la corrélation entre le magnétisme et la température. Une aug-
mentation de champ produit une absoiplion de chaleur si le milieu est plus
perméable à chaud qu'à froid, et rice versa.
Enfin les équations telles que
\'-'IV-,.T..-,.v. L, - W'./.',T..,. ,■,..,„,,„.
régissent Tefiel réciproque de Taimanlation et de la pression. En tenant
compte de la convention de signe adoptée pour les difl'érenlielles des
extensilés, on voit que, si la perméabilité du milieu augmente avec la
pression, un accroissement de champ produit, à pression constante, une
(liniiniilicn de volume.
SÉANCE bu 7 MARS 1921. 689
BLECTROMAGNKTlSM E . — Actions mutuelles (appa/rntes) d'aimants et courants
plongés dans un liquide magnétique, ^'ote de M. H. Chipaut, présentée
par M. L. Lecornu.
Sous la dénominalion de systèmes d'' aimants et courants, nous compren-
drons tout ensenil)le de solides invariables pouvant posséder à la fois de
Paimantaliou [lermanenle et de l'aimantation induite, et pouvant en même
temps être parcourus car des courants permanents.
Limitons-nous d'abord à un cas simple, celui de solides homogènes et
isotropes dont l'aimantation induite vérifie la loi de Poisson. A l'intérieur
de chacun de ces solides U', U", . . . , les inductions magnétiques m\^' , n'..", . . .
sont liées aux champs X', 3e", . . . par les relations ( i) :
(1) \(!,'=47!:J'+,a'3C', WW ^ [^TJ" -¥ [x" dt" , ...,
relations dans lesquelles J', J", ... représentent les aimantations perma-
nentes, tandis que '"'' ~ ' 3C'=y.'3c', ... représententlesaimantationsinduites.
l'ar définition, les constantes u.', [j," , . . . représenteront les perméabilités des
corps magnétiques U', U", ....
Supposons qije U', U", . . . soient plongés dans un liquide U, incompres-
sible, illimité en tous sens et vérifiant la loi us, = ptX. Pour maintenir en
équilibre les solides U', U", . . . , il faudra leur appliquer certaines forces
extérieures, définies par l'équation du travail (2) :
(3) dC',-i^d (
dnj = o
avec
( a ) / H — riro = / -: — dm + / jr , dm -+- I dm -\- . . . .
J Sîrp. J^,8■^lJ. J^,,^r.iJ.' Ji,,>7rp-'
Les forces égales et dire.ctemenl opposées aux forces extérieures sont, par
définition, les actions subies par les solides U', U", ..., plongés dans le
liquide magnétique U, ou encore les actions mutuelles apparentes de ces
solides.
Au sujet de ces actions mutuelles, les physiciens se sont depuis longtemps
proposé de rechercher une règle simple qui permettrait de ramener l'étude
de corps plong-^s dans un liquide à celle de corps placés dans le vide. Des
considérations élémentaires d'homogénéité vont fournir la réponse à cette
question.
C. R., 1921, i" Se'ueslre. (T. 172, N° 10.) ^^
Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES
A cet efTet commençons par rappeler les équations de la distribution magnétiqiu;
\érifiées en tout point du système fS formé par le liquide U et les solides U', U". . . ;
V, v', v", . . . désignant des .vecteurs unités dirigés suivant les norniales intérieures aux
régions IJ, U', l!' , ... et i' , /", . . .,./', ./', . . . désignant les densités \olumi(iues et
superficielles de courant; nous avons :
j° En tout point de la région U, les équations (3) :
(3) curl,"ÏC = o, divergence il'.i = o, v!) =: ^u. .IC , liiiiH3C=;o;
2° En tout point de la région U'. les équations (3') :
(3') cuv\^' ^ !\T:i\ divergence !'!)'= o, iil>'= '|7:J'-t- /jt'3C';
3" En tout point de la suiface de séparation de U et U', les équations {'{) :
(4') [v.TC] + [-/.TC']^4^/. (v,(J,)-+-(v'il!0 = o.
Les équations (3), (3), (3"), ..., (4), (4"). • sont homogènes par rapporta »j., p.', ;j.'', ....
J'. J", . . ., II!), ti'.)', \i!>", ... ; elles restent vérifiées quand on divise ces quantités par un
nombre a, tout en laissant invarial)les les i' . i", ..., j' , /", ..., 3C, X' , .TC ", . . . .
Désignons par >)a le nouveau système ainsi défini et comparons les actions suliies
respectivement par >> et ^-t- Observant que r/(-,r est homogène du premier degré par
rapport à l'ensemble des ii'.. et jj., nous obtenons ce théorème :
TiiiîOufc.MK. — Quand on passe du svstème d'aimanis et courants ,s au nouveau
système S^, le champ magnéliqiie n'est pas modi/ié, tandis que rinduclio/i
magnétique ainsi que les actions mutuelles sont divisées par a.
Comme cofollaire fésulte pour a ::= ij. la règle cherchée :
Rkcle. — Pour calculer les actions nuituelles d aimants et courants plonges
dans un liquide illiniité dont la perméabilité \j. est constante on commencera
[H U' faire ce calcul dans riiypothèse où ces mêmes corps sont placés dans le ride
et possèdent des aimantations perrnanenles ainsi que des perméabilités a fois
plus petites ; on multipliera finalement par a les résultats obtenus.
Nous nous sommes limité jusqu'ici à l'élude d'un cas particulier, celui de solides
liomogène's et isotropes à perméabilité constante. Il reste à montrer que les consiilé-
ralions d'homogénéité précédemment invorpiées valent dans le cas général. Nous
continuerons bien entendu à supposer constante la perméabilité [jl du iicjuide ('. mais
nous ne ferons aucune hypothèse restrictive concernant la nature des solides l ', U", ...»
ces corps pouvant être ferroinagnéli(|ues a\ec hystérésis, hétérogènes et anisotropes.
Quelles que soient les relations vectorielles reliant i(!,'à3C', i)!>" à .1C", ..., les équations
de l'équilibre magnétique resteront véiifiées lorsque, laissant /',«",..., y', y'. ... ,
.IC, .IC, .TC", ... invariables, on remplacera simultanément fi (perméabilité du liquide)
par ^' et ii'..'-/'(3C'), \\W'=/"(X"), ... par \\W=sL/'{X'), )i!,"= -/ (X')
Passons maintenant à la comparaison des actions mutuelles : pour maintenir en
SÉANCE DU 7 MARS I921. ^)<)l
é(|iiilil)ic l("i solides U', U ", . . . , ploiiycs dans le li(|iildt' iiiayiit'lli|ii(; I , Il faudra leui'
a))j)li(liiei' ccilaincs forces exlérieures dclinies par ré(|iialioii du liavail ("1):
(.■>) rfP,+ 7i- / (il'..rfJC)rfro = o.
Il esl sous-eiUendu (|ue, dans celle éi[ualii)n, le vecteur (f.lC représeule la \arialiou
du clianip X ob>ervée lorsqu'on suit dans son niouvenient la parlicule matérielle,
liquide ou solide. De plus, en tout point matériel appartenant à un solide, U' par
exemple, la variation dX' doit être rapportée à des aves invariablement liés au solide
considéré.
A ces résultais vient s'adapter la loi d'homogénéité précédeminent
invoquée : désignant par ^^ le système qu'on obtient en divisant simulla-
némenl par y. la perméabilité tj. du liquide U ainsi que chacune des fonctions
vectorielles /'(k), /"(x."), ..., qui caractérisent les corps magnétiques
U', IJ' , . . . , on retrouve dans le cas général le théorème donné plus haut.
Des considérations analogues peuvent être développées en électro-
statique : la division par a devra s'appliquer non seulement à la constante
diélectrique du liquide polarisable et aux fonctions vectorielles /'(x'),
/"(,TC"), ..., mais encore aux charges portées par les conducteurs ainsi
(ju'aux densités de charges électrostatiques permanentes portées par les
diélectriques.
CHI.MIE PHYSIQUE. — Sur les propiiêlés des diagirimmes. Courbes représenta-
tives du déplacement de l'équilihre des systèmes chimiques. Note C) de
M. Jean Barbavdv, présentée par M. Henry Le Chatelier.
Soit un système chimique isolé, à température et pression constanles, en
équilibre relatif par rapport aux autres facteurs d'énergie, de masse totale
coiislanle looi^, formé de « + i conslituanis chimiquement indépendants,
dont les n concentrations rapportées à la masse totale du s\stème sont res-
pectivement ■
7., 7- -/m •••, 7'n
divisé en p phases de masses respectives
<7,, a-i, a-,, . . ., (In,
la composition de la phase i étant donnée par les concentrations .r,-^ rappor-
(') Séance du 28 février 1931.
Sga ACADÉMIE DES SCIENCES.
tées à loo^' de la phase. D'après la loi de Lavoisier, la masse totale du sys-
tème isolé et celle de chacun des constituants se conserve; on a donc le
système de n + i équations linéaires kp inconnues
(Il
rt, -rC/., -h . . .-h Op =; lOO,
rt,x-,, -f- «jj;,, -(-. . . 4- OpXpi =:iooy,.
0\-^\n+ fl-l-Xin -\- . . .-+- ClpOrp,, rzz loOy,,.
Supposons que le système ait été étudié pour toute une série d'instants
donnés; c'est-à-dire qu'on ait étudié une série d'équilibres isothermes ou
isobares. L'un des facteurs pression ou temjjérature restant fixe, pour que
l'équilibre se puisse déplacer de lui-même, il faut que p<Cn-h2.. Si
j) — n -h 1 — 0, 0 étant un nombre entier positif, on peut tirer o relations
linéaires et homogènes entre les x^j et y^ indépendantes des O/, qui fixent
les correspondances entre les points figurant la composition globale du sys-
tème et celles des diverses piiases. Ces relations permettent, en les combi-
nant avec celles définissant les surfaces d'équilibre à un instant donné, de
se rendre compte de l'évolution de chacune des phases pendant le déplace-
ment de l'équilibre, et d'en déduire toutes les constructions graphiques
donnant les masses respectives des phases, soit que la composition globale
reste constante ou variable, etc.
Application. — Systèmes quadrivariants : quatre constituants chimi-
quement indépendants n = 3.
Premiei- cas. — Une seule phase varie d'une manière continue, les autres
ne varient que d'une manière discontinue. Exemple : solution aqueuse de
trois sels ayant un ion commun (réaction de double décomposition) suscep-
tible d'être en équilibre avec des sels binaires, doubles ou triples anhydres
ou hydratés. Le système 1 se réduit à
/ rt-t-B -rC -t-D =100,
1 «a- h BX,-i- (J\,-f- 0X3= looi,
j a j -h B Y, + (^ Y, -H D Y, .-r 1000,
[ «c-f-BZ, 4-(:Zo-i-DZ,-rioor,
a désignant la masse de la solution, B. C, D celles des sels solides qui peu-
vent exister, pour qu'à un instant donné l'équilibre soit invariant.
La solution étant sous-saturée, le point figurant sa composition reste
immobile quand la température décroît. Le sel 1 apparaissant, il existe
deux relations entre les équations IJ, les points S|(^X,,Y,, Z,), C($, y;, X,),
SÉANCE DU 7 MARS I921. SgS
a-(,'r, V, z) sont en ligne droite. Lorsque Téquilibre se c]é|)lace, à |)r<'ssioii
constante, le point c décrit S, (] jusqu'au point où cette droite coupe la sur-
face I^,, isobare d'équilibre triphasé des sels 1,2 avec la solution. Puis le
point (7 décrit la courbe plane F intersection de S, ., avec le plan u défini par
les points C(Ç, y], 'C), S,(X,, Y,, Z,), S.,(Xo, Yj, Z.>) jusqu'à l'instant où
cette courbe vient couper la ligne où sont en équilibre quatre phases : la
solution cl les sels 1 , 2, 3. A partir de cet instant la courbe de refroidissement
quitte le plan tt et la composition do la phase liquide devient indépendante
de la composition globale ^, -q, t du système.
Deuxième cas. — Ces quatre phases peuvent varier d'une manière con-
tinue. Exemples : solution aqueuse de trois sels ayant un ion commun
(réaction de double décomposition) susceptible d'être en équilibre avec
trois séries de cristaux mixtes; solubilité quadruple de quatre constituants;
phase gazeuse en équilibre avec un mélange double et des cristaux mixtes
ou avec une solution triple, etc.
Pour fixer les idées, raisonnons dans le cas d'une solution aqueuse de
trois sels susceptible de déposer trois séries de cristaux mixtes.
Les équations (II) sont valables, mais pour un instant donné, car les
X, Y, Z sont maintenant des variables comme les r, r, '-■
A composition globale constante la solution saturée dépose bien des
cristaux 1 et les points S,(X, Y, Z), C(^, y], '(), "■(a-, y-, z) sont en ligne
droite à chaque instant; mais la droite S, ct pivote autour du point C qui
est fixe, car S, varie et décrit pendant le refroidissement une courbe comme
le point figuratif de la solution.
Lorsque les cristaux 2 apparaissent, les points S,(X, Y, Z), C(^, •/], 'Ç),
g(x, y, z) cessent d'être en ligne droite à chaque instant; mais les points
S,(X,,\ ,, Z, ), S2(X2,Y2, Z2), (T(.r, y, s) sont toujours, à un instant donné,
dans un plan iz qui pivote lorsque l'équilibre évolue autour du point
C(ç, Y], '0, celui-ci restant fixe. Le point a reste à l'intersection du plan -
avec la surface qui représente les compositions des solutions saturées à la
fois par rapport aux cristaux S, et S,. Enfin, lorsque les cristaux 3 appa-
raissent, la composition de la solution évolue suivant la ligne triple et
devient indépendante de la composition globale ^, /], "(.
De telles courbes de refroidissement sont des isobares à composition
globale constante. On pourrait étudier de même des courbes de détente
isotherme. On relève l'importance que joue, dans le déplacement de l'équi-
libre des systèmes de variance supérieure à l'unité, le point fixe représen-
tatif de la composition globale.
594
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHl.Mii: ruysiQUi;. — I. action des addilions sur l'aiioniahe de dilalution
des fcrninirkcls ; applicnlion aur alliages fei -nickel-chrome. Note ( ' ) de
M. P. Cdrvevakd, présentée jiar M. H. Le Cliatelier.
On peut interpréter l'anomalie des lerronickels réversililes (et, d'une
manière générale, celle de la plupart des substances ferromagnétiques :
cémentite, niagnétite, etc.) par la tiansformalion thermi(]ue progressive et
réversible d'une forme, stable à froid, en une autre, stable à chaud, entière-
ment miscible avec la première mais de densité différente : cette transfor-
mation débute aux très basses températures, acquiert sa plus grande
rapidité au voisinage du point de Curie, et ne s'achève que notablement
au-dessus de cette température.
Pour caractériser numériquement l'intensité de l'anomalie d'un ferro-
nickel, j'ai adopté V ampliliulc toUile du rhongcrnent relatif dr longueur
résultant de la transformation, dégagé de la dilatation normale.
Je rapporte la courbe expérimentale de dilatation C ( /ig. i), délerminéo
(' ) Séance du 28 février 192 1 .
SÉANCE DU 7 iMARS 19-21. SgS
entre — 183° et -+- 900", 11 une courbe hypothétique normale c ( '), (lui se
confond avec la première aux températures élevées, où la Iransformalion
est achevée; puis la courbe dillorence, F, ainsi obtenue, a été extrapolée
jusqu'au zéro absolu, en prenant pour guide le postulat de Nernst (-) :
l'ordonnée à l'origineest l'anomalie totale A^.
A.
t
6
10'
I
5
1
J
-%
^^^*^
le
Zo
K
là ^"
\V^=^^^
Fig. ^.
Dans certains ferronickels, le domaine de l'état austénitique, où se pro-
duit la transformation réversible, est tronqué par le changement allotro-
pique Ar. Il est possible, cependant, de calculer l'anomalie totale de ces
alliages comme si l'état austénitique était prolongé jusqu'au zéro absolu :
pour reculer l'apparition de la transformation Ar, j'ai eu recours soit à des
refroidissements très rapides (hypertrempes), soit à de petites additions de
(') La inélhode de déterininalion des courbes normales sera exposée dans un
Mémoire d'ensemble. Gomme aux lenipéralures élevées, la dilatabilité des difTérents
ferronickels varie d'une façon continue et, d'ailleurs lentement avec la composition,
les erreurs systématiques qui ont pu être commises dans le tracé des courbes nor-
males afifectent d'une quantité sensiblement constante l'anomalie totale des divers
alliages, au voisinage du maximum de la courbe A^, ; par suite, elles ne peuvent
modifier sensiblement la position de celui-ci.
(') D'après ce postulat, la courbe diflFérentielle aboutit normaleiuent à l'axe des
ordonnées au voisinage du zéro absolu.
596 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chrome, dont il était facile de corriger l'action sur l'anomalie réversible, à
l'aide des données recueillies dans l'étude systématique de la dilatation des
ferronickels chromés.
Dans le cas des ferronickels purs ('), la courbe A^ (courbe I, fig. 2), qui
traduit la variation de l'anomalie totale en fonction de la composition,
s'élève avec rapidité à partir d'un point d'abscisse 26 pour 100 Ni, teneur
pour laquelle le point de Curie s'approche du zéro absolu; elle atteint un
maximum très accusé, probablement même un véritable point anguleux,
pour une proportion de nickel correspondant au composé Fe"Ni, puis
redescend au delà.
A partir de 58 pour 100 Ni, la courbe expérimentale de dilatation est
rencontrée par la courbe normale, et le signe de A„ s'inverse; enfin, de 80
à 99 pour 100 Ni. l'anomalie totale change deux fois de signe, mais con-
serve une très faible intensité.
Les courbes II, III et IV, relatives aux alliages lenfermant 5, 10
et i5 pour 100 de chrome, ont, dans leur ensemble, même forme que la pre-
mière :
Si l'on projette sur le plan du diagramme triangulaire Fe-Ni-Cr les
points culminants des courbes A„, les points obtenus se disposent à peu
près sur une droite qui, partant de Fe^Ni, se dirige vers un point delà
ligne NiCr dont l'abscisse est approximativement [\o pour 100 Ni. Or,
d'après le diagramme de solidification des alliages nickel-chrome établi
par Voss (^), l'existence du composé Ni^Cr^ paraît probable.
L'hypothèse de la formation de Ni-Cr'' peut expliquer l'action « diluante >>
intense que le chrome exerce sur l'anomalie des ferronickels. C'est par une
hypothèse analogue, invoquant la formation de cémentite (Fe'C). que
M. Ch.-Ed. Guillaume (^) a réussi à interpréter l'action considérable de
très petites quantités de carbone sur le changement du minimum de dilata-
bilité et sur l'instabilité des ferronickels.
(') Ferronickels préparés par les méthodes industrielles, aussi exempts que possible
d'impureté, et tenant pour principale addition la petite f|uanlité de mangant'se indis-
pensable au forgeage : o,3 à 0,7 pour 100 Mn.
(^) Dans ce diagramme, les deux branches du litjuidus et les deux branches du
solidus aboutissent à un point anguleux commun dont l'abscisse, '|î> pour 100 Ni, e^t
voisine de la teneur en nickel de Ni'Cr' (42,93 pour loo iVi).
(') Comptes rendus, 1920, t. 170, p. i433, et t. 171, p. loSg,
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 697
CHIMIF MINÉRALE. — A propos d' une SYslématique des molybdates. Note
de M. S. PosTKRNAK, présentée par M. L. Maquenne.
Dans deux INotes parues dans ce recueil ('), l<'orsén développe une
systématique des polyniolybdates incompatible avec les résultats des
recherches expérimentales que j'y ai publiées antérieurement (-).
Forsén ne fait, en somme, que reprendre la tentative récente de
Kosenheim ( ') d'exprimer la composition de ces sels complexes parles for-
mules de deux acides hypothétiques, aquohexa et aquododécamol ybdique,
ll"'[M-(Mo(»'- •)'■■] el H'"l'll-(Mo-^0^)«|,
dont les polymolybdates ne seraient que des sels plus ou moins saturés, .l'ai
eu déjà l'occasion de m'expliquer à leur sujet.
Forsén adopte tacitement le deuxième de ces acides M'-0*-H'-, en le
désignant sous le nom d'acide métamolybdique. Il se contente de la moitié
du premier qui devient Mo'O'-H* et est censé exprimer, sous cette nou-
velle forme, la vraie nature de l'acide molybdique, auquel, sans aucune
preuve à l'appui, et bien inutilement, il attribue une structure cyclique.
Tandis que Rosenheim, conscient de la difficulté de la tâche, se préoc-
cupe dos faits contraires, connus à l'époque, et conserve le groupe d'isopo-
lysels, pour y ranger les décamolybdates, Forsén affirme catégoriquement
« qu'on peut faire dériver tous les molybdates connus de deux acides »
choisis par lui.
Gril est de toute évidence qu'on ne trouve de place, dans un tel système,
ni pour les penta (anciennement déca), ni pour les hepta ou paramolyb-
dates dont l'existence ne peut plus faire de doute depuis la préparation du
sel hexammonique anhydre et des heptamolybdates tri-et monoammonique,
ni enfin, pour les undéca et tridécamolybdates hexabasiques. Ces sels, que
j'ai décrits récemment, sont tous cristallisés, faciles à préparer el à ana-
lyser.
Comme son précurseur, Forsén s'occupe des paramolybdates, mais très
superficiellement. Pour lui, ces sels parfaitement cristallisés et analysés
avec des résultats concordants par plusieurs auteurs (Zenker, Delafontaine,
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 2i5 et 827.
(-) Comptes rendus^ t. 171, 1920, p. io58 et i2i3; l. 172, 1921, p. 1 i \.
(^) Zeitscli. f. arioig, Chcmie^ t. 96, 1916, p. iSg.
SgS ACADÉMIE DES SCIENCES.
UlliK) n'ont pas de composition délinic. Les parainolybdalcs dr sodium
f jusciu'ici on n'en connaissait (ju'nn seul) seraient des sels mixtes. Pour les
l'aire rentrer dans le système, il les formule
j\IoM)'=Na'll'.8H-(t 4- M.)M)i^Na-ir'.8ll-()
sans s'apercevoir que cette expression demanderait 25, (J2 pour loo d'eau.
Je ra[jpelle que les nombreux dosages publiés varient au maximum de 2/1,8,")
à 25, 1 3; mes propres analyses m'ont donné 2/4. 84 et 24,87 pour 100 d'eau.
On calcule 24,90 pour la formule de Delafontaine
3Na-M).7MoO'-h29.H=0,
et 25, i5 pour 100 pour celle de Rosenheim
5!\a-0.iîMoO^+:^(;iin>.
Voilà donc une systématique qui écarte, dès sa première confrontalion
avec les faits, la majeure partie des polymolybdales connus ! Ce qui est
encoi'c plus extraordinaire, c'est que, basée sur un raisonnement inexact,
elle ne systématise, sauf les ortliomolybdates, que des composés imagi-
naires.
Forsén pense que, puisque les orlhomolybdates sont neutres et les poly-
molybdales acides à la phtaléine du phénol, ceux-ci sont des sels non
saturés de ceux-là. La formule généralement attribuée aux orthomolyb-
dates M-MoO' n'admettant théoriquement qu'une série unique de sels
acides, il la triple arbitrairement et obtient ainsi les cinq séries suivantes
de sels à acidité croissante :
iMo^O'^M'M, Mo^O'^M'ir^ Mo^O'^M'Ii', Mo^J'^XP ||'., Mo^J'^Mll',
qui représentent, dans son esprit, autant de groupes do polymolybdatos
réellement existants.
Or on chercherait en vain, dans la liltéiature, un seul exemple corres-
pondant à une quelconcpie de ces cinq séries. Même les Irimolybdates
i)imétalli(pies des auteurs, auxquels on pourrait songer un instant, sont
moins riches en eau constitutive; les sels acides de composition ci-dessus
n'existent pas.
J'ai montré, en elfel, que les polymolybdates hexabasiques salures ne se
transforment ])as, sous l'influence des acides minéraux, en sels acides, mais
en homologues supérieurs également saturés et de plus en plus condensés.
Ce n'esl (juà la limile de condensation, (|ui est atteinte par la formation du
SÉANCE DU 7 MARS I92I. 699
complexe lridèc(irnolyh(liqtte^ qu'il devient [tossible de [)iépaiei' des sels
acides de ce dernier.
Inversement, en ajoiilaiit de Talcali an\ solutions de ces sels, on diminue
la complexité des polynioiybdates jusqu'à leur transformation intégrale en
trimolybdates hexabasiqucs saturés (anciennement orthomolybdates) qui
représentent le premier terme de toute la série. On voit qu'avant Korsén,
j'ai été amené a tripler la formule de ces derniers, mais pour des raisons
autrement probantes, énumérées aiileuis.
C'est là aussi la vraie cause de racidilé apparenU' à la plitaléine du phénol
des polynioiybdates liexabasiques saturés. Elle a son pendant dans l'alcali-
nité égalenienl apparente des mêmes sels vis-à-vis de l'hélianlhine, fait non
encore signalé el pouvant paraître paradoxal a priori^ surtout pour les
orthomolybdates, considérés jusqu'ici comme semblables aux sulfates
neutres.
Pour faire virer au rose l'hélianthine, il faut employer environ 4*"') 5
d'acide minéral poui' les ortho (formule triplée), i"'',^ pour les heptamo-
lybdates, o''',4 pour le nona et o"",! [)Our l'undécamolybdate d'ammonium.
Les polynioiybdates tétrabasiques (deuxième groupe établi par moi et
dérivant du premier par dislocation hydrolytique) peuvent, par contre,
exister à l'état acide, quel que soit le nombre de leurs chaînons molyb-
diquçs. Les sels monométalliques solubles de ce groupe colorent nettement
en bleu le papier de Congo.
Je serai bref en ce qui concerne l'acide métamolybdique de Forsén, qui
fut imaginé par Rosenheini pour englober les octo et les tétramolybdales
dans le même système.
J'ai prouvé, sur l'exemple des sels d'ammonium, que les octomolybdates
d'Ullik ne sont que des tétramolybdates tétrabasiques monomélalliques et
que les tétramolybdates des auteurs sont effectivement des dodécamolyb-
dates hexabasiques, de formule 3 R-0 . 12 MoO% n'ayant cependant rien à
voir avec l'acide aquododéca ou métamolybdique qui contient 3'""' d'eau
constitutive en trop.
6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Siff l'entraînempnt de Ja chaux et de la magnésie par
les précipités (Foxyde chromicfue. ^ote de M. Er. Toporescu, présentée
par M. H. Le (lliatelier.
Dans deux \otes précédentes ('), je me suis occupé d'étudier l'en-
traînement de différents oxydes par les précipités d'oxyde ferrique, en vue
de déterminer quels sont les facteurs déterminant le phénomène et d'établir
des méthodes permettant de séparer l'oxyde de fer des substances entraî-
nées. Dans celte Note, je me propose d'étudier l'entraînement de la chaux
et de la magnésie par l'oxyde de chrome, dans le but de reconnaître si le
phénomène d'entraînement est d'ordre chimique ou physique.
Les précipitations ont été Loutes faites à l'ébuliition en ajoutant à 5o™'
de solution 5""' d'ammoniaque concentrée; on laisse ensuite refroidir et 1 on
filtre. Dans toutes ces précipitations, l'oxyde de chrome est toujours mis en
présence d'un excès de sels soluhles.
Entrainement de la chaux. — La solution de cFilorure tle calcium contenait 7.74
pour- 100 fie sel et celle de chlorure de chrome i , i52 pour 100, en \ariant les propor-
tions de manière à avoir toujours 5o""' de solution.
lion.
(^ompnsili
lon.
Cnmposilii
^'■-
Sohi
'. f.aO.
l'réripili'-.
r.a 0.
Solnli
Cl'Cr.
Précipilé.
cÏÏcTT
Cr'll'.
Cad.
cin>
cm'
»
s
pour 100
cm=
cm»
K
e
pour lui)
1
5
0,0221
0.
027(1
80
10
5
0,0298
0,0276
107.9
2
»
0,0259
»
93,8
2..J
2.5
0,0169
0,0128
124,2
2,5
»
0,0807
»
111,2
»
5
o,o3o7
0,0276
111.2
3.5
»
0,0290
»
io5, 1
»
7.^'
o.o355
0 , 0394
90. 1
5,5
»
o.o3i9
»
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>.
10
0 . 0896
0 . o55o
-'.
7,''^
))
0,0281
»
101 ,8
On peut voir dans ce Tableau que la quantité de chaux entraînée croît
avec la concentration de la solution en chlorure de calcium et tend vers une
limite qui correspond à 108, 3 pour 100 du poids de l'oxyde de chrome.
Kn cherchant à voir si cet entraînement limite correspond à une combi-
naison chimique, on trouve qu'elle correspond à un chromito qui ren-
ferme pour une molécule d'oxyde de chrome trois molécules de chaux
Cr-0% iCaO. Pelouze, dans son travail ( -), donne comme formule de ce
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. i25i et t. 171, 1920, p. 3o3.
(-) Ann. Chini. Pli., 3° série, t. 33, p. 9.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 60 I
cliioinite Cr-O'', 2CaO, formule inexacte, car il avait o[)éré dans des con-
ditions où l'entrainenient de la cliaux n'était pas maximum.
( )n peut enlever toute la chaux entraînée en lavant sur le filtre le préci-
pité avec une solution bouillante à 5 pour 100 d'azotate d'ammonium.
Eatrainenn'nl de la magnésie. — Les solutions qui m'ont servi pour faire les
précipitations ont les concentrations suivantes : celle de sulfate de magnésium,
4,9'! pour 100 et celle de sulfate de chrome, 1,79 pour 100. Four empêcher la préci-
pitation directe de la magnésie par l'ammoniaque, j'ai introduit dans les solutions
une qu;uitité constante de chlorure d'ammonium é;;ale à 2 pour 100.
Cuinposition.
Solution. Précipité.
SO'.Mg. (S0<)3Cr=. i\lgO. Cr-0^ MyO.
cm^ cm™ îî g pour 10»
5 5 o,o357 o,o347 102,8
>> 7,5 o,o465 o,o5io 9.1,1
» 10 o,o584 0,0698 83,7
» 12,;") 0,0680 0,0880 77,3
» i5 0,0-45 o,io52 '70,8
On voit que l'entraînement de la magnésie est notable, mais irrégulier,
et augmente avec la concentration en sulfate de magnésium. Cette irrégu-
larité dans l'entraînement est due à la quantité de chlorure d'ammonium
qui se trouve dans la solution primitive. En saturant la solution en chlorure
d'ammonium, cet entraînement atteint une limite :
(S0»)3Cr=. SO*Mg. Ci-Hl'. MgO. MgO.
0
10
0,0224
0,0210
9'',7
»
25
o,o258
0 , 0264
102 ,3
l>
45
o,o256
0,0265
io3,4
»
sat.
0,020I
0,0244
■ 121,3
conc. arbitr.
»
1 1 , o456
o,o523
1.4,4
«
"
0,044*
0,0545
1 23,3
» )) o,o536 0,0618 116,3
Cette limite correspond à un chromite bien déterminé qui a comme
formule Ct'0\ 3MgO.
Pour débarrasser le précipité de la magnésie entraînée, on lave plusieurs
fois par décantation le précipité avec une solution bouillante d'azotate
d'ammonium 5 pour 100.
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voit ([lie dans ces deux expériences le pliénomènc de l'enliaînemcnl
appai-aît comme d'ordre chimique.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage du nuiUosc on du lactose en présence
d'autres sucres réducteurs (^emploi de la liqueur de liarfœd). Noie
de M. Legra\d, présentée par M. l.. Lindet.
L'emploi de la liqueur de Barfœd (') (i partie d'acétate neutre de
cuivre dans i5 parties d'eau, dont on prend 200""' pour ajouter 5""' d'acide
acétique à 38 pour 100) oflVe, pour le dosage du maitose ou du lactose, en
présence des autres sucres réducteurs, une ressouice que l'on méconnaît
d'ordinaire. Les monoses (glucose, lévulose, galactose) réduisent en
efiet l'oxyde cuivrique de cette liqueur, les bioses (maitose, lactose) ne
le réduisent pas. On peut donc obtenir la quantité de maitose ou de lactose
contenue dans une solution sucrée, par différence entre la somme des
monoses et des bioses déterminés par la liqueur de Feliling et la quantité
de monose obtenue par la liqueur de Barfœd.
Siebeii ("-), pour éviter do former, par évaporation de l'acide acélicjue, un sel
basique el pouvoir détacher du verre l'oxydule de cuivre déposé, cliauflail les liqueurs
en vase scellé, pendant trois jours, au bain-n)arie à 4o°. J'ai préféré chaulTer à l'ébul-
lilion pendant-3 minutes dans un vase conique, el j'ai constaté que, dans ces condi-
tions, la perte d'acide acétique, qui n'est que de 4 pour 100. n'iniluepas sur le résultat
et n'entraîne pas la formation du sel basique, .l'ai opéré sur des quantités constantes
d'acétato de cuivre à une concentration favorable, soit : j'''"' de solution sucrée
(contenant au plus os, 100 de sucre) et i5'^'"' de li((ueur de Barfœd.
1^'oxydule de cuivre est recueilli sur un filtre ordinaire, el, suivant les indications
de M. Gabriel Bertrand, je dose le cuivre volumétriquenient par le sulfate ferrique el
le permanganate. .1 ai ainsi établi des courbes donnant le poids de cuivre réduit eu
fonction de (.{uantités connues de monoses, et je me suis assuré que le maitose et le
lactose, seuls ou en mélange avec des monoses, ne réduisaient pas l'oxyde de cuivre
dans les conditions précisées plus haut.
I. J'ai appliqué la méthode précédi-mmcnt décrite, à l'étude de certains
liquides, dans lesquels le maitose se trouvait en présence de glucose ou de
lévulose.
Moûts de saccharijicatiou . — Dans des moi'its de mais et de seigle, saccha-
(') Bahki*;i), Organisclic Analyse <nuililal'ne ( Copenliague, 1881).
(■-) SiBBE.N, Z. (I. Ver. fur il. I\tiben:.iict\cr Ind., t. 3'i-, 1884, p. SSj-SSS.
SÉANCE DU 7 M A US uyiï . 6o':i
ridés par de l'extrait de malt ou par la plyaline de la salive, j'ai dosé siimil-
tauéineiit le maltose et le glucose, provenant du dédoublement du maltose
par la mallase.
drains en genniiuitlon [ori;rs ri san-usins). — Les grains ont été broyés et
Irilurés dans de l'eau contenant du bisulfate de mercure pour empêcher les
diastases d'agir, et pour précipiter les matières azotées, l'excès de bisulfate
étant éliminé par de l'eau de baryte. De toutes mes analyses portant sur ces
grains à différents stades de germination industrielles (Distillerie Maisons-
Alfort), j'ai conclu à l'existence, quelquefois contestée, du maltose dans ces
grains, et par conséquent d'une saccliarification interne. J'ai remarqué
ainsi (jue la proportion de maltose par rapport aux autres sucres réducteurs
semblait diminuer pendant la germination, ainsi que l'indique le Tableau
ci-dessous.
Germes de pommes de terre. — En opérant de la même manière sur ces
germes, j'ai trouvé des quantités assez importantes de maltose.
La présence simultanée de maltose et de glucose dans tous les liquides
analysés a été vérifiée par l'acétate de phénylhydrazine.
Gi'Hins de s;irr;is]'n Germes
l'iiains d'orge en gerininatioii. en yerminiilion. de pommes
de lerrc
Pour lOU de grains secs. l'oiir 100 de grains secs.
Pour loO
Sortant du i jours di- S jours de i jours de 8 jours de de niatii're
trempage, germination, germination. germination, germination. sèclic.
Maltose 0.14 1,04 0,83 o ,'i'i 0.08 1 .01)
\iitres sucri'.s ré-
ducteurs ",-'i 1.53 1.80 o,6.> 1 . i8 4.8o
Mallose.
-: — ; o.lio o,6c) 0.4D o.jq ii.ofi 0.22
.Sucresieducleurs j
IL Pour le dosage du lactose en présence d'autres sucres réducteurs, je
me suis adressé à des laits plus ou moins altérés, ils avaient été conservés
pendant un assez long temps, au bichromate, pour être ensuite expertisés.
Dans ces conditions, le lactose avait subi une hydrolyse partielle en glucose
et galactose.
Les pouvoirs réducteurs de ces sucres étant supérieurs à celui du lactose
anhydre, on ne peut estimer exactement la quantité de sucre contenue dans
le lait et calculer l'extrait sec total au moyen de tous les éléments dosés
séparément.
.]"ai pensé ((ue le dosage de ces deu.x mouoses pouvait être rendu facile en employant
la li(jueur de Harl'a'd.
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il m'a fallu d'abord déterminer les poids de cuivre précipilé par des ijuantités con-
nues de glucose et de galactose mélangées en mêmes proportions; puis trouver, par la
liqueur de Feliling combien de glucose correspondait au lactose non hydrolyse, et enfin
convertir cette dernière quantité de glucose en lactose anhydre, en multipliant celle-ci
par le coefficient i ,353.
A l'aide du pouvoir rolatoire, j'ai pu vérifier mes résultats et pour trois
échantillons de lait (certainement mouillés) défèques au bisulfate de mer-
cure et saturés par la baryte, j'ai obtenu :
J'our loo
de lait.
Ijaiiose
anhydre
par pouvoir
pa» poiivoii'
* ilucosc ''
lies sucres
'
rcdiicleur.
rotiitoire.
-r- galactose.
réducteurs
Premier écliaiilillon ...
.. .,.4
2,4o
i,.53
3,67
Deuxième écliantillon . .
. ■>.,%i
■^>9^
(,,6y
3,52
Troisième échantillon. . .
2 , 07
2,26
'-93
4,00
Cette même méthode est, d'autre part, la seule qui puisse être appliquée
à la détermination de la quantité de saccharose transformée en sucre inverti
dans des laits concentrés.
La liqueur de Barfœd peut être utilisée dans les brasseries et les distil-
leries de grains et par les chimistes de la répression des fraudes.
GÉOLOGIE. — Li's chaiigrrnents de clinuil du Sahara pendant le (Jualernaiir.
Note de M. H. Chudeait, présentée par M. H. Douvillé.
Dans une Note précédente, j'ai cherché à indiquer les grands traits de
l'hydrographie ancienne du Sahara occidental et central. Le Sahara orien-
tal, moins bien connu, semble assez diflférent (' ) et nous le laisserons de
coté. 11 reste à fi.xer à quelle date est mort ce réseau hydrographique. Celle
date n'est pas très lointaine : un premier témoignage est fourni par les
oueds eux-mêmes dont les berges sont souvent bien conservées; rarchéo-
logie fournit d'autres preuves : certains groupes de lombes monumentales,
dont la construction a visiblement exigé un long travail, se trouvent dans
les lanczrouft, parties du désert où tout séjour est actuellement impossible ;
des ujcules à broyer le grain, trop lourdes pour être transporlables, se
(') l'].-F. Gai'TIEK, Ann. de Géographie, 1919, p. 4oi-'i>3.
SÉANCE DU 7 MARS I921. 6o5
renconlrenl dans des conditions analog-ues; elles sugj;èrenl l'existence de
villages d'agriculteurs sédentaires en des points où les pasteurs ne peuvent
plus que passer rapidement.
La stratigraphie du Quaternaire soudanais est inconnue; sur celle du
Sahara, on n'a que quelques indications fragmentaires; malgré de nom-
breuses recherches, l'échelle des mammifères du Quaternaire algérien n'est
pas établie avec précision. Les points de repère certains foni donc défaut et
l'exposé suivant comporte une large part d'hypothèses.
On sait que la uiétéorologie théorique enseigne que, au voisinage des
tropiques, doivent exister des zones où les pluies sont rares (déserts): au
sud de cette zone, dans l'hémisphère boréal, se rencontrent des régions à
pluies d'été; au nord, des régions à pluies d'hiver. Cette disposition des
climats, qui dépend de causes astronomiques permanentes, doit a priori
être fort ancienne. En fait, on sait que, depuis l'Oligocène, l'Algérie est
un pays de chotts; elle avait donc,, comme maintenant, un climat sec, un
climat de steppes; ou sait, avec plus de précision, « que la direction des
vents dominants et la répartition des pluies entre les saisons n'ont pas varié
d'une façon appréciable depuis la fin du Pliocène ancien » ('). Mais il y a
eu des variations dans la quantité des pluies. Ln Berbérie, les dernières
périodes humides correspondent au Paléolithique ancien (Chelléen) et
moyen (Moustérien), périodes de grande extension des glaciers en Europe,
et par suite de hautes pressions au nord de la Méditerranée.
On peut admettre qu'à cette époque, la zone des calmes tropicaux était
plus méridionale qu'actuellement et qu'il pleuvait au Sahara; le désert
s'étendait sur la zone sahélienne et le nord du Soudan où il est encore
indiqué par les Ergs fossiles qui couvrent ces régions et que j'ai pu suivre
du Sénégal au Tchad: leur limite nord se trouve au voisinage de 18"
lat. N. à la limite sud du Sahara actuel.
En même temps que les glaciers reculaient en Europe, les zones de
climat remontaient vers le Nord et venaient occuper progressivement leur
position actuelle; la pluie cessait de tomber régulièrement au Sahara et les
fleuves ne coulaient plus que d'une manière accidentelle. Ces crues espacées
permetlaienl cependant la vie le long de certains thalwegs, en des points
choisis, comme elles la permettent encore dans quelques oasis.
Peu à peu les dunes sont venues barrer les vallées, frappant de mort
tout ce qui était à l'aval : une dune, établie à Foum El Kheneg (29" lat. N.)
Cj Général de Lamottk, Congrès gcoLoL;i<iuc de Mexico, igoO, p. 44''
C. R., 1921J i" Semestre. (T. 172, N* 10.)
46
6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à Iraveis le lil de l;i Saoïira. a arrêté les crues de igoj etde 1906; un canal y
a été creusé el la crue de 191 1 est parvenue à -o"*™ plus au sud. à Haci
Djeliebel. Ce mécanisme a dû jouer fréquemment.
Quant aux fleuves qui. comme le Niger, descendaieul des hauteursvoisines
du golfe de Guinée, où il a toujours plu, et abnutissaieul au Sahara, il
semble qu'ils oui surtout été victimes de pliénomèues de caplure: j'ai
montré ailleurs comment le Taflassasset avait capté le Niger probablement
au Paléolithique, vers la fin de la période glaciaire (').
.l'ai iudiqiu; aussi antérieurement (-) comment au Sahara, où l'érosion
fluviale ne joue plus, des mouvements tectoniques avaient modilié la peute
de certaines vallées, au point d'empêcher les rivières de couler.
Cette morl progressive des oueds, due à des causes mécaniques cl non
plus climatiques, explique que pendant longtemps, pendant le Néolilhique
el même pendant les temps historiques, des sédentaires aient pu se main-
tenir dans des vallées aujourd'hui inhabilables.
Cette histoire de l'hydrographie ancienne du Sahara explique bien
comment les Vertébrés et les Mollusques aquatiques d'origine éthiopienne
ont pu pénétrer jusqu'aux confins de la Berbérie; elle explique aussi
comment une flore méditerranéenne a pu s'établir sur les hauteurs du Sahara
central ; quand les oueds sahariens coulaient, cette flore a pu les suivre au
loin vers le Sud; lorsque, avec le recul des glaciers, ils se sont asséchés, les
espèces méditerranéennes ont dû se retirer vers le Nord ou émigrer sur les
hauteurs; par un phénomène parallèle, la flore des Alpes et dos Pyrénées
présente des formes communes avec l'exlrème nord de l'Europe.
Le Sahara occidental jusqu'à 200'^'" ou Jog""" de l'Atlantique est un peu
moins aride (pie le Sahara central; li-s oueds ont dû s'y assécher un peu
plus tard; l'Hippopolame aurait vécu dans la Seguiert El llomra jusqu'à
l'époque romaine ('); encore actuellement, la forêt d'Arganieis de lOucsl
marocain contient de nombreux Mammifères à affinités éthiopiennes (' );
j'ai montréailleursque,dansle Rio de Oro, et même dans le norddel'Adrar,
à côté d'espèces sahariennes qui dominent, se rencontrent mélangées de
nombreuses plantes originaires de la Méditerranée et du Soudan.
La dessiccation du Sahara, causée essentiellement par un changement
de climat coïncidant avec la fin delà période glaciaire, s'est achevée par des
(') Afin, de Géographie, yànv'xtv 1919, p. 52-6o.
(2) Hull. Soc. géol. Fr., fx" série, l. 18, 1918, p. 81.
(') Joi.EAi't), Bull. Soc. géol. Fr , 4"' série, t. 20, 1920, p. i3-a6.
(*) JoLEAUl), Huit . Soc. ZOOI. l'r., l. h'i, 1918, p. 83-I02.
SI^ANCE DU 7 MARS 1921. 607
causes mécaniques (barniges des oueds par des dunes, capluies, mouve-
nienls tecloniques); ces derniers plicnonièncs onl agi plus rapidement dans
le désert de Libye que dans le Saiiara ceiilral et surtout occidental, où
rélevaj;e des biuufs accompagne encore celui des chameaux entre le
Sénéi^al et le Maroc.
Le roseau hydrographique saharien, tel qu'il est reconstitué actuelle-
ment, était le résultai d'une longue évolution, dont il est encore im[iossible
de reconstituer les phases; les faits connus sont trop peu nombreux. Il
existe des traces de terrasses : près de Taourirt (Bas Foual) et dans le
nord de T Vbnet, des couches à Cardiiim edule sont en place à V" au-dessus
des thalwegs actuels; en Mauritanie et dans l'Azaouad, des calcaires fjua-
ternaires lacustres sont entaillés (juscju'à i5'") par l'érosion llnviale (')•
Les falaises gréseuses du cap Blanc sont des dépôts d'estuaire, indiquant
un fleuve important dont les traces ne se retrouvent pas en Mauritanie;
l'existence dans ces grès et aux Canaries à^Helix (iriwe/i. qui appartient à
un groupe canarien, permet de croire que ce fleuve prenait sa source dans
rarchi|)el avant l'effondrement de l'Atlantide: cette opinion est renforcée
par Fexistence de quelques plantes canariennes sur le littoral atlantique du
Sahara et de quelques mollusques (■). Et ceci nous reporte probablement
au début des temps quaternaires.
BOTANIQUK. — Le (liinorpliismc des éléments c/iromosomitjiies chez le Polypo-
dinm Schneideri pendant les périodes de lélopliase et d interphasc. Note de
M. 11. i>E LrrARDiËKR, présentée par M. Gaston Bonnier.
Le Polypodium Schneideri Hort. (non Christ), hybride des P. nureum L.
elvidgare L. forme co/-n«/w/?5e(Moore)(') m'a offert une particularité cyto-
logique sans précédent : dans les noyaux appartenant à la période de télo-
phase, on remarque, au milieu de filaments chromosomiques assez minces et
moniliformes, identiques à ceux du P. vidgare, d'autres (ilaments, bien
moins nombreux, très chromatophiles, d'un calibre beaucoup plus fort et
(') Ihdt. Soc. L^éol. Fr., 'i' série, t. t2, 1912, p. !\2n.
(-) L. GiiRMAiN, tiull. dit Muséum^ 191 ', p- Saj.
(^) Celte plante a été obtenue par M. Schneider dans les serres de MM. Veitcli el
(ils, à Cheisea près Londres.
Le P. vulgare forma coniubiensc (Moore,/'/'o var.) est coiuui aussi sous le nom
de var, elesantissiinum K. Stansf.
6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
beaucoup plus régulier, présentant de la sorte un aspect de chondriocontes.
La structure des noyaux interphasiques est semblable; mais presque dès
le début des processus d'anacbromase ( '), les filaments perdent peu à peu
leur caractère héléromorphe, car il se produit une égalisation de la subs-
tance des éléments moniliformes. A la métaphase, on ne remarque aucune
différence appréciable entre les cbromosomes, à pari certaines inégalités
de longueur, du reste assez faibles, comme cela a lieu dans la majorité des
Polypodiacées.
Le Polypodiiim Sclmcideri étant, je viens de le dire, d'origine hybride,
on aurait pu tout d'abord croire qu'il existait là une différence inhérente
aux chromosomes des deux parents; mais, dans les noyaux en télophasc du
P. aiireum d'une part et du P. vulgare forma cornuhiense d^aulre part, les
éléments chromosomiques sont semblables. Les cordons épais de l'hybride
se présentant en nombre bien plus faible que celui des filaments grêles,
on pourrait alors songer qu'ils correspondent aux chromosomes du
P. aureum, puisque cette espèce a apporté seulement un contingent de
36 chromosomes lors de l'union des gamètes, tandis que celui du P. vul-
gare forma corniibiense est de beaucoup supérieur.
Dans cette hypothèse, il faudrait admettre que les éléments chromoso-
miques du P. aureum, transportés dans un milieu qui n'est pas le leur,
subissent dès lors une évolution spéciale, un « catachromasisme » diffé-
rent de celui qu'ils présentent dans leurs propres noyaux.
L'étude des hybrides offre toujours un grand intérêt au point de vue
cytologique; peut-être retrouvera-t-on ailleurs des faits identiques à celui
que je viens de signaler; ils prouveraient que rexpliealion que j'en donne
est bien conforme à la réalité.
BOlANIQUi:. Sur une tige à géolropisiiie horizontal. \nle de M. Henri
CoLPiN, présentée par ^L (laston Bonnier.
De ce qu'un fait est d une fréquence extrême, il ne faut pas en conclure
qu'il soit absolument général. Cette vérité évidente par elle-même semble
(') \ ejdovsky (1907, 191 a) a "créé deux, termes {Kalachromaxe et Anachromase)
pour désigner \q9, processus chromosomiques qui se déroulent pendant les périodes de
lélophase et de propliase; aucun auteur n'a encore suivi lo cvtolos:isle Icliriiuo ; mais
il m'a semblé que la reprise de ces noms s'imposait, ciir ils cariulérisoiii p;ii liiileuieiil
l'etal du noyau au cours de ces, périodes caryocinétit/iirs.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 609
avoir été négligée dans un certain nombre de phénomènes ressorlissanl des
Sciences naturelles en général et de la Botanique en particulier, où Ton
semble s'être efTorcé d'émettre des aphorismes généraux, alors que, bien
souvent, les exceptions sont presque aussi nombreuses que les cas considérés
comme normaux. Je voudrais, à ce propos, faire quelques remarques au
sujet dune notion qui semblait, jusqu'ici, définitivement établie et relative
au géolropisnic de la lige. Il est, évidemment, de connaissance banale que,
à moins qu'elle ne fût rampante. la tige aérienne, dès sa naissance, se dirige
en apparence toujours en sens contraire du centre de la Terre, c'est-à-dire
est douée d'un géotropisme négatif. Cette constatatioa, qui est si fréquente
et sert même à définir, pbysiologiquement, la tige, n'est, cependant,
pas aussi générale qu'on le croit. J'ai pu le constater très facilement à l'aide
de graines, cependant très connues, celles des Lentilles.
En cultivant, à l'obscurité, des semences de la Lentille largerhlonde ou de
la Lentille verte du Puy (il n'y a pas de raisons pour supposer qu'il n'en soil
pas de même pour les autres races, d'ailleurs peu nombreuses, de Lentilles),
on obtient une jeune tige croissant rigoureusement suivant l'horizontale et
ayant, par suite, ce qu'on peut appeler un géotropisme horizontal (on dit
aussi plagiat ropisme) .
Si, après qu'elle a commencé à se développer ainsi que je viens de le dire,
on place cette tige verticalement (soit vers le haut, soit vers le bas), ou
obliquement, elle continue à croître, non dans le sens vertical, mais horizon-
talement, ce qui montre que son horizontalité est bien due à son géotropisme
et non, comme on pourrait le supposer, à la position initiale qui lui imprime
sa position primitive dans la graine. Cette croissance horizontale continue
jusqu'à ce que la tige meure d'inanition, c'est-à-dire lorsqu'elle a atteint
une dizaine de centimètres. Une telle constatation est facile à faire si l'on
prend soin de cultiver les plantules dans un milieu aqueux et de telle sorte
que la tige puisse s'étaler librement sans être gênée par des objets voi-
sins ( ').
Cette croissance horizontale, et c'est là un point essentiel à noter, n'a
lieu qu'à F obscurité. Si les graines sont mises à germer dans les mêmes
(' ) Si l'on cultive les plan lu les sur un milieu solide (sciure de bois^ terre, sable, etc. )
humecté, les liges, après avoir rampé sur le substratum pendant une dizaine de centi-
mètres, témoignent d'une certaine tendance à se relever, au sommet, dans le sens de
la verticale, mais il pourrait bien se faire que ce changement de direction fut en rap-
port avec Vhydrotropisine négatif 'pXuibi qu'avec le géotropisme.
6lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
conditions, mais en recevant de la lumière sur tout leur pourtour, les tiges
se dirii;enl vers le zénith, ce qui montre, d'une part, qu'elles ne sont pas
rampantes dans les conditions naturelles, et, d'autre part, que leur géotro-
pisme, dans les mêmes conditions, est négatif. La présence ou l'absence de
lumière a donc uiodifié la nature même du géotropisme; on peut, d'ailleurs,
s'en rendre compte d'une autre façon en mettant à la lumière une tige
étiolée, laquelle, comme je l'ai dit, est toujours horizontale : quelques
heures après, elle continue à croître, mais, cette fois-ci, verticalement vers
le haut. Il est bon de remarquer, en passant, que la tige de la Lentille n'est
que très modérément phototropique, c'est-à-dire qu'elle s'incline à peine
vers une source unilatérale de lumièie.
En résumé :
i" Les tiges aériennes (non rampantes) n'ont pas toujours, comme on le
dit, un géotropisme négatif; celui-ci, quoique extrêmement fréquent, n'e.s7
pas rigoureusement général:
2" Les tiges de Lentilles cultivées à l'obscurilé ont un géotropisme nette-
ment horizontal;
3° La lumière, d'une autre façon que par le phototropisme, peut modi-
fier le sens du géotropisme, Ainû qu'on le voit dans la tige de la Lentille,
qui, d'horizontale qu'elle est à l'obscurité, devient verticale à la lumière.
Ces constatations pourront peut-être avoir (pielque intérêt pour faciliter
la recherche des causes (encore inconnues ) du géotropisme.
HOrAMQUi:. — A propos des greffes de Soleil sur Topinambour. Note
de M. LuciEX Da.mei.. présentée par M. Gaston Bonnier.
<_)a sait depuis longtemps (juc. dans les grelles tic Soleil sur 'i\q)inan)liour,
celui-ci donne une luberculisation réduite et emmagasine (piand même de
l'inulinc pour passer à l'état de vie ralentie. On peut se demander si,
comme on l'a affirmé récemment, l'inuline ainsi mise en réserve provient,
exclusivement ou prescpae, des produits dextrogyres élaborés par le Soleil
giell'on. S'il en est ainsi, la valeur des réserves du sujet, considérée chez des
exemplaires dilTérents, doit être proportionnelle sensiblement au déve-
loppement et aux poids relatifs des grefl'ons, à la lin de la végétation de
ceux-ci, comme cela se produit quand on grelTe des Heliant/ius orgyalis sur
Topinandiour qui, comme lui. fabrl(|uenl de l'inuline et se développent
d'une façon pres(pie analogue.
SÉANCR DU 7 MARS 1921. ()II
En vue de résoudre ce problème, j'iii t'ail l'an dernier, à six semaines
d'intervalle, deu\ séries de grelles de Soleil sur 'Topinambour, dans des
conditions aussi comparables (jue possible. Les jj^refTons se dcvelop[)èrenl
d'une façon très iiiéj^ale; le nombre, le volume et le poids des tubercules
formés par lès sujets furent des plus variablossuivaul les exemplaires. Ainsi,
cliez siv greffes de la première série, les poids des tubercules étaient de
275'-', 57''', 9;)", 80", io5" et 35''' quand les greffons presque secs pesaient
respectivement 4_'|5", 5io*^, io5'*, loï', 35o° et 227°; chez dix exemplaires
de la deuxième série, les tubercules pesaient 4o"', i^S", Ho'', 85", 1 17^, 63',
90% y5% 78» el 120" el les greffons 280s, 3io*-', gG«, -5s, 190", 80^, 90»,
laSS 68«et iSS''.
La proportionnalité n'existant pas, il faut en conclure que le Soleil n'est
pas le générateur principal de l'inuline du Topinambour greffé. Mais alors
d'où provient cette substance? Les expériences suivantes vont nous ren-
seigner sur ce point.
Considérant que toute olodibiose ou greffe ordinaire est précédée d'un
effeuillage et d'une décapitation du sujet, interrompant la circulation libé-
rienne après reprise comme dan-s une décortication annulaire à lèvres
rejointes, j'ai maintenu unitiges des topinambours et je les ai effeuillés,
décapités ou décortiqués en supprimant leurs pousses de remplacement.
A la fin de la végétation, j'ai recherché les variations de tuberculisation
produite-^ par ces opérations en comparant avec des Topinambours témoins
également maintenus unitiges. Les résultats de ces expériences ont été
très démonstratifs. Tandis que les témoins ont fourni un poids moyen de
tubercules de 4''*''»38o, les pieds opérés ont eu des poids de tubercules
beaucoup plus faibles. Ainsi des exemplaires effeuillés unilatéralement et
progressivement, auxquels j'avais laissé 12 feuilles au sommet, ont donné
i''B,76o de tubercules, en leur laissant G feuilles seulement le poids est
tombé à 8i5^; donc la mise en réserve est sensiblement proportionnelle à
l'activité et la quantité de la chlorophylle de l'appareil aérien.
J'ai décapité des Topinambours à des hauteurs ditt'érentes, 35<^"', 60"=" et So"'", en
laissant deux feuilles au sommet pour entretenir la vie de la tige, el en supprimant
avec soin les pousses de remplacement, j'ai récolté seulement 35s, 8oS, laSï el 164"^
de tubercules en moyenne. La mise en réserve était proportionnelle sensiblement à
la longueur de la tige conservée. Dans les exemplaires décapilé.s à la même hauteur,
mais auxquels j'avais laissé un nombre variable de feuilles d'appel, les réserves étaient
en rapport avec ce nombre, réduites encore s'il n'y avait qu'une feuille conservée,
augmentées au contraire s'il y avait plus de deux feuilles. Avec deux verticilles de
Ijois feuilk'S, il y eut 3i5"' de tubercules el 470" a\cc trois verticilles. La valeur dt"^
6l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réserves dépend donc ii la fois de la c:ipacilé fonctionnelle di--: feuillis i-t de colle de
l;i portion de tige conservée.
J'ai fait en outre des décorlications annulaires de grandeur différente, i"" et >'" à
des hauteurs variables au-dessus du sol. Les ^jrerniers ont assez rapidement rejoint
les lèvres de la blessure, tandis que la plaie des secondes est restée béante jus<|u"à la
fin de la végétation.
Les exemplaires complètement cicatrisés m'ont donné en moyenne 2''?, 45o de tuber-
cules, la circulation du lévulose avait subi un temps d'arrêt, mais elle s'était faite de
nouveau ensuite quoique plus lente. Dans les autres, le transport s'était arrêté, et
l'inuline n'avait pu se former qu'aux, dépens de la partie de la tige inférieure à la
décortication. La moyenne des poids des tubercules a été de 225^, mais ceux qui
avaient été décortiqués à So"" du sol avaient des poids variant de 5oe à 808 au plus.
Enfin chez des pieds décapités en même temps que décortiqués à 5'''" de largeur, la
mort était venue rapidement avec une mise en réserve insignifiante. Ayant opéré à
des époques différentes j'ai encore constaté que les résultats obtenus variaient avec
l'âge des tiges. Mais chez tous les exemplaires à tubercuiisation très réduite, les
tubercules étaient allongés, moins colorés que les témoins et ils avaient mûri beaucoup
plus vite. Or ces phénomènes peuvent exister dans la greffe, soit conjointement, soit
séparément; cela montre leur communauté d'origine.
Il résulte de ces expériences que les réserves formées par le Topinauiboiir
greffé avec le Soleil ne proviennent'pas exclusivement ou presque des maté-
riaux élaborés par celui-ci, qui le rappelle dans ses graines au moment oi'i
le sujet commence à se tuberculiser. L'inuline du Topinambour greffé ne
peut avoir que deux origines : 1° elle dérive en entier des produits lévog\ res
fabriqués parla chloropliylle du sujet, dont le travail nesl pas négligeable
quand la tige à o^jSo de longueur, et aussi du tiavail des drageons émis
continuellement par le sujet et difficiles à supprimer sans qu'ils aient assi-
milé, quelle que soit la surveillance exercée; 2" ou bien elle provient en
partie seulement de ces sources et, pour l'autre partie, du déplacement des
réserves du tubercule primitif qui se comporte alors à la façon de la pomme
de terre, émettant de petits tubercules aux dépens d'un plus ancien à la
suite d'à-coups de végétation ou de conditions spéciales entravant son déve-
loppement normal.
HOTANlQUi:. — Influence de la icmpérdliiir des ctiux thermales de
Ludion sur leur flore. Note de M. Jean Duphenoy, présentée par
M. L. Mangin.
Les (So griffons de Lucboii fournissent, entre Jo" et (iS", des eaux riches
en soufre et en fer assimilables.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 6l3
Au classement tlieimique cori-espond assez bien le classement biologique
\X.if}
'<?oO éol -5-5 "
d'après le mode de symbiose des bactéries réductrices avec les ferrobac
téries et les sulfuraires oxydantes.
6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Eaux tièdrs ( Héservoir du l?os(|iiei : 38°) sulfuraires : Thiolfiri.i- immergés
à .o- {flg. .-).
II. Eaux chaudes (Pré n" 2 : -^S»; Saule : 5;)"; Heine : o^") couvertes de dépôts de
barégine, c'esl-à-dire de zoogK'-es baclériennes muqueuses, probablement pectiques
(W-, fig. 12); à la face supérieure, dès Feirobactériacées {Siderocapsa Moliscli)
s'incrustent d'hydroNvde de fer (F. ()., Jig. i3), des Siilfuritires (H. S., fig. i3)
brûlent H^S, fixant S en granules ou en cristaux; à la face immergée, privée d'oxvgène
j)ar les Sulfuraires de la surface, des bactéries i-éduisent les sulfates, dégagent ll-S.
lixent le sulfate ferreux.
m. Eaux, très chaudes (Ferras ancienne : oo" : l'ré n" I : 60°; Humage : 62°;
Hayen : (iS"). — A la surface, quelques pellicules à Siderocapsa et à Sulfuraires en
(iiamenls très fins ou bâtonnets {Jîg. i5) avec cristaux.
,\u fond, les bactéries réductrices des sulfates piécipilenl le sulfate ferreux en
o boues bleues ».
Sur la grande échelle de.s clill'érenles sources, la icntpvraUin- déwrntinc
i aspect (le la flore, la rend 1res diflerenle dans deux sources du nièine groupe
h^'drologique (l'ré n" 1 : Go"; Pré n" 2 : 5o").
Des eaux à /jo" hébergent des bactéries capables d'évoluer dans l'éluxe
à 55''-6o", à cùlé d'espèces des eaux très chaudes; les espèces évoluant à 1 V'
manquent.
A Ludion, couïnie à Barèges, les Ferrobactériacécs filamenteuses pré-
fèrent les eaux froides ou tièdes ('), les formes arrondies {Siderocapsa) sont
ubiquistes et tolèrent /i^".
Les Sulfuraires évoluées {licf^giatoa) vivent en eau froide, les T/iiothrix
tolèrent 5o°; seules les Thiolxiclêries de 1res faible diamètre supportent les
eaux très chaudes. Partout active, la formation du soufre est surtout iiiten.«e
entre 4o° et 5o".
CRYPTOOAMIE. — Action d'un Chanipii^non parasite sur Dilsea edtdis
Stac/,/i()iise. Note de M. K. <]iie>ii.\, présentée par M. L. Mangin.
Les frondes de Dilsea edalis présentent fréquemment, en été et en
automne, des taches circulaires d'une nuance générale verdâtre et d'un dia-
mètre variable pouvant atteindre jusqu'à ij'"'". Dans l'une de ces taches on
peut distinguer trois zones : une zone externe, de i""" environ de largeur,
dune teinte dégradée allant du rouge sombre de l'algue au verlchlorophyl-
(') (If. !•].-( '.. IIardkr, Irnii dcp<isiting Ixiclerta and iheir gcolcgical rel<Uioiis
(U. -S. lieol. Survey, Paper, t. 11:5, i()iy).
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 6l5
lien ; iiiio zone moyenne, d'un vert intense, passant graduellement au blanc
jaunAtre de la zone interne. A la limite de ces deux dernières, on observe une
auréole de pustules blanches, liémispliériques, faisant saillie à la surface;
elles se rencontrent sur Tune et l'autre face. Une déchirure à bords irrégu-
liers occupe généralement le centre. Tant que le diamètre de la tache
n'atteint pas 7""" à 8'"'", on n'aperçoit aucune perforation ; par contre, au
terme ultime du développement, les diverses zones sont réduites à une
mince frange bordant une large lacune. Même à ce stade, ces perforations
ne peuvent être confondues avec les Irons produits fréquemment par les
Mollusques dont les bords conservent la teinte rouge de la fronde. Leur ori-
gine est toute différente; elles sont dues à l'action d'un champignon para-
site. Avant de décrire cette action, je rappellerai brièvement la structure
d'une lame de Dtlsca.
Une région médullaire, formée de filaments eoclievèlrés, donne naissance à des
liles cellulaires dirigées perpendiculairement à la surface. Dans chacune de ces files,
les cellules profondes sont volumineuses et forment ce que j'appellerai la région de
i-éserve; les cellules superficielles sont beaucoup plus petites, ce sera la région cor-
ticale. La surface est recouverte d'une cuticule raucilagineuse. Une substance de même
nature co nble entièrement les interstices laissés entre les divers éléments. Toutes les
cellules présentent un noyau qui se teint fortement par l'hémaloxyline ferrique; le
piotoplasrae, abondant dans la couche corticale, ne forme qu'un mince revêtement
pariétal dans la région de réserve; les érythroplastes, très développés et fortement
teintée dans les cellules périphériques, sont plus rares dans les cellules profondes; enfin
l'amidon, qu'on rencontre partout, mais qui est particulièrement abondant dans la
région de réserve dont les éléments en sont littéralement bourrés, se présente sous la
forme de petits granules d'amylose prenant une teinte rougeàtre avec l'iode.
C'est dans ce milieu, particulièrement riche en principes nutritifs, que
les filaments mycéliens se développent. Sur une coupe transversale, après
coloration à l'hématoxyline-éosine, ils dessinent des lignes sombres sur un
fond que leur action a contribué à éclaircir. ils s'insinuent entre les cellules,
en perforent souvent les parois et viennent au contact du contenu proto-
plasmique. Ils sont épars à la périphérie, plus denses dans la région de
réserve; enchevêtrés et peletonnés, ils constituent au-dessous de chaque
pustule une sorte de stroma, d'où s'élèvent les filaments minces, serrés,
dont l'ensemble constitue la saillie superficielle.
La première action visible est la disparition de la phycoérythrine ; elle
s'observe déjà dans des régions non directement atteintes par les filaments
mycéliens. Les érythroplastes ne sont pas détruits; ils conservent leur forme
et la chloropiiylle qui les imprègne jusqu'à l'altération profonde du contenu
6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cellulaire. C'est d'abord le iiovaii (jui prend une teinte de plus en plus pâle
sous l'action des colorants, (^'esl le protoplasme, (jui diminue en quantité,
se rassemble au centre, et finalement dis[)arait. I^es grosses cellules mères
des tétrasporanges résistent davantage; elles constituent encore de petils
points rougeàtres dans la zone verte; peu à peu. cependant, elles sont
altérées et détruites. L'amylose est progressivement digéré: les petits granules
de la région corticale disparaissent les premiers ; ceux des régions profondes,
plus volumineux, plus nombreux, ne disparaisseni totalement qu'an voisi-
nage de la lacune. Les membranes cellulaires, perforées et amincies, per-
sistent encore, conservant à l'algue sa structure, sauf sur le pourtour immé-
diat de la lacune et au-dessous de cliaque pustule, là où s'est formé un
stroma.
Comme toute mise à mort des cellules chez les Floridées. par trauma-
tisme en action de substance délétère, entraîne la disparition de la pliyco-
érytlirine. on est conduit à penser que le parasite laisse difluser un prin-
cipe qui tue les cellules ; il sécrète ensuite des diastases appropriées pour la
digestion des matières albuminoïdes et des matières amylacées.
Les Champignons connus, vivant sur les VIgues. sont beaucoup plus
nombreux sur les formes d'eau douce que sur les formes marines. Dans la
liste relevée par Lemmermann (' ). sur 19') espèces. 9 seulement sont parti-
culières aux Algues marines.
I.,es travaux récents ont doublé environ ce nombre. Sur les Algues verles
( llha, Prasiola) Minnie Heed ( - ) en a décrit deux espèces et, dans les deux
cas, le complexe. Algue et CI>ampignon, ressemble beaucoup à un lichen.
Les Ciiampignons sont plus nombreux sur les Algues brunes; Sauva-
geau*( ' ) en a récolté sur Cdslagnca et Stypocaulon ; May J^stee ( * ) en a décrit
sur Cysloseirn et Halidrys au voisinage des flotteurs; Cotlon (^^) en a décrit
et nommé une espèce sur Ascophyllum; et Sutherland ( " ) en a étudié
quatre espèces sur Pelvetia, dont l'une, an moins, est considérée par lui
(') 1*;. Lkmmermamn, Die parasitischen und saprophytiachen Pilze iler Algen
( \bliandliingen Natiirwissensch, Verein z. Ilrenscn, Bd 17, llefl I, lyoi").
('-) MiNMK Rkep, Tivo nei.v Ascomyceloas fangi par-asitic on marine Alger {Univ.
(ij California publications : Bolany, vol. 1, 1902).
(■') Journal de Bolaniquu, 1897, P- ^'^'*' ^^ igoS. p. ■.',28.
( ' ) May V.f.'xv.T., Fungus Gralh on (' vsloseira and Halidrys {Unii\ of California
publications : Botany, vol. 4, 191 3).
(')Co'rTON, Notes on marine Pyrenomycelcs {Trans. Brit. Myc. Soc, 1907).
(") Gro K. SiiNTHERi.AN'i), AVi\ marine fungi of Pelvetia [The netv P/iytologist.
.9.:.).
SÉANCE DU 7 MARS I92I. 617
comme vivant en symbiose avec l'Algue. Sur les Algues rouges, les (Cham-
pignons connus sont plus rares; Joncs Herbert ( ' ) en a signalé une espèce
sur Cliondriis crispus. Juxquici (lucun champignon n avait été signalé sur
Dilsea edulis; dans ce cas le parasitisme est nettement accusé: V immersion est
à peu près constante, car rbùlo ne se rencontre que dans la zone inlérieurc et
no possède pas de flotteurs.
Les échantillons recueillis n'ont pas permis du caractériser coinplètcnient
le Champignon; ce sera l'objet d'une Note ultérieure.
ENToMOI>OGlE. — Morphologie générale et structure de V Appareil digestif
des Lépidoptères. Note (^) de M. L. Iîordas. présentée par M. Edmond
Perrier.
Le tube digestif des Lépidoptères est simple, quant à sa forme. Sa partie
antérieure est rectiligne, et sa région terminale seule présente quelques
circonvolutions, plus ou moins nombreuses suivant les espèces.
Comme caractères principaux, nous avons surtout à signaler : i" la pré-
sence d'un volumineux appendice latéral on jabot; 2" un intestin moyen
court et cylindrique, et 3° une ampoule rectale, généralement large
(Saturnia, Pararge, Brotolomia, Acherontia, etc.), ovoïde et très extensible.
T.,e pharynx est court chez toutes les espèces, large en avant, étroit en
arrière et d'apparence infundibuliforme. Il se continue par un œsophage
allongé, très étroit, cylindrique et s'étendant le long du thorax, et dans la
partie antérieure abdominale, au-dessus du système nerveux. A son exti'é-
mité postérieure, se trouve appendu un volumineux yrtAr*;, placé latérale-
ment, à parois minces et transparentes.
Il existe, chez tous les Papillons, des glandes salivaircs tubuliformes.
Elles cheminent parallèlement à l'œsophage et vont s'ouvrir soit dans un
conduit impair, très court, soit séparément, en deux points très rapprochés,
dans la cavité buccale, à la base de la trompe.
Wintestin moyen est cylindrique, à peu près lectiligne et à diamètre beau-
coup plus large que celui de l'œsophage. Ses parois sont épaisses, légère-
ment plissées et parcourues transversalement par de petits sillons parallèles
et circulaires. A sa limite postérieure, existe un bourrelet annulaire, peu
(') Jones Herbert, .4 /leiv Species 0/ Pyrenoinycete parasitic on oïl ilga (But.
Obcrlin, Collège Laboralory, vol, 9).
C^) Séance du 21 février 1921.
fil 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
saillant, inaïquaiil loiij^ine de l'intestin •terminal cl sur lequel viennent
déboucher les tubes de Malpighi.
Les lulx's de Malpi^lii sont, chez tous les Papillons (saut de très raies
exceptioRs), toujours au nombre de six, provenant, en réalité, de dcK.v
Ironcs primitif. s. Ils sont ^généralement c^'lindriques, parfois aussi variqueux
et inonili formes. Dans quelques cas, ils présentent même de courtes émi-
nences latérales (Saturnin), sortes de digitalions ou bourrelets corres-
pondant à des invaginations internes.
Uintestin terminal est généralement long et fort sinueux (Pieris, Leitconea,
Acheruntia, Urotolonda, Arctia, etc.). Son diamètre est beaucoup plus étroit
que celui de l'intestin moyen et ses parois présentent inlérieureiuent des
replis longitudinaux. Enfin, son extrémité postérieure se dilate et forme
un& poche rectale, prolongée en un c-œcum latéral antérieur, plus ou moins
accentué. Les parois de cette poche [)ortent de nombreuses Glandes rec-
tales.
Le nombre, la forme et la disposition de ces organes sont des plus variables
dans les diverses familles des Lépidoptères. Dans beaucoup d'espèces, le
nombre de ces glandes dépasse 200. Elles sont beaucoup moins aboiidanles
chez les autres Insectes. C'est ainsi que certains l^iplères n'en possèdent
(jue quatre, que les Hyménoptères, les Orthoptères, les Névroptères, etc.
n'en ont que«'x-. Or, parmi les diverses familles des Papillons, nous avons
constaté que les l'icrida' ont de 80 à 140 glandes rectales; les Nymphalidœ
de 100 à 120; les Saty/idœ de 180 y 200; les Sphin^idœ environ i5o; les
Liporidu' jusi\\.i à 25o; les Noiodontida' de 180 à 200; les Noctuid(r j)lus
de 3oo, et chez une espèce de cette famille, la lirotolomia meticidosu, nous
en avons compté jusqu'à 5oo.
Tous les Papillons sont pourvus de glandes salivaires. (".es organes
présentent à peu près la même forme chez toutes les espèces. Ce sont
partout des tubes plus ou moins longs et sinueux, s'élendant de la région
abdominale à la base de la trompe. Les deux conduits se rapprochent peu
à peu et se fusionnent finalement en un canal impair, dont la longueur
est variable suivant les espèces, lùifin ce dernier va toujours s'ouvrir à la
base de la trompe et non dans le tube digestif.
Ces organes présentent, au point de vue histologi([ue, de nombreux
rapports de structure avec les glandes mandibulaircs des Chenilles. De
plus, leurs noyaux alléctent, dans certains cas, une forme irrégulière et
légèrement ramifiée, com[)arable à celle que nous avons décrite antérieu-
rement dans les s.laiides cèriciséhes.
SÉANCE nu 7 MAKS 19a I. fil9
l\os rechcrclies luslolo^irjiies sur rappareil digeslif des Papillons oui porlé
spccialemeni sur les glandes salivaircs, l'n;sopliage, la valvule iTsoplia-
tîicniic. les inleslins moyen et postérieur, les glandes rectales el les luhes
de iNlalpiglii
La strucUire de Vœ.sophagc présente de grandes analogies avec celle du
pharynx. On y trouve, en effet, les mêmes éléments el les mêmes assises.
avec une disposition à peu près semblable. IJiniima chitincuse et l'assise
chilinogèneformentcependantici des replis plus nombreux etplusaccenlués
que dans le pliarynx. En partant de l'extérieur, on trouve successivement :
une membrane péritonéale; une étroite gaine formée par des muscles annu-
laires; des faisceaux longitudinaux, placés en regard des replis et une assise
c/iilinogènc, sans caractère spécial^ composée de cellules aplaties, sans
cloisons latérales apparentes et à noyaux arrondis. Celte dernière repose
sur une très mince membrane basilaire.
U/n/eslin antérieur envoie, dans l'axe de l'intestin moyen, un petit pro-
longement tubuleux, constituant la valvule œsophagienne qui existe de
même chez toutes les larves des Lépidoptères.
A son origine, Vinteslinnwyen des Lépidoptères porte un certain nombre
de bourrelets à peine saillants extérieurement et correspondant à des diver-
ticules de la cavité intestinale. Ils sont tapissés par des cellules différant
peu de celles du reste de l'organe, mais dont le rôle, comme chez les larves,
me parait manifestement ,imrV^//r.
La structure de ces bourrelets est la suivante : i" une musculature
externe composée de fibres longitudinales et de fibres circulaires; ■j.° une
membrane basilaire, très mince, de nature conjonctive, prolongement de
celle de l'intestin, sur laquelle repose l'épithélium de la crypte; 3° une
assise de hautes ci'llules, à bordure ciliée interne. En outre, entre les cils,
on voit fréquemment de petites vésicules saillantes, arrondies, pédiculées
ou sessiles, qui sont des produits de sécrétion cellulaire. Mais, la partie la
plus importante de la paroi de l'intestin moyen est constituée par Vépit/ié-
liiim. Ce dernier comprend des cellules cylindriques allongées, recouvertes
d'une bordure de cils immobiles et reposant sur une membrane basale
{tunica pnipri(i) qui le sépare des muscles circulaires sous-jacents. Les
éléments épilhéliaux, après avoir fonctionné un certain temps, se détruisent,
disparaissent, et leurs noyaux sont ensuite expulsés avec les produits
excrétés. Ils sont alors remplacés par des cellules nouvelles provenant de
l'évolution d'éléments plus jeunes (^cellules ou noyaux générateurs), situés
620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans des cryptes (nidi) de réi(énéiatioii, abondantes surtout au fond des
dépressions situées entre deux bourrelets.
Les friandes rectales^ vues en coupe Iransvrrsale, présentent une appa-
rence rectangulaire, fongiforme, ou même parfois légèrement hémisphé-
rique. Chaque tubercule glandulaire est constitué par deux ou trois grosses
cellules rectangulaires, cunéiformes et aplaties transversalement. Il présente
à considérer, en partant de Tintérieur : i" une membrane ou intima chili-
neuse; i° une assise cellulaire; 3" une membrane basale ou propria; l\° du
tissu conjonctif, des fibrilles nerveuses et de nombreux ramuscules tra-
chéens; 5" une limitante externe; 6" des faisceaux de muscles circulaires;
7° des muscles longitudinaux et une très mince tunique péritonéale externe.
ENTOMOLOGIli:. — Sur (pieUpics Ami criées apncumonrs .
Note de M. Louis Fa«;e, présentée par M. E. Bouvier.
Il y a quelques années ( ' ), alors que je préparais la révision des Arai-
gnées de la famille des Leplonétides, j'eus la bonne fortune de pouvoir étu-
dier en détail une espèce très remarquable, découverte en ]88i par
M. Eugène Simon dans une grotte des Pyrénées-Orientales, le Tclcma
tenel/aE. S., que j'ai repris moi-même en abondance dans la grotte Sainte-
Marie, près La Preste (Pyrénées-Orientales). Cette Araignée minuscule
(i""° à i^^^S de longueur), totalement aveugle et profondément adaptée à
la vie des cavernes, présente, eu dehors de ses caractères adaptatifs, des
dispositions anatomiques qui en font un type aberrant, non seulement dans
la série des Haplogynes, mais dans l'ordre entier des Araignées. Elle offre
notamment la paiticularité d'être dépourvue de poumons et d'avoir deux
paires de stigmates trachéens. Les stigmates antérieurs, situés de chaque
côté et un peu au-dessus de l'épigastre, à la place qu'occupent normalement
les stigmates pulmonaires, donnent chacun accès dans un vestibule très
court, d'où partent isolément quatre troncs tracbéens volumineux. Los
stigmates postérieurs, également au nombre de deux, et absolument indé-
pendants, sont situés à égale distance des filières et de l'épigastre; leur ves-
tibule est assez court et donne cinq à six branches principales, isolées dès la
base. Toutes ces trachées sont armées d'un filament spiral bien visible.
Seuls jusqu'à ce jour, parmi toutes les Araignées dont l'appareil respira-
(') /•.'liii/e sur les Araignées ravernimlis. 11. Hahidii ries Leptniielidtr [ Arc/i.
ziiol. i:ip., 5" série, l. JO, 191 3).
SÉANCE DU 7 MARS I921. 62 I
toire est connu, les représentants de la famille des ('(iponUda- ( den\ ji^enres
américains et un genre africain) se montraient dépourvus de sacs pulmo-
naires et pourvus d'un système trachéen aussi développé. Mais tandis que
chez le Telcnia les poumons sont remplacés par des trachées volumineuses,
se ramifiant dans tout le céphalothorax et presque exclusivement dans celui-ci,
chez les Caponiides les trachées antérieures sont réduites à un simple vesti-
bule, qui donne immédiatement naissance à de nombreuses ramifications
filiformes peu étendues; les .ramifications très abondantes qu'on observe
dans l'abdomen et le céphalothorax sont uniquement dues aux trachées pos-
térieures. Il semble donc qu'à ce point de vue, et comme l'indique aussi la
position des stigmates, le genre Tetema ait gardé une indépendance plus
complète des deux segments respiratoires.
A ce caractère exceptionnel s'ajoute celui de ne posséder, chez le Telcnui,
(ju'un seul réceptacle séminal médian. Ce réceptacle unique est, en revanche,
relativement énorme; en forme de tube recourbé en volute, à parois très
épaisses, il occupe une grande partie de l'abdomen. Une telle disposition,
très primitive, se rencontre bien chez quelques Dysdérides et quelques
Oonopides, mais alors les dimensions relatives de l'organe sont toujours
infiniment moindres.
Après avoir exposé les raisons qui font de la disposition particulière de
l'organe respiratoire du Tclcma un caractère paléogénétique, nullement dû
à une adaptation secondaire au milieu cavernicol, et après avoir montré,
par l'examen comparatif des pièces buccales, des filières, de l'organe copu-
lateur, les étroites affinités des Oonopides, des Dysdérides et des Leploné-
tides, j'exprimais en 1913 l'hypothèse que ces différentes familles prove-
naient sans doute de formes apneumones, déjà pourvues de leurs quatre
trachées, et probablement très voisines de ce Telerna Icnclla, unique survi-
vant chez nous d'une faune disparue, et depuis longtemps réfugié au plus
profond des cavernes pyrénéennes.
Cette hypothèse est pleinement confirmée par la découverte que
MM. AUuaud et Jeannel ont faite, en Afrique orientale, d'une forme
extrêmement voisine du Telemn, mais ayant conservé, mieux que celui-ci,
les caractères de l'ancêtre épigée. Cette Araignée, dont les dimensions ne
dépassent pas i'"™,4î constitue le type d'un nouveau genre, pour lequel je
propose le nom à' Apneumonella. Comme le Telema, elle est dépourvue de
poumons et possède deux paires de trachées à stigmates bien isolés. Ses
yeux, par contre, sont normalement développés; ils sont au nombre de six
et forment un groupe Iransverse, composé de deux yeux médians anté-
C. R., igji, ." Semestre. (T. 172, N« 10.) 4?
622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rieurs et de deu\ yeux latéraux connivents, situés, de chaque côté, Fun
derrière l'autre. Le groupe oculaire rappelle donc, par sa disposition, celui
des Oonopidcs. Le réceptacle séminal est impair, médian, extrêmement
volumineux et recourbé en crosse à sa partie terminale. Les pièces buccales,
les filières sant semblables à celles du Trlema.
h^Apnt'umone/la oculala n. sp., unique espèce du genre, a été capturée
dans la galerie humide et obscure de la grotte C du Kuliimutzi, près de
Tanga. Cette grotte, dont une partie est éclairée, abrite une faune très nom-
breuse, constituée en majorité par des espèces qui sont le plus souvent
associées aux chauve-souris et à leur guano; on y trouve aussi quel(|ues
troglobies véritables, et il est possible que V Apneumonella oculala doive se
ranger parmi ces derniers. Il est certain en tout cas que cette espèce, par-
faitement oculée, encore partiellement pigmentée, à pattes relati\emeiit
courtes (I =i'""'), n'a subi que.de légères modifications du fait de son
entrée dans les grottes, et se trouve beaucoup plus voisine que le Telema
— aveugle, entièrement dépigmenté, aux pattes longues (1 = 3'""", 7),
strictement adapté à la vie cavernicole — du type primitif de la famille à
laquelle appartiennent ces deux genres.
Dès lors, ce Telemn nous apparaît vraiment comme le représentant d'une
faune chaude, qui a émigré vers les tropiques, où on la retrouve encore
avec ses caractères primitifs, tandis qu'elle n'a laissé en Europe qu'une es-
pèce, témoin de celle époque disparue, el qui n'est parvenue jusqu'à nous
que grâce à l'abri que lui oITiaient les grottes profondes contre des varia-
tions climaliques fatales.
Ce cas n'esl pas isolé, et, parmi les Arachnides, on en peut citer un tout
à fait analogue que nous montrent certains Opilions mecostetlii. Ce
groupe, extrêmement riche à l'heuie actuelle en formes tropicales, devait
être également très répandu en Europe avant l'époque glaciaire. 11 n'y est
maintenant représenté (jue par un seul genre, le genre Scotolemon, dont
toutes les espèces sont cavernicoles ou hypogées.
Ce n'est pas un des moindres intérêts delà biospéologie de nous révéler ainsi
quelques-uns de ces fossiles vivants. La liste en est déjà longue, ets'augmenle
rapidement au fur et à mesure des progrès de cette science nouvelle.
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 623
ZOOi.OGlR. — Note préliminaire sur la notion d'espèce et la variabilité
chez les Epinoches. Note (') de M. Lëo\ Bektin.
La notion d'espèce chez les Epinoches est une des plus controversées,
comme l'attestent des divergences considérables d'opinions entre les plus
éminents ichthyologistes. Linné ne cite qu'une seule espèce européenne
d'Epinoches à trois épines dorsales, Gastcrosteus aculeatus. Cuvier el
Valenciennes la subdivisent en plusieurs autres portant les noms de
G. Irachiinis, serniloricalus, scmiarmalus et leiuriis, suivant que leur armature
latérale est continue, interrompue sur les flancs avec carène caudale ou
localisée dans la partie antérieure du corps. Les naturalistes qui, plus
tard, ont étudié cette question, sont de deux opinions opposées : les uns
partisans d'espèces distinctes; les autres aflirmant que les formes regar-
dées comme des espèces sont réunies par toute une série d'intermédiaires
et ne constituent tout au plus que des races locales.
Je me suis proposé de faire un examen critique. des principaux caractères
servant à distinguer les Epinoches. Le plus important est le nombre des
plaques osseuses latérales. Or les chilTres cités" par Yarrell, Blancliaid,
Sauvage, Moreau, etc. sont très loin de concorder. Cela tient à deux
causes : i" à ce que les plaques ne sont pas toujours comptées de la même
façon; des auteurs négligeant a priori les petites plaques constituant une
carène caudale chez les formes trachurus, seiniloricatus et scmiarmatiis ;
2° à ce que le nombre des plaques est variable entre individus, non seule-
ment de localités différentes, mais d'un même banc. L'extension de l'arma-
ture cutanée des Epinoches peut élre considérée comme le type de ces
caractères appelés fluctuants^ c'est-à-dire oscillants de part el d'autre d'une
valeur moyenne.
L'étude de toutes les Epinoches européennes faisant partie des collections
du Muséum, y compris une cinquantaine d'individus péchés à Roscoffdans
une lagune saumâtre, me conduit aux conclusions suivantes :
I. Le nombre des plaques latérales est indépendant de la taille du poisson, ce qui
prouve qu'il ne varie pas avec l'âge el constitue bien un caractère individuel, que l'on
peut étudier suivant les méthodes biométriques.
H. Le nombre des plaques diffère très souvent d'un côlé 'a l'autre du même animal.
(') Séance du îS février 1921.
624 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La dilTérence entre les deux flancs est de i ou de 2 unités. Le plus grand nombre est
tantôt à droite, tantôt à gauche.
III. De ce que les.Hancs sont inét;alenienl armés, il résulte que pour construire des
courbes de fréquence, on peut considérer, non des Epinoches, mais âesjlancs d'Epi-
noches; ce qui double en quelque sorte le nombre des cas observés et donne plus de
valeur aux pourcentages Voici, comme exemple, les résultats de l'examen de 47 Epi-
noches roscovites (soit de 94 flancs), appartenant à la forme G. leiuriis et capturées
d'un seul coup de haveneau.
Nombre de plaques Nombre de plaques
au
.5
__
> __
.^ —
Taille
droite.
à gauche, (e
11 iiiilliriièlr
7 +
k
7
-+-/.■
.S.5
6 +
k
6
+ k
3.5
.5 +
k
6
+ k
37
5
6
oO
•") 4-
k
5
+ /.
3o
5 4-
k
5
-h/.
25
.5
5
40
5
5 <^
35
5
.5
35
.5
5
35
5
5
35
D
5
3(.
5
5
3o
5
f)
^)()
5
5
3.)
3()
5
5
■'.8
5
5
■i.S
5
5
28
5 +
5
k
')
4
35
35
5
'\
35
4
4
5
35
40
Taille
à droite. à gauche. (en inilliniétros).
35
3o
35
35
35
35
3o
3o
3o
28
28
3o
35
4"
4"
35
35
35
3o
3o
E\prirur dune autre manière :
Classes ( plaques) 9, 3 4 ■*> 'i 7
Fi-éqciences (flancs) i i3 32 42 4 '•'■ i
le l'ableau qui |)récède indique que les imiubres de jilaques de beaucoup les plus
communs sont 4 et 5. La courbe de fréquence que l'on pourrait construire aurait
donc un maximum très accentué. C'est le caractère d'un lyp^ spécifique bien défini.
D'autres Epinoches, recueillies on difTérents points de la France, donnent des résultats
identiques.
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
5
3
3
5
r
3
4
3
3 ■
4
3
3
3
3
3
3
3
3
4
2
SÉANCE DU 7 MARS I92I. 6a5
IV. Cependant, en certaines localités, le maxinuun de la courbe est déplacé vers les
plus grandes abscisses. Ainsi des Epinoches du Havre, constituant un lot de la collec-
tion du Muséum, ont assez souvent des flancs à 7 el même à 8 pla<|ues (alors que les
Epinoclies roscoviles n'en présentent jamais plus de 7). Des Epinoches d'Âbbevilie
ont jusqu'à 9 plaques sur chaque flanc. Enfin les G. leiiirus des mares salées de Lor-
raine, décrites par Florentin, en possèdent jusqu'à lo.
\ . D'autie pari, j'ai pu remarquer, sur 6 des t\-] Epinoches de Roscoir (voir le Tableau
ci-dessus), la présence d'une petite carène caudale (A"), n'ayant quelquefois pas plus
de 1°"" de longueur et composée de J, 2, 3 ou [^ plaques minuscules.
En somme, bien que le type G. leiurus soit nettement accusé, on voit que l'inter-
valie qui le sépare des autres types de Cuvler et Valenciennes n'est pas aussi profond
(|u'on aurait pu croire tout d'abord. Les individus à 8, 9 el 10 plaques latérales et
ceux à carène caudale forment transition avec G. semiarniaUis.
\\. Les espèces cy\\\éri6nnei G. semiarmatus, seniiloricatus et liachiirus sont
elles-mêmes beaucoup moins séparées les unes des autres que de leiurus. Les trois
espèces en question ont une carène caudale qui, chez trachurus, est en continuité
avec la cuirasse latéiale, tandis qu'elle en est séparée par un espace nu dans les formes
seniiloricatus et semiarrnalus. Mais cet espace est souvent atténué par la présence de
quelques plaques formant jalons entre la carène caudale et la série continue des
plaques antérieures. H peut même entièrement disparaître sur un flanc et ne per-
sister que sur l'autre. On se rendra mieux compte de cette variabilité par les quelques
exemples ci-dessous relatifs à des Epinoches d'Abbevilie :
Nombres de plaques
— — .^^---^ -,— Taille
à (Ir.iite. à gauche. (en niilliniètres).
20-l-8(') 18-1-10 4o
18 + 8 18 + 7 70
18 -H I -h I H- 8 (-) 3i 70
7
i5 + 8
i5-i-3 + iîi 14+1 + 10 70
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur les tumeurs de la glande inlersliliclle
du testicule du cheval. Note de M. A. Peyron, présentée par M. Henneguy.
Le testicule du cheval a fourni à MM. Borrel et Masson (^) l'objet de
remarquables observations sur l'épilhélioma séminifère. Mais en ce qui
(') C'est-à-dire 20 plaques antérieures et 8 formant la carène caudale.
(') C'est-à-dire 17 plaques antérieures, 8 formant la carène caudale et 2 plaques
intermédiaires.
(•'') HoRREL el Masson, Bulletin de l'Association française pour Pélude du cancer,
1912-191.S.
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
concerne les tumeurs de la glande interstitielle, ces auteurs déclarent
n'avoir pu les isoler complètenrient et leur Mémoire laisse l'impression
qu'ils les ont peut-être incorporées dans le groupe des séminomes, au stade
de nappe diffuse. Ces tumeurs, antérieurement, avaient été nettement
reconnues par Bail ( ' ).
Mes recherches, qui ont porté sur 2.5 cas de tumeurs et s'appuient d'autre
part sur l'étude du développement de la glande interstitielle, permettent
de fixer les caractères de cette morphologie néoplasique, par opposition à
celle de l'épithélioma séminifère. L'étude des zones de transition, au
niveau des îlots interstitiels restés normaux, montre les modifications sui-
vantes dans la morphologie de ces derniers :
1° Pour le cytoplasme : diminution de volume des éléments cellulaires, atténuation
ou diminution du co ilraste si marqué entre l'endoplasme et l'exoplasme, absence des
grains pigmentaires.
■2" Pour les noyaux : volume augmenté, membrane moins nette et moins épaisse,
raréfaction des grains de rliroinatine sur le léliciilura, apparition d'un gros nucléole
central et sphérique.
Dans la tumeur constituée, ces caractères ne se retrouvent pas avec une uniformité
aussi grande. En particulier, les noyaux à gros nucléole central apparaissent mêlés à
d'autres dont la disposition est assez variable. Les éléments néoplasiques se mul-
tiplient par division directe et les karyokinèses sont exceptionnelles. Le clivage ami-
toliqu&n'est pas toujours suivi de la séparation des corps cellulaires : ainsi se cons-
tituent des éléments plnrinucléés de taille très variable, présentant une couronne
périphérique de noyaux à l'intérieur de laquelle on observe la multiplicité des cenlro-
somes, signalée par Winiwarter dans les cellules interstitielles du testicule humain.
Le cytoplasme est fortement acidophile, en particulier après la fuchsine; l'appareil
mitochondrial, disposé en croissant autour du noyau, est surtout constitué par des
grains mêlés de filaments courts. Les figures de chondriolyse (vésicules et raquettes)
conduisent progressivement à un système de canalicules irréguliers intra, puis inter-
cellulaires; ces derniers constituent par leur convergence des flaques d'étendue
variable à contenu sidérophile. Après l'imprégnation au nitrate d'argent, on observe
également ces canalicules d'excrétion. Ces particularités morphologiques correspondent
au trophospongium connu depuis longtemps dans les cellules interstitielles normales
et reproduisent également les dispositions décrites plus récemment par IJuesberg (').
Après fixation au liquide de Fleniming, les granulations graisseuses restent rares; ce
fait peut être rapproché de l'absence des grains pigmentaires dans la tumeur. Toute-
fois ces derniers réapparaissent avec leurs caractères habituels au niveau de cellules
ou d'îlots qui s'observent de préférence dans le sli'oma et au voisinage des endolhé-
(') ïiA.i.L, Journal de Médecine vétérinaire, t. 8, igo^-
(^) On llie inlerstilial cells nf llie teslicle in Didelphys (liiological /liil/elin,
SÉANCE DU 7 MARS 1921. 627
liiiins vasculaires. Après iixalion osmiqiie, j'ai observé des crislalloùles de deux types,
les uns courts el trapus, les autres minces et allongés.
Les caractères précédents se superposent aisément ;i la moi pholugie bien connue
des cellules interstitielles. J'ai observé en outre une disposition curieuse qui fait défaut
dans le testicule normal, mais reproduit d'autre part celle que Van der Stricht a signalée
dans les cellules interstitielles de l'ovaire : les éléments néoplastiques revêtent une
forme cubique ( u prismatique et se groupent de façon à constituer des cavités d'aspect
épilliélial, de foi me régulière el de dimensions très variables. A la face interne de ce
revêtement les chr^ndriosomes et les figures d'excrétion sont d'observation facile, mais
les granulations graisseuses sont exceptionnelles; le contenu des cavités reste ordinai-
rement incolore après fixation osmique; le mécanisme complexe de son évacuation à
travers les fentes lymphatiques du tissu conjonctif ne saurait être envisagé ici. Il laut
noter d'autre part le grand nombre des cavités sanguines dans lesquelles on trouve des
éléments néoplasiques en voie de migration.
Les conditions dans lesquelles le matériel d'étude a été prélevé ne m'ont
permis d'apprécier exactement ni la fréquence des métastases, ni les
troubles fonctionnels éventuels que doit entraîner raccroissemeni de ces
énormes tumeurs d'éléments interstitiels.
Ainsi constituées, elles ont des caractères liistologiques assez voisins de
ceux des tumeurs homologues qui se développent dans le testicule humain,
mais ces dernières sont beaucoup plus rares et jusqu'ici les cristalloïdes n'y
ont pas été reconnus par les auteurs.
A 16 heures el demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 17 heures.
É. P
628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
KHHAI A.
(Séance du 3 janvier 1921.)
Note de M. Ph. Négris, Sur les oscillations glaciaires des temps quater-
naires et les mouvements correspondants de la lithosphère :
Page 76, ligne 10, au lieu de 10 et 12 pour 100, lire 10 et 12 pour 1000, et au lieu
de 3 pour 100, lire 3 pour 1000.
(Séance du 3i janvier 1921.)
Note de MM. E. Mathias, C.-A. (foinmc/in el II. Kamcrii/igh Onnes, he
diamètre rectiligne de l'hydrogène :
Page 261, ligne 23, au lieu de — 202°, 66 G. , lire — 252'',-6C.
Page 262, ligne 18, au lieu de y (cale.) = o,()3i38, lire o,i)3i28.
Page 263, ligne 5, au lieu de A =; o,o3, lire A ^ o,o3io2.
(Séance du 7 février 1920.)
Note de M. A. Tri.lUn, Influence de Tétat de division des gouttelettes
microbiennes sur l'ensemencement des terrains de culture :
Page 341, note (^). au lieu de j,',-^ de jji ne pourrait fournir, lire ^^ de [J. pouriail
fournir.
ACADEMTE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI li NFVIIS 1021.
PRÉSIDKNCK DE iM. GRon(;Es LEMOINIi).
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Sur In tiétcrmi nation de Faxe de rotation et de In rilesse
de rotation d un corps solide. Noie de M. Emile Picard.
Dans le dernier (omyVr rendu, M. Lippmana s'esl occupé de la délci-
niination de l'axe de rolalioii et de la vitesse de rotation d'un corps solide
tournant, sans qu'on ait besoin d'avoir recours à aucun repère extérieur,
comme chercherait à le faire un habitant d'une planète où le ciel serait tou-
jours caché par des nuages. Il utilise des mesures de gravité faites en trois
endroits différents.
Tous les phénomènes, où la rotation joue un rôle, sont susceptibles d'être
utilisés pour la solution de ce problème. On peut, par exemple, procéder de
la manière suivante. On sait que, si l'on donne à un gyroscope une rotation
autour de son axe, celui-ci décrit pour l'observateur entraîné avec la Terre
un cône de révolution autour de la parallèle à l'axe de la Terre menée par
le point de suspension de l'appareil. On a donc ainsi la direction de l'axe
de rotation. Si ensuite on emploie un compas gyroscopique (gyroscope
dont l'axe est assujetti à demeurer dans un plan horizontal), on aura la
direction de la méridienne. La connaissance de ces deux directions entraîne
celle de la latitude À du lieu.
Quant à la vitesse angulaire to de rotation, on peut se servir du pendule
de Foucault. On sait que le plan d'oscillation tourne avec la vitesse angu-
C. R., 1921, ." Semestre. (T 172, N° 11.) 4*^
63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
laire wsinX. Comme on connaît déjà A, on aura co ('). La position du pôle
résultera de la connaissance de la méridienne et de la latitude. La vitesse
angulaire est, bien entendu, rapportée à un temps correspondant à un
phénomène déterminé au lieu considéré.
GÉOLOGIE. — Une faune saumâtre au sommet du Crétacé inférieur,
près de Rayonne. Note de M. U. Douvili.é.
En 1887, M. Stuart-Menteatli (-) a signalé la localité fossilifère de
Laduch, sur la rive gauche de la Nive, à quelques kilomètres de Bayonne:
une carrière y est ouverte dans des couches de marnes et calcaires noirs
|)longeant au \ord-Est et adossés à une bande d'ophite; ils sont surmontés
par des bancs de grès à petites Orbitolines. La faune examinée par M. Bar-
rois comprend des Lamellibranches (Trigonia ornata, Ncit/iea, Pano-
pea, etc.), des Brachiopodes et Orhitolinn discoidea\ i-lle a été attribuée à
rUrgonien.
En 189.3, M. Stuart-Menteath (') cite une faune différente, recueillie
par M. Gorceix et constituée exclusivement par des Ciastropodes [6'/«//-
conia Coqiiandi (sub Turrile/la), Cerilhium Valeriœ., Turritelbi vibrayeann,
Nation gau/lina].
Dans sa Thèse en i8c)o, Seunes signale dans la même localité quelques
fossiles albiens, notamment Nuculn bivirgaUi., et dans sa Carte de 1893,
M. Gorceix indique h. Laduch à la fois de l'Aptien et de l'AlbienC'); d'autre
part, les calcaires cénomaniens de Bidache sont largement développés dans
le voisinage et les relations de ces diverses formulions restaient un peu
obscures.
Un peu avant la guerre, M. Stuart-Menlealh m'a communi(]ué une série
d'échantillons provenant de la couche à (îaslropodes; ce sont dos fossiles
de couleur noire, un peu pyrileux et enrobés dans une sorte de marne noire
charbonneuse. J'ai été frappé tout d'abord par le caractère saumàlre de
cette faune et j'ai pu y reconnaître les espèces suivantes :
(') On pourrait aussi avoir (,i avec le gyroscope, en suivant le mouvement de
rotation tle l'axe du gyroscope autour de la parallèle à Taxe de la Terre menée par
son centre; ce mouvement de rotation a lieu précisément avec la vitesse angulaire w.
C') Bull. Soc. géol. de France, 3'' série, t. 15, p. 741 ; t. 10, p. \\.
(') Bull. Soc. f^éol. de France, t. 21. p. 3o5.
('•) Bull. Soc. géol. de France, l. 20. p. Slij, pi. 11.
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 6!^) I
aiauconia, nov. sp., caractérisé par la présence de deux cordons pirlés. le premier
en a\ant, le second médian, tandis qu'il esl postérieur dans Gl. Litjani; en arrière,
une bande lisse comme dans Gl. Depereti, Rep.; en avant, on voit a|)paraître quel-
quefois dans l'avant dernier tour un mince cordon, devenant perlé. C'est en définitive
une prérnulation du GL Depereti du Cénomanien supérieur qui lui-même précède
Gl. Reijuieiti Au Turonien.
Pyrazus nov. sp., grande espèce se dislinguanl de Ccr. ] alerirr, par sa taille, sa
forme bien plus courte, et son ornementation plus robuste. On sait que les Pyiazas
actuels se rapprochent des Polamides par leur opercule poljspiré.
Terebraliopsis Vasscuri, Repelin; représenté par une pointe très aiguë de cette
coquille céiitiforme ; elle est tout à fait comparable à celle d'un éclianlillon du Céno-
manien saumàlre du Sarladais, figuré par Repelin. D'après la forme de son ouverture,
celte espèce serait probablement à rapprocher plutôt des Mélaniens (Faiiniis) que
(les Cériles.
Haiilkenia, très voisin A' H. suhm-ouiea, Rep., du Cénomanien du Siirlatlais.
iXerilina ce/iomanensis, Rep., du Cénomanien de la Provence et de l'.Aude.
Cirsocliilux sp., voisin du Tiirlio Cmcti, Rep., de la Pro\ ence.
L'ensemble de cette faune fa[)pelle tout à t'ait celle du Cénomanien sau-
mâtre de la Dordogne, de l'Aude (Fontfroide) et de la Provence; elle est
en tout cas bien différente de celle de l'Aptien de l'Espagne, caractérisée
par des espèces différentes de Glauconia et de Pyrazus.
Faut-il Ja placer à la base du Cénomanien ou au sommet de l'Albien,
dans le Vraconnien? Il est peu probable que des faunes saumâlres de niveaux
aussi l'approchés puissent présenter des différences sensibles. D'après la
stratigraphie de la région, les couches de Laduch sont inférieures au cal-
caire de Bidache; Sennes les avait rapprochées des couches d'Ascain à
Dcsmaceras Mayori et Lyloceras Agassizi. M. Stuart-Menteath pense égale-
ment que les grès de Laduch correspondent aux couches qui lui ont fourni
à Biriatou Amm. Mayori et un peu plus au Sud-Ouest, en Espagne, une
riche faune d'Ammonites vraconniennes, Amm. injlalus, Agassizi Mayori,
Turrilites Hugardi, etc. Les géologues semblent donc d'accord pour placer
la faune en question dans le Vraconnien.
Quoi qu'il en soit, cette découverte d'une faune saumâtre dans la région
de Bayonne est intéressante, qu'elle soit exactement du même âge que les
faunes analogues-du Cénomanien de l'Aude, de la Dordogne et de la Pro-
vence, ou qu'elle soit un peu plus ancienne. Il n'en est pas moins important
de constater le développement à cette époque, dans le Midi de la France,
de ces couches à faciès saumâtre presque toujours lignitifères.
632 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OPTIQUE. — Sur l'ap/finetisme imparfait cl le ralcul du coma.
JNote (') de M. G. Gouv.
La déterminalion des aberrations au voisinage de l'axe d'un instrument
d'optique, laborieuse par les calculs trigonométriques usuels, devient 1res
facile en utilisant les données que fournit l'élude indispensable des aberra-
tions suivant l'axe. Le problème se présente ainsi :
Considérons un système optique de révolution, un point A, sur l'axe et
un jwint B, très voisin, sur un plan de front passant par A,. Un rayon
émis par A,, faisant avec l'axe l'angle m,, arrive en un point O de Taxe en
faisant avec cet axe l'angle Mo. Connaissant, en fonction de ;/,, la position
du point O ainsi que «21 nous voulons calculer les aberrations de l'image
deB,.
Oji a vu précédemment (-) que ce problème est délerminé et quelle est
la marche à suivre; en voici la solution complète.
Soit A, C, le rayon émis par A,, qui devient ensuite CoO ('). Considé-
rons une onde S, émise par A,, qui, au bout d'un instant, est devenue S,.
Du point Co de Sj abaissons C.D perpendiculaire sur l'axe; posons
/•^CoD et R=C20, cette dernière longueur prise arbitrairement.
1, • sin//, j , . , , .
1 osons aussi o = -. ; sa dérivée par rapport a shim, sera ç- .
Prenons pour origine des coordonnées le point O, où viennent converger
les rayons de cette onde qui passent par le cercle de rayon /•. Les g positifs
sont mesurés sur l'axe du système, de O à A,. L'axe des x est dans le plan
de la figure, qui contient A,, B, et O; les v positifs sont mesurés dans un
sens tel que le point B^, image de B, pour les rayons centraux, ait une
abscisse positive.
Appelons a la longueur A, B,, et a l'angle infiniment petit sous lequel on
la voit du premier point principal. Le diamètre de la pupille d'entrée
( ' ) Séance du 7 mars 1921 .
(') Comptes rendus^ t. 172, 1921, p. 196 et 4'9-
(^) Les points A,, B,, 0, el ceux que nous considérei'oiis par la snile, peuvent èlre
des foyers réels ou virtuels. Nous supposons que le milieu-objet et le milieu-image
ont même indice; s'il en était autrement, il faudrait multiplier les coordonnées cal-
culée-; plus loin par le rajiporl ilcs ijulices — •
SÉANCE DU l4 MAKS U)2I. 633
élanl 2p, le nombre ''"" ' est au plus de l'ordre de a, bien que a puisse êlre
quelconque, si Tobjet est à l'infini.
Considérons, au même moment que S,, une onde S', émise par B,, et
coupant l'axe au même point. Appelons •/] l'angle que fait le demi-plan
B, A, O avec le demi-plan A, C, C^O.
L'avance s de l'onde S', sur l'onde S,, mesurée sur le ravon A,C|,
est asinw, cosr,.
L'onde S, devient S', au même instant où nous considérons S.,. D'après
notre construction, on aura un point E de S'„ en portant l'avance £ sur CoO,
à partir de C^.
Appelons X, Y, Z les coordonnées de C^, et soit
Z = F(X,Y)
l'équation de la surface S^. A partir de C^ et sur une parallèle à l'axe,
portons une longueur — - — Le lieu des points G ainsi construits se confond
avec l'onde S',, à des termes du second ordre près (').
Appelons -r, y, z les coordonnées du point G ; x et v s'identilient avec X
et Y, et l'on a
a.r
(1)
z-Z
^ F (./■./) +
F(.r,.v)
L'équation (i) est donc l'équation de l'onde S!,.
Ecrivons les équations de la normale au point G(j-', y', :■' ), en tenant
(' ) Appelons S'ô le lieu des points G. La distance de S', à Sô est de l'ordre de px-, et
il en résulte que les normales à S', et à S^ font entre elles un angle de l'ordre de a-.
634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
compte de ce fait que la normale à S^ au point C^ passe par l'origine. Vin
faisant ; = o, nous avons les coordonnées (') du point H, où le rayon
passant par G perce le plan des xy :
( ?. ) .C =- (I i 'J
\{- siii II., ' I ' • IV-siii «.,
En éliminant x' et v', on a le lieu des points H, qui correspond donc à
ceux des rayons issus de B, qui passent infiniment près du cercle de ravon /■.
L'équation de cette courbe est
(3) .r' -H y'^ — a ('i o -t- sip ii^w' )j; -+■ a^(cp^-t- siii «j'f'y) -^ "■
(]'est un cercle dont le diamètre est o et dont le centre est sur l'axe des x
à l'abscisse x„ :
(4) 0 = (7 siii «2 1 o'I ; .r|,=i«(cpH '•\nih,o'].
Quand le point G est dans le plan des v-, le point H occupe un point L
du cercle, qui est sur l'axe des r. à l'abscisse ao. Quand G se déplace, la
ligne LH reste parallèle à GD.
Considérons maintenant le plan P, où se font les iinaj^es A.^ et B^ de A,
et de B, pour les rayons centraux. L'abscisse de Bo est afp(o). Soit \ le
diamètre du cercle d'aberration cfue forment les rayons qui ont passé parO.
Considérons les projections H' et L', sur le plan P, de H et de L. Lïn
rayon GH perce le plan P en un point K placé sur la droite L'H', à la dis-
tance — de H', d'un côté ou de l'autre. La courbe cherchée est donc un
limaçon de Pascal, dont les abscisses sont, pour y — o. si l'on a A > 20,
a ( » -H sin «2 cp' ) ± —1
avec une troisième valeur açi quand A << 20.
Il est donc facile de tenir compte de l'aberration suivant l'axe, et nous
nous bornerons. à discuter ces formules dans le cas où cette aberration est
nulle. Le point O se confond alors avec A^. Nous ferons augmenter m._,
de o a - •
( ') Nous supprimons les termes en a^, qui s(jnl inlininienl petits vis-à-vis des
termes conservés, même quand a est quelconque, l'objet étant à rinfini. Le calcul
n'est en défaut (]ue lorsque u-^ est infiniment voi-iin de — •
SÉANCE DU l4 MAKS 1921. 6'^5
Dans les systtïines l'oriiiés de pliisieui's lenlilles, on peut s'attendre à des
fondions '^ de foimes complk|iiées. Une resliiclion se présente du nioins
tout d'abord; //, doit croître continuellement avec u.^, ce qui donne
'j -H siû (/., ©'> o.
Coininc on a aussi '^ > o, il en résulte que le cercle entier est toujours du
côté des a- [jositifs, où se trouve B..
Examinons en premier lieu le cas où '/ > o. Nous savons que 9' s'annule
avec iir, par suite, pour de petites valeurs de u.^, on peut écrire en général
■j = o I (1 ) + k s I 11 ■' « J ,
K. élaul une confiante positive. Il vient alors
0 -^ 2 K (I iin- II, ; -i'o^= rt ( '-' ('> ) + '? 1^ sin^z/j •■
L'angle co sous lequel on voit le cercle du point B^ vaut alors 60" ( '); le
cercle est du côté de B^ opposé à A.,-
Si 3 continue à augmenter suivant la même loi, 0 reste proportionnel
à sin'//^, et co garde sa valeur. S'il n'en est pas ainsi, oj augmente ou diminue
suivant (ju'on a
[o — 0(01] {s\nii.,o'' -+- cp') > siii Mjtp'-.
Dans le premier cas, w peut atteindre la valeur -, bien (jue la plus courte
distance de B^ au cercle aille en croissant, tant que zi'^o (*). Dans le
second cas, w diminue, 0 s'accroissant moins vite que a\. Si 'j>' diminue,
0 fait de même et peut s'annuler avec cp' donnant ainsi un point lumineux
plus ou moins distant de Bo. Puis, cp' devenant négatif, 0 augmente tandis
que .r„ diminue; le cercle se rapprocbe de B^, et peut le comprendre dans
son intérieur, et même le dépasser et se trouver tout entier entre Bj et A^.
( ' ) Ce résultat est connu depuis lonylemps pour les petites ouvertures, mais il peut
V avoir des evceplious. Si Iv était nul, et que le premier terme du dévelojipement de 'si
. . (1) n
lut en sin" a,, on aurait sin — = •
2 n -+- ■!
{-) C'est le cas du miroir parabolique, pour des rayons parallèles à l'axe. En appe-
lant/? le paramètre et A la distance du rayon à l'axe, on trouve
x/i^' /./-' -h //■- / ij h^ \ è
'3= — n; .r„~aM-H H
l> P' — h' \ 2 a/j ' 2
Quand li augmente de o à p, ce qui correspond à «,;=: - , ô et x„ auginenlent sans
limite, o) tend vers t., et la plus courte dislance du cercle au point B, tend vers c.p.
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il peut arriver ensuite qu'il rétrograde et s'annule de nouveau ; ces variantes
seront faciles à discuter dans chaque cas donné.
Supposons maintenant qu'on ait d'abord :-'< o. C'est la contre-partie du
cas précédent. Le cercle est situé d'abord entre B^ et A^; to vaut 60° et peut
augmenter ou diminuer (').
Si l^'l diminue et s'annule, le cercle se rétrécit et se réduit à un point;
(p' devenant positif, le cercle s'éloigne de A2 et peut comprendre B^ et passer
ensuite du côté opposé.
[^'ensemble de ces cercles, pour toutes les valeurs de /•, constitue le coma.
Dans les cas les plus simples, c'est donc une aigrette limitée par deux
courbes égales, de formes diverses, faisant en général entre elles un angle
de 60° au sommet, qui est le point lumineux B^ formé par les rayons
centraux (-).
ALUKBRE. — La composition des polynoDics.
Note de M. L.-E. Dickson.
J'ai présenté au Congrès international des mathématiciens, à Strasbourg,
une théorie des polynômes homogènes /"(.r)^ /'(a',, ...,x„) qui ont un
théorème de multiplication
(') /(-'■)/( ;)=/(>^),
où \.| , ..., X„ sont (les fonctions bilinéaires de ^| , ..., j?„; ^,, ..., H„. Main-
tenant je démontre que celte théorie nous donne en même temps une
(') C'est le cas d'une lentille dont une liice est spliéri(|ue el centrée sur A», et dont
l'aulre est ellipsoïdale, de grand axe -il et d'excentricilé e, lelsque k^ soit au foyer de
l'ellipse pour les rayons parallèles à l'axe. On irouve
, le{\ — e-)siti^«2 /(i — f- ) à
cos(/,( 1 — e cos«2 )'^
L'abscisse de M., est iy.l{\ -\- e); '» dirainui' ipiand 11 , augmente.
(2) Dans le cas où cp' s'annule pour une ou plusieurs zones, il existe un ou plusieurs
points lumineux, d'intensité comparable à celle de B2. Ce cas doit être fréquent dans
les objectifs étudiés en vue de réaliser le mieux possible la condition des sinus, car, si
l'on impose la condition que <p reprenne, en certaines- zones, la même valeur (pi'au
centre, il passe nécessairenienl par des maximum ou des minimum. Ces images mul-
tiples paraissent cependant peu connues, si même elles ont été signalées; il est possible
que, pratrquement, elles soient trop voisines de Bj pour s'en distinguer, en raison de
la difl'i action et des résidus d'aberration.
SÉANCK UU l4 MAKS I921. 637
tljéoiie des Iriples de polynômes /, $, F qui ont un théorème de coiii[)ij-
silion
(?•) /(.r)a>(ï) = F(X).
J'exprime les fonctions bilinéaires X, ..., Y„ connue fonctions linéaires
de ,T,, ..., a7„, et je suppose que le déterminant A(^) de leurs coefficients
n'est pas nul identiquement. Je donne aux ^,, ..., En des valeurs telles
que A(:):^o, et j'écris j', pour la fonction résultante X, de x,, ...,a-„,
et c pour la valeur de $(E). Ainsi, cf(x) = F{y). c^o. L'élimination
de /'( r) entre cette équation et ( z) nous donne
où les X, sont des fonctions bilinéaires de x,, ..., x„, H,, ..., E„, et donc
de >',, ...,.v„, E , E„, après la solution des équations qui donnent les y,
comme fonctions linéaires de a;, a„. Maintenant nous avons une équa-
tion du type (2) avec /'^ F.
Alors je répète le mêiin' procédé, mais avec le rôle des x^ et des ç,
échangé. J'exprime les fonctions bilinéaires X,, .,., X„ comme fonctions
linéaires de E,, ..., ç„, et je suppose que le déterminant A'(x) de leurs coef-
ficients n'est pas nul identiquement. Je donne aux x,, ..., a"„ des valeurs
telles que à'(x) ^ o, et j'écris z, pour la fonction résultante X, de E, ^„,
et/- pour la valeur de f{x). Ainsi, /:4'(0 = F(:), k^o. L'élimination
de $(E) entre cette équation et (-) avecy^F nous donne
iF(.OF(.) = F(X),
où lesX, sont des fonctions bilinéaires dear,, ...,a;„; -,, ô„. Je divise cette
équation par k et j'écris f{x) pour -71^(37), et je trouve : /\x)/(:)^f(\')
qui est une équation du type (i).
Ainsi rétude de V équation (s) entre trois fonctions se rèdidl à Pétiide de
r équation (i ) pour une seule Jonction.
J'ai fait celte étude-là par les moyens des nombres hypercomplexes, des
covariants et de la géométrie. Poui- le cas n =^ 3, je donne maintenant une
discussion très élémentaire, pailant de (2) au lieu de (i), puisqu'il faut
deux opérations pour faire la réduction de (2 ) à ( i).
Considérer les formes canoniques
(3) f=:^-'^Y''+:'-h6fnjjz. F=X^+ V3+ /.'+6MXVZ,
638
ACADEMIE DES SCIENCES.
telles que F = X/", .\., V, Z étant des fonctions linéaires et homogènes
de x,Y, z du déterminant A 7^ o. Les déterminants hessiens de /'et F sont
H=— iVP(X3-i-Y'-+- Z») + (a\P-+-i)XYZ.
Puisque le hessien est un coxaiiant dont l'indice est 2. et le hessien de âJ
est Ph, nous avons k^h^=A'-H. A ce dernier, ajoulniis le produit de Af= F
par M-A^. Nous trouvons
(4) r{j-^+ v''+ :'') -+- sxj: = cXYZ,
r = kM''A'~k'in\
:6m/-M-A--i- /,^{-2m'-hi), f = (8i\P-t- i)A'
Nous supposons que les formes (3) sont indécomposables. Par consé-
quent, 8m'^--i, c^o. Car, si 8w' = — i, nous pouvons supposer
que 2/?î = — I après la multiplication de x par une puissance de racine
cubique imaginaire oj deTunilé. yVlorsyest
i'o)
■ 3 u-y: =
,r
y
:
--
x
y
J-
:■
X
= J£ (.i- 4- w'/ H- (.)»'--).
Réciproquement, si /^ est un produit de trois fonctions X. Y, Z dont le
déterminant est A, nous avons A = 2A-XYZ. Ainsi, les coefficients de h
sont proportionnels aux coefficients de /'.•
8 /?(*-,- I.
Pipiiiier cas : r = o. — Vprès une permutation de .r, v. :; dans ( '1), nous
avons
\=aa", Y = (3 j, Z=/;, A = af3-/. .ç = fA.
Donc F = kf donne a' = ^' = y' = k. km = MA. \iusi. [i = ap, y — ac7.
ip'='7'r=i. Soient .r, =/, y, ^pv. 3,= a:
/■— /i = -'5-^-7?+ ;','-(- 6/»,. r,/,;,, \ = a.r,.
(p(^)
Mon
et A/w, =: MA. Vinsi, A ^ a' = k, M =^rn,. Les mêmes conclusions peuvent
être tirées aussi de F = kf, .
Deuxième cas : r^o. — Puisque (4) est un produit de l'onclions
SÉANCE DU l4 MAKS l()-2l. 6^9
linéaires, nous avons- = (lu., où Hu.' = — i par la démonslralion ci-dessus.
\insi, - = - 3oj'. Après avoir substitué m' x à x, nous avons s = — W.
/■ '
Donc (4) est le produit de (5) par r. Nous choisissons les facteurs linéaires
de ( ,") ) pour les nouvelles variables
La solution de ces équations donne
3,c = .r, -I- >■, + ;,, 3 y = ,r, -I- (.i^y, -i- (,> z-^, 3 ; = .r, -i- &> ij + w- ;,.
Ainsi, par (5),
.t'M- j'4- ;■'— 3.rv; = .7-, v,r,, ./■; M-,i','-|- z] — 3 r,j,;,= 27. rv;.
I*ar conséquent,
./" = /,— - (aw -+- ]) i.r-; +!'■;+ z-D -^ i{i — //(). ?■,/,;,.
Après une permutation de X. ^ , /, il suit d'après (4) que
Alors F = Ay, donne
a-' =r (3' = y' — - ( 2 /« + i ) / . 6 M a 3y = ^ ( i — //( ) /,.
Après la multiplication do v, et :-, par des racines cubiques de l'unité
(comme dans le premier cas), nous pouvons supposer que a ^= [3 = y.
Ainsi, M(27w + i) = I — m.
Donc, dans les deux cas, k est égal au produit de a' par une constante.
Ainsi, une puissance d'une fonction linéaire est la seule fonction cubique
$(Hi,^o,?3) qui peut se multiplier par une fonction cubique indécom-
posable f(^x,,œn,cc.^) pour donner une fonction cubique inlécompo-
sable F(X,,X,, X,).
Comme corollaire, il n'existe pas une fonction cubique, ternaire et
indécomposable, qui ail un théorème de multiplication (1).
Dans ma Communication au Congrès de Strasbourg, j'ai démontré que,
si un polynôme f a un théorème de multiplication (i), toute covariante
de / est le produit d'une puissance de /' par une constante. Un tel
64o ACADÉMIE DES SCIENCES.
polynôme / esl le déterminant
(6)
/ =
-'11 -'12 • • • -^ 1«
•''ai •>-ii ■ • ■ X.,„
OÙ les Xij sont n^ variables indépendantes. Le hessien // de /' est une cova-
riante de /. Ainsi, /t = c/'"'" -\ où c esl une constante. On trouve la valeur
de c comme suit. Par inspection.
(7)
à\f
O.Vijàxu
est nulle si Xij et x/^/ se trouvent dans la même ligne ou même colonne du
déterminant (6), c'est-à-dire si j — /■ ou / = /. Dans les autres cas, (7) est
égale, sauf le signe, au déterminant mineur d'ordre /; — 2. Il suffit de
poser Xii^ I, Xij = o (i ^j). Alors, (7) est nulle, exception faite des cas
suivants :
dxii dx/,;
= 1 (i^/,);
(.).r,j d.i-ji
('
Ainsi, dans la ligne du déterminant hessien /i dont les éléments sont ( 7 )
pour des valeurs constantes et distinctes de i et y', il y a un seul élément
distinct de zéro. Nous pouvons supprimer cette ligne, qui est marquée
par Xij, et la colonne correspondante marquée par Xjj. Nous supprimons
toutes ces lignes et colonnes pour i, / = i , . . . , n\ i :^ j. Alors,
±h.
ô\f
à\f
à\f
t'.r,, Ox^^
t/.J-,, (>,r,2
àx^ dx„„
ô\r
dx^,, i)x,.
àV
dx„„ flr,,
Ôr„„ dv„n
Ainsi, c
±.ln — \
= (-i)"-'(«-i).
puissance dr ce ilètenninanl pur iiiie constante ^ o.
Le hessien dti déterminant ((S) est le produit (Pune
SÉANCE DU l4 MARS I921. 64l
MÉCANIQUK. — Mo/riii d'dvialloii ndmclldut une masse consUuUr cl cffccliiatil
unf compression conshinic à toute ullitude. Note (') de M. A. ILYitz.
La perte de puissance, éprouvée par les moteurs à essence à explosion,
sous rinihience de l'altitude, est due à des causes multiples, dont la prin-
cipale est la décroissance de la masse de la cylindrée admise et de la com-
pression qu'elle subit, à mesure que diminue la densité de l'atmosphère.
On a déjà imaginé de nombreux et ingénieux dispositifs pour corriger
cette influence.
La première idée qui a élé suivie consistait à modifier le coefficient de compression
volumétrique, en le portant d'abord à des valeurs incompatibles avec le fonctionne-
ment à pleine admission au sol, sous réserve d'une réduction de celle-ci aux faibles
altitudes. Tels sont les moteurs initialement surcomprimés, avec limitation d'admis-
sion au départ, de la classe A, dans la judicieuse classification que M. Villey a pré-
sentée à TAcadémie (^) et ceux de la classe B, qu'il a appelés à compression variable
par des tnoyens divers. Tels encore les moteurs SM/Yï/e^ev, dont le diamètre du cylindre
est trop fort pour les dimensions des organes, mais dans lesquels on pratique aussi un
laminage du mélange au départ du sol. La combinaison de ces dispositifs a donné le
moyen d'obtenir une puissance constante au moins jusqu'à 4O00™.
Pour s'élever davantage, on s'avisa de forcer artificiellement le remplissage au moyen
d'un compresseur, permettant de réaliser à toute hauteur la même densité de cylindrée
qu'au niveau du sol ; ce sont les moteurs suralimentés, de la catégorie D de M. Villey.
Cette solution comporte l'emploi d'un compresseur centrifuge que l'on actionne par le
moteur lui-même, du côté opposé à l'hélice, ou que l'on commande par un moteur
spécial indépendant; c'est le système auquel les Allemands ont donné la préférence,,
pour leurs avions géants, disposant d'une puissance de 1200 chevaux et plus. M. Râteau
a apporté un remarquable perfectionnement au procédé en utilisant l'énergie des gaz
de la décharge, et en les faisant détendre à travers une turbine, jusqu'à la pression
atmosphérique de l'altitude atteinte pour commander le compresseur.
M. Villey a proposé un nouveau type de moteur, qu'il qualifie à'allégé (caté-
gorie C) : c'est un moteur ordinaire, suivant le cycle Beau de Rochas-Otto, spécia-
lement étudié pour être toujours alimenté à une pression inférieure à celle de I atmo-
sphère au niveau du sol. D'après l'inventeur, l'application pratique de son idée est
subordonnée à la mise au point d'un limiteur automatique d'admission, qui ne
présente pas de difficulté et assure une sécurité complète aux basses altitudes.
M. Râteau a objecté au système les incertitudes d'allumage d'un mélange à faible
j)ression et basse température, l'importance des résistances passives d'une semblable
(') Séance du 7 mars 192 1.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 171 et 5.57.
642 ACADÉMIE DES SCIENCES.
machine, dont il faudrait inij^menter les dimensions, et qui consominerail beaucoup
d'essence ( ' ).
Il semblerait que toutes les combinaisons possibles fussent épuisées, et
pourtant il en est une autre, qui peut rentrer dans la catégorie B, mais qui
ne me paraît pas avoir retenu suffisamment l'alteolion : je l'appellerai
à admission de masse constante avec compression constante. Elle présente
quelques avantages particuliers, que je crois devoir signaler aux spécia-
listes de ce genre de construction.
Je pars du fait que le meilleur type de moteur à explosion est celui qui
présente une course d'admission et de compression moindre que la course
de détente et permet une détente plus complète des gaz brûlés; j'ai
démontré dans mes études sur les moteurs que ce type possède le rende-
ment le [)lus élevé. La difl'ércnce n'est [)as négligeable, attendu que ce
rendement est égal à o,44» poui" une compression à 5"'^, alors que celui du
cycle à course d'admission de même longueur que la course de détente,
laquelle est tronquée, ne dépasse pas o,3i, toutes cboses égales d'ail-
leurs ( - ).
Or, prenons un Ici moteur à course réduite, et portons-le à une altitude
supérieure: pour maintenir la constance de la masse admise et celle de la
pression t: de compression, il faudra allonger la course d'admission et de
compression. En admettant l'adiabacité de la ligne de compression, un
calcul simple établit que, pour arriver à la même valeur de -, dans une
atmospbère de densité moitié moindre que celle qui règne au niveau de la
mer, il suffira d'allonger la course variable de ~\ cela correspond déjà à
une altitude de 55oo"\ On doublerait la course pour monter à 10000"", où
la pression n'est plus que de i9<S'"™ de mercure.
Voilà donc bien un moteur dans lequel la charge admise et sa compression
restent invariables, à toute altitude, par le seul allongement de la course du
piston au premier et deuxième temps. La compression constante lui garde
longtemps sa même valeur de rendement, qui est supérieure : sa puissance
ne baisse pas, car la pression moyenne exercée sur le piston est propor-
tionnelle à la différence des pressions d'explosion et de compiession. On
est même porté à cioire, sur la foi de diagrammes théoriques tracés d'après
ces données, que la puissance augmentera quelque peu, par suite de l'aug-
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 782.
(') A. WiTZ, Traité tliéorique et pratique des moteurs à gaz et à pétrole, 4' ^'^'"
lion, t. 1, p. ?.83 et suiv.
SÉANCE DU l4 MARS ip2I. ^\^'^
menlation d'aire résullanl d'une délenle poussée plus loin cl d'une ligne de
décharge, établie au-dessous de celle du départ. De plus, le délnt d'essence
au carburateur croîtra avec l'allongement de la course d'aspiration, malgré
l'abaissement de température du milieu ambiant, dont l'effet sera atténué
par le fait.
Le système prête le flanc à une critique fondée, que je ne me dissimule
pas. Pour satisfaire aux conditions d'un vol horizontal près du sol, dans
lequel l'hélice doit tourner à sa plus grande vitesse, le moteur, alimenté par
une course et une admission réduite, doit pouvoir développer à ce moment
une puissance déterminée : celle-ci imposera à notre moteur un alésage de
cylindre plus fort que serait celui d'un moteur à course et admission
pleine. Il en résultera une augmentation de poids, qui dépendra de la
hauteur de plafond envisagée. Si l'aviateur limite son ambition à 55oo™, la
section du piston sera augmentée de -j^ : de 100°^", par exemple, le diamètre
sera porté à i3o.
La surcharge imposée à l'avion sera de ce chef peu considérable. Il ne
s'agit que d'un suralésage de cylindre, sans renforcement d'aucun autre
organe. D'ailleurs, le système procurera des allégements compensateurs,
dus à son rendement supérieur, et à une réfrigération moins active, consé-
quence d'une détente complète; il permet d'escompter une réduction des
provisions d'essence et d'eau et des poids de réservoirs et de radiateurs. 11
n'exige l'adjonction d'aucun moteur auxiliaire, ni d'aucun compresseur.
Il me reste à dire par quel moyen pratique pourra se réaliser la course
variable, sur laquelle repose le projet. On ne doit pas songer à faire usage
de mécanismes, du genre de celui de M. Atkinson; il faut résoudre le
problème par un artifice. La course ne sera pas réellement réduite, mais
elle sera rendue inopérante sur une fraction de sa longueur, en coupant
l'admission au moment voulu du premier temps; de ce point au bout de la
course, le piston détendra la charge et la recomprimera ; cette double
opération, effectuée pour rien, ne coiitera aucun travail et contribuera à
produire un meilleur brassage des éléments combustible et comburant du
mélange. Une soupape d'aspiration commandée remplira la fonction. La
chose est possible : Niel l'avait pratiquée en sens inverse du nôtre et le
procédé a fait ses preuves. On pourrait aussi adopter une autre solution,
inspirée du moteur Charon, reposant sur l'emploi d'une soupape de décom-
pression, avec remisage momentané du mélange, refoulé hors du cylindre,
dans un tube enroulé en serpentin, où il serait repris pour le cycle suivant.
Dans les deux cas, on mettrait la soupape commandée sous la dépendance
644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un régulateur, constitué par une capsule manométrique étanclie et exten-
sible, remplie d'air au départ du sol, dont le volume subira l'influence des
variations de température et de inession de l'atmosphère ambiante.
ELECTIONS.
Par 3i suffrages contre 5 à M. Armand Duchcx/ir, 2 à M. Henri Eddr,
I à M. Tiniolcnko et 3 bulletins blancs, Sir George (ireenhill est élu
Correspondant de l'Académie pour la Section de Mécanique, en remplace-
ment de M. Voi^t. décédé.
PLIS CACHETES.
M. R. Bourgeois demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par lui,
en qualité de directeur du Service géographique de l'armée, dans la séance
du i3 novembre ipi'J et inscrit sous le n" 8.332.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient un Mémoire
de MM. Dei.(:a.>ibre et Schereschewski intitulé : Étude et précision de
certaines raiintions barométriques.
( Renvoi à l'examen de M. R. Bourgeois.)
CORRE SPOND ANCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance :
Hknhy Eddy, 12 brochures contenant divers travaux relatifs à la pbysique
mathématique et à l'arl de l'ingénieur. (Présentées par M. H. Sebert.)
A. Einstein, La théorie de la relativité restreinte et généralisée (mis/' à la
portée de tout le monde), traduit par M"'" J. Rouvikue.
Albert Einstein, L'élher el la théorie de la relativité, traduit pai' NlAiiiirK
Soi. OVINE.
SÉANCE DU l4 MARS I921. 645
ANALYSE MATHÉMATIi^UE. — Sur les couples de fondions algèbroides d'une
raiinble correspondant aux points dhine courbe algébrique de genre supé-
rieur à l\tnité. Note de M. Geokges-J. Rémouxdos.
1. Dans un travail paru en 1912 dans les Rend, del Circolo Maiem. di
Palermo (t. 33, i''''sem. 191 2), JNI. E. Picard a établi le théorènne suivant
qui présente une certaine analogie avec la généralisation du célèbre théo-
rème de M. Picard, aujourd'hui classique, obtenue en 1904 par M. Landau,
à savoir :
« Considérant une courbe
(1) /(■r,y) = o
de genre supérieur à P unité, on met à la place de x dans V équation (i) une
fonction méromorphe de z dans un certain domaine autour de l'origine, dont
le développement taylorien est
(2) ,r ^rt -H rt, ; -I- . . . , («,^0).
» On tire de (i) la fonction y de z prenant pour s =: o /« râleur b. Les deux
fonctions x et y de z ne pourront être simultanément méromorplies dans un
cercle de centre origine et de rayon supérieure une quantité R(a, «, ) ne dépen-
dant que de aeta^ \^et nullement des autres coefficients du développement (2) ] . »
Pour établir ce théorème, M. Picard a utilisé une fonction X(a7, y)du
point analytique (j;, v), qui résulte de la théorie des fonctions fuchsiennes
et qui est holomorphe dans le voisinage de tout point de la surface de
Riemann correspondant à (i) et pour laquelle le coefficient de / est tou-
jours positif.
2. J'ai cherché à utiliser la même fonction X(.t, y^ pour généraliser ce
théorème de M. Picard en l'étendant à des fonctions non uniformes dans le
voisinage d'un point et je suis parvenu à obtenir les résultats suivants :
TiiùORKMK. — Soit une courbe
de genre supérieur à l'unité. Si, dans cette équation, nous remplaçons x
par une fonction a; = a(;) algébroïde dans le imsinage de F origine z ^ o,
qui peut être un point singulier, définie par V équation
x' -H A , ( ; I x'~ ' + A o ( ; j x'''- -+-...-+- Av_, ( ; ) -H Av ( c ) =: o,
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N° U.) 49
646 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ
A, (3) = n,+ /;,;+-..., Aj(-) = rtj+ //o :; + .., Av(;) = rtv-f- ^v^; +. • .
et les polynômes
/7(a-) = jr"'4-«|,r''-'-(-. . . + «v-i-i' + «v, (|{x)=:.b^x''-^ + b,x'-- + . . . +6v-i'' -^ l>i
Il ont aucune racine commune, on lire de l équation (i) une autre Jonc-
tion y = b (r) aus.u' algéhroïde dans le voisinage de z ^^ o.
Alors, l'une au moins des fonctions a(^z) elh{z) admet au moins un point
singulier dhféhe.nt de l'origine z = o dans un cercle de centre origine et de
rayon supérieur à une quantité
R {</,. 6|, 'Vj, b,, . . . , a,, b;, /i,, /u, . . .)
ne dépendant que des coefficients a^^b^,a.^^h„,...,a.,,b.,et des degrés n,, n.,, ...
de nudtiplicité des racines du polynôme p [x).
La quantité R est analogue à celle du théorème de M. Picard. Elle est
égale à la plus grande des quantités de la forme (')
* I f-^(at) — ,Uo(3;) I
I «ip'(a) I
dont chacune correspond à un système circulaire de branches de la fonc-
tion X = a(^) qui se permutent autour de r =; o et sont représentées par
la série X| + a,s.... [Le développement de A(iry) suivant le point ana-
lytique (a, ^) relatif à chaque système circulaire de branches donne
Les nombres a ne dépendeni que des coefficients a,, />,, a.,, h.,, . . . , a.,,!)., et
des degrés «,, /i,, ....
3. Un cas particulier intéressant est celui où Tune des deux fonctions,
par exemple iaa; = a(;), est méromorphe. Alors, notre théorème donne
une limite supérieure de la différence des modules de deux points critiques de
l'autre y = b ( ^), lorsque ces points sont rangés par ordre de modide croissant,
celte limite ne dépendant que des valeurs de la fonction a (:) et de sa dérivée
en un de ces deux points singidiers.
ÎNous pouvons, par exemple, appliquer cela à la fonction ajgébrique y (.e)
elle-même définie par la courbe donnée (i) de genre supérieur à l'unité, ce
qui nous donne des renseignements intéressants sur la distribution (en
module) des points singuliers d'une fonction algébrique définie par une
équation de genre supérieur à l'unilé.
(') \oii- le travail de M. Ficard plus haut mentionné, page a.
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 647
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions hypercllipl'uiues singulicres.
Noie de M. C.-E. Trayxaud, présentée par M. Appell.
En généralisant les travaux de G. Humbert sur les relations singulières
entre les périodes d'une fonction ahélienne de deux variables, G. Colty a
étudié, dans sa Thèse, les relations singulières entre les périodes du Tableau
0 g h
1 h g'
11 a démontré(')que toute relation de diviseurs, d'invariant A et de type k
est équivalente à la relation réduite
ng -\- kh — m g'= o,
n étant définie par l'égalité
A = /.- + 4 »i'i.
J'ai étudié les fonctions intermédiaires relatives à ces relations, de la
même façon que (i. Humbert a étudié les fonctions intermédiaires relatives
aux relations de diviseur 1 et j'ai obtenu ainsi des résultats qui généra-
lisent ceux de ce géomètre éminent et regretté.
La définition de ces fonctions introduit deux entiers/? et ^dont le premier
est toujours positif et tels que S =; np^ — kpq — mq^ soit positif ou nul; le
nombre de fonctions paires ou impaires dépend de la valeur de 0 et de cer-
taines parités; 0 = 0 constitue le cas elliptique et correspond à la con-
dition A — P.
Si ^ =: 0, les fonctions intermédiaires deviennent des fonctions thêta,
précisément celles qui sont relatives au Tableau T„ et que j'ai étudiées dans
ma thèse.
Déterminant ensuite les demi-périodes qui annulent ces fonctions paires
ou impaires, j'ai obtenu un ensemble de résultats qui constitue en quelque
sorte un amalgame de ceux que G. Humbert a donnés pour les fonctions
singulières de diviseur i et de ceux que j'ai donnés pour les fonctions de
diviseur n.
L'application de ces résultats aux surfaces hyperelliptiques singulières
(') Thèse, p. 53. Je dirai que n esl le diviseur de la relation et non pas le genre
comme le disait G. Cotty.
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se présenle imniédiatenient. G. Humbert a signalé (') des surfaces à
i5 points doubles et une surface à 32 droites. J'ai étudié avec quelques
détails de telles surfaces dans ma Thèse et M. L. Hemy (-) a montré que les
surfaces de (!. Humbert se ramènent par une transformation (non uni-
voque) à celles dont j'ai donné les propriélés. Avec l'introduction généra-
lisée du diviseur n, cette transformation n'est plus nécessaire, comme
l'exemple suivant va le montrer.
Je prends la relation singulière sous la forme
5 g — ^'=-0, /i = 3, A=:o, Hj =1 1 , d=r2.
Il y a pour p = i^ q = o huit fonctions paires qui ne s'annule pour aucune
demi-période. En leur donnant ?/ = c = o comme zéro quadruple, il reste
quatre fonctions linéairement indépendantes. Ces fonctions sont des fonc-
tions thêta, cas particuliers des fonctions d'ordre G et de diviseur 3 qui
m'ont conduit à une surface du quatrième degré à iji points doubles (^).
En prenant les fonctions intermédiaires ainsi déterminées comme coor-
données d'un point, la surface obtenue est aussi du quatrième degré et à
1 5 points doubles. Elle est caractérisée comme celle que j'ai étudiée par
la propriété énoncée par G. Humbert :
La trace sur un plan du cône circonscrit d'un'point à la surface se compose
de quatre droites et d'une conique C tangentes à une même conique en tous
leurs points de rencontre avec elle; en outre, la conique circonscrite au
triangle formé par trois des droites admet la quatrième comme sécante
commune avec C; l'existence d'une de ces coniques entraine celle des trois
autres.
Cette propriété ramène à trois le nombre de paramètres vrais dont
dépend la surface; mais la surface singulière ne dépend que de deux para-
mètres et en effet il existe sur clic des courbes qui n'existent pas sur la
surface générale.
Jeprendsyj = i, ^ = i, d'où o = 2; il y a [)Our trois caractéristiques par-
ticulières deux fonctions paires nulles pour (piaire demi-périodes ; en leur
donnant « = (^ = o comme zéro double, la courbe obtenue est une conique
passant par quatre points doubles; de même /* = i, «jr = — 1,0 = 2 donne les
trois coniques qui, associées aux précédentes, forment trois sections planes
(') Comples rendus, l. I:i0, i8<)9, p. 610; l. i:i2, 1901, p. -■>..
(-) Comptes rendus, t. 142, 1906, p. 768.
(■') Thèse , p. S8.
SÉANCE DU l4 MARS I921. G/jQ
déco m posées. Par coiiséqiienl, la surface singulière adinel trois groupes de
quatre points doubles si tués dans un même plan. La trace sur un plan du cône
circonscrit d'un des points doubles appartenant à ces plans est telle que la
dioile joignant les points de rencontre de deux des quatre droites avec la
conique C passe par le point de rencontre des deux autres droites. Celte pro-
priété ne se présente qu'une fois.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — St/r les développements en série suivant les
inverses de pn/ynor/ies donnés. Note de M. N. Abramesco, présentée
par M. P. Appell.
On connaît les reclierciies de M. P. Appell (') sur les développements
en série procédant suivant les inverses de polynômes donnés. Dans ce qui
suit, je me propose d'indiquer une généralisation de ces développements.
Soient
( 5 ) o{z)~ do-}- diZ +...-{- d„z"-\-.. .
une fonction régulière à l'intérieur du cercle de centre 0 et de rayon
1 = 1 = H',
et è^,^ extérieurs au cercle R',
|i,,,|>R'.
Un problème qu'on peut se poser est de trouver la région où le dévelop»
pement
est valable, les B^ étant des constantes.
On a
\z-b,_„\ = \h,,,\\i--j±-\>K'
■V.I>R'(«-iî^);
(') Comptes /eitdus, t. 137, igiS, p. 5 et kijî; Bnllelin des Sciences mallié-
matiques, novembie 191^^. — Bulletin de la Société nialhéntatiquc de Fiance^ t. 38,
1920, p. I.
65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
donc
^'-'N'^TT-' ^^'''
R'
IB„II;I"
IV" I -
Si Ton pose
\z\^p<W,
est uniformément convergente si la série
(7) y\^u—r^
R"'(.-^
est convergente et donc, d'après le théorème de Weierstrass, le dévelop-
pement ((j) est valable à l'intérieur d'un cercle de centre O.
( )r, la série (7) est convergente si
donc
p'(i + limv/"rH7i)<H',
' R'
^ i-{-\im'{/\BT\'
Par suite, le développement (6) est valable à l'intérieur du cercle de
centre O et de rayon
R'
2. Soient
/(;)=...-(- -^ -h ... 4- ^ -j-do-hd^z -h. . .-hd„z" -h. ..
une fonction régulière dans la couronne formée par les cercles de centre O
et de rayons R et R'(R < R) et
i«,,a[<r,. iVïI>,r'.
SÉANCE DU \l\ MARS 1921. 65 1
Le développement
-, , A, A„ ^ B„ , B|j , B,5" .
?„(;) = (:;- f/„,, ) . . . (c - «„,„), g„( :) = (; - i,,,, ) ... (0 - ^„,„),
est valable dans la couronne formée par les cercles de centre O et de rayons
IV
RH-lim !/! A„|,
'V'IB,,!
ANALYSK MATHKMATlQUE. — Sur (iiieUjues points (le la théorie des fonctions
et de la théorie des nombres, ^ote de M. Théodore Vahopoulos, présentée
par M. Appell.
l. Soit une fonction x = 9(3) à \i. branches définie par une équation de
la forme (').
F( c, .c) = .ri'- + A, ( : ) x^-' 4- A, ( 3)1'-' + . . . + A^, . , ( .- ).r + A,^, ( :) = o
et supposons, pour fixer les idées, que les fonctions entières A,(;) sont
d'ordre fini au plus égal à p.
Il faut considérer comme exceptionnelle toute valeur a"|, de j^ pour laquelle
on ait
F(=, r,) =:?„( = ) + Q45)e"«'-',
H„(^::), Q„(3). P„(=) désignant des polynômes, le premier de degré au plus
égal à p.
Soient a;,-, Xj deux toiles valeurs de œ. Appelons (E,) l'ensemble des
valeurs de x pour lesquelles ¥(z,x) soit une constante ou un polynôme,
(Eo ) l'ensemble de valeurs de v pour lesquelles aucune des différences
H,(-)-II;(v-)
n'est constante; nous démontrerons le théorème suivant :
Théorème. — L'ensemble des valeurs (E,). (Eo) ne surpasse jamais le
nombre [o. + i , l'infini compris.
En effet, l'élimination des A,(s) entre les équations
F(5,a-,. )=:?,(;) (/=1.2 l^-l),
F(.-, X;) = P,(c) + Q;(5)e'M^i (y = fx,j^ + .)
(') Voii- ma Communication précédente : Comptes rendus, l. i72, 1921, p. 353.
652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous conduit à une identité de M. Borel de la forme suivante :
A, A, ayant les valeurs citées dans ma Communication précédente, dans
laquelle les termes exponentiels no subiront aucune réduction, bien en-
tendu, dans la forme définitive exigée par le théorème fondamental de
M. Borel, et. par conséquent, l'identité en question est impossible.
2. Le théorème subsiste encore si les fonctions P( s\ Q(^) croissent toutes
moins vite que e"'^ ". e"''' étant le plus grand des ordres des fonc-
tions A,(s), et a étant toujours un nombre positif quelconque, mais fixe.
3. Ce théorème peut servir de base pour établir une généralisation du
théorème cité à ma Note susdite.
Soit une équation algébrique exceptionnelle
(.)ù les nombres a,, a^, ..., a^, sont transcendants, a, a. a algébriques et
différents de zéro, qui admet des racines algébriques.
Soit
P(jri) = a, + aie='.,
si X, :^ Xj il est impossible, grâce au théorème de Lindemann, d'avoir
/j(a;,)';jo(,rj) 7= algébrique,
Alors si nous appelons (E,) l'ensemble des valeurs algebriques.de a; pour
lesquelles p(x) est nombre algébrique, (E^) l'ensemble des valeurs Xj pour
lesquelles
/j(a;) = ai-+- a'e*.,
et les nombres a, sont dilTérenls entre eux, nous arrivons à renoncé suivant :
Théorème. — L'ensemble des valeurs (E,), (Ej) ne sur oasse jamais le
nombre a.
L'élimination des coefficients x,, x^, . . . , Xjj^ entre les a -\- i équations
V{Xi)=z ki ('■ = !, 2, .... ^ — I),
V{Xj) = ay -4- aj e*- (y = fi, /^ 4- i )
nous conduit à l'égalité suivante
SÉANCE DU lf\ MARS 192I. 653
laquelle, d'a|)rès le ihéorèine de Lindemann, est impossible et noire ihco-
rème est démontré.
Nous avons ici la limite [x au lieu u- H- i, que nous avions dans le théo-
rème du paragraphe I, parce que l'infini n'a pas à intervenir dans la théorie
des nombres.
ANALYSE MATIIKMAIIQUE. — Sur un calcul de totalisation à deux dci^res.
Note de M. Arnaud Denjoy, présentée par M. Hadamard.
L'intérêt des considérations suivantes est de conduire au calcul des
coefficients d'une série trigonométrique convergente quelconque dont la
somme est une fonction donnée.
Dans un travail antérieur ('), j'ai analysé les rapports mutuels des
notions de fonction continue résoluble et de fonction totalisablc. La notion
de dérivée approximative fournit le lien entre ces deux catégories de
fonctions (-).
Le calcul totalisant permet de remonter d'une dérivée approximative à
une fonction résoluble en vertu des deux propositions suivantes :
i" Toute fonction résoluble F possède sur une épaisseur pleine une
dérivée approximative ç. 9 complétée indifféremment par des valeurs finies
aux points où elle n'existe pas, est lotalisable. F(è) — F(rt) est égale à la
totale àQ fdx prise de a a b,
2° Si la fonction donnée o, est totalisable, la totale de cp, entre a q\ x est
une fonction de x résoluble F,. Celle-ci admet ç, pour dérivée approxima-
tive sur une épaisseur pleine.
D'une manière analogue, nous nous proposons de caractériser deux
(') Annales de l'École Normale supérieure, 1916 et 1917.
{^) La variation d'une fonction continue/ sur un inter^'alle ab{a<.b) est
f{b)—f{a). La variation de f sur un ensemble par/aitV à''e\lvémnés a el b {a < b)
est dite définie si la série des variations (•„ de/ sur les divers contigus «„ à P est
ab-olument convergente. La valeur de celle variation est alors, par définition,
V(/,P)=/(6 )-/(«)-!.„.
L'intervalle i contenant au moins un point de P, on appelle /JO/^/o/t de P déterminée
par i l'ensemble parfait formé des points de P intérieurs à i et de leurs points limites.
On dit que la variation de / sur P, si elle est non définie, est réductible, si P con-
tient unepoition sur laquelle la variation de /est définie. On dit que la variation de ■
/ est réductible à o sur tout ensemble yar/ait mince (de mesure nulle) si tout
654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
classes de fonctions d'une variable et un calcul que nous appellerons totali-
sation symétrique à deux déférés ou opération f T, , ) sorte d'intégration à trois
limites, de manière que :
i" Si S est résoluble {2, s), d'une part il existe une pleine épaisseur E en
tout point de laquelle ^T a une dérivée ordinaire f et .?' possède une dérivée
approximative /'; d'autre part, /' est opérable {T^,)el, i étant différent de a,
on a
T,,,(/, a, I,. c)z={c-b)g[a) + {a-c)rs{b) + { h - «).T(c).
2° Si y, est opérable^ (T, ,) l'expression Tj^(y,, rt, h, x) est une
fonction ^, (a;) résoluble (2,.?) et dont la dérivée seconde ordinaire, approxi-
mative, coïncide avec y, sur une épaisseur pleine.
Il nous sera indispensable d'introduire quelques définitions nouvelles.
^'ous dirons qu'une fonction #, définie sur un ensemble parfait P, est
résoluble sur P si la fonction, coïncidant avec ^ sur P et linéaire sur chaque
segment contigu à P, est résoluble (en particulier, ,f sera continue sur P).
Nous dirons qu'une fonction f, définie sur un ensemble fermé E, el à
laquelle on attribue une totale «•„ sur chaque intervalle u„ contigu à E, est
tolalisable sur E si la fonction 'j», égale à / sur E et à -^ sur u„. est tola-
lisable.
Mous appellerons segment spécial de l'ensemble parfait P. tout segment t
limité à deux intervalles conligus de P, et surpassé en longueur par l'un et
l'autre de cescontigus.
Les segments, dont les deux extrémités sont des points de première espèce
de P. sont évidemment en infinilé-dénombrable. On montre que la somme
ensemble de celle nalure conlient une porlion où la varialion de/" est définie et nulle.
On dit par abréviation dans ce cas que /est résoluble.
in{x) — m{a) étant le nombre dont la valeur absolue est la mesure d'un ensemble
donné E sur l'intervalle a, x et dont le signe r.'est pas contraire à celui de x — a,
Vépaisseur de E au point x, quand elle existe, est la dérivée de in[x).
On dit que /(^j admet au point x le nombre 9 pour dérivée approximative s'il
existe un ensemble \i(x) d'épaisseur i en ./■ el tel que '— — ; — '■ — ^ — tende vers (p
quand ,r' tend vers ,r sans quitter Ej^)./ est continue sur E(x) au point x, mais peut
être discontinue ou inexistante hors de E(^).
On dit que e est une épaisseur pleine, si le compiémenlaire de e est mince. On dit
que e situé sur un ensemble K est une pleine épaisseur de K, si l'ensemble des points
de k étrangers à e est mince.
SÉANCE DU l4 MARS 1921. G55
de lotis les segnwnls spéciaux cVun ensemble parfait P, situé sur ab, est injè-
rieurc à 2{b — a) (*).
Caractères d'une f onction 9 résoluble ( 2, *) :
I" ^esl continue ;
2° — : —. tend vers zéro avec h non nul el indépen-
dant de .-r ;
3° Si P est un ensemble parfait possédant une infinité de segments spé-
ciaux CT, et si pour chacun d'eux on calcule le nombre w(a-) donné par
(7.r„( ^) = I i((3) -(- 3?(5: - ^) — 2.f (a) I + I ,f ( p + ff) -i- 3f(a) — 2 i(3) |,
Vensenible K des points de P. au roisinage desquels la série oj(t) est divergente,
K est non dense sur P ;
4" P étant un ensemble parfait quelconque, et E((t'). P(a-') désignant
l'ensemble fermé et son noyau parfait demeurant dans P quand on
supprime tous. les segments spéciaux t de P sauf un nombre limité d'entre
eux appelés segments t'.
On peut déterminer sur P un ensemble fermé H non dense sur P, ou
inexistant, indépendant des g' choisis, et tel que sur toute portion de E(ct') et
de P(<î') sans points communs avec H, -j- existe et est respectivement continue
sur la première et résoluble sur la seconde.
Si P est continu, la simplification de cet énoncé est évidente.
On démontre que toute fonction ^' résoluble {2, s) possède sur une
épaisseur pleine une dérivée seconde ordinaire approximative / et que
toute fonction 4> possédant en tout point une dérivée seconde généralisée ç
est résoluble (2, s), le couple ($, o) admettant en outre le lien (#,/).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'équations intégrales
à noyau asymétrique. Note (-) de M. T. Carlema.v, présentée par
M. E. Goursat.
Les équations intégrales à noyau symétrique possèdent, comme on le
sait, une foule de propriétés importantes, qui n'appartiennent pas à l'équa-
(') Si, généralement, on appelle coejficient d'un segment s, limité à deux contigus
de P, le rapport de la longueur du plus petit de ces contigus, à celle de s, on constate
que les segments de coefficient, supérieur à un nombre positif donné «, ont une somme
finie.
(^) Séance du 7 mars 1921.
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tioii inlégiale générale. D'autres types de noyaux avec des propriétés
analogues ont été signalés par MM. Goursal et Marty ('). Nous nous pro-
posons, dans le suivant, de démontrer qu'on peut approfondir d'une manière
analogue l'élude d'une autre classe de noyaux réels, qui comprend comme
cas particuliers les no^au.v symétriques et les noyaux symétriques gauches.
Soit k(^a-,y) une fonction réelle et continue, définie dans le domaine
a^i ^6 et soumis à la condition
(i) ^ A(,r,o/.(7,0'/'=y /--(^•0/.(^.'■)^//.•
En introduisant les transformations fonctionnelles
S{f)=f A{.r,l)f(t)r//, S'i/)=f k{t.x)f{l)clt.
dont l'une est l'associée de l'autre, nous voyons que (i) revient à dire que
les transformations S et S' sont permutables, c'est-à-dire
SS' = S'S.
Soit Ci,, Oj. . . ., <p,„ un système complet de fonctions principales correspon-
dant à une valeur caractéristique A de k{x,y). Posons
Nous pouvons, comme on le sait, disposer de <j:,,9o, •■••?;» ^^ '^1'^
manière qu'on aura
(a) / Q^'iqdx~c,,„s
(3) ?iS(9;,)=2«pv9v,
v = l
où ap^ sont des constantes satisfaisant aux relations
(4) a,,,,— \, Up^—Q {p<(l)-
Considérons les fonctions aS'(9^) = oj^,. En effectuant sur les deux
membres de (3) l'opération AS', il viendra
(5) /,S{oi„)rr2r7,,,w,/.
V ^ 1
(') Voir GouitSAT, Cours d^ Analyse, I. 3, p. 4i'' el suiv.
SÉANCE DU l4 MARS I921. 667
(M,,Lo.,, .... co„, forment donc aussi un système de fondions principales
correspondant à la valeur caractéristique X, ce qui entraîne l'existence des
constantes h^„^ telles qu'on aura
( <> ) ?. S' ( o,. ) = ',>,, = V h^,, o.^.
v = l
lui vertu de la formule
(:) f fS(i')dx=J' ffS'{/)djr,
on trouvera, en multipliant (3) par 'p^ et intégrant,
/ 'SIpM,, dx --(If,,,.
De la relation (6) s'obtiendra d'une manière analogue
/ a,, ',),, d.r = b,,,, = a,,,,.
Si nous effectuons sur (3) l'opération XS' et sur (6) l'opération AS, nous
trouverons, compte tenu de la relation SS'= S' S, que les matrices ('//„,)
et (h,,,,) sont permutables, c'est-à-dire
(«/-/)( "'//.) =('^7/'.^ ( ";■'/)•
En égalant les éléments diagonaux des deux membres de cette équation
il viendra
Il s'ensuit que a^,^=o pour p^q. On en déduit aisément le théorème
suivant :
Toutes les fonctions principales de k{^x, y) sont des fonctions fondafnen-
tales. Les pôles de la résolvante sont tous simples. Si k( :r, y) admet la fonction
fondamentale cp(.t'), 9(1?) sera une fonction fondamentale de k(y, a") corrcs-
pomhmt à la même valeur caractéristique.
Désignons par Ç/,, o, o„, ... une suite complète de fonctions fonda-
mentales de k\x, y) et soient X,, Aj, . . ., A„. ... les valeurs caractéristiques
correspondantes. D'après ce qui précède, les fonctions ^/, peuvent être nor-
658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mées de manière à satisfaire aux équations / '^^rij^dx = Cj,^. On démontre
sans grande difficulté que ç.,. cp., .. ., •p„, . . . forment aussi un système com-
plet de fonctions fondamentales de l'équation intégrale symétrique
9 — /. SS'(9) =:o.
Ce résultat conduit au théorème suivant :
Chaque fonction A(^). à carré inlégrablc , orthogonale à toutes les Jonctions
j ondamentalts de /,(x, y) satisfait aux relations
(8)
/"/.(., r)/<(r)^>-/"/(7.-)/'(,')^.=o.
Nous pouvons maintenant, exactement comme dans la théorie classique
du noyau symétrique, démontrer la formule
r'' ' c "i "* -
V = 1 "
Si tous les A., sont situés à l'intérieur du secteur jargA|<0<<-. on
obtiendra (extension d'un théorème de M. Mercer)
{^,y)=^
-, (pv(.r)Ov(y)
/■■/
la série étant absolument et uniformément convergente.
Les résultats précédents sont applicables aux noyaux X-(.r. 1) qui vn-
gendrent une transformation fonctionnelle T(/') orthogonale (').
ALGÈBRE. — liésoliition de Vé(juntion algébrique générale 'à l'aide
de la fonction gamma. Noie de M. H.i. Melmx.
Quelques Notes récentes de M. R. Birkeland me donnent l'occasion
d'appeler l'attention des géomètres sur les recherches que j'ai entreprises, il
y a quelques années, sur le sujet en question (^).
,t II -. '■ ,1 ''
(•) T(/)=/(x)-f / k{.r,y)f(y)<ly, j T(/)^/,r=.| /^ >t.r.
(') /Un tillgeineincr Salz iibcr ali;cltr(tisclie Gleicliungen ( .4 niia/es .ica//ciiiiir
Scienlianim hennicie^ ser. A, t. 7, \'^\'•^>■
SÉANCE DU l4 MARS 1921. ÔSq
Toute équation algébrique se ramène à la forme
(i) Z" + .»•,/.". + ...+ .r,,Z"c— I = O,
«1, . . ., n^, étant des nombres positifs <«. En désignant par Z(a:;,, . . ., a-,,)
une racine de (i), on constate que l'expression £Z(£"'a;,, ..., î'V.r,,),
où £"=i, vérifie également cette équation. En substituant à t les différentes
racines /;'*'""" de l'unité, on aura toutes les racines de (i). Il suffit donc
d'étudier la solution principale de (i), qui se réduit à l'unité pour
Nos recherches s'appuient sur la représentation paramétrique suivante
de l'équation ( i) facile à vérifier :
(z=w"'', \v = n-i:,+...+ç,„
d'où
En se servant de la formule connue
/ J W^ dç,,...,cL„-
r(.r)
on déduit des égalités (2) et (3) ce résultat intéressant que la solution pi in-
cipale Z(x,, . . ., x-p) de (i) réri/ie l'équation intégrale
(4)
/ ..• / [Z(.i,, Vp)Yj:'\'-' v'ir'dXi . . . dxp
•^0 "^0
« r(M)r(«,)..-.r(Hp)
Il r((/ + «i + . . .-f- Up + 1)
tant que les quantités a, « = - — —//,—... -Uj„ 11,, ..., u^ réri fient les
conditions
a>o, R((0>o, 1A(«,)>0' ■••' R(///,)>o.
La loi de réciprocité relati\e aux intégrales de celte espèce, démontrée par
66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous dans un travail antérieur ('), nous permet d'invertir comme il suit
l'équation (/|) :
[Z(.r„...,.r„)]-
-X,"' v/'vdut .. . dup.
i ^ , /-"^" r"v^-a r(.or(»,)...r(Kp)
I (2~0'v„__,„ -'„,_,« /i r('/-+-"iH-...-t-";,4- 1
vA\ y. II. n,,
I a — «la, — ... — /i,,f/,,>-o, a<>o. « = ii. — ... -u,,,
I . n n n '
I an'. n'i, ,
(/-+-«,-(-...+ '/„= h — !- ('i + . . . H ^ '/„, /r. ^= Il — Us.
\ n n n
Celte formule constitue notre solution de (i). Elle suppose que
in o ' 2 «
maison peut étendre son domaine de validité en déformant convenablement
les chemins d'intégration.
Dans le Mémoire cité, j'ai démontré (jue, si la fonction
F(«,, . .., //,,) = F((/,.)
vérifie les équations fonctionnelles
(6) I^(,/, + /0 = -^^|""---'"^'iF(».) (5 = ,,2, ...,/>),
où /,, gs sont des fonctions entières de //, . . . ., «^,, l'intégrale
•^^ (i-niyj "J ''^" tip)xj"' ... x-'-rda, ...du,,.
"'il 1",,)
pourvu qu'elle converge et qu'elle ne change pas lorsqu'on déplace les
chemins d'intégration (",), ..., {it,,) de n unités vers la droite, vérifie le
système suivant d'équations aux dérivées partielles :
(-) {•/■'■(-"'3^' ■••'-■^•"è)->' = -("-^-'i' •••'-■'•" 5^)<^
i'appeWe fonclion /iY/jergéo/né/ri(/ue toute solution d'un système de cette
(') Zcir Théorie zweier allgeineinen Klassen hcitimntlcr Inl-jgialc {.icta Soc.
Scient. Fenn., t. 22, 1896).
SÉANCE DU 14 MARS I92I. - 661
forme, où les fonctions /,, i,', sont des produits de facteurs linéaires
( c, //,+.. .-+- Ci,iti,-\- a),
les Cj étant des nombres rationnels. Dans ce sens les puissances v = Z^ des
racines de (i) sont toutes des fonctions hypergêomctriques. En effet.
Texprossion
a r^orf",) ...r(",,)
Via,. . . . , M „ ) z= — u —
' //!(// ^- «, -h ... -I- H^, + I)
vérifie les égalités (6) si l'on y pose
n — 1
^j= ^— Jl («i«,-l- . . . + Il 1,11 1,— y. -h /l'j) I S («i«i+ . . . -I- n'^,ii,,-h x -h n-j),
et l'on en conclut que v — Z' vérifie un syslènic (7) de la forme
qu'on peut appeler le système de résolvants (lijf'érentiels de (7).
Les racines de (i) peuvent aussi s'exprimer à l'aide d'intégrales simples,
ou encore à l'aide de séries hypergêomctriques. Nous nous bornerons à
citer ie développement suivant :
il ^^' ~'~ "'"■''"'" • • ■ + "p'-'n— '^y-)
Vr, V i—^y-' v '■'■='
^ II'-- jU l(v,H-l)l(v,+ i)...r(v„4-i) ' /■
I 11= I \i ciui converge au moins tant que les modules \x^\ sont inférieurs
au plus petit des nombres
/> '(/"?(« — "1)"""' /-''{'";,'(« — ",,)"-'v
C. R., igai, 1" Semestre. (T. 172, N" 11.)
5o
602 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ALGÈBRi:. — Sur la position ilrs racines des (lêrivées d'un polynoiiic.
Noie de M. J.-L. Wai.sh, présentée par M. Hadamard.
Rappelons le lemme suivant (') :
Si les lieux des points z^ el z, sont les intèrieius {^frontières comprises^ des
cercles C, cl Q., dont les centres sont i-especti\eiiient y., el a, el les rayons r, el
/%, le lieu du point z qui divise le seiiment (z^,z.,) dans le rapport cons-
tant — ^-(rn.m.,^ o) est l'intérieur ( frontière comprise) du cercle C dont le
rn,^ ■ •' ^
rentre est
m.iV.^ -i- /", y.i
el le rayon
iii.y ''i -I- '"i r.,
III, -h nu
Ce leiame s'applique (loc. cil.) à la démonstration du tliéorème suivant :
TuicoiujiK I. — .SV le polynôme /(z) a m, racines dans C,, m., racines dans
C2, el n a pas d\iutres racirws, toutes les racines de sa dérivée f (^z) se Iroinrnl
dans C,, Co el C. Si ces trois cercles sont mutuellement extérieurs, ils con-
tiennent respectivement m, — i, m.,— i, et une des racines de /'(z).
Comme conséquence immédiate, si les racines de /'(; ) se trouvent dans
un cercle, celles de /'(s) s'y trouvent aussi; ce qui équivaut au théorème
bien connu de Lucas d'après lequel les racines de /'(^z) sont à l'intérieur
d'un polygone convexe quelconque contenant celles de /(-)• Le théorème
de Lucas s'étend de lui-même aux autres dérivées de /(r). Nous voulons
ici démontrer l'extension correspondante du théorème I.
Tmkoiik.me II. — Soit ^^■(^)f=s(s — z,y"'(^z — z.,)'"'; désignons par r- ' les
rarines distinctes, au nombre de m, de g''''(z) =^ [dérivée A"""' de g{z)\ il
pour — ^ les rapports dans lesquels elles divisent le sig/nenl {z,, z.,). Si y(z) est
un polynôme à m, racines dans le cercle C, (notations du lemme), à m.^ dans
le cercle C,, et sans autres racines, toutes les racines de sa /,"""' dérivée f'{~-)
se trouvent dans li's ni re/rles C "' de centres
/«',"'-(- mf
(') AN'ai.sh, Traiisdctions iif ihc American Miillwinalical Society, ly.M ; Comptes
rendus du (Jongrès des Malitèinalicicns à Slrasliourg, i()fo.
SÉANCE DU l4 MARS 192I. 663
et tic rayons
«(',"' -T- //(']"
Si G"' est extérieur aux autres cercles C", il contient un nombre des racines
(le /''^'(s) égal à la multiplicilé de ='"' comme racine de §'"(")•
Nous avons à considérer le polynôme
(1) f{z)=V,{z^b,)[z-lj,) ..(3-6„„+„,J
el les racines de l'équation
(2) /"'■)(;) = 0.
Les racines de (2) sont des fondions analytiques des h. Donc le lieu des
i-acines de (2) se compose bien <J'une ou plusieurs aires quand les lieux
des h sont des aires. Nous allons démontrer que si une racine :; de (2) est
sur la frontière de son lieu, tous les points 6, ,...,/>,„_ correspondants
dans C, peuvent être choisis coïncldiint sur C, et tous les points />,„,+,, . . . ,
b,n+,n, dans Co coïncidant sur (1,; tous ces points sont évidemment sur leurs
frontières puisque la relation (2) est analytique.
Supposons que b^ et b., ne coïncident pas. Fixons :; et les points /-».,,
b., ..., />„,_+,„.•, l'équation (2) devient une relation homographique et invo-
lulive entre b^ et b., et par' conséquent quand b^ décrit le cercle Ci, ^2 décrit
un cercle C. De plus, C' pa-se par- les positions initiales de ces deux points.
Si C ne coïncidait pas avec C,, b.^ viendrait à Vintérieur de C, et :; ne serait
pas sur la frontière de son lieu. Les points è, et b.^ qui se déplacent sur C, le
décrivent dans des sens opposés; car autrement nous pourrions faire
entrer b^ à l'intérieur de C, et b„ y viendrait aussi. Par suite, on peut faire
coïncider b, et è„ sur C,. Une extension de ce raisonnement, dont nous ne
donnons pas les détails, amène l)ien au choix de i,, . . ., è„, coïncidant sur C,
et de 6„,,+i, . . ., />„,,+,„. coïncidarrt sur- C^ (' ).
S'il existe, ainsi, une frontière du lieu des racines de (2), pour la déter-
miner nous pouvons considérer- les racines de (i) appartenant à C, ou C^
coiTime en coïncidence sur ces certies. L'existence de cette frontière est
une conséquence du théorème de Lucas, de sorte que chaque point de la
frontière est sur l'un des C"" ou à son intérieur, en vertu du lemme.
(') Ce raisonnement ne dt'ijeiid que d'une propriété de (a), propriété commune à
lieaucoup d'autres relations semJJJaljles. Nous avons l'intention d'en faire des applica-
tions à des polynômes plus généraux. Le raisonnement s'applique aussi à une région
fermée quelconque du plan dont la frontière est un seul cercle ou une seule droite.
6G4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si un cercle C " est exlérieur aux autres, nous pouvons faire coïncider
les poinis l^^, ..., b,„^ avec a, et les points h,„^+i, ..., l>„^+,„, avec a^, en les
gardant toujours dans leurs lieux^propres. Pendant cette opération, les
racines de t 2) varient d'une façon continue, aucune ne peut entrer dans C "
ou en sortir, et il est évident que le nombre de ces racines propres à C "' est
la multiplicité de ='" comme racine de^'' (:;).
l'our les polynômes à racines réelles il existe un théorème tout à fait
semblable au théorème II, mais où l'on remplace les cercles par des inter-
valles de Taxe réel.
CHRONOMinRIK. — Sur les écarts à la loi d'isoclirnnismi', produits par la laine
de suspension du pendule. Note de M. Pail Le Uollaxd, présentée par
M. G. Lippmann.
On sait depuis longlcmps(') que la lameélastiquequisertordinairement
de suspension au régulateur des horloges a comme effet d'accélérer le
mouvement de ce dernier pour les grandes amplitudes, en compensant
ainsi plus ou moins l'effet ordinaire des grands arcs d'oscillation (erreur
circulaire). L'emploi d'une lame convenable apparaît alors comme la solu-
tion simple d'un problème qui semble, de tous temps, avoir préoccupé les
horlogers : réaliser l'isochronisme absolu des oscillations du balancier.
(^)u()i<{ac cette solution ait été abandoimée aujourd'hui, l'étude précise
de l'influence du ressort de suspension présente un intérêt essentiel si l'on se
propose d'étudier les conditions de l'emploi d'un pendule libre à suspension
élastique, comme instrument de mesure du temps et garde-temps.
L'effet de la lame s'obtient en étudiant la durée de l'oscillation du pendule
en fonction de l'amplitude de l'oscillation après avoir coriigé cette durée
de l'erreur circulaire. Le pendule de comparaison est un pendule à couteau
oscillant entre des amplitudes déterminées et le rapport des périodes
s'oblienl parla méthode photographique (*). C'est la seule méthode qui
puisse être employée, car, dans les conditions variées d 'amortissement et de
rapport des durées que comporte une telle élude, la méthode des coïnci-
dences miincjuc de souplesse et est souvent même inapplicable ; au contraire,
la méthode {)iiotographi(jiic s"appli(|ue toujours, avec une précision très
C) L.VUGIER et Wi.v'.NEiiL, Comptes rendus, l. 21, 18/17, P- ''7'
(■-) ("■. 1-iPi'MANN, Comptes rendus, (. I2i-, i8<»7, p. i'5.
SÉANCE DU l4 MARS I921. 665
grande (le millionièine dans le rapport des durées) et constante quelles que
soient les conditions expérimentales.
Je ne puis ici que résumer succinctemeni les résultats obtenus. Four
toutes les lames d'acier employées habituellement Teflet est le suivant : la
durée d'oscillation commence par croître (juand 011 augmente ramplilude,
puis elle passe par un maximum pour une amplitude qui est toujours de
l'ordre de 1°, enfin elle décroît d'abord rapidement, puis plus lentement
pour les très s^randes amplitudes (jusqu'à 6" ).
Pour chaque courbe, on peut établir une formule empirique donnant
AT.,
la variation relative di- durée -^ en fonction de l'amplitude 0„, de la forme
AT
où A, B, C sont des constantes positives.
C'est le terme en 0'^, le )>lii-. imporiant, (['.li peut en partie ooni|ienser l'erioiir cir-
culaire ( I H ^ )■ Cela a lieu, par exemple, avei- une lame de 2'''", T) de lon;;ueiir, de
2"" de largeur, de o™"',} d'épaisseur et un pendule de 2'* battant la seconde : sous
l'amplitude de 3° la lame produit une diminution de durée de f-^^^yj^ de seconiie par
rapport à la durée de l'oscillalion infiniment pefite et compense ainsi au voisinage
de 3° l'erreur circulaire; mais à cause des termes en 6„ et 6^, la compensation n'est pas
possible pour toutes les amplitudes, comme on le croyait jusqu'ici.
Les lois expérimentales suivant lesquelles refîet de la lame dépend de ses
dimensions et du poids du pendule sont assez complexes, mais conformes à
une théorie qui sera donnée dans une prochaine .Note. Il résulte de celte
théorie que l'action de la lame dépend de l'expression
" = '\/p
où /est la longueur de la lame, P le poids du pendule et aie moment d'élas-
ticité de flexion de la lame, qui, dans le cas d'une lame à section rectangu-
laire, de largeur a et d'épaisseur e, a pour expression — Eac^ (E étant le
module d'Young).
1° Si co est grand par rapport à l'unité (lames longues cl flexibles), on
vérifie que l'effet est indépendant do la longueur, proportionnel à ia racine
carrée de l'épaisseur de la lame et à la racine carrée du poids du pendule.
666 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Si to est petit (latnes courtes et rigides), la lame a un effet beaucoup
plus considérable que dans le premier cas et les lois sont très diflérentes.
Quand l'épaisseur augmente et que la longueur diminue, les écarts à l'iso-
clironisme augmentent très rapidement. L'efl'et est inversement propor-
tionnel au poids du pendule.
Si donc, au lieu de chercber un isochronisme approché, on si' propose de
diminuer le plus possible l'efFet perturbateur de la lame, il faudra la prendre
longue et mince : Une lame de o'""',o3 d'épaisseur remplaçant la lame
de o""",2 dans l'exemple cité plus haut donne un elfet trente fois moindre.
Signalons enfin que, dans le cas de longs fils d'acier, c'est le plus souvent
le premier terme de la formule (i) qui est important, en sorte (pi'im oblienl
une augmentation de la durée d'oscillation avec l'amplitude.
L'étude de l'iniluence de la lame n'a pas seulement comme intérêt
d'amener à une connaissance plus approfondie du mouvemenl du pendule,
elle conduit encore à des résultats importants sur l'élasticité des métaux.
En elfet, dans l'iÊupossibilité d'expliquer les résultats expérimentaux par la
théorie de la llexion ordinairement admise, je suis amené à admettre
l'existence d'écarts à la loi de Hooke, caractérisés par des coefficients qui
dépendent essentiellement de la nature des métaux. Les expériences failes
avec des pendules à longue l^me métallique permet Irnt d'obtenir ces
coefficients.
La détermination des variations à la loi d'isochronisme apparaît ainsi
comme une mélhode précise et commode pour l'étude des écarts à la loi
élémentaire de l'élasticité, écarts dont la connaissance semble être essen-
tielle pour les calculs de la chronométrie de précision.
ASTRONOMII-: PHYSiQLi:. — Ilvpol/iêses sur la forrnalion des étoiles noinelles.
Note de M. Alex. Véroxxet, présentée par M. B. Baillaud.
On a pensé d'abord qu'une éloile nouvelle {nui'a) provenait du c/ioc
direct entre deux asircs condensés.
On peut calculer facilement ici l'énergie résultante. Elle est maximum .v/7m
deu.r masses sont égales. En admettant les mêmes densités, sans dilatation,
elle est égale à i, i(> de l'énergie de formation de l'un des astres. On trouve
dans ce cas que le rayon de l'astre résultunl ne peut pas dépasser le double du
rayon dUin des astres primitifs.
La température moyenne de l'astre résultant est inférieure éi quatre fois la
SÉANCE DU l4 MARS I921. 667
température intérieure des astres primitifs. Prenons des niasses égales à celle
du Soleil. La lempéralure centrale, inférieure au triple de la température
superficielle du noyau, est probablement de l'ordre de 12000" (').
La température de formation de l'étoile nou\elle serait de l'ordre
de 4^^000".
L'augmentation de grandeur vraie serait de 10, 5. La variation d'éclat
serait seulement de 0,27 grandeur par an et beaucoup trop faible.
Pour une masse faible m tombant sur une masse i\I, de l'ordre
de m := 0,001 M, Jupiter tombant sur le Soleil, en admettant que le choc
de m a échauffé une masse superficielle kmdeT^ àT, on obtient, à 0,1 près,
3A7«T— MT,.
Si /• = 10, la température est multipliée par 33, on a 200000" [)Our une
masse analogue au Soleil. L'éclat croît de 18,2 grandeurs par le choc, mais
il tombe ensuite de i grandeur par jour (0,9(3).
Ces nombres se rapprochent davantage de la réalité observée. Mais la
probabilité de rencontre de deux astres exigerait loooo fois plus d'étoiles
pour expliquer la fréquence des étoiles nouvelles (H. Poincaui:, Hypothèses
cosmogoniques. p. 262 et 249). La vitesse du choc serait telle que la fusion
et le maximum d'éclal auraient lieu en quelques minutes au lieu de quelques
jours. M. Belot, suivi récemment par Ch. Nordmann, ont mis en avant
l'hypothèse d'un astre condensé rencontrant une nébuleuse, qui explique
mieux les faits.'
Désignons parD la densité de la néjjuleuse sphérique, R son rayon, m' sa
masse,'*' la vitesse relative des deux astres due à leur attraction mutiielle.
L'énergie absorbée par réchauffement superficiel est rapidement négli-
geable. Soit T la température superficielle nouvelle, en égalant l'énergie
rayonnée etl'énergie de choc par cm- : sec, on a à l'entrée
<tT'— -Dr'. (-=2/ j-;
, Un Soleil pénétrant dans une nébuleuse homogène de même masse,
s'^tendant jusqu'à la Terre, s'élèverait à une température de 16200". Son
éclat serait 5o fois plus grand et augmenterait de 4)33 grandeurs. Cet éclat
atteindrait en quelques heures son maximum, qui âugrnenterait de peu,
comme la vitesse. Il persisterait le temps de la traversée, 25 jours au maxi-
'(') Compte!; rendus, t. 168, 1919, p. Sy.S.
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mum, s'éteindrait aussi rapidement sans laisser de traces durables, car
l'action serait toute superficielle.
Pour que réclat augmente de lo grandeurs, il faut réduire le rayon de la
nébuleuse à o,3i de la distance Terre-Soleil. Le temps du maximum serait
de 4 jours. Pour i5 grandeurs, il faut réduire à o,io et le temps est
réduit à i8 heures.
Une nébuleuse de condensation maximum, densité en raison inverse du
carré de la distance, donnerait un accroissement de trois grandeurs à la
distance de la Terre, 6 à ^,, 9 à |, i5 grandeurs à —, soit à i3 rayons solaires
du centre.
Une orbite parabolique, peu différente d'une chute rectiligne, donne les
mêmes formules et les mêmes résultats. La perte de vitesse ov'-, le grand
axe a de la nouvelle orbite, son temps l de révolution seraient donnés par
les formules (/• étant le rayon de l'astre condensé)
orî _ /•= _ R _ I / «,
Pour les trois rayons de nébuleuse envisagés ci-dessus, le grand axe
deviendrait égal à i3oo, à r25, à ]3 rayons de l'orbite terrestre, le temps
de révolution à 400000 ans, i5ooo ans et 4oo ans. L'astre reviendrait
passer dans la nébuleuse et finalement y tournoyer sur des spires de plus en
plus faibles et se l'agglomérer. L'étoile nouvelle, dans cette hypothèse,
correspondrait plutôt à A/ jj/i/ise //rialc de Pagii^lomèration d'un astre à une
nébuleuse, à forte condensation centr(de.
Mais il faudrait admettre encore que les nébuleuses sont 100 fois plus
nombreuses que les étoiles pour faire cadrer la fréquence des étoiles nou-
velles avec la probabilité indiquée par Poincaré. On est ainsi conduit à
croire ({nune étoile nouvelle, ou rajeunie, provient de la fusion d'un système
double, (Pane étoile double, à composantes très rapprochées.
Dans ce cas il faut retrancher encore, de l'énergie fournie dans lo choc
direct, l'énergie de rotai ion subsistante, plus l'énergie perdue auparavant
par frottement, pour donner des orbites circulaires. L'énergie résultante
ne serait diminuée que de moitié et reste du même ordre. On retrouve
sensiblement les mêmes résultats (jue dans le premier cas. Les objections
de temps et de probabilité n'existent plus. Une masse, un peu plus grosse
(jue Jupiter, «'agglomérant au Soleil, aurait suffi autrefois pour en faire une
belle étoile nouvelle et expliquer toute sa rotation actuelle.
Les phénomènes accessoires s G\\Aï(\\içn\. également par cette élévation de
SÉANCE DU l4 MARS I921. 669
température. La dilatation donne des courants ascendants, dont la vitesse
est celle des molécules, soit 90 km : sec pour Tliydrogènedissocié, à 3ooooo",
et une vitesse 45 fois plus grande pour les électrons, fournis par l'ionisa-
tion intense. On a 1000''"' pour une proportion du quart. Les courants
descendants sont dus à la retombée vers la surface, vitesse de 612'"", sur
une masse comme le Soleil, et à peu près le double poui»une masse double.
Les courants ascendants se refroidissent et se ralentissent. Ils doivent
donner des raies d'absorption, indiquant une vitesse plus faible, dirigée
vers l'extérieur. Les courants descendants se réchauffent par transformation
de force vive. Ils doivent donner des raies brillantes, indiquant une vitesse
plus grande vers l'intérieur. C'est ce que les mesures spectroscopiques
vérifient.
La pression de radiation due à la température dépasse de beaucoup
l'attraction, pour les fines particules analogues à celles de la couronne.
Elles seront chassées, en entraînant des molécules gazeuses, pour former
une nébulosité autour de l'astre, devenu étoile nébuleuse. La vitesse se rap-
[)roche de celle de la lumière et devient sensiblement constante à une cer-
taine distance {Nova Persei). On obtient au bout d'un an, pour une étoile
nouvelle située à 1000 parsecs, une nébulosité de i' de diamètre apparent,
et 60000 rayons de l'orbite terrestre, comme diamètre réel.
XAVIGATION. — ,1// sujet de Vile de Jean Mayen.
Note de M. le D"^ J.-B. Charcot, présentée par M. E.-F. Fournier.
Un linguiste et archéologue belge, M. E. Beauvois, publia en ic)o5, dans
la Re'.'ue des Questions scientifiques de Louvain, un article dans lequel,
s'appuyanl sur la longueur des jours, la description d'un iceberg, la direc-
tion suivie et la vitesse, il arrive à la conclusion que, d'après le récit d'un
des voyages raconté au ix" siècle dans la Légende Uitine des périgrinations
de Saint-Brandan, ce moine Irlandais, qui vivait au vi'' siècle, aurait été à l'Ile
Jean Mayen. Officiellement, la découverte de cette terre polaire est attri-
buée au navigateur hollandais dont elle porte le nom et daterait de 161 1.
Nous visitâmes cette île en 1902, puis eni9i2eteni9i3. Ayant eu con-
naissance de l'article de Beauvois (qui lui ne visita jamais Jean Mayen),
nous fûmes frappés des descriptions données dans le manuscrit cité et du
fait assez singulier que le hasard de l'itinéraire de notre premier voyage
nous fit voir l'ilc sous les quatre mêmes aspects que Saint-Brandan. De
670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'imporlantc collection de photographies rapporlécs, nous en exliayons
trois ((ui n'ont pas été prises intentionnellement et qui illustrent absolument
la partie la plus importante du récit du voyaf^e de Sainl-Brandan dont nous
donnons le résumé et des extraits,
S'étant éloignés de l'ile dont ils n'avaient d'abord vu (jue la partie basse
hérissée d'innombrables cratères alors en éruption, les dix-sept compagnons
du moine, dont Saint-Malo, s'enfuirent terrorisés par ce qu'ils considéraient
comme une manifestation diabolique, mais ils revinrent le lendemain et
« virent, à peu de distance vers le Nord, un grand mont s'élevant très haut
dans l'Océan (le Beerenberg, sommet de 25/|5'"^, mais entre de légères nues».
Le vent les poussa alors vers le rivage. « La côte.étail tellement haute que l'on
pouvait à peine en distinguer le sommet; elle avait la couleur du charbon
et l'aspect d'un mur merveilleusement d'aplomb. Emportés par un bon vent
qui les mena vers le Midi, ils virent de nouveau, en regardant derrière eux.
ce mont découvert au sommet ».
Nos observations et photographies viennent donc confirmer les déduc-
tions de Beauvois et il est permis den conclure que la Terre de Jean Mayen
située à 3r)o milles marins au nord-ouest de l'Islande fut découverte an
vi*" siècle, par Brennaiu Mac Finlonga, devenu Saint-Brandan, qui s'ap-
puyant sur la prophétie d'Isaie, qui reproche à Lucifer d'avoir ^ oulu asseoir
son trône sur la montagne de l'Alliance du c(')lé de l'Aquilon, en lit une
des portes de l'enfer.
Il semble en outre prouvé que les voyages extraordinaires de Sainl-
Braadan dont le navire, d'après la légende, était construit en osier recouvert
de peaux tannées et graissées, ne sont pas tous de la fiction.
GÉOGR\PHli:. — Le nouvel Allas universel de Vivien de Sainl-Martiii
et Schrader. Note de M. Frant/, Sciiradkr. présentée par
M. R. Bourgeois.
La première édition de l'Vtlas universel \ ivien de Saint-Marlin et
Schrader. éditée par la maison Machette, avait été entreprise après la guerre
de 1870-1871, dans le but d'all'ranchir la cartographie française du tribut
qu'elle payait à la cartographie étrangère. Confiée en 1880 à la direction de
,\L Schrader et comijlèlement achevée en 191 1, après plus de 3o années
de travail et d'efl'orts, elle était déjà l'objel d'une réfection active au
moment où éclata la dernière guerre. L'œuvre était dès lors à reprendre
SÉANCE DU l4 MARS I921. 67 1
dans son cnscmijle. Ce travail, entrepris avecardt'ur, a déjà par» en f,n-ande
partie; plus de la inoilié des cartes de la nouvelle édition sont imprimées
ou sous presse.
La transformation du Monde et surtout de l'Europe a nécessilé la réfec-
tion de presque toutes les cartes, surtout dans les parties où les dominations
oppressives ont fait place à 1 indépendance de peuples qui ont repris leurs
langues nationales avec leur liberté.
Celte édition est. dans son ensemble, la reproduction de Ticuvre primi-
tive comme fond. L' Vllas conserve, sauf les modifications dont nous allons
parler, son caractère originel d'œuvre puisée aux sources, sans emprunts à
des travaux de seconde main.
L'œuvre était déjà assez avancée à l'heure de la A ictoire pour que \\. le
Ministre de la fiuerre. partageant l'impression de ÎNL le général Bourgeois.
directeur du Service géographique de l'Armée, ait pu souscrire pour une
partie de la nouvelle édition en lui accordant son patronage.
La nouvelle édition conserve les planches gravées sur cuivre et imprimées
en noir pour l'édition primitive, mais elle les présente séparément en deux
couleurs, noir pour le Irait et la lettre, bistre pour la montagne. I">n dehors
de cette dillérence d'aspect, qui augmente du reste la lisibilité des cartes,
les principes qui avaient présidé à la création de la première édition ont
également dirigé la seconde, avec accroissement de l'expérience acquise,
mais avec le regret de ne plus retrouver parmi les collaborateurs plusieurs
des ouvriers de la première heure : le lieutenant-colonel Prudent, un
des maîtres incon lestés de la cartographie moderne, à qui l'yVtlas doit la
plupart des cartes de l'Europe et la presque totalité de celles de la
France; M^L E. Giffault, G. Bagge, Weinreb, \ . Huot mort au Champ
d'Honneur.
MM. D. Àïtoff et M. Chesneau, collaborateurs à la première édition,
ont pris part également à la création de la nouvelle, ainsi que M. Ch. lion-
nesseur.
La contexture de l'Atlas a gardé les caractères d'ensemble qui lui
viennent de la première édition, et qui le distinguent des anciennes produc-
tions cartographiques par deux particularités principales. L'étude du
dessin d'après les principes topographiques enseignés non seulement dans
le cabinet, mais aussi sur le terrain, avant d'être appliqués à la cartogra-
phie; puis l'information scrupuleusement demandée aux documents origi-
naux, et non à des traductions ou à des compilations de seconde main. Ces
deux lignes de conduite, qui ont dirigé le travail dans son entier et lui
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donnent son caractère fondamental, seront l'xposées dans la préface de
l'œuvre plus en détail que nous pouvons le faire Ici. Mais nous tenons à les
jrientionner en [)reniière place, car l'étude topographique peut seule per-
mettre au cartographe, devenu respectueux de la vérité en consultant la
nature, d'ohéir non plus aux con\ entions, mais aux lois réelles qui règlent
les formes terrestres, et de les reproduire ensuite sur la carte, dût ce progrès
surprendre d'abord les lecteurs inexpérimentés.
A ce point de vue, l'étude d'une partie des Pyrénées d'Espagne par un
des auteurs de l'yVllas, et le changement d'aspect (pii en est résulté, peuvent
servir d'e.xemple.
Avant tout travail de dessin ou de rédaction, chaque carte a fait l'ohjet
d'une étude spéciale au point de vue de la projection la plus appropriée,
afin d'obtenir pour le réseau des méridiens et des parallèles le minimum de
déformation, \ombre de cartes de l'Atlas universel ont ainsi pris un aspect
nouveau, et une beauté inaccoutumée. La carte physique de l'Asie peut être
donnée comme typique à ce point de vue, et sa projection transforme l'as-
pect que la plupart des Atlas donnent encore à l'ensemble de cette partie
du monde.
La nomenclature a été établie, pour chaque carte, sur un répertoire spé-
cial dressé d'après les autorités les plus dignes de confiance : dictionnaires,
relations ou mémoires originaux, publications géographiques, historiques,
statistiques, etc.
Toujours empruntée aux sources originales, cette ! nomenclature a dû
subir d'une édition à l'autre une transformation profonde, mais les noms
nouveaux, tous choisis en connaissance de cause, ont invariablement reçu
leur forme orthographique d'une transcription directe. A. cet égard, on a
suivi la seule règle qui ait paru possible et même réalisable. Tout nom
étranger a été transcrit directement en caractères latins, s'il n'a qu'une'
forme; s'il en a deux ou plusieurs, on a inscrit d'abord la forme adoptée
par l'usage français, puis, à la suite, la forme nationale actuelle. Il en est
ainsi par exemple pour Presbourg (forme française). Les noms de Press-
burg (forme autrichienne) et Poszony (forme hongroise") disparaissent
comme désormais sans existence reconnue, et sont remplacés par Urutis/ava,
forme nationale Tchéco-Slovaque. (.)n reconnaîtra que cette façon de pro-
céder pst la seule admissible et compatible avec la réalité.
De nombreuses frontières sont encore imprécises à l'heure présente, et
plusieurs de celles qui ont été fixées subiront peut-être encore des change-
ments. Dans CCS conditions, et pour ne pas retarder indéfiniment la publi-
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 673
calion de l'AlIas, il a été entendu avec le Ministère de la (inerre que les
cartes seraient publiées avec les tracés de frontières existant au luomcnl
de la pnl)lication.
La transformation du Monde entier a conduit à des modifications dans
le cadre ou la disposition de certaines cartes.
Le format de la précédente édition, plus vaste qu'il n'était nécessaire, a pu
être sensiblement réduit par une meilleure utilisation de l'espace disponible
et la suppression de quehjucs doubles emplois. Mais les planclies j^ravées
formant le fond de l'Ouvrage n'en ont pas moins été intégralement con-
servées, et les tirages ont pris un nouveau degré de clarté par l'impression
en deux couleurs du trait et de la montagne, dont nous avons parlé plus
haut.
Convaincu de l'impossibilité pour n'importe quelle (puvre humaine de
réaliser la perfection, el ayant dû vaincre pour cette nouvelle édition des
diflicultés de main-d'ouivre sans précédent, nous pouvons du moins affirmer
que tons nos efforts ont été faits pour que les imperfections inévitables de
l'œuvre que nous présentons soient aussi peu nombreuses que possible.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les hydrates de pyridine. Note (') de M. Parisellk,
présentée par M. Haller.
On a signalé jusqu'à neuf combinaisons définies de la pyridine et de l'eau ;
le but de celte Note est de montrer qu'aucune des raisons invoquées pour
démontrer l'existence de ces différents hydrates n'est valable en dernière
analyse.
La première combinaison a été obtenue par Goldschmidt (- ) sous forme
d'un hydrate bouillant à point fixe et correspondant, d'après lui, à la for-
mule Py-i-3H-0. En réalité, il s'agit d'un mélange de composition
Py -I- 3,35 H-O. Pour le montrer d'une façon certaine, j'ai soumis ce pseudo-
hydrate à un fraclionncment dans le vide. Sous 20'"°^ on peut recueillir
un liquide qui distille à 18° et qui correspond sensiblement à la composition
Py -t- 3,5 H-O; mais, à la fin, la température s'élève elle liquide qui distille
devient de plus en plus riche en pyridine.
M. Gouy (•') est partisan de l'existence de Thydrale à 3 H-O par l'élude des
(') Séance du 28 février 1921.
C^) D. Cil. G., t. l(j, p. 276.
(^) Annales de Chimie el de l'hysitjiie, 8"^ série, t. 9, 1906, p. -ô.
6^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variations des inaxiina éleclrocapillaires du mercure, au contact d'une solu-
tion de pyridine, avec les concentrations de celte solution, il semble que
l'on puisse dire seulement que la courbe des niaxima électrocapillaires
présente un point d'inllexion pour une concentration de /\o pour loo eu
pyridine.
J'ai du reste obtenu une courbe de forme identitjue à celle de M. Gouy en
déterminant les variations de la tension capillaire des solutions de pyridine
avec la concentration. A cet effet, j'ai compté le nombre de gouttes que
peut donner une pipette pour un volume déterminé de solution de pyridine.
La densité des solutions variant très peu, on peut considérer, en ])remière
approximation, les tensions superficielles comme inversement proportion-
nelles au nombre des gouttes.
La courlic obtenue (') présente un point d'inllexion pour une concentra-
tion de 4 1 pour loo en pyridine. La ressemblance frappante des deux
courbes semble confirmer l'hypotbèse de Pellal au sujet des maxima élec-
trocapillaires, à savoir qu'ils correspondent à une dillércncc de potentiel
nulle au contact mercure-solution.
Le deuxième hydrate a été signalé par Henry dans son étude sur les
hydrates d'àlkylamines (-); il correspondrait à la formule Py + H-O.
Ayant répété ses expériences qui consistent à traiter une solution aqueuse
de pyridine par du carbonate de potasse et à dessécher la couche surna-
geante avec du carbonate sec, j'ai obtenu un liquide qui, soumis à l'analyse,
m'a donné, non une teneur de 8i,^i pour lOO en pyridine, mais bien <)5
pour loo. Le carbonate de potasse enlève donc la presque totalité de l'eau.
Pour confirmer ce résultat, j'ai fait un mélange équimoléculaire d'eau et de
pyridine et j'ai constaté que, par agitation avec du carbonate de potasse
desséché, il donne deux couches.
Cin({ autres hydrates : 2PyH-3H-0, 2Py-i-jH-0, Py-l-5H-0,
(') Ainsi à 17" les iiornlires de yi>ulles obtenu- |)ûiir les niélaiii,'!'-' renfeiiinii t
100, 81,4, ig.^i, iS,'), 2,5 et 11 jiour 100 fie pyridine
sont respectivement égaux à
4i3, 362, 334, 298, 2 '17 el i()i »
D'après Kamsay, la constanle capillaire de la pyridine à 17" est de 38. .'1; en admeUant
78 comme tension de feau à celle tempérai me, on \oit (iiie les rapports ' ' ' et — ^
^ ' ' " 78 .|i3
sont très voisins.
( = ) //?///. Acac/.,/Jc/,^'i(/ii(', t. îT, p. 46i.
SÉANCE DU l/i MARS 1921. 6-]5
Py-t-ioH-0, Py-l-4fH''0, ont éU; considérés par Dunslau, Tliole el
Ilunt ( ' ) en construisant la courI)e dos coefficients de viscosité d'une solu-
tion aqueuse de pvridine en fonction de la concentration; les corps signalés
correspondaient à des points anguleux. La détermination de la viscosité de
(lifTérenls mélanges d'eau et de pvridine à 16° m'a bien donné un maximum
pour une concentration de 65 pour 100 en pyridine, le coefficient de visco-
sité restant sensiblement constant entre Sg et 69 pour 100, mais pas de
points singuliers.
.l'en arrive aux expériences de M. Baud, qui sont les plus complètes.
Dans une première étude des températures de congélation (-), il a trouvé,
pour la courbe de fusibilité, deux points de transition correspondant à des
concentrations respectives de 55 et de 77 pour 100 en pvridine et, en s'aidant
de mesures thermiques, il a conclu à l'existence de deux hydrates :
Py + 2lP0 et Py-4-6H=0.
Dans un second Mémoire (^), il ne signale qu'un pointdc transition pour
une concentration de 70 pour 100, l'analyse des cristaux, qui se déposent
à partir de ce point, correspondant sensiblement à la formule Py -faH-O.
Je pense qu'on ne peut avoir qu'une confiance limitée dans les analyses
de ces cristaux qui fondent à une température de l'ordre de — 5o° et les
résultats contradictoires donnés par M. Baud le prouvent suffisamment.
Pour ma jia.rt, j'ai repris la détermination de cette courbe de fusibilité et
lui ai trouvé la forme classique correspondant aux mélanges binaires sans
combinaison.
i']ii outre, j'ai vérifié que Ton pouvait faire cesser la surfusion pour tous
les mélanges, renfermant de o à 85 pour 100 de pyridine, en y projetant
un cristal de glace, résultat qui semble anormal dans l'hypothèse de la for-
mation de cristaux d'hydrate entre 70 et 85 pour 100.
Pour confirmer l'existence de cet hydrate à 2H-U, M. Baud s'appuie
ég:alement sur l'élude de la contraction des mélanges d'eau et de pyridine
à o", car il constate un maximum de densité pour une concentration de 66
pour 100 (Py -I- 2,3H-0). Étant donnée la dilatation anormale de l'eau,
au voisinage de o", ce résultat semble peu concluant. 11 m'a paru plus
rationnel d'étudier les variations de densité des solutions à des tempéra-
tures où l'eau présente une dilatation plus régulière et j'ai constaté que
(M Cliem. Soc, t. 91, p. S3 el 1728.
O Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 96.
(^) Bt/U. Soe. c/iim., t. .5, 1909, p. 1023.
676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le mélange de densité maximum est d'autant moins riche en pyridine que
la température est plus élevée et qu'il tend vers la ccnqiosition du pseudo-
hydrate.
A i-", il correspond à la composition
à 2 5". il correspond à
Pv+311-0 (-^ = 1,0097
Pv-)- 3,311^0 ('— = 1,00 ,:
\ eau.
En résumé, bien que le dégagement de chaleur notable qui accompagne
le mélange de pyridine et d'eau, milite en faveur de la formation d'une com-
binaison, on ne peut néanmoins conclure à l'inexislence d'hydrate slable.
CHIMIE PHYSIQUE. — SiiJ- 1(1 (jininiuè éU'inenlairc d'i'nfi-i;ie mise cii jeu dans
1(1 (lissolution. Noie (') de M. René Audubert. présenlée par M. Paul
Janet.
Les analogies très grandes que présentent entre eux le phénomène de la
vaporisation et celui de la dissolution ont toujours amené à penser qu'ils
devaient être régis par les mêmes lois. En tenant compte de celte analogie,
on peut supposer qu'il existe, pour l'état moléculaire dissous, une loi équi-
valente à la loi de Pictet-Trouton pour l'état gazeux. D'après cette der-
nière, le quotient de la chaleur de vaporisation, rapportée à une molécuic-
gramme par la température absolue d'ébuUition normale, est un nombre
constant pour les liquides normaux et voisin de 21. Si l'on étend cela à la
dissolution, il est évident que la température T, jouant dans ce changement
d'étal le même rôle de la température d'ébuUition normale, est la tempéra-
ture pour laquelle l'équilibre réalisé entre le corps et sa dissolution corres-
pond à une concentration niaxima représentant, dans la solution', une pres-
sion osmotique de 1""". En appelant p la chaleur latente moléculaire de dis-
solution et T la température qui correspond, pour l'état de saturation, à
une pression osmotique de i'""", on doit vérifier que }r; est constant.
Il n'est pas possible de vérifier directement ce résultat, car les tempéra-
tures ainsi définies ne correspondent, pour presque tous les sels, à aucune
réalité expérimentale. Cependant, par extrapolation des résultats connus,
(') Séance du jS février 1921.
SÉANCE DU l4 MARS 1921. Gj'^
on peut facilement les déterminer. Mais on peut encore, plus simplement,
atteindre la valeur du rapport ^Ç, quand la pression osmotique tz, exprimée
en atiiiosphèn-s, tend vers l'unité.
Il suflit en partant des noml)res représentant la variation de la solubilité
rtolicjue en atmosphères
avec la température de construire les courbes représentant les varialioas
de ~ avec la pression osmotique-. Comme l'indique la figure, quelques-unes
de ces courbes se rapprochent très près du point correspondant à 4 — 3o
à 32 environ pour t. = i^'"'.
Par exemple :
Pou
\0=K^=3o pour
Pour C10'KJ^^33 pour
Pour (SO-)'Al|; — 32 pour
C. R., 193 1, I" Semestre. (T. 1V:2, N* 11.)
:3-™,o;
6; 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les proloii|^'emenls des courbes obtenues avec les autres sels (CO'K-,
NO''Ag, ClO'Na, KCI, BaBr-) semblent passer pour - = i par une valeur
de Tp voisine aussi de 32. On peut calculer au moyen de ces résultats, en
divisantpar N (nombre d'Avogadro) la valeur limite de ;= exprimée en ergs,
le quantum d'énergie nécessaire pour faire passer dans la dissolution une
molécule du corps considéré. On trouve ainsi pour cette quantité élémen-
taire d'énergie le nombre i8 x io~"Terg.
Or M. de Forcrand a montré que, si l'on appelle L la chaleur de vapori-
sation d'un corps, S sa chaleur de fusion, T la température d'ébullition nor-
male, on a la relation -^^p — = 3o. Pour la dissociation de i ] chlorures
ammoniacaux, M. Matignon a trouvé que le quotient — de la chaleur de dis-
sociation par la température normale de dissociation était voisin de 3o. Ces
derniers résultats conduisent pour ces déu\ changements d'état à un
quantum élémentaire voisin de i8 x lo '°T; on est donc amené à penser
qu'au point de vue des échanges d'énergie la dissociation des solides, la
sublimation et la dissolution sont des phénomènes équivalents. Nous
pouvons enfin conclure que la dissolution est un changement d'étal à trans-
formation discontinue correspondant à un élément d'énergie voisin
de iiS X i()""'T erg, différent par conséquent de celui quia été calculé pour
la vaporisation (').
CHIMIE SPECTRALE. — Principes de l'analyse an moyen des flammes réduc-
trices; recherche de traces de manganèie en présence du fer ou autres
substances. Note (-) de M. Jean Meuxier, présentée par \l. Charles
Mouieu.
La méthode d'analyse par les flammes réductrices, en particulier par
la flamme de l'hydrogène, dont je m'occupe depuis un certain nombre
d'années (^), donnent des résultats pratiques, ([ui montrent qu'un vaste
champ est ouvert à ce moyen d'investigation. Elle est d'une sensibilité
telle pour déceler les composés de certains métaux : plomb, manganèse,
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 20S.
C) Séance du 7 mars 1921.
(') Association française pour l' A\,'aitcciitenl d<s Sciences, fy'i" session, 191.1,
j'. 295, et Bulletin de la Sociélé cliinii<juc, 'f sùiie, t. •2.'), i9i<(, |i. 'J.
SÉANCE DU I f MAKS I921. 679
calcium, stronliiim, potassium, lithium, etc., qu'elle permet d'en retrouver
des traces dans des sui)stances pour lesquelles tout autre procédé est infruc-
tueux; elle permet même d'en évaluer approximativement la proportion.
Des essais aussi nombreux que variés m'ont conduit à énoncer le prin-
cipe suivant : Quand un o.iyde ou un sel, entratiiè dans uiw jlunime, y subit
une réduction, celte rèaclion est niani festéc pur un spectre de raies, fourni
p(u- la fhiinrne. Ainsi des oxydes de plomb ou de bismuth, composés extrê-
mement faciles à réduire, entraînés par le ji;az d'éclairage, donnent, même
dans une flamme faihle et très peu chaude, des raies du plomb ou du
bismuth; il en est de même de l'oxalate ferreux, par lui-même très réduc-
tible, mais non pour l'oxyde ferrique fortement chaufTé et passé à l'état
de colcolar. L'action réductrice de l'hydrogène est, on le sait, plus éner-
gique que celle du gaz d'éclairage, aussi les spectres y apparaissent-ils plus
nets et le colcotar y donne un spectre du fer magnifique, aussi beau que
celui de l'oxalate ferreux. La magnésie et ses sels, carbonate, sulfate,
chlorure, azotate donnent, dans la flamme de l'hydrogène, le spectre
du magnésium, tandis que le pyrophosphate, qui n'est pas réductible, n'en
montre aucune trace.
D'autre part, les métaux fournissent les mêmes spectres et, par suite, on
serait tenté de penser que les réactions de réduction ne sont pas nécessaires
pour la production des raies spectrales : l'examen attentif de la flamme
suffit pour faire tomber cette objection. Dans la partie basse de la flamme,
que j'ai appelée la « nappe d'allumage », les parcelles métalliques,
entraînées par l'hydrogène et projetées à l'extérieur, sont reprises par l'air,
qui les fait entrer de nouveau dans la flamme et les oxyde; après cela, dans
le cœur de la llamme, la réduction joue son rôle et le spectre apparaît. Si
l'oxyde formé n'est pas réduit, il ne se produit pas de spectre du métal,
mais seulement un spectre continu d'incandescence.
Ces exemples, qu'il me serait facile de multiplier, suffisent pour établir
une connexité étroite entre l'analyse spectrale et la chimie analytique pro-
prement dite. La chimie des flammes et des réactions qui s'y accomplissent,
encore à peine ébauchée, trouvera là certainement une source de docu-
mentation nouvelle. Je n'insiste pas sur ce sujet, malgré sa portée, car je
désire avant tout exposer quelques-uns des résultats pratiques que j'ai
obtenus.
Description du procédé. — L'iiydrogène esl fourni par un cylindre cliargé à iSo-'"""
el muni d'un mano-délendeur, au moyen duquel le débit est réglé à volonté. La
matière pulvérulente, à entraîner, se trouve dans un tube de verre coudé à angle
68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
droit, auquel on imprime des secousses et qui est relié par un tulm de caoïilcliouc,
de i5=™ il 20'"'" de long, à un lube de silice uiainlenu vertical, formant ajutage, à
l'orifice duquel l'hydrogène est enflammé. L'orifice est de ,'„ de millimètre environ, la
hauteur de la flamme de f'.''° à i5"".
Celle-ci est placée à 5*^'" de la fente du spectrographe qui vise le niveau moyen de la
flamme. L'ouverture de la fente est de ^l-^ ou y^^ de millimètre. Le spectrographe est
un speclroscope à un seul prisme, pourvu d'une chambre photographique, avec
laquelle on obtient direclemenl des spectres de 4'^°', dont la longueur pinil être dou-
blée ou triplée par agrandissement, sans détriment pour leur nellelc. l'our la partie
du spectre comprise entre 45oo et 36oo AngstriJms, je me sers de plaques photogra-
phiques 4^ X 6, au géiatinobromure d'argent, ou mieux, au gélalinoi<)dobromure et,
pour la partie rouge du spectre, de plaques Wrallen, au pinacyanol. (Jes dernières sont
peu sensibles pour les radiations plus réfrangibles que le rouge.
Il y a avantage, suivant les cas, à employer des plaques de sensibilité difierenle et à faire
des poses courtes ou prolongées. On photographie jusqu'à quatre spectres sur la même
plaque et chacun d'eux est accompagné de la photographie du micromètre, compre-
nant aSo divisions et ayant sur le cliché 4"" de longueur; de la sorte, la comparaison
des spectres el le repérage des raies sont très faciles.
Je vais faite connaître les résultais que j'ai obtenus en étudiant le fer et
ses composés usuels. Avec des plaques à Tiodobromure d'ari^ent, on cons-
tate l'apparition de 12 ou i3 raies du fer, en ne posant que 3o secondes seu-
lement, 33 environ en posant 90 secondes et une soixantaine, si la pose est
prolongée pendant 10 minutes et au delà.
Les raies du fer se groupent en trois séries principales : les raies extrêmes
|tour la première série, sont 44^^*^ A. et 4^21 ; pour la deuxième série, 3930
et 3820; pour la troisième série, 37G7 et 3G8o.
L'ordre d'apparition de ces raies est :
3iS(Jo, 38j8 (situées dans la 2° série);
4376, 4383, 4i'^7 (situées dans la i'''' série) ;
SpSo. 3(j28, 3()23, 388r), SpoG, Sgoo, 3920 (2" série).
Les raies de la troisième série viennent ensuite, etc.
S'il est intéressant pour certaines études spectroscopiqucs d'avoir des
spectres aussi riches en raies (|ue possible, il est au contraire préférable,
pour l'analyse cliimique. d'avoir des spccires simples et réduits à leurs
raies caractéristicjues. Le rapprochement d'une raie avec la division de
l'échelle micrométrique permet d'en faire l'atliibulion. Si l'on conçoit
quelque doute à cet égard, il suffit, pour ac({uérir la certitude, de prendre
un spectre avec un compose du métal que l'on suppose. C'est en opérant de
la sorte que je me suis assuré que tous les speclres du fer et de ses composés
SÉANCE DU l4 MARS I921. 68 I
que j'avais obtenus contenaient du manganèse, et qu'il en était ainsi pour
les spectres de ce métal qui ont été publiés jusqu'ici, que ce soit des
spectres d'arc, d'étincelle ou de flamme.
T.e manganèse est caractérisé par le triplet 4o34-7, /io33.2, 4o3o.g,
voisin du doublet 4o47 et 4'>44 du potassium cl de la raie assez forte 4o45
du fer. Ce triplet du manganèse est d'une sensibilité extraordinaire el pour
ainsi dire illimitée. Pour lever mes doutes (car il faut dire que j'opérais
sur de l'oxalate ou de l'oxyde de fer que j'avais purifiés plusieurs fois),
je pbolograpliiai un spectre du manganèse au-dessous d'un spectre du fer,
la pose ayant été prolongée pendant quelques minutes, j'obtins un trait
opaque et large, correspondant au triplet; avec une pose d'une minute,
même opacité, en réduisant enfin la pose à quelques secondes ou à une
dizaine de secousses du tube contenant la matière, les trois composantes
du triplet se distinguèrent nettement à la loupe sur le cliché.
J'étais donc bien fixé sur la nature de l'impureté usuelle contenue dans
le fer : c'est du manganèse. Je traitai par de l'acide acétique ou par de
l'acide azotique étendu de l'oxyde de fer, préparé par calcination de l'oxa-
late ferreux, et je constatai, par les épreuves spectrographiques, que le
triplet du manganèse diminuait pour l'oxyde traité et s'accroissait au
contraire pour l'oxyde de fer provenant de l'évaporation de la solution.
Finalement je réussis à obtenir, par une précipitation fractionnéejde l'oxyde
de fer en liqueur acide, de l'hydrate ferrique donnant des spectres d'où le
triplet caractéristique était absent, et ne contenant plus de manganèse
par conséquent.
CHIMIE Mi>fÉRALi:. — Syslènialiquc et constilution des dérivés complexes
d:'s acides molyhdiques. Note (') de 1^1. L. Forsén, présentée par M. A.
Ilaller.
J'ai montré précédemment que les molybdates peuvent être présentés
comme dérivant de deux acides :
Acide iiiolybdique [Mo^O'-JFI",
Acide mélamoljbdique | Mo'-0'-H'']H'',
dont j'ai proposé les formules de constilution.
(') Séance du aS février igai.
682 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
On peul grouper los acides complexes en trois séries générales dont la
formation est indiquée par les exemples suivants :
I. Acides complexes orlhomolybdiques :
[Mo=0' = _|H'^-(-[AsO'|IP=[AsOAIo''0'*-lII' + 3IPO:
II. Acides complexes mélamolybdiques :
[Mo'^O'Ml' I II'' + |AsO']H^:^- [AsOMo'-0'-H« 111^4- 3 11-^0,
|>ro'^0'-H'^jn" +[SiO''JtP =:[SiOMo'^0-^H"lH' -f-aH^O:
III. Acides complexes lutéomolybdiqucs :
3[xMo^O'-JI^-+-[AsO'JH^=AsO[Mo'0'=II=]Il^+3 HH).
Tous Cf's acides complexes se forment par condensation avec élimination
d'eau.
La basicité dos acides complexes des séries orlho et meta (I et II) est
égale à celle de l'acide molybdique (ou de l'acide métamolybdique) diminuée
de la basicité de l'acide introduit dans le complexe. Par conséquent, les
bydrogènes neutraiisablesqui interviennent dans la formation des complexes
sont éliminés sous forme d'eau.
Lesorlhoacicles comnlexes. — \J acide arscniortliomolyhdique
I AsOMo-'O'^llf
blanc est tribasique. Kn effet, ses sels tribasiqucs sont neutres à la phtaléine
du pbénol de même que les orlliomolybdates :
ONa NaQ ONa
O ONa
Mo
o( >0-0— <-OKa 0 /''<0N.
Mo O
h'acidc lihosphoorihnmolybdiijue (FOMo^O'-|lP n'esl pas connu, mais
on connaît certains de ses sels.
\j acide siilfdlo-ojihomnlYhdiiiuc ( SO-Mo^O' = ) 11^ n'est pas connu. J'ai
jtréparé un nouveau sel de l'acide molybdiipie contenant de l'acide sultu-
rique dans les proportions S' ; Mo', (|ui déri\e de cet acide, (le nouveau
couqjosé appartient donc à la série des orlliomolybdates complexes. Le
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 683
sel le plus stable à base de potassium correspond à lu coiiiposilion :
1 SO^Mo'O'^] KMP+ 3 11-0.
On l'obtient à partir des mélanges suivants :
MoO' el SO'HK;
{Mo'0' = )I'.MI' et SO'II^;
MoO^SO' el SO'•K^
Ce sel perd très vite (sur P-O^) 4""' d'eau; quand ou chaulTe le sel ou
son anhydride, la totalité de l'acide sulfurique se volatilise et l'on obtient
le Irimolybdate de potassium anhydre. Les réactions de neutralisation
sont : à l'hélianthine,
[SO^Mo'O'2] K-H^-f- îIvOH = |SO^Mo-'0'2] k' + aH^O;
à la phtaléine du phénol ,
[ SO^ Mo^ O'- ] k^ IP + (i kOIl = [ Mo-^ O'- ] k« + SO» k- + 4 1 1- O.
La conslitutio.T la plus probable est donc
OK
Mo O
O S0»-0 -te— OK
HO OH
On doit admettre que les hydrogènes des hydroxyles voisins des radicaux
acides tels que SO- fonctionnent comme hydrogènes acides particulière-
ment forts.
Les mêtaacides complexes . — J'admets pour les acides meta complexes les
formules suivantes :
[POMoi^O^^IP^H' [AsOMo"0*2H6]H'
[SiMo'-'0'2H«]H' [Ti OMo'^O'HI»] H', etc.
[BTu'2 0"H«]Il =
en accord avec leur formation par condensation.
En eflet, les sels typiques des acides meta complexes sont des sels dans
lesquels les hydrogènes ions mis en évidence dans les formules sont seuls
neutralisés. Ou connaît des séries entières de sels de ce genre. Quelques
faits semblent indiquer qu'on peut préparer des sels plus basiques que les
684
ACADÉMIE DES SCIENCES.
sels typiques. Dans ces sels basiques, les hydro}iènesdeshydroxylesdoul)les
(11" du bloc complexe) doivent être neutralisés. On connaît un trop
petit nombre de sels de ce genre pour que leur constitution puisse être
discutée. La plupart de ces sels sont de plus amorphes.
Les relations entre les métadérivés
[Mo'^0'2H'']M%
[\sOMo'^0-=H6]M'
sont les mêmes que les relations entre les orthodérivés
[Mom:)'^]m«,
[AsOMo^O'^JMo^
Les acides lutéo complexes. — Les acides libres sont très stables. Les sels
ordinaires sont tribasiques; j'admets la constitution suivante :
-O-Mo
.OH
"Son
Par analogie avec les autres complexes, on peut supposer que les hydro-
gènes des hydroxyles isolés de l'acide lutéo sont neutralisés dans ces sels.
Dans cette série, on connaît en outre des sels plus basiques que les sels
Iribasiques ordinaires. Parmi eux, les sels hexabasiques sont les plus
stables. Une constitution symétrique leur convient.
Tous ces faits connus, relatifs à la quantité d'eau de constitution des
conqjosés complexes des acides molybdiques, sont en accord avec les
formules proposées.
ciIIMli: ORGANIQUE. — Synthèses (h' l'acide (yanique Cl de l'iirce jxir oxyda-
tion, en milieu ammoniacal d'alcools, de phénols cl d'aldéhydes. Note
de M\L H. Fosse et G. Lalde, présentée par M. A. Haller.
1. L'un de nous a établi que l'urée, prodiiil d'excrétion des végétaux
comme des animaux, existe à tous les degrés d'organisation de la matière
vivante et se forme artificiellement par oxydation des diverses classes de
SÉANCE DU l4 MARS I921. 685
principes naturels aux dépens, non seulement des proléiques ( Béchamp,
kitter, Hofmeister, llugounenq) et des acides aminés (llofmeister;, mais
encore des hydrates de carbone, de la glycérine et de l'aldéhyde formique.
Dans ces synthèses, l'urée est précédée d'un terme intermédiaire, l'acide
cyanique, dont la formation par oxydation des substances organiques,
tentée en vain par plusieurs auteurs, était considérée comme irréali-
sable (').
2. Protéiques, acides aminés, hydrates de carbone, glycérine, formal-
déhyde, formamide et acide oxamique (") ne sont pas les seuls corps sus-
ceptibles de produire la carbimide. Nous démontrerons que celle-ci se
forme encore lorsqu'on oxyde, en présence de NH', divers représentants
des fonctions : alcool, phénol et aldéhyde.
3. Quoique ces recherches n'aient point visé l'étude des rendements en
carbimide el carbamide, nous avons cependant constaté que ceux-ci
varient dans de larges limites avec la nature de la substance, le nîilieu
oxydant et les conditions de l'expérience.
4. La présence d'un sel de cuivre (') ou de poudre de cuivre favorise
singulièrement, dans certains cas, la formation de l'acide cyanique et de
l'urée.
Tandis que l'oxydation de l'éthanol et de NH' ne produit que o», 85
d'urée pour 100™' d'alcool après tautomérisalion du cyanate d'ammo-
niaque, la même expérience avec cuivre conduit à S*»', 32 d'urée pour 100"""
d'alcool.
."). Nous obtenous l'acide cyanique en traitant, en milieu ammoniacal,
par MnO'K seul ou en présence de sulfate d'ammonium, de carbonate de
cuivre ou de poudre de cuivre, les corps qui suivent :
Alcools : Méthanol, élhanol, butanol.
Phénols : Phénol, o-crésol, naphtol A et B, pyrocatéchine, résorcine.
Aldéhydes : Elhanal, ipvopana\, hulana\.
L'identification de la carbimide a été faite par les méthodes déjà décrites :
dosage de l'urée par le xanthydrol dans les liqueurs chauffées avec NH'Cl
ou non chauffées; formation de cobaltocyanate bleu et d'oxvurée donnant
une coloration ])leu violet avec FeCl'.
(') R. Fosse, Comptes rendus, i. 168, '919, p- ■^20, 908, 1 i6'i; I. I(i9, 1919, p- 91;
l. 171, 1920, p. 635, 722; Anna/es de l'Instilut Pasleiir, 1920, p. yiô-Gi.
(-) R. Fosse, Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 160.
(■') Annales de /'Institut Pasteur, 1920, p. -53.
686
ACADEMIE DES SCIENCES.
F'ropoi lion> (les réiiclifs.
MnO'K.
l'ii-i- iidur 10 I? Rraclioiis roloréis
\anlliyiiiii-e ou avec
liiuii- ( c vnlimie cLnliiiiùtie ciilic prccipitc iii'i;enlii|iie
— — — -~ ^ iccristiillisê
ni.rrs
rliaiiir.
ajins
cIh.uH.
Substances.
Ml' MnO'K. \olume
conccn- ou -' • ^-^ - avant avrr a\anl. aMU culi^ilii.. ilc
Malicie. ir-O. Irée. MnOMNa. total, dosé, rhaull'. MIM'.I. cliaull. MI'Cl. ryanatc. ro\>urcc.
Alcools :
Mûtlianol el )
.m'
.SO'(Ml')'.- i
û. 10 B
Mélhanol
I lO
Etlianol
.5
Etl.ielCO^C.i.
.5
I.tlianol el (Ài. i
5
P.ulanol el Cu.
.5
Bul'elCO'Cu. 1
5
l'iirliol 0.5
Pliénol 0..5
o-Ci'ésol o. i
Naphtol A. . . . (1.2
Naphtol B o,i
Pvrocatécliiiie. i
l'iésorcine i
l'ihanal i
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6.77
10.57
o.ooG
0
(.34
2 . I 1
12. 1 4
0,0024
0
0282
...85
10,07
traces
0
0167
traces
5,96
traces
(1
(.180
traces
3,37
traces
0
0274
traces
9,78
0
0
001 5
0
2.6
CHlMIi: ORGANIQLi:. — Sur cjuciqiiis (lèi ivcs de la lluiyamcnthonc .
Note de M. Maiicel Godcuot, présentée par M. Ilaller.
Dans une précédente Conimuiiicatioii ('), j'ai montré que la thuvoiio,
soumise à l'action liydrogénante du nickel réduit et de l'hydroj^ène, vers
\-j\y" - \'^o° ^ était susceptible de se transformer directement en tluiya-
(') Comptes rendus, l. 158, 19141 p. 1807.
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 687
mentoiie :
CH'-CIl Cil' M'C-CII-CII'
I I
C CH
ir^c,//\cip' H-'C - Cjj/Njir-
iici Jc<) iPccH^ — ico
cil — cil'
Thuyonc. Tliiiyomenllioiu-.
A l'aide de ce procédé, il est facile de se procurer une certaine quantité
de cette dernière cétone cvclopentanique et de s'en servir comme matière
première en vue d'obtenir de nouveaux dérivés cyclopentaniques.
Le but de cette Note est de décrire quelques composés obtenus en partant
de la tliuyamentone.
Dimélhyl-i .2-isoprop\ 1-3-cyclopentane :
CM'— C1I_CI1 — CH<^^[|'
Cn'HC<^ I
Cil- Cll^
Ce carbure prend naissance lorsqu'on hydrogène, à 280°, par la méthode
au nickel, la thuyamenliione. On constate la formation d'eau dans la
réaction, le groupement CO étant remplacé par le groupement CH'-. Le
diméthyl-i.2-isopropyl-3-cyclopentane, préparé ainsi, est identique à celui
obtenu par M. Taboury et moi-même, à l'aide d'un autre procédé ('); il
constitue un liquide, à odeur terpénique, bouillant à i48''-i49°(V/i5 = 0,793;
«'; = i,436/|; R. M. : trouvée, 45,85; calculée pour C'»H=», 46,o3).
Triméthyl-i .2.3-isopropyl-4-cyclopentane :
CH' lie CH — CHx^Ji:"^
C1P-11C<^ I
CH'— HC é:H-
La thuyamenthone peut servir de matière première pour obtenir des
carbures tétrasubstitués homologues du cyclopentanc. Lorsqu'on fait réagir,
eu ertet, les organomagnésiens sur cette cétone, on obtient, sinon l'alcool
tertiaire attejidu, du moins le mélange de deux carbures non saturés iso-
mères qui en dérivent par déshydratation et qui, hydrogénés ensuite.
( ' ) Bull. Soc. chini. de France, !\' série, t. 13, p. 601. /oS^ - ■ — . ^
' --5 jP -» -» ^ <^ c>
\uJ
K^
(é-L. *^*-^^\^/
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à i8o°, par la méthode au nickel, fournissent Tunique carbure saturé
correspondant.
C'est ainsi qu'avec l'iodure de niélhylmagnésium, on obtient le mélange
de deux trimélhyl-i.2.3-isopropYl-4-cyclopentènes (]"]bullition : i5r)°-iG5°;
r/,3 = o,8i 1 3; «", = i,45i8; R. M. : trouvée, 5o, ")3; calculée pour C" H-",
5o, 233). En hydrogénant ensuite le mélange de ces deux carbures, à i8o",
par la méthode au nickel, on le transforme en un seul carbure, le triinélhyl-
i.2.3-isopropyl-4-cyclopentane, liquide à odeur terpénique (ébullition :
iSy^-iSS"; f/,3 = 0,7833; 7? '1' ,, = 1,4326; R. M. : trouvée, 5 i,o5; calculée
pour C" H", 5o,633).
Dimcthyl-2.3-isoproj)yl-4-cyclopentylidènediméthyl-2.3-isopropyl-4-cy-
clopentanone-i :
CH^ CO
Cil -CIP
' - \
CH'-CH(^
CH'-IIC
^CH - Cil
C = C
' ch-ch/^;::
Cette nouvelle cétone bicyclique non saturée s'obtient en appliquant à la
thuyamenthiMie la méthode de condensation des cétones, basée sur l'emploi
de l'hydrure de calcium, que j'ai décrite en collaboration avec M. Taboury (').
Il est assez curieux de signaler qu'en soumettant la thuyone à l'action
de CaH-, la condensation se produit avec une telle intensité qu'il se forme
des produits de polymérisation trop avancée pour qu'on puisse en séparer
des composés définis. Avec la thùyamenlhone, au contraire, on obtient faci-
lement une nouvelle cétone bicyclique non saturée, répondant à la formule
d'une diniéthyl-2.3-isopropyl-4-cyclopentylidènediméthyl-2.3-i?opropyl-4-
cyclopentanone-i, constituée par un liquide légèrement jaunâtre, à odeur
camphrée (ébullition: 182"- 184° sous 10™"; f/,5 = 0,9123; /i". = 1,4823;
R. M. : tiouvé, 90,90; calculé pour C^" H' 'G, 89,74).
L'oxime, huileuse, est difficile à purifier; quant à la semicarbazone, je
n'ai pu l'obtenir et j'attribue cet insuccès à un empêchement sléri(jne très
souvent observé dans le cas de certaines cétones cycli(|ues substituées en
orlho.
(') Comptes rendus^ t. 169, igiy, j». G.>. et i 16S.
SÉANCE DU l4 MARS 1921 689
CHIMIK ORGANIQUI::. — Sur L'action de l'épichlorhydrinc sur le phospliole
monoacide de sodium en solution aqueuse et sur la stabilité d'un diét/ier
mono^Iycêromonop/tosp/iorique. Note (') de M. Octave Bailly, présentée
par M. Charles Moureu.
Celte acliou n'a fait jusqu'à ce jour l'objet d'aucune recherche.
J'ai entrepris son étude dans l'espoir qu'elle me conduirait, par analogie
avec ce que l'on sait de l'action du glycide sur le même sel dans les mêmes
conditions (*), à l'obtention d'une chlorhydrine glycérophosphorique
entrevue par Cavalier (') en iSç^H.
Si, à une solution — ^ de phosphate bisodique, on ajoute de l'épichlorhy-
drinc en proportion équimoléculaire. on obtient d'emblée une liqueur
homogène. Si l'on abandonne celte liqueur à la température du laboratoire
(18" environ) et qu'on la soumette de temps en temps à l'analyse (on a
pratiqué ainsi cinq analyses au bout de 1,2, 5, 12 et 22 jours), on s'aperçoit
(constatation prévue) que la quantité de phosphore précipitable par le
réactif ammoniacomagnésien va en diminuant régulièreraent, mais que. en
outre (faits imprévus), il y a mise en liberté progressive de chlorure de
sodium et disparition parallèle et moléculairement égale de l'acidité phos-
phorique décelable à la phtaléine.
Il ressort do ces constatations que la réaction attendue :
PO(0\a)-OIl + ClI^Cl — CH — Cir= = l'0(ONa)HO.C'H".OII.CI)
n'est pas seule entrée en jeu et que l'épichlorhydrinc réagit sur le phos-
phate bisodique, non seulement par sa fonction oxyde d'éthylcne, mais
aussi par sa fonction éther-sel chlorhydrique, engendrant ainsi un diélher
au sujet de la constitution duquel deux hypothèses peuvent être faites : il
s'agirait, soit d'un éther mixte glycidochloroglycérophosphorique, soit d'un
diéther monoglycéromonophosphorique. formés dans l'une des deux réac-
(') Séance du 7 mars lyii.
(-) Octave Bailly, Comptes rendus, t. 161, 191"). p. 679. Cette action engendre
l"a-gijcéropliospliate de sodium avec un excellent rendement :
P0{0Na)'-(0H) + CH20H — CH-CH-^ = l'0(0 \a)2(OCII^-CllOH -Cll-Oll).
\o/
(^) J. Cavalier. A/m. de Chini. et de Phys., 7" série, t. 18. 1898. p. 481.
Ggo ACADÉMIE DES SCIEXCES.
lions suivantes :
/ONa /0\ /ONa /^\
[I] 0 = 1'— ONaH-aCll-Cl — CH -CiP = XaCi ^ 0= P-^O.CH^— CH— CU-
^OII ^O.C^H'.Cl.OH
/0\a /OXa
|II]0 = P— ONa^ Cll^CI-Cll-CIl^ = XaCI + 0=1'— 0\,,,,,. ,^,,
OH \0/ \o/^'l'-'*''
La sonimi' chlorliydrine glycéropliosplinrique + diélher se déduit facile-
ment de la quantité de phosphore disparue au réactif ammoniaconiagnésien,
la quantité de diéthrr découle, d'autre part, de la quantité de ^aCl mis eu
liberté ou de la diminution (moléculairement égale ) de l'acidité phospho-
rique décelable à la phlaléine.
On déduit par différence de ces deux données la quantité de chlor-
liydrine formée. On obtient, de la sorte, les résultats consignés dans le
Tableau suivant, rapportés à une molécule-gramme d'épichlorhydrine ou
de phosphate bisodique mise en oeuvre :
l'eiiips. G
1 jour .
2 jours.
diino + Diéllicr.
DiiHher.
CliloiliyJiinc.
o,35oo
mol-s
o,o5oo
mol-ï
o,3ooo
O,4',09
o,56o8
0,0875
0,1875
0,3534
0,3-33
o,644i
0,6644
o,!-5o
0,3 12.3
0,3691
0,3519
Ces résultats, il est facile de le constater, ne permettent pas de trancher
la question en faveur de l'une des deux hypothèses ci-dessus, qui cadrent
Tune, aussi bien que l'autre, avec eux. Mais, si l'on vient à soumettre la
liqueur à l'ébullition pendant 2 heures dans un ballon muni d'un réfri-
gérant à reflux et si l'on pratique une nouvelle analyse, on est conduit aux
résultats ci-dessous :
iiioli;
Clilorliydrine -t- diélher 0,7 «aS
Diélher o,6.'.do
D'où chlorh\ (Irine 11.0975
de plus, on constate que la liqueur renferme un excès de chlorure de
sodium (o""''~Sj255o) provenant de l'hydrolyse parasite d'une partie de
l'épichlorhydrine, sous l'influence de l'ébullition.
Ces nouveaux résultats exigent, pour une molécule-gramme de phos-
[)hale utilisée, la miseeno'uvredco.625o + 0,0975 -t- o,255o = o"'"'~*,9775
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 69I
d'cpiclilorhYclrine clans l'iiypollièse de la formation de diélher glyccroplios-
phoriqne; or, c'est Inen sensiblement la quantité utilisée, alors qu'ils exi-
geraient l'utilisation de 2 X 0,6200 + 0,0975 + o,255o = i™°'"*'',6o25d'épi-
chlorhydrine dans l'hypothèse de la formation d'un diéther mixte qu'il
convient, par suite, de rejeter définitivement.
Mais il y a plus, et le fait saute particulièiement aux yeux si l'on traduit
graphiquement les résultats ci-dessus. La réaction qui donne naissance au
diéthei" a lieu en réalité en deux temps bien distincts :
Pirmicr triiips : formation de chlorhydrine :
,ONa ':^""'"' /ONa
CH^Cl
O = P— O Na + Cil \ = O = P— O Na
\01I ciit/^ \0.C'H'.01I.C]
Deuxième temps : décomposition progressive de cette chlorhydrine avec
élimination de NaCl et formation de diéther monoglycéromonophospho-
rique :
/ONa /0^a
OirzF— orna = Na Cl + 0 = P—0\^3, ,.,-.,,
\o.c'H^oH:cl: \o/^'^'-^^^
susceptible de répondre à l'un des deux schémas suivants :
/0\a ■ ^OXa
(A) 0 = P-O.CH^\_„^,. (B) o^P 0-9"-CH-0H
\O.CHV ^O.CFP
selon la façon dunl s'est efTectuée, au premier temps, l'ouverture de la fonc-
tion oxyde d'éthytène.
Le schéma (A) est le plus vraisemblable par analogie avec la réaction du
glycide sur P(J'' Na^H qui conduit exclusivement à V obtention cV acide y-gh-
céropliosphorique .
Un fait particulièrement intéiessant découle de ce travail : cestla remar-
quable stabilité du diétlier glYcéromonophosphorique formé ('), stabilité à
laquelle il n'y avait pas lieu de s'attendre, puisqu'il est classiquement admis
aujourd'hui que les diéthers glycéiomonophosphoriqiies s'hydrolysent avec
la plus grande facilité, même à la température des laboratoires. Il est donc
dorénavant permis d'entrevoir la possibilité d'isoler l'un de ces corps.
('} Puisqu'il prend naissance à l'ébuliilion.
t
6q2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation iV aminés d'alcools secondaires.
Note ( ') de M. Alpiio.nse Mailue, transmise par M. Paul Sabatier.
Dans une précédente Communication (-), j'ai montré que l'hydrogéna-
tion des cétazines effectuée sur le nickel divisé conduit à un mélange
d'aminés primaires et secondaires, correspondant à des alcools secondaires :
R2C = N — \=;CR=-i-3H^ = aU^CH.MI-,
2R^CHNH' = NH'+(RîCH)^iNH.
J'ai préparé ainsi un certain nombre de bases nouvelles à l'aide de céta-
zines de cétoncs symétriques RC()R. J'ai étendu la réaction à la transfor-
mation des cétazines de cétones dissymétriques R CO R' :
„ „. , , ,. , . • (CtP)=CH\„ .. ., ,ycn{CVi^y
1° Bis-rnetliyLisnpropylcetnzine CH»/ \rH3 ' — '
mélhylisopropjlcélone. qui boni à g3°,5, dissoute dans un excès d'alcool, est addi-
tionnée d'une quantité équivalente de sulfate d'hydrazine et de soude. Le mélange est
chaull'é pendant 6 heures à rébùllition au réfrigérant ascendant. Après refroidissement,
le traitement par l'eau et la soude sépare une huile qui bout à i65° à la pression ordi-
naire. C'est la bis-méthjlisopropylcétazine.
L'hydrogénation sur le nickel divisé cluiulTé à i8o''-200" fournit un dégagement
permanent de vapeurs alcalines et un liquide d'où l'on sépare par fractionnement:
De 7.5° à 8.)" ■ I partie
De 85» ;i 170" I »
De 1 70° à I So" ■> »
> 180° O,.") ))
La première portion donne la réaction de la carbvlamine, se carbonate immédiatement
à l'air. C'est l'aminé primaire, l'amino-'i-inélhyl-i-butane, (CH')'CH.CH.Ml-CH^,
qui bouta 76''-78''. Par action de l'isocvanale de phényle, elle conduit;'» la pliénylurée;
ce sont des aiguilles, fondant à i44"-
La fraction prépondérante du produit recueilli est formée par l'aminé secondaire,
qui bout après rectification à i78°-i8o°. C'est la />is-{iiirt/io-i-i^ohi/lyl)-amine
à odeur d'herbe très prononcée.
(') Séance du 7 mars i()?.i.
('-) A. Maiuik, Comptes rendus, t. 170, i()20, p. i265.
SÉANCE DU 1^1 MARS 1921. 6(>3
2" Bis-inélhylpropylcétazine
CIPCII-Cll-\ /CII-CI|-^CI1'
65ï de mélliyl|>ro|)ylcélone sont mélangés avec -O' de sulfate d'Iiydrazine et Sof de
lessive de soude. Après addition d'une quantité suffisante d'alcool pour faire un liquide
homogène, le mélange a été soumis pendant 7 heures à l'ébullition au réfrigérant
ascendant. Après refroidissement, on ajoute de l'eau, puis de la soude en excès. La
bis-incthylpropylcclazine se sépare. Elle bout à igS^-aco". Lors([u'on l'enlraine en
vapeurs par de l'hydrogène sur du nickel chaufle à 200", il se dégage du gaz ammoniac.
Du liquide condensé on sépare, par fractionnement, l'aminé primaire, la méthyl-
i-bittylaminc ou amino-i-penlane, CPP CHNIPCIPCH^GH^, bouillant à 86°-88°;
dont la pliénylurée fonda iiS", et Famine secondaire, la bis-{niétho-i-butyl)-aniine,
'CIPCH-CH^
qui bout il iSSo-iSS».
3° Bis-inclliylisobiitylcétazine
c„3/Ch]\mi,
(CfF)'CFICIP\ /CH'CH(CI1')2
Cette cétazine se prépare dans les mêmes conditions que la précédente, à l'aiile de la
métlijlisobutylcétone CH'COCH-CII(CH')-, qui bout à ii/i"- C'est une huile qui
passe à la distillation à 176°. Lorsqu'on l'hydrogène sur le nickel à i8o''-20o°, elle
fournit un liquide d'où l'on peut isoler, par distillation, 3 parties d'aminé primaire,
la mL'thyl-i-isoamylamine, ( CH^)- CH CH-CH — XH^, qui bout à io8''-iio'', et
I
CH^
5 parties d'aminé secondaire. la bis-(niél/io-i-isoarnyl)-amine,
(CH^)2CHCH^
CH^
)Ch1"mi,
bouillant à 2o8°-2io°. La première donne, avec l'isocyanate de pliényle, une pliénylurée
en houppes soyeuses fondant à 108°.
4° Bà méthylisoamylcétazine
(CFI')'CHCH'-CI[^\ ^_.,/CH2CH^CH(CH'p
CHV^-^^~^-^\CJP
606 de méthylisoamylcélone, bouillant à il\l\°, provenant de la catalyse d'un mélange
d'acide caproïque et d'acide acétique en excès sur l'oxyde de thorium, sont mélangés
à 70S de sulfate d'hydrazine et 8os de lessive de soude. Après addition d'un grand excès
d'alcool, pour obtenir un licjuide homogène, on porte à l'ébullition pendant 6 heures
au réfrigérant ascendant. On enlève ensuite la majeure partie de l'alcool par distilla-
tion jusqu'à ce que le liquide commence à se troubler. Par addition d'eau et d'un
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N« tl.) ^2
()94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
excès lie lessive de soude, on sépare une huile (|ui, dislilli'>e clans le vide, bout
à i55''-i6o'' sous 45™™. C'est la bis-méllirlisoainylcétazine.
Son hydrogénalion s'effectue d'une manière régulière sur le nickel à i90°-200°. II se
forme un liquide limpide dont la simple distillation permet d'isoler très facilement :
1» l'aminé primaire, Vainino-h-mélliyl-7.-liexane, (CH')^CH.ClI-ClI-r,H NH^CH%
bouillant à 137", dont la pliénylurée obtenue avec l'isocjanale de phénvle, fond
à loS"; a' l'aminé secondaire, la l)is{métlio-i-isolii-xyl)-amine
pcnTCH.(:H^CH^x^,,p„ -
qui distille à 240°.
5" /ii.i-ixnhiitylisoproprlcétaz/ne
(C1F)^CH.CH«\ , /(;H*CII(CII') =
Elle >e prépare aisément par action du sulfal(3 d'hydrazine sur lisobutyiisopropx I-
cétone, en présence de soude et en milieu alcoolique à chaud. C'est une huile qui
distille à igo^-igS". Lorsqu'on l'hydrogène sur le nickel à i8o°-i90'', on obtient un
liquide dont le fractionnement fournil : 5 parties d'aminé primaire, bouillant à i^S"-
148°; l'isopropfl-i-isoamylamine-j, (CIP)-CH.CH-Cll . NH-CIl (Cil'')- et i partie
d'aminé secondaire, la bis-( isopropyl-i-isoamyl)-ai>iine,
-(ClP)2CH.CH-^\^jj
CH3)^CH/"''J ^'"'
qui bout à a'fS" et possède une odeur d'herbe très prononcée.
On voit que la méthode d'hydrogénation des célazines s'applique d'une
manière régulière aux célazines d'acétones dissymétriques. Elle conduit
normalement à un mélange d'aminés primaire et secondaire d'alcools
secondaires. La plupart des aminés que j'ai obtenues, ainsi que presque
toutes les célazines, n'aA aient jamais été isolées.
CRISTALLOGRAPHIE. — Sur Ics couleurs d' interfèrcncr produites parles lames
crislollines minces. Note (' ) de M. Paui. Gaubert.
Pour étudier certaines questions de cristallogénie, je me suis adressé à
des substances organiques et en particulier à la vanilline, qui, en cristalli-
sant par sublimation, peut donner des cristaux excessivement minces,
montrant par réflexion de vives couleurs superficielles, rappelant celle des
cristaux de chlorate de potassiuiu, observées par Horapath et étudiées par
(') Séance du '>8 février 192 i,
SÉANCE DU l4 MARS 1921. " ôgS
Stokes (') el lord Raylcigh (-). Le but de ce travail est de dôlenniner les
propriétés et l'origine de ces couleurs.
Les cristaux de vanilline sont monocliniques et peuvent se présenter en
lames très aplaties suivant la base p (001). Habituellement, ils sont allongés
suivant l'axe crislallographique b et maclés suivant la face «' (lOli. Le
plan des axes optiques est perpendiculaire au plan de symétrie et presque
parallèle à la face d'aplatissement/). La vibration tij, coïncide avec l'axe de
symétrie du cristal, qui est optiquement négatif.
Des lames très minces de vanilline sont obtenues en chauffant la sub-
stance à une température léj^èremenl inférieure au point de fusion, dans un
cristallisoir recouvert d'un disque de verre. Examinées à la lumière natu-
relle, elles paraissent incolores ou présentent de belles teintes par réllexion,
teintes variant d'une lame à l'autre et se modifiant avec le plan et l'angle
d'incidence des rayons réfléchis. Chaque lamelle présente des caractères
particuliers puisque, comme on le verra plus loin, les couleurs dépendent
de son épaisseur. Mais c'est surtout avec un analyseur que les variations de
couleur et les propriétés des rayons peuvent être mises en évidence. Ainsi
un cristal possédant une belle couleur verte quand l'axe de symétrie du
cristal b est perpendiculaire à la section principale du nicol, est rouge
quand l'axe b est parallèle à cette dernière.
Par conséquent les rayons correspondant aux vibrations vertes et rouges
sont, dans le cas considéré, polarisés à angle droit, et c'est un mélange des
deux rayons que l'on observe en lumière naturelle.
La même lamelle examinée par transparence est verdâtre quand l'axe
cristallographique b est parallèle et rouge si cet axe est perpendiculaire à la
section principale du nicol. Donc les mêmes couleurs réfléchies et trans-
mises correspondent à des rayons polarisés dans deux plans rectangulaires.
Les rayons transmis et réfléchis par les cristaux extrêmement minces de
vanilline sont donc polarisés comme ceux de certains cristaux colorés
(platinocyanure de magnésium par exemple), alors que les rayons colorés
réfléchis oiT transmis par les cristaux de chlorate de potassium ne le sont
pas, d'après les observations de Stokes ( ').
L'examen des lamelles, à l'aide du microscope polarisant, indique que la
(') G. -G. Stokes, Proc. of the roy. Soc. of London, vol. 38, i885, p. 174.
('-) Lord Rayleigh, P/til. Magaz., 5"= série, vol. 26, 1888, p. 256.
(') Cela esl vrai pour la plupart des cristaux, raais les lamelles 1res minces de ce
corps possèdent des propriétés identiques à celles de la vanilline.
Les lames de vanilline présentent fréquemment des macles polysyntliéliqucs
6i)6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vanilline est très biréfringente et que seules sont colorées, par réflexion,
celles qui montrent des teintes de polarisation chromatique correspondant
à un retard inférieur à loo'^'^. En outre, pour chacune de ces teintes, et par
conséquent pour chaque épaisseur des lamelles, on observe des couleurs
réfléchies et transmises particulières. Les cristaux sont si minces qu'ils
plient sous leur propre poids, quand ils sont soulevés avec une aiguille. S'ils
continuent à croître, les couleurs réfléchies se modifient à mesure que
l'épaisseur augmente, et disparaissent quand cette dernière atteint une cer--
taine limite (o°"",ooo9 environ).
Ces phénomènes de coloration ne s'expliquent pas avec les hypothèses
émises par Stokes et lord Rayleigh pour interpréter les propriétés des
lamelles de chlorate de potassium. Mais si l'on admet que les cristaux de
vanilline agissent sur la lumière comme le font les lames minces des sub-
stances isotropes, l'origine des colorations variées que présentent les
lamelles de vanilline et les propriétés des ondes réfléchies et transmises
s'expliquent. Au lieu d'avoir l'interférence de deux rayons lumineux comme
dans les lames minces isotropes, ce sont plusieurs faisceaux lumineux pola-
risés qui interfèrent. Par conséquent, ce phénomène qui n'avait pas encore
été observé avec des lamelles aussi minces, peut se produire avec toutes les
lames minces des cristaux très biréfringents convenablement orientés; ainsi
je l'ai observé avec des cristaux de molybdate d'ammonium ( ').
Il est à remarquer que. l'épaisseur de la lamelle étant connue, la compa-
raison de ses teintes réfléchies avec celles de l'échelle de Ne^vton permet
de déterminer deux indices principaux de la lame. La moyenne des résultats
obtenus avec plusieurs lamelles d'épaisseur différente, mais toujours
inférieure à o^^jooog, donne, pour le plus grand et le plus petit indice,
1,73 et i,5o. La détermination pourrait être faite avec une précision
beaucoup plus grande si l'un des indices ou l'épaisseur pouvaient être
évalués exactement.
suivant a'(lOl), alors elles se comportent comme un polariseur par suite de l'absorp-
tion d'un des rayons, de telle sorte qu'un cristal compris entre un des niçois et une
de ces lames montre de belles teintes de polarisation chromatique.
(') Ouelques auteurs, et en particulier L. Dilsclieiner [Ueber clic Faiben diinner
Krisiallbldlllten {Silz. Ber. d. Wien. Akad. d. Miss. math. nat. Kl., 1.73, 2" Partie,
1876, p. 180)] et E. Genzken {i\eites Jahrb.f. Min., Beil. Bd. 30, 1920, p. 383), ont
étudié les teintes réilécliies de certaines lames minces cristallines. Mais le phénomène
est difTérent de celui que je considère ici, produit avec des lamelles beaucoup plus
minces. Les couleurs réfléchies des lames de Dilsclieiner sont celles qui sont observées
pai- transparence avec les niçois croisés.
SÉANCE DU l4 MARS I92I. 697
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Les Bas-Cliamps de Picnnlie au nord de In
Somme : la ligne de rivage actuelle. Note ( ' ) de M. A. Briquet, présentée
par M. Gh. Barrois.
La ligne de rivage des Bas-Cliainps de Picardie est interrompue par les
estuaires de la Somme, de l'Authie et de la Canche.
Au sud de chaque estuaire (en amont par rapport au sens dominant du
mouvement des courants côliers) le rivage est constitué par un poulier qui,
sous l'action de ces courants, s'avance progressivement en travers de
l'estuaire : pouliers du Hourdel, de Fort-Mahon ('), du Touquet.
Au nord des estuaires (en aval) le rivage dessine une pointe sur laquelle
se divise le Ilot, dont une partie pénètre dans l'estuaire : pointes de Saint-
Quentin, du Haut-Banc, de Lornel. La pointe recule en même temps que le
poulier avance : de ce mouvement résulte la déviation des trois estuaires
vers le nord.
La ligne de rivage se décompose ainsi, d'amont eu aval, en une succession
de pouliers et de pointes, chaque pointe constituant en quelque sorte
Taltache du poulier suivaiil. Pareillement, vers l'intérieur de chaque
estuaire, la pointe sert d'attache à un poulier qu'on peu! appeler interne,
moins important que le poulier externe, parce qu'il est construit par le
courant ])lus faible qui pénètre dans l'estuaire. Au nord de la Somme, les
pouliers, exclusivement sableux ainsi que les pointes, ont leurs formes
souvent masquées par l'épaisse couverture des dunes littorales.
Pouliers et pointes ne se déplacent pas seulement dans le sens longitu-
dinal, parallèlement à la direction du rivage : ils sont également afîeclés
d'un déplacement eu sens transversaL
Les pointes, sous l'action érosive du tlot. recnlenl vers l'intérieur (des-
truction opérée par la mer aux pointes du Haut-Banc et de Lornel : hôpital
de Berck, villas de Sainl-Gabriel). Ainsi apparaissent, sur l'estran et au
pied des dunes rongées, la tourbe et les dépôts jadis formés à l'abri du
cordon littoral [tourbe dite sous-marine et sols végétaux superposés dans
(') Séance du 7 mars 1921.
(-) Désigné sur les cartes sou;- le nom Ae pointe de lioulhiain-illf ou de pointe de
la Dune blanche
698 ACADÉMIE DES SCIEiSCES.
le sable des dunes ( ') des pointes de Saint-Quenlin cl de Loniel. avec
Iraces d'uccnpalion humaine probablement assez l'écentes].
Le recul progressif des pointes vers Finlérieur, sous l'action des Ilots,
entraîne le recul de la partie amont des poutiers attachés sur les pointes :
ce dont témoigne l'érosion de la dune formée sur le poulier, parfois réduite
à un mince cordon (de Berck à Merlimont). Ce recul de la pointe imprime
une modification à la direction du courant cùtier, qu'il dévie vers le large
en aval : d'où l'accroissement vers la mer de la partie aval des pouliers, par
addition de crêtes successives (surmontées .de dunes). Celle croissance,
combinée avec la progression en travers de l'estuaire, donne aux pouliers
du nord de la Somme (Forl-Mahon, le Touquelj la même disposition
digilée qu'au poulier du Hourdcl, au sud de la Somme (* ).
Les estuaires se subdivisent en estuaires secondaires : il se développe, en
ce cas, des pointes et des pouliers secondaires soumis à des déplacements
analogues.
Dans l'estuaire de la Somme, le banc de galets pléislocènes (^) d;
Mayocq forme une pointe qui sépare de l'estuaire proprement dit de la
Somme l'estuaire de Rue, aujourd'hui colmaté. Sur la pointe s'appuient
des pouliers vers le Nord et vers le Sud. Au Nord, un poulier digité, a\cc
rangées de petites dunes, s'étale en travers de l'ancien estuaire de Rue.
Au Sud, un autre poulier s'est avancé de la pointe jusqu'à l'amas de galets
pléislocènes, primitivement isolé dans l'estuaire de la Somme, qui porte la
partie ancienne du bourg du Croloy : c'est un lombolo.
(i.iï^e l'estuaire de l'Aulhie l'ancien estuaire de Berck était séparé, naguère,
par la pointe de la lloclielle. Esluaire et pointe ont disparu, l'un comblé,
l'autre rongée par les Ilots; mais d'anciens pouliers restent visibles au sud
de Berck et à Groftliers.
(') J. GossEi.KT, Lex galeLs glaciaires d'Iîlaples et les dunes de Vamiers {Ann. de
la Soc.^géol. du Nord, l. 31, ryoa, p. 297); Légende de la feuille de Monireuil
(Ibid., t. 33, 1906,1). 7).
(-) A. BiUQUET, Les Bas-Ckamps de Picardie au nord de la Somme {Comptes
rendus, t. 172, 193. i, p. 467).
(^) A. Briquiît, Sur l'âge des cordons littoraux anciens des Uas-Cliamps de
Picardie {Comptes rendus, t. 169, 191 9, p. 860 ).
SÉANCE DU \f\ MAHS I921. 699
.MÉTi:OKOLOGlE. — Les oscillations sirnu.ltdiices de la Icmin-ralure et du l'Ciit au
sommet de la Tour Eiffel et leur relation avec la surface directrice ( lijerhness)
(F une dépression. Note de M. II. Doxcier.
Dans chacun des Mémoires sur les Orages en France que j'ai publiés, de
1906 à 1910, dans les ,l/mrt/f'y(/i/ liureau Central météorologique, \a\ consacré
un chapitre à la description des circonstances atmosphériques qui accom-
pagnaient les diverses situations orageuses. Mon attention a dû se porter de
préférence sur les grains orageux; j'en ai cité ainsi un nombre considérable
et je me suis efforcé de mettre en relief leurs caractères et leurs modes de
.propagation. Au cours de ces études, j'ai reconnu l'existence de certaines
particularités qu'il m'a paru intéressant de mentionner, bien qu'elles ne
fussent pas en relation directe avec les orages.
Parmi ces particularités, je m'attacherai aujourd'hui à une manifestation
qui se présente fréqucmnnent à Paris, aux environs de 3oo™ de hauteur; il
est possible d'en déter.niner la cause par l'interprétation des diagrammes
de la température, de l'humidité, du vent et de la pression, recueillis aux
différents étages de la Tour Eiffel, et au Bureau Central météorologique,
situé dans le voisinage.
Parfois, en effet, on observe au sommet de la Tour Eiffel, sans que le
baromètre en soit affecté, des oscillations simultanées et rapides de la tem-
pérature et de la vitesse du vent, qu'accompagne un abaissement de l'humi-
dité. Les variations de température sont du même ordre de grandeur que
dans les grains, elles atteignent quelques degrés en quelques minutes; mais,
au lieu d'une baisse unique, on constate plusieurs montées et baisses consé-
cutives. Il en est de même pour le vent.
Le premier exemple de cette nature que j'ai eu l'occasion de rapporter
est celui du 20 janvier 190G; il est signalé dans le Mémoire paru, la même
année, dans les Annales du Bureau Central météorologique (t. 1, p. 3io ).
Parmi les cas semblables, très nombreux, qui se sont manifestés depuis
lors, je vais donner deux exemples récents qui se sont présentés les 21 et
29 décembre 1920.
La ligure ci-après contient les diagrammes sui\ants relatifs à chacune
de ces dates : (i), thermogramme du sommet de la Tour Eiffel (3oi°', 8 au-
dessus du sol); (2), thermogramme de la plate-forme intermédiaire
(196'", 7 au-dessus du sol); (3), thermogramme de la seconde plate-forme
700
ACADÉMIE DES SCIENCES.
(i 2^'" au-dessus du sol); (/(), tliermogramme de la cour du Bureau Central
météorologique (i™,6o au-dessus du sol). La courbe (5) est la reproduction
S
J
-if
X^t
%M
//««ii^t^ //i^
O^Tnitxt^
CowfJlM-S .CM-
Vtnt
du diagramme de la vitesse du vent au sommet de la Tour KifTel (3o5'" au-
dessus du sol).
Cas du 21 dtcenibre. — Nous devons ajouter ((iielques renseignements à ceux qui
ressortent des graplii(iues.
Avant ô*", riuimidité était voisine de la saturation. Lorsi|ue le vent s'est levé et que
sa vitesse est passée, en quelques minutes, d'une valeur nulle à une valeur de l'ordre
de 12 m : s, riiumidilé a subi une baisse notable qui s'est maintenue jusqu'à i4'', aussi
longtemps qu'ont duré les oscillations de la température et du vent; elle est revenue
ensuite à la saturation.
A la terrasse du Bureau Central (18" au-dessus du sol), le vent soufllail entre SSE
et S à la vitesse de o^jSo par seconde; à la Tour Eifl'el, sa direction était comprise
entre SSW el SW, c'est-à-dire se trouvait reportée d'un demi-(|uadrant vers l'Ouest
par rapport à celle du vent au soi.
l*]nfin, d'après le Bulletin international quotidien du Bureau Central météorolo-
gique, la région parisienne n'a commencé à subir l'influence de la dépression pro-
fonde, ayant son centre au nord-ouest des lies Britanniques, qu'aux heures où se sont
produites les manifestations qui nous occupent.
Cas dit 29 décembre. — Les remar<]ues sont de même nature que pour le 21 décembre;
les manifestations se sont produites pendant la nuit, par ciel clair, ainsi que le
montre le « renversement de la température », mis en évidence par l'ensemble des
tlieruiogrammes.
Ces données mettent en relief l'existence de deiiv courants superposes,
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 701
possédant des températures et des directions différentes. Le courant supé-
rieur est chaud et il est animé d'une vitesse plus grande que celle du cou-
rant inférieur, de température plus basse. Ces masses ne se mélangent pas
notablement, mais les frottements qu'elles exercent l'une sur l'autre
provoquent des vagues qui immergent les instruments placés au sommet
de la Tour Eiffel tantôt dans la masse froide du courant inférieur, tantôt
dans la masse chaude du courant supérieur. La concordaace entre les
hausses et les baisses, que l'on observe en même temps sur la température
et sur la vitesse du vent, apparaît comme la conséquence nécessaire de ces
mouvements d'ascension et de descente.
L'abaissement de l'humidité que l'on constate est dû à l'apport d'air
chaud vers la masse d'air froid préexistante.
La conclusion à laquelle vient de nous conduire la discussion de faits
expérimentaux bien établis, à savoir l'existence d'un courant d'air chaud,
mis en mouvement au-dessus des couches froides par le jeu naturel des
forces qui interviennent dans une dépression, s'accorde avec les vues nou-
velles que le Professeur Bjerkness (de Bergen) a émises dans ces dernières
années (') et plus récemment (^) sur la structure des cyclones en mouve-
ment. Les instruments de la Tour Eiffel sont donc susceptibles de marquer
le passage de la surface directrice (steering surface) qui, sur le front d'un
cyclone en mouvement, marque la limite du secteur chaud.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un cas de comblement brusque d'une dépression.
Note de M. Dei.cambre, présentée par M. Bourgeois.
a. Le 5 février 1921, une dépression profonde (748™™) était centrée
à 7'' sur l'extrémité ouest de la Bretagne. Elle s'est comblée sur place
dans la journée du 5 février, et le 6 il n'en existe plus aucun vestige ; une
pointe anticyclonique détachée de l'anticyclone Scandinave s'avance vers
la Manche.
Ce phénomène a déjà donné lieu à une ISote de M. G. Guilbert qui l'a
annoncé en appliquant sa méthode. Il pouvait également être prévu d'un
(') J. BjERKiNESS, Ueber die ForLbewegung der Konvergenz and DivergenzUiiien
(Meteor. Z., 1917, p. lo-ii).
(-) Ciel et Terre, 1920, p. 287; 1921, p. 22.
702 ACADÉMIE DES SCIENCES.
façon délaillée au mo^en d'une autre méthode, et il l'a été ell'eclivemcnl
(prévision du Service des Avertissements de l'Office national météoro-
logique).
b. Principe de lu méthode de prévision haroniélrique emidoyée. — La
méthode employée a été créée en ii)i6 au Bureau météorologique militaire
par le colonel Delcambre et le capitaine Schereschewsky. Elle s'appuie
essentiellement sur l'élude d'une entité météorologique particulière appelée
noyau de variations barométriques qu'elle substitue aussi complètement
que possible à renlité « dépression ».
La région où la variation totale du baromètre dans un intervalle de temps
donné est une hausse constitue le noyau dit positif, correspondant à cet
intervalle de temps; la région où elle est une baisse, le noyau dit négatif.
1^'évolution du noyau de variations peut se faire de diverses manières :
1° Le noyau peut se déplacer d'un mouvement uniforme sans variation
de sa valeur;
2" Le noyau peut aussi se déplacer en changeant de valeur;
3° Enfin, il peut évoluer sur place, en changeant progressivement de
valeur.
On reconnaît le type d'évolution auquel on a affaire par la comparaison
du noyau de variations à un noyau spécial, dit noyau des tendances baro-
métriques, la tendance étant, comme on le sait, la variation du baromètre
dans les trois heures qui précèdent une observation.
c. Prévision du 3 février pour le 6. — Le cas particulier que nous avons à
exposer se rapporte à deux noyaux évoluant, l'un suivant le deuxième type,
l'autre suivant le troisième type. La carte des variations du 5 février
à 7'', relative à un intervalle de 12 heures montre l'existence de deux
noyaux de variations : l'un positif sur l'Irlande, l'autre négatif sur l'enlrce
de la Manche.
1° Étude du noyau négatif. — Le noyau des variations en 12 heures a
une profondeur de 3'"'" environ. I..e noyau des tendances négatives corres-
pondant est déjà anéanti. C'est là le trait qui caractérise la disparition sur
place d'un noyau de variations. Une étude analogue faite 6 heures plus tôt
aurait déjà conduit à la même conclusion.
2" Etude du noyau posit if. — Le noyau des variations en 12 heures a une
profondeur de 12""" environ. Le noyau des tendances correspondant pré-
sente un double caractère : il est bien proportionné au noyau des variations
et il est normalement excentré par rapport à ce dernier. Ce sont là les traits
qui caractérisent la progression normale d'un noyau de variations.
SÉANCE DU l4 MARS I921. ■^o3
(juanl aux cartes suivantes ( iS""), elles montrent que le noyau positif va
évoluer désormais suivant le troisième type : le noyau des tendances corres-
pondant n'est nullement excentré. Ce sont là les caractères de l'arrêt du
mouvement.
3" Prévision résultanle. — L'étude du noyau négatif ayant mis en évi-
dence sa disparition, la prévision s'établit à l'aide du seul noyau positif.
Soient Aj, la valeur du noyau de variation en N heures à l'heure d'obser-
tion H, A,^ la valeur du noyau de variation en 2N heures à l'heure (H + N).
La loi de composition des noyaux donne entre A^ et A.^^ la relation suivante :
A 3 .
Dans le cas présent, on a
Ac le 5 mars u i3''=+ 6°"°,
3
A,o le 5 mars à 19'':= - X 6 = -|- 9"
Aoj le 6 mars à 7''= - x ( - x 6 ) =: -t- i3
Le maximum observé, iS""", a été voisin de la valeur calculée.
L'avantage particulier à la méthode des noyaux de variations est donc
qu'elle permet une évaluation numérique rationnelle de la variation baro-
métrique annoncée dans la prévision.
EMBRYOGÉNIE VÉGÉTALE. — Embryogénie des Scrofiilariacées. Développement
de l'embryon chez le Veronica arvensis L. Note de M. René Souèges,
présentée par M. L. Guignard.
L'oospore s'étire en un tube dont l'extrémité supérieure renflée vient
occuper le centre du jeune tissu endospermique. C'est dans ce renflement
terminal que se trouve le noyau et que se produit la première division. Elle
est transversale et sépare deux cellules (c« et cb) de dimensions fort difîé-
rentes {fig. i). Deux segmentations, l'une verticale dans l'élément ca,
l'autre horizontale dans l'élément cb, conduisent à une tétrade semblable
à celle que l'on observe le plus souvent (Myosurus, Capsella, Polygoniirn,
Senecio, etc.).
J^a marche des divisions dans les deu\ cellules supérieures de la tétrade est tout à
7o4
ACADÉMIE DES SCIENCES.
fait compaiable à celle qui a lUé décrite chez les Cnicifères (') cl cliez VŒnolhera
hieiinis (-) : les quadrants, les octants se différencient de la même manière et donnent
naissance, par des processus analogues, aux mêmes régions du corps embryonnaire.
Au moment de la formation des quadrants, la cellule inférieure, ci, de la tétrade se
segmente transversalement et c'est seulement après la constitution des octants que se
trouxe accomplie la séparation de la cellule intermédiaire/", en deux éléments super-
Kig. 1 à 17. — Veronica arvensis L. Développement du proembryon jusqu'à dilTérenciation des
principales régions du corps embryonnaire, ca el cb, cellule apicule et cellule basale du proembryon
bicellulaire; m el ci, les deux cellules inférieures de la télradc; d et /, cellules-filles de m;
p el q, cellules-filles de rf; pe, périblcme; pi, pléronic ; /)/•, péricyclc; icc. initiales de l'écorce:
mv, cellule-mère du plérome cotylédonairc. G : 4ai>-
posés, d el f (Jig. 7). Par conséquent, pendant que quatre cellules tirent leur origine
de la cellule basale, c6, huit sont engendrées par la cellule apicale, ca; autrement dit,
au terme de la quatrième généialion. le proenibryon ne comprend que douze élé-
ments au lieu de seize.
Peu après, la cellule d se segmente transversalement pour eiigendi'er encore deux
cellules superposées, /> et ijr {/ig: 9); c^est la celiule-fille supérieure, p, qui, en lègle
li'ès générale, se sépare par une cloison en verre de montre venant s'appuyer sur les
deu\ parois latérales du dermatogène de l'hypocotyle et s'individualise ainsi comme
cellule hypophysaire. Les deux éléments superposés, isolés par celle cloison courbe,
se segmentent par deux parois méridiennes ciuciales et engendrent deux étages de
(') K. SoutGES, Nouvelles recherches sur le dé^eloppeineiiL de l'embryon chez les
Crucifères {Ann. Se. nat. bot., 9" série, t. 19, i9i4i P- 3ii); Les premières divi-
sions de V œuf el les différenciations du suspenseur chez le Capsella Bursa-pasloris
Mœnch (Ibid., lo' séiie, t. 1, 1919, p. 1).
(-) R. SoiÈGES, Embryogénie des Œnothéracées. Développement de l'embryon
chez /'Olinolhera biennis L. (Comptes rendus, t. 170, ig.'.o, p. 946).
SÉANCE DU l4 MARS 192I. ^o5
quatre cellules : les quatre cellules de l'étage supérieur conslitueiU les initiales de
l'écorce, les quatre cellules de l'étage inférieur donnent naissance à la portion cen-
trale de la coilTe. La cellule-fiIle inférieure, q {Jîg- 9), avec tous les éléments placés
au-dessous, concourt à la conslruclion d'un suspenseur, étroit, filamenteux, qui ne
s'étend pas au-dessous de l'éliunglement séparant l'albumen de la cavité micropylaire.
Celle-ci semble tenir lieu de la vésicule hausloriale différenciée aux dépens de la
cellule la plus inférieure du suspenseur chez le Capsella Bursa-pasloris ou chez
1 ' Url ica pilti H fera .
En somme, les règles du développement, chez le f^eronica mvensis,
oflfent les plus étroites analogies avec celles que Ton observe chez VOEno-
thera bicnnis et chez les Crucifères.
Le Veronica diffère cependant du Capsella : 1° par l'origine de l'hypo-
physe qui, généralement, est une descendante, dans le premier cas, au
deuxième degré et, dans le second cas, au troisième degré de la cellule m
de la tétrade; 2° par la forme du suspenseur qui est représenté chez le
Veronica par un simple filament, alors que chez le Capsella la cellule infé-
rieure du filament se transforme en une grosse vésicule micropylaire;
3° par la différence de marche des segmentations dans les deux cellules
apicale et basale. Chez le Veronica, les divisions subissent un retard marqué
dans la cellule basale, qui donne seulement quatre éléments pendant qu'il
en naît huit dans la cellule apicale; chez \q Capsella, l'équipollence des deux
premiers blaslomères se trouve conservée jusqu'au stade voisin de la cons-
titution du proembryon à 16 cellules.
L'embryon du Veronica diffère également de celui de V OEnothera : i" par
l'origine de l'hypophyse qui, chez cette dernière espèce, n'est autre que la
cellule m de la tétrade; 2° par la forme du suspenseur qui demeure court
et trapu; mais il s'en rapproche, par contre, par la vitesse inégale des seg-
mentations dans les deux premiers blastomères. Comme ce dernier carac-
tère se montre plus constant que les deux autres, ce serait donc au type
de VOEnothern qu'il conviendrait de rattacher l'embryon du Veronica
arvensis ( ').
(') E. Schmidt [Beilrâge zur Entwickl. der Scrophulariaceae (Beih. ziini bot.
Centralb., t. 20, 1906, p. 210)], au sujet du Veronica Chamœdrys et du Veronica
liederœfolia, déclare que l'embryon se développe normalement. Aucune figure n'ac-
compagne cette simple affirmation qu'il y avait tout lieu de considérer pour le moins
comme prématurée, surtout après ce qu'a permis de ré\éler l'élude d'autres exemples
soi-disant normaux.
7o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGU-: VÉGÉTALE. — Action de qitehjaes alcaloïdes sur le
Bolrylis cinerea Pcrs. Note de M. Pierre INobécoirt, présentée
par M. Guif^fiiard.
Les tissus d'un grand nombre de plantes renferment des substances
toxiques (alcaloïdes, glucosides, essences, latex, etc.), auxquelles on a
souvent attribué un rôle jirotecteur contre les attaques des champignons
parasites, quoique jusqu'ici des expériences précises sur ce sujet aient fait
défaut.
Ayant entrepris un ensemble de recherches sur les causes de l'immunité
ou de la prédisposition naturelle des espèces végétales vis-à-vis des cham-
pignons parasites, nous avons été amené à étudier l'action qu'exercent
sur ceux-ci ces substances qui semblent susceptibles d'empêcher l'infection.
Dans la présente Note, nous nous bornerons aux résultats obtenus avec
quelques alcaloïdes sur le Bolrytls cinerea Pers. (forme conidienne du
Selerolinia Fucheliana de Bary), parasite facultatif très plurivore. Le
parasitisme de ce champignon sur des Nicotiano, Ci nc/iona (') a\ail déjà été
constaté, etnous-même avions obtenu, par inoculation expérimentale, pen-
dant l'automne dernier, une abondante croissance du 5. cmerea sur feuilles
et fruits d'^^z-o/^rt Bellndovna ; mais, comme dans aucune de ces observations
il n'avait été procédé au dosage des alcaloïdes dans les plantes parasitées,
on ne pouvait conclure à l'inefficacité de ces substances dans la défense de
ces plantes; on sait, en elîet, que, selon les conditions climatériques ou
culturales, la teneur des plantes en alcaloïdes est variable et peut môme
devenir nulle.
Nous cultivions notre champignon, dans des malras à fond plal, sur liqueur de
Raulin, additionnée de quantités variables des alcaloïdes envisagés. Afin d'éviter les
modifications chimiques que les alcaloïdes auraient pu éprouver par le cliaulTage à
l'auloclave en présence des diverses substances entrant dans la composition de la
liqueur de Raulin, nous procédions de la manière suivante : on stérilisait une série
de matras contenant chacun lo'™' de celle liqueur à une concentration double de sa
concentration normale, et, après refroidissement, on ajoutait asepliquemenl à chacun
d'eux la quantité convenable d'alcaloïde, dissoute dans lo"^""' d'eau et stérilisée sépa-
rément.
Les ensemencements furent faits avec des conidies provenant de cultures pures sur
(') L. LiiTZ, Parasitisme du Selerolinia Fuckeliana sur les quinquinas de culture.
( /Intl. Soc. myc. de Fr., t. 20).
SÉANCE DU l4 MARS I921. 707
iranclies di^ pain, siibstraluiu lios fa\ orable au Bolrjlis qui y piodiiil des conidio-
pliores en abondance. Les alcaloïdes employés furent la nicotine, l'atropine, la quinine
et l'aconiline. Les inatras ensemencés étaient laissés à la lumière du jour et à la tem-
pérature du laboratoire (environ 16°).
I^a nicotine '(à l'étal libre), dissoute dans 20™'' de liquide de Haulin, en quantité
variant de îS'"? à ôoo'"?, correspondant ù des concentrations de , ■),'„ „ à , j; H „ , n'entrave
pas la végétation du B. cinerea qui se développe sur ces milieux en produisant
d'abondants conidiophores et de nombreux scléiotes, parfois très volumineux.
Le sulfate d'atropine, ajouté à la même quantité de Raulin, à des doses allant
de ;io"'S à 'loo™?, correspondant à des concentrations de YWâ ^ TouTTi "^ rwi'il également
pas au champignon qui croît avec luxuriances sur ces milieux, en produisant de
nombreux conidiophores el sclérotes.
Le sulfate de quinine, en quantités variant de 2o'"e à 200™s, correspondant à des
concentrations variant de YmTS ^ Touô") n'empêche pas le développement du B. cinerea,
qui produit également sur ces milieux des conidiophores abondants; en outre, des
sclérotes se forment dans les cultures où la concentration est inférieure à , „^p „ . Mais,
à la dose de 400*"=, c'est-à-dire à la concentration de , ^ g „ , le développement du cham-
pignon se réduit à de petits thalles de quelques millimètres de diamètre, provenant
chacun de la germination d'une spore et il ne se produit que peu de conidiophores.
A la concentration de -pu^Uj aucun développement n'a lieu.
L'aconiline cristallisée, aux doses de 2o™s et^o^s^ correspondant aux concentrations
de ,,|'„„ et -j-^njïï' entrave visiblement la végétation du champignon. Cependant, à la
première de ces concentrations, des sclérotes peuvent encore se produire. A la dose
de 80™?, c'est-à-dire à la concentration de Yuvrn '^ développement est très réduit :
seules quelques conidies germent et produisent de petits thalles de faible diamètre dont
la croissance s'arrête bientôt. A la concentration de i\%„, des spores germent encore,
mais le développement demeure très minime. A\ec , |-, ", „ d'aconitine, la germination
ne se produit plus.
En résumé, on voit que le rôle de la nicotine et de l'atropine, dans la
défense contre le H. cinerea des plantes qui produisent ces alcaloïdes, doit
être considéré comme nul, puisque ces substances ne se sont pas montrées
nuisibles à ce champignon, même à des concentrations qui ne sont vraisem-
blablement jamais atteintes dans les' tissus des Tabacs et de la Belladone.
La quinine exerce une action défavorable seulement à des doses assez
élevées. Par contre, l'aconitine est défavorable, même à faibles doses, et il
faut s'attendre à ce que, dans les essais d'inoculation qui seront entrepris
dès que la saison le permettra, l'Aconit se montre réfractaire au Botrytis.
Nous avons également efTectué un certain nombre d'expériences avec le
champignon causant la maladie appelée Toile et qui est une race stérile du
B. cinerea, plus virulente que la forme conidienne ( '). Cette race stérile se
( ') Beauverie, Études sur le polymorphisme des champignons.
I
^o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
montre moins résistante aux alcaloïdes essayés que la forme Bolrvtis. Elle
croît encore sur Raulin additionné de y^ de sulfate d'atropine, mais refuse
de se développer sur le même milieu additionné de j^ de quinine ou
de j^ d'aconitine. Avec -j-^ de nicotine, elle végète encore bien, mais
avec Y~^, la croissance est lente et minime. Ces résultats permettent
d'escompter une immunité complète de l'aconit envers la Toile, ainsi
qu'une forte résistance du tabac à la même maladie.
Outre leur application à la pathologie végétale, les reclierches précé-
dentes peuvent présenter un certain intérêt au point de vue de la Biologie
générale. Il convient, en effet, de remarquer la résistance du li. cinerca
envers les alcaloïdes et de la comparer à ce que l'on connaît jusqu'ici de
l'action de ces substances sur les autres êtres vivants.
La toxicité des alcaloïdes pour les animaux supérieurs est bien connue et
la résistance relative de certaines espèces animales (lapin, rat, etc.), due
vraisemblablement à la rapidité de l'élimination du poison, ne saurait être
comparée à la résistance du Bolrytis qui vil, s'accroît et fructilie en ayant
ses cellules constamment baignées par des solutions alcaloïdiques.
Les animaux inférieurs sont également très sensibles à ces substances ( ' ).
Par contre, chez les végégaux supérieurs, il résulte des expériences de
Réveil et de Marcacci (^), que, si la quinine est nuisible, la nicotine et
l'atropine sont indifférentes ou même favorables : Réveil qualifie l'atropine
de véritable engrais.
Des expériences avec l'aconitine n'ont, à notre connaissance, pas encore
été tentées sur les végétaux supérieurs, mais nous venons de voir que cette
substance, considérée par les toxicologues comme le plus violent des poi-
sons, laissait cependant encore notre Botrylis croître à la concentration
de j^ et germer à celle de -p^.
Les végétaux (phanérogames ou champignons) sont donc beaucoup
moins sensibles aux alcaloïdes que les animaux. Ils semblent même pou-
voir utiliser comme aliments certaines de ces substances. Toutefois, ce
dernier point, encore insuffisamment élucidé, demande de nouvelles
recherches.
( ') Ainsi, d'après Prowazeck : Gifhviikuni:; iind Protozocnplasiita (Arrlt. f. l'ro-
lisCen/:., L. 18), un infiisoire, le Colpidiiini Colpoda Elirb., esl lue en i lieuie par la
quinine à ,-q-^otj el en 2o minutes par l'atropine à j^.
(-) l'.-O. Réveil, De l'action des poisons sur les plantes: MAiiCAnci, Sur l'action
des alcaloïdes dans le règne véffc/al et (ininial{Arc/nves italiennes de liiolngie, 1.9).
SÉANCE DU l4 MARS 192I. 709
PHY.SIOI,OGlE VÉGÉTALE. — Variation des acides organiques an cours de la
pigmentation anthocy unique. Note de M"'' Denise Koiii.er, présentée par
M. Gaston Bonnier.
En 1910. R. Combes (') a montre que les organes dans lesquels les pig-
ments anlhocyaniques se forment fixent plus d'oxygène que les organes
non pigmentés. Le même fait a été ensuite constaté par E. Rosé et par
G. Nicolas. L'apparition des anthocyanes est donc corrélative de l'accélé-
ration des phénomènes d'oxydation.
En ic)i3,R. Combes, ayant isolé des {(tv^\\\ç:i, -savX.^?, ai" Ampélopsis hederacea
un pigment jaune appartenant au groupe des phéno-y-pyrones, obtint, par
réduction de ce pigment, une anthocyane identique à celle qui se forme
dans les feuilles rouges de la même plante. Il en déduisit que l'hypothèse
suivant laquelle les anthocyanes résulteraient de l'oxydation de corps
préexistants devait être abandonnée, et il conclut que la formation des
pigments anlhocyaniques apparaissait comme un phénomène de réduction.
Ces résultats et cette opinion furent ensuite confirmés par Willstatter,
Everest, Willstatter et ses élèves, et, récemment encore, par Kurt Noack.
Les phénomènes d'oxydation observés pendant la pigmentation ne
portent donc pas sur les générateurs de l'anthocyane. R. Combes (-) pensa
alors que l'oxygène se fixe sur d'autres substances, qui, en s'oxydant,
créent précisément un milieu réducteur à la faveur duquel se forment les
pigments anthocyaniques. Reprenant cette hypothèse, G. Nicolas (') sup-
pose que les substances qui s'oxydent ainsi tendent à la formation d'acides
organiques. On sait, en effet, que celle formation se fait avec une grande
fixation d'oxygène.
Les travaux de W'iesner et Kraus, ceux de Nicolas, qui ont étudié l'aci-
dité des tissus, semblent montrer qu'il y a un rapport entre cette acidité et
la présence d'anthocvane.
A la suite de l'opinion émise par Nicolas, celte question des relations qui
existent entre la formation des acides organiques et la pigmentation antho-
cyanique apparaît particulièrement intéressante à résoudre, car elle se
rattache étroitement à la genèse des anthocyanes. Il m'a semblé nécessaire
d'aborder cette question avec une technique dilTérenle de celle qui a été
(') \\. Combes, Comptes rendus, i. 150, 1910, p. 1186; 1. 137, i9i3,p. looael i454-
(^) I\. Combes, fiev. gén. de Bolaniiitic, i. 30, 1918.
(') G. Nicolas, Comptes rendus, t. K»", 1918, p. i3o-io3.
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 172, N" 11.) ^3
710 ACADÉMIE DES SCIENCES
adoptée jusqu'ici. En effet, conune l'ont montré Beiilielot et André, la
détermination de Vacidité d'un tissu ne rend pas compte de sa lentnr en
acides organiques; celte teneur ne peut être évaluée que par la détermina-
tion des acides organiques libres d'une part, et des acides organiques
combinés d'autre part. De plus, pour évaluer exactement les acides
organiques libres, on ne peut se contenter du titrage acidimétrique du
liquide d'épuisement des tissus; les liquides d'épuisement contiennent, en
effet, en outre des acides organiques, un grand nombre de corps capables
de se condîiner aux alcalis : tanins, composés phénoliques, antliocyanes
en particulier. Il est donc nécessaire de séparer les acides organiques afin
de les doser seuls; j'ai utilisé le pliénomène de dialvsc pour efTectuer cette
séparation, l'-iilin, il ma semblé indispensable de suivre, dans un végétal
donné, les varialions des acides organiques, au fur et à mesure de l'appari-
tion de l'anlhocyane, par plusieurs dosages successifs.
J'ai opéré sur des corolles de la variété violette de i'ohœa scandcns, sur
des feuilles àWmpelopsi.s tricuspiduta, et sur des tigellesde Polygonum Fago-
pyruin. Pour chacun de ces organes, j'ai effectué deux séries d'expériences.
Dans la première série, j'ai suivi les variations de la teneur en acides orga-
niques dans des organes se pigmejitanl sur la plante. Dans la seconde, afin
d'obtenir des résultats qui soient à l'abri des phénomènes de migration, j'ai
suivi ces variations dans des organes se pigmentant après avoir été détachés
delà plante. Je réunis dans le Tableau suivant quelques-uns des résultats
que j'ai obtenus; ces résultats sont exprimés en milligrammes d'acide
acétique, et rapportés à i^ de substance sèche.
Organes en lebilion :nccla plante. Organes délacliésde laplanle.
Acides organiques Acides organiques
libres. ciinibinès. lolaiix. lilii'es, cnrni>incs. totaux,
l^'onnalion d'aiuliocyaiie dans les corolles
{Co/jtrci sciutdens) :
Pas du loiil d'anlhocyane ''i7 3j.4 44)' " » »
Traces très faibles d'anlliocyaiie '■"•i9 3o,3 46)2 i5i9 3o.3 46,2
Coloration violette inlen'Se 20,7 4'î2 61,6 i4iO 3'., 9 4'^i9
l'^ormalion d'anlliocjane dans les feuilles
{Ampélopsis tricaspidata) :
l^as <iu tout d'anlhocyane «.S,:! i3ii,i i53,(i 23,.") i3(),i i.')3,6
i-euilles à demi colorées 82,1 i3.j,i i<>7,'. at),o 124,6 i.")(i,6
feuilles coinplètemenl colorées '".'■,''■ '54, i iî^i,3 » » »
l'"ormation d'antliocj'ane dans des tigelles dé-
veloppées à l'obscnrilé, puis colorées à la
lumière (Polygonum Fagopyrum) :
Tigelles d'obscurilé, jaunes ioS,i tJ7i< ij-").'. (iu.i 7<),i i3(|,!
Tigelles de lumière, rouges 'J4>'J ài,8 i()6.3 53,.") •"•7'7 iii.q
SÉANCE DU l4 MARS I921. 711
L'examen de ce Tableau inonlro que :
I. Chez des organes en relation avec la plante, tantôt la fornialion de
Tanlhocyane est corrélative d'une augmentation des acides organiques,
(corolles de Cohœa samclcns, feuilles d'Ampélopsis Iricuspidala), tant(U, au
contraire, la pigmentation antliocyanique est accompagnée d'une diminu-
tion des acides organiques, (tigelles de Polygonum).
H. Chez des organes détachés de la plante, la formation del'anthocyane
n'a jamais été corrélative d'une augmentation de la teneur en acides orga-
niques.
Ce sont surtout les résultats relatifs à la pigmentation d'organes détachés
de la plante, et préservés ainsi des émigrations ou des immigrations de
substances, qui doivent être considérés. Or, ces résultats montrent que, dans
ces conditions, la pigmentation anthocyanique n'est pas accompagnée
d'une augmentation des acides organiques.
Peut-être ne peut-on pas encore déduire de ces faits que la formation de
runthocyane n'est pas corrélative de la formation des acides organiques;
la teneur en acides organiques n'exprime en eflét que la résultante de la
fonnation et de la deslriiclion de ces acides; il est possible que la formation
soit accélérée au moment de la pigmentation, mais que la destruction soit
également activée, ou bien dans les cellules en voie de pigmentation, ou
bien dans les cellules voisines.
PHYSIOLOGIE. — Sur un mode de défense naturelle contre les infections
microbiennes chez les Invertébrés. Note de MM. E. Couvreuh et
X. Chaiiovitcii, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une Note récente ('), M. Paillot, abandonnant les idées qu'il a
d'abord défendues, d'une production par les insectes d'anticorps baclério-
lytiques, anticorps dont il avait même localisé la production dans les
macronucléocytes (^), conclut que la bactériolyse peut se faire en dehors
de toute activité cellulaire et qu'il existe une immunité humorale naturelle
chez les insectes. Il a constaté en effet que, quand on introduit in vitro
dans du sang centrifugé de la chenille de VAgrolis segetum une culture de
(') Paillot, Mécanisme de (' immunité hamorale citez les insectes {Comptes
i\ mliis, l. 172, 1921, p. 397).
(■^) Voir pai'liculièreraeiU I'aillot, L' ImniUiiilé acqui'ie citez les insectes (G- fi. Soc.
biol., 1920, n° 2).
\ ■
712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/y. iiielonioulha' non llqiiefaciens^ un certain nombre de microbes se
résolvent en fines granulations.
r. Dès Tannée dernière, nous avons fait, au cours d'un travail qui se
poursuit encore actuellement, et relatif aux procédés de défense chez les
Invertébrés contre les infections microbiennes, des constatations condui-
sant aux mêmes conclusions sur des chenilles et nymphes de Bombyx (Seri-
c(iria) mori, par des procédés à notre avis, d'ailleurs, plus démonstratifs.
Les résultats devaient être publiés seulement avec l'ensemble du travail.
mais la Note de M. Paillot nous fait une nécessité d'en donner immédia-
tement connaissance.
Les expériences faites en juin i 9^0 portent sur le colibacille et le bacille
pyocyanique, microbes dont la vitalité est facile à déceler, chez le premier
par le virage au jaune canari qu'il produit dans des bouillons colorés au
rouge neutre, chez le second par la belle fluorescence verdàtre qui carac-
térise ses cultures.
î>.2 juin 1920 : A. Première expérience. — On laisse en contact pendant ^4 lieiires
une goutte de cultuie de bacille pyocyanique avec quelques centimètres cubes de
sang de ver à soie recueilli par la section d'une fausse patte ( ' ), puis on ensemence un
tube de bouillon ordinaire avec ce mélange. l!n anneau un peu verdàtre se développe
en haut du tube, mais on n'a pas dans ce dernier la fluorescence ordinaire.
Deuxième expérience. — Analogue à la précédente, sauf que le conlacl de la cul-
ture avec le sang a été de .'|8 heures. Pas de tluorescence.
Donc, des cultures de bacille pyocyanique, laissées de ■>.'\ à (8 heures en contact
avec du sang de ver à soie ont perdu leur vitalité.
B. Des expériences faites à la même date avec le colibacille, en mélangeant la cul-
ture au sang du ver, n"ont pas donné de résultais nets. Nous nous proposons de les
reprendre au cours de celte année.
29 juin 1920. — On recommence les expériences du ja juin avec le li(|uide ca\itaiie
de chrysalides de vers à soie.
A. Les résultats pour le bacille pyocvan!(|ue ont été identiques au\ précédents : un
contact de la culture a^ec le liquide cavilaire pendant •j'i heures seulement suflisail à
la tuer. On n'obtenait en elTet aucune fluorescence en ensemençant du bouillon avec
la culture ainsi traitée.
R. Les résultats avec le colibacille ont été également très nets. On laisse en con-
tact pendant 24 heures une goutte de culture de colibacille avec quelques centimètres
cubes de liquide cavitaire de chrysalide de \i.'r à soie. Au bmit de re temps on ense-
mence avec ce mélange du bouillon ordinaire au rouge neutre. Il ne se produit aucun
virage de ce rouge.
(') Le sang n"a pas été centrifugé, nous avons constaté en elTet que dans ce sang la
phagocytose esl nulle.
SÉANCE DU l'i MARS 1921. |^l3
Nous pouvons donc conclure que le sang du ver à soie et le li(|uide eavi-
taire de la chrysalide du Sericarin inori ont une action destructive très
marquée sur certains microbes.
II. Puisque dans cette Note nous prenons date, nous ajouterons que des
cultures de colibacille et de bacille pyocyanique mises en contact avec du
sang d'escargot en vie estivale (juin 1920) ont été tuées, et que l'ensemen-
cemenl après ce traitement, pour la recherche du coli, n'a pas fait virer le
rouge neutre et, pour la recherche du pyocyanique, n'a pas fail apparaître la
Ihiorescence.
III. Nous ajouterons, enfin, que des expériences analogues tentées avfc
le suc digestif du ver à soie et le suc digestif de l'escargot ont donné les
mêmes résultats.
Conclusions. — Le sang d'une part, le suc digestif d'autre part, chez
certains Invertébrés, sont destructeurs de microbes. Ceux du moins que
nous a\ons étudiés plus spécialement, à cause de la facilité de leur
recherche (colibacille, bacille pyocyanique), sont tués par un contact plus
ou moins prolongé avec ces liquides.
PHYSIOLOGIE. — Classement morphologique de 5o athlètes., champions. Vérifi-
cation métrique par la radioscopie. Note de M. Alfred Tiiooris, présentée
par M. d'Arsonval.
5o athlètes, observés au point de vue morphologique, ont été répartis en
longilignes et brévilignes, suivant qu'ils présentaient une prédominance
prononcée du tronc ou des membres. La prédominance discrète a été
réservée aux médiolignes. Parmi eux, Renaud a retenu mon attention par
la hiérarchisation harmonieuse de ses appareils; il a huit têtes et rappelle
les plus beaux modèles antiques. Je l'ai choisi comme standard morpho-
logique.
Pouvait-on. en mesurant la charpente osseuse sous-jacente, vérifier
métriquement un semblable classement? Le recours aux mesures radios-
copiques et percentuelles m'a paru, en la circonstance, d'autant plus
opportun qu'elles étaient homogènes et comparables.
Le réticule de l'écran ('), placé sur le Irajel normal du ravon et tangentiellement
(') M. Bonté m'a aidé de son expérience technique.
7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à l'ombre sqiielelliqiie. permet d'avoir des poinU de mesure dont les dislances déter-
minent quatre lignes remarquables : trois verticales : acromio vertex ou longueur du
balancier, aci'omio irorlianter ou longueur du tronc, et troclianter calcanéum ou lon-
gueur de la fourclie; une horizoulale : biacromion ou lari;eur du tiain supérieur.
En prenant la longueur de la fourche comme caractère dominant, j"ai
obtenu deux catégories d'athlètes : i° plus hauts, -i" plus bas de terre (\yie. le
standard morphologique, devenu étalon métrique, .le l'ai préféré à l'homme
moyen qui a l'inconvénient de varier avec le nombre des sujets.
1. — IIalts de terre. Loni;ilig>es. {Tronc court.)
Hauts de plus de i pour loo.
A balancier long: Heuet, Guisset, Cli. Denis, Foulenard, de Nys.
A balancier court : Burtin, André, Guillemot.
Hauts de moins de i pour loo.
A balancier long : Favet, Mouton, l'ouliquen, Delvart. Valet, Ledou.r.
A balancier court : Kejser, Dosolm, \ignaud. Cote, l'ernol.
II. — Bas de terre. Brévilignes (').
Bas de plus de i pour loo.
Tronc plus court de plus de i pour loo. — A balancier long : Cadinc, Cliiistoplie.
Tronc plus court de moins de i pour lOO. — A balancier long : Durand, Deconninck,
Gajari, Laljman, Pouilley, Viberl, Langrenay. (Médiolignes.)
Tronc plus long de plus de i pour loo. — Train supérieur plus large (uppermeii) :
A balancier long : Wigger, Damiens, Meisler, Bernardon.
\ balancier .court : Grany.
Tronc plus long de plus de i pour loo. — Train supérieur moins large : .\ balan-
cier long : G. Carpentier, François, \ asseur.
A balancier court : de Saint-Cyr.
Tronc plus long de moins de i pour loo. — Train supérieur plus large : A balan-
cier long : Sergent, Deriaz.
Train supérieur moins large : A balancier long,: Teyssedou, Brunel, Galziu.
Bas de moins de i pour lOo.
Tronc plus court de plus de i pour loo. — A balancier long : J'clissier, Saulnier
(up|)ermen).
Tronc plus court de moins de i pour loo : L. Damiens, Nicolas.
Tronc plus long de plus de i pour loo. — A balancier court; Kolelnnaincn,
Hobanx.
Tronc plus long de moins de i pour loo. — A balancier long : Mèdiolignes : Arnaud .
Picard.
(') Sauf les deux sous-groupes signalés comme Médiolignes.
SÉANCE DU l4 MARS I921. •jlS
L'e\amen de cette classification métrique donne lieu aux observations
suivantes :
I. // }' (I roncurihtnce, riiez les athlètes observés, entre les mesures rtidio-
scopiques et les proportions inorpholoi^iques. Le Jait quil y a des brévilignes
à tronc court n infirme pas le râle de la prédominance du tronc dans la défi-
nition morphologique du hréviligne. Le tronc diminue de longueur sans doute,
mais il augmente de largeur : la diminution de la ligne verticale est compensée
par Viiugnientdtion de la ligne horizontale. La prédominance du tronc est donc
maintenue par V élargissement du train supérieur caractéristique des uppermen.
II. Im concordance n'est pas influencée par la stature. Le longiligne n'est
pus nécessairement grand, ni le hréviligne petit. L'' ultra-longiligne Heuet
(ironc — 5,2) mesure i '", G/jH et l'ultra-bréviligne de Saint-Cyr (tronc + 2, 36)
atteint i"\']<^^ de taille radioscopique.
III. La concordance des mesures squeleltiques et des proportions morpholo-
giques est-elle complétée par une concordance de la forme et de la fonction ?
Le travail musculaire par intensité de la contraction, correspondant à des
leviers et à des muscles courts, caractériserait ainsi le hréviligne ; le travail par
amplitude de la contraction, correspondant aux leviers et muscles longs, carac-
tériserait le longiligne. Or G. Carpentier, boxeur, et Kolehmainen, coureur,
ont des leviers courts et des muscles longs : ils travaillent en amplitude.
Damiens, roltigeur, et Saulaie/-, leveur de poids, ont les leviers du train supé-
rieur longs et les muscles courts ; Louis Damiens. porteur, a un balancier long
et les muscles de la nuque et du cou manifestement courts : ils travaillent en
intensité. La part que le genre d'exercice pratiqué prend dans le Jeu des pro-
portions et des mesures parait do//c négligeable, du moins dans la limite de
l'évolution individuelle. L'athlète s'adonne à tel sport parce que sa forme l'y
prédispose et ce n'est pas du sport où il s'exerce que cette forme tient son
caractère. Il est ainsi permis de faire des réserves au sujet de systèmes d'édu-
cation physique qui prétendent imposer aux jeunes gens la pratique de cer-
tains mouvements, sous prête vie de changer leur forme, au lieu de les engager
à la pratique des mouvements qui conviennent le mieux ci leur forme.
Il semble qu'il y ait lieu de voir dans cette première étude l'amorce d'une
véritable zootechnie humaine.
7l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ENTOMOLOGIE. — Apterina pedeslris Meig. Les muscles du roi chez ccrlains
Diptères à ailes rudimentaires ou nulles. Note de M. L. Mercier, présentée
par M. E.-L. Bouvier.
Apterina (Borborus) pedestris Meig., Diptère de la famille des liorborid(f\
est caractérisé par ses ailes rudimentaires qui sont à peine plus longues que
le scutellum. Ce curieux Insecte est considéré comme très rare ; cependant,
son aire de distribution est vaste, on a signalé son exi&tence dans l'Kurope
centrale et septentrionale, en Sibérie.
J'ai eu l'occasion de découvrir, en janvier dernier, une colonie très
prospère d'yi./)^<^/c5//« au pied de la falaise qui s'étend entre Luc-sur-Mer
et Lion (Calvados). Ces Insectes étaient réfugiés sous des algues rejetées
par le flot et déjà en voie de décomposition. Ils vivaient là en compagnie de
nombreuses espèces de Diptères maritimes à ailes normalement déve-
loppées.
Il m'a paru intéressant d'étudier la structure anatomique du tliorax
cïA. pedestns, particulièrement en ce qui concerne les muscles du vol, com-
parativement à celle d'une espèce affine normalement ailée et à celle de
certains Diptères à ailes rudimentaires ou nulles.
Je vais, tout d'abord, faire une étude comparative de la structure ana-
tomique du thorax d'.l. pedeslris et de celle de liorborus equinus Fall.,
espèce affine à ailes normalement développées et volant bien.
L'étude de coupes transversales du mésolhorax de B. equinus montre la
disposition anatomique propre à tous les Diptères ailés. Au centre de la
coupe, au-dessus du tube digestif, on voit les sections des muscles vibrateurs
longitudinaux. Chacun de ces muscles est formé de six faisceaux superpo-
sés. Latéralement, on observe d'autres muscles dont la direction est sensi-
blement perpendiculaire à celle des précédents. Les faisceaux les plus
internes correspondent aux muscles vibrateurs transversaux de Janet. Les
muscles vibrateurs longitudinaux et transversaux sont par excellence les
muscles du vol; ils possèdent une structure particulière, bien connue des
liistologisles, et qui les a fait qualifier de muscles atypiijues par rap[iort
aux autres muscles du coi'ps ou muscles ordinaires.
En dehors de chacun des muscles vibrateurs transversaux, il cviste un
autre muscle dorso-ventral qui, d'une part, s'étale en une large insertion
sur le côté du scutum et, d'autre part, s'insère sur la branche correspon-
SÉANCE DU l4 MARS 1921. 7 I7
dunte de la t'urca mésathoraciquo. Ces muscles, qui possèdent la slriiclure
des muscles ordinaires, agissent comme moteurs des pâlies.
Enfin, il existe des mucles de mise en place des ailes et d'autres muscles
moteurs des pâlies.
L' étude de ct)upes correspondantes du thorax d'.4. pedeslris montre :
1° Que les muscles vibraleurs longiludinaux et transversaux ont disparu ;
2° Que les muscles dorso-venlraux inoleiirs des pattes sont plus dévelop-
pés que chez B. etjuinus;
3° Que les muscles de mise en place des moignons alaires persisleul.
La disparition des muscles vibraleurs longiludinaux et transversaux est
totale. Sur les coupes, leur emplacement est occupé par du liquide cavilaire
coagulé et par des troncs trachéens dilatés en grandes vésicules. Ces vési-
cules correspondent aux trachées qui, chez B. eqainus, alimentent les
muscles vibraleurs. Il est vraisemblable d'admettre que ces trachées, n'ayant
pas été gênées dans leur développement par la présence des muscles, ont pu
prendre une grande expansion. D'ailleurs, il en est de même des adipocytes
formant la lame adipeuse dorsale appliquée contre le scutum. Ces cellules ne
sont pas plus nombreuses que chez B. equinus\ mais elles sont beaucoup plus
volumineuses et leurs caractères cytologiques (nombre des noyaux, abon-
dance des enclaves) révèlent un métabolisme beaucoup plus intense. Peut-
être èxiste-t-il une relation entre le grand dévelo[)pement des trachées et
l'activité cellulaire des adypocytes.
Chez A. pedeslris les muscles dorso-venlraux, moteurs des pattes, sont
sensiblement plus volumineux que chez B. eqitinus. Parallèlement, les pro-
longements aliformes de la furca mésathoracique, sur lesquels se trouvent
leurs insertions ventrales, sont aussi plus développés.
Le renfoncement de la musculature des pattes nous explique l'agililé
d'y4. pedeslris et réalise une compensation prolectrice qui supplée, dans
u'ne certaine mesure, à la perte de la faculté du vol.
En résumé, les résultats de cette étude comparative des muscles thora-
ciques chez une forme ailée {B. equinus) et chez une forme à ailes rudi-
mentaires (^A. pedeslris) concordent avec les observations de Massonnat
(1909) ( ' ) sur les Diptères pupipares.
îMais, si l'on étudie comparativement la structure anatoniique du thorax
à' A. pedeslris et celle de certains Pupipares comme ^/e/o^/ia^H* (ailes nulles)
et Oa^ceM^na (ailes rudimentaires), on constate des difîérences qui méritent
(') E. Massonnat, Contribution à L'élude des Pupipares ( Thèse, Lyon, lyog).
7l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de retenir l'attention. En effet, tandis que chez A. pedesirl s on ne trouve plus
trace des muscles vibrateurs longitudinaux et transversaux, Massonnat a
constaté que chez Melophagus et Cralœrhina les muscles transversaux seuls
ont complètement disparu et qu'il persiste eucore des rudiments des muscles
longitudinaux. Il faut donc admettre qu'il n'y a pas toujours un parallélisme
absolu entre le degré d'atrophie des ailes et celui des muscles du vol. Ceci
concorde d'ailleurs avec mes observations sur Chcrsndromia liirta ( ' ) et avec
celles de Ferrière et de lîrocher sur la Nèpe où. en [larticnlier, les muscles
du vol peuvent avoir disparu alors que les ailes sont encore normalement
développées.
D'autre part, chez Mrloplmij^us eKiiiKcr/iinti, les muscles vibrateurs lon-
gitudinaux sont partiellement remplacés par des adi[)ocytes. L'existence de
ce tissu adipeux n'est pas sans éveiller dans l'esprit l'idée d'un rapproche-
ment avec les colonnes d'adipocytes qui, chez les reines de Fourmis venant de
perdre leurs ailes, se substituent aux faisceaux musculaires (Janet, 1907) (^).
Or, chez A. pecieslris, ce tissu adipeux de remplacement fait complètement
défaut.
Ces différences sont suffisantes pour montrer combien est complexe celle
question de la disparition des muscles du vol. Ici encore, nous retrouvons
ce dualisme qui préside à l'atrophie des organes et qui ne cesse pas d'être
embarrassant pour les partisans à outrance de la théorie de l'usage et du
non-usage. Pourquoi, dans certains cas des organes disparaissent-ils tota-
lement, alors que dans d'autres cas il en persiste des rudiments?
EMBRYOGÉNIE. — Si/r ruction quexevce l'acide sul fiiriiiur concentré sur
les œufs de Bombyx mori. Note de M. A. LÉ<;Aii,i.rt\, présentée par
M. Henneguy.
Des recherches assez nombreuses ont déjà été faites relativement à l'ac-
tion exercée [)ar l'acide sulfurique concentré, tant sur les œufs fécondés
que sur les u'ufs non fécondés de liomhyx mori. Il semble résulter des
travaux de Duclaux (i87()) et d'autres auteurs que si les œufs fécondés des
races univoltincs sont soumis pendant i ou 2 minutes à cette action,
(') L. Mkrcikk, Varialiuii dans le nombre des fibres des muscles vibrateurs lon-
gitudinaux chez Cil. hirla Walk. {Comptes rendus, l. 171, 1920, p. gSS).
(') C. Jankt, Ànaloniie du corselet et hiatolyse des muscles vibrateurs, après le
vol nuptial, chez la reine de la ^o«/v«< (Imprimerie Ducoiirtieux, Limoges, 1907).
SÉANCE DU l4 MARS I921. 719
alors qu'ils sont nouvellement pondus, ils se comportent comme des (rui's
d'été, c'est-à-dire produisent des vers au bout de 10 à 12 jours au lieu de
les produire au bout de 9 ou 10 mois. Mais d'expresses réserves doivent
être faites sur ce point. On siiil que les (imfs des races univoltines donnent
naturellement assez souvent naissance, au bout de 10 à la jours, à des
Uivoltins accidentels, c'est-à-diie ne dilTèrent pas, dans ce cas, des œufs
d'été. Or ce point de vue ne semble pas avoir été pris, jusqu'ici, en consi-
dération. De plus, l'action dont il s'agit semble inconstante. « Je n'ai pas
obtenu beaucoup de Vers par ce moyen, ^yant opéré sur une graine trop
âgée », dit l'un des auteurs de l'excellent Traité sur le Ver à soie de
Maillot et Lambert (page 81 , édition de 1906).
Pour ce qui est de l'action de SO'''II- concentré sur les œufs non fécondés,
les expériences de TicbomirofF (188G et 1902) et de Kellog (1907) ont
démontré son efficacité. Mais ici encore il importe de ne pas perdre de vue
que, sans aucun traitement, un pourcentage d'œufs, qui peut être très
élevé, peut présenter nalurellemenl des changements de coloration indi-
quant nn développement parthénogenésique pouvant aller jusqu'à un
stade fort avancé. I^es auteurs qui ne tiennent pas compte de ce fait
attribuent à l'efTel de l'acide sulfurique ce qui est, en partie tout au moins,
dû à une cause différente.
Enfin si l'on examine les explications proposées au sujet du mécanisme
même de l'action dont il s'agit, on tombe dans la même incertitude. Pour
ïichomiroff, l'œuf non fécondé est « excité » quand on le plonge
dansSO'H=.
Pour Ld'b (191 1) l'action de SO'H- rendrait la membrane de l'o^îuf plus
perméable à l'oxygène. On sait que, dans sa théorie visant à expliquer la
parthénogenèse expérimentale, cet auteur accorde une part importante aux
phénomènes d'oxydation qui se produisent dans l'œuf au début du dévelop-
pement embryonnaire.
Pour Delage et Goldsmith^ au contraire, ce serait l'influence « déshydra-
tante et caustique » de l'acide qui agirait.
Au cours de recherches faites pendant les sept dernières années, aussi
bien sur les œufs fécondés que sur les («ufs non fécondés, j'ai constaté
que SO'H- concentré agit sur ces derniers, non seulement quand on applique
le traitement alors qu'ils sont pondus depuis un très court espace de temps,
ce qui vérifie les résultats obtenus par Tichomiroff et Kellog, mais encore
quand on opère sur les œufs pondus depuis plusieurs jours et même depuis
plusieurs semaines. Sous l'action de l'acide sulfurique concentré, agissant
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pendanL un temps variant de i à 2 minutes et suivi d'un lavage de 2 mi-
nutes à Teau distillée, beaucoup de ces œufs, qui sont restés jaunes comme
au moment ou ils sont pondus, ne tardent pas à entrer en activité. Au bout
de 2 ou 3 jours, ils commencent à subir les changements de coloration (|ui
caractérisent les stades embryonnaires postérieurs à la formation de l'am-
nios et de la séreuse. J'ai observé ce phénomène un très grand nombre de
fois chez les diverses races que j'ai étudiées, aussi bien dans la ponte unique
des races ynivollines (où il n'y a normalement que des œufs d'hiver) que
dans la dernière ponte des races bivoltines ou polyvoltines( laquelle aussi
est composée d'u'ufs d'hiver).
Il s'ensuit donc que, même à une date éloignée de 20 à 25 jours de l'ins-
tant où ils ont été pondus, les œufs non fécondés qui n'ont pas changé
naturellement de teinte, sont encore vivants et capables de rentrer en
activité.
En ce qui concerne l'action de SO'H- sur les œufs fécondés, je n'ai
obtenu aucun effet ni sur des œufs pondus depuis 18 heures, ni surdos
œufs traités au moment de la ponte, ni sur des œufs pondus depuis 5
à 7 mois. Dans les œufs traités avant le moment où le changement do colo-
ration paraît, ce changement ne fut ni avancé ni retardé (par rapport aux
œufs témoins). Dans les œufs traités après le changement en question,
l'époque de l'éclosion larvaire ne fut ni avancée ni reculée.
Les conclusions principales de mes recherches sont les suivantes :
1° Il est exact que l'immersion des œufs non fécondés de Romhvx mon
dans SO'H- concentré influe sur certains d'entre eux qui ne changeraient
pas naturellement de coloration. Mais cotte influence se fait sentir non
seulement sur des œufs nouvellement pondus, mais aussi sur des o_^ufs
beaucoup plus âgés (au moins 20 à 20 jours).
L'aptitude à la parthénogenèse persiste donc pendant longtemps dans
des œufs qui, en apparence, sont restés à l'état dans lequel ils ont été
pondus;
2" Dans les conditions de concentration, de température et do temps où
il agit sur les œufs non fécondés, SO'H- concentré est sans action sur les
œufs fécondés pondus nouvellement, ou depuis 18 heures, ou depuis 5
à 7 mois;
3" Quand ils sont plongés dans l'acide sulfurique, les irufs de Hombyx
perdent de leur coloration jaune. Il semble que leur chorion subisse
quelque modification dans sa structure ot devienne plus opaque. Ce fait
semblerait appuyer la théorie de Loel) rappelée ci-dessus. Toutefoi;-', il
SÉANCE DU l4 MARS 192I. 721
n'esl pas prouvé que des traces d'acide sulfurique ne puissent pénétrer
dans le vitellus et jouer le rôle que leur attribuent Delage et Goldsniitli ou
quelque rôle analogue à celui des catalyseurs.
MÉDECINE. — Modifications apportées an ryt/uNc de l'imbilntion. du lissa mus-
culaire et de la peau par l' adionclion de lipoides à des solutions sla/ineuses.
Mote (' ) de M. II. Dnorijj, présentée par M. d'Arsonval.
C'est dans le but de vérifier si le renforcement de l'activité thérapeutique
de l'étain par l'adjonclion de lipoides à des solutions stanneuses (-) n'était
pas dû à un renforcement de l'absorption cellulaire, que j'ai entrepris les
recherches qui font l'objet de la présente Note.
J'ai choisi comme protocole d'expérience celui qu'ont suivi J. Locb.
Overton, Fletcher, Laugier etBénard, Mayer et Scha'fer, Wessberge dans
leurs études du mécanisme des échanges cellulaires ; c'est-à-dire, l'obser-
vation des variations de poids présentées par les tissus immergés dans des
solutions diverses.
Pour chaque série de pesées, les tissus, muscles ou peau, provenant d'un
même animal (cobaye) et de poids sensiblement égaux, étaientplongés dans
des solutions stanneuses simples, stanneuses-lipoïdes phosphores, stanneuses-
lipoïdes choiestérinés, stanneuses-complexe lipoïdique.
Nos expériences ont porté sur le métastannate de soude et l'iodure d'étain
en solution aqueuse à i^^ d'étain par centicube. Les solutions étain-lipoïdes
phosphores contenaient 0^,004 de lipoides phosphores par centicube-, les
solutions étain-cholestérine, 0^,001 de cholestérine par centicube; les
solutions étain-complexe, 0^,004 du complexe par centicube.
Mi'Scr.E. — Métaslannale de soude simple. — Imbibition très rapide (maximum en
6 heures), intense (182, 5 pour 100 du poids initial), instable (perte de j en 6 heures,
de \ en 00 heures; retour au poids initial en fin d'expérience (170 heures).
Mélaslannate-plwsphatides. — Imbibition lente (maximum en 70 heures), intoiise
(i3i,4 pour 100), durable (perle de 3i,4 pour 100 en fin d'expérience).
Mélaslannate-cholestérine. — Imbibition lente (maximum en 86 heures ), modérée
(70,6 pour 100), durable (perte de 18,9 pour ihd en fin d'etpérience).
Métastannate complere. — Imbibition lente (maximum en (io heures), très
modérée (54,3 pour loo), maintenue sans perte jusqu'en fin d'expérience.
(') Séance du 7 mars 1921.
(■-) HuDELO-MoNTLAUR et Drouin, Du renforcement de L'action de certains médica-
ments par l'adjonction de lipoides {Soc. méd. Hôpitaux, 23 octobre 1918).
722 ACADEMIE DES SCIENCES.
lodure d'élain simple. — Iinbibitinn lenlc (maximum eu 82 lunires), très modé-
rée (•')() pour i<'(i)i durable (perle de 8,6 pour 100).
lodure-phosphalides. — Inihiliilion lenle (maximum en 82 heures), 1res intense
(166,6 pour 100), durable ( |jerle de 12, 4 pour 100).
lodure choleslérine. — Imbibition lenle (maximum en 82 heures), d'intensité
moyenne (85,7 pour ion), maiulenue sans perle jusqu'en fiu d'expérience.
lodure complexe. — Imbibition très lente (maximum en 160 heures), d'intensité
moyenne (85, y pour loo), maintenue sans perle.
Peau. — Méiastannate de soude simple. — Imbibition rapide (maximum en iS heures),
intense (182, 5 pour 100), peu durable ('|5i'> pour mu perdus 6 heures après,
101,5 pour 100 en fin d'expérience).
Mélastannale-phosphalides. — Imbibition rapide (maximum en 24 heures), peu
intense (63,- pour 100), très duiable (perle totale de i3,5 pour 100).
M (' tas la n lia te cholestérine. — Imbibition lenle (maximum en 48 heures), peu
intense (55,5 pour 100), très durable (perle de 8,2 pour loo).
Méiastannate complexe. — Imbibition lente (maximum en Sfi heures), peu
inlense (47i7 pour 100), maintenu sans perle.
lodure simple. — Imbibition assez rapide (maximum en 3 '| heures), très peu
inlense (3:î,4 pour ion), très durable (perte de 2 pour Km).
lodure-phosphatides. — imbibition lente (maximum en 82 heures), inlense (1 11
pour 100), très durable (perle de i pour 100).
lodure cholestérine. — Imbibition lenle (maximum en 8'. heures), assez intense
(gS pour ion), durable (perte de 12, 3 pour ton).
lodure complexe. — Imbibition très lenle (maximum en i48 heures), inlense
(101,1 pour ino), durable (perle de 9,9 pour in(i).
f^e l'ytlimc de rimbibilion se monlre considérablement modifié par
radjonclion de lipoïdes.
Pour le mitsclc plongé daas les diverses solulions à base de inélaslannale.
on voit que dans la solution nue l'imbibition est brutale, instable ; dans la
solution additionnée de phosphatides, l'imbibition est au contraire pro-
gressive et bien plus durable; la cholestérine à dose moindre a un efl'cl
modérateur encore plus marqué; du mélange des deux lipoïdes résulte une
combinaison des ell'ets modérateurs et protecteurs dont le résultat est de
retarder le moment où le maximum est atteint, de réduire ce maximum et
de le maintenir en plateau jusqu'à la fin de IV-xpérience.
Pour les solutions à base d'iodure, ce qui prédomine, quelle que soit la
nature du lipoïde, c'est le phénomène de renforcement; ce renforcement
esl intense avec les phosphatides, il est encore marqué avec les lipoïdes
cholestérinés, mais ce cpii caiaclérise surtout ceux-ci. c'est leur rôle modé-
rateur par rapport aux phosphatides, la combinaison de ces deux ell'ets se
retrouve dans le complexe dont la courbe est intermédiaire.
SÉANCE DU l4 MARS I921. 723
Avec \à /jiau [^longée dans les diverses solutions à base de niélaslannale,
nous retrouvons le phénomène de modération quant à la rapidité et quant à
l'intonsité de Timbibilion : eiïet modérateur plus marqué pour la cholesté-
rine et qui se retrouve avec un chiffre intermédiaire dans le conq)!exe.
Enfin, une des caractéristiques de cette série de pesées, c'est le maintien
sans perte de l'augmentation de poids pour les fragments immergés dans
les solutions lipoïdiques. Avec l'iodure, ce qui domine, c'est l'allongement
de la durée de l'accroissement de poids et le renforcement de l'imbibition ;
comme dans les autres expériences, l'augmentation maximum est intermé-
diaire pour le complexe, mais ici, c'est celui-ci qui se montre le plus actif
vis-à-vis de l'allongement de la courbe ascendante.
Voici les quelques conclusions qui me paraissent se dégager de ces expé-
riences :
I. Quelle que soit la solution slanneuse à laquelle on s'adresse, le rythme
de l'imbibition du tissu musculaire et de fragments cutanés se trouve
modifié par l'adjonction de lipoïdes à ces solutions.
II. Ces modifications sont différentes suivant le sel, le lipoïde et le tissu.
III. Avec le métastannate de soude, les lipoïdes, quels qu'ils soient,
jouent un rôle de modération cl de régulation de l'imbibition. Avec
l'iodure, ils ont une action de renforcement en même temps que de régu-
lation.
IV. D'une façon générale et sauf réserves de détail, il semble que le rôle
de renforcement doive particulièrement être attribué aux lipoïdes phos-
phores, tandis que le rôle modérateur et régulateur reviendrait surtout aux
lipoïdes cholestérinés.
V. Quoi qu'il en soit, l'effet du complexe lipoïdique correspond dans ses
grandes lignes à la combinaison des actions respectives de composants.
VI. La nature du tissu n'intervient que très peu pour modifier la marche
générale du phénomène, cependant il est à noter que l'imbibition do la peau
paraît en général plus lente et un peu moins intense que celle du muscle,
toutes choses égales d'ailleurs.
MÉDECINE. — Un appareil simple pour mesurer la tension superjicielle .
Note (') de M. W. Koi»aczewski, présentée par M. d'Arsonval.
La méthode, dite stalagmomélrique^ a été appliquée en principe par
Ammann en 1902, puis introduite, sous un§.forme simplifiée, par Traube.
(') Séance du 7 mars 1921.
724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les chiffres, obtenus par cette méthode simple et rapide, sont malheureuse-
ment sujets à de fortes causes d'erreurs :
1° L'évaporation : la goutte se forme en effet à ratinospbère libre el pour les
substances \olatiles Técart est considérable; il fallait donc modifier l'appareil de
Traube pour que la goutte puisse se former dans une atmosphère ayant la tension
de la vapeur du liquide examiné.
1" Le nombre de gouttes augmente d une façon notable loi>que la température
s'élève; une nouvelle modification était donc nécessaire pour effectuer les mesures à la
température constante.
3° Enfin if y a encore une source d'erreur notable inhérente à l'appareil lui-même :
Traube, pour éviter les erreurs dues à l'évaporation, a élargi l'orifice inférieur du
tube capillaire pour augmenter le volume de la goutte, de sorte. qu'un appareil d'une
capacité d'environ 8""° donne une ciiKjuanlaine de gouttes d'eau à i5°. Pour mesurer
les fractions d'une si grande goutte, l'appareil possède des divisions, mais ces divisions,
établies pour l'eau distillée, sont inexactes pour les substances d'une tension superfi-
cielle différente; il faut donc établir des corrections pour chaque cas.
Ajoutons que l'appareil est d'un remplissage délicat.
Nous avons cherché à construire un appareil, basé sur le principe de
Tate, car'ce principe permet une mesure rapide de la tension superficielle,
mais en même temps d'éviter les sources d'erreur précipitées, imputables à
l'appareil de Traube. De plus, nous nous sommes proposé de faire un appa-
reil peu volumineux, peu coûteux, exact, facile à manipuler et capable,
entre les mains des médecins, au lit même du malade, de donner des
mesures justes- de la tensiorj superficielle. D'autre part, en y apportant
certaines modifications (la température constante, pression constante,
enregistrement automatique des gouttes, etc.), d'en faire, au laboratoire,
un appareil précis de physique.
Descriplion de rnpparcil. — Une petite pipette, de capacité de i""', se
raccorde à sa partie supérieure à un petit réservoir, séparé de la pipette par
un robinet de l'appareil; immédiatement au-dessus de ce robinet, le réser-
voir est légèrement étranglé. Entre le réservoir et la partie sphérique de la
pipette se trouve un petit trou, permettant le remplissage par le haut elle
placement de l'appareil dans un vase clos. Au-dessus de la partie sphérique
les divisions permettent de fixer le point de départ de la première goutte
tombante à coiTipter; les divisions de dessous le font de même pour la der-
nière goutte. A sa partie inférieure, constituée [lar une capillaire de ©""jS
de diamètre, la pipette est deux fois recourbée, de façon à siphonner légè-
rement le liquide el de dévier l'axe de l'appareil pour permettre de placer
à l'intérieur un ap[)areil enregistreur.
La partie inférieure de la pipette est effilée pour amincir la paroi; elle
SÉA^CE DU l\ MARS I921. •^25
est bien rodée pour éviter le mouillage. L'orifice est soigneusement poli et
horizontal.
Cette pipette, la {)artie essentielle de l'appareil, est fixée dans un bou-
chon en caoutchouc et placée dans une jaquette ; d'un côté de la pipette se
trouve un thermomètre et, de l'autre, un tube de verre recourbé à angle
droit, muni d'un robinet libre.
Pour permettre l'enregistrement automatique du nombre des gouttes,
l'appareil est muni d'un contact électrique spécial.
Mode cVern[jloi. — • Le nombre de gouttes de l'appareil à iS^C. est de 20 par centi-
mètre cube d'eau pure à i5°G. Pour faire une mesure de la tension superficielle,
on met dans la jaquette un peu de liquide à examiner; on place la pipette au moyen
de bouchon de caoutchouc dans la jaquette et l'on ouvre le robinet libre. On met dans
rélranglemeit un peu de ■colon liydrophile ou de coton de verre, mouillé préalable-
ment dans le liquide à examiner, et l'on verse ce liquide dans le réservoir. En ouvrant
le robinet de l'appareil, le liquide filtré passe dans la pipette et la remplit jusqu'au
niveau du trou. A' ce moment, on ferme le robinet libre; le liquide commence à
s'écouler par l'orifice capillaire effilé; on ferme le robinet libre; le liquide cesse de
s'écouler. On note la température au bout de quelques minutes et, en ouvrant de
nouveau ce robinet, on précise le point de départ de la première goutte à compter. Le
nombre de gouttes de l'eau distillée écoulée entre les deux marques (N), divisé
par N', le nombre de gouttes obtenu avec la substance examinée et multiplié par la
densité de celte substance D et 78 (tension la plus probable de'l'eau en dynes) donne
la tension superficielle de la substance examinée) :
N
a = jrj7 X D X 70 (en dynes-cm).
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Recherches expérimentales sur le virus
de Vherpês. Note de M. Georges Blanc, présentée par M. Roux.
Des recherches entreprises à l'Inslilut Pasteur d'Athènes sur riierpès
m'avaient amené à faire un rapprochement entre le virus de cette affection
banale et le virus isolé par Levaditi Harvier dans l'encéphalite épidémique.
Un récent travail de ces auteurs (') paraît apporter un tel appui à ce point
de vue, que je crois devoir ne pas différer la publication des résultats que
j'ai obtenus.
L'herpès, qu'il soit ou non accompagné de fièvre et quel que soit son
(') C. Levaditi et P. Harvier, Recherches expérimentales sur l'encéphalite épidé-
mique [Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 84, 1921, p. 3oo).
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N« 11.) ^4
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
siège, semble bien être la manifestation cutanée d'un même virus. En effet,
Lôwenslein et Doerr ont pu reproduire sur la cornée du lapin une maladie
typique et transmissible en série en partant de divers cas d'herpès, .l'ai
repris ces études et je suis arrivé aux conclusions suivantes :
Le contenu de la vésicule d'herpès inoculé à l'œil du lapin donne à cet
animal une affection typique, caractérisée par de la kératite, de l'herpès de
la cornée, une conjonctivite intense, accompagnée d'une abondante suppu-
ration. Clette affection est transmissible en série, le lapin y est très sen-
sible et réagit en deux jours et quelquefois moins. Le virus est filtrant. Le
pus de l'œil, toujours aseptique, inoculé dans le cerveau du lapin, lui
donne une encéphalite mortelle en quelques jours, décelable par ses carac-
tères cliniques et anatomo-pathologiques. Cette encéphalite est reprodui-
siblc en série par passage sous-dure-mérien de lapin à lapin ou de lapin à
cobaye. Si l'on inocule un lapin à l'œil avec le cerveau d'un lapin mort
d'encéphalite herpétique, on reproduit la kératite caractéristique. Il me
suffiia, pour illustrer ces données, de l'histoire d'un des virus que j'étudie
actuellement.
Le 20 jarnier, je prélève le contenu d'une vésicule d'herpès sur un enfant alleiul
d'une éruption typique de la commissure labiale gauche. Cette éruption date de trois
Jours, il n'y a pas de fièvre ni de malaise général. Deux lapins sont inoculés le même
jour avec le contenu de la vésicule, tous deux sur la cornée de l'œil gauche. Après
48 heures ils présentent une très \iolente réaclion : conjonctivite, herpès et kératite.
Plusieurs passages sont obtenus de lapin à lapin par inoculation du virus oculaire à
IomI sain. Le 4 février, un peu de virus de l'œil d'un des lapins malades, dilué dans de
l'eau physiologique, est inoculé sous la dure-mère d'un lapin neuf: forte élévation de
température, mort d'encéphalite au sixième jour avec les symptômes suivants :
I^e 8 février, à 2'' 3o"', le lapin est agité, il tourne avec rapidité, ses mouvements
sont désordonnés, il se cogne aux parois de la cage. Par moments il s'arrête, sa respi-
ration est haletante, la tête et le haut du corps sont animés d'un tremblement continu.
A d'autres moments l'animal se raidit, lève la tête, puis les pattes antérieures et se
dresse, puis il retombe, il a du trismus, grince des dents. On note une salivation très
abondante qui mouille 1er museau et tout le poitrail. A 3'' So™ l'animal tombe dans une
sorte de léthargie de courte durée, il se couche sur le flanc, ferme les paupières, puis
se relève et repart dans son mouvement circulaire. La température, qui était très élevée
les jours précédents (4'°), tombe à 38°, 9; enfin l'animal se calme, seule persiste la res-
piration haletante et le tremblement. Le lendemain matin, la crise reprend plus vio-
lente, l'animal saute, tombe, se roule sur lui-même; le tiismus est très accentué. Enfin,
à 10'' So"", l'animal se raidit, membres inférieurs et postérieurs en extension forcée, la
température tombe à 35°, il meurt à lo*" SS".
L'inoculation de matière cérébrale sous la dure-mère d'un autre lapin
reproduit la maladie avec mort plus rapide; les ensemencements restent
SÉANCE DL l4 MARS 1921. 727
stériles. L'inoculation du même virus sur la cornée d'un lapin redonne une
kératite transmissible.
L'expérience suivante montre que le virus est filtrant : le 5 février, un
lapin atteint de kérato-conjonctive herpétique est curette fortement, et le
produit de cureltage dilué dans 6""° d'eau physiologique. Un lapin est
inoculé à l'œil avec cette dilution, puis le virus, additionné d'eau de con-
duite, est filtré à la bougie L,. Le filtrat, inoculé à un lapin neuf, reproduit
dans le même laps de temps que le virus non filtré une kératite typique
transmissible en série. Le filtrat reste stérile sur les milieux de culture
usuels.
En résumé, l'herpès est une maladie infectieuse. Le virus, suivant le
lieu d'inoculation, donne une kératite ou une encéphalite, toutes les deux
transmissibles en série. Le virus est filtrant. Tous ces caractères sont super-
posables à ceux mis en évidence par Levaditi et Harvier dans le virus de
l'encéphalite épidémique. La moindre virulence par scarification de la
cornée que j'observe dans mes expériences semble séparer ces virus (').
Cette différence doit tenir à une propriété neurotropique • plus grande
acquise par le virus de l'encéphalite épidémique, propriété que peut-être
notre virus acquerrera par passage sur encéphales de lapins.
M. P. Lecomte du Nouy adresse un Mémoire inlilulé : Remarques sur
certaines séries homolosues de la série gi-asse.
M. LoTTis Maillard adresse un Mémoire intitulé : Mise ou point des
hypothèses cosmogoniques nèbulaires.
A 16 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures et demie.
A. Lx.
(') On sail que Doerr, parf.)is, a observé sur les lapins inoculés à l'œil avec le virus
de l'Iierpès des troubles nerveu\ queliiuefois suivis de mort.
728 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans les séances de décembre 1920.
Les sou s- marins allemands, par M. Laubeuf. Paris, Delagrave, 1920; i fasc. 25'^'".
Les plantes en médecine. Le seigle et l'ergot, par Albert Garrigues. Paris, Gaston
Doin, 1921 ; i vol. ig"^". (Présenlé par M. P. Termier.)
Recherches géologiques dans la région Cantahrique, par Louis Mengaud. Tou-
louse, V'' Bonnet, 1920; i vol. 25'^'". (Présenté par M. H. Douvillé.)
Deuxième contribution à l'étude expérimentale de la houle, par le vice-amiral
.\rago. Extrait des Annales hydrographiques, 191 y. Paris, Imprimerie nationale,
1919; I vol. 25"™. (Présenté par M. E. Bertin.)
Cours d'Astronomie ; partie générale élémentaire, par Maurice Alliaumk. Loii-
vain, Uystpruyst-Dieudonné. Paris, Gauthier-Villars, 1920; i vol. 23"^"'.
Mécanique moderne; ses nouveaux principes sur mouvement, frottement, tra-
vail, résistance des matériaux, par E.-A. Vallée. Evreux, Henri Devé, 1920;
I vol. 25'^"'.
Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du premier ordre,
par Edouard Goursat. Paris, J. Hermann, 192 1; i vol. 25™.
Les nouvelles unités légales de mesures industrielles, par Cii. Lallbmand. Extrait
de V Annuaire du Bureau des Longitudes pour l'an 1920. Paris, Gaiithier-Villars,
1920; I fasc. 16'='".
T^es problèmes de l'Océan, par A. Berhet. Paris, Ernest Flammarion, 1920;
1 vol. lô''". (Présenté par S. A. S. le Prince de Monaco.)
Life Movements in Plants, par Sir J.-C. Bose. (Transactions of tlie ISose Research
Institute, Calcutta). Calcutta, Bengal Government Press; vol. 1. 1918; vol. Il, 1919;
2 vol. 21"^™, 5. (Présenté par M. L. Mangin.)
Le platine et les gîtes platiiiifères de l'Oural et du Monde, par Louis Duparc el
Marc.uerite-N. Tikonowitcii. Genève, Société anonyme des éditions de Sonor, 1920;
I vol. el I atlas 29'"'.
Cours de Physique mathématique de la Faculté des Sciences; tome III : Complé-
ments aux théories de la chaleur, de la lumière, etc., aperçus de philosophie
naturelle, par J. Boussinesq. Paris, Gauthier-Villars, 1921; 1 vol. 25''™.
Traité de Chimie analytique appliquée, par V. Villavecchia, traduit et annoté
par P. Nicolardot. Paris, Masson, 1919 el 1921; 2 vol. 25'^"'. (Présenlé par M. E.
Liiidet.)
ACADEMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 21 MARS 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Geouges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGA.DÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de Pâques,
la prochaine séance aura lieu le mardi 29 mars.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches sur V atmosphère des étoiles. Reconnais-
sance de la couche supérieure dans quelques étoiles et comparaison avec le
Soleil. Note de MM. H. Deslandres et Burson.
Dans une Note précédente du 21 février ('), nous avons signalé cinq
étoiles dont le spectre montre bien distinctes les raies brillantes H, et Kj
du calcium, caractéristiques de la couche moyenne de l'atmosphère. Une
seule de ces étoiles appartient au type G des étoiles solaires et peut être
rapprochée immédiatement de notre Soleil. Ce dernier offre aussi les
mêmes raies brillantes Ho et R^, mais moins brillantes par rapport au fond
relativement sombre de la large raie noire K, ; et une dispersion notable-
ment plus grande est nécessaire avec le Soleil.
Les quatre autres étoiles sont du type spectral, désigné par la lettre K,
qui, dans l'évolution normale, succède au type solaire (^).
La dispersion employée dans cette recherche est faible (24™™ entre Hy
(') Voir Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 4o5.
(^) La lettre K désigne à la fois une raie noire du spectre solaire et un type parti-
culier d'étoiles dans la classification d'Harvard. Pour éviter la confusion, la lettre
sera précédée du mot raie dans le premier cas et du mot type dans le second.
C R., 1931, I" Semestre. (T. 172, N° 12.) ^^
Appareil
Dalcs
Keniarque?
cinployc.
des épreuves.
sur les raies ilu calcium.
Cil. prisni.
1 1 mars igii
Hj et Ko l)riilanles el doubles,
et au milieu H3 el K3.
Id.,
8, 9 el
H3 el K3 larges el bien vi-
10 mars 1921
sibles.
780 ACADÉMIE DES SCIENCES.
- de l'hydrogène el K du calcium avec le speclrographe à fenle el 18""" avec
la chambre prismatique), et les raies brillantes Hj el Kj de la couche
moyenne ont été vues simples. Nous avons ajouté qu'une dispersion plus
forte les montrerait vraisemblablement ^doubles ainsi que dans le Soleil,
avec, au milieu, la petite raie noire H., ou K3 qui représente la couche
supérieure.
Or, en poursuivant la recherche toujours avec la même dispersion et la
même chambre prismatique, nous avons reconnu deux étoiles, ci-dessous
désignées, qui ont montré nettement les raies noires centrales H3 el K3.
Noms lyi'c
des étoiles. sperlral. liclat.
£ Gémeaux. . . G5 o, i3
a Orion Ma 1,10
Le Tableau est disposé comme celui de la ÎNote précédente.
L'étoile £ Gémeaux est la deuxième du type G, qui montre les raies
brillantes H. et K^ ; et elle est la première qui montre les raies H3 et K3 de
la couche supérieure. Cette étoile présente donc les mêmes divisions spec-
trales que le Soleil, mais avec un appareil beaucoup moins puissant.
L'étoile a Orion est la première du type M qui offre le même phénomène,
el l'on rappelle que les types G, K et M se suivent dans révolution nor-
male. Les raies H3 et K, sont particulièrement larges dans cette étoile,
presque aussi larges que H^ et K^.
Les épreuves correspondantes de la petite chambre prismatique ont été
agrandies de manière à avoir la même dispersion que les épreuves spec-
trales du Soleil avec le grand speclrohéliographe, épreuves qui montrent
nettement séparées les raies H^ et H3, Iv^ et K,. Or la comparaison conduit
à ce résultat que les raies H, et K, des étoiles £ Gémeaux et « Orion sont
environ cinq fois plus larges que dans le Soleil. La couche supérieure de
l'atmosphère dans ces étoiles a une densité plus forte ou une excitation
électrique plus grande.
Cette Note est seulement préliminaire et les détails de la recherche
seront exposés dans un Mémoire ultérieur.
SÉANCE DU 21 MARS I921. 73 1
MÉCANIQUE. — Sur la (létcnniridlion expérimentale du mouvement
(Vun solide quelconque. Noie de M. L. Lecornu.
Les Notes récentes de M. G. Lippmann (séance du 7 mars) et de
M. iMiiile Picard (séance du i4 mars) m'ont conduit à rechercher quels
renseignements un observateur placé sur une planète de forme et de com-
position quelconques pourrait, au moyen du gyroscope de Foucault, se
procurer au sujet du mouvement de ce solide.
L'appareil permet de repérer plusieurs directions absolument fixes for-
mant, par exemple, un trièdre trirectangle. Ceci fait, on est en mesure d'ob-
server la rotation apparente de ce trièdre par rapport à des axes liés à la
planète et d'en déduire, à toute époque, la direction de l'axe instantané de
rotation. Dans la suite du temps, ledit axe paraît décrire un cône du second
degré, dont les axes sont parallèles aux axes principaux d'inertie issus du
centre de gravité de la planète. Ceux-ci se trouvent ainsi déterminés en
direction. On en déduit, pour un instant quelconque, les rapports des com-
posantes p, q, r de la rotation variable co suivant les axes principaux. Si
l'on possède d'autre part une horloge marchant uniformément (l'unité de
temps restant arbitraire), on peut mesurer p, q, r et co.
Il est même, théoriquement, possible d'obtenir davantage. Soient A, B, C
les moments centraux d'inertie. Ayant yo, q, r en fonction du temps, les
équations connues du mouvement d'un solide libre autour de son centre de
gravité fournissent, en l'absence supposée de couples dus à des actions exté-
rieures, les rapports de A, B, C. Si l'on calcule ensuite les rapports des
quantités A/j, By, Cr, on a les paramètres directeurs de l'axe du moment
cinétique; le plan du maximum des aires, perpendiculaire à cet axe, se
trouve du même coup déterminé en direction; une vérification expérimen-
tale consisterait à s'assurer, au 'moyen du gyroscope, que l'orientation
absolue de ce plan demeure invariable.
ÉLECTRICITÉ. — Interprétation, par la cohésion diélectrique,
dhme expérience célèbre de Sir J.-J. Thomson. Noie de ÎNL E. Bouty.
En 1893, Sir J.-J. Thomson, excitant par induction la luminescence d'un
gaz raréfié, avait cru pouvoir conclure de son expérience que les gaz raréfiés
possèdent une conductivité moléculaire de nature électrolylique, compa-
732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rable à celle d'une dissolution d'acide sulfurique de conductivité maxi-
mum (').
J'ai prouvé, en 1899, qu'à aucun degré de raréfaction les gaz ne possèdent
la plus légère trace de conductivité. En effet, si, entre les armatures planes
d'un condensateur à lame d'air, on introduit un récipient contenant un
électrolyte même aussi mauvais conducteur que de l'eau distillée, de l'alcool
absolu ou tout autre diélectrique liquide pur du commerce , on observe un
accroissement de capacité du condensateur qui peut atteindre par exemple
5o pour 100, quelque faible que soit la différence de potentiel des plateaux.
Dans les mêmes conditions une ampoule à gaz raréfié ne produit rien, quel
que soit le degré de raréfaction.
Si toutefois on augmente progressivement l'intensité du champ, à partir
d'un certain champ critique, la charge ou la décharge du condensateur pro-
voque soudainement la luminescence du gaz, et l'on observe l'accroissement
de capacité, manifestant que le gaz est devenu conducteur. Cette conduc-
tivité ne préexistait pas. Elle est l'effet d'une action électromotrice suffi-
sante pour vaincre la cohésion dièleclriquc du gaz et produire, aux dépens
de ses molécules, des ions gazeux de signe contraire (^).
Gomment convient-il maintenant d'interpréter l'expérience si ingénieuse
de J.-J. Thomson? Il nous faut recourir aux lois de la cohésion diélectrique
que j'ai établies par une quinzaine d'années de recherches, de 1899 à
1914Ç).
Opérant toujours sur des colonnes gazeuses cylindriques, dont l'axe est
dans la direction du champ électrostatique et comprises entre deux parois
planes, diélectriques ou conductrices, j'ai trouvé qu'au moins pour des
colonnes de hauteur e suffisante, à la pression p et k la température T, la
force électromotrice minimum E, à établir entre les deux extrémités de la
colonne pour des pressions supérieures à celle qui correspond au minimum
de E, tend asympotiquement vers une, limite représentée par la formule
binôme
(') e = a(Ç) + i^, a = «t„,
(') J.-J. Tho^ison, lircent researclics in Electricily and iMagnctism, iSçj^i, p. 9a
el suiv.
(-) E. BoiiïY. Les gaz raréfiés so/it-i/x des élcclrcilytis? {Coni/itcs rendus, t. 1159,
1899, p. iSa).
('') Mes expériences sur ia coliésiou clicleclriqiie ont fait l'objet d'un grand nombre
de Notes aux Comptes rendus el de'^Mémoires plus développés, insérés dans le Journal
de Physique, les Annales de Clnniie et de Physique, etc.
SÉANCE DU 21 MARS I92I. 733
dont le priMiiier lermc est proportionnel à une constante spécifi(pie du gaz,
sa cohésion diélectrique a, et à la masse du gaz en expérience ou, si l'on vent,
au nombre de molécules intéressées par l'elfluve; le ternie constant iî peut
rt /WYo/v' dépendre de la nature des parois, et révèle un efïcl de surface,
superposé à l'efîet de masse.
L'emploi d'une force électroinotrice d'induction, dans l'expérience de
J.-J. Thomson, permet de supprimer la discontinuité introduite par les
parois, et d'observer ainsi un phénomène plus pur (anneau luminescent
uniforme). L'effet de masse du gaz subsiste seul. Le second terme de la
formule (i) doit disparaître. Si l'on adopte alors l'idée d'une conductivité
préexistante du gaz, on est amené à lui assigner une conductivité molécu-
laire bien déterminée, comme l'a fait Thomson.
J'avais dès longtemps projeté de reprendre l'expérience de J.-J. Thomson
en la simplifiant. Le récipient à gaz aurait reçu la forme d'un tore; j'aurais
remplacé la décharge oscillante de la bouteille de Leyde, par une décharge
continue. La force électromotrice inductive aurait été fournie par ma bat-
terie de petits accumulateurs, et la spirale ou bobine plate inductrice aurait
été placée autour du tore, dans son plan moyen. Le tore avait été soufllé
dès 1900; mais depuis lors je n'ai jamais pu trouver le temps de monter
l'expérience projetée et de réaliser les mesures comparatives que j'avais en
vue. Je serais heureux que quelque jeune physicien voulût bien exécuter ce
travail sous ma direction. J'ai tout lieu de croire que l'interprétation intui-
tive de l'expérience de J.-J. Thomson, telle que je viens de l'exposer, serait
confirmée.
GHI.MIE ORGANIQUE. — Hydrogénations catalyUques sur le cuivre.
Note (')de MM, Paul Sabatier et Bennosuke Kubota.
L'ua de nous a indiqué antérieurement dans une série de travaux publiés
avec M. Senderens (1900 à igoS), puis avec M. Mailhe (1909), que le
cuivre peut être substitué au nickel comme catalyseur dans un certain
nombre d'hydrogénations directes, telles que celles des dérivés nitrés, des
nitriles et des carbylamines, de divers composés élhyléniques ou acétylé-
niques, ainsi que des aldéhydes ou acétones forméniques (-).
(') Séance du \'\ mars 1921.
(-) P. Sabatier, La catalyse en CIninie organiiiiie. 2*-' édilion, p. 190-196.
^34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Son Utilisation n'ayant pas été établie dans un assez grand nombre de
cas, nous avons pensé qu'il serait utile de compléter l'élude de cet emploi,
el nous avons l'honneur, dans la présente Note, d'exposer quelques résultats
relatifs à des matières organiques possédant des résidus carbonyles,
aldéhydes et acétones aromatiques, quinone, anhydride phtalique.
Nous avons dans tous les cas employé le cuivre violacé léger, préparé
en réduisant très lentement par l'hydrogène au voisinage de 200" l'hydrate
noir tétraciiivrùjue .
Aldéhyde benzoïqite. — On sait que l'Iiydrogénation directe réalisée
sur le nickel entre 210" et 200° fournit, non de l'alcool bcnzylique,
mais seulement du toluène et du benzène, partiellement hydrogénés eux-
mêmes en méthylcyclohexane et cyclohexane (').
Pratiquée sur le cuivre, l'hydrogénation n'a lieu que lenlemenl au-dessus
de 35o°, la réaction principale étant :
C«H=.CO;Hh-H= -> CH'-i-CO + H^
accompagnée dans une certaine mesure de la réaction :
C'H^CO.H-i- all^ -> H^O + OH^CIP.
On condense un mélange de toluène el de benzène, ce dernier représenlanl
plus de la moitié.
Contrairement à ce qui se passe avec le nickel, l'oxyde de carbone libéré
n'est pas transformé en méthane, mais subsiste tout entier.
On serait tenté d'attribuer la réaction dominante à un dédoublement pur
et simple de l'aldéhyde benzoïque au contact du métal, sans intervention
active de l'hydrogène, selon un mécanisme très manifeste avec le nickel
seul (-) :
C«H\GO.H -^ CO + C'^H^
Mais nous avons vérifié qu'à la même température, l'opération réalisée
sans hydrogène ne donne lieu qu'à une séparation tout à fait négligeable de
benzène ; la présence d'hydrogène dans le système est certainement efficace.
Acétones aromatiques. — On sait que l'hydrogénation des acétones aro-
matiques, réalisée rapidement sur un nickel d'activité réduite, ou au-dessus
de 25o° sur un nickel quelconque, se borne à y remplacer l'oxygène acélo-
nique par H- et conduit à l'hydrocarbure ('). Il en est de même au-dessus
(') I'. Sauaiieh el Se.\1)eiii;ns, Coini'U's reiuliis, t. 137, 1908, p. 3oi.
(^) V. Sa«aïu;r et Se.ndkhens, Ann. Cliiiii. Phys., 8" série, t. 4, igoS, p. 474-
{') Dauzens, Comptes rendus, l. 139, 1904, p. 868.
SÉANCE DU 21 MARS I921. 735
de 300° pour les acétones diarylirjues ('). Dans les deux cas, un nickel actif
et sain, agissant à température plus basse, transforme en outre les hydro-
carbures aryliques en hydrocarbures cyclohexaniques.
L'un de nous a déjà indiqué avec M. Murât que la brnzophénone,
C°H^CO.(]"H% hydrogénée sur le cuivre vers 35o", se change régulière-
ment en diphènvlméthdne C*H\CH'.C''H'^ (^).
Nous avons opéré sur l'acétophénone, l'éthylphénylcétone, et sur une
dione, la benzoyipropanone.
Uacétophénone, C/'Il'.CO.CH', soumise à l'hydrogénation directe sur
le cuivre à 35o°, est transformée lentcmcnl, mais régulièrement et sans
complications en èthylbenzène bouillant à i35° :
C'H5.CO.CH3-t-2H2 -> H-0-+-C''H\CI12.CH\
Un résultat analogue est obtenu avec VélhylphénylcétoneiyW'' .CO.C'\\\
qui est changée lentement en propylbenzèneCH'.CH-.CH-.CH'bouillant
à kjS". La réaction est semblable à celle que fournit le nickel à 3oo", mais
n'a lieu que plus lentement.
La benzoyipropanone, C°IP. CO.CH-. CO.CH', hydrogénée par l'un de
nous avec M. Mailhe, sur le nickel à 200°, a fourni principalement du
biitylbcnzéne. Mais celte formation est accompagnée d'une certaine
scission en deux tronçons, CH^CO et CH-.CO.CH', qui, s'hydrogénant
chacun pour son propre compte, donnent respectivement du toluène et de la
propanone, transformée elle-même en alcool propylicjue (^).
Les résultats sont différents avec le cuivre à 350". La benzoyipropanone
(qui fond à 60° et bout à 2(ji°) est totalement détruite, et l'on recueille une
proportion très importante à'' acélophénonc , en beaux cristaux blancs, fon-
dant à 20'^', bouillant à 200". Elle est accompagnée d'aldéhyde et d'alcool
élhyliques, et d'un peu d'eau et d'éthylbenzène. La réaction principale est;
C^H^CO.CH^CO.CH'-hH^ -> C«H\CO.CH^-i- H.CO.CH'.
L'acétophénone formée est légèrement hydrogénée avec formation d'eau
et d'éthylbenzène ; l'éthanal est partiellement changé en alcool.
Benzoquinone. — L'hydrogénation des vapeurs de benzoquinone,
C" H' O", réalisée sur le cuivre à 3oo°, conduit presque exclusivement à
(') P. Sabatier et Mlrat, Ann. Chi/n., 9" série, l. 4, igiS, p. 263.
(■-) P. Sabatier et Mlrat, Comptes rendus, t. I08, I9i4> P- 761.
(') P. Sabatier et Mailbe, Comptes rendus, t. 145, 1907, p. 1126.
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Vhydroquinonc, CH^OH)-, en cristaux blancs fondant à \^<^°i très
solubles dans Teau, et dont la solution traitée par le chlorure ferrique
fournit de la quinhydrone en aiguilles brillantes vert foncé. La seule com-
plication est la production d'un peu d'eau et de phénol.
Anhydride phlali que ^ C^H*^,,^ ~)(.). — (.)n sait que l'hydrogénation sur
le nickel à 200° le transforme quantitativement en phlalidc
Réalisée sur le cuivre à 35o°, l'hydrogénation fournit tout d'abord une
scission avec production de benzène et d'oxyde de carbone, selon la
formule :
Mais elle ne tarde pas à fournir un produit solide, très peu soluble dans
l'eau froide, soluble dans l'eau chaude, d'où il cristallise en aiguilles
blanches fondant à 74° • c'est \q pfitalide , qui réduit aisément le permanga-
nate de potassium. La réaction principale qui le fournit est accompagnée
d'une réaction accessoire :
C^H'C^^^^O + SH^ -> GMI«.CH'+CO + 2H20,
qui donne de l'eau et du toluène, et dégage une certaine dose d'oxyde de
carbone, facile à caractériser dans les gaz issus de l'appareil.
M. Qufisu présente un Volume de M. Auguste Broca, intitulé : Chirurgie
de guerre et d'après-guerre.
Dès le début de la guerre, l'Institut de France a pensé qu'il ne suffisait
pas que chacun de ses membres apportât à la Défense nationale toute son
activité et toute sa science, mais qu'il devait un témoignage direct de sa
sollicitude et de sa reconnaissance aux soldats blessés en défendant la
Patrie. De ce noble sentiment est né l'hôpital de l'Institut, l'hôpital auxi-
liaire 20."), installé dans l'Hôlcl de Thiers, place Sainl-(îeorges, et dont lo
professeur AfCiUSTii Iîhoca fut nommé chirurgifii.
I>e Livre que je présente aujoiiidluii a été écrit par M. l>r(ica à l'aide de
-(') Goi)(::ioï, liull. Soc, cltiin., \' àérie, l. I. 1907, p. 24-3.
SÉANCE DU 21 MARS 1921. 787
documents puisés dans trois services hospitaliers; l'hôpital 265 entre dans
ce compte pour 841 blessés de guerre. L'Ouvrage a pu être édité, grâce à
une libérale subvention de l'fnstitut, il est doublement juste qu'hommage
en soit fait par M. Broca à l'Institut tout entier.
La plupart des blessures de guerre sont décrites dans le Livre de
M. Broca, au moins à la période où il lui était possible de les observer;
545 figures illustrent le texte.
L'Ouvrage comprend deux Parties principales : l'une de chirurgie de
guerre proprement dite, l'autre de chirurgie d'après-guerre. Celle-ci est
peut-être la plus originale et l'on y retrouve à chaque pas la spéciale com-
pétence de l'auteur en orthopédie. Deux grands Chapitres, parmi les
séquelles des blessures de guerre sont particulièrement développés : les
troubles articulaires d'origine mécanique et l'ostéomyélite Iraumatique
prolongée. Les premiers ne comprennent pas seulement les lésions articu-
laires proprement dites, mais toutes les altérations périarticulaires des
parties molles, peau, tissu cellulaire et muscles, et encore celles des dia-
physes osseuses voisines. L'ostéomyélite traumatique prolongée a fait le
désespoir des chirurgiens, elle a été la cause de ces fistules interminables et
de ces complications infectieuses tardives que nous avons tous observées à
la fin de la guerre. Une bonne étude anatomoclinique en est donnée par
M. Broca avec de nombreuses radiographies, à l'exécution desquelles notre
confrère M. Hamy n'a pas été étranger.
Les thérapeutiques préventive et curative y sont bien étudiées.
Le Volume se termine par des conseils aux experts des centres de réforme
et par l'exposé des principes qui doivent régir la prothèse des amputés et
la rééducation des mutilés.
L'intérêt du Livre de M. Broca est grand, parce qu'il a pu, grâce à l'éva-
cuation de ses blessés sur des filiales, les suivre ou les retrouver à la période
tardive; il est graad surtout parce que c'est un Livre vécu dont les nom-
breux documents pourront servir plus tard à ceux qui, peut-être, hélas!
auront encore à soigner des blessés de guerre.
M. E. Roux fait hommage à l'Académie, au nom de M'"" Olga Metch-
NiKOFF, d'un Ouvrage intitulé : Vie d'Élie Metchnikoff (1845-1916).
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Seckêtairk perpktuei, signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance :
Conseil international de recherches : union géodésique et géophysique
internationale : section d'océanographie physique. Bulletin n° I. (Présenté
par S. A. S. le prince de Monaco.)
Hôpital de l'Institut de France. Chirurgie de guerre el (f après-guerre, par
AucrsïE Broca. (Présenté par M. Quénu.)
Détermination des positions géographiques par les méthodes des hauteurs
égales, par F.-.I. Duaute.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Dciix conséquences de l'équation aux dérivées
JonctionneUes qu'on lire de la reprèsentatiim conforme. Noie de M. Gasto\
JULI.l.
1. Z =y'^(s) étant la fonction analytique qui fournil la représentalion
conforme de C, courbe fermée analytique, sur le cercle trigonométriqne T,
on a
log/A(B)=-[#(A, B)-+-/y(A, Hi],
Y(A, B) étant une fonction harmonique de B, conjuguée de^(A, B), rela-
tivement à B.
J'ai donné précédemment (') l'équation qui définit la variation do
'^&./a(B) lorsque le contour C varie. On peut en tirer une équation intéres-
sante pour la variation de y(A, B) qui est, au signe près, rargument de
^(B). Il suffit de partir de
en observant que
Donc
(') Comptes re/idi/s, i. 17:2, iy2i, |). 568.
SÉANCE DU 21 MARS I921. ^3g
Dans le plan Z, si l'on désigne par u' l'angle OZA, par a l'angle h'/^hy
.f '''^
puisque IZ* | = 77— r = e~"°"^ "'.
/'■
Z-/>
D'autre part, a s'introduit facilement dansy„(:;) = Z, — ^ j -ry-r si l'on
convient que f^(^k^ soit réel et positif , c'est-à-dire y(B, A) = o.
Alors, en effet,
■/(B, M) = arg|^ = «,
et l'on a finalement
2. Mais on peut en outre, de l'équation (i), tirer une solution remar-
quable de l'équation
(3) ôa>(U, V)= / a)(U, M)<5>{M,N)onds,
donnée par M. Hadamard. On introduit une fonction auxiliaire X. :=:fQ(z),
ii point intérieur à C, distinct de A et B :
«=/q(A), [3=/û(B);
Z = —- — — e'^ (B constante réelle convenable).
Alors
ÔZ rfZ
.. ,,„, I roLdz \ r
Z(Z ^ b)
^^J-,\f [âlog(Ç-a)-ôlog(a,Ç-i)
X [<5^l0g(Ç— jS) — rfl0g(ût„Ç-!)]|
-4- une fonction ne dépendant pas de B.
Cette fonction c'est ^-: ; ° „, •
2T.I J^ i^
Différentiant les deux membres qui sont analytiques en B, il vient
4) ô^log/.(B)=ai^[logl^]
=-^-jr[5iog(ç-«)-ôiog(«oî-i)]rf[^iog(ç-?)].
74o ACADÉMIE DES SCIENCES.
log /^{ B) = log(p — a) — Iog(a„ fi — i ) + iO n'est pas une fonction analy-
tique du point A, c'est la somme d'une fonction analytique de A [log(^ — x)J
et d'une fonction analytique de A,,, conjugué de A, [— log(a„^ — i)].
Kn difTéren liant (4) par rapport à Vafjixe Ao (qui, avec l'affixe A,
fournit les deux coordonnées isotropes de A), on a, en revenant à C,
u ^,. 0
c /-^ Y I •/ • ■ j r^ . dtu< I de dz
>ur Li on a ^ == — > w,. coniugue de L, et -7^ = — — ■;—■,
ç„ •* ° dz„ Ç'' itz dz/
- dz^ ^ . .
—7-^ oz dz = ion ds
az
et
ce qui donne
Par conséquent,
/g^ rt,.A j. 1 t/-log(gioi3-i) _ I rfMog/,(H)
^ ' ^' "' -^^ 7T d\„dK ~ 77 (/A„f/B '
fonction ana/rtie/ue de Aq f/ B, vérifie l'équation (3) :
9 * ( Ao, B ) = r* ( A,j, M ) 0» ( Mo, H ) on ds.
U en est de même de
«K A, Bo ) = -^ - ''— °^ ( «3o - 0 _ I ^Mog /,» i R„ )
: d\dH, "' T. ciXdM,
/a(Bo) conjuguée de/^(B). Ce sont de vraies solutions de (3). Et si l'on
remarque que
,^(A,B)=-iriogApfL+logêpi^l.
2L "aofi— 1 °9!,8o— ij
on vérifie aisément que, en désignant par x, y les coordonnées cartésiennes
de A par x' , y' celle de B, on a
et ■
''' I , ,= / c» . () \ i' 0 . () \ , , „
SÉANCE DU ai MARS I92I. 74 1
et Ton voit que *l*(\, \i„) et $( A„, B) sont les deux solutions
/à . . 0\ / 0 . . d
que M. Hadamard a données récemment pour l'équation (3).
Si, au lieu de diderentier (/|) par rapport à A,,, on diflerentie par rapport
à A, on obtient une équation nouvelle, quoique très analogue à (3).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéfos des fonctions entières
d'ordre infini. Note de M. G. Valiron.
Je me propose de démontrer une propriété générale des zéros des fonctions
entières d'ordre infini, en relation avec le théorème de M. Picard, qui se
déduit facilement de propriétés connues. Je me référerai souvent au livre de
M. Blumenthal, Principes de la théorie des fonctions entières d''ordre infini,
que je désignerai par B.
/(c) étant une fonction holomorphe dans un cercle de rayon i, M(/-) son
module maximum pour | ^ | = r, posons :
logiM(r) r= V(X), X -. — î— ',
i — r
V(X) est une fonction croissante continue définie pour X>- r, si elle ne
reste pas inférieure à X/" (p fini), f(z-) est dit d'ordre infini. Je me placerai
dans ce cas. On peut alors définir l'ordre [j(X) en appliquant à la fonction
c^"" les raisonnements que l'on fait dans le cas d'une fonction entière
(B., p. 43); on aura
V(X)<Xi^"", V(X)>X!^t'^i'"\
la première inégalité ayant lieu quel que soit X, la seconde pour des X
indéfiniment croissants (S tend vers zéro) et «.(X) étant une fonction type.
Le théorème de M. Jensen montre que «(/) = N(X) étant le nombre des
zéros dey(s) pour I ; I !rr, on a
d'où
N(X)^^^<X'^'^''"
et, en prenant X' = X h p^ et tenant compte de la croissance typique,
NCXXXt^'^''""*
742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
[dans le cas de l'ordre fini, jJi.(X) = p, on trouve seulement N(X) < X'^^f"*"''].
Soient r/„ = fi^c''^" le zéro de rang^, b,, ^= e''", et p(X) l'exposant de conver-
gence de la suite des nombres X„= -— -— > le produit infini de M. Picard
(Traité (i'Anafysc, 2* édition, t. 2, p. i5o, elComptes rendus, t. 92, 1881,
p. 690-692).
où l'on prend pour />„ la partie entière de p(X„)'"^", est convergent. Le
logarithme du module du facteur de rang n est moindre que (^) > on a
donc sans nouveaux calculs (B., p. 55, 60)
log|P(;)|<XPi^''"*.
Pour le minimum de |P(s)|, le calcul de M. Blumenllial peut être sim-
plifié, N étant le nombre défini par l'égalité (8B) (B., p. 55), on voit que
log I p(.) I >- xp>^''^*+;2 iog| i^ |,
I
donc, «/étant la plus petite des différences |X — X„|, on a
log|P(:)|>(.-loga')\?'''"*
[ces inégalités sont vraies même si p(X) — p =const.J. Les inégalités entre
le module de la fonction et celui, M,(7'), de la dérivée subsistent aussi,
l'inégalité (i) (B., p. 90) donne ici
L'ordre de la dérivée est donc le même que celui de la fonction; même
conclusion pour la partie réelle A(/-) = e"^', l'égalité (6) page 93 donnant
^'X'-X
Les conclusions que l'on lire de ces diverses propositions subsistent donc
sans modification : une fonction /"(s) d'ordre (a( X) est de la forme
/( = ) = e^(=)P(;),
chaque facteur du second membre étant d'ordre .'J^(X) au plus, et si l'ordre
SÉANCE DU 21 MARS I92I. 743
p(X) de P(3) est moindre que [j. (c'est-à-dire si p''^'' < [i-, y > o), le premier
facteur est d'ordre [^(X); le minimum d'une fonction d'ordre [x vérifie la
même inégalité que celui d'un produit canonique; le produit d'une fonction /
d'ordre a par une fonction y, d'ordre a, moindre que u. est d'ordre il. Dans
cette dornière proposition, on doit faire intervenir la relation entre \(r)
et M(;') dans le cas de l'ordre [j., fini, celte relation est moins précise que
dans le cas de l'ordre infini, mais il n'en résulte pas d'inconvénient.
La démonstration du théorème de M. Picard par la méthode de M. Borel
(Acta math. , t. 20) reste donc valable pour une fonction /(s) d'ordre infini :
l'c.i'posdnl de com'ergrnce p des zéros de f{z) — a ne peut être constamment
inférieur à V ordre u. que pour une seule valeur a.
Une transformation simple donne de suite le résultat que j'avais en vue.
Soient F(Z) une fonction entière d'ordre infini p.(R) et a un nombre quel-
conque compris entre o et i~. K étant un nombre fixe et très grand, il
existe au moins un angle d'ouverture ^ dans lequel F(Z) est encore
d'ordre ,u.(R) (j'entends par là que le logarithme du maximum du module
dans le secteur angulaire intérieur au cercle | Z | ^ R est égal à R*^'" en une
suite de points allant à l'infini) ; supposons qu'un tel angle ait pour bissec-
trice l'axe réel positif et posons
F(Z) =/(.-), Z = (I-^^^
f{z) sera holomorphe dans le cercle |s| = i et d'ordre au moins égal à
ut. ( ^ ), K, étant un nombre fixe supérieur à i , mais aussi proche de i que
l'on veut pourvu que K soit assez grand. L'ordre des zéros de /( = ) — a ne
pourra donc être inférieur à cet ordre que pour une seule valeur a, et en
passant de nouveau à la fonction F(Z) on obtient ce complément au théo-
rème de Picard-Borel :
F(Z) étant d'ordre infini a(R), il existe au moins un angle d'omertwe
donnée oc tel que l'ordre des zéros des fonctions F(Z) — a qui sont intérieurs à
cet angle ne puisse être inférieur à u. ( -p- R ) que pour une seule i^aleur a.
Il faut observer que, lorsque la croissance de (Ji-(R) ne présente pas de
grosses irrégularités et lorsque («-(R) < R'', p étant fixe, on a
le résultat obtenu dans l'angle a est le même que celui donné par M. Borel
744 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans tout le plan. Pour les croissances plus rapides, cola n'est plus vrai si
l'on se borne au résultat énoncé, mais il n'est pas douteux que la propriété
subsiste.
On peut remplacer l'angle a par un domaine limité par des spirales égales
et il est clair que l'on a en même temps des renseignements sur les zéros des
fonctions qui ne sont holomorphes que dans un tel domaine. Dans le cas de
l'ordre fini, le résultat fourni par la méthode précédente n'est pas satis-
faisant.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Procédé d'èi'aporation, de conceniration et de
dessiccation de toutes substances organiques ou minérales. Note de
MM. A. Sartory, L. Scheffi.er, P. Peli.issier et C. Vaucher, présentée
par M. L. Guignard.
Le principe sur lequel repose le procédé dont il s'agit est le suivant :
Soumettre les substances à traiter à un courant d'air privé d'humidité et
porté à une température voisine de zéro, et en tout cas incapable de pro-
voquer une altération quelconque des éléments constituant ces substances.
Nous l'avons réalisé en faisant circuler un fluide gazeux (le plus souvent
l'air) en circuit fermé, dans un appareil spécial dont le dessin est donné
ci-contre.
Cet appareil, ou étuve, se compose d'un long couloir u où circule le fluide
gazeux desséchant (air) et à l'intérieur duquel est disposé un arbre c animé
d'un mouvement de rotation et sur lequel sont montées des claies/', en
treillis métallique destinées à recevoir les matières à traiter. Le mouvement
de rotation de ces claies à l'intérieur du courant d'air desséchant assure le
contact régulier, complet et continu de l'air avec toutes les surfaces des
claies où sont disposées les substances à traiter.
Lorsqu'il s'agit de matières fluides, les claies peuvent à volonté demeurer
fixes.
Le courant d'air est obtenu à l'aide d'un ventilateur puissant (/*) dont la
bitse h' de refoulement aura la même section que le tube constituant l'enve-
loppe extérieure de rétuve,etdont l'orifice d'aspiration h^ sera en commu-
nication avec un appareil destiné à fournir l'air sec.
Le courant d'air engendré par le ventilateur travaille donc en circuit
fermé et de la façon suivante :
Dans une première chambre (/) on esl disjiosc un réseau frigorifique, l'air se
SÉANCE DU 21 MARS I921. 7'|5
refroidil à une leinpéralure T„, aussi basse que possible, el acquiert uu tlal livf;iu-
métiique ou de saturation de va]ieur d'eau correspondant à celle température T,,. Il
passe ensuite, par le conduit approprié, dans une deuxième chambre (j) où il se
fiê2
Fis 5
réchaufle an contact de serpentins de circulation de vapeur. L'air acquiert ainsi la
température T supérieure à T» convenablement clioisie pour les matières à traiter,
tout en gardant à cette température T l'état hygrométrique de l'air à T^. Cet air quitte
la deuxième chambre / pour élre mis en circulation par le ventilateur (/() dans le
tube a a' a" . . . contenant les matières à dessécher et peut ainsi se charger d'une quan-
tité de vapeur d'eau correspondant à la différence de l'étal de saturation entre Td et T.
Le procédé ci-dossus exposé étant réalisé, on peut régler le foiiction-
nemenl de l'appareil suivant les substances à traiter. A titre d'exemple,
nous choisissons le cas suivant :
1° Enlever à iS'^s de viande fraîche son eau d(> constitution, soit
80 pour 100 de son poids, à une température qui ne puisse altérer la nature
du produit.
C. R., 1921, I" Semes/;e. (T. 172, N« 12.) 56
746 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° L'appareil fournissant lo lieuresde travail eiïeclif, doit pouvoir traiter
3 fois la quantité sus-énoncoe.
3° La température optima pour assurer la conservalion d'un produit
organique tel que la viande est de -+- 5°.
Le problème revient à calculer : i° la quantité d'air qu'il convient de
faire circuler et 2° le nombre de calories négatives et positives qu'il sera
nécessaire de produire.
L'appareil tra\ aille sur un réseau frigorifique amenant l'air à — 8". puis
le même air privé de son bumidité, est récbauffé à -h 5°. Dans ces con-
ditions le calcul, vérifié par l'expérience, conduit aux résultats suivants :
1° Le courant d'air doit mobiliser 1300""' d'air à l'heure, soit 21™°, 5 par
minute;
2° Le frigorifère doit produire en chiffres ronds 9000 frigories-hcures;
3° La surface de chauffe doit produire 5ooo calories-heures.
En résumé, cet exemple concret permet de concevoir d'une façon précise
le fonctionnement de l'appareil.
Nous avons déjà réalisé avec ledit appareil le dessèchement de nom-
breuses substances d'origine animale ou végétale.
Nous montrerons, dans des (Communications ultérieures, que notre pro-
cédé n'altère en rien les qualités d'ordres divers qui appartiennent aux
différentes substances traitées.
PHYSIQUE. — Sur le modèle d'atome de Bolir et les spectres corpuscu-
laires ('). Note de MM. Mairice et Lotis de Bkogme, présentée par
M. E. Bouty.
Le modèle d'atome de Bohr, dont le succès pour l'explication des spectres
lumineux a été si remarquable, comporte une charge centrale positive
autour de laquelle gravitent des électrons sur certaines trajectoires stables
qui ont reçu les noms d'anneaux K, J^, M, etc. en allant du centre vers la
périphérie. Pour extraîre un électron d'un do ces anneaux il faut lui fournir
une énergie W,;, \V, , etc., et si ce travail est emprunté à un rayonnement
périodique, la théorie des quanta exige que le produit liv de la constante de
Planck par la fréquence v de ce rayonnement soit au moins égal à ^^ ,;, W, .
11 n'est pas sans intérêt d'examiner d'un peu plus près ce à quoi l'on doit
s'attendre, au point de vue des vitesses dos électrons extraits, si l'on admet
{') \ i)ii- Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 274 et 527.
SÉANCE DU 2 1 MARS I921, ^4^
que l'absorplion d'énergie à la radiation se fait par quanta Av et que l'on
doive, pour obtenir la vitesse de rêleclron à la sortie de l'atome, retrancher
le travail d'extraction correspondant à l'anneau intéressé.
Une radiation de fréquence v, assez élevée, par exemple, pour que son
quantum soit supérieur au travail d'extraction à partir de l'anneau K d'un
radiateur qu'elle vient atteindre, pourra donner des électrons K, L, M,...
possédant à la sortie de l'atome des énergies //(v — v,,), //(v — v,),
Si l'on recueille le spectre corpusculaire des vitesses des électrons émis,
on devra trouver une ligne correspondant à chacune de ces énergies.
Dans le cas où le radiateur serait frappé par un spectre continu de rayons
ayant une limite supérieure de fréquences v, les lignes précédentes devien-
draient des bandes à bord net du côté des grandes vitesses corpusculaires.
Le radiateur émet aussi ses rayons X de fluorescence K, L, M et ces
rayons correspondront à rex[)ulsion d'éleclrons L, M, I\, ... possédant le
quantum des rayons de fluorescence, diminué de l'énergie W, , W„ néces-
saire à la sortie de l'atome.
Si le radiateur est enveloppé d'un écran mince d'un autre corps dont les
anneaux de Bohr soient K', L', M', les radiateurs de fluorescence du premier
radiateur exciteront les radiations corpusculaires du second et l'on aurait
ainsi (pour la raie a par exemple) des électrons ayant les énergies
^'"'xK—^^ii'. ^*^aK~ Wl' etc. Ces termes correctifs pouvant être plus grands
ou plus petits que ceux qui correspondraient au premier radiateur seul,
suivant la position mutuelle des deux radiateurs dans la série de Mendéléeff";
les raies du spectre corpusculaire ainsi observé paraîtront donc en avance
ou en retard par rapport à leur position quand le premier radiateur est
excité.
Dans quelle mesure l'expérience justifie-t-elle ces prévisions?
Les expériences et les mesures que l'un de nous poursuit actuellement
sur les spectres magnétiques corpusculaires mettent en évidence des raies
qui correspondent aux raies K de fluorescence des corps illuminés; quanti-
tativement, il semble l/ien que leur quantum corresponde à celui des rayons
de fluorescence, moins le travail de sortie W, conformément à ce qui vient
d'être exposé.
Les considérations précédentes feraient également prévoir des raies
décalées de l'énergie W„; or, comme précisément la différence des fré-
quences des raies y, et p est égale à W^ — W,,, cela donnerait deux nouvelles
raies dont la première coïnciderait avec la seconde du système précédent,
748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit en tout trois 'raies distinctes; en se reportant à une Communication
précédente (') on voit que cela peut interpréter les apparences observées.
Il y a en plus des bandes à bords nets du côté des grandes vitesses
corpusculaires, leurs arêtes paraissent liées au quantum des raies contenues
dans la radiation excitatrice (raies K du tungstène ou du plaline) avec
une correction de l'ordre de grandeur des énergies W,; ou \\ , des anneaux
de Bobr des radiateurs employés; mais ce phénomène a encore besoin
d'être étudié et l'on ne s'explique pas bien en particulier pourquoi ce sont
des bandes et non des raies; jusqu'à présent nous n'avons pas obtenu de
raies corpusculaires isolées correspondant aux raies du faisceau de rayons X
excitateur.
Enfin des expériences avec un radiateur A recouvert d'un radiateur A'
donnent bien des raies correspondant aux deux radiateurs (Rang Fu Hu
avait déjà obtenu un résultat analogue pour l'argent et l'étain); la compa-
raison de la position des raies correspondant au radiateur A, couvert ou
non du radiateur A', est difficile parce que les raies deviennent très faibles
et diffuses et demande encore dos recherches; mais elle a semblé, confor-
mément aux vues précédentes, pouvoir fournir des raies qui sont tantôt
en avance, tantôt en retard sur celles du radiateur A seul.
On ne peut affirmer que ces deux derniers points soient définitivement
élucidés, mais nous avons voulu signaler les conséquences qui paraissent
rationnellement se déduire de l'atome de Bobr, ainsi que l'état actuel de la
comparaison entre l'expérience et la théorie sur ces points à la fois délicats
et importants.
THER.MODY.\AMi(,)UE. — Kludi' i'nci<j;èlUjiie d'un système de a>iini/i(s.
Conditions de slahili/é de réquiàbrc. Noie de M. Félix Michai-d,
présenlée par M. E. Bouly.
Dans une i-écente Communication ("), nous avons éludié le premier
groupe d'équations auquel conduil la théorie énergétique d'un système de
courants. Nous allons aborder aujourd'hui l'élude du second groupe, et
nous terminerons par l'examen des conditions de stabilité de l'équilibre.
1. Les équations dillërentielK's du second groupe renferment des déri-
vées qui contiennent chacune les deux facteurs d'un même terme de l'énergie.
(') (' amples rendus, l. 172, ig^i, p. 527.
(-) Comptes rendus, 1.^172, 1921, p. 586,
SÉANCE Dtf ar MARS 192t. 74()
Rappelons que les dérivées du premier groupe élaient, au conlruirc, prises
en croix, c'est-à-dire en combinant les facteurs de deux termes de Ténergie.
J'ai proposé d'appeler ces nouvelles équations : équations du théorème de
Uecch i^éncralixé, parce qu'elles se réduisent à la formule classique de Reecli
dans le cas très particulier d'un système thermo-élaslique constitué par un
gaz. Leur nombre est très considérable; il est égal à (n — i).2", // étant le
nombre des extensités variables du système. Dos règles mnémoniques
simples permettent heureusement de les écrire aisément et sans calcul (').
Lorsqu'on applique ces règles au cas d'un système de courants, on trouve
un ensemble d'é([uations, pour la plupart nouvelles, et dont je me bornerai
à présenter seulL-ment les principales.
Considérons d'abord le cas de deux circuits fixes, plongés dans un milieu
maintenu à température et pression constantes. Conservons les notations
utilisées dans la Note présédente. On obtient l'équation
(-p-^j et [~r^) sont les coefficients de self-induction des deux circuits.
On voit que leur rapport est égal au rapport des coefficients de variations
de flux pris, pour chaque circuit, en maintenant constant le flux qui tra-
verse l'autre circuit.
Prenons maintenant un seul circuit, pla«é dans un milieu de volume
constant ou sous une pression constante; nous aurons
àiJs\jrJi^\dT),i,\di
On en déduit que le rapport des capacités calorifiques à courant constant
et à flux constant est égal au rapport des coefficients de self-induction
isothermique et isentropique.
Considérons enfin un circuit fixe, parcouru par un courant constant, en
présence d'un circuit ayant un degré de liberté, parcouru par un courant
variable; le tout placé dans un milieu maintenu à température et pression
constantes. On aura l'équation
di h \ Ojc),~^ [ 0.cj,i, \ di ./^'
(') Energétique gé'ïcralc, p. 116 el 153.
75o ACADÉMIE DES SCIENCES.
i-y) ^^{^) sont les coeflicienls de self-induclion du second circiiil
lorsqu'on laisse ce circuit fixe et lorsqu'on le déplace de telle sorte que,
malgré la varialion du courant, la force qui s'exerce entre les deux circuits
reste constante. Le rapport de ces deux coefficients est égal au rapport des
deux coefficients de variation de la force en fonction de la distance lorsqu'on
laisse le courant constant et lorsqu'on le fait varier de manière à maintenii»-
constant le flux qui traverse le circuit mobile.
2. Les conditions de stabilité de l'équilibre sont données par les dérivées
partielles qui figurent dans les équations précédentes, prises en laissant
constants les facteurs d'intensité de tous les autres termes de l'énergie. Ces
dérivées sont toujours de même signe; elles sont positives quand l'équilibre
est stable, négatives quand l'équilibre est instable ('); enfin quand l'équi-
libre est indifférent, elles s'annulent ou deviennent infinies suivant que le
facteur d'intensité figure au numérateur ou au dénominateur.
Ainsi, par exemple, dans le cas de deux circuits mobiles plongés dans un
fluide liomogène, les dérivées partielles
(h\ ('^\ /f^~'
'2 /r,T,(,.x,\',...
'^T/i',',,',.x.v,... \ c»/, /i>,r,;..x.x', ... \ f^
sont toujours de même signe et deviennent simultanément infinies : la capa-
cité calorifique et les coefficients de self-induction à facteurs (finlensifê.'i
constants, c'est-à-dire, en particulier, en laissant constantes les forces qui
s'exercent entre les circuits, sont positifs quand l'équilibre est stable, néga-
tifs quand l'équilibre esl instable et infinis pour l'équilibre indifTérent.
ÉLECTROMAGNÉTIS.ME. — Actions iintliirlles {apparentes) d' (limants et
courants plo/iiiês dans un litjuide magnétiijue. ÎNote de .NL II. Chip.iiît,
présentée par M. L. Lccornu.
Donnons quelques applications de la règle énoncée dans une précédente
Note C'). Pour fixer les idées nous supposerons paraniagnélique (u-> 1) le
liquide dans lequel sont plongés les aimants et courants.
1. Actions mittiielles de conducteurs non magnétiques pa/ courus par des
courants et plongés dans un liquide magnétique de perméabilité u..
(') Aoc. cit.. p. 191 .
(-) Comptes rciiHiis. i. 172, kjti, p. SSy.
SÉANCIi: DU 21 MARS lyai. 7,^1
Ces actions sont [j. fois plus grandes ijuc celles qui s'exerceraient entre
conducteurs diauiayiiclicjucs placés dans le vide, parcourus par les mêmes
courants, ces nouveaux conducteurs ayant tous même perméabilité -•
A la limite, lorsque les dimensions transversales des conducteurs Ij',
U", ... tendent vers zéro, Tinlluence des propriétés qu'il faut attribuer aux
nouveaux conducteurs tJ', , U", ... s'évanouit, en sorte qu'on parvient à cet
énoncé donné jadis par Maxwell dans un cas particulier (').
Les actions mutuelles de courants linéaires varient prn^yortumnellcment à la
perméabilité du li/fuide dans lequel ils sont plongés.
Le même énoncé s'applique aux nappés de courant, étant sous-entendu
que les deux côtés de la nappe sont baignés par le liquide.
II. Actions mutuelles d'aimants permanents plongés dans un liquide magné-
tique de perméabilité u..
Ces actions sont 11. fois plus grandes que celles qui s'exerceront entre
aimants diamagnéliques \}\, U", ... placés dans. le vide, ces nouveaux
aimants possédant à la fois une aimantation permanente -J' et une aiman-
• 1 • /' 1 \ -J^i' >'■ -,,,
talion induite i]-^— =z Je'.
A la limite, lorsque l'une au moins des trois dimensions de l'aimant tend
vers zéro, rinfluence des aimants placés à son voisinage s'évanouit : à chaque
aimant U' appartenant au système S on pourra faire correspondre dans le
système Sjj. un aimant U', dont on calculera la distribution en imaginant
qu'on ait supprimé tous les autres corps U", U ', L'aimant U', ainsi
défini, et dont on peut dorénavant supposer que l'aimantation a été rendue
permanente, s'appellera TAo/no/o^ae de l'aimant U'.-Une définition analogue
s'appliquerait à un corps aimanté parcouru par des courants permanents.
Nous obtenons en définitive celle loi asymptotique :
Lorsque l'une au moins des dimensions de chacun des aimants permanents
U', L ', .... plongés dans le liquide magnétique de perméabilité [v-, tend vers
zéro, les actions mutuelles de ces aimants deviennent ^. fois plus grandes (pie
celles qui s exerceraient entre leurs homologues U', , Uj, ..., placés dans le
vide.
Formons les équations que doivent vérifier les composantes de l'aiman-
tation J|(x\ y, :) de rhomologue U, d'un aimant permanent donné U'.
Désignant par J(j7, v, =) raimautation permanente de U', le vecteur J,
( ' ) Maxwell, On pliysicil Linrs nf Force.
7:)2 ACADÉMIE DES SCIENCES,
devra satisfaire à l'équalion vecloriellc (i ) :
(i) |^.J,=r ,1 — zJC,
3e désignant le champ magnétique créé par cette aimantation J|(.r. v, :■),
c'est-à-dire le \ecteur
(.■) K(.r,j, c)rrr-gradienl^| \^.);,._1 + j;,_Z^ + J,^ _i,y ,/^'.
Four V ellipsoïde uniformément aimanté, la délerinination de l'aimanl lioiiiologiie
se rattache au problème classique de Poisson : aimantation par iniluence d'un ellipsoïde
placé dans un cliamp uniforme. Rapportons l'ellipsoïde U' à ses trois axes, de longueurs
2(7, ib, 2C, et désignons par A, B, G les constantes positives qui figurent dans l'iden-
tité (2), \érifiée en tout point (,c, y, z) intérieur à l'ellipsoïde U' :
(?.) /'t" + :^(A.r'--t-By^ + C:;-^)=:const.,
la solution du système (1), (1') sera contenue dans les formules (3) :
(3) (,u— /.A)J,^=J^, (,a.-zB)J, , = ,!,, {p. - ■aC).]^.~ i-.
Tout ellipsoïde uniformément aimanté admet donc comme homologue un ellipsoïde
uniformément aimanté.
Pour l'ellipsoïde uniformément aimanté suivant un de ses axes (O.r par exemple),
nous insisterons sur deux cas asymptotiques qui méritent d'attirer plus parliculière-
ment l'attention :
Premier cas nsYmptolique : (liguille aimantée. — Longueur (/ finie, section T.bc
infiniment pelile.
Le gradient de / de^enanl infiniment ])elit en même temps que le volume L",
on a
(i) A«^o, d'où Ji =^ — J.
Deuxième eus asymploli'iue : feuillet niagnéti<iue. — Longueurs h et c finies,
longueur a infiniment petite.
On a B /^ rr Ce = o, d'oii, en utilisant l'équation de Poisson A -h B -t- C ^:r .'1 7: :
(•■>) A:-/|r:, J,-J;
résultat applicable à un feuillet quelcotique : en tout point intérieur à un tel feuillet
on a 3e=rr — l\ni\\ l'équation (i) se réduit donc à J, = J.
Les formules (/;) et (5) entraînent les lois suivante^ ;
1" Les (iclions mitliiellrs de dcii.v (il gui lies (lirtianlècs sont iini'rscrncnt pro-
/xirliofinc/lcs ci la permèaJdlilr \x du liquide dans lei/uci elles sont plongées.
SÉANCE DU 2 1 MAliS I92I. 9,'»3
Cel énoncé est égcilenient dû à Maxwell ( ').
Dans ce cas particulier, la loi fictive F ;::^ j- fréquemment invo([uée
par les physiciens fournit un résultat exact. Celte loi se trouve complète-
ment en défaut dans les exemples suivants :
2° Les actions mutuelles de deux feuillets magnétiques sont proportion-
nelles à u..
3° L'action d' un feuillet sur une aiguille ainiantêe est indépendante de a.
Dans ces deux derniers énoncés on peut remplacer les feuillets par des
courants linéaires ou par des nappes de courants.
KLICCTROCHIMIE. — Sur le mécanisme des échanges d'énergie dans le passage
électrochimique d^un atonie à Pétat d'ion. Note (^) de M. 1\e.\û Audubert,
présentée par M. Paul Janet.
Un calcul exposé dans une précédente Note (') montre que l'on peut
déterminer le quantum élémentaire d'énergie intervenant dans la vaporisa-
tion, en considérant le travail nécessaire pour vaporiser une molécule comme
effectué contre les forces de cohésion, et en l'exprimant par une variation
d'énergie superficielle. On peut arriver à des résultats intéressants en
examinant du même point de vue les phénomènes qui se produisent dans la
dissolution d'une électrode dans la solution d'un de ses sels. On peut ima-
giner que le travail nécessaire pour produire cette transformation se
compose de deux termes : un terme ic relatif au travail nécessaire pour
arracher un atome à la surface de l'électrode, et un terme w' relatif au travail
mis enjeu dans le passage de cet atome à l'état d'ion. Si l'on considère la
transformation d'un atome-gramme de l'électrode, le principe de conserva-
lion de l'énergie se traduit par l'équation
dans laquelle £ représente la tension de dissolution de l'électrode. () un
faraday, n la valence de l'ion considéré et N la constante d'Avogadro. Le
travail d'ionisation N»'' peut être exprimé par la relation Nkv' = 3q, J étant
l'équivalent mécanique de la calorie et q la chaleur d'ionisation d'un atome-
(') Max\m;li,, On P/irsicul Lincs nf Force.
( ^) Séance du i4 mars 1921.
(^) Comptes rendus, t. 172, 1921, p- 37.5.
k
^54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gramme de l'élémenl considéré. On a donc, en dolinitivc,
eQ/i = Nil' -f- 3q.
Dans celte équation le terme Jy doit Aire précédé du signe -+ ou — suivant
que le passage de l'atome à l'état d'ion se fait avec absorption ou dégage-
ment de chaleur. Mais l'énergie d'arrachement iXir peut être calculée, comme
cela a déjà été montré, en partant de la chaleur de vaporisation. Le principe
de conservation de l'énergie appliqué à la vaporisation donne, en ell'et, en
appelant L la chaleur latente d'une molécule-gramme ;
JL = N.ï + HT.
Les chaleurs de vaporisation de quelques métaux ont été déterminées par
A. Wehnelt et Musceleanu ('). Les énergies d'arrachement ainsi calculées
correspondent aux températures d'ébullition. mais on peut par extrapolation
efl'ectuer la correction de température en utilisant les coefficients de tempé-
rature des tensions superficielles des métaux (^).
On peut alors calculer t au moyen de l'équation
On trouve, ainsi que le montre le Tableau suivant, des valeurs concor-
dant en signes et en valeurs absolues à celles que fournit l'expériçuce.
excepté pour le cadmium et l'hydrogène :
Chaleur
(le vaporisation s (calciilr)
Molaux. par gramme. vn volls. i (observé).
Mg 1700 +1,118 -(-I,2<)
Cd 181 très petite +0, i4
Zn 366 +o,3o .-(-o,/46
15 i 161,5 — 1,1X1 — 0,67
llg 63,5 — ">77 — 0)93
Il » Il es pelile — "> 277
Le même résultat peut être appliqué aux anions et le calcul conduit
encore à des résultats satisfaisants.
ï (calcule). ; (observé).
lir +i,li> +'>27
I +<),5.'i +*'-79
O +1,43 -+-'î39
(') Tables aiiiiiiclles des cointanies et données /uiméri'jiies. vo'. 3, 1912.
C) H. Freunulich, Kapiltai chenue.
SÉANCE DU 21 MARS IQai. 7 55
En lenaiil compte des considérations exprimées précédemment, le travail
d'arrachement met en jeu de l'énergie d'une manière discontinue par élé-
ments de 1 1 n: io-''Terg. Le travail d'ionisation }q correspond à un
échange discontinu par fractions de Av ('), ^ étant la constante de Planck
et V la fréquence du rayonnement actif; mais en utilisant la relation
X,iT = 0.3, on obtient comme quantum G, 55 x io~'°Tcrg.
11 est donc naturel de penser que des phénomènes en apparence différents
comme la dissolution, la sublimation et le passage électrochimique d'un
atome à l'état d'ion sont semblables au point de vue énergétique; ils se pro-
duisent tous par processus énergétique discontinu correspondant à un
quantum voisin de 18 X lO^'^Terg.
CHIMIE PHYSIQUE. — Reliaù ait séchage des kaolins et des argiles.
Note (-) de M. A. Iîigot, présentée par M. Haller.
Th. Schlu'sing (') a démontré que les kaolins et les argiles renferment
des proportions variables de particules colloïdales qui se gonflent au contact
de l'eau, reprennent au séchage leur volume normal en se contractant et
forment une sorte de réseau dur et serré autour des autres particules
ineiles qui les accompagnent.
Nous avons mesuré les retraits linéaires et les pertes d'eau pendant le
séchage de diverses matières : kaolins, argiles, bauxites, silices d'infu-
soires, etc. A cet effet, on se sert de moules en plâtre, ou de moules métal-
liques dont les dimensions intérieures permettent de fabriquer des èprou-
vettes de 100""" x 3o™"' x 3o™™. Les matières à étudier, réduites en poudre
fine, additionnées d'eau en proportion convenable, sont transformées soit en
pâte molle, soit en pâte ferme, soit en poudre humide; ce sont les trois
étals sous lesquels on façonne les matières premières dans l'industrie céra-
mique.
Les éprouvettes en pâte molle sont exécutées à la main dans les moules en
plâtre; on les retire dès que le moulage est achevé; les éprouvettes en pâte
ferme ou en poudre humide sont faites dans les moules métalliques, à des
pressions variables.
(') .1. Pehrin, Lumière et Matière (A/tn. de P/iys., janvier-février, kjtq, p. 33).
(-) Séance du 1^ mars 1921.
(^) Comptes rendus, t. 78, 1874, p. 1 i()8.
756 ACADÉMIE DES SCIENCES
Au sorlîr des moules, les pièces sont pesées cl mesurées, on les fait séclier
lenlemenl en contrôlant fréquemment leur longueur et leur poids; celles
qui ont été pressées en poudre humide perdent du poids et ne prennent pas
de retrait. Les autres perdent du poids et prennent d'abord du retrait, puis
le retrait cesse avant que la pièce ne soit sèche.
Dans les pâles molles et dans les pâles fermes, une partie de l'eau a servi
à gonfler les colloïdes, elle disparaît pendant le retrait; c'est l'eau co//oj'(/(7/e,
l'aulre parlie remplit les vides qui existent entre les parlicules, c'est l'eau
interposée; l'évaporation de l'eau colloïdale doit être menée lentement, pour
éviter les gerçures; dès que le retrait cesse, on peut faire sécher rapidement
les pièces.
Le quartz, le talc, le feldspath, etc., <'n poudre fine, et agglomérés en pâle
molle, ne prennent pas de retrait au séchage, et lomlient en poussière; ils
n'ont pas de plasticité coUoïdale.
Les kaolins, les argiles, les bauxites, etc., façonnés en pâle molle,
prennent du reirait et durcissent au séchage; ils ont alors la plasticité col-
loïdale. Mais cette plasticité ne se développe qu'en présence de l'eau ;
si le façonnage est fait avec du pétrole, les éprouveltes en kaolin, argile,
bauxite, etc. ne prennent pas de retrait au séchage.
Dans la présente Note, la description des expériences est limitée à celles
qui ont été faites en pâte molle avec :
a. l.c kaolin des E^zies (Dordogiie);
b. I.e kaolin de l'iémel (Côles-du-Nord) ;
c. L'argile blnnclie de Sainl-Aignan (Loir-et-Clisr) ;
(/. L'argile de Ransbacli ( AA'eslervald );
c. Laigile rouge du Tronquav (Calvados) ;
f. Un siil)le argileux du Tronquav.
Nous y avons joint les essais suivants, fails avec le kaolin des Lyzics, en
faisant varier la tempéralure el la pression :
(r. Kaolin des Eyzies en pâle molle à 5o";
h'. Kaolin des Kyzies en pâle forme à la pression de i7o''spar cenlimèlre carré;
a'. Kaolin des Eyzies en pâle ferme à la pression de 37o'<i'par cenlimèlre carré.
Les courbes ci-jointes représentent les relrails linéaires et les perles
d'eau pendant le séchage à l'air libre, (juc l'on termine à i lo". Les chillVes
ont été établis en ramenant à loo le poids des éprouveltes sèches ainsi que
leur longueur au sortir des moules.
SÉANCE DU 21 MARS 1921. 7^7
Les kaolins a eXb ont à peu près la même composition chimique; en pâle
molle, l'eau de plasticité est de 27,5 pour 100 pour le premier, et 20 pour 100
pour le second; leur eau interposée est la même : 27,5. pour 100.
160,
155
150
H5.'
36
longueurs
La silice libre contenue dans les argiles a pour effet de prendre ia place
d'un certain nombre de particules colloïdales et de particules neutres; elle
rend la matière moins plastique et moins poreuse.
On peut chiffrer la plasticité en divisant le poids de l'eau colloïdale par
le poids de l'eau totale absorbée et en multipliant ce quotient par le retrait
(voir le Tableau ci-dessous).
Perle au feu i4
SiO' combinée 46,4"
SiO- libre
Al-0^ 38, i3
l-'e^O' <),8G
CaO, MgO ",4o
K^O, Na-^0
Eau de plaslicilé ( pour loo) ... . 27 ,5
l^au interposée » .... '7,5
Eau totale » .... 5J
Retrait » 8,5
Plasticité colloïdale 4,i'>
a'.
a
«".
b.
c-
</.
e.
./.
-
-
-
i3,25
9."'
9. '^5
4 , 70
2 , o5
-
-
-
46,90
31,7.5
37, 10
19,56
i4,52
-
-
-
-
3,.,3o
16,20
48,2 j
70,48
-
-
-
38,73
26,45
3o,86
i6,3o
6,60
-
-
-
0,52
1 ,35
.,24
S,3o
4,55
-
-
-
1 > , 4 2
"0,72
1,54
0,28
o,i5
-
-
-
".47
0,28
4,01
■.. . 1 8
1 , 0 j
11,8
3
21
20, 5o
16
23
• 4
9
aa.a
21
■4
27 , 5o
i5
1 5
8
8
34
■4
48
48
3i ^
38
22
17
5, 1
0,
3i)
7,20
3,!0
5 , 60
8,10
8 , 1 0
2 , 70
1,78
(1
,.3
3,6..
1,3..
■^91
4-92
5, i()
1,42
758 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'élévation de température (courbe «'), celle de la pressicjii (courbes a'
et a-) diminuent en même temps l'eau colloïdale et l'eau interposée; mais la
diminution de l'eau interposée est très faible, si on la compare à celle de
l'eau colloïdale.
Gl':OLOGil!:. — Les terrasses alluviales de la f^lve et leurs rapports avec Fahri
moustérien d'Ollia (B.-Pyr.). Noie ( ') de M. E. Passemard, transmise
par M. Ch. Depéret.
Dans une précédente „\ote (- ), j'ai exposé les résultats de mes fouilles
dans Vithri moustérien supérieur ai' Olha et j'ai montré l'évolution de l'indus-
trie à travers deux faunes distinctes, l'une tempérée avec Rh. Mercki et
cerf dans le bas, l'autre froide avec E. prinngenius, Rli. tichorhinus et
renne dans le haut.
La couche archéologique la plus inférieure étani constituée par du sable
et des cailloux roulés d'origine tluviatile, il m'a paru nécessaire d'essayer
de relier cette formation à une des terrasses de la Nive toute voisine.
La notation ap de la feuille de Bayonne qui correspond au sable des
Landes doit être modifiée. On ne peut, après les travaux de Blayac sur cette
l'ormalion, songer à la maintenir dans la vallée de la Nive et dans la partie
qui la relie à la mer. Il faut la remplacer par des alhnions anciennes.
La rinère ayant actuellement alleint un profil d'équilibre, il est possible
de grouper ces alluvioiis en terrasses définies ]iar leurs altitudes relatives.
1° Terrasse de i5°'-i7"', très nelle derrière la gare de Cambo-les-lïains, :i l'enliée
d'Uslaritz, à la calliédrale de lîayonne, el à la Ville-en-Bois.
Le replat alluvial d'IJstarilz considéré par Sluart-Menlealh comme déterminant une
terrasse de lo'" n'est en réalité qu'un lambeau découpé par l'érosion dans le niveau
de i5°'-i7'".
2° Terrasse de •'.6™-34"'. lîHe est jalonnée par des surfaces également très nettes,
à Arnaga inférieur, au Séminaire de Larressoie, à Halsou et à Micoleau.
3" Terrasse de 4o'"-Ô7™. C'est la plus nette. Elle domine la vallée et peut être
suivie presque sans interruption (Cambo-les-Bains, Larressore, Jaixou, Arruniz,
Villefranque, Cliàteaux. d'Urdains et de la Boule-du-Monde, Saint-Pierre d'Irube.
4° Terrasse de So'^-gS"'. Il faut noter, légèrement en arrière de la précédente, trois
hautes surfaces garnies de cailloux roulés, comprises entre 8o'"-95"' (altitude relative)
à la Cliapella-Sainl-Sauveur, Faldaracon. l'arbre Rerrogain.
(') Séance du i4 mars 1921.
(-) tv Passemard, Comptes rendus, t. 171, i9îo, p. 1069.
SÉANCE DU 21 MARS 1921. ySg
La coinposilion des alluvions e>l la iiiêiiie pour tous les niveaux; les gi-és triasi(iues
cl les i]uartziles ordovicieiis doinineiil.
5" Gailloulis élevés. A i/ja'" d'aillUule relative à la lîergeiie, au-dessus de Cambo,
existe un cailloulis que je considère comme d'ori!;iiie fliivialile oii doiiiinciil les grès
blancs el les quaiiz.
De la Mve à la mer, il est possible de suivre sans discontinuité vers la
Négresse et vers Bidart des surfaces à cailloux roulés, en tous points sem-
blables à celles de la vallée de la Nive et qui paraissent faire suite, en
s'abaissant, au niveau de 8o"'-95"'.
^ ers Biarritz, au contraire, c'est au niveau de 4o'"-5-™ qu'elles paraissent
se rattacher.
Conclusions. — Je n'ai pas retrouvé de ligne de rivage ancienne. Les
niveaux de 4o™-.j7"' et de So^-pj'" ont, vers l'amont, une pente un peu plus
forte que celle de la Mve actuelle. Ces deux faits peuvent s'expliquer en
admettant que les anciennes lignes de rivage se trouvaient très loin à l'Ouest
et ont élé détruites par le rapide recul de la cote.
La couche archéologique la plus inférieure d'Olha est à une altitude rela-
tive de 12" et se rattache à la terrasse de iS™-!^'".
Elle correspond au dernier alluvionnement d'une crue, à l'époque où le
ruisseau ravinant la nappe de i5'"-i7'" pour tailler son lit actuel atteignit
pour la dernière fois la cote 12.
Les altitudes de nos niveaux sont assez voisines de celles données par
Depéret, de Lamothe, Chaput pour les formations alluviales, par Gignoux
et de Lamothe pour les lignes de rivage, pour que l'on puisse les en
rapprocher,
11 est certain par exemple que notre nappe de i5"'-[7'" est la même que
celle de i5™-2o"" (basse terrasse).
Comme cette dernière, elle donne une industrie de type moustérien et
correspondrait à la dernière grande extension glaciaire, vvijrmienne de
Penck, mais en raison de la situation très méridionale de la région, très
« Ibérique », elle renferme Rh. Me rcki au lieu de i?A. lichorhinus.
Si l'on ajoute que la grotte magdalénienne de Bouheben, signalée par
Detroyat (' ), était à peine à quelques mètres au-dessus de la Nive; que l'in-
dustrie de la Ballastière de Micoteau (-) qui provient du limon supérieur
(') A. Detroyat, Notice sur les stations de l'âge de la Pierre, découvertes jus-
qu'ici autour de Bayoïine {Bull. Soc. Se. et Lettres de Bayonne, 1877-1878).
(-) E. Passemard, Bull. Soc. Préh. Franc., décembre 1920.
nSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
do la terrasse de 2G'"-34"', est très voisine de celle des couches inférieures
d'Ollia, que la dent d'E. inlcrrnedius d'Arrunlz ('), si son origine est
bien [jrouvée, ne peut provenir que du lavage de la terrasse de 4o°'-47"'» on
réunit un faisceau de faits qui se complètent parfailenient.
MÉTKOROLOGlE. — Sur la brume srclie. Note de M. Pu. Scoerfschewskv.
présentée par M. 1!. Bourgeois.
La brume et le brouillard constituent, avecles grains, les trois plus grands
dangers qui menacent le vol des avions. L'étude météorologique de la
visibilité a pourtant été peu approfondie.
La brume sèche a été distinguée depuis longtemps du brouillard. A la
vérité il faut distinguer deux types principaux de brume sèche : l'une,
légère, accompagnant les périodes de 1res beau temps; l'autre, d'intensité
variable, mais qui peut obliger à maintenir un éclaiiage artificiel au milieu
de la journée.
C'est ce dernier type de brume que nous avons étudié. Il est particuliè-
rement dangereux pour l'Aviation.
1 . L^ intensité de la hritme sèche eslniaxiina au roi si nage <hi sol. — Ce fait
est souvent tellement marqué que le sommet de la Tour Eiffel est plus
nettement visible que sa base. Le brouillard ne présente presque jamais
cette particularité.
1. Epaisseur de la couche de brunie. — Le brouillard stable forme comme
une couche répandue sur le sol et dont la surface supérieure, située en
général à quehjues centaines de mètres seulement, est nettement limitée.
Ces faits s'établissent en explorant les couches inférieures de l'atmosphère
au moyen d'un barothermohygromèlre, emporté par un ballon captif. La
brume sèche est répartie sur une épaisseur beaucoup plus grande et qui
paraît de l'ordre de 2000™. Dans une élude entreprise en ballon diri-
geable nous avons constaté que, môme dans le voisinage du zénith, la
diminution de la brume peut n'être que progressive au cours de l'ascension.
3. Absorption de la lumière. — La brume sèche laisse surtout passer les
rayons rouges, et ce phénomène de l'absorption est intense dans ses couches
inférieures. En dirigeable, on peut observer simultanément le Soleil par
(') STUAnT-MENTHATii, CoDipics rctuliis, i. 1GI, i()i5, 1). \Vy?.. — Wiii.scii, Anthro-
pologie, l. 28, 11° 3, 19 17.
SÉANCE DU 21 MARS 1921. yôr
vision directe et par réile.vion sur l'eau d'une rivière. A une altitude à peine
supérieure à 3oo""et pour des rayons frappant l'eau sous une incidence d'en-
viron 60", le disque solaire est jaune paille par vision directe et rouge orangé
par réflexion. (^Ascension du 3 novembre i<)20.)
4. Circonstances météorologiques de r apparition de la brume sèche. — Ce
point est naturellement le plus essentiel à étudier.
a. Circonstances nuageuses. — Le caractère fondamental de la brume
sèche est son association avec certains types d'alto-cumulus.
La classification internationale est trop lâche pour désigner avec préci-
sion ces types particuliers. Elle permet de les ranger assez arbitrairement
soit avec les alto-cumulus ordinaires, soit avec les strato-cumuln.s. Ce sont,
en fait, des bancs isolés ou des couches continues d'alto-cnmulus en forme
de dallage ou de forme ovoïde.
L'association de la brunie, qui est pourtant surtout localisée au sol, avec
ces masses nuageuses dont l'altitude est d'environ 2000'" présente, dai;is cer-
tains cas, une forme particulièrement frappante. Quand les bancs d'alto-
cumulus brumeux sont assez clairsemés dans le ciel, ce qui a lieu en parti-
culier dans la période finale des systèmes nuageux, la visibilité au sol peut
présenter des irrégularités notables suivant la direction dans laquelle on
vise : dans les directions qui ne coupent pas, à petite distance, des bancs
importants d'aito-cumulus, la visibilité est moyenne; si, au contraire, le
plan de visée en coupe un banc, la visibilité peut s'abaisser à quelques cen-
taines de mètres.
Il senjble qu'il y ait alors comme une colonne de brume qui descend sous
le banc d'alto-cumulus et vient s'écraser sur le sol où elle présente une
intensité maxima. Nous citerons à cet égard une observation faite récem-^
ment dans la région lyonnaise (25 février 1921). La visibilité dans la
direction du Nord-Est, où il n'y avait au ciel que quelques nappes de cirrus,
était d'environ 5'^'", Dans la direction du Sud et du Sud-Ouest, où se
trouvaient des bancs importants d'alto-cumulus, la visibilité était mauvaise
et variable et généralement inférieure à i'"°.
b. Circonstances isobariques. — Les bancs d'alto-cumulus distincts bru-
meux se présentent toujours dans les régions de variations barométriques
faibles (moins de 5""° en 12 heures). Il y a trois types de variations baromé-
triques faibles : les oscillations lentes du régime anticyclonique, les oscilla-
tions capricieuses des régimes orageux, enfin les oscillations dont nous
voulons parler et qui sont comme un écho affaibli des noyaux de courbes
d'égales variations barométriques qui parcourent des régions éloignées.
C. R,, 1951, \"' Semestre. (T. n?, N° \%.) ^7
■-62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces noyaux de v;iriations se divisent eux-mêmes en deux classes : les uns
sonl négatifs, les autres sont de simples sillons creusés dans des zones de
variations positives.
Dans le cas du 25 février 1920, par exemple, un noyau de variations
négatives se déplaçait à travers le nord des Iles Britanniques, la mer du
Nord et le sud de la Scandinavie (environ 6'""" de baisse en 12 heures). Son
bord extrême balayait la France par un prolongement très faible (environ
jiuni (jg baisse en 12 heures) orienté du Nord-Ouest au Sud-Est, abordant
le Pas-de-Calais vers 7'' et atteignant les Alpes à 18''.
Il est curieux de remarquer que les couches d'alto-cumulus accompagnant
les faibles noyaux de variations dont nous parlons ne laissent tomber
qu'une pluie très fine et en quantité insignifiante. Il semble que la chute de
pluie y soit remplacée par une chule de brume : la localisation de la brume
sous les couches d'alto-cumulus que nous signalons plus haut, ainsi que
l'écrasement de cette brume sur le sol, viennent encore à l'appui de cette
manière de voir.
BOTANIQUE. — Les phénomènes nucléaires de la cinése hétérolypique chez le
\joheVi?L uvens el^ chez (/arlfjiu's Cu/npdnulacées. Note de M. L. Ah.maivd,
présentée par M. (iaslon llonnier.
Mes recherches ont porté sav Lobcli'a iirens L., Campaniihi Rapunciilus L.,
Campaniila TracJielinm L., Carnpantiln rotundifolia L., Specularta Spéculum
jVlph. D. C. el Jasione moritana L.
Noyau au repos. — A ce stade le noyau renferme sous une membrane
mince, plongées dans le suc nucléaire incolore, des nucléoles en nombre
variable et un réseau péripliérique. Ce dernier est formé d'une trame de
linine peu ou à peine colorable qui supporte de gros blocs irréguliers et
très colorés de cliromatine, placés surtout aux angles du réseau chez Cam-
pnnula Rapuncalus et Cumpanula Tracheliuin. Chez Cainpanuin rotundifolia,
Sprcularia Spéculum et Jasionr rnontana, la chromatine forme des phujueltes
minces placées sur le trajet des filaments lininiens. Chez Lobelia urens, la
chromatine est en granules à peu près réguliers, disposés en file unique sur
la Ira me du réseau.
Sladc lepl(j(ène. — A ce stade, le réseau se condense, rélracle ses anastomoses et
se transforme en filaments libres plus gros et plus cliromatophiles que les éléments du
réseau, dont ils ont du reste la slructuie particulière. \ous n'avons jamais observé de
rapprochement intime longitudinal, deux par deux de ces éléments.
SÉANCE DU 21 MARS I921. ^63
S/tic/c du sy/uipsix. — Nous l'avons loujours observe clans nos préparations. Il
consiste dans la condensation des filaments leptotèiies et leur rétraction autour du
nucléole. Au début, chez Lohclid iirciis, on trouve des filaments épaissis mélangés à
d'autres filaments minces qui vont se coniracter à leur tour. Chez Canipanula Tra-
chcliiim et Ciiinpanula rotundifolia, au milieu de filaments minces enchevêtrés, on
observe de gros amas de chromaline disséminés sans ordre. Chez Specularia
Spccii/ii/u et Jasione inonlana, les filaments leptotènes sont pelotonnés énergiquemenl
sans autre changement. Plus tard, dans toutes nos espèces, la masse synaptique est
un amas dans le((uel on observe aucune difTérenciation.
Stade du spirème. — IjO spirème dégagé de la masse synapliqiie est discontinu et
en forme de gros cordons libres, indivis longitudiaaiement. Leur structure est sem-
blable pour toutes nos espèces : granules de cliromatine plus ou moins réguliers unis
par de, lalininc.
Slade de deuxième contraction synaptique. — Ce stade, ([ui se manifeste par une
orientation et une condensation des tronçons du spirème, qui prennent la forme de
boucles à convexité externe, les extrémités des branches revenant vers le nucléole, se
lencontre dans nos objets avant le stade strepsinenia. Il est peu marqué chez Canipa-
nula 7 rucheliuni, plus accentué chez Lobelia urens et bien caractérisé chez nos autres
espèces.
Slade du strepsinenia. — Ce slade, caractérisé par la division longitudinale de
chaque tronçon spirématique en deux moitiés, débute pour nos espèces à la fin de la
deuxième contraction synaptique et s'achève ultérieurement.
Formation et formes des cliromosonies. — Les chromosomes iléfijiilifs se forment
par un épaississemenl graduel de chacune des branches jumelles du strepsinenia.
Chez Jasione montana, Canipanula Traclieliuni et Specularia Spéculum, on observe
dans chaque branche chromosomique une ligne claire longitudinale, qui disparaît
plus tard et qui est «né indication de la division longitudinale anaphasique des chro-
mosomes filles. Les formes des chromosomes varient; à côté des formes classiques
en V, X, Y, nous avons observé chez Specularia Spéculum des formes pseudo-lernes et
pseudo-qualernes; chez Lobelia urens des formes en y et en anneau et des formes en
tenaille chez Jasione montana.
Insertion des citromosomes. — Four les espèces étudiées, l'insertion a loujours
lieu au fuseau en superposition, chaque branche chromosomique se dirigeant vers un
pôle diflférent.
Division anaphasique des chromosomes. — Elle s'accomplit avant l'arrivée aux
pôles pour Canipanula Tracheliuni ei Canipanula liapunculus ; au tassement polaiie
pour Lobelia urens; seulement à la télopliase pour les autres espèces.
En résumé, pour les espèces que nous avons étudiées :
1° Les filaments leptotènes ne s'accolent pas par paires longitudinales.
2" Le spirème est simple longitudinalement. Il est discontinu et formé
de tronçons séparés. Il est l'analogue d'un système somatique à /i éléments
au lieu de 2«.
3° La deuxième contraction synaptique est constante. -
764 ACADÉMIE DES SCIENCES.
4° Les cliromosoines définitifs proviennent de la condensation des
branches jumelles du strepsinema et se forment selon le processus para-
syndélique; de plus, ils s'insèrent au fuseau en superposition.
5" Les chromosomes-filles se divisent iongitudinalement en deux moitiés,
soit à l'anaphase, soit un peu plus lard pour donner les branches chromo-
somiques de la deuxième cinésie.
AGRONOMIE. — Utilisation des tiges dr diverses plantes annuelles en vue
de la production de V énergie mécanique nécessaire aux travaux agricoles
de la l'allée du Niger. ISolo de M. Charles Audebeau Bev, présentée par
M. Roux.
Depuis quelque temps, l'attention se porte vers les possibilités de la
culture cotonnière irriguée dans les plaines bordant le Niger. L'insuffisance
de la main-d'œuvre dans ces contrées conduira à l'emploi de machines sur
une grande échelhe. L'utilisation de charbon, de pétrole, de benzine ou de
mazout ne saurait être envisagée, le grand éloignementdes ports de l'Océan
rendant le coût de ces combustibles prohibitif. L'usage de bois d'arbres
provenant du débroussement ne pourrait être, d'autre part, que d'une assez
faible durée.
11 sera possible de pratiquer une culture industrielle telle que celle du
cotonnier et des cultures intercalaires, en utilisant seulement les tiges de
diverses plantes faisant partie de l'assolement, ainsi que nous allons le
montrer. ?Sous prendrons pour base les données pratiques moyennes obte-
nues à l'Administration des Domaines de l'iùal Egyptien, au cours de
plusieurs années, et nous supposerons, à titre d'exemple, une exploitation
agricole de 2000''^, dont le tiers cultivé en cotonniers.
A. Labourage ('). — On comptera sur une quantité d'énergie de
160000 chevaux-heures avec un double labour croisé à o, 17 de profondeur,
de la superficie cultivée en cotonniers et un simple labour de terres avec
cultures d'assolement.
B. Egrenage et pressage du coton. — La quantité d'énergie sera d'une
centaine de mille chevaux-heures, avec l'usage de presses puissantes, dites
Stetutipress, pour réduire l'encombrement des balles.
{') Cil. AuDEBKAr Bky el \ Krion MossÉiii, Le lahoiiras;e en Egypte {Inslilul
d'Egyplc, mars 19161,
SÉANCE DU 21 MARS 192I. 7 65
G. Atelier de réparations. — Une quantité de looooo clievaux-lieures
environ sera suffisante à cet effet.
D. Kclniriigc électrique des fermes. — On peut compter sur une ciiuiuan-
taine de mille chevaux-heures. Le total de l'énergie qui fait l'objet des
paragraphes oi-dessus s'élève à 410000 chevaux-heures environ.
Voici la production moyenne annuelle de déchets végétaux :
T
Bois de colonnier (660'''' à i5oo''6) 990
Graines de cotonnier (66ni'T à ySo'-s) 482 ( ')
Tiges de mil (ôGo*"» à 25oo''8 i65o
Autres produits sur les 66o''''' restants 200
Total 3322
L'emploi de gazogènes alimentant des moteurs à gaz pauvre permettra
d'obtenir facilement un million de chevaux-heures effectifs, en tenant
compte de l'énergie requise par le coupage du bois de cotonnier avec un
appareil ad hoc, de l'allumage quotidien, des pertes et des imprévus. C'est
un minimum. Mais nous préférons nous placer dans les conditions les plus
défavorables, avec des tiges conservant une certaine humidité.
L'emploi de transmissions électriques actionnant les divers appareils
énumérés précédemment réduira l'énergie disponible à Gfîoooo chevaux-
heures environ. L'usage d'un intermédiaire tel que l'électricité ne serait •
guère dispendieux, une usine centrale permettant de réduire le personnel, la
consommation d'huile, les frais d'amortissement et d'entretien du matériel.
On ne saurait, d'ailleurs, accoupler directement un gazogène à un appareil
de labour par exemple.
La quantité d'énergie à recueillir sur les arbres des dynamos réceptrices
est, on le voit, bien supérieure à celle requise pour les travaux énumérés
ci-dessus. Elle permettrait de faire face à diverses autres opérations agri-
coles qui pourraient être effectuées mécaniquement : décorticage du mil,
traction électrique entre les centres des domaines agricoles, etc. Nous ne
parlerons pas du battage du blé, du riz, dans le cas de culture de ces
céréales, l'énergie mécanique nécessaire pour le battage étant très infé-
rieure à celle qui serait produite par l'incinération des pailles en gazogène.
On ne saurait songer cependant à l'emploi de tiges des plantes annuelles
pour l'élévation de l'eau d'arrosage des champs à semer en cotonniers et en
autres plantes d'assolement. Elles ne suffiraient pas pour assurer les arro-
(') Déduction faite des semences.
766 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sa^es et les besoins dont il a été parlé. L'irrigalion pérenne par gravitation
s'impose dans la vallée du Niger, afin de ne pas grever les produits de frais
trop élevés par rapport à ceux des autres pays cotonniers.
La question de l'emploi de produits végétaux annuels a fait l'objet
d'essais de la part de M. Wells, en Egypte. L'Administration des Domaines
de l'IClat l'3gyplicn se livre à dos expériences à ce sujet.
Un gazogène fonctionne chez elle depuis deux ans, exclusivement avec de
la paille de fèves. Les efforts sont portés vers l'élimination du goudron.
l'our résumer, l'utilisation de combustibles végétaux, obtenus gratui-
tement du sol chaque année, serait un véritable bienfait pour la vallée du
Niger.
Cet emploi pourrait prendre aussi un grand développement on bien
d'autres centres, où la culture du cotonnier n'est pas destinée à s'acclimater,
mais où les cultures annuelles donnent une proportion de déchets végétaux
suffisante pour recueillir iino quantité d'énergie mécanique importante.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Su/- l'hydrolyse du mèlhyl-d-nmnnuside a. par 1rs
Jerrnents solubles. Note de M. H. Herissey, présentée par M. L. Gui-
gnard.
Le métliyl-f/-mannoside a a été préparé à l'état cristallisé et pur pai van
Ekenstein; il est facilement hydrolysable par les acides minéraux étendus
et bouillants. Son dédoublement biochimique, par raction d'un ferment
soiuble, n'a été envisagé, à ma connaissance, que par Em. Fischer; cet
auteur, après avoir conclu tout d'abord que le mélhylmannoside restait
inattaqué par les ferments de la levure et par l'émulsine (1894) a trouvé
ensuite qu'après une longue inllucnce de ce dernier ferment on pouvait
observer une faible hydi^olyse (1895).
.Te me suis proposé de rechercher une source, suffisamment active et
d'obtention facile, du ferment hydrolysant dos cZ-mannosides x, de la J-//;*^//;-
nosidasc a, suivant la nomenclature consacrée.
. Le méthyl-r^-mannoside a nécessaire à ces essais a été |)réparé suivant la méthode
de Fischer, en chaufFanl le rf-mannose avec de l'alcool méthylique absolu, contenant
moins de yod d'acide chlorhydrique sec. Après recristallisations suffisantes, je l'ai
obtenu tout à fait pur, depomoir rotatoire «„ = 4- 79°, 18(0^3 i5""', /— 2,/) = is, aaiS,
a — -+- 12° .54').
Le méthjl-(^-mannoside ne réduit pas la liqueur cupro- potassique ; comme, par
dédoublement, il fournit, pour mo, 92,78 de c/-mannofe qui, lui, est réducteur elpos-
SÉANCE DU 21 MARS I921. 767
sède un pouvoir rolaloire sensil)lemeiU égal à -{- i'i'',2, il en résulle ((ue son hydrolyse
esl aisément conslalable el facilement. mesurable par les variations du pouvoir réduc-
teur et de la rotation optique de ses solutions mises en expérience.
J'ai d'abord trouvé, en accord avec Fischer, que l'émulsine des amandes conlienl,
en petite quantité, de la rf-mannosidase «. En solution aqueuse à is pour 100""',
additionnée de ()S,5o d'émulsine des amandes, j'ai constaté, en effet, après i5 jouis,
à Sa", un dédoublement s'élevant à 18 pour 100 du mélhylmannoside mis en onivie.
L'action de l'émulsine est donc réelle) mais elle est faible (^t, de ce fait, pratiquement
peu utilisable.
Le liquide fermentaire à' Aspergilhis niger obtenu en laissant séjourner de l'eau
distillée, pendant 3 jours, à i5"-i8°, sous une culture arrivée à maturité, ne contient
que des'traces infinitésimales de mannosidase; en 18 jours, îi Ss", le dédoublement
n'atteint pas 5 pour 100.
Le mycélium du champignon, employé en nature, après dessiccation et pulvérisa-
tion (aSpour 100"^' de solution de mannoside au cenlième), a provoqué en 78 jours,
il Sa", un dédoublement de 46,09 pour 100.
Les macérés aqueux de levure de bière basse se sont montiés complètement inaclifs.
La levure entière desséchée est, par contre, faiblement hydrolysante.
Les meilleurs résultats d'hydrolyse ont été obtenus en utilisant comme source de
ferment les semences germées de luzerne. On fait germer des graines de luzerne
de Provence à l'étuve, à aS^-So", après trempage de quelques heures dans l'eau. La
germination est suffisamment avancée, en moins de 48 heures; les graines germées
sont alors rapidement desséchées à une température inférieure à 45° et le prodsijt
desséché est ensuite passé au moulin, de façon à obtenir une poudre homogène et
facilement maniable,
J'ai expérimenté avec des macérés aqueux obtenus soit avec cette poudre de luzerne
germée et desséchée, soit avec la graine de luzerne germée, mais non desséchée. Je me
suis servi aussi du précipité obtenu par addition d'alcool aux macérés précédents. J'ai
obtenu, avec les macérés eux-mêmes, des résultats positifs, témoignant d'une hydro-
lyse notable du mannoside (32,83 pour 100, par exemple, en i4 jours, à i3''-i8°, avec
un macéré correspondant, pour 100'^"'', à 5e de poudre de luzerne germée desséchée).
Par contre, le précipité obtenu par l'alcool possède seulement une activité insi-
gnifiante.
Les résultats les meilleurs ont été constatés dans les expériences avec la poudre de
luzerne germée et séchée elle-même, employée telle quelle, dans la proportion de 4 à
5s p'our 100""' de solution aqueuse de méthylmannoside. Par exemple, dans une expé-
rience, j'ai observé, en 36 jours, un dédoublement de 71,60 pour loo; dans une autre
expérience, le dédoublement s'élevait à 94,73 pour 100 après 49 jours.
En l'ésumé, la source la plus avantageuse de c?-mannosidase a paraît
actuellement constituée par la semence de luzerne gerniée. Il est intéres-
sant de remarquer qu'il s'agit du produit qui contient déjà la séniinase,
ainsi définie : le ferment soluble (ou ensemble de ferments solubles) qui
détermine la transformation des hydrates de carbone de réserve de l'ai-
768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bumen corné des Légumineuses en sucre assimilable. Or, on sait que ces
hydrates de carbone sont, pour une grande part, constitués précisément
par des mannanes, c'est-à-dire par des hydrates de carbone qui, comme les
mannosides, doiinenl par hydrolyse du r/-mannose.
Il est vraisemblable de penser que la rf-mannosidase a doit se rencontrer
non seulement dans la graine de luzerne, mais aussi dans de nombreuses
autres graines de Légumineuses ou d'autres familles végétales à albumen
corné.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les causes de varintion de hi Irnriir en zinc des
animiiux vrrtébrès : influence de rage. Note de MM. Gabuiei. Bertrand
et R. Vi.ADEsco, présentée par M. Roux.
Nous avons attiré l'attention, dans une Note récente, sur la grande varia-
bilité de la teneur en zinc des organes du cheval et nous avons émis
l'hypothèse que cette variabilité devait être en rapport avec la mobilité et
le rôle physiologique du métal (').
Partant de cette hypothèse, nous avons entrepris de rechercher quelle
est la cause ou quelles sont les causes dont dépendent les différences de
richesse en zinc de l'organisme. Nous avons commencé par examiner
l'influence de l'âge.
Il fallait naturellement nous attendre à rencontrer ici, comme première
difficulté, l'interférence possible de plusieurs causes réunies de variation
dont l'une pouvait l'emporter en importance sur celle que nous voulions
déterminer. Afin d'amoindrir autant que possible les effets de cette inter-
férence, nous nous sommes procurés des séries d'animaux élevés ensemble
et soumis au même régime. Nous avons, d'autre part, étendu nos recherches
à plusieurs espèces très différentes.
IjCs résultats que nous publions aujourd'hui se rapportent aux Vertébrés :
le lapin et le cobaye, élevés par nous au laboratoire; la souris, provenant
des élevages de M. le D'' Borrel, à l'Institut d'hygiène de Strasbourg; la
poule, originaire du poulailler de l'Institut Pasteur, à Garches; l'ide {hlus
or/>« V.C.)"et la tanche, des aquariums de la Maison Dagry ; enfin, nous
avons joint à cette collection d'animaux dont nous connaissions l'origine,
l'âge et le mode d'alimentation, deux harengs d'un même lot de pêche,
d'âge inconnu mais de laille liés inégale.
Tous ces animaux, sauf bien entendu les harengs, ont été tuéspar le chlo-
('; Comptes rendus, t. 171,, igyo, p. 47/4.
SÉANCE DU 21 MARS I921. 769
roforme ; on les a nettoyés avec soin à la surface, puis, quand ils étaient deve-
nus rigides, pour ne pas perdre le sang, on les a divisés et mis à sécher à
l'étuve. On n'a pas manqué de vider, dans tous les cas, le tube digestif. Quand
la dessiccation a été complète, on a pulvérisé à part chaque animal ou,
lorsque les individus étaient trop petits, chaque groupe d'animaux, eu se ser-
vant d'un mortier de porcelaine. Les poils et les plumes ont été enlevés au
début des opérations, séchés et pesés séparément. Il n'aurait pas été possible
d'en obtenir le mélange homogène avec le reste du corps. Pour la suite des
expériences, on en a ajouté une portion aliquote à la poudre d'organes. Les
dosages de zinc ont porté ainsi sur des échantillons moyens du cor[)s de
chaque espèce quand les individus étaient de grande taille, sur le corps
entier ou un mélange de plusieurs corps quand les individus étaient plus
petits. La méthode suivie a été la même'que pour les organes du cheval (').
Espèces. Age.
Souris (10 individus) 3 jours
» (12 » ) 2 semaines
» (6 « ) 3
» (3 » ) 2 mois
» ( •"> » ) ] an
" (2 » ) 2 ans
Lapin ( 2 emljryons) »
". (8 » ) ".
Lapin g jours
» I mois
» 2 • »
» 4 »
Cobaye 4 jours
» adulte
Poule I an
» 2 ans
>. 3 »
Ide (5 individus) 7 mois
Id
19
» 33
Tanche (5 indi\ idus) 7 mois
" (2 " ) 19 "
Tajiclie 33 ■>
» 7 ans
Harener n
Zn pour 100
Poids
de
l'un individu (-).
matière fraîche.
e
mg
2,55
3,5
4,4i
2,8
.3,98
3,0
12,36
2, -5
'1,74
3,5
21 , 13
4,2
10,5
4,4
34
3,1
116,5
4,0
4o8
4,5
Il II
4,4
2828
4,9
75
2,3
592
5,6
i6o5
3i,4
iSgo
8>7
,735
7,7
1645
3,2
2585
9-3
5
l4,2
79
3,6
284
1,8
8,02
6,0
>3,7
8,1
47. «
8,8
706
3,1
69
2 , 2
(') Bull. Soc. chim., 4" série, t. 29, 1921, p. 53.
(-) Lorsque l'expérience porte sur plusieurs individus à la fois, nous donnons le
poids moyen.
770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La conclusion la |)liis générale, mais non absolue, qui so dégage de ces
résultats ost que la teneur du corps en zinc présente un maximum dans le
Jeune âge. Cest du moins ce qui ressort d'une manière frajjpante des résul-
tats obtenus avec les séries bien es])acées de souris et de poules, ce que l'on
voit encore iieltement quand on compare ieschiflVes i'ournis par V/dus Or lus.
Cbez le lapin, où la teneur en zinc varie très lentement, nous n'avons pas
encore pu étendre assez nos expériences pour connaître la courbe représen-
tative du phénomène.
D'autre part, il apparaît que chez le cobaye, le hareng et la tanche, ce
n'est pas au moment de la naissance, mais après une certaine période de
développement que Ton trouve le cliifTre de zinc le plus élevé.
Ces premières conclusions sont différentes de celle que S. Giaya a for-
mulée l'année dernière en rapportant les résultats de ses recherches toxico-
logiques ('). Selon lui, la proportion de zinc « augmente avec l'âge du
sujet ». Faisons remarquer, avant d'aller plus loin, que cette conclusion,
appliquée à l'homme, repose sur l'analyse des viscères et non sur celle du
corps entier; ensuite, qu'elle ne semble pas aussi nette quand on examine la
série entière des résultats publiés par S. Giaya (^) que la sélection donnée
par lui dans les Comptes rendus. La série entière présente des irrégularités
analogues à celles que nous avons rencontrées nous-mêmes chez les ani-
maux.
Ces remarques faites, il est possible, et même probable, que la richesse
en zinc, après avoir atteint une valeur ipaxima à la naissance ou quelque
temps après, diminue graduellement, se fixe plus ou moins autour d'un
minimum, et recommence à croître au moment de la vieillesse. Déjà, dans
les séries d'expériences portant sur la souris et sur la poule, nous voyons
apparaître chez les individus les plus âgés un relèvement très a|)préciable
de la teneur en zinc. Nos résultats, arrivés à ce point, se raccorderaient alors
avec ceux de S. Giaya.
(') Comptes rendus^ l. 170. ig'^o, p. 906.
(■-) Thèse de Pharmacie^ t'a ris, 1920.
SÉANCE DU 21 MARS I921. 771
ClIl.Mll'; lîlOLOGIQUlC. — Sur 1(1 forinalioji de Purée dans le foie après
la mon. Note de M. K. Fosse et de M"'^' N. Kouciielmak, pré-
sentée par M. E. Roux.
l. La circulation artificielle, dans le foie, de sany, seul (de Cyon) (' ) ou
additionné de carbonate d'ammonium (Schrœder) ('), donne naissance à
l'urée.
'2. Mais le foie, même lavé, produit la carbamide (Ch. RicheL) : « sans
qu'on [luisse faire intervenir une circulation quelconque par le sang, chargé
de carbonate d'ammoniaque ou d'oxygène ». Ce phénomène est intimement
lié à l'existence d'un ferment soluble : la diastase urédpoiétique de
Uichet(').
3. Gomme ces résultats ont été acquis par des dosages d'urée avec l'hypo-
bromite, plusieurs auteurs ont cherché à vérifier l'identité du corps engen-
dré par le foie. Des produits de l'autolyse aseptique de cet organe,
Gottlieb (') isole une substance qu'il considère comme étant probablement
l'urée : parce qu'elle se dissout dans l'alcool éthéré, dégage de l'azote par
l'hypobromite et précipite avec le nitrate mcrcurique. Schwartz (') arrive
aux mêmes résultats par la méthode de Môrner-Sjoqvist. D'après Lœwy ( ' ),
ce n'est point l'urée qui apparaît dans l'autolyse du foie, mais un acide
aminé, très voisin de ce corps, dérivant du glycocoUe, soluble dans l'alcool
éthéré, dégageant de l'azote avec l'hypobromite et refusant de précipiter,
contrairement à l'urée, en présence du nitrate mercurique, de l'acide azo-
tique et de l'acide oxalique. Lambling (*) en conclut qu'il s'agit de l'urée
ou d^unc substance très voisine. Les méthodes d'identification et de
dosage de l'urée par le xanthydrol confirment pleinement lés résultats des
expériences de Ch. Richet.
4. Démonstration de la formation de l'urée par le J'oie après la mort. —
Le foie d'un chien, saigné à blanc, est broyé et la pulpe introduite par
portions de 20^ environ, dans des flacons tarés. Après détermination exacte
de l'augmentation du poids, on ajoute dans chaque vase la même proportion
de chloroforme, mélange par agitation, on bouche et l'on abandonne à la tem-
pérature ordinaire (été). L'arrêt de l'autolyse et la désalbumination ont été
obtenus en ajoutant du réactif Tanret, deux fois plus concentré en iodo-
(') Ch. RicuEi, Diclionnairc de Physiologie, Article Foie, p. 686 et suiv. ,
(■^) Lambling, Précis de Biochimie, 2' édition, p. SSg.'
772 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mercurato que celui employé par le sang, à raison de i""' par gramme de
pulpe. Après mélange et centrifugation on recueille des liqueurs telles,
qu'une quantité donnée correspond à un même poids de foie. Un volume
de filtrat reçoit un volume d'acide acétique et du xanlhydrol (i^ pour 200"''
de mélange), dissous à froid au moment de l'expérience, dans 10 parties
d'acide acétique. La xanlhylurée, essorée après plusieurs heures, est épuisée
à la soude chaude pour éliminer le glycogène.
Kappoil
lodo- de l'urée
Durée mercurate Xantliylurée" Urée après aulolyse
de Poids acétique pour 20'''"', pour lOOO^'"', à Turée
l'aulolyse. de foie. (vol.). liq. désalbuui. Ilq. désalbum. du lériioin.
Il s cm' B B
Témoin... o 23, i3 aS.iS o,oi o,oji4 »
Exp. 1 66 24,08 24,08 0,06 0,428 6
Exp. 2. . . . ii4 23,85 23,85 o,o58 o.4i4 a^/
Des résultats semblables nous ont été donnés par la pulpe de foie, fluorée,
placée à l'étuve.
.5. Abolition, pnr chanffdge, de l a propriété que possède le foie de former de
Viirèe. — On place à l'étuve, à '^']°-[\o°, deux lots de vases bouchés contenant
même poids de foie de chien, broyé, fluoré à ^, l'un d'eux ayant été préa-
lablement placé 20 minutes dans l'eau bouillante. La méthode, qui vient
d'être décrite, établit que l'urée n'augmente point dans le foie cuit, tandis
qu'elle s'élève notablement dans le foie non coagulé, où sa quantité peut
devenir 6,7 fois supérieure à celle du témoin cuit.
CliaufTage Xantliylurée Urée Rapport de Turée
à + 37°. pour M"^"', pour 1000'™', après aulolyse
Durée. Ilq. désalbum. liq. désalbum. à l'urée du témoin.
l'oie cuit o o,o4 Oi^22 »
Foie cuit 47 0,037 0,21 »
Foie cru 23 o , 1 5 o , 85 3,8
Foie cru 47. pi 21 '>2 5,4
Foie cru 5i 0,26 i,48 6,7
PHYSIOLOGIE. — Grossesse et phénomènes de choc nnaphylcclique. Note (')de
MM. Auguste Lumière et IlE.\ni Couturier, présentée par M. Roux.
Au cours d'c.vpériences poursuivies depuis plusieurs mois sur le choc
anaphylactique chez le cobaye, nous avons observé que certains sujets
(') Séance du 7 mars 1921.
SÉANCE DU 21 MARS 1921. 778
préparés au sérum de clieval demeuraient insensibles à l'injection déchaî-
nante intra-cardiaque qui, en moins de trois minutes, déterminait invaria-
blement la mort de la plupart des animaux de la même série.
La sensibilisation avait cependant été pratiquée de la même manière et
la dose seconde administrée dans les mêmes conditions, tous les cobayes du
même lot ayant été traités, en somme, d'une façon aussi identique que
possible.
Supposant que cette résistance exceptionnelle au choc pourrait peut-être
relever de dispositions individuelles, nous avons aussitôt fait cette curieuse
constatation que les animaux qui n'avaient point réagi étaient tous invaria-
blement des femelles en gestation.
Pour vérifier l'influence de la grossesse sur les phénomènes de choc, nous
avons choisi, parmi les cobayes antérieurement soumis à la même injection
préparante de sérum de cheval, des mâles puis des femelles fécondées, qui
ont reçu indistinctement dans le cœur gauche o""',6 de ce sérum. Dans ces
conditions, tous les mâles meurent en quelques minutes alors que les femelles
ne présentent au bout de ce temps qu'un peu de prurit, sans aucun autre
symptôme.
Après l'accouchement, l'état de sensibilisation réapparaît chez les femelles
préparées qui présentent dès qu'elles sont délivrées, tous les accidents de la
crise anaphylactique lorsqu'elles reçoivent l'injection déchaînante.
Prenant ensuite un autre lot d'animaux neufs, composé de la même
manière, et injectant dans le cuîur gauche i""' de suspension bary tique utilisée
dans nos recherches précédentes ( ' ), nous avons vu tous les mâles mourir en
quelques minutes à la suite du choc anaphylacloïde habituel, alors que les
femelles en état de grossesse n'ont présenté aucun accident. Une seule
femelle, chez laquelle on avait pratiqué une saignée de quelques centimètres
cubes cinq heures auparavant, a accusé, sous l'action de la dose d'ordinaire
sûrement mortelle pour les mâles, des troubles passagers assez intenses qui
n'ont duré que quelques minutes; mais ce cas ne semble pas infirmer la
généralité des résultats signalés plus haut parce qu'il s'est précisément rap-
porté à une femelle dont la gestation était tout à son début.
D'autre part, cherchant à déterminer les relations qui peuvent exister
entre la crise épileptique et le choc anaphylactique, nous avons injecté dans
le cœur gauche des cobayes mâles de i"""à 2""' de sérum de malades atteints
( ') Auguste Lumière el Henri Couturier, Sur le clioc provoqué par rinlrocluclian
de substances insolubles dans la circulalion {Comptes rendus, I. 171, 1920, p. H72).
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de mal coiuitial et provoqué ainsi des accidents é|)ileptiformes caractéris-
tiques graves pouvant se terminer par la mort quand la dose est suffisante.
Sans attendre d'avoir poussé plus avant notre élude sur les rapports de
l'anaphylaxie avec Tépilepsie, nous devons pour l'instant mentionner que
ces mêmes injections de sérum d'épileptique pratiquées chez les femelles
pleines n'entraînent que des troubles insignifiants et, la plupart du temps
même, aucun accident ( ' ).
Nous nous sommes demandé si (dans le cas des injections intra-car-
diaques tout au moins) cette singulière immunité des femelles en étal de
gestation, aussi Jjien contre le choc anaphylactique que contre les chocs
barytique et épileptique, dépendait d'une propriété spécifique de leur sérum
et, pour le vérifier, nous avons saigné un. certain nombre de ces femelles,
puis ajouté leur sérum aux doses déchaînantes d'anligène qui ont été injec-
tées à des mâles. Nous avons constaté que cette addition n'a eu aucun elVet
de préservation-, il en a été de même quand le sérum a été administré soit
avant, soit après l'injection seconde.
L'immunité ne sembleUonc pas résider dans des modifications humorales
qui surviendraient pendant la grossesse et son mécanisme pourrait plutôt
être recherché dans une diminution de l'aptitude aux phénomènes réilexes
ou dans une variation des réactions nerveuses.
ZOOLOGIE. — Sur des ololitlics suh fossiles de Poissons du Saluira méridional
et leur signification. Note ('■) de M. Jacques PcLi.Kuiti\, transmise
|)ar M. E. Pcrricr.
Des éludes récentes montrent que le régime hydrographi((ue du Sahara
était jusqu'à une époque relativement très proche fort dillérent de ce (juil
est aujourd'hui. Des fleuves importants sillonnaienl la surface du (Irand
désert, des lacs, des niarais en jalonnaient l'étendue. La physionomie
générale de ce vaste réseau fluvial vient d'être esquissée dans ses grandes
ligues par il. Chudeau (^). On im'ctgine aisément combien devait être
' ■ ■' f:r.;M--- •' ' '•
(') Ces faili soiU sans doulJ à rapprocher des profondes modificaliuiis i[iii sur-
viennent au cours de la grossesse des femmes épilepliques dont les crises peuvent pai-
fois être coinplètenienl supprimées pendant toute la gesl^ilion. .
(') Séance du i4 mars 1921.
(') R. Chudeau, L'hydrographie ancienne du Sahara {Comptes rendus, l. 172,
1921, p, 459).
SÉANCE DU 21 MARS 1921. 776
abondante el variée la faune aquatique qui peuplait tous ces cours d'eau,
l'.n réalité, ainsi que je l'ai montré ('), certains vestifi:es en subsistent
encore aujourd'luii; des lleptiles comme les Crocodiles, des Batraciens,
plusieurs espèces dh Poissons, ont réussi à se maintenir en quelques points
d'eau tant du Sahara central, qu'occidental ou oriental. Pour les Mol-
lusques lluviatiles, L. Germain a fait des observations analogues.
Bien plus nombreux encore sont les restes subfossiles, fragments ossoux de l*oissons
ou coquilles de Mollusques aquatiques, qu'on rencontre en des localités fort diviMsos
du Sahara el qu'on peut rapporter à des formes vivant encore actuellement dans les
lacs ou rivières du Sud el de l'Es.l : Sénégal, Niger, Tchad ou Nil.
L'année dernière j'étudiais ici-même {^) des ossements de foissons recueillis au
Sahara oriental par la mission dirigée pai- le lieutenant-colonel ïilho, dans la région
aujourd'hui complètement desséchée désignée par lui sous le nom de Pays-Bas du
Tchad et je montrais que la présence de grands Pqissons comme les LaU-s ou l'erches
du Nil et de divers Siluridés ne s'expliquait que par l'existence récente en ces lieux de
vastes lacs d'eau douce. Des constatations analogues, comme oh va le voir, peuvent être
faites aussi dans le Sahara méridional. \
On trouve assez souvent dans les terrains bordant les rives du Niger des ololilhesde
Poissons. Ces « pierres de l'oreille » dont l'aspect extérieur rappelle grossièrement
une coquille de Brachiopode sont de dimensions notables, certaines mesurant parfois
22™'" sur a-j™" et appartiennent certainement à des espèces de grande taille vivant
dans le fleuve. E. Priem, qui a étudié et figuré deu.x de ces ololilhes recueillis aux.
environs de Tombouclou par R. Chudeau et communiqué par M. Douvillé, les rap-
porte à un Siluridé comme l'indiquent, écrit-il ('), «les stries concentriques, les
stries rayonnantes de la face externe et le sulcus à peine indiqué par ime légère
dépression sur la face Interne ». Cette assimilation est exacte, mais il me paraît
possible d'arriver à une détermination encore beaucoup plus précise.. Si l'on
envisage, en effet, les Poissons de la famille habitant aujourd'hui le Niger, la'
forme, des ololilhes permet d'éliminer les espèces du groupe des Ctarias et des Syno-
doalis et de les attribuer, sans crainte d'erreur, à des Siluridés de la section des
Bagrinés. Or, dans celle-ci, seuls tes genres £rt^r«s, Claroles, Auchenoglaris t\. Ariiis
renferment des espèces atteignant 1'" ou presque. C'est probablement à ce dernier
(') J. Pellegri.v, Les -Vertébrés aqualiqucs du Sahara. {Comptes rendus, t. 133,
191 1, p. 972) ttSur la faune iclitliyolo^ique du Sahara oriental {Op. cit., l. 168,
1919, p. 961).
(-) J. Pellegrin, Sur des ossements subfossiles de Poissons des Pays-Bas du Tchad
et leur signification {Comptes rendus, t. 170, 1920, p. ao6).
(') Priem, Sur des Poissons fossiles et en particulier des Siluridés du Tertiaire
supérieur et des couches récentes d^ Afrique {Mém. Soc. géol. Fr. : Paléoat., t. 21,
3" série, iQi^i Méra. 49; p. i3, fig, i et 2).
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
genre (') dont une espèce, Arius ffigas Boulenger qui remonte le Haul-Xiger, mesure
jusqu'à i",!» de longueur, qu'il y a lieu de rapporter ces éclianti lions.
Cette assimilation une fois bien établie, on comprend l'intérêt qui peut s'attachera
la découverte d'ololitlies semblables en des points du Saliara méridional fort éloignés
du JViger actuel. Or. le fait n'est pas rare, ainsi qu'a bien voulu me le signaler
R. Chudeau qui a rencontré des otolilhes un peu à l'ouest de Bou Djebeha dans
l'Azaouad à 200'"" au nord-nord-est de Torabouctou.
J'ai pu examiner également d'autres échantillons du laboratoire de Géologie du
Muséum récoltés en plein Saliarâ, dans la région de Kidal (Adrar des Ifora.s) (-), à
Sûo""" environ à l'est de Tombouctou, par M. Huchery, adjoint des affaires indigènes.
Nul doute que de pareils otolilhes ou des ossements de Poissons ne soient signalés
dans un grand nombre d'autres localités sahariennes.
La présence d'otolithes subfossiles de grands Siluridés d'espèces acluelles,
en divers points aujourd'hui plus ou moins arides et desséchés du Sahara
méridional, vient confirmer l'hypothèse de l'existence en ces régions de
grands cours d'eau, seuls capables d'héberger des Poissons de dimensions
considérables. Incontestablement en ces lieux existaient à une époque peu
reculée de vastes affluents du Niger dont le cours d'ailleurs devait être assez
différent de ce qu'il est aujourd'hui.
ZOOLOGIE. — Sur les réactions cliiniiotactiques dit flagellé « Chilomonas ».
Note de M. E. Fernandez (jaliano, présentée par M. Edmond
Perrier.
Garrey (') étudia l'influence des acides sur les Chilomonas en déposant
quelques gouttes du liquide de culture contenanl les protozoaires sous une
lamelle, au bord de laquelle il plaçait le bout ouvert d'un tube capillaire
contenant l'acide à essayer. Garrey constata que, à l'exception de certains
acides organiques vis-à-vis desquels les Chilomonas se montraient incons-
tants, ces protozoaires se rassemblaient en formant un anneau autour de la
(') Les Arius sont des grands Siluridés répandus dans les régions tropicales de
l'Ancien et du Nouveau Continent; ils vivent tantôt dans les eaux marines le long des
côtes et dans les estuaires, tantôt dans les eaux douces.
(-) Au sujet de l'emplacement de ces localités, cf. H. Ciildkai', Excursion grolo-
gique au nor/l et à l'esl de 'foiiiliouclnu {Hall. Soc. gcol Ir.. I. I.'i. 191"), p. 110,
fig. 10).
(') Garrey, The cffccl of ions upon tlie aggregnlion of flagftlaled litfusoria
{Amer. Journ. of PhysioL, vol. 3, 1900).
SÉANCE DU 21 MARS 192I. 777
goutle acide. Cet anneau fut obtenu par (îarrey avec toutes les solutions
aqueuses d'acide quelle que fût leur concentration : les Chilonionas ne
pénétraient jamais dans la goutte acide.
Les expériences de Garrey ont été reprises par Jennings et Moore ('),
(|ui ont observé à leur tour que si la solution était relativement concentrée
(à ■— pour 100, par exemple) les Cliiloinonas se disposaient en anneau
autour de la goutte acide; mais, par contre, si la solution était très étendue
{xoô pour 100, par exemple), ils se rassemblaient dans l'intérieur de la
goutte; ils montraient donc un tactisme positif vis-à-vis de la faible
solution acide. Etant donné que lesdits auteurs ont obtenu les mêmes
résultats avec toute espèce d'acides (sauf, naturellement, que la concentra-
tion nécessaire pour provoquer le tactisme positif n'était pas la même pour
tous les acides), ils sont arrivés à cette conclusion que les Cliitomonus
montrent un tactisme positif vis-à-vis des acides faibles. Ce fait que Garrey
aurait obtenu des résultats différents a été expliqué par Jennings et Moore
en supposant que ledit expérimentateur avait négligé d'éliminer l'acide
carbonique provenant de la respiration des protozoaires avant d'introduire
la goutte acide et, par conséquent, les réactions observées par Garrey
seraient le résultat de la différence entre l'action sur les flagellés de l'acide
çssayé et celle de l'acide carbonique dissous dans le milieu de culture.
Afin de constater si la difîérence des résultats obtenus par les auteurs
cités était due, en effet, à la présence ou à l'absence de l'acide carbonique
dans le milieu de culture, j'ai exécuté deux séries d'expériences ("). Pour
la première, j'ai fait pénétrer l'acide à essayer dans la préparation, sans
enlever au préalable l'acide carbonique; pour la deuxième, avant chaque
expérience, j'ai employé la méthode conseillée par Jennings et Moore pour
l'élimination de l'acide carbonique qui consiste à insuffler de l'air à plu-
sieurs reprises à l'aide d'une pipette dans quelques gouttes du liquide de
culture contenant les protozoaires qu'on veut observer. Une fois que la
goutte de l'acide à essayer a été introduite, la pipette a été tout de suite
retirée. Les acides essayés sont le chlorhydrique, l'azotique et le sulfurique
(') JiiNMNiis el iMooRE, Sladies on reaclions to sliniuli in unicslluiar organisms.
VIII. On the reactions, of Infusoria to carbonic and other acids, with spécial réfé-
rence to the caiisss of the galherlngs spontaneously formed {Amer. Journ. 0/
PhysioL, vol. G, 1902).
(') Fernandez Galiano, Contribucion al esladio de las reacciones quimotdcticas
del flagelado Chilonionas {Bol. de la R. Soc. espan. de liisl. JVat., l. 20, 1920).
G. R., 1921, I"' Semestre. (T. 172, N' 12.) 58
77^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
étendus dans de l'eau distillée à plusieurs degrés de concentration (entre
I pour loo et i pour 20000).
Les résultats fournis par notre première série d'expériences sont d'accord
avec ceux obtenus par Garrey, c'est-à-dire que toujours les Chilomonas
se rassemblent en anneau autour de la goutte acide. Par contre, les résul-
tats fournis par la deuxième série d'expériences sont d'accord avec ceux
obtenus par Jennings et Moore, puisque les flagellés forment un anneau
autour de la goutte d'une solution acide relativement concentrée (acide
chlorhydrique à i pour looo, par exemple), tandis qu'ils se rassemblent
dans l'intérieur de la goutte si la solution devient très étendue (acide
chlorhydrique à i pour 5ooo, par exemple). 11 en résulte, d'accord avec les
conclusions de Jennings et Moore, que les réactions observées par Garrey
sont dues à l'interférence de l'influence de l'acide essayé avec celle de
l'acide carbonique contenu dans la préparation, ce qui doit toujours arriver
puisque les Chilomonas demeurant dans les cultures ordinaires montrent un
tactisrae positif vis-à-vis de l'acide carbonique, aussi bien qu'il a été
démontré par lesdits auteurs.
J'ai pareillement constaté que les Chilomonas se rassemblent dans de l'eau
distillée, contrairement à ce que Jennings et Moore (') avaient observé,
savoir que lesdits flagellés se conduisent d'une façon tout à fait neutre
vis-à-vis de l'eau pure. En effet, si l'on fait couler de l'eau distillée de la
pipette pendant une demi-minute à peu près, on voit que les Chilomonas
reculent au contact de la surface de la goutte ; mais au fur et à mesure que le
mélange s'opère entre le liquide de la préparation et l'eau de la pipette, les
flagellés envahissent doucement la goutte d'eau jusqu'à ce qu'ils l'occupent
totalement pour s'y agglomérer. Par contre, si la pipette est rapidement
retirée de façon à n'en faire sortir qu'une faible quantité d'eau, la réaction
devient tellement effacée qu'elle peut faire croire que les Chilomonas se. com-
portent d'une façon neutre vis-à-vis dudil liquide.
J'ai aussi observé, quand il s'agit d'introduire- une assez grande quantité
d'acide très étendu dans le milieu où les protozoaires demeurent, ce qu'on
peut réussir en laissant la pointe de la pipette assez longtemps sous la lamelle,
que les Chilomonas montrent d'abord une réaction négative vis-à-vis du
liquide introduit (c'est-à-dire ils reculent au contact de la surface de la goutte
introduite), et au fur et à mesure que l'acide se mêle avec le milieu de cul-
(') Jk.nmngs el M00HE, fvf. cil.
SÉANCE DU 2 1 MARS I921. 'j-g
tiire de la préparation, ils reculent sur des points de plus en plus rapprochés
du centre de la goutte jus([ii'à ce qu'ils l'occupent entièrement. Les Chiln-
monas montrant en même temps un tactisme négatif vis-à-vis du milieu de
culture, on arrive à ce résultat final qu'ils se rassemblent dans la goutte acide.
Nous arrivons au même résultat lorsque l'acide est étendu à i pour 3ooo,
par exemple lorsque sa dilution devient plus grande (à i pour 5ooo, à
I pour loooo, à I pour 20000, etc.), sans qu'on n'aperçoive d'autre diffé-
rence que plus l'acide est étendu, plus l'envahissement de la goutte devient
rapide.
Résumé : aussi bien si la pipette contient de l'acide très étendu que si elle
renferme de l'eau distillée, poiiivu que dans les deux cas on fasse couler le
liquide de la pipette pendant un temps assez long (une demi-minute, par
exemple), on peut observer que la réaction se développe en présentant les
trois étapes suivantes (') : 1' phase de recul des protozoaires au contact du
liquide de la pipette; 2" rassemblement des animaux sous la forme d'un
anneau autour de la goutte introduite; 3° accumulation des flagellés dans
l'intérieur de celle-ci. Dans le cas où la pipette contient de l'acide très étendu
et si on la laisse très peu de temps sous la lamelle de façon à n'en faire
couler qu'une faible quantité, les deux premières phases se passent rapide-
ment, ce qui nous permet d'expliquer ce fait que Jennings et Moore n'aient
pas observé que la phase finale, c'est-à-dire l'accumulation des Cliilonionus
dans la goutte introduite. Il en résulte que les Chilomonas demeurant dans
leur milieu de culture ordinaire, ne montrent un tactisme positif ni pour
l'eau distillée ni pour les acides étendus, mais pour le mélange de l'eau ou
de la solution acide faible avec le milieu de culture.
BI0L0>3IE GÉMÉRALE. — La défense des ani'iiaax groupés ris-à-vis des agents
nocifs. Note de M°"' An.va Drzewina et M. Georges Boii^r, présentée
par M. Henneguy.
Dans deux Notes précédentes (-), au sujet de l'action nocive de l'argent
colloïdal ou de l'eau douce sur les Cowoluta, et de l'action de l'argent col-
loïdal sur les Infusoires, nous avons montré l'importance du nombre des
animaux traités sur les résultats de l'expérience. En effet, toutes choses
(') Fernandez Galiano, loc. cil.
C) A. Drzewina et G. Boh.n, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. i023, el t. 172, 1921,
p. 485.
780 ACADÉMEE DES SCIENCES.
égales d'ailleurs, les individus isolés sont infiniment moins résistants que les
individus groupés. Nous avons cherché à voir si celte conclusion s'applique
à d'autres groupes d'animaux, et à serrer de plus près le problème. Les
larves de Rana fitscn se sont montrées à cet égard un matériel de choix.
Nous avons fait de nombreuses expériences en série, sur plusieurs pontes,
et sur des stades de plus en plus âgés, depuis des embryons à l'éclosion
^gmm ^ ^™™) jusqu'à des têtards de 20™™ environ (température : 17° à 18").
Il est à remarquer dès l'abord que la sensibilité à l'argent colloïdal décroît
rapidement avec l'âge, de sorte que, suivant les stades, il faut employer
des solutions faibles, i à 2 gouttes d'argent colloïdal pour 25™' d'eau,
ou plus fortes : 5 gouttes.
Une expérience ivpique, et qui réussit infallllblemenl, est la suivante. On a une
série de petits crislallisoirs contenant, pour 25"'°' d'eau, 1 goutte de collargol; dans
l'un on place une cinquantaine d'embryons de Rana^ de 7 à 8™""; dans les autres, on
n'en place que deux par crislallisoir. Déjà au bout de i5 minutes, on reconnaît que
les individus isolés par deux sont attaqués beaucoup plus brutalement que les groupés.
Au microscope, on voit des cellules se détacher en grand nombre de la peau qui
apparaît comme rongée ou bien hérissée de cellules qui y adhèrent encore; les indi-
vidus groupés ne présentent rien de comparable à ce semis énorme. Le contraste ne
fait que s'accentuer : après 3 à 4 heures, les isolés sont inertes, après 6 heures, ils
sont décomposés; au contraire, les individus groupés restent en vie, et le lendemain,
toujours dans la solution, ils réagissent et nagent. Avec des individus plus âgés, et des
doses plus fortes, l'issue est la même : de façon constante, sur les 5o groupés, tous
survivent; sur les 5o isolés, tous succombent.
On ne peut pas attribuer ce résultat à ce que l'épuisement du colloïde
serait plus grand dans un cas que dans l'autre. Nous avons dit que le con-
traste est frappant dès le début; mais il y a mieux. Nous décantons la solu-
tion où depuis 24 heures séjournent une cinquantaine d'embryons, et dont la
teinte révèle la présence du colloïde; nous y ajoutons le même nombre de
gouttes que la veille, i par exemple, et nous y plaçons deux embryons neufs
du même âge. Ceux-ci survivent, alors que des individus témoins, placés
dans une solution neuve à i goutte de collargol, succombent, comme
c'est la règle pour les isolés. Il semble ainsi que, attaquées par le colloïde,
les larves émettent, rapidement^ une substance (ou des substances) qui a
pour effet de les protéger. Quand les individus sont groupés, la défense est
efficace; quand ils sont isolés, ils sont détruits, car le taux de la substance
émise n'est pas suffisant pour arrêter à temps l'attaque. Cependant, petit à
petit, il s'en accumule assez pour préserver, dans une certaine mesure, deux
ndi vidus neufs qu'on introduirait, 24 heures après, dans la solution décantée,
SÉANCE DU 21 MARS ig2I. 781
même si elle est renforcée par l'adjonction d'un certain nombre de gouttes
de colloïde.
Nous nous sommes demandé si l'eau où séjournent de nombreuses larves
de liano, ou bien l'eau des pontes, ne renfermerait pas une substance
excrétée et qui protégerait contre l'action du collargol. En effet, des solu-
tions faites avec ces eaux sont moins nocives que celles faites avec l'eau du
robinet, mais sont loin de protéger aussi efficacement que les solutions de
collargol où déjà a eu lieu une attaque. En établissant une série de solu-
tions dans ces diverses conditions : solutions au collargol où avaient séjourné
des individus groupés, ou des individus isolés, solutions faites avec l'eau des
pontes, avec de l'eau fraîche, etc., on obtient une gradation remarquable
des effets, et l'on peut prédire ceux-ci à l'avance.
Voici encore une expérience qui vient à l'appui de l'hypothèse de subs-
tances protectrices. Nous l'avons faite sur des têtards operculisés de i5"""
à 20™™ qui, comme nous l'avions déjà constaté l'an dernier, sont peu
sensibles au collargol. Deux têtards placés dans un petit cristallisoir de 4'^^"
de diamètre, contenant 25"°' d'eau additionnée de 5 gouttes de collargol,
vivent pour ainsi dire indéfiniment. Mais si on les place dans un cristalli-
soir de lo""" de diamètre, avec 10 fois plus d'eau, le taux de la solution
restant le même, ils meurent en moins de 24 heures, comme si la substance
hypothétique, diluée dans une grande masse d'eau, ne constituait plus une
protection convenable.
De toutes façons, il est important de noter que le volume du liquide ait
ici une si grande influence sur son « pouvoir toxique ».
Nous cherchons à préciser la nature des substances protectrices, et à
voir en particulier si elles sont spécifiques. Dès maintenant, les faits que
nous apportons nous paraissent présenter un réel intérêt, tant pour la phy-
siologie que pour la biologie générale. Ils sont susceptibles, par exemple,
d'expliquer les groupements si curieux de certains organismes, les Convo-
luta entre autres, sur des espaces restreints.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur le mode de développement des tumeurs dites
mixtes et des cylindromes de la région de la face. Note ( ' ) de MM . Alezais
et Peyron, présentée par M. Quénu.
L'histogenèse des tumeurs parabuccales chez l'homme montre entre les
épithéliums et les éléments de la. série conjonctive, une continuité qui,
(') Séance du i4 mars 1921.
782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
après avoir été longtemps méconnue, a ensuite servi de base à la théorie de
l'origine cndothéliale de ces tumeurs. Cette dernière a été elle-même
démontrée inexacte par les recherches de Krom pécher et par les nôtres ('),
qui ont mis en évidence l'évolution connective des épithéliiuns. Le
Mémoire apporté par l'un de nous en collaboration avec P. Masson (^) a
exposé les caractères régionaux de cette histogenèse et en particulier ses
analogies avec celles des ébauches adamantines et des adamantinomes.
Les recherches poursuivies depuis lors nous permettent aujourd'hui de
rattacher ces particularités, en apparence spéciales, aux processus géné-
raux de l'évolution des épilhéliums réticulés et en particulier du tissu noto-
chordal. Notre étude synthétique est basée sur l'examen de 60 tumeurs
dont 10 présentent le type du cylindrome. Les épithéliomes pavimenteux
purs, improprement désignés sous le terme de branchiomes, ne sont pas
compris dans ce nombre.
Dans la plupart des tumeurs mixtes, l'étude de la topographie iiistologique montre
l'effilochage caractéristique des amas épithéliaux en un réseau d'éléments étoiles que
nous avons décrit avec P. Masson. Mais l'évolution de cette lignée épithéliale, de même
que celle des tissus chordal et adamantin, ne peut être interpiétée de façon satisfaisante
que par une élude spéciale des exoplasmes; celle-ci en dehprs des colorants habituels,
du tissu conjor.clif. peut être faite à l'aide de la thionine du Giemsa et de l'écsine-
orange-loluidiiie de Dominici. Ces dernières méthodes révèlent au niveau des élé-
ments épithéliaux de type malpighien souvent très net, un liséré exoplasmique ou
intercellulaire dont l'élargissement, lié à celui des vacuoles, constitue par places des
flaques irrégulières. Ces dernières s'incorporent ensuite et progressivement à des
travées de substance amorphe ou fibrlllaire dont la nature collagène n'est pas dou-
teuse. Les éléments cellulaires ainsi isolés piésentent une série de modifications consé-
cutives confirmant le rôle biologique actif de l'épithélium dans cette évolution qui
conduit finalement à des éléments étoiles ou cartilagineux.
Dans les corps cellulaires isolés ou en syncytium apparaissent des vacuoles dont la
conflue. ice détermine la séparation d'un exophisme et d'un endoplasme. Le piemier
est destiné soit à s'incorporer dans la substance fondamentale, soit à persister comme
capsule cartilagineuse; le second constitue le corps cellulaire définitif. Ainsi se
constituent en particulier des éléments cartilagiiieux étoiles rappelant ceux du carti-
lage céphalique des mollusques céphalopodes.
Un processus de même ordre conduit à la disposition caractéristique du cvlin-
drome, mais ici la genèse des substances amorphes aux dépens des exo|)lasnies
s'eflTectue sirniiit;mérnent à la périphérie cl à l'intérieur de masse-; épithéli:ilp< à l'i'tit
(') Alezais et I'eyron, Développement d'élémerils conneclifs auxdépcns d'élcmeiils
épithéliaux dans les tumeurs de la face {C. fi. Soc. de Jiioloirie, '909).
(^) Masson et Peyro.n, .Spécificité cellulaire et tumeur mi.vle (Association fran-
çaise pour l'étude du cancer, avril 1914).
SÉANCE DU 11 MARS I921. 788
slalique. Au lieu d'observer reffilochaga caraclérislique de la tumeur mixte, on
trouve d'une part des gaines périphériques et de l'autre des formations intra-épitlié-
liales (corps oviformes de Malassez). L'opinion de Malassez, qui les considérait
comme un lissu muqueux envahissant à extension centripète par rapport aux amas
épithéliaux, est inexacte. Nous avons pu nous assurer que ce processus est identique
à celui de la genèse des gaines de la notochorde aux dépens de son épilhélium péri-
phérique. Les corps oviformes primitivement indépendants du stroma résultent de la
fusion d'abord irrégulière de lisérés exoplasmiques voisins en un reticulum constitué
par des fibrilles radiaires en continuité avec l'exoplasme originel. Ultérieurement
ce reticulum diflérencie une partie centrale dont les travées sont généralement perpen-
diculaires aux précédentes et de nature collagène. L'axe conjonclif ainsi configuré
entre Si?D idairemeut en connexion avec le stroma préexistant qui lui sert de support.
Le rappi'ochement que nous venons d'établir entre la tumeur mixte et le
cylindrofiie est corroboré par ce fait que les deux dispositions peuvent
coexister. Il est également confirmé par la présence dans certains cylin-
dromes d'épithéliums étoiles de type adamantin, analogues à ceux de cer-
taines tumeurs mixtes, et particulièrement favorables pour suivre l'évo-
lution des exoplasmes. Ces notions d'histogenèse laissent de côté la question
de l'origine adulte ou embryonnaire de ces tumeurs que nous ne voulons
pas envisager ici. Elles sont à rapprocher des faits apportés dans le cancer
expérimental par l'étude de la stroma-réaction qui est peu favorable à
l'hypothèse d'un rôle actif du lissu conjonctif dans l'évolution des tumeurs
épithéliales.
La séance est levée à 16 heures et demie.
E. P,
ERRATA.
(Séance du 7 mars 1921.)
Note de Lucien Daniel, A propos des greffes de Soleil sur Topinambour
Page 612, ligne 22, au lieu de qui le rappelle, lire qui les appelle.
784 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGRS REÇUS DANS LES SÉANCES DE JANVIER 1 02 1 .
Résultais des campagnes scieiuifiques accomplies sur son yacht par Albert I"'',
prince souverain de Monaco. Fascicule LVII : l.arves d' Actiniaires, par Ch. Gravirr;
fascicule LVlll : Etudes d' Aiiatomie comparée sur les Poissons, par Joseph Nushau.m-
IIiLAROWicz. Imprimerie de Monaco, 1920; 2 voh 42'''". (Présenté par S. A. S. le
Prince de Monaco.)
Note sur la purification et l'amélioration des cotons égyptiens, par M. Vic.tou-
M. MossÉiii. Le Caire, Imprimerie de l'Institut français d'Arcliéologie orientale, 1920;
I fasc. 24'^'". (Présenté par M. H. Lecomle.)
L'industrie chimique française pendant la guerre, par A. IIaller. Extrait du
Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, novembre-
décembre 1920. Paris, 1920; I fasc. 27'''°.
Flore complète illustrée en couleurs de France {Alsace et Lorraine comprises),
Suisse et Belgique, par Gaston Bonniër. Fascicules 31 à 4-0. Pari?, E. Orlhac;
10 fasc. 3a'^°',5.
Energétique générale, pai- Félix Michaud. Paris, Gauthier-^'illars, 1921; 1 vol. 25'"",
(Présenté par M. Bouty.)
Notice sur les titres el travaux scientifiques de Paul Lévy. Paris, 1920. (Pré-
sentée par M. J. lladamard.)
Nova Caledonia. Recherches scientifiques en \ouvelle-Calédonie el aux îles
Lojal/f : Botanique, par Hans Sciiinz et A. Guillaumin; vol. I, fasc. 1. Berlin, Wies-
baden, C. W. Kreidel, 1920; i fasc. 28^,6. (Présenté par le Prince Bonaparte.)
Contribution à l'étude des relations existant entre les circulations atmosplié-
riques, l'électricité atmosphérique et le magnétisme terrestre, par Alkred Vialav.
Paris, Diinod, 1920; 1 vol. 26™. (Présenté par M. G. Lemoine.)
Eléments d' Electrotcchnique générale, par E. Barré. Paris, Etienne Cliiron, 1921.
I vol. 25'''°. (Présenté par M. Hlondel.)
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MAIÎDI 'li) MVIÎS 1021.
PRÉSIDENCE DE M. Gkobgrs LEMOINE.
aiEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur rapprorimation des fonctions
de grands nombres. Note de M. Maurice Hamy.
Les théories exposées dans mon Mémoire sur l'approximation des- fonc-
tions de grands nombres (') se prêtent, dans des circonstances qui se
présentent souvent dans les applications, à la formation du développement
asymptotique de l'intégrale
où n désigne un nombre positif élevé. Cependant, comme l'expression du
terme général ne peut être obtenue d'ordinaire, par suite de complications
insurmontables, il faut se contenter d'évaluer un à un les premiers termes
qui suffisent d'ailleurs, le plus souvent, aux besoins des calculs numé-
riques.
De nouvelles recherches sur la diffraction (- ) dans les instruments astrono-
miques, que je poursuis actuellement, m'ont amené à examiner de très près
le cas particulieroù la fonction i/(G) se réduit à l'exponentielle E'- ou à E~'",
E désignant la base des logarithmes népériens. La loi de succession des termes
du développement asymptotique se_ présente alors sous forme simple. Il me
paraît utile de donner quelques indications à cet égard.
( ' ) Journal de Malhéniatiqucs piirca ri applitjuées, 1908.
(■-) Voir, à ce sujet, Journal de Mathématiques pures et appliquées, 1917 el 1920.
C. r\., 1921, I" 5enj«<re (T. lîî, N« 13.) ^9
786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sans entrer dans le détail des démonstrations, je me bornerai à indiquer
une propriété générale de l'intégrale I, qui joue un rôle essentiel dans
l'élude de la question. Elle se rapporte au cas où | ^(^ )| <[ | 9(")l- '^"'- '*^
long du contour d'intégration, a désignant une valeur particulière de z,
prise en dehors de ce contour. Dans cette hypothèse, q désignant un nombre
positif lixe, d'ailleurs aussi grand que l'on veut, l'expi'ession «''^tt '^"^
vers zéro, lorsque n augmente indéfiniment, sous les restrictions suivantes :
1° la fonction 'Jj^z) est finie, le long du contour; 2" si /'(;) devient infinie le
long du contour, pour :; ^ c, on peut trouver un nombre y, compris entre o
et I, tel que \{z — c)"^ f{z) \ ne dépasse pas un nombre fixe, lorsque ; tend
vers c; 3° si le contour s'étend à l'infini, on admet qu'il existe deux nombres
positifs p et r tels que t7./(^^ cl |3' ofs)! n'augmentent pas indéfiniment,
lorsque la variable z s'éloigne à l'infini, sur le chemin d'intégration.
Considérons maintenant l'intégiale
(0
i,=j'f(z)\i'"^dz
Supposons d'abord qne le contour d'intégration parte du point :; = r/ et que
les oi'données des autres points de ce contour soient supérieures à celle de a.
Ce que nous allons dire s'applique, même si ce contour s'étend à l'inlini.
à condition que son ordonnée soit alors infinie. On doit exclure le cas où le
conlour tendrait vers une asymptote parallèle à l'axe des abscisses et située
à distance finie.
La fonclion /(;) satisfaisant, le long du contour, aux conditions énoncées
ci-dessus, à propos de l'intégrale I. admettons que l'on puisse poser, dans le
voisinage du point a,
(■'.) , /(;) = A,(c-«r'4-...-t-A,,(.--«)^.-H(;-r7)«.J;(-),
'!'(;) étant une fonction analytique finie, dans le voisinage du point a, les
exposants des binômes obéissant d'ailleurs aux Inégalités
(3) — I < a,< SI,. . .< (z,,< «.
Dans ces condilions, si les coefficients A sont calculés de façon que les
déteiminations des binômes coirespondent au plus petit argument positif
de :: — (I, le long du contour, on peut écrire
(4) .I.^A.Kh- A.Kj.+....+ A„K„-t K,
SÉANCE DU 29 MARS 1921. 787
en faisant
( ~>) K,,= ; — K'"" Tl a,, + 1 ),
r désignant la fonction eulérienne de seconde espèce et le terme complé-
mentaire K étant tel que le produit
reste fini, lorsque n aiigmenle indéfiniment.
Su[)posons en second lieu : i" que le [)oint a ne soit pas sur le contour
d'intégration et que les ordonnées des extrémités C et D de ce chemin
soient supérieures à l'ordonnée de a; 1° qu'on ne puisse déformer le contour
jusqu'à le faire coïncider avec la corde CD, sans rencontrer le point a;
3" qu'en allant de C en D, en suivaiit le contour, la variable d'intégration z
tourne, dans le sens direct, autour du point «; 4° qu'on puisse tracer un
chemin Cr/D, passant par le point a, dont tous les points possèdent des
ordonnées supérieures à celle de a et qui serait équivalent au contour donné
si 3 = (7 n'était pas un point singulier de/(:;). Admettons d'autre part que,
dans le voisinage de a, la fonctiony(z) puisse se mettre sous la forme
(6) /(î) = y_(-) + H,(s — n)?. + ...4-r^,,(3 — a)?,.+ (3 — rt)Pd;(;),
'/(:■) étant une fonction holomorphe dans le voisinage de a, ■]>( = ) une fonc-
tion analytique finie, dans le voisinage de a, j3,, p,- • ■ -, {i,„ [i désignant des
exposants que-lconques, vérifiant les inégalités p, < [3,, ..., <^'^^,<^[i,
[3 étant seul assujetti à être supérieur à — i ('\ Dans ces conditions, on a
(7) J,= R,ïl,+ B,H., + ...4-B„H^+H,
en faisant
,0 II 27: I ,.'{""-?rl)
le terme complémentaire H étant tel que le produit
«fs+'F,-'""!!
reste fini, lorsque n augmente indéfiniment. Cette expression de J, suppose
(M La fonction y conipienanl seulement des termes à exposants entiers cl positifs,
quand on la développe suivant les puissances de ; — a, on peut supposer tous les (î non
entiers positifs. D'ailleurs s'il en était autrement, les termes correspondants, dans le
développement (7), seraient nuls, d'après la formule (8).
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
essentiellement les coefficients B du déveli)ppement (6) calculés de façon
que l'argument de : — a, choisi le long du contour, soit nul au point ayant
même ordonnée que «, avec une abscisse supérieure.
L'intégrale
jouit de propriétés analogues, lorsque le contour d'intégration est convena-
blement disposé par rapport au point a.
Supposons d'abord que le contour parte du point a et, de plus, que les
ordonnées de tous ses autres points soient inférieures à celle de a. Si la
fonction /{:■) peut se mettre sous la forme (2), dans le voisinage de a, on a
(9) J,= \,M,-HA,M,-H...+ Â,,Mp+M.
en faisant
le produit
E""'«^+'M
restant d'ailleurs fini, lorsque n augmente indéfiniment. Cette expression
suppose les coefficients A du développement (2) calculés de façon que l'ar-
gument de s — a, choisi le long du contour, possède sa plus petite valeur
absolue.
Supposons, en second lieu : 1° que le point a ne fasse pas partie du con-
tour d'intégration et que les ordonnées de ses extrémités (] et D soient
inférieures à l'ordonnée de«; 2° que ce contour ne puisse être déformé, de
façon à venir coïncider avec la corde CD, sans rencontrer le point «;
3° (ju'en allant de C en D, en suivant le contour, la variable d'intégration
tourne dans le sens direct autour du point a\ 4° cjue l'on puisse tracer un
chemin CaD, passant par le pointa, dont tous les autres points possèdent
des ordonnées inférieures à celle de o et qui serait équivalent au contour
donné, si ^ = a n'était pas un point singulier def{z). Dans ces conditions,
lorsque la fonction f(z ) peut être mise sous la forme (6), dans le voisinage
de a, on a
(M) .L-^l!,N,+ lÎ2N, -...+ r>N,,'i >.
en faisant
(■2) X - ^^ ' p-("-P,.t)
SÉANCE DU 29 MARS I921. 789
le produit
restant crailleiu's Uni, lorsque n augmente indélininient.
Les formules (4) et (9) sont des cas particuliers d'expressions plus géné-
rales qui correspondent au cas où le dé\eloppenient (2) de /(;) doit être
remplacé par le suivant :
f{z)^ a; (;_a)«.L*, (.._«) + ...
+ A,,(c. -</)«rL^,.(; -«) + (.- -«)*I^''(^-«)'M( = ).
q^T fjj, .. ., (/,„ q étant des entiers positifs. Dans cette hypothèse, la for-
mule (4) doit être remplacée par la suivante :
J, r= A', K', -(- A', K', + . . . + A,, Fv^ + K',
en posant
le produit /î"' ' E-""'L"''nK' restant d'ailleurs fini lorsque n augmente indé-
finiment.
D'autre part, en appelant M^^ ce que devient K' , quand on change i
en — /. dans les exponentielles qui y figurent, on a de même, au lieu de la
formule (9),
jj =3 a; m; -+- a; m j + . . . -t- Ap M',, + m',
le produit n°''^'E'""L-^/îM' restant fini lorsque n augmente indéfiniment.
De même, les formules (7) et (i i) rentrent dans d'autres plus générales
que l'on obtient lorsque le développement de f{z), dans le voisinage de a, a
la forme
/(--) =/.(^-) + B,(c - a)?. Log^.(; - «)+...
+ Bp(,. — «)P, Lî,( ; - a) -H ( z'—a)? hi(z-a) '|{;),
les fonctions y(-) et '|(s), les p et les q ayant les significations déjà indi-
quées ci-dessus, sauf que les [i peuvent avoir des valeurs entières positives
lorsque les q correspondants ne sont pas nuls. Dans ces conditions, en
posant
M' - '^"'' ^^ _._'■(--?. f)
la formule (7) doit être remplacée par la suivante :
J, = 1^,H', -h...-HH„li;, -Hir,
790 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le produit n''^^'E^""'h~''rtU.' restant fini, lorsque n augmente indéfiniment,
si j3 n'est pas entier positif. Lorsque [i est entier positif, en même temps
que (/ n'est pas nul, c'est le produit it'^^ 'K""'\j~'''*'' /tïV (\u\ leste fini,
lorsque n augmente indéfiniment.
D'aulre part, en appelant N^, ce que devient — li^,, quand on change
/ en — / dans l'exponentielle qui y figure, la formule (ii) doit être rem-
placée par la suivante :
J,-B,N', -f....4-B,,N,, + N',
le produit n'''*"' E'""L' ''"*"' wN' ou n'^'^'E'""L'''nN', suivant que fi est ou non
entier et positif, restant fini lorsque n augmente indéfiniment.
Les théorèmes énoncés, dans la présente Note, donnent lieu à de nom-
breuses applications relatives aux intégrales dont les éléments différentiels
contiennent en facteur sin/;: ou cosnz.
GÉor.OGIE. — Sur l'âge des forma/ions à lii^nitc de l'Ile de Mnjorcjue.
Note de MM. C. Depéret et P. Fali.ot.
On connaissait à Majorque deux formations à lignite, l'une oligocène
aux abords de Sineu, dans la partie centrale de l'île, l'autre, d'âge discuté,
au pied méridional de la Cordillière, entre Binisalem et Selva.
Des recherches récentes effectuées en divers points des montagnes et la
reprise d'anciennes exploitations durant la guerre permettent maintenant
d'établir, par les documents paléontologiques qu'elles ont mis à jour, (pie
les lignites de la grande Baléare appartiennent à l'Oligocène pour les
grands bassins du Sud de la chaine et au Burdigalien quant aux traces
charbonneuses découvertes au nord de l'île aux abords de Pui^gpuncnt et
au nord du Puig Mayor.
A. Lignites oligocènes : i" liandc de Biniscdem-Seha. — Les formations à
ligniles dites de liinisalein et de Selva s'étendent sur environ 2o'~"' de long,
entre Alaro-Conseil et Selva, au pied sud de la Sierra de Majorque. Ivies
ai>i)ai licnnent à l'élément tectonique supérieur (séiie IV) de cette chaîne
et s'enfoncent au Sud sous les alluvions quaternaires ( ' ).
Accompagnées de Gastropodes d'espèces et même de genres spéciaux,
elles fiH-ent successivement attribuées au Crétacé supérieur (Mares, i8G5)
('; I'. I'allov, Observations sur tes phénomènes de charriage du centre de la
Sierra de Majorque {Comptes rendus, l. 170, 1920, p. 73y).
SÉANCE DU 29 MARS 1921. 179 1
clàri'locène inférieur (Ilermite, 1879; Vidal, 1879). PJn 1899, l'un de nous,
étudiant la série paléontoloi;i(iuo des grands Buliuies éocènos, était amené
à rajeunir Ijoaucoup l'âge du lliiliiniis //om)/ llaime de cet horizon et à le
rap[)oiter à rOligoccne^ '). Enfin, en 1917, M. L.-M. Vidal(-). après avoir
décrit à nouveau cette faune et y avoir mentionné la présence du genre
Lych/iii.s, conclut à son âge Garumnien.
Cependant le caractère de la faune de Mollusques, qui comprend de
grands Mehinoïdrs voisins des espèces oligocènes et miocènes, et un Mela-
nopsis {M. MolinaiyiàaX) probablement identique au M, acrolcpta Font., de
rOligocène du bassin d'Alais, pouvail déjà faire présumer l'âge notable-
ment plus récent de cette formation ligniteuse.
La découverte de Mammifères fossiles dans les mines de Selva est venue
démontrer l'âge oligocène des lignites de cette bande. M. Gaspar Pol, de
l>inisalem, a eu l'amabilité de donner récemment à l'un de nous deux mo-
laires supérieures de Pltigiolophiis Fra(isi\ recueillies à la base des lignites
de Can Miray (Selva) sous les couches calcaires à Melanoïdcs Pachecoi
Vidal. Dans le but de s'assurer si ces Mammifères provenaient réellement
de cotte localité, un jeune géologue espagnol, M, Gomez Llueca, a bien
voulu, sur notre désir, se rendre à Majorque et a pu rapporter de la mine
elle-même d'autres dents de PlagiolopJius de la même espèce, ainsi qu'un
fragment de Trionyx. Enfin il a vu entre les mains de M. Ha mis, à Palma,
une mandibule qui, d'après la photographie rapportée par M. (iomez,
appartient sûrement au même Plagiolophiis.
Descriptions. — Les pièces à notre disposition sont : deux molaires supérieures /»'
et ni' isolées, plus un fragment avec m- — m^ en place, La disposition oblique des
deux, collines internes dont la postérieure pousse un repli d'émail presque jusqu'au
contact de la colline antérieure, la présence de cément, l'absence de bourrelet basi-
laire interne sont des caractères du genre Plagiolophus et le distinguent des Palœo-
llicriuni. Pour la mandibule nous avons deux fragments des deux branches portant /»'
et ni- en place.
On voit sur ces dents l'absence de soudure des deux demi-croissants et le tuber-
cule, placé en arrière de la couronne, qui caractérisent les Plagiolophus.
Les dimensions de ces molaires (//«' d'en haut et d'en bas 20™"') indiquent une
grosse espèce ne pouvant être comparée qu'au seul Plagiolophus Fraasi v. Meyer,
caractéristique de l'Oligocène. On connaît celte espèce depuis le Sannoisien ((^éias)
et on la suit dans les molasses stampiennes inférieures de l'Agenais ainsi que dans le
{') C. Depéret, Bull. Soc. géol. France, 3" série, t. 27, p. 702-708.
(- ) L.-M. N'iDAL, Edad geologica de las lignilos de Seha y Binisalem {Mem. real
Soc. esp. Hisl. nul., t. 10, n° 7).
792 ACADÉMIE DES SCIENCES-
Stanipien maiiii de Klein Hhiuen (Jura bernois), par des mutations de taille graduel-
lement croissantes qui aboutissent aux grandes formes des phosphoriles nommées
par Filliol Plagiolophus Jcn-ali.
Il résulte de ces faits paléontoloi^iques (jue les lignites de Selva-Binisaleiii
peuvent appartenir soit au Sannoisien, soit au Stampien inférieur. La stra-
tigraphie confirme celte détermination d'âge, en nous montrant dans la
région de Binisalem la superposition constante, à l'horizon ligniteux, des
grès et calcaires à Niinirnuliles intermediiis qui représentent la partie moyenne
et peut être aussi supérieure du même étage Stampien.
Si donc le mauvais état de conservation des Mollusques contenus dans
les couches à lignite n'a pas provoqué d'erreur au sujet des coquilles
attribuées au genre Lychnus, il faudra conclure à la survivance très imprévue,
jusqu'à l'Oligocène, de ce genre de Gastropodes considérés auparavant
comme cantonnés dans les dépôts d'âge (larumnien.
Le manque de bons fossiles ne permet pas de préciser si les lignites de
la mine Josefina, exploités aux abords d'AJcudia, dans une imbrication
tectonique qui les met en contact avec des grès miocènes à Clypéastres,
appartiennent à cette formation. Par contre, il semble que les couches
de Santa Ponza, à Mcdanoïdes Pachecoi, et celles du sud .du Puig Antio
(Andraitx), où l'un de nous a recueilli une Glandina voisine des (îl. Vialai
du Ludien et G. injlala de l'Oligocène, représentent, dans la série II, sous
les calcaires à Nummuliles intermedius, un prolongement stérile des couches
de Binisalem.
2" Traces lignitauses des abords de Andraitx. — M. Vidal a signalé en
igoS (') à Cala Blanca (^Andraitx) des formations matines à lignite d'un
caractère littoral que la présence de Nalica crassatina, Potamidcs p/icatus,
P. rhodanicits, lui fait attribuer à la base du Stampien. Ces dépôts, les grès
et poudingues qui les surmontent ainsi (jue les calcaires à N. interrncdius
qui sont dans leur voisinage, appartiennent au bord sud-ouest de la seconde
série charriée à l'intérieur de la Cordillère.
3" Ligtnles de Sineu. — Contemporainement à ce régime marin du nord-
ouest de l'île, se sont formés à 55'"" à l'est de Cala-Blanca, au sud-est des
écailles les plus méridionales de la chaîne, les lignites siatnpiens de Sineu à
Anthracolherium et Aniphitragulus cf. graci/is, dont l'attribution à l'Oligo-
cène est aussi due au savant catalan.
M. Gome/. Llueca nous a rapporté récemment d'une visite aux mines de Sineu de
{' ) Vn)AL, A'oU' .sur l'Oligocène de Majorque {ISutl. Soc. génL, t. 'à, igo5, p. 65i).
SÉANCE DU 29 MARS 192I. 7()3
beaux débris A' Anlltracotlicriiini : un fragineiil de mâchoire siipérieuri; avec //«'
el //(-, un astrai;ale, une extréniilé du niélapode médian., etc., i|ui condruient les oiisei-
valioiis de M-. Vidal.
\J .{ntlinicolheriuni de Sineii est une forme de taille inférieure aux grands Anllini-
collu'riinn inugniiiu du Stampien supérieur et se rapproche bien davantage des Anlltni-
colheritun de taille inoyeunc des phosphorites, que Filhol figure sous le nom erroné
(l'A. (ihdlictiin Cuv. Cette dernière espèce encore mal connue est une mutation de
pelile taille qui caractérise jl'étage sannoisien (Lobsann). On doit plutôt rapprocher
Tanimal de Sineu des fi)inies de laillc inoyenna assez répandues dans les molasses de
l'Agenais ( Itier, Villebiainar), c'est-à-dire dans la partie inférieure de l'étage stampien.
D'après cette détermination, V Antliracotlwriiim de Sineu peut être désigné comme
A. iiKiL^nuin mut. asc. de taille faible, et les lignites qui le contiennent sont attri-
buables au Stampien inférieur, niveau dans lequel on constate habituellement l'asso-
ciation de ces Anlliracdlhcrium movens avec Plagiolophiis Fraasi.
Il est donc possible, on pourrait dire probable, que le niveau géologique
des lignites de Sineu soit le même que celui des lignites de Seha, mais ces
derniers pourraient à la rigueur représenter un horizon un peu plus ancien,
quoique certainement très peu distant.
B. Lignites BurdigaUeju. — On a tenté à Son Cotoner el à Son Serralta,
près Puigpuùent, d'exploiter des lignites d'excellente qualité par des
galeries qui traversent les dolomies du Trias avant d'atteindre le niveau
charbonneux. Ce Trias représente la base de la série JI charriée par-dessus
la série I. L'allure des couches, la présence d'une Melania du groupe
de M. tuberculata el d'un Planorbe écrasés dans des lignites, trop broyés
pour être utilisables industriellement, montrent que ceux-ci doivent être
considérés conune faisant partie de l'ensemble des couches néogènes qui
apparaissent à 100'" ou 200'" de la mine à la faveur de la fenêtre de
Puigpunent.
Nous savons depuis 1914 que ces dépôts se relient aux couches burdiga-
liennes à Pccten pra'scabriuscAiIus de S. Valenti ( ' ).
C'est aussi du Burdigalien qu'il faut sans doute rapprocher les couches
marines où, entre Es Clôt et Es CuUet, au nord du Puig Mayor, dans une
écaille signalée en 1920 (-), les Majoicains ont tenté d'exploiter de minces
et improductives lentilles de lignite. Ces couches de combustible, situées
à 3o'"" au nord-est des précédentes, passent vers le haut à des grès renfer-
mant Turritella turris, Liicina miocenica, Lutraria sanna. Ceux-ci sup-
(') Comptes rendus, t. 158, igi^! P- 645-
(') F. Fallût, Observations sur les phénomènes de charriage du centre de la
Cordillière de Majorque {Ann. Univ. Grenoble, 1920, pi. I, coupe 3).
794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
porteot des couches à planles pétries de petits Sphœrinm. A 4oo™ plus au
Nord-Est, cette coupe se complète vers le haut par des calcaires à Amphis-
tégines sur lesquels repose le Trias de Puig Mayor (série III).
Conclusions générales. — Des faits qui précèdent on peut déduire d'inté-
ressants aperçus sur l'histoire jtaléogéograpliique des Baléares et, d'une
manière plus large, de la partie nord de la Méditerranée occidentale.
Pendant toute la période éocène, le géosynclinal nummulilique devait
passer (nappes dépliées) à loo'"" environ au sud-est de la côte de Majorque,
où l'on ne trouve de calcaires, à grandes Nummulites que dans les nappes
les plus méridionales de l'île (Darder, Estratigrafta de la Sierra de Lei'anle).
La grande Baléare était donc exondée à l'époque éocène, et il en était
probablement de même d'ibiza et de Minorque. C'est seulement dans les
premiers temps de l'Oligocène que la mer à Natica crassatina venant du
Sud-Ouest envahit la région d'Andraitx ('), tandis que les régions du
centre et de Test de Majorque se couvrent de lagunes avec formation de
lignites (Selva, Sineu, etc.) où la présence des Plagiolop/tiis, des Ant/uitco-
tlienum et des Anip/iitragtiliis atteste l'existence de larges communications
avec les terres européennes.
On peut inférer de ces observations l'existence sur toute la région du
golfe du Lion d'un continent éocène et oligocène relié à l'Kspagnc, à la
France et peut être au massif corso -sarde : le massif côtier catalan à l'Ouest,
l'extrémité orientale des Pyrénées et des Corbières, le Languedoc et la
vallée du Rhône, la Provence ot enfin la partie cristalline de la Corse et de
la Sardaigne représentent les débris de ce continent (|ui englobait aussi les
Baléares, tandis que la Méditerranée était rejetée au sud dans son bassin
méridional.
Il est remarquable en elTet qu'il n'existe sur toute l'étendue des côtes
méditerranéennes espagnoles et franraires, depuis ^'alence jusqu'à Nice,
aucune trace de dépôts marins éocènes ni stampiens; ces terrains n'y sont
représentés partout que par des formations lacustres ou à peine saumàlros.
Il est vrai que le golfe éocène des Corbières s'approche très près de la
région méditerranéenne auprès de Narbonne, mais les travaux de M. Don-
cieux ont montré qu'il s'agissait là d'un fond de golfe fermé à l'I^st et
communiquant seulement avec l'Atlantique. De même le golfe éocène sud
(') Nous sa\ons maintenanl que celle Iraiisgressioii slampieiine inférieure s'est
éleiulue sur une nolable pailie de la Mesela espagnole, dans la ])ro\ince de Cuenca el
dans la vallée du Tage jusqu'à Tolède.
SÉANCE DU. 29 MARS I921. 796
pyrénéen s'avaiK'ail jusqu'à (îérone, mais n'alleignait pas la Méditerranée
et ne communiquait aussi (ju'avec l'Atlantique. La mer éocène qui attei-
gnait /Mirante faisait par le Sud le tour des Baléares et de la Sardaigne
pour remonter au Nord par Nice dans le synclinal alpin. Ainsi s'explique
l'absence d'l"]ocène et d'Oligocène marin dans toute la vaste région qui
entoure le golfe du Lion et la très intéressante migration des animaux ter-
restres oligocènes découverts dans les lignites de la grande Baléare.
L'attaque de cette grande terre baléarique commence avec le Stampien
supérieur par la transgression des couches marines à Nummnlites inierinc-
dius qui recouvrent les dépôts ligniteux de Sineu et de Selva pour atteindre
la région de la Cordillère nord de Majorque.
Mais c'est seulement au début du Miocène que ce continent s'effondre en
laissant quelques lambeaux accrochés à la côte européenne. Un bras de mer
important s'établit entre Majorque et la péninsule espagnole, se prolon-
geant dans le Languedoc et le Ijassin du Rhône. La majeure partie de
Majorque est submergée, sauf quelques îlots sur les bords desquels se
forment, dans des conditions littorales, les lignites burdigaliens de Puig-
punent et de \\% CuUet bientôt recouverts à leur tour par la transgression
marine, et dont l'emplacement coïncide avec les zones où vont s'exercer les
actions orogéniques les plus violentes.
MÉTROLOGIE. — L'adoption obligatoire du Systcme mélri(jite par l'Empire
du Japon. Note de M, Ce. -Éd. Guillaume.
Un télégramme de M. Shirio Kikkawa, directeur du Bureau des Poids
et Mesures de Tokyo, vient d'apporter la nouvelle de la sanction, donnée
par le Parlement japonais, à la loi rendant obligatoire l'emploi du Système
métrique.
I^'importance de cet événement, très grande en elle-même, s'accroît de
ses répercussions sur l'expansion du Système métrique en Extrême-Orient
d'abord, puis dans le reste du monde.
Dans l'Orient asiatique, il est vrai, des dispositions législatives ont pré-
paré, dans ces dernières années, un accroissement considérable dans l'em-
ploi des unités métriques, que les gouvernements s'efforcent de rendre
eflectif. Le tiavail est poussé systématiquement, de façon à assurer une
expansion graduelle, évitant à la fois les heurts et les retours en arrière.
Au Japon même,'le Système métrique est devenu légal le i"' janvier 1893,
796 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en même temps que les valeurs des anciennes unités japonaises, le shaku et
le k<.van, étaient fixées respectivement à ^ de mètre et à if de kilogramme.
La division était décimale. Dans la suite, une série de modifications à la
loi et la promulgation de ré}j;lements gradués onl assuré l'accoutumance aux
mesures métriques, jusqu'au moment, venu aujourd'luii, où l'obligation
pût être réalisée.
En Chine, la loi du 29 août 1908 a ramené à des valeurs délerminées
des unités restées jusque-là variables suivant les lieux et les métiers. Le
tche et le leang ont été fixés à Sa"'" et à 37*'',3oi . Les équivalents métriques
sont inscrits dans la loi; la subdivision est enlièrement décimale.
Un projet de loi soumis en iQiS, au Parlement de Pékin, prévoit l'adop-
tion complète et obligatoire du Système métrique; un programme de pré-
paration et d'adoptions partielles annexé à la loi aboutit, dans la dixième
année, à l'emploi obligatoire.
Au Siam, enfin, une loi de Tannée 191 2 a prévu l'emploi obligatoire du
Système métrique, avec expansion graduelle, d'une province à l'autre, sui-
vant les possibilités de l'équipement en instruments et étalons.
On voit donc que, dans tout l'Extrême-Orient, l'adoption définitive du
Système métiique est décidée en principe; les délais de réalisation
n'excéderont sûrement pas quelques années.
D'un autre côté, la Chambre des Représentants des Etats-Unis a été saisie,
le 29 décembre 1920, d'un projet de loi, éhiboré par M. Brillen, et tendant
à rendre obligatoire l'emploi du Système métrique dans le commerce au
bout de 10 années. Or les adversaires de la réforme ont toujours considéré
comme l'un de leurs meilleurs arguments le fait que les mesures du Système
anglo-saxon étaient admises, en Chine, au Japon et au Siam, sur un pied
de quasi-égalité avec les mesures locales. La promulgation de la nouvelle
loi japonaise renverse le sens de cet argument.
CORIIESPOIVDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Union inticunationalk, de i.a Ciumu. itiu. kt Ai'i>i.inui;i'.. Slntiits cl Ih'^/ementx.
SÉANCE DU 29 MARS 1921. 797
GÉOMÉTRli:. — Sur certaines .surfaces hyperrl/iptit/ucs sirigu/irrcs. Noie
de M. C.-E. Traynard, présentée par M. Appell.
J'ai donné dans une Noie précédente un exemple de surface du quatrième
degré avani pour coordonnées quatre fonctions iatermédiaires singulières.
Voici d'autres exemples qui m'ont paru intéressants.
Je prends 7; = 3, /• — o, m = i, A = 12. Pour/» = 2, y = o, il y a quatre
fonctions intermédiaires impaires nulles pour 16 demi-périodes. La surface
correspondante a 32 droites; c'est un cas particulier de celle quej'ai obtenue
avec les quatre fonctions thêta impaires d'ordre 6 et de diviseur 3 (').
Poury> = I, y = I et pour 12 caractéristiques particulières, il existe une
fonction de chaque parité s'annulant pour 8 demi-périodes ; ces 24 fonctions
sont les équations d'autant de coniques. Pour/? = i, ^ = — i, on obtient
de même 24 coniques qui, associées aux précédentes, donnent 24 sections
planes décomposées en deux coniques.
Je prends maintenant « = 2, A = o, m = i , A = 8. Pour /? = 2, ^ = o,
il y a six fonctions paires qui ne s'annulent pour aucune demi-période; en
leur donnant 2 demi-périodes comme zéros doubles, la sufface obtenue
est du quatrième degré avec i4 points doubles partagés en deux tri|)lets de
3 points en ligne droite et deux quaternes de 4 points dans un plan. C'est
un cas particulier de la surface que j'ai étudiée dans ma Thèse (^) et je ren-
voie à cette étude pour ce qui concerne le choix des demi-périodes et les
propriétés de la surface.
Ici encore il existe deux plans particuliers au cas actuel qui coupent la
surface suivant deux coniques : pourjo = 1, q = i,i\y a pour deux caracté-
ristiques particulières une fonction nulle pour 6 demi-périodes parmi les-
quelles les deux zéros doubles; chacune de ces deux fonctions donne une
conique; pour p = 1, ^ = — i, les résultats sont les mêmes et ces quatre
coniques s'associent pour constituer deux sections planes. Les points
doubles qui sont ainsi situés dans un même plan comprennent pour chaque
groupe un point de chaque triplet et un point de chaque quaterne.
Enfin je prends « = 2, A = i, /» = i, A = 9. C'est le cas elliptique;
pour ^ = 2,^ = 0, il y a de même une surface du quatrième degré à qua-
torze points doubles. La particularité est ici que deux plans passant par
(') Thè.u;p.-2.
(-) Ibid., p. 02.
798 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trois points doublrs, un point d'un triplet et un point de chaque quaterne
coupent la surface suivant deux coniques dont le quatrième point d'inter-
section est sur une des coniques unicursales singulières.
En résumant ces divers exemples, on voit que les surfaces hyp<'rellipliqucs
obtenues avec les fonctions thêta relatives au Tableau ï„ admettent des
particularisations définies par les fonctions intermédiaires singulières sous
la forme de surfaces de même aspect géométrique, mais soumises à une
condition supplémentaire qui correspond à la relation singulière entre les
périodes. On peut dire, comme dans le cas du diviseur J, que ces condi-
tions sont la traduction géométrique de l'équation modulaire correspon-
dant à la relation singulière. Il paraît possible d'arriver à cette équation
elle-même dans certains cas particuliers. Ce sera l'objet de recherches
ultérieures.
MÉCANIQUE. — Sur 1rs détcrminnlioTis oplitiiics des résistances de roulcrnenl
(l'un plan roideur. Note de M. Jules Axdrade.
I. On possède aujourd'hui deux méthodes pour la détermination rapide
et précise des frottements de glissement : i" la méthode dynamique fondée
sur l'inscription photographique de vibrations très sensiblement pendu-
laires rapidement amorties par un frottement constant; 2° la méthode de
la pesée du frottement, fondée sur la transmission de celui-ci à une balance
appropriée.
En ce qui concerne le frottement de roulement, on ne possède encore
qu'une méthode purement dynamique, rapide mais coûteuse.
.Te me propose dans cette ÎVole de préciser des variantes expérimentales
capables de faciliter les mesures précises du roulement; ces variantes sont
parfois exigées par des circonstances de construction du laboratoire où doit
opérer V expérimentateur .
La précision peut être ici obtenue soit par la grandeur des organes rou-
lants, soit par un recul optique de l'image focale pliotograpbiée du déplace-
ment linéaire qui doit finalement mesurer les variations de l'amplitude
angulaire de la roue.
Mais les grandes roues pendulaires, aussi l)ien pour la mesurf des ellorts
de glissement que pour la mesure des ellbi-ts de roulement, exigent juscjii'à
ce jour un laboratoire établi sur un terre-plein cimenté et de robustes
supports.
SÉANCE DU 29 M/Vns I921. -jgif
Un laboratoire sur étago ne se prêle donc pas à celte niélliodc, mais en
revanche un alelier de pctile mécanique, même étage, peut se prêter fort
hien soil à la pesée directe du froltoinent de glissement, soit à la mesure
optique, avec des organes mécaniques mobiles de dimensions 1res modérées.
Mais la même facilité se dérobait pour la détermination expérimentale des
roulements que j'ai indiquée l'année dernfère par l'emploi d'une forte cou-
ronne cylindrique intérieurement supportée par un cylindre transvorse fixe
cl par la photographie directe du mouvement circulaire du centre de celte
couronne; il est nécessaire ici de s'adresser à une méthode purement optique
d'amplification; mais le mouvement épicycloïdal de roulement ne permet
pas d'employer la méthode du mirciir et il fallait tourner cet obstacle. On y
réussit de la manière suivante.
II. (^uc l'organe mécanique roulant sur le support cylindrique fixe soit
une couronne ou qu'il soit un simple plan, associons solidairement à cet
organe un collimateur de dimensions modérées. Comme l'organe rouleur lui-
même, le foyer de ce collimateur est constitué par une ampoule d'une pile
sèche portée par l'organe pendulaire éclairant un trou circulaire de petit
diamètre; ce collimateur réduit associe ainsi à V organe, roulant un faisceau
cylindrique de rayon lumineux perpendiculaires à l'axe fixe du cylindre-
support.
De plus, disposons ce collimateur de manière que le rayon central du
faisceau cylindrique rencontre à très peu prés l'axe fixe du même cylindre-
support.
Par contre, le même axe fixe doit, avec une très grande précision, contenir
sur son prolongement le foyer de l'objectif d'une lunette photographique,
et couper l'axe optique de celte même lunette à angle droit.
La plaque photographique glisse d'un mouvement assez lent d'un mou-
vement de translation parallèle à l'axe du support cylindrique de la couronne
roulante.
Avec une distance focale de 3"°, l'image focale du faisceau cylindrique
solidaire de la couronne roulante traduira un roulement de i degré de la
couronne par un déplacement linéaire photographié de plus de 5'^'"; la
photographie mesurée au comparateur permettra donc la comparaison des
résistances de roulement au vingt-millième près, avec des extinctions du
mouvement après une dizaine d'oscillations et mesure de la réduction de la
semi-amplitude en G ou 8 oscillations.
8oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHRONOMÉTRIE. — Sur le moiiveiih'nl du pendule à suspension élastique.
Noie ( ') de M. Paii, Le Rolland, présentée par M. Bigourdan.
Dans une Note précédente (-), j'ai décrit des expériences sur les varia-
lions de la durée d'oscillation en fonction de l'amplitude, produites par la
lame de suspension du pendule. Je me propose de montrer que cet effet ne
peut s'expliquer à partir de la théorie ordinaire de la flexion.
Soit O le point d'encastrement de la lame dans le support, pris comme
origine des coordonnées; l'axe Oy est vertical et passe par le centre de
gravité du pendule au repos et par le plan de la lame, l'axe Ox est hori-
zontal. Le système est défini par les coordonnées o, h, du point A, d'encas-
trement de la lame dans le pendule et par l'angle Ô que l'axe du pendule fait
avec la verticale.
Sur le ressort, agissent en A les forces X, ^ et le couple C Soient .r, v
les coordonnées d'un point quelconque m du ressort, 5 la longueur de
l'arc Om de ce ressort, / sa longueur totale et o l'angle de sa tangente en m
avec la verticale. La théorie de la flexi(m donne la relation
,a^ =,X(/;- , ■) — ¥(« -.r) + C,
[7. étant le moment d'élasticité de la lame.
Vax dérivant cette équation par ra|)porl à .v et remplaçant j^ par sinçi
dv -1 •
et -^ par cosa, il vient
/ ^ ^*? 1- 1/ •
(i) u— 4- = — A cosa + Y sinœ.
i" Oscillations df 1res petite amplitude. — Si l'on fait dans l'équation pré-
cédente siniy ■=■- o et cosç> = i, on l'intègre facilement; en exprimant alors
X, Y et C en fonction des paramètres a. h. 0, et en éliminant les deux pre-
miers dans les équations du mouvement, on aboutit à l'équation suivante :
, , MpV, 3 , . ,\d>(i
g \ '.> 2 J df
+ Fl + MA/+ '^(ro/coll. m/- 1)1^ + [Mg/l -i- IJ.'.> colh Ml )$ =z o,
C) Séance dci 21 mars 192 1.
(-) Comptes rendus, l. H'i. 19.ii, |). (ifi'i.
SÉANCE DU 29 MARS I92I. 80I
M est la masse du pendule, I son moment d'inertie par rapport au point
d'encastrement inférieur de la lame, p son rayon de gyration et // la distance
du centre de gravité à la lame.
On pose
La discussion de cette équation montre :
1° (^ue le mouvement se compose d'une oscillation harmonique princi-
pale à laquelle se superpose une oscillation en général beaucoup plus
rapide, mais qui, de ce fait même, s'amortit très vite par suite du frottement
intérieur du métal et de la résistance de l'air.
2° Que tout se passe, au point de vue géométrique, comme si le système
tournait autour d'un pi^jut fixe (centre d'oscillation) situé toujours plus
haut que le milieu de la lame. ( Dans le cas des régulateurs ordinaires, la
distance X du point d'encastrement inférieur de la lame au centre d'oscilla-
tion est sensiblement donné par la formule A = / — - tii-to/.
' f,> '?.
En fixant à la lige du pendule un index rectiligne, et vertical dans la position de
repos, j'ai vérifié expérimentalement l'existence du centre d'oscillation et l'exactitude
de la formule donnant X, dans les conditions les plus variées.
Avec un pendule de a''», battant la seconde, et une lame d^'acier de ?.''™,52 de lon-
gueur, î'"' de largeur, o™'", 20 d'épaisseur, on tiouve par le calcul et l'expérience
L'iniluence de la lame sur la durée d'oscillation (par rapport à celle d'un fil sans
force élastique) est de l'ordre de , J-j. Dans ce cas, les deux efiets, raccourcissement
de la longueur du pendule et addition d'un couple proportionnel à l'écart qui
s'ajoutent pour diminuer la durée d'oscillation, sont du même ordre de grandeur.
2° Influence de Vamplitade. — L'accord entre la théorie et l'expérience
cesse quand on examine l'effet de la lame aux grands arcs d'oscillation.
?Sousne pouvons développer ici les calculs qui sont très longs, si l'on se
propose de traiter le problème dans sa généralité.
En appliquant les méthodes d'approximation et de variation des con-
stantes, on arrive à montrer que lorsque la vibration rapide dont nous
parlons plus haut (de période -^\ et qui se superpose à l'oscillation
principale (de période — ) s'est évanouie par suite des frottements,
C. R., 193 (, i" Semestre. (T. \ri, N« 13.) ^°
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a
(3) O='j„cosc/.t -h -r-, ^ ^^ ( s'in y.t ( F cosy.t dt — co!^ x/ 1 Vainy.ldt
U5'.-(3!"-— ^-) \ J^ .'„
en posant
U=:^(/--ll.lo./),
Ci F étant une expression de la forme
La variation AT de la durée d'oscillation T = -^. déduite de Ç^), est
cit.
La discussion de cette expression conduit aux résultats suivants : on
retrouve l'effet ordinaire des grands arcs d'oscillation sur la durée ( erreur
circulaire) et il s'y ajoute un terme dû à la lame :
i" Si la lame est très courte, ce terme est nul.
2" Si la lame est très longue, ce (|ui est le cas dans une série de mes
expériences, on trouve
L étant la longueur du pendule simple synchrone.
3° Dans le cas des lames habituellement employées el si p est petit par
rapport à L, on arrive à
i6
Quelles que soient les conditions expérimentales, l'action de la lame au\
gi'ands arcs d'oscillation ne doit ajouter qu'un terme petit à l'erreur circu-
laire ordinaire.
C'est un résultat auquel était déjà arrivé Bessel, mais dans un cas parti-
culier seulement.
Or l'expérience donne de tout autres conclusions : l'effet de la lame
peut atteindre l'ordre de grandeur de l'erreur circulaire et la compenser
grossièrement ; d'antre part, plus la lame est courte plus son effet est consi-
dérable.
SÉANCE DU 2() MARS 1921. 8o3
SPECTUOSCOPIE. — Sur (/uri(/iies spectres (Vélincelle dans Vullraviok't extrême.
Note (') de MM. Léov el Etgkxe Blocii, présentée parM. E. Bouty.
Le spectre du zinc nous a paru convenable pour fournir des repères de
longueurs d'onde dans la région de Scluimann et nous l'avons utilisé pour
mesurer les spectres de nombreux métaux, tels que le plomb, le cadmium,
le fer, le coball, l'or et le platine.
I. Zinc. — Avant de passer aux spectres du cadmium et du plomb,
nous redonnons ici le spectre du zinc entre i85o et i45o U. A., tel qu'il
résulte de nos mesures les plus récentes. Les clichés étudiés ont été obtenus
avec une fente plus fine que précédemment, de sorte qu'un certain nombre
de raies, regardées d'abord comme simples, se trouvent résolues. De plus
nous avons mesuré une certaine quantité de raies faibles qui appartiennent
également au zinc, un doute restant possible pour quatre ou cinq d'entre
elles, indiquées comme très faibles. Nous profitons de l'occasion pour recti-
fier quelques fautes de transcription qui se sont glissées dans notre première
publication (-).
Zinc.
Inlensité.
A.
Observalions.
I
ntensité
)-.
Observations.
(3
1889,0
i '^
1706.7
1-3
t833,2
\ .
1695,3
2
I
1824. 1
1S16.2
1810. 6
i8of.7
\ 4
1688.6
1673.2
I 65 I , 9
1*344.9
1
1
'796.9
1 5
1639.4
' 2
1790. 2
1629.2
1
1782. 1
très faible
\4
1622 .4
j I
1767.6
1762.2
(3
1619.5
1617.7
1 ^
1753.7
( I
1614.4
1res faible
\ 4
1749.4
1 1
1611 .8
2
I
1-35,7
'7i9'i
1608.7
1606, 2
( ' ) Séance du 21 mars 1921.
(-) On comparera la liste ci-jointe avec celle qui a été publiée après la nôtre par
Sawyer {Àslroph. Jour., t. 52, 1920. p. 286). Notre liste, beaucoup moins étendue que
celle de Sawyer. paraît plus complète et mieu\ définie dans la région qui nous intéresse.
8o4
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Inlcnsilé
A.
Observations.
Inlcnsilé.
À.
Oljîcrvalion:.
I
i6o3,3
3
1 5 1 5 , 9
i^
i6oo,9
I
i5io,5
très faible
13
1598,5
I
i5o8.8
I
1595, 1
dinfiise
3
1 5o6, I
I
1092,6
M
i5oo,6
2
1589.7
lar^e dilTuse
U
1499 '5
I
i586,6
2
1491.3
i 3
1082.2
2
1486,4
i6
i58i ,5
('
'4:9,0
l '
1577.5
très ililluse
i^
'477,5
1:
1073, 1
i569,4
4
1473,9
1466.1
2
i562,6
(2
•464,5
3
i56o,9
caiboiie?
1
1460.0
lies faible
I
i555 .9
3
1457,3
(^
i552.7
2
i45i,3
u
1 552 , 2
r
1445,4
f
1 347,1
diffuse
1
1443,2
très faible
I
i535,4
*
II. Cadmium. — Nous avons fait connaître dans une précédente Note
quelques-unes des raies d'étincelle du cadmium entre i85o et iGoo L . A.
Depuis nous avons obtenu des clichés plus riches et plus étendus, qui com-
portent une centaine de raies entre i85o et i'\io U. A.
',
■844,9
1808,5
1823,9
1808,2
iSoi ,:;
fa il.
3
i 793 , 3
3
1789,0
2
1781,1
3
1773,1
3
1768,8
i
1763,6
dill.
I
17.55,2
5
'7 '17 -7
I
1739,6
très
i
17.36,1
très
3
1721 ,7
Cadm
LU m.
sei valions.
Intensilc
. A.
Oliscrvation
4
1
I
I
1 707 , 2
1702,5
1699,3
1687.6
double?
très faible
dilT. double
e
3
1
I
1678,6
l(i7!.2
i6H7,î
1661 ,2
liés faible
3
1 656,1
oii;;. incorl
3
i652,3
très faible
2
3
2
i6|S,(i
i62S,6
16 '.5, 5
faible
2 ••
1 6 <3 , 2
faible
1
1621 ,4
1res faible
1619, () 1res faible
SÉANCE DU 29 MARS I921.
8o5
Inlenslli
>..
Oljscrvations.
1
i(ii>,,S
di (l'use
I
!()()(), 3
di n'use
\ 'î
idoii.G
1^'.
1601 ,5
1
i()00,3
I
'•><J9'5
■>
i.")()8,(;
I
'■•97 '3
diffuse
1
>r.94,s
très faible
3
i582,")
1
1.578,4
dill'use
1 1
1575,0
! '
1.573, 1
1371 ,3
h'
1.570,3
fU
1369, 1
i566,?
3
1 56o , 8
I
1357,6
très faible
!:
i556,6
i555,4
2
l552,2
■1
1047,3
I
1 545 , g
double?
1
1 54 ■'. , I
1
i54o,6
très faible
1
i538,6
I
i53 ) ,0
très faible, douleu\
i '
i53!,^
11'-
1029,3
'/ 3
i528,4
1.526,2
1025,0
i5!3,5
1
5 1 5 , 3
\ 1
5i3,(")
(4
1
5 1 2 , 7
5io,7
5o8,8
2
i5o6,(.
\''
5o', , '1
13
r 5o 1 , ■>,
1
1493,4
très faible
1
19' 1 '
4X6,2
1
I
l'|82,',
147^.9
>477>7
•475,7
2
1
1471,6
1470,8
I
469,4
très faible
3
i468,5
2
466,5
Irèj dill'use
\ 2
i456,o
(2
1453,0
1447.8
I2
1446,"
I
•443,.
tièi faible
I
i44i,6
tiès faible
I
i44o,3
très faible
1
t4'-9,5
I
1427,4
/ - 0
I
1 ('•>, J
i ■'•
1420,^
14.8.5
i',i5,9
III. Plomb. — [^e spectre d'étincelle du plomb compoi le trois ou quatic
doublets qui semblent également présents dans le spectre d'arc. Notre liste
contient deux ou trois raies nouvelles par rapport à celle qu'a donnée
Mac Lennan (').
rinmb.
ntcnsilé.
>,.
( 10"
1821,7
( '0
1796,3
1
i7!6,5
A.
Inlcnsité.
>,.
1710,9
3
i553,2
1682, I
i 3
1 |39>7
1671,6
1 3
..34,4
2
1 4o6,5
(') Proc. [{or. Soc, t. 98, 1920, p. 107.
Ho6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SPKCÏROSCOPIE. — Sur les spectres corpusculaires. Lois de l'émission
photo-électrique pour les hautes fréquences . Noie de M. MAinici: deBkogme,
présenlée par M. E. Bouty.
La confrontation des résultats numériques expérimentaux que j'ai
obtenus sur divers éléments allant du nombre atomique 2<) au nombre ato-
mique 70 (cuivre, strontium, molybdène, rhodium, argent, antimoine,
étain, iode, baryum, ytlorbium), avec les considérations exposées ici dans
une Note récente ('), me permet aujourd'hui de décrire ainsi les phéno-
mènes observés et d'énoncer les règles suivantes :
En éclairant avec un faisceau X de fréquence v un certain radiateur A,
dont les anneaux de Bohr correspondent aux travaux d'extraction ^^ k, ^^ n
VV,|, etc. pour la sortie des électrons, on observe une série de raies cor-
pusculaires ayant pour quanta ;
si la fréquence v est supérieure à la fréquence K; par exemple, un radiateur
de cuivre éclairé par un tube à anticathode de rhodium, donnant d'une
faron intense les raies de ce métal, présente un spectre corpusculaire
magnétique de vitesses comprenant quatre raies qui correspondent à :
Vjii (rliodiuin) — Wk (cuivre), Vj^k ( ihodiun») — Wk (cuivre),
Vjii (rhodium) — W|, (cuivre), V|îh (rhodium ) — \\\ (cuivre),
La valeur de W, est prise égale au quantum de l,i raie [i_ du s|ioclre L
dans les éléments pour lesquels celte discontinuité n'a pas été mesurée
directement.
Le radiateur A donne aussi des raies de fluorescence qui fournissent des
raies corpusculaires en suivant la même règle que précédemment; mais ici,
au lieu de quatre raies, on n'eu observera que trois dislinctes, parce que
l'écart en fréquence des raies a et 3 de la série K est précisément égal au
décalage W, — W,,.
Les raies corpusculaires correspondant au\ raies de layoïis X du faisceau
incident ont l'aspect de bandes à bord net du cùlé des grandes énergies,
quand leur fréquence est élevée (platine, tungstène); elles onl l'aspect de
raies, larges et dilVuses d'un C(Mé. ipiand elles sont moins pénétrantes
(rhodium).
(') Comptes rendus, t. 172, i<(2i, ]i. 746.
SÉANCE DU 29 MARS 1921. 807
On peul, au radiateur A, superposer un aiilre radiateur miiico A' et
observer alors les décalages corresj)ondant aux discontinuités K', L', M' du
radiateur A'.
Ces considérations me paraissent expliquer qualitativement et quantita-
tivement avec l'approximalion des expériences, toutes les apparences
observées sauf une : celle qui consiste en la présence d'une bande d'émission
corpusculaire à bord assez net du côté des faibles énergies, et débutant aux
environs du quantum de la bande d'absorption K des rayons X.
Le procédé précédent permet d'étudier les discontinuités critiques des
rayons X indépendamment des rèseaitv ciislallins ; c'est-à-dire qu'il n'est
pas borné, dans son a[iplicalion, à une limite supérieure pour les longueurs
d'onde.
PHYSIQUE. — Sui l'éclat de l'étincelle élrclrique.
Note de M. L. Bull, présentée par M. Cbarles Ricbct.
La pbotoniétrie de 1 étincelle électrique ne peut être faite à l'aide des
méthodes usuelles en raison de sa courte durée. Et comme d'autre part
cette source de lumière n'est guère utilisée que pour des besoins photogra-
phiques, nous avons adopté pour cette mesure une méthode photométrique
purement photographique, de sorte que c'est la valeur aclinique de la radia-
tion totale de l'étincelle, par rapporta celle d'une source connue, que nous
avons cherché à établir.
Ces ilélerminations ont été faites sur des étincelles de i^^jS de long, produites par
la décharge entre des pointes en aluminium, d'une capacité deo,ooo5 microfarad. Ces
élincelles, qui suffisent pour les besoins de la photographie iiislantunée et la cinéma-
lographie, se présentent sous la forme d'un simple petit trait luminenx et ne sont pas,
comme les étincelles plus énergiques, entourées d'une auréole.
La source de comparaison était un arc au charbon de 13 ampères.
La méthode photométrique que nous avons employée consiste à projeter côle à côle
sur une surface sensible, au moyen de deuv systèmes optiques identiques en verre,
deux plages de comparaison, formées chacune par une des sources. Le rapport de la
durée de l'étincelle à la durée de la pose nécessaire avec l'arc pour produire le même
noircissement de la surface sensible est en raison inverse des intensités par unité de
surface des deux sources.
La mesure directe de la durée de l'éclaircment eflicacc de l'étincelle, en
photographiant celle-ci dans le miroir tournant, est inipossiblc à faire avec
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grande précision. La luminosité des oscillations électriques qui suivent la.
décharge initiale est relativement faible et rapidement décroissante, de
sorte que la durée de l'éclairement efficace est inférieure à la durée totale de
l'étincelle. Etant donné cette difficulté d'appréciation nous avons pris la
durée totale comme hase de nos déterminations. Pour les étincelles en
question, cette durée, mesurée au moyen du miroir tournant, est de ^^^'^^^
de seconde.
Le temps nécessaire à l'arc pour produire le même noircissement photo-
graphique qu'une seule étincelle est d'environ j^j^ de seconde. Le rapport
des intensités des deux sources est donc Soooooo : 3oooo, ce qui permet de
conclure que l'éclat actinique de l'étincelle électrique est au moins i6o fois
celui de l'arc, ou i6 fois celui du Soleil, en admettant pour ce dernier la
valeur indiquée dans les traités classiques de lo fois celle de l'arc.
OPTIQUE. — Appareil projetant, en salle éclairée, tout objet sur écran
de 3'" de côté avec 3 ampères. Note de M. Dussaud, présentée par
M. Branly.
Poursuivant mes recherches antérieures, j'ai pu construire de nouveaux
appareils qui donnent, avec une aération extrêmement satisfaisante, une
utilisation inespérée de lumière.
Le maximum de rendement lumineux a été obtenu avec des condensa-
teurs à une ou plusieurs lentilles dont j'ai calculé le foyer en rapport avec
celui des réflecteurs à l'arrière de la source lumineuse, de manière à le
rendre aussi court que possible (5*^'" dans certains cas). De cette façon,
toute la lumière de la source est concentrée par réflexion sur l'objet à
éclairer.
Mes systèmes optiques réalisent les conditions de précision et de rende-
ment des microscopes et constituent des microscopes collectifs.
Avec des lampes à incandescence électritjue î watt, il suffit de 3 ampères
sous iio volts (quantité minimum de courant fournie jiar les Compagnies)
pour projeter les objets avec leurs formes, leurs couleurs, leurs reliefs, leurs
mouvements, les dimensions de la projection pouvant atteindre ç)"'' soit
sur un écran, soit sur toute surface verticale, horizontale, oblique, sur
laquelle on désire les voir apparaître.
L'emploi de mes appareils est facile, leur volume et leur poids réduits
permettent de les tenir à la main dans toutes les positions. Dans tout
appartement, une douille de lampe électrique ordinaire peut servir de
SÉANCE DU 29 MARS 1921. 809
prise de courant. Auciii» réglage n'est nécessaire et Ton peul opérer en
salle éclairée.
Le maximum d'aération a été obtenu par triple circulation d'air autour
de la lampe, du système optique, et de l'objet projeté, dont la température
ne s'élève pas au-dessus de 25° après un quart d'heure de projection. L'objet
est placé sur le socle de l'appareil qui constitue une table de laboratoire
éclairée dont les dimensions sont à volonté de 6''" x (J"^'", 12'"' x 12*^'",
2/jcm v^ 24™'; toute expérience faite ou tout dessin tracé sur celle table
seront projetés au fur et à mesure de leur exécution.
Sur cette même table de laboratoire, illuminée par la source éclairante,
viennent se présenter tour à tour des illustrations ou des textes que portent
des bobines, des albums pliants ou des supports isolés, qu'entraînent des
mécanismes appropriés.
Avec deux appareils munis de rhéostats, on obtient des vues fondantes
d'objets ou d'images opaques comme avec des clichés de verre.
Mes appareils peuvent être utilisés dans les circonstances les plus
diverses.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur une méthode d'enregistrement par pliotographie
des réactions chimiques accompagnées d^iine variation de pression. Note (')
de M. Pierre Jombois, présentée par M. H. Le Chatelier.
Le galvanomètre double de M^L Le Chatelier et Saladin permet d'enre-
gistrer par photographie les points critiques des alliages métalliques en
dirigeant respectivement sur chacun des galvanomètres qui constituent
l'appareil : 1" un courant proportionnel à la température de l'échantillon;
2° un courant proportionnel à la différence entre la température de
l'échantillon et celle d'un corps qui ne subit pas de transformations dans
l'intervalle étudié.
J'ai cherché à étendre l'emploi de cet instrument et à l'adapter à l'étude
de certaines réactions. Dans ce but je me suis adressé aux réactions qui
s'effectuent avec un dégagement gazeux amenant une variation dépression.
Le problème consistait à traduire une pression en courant électrique d'une
intensité propre à actionner un galvanomètre afin d'obtenir la courbe qui
relie la température et la pression. J'y suis parvenu de la manière suivante.
L'appareil dans lequel s'effectue la réaction est en communication avec
un manomètre à mercure. Dans la branche barométrique AB de ce dernier
(') Séance du 21 mars 1921.
8io
ACADEMIE DES SCIENCES.
est tendu un fil de platine fin, -^, de millimètre environ, d'un diauiètro l)ion
régulier, de 5o"" de longueur. Ce iil est constamment parcouru par un
courant électrique et le gahanomètre qui doit enregistrer la pression est
en dérivation aux bornes A et B du 111.
Lorsque le mei-cure monte dans la branche Ali, la longueur du fil par-
courue par le courant diminue ainsi que l'intensité du courant dans le
©0
■^^^
galvanomètre G.,. Un calcul simple montre que le courant est sensiblement
proportionnel à la longueur du fil extérieure au mercure quand les résis-
tances R et R' sont grandes par rapport à celle du fil. Nous avons pris
comme valeur de ces résistances R = 4xio'i2, R'=i5oO. (La résis-
tance des galvanomètres est de l'ordre de 5bù.) La force électromotrice l'
nous a été fournie par un élément Daniell et s'est montrée très suffisamment
constante pendant la durée d'une expérience.
G /'ad nation de l appareil. — Le gahanomètre (| ni donne les lempérnlures est •;r,idué
à la manière habituelle en enregistrant des températures de fiisioi et d'ébullilion
connues. Le galvanomètre G, a été gradué evpérimenlalement en mesurant au catlièlo-
mètre la différence de niveau du mercure et en faisant décrire an point lnniineu\ un
Irait à piession constante et à température vaii;il)le. .l'ai pris de la xu le [ihi-ieurs
points; la longueur Ine sur le cliché fui, à moins île i pour loo |)iès, pro|)oi'lionn('lle à
la piession.
IHspii^llif de citaii l]'ii:^c. — .1 ai disposé la matière à étudier ilaiis nn creuset (1 formé ■
SÉANCE DU 29 MARS 1921. 81 I
d'une substance appropriée. Le creuset est placé au moyen d'un tube Iv an centre d'un
tube de porcelaine vernissée chaufl'é électriquement par un four F. A la partie supé-
riiHire du tube de porcelaine, on raasli(|ue une pièce de verre G donnant passage à un
tube I en silice fondue transparente destiné à contenir la pince thermo-électrique.
Le masliquage est refroidi éventuellement par un courant d'eau II. La partie inférieure
du tube est fermée par un creuset de porcelaine D au fond duquel on introduit les
réactifs absorbants qui peuvent faciliter l'étude de la réaction (P-0' dans le cas de
la réduction d'un oxyde par l'hydroiiène).
Une soudure latérale M permet de faire le vide dans l'appareil ou d'y introduire les
gaz nécessaires à l'expérience.
Ustiiics de Vapvareil. — Cet appareil permet d'enregislrer en une seule
opération la tension de vapeur d'un corps, la tension de dissociation d'un
composé. En adjoignant une horloge qui interrompt périodiquement le
faisceau lumineux du galvanomètre double, le temps est inscrit sur les
clichés. On peut ainsi comparer les vitesses de réactions et mesurer, pour
une vitesse d'échaufTement donnée, la température à laquelle une réaction
prend une vitesse appréciable (température de réduction par l'hydrogène,
par l'oxyde de carbone, réduction d'oxydes par le charbon, etc.). De plus,
quand dans une réaction il se forme plusieurs composés, les accidents de la
courbe peuvent, dans certains cas, permettre d'en prévoir le nombre.
Ce dispositif qui permet d'enregistrer les pressions en fonction des tem-
pératures peut encore être géiléraiisé. J'ai établi un appareil qui permet
d'enregistrer le temps sur un des galvanomètres par un principe analogue
fondé sur l'emploi d'un vase de Mariotte et d'un fil de platine dont on fait
varier la longueur électriquement utile. On conçoit que chaque fois qu'on
sait traduire électriquement un phénomène, le galvanomètre double en
permet l'enregistrement. C'est ainsi que la conductibilité électrique des
électrolytes, des alliages peut être enregistrée en fonction d'autres gran-
deurs. Une généralisation présentant une grande importance résulterait
de la découverte d'un dispositif simple qui permettrait de traduire une
masse en courant électrique.
GÉOLOGIE. — Sur la géo/oiiie et la géographie physique de la dépression du
Rio Guadiato (Sierra Morena, Espagne). Note de M. Henuy Joly, pré-
sentée par M. Pierre Termier.
Le Rio Guadiato occupe une dépression d'une dizaine de kilomètres de
largeur qui coupe obliquement, suivant une direction ONO-ESE, la chaîne
8r- ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la Sierra Morena. Un voyage récent dans celte région m'a permis
d'étudier les causes de cette dépression : elles doivent être recherchées dans
la constitution tectonique de la région ainsi que dans la nature pétrogra-
phique des sédiments qui viennent affleurer à la surface du sol, grâce,
précisément, à celte structure tectonique. On peut d'ailleurs expliquer aussi
bien la géographie physique de l'ensemble de la vallée du (îuadialoque
celle des détails particuliers et pittoresques qui iiiouvementent sa dépres-
sion.
De Fucnteovejuna jusqu'à quelques kilomètres à l'est de la station
d'Algondiguilla, le Guadiato coule, en suivant la direction des plissements
hercyniens orientés ESE-ONO, sur des affleurements dévoniens et carbo-
nifères. Puis, jusqu'à son confluent dans le Guadalquivir, il traverse le
massif siluro-cambrien delà Sierra de los Santos, et abandonne la direction
hercynienne et la dépression. Celle-ci se continue suivant les plis, mais
considérablement atténuée.
La nature pétrographique des sédiments suffirait presque seule à motiver
cette orientation du cours du Guadiato; en effet, cette rivière occupe un
synclinal de Dévonien et de Carbonifère à assises peu résistantes, appuyé
au iNord et au Sud sur des massifs montagneux de Siluro-cambrien à faciès
de phyllades, micaschistes et quartzites. Le changement de cours vers le
Sud que le Guadiato effectue quand, à quelques kilomètres à l'est de la
station d'Algondiguilla, il entre dans le massif siluro-cambrien, s'explique
par le changement de faciès important présenté par les sédiments houillers
de l'Est à l'Ouest. .En elTet, le Carbonifère est constitué en gros, dans la
région d'I'^spiel, à la base par une série puissante de conglomérats et de grès
avec quelques rares couches de schiste et de houille, et, au sommet, par
une série assez puissante de macignos et de calcaires que surmontent des
schistes -argileux.
Mais, plus on se dirige à l'Est, plus s'accuse le caractère détritique cl
grossier des sédiments, par conséquent plus s'accroît leur capacité de résis-
tance à l'érosion; au contraire, à l'ouest d'Iilspiel, les assises deviennent
schisteuses et puissantes. Aux environs de Belmez et jusque Penarroya et
Fuenleovejuna, c'est une plaine très peu ondulée contrastant d'une façon
frappante avec les montagnes qui la limitent au Nord et au Sud, que
forment les affleurements carbonifères auxquels s'ajoutent, au Sud, ceux
du Dévonien, lui aussi en majeure partie schisteux.
Au milieu de, cette plaine, se trouvent, extraordinairemenl alignés, des
pitons élevés et abrupis, de calcaire carbonifère, à strates inclinées vers le
SFANCE DU 29 MARS 1921. 8l3
Nord, et qui forment trois massifs très pittoresques avec leurs murailles
blanches tranchant sur l'aspect sombre des autres montagnes; ces trois
massifs sont : la Sierra de Castillo au sud d'Espiel, la Sierra Pnlacios près de
Cabeza de Vaca et le Piton de Belinez.
Près de Villanueva del Rey, se remarque une curieuse avancée dans la
plaine, de la montagne silurienne du Sud, avancée qui semble en relation
avec une croupe silurienne allongée, isolée entre Villanueva del Key et la
station d'Espiel, sur la rive Sud du Guadiato. Puis, plus à l'Est encore, on
remarque une nouvelle croupe de même aspect et de même âge, le Cerro
Cabello, allongé dans la direction hercynienne; enfin, le Cerro Cabello est
suivi d'un massif montagneux rectiligne, qui se dirige vers l'Est.
Or le vaste synclinal de Dévonien et de Carbonifère dont on a parlé est,
en réalité, un synclinal (composé de plusieurs plis et d'une faille de décro-
chement) couché vers le Nord et écrasé au Sud sous le recouvrement de
deux lames de charriage superposées, la première, la plus inférieure, étant
constituée par du Dévonien charrié sur le Carbonifère; la seconde, par du
Siluro-cambrien charrié lui-même sur le Dévonien.
La présence des divers pitons de calcaire carbonifère ou de croupes de
Silurien s'éclaire maintenant d'une manière parfaite : les croupes de
Silurien sont des lambeaux de la 2" nappe de charriage, posés sur le Dévo-
nien ou sur le Houiller, et les trois pitons calcaires sont les restes, les
témoins, sinon de la nappe dévonienne elle-même, du moins d'un lambeau
de poussée de cette nappe. Le tout rappelle donc la disposition classique
des klippes, et c'est leur nature exotique qui, jointe à leurs caractères
pélrographiques, a permis à ces massifs isolés de rester en l'elief.
Il ne reste plus maintenant qu'un mol à dire sur le prolongement de la
dépression dévonienne et carboniférienne à l'est de Villaharta :
Entre Castillo de la mano de hierro et la vallée du Guadalbarbo au Nord
et à l'Est, s'étend une région sauvage et montagneuse dans laquelle on
distingue nettement une vaste plaine basse, fortement modelée cependant
par l'érosion, où règne un substratum dévonien et, la limitant au Nord,
une barre de hauteurs plus considérables, d'aspect plus sauvage, et de
relief plus brutal, où l'on reconnaît les formes du terrain des montagnes
siluro-cambriennes. Cette barre donne l'impression de reposer sur la plaine
dévonienne dont elle se sépare à l'onl à distance, sur une très grande éten-
due, par une ligne horizontale; de fait, celte barre n'est autre chose qu'un
lambeau, conservé par l'érosion, de la nappe siluro-cambrienne superposée
à la nappe dévonienne; c'est le massif étroit signalé plus haut.
En résumé, la dépression du Guadiato est due à la structure tectonique
8l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de cette partie de la Sierra Morena, qui rappelle celle du bassin houiller
franco-belge. L aspect physique traduit la structure géologique ainsi que
la variation de faciès du Houiller; elle se complique en outre de témoins
de deux nappes de charriage, véritables massifs exotiques semés sur la
plaine, et qui donnent à cette région une physionomie spéciale et inat-
tendue.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Découverte du genre Plinthiotlieca Zeiller
dans le Westphalien du nord de la France. Note de M. Alfred Carpex-
TiER, présentée par M. G. Bonnier.
Sous le nom de Plinthiotheca, René Zeiller a désigné un limbe elliptique,
très épais, probablement pelté, couvert sur toute sa surface de capsules
longues de i"""' à i""", j et réunies par quatre en groupes contigus à contour
carré ('). L'échantillon unique provient de l'étage des Caradons, Westpha-
lien supérieur du bassin houiller d'Héracléo (Asie Mineure).
Nous avons récemment découvert un limbe fertile de même genre à la
fosse n" 9 des mines de Béthune (Pas-de-Calais), sur une plaque schisteuse
où gisent de nombreuses folioles du Linopteris obliqua Bunbury sp. Ce
microsporophylle, de forme elliptique, mesure 21""" de longueur sur n™"
de largeur; les microsporanges, groupés par quatre, longs de 1°"" au
moins, offrent une ligne médiane correspondant sans doute à la ligne de
déhiscence; sur le pourtour du limbe, les microsporanges marginaux sont
étalés vers l'extérieur. D'après nos études anléri^eures ( - ), nous avons de
bonnes raisons de croire qu'il s'agit là d'un microsporophylle, en parfait
état de maturité, du Linopteris obliqua^ bien que la fréquence remarquable
du Nevropteris rarinenis Bunb. et du A^. tenuifolia Schloth. dans la zone
supérieure du Westphalien du Pas-de-Calais, commande une certaine
réserve. On sait, en effet, d'après les recherches de Grand'Eury, de
M. Paul Bertrand et les nôtres, que plusieurs Névroptéridées (') a\ aient
pour organes staminaux des disques fdjreux épais.
(') R. Zeillrr, Elude sur la Jlore fossile du bassin houiller d^ Héraclée {Mém.
Soc. géol. de France : Paléont., 1899; n" 21, p. 54; pi- IN, fig- 18, 18 A).
(-) Cf. f-tecue générale de fiotanùjue, t. 23, 191 1. p. i3. — Méni. Soc. géol. du
Nord, t. 7, II, 1913, p. 387-389.
(^) P. Bertrand, f^es fructifications de Néi^roptéridées recueillies dans le terrain
houiller du nord de la France {Ann. Soc. géol. du Nord, t. V2. p. ip.â-iag el iSa-
140). — .4. -G. Sbward, Fossil plants, 111, 1917, p. 1 1 i-i i3.
SÉANCE DU 29 MAUS 1921. 8l5
Comme il résulte de nos études, les microsporopliylles du Ncxropleris
gt)>antt'ti Slernl). étaient couverts de microsporanpfos en groupes denses,
sériés, partiellement enfouis dans l'épaisseur du limbe 5 les microspo-
ranges marginaux sont généralement les seuls bien visibles sur nos spéci-
mens, qui proviennent surtout de la fosse n°6 des mines de Nœux (Pas-de-
Calais ).
Une question importante : Quelle face du limbe porte les microspo-
ranges? L'examen de microsporophylles isolés ne peut fournir la solution.
Mais M. Kidston a signalé, dans le Westpbalien de Coseley, près Dudiey
(StafTordsbire), un fragment de fronde portant des microsporophylles sem-
blables et une pinnule de Ne^ropteris en connexion ( ' ). Les microsporanges
recouvrent, d'après lui, la face supérieure du limbe fertile.
Par ce caractère, ces disques mâles différeraient des Crossothcca et des
Aslerothccn liouillers dont on lésa rapprochés; ils se distingueraient de même
des étamines des Cycadées, qui portent sur la face dorsale les sacs polli-
niques, groupés en sores de trois à six. Il n'est pas sans intérêt de noter
à ce sujet que chez les Bennettitales mésozoïques (Cycadocephalus , Wel-
trlchia, Williamsonia iv/iùbiensis ISath.) les synangiums sont situés à la face
ventrale des microsporophylles, comme il résulte des belles éludes du
regretté Nathorst, de MM. Wieland et Hamshaw Thomas.
En tout cas, les microsporophylles de ces Névroptéridécs (Linopù'ris
obliqua, Nevropteris gigantea) sont des folioles transformées, se distinguant
des pinnules végétatives ordinaires par leur fornrie et par l'épaississement
et la fibrosité remarquables de leur limbe. Les microsporanges sont groupés
el occupent toute la surface des folioles fertiles à maturité.
BOTANIQUE. — Sur des croisements de pois à cosses colorées.
Note de M. Jacques de Vilmorin, présentée par M. Gaston Bonnier.
On sait ([u'il existe des variétés de pois (à fleurs colorées) dont les cosses
sont plus ou moins violacées, ou même entièrement violettes; cette colora-
tion étant dominante sur le type à cosse verte.
Ce caractère « cosse violette » peut être superposé à « cosse jaune » (ce
dernier caractère étant récessif T^diV rapport à « cosse verte » comme Mendel
(') H. KiDSTO.v, On the fossil Jlora of the Staffordshire coal fields, Pari 3
{Trans. Roy. Soc. Edinburgli, vol. .50, l^arl I, igi^. P- ii2-ii5, pi. ^'1II, fig. 1-7)
LISR AR Y— )
8l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lui-même Ta montré). On obtient alors un curieux coloris rouge vif très
ornemental (').
Dans la descendance de divers croisements faits à Verrières, des plantes
à fleurs blanches furent remarquées qui présentaient, sur leurs très jeunes
cosses vertes, de faibles traces de violet; ou, lorsqu'il s'agissait de plantes
à cosses jaunes, de très faibles traces de rose.
Cette coloration était d'ailleurs très fugace et disparaissait rapidement
avec le développement des cosses. Sutlon avait également fait la même
observation.
Il s'agissait, sans aucun doute, d'un cas semblable à celui signalé pour
la première fois par Lock (-), dans lequel des plantes à fleurs blanches
possédaient des grains dont le tégument incolore montrait cependant de
faibles traces de « marbrures ». La marbrure entièrement développée ne
pouvant apparaître que sur des plantes à Heurs colorées. C'est ce que
Lock avait appelé le ghost de la marbrure.
Dans le cas qui nous occupe, il paraissait donc évident que la coloration
violette des cosses pouvait être transportée par les plantes à llcurs blanches,
mais demandait, pour se manifester complètement, que les facteurs de
pigmentation soient apportés par les plantes à fleurs colorées.
Donc, en croisant ces plantes à fleurs blanches et à cosses faiblement
teintées, avec des plantes à fleurs colorées, mais à cosses vertes, on devait
obtenir, si l'hypothèse était exacte, une première génération de plantes
n'ayant que des cosses violettes.
C'est ce qui s'est produit. Un croisement fait en 1917 entre un pois à
fleurs blanches et à jeunes cosses faiblement teintées de rose, et le Pisuni
elatius (à fleurs pourpres), mais à cosses vertes, nous a donné trois plantes,
toutes trois à cosses violettes.
Un autre croisement fait la même année, mais en employant C(mime pèie
une plante à fleurs colorées (roses) et cosses vertes, nous a donné une seule
plante, également à fleurs colorées (pourpres) et à cosses violettes.
Par suite de la diversité des caractères apportés par les plantes croisées,
la seconde génération de ces croisements a présenté, comme il fallait s'y
attendre, une variation intense, aussi bien dans le coloris des cosses qui
étaient, suivant les plantes, vertes, violettes ou violacées, jaunes ou rouges
(') I'Éiu.iPPE Di! Vilmorin, Présenta lii^n de pois à cosses longes {Journal Soc. liai.
Horliciillure de France, '9'2, p. 571).
(-) It.-II. Lock, Rrccnl l'roi^rcss in llie stiidy <;/' Id/ia/iun, llrredily and Evolu-
tion, 1909, p. 2o5.
SÉANCE DU 29 MARS I921. 8 17
(violet suf jaune), que dans la couleur des (leurs qui étaient soit blanches,
soit colorées (pourpre), avec en outre des |)lantes à Heurs roses dans la
descendance du second croisement. •
Il y avait également des différences dans le coloris du s:rain à maturité
qui pouvait être soit grenat marbré ou grenat uni (le Pisnin elatius employé
comme père étant à grain marbré), soit rond blanc ou blanc obscurément
marbré chez les plantes à fleurs blanches (cf. Lock).
Dans le second croisement, le grain, au lieu d'être grenat uni ou marbré,
était, chez les plantes à fleurs colorées, roux moucheté ou roux uni.
Tous ces caractères se présentaient en proportions évidemment mendé-
liennes ; mais le petit nombre d'individus en seconde génération n'a pas
permis l'établissement des nombres, et l'expérience n'avait d'ailleurs pour
but que l'examen des plantes de première génération.
Parmi les cas nombreux où il a été constaté, à l'aide de croisements,
l'existence de caractères latents ou cryptomères', chez les plantes et chez les
animaux, on peut évidemment en rencontrer beaucoup où cette a latence »
peut être reconnue par l'observation directe et se trahir, pour ainsi dire,
par de légers détails. Il pouvait cependant être intéressant de signaler,
après l'exemple classique de Lock (pois à grains blancs obscurément
marbrés), celui des pois à fleurs blanches ayant des cosses vertes avec de
très faibles traces de coloration violette.
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur quelques différences sexuelles clans le squele lie
des membres supérieurs. Note (') de M. A. -A. MENDiis-CouuÈA.
On a trouvé nombre de caractères sexuels dans les os du bassin et de la
colonne lombaire et dans quelques autres parties du squelette humain. Mais
on ne peut que chez les premiers établir des règles générales pour une dis-
tinction sûre du sexe. Ainsi les difîérences indiquées dans le crâne sont
loin de permettre un degré de certitude suffisante dans la plupart des cas.
Ni les dimensions absolues, ni le poids, la robustesse, le développement
des saillies osseuses, etc. suffisent souvent pour le diagnostic certain du
sexe. 11 faut invoquer d'autres données qui ne fournissent pas en général des
résultats plus que probables.
Cependant il y a des avantages à rassembler des données sur les différents
(') Séance du i4 mars 1921.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N» 13.) "'
8l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OS el je crois que sous ce point de vue ce sont les os des membres supérieurs
qu'on a étudiés le moins.
Au cours de mes études do rostéométrie portugaise, j'ai trouvé quelques
difl'érences entre les moyennes masculines et celles féminines de plusieurs
indices des os des membres ihoraciques.
Ces études reposent sur des squelettes identifiés au point de vue du sexe,
âge et provenance, et encore sur quelques douzaines d'os isolés, sûrement
portue^ais aussi, dont j'ai cherché à établir le sexe en les comparant avec les
os identifiés. Cependant j'ai distingué les moyennes déterminées sur les os
identifiés de celles déterminées sur la totalité des séries, et d'autre part je
ne considère pas établies les difTérences qui ne soient pas assez grandes en
rapport à leurs écarts types [sUindarr/ déviation (')].
J'ai mesuré 92 clavicules, 70 omoplates, ii3 humérus, 100 radius et
88 cubitus.
Dans la clavicule, c'est l'indice total de l'os (rapport centésimal du péri-
mètre de la diaphyse à la longueur de l'os), celui ou j'ai trouvé des
dillerences sexuelles significatives : il est en moyenne plus grand chez
l'homme que. chez la femme, ce qui est d'accord avec les difTérences de
robustesse des deux sexes (-). L'indice de la courbure ne fournit pas de
résultats intéressants sous ce rapport, ce qui est en opposition à l'avis de
plusieurs analomistes. Il n'y a de même pas de différences statistiquement
significatives dans les indices de la diaphyse et ctavio-huméral; il ne faut
donc pas nous étonner de ce que mes résultats sur cet indice-ci et^ceux de
Ilrdiicka chez les Indiens de Munsee soient en opposition avec ceux de
Pasleau et de Broca chez les Blancs et les Nègres, au point de vue des
différences sexuelles. Si l'on fait l'analyse de la signification statistique des
(') D'après la formule
où (j\ représente l'écart type de In premiers séiie, «, le nombre des cas de celle série,
el ^2 el «2 1^* valeurs correspondantes de la série comparée à la première.
Je crois inulile de rappeler les règles de l'application de cette formtde.
J'ai calculé la valeur de a dans chaque série d'après la formule a ;= i / ~ — , où 2jc-
' ' y /i
représente la somme des carrés des écarts individuels el n le nom|3re des cas de la série.
Ce sont des formules bien connues des antliropologisles.
{') Celle Noie ne conlienl que les conclusions de mon étude. Les chillres, trop
nombreux, seront publiés dans un autre Mecueii.
SPANCE DU 29 MARS I921. 8l()
(liiTérences, on verra peut-être aisément qu'elles n'ont pas la valeur (pi'on
supposait.
Les indices de romo[)latc donnent des éléments importants, surtout les
indices spino-acromial et de la cavité glénoïde. Mais l'indice scaj)ulaire,
d'accord avec les résultats de Livon, est aussi nettement plus grand en
moyenne chez la femme que chez l'homme : l'omoplate masculin est plus
étroit et plus long que le féminin. Quant à l'indice spino-acromial (qui
établit le rapport de la largeur de l'acromion avec le développement de
l'épine), on remarcjue son évidente supériorité en moyenne chez l'homme,
ce qu'on pourra peut-être interpréter comme une conséquence de la supé-
riorité de l'activité fonctionnelle des muscles du bras dans le sexe masculin.
Enfin la cavité glénoïde est relativement plus large et plus basse chez
l'homme que chez la femme, où elle est moins circulaire.
Il est vraiment curieux qu'à cette différence sexuelle de la cavité glé-
noïde ne réponde pas une différence sensible et parallèle dans l'indice de
la section de la tête numérale. Dans l'humérus seuls les indices de robus-
tesse et épicondylo-trochléen présentent des dilT'érences impoitantes. Celui-
là (qui est le rapport centésimal entre le périmètre de la diaphyse et la
longueur de l'humérus) exprime naturellement la supériorité physique de
l'homme relativement à la femme. Par contre, l'indice épicondylo-trochléen
(rapport centésimal de la largeur de la trochlée à la largeur de l'extrémité
inférieure de l'os) est plus grand chez la femme que chez l'homme. Je ne
peux pas interpréter cette dilîérence de développement relatif de la trochlée
dans les sexes.
Dans le radius et dans le cubitus il y a des différences- sexuelles des
indices de robustesse, mais elles n'ont pas une valeur statistique semblable
à gauche et à droite. L'indice de la diaphyse du radius (rapport centésimal
de l'épaisseur de la diaphyse à sa largeur) est un meilleur caractère sexuel :
il est plus grand chez l'homme, qui a un radius plus épais et moins aplati
que la femme. L'indice ante-braqnial qui donne le rapport de la longueur
du radius à celle de l'humérus, fournit dans la série portugaise des résultats
qui sont d'accord avec les constatations des autres auteurs que le radius
féminin est un peu plus court en rapport à l'humérus que le masculin. La
courbure radiale à sou tour est peut-êlrc un peu plus accentuée chez la
femme que chez l'homme.
L'indice de la diaphyse cubitale donne des résultats semblables à ceux
de la diaphyse radiale : le cubitus masculin est relativement bien plus épais
et moins aplati. Les résultats relatifs à l'indice de l'olécrane ne sont pas
820 ACADÉMIE DES SCIENCES.
homogènes à gauche et à droite : on remarque des difTérences discordantes
(ju'il faut soumettre à de nouvelles observations.
Mon étude se basant sur des squelettes portugais, il faudra certainement,
avant la généralisation de tous mes résultats, en contrôler quelques-uns
dans d'autres populations. Mais on doit le faire avec une rigoureuse analyse
critique de la valeur et de la signification statistique des moyennes et des
différences déterminées.
PHYSIOLOGIE. — Proprièlès physiologiques des acides /luc/e'if/iies des ganglions
lymphatiques et du thymus. Conditions pour obtenir un acide thymo- nucléique
très actif sur le sang. Note de M. Doyox, présentée par M. Charles
Richet.
I. Dans des Notes antérieures j'ai indiqué les acides nucléiques de
l'intestin et du pancréas comme particulièrement favorables à la prépara-
tion d'un plasma sanguin stable. Toutefois le rendement de ces organes en
acide nucléique est très faible. Il en est de même pour la mamelle de la
vache.
L'acide nucléique du foie est un peu soluble dans l'alcool acide, ce qui
complique l'épuration et entraîne des pertes. De plus, il est nécessaire de
débarrasser au préalable le foie du glycogène qu'il contient en abandonnant
par exemple l'organe à l'étuve pendant quelques heures en présence de
thymol. Il est aussi assez difficile de débarrasser entièrement Tacide qu'on
extrait du foie de toute coloration jaune.
[I. Je recommande tout particulièrement les ganglions lymphatiques du
bœuf pour l'extraction d'un acide nucléique très actif sur le sang.
U e-:t facile de se piocurer les gaciglioiis du méseiilère en abondance. 1! fanl enlever
avec soin les membranes el la graisse qui entourent ces ganglions. On prépare l'acide
suivant la méthode de Neuman ('). On obtient un acide très blanc contenant, suivant
les échantillons de provenance différente, 9,;") à 10, 5 pour 100 de phosphore. Le ren-
dement est supérieure i pour 100. J'utilise cet acide de la manière habituelle : oe, i
est dissous dans un tube de centrifuge dans 5"^'°' de solulion alcaline faible (eau dis-
tillée, 1000; cliiorure de sodium, !\\ carbonate de soude, 5); le tube taré est placé sur
{' ) On additionne i''" d'organe brojé de : eau, 2'; acétate de soude, yoû"^"''; lessive
de soude, 33™'. On chaiifTe pendant 2 heures au bain-marie bouillant. Fillration à
chaud. On ramène au bain-marie à Sco™'. On ajoute ensuite un volume égal d'alcool
à çp". Après 24 lieures, le précipité est séparé, dissous dans Sno"^'"' d'eau. On chauffe
pendant au moins une demi-heure jusqu'à précipitation complète des phosphates. On
filtie à chaud. Le fiilrat est additionné d'un volume égal d'alcool à go". Si aucun
SÉANCE DU 29 MARS I92I 821
le plateau d'une balance pour recevoir 20s de sang dérivé directemenl de la carotide
d'un chien. Le mélange est agité vigoureusement, puis centrifugé à grande vitesse. On
obtient un plasma très stable, limpide et incolore. Ce plasma ne coagule pas sous
rinduence du sérum seul ou du chlorure de calcium seul. 11 coagule en masse, en
■'. ou 3 heures, après addition simultanée ou successive de sérum et de chlorure de
calcium. La solution d'acide nucléique peut être conservée en présence de thjmus
pendant des semaines et peut-être indéfiniment sans perdre ses propriétés physio-
logiques ( ').
III. Le rendement du thymus de veau en acide nucléique est supérieur
à celui des autres organes. Toutefois, l'acide obtenu par la méthode de
Neuman est relativement peu actif.
Pour empêcher 20S de sang de coaguler d'une manière certaine, durable et com-
plète, il faut généralement o,3 et même o,4 d'acide. Cependant, en traitant non plus
de grandes masses {1^^) de thymus, mais 200e à 3oob, on obtient parfois un acide
très actif à 0,2 pour 208 de sang, après 2 heures d'hydrolyse. D'une manière générale,
on gagne peu de chose à prolonger l'hydrolyse. Pour obtenir avec certitude un
acide très actif à la dose de 0,1 pour 208 de sang, il faut soumettre la glande, avant
de la traiter par la méthode de Neuman, à la putréfaction. Le thymus est broyé,
additionné d'eau, placé à l'éluve pendant i5 à 18 heures. L'acétate de soude et la
lessive de soude ne sont ajoutés et la méthode de Neuman n'est appliquée qu'après
le maintien à Tétuve. L'acide obtenu dans ces conditions contient environ 10 pour 100
de phosphore. Le rendement est un'peu inférieur à 1 pour 100; il diminue encore si
la putiéfaclion est prolongée au delà des limites indiquées. On obtient des résultats
com|)arables, mais moins accusés eu substituant à l'action de la putréfaction celle du
chaiiirage dans l'autoclave à iio°-i20° pendant 45 minutes deux, fois de suite. L'acide
oi)tenu possède à la dose de 0,1 pour 208 de sang une action très sensiblement moins
durable et moins complète que celle de l'acide obtenu après putréfaction; le rende-
ment est supérieur à 2 pour 100; la teneur en phosphore dépasse 9 pour 100 (^).
précipité ne se forme, on ajoute encore 2""' d'alcool contenant pour le volume
total d'alcool 2 pour 100 d'acide chlorhydrique. Si l'addition de i'"' d'alcool a pro-
voqué la formation d'un précipité, on recommence l'opération précédente. Fina-
lement, l'acide libre est lavé à l'alcoonplusieurs fois, puis à l'éther. Je substitue la cen-
trifugation à toutes les opérations de filtration.
(') J'emploie 4'"' de plasma nucléaté, 10 à i5 gouttes de sérum ou d'une solution
de chlor.ire de calcium à 10 pour 100. Le plasma additionné de sérum seul reste lim-
pide; le plasma additionné de chlorure de calcium devient trouble, il se forme un
prjcipité de nucléinate de chaux.
(-) J'ai montré, il y a plusieurs années, que tous les organes soumis à la dialyse
chloroformique (ou à l'autoclave à iio°-i2ô°) exsudent un liquide qui possède une
action anticoagulante in vitro. J'ai montré que la substance active est une nucléo-
proléide qui, évidemment, provient des noyaux cellulaires. Les ganglions con-
viennent tout p irticulièreme it à cette recherche, ainsi qu'à l'extraction d'un acide
nucléique très actif.
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ENTOMOLOGIE. — Rôle du lapin domestique dans V allraclion et la nutrition
rf' Anophèles maculipennis. Note (') de MM. J. Legr.vdre et A.. Oi.iveau,
présentée par M. E. Bouvier.
L'un de nous a signalé dès 1908 (') le rôle de protection exercé à l'égard
de l'homme par certains animaux domestiques sur lesquels les Anophélines
aiment à se nourrir. Des constatations de même nature se retrouvent dans
les publications des auteurs italiens Grassi (igoi), CellietGasperini (1902).
Les travaux récents de Roubaud ont fait ressortir l'importance de ces faits,
notamment pour l'interprétation de l'Anophélisme sans paludisme en
Europe (^).
Des observations, faites en mai et juin igiS par l'un de nous ('), avaient
déjà montré qu'en Saintonge A. maculipennis, pendant sa période d'activité
vcrnalc, « recherche comme aliment le sang des mammifères, avec une préfé-
rence marquée pour le sang du lapin domestique ».
Les recherches que nous venons de faire en Provence pendant l'automne
et l'hiver 1920-192 1 prouvent que, également pendant la période d'hiber-
nation d'.4. maculipennis, le lapin domestique exerce sur lui- une attrac-
tion plus forte que les autres animaux de ferme et de basse-cour.
A Fréjus (Var), A. maculipennis se trouve dans les étables et basses-cours
des habitations qui bordent les marais du littoral, plus ou moins abondant
selon la proximité des gîtes.
En novembre et décembre (minima moyens : 2° — maxima moyens : iS"), à la ferme
du Centre d'Aviation qui, outre ses 2 marins, abrite séparément: Séquidés, 3o lapins,
10 porcs et porcelets, les anophèles sont nombreux (200 environ) dans les cages à
lapins; aucun dans l'écurie, la porcherie et le logement des gardiens, malgré l'obs-
curité et autres conditions favorables.
Dans le pavillon des officiers et les casernes, cependant situés près d'un marais, on
aperçoit rarement un anophèle.
Dans une ferme voisine, où porcs, poules et lapins logentdans la même grange, mais
dans des boxes séparés, les anophèles (de 5o à 200 à chaque visite) sont tous dans la
cage à lapins la plus basse et la plus obscure. Dans le poulailler^ situé au-dessus des
cages, rien, non plus, que chez les porcs. Les mouvements de ces animaux ou des per-
sonnes qui les soignent sont-ils la cause de cette désertion des porcheries et pou-r
(') Séance du 21 mars 1921.
(') J. Leuknure, Butf. Soc. Pal/i. cxol., 1908, |). 227, et /iiilt. Med. Cliir. Indo-
Cldne, iQ'O, P- 164.
(*) Comptes rendus, t. 1G9, 1919, p. 483, et Aiin. Institut Pasteur. 1920.
(*) J. Leuendre, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 766.
SÉANCE DU 29 MARS I921. 823
laillers au détriment des lai)inières? C'est peu probable, on approche également les
lapins plusieurs fois le jour pour leur porter de la nourriture et nettoyer les cages.
Le 7 février, dans un poulailler contenant 3^ poules, pas de moustique. — Dans une
cage voisine où loge un seul lapin, pris 2 anophèles gorgés.
Dans une autre lapinière de deux cages superposées», l'inférieure, avec 8 lapereaux,
renferme 5 anophèles, — dans l'autre, inhabitée, pas d'anophèle.
Le i5 février, à 10'', dans une villa située à 5o" de la ferme du Centre d'Aviation :
poulailler bien protégé, pas d'anophèle; dans les cages où sont 12 lapins, on compte
6 anophèles.
Devant une autre habitation, rangée de cages à lapins face au soleil; chacune
d'elles contient 2 ou 3 anophèles, dont certains ont piqué récemment. Dans le pou-
Liiller attenant aux cages et construit de même, aucun moustique.
Sur i48 anophèles récoltés les 2^ et 2.5 février, 58, soit 89 pour 100, se sont nourris
dans les deux jours précédents.
D'autres recherches nous ont toujours donné jusqu'ici (du 20 novembre
au 10 mars) les mêmes résultats : A. maculipennis toujours présents, parfois
très nombreux, dans les lapinières occupées, aucun ou très rares dans les por-
cheries; aucun chez les gallinacés et les èquidés, rares ou inexistants dans les
habitations humaines. Tous les anophèles capturés sont des ç non ovigcres,
sauf deux ou trois. 11 n'a pas été trouvé un seul culicide dans les locaux
explorés.
Sur trente frottis, une fois on put reconnaître des hématies de mammi-
fères; 29 fois, le sang nettement rouge, contenu dans le tube digestif des ano-
phèles, était dans un état de digestion rendant les globules méconnaissables.
Conclusion : Dans cette région provençale, où la cuniculiculture csllrès ré-
pandue, A. maculipennis en hiver ne pique pas l'homme, à l'écart duquel il
se tient. Mais, malgré une vie ralentie au cours des mois froids : absence d'oo-
génèse, confinement, etc., cet anophèle se nourrit sur certains animaux do-
mestiques, presque uniquement sur le lapin, à des intervalles à déterminer.
On ne trouve pas d'anophèle dans les lapinières inhabitées.
Pour les pays d'Europe, où VA. maculipennis est très commun, la protec-
tion par le lapin est d'un grand intérêt. En outre, la ségrégation hivernale
de cet insecte dans les lapinières, où il se tient toujours au plafond, rend sa
destruction aisée.
Il importe donc de déterminer dans les pays à malaria, les conditions de
la vie rurale qui se prêtent le mieux à la protection de l'homme, par les ani-
maux domestiques, contre A. maculipennis et autres espèces infectantes.
La séance est levée à 16 heures.
É. P.
824 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN' UIBLIO(;RAPHIQi;ri.
Ouvrages ri-.çus dans lks s(;ancks de janvier ig^i {suite ^t fin).
Obserçation des orages de 1919 dans les déparlements de la Gironde et partie
de la Dordogne. Expérience des paragrêles électriques, par~F. Courty. Extrait du
Bulletin de la Commission météorologique de la Gironde, année 1919. Bordeaux,
Gounouilhou, 1920; i fasc. 24"^'". (Présenté par M. J. Violle.)
Quelques notes sur ta famille La Caille. Paris, Société générale d'imprimerie et
d'édition; i fasc. 25"^™. (Présenté par M. Bigourdan.)
Annuario degli Istitute scientifici ilaliani, 1920, publié sous la direction de
SiLVio PivANO. Bologna, Zanichelli, 1920; 1 vol. 17""'. (Présenté par M. V. Volterra.)
Bibliothèque bibliographique et documentaire ; section des sciences pures et
appliquées. Troisième Partie : Astronomie, Géodésie et Géophysique, par G. Bigour-
dan. Paris, Gauthier-Villars, 1921; 1 vol. 23™.
Sir Norman Lockyer : Obituary notice, par Sir Richard GREdORV. Extrait de The
Nature, 1920; i fasc. i8°™.
La Terre avant l' Histoire. Les origines de la vie et de Vliomnie, par Edmond
Perrikr. Paris, La Renaissance du Livre, 1920; i fasc. 20"^'".
Le compas de navigation aérienne, par J. Roucu. Paris, Masson, '921; ifasc. 25''"'.
Les progrès de la Chimie en 1919. Traduction française autorisée des Annual
Reports on the Progress of Chemistry for 1919, vol. XIV, par André Kling. Paris,
Gauthier-Villars, 1921; i vol. 28'^"'. (Présenté par M. A. Ilallei.)
L' Intendant Poivre, par E. Doublet. Bordeaux, Institut colonial, 1920; 1 fasc. 24"^'°.
Mémoire sur l'équation de la diffraction, par J.-G. Pineau. Paris, Chaix, 1920;
I fasc. 27'='°.
La température en Chine et à quelques stations voisines d'après des observtitiuns
quotidiennes, compilées par \\. Gauthier. Extrait, introduction, appendice. Cliangliaï,
Imprimerie de la Mission catholique, 1918; 1 fasc. 3i"".
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI l A\l!ll. 1921.
PRÉSIDENCK DE M. Gëouges LIÎMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICAÏIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président s'exprime en ces termes :
L'Académie des Sciences vient d'avoir la douleur de perdre un de ses
Correspondants les plus distingués, M. le colonel Vali.iek, décédé à \ ersailles
le 2g mars 192 1.
^L \ allier, entré à l'Ecole Polytechnique en 1HG9, en était sorti dans
l'artillerie. Ses remarquables travaux de balistique extérieure l'avaient lait
élire Correspondant de rAcadémie en i8f)5.
Il fut longtemps membre de la Commission deCax re qui, dans un champ
de tir situé près de Lorient, fait depuis beaucoup d'années de nombreuses
expériences avec les plus puissantes pièces d'artillerie.
Sarrau, dans son Rapport sur les travaux de M. Vallier, insistait sui- la
difficulté considérable des problêmes relatifs à la courbe balistique, même
lorsqu'on ne considère qu'un point matériel. La difficulté réside à la fois
dans l'inlerprétalion des équations du mouvement et dans la détermination
préalable d'une expression représentant la résistance de l'air en fonction de
la vitesse dans toute l'étendue concernant la pratique. Cette difficulté
s'accroît lorsque l'on considère, au lieu d'un point, un solide présentant une
forme ogivale, forme de tous les projectiles actuels.
Les commissions spéciales se sont efforcées depuis longtemps d'établir, à
l'aide des seules données fournies par l'observation, des relations empiriques
entre les vitesses initiales, les angles de départ et les portées. C'est ainsi
qu'elles dressent les tables de tir pour le service réglementaire de l'ar-
tillerie.
C. R , 1921, I" Semestre. (T. 1*2, N° 14.)
62
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lé problènif ihêorique n'en conserve pas moins une grande imporlance,
surtout pour les projets de nouveaux canons plus puissants que les anciens.
Ces recherches permettent d'ailleurs, surtout pour les canons àc gros
calibres, de ne pas multiplier des expériences toujours très coûteuses.
Aussi ces éludes théoriques ont été abordées en France et à l'étranger
par de nombreux savants : en France, en j)articulier, M. le général Didion
avait été un précurseur dans cet ordre d'idées. M. Vallier proposa d'abord
pour le projcclile ogival une formule nouvelle de la résistance de l'air en
s'appuyanl sur d'anciens travaux d'Alliaiiase Dnpré : il montra que cette
formule concorde avec les expériences connues à cette époque, il introduisit
ensuite celte expression de la résistance de l'air dans les équations balis-
tiques et il en déduisit les formules pcrmellant de calculer les divers
cléments du tir et d'en vérifier l'accord avec l'expérience: cet accord est
satisfaisant, notamment pour les canons fram.ais de 2/1'"'.
M. Vallier compléta ces recherches de diverses manières en vue des
applications et donna des indicalions très nettes sur les méthodes expéri-
mentales qu'il convient d'employer pour dresser les tables de tir. On y
reconnaît à la fois l'habileté mathématique de l'auteur et sa ])réoccupaliou
d'en faire profiter la pratique.
On sait que dans ces dernières années un de nos Correspondants, \1. le
comte de Sparre, s'est occupé avec succès de ces mêmes questions pour les
pièces nouvelles à très longui: portée.
Le nom de M. le colonel Vallier restera associé à ceux de ces officieis-
d'élite sortis de l'Ecole Polytechnique qui appliquent toutes les ressources
d'une solide éducation scicntifi(pie au perleclionnemenl de notre armement
national, en ne séparant jamais les recherches théoriques des questions
pratiques. La dernière guerre a montré combien la l'rance peut être fièrc
de son artillerie.
ZOOLOGll.. — Sur un Oinrtigf n-lalil' à la Faune franrtu'sr.
Noie de M. K.-L. Iîouvier.
Un volume relatif à la « Faune fran(;aise » vient d'être |)ublié par l'Office
faunisliquede la Fédération française des Sciences naturelles. Cet Ouvrage,
consacré aux lichinndcriues, est dû à la plume de M. le professeur
K. Kochler, qui connaît mieux que personne les animaux de ce groupe.
Comme chacun des volumes de la future collection, il permettra 4'iden-
SÉANCE DU 4 AVniL I92I. 827
tifier aisément toutes les espèces franraises <lu groupe dont il traite, et
renferme à cet elFet un bref exposé des caractères de ce groupe, des Tables
dichotomiques très claires, des descriptions spécifiques concises, de nom-
breuses figures et des notions intéressantes sur fétbologie de chaque espèce.
On n'avait jamais rien tenté de semblable en France, rien qui fût à la fois
simple et scientifique, c'est-à-dire propre à favoriser sûrement le goût de la
Zoologie; les bolanistes avaient des flores, les zoologistes ne possédaient
rien qui put les aider à la connaissance des faunes.
(J'est la première fois que se manifeste, par un résultat évident. Teflica-
cité des groupements scientifiques qui se sont établis depuis la guerre sous
les auspices de notre Académie; et c'est à l'Académie elle-même qu'on doit
ce résultat, puisque c'est grâce aux subsides des fonds Bonaparte et Lou-
treuil que la jeune Fédération des Sciences naturelles a pu se mettre immé-
diatement au travail. Si, comme je l'espère, l'Académie soutient encore
quelque peu celte œuvre, l'Office faunislique de la Fédération pourra
bienlôt marcher sans secours au moyen de la vente des volumes offerts au
public. Je pense vous présenter dans quelques semaines celui des Oiseaux
et l'on prépare actuellement celui dos Insectes orthoptères; d'autres seront
mis ensuite sur le chantier.
Il faut exprimer de ta gratitude à M. de Beaiichamp, professeur à la
Faculté de Dijon, qui a bien voulu accepter la direction de l'Office faunis-
tique. C'est une lourde charge qui exige de l'activité, de la méthode, de
profondes connaissances et un réel désintéressement; il s'en acquitte à
merveille et mérite, de ce fait, la reconnaissance des zoologistes.
OPTIQUE. — Sur le ctilcul du coma. Note (') de M. G. Gouv.
Le calcul publié récemment (^) suppose que l'onde émise du point A, de
l'axe est, comme toujours, à peu près sphérique quand elle vient former son
foyer. L'expression du coma, exacte quand l'aberration suivant l'axe est
nulle, est seulement très approchée quand cette aberration est sensible.
Il est bon d'évaluer cette approximation. On obtient exactement la courbe
tracée par les rayons passant par les points O, en multipliant le diamètre 0
du cercle dans le plan des ry, ainsi que le second terme de l'abscisse x„,
(') Séance du 29 mars 1921.
(-) Comptes rendus, t. 172, i()i\, p. 635
823 ACADÉMIE DES SCIENCES,
par le facteur
'/l'y
OÙ R désigne la longueur du rayon lumineux entre le poini ('.. et l'axe, les
autres notations reslanl les mêmes.
Ce facteur diffère très peu de l'unité ( '): ainsi, par exemple, pour une
lentille simple d'ouverture -^ i l'erreur relative est de un ou deux millièmes.
A plus forte raison pourra-t-on la négliger pour un instrument mieux
corrigé.
GKOLOGli;. - Sur un nouvel e.vem/j/e </eslriai;edu/itJIui>ial.
Note de M. Maurice LifiEo.N.
Il y a quelques années, en parcourant les rives de la Yadkin, dans la
Caroline du jNord, je découvris, au lieu dit les « Falls «, près Whitney,
dans la région de la pénéplaine appalachienne, des stries singulières, uni-
quement localisées sur la roche du lit majeur de la rivière (').
.l'ai pu montrer que ce phénomène, jusqu'alors non signalé, était un
nouveau mode d érosion fluviale donnant lieu à de fines sculptures compa-
rables à celles produites par les actions éolienncs sur les roches des régions
soumises à la mitraille des grains de sable transportés par le vent, l'ius
tard, j'ai fait remarquer que ce burinage était semblable à celui exécuté
sur les pointeaux et aubes des turbines [)ar l'eau chargée de matières sili-
ceuses on suspension ( ').
Ce mode spécial d'érusion fluviale ne peut être reconnu que si un certain
nombre de conditions sont réunies, à savoir tout d'abord l'existence d'une
roche enregistreuse à pâte très fine, comme par exemple une roche éruptive
pélrosiliceuse ou un calcaire compact; puis, pendant les crues, un apport
important de matières fines en suspension, de nature siliceuse; aussi p(U
(|ue possible de matériaux roulés qui, par leur choc plus violent, s'opposei-l
au fin burinage; des variations considérables de débit; enfin, une vallée
(' ) il fiuil considérer l'onde aussi loin de son foyer qne le peririeUvnt les données du
problème.
(-) Sur un iioinciia inuilr d'crosioii fliniale {Contplex rciulus, t. I.'IC, 191 3, p. 58>.).
(^) Le sillage du lit /hnlid {Aiin. de Gcog/uplue, ■.>.'i''-:>.fi° ani\ée, n" !.">:*.
i5 novembre 191 J, p. ^5S5).
SÉANCE DU 4 AVRIL I921. 829
assez larjie, mais avant encore la forme de gorge ou de cafioii, pour (|iril
puisse s'établir un lit majeur rocheux en banquette dorninani le niveau
d'étiage de i'" à (juelques mètres.
En débil d'étiage ou en débit moyen les mouvemenis ton rbilionna ires s(int
dominants; ce sont les agi'uts constructeurs des marmites de géant du lit
mineur (' ).
An moment de la crue, alors que s'exécute une chasse considérable de
matériaux en suspension, l'écoulement reste en partie toiirbillonnaire dans
le lit nïineur, mais tend à se transformer en mouvement rectiligne, qui est en
tout cas à peu près général sur le lit majeur, ainsi qu'en témoigne la rareté
des marmites. A ce moment les grains de sables suspendus, entraînés en
filets linéaires, burinent la banquette de ce lit majeur et ils y sculptent de
fines stries droites ou légèrement ondulées, parallèles entre elles, ou bien,
si un obstacle vertical s'y présente, formant des figures rayonnantes qui
partent d'une cupule comme celles que j'ai figurées dans mon Mémoire sur
l'érosion de la Yadkin et qui sont donc les mêmes que redoutent les
hydrauliciens sur les aubes des turbines.
En examinant avec attention les rivières à transport de matériaux gros-
siers, on arrive presque toujours à trouver sur la banquette du lit majeur
les empreintes délicates du burinage, mais faut-il déjà bien connaître le phé-
nomène. Je l'ai vu dans le canon urgonien du Rhône; je n'ai jamais pu l'ob-
server dans les torrents alpins.
Mais une rivière franeaise, la basse Vrdèche, devait me révéler le phéno-
mène dans toute sa splendeur, sans toutefois atteindre la beauté des stries
de la ^ adkin.
Dans sa région inférieure, entre Vallon et Saint-Martin, FArdèche
s'écoule profondément, encaissée en canon dans les calcaires urgoniens.
C'est une rivière dont les débits présentent des variations considérables et
bien connues. A l'étiage, il ne s'écoule guère que 2'"' à 4"' d'eau limpide,
('j Le mouvemenl tourbillonnaire n'agit tatéralemeni sur rescarpemenl du lit
iiiijeur que par ragrandisseiiienl du rajon des marmites latérales du tir mineur. Le
tunnel de déri\ aiion de la rive droite du Rhône à Bellegarde, sans radier ni re\ élément,
ilibitant 60'"", en exploitation depuis de nombreuses années, ne présente des ellets
i lurbilionnaires que dans le radier. Les marmites y ont jusqu'à 4" de profondeur. Les
jiiedroils sont absolument intacts, présentant encore des arêlus rocheuses aiguës
(lues au battage au lirge par les explosifs. Tout se passe comme si le long des pic-
droits un coussinet d'eau presque rigide agissait comme un revêtement. Celte obser-
\alion peut présenter un certain intérêt pour Ks constructeurs de tunnels hydrau-
liques à écoulement libre. MWe mérite d'êtie connue.
83o ACADÉMIE DES SCIENCES.
alors (|ue pendant les crues un flot opaque [louvanl atteindre 7000"' se pré-
cipite dans l'étroit sillon. 11 y a relativement peu de matériaux grossiers:
les g'alets. qui soni nuls dans lii ^ adUin", forment cependant des atterrisse-
ments importants. Il existe toutefois une parenté manifeste de variations de
régime entre les deux rivières. I^a pente du canon est d'environ i pour 1000,
alors que, celle de la ^ adkin dépassant localement G pour 1000, les chasses
y sont donc plus violentes, d'autant que le débit peut atteindre 3ooo"' ; en
conséquence le mouvement linéaire est en quelque sorte plus oidonné et le
burinage plus intense.
Dans l'Ardèclie, si l'on remonte la rivière de 2'"''à 3'""" à partir de Saint-
Martin, soit eu amont du hameau de Sauze, on peut voir sur les calcain-s
ur^^oniens compacts du lit majeur les stries du burinage fluvial admira-
blement dessinées en une multitude de points, mais qui sont toujours en
relation avec les méandres. Lorsque, par rhabitudte facile à acquérir de
savoir où se trouve la zone de courant maximal dans les méandres, on voit
sur la banquette des surfaces ityant souvent plusieurs-centaiues de mètres
carrés entièrement couvert. -s de ces stries délicates. 11 esta noter qu'elles
sont toujours orientées avec la plus grande des ri^^ueurs, parallèlement aux
filets de l'eau en crue, c'est -à-dire non nécessairementpai-allèlementii la rive
du lit mineur. Ainsi, en aval de l'angle saillant d'un méandre, au point où
la ligne de courant abandonne le lit mineur pour passer sur le majeur, les
stries sont obliques à la rivière et forment avec elle, en direction d'écou-
lement, un angle aigu; puis, plus bas, elles deviennent parallèles et rentrent
enfin vers l'axe de la rivière, mais en s'efUaçant peu à peu, parce que la
[tuissance de la chasse diminue. La roche est alors unicjuement polie avec
cette patine, au toucher si spécial, qui caractérise les roches corrodées par
l'action éolienne.
Ainsi, non seulement les exem[)les répétés de l'Ardèche montrent bien
qu'aux périodes de grande crue le mouvement lourbillonnaire se remplace
par un mouvement linéaire sur la roche, mais encore le >triage permet de
connaître exactement le déplacement, par rapport 11 lui-même, du fil de
l'eau lorsque la rivière passe de l'étiage à la crue.
Sir Geouge (iîiiKKxHii.r, élu Correspondant j)our la Section de Mécanique,
adresse des remerchncnts à l'Académie.
SÉANCE DU 4 AVIUL I92I. 8!^ I
CORRESPOXDAIVCE .
M. le Secuétaire PEiiPÉTUKi. sijînale, parmi les pièces iiii[>riinées de la
Correspondance :
1" Mémoires conccriuinl f llislairc iidliirelle de l'Empire chinois par des
Pères de la Compagide de Jésus. Tome M. Premier caliier : L'Herbier di'
Zi-Ka-nei. Herborisations dans le Kiani^-suu en if)i8. (Présenté par M. II.
Lecomle.)
2° Li.ON Bi:irii!.VNi). Histoire de la Jurmalion du sous-sol de la France. 1. Les
anciennes mers de la France et leurs dépàls. (Présenté par M. Termier.)
3° JosF.i'ii Li:vim:. A/las méléorol(>i(ique de Paris. (Présenté par M. G.
Bigourdan. )
AXALVSF. MATHÉMATIQUE. — Sur une équation au,r dérivées fonctionnelles
analogue à Véqualion de M. Hadamard . Note de M. Gaston Jiilia.
1 . J'ai moniré précédemment ( ' ) qu'à pai tii de l'équation
, ., ,,p, > r./A'B)+/A(-) r/:v(-)p . ^
^" ^^'"°^-"^^ = ^t:/.(/ub)-/u.>LaF)J '"■''■'
où J\(z ) fournit la repiéscntatioii conforme de la couil)e analytique fermée C
sur le cercle tiigonoméliique !/ ^i, on pouvait former une solution de
t'équalion
(2) ô«I>{U, V) — /^<l>i i;, M)«I>(M. \)6ncts
(lue à M. lladamaid.
On peut, à partir de (i), obtenir une équation présentant avec (2) des
caractères d'analogie remarquables et s'y ramenant par un changement de
la fonction inconnue.
On introduit 'Ç = /,,(:), ii intérieur à C et distinct de A etB: 3 — /i,,( B),
<^- =./i.j(-^,)> et, en différenlicrnl ( \) inn- rapport à B, il vient
(3) 8^io,/.(i>.,=.oi;^[iog-i^]
= — _' • / I ^^ logi .î — 5!) — oioi;(z„r — 1 1 1-')' y- iog(r — ,î 1 .
C) Comptes rciulus, l. {1±, 1921, p. 788.
832 ACADÉMIE DES SClEiXCES.
Si maintenant, on dilTérenlie par lapport à VdJJixe A du point A, il vient
«/-,,, I r '^z- , ,. . d-
(i)
log(S-^)=.-^. r^log(C-a)^los(;-,3;o.rf.,
d.\ dM °
et si l'on pose
<I>(A, B) est une fonction analylifjur des deux points A, lî, syinéhiquc par
rapport à ces deux points, et satisfaisant à l'équation
(6) oa>(A, !'.)=: r «1>(A, M)<1)(M, W)oidz.
L'équation (^6) difTère de l'équation (2) de M. Hadamard par la substi-
tution de izdz à onds.
2. l'.n désignant par a„ l'angle avec < ).i-de la demi-tangente positive en M
au contour C, on a
rîz dz =: i (■"-'"'■w on fis
et
d . d
tKjl dz
Cl) s'éciit alors
lo^(.5 — :x)=r— - / ,/ , log(r— a) ' loger — ^)ô/i 05.
(/A £^H
Imaginons une série de contouis qui se déforment, suivant une loi déter-
minée, (le façon à passer en A et B au couisdeleur variation; si a^et a,, sont
les angles correspondant aux demi-tangentes en ces points aux contnurs qui
y passent, on aura immédiatement, à cause de
d d d . d
-— =__ e'».v — -. ei -— = -"'=<n -TTT ,
dsf, d.\ fA|, dli
(■'est-à-diie que
.l.(A,|{)=-i _il^log(^-«)
7r ds^ dsn
satisfait à l'équation (2) de M. Hadamard.
3. Il est visible que
7: i d\ dH
d' . .^ , ^ f '^ • «^ ^ /' <^ • 'M ^ \ R ^
SÉANCE DU 4 AVRIL 1921. 833
est la solution (5) de (6) (r, v coordonnées raitésiennes do A; .r', y' celles
de B).
En sorte que
*{A,l!)=-^;^-^log(5-«)
loo(;3 - X)r' ">
~ n d\dB
= i[(r.-'',i)(^-'-.4)^-<-"]«""-
est la nouvelle solution de réqualion (2 ) de M. Hadamard. Cette solution
,■ , , , • ■ , , , ' I <^/-i,'(A. t!) ,, . ,
n échappe pas a la critique, adressée a '^ — -. > d exiger la connais-
sance, a priori, d'une loi de déformation pour le contour C. Il faut aussi
mentionner la solution conjuguée
4. Les considérations du n° 2 sont valables pour toute solution de
Téquation (6). Si «I»( A, B) est une solution quelconque de (G), on consta-
tera sans peine que
'r(A, B) = (-<I>(A. I!)e'['^^^°'"]
est une solution de l'équation (2) et réciproquement. L'équation (G) n'est
donc pas essentiellement distincte de l'équation de M. Hadamard, cepen-
dant elle parait se présenter tout naturellement lorsqu'on étudie des solu-
tions qui sont fonctions analytiques des variables complexes A et B.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la détenui nation des fondions présentant
certain caractère complexe de-Tésolubilité. Note (') de M. Arnaud Denjov,
présentée par M. Hadamard.
J'ai donné dans ma dernière Noie les conditions définissant la classe des
lonctions résolubles (2,.v). Il résulte de ces caractères que la différence de
deux fonctions de cette espèce est encore une fonction de la même nature.
Nous allons en déduire que, si deux fonctions résolubles (2, s) admettent sur
une épaisseur pleine la même dérivée seconde ordinaire-approximative , hi diffé-
r^ice (j de ces deux fonctions est linéaire.
En effet, la dérivée seconde ordinaire-approximative (nous la désigne-
rons par G^ 3 ) de G existe et est o sur une épaisseur pleine.
(') Séance du 21 mais 192 1.
834 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tout d'almid. en apjillLjuant le quatrième caraclcre à renseiuble par-
lait P constitue par le continu (les a et les t' n'existent donc pas ). nous
trouvons que l'ensemble des points H au voisinag-e desquels la dérivée ordi-
naire G' (ou ( i„ ) de ( I est inexistante ou discontinue en certains points, ou
non rosolulile dans corlains inteivalles, cet ensemlile H est non dense. Sui
un segment s sans points communs avec H. (i„ possédant, sur une épais-
seur [)lcine, une dérivée approximative nulle, est constant. ( î est linéaire
sur s.
Si donc (i n'est pas linéaire, l'enseinbie L des points au \oisinagc
desquels G est non linéaire. L est non dense.
En vertu du deuxième caractère des fonctions résolubles (2, .s ), si (î est
linéaire sur deux segments ayant une extrémité commune, (i est linéaire sur
le segment réunissant les deux. Donc L est parfait. G„ existe etesl constant
sur tout intervalle contigu à L, et par suite (2' caractère ) sur tout se^menl
contigu à L. Nous distinguons trois cas :
i" L contient une portion P ne possédant aucun segment spécial propre.
Alors (4*" caractère de (i) P contient une portion P, sur la totalité d<'
laquelle G', existe, est continue et est résoluble. Comme la variation de G,
sur chaque contigu à P, est nulle, ainsi que, sur une pleine épaisseur
de P,, la dérivée approximative de G„, G^ est constant sur P,, donc sur le
segment des extrémités de Pj. P, n'appartient donc pas à L, ce qui est con-
traire à l'hypothèse.
■2" L contient une portion () dont chaque point est intérieur à une infinité
de segments spéciaux de L (donc de Q). On détermine dans () une
portion Q, telle que les nombres to(T) formés avec G et les segments
spéciaux de (J, forment une série convergente ( 3*' caractère ).
Ou en déduit, en négligeant les segments spéciaux supérieurs à un
nombre i aussi petit qu'on le veut, que la différence des valeurs de G,, sur
deuv contigus quelconques à Q, est nulle. Enliu, la variation de G sur Q,
étant nulle [d'après la convergence dèsfo(7)]. G est linéaire entre les extré-
mités de Q,, ce qui est encore impossible si Q, est dans L ( ' ).
3° Sont partout denses sur L, à la fois les points appartenant à une infi-
(') Les conséquences tirées dans celle étude du Iroisième caiacléie des fonrlion-
résolul)les (2, .1} subsisteraient si on le reiupla<-ait par le caract''re sui\;ml inoiii-
restrictif.
(^uei que soil rensenibje parfait I' possédant une infinité de segments spéciaux 7.
les points de I' au \oisinage ilesquels la somme est non bornée des quantités '.1^7 )
relatives à des segnieiits <y en nombre quelconque deux à deu.\ extérieurs l'un à l'autre,,
ces points forment un en3emi)le non dense sur I*.
SÉANCE nu 4 AVRIL 1921. 835
nilô de sogiiicnls spéciaux de L, et les points de L apparleiiant seulement à
un nombre limité de tels serments. On peut déterminer (3' et 4' caractères
de Cb) une portion U de L telle que. d'une part la série des nomlires (o( n \
relative aux segments spéciaux de II et à (i est convergente, daulrô [i.irt.
quels que soient, parmi les précédents, les segments r:' en nombre Uni
négligés, et les segments n" demeurant, G„ existe, est continu et résolulde
sur l'ensemble (fermé ) R(t') des points de II appartenant aux seuls c: . La
dérivée approximative de (Ij, étant par bypothcse nulle sur une épaisseur
pleine, il en résulte que la variation de Gi, entre doux points de R(t') s'ob-
tient uniquement en totalisant les variations de G„ sur les segments couiigus
à R(^'). D'après la convergence de la série «(t), on peut négliger suffi-
samment de segments t' pour que la somme des variations absolues de ( i„
sur les segments contigusà R (7) soit inférieure à un nombre positif i quel-
conque donné d'axance. On en déduit que ( i^, existe et est constant sur R et
sur ses contigus, ce qui aclièvc de démontrer l'impossiltilité de l'existence
de L.
Donc, si /esl donnée et si l'on sait l'existence sur une épaisseur pleine
d'une identité du type /"= -T, , , i étant une fonction résoluble i2,.v) et
inconnue, .t est déterminée |>^r /', à l'addition près d'une fonction linéaire
arbitraire.
L'intégration T, , ou totalisation symétrique du second ordre sera préci-
sément l'opération permettant de remonter de /'à J.
AXAr,YSF. MATHÉMATIQUE. — Le théorème (le M. Landau el les fondions
multiformes. Note de M. Théodori; VAitopouLos, présentée par
M. Hadamanl.
l. En 190 '1, M. Landau a démontré ( ' ) le théorème suivant :
Soil une fonction analytique
p.( ,/■) = f/,|-H rt,,r -i- rt..r--(-. . .4- r/,„.r"' -+-...
régulière à l'origine, pour laquelle
«, i-:^ (1 :
// existe un cercle
\.r\< H('/,„ a,)
(') icber eine V-erallgcmeinerung des Picardsclien Salzes [ Sitzunglienchle (1er
Acaieinie der }]'issenschaflen. 1901, p, 1 1 18-1 133).
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont le rayon dépend seulnient de a„, a,, et non des autres coefficients
«2> «:)>•••) (im^-'-ià l'intérieur duquel la fonction \x(x) possède un point
singulier ou prend au moins une fois l'une des valeurs zéro et un.
2. En utilisant une méthode indiquée par M. Rémoundos dans son
Mémoire (') « Sur les fonctions entières ou algéhroïdes », je me propose
d'étendre ce nouvel ordre d'idées à une liasse de fondions a = o(j;) multi-
formes dans le voisinage du point .;■ = o, 1res étendue, définies pai' une
équation de la forme
F(a-, «) = Ao(.r) + A, (,r)(/ + Ao(a-)"^ + ----^-A„-,(j:) ('"-'-)- P(.r, n);
les coefficients peuvent être singuliers pour x = o et même non unifoimes
dans le voisinage de ce point.
La seule hypothèse que nous faisons ici est celle qui concerne la fon(
l'on P (,r, u) laquelle doit avoir la même valeui' ^(x) pour « = o et m = i
Supposons que dans un cercle ] o-' j <[ r la fonction u = 0(0") ne prenne ni
la valeui' zéro, ni la valeur un : il est évident que les deux fonctions
F(.r,o) = Ao(.r) + ,/(,*•)
F(.r. ,)z=Ao(.r)+A,(x)-^...+ A„_,(.r)+y(.i')=^F(''-o)+A,(.r)^...+ A„__,(.0
ne s'annulent pas à l'intérieur du cercle i-x'! ■< '", et, par conséquent, nous
aurons la même chose pour la fonction
l"(j% 1) _ l-"(.z-. o )
A, (./■) + A,(.r) + . . . + A„_,(.i-) - ' "^ A,(./)-^A,ta-) + ...-i-A„_,(x)
si nous nous plaçons dans le cas où la fonction
A,(.0^-A,(x,4-...+ A„__,(.c)
est finie, dans le cercle | ;!■ | <! '", bien entendu,
l'osons
F(.r, o)
-(,r):
A,(.r) + A,(a,-)-t-. ..+ A„..,(.r)
la fonction 7(.r) dans le ceicle |a;|<^r ne prend ni la valeur zéro, ni la
valeur un; alors si 'j{x') est régulière poui- o; = o,
(7(.r ) = y„ -h y, .r -+- y, .r^ + . . . + y ,„ ,r"' -+-....
et si y, ^ o il existe, en vertu du théorème de M. Landau, un cercle
(') Annales ilr C lùnlc .\iirin<ile safx-rieiin- de Paris, Z' série, l. iJO, 191 J,
p. 388-393.
SÉANCE DU 4 AVRIL I921. 83;
à l'intéiieur duquel la tonction t(j) ou bien possède un point singulier, ou
bien prend au moins une fois Tune des valeuiszéio el un, et. par conséquent,
le nombre R(y„. y,) est plus grand que le rayon /du cercle
Alors, si le rayon /• est égal ou plus grand que K(Y„, Yi) •' l'intérieur du
cercle | j-| <;r. il existe au moins un point singulier' de la fonction '7(,r) ou
bien elle prend au moins une fois l'une des valeurs zéro et un : c'est-à-dire
qu'à l'intérieur du cercle \x\<^r il existe orr bien au moins un infini de la
fonction
A,(,r) -h A,(.r) + . . . + A„_,(.r),
ou bien au moins une racine d'une au moins des équations
Nous arrivons donc à l'énoncé suivant :
Trri;orir^;.Arr:. — Soi/ une fonction multiforme H = ç.(.r) définie par une
équation de la forme
F(x, ») = A„(.f) -h k^{.r)ll -^ \,{.r) it-+ .. .-^ A„_,(,^■) «"-'— P(./', ;/ ) = o
ui,'ec la condition
P(.r.o)=:P(.t, i)=:r/(,r).
» la fonction
:(.,■)=-
A,(^-) + A,(,r) + ... — A„_,(.;')
est régulière en .f- = o :
'■(■'■) = Vo^- 7l''' -h ■/■1-V-+ • • . + ym-f'" — . . .
et si nous avons y, 7^ o, il e-x^isle un cercle
(.'■!<U(7,n7i)
dont le rayon dépend seulement de Yoj Yh '^ l'intérieur duquel ou bien la
Jonction ^(x) possède un point singulier, ou bien la fonction u = o(x) prend
au moins une fois l'une des valeurs zéro ou un, ou bien il existe au moins un
point ail la fonction
A,(.j?) + A,(j-) + . .. -h A„_,(x)
prend une valeur infinie.
838 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUi;. — Sur les séries de Dirùlilel.
Mole de M. Fritz Caulsox. présentée par M. Hadamard.
Dans la théorie des séries de puissances on démontre le lliéorènie suivanl :
Soit/{:v) = 1 ((„x" régulière et bornée pour j x \'<C i : alors la série I! | a„ \-
converge: en posant \J(x) ^ M pour \.ï-^ <^i on aura
.le veux étaljlir ie même tliéorème pour les séries de Diriclilct les plus
générales
il) J'i s \ -7(?„e '"'; /.„.]>'/«• 'il • ^•
rmcoiîKsn: I. — Supposons la série (i) convergente pour une mleur finie de s
'«/, plus généraleinenl^ sonimahle par les moyennes lvpi<iues e'» en un point
fini set d'un ordre fini /.. Supposons la /'onction fis) régulié/e el hoi née
pour -j > o. Alors la série ï [ n„ |- converge : en posant ' fis) | "^ M pour c > o
on aura
Démonstration. Soit o > o arbitrairement pelil . l)'après la théorie île
la sommation des séries (\), on a
( ■>. I y'i •> o ^- i/) =z V flf„ e-'«'-5-'^'" 1 1 - ..-'«-'" r'- -i- o 1 1 ''"' )
unit'ormémenl en /. On en déduit pour la quantité conjuguée
I i I J'i>r] - il) — "S â^^ e-'.. -''■-"> t r — (''■.,-<•> |-'- ^ Oie '"•' I.
\Iulti{)lions membre à membre les deux formules ('2 ) et ( J) i
I i I I Al :!f; : It i j- -
:■„>'■>
-r 2^ ^ <ina,„e ''„•-'■.„'■-'' ',. '„.'''i i - t''„- "M''mi ~ f'-..,-'"!'- 0(f-^"')
:= v -f- 15 - ( ;.
SÉANCE DU 4 AVUll. I921. 83ç)
Choisissons .r fonction de (o de telle nianièic que
h{(<)) désignant la [)lus grande des quantités
1 : (/,„ - /.„_,!, /„ . '.>.
Dans Cl), multiplions les deux membres par d/ cl intégrons le long d'un
intervalle de loniiueur -r. Comme
1\ f'BcU <^, li /'
C(// .=:()( c'"'"''),
nous aurons
(^)
^ f\J\2rU-i/)ï'clt-'^\a„\^e-
Soit î >> o arbitrairement petit, v un entier quclconipie. Nous pouvons
choisir w suflisamuient grand pour que
1 1
-=+0(e-S«)<£.
et que, dans (^5),
Donc
On en conclut
pour tout V et pour tout ô > o. c. ii. 1 . n.
Remarque. -- Pour / „ = n nous retrouvons le théorème pour les séries
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.
de puissances. Donc il n'existe aucun nombre/* <^ -2 tel que la série
soil nécessairetnenl convergente ( théorème de M. Carlcman ).
Signalons quelques conséquences qu'on peut tirer de notre théorème en
le combinant avec l'inégalité de Cauchy
TiiÉonKMi. n. — Si la série (i) (^supposée somma hle) reprî sente une fonc-
lion légulie're et hornèe pour t ^ o, on aura
|"i 1 + |«2| +. ..+ |r/„|^M^'/(.
Si. 'fie plus, les fxposanis '/.„ vérifient la condition
,.~<.l.+t,l„ -^ 0(/„ + i - "/.„ ). /. ^ o,
la série ( i ) converoe absolument pour 7 > -•
Pour X„ = log// (X' = i), ce théorème a été démontré par M. Bolir.
l'^nfin. considérons deux séries
(,6) /'( VI r_^V^/„ ('->„% -t.s\ —S" f>„e-''..%
toutes les deux sommables et représentant des fonctions régulières et
bornées poui' cr^o. 'Tout d'abord, on en conclut la con\ergence de la
série
lùisuite, en substituant à la relation (3) celle qui correspond à la fonc-
tion g(s), et en répétant les considérations précédentes, on arrivera à
l'addition suivante au théorème de la moyenne de M. Hadamard :
TiiKoiiiùMK III. — Supposons 1rs séries (6) sommnhles et les fonctions f (s)
et g {s) réi^uliéres et bornées pour 7 <^ o. x et ,r désignant des (juanlilc's
réelles, on a
1 i III - / /i'7 -^ il) i(('7 — (/)d/='y a„ l/„ t'--' ..'
uni I armement en y. et en n pour tjIO > o.
SÉANCE DU /| AVRIL 1921.
84 I
ASTRONOMli:. — Observations de ht comète lieid /dites à l'Observatoire
de liordcau.v (lùfiiatorial de o"'.38V Note de M. H. Godaui».
lûtes
U1M.
Mai-
Avril
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A.ïl.
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— . ) . 1 J
9
4
4
9
0
Positions apparentes de la comète.
Dates
Temps moven
Los. fàct.
ne
r.og. fact
19-M.
de Greenwicli.
&
apparente.
paralLixe.
apparente.
parallaxe
Mars 3o. . .
h Di s
. . 15.48.48,0
1
20
23.39,58
î .572,;
97.47.30,9
0,820,1
» 3o. . .
•• 16.-9.39,6
20
23.40,39
î,>44«
97. ',6.49,0
0,824,,
» 3i...
. 16. 8.52,5
20
24.. 4, M
f ,544«
96.50. 17,0
0,822,,
■> 3i...
1 6 . 3 1 . 4 i , 5
20
■4.14,8.
T , 5 I I „
96.49. "8,2
0,826,,
Avril I. . .
I 5 . 5o . 3o . 7
20
24.48,11
î,56i„
95.51.49,9
0.817,,
" 1 . . .
I 5 . 5o . 3o , 7
20
24. ',7,85
î.5(m„
95.51. 48, 2
0,817,,
» I . . .
16. 19. 25.6
20
24.48,17
î , 5 1 6„
95. 5o.3o, 7
0,82.,,
Positions des étoiles de comparaison.
M moyenne
Réduction
DP moyenne
Réduction
Gr.
19-21.0.
au jour.
19îl,0.
au jour.
Autorités.
9.'
Il m s
20.23. 5,07
+o',73
97.53.52,5
— 5 , 3
A. G.
Wien-Olt.
7258
8>7
2O.24.49> '2
-1-0,72
97-46.24,3
-5,3
A. G.
Wien-Oll.
7272
7-9
20.23.37 ,61
-1-0,75
96.56. 4,9
—5,1
A. G.
Wien-Oll.
7261
9.1
20.24.33,54
-1-0,75
96.48.25,4
— 5, 1
A. G.
Wien-Ott.
7269
7.'
20.23.34,64
-(-0,78
95.54.55. 1
-4,8
A. G.
Wien-Olt.
7260
9-2
20. 25.53,91
-1-0,76
95.47.25,7
-4,8
A. G
Wien-Olt.
7281
8,5
20.24.23,44
4-0,77
95 .53 . 5 1 , '1
-4,8
A. G.
^^'ien-Ott.
7268
Remarques. — I^e >o mars, \n coniéle est voisine d'une étoile de grandeur 10, 5 qui
rend l'observation difficile. Ciel voilé de cirrus. Le i'^'' avril, la Lune, assez voisine de
la comète, gêne l'observation. La dernière observation a été obtenue en mesurant
l'angle de position et la distance.
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 172, N" 14.)
63
8i2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Oliscrvalioiis de la coincle lieid (1921 '/ ), Jaitts à iéqua-
torial coudé de l'Obsen^atoire de /iesançon. ?Sote de M. P. Chofardet,
transmise par M. B. l>aillaiid.
Noiiil)ic
[latos. Temps moyen de Asrrnsiun droite Log facl. Disl. polaire Log. fm t.
mil. de Besançon. S-X>. A'i. compar. appairnle. parallaxe. apparente. parallaxe. *.
Il m s m s , ,, Il m s « , „
Mars^îo.. i6.3o.'i9 — 0.16,91 ~ !.3i,3 12:9 20. 20. 3g, 05 9,491,, 97.46.44j8 o,83S„ a
1) 31.. 16.13.59 -^0.35, i3 — ') . 3,1 i>'.g 20.24.13,19 9,5io„ 96..5o.56,6 o.S33„ b
\\iil I.. ij. 50.19 -Hi.ii,*^! — 2. 5,3 12:9 20.24.47124 9,535„ 95.52.44)9 0;S27„ c
Positions iiioycnnes des étoiles de comparaison.
lïéduction Itéduction
*. Gr. -A, 1921,0. au jour. M' l'.i^I .0. au jour. Antorilcs.
Il m s s o , „ „
<t 8,6 20.23.55,84 -1-0,72 97. |4. 18,7 — 5,2 A.G. \\'ien-Ouakring, 7263.
il 7,9 20.23.37,61 -1-0,75 96.56. 4>9 — 5i> ''!• 7261.
<■ 7,1 20.23.34,63 -t-0,77 95.54.55,1 — 4i9 ifl- 7260.
liemarqiies. — Par la présence de la Lime, encore au dernier quartier, la comète,
estimée iiu moiii> de 9" grandeur, apparaît comme un amas nébuleux, sensiblement
iiiiul et large de ï à 3 , ave: i(indeii~;Uion centrali' bien définie, mais Houe.
ASrrtONO.MIE. — Observations de la comète Rcid, faites à V équalorial coudé
de l'Observatoire de Lyon. Noie de M. J. Guim.au.mk, présenlée par
M. B. Baillaud.
Nonihre
Dates Temps moyen de Log. fact. Log, tact,
l'.l^ld. de Lyon. A>. 1-,. rompar. a apparrnie. paiall. ? apparente. paiall. _ *
Il m s m s II m - o ,
Mars '.8.. i6. 3. 8 — o. 1 1 , i6 — (.3'|,8 ^:8 20.22.32.02 — 9)552 — 9.32.39.3 -1-0,827 1
Mars ',8.. i6.'|0.28 — o.io,iS -;- 5.47,7 '^-^ 20. 22. 33, 00 -t-9,5oo — 9.31.26,4 -l-o,835 1
Murs 3o.. i(). 8.'|3 — 0.17,29 — 3. 12,8 N:8 20.23.39,27 — 9)535 — 7.47.26,2 -i-o,8>5 ^5
Mars3i,. iG.i3.22 — 0.20,76 — 2.29.8 8:8 20.24.13. 52 — 9-524 — 6.5o.5o.i 4-0. 8-^! i
Positions des étoiles de comparaison,
j innyeinic, Hcduclion ô moyenne, Réduction
*. • Gr. l!)":;i,0. au jour. 1921.0. au jour. Autorités,
h m s s o , „ .,
I 9,3 >o.>. !.42,5o -)-o,68 — 9.37.19,8 -\- 5,7 rapportée à 2
■1 7,! 20.24. 9,37 —9.37.58,3 A.-G. Wien-Oll. 7265
;i k,ij 20.23.5.5,84 -I-0.72 —7.44.18,7 4-5,3 A.-G. Wien-Otl. 7263
Y 9,1 20.24.33,54 4-0.74 — G. 48. 25, 4 -H 5)' .^.-G. Wii'u-Otl. 7269
ncmarrjiics. — La comète est circulaire, de moins de 1' de diamètre, a\ec conden-
sation centrale; éclat total 9"', 5.
SÉANCE DU /j Avmi, 1921. 843^
ANÉMOMÉTRIi:. — Sur la coinparahililé des anémomcliis.
\ole de M. C-E. BitAziEit, présentée par M. (ieorges T.cinoine.
Si l'on délermine à plusieurs reprises, sur dos inlervallcs de temps do
l'ordre d'une heure, le rapport des vitesses moyennes de rotation de deux
anémomètres de ty|>es dilîerents, placés au voisinage l'un de l'autre dans le
vent naturel, on trouve (|ue les nombres obtenus varient considérabloment
d'une expérience à l'autre. Même en se bornant aux mesures dans lestpielles
la vitesse movenne de rotation de l'un des instruments est sensiblement la
même, on trouve fréquemmenl des difl'érences de 20 pour loo entre les
rapports du nomlwe de tours d'un anémomètre llobinson, par exemple, à
celui que fournil sinmllanémenl un anémomètre Uicbard.
Ces diiïérences, qui ne s'expliquent pas par l'inlluence muluelle des deux
anémomètres, ne paraissent pas aLlribuablesau fait que le moment d'inertie
de la partie tournante n'est pas le même pour les deux appareils. 11 suffit,
en edel, d'enregistrer la vitesse instantanée du moulinet Richard pendant
les expériences pour se rendre compte qu'il n'existe pas de relation nette
entre la variabilité de la vitesse angulaire de ce derniei- et les variations
que l'on constate dans le rapport des nombres de tours effectués parles
deux instruments dans le même laps de temps.
La question s'éclaire d'un jour nouveau, si Ion considère la manière dont
se comportent les anémomètres dans des courants d'air inclinés. Les
mesures que j'ai eirectuées à ce sujet ont été en majeure partie publiées
dans les Annales du Bureau Central Mèléoroloiiique ('). .le me contenterai,
dans cette Note, d'exposer les résultais qui en découlent au point de vue'
de l'anémométrie pratique.
Si, pour diverses inclinaisons du vent, on forme le rapport de la compo-
sante horizontale de la vitesse des lilets d'iiir, calculée d'après les indica-
tions de l'anémomètre, à la composante horizontale réelle, voici ce cpie l'on
trouve pour les types les plus employés.
(') lii'cherches expériiiieiitaltiS sur tes nioiilinels anéinimiélriques {Annales du
IJtireiiu Central niétéor<dogi(]ue^ l. I, 191 '!• l'ai'is, Gaulliier-\ illars, 1921). — Voir
éLialeiiienl Comptes rendus, t. 170, 1920, p. Oio, et l. 171, \\yxo. p. 1227.
844 ACADÉMIE DES SCIENCES.
llapi>ort de la valeur mesurée à lu valeur réelle de la composante liorizon laie
dr la vitesse du veut pour divers types d'anémomètres ( ' ).
D. \. i:. 11,. I. o. p. B.
O 1 , (lO 1 ,0(> I,00 1,00 1 ,00 I,0<> 1,011 I ,oo
10 1,(1) 1,00 0,99 "'9^ C'>9^ i,o2 0,87 ",98
■'.o I , (O ';"7 ■ >07 1,00 0-9' 1,1 s 0-97 <-'j97
3o i.3.'| 1,1 S 1 , a I 1,11 1,00 i.aj 'j'9 0,91
qo i,3() 1)37 i,3'> 1,25 ')'7 1,22 i,**9 0,84
5o 1,3") 1,80 i,3j 1,35 1,^1 i.ii 1)93 0,7'»
6) i,o5 2,^8 1,26 i,3i 1,65 1,09 1.34 0,61
70 négat. 2,34 0,00 0,42 i,So o,56 0,00 0,49
80 iiL';;at. '.,10 négal. négal. - - -3,85 0,00
i. inclinaison du vent sur riiorizon; D', anémomètre tubulaire de Dines; X. plaque
carrée de 25"" de côté C^); E, anémomètre à moulinet Robinson, diamètre des coupes
61'""', 5, distance des centres des deux hémisphères opposés 4o2""°; lli, anémomètre à
moulinet Kobinson, mêmes coupes que le j)récédent, distance des centres de deux,
coupes opposées 122"""; I, anémomètre à moulinet Robinson, mêmes coupes que les
précédents, mais fixées directement sur le mojeu, dislance des centres de deux coupe*
opposées 79"""'; O, anémomètre à ailettes hémicylindriques disposées perpendiculaire-
ment aux bras, hauteur des ailettes 68""°', diamètre 70"'"', 5, dislance des axes de deux
ailettes opposées 229""", 5; P, anémomètre à ailettes hémicylindriques exactenjent
semblables à celles du précédent, mais disposées radialement, distance séparant les
bords extérieurs de deux ailettes opposées 310"""' ; R. anémomètre à moulinet Richard.
Je i;ippellorai lout d'aijord que les anémoiuèlres sont établis [lOiir fournir
la coniposaiile liorizonlale des niouvenients aériens el qu'ils sont conslilués,
soit par des ajutages s'orientanldans un plan horizontal cl reliés à un dispo-
silif nianomélrique (anémomètre de Dines), soit par une plaque verticale
ou un moulinet à axe horizontal orienlé face à la direction d'oi'i souffle le
vent (anémomètre à plaque normale, anémomètre Richard), soit enfin par
des moulinols assujettis à tourner dans un plan horizontal (anémomètre à
ailellos hémisphériques ou hémicylindriques ).
Dans ces conditions, les principales conclusions auxquelles conduit
irexauicn des nombres contenus dans le Tableau ci-dessus sont les sui-
vantes :
1° Les divers types d'anémomètres, même par /'(liteiiicnt étalonnés au labora-
toire, ne pciii'ent fournir des indications comparables entre elles que si
(') Vitesse du courant d'air, i5 m : sec.
(-) D'après un graphique de G. Imffki., Aéroplnlc i5 juin. ii)i i. p. 271.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1921. 845
Vindtnaison des moin'enienls compte.i^es de Pdir constituanl le vent iialurel
reste uiférieurc à 10".
2° Dans une installation où les remous à composante verticale accentuée sont
fréquents :
a. Les indications des anémomètres genre Tucliard son\. trop basses, tandis
que celles des autres instruments sont généralement trop élevées.
b. L'excès des nombres obtenus avec les anémomètres Robinson est
d'autant plus accentué que le rapport du diamètre des coupes à celui du
moulinet est plus faible.
c. Les instruments dont les indications se rapprochent le plus de lu réalité
sont les anémomètres genre Richard et les Robinson à bras courts (rapport du
diamètre des coupes à celui du moulinet compris entre o, 5 et 0,8).
d. Jusqu'à des inclinaisons de l'ordre de ± 5o° on peut obtenir à
5 pour 100 près la valeur de la composante horizontale du vent en employant
simultanément les anémomètres B et H, et en prenant la moyenne des
nopibres qu'ils fournissent.
c. Si l'installation anémométrique ne doit comporter qu'un seul instru-
ment, il y aura avantage à employer le moulinet Richard ou à son défaut
un moulinet Robinson genre H,.
f. I^e procédé d'étalonnage consistant à comparer dans le vent naturel
des anémomètres de types dilïérents, dont l'un a été taré au laboratoire, ne
peut fournir que des conclusions qui, vraisemblablement, ne sont valables
que dans les conditions où la comparaison a été faite.
AÉRODYNAMIQUE. — Sur les résultats des essais récents (fun hélicoptère.
Note de M. Pescara, présentée par \l. Paul Painlevé.
L'appareil essayé est composé d'une nacelle renfermant le siège du pilote,
un moteur de 60 HP Hispano-Suiza, les commandes, et surmontée de
deux hélices biplanes de 6",4o de diamètre, à 6 pales chacune, tournant
en sens inverse autour d'un axe commun. La force motrice leur est trans-
mise par l'intermédiaire d'un embrayage qui actionne le pignon d'une cou-
roftne dentée conique solidaire du moyeu de l'hélice inférieure.
Les moyeux des deux hélices sont accouplés par un diiï'érentiel dont les
satellites ont leurs axes solidaires d'un tube central encastré dans la nacelle,
lequel sert ainsi d'a\e et de soutien aux deux hélices. Tous les organes
tournants sont montés sur roulements à billes.
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chaque hélice est consliluce par six [)Clits biplans formant poutre rigide
sur les membrures de iaquelle sont montés les plans. Ces plans peuvent
tourner autour des membrures tubulaires sous Faction d'une commande
spéciali' (pii permet donc de varier simultanément l'incidence de toutes les
pales. Chaque pale est munie également d'un dispositif de giiuchissemcnt
différentiel périodique qui permet d'excentrer la poussée de l'hélice dans
une direction déterminée, sous hi commande d'un « maiiclie à balni ».
Enfin cette maud'uvre de gaucliissement peut aussi s'elTcctuer difl'éren-
tiellement entre les hélices, en augmentant partiellcnient Tinridonce de
Ibutc une hélice, et diminuant. partiellement l'incidence de l'autre hélice,
sous l'action d'un volant placé sur le manche à halai.
Le but des essais était la vérification de la poussée et des coiqiles fournis
|)ar les hélices, ainsi que de la manière dont les commandes se compor-
taii'nt. A cet effet, une piste d'essai a été aménagée, ninnii* d'une balance
hydraulique qui [)ermet la mesure de tous les efloris auxquels l'appareil
SÉANXE DU 4 AVRIL I921. 847
esl soumis pendant la rolalioii des hélices. Les iésiiUal> des essais ont été
les suivants :
Vitesse de rotation des hélices i , 7 t : s
Poids soulevé moyen 36(>''s
\ itesse de rotalion du moteur (."joc t : m
Puissance fournie par le uiotenr 36 IIP
Qualité siistenlatrice du système sustentateiir, environ. . . . 2,5
Couple d'inclinaison maximum obtenu 100''!^"'
Couple de rotalion dépassiml .")o''^ : m
Ces résultats représentent les moyennes d'expériences soigneusement
enregistrées au cours de très nombreux essais (cent quatre, huit heures de
fonctionnement) effectués sous le conliôle de MM. les capitaines Huguet
et Letourneur, de la Section technique aéronautique.
D'autre part, l'appareil n'a eu à subir aucune répai\alion durant toute la
période des essais ; les commandes obéissent parfaitement à tous les régimes.
La valeur 2,5 obtenue pour la qualité a été sensiblement dépassée, elle a
atteint 2, 8 dans les expériences qui ont eu lieu, quelques jours plus tard,
devant la Commission militaire espagnole.
Déduction faite de 10 à 12 pour 100 de pertes dues au ventilateur, au
silencieux,, aux transmissions, etc., la valeur de la qualité atteint le chilTri:-
remarquable de 4 environ.
On peut en conclure que le problème de la stabilité dans tous les sens,
de la montée et de la descente, dans un appareil hélicoptère, est résolu au
point de vue mécanique.
Aï'/'' de M. Pâli, Paim.evé ^^//- /'/ Cnmnvtnicdtldn précrdente.
Le problème de riiélicoptérie a été rol)jel, durant ces derniers mois, de
recherches et d'expériences précises, qui permettent d'espérer line pro-
chaine et complète réalisation. Par plusieurs Xoles que nous lui avons
communiquées, M. Breton et moi, l'Académie a déjà eu connaissance des
calculs et expériences remarquables de M. OEmischen. De son côté, et
d'une manière entièrement indépendante, M. Pescara poursuit, depuis
plusieurs années, l'étude d'un hélicoptère de son invention, dont il a soi-
gneusement étudié les organes, les commandes et la stabilité. En particu-
lier, la descente verticale, moteur éteint, serait résolue, d'après les expé-
riences de Î\L Pescara, grâce au principe dénommé par lui principe de
V auto freinage des hélices.
I
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le paradoxe apparent de ce principe mérite qu'on s'y arrête. Lorsque,
sur un navire en marche, on rend une hélice folle sur son axe, elle adopte
presque instantanément un régime où elle se visse dans l'eau comme dans
un écrou, et l'eau n'exerce plus sur elle qu'une résistance insignifiante, qui
serait exactement nulle si l'hélice était une surface hélicoïdale parfaite et
parfaitement lisse. Le même phénomène se produit si l'hélice, folle autour
de son axe, est abandonnée sans vitesse dans l'air, l'axe vertical : l'appareil
descendrait avec une vitesse croissanleW, en lournantavecune vilesseangu-
laire w sensiblement égale à — fsi i-h désigne le pas de l'hélice ). Mais
supposons que, dès que oj a atteint une valeur voulue, on efface (par une
mano'uvre convenable) le gauchissement et linclinaison des pales, de
façon à les aplatir sur un plan horizontal; les résistances de l'air sur les
pales ont alors une résultante verticale ascendante qui peut équilibrer le
poids de l'appareil.
D'une façon précise', imaginons une pale \\ov\zonlA\Q par/ (lilement lisse.
qui descend avec une vitesse verticale constante W dans l'air immobile, et
en même tenq^s tourne avec une vitesse angulaire w autour d'un axe vertical
fixe, dont la distance r k la pale est grande. Si l'on applique la loi du sinus,
la résistance de l'air sur la pale est verticale ascendante, et proportionnelle
au produit AV y W^ -f- oï-r'-; plus w serait grand, plus la force sustenlalrice
serait grande et le mouvement se poursuivrait de lui-même. En réalité, il n'en
est pas ainsi à cause des frottements de l'air sur la pale et de l'épaisseur de
la pale; pour que le régime se maintienne de lui-même, il faut donner à la
pale une petite inclinaison de façon que la réaction totale de l'air qui n'est
point normale à la pale, mais légèrement inclinée sur la pale, en sens
inveise de sa rotation, soit veiticale; pour W donné, il existe alors une
valeur optima de co pour laquelle la sustentation de l'hélice est maxima.
Ce ne sont là, bien entendu, que des vues simplistes, et seule l'expérience
peut déterminer les conditions optima de la susie itation, la meilleure forme
des pales, etc. Ces conditions d'autofreinage, d'une importance capitale,
le gauchissement optimum des pales et les commandes de ce gauchisse-
ment ont été étudiées ingénieusement et minutieusement par M. Pcscara,
en faisant varier l'inclinaison, la forme et l'incurvation des pales. L'emploi
des hélices de l'appareil en roule horizontale ou en descente oblique a fail
également l'objet de mesures et d'essais précis. Les résultats obtenus sont
des plus encourageants, notamment en ce qui concerne la sécurité de l'héli-
coptère.
SÉANCE DU '( AVRIF. I921. 849
PHYSIQUE. — l." évolution (le la mèlhodf iiiitphujiie. Noie de \l. Marace,
présentée par M. d'Arsoinal.
Man-y avait amené la mélliode giaplii({uc à un grand degré de perfection
el le tambour à levier a rendu, dans tous les laboratoires de pliysiologie,
d'inap])réciablcs services.
Cependant Marey s'était rendu compte que les divers appareils n'étaient
pas compaiab'cs entre eux et qu'un même tambour, à quelques mois de
dislance, ne redonnait pas les mêmes tracés quand il était pourtant placé
dans des conditions identiques.
Il en était résulté la proposition (|ui' Marey avait faite au Congrès de
Pliysiologie de (>anibridge d'unifier les instruments de reclierclies, et la
fondation de l'Institut iMarey qui avait pour but d'arriver à cette unifi-
cation.
Mon but dans cette Note est de montrer comment, sans prétendre à cette
unification, que les circonstances rendront longtemps difficile, on pourrait
arriver à rendre les résultats comparables.
Deux cas se présentent :
l^uiL.Mncr, (AS. — Inscription de vibrations Icnirs (unité de temps, la
minute). — P.ir vibrations lentes j'entends celles dont l'unité de temps
employée est la minute.
Les causes d'errcuis proviennent :
(i. De la longueur et du diamètre intérieur des tubes de transmission
entre les tambours:
b. De la hauteur et du diamètre de la chambre dair;
c. De la membrane vibrante;
(I. Du levier.
a. Il est facile d'indiquer la longueui' et le diamètre des tubes; ceci est
important, car il y a toujours un relard dans fa transmission qui est d'autant
plus grand que les tubes sont plus longs.
b. Il serait de même très possible d'iinilier la hauteur et le diamètre de
la chambre à air-.
c. La membrane vibrante est le plus souvent en caoutchouc : la nature
de celle substance el par conséquent ses propriétés élastiques sont essen-
tiellement variables non seulement avec le caoutchouc employé, son épais-
85o ACADÉMIE DES SCIENCES.
seur, sa tension, mais encore avec 1 âge cle la membrane; suivant le milieu
où le tambour se trouve, la membrane se transforme plus ou moins vite:
liinl que l'on emploiera drs lames de caoutchouc, il me semble impossible
d'unilier les a[)pareils.
tl. Le levier est peut-èlrc la partie de l'instrumeiiL qui engendre le plus
d'erreurs, car sa longueur, son poids, la résistance de la plume inscrivante
sont essentiellement variables. Le 22 avril 1882. M. d' Arsonval présentait à
la Sociélé de Biologie un inscripteur par jet gazeux qui supprimait tout
frottement. Ln (889 ( ' ) j'ai supprimé la résistance de la pliinic en rem|)la-
çanl le Icxier par tin \.u\w effilé en verre aussi léger que possible dans lequel
je faisais passer un courant d'eau; le noir de fumée n'était enlevé que là où
l'eau frappait direclenienl le papier.
Vingt-neuf ans [dus lard, le 3o décembre 1918, M. Louis Lumière (-)
proposait également de remplacer la plume inscrivante par un jet gazeuv
agissant à distance cliimi(piemenl siu- un papier convenablement sensibi-
lisé.
Di;i \n.Mi; f.\s. — inscùplion de ribnilions nipides (unité de temps, la
seconde). — J'appelle vibrations rapides celles qui ont pour unité de temps
la seconde : elles peuvent être audibles ou inaudibles suivant que leurs
vibrations sont ou non couiprises entre i(> et 3jooo vdjrations par
seconde.
En prenant des précautions tout à fait spéciales on peut arriver à les
inscrire avec un tandjour à levier modilié; mais les résultats obtenus par les
dilïérents expérimentateurs ne sont pas comparables; les tracés dune
même source sonore varient avec la membrane, sa nature, sa tension, sa
surface, avec le volume de la chambre à air; enfin avec le levier.
Il faut donc transformer complètement le tambour inscripteiu'; supprimer
'la membrane eu caoutchouc et la remplacer par uuc membrane en liège
ayant quelques dixièmes de millimètre d'épaisseur, et s'urtoul remplacer le
levier matériel par un rayon lumineux; avec les papiers extra-sensibles que
iHTus possédons on peut facilement inscrire toutes les vibrations sonores; les
manipulations soûl moins compliqiu'es qu'avec la méthode graphique oïdi-
luiire; dans ra[)paieil que j'emploie le ra\on réiléchi est immédialemenl
mis au point sur le papier sensible; le petit miroir plan, qui suit tous les
luoiivemeuls de la meudirane, est plus léger (pie la chaîne des osselets do
(') Note ~ur un ii(iiive;ui spliygmogi njjlie. i écniiipt'ii-c |i;ii hi lariiilt' de Miclicme.
- (-') Cuiitpte^ rendus, t. 167. 1918. ji. 10G8.
SfANCE DU 4 AVRIL I92I. 85 1
l'oreille (6''«); le papier sort dovoloppé et fixé de rinslnimeiit de telle sorte
qu'il n'y a aucune manipulation à faire; les tracés sont aussi fins (pie les
tracés obtenus avec le noir de fumée.
\vec cette technique, pour fixer les conditions d'une expérience, il suffit
d'indiquer la nature de la membrane vibrante.
Ce dispositif peut naturellement servir pour les vibrations lentes.
Conclusions . — Pendant la guerre on a fait grand usage de la méthode
graphique; il serait utile de reprendre les idées émises par Mare\ au Congrès
de Cambridge et de rendre comparables entre eux les résultats obtenus par
les nombreux expérimentateurs qui emploient ces procédés.
sPECTROSCOPli:. — Spectres ffélmce/le du fer el du cobalt dans Vultradolet
extrême. Note de MM. L. et E. Blocii, présentée par M. E. Bouty.
Nous avons fait connaître précédemment (') le spectre d'étincelle du
nickel dans la région de Schumann. Nous donnons ici les spectres d'étin-
cel'e du fer et du cobalt dans la même région. Le spectre du cobalt a déjà
été mesuré par nous (*) jusqu'à la longueur d'onde itS'-l et complété jusque
vers 1828 par Takamine et Nitla ( '). Mac Lennan, Ainslie et Fuller('')
ont observé dans le spectre d'arc du cobalt quatre raies entre uS5o et
1671» U. A., dont aucune ne concorde nettement avec celles que donne le
spectre d'étincelle. Pour le fer, nous n'avons connaissance d'aucune mesure
certaine de longueurs d'onde dans l'ultraviolet extrême.
Le spectre du cobalt et celui du fer sont extrêmement riches en raies dans
la région qui nous' occupe, mais ces raies sont généralement faibles (f.);
de plus le |)oavoir séparateur de notre prisme ne permet pas toujours de
résoudre des groupes de raies très rapprochées. On s'explique ainsi que sur
notre liste un grand nombre de raies soient marquées comme diffuses (d.)
ou larges (I.), beaucoup d'entre elles sont probablement doubles (dou.) ou
multiples (mul.).
Les huit dernières raies de la liste du cobalt ont été obtenues par exlra-
j)olation et peuvent présenter de légères erreurs systématiques.
(') L. ei li. Bi.ocii, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 3.jo.
(-) L. el \l. Bloc.ii, Joiirii. de Phys., t. 5i, I9i4> P- 622.
(') Mi'.n. <>/ titc Coll. Il/ Sri'., kyoto Inip. Univ., t. 2 1917. p
(') Prnr. Itny. Snc. l. 9.Ï, I919.
852
ACADÉMIE DES SCIENCES.
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3
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I
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1. f.
2
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I
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t. 1.
I
520,6
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I 593 , .
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5 1 1 , 6
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854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
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CHIMIE PHYSIQUE. — /ûio/i/is, (irrites, bail, rites, elr. Vciridiions dr rolunie
sous l'dction dr la r/iah'ur. ^ote de M. A. Buior, présentée par
M. A. Haller.
Dans une Note précédente ( ' }, nous avons décrit les variations de volume
de quelques kaolins et art^iies sous Tellet d'un séchage lentement réglé.
iNous nous proposons d'exposer ici quelques-uns des résultats que nous
avons obtenus en chauffant des éprouvelles en bauxite, l'n kaolin, en
argile, etc., jusqu'aux températures où elles se ramollissent, se déforment
et s'affaissent sous leur propre poids, ces températures étant considérées
actuellement comme celles des points de fusion.
Les matières à essayer sont réduites en poudre impalpable, passant au
tamis de soie n" :Î00 (200 mailles au pouce linéaire), on les humecte pour
les transformer in poudre humide, on les place dans des moules métalliques
de 100'""' de longueur et 3o""" de côté, et on les comprime à la pression de
5oo''''' par centimèlre carré. Les pièces, en sortant du moule, ont pris un
léger allongement, qui varie de 0,6 à 1 pour 100. On mesure leur longueur,
on les chauffe ensuite à 100°, puis à 200°, et ainsi de suite de 100 en 100
degrés jusqu'à la température de fusion. Après cha(]ue opération de chauf-
fage, on détermine la longueur des éprouvettes.
Nous bornons les descriptions de cette Note aux matières suivantes :
/'. I ne baii\ile I)liincl]e de Maiissaiine ( Bûuclii'-;-du-l{lione ). (|iii ne coiilieiit pas de
silice libre.
/■. I ne haiiMte i'cini;e (le liiigimles (\ar\ qni l'enferme de la silice libre.
/. . l^e kaolin des li)yzies (Dordogne), (|ui ne conlienl ])as de silice libre.
g. l'ne argile à grès de la Nièvre, qui renferme de la silice libre.
s. l.n mélange à parties égales do kaolin des i'.v/.ics et de silice des galets.
(') Comptes rendus, t. \~-l, \\\i\, p. 75.").
SÉANCE DU 4 AVRIL 1921 855
Nous avons établi les courbes do leur variation de longueur avec les chan-
gements de Icaipéi'ature, en ramenant à 100 la longueur initiale ( //^'. i).
Cmirbr b. — I.a bauviie de Miuii^iniin' ooriiiuriice à prendre du iflrall vers 800".
• il' ri'irail est leul jn-iniVi p^oo". A partir de i ?oop jiisi|ii'à i36o°, il est rapide. Il
1830°,
5
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C
1
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8S
■-e lali'iilit l'iilrc 1^00° el ijôo". ri ciilin il s'accélère vers le point, de fusion (|iii
varie entre 1900" et igîo". La fusion de cette bauxite au cubilot ou au four électrique
provoi|ue la formation de rri->lan\ abondants de sillinuuiile, SiO^M-O'', (|ul sont
in fusibles à ',000°.
Courbe r. — La bauxite rouge contient de la silice lilin' ipii se gonfle à partir de
600°, mais ce gonflement est faible; à 1000°, il a disparu; cette bauxite prend ensuite
un retiail important et se fissure au fur et à mesure (pic la température s'élève. A
partir de i."joo". on voit apparaître des cristaux de corindon dont la quantité s'accroît
à mesure que Ion appioclie <le la fusion.
C'iiirbc I;. — Le kaolin des E\'zie-- piend du retrait à partir de 700° jus(|u'à lôSo";
au-dessus de cette température, il se gonlle si le cbauffai;i' est rapide, puis il prend
de nouveau du retrait en approchant de sa température de fusion (|ui est d'environ
1790".
Courbe ff. — L'argile à grès de la Nièvre, (|ui commence d'abord à se gonfler
jus([u"à 850°, prend du retrait jusque vers 1 fôo"; au delà, elle se gonfle jusqu'à i45o°,
puis elle diminue de volume.
Courbes. — Le mélange de kaolin de-^ Eyzies et de silice des galets en poudre
856
ACADÉMIE DES SCIENCES.
iiiipalpiible cloime naissance à trois gonlleineiils successifs, l'un vers 700», l'autre vers
950°, et le troisième plus important à partir de i >..5o"> jusi(u'au moment où l'on
approche de la teinpératuie de fusion.
Ce dernier gonllenienl est produit à la fois par la dilatation de la silice et du Uaolin.
Après avoir été porté à cette température, le mélange s'est lellemenl gonllé (ju"i! ;i
perdu toute cohésion et est devenu fi ial>Ie.
De ces expériences on peut concluie :
1° Les bauxites, kaolins et argiles qui ne contiennent pas de silice libre
commencent à prendre du retrait au-dessous de 1000".
2° Toute argile, toute bauxite qui se gonfle au-dessous de 1000" contient
de la silice libre.
3" Les argiles et les kaolins cbauffés rapidement se boursoullent avant
d'atteindre leur température de fusion. Les bauxites ne présentent pas ce
boursoudement. Le gonflement est dû à la volatilisation de silice ou de
silicates, ou d'autres acides ou sels minéraux qui se dégagent au moment oit
la matière se ramollil et se vitrifie; ces élémenls forment en se volatilisant
des vésicules emprisonnés dans la masse qui se gonfle sous leur pression.
Nous avons étudié particulièrement le gonflement des argiles, et d'aulrcs
silicates, et nous avons réalisé au moyen d'un certain nombre d'entre eux la
reproduction de pierres ponces artificielles, dures, imperméables, dont la
densité apparente est inférieure à l'unité. Nous donnons à titre d'exemple
/
5
53
6/i
\->
23
o8
o
2à
■î
lO
3
(33
o
90
SÉANCE DU 4 AVRIL 1921. 807
la composition de deux ponces artificielles, a dp, et la photographie de leur
coupe agrandie de moitié, a est un schiste ardoisier qui s'est gonflé à i i5o",
et p est une porcelaine qui a été [)ortée rapidement à la température
de 1450° (/îg. 2).
l'eile au fe:; 4.47
sio- 33,40
Ar-0' 26,67
Fe=0' 9,40
GaO, MgO 2,7.5
K^O, Na^O 3,18
l'^O^ . »
CHIMIE Pliy,SIQUi:. — Sur les phénomènes êleclriqiies (iccuinpagnant
le déplacement (les métaux. Note (' ) de M. Bari.ot, présentée
par M. A. Ilaller.
Nous avons décrit dans une précédente Note les phénomènes observés
quand on étudie le déplacement des métaux dans une lame liquide d'une
solution d'électrolyle (^). L'examen des « lignes de cristaux » montre des
répulsions très nettes et semble indiquer l'action de forces électriques. Un
certain nombre d'expériences nous ont permis de préciser cette influence.
Le système formé de deux fragments de zinc et d'une solution de chlo-
rure cuivrique donne normalement deux « spectres métalliques » symé-
triques avec une ligne neutre rectiligne; si l'on applique une force électro-
motrice supplémentaire (i à 2 volts) en reliant chaque fragment de zinc à
un pôle d'un générateur, les « spectres » obtenus sont dissymétriques, la
ligne neutre est déviée et prend une forme parabolique; c'est naturellement
au pôle négatif que la précipitation est la plus abondante. La photogra-
phie 1 a été faite avec le système zinc-chlorure de cadmium; la déviation
de la ligne neutre est très visible. Si la force électromotrice est suffisante,
on n'a de dépôt métallique que sur le zinc relié au pôle négatif.
On peut obtenir des dendrites métalliques sans faire intervenir autre
chose qu'une force électrique; c'est ce que montre l'expérience faite avec
deux fragments de cuivre sur du chlorure cuivrique; le dépôt, qui ne se
( ' ) Séance du 29 mars 1921.
('-) Comptes rendus, t. 172, 192 1. p. 378.
G. R., 1921, i" Semestre. (T. 17Î, N» 14.) "4
858
ACADEMIE DES SCIENCES.
forme qu'au pôle négatif, est constitué par des « lignes de crî^laux » iden-
ti(pii's à colles des cas précédents.
iNoiis a\ons aiis^ii utilisé le dispositif suivant : un fragment tie zinc et un fragment
de cui\re reliés entre eux extérieurement par un fil de cuivre sont placés sur du clilo-
l'ure cuivrique; le cuivré se dépose d'abord uniquement sur le zinc, puis au bout de
quelques heures (en utilisant une solution cuivrique deux fois normale) les dendrites
apparaissent sur le cuivre; l'aspect obtenu (photographie "2) semble indiquer que le
second dépôt (celui de droite sur la photographie) est de signe contraire du précé-
dent; les « lianes de cristaux » issues du cuivre tendent à envelopper celles partant
du fragment de zinc. Le dépôt métallique Sur le cuivre ne se produit que lorsque la
coiicontralioii des ions Zn par rappoit à celle des ions Cu atteint une certaine vah'nr,
et l'on peut retarder ou accélérer cette précipitation par adiliiloii df (|uelques i^outles
de chlorure cuivritjue ou de chlorure de zinc.
Des expériences faites dans les mêmes conditions avec le svstrnu' 7.ii-(ld-(!dC.l- ont
donné des résultats identiques.
Certaines observai ions nous ayant conduit à penser (|ue Faction de la
pesanteur était à peu près nulle, nous avons pu mettre en évidence
l'ensemble du champ électrique, qui accompagne le déplacement, par
l'expérience suivante : àcn\ minces fragments de zinc sont placés sur un
grand nombre de feuillets imbibés de solution (3o à '|o)el recouverts d'une
égale (juantité. A[)rès un jour' ou deux de contact, lavage complet et
SÉANCE DU /j AVRir. I921. 869
séchage, il suffit de séparer les différentes feuilles pour avoir en coupe
l'aspect du dépôt métallique à n'importe quelle hauteur. L'examen do ces
coupes montre que les « li.ffnes de cristaux » sont comparables aux lis^nes de
forre que donncrai'i'nt delix centres électriques de même nom, et s'étendent
normalement au zinc dans toutes les directions.
Nous attribuons la formation des «spectres métalliques» à l'action du champ
électrique produit par le métal le plus électronégatif; cette action tend à
orienter les ions positifs de l'électrolyte suivant les lignes de force ; ces ions
sont soumis d'autre part aux forces de cristallisation; quand ils passent à
'état métallique ordinaire, les dessins formés sont le résultat de ces deux
actions.
Si l'action d'un champ nouveau intervient, on peut s'attendre à un aspect
différent; si l'on remplace le verre par une lame métallique électropositive
par rap[iort au métal de l'électrolyte, le champ électrostatique produit par
la tension de dissolution du métal de la plaque exerce sur les ions positifs
une action nniforme; en fait, avec un tel système on n'obtient pas de den-
di ites, mais un dépôt continu avec des stries fermées dont les fragments de
zinc occupent le centre.
8(io ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur LUI. important mouvement orogénique au début du Crêta-
cujne dans la Kahytie des Babors. Noie (' ) de M. Ehrma\-.\, transmise par
M. Cil. Depérel.
Les sédiments crélaciques dans la Kabylie des Babors, en particulier sur
les flancs des chaînes liasiques et jurassiques, sont non seulement trans-
gressifs sur le Trias, le Lias, le Jurassique, mais se montrent sous un faciès
mixte hatliyal et littoral extrêmement curieux, et (|ui n'a jamais été encore
signalé dans la région tellienne.
Les dépôts crétacés dans la chaîne des Babors débutent par des schistes
de coloration et d'aspect très variables, sans stratification régulière, gru-
meleux ou finement détritiques, avec reprise assez fréquente d'éléments
triasiques (quartz bipyramidés, etc.). La sédimentation devient ensuite de
plus en plus régulière et calcaire (calcaires marneux, schistes marno cal-
caires) avec intercalation de nombreux bancs de conglomérats à éléments
parfois très volumineux de Trias, Lias et Jurassique. Ces conglomérais sont
très puissants (Soo"") sur le flanc nord du Djebel Imoulentaour-Adrar
N'Fad (1700™) où l'oued Acif Ikrouane entaille perpendiculairement ces
couches et permet d'en relever une bonne coupe. Ailleurs (oued Agrioum ).
ce sont de nombreux bancs d'épaisseur variable intercalés dans les schistes
bathyaux.
Il s'agit donc bien d'un faciès mixte à la fois bathyal et littoral, car toute
une faune de bélemnites et ammonites du Crétacé inférieur se trouve aussi
bien dans les schistes marno-calcaires que dans les conglomérats, et parfois
même, presqui- uniquement dans ces derniers (-). J'ai trouvé ce Crétacé
détritique autour du Djebel Arbalou (iSi^"'), promontoire liasicpie qui se
dresse, isolé, à l'ouest de Bougie ainsi qu'au nord mêm<' de cette ville,
au-dessus du Marabout de Sidi Touati. il est également important de noter
de beaux exemples de « ripple-marks » sur les surfaces gréso-schisteuses
du Crétacé inférieur, à la ferme Lambert, située sur le flanc ouest du pro-
montoire basique du cap Aokas. Les observations ci-dessus sontintércs-
(') Séance du 29 mars 1921.
(-) l'iiinii les formes les plus abondantes je cilcrai : Kitianelhi iioiih/iiidi à'Oih..
A'i'iicdiiiifes ni'ociiiiiii'nsis ir<>i'li.. Hn/cns/pp/iii/iiis hisjxiiiiciis Malhulii, /.is^ocrnis
Gr-jsi (l'drli., elr.
SÉANCE DU l\ A\KII, 1921. 861
santés et démontrent que les cliaines tle la Kaliylic des Babors étaient
esquissées et en parties émergées au début du Crétacé, et, fait intéressant,
avec une orientation générale Est-Ouest, sensiblement analogue à l'orien-
tation actuelle. D'autre part, j'ai également pu observer des faciès détri-
tiques à travers tout le Crétacé, ce qui indiquerait que les mers crétacées
ont pénétré dans les couloirs étroits et profonds des synclinaux ou anti-
clinaux érodés ( ' ).
Les éléments arrachés aux lies et îlots plus ou moins allongés de IMlst à
l'Ouest ont donc été immédiatement entraînés dans les pi'ofondeurs : d'où
cette anomalie de faciès des dépôts devenus bathyaux quoique à caractère
littoral.
Ainsi, la constitution orogénique de cette [lartie de la Ivabylie s'affirme
dès le Crétacé, pour se poursuivre sans apparence de moditieations impoi-
tantes à travers les époques ultérieures, donnant à ces chaînes un caractère
autochtone.
OCKANO GRAPHIE. — La circulation océanique et la densité des eaux. Note
de M. J. Thoulet, présentée par S. A. S. le prince Albert de
Monaco.
Les courants maiins sont la résultante d'une infinité de causes d'impor-
tance variable parmi lesquelles les principales sont le ventj la rotation
terrestre et les deux actions antagonistes de la chaleur qui, d'une part,
dilate l'eau et la rend ainsi plus légère et, d'autre part, l'évaporé, concentre
les sels qu'elle contient et par conséquent l'alourdit. Ces deux dernières
influences sont caractérisées par une unique variable, la densité in situ,
c'est-à-dire le poids du décimètre cube d'eau de mer dans les conditions
mêmes de température, de salinité et même de pression quand il s'agit
d'eaux profondes où l'échantillon se trouvait, alors qu'on l'a récolté pendant
qu'il jouait dans la nature le rôle que l'océanographe cherche précisément
à élucider. La densité in situ donnant le total de l'addition algébrique, il
faut se garder d'en isoler les deux éléments constituants, température et
salinité. Avec sa densité in situ, l'échantillon est en quelque sorte vivant,
(') F. Imirmann, Du Trias et de so/i rôle tectonique dans lu chaîne des Bubon
{Couiiiles rendus Suc. Géol, l'v., 7 fé\n'er igii I.
86'j ACADÉMIE DES SCIENCES.
tandis que sa densité normale à zéro le caractérise à l'élat mort, tel qu'il
serait dans un flacon à côté d'autres échanlillons également en llacons dont
il importerait de le distinguer.
L'évaluation prompte et précise de la densité iii situ, [)ar un procédé
d'application facile, simultanément en divers points superficiels ou pro-
fonds d'un même courant, sur une quantité d'eau aussi petite que possible
dans le cas d'eaux profondes est le but que l'on doit s'efforcer d'atteindi'e.
Ces desiderata sont satisfaits par l'emploi d'un procédé indirect consistant
à prendre, à bord, à la température ambiante l'indice de réfraction de
l'échantillon au moyen d'un réfractomètre convenable (le meilleur est celui
de Abbe et surtout celui du modèle dit plongeur) et à passer ensuite de
cette donnée, à l'aide de tables et d'un graphique spécial, à la valeur de la
densité in situ et, si on le juge nécessaire, à celles de la densité normale, de
la salinité et de la chloruration. L'opération tout entière exige à peine
quelques minutes et fournit la densité cherchée avec une approximation de
I à 2 unités de la 4* décimale.
J'avais autrefois tracé et publié un graphique donnant immédiatement
la variation de la densité avec la température pour plusieurs échantillons
types de densité déterminée d'eaux de mer. Privé par la guerre de ce docu-
ment, j'ai adopté .les Tables dressées par Knudsen dans le même but et je
les ai mises, elles aussi, sous la forme plus commode de graphique.
Tenanl à employer le même graphique pour les densités et pour les
indices et ne [)ossédant [toini de laboratoire pour mesurer, aux diverses
températures, les indices des échantillons types dr Knudsen, en faire le
tableau el en tracer les courbes, j'ai demandé à M. Vaurabourg de se
charger de ce travail. Il a bien voulu accepter cette tâche beaucoup [)!us
délicate qu'on ne le croirait, (iràce au graphique actuel, les détermina-'
lions se font dans toutes les conditions désirables.
Comme exemple, en me servant des données recueillies à bcud du
Chdllcngcr. j'ai dressé par isopycnes deux cartes de l'Atlantique .Nord,
l'une superficielle, l'autre par 3oo brasses (5/|9"') de profondeur. En ne
|)renant que la 3'' décimale dans la valeur des densités, elles ont suffi à
vérifier les lois déjà connues formulées [)ar Buchanan et relatives à la
circulation océanique. Elles montrent surtout avec une grande netteté
la colonne verticale sous-marine qui établit la communication entre, les
eaux de surface et les eaux profondes dans leur mouvement, d'abord
ccntriprie, puis centrifuge, et couq)lète de celle façon le cycle de la cir-
culation océanique.
SÉANCE DU 4 AVRIL I921. 863
Pour obtenir des notions 'plus précises el pins élendues sur la question
il n'est plus désormais nécessaire (pie de mesurer un nombre plus consi-
dérable d'écliantillons el surtout de se mellre d'accord pour opérer les
prélèvements d'eau dans les mêmes plans parallèles à la surface. On
dressera ainsi avec des densités in situ par un véritable nivellement le
relief isopycnc instable de la surface de la mer, celui plus constant de ses
profondeurs, lous deux analogues au relief permanent des continents par
isoliypses et au relief par isobares de l'atmosphère, le plus instable de tous
obtenus l'un et l'autre par le baromètre.
OCÉANOGRAPHIE. — Dcnsité.i Cl indices des cour de mer. Note
de M. C. Vaikaboi;u«;. présentée par S. A. S. le prince Albcrl de Monaco.
Les méthodes habituelles de mesure de la densité ne soni guère pratical)les
à bord des navires, l'aréomèlre même ne peut servir que pour les échan-
tillons de surface pa. ce qu'il nécessite un lilre de liquide. Ou avait recours
à la mesure chimique de la salinilé comporlant des buretles et liqueurs
litrées. M. Thoulet voulant remplacer cette mélhode indirecte par la
mesure de l'indice de réfraclion, j'ai étudié, à sa demande, la relation entre
la densité des eaux de mer et les indices de réfraclion à diflérenles tempé-
ratures.
J'ai constitué huit eaux de mer artificielles par dilution ou conceniralion
d'eau de mer naturelle |)uisée au large de Monaco el mesuré, pour toutes les
températures comprises entre o" et 33", les indices de réfraclion, par rapport
à l'air et pour la raie D, de ces eaux. Par interpolation il est facile,
connaissant l'indice à une température donnée, de calculer la densité de
l'eau de mer considérée à une température quelconque.
Le tableau ci-après résume les résultats obtenus el montre la corres-
pondance avec les densités. Ces dernières sont empruntées à M. Kniidsen.
Les mesures d'indices ont été exécutées avec le réfractomèlre Féry à cuve
chauffable pour les températures supérieures à la température ambiante el
avec le réi'ractomètro Leiss à immersion pour les températures inlérieurcs
jusqu'à o".
De l'examen des résultats on [)eut tirer les conclusions suivantes :
1° Pour une eau de mer donnée, la variation d'indice avec la température
. est environ 1 l'ois et demie plus faible que la variation correspondante de la
densité.
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° A leinpéralui-e constance, la varialion d'indice esl environ ] l'ois plus
(aible qne la varialion corresj)ondante de la densité avec la concentration
en sels.
3" Pour une température donnée, l'indice est proporlionnel à la densité
prise à o°. Autrement dit : «, et v, étant les indices à t" d'une eau de mer
quelconque et d'une eau type, l'eau dislillée par exemple, 6^„ cl o„ les densités
respectives à o", on a
le coefficient !v étant variable avec la température. Si l'on trace sur un gra-
phique les isothermes représentant les variations de l'indice en fonction de
la densité à o", on obtient un faisceau de droites divergentes dont le coeffi-
cient angulaire K diminue quand la température augmente suivant l'équa-
tion
K , ^ K g ~ al -+- Ot- -= 0,24399 — S(Ji ,0. m''/ — 8,990. 10 "''/-.
Or l'indice de l'eau distillée entre 0° et 4o° est très bien représenté par la
formule
V,r^ V^, — y./ — [5/-=r I ,334o() l5, 3 . 10^''/ — I ,78 . 10 "'"'/-.
En combinant ces foiinules. on ariive à l'équation suivante, qui permet
de calculer la densité à 0° d'une eau de mer dont on connaît l'indice de
réfraction à t" :
. /(, — T ,090 10 — 845,(1. 10 "< -4- 10, -(y- . io~°/-
o, '^^399 — 861 ,(>. 10"''< -4- 8,990. 10-'^/"
4° A o" on en déduit la relation
/; I, - I , oqv m
— ^ -z n . ■2_i099.
«0
qui relie l'indice et la densité des eau.vde mer de différentes conceniralions.
Elle se vérifie avec une exactitude bien plus grande que la loi de Gladstone
et Dale.
5" Les indices ne [louvant pratiquement pas être mesurés à moins de
demi -uni té de la quatrième décimale, il en résulte que l'erreur possible sur les
densités correspondantes est inférieure à deux unités de la quatrième déci-
male. La précision de la méthode est donc comparable à celle des meilleurs
aréomètres.
SÉANCE DU 4 AVUll, 1921. 865
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Phytogéographie dynami(iue des dunes du golfe
du Lion. Noie de M. G. Kuhxholtz-Lordat, présentée par M. Guignard.
Les conditions biologiques des dunes littorales du golfe du Lion n'ont été
l'objet d'aucun travail d'ensemble.
Les conceptions présentées par M. Astre dans son intéressante Note à
l'Académie, le 11 octobre 1920, ne nous paraissent pas applicables au rivage
méditerranéen français en raison du régime spécial qui préside à sa topo-
graphie et à son évolution.
Le rideau des dunes, interrompu ça et là par des graus permanents ou
transitoires, y dépasse rarement 60'" de largeur; généralement peu élevé, il
atteint au maximum 8'° de hauteur.
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Très rap[)rochées du bord d'une mer à marées pratiquement nulles, les
dunes sont parfois envahies, rongées ou même localement nivelées par les
vagues les plus puissantes des tempêtes marines du Sud ou du Sud-Est.
A cette action destructrice s'ajoute celle des vents dominants, Mistral et
congénères, venls du Nord-Ouest aussi violents que fréquents, qui déciment
nos dunes.
Des dunes internes se trouvent en Camargue, sur les lidos successifs.
Elles ne seront pas étudiées ici en raison de leur ancienneté, de leur fixation
par les Pins ou de leurs remaniements culturaux.
Les actions combinées du « trinôme dynamique » normal : le vent,
le sable, l'obstacle, se traduisent dans l'ensemble par un chaos de mamelons.
Dans ce faciès chaotique, la dune devient aussi imprécise que l'individu
d'une plante stolonifère. Cette caractéristique de nos dunes languedociennes
se retrouve sur les côtes algériennes, par exemple autour de la baied'Aiger( ').
Paï" contre, elles n'ont d'analogie ni avec les dunes désertiques(Erg ) ni
avec celles des dunes de Gascogne qui sont dépourvues de végétation
(D. du Pilai). Toutes nos dunes, sans exception, sont tapissées par une
végétation plus ou moins abondante dont nous aurons à préciser le rcMc.
Les dunes couvertes résultent en effet du triple jeu des actions éoliennes,
de la pesanteur et d'ui! obstacle dont le caractère essentiel est d'être vivant.
L'obstacle vivant est donc le facteur dynamique fondamental de la forma-
tion de nos dunes littorales. La plante la mieux adaptée à cet égard est
V Ammophila arenaria Link (Oyat). La dune peut naître dès que V Ammophihi
peut germer sur la plage.
Dès sa germination, V Ammophila est soumise à l'action des vents marins,
agents dynamiques édificateurs en raison de leur passage sur la plage où ils
se chargent de sable. Le sable est d'ailleurs peu abondant par suite du peu
d'ampleur des marées et de la faible largeur delà plage; cette largeur aui ait
même une tendance à se réduire par suite de la poussée des semences vers
la mer par les vents de terre. Parmi ces semences, celles de Y Ammophila
sont particulièrement aptes à prendre pied : sous ce rapport. l'Oval a une
véritable organisation offensive.
Ij'accroisseinent de la duneest ensuite suljoi donné à l'aptitude de la plante
à lutter contre V ensevelissement. Sur les monticules de la créatrice (Oyat") se
développent des efl?«//ca//7'ce* qui manifestent leur pouvoir édificalcur à des
(') L. iJucELLUiR, Eludes phylDgèograpIkiqtu's des dtincs de la liaie d' \lgiT
{Revue générale Botanique, t. 23, p. 2.-/6 el 32o).
SEANCE DU 4 AVUll. I921. 867
degrés très divers. Mais c'est encore V Aniinopliila qui dem.^iire à cet égard
le végétal de choix. Ainsi s'édilie la dune, par superpositions successives.
Au point de vue de la phylogéographie génétique, VAmmo/j/iila, prend donc
une valeur qui la place bien au-dessus de lous les autres végétaux de nos
dunes littorales.
A la capacité de charge, l'onction du sal>le. correspond uti pouvoir de
décharge, fonction de l'obstacle. On conçoit dès lors que les vents du large,
en raison même de la conquête de la plage par V Ammophi/a, n'arriveront
aux crêtes les plus lointaines et les plus hautes qu'avec une charge rési-
duelle plus ou moins réduite ou même nulle. Les dunes qui échappent ainsi
à l'alimentation en sable sont arrivées au stade adulte : elles entrent alors
dans la phase de conservation.
La conservation des dunes adultes est extrêmement précaire parce qu'elles
sont soumises, sans contre-partie, à la destruction par les vents de terre
(Mistral). Seule, la fixation des sables par la végétation peut enrayer cette
dégradation : elle est fonction de l'aptitude des plahtes à lutter contre le
déchaasscmcnl . Sous ce rapport, VAtnmophila doit être reléguée à un rang
très inférieur. Deux plantes conservatrices, au contraire, prennent une impor-
tance de tout premier ordre par une organisation adaptalionnelle dont elles
représentent les deux modalités principales :
Le Teucriiun PoHum L., par son pivot vigoureux, par ses frondes courtes
et serrées (coussinet), par ses racines adventives fines et drues formant une
nappe à peu de distance de la surface, jouit vis-à-vis des vents destructeurs
d'une organisation prohibitive.
UEpliedra distachva L., sans interdire toujours l'érosion éolienne, la
retarde généralement et lui survit grâce à ses stolons plus ou moins
parallèles à la surface et qui dotent le végétal d'une organisation défensive
rappelant l'un des aspects classiques de la lutte contre les éboulements en
montagne.
Toutes ces adaplations ne sont valables que pour des vents modérés et
perdent toute signification lorsque les vents deviennent violents (ç'>20"').
Le déchaussement se généralise alors : le terme ultime de la dégradation
a été décrit par MM. Harlé (') sous le nom de Caoudeyre, entonnoir vertical
pouvant atteindre j'" à 6™ de profondeur.
Dynamiquement, ce stade de vieillesse, en rapport avec les vents de terre
l'i lii). el J.iCyLES Haiué, Mémoire mr les dunes de Gascogne (neç obseiialinns
sur la formation des dunes {liull. de la Sect. de Géogr., t. 34, 1919. p. i-i.'|5j.
t^()8 ACADÉMIE DES SCIENCES-
pour nos dunes médilerranéennos, doit être opposé au sîade de rajeunisse-
ment incessant, en rapport avec les souffles du large. Mais topog-raphi-
quement il n'y a pas deux zones distinctes : le terme de l'évolution de nos
dunes est le « chaos caoudeyrisé ». La zonalion ne se conçoit que dans la
stabilisation ou bien dans l'uniformité et la continuité des facteurs dyna-
miques.
Le vent apparaît dès lors comme le niodeleur-réparlileur de la biologie
de nos dunes. Il est modeleur mécaniquement sur le sol (faciès dunal) et
physiologiquement sur la végétation (formes biologiques, xérophilic,
spectre biologique ( ' ). Il est répartiteur des êtres vivants au point de vue
de leurs aptitudes à lutter contre ses propres actions, aptitudes qui se tra-
duisent par les modalités diverses de lorganisation épliarmonique.
BOTAMQUE. — 5//r /e Gymnodinium pseudonoctiluca Pouchet. .^ote de
M. J. Pavillard, présentée par M. Guignard.
L'attention a été récemment rappelée sur ce remarquable organisme,
découvert en 1884 (juin), par G. Pouchet dans la baie de Concarncau,
retrouvé par lui, en 1890 (août), dans les parages des Faeroer, et qui n'avait
jamais été revu depuis.
D'après C.-H. Ostenfeld, il ne pourrait être étudié que vivant : étant
dépourvu de paroi cellulaire, il deviendrait, en eflet, méconnaissable dans
le matériel conservé (^).
Dans un Mémoire récent (■'), consacré aux Péridiniens du détroit de
Plymouth, M"* Marie Lebour attribue au (iymnodinium pseiulonucliliica
quelques échantillons de forme cylindrique, mesurant environ loo^^ de
longueur, avec un gros noyau ovoïde et de nombreux chromoplastes
jaunes.
Le G. psciidonocliiuca apparaît, de temps en temps, dans le golfe du Lion,
pendant la période estivale; il abonde, en particulier, dans mes récolles de
juin-juillet 1907.
C'est un organisme très volumineux, de forme ovoïde, dépassant 200'^
(') Au sens de M. Raiinkiaer.
(-J C.-H. Ostenfeld, Phyloplanl.lun in lia/ mi/ii;, /ln/>iii\ nf/hr Fd'iùer. l'ail -1,
190^5, p. \)C)\ .
(■') .MAitii!-\ . Liciiuiu, l'Iic l'eiidiiii((li'S of l'hnitm lli Sniintl J'ioni llic lic^imi
hcvoiid llu- llrudLwaler {.Iniini . Mar. lU'il. I.v.v/f., t. 11. 1917).
SÉANCE DU 4 AVRIL 1921. 869
en longueur et iSo*^ en largeur. J'ai pu observer sur le vivant, dans
quelques individus, le curieux tentacule découvert par Poucliet; mais cet
appendice immobile, simple expansion lubuleusc transitoire, sans fonction
connue, n'est plus représenté que par une courte [)rotubérance dans le
matériel fixé.
La niasse cytoplasmique interne, rapprochée de la région ventrale,
souvent colorée en rose plus ou moins vif, est reliée à la périphérie par un
grand nombre de fins cordons ramifiés (/%". i).
Fig. I à G. — Gymnodinium pseudonoctiliica ; 1. Un individu adulte digérant un Protoceratium
reliculatum. — i. Un stade de division : vue antérieure (ventrale). — .T. Le même : vue apicale
(supérieure). — 1. Le même : vue de profil (latérale); n, noyau: ;■. rorp'; résiduel. — 5 cl (j.
Stades plus avancés de la division.
((jr. : 180 env.. sauf fiç;. '2 : .')'i env.)
Le noyau, parfaitement sphérique, est du type massif; après fixation
picroformoliquc, il présente une structure finement granuleuse.
Il n'y a pas de chromoplastes, mais un certain nombre de très petits
plastides incolores, sphériques (gouttelettes réfringentes de Pouchet?)
appliqués intérieurement contre la membrane.
Le mode de nutrition est franchement hétérotropiie. Le G. pseiulonocli-
lucn capture divers Péridiniens cuirassés et les incorpore dans sa masse
plasmique où ils sont lentement digérés; sa proie habituelle est le minuscule
Protoceratium reliculatum, mais il s'empare aussi de formes beaucoup plus
volumineuses, telles que Diplopcita bomba, Pcridiniiim divcrgnu, etc.
S'jO ACADEMIE DES SCIENCES.
Vers le début de la division cellulaire, toujours longitudinale ('), se
produit un remarquable cbangemenl de forme et de structure.
La saillie conique apicale s'efface enlièreuient, tandis que la région
opposée se dilate transversalement, de part et d'autre d'une dépression
médiane antéro-postérieure (dorsiventrale); le contour devient ainsi régu-
lièrement cordiforme (/ig, 2). Le cytoplasme s'accumule contre la partie
moyenne de la région dorsale, en une masse largement vacuolisée, englo-
bant le noyau et les corps résiduels (/%'. 3 et 4)- Du milieu de cette masse
s'élève une colonne plasmique cylindrique, brusquement dilatée autour
d'une volumineuse enclave ovoïde, située au centre de la cellule, et de
nature inconnue. Au delà de l'enclave, la colonne plasmique s'aplatit en
lame verticale, progressivement élargie, fixée à la paroi ventrale, dans le
plan de symétrie, par une insertion linéaire très apparente (//g. 2-/(): l'ori-
gine et le but de ce dispositif sont inconnus.
Les figures 5 et 6 représentent deux phases plus avancées de la division.
Les noyaux-fils sont déjà individualisés. La dépression inférieure s'est
accentuée. Une autre dépression s'est creusée au milieu de la région supé-
rieure délimitée par le sillon transverse qui descend également sur les deux
faces ventrale et dorsale. A l'issue de la division, le plan de symétrie commun
aux deux cellules-filles est perpendiculaii'e à celui de la cellule-mère. Les
stades intermédiaires m'ont échappé.
Sous le bénéfice de ces observations, le Gymnodiniiim décrit par M"'' Le-
bour ne saurait, à mon avis, être identifié avec l'espèce de G. Pouchet; je
propose donc de le nommer (i. Lrhowii. en l'honneur de la distinguée natu-
raliste de PlYmoulh.
BOTANIQUE. — Sur les corpuscules bruns de la bruni ssure de la vigne.
Note de M. Jean Politis, présentée par M. Gaston Bonnier.
La brunissure de la vigne, maladie caractérisée par l'accumulation de
globules bruns dans les cellules épidermiques, a été attribuée à diverses
causes.
Jules Pastre croit à l'action d'une cochenille. l"'n 1892, Yiala et Sau-
vageau attribuèrent la brunissure à un Myxomycète, le Pliisntodiophora
rilis.
(') La soi-disanl division tritnsversale dc<.Pétidiniens ne repose que sur nue erreur
d'inlerprétalion.
SÉANCE DU 4 AVRIL I92I. 87 1
Debray (189 j) regarde les globules bruns comme des kystes du parasite,
alors que Viala et Sauvageau les tenaient pour les produits d'excrétion; il
change lo nom de l'organisme précédent, tout en le conservant parmi les
Myxomycètes et l'appelle Psewlocoinmis vitis. Roze a encore exagéré ces opi-
nions eu amplifiant le parasitisme du l'seudocornmis ritis. Prunet(i8y4) l'^it-
tache la bruuissure de la vigne à sa cliytrldiose, maladie causée par une
Cbytridiacée (Chidoc/iylrùim vilicolutn) qui d'après lui cause à la fois la
gommose bacillaire, le courl-noé, etc. .1. Dufour (1902) attribue la bruuis-
sure à l'action des larves qui présentent une grande ressemblance avec celles
du Phytoplus t'ilis. Ducomet (1900), tout en admettant, dans certaines con-
ditions rares, l'intervention du parasitisme (oïdium par exemple) pour la
vigne, considère la brunissure comme une maladie d'ordre physiologique,
causée par de brusques variations dans les conditions météoriques.
Cavara aussi se refuse à voir dans le contenu des cellules malades un para-
site quelconque : « Au lieu, dit-il, d'un vrai organisme, vivant dans les cel-
lules sous forme de plasmode, il s'agirait peut-être, à mon avis, d'un état
S|)écial du contenu cellulaire, d'une altération chimique provoquée par de
brusques changements de conditions météoriques. »
llavaz (1904) n'accepte pas ces conclusions en ce qui a trait à la cause de
la maladie ; il déclare que : « La brunissure est la conséquence d'une surpro-
duction, qui amène l'appauvrissement et l'épuisement des tissus. »
Nous avons eu l'occasion d'observer, dans la première quinzaine du mois
de septembre de l'année dernière, une invasion de brunissure dans un
vignoble des environs d'Athènes. Sur tous les cépages, nous avons ren-
contré les mêmes symptômes; les tiges présentaient de petites ponctuations
brunes ou plus souvent noires, nettement visibles sur le fond vert des sar-
ments. Sur les feuilles, la bruuissure commence par des taches brunes, de
quelques millimètres, siégeant entre les nervures sur la face supérieure et
visibles au début, surtout par transparence. Ces taches, de forme irrégu-
lière, s'étendent et ne tardent pas à devenir confluantes.
Dans un précédent Mémoire, nous avons montré par l'étude vitale de la
pigmentation chez un certain nombre de fleurs, que les pigments anthocya-
niques appaiaissent d'abord dans le cytoplasme au sein de corpuscules
spéciaux que nous avons désignés sous le nom decyanoplastrs. Guilliermond
a confirmé mes résultats et a montré par des recherches importantes que
les pigments anthocyaniques sont les produits de l'activité des mitochon-
dries.
Il serait intéressant de recherchei' si les globules bruns, qui commu*
872 • ACADÉMIE DES SCIENCES.
niquent leur teinte à la feuille atteinte de brunissure, sont des miloclion-
dries. Examinons les altérations des feuilles dans les dilTérentes phases de
leur développement. Une coupe tangentielle à la l'ace supérieure nous
montre, dans les cellules épidermiques, un cytoplasme creusé de grosses
vacuoles, avec un noyau en occupant généralement le centre. Dans le cyto-
plasme, on constate l'exislence de nombreuses granuhilions, de couleur et
de volume très variables.
Au début, elles sont très petites, incolores et d'un aspect brillant. Dans
certaines cellules, on peut constater que ces granules prennent une teinte
jaunâtre, puis grossissent, et se transforment en grosses sphérules d'un
jaune brun qui passe au brun foncé. Ce sont elles qui communiquent à la
feuille la couleur brune que l'on sait. Les sphérules noircissent sous l'action
des sels ferriques, réduisent l'acide osmique et fixent le bleu de méthylène.
Elles renferment donc du tanin, comme l'a montré aussi Ducomet.
Dans les tissus palissadiques et lacuneux, on trouve les mêmes granula-
tions. Elles se présentent ici généralement en gros amas, mais peuvent
aussi ajiparaître sous la forme de grosses sphérules, incolores, jaunâtres
ou brunes, tout comme dans l'épidcrme. l'illes peuvent se présenter avec
des vacuoles et souvent semblent se fusionner pour constituer de grosses
masses à contour irrégulier, lobé, ressemblant un peu à des cellules de
levure en voie de bourgeonnement. Toutes ces lésions de la brunissure ont
été étudiées minutieusement par Ducomet.
Examinons maintenant avec les méthodes de liegaud ou de Beiida une
feuille qui commence à brunir. Dans le cytoplasme des cellules où l'allec-
tion débute, on constate l'existence de mitochondries, sous forme de petits
grains généralement sphériques, isolés. La plupart de ces éléments parti-
cipent à l'élaboration du tanin et l'on peut observer facilement des stades
de transition entre ces éléments et les grosses sjthérules brunes.
A un stade ))lus avancé, on voit un certain nombre de ces mitochondries
granuleuses subir un accroissement de volume assez sensible. Les mito-
chondries se transforment alors en vésicules dont les dimensions varient de
moins de i''' à 10''^ de diamètre et même davantage, et dont le centre est
occupé par un composé tannique. Les vésicules ainsi formées s'accroissent
peu à peu par suite de l'augmentation de volume de la masse du composé
tannique contenu dans leur intérieur, tandis que leur enveloppe s'amincit.
Ainsi les résultats (|ue nous avons obtenus démontrent (|ue les corpus-
cules bruns de la brunissure ne sont ni les kystes d'un parasite, comme le
prétend Debray, ni des produits d'excrétion comme le sup])Osaient Viala
SÉANCE DU 4 AVRIL I92I. SyS
el Sauvagoau, mais résullenl siinplemenl d'une transformalion des niilo-
cliondries granuleuses. La initocliondrie se IransformeMnlégralemenl en
une vésicule occupée par une boule d'un composé tannique el entourée
d'une enveloppe mitochondriale.
cvi'Oi.oniE. — Sperinatûgcnésc cl chromosome exceptionnel chez Nau-
coris maculatus Fab. Noie (') de M. 11. Poissox, présentée par
M. Henneguy.
Dans leur étude sur les « C.ellules de la lignée mâle chez Nolonecla
glaiica L. », Pantel el de Sinéty (1906) signalent la présence dans les divi-
sions de maturation d'un chromosome exceptionnel, plus massif que les
autres et jamais disposé en diplosome. Ce chromosome « semble », disent
ces auteurs, prendre part aux deux divisions de maturation.
Divaz (1914), dans son travail sur la spermatogenèse- chez Naucons
cimicoides h., signale également dans les divisions de maturation h pré-
sence d'un « hétérochromosome », mais étudie surtout la spermiogcnèse.
J'ai retrouvé chez Notonecta maculala Fab. le chromosome particulier
signalé par Pantel et de Sinéty chez A', glauca L. et j'ai pu me convaincre
qu'il se divise aux deux mitoses de maturation (^).
Il m'a paru intéressant de rechercher et, le cas échéant, de suivre l'évo-
lution de ce chromosome chez une autre Hydrocorise. Je me suis arrêté à
l'étude de la s[)ermalogenèse de Naucori.s maculata Fab.
Le mâle de cet hémiptère possède deux testicules composés chacun de
quatre capsules séminifiques principales et de trois autres très rudimen-
laires. Dans chaque capsule principale les zones suivantes sont nettement
distinctes : zone des spermatogonies, zone de croissance, zone de la pre-
mière division de maturation, zone de la deuxième division de maturation,
zone des spermatides et des spermatozoïdes.
Dans la zone des spermatogonies. les cystes secondaires sont formés de
cellules plus ou moins ovoïdes. Ces cellules possèdent chacune un noyau
très chromatique avec un nucléole peu sidérophile; le cytoplasme est en
outre chargé d'éléments milochondriaux de formes diverses et présente
(') Séance du », 1 mais.iyai.
I - ) Il existe chez Nolonecla inarnlalii . ilan^ la plaque équaloriale de la premii'ie
division : 1 i autosomes, 2 microcliroinosonies au cenlif de la plaque dont je n'ai pas
suivi la genèse, i grand el gros clirainosome.
C. R., 1921,1" Semestre. (T. 172, N» 14.;
65
Hy'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la région tournée \ers le centre du cyste une plage de niilochoudries
granuleuses. Les mitoses des spermatogonies sont massives et difliciles à
étudier; on distingue cependant un chromosome particulier plus gros et
plus grand que les autres.
Pendant la période d'accroissement des spermatocyles issus de la der-
nière division spermatogoniale, la chromatine s'amasse en deux corps chro-
matiques. L'un est très gros, plus ou moins splirrique, l'aulre est plus pelil.
On distingue en outre un réticulum peu accentué. Au fur et à mesure que
le spermatocyte s'accroît on observe les faits suivants : les deux corps cliro-
matiques, d'abord éloignés l'un de l'autre, se rapprochent, puis s'accolent
sans toutefois se fusionner. A parlir de ce momeni le plus petit s'allonge et
prend sensiblement une forme d'hallère. Il s'éloigne ensuite de son conjoint
qui se segmente alors progressivement. La fin de la période d'accroissement
est caractérisée par la formation d'un long spirèmc qui s'appuie par une de
ses extrémités sur le petit corps chromatique qui maintenant a pris la forme
d'un bâtonnet massif. Ce corps constitue dès lors ce que j'appelle le c/(/'o-
mosome e.iceptionjiel.
Lors de la segmentation du spirème en chromosomes, le chromosome
evceptionnel ne change pas de forme, il est rejeté près de la membrane
nucléaire.
Dans la plaque équatoriale qui précède la première division de matu-
ration, on compte 17 chromosomes qui se répartissent de la façon suivante :
i/| autosomes sensiblemeni de même taille et en forme de bâtonnets
massifs; 2 microchromosomes différents de taille el situés à l'intérieur de
la plaque; i chromosome exceptionnej. qui est situé un peu en dehors de la
plaque équatoriale.
Lors de la prophase de celte première division, les autosomes subissent
une division longitudinale à la suite de laquelle il se forme des diplosomes.
Les éléments constituants de ceux-ci se séparent et se dirigent vers les
I Mlles du fuseau. Ils sont dépassés dans ce mouvement par les microchro-
niosomes, car dès le commencement de la métaphase, on observe déjà,
aux deux pôles du fuseau et au voisinage des centrosomes, un niicrochro-
niosome; le second étant généralement à mi-chemin de son trajet.
Pendant ce temiis le chromosome e\ce|)tionnel s'est allongé, a pris la
forme d'un V massif; les deux branches du V se rapprochent et finalement
se séparent l'une de l'autre, formant deux tronçons massifs. < '.e processus
s'effectue lentement, aussi chaque chromosome exceptionnel (ils est très en
retard sur tous les aulres chromosomes.
SÉANCE DU 4 AVRIL I921. 876
La plaque équaloriale de la seconde division de iitaliiralion montre :
i4 l'iiromosoinrs de taille à peu près semblable; i cliromosomc de petite
taille; i chromosome exceptionnel.
On ne compte donc plus (jue lO cliroinosomes, alors {pran stade pré-
cédent il en existait 17. Ce fait résulte vraisemblablement de la mise en
dyade des deux microchroniosomes.
A la prophase de celte seconde division, les chromosomes s'allongent, se
rétrécissent en leur milieu et subissent ainsi une division ti'ansversale.
Ensuite l'élément que je considère comme correspondant à une dyade des
microchromosomes se sépare en ses deux chromosomes constituants. Le
chromosome exceptionnel se dispose parallèlement aux filu'cs du fuseau,
[)uis. très lentement, encore plus lentement qu'à la première division, il
subit, lui aussi, une division transversale. Lorsque chacun des chromo-
somes exceptionnels parvient aux pôles du fuseau, les autres chromosomes
se sont souvent fusionnés déjà en une masse chromatique plus ou moins
informe.
Le noyau de chaque spermatide contient donc un nombre égal de chro-
mosomes; le chromosome exceptionnel restant longtemps reconnaissable à
l'intérieur du noyau.
En résumé, l'étude de la spermatogenèse de Nducnris maculatus nous
révèle l'existence d'un chromosome particulier auquel j'ai donné le nom de
chromosome exceptionnel.
Ce chromosome présente beaucoup des caractères d'un hétérochromo-
some, tel que celui-ci a été défini par Wilson, Mac Clung, Montgomery, etc.
Mais il n'en est pas un, car il se divise aux deux mitoses de maturation. Il
n'est jamais disposé en diplosome; il subit donc une « cucinèse ». Des phé-
nomènes semblables ont déjà été signalés entre autres chez Forficula Ç/A\e'\-
ger), Sagi/tfi (Stevens), Sciitii^eni (cellules de la lignée séminale géante.
Bouin et Ancel). Il semble difficile d'attribuer à ce chromosome exception-
nel un rôle quelconque dans le déterminisme du sexe, comme on l'admet
généralement pour l'hétérochromosome.
S-C) ArADKMII- DKS SCIENCES.
M1i:R()BI0I,0Gii:. — Ih)!c des humeurs dans lu deslnitiio/i extracellulaire
des tnicrolies chez les Insectes. \ote de M. \. Paii.i.ot, présentée par
M. P. Maiclial.
Dans une >îote récente (' ), MM. Couvreur et Cliaovitch nous ont attri-
bué une opinion qui n'est pas tout à fait conforme à la vérité : « M. l'aillot,
disent-ils, abandonnant les idées qu'il a d'abord défendues d'une produc-
tion, par les Insectes, d'anlicorps bactériolyliques, anticorps doni il avait
même localisé la production dans les macronucléocyles. conclut que la
bactériolyse peut se faire en dehors de toute activité cellulaire et qu'il
existe une immunité humorale naturelle chez les Insectes. » Cette dernière
affirmation, contrairement à ce que parait impliquer la Note des auteurs
précités, n'est nullement la conclusion de nos dernières recherches. Elle n'a
])as été formulée à la suite de nos expériences de destruction in ritro du
Biicilliis inelolonlluv non ligue ^'aciens^[p;\r le sang des chenilles d'.4. se^eliirn,
mais dès l'année 1919, c'est-à-dire au moment où nous avons étudié le
premier cas d'immunité naturelle humorale chez les Insectes.
Kn ce qui concerne notre opinion personnelle sur le mécanisme de
l'immunité humorale, nous affirmons n'avoir pas voulu généraliser l'hypo-
thèse nouvelle que nous avons formulée récemment; nous avons dit : « la
théorie nouvelle que nous adoptons pour expliquer l'immunité des
chenilles d'.l. segetum contre le R. m. non lie/uef/iciens y est susceptible,
croyons-nous, de s'appliquer à d'autres cas d'immunité hunioral(>, au
moins chez les Insectes »; mais il n'est pas question, pour le moment,
(l'abandon définitif de nos idées premières sur le mécanisme de l'immunité
humorale. I']n tout cas, notre hypotiièse, telle qu'elle a été formulée, ne
s'applique certainement pas intégralement à quelques-uns descas d'immunité
que nous avons étudiés.
I.,c fait dominant, dans l'immunilé chez les Insectes, c'est la diversité des
réactions de défense de l'organisme suivant les espèces microbiennes et les
individus, et l'extrême complexité du processus réactionnel pour un même
individu.
MM. Couvreur et Chaovilch disent avoir fait, dès le mois dé juin i<)20,
des constatations conduisant aux mêmes conclusions que les nôtres et par
(') Coi)i/ile\ rendus, i. 17'J, i<)'. 1, |i. 711.
SFANCR DU /( AVRII, I()2I. .S77
des expériences, à leur avis, plus dciiioDslialives. iSous supposons que ces
auteurs ont voulu parler de la conclusion relative à la possihililé de des-
Iruclion in ri/ro des inicrohes par le sang d'Insectes, et non de l'iiypothèse
([ue nous avons formulée pour expliquer le mécanisme de la réaction
humorale. Mais le fait de la destruction /« /v'/ro des microorganismes par
les humeurs des animaux, n'est pas nouveau : depuis longtemps, en effet,
on sait que le sérum de rai hlanc tue le hacillc du charhon, que celui du
lapin tue le hacille lyphique, mais on sait aussi que ces manifestations de
l'activité humorale ne sont pas en rapport avec l'immunilé de ces animaux
contre les maladies causées par ces bacilles. Dès la lin de l'hivei' 1920,
nous avions constaté noiis-même que le sang des chenilles d'.-l. scgetiim
pouvait détruire, in vitro, le H. ni. non liqucf ariens ^■\i mais le manque de
chenilles ne nous avait pas permis de répéter nos expériences et de tirer les
conclusions qui ont fait l'objet de nos dernières Notes. Nous rappelons,
d'autre part, qu'en étudiant l'immunité des chenilles de Lymantrin dispar
contre le B . picris non liquefaciens oi, en mai et juin derniers, nous avons
conclu à l'impossibilité d'expliquer les réactions humorales de ces chenilles
par l'action de bactériolysine (Note du 18 octobre 1920). L'hypothèse
formulée au début de cette année, et qui ne s'applique qu'à un cas bien
déterminé, a donc été préparée par une loni;ue série d'observations; la
destruction in vitro des microbes n'a été pour nous qu'un argument, le plus
décisif sans doute, en faveur de cette hypothèse.
En ce qui concerne la valeur démonstrative des expériences de MM. Cou-
vreur et Chaovitch, nous ferons les remarques suivantes :
1° Les deux auteurs ne nous disent pas si, après un contact de il\ ou
/|H heures, le mélange de sang de ver à soie ou de suc de digestif et de
bacilles pyocyaniques ou de colibacilles, est devenu stérile. Or, pour
affirmer que les bacilles ont perdu leur vitalité, il ne suffit pas de
montrer que l'un ne développe pas de fluorescence verte et que l'autre ne
fait pas virerau canari le bouillon au rouge neutre. En effet, au cas fortpro-
bableoù il se développe des microbesd'infection secondaire dans les bouillons
ensemencés avec les mélanges, les produits de culture de ces microbes
peuvent suffire à empêcher la production de pigment Huorescent par le
bacille pyocyanique ou le virage du bouillon au rouge neutre par le coli-
bacille, ou tout au moins, à masquer ces réactions. On sait qu'une modifi-
cation légère de la composition des milieux de culture suffit pour empêcher
le bacille pyocyanique de produire son pigment fluorescent. Nous possé-
dons nous-même des microbes enlomophytes, fluorescents ou chromogènes
878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui, sans cause apparenle, perdent momentanément leur fonction fluo-
rescii^ène ou cliromogène, au cours des ensemencements successifs. Le
critérium de vitalité adopté par MM. Couvreur et Chaovitch ne saurait
donc suffire pour apprécier l'action morbide des humeurs du ver à soie ou
de la chrysalide sur les bacilles expérimentés.
2° Le sang ou le liquide cavitaire de la ciirysalide n'ayant pas été débai-
rassé au préalable des éléments cellulaires, la destruction des bacilles, si
elle est réelle, peut être due à des ferments cellulaires mis en liberté par ces
éléments, à leur sortie de l'organisme.
Las deux auteurs concluent à l'action antiseptique du sang et du suc
digestif de certains Invertébrés sur le bacille pyocyanique et le colibacille.
Cette action, telle qu'elle paraît avoir été étudiée par eu\, n'a que dos
rapports lointains avec la question de l'immunité chez les Invertébrés; il ne
saurait, en effet, y avoir réaction de défense, que si la même action destruc-
trice se manifestait in câo. Or il n'est pas question de celte destruction
dans la Note de MM. Couvreur et Chaovitch.
c;HlMin: I'IIYSIOLOGIQUE. — Le pouvoi?- réducteur des liquides organiques et
des tissus de quelques animaux marins. Note de M. Uaoii. Iîayicix,
présentée par S. V. S. le prince Albert de Monaco.
On sait qu'une solution aqueuse de bleu de méthylène se décolore au
contact d'une substance réductrice et, en particulier, d'un tissu animal;
une molécule d'eau est détruite, l'oxygène est mis en liberté selon la
formule
(;'Ml'"Az'SCI + ll-()=:C"'H"Az'SCl + <_t.
Moll.ylèii.- birii. MrLlivIi-nr incolore.
Cette réaction a été appliquée par M. IL Roger à la mesure de l'activité
réductrice des tissus de plusieurs animaux terrestres, avec la techniipie
suivante : on mélange poids égaux d'un tissu broyé et d'eau bicarbonatée;
on porte dans l'étuve à 38°; ensuite on laisse tomber dans le mélange
quelques gouttes d'une solution aqueuse de bleu de méthylène; on agite le
tout, et le tube mis au repos, on note le temps que ce mélange met à perdre
sa couleur bleue. Ce temps est inversement proportionnel à l'aclivilé
réductrice du tissu.
Je viens d'appli(|uer cette tecimique à révalualion du pouvoir réducteur
des éléments organitpies de (juel(]ues aniniaux marins.
SÉANCE DU 4 AVRIL 192I. .S79
Poiif diluer l(>s tissus marins, ainsi que U; bleu, j'ai remplacé [uir de l'eau
(le mer bicarbonatée, l'eau douce, qui donne <les réductions trop lentes, et
•[)arfois nulles, pour des élémenls organiques neltemenl actifs. J'ai aussi
laissé les mélanges se réduire à la température ambiante de \l\", voisine de
celle de la mer actuellement, .l'avais observé que, dans l'étuve à 38",
certaines réductions devenaient trop rapides pour être cbronomélrables.
Mes animaux d'expérience ont été : le Lahrus, la Roussette (Scvl/iiim
catulu.s), le Poulpe (Oclopux vulgans), le Calmar (Loligo vulgaris) et
r( )ursin (Strongylocc/itrotus lividits).
Dans le Tableau suivant j'ai classé par ordre d'aclivilés décroissantes les
éléments dont j'ai déterminé le pouvoir réducteur.
Tissus L-l liriupurs 01 jiiiiiiqiic";. Tciii|is de rédurh.ui.
Sperme triuné d'< )iiisiii o. 3. p)
Sperme non triluri" d'()iir^in 4 • 20
Sperme de Poulpe y. ■'
Glande nidamenlaire inférieure de Seiche 9'-^'J
Sperme de Calmar hrové dans les tubes séminifère~ 12
Pancréas de Seiche 1 i
Foie de (Calmar raorl 21
Foie de Seiche morte ( >
Foie de Poulpe, décapité vivant i]
Foie exs.nngue de Lahrus décapité \ ivaiit i >
Foie de Poulpe, mort récemment 2'|
Foie de Houssette, décapitée vivante '.7
Pulpe de la glande nidamenlaire supérieure de Seiche i)
l'jstomac de Seiche ii
( )Eufs triturés d'Oursin avec le liquide ovarien '\^
Foie de Roussette asplnxique, vivante '19
Branchies de Seiche morte 00
Branchies de Poulpe, décapité vivant 02
Branchies de Calmar mort ■ 1 '1
Foie rouge vineux, de Lalirin mort )i3
Foie de Roussette morte hors de l'eau 1 . >
OEufs triturés de Seiche 1 • '4
< )Eufs d'Oursin non triturés, avec le liquide ovarien ">
<)Euf3 de Seiche non triturés "1
^>HH de Seiche. Cristallin trituré en eau de mer .").3o
Œil de Seiche. Humeur vitrée pure S
Ce Tableau montre que, selon le tissu étudié, les vitesses de réduction
présentent d'énoru)es différences, allant de quelques minutes à plusieurs
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
heures. Ce qui frappe d'emblée, c'est la grande aclivilé du sperme d'Our-
sin : 3 minutes 4o secondes (à l'éluve à 38°, j'ai vu la réduction de ce
liquide se faire en (jnelffuis secundcs). La trituration, mettant en liberté
toutes ses réductases, lui donne le maximum de vitesse. On comprend
ainsi que la pénétration d'un élément aussi actif dans l'œuf luiimprime une
segmentation ultra-rapide. Plus lente est l'activité du sperme des Céphalo-
podes dont les œufs se développent beaucoup moins vite. Notons la grande
activité de la pulpe de leurs glandes nidamenlaires inférieures, qui doivent
former rapidement la cuticule im])erméable des n-ufs. En cetjui concerne le
foie nous voyons que celui des Poissons est plus ou moins actif selon que
l'animal a été décapité en état de vie ou en état de mort; dans ce dernier
cas l'agonie a laissé, stagnant dans tous les organes, un sang coagulé chargé
d'hémoglobine à divers degrés d'oxydation, laquelle retarde la réduction.
Chez les Céphalopodes, au contraire, qui meurent rapidement hors de Feau
et qui ne possèdent pas d'hémoglobine, le pouvoir léducteur des foies est
constant.
La même différence se retrouve entre 1<"S branchies des Poissons et celles
des Céphalopodes; pour cet organe, j'ai même observé que la réduction se
fait aussi vite en eau douce quen eau de mer, même chez les Poissons. Le
tissu branchial est ainsi susceptible de s'adapter, selon les besoins de la vie
de ces animaux, à des milieux de salinité très différente.
\ln ce qui concerne les œufs, ils sont peu ou point actifs, à moins qu'on
ne brise leur cuticule. Leurs éléments vitaux sont inactifs tant qu'une force
extérieure, ou la perforation faite par le speimalozoïde, ne l'a pas rompue.
L'élément mâle fait pénétrer dans l'œuf des réductases d'activité intense.
qui produisent de VoxY!:,('nr disponible.
En définitive, ainsi que le pensait Loeb, « l'aclivation de l'ovule s'accom-
pagne àhinc (lugnicntalion des oxydations dont le cytoplasmi- est le siège ».
Mes expériences semblent confirmer cette théorie qui a joué un si grand
nMe dans la parthénogenèse expérimentale.
MiCKOLîioLOGiE. — Des leuco-aL;giulinines.
Note de MM. 31. Weinbkik; et LÉo.v Kepinow, présentée par .M. Itoux.
Au cours de nos recherches sur les leucocidines, nous avons obseivé que
les toxines microbiennes possèdent la propriété d'agglutiner les leucocytes
du cobaye. Nous sommes surpris que ce fait n'ait pas encore été signalé. Il
est cependant facile à observer avec la technique suivante :
SÉANCE nu 4 Avuii. 1921. 88 1
l'nur oblenii de-- leiicncyles, dm iiiji'cte tlans lu péi itoiiiL' du cobaye "i"^'"' (ItiinuKIciii
slérilisëe de Melliirs l'ood {w pour luo 1. 11 est piéféiable de st; serxir de col)aje> pré-
parés par une injection anh'-rieure de 1""' de la même siibslance. Le cobaye est saiirrié
à blanc i4 à 16 heures après l'injeclion. On pialir|ue ensuite une petite ouveiture nu
niveau du péritoine, et l'on introduit dans la caNilù abdominale 00""' à '10""' d'ciiu
oxalatée (oxalale de soude à i pour 100).
L'exsudal péritonéal, en général, trè-~ licbe en leucocvle-^ (So à looooo ptr ruilll-
iiiètre cube) est recueilli au moven d'une pipette à boule. (lon'^erM'à la i;litclère, il
peut servir pendant deux ou trois jours. Ouelquefoi^ les leucocytes sont plus facile-
ment agglutinables '.'^ heures après leur préparation.
I^our pratiquer l'expérience, on verse dans de petits tubes o'''"'', 3 à o""', ."> d'ém ulsion
leucocytaire, i""',7 a 1''"',.") d'eau physiologique, puis des doses décroi-sante^ (o''"'',.3,
0'^"'\2, o''"'', I, etc.) de toxine à étudier, l^e mélange Itien secoué est placé ensuite pen-
dant ■>. à 3 heures à l'étuve à i-°.
Pour bien observer la leuco-agglutination, il faut relournei- une ou deux fois chaque
tube de l'expérience, saisi entre l'index et le médius, et bouché avec le pouce.
Les leucocytes oui une tendance njitiii^elle à s'agglutiner, mais celte
légère auto-agglutination ne présente jamais Tinlensilé du phénomène
observé après l'action de la toxine. Dans le tube oii les leucocytes sont
agglutinés, le liquide est clair, mais parsemé de flocons leucocytaires qui
tombent rapidement au fond.
Les toxines que nous avons étudiées sont celles du ^. prr/'ringens, V. sep-
tique, B. sporoi^enes, H. aerofœlidiis., IS. /listo/Ylicas, B. tetani, H. proleus,
B. diphtérique, B. de PfeiiTer, staphylocoque et pneumocoque. Le pneu-
mocoque, le B. diphtérique et le V. seplique donnent la leuco-agglutinine la
plus active. Le B. sporogcnes et le B. histolytique sont presque complète-
ment inactifs. La leuco-agglutinine bactérienne est détruite par la chaleur
(3o minutes au bain-marie à 58"-6o°).
En général, le pouvoir leuco-agglutinanl d'un microbe est d'autant plus
fort que sa virulence est plus marquée. Ainsi, des quatre souches de pneumo-
coque mises à notre disposition par notre collègue M. Truche, les trois
premières, très pathogènes, se sont montrées également très leuco-aggluti-
nantes. Par contre, la quatrième, dépourvue de tout pouvoir palhogène, est
restée sans action sur les leucocytes.
Il n'existe pas de rapport entre la propriété leuco-agglutinante d'un
microbe et son pouvoir toxigène. Un luicrobepeu toxique, comme le pneu-
mocoque, possède un très fort pouvoir agglutinant. Il n'existe pas non plus
de rapport direct entre le pouvoir leucocidique et le pouvoir leuco-agglu-
tinant. Dn microbe peut produire une très petite quantité de leucocidine.
tout en étant fortement leuco-agglutinant, comme c'est le cas du B. diphté-
C. R., 1931, 1" Semestre. (T. 172, N« 14.) ^^
882 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rique. Pour d'aulres, le pouvoir leuco-iii;glulinant croit avec le pouvoir
leucocidique. (]ependaiil, pour déceler- ce pouvoir agglulinant. il est néces-
saire d'employer des doses 1res l'aihles de toxine, car les doses fortes
amènent rapidement la dégénérescence vacuolaire des leucocytes et
empêchent ainsi leur agglutination.
L'action hnico-aggliitinantc des toxines microbii-nnes s'exei'Cr également
?'/? rivo. Il suffit, pour lo démontrer, d'injecter dans la cavité péritonéale
(les cobayes, préparés la veille avec du Mellin's food, une dose convenable
de toxini'. A l'autopsie, 2 heures après l'injection, on constate la formation
d'énormes paquets de leucocytes agglutinés se trouvant dans la partie la
plus déclive de l'intestin, collés soit à la surface de l'intestin, soit à celle du
mésentère. Très souvent, il se détache de ces amas des filaments blanchâtres
(formés quelquefois de leucocytes et de fibrine) qui atteignent K's anses
intestinales \oisines et viennent se fixer sur la paroi abdominale. De gros
flocons leucocytaires flottent quelquefois dans l'exsudat péritonéal.
Ces faits nous permettent de penser que les leuco-agglulinines micro-
Ijiennes jouent un rôle dans le mécanisme de la formation des fausses
membranes qu'on trouve dans les séreuses enflammées et dans certaines
angines. Il se peut aussi que la leucopénie observée dans certaines maladies,
ainsi que celle qui survient à la suite de l'ingestion de substances pro-
téiques soit due à la leuco-agglulination in rho. Eu <'fl"et, le sérum de cheval,
le petit lait agglutinent les leucocytes lavés du cobaye. L'expérience de
séro-leuco-agglulination doit se pratiquer avec des leucocytes lavés. La
séro-leuco-agglutinine est détruite par le chauffage de 3o minutes à ^o'-Oa".
(Quelques faits nous permettent de croire qu'il serait utile de revoir, à la
lumière du phénomène de la leuco-agglutiuation, la question de l'ana-
phylaxie et celle de la chimiotaxie négative. Ainsi, les. leucocytes des
cobayes anaphylactisés sont beaucoup plus aulo-agglulinables (|ue ceux des
cobayes normaux. Un autre fait curieux : l'exsudat péritonéal d'un cobaye
injecté avec de la toxine du V. septique est pauvre en leucocytes et, cepen-
dant, la j)orlion terminale des vaisseaux lymphatiques du mésentère est
distendue par des leucocytes tassés les uns contre les autres; pas de leuco-
cytes dans les es[iaces périlymphaliques.
Ainsi, si l'on s'était contenté d'examiner le licjuide péritonéal, on aurait
pu conclure à une chimiotaxie négative, alors qu'en réalité les leucocytes
ont été attirés en masse dans le péritoine, mais arrêtés en roule, blocjnés par
la leuco-agglutinine dans la partie terminale des Ivuiphaticpies.
A 16 heures et (juart, l'Académie se forme en (Comité secret.
SÉANCE DU fi AVRIL iq2I. 883
COMITE SECRET.
La Section de (jéoinéli'ie, par l'organe de son Doyen, présente la liste
suivante de candidats à la place vacante par le décès de M. (je.orgcs
Hiirnberl :
En première ligne M. Emile Borrl
En seconde ligne M. IIknri LKREsnri':
i MM. ÉiiE Cariaiv
En troisième ligne, e.r œt/uo \ Ji'les Dka<:h
pur ordre atpluibéticjue 1 Claude Guichard
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à i- heures.
Erxest Vessiot
E. P.
>S84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLI0(;RAI>HIQITE.
OUVRAGBS RFÇUS DANS LES SÉANCES DE FÈVIllEn 1 92 I .
lAésullals des campagnes scleiuiliques accon)j)lies sur son jaclil par Albert I""',
|)rince souverain de Monaco. Fascicule LV : Afadréporaires, par Ch. Ghavieh; fasci-
cule LVI : Coniribudon à l'anatotnie du Simenchelys parasilicus GUI, par Maurice
.Iaquet. Imprimerie de Monaco, 199.0; '. vol. 36''"'. (Présentés par S. A. S. le Princr
de Monaco.)
Microbiologie appliquée à la transformalion des produits agricoles, par E. Kav-
SKR. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1921; i vol. ig"^™. (Présenté par M. E. Lindet.)
Microbiologie appliquée à la ferlilisalion du sol, par E. Kavser. Paris, .I.-B. Baii-
lièi-e et fils, 1921; 1 vol. 19''"'. (Présenté par M. E. Lindet.)
Histoire naturelle des Trochilida' (Synopsis et Calalo^ue), par KicIîne Simun.
Paris, L. Nuio, 1921; 1 vol. 2^î™,5. (Présenté par M. E.-L. Bouviei.)
Les industries chimiques et la production générale en France, pai- E. l•'l.EURE^T.
Paris, librairie de l'enseignement technique, 1920; i vol. 19'"'.
/■'squisse d'une théorie nouvelle de la lumière, par Sien Lothkjis. SlocUiolm.
M.-Tli. Dalilstriim, 1920; i fasc. iS"^"*.
Définition and resolution, pai' ^^ li.i.tAM 11. Pickeiiinc Reprinlcd frnm l'npuhtr
Astronomy, 1920; i fasc. 2.5'"'.
The Orthographie Projection of a Sphère, pai- \\ ii,i,ia>i 11. Pickeiiinc;. Keprinled
from Popular Astronomy, i92o;. 1 fasc. 25''"'.
() Problema das seccas do ISordeste resolvido por l.i 1/ .Maiiian(i he Barros lin i!-
MER. l'\io-ilL'-.lMneiro, Villas Boas. 1920; 1 vol. 23'"'.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 11 WIUL 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Gkoh(;es LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE LAGA.DÉMIE.
HYDRODYNAMIQUE. — 5a/- le mouvement périodique d' un fluide.
Note (' ) de M. Paui. Appell.
L'objet de cette Note est d'attirer brièvement l'attention sur un genre
particulier de mouvement d'un fluide, qui s'observe fréquemment et dont
les types les plus connus sont les fontaines intermittentes et les mouve-
ments oscillatoires. Dans ce genre de mouvement, qu'on peut appeler
périodique, les quantités désignées habituellement par u, r, (r,/^, p, dans les
notations d'Euler, sont des fonctions de j", t, ^, /, qui reprennent la même
valeur quand l augmente d'une certaine jiériode T ; elles sont donc déve-
loppables en séries de Fourier suivant les sinus et cosinus des multiples de
^^> les coefficients de ces séries étant des fonctions de .r, y, z. La force
F(X, Y, Z) rapportée à l'unité de masse est, au contraire, indépendante
de ^, comme la pesanteur. Sans insister sur les conséquences analytiques,
nous nous bornerons à remarquer que, si o ( a?, y, z, t) est une des fonctions
périodiques de t que Ton est amené à introduire, l'intégrale partielle
f,
. àt,
prise en regardant x, y. z comme constants et désignant par n un entier
positif, est nulle ; cette propriété évidente remplace celle qui, dans le mou-
(') Séance du kj mars 192 1.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N' 15.) "7
886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
veinent permanent, consisle en ce que -^ est nul. Par exemple, avec les
notations habituelles, le théorème de BernouUi est remplacé par la relation
où -- indique une dérivée totale par rapport au temps. Tintégralion étant
partielle par rapporl à la lettre /.
Soient
i(, MIT.
\-l
7=0
ir.t . . 2-1
y2 - / . -2 -
■i-t
les coefficients c/, h, c, a, 3, y étant fonctiims de .r, y, z. Les compo-
santes ;, Y], 'i du vecteur tourbillon sont données par des séries analogues
dont les coefficients sont
Or (Jz ûy Oz-
11 peut arriver que ces derniers coefficients soient tous nuls, evcepté ceux
d'une des lignes trigonométriques. Les lignes de tourbillon sont alors fixes
dans l'espace, comme dans le mou\emenl permanent; mais le moment d'un
filet de tourbillon varie périodiquement avec t, sauf dans le cas où les seuls
termes subsistants correspondent à v = o.
ASTRO.NOMIE. — Obseivations de l'crlipse de Soli'il du ~ nvril 19-21
à l'Ohsiixdtoire (If Paris. Note de M. lî. Baillaid.
In^lruiiu'nt.
Dist.
fociile.
l)UV'
..bj,.cl.
l'i^M'l' •
l'.rossiss'.
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Lun"'' Hermag
s I , 2
I'.
1 '.
C-)
•i. '.2
(') Peut-être erreur de i"'.
('-') 01)ser\alion diiecle de riinai^e focale sur un \erre di'poli.
SÉANCE DU lî AVRIL I921. 887
PALKON'lOLOGli:. — ( ommeni ont apparu cei laines formes nouvelles : Rudisics
et C/itiii/es, \l\lilus et Dreissensia, Anomia et Paratiomia. Note de
M. H. Douvii.i.É.
Le mode d'apparition des formes nouvelles a souvent préoccupé les
naturalistes. Les Ijamellibranrhcs se prêtent particulièrement à cette
étude : c'est qu'en effet ils se nouirissent exclusivement des particules ali-
mentaires amenées par le courant d'eau qui traverse leur coquille, il en
résulte que la recherche et la poursuite de la nourriture se trouvent
réduites à un minimum; dès qu'ils ont rencontré un courant d'eau suffisam-
ment chargé de matières assimilables, ils n'éprouvent plus le besoin de se
déplacer; aussi un grand nombre de formes arrivent à se fixer plus nu
moins complètement.
La fixation peut être accidentelle ; l'animal se trouve placé dans des con-
ditions différentes de celles où il vivait précédemment et c'est alors que
prennent naissance des formes nouvelles.
L'exemple des Rudistes est un des plus nets : les Diceras apparaissent
brusquement au cominmcement du Jurassique supérieur et j'ai fait voir
qu'ils résultaient de la fixation d'un Cardium par soudure directe de sa
coquille : un jeune animal dressé par les courants est couché sur le coté et
arrive à se fixer par ce procédé bien connu; l'eau était chargée de parti-
cules alimentaires, l'animal a prospéré, s'est développé et s'adaplant à sa
nouvelle vie a fait souche non |ilus de Cardium, mais de Diceras.
Une transformation analogue a donné naissance aux Chama, vers la fin
du Crélacé, probablement par la lixation d'un Corbis. Dans les mers
actuelles \e?, Myadora en se fixant tardivement deviennent des Myochania,
sans se modifier d'une manière très notable. Mais les Chamostrea ont pris
tout à fait la forme des Chain /, en conservant le test nacré et l'osselet liga-
mentaire de leur ancêtre, peut-être un Verticordia?
La loi générale de rbérédii.' u'esl donc pas absolue; les enfants ne sont
en réalité semblables à leurs p 1 ■i'ni>, q le lorsque les conditions de vie n'ont
pas changé.
Le mode de fixation a une gr ni le i'nporiance au point de vue des modi-
fications qui en résulteui; . W tnoMiié (pie la fixation par un byssus
avait pour conséquence l'aii > due pr igre^sive du muscle adducteur anté-
rieur et c'est ainsi que pre 1 iii^-iance 1- grand groupe des D\sodontes,
d'abord Hétéromv aires, pm \1 monyairis. (^uehjue Tanodonte ou Acti-
888 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nodonle paléozoï(|ue é(|uivalv(' vivait normalement en rampant sur le fond
de la mer; de très jeunes individus sont jetés au rivage par les courants,
dans un moment de calme ils parviennent à se fixer par leur pied (|ui
sécrète une sorte de mucilage, durcissant par l'action de leau de la mer;
c'est le Ityssus, ici plus ou moins filiforme. L'animal est halloté, mais n'est
plus entraîné, et sa co<|uille reste svmétri(|ue; la nourriture est abondante,
il fait souche de Mylilus.
A une épo<jue plus récente, un [^amellibranclic tout difîérent, proba-
blement un Astartidé, arrive à se fixer d'une manière analogue et sa co(|uille
prend la forme d'un Mylilus, ce sont les Dreissensia : l'analogie est telle
<|u'on a longtemps rapproché ces deux genres, mais le nouvel animal n'a
pas le test nacré et il a conservé la structure du manteau caractérisli([uc des
Hétérodontes. Ici encore le changement d'habitat a complètement modifié
la forme de la co(iuille.
Une transformation analogue à celle des Mviiùis, mais dans une eau plus
profonde, moins agitée, plus riche en matières nutritives donne naissance à
des co(]uilles de plus grande taille et (jui se couchent sur la valve droite, ce
sont les Avicules, fixés aux rochers par un b\ssus proportionné à leur taille;
la coc|uille est devenue iné([uivalve.
Mais sur un fond de sable ou de vase où les points d'appui solides font
défaut, l'animal ne peut guère se fixer (|ue sur des co<|uilles mortes plus ou
moins roulées par les courants. Un jeune D\sodonte ne trouvera à s'\ fixer
et à s'y développer ([u'en se cramponnant et se collant sur son appui; il ne
pourra y réussir qu'au moyen d'un byssus très court et très robuste. C'est
ainsi que s'est formé le type Anomie.
On sait comment le byssus ainsi constitué l'ait obstacle au dévelop|)cmenl
de la partie antérieuie de la valve Hioite sur laquelle l'animal est couché.
La partie postérieure seule s'allonge, s'élargit, contourne l'obstacle et vient
rejoindre la |)artic antéiieure; le byssus se trouve complètement entouré et
logé dans une sorte d'ouverture de la coquille ; en même tem])S il se calcifié,
c'est la cheville des Anomies. Ce niodi' de fixation est très particulier, mais
il faut s'attendre à le retrouver dans des groupes difiërents.
L L<' genre Anomia |)ro|>remeiil dit (groupe de VAn. e/i/iip/)iuni) a des
caractères spéciaux : la co(|uille <>st 1res mince, nacrée; la valve inférieun-
se moule sur son appui, tandis (jue la valve supérieure est plus ou moins
capuloïde; la valve inférieuie conlourne bien l'obstacle, mais elle ne vient
pas se souder à l'extrémité anléneuve; celle-ci s'épaissit et constitue une
apo|)liyse solide servant de supjiorl à un ligament en forme de croissant.
SÉANCE DU II AVRIL igai. 88q
Le tcsl est profondément modiliê : les couclics cvtcrncs sont devenues
nacrées, mais sur la valve droite elles ont conservé la te\ture |iiismati(nie
des Aviculidés; les couches internes sont réduit<"s à la lâche blanche qui
entoure les ini|iressions musculaires. Celles-ci sur la valve droite sont
Impressions musculaires el lâche lilanclie de la valve j;auche des Anoniics.
Fi;;. 1. .1. ephippiuni, Linné de la Manclii — 1. A. plaiiiilala. Desh., du Luléliei'S
de Parnes. — 3. .4. sp. du Cénoiiianicu du Mans. — 1. .L suprojarcnsis, Buv., du
MonI Laniberl ( iioulnunais). a, adducteur; p, /;', u. les trois impressions pédiouses.
réduites à celle d<' ladducteur. tandis que sur la valve gauche on observe
en outre trois im|)ressions des muscles [iédieuv : une [iremière/?, placée à
côté de l'adducteur et presque de même grandeur, une deuxième// ])lus
importante et j)lacée entre la précédente et la région dorsale, enfin uni' der-
nière // beaucou|) plus petite, dans le voisinage du liganKmt.
Cette disposition, bien caractérisée sur Y An. cphippium^ se retrouv(î sans
modifications notables siîr les formes du Miocène (.4. sqiiama Brocchi) et de
l'Kocène (A. planiilata Desh.). Miss Gardner a figuré des impressions ana-
logues dans les espèces du Crétacé supérieur du Maryland (A. argentaria
Morton; .4. ornata Gabb ) ; dans A. forteplicata Gardner, lesdeuv pédieusi'S
semblent se réunir. J'ai moi-même retrouvé la même disposition dans une
esj)èce du Cénomanien du Mans et dans VA. siiprajuiensis Buvig lier, des
grès du Mont Lambert, où les deux impressions pédieuses ^ etyj' ne sont
qu'incomplètement séparées, la coquille conserve toujours la même consti-
tution.
Xous n'avons pas encore pu observer les caractères internes sur des
espèces plus anciennes.
Un rameau assez particulier se détache àWnomia dans TEocène de
l'Afrique du \ord ; il est constitué par le genre Caiolia. J'ai pu observer de
jeunes individus fixés sur une coquille à^Heligniotenin à la fois à l'intérieur
et sur la surface externe; ils sont extrêmement minces, la valve supérieure
est ornée de côtes rayonnantes très fines. Le byssus est constitué comme
dans Annmia par une cheville ou plaque calcifiée présentant la structure
Spo ACADÉMIE DES SCIENCES.
fibreuse caractéristique; elle est assez éloignée du bord ( ' ). La niêmp
espèce est largement développer en l'igyple, où elle alteint une grande
taille; les deux valves sont plates et à peu près circulaires, ce qui montre
qu'elles se sont libérées de leur appui. Le byssus est très variable, tantôt
il correspond à une large ouverture, exactement semblable à celle des
Anomies, tantôt il se rétrécit et la cheville calcaire haliiluelle paraît se
souder aux parois d<- l'ouverture, tantôt enfin celle-ci est recouverte et mas-
quée par les couches internes. A l'inlérieur on observe, comme dans les
Anoinùi, les trois impressions musculaires, mais les pédieuses s'écartent
davantage et l'impression /? est relativement moins développée. Cette modi-
fication du lype Anomi/i est inléres>-ante, parce quelle permet d"y rattacher
les l'Iacuna dont la coquille est semblable à celle de- Carniia, mais l'ouver-
lurc byssale a presque toujours disparu complètement; l'absenci- de bvssus
explique celle des impressions pédieuses. Le ligament s'est profondément
modifié, l'apophyse en croissant des Caro/ia s'est allongée des deux oités
et s'est transformée en un chevron formé de deux minces lames droites; il
existe, en outre, un ligament marginal ondulé, rappelant un peu celui des
Ci-e/iatuh/.
IL l']n i83o, Sowerby proposait le genre l'Iucund/wmin pour une
coquille vivant sur la côte du Pacilique de Costa-Kica ( 7V. Cumingi )\ elle
présente, dit-il, les caractères des Ostrea et des Plicatiila. par sa forme et
son ornementation des Anémia par sa perforation byssale et des Phicima
Fig. 5, (j. /'/acitiiaiiofiua Ciiniin^i, lîrod.: .">, \;il\(* ^iiuclic inonli'atU les iiiijni-ssions de i'addiu'tcui '/
et les deux impiessimis pédieuses p el ii\ Ij. valve droite, monlriinl laddueteiir et la rhevillc lîbicUsc
de lixation. — 7. Pododesontix riidh. lîrod., Aiédilerranée. — 8, i). l'araiiomia svalira, Morton, de
la craie supérieure du Tecincssce. les deux valves. — 10. /'ii/iiint( < (irsenleus. Cuiiiad. du même
iineaii. -- II. Impressions niu-culaires de la \alve sii>i. lie d'A^iciihi liirriiliiiu. d' \ icaelimi.
par son ligament. Cette coquille se distingue immédiatement des Anumiu
par sa taille plus grande, son test plus épais, où les couches externes ne sont
plus nacrées, et sa plus grande indépendance du support; elle ne se moule
(') I.' l'^nccni' lin Soiif/ii/i i-l lin Sénv:,'(il {/lut/. Co/)i. /Jl. Iiisl. et se. ilc l\\fri<iue
lier, frniiidisc. avril-juin 19 !0. j). >.')-. Jlff. 11, |)l. III. /'),'. 4^.
SÉANCE DU II AVRIL I921. 89I
sur lui que pendant sa jeunesse et prend ensuite sa forme propre qui est
celle d'une huître à gros plis, l'ar suite de l'épaisseur de la coquille, la
perforation hyssale prend une forme conique oblique; le byssus, ou plus
exactement la cheville qui le représente, se sonde plus ou moins rapide-
ment an test, mais en ('onservant sa texture fibreuse caractéristique. Le
ligament rappelle en eflet celui des l'Iaridia et est porté également par une
apophyse en chevron, mais plus robuste: ce qui augmente encore l'ana-
logie, c'est (juc sur certains échantillons on voit s'ajouter un ligament
marginal ondulé {fig. G). Ce caractère n'est que secondaire, car nous avons
vu que Placima dérive de (arolia où le ligament est en croissant; c'est en
réalité un caractère évolutif. Ce qui est plus important, c'est qu'il n'existe,
qu'un seul muscle pédienx à côté de l'adducteur, au lieu de deux.
En 1860. Conrad décrivait un Planinanomia Saffordi et un Pi. lineata de
la craie supérieure de l'Amérique du Nord, et en 1867 il proposait pour ces
formesle genre /'(^//v/nomîrt. En 1898, Dali considérait ce genre comme insuffi-
samment défini, par suite les caractères internes n'étant pas connus. Cette
lacime a été comblée récemment par M. lîruce ^^ ade qui m'a communiqué
des écliantillons du Ténéessé parfaitement conservés (Jig. 8 et 9) : l'im-
pression pédieuse et la cavité byssale sont exactement disposées comme
dans Pim-uniitiomia, mais l'apojjhyse ligamentaire est différente et a une
forme triangulaire à base arrondie; la surface d'attache paraît aussi bien
plus petite. Ces caractères sont exagérés dans Plncunanomut Eglcstom,
Hayan, de Californie (et vraisemblablement aussi de la craie supérieure).
Des formes analogues ont été citées en ilurope : P ododc sinus {V\\\\vç^\,
1837) est représenté dans la Méditerranée par P. radis {fig. 7) qui a la
forme générale d'un Aiiomia., mais s'en distingue par une impression
pédieuse simple, par un ligament triangulaire et par une ouverture byssale
obturée par une cheville fibreuse, disposée exactement comme dans Placii-
nrinomia. Ces mêmes caractères se retrouvent dans Placunanomia sella.
Tate, de l'Kocène d' Vustralie et au nioins dans une espèce de !'< Higocène
de l'Allemagne, confondue probablement à tort avec Aiiomia pdlrlliformis.
Linné.
En résumé, on voit qu'il existe un deuxième rameau bien différent des
Aiiomia typiques, caractérisé principalement par son muscle pédieux simple,
par sa coquille plus épaisse, de structure normale et moins déformée, par
son ligament triangulaire et par son logement byssal l)ien plus allongé ;
il débute dans la craie supérieure de l'Amérique du Nord par Paninoima.
se prolonge dans le Tertiaire d'Europe et d'Australie par Pododesimis,
892 ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore vivant dans la Méditerranée, tandis qu'une forme plus évoluée,
Placunauomia, avec apophyse ligamentaire en clievron. est représentée
aujourd'hui dans le Pacifique.
III. Un troisième rameau correspondant aux l'iih'iniles Defr., de la craie
supérieure, bien figurés par Sowerby (Gênera of shells) et caractérisés par
un ligament de Pcrna. M. Bruce Wade en a communiqué à mon ami
Gossmann un très bon échantillon (/Z^»^. 10) qui montre des caractères internes
analogues à ceux de Parnnomia ; d'après la figure donnée par Fischer,
Hypotrema du Jurassique présente un ligament analogue et une seule
impression pédieuse, également marquée de costules rayonnantes.
En résumé, nous voyons que la famille des Anomiacés est bien nettement
hétérogène et qu'elle comprend au moins trois rameaux : le premier, celui
desAnomia, remonte au Jurassique et se rattache peut-être par les Phtcitnopsis
aux Pseudomoiiolis du Trias ; le second dérive des Paramomia, qui par leur
impression pédieuse simple rappellent les Avicules {Jî;j;. 1 1), enfin un troi-
sième se rattache incontestablement aux Pernidés. l'ous ces rameaux
proviennent d'une même modification, raccourcissement et durcissement
du byssus; par ce simple changement on peut se rendre compte quune
coquille du groupe des Monotis est devenue un Anomia. qu'une Avicule est
devenue un Paranomia et une Perne un Hypotrcinn.
En résumé : on sait que les coquilles libres peuvent se fix<'r, elles
changent alors de forme ; c'est ainsi que les Peclen deviennent des Hinnùes
ou des Spondyles ; dans cet exemple la fixation est tardive et il est facile de
remonter à la forme primitive. Il n'en est plus de même quand elle est
précoce, et alors les formes nouvelles semblent a[)paraître brusquement.
J'ai pu cependant remontei- des Uiceras aux Carcliitm. et avec quel(|ue
probabilité des C/ianm aux Corhis.
Le changemeni de forme dépend du mode de fixation; par un même
mode de fixation, des animaux très dillérenls peuvent prendre des formes
presque semblables, et l'on a été ainsi souvent amené à placer dans un même
groupe, dans ce que j'ai appelé un « genre fagot », des espèces sans aucun
lien de parenté réelle. G'est ce que je viens de montrer pour les Anomies.
Dans les cas que je viens dépasser en revue, il semble que les change-
ments résultent d'une fixation accidentelle, d'où les conclusions suivantes :
Gertaines formes nouvelles résultent d'un accident,
belles deviennent stables par adaplnlion.,
Et se perpétuent alors par hcrêdilè.
SÉANCE DU II AVRIL 192I. SgS
SPECTROSCOPIE. — Sur /'atilitr en Astroiioniic pliysiqiie de lu considération
de sensibililè des raies sprclndrs. Noie de \l. A. de Gramo.vt.
L'origine el rallrihutioii des raies spectrales fournies par les diverses
régions du Soleil ou par les étoiles des différentes classes, est, on le sait,
l'un des sujets les plus importants de l'Astronomie physique. La solution
de cette question pourrait être, sinon complètement donnée, du moins en
très grande partie résolue par la speclrochimie quantitative des éléments,
(^u'il nous soit permis d'en présenter ici quelques exemples :
La sensibilité de certaines raies privilégiées, dans dos sources électriques
variées, peut apporter des comparaisons fécondes avec les spectres solaires
et stellaires.
11 nous faut observer d'abord que les raies d'un même élément, fussent-
elles d'intensités égales, n'ont nullement la même importance représen-
tative de la présence de celui-ci dans la source lumineuse considérée,
l'apparition ou la disparition de ses raies s'échelonnant suivant la propor-
tion centésimale de l'élément dans la vapeur incandescente. Ce sera pour
nous « le principe de la disparition successive des raies », disparition
motivée soit, le plus souvent, par des données quantitatives, soit par des
variations dans les conditions électrothermiques, car un abaissement de
température agit parfois dans le même sens qu'une diminution en teneur,
surtout pour les régions les moins réfrangibles du spectre.
L Dans les attributions qui ont été faites à tel ou tel élément, des diffé-
rentes raies du spectre solaire, il ne me semblerait pas avoir été tenu
suffisamment compte de ce fait que deux raies appartenant à des éléments
différents et de longueurs d'ondes assez voisines pour pouvoir se confondre
avec celle de la raie trouvée, n'ont généralement pas une égale valeur
représentative de l'élément auquel elles appartiennent. Par exemple, nous
trouvons dans les Tables du spectre solaire de Rowland les attributions
suivantes :
3-74.480 Yl?
o6oci.88(. Yt, l'^e
Or les essais de spectrochimie quantitative nous montrent qu'aucun doute
ne subsiste au sujet de l'origine de ces deux raies qui sont parmi les plus
sensibles, et|même les raies ultimes de l'yttrium, aussi bien dans les étin-
celles condensées sans ou avec self-induclion, que dans l'arc. La seconde
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
raie est, pour le fer. d'importance tout à fail secondaire si même elle lui
appartient. De même pour la raie
5io:..-i.| •.... Fr (C.u)
qui n'est, en aucune manière, atlribuabli' au fer. mai> bien au cuivre dont
elle est une des trois raies veites bien connue^, et le- plus sensibles dr la
région visible.
II. Un certain nombre de corps -impies sont considérés comme absents
de l'atmosphère solaire parce qu'aucune de leurs raies n'a pu être identiliée
dans les spectres soit de la lumière totale, soit des différentes régions du
Soleil. Ce sont :
Le bore :
Le phosphore, l'arsenic, Fantimoine, le bismuth ;
Le soufre, le sélénium, le telhiie;
Le fluor, le chlore, le brome, l'iode;
Ij'or, le mercure.
Sans recourir, comme on l'a fait, à des considérations d'élévation de
poids atomiques, ou de densités de vapeurs, qui ne s'appliqueraient dail-
eurs en aucune manière à la moitié de ces éléments, le simple examen du
tableau des raies de grande sensibilité des éléments que j'ai dressé récem-
ment f'^ montre que :
1° Le soufre, le sélénium, le fluor, le chlore, le brome, l'iode ne pré-
sentent ni raies ultimes, ni raies de grande sen-;ibilité. Us ne donnent aucun
spectre d'arc.
2" Le bore, le phosphore, l'arsenic, l'anlimoine, le tellure, l'or, le mer-
cure ont leurs raies ultimes, et leius raies de grande sensibilité, dans la
région du spectre arrêtée par l'atmosphère terrestre, c'est-à-dire de longueurs
d'ondes inférieures à la limite 7.2920 (-).
Pour le bore. Rowland avait compris (' ) la raison de son absence appa-
rente. Il avait constaté que les deux seules fortes raies de son spectre d'arc
(et aussi d'étincelle) A2498. 2497 étaient dans la région arrêtée par l'air.
Mais une raie X3 [Si assez forte de ce métalloïde, visible seulement dans
l'étincelle condensée, sans self-induction, offre une sensibilité qui, avec les
sels en fusion, a pu atteindre jus(jii'aM dix-millième; elle pourrait révéler le
(') Coin/iU-s rendus, t. 171, 1919, |). i io().
(-) J'avais dijà alliii' l'alleullon sur ce fait 1 Co/ii/i/es rendus, t. loO. 1910, p. 3"
(^) \iiier. ./. of Se. t. VI. iN(|i.
SÉANCE DU II AVRIL 1921. SqS
liore dans les ('toiles qui sont le siè^e de foi'tes dédiariies rlcctriques, en la
recherchant a\ec des instruments à optique en crown-iivinl ou en quartz.
Ces dispositifs permettraient aussi de recevoir deux raies de l'iinti-
moine A326S, 32'!3, dont la sensibilité atteint à peu près le millième dans
les spectres d'étincelles des alliages. De même pour la raie ultime principale
du bismuth a3o()8 dont la sensibilité, dans les mêmes conditions, peiil
dépasser le dix-millième, les antres raies ultimes ou sensibles du même
métal étant arrêtées par l'air.
Mais d'importantes recherches de MM. A. Fowler el R.-.l. Strutt (')
ont établi que la partie la plus réfrangible des spectres du Soleil et des
étoiles est masquée par les fortes bandes d'absorption de l'ozone almosphé-
ri([ue depuis a3339 jusqu'à A3089, même pour des altitudes très élevées
au-dessus de 1 horizon. M. Fowler (") a montré, de plus, que le restant,
très affaibli, du spectre solaire présente la bande À3o()4 à "a3o47 ^^ '**
vapeur d'eau. < )n voit donc combien est restreinte l'étendue du spectre où
doivent être retrouvées les raies caractéristiques des éléments, surtout si
l'on admet qu'ils ne sont pas en quantités prédominantes, ou même impor-
tantes, dans l'atmosphère du Soleil.
(^uant aux spectres stellaires, l'œuvre admirable accomplie par l'Obser-
vatoire de Harvard pour le Draper Catalogue, au moyen de prismes-objectifs
en flint, ne fournil pas de raies de X inférieures à 3546- pour les
220000 spectres qu'elle a réunis. Entre celte limite el le commencement
des bandes de l'ozone A3349, existe un champ de recherches qui, bien que
restreint, pourrait être exploré avec avantage avec des télescopes ou des
lunettes portant non plus des spectrographes à optique en quartz, comme
on l'avait cru nécessaire jusqu'ici, mais à optique en crown-uviol facile-
ment translucides pour les longueurs d'ondes supérieures à a3i "5.
Une colonne spéciale à cette région du spectre a été établie dans le
Tableau des raies de grande sensibilité des éléments (^ ), afin de faciliter
les comparaisons d'astrophysique. Nous devons ajouter que les clichés de
spectres stellaires pris par Huggins (M ou par Hartmann (*) au moyen de
spectrographes à optique en quartz, montrent que le très petit nombre
(') Proc. Roy. Suc, vol. \. ()().). 2 octobre 1917.
Ç-) Proc. Roy. Site, vol. A. ()()3. 12 juillet 1918.
(•') A. DE Gramoxt, /<iC. (il.
(') Allas <if Siellar Spectra. Londres. iSyg.
{'") Otto Koiil, Ultravinlellcr Tcil einigci- Fi.rste/ns/ie/./rrn ( Inaiigiiral Disser-
tation). Gotlingen. igi3.
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'étoiles assoz hrillaiilespour étendre lears spectres au delà de la limite des
bandes de l'ozone, ne donneni plus qu'une sorte de Iraînée diffuse où les
raies ne sont plus observables.
m. Malgré le peu de sensibilité du spectre de lignes du soufre, la présence
de ses raies visibles les plus importantes a été constatée par Lockyer (')
dans les étoiles d'Orion, Rigel, du groupe BSA; etBellatrix, du groupe B 2 A,
dix-neuf dans la première et deux seulement dans la seconde. Ces étoiles,
qu'on pourrait appeler rtnilcs à métalloïdes, donnent aussi les spectres de
riiélium, de l'azote, de l'oxygène, du silicium. Lockyer les considère comme
très chaudes, mais la nature de leur spectre et sa composition indiquent
surtout que celui-ci est le produit de décharges électriques inlenses, à
grandes difîérences de potentiel, et à basses pressions. C'est dans ces
conditions surtout que la sensibilité du spectre du soufre se développe en
donnant des raies brillantes et étroites, dans les tubes de Pliickei- de nos
laboratoires.
HYDRAULIQUE. — Sur le ma.rimiiiii de rrndcnwiil des lurhine'i
à libre déviation. Note de M. de Spakre.
Je conserve les notations de ma Note au sujet des turbines à réaction (^j.
Je désigne, par suite, par c,, la vitesse de l'eau à la sortie du distributeur,
par n„ et u', les vitesses relatives de l'eau à l'entrée et à la sortie de la roue,
par «„ et //, les vitesses d'un point des circonférences d'entrée et de sortie
de la turbine, par /•„ et r, leurs rayons, par a,, et !i„ les angles de e„ et tr„
avec u„, par H la hauteur de chute, par [ÎJ, l'angle de ir, avec le prolonge-
ment de W|, et, de plus, par avl et par bi.r\ + rw'l les pertes de charge dans
le distril)Uteur et dans la roue.
Nous auions alors, n „ étant la résultante de c,, et de — «„,
(')
sin((3o — a,,) sina,, sini,,
et. puis(jue la turbine est à libre déviation.
(a) C5=r ■,4,i.ll — rn-^.
Le théorème des forces vives appliqué au mouvement relatif de l'eau dans
(') Proc. Roy. Soc, vol. A. H9, 9 déceinlire 1907.
(-) Comptes rendus, t. 172, ign, p. .")()i.
SÉANCE DU II AVRIL 1921. 897
la roue donnera ensuite
(3) H'^ := ii\^ -i- "î — "li — '"l'f — ''"'(i-
Nous avons d'ailleurs, pour If rendement p. comme dans la Note précé-
dente.
ii'r, r >in î,, cosa., /•; / iv, . \~l
(.1 9— ^A ----S -\ + -■ — cosS, ~ 1 .
^'11 Lsinl ^11— o^o) ''û \ "i /I
Si alors nous posons
(T.,
bin ( 5,1 — «Il I «Il
d'où l'on déduit
,r^ siii-a,,
( 6 ) ■ :::= X- — }. X COS 3!,, + 1 ;
ï-in-(i„ — y.„)
en posant de plus
(7) II', = f/;/, =r p. — «„.
'0
Nous déduirons des relations précédentes
■ ( 8) ( l -h /; ) ^J-- ^ I -i- ( I C ) -ï- ( ^■- — IX COS Kl, ) ^ ,
(9) (■
+ " )p ^^ ~^ ■'' cos^o \{\ — [i- cos5,) .
Si l'on suppose p donné en éliminant a entre les équations (8) et (9),
on aurait pour déterminer .i- une équation du quatrième degré, mais on
peut résoudre le problème avec une approximation très suffisante de la
façon suivante.
Si l'on néglige les pertes de charge et que l'on prenne [J. = 1, l'équa-
tion (8 ) donne jc'- — 2a7cosa„ = o. De plus, pour être dans des conditions
acceptables, le rendement p ne devra pas èti-e trop inférieur à i. Nous
poserons alors
(10) X- — 3.» cosa,,^ -ri,
(11) 0 = 1— R,
(!■>,) m ^-- {\ '^ a)\\. — rt,
11, Y] el m étant des quantités assez petites (' ).
(') CiMiiine nous l'avons dit ilans la précédente Note, on a environ
a^:;ii=:o.o6, C==0,225.
898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les équations 1 S) et (<)) pourronl alors s'écrire
(.3)
(i4)
( ! -t- o I l-i- — I H -^ (I — c )r, = o,
TT- ( 1 y- COS î(| ) =: o:
mais T/i et /, étant tous deux assez petits on pourra, dans le produit ///x-,
négliger les termes L>n i/rr^^. or si nous négligeons les termes rn //- on déduit
de (10 )
x- = 4 l'os-^ii-i- 2n.
En remplaranta" par cette valeur, l'équation ( i '1) devient
y, ( I — .', //' I — 4 '" COS" ^0 -i- -— r ' I y- ''OS .^i ) = o.
En tirant alors r, de réi[ualion (i 3) et portant sa valeur dans cette dernière
relation, on aura
.5)
I I — '. III III — b) y.-— 2(1 — c) co^ j,;j. 4- i -cl-! ^ j
r '■;, „ ;•;: ]
2 /Il \ >.—■ Il C I ^-cii- x„ — 1 -j- f t:z 0.
L 'I '\\
Pour que les racines de cette équation si lient réelles, il faut que l'on ail
/«, étant la plus petite racine de réijuation
(i(i) \\iii-^—'.\iii^\' = o,
où
M
I \ 2 — :; cos-it,!
-;iJ-cos'-a„-+-
l'-i-h
r <:)c.os-l,
J)'ailleurs comme m- est assez petit, on pourra, comme première approxi-
SÉANCE DU II AVRIL 1921. 899
ination, prendre, en noglineiinl les Icrmtsm-,
Si Ton prend pour m la valeur ///,, déduite de (iG). les racines de (i5)
étant égales, on aura pour la valeur correspondante de u.
{ ! cl CO-.3,
On déduira alors de {1 1) et (12) pour le maximum p,„ de p
I — m,
I -h a
Puis (i3) fera connaître Tj. et Tj étant connu, (10) donnera .r. et Ton aura
enfin J3„ par la relation
.1- — cos a,|
( 20 ) cul ( j., — :Z,, ) := -. ;
Sin ^,1
Yj et u. étant calculés, on peut vérifier que la valeur de p,„ déduite de (19)
est assez approchée en calculant par la relation (9) la valeur exacte de p
correspondant lï ces valeurs de /] et a.
En prenant, comme dans la Note précédente.
rt = ^ = (i,iiG. (■ = M,:'.."). a,|= il == '.o", /'i T^ o,8;-,|,
on trouve
/H, =: o,o()5■^ p„,=:(i,S53<) ('), ;->•=; o , N 'i •'^61 '1=0,0949,
,;■ ^ 1 ,g>S-!, ^T — ;=0,Jl6.), p,| = .39".).
Si, partant des valeurs précédentes de w. et de x. on calcule par (9) la
valeur correspondante de p. on trouve p = o.8")3i. soit une différence
de o,ooo5 seulement.
Dans le cas actuel si l'on cherche, en faisant un petit sacrifice sur le rende-
ment, à augmenter la rapidité de la turbine, on n'arrive, contrairement à
ce qui a lieu pour les turbines à réaction, qu'à un résultat très médiocre.
Dans l'exemple donné, si l'on prenait p = 0.83 en sacrifiant donc o,oi>3i
sur le rendement, on obtient - = o, "iSjG. et. si l'on voulait avoir - =0.6,
donc gagner 8 pour 100 environ sur la vitesse relative, on aurait p = 0.8148.
on devrait donc sacrifier prés de 4 pour 100 sur le rendement.
(' ) Si l'on a\ait pris pour ///, la valeur déduite de la formule (16) on aurait trouvé
pour p,„ la valeur 0,8642, donc une valeur cle i pour 100 environ trop forte.
90O ACADEMIE DES SCIENCES.
ELECTIOJNS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à rélection d'un Membre
de la Section de (jéométrie, en remplacement de M. (icoiges Hiimhcrt.
décédé.
Le nombre de votants étant 5_|,
M. I]mile Borel obtient 4'^ suffrages
M. Henri Lebesgue » 4 "
M. Jules Drach » i suffrage
11 y a I bulletin blanc.
M. Emile Iîurei., ayant réuni la majorité absolue des suflrages, est
proclamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
Par l'unanimité de 5; suffrages. MM. C. Jordax, H. Le Chatelier, le
Prince Holaxd Bonaparte sont réélus Membres du Conseil de la Foiidatiun
Loitl/riiil pour les années 1921. 1922 et 1923.
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétlel signale, parmi les pièce> imprimées de la
Correspondance :
i" Nouveau Irnitê des laii.r suiiler/rii/irs, par E.-A. Maiiiel.
2° Discours sur Vèvolulioji des coniidissanccs en Histoire ndliinlle, par
CiF.oucr.s PrNNniKr,. Oualrième l'arlie : XVIH'-X IX' siècles. .'{. Ilotanique.
4. y.oolooie.
SÉANCE DU II AVRIL 1921. 9OI
ANALYSl^ .MATHÉMAi'IQUi;. — Les polynômes v d' Hcrrnile-Didon et les fondions
de Laphire dans l' hyperespace . Noie (')de M. Piekre Humbert, présentée
par M. Appell.
Nous avons rencontré réceiiiinenl(-) les polynômes V'„,.„(^.7) d'Hermite
dans l'expression de la fonction de Laplace en coordonnées hypertoroïdales.
Montrons qu'une infinité de changements de variables analogues, dans l'iiy-
perespacc, conduira encore à des fonctions de Laplace où figureront ces
mêmes polynômes à 2 ou à n variables.
I. Considérons d'abord, dans l'espace à trois dimensions, le changement
de variables
(1) ,r =r l-'(p, c) coso, j' 1= F(o, ff) slno, ;=«P(p, ct),
que nous supposerons orthogonal.
On écrira aisément l'équation de Laplace AlJ = o sous la forme classique
indiquée par Lamé, et l'on en obtiendra immédiatement une solution en
posant
(2) U = U,(p, (7) siii(//( -H 1)9,
la fonction U, satisfaisant à l'équation aux dérivées partielles
où
Ceci posé, nous, déduirons du système (i) un changement de variables
dans l'espace à \ dimensions par les formules
.r — « F('>, 0-), y=t'F{p,r;), ;: = ^/i - «■-— r- F(p, 7), / =; <I>( p. ct).
Si l'on forme l'équation de Laplace dans ce nouveau système (qui n'est
pas orthogonal), on trouve, en tenant compte de (i),
vHSv'i — «-—!■-' — — •
( àiil^i_„i_ç2 du y',_„2_,.i de
d [ 1 - c^ d\J iiv ()U'
^ (^'' Lv'i — ('■'— ''^ ài' sJi — u- — K-' ait ^
(') Séance du 4 avril 192 1.
(-) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. iii6,
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 17^ N- 15.) 68
gO'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on développe alors les termes contenant les dérivées par rapport à u
et V, on recounaitia les premiers termes d'une équation difTérentielle unique
vérifiée par les polynômes d'Hermite, vv„„(«, r),et l'on sera dès lors amené
à mettre la fonction de Laplace sous la forme
où la fonction L^ satisfait à l'équation, analogue à (3),
II. On étendra ce lésnltal à l'espace k n -^ i dimensions en considérant
le changement de variables
.r, ir= f(, F(p, (7 ), .... X„r= /^„F(p, !7),
.r„+i m y I — »j — . . . — iifj l'(p. 5-), a-,n_2r:r «Pi p, c).
La fonction de Laplace pourra alors être mise sous la forme
I = U„(p, 7)"C' ,„,... ,,„„< "i, . . ., "„)■
"O étant le polynôme généralisé par Didon, et l „ satisfaisant à
i) r,, /S' ôVA ,) 1,. 'K <)\ A
— ( /« , 4- . . . -H /",/ -)- I ) ( w I 4- . . . -- '"„ + n F" '^ \J^ U„ =:; O.
Celte formule générale s'applique d'ailleurs aussi à l'espace ordinaire,
/? = I, si l'on se souvient que la fonction i;»,„(m) à une variable est égale à
sin [(/n -{- i)arc cos// 1, donc à sin(/n H- i)o si l'on pose u = cosçi.
III. E.vemph's. — a. Partons des coordonnées cylindriques
j.'^pcoso, T^psiri'j, G = ;,
où l'on a donc F = p, <I> =: 7. Nous en déduisons le système à 4 variables
.r=ii^j. r = cp. --'—y V''' — "- - c-, / = /,
où les liypersurfaces a = const. sont des hypercylindres ayant pour base
dans l'espace des xyz le cône (ir — i)x'- + «'( r'' + -') = o. On ttouveia
aisément dans ce cas une solution de l'équation (4), et l'on pourra mettre la
fonction de Laplace sous la forme
l;=p =J ri''/o)t-''' V\„,„(», r 1,
J étant la fonction de Bessel.
SÉANCE DU II AVRIL 1921. goJ
b. Si MOUS passons des coordonnées
,c=:\/^' — I sin 0 coso.', v:=\jrj- — isinOsiiio, ; = &cos(/.
appelées xp/téroidtdcs par les auteurs anglais, aii\ cooidonnées que nous
appellerons liyprrsplii'nnddk's dans l'espace à n -1- 2 diineii siens,
Xi = «I sinQ ^ p- — I , .... J'„= "„ sin ^ \ p- — i ,
J?„+i= sinîi y/p- — I \ ) — f/'j — . .. — //;;, a.v-.i=: p cos5,
OÙ s = const. est l'hypersurface >\\\ second degré
nous trouverons, pour la fonction de Laplace, l'expression
r = c;.,„,^...+„,„-.„(p)c;.„„^_..._ ^„(cos5rc\„, „,,.; u„ ..., »„),
où les C sont les fonctions géi:éralisées de Gegenbauer ('), p étant une
constante quelconque.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Caractères de certaines fonctions intégrables et
opérations correspondantes. Note (-) de M. Arnaud Dexjoy, présentée par
M. Hadamard.
Je renvoie le lecteur, pour les définitions et les résultats ci-après admis, à
mes deux dernières Notes.
Pai- définition, une fonction /" sera dite inlégi-ablc (T, ,) si elle est, sur
une épaisseur pleine, la dérivée seconde ordinaire-approximative, soit -T,"„,
d'une fonction i résoluble (2,5); et Vintégrale T, ,( /', «, A, .r ) à trois limites
a, A, v est, si a et b sont distincts et indépendants de ç, la détermination
unique de §{x) s'aniiulant pour .v ^ a et pour x ^ b. On a
(1) T,,(./; «, b, c) = [c — lj)Â'(a)^(a — c)S(l>)~{l> — a)riis),
d'où, en vertu d'identités de géométrie élémentaire, quel que soity,
(2) («r — c)T,,(«, b, .i::) + {.r—d)T,_AaJ->,i:)
-1- (c — .r)To.,.{rt, b,d)^{b — rt)T,.s(c. d, x),
C) Nous ;i\ons expliqué cette notation dans les Cmiiples rendue, t. 171, 1920,
p. 53;.
(-) Séance du \ avril 1921.
go/t ACADÉMIE DES SCIENCES.
formule pernieltant, si Ton connaît T,,( /,a.b,.v) pour toule valeur de .r
(lanc un intervalle i, d'avoir T, .(y, c, c/. a- 1. quels que soient r, d, .r dans /.
Enfin, les nombres a = .r„. /y = .r,, .r,, ...,.r„_,, .r„ = a^ étant deux à
deux distincts :
; = n - 1
Nous dirons que nous connaissons T,,(y". a. h, c) sur un intervalle, sur un
segment ou généralemenl sui' un ensemble quand nous connaîtrons ce
nombre pour tous les systèmes de valeurs de a, b. c appartenant simulta-
némenl à cet ensemble.
Des quatre caractères des fonctions ? résolubles (2,.v) nous déduisons les
caractères des fonctions f intêi^rubles (T..,) et les opcrations du calcul de
T,,(/,«,/>,c)-
Premieu CAKACTÈr.E (forme la plus léduite ). — Les points au roisinage des-
quels f n est pas lotalisable forment un ensemble non dense E,, d'après le
quatrième caractère des fonctions résolubles (2,*) appliqué au continu.
Soient a, b, c trois points intérieurs à un même intervalle conligu à E,.
La totalisation se prêtant à l'intégration par parties, on a
Cl) T,_,{f, a. /j,c)^ f (bc-i-c, ■)/{.,-) d.r + f (ca-i-ù.r)Jdu-
-H r {al}^c.r)/d.v.
Le calcul du second membre ( où les intégrales sont des totales) sera la
premièj-e opération.
Deuxième caractère. — En vertu de la continuité (premier caractère ) des
fonctions résolubles (2, s ), si le nombre l^.,,,(^f, y., [ï, y) est connu, et si a, |i, y
tendent respectivement vers a, b, c, T.,_,(f, a. [51, y) tend rers une limite qui est
par définition Tn.jt _/, a, b, c).
Ce passage à la limite sera la deu.iièinr opération de l'inlégialion T.^.
Cette opération nous fournit en particulier T( «, b, c) :
1" sur un segment quand nous anions ce nnmbre sur l'intervalle ayant les
mêmes extrémités;
■2" sur un ensemble parfait V. connaissant T(^/, b, c) sui' un ensemble E
partout dense sur V.
Nous obtenons donc T(a, b, c) sur lout segment contigu à E,.
SÉANCE DU II AVRIL I921. go5
Tr.oisiKMi. c.u'.Ac.Ti.ni",. — Il se déduit de rogalité
T,..,(/, a.~z, y., y.-\- D — z\^{y. ~ z\ + J(a H- s) -- 3rf(a)]
et du second caractère des fonctions résolubles (2, s), grâce à la for-
mule (2).
v el s' élanl deux segments adjacents ayant l'extrèinilè commune a, cl sur
chacun desquels Tfrt, b, c) est connu, l' expression
(.r-x)T(a,x s. x) -^- ( y. — a)T( a, x -"r- s, jc)
OÙ a appartient à s el x à s', tend vers une limite quand i tend vers zéro.
Cette limite est, par définition, T^^.(/, o, a, x). Ce passage à limilc
constitue la troisième opération. Klle consiste donc à appliquer la formule (2)
à la suite a, a — £, y., a + î, x, en annulant T(a — £, a, a + î) (et faisant
ensuite tendre r vers zéro).
La troisième opération nous permet d'avoir T(a, h, e) sur tout intervalle
ne contenani aucun point limite de E,. De proche en proche, par une infi-
nité dénombrable d'opérations deuxièmes et troisièmes, appliquées aux
intervalles contigus et aux points isolés des dérivés successifs de E,, on
déduit de T(a, b, c) donné par la formule (4) sur tout intervalle contigu
à E,, T(«, b, c) sur tout segment contigu à P,, noyau parfait de E,.
Prejiier cakactkri: (forme réduite). — Nous le déduisons dans un cas
particulier du quatrième caractère des fonctions résolubles (2, s).
Si l'ensemble parfait P n'admet pas de segments spéciaux et si
T,.,.(/. a. b. c)
r/T(a„. S„,.r)
est connu sur tout se"iiier,l contiiju à P, ou bien : i" - — „
,^„ - y-u du-
aux deux extrémités x^a,, et x ^^ b„. de tout segment contigu u,,, auquel
appartiennent à la fois les points distincts a„ et ,3„ (la différence u„ de ces
deux nombres est alors indépendante de a„ et de j]i„);
2" La fonction 'l égale à f sur P et à —^ sur m„ est totali.sable;
3° /■„ élanl la demi-somme des valeurs de -j- {a,„ b„, .e) pour x = a, et pour
a; = b„, la fonction 7 nulle sur P cl égale sur u„ à — est totalisable.
Ou bien les points de P au voisinage desquels l'une au moins des trois
conditions précédentes tombe en défaut, forment un ensemble H non dense
Ç)o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Soient a, l>, c trois points de P intérieurs à un même inlorvalle w contigu
à H. Posons, B el C se déduisant de A par la permutation de a, h. c, et les
intégrales à eficcluer étant des totales,
A r= / [ ^fi -f- (1 ( .r 'i ■+- y )] dj\
On a alors
To,(/. a. ^, C-) = A + B -H C.
Le calcul indiqué par le second membre sera la quatrième opéralion (dont
la première est un cas simplifié).
Si //,„ esl un contigu de P intérieur à co, la formule précédente donne
T(fl, />, «„,) el !(«, I), 0,„). Comme, par hypothèse, T(«„,, f),„,x) esl connu
si «, <^ v <i ^„,, on a T(a, i, x) quel que soit x sur co, donc T(o, h. c) sur
tout segment CDiitiffii à H.
ASIRONOMI1-: PHYSIQUi:. — Sur le diamèuc apparent de Bélelgrusc.
Note de M. Charles IVordmann.
Soient D, et D^ les diamètres de deii\ étoiles ou d'une étoile et du Soleil.
J'ai indiqué il y a lo ans ( ') que les diamètres sont liés aux grandeurs
photomélriques i', et g., des deux aslres, à leurs dislances à la terre d^ el d.^
et à leurs éclats intrinsèques E, el E.^ par la formule
formule dans laquelle, comme je l'avais établi précédemment (-), on a
(*)
iv.
T| el V ; désignant respi-ctivemeiit les températures efl'eclives des deux
étoiles considérées.
Dans la formule («), -^r indi(jue le rapport des diamètres réels de ces
étoiles et j'en ai déduit les valeurs des diamètres cn'cctils d'un certain
(') Sur Ic^ diantclres ej/'ccli/s c/cs l'/o/ti-^ (f.'n/iip/is rendus, 1. V.Vl. 1911. ji. -j).
(-) Comptes rendus, t. l.'iO, igm, p. .('|S el 60ç).
SÉANCE DU II AVRIL 1921. 907
nombre d'étoiles dont les températures effectives avaient été mesurées (^loc.
rit.\ Si. dans cette formule, on supprime le terme en y> ^y indique alors
le rapport des diamètres apparents des étoiles considérées.
Le professeur Miclielsoii venant tout récemnicnt de déterminer le dia-
mètre apparent de l'étoile Bételgeuse (a Orion) par une méthode intcrfé-
reutielle dont le [)rincipe est dû à Fizeau, et qu'il a appliquée au réflecteur
de 100 ponces de Mount Wilson, il est intéressant de comparer le nombre
qu'il a ainsi obtenu à celui que fournit la méthode (jue j'ai indiquée il y a
dix ans.
Le diamètre apparent de Bételgeuse a été trouvé par \l. Michelson égal
à o".o4G (^').
Quelle valeur fournit, d'autre part, notre méthode indirecte ? J'ai trouvé
naguère pour Bételgeuse une température effective égale à a^jo" absolus
(observations de février 1910). Récemment ^L Le Morvan a repris, sur ma
demande, au mo3en de notre photomètre stellaire hélérochrome la déter-
mination de la température efl'ective de cette étoile. Ses observations faites
par beau temps, le 21 février 1921, en prenant comme étoile de compa-
raison a Taureau pour laquelle nous avions trouvé autrefois une tempéra-
ture effective égale à 35oo° (loc. cil.) conduisent pour Bételgeuse à une
température efi'eclive égale à 2680°. Ce nombre est en excellent accord
avec celui que j'avais obtenu précédemment. En adoptant, pour la tempé-
rature effective de Bételgeuse. la moyenne du résultat de i\L Le Morvan et
du mien, et en appliquant la formule (a) à cette étoile et à a Taureau, on
trouve finalement, comme valeur du diamètre apparent de Bételgeuse,
nombre très voisin de celui (o",o4fî) trouvé par \\. Michelson.
Rappelons, à ce propos, que j'avais trouvé par ma méthode pour a Tau-
reau un diamètre apparent égal à o, 018 (-). Récemment, et par une
méthode analogue à la mienne (^), W. H.-N. Russell a obtenu pour le
diamètre apparent de cette étoile une valeur, o' ,024, presque égale à celle
que j'avais indiquée il y a dix ans. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler
à ce propos qu'ainsi l'introduction, dans les recherches stellaires, des
(') Scienlijic American Mrmlltlv., iiuirs ii)2i.
(^) Comptes rendus, t. 152, 191 1, p. 70.
(') Publicalions <if the Astronomical Sncielv <if Uie Pacifie, décemlti-e rgao,
j). 3i6.
goS ACADÉMIE DES SCIENCES.
méthodes, aujoiirdhui si répandues, notamment en Amérique, qui intro-
duisent la notion déclat intrinsèque vrai des étoiles et ses rapports avec
leurs températures effectives a été indiquée et appliquée en France il y a
plus de dix ans.
Autrefois on se contentait de supposer égauv les éclats intrinsèques du
Soleil et des étoiles. Les incertitudes, ou pour mieux dire les erreurs intro-
duites de ce fait, étaient souvent énormes surtout lorsqu'il s agissait
détoiles différant beaucon|) du Soleil par leur température.
Ainsi, précisément dans le cas de létoile Bételgcuse, la formule (b)
rappelée ci-dessus établit que son « éclat intrinsèque effectif » n'est égal
qu'à 0,007 *^'' celui du Soleil. En admettant pour cette étoile un éclat
intrinsèque égal à celui du Soleil, on aurait été conduit à attribuer à son
diamètre aj)j)arent ime valeur 12 fois trop |)etite, tandis que le nombre
que nous avons trouvé ne diffère di- celui obtenu par Michelson que di- 0.22
de sa valeur, ce qui est un excellent accord dans des déterminations aussi
délicates.
ASTRONOMIE. — Ohscixnlions de P éclipse dr Soleil du 8 avril faites
à rohscivaloire df Sirashour'j;. Note de M. Er\est Esclangox.
L'éclipsé de Soleil du 8 avril (temps civil) a pu être observée à l'Obser-
vatoire de Strasbourg dans d'excellentes conditions atmoi-phériques.
Le ciel est resté d'une pureté parfaite depuis la pointe du jour jusqu'à la
fin du phénomène; seul un •^ç^x\\, assez fort s'est montré assez gênant et a pu
nuire légèrement à la (jualité des images.
Les circonstances dans lesquelles se présentait l'éclipsé (très éloignée de
la totalité) ne permettaient d'entreprendre d'autres observations utiles que
celles des contacts, auxquelles ont été jointes des mesures diverses (mesures
de cordes, écli[)ses de taches solaires, etc.).
Les instruments employés ont été : le petit équatorial ( i(r:>"""). Tallazimut
(i36'""), le chercheur de comètes (162'"'") et diverses lunettes portatives.
Ainsi qu'il arrive souvcnl dans ce genre d'observations, le premier
contact n'a pu être saisi exactement par l'ensemble des observateurs; par
contre une grande concordance est constatée dans les observations du second
contact.
Voici les chiffres obtenus par le premier contact :
SÉANCE DU II AVRIL 1921. 909
Observ.itinus. llouics .jhscrvécs. Ici^liunicnls.
l£sclangon 7''3V26' (t. m. Gr.) Alta/.iiiiul
Daiijon j''34"'ao' (') Petit équalorial
Poui' le second contact, les nombres trouvés sont les suivanis :
obsiTval.'uis. Ileiiies iibserVL'CS. Insliiinu-nis.
Il m «
. i'^sclangon 10.9.41 Altazimut
Calvel(M""^i 10.9.42 )>
,^ . ( lo.Q.Sq ) ,, - . • ,
iJaiiion ^ ■ ,,^ } Petit tiiualonal
Mougier 10.9.39 I^unetle de 108"""
Arico 10.9.38 »
(lohn 10.9.37,5 ))
D'une manière générale le phénomène paraît légèrement en avance sur
les heures prévues.
Les angles de position correspondant aux contacts ont été déterminés au
petit équatorial par M. Danjon, qui a obtenu pour Je premier contact
i>88°4o', pour le dernier d^^^dS'.
ASIRONOMIE. — Éclipse de Soleil du 'j avril 1921 (^Résumé des obseivatioiis
effcctitècs à V Observatoire de Resan{ou\ Note de M. A. Lebeif.
L'écIipse partielle de Soleil du 7 avril 1921 a été suivie à l'Observatoire
de Besançon dans des conditions favorables, cependant diminuées par un
vent violent du XE et la présence, par intervalles, de quelques rapides
cumulus.
Voici, brièvement résumées, les différentes observations faites au cours
de ce phénomène :
(') Ce nombre n"a pas été obtenu directement. Il a été déduit d'un ensemble d'ob-
servations très concordantes sur les cordes au voisinage du premier contact. La même
méthode employée pour le second contact a donné pour celui-ci un nombre conforme
à ceux trouvés par l'ensemble des observateurs observant directement ce phénomène.
{' ) Ç.s deuxième nombre est déduit de l'observation des cordes au voisinage du second
contact.
9IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Obsehvatio>s kes contacts.
T. m. \nii\K
C.reenwicli. ilii pùlc. (Ibservaleiir. Instrument. licmaniuc?.
Preinitr coiUrict.
h m s c.
19.30.48.3 .'.SSjS Chofardet IC<|. coudé Bord solaire ondulaiit.
Dcuj lènic ctinlacl.
2î. 4'''8,2 » Goiidey Eq. droil Bord solaire ondulant.
22. 4-36,1 53,3 Chofardet E((. coudé Bord solaire ondulant.
3i. 4-40iO •> Poutignat Eq. Seciétan Impression d'un léger relard.
Avec t'écjuatorial photographique Secrétan, M. Chofardet a réussi
16 cUchés pendant la durée de cette écUpse.
Sous la coupole de l'équatorial Secrétan, au moyen d'un thermomètre
suspendu à la lunette, en plein soleil, M. Chofardet constate, dans
3i lectures, que la température matinale monte normalement jusqu'à 1 1", 2
à i9''5i™.6, ])uis baisse sensiblement, par à-coups, à 7", 5 vers 2i''9™,
remonte ensuite, avec la réapparition du soleil, pour atteindre iS^.S
à 2i''5/|"',3. temps voisin de celui du dernier contact.
Identiquement, mais en plein air, avec un thermomètre exposé au soleil,
M. Poutignat, parmi ïi lectures, note 8", 6 à if)''5o"'. 5'',.t à 2o''5o"',
puis 11°, 7 à 2i''55™. Sous l'abri ordinaire, à l'ombre, M. Poutignat obtient,
pour les mêmes heures, comme humidité, 60, 62, ')7, et comme lectures au
thermomètre sec, i"."". .'(",7 et 7°,!.
Pendant la plus grande phase, la luminosité, passablement atténuée,
permet à MM. Sallet, Poutignat et .1. Roland d'apercevoir à l'œil nu
Vénus de 20'' 4 V" à 2o'':")8'"; Mercure est demeuré invisible. La campagne
présente alors une teinte blafarde, mais il est constaté que les oiseaux n'en
sont nullement impressionnés.
ASTRONOMIE. — 0/>sen'iitio7) (le f'éc/i/)Sf de Soleil du 8 m-iil i<)2i .
?sote de M. Morei x, présentée par M. IJailland.
I/ob>ervation de l'éclipsé de Soleil du 8 avril i(|2i a été favorisée à
liourges par iiii ciel d'une très grande pureté.
A l'Observatoire, dont les coordonnées sont Lat. lN=47°4'-3 et
o°3'57"E. de Paris, j'ai pu noter les moments des contacts à la seconde près.
Voici les heures observées :
SÉANCE DU II AVRIL 192I. 9II
Picmii'i' cmitact , S'' fS'" './i*
Dernier coiilact 9''59'"4C''
Pendant l'éclipsé j'ai pu faire des observations intéressantes sur les
parties du disque solaire voisines du limbe obscur de la Lune. Un groupe
de taches assez important s'est trouvé occulté xevs 8'' 20". Or, à mesure que
le bord lunaire entamait le groupe, j'ai pu constater que les fdaments déliés
des pénombres que j observais avec un grossissement de 32.") et une admi-
rable définition, n'ont à aucun moment manifesté de déformation, phéno-
mène qui n'aurait pas manqué de se pioduire s'il y avait eu des traces
d'atmosphère à la surface de notre satellite.
Mais 3 secondes avant la rencontre du noyau principal du groupe de
taches, j'ai pu, par contre, apercevoir entre ce noyau sombre et le bord
lunaire le phénomène de la goutte noire, sous forme d'un ligament très délié
constitué par trois lignes sombres parallèles.
C'est la première fois que j'ai été témoin de ce fait au cours des nom-
breuses éclipses que j'ai déjà observées.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Reid (192 1 a) faites à l'Obser-
vatoire de Marseille, Equatorial Eichens de o™, 26. Note de M. Michroviith,
présentée par M. B. Baillaud.
INoiubrc
de m. Log. fact. Log. faet.
âffi. compar. apparente, parall. (0 apparente. parall.
, „ h m s o , „
-I- 8. 3-, 3 10:10 20. ''.(i.3'., 89 9,56(„ — 2.36.29,8 0,789
-+- 1.57,7 18:10 20.27.08,12 9,568,, — 1.24.15,0 0,78']
-t- 2.46,5 18:10 20.27.45,61 9,54s,, — 0.06.42,7 <S77M
— 1.56,5 iS:io 20.27.45,09 9,54s,, — 0.06.41,5 0,779
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
S\ moyenne fîéduction CD moyenne Réduction
*. Gr. 1921. au jour. IQÎI.O. au jour. Autorité.
h m s s o , „ ,,
1 9,6 20.25.45,60 -t- 0,84 — 2.45.12,0 -+- 4,1 Alsph — 2° — ■?39
2 8,3 :).o. 26. 10,09 4-0,86 — i.!6.i6,7 -1-3,8 Al.]iii539
3 10,4 2o.';!7.32,5o -1- 0,88 — 0.09.82.8 -h 3,4 Alg ph — o°256: — 1
h 10,0 20.27.57,08 -H 0,88 — 0.04.4s, i -f 3,4 -'^Igp'i — '"91
liemarrjues. — 4 aM'il. — Comète de gr. 8,0, présentant une forte condensation NF
entourée d'une belle nébulosité, d'élencJue de 6\ — Ciel beau.
5 a\ril. — 16'' 5o™ comète encore \isible, malgré la clarté du jour.
6 a\ril. — La condensation se prononce encore plus fortement.
D.il
19-.
vn
1.
1 I.
Temps moyen
de Maiseille.
h ln_ 5
i5.4o.5o
A
en B.
-1-0.45
98
5. .
i5.32 . i5
-1-0.57,
18
,
6..
i5.45.4'
-(-0. 12,
24
,
t).
. 1 5. 45.41
— 0. 12
33
912 ACADEMIE DES SCIENCES,
ASTRONOMIE. — VècUpsc (le Soleil du ~ avril 1921 à l'Observatoire de Lyon.
Note de M. JeanMascart, présentée par M. B. Baillaud.
La couverture du ciel le matin laissait peu d'espoir d'observer Féclipse.
Un ciel cirreux, avec stratus, donnait des images mauvaises el agitées et il
fallut profiter des éclaircies successives de plus en plus importantes : le
premier contact ne fut pas visible; puis les espaces moins opaques de la
couche nuageuse permirent l'observation de diverses phases; enfin, après le
maximum, on put procédera des mesures assez satisfaisantes.
A l'équatorial coudé observaient MM. J. Guillaume el H. Grouiller. Le
champ restreint des oculaires des micromètres ne permit pas de faire des
mesures de la corde commune pendant toute la durée du phénomène: le temps
libre permit d'expérimenter divers procédés d'observation, et, finalement, on
attendil la possibilité de faire des mesures sur une projection dont l'image
mesurait environ i"',5o de diamètre. En 24 minutes il a été fait \o mesures
de l'angle de position de la corde.
M. Ph. Flajolet et M"*" C. Bac observaient ù l'équatorial Briinner.
Pendant la première moitié du phénomène, on a procédé à 7 mesures de
flèches et 5 angles de position, mesures un peu incertaines par suite de l'agi-
tation des images et de leur faiblesse; à la fin de la deuxième phase,
M. Flajolet fit 32 mesures et M"'' Bac i/|.
Le dernier contact a été noté en temps moven de Lyon :
Il III s
Par M. ,). ( uiillaume >. > . 19. 1 j. 1
l'ar M. ( Irouiller » » 16. t
l'ar M'i^ C Bac > » 18. i
Par M. l'Ii. Flajolet » n 2.'î. i
Vu sidéiostat, M. Ch. Gallissol avait monté le s|)e(iin|)hotomèlre de
^L Gouy, el fut assisté par M"*' \L. Bellemin pnur elTectuer avant, pendant
et après l'éclipsé des mesures s\ stématiques de la quantité de linuière dif-
fusée par une région |)articulière du ciel : la région choisie fut le zénith elles
54'2 estimations d'éclairé ment effectuées sont réparties sur cinq régions déter-
minées du spectre caractérisées par les longueurs d'oncle mo\ ennes o''',G75;
01^,578; o''-,5i'î; o'^-^Go el qi^J\'\-i, parmi lesquelles la région o!^,:j7iS com-
prend les raies de Brewsler. Ces mesures avaient été prévues pour- étudier
le bleu du ciel [lendant la durée de l'éclipsé, par comparaison des "ésultats
obtenus avec ceux donnés par les journées normales, el de voir en même
SEANCE DU II AVIÎII, 1921. 918
temps si l'éclipsé élail ac(Oiii[)agnée d'une niodilication sensil)l-e dans l'inlon-
sité des laies lelluiiqiies. Le ciel est resté couvcit dans la région zénithale
[lendanl toute la durée du phénomène mais assez uniformément, cependani ,
pour que les mesures elîectuées indiquent une variation légulièie de l'éclai-
rement du tiel pendant l'écIipse.
Le thermomètre enregistreur indique, pendant l'éclipsé, une baisse
de o".8. L'hvgromètre, qui était en baisse ra|iide depuis 4'' du matin,
s'arrête de baisser pendant une heure un quail et, au moment du maximum,
remonte même de un centième; sitôt après l'éclipsé, la baisse reprend. Mais
il est à notei' que cet abaissement de température et ce palier dans l'humi-
dité correspondent aussi à la couverture du ciel pendant la première moitié
de Téclipse.
Rien à signaler aux autres instruments ni au masrnétisme.
ASTRONOMIE. — Sur raplalisscmcnt du sphéroïde de Salurnc.
Note de M. P. Stroobam-, présentée par M. B. Baillaud.
Les déplacements de la ligne des nteuds et de la ligne des apsides des
satellites de Saturne résultent de l'attraction du renflement équatorial de
la planète, de celle des satellites et de celle de l'anneau. L'inlluence du
Soleil pour les satellites intérieurs est négligeable.
La première de ces actions est, de beaucoup, la plus importante. Nous
l'avons calculée en nous basant sur l'expression du potentiel, V, d'une pla-
nète, donnée par Callandreau (^Annales de V Obsen'atoire de Paris, Mémoires,
t. 19, p. E.84); en substituant les dérivées de V, dans les équations
de Lagrange, on trouve pour le mouvement du nœud en une année julienne :
at
/Mv/i
OÙ n. (i et e sont respectivement le moyen mouvement diurne du satellite,
le demi-grand axe et l'excentricité de son orbite, M la masse de Saturne,
/la <;onstante de l'attraction, K, et K.^ des constantes qui dépendent de la
masse, de l'aplatissement a, et de la durée de rotation, T, de la planète. |]n
négligeant le carré de la petite inclinaison du plan de l'orbite sur l'équaleur
de Saturne, le déplacement de la ligne des apsides a la même valeur absolue
que celui du nœud, excepté que \ i — e'- passe dudénominateur au numéra-
teur de l'expression ci-dessus.
9l4 ACADÉMIE DES SCIENCES,
^ous €ivons pris les valeurs nuniérifjiies suivantes :
Mr=;^, T = o. 426661. (A. Hall) et y.= — '-^
0490 g.goo
(moyenne de sept séries de déterminalions ). Les déplacemenls des nœuds
de Mimas, Tétiiys et Rhéa sont ceux obtenus par (t. Struve (' ) et le mou-
vemenl du périsaturne de Torbile de Titan est donné d'après H. Struve (-),
ainsi que les masses des satellites utilisées pour le calcul des inégalités
pioduiles par leurs actions réciproques. On a :
Viiloui- Action Action lîi-;idii
Satellite. ohservée. de l'aiilatissciiient. des satellites. O — C.
Mimas — 365,23 — 355, 5i — 0,29 9i43
Télhys — 72,285 — 69,462 — 0,601 2,222
Rhéa — 10,10 — 9>o2i — 0,652 0,427
Titan- — o,5oo -- 0,474-+ +o,oi5 o,oii
Ces résidus vont en diminuant régulièrement avec la distance du satellite
à Saturne, ce qui indique (jue la valeur adoptée de l'aplatissement est un
peu trop faible.
(_)n peut, avec Tisserand ( ^), considérer comme inconnues la correction
de l'aplatissement et la masse de l'anneau, que nous supposons répartie le
long d'un cercle correspondant au maximum de condensation, un peu à
rintérieur de la division de Cassini, à la distance 1,87, le rayon équatoria!
de la planète étant pris pour unité.
( )n est ainsi conduit à quatre équations à deux inconnues dont la solu-
tion donne pour la masse de l'anneau une valeur extrêmement petite et
ncgativr (— o,oooo4, celle de Saturne étant prise pour unité). ( )n peut
donc admettre que l'action des anneaux est sans influence sensible sur le
mouvement des nœuds et des périsaturnes des satellites. V.n supposant
nulle la masse des anneaux et en calculant les inégalités du mouvement des
satellites pour des valeurs de l'aplatissement que l'on peut admettre.
Il priori, d'après les mesures micrométriqiies, comme en étant les limites
:=i).l<ih- ri := i>.ii()o.).
(') Cl. Sriii\K, .-l.v//-. \aclir.. vol. "iOV. 1917. ]i. i!\~.
{-) 11. Stri VK, Piihl. de r(>hsri\-aloirc crnlral Niculus. 2" st-rie. \-ol. I I. 189S.
("') TissKR.VMi. i /i/i'i/cs de /'Observatoire de '/'oii/oiisc, vnl. I, i"'l'artie
SÉANCE DU II AVRIL I921. giS
on trouve, en interpolant de façon à annuler les résidus, les quatre valeurs
suivantes de l'aplatissement de Saturne :
l'iir II" moiivt'meiil du iiœinl île Mimas o. m >3
» « Tétliys o, ii> !-
)i )) Khéa 11 . roSy
.1 péiisalurne de Titan n, m > 1
Mo venue (1, l(i<7 =:
9-71
Il nous parait certain que cette valeur est beaucoup plus exacte que celles
données par les observations directes, qui, comme on le sait, sont, en
général, assez discordantes.
ÉLECiR()-( iPTlQUE. — Sur la structure de la série L.
Note de M. A. IJaivillikis, présentée par M. I']. Bouty.
La connaissance de la série L des éléments de nombres atomiques élevés
est encore fort incomplète. Les travaux de Friman et de Coster ne décèlent,
par evemple, que 8 raies pour le thorium et l'uranium alors que -2^ sont
connues pour le tungstène.
Nous avons repris l'étude détaillée des séries L de l'uranium par la
)iiéthode de M. de liroglie, en employant une assez grande dispersion
( i"^™ sur la plaque équivalait à 7 . io~" cm en longueur d'onde) et un tube
susceptil)le de fournir des poses prolongées avec une puissance élevée.
< .'était un tube à pure émission électronique construit en quartz et évacué
par une pompe à condensation également en quartz. Il était muni d'une
fenêtre de mica de o'°"',02 d'épaisseur et était alimenté sous une tension
continue constante à i pour 100 prèç.
1. Nous avons ainsi déjà mesuré les longueurs d'ondes de 9 nouvelles
raies L de l'uranium dont 7 étaient connues pour des éléments moins
lourds. Ce sont :
r, =: Soi . 10-" i-in : i,,:^7.Sj; j3. = 747; |37= 734,8;
"/:, = G3s,3; V;, =r(3o3; yj= 573,8;
nous proposons les noms de ■;„ et Yt pour deux nouvelles raies de lon-
gueurs d'ondes 597 et 622 ( ' ). Conformément aux résultats de Friman rt
(' I \ous avons, de plus, mesuré les longueurs d'ondes de trois autres raies : 679,
• '>S(> et 711,8. I.a dernière n'est pas la raie \s.a:, du molybdène. Les deux |)récédentes
coïncideraient avec le doublet Vi-jL^y., do l'élément inconnu ( i !). Nous recherclions si
elles ap|>artiennenl bien à l'uranium.
9l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
contrairemeni à Ihypothèse de (Poster, les r;iies [i, et ,3, ne se croisent pas
au\ environs de \ = 90. Ces deux lig^nes ont la même courbure et se
suivent parallèlement sur le graphique de Moseley. La ligne 72,4 est [i. et
non ^3. Cette dernière, moins intense, a pour longueur d'onde 709. Ce
résultat est mis hors de doute par la différence de Somnierfeld y., — ^ij et
le classement des raies dans les trois séries.
Par contre, nous avons vérifié que les lignes y. el y . se croisent liien vers
iN = 81 parce ([ue la courbure de y^ est, sur le graphi(|uo de Mosele\ ,
beaucoup plus accentuée (|ue celle de y,.
Les raies [i,; et y, donnent un cini(uièmc doublet de Sommerfeld comme
Coster l'avait observé pour des éléments voisins du ])latine. De plus, nous
avons retrouvé la raie Ji- ([ui est diffuse et paraît être complexe. Elle donne
avec yc une sixième différence de Sommerfeld (|ui voit son existence con-
firmée par le fait ([ue nous l'avons retrouvée entre les raies 1079 et 1220
déjà signalées pour le tungstène. La première doit donc prendre le nom
de y,j. L'étude du graphique de Moseley, grâce aux points fournis par
l'uranium, prouve eu outre que, pour le tungstène, la différence y, — fj^, ne
doit pas être prise entre les raies ioG5,<S et i2o3, qui doivent être appe-
lées y^ et,3ji, mais entre les lignes 1072 et 1211,8. La première différente
nest qu'une coïncidence entre les raies n'appartenant pas à L,. Les discon-
tinuités L, et L^ sont ainsi juste un peu plus courtes que les raies pj et y..
Enfin les raies [ii,,(i209) et x( 1389) vérilient dans la limite des erreurs
d'expérience la même égalité, ce qui porterait à sept \^^ nombie des dou-
blets de Sommerfeld. Mais cette dernière différence n'a pas encore été
retrouvée pour l'uranium et il peut, par consé(|uent, s'agir d'une coïnci-
dence.
IL Nous avons enregistré sur la même pla(}ue les trois discontinuités L
d'absorption et les trois séries L de l'uranium de fa(;on à en préciser la posi-
tion i^ar rapport aux raies. La limite L, tombe entre 3, et ^;. Les limites h,
et Lj sont respectivement un peu plus courtes (|ue les longueurs d'ondes des
raies y^, et y,.. Ceci vérifie les reniar(|ues que nous avons faites (') au sujet
• des positions relatives des limites d'absorption et des raies têtes de séries.
III. Les limites L, et les raies ^;-,, [5-, [i^, ji,,, a^a^ et / se placent — comme
nous l'axons déjà fait remarquer pour les plus intenses — sur des droites
sur le graphique de Moseley. Ces lignes appartiennent à la série L,, fait
que nous avons vérifié en photographiant cette série seule pour l'uranium.
(') \oir M. i>E lîndi.i.Mî, (onipics nndi/s. l. l(i!(, i<)i;i, p- 962.
SÉANCE DU II AVRIL IÇ)2I. c)l']
(\ln faisanl fonctionner le tube sous une tension compcise entre les poten-
tiels criliiiues d'evcitation des séries L, et L^, ces potentiels élanl liés aux
limites L, et I-^ pai' la relation du (piantuni.)
Les raies Yi) Ym Yd y.i' r^i ^' ''i 4"' ^'•"'^ 'i^^-'' "^'^ précédentes par la relation
de Soininerfeld se placent — sur le même graphique — sur des courbes de
faible rayon, ainsi que [ï.,, et sead)lent ainsi appartenir à L.,. Enfin les raies
Yi) Yaj Y- ^' ?■' T^i donnent des courbes de grand rayon semblent appartenir
à L3. Des expériences sont en cours pour séparer les séries L^ et L., et
justifier ces remarques.
PHYSICO-CHIMIE. — Influence de la forme géométrique des corps solides sur
les actions clu'mit/ues qu'ils subissent. Noie de MM. G. REitorL et R. Li'<;e,
présentée par M. G. Lippmann.
Dans un travail précédent (' ), l'un de nous a montré que les vitesses
d'actions chimiques se passant au contact de solides et de gaz sont fonction
de la foime géométrique des solides : la vitesse de réaction est la plus grande
au-v points où le rayon de courbure est le plus petit. Nous nous sommes pro-
posés de voir si cet effet existe encore dans les cas d'actions chimiques se
produisant au contact de solides et de liquides.
I. La méthode suivie pour mesurer la vite.se des réactions chimi(|ues
est la même que celle qui a été précédemment employée : les conditions
expérimentales sont choisies de manière que la réaction se produise lente-
ment et que les corps formés puissent, par leur transparence, fournir des
colorations interférentielles de lames minces; la teinte de ces colorations
renseigne sur l'épaisseur de la couche de sel formée pendant l'action et
permet sans difficulté ni appareillage spécial d'apprécier la formation de
quantités de sel que les meilleures méthodes d'analyse chimique ne per-
mettraient de mesurer qu'avec de très grandes difficultés.
L'expérience se fait de la manière suiva!nte : dans un liquide convena-
blement choisi on plonge un corps solide de nature convenable et de forme
géométrique simple (lame, prisme, pyramide, cône, etc.). On s'aperçoit
que l'attaque commence toujours par les bords, par les arêtes ou par les
points où le rayon de courbure est le plus faible; au bout d'un certain
temps les colorations de lames minces indiquent que la couche de sel
( ' ) G. Heiioi L, Comptes rendus, t. 135, 1912, p. 1227; t. l.ïG, igiS, p. 548, 688,
i37(i. -^^^
C. R., 1931, I" S<?mes/re. (T. 17'^ N° 15.) 69 /^^^~-^^/\
■ '•"^SS- ^^/
9l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
formé est pins épaisse sur les bords ou aux points de courbure moyenne
la plus grande.
La même expérience faite avec des séries de fils cylindriques se prèle
alors à des mesures.
II. L'opération dans les liquides est, dans quelques cas, plus délicate
que dans les gaz et le phénomène plus difficile à saisir, soit parce que les
liquides employés sont parfois eux-mêmes colorés, soit parce que les colo-
rations de lames minces, tant que le corps solide et le sel formé sont
plongés dans le liquide, apparaissent mal; elles ne deviennent brillantes
que lorsqu'on a retiré le corps du liquide et qu'on l'a séché.
Le phénomène apparaît général, il s'étend à un très grand nombre de
réactions qui sont actuellement soumises à des mesures et parmi lesquelles
nous citerons : argent ou cuivre dans des solutions chlorées, bromées ou
iodées, les mêmes métaux au contact de solutions d'hydrogène sulfuré
ou de dissolutions soufrées; déplacement réciprotjuc de métaux, cuivre
dans sel d'argent, etc.
Dans tous ces cas l'eiïet se présente avec une apparence qui rappelle
celle qu'il présentait dans les gaz.
CHIMIE PHYSIQUE. — Appareil enreffisti'eur des variations d'une masse i^azeitsc
avec le temps. Note de M. A. -A. Guntz, présentée par M. A. llaller.
Au cours de recherches que je poursuis sur la réduction des oxydes par
l'hydrogène, j'ai mis au point un appareil que je crois devoir décrire briè-
vement, car il présente des analogies avec celui que M. P. Jolibois vient de
présentera l'Académie dans une Note récente (').
Le problème qui se posait d'abord dans cette étude consistait à enregis-
trer photographiquement les variations d'une masse gazeuse avec le temps.
J'y suis arrivé en obligeant, par un dispositif automatique, les variations de
volume à correspondre exactement à celle de la masse gazeuse.
Dans l'appareil que jomploie, ces variations de volume sont mesurées
par les changenK'Uls de niveau du mercure dans wn lube volumèlre V
Dans I axe du xoliiiiièlre csl temlu un (il (iii de niclirotne de o"',;jo de lon;;ueur
environ el de ,-„ de iiiilliinélre de di;iinélie, fil donl la résislance clecli-ii|ue esl \ aiialile
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 809.
SÉANCE DU II AVRIL 1921. c)\()
avec le niveau du mercure. On enregislre pliotograpliiquenieut les variations de résis-
tance au moyen d'un galvanomètre Kengade, du modèle usité en analyse Iherniique.
Vide ;::^l
Le fil a/) est placé dans l'une des branches d'un pont de Wheatstooe, dont tontes les
résistances sont grandes par rapport à celle du fil {/ig- 2).
Par le jeu de ces résistances, le zéro du galvanomètre peut être amené à corres-
pondre à lin niveau quelconque du mercure dans le volumètre V. Les déviations du
galvanomctre sont sensiblement proportionnelles aii\ variations de résislance et les
variations de volume sont ainsi mesurées.
Pour identifier les changements de la masse gazeuse avec celle de son volume, il
suffit qu'à une température donnée sa pression reste constante, et qu'à une tempéra-
p
ture difTérente le rapport ttt reste çouslant (T tempéralure absolue). Nous y armons
de la façon suivante :
Le réservoir B est suspendu à une tige filetée F qui peut se déplacer, sans tourner,
dans le sens vertical en traversant un écrou F, fixé au centre d'un plateau de bois P:,.
Au moyen d'un petit moteur électrique, le plateau tourne dans un sens ou dans l'autre
et sa rotation oblige la vis à monter ou descendre de la longueur d'un pas par tour,
soit i""". Le manomètre P> communique, par une de ses branches, avec le yolumètre B,
920
ACADEMIE DES SCIENCES.
et par l'aulie, avec un lé^eivoir A ieiii|ili d'liydi()f,'L-nL'. dont la masse ne change pas au
cours d'une expérience, et dont la pression va régler la pression dans l'appareil comme
dans le volumèlre de Lunge.
Si la pression augmente ou diminue au cours de la réaction, le mercure vient lou-
cher l'une ou l'autre des pointes de plaline du nianoraèhe i! et établit un ciiouit
Fig 3.
actionnant par des relais la dynamo 1) dans un sens tel (|ue la |)resslon est maintenue
toujours égale à celle du réservoir A ijig. 3).
Marche (Vunc expérience. — La substance est introduite^ dans le tube
laboratoire T placé dans une enceinte à température constante (_tbermostat
ou four électrique) et en présence d'un corps avide d'eau dans le cas de la
réduction d'un oxyde par l'bydrojiène. Le vide étant fait dans tout l'appa-
reil, on y laisse rentrer l'hydrogène sauf dans le tube laboratoire T. Après
avoir noté la température / et la pression P, le réservoir A est fermé avec le
robinet r' ; le régulateur et l'enregistreur photographique sont mis en
route, le tube laboratoire est rempli d'hydrogène et l'on établit ensuite la
communication avec le volumètro V. Les ordonnées de la courbe tracée par
i'enregisireur sont à tout moment proportionnelles à la masse de riivdro-
gène absorbée.
Le dispositif que nous venons de décrire ne permcl pas seulement de
mesurer les variations d'une masse gazeuse avec le temps, mais encore, en
suppiimant le régulateur, il peut enregistrer des variations de pressions.
SÉANCE DU II AVRII, I921. Qll
TUlCRMOCHlMli;. — Sur Remploi des bombes énudllécs en cnlorimélrie.
Noie de M. C. Matigxo.v et M"'" (1. Mahciial.
Nous avons eu l'occasion d'étudier deux bombes caloriméiriques émail-
lées, type Mailler, do fabrication récente; nous avons constaté l'attaque de
l'émail par les solutions nitriques étendues, telles qu'elles se forment tou-
jours dans les conditions ordinaires des opérations calorimétriques. La
neutralisation en tout ou parlie de l'acide nitrique par l'émail de la bombe
peut amener des causes d'erreur non négligeables dans la détermination du
bilan calorifique des opérations, l'acide nitrique produit lors de la combus-
tion étant déterminé par un titrage acidimétrique.
Btimbe A. — On lave !a paroi intérieure de la bombe, préalablement nettoyée à
l'eau chaude, avec o'^'"' d'une solution nitrique contenant sensiblement i de molécule
par litre, on promène le liquide sur la paroi à trois reprises et finalement on titre
laiidité restante après une demi-heure de séjour dans la bombe. La même expérience
... ,•„■■, • . , , NaOlI , . ,
est répétée (luatre fois, voici les quantités de soude nécessaires pour les neu-
10
iralisations :
Avant
l'attaque. 1'° atlaqiie. J' attaque. 3» attaque. 4" attaque.
9™', 2.5 4'™\55 G'"'',3o 7'"'\oo S™%9/i
( )n en déduit les quantités sui\antes d'acide nitrique successivement ni'ulralisées
dans les quatre estais conséculifs :
08,0296 os, oiSlJ 08,0142 05,0019
L'attaque va donc en s'atténnant d'une opération à l'autre.
lîitnibe B. — Li deuxième bombe s'est comportée de la même façon dans les mêmes
conditions.
On a fait sis. attai{ues successives, dont deux (la troisième et la quatrième) ont été
ellectuées avec des solutions chlorhydrique et sulfurique de même concentration que la
solution nitrique. l'endant les expériences 2 et (i, on a promené constamment la solution
sur les parois (durée une demi-heure) ;
Avant ratla(|ue. î. '^ ."(IICI). iCSQiH''). .5. 0.
(f"^\lD .5.42 o,85 8.90 8,80 9,25 9.2.5
On en déduit les attaques successives évaluées eu acide nitrique :
oï,o24i 00,0629 os,oo23 o6,oo3o 08.000 08.000
L'acide nitrique n'a donc plus d'action sejisible à partir de la cinc(uième attaque.
9^2 ACADEMIE DES SCIENCES.
Les deux bombes onl ensuite été coinplèlemeiil remplies avec la solution nitrique
précédente et abandonnées à elles-mêmes, la bombe A pendant 48 heures, la bombe B,
pendant g6 heures. Les deu\ licjuldes évaporés et desscchcs à i io° ont laissé ie> résidus
suivants :
A .?.ii88
H oô , 3833
qui, après calcinalion au rouge et périt' de vapeurs nitreuses, sont devenus respec-
tivement :
A os . 0628
I! o?.i8/i5
Les oxydes de fer, d'alumine, de magnésie, tle |:otassium, l'acide bori(|ue, constituants
(le l'émail, onl élé reconnus dans ces résidus.
Après ces attaques prolongées, l'acide nilri(|ue étendu n'agit plus d une faion sensible
sur l'émail, pendant le temps nécessaire pour une expérience, soil une demi-heure
en\ iron.
De reiiseml)le de ces recherches, il résulte que l'acide nitrique étendu
provenant d'une combustion peut être neutralisé, en tout ou partie, par
l'émail de la bombe, tout au moins dans les premières expériences, c'est-à-
dire celles qui servent à déterminer la valeur en eau de celte bombe. L'acide
nitrique produit correspondant à un dégagement de chaleur s'élevanl
jusqu'à 3o'''' à 4o'"' sur Hooo'"', il peut résulter de cette attaque une erreur
atteignant le 7^ et affectant la valeur en eau de la bombe renxiron '. de la
masse en eau totale) d'une erreur de j-.
On peut éviter cet inconvénient en attaquant la bombe neuve pendant
4 à 5 heures avec une solution nitrique étendue voisine de la normale, qui
la remplit complètement; elle devient alors pratiquement insensible à
l'action de l'acide nitrique pendant la durée d'une opération thermique.
On a montré de[)uis longtemps que la bombe eaiorimétrique constituait
un laboratoire analytique précieux, nous en avons fait une première appli-
cation au dosage rapide et précis du soufre dans les matières organiques (');
depuis, la même méthode a été généralisée et étendue à d'autres éléments.
Les bombes précédentes ne peuvent en général remplir ce but utile; il est
donc nécessaire d'améliorer l'émaillage de ces bombes afin d'obtenir, ce
qui est depuis longtemps de fabrication courante, un émail prati(juemcnt
inattaquable aux acides.
{') l>i;iiiHi:r,iir, \>niu; el AIaih^no.n. i'o/ii/i/ .^ rcm/iis, l. III, iS,|ii, p. (i.
SÉANCE DU II AVRIL Iy2I. 9^3
r.llIMIi; OKGANIQUt;. — Conlrihullon à rètude des coiisliliKiiils acides de lu
gemme de pin : les <icides dexlropimnrique et lévopiniaii(iiie. Noie de
M. Gi:ok«;es Dupoxr, présentée par M. A. Hallcr.
Malgré le nombre considérable de travaux entrepris depuis un siècle sur
les résines des conifères, nous ne possédons encore rpic des données très
imprécises sur leur constitution (').
En ce qui concerne les constituants ncicle> de la gemme du pin marilime {l'iniis
mariliina) le bilan de nos connaissances pjut se résumer ainsi : Ces acides, (jui cons-
tituent 70 à -j pour 100 de la gemme, peuvent se distinguer en deux groupes {-) :
1° les acides sapiitifjiies donnanl des sels de sodium incristàllisables très soluhles;
>." les acides piinarù/ lies dont les sels de sodium, peu solubles dans l'eau froide, cris-
tallisent aisément.
Du premier groupe on n'a isolé, jusciu'à ce jour, aucun constituant pur: du
deuxième groupe Caillot (^), puis \ eslerberg^* 1, réussirent à extraire une faible quan-
tité (i à 2 pour 100 du produit initial) d'un acide délini, Vacide dexliopiinariqiie :
Vesterberg isola en outre (mais une seule fois grâce à un hasard de crislallisalion )
18 environ d'un acide très lévogyre, Vacide lévopiiiiarir/ue. Ces acides sont isomères
et ont pour formule C'" M'"< '-.
Dans cette Note, nous préciserons les conditions d'extraction de ces deux
constituants de l'acide pimarique.
Préparaliiiii de l'acide pimarique brut. — Nous avons suivi la mélliode de
Vesterberg, mais en prescrivant l'emploi des acides minéraux qui Isoméilsent tiés
rapidement le produit. La |)artie solide de la gemme landaise (Gallpot), séparée par
essorage de la partie liquide, a été purifiée par de multiples lévlgations el cristallisa-
tions dans l'alcool de plus en plus concentré, poursuivies jusqu'à ce que le produit
donne, avec l'ammoniaque, les longues aiguilles caractéristiques de pimarate acide.
Les acides, saponifiés par une solution tiède de soude à 3 pour 100, donnent un déi-ôl
abondant de paillettes de pimarate de soude que l'on sépare (par essorage suivi de
séjours prolongés sur des assiettes poreuses) des eaux mères tenant en solution les
sapinales très solubles. Le pimarate, recristallisé plusieurs fois à l'eau (belles pail-
lettes nacrées) et fin.iloment traité par le gaz carbonique ou l'acide acélli[Lie très
étendu, conduit à l'acide pimarique brut.
(') NoirDuFFOLiR, Bulletin de la Direction des Recherches cl In veillions, janvier 192 1 .
— Vèzes, Mon. scient. Séiie des extraits publiés depuis 1901.
('') IvôiiLKR, Mon. sciant.. I. 3, igiS, p. i63.
( ') \'èzi;s. Mon. scient., t. 10, 1901, p. 352.
1') Vèzks. Mon. scient., I. Ki, 1901, p. 3.55.
92/4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Acide dexlropimaïKjtic. — \eslerberg- iiuliiiue, comme moyen d'exlrac-
tion, des crislallisations répétées de l'acide pimarique dans l'alcool ou mieux
dans l'acide acétique. L'alcool ne nous a pas permis d'obtenir, avec un ren-
dement sensible, de l'acide dextropimarique pur. Au contraire, par cristal-
lisation dans l'acide acétique, la séparation est très rapide : [\i^ d'acide
pimarique de pouvoir rotatoire (') [a]j = — 100", 4 ont donné, après trois
cristallisations acétiques et une cristallisation alcoolique, 6^ déicide dcrlro-
pimarif/iie en belles lamelles fondant à 2ii°-2i2° et donnant, en solution
cbloroformique à 5 pour 100, les pouvoirs rotatoires suivants :
W.I -+- 7-"'".i
[oc]y H- 86 ,8
Wi (') +168 ,5
Mais la cristallisalioii est accompagner ici de l'isomérisa/ion de I Un des cons-
tituants.
tCn eflel, la preiiiièie cristallisalion acétique nous a donné :
i^s d'acide précipité par refioidissement ; pouvoir rolaloire [a]j=: + ■',6'',<S;
■>.-' d'acide retiré des eaux mores; pouvoir rotaloire [zjji^ — 33°. 4-
Le mélange de ces deu\ fractions redonnerait un produit dont le pouvoir rotaloire
serait voisin de
,- , i4 X 3.6,8 — '>.- X 33,4
l^].i= 77— -r~ =- ""'97.
14 + 'î7
produit tout à l'ait dilléreiit du produit initial dont le pou\oir rotatoiiu était
[«].) = — ioo",4.
D'ailli'urs, la recrislalli>ation de la fraction reliiée des eaux mères nous a permis
d'isoler, après élimination des premiers ciislaux déposés, de grosses tables, fondant
à lôB'-iôf)", de pouvoir rotaloire [a]j=: — 7'''',4> que nous avons pu idenlider, par la
mesure de leurs angles, avec Vacide abivLuiuc décrit par ScliUatelofl'.
On irobti(Mil donc l'acide dextinpiiiiari(iue pur tpie grâce à l'ionisation,
par le solvant, de l'acide lév()pimari(pie (jui l'accompagne.
Notons que c'est également par isomérisation, par la clialcur, des autres acides de la
gemme (|ue Galliol a obtenu, pour la |)remière fois, l'acide dextropimarique.
Acide lès'of)imaii(jm' . — ( )n comprend, d'après ce qui [)récède, poiircpioi
Veslerberg n'a pu isoler qu'accidentellement l'acide lévopimarique. En
f') I ;<|i, I a |v, [5: Il repi'ésenlent respectivement les pouv'oirs rolaloiros pour les raies
jaunes (À — r)y8), verte (X ^= ''46), indigo (). = 436) de l'arc au mercure.
SÉANCE DU II AVRIL 1921. giS
axant soin d'éviter toule isomérisation, on n'éprouvera au conlraire aucune
gi'ossc difficulté dans cette séparation.
Il convient, dans ce but, d'utiliser comme solvant l'alcool a(jneiix à diverses concen-
trations (la température ne dépassant jamais 60°) en suivant de très près la séparalion
par l'élude des pouvoirs rotatoires. Par exemple 83s d'une fianlion de pouvoir rola-
toire[o!]j^ — idS", 4 donne, par cristallisation dans l'alcool à gV' :
1° Une fraction A : 43? d'acide cristallisé par refroidissement; pouvoir rola-
toire [x]i ^n — 136", o.
!" Une fraction B : ;'|05 retirés des eaux mères; [a]j=: — i->,", >,.
La fraction B, recrislallisée dans l'alcool à SS^-go", donne à nouveau :
1° Une fraction B, : i is de pouvoir rotatoire [zjj:^ — ?.!^'2'',6.
!" Une fraction B, : iZ" de pouvoir rotatoire [^].i= — 137", o.
Enfin la fraction B,, recristallisée dans l'alcool à qS'', donne finalement
4^' d'aaV/<' /e('o/)?>nflmy;/e en belles lamelles mesurables, fondant (avec trans-
formation) vers i5o°-i52° et donnant, en solution alcoolique à 5 pour 100 :
[a]t — 282,4
[a]v • — 329,6
[z], —681,0
Conclusions. — Nous a\ons. dans ce qui précède, fixé les conditions d'ex-
traction des deux constituants signalés par Vesterberg dans le galipot de
pin maritime :
1° Uacide (lexlropim(iri(nte n'est extrait à l'état de pureté que grâce à
l'isomérisation de l'acide lévopiinarlque qui l'accompagne.
2" En évitant cette isomérisation il est aisé, par de simples cristallisa-
tions convenablement alternées dans de l'alcool fort et dans de l'alcool
aqueux, d'extraire Vacide lèvopimariqiw que Vesterberg n'avait fait qu'en-
trevoir.
MÉTÉOROLOGIE. — Observations du champ électrique de l'atmosphère pen-
dant l'éclipsé de Soleil du 8 avril i<.^i i . Note de M. .1. Uoucii, présentée par
- M. J. Violle.
L'éclipsé de Soleil du 8 avril 1921 fut visible partiellement à Brest, le
maximum étant de 0,86. Le commencement de l'éclipsé eut lieu à 8'' 24*", la
fin à io''55"^ (beures d'été).
De 8'' à I i''3o" j'ai exécuté une série de mesures du cbamp électrique de
926 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'atmosphère à l'aide de l'éleclroscope d'i'llsler et Geilel, avec collecteur
au radium supporté par une canne d'ébonile. Ces instruments m'avaient
déjà servi pour effectuer des mesures analogues dans l'Antarctique, pen-
dant l'expédition du D"" Charcol, en mer, dans rAtlanli([U(' et au Sénégal.
Les vérifications habituelles d'isolement ont été faites avant et après les
expériences. L'éleclroscope a été lu au moins une fois par minute.
L'emplacement choisi pour les expériences a été la digue du port de
Lanninon, complètement isolée au milieu de la petite rade et loin de toute
construction. Le collecteur était placé à o™,()0 au-dessus du parapet. Les
observations ont été réduites à l'altitude de i"'. comme il est de coutume.
J'indique ci-après les principaux résultats, me réservant de publier le
détail de mes observations dans un Mémoire plus étendu.
Avant l'éclipsé, le champ était très fort et variable, plus de i>oo volts par
mètre. L'éleclroscope fui déchargé plusieurs fois par contact entre les
feuilles et la cage, ce ([ui indi([ue un champ supérieur à 25o volts. Le mini-
mum ne tomba pas au-dessous de 187 volts.
Pendant l'éclipsé, de 8'''24'" jus([u'à io''2o'", le champ reste très fort et
variable, les décharges sont fré([uentes, le minimum observé est de iG5 volts,
à 9'' i4'". Mais certainement la valeur moyenne du champ est au moins aussi
forte et probablement plus forte ([u'avant l'éclipsé. Elle dépasse 25o volts.
A partir de io''20™, c'est-à-dire bien après le milieu de l'éclipsé, qui a
eu lieu à Brest à 9'' 40"", le champ devient beaucoup plus calme; il diminue
nettement et tombe progressivement à un minimum de 20 volts, à io''5o"'
(l'isolement de tout l'appareil a été vérifié à ce moment-là); il remonte
ensuite progressivement, avec quelques varialioiis. jusqu'à ii''o8"' où il
dépasse de nouveau 200 volls.
De I I ''08'" jusqu'à i i''3o'" ( fin de nos mesures), les décharges de l'élec-
troscope sont pour ainsi dire continuelles, el le champ reprend les fortes
valeurs observées avant et pendant l'éclipsé.
Le champ éleclrique a donc subi une diminution extrêmement marquée
avec un retard d'une heure environ sur le milieu de l'éclipsé.
On ne peut évidemment pas conclure, d'une seule expérience, à une rela-
tion directe entre le rayonnement solaire el le champ éleclrique de Falmos-
phère. Peut-être n'ai-je fait qu'observer >ine coïncidence fortuite. Toutefois
je dois signaler que pendant loule la durée de mes mesures, le ciel a été
pur, le vent constant en direction et en force.
Les expériences de ce genre ont élé jusqu'ici peu nombreuses et elles ont
donné des résultais contradictoires. Celles cpie j'ai faites se rapprochent
SÉANCE DU II AVRIL I921 927
assez de celles de M. Le Cadet, pendant l'cclipse totale du 3o août iQorjC)
L'affaiblissement du champ électrique s'était produit \i minutes environ
après le milieu de l'éclipsé.
GÉOGlUPHii: l'HYSlQL'K. — Les Bas-Champs de Picardie au nord de la Somme:
la ligne de i-ivage ancienne. Note (*) de M. Abel Briquet, présentée par
M. Ch. Barrois.
Le long des Bas-Cliamps de Picardie, au nord de la Somme, la ligne de
rivage actuelle (') se double d'une ligne de rivage plus ancienne située en
arrière.
Entre Somme et Authie cet ancien rivage est jalonné par la lignr de
hautes dunes intérieures que sépare des dunes côtières actuelles une vaste
étendue plate, une panne.
L'ancienne pointe sur laquelle, à l'entrée de l'estuaire de la Somme, se
divisait le tlot marin, est dessinée par l'arc de dunes qui enserre le village
de Saint-Quentin-en-Tourmont et en explique le surnom. Sur la pointe
s'articulaient, vers le Sud, le poulier interne qui porte les dunes de Bout-
des-Crocs ; vers le iNord, un poulier externe dont les digitations, plus ou
moins recouvertes de dunes, portent les agglomérations de Saint-Quentin,
de Monchaux, de llouthiauville et des fermes isolées. C'est à l'espace
circonscrit par cet ancien rivage que s'applique le nom de Marquenterre (*).
Entre Authie et Canche, une chaîne de hautes dunes, également séparée
des dunes côlières par une panne de grande largeur, indique l'emplacement
de l'ancien rivage : pointe au sud de Merlimont, avec poulier interne dirigé
par Bout-d'Airon vers le Sud-Est, et poulier externe allongé vers le Nord,
aux digitations accusées par les rangées de dunes disposées en éventail
autour de Trépied.
Au nord de la Canche, l'ancienne ligne de rivage correspondait à une
falaise entaillée dans les terrains crétacés et jurassiques. Cette falaise morte
est presque partout recouverte par les dunes récentes.
(' ) Coinples rendus, l. l'i-l, igoS, p. g^S.
(■) Séance du 4 avril 1921.
(') A. Briql'KT, Les bas-Champs de Picardie au nord de la S'Hiune : la ligne de
rivage actuelle {Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 697).
( ') Sur l'étendue évade du territoire appelé le « Marquenterre », voir A. Demanueon,
La l'icarilie et les régions voisines (Paris, lyoj, p. 189).
9^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I^lle apparaît dans son extrémité sud, formée de craie, le loiii; de la baie
de Canclie au nord d'iùaples; au pied existe un banc de galets do silex qui
se prolonge en forme de poulier interne sous Bel-Air et vers Étaples.
Au Nord, entre Hardelot et Kquihen, au fond des cuvettes d'érosion des
dunes actuelles, la falaise morte est également visible par endroits, formée
par les sables néoconiiens ou l'aruile jurassique, et portant sous les dunes
récentes, les restes de très anciennes dunes. L'ancienne falaise coupe obli-
quement le rivage actuel au point extrême où les lîas-Champs, au nord de
la Canche entièrement couverts par les dunes, s'adossent aux hauteurs du
Boulonnais.
Deux faits caractérisent l'ancienne ligne de rivage. C'est, d'une part,
la présence dans le cordon littoral de débris de roches exotiques, présence
qui semble ne pouvoir être expliquée que par un apport dans des glaces
flottantes. C'est, d'autre part, la présence, au-dessus de ce même cordon ou
sur l'ancienne falaise, d'amas de coquilles avec débris de poterie grossière,
indices d'une ancienne occupation humaine probablement néolithique, et
qui font songer aux Kjokkenmœddings de Scandinavie et d'Kcosse.
Dans la baie de Somme, roches exotiques, poteries grossières et amas de
coquilles se trouvent sur le poulier interne de Bout-des-Crocs et le poulier
secondaire correspondant de Saint-Firmin. Dans la baie de Canche, les
galets exotiques sont mélangés aux galets de silex du poulier interne de
Bel-Air et sur l'ancienne falaise voisine, sous les dunes, se rencontrent des
débris de poterie grossière et des amas de coquilles, ainsi que des galets
exotiques, recueillis par l'homme au pied de la falaise (').
La présence de roches exotiques et de poteries grossières caractérise de
même, dans la Plaine maritime flamande, l'ancienne ligne de rivage cons-
tituée par le banc et les dunes intérieures de Ghyvelde.
(') Gosselel a le premier sii;nalé à l'.laples, puis dans la I)aie de Somme, la présence
(li's loclies exoliques^ ei celle de la poterie grossière qu'il a appelée ^o/c/Ze d' Etaples :
J. (lossELET, Les galets glaciaires ci' Étaples el les dunes de Caniiers (Anii. de la
Stic. géol. du Nord, t. 31, 1902, p. 297). — Lé^-e/ide de la feuille de Monlreuil (Ibid.,
t. '.ïo, 190(1, p. 7).
SÉANCE DU II AVHir> 192I. 929
PALÉONTOLOGIE. — Sur VasYnu'liie et sur les sections /<>ni;ilu(/ina/es tec/i-
iiie/ues de la couronne des molaires des mastodontes et des élépluints. Note
de \l. Saiiha SnsFANEscu.
A l'exeiiiple de Falconei' (Faunn Anlit/iiei Siva/ensis), pour éludiei- la
couronne des molaires des mastodontes et des éléphants au point de vue de
la pliylogénie, les paléontologistes léalisent des sections longitudinales
lecliniques, auxquelles ils attachent une grande importance scientifique.
Or, d'après les observations que je vais exposer, la couronne dont il s'agit,
tant organiqueinent que géométriquement, est asymétrique, et les sections
en question ne nous renseignent ni sur la composition hituberculaire des col-
lines ou lames, ni sur la différenciation dissemblable des deux tubercules con-
génères de chaque colline ou lame, seuls caractères morphologiques qui
doivent nous guider pour établir, d'après la couronne des molaires, la
parenté des genres et des espèces des mastodontes et des éléphants. Voici
les faits qui viennent à l'appui de cette affiiiiiation :
I. La forme de la dernière molaiie inféiieure de droite et de gauche
(M — r/et M — g\ de Mastodon Borsoni, et de toutes les espèces de masto-
doutes et d'éléphants, est celle d'un parallélogramme inégulier; sa partie
postérieure est caudiforme et la direction de son bord antérieur est oblique
d'avant en arrière et de dedans en dehois, par rapport à la direction de la
mâchoire.
a. La premièi'e colline antérieure est parallèle au bord antérieur, mais
les collines suivantes ne sont pas parallèles à ce bord, ni l'une à l'autre,
car elles sont plus espacées du côté du bord interne de la couronne qui est
convexe, et plus serrées du côté du bord externe qui est concave.
b. Chaque colline ou lame est formée de deux tubercules congénères
différemment dilTérenciés, l'interne en crête (T,,.), l'externe en trèfle (T,,);
par conséquent chaque moitié longitudinale de la couronne est formée
d'une série de tubercules semblables, différenciés de la même façon, à
savoir : la moitié interne est occupée par les T„, et la moitié externe par
les T„ de toutes les collines ou lames.
Puisque les deux moitiés longitudinales de la couronne sont formées de deux
séries de tubercules différemment différenciés, il s'ensuit qu^ organiquement
elles ne sont pas symétriques.
c. Les deux tubercules congénères de chaque colline ou lame sont inéga-
93o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lement développés; par exemple, le T.^ de la première colline antérieure est
plus haut et plus étroit (|ue son congénère T„, tandis ([ue le T,,, de la der-
nière colline postérieure est plus gros (jue son conj^énère T..^.
d. Les tubercules de cha([ue série de cliacjue moitié^le la couronne, c'est-
à-dire les tubercules de la série de T„ et ceux de la série de T,^, diminuent
graduellement, à partir de la colline antérieure vers la colline postérieure,
mais comparativement les tubercules de la série de T„ diminuent plus rapi-
dement (jue ceux de la série de T,,.
Puisque les deux tubercules coiigcnèirs de chaque coltine et pur conséquent
les deux séries longitudinules de T„ et "ïi.de toutes les collines sont inégalement
développées, il s'ensuit de nouveau qu'organiquement les deux moitiés longi-
tudinales (le la couronne ne sont pas symétriques.
II. Le plan vertical loni^itudinal (|ui sépare les deux séries de T,, et T,,,
c'est-à-dire les deux moitiés organi(|ues de la couronne, est obli(jue d'avant
en arrière et de dehors en dedans, par rapport à la longueur de la molaire.
Conventionnellementje l'appelle le /j/rtn organique. Chez les molaires supé-
rieures le plan organi(|ue est oblique d'avant eh arrière et de dedans en
dehors.
a. Les directions de plans ort;ani(jues des dernières molaires inférieures
de droite et de gauche ; M — ^ et M — g- ) prolont^ées se rencontrent en
arrière et font un ant;le, dont la pointe est tournée en arrière et l'ouverture
en avant; c'est l'inverse (|ui a lieu chez les molaires supérieures ( M — r/
De cette disposition il résulte que les plans organiques des dernières
molaires, inférieure et supérieure, de la même moitié du crâne, droite ou
gauche (Mjc/ou Mjg-) s'entre-croisent en X.
b. Le plan organi([ue ne coïncide pas avec le plan géométrique, c'est-à-
dire avec le plan qui sépare les deux moitiés longitudinales géométriques
de la couronne. Ces deux plans s'entre-croisent de manière qu'en arrière de
leur intersection, qui est située à peu près au milieu de la première colline,
le plan géométrique passe à l'extérieur du plan organique chez les molaires
inférieures et à l'intérieur chez les molaires supérieures, et c'est ainsi qu'il
coupe seulement les T,r des collines.
Puisque en arrière de V intersection des deu.v plans, organique et géomé-
trique, de la couronne, le plan géométrique coupe seulement les T„. des collines,
il s'ensuit que, géométrique/»e/it, les deux moitiés de la couronne ne sont pas
symétriques.
SÉANCE DU II AVKIL I92I. 93 1
c. Si à ces faits nous ajoulons que la couronne des dernières molaires est
ployée horizonlalernent et verlicalement, et qu'elle est tordue longitudina-
lement, nous pouvons conclure que les sections longitudinales teclmiques
ne la coupent d'aucune manière symétriquement, et que de pareilles sec-
tions nous montrent seulement des caractères morplioloi^iques dénués de
toute valeur phvlo,i;énétique, tels que le nombre et la hauleur des collines ou
lames.
CYTOLOGIE. — L'Hétérolypie dans la mitose somali(/ur de CoreÛiva
plumicornis. Note de M. Armax» Duhohxe, ]irésentée |iar M. Henneguy.
Là division longitudinale à la prophase somatique débute alors que les
chromosomes sont à l'état de spirème; leurs moitiés forment alors deux
spirales enroulées l'une autour de l'autre, en oflrant un aspect de slrepsi-
nema. Puis, elles se raccourcissent en se déroulant; quand le déroule-
ment et la détorsion sont achevés, elles se trouvent à une assez grande dis-
lance l'une de l'autre, comme cela se rencontre dans certaines dyades
hétérotypi({ues. Cet écartement est frappant, mais il n'est (jue transitoire.
En effet, pendant la formation du fuseau, il se fait un rapprochement étroit
des moitiés écartées de cha(pie chromosome, de telle sorte (jue la disjonc-
tion définitive^ qui termine la métaphase, succède toujours à un rapprochement
étroit. Il existe donc ici, au cours de la mitose somati(|ue, un jeu d'écarte-
menl et de rapprochement des moitiés chromosomiques comparable à ce que
l'on trouve au cours de la prophase hétérotypique.
Dans une Note antérieure ('), j'avais montré que l'on compte au début
de la métaphase six chromosomes groupés par paires. Mais cette façon de
présenter le fait demande à être précisée. En réalité, nous sommes en
présence, à ce stade, de trois chromosomes où la division longitudinale a
joué d'une façon précoce. Certes l'écartement des moitiés est considérable,
et il est tel qu'on n'en trouve guère d'exemple dans les autres groupes ani-
maux. Mais cette disposition ne peut permettre d'interpréter les moitiés
longitudinales comme autant de chromosomes univalents homologues qui
seraient simplement groupés par paires. D'ailleurs, chez un certain nombre
de végétaux, la division longitudinale à la prophase somali([ue détermine
(') A. DiîHORNE, ('araclères atypiques dans la mitose somatique citez Corelhra
plumicornis (Comptes rendus, t. 171, ig'.o, p. igS).
932 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des etlets comparables, (|uoi(|ue moins prononcés. Comme dans la mitose
somali({ue deCo/'cM/w, les moitiés se raccourcissent en s'écarlant, puis elles
se rapprochent étroitement pendant la mise au fuseau.
Pour ce qui regarde ce rapprochement dans la constitution de la plaque
équatorialo, les faits sont bien tels que je les ai déjà décrits. La plaque équa-
toriale est formée uniquement de trois éléments chromatiques en tète de
flèche, où la fente lone;itudinal<' se distingue quelquefois difficilement.
A un moment, lorsque les moitiés sont en train de s'accoler, on voit dans
le milieu un espace clair, limité par deux très grêles ponts de substance
chromatique, qui simule une coupure transversale. Cela donne aux trois
chromosomes un aspect de faux groupes quaternes et de pseudo-tétrades qui
rappelle certaines formes de chromosomes hétérolypiques. Dans le mouve-
ment de rapprochement dçs moitiés, l'un des chromosomes est en avance
sur les deux autres, lesquels sont d'une taille un peu plus grande; il pré-
sente déjà l'indice de cette apparence de cassure transversale, alors que les
autres sont encore à l'état de deux branches écartées.
Dans la plaque équaloriale, les trois chromosomes raccourcis sont dis-
posés à plat, dans le jilan de celte dernière, de la façon la plus ordinaire.
Leurs sommets se louchent presque dans le centre de la figure, les moitiés
réaccolées se trouvent superposées l'une à l'autre.
Le mécanisme de l'auaphase est curieux, c'est en somme celui d'une
vènlnhle anapiliase hélérotypique. Lorsque les deux moitiés mélaphasiques
se décollent, elles se divisent en long, et chacune devient, de part et d'autre
du plan équalorial, un chromosome à quatre branches, en forme de V
double (division longitudinale anaphasique). Il existe ainsi trois chromo-
somes à quatre branches de ciiaquc côté de ce plan. Plus tard, au cours de
la montée vers les pôles, ils se présentent sous l'aspecl de paires bien nettes,
par suite d'un léger écartement laléral de leurs élémenls. Puis, à la télo-
phase, les éléments de chaque paire se rapproclu^nl et se soudent iutimenienl.
ce qui constitue un phénomène singulier. Sur ce dernier point, je n'ai rien
à ajouter à ma description de juillet 1920. Un tra\ail de Metz et Nonidez,
sur la spermatogenèse d'un autre Diptère, paru depuis ('), apporte des
documents qui confirmenl ce que j'avais vu chez Core/Az-o à la lélophase.
Ces deux auteurs n'ont pas étudié la mélaphase somatique, ni le début de
l'anaphase. Par contre, ils ont suivi toute la prophase de la première mitose
(') Metz el Nomdez, !<prrmalogenrsis in ihe Jly, Asilus Sericeiis .9<n- ( 77(r ./««/vu//
i>f eip. Zonl., janvier 1921).
SÉANCE DU II AVRIL 1921. 933
de maturation; ils montrent comme moi(') qu'il n'existe pas de stades
lepto-, zygo-, strepsinema.
L'accolement suivi de soudure des éléments à la télopliase ne peut être
pris pour une conjugaison de chromosomes homologues appariés, puisque
les deux éléments qui se soudent sont jumeaux et proviennent de la division
de chromosomes qui avaient la valeur de moitiés à la fin de la prophase.
Ces éléments anaphasiques sont aussi des moitiés et non des chromosomes
univalents.
Pour qu'ils soient considérés comme des chromosomes univalents, le
mécanisme à la métaphase et à l'anaphase devrait être le suivant : il devrait
ne pas y avoir de rapprochement des moitiés prophasiques ; la plaque
équatoriale devrait être constituée sur le type 6, les six chromosomes étant
disposés côte à côte et se dédoublant dans cette position. On obtiendrait
ainsi six éléments qui se grouperaient ensuite selon trois paires au cours de
l'anaphase.
Or, je n'ai rien observé de pareil. Il s'agit donc ici d'autre chose que de
constitution de paires de chromosomes homologues paternels et maternels.
En attendant qu'une solution de ces faits soit rencontrée, je me contenterai
de les rapporter à la notion de duplicisme constant du chromosome qu'ils
illustrent d'une façon remarquable.
En résumé, les chromosomes somatiques chez Corethra sont toujours
doubles. La mitose somatique est d'un type exceptionnel ; elle se présente,
à plusieurs stades, avec les allures de l'hétérotypieet l'ony voit, entre autres,
intervenir une division longitudinale anaphasique. Au contraire, la pre-
mière mitose de maturation n'offre presque pas de caractères héléroty-
piques. Ces caractères ne sont donc pas liés nécessairement à la tétradoge-
nèse, ils sont indépendants de l'idée de maturation génitale et réclament une
interprétation de nature toute différente de celles qui ont été proposées
jusqu'ici par les morphologistes.
(') A. Dehorne, Sperinalogenèse de Corelhra {Comptes rendus, t. 171, 1920,
p. 1399).
C h.
I, I" Semestre. (T. 172, N° 15.)
934 ACADÉMIE DES SCIENCES.
EMBRYOGÉNIE. — L'irrilubUité ancurale de Fcciodcrme dêcdée par le dépla-
cement ciliaire de Vembryun chez Rana teni])oraria. Noie de M. Paul
WiNTREBKRT, présentée par M. Henneguy.
Dans des recherches précédentes (') j'ai montré, par des interventions
expérimentales, que la plupart des Amphihlens présentent, au moment des
premières flexions du corps chez l'embryon, une irritabilité [)rimilive du
tégument qui permet à celui-ci, sans le secouis des nerfs, de recevoir et de
conduire les excitations sur toute son étenf'ue; j'ai constaté, de plus,
qu'il existe dans la région antérieure du tronc une liaison neuro-ectoder-
niique, qui permet le p;issage des excitations du domaine aneural dans le
système nerveux et de là dans les muscles, de telle sorte qu'une piqûre
faite dans un territoire ectodermique aneural détermine une réponse mus-
culaire réflexe; ainsi, la piqûre de l'extrémité caudale, chez un embryon
dont on a enlevé la moelle, sauf au niveau du quart antérieur du tronc,
réservé pour la réponse, provoque un mouvement de la tête.
Cependant cette réaction neuro-musculaire, qui témoigne de l'irritabilité
aneurale de l'ectoderme, apparaît tard dans le développement; elle ne
s'observe chez Rana teniporaria qu'au stade où le corps se fléchit en V, et
d'autre part, à son appaiilion, la conduction ectodermique se montre
étendue d'emblée à toute la surface du tégument. On pouvait, dès lors, se
demander si l'irritabilité aneurale de l'ectoderme existe avant que soit
établie la jonction neuro-ectodermique qui permet le passage de l'excita-
tion dans le domaine neuro-musculaire. J'ai cherché à vérifier cette hypo-
thèse en utilisant le déplacement ciliaire comme moyen de mesure de l'irri-
tabilité ectodermique.
J'ai pris comme lest le déplacement ciliaire d'ombryons enliers ou de queues
isolées, efieclué sur le fond lisse el horizontal d'un cristallisoir; il débute avant la
première contraction, quand l'extrémité postérieure de l'embryon devient anguleuse
et va former la queue. Les embryons sortis de l'eau courante à io''-i2° C. sont
examinés à une température de iS" à 16" C.
Les interventions sont pratiquées dans l'eau de srurce, additionnée de liacesde
CaCI- el de KCI. Le procédé d'excitation consiste en piqûres localisées, pratiquées à
l'aide d'une aiguille fine, en prenant la précauti-"n de soutenir le côté opposé à la
piqûre afin d'éviter l'ébratilemenl général du cor| s. Les résultats ont été classés en
trois groupes, suivant qu'ils ont éié obtenus ava it, pendant ou après la période de
l'irrilabililé ectodermique aneurale reconnue par la réaction musculaire réflexe.
(') VViNTHEBERT, Comptes rendus de la Soc. clc Biologie, t. 67, 1904, p. 645; t. 69,
1906, p. 58. — Comptes rendus, l. 171, igao, p. 4o8, 583 et 680.
SÉANCE DU II AVRIL 192I. 935
1° Avant /'obtention (Ptine réaction musculaire à la piqûre de l'extrémité cau-
dale. — Cette plui'-e du déplacement ciliaire commence à l'apparition de la queue et
s'étend jusqu'au moment où les flexions s'exécutent à angle aigu.
a. Au stade où la queue s'ébauche, avant tout mouvement, rembryon couclié sui-
l'un des flancs le dos au fond, s'avance en ba-culant la lèle vers le bas et en relevant
l'extrémité postérieure du côté dorsal. Si l'on pique l'ébauche caudale quand l'em-
bryon se déplace, le déplacement acquiert une vitesse double; si l'embryon est immo-
bile, le déplacement ciliaire reprend.
b. Dix embryons, artificiellement sortis de la coque au stade des premiers mouve-
ments, possédant une languette caudale inerte coudée d'un côté, sont renversés sur
l'autre côté. On pique le bout caudal soulevé; 7 d'entre eux manifestent une accélé-
ration très nette du déplacement.
I.a queue dressée ne participant pas au cheminement de l'embryon, l'accélération
constatée ne tient pas au battement des cils de la région piquée, mais est provoquée à
distance ; elle n'est pas toujours immédiate et ne s'affirme souvent qu'après 2 à 3
secondes ; elle n'atteint paifois son m iximum qu'au bout de 5 secondes, mais elle peut
durer 4 à 5 minutes. L'accioissemenl de vitesse ne modifie pas l'orientation du dépla-
cement.
c. Deux embryons sans contraction et quatre dont le corps se coude à angle droit
subissent une section annulaire lie l'ectoderme au devant de la queue; la piqûre du
bout caudal, après celte opération, reste sans effet sur la progression ciliaire.
2° Pendant la période du réflexe eclodermo-neuro-niusculaire, — a. La piqûre
de l'extrémité caudale chez les embrvons normaux détermine souvent à la fois une con-
traction et un déplacement ciliaire plus rapide; le fait s'observe nettement sur des
embryons qui se fléchissent en V. Cependant la piqûre de la queue détermine parfois
isolément soit l'une, soit l'autre de ces réactions; par exemple, des embryons piqués
au repos ont une contraction musculaire non suivie d'un déplacement ciliaire ; d'autres,
piqués de la queue au cours d'un déplacement ciliaire, manifestent d'abord une accélé-
ration de ce déplacement et se contractent ensuite.
b, A un stade plus avancé, les contractions deviennent gênantes pour l'observation du
déplacement ciliaire. On les supprime soit par une chlorétonisati(m (o.o3 pour 'oo),
soit par des sections transverses multiples de la moelle et des myotomes; on examine
aussi des queues isolées. Dans ces conditions, la stimulation du bout caudal provoque
une accélération notable du cheminement existant, ou le départ, soit de l'embryon,
soit du fragment, quand ils sont immobiles.
3° Après la cessation de toute réponse neuro-musculaire à Vexcitation d'un ter-
ritoire aneural. — La disparition de cette réaction a lieu quand la longueur de la
queue dépasse la moitié de la longueur du corps. C'est à cet âge aussi que cesse la
liaison entre les diflTérentes cellules vibratiles de l'ectoderme. Ainsi les embryons
chlorélonés, qui ont une longueur de 7™™, 5, avec une queue de S'"™, 5, présentent
encore dans leur cheminement ciliaire, après quelques piqûres du bout caudal, une
accélération progressive de vitesse atteignant son maximum en 4 à 5 secondes, mais
la plupart des embryons qui ont 8'"™, 23 de longueur totale, dont 4™™, 20 pour la queue,
ne montrent plus cette accélération après la stimulation caudale. Cependant, un dépla-
cement ciliaire léger persiste au delà de cet âge jusqu'à l'operculisation presque com-
plète de la région branchiale (11°"", 5 I. t. — 6'""',75 1. q.); mais à cette époque,
936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'aclivité des cellules ciliées n'est plus influencée dans son ensemble par des excita-
tions localisées de l'ecioderme et seul un ébranlement général, qui stimule à la fois
toutes les régions vibialiles, est capable, pour un temps du reste tiès court, d'aug-
menter la tiipidité du déplacement.
Conclusion. — Grâce au cheminement ciliaire de l'embryon, l'irrilabililé
aneurale de l'ectoderme peut être décelée avant la période des contractions
musculaires. Elle apparaît dès que l'embryon se déplace; elle finit au
moment où la réponse musculaire réflexe cesse elle-même d'être obtenue
par l'excitation d'un teiritoire ectodermique libéré de l'influence nerveuse.
PHYSIOLOGIE. — Tension superficielle et antianaphylaxie .
Note (') de M. W. Iîopaczewski, présentée par M. d'Arsonval.
Dans noire dernière Note (') nous avons essayé d'expliquer le méca-
nisme de l'action antianaphylactique de l'hyposulfite de soude, signalé par
M. A. Lumière. L'auteur attribuait cette action à la dispersion du floculé,
formé par l'action du sérum d'animal normal sur le sérum sensibilisé. Tout
en adhérant à notie théorie de floculation, M. A. Lumière faisait des
réserves sur le rôle de la tension superficielle dans la suppression de tous
les chocs par contact. Voici quelle était notre argumentation :
1° Le rôle de la tension superficielle dans la floculation colloïdale ne peut pas être
nié; en efTel la floculation d'un colloïde par un autre, de signe électrique opposé,
ne se produit pas, lorsque, préalablement, on diminue la tension superficielle, ou
lorsqu'on augmente la viscosité. C'est un fait reconnu exact.
2° Le rôle de la tension superficielle dans la suppression du choc anaphylactique est,
semble-l-il, démontré parl'empioi de nombreuses substances, les plus hétéroclites, mais
ayant toutes un seul caractère commun, la diminution de la tension superficielle (').
3° La conclusion de M. A. Lumièie que l'hyposulfite de soude disperse le floculé,
formé in vivo comme in vitro, n'est pas justifiée, puisque l'hyposulfite était introduit
avant Vinjection déchaînante et non après; elle ne pouvait donc qu'empêcher la flo-
culation de se produire.
4° Aux réserves théoriques de M. Lumière nous avons opposé les mesures de la
tension superficielle, effectuées à l'aide de la méthode stalagmoniétrique et avec un
appareil perfectionné de notre construction ('). Ces mesures établissaient nettement
que l'hyposulfite de soude diminue la tension superficielle du sérum.
Dans une Note toute récente (')M. A. Lumière donne les résultats de
(') Séance du 29 mars 1921.
('^) W. Koi'ACZKwsKi, Comptes rendus, t. 17:2, 1921, p. Sj-j.
(') W. KoPACZEWSKi et A. -H. Hoffo, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. i4o9.
(') W. KoPACZEWSKi, Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 7^3.
. ^') A. LuMiËRR, Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 544-
SÉANCE DU II AVRIL I921 , 937
ses propres mesures de la tension superficielle et arrive à la constatation que
rhypo>uirite de soude augmente cette constante du sérum.
A ce sujet nous devons faire les remarques suivantes :
1° Il est avéré que la méthode employée par M. A. Lumière (ascension
dans les tubes capillaires) est susceptible de donner des résultats imprécis :
ainsi la tension superficielle très basse de l'oléate de soude, mesurée à l'aide
de cette méthode, est plus grande que celle de l'eau distillée (79,0 dynes
par centimètre) ('). La température, l'évaporation, la propreté absolue du
tube capillaire, la mesure exacte du diamètre de ce tube ont, dans celte
méthode, une importance capitale.
De plus, cette méthode porte en elle-même une erreur théorique, puisqu'il
résulte de travaux de Mathieu que la densité des liquides dans les tubes
capillaires devient plus faible.
2° Les chiffres obtenus par M. A. Lumière sont en désaccord avec les
constantes connues, établies à l'aide de méthodes physiques, compliquées
mais exactes. Ainsi la tension superficielle de l'eau distillée donnée par
l'auteur (72,69) est la plus faible qu'on ait jamais observée (Weinberg,
79,0; Lecomte du Nouy, 76,0; Frenkel, 75,8; Chwolson, 75,5; Traube,
75,0; Brunner, 74,0). La même remarque doit être faite au £ujet de la
tension superficielle du sérum, quoique l'auteur ne mentionne pas l'espèce
animale. Toutefois pour le sérum de cheval, Maraghini donne 62,3 dynes
par centimètre et le sérum de cet animal possède la tension superficielle la
plus faible parmi celui des animaux d'expériences, ainsi que cela résulte de
nos observations personnelles. La différence entre ces chiffres et ceux de
M. A. Lumière (5i,8 dynes par centimètre) est tellement considérable
que, seule, la méthode employée peut expliquer cet écart. Il est indubi-
table que l'emploi d'une méthode scientifique rigoureuse permettra à
l'auteur de rectifier ces chiffres.
'3° Le dernier argument de M. A. Lumière, la possibilité de supprimer
le choc par contact au moyen de certains hypnotiques qui augmentent la
tension superficielle (l'auteur ne tes nomme pas), ou bien de provoquer le
choc malgré la diminution préalable de la tension superficielle (les détails
ne sont pas mentionnés), est passible de la même objection : inexactitude
des mesures.
Malgré toutes ces objections, M. A. Lumière soutient que « dans le
choc anaphylactique vrai le phénomène de floculation s'accompagne inévi-
(') Lecomte du Nouy, La Nature, 4 janvier 1920.
938 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tablement d'augmentation de la tension superficielle ». Mais plus loin il
déclare que « les variations de la tension superficielle... sont donc des
phénomènes qui accompagnent la floculation ou lui sont consécutifs, sans
constituer la cause du choc, qui, d'après nos expériences^ proviendraient
principalement de la présence dans les vaisseaux d'éléments floculés ».
Tout d'abord faisons une rectification : La floculation micellaire a été
signalée par nous déjà en 1914 au sujet du choc humoral, provoqué par
le sérum mis en contact avec les suspensions bactériennes, la gélose ou la
pectine, et les documents ultramicroscopiques obtenus avec le concours de
M. Comandon en ont été présentés à la Société de Biologie ('). En 1917
nous avons énoncé notre théorie de choc par contact et soutenu que ce choc
résulte d'une rupture d'équilibre micellaire suivie d'une floculation ; les
termes sont aujourd'hui très fréquemment et textuellement cités : souvent
avec l'omission de guillemets (*). Notons que le premier travail de M. A.
Lumière sur l'anaphylaxie date d'octobre 1920.
Quant au meritam de la question, l'opinion de l'auteur que la cause du
choc proviendrait de la présence dans les vaisseaux d' <■ éléments flocu-
lés » n'explique rien, car on doit se demander de suite quelle est la cause de
la formation de ces « éléments floculés »? Or c'est justement dans l'inter-
vention de la tension superficielle, de la viscosité et de la charge électrique
qu'on trouve l'explication de la formation de ces floculations micellaires.
Nous ne prétendons pas, et nous n'avons jamais prétendu que la tension
superficielle, ou la viscosité, ou la charge électrique agissent seules, et nous
avons souligné que ces forces peuvent agir et probablement agissent
ensemble, quoiqu'il ne manque pas d'indices que le choc puisse résulter
d'une diminution notable de la tension superficielle du sang, par les savons,
sels biliaires, etc. (Billard, Thiele et Embieton), par exemple. Toutefois
il était plausible d'admettre que l'action de ce sel s'expliquât par une pro-
priété nouvelle, en dehors de la tension superficielle ou de la viscosité. Et
cela ne saurait pas être a priori en contradiction avec notre théorie de la
floculation.
Le dernier point soulevé par ^L Lumière concerne l'identité de tous les
phénomènes du choc par contact. M. A. Lumière soutient que leur cause
primitive et leur mécanisme sont semblables. Nous ne pouvons pas abor-
der ici la difTércntialinn de tous les phénomènes du choc; mais une diffé-
(') W. KopACZEwsKi et S. Miitermilhii, Soc. liivl., juiHet igi^-
(') \V. K.0PAi;ziiwsKi, Comptes rendus, t. 165, 1917, p. 8o3.
SÉANCE DU II AVRIL 192I. gSg
rence capitale saute aux yeux en ce qui concerne le choc par injection de
colloïdes étrangers, provoquant la floculation micellaire in vivo, et le choc
par l'injection de suspensions, dont les particules obstruent mécaniquement
les capillaires. Les arguments de M. A. Lumière en faveur de l'identiléde ces
deux phénomènes sont peu convaincants, car tantôt ils semblent contredire
les faits établis (l'auteur soutient que les vaso-constricteurs suppriment
les chocs anaphylactiques), tantôt ils sont très vagues et ne donnent aucune
précision sur la nature des substances, les chiffres, les doses, etc. Sur
ce point, M. A. Lumière nous apportera probablement des détails.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur l' Azotobacter.
Note de M. Kayser, présentée par M. P. Viala.
Dans notre précédente Note (') nous avons étudié l'influence des alter-
nances de coloration sur le fixateur d'azote; nous avons voulu voir com-
ment il se comportait à difl'érents moments de sa culture et comment il était
influencé par la température.
Un milieu mannité contenant 2,3 pour 100 de mannite et les sels habi-
tuels a été réparti entre six récipients coniques et stérilisé; trois vases ont
été ensemencés avec une culture provenant d'une conserve jaune, les trois
autres avec une culture provenant d'une conserve bleue; deux conserves de
chaque couleur ont été placées à l'étuve à 2-°; les deux autres ont été
abandonnées au laboratoire à la température ambiante, variant de 8° à 16".
On a procédé à l'analyse d'une culture de chaque coloration de l'étuve
après i3 jours; les quatre autres comprenant deux cultures placées à
l'étuve et les deux placées au dehors ont été analysées après 26 jours, soit
après une période de durée double.
Tempé-
ra lure.
Durée
en
jours.
Mannite
brûlée.
Azote fixé
par gramme
Azote de mannite
fixé. brûlée.
Par
jour.
Coloration.
Mannite
brûlée.
Moyenne.
Azote
fixé. M.
Première période.
Jaune
Bleue
27
27
l3
l3
o,4i4
0,420
4,128 9,88
4, Soi 10,71
Deuxième période.
37)
32 \
3i ,5
o,3i7 )
0,346 i '
Jaune
27
i3
i,44i
6,35i 4>4o7
IIO 1
! ..6
1
0,489 ) ,
Bleue
27
i3
1 ,610
6, 102 3,790
133 \
o,46i i
Moyenne.
0,4'3
0,473
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. i83.
94o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Azole fixé Par jour.
Durée par gramme — ^
Tempe- en Marmite Azole de luannile Mannile Aïole
Coloralion. rature, jours. lirùlée. fixé. brûlée. brûlée. Moyenne. fixé. Moyenne.
Première et deuxième périodes.
0 g ^ mg mg mg m? mff mg
Jaune 37 26 i,85.ô 10,479 5,864 71 | _ o,4o3 ) , ^
Bleue 37 26 2,o3o io,6o3 5,222 79 i ^ 0,407 ) '
Jaune S^-iô" 26 0.364 4i5'3 i2,4oo i4 ) , 0,174 / ^^
^■1,5 „ • o . I 36
Bleue S^-iô» 26 o,33o 2,070 11,173 9 ( ' 0.098
Ces chiffres nous apprennent que les générations des deux conserves se
sont comportées sensiblement de la même manière pendant les deux
périodes; l'Azotobacter a brûlé presque quatre fois plus de mannite pendant
la deuxième période, mais la quantité d'azote assimilé n'a augmenté que de
moitié; c'est pendant la première période que l'utilisation par gramme de
mannite a été bien meilleure, plus du double de celle pendant la deuxième
période.
Si nous examinons les rendements pendant les 26 jours (les deux périodes
réunies) aux deux températures, nous constatons qu'au dehors la quantité
de mannite consommée est bien plus faible qu'à l'éluve; elle n'atteint niême
pas le taux de la première période à l'étuve, par contre la quantité d'azote
assimilé par gramme de mannite est supérieure à celle des quatre vases
placés à l'étuve ; signalons encore que l'assimilation par gramme de mannite
détruite et surtout l'assimilation azotée totale sont plus élevées, au dehors,
pour la couleur jaune que pour la couleur bleue.
Ces constatations ressortent également, si nous mettons en regard les
quantités de mannite détruite et d'azote assimilé par jour; ainsi pendant la
première période pour une moyenne de 31"*^, 5 de mannite, on a une
moyenne de o"8,34i d'azote assimilé; pendant la deuxième période, 116"^
de manaite détruite correspondent à o™i'',475 d'azote fixé; de même avec
six fois moins de mannile détruite à la température ordinaire, la quantité
d'azote fixé par jour n'est que trois fois plus faible qu'à l'étuve. A la tempé-
rature ordinaire, le microbe assimile plus lentement, mais utilise mieux
l'hydrate offert.
A 16 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures et demie,
A. Lx.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 18 AVUIL 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Geouges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Ixstkuction publique et des Beaux-Arts adresse
amplialion du Décret, en date du i6 avril 192 i, qui porte approbation de
Télection que l'Académie a faite de M. Emile Burel pour occuper, dans la
Section de Géométrie, la place vacante par le décès de M. Georges Ilumbert.
11 est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Emile Borel prend place parmi
ses confrères.
M. le Président souhaite la bienvenue à M. A. Miciielson, Associé
étranger, qui assiste à la séance.
CAPILLARITÉ. — Aplatissement suàrtnl Vaxe polaire, par la tension superfi-
cielle, d'une goutte liquide, de révolution et sons pesanteur, possédant une
vitesse angulaire donnée m de rotation autour de cet axe. Note de
M. J. BoussiNEsy.
I. Parmi les analogies physiques auxquelles pensèrent les théologiens du
xui*^ siècle pour s'expliquer la sphéricité de la Terre, il y a celle des gouttes
de pluie ou de rosée que l'on voit pendre aux feuilles des arbres, gouttes si
bien arrondies surtout a]>rès s'être détachées pour tomber en chute libre.
( los théologiens sembleraient donc avoir admis, au moins implicitement, la
tluidilé primitive de notre (ilobe, comme le iirenl d'une manière explicite,
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 17Î, N» 16.) 7*
9/j2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cinq ceiils ans [)lus lard, New ton etscs disciples, en rccoiiranl à la pcsanleur.
<)r il peut y avoir un ceitain intérêt lliéori(jue k poursuivre la même ana-
logie di'S gouttes d'eau, mais d'une manière plus précise que ne l'a fail
Plateau, jus(jue dans la question de l'aplatissement polaire du méridien
terrestre, en attribuant à la goutte une rotation initiale et, d'ailleurs, une
figure devenue permanente.
II. Adoptons, dans un plan méridien de la goutte, un demi-axe équa-
torjal, a, comme a.xe d'abscisses x, et un demi-axe polaire, h, comme axe
d'ordonnées 1'. De plus, pour fixer les idées et simplifier, supposons non
volatile et isolée dans l'espace, ou même soustraite à toute action extérieure,
noti'e goutte liquide, dont nous ferons enfin la densité égale à i. A la face
interne de la couche superficielle (de révolution), la pression /;, due entière-
ment à la tension constante / de celle-ci, sera, comme on sait, le produit
de i>y par Va coiuhnre moyenne de cette couche, courbure ayant, parmi ses
expressions connues, celle-ci,
(I)
IX dx \^^^y'.,
en tous les points (-!?,.)') du demi-méridien situé du côté des x positifs.
(>oiiime l'inertie (^ force centrifuge) sera, par unité de volume, co-a*, suivant
les X positifs, les équations d'Euler exigeront une pression p constante le
long de toute parallèle à l'axe des v, et croissante avec -r, aux divers points
tant intérieurs que superficiels du demi-plan méridien en question, comme
la fonction primitive de co-a-. \in appelant ï le rayon de courbure du méridien,
et, en particulier, <„ ce qu'il devient au pôle (a? = o, v = h) de la couche
superficielle, omlnlic où l'inverse de i„ exj)rime justement la courbure
moyenne (i ), ^^ sera la pression intérieure au pôle; et elle s'accroîtra de — x'-
parlout ailleurs. Tout le long du demi-méridien à ordonnée v, où p se
réduit au |)roduit de 2y'par (i), il viendra donc après division par/", ct»/«me
c(j nation différentielle seconde du méridien,
I d
Tf'- = x7n\'^
y -
Multipliée par .iw/.r et intégrée, celle-ci donne, si C désigne la couïtanle
arbitraire introduite,
(3) ^.-^^:=::i:-^^.,.v + (:.
SÉANCE DU l8 AVHII, 1921. f)/j3
M. ( ilciba-Vlikhaïleiicn. qui csl. ce sc.mhlc, lo prriuicr gédmôlre ayant
alxiiclô ci's Sdflcs de qucslimis, a donné, dans sa l'Iiôsc de docloral irUiii-
vi'isilé es sciences niatliémaliqucs, ccLle é(iiiali<)n (3), et a montré, en la
résolvant par rap[tort à y . puis intégrant une fois de |)lus, que le méridien
est une courbe dont l'ordonnée égale un(^ certaine intégrale liyperelliptique
de l'abscisse .v. où ligure sous le signe / . en dénominateur, un radical
carré portant sur un jxilynome pair du builième degré. C'est que M. Globa
considère une goutte adbérant à un solide tournant qui l'entraîne, cas où la
couche superlicielle n'a pas de poini sur l'axe ,r = o.
Mais, ici. il y a deux pôles où s'annule, avec .r. le premier membre de (3) ;
et le second membre y dunne C = o. Alors, en su[)[)rimant partout un
l'acteur .i' et élevant au carré, il vient
Isolons y-, puis extrayons la racine carrée, négative des deux membres,
pour nous liorner au pn-niicr quart du méridien (compris dans l'angle des
coordonnées positives) où r', nul au pôle, décroit jusqu'à — x, en allant
vers l'cquateur où .r = «. tandis que v a diminué de b à zéro. En ]>osant
linaleinent, pour abréger,
( I ) " = ^ (o" ■'■' = ■'" v/") et r,) 1 /^. — /,■.
nous aurons l'équation cherchée du méridien :
(5) j = 6-!^ f
( I -\- /. - (/ ) (l((
y' 1 — «(1 -r- /.'■'«)''
L'ordonnée Y s\y erprime par iinr intégrale ellipliquc du carré .v^ de
l'abscisse.
III. Les deux l'ayons, équatorial a et polaiie A. se détermineront en
écrivant que, pour x ^ a, la tangente est paiallèle à l'axe des v, ou que la
quantité placée sous le radical du dénominateur s'annule. On a dcmc tout à
la fois, grâce, linalement, à rextractimi d'une lacine carrée [tositive,
,,-> , ,, .,, / . 'i\ 1,1 /"* {1 -i- /<^it)dii
(b) a(i 4- /.-'y.-) T=n [ou y. = - ], /, z= - •
V 'n/ 2 ^/^ ^ ,_„(,_(_ /.■^,i)-
On commenci'ra,-i„et/i étantci'nsésconnus, |iai' évaluer la racine positive %
de la premièie (6'); puis la di'rnière (6 ) fera connaître b.
944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il niius suffira ci-après, où k- si'i'a su]i|>(isé liés pelil iclativcmenl ii runité,
<H, par suite, a peu inférieur à i. de faire dans la jn'emière ((j) a = i — 0
(d'où a'=r I — je), puis de négliger ik- devant /-'. |ionr trouver
(7) i~/.- ON y.zzzi-ir-.
D'autre part, pour étudier de plus près la courbe (5), nous remplace-
rons, au second membre de (5), J> par sa valeur (G), qui donnera comme
relation entre v et j- la formule
o V ■' ., / ( I -H A- a au
'■'■ J,-- \ I — ii{i + I;- Il y-
IV. Mais, supposant /-' assez petit, essayons de développer les seconds
membres de la dernière (6) et de ( 8) suivant ses puissances successives. \
cet eflet, posons, dans (8), u^v'- afin d'avoir, aux deux limites, inférieure
et supérieure, :c et a au lieu de leurs carrés. 11 viendra du — 'ndv et la
relation (8) prendra la forme
(9) J = ^n/
\ 1 — r — /.- 1'-' \ 1 -(- i' -I- /.'- r'
Le trinôme placé sous le premier radical se dédoublera lui-même en deux
facteurs, si l'on y remplace le terme constant i, d'après la première (G).
par a -f- /- a'' ; car ce trinôme devient alors
(a-r)[i + /. = (a^+ar-i-r-^)],
et la rolalion (()) [)ourra s'écrire
(10) V=-.o /
Vla-r)(n-r)
x|H-/,-r-J[i + A-'(;(^-i-:/.r 4- ,■■-)] ijn-/,---I_l ".
< )r, sous le signe / , les puissances des exjjressions entre crochets, à pre-
mier terme i, sont dévelo|)pables, par la formule du binôme de Newton,
en séries convergentes procédant suivant X-, k' , ... ; après quoi leur pro-
duit l'est de môme. On n'aura donc plus à intégrer (]ne des dillerenlielles
algébri<pies ne contenant aucune autre irrationnelle cpic le radical
V(« — eJCi-he;.
SÉANCK DU 18 AVRIL 1921. f)^'^
l'iten donnant, par exemple, à ce radical la forme (a — *>)/, il ne restera à
intégrer que des différentielles rationnelles en t.
Bornons-nous au cas où sont négligeables les termes en k'\ /", . . ., et où,
par suite, dans les termes en A-, a se trouve réductible à sa première valeur
approchée i. Il vient alors, par des simplifications immédiates donnant.
sous le signe / , le trinôme i '- '■ couime produit des facteurs
OÙ figure A-, et si Ton se contente d'abord de faire rr = o à la limite infé-
rieui'c.
Ici, le premier terme du second membre donne, toutes réductions faites,
— ^ ) \\ly. — (\ — y.') arclangv'aj =r >„( [_ 2 /,M,
la dernière expression résultant de la substitution de i — kr à a. Quanta la
seconde intégrale définie, elle a pour valeur -(i + loga) — -^j où log'j est
népérien et égale o.Gijjrj. Il vient ainsi l'expression approchée du demi-
axe polaire h du méridien :
(i :) ) A ^ i|, ( I — 2,(ifi] I - le- I ; d'où aplalissement r= 1,(161 1 - /,-.
V. Enfin l'expression (4j de /• dépend de la vitesse angulaire w et du
rayon x„ de courbure au pôle ou, ce qui revient au même, de la pression
intérieure ^„ sous le pôle. Or, ici où la pression est supposée nulle au
dehors, ses variations dans l'intérieur se régleront d'après le volume plus
ou moins grand, d'ailleurs invariable, de la goutte.
Nous nous donnerons ce volume par le rayon R qu'acné a quand sa foimc
est spheriqitc.
Évaluons-le en fonction de oj et de v„. L'élément naturel en est (pour le
demi-volume) la couche circulaire r^.r-dy, de base ~x- perpendiculaire
il l'axe des r, et de hauteur dy, intervalle de deux couches élémentaires
consécutives, depuis l'équateurj' = o jusqu'au pôlej' = A. Or. l'intégrale
définie (8), différentiée par rapport à sa limite inférieure, en continuant à
y appeler, pour abréger, [t^w le carré de x, donne, d'une part, ./■- — -lIu et,
d'autre part, f/y, que l'on pi-endra, comme du, en valeur absolue. Le demi-
9'i6 ACADÉMIE DES SCIENCES,
volume élanl^-R', une inulliplicatiori pai ^^^^ donnera finalement
/Hy_3 i'-''-ui,-^A'-u)du _
V'o/ 4.',, ^/ 1 - t, {, + A-- u)-
Les réductions ordinaires des (lijfèrrntielh's /jo/y/iornes ramènent celle
dernière intégrale à celle dont nous avons fait le calcul approché an n" \\
précédent. Jolies conduisent, en cflet, à la formule île réduction, que vérilieut
des différentiations immédiates :
/• ii{i -j- /,-ii ) (/il o , , r (i -h /,-u)dii
J V ' — «(• + /. - " )' ^ /.- '3 /. - J \ I - - // ( I -+- /, - « )■
En évaluant par celle-ci le second mend^re de récjuation ( i '3 ), puis tenant
compte de la dernière ((i), il vient exactement, entre les trois rayons H, v„,
h, la relation simple
(|ue la valeur approcliée (i 9.) de // transforme en celle-ci
{l6) ."^ =;l,o3or) ou i^, ziz n,i)() li.
Ainsi, le rayon polaire v,, de courbure du méridien se trouve inférieur,
d'un centième environ, au rayon lî de la goutte censée sphérique. La raison
en est dans un certain élargissement des zones circumpolaires ou, du moins,
assez notablement distantes de l'équateur; car, même le renflement équa-
torial est, ici, très réduit, le rayon ii de l'équateur, exprimé par v„(i — Â"),
n'atteignant pas »„, ni, à plus forte raison, R.
clllMlli: BIOLOGIQUE. — AppHcalion de la méthode biocliitn'ufue de reclierclie
du i^/ucose à F élude des produits de r hydrolyse feriiirnlaire de l'i/iuli/ie.
Mole de MM. Em. n<»uRouEioï et M. Uuioei. (').
Bien que l'inuline soit un hydrate de carbone très répandu dans la nature
cl d'une préparation relativement facile, on n'est pas encore d'accord, à
(') Ce travail a été commencé en commun dans le courant de 1920. La mort de luon
ref^relté maître est survenue avant son complet aclièvement, les derniers résultats
n'ayant été obtenus qu'en février 1921. .l'ai ciu néiinmoins pouvoir le puhliiT sous
nos deux noms puisque tell(i avait été la pensée de M. nonniuelul. — M. I!.
SÉANCE DU l8 AVRir, I921. f)47
riicuic acUii'Ilc, siii' sa composition exacle, les uns [nélcndanl (|ifclle ne
fournit, à l'hydrolyse, que du fructose d, les autres (|u'elle donne, en même
temps, une ceitainc quantité de glucose rf, quantité différant d'aillrursavoc
les auteurs.
lui relisant les Mémoiies publiés sur ce sujet, ce qui fiappe, c'i'st que les
auteurs qui pensent (|ue Finuline renferme du glucose ont hydrolyse cet
hydrate de carbone au moyen des acides, tandis que ceux qui n'ont trouvé
que du fructose d comme produit d'hydiolyse ont eu recours à une hydro-
lyse fei'mentaire ou ont pi'is soin de bloquer les oxhydryles libres en les
mélhylant, avant d'hydrolyser, afin d'empêcher les ti'ansformations secon-
daires.
Il nous a semblé (pie le procédé biochinii(pie de caractérisation du glu-
cose, que nous avons exposé en 1920 ('), pourrait peut-être élucider la
question.
Nous avons montré, entre autres, que dans une solution dans l'alcool
méthylique à 70 pour 100 en poids, renfermant, poui' loo""', 1° de glucose
et 1^ de fructose, l'émulsine formait du méthylglucoside p dans les mêmes
proportions que si le glucose était seul. Nous avons pensé qu'en faisant
agir l'émulsine sur une solution méthylique des produits d'hydrolyse de
l'inuline, on obtiendrait la formation de méthylglucoside p, si le glucose
existait dans ces produits, la formation du glucoside se reconnaissant à une
diminution du pouvoir réducteur du liquide.
Dans un' essai témoin, nous avons fait agir l'émulsine sur une solution dans l'alcool
mélhvlique à 70 pour 100 renfermant, pour 100"^""^ is de glucose et 12s de fructose
légèrement hydraté. Ce liquide renfermait 12s, 686 de sucre réducteur, exprimé en
i;lucose, pour 100'^'"". Quand la réaction de l'émulsine a été arrêtée, il n'en renfermait
)jlus que 1 18,680, soit une diminution de 0^,826. Bourquelol et \ erdon ont trouvé que
dans l'alcool métlijlique à 70 pour 100 l'émulsine combine, sur is de glucose, os,83G.
ce qui est précisément le chiflre que l'on a trouvé-.
Le méthylglucoside |3 formé a été isolé et caractérisé par son pouvoir rotatoiie qui
a été trouxé de a„ =r ^ 32°, 28(/? r= o, 2875, (' = 10, /=2, ;< — . — i"32'). Le pouvoir
rolatoire du méthylglucoside [3 étant de a,, ^ — 32", 5.
Cette expérience montrait que l'on pouvait caractériser si'irement du
glucose à cùté de 12 partie^ de fructose. On a appliqué le même procédé
aux produits de l'hydrolyse fermentaire de l'inuline.
(') Em. Bourquelot et M. Bridel, Recherche et. caractérisation du f^lucose dans
les végétaux par un pnicédé biocliimir/uc nouveau {Comptes rendus, t. 170. 1920,
p. (i3l ).
9^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On a liydrolvsé de riiiulinc d'Afracfy/is exislanl au laboraloirf et dont
une partie avail seivi à Bourquelot pour son essai de i8e)3. D'après Tanrel,
cette inuline est d'ailleurs identique à celle de dalilia, d'année et de topi-
nambour.
On a opéré de la façon suivante :
lùrpérience I. — On a dissous i5s d'inuline d'Al/acl) fis. à i i pour loo d'eau, dans
quanlité suflisanle d'eau dislillée pour faire 3oo''"''. A ccUf solution, on a ajoutù
3oo''"'' de liquide iV Asperi^illiis nii,'cr obtenu en suixaiil 1rs indirations de Hour-
f|uelot ( ' ).
On a laissé la réaction se faire, à la tem])éralure ordinaire, ilu ■?. août au 21 oc-
tobre ig'îo. On a filtré le 21 octobre. Le liquide accusait une rotation de — .'i<'8'(/^=: '«)
et renfermait i3o',4oi *le sucre réducteur pour les 600'''"'. On a déterminé la matière
sèche sur 5'''"', à -f- 1 10°. On a obtenu un résidu (ixe pesant o^, i i5o. Si l'on calcule le
poiivoii- rotatoire de ce résidu fixe, on trouve ;
a,, ^ — 89°, ^3(/) ^r o, 1 I TjO, V =: 5, / = ■), a =: — ("S' ),
c"est-à-diie sensiblement le pouvoir rotatoire du finctose d. dans les conditions de
l'expérience, (les chifires confirinont pleinement ceux «[ue l'ourqueioi avait donnés
en 1893 (-).
Le liquide filtré a été évaporé à sec, sous pression réduite. On a repris le résidu par
aSo'''"' d'alcool à 90' bouillant. On a laissé refroidir l'alcool dans le ballon et l'on a
décanté le lendemain. On a repris le résidu de la même façon par .'xi''"'' d'alcool à 95'.
< )n a réuni les deux liquides alcooliques et on les a évaporés à sec sous pression
réduite. On a dissous le résidu dans quantité suffisante d'alcool métlivlique à 70
pour 100 pour faire ioo''"'°. La solution ainsi obtenue renfermait iis.^iS de sucre
réducteur exprimé en glucose. On a ajouté 18 d'émulsine et l'on a laissé la'réaction se
i"aire, à la température ordinaire, du ■?.(> octobre 1920 au 8 janvier 192t. On a dosé de
nouveau le sucre réducteur et l'on a retrouvé la même i|uantité de 1 1^,42:") pour 100""'.
Il ne s'était donc fait aucune réaction synlliétisante, ce (|ui pouvait tçnir
à ce que le liquide, ne renfermait pas de glucose ou à ce que l'action de
l'éinulsine n'avait pu s'opérer dans un tel milieu. Pour élucider ce point
important, on a dissous, dans le liquide, une quantité de glucose corres-
pondant à of'',999 pour 100""'. On a ajouté i*-' d'émulsine et l'on a laissé la
réaction se faire, à la température ordinaire, du i i janvier au 25 février
1921. Le liquide qui renfermait, pour 100""', avant l'action de l'émulsiiie,
12^,424 de sucre réducteur exprimé en glucose, n'en renfermait plus alors
(') F,«. BoiRQUELOT, Sur un ferinenl soluble nouveau dédoublant le irélialo'ic en
glucose [Journ. Pliann. Cliim., 5" série, t. 27, 1893, p. '198).
(•') E>i. Bourquelot, Inulnse et fermenlalion alconlique indirecte de l'inulinc
{Journ. Phnrm. C/iim., 5" série, t. 28, 1893, p. .')).
Sl-ANCE DU l8 AVmi- 1921. cjl\C)
«HIC I r',f)()y, soit une diiiiiiuilioii de <)*^,82t de glucose. I.a syiilliès(! |)Orlaiil
sur 82, () pour 100 du glucose, on aurait dû conslalei' une diuiinnlion de
ot'',825. Le méthylglucoside p foruié a été isolé à l'étal cristallisé.
Il ne peut donc y avoir de doute à cet égard, rien n'empêchait l'action
de l'émulsine dans le liquide de l'expérience.
On a fait deux autres expériences semblables, l'une avec la même inulinc
d\\(rac/vlis, l'autre avec de l'inuline de dahlia. Les résultats ont été en
tous points comparables à ceux qu'on vient de donner.
En résumé; quand on (ait l'hydrolyse de l'inuline au moyen de l'inulase
de VAspergilhts m's^er, on oJuient des produits réducteurs qui possèdent
sensiblement le pouvoir rotatoire du fructose r/, et qui ne se combinent pas
avec l'alcool méthylique sous l'inlluencc de l'émulsine. En ajoutant du
glucose à la solution méthylique de ces produits d'hydrolyse, l'émulsine
combine ce glucose à l'alcool méthylique dans les mêmes proportions que
s'il était seul en solution.
La conclusion que nous pouvons tirer de ces expériences est que les
produits de l'hydrolyse fermentaire de l'inuline ne renferment pas de glu-
cose, l'inuline étant ainsi uniquement constituée par l'union de molécules
de fructose.
E>(TOMOl,OGIE. — /{e'i^énera/inn de pattes à la place d'antennes sectionnées,
citez un Pliasme. Note (') de M. L. Cuftxor.
f'arfois, après amputation d'appendices d'Arthropodes, il repousse sur
la blessure un appendice différent de celui qui a été enlevé, et plus ou moins
semblable à un autre organe normal de l'espèce, par exemple chez divers
Crustacés (Palinurus, Patœmon) une antennule à la place d'un œil. Cette
régénération hétéromorphique est dite une homœosis de substitution. On
soupçonnait l'existence de rhomo;'osis chez les Insectes parce que l'on a
trouvé à plusieurs reprises des animaux dont une ou deux antennes étaient
terminées par des articles tarsaux avec griffes; Schmil-Jensen (") vient
(') Séance du 11 avril 1921.
(-) H.-O. Schmit-Jensen, Jfomœotisl; Regeneraliou af Antenne n lios en P/uisniide,
Carausius [Dixippus) morosiis { l'idensAal). Meddel. fret Dansl< nalurh. Foieniiii;
i Kjùbciilia^n, 6.5, igiS, p. ii3). — Kepublié en anglais : llomœollc. régénération oj
llie nnlennœ in a Phasniid or If alking-sticA {Smit/tsonian Report for igi/j, Washing-
lon, 1915, p. 5^3). — Résumé par Caudeli., Régénération of antennœ (Science, 40,
19(41 p. 352).
gSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
récemment d'en signaliT un cas tout à fait remarquable clicz un Phasmc
indien, élevé couramment dans les laboratoires, \e Caraii.u'u.s mor-osnsBrunn. :
Tantenne, après section, est remplacée par une patte, ou du moins par une
extrémité de patte; cette fois, le fait est hors de doute et peut être vérifié
expérimentalement avec facilité. Sansconnaltrele travail de Schmit-.lensen,
paru peu de temps avant la guerre, j'avais reconnu aussi chez la même espèce
le phénomène de l'homœosis et commencé son étude, d'autant plus intéres-
sante que le Carausius est facile à élever et que son abondante ponte parthé-
nogénétique permet de suivre des lignées pures. Mes observations confirment
le travail succinct mais très exact du zoologiste danois, et j'estime qu'elles
font progresser la question, tout en étant loin de l'épuiser. Certainement,
le Carausius deviendra le matériel de choix pour les recherches sur
l'homœosis, phénomène rare et capricieux, qui existe chez une espèce et
peut manquer chez une autre très voisine, et dont l'interprétation théorique
est d'une extraordinaire difficulté.
L'antenne du Fhasme {fig. I) comprend un article basilaire ou scape,
large et plat, que je désignerai comme article n° 1, puis un article n° 2
(^pédicule) à peu près cylindrique, et enfin les nombreux articles du fla-
gellum.
Pour obtenir des régénérations hétéromorphiques, il suffit de sectionner
transversalement, en leur milieu, les articles I ou 2 {fig. IV); comme on
pouvait le prévoir, la patte hétéromorphique ne se développe dans la per-
fection qu'après un certain nombre de mues, trois au moins : après la pre-
mière, la blessure apparaît cicatrisée et terminée par un mamelon très
bossue; après la deuxième mue, on reconnaît une patte, bien que sa forme
soit encore imparfaite; les articles, irréguliers et tuberculeux, sont mal
séparés les uns des autres. Ce n'est qu'après la troisième mue que la palle
est parfaitement bien dessinée (fig. I et H), il faut donc pratiquer les sec-
tions sur des larves assez jeunes, pour que les organes aient le temps de se
développer complètement avant la mue imaginale.
La patte hétéromorphique la plus complète que j'ai obtenue, comme
Schmit-Jensen, comprend un tibia et un tarse de 4 articles. Le tibia, tou-
jours inséré sur l'article basilaire de l'antenne reconnaissable à sa forme,
est cannelé, avec des poils noirâtres sur les arêtes, rappelant ainsi, en beau-
coup plus court, le tibia d'une patte normale; le tarse est tout à fait iden-
tique à celui d'une patte régénérée après autotomie : il est lélramère comme
celui-ci, et non pentdmère comme un tarse de patte normale; le premier
article, le plus long, porte une paire de plantules à son extrémité distale, de
SÉANCE DU l8 AVRIL I921. 93 I
inrtne que les deux arlicles suivants, plus courts; le qualrièine article,
ovoïde, est terminé par un large empodiuin et porte doux fortes grilles
courbes.
Fig. I. — Carausius moi osas, iinagu; chez la laive, l'antenne droile a élé sectionnée au travers
(le l'article n° '2, il a repoussé à la place une patte comprenant tibia et tarse, et mesurant 5""",
depuis son insertion sur l'article basilaire de l'antenne jusqu'au bout des grilles. L'anten-'e
gauclie est normale.
Fig. II. — Imago : régénération de pattes après section des deux antennes, au travers de l'article n° '.
I''ig. III. — Imago : après section de l'article n" 'i, il a repoussé une formation mixte et iucojnplèlf,
comprenant à la base deux articles antennaircs, puis une masse boursoullce et uri tarse muni
d'une seule grille. Vue de profil.
l'^ig. IV. — Schéma des zones dans l'antenne : A, article n° .3, dont la section est suivie de la régé-
nération d'articles antennaircs; 0, région de l'article basilaire dont la section n'est suivie d'au-
cune régénération; 0', zone de séparation entre les articles 1 et 2. dont la section n'est suivie
d'aucune régénération; P' et P^, parties des articles 1 cl '.', dont la section est suivie généralement
de la régénération d'une patte plus ou moins parfaite.
On trouve tous les intermédiaires entre ces ])attes liétéromorpliiques iiar-
faites et un bourgeon bosselé et informe; le tibia peut être à jjeine reiK'é-
senté ou manquer tout à fait, les articles des tarses se réduisent ou deviennent
méconnaissables; enfin il n'est pas rare qu'une griffe seulement se dévelop[)0
à l'extrémité, l'empodium étant présent.
Il semble, d'après la lecture du travail de Schmit-Jensen, qu'il n'a
jamais obtenu deux pattes antennaircs; c'est évidemment par maleclianci'.
;)52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
car en praliquanl les seclions aux bons niveaux sur les deux antennes, il
est très facile d'obtenir rhétéromorphose des deux côtés (//'i,''. 11), et de
fabriquer ainsi un Insecte à huit pattes.
Très rarement, j'ai obtenu une espècf de patte-antenne ( //^'. 111) : l'ap-
pendice régénéré comprend, au-dessus de l'article basilaire, une série de
deux articles, qui ressemblent tout à fait à ceux d'une antenne, et qui sont
suivis par des articles de pattes : d'abord un mamelon bosselé ( libio-tarse),
puis trois articles tarsaux terminés par un empodium et une grilTe unique;
Schmit-Jensen a observé aussi une patte-antenne à quatre arlicles antcn-
naires.
Plusieurs fois, dans un dixième environ des opérés, il y a eu, chez des
Phasmes dont une ou deux antennes avaient été sectionnées au milieu du
premier article ou du second, régénération de véritables antennes nor-
males.
M. Gaston Bo.wirr offre à l'Académie le Tome 32 de la Revue p;ènèra\e
(le liotanùjiie publiée sous sa direction.
M. LAr.ouit-GAYET fait une lecture sur Honaparte, Membre de la Première
Classe (le l' Inslilul national des Sciences et des Arts.
NOMIIVATIOIVS.
Le Comité du centkxaire de la mort de Napoléon I" invite l'Académie à
se faire représenter à la séance qui se tiendra à la Sorbonne le mercredi
4 mai en l'honneur des Institutions civiles de Napoléon.
MM. les Membres du Bureau et M. A. Mes.\a(.kr sont désignés pour
représenter l'Académie.
COURESPO^DAlVCE.
Le (Comité du six-centième anniversaire de i.a mort de Dante Ai i(iiiiE:ii
invite l'Académie à se faire représenter à la cérémonie comménioralive (jtii
aura lieu, en ri']glise Saint-Séverin, le ■:>.- avril prochain.
SÉANCE DU l8 AVRIL 1921. 953
Le RovAi. Sainitary Inmitute invite l'Académie à se faire représenter au
Congrès qui se tiendra à F'olkestone du 2i> au 28 juin 192 1.
(Kenvoi à la Section de Médecine.)
M. .^Iarcel Deïi.épimo prie l'Académie de vouloir bien le compter au
nombre des candidats à la place vacante, dans la Section de Chimie, par
le décès de M. Emile Hourqiiclot.
M. le Sous-Seciiétaire dEiat de l'xVéronautique 15 r des Transports
AÉRIENS adresse le Programme général des éludes de Physique et de Mécanique
intéressant le Service technique et de l' Aéronautique et invite les savants qui
seraient désireux de collaborer à la réalisation de ce programme à se faire
connaître.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance :
1° Précis de Médecine légale, par A. Lacassagne et Etie.nne Martin. (Pré-
senté par M. Widai.)
■2° H. Ollivier. Cours de Physiqw générale. Tome I : Unités C. G. S. et
M. T. S. Gravitation. Électricité et Magnétisme. Ions et électrons. Symétries.
(^Présenté par M. J. Yiolle.)
3° Cours de Mécanique appliquée. Tome il : Statique graphique et résis-
tance des matériaux, par Louis Roy.
4" Étude sur les doublets élastiques, par A. Thuloup. (Présenté par
M. Berlin.)
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Courbes algébriques non unieursales
à torsion constante. Note de M. Bertrand Gasibier, présentée
par M. G. Kœnigs.
L J'ai indiqué de nombreuses courbes algébriques d- à torsion con-
stante, de genre arbitraire, réelles ou imaginaires ('). Nous savons que
(') Annales de C Ecole Normale, 1919 el 1920; Comptes rendus, t. I.3S, \\)i!\,
p. 021 et 6i3.
9*5/» ACADÉMIE DES SCIENCES.
les courbes -1 , ircllcs ou ir/uigi/iaires, donnent loti/es les surfaces réelles
applicables sur le paraboloïde de révolution, et, qu'à titre d'asymplotiques
des surfaces à courbure totale constante, positive ou négative, elles jouent
un rôle important dans la détermination de ces surfaces. Aussi, les
courbes ci non unicursales que j'ai citées étant toutes du type hyperellip-
tique. je me débarrasse de cette restriction qui n'avait rien d'essentiel et je
donne de nouveaux exemples pour lesquelles les coordonnées d'un point
courant s'expriment rationnellement au moyen de deux variables x, y liées
par la relation v" = -r'""^' — .r, ni et n étant soit entiers, soit fraction-
naires. ;;o. Ces exemples sont tous imaginaires; je donnerai bientôt des
types réels différents. -
La rechercbe d'une courbe A. algébrique revient à tracer sur la splière
J.2 _i_ ,/j _i_ _2 _ j yj^g courbe algébrique m. lieu du point (c,c'.c") telle
1 , . c -h rc' r -h ic' , . ■ • . . i f '/'/
quen posant u = r' <' = 7 les trois mtegrales / ,
' '^ I — c I + r ^ J (" — '■)
/v dit /■ c- (/(/ -Il 1 • 1.1-
: T' / , 77 prises le long de iti. soient algébriques.
2. llestant dans l'esprit de ma Note du 2 février 191/1, j'écris
( 9 = A, //""+■< + A,//''"')""'^. . .+ A/,^, p^,
it/, n, s étant soit entiers, soit fractionnaires, < o, h un entier positif. les A
et R des constantes. Les trois intégrales en (juestion sont algébriques, guel
que soit K, si les cinq intégrales l^^du, j <)ii(/u, jh-i/u. jh-udii.
ny-ii-dii sont algébriques. Ln posant ],,_-- j u~'jj' (/p, la formule de
récurrence
{2) I ///■ ~[-,(»l -r- \)( /l — k)]\, „,.,■/. — \lir ,11— /. |l,.,, = /y' (/"-<■
montre que (si « :^ i, 2 ou 3) les coefficients A,, Ao, . . . , A/, ., sont liés par
cinq relations homogènes, dont deux linéaires et trois quadratiques. SiA>5
on trouve des solutions ci à A — 4 arbitraires; si l'on élimine deux A. le
calcul revient à trouver les points communs à trois quadriques de l'espace
à /i — 2 dimensions. Il peut exister certaines solutions impropres, évidentes
a priori, et alors la recherche se simplifie encore : ainsi, pour // ^ 5, * = o,
rn^='j,^ la solution impropre 0 = A/r"+ a (A, a constantes arbitraires)
montre que les trois quadriipiesderespaccordiiiaireontune droite commune
à éliminer et il reste quatre solutions et non plus huit; en supposant de
SÉANCE DU l8 AVUll. 1921. fjS:")
|ilus II -^ 4) 'c genre obtenu est 3, le plus fail)l(' possible, puisipi'il s'iii;il de
courbes non hyperelliptiques.
Pour n = ?), l'intégrale hy-ird(iQsl automatiquement algébrique, une
relation (juadratique disparaît; pour hil^, on a des solutions à/ï — 3 arbi-
traires; pour h = 4, on est ramené à trouver les points communs à deux
coniques; pour h = 5, on est ramené à Tintersection de deux quadriques de
l'espace ordinaire et si de plus m = 3,.f = o. la solution impropre 0 = "Am" -h u.
fournit une droite commune à rejeter; sur le reste de l'intersection on peut
alors exprimer les A rationnellement au moyen d'une arbitraire K' et les
courbes -1. obtenues sont de genre 3, dépendent des deux arbitraires K et K'.
Pour n = 2, le procédé réussit encore et donne cette fois des courbes
byperelliptiques, on n'a à étudier que les trois intégrales /'JfA/, / 0-r/«,
/ fy-u^du. Entln, pour « = i, les formules (i) donnent (\xpli<i(ement sans
calcul des courbes et unicursales.
3. La recherche des courbes algébriques à torsion constant<' conduit, en
générai, à des calculs inextricables; pour le type adopté ici, les calculs se
réduisent presque au minimum et se font sans elïoi t. Mais, avec un choix
convenable des nombres m, «, s, />. on peut encore diminuer les calculs. La
lorniule de récurrence (2) montre, en effet, que si le coefficient de gauche
ni' -h (m -h 1) (n — k) est nul, la série d'intégrales I, ,,, !,._„, ,,, 1,_2..„ /,, •• • est
algébrique, la série I,^,„,,, I,^»,,,/., .•• transcendante. Si le coefficient de
droite nr -+- n — k est nul, c'est l'inverse.
On reconnaît aussitôt que, si l'on prend 0 =^"' Ay/j'"', où les / sont
entiers o et si /; =; ■ — ou /i = — - les cinq intégrales étudiées ici sont
automatiquement algébriques, parce que cinq coefficients de gauche ou
cinq de droite sont nuls; pour n = on doit supposer /^ — — si < > o
ou y^ 2/ — I si t <Co. Pour /; =-. — on doit supposer J^2t + i si ^ > o
ou /^ si /•<o. Les courbes l ainsi obtenues sont, malgré l'appa-
rence, unicursales : il suflit de prendre//", au lieu dey;, pour nouveau para-
mètre. Ces courbes, obtenues eœplicilemenl sans calcul, possèdent des pro-
priétés iinpoitantes sur lesquelles j'aurai l'occasion de revenir.
Si, maintenant, j'égale à zéro un coefficient de gauche convenablement
956 ACADÉMIE DES SCIENCES.
choisi dans I h r/i/ et b'-iidu et un coefficient de ilioitc dans i ()- du
et / fy-ii^di/, on pourra supposer
4 2('W,4-l) •! /,-+-!
où l et /, sont des entiers i et alors il reste une seule relation linéaire
entre les A tournie par / hudii. [^'exemple le plus simple obtenu par ce pro-
cédé est
" ' ' ' = (/v - — p), 6 = 8op « -+■ ()p "
qui, en prenant comme variable nouvelle P — /> « , correspond birationnel-
Icment à la courbe Q' = P* — i de genre 3. La courbe ci obtenue a quatre
cycles isotropes à l'infini obtenus pour P = + ao, de degré 9, classe i'^.
indice 18; quatre cycles isotropes pour P — o, de degré 2, classe 5, indice 4;
un cycle isotrope pour P égal à + 1 , — 1 , + j, — i de degré et classe 1 1 ,
indice 44; cette courbe A est de degré i^Ci et ne dépend que de la con-
stante K.
4. Tout ce qui précède peut se répéter en supposant intervertis les rôles
de u et 6, c'est-à-dire supposant que 8" = n(p"'-^' — /;) et n = A , p'""'^^ -{- . . . ;
c'est cette forme que j'avais employée en i9i4) en supposant toutefois n = 2,
auquel cas je ne pouvais obtenir que des courbes du type hyperelliplique.
ASTRONOMIE. — Observation de l'éclipsé de Soled du ~ avril 1921, faite à
l'Observatoire de Toulouse. Noie de M. L. Montaxwera.nd.
Cette éclipse, partielle à Toulouse, a été observée à Féquatorial lirunner-
Henry (objectif de 38'"', 5 d'ouverture, diaphragmé à S'""), et dans des
conditions atmosphériques assez défavorables. On a emplo\é le grossisse-
ment 88.
Au moiuent du premier contact, le ciel était très voile, mais les images
tranquilles. L'instant noté ppur la première aperception de la morsure du
bord lunaire sur le disque solaire a été i9''27'"34' ( t. mo\ . de Toulouse ).
Lu tenant compte du retard de cette aperceplion, on poul cstinuT ipie le
premier contact s'est produit à it')'''.'.7"'32\
Puis, le ciel s'embrunie progressivement, el Ton suit un (mmi dinicilement
SÉANCE DU l8 AVRIL ly2I. 967
la marche du phénomène. Pourlant, avant le dernier contact, le ciel se
découvre presque complètement, mais les images sont assez troublées.
Néanmoins, l'instant de ce dernier contact a pu être pris avec une précision
suffisante à 2i''57'"24S4 (l- »!• Toulouse).
On n'a pu voir les bords de la Lune avant le premier contact ni après le
dernier.
COSMOîOMi:. — Constilulion et formai ion des nébuleuses spiruh's.
Note (' ) de M. Alex. Vi';ko.\i\et, présentée par M. B. liaillaud.
J'ai indiqué dans une Note pi'écédente (-) comment une étoile double
sur son déclin pouvait se lajeunir et former une étoile nouvelle et nébu-
leuse. Il semble également (\uune étoile double^ formée de deux composâmes
de masses homogènes assez grosses et assez voisines, peut aboutir à la formation
d'une nébuleuse spirale.
En égalant l'énergie résultant de la fusion complète des deux astres, à la
chaleur absorbée et rayonnée, on a la formule
3 /M- >n- m'-\ 5 m- m'- r + r' i mm'
Le premier lerme représente l'énergie de forma lion de la masse M
avec rayon U, diminuée de l'énergie de formation antérieui'e de m et m'.
Pour une condensation maximum, il suffirait de multiplier par ^. Le
second terme représente l'énergie de rotation subsistante, le troisième
l'énergie perdue avant le contact, par frottement dans le milieu, pour
donner des orbites à peu près circulaires. Le second membre contient
l'énergie rayonnée F],., et la chaleur absorbée par la masse, dont la tempé-
rature a passé de T, à T. L'énergie Journic serait encore énorme et pouriait
atteindie le ~ de l'énergie de formation de l'une des masses.
Négligeons d'abord K,., en supposant une compénét ration des deux
astres assez rapide, ou en admettant que toute la chaleur soit utilisée à
élever la température, on obtient pour l'augmenlalion maximum de cette
température, dans le cas des masses égales,
(') Séance du 11 avril 1921.
(-) Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 666.
C. R., 1911, I" Semestre. (T. 172, N- 16.) 72
958 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le second meinbie doit être positif, ce qui donne ici
(3) U<r,33/- et \\<2i
dans le cas de choc direct sans rotation. Les valeurs réelles, correspondant
à T, seraieni d'ailleurs extrêmement voisines de ces valeurs limites.
D'autre part, les lois de dilatation donnent, en simplifiant avec la pré-
cision de o,i (' ),
, , /■' l> I -^ a,T| T, ,_ rr , ...
(-',) ■^,T' = i>; = TTiT<T' r<'.'7T,<5i,.
La température nouvelle de l'astre résultant, qui serait multipliée par 4
dans le cas de choc direct, ne saurait augmenter ici que de {, si elle portait
sur toute la masse.
L'augmentation de grandeur ivraie de l'astre définie par l'intensilé rayon-
nante totale I serait
T', étant la température superficielle initiale, T| = 2T'j. L'accroissement
maximum d'éclat serait, de io,5 grandeurs dans le cas de choc direct,
de 1 .3 seulement dans le cas de fusion complète par rotation.
On voit donc que, dans ce dernier cas, si toute l'énergie produite était
employée à échauffer la masse, le résultat serait peu appréciable. C'est donc
l'énergie produite, à la surface, par la friction des deux astres, et dépensée en
énergie rayonnante, qu'il y a lieu surtout de considérer ici.
Nous sommes ramenés au cas d'une niasse faible m tournant autour d'une
masse M et s'y fusionnant, en échauffant une masse superficielle l,m de T,
à T, en accroissant le rayon R de o\\ au lieu de dW. La formule (i) devient
Les termes en m- sont de l'ordre m : M et négligeables.
TjC quatrième terme s'introduit par la dilatation oH, qui peut s'exprimer
en fonction de T — 'f,.
En négligeant les termes négligeables à o,i près, on a successivement
\ cAJ, H/ 2/.C-A R i, bhm
(') Comptes rendus, l, l(jG, 191 8, p. fi^a.
SÉANCE DU l8 AVRIL I921. 969
T, est ici la température superficielle de M. Dans le cas de chute directe,
le second membre de ces deux expressions est multiplié par 2. On a vu les
résultats numériques dans la Note précédente. Pour X' == 10, on aurait ici
looooo degrés pour une masse analogue à Jupiter s'incorporant au Soleil,
avec augmentation de i2,() grandeurs [le terme en R devient négligeable
en (5)1.'
hans le frotlemenl de deux astres, nous avons une source d'énert^ie superfi-
cielle de l'ordre de celle donnée par la formule (6), qui produit un centre de
rayonnement int"nse, dont la pression de radiation devient très supérieure à
l'attraction. Les particules des deur astres sont donc chassées, suivant deux pôles
opposèi situés sur une ligne qui joint les centres des deux astres tournants. Nous
obtenons une nébuleuse spirale.
La trajectoire de chaque particule dans l'espace est une hyperbole, sur
laquelle la vitesse devient vite sensiblement radiale. Les particules lancées
à des instants différents ont tourné d'un certain angle égal à celui de la rota-
tion des doux masses centrales et se disposent sur des spirales diffuses, les
vitesses étant différentes. La dislance entre les spires est égale à l'espace
parcouru par les particules pendant une rotation des deux astres, l ne tem-
pérature superficielle 10 fois plus grande que celle du Soleil donnerait aux
fines particules des vitesses de l'ordre de looooo'"" par seconde, voisines de
celles de la lumière. L'écart des spires peut atteindre i" à i5 parsecs.
Ces vitesses pourront permettre à la nébulosité, qui se déplace radiale-
ment d'ailleurs, de traverser d'autres systèmes, d'autres étoiles, sans être
trop déformée, et sans que ces étoiles lui appartiennent. Ce seront donc des
systèmes à évolution rapide, de l'ordre de centaines d'années, d'autant plus
intéressants à suivre. Ce seront des systèmes comparables aux étoiles simples ou
doubles., mais nullement à la Voie lactée. Les mesures de Van Maanen ont
montré d'ailleurs que les mouvements internes sont centrifuges et non
centripètes, comme on le croyait, qu'ils sont rapides et décelables en
quelques années. Tout cela rapproche bien les nébuleuses spirales des étoiles
nouvelles et des étoiles nébuleuses, plutôt que des -systèmes stellaires.
960 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MAGNÉTISME. — Sur les homologiies d'un aimant permanent uniformément
aimanté. Loi de i ellipsoïde. Note (') de M. H. Chipabt, présentée par
M. L, F^ecornu.
Dans une précédente Note (^) nous avons défini ce que nous entendions
par homologue \]\ d'un corps U' plongé dans un liquide magnétique illi-
mité U dont nous désignons par a la perméabilité. Nous nous ])roposons
d'étudier les homologues d'un aimant permanent U' (fJ-'= i, ''= j = o),
de forme arbitraire, dont l'aimantation est uniforme ol peut recevoir toutes
les orientations possibles.
Ce calcul se ramène à celui d'un potentiel de sim[)le couche ^ ,(.r, i-, z)
astreint à vérifier, sur la surface S' qui limite l'aimant 1 ', la condition (i) :
d\\ ' I (/V, , (7 , , , . ,
(1 I — ; \ T-T +|7:— = l> C7=I(V.J)=Z J^-cosa -H ,1, COS J -r .1- co?y
<in [j. (In ,ut • ' ' .
/' , , . . . ... , , . d il'
( V désigne un vecteur unité porte suivant la normale extérieure; -j- et -r—
désignent les dérivées prises suivant la direction v et la direction opposée;
enfin J,., J,, J. sont les composantes de l'aimantation uniforme portée par
l'aimant IJ'
La solution de l'équation (i) est
U, (', (r représentant trois potentiels de simple couche astreints à vérifier
sur S' les conditions (2) :
, , du du , di- dv ,
(2) p. -5 h -r-T + 4 7îcoss::=o, [J-- h -r-7 -H tJt C05 j = o. ....
' rt/( dn dn du
Les composantes du champ magnétique ot, = — gradient^, créé par
l'aimant homologue L', sont donc fonctions linéaires et homogènes des .1,.,
.1^, J-, en sorte que la fonction <I>
(3 I 'l'iaila-, OWy, ;Tu ) = — + xli' / ^drr: + /.U' r^ dm
2,U J^^ 877,7. ./,, 8-
est une forme quadratique en i^w.., ;iri.^, ."ill;.
(') Sétince du 11 avril 1921.
(') Comptes rendus, 1. 172, ig'-i, p. -5o.
SÉANCE DU l8 AVRIL 192t. 961
Nous allons élai)lir que le moment magnétique .ik, dr l'Iiomotogue \}\ est
lié au moment magnétique .")ll/ de l (dm,ant U' par les formules ( \ ) qui
expriment la loi de l ellipsoide
('^ ■^^^'■'■^ôârc:' '"^"=,7:^;' "'^'==;m:;
A cet cil'et commençons par observer que, les aimantations de U' et
de U', étant toutes deux solénoïdales, les projections des moments magné-
tiques de ces aimants vérifient les formules (5) :
(5l ;1ll,r= / .rc-()'(,l, Cl\li^--z jxrT^d'.).
On a d'ailleurs
_ _i_/(/V, d\,\ _ I / ^V|\
'\-\d/i dn' ) [j. \ ' dn' )
Translormons l'expression analytique de Oit,,,.; nous obtenons d'abord la
suite d'égalités
.-,,. r , r d\\ , r. , y- r., i dn du\
V- r ( d\\ d\\\ . /' ,
d'où la i'ormu'e
011,,^.= - 1 ( .r -t- z(n (Jx cosa -1- J, cosi -(- J; cosy) f/oi = Â,,J^.+ A.oJy + A,3.J;.
A son tour la transformation des coefficients A,,^ se résume dans la nou-
velle suite d'égalités
A , .> t= — / » COS S d'^i ^ -; / U\ IX —. \ r—, ] d',\
X. r X"' H" t*'' ; y r V^ '^" '^'' ; .
4 W Jv "^ "■^' ^'' ^ ~ Ju '■'•'■ ''-^'
et pareillement
F- 4 T^P- .7u' '^ V <^'^ / 4 TT Ji, -^ \ d-r J
Observant enfin que le carré JC, du champ magnétique créé par l'homo-
logue U, a pour expression
nous aboutissons aux conclusions suivantes :
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° .)1V| est une fonction vectorielle linéaire syinélrique de OR;
■1° Le produit scalaire ( .trL.;>n , ) est égal à 2$(on.,., Dit,., OR..);
5° La quadrique <!>(.'», )',;) — r= o est un ellipsoïde lorsque le liquide L)
est paramagnétique (7. > o);
4° La propriété précédente s'étend pratiquement aux liquides diamagné-
liques connus, car, en raison de la petitesse du coefficient d'aimantation /.,
— représente le ternie prépondérant de 4>(3R^., .1R, ,^\\. ).
SPKCTROSCOI'IE. — Spectres (l'étincelle de l'or el du platine dans l'ultra-
violet extrême. Note de MM. Léon et Ei]«;i>ine Iîlocii, présentée par
M. E. Bouty.
Le spectre d!étincelle de l'or a été mesuré par Handke jusqu'à lu lon-
gueur d'onde i(323,2. Nous l'avons étendu jusqu'à i4oo. Les lopremières
raies de notre liste correspondent à des mesures assez mauvaises par suite
de l'imperfection des clichés; -les i4 dernières ont été calculées par
extrapolation et peuvent présenter de lég;ères erreurs systématiques. Dans
la région commune aux mesures de Handke, nous retrouvons la plupart
des raies intenses de cet auteur.
- Le spectre du platine dans la région de Scliumann est donné ici pour la
première fois.
Un certain nombre de raies sont marquées comme faibles (f.), larges (1.),
diffuses (d.), doubles (dou.), multiples (mul.), douteuses ( dont. ), ou d'ori-
gine inccilaine (?).
.Or.
Inl. A. Obs. lui. ),. OI)S. lui. "/.. OI)S.
2 1762,(1
3 1756.5
2 1749,6
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ACADEMIE DES SCIENCES.
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1 4q ' , 5
1487,3
1484.2
'482,4
1478,6
i. 1.
1474,5
1472,1
1468.7
i. f.
1 466 , 5
I 464 . 7
dou.
I 463 , 1
doul
1.461 ,0
Mi;i'ALLOGlî.\Pilll.. — L'emploi des rcfroidissentenls liés lents pour l'étude
ndcrograplilquc des alliages et In structure des aciers au tungstène. Note de
M. A. PoKTKvi.\, présentée par M. Henry l.e Clialelier.
Nous avons, à maintes reprises, au cours d'études sur la structure des
alliages, eu recours à des refroidissements exceptionnellement lents. Ce
procédé présente un grand intérêt dans les buts suivants :
i" Grossissement de l'ensemble du dessin structural dans les alliages en
SÉANCE DU 18 AVKIL I921. 96^
équilibre cliimi(iiie. Ceci peut être mis à prolit : soil pour l'enseignement
en n'ayant recours qu'aux objectifs à faible grossissement ('), soit pour
l'étude en fournissant un supplément d'amplilication qui permet en quelque
sorte de dépasser les grossissements maxima fournis par les dispositifs
optiques actuels. D'où l'utilisation de ce procédé pour la résolution et
l'étude morpliologique des complexes eutectiques fins ('-), l'examen du
mode de déformation et de l'anisolropie des éléments de structure ('), etc.
On peut aussi déceler sur des structures ainsi développées de minimes
modifications amenées par des traitements tliermiques ultérieurs; en parti-
culier cela permet de suivre, par des trempes, la variation, en fonction de
la température, des limites des lacunes de miscibilité à l'état solide géné-
ralement très difficiles à déterminer par les métbodes physiques.
•1° Réalisation de l'état d'équilibre ou d'un état plus voisin de ce dernier
dans les alliages présentant des constituants de trempe : par exemple, cer-
tains aciers spéciaux au chrome et au manganèse (').
'3" Mise en évidence d'états hors d'équilibre jusqu'alors pressentis ou
insoupçonnés par l'obtention de nouvelles structures d'équilibre.
On peut ainsi se rendre compte que tous les aciers au nickel industriels,
tout au moins ceux que nous avons étudiés jusqu'à 3o pour 100 Ni et
0,8 pour 100 C, sont hors d'équilibre structural.
Les aciers au tungstène nous en fournissent un nouvel exemple que nous
décrivons ci-ap rès.
Constituant particulier observe dans les aciers au tungstène. — L'élude des
variations de structure apportées par un recuit suivi de refroidissement très
lent sur les aciers au tungstène nous a conduit, entre autres choses, au
résultat suivant pour des alliages contenant de 0,1 à 0,4 pour 100 C et
de 5 à 7,5 pour 100 W :
C ) C'esl grâce à l'emploi d'échantillons micrographiques spécialement prépawis de
celle façon qu'il nous a été permis de réaliser, au laboratoire de Métallographie de
l'Ecole Centrale, la présentation directe à des groupes d'élèves, par projection, de
l'image fournie par le microscope sur un écran; en évitant l'emploi d'objectifs à fort
grossissement on obtient un éclat et une netteté suflisanls de l'image ainsi projetée et
ce mode de présentation oll're de très grands avantages pour l'enseignement de la
micrographie.
( -) PoRTEviN, Comptes rendus, l. 171, 1920, p. 35o, et Int. Zeit. Mêlait., t. 4, igiS,
p. 257.
(') PoiiTEviN, Comptes rendus, t. 156, igiS, p. 820 et 1237; '■ ^''O, igiS, p. 344-
I ■• ) PoRTEViN, Comptes rendus, t. 1.53, 191 1, p. 64 ; t. 16.o, 1917, p. 62.
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Là slructLire de ces aciers normaux est décrite comme formée de ferrite
associée à la perlile ((ïuillet, Swinden) ou même dépourvue de perlite
(K. Honda et T. MuraKami).
Acier au tungslcae (C = o, 4 p. 100; W = 5, 4 P- ""M lenlcnjent refroidi.
Fig. I. — Attaque de i iniiuitc au Fig. j. — Attaque de 4 miaules au réactif
réactif Benédicks y 3o. Le Cliatclier (picrate de soude) :■; inn.
Après un recuit vers iSoo" suivi d'un refroidissement d'une durée de
73 heures jusqu'à 200" la structure se trouve complètement modifiée.
La figure i représente un acier à o,4 pour loo C et 5,'i pour loo W
ayant subi ce traitement; on \ voit un réseau formé de plages claires
et foncées délimitant des régions occupées par un constituant diffé-
rent de ceux que l'on connaît : c'est un complexe d'aspect aiguillé qui
se rencontre également dans les aciers à plus basse teneur en carbone
(0,1 pour loo) et dans ceux à plus forte teneur en tungstène (7,35 pour 100).
Examiné sous un plus fort grossissement {fig. 2), on y dislingue très net-
tement de fines aiguilles orientées comme celles de la marlensile des aciers
trempés. Ces aiguilles sont colorables par le picrate de soude en solution
sodique; ce caractère, joint à leur abondance dans des aciers à aussi basse
teneur en carbone, ne permet pas de les prendre pour un carbure, et
montre que l'on se trouve en présence du tnngsture Fe'- W. La disposition
orientée (structure de \Vidmanstaetten) inditjue qu'elles se séparent pro-
gressivement dans un milieu cristallisé, la solution solide Fe-Fe-W. Or,
dans le diagramme fer-tungstène, la limite du domaine de cette solution
solide, c'est-à-dire la ligne de solubilité de I'Y'-\\ à l'état solide, est une
SÉANCE DU l8 AVHIL 1921. 967
courbe indiquanl une solubilité décroissante avec la température pour
aboutir à 9 pour 100 W à la température ordinaire (K. Honda et T.
Murakami), la présence du complexe aiguillé ferinte +Fe-W dans les
aciers à 0,1 pour 100 C et j pour 100 W prouve que cette limite doit être
reportée vers les basses teneurs en tungstène.
Les deux autres constituants de ces aciers sont des plages blanclios de
ferrite (solution solide Fe-Fe-\'V) dont la proportion diminue quand la
teneur en carbone croît, et un carbure répondant à la formule WC d'après
K. Honda et T. Murakami. Ce carbure se présente en éléments visibles,
plus ou moins coalescés, ou très fins, formant une troostite facilement colo-
rable par les réactifs acides.
Une fois obtenu, ce constituant spécial aiguillé persiste si l'on soumet
l'acier à de nouveaux recuits vers iooo°-, par contre, un recuit vers 1100°
(refn)idissement de 3 heures et demie de durée) fait disparaître le carbure
et donne de la ferrite avec le complexe aiguillé dans les aciers à faible
teneur en carbone.
Fin résumé, on peut léaliser pour les aciers au tungslènc une structure
à 4 constituants comprenant une ferrite au tungstène, du carbure de tung-
stène, une troostite au tungstène et un constituant nouveau qui est un com-
plexe ferrite -l- Fe^W; cela ne fait d'ailleurs que 3 phases : solution solide
b"e-Fe^W, WC et Fe'-W, ce qui est compatible avec l'équilibre dans le
svstème l^"e-^^ -C.
MICROSCOPIE. — Sttr un dispositif microscopique pour r examen des
cristaux opaques. Note(') de M. Maubice Fuançois, présentée par
M. Charles Moureu.
Les cristaux opaques et très petits sont difficilement observables par les
moyens dont on dispose actuellement. Le microscope ordinaire, établi pour
l'observation par transparence, ne permet de voir que leur contour s'ils
sont isolés et un contour général informe s'ils sont maclés ou réunis en
groupements comportant un grand nombre de cristaux, ce qui est le cas le
plus général pour les composés chimiques préparés dans les laboratoires.
On en est souvent réduit à se servir, au lieu du microscope qui ne donne
aucun résultat utilisable, d'une forte loupe qui permet d'apercevoir des
points brillants et d'en conclure que le corps est cristallisé sans donner
(') Séance du 1 i avril 1931.
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'iiidicalion sur la forme, si les ciislaux sont très petits. Sans doute, plu-
sieurs dispositifs ont été proposés et construits pour Fexamen et la photo-
graphie des corps opaques et des lames polies d'alliages, qu'il m'est impos-
sible d'énumérer et qui peuvent donner satisfaction; il semble toutefois
qu'il puisse être fait des améliorations pour le cas spécial des cristaux.
J'ai cherché à réaliser un procédé d'observation de ces cristaux micros-
copiques qui permette d'en voir distinctement toutes les facettes et tous les
détails.
I^e système consiste à observer par réflexion les cristaux placés au-dessus
d'une tache opaque et fortement éclairés sur leur partie supérieure par un
très petit miioir concave vissé à la partie inférieure de l'objectif et portant
à son centre un trou circulaire d'environ i'"'" de diamètre. Complet,
le système comprend trois parties spéciales : le miroir concave, la tache
o|)aque, l'éclairage situé dans l'axe du microscope au-dessous de la platine.
Gel éclairai;e produit un [aisceau lumineuN. parallèle, qui, passant autour de la taclie
oparjue T qui porte les cristaux, vient toucher le miroir concave MM'. Celui-ci fait
converger les rayons à son foyer où se trouvent précisément les ciistaux. Ces cristaux
se trou\enl très fortement éclairés et on les examine à travei-s le canal étroit que
porte le miroir concave en son milieu Ij.
Le miroir concave ne doit pas élre consliuit d'une façon (iu(lcon(|iic puiscjuc ^cm
foyer doit coïncider avec les objets à examiner qui sont dans la position do la mise au
poinl. Il en résulte (|ue son rayon de courbure doit être le double de la dislance fron-
SÉANCE DU 18 AVRIL I92I. 969
laie mesurée pour l'objeclif (Iclcrmiiié el un oculaire n" 1. 11 en résulte aussi que,
pour chaque objeclif, il faut un miroir concave spécial. On serait tenté d'ajouter qu'il
en faut un pour chaque combinaison de l'objectif avec les divers oculaires; mais, dans la
pratique, les miroirs concaves construits pour un objectif déterminé fonctionnent d'une
fa(;on satisfaisante si l'on substitue à l'oculaire n° 1 toute la série des oculaires jus-
<|u'au n° 18 compensateur.
L'ouverture du miroir concave doit être au plus égale à la distance frontale. Si elle
était plus grande, il serait impossible d'approcher le miroir des objets assez pour ([ue
son fover vienne coïncider avec eux. Les petits miroirs sont construits en argent fin
travaillé opticiuemcnt. La construction on est délicate puisque, pour l'objectif n° o, le
rayon de courbure n'est que de 2°"", 8.
Les taches opaques que j'ai employées sont constituées par de petits disques de
biscuit placés entre lame et lamelle et noyés dans du baume du Canada. Leur diamètre
est choisi de façon à couNrirle champ pour les divers grossissements employés et varie
de 3'""' à o™"',75.
Enlin l'éclairage électrique placé dans l'axe du microscope el sous la platine con-
siste en une lampe de 3,5 volts de i5""" de diamètre, placée dans un tube d'oculaire
dont on a enlevé la lentille inférieure. Tant pour la vision que pour la photographie,
cet éclairage de très petites dimensions, placé dans l'axe du microscope, se montre de
beaucoup supérieur aux lampes gigantesques employées couramment pour des buts
semblables et qui envoient leur lumière dans l'axe du microscope par l'inlermédiaire
du miroir de celui-ci.
Il apparaît d'ailleurs qu'un semblable éclairage, donnant une lumière toujours
égale, pourrait être employé avantageusement pour les observations microscopiques
par transparence en Botanique, en Bactériologie, etc.
r.,es images perçues par l'œil .au moyii du dispositif que je viens de
décrire sont toujours très brillantes. Tous les détails des cristaux, toutes
leurs facettes apparaissent avec netteté. La photographie en est difficile,
parce qu'on ne photographie pas, comme dans le cas des observations par
transparence, la source lumineuse, mais bien des objets sombres par nature
el éclairés par de la lumière diffuse. Elle ne rend que très imparfaitement
ce que l'œil perçoit. Cependant les quelques épreuves que je me permets de
présenter à l'Académie montrent que l'on peut tirer un bon parti de ces
reproductions pour enregistrer les formes cristallines des cristaux opaques
très petits.
TECHNIQUE MICROSCOPIQUK. — Principe d' une nouvelle méthode de recons-
truction graphique stéréoscopique d'' objets mici-osco piques grossis. Note
de M. G. DuBREUiL, présentée par M. Henneguy.
Les anatomistes et les embryologistes connaissent tous la méthode de
reconstruction plastique de lîorn ou celle de réconstruction graphique
970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Kastsclienko, les perfectionnements successifs de Born, de Born el Peler.
On peut dire, qu'à l'heure actuelle, la méthode de reconstruction plastique
est la plus employée et elle fournit des résultats précieux. Cependant il est
des ol)jets auxquels elle est inapplicable, soit qu'ils soient trop ramifiés,
soit qu'ils soient réunis par des ponts de substance trop ténus qui obligent
à multiplier les supports ou qui rendent le procédé inapplicable. C'est ainsi
que, ayant le désir d'étudier les rapports des vaisseaux-portes et sus-
hépatiques dans le foie, je me suis heurté à des impossibilités absolues.
Il m'a paru utile de rechercher une méthode qui, d'emploi assez général,
de maniement simple et économique, put cependant donner des images
précises et agrandies d'objets microscopiques. La méthode graphique, dans
laquelle le dessin intervient seul, peut donner facilement les images d'un
objet à contours simples, vu de dilTérents cotés. Et si, pour des objets
simples, la vision stéréoscopique donne une perspective avantageuse et
même nécessaire, elle est à plus forte raison utile pour des images com-
plexes où la perspective joue un rôle essentiel pour situer les plans.
Je propose donc une double méthode, l'une de reconstruction graphique
simple, l'autre de reconstruction graphique stéréoscopique, ayant même
principe, la seconde n'étant que la première répétée dans des conditions
de vision légèrement différente.
Principe de la méthode. — Supposons un solide arbitraire, parallélépipède
rectangle par exemple, nous pouvons en obtenir une représentation pers-
pective, vue d'un point donné de l'espace, soit par une construction de
géométrie descriptive, soit plus facilement par une construction perspec-
tive moins exacte, mais suffisante. Nous pouvons ainsi reconstruire par le
dessin, tranche par tranche, un solide semblable au premier supposé
décomposé en tranches d'épaisseur égale superposées. Si nous supposons
l'objet inclus dans le premier solide, la situation de chacun de ses points
sera déterminée par leur position par rapport à trois plans perpendicu-
laires du solide. Il sera possible de reporter par le dessin, dans le second
cube, la position de chaque point de l'objet et d'en avoir une représenta-
tion graphique. Ce procédé employé par les sculpteurs, sous une forme
un pou différente, est inutilisable en ce qui nous concerne.
Mais imaginons que l'objet soit coupé par les plans (jui onl servi à la
reconstruction fragmentaire du cube, comme il a été dit plus haut. La
section de l'objet par chacun des plans pourra être reportée par le dessin
dans le cube reconstruit et dans des plans correspondants. Kn multipliant
le nombre des plans et par conséquent des sections de l'objet, nous obtien-
drons de ce dernier une image très exacte.
SÉANCE DU l8 AVRIL 1921 c)-jl
Or, le cube est arl)itiairenieiit choisi, les plans qui le coupent parallèle-
ment à la base représentent des coupes correspondant aux coupes micros-
copiques sériées et régulières de l'objet. Les sections du tout ou partie de
la coupe peuvent être dessinées et reportées dans les plans perspectifs
correspondants du dessin du cube, et l'objet se trouve représenté par des
sections superposées.
Le seul point à atteindre maintenant est le report en perspective d'un
dessin de coupe vue en plan. Le procédé le plus simple est le quadrillé. Le
plan du cube sera un carré quadrillé au centimètre (ou au milimèlre si
l'on veut). Le plan perspectif représentera le même carré vu d'un point de
l'espace identique à celui choisi pour voir le cube. Il sera établi par une
construction perspective simple.
Mais alors une difficulté surgit. Autant de vues perspectives des coupes,
autant de plans perspectifs de dimensions différentes, car la forme des plans
perspectifs varie suivant qu'on les considère situés à différentes hauteurs
dans le cube. En particulier, la distance qui sépare le côté antérieur du plan
perspectif de base du côté postérieur sera plus grande que la distance
homologue du plan perspectif situé tout en haut du cube, lorsque celui-ci
est vu d'en haut et d'en avant. 11 est impossible de songera construire un
plan par coupe et dans la pratique on verra qu'un petit nombre de plans
perspectifs, convenablement choisis et construits, sont suffisants pour faire
une reconstruction exacte.
Lorsque les contours de l'objet à reconstruire ont été portés dans le
dessin du cube, pour avoir la représentation exacte de l'objet on joint par
des lignes les points de chaque courbe où passe le rayon visuel tangent,
mené du point où, par construction, l'oeil est supposé placé. Dans la plupart
des cas les courbes tracées sur des plans perspectifs se rapprochent d'une
ellipse, il suffit alors de joindre, dans les dessins successifs, les points
extrêmes superposés des grands diamètres. S'il s'agit de lignes brisées, on
joint entre eux les sommets correspondants des angles dans les dessins des
coupes.
Ce qui est possible dans un cube vu en perspective de l'œil gauche par
exemple l'est aussi pour le même cube vu de l'œil droit. On peut donc
obtenir une image de l'objet vue de l'œil gauche, une autre vue de l'œil
droit. Alors le dessin du cube est différent, les plans perspectifs le sont
aussi, l'opération reste la même. Ce n'est plus qu'un jeu de réduire les
images convenablement placées pour qu'on puisse les examiner au stéréo-
scope, ou de les examiner directement ou agrandies pour être vues au
9/2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
stéréotolescope. La vision binoculaire donne immédialement une perspec-
tive complète qui situe les plans sur la ligne visuelle (' ).
CHiMllî. — Sur la conslllulion du small. Noie de M. A. Duboix.
En 1809, l'impératrice Marie-Louise avait invité Chaplal à étudier la
belle matière colorante bleue connue sous le nom de bleu égyptien ou
vestoricn.
il en est résulté une suite de nombreux travaux cités dans le beau
Mémoire de Fouqué (- ) qui a reproduit celte substance à l'état pur et cris-
tallisé, donné sa constitution et décrit ses propriétés.
J'ai pensé qu'une étude analogue du smalt, si employé jusqu'à la fin
du xix" siècle, venant en celle époque du centenaire impérial, présenterait
le même intérêt.
En effet. H. Davy (') nous a appris que, dès l'époque d'Hadrien, le
cobalt figure constamment dans la composition des verres bleus de l'époque
romaine. Depuis, M. i*arodi(''), dans un beau travail d'ensendjle sui' la
composition des verres de l'ancienne l'igyple, signale le cobalt dans des
verres bleus de l'époque de Tboutmosis IV ( i3oo ans avant J.-(^., environ)
et de Rhamsès IV.
Le smalt est un silicate double de cobalt et de potasse. Or j'ai trouvé
en 1H92, une métbode (''"; générale de syntbèse de fluorures et de silicates
doubles de potasse et d'autres bases dont j'ai signalé à plusieurs reprises ('')
de nombreuses applications. C'est cette méthode que j'ai appliquée au
cobalt eu vue d'établir la nature des constituants du smalt.
(Jn projette, dans du florure de potassium fondu dans un cieuset de platine sur un
bec Mecker, de la silice, puis de l'oxyde de cobalt qui s'y dissout très rapidement. I.a
masse refroidie tiès lentement et reprise par l'eau ne donnerait qu'un produit mal
cristallisé; aussi la laisse-t-on refroidir rapidement, et l'on refond le culot avec deux à
trois parties de cliloruie de potassium pour une de fluoiiire. On a alors une masse
(') Les procédés et la prali(|ue de cette méthode, appliqués à des objets d'histologie
et d'embryologie, ont été présentés le mois dernier à la Réunion des analomistes.
(') Comptes rcnc/iis, t. 108, 188g, p. SaS.
(■') Annales de Chimie, t. KG, 181 5.
(') La Fe/vcr/e ert £',i,'y/^/e (Thèses de l'Université de Grenoble), 1908.
(•') Comptes rendus, t. ll'i-, 1892, p. i36i.
(6) Ibid., t. 11.1,1892, p. .j6; t. 1-20. 189:,, p.(i78; l. 1-2:5. 1896, p. %8; t. l'il, igof»,
p. 254; t- l'^•î, 1908, p. '189.
SÉANCE DU l8 AVRH- I92I. 973
liquide au fond de lat|uelle se rassemble mie masse pàleuse. On abandonne le toul à la
tempéialiire du ronge sombre : il se forme alors liés lenlemenl un anneau solide à la
parlie supérieure du creuset en même temps que des cristaux se déposent sur les
parois. Au bout de 72 heures on laisse refroidir et I on reprend par l'eau. On obtient
alors des produits dont la nature varie avec la |)roportion des corps entrant en
réaction.
Pour une quantité d'ox.yde de cobalt supérieure à une molécule pour Irois de silice
(par exemple IvF = 4o"', IvGI = loo", Si O-^ 8;-', CoO =: 6s, 6) on retrouve de l'oxyde
inattaqué et la majeure partie du produit est constituée par des cristaux bleu foncé,
allongés; il \ a en outre des cristaux plus gros et plus clairs du produit que nous
retrouverons plus loin.
On sépare ces cristaux au moyen de la liqueur dense diodomercurate de sodium (')
que j'ai découverte et dont la densité peut atteindre 3,47. Mais la séparation est tou-
jours incomplète et a dû être elTectuée à de nombreuses reprises pour donner un
produit suffisamment pur.
Ce produit s'attaque aisément par les acide^, ce qui permet de l'analyser faci-
lement.
Los résultais conduisent à la formule K-0,GoO,3SiO-, analogue à
celle du sel que j'ai rencontré dans l'application de la méthode à la
magnésie :
Trouve. Calcule.
SiO- Jo,6( 5i,57
CoO 21,78 21,49
R^O 27,32 26,93
Sa densité à o est 2,8.
L'hydrogène au rouge le décompose en réduisant l'oxyde de cobalt.
Il est attaqué à la longue par une solution chaude de chlorure d'ammonium, et la
silice incolore qui reste conserve d'une manièie remarquable la forme du produit
primitif avec tous ses clivages.
Si I on diminue la proportion d'oxyde de cobalt (par exemple KF, 45°; KCl, 1006;
CoO, 2S,goo; SiO'-, 8^', 047), on voit apparaître en plus grande quantité un nouveau
produit en cristaux bleu plus clair, moins allongés que les précédents, plus volumineux.
Ou le sépare par la liqueur dense d'iodomercurate de sodium.
Ce produit contient du chlore, mais pas de fluor.
J'ai analysé ce produit par plusieurs méthodes. D'aliord en partant d'une dissolution
par l'acide chlorhydrique.
En second lieu pour doser le chlore, on met en digestion un poids P de produit
a\ec de l'acide azotique étendu de 4^°' d'eau à la température ordinaire. Une partie
seulement du produit se dissout, bien qu'on ait pris soin de le porphyriser finement.
Dans la dissolution on dose le chlore, le cobalt et la potasse, soient pi, p^ et p^ les
(') Comptes rendus, t. IVI, igo.j, p. 38j ; Ann. de Chimie et de Physi/jae, 1909,
p. 258.
C. K., 1921, I" Semestre. (T. 172, N° 16.) 7^
974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
poids oluenus, et l'on pèse la silice qui, avec le résidu inallaqué, représente un poids/>j.
Si l'on désigne par K(^l,xK-0,jCoO,2SiO- la formule du corps, ces poids
permetlenl bien de déterminer x et y, mais non ; et ils doi\ent satisfaire à une
relation qui sert à \éririer l'exactitude de l'analyse.
Les résultais montrent qu'on a aiïaire à un clilorosilicate
K(:i,K-0,CoO,/iSiO-.
Trntivé.
— — — — — Calculé.
SiO^ ',8,i^3 00,22 49,49 49,63
K'O 29.12 29,53 29,44 29, i()
C.oO 15,96 i5,77 - j5,5i
Cl 7,o3 - - 7,34
Ce produit s'atlaque et se comporte comme le précédent en présence du chlorure
d'ammonium.
Sa densité à o est 2,57.
J'ai égalemeiil olilenu ce produit par une variante de la méthode générale,
qui consiste à faire réagir la silice non plus sur l'oxyde, mais sur le fluorure
double de cobalt et de potassium en présence d'un excès de chlorure de
potassium.
Par exemple, à Zjo''' de fluorure de potassium, on ajoute une (juanlité
supérieure à la quantité théorique d'acide fluorhydrique, puis le résultat de
la déshydratation à l'éluve de iÇ)^,'Mi3 de chlorure de cobalt hydraté, on
amène à fusion au rouge \if et l'on projette dans la masse 8^^,585 de silice.
On laisse refroidir et Ton refond avec 100" de chlorure de potassium. Après
72 heures, on laisse refroidir et l'on reprend le culot par l'eau froide.
Dans ces conditions, le fluorure de cobalt en excès se dissouf complè-
tement tandis que l'eau chaude altérerait beaucoup le produit linal. 11 est
intéressant de remarquer que, malgré l'excès de sel de cobalt, c'est le chlo-
rosilicate qui a pris naissance, au lieu du silicate double particulièrement
intéressant puisipi'il paraît être le constituant principal du smalt.
CHIMIK INDUS l'RlEI^Li;. -— Fahn'cnlion de l' hydrogène pour la synthcsc
de Vamitioniaque. Note (') d<' M. («. Ci.ai'de, présentée par M. d'Arsonval.
Il est évident que l'industrie de la synthèse directe de l'aminoniatjue est
sous la dépendance étroite du coût de l'hydrogène.
(' ) Séance du 4 avril 1921 .
SÉANCE DU l8 AVRIL I<i2i. 97$
On sait que les Allemamls ont concentré celte iii(lns:ri(> en de formi-
dables cités industrielles, enlicrement créées pour les h soins de la cause,
r/liydroyène v est produit spécialement par des appareils (jui représentent
une grosse part des irais d'établissement et de main-d'œuvre.
C'est une tout autre voie que j'ai envisagée.
Comme je l'ai dit('), l'emploi des « byperpressions » permet de réaliser
des unités aussi faibles qu'on veut. On peut, dès lors, placer des usines
partout où l'hydrogène existe comme soits-prodidt d'industries existantes.
C'est par exemple le cas des gaz de fours à coke, qui sont à l'heure
actuelle fort mal utilisés dans un grand nombre d'établissements.
En s'instaliant près de ceux-ci avec un procédé capable de retirer
l'hydrogène de ces gaz, on supprimera ipso fado une partie coûteuse des
frais d'installation et de main-d'œuvre.
Le traitement par liquéfaction partielle des gaz en question rentre dans
ce cadre, mais quelques inconvénients trouvés dans mes recherches
anciennes sur le gaz d'eau m'avaient conduit à un principe très différent :
De tous les gaz usuels, l'hydrogène est de beaucoup le moins soluble
dans les liquides. On conçoit que ce fait puisse être mis à profit pour un
procédé général et très simple d'extraction de cet hydrogène des divers
mélanges qui le renferment, gaz d'eau, de ville, de fours à coke. Il suffira
d'envoyer le mélange comprimé dans une colonne de rectificalion appro-
priée, en sens inverse du solvant emploj'é, pour recueillir en haut la plus
grande partie de l'hydrogène à l'état de pureté et sous la pression initiale.
Les divers autres gaz, entraînés par le solvant, s'en dégagi'ront lors du
retour de celui-ci à la pression atmosphérique, en sorte qu'aux pertes près,
le solvant pourra indéfiniment parcourir le cycle.
La faible solubilité de certains des autres gaz eux-mêmes, surtout celle
de CO, ob'ig- à travailler sous d'assez fortes priassions : cite condition est
facilitée au point d.- vue économique J)atce que l'hydrogène étant recueilli
comprimé, c'est autant de gagné pour le porter à l'IiypiMpression. Le tiaviiil
d'introduction du dissolvant dans l'enceinte e>t in lép ■nd.iut di' la pie-sion,
la quantité de di^so'vant étant inversrment |) opoi lionn Ih àce'îi" ci.
Pour diminuer bs pertes df dissolvant par ten-ion de vapcui , on iloil
opérer à basse températu! e. Or la détente du dissolvant chargé de gaz,
détente indispensable d'ailleurs pour éviter la destruction en chaleur du
travail d'introduction, fournil une sourc' de froid énergique.
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 4^3.
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai donc cherché parmi les liquides organiques ceux caractérisés à la
fois par une grande solubilité de CO el par un grand rapport des solubilités
CO
-77-» ainsi, pour chaque liquide, que les conditions où ces facteurs sont optima.
J'ai poussé mes essais jusqu'à 1600"'"', el celte incursion dans un domaine
peu connu m'a permis de faire des constatations assez inattendues.
On refoule, à l'aide d'un petit lij'percorapresseur, un mélange ;i parties égales CO el H
dans un tube d'acier long et épais, de iSo"^"'' de capacité interne, muni d'un mano-
mètre métallique. On introduit ensuite par une petite pomjie 20""' du solvant étudié, ce
qui amène la pression à la valeur finale désirée. Les deux tier^ inférieurs du tube plongent
dans un récipient d'alcool mainteiiu à la teinptraiure voulue par de l'azote liquide.
On attend l'équilibre en agitant fréquemment le tube. On exlrait alors petit à petit le
liquide par un robinet muni d'un tube capillaire dans un petit tube gradué, muni d'un
tube de dégagement condui>anl les g.iz dégagés dans une éprouvette graduée. On
mesure le liquide; on mesure el on analyse les gaz dégagés et l'on apporte toutes cor-
rections relatives à la modification de l'atmosphère du fait de la dissolution, aux
SÉANCE DU 18 AVRIL 1921. 977
tensions de vapeur, etc.; d'ailleurs, ces essais ne comporlaient pas une 1res grande pré-
cision fl donnent seulenieni l'allure des |)hi''nonièries.
Les couibrts ci-jointes sont rel.ilives aux solubilités sous leurs pressions paitielles
re-.|>ectives, de CO el H dans le dissolvant le nii-iil iir, lét/wr ordinaire.
0\ voil(]U' le coeflici -lit de solubilité d'Iiydrngène croit beaucoup H\ec la pression
Au contraire, celui de GO est, soit peu variablr avec la pression (température ordi-
naire), soit décroissant (basses températures). U en résulte que le rapport des solubi-
CO
Ulés -rr- dccroil rapidement quAnd la pression s'élève. L'emjiloi des hautes pressions
est donc contre-indiqué : il ne faut pas dépasser 100""°.
On voit d'autre part que le rapport des solubilités s'améliore quand la tempéra-
ture s'abaisse. Les courbes tracées à cet égard ne sont relatives qu'à -h 20° et — 40",
mais l'amélioration continue au-dessoii.s de — 4o°. A — 60°, le rapport des solubilités
vers 50^'"° est voisin de 8. C'est une autre raison de travailler à basse température.
Les gaz dissous s'influencent réciproquement : les solubilités de H seul et de CO seul
ont de toutes autres valeurs ; c'est évidemment à cette action réciproque qu'est due
l'augmentation paradoxale du coefficient de solubilité de H aux pression- très élevées.
Aux très hautes pressions, les phénomènes de solubilité des liquides dans 1rs gaz
prennent une très grande intensité. C'est ainsi que, sous la pression de iSoo""",
les 20'^™' d'éther disparaissent entièrement dans l'atiriosphè^-e g^izeuse de cette
enceinte de i5o'^'"'. Un examen plus attentif a montré que c'est surtout dans CO et
très peu dans H que l'éiher est soluble : avec CO seul, il suffit d'une pression
de 35o"'" pour que les 20"^™' di-paraissent.
Lîs courbes relatives aux difTérents liquides ont des allures très diverses.
L'application de l'éther à la séparation industrielle de H et de CO, sous
des pressions voisines de 100"'" et des températures de l'ordre de — So",
fournit aisément de l'hydrogène tenant moins de f^ de CO.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la composition de l'essence de térébenthine française ,
Noie de M. M. Vèzes, présentée par M. A. Haller.
Le développement que prend en Fiance, depuis la guerre, l'ind'i trie
des dérivés oxygénés de l'essence de térébenthine (terpine, terp néol,
bornéoi, camplire, etc.), conduit à fnire, enlri- les deux consiitufn t- de
celte essence (pinène, nopinène), une dislinciion que ses aulr^s appiica-
li ms (pi-iiilures, \ei iiis, elr ) rendaient moins nécessaire; il devient indis-
pensable, nolainiiirnt, dt- déleiiiiincr dtins (|ii(;ll<' piop^rtion ces deux
carbures isomères fii;ureiil dans les essi nces (j ni servent de matière pr( m 1ère
à celle industrie.
Nous avons employé, pour cette étude, la méthode polarimélrique
décrite par M. Darmois {Thèse, Paris, 191 1, p. 53 et suiv.), sous la forme
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
modifié<' que cet auteur a employée dans un autre cas {yloc. cit., p. 112).
L'écliantillon étudié esi fraclionné par disiillalion : 200""' donnent 5 fractions égales
de 4o""', dont on mesure la densité c? à i5° el la rotation a sous une épaisseur de 1""
pour les trois couleurs jaune (X = jjSt*!^), verte (À = 5461^1^) et indigo (>i ^ 436!*l')
Journies par une lampe à vapeur de mercure et isolées par fiilration à travers des
verres colorés de nuance appropriée. On calcule les pouvoirs rotatoircs corre?pon-
daiits [ z] = -j, et l'on détermine ainsi, d;ins un graphique où les / sont comptés en
abscisses et les [a] en oidonnées, les points figurant les pouvoirs rolatoires de ces
cinq fractions pour les trois couleurs considérées. Au lieu de construire les courbes
de dispersion rotatoire de ces fractions, nous nous bornons à en tracer les cordes
joignant les points en question : l'homologie de ces courbes, établie par M. Darmois
pour les diverses fractions d'une même essence, se traduit dans ce cas par le fait que
les cordes relatives aux deux mêmes couleurs et à ces diverses fractions sont concou-
rantes. Leur point de cofTcours G, déterminé soit par construction graphique, soil
par le calcul, est joint par deux droites aux points analogues, construits au moyen
des données de M. Dnrmois {loc. cil., p. oj et 64), qui correspondent, l'un P au
mélange des antipodes optiques du pinène, l'autre N au mélange de> antipodes optiques
du nopinène. La droite CP définit, par les ordonnées de ses points de rencontre a\ec
les verticales relatives aux deux couleurs considérées, les pouvoirs rolatoires, pour
ces deux couleurs, du pinène contenu dans l'échantillon étudié; la droite C.\ définit
de même (pour les deux mêmes rouleui-) les pouvoirs rolatoires du nopinène que
contient cet échantillon. ConMii-ï-ant ain-i, poui- l'une des couleurs considérées, les
po ivi>ir> rotatoires du pinène el du uopiuen'-, dont l'éf^liantillon étudié est le mélange,
ainsi i|ue celui le C'-i charitill n lui-même, il est facile de calculei', |.ar la règle des
méUm'; •». e- uo ■or iim^ Af c ■■ de'X c:irbui-es.
L'e'iipioi d ■ C'-tif Miéiho le ^u|i|M'-e ciumues le- cnordonnée- dfs poirits P el N : ils
sout «Itué-^ sur l"a\e ■! À, ri leur b-ii-se se déduil des ponvo r- rotiitoiies Irouvés
pai- M Diirin lis ( /rtr. f/^ ) ,.011 1- lùnèue l !• iin|jinèn.- pur-. Poui- le couple de
couleur s jauiit-vei l, le p< ji t P inri espond ;i 7 rr 8 1 8, le point N à \ ^r ic.42; pour le
couple j un -ind'go, le point 1' cnrn- spoud à /. =r -3o, 85 tl le point ^î à }. ^: l4So,58.
Nous citerons contiiiie exrniple le cas d'une essence de téiébenlhine
authentique et sélectionnée, distillant sous pression normale de iS/j"
à 162°, et débarrassée par conséquent des carbtires moins volatils que
contient toujours l'essence, surtout vieillie, et dont la présence troublerait
gravement l'application de la métliode ci-dessus.
Les cinq droites relatives à ces cinq fractions et au couple jaunc-vcrl ont
pour équations :
I À =: 828 , 92 + 5 , -554 [ a ]
2 ), = 823,96 -+-5,6737 [a]
:î ; / = 828,i4 + 5,8i83[a]
Y À = 833, 00 -H 6,01 5o[ a]
.') >. = 840 , 7"} + 6 , .54 '|0 [ :z I
SÉANCE DU 18 AVRIL 1921. 9;9
(".es droites sont, coinine on le voit, peu éloignées crèlre parallèles. Leur
point de conconrs est, parla même, rendu ;issez incertain. (Irapliiqueincnl,
leur faisceau présente un minimum de largeur pour X = tSiS^i'- environ; le
calcul montre (jue. parmi les points de rencontre de ces droites deux à
deux, celui des droites 1-1 correspond à l'abscisse 738, 'jG et à l'or-
donnée — i5°,72. et les trois autres droites coupent la même verticale
( A =: ^38, .'[() ) aux ordonnées — i5",07. — i5°,/|i et — i5°,G3, accusant
ainsi un écart maximum de o°,()5. On prendra alors, comme point de
concours moyen C des cinq droites, le point X = 738,5, |a| = — i5°, 5,
a\ec, pour ce dernier nombre, une approximation de ± o^jô. Cetfe incer-
titude ne doit pas surprendre : une variation de -t-o^jOi dans le pouvoir
rolaloire de la quatrième fraction en lumière verte suffit en effet pour
déplacer le point de concours des droites 1-4 jusqu'à l'abscisse 745.81 et à
l'ordonnée — •i4*',44-
Les droites CP, CiS, obtenues en joignant le point C ainsi défini aux
points d'abscisse 818 et io/|2 sur l'axe des A, rencontrent la verticale
A = 578 aux points d'ordonnées — /|G",79et — 23°, 70, qui définissent les
pouvoirs rotatoires, en lumière jaune, du pinène et du nopinène contenus
dans l'écliantillon étudié. Appliquant enfin à cet échantillon, dont le pou-
voir rotatoire en lumière jaune est — 42°, 37, l'équation des mélanges, on
en déduit, pour la teneur en pinène de cet échantillon, la valeur
j; := 80.9 pour 100.
L'application de cette méthode à un assez grand nombre d'échantillons
d'essence de térébenthine provenant de la gemme du pin maritime et
d'origine authentique a montré que les points de concours G ainsi déter-
minés sont peu éloignés les uns des autres. Ils s'écartent peu, en parliculiei',
du point de concours C, des deux droites qui, d'après les données de
M. Darmois, définissent, pour chaque couple de deux couleurs, la disper-
sion rotatoire du pinène et du nopinène « contenus dans l'essence française »
(/oc. cit., p. 64). Les coordonnées des points C, sont, pour le couple
jaune-vert, X = 740 et |aj= — i5",io; pour le couple jaune-indigo,
A =1 661,66 et I a [ = — 2i°,o5.
Les écarts observés entre- les points C et C, sont-ils uniquement impu-
tables à des erreurs d'expérience, comme le donne à penser l'incertitude
qui règne sur la position du point C; ou doit-on, au contraire, y voir la
preuve de l'existence, dans l'essence française, de variétés de pinène et de
nopinène différant les unes des autres par la valeur de leur pouvoir rota-
g8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
toire? SI l'on admettait la première hypothèse, le dosage du pinène se
trouverait, par là même, très simplifié : on n'aurait plus afTaire, en effet,
qu'à des mélanges du pinène et du nopinène décrits par M. Darmois
comme étant ceux de l'essence française, et dont lès pouvoirs rotatoires
pour la raie jaune du mercure sont respectivement — 4^"? 5 et — 23°, 2; de
sorte que le pourcentage x en pinène de l'échantillon étudié serait défîni
par la place qu'occupe, dans l'intervalle de ces deux nombres, son pouvoir
rotatoire pour la même couleur :
_ [a] -23,2
'"" 23, 3
Il paraît prudent de n'envisager le résultat ainsi calculé que comme une
première approximation, jusqu'au jour où des essais, actuellement en cours,
auront permis d'établir l'influence que le mode de fractionnement ou de
mesure peut exercer sur la grandeur de l'écart CC,.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les cyanocampholates de cresyle et leur
produit de rédaction. \olc de M. L. Pai.fkay, présentée par M. A.
Haller.
M. Haller a montré (') qu'on pouvait combiner directement le cyano-
camphre avec certains alcools aliphatiques préalablement sodés, par
exemple, les alcools méthylique et étl)ylique,et obti'nirainsi, par ouverture
du noyau, les éthers cyanocampholiqui's correspondants
/CH-CN /CH'— CN
i. H ., ^^^^ +cii(.in _ cil \,;noc^JP
M. Minguin (-) a étendu l'application de la même réaction à un alcool
aromatique, l'alcool benzylique et à quelques phénols, tels que le phénol
ordinaire et le naphtol.
Suivant la même voie, nous nous sommes proposé de faire agir le cyano-
camphre sur les trois crésols ortho, meta et para, en vue d'obtenir des corps
bien cristallisés se prêtant facilement à la réduction au moyen du sodium
et de l'alcool.
Conformément à la méthode décrite par M. Minguin, nous avons traité.
(') Comptes rendus, t. 109, 1889, p. 68.
(') Comptes rendus, t. 112, 1891, p. 5o et 101.
SÉANCE DU l8 AVRIL I921, 98 1
en tube scellé ou à l'auloclave, un mélange de crésol sodé en léger excès et
de cyanocam[iliic. Après ciiaullage à 20()°-22o'' pendant 24 lieures, la masse
reprise par l'eau, épuisée à l'éllier et lavée à la soude, nous a fourni un
ri'sidu, qui, par distillation dans le vide, donne, dans chaque cas, le produit
de conden^ation attendu.
Dérhé orlho-crésylé. — Ce coips distille à 2420-245'' sous i4°"" et se condense
sous forme d'une huile incolore. é|)ai>se, qui par le mélange éllier-ligroïne cristallise
en belles lames transparentes, fondant à 44''-45°, et extrêmement solubles dans la
plupart des solvants organiques.
Dérii'é méta-crésylé. — Le produit, isolé de la même façon que le précédent, dis-
tille à 25o° sous 25""°. C'est un liquide huileux, d'où ne se séparent qu'à la longue
quelques cristaux de très petites dimensions, fondant à io4°-io5''.
Dérivé para-crésylé. — Cest ce dérivé qui >'est montré le plus facile à obtenir et
à isoler. Il distille à 248''-25o° sous 20""" et se prend en masse immédiatement, au
point d'obturer le tube à dégag''ment. Il est très peu soluble dans l'éther et l'alcool
absolu. Au contraire, le benzène le dissout facilement, à chaud surtout, et par refroi-
dissement, la solution abandonne de- cristaux blancs et purs, fondant à 119°. Le pou-
voir rolaloirede ce corps, pris dans le benzène à UJje concentration de | de molécule-
gramme par litre, a été trouvé : [a]'u° = + ' 70°32'. A partir de loo^ de cyanocamphre,
nous avons obtenu ii5s de cyanocampholate de P. crésj-le, ce qui correspond à
70 pour 100 de la théorie.
Produit de ré ludion dii<s cyaiiocampliolates de crésyle. — En vue de réduire à
la fois la fonction nitrile et la fonction éiher-sel de ces cyanocampholates, nous avons
utilisé la méthode de Bouve.iult et Blanc ('), c'est-à-dire la réduction par le sodium
et l'alcool absolu.
Le dérivé méta-crésylé étant trop di finile à obtenir cristallisé, nous avons limité
nos essais aux dérivés ortho et para, avec lesquels la réduction a été réalisée, quoique
assez p'-niblement. Dans le meiili'ur essai, en partant de 288,5 (yj de molécule), nous
a\ons recueilli un peu plus de 8' d'un corps pur, distillant à 172° sous i5°"°, ce qui
correspond à 45 pour 100 de la théorie.
L'huile incolore, très visqueuse, ainsi obtenue, finit par se prendre en masse. Par
redissolution dans l'éther ou le benzène, on isole des amas brillants, qui ont un
aspect nettement cristallin tant qu'ils sont humides, mais qui, sécliés dans le vide ou
sur porcelaine poreuse, prennent une apparence grumeleuse analogue à celle du
camphre.
Le point de fusion, déterminé après plusieurs redissolutions, se fixe à ']6°-']']°. Le
produit étant peu «oluble d.uis le b.nzène Iroid, le pouvoir rotaloire a dû être pris
dans une solution de f.iible coiiceiilration, soit à 9^,46, ou environ -^ de molécule-
gramme par litre. Nous avons trouvé dans ces conditiois [a]^'' = -+- 68"43'- L'analyse
de ce corps, confirmée parcelle de ses combinaisons salines, montre que c'e-t l'amino-
alcoul corre pondant, l'acide ryanocampholique, ce qui coniluit à lui attribuer la
(') Comptes rendus, t. 136, '908, p. 1676, et t. 13", 1908, p. 60.
982 ACADÉMIE DES SCIENCES,
formule
\CIPOFI
el à le désigner sons le nom d'alcool ct-anuno/io/nocinip/tolirji/c.
Sels de l'amino-alcool. — Nous avons préparé le clilorhydrale par aclion directe
d'une solution élhérée d'acide chlorliydrique sur la solution élliérée de l'amino-alcool.
Le sulfate a été obtenu par neutralisation de l'amino-alcool en solution éthérée par
l'acide sulfurique concentré. De même, le chloroplatinale a été obtenu immédiatement
par l'action du chlorure de platine en solution aqueuse. Les sels, lavés à l'éliier anhydre,
se présentent sous In forme d'aiguilles microscopiques.
L'amino-alcool absorbe très facilement l'acide carbonique de l'aii' el le carbonate
formé est précipité par l'élher. C'est une poudre blanche très altérable et ne se
conservant bien que dans une atmosphère sèche.
Nous nous proposons d'élendre ces recherches aux dérivés de l'acide
cyanocampholique et en parlicuHer aux élhers-sels de l'acide homocarn-
phorique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation permanganique de V a.'j.-méthylallylcy-
clohexanone en milieu alcalin. Noto M. R. Corm'iiert, prcscnlée par
M. A. Haller.
Nous inspirant de l'étude entreprise par MM. Haller et Meyeringh syr
roxvdalion permanganique de l'aHyldiméthylacétophénone en milieu al-
calin (' ) et des reciierches de M. Haller et de M'"" Ramart sur la synthèse
de certains des corps ainsi engendrés (^), nous avons élydié l'oxydation per-
manganique de l'aa-mélhylallylcyclohexanone, cétone que nous avons
décrite dans des Notes antérieures ( ').
L'oxvdation a tout d'abord été elTectuée au moyen d'une solution de
permanganate à 3 pour 100 en présence de potasse à l'alcool en suivant le
mode opératoire indiqué par MM. Haller et Meyeringh; la réaction s'est
faite très aisément, une petite (juantité de cétone a seulement échappé à
l'oxydation. Les produits neutres ont été enlevés par épuisement à l'élher.
puis, après acidification, les produits acides ont été extraits par agitation
avec le même solvant. Nous avons ainsi obtenu :
(') A. 1Iai.i,i;ii el ,1. Mevi;kim;ii, Corn/i/cs rendus^ l. l.'iS, i<)i'|. p. i<>"'7'
(■-) A. llALLmii et iM™" Mamart, Cnnipes rendus, t. L')8, kjm, p. (3o>..
(■■') W. (^.oRMiBERT, Comptes rendus^ t. 138, 191 'i, p. i()oo; l. 170, imîo, p. \'.'^Ç).
SÉANCE DU l8 AVRir> 1921. 983
I" t ne tii's [xHile qiiiiiilité irun pioiluil liquide, d'odeur forle, camphrée, rappe-
lant aussi l'odeur de moisi, correspondant à la composition CH'^O'-, bouillant à 128"-
101" (corr.) sous So""" et qui semble représenter l'oxyle d'élliylène monomère de
formule I. Un essai de synthèse directe par action de l'épibromhydrine sons IV-méihyl-
cvcloliexanone n'a donné aucun résultat.
•'," Une quantité importante d'une résine incolore, répondant à la formule C'"II"'0-,
dont le poids moléculaire a été trouvé correspondre sensiblement à celui d'un Irimère
du premier corps (P. M. 5o4 )i. Cette substance bout à i-qo-i^;")" sous yS""".
3" Une petite quantité de cristaux fondant à 99", 5- 100°, répondant à la formule II,
c'est-à-dire représentant le glycol d'oxydation normale.
'1" Un pioduit acide, dont l'analyse a montré qu'il représentait soit l'acide de for-
mule 111. si)it l'acide de formule IV. L'examen du sel de baryum a corroboré ce
résultat.
CU^ CH'
CII-^./\,CH2 CIU./^CII^'
'■ niJ K^^"' "■ niJ L^^"'
/ '\CJP— CM — CM= ■ \/ \CH2 — CHOH-CIPOH
CO \/ CO
O
CH^ CIP
CH'/'^cir- cii»/\cir-
'"• yClP '^- /Cil'
^n \/'-\(^H,__cj,oii_c001i \/ \CH^-C0-C0OH
CO CO
>s 'ayant pu déterjTiiner exactement la constitution de l'acide, nous avons
pféparé une nouvelle quantité de matière première. Pour une cause fortuite,
nous avons opéré en présence de soude à la chaux au lieu de potasse à
l'alcool. Ce cliangement d'alcali a eu pour résultat de modifier la nature des
produits neutres d'oxydation et, en dehors d'une petite quanlilé de cétone
inaltérée, nous avons obtenu :
1° Une ;;raiiile (| nanti té d'un produit liquide très visqueux accusa nt'ti es sei siblement
la composition centésimale du glycol de formule II. Ce liquida, de point d'ébulliiion
1 85°- 188" sous 2 1""™, nous a donné un dérivé monobenzoyié fondant à i4l°- 1/4*° (corr.);
2° Une petite quantité de cristaux fondant à 98°-99° (corr.), répondant à la. formule
C'H'^O', qui ont engendié un dérivé monobenzoyié fondant à i4o°-i4i° (corr.). La
détermination du point de fusion du mélange de ce glycol et du glycol d'oxydation
potassique d'une part, du mélange des deux dérivés benzoyiés d'autre part, a montré
ipie ces corps étaient deux à deux identiques. L'amorçage du glycol resté liquide, avec
des germes de glycol cristallisé, n'a cependant pas produit de cristnlli>ation ;
3' Une patite quantité d'un produit l'ilanienleux passant à 26o°-28o° sons 21""",
984 ACADÉMIE DES SCIENCES,
répondant assez sensiblement à la formule N
Cil' CH'
Ui x/^XcH^- CHOH - CIP- O - CH^- CHOH - CH=/ \/
CO . CO
La mesure du poids moléculaire a donné 363 au lieu de 354 ;
4° Un produit acide répondant encore soit à la formule III, soit à la formule IV;
malgré de nouvelles expériences nous n'avons pas pu déterminer sa constitution exacte.
Pour relier l'une à Fautre ces deux opérations, nous avons déshydraté,
par l'isocyanate de phényle, une certaine quantité du glycol resté li(]uide
et nous avons ainsi obtenu une petite quantité du trimère de l'oxyde
d'éthylène souillé d'un peu de diphénylurée, mélange passant surtout
à i6.5"-i75° sous 22™*°, et un produit qui a distillé entre 245° et 260° sous
la même pression et qui semble constitué par un mélange de trimère, de
diphénylurée et de corps de formule V.
En résumé l'oxydation permanganique de Kaa-mélhylaUylcycloliexanone
en présence de soude à la chaux s'est comporté de la même manière que
l'oxydation permanganique de l'allyldiméthylacétophénone en présence de
potasse. Au contraire, en présence de potasse à l'alcool, la cétone que nous
avons étudiée a donné des produits anormaux d'oxydalion.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la détermination de l'indice d'acélyle des matières
grasses. Note (') de M. Emile Anurk, présentée par M. Ch. IMoureu.
En 1907, le Congrès international de Chimie applicpiéede Rome a adopté,
pour déterminer l'indice d'acélyle des matières grasses, le procédé de
Lewkowitsch (^). Cet auteur donne le nom « d'indice d'acétyle » a« nombre
de mdli grammes de potasse nécessaire pour saturer V acide acèti(jue obtenu en
saponifiant i^de corps gras acétylé Pour do^er l'acide acéli(|UP, il met à
profit la double propriété que possède cet acide d'être soluble dans W au et
d'être entraînable par la vapeur. On pratique, d'une parr, un dosage dacides
(') Séance du 11 avril tç)Ti.
(') Journal of Soc. of clieni. Iiid.. 1890, p. CGo; 1897, p. 5o3.
SÉANCE DU l8 AVRIL I921. gSS
solubles ou d'acides volatils (au choix) sur le corps gras acétylé, d'autre
part un dosage identique sur le corps gras lui-même. La différence entre les
deux dosages représente l'acide acétique fixé par acélylalion.
Nous avons adopté pour déterminer l'indice d'acétyle un procédé plus
simple et plus précis. Il est possible, quand on connaît l'indice de saponifi-
cation S d'une matière grasse et l'indice de saponification S' de la même
substance acétylée, de calculer exactement son indice d'acétyle.
Lorsqu'une huile ou graisse contient des glycérides d'acides gras à
fonction alcool, l'acétylation auguiente son indice de saponification et l'on
a S'>S. La quantité S'— S, que nous appellerons A,, ne représente pas
l'indice d'acétyle : i^ d'huile acétylée ne contient pas i^ d'huile, car
l'acétylation a fait subir à la matière grasse une augmentation de poids.
Par suite, ce n'est pas la quantité de potasse S qu'il faudrait retrancher de S'
mais une quantité plus petite. Si nous désignons par A la valeur réelle de
l'indice d'acétyle, la différence 5' — S lui est inférieure d'une quantité qui
nous est inconnue.
Il existe, entre A, , S et A, une relation mathématique simple permettant,
lorsque l'on connaîllesdeux premières de ces valeurs, de calculer la troisième.
On peut établir cette relation par le raisonnement suivant :
1° Elhéiifier un alcool par l'acide acétique c'est remplacer un grou-
pement oxhydrile — OH, dont le poids est de 17S, par le groupement
CH' — COO dont le poids est de Sg^ et augmenter le poids de la molécule
de 59^— 17^= /j2^.
2° Pour saponifier, dans une molécule-gramme, une fonction éther acé-
tique, il faut employer 56^ de KOH. Pour une substance acétylée dont i^
exige, pour être saponifiée, os,o56 de KOH, on est en droit de conclure que
cette quantité de i^ représente (i — 0,042) gramme de l'alcool primitif ; un
éther acétique dont is néces>ile n grammes de KOH pour être saponifié
représente donc (i - — ^, x 0,042) gramme de l'alcool lui-même.
Appelons A le rapport ^ par lequel il faut multiplierl'indice de saponification
d'un éther acétique pour déterminer « la surcharge acétique » de l'alcool
dont il dérive.
Connaissant X, l'indice de saponification S et l'indice de saponification S',
on possède tous les éléments nécessaires pour calculer l'indice d'acétyle A.
La quantité de potasse S'— S = A, a servi à saponifier des fonctions
éther acétique et correspond à une surcharge A,X. En retranchant de S'
une quantité de potasse S, nous avons retranché une quantité trop élevée;
986 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour saponifier (1 — A, A) gr. de matière grasse primitive, il faut seulement
(i — A, a) S de KOH. La quantité A, aS appartient à l'indice d'acctyle et
doit être ajoutée à A,. En répétant pour elle le même raisonnement (pje
pour A|, nous trouvons un deuxième terme de correction A, A^S- et. en
continuant ainsi de proche en proche, nous obtenons la relation suivante :
( I ) A = A, ( I + AS + >.2S2 + }}S-^ -+-),• S*. . . ).
L'ensemble des termes AS, A- S-, X'S'', X'S'. . . est une progression géo-
mélri(|ue dont le premier terme aS est la raison; il est inférieur à l'unité
car A = 0,75 et S varie entre o, i5o et 0,270 pour presque toutes les matières
grasses connues. La valeur vers laquelle tend la somme de celte progression
/S
est — -r-^- En substituant cette \aleur dans la formule (I), et en rein[)la-
çant A, par S' — S, il vient
7 S
(II) A = S'-S^.+ ^_.^
où A = 0,75 est une constante particulière à tous les éthers acétiques, S lin-
dice de saponification de la matière grasse et S' l'indice de saponificalioi;
de la même substance acétylée.
La méthode que nous proposons est plus rapide et plus simple (jue celle
de Lewkowitsch ; l'indice de saponification est une constante chimi(iue qu'on
peut facilement déterminer avec exactitude tandis que le dosage des acides
volatils ou des acides >olubles n'offre ni la même facilité nila même garantie.
Voici, à litre d'exemple, les chiffres comparés que nous ont fourni les
deux méthodes pour deux échantillons d'huile de ricin et cinq échantillons
d'huile de pépins de raisin ; leur concordance est très satisfaisante; les valeurs
obtenues pai' le calcul à partir de S el de S' sont toujours un peu plus faibles,
nous estimons que ce sont elles qui offrent les meilleures garanties d'exac-
titude :
Mclliodc Calculé à prtilii'
Huiles. Lewkowitsch. de S el de S'.
Ricin exlr.iiu; an laboratoire des graines
du H./.anzll)iirensls n6,9 • 44 i7
Ricin commerciale i-i-, 2 i36, 1
Raisin blanc (Ton raine) 21 ,.5 20,8
Raisin rouge (Touraine) n" I 21,6 2", 4
1) » » n" '2 3o,o 29,6
Raisin rouge (Italie) So.j 29,2
I) » (France méridionale) J2,i 49i4
SÉANCE DU l8 AVRIL 1921. 987
PALKO.NTOLOGII'. — Existence de nombreux spicules d' Alcynnaires dans les
mineniis de fer jurassiques de Irtince. ÎNole de M. L. Caykux, prcsfiilée
par \l. 11. Doiivillc.
Le gtou[>e des Alcyonaires à spicules, qui tient une place noiable dans la
constitution de la faune marine actuelle, est presque inconnu à l'étal fossile.
Si Ton consulte les traités de Paléontologie classiques, on apprend que les
Alcyonaires à squelette continu sont les seuls qui aient chance d'être
conservés dans les formations anciennes, et que les spicules fossiles, ou
n'ont pas été reconnus avec certitude, ou n'existent pas. La haute teneur
des spicules d'Alcyonaires en matière organique a même été invoquée par
Zittel pour exphquer leur absence, cette matière, au dire de Fauteur,
devant en provoquer la décomposition. Mais le fait que les spicules d'Al-
cvonaires sont essentiellement formés de calcite était de nature à laisser
supposer que, tôt ou tard, le hasard en révélerait la présence dans les
terrains anciens.
V la vérité, aucun représentant d'Alcyonaire à spicules n'a été signalé
en France jusqu'à présent, et les très rares éléments qu'.on leur rapporte
actuellement, à ma connaissance, ont été découverts dans le Lias moyen
de Gotha et dans la craie supérieure de Bohème.
H est maintenant permis d'affirmer que ces organismes ont été très
répandus à certains moments dans le passé, et qu'il suffit d'analyser, au
microscope, tel de nos minerais jurassiques pour en observer des restes en
abondance. Une fois déplus, l'étude pétrographique des roches sédimen-
taires entreprise systématiquement, au moyen de coupes minces, élargit
par contre-coup le domaine de la Paléontologie.
Au cours de mes recherches sur les minerais de fer oolithique d'âge
secondaire, j'ai eu la bonne fortune de découvrir, sans les chercher, des
spicules d'Alcyonaires, en nombre vraiment considérable. Les plus anciens
datent du Lias supérieur, où ils sont d'ailleurs rares, en moyenne. Dès le
Bajocien, ces spicules se multiplient beaucoup, en même temps que leur
dill'usion augmente. Au Callovien, ils abondent au point qu'on les peut
compter par centaines dans certaines préparations d'étendue ordinaire.
A cette époque, l'aire de dispersion des spicules d'Alcyonaires est tellement
vaste qu'on les rencontre aussi bien dans les minerais du Bassin de Paris
et du Jura que dans ceux du Bassin du Rhône. Contre toute attente, ils
disparaissent en totalité à l'Oxfordien, si bien que la difïérenciation des
988 ACADÉMIE DES SCIENCES.
minerais callovicns et oxfordlens, au moyeu des spicules d'Alcyonaires, est
on ne peut plus facile.
Quel qu'en soit l'âge, les spicules observés se font remarquer par un air
de f.imille très accentué. D'tme manièr-e p'^n'-rale, leur taille est de l'ordre
de grandeur de celle des spicules d'Epongés. Si l'on s'en tient aux manières
d'être les plus communes, les seules qui nous intéressent ici, les spicules
d'Alcyonaires des minerais de fer jurassiques se résolvent en bâtonnets,
souvent grêles, cylindriques, fusiformes, ou un peu irréguliers, droits,
arqués ou flexueux. Tous sont monoaxes et jamais branchus ou fourchus.
La plupart sont lisses et les autres hérissés de petits piquants, ou ornés de
courtes épines. De canal, il n'existe aucune trace. Le plus souvent, lesdils
spicules sont formés de calcite, optiquement orientée de la même façon,
pour un individu donné de forme rectiligne, sans qu'il soit possible
d'observer le moindre vestige de la structure première.
Mais [\ se trouve, principalement dans le Callovien, des centaines de
spicules qui ont conservé parfaitement intacte la structure fibreuse carac-
téristique du groupe. En l'absence de ce critérium, d'importance capitale
pour l'identification des bâtonnets, leur attribution aux Alcyonaires s'im-
poserait quand même, et non sans rigueur, par une élimination raisonnée
des spicules d'Epongés.
Il est très remarquable que, subordonnés à des sédiments qui ont été le
siège de nombreuses métainorplioses minérales, les spicules d'Alcyonaires
se soient montrés absolument reballes aux phénomènes d'é[)igénie. Calcaires
à l'origine, ils sont restés calcaires dans les différents étages où je les ai
rencontrés.
Il ne faudrait pas conclure de la nature spéciale des dépôts auxquels les
spicules sont associés, cjue leur existence est liée à celle d'un milieu de
nature très particulière, et que, partant, leur répartition dans le temps et
dans l'espace en doive être des plus restreintes. D'oies et déjà, je puis noter
que les spicules d'Alcyonaires sont également répandus à profusion dans
des calcaires calloviens qui n'ont rien d'aberrant au point de vue minéral.
C'est pourquoi j'incline à croire que le rôle paléontologique des Alcyonaires
à spicules doit être appréciable, voire même notable, contrairement à
l'opinion qui a prévalu jusqu'ici. Pour tout dire, j'ajouterai que la présence
de nombreux spicules d'Alcyonaires dans nos minorais de fer, non seule-
ment comble une importante lacune de la paléontologie des Invertébrés,
mais pose et résout tout à la foi-* un pro!)lèmi; intéressant et nouveau pour
la pétrographie des roches sédiraentaires.
SÉANCE DU iS AVRIL ig'^l. 989
GÉOLOGIE. — La silualio/i g(''o/o<ii{/ue des volcans (/'Oii<(/da (Maroc O/ienlal).
Note de M. P. llussô.
La plaine d'Angad ou d'Oudjda est un long couloir, éiroit au centre vers
Oudjda (20'""), s"élaig'issanl aux deux exlrêniités : à l'ouest à El Aioun, à
Test à Marnia (80'''").
I"]lle est encadrée par des monlagnes jurassiques qui sont les lieni Snassen
au \ord;les Heni Yala et les Zekharn, ainsi qu'une partie des Béni bon
Zeg'i^nu au Sud. Son axe est occupé par des volcans.
La plaine elle-même est formée de dépôts miocènes (Yindobonien et
Sahelien) ainsi que de dépots alluviaux quaternaires.
Les terrains jurassiques qui bordent immédiatém&nt la plaine montrent,
à liauleur de la paitie la plus étroite du couloir, un double pendage de 10°
environ vers l'Est et vers l'Ouest, dessinant ainsi un anticlinal transverse
surélevé {fias Foughal &\x Nord, monts des Zckhara au Sud).
Les falaises jurassiques qui dominent la plaine d'Angad au Nord et au
Sud sont formées de couches plongeant en sens opposé (22" vers le Nord
et 12" vers le Sud). Cette structure donne l'indication d'un large bombe-
ment anticlinal dont la voûte s'est effondrée pour donner naissance au
couloir d'Oudjda. Les falaises calcaires qui limitent l'effondrement ne
tombent pas directement sur la plaine, mais en sont séparées par une série
de collines dans lesquelles les couches jurassiques alïaissées ont un pendage
inxersc de celui des falaises et s'enfoncent sous les terrains récents de la
plaine. Il y a donc l'indication d'un mouvement synclinal très net, très
accusé.
De plus, suivant d'Ouest en Est l'axe de la plaine, se développe un relief
montagneux qui naît vers El Aioun, s'élève graduellement avec un pendage
d'ensemble \ers l'Ouest; il atteint son maximum de relèvement et sa- plus
grande largeur au niveau où la plaine est la plus étroite, puis les couches
prennent un pendage oriental et le relief disparaît bientôt d'une manière
brusque. Ce massif jurassique axial présente transversalement une dispo-
sition synclinale; c'est un synclinal en relie f VwmiQ au Nord et au Sud par
des falaises qui répondent à des fractures ayant accompagné refl'ondremenl
général du bassin d'Angad.
Ces différentes failles (souvent avec des dénivellations de 100'" et plusj
dessinent un réseau de cassures formant un faisceau assez resserré au
C. R., 192., 1" Semestre. (T. Xll, N* 16.) 74
pgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
nixeau de la portion élroite de la plaine et sY'lalant en éventail vers l'Est
et \CTS rOuest, puis disparaissant dès que la plaine s'élargit.
C'est par ces fractures, au nombre de quatre principales, que se sont fait
jour les roches éruptives et les volcans qui parsèment la jilaine d'Oudjda
Ces fractures sont jalonnées par les volcans suivants :
1° Fracture entre le massif des Béni Snassen et la falaise nord du syn-
clinal axial : \olcan de Kerkoum Lak/uit.
2" Fracture dans le synclinal faille du massif axial : \olcans de Teriuiniis.
Shotind-ed Dih, Oued Kenna. Koudiat Mazoïiz.
3" Fracture au pied sud du massif axial : volcans de lieni Oukil et k'ej
Oghabcd.
4" Fracture au pied de la grande falaise méridionale (Béni "N ala ) : vol-
cans de Srrnmard.
Je suis ainsi arrivé à considérer le couloir ou bassin d'Angad comme
produit par l'effondrement de la clef de voûte d'un large voussoir anticlinal
de calcaires jurassiques. F. a bande elTondrée, large de 120'^'" dans sa partie
la plus étroite, présente en gros une structure synclinale accidentée par de
nombreuses fractures avec dénivellation; l'axe en est occupé par un large
synclinal surélevé. C'est par les fractures résultant de l'effondrement, dont
la date est antévindobonienne, que se sont produites les éruptions volca-
niques disposées en une quadruple série parallèle, resserrée au centre,
étalée en éventail aux extrémités.
GÉOGRAPHIE. — Sur 1(1 dépression longitudinale du Chili.
Note de M. dic ^IoiNtkssits «k Ham.oke.
Plusieurs géologues, en particulier Suess et de Lapparent, ont tiré
d'importantes déductions de ce qui a été appelé la vallée, ou la dépression
longitudinale du Chili, colossal accident qui s'étcndr;iit sans interruption
depuis le ')3'' parallèle jusqu'au débouché du détroit de Magellan dans
l'Atlantique, soit sur une longueur d'environ 2600""". Ces auteurs ont
été trompés par les cartes à petite échelle et par d'imprudentes assertions.
Les observations faites au cours de mes voyages, et surtout l'examen
minutieux de la carte du Chili au ,^^,„\,^,,, publiée par le Bureau de mesure
des terres sous la direction de Risopatrc'm, me permellent de présenter
une conception toute dilTérente de la inor|)hologie générale de la [larlie
centrale de ce pays ( ' ).
(') tin travail plus éleiHiii paiiiîlra dans un nuire Ki-cueil.
SÉANCE DU l8 AVRIN I921. 991
La cordillère cùtière ne s'individualise qu'au sud du i3'' parallèle,
car au nord elle est continue avec celle des Andes et les ensellements
considérés comme représentant le prolongement septentrional de la dépres-
sion n'existent pas.
La plaine de Santiago est une cuvette se déversant dans le Pacifique, de
sorte que la dépression ne commence que plus au Sud avec le délilé d \n-
s^ostura par ']J5"5G' L. S. De là et avec des largeurs variables atteignant
jusqu'à To'""", la dépression court Nord-Sud jusqu'à Nacimiento sur le rio
Bio-Bio, soit sur une longueur de 484''™.
Aucun fleuve n'a son thalweg le long de l'axe de la dépression entre les
deux cordillères, ce qui exclut la dénomination de vallée el le régime
hydrographique se présente comme il suit. De nombreux fleuves, et par-
fois d'importants affluents, descendent de points plus ou moins profondé-
ment internés dans la cordillère des Andes, traversent la dépression de
l'Est à l'Ouest, puis coupent la cordillère côtière pour se déverser dans le
Pacifique. Parmi eux, quelques-uns seulement naissent au pied occidental
de la cordillère des Andes. Beaucoup de ces cours d'eau ont des segments
plus ou moins longs qui suivent le pied oriental de la cordillère côtière, ce
qui n'arrive jamais pour le pied occidental de celle des Andes. Tel est le
fait capital montrant que partout le fond de la dépression est légèrement
incliné dans le sens transvei'sal, c'esl-à-dii-e do l'Ouest à l'Est.
Ce n'est pas tout. Ce régime hydrographique et le pi'ofil longitudinal
de la voie ferrée qui suit la dépression montrent l'existence de onze ondu-
lations transver.-ales surbaissées qui, couiant de l'Est à r( )uest, réunissent
le pied occidental de la cordillère des Andes au pied oriental de la cor-
dillère cùtière. Leurs ventres sont les thalwegs des cours d'eau trans-
versaux qui vont au Pacifique après avoir coupé la cordillère côtière, et
leurs crêtes, légèrement inclinées vers l'Ouest, forment, entre les deux
chaînes, les lignes de séparation des bassins. Les thalwegs des segments
longitudinaux de cours d'eau correspondent aux intersections des ondula-
tions avec les pentes orientales de la coi'dillère côtière, et ces segments,
s'afFrontant deux à deux à la crête d'une ondulation, coulent en sens
inverses du Sud au Xord et du Nord au Sud, respectivement.
Cette inclinaison transversale des crêtes explique comment il ne peut y
avoir de cours d'eau longeant le pied occidental de la cordillère des Andes.
Aux intersections du flanc oriental de la cordillère côtière avec les ventres
des ondulations transversales, c'est-à-dire avec les thalwegs des cours d'eau
transversaux, et avec leurs crêtes, les difl'érences d'altitude varient entre 5'"
992 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et 90™ et entre 3™ et 228" respectivement, soit en moyenne de 36'" à 78".
Le fond de la dépression est donc en somme assez accidenté.
Cette disposition morpliologique rythmée est très remarquable par la
régularité avec laquelle on l'observe sur près de Sog"""' de longueur méri-
dienne et nous n'en connaissons pas d'exemples pour d'autres entremonls
de chaînes parallèles voisines comme celles de l'iùjuateur et de la
Colombie. Cette disposition peut être provisoirement considérée comme
le résultat de poussées tangentielles de sens méridien, c'est-à-dire comme
un système de plis orthogonalement surimposés à ceux des Andes, plis (jui
seraient venus accidenter la partie occidentale du fond du bras de mer de
l'époque secondaire qui baignait le pied oriental de la cordillère entière et
sur laquelle s'est érigée, plus à l'Est, celle des Andes.
JMitre Nacimiento et Temuco (i54'"") la cordillère cùtière prend, sous le
nom de Sierra de Na/nielbuta, un relief plus accentué, mais, en même
lcm[)s, elle est réunie à celle des Andes par un seuil transversal élevé que la
voie ferrée franchit à l'altitude de 369'" à Pailabueque, barrant ainsi la
dépression qui ne reparaît plus que 367''"' plus loin au golfe de Reloncavi.
Dans cet intervalle, il n'y a plus de relief distinct formant une chaîne
côtière individualisée, mais un ensemble confus d'environ loo'^'" de largeur
qui pourrait bien ètie une pénéplaine s'étendant du pied des Andes au
Pacifique.
C'est par un véritable abus de mots que les canaux du sud du Chili, en
particulier le détroit de Magellan, ont été considérés comme partie inlé-
gi'ante, ou prolongement de la dépression longitudinale.
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Varidlions et ferlililè de l'hylindc l'riniula varia-
bilis Goupil comparées à celles de ses parents Pr. vulgaris fluds. et Pr. oflici-
nalisA'oyj. i\ote(') de M. Ij. Rlaringhem, présentée par M. L. (iuignard.
L'étude des pollens des hybrides (ixés, Gcitm iiitrrmediiini l!hrii. el Ceii-
taiirea pratensis Thnill. (-'), m'a permis de montrer (ju'à la >lal)ililé des
caractères mor[)liologiqucs des hybiides se superposaient des variations
définies dans la fécondité des éléments reproducteurs. La même étude,
appliquée au Prirmila vnriabiUs Goupil, hybride spontané de /'/•. ridi>(iris
lluds. i^grandijlora Lmk.) et Pr. officimdis Scop., donne des résultais
(') Séance du 11 avril 1921.
(•) Cxinplfs ifiidiis. I. 170, 19-31), p. i^S'i, el liiill. Suc. hol., juillcl \i.y>.r>.
> SÉANCE DU uS AVRIL 1921. 993
concordanls cl me conduit, de plus, à \a. découvctle de l'inslal)ililé phy-
siologi([ue de l'un des parents, Pr. rulgaris, qui se comporte comme
riiybride avec lequel il a de nombreuses affinités morphologiques.
l. G. Rouy {1908) qualifii' /'/'. variabilis d'à; Ityhridc souvent fixé, se reproduixani
de graines ». Leliel (1861), de Roquebrune (1862) en font une espèce légitime.
Goupil (1825) la distingue du vulgaris pav ses fleurs plus petites, par son calice à
divisions courtes, droites vers la pointe, écartées (dilTérence avec Pr. elalior) du
tube de la corolle; il nomme Pr. laleriflora une forme secondaire, plus voisine de
Pr. officinalis. On en trouve des représentants en nombreuses régions de France,
en Suisse (Muret), en Allemagne (Kunlli), en Danemark (Ljunslriim), en Angleterre
(Miller Chrisly, d'après G. -A. Boulanger, 1920).
J'ai fait l'épreuve de deux lignées qui se sont montrées stables dans les semis :
a. L'une dérive de deux plantes, à court et long st)'les, prélevées en 1912 au Plessis-
Macé (Maine-et-Loire), cultivées depuis avec leurs descendants à Bellevue (S.-et-O.).
Les fécondations croisées artificielles et isolées m'ont donné, en igiS et )9i4t
58 bonnes graines dont j'obtins 7 plantes adultes qui sont des Pr. variabilis typiques,
avec variations marquées de la pilosité des feuilles et des hampes florales plus ou
moins hautes, de la largeur et de la couleur jaune plus ou moins foncée des corolles.
b. L'autre m'a été envoyée en 1912 par M. Souche, des Deux-Sèvres. Elle présente
tous les caractères de variabilis , avec, en plus, la particularité très rare dans le
genre de ne donner que des fleurs à sépales libres: mutation qui se conserve par lo
semis et que je nomme Pr. variabilis forme dialysepala.
IL Vorigine hylilide des divers Pr. variabilis est inconlesluble. Godron l'arfirme
dès 18:44 • Diirand-Duquesnay, Gay, Boreaii, Grenier, A. Perrier, Focke. Ljunstrom
et d'autres l'admettent. Les semis de Horeau à Angers, de Naudin au Muséum (i858),
de Godron à Nancy (1878) en donnent la preuve après croisement avec les parents
présumés; mais Içs circonslance's mêmes des cultures et l'apparition de coloris rouge,
ou violacé sur les corolles, indiquent l'intervention de formes horticoles à constitution
génétique complexe. Les épreuves doivent être reprises avec des plantes types, spon-
tanées, à corolles jaunes. Les plantes étudiées au Plessis-Macé répondent à ces condi-
tions et j'en ai isolé plusieurs lots.
On les trouve en mélange avec Pi\ vulgaris abondant, à floraison précoce et
Pr. (ijjicinalis var. suaveolens rare et à floraison tardive. Ils se reconnaissent à dis-
tance à leurs hampes, d'ordinaire élevées (jusqu'à 22"^™), garnies de Heurs abon-
dantes de longue durée, souvent d'un jaune plus vif que celles du vulgaris. Ils sont
intermédiaires entre les parents, mais parfois il est difficile de les séparer des vulgaris
forme caulescens.
m La fécondité du Pr. variabilis est toujours limitée, parfois nulle. La qualili'
des pollens et des ovules est compensée par la vigueur végétative; les capsules vides
sont la majorité, mais j'ai pu récolter quelques bonnes graines sur toutes les plantes
suivies dans le jardin d'essai.
L'examen du pollen fournit des renseignements précieux sur les plantes à l'état
sauvage. En particulier, j'ai fait l'élude détaillée, plante par plante, de tous les
individus croissant sur un talus de 60'" de lonir et 3'" de large du Plessis-Macé, coui-
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pieiiiiiil .)4 /'''. oj'jiciitalis. i84 Pr. viilg-an's, ?.o l'r. rariubilis. <ies dciiiieis élaienl
groupés; deux lois rouvrant chacun 4"'' donnent : 2 et 5 o/Jicinalis avec une moyenne
de 3 hampes de i à 8 fleurs; i5 et 7 vulgnris portant de 12 à '|2 (leurs; 7 et 5 varia-
bilis avec 10 à 25 hampes de 8 à i5 (leurs. J'ai examiné le pollen frais des fleurs, sur
le point de s'épanouir, de chacune des 208 plantes du talus :
Pollen avorté pour lUO.
Style. 0 r, — 25 — 5(1 — 75 — 1l«l
l'riniula of/iciiialis court 18 o o o o o i>
i< )' ...... long i4 '>■ 00000
» l'iilgari'! court 8 34 ()2 9 '1 i> "
1) l'oing '"' ''■\) ■■i3 •") ■( I I
Il varliihilis court n o o 4 ■'- -^ '3
" I) long 11 o 11 I 3 ' .\
La fécondité du pollen de Pr. variabllis est donc réduite, fait déjà connu, mais non
précisé par des dénouibrements, sauf par Ljunstrom, qui trouve (1888) au Danemark
63 à 69 grains avortés pour 100.
IV. Le fail nouveau, et très important à mon avis, est la stérilité partielle de
Pr. vulgaris spontanée, regardée par tous les auteurs comme une espèce typique. J'en
fus très surpris et j'ai immédiatement vérifié en d'autres stations (Angers, Hellevue)
(jue la règle est valable. Je n'ai pas trouvé, jusqu'à présent, un groupe de plusieurs
plantes Pr. vulgaris dont le pollen soit parfait.
V. f^e plus, alors que les pollens de /'/■. ofjicinalis (iio plantes), de Pr. elaliur
(2 plantes) sont homogènes, à grains réguliers (4oJ'-25f- hrévistyle, 251^-18!^ longisty le),
la taille des pollens de Pr, vulgaris et Pr. variabilis est variable, surtout lors(|ue les
avortements sont prononcés et alors J'ai toujours trouvé (/uebiues rares grains de
pollen de taille double des grains normaux, ronds ou ovales, au lieu d'Otre oblongs,
c|ui éclatent immédiatement au contact de l'eau.
En résume, Piimula rdriabilis est un liyhridr sponlimé capaljle de se
perpétuer par le semis, à fécondité limitée ri compensée par une grande
vigueur cl une floraison remaïquable par son abondance et sa duiTe. A ce
titre, la |)laiile niéiite une large propagation dans les jardins, l/un des
parents, /'/•. of/icinalia, est une espèce parfaitrmenl délinie, très stable au
point de vue physiologique; l'autre parent, /'/•. iii/garis, esl, au eonliairr,
instable, donnant de nombreux grains de pollen avortés et des grains i]v
taille variable. (".<'lti' irrégulaiité n'est, sans doule, pas complètement-
indépendante dis variations inorpliologitpies qui ont conduit plusieurs
botanistes distingués à considérer /'/•. variabilis comme une sous-espèce
du l'r. riifiiari.<>.
SEANCE DU 18 AVKII. 1921. 995
CYI'OLOGIE. — L'éi'oltuiun des grains d'alciironc en raciiolcs ordirudics et. la
fonnalion des tannins. Noie de M. Piiitun Danckaiu) filsj préscnlée paf
M. l\-\. l^iiD-eard.
La nolion de initochondfie a déjà provoqué beaucoup de confusion en
c\ tologic végétale ol elle continue de le faite comme en témoignent les
travaux récents sui- cette cpiestion.
Si nous nous reportons à la distinction faite sur ce sujet par .M. P.- A. Dan-
geard ('), nous sommes en présence de la conception suivante. La cellule
végétale en plus de son noyau et de son cytoplasme renferme : i" des
plasles, dont les formes jeunes ont l'aspect « mitochondries »; 2° un appareil
vacuolairc, dont les éléments jeunes rappellent égaleuient les mito-
chondries; 3° des miciosomes. Tous ces éléments se colorent par une ou
plusieurs méthodes mitochondriales.
On doit donc comprendre que le terme de mitochondrie ne s'applique
qu'à un aspect morpho'i)gique et pas du tout à un ensemble d'éléments
ayant une individualité dans la cellule. Comme jusqu'à présent personne
n'a vu un passage quelconque se faire entre les aspects milochondiiaux soit
de l'appareil vacuolaire, soit des plastes ou des microsomes, nous sommes
bien forcés de donner à chacun de ces systèmes dans la cellule l'autonomie
que nous ivfusons aux mitochondries.
Les cytologistes ont donc été trompés par une similitude morpholo-
gique entre les points de départ de divers appareils qui ont leur individua-
lité (hins la cellule.
Celle similitude d'aspect, il faut le reconnaître, est remarquable, mais
elle n'entraîne pas la nécessité d'une origine commune pour des forma-
tions qui sont toujours distinctes dans l'espace et qui sont probablement
aussi difîércntes par leur nature chimique.
Cependant il y a encore des auteurs qui font dériver des substances
comme les tannins des mitochondries. Or ces corps n'existent jamais que
dans l'appareil vacuolaire où ils apparaissent plus ou moins l(')t : Il n'est
donc pas exact de dire, comme le fait Politis dans une Note récente (-),
(') l\-A. DAN(iEAilD. ■S'/?/' ta disliiictioii du c/ioiidiioiiie des aii/ri/rs en niciioiiie.
pldsliiloinc et si>liciomc [ Cuiiiples rciiiliis, t. î()!t, lyiç), p. iO(i."ii.
( -) Jea.n P01.ITIS, Stir tis corpuscules l>niiis de (a brunissui e de la vi^^nc {Comptes
rendus, t. 172, 19^1, p. 8711 1.
99^ ACADÉMIE DES SCIE.\CES.
qu'ils résultent de la transfoimation de initocliondiies i;i aiuilcuses.
L'auteur n'a pas connu les travaux récents siii' la question, et il le l'ait bien
voir en continuant à attribuer à Guilliermond le mérite d'avoir reconnu
l'origine mltochondriale de l'anlliocyane, alors que ce dernier a reconnu
son erreur depuis, mais il esl vrai d'une façon tellement réservée qu'elle a
pu pisser inaperçue ('). Or ranthocyanc et les tannins sont des substances
qui ont des rapports étroits.
Je me bornerai à rappeler les résultats que j'ai obleiuis sur la lonuation
du tannin dans l'épideinie de la feuille d'If (Taxiis l>accat(i)('-)e\.h exposer
les faits nouveaux que j'ai observés dans la plantule de Pin (Piniis
maritinid ) .
Dans la feuille d'If donl l'épiderme devient tannifère au prinlcm[)S. il
n'existe au début dans les cellules qu'un vacuome à aspect mitocliondrial
filamenteux ou réticulé qui s'imprègne de tannin peu à peu au cours de son
évolution, et qui se transforme directement par hydratation en vacuoles dans
la cellule adulte. 11 n'y a donc pas d'intervention de niitocliondrics dans ces
phénomènes.
Dans l'embryon et dans la très jeune plantule de Pin, il n'existe pas de
tannin dans l'épiderme comme on peut s'en assurer au moyen des réactifs
microcliimiques. Dans une plantule de i"",5 il y en a déjà beaucoup dans
l'bypocolyle et la base des cotylédons.
Dans l'épiderme de l'em'ryon, l'appareil vacuolaire est représenté par
de nombreux corpuscules arrondis qui sont des grains d'aleurone sans
inclusions {/ig- A ) à l'inverse de ce qui a lieu pour le parenchyme {Jig- B).
Des que la graine a été mise à germer, aj)rès ■j\ heures, ces grains com-
mencent à changer de forme {Jig- C). Un peu plus lard ils se sont allongés
{/ig. D) puis soudés ensemble ( ftg. 1\) et il en résulte un réseau unique et
très délié dans la cellule {flg. F). Ce réseau se gonfle, s'agglomère, prend
de plus en plus d'importance et se transforme finalement en grosses vacuoles
{pg. I). Tous ces stades se relient et il y a continuité complète: c'est en
somme une matière plastique, la métachromatine, qui existait déjà dans les
grains d'aleurone de la graine et qui s'est h\dratée peu à peu en passant par
des formes variées sous rinOuence des pressions subies à l'intérieur de la
( ') Guilliermond, Sur l'nri^'inc i/rs raciio/es dans les cellules de (juebfues racines
{('. li. Soc. ISiol., ■'.- mars 19 'ni.
(-) l'iKBliP, DanueaiU), Lu iiirliicliriiiu<(liiiu cl les co/iijioscs Idunit/ucs des vacuoles
(Ciiniples reiuliis, I. 171. ig'i'. |'- i'ii(i).
SÉANCE DU l8 AVKIL I92I. 9^7
cellule. La continuité est d'autant plus certaine que le vacuome, depuis le
grain d'aleurone jusqu'à la vacuole lannifère, se colore électivemenl parles
teintures vitales. D'autre part les réactifs microchiniiques permettent de
constater à partir de quel moment le vacuome renferme du tannin, et ils
montrent que cette substance, d'abord peu abondante, apparaît au stade
F.rpHcalloii des figures. — To;ites les cellules représenlées sont des cellules cpiilermiques des
cotylédons colorées vitalemenl au bleu de crésyl. Dans les figures C, D, E, F, le noyau esl repré-
senté par son contour: ailleurs il n'est pas visible. Les cellules sont bourrées de globules d'huile
juxtaposés au milieu desquels on observe les corpuscules du vacuome.
\, cellule de l'embryon avec grains d'aleuroiie; 15, grains d'aleurone du parenchyme de l'em-
bryon; C, cellule d'une plantule de 14 heures; D, cellule d'une plantule de 4S heures; E, stade plus
âgé filamenteux du vacuome; P, C, H, stades réticulés (le vacuome G renfermedu tannin); I, stade
vacuole adulte avec globules précipités à l'intérieur de la vacuole.
figuré en G et que sa concentration augmente ensuite progressivement.
Ainsi des formes en réseau du vacuome renferment déjà un peu de tannin,
mais il est bon de remarquer que les réactifs et en particulier le bichromate
altèrent ce réseau, le pulvérisent en plusieurs vacuoles séparées dans les-
quelles on retrouve un ou plusieurs petits grains de tannin précipités.
Il n'y a d(mc pas dans les cas que nous avons étudiés de mitocbnndries
élaboratrices de tannin ; il existe un appareil vacuolaire qui s'en imprègne
plus ou moins tôt.
Les résultats de nos recherches sur la formation du tannin chez les
Gymnospermes nous conduisent par conséquent à rejeter l'opinion de
Polilis, qui voit dans les corps bruns de la maladie de la brunissure chez la
vigne des produits de transformation des mitochondries granuleuses, et elles
apportent en môme temps des faits nouveaux en ce qui concerne les grains
«l'aleurone qui sont l'origne directe des vacuoles adultes de la plantule après
un passage intermédiaire par des formes filamenteuses et réticulées.
998 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIl:. — Piolon^alion de la rie chez les Galleria mellonella.
Noie de M. Loiis Destoiciies, présentée par M. Edmond l'enier.
L'évolution totale des chenilles de Galleria, depuis l'œuf jusquau
papillon, dure environ i4 jours à la température optima : S^^C.
Cette évolution est plus lente à 34°C. : 1 5 jours; à l'j^C : 20 jours.
Au-dessous de i7°C., elles ne se transforment que rarement en papillons,
mais elles continuent à vivre, sans vigueur, pendant 2 ou 3 mois. Entre lo^C.
et 4°C., elles cessent de se mouvoir et de manger et meurent en 3o jours.
Mais, de \°C. à i°C. leurs combustions sont tellement ralenties, qu'en 6 mois
elles ne perdent que quelques milligiammes ('-j-^^ environ), mais reprennent
le cours de leur évolution si on les reporte à une température suffisante.
Nous avons soumis ces chenilles à l'action de deux températures alter-
nantes i°C. et 37°C., à raison de 24 heures pour cliaque température.
L'évolution de ces chenilles a duré 25 jours c'est-à-dire que les journées
passées à i°C. eurent peu d'action sur leur croissance physiologique.
Les papillons provenant des précédentes expériences, aux diflérentes
températures constantes et alternantes furent mis par couples (mâle et
femelle de poids égaux) dans des boîtes en verre identiques, avec une
même nourriture et soumis à une température uniforme : 37°G. La durée
de vie de tous ces couples fut de 5 à 8 jours et le nombre des œufs pondus,
de 9 à i5. L'influence des conditions de croissance de la chenille, pourvu
qu'elle s'acliève, est donc à peu près nulle sur la durée de vie et l'activité
physiologique du Papillon.
l\ous avons soumis des couples de papillons de poids égaux à l'expérience
des températures alternantes (i^C. et 3-" C.) et nous avons constaté que la
vie active de ces couples s'en trouvait très prolongée.
Voici les moyennes sur 100 couples (dont ch:ique sujet pesait de 0*^.112
à o*-', i3o) :
Diiri-e lolaie de la vie ^^o à 35 joiir^
l^onU' par couple -^Tj à 35 œufs
Les couples soumis à la température oplima constante (37" C.) ont vécu
7 jours et les couples soumis aux températures alleriianles (i"C'. et 87" C.)
ont eu une longévité de 3'> jours. Cette augmentation de la longévité s'est
traduite par une ponte supérieure en nombre : 1') o-ufs au lieu de i.t.
SÉANCE DU l8 AVHII. 1921. 999
U'auLies couples, soumis à des températures iiilennédiaires de 20°C.
à 37°C., n'ont pas vécu plus de 10 jours et pondu plus de 12 œufs.
Il nous semble donc démontré que, seul, le système des températures
alternantes optima et minima (37"' C. et i^C) pendant le sladc papillon
est capable de [)rolonger la vie des galleria. Cette vie supplémentaire
semble normale puisque le nombre des œufs |iondus s'en trouve très
augmenté.
Nous pensons que les clienilles, comme tous les organismes vivants, sont
porteurs de défectuosités physiologiques profondes, mais que ces dernières
sont bien compensées par la force même de la croissance. Au contraire,
parvenus à l'état adulte ou papillons, ces organismes ne compensent plus
aussi bien ces défectuosités qui s'exagèrent au contraire à mesure que
l'adulte fonctionne. Il s'ensuit une mort assez rapide. Par contre, si l'on
procure à ces mêmes organismes adultes des repos vitaux [)ar des passages
à une basse température, il s'ensuil un processus de ré[iaralions partielles
qui leur permettent de vivre plus longtemps.
ANATOMO-PHYSIOLOGIE. — Elude anatomo-physiologique d'un procédé japo-
nais de massai^c abdominal. Note de MM. Léon Mac-Auliffe et A. Marie,
présentée par M. Edmond Perrier.
M. Nakamura, de Tokio, nous a récemment initiés à un procédé savant
de massage abdominal, curieux par ses effets thérapeutiques et par la com-
plexité du mécanisme nerveux qu'il met en jeu fort habilement.
Le principe de ce massage est le suivant : le sujet étant couché horizon-
talement, les genoux plies, comprimer avec le pouce doucement et le plus
profondément possible certains points de l'abdomen ; attendre que la sensa-
tion tactile ainsi obtenue (gonflement, dureté, contracture, battements
artériels, etc.), se soit modifiée, puis décomprimer avec lenteur. M. Naka-
mura compte en moyenne 10 secondes de pression croissante, par consé-
quent un peu brusquée, et 'i\ secondes de décompression. Le massage doit
toujours s'effectuer sans glissement, dans le sens antéro-postérieur.
Les points de pression sont nombreux et variables avec chaque cas, mais
on doit toujours appuyer sur les points suivants :
i" Sur un plan horizontal passant par l'ombilic, d'abord à gauche,
à 10'^'" en dehors de ce point de repère, puis à 5''™ de celui-ci, puis sur
l'ombilic même, puis à 6*^'" à droite;
rooo ACADEMIE DES SCIENCES.
2° A gauclie. puis à droite sur un plan passant à deux travers de doigl
au-dessous de Tapophyso xyplioïde, à ■i'^'" de la ligne médiane;
3° Sur un plan horizontal intermédiaire aux deux précédents, en partant
du bord externe du muscle droit, à gauche, puis pression sur la ligne
médiane et à quelques centimètres à droite de celle-ci.
Ce massage a pour premier effet d'exciter les intersections tendineuses
(/i<i7n's Iransveises) des muscles droits, qui sont en général au nombre de
trois et correspondent, avec une rigueur sinon absolue du moins très fré-
quente, aux points de repère indiqués. Cette contraction provoquée de la
moitié supérieure des droits entraîne un vidage de l'estomac, excité lui-
même par la pression médiate du pouce sur ses parois. On con(;oit l'im-
portance de cette manœuvre dans les cas d'atonie et de méléorisme de
l'organe, d'autant plus que la deuxième juanuuvre indiquée ci-dessus agit
plus ou moins directement à droite sur le plexus solaire.
Cette compression, qui ne doit jamais être douloureuse, ayant été
effectuée, les pouces sont placés sur les bords externes des droits à gauche,
puis à droite, au-dessus puis au-dessous de Tonibilic, et l'on exerce la pres-
sion puis la décompression suivant le rythme indiqué. Le massage agit
alors (toujours dune manière médiate) comme excitateur des viscères
creux sous-jacents (intestins) dont réiasticité permet, du reste dans la
plupart des cas, un palper profond.
Mais ce palper superficiel des bords externes des muscles droits, au
ni\eau des lignes semi-lunaires, met en présence dun autre ordre de phé-
nomènes, à sa\oir une excitation mécanique des branches cutanées des -'',
8'', ç)'', lo'' et II'' nerfs dorsaux ou intercostaux ol du grand abdomino-
génital. Il intéresse aussi d'autres branches cutanées émergeant sur les
côtés (nerfs cutanés latéraux des Américains). ( )r tous ces nerfs se dis-
tribuent à la fois aux muscles et aux téguments de la région et ils innerxent
en outre les muscles intercostaux inférieurs : ils sont par conséquent en
relation a\cc les mou\emenls respiialoircs. (]c procédé se complique donc
d'une excitation nerveuse qui agit sur la respiration par les muscles de la
paroi thoracique morphologiquement inséparables des muscles de la paroi
abdominale.
-Mais il y a plus : le mécanisme physiologique ainsi décb'nché s'élrud
par \oie ner\eusc. En cITct, les nerfs sensilifs de la [)aroi anléricun' de
l'abdomen ont pour origine des nerfs rachidiens (sept nerfs intercostaux
inférieurs) cjui envoient des rameaux aux ganglions correspondants du
grand sym(ialhi(pie, i;aniili()/is d'où ndis.irnf li's nerfs limnd et petit s/i/a/ie/i-
SÉANCE DU l8 AVRIL I921. lOOI
niques (action sur l'esloniac, le jiancréas, les voies biliaires, les intestins,
la pression aorliqiic, la \eine-porle et ses branches inlra-hépatiques, les
cliylifères, la glyco-sécrélion, l'élimination rénale).
Si nous ajoutons que ce syslèuie japonais de massasse se termine par une
série de pressions méthodiques sur toute la longueur du côté gauche de
l'aorte abdominale et au-dessous de sa bifurcation (action sur les ganglions
loinbo-sacrés, sur le plexus aortique, sur le plexus hypogaslrique, (|ui
iunerxe les xiscères peKiens), on ne peut qu'admirer l'ingéniosité d'un
procédé qui, [)ar la mise en jeu de quelques points nerxeux abdominaux,
stimule une grande partie de l'économie.
ANATO.MIE PATHOLOGIQUE. — Sur le mode (le (lévelnp[)rn)ent el les
variétés des tumeurs de l'ovotcstis. Note de M. A. Peyrox,
présentée par M. Quénu.
Mes recherches sur la pathologie comparée des tumeurs des glandes
génitales, appuyées sur une étude synthétique du développement de ces
organes dans la série des mammifères me permettent d'étendre el d'inter-
préter le groupe des néoplasies ovariennes de type séminifère dont la forme
bénigne seule avait été isolée antérieurement par Pick et Schickele (igoS-
1906 ) sous le nom âi'adénome testicidaire de l'ovaire.
Elles présentent chez les divers mammifères étudiés (femme, jument,
chienne, vache) un type général d'organisatioa avec des particularités
spécialss à chacun d'eux.
1° I^e type élalon de cette morpliologie néoplasique est d é\olution pliilôl Ijéiiiyiie.
( )n liou\ e des cordons à contours plus ou moins régulier?, pourvus d'une membrane
propre : leurs cléments cellulaires à limites tantôt nettes, tantôt indécises ou même
absentes, offrent souvent dans ce dernier cas un cytoplasme d'architecture fibrillaire.
L','3 noyaux, parfois groupés en couronne à la périphérie des cordons, rappellent
lantot ceux des petites cellules épithéliales du tube séminifère, tantôt ceux des élé-
ments prismatiques allongés des cordons médullaires. Oh peut les trouver parfois
refoulés par de gros éléments à cytoplasme clair et à nojau sphéï^ique, paraissant être
les homologues des spermatogonies oviformes ou des volumineuses cellules sexuelles
des cordons médullaires.
Entre les cordons on rencontre, mais par places, et dans certain :s tumeurs seule-
ment, des éléments inteislitiels de type assez dissemblable. Dans jes cordons eux-
mêmes peuvent apparaître des cavités microkystiques bordées par une assise régulière
d'éléments épithéliaux cubiques ou cylindriques. Ces divers caractères doivent être
rapprochés des dispositions décrites chez l'homme sous le terme ôCadénome teslicti-
Inirc, en particulier dans le testicule eclopi(|ue.
lOO'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
2" Une variété moins bénigne el qui correspond à une dédifférencialiun plus accen-
tuée, oITi-e l'apparence d'un sarcome cloisonné à cellules fusiformes 1res allongées
parfois groupées en collerelCes périlhéliales; mtiis l'élude des zones de transition
montre que les alvéoles coirespoiident en réalité à la membrane propre des tubes
séminifères el que les éléments d'aspect sarcomateux dérivent eux-mêmes des petites
cellules épiiliéliales.
3° J'ai observé chez la femme des dispositions idenli(|ues à celles de certains endo-
tliéliomes de l'ovaire décrits par des auteurs allemands, la comparaison de mes prépa-
rations avec les figures données par ces derniers ne laisse aucun doute sur leur erreur
d'interprétation. J'incline à croire que les formations wolfiennes du réte s'incorporant
à la périphérie de la tumeur ont dû, par leur apparence emiothéliforme, être une des
causes les plus fréquentes de cette méprise.
4" Le dernier type histologique dont la fré(|uence est également spéciale à l'ovaire
de la femme, reproduit presq^ae jusqu'à l'identité les caractères de l'épithélioma sémi-
nifère du testicule : nappes homogènes mal cloisonnées par un stroma délicat riche
en éléments lymphoïdes; cellules polygonales à membrane très nette, à cytoplasme
clair bourré de glycogène et renfermant un diplosome. Sa présence dans l'ovaire a
déjà été signalée (Chenot el Masson). Mais sa genèse et son interprétation, pas plus
d'ailleurs que dans le testicule, n'avaient été complètement élucidées : mes recherches
viennent de mettre en évidence l'existence el la grande importance de crislalloïdes
qui n'y avaient pas encore été observés : les uns minces et allongés, les autres courts
et trapus, comme ceux, des spermatogonies el des cellules de Serloli récemment décou-
verts chez l'homme par Montgomery et par Winiwarler. Ces cribtalloïdes (dont la
description détaillée sera faite ailleurs) permellenl de rapporter la genèse du sémi-
nome, dans le testicule comme dans l'ovaire, à la prolifération de cellules souches de
la lignée séniinifère dont ils représentent un élément essentiel de diflérenciation, en
cellules serloliennes d'une part, el spermatogonies d'autre part.
Ainsi se trouve établie une distinction sûre a\ ec les néoforinalion> de la granulosa,
des éléments interstitiels ou luleiniques, et surtout avec le choriome pui'. dans lequel
Pick (trompé par une ressemblance superlicielle a>ec les cellules du lype Langhans)
a rangé à tort tous les cas identiques au précédent.
Ainsi constituées, les tumeurs de l'ovotestis me paraissent devoir être
réunies provisoirement en un seul groupe jusqu'à ce que l'on dispose d'une
série de documents nouveaux dans lesquels les cristalloïdes et les éléments
interstitiels auront été étudiés avec soin. Sous le bénéfice de ces réserves,
je rapporte ces tumeurs à la première série débauches germinatives qui
constituent normalement dans l'ovaire les cordons médullaires (de Wini-
warter) par opposition à la zone corticale fœtale (seconde poussée) et aux
invaginations an post partum.
Les cordons médullaires, ordinairement condamnés à l'atrophie mais qui
persistent chez certains anitnaux (taupe), peuvent se différencier en tubes
séminifères et constituer alors les ovolestis étudiés par Pick (porc et
SÉANCE DU l8 AVRIL 1921. I Oo3
homme). La frê(juence des Uiincurs iirécédentes, dont les formes malignes
avaient été méconnues par IMck lui-même, apporte précisément dans le
problème de Tovolcstis, un argument qui me semble favorable à l'iiypo-
tlièse d'un liermaphrodisme protandriciue plutôt queprotogyniquc, siiivanl.
la conceplion récemment reprise par Bujard (').
BIOLOGIE. — Biologie de la Perche nialgaehe.
Note de M. Jeax Legendrr. présentée par M. l']dmond l'errier.
Dans deux Notes précédentes sur la perche malgache (^Partililapia pol-
leni Eleeker), j'ai indiqué, dans la première (-') les particularités de la ponte :
épn(pie, éclosion des œufs, etc., et, dans la seconde (■'), le régime alimen-
taire de la perclielte et de l'adulte. Mes recherches au cours de l'année sui-
vante ont accru les notions antérieurement ac([uises sur la nidification et
porté sur l'alimentation de l'alevin du premier âge.
La découverte des nids est malaisée et a dû être faite [)ar moi dans tous
les cas, mon préparateur et les ouvriers indigènes de la station d'A((uicul-
ture en étant incapables. ( hiant aux pêcheurs, ils ignorent tout de la ponte
de la perche.
L'un de ces nids, trouvé sur le talus incliné d'un étang de la station, for-
mait une pla([ue collée aux herbes rases (graminées), plaque large comme
la paume d'un enfant de 10 ans et dont le bord supérieur n'était ([u'tà 2'™ de
la surface de l'eau. Ces œufs étaient déjà embryonnés et chez c(uelques-uns
l'embryon déjà mobile.
Agglomérés en grappe sur la graminée à l'aide d'un mucus, les œufs de
Paratilapie, dont je conserve une grappe, rappellent beaucoup le frai de
certaines grenouilles.
Le couple de géniteurs se tient à 1 S'''" ou 20'"^ du nid avec lequel le plus
gros d'entre eux vient fréquemment se mettre en contact.
Deux jours après, tous les œufs sont éclos, on n'en voit plus un seul sur le
talus où ils étaient collés. Près de l'emplacement du nid, les jeunes alevins
s'agitent, appuyés aux herbes, près du plafond de l'eau; quelques-uns sont
tombés un peu plus bas, mais on n'en voit aucun sur le fond de l'étang.
(') Bujard, De la genèse des ovotestis chez les Mammifères {Comptes rendus de
la Société de Biologie, 1921, n° 3).
(-) Comptes rendus, t. 16(5, 1918, p. 617.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 208.
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'>7aS-' ,^^
100/4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les jours suivants, la nichée continue à se tenir cachée dans les herbes,
au même endroit, se nourrissant des nombreux cyclnpes qui nagent en
surface. Un des parents veille sur ses petits, dissimulé dans les herbes du
bord el luit quand on l'approche.
Je n'ai pu obtenir la reproduction en aquarium.
J'ai conservé deux mois, sans en perdre un seul, dans un crislallisoir
contenant i',^ d'eau, trente alevins de celte nichée, mis en captivité au
4' ou au 9'' joui' de leur existence. Ils recevaient matin et soir un repas
composé de cjclopes et de daphnies. Ils marquaient une préférence très
nette pour les cyclopes qu'ils dévoraient les premiers et poursuivaient
jusqu'au dernier. Ces eninmostracés se tiennent, au moins pendant les
heures chaudes du jour, dans les couches supérieures de l'eau où leur
présence attire les alevins on quête de nourriture. Les alevins de perche en
liberté, pendant leur premier mois, circulent à fleur d'eau sous la surveil-
lance d'un ou des deux géniteurs, de 9'' ou 10'' à 16'' ou 17'', après quoi
ils disparaissent dans les couches inférieures. Les jours sans soleil on ne
les aperçoit pas. Il est probable que les déplacements des alevins sui-
vent ceux de la faunule doni ils se nourrissent.
Au régime de deux repas quotidiens, les larves de perches du cristallisoir
prirent la taille et la livrée des jeunes poissons de même âge vivant en
liberté; à 2 mois ils lurent lâchés dans un élang.
D'après cett<' expérience et d'autres observations, je crois qu'il est pos-
sible d'élever en captivité les jeunes du Paratila|)ie de Pollen jusqu'au stade
d'alevin de 6 mois ou de perchette. 11 y a lieu de poursuivre ces expériences
et de déterminer, pour la période de 2 à G mois, le meilleur mode d'alimen-
tation, naturelle el artificielle, dans un but d'élevage industriel. L'aqui-
culteur qui voudra faire cet élevage en bac capturera facilement les alevins
dans les étangs et marais, où ils nagent en groupes serrés à la surface
pendant le premier mois de leur existence.
M. A.-L. Herreka adresse une Note intitulée : HecliPiv/ies sur la pscmlo-
carvoci nèse des rellulcx aiti/icicllcs /luorosihcii/urs.
La séance est levée à 17 luxures.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI î>o AVPxIL 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georges LEMOIN'ë.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOîVS
DES MEMBRKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. G. Bi«ioi'RDA\ fait hommage du lîapport annuel sur les trmaux effec-
tués par le Rureau international de l'heure ( IL I. H. ) en 1920 ( i"^ année).
GÉOMÉTRIE INFIMTÉ3IMALE. — Sur les systèmes triplement indéterminés de
droites et leurs conjugués par rapport à un complexe linéaire. Note de
M. C GUICHARD.
Soit D une droite qui dépend de trois paramètres »,. u.-., //,. et telle que
si une variable varie seule la droite D décrit une développable; je désigne
par A, B, C les points où D touche son enveloppe quand on fait varier res-
pectivement »,, Mo, ";, seuls.
Je considère maintenant un complexe linéaire ayant pour axe le troisième
axe de coordonnées supposé vertical. Il est évident géométriquement que
la conjuguée A de D par rapport à ce complexe possède la môme propriété
que la droite D; soient A', B', C les points de 1 qui sont analogues aux
points A, B, C.
Je désigne par X,, X,, Xj les paramètres directeurs de D ; par Y,. \ 2, ^ :i
ceux de \. On peut d'une infinité de manières trouver un multiplicateur
convenable, de telle sorte que les X soient solutions du système
(0
d'\
I
d/u
d\ .
d/i,
d\
(Jiu dii.i
~ ^
dcij
àii-i /13
du.
du.
du 3 du i
I
dh,
du.
di/,i II,
dh^
du,,
d\
d(ii
d'X
di(i On. 2
I
d/i,
diit
d\ I
diii /i.
dh,
dui
d\
diû
C. R., 1931, I" Semestre. (T. 111, N* 17.)
Ioo6 ACADÉMIE Dl-.S SCIEXCES.
Les "^ satisfont à des équations analoguos où les // sont remplacés par //'.
I^our simplifier l'écriture, je pose
|.\,r.]=:A,B, — AJ!,.
Cria posé, si i/,, est fixe, les droites I) et A décrivent des congruences con-
juguées par rapport au complexe; j'ai établi que dans ce cas les projections
horizontales des droites D et A sont parallèles et cju'il en esl de même pour
la seconde tangente de A et la première tangente de B'. ( )n voit qu'il en est
de même pour la troisième tangente de A et la pn^iiière de C: puis pour la
troisième de 1! et la deuxième de C.
En écrivant que les projections de D el A sont parallèles, on a
d'où l'on tléduit
(3)
; ' ,)'/,] [,^/,' 1 °'
Maintenant la deuxième tangente de \ el la première de B' ont pour
paramètres directeur^ les quantités
.A
1
"*/', V
>)\
— !^\
el
^ ■
" ^
,)l,.
7J77
En écrivant cjue les projections horizontales de ci's droites sont parallèle;
on a
F— —1 -L 1^ I \ —\ -L'^hl^ yI —
^"•^ loi/,' ,J„,\"/,^ àu,\_ ' ,J,/,\ /,', ,Jn,\>J„,' \~°-
Je pose
Je prends la dérivée par rapport à (/., on aura en tenant compte des é(|ua-
lions auxquelles satisfont les "^
^ ' Oiii \_<)i', <)'u] li\ 'lu, l >Jii,\ //, ,)ii, l i)/',\
En combinant les équations (3), ( '| ) et ("> ), on tiouve
En écrivant que la troisième tangente de A est parallèle à la première de C,
SÉANCE DU 25 AVIUF. I921. 1007
011 aurait de même
an, \_lii aiij // 1 (Jii-, I
Les équations (6) el (7) donnent, en intégrant,
(8) - [v,gJ../,//.U,
on aurait de même
Réciproquement, « /cv équations (2), (8), (9) sonl .satisjai/e.s\ il existe un
système droite parallèle à D, dont la polaire réciproque est un système paral-
lèle à\.
Je me borne à iadiquer la démonstration. Je vais chercher à déterminer
les coordonnées a-,, x.,, x^ du point A. On détermine x^ et x., par les deux
équations
/ .r,V,-.r,Y,-l- A^3 = o,
(10) d\, ÔY, , 0\\
■ r, -— - — .r, -j h /. -— - r= o,
\ ijiii ()"^ 1)11 1
/{ étant le paramètre du complexe. On démontre alors que les dérivées
de X, et X., sont proportionnelles aux paramètres correspondants des tan-
gentes du réseau A, c'est-à-dire aux quantités
on déterminera alors x^ par une quadrature.
En particulier, pour qu'il existe un système droite D, coïncidant avec
le complexe, il faut et il suffit que les fonctions Xj, X^, Xo satisfassent aux
relations
Au système (i), on peut faire correspondre six fonctions ,3,/, définies par
les équations ,
aiii ^
A toute solution X du .systèuio (1 ), on peut faire correspondre trois fonc-
IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions y, , q.,. (j^ définies par les équations
on,
Ces fonctions q satisfont aux relations
(.3) __^p„,^,.
Je désignerai par !i'<, par q[ les éléments analogues pour le système ^ .
Cela posé, je remarque d'abord que dans les équations (8) et (9) on peut
réduire les fonctions U,, L^,, U';, à l'unité. On sait, d'autre part, que si l'on
divise toutes les solutions du système (i) par une solution particulière, la
forme de ce système n'est pas changée et les fonctions h sont divisées par
cette solution particulière. Je divise en particulier par X,, de sorte que les
paramètres de D sont i, X'^, X'^ ; X', et X'^ étant des solutions d'un système
de la forme (i) où, poui' éviter un changement de notation, je conserve //, ,
^2, /«j. Je fais la même chose pour le système \ .
Cela posé, l'équation
[\,Y]=o
donne ici
L'équation
X', = Y'
donne
on aurait de même
[-S]
A, A,
Il en résulte que pour la solution \ , on a
on en déduit
(■'. ) |5;/, - ,3/.-,-. ■
il en résulte ([u'aux systèmes X et \' correspondent dcin- .ws/emes
opposés.
Je prends le cas particulier où un système de droite D est un complexe
linéaire. Je représente par i, 0, \ les paramètre? de D. Les équations (i i)
SÉANCE DU 25 AVRIL 1921. IO<)(j
douneiU, après avoir réduit les fonctions U,, Ij.,, U:, à l'unilé,
Si Ton écrit qu'avec ces valeurs le système { i) est compatible, on trouve
l'unique condition
<P9 dtitOii, Ouidti:^ dii,âii3 (hi-^dii, àu.^ Ou, àii^ Ou.,
dui du., ûUi
«
On voit lacilement que si /«,, h,. // , ont les valeurs (i5), 0 est une solu-
tion du système (i). D'où la conclusion suivante :
Pour qu'un syslèinc droit D soit identique au complexe linéaire, il Jaut, en
choisissant comenahlement les variables //,, «2, «3, que les paramètres direc-
teurs I, 0, X de D satisfassent aux conditions suivantes : i" 0 est une solutum
de Véquation (16); 2° X est une solution du svstè/ne (i) où les h, ont les valeurs
données par les Jornmles ( i5j.
Réciproquement, dans ces conditions, il e.riste une droite par<dlèle à D (jui
décrit un système formant un complexe linéaire.
En terminant je fais remarquer que, d'un système droit formant un
complexe linéaire, on peut déduire des systèmes points pour lesquels
ENTOMOLOGIE. — Sur les différents modes de régénération des antennes,
chez le Vhasme Carausius morosus. Xote ( ' j de M. L. Cué.vot.
Dans une Communication précédente (Co/«/>/e^/-e7)fA«, t. 172, 1921, p.p/J!)),
j'ai montré, en confirmant la découverte de Schmit-Jensen, que l'on pouvait
obtenir de véritables pattes comme produits de régénération d'antennes
sectionnées à leur base. Mais la section ne doit pas être quelconque : quand
elle passe ailleurs que par les zones d'élection (voir //g-. IV de la Note précé-
dente), il n'y a pas d'hétéromorphose : ainsi la section de l'article n" 1,
de|)uis sa base jusqu'à peu près la moitié de sa hauteur (^fig. IV, O), n'est
suivie d'aucune régénération; le moignon se cicatrise sans plus et diminue
très sensiblement de volume au cours des mues successives sans que rien ne
(') Séance du iS avril 1921.
lOIO ACADEMIE DES SCIENCES.
ri-piiussc sur la s<-ctIon. Um- auln' zone négiilivf rst con-liluoc par le plan
dr >é|)aralioii (O') i-nln- Ifs articl.'s 1 ri 2 ; la M'Clion ^'' cicatrise sans rien
donner, ou préseiHc parfois un petit mamelon. plu> raremenl un moignon
de patte absolumeiit informe et rudimentaire. I",nfiii, à la -uile de la section
de rarticle n" 3, il rej)0iisse constamment une antenne qui s'allonge gra-
duellement au Cours des mues.
D autre part, la section dans les zones d'éleclion donne des résultats
Miriés : le plus souvent des pattes bien conformées a\ec tous les passages
à des pattes rudimenlaires, jiarfois des pattes-antennes, quelquefois aussi
des antennes normales. Comment expliquer cette diversité? Une idée toute
naturelle, c'est qu'il y a dans les deux premiers articles de lantcnne. outre
les zones négatives, des zones actives, mais de potentialité différente qui
donneraient, suivant le niveau de la section, tel ou tel résultat, comme
dans l'expérience de Herbst : Herbst, sectionnant à deux niveaux différents
la lige oculaire de Crustacés Décapodes, obtient soit de nouveau un œil,
soit un appendice antenniforme, suivant que le ganglion optique logé dans
la lige est reste intact ou a été entamé. 11 est très possible qu'il y ait dans
l'antenne du Phasme des zones spécifiques, bien <pie la constitution ana-
lomique ne montre rien de semblable; mais il ne saurait être question
d'influence du système nerveux comme dans le cas de Herbst, [)uisque les
nerfs antennaires, tout d'ime venue, parcourent lantenne sans différen-
ciation ganglionnaire.
Pour vérifier l'hypothèse, il parait indiqué de pratiquer des sections à
des niveaux slrictement repérés, en s aidant du microscope binoculaire;
mais, dans la réalité, la précision des opérations est rendue difficile parle
phénomène suivant : après section, il y a naturellement une petite hémor-
ragie; le sang se coagule bientôt en formant un caillot noir verdâtre qui
ferme la blessure; or ce caillot, au lieu d'être simplement superficiel, peut
s'étendre plus ou moins profondément dans l'article sectionné, et sans
aucun doute amène la morti(icali(Ui de la région qu'il occupe: la jiartie
vivante, qui amorce la régénération, l'st donc réduite d une façon variable,
et des sections qu'on a voulues identiques peuvent dilTérer notablement
suivant la position du caillot.
Sans exclure absolument l'hypothèse des zones spécifiques, je me
demande s'il n'y a pas entre les individus des diflérences dans le pouvoir
de régénération : en ertet, il est remarquable que très souvent (on en voit
un exemple dans la figure II de ma précédente Communication), lorsque
les deux antennes ont été sectionnées à des niveaux qui ne sont pas forcé-
SÉANCE DU 25 AVRIL 192I. lOII
ment identiques, les appendices légrnérés, parfaits ou incomplets, sont de
même calégorie : j'ai ainsi obtenu plusieurs lois doux antennes, au lieu des
pattes que j'attendais, ou bien deux pattes à peu près bien formées, mais
n'ayant chacune qu'une seule griffe. Il se pourrait qu'il y ait des Carausins
qui ne présentent pas l'iiomo'osis de substitution, à la manière des
Manlides, des Blatlides, des Bacillus Hossii b'abr. et Leptynia allcntiata
Pant., chez lesquels les antennes amputées régénèrent seulement des
antennes (de Sinéty, Godelmann ); il est curieux qu'Olto Meissner, qui a
expérimenté aussi avec Caraitsius mui-osiis, mentionne brièvemenl que les
antennes régénérées sont souvent plus courtes que les normales, mais
qu'elles peuvent néanmoins avoir le même nombre d'articles; il semble
donc qu'il n'a pas eu dans son matériel do régénération hétéromorphique.
D'autres Caniusiiis pourraient ne présenter que des iiétéromorphoses
incomplètes et bâtardes, et d'autres enfin des homœosis parfaites (//'g'. I
et II). Il sera du reste facile de vérifier le bien-londé de cette hypothèse, en
isolant les individus ayant présenté les homœosis les plus complèles [)Our
recueillir leur ponte parthénogénélique; si cette parlicularité se retrouve
chez les descendants, c'est qu'il y a en Ire les divers individus des différences
germinales qui portent sur la modalité régénératrice des tissus antennaires.
MÉDECliNE. — Nouvelles (icrjitisitions dans V élude expèrimcnlale du trachome.
Note de MM. Cuakles I\icoi.le et A. Cuénoi».
Evolution et durée du trachome expérimental du magot. — Nous avons
montré antérieurement, qu'à l'inverse des autres singes inférieurs étudiés,
le magot d'Algérie (Mactu-us inuuus) se faisait remarquer par sa sensibilité
au virus trachomateux. Chez lui, la maladie expérimontalo revêt le type
humain; les granulations y ont leur point d'élection à la limite du cartilage
tarse de la paupière supérieure, ainsi que dans notre espèce.
Avec les virus expérimentés jusqu'à présent par nous, la durée du tra-
chome du magot ne j)araissait pas dépasser 4 mois et la terminaison en
était toujours la guérison. Des virus nouveaux nous ont donné des tra-
chomes expérimentaux d'une durée peut-être indéfinie (i j et 18 mois déjà)
et, dans un cas, nous avons observé au 17'' mois une héralite, complication
fréquente du trachome humain.
Magot /, inoculé au\ quatre paupières avec un virus ayant fait deux passai:es sur
lapins. Au 27' jour, les iésioiu ont leur aspect et leur distribution classiques; elles
10 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coiilliiueiil à s'étendre jusqu'au 1(14' Jour. \ous les curellons alors. Celte opération
est suivit' d'abord d'une l'égression du mal, les granulations se cantonnent au niveau
des cartilages tarses; puis, une rechute survient sans cause apparente et les lésions
se généralisent à nom eau, les paupières inférieures restant peu atteintes. Au iVinois,
ci't aspect persiste.
.Magot If, infecté par des inouclies souillées de \irus tracliomateux. Lésions déjà
caractéristiques au 2'\' jour, l ti curetta^e est pratiqué alors, un second le .>'.'' jour.
Amélioration rapide; ce singe semble guéri après 3 mois et demi d'infection. Le
crojant tel, nous l'employons à d'autres recherches et pratiquons sur lui, ii cette date,
une inoculation de \irus syphilitique dans l'épaisseur des quatre paupières. Celte
expérience est sui\ ie aux quatre points du développement d'un oedème dur sans ulcé-
rations, qui évolue en •?. mois. L'anima!, néj;Iigé dès lors, n'est examiné de nouxeau
qu'un an après linoculaliori tracliomateuse; les L;ranulations ont reparu; elles sont
alors discrètes.
Dans les mois qui siiixent, elles se dé\eloppenl et. au 17'. elles se eompli(|uent
d'une kéialite de Vivû droit, laquelle laisse à sa suite une opacité cornéeniie. \u
li^" mois, les lésions trachomateuses persistent a\ec leur aspect classi(|ue.
Evolulion et durée du trachome expérimental du lapin. — Le Irachome du
lapin, tel que nous l'avons réalisé, ne présente pas la localisation caracté-
ristique du trachome humain et de celui du magot. S'il se traduit par uno
éruption de granulations très nettes, celles-ci ne siègent pas dans la région
classique. Elîès se montrent généralement confinées à des placards do
follicules normaux, dont l'hypertrophie peut sans doute être délerminéo
par des causes différentes. Ces placards se rencontrent à la partie externe
de la paupière supérieure et aux parties e,\ternc et surtout interne de l'in-
férieure. En cas d'infection tracliomateuse généralisée, toute la surface de
la paupière inférieure, plus rarement celle de la supérieure peuvent être
semées de granulations. Celles-ci sont élégamment disposées dans l'inter-
valle des capillaires dilatés.
On ne saurait douter de la nature tracliomateuse de ces granulations.
Nous avons rapporté plus haut l'observation i^déjà donnée partiellement)
d'un iTiagot, chez qui l'infection a pu être réalisée avec un virus passé deux
fois sur lapins. Nous rapportons ici hriè\ement une autre expérience, dans
laqu<'lle le virus tracliomateux s'est conservé un an sur un même animal de
celte espèce.
La/jln 73, inoculé avec le virus il'un cas humain non traité, nébut des lésions au
I '1"= jour; elles sont d'emblée généralisées aux quatre paupières et s'aggravent par
suite d'un curettage pratiqué à celte date. Llles persistent dans le même étal jusqu'à
la fin du 6" mois, puis se localisent aux paupières inférieures, tu passage est alors
léalisé sur un grand niagni, (|ni présente à la suite un liaclionie caiacteiislique. Le
SÉANCE DU 2 3 AVRIL 1921. loi 3
iiiéli'\ eiui'iil (ciirellii^i' tolal) iiinéiie, (rnutie p;ii-l, la guérison (au moins apjiaienli')
(lu lapin au i4'' mois.
Nous avons d'autre part pratiqua sept passages consécutifs eu (j mois de
lapin à lapin avec un même virus. Les granulations, d'abord étendues, se
sont faites de plus en plus discrètes. Nous ne pouvons apporter la preuve
qu'au septième passage le virus étaitencore actif, comme il l'était au second,
car le magot int)culé avec le virus de ce septième passage n'a pas réagi de
façon évidente.
Conservation du virits trachouKttciiv dans le tissu /cslictitairc du lapin. —
Celte conservation (ou culture) est possible pendant 3^ jours au moins.
Le lapin 100 est inoculé dans le testicule avec un \irus humain provenant d'un cas
non traité. 87 jours plus tard, ablation du testicule, dont l'aspect à la coupe parait
normal. Quelques gouttes de l'organe broyé sont inoculées aux quatre paupières d'un
magot par scarifications et à la seringue. Ce magot a présenté un trachome classitjue
à évolution d'abord discrète, puis ayant subi au quatrième mois une brusque l'xpaii-
sion.
Rèinfeclion des animaux guéris en apparence d'une première atteinte expé-
rimentale. — Dans un cas un magot, dans deux autres des lapins, guéris en
apparence d'une première atteinte expérimentale, ont pu être réinfectés par
une seconde inoculation de virus trachonialeux. 11 ne semble donc pas
qu'une première atteinte confère l'immunité. On ne saurait toutefois
l'affirmer, car nous ne possédons pas de critérium qtii prouve d'une manière
certaine la guérison et il est possible que, dans nos cas, la seconde inocu-
lation n'ait qu'ajouté son effet à celui d'un réveil du premier tracbome.
Résultats acquis. — Cetti- Note, qui sera développée ailleurs, apporte
quelques données nouvelles. Nous les résumerons ainsi :
i" Le trachome expérimental du magot peut avoir une durée longue
(i5, 18 mois déjà) sinon indéfinie, présenter des rechutes, se compliquer
de kératite.
1° Le virus trachoniatrux détermine chez le lapin l'apparition de granu-
lations, dont la durée peut atteindre un an et qui sont encore virulentes au
bout de ce temps pour le magot. L'entretien du virus de lapin à lapin est
possible d'autre part pour les premiers passages.
3° Le virus trachomateux se conserve (ou cultive) dans le tissu testicu-
laire du lapin pendant au moins 3- jours.
4° Une première atteinte de trachome (si elle guérit vraiment) ne
met pas à l'abri l'œil du magot ou du lapin contre une réinfection expéri-
mentale.
IOl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ELECTIONS.
Par la majorité des suffrages, MM. A. Hai.i.ek et L. Max<;i.\ sont élus
ÎMembrcs de la Commission du Fonds lionajxirlr en remplacement de
MM. A. Lavekax et H. Lecomti-.
PLIS CACHETES.
M. H. BoRiuER demande l'ouverture d'un pli cacheté reçu dans la séance
du i3 décembre 1920 et inscrit sous le n"^ 8816.
Ce pli, ouvert eu séance par M. le Président, contient une ?Sole inti-
tulée : Efficacité de la dWi-soinrilisation diat/icrmique dans les pluies atones
{ulcères variqucti.v, troubles IropJiiques cutanés, etc.).
( Renvoi à l'e.xamen de M. A. d'Arsonval.)
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Ministre de i/Instulctiov plbi.iqie i/r des Bealx-Akis adresse
ampliation du Décret en date du 20 avril 192 1 qui autorise l'Académie à
accepter le legs de M. Alfred Dutens.
M. WiRTz annonce à l'Académie que l'inauguration du monument élevé
en souvenir de son père, Adolphe Wikt/, aura lieu le mardi 5 juillet 1921,
à Strasbourg.
M. le Secrétaire perpétcei. signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1" Le premier fascicule du liultetin du Scnicc de lu Curtc géologique d Al-
sace et de Lorraine.
SÉANCE DU 25 AVRIL 192I. I0l5
i>" Le premier fascicule du liuUelin du Srrn'cc ^ro/ogif/iic dr /'o/oo-nr et
des Travaux du Seivice géologique de l'ologne.
')" Misiiio IsiiiMOTO. f/HTsfig/it/on o'' Melcds nif/i regard lo l/ieir infernaf
Friction. (Présenté par M. Berlin. )
1" SrtUTrvvMS N'oies- on edible Plants, edited bv U. P. Iliciiiiicu.
ASTRONOMIE. — Observation deVéclipse. annulaire de Soleil du 7 (nril 1921.
à r Observatoire astr()noinifi((e de r Uni^'ersité de Valence {Espagne). Note
de M. I. T.iiUAzo.NA, présentée par M. Bigourdan.
C'est en appliquant la méthode indiquée par la Connaissance des Temps
pour 1921 qu'on' a calculé, pour l'éclipsc annulaire de Soleil du 7 avril
dernier, les époques H, et H^ des contacts extérieurs el les angles de
position P, et P, des points du disque solaire où ont ou lieu les conlacis.
Les coordonnées géographiques provisoires de l'Observatoire de \ alence
(^l'^spagne) sont
o =^ 39"28' 17' \.
L =: 2?,'a2"=r i™29%5 W Greenwicli.
Voici les résultats du calcul :
Premier contacl. Dernier coiilacl.
iS avril 11)21. t. 111. c. Greeiiwicii 11, := 7'' i4'"o%g 11, = 9''4o"' 1 7%.')
Angle de position l'i =: 263°45' I'» = 48° ^9'
L'écIipse a été observée à l'aide de réquatorial Grubb de l'Observatoire, avec l'ocu-
laire le moins puissant, afin d'obtenir l'image totale du Soleil projetée sur une feuille
de [)apier blanc, convenablement placée pour observer par projection. Sur cette feuille
étaient tracées deux circonférences de 5'"' el fi'^™ de rayon, deux diamètres perpendi-
culaires et deux rayons dont les extrémités fixaient les points d'immersion el d'énier-
sion de la Lune sur le bord solaire. Pour l'orientation de cet écran on a fait courir,
tout le long de la ligne EW du dessin, l'une des petites taches du seul gioupe ((non
voyait alors sur le Soleil.
l-es heures des conlacis ont été déterminées avec le chronomètre de lemjis moven
l'erez-Seckel n''2092. L'étal et le mouvement de celui-ci sont connus par comparaison
avec les signaux horaires de l'Observatoire de Paris, transmis par T. S. P. le 7 el
le 8 avril à io''45'"o% io''47"'"'' et io''49"'o* t. m. c. Greenwich. On connaît également
l'élal et le mouvement de la pendule garde-temps moyen Strasser-Iliefier n° l^yO el
du clirononiètre sidéral Dent n° 5.551'2. Avec ces moyens, on s'est assuré de la régula-
rité de la marche du Perez-!leckel pendant l'écIipse, et de l'exactitude des époques
déduites pour les observations des contacts. Il ne reste que l'incertitude dans l'appré-
ciation de ceux-ci. motivée par la forte oscillation des images de> bords; celte erreur
|ieul aller à queii[ue deux secondes en plus ou en moins.
IOl<J ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tout le malin, l'atmosphère était masquée par un brouillard plus épais que d'ordi-
naire. Les nuages étaient si gros, à la fin de Téclipse, qu'on a eu la crainte de perdre
le dernier contact.
Pendant l'éclipsé et après, \l. V. Marli a pris dos photograpliies du phé-
nomène, avec le même équatorial diiment outillé. Au point de vue de leur
définilion, ces négatifs sont au-dessous de ceux que l'on obtient journelle-
ment à l'Observatoire. Voici les résultats de l'observation :
I" Les contacts extérieurs ont eu lieu aux points du bord solaire prévus
par le calcul.
2° Les heures des contacts pour M. L Tarazona. exprimées en t. m. c.
Grcenwich, sont :
Premier contact. . .
7.14.2,?
-.
' 1-
0.9
Dernier contact. . .
<)./io. 3 ,G
9'
'lO.
'7' 1
— 13,8
lîegardant la même image projetée du Soleil. M. \ . Marti jugea les
contacts quelque '> ou 4 secondes plus tôt que ^L Tarazona.
.\S1R0X0.MIE PHYSIQUE. — Mesures de parallaxes stcllaircs à i Observatoire
Dearborn. Note de M. Philippe Fox, présentée par iVL Deslandres.
Le programme de l'Observatoire Dearborn pour la mesure des paral-
laxes stellaires, après avoir été- abandonné pendant la guerre, a été repris
ensuite tout entier. On donne ci-après le Tableau des derniers résultats
obtenus, qui fait suite à celui déjà publié dans les ('o/«y9/e.v7V7/f///.yen iqiqC).
L'appareil astronomique est. comme avant la guerre, une lunette équato-
riale de o"',/|8 d'ouverture et de 7'" de distance focale; la méthode d'obser-
vation avec écran colore et porte-plaque à coulisse double, est restée la
même, et aussi la méthode de réduction pour la mesure des plaques.
Les étoiles du Tableau ont la plupart un éclat faible, mais un mouvement
propre notable. Pour la moitié d'entre elles environ, la parallaxe avait été
déjà déterminée; et l'accord avec nos mesures est satisfaisant, au moins
pour les étoiles étudiées par les observations photographiques.
Le Tableau est disposé comme celui de 1919; la colonne de la lettre P
indique le nombre des pla([ues mesurées, et la colonne marquée C.S.
(comparison stars) donne le nombre des étoiles de comparaison.
(') Comptes rendus, t. 1G8, igiy, p. logô.
SÉANCE DU 2,') AVRIL I921.
l'aralUiJcx sle/l/iiics ilfli-riiiiiics à I Ohscrvaloire Dearlx.
B. I).
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-0,011 ±0.(116
-o.079±o,oi(i
-o,o',9Z!Z(i.(i09
-o,oi3zto, oi3
+o,oo()±().oo8
-t-o,o34iiro,007
-f-o, i96±o,oio
+0, I i9ir 0,006
8.6 +0.044 ±o,0(iS
7.7 -t-0,01 izto.oiig
8.0 +(1,01 3±o,o.'i7
S,T — o,o68±o,o'.7
9, \ +o,o87±o,oi3
9,'. +0,02.')z!zO,(UO
9. 1 +0, 1911:^0,008
7,0 +0, I '|5±0, 02(1
9,3 +0,OI2±0,(lll7
1 1 . 1 — 0,04837(1.012
4879).... 23. 3i
1991) 23. i',
9,0
9 . 5
9,6
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1017
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)6 4 Hill
16 7 Fo\
18 5 Tilil.i
18 6 Wvll
10l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
licDui/'/iics sur les ('toi/es sui^iinles :
1 : i 4:!.
2 : i 53 rej.
3. T)Ani\ei Astriiiunnische .\ ac/uic/Ueii. 'ii.'J3, Abelti ilonne |iour le niouvemcnl
propre de celle étoile o',48i i> 224°, S. Ce nurnlire a vit'' reproduii Je fa. on erroni'e
par Hurnhain dans C. /., KtS.
U. Celte valeur remplace celle publiée précédemnieni, et basée sur un petit nombre
de |)laque».
7. Schlesinger donne pour la parallaxe de cette étoile o", 189.
11 : ii66i. La position actuelle des composantes est 239°:2'',4- '-6^ plaques onl
été obtenues sans l'emploi d'un dispositif d'occultation. L'étoile de la parallaxe a clé
un peu surexposée pour assurer un nombre suffisant d'étoiles de comparaison, et sur
plusieurs plaques, les images des deux composantes étaient en partie mélangée^, ce
qui explique la grandeur do l'erreur probable. La recherche de\ra ètie reprise a\r>'
un scricur occultant.
l'i : ii„.jr,4.
lo : lluo2i; en njoi, la po-ilion de celte étoile double était o4o":i : 1 ■. I ' ; cl en
1912 la position était 052°, o : J'jÔQ.
17 : pG.C. 991IJ.
18 : II 2998. Dans C. /., 108. lîurnham lui as?igne à tort un mouvement propre
de S/D — 21° ( ")8|o) trouvée par Bossert et Porter.
20. Burnhani a me-'uré plusieurs étoiles aux environs de ce groupe.
22. C'est l'étoile double bien connue KoOo. Elle est actuellement difllcilc à pholn-
grapliier avec notre instrument.
•2ï : (3 80. La distance actuelle des composantes est environ o",5.
IHICKMODVNAMIQI E. — Le pri/icijjc de i équivalence et la rèvnsihiliU'.
Noie de M. A. Leduc, présentée par M. Lippmann.
1. Lorsqu'on écril qur la diflerenlielle r/S de Tcnlropie est dilTérciiliclle
totale exacte, on applique le principe deCarnot et l'on exprime que le cycle
considéré est parcouru d'une manière réversible. Mais il ne faut pas dire,
comme le font certains auteurs, qu'appliquer le [)rincipe de Carnot cl
exprimer qu'il y a réversibilité sont une seule et même cbose.
2. L'application du principe de réquivalence sous la forme classique
t/L Jf/i,! — '/e v<''ll'''i'Piil'ell'' exacte)
im|ili(pie aussi bien souvent la condition de réversibililé. (!elle-ci n'est
donc pas l'apanage exclusif du principe de Carnot, el si j'éprouvr le besoin
de l'écrire, c'est que la méconnaissance de ce fait a donné lieu à des erreurs
graves de la part des meilleurs auteurs.
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. 1019
3. Je prendrai poiii' exemple l'expérience par .laquelle l'>clluiid a essayé
de délerminiT réquivalent mécanique do la calorie (').
1_ n fil métallique vertical \B, fixé en A à une poutre est allaclié eu l> à
un levier horizontal articulé autour d'un axe C. En faisant glisser le long
de ce levier un poids P jusqu'en un point D, on produit sur le fil une trac-
tion F, facile à calculer. Le lil s'allonge de z. Qae\ est le travail reçu par
le fil?
D'après II. Poincaré (T/icrmtn/., p. 102 ) et Clnvolson (vol. 3, p. Ii3i), on
aurait
( )r il est manifeste que ce travail a pour valeur - F, s. comme l'écrit
iùllund, sans d<jnner d'ailleurs d'explications. I*>n effet, dans cette expé-
rience, la force F croit de < ) à F, à mesure que le poids se déplace vers D et
que l'allongement (7— /„) varie de O à î. Le déplacement est d'ailleurs assez
lent ( il dure 2 secondes) pour que l'équilibre puisse être considéré comme
existant à cliaque instant. < )n peut supposer l'allongement proportionnel à
la force et écrire pour le travail reçu
^=il"-^''"'=l
F.;
4. Examinons maintenant le cas où, au lieu de produire, comme Edlund,
un étirement sensiblement réversible, on dépose (sans choc, mais sans autre
précaution) un poids P sur un plateau suspendu au fil. Si Pg = F,, l'allon-
gement final sera encore ï, et il n'est pas douteux que le travail de la pesan-
teur soit F,î. Mais la moitié seulement est reçue par le fil à titre réversible,
c'est-à-dire compemee Tpar une augmentation d'énergie potentielle élastique.
L'autre moitié du travail de chute est transformée en énergie vibratoire:
puis les oscillations s'amortissent rapidement en produisant un dégagement
de chaleur dans le fil.
< )n sait que si /■ désigne la capacité calorifique du fil et X sun coefficient
( ' ) Annales de Cliinne rt de P/iys., 4' série, t. 8, 1S66, p. f jj.
L'expérience dEdluncl a siirloul pour intérêt aujourd'luii de nioiurcr la nécessité
de fermer le cycle quand on applique le principe de l'équivalence. Sous ce rapport,
il est curieux de constater que l'auteur délermine d'abord ( p, 283) le rapport entre
le travail reçu et la quantité chaleur évoluée pendant la traction (sans tenir compte du
signe — ), et cest parce qu'il trouve ainsi un nombre beaucoup trop fort (G83''S™ par
calorie) qu'il envisage le retour du fil à l'état initial sans travail.
I020 ACADEMIE DES SCIENCES.
de dilatai ion. la traction réversible F, donne lieu à un abaissement de tem-
pérature 0 tel que
J/, 9 = — To/ÂF,.
I^a quantité de chaleur dégagée par le travail irréversible (ou non com-
pensé) produira une élévation de température 0' telle que
2 2 1: S
et l'on observera seulement un abaissement 0 — 0 .
On n'observerait rien si l'on avait
F
-' =2K>.T,..
.V
En fait, pour l'acier, il faudrait exercer ainsi une traction d'environ 140'-'''
par inillimèlro carré, qui dépasse la limite élastique et provoquerait sans
doute la rupture. Mais avec une traction moilié moindre (-jq^^ par milli-
mètre carré ) l'abaissement de température observé serait la moilié de celui
que produirait celte traction effectuée à la manière d'Kdliind ou en soute-
nant convenablement le poids pendant sa chute, de mimiére à éviter les
oscillations.
01'Tl(.)Li:. — Sur le dcplareineiit des raies solaires sous l'aclioit du cliamp
de gravitalion. Noie de MM. H. Bcissox et Cii. Faiirv, transmise par
M. \ illanl.
La théorie de la l'clativilé fait prévoir un léger déplacement des raies du
spectre solaire vers le rouge, par rapport au\ raies correspondantes des
sources artificielles; l'écart de longueur d'onde serait, en valeur relative,
de 2, I . 10"".
Depuis (pie ec résultat a été annoncé par lunstein, diverses tentatives de
vériiication ont été faites; elles ont conduit à des résultats contradictoires,
en grande partie à cause de l'incertitude où l'on était sur l'importance du
déplacement possible des raies par la pression, effet qu'il est difficile de
séparer du phénomène prévu par Einstein. Tout récemment ( '), M. l'erol
a montré que, pour les raies b du magnésium, l'effet de pression est négli-
(') (Jdwples rendus. I. 172, 19 ! 1 . p. 578,
SÉANCE DU 25 AVRIL I92I. I02I
geable. et (jue l'écart existant entre les raies du spectre solaire et celles de
l'arc sous faible pression, attribué tout entier à Fen'et Einstein, a bien la
la valeur prévue par la théorie.
Il nous a paru intéressant d'examiner nos ancienn(?s mesures, faites à une
époque où l'inlluencc du champ de gravitation n'était pas soupçonnée, elde
voir si nos résultats peuvent se concilier avec la théorie de la relativité.
Rappelons que les petits écarts de longueur d'onde entre les raies solaires
et celles de l'arc ont été mises en évidence dès 1896 par Rowiand et par
Jewell. Le plus souvent, l'écart était dans le sens d'un accroissement de
longueur d'onde pour le soleil, mais avec de nombreuses exceptions.
Rowland expliquait la longueur d'onde plus grande dans le spectre solaire
par l'effet de la pression dans la couche renversante, mais les déplacements
en sens inverse restaient inexpliqués.
En 1909 nous avons repris ces comparaisons ('), et nous avons réussi à
trouver la cause des nombreuses anomalies trouvées par Rowland; elles
tiennent à l'élargissement dissymétrique que subissent certaines raies dans
l'arc électrique, qui les éloigne de leur véritable position. Les anomalies
disparaissent si l'on compare le spectre solaire, non plus à celui de l'arc
ordinaire, mais au spectre de l'arc produit dans le vide. Toutes les raies du
spectre solaire se trouvent déplacées vers le rouge par rapport à celles de
l'arc dans le vide. Les mesures ont porté sur un grand nombre de raies
du fer.
A l'époque où ces mesures onl élé faites, l'eflel de pression était la seule cause
connue de déplacement d'ensemble des raies d'un spectre, c'est à cette cause que
nous avons essayé de rattacher nos résultats, et nous en avons déduit une valeur de
la pression dans la couche ren\ersante de l'atmosphère solaire. Toutefois, certaines
particularités pouvaient faire douter de l'exactitude de l'explication adoptée. Cer-
taines raies qui, dans l'arc électri([ue, s'élargissent beaucoup sous l'influence de la
pression sont, dans le spectre solaire, aussi fines que les autres. Certaines raies qui
subissent, sous l'influence de la pression, un déplacement plus grand que les autres
( il est vrai, avec des particularités qui rendent la mesure du déplacement un peu
incertaine) ne montrent rien d'exceptionnel quand on passe de l'arc au soleil.
R devient intéressant aujourd'hui de voir comment les faits s'expli-
queraient en admettant que, pour les raies du fer comme pour celles du
magnésium, la pression de la couche renversante est négligeable, et que
l'effet Einstein est la seule cause du déplacement.
(') Comptes rendus, t. IVS, 1909, p. 688; Journal de Physique, 4" série, t. 9,
1910, p. igS.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N" 17.) 7^
I022 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sur 22 raies étudiées entre les longueurs d'onde /(Ooc et 45oo, le dépla-
cement moyen observé, en passant de Tare dans le vide au soleil, est
de 0,0076 angstrôm,; la théorie de lunstein prévoit 0,0089.
Sur 10 raies entre 5 100 et 55oo, le déplacement moyen a été de 0,0127;
la théorie prévoit 0,01 1 1 .
La concordance peut être considérée comme parfaite, les difTérences
entre le calcul et l'observation, de l'ordre du millième d'angstroni, étant
du même ordre que l'incertitude des mesures.
En résumé, les écarts observés entre les raies du spectre solaire et celles
de l'arc dans le vide s'interprètent parfaitement par les deux hypothèses
suivantes :
La pression dans la couche renversante est faible, et par suite l'eJTet de
pression négligeable.
L'etlet Einstein est la seule cause de déplacement des raies du spectre
solaire.
Dans toutes les comparaisons de ce genre, il faut se tenir soigneusement
en garde contre les phénomènes accessoires de l'aie, qui peuvent donner
aux raies une fausse position.
RADIOACTIVIT]-:. — Sur le rayonnement y et le dégagement de chaleur du
radium et du mésothorium. Note de M'""" P. Curie, présentée par
M. G. Lippmann.
Le radium et le mésothorium sont des radio-éléments isotopes dont la
séparation chimique ne peut être effectuée. (Ilhacune de ces substances pro-
duit une série de dérivés dont l'ensemble contribue au rayonnement et au
dégagement d'énergie. Ln mois après sa préparation, le radium atteint un
état de régime avec une proportion constante d'émanation et de corps A,
IJ et C. Le mésothorium produit (par l'intermédiaire du dérivé à courte vie
mésothorium 2) le radiothorium dont léquilibre de régime avec les
dérivés ultérieurs : thorium X, émanation, corps A, H et C, s'établit en un
mois environ. L'évolution du mésothorium est donc, dans ses lignes princi-
pales, caractérisée par la proportion de radiothorium qui l'accompagne.
Le rayonnement y du radium est produit par le radium C qui y est con-
tenu, tandis (jue dans la série du mésothorium ce rayonnement piovient du
mésothorium 2 et du thorium C. (^uand on mesure le rayonnement y des
substances enfermées en tubes scellés, il est difficile de faire la distinction
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. I023
entre le radium et le mésotliorium en se basant sur la différence du pouvoir
pénétrant des rayons. Mais on peut essayer de faire cette distinction en
comparant non seulement le rayonnement y des substances, mais aussi le
dégagement de chaleur qu'elles produisent. Celui-ci est déterminé princi-
palement par Ténergie des rayons a dont quatre groupes sont émis par le
radium et ses dérivés formés en un mois, tandis que cinq groupes sont émis
dans la transformation du mésothorium, en comptant pour un les deux
modes de transformation du thorium G. Le mésothorium comparé au
radium paraît donc relativement plus riche en rayons y qu'en rayons a, et
cela d'autant plus que la proportion de radiothorium est moindre. Son
dégagement d'énergie sous forme de chaleur doit être moins élevé que
celui du radium, à intensité égale de rayonnement y.
Désignons respectivement par A et par A les rapports de l'intensité du
rayonnement y et du débit de chaleur du mésothorium aux quantités cor-
respondantes pour un étalon de radium. Le rapport — est fonction de la
proportion de radiothorium présent et de l'efficacité relative des rayons x
et des rayons y des divers groupes. Par atome de radiothorium détruit, le
dégagement d'énergie des rayons a est i,32 fois plus grand que celui qui
provient d'un alome de radium par émission de quatre particules a. Ce
nombre est calculé en admettant que l'énergie d'une particule a est propor-
tionnelle à la puissance | de son parcours.
Soit// le rapport du nombre d'atomes de radiothorium et de mésothorium
transformés dans le même temps; soit ,1: le rapport, par atome transformé,
entre l'intensité des rayons y du mésothorium privé de radiothorium et des
dérivés de celui-ci, et celle des rayons y du radium en équilibre avec l'éma-
nation et le dépôt actif; soit de même y le rapport, par atome transformé,
entre le rayonnement y du radiothorium et de ses dérivés et celui du
radium dans les conditions d'équilibre ci-dessus énoncées. On trouve, en
admettant de plus que le dégagement de chaleur dti aux rayons a est seul
à considérer,
I. -^ T,32/i , b , / WT
I î = — == -, — avec /( = I — e~ """ ' \-
■^ r + hy b — ir •'
Les nombres x eiy dépendent de l'appareil employé pour la mesure des
rayons y. Le nombre h est calculé d'après les constantes radioactives a et h
du mésothorium et du radiothorium. Le temps l est compté à partir d'un
état où le mésothorium était exempt de radiothorium.
l'in réalité, le mésothorium que l'on trouve dans le commerce contient
I024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
toujours du radium, et dans ce mélange on peul doser le radium par le
dégagement de lémanation. On peut, par conséquent, déterminer le
rayonnement y et l'effet calorifique dus au mésothorium exempt de radium.
Il m'a paru utile d'effectuer des mesures comparatives sur quelques pré-
parations de mésothorium que j'ai eues à ma disposition. Malheureusement,
l'âge de ces préparations n'était connu qu'approximalivement. Le rayon-
nement Y était mesuré par le courant d'i(misation produit dans une
chambre à plateaux au travers d'une épaisseur de plomb égale à i*^^'". La
source était placée à distance \ariable de la chambre. Le débit de chaleur
était mesuré dans un calorimètre à glace muni d'un lube capillaire, dont
une division correspond à environ o'^^'.o3. Cet appareil esl d'un maniement
assez délicat, et la limite d'observation est de l'ordre du milligramme de
radium.
Sur quatre préparations de inésothorium les valeurs suivantes de -3 et R
ont été obtenues :
1 ,80 I , i5 J .4^ 1,17
0,62 ô,6i 0,61 o.Ga
Toutes ces préparations étaient constituées par du bromure do radium à
mésothorium pouvant contenir un peu de baryum. La première était du
bromure de radium (11'"''', 5) sans baryum, ayant un rayonnement y envi-
ron cinq fois plus intense que celui d'une quantité égale de radium pur; on
peut estimer qu'elle contenait environ i pour 100 de mésothorium.
Les valeurs de R obtenues pour les quatre préparations sont semblables.
Ce résultat est normal, car les préparations provenaient du même minerai,
et leuis âges pouvaient être voisins (probablement entre un et deux ans).
Le rapport R = o,() différencie très nettement ces matières du radium.
( )n peut donc essayer de baser sur la mesure de ce rapport une méthode
de détermination des quantités relatives de radium et de mésothorium dans
un tube scellé. Pour cela, il convient de déterminer avec précision les coef-
ficients oc et Y pour un appareil de mesures convenablement choisi, puis
établir une méthode calorimétrique sensible et d'un emploi commode. ( )n
a, pour un mélange de radium et de mésothoriuin :
I -H I .il II —
R = ^,
iH- (.r-^-/(_r)-
où /• esi le rapport ilu rayonnement y du mésotliorium exempt de ses
SÉANCE DU 25 AVRIL 1921, I025
dérivés a celui du radium dans la préparation considérée. Delà mesurede II
on pourra déduire /• si // est connu, c'est-à-dire si Ton connaît l'époque à
laquelle la matière considérée a été obtenue à l'état de sel par cristallisation
fractionnée ou par tout autre procédé qui élimine le radiotliorium.
Cependant la sensibilité de la méthode pourrait être faible 'pour des pré-
parations d'âge avancé où h est voisin de sa valeur limite i, 'j, et la méthode
pourrait même, en ce cas, faire complètement défaut si les valeurs de .r et
de y étaient telles que le rapport R puisse devenir égal à i .
On peut aussi prévoir la possibilité de déterminer aussi bien /• que l'âge
de la préparation, par deux mesures de 11 espacées de quelques mois.
RADIOACTIVITÉ. — Suv le poids atomique du chlore dans quelques tninèiaux.
Note de M"*" Ikkxe Curie, présentée par M. Lippaiann.
Les recherches bien connues de M. Aston ont montré que le chlore est
un élément complexe composé de deux isotopes de poids atomique 35
et 37. Le poids atomique moyen 35,46 est relatif au chlore provenant du
sel marin. On peut se demander si l'on retrouve la même proportion des
deux isotopes dans divers minéraux faisant partie de la croûte terrestre, et
plus particulièrement dans des minéraux très anciens.
.l'ai entrepris la détermination du poids atomique du chlore dans
quelques échantillons de minéraux que M. A. Lacroix a l)ien voulu mettre
à ma disposition.
La méthode employée était la suivante : le chlore contenu dans le minerai
était amené à l'état de chlorure soluble. Cette solution servait à précipiter
l'argent dans la solution d'une quantité connue de nitrate d'argent; le chlo-
rure d'argent obtenu était pesé. On faisait, d'autre part, une opération
analogue en employant la même quantité de nitrate d'argent et une solu-
tion de chlorure de provenance ordinaire. On comparait entre elles les
quantités de chlorure d'argent obtenues dans ces deux opérations. La
méthode employée était donc essentiellement une méthode de comparaison.
Les expériences ont porté sur trois échantillons minéralogiques :
N" L La sodalite: chloro-silicate de sodium et d'aluminium. Provenance
de Bancroft (Canada) : c'est un des minéraux constilutifs de syénites
néphiléniques intrusives dans l'Archéen (série de Grenville).
N° 2. L'apatite chlorée : chloro-phosphate de calcium. Provenance
d'Odegarden, près Bande (Norvège). Gisement fdonien en relation avec
des gabbros qui traversent le Dévonien.
I026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
]N''3.Un chlorure de sodium. Provenant du Dar Oiiara (Afrique centrale).
Sel des régions désertiques africaines formé par lavage naturel d'une
région granitique et gneissique d'âge inconnu, mais sans doute archéen.
Le minerai pulvérisé était chaufTé avec de l'acide sulfiirique concentré dans un
ballon muni d'un tulie de dégagement terminé par une petite cloche plongeant dans
de l'eau très pure qui recueillait le gaz chlorhydrique dégagé. La solution obtenue
était additionnée de baryte pure jusqu'à ce que la réaclion ne soit plus <[ue 1res faible-
ment acide, puis filtrée et é\aporée à sec. ()n avitit ainsi le minerai à l'état de chlorure
de baryum.
I)es cristaux de nitrate d'argent pur étaient pulvérisés et séchés à Téluve à une
température de 5o° en\iron. On en pesait ensuite deux quantités aussi égales que
possible^ on les mettait en solution dans une même quantité d'eau pure, dans deux
récipients semblables et l'on ajoutait dans chaque solution quelques gouttes d'acide
nitrique pur.
On préparait, d'autre part, deu\ solutions de chlorure de barvum, dont l'une con-
tenait le chlore du minerai, l'autre du chlore ordinaire; les quantités de chlorure de
baryum, à peu près éiiales entre elles, étaient en léger excès sur celles nécessaires
poin- la précipitation conipléle de l'argent. La précipitation était faite à chaud. Les
précipités de chlorure d'argent, abandonnés au repos dans l'obscurité pendant plusieurs
jours, étaient ensuite recueillis sur filtre, lavés, séchés à l'étuve, puis pesés suivant
les règles ordinaires.
Toutes les pesées étaient faites avec une balance de précision, système Curie, pesant
au ^'„- de milligramme, et les mêmes poids étaient employés pour deux pesées corres-
pondantes, afin d'éliminei- les erreurs d'étalonnage. Diverses causes d'erreurs telles que
celles qui pourraient tenir à la solubilité du chlorure d'argent sont éliminées par
l'emploi de la mélhoile de comparaison.
\ous appellerons précipité I le précipité obtenu avec la solution de chlo-
rure {)rovenant du minerai étudié et précipité II celui qui est obtenu avec le
chlorure ordinaire.
NO As. AiiCI.
r B
ir, , . . . ( I O . 26c)0
0,-i200 l'recipite , ,,
/Il o,26b9
■
{ \ .i,2o5()
.3,S000 » , ,, ,, . ,
( II 1.2O.)9.0
Ajiatite I , '|5(io
l 4-''0O0
I I ,7001
^ I I . 22'.()5
f II I .222-.".
I 1 3.79ii3
/ Il ... . manqnée par accident
(Chlorure du \K\v ( ) 11 ara .
1 1 1 • i^(3
(Il .... 1 .\:vio
Dans la première expérience sur le chlorure de sodium les opérations fur
SÉANCE DU aS AVRIL I921. 1027
la solution II ont été manquées, mais le rapport du clilorure d'argenl I au
nitrate d'argent est exactement le même que dans la deuxième expérience
i^oS843()2 et o«, 84305).
Discussion des résullats. — Le poids moléculaire du chlorure d'argent
est 143,34, en admettant Cl = 35,40, Ag = 107,88.
Une diirérence do o,i4 unité sur le poids atomique du chlore se tra-
duirait donc par une différence de o. i pour 100 sur le poids du chlorure
d'argent obtenu.
Pour la sodalite. les poids des précipités I et II ne diffèrent que de ;j^
dans l'expérience la plus précise. Ceci correspond à une différence sur le
poids atomique du chlore de moins de 0,02. Cette différence est d'ailleurs
de l'ordre des erreurs expérimentales. Il en est de même pour l'apatite.
La différence est de ^r^. ce qui correspond à 0.021 sur le poids atomique
du chlore.
Le chlore de lapatite et de la sodalite a donc le poids atomique ordi-
naire à environ deux unités près sur la dernière décimale. Les faibles diffé-
rences de l'ordre des erreurs expérimentales qui ont été observées sont
dans le sens d'un poids atomique plus élevé.
Dans le cas du chlorure du Dar Ouara, il existe une différence supé-
rieure aux erreurs expérimentales sur la pesée du chlorure d argent : elle
est de 0,1 pour roo environ. D'après ces expériences, le chlore aurait un
poids atomique Cl = 35, 60 avec une approximation de trois unités sur la
deuxième décimale.
Cette différence aurait pu être attribuée à la présence de faibles quan-
tités de bromure ou d'iodure dans le sel. J'ai recherché le brome et l'iode
par la réaction de l'eau de chlore et du sulfure de carbone, sur une quan-
tité notable de matière. Le résultat a été négatif. D'autre part, j'ai calculé
la proportion de ces corps qui serait nécessaire pour justifier la différence
sur la pesée du chlorure d'argent. La quantité ainsi calculée pour le poids
de matière employée aurait dû être décelée.
En résumé, il semble possible que le chlore contenu dans le sel du Dar
Ouara ait un poids atomique légèrement su[iérieur à celui du chlore
normal. Je me propose de reprendre ces expériences dans de meilleures
conditions pour contrôler les résultats obtenus.
Cependant, les résultats conceinant la sodalite et l'apatite conduisent
à penser qu'en général, le poids atomique du chlore contenu dans les
minéraux anciens ne diffère guère de celui du chlore normal provenant
de l'eau de mer; si ce résultat était généralisé, on serait amené à conclure
I028
ACADÉMIE DES SCIENCES.
(ju'il y a eu un imMange très parfait des deux isotopes avant la constitution
des minéraux, ou bien que les deux isotopes ont été formés dès le début en
proportion sensiblement constante.
RADIOACTIVITÉ. — Sur la rncsurr de la mobilité des ions gazeux par la
méthode de la roue dentée. Note de M. Lapokti:, présentée par
M. Lippmann.
La uiobililé des ions i^a/.eux peut se mesurer par une méthode inspirée
de celle dcFizeau pour la détermination de la vitesse de la lumière.
Dispositif c.rpériinental. — Un cylindre d'ébonile {Jig. i ) est fermé à si'S exlré-
niiléi par deux joues mélalliques J,, J, percées chacune d"une fenêtre rectangulaire
LBme de
E^^^^^
1"'];,'. I. — I-cs parties luii:luiri,'cs sont en ébonitc. les autres métallic|ucs. IC.helle '.
.(le 4"" de hauteur, de 4""" de largeur; ces fenêtres ]",, Fo sont grillagées par une toile
métallique line. Les ions sont produits à l'intérieur d'une boîie ntélallique par le
rayonnement a d'une lame de poloniiuii, dont la dislance à la joue .1, est de i'"'. (>elle
hoîle présente du côté de la joue J, une ouverture rectangulaire. lùi face de la
fenêtre F2, une électrode protégée |)ar un anneau de garde est reliée à un électro-
mètre à quadrants, l'entre la boîte et la fenêtre F, d'une part, la fenêlre F._, et l'élec-
lro;le d'autre pari, se trouvent deux ]ilatt'aux mélalliques 1', et \'.. percés chacun
d'une fenêtre <I>| et *\' , i(lenti(|uc-i aux foiiêlies 1', et I".,. mais non L;rillau:ées. (les deux
SÉANCE DU -25 AVRIL 1921. I02g
plateaux sont rendus solidaires l'un de l'autre ]>av un barreau d'(d)onile qui les isole
éleclri(|ue[neiil; à ce barreau est ti\ée une tige portant un couteau; l'ensemble forme
ainsi un pendule mobile autour du couteau horizontal.
La boîte et le plateau 1', sont portés à un potentiel V,, la joue J, au potentiel V.>, J^
a V3, I', et l'anneau de garde, ainsi que l'électrode, qui sera ensuite isolée, à un
potentiel \j. On doit avoir V,>\2>V|>Vi ou la condition inverse, suivant que
l'on veut déterminer K, ou K.,.
(]es potentiels sont obtenus commodément par un potentiomètre à plusieurs
contacts. Hoîte, cylindre, électrode sont supportés -par des pieds isolés électrique-
ment et pouvant glisser sur une même règle à la manière des pièces d'un ban
d'optique.
Lorsque le pendule e^t au repos, les ions qui traversent l'appareil viennent à l'élèc-
tro<le; si le pendule oscille, les ions entrés pendant le temj)s que les fenêtres <I>, et F,
étaient en regard, sont arrêtés parle plateau P,, à moins que leur durée de trajet, qui
dépend du cliamp uniforme établi entre les deux joues, ne soit telle que la fenêtre <1>2
du plateau se trouve exactement, ou en partie, en regard de la fenêtre F, de la joue.
Nous devons donc nous attendre à observei' un maximum, permettant
de déterminer la mobilité, lorsque, à période* constante, nous ferons varier
le champ ou inversement.
Dans ces conditions, on observe à chaque oscillation du pendule une
avance saccadée du spot de lélectromèlre. Cette avance est toujours petite
pour un seul passage.
La discussion de la méthode montre : 1° que l'on peut, sans erreur sen-
sible, prendre comme distance de parcours des ions la distance des joues et
non celle des plateaux, car ceux-ci ne sont distants des joues que de o""",5
environ et que l'on établit dans cet intervalle un chanip intense ;
\
iëchelle
l\
8
\
l^
\
'^v.
,.'*v
S,
S.
\
■'--
^V
^-.-
<i)
w
85 30 35 W
65 70 75 Vote
2° Que, à cause du mouvement de va-et-vienl du pendule, la durée de
trajet qui intervient est la période T du pendule diminuée du temps 0 que
Io3o ACADÉMIE DES SCIENCES,
mettent les fenêtres mobiles à défiler devant les fenêtres fixes. 0 peut être
évalué par un calcul simple ou déterminé expérimentalement, il est de
l'ordre de .,'; de seconde, T étant de l'ordre de l de seconde
Hemartjiic. — Il convient de remarquer que, le pendule étant immobile, le courant
(l'ionisation varie avec le champ établi entre les joue^. La courbe I obtenue (a\ec les
ions — ) en portant en abscisse la difTérence de potentiel en volts entre les joues et en
ordonnée le nombre de secondes mis par le spolt pour parcourir 5*^™ de l'éclielle
indique cetle vari;ition.
Lorsque le pendule oscille, il convient de ramener les résultats à ce qu'ils >eraient
si le courant d'ionisation au repos était constant, ce qui se fait simplement, en portant
en ordonnée pour cha(|ue cliamp, non pas le nombre brut de millimètres de dépla-
cement observés {pour lo oscillations par exemple du pendule), mais ce nomiire
multiplié par l'ordonnée correspondante de la courbe I.
Résultais. — On a ainsi obtenu la courbe II qui indique un maximum au
voisinage de /JQ volts conduisant pour K^ à la valeur 2 centimètres-seconde.
Plusieurs expériences analogues ont été faites notamment en utilisani
pour chacjuc série de mesures une amplitude différente du pendule, elles ont
conduit pour la mobilité des ions + à des nombres compris entre 1.2 et
1.4, pour les ions — à des nombres compris entre 1,8 et 2.
Ces résultats ne sauraient être considérés comme des mesures précises de
la mobilité. Faites à l'air libre à des époques différentes, les mesures ne sau-
raient être absolument concordantes. Telles quelles, cependant, elles
permettent de conclure à la possibilité d'appliquer la méthode qui vient
d'être exposée.
Certaines jiarticularités de la courbe obtenue, notamment iétalemenl du
maximum, l'existence d'un minimum différent de zéro, la forme générale
de la courbe demandent des explications qui exigent un perfectionnement
teclinique et le recours à des conditions expérimentales mieux déterminées.
Des essais seront poursuivis dans cet ordre d'idées.
RADioGRAPHIi;. — .4 pivpos de la protection des tiers contre les rayons X.
Note ( ' ) de M. G. (loxruE.noui.i.vs. présentée par M. (i. Lippmann.
I, "installation d'uni salle d'opération radio-chirurgicale, au rez-de-
chaussée de mon laboratoire de l'hôpital NecUer, a en pour conséquence de
soumettre aux radiations croisées de trois postes de llontgen, marchantsimul-
(') Séance du i8 avril iy>i.
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. io3l
tanément pendant plusieurs heures, les malades, le personnel Inliimier et
les préparateurs qui y séjournent.
J'ai donc cherché à déterminer les épaisseurs de plomb nécessaires pour
isoler les deux étages des radiations émanant do chacun d'eux. Voici les
résultats.
Le tube employé est le « Coolidge standard ». Les plaques sensibles sont
des plaques métroradiographiqnes Jongla. L'écran renforçateur utilisé pro-
vient de la maison Capiain-Saint-André, il réduit les temps de pose au ~.
Nature du plancher sur lequel portent les expmences : Constitué par des
solives de fer et des lambourdes de chêne, il est parqueté du même bois. Le
plafond est en plâtre de i o"" d'épaisseur, les intervalles entre les lambourdes
sont garnis de gravais, l'-paisseur totale du plancher : 3o'".
Première expérience. — Le focus occupe sa place habituelle au-dessus de
la table d'opérations. Il est à i55"° du sol. Sous le plancher, à 190*"" du
focus, le châssis radiographique porte les témoins suivants : un mor-
ceau de plomb de 3™"' d'épaisseur, un radiochromomètre Benoist, un
radiophotomèlre Contremoulins. Les rayons X ont à traverser, pour
atteindre la surface sensible, les corps ci-dessous énoncés, dans l'ordre de
leur éloignement du focus : >
a. Une glissière et un châssis porte-plaques, le tout en bois, donnant
ensemble une épaisseur de 72"""' et placés à 75""" du focus.
b. Une partie d'un plateau de marbre de 28""" d'épaisseur doublé d'une
feuille de plomb de 3™"' et placé à 82'^"' du focus.
c. Une barre d'acier de 3o""" de diamètre, à iSo*^"' du focus.
d. Une feuille de plomb de 3""" d'épaisseur appartenant à la protection
inférieure de la table et placée à 135""' du focus.
e. Le plancher dont la composition a été donnée ci-dessus.
/. Les témoins placés sur le châssis radiographique qui se trouve à 190"'
du focus.
Longueur d'étincelle : 17""; milliampères .- 2; pose : lo minutes. Ce
qui équivaut à un lonctionnemenl normal de 2 minutes 3o secondes avec
8 milliampères.
Interprétation : La glissière (a) ne donne aucune image. Les feuilles de
plomb (é et c^) semblent être partiellement traversées; la feuille de plomb
(d) donne une image nette de son bord sous la partie protégée par le
marbre et le plombage supérieur (b). L'image du radiophotomètre est
complète sous la partie protégée par le plomb de 3"™ et le marbre (b) ; elle
est due en grande {lartie au rayonnement direct, à en juger par la netteté de
Io32 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
ses bords. La barre d'acier (e) est traversée, la feuille de plomb reposant
sur le châssis esl très visible sous sa projection. \ iv image qui parait
correspondre à celle d'une solive en fer du plafond montre que celle-ci
aurait été fortement traversée.
Une masse de plomb placée à 190'™ d'un tube Coolidge, pour un régime
de i^'"" d'étincelle, n<' doil pas être inférieure à G""" d épaisseur, pour offrir
une protection efficace. Elle doit être sans solution de continuité pour
éviter la diffusion et les rayons secondaires.
Deuxième expérience. — Les conditions de la première expérience sont
restées les mêmes à l'étage supérieur. A l'étage inférieur, le châssis radio-
graphique a été placé sur la table oi'i l'employé classe les clichés pendant le
fonctionnement du tube. Cette table est distante du locus de 4(io"". Sur le
châssis ont été disposés les témoins suivants : aux angles, des métaux
d'épaisseurs diverses (masse de plomb de 3"""; masse d'acier de 3"""; masse
d<' fonte de fer de 100"""; un serre-joint en fer). Au voisinage du plomb se
trouve une omoplate. Recouvrant en partie l'acier, un crâne sec repose par
sa base sur le châssis. Au milieu le radiochromomètreet leradiophotomètre.
Sur le bord, entre la masse de fonte de ier et l'omoplate, une clef de méca-
nique en acier.
Longueur d'étincelh' : 17''"; milliampères : 2; pose : (io minutes. Ce
qui équivaut à un fonclioimemenl normal de i5 minutes avec 8 milli-
ampères.
Inlerprélation : La plaque sensible, aux trois quarts protégée par la
feuille de plomb fixée au marbre de la lalile radiologiquc, a été impres-
sionnée sur toute son étendue. Celte feuille de plomb de 3""" a laissé
passer une partie du rayonnement direct; la masse de fonte, le serre-
joint, le radiophotomètre et la clef sont nettement visibles; le radiochro-
momèlre donne une légère image. Sur la partie de la plaque ayant reçu
les radiations filtrées seulement par le plancher, on voit très nettement la
masse de plomb opaque, la masse d'acier plus transparente. Le crâne donne
une image parfaite au tiavers de celle-ci. L'omoplate est, malgré son
épaisseur minime, parfaitement visible dans toute son étendue.
A cette distance de '((io'"'" et après filtrage par le plancher, les radiations
qui viennent frapper la plaijue sont encore aisément absorbées, puisque
l'image d'une omoplate est possible. l'illes sont donc dangereuses pour
l'organisme humain.
On sait que les plaques pholographi(|ues sont peu sensibles aux
rayons \; ceux de très courtes longueurs d'onde ne doivent vraisembla-
SÉANCE DU 25 AVRIL 1921 Io33
blement produire aucune impression. Ils échappeni donc j'i celte niélliode
graphique. Il y aurait lieu d'en recliercliei' Texislencc par la niélhudc plus
sensible de rionisation.
Pour les intensités ne dépassant pas 17"" de longueur d'étincelle et
10 milliampères, un revêtement de |ilomb 'de (i'""', placé à 2'" du
focus, semble a jiriori suffisant. C'est en tout cas un minimum exigible.
Ces intensités correspondent à celles utilisées pratiquement pour l'examen
des malades (^ radiographie-radioscopie).
(^uant aux intensités exigées par la radiothérapie profonde, dans le
traitement du cancer, elles sont : en France de 2j"" d'étincelle pour 12a
I ") heures consécutives de pose; en Allemagne, de 120"" d'étincelle pour
5 heures consécutives de pose. Le rayonnement engendré par de tels
potentiels est doué d'un pouvoir de pénétration qui doit se classer vraisem-
blablement au voisinage du spectre du radium.
Ces sources d'énergie ne peuvent être installées au centre d'aggloméra-
tions urbaines sans faire courir aux habitants le* plus graves dangers. Des
mesures de protection s'imposent de toute urgence.
RADIOLOGIE. — Sur le fonctionncmciU du tube Liliinjehl.
Note de M. A. Dauvilher, présentée par \I. E. Bouty.
On sait que le tube Lilienfeld est un tube à ra\ons \ à pure émission
d'électrons, c'est-à-dire dans lequel la pression du gaz résiduel est assez
basse pour que les phénomènes d'ionisation ne jouent aucun rôle appré-
ciable durant le fonctionnement. Il comporte une cathode incandescente
dont la température est assez élevée pour qu'un excès d'élections soil
toujours émis. Un certain nombre de ceux-ci sont drainés, pour former le
faisceau cathodique, par un champ auxiliaire de quel(|ues milliers de volts,
produit entre le filament incandescent et un cxlindre creux d'aluminium
dirigé vers l'anticathode. Bombardant la surface intérieure de ce cylindre,
ils en ionisent le métal (|ui devient la source d'un plus grand noiabn' de
nouveaux corpuscules animés de faibles vitesses. Ceux-ci s'écbappant du
cylindre se trouvent alors dans le champ principal, ([ui est produit rntre
cette électrode et l'anticathode, et constituent le faisceau cathodique.
L'intensité de ce faisceau est réglée par la grandeur du champ auxiliaire,
tandis que la vitesse des électrons qui le constituent l'est, d'une manière
indépendante, par la différence de potentiel appliquée au second circuit.
Io34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Le tube Lilienfcld a, dans Tesprit de son auteur, été construit pour
fonctionner exclusivement avec des tensions variables sinusoïdales ou pul-
satoires, afin d'obtenir de hautes densités électroniques instantanées au fo\er.
Dans le but d'utiliser uniquement la crête de ces ondes, h' circuit auxiliain-
est sliunté au nioxen dune résistance de l'ordre du mégoluii. Les onde-
appliquées aux deux circuits étant de même forme et en concordance de
pliase, [e faisceau catliodi(|ue est ainsi rendu pres([ue aussi homogène qu'il
l'est dans un tube à gaz « dur » fonctionnant avec la même onde.
Ayant démontré récemment (') que la densité électronique au foyer ne
jouait aucun rôle appréciable ni sur la forme ni sur la grandeur de la
courbe spectrale du rayonnement émis, nous avons pensé que, de même que
pour le fonctionnement du tube Coolidge ( -), il s<M'ail avantageux d'utiliser
une tension constante produisant des rayons cathodiques strictement homo-
gènes. Nous avons effectivement observé que le tube fonctionne remarqua-
blement bien dans ces conditions. La différence de potentiel constante
nécessaire au circuit auxijiaire était prise sur la différence do potentiel
principale en intercalant une résistance de l'ordre de lo mégohms. Elle
peut être également fournie par une petite dynamo donnant quelques
milliers de volts : l'intensité du faisceau cathodique est alors réglée i-n
agissant sur l'excitation de cette dynamo. Ce montage supprime à la fois
les résistances en série et en dérivation qui sont fort encombrantes. On
peut dans ces conditions dépenser dans le tube d'une façon continue, grâce
à la ciiculation d'eau anticathodique, une puissance de l'ordre du kilowatt.
Ce procédé d'alimentation fait bénéficier de tous les avantages que pro-
cure l'emploi d'une tension constante : possibilité d'effectuer d'une façon
evacte, au voltmètre électrostatique Abraham-V illard, la mesure et le con-
trôle permanent de la tension et de se placer ainsi dans des conditions de
fonctionnement définies pouvant être reproduites avec précision: excita-
tion d'un spectre de rayons X ayant la plus grande richesse possible en com-
posantes de courtes longueurs d'ondes et la plus grande pauvreté possible
en composantes de grandes longueurs; fatigue et usure moindres du fila-
ment et de l'anticathode (').
(') Annales de Physique, g^' série, l. 13, mars-avril 1920. p. 49-1 34-
(-) H. Leuoix-Lebahi) et A. DAi:viLi.n;R, Comptes rendus, l. \{\i, 1916, p. !\oâ.
(' ) Les installations qui utilisent des tubes LilienTcid fonctionnant sous 5oo pèriodi's
auraient donc le plus ijrand avantage à être transformées en installations à tension
ronstantr par l'adjomiion au\ deux transformateurs de Uénotrons et de condensateurs,
iiiiiis il est évident <|u'un résultat éi|uiviilent serait obtenu avec une simplicité brau-
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. Io35
Lilienfeld (') a publié récemment un travail tendant à montrer que
lorsque sou tube fouctionnc, pour In même valeur de la tension de crclr,
avec une onde sinusoïdale de fréquence de plus en plus élevée (jusqu'à
5oo périodes par seconde), le spectre du rayonnement émis s'accroît à la fois
en intensité et en composantes de plus en ])lus courtes longueurs d'ondes,
i^n un mot, le spectre émis est tel que celui qui serait observé sous une
tension au moins moitié plus grande. Nous avons jusqu'ici recherché l'exis-
tence de ce phénomène théoriquement improbable de la faron suivante :
lu tube Coolidge fui excité par une onde de tension alternative de forme siiuisoïdale
dont la valeur efficace était mesurée au voltmètre Âbraham-\ illard. I^a puissance
ilépensée était très faible (70 watts) afin de ne pas déformer les ondes, d'ailleurs
fournies par des transformateurs de 5 Kv. A., commandés par auto-transformateur,
l'ans ces conditions, deu\ spectrograrames furent pris sur la jiième plaque et exacte-
ment dans les mêmes conditions sous 4'- et 600 périodes. Le> spectres obtenus se
révélèrent absolument identiques, aussi bien au point de vue de Tinlensité du fond
continu et des raies K du tungstène i|u'à celui de la plus courte longueur d'onde.
<ielle-ci correspondait au quantum de la tension maxima, les harmoniques existant
sur la courbe de la tension à 600 périodes ne jouant pas un rôle notable au point de
vue de l'excitation des ravons \.
11 semble que ce soit ces harmoniques qui aient introduit une erreur
dans les expériences de Lilienfeld. Dans celles-ci, le courant alimentant le
faisceau cathodique devait traverser la moitié d'une bobine de self-induction
à noyau de fer servant au réglage de la tension auxiliaire. Par suite de
résonances possibles, la tension maxima qui existait entre l'anticathode
et la cathode creuse pouvait être beaucoup plus élevée que celle qui
était mesurée (par l'oscillographe cathodique ou la longueur de l'étincelle)
entre les bornes du transformateur. D'autre part, il est illusoire à ces fré-
quences de chercher à évaluer la tension de crête secondaire par la déter-
mination du rapport de transformation et delà tension efficace primaire.
Les potentiels explosifs à 5oo périodes publiés par Lilienfeld ( -') et obtenus
|iar cette méthode sont beaucoup trop petits, l-^n réalité, nous avons trouvé
coup plus grande en faisant fonctionner sous tension constante les tubes à cathode in-
candescente du tvpe Coolidge qui possèdent une circulation d'eau, ce dispositif axant
l'avantage d'accroître considérablement la puissance par rapport aux modèles à anti-
cathode incandescente.
{^)Berichte der Matlt.-pliys. h lasse der Sàchsischen Akadeinie der Wiss. zii
Leipzig, t. 71, 1919, p. ii3-ii4-
(-) Bericitle der Matli.-phys. h lasse der Sàchsischen Académie der Wiss. zii
Leipzig, t. 71, 1919, p. 1 t5-i5().
Io36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'ils sont, seulement, pour 600 périodes, supérieurs de quelques centièmes
à ce qu'ils sont pour 4'-^ (et cela aussi bien entre des boules de 5o""" de
diamètre qu'entre des pointes mousses) lorsque les harmoniques sont
convenablement étoufTés.
CHIMIE PHYSIQUE. — l'rincipes de méthodes nouvelles applicables
à la (léterminalion des poids'molêculaires. Note de M. Camille Matignon.
L'examen des dilTérentes méthodes mises en œuvre pour la détermina-
lion des poids moléculaires, cryoscopie, tonomélrie, solubilité, etc., m'a
permis d'y reconnaître le caractère général suivant : un système à deux
phases étant en équilibre physique, si l'on modifie cel équilibre en dissol-
vant le corps à étudier dans une phase liquide du système, le même corps
n'intervenant pas dans l'autre phase, la variation du facteur qui détermine
l'état d'équilibre est en relation avec la concentration moléculaire du corps
dissous dans la phase liquide.
En cryoscopie, par exemple, il y a équilibre, sous la pression atmosphé-
rique, entre la phase liquide constituant le dissolvant et la phase solide
formée par le même corps; le facteur d'équilibre est la température; le
corps dissous doit être insoluble dans la phase solide.
Cette condensation des dilTérentes méthodes dans une même formule
suggère immédiatement des généralisations, tant dans l'ordre des équilibres
physiques que des équilibres chimiques.
Je voudrais, dans cette Note, appeler l'attention sur l'utilisation des
équilibres chimiques pour la détermination des poids moléculaires.
Considérons un corps liquide V se dissociant en un gaz B et un solide C,
et supposons C insoluble dans A :
A, li, C représentent des moléculcs-
Appliquons la loi d'action de masses au système en équilibre à une tem-
pérature déterminée ; nous avons, en désignant par p„, /j/„ />,. les pressions
respectives des corps A, B et C dans la phase vapeur :
Dissolvons dans le licpiide \ un certain poids d'un corps l , sans action
SÉANCE OU -2% AVHII. iy2I. loS;
physique et cliimiquc sur B cl C: />„ SL'ta abaissé d'une quanlitc a, p,, ne
sera pas iiiodilii', el, pour (|ue la loi d'équilibre s'applique, il sera nécessaire
que la tension /j/, soit diminuée d'une valeur j-. On aura
Pa — <y.
P/.X/'c {Ph — -V)l>,-
d'où
y. " />,
IjS dissolution de U aura pour effet d'abaisser la pression de dissociation
du système, maintenu à la même température, d'une fraction égale à la
fraction d'abaissement de la tension de vapeur du dissolvant :
r/' Pa
Comme, d'autre part, a est lié au poids moléculaire M de U par la
relation
y. — K -^ ,
iM
où t: est le poids de U contenu dans loo"^ du dissolvant, et K une constante
ne dépendant que de la nature de A, on a
^ Pi, r. TT
Pa M M
K' nouvelle constante pour une même température.
On retrouve donc ici la formule classique utilisée dans les méthodes
physiques actuelles.
Remarquons que si C est soluble dans A, mais peu soluble. les consé-
quences précédentes subsistent.
l<]nvisageons d'autres systèmes tels que :
le même raisonnement conduit, pour chacun d'eux, aux relations
_'1 — Pli ■£ ~ ollt
y. ^ />,.' y. ~ />„'
qui entraînent encore la formule générale
C. R., 1921, I" Semestre. (T. ITi, N» 17). 77
Io38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est à r'einar(jucr que, dans le premier cas, la dissolution du corps U
dans C a pour eOel de provoquer une élévation de la pression do disso-
ciation.
Oa pourrait utiliser éj^alemenl des systèmes divarianls.
Soit le système
Amm-hB„„, -- Cj,, + D„„
en équilibre à une température el sous une pression toutes deux déter-
minées. \ous aurons
Pa X Pi, __ {pn— y-) i/'i,— ■>)
P'
i<P,/ (Pr-y)p.'
d'où l'on déduit
y. _ y -v
l'a ~' Pc Pi. '
et, par suite,
Pour que la pression reste constante, il faut que x soit négatif : autrement
dit, qu'il y ait élévation de la pression du gaz B.
(^uoi qu'il en soit, on voit que le poids moléculaire du corps dissous est
en relation avec la diflërencc des abaissements relatifs des pressions des
deux gaz.
Ces méthodes, d'une application évidemment plus délicate que les
méthodes usuelles, permettront même, dans certains cas très particuliers,
de mettre en œuvre la dissolution d'un solide dans un solide, pour obtenir
le poids moléculaire de l'un d'eux.
CHI.villî PHYSIQLUl. — Sur In Irrmpe des lai Ion s à réidin.
Note de M. Lko\ Gitim.et, présentée par \l. Henry I-e Chateliei'.
Il est reconnu que la trenq)e apporte des modifications à certaines pro-
priétés des alliages cuivre-zinc formés des deux constituants a et ^ appa-
rent; la dureté est d'autant plus augmentée que la teneur en a est plus
élevée ('). J'ai montré récemment que la trempe des alliages de cuivre et
de zinc formés de la solution pure et situés dans le voisinage de la zone a + ^
(') Grn.M-T, Kcviir de Métallurgie, 191 '|. Mémoires, p. 1128.
SÉANCE DU 25 AVRIL 1 92 I . loSg
apparent ((-u = G') à 70 pour 100 de cuivre et de zinc) prennent aussi une
trempe parlii-lle ( ' )•
fSS^S^
Mon attention a été portée sur les laitons à l'étain, dont j'ai étudié précé»
demment la structure et les propriétés (-). On sait que ces alliages ren-
ferment, lorsque la teneur en étain est assez élevée, un constituant spécial
qui rappelle le 0 des alliages cuivre-étain. Dans ces nouvelles recherches,
j'ai précisé l'influence de ce constituant sur la position des points de trans-
formation et étahli que la trempe, faite dans des conditions telles que la
mise en solution du 0 soit assurée, améliore considérahlement les propriétés
mécaniques de l'alliage.
Le Tableau ci-après résume quelcjues-uns des résultats les plus marquants.
Ces recherches mettent en vue les points suivants :
i" Les anomalies thermiques apparaissent avec le constituant spécial.
2° Le constituant possède la même transformation que le S des bronzes.
3° Il se dissout dès Jjo" dans le [i des laitons (photos \ et 2).
V Si l'alliage contient du plomb, ce corps ne disparait pas par trempe.
(') /{e\-ue fféncrak' des Sciences, 1920, n<" 1516, p. o4o.
(-) Revue de Métallurgie, 1906, Mémoires, p. ^fi4.
lo/|()
ACADl'MIE DES SCIENCES.
Piopiiélés niécani(|ues.
Ktal du nii'lal.
Traction (').
K. Vp.lllÛ. 1.
l'nKMiiviin SKitiE. Alliages 1/ es purs à f')0 pour Km (/e cuivre.
I. (in.r
\ l.ainiiii' lecLiil z + p appaiciil .
/ I.aiiiiilr licmné à Cioo" 2 : 'i
1'. (lo, i.4 ;c|. il II, ili
;î. «io.ji iS,;.) i.,7H
i. (io,5o 38, jG I ,'2)
S. Gi , ■)- 3'j.')3 3,oi
(1. Gi,r>. 3),8G l,Si|
2. "iS.Ho iS,)") o,G3
3G,G 10,3 jo.o 6
3o, z '.' 36,1) :V
17, '> 15. ^Ji" ~
.'io,G m, G :jo.i)
38, G 11,3 4 3,0
43,1 ij.'i 45.0
Clioc Dureté
(=) (')
7'.)
J2,7 i3,3 i|/
74,3 >2<.,G lïG
<i3,.) >|G,8 .,4
Gi ,2 >2l>,l> <)>
S-,') 1G.2 i()5
\ l.aiiiino recuit ^^? ''PP-
/ Luiiiiiic Ircnipij il Goo" y.-h3
l l.aiiiiiu' recuit a-i-'j a])p.
( Lamini- trempé à Goo" z^S
\ l.aiiilné recuit a-l-Sapp, + 5 3G,G i),G ■;i8,() 2.3.3 7,1 lo4
/ I. aminé lrem|ié à 600° a.+.siilulion ( 3 — 0) 44:'' 211, G îi." i>:7 11,' 11''
\ (^oulé recuit ot- 0 i3,li ' i> n 1 iili
( Coulé trempé à Gâo" a-r-soliilidii soliile ii),7 '•' 1 . 1 o 8,' ijii
\ Coulé recuit z+ô S , j '.' o n 1 1 "lO
( Coulé trempé à C")o" a+soliiiion soliile 11, ■< ? 1.4 n 2,") i4j
I)i;t MtcMi; sfinii:. — Alliages induslriels renfermanl du ptoinb.
1 ,88
.' I. aminé recuit à 1 ,8 /
\ . j., ..i.,_.,, , ^^[iapp. + l
pour 100 de plomb \
1. aminé trempé à Goo" x-t-^-t-Pb
\ 1. aminé reciit y.+ Ji app.-hPb
' '^ / I.auiini' trempé à Goo° 2+[î-i-Pb 17.1
I Laminé recuit y.- i app.^-î-^Pb )8,8
>i),i3 l-,i") i,T» i,"8 I 1. aminé ti'empé à Goo")
„. , ,,, ' z-i-sol(3-o)-+-Pb \i).\
\ (B a ■),8 p. 100 de Pli) \ ^^ '' '
i. "18, ()8 37, G
(!. "iS,i)o !G,G", 1,18
i Laminé recuit ot + [j app.-î-Pb 38, G ! |o, '
j Laminé trempé à Goo' a4- sol(^— î)+Pb 4>,'i ? ÎG,
\ Laminé recuit a+3app,H-Pb 37,7 ? 24
/ Laminé' tiempé à Gon" z : sol(p— 5) + Pb \\,\ '! !"i
Laminé recuit a-i-jj app. + o-hPb 3i,8 i3, ) ii.'
Laminé irempi' à Goo" z-^ sol(!3- S)-i-Pb 58,8 •.i,(i 37.'
i:,'' 11,3 94
iG,-, 8, G 11-.
3i,3 8,1 100
1(1.8 . G, 2 112
, ) II)
.G ml
1.
iiiil«ile transformation \ (diaiiffa^'e . 4"' "-7'"'° 445°— J'io" 445''-7,i<>" 41'J"-4;)o"-73<V' 5oO"-7G<)" "i3o"-7io"
lie la première série. ( Refroidissement.. 7o5"~4i5° 'ni<*"~ l'i^" 70o"-44o'' 68o°-41o" 720"-Jco" G3o"-i2fi"
(') Ms^ai sur épri'u\elle (l'une longueur nllle île 100""" et d'un ilianiélre ilo i3""",S.
{'-) Résilieiice sur éprouvetle de 10 X 10 X 55 avec entaille de a x 3 à fond rond.
(") CliiUVe de Brinell sous charge de Sooo"'?, avec bille de 10""".
SÉANCE DU 25 AVRIL I92I. Io/|I
5" La trempe à (ioo" améliore considérahlement les alliages renfermani
le constituant 0 : il y a une augmenlalion sensible de la charge de rupture,
de la résilience et de la durelé, une augmenlalion bien plus importante des
allongements et strictions.
Les laitons à Tétain conslituenl dont' un excellenl (exemple, si ce n'est le
plus frappant, d'alliages dont toutes les propriétés mécaniques sont simul-
tanément ellrès nettement améliorées par trempe, à l'exception peut-être
des qualités de frollcment non encore éludiées.
Cette Note résume les premières recherches que nous poursuivons actuel-
lement qui ont trait à l'influence des diiïérenls éléments sur la trempé des
alliases de cuivre.
CHIMIE. ,— Sur 1(1 solubilité de divers sels de potassium dans des mélanges
d'eau et d'alcool. Note (') de M. M. Pierrat, présentée par M. H. Le
Chatelier.
Le dosage analytique du potassium se fait par précipitation de sels peu
solublcs de ce métal en milieu alcoolique. Les conditions les plus favorables
pour l'obtention de ces précipités ont été jusqu'ici déterminées d'une façon
purement empirique. Il nous a semblé intéressant d'étudier par des mesures
précises la solubilité de ces divers précipités dans des mélanges d'eau et
d'alcool.
La méthode électiolytique était tout indiquée pour des composés aussi
peu solubles. Pour obtenir la saturation, le sel étudié était agité à 14"
pendant plusieurs heures avec un mélange d'eau et d'alcool de composition
connue. La solution saturée était ensuite évaporée dans un courant d'air sec,
de façon à chasser la totalité de l'alcool. On a préféré ce mode opératoire à
l'évaporation dans une éluve, craignant de décomposer partiellement
certains sels par l'action de la chaleur. On ajoutait de l'eau de façon à
ramener le volume de la dissolution à sa valeur primitive et l'on mesurait
la conductibilité électrique de cette solution. On calculait ensuite la concen-
tration, en rapprochant les valeurs de la conductivité ainsi déterminée de
celles de solutions préparées avec une proportion connue de sel.
Cette méthode n'exige pas la mesure des condnctivilés en valeur absolue.
(') Séance du 18 a\ rit 1921.
Io4'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous ies avons cependant déterminées par comparaison avec une dissolution
de chlorure de potassium de concentration connue.
Pour pîus de commodité, les concentrations c seront exprimées en
grammes par litre et les conductivilés x en io~^ mho.
T est le titre du mélange (rapport de la masse d'alcool à la masse tolale ).
Bîlarirale de polns.sia/n COOll — (CHOli/-— COOk.
Walden a mesuré la conduclivité des solutions de ce sel à 25° (Zeil. p/i.
C/iem., 1891). D'après ses mesures on a les résultats suivants :
'■ J,f^7 -^gi '-i; "'/S ".'i; o^'^
j: 3 1 , 9.8 1 7 . 0.4 9 , ' ■"' ■"• ^ . 8 1 I , () 1
L'étude de la solubilité nous a donné les résultais suivants :
' "-9^7 11,58.") "/\'i\ 11.270 ",i"j9 11,087 *"
.c 0,5 ijA^ 3.19 5,5 9,5 i3,4 ■i'J,'i
c (i,o5 11,) 11,4^ "'77 '■■-• '^'2 i-8
D'après les mesures d'Ailuard i' d'eau dissout, à i4", 4*'')^' de sel.
l'ercklorate de jiotassiiiin CIO'K.
Oslwald a mesuré la conduclivité des solutions de perchli>rale à 21°
( Allgcmcine Cheinie^ 1893). Nos mesures concordent bien avec ses résultais.
Les nombres de gauche sont déduits des mesures d'Oslwald, ceux de
droite des nôtres.
c 0,10 o,-!7 0,54 1,08 2,i() 3,j 7 i5
■c I 1 43 2,85 5,60 10,96 ■.',1,23 32,9 62,90 126,9
Léludo de la solubilité nous a donné les résullals suivants :
T 0,947 0,585 0,4 '2 4 o, •'."S o, i32 , 0,071 o
.' 1,65 '.4,18 36,2 52,1 69,5 81,1 io5,8
c o, i5 2,6 3,9 5,7 7,8 9,1 12,4
D'après les tables à i4°, 1' d'eau dissout i2«,.") de sel.
ClilitioplaLiiuile l'iCl" l\.-.
Walden a mesuré lacoiuhulivilé des sol niions à ■j.^'\Zcil .pli. l'/iem.. icSiSH).
Jjcs nombres ci-dessous déduits de ses mesures concordent avec les nôtres :
'■ i5,i9 7,59 3,79 1,89 0,94 0,47
r 7''"' 38,'>'> 19.89 io,25 5,25 2.68
SÉANCli; DU 25 AVRIL 1921. Io43
L'élude (le la solubilité nous a donné les lésultals suis unis :
T "j'jl" ",5iS5 o,'|2'i ",i~i "'.'"'9 "iOS- o
■f 0,1 1,1 ■>.,- 7,1) i/| i>. 47,2
(-• (l,il<, (!,'.! (!,,■) l.'i •). ,(3 4j2 y,:j
A 13°, 8, la solubililé dans l'eau esl de 9% 28 par litre. A 20", l'reclil
a\ait trouvé :
T Il, j3.") Il ,()38 1
• '■ O.O.ÎS 0,l>1- ll,().!3
Ftiii)sili(it/c Si l^'^K-.
Conduclivilé à 25", d'après nos mesures :
Solubililé
I II,:) 0,25 0,120 (i,lj(j:! lijO.Tl (l.lil.'l
i4,23 8,iiS ."1,1 3 3,42 2,3(3 1,44 o,8S
0,947 ii,i24 ",273 OjiÔi) 0,087 "
0,60 1,88 2.83 4)63 7,58 12, 58
0,0096 o,o5 0,09 0,21 o, iG 0,9
Coballinitrite Co( NO')" K^
Conduclivilé à 25", d'après nos mesures :
Solubililé :
o,ig 0,093 0,11. 17 (1.1120 0,011 o,iio5 o.iiu.î ii,uoi
2,75 1,53 0,79 o,4i 0,22 0,12 11,0- o,o4
0,917 0,424 0,278 0,159 0,087 o
0,46 0,55 0,59 0,93 1,4'i 3,02
0,026 o,o33 o,o36 o,o5() 0,09 o,).i
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le (Uélliyhnalonalc acide cV tlhyk' . ^ole
de M. PiiiLippi; Bumesml, présentée par M. Haller.
On sait depuis longtemps que les élliers-sels neulres des acides dialcoyl-
maloniques sont difficilement saponifiés par les alcalis en solutions
aqueuses. Michael (') a utilisé cette propriété pour les préparer à Félat
de pureté.
(') Joui II. f. praLl. Ch., t. 72, p. 537.
lO/^.'t ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai, suivant les iiidicalions de cet auteur, préparé du diéthylinalonale
d'étliyle pur. Insoluble dans les solutions aqueuses d'alcalis, ce corps peut
être chaulTé pendant plusieurs heures avec de la soude à 5o pour loo sans
être sensiblement attaqué.
y\u contraire, si l'on porte à l'ébullilion une solution alcoolique renfer-
mant par litre aiti"^ (i™"' ) de diélliylmalonate d'étliyle et loos (2'"°',5) de,,
soude, on constate qu "après un quart d'heure le mélange est pris en masse
et une prise d'essai indique que le dicthylmalonate d'éthyle a entièrement
disparu. Si on laisse encore un quart d'heure au bain-maric bouillant et qu'on
isole l'acide formé par les méthodes habituelles, on constate bien qu'il s'est
produit de l'acide dièthylmalonique soluble dans l'eau, mais aussi un autre
acide insoluble dans l'eau et très soluble dans le benzène froid. Si l'on
essaie de purifier ce dernier composé par distillation sous pression réduite,
il se décompose avec perte de gaz carbonique et formation d'un licjuide
neutre, incolore, d'odeur assez agréable, bouillant à i 54° et qui n'est autre
chose que le diéthylacétate d'élhyle [Eb. i5i° suivant Sayl7.efT(' )|. Kn
effet, la soude le saponifie en donnant le sel d'un acide bouillant à 193" et
qui présente les caractères de l'acide diéthylacétique.
f/acide qui se forme à côté de l'acide diéth\ Imalonique dans la saponili-
cation du diéthyhnalonale d'éthyle est donc le diéthylmalonate acide
d'élhyle f|ui se décompose sous l'influence de la chaleur suivant la
réaction :
DifUi\lnKilmi;ilc acide niélli yl^HM-lalc
trcllixl.-. ,l'tHli,\lc.
Toutefois lo (liéthylinalonate acide d'élhyle obtenu est encore impur,
lîroun et Walker ( - ), qui en ont préparé le sel de potassium, avaient déjà
constaté cpi'il était souillé de diélhylmalonale de potassium. J'ai vérifie par
titrage au nîoyen des alcalis que, même après plusieurs lavages à l'eau,
l'acide-éther r(;tient toujours de l'acide bibasique. Afin de l'obtenir toul à
fait pur je l'ai distillé sous pression réduite au moyen d'une pompe à vide.
I^e ballon à distlllei' doit être chauflé au bain d'huile vers i3:)". Dans ces
conditions, l'acide-éther distille vers i i5"-i2(i" (1""") très régulièrement et
sans altération, il se condense et cristalline dans le ballon récepteur main-
I -') i/iii., I. -llk, |i. '|S.
SÉANCE DU 23 AVRIL I921. lo/jS
tenu (liuis un mélange réfrigéranl. On le purifie par des l'usions parlielles
plusieurs fois répétées.
L'acide diélhylmalonique resle dans le ballon à distiller.
Propriétés. — Le diélliylitialonale acide d'élliyle est un produit incolore pres(nie
inodore, fondant'à 19".
Il est insoluble dans l'eau froiile, mais très soluble dans les solvants orgimi(|ues,
éllier, benzène, etc.
Les sels alcalins sont solubles dans l'eau.
Ils soit neutres au tournesol et à la plitaléine du phénol. Ce dernier indicateur viru
bien et permet un titrage exact.
L'acide-étlier commence à se décomposer à la pression ordinaire, avec perte de gaz
carbonique vers 140". A 170°, la réaction devient rapide et l'on obtient le diélliylacélale
d'étliyle avec un rendement sensiblement théorique.
Titrage. — En solution hydro-alcoolique, à froid, a?, 20.J3 de diélhylmalonate acide
d'étliyle sont neutralisés par i i '''"\ 6 de soude normale.
l'oids moléculaire trouvé 190
Foids moléculaire calculé 188
De l'expérience décrite au début de cette Note il semble résulter que les
deux fonctions du diélhylmalonate d'éthyle se saponifient avec des vitesses
difiërentes. Ce fait est en accord avec le travail de Knoblauch (' ) démon-
trant que la saponification des éthers neutres d'acides bibasiques n'est pas
une réaction Irimoléculaire, mais que tout se passe comme si deux réactions
bimoléculaires se superposaient pendant une partie de leur durée.
J'ai déterminé les constantes de saponification du diélhylmalonate
d'étliyle et j'ai obtenu les résultats suivants :
L Saponification d'une fonction du diéthylmalonate d'étliyle.
.\ 15°, dans l'alcool à jS pour 100, la valeur moyenne do l< x 10' est \,î'i.j.
A S5", dans l'alcool à 5o pour 100, la valeur moyenne de /. x 10' est i38o.
IL Saponification du diéthvlmalonale acide d'étliyle.
A 85", dans l'alcool à 5o pour 100, la valeur moyenne de /. >; ro' est 122.
Il est donc possible de tirer les conclusions suivantes :
I. Le diéthylmalonate d'éthyle est pratiquement inattaqué par les alcalis
en solutions aqueuses concentrées. Il est difficilement saponifié par les
alcalis en solutions alcooliques.
II. La saponification se fait en deux phases. La première conduit au
(') Lcct. i>li. Cit., t. 26, p. 96.
Io'|6 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
inono-étlier élhylique de l'acide diélhylinaloniqne, la seconde à l'acide lui-
même.
m. Ces deux réactions sont bimoléculaiies et se font avec des vitesses
différentes. A 85°, le rapport j, est de 1 1 environ.
Ces conclusions sont d'accord avec celles tirées par Knoblaucli i^loc. cil.)
de la saponification du succinate d'éthyle.
D'autre part, les travaux de Friedel ('), Ilaller (-) d Briihl (■' ) sur les
éthers de l'acide camphorique, et ceux de Haller ( ' ) sur l'acide homocam-
phorique ont montré que les éthers d'acides bibasiques dont les deux fonc-
tions sont liées à des portions de chaînes de squelette carboné dilférciil
donnent par saponification le sel d'un acide-élher d'abord et ensuite, mais
beaucoup plus difficilement, celui de l'acide bihasique. Haller attribue
cette différence des doux fonctions carboxyles à la nature du carbone qui
leui' sert de support.
Ces résultats ne sont pas incompatibles avec ceux que j'ai obtenus. Kn
effet, la difficulté de saponification est i;énérale chez les éthers d'acides
dialcoylmaloniqucs et semble liée à \a piésence du carbone entièrement
substitué. Je me [)ropose de voir si, dans le cas des éthers d'acides biba-
siques dont une seule des fonctions a pour support un carbone de cette
nature, il n'y a pas seulement augmentation du rapport p. On se trouve-
rait donc, dans tous les cas, en jn'ésence d'un « empêchement stérique ».
MINI-;r ^LOGIE. — Contribution à F étude de la silice globulaire représentant
l'argile à silex au sud du Bassin de Paris. Note de M. Randoin.
J'ai eu l'occasion d'examiner un certain nombre d'échantillons de silice
pulvérulente provenant de divers gisements situés sur le territoire des com-
munes de Gehée cl de Baudres (Indre) (').
Ces gisements, d'après les renseignements et les coupes qui m'ont été
(' ) Huit. Soc. c/éim., t. 30, p. i33.
(-) Comptes rendus, t. 110, iSgu, p. .")o8.
i ') D. Cil. <-•., l. 2/i, p. 3/109.
(' ) Comptes rendus, t. 109, 1889, p. 1 1 '.
(') (]arle géologi(|iie de la l'iaiicc au «dJ^;, : feuille de ) alvncay.
SÉANCE DU 25 AVRIL 1921. 1047
fournis (^ ' ), ainsi quo d'après les données de la Carie {jéologiquo de France,
font partie de la formation géologique dite argile à silex. Cette Note a
pour but principal de préciser les caraclèrcs de cette silice pulvérulente et
ses rrlalions avec le complexe dénommé argile à silex.
Les amas de silice, de puissance très variable, forment des lentilles ou
remplissent des poches. F^a silice s'y présente sous l'aspect d'une matière
pulvérulente, assez onctueuse au loucher, faiblement cohérente, d'un blanc
plus ou moins teinté de gris jaunâtre, ou parfois colorée en rouge. Des
Spongiaires silicifiés, des rognons de silex, en nombic relativement faible,
sont disséminés dans ces masses.
Examinée au microscope, la silice se montre formée d'opale englobant
quelques minéraux et des spicules d'i^ponges.
L'opale est à l'état de globules aux formes plus ou moins régulières. Les
uns, et c'est la niinorilé, sont sphériques, à contours nets, el sont isolés ou
groupés en amas mùriformes; leur taille va de 8^ à I2''-.
Le plus grand nombre des corpuscules d'opale comprend des éléments de
forme générale globuleuse, mais à contours irréguliers, crénelés; leur taille
oscille autour de 81".
A un très fort grossissement, les globules à contours nets sont en opale
assez homogène, tandis que les autres se révèlent constitués par un agrégat
verruqueux de granules inégalement réfringents.
On rencontre au milieu de la masse d'opale quelques minéraux micros-
copiques :
Du qiiai'lz, en éléments généralement très fins et 1res nombreux, qui feml)lent sau-
poudrer le fond obscur d'une préparation entre les niçois croisés; quelques, parlicules
de quartz sont plus volumineuses el sont sous forme de grains laissant voir de nom-
breuses inclusions, ou sous forme d'éclats minces à bords tranchants;
De la glauconie jaune verdàlre, le plus souvent en grains informes, libres, quelque-
fois remplissant le canal de spicules d'Epongés;
Du zircon, avec des formes cristallines nettes, en prismes terminés par des poinle-
menls arrondis, rarement en aiguilles;
De l'analase, vert très clair, en cristaux tabulaires, limpides, d'éclat adamantin;
De la muscovile, en lamelles très fines, englobant des spicules de pyrite ou de
niaonétite.
lùifin, on trouve disséminés dans la masse d'opale des spicules d'Epon,i^es,
assez rares en moyenne, el dont le plus souvent il ne subsiste cjue des frag-
ments relalivemenl courls ; la plupart de ces restes de Spongiaires paraissent
(') l*ar M. Gaulheron, iiii;énieur civil des Mines,
lo48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de voit' se rapporter à des formes monoaxes iMoïKiclincllulœ ou Trtnicti-
ncllid(C).
Élanl donnés les caractères de ce dépôt, quelles peuvent être ses rela-
tions avec l'argile à silex proprement dite?
•Il importe tout d'abord d'observer que le dépôt ainsi constitué diiïère
profondément, et à divers titres, d'une argile à silex ordinaire : i" par sa
composition chimique; l'analyse cliimique indique pour les gisements
considérés une teneur en SiO' très supérieure à celle des argiles à silex, et
par contre une teneur en AI-0' extrêmement faible, qui peut, dans certains
cas, ne pas dépasser 5o à 60 pour 1000, ainsi que me l'ont accusé plusieurs
éciiantillons choisis parmi les plus purs.
2" Par ses caractères extérieurs : couleurs claires des masses siliceuses,
coloration généralement foncée des argiles à silex; pauvreté relative en silex
des premières, richesse très grande des secondes, etc.
Ce sont là des différences sur lesquelles M. de Grossouvre a déjà fort
justement attiré l'attention lors d'une étude de formations analogues
du Cher (').
Mais ces différences constatées, l'étude de ces deux sortes de dépôts
montre qu'on ne saurait les séparer quant à leur genèse.
11 est à noter que si l'on fait abstraction de la silice globulaire et des spi-
cules d'Kponges, l'ensemble d'éléments divers, mis en évidence par l'examen
micrographique dans la masse de silice pulvérulente, ne diffère pas sensible-
ment, au point de vue qualitatif, des résidus de décalcification fournis par
beaucoup de craies, faiblement glauconieuses; la glauconie et le fer on pai-
ticulier ne font.cn effet, jamais complètement défaut dans la silice pul-
vérulente.
D'autre part, si nous examinons les spicules trouvés dans les masses sili-
ceuses, nous les voyons formés d'opale qui se présente en granulations
élémentaires, en croissants plus ou moins accusés, en petits Ilots lobés, en
globules tout pareils à ceux de la masse siliceuse environnante, globules
qui, notamment dans les gros s[)icules, semblent bourgeonner de la paroi
du canal pour envahir progressivement la cavilc de ce dernier, (^uoi (pi'il
en soit de cette dilTérenciation de la matière siliceuse des spicules, on cons-
tate que certains d'entre eux ont encore leurs contours bien arrêtés, taudis
fjue d'autrci ont déjà perdu leur individualité propre, et n'était la couleur
chamois de la plage (pii leur correspond, leur existence passerait iiia-
(') De GiiossouvRii, liiill. de la Soc. géoL de France, 3' série, t. 28, p. 8o().
SKAi\CL: DU 25 AVRii- 1921. lo^ig
pciçue. Do sorle qu'on saisit dans l'étendue d'une seule préparation les
étapes successives par lesquelles les spicules sont susceptibles de se trans-
former en opale globulaire.
Or cette évolution vers la forme gloi)ulaire de la silice empruntée à des
organismes siliceux inclus dans des couches calcaires est un phénomène
bien connu depuis les travaux de M. Cayeux sur les roches siliceuses ; et dans
les gaizes en particulier on assiste à la formation à très grande échelle et
aux dépens des spicules d'une quantité considérable de silice offrant tous
les caraelères de la silice globulaire de la formation en question.
Si l'on généralise ce processus, déjà si accusé dans une gaizc de la même
région que celle des gisements étudiés (gaize d'ilumbligny), on \oitdonc
la parfaite légitimité de faire dériver de spicules une masse énorme de
silice. La richesse particulière en SiO- des dépôts étudiés ici n'est d'ailleurs
pas un obstacle à celte conclusion; il suffit en effet de faire app<'l à des
couches calcaires extrêmement riches en organismes siliceux, et, de fait,
on connaît dans cette région des craies campaniennes exceptionnellement
riches en spicules et détruites par décalcification. C'est dans des ciaies
analogues, qu'on doive, semble-1-il, chercher la source des masses de silice
globulaire; ceci admis, il ne saurait exister aucune disproportion entre la
cause et l'effet.
Ce sont là, au fond, des processus analogues à ceux qui ont donné nais-
sance aux véritables argiles à silex du nord de la France; s<'ules. les craies
qui sont le point de départ des argiles à silex et des silices de llndre diffé-
raient ; les premières étaient pauvres en spicules; les deuxièmes étaient très
riches; pour les premières, la stabilisation de la silice mise en œuvre s'est
faite sous forme de silex, pour les deuxièmes elle s'est faite sous foi'me glo-
bulaire. Le point de départ diflérent explique l'aboutissement différent de
phénomènes génétiques se'mblables.
Il est donc logique de conclure que les amas de silice pulvérulente
envisagés dans cette Note ne sont qu'un faciès spécial du complexe désigné
sous le nom d'argile à silex.
CRISTALLOGRAPHIE. — Suî' les racémiques actifs.
Note (') de M. Makcel Dei.épine, présentée par M. ^^'allerant.
La notion classique du racémique, substance inactive sur la lumière
polarisée composée de deux formes, dextrogyre et lévogyre, d'une combi-
(') Séance du 18 avril 1921.
Io5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
naison donnée, présente parfois des difficultés d'interprétation, d'où les
distinctions de racémiques vrais, de pseudo-, de méso-racéiniques, de racé-
miques partiels, etc., faites par divers auteurs. Je propose d'ajouter encore
une classe nouvelle, différente des précédentes, les racéniiqurs actifs, que
l'on conçoit en vertu des considérations suivantes.
Supposons deu\ substances A et B, dédoublables cbacune en molécules
énantiomorphes, soit A = a+-f-f/_ et B = Z».^ + Z* . Admettons, pour sim-
plifier, que A soit isomorphe de B, ainsi que a^ de b+ et a_ de b_\ nous
appelons ici «^ et b+ les molécules de même configuration, torses dans un
sens, (i_ et h , celles qui sont torses en sens inverse, si l'on en considère les
éléments dans un ordre déterminé, sans que les pouvoirs rotatoires soient
nécessairement de même sens que les signes des lettres.
Un cristal formé de/j molécules de A et de (i — />) de B sera composé de
pn^ ■+- pti - + {i — p)b+-<r (i— p)b^
ou encore de
I /'",- + ( 1 -/>)/>+ K \p" - +{i-p) h- 1 .
On pourra l'envisager comme le racémique de A dont une partie (i ~ p)
des molécules o^.et «_ aurait été remplacée par autant de molécules b^_clh_;
ou comme le racémique de B ayant subi une modification réciproque. Mais,
du moment que les composants de même configuration sont, par hypothèse,
isomorphes (et syncristallisables), on conçoit qu'il ne soit pas nécessaire
qu'aux molécules ^/«5 du premier terme de la deuxième expression corres-
pondent exactement autant de molécules moins de même composition
chimique, et qu'il suffise que le nombre total des molécules de chaque signe
soit le même.
C'est ce qu'exprime la condition générale
|/)'/+ + (i — />)ft+] + [/>'«_+ {i — />')/> 1,
avec/) et/)' compris entre o et i.
Des transformations fort simples permettent de remplacer cette expression
par
{/> — />'}if'+-^ (>^) + p' A. + (i^p )B. si i> > p\
ip' — p ){" -^ b+) + p \ + (i^p' )\'<, si /''>/'.
ce qui signifie que, pour réaliser les combinaisons envisagées, il ne sera pas
toujours nécessaire d'employer exclusivement des corps dédoublés. On peut
aussi écrire les formules précédentes
7 ! ir,^ -I- />_ ) -t- ( 1 — 7 ) ( A . It 1 et '/in i- /> , ) + (\ — //) ( \. \^ i.
SÉANCE DU 25 AVRIL Hjlï . Io5l
en em[)loyanl pour les compléiiienls A el li la notation ininéralogiciue des
isomorphes.
Si a dz el h ±. n'ont pas les mêmes pouvoirs rolatoires moléculaires, les
raccmiques spéciaux ainsi conçus auront une certaine activité optique;
celle-ci sera la plus grande lorsque (i — rj) sera nul, le racémique actif
étant <i^ et />_ ou l'inverse «_+ />+; ces racémiqnes pourront être dilués, en
quelque sorte, soit par A, soit par B. soit par les deux à la fois, ce qui
donnera lieu à de multiples variétés de combinaisons. On conçoit, d'ailleurs,
des isomorpliismes do ce genre s'étendant à plus de deux corps.
Ma première idée fut de clieiclier à réaliser la combinaison du rZ-arséniotartrale de
sodium avec le /-anlimoniotartrate ; lorsqu'on mêle les solutions concentrées de ces
substances, ii se fait aussitôt un dépôt cristallin, mais inactif; c'est exclusivement du
/•-antimoniolartrate de sodium; on récolte ensuite, par évaporation, toujours des sels
inaclifs, qui sont de plus en plus riches en arsenic. Autrement dit, les groupes anlimo-
niés et arséniés ont fait double échange.
J'ai alors pensé (|ue les iridotrioxalales de potassium Ir(C-0'')'K' et les rhodova-
lates Rh(C-0')^K', actifs, dont M. Jaeger a récemment démontré les relations d'iso-
inorphisme el dont la stabilité est très grande, pourraient former le racémique prévu
sans que les atomes de métal s'échangeassent. En fait, si l'on mêle une solution saturée
de f/-iridotrioxalate ([ot]D=82°), avec une solution saturée de la quantité équimôlé-
culaire de /-rhodotrioxalate ([o£]i)=3 0<> ou à peu près), on obtient en quelques ins-
tants une cristallisation abondante ({ des sels environ) d'une combinaison cristalline
ayant le pouvoir rotatoire attendu [a]|,z= -+- ^C environ (' ) ; tandis qu'avec les inverses
on a l'anti'e combinaison : /-irido -t- rf-rhodo. Par cristallisation lente, on obtient des
<;rislaux ayant loiit à fait l'aspect des racémiques de rhodium ou d'iridium seul qui
sont tricliniques avec i^.!^H''0, tandis que les sels actifs sont rhoniboédriques avec
un 11=0.
Un autre exemple a été pris dans le domaine de la chimie organique. J'ai préparé
les deux chlorocamphre-sulfonates de calcium (C'^H'^OCI .SO')-Ca -t- 6 H-0 ayant
|>]„ = ±93''etlesdeuxselsliromés(C"'H"OBr.SO')-Ga-l-6H=0. ayant [a]„:=± ôS^S;
ces deux corps cristallisent en lames hexagonales. Les mélanges o?-cliloro -f- /-bromo
ou Z-chloro + c?-bromo fournissent des cristaux prismatiques à 5 H-0, ayant respecti-
vement [«]„=: — 20° et -h 20°, ce qui concorde avec la valeur attendue; l'aspect des
cristaux est le même que celui des /--chloro-el /--bromoseis. Si l'on ajoute aux mélanges
précédents des racémiques inactifs pour les diluer, on récolte des cristaux moins
actifs, comme c'était à prévoir. Les mesures de solubilités montrent que la formation
du racémique actif ± 20° a lieu en dépit de la solubilité du sel chloré (1 p. en 7 d'eau)
( ' ) Le rhodoxalale de potassium, dit dextrogyrc^ est lévogyre pour les radiations de
longueur d'onde plus grande que celle de la himière du sodium et dextrogyre pour de
plus rapides; mais la courbe de dispersion rotatoire rappelle par sa forme celle de
l'iridotiioxalate dextrogyre (Werner, Bruhat, Jaeger).
I032 ACADEMIE DES SC1E.^CES.
plus grand* que celle du sel bionié (i p. en i?. dVau). (Les pouvoirs rolaloires sont
ici indiqués pour de-- sels aulivdre-.)
Enfin, en mèlanl un iridoxalale actif avec du coballioxalate racénii(|ue. j'ai obtenu
à la fois le r.icéinique d'irido et de cobaltisel Iriclinique, actif, et le mixte rhoiiiboé-
drique d'irido- avec le cobaltisel de signe inveise de celui qui était entré dans le
racémi(|iie.
Il résulte des considérations et des faits précédents qtie l'on doit appeler
racéiiiique un édifice cristallin composé de molécules de configuration
dextrogyre et de molécules de configuration lévogyre en nombre égal.
L'activité optique n'est qu'un phénomène accessoire, dépendant de la
qualité des molécules de chaque configuration : elle est nulle au cas de
simple énantiomorphie.
LirilOLOGlE. — Le caractère épisoc/iq/œ des bancs du calcaire rarboaifère
dans le Boulonnais et la dolornitisation de certains d'entre eux. Note de
M. .Iac«.>l'es i>e Lapparkxt, présentée par M. A. Douvillé.
Les grandes carrières ouvertes dans la masse des calcaires d'âge dinan-
tien (Viséen) qui sont depuis longtemps exploitées pour l'iiuluslrie mar-
brière dans le Boulonnais permettent l'observation précise el l'étude mimi-
lieuse de chacun des bancs qui constituent cette formation.
On voit très bien dès le premier examen que tous les bancs ne sont pas
de constitution homogène. Beaucoup d'entre eux sont formés à leiii- hase de
lits coquilliers el vers leui- pailic supérieure de ces aihorisalioiis singulières
d'apparence moussue, dont certaines d'entre elles constituent le marbre
Henriette el que l'on doit selon toute vraisemblance lapporler à des Hydro-
zoaires.
Parfois la zone des marbres Henriette d'un banc, au lieu de reposer sur
des lits cocpiilliers, repose sur une formation oolithique don! on voit nette-
ment en certains cas l'entre-croisement de stratification et (p.ii constitue
tout<' la masse inférieure du banc.
La manière d'être des lits coquillii'is, leur étalement parallèlement au
banc et la structure de la roche oolithi(pie, indiquent nellement que leuis
matériaux furent sédiinentés par des courants, tandis «pie les Hydrozoaires
du marbre Henriette constituent une foi'mation (|ui s'esl nécessaii'em<'nt
développée sur place.
Ainsi architectures, ces bancs se superposent, vers certain niveau, direc-
t'inent l'un à l'autre. Chacun d'eux présente la marque de deux épisodes de
séancï: du 25 AVRii, 192 1.' io53
sédiiiicntalion donl Vwn, relaliveincnt violi'iil. est caractérisé par l'apport
de matériaux élaborés ailleurs (|ue là où ils se sont déposés, d dont l'aulrc,
calme, est icprésenlé par une formation « l'n place ».
(^ue tous ces bancs aient des puissances comparables, sinon égales, cela
nous incite à penser que les épisodes ((ui leur ont donné naissance résultent
d'un pbénomène périodique. Mais il est très remarquable qu'à un certain
niveau dans la série de ces terrains, le développement des Hydrozoaires ayant
élé beaucoup plus considérable, ces organismes atteignant une hauteur
Je 3'" à /|'", la [)liase (jui suivit ce stade lut [larticulièrcment \iolente : elle
produisit la désagrégation de bancs déjà consolidés, et les débris de ceux-ci
furent amenés vers la partie su|)érieure des Hydrozoaires de telle manière
qu'une véritable brèche fut formée (marbre Napoléo/i). T ouïes choses qui
s'expliquent parfaitement dans l'hypothèse de phénomènes périodiques
envisagés comme cause du mode de sédimentation et de l'accroissement de
la masse des matériaux des bancs.
Tous les bancs du calcaire carbonifère ne sont pas, dans ces carrières,
identiques à ceux dont il vient d'être question. Il en est qui sont formés
de lits coquilliers plus ou moins chargés de débris de Crinoïdes et généra-
lement riches en Foraminifères (marbre Z,w/?e/, pro parte). D'autres sont
zonaires et paraissent faits de couches superposées de menues algues cal-
caires ramuleuses dont la microtexture a disparu (marbre Cdmlinc). Ils
ne mettent en évidence qu'un seul épisode de sédimentation. D'autres sont
plus complexes et se montrent de constitution hétérogène, étant formés par
exemple, à leur base de l'accumulation de Lithosliutiun et de Syrûigo/jora
développés à celle place, et à leur sommet de lits coquilliers ou de
couches oolithiques. Ils témoignent alors de l'action de deux épisodes.
Certains de ces bancs mêmes sont dolomitiques. L'élude micrographique
montre qu'il s'agit d'une dolomitisalion de la matière primordiale du dépôt.
On voit que la dolomie s'est substituée, plus ou moins suivant l'inlensilé
de la dolomilisation, aux organismes et aux granules de carbonate de
chaux qui formaient la masse du sédiment.
Si l'observation des bancs tout entiers dolomilisés n'apprend rien sur le
phénomène de dolomilisation, au contraire l'examen des bancs incomplè-
tement dolomitiques est particulièrement instructif : il met en évidence que
la dolomilisation est une conséquence de l'épisode même du dépôt.
On peut voir effectivement qu'un de ces bancs essentiellement constitué
à sa base [)ar des Littostrolion et des Syririiiopora sera, dans cette partie,
complètement doiomique ou très riche en dolomie, tandis qu'à ^a partie
C. R., 1921, \" Semestre. (T. 172, N» 17.) 7^
Io54 ACADÉMlli: DES SClliliNCES.
supérieuie foniicc.|)ar des lits coquillirrs, puis^par une couche oolilhique.
il en sera coinplèlcuienl exempt. Le banc superposé débute par une masse
dolomilique dans laquelle la cristallisation de la dolomie a fait disparaître
la texture du calcaire priniilit'. et à laquelle succèdent brusquement des
lits coquilliers d'abord très pauvres, puis plus riches en dolomie et qui
passent à un calcaire dolomilique foiniant la partie supérieure du banc
où l'on peut voir une très grande quantité de débris de minuscules poly-
piers tabulés, l'^nfin le banc qui surmonte celui-ci. le dernier qui soit dolo-
milique. immédiatement situé sous la masse des calcaires formant le
marbre Z-//«e/, n'est d'abord à sa base nullement dolomitique, non plus
qu'en sa partie moyenne formée des lits coquilliers, tandis qu'il est au
sommet constitué par une dolomie faite de cristaux juxtaposés.
Ainsi la dolomilisation de ces dépôts calcaires nous apparait-elle comme
inlimcmcnl liée aux éi)isodes (lui ont été la cause de leur sédimentation.
l'AI.ÉO.M'OLOGli:. — Sur (fiif/(/ui's atraclci es morphologiques de la couronne
des molaires des mastodontes et des éléphants. Note de M. ^^AB^A
STIiF.\XES<:U. ^
I. D'après (jaudry ('), Pouqieckj (-) et d'autres paléontologistes, la
couronne des molaires des mastodontes de l'Amérique du Sud, Masiodon
ilumboldti, M. Àndiuni, M. chilensis, M. bolisianus, présente souvent des
collines formées de deux tubercules en trèMe (T,/), en allemand Doppel-
trelîs, c'est-à-dire de deux tubercules congénères semhlobleinent dilTérenciés.
Or, d'après mes observations, les collines des molaires des mastodontes en
(piestiou, de même que les collines des molaires de toutes le.s espèces de
mastodontes bunolophodont(>s, sont formées de deux tubercules congénères
(^/(//('/vv/w/t'rt/ dilTérenciés, l'un en trèlle(T|,), l'autre en crête ('l\,,). Mais tandis
(jue les T,, des espèces américaines dont il s'agit, à leur maximum de diflc-
renciatiou progressive, sont en forme de V couché muni d'une bissectrice
(<^ — ou — ^), les r,f des mêmes espèces, à leur maximum de différencia-
tion progressive, sont en forme de T couché.( — | ou | — ).
a. 'Chacun des 1',^ et 1\,. a quatre lobes : externe, médian, antérieur,
(') (Jurlf/iie'; rrr>iar(/ucs sur les niasiodoiilcs, iSyi. p. 3.
(-) Masiodon- Heste CUIS dem iiUcraiidinen lluclilaiid von Jiolicin [l'aleontogra-
p/iica, vol, Irl, 1905-1906. p. ij-.'id).
SÉANCE OU 25 AVHII, I921. Io55
poslérieur (c, m, n, p). Le e des T,, ou la poiiile du V coucliê, ainsi (jue le i-
des T„ ou rexlréniilé libre du V couché, est loujouis lolinié vers l'exlérieur
de la couronne. Les a, /i du '\\, sont les ramificalions du c, tandis que les a,
p du '\„ sont les ramifications du m.
h. Scliémaliquement, les collines des molaires de gauche et de droite des
mastodontes de l'Amérique du Sud, à leur maximum de difTérenciation
progressive, peuvent donc être représentées de cette façon <^- — | — - | — >
s'il s'agit des molaires inférieures, ou d'une façon inverse — | — ^<i — | —
s il s'agit des molaires supérieures, mais jamais de celle façon unique cl
irréelle < >> <^ >.
II. D'après ZydecUer ('), Vacek (-) et d'autres paléontologistes, la
couronne des molaires des mastodontes bunolophodondes est formée deiiiher-
culcs principaux et de tubercules accessoires; ces derniers, parce qu'on admet
(ju'ils obstruent le fond des vallées qui séparent les collines, sont appelés
tubercules (le barni<>;e, en allemand Sperrhôckern.
Or. d'après mes observations, la couronne des molaires de tous les mas-
todontes bunolophodontes est formée d'une seule sorte de tubercules, com-
parables chacun à un petit arbrisseau non ramifié ou ramifié et différencié
en Irèfle ou en crête. Réellement, il n\y a pas de lubercttlcs accessoires ou de
hairage, il y a seulement des raini fications ou lobes des Ti, et ï,.,..
m. D'après deorges Cuvier (M, le sommet de chaque lame de la cou-
ronne des molaires des éléphants « est termine dans ses trois substances
bien avant sa base » et « les lames voisines sont soudées ensemble par leurs
sommets avant d'être encore durcies à leurs bases «. Or, d'après mes
observations, la justesse de cette affirmation n'est pas absolue; car, tandis
que les lames de la partie antérieure des couronnes de M ^, à'' Elephas af ri-
canas, que j'ai extraites des alvéoles, étaient soudées par leurs sommets et
par leurs bases, les lames du mdieu des mêmes couronnes, quoique recou-
vertes de cément à leurs sommets, étaient soudées seulement par leurs
bases, et les lames postérieures étaient libres. Ce fait m'a permis de cons-
tater que les lames soudées seulement par leurs bases, quoique la cou-
ronne fût complètement sèche et sans racines, résistaient aux chocs et
aux ébranlemenls légers, ce qui veut dire que l'émail, même à l'état sec,
est llexible et élastique. On s'explique donc comment la couronne peut
(') ShVcilik and Sarhmla Proho^cidia {Pahronlulogia liidica, lo'' série, vol. I.
Pari V, i88o, p. 208-227, etc.).
(-) Leber osterrcicliischc Masludunlcn, 1877, p. \2.
(^) Rechirclies sur les ossements fosiileri, l. I, 18 u, p. 30.
Io56 ACADI'MIE DES SCIENCES.
exécuter les divers mouvements nécessaires à l'accomplissement de sa
fonction.
IV. D'après Owen ( '), Falconer (-), Ziltel ('), Songel (') et tous les
paléontologistes qui m'ont précédé, la couronne des molaires des éléphants
est formée de plaques transversales sépaiécs par des « vallées intermédiaires
complètement remplies de cément ». Or, d'après mes observations, il n'y a
pas de vallées remplies de cèmenl, il y a seuleineiil des lames couvertes de
cément. I^e r()le du cément n'est pas de combler parliellemenl ou complète-
ment les vallées intermédiaires de la couronne, mais d'envelopper les col-
lines ou lames, afin de les protéger contre l'usure, et de les transformer en
plaques juxtaposées comme des briques parallèles, afin de consolider la
couronne.
Un coup d'd'il jeté sur les figures des sections des molaires à'Elephas
planifrons publiées par Falconer (^) suffit pour appuyer notre affirmation.
Ces figures nous montrent que l'émail des lames, qui sont plus larges à
leurs bases et graduellement moins larges à leurs sommets, est couvert par
les enveloppes de cément, qui inversement sont plus épaisses aux sommets
des lames et graduellement moins épaisses à leurs bases.
D'ailleurs, sur leê figures de beaucoup de molaires d'éléphants publiées
par Leith Adams (") et par d'autres auteurs, et sur beaucoup de molaires
fossiles de ma collection, les enveloppes de cément qui appartiennent en
propre à chaque lame sont très distinctes.
a. Il est certain que les enveloppes de cément contiguës ou voisines
sont soudées par leurs faces en regard, car à l'état frais le cément est mal-
léable, collant et tenace: mais même si la soudure parait être complète, le
plan de séparation des faces soudées reste indiqué par une direction de
moindre résistance et très souvent par une fissure plus ou moins aperce-
vable. Sur beaucoup de figures des molaires d'éléphants fossiles publiées
par divers paléontologistes ( ' ), les fissures de séparation sont très visible-
ment indiquées.
(') OdoiUograpliy, \<\\. 1, iS'in-i 845, p. 639.
(^) PfiUconlolitgiciil Meinoirs, \o\. I, 186S. p. -t\.
(') Traité de l^alu ontologie, l. 'i-, iSti'i, p. [\'.m .
( ' ) Elephas trogontlierii uiid Eteplias iiniiijuiis, lyi.'., |i. ">.
(^) Fauna Aiili(iua Si^-alcnsis, l'art 1, pi. ■'., fiy. 5 </, i8î6.
C') On llie Dentition and Osteology of the Maltese /assit Eléphants, j)l. I, lis. i',,
i(i; pi. \, iii;. 2, 187/1.
(•) I.Krrii Adams, Op. cit., j)!. III, li-. 1, .\a; pi. \ , II;;. >.
SÉANCE DU 25 AVniT. 1921. loSn
EMHRYOGÉiMR VKGÉTALR. — Embryogènif (les Labircs. Dncloppcmcnl de
Vrmhtyon citez le Mentlia viridis L. Note de M. Hexi-: S()rfe«iEs, présenU'c
par M. L. ( iiiii^nard.
Les règles qui présidenl à l'édificalion de l'embryon, cliez le Merulm
riridis, offrent les plus étroites ressemblances avec celles rpic l'on observe
chez le Veronfca nrveiisis ('). Elles peuvent être résumées en un tableau
comparal)le à celui qui a déjà servi pour établir l'identité des processus
embryogénétiques chez le Senccio ndgnris et chez VUrticapilidifera (^). Ce
mode de présentation permettra de se rendre compte rapidement de la
disposition el des destinées des premiers éléments proembrvonnaires, de
reconnaître d'emblée Forigine la plus reculée des régions du corps de
reml)ryon chez le Mcutha riridis.
I. — Premivre généraliim.
Proembryon à deux celluleà j (v/ qui engendre //ci + /ii7 -|- /j//i' -|- /cr
disposées en deux élai;es : \ eh » icc -}- cn -^ s.
II. — Deii.viéme génération.
,, 1 . . 11 1 I '/ qni engenrlre /iro 4- ;)i7 4- ;>/(-)' + /(v:
rioemlirvon a quatre cellules \ ' . ^ ' ' / .' •
1- : , ■ .. III » 'PC + w 4- V (en partie)
disposées en trois otages : / . . '
' '■/ » ,v (en partie).
III. — 'J riiisicnie gcnéralion.
r, 1 . • 11 1 (^ 7 Ces trois étages sont ceux que l'on observe
Froembryon a six cellules \ ' . , , ., .
,■ . . , . ■ . , lit a la deuxième génération ; leurs destincps
disposées en trois etag( s '■ ) .
[ Il sont les mêmes.
IV. — Oiialriènic généralinn.
1 / f|iii engendre />C'> -H yyr/
Proembryon à douze cellules \ /' » pliy 4- icv
disposées eu si\ étages : j '/ » u-c + ca
\ J -\- Il I- /( f|ui engendrent ,v.
Dans ce tableau, les deux étages /et /', qui apparaissent à la quatrième
(') H. SouÈGES, Embryogénie des Scrofiilariacées. Développement de l'emliryon
chez le Veronica arvensis L. {Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 7o3).
(■-) W. SortflES, Embryogénie des Vrlicacées. Développement de l'embryon chez
/'Urtica pilnlifera L. {Comptes rendat;, I. 171, i9so,p. \oog,el Bull. Soc. bol. France,
t. 08, séance du S avril 191 !)•
Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
génération, représentent,' le premier, les quatre oclants supérieurs, le
deuxième, les quatre oclants inférieurs. Le groupe cellulaire formé ])ar les
initiales de l'écorce, ire, et la portion centrale et primordiale de la coiffe, ca,
correspondent à l'iiypophyse, telle que la définie Hanslein ( '), au sujet du
Capsella Hursa-pasloris. Par l'origine de l'hypophyse, l'embryon du Menllin
viridis se sépare de celui du Veronica divcnsis. La cellule cl qui, dans le
premier cas, s'individualise comme cellule hypophysairo, au terme de la
quatrième génération, S(> divise encore transversalement, dans le deuxième
cas, en deux éléments superposés, avant de donner naissance au groupe
commun des initiales de l'écorce et de la partie médiane de la coiffe.
Cette différence n'est cependant pas absolue ; elle n'est fondée (jue sur la
grande généralité des faits observés; on rencontre parfois, chez l'une et
chez l'autre espèce, des exemples où l'hypophyse tire son origine d'une
cellule appartenant à une génération plus jeune ou plus ancienne. Lorsque,
chez le Mentha viridis, le tissu hypophysaire est engendré par une cellule
fille de (I, il y a identité absolue dans les processus du développement de
l'embryon chez les deux espèces. De semblables dérogations se produisent,
de façon assez courante, quand il s'agit d'une série linéaire d'éléments dont
le nombre peut varier sous l'influence des causes les plus légères.
Au point.de vue morphologique, l'embryon du Menlhd viridi.s-^e distingue
de celui du Vrronica arvensis : i" par la différenciation tant externe qu'in-
terne qu'il acquiert dans la graine adulte; 2° par la présence d'une seule
assise sous-épidermique dans la partie cotylée au moment de la naissance
des protubérances cotylédonaires.
On peut établir entre le Capsella Biirsa-pasloris et VoEnolhrni hirnnis,
d'une part, et le Mentha viridis, d'autre part, les mêmes analogies et les
mêmes dilférences qui ont été mises en relief au sujet du Veronica arvensis.
Il faut reconnaître, somme toute, qu'il existe des relations excessivement
étroites entre ces quatre formes embryonnaires. On doit s'attendre, sans
aucun doute, i» retrouver ces caractères communs dans la plupart des
familles gnjupées autour des Labiées et des Scrofulariacées, sans (]u"il soit
nécessaire pour cela de considérer le type embryonnaire auquel se ratta-
chent toutes ces plantes comme représentant le type général des Dicoty-
lédones (-),
(').l. IIaNSTKIN, Die l-JiilKvicl<liing drs Kcinirs (1er MiuioLotylcii iiik/ l>iLolyl<n
{/toi. Ahluiiidl., llefl I, p. 9. Homi, 1S70).
(^) LMiisloiie dri;illlée ilii .léveloppeuKMit de ri-iiilii vui cluv lo MchIIki liritli^
sera publiée chiiis mi milii' l'iecmil.
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. loSp
CHIMIE VÉGKTAM:. — Sur /es olcalaules de la vaUniduc.
Noie (' )<le \IM. A. (ioiiis cl (^11. Vis«:ii\ia<:, préseiilée par .M. < iuij^iiiarc].
Waliszewski a signalé (-"), dans la racine de valc'-riane, la présence
de deux alcaloïdes : à l'nn, soluble dans l'éther, il a donné le nom de rhali-
iii/if ( ' ), il l'aulre, moins abondant, insoluble dans l'éllior el qu'on lelrouvc
dans les eaux mères, celui de ralérine.
L'observalion de ^^'alisze\vski n'a pas renconlré l'accnoil qu'elle méritail.
Les Ouvrages didactiques bibliographiques de langue allemande
(T.sc/iirc/i, ]\'e/i//ier, Czapcck) cilenl seulcmenl ces deux alcaloïdes sans nier
leur existence, mais laissent planer un doute dans l'esprildii lecteur. <^)uanl
aux Ouvrages français qui auraient dû, nous semble-l-il, rendre juslice à
l'elToit d'un compatriote, aucun ne relate la découverte de \^ aliszewski.
Plus récemment. Chevalier (') a confirmé la présence, dans la racine de
valériane, d'un principe basique volatil, très altérable, existant en faible
proportion (0,01 5 pour 100) et en a fait l'étude pharmacodynamique.
dette publication n'a pas suffi à modifier l'opinion de beaucoup de phar-
macologues qui restent encore incrédules. Notre travail n'a d'autre préten-
tion que de confirmer les travaux des deux auteurs précédents.
C'est au cours de recherches sur la nature des différents principes actifs
de la plante que nous avons pu y constater de façon définitive la présence
des alcaloïdes.
5uoo3 dexlralt aqueux de racine de valériane stabilisée, coirespiuidanl à .'id''- tle
racine fraîche, sont délayés dans] 5ooo8 d'une solution de carbonate de snuile à
II) pour loô el épuisés avec un- mélange de 4 parties d'éllier el 1 partie de cliloro-
fornie, On renouvelle l'épuisement trois fols. I^es solutions élliéro-chloroformiques
sont épuisét'S avec de l'eau clilorlijdrique à a pour 100. Celte ?clutioii acide est
Ral,urée avec un excès de carbonate de potasse sec et épuisé par le mélange étlier-
cldoroforme. On reprend par un peu d'eau cldorliydj.ique, décolore par le noir animal
et déplace à nouveau par le carbonate de potasse sec. On épuise à plusieurs rc])ii?(s
à l'éther .ce?;/ jusqu'à ce que ce solvant n'enlève plus rien de la soluiion alcaline. ( hi
épuise ensuite par du cliloroforme qui s'empare d'une Ijase (|iie l'éther n'a |)as dissoute.
(') Séance du 18 avril U)!!.
(-) St. Walis/.iîwskv, ConipositiDii ilc la raciiiv de valériane ( I ninii pliann., t. 3'i ,
1893. p, 35l).
(') l'Jn l'honneur de M. Chatin.
( ' ) ('iirVALlKii, Ailltiii iiliaiiKacddyiidiKiiiac d'en n<an-(l alvalnïdf cnnlmii dans
la racine de valvriam- J'ralcin- 1 ('lanjilcs rendus, t. I '1 '1 , l'jo-. \\. l'i'i).
Io6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
F.e rendement en alcaloï<les est très faible. On obtient en tout .\s de hases liiiites
dont, en conservant la nomenclature de W'aliszewski, environ 3e de cliatinine et i^' de
valérine. En rapportant ces cliillVes à la pliuile fraîche, on trouve environ o, m par
kilogramme. •
Malgré l'affirmation de Waliszewski, on n'ohlienl (iiie (liflicilement des
sels cristallisés avec la chatinine. Le hrornhydrate, l'azotale, le sulfate, le
cliloroplalinale sont amorphes. Le clilorliydrale s'obtient difficilement;
avec les petites quantités de corps dont nous disposions, nous ne l'avons
obtenu qu'une fois. Il fond instantanément à iij" au bloc ^L^quenne. mais
commence à s'altérer déjà à loo". Le sel le plus facile à obtenir est le
picrate, qui fond à ^■^"-98".
Pendant les essais de cristallisation de tous ces sels, on constate une alté-
ration de l'alcaloïde. Les produits ou les solutions complètement incolores
au début noircissent peu à peu, tandis qu'il se dépose sur les parois du vase
un vernis noir, comme si l'alcaloïde subissait une oxydation et une résinili-
cation profonde.
I''st-ce l'alcaloïde lui-nirnie (jui subit cette modification ou une impureté
qui l'accompagne?
Il aurait fall.u opérer sur une plus grande (piantité de produit, mais
avant de traiter un poids considérable de valériane, il était important de
s'assurer si ces alcaloïdes avaient une action physiologique importante.
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. I061
M. le professeur liusquel, sur noire demande, a bien voulu se charger do
ces expériences, dont les détails seront publiés par ses soins. \ous le remer-
cions d'avoir bien voulu nous communiquer le résultat de ses essais qui ont
été faits sur un mélange des deu\ alcaloïdes. « A la dose de 0,01 par kilo-
gramme, un mélange des deu\ alcaloïdes, dans la proportion où ils existent
dans la plante, provoque chez le chien de la torpeur et de la paresse dans
les mouvements ([ui, toutefois, restent parfaitement coordonnés. »
C'est une action faible, et comme la racine ne renferme qu'une petite
quantité d'alcaloïdes, on peut se demander s'il ne serait pas trop dispen-
dieux, en ce moment, de poursuivre des recherches avec plusieurs milliers
de kilogrammes de racine.
En résumé :
[.es observations de A\ aliszewski et Chevalier sont parfaitement exactes.
La racine de valériane contient deux alcaloïdes, dont l'un est soluble
dans l'éther (chatinine) et l'autre insoluble dans ce solvant (valérine),
mais soluble dans le chloroforme.
La quantité de ces alcaloïdes est très faible et la chatinine y domine.
i''S de racines fraîches de valériane contient environ o, 10 d'alcaloïdes.
I /effet thérapeutique de la valériane ne semble pas devoir être rapporté à
ces alcaloïdes, dont l'action physiologique est faible.
BOTANIQUi:. — Sur /'oriî^inr iniloclHnidrialr des pigments anthncy (iniques
dans 1rs fruits. Note de M. .1. Politis, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Par quels processus cytologiques l'anthocyane apparaît-elle dans les
fruits? Telle est la question que nous nous sommes proposé de résoudre.
\ cet effet nos observations ont porté principalement sur les fruits de Vitis
rini fera L., Solarium Mcinngena L. et l'onvallaria japonica L.
Vilis vinifern L. — <_>ii sait que ie fruil de hi \ if;no e-^t une liaie glohiileusc ou
ovoïde, à épic:\ipe plus ou moins épais, diveisemciil coloré en noir, rouge, rose, jiui-
iiùtre, liIaiifliiUre ou verl, souvent recouvert d'une poussière blanchâtre (piuinc)-
(j'csl parmi les \ignes donl les baies ont la peau relativement mince et non pruinéi'
f[ue iious avons trouvé un olijet d'étude exceptionnellement favorable à l'observation
\ itale de la formation du pigment antliocyauique au sein des mitochondries. Pour cela,
nous avons examiné principalement les baies de la variété de Vitis vinifera qui
s'appelle apyrenn (Vigne de raisin de Corintlie), très cultivée en Grèce, et la variété
nommée vulgairemejit Syrikia, cultivée dans les environs d'Athènes.
Io62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Corinihe. — Les ));iie.s de ce cépage sont siiiis pépins, à clinir juteuse, à peau géné-
ralement d'un noir pourpre, couleur due à la ])résenro d'un pigment anlliocvanique
dissous dans le suc \acuolaire. Fi'enons donc une baie en \oie de maturation et dans
laquelle le pigment commence à apparaître dans l'épidermc. Découpons un segment
spliérique de cette Ijaic, posons ce segment sui' la lame de verre de manière que sa
l)ase s'applique sur la lame et observons l'épiderme à un très fort grossissement (').
On voit immédiatement que dans certaines cellules épidermiques le pigment est
encore en voie de formation, tandis que, dans d'autres, il est complèlem'enl loiiné.
lui oljservant ainsi les cellules épidermi(jues de la haie où le pit;ment
commence à ii|ipai"aîlre, il est possible, dans les cas les plus favorahles, de
rencontfer tous les slades successifs de la formation de l'anlliocyane et de
constater qu'il est produit |)ar l'activité di's milocliondrics. (_)n constate
d'abord, dans le cytoplasme de quelques cellules, l'exislencede nombreuses
mitochondiies sous foi'ine de très petits crains donl la couleur d'abord
roug-e pâle s'accentue pi'U à peu. La couleur est due à l'anthocyane qui se
forme au sein des mitocliondries et dérive d'un composé tannique incolore
qui se transforme peu à peu en pigment au cours de son développement
dans les mitocliondries. A un stade plus avancé, on voit ces mitoclion-
dries subir un accroissement de volume assez sensible. Kn outre, on
observe dans d'autn^s cellules de nombreux chondrioconles assez allongés,
flexueux et très minces, disséminés dans le cytO[)lasme et uniformément
colorés en rouge par l'anthocyane. La plupart de ces éléments [iroduisent
sur chacune de leurs extrémités un petit renflement et prennent ainsi la
forme d'haltères. Plus loin, la couleur du |)ignient s'accentue peu à peu,
surtout dans les renflements ainsi formés; ceux-ci grossissent et finissent
par s'isoler par rujiture de la partie effilée qui les réunit et prennent la
forme de sphérules. En outre, ces éléments prennent la forme de longs fila-
ments qui |)euvent s'anastomoser et se transformer en une sorte de réseau.
Les grains peuvent aussi se fusionner souvent pour constituer de grosses
masses à contour irrégulier, puis elles se dissolvent dans le suc vacuolaiie.
Ainsi, le pigment gris qui se forme au sein des niitochondries, une fois
parvenues au terme de leur croissance, se dissout dans de petites vacuoles,
formées dans la cellule, lesquelles se fusionnent peu à peu en une grosse
vacuole occupant presque toute la cavité de la cellule. Vax dehors du choii-
driome, on observe souvent dans le cyloplanne des cellules épidermiques
(') Celli^ méthode, (|ue nous avons emplovée pour la première fois, a l"a\anlage de
permettre l'observation du contenu cellulaire sans procéder à la [iréparalion dans
l'eau, (|ui |iri>vo(|ue la dissolution du pigment anlliop\ aiii(pie.
SEANCE DU 25 AVRir. 1921. io63
un petit corpuscule sphôrique d'aspect brillant, oléagineux. Ce corpuscule,
((ui représente le cyanoplaste décrit par nous dans les cellules épidermiqucs
d'un certain nombre de tleurs, est généralement unique par cellule et
apparaît coloré en rouge cerise beaucoup plus foncé que celui des mito-
cliondries que nous avons décrites plus haut. Ce cyanoplaste, d'abord très
petit, grossit peu à peu jusqu'à égaler ou surpasser le volume du noyau,
puis s'introduit dans la vacuole où il ne tarde pas à se dissoudre. >()us avons
constaté des faits analogues dans les baies de la variété dite Syrikia.
So/a/iiim Mflongcna L. — La formation de l'anthocyane au sein des milo-
cliondries peut être suivie aussi dans les cellules cpidermiques du fruit
violacé de Sulamim Meloiii^cnn L.
Convallan'a japnnica L. — Nous avons constaté que, dans les cellules épi-
dermiques du fruit de celte espèce, l'anlliocyane apparaît au sein d'un
cyanoplaste, unique par cellule.
Les résultats de nos recherches peuvent donc se résumer de la manière
suivante : Les pigments anlhocyaniques, dans les fruits que nous avons
examinés, s'élaborent : 1° au sein de nombreuses milochondries; 2" au sein
d'un cyanoplaste unique par cellule. Ces deux modes de formation d'an-
thocyane peuvent se présenter môme ensemble; c'est ce qu'où observe pour
l'anthocyane qui apparaît dans l'épiderme de certaines variétés de Vitis
ri ni fera L.
BOTANIQUE. — Sur la strucliire el révolution du noyau dans les crlhdes du
mèristême de quflqurs Euphorl>iacées. Note de M. E. Licext, présentée
par M. Gaston IJonnier.
On remarque souvent chez les Euphorbiacées et familles voisines
(Huxaeées, Callilrichacées, etc.) des particularités cytologiques qui
méritent de retenir l'allenlion.
Ces particularités s'observent aussi bien dans les niéristèmes de tout
l'appareil végétatif (sommet de la racine, sommet de la tige, feuille jeune
en voie de développement) que dans les cellules reproductrices des mêmes
plantes (cellules mères du pollen et du sac embryonnaire en voie d'évo-
lution).
Elles diderenl toujours plus ou moins chez une même espèce selon qu'on
les étudie dans les premiers ou dans les seconds des groupes cclhdaires
I064 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont on vient de parler, ce qui pourrait donner lieu à un travail de
recherches à première vue assez simple et assez restreint, mais en réalité
d'autant plus long et d'autant plus détaillé, que ces particularités peuvent
encore varier d'un genre à l'autre, et aussi d'une espèce à l'autre, et qu'en
outre elle, se remarquent aussi bien dans les cellules au repos que dans les
cellules en voie de division karyokinétique.
D'un ensemble d'observations que je poursuis depuis longtemps, il
résulte que ce groupe de familles présente ainsi des caractéristiques cytolo-
giques qui semblent leur être propres, et qu'il conviendrait de rechercher
chez les groupes voisins ou autres, pour essayer, par là, de jeter quelque
lumière sur des points toujours controversés de cytologie générale, comme
par exemple l'origine, le rôle, l'évolution du nucléole, l'origine des c<'nlres
cinétiques, etc.
Ces mêmes particularités sobservenl dans le noyau de la cellule au repos
ou en division, comme il vient d'être dit.
Elles alTeclent h' nucléole, \q filament clnnmdWjue et les rliromosoinrs à
(li\ers stades, et elles sont les unes de nature morphologique, les iiulres de
nature fonctionnelle.
Le rôle, le mode d'évolution, de transformation et de disparition du
nucléole semblent être spécialement intéressants pendant et après la divi-
sion indirecte. .le n'ai pas examiné à ce point de vue la division directe ou
amisolique qui se manifeste souvent dans les laticifères de ces plantes, car
je n'ai rencontré que rarement cette division directe au cours de ces éludes,
en raison de la jeunesse des tissus considérés.
Très fréquemment, le nucléole persiste, lors de la division, avant la pro-
phase, contrairement à ce qui se passe d'ordinaire. On l'aperçoit même
- jusqu'à l'anaphase achevée, après laquelle il disparaît sans laisser de traces.
Dans les cellules végétali\es du méristème de la racine, par exemple chez
le Mercurialis perennis, ce nucléole, dès le stade spirème fragmenté, suit,
sans se fragmenter lui-même, toutes les évolutions du fuseau et des chro-
mosomes, s'élirant, s'orienlani et suivant le mouvement qui l'entraîne avec
eux \ ers les pôles où il va se placer, en les précédant pour y ligurer (à l'un
des deux pôles seulement, puisqu'il ne s'est pas divisé), comme un énorme
cenlrosome ou même une soi-disant «sphère attractive ou directrice » qui.
de la sorte, n'existe en réalité pas plus là qu'ailleurs. C'est alors que rapi-
dement il s'estompe et disparait.
Dans les cellules mères du |iollen de la même plante, c'est encore autre
chose. Autre chose aussi dans les cellules du méristème du sommet de la
SÉANCE DU 25 AVIUI- 1921. Io65
racine chez le lUiis ( h'n.rus scmpeiviirns). l^à, on peut parfois observer des
séries enlicres de coupes où toutes les cellules, sans exception, soit au
repos, soit en mouvement de division, préscnLent la structure suivante :
dans leur cytoplasma, on observe, très régulièrement situés, soit dans deux
angles de chaque cellule diagonaleinent opposés, soit à l'une ou à Taulre,
ou même au\ deu\ extrémilés du fuseau achromatique, un corpuscule for-
tement colorable tantôt par les teintures acides, plasinatiquos, tanlôl par
les teintures basiques, nucléiniennes.
Que sont ces cor|)Uscules qui m'ont toujours paru en relation étroite
avec les « nucléoles », sinon identiques à etix? C'est ce qu'il restera à
élucider.
L'intérêt (jue présente celte ([ueslion est d'autant plus grand (pu' des
chromosomes eux-mêmes, comme dans les cellules mères du pollen de Mer-
cunnlis, dont il vient d'êlr^i tait mention, semblent vouloir jouer le même.
r(')le que ces corpuscules et « nucléoles », qiiebjues-uns de ces chromosomes
précédant tous les autres vers les pôles du fuseau, ou se dispersant mêtiie
dans tout le c\ toplasma pour y prendre souvent, à la fin, des positions bien
définies, comme chez le Buis.
11 convient donc, au moins pour l'instant, de comprendre ici sous le nom
de nucléoles pris dans son sens le plus général les nucléoles vrais (nucléoles
plasmatiqiies de Carno\ , ou érylhrophiles d'Auerbach ) et les faux nucléoles
(nucléoles nucléiniens ou c\anophiles des mêmes auteurs).
Il faudra, en conséquence, étudier d'abord la morphologie du nucléole
dans la cellule au repos, puis le rôle et la destinée du même organile pendant
et après la division cellulaire, en même temps que ses rapports avec les
chromosomes, et enfin et surtout, pour compléter le cycle, l'origine des
nouveaux nucléoles dans les nouveaux noNaux.
J'ai déjà commencé ce travail qui devra être continué et étendu, s'il y a
lieu, à d'autres genres et espèces.
Six genres, appartenant aux Euphorbiacécs et familles voisines ou affines
ont jus<|u'ici donné des résultats :
Ce sont les genres Merciirialis, lùip/ioihia. lUcinits pai'uil les lîuphor-
biacées, Ikniis parmi les Huxacées, CalUlriclw parmi les Callitrichacées et
Vcratojj/iyllu/N pour les Cératoph\ llacées.
En résumé, il résulte de ces premières recherches que la structure et
l'évolution du noyau dans les cellules jeunes de ces Euphorbiacées et plantes
voisines présentent surtout les deux particularités suivantes : persistance
Io66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
evceplioiiiielle des nucléoles ou du nucléole jusciuà la li» de la division
cellulaire cl analogie fonclionneile de ceilains cluomosonics avec les
nucléoles.
BOTAMQUE. — Hcmnrrjue au sujet de quch/ues processus cliyoinosomKjues
dans les noyaux diploidiques du l'odophylluui pellaUiin L. Noie de
M. R. DE LiTARDii'oriE, présentée par M. (îaston Bonnicr.
L'évolution des ciiromosomes somatiques du Podophytluni pcllatiini L..
en ce qui concerne les phases de dispersion et de reconcentration, a fait
l'objet d'une Note d'Overton (Bril. Ass. Adv. Se. Winnipeg, 1909); d'après
la description du savant américain, cette espèce offrirait un caractère tout
spécial, à savoir que les bandes lélophasiques (dans les noyaux bien fixés)
ne présenteraient pas d'anastomoses entre elles. 11 m'a paru intéressant de
vérifier le bien-fondé de cette assertion, ainsi (jue des faits suivants, sij^nalés
par Overton :
1° L'alvéolisation se produisant au cours de rascension polaire des chromosomes
séparerait des granules chromatiques autonomes, inliniemenl réunis au préalable
dans un substratum lininien; 2" les chromosomes lélophasitjues s'organiseraient en un
spirème; 3° durant les premiers slades de la propliase, les chromosomes, devenant
plus condensés, constitueraient un élément spirématique large et rélicnlé, se montrant
jiar la suite de structure dense, avec des corpuscules autonomes; 4° les divers chro-
mosomes, qui ont contribué à former ce spirème, seraient séparés les uns des autres
par des intervalles achromati(|ues.
Ces données sont en désaccord avec ce que j'ai constaté chez un j^rand
nombre de végétaux; mes recherches sur le Podop/tyllum pellalu/n m'ont
montré que cette espèce ne constituait pas une exception.
L'alvéolisation débute dès la dissociation anaphasiqiie des chromosomes-
filles, mais n'est bien visible que sur des coupes peu colorées. La partie
axiale du chromosome se montre comme creusée d'un certain nombre de
petites cavités claires, disposées en une seule rangée et séparées les unes
des autres par d'épais traclus. Plus lard, au lassemenl polaire et surtout
loisque le noyau .s'est reconstitué, les alvéoles augmentent de nombre et de
dimensions. Au stade de télophase typique, les chromosomes forment de
larges bandes, avec cavités alvéolaires réparties d'une façon très irrégu-
lière; assez souvent plusieurs alvéoles occupant transversalement la bande,
on ne [)cul songer à interpréter ces images comme celles d'un clivage Ion-
SÉANCE DU 25 AVKII. HJ2I. I067
giliuiiiial. Les parois ([iii déliinilciil les alvéoles soiil d'une é[)aisseiir iné-
gale, à certains endroits assez minces, à d'autres plus fortes et pouvant
simuler des j;ranules. Uien ne permet de conclure que le processus d'alvéo-
lisalion a pu séparer des granules chromatiques massés antérieurement
dans un subslralum de linine, car les points plus renflés font corps avec le
reste des travées alvéolaires dont ils représentent simplemenl, je viens de
le dire, des parties plus épaisses.
J'ai pu noter un fait intéressant dans une ligure où les chromosomes,
encore écartés, sont groupés vers le pôle : c'est la présence d'anastomoses
entre chromosomes voisins. Ces anastomoses ne représentent certainement
[)as des connexions anciennes, mais des trabécules de substance chromoso-
mique qui se sont formés entre deux éléments éloignés l'un de l'autre, sans
doute par un processus comparable à une émission pseudopodique, comme
l'a indiqué iîoveri. Cette observation me semble démontrer que les anasto-
moses ne proviennent pas toujours d'un étirement s'effecluant lors de la
séparation de deux chromosomes tout d'abord en contact.
Les chromosomes télophasiqucs ne forment certainement pas un spirème
continu. ( )n observe, au contraire, des extrémités chromosomiques se
terminant contre la membrane nucléaire et, dans certains noyaux, consti-
tuant parfois des saillies très marquées, que l'on peut retrouver au stade
d'interphase.
Contrairement à l'opinion d'Overton, j'ai toujours observé des anasto-
moses entre les diverses bandes chromosomiques et ceci dans des noyaux
présentant tous les caractères d'une excellente fixation (' ).
Le passage au stade d'interphase se fait par allongement des bandes et
répartition plus régulière de leur substance. Les diverses bandes que ren-
ferme le noyau interphasique sont facilement visibles en des points favo-
rables; elles sont plus allongées, un peu plus resserrées qu'aux stades
antérieurs et la structure de leurs portions marginales paraît plus nionili-
forme.
Au début de l'anachromase, les bandes se dégagent du réseau interpha-
sique et deviennent beaucoup plus apparentes. Elles présentent une
structure identique à celle des bandes catachromasiques et sont reliées par
des anastomoses qui })eu à peu se rétractent. Par un processus de régulari-
sation suivant une ligne maîtresse, processus identique à celui signalé par
<îrégoire et Sharp pour d'autres végétaux, chaque bande donne naissance
(^) -Mon maléiicl (exlrémilés de jeiiiios racines) a élé li\é aii\ liijiiides de lîenda
el de Bouiri.
I068 ACADÉMIE DES SCIENCES.
il un filament assez mince d'allure zigzagante (>l n'oirianl aucune diialilé.
Bientôt apparaissent dans ces filaments de petites boutonnières claires ou
légèrement teintées, premier stade de la division longitudinale. A mon avis,
il ne se produit pas un creusement dans le chromosome, mais une répar-
tition de sa substance suivant deux tractus qui deviennent aussitôt indépen-
dants. A mesure que les filaments cbroniosoiniques rectifient leurs cour-
])ures et se raccourcissent, ils se montrent divisés suivant toute leur
longueur. Ces élémcnts-lilles sont entrelacés comme de véritables filaments
stre])sinématiques. Lorsque les cliromosomrs sont plus trapus, vers la fin
de la prophasc, on constate en général un écartement moins considérable
des moitiés. Tant au stade des bandes alvéolisées qu'à celui des filaments
en zigzag, il ne m'a pas été possible, dans les figures que j'ai observées, de
faire la part des extrémités chromosomiques pouvant être réellement
libres de celles dues à un sectionnement par le rasoir, mais tout me porte à
croire que dans le Voclopkyllum, comme ailleurs, il ne se produit aucun
aboutement entre les divers chromosomes. Il est probable que c'est la
présence de scissions transversales dans les chromosomes qui a pu faire
croire à Overton que le spirème était formé d'une série de chromosomes
condensés, séparés par des intervalles achromatiques. En effet, si les
scissions transversales sont très fréquentes à la métaphase, on en remarque
également dès la prophase; cependant, dans le matériel que j'ai examiné,
elles sont beaucoup plus rares et n'intéressent qu'un ou deux éléments, la
plupart des noyaux même n'en montrent pas.
Le l'odopliyllum peltalurn (|ue j'ai étudié, cultivé au jardin botanique de
Lille, possède 12 chromosomes diploidiques. Overton (lyo.")) et Mottier
(1907) signalent 8 chromosomes dans les noyaux haploidiqucs et i(') dans
les noyaux diploidiques. On peut se demander si cette espèce n'olTre pas
plusieurs races caractérisées par des nombres chromosomiques différents.
J'ajouterai que j'ai observé aussi 12 chromosomes diploidiques dans le
l'odopliylhim Einodi Wall, et dans V/ijumediumpinnanuii Kisch.
l'HVSIOLOGIi;. — Ikilioii (diimnlaiir cl rilainincs. Nol<' de MM. A. Ihcsciii';/.
et II. ItiKitKV, présentée pai" M. d'Arsonval.
Nous avons préeédemment entrepris l'étude des besoins alimentaires
spécifiques de rorganisme('), et, en prenant, comme base de nos expériences,
(') Comptes rendus, t. 171, i\yiO, \i. laoy el iSyS.
SÉANCE DU 25 AVRir, I921. I069
l'indispensable notion des bilans azotés, nons avons recherché tout d'abord
dans quelles limites des principes nutritifs isodynames peuvent se suppléer
sans dommage pour l'organisme, c'est-à-dire être physiologiquenient
équivalents.
Nos expériences sur le rat, soumis à des régimes synthétiques déficients
en vitamines, ont montré que l'équilibre azoté peut être assuré, un certain
temps, par des proportions déterminées de protéines, de sucres et de
graisses, dans une ration de valeur énergétique donnée et suffisante; que le
minimum de chacun des trois éléments est conditionné par la structure
chimique et le rapport des deux autres; et, enfin, que le minimum d'azote
se trouve atteint quand un hydrate de carbone est présent dans la ration à
un taux élevé.
(^)ue se passera-t-il, chez l'animal recevant une ration bien équilibrée, si
l'on vient à supprimer un des éléments constituants de cette ration, en
élevant parallèlement le taux des deux autres, ou de l'un d'eux seulement,
au prorata du pouvoir calorifique? C'est ce que nous avons demandé à de
nouvelles expériences.
Des rats adultes, mâles, a» repos ( tempéraliire evléiieure, 16" à 18°), sont soumis
à une diète synthétique : eau. sels, albumines d'oeuf, sucres purs, graisses préparées
et exemptes d'azote ('). Ces animaux sont maintenus en équilibre, puis, après des
temps variables, soumis an jeune hydrocarboné ou au jeûne lipéiqiie. Pour réaliser
ces conditions, il suffit, les sels et les albumines demeurant fixes, de remplacer totale-
ment les sucres par des poids isodvnames de graisses, ou inversement.
I. Effets du jeûne hybrocarboné. — Des rats sont maintenus en équilibre total,
pendant six jours, avec une ration comprenant, par exemple, par gramme de rat et par
jour, 08,0078 d'albumines d'œuf, 08,019 de sucres (10 parties de lactose, 70 parties de
saccharose, 20 parties de lévulose), os,oi6 de graisses (i partie de graisse de bœuf,
1,5 partie de graisse de porc, o,5 partie de graisse de mouton). Le septième jour, on
supprime brusquement les hydrates de carbone que l'on remplace par une quantité
isodyname de graisse. Le bilan azoté se montre négatif dès le lendemain.
Si l'expérience de substitution n'est pas trop prolongée, en abaissant l'apport des
graisses et en introduisant, dans la ration, le minimum indispensable d'hydrates de
carbone, on peut assurer à nouveau l'équilibre azoté.
L'expérience peut être réalisée en faisant également passer les rats d'un régime
ordinaire à un régime synthétique dépourvu d'hydrates de carbone.
II. Effets du jeûne lipéique. — Des rats sont alimentés, pendant un mois, avec du
pain, des carottes et des légumes verts, puis avec une ratipn synthétique contenant les
(') Le test phvsiologique de la déficience en vitamines des aliments de cette nUion
avait été préalablement réalisé sur des rats jeunes et des rats adultes.
C. R., 19Î1, 1" Scmcs^/e. (T. 172, N" 17.) 19
1070 ACADÉMIE DES SCIENCES.
éléiiiejils en propoilimis coincnahles, mais privée de vilamine». jiis(|irà ce que Téqui-
libre a/.oté, d'abord assuré, devienne précaire (i5 à 20 jours).
On les remet ensuite au régime naturel précédent, pendant trois mois, pour les
re])lacer dans les conditions initiales. Et alors que ces rats sont revenus à l'équilibre
total, ils reçoivent la diète synthétique (qui avait primitivement, dans les mêmes
conditions extérieures, assuré l'équilibre azoté), mais dans laquelle, celle fois, les
graisses ont été remplacées isodvnamiquement par les mêmes albumines, en très faible
part, et, pour le surplus, par les hydrates de carbone : lactose, saccharose, amidon
soluble et dexlrine purifiés ('). Les animaux perdent rapidement du poids vif, les
bilans de l'azote et du phosphore de-viennent négatifs. \ titre d'exemple, les bilans,
pour un rat de 2-0», à ce régime, ont été les suivants :
Azote
_- ^M
~ ^^_^ — ~
ingère.
éliiiiim-.
Bilan:!.
0, '|0
0,49
—,,,(.()
1' 0 , 4 0
0,43
— o,o3
Ti'oisiéme
<_)iialrième jour
Au septième jour, on complète la ration par un apport en facteurs J> et A, ce dernier
sous forme de beurre frais, à la dose de os,oo2 |jar jour et par gramme de rai. La perle
d'azote s'arrête très rapidement; toutefois, les -rats ne reprennent pas leur poids pri-
mitif, même avec une dose croissante de beurre; ils ne reprennent leur poids initial
qu'après trois semaines de régime naturel (pain, carottes, etc.). 11 ne faut pas cepen-
dant i(ue l'épreuve d'avitaminose ait été trop prolongée. i\ous avons également fail la
remari|ue importante d'une plus grande fragilité des animaux qui ont été carences une
première fois.
En rapprocliant ces expériences de celles de Me. Calluni cl Davis, de
Drumniond, de Ilindhede, on voit c}ue, d'une part, avec une nourriture
dépourvue de graisses, renfermant seulement des albumines et des hydrates
de carbone, mais riche en vitamines, la croissance du jeune animal et
l'équilibre de l'adulte peuvent être assurés, et que, d'autre part, dans IVav-
It/nii/iose (canence de vitamines), l'équilibre azoté ne peut être maintenu que
si les constituants de la ration sont tous présenis et figurenl. dans le régime,
suivant certaines proportions.
Il faut donc admettre que les (|uantités des facteurs compléuientairos A,
15 et C, exigées par l'organisme, varient non seulement avec les espèces
alimentaires, mais avec les proportions de ces espèces présentes dans la
ration; il faut admettre également que chaque espèce alimentaire exerce
un rôle fonctionnel, au sens cliimi([uc du mot, dans le métabolisme inter-
médiaire des deux autres.
(' ) Ces derniers sont incorporés dans un gâteau cuit, jjour éviter les troubles intes-
linaux, la forme d'admiirislralion n'étant |>as indilTérente.
SÉANCE DU 25 AVRIL 1921. IO71
Déjà le fail que lu suppléance iTexiste pas eiiti'c les liydrales de carbone
et les graisses, vis-à-vis d'une iiiêuie alhuinine, et que le calabolisine de
certains acides aminés et acides f^ras (cétoj;èiies) est conditionné par les
sucres, faisait prévoir l'importance de la fonction et de la slruclure chi-
mique de l'aliment. Comme la dégradation des proléiqnes, des sucres et
des graisses comprend des phénomènes simultanés, donnant naissance à
des corps réagissant les uns sur les autres, il faut admettre que si, par
l'apport même de la nourriture, ces combinaisons se trouvent assurées,
les réserves n'ont que peu ou pas à entrer en action. Il en résulte vraisem-
blablement des |)rocessus différents mis en OHivre par l'organisme et dont
certains réclament le concours plus ou moins impérieux des vitamines.
PHYSloI.OGllî. — Tension sn[i('r/icieUe et choc anaphylnctique. Note
de M. AuGCsTE LuMrtRE, transmise par M. Roux.
Attribuant un rôle capital à la tension superficielle dans la production du
choc anaphylactique. M. Kopaczewski ( ') a prétendu que l'addition, à la
dose déchaînante, d'une solution d'hyposulfite de soude à 5 pour 100, cjue
nous avons indiquée pour empêcher le choc, agissait précisément en abais-
sant la tension superficielle du sérum.
Les mesures que nous avons faites tendent à montrer cjue Ihyposulfile
employé dans les conditions indiquées, augmente au contraire cette
tension.
Nous avons bien eu soin de faire observer dans notre Note précédente (-)
cjue nos mesures ne devaient pas être considérées en valeur absolue, mais
seulement dans les rapports qu'elles ont entre elles, les dispositifs expéri-
mentaux mis en œuvre pour effectuer ces déterminations ne permettant
pas d'évaluer avec une rigueur suffisante tous les éléments du problème.
Sans tenir compte des réserves que nous avons faites sur ce point,
M. Ivopaczevvski('' ) conteste nos conclusions, en prenant pour prétexte le
(') ^^ . KoPACZEWSKi, Le rôle de la tension superficielle dans les phénomcncs de
c/ioc {Comptes rendus^ t. 172, 1921, p. SSy).
(■-) A. Lumière, Tension super ficiidle cl choc anaphylactique {Comptes rendus,
l. 172, 1921, p. 54/1).
(^) W. KbPACZEWSKi, Tension superficielle et anlianaphylaxie {Comptes rendus,
l. 172, i9'2i , |). 9?i6).
1072 ACADEMIE DES SCIENCES.
fait que nos résultats ne correspondent ])as. en valeur absolue, aux mesures
de la tension superficielle du sérum normal effectuées par d'autres auteurs.
Or nous n'avons jamais voulu déterminer cette tension, mais montrer
seulement qu'elle était augmentée et non diminuée par l'addition d'Iiypo-
sulfite.
C'est ce que de nouvelles expériences sont venues confirmer, en em-
ployant aussi bien la méthode des gouttes que celle des ascensions capil-
laires.
Nous avons trouvé, dans tous les cas, qu'en ajoutant au sérum un égal
volume de solution d'byposulfite à 5, 10, i5 ou 20 pour 100, la tension
superficielle était augmentée d'autant plus que la solution est plus concen-
trée.
D'ailleurs, le choc anaphylactique est aussi d'autant plus sûrement évité
que la concentration de la solution est plus forte.
Les premières mesures sur lesquelles M. Kopaczewski basait l'opinion
que l'hyposulfite abaissait la tension superficielle du sérum et que la
suppression du choc était précisément la conséquence de cette diminution
de tension, paraissent entachées d'erreur; elles ne peuvent donc être invo-
quées en faveur du rôlede cette tension superficielle dans le choc anaphy-
lactique. Nous n'avons pas voulu démontrer autre chose.
Nous ne nous attacherons pas à réfuter les autres arguments d'ordre très
secondaire que M. Kopaczewsisi mrnlionne, Ir fait principal sur lequel il
s'appuie n'étant pas exact.
BIOLOGIE. — La régénération des s^Iandcs génitales chez les Planaires.
Note de M. A. Vaxdkl, présentée par M. Henneguy.
J'ai signalé dans une Note précédente (') qu'un fragment postérieur de
Planaire (Polycelis cornuta) produit par scissiparité et dépourvu d'éléments
génitaux, était devenu ultérieurement un individu sexué. J'ai observé
depuis une dizaine de cas analogues, et l'on peut admettre que, en règle
générale, les individus produits par voie asexuée commencent par se mul-
tiplier, pendant un temps plus ou moins long, par scissiparité, puis
évoluent finalement vei's la sexualité.
Il est possible cependant que ces fragments postérieurs contiennent
(') Comptes rendus, t. 171, 199,0, p. i>.^).
SÉANCE DU 25 AVRIL I92I. lOyS
quelques cellules germinales, et il était nécessaire d'entreprendre de nou-
velles expériences pour établir de faron certaine le développement de
glandes génitales à partir de fragments asexués. T. -H. Morgan (1901)3
signalé rapidement que des Plano/ia liigubris (en réalité l'I. simplicissima
Curtis) coupées en avant des ovaires et réduites ainsi à la partie céphalique
sûrement asexuée, avaient donné des Planaires entièrement sexuées et aptes
à se reproduire ('). Mais Morgan n'ayant touché que très accessoirement
à celle question, il m'a paru intéressant de reprendre ces expériences. J'ai
opéré principalement sur Polycclis cornula. Les animaux étaient sectionnés
en avant des ovaires, et les parties céphaliques dépourvues de glandes géni-
tales étaient cultivées et nourries. Pour être certain que les ovaires n'étaient
pas contenus dans les parlies céphaliques, j'ai fixé et débité en coupes
sériées les parlies postérieures de manière à m'assurer qu'elles renfermaient
bien toutes les glandes génitales. Je n'ai pas tenu compte des pièces cépha-
liques oîi il pouvait subsister des fragments d'ovaires.
Une première expérience, commencée le 5 août, a porté sur 10 Pol.
curnuta; ,1 fragments antérieurs ont régénéré. Le 26 septembre, l'un des
individus est fixé; il possédait deux petits ovaires, mais pas encore de testi-
cules. Les quatre autres Planaires sont fixées le 21 décembre; chez toutes,
il existait des ovaires, des testicules assez nombreux et des débuis d'organes
copulateurs.
Une autre expérience, commencée le 26 octobre, a fourni des résultats
moins nets, car plusieurs morceaux antérieurs devaient contenir des frag-
ments d'ovaires et je n'ai pu en tenir compte. Cependant un fragment cer-
tainement asexué adonné un individu normal qui, fixé le 11 avril de
l'année suivante, présentait des ovaires, des testicules et des ébauches
d'organes copulateurs.
J'ai fait aussi quelques expériences sur Vlanaria alpina, mais la mortalité
des fragments semble être plus grande chez cette espèce que dans la précé-
dente. Néanmoins un animal opéré le 24 août a donné une petite Planaire
qui, le i3 décembre, au monieîit où je l'ai fixée, possédait des ovaires, des
testicules et un appareil copulateur déjà assez différencié. Les glandes géni-
tales peuvent donc, chez les Planaires, se régénérer à partir d'éléments
non différenciés sexuellement. Quels sont ces éléments? Toutes les
(') La régénéralion des glandes génitales chez les Planaires a été signalée également
par Schultz (1902), Monti (191'.) elZweibaum (191 5); mais, dans tous les cas, il s'agit
de régénération à partir de fragments contenant encore des glandes génitales, en sorte
que l'origine des nouvelles glandes n'est pas précisée.
I074 ACADÉMIE DES SCIENCES.
recherches sur l'eruhryologie et la régénération des Planaires, ainsi que
mes observations personnelles, semblent bien établir que, chez ces animaux,
la plupart des organes, y compris les éléments génitaux, proviennent de
certaines cellules parenchymateuses indiiïérenciées et à caractères embryon-
naires ('). Le grand pouvoir de régénération des Planaires est proba-
blement en rapport avec l'état indiflérencié et la totipotence de ce
parenchyme. La régénération des éléments génitaux ne constitue pas un
processus spécial; il faut la rattacher aux pliénomènes généraux de la
régénération. Là où le pouvoir de régénération est très grand, il y a aussi
régénération des glandes génitales; c'est le cas des Cœlentérés \Tubularia
Driesch (1889)], des Tuniciers \('lmeltin(i Schultz (1907)], de certains
Oligochèles [Criodrilus Janda (1912)] ; c'est enfin le cas des Planaires; tous
ces groupes présentent justement un pouvoir de régénération extrêmement
étendu. Dans les phylums plus spécialisés, les Insectes et les Vertébrés en
particulier, la dillérencialion des tissus est beaucoup plus poussée, le pou-
voir de régénération très limité et la régénération des gonades impossible.
Cependant il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que chez les Pla-
naires la régénération des glandes génitales se fait beaucoup plus lentement
(4 à 5 mois) que le développenieni de celles-ci chez des individus produits
par la voie sexuée (i à 2 mois); les Planaires marquent le point où la régé-
nération des gonades est encore possible, mais où elle devient déjà lente et
difficile (-).
BIOLOGIE. — Sur les modijicalions aria ptali ses de Dunaliella salina hiiital ( '').
Note de M. Alphonse Labbk, présentée par INL Henneguy.
Diinabclld suli/ni Dunal est une C^hlaiiiydomonade commune dans les
œillets des marais salants, dont elle colore les eaux en rouge brun. L'élude
de ce llagellé a été bien faite notamment par Hamburger et Teodorcseo.
(') Il Cil d'ailleurs probable que ces cellules ne représeiUenl jtas toutes (Jo> élénieuls
embryonnaires, uiais que plusieurs résultent de la dédineiencialion d'anciens tissus, .le
ne peux insister ici sur cette question qui soulève des problèmes de la plus grande
importance,
{'') Ce qui e\pli(|iie que la plupart des espèces de Planaires où est apparue la repro-
duction scissipare deviennent presque normalement asexuées; le fait est particulière-
ment frappant : en Europe, chez /'/. viU/i et PL siiblcnlaciildln : en Amérique, chez
PI. velatd et PI. dorolocepliala. dont les appareils reproducteurs sont encore tota-
lement ou à peu près inconnus.
(■') Travail du Laboialoire de Miologie niariiic du Croisic.
SÉANCE DU 25 AVRIL I92I. lOTfl
Donnasdii el Fauré-Freiniet(') ont t'ait une analyse chimique du pigment
brun, qui, comiue nous le verrons, gagnerait à être reprise dans une autre
direction.
Kn tentant Tarlaptation des 'Duiudicll<i à des milieux diilerents, j'ai pu
faire quelques remarques intéressantes, dont je donnerai les premiers ré-
sultats :
PltiiMiÈiii; EXi'ÉitiKNCK. — l 'assoi^t' de l'eau siirsatée à l'eau douce. — D. sa/iiia
\'ivaiit normalement dans l'eau sursalée à une concenlrallon telle que seul l'Infusoiie
Fabrea salina Ilenneguy peut y vivre avec lui, on en déduira facilement que l'adap-
tation à l'eau douce ne peut se faire que très lentement et par étapes successives.
J'avais commencé cette expérience dès I9i3, mais elle ne put être menée à bien en
liiison de ma mobilisation. Je recommençai en juillet 1920 el j'avais déjà des résultats
eu septembre 1920; mais voulant être assuré d'avoir des individus bien adaptés, je
poussais l'expérience jusqu'en mars 1921, et elle continue.
Je possède actuellement une forme de DunalieUa parfaitenienl accomodée à l'eau
douce et qui, jusqu'à ce moment, paraît stable. Elle diffère de la forme des salines par
la disparition du pigment brun, qui persiste cependant souvent sous la forme d'une ou
deux granulations brunes (^); par la présence d'amyloleucites verts, chlorophylliens,
dont le corps se trouve bourré. Les individus paraissent se reproduire uniquenieul par
scissiparité.
Les auteurs antérieurs avaient bien observé les formes chlorophylliennes
en diluant l'eau de mer, mais n'avaient pas fait, je crois, l'expérience inverse.
Or c'est précisément le passage des formes d'eau douce à l'eau salée qui
donne les résultats les plus intéressants.
DEL'MtJiE EXPÉRIENCE. — Passagede l'eau douce à l'eau sursalée. — Il est beaucoup
plus facile, les individus supportant très bien, en général, le retour à la concenti ation
saline.
iJès le début, il y a formation très active de petites zoospores vertes à sligma rouge,
qui se conjuguent el donnent des zygotes immobiles. Puis il se fait, dans un certain
nombre d'individus qui ne se distinguent en rien des autres, un retour à la forme
salina. I^a transformation se fait en un temps vaiiable, mais qui peut ne pas dépasser
quelques heures, et peut être suivie facilement au microscope. Elle suit les phases ci-
après, que je résume brièvement :
Expulsion ou non du sligma. — Concentration plasniolytique du corps cliloro-
phyllien, où se lrou\e tout l'amidon de la cellule; le reste du cytoplasme est formé de
granules semblables aux grains d'amidon, mais incolores par la réaction iodée. —
('.) C. B. Soc. Biologie.
(-) Qu'il ne faut pas confondre avec le stigma des zoospores vertes, d'ailleurs incons-
tant dans les z\gotes, mais qui ne légitime nullemejit la coupure en deux espèces que
Teoderesco a faite dans IJ. salina.
1076 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Appaiilioi) de granules ^?) ou de vacuoles ayant la réaction du glycogène. aux dépens
des granules incolores précédents. — Formation dans le corps clilorophyllieii d'une
vacuole, d'abord jaune verdàtre, puis jaune brun, puis brun rouge qui grandit de plus
en plus; en même temps disparaissent les clilôroleucites et tout l'amidon; la réariion
iodée se fait de plus en plus faiblement, puis les grains deviennent llous, indistincts,
et disparaissent. — Le liquide brun rougeâlre de la vacuole s'étend alors à tout le
cytoplasme; en même temps apparaissent de nombreux petits granules biillants. res-
semblant à des cristalloides et animés de mouvements browniens vifs. L'état final est
une cellule piriforme, rouge brun un peu verdàtre, présentant à l'extrémité antérieure
les dei'.x flagelles et deux petites vacuoles pulsaliles; en arrièie des flagelles se trouve
une-grande vésicule très contractile, remplie de granules à mouvements browniens et
se déformant sans cesse. Là se trouve le noyau, invisible sans coloration, cette vési-
cule ressemble à la vésicule collectrice des Cliloromonadines. Plus en arrière, un gros
pyrénoïde, qui lui aussi est déformable et change de forme suivant les mouvements
de la vésicule. La cellule devient alors immobile, forme un kyste rouge qui se divise
activement, formant sept ou huit zoospores rouges. Tout cela semble correspondre à
des phénomènes physiques (modifications de la tension osnioti((ue; passage du gel
proloplasmique à l'état de sol) et à des phénomènes chimi([ues (disparition de l'ami-
don ; passage de la chlorophylle au pigment rouge).
Mes expériences se poursuivant, je ne puis donner acturllenient que ces
indicalions. Je puis cependant en indiqtier les conclusions probables.
La ([uestion du pigment rouge (fabréine de Donnasson et Fauré-Fre-
miet) qui se substitue à la chlorophylle serait à reprendre, car ce pigment
me paraît se rapprocher des anlhocyanines; dans le cas particulier des
Dunahdlla, il est précieux de pouvoir suivre au microscope l'alternance
des deux pigments.
Kn ce qui concerne les facteurs de la transformation, Tlnpothèse sim-
pliste de Teodoresco ne peut être conservée et il ne s'agit pas là de deux
espèces distinctes {D. satina et D. viridis). Il s'agit d'une alternance de
formes due aux changements de milieu. L'inlluence directe de NaCl ne
saurait être envisagée, car j'obtiens des résultats analogues dans l'eau
sucrée concentrée, les solutions goumieuses, les solutions de cidorure de
calcium, ctc, Le rôle important est cerlainemenl dévolu à la tension osmo-
liquc et à la viscosité des liquides, mais ces facteurs ne sont probablement
pas les seuls qu'on doive invo(|uer, la question se compliquant d'une
influence saisonnière oi'i la lumière et la température ont un rôle encore
imprécis.
SÉANCE DU 2!"ï AVRII, I921. 1077
MiCGANIQUi; BIOLOGI'^UE. — De bi variation en poids des muscles ahaisseurs et
rcleveurs de l' aile siiivanl retendue de la surface alaire chez les Oiseaux.
Note de M. A. Magnan, présentée par \l. Kdinond Perrier.
En collaboration avec M. F. Houssay ('), j'ai déjà fixé la relation qui
existe entre la puissance motrice usuelle des Oiseaux, leprésenlée par le
poids relatif des pectoraux, c'est-à-dire par le rapport du poids de ces
muscles au poids total de l'animal et la surface portante ou surface alaire
relative, déterminée par le rapport de la surface des ailes directement
mesurée en cenlimèlres carrés à la surface totale du corps calculée pai' la
formule empirique S = K\/P-, dans laquelle P est le poids de l'individu
exprimé en grammes.
] /élaboration d'un graphique, sur le détail duquel je ne reviendrai pas,
nous fit immédiatement apercevoir cette loi imporlante. que la surface por-
tante et la puissance motrice varient chez les Oiseaux en sens inverse.
Autrement dit : à grande surface alaire, petit moteur (planeurs); à petites
ailes, gros muscles pectoraux ( l'amcurs). El j'ai déjà insisté sur ce fait que
les Oiseaux volant incontestablement le mieux onl le plus faible moteur et
la plus grande surface alaire.
J'ai cherché à pénétrer ce problème dans ses détails en étudiant concur-
remment le poids relatif des grands pectoraux dont l'action C(msiste à
abaisser l'aile pendant le vol et le poids relatif des petits pectoraux qui
jouent un rôle contraire et servent à relever l'aile.
Légal et Reichel (-) s'étaient déjà préoccupés de calculer le rapport du
poids des muscles abaisseurs au poids du volateur. Ils avaient trouvé un
rapport moyen de -, tout en faisant l'emarquer que ce rapport est de 7-x
pour le pigeon rameur et de nr pour la mouette, qui pratique le vol à
\oile. Ils avaient fait observer aussi que le muscle releveur est beaucoup
plus faible que le muscle abaisseur. Leurs travaux amenèrent à penser que
(') 1'. Houssay et A. Magnan, La surface alaire, le poids des muscles pectoraux el
te régime aliinenlaire chez tes Oiseau. r carinalcs {Comptes rendus, l. 133, 191 ',
p. 89.!).
(-) Légal et Reichel, IJeber die Beziehungen der Flugmusculatiir — im Berichl
iirl). d. Thiit. d. NnUirwiss. S, d. Scld. Ges., 1879, p. 72-108.
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la relevée de l'aile se fait sans le secours d'aucun effort musculaire : c'est ce
que Marey cl Talin ont appelé la icmonlée passive de fai/e, au cours dv
laquelle les iiuisck-s abaisscurs travailleraient pour ralentir celli' relevée
qui, sans leur action modératrice, sérail tro[) brusque.
Les rechercbes que j'ai effectuées sur le poids des petits pectoraux
suivant les dillerenls groupes d'oiseaux m'ont donné des résultats qui
conduisent à des conclusions autres. J'ajouterai que ces recherches, que je
résume dans le Tableau suivant, sont basées, non pas comme celles des
auteurs précités, sur l'examen d'un petit nombre d'individus, mais sur
l'étude de près de 4oo Oiseaux consciencieusement déterminés par moi-
même.
l>oi,ls
des grands des |jclils
pectoraux pcclonmx
l'oids moveii Suifacc relative par kilo par kiln
«lu Corps. des ailes. d'aiiinial. d'aniiiLil.
c <m= g 1:
l-lapaces diurnes , i."j-."),- 26,4 loi,.") 8,1
Rapaces nocturnes JjiS '^3,7 9-i H ">i->
Grands Echassiers 42")(3,f3 20,7 '^J-d i;"»,3
Corvidés 439 'T'i ■'^'^ '"/'
Palmipèdes à grandesailes. . 11.ÎJ7.2 16.6 116, 4 9,>
Passereaux 20.6 14.2 '7ii4 iS.4
l'elils Echassiers 23i,9 i3,3 213 32,3
Cïolombins 4oo..5 •2,t 239,9 38,8
Oies, Canards 1062,8 8.8 180. g 21, 3
Gallinacés "n5 7,8 ".y^-'» •'>'J)9
< Hseaux |)longeurs 817 ().4 123,2 22, '1
Il ressort de ce Tableau que, chez les Oiseaux, le poids relatif des petits
pectoraux varie dans l'ensemble comme celui des grands pectoraux, c'est-
à-ilire en sens inverse de la surface alaire. Plus l'aile est grande, plus
l'cfTort musculaire nécessaire pour ol)lenir l'abaissement et le relèvement
de celle-ci est minime. Dans ces conditions, on pourrait peut-être, à la
rigueur, dire que la remontée est /;/e5(/«c automatique, le travail des petits
pectoraux étani peu important.
J^ar contre, chez les Oiseaux à petite surface alaiie, il n'en est plus de
même. Le poids relatif des muscles releveurs se révèle jusqu'à dix fois plus
considérable que chez les Oiseaux à grande surface portante. De plus, alors
que les muscles élévateurs sont, en moyenne, près de vingt fois plus petits
que les abaisseurs chez les Ra[)aces (jui ont de grandes ailes, ils m- le sont
SÉANCE DU aS AVRIL I92I. 107g
plus, par exemple, (juc trois l'ois chez les Gallinacés pourvus de pelilcs
ailes. La relevée de l'aile exige donc un gros efTort musculaire quand la
surface perlante est réduite. Et cela est vrai même pour les Oiseaux adaptés
à la vie aquatique et qui, de ce fait, n'eiïectuent plus que des vols de courte
durée. Leurs grands pectoiaux se sont, en partie, atropliiés. mais leurs
petits pectoraux sont restés assi'z volumineux pour rendre possible la
remontée des ailes pendant leurs rares envolées.
La résistance de l'air n'est donc pas suflisante, comme on l'avait cru
jusqu'ici, pour relever l'aile pendant le vol. chez les Oiseaux à petite surface
portante particulièrement. Le muscle doit toujours intervenir pour réaliser
cette remontée et l'elforl, et par conséquent le muscle lui-même, devient
d'autant plus gros que l'aile est plus réduite.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la .substance organitfue fondaincnlalc de
V amylopecdne . Note de MM. Samec et Anka Maïer, présentée
par M. L. Maquenne.
Nous avons montré antérieurement que l'amylopecline de Maquenne (' )
est l'éther phosphorique d'un hydrate de carbone encore indéterminé (-),
mais qui, d'après les travaux de Maquenne et Roux ('), de Fouard (') et
de M""' (iruzewska ('), ne doit pas différer beaucoup des amyloses. Etant
donné que l'électrodialyse des solutions d'amidon donne lieu à un dépôt
gélatineux d'amylopectine et à une solution claire d'aïuylose, il était
possible de séparer ces deux corps.
Pour y parvenir on éleclrodialyse un empois à 2 pour 100, chauffé
à 120° pendant une demi-heure, on décante à la pipette la solution d'amy-
lose qui surnage, on mélange le dépôt avec de l'eau, on électrodialyse à
nouveau, et ainsi sept à huit fois de suite, jusqu'à ce que le liquide décanté
ne se colore plus par l'iode. On obtient ainsi une gelée transparente qui
renferme de 5 à 8 pour 100 d'amylopectine (à 0,162 pour 100 de P-0*)
et se colore par l'iode en brun violacé. Diluée à 2 pour 100, cette gelée
possède une conduclivité électrique égale à 53.10"" et, d'après les mesures
osinotiques, un poids moléculaire moyen de i4oooo.
(') Comptes rendus, t. 140, igoS, p. i3o3.
(-) Samec et von Haefft, Kolloïdch. Beil., t. a, 1918, \>. \!\i.
{') Ànn. Phys. et Ch , 8" série, l. 9, 1906, p. 179.
('•) L'étal colloïdal de l'amidon^ I^aval, 191 (.
{') Journ. Physiol. et Palhol. gén., l. l'i-, 1912, p. 7.
I()8o ACADÉMIE DES SCIEN'CES.
La solution d'amylose que Ton obtient en mcnie temps se colore en bleu
franc par Piode; le poids moléculaire de la matière dissoute est deGoooo
à 70000, avec un pouvoir rotatoire [3^],,= 189" et une conductivité élec-
trique variable de 3 à S-io"". Elle présente le phénomène typique de la
rétrogradation.
L'amylopectine chaulTée avec de l'eau à 120° se dédouble progressive-
ment en acide phosphorique et un hydrate de carbone qui se dissout et
n'est plus séparable par éleclrodialyse. Si l'on cliaufTe dans un récipient
de platine, qui ne peut exercer aucune action neutralisante sur les ions
hydrogène, on constate qu'il se produit, en même temps qu'une saponifi-
cation de l'amylopectine et à cause de son acidité, une désagrégation de
l'hydrate de carbone mis en liberté. Le poids moléculaire de la matière
dissoute va en décroissant et, après «S heures de chaude à 120°, peut des-
cendre jusqu'à moins de 2000; elle peut alors traverser en partie les
membranes de collodion, son pouvoir rotatoire est de i^'j", sa conducti-
vité électrique G7. 10"', enfin elle se colore par l'iode en brun violacé.
Si, au lieu d'opérer dans le platine on emploie des vases de nickel, dont
le métal neutralise la liqueur au cours de sa déconqiosilion. l'amylopectine
se saponifie sans que cette fois il se manifeste aucune désagrégation. Le
résultat de cette expérience est donné dans le Tableau suivant :
Durée Ainylopecline. Sciliilinns.
cliaitiïe Color. Contl. cl. Grandeur Ccilur. Conduil. laanileiir
à ix'O". par l'ioilc. à 2 p. 1(10. molcc. par l'ioiie. élerlriquc. iiioU-c. | » li-
o''3o"' violet pî.io '^ i i6ono lileu pur 5.io"'' 80000 i!^*)"
l)''3o"' violet 'i'|.io~'' >,22ooo luun viol. ,'|.io^'' i4oooi> igS"
L hydrate de carbone dérivé de l'amylopectine a un poids moléculaire
sensiblement supérieur à celui des amyloses de Macpienne; il donne des
solutions limpides, dont la viscosité et la conductivité électrique sonl du
même ordre de grandeur que celles de l'eau distillée, que l'iode colore en
rouge violacé. Ces solulions, à i ou 2f)our i()o,ne rétrogradent pas, même
après plusieurs mois: le précipité qui s'y forme par congélation se redis-
sout de lui-même après réchauffement. Leur pouvoir réducteur est négli-
geable, correspondant à o", SoG de cuivre pour loon^^de substance dissoute.
La plus grande stabilité de ce produit, comparé à l'amylose, est en rap-
port avec ce fail qu'il est moins facilcmejit lloculé par les substances qui,
même en 1res faible proportion, précipitent les amyloses. Le Tableau sui-
vant indique les concentrations centésimales de tanin et d'hydrate de
SÉANCE DU 25 AVRIL I921. loHl
l)aryuin qui |)récipitent les solulioiis d'amylose el de riivdralc de carbone
en question, l'une el Taulie à o, iî pour 100 : ••
llyilnitft ri.' caihoiie
\iriyliise. (I(! ranivli)pccliiie.
J'aniii o , I r> o , r)o
lia (OU )■- 0,17 (),3j
Jacquelain ('), Naei^eli (-), Maschke (''), Bécliamp ('), Musculus (^)
et A. Meyer (") onl dû avoir entre les mains un produit analogue, plus ou
moins mélangé d'amyloses.
Ainsi que l'un de nous l'a montré dans des Communications antérieures,
le chani;ement de coloration jiar l'iode n'est pas toujours un critérium cer-
tain de la décomposition de l'amidon; il est très probable que la coloration
bleu franc des amyloses est en relation avec la présence de structures lacto-
niques et que le passage à la coloration rouge résulte du changement de
celte structure laclonique en une chaîne hydroxylée.
La forme lactonique étant en général moins soluble que celle à chaîne
longue, on s'explique ainsi la plus grande stabilité de l'hydrate de carbone
dérivé de l'amylopectine, bien que son degré de condensation soit supé-
rieur à celui des amyloses de Maquenne.
Pour supprimer toute ambiguïté dans la nomenclature de ces corps, nous
proposons, en accord avec une conclusion déjà énoncée par l'un de
nous ('), de les classer do la manière suivante :
(Niloriilicin par l'ioilf... [îlcii. lînuge, lîien.
Sans pou\oir réducleur amyloanijloses érjlliroamyloses achrooamjloses
Avec pouvoir réducleur. . . . amylodextiine ér^ llirodexlrine acluoode\li!ne
Avec réaction acide. ..... ac. amylo- ac.éruhio- ac. achroo-
dex.trinique de\lrinique dexlrinique
Les amyloses de Maquenne seraient ainsi rangées parmi les amyloamy-
loses et l'hydrate de carbone dérivé de l'amylopectine, dont le très faible
pouvoir réducteur est dû sans doute à des impuretés, parmi les érythro-
(') Ann. Pltys. et C/i., t. 73, i8/|0. p. iG-.
{'^) Zcilschr.f. wiss. Balaii., 1846, p. 119.
O Journ. f. praLl. Cli-, t. 61, l854, p. 1.
(*) Comptes rendu!!, t. 30, i856, p. 121 1.
( ■ ) Bull. Soc. chiin., t. 22, 1874, p. 26.
('■) Ber. deut. Bot. Ges., t. o, 1S87, p. 171.
(') Samec, Kolloïdch. Beit., t. tO, 1919, p. ■}.><{).
io82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
amyloses. Les différents membres de ces groupes peuvent affecter différents
états de condensation et certains d'entre eux sont capables de s'unir aux
acides polybasi([ues pour former des éthers, comme celui que nous con-
naissons sous le nom à'fimylopectinc ( ' ).
THÉRAPEUTIQUE. — Quelques remarques sur Faction des radiations lumi-
neuses et caloi'ifiques dans V héliothérapie. Noie (-) de M. E. Roux,
présentée par M. Quénu.
Les conditions exceplionnelles que présente pour la pratique de l'iiélio-
ihérapie ralmosphère au voisinai;e du massif du mont Blanc et plus spécia-
lement à Sainl-Ciervais m'ont permis de réunir de nombreuses séries
d'observations concernant le trailemenl. par cette physiothérapie natu-
relle, de plaies atones banales (ulcères variqueux, brûlures, plaies opéra-
toires, etc.), do fistules bacillaires, de tuberculoses ganglionnaires, de
lupus, d'arthrites chroniques tuberculeuses ou rliumalisiiiales, de névral-
gies scialiques ou autres. Un autre groupe de malades tiailés par l'hélio-
thérapie est représenté par un ceitain nombie de lubi'iculeux pulmonaii'es
chroniques.
Il serait banal de signaler les effets heuieux de Théliothérapie chez ces
divers malades. Du moins, est-ce une notion moins répandue qu<' celle de
l'action très différente, suivant tel ou tel état pathologique, de la lumière
solaire //ojV/^' ou chaude, toutes autres conditions d'application restant
sensiblement égales.
En hiver, dans les preinièi<'S heures de la jouinée. les ladiations solaires
sont exclusivement lumineuses, froides. Entre 12'' et i4'', aux radiations
lumineuses s'ajoutent des radiations calorifiques, chaudes. D<- telle sorte
que le malade exposé au soleil entre 9'' et 11'' subit une action presque
( ' ) Ce mode de classification ne parait pas présenter gi'and avantage sur cflui ipii
est généralement adopté. Il nous semble pUis logique de réserver, comme nous l'avons
fait, M. Uou\ et moi, la dénomination A'amrloses l\ tous les corps qui se colorent en
bleu par l'iode, y compris l'amylodexlrine qui n'est qu'une aniviose dégradée, et de
rejeter tous les autres dans la famille des dexliine?, quelle t[ne soit leur action, d'ail-
leurs très variable, sur la liqueur cupropolassique. Les érytliro- et aciirooamyloses de
ISI. Samec seraient ainsi réunies aux érytliro et acliroodextrines, ce qui est évidemment
plus simple, !.. M.
('-) Séance du iS a\ril 192;.
siUnce du 2*; AVRiT, 1921. io83
cvclusivcmnil pli()lollK''i'api(jur cl le nialacic exposé au soleil, entre 12''
et i4'', est souiïiis à une action phototlieimothéiapique.
Il m'a été donné d'observei' très nellemcnt que les malades porliMiis de
lésions tuberculeuses fermées (adénites, arlhi'iles et surtout localisations
pulmonaires) supportent très bien l'héliothérapie froid<', malinale, mais
sont incommodés par l'héliothérapie chaude de l'après-midi, qui entraîne
chez eux des poussées congeslives, de l'élévation thermique, des sueurs
pénibles, sinon même dangereuses en raison de leur évaporalion rapide.
Au contraire, les rhumatismes avec arlhropathies, névialgies, myalgies, etc.,
souffrent du soleil froid et retirent le maximum d'effets bienfaisants de la
double action thermique et lumineuse.
Il semble donc qu'on doive séparer netlement, au point de vue thérapeu-
tiijue, Vlipliophotothèrdoie et VhèUolhcrmotliérapie^ cela aussi bit'n pour le
choix de la station de cure que pour la saison de cette dernière (été ou
hiver) et que pour le moment de la journée où le malade pourra être exposé
à ce puissant agent de guéi'ison : le soleil.
A iG heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret,
La séance est levée à 17 heures.
A. Lx.
ERRATA.
(Séance du 11 avril 1921.)
i\ote de M. .1. de (iramont, Sur l'utilité en Astronomie physique de la
considération de sensibilité des raies spectrales :
Page 8g/i, noie (' ). au lieu de 1919, lire 19211.
Page 89II, ligne 2, au lieu de ne donnent plus, lire ne donne plus.
khS'i académie des sciences.
RUI.I.ETI.V BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages kf.çlis DA^s les séances de i'évrier 1921 (suite).
Cours de mécanique appliquée aux machines professé à l'Ecole spéciale du
Génie cis'il de Gand, par J. Bollvin; 6= volume : Machines et chaudières marines
et leurs appareils auxiliaires; 8= volume : Compresseurs, transmission du trat'ail
à distance, appareils de levage. Paris, \lbin Michel, 192 1; a vol. 25™. (Présentés
par M. L.-E. Berlin.)
Un piltore criminale : Il Caravaggio e la nova Crilica d'arte, par M.-L. Patrizi.
Recanati, Rinaldo Simboli, 1921; 1 vol. 25''". (Présenté par M. Cb. Ricliet.)
Otto Lehmasx. Separat-Abdrucken aus den Annalen der Physik, 4'^ série, vol. "il,
1916 : Die Stôrung der Strnktur homogener tropfbarfliissigej' Kristalle durch
Verdrillung ; — vol. 5^, 19 17 : Stiirung der Struktur Iropfbarffiissiger Kristalle
durch Beimischungen ; — vol. .'iâ : Fortschreitende Strutitur^vellen (scheinbare
Rolalionen) bei fliissigen Krislallen; — vol. 32 : Tropfen und Saulen kristalli-
nischer Flïissigkeilen mit verdrehter Struktur; — vol. 36, 1918 : ZurHydro-
dynamik schleimig-kristallinischer Fliissigkeilen : — \i>\. 61. 1920 : I cher
Sirukturverdrehung bei schleimig-fliissigen Krislallen. Leipzig;. ,l.-.\. Rarlli;
6 fasc. 92™.
Otto Leh.mann. Sonderalidruck ans den Verltandliingen der Dcutsvheit Physika-
lischen Gesellschafl. Braunscliweig, Friedr. Y'eweg el Sohn, 1918; i fa>c. 2.')'"'.
Otto Lehmann. SondurabdrucU ans Zeitschr. fiir anorg. u. allgem. Cliemie,
tonie 113. 1930: Die midckul re lUchtkrafl fliissiger Kristalle. Leipzig; i fasc'. 23''"'.
(A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2 MAI 1921.
PRÉSIDENCK DE M. Georges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CAPILLARITÉ. — Rectification et complément à une Note du i8 avril sur
l" aplatissement d'une goutte liquide animée de rotation. Note de
M. J. BoUSSlNIiSQ.
I. Une distraction regrettable m'a fait remplacer arc lang i , c'est-à-dire j
ou 0,7854, par I, entre les deux formules (11) et (1 2) de la Note citée (').
Il y a donc lieu de corriger les formules (12), qui deviennent
{12 bis) 6=:to(i — 1 .1S466A"), Aplatissement =ro,8466A^
Et les formules finales (16) (p. 94^) deviennent elles-mêmes
{16 bis) (~) ^0)9233, —:=; 0,9737, •jj=: 1,027.
Dès lors disparait l'étrange anomalie, à laquelle j'étais conduit, d'un
rayon maximum t„ de courbure du méridien, inférieur au rayon R de la
sphère équivalente à la goutte quant au volume.
II. Je me suis aperçu de ma distraction, en évaluant par les formules(io)
et (11) non plus seulement le demi-axe polaire b, mais l'ordonnée y du
premier quart de méridien, qui correspond à une abscisse x quelconque
entre zéro et a = t^a = *„ (i — A^), abscisse dont j'appellerai v le rapport
à ïo. La limite inférieure des intégrations en /, dans (11), devient alors
(') Comptes rendus, t. 172, 192 1, p. 945.
C. R., igai, I" Semestre. (T. 172, N» 18.) 80
Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
i /— — ^ OU, approximativement. \/— - — Kt l'on obtient, toutes réduc-
tions faites, au lieu de la première (12 bis) ci-dessus, l'équation générale
approchée de la courbe,
('7) r-'o[/r:^-Y(n'^^=^^y,/^ + io~)]'
se réduisant bien à la première formule (^12 bis) pour c =: o.
Comme c'est R qui est donné directement, et non k„, on élimineia »„
de (17) par les deux dernières (16 bis), en faisant, dans (17),
(18) (' = 0,9787 j^, io=i,o27R:
et R pourra même, dans les termes en />-, remplacer a, i, etc.
M. E. Bertin, en présentant un fascicule Sur le Rhin et le P/wne, s'exprime
comme il suit :
Dans ma Note du 6 janvier 1919, j'ai entretenu l'Académie de la possi-
bilité de relier Marseille, par une voie maritime, avec Anvers, Dunkerque
et éventuellement Rotterdam.
La présente Note, publiée par l'Association technique maritime, com-
plète la précédente en donnant le plan sommaire des navires de haute mer,
de 4".5o de tirant d'eau, qui navigueraient en sécurité sur les fleuves et
canaux de 5" de profondeur.
Dans l'intervalle des deux Notes, les espoirs légitimes, nés des termes de
l'armistice du 1 1 novembre 1918, ont été anéantis par les clauses du traité
de paix, au sujet de la frontièie du Rhin.
A la création de la voie maritime Anvers-Marseille, manque le motif
supérieur de la sécurité pour la Belgique et la France qui en aurait justifié
la dépense.
Le plan des navires propres à utiliser cette voie n'a, en 1921, qu'un
intérêt purement documenlaire. Cet intérêt suflit pour les faire publier,
parce qu'en Europe et ailleurs il ne manque pas de fleuves présenlant, sur
de longs parcours, une profondeur suffisante pour donner accès aux cargos
de /«'"jSo de tirant d'eau.
SÉANCE DU 2 MAI igai. 1087
NOMIiVATIOi\S.
M. le Prince Bonaparte est désigné pour représenter l'Académie, avec
les membres déjà désignés, à la séance qui se tiendra le 4 mai à la Sorbonne
en l'honneur des Institutions civiles de Napoléon.
MM. A. Hai.ler, Cil. MouREU, A. Bëhal sont désignés pour représenter
l'Académie à l'inauguration de la statue de Adolphe Wurtz qui aura lieu
le 5 juillet prochain à Strasbourg.
CORIIESPOIVDAJVCE .
GÉOMÉTRIE. — Sur une amélioration de l'inégalité isopérimétrique du
cercle et la démonstration d'une inégalité de Minko^xski. Note de
M, T. B(»i\.\ESEN, présentée par M. Hadamard.
Soient/) le périmètre et /"Faire d'une courlte simple fermée convexe.
D'après l'isopérimélrie classique du cercle, on a
où le signe d'égalité n'est valable que pour le cercle. L'inégalité (i) peut
être substituée par une autre plus précise, à savoir par l'inégalilé
où R est le rayon du plus petit cercle enfermant la couibe, r le rayon du
plus grand cercle contenu dans la couibe.
Pour démontrer l'inégalilé (2), il suflil d'envisager un polygone con-
vexe. Soit C un tel polygone, et soit C la courbe parallèle extérieure à la
distance p. Pour l'aire /' de C, on a l'expression suivante :
H>88 ACADÉMIE DES SCIENCES,
La fonctiony de p est positive pour les valeurs positives de p. Par des
considérations ^géométriques élémentaires, on peut obtenir les résultats
suivants : i" la fonction/' est négative pour p ^ —r, ce qui donne l'inéga-
lité (i); 2° /' est aussi négative pour p = — R, et en conséquence on a
lp,-p2l>H-/-,
p, et pa étant les zéros de la fonctiony, d'où l'inégalité (2).
Des considérations particulières montrent que le signe d'égalité, dans (2),
n'est valable que pour le cercle, c'est-à-dire pour R =r.
Soit maintenant G une surface simple fermée convexe : la projection
orthogonale de G dans la direction de coordonnées sphériques (ç, '>{') est une
courbe convexe de périmètre jo =/j(çp, '.[/) et d'aire /^/(if, ^). D'après
Cauchy, l'aire ct de la surface peut être exprimée par l'intégrale
(3) (7= — / 2fd(,:
l'intégration étant étendue sur la sphère de rayon i. D'autre part, nous
envisageons l'intégrale de contour
(4) /. = — fpfh.u
Pour la surface parallèle (extérieure si p > o) G' de G à la distance p, on
a l'aire de la projection
('5) /'^7rp^ + /;p + /,
et pour des valeurs de p telles que
-R(9, ^)<p<-/-(9, I),
/' est négative, sauf dans le cas où R =; r. Dans ce cas, la projection est un
cercle et /' est égal à zéro pour p = — R = — r.
Soient R,„ le minimum de \\{o, '\) et /•„ le maximum de r(o, '-p), on voit
facilement que '"jifR,,,-
En intégrant (5), on trouve l'aire a' de G' exprimée par
Pour d'-s valeurs de p telles que
— K„,<p</-M,
a'(çp, 'ji) est négative, sauf dans le cas où toutes les projections de la surface
SÉANCE DU 2 MAI I92I. 1089
sont des cercles. Dans ce cas, on a a'= o pour p = — H„= — /•„. En con-
séquence, on a
Pour la sphère seulement, on a
c'est-à-dire que de toutes les surfaces simples fermées convexes, dont Taire a
une valeur donnée, la sphère donne la valeur la plus petite pour l'intégrale
du contour. (H. Minkowski, VolurnTi iind Oberfldchp, Ges. Abh., p. 209.)
MÉCANIQUE. — Mouvement du centre de gravité d'un solide symélri<^ue
par rapport à un plan vertical se déplaçant dans un milieu résistant.
Note (')de M. Alayrac.
r^es formules généralement employées à la résolution de ce problème, en
particulier à l'étude du mouvement d'un avion à commandes bloquées,
supposent les conditions de régime réalisées, et admettent que le mouve-
ment est rectiligne et uniforme. Nous montrons ici, par l'étude de l'équa-
tion différentielle du mouvement (jue le mouvement rectiligne n'est stable
que sous certaines conditions.
I,e solide est supposé soumis à trois forces passant par le centre de gra-
vité; le poids, une force propulsive constante, et la résistance du milieu
faisant un angle constant avec la trajectoire, et proportionnelle au carré de
la vitesse. Tous les résultats subsistent si la résistance est proportionnelle à
une puissance quelconque ou même, sous certaines conditions, à une fonc-
tion quelconque de V (-).
(') Séance du 18 avril 1921.
(^) En prenant pour nouvelle variable p ^= -=- F( V), l'équation difl'érentielle trans-
formée prend exactement la même forme que l'équalion étudiée ci-dessous, le facteur
2p étant remplacé par -^ ^ /'(V). Dans la discussion des points singuliers, où l'on ne
conserve que les termes du premier degré, tous les résultats subsistent avec modifi-
cation des courbes limites de régions.
1090 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les équatioas du mouvement
m^ =F — RxV^— P sinw,
^ 'J'^ n i> r>
m — ; — := K , \ — r cos fj)
cit
donnent pour l'équation différentielle de Thodographe
— — V ^ — Clts <,,
f/V ~ F H;, ,„
____V— s.no.
qui pput s'écrire, en laissant de côté les cas intégrables P = o, Rj = o,
F = R^=o.
dp 2 p ( 7, — Il p — '^ i 11 0) )
C?(0 p — CO^(,J
en posant
p = -F^"' " = ïï;' '=^p-
L'étude de l'équation autour des quatre points singuliers
O : (,) =^ —, p rr o ; U : r,> -r^ > p = o ;
2 '^ 3 '
A et B intersections de la circonférence p — cosw = o et du limaçon
A — «0 — cosco — = G, conduit aux résultats suivants : Le point O est un col
si X <^ I, un nœud si A > i (faisceau tangent à co = - j • Le point O et le
point B sont toujours des cols. Le point A est un nœud ou un foyersuivant
que tangp^2v2 — 2m, ^ étant solution de l'équation A — «cosco — sina) = o.
Le point A est atteint pour r = 4- 00 si tangç <] 2m et pour / == — 00 pour
tango >■ 2«. Il y a un cycle limite dans les cas où le nœud ou le foyer sont
atteints pour ^ = — ao.
La courbure de la trajectoire est donnée [)ar l'étjuation
qui permet de déduire les formes de trajectoires de celles des caracLéris-
liques de l'équation. Il y a trois types de trajectoires : type 1, série de
boucles; type 2, ondulations amorties; type 3, forme parabolique.
SÉANCE DU 2 MAI I921. loyl
Points singuliers.
Retion>. 0. 0'. U. A. Cycle l'imilc r.irnie ilo» carn. Ii-risliqucs. Korniri .Ic5 trnjcrloire».
1 Nœud Col N'exisleiit piis Cycle limile 1 série du nœiul O au cvele Type 1 : Série de boucles
/=— » (=-!-«• liuiile. leiidant vers une ampli-
I série de l'o: au cycle limile. tude constante.
2 Id. Id. Col Nœud i série du nœud O au nœud .'\. Type 3 : Forme parabo-
(=+« I série de l'on au nœud A. lique avec boucles an
début.
3 Id. Id. Id. Koyer i série du nœud O au lover A. Type 2 ■. Ondulations ten-
(=+» 1 série de l'oo au nœud A daiil vers la lij;iie droite,
(enroulementsiuistrorsuni).
4 M. Id. Id. Foyer Cycle limite i série du nœud 0 au cycle Type !: .Série de boucles
/-^-« i=+x limite. (ondulations au début).
I série du no'ud A au cycle
limite.
1 série de IV a u cycle limile.
'.. . Id. Id. Id. Nœud Cycle limite i série du nœud 0 au cycle Type 1 : Série de boucles.
' = - » i=-\-x limite.
I série du nœud X au cycle
limite.
C; Col Id. N'existe pas Nœud Cycle limite i série du nœud A au cycle Type 1 : Série de boucles.
'=— "» /=+« limite.
I série de Vx au cycle limile.
7 Id. Id. Id. Foyer Cycle limite 1 série du foyer A au cycle Type 1 : Série de boucles
f=— « (=+« limite (ondulations au début),
(enroulement dexirorsum).
I série de l'oo au cycle limite.
S.,.., lil Id. Id. Foyer Partant de l'ao et s'enroulanl Type 2 : Ondulations tcii-
'=-+-" autour du foyer A (sinis- dant vers la lignedroite.
trorsum).
9 Id. Id. Id. Nœud Partant de l'x et aboutis- Type 3 : Forme parabo-
'=-!-" sant au nœud A. lique avec boucles au
début.
Si l'on représente les deux paramètres u et X par un point figuratif, les
conditions
se traduisant par les conditions imposées aux paramètres
l_
S/-2- il
Vg- 9,\l-2u 4-4m^ ^ \/n-4"'
l'angle positif des coordonnées est partagé en neuf régions par les courbes
v/9-8v/^M + 4«' v/' +-4"-
1092 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et la discussion précédente donne la forme des caractéristiques et la forme
(a) )> = v/.
(*)
Délimitation des régions.
(c) À:
\ig- X ^ 2U-¥- t^u'
(d) \ =
des trajectoires dans chacune de ces régions. Elle est résumée dans le
Tableau ci-dessus.
ASTRONOMIE. — Observations (le la comèle Wirinec/ce (ig2i b) faites à l'Obser-
vatoire de Bordeaux {ëquatorial de o"',38). Note de M. H. Godard,
présentée par M. B. Baillaud.
^« Nombre
Dates — — — ^ de
19M. * Aai. AP. riiinpar. Grandeur.
Avril 26 i3 — 3.3o,r7 — o. 3,3 2o;5 12,0
» 28 l4 4-2. 2,43 +4.31,1 20: 5 12,0
» 29 i5 -(-1.37,88 -t-6..Ti,o 24:6 12,0
Positions apparentes de ta comète.
Dates Temps moyen A<icen5ion droite Log. fact. Dislance polaire Log. fact.
1921. de Greenwich. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
h m s II m » o , „
Avril 26.. g. 38. 2,3 i6.34.4''68 ï,74o« 47-^2. 9,5 o,485„
» 28.. it. 16. 56,1 16.41.18,16 î,6i9, 47. 1.53,1 o,i84„
» 29.. 9.23.35,1 16.44 23.2.Î ï,746„ 46.45.13,7 o,5i9„
Positions ries étoiles de comparaison.
Ascension droite Distance polairv
moyenne Réduction moyenne Réduction
*. Gr. lOîl.n. au jour. l!i21.0. au jour. Autorités.
Il m s s o . „ „
13 8,1 16. 38. 9,65 -1-2,20 47.42. 5,7 4- 7,1 A. G. Bonn, 10671
l'i. 9,0 16.39.13,48 -1-2,25 46.57.1.1, .3 4- 6,7 .\. G. Bonn, 10680
15 6,2 16.42.43,11 -1-2,26 46.38. 16,2 -+- 6,5 A. G. Bonn, 10710
SÉANCE DU 2 MAI 1921. 1098
ÉLECTRICITÉ. — Emploi de la lampe à trois électrodes pour la mesure des
courants d'ionisation. Note de M. J. Malasse^, présentée par M. E. Bouly.
Les méthodes de mesure de l'intensité du rayonnement de Rôntgen, par
le courant d'ionisation que ce rayonnement détermine dans les gaz,
presque seules employées dans les recherches de laboratoire, sont peu uti-
lisées dans la pratique radiologique.
Les travaux récents ont inoutré tout l'intérêt qu'il y aurait à en généra-
liser l'emploi.
La lampe à trois électrodes, fonctionnant comme électromètre, permet
d'effectuer la mesure du courant d'ionisation d'une façon pratique, au
moyen du dispositif suivant. Un condensateur de capacité approprié à
l'intensité du courant à mesurer a l'une de ses armatures reliée à la grille et
à l'un des plateaux de la chambre d'ionisation contenant de l'air, l'autre au
pôle négatif d'une batterie de 4o volts, dont le pôle positif est réuni à l'ex-
trémité négative du filament. L'autre plateau est porté à un potentiel de
-f- 120 volts par rapport à ce filament. Une faible fraction de cette diffé-
rence de potentiel est utilisée pour porter la plaque à un potentiel positif.
Nous en préciserons la valeur ainsi que celle du courant du filament un peu
plus loin.
Dans ces conditions, si l'on relie les deux armatures l'une à l'autre, on
porte la grille à un potentiel de — 4° volts. Un milliampèremètre intercalé
dans le circuit de plaque ne décèle donc aucun courant. Entre les deux pla-
teaux de la chambre d'ionisation, il existe une ditférence de potentiel de
160 volts, nécessaire pour obtenir le courant de saturation.
Pour effectuer une mesure du courant d'ionisation, il suffira d'isoler
l'armature reliée à la grille. Les ions positifs se porteront sur le plateau
négatif et élèveront le potentiel de la grille. Pour une valeur bien déter-
minée de ce potentiel de grille et facile à connaître d'avance, pour — 4 volts
par exemple, le milliampèremètre dévie. Connaissant la capacité du sys-
tème, la variation de potentiel de la grille et le temps de la décharge, on en
déduit l'intensité moyenne du courant d'ionisation.
Pour que cette méthode soit applicable, il faut que le courant de fuite de
la grille soit très faible vis-à-vis du courant d'ionisation à mesurer. La fuite
par isolement imparfait de la grille est tout à fait négligeable par rapport
aux courants d'ionisation qu'on peut obtenir entre deux plateaux de lo*^™
de côté, distants de i*^™ pour un milliampère circulant dans l'ampoule.
lOg/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
courants qui sont de l'ordre de io~* ampère. Mais la fuite par apport sur la
grille d'ions positifs produits pendant le fonctionnement de la lampe est
beaucoup plus gênante. Cette fuite, qui dépend de la perfection du vide
réalisé, est variable suivant la lampe employée.
Pour toutes les lampes que nous avons essayées, nous avons constaté
que ce courant de fuite pouvait être rendu négligeable vis-à-vis du courant
d'ionisation produit par les rayons de Rôntgen, en ne faisant passer dans
le filament qu'un courant de o,4 à o,5 ampère et en ne prenant qu'un
voltage de plaque peu élevé de 20 à 4o volts au maximum.
On diminue ainsi beaucoup le nombre des électrons émis par le filament
et leur vitesse, donc le nombre des ions dans la lampe. De cette façon, le
courant de fuite peut être réduit à une vnleur inférieure à lo"'" ampère.
Ainsi, inférieure à l'électrotnètre à quadrants et à l'électroscope dans les
mesures des très faibles courants d'ionisation, la lampe est, au contraire,
appelée à rendre des services dans tous les cas où les courants d'ionisation
sont grands vis-à-vis du courant de fuite.
Elle a, sur lélectromètre à quadrants, l'avantage de ne pas nécessiter de
réglage et de pouvoir actionner un appareil enregistreur convenable.
PHYSIQUE. — Sur quelques conséquences de la^contraction île Lorentz au point
de vue de la cohésion, de la gravitation et de F électromagnétisme . Note de
M. F. GuÉRY, présentée par M. Paul Janet.
I. L'expérience classique de Michelson prouve que la vitesse de trans-
mission des phénomènes optiques n'est pas affectée par le mouvement de
la source, pour un observateur entraîné avec celle-ci.
En second lieu, le résultat d'une expérience de M. Sagnac permet de
supposer que, dans l'expérience de Michelson, la constance de la vitesse
de transmission par rapport à la source n'est qu'une apparence, et que
c'est bien en réalité par rapport à l'éther, milieu de référence général,
qu'on doit considérer la vitesse de transmission comme constante. Le déve-
loppement des conséquences de l'expériente de Michelson, dans l'hypo-
thèse ainsi justifiée d'un éther de référence, conduit, comme on sait, à la
nécessité de la contraction de Lorentz.
Enfin, l'expérience, en consacrant certaines conséquences de l'hypothèse
moléculaire, a conduit à se représenter la matière comme constituée d'élé-
ments n'occupant dans l'espace qu'une place extrêmement petite. La
SÉANCE DU 2 MAI 1921. lopS
contraction de Lorentz serait alors produite par une modification de la
force de cohésion due au mouvement relatif de la matière et de l'éther.
II. Si l'on considère un point se déplaçant dans l'éther d'un mouvement
uniforme, les points tels que des rayons lumineux, parlant en même temps
du point mobile, y reviennent ét,^alemcnl en même temps, après les avoir
atteints, sont sur un ellipsoïde de Lorentz ayant ce point pour centre, et
se déplaçant avec lui. On obtiendra donc une répartition des molécules
semblable à celle qui correspond à la contraction de Lorentz, en supposant
que la distance qui intervient dans les équations du mouvement sous l'ac-
tion de la force de cohésion est la moitié du trajet aller et retour d'un rayon
lumineux partant d'un point du système mobile et y revenant après
réflexion sur un autre point, substituée à la distance des positions simul-
tanées de ces deux points.
En ne faisant que cette modification dans les équations du mouvement,
on trouve, non pas un système contracté suivant la loi de Lorentz, mais un
système semblable et plus grand. On est ainsi conduit, pour rétablir
l'échelle exacte de la déformation, à appliquer un coefficient inférieur à
l'unité à l'effet de la force de cohésion sur les éléments des corps en mouve-
ment par rapport à l'éther. Les auteurs de la théorie cinétique ont envisagé
avec faveur, entre autres hypothèses, celle d'après laquelle la force de
cohésion serait proportionnelle à la cinquième puissance de l'inverse de la
dislance. Si l'on désigne par k le facteur de contraction de Lorentz, on
trouve, en appliquant aux équations du mouvement d'un point matériel
soumis à cette force, les modifications résultant de ce qui précède, que le
coefficient en question a pour valeur ^".
Nous appliquerons le résultat précédent à la gravitation et à l'électro-
magnétisme,
IIL Considérons un centre attirant, le Soleil par exemple, et un corps
attiré, la planète Mercure, pour fixer les idées, celte planète étant celle
pour laquelle les modifications de la loi de Newton doivent être le plus sen-
sibles, en raison de la grande vitesse de son mouvement.
Nons devons remplacer la distance des positions simultanées des deux
astres par le demi-trajet aller et retour d'un rayon lumineux et introduire
dans les équations du mouvement la modification résultant de la présence
du coefficient k'^ ^ ii — —\ ■
11 est facile de démontrer que le demi-trajet aller et retour est égal à la
distance des positions simultanées, au moins à un degré d'approximation
supérieur au carré de l'aberration.
1096 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On déduit de ce qui précède la nouvelle équation de la trajectoire.
Celle-ci est une ellipse tournant dans son plan avec une vitesse conforme à
celle déduite de la théorie de M. Einstein, qui pourra être considérée
comme vérifiée par l'expérience, s'il est bien acquis que le mouvement
séculaire du périhélie de Mercure est de 43" et non 38", chiffre de
Le Verrier.
IV. Considérons, d'autre part, une charge électrique se déplaçant en
ligne droite d'un mouvement uniforme de vitesse v par rapport à une autre
charge supposée fixe, a étant l'angle de la ligne joignant les charges avec
la direction du mouvement, on trouve la relation suivante entre la distance r
des positions simultanées et le demi-trajet aller et retour r'
\2-
En remplaçant r par ;•' dans les équations du mouvement et appli(]uanl
à l'effet de la force le coefficient ^"°, on trouve pour la valeur du champ
l'expression
(1) H= "
\-',
On peut, d'autre part, se demander à quelle expression du champ élec-
trique on parvient en appliquant à une charge en mouvement rectiligne et
uniforme la théorie de Maxwell-Hertz, relative au double circuit magné-
tique et électrique, et s'imposant la condition que le champ électrique reste
radial et qu'après l'application des relations qui définissent les champs élec-
trique et magnétique dans celte lliéorie. on retrouve l'expression du champ
électrique d'où l'on est parti. On ariive ainsi à l'expression suivante du
champ H d'une charge e à une distance r dans une direction faisant un
angle a avec celle du mouvement à vitesse t> de la charge
(^) H=_
Enfin, conformément à une ancienne théorie de Causs, par application
de la formule électrodynamique dWmpère, on peut chercher quelle modi-
SÉANCE DU 2 MAI I92I. IO97
fication du champ éleclrostalique de charges égales et opposées en mouve-
ment relatif constituant un courant équivaudrait au champ magnétique de
ce courant.
On arrive ainsi à la formule
(3) H = ^[,+ -!l(3sin^«-0]
qui sera une première approximation de la relation (2) si
Dans la formule (i) il manque le facteur k pour qu'elle puisse avoir
comme première approximation la formule de Gauss. Mais comme ce
même facteur ne se déduit pas non plus de l'application de la théorie de
Maxwell-Hertz et doit y être introduit arbitrairement pour la faire coïn-
cider avec l'expérience, on peut se demander s'il ne proviendrait pas d'une
propriété intrinsèque de la charge électrique ( ').
RADIOLOGIE. — A propos de la protection des tiers contre les rayons X.
Note de M. G. Co\tuemoulins, présentée par M. G. Lippmann.
Dans ma Note du 18 avril (^), je relatais deux expériences mettant en
évidence le danger couru par les habitanls d'étages contigus à des postes de
Rôntgen dépourvus de protection efficace.
J'ai complété ces recherches par des nouvelles dont voici le résumé
succinct :
Première erpérience : J'ai recherché si, derrière le mur d'un pavillon de malades
sis en face de mon laboratoire, il était possible de déceler la présence d'un rayonne-
ment X émanant d'un de mes postes. J'ai pris volontairement le plus éloigné.
Le mur a So'"" d'épai>seur, il est en briques et pierres, situé à i5™ du focus d'un
(') Si la loi de la force de cohésion était telle que le coefficient applicable à l'eflet
des forces sur les corps en mouvement fût k^ au lieu de k^, on trouverait, sans
retouchn, l'expression du champ électrique avant la formule (3) comme première
approximation; mais on ne trouverait plus que les | de la valeur indiquée par
M. Einstein pour l'anomalie de Mercure, c'est-à-dire 35", chiffre plus voisin par
défaut de celui de Le Verrier que celui de M. Einstein ne l'est par excès.
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. io3o.
1098 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Goolidge standard qui l'irradie obliquement suivant un angle de 40° environ.
Riivonnement utilisé : i^"^" d'étincelle. 2 milliampères. Pose : 4 heures.
La plaque utilisée est du type métroradiograpliique, elle est placée au contact d'un
écran renforçateur réduisant au ^ degré. Une bande de papier noir interposée entre
la surface sensible et l'écran sert de témoin pour éliminer le voile dû au déve-
loppement.
La plaque présente une impression générale très apparente, sauf à
l'endroit où se trouvait la bande témoin.
Deuxième expérience : Deux plaques préparées comme il est indiqué ci-dessus sont
exposées derrière des os humains et des objets métalliques à 40" de distance du focus.
Rayonnement utilisé : 17'='" d'étincelle. 2 milliampères. Pose : r heure.
Les clichés donnent des images correctes et remarquablement fouillées.
Troisième expérience : Une plaque, préparée comme il vient d'être exposé, est
placée derrière un crâne sec, un crabe en partie vidé, une bouteille en verre contenant
une solution de sulfate de cuivre à 3o pour 100, un radiochromomèlre, un morceau
de plomb de 3""°. L'ensemble est placé à 80"" du focus.
Rayonnement utilisé : ij'^'" d'étincelle. 2 milliampères. Pose : 4 heures.
Le cliché donne une image correcte.
Ces temps de pose ont été calculés en parlant d'un cliché type impres-
sionné à 2™ en 10 secondes avec 17*^"' d'étincelle et 2 milliampères.
On peut constater que les clichés obtenus à 2™ et à 4o" sont identiques.
Celui impressionné à 80" est plus léger, mais il faut tenir compte des
24 minutes retranchées au temps normal de pose et de l'interposition d'un
sapin .situé à 20™ sur le trajet des rayons.
Conclusion. — Il appert de ce qui précède que la portée des rayonne-
ments émis par les ampoules du type Coolidge est considérable; que ces
radiations conservent la propriété d'être dégradées par les corps qu'elles
traversent dans des proportions comparables, quelle que soit la distance.
Le faisceau conserve donc en grande partie sou hétérogénéité initiale,
puisque les images qu'il fournil des mêmes corps sont comparables à 2'",4o
et 80". A 4o'"j une compresse de lin donne encore une image à contraste.
Dans ces conditions, on ne peut nier, a priori, leur action biologique à
distance. Celle-ci décroît vraisemblablement comme la densité du rayon-
nenient, c'est-à-dire proportionnellement au carré de la dislance.
SÉANCE DU 2 MAI I92I.
1099
CHIMIE PHYSIQUE. — Les solutions saturées de deux ou plusieurs corps.
Application du principe de Le Chatelier. Note de M. C. Raveau.
Historique. — Dès 1893, Meyei lu^lTer (') étudie les équilibres auxquels
donnent lieu les quatre éléments des deux couples réciproques
NO'Am, MaCl. NO'Na, AmCI
en présence de solutions saturées. Des considérations de continuité
l'amènent à distinguer des solutions, dites congruentes. que l'on peut former
par addition des trois sels avec lesquels elles sont en contact et des solutions
non congruentes, siir lesquelles M. Rengade (*) vient de rappeler l'atten-
tion.
D'autre part, la stabilité, dont la considération est due à van't HofT, exige
qu'à une même température deux triades de sels seulement puissent être
en équilibre avec des dissolutions. Ces deux triades ont en commun les
éléments du couple stable (* ). L'analyse des solutions, l'observation directe
des cristaux avec lesquels on les met en contact montrent qu'au-dessous
de 5°, 5 il n'existe que des solutions congruentes. Au-dessus de celle tem-
pérature, une des solutions en équilibre avec une triade devient non con-
gruente. Tous les cas possibles sont discutés d'une façon approfondie.
Représentation géométrique. — Lœwenherz (^), puis van't Hoff (') consi-
(' ) Ueber reciproke Salzpaare (/. Abhandlung) : Tlieorieder reciproken Salze,nnt
besonderer Beriicksichtigungvon Saplmiakund Natrhimnitrat (Wiener Silsungsbe-
ric/ile, Band 104. Abl. 26, p. 8/io-85o).
(^) Comptes rendus, t. 172, 192 i , p. 60 et 218.
(') Quoiqu'en pense M. Rengade {loc. cit., p. 60), il n'y a rien de vague dans mes
raisonnements relalifs à la stabilité ( Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 914)- L'existence
des solutions non congruentes est une question de conlinuitt'. J'ajouteiai que cette
existence, d'une part, ne fait que compliquer l'examen préalable dont j'indiquais la
nécessité et que, d'autre part, elle change totalement l'interprétation qu'a donnée
M. Rengade de ses expériences à chaud et au sujet de laquelle je faisais des réseives.
(*) Ueber gesdttigte Lôsungen von Magnesiunichlorid und Katiumsulfat oder
von Magnesiumsul/at und Kaliumchlorid {Zeilschrifl fiir physikalisclie CItemie,
t. 13, 1894, p. 459).
(°) Notamiiieiil dans les Unlersuchungen uber die Rildungsverlidltnisse dei
ozeanisclien Salzablagerungen. Dans le Rapport sur la Cristallisation à tempéra-
ture, constante présenté au Congrès international de Physique de 1900 (t. 1, p. 464)i
une projection horizontale seule figure. Ce Raj)port contient les valeurs numériques
utilisées au paragraphe suivant.
:^
JN' ,r n o ^^
'oa-î^.
Ll 3R A R Y
'<. '►r /
IIOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
dèrent un modèle à trois dimensions rapporté à quatre axes, relatifs à
chacun des quatre sels des couples réciproques. Duhem fait coïncider les
directions des axes relatifs aux deux sels d'un des couples; les deux autres,
perpendiculaires entre eux, sont dans un plan P normal au premier. Je
propose de ramener les quatre axes à deux directions rectangulaires dans
ce que j'appelle le plan de base. Ce plan contient les huit lignes figuratives
des solutions saturées d'un sel en présence d'un second sel ayant un ion
commun avec le premier. Pour une solution quelconque, contenant
«NO'Am, èNaCl, cNO'Na, o'AmCl (sia>i, c^d) le point représen-
tatif aura pour coordonnées a — h dans le sens de l'axe NO'Am, c — d
dans celui de NO' Ma; la projection horizontale de Lœwenherz est con-
servée; la cote du point, qu'il suffira d'inscrire, sera 2(6 -j- rf) au-dessus du
plan de base. Dans l'espace on aurait une sorte de toit, à base octogone
plane et à quatre versants, brisés sur les plans normaux aux axes (')
deux de ces versants se coupent, ceux qui correspondent aux sels du couple
stable. La polygone de base se complique quand on a affaire à des sels
doubles ou à dilïorents hydrates.
Loi de réciprocité. — Soit une solution (ou un mélange) exactement
saturée d'un corps A et presque complètement saturée d'un corps B. Ecar-
tant d'abord tout excès de A solide, de façon que la quantité dissoute de A
ne varie pas, ajoutons B jusqu'à saturation. Rétablissant ensuite le contact
avec A, laissons l'équilibre se rétablir seul, c'est-à-dire sans nouvelle
addition de B. Si une seconde quantité de A se dissout, c'est que l'addition
de B augmente la solubilité de A. Mais la modification intérieure qui
accompagne ce retour à l'équilibre ne peut être que de sens contraire à la
première variation déterminée par l'introduction de B. C'est dire que B
cessera de saturer la liqueur. Donc, réciproquement, une addition de A
augmente la solubilité de B.
1° Soit l'équilibre ilu système Pb, Sn, Bi, qui a fait l'objel d'un travail classique
de M. G. Charpy (-). Le diagramme triangulaire «st divisé par les trois lignes de
double saturation £E(Pb, Bi), £E'(Sn, Pb), eE"(Bi, Sn). Menons les droites quj
joignent, par exemple, les sommets Pb, Bi à un point de eE. I^a condition de réci-
procité se traduit ainsi : les deux isothermes qui passent par le point précédent ne
(') Duhem {Thermodynamique et Chimie) n'a pas remarqué que la même brisure
devait exister sur ses surfaces le long du plan P.
(') Comptes rendus, t. 126, 1898, p. 1569. Bien (jue les corps en é(]uilibre avec les
mélanges foudus ne soient pas des métaux purs, leurs variations de composition sont
assez lentes pour que la loi s'applique encore.
SKANCE DU 2 MAI 1921. iioi
peuvent pas rire siii'cc.s dans des angles adjacents formés par ces deux droites. En
consé((iieiicc. (l'une part, sur presque tout le diagramme, ces isothermes sont situées
dans un même angle, celui qui comprend le lioisième sommet; d'autre part, en un
seul des points figurés ( 100", sur sli'), elles sont dans deux angles opposés ( ' ).
2° Sur le diagramme de Lœwenlierz {loc. cit.). l'addition d'un des sels KCI ou
SO'K- diminue la solubilité de l'autre; par contre :
3° L'addition d'une petite quantité de SO'Mg augmente la solubilité de SO*K-seul,
tandis que celle de SO'K- diminue la solubilité de SQ'Mg + 7II-O seul. Ce défaut
de réciprocité ne saurait se prolonger jusqu'à la double saturation. Rn efTet. nous
voyons que l'addition de nouvelles quantités de l'un ou l'autre sel détermine la préci-
pitation de schœnite, (SO')-Mg, K-+6ir-0. La réciprocité est satisfaite par ce
co'rps, accouplé séparément à chacun des sels simples.
Ln loi de réciprorilé peut subsister quand la solution cordient d'' autres corps
que A et B. Le dissolvant n'est pas nécessairement un corps unique, il peut
être un mélange quelconque. 11 suffit que la composition de ce mélange ne
change pas, c'est-à-dire qu'aucun des corps qu'il contient ne se précipite en
même temps que A ou B. Si l'un quelconque de ces corps atteint la satu-
ration, il suffit encore qu'il conserve cet état dans tout le [champ d'expé-
rience (-).
Ainsi la loi s'applique aux solubilités de KCI de la schœnite dans une solu-
tion toujours saturée de SO'K-, aux deux autres combinaisons qu'on peut
obtenir par permutation de ces trois sels, etc.
Les résultats de certaines mesures sont en désaccord avec la loi. En pré-
sence de MgCl--f- 6H-0 en excès, la solubilité de la carnallile augmente-
rait de 5""°' '/i à 12""' pour 1000""' d'eau, par addition de SO'Mg, tandis
que la solubilité de SO'Mg -f- 6 H- O diminuerait de 48 à 36 par addition
de carnallile. Ces mesures devront être reprises.
En résumé, l'étude des solutions saturées de plusieurs corps doit dépouiller
( ' ) On constate aussi très facilement que la quantité de B à ajouter pour obtenir la
saturation est plus grande si on laisse A en contact (double saturation) que si on
l'éloigné. C'est une conséquence de la forme que j'ai donnée aux lois du déplacement
de l'équilibre {Comptes rendus^ t. 138, 1909, p. 767).
(-) Dans les notations de Gibbs, on a
du^ _ dy.., _ / diJ., \ /ànit'x _ _ f àjJ^\ / àni.,\
dnu_~^ i)m^~ \ànij ,„\i)in.,) ^,,^~ \àin,) ,„\<hnj „'
. Les dérivées de [j.,, p., dans les deux derniers termes sont positives pour des solu-
tions stables. Elles peuvent être prises en laissant arbitrairement constants W3 ou ;j.,,
ni; ou fjt., etc.
C. R., 1921, 1" Semestre. (T. Ml, N« 18.) 81
1102 ACADEMIE DES SCIENCES.
la nature purement descriptive qu'elle avait jusqu'ici dans les Ouvrages de
Thermodynauiique. En chacun des points du diagramme sont satisfaites des
conditions d'ittégalilé qui les rendent solidaires les uns des autres. Les nom-
breuses mesures exécutées fourniront un riche matériel de vérification
d'une conséquence du principe de Carnot, en même temps qu'une révision
attentive permettra de rectifier les données qui sont en contradiction avec
la loi de réciprocité.
CHiMir: PHYSIQUE. — Sur la dispersion spécifique des carbures d'hydrogrne.
Note(' ) de M. E. Dakmois, présentée par M. Ilaller.
Dans une Note précédente (-), j'ai indiqué que la dispersion spéci-
fique — était une quantité approximativement constante pour chaque
série de carbures d'hydrogène présents dans les essences de pétrole. Les
nombres fournis par l'expérience étant assez variables dans certains cas, il
est intéressant de les comparer à ceux qu'on peut calculer à l'aide des
réfractions atomiques.
Les réfractions et dispersions atomiques selon Lorenlz ont été recalculées récem-
ment par Eisenlohr et Auwers {').
La dispersion moléculaire -T|y(n,) — f{n..)\ s'écrit -^(/'i — "i)f '{"')■,
oîi f est la dérivée de y, et v une valeur intermédiaire entre tî, &\. n.,. Dési-
gnons par c, et c,, h^ et A^, /, et /.. les réfractions atomiques du carbone, de
l'hydrogène et de la double liaison pour les deux radiations. Pour un
carbure C/' H-'' on aura
•^"^/, N p(c,— c,) + 2f/(/i,~-/u_)-hl,— /.,
dans le cas d'une double liaison.
i" Carbures suturés cYcliques q =^ p. — Si la fonction utilisée est celle de
(iladstone, /''= i et -^ = cousl. Les réfractions atomiques correspondant
(') Séance du a") avril ii(2i.
(') Comptes rendus^ t. 171, u)20, p. flSa.
(') EisKNi.oHR, Z. ph. CItemie, t. 7.'j, 191 1, p- 585. — ArwEiis et Eisenlohr. Ibid.,
t. 83, igr?, p. /129.
SÉANCE DU 2 MAI 1921. IIo3
à cette formule sont mal connues, il est diflicilo de donner une valeur
précise de la constante.
Pour la fonction de Lorenlz on a/'=î -rj^ — -;• Or, la quantité /' est
peu variable d'un bout à l'autre de la série. Du cyclobexane (C) au
menthane (C'") /' varie de moins de ^^ ( ')• î^e résultat est donc le même.
On doit avoir
Utilisant les valeurs d'Eisenlohr pour H^, et H, :
f| — (or^OjOSG, /(, — /j.,:=0,019,
on trouve
A«
Ar^n.ooSiô, /"=: 0,526 et — r^i55.io '.
•' d
C'est le nombre donné par l'expérience.
2° Carbures saturés aliphatiques (j ^ p + i . On trouve
OÙ £ tend vers zéro quand p augmente. /"' subit ici de C à C" des varia-
An
d
(I
tions dans le même sens que i et le quotient — est constant.
j-, -i" .,.1 1 -i" i,,i 1
/'. — 10' cak-. — IIH nbs
«.G^H" 1,364 0,549 i58'*'
C*H" i,4o'3 0,535 139,0 i56
«.C"'H-- 1,4 '3 o,53i 159,0
3° Carbures non saturés aliphatiques
(1") /, — /o = 0,2076.
On trouve
A« ., , o, io35
-— f =K-^-l ,
d - p
on prévoit que — sera peu variable avec/j et qu'il sera plus grand que pour
les carbures saturés.
( ' ) La valeur utilisée dans le calcul est — ~ •
(-) L'accord est satisfaisant.
Ilo4 ACADÉMIE DES SCIEXCES,
/. :^10«calc. :^ 10' Ob',
C'H"' i,38ii 0,543 204 194
C«Hi^ r,4oo 0,536 198 îo4(')
C'II'" 1.418 0,529 189 1S8
4° Carbures non satures cyclif/ues
d ■ 7/> — I
/. àflO'caic. :^t(l'(,l,s.
(I"H'- i,45"j 0,5)5 191 191
:^° Carbures non saturés alipliutiqucs
, ,, ^"- ,, . o, 186
d ■^ '•p — I
f. ^ lu- cal.-. ^l(l-obs.
C'H' ijSgô 0,537 «54 220-9,>.7 (liriihl)
C^H'o 1,406 0,534 937 228,5 (Briihl)
C"H'° •)4'->-9 o.53o 225 23o (Auwers)
L'accord est peu satisfaisant, surtout pour le valérylèno.
G" Carbures benzèniques. — Au poinl de vue (|ui nous occupe, on admet
([u'ils se comporleni comme ayanl trois doubles liaisons.
On a alors
a ' r p — o
V. / . — Kl' calr — 10' olis.
C.'W' I ;5o9 0,495 293 298-308 ('-)
CM" i,5o4 0,493 271 3oo
C°ll'" 1,5 17-1,508 0,493-0,496 259 294-297
Le calcul indique une décroissance de — r-; les valeurs expérimentales
montrent la même décroissance, mais beaucoup moi /i s rapide.
Conclusion. — La constance approximative de la dispersion spéciPupie.
(') (Concordance moins satisfaisante.
(^) Vx non 388 coiiiine il a été iinpiiiné par errenr dans la Note précédente.
SÉANCE DU 2 MAI 1921. IIo5
règle déduile iinnr-édialeineiil de l'expérience, csl prévue lliéori(|uemenl
pour les carbures salures. L'accord avec les formules esl: beaucoup moins
bon (|uand le corps esl plus ou moins éihylénique. La varialion conslalée
dans une série esl en loul cas beaucoup plus faible que celle ([ue l'on
calcule.
CHIMIE MINKRALE. — Sur le létmiodure de Icllurc .
Note de M. A. Damiens, présentée par M. H. Le Chatelier.
Dans des Notes précédentes, nous avons montré que l'iode et le tellure
ne réagissent lun sur l'autre que pour donner un seul composé défini : le
Létraiodure TeL'. Ce corps qui a été très peu étudié présente cependant de
l'intérêt, à cause de la relation établie dans sa formule entre l'iode et le
tellure, dont les poids atomiques ont été si longtemps controversés (').
Nous avons pu obtenir le tétraiodure de tellure par deux méthodes nou-
velles :
1° L'étude thermique du système iode-tellure (-) nous a montré que le
tétraiodure est presque complètement insoluble dans l'iode liquide, et ([u'il
ne se forme pas entre ces deux corps de solution solide. En faisant réagir
l'iode en excès sur du tellure finement pulvérisé, et laissant refroidir le
mélange très lentement, on obtient une masse constituée par des cristaux
de tétraiodure, liés par des ci'istaux d'iode. Cette masse, concassée, est
soumise, dans un extracteur spécial (^), à un épuisement méthodique par
le tétrachlorure de carbone fréquemment renouvelé. Le résidu est constitué
par du tétraiodure présentant à l'analyse une composition très voisine de la
théorie (iode pour 100 : 79,53; 79,81: 80, i5; 80,07; ^°' ^°)- ^" réalité,
si l'on pulvérise très finement ces cristaux, la poudre obtenue cède encore
des traces d'ioile libre au tétraehiorure (environ ^„^^^„ du Tel' mis en jeu).
2" L'étude de la vaporisation du système iode-tellure (') nous a conduit
d'autre part à isoler un produit répondant 1res exactement a la formule TeL'.
Les cristaux de tétraiodure se déposent à 100° environ, aux dépens d'une
vapeur renfermant un excès d'iode, ([ui, lui, ne se dépose pas à cette tempé-
rature, et qui, de plus, comme nous l'avons montré antérieurement, ne
I ' ) L'éUide lli^tol•ique sera donnée dans un autre Mémoiie.
(-1 A. Damiens, Comptes rendus, t. 171, ig'îo, p. ii^o.
(^1 IvuMAGAwA et SuTo, Biochemischc Zeitsclirlft, t. 8. 1908, p. ita.
1 ') A. Damie.ns, Comptes rendus, l. 172, 1921, p. 447-
IlOb ACADÉMIE DES SCIENCES.
donne pas de solution solide avec le têlraiodure. Finement pulvérisas, ces
cristaux ne cèdent pas d'iode au tétrachlorure de carbone.
Les conditions donnant les meilleurs résultats sont réalisées en cliauflanl
dans des tubes scellés à i5o"- 160" pendant plusieurs heures h; tétraiodure
obteim par notre premier procédé décrit. On réalise ainsi une purification
qui fournit 3ob de produit purifié pour loo^de produit initial. En chauffant
plus haut, l'opération est plus rapide, mais le rendement t-n tétraiodure
diminue.
Composition de ce produit :
Trouvé.
Théorie. I. II. III. Tv . \. VI,
Iode pour 100... 79,93(') 8o,i'î(-) 79,76(=) ,. » « 79-77(')
Tellure pour 100. 20,071') » » 20,140 '9>8j(^) i9»84('') »
L'iode a été pesé à l'étal d'iodure dargent, le tellure à l'état de sulfate
basique.
Obtenu par fusion, le tétraiodure se présente en petits cristaux noirs
brillants; par sublimation, en lamelles foliacées ayant l'aspect et la couleur
du graphite. Ces lamelles peuvent atteindre 4"'™ à 5""° de longueur. 11 ne
fond pas sous la pression ordinaire, sans se décomposer. La fusion en tube
scellé a été observée à 280". Densité à i5°( prise dans CCI') : 5,o5. Volatil
et dissociable un peu au-dessus de 100° : la vapeur émise renferme toujours
un excès d'iode, correspondant à une dissociation.
FI est peu soluble dans l'alcool, l'acétone, l'acétate d'amyle, insoluble
dans^réther, l'acide acétique, le chloroforme, le sulfure de carbone et le
tétrachlorure de carbone.
La facile dissociation du tétraiodure limite aux basses températures les
actions chimiques à envisager : au-dessus de 100°, le corps réagit comme
un mélange d'iode et de tellure.
L'hydrogène est sans action sensible jusqu'à i5o".
Le chlore et le brome l'attaquent rapidement à froid pour déplacer
l'iode.
L'eau froide l'attaque lentement, l'eau chaude^ plus vite, en donnant de
l'acide iodhydrique qui se dissocie bienlùt et libère de l'iode.
I ' I Poids atomique. 1 : i26,9>. ; Te : 127,0.
(-) l'^clianlillon nio^en de 5 opérations.
{■') Kchanlilion provenant d'une opération.
(■) llciianlillon d'une opéralion.
SÉANCE DU 2 MAI 1921. Il 07
L'air luiiuule esl sans action sur le télraiodure. Les alcalis, potasse,
soude, ammoniaque, l'attaquent rapidement en donnani un tellurite et un
iodure alcalins, fait que plusieurs auteurs avaient déjà indiqué. Les sulfures
alcalins le dissolvent rapidement.
Les acides sulfurique, clilorhydrique et nitrique l'attaquent très lente-
ment à froid, plus vite à chaud, en libérant de l'iode. Par l'acide nitrique
fumant, la réaction est rapide et complète; l'iode précipite, le tellure entre
en solution à l'état de nitrate.
L'acide iodhydrique le dissout en donnant un iodhydrate, les iodures
alcalins en donnent des sels doubles.
L'alcool anhydre dissout un peu le télraiodure. S'il est iiydraté, il se fait
de l'iodure d'éthyle.
L'ammoniac gazeux anhydre attaque vivement à froid, même à ~ 80",
en donnant, sans dégagement d'aucun gaz, de l'iodure d'ammonium et un
corps de couleur jaune, susceptible de faire violemment explosion par
choc ou par chauffage, renfermant encore de l'iode après une quinzaine de
lavages à l'ammoniac liquide, et soluble dans la potasse qui «m libère de
l'ammoniac. Nous n'en avons pas poursuivi l'étude.
Les hydrogènes phosphore et arsénié ne réagissent que bien au-dessus
de 100°. Les produits obtenus sont les mêmes que ceux donnés par ces
mêmes corps avec l'iode.
Le sodammonium réduit énergiquemenl le tétraiodure. Il se forme un
iodure alcalin et du tellure libre qu'un excès de sodammonium transforme
en tellurure de sodium.
En résumé, le tétraiodure de tellure pur, que nous avons préparé, est
un corps parfaitement défini, qui peut servir, en raison de ses propriétés,
pour la préparation de nombreux dérivés du tellure.
CHIMIE ORGANIQUE. — Hydrogénation catalytique des phénylhydrazoncs.
Noie ( ' ) de M. Alimioxse Maii.iie, transmise par M. Paul Sabalier.
On sait que l'hydrogénation des phénylhydrazones des aldéhydes, effec-
tuée en solution alcoolique à l'aide d'amalgame de sodium et d'acide
acétique cristallLsable, conduit à un mélange de deux aminés primaires,
(') Séance du 18 avril 1921.
IIO.S ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont l'une est l'aniline :
G«1I%NH.N = C11R + 2ll^ = C'115iNll- + lU'.H^NII-,
Arijousof (') a montré que les phényllix drazones des aldéhydes se
dédoublent au contact de certains chlorures métalliques en nitriles et
aniline.
On pouvait se demandei' comment se comporteraient ces composés par
hydrogénation de leurs vapeurs au contact du nickel chauffé à une tempé-
rature assez basse, comprise entre i8o° et 190°. On sait que la plupart des
phénylhydrazones sont des liquides visqueux qui distillent à la pression
ordinaire en se décomposant partiellement. Il y avait lieu de craindre que
l'hydrogénation par voie sèche ne conduise à une destruction profonde
de la molécule. L'expérience a montré qu'il n'en est rien si l'on prend
la précaution de pratiquer la réduction dans un rapide courant d'hydro-
gène.
I" Valeralf/é/iyc/r p/iénYlhydrazone O' H' NH ."S = GHC'H". — Elle bout
à i83" sous 32""". J']ritrainée lentement en vapeurs par un fort courant
d'hydrogène, sur du nickel divisé cliaull'é à 180°, on peut la transformer
complètement sans mouiller le catalyseur. Le liquide condensé, soumis au
fractionnement, fournit : 1° un peu à'isoaniylaminc, bouillant à 98°; 2° une
quantité importante d'isoi/myfniin/c, bouillant à 129°; 3°, entre i(io°-20o'',
distille la majeure partie du produit (jui est constitué j)ar de l'aniline,
mélangée d'une faible portion de diisoamylamine.
<)n voit qu'au contact du nickel à 180°, l'hydrogénation de la valéral-
déhyde phényihydrazone, produit deux réactions bien distinctes. La pre-
mière, peu importante, scinde la molécule à l'union des deux atomes
d'azote en donnant deux résidus qui, saturés par de l'hydrogène, four-
nissent de l'aniline et de l'isoamylamine dont une partie se dédouble en
ammoniac et diisoamylamine :
C«llMNll.N = CH.C'irJ+ aH- = C II iMP + C-H'CH-NM-.
La seconde réaclion, tout à fait prépoii Jéranle, décompose la phényi-
hydrazone en aniline et isoamylnilrile :
(;'II'M1.N = CII(:'II' C ll'MI- i-Oll'CN.
2" Isobulahléhydc pkénylhydrazone O' 1 P NU . N = CIL Cil (Cil ')^
(') .li)iirn'jl Sor . l'IiYS. cliiiii. riis\c, l. 'i.'i. ii)r>. n. ~\.
SÉANCE UU -2 MAI I921. I 109
C'est un li(|{iide, bouillanl à i()7°sou.s Sa""". Son liydrogéntition, effectuée
dans les mêmes conditions que la précédente, a fourni un liquide d'où l'on
sépare par rcclilicalion : des traces cVisahiih/amine, une dose importanle de
nitrile isobutyriqnc, bouillanl à 108°, et entre 1 60" et 190°, un mélange à\mi-
line et d'aminés alipliatiques qui le rendent alcalin au tournesol. On dose la
proportion de ces dernières bases à l'aide d'acide oxalique -Il suffit de
verser 5""' d'acide titré pour obtenir le virage de l'indicateur, ce qui
indique la faible quantité de bases aliphatiques qui accompagnent l'aniline.
L'isobutaldélivde pbénylhydrazone s'est comportée comme son homo-
logue supérieur au contact de nickel et d'hydrogène, à 180°.
(La constitution des phénylhydrazoues des cétones aliphatiques,
C'H^NH.N = CR-, montre qu'il ne peut pas se former de nitrile par
dédoublement. Il était dès lors intéressant d'examiner les produits de
l'hydrogénation cataly tique de ces composés.)
i" Acétone pliénylliydi-azonc C'H^NH. N = C(CIP)-. — Son hydro-
génation, effectuée à 180", ne produit qu'une transformation incomplète. 11
faut pousser la température jusqu'à 22o°-23o°, pour obtenir une réaction
sensiblement totale. Du liquide obtenu, on isole facilement Visopropylamine
et la diùopropylamine^ puis une fraction importante constituée par de
l'aniline ayant entraîné un peu d'aminé tertiaire.
Toutes les fractions sont entièrement solubles dans l'acide chlorhydrique
dilué. La réduction de l'acétone phénylhydrazone n'a lieu que d'une seule
manière, suivant l'équation
C« H^ NH . N = C ( Cl 1^)^ -1- 2 H^ = C« H= NIP + (G113)'^CH . ^41-.
2° Mélhylpropylcl'tonc phénylhydrazone C'H *NH.N =; C^' p„^^Pj,.,p..3-
— Elle distille à i85° sous 65""™. Hydrogénée à 23o°, sur le nickel, elle
fournit un liquide d'où l'on retire par fractionnement une aminé primaire,
Vamino-i-pentane, qui bout à 87" et un mélange d'aniline et d'aminé
secondaire aliphatique, la bis-{métho-i-butyl)-amine, qui a été dosée par
l'acide oxalique — i3s de mélange renferment 2^,71 de bas'e secondaire.
Ces résultats montrent que l'hydrogénation des phénylhydrazones des
aldéhydes et celles des cétones est bien différente.
Les premières se décomposent surtout en nilriles et aniline, sans l'inter-
vention de l'hydrogène. 11 y a formation accessoire d'aminés aliphatiques.
Les secondes subissent une réaction hydrogénante complète, avec rupture
ACADEMIE DES SCIENCES.
(le la chaîne à l'union (les deux atomes d'azote, ce qui entraine la pioduclion
d'aniline et d'une aminé alipiialique |tiim;iire, dont la décomposition par-
tielle donne l'aminé secondaire.
GÉOLrx,GiE. — Ohseivations touchant une Note sur la tectonù/ue
des Pyrénées occidentales. Note (') de M. 1*edro l*.\t,Acios.
Une Note de M. V. Stuart-Menteath Sur la tectonique des Pyrénées of ci-
dentales (-) renferme quelques appréciations sur un travail (publié dans le
Tome 60 du Bulletin de V Institut géologique d Espagne) sur les Pyrénées de
la Navarre que je tiens à relever.
Je noterai d'abord que dans aucun passage du Bulletin, malgré l'aflirma-
tion de M. Stuart-Menteath, l'existence du ^^ ealdien dans la chaîne monta-
gneuse qui s'étend du col de Velate jusqu'à Lecuniberri n'a été signalée. Où
ce terrain apparaît bien déterminé et bien reconnaissable, c'est dans la
chaîne de Aralar. Le Wealdien affleure sur le versant septentrional de cette
montagne tout le long d'une bande plus remarquable par sa longueur que
par sa largeur, ap[)uyée sur des calcaires jurassiques et servant de base à
une série de couches aptiennes.
Il est indéniable qu'entre le col de Velate et Lecumberri l'Albien et
l'Aplien atteignent un plus grand développement que le Cénomanien. ainsi
que le démontrent des indications paléontologiques plus concluantes et
plus certaines que ne sont d'ordinaire celles que fournissent les Orbitolines.
J'ajouterai, même qu'il est indiqué dans la 6gure n" 12 du Bulletin, que
le véritable Cénomanien de Lecumberri ne repose |)as directement sur le
Lias, mais par l'intermédiaire du Gault.
On lit dans cette Note que « Le Gault est reconnu en plein Sénonien de la
nouvelle carte ». Si l'on veut affirmer que j'ai confondu le Gault avec le
Sénonien, cette affirmation serait gratuite et des plus \agues tant qu'on ne
fixerait pas l'endroit ou les endroits auxquels se rapporte cette eri'eur, qui.
du reste, est bien peu probal)le puisqu'il s'agil de terrains dont la distinc-
tion n'olTre pas, du moins en Navarre, de grandes diflicuUés.
Dans mon article sur le terrain cambrien, paru dans le même Toiiie du
Bulletin, je décris, avec une assez grande clarté, à ujon avis, en traitant
(') Séance du 25 avril 1921.
(') Cnmpica i-ctulu^. t. 171. 1920. p. '(n'i.
SÉANCE DU 2 MAI 192 1 Illl
un [jrofil !;éolog;i(iue, la silualion topograpliique et straligraphique du
lambeau de terrain que je rapporte à cet âge. Il n'y est pas question,
comme semble l'entendre M. Stuart-Menteath, des terrains silurien et
dévonien que sillonne le ravin de Changea où l'on trouve les vestiges
d'exploitations minières, auxquelles il fait allusion. Le terrain que je
regarde comme cambrien se trouve à l'ouest de cette région dont il est
séparé par le mont Altobiscar. (,)n y constate un grand développement
superficiel au col de Ibafieta et sur ses deux versants. Il n'est pas constitué
exclusivement par des grès ou des quartzites, mais par une série de schistes
argileux, phyllades et dalles de grès dont la série totale représente une
épaisseur considérable sous les quartzites; ceux-ci correspondenl, comme
je l'ai déjà démontré, à la base du Silurien qui forme les crêtes de la cime du
mont Altobiscar, et qui, de plus, affleure à la suite de ce massif au Nord
et au Sud. En outre, je suis surpris par la phrase qui attribue aux besoins
du raccordement la cause d'avoir signalé dans ma carte le lambeau cambrien
en question, lorsque, précisément, ce lambeau, qui traverse la frontière
française, constitue un désaccord entre ma carte et la carte ^officielle de la
nation voisine.
Je dois ajouter de même, au sujet de certaines indications de Stuart-
Menteath, que je n'ignore pas l'existence du Cénomanien en contact avec
le Paléozoique, au pied des montagnes de Ronce\aux, puisque, dans le
Bulletin précité, je le signale non loin de là, au nord-est de ce village.
Le Trias marqué dans le profil géologique n° 13 du Bulletin correspond
à un petit lambeau de grès rouge isolé au sud du Copacoa, hauteur
granitique séparée de la Pena de Aya par le ravin de Endara. La dispo-
sition que présente ce lambeau est celle indiquée dans mes notes prises
sur place. A mon avis, ce lambeau triasique ne repose pas directement
sur le Silurien, mais sur le Carbonifère qui est aussi représenté dans les
alentours de ces massifs granitiques, mais pas avec une grande épaisseur, et
qu'on peut facilement le confondre avec celui-là. Il en est ainsi en d'autres
portions des montagnes de ?Savarre, c'est à cela qu'est sans doute dû que,
dans un croquis intitulé : Carte géologique des Pyrénées au sud de Biarritz,
annexé à une des brochures de M. Stuart-Menteath, publiées sous le titre :
Les gisemenf-s mètatli j ères des Pyrénées occidentales, la grande chaîne dans
laquelle se détachent les Pics de Azcua et de Aiscolegui entre Bertiz et
Echalar, est portée comme silurienne, bien qu'elle se trouve formée d'une
série de poudingues, grauwackes, schistes, psammites et grès, avec Cala-
mites, évidemment superposée, au terrain dévonien de Bertiz.
II 12 ACADEMIE DES SCIENCES.
Quelques autres détails inexacts, et s<' rapportant à diflén-nls terrains,
s'observent également dans le ci'0([uis indicpié, parmi les([uels je remarque
particulièrement une grande bande de terrain daiiien située à l'ouest de
^^adoz, à l'endroit correspondant aux hautes cimes de Aralai- dans
lesquelles on voit partout affleurer les bancs de calcaires aptiens.
La bande de flysch cénomanien irpi'ésentée dans ma carte el gisant au
pied de la Prfia de Aya, s'étend en Navarri' le long du ravin de Endara.
qui, depuis le col de Vi-echulegui descend pour se jeter dans la Bidassoa non
loin de Endarlaza. La situation de ci- lavin figure ainsi représentée sur la
carte géogi'aphiqiie (|ui a servi de base à la géologie de l'Espagne |)Our
l'exactitude de latiuelle tous les moyens possibles ont été mis en oMivre. Un
doit remai'([ner (pi'entr*^ ce ravin et le faubourg de Zalain, s'élève une ligne
de partage dont font partie les hauteurs de Escolamendi.
En ce ([ui concerne le Trias et le Crétacé de la région de Vera, je ferai
remarquer ([ne l'association de l'un et de l'autre n'est ni constante ni aussi
continue que semble rindi(iuer M. Stuart-Menteath. Eu face de Alzate et
Vera les couches de la bande crétacée inférieure au flysch reposent direc-
tement sur le paléozoïque. Il en est de même au nord de Vera, car si l'on
\ voit de gros bancs de grés associés à un conglomérat et ([ui rappellent
vaguement les caractères des couches triasi(|ues, leur âge véiitable se trouve
démontré par les restes indiscutables dv Janira et d'Orbitolines que j'y ai
trouvés.
De plus, les conglomérats, qui, superposés aux grauwackes carbonifères,
forment les petites collines de la montée de Alzate au col de la Sare, sont
par leurs caractères et par certains détails de leur composition très dilTé-
renls de ceux du Trias qui affleurent non loin de là. Ils sont au contraire
semblables à ceux que l'on voit à Zugarramurdi appuyés sur le grès rouge
des pentes de Peùaplata, et il faut remarquer qu'on peut y voir intercalés
des lits argileux semblables à ceux du flysch.
Il me reste à déclarer que, même si ma carie el mes travaux sur « Les
terrains de Navarre » peuvent être utilisés pour relier le tracé de la carte
géologique d'Espagne avec celui de la Errance, je n'ai en rien subordonné
les résultats de mes recherciies à des fins con\entionnelles el préconrues ;
je les ai exposés, sans aucun parti pris, tels que je les ai loyalement inter-
prétés.
SÉANCE DU 2 MAI I921. in3
GÉOI.OGU:. — Sur l'âge des couches les plus anciennes du Massif armoricain.
Note de M. F; Kekkokne, présentée par M. Pierre Termier.
Si l'on étudie les couches les plus anriennes de la Nappe de la Vilaine,
on trouve la succession suivante de bas en haut :
I" Poudingue pourpré ;
2° Schistes rouges et verts ;
3° (îrès à Dinobolus;
4° Schistes intermédiaires;
5" Grès à Ogygia armoricana.
Les deux premiers niveaux sont rapportés au Cambrien; les seuls fossiles
qu'on y ait rencontrés sont le Vexillurn Desglandei Rou. et une Lingule très
voisine sinon identique à la Lingula Lesueui-i Rou.; le poudingue pourpré
paraît bien être un poudingue de base.
Les trois suivants, qui leur succèdent avec un passage graduel et insen-
sible, sont rapportés à r()rdovicien inférieur et contiennent une faune
relativement abondante; ils constituent le grès armoricain des auteurs.
Au-dessus viennent les schistes à Calymènes avec Didymograptus Mur~
chisoni Beck à la base, qui se parallélisent avec le Llandeilo.
M. Ch. Barrois a étudié la faune du grès armoricain et en a conclu
qu'elle appartient à l'Arenig, qu'elle « ne peut pas correspondre au début
de la faune silurienne » et que « la faune de Trémadoc est encore à trouver
en Bretagne ».
La plupart des fossiles étudiés par M. Ch. Barrois ont été recueillis dans
le grès à Ogygia armoricana ; mais les mêmes conclusions s'appliquent à
la faune du grès à Dinobolus, dans laquelle j'ai trouvé des espèces communes
et des espèces spéciales, mais très analogues. Les niveaux 3°, 4° et 5° repré-
sentent donc l'Arenig. Il en résulte que les poudingues pourprés et les
schistes rouges représentent le Trémadoc; s'ils représentaient en effet le
Cambrien, il y aurait une lacune entre 1° et 3°, et non le passage insensible
et graduel qu'on constate partout.
Les mêmes conclusions s'appliquent à la région du Cap de la Chèvre.
Dans la Mayenne et en Normandie, Hébert, OEhlert et M. Bigot ont
étudié avec la plus grande précision les couches inférieures au grès armo-
ricain; ils ont trouvé une succession de niveaux puissants et variés, mais
présen-tant des modifications de faciès remarquables et ils les ont séparées
IIl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'une manière définitive des couches sous-jacentes avec lesquelles files
étaient plus ou moins confondues autrefois.
Si on les compare avec celles de la iVappe de la Vilaine, surtout rpiand
on les suit de TOuest à l'Est, on est amené, en ne retenant que les divisions
principales et typiques, à faire les assimilations suivantes :
Le Poudingue pourpré a son équivalent exact dans les deux régions.
Les Schistes rouges et verts correspondent aux schistos et calcaires de
la Mayenne et de la vallée de la Laize.
Le Grès à Dr nobo/us correspond au grès de Sainte-Suzanne, au grès felds-
palhique, etc.
Les Schistes intermédiaires coirespondenl aux schistes de Saint-Rémy,
remplacés quelquefois par des bancs f<4dspathiques.
Le Grès à Ogygia correspond au grès armoricain (S,/,), que le faciès
feldspathique envahit lui-même à May-sur-Orne.
Toutes ces couches doivent donc représenter le Trémadoc et 1' Vrénig
comme dans la vallée de la Vilaine et non le Camhrien.
Ceci amène à remettre en question l'âge des schistes inférieurs (\) :
schistes de Rennes, phyllades de Saint-Lô, etc.; no pouvant les ranger avec
certitude ni dans l'Algonquien, ni dans le Cambricn, il est préférable de
réserver la question pour le moment et de leur garder le nom deBriovérien
qui leur a été donné par M. Ch. Barrois.
GÉOLOGIE. — Sur les éruptions volcaniques, linsiques et leurs rapports asec
la distribution des faciès dans les géosynclinaux caucasiens. Noie de
M. Pierre Bonnet, présentée par ^L l'Imite Haug.
Au cours de mes recherches en Transcaucasie, j'ai pu constater que, dans
la région qui avoisine à l'est le grand rebroussement de l'Araral-Alagd'z
et qui forme la terminaison de l'arc Iranien septentrional, s'intercale|d'une
façon constante et en concordance entre les formations du Trias supérieur
et celles du Bajocien inférieur, un amas de roches volcaniques basiques.
11 s'agit ici d'éruptions ante-oolithiques, parce que ces roches se montrent
toujours en nappe inlerstratifiéc entre les formations indiquées, que jamais
elles ne se présentent en injections dans les couches oolithiques, et surtout
parce que la transgression du Bajocien inférieur se manifeste ici par le
dépôt, immédiatement antérieur à la zone à Sonninia Sowerhyi, de grès ver-
dàtres formés d'éléments de ces roches volcaniques sous-jacentes. Il y a
SÉANCE DU 2 AfAI I921. IIl5
donc dans celte région une lacune slratigraphi(|uc correspondant au Lias.
Si nous examinons les autn^s dépôts liasiqnes connus dans lare Iranien
septentrional, en partant du rebroussement de l'Ararat, nous voyons ces
intercalations volcaniques remplacées d'abord par des couches à végétaux
dans le Kara-Dagli ; puis, dans la chaîne de l'Elbourz, au sud de la Cas-
pienne, c'est-à-dire dans la partie centrale de l'arc, nous rencontrons, après
une série inférieure à végétaux, des formations marines à Ammonoidés du
Lias moyen et supérieur.
Il V a, par conséquent, à l'époque basique, dans cette bande sud-orientale
du géosynclinal caucasien, d'une part au voisinage du rebroussement,
groupement d'éruptions volcaniques avec lacune stratigraphique corréla-
tive, et d'autre part dans la partie médiane de l'arc, localisation des faciès
profonds.
Des faits analogues se constatent dans toute la partie orientale du grand
Caucase, qui peut être considérée comme l'homologue septentrional de
l'arc Iranien de l'Elbourz. En effet, immédiatement à l'est du grand
rebroussement du Kazbek, on rencontre dos nappes de diabascs et de por-
phyritos interstratitiées dans les schistes présumés liasiques; plus à l'est
apparaissent dans le Daghestan occidental, des schistes à séricite, puis des
schistes à végétaux et des couches à charbon, et enfin, dans le Daghestan
central, des formations franchement marines avec Ammonoidés.
Mais celte bande septentrionale apparaît au Lias comme un géosynclinal
plus profond que son correspondant méridional. On y trouve en effet une
progression parallèle, mais toujours d'un degré de balhyalité plus accentué.
Le rebroussement du Kazbek est le siège de faciès plus profonds que le
rebroussement de l'Ararat : tandis qu'au Nord les produits volcaniques
alternent avec les formations sédimentairos, au Sud la sédimentation
s'arrête complètement pour céder la place aux épanchements laviquos. La
position d(>s couches à Ammonoidés du Daghestan est homologue de celle
des couches à végétaux du Kara Dagh, et aux couches à Céphalopodes de
l'Elbourz correspondraient vraisemblablement des faciès encore plus pro-
fonds dans le prolongement du Caucase sous les eaux de la Caspienne,
partie de cet arc septentrional qui a subi l'ennoyage le plus prononcé,
entre le Caucase et le grand Balkhan.
Le manque presque absolu de données relatives au Lias dans les fais-
ceaux tauriques et la partie occidentale du grand Caucase fait obstacle à la
recherche, de ce c<')té, d'une vérification analogue; mais, à l'ouest du rebrous-
sement du Kazbek, dans les montagnes Mesques et dans le Caucase cen-
IIl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Irai, apparaissent les premiers indices d'une gradation symétrique : ici
couches à végétaux et lignites de Tkvibouli, là formations liasiques à
Ammonoïdés avec intercalalions volcaniques d'Oni.
Il semble, en résumé, que le géosynclinal caucasien ail manifesté à
l'époque liasique, dans la région du rebroussement Ararat-Kazbek, une
tendance à Témersion : celle-ci aurait été accompagnée de la production de
fractures suivies d'épauchements volcaniques; le phénomène aurait été
plus fortement marqué au Sud, où il aurait eu pour conséquence une inter-
ruption complète de la sédimentation. Ces perturbations auraient eu pour
résultat le rejet des eaux en dehors dos géosynclinaux caucasiens, dans
lesquels les régions les plus profondes seules, correspondant au\ parties
centrales des arcs, seraient demeurées tranquilles; c'est là que les faunes
marines auraient pu continuer leur évolution normale, et là on ne connaît
pas de traces de phénomènes éruptifs.
Il y aurait donc ici une confirmation du fait que j'ai déjà signalé, à
savoir que les faciès, dans la partie centrale des arcs, sont, à une époque
donnée, plus profonds que ceux des formations avoisinanl les rebroussc-
ments.
Il est probable que cette relation, à l'époque liasique, entre la réparti-
tion des phénomènes volcaniques et celles des faciès néritiques, pourra
être observée, en dehors de l'isthme caucasien, dans d'autres parties des
géosynclinaux du système alpin.
ACriNOMÉ'J'RlE. — Sur les varia/ions de la radiation solaire pendant P éclipse
de Soleil du 8 avril 192 1 à Bagnères-de- Bigarre, station dr l' Observatoire
du Pic du Midi. Noie de M. Dort, présentée par M. J. Violle.
Début de l'éclipsé à 7''2o'" (temps moyen de Grennwich )■ — Un rideau
de Cirrho-Stratus et àWlto-Cumulus cache l'astre jusqu'à 7''55'". A 8''5", les
nuages sont à 3o° et 40° de dislance autour du Soleil, mais une légère cou-
ronne blanche de diffraction est visible autour de l'astre.
Los mesures actinomélriques faites à partir de S''^'" avec un actinomèlre
type Violle ont donné les résultats suivants :
Il m <al
S. y ",437 (coiiiomie (le (lillVaclioii (le I "1" do i-ayOii)
8.21 ('.-'.76 ( ,. >' )
( (max. de siirlace couverle du 0 el coii-
8.3o o,!|> • , ... .• 1 „ 1 N
I ronne de (iiiliactioii de lo" de lavoii)
SÉANCE DU 2 MAI I92I. 1
Il m .al
8. 38 ii,25i (couioiine de (lillraotion de S» de layuii
9. 5 o,653 ( M »
9. Ou 1 ,091 (couronne de dillVaclion de 4° de ravon
10. 6 I , 1 37 (couronne de dillVaclion de 3° de rayon
10.20 1 . 1^7 ( " »
Fin de l'éclipsé dans la station à q'^'uS^/io" (temps observé).
7 • '9
S. 19
8. ',8
9. i3
9.3o
9-43
.91:
,017
,088
.088
,164
Ohxervalioiis de comparaison,
7 a\ril 19T1.
(couronne hianclie de (llllVai'lio 1 <le 1 "1" autour du 0)
)
7-44 •
8.00.
8.28.
8.58.
9.28.
0,923
0.979
,o.5o
,l32
• 137
, 142
.191
1 1 arri/ 1921 .
couronne de dillVaclion de 7° anlour du 0)
)
En comparant les mesures relevées le 8 avril aux moyennes des mesures
(comptées pour f le - avril et pour -^ le 1 1 avril), nous avons le Tableau
suivant :
s avril 19ÎI. 7 el 1 1 avrilig-;!!. Rapport.
8.00.
8.i.'>.
8.3.>.
8.45.
9-
9. i.").
9.3...
9.4').
0,5.5
0,98
o,56
,,,3,,
i.o5
iT^P
0,2i
0,32
1.09
0,23
.1.29
o.r.8
1 . 10
0,53
ii.Sci
1,11
"t7'-
0,91
1 , i(>
..,81
1 ,<)5
1 . 17
0,89
1 , i3
1,17
0.97
1 . 10
»
'i
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 17':;, N' 18.)
IIl8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'HYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence du chlorure de sodium sur le dècelop-
/jf/«e«7r/«Slerigmatocyslisiiiji;ia. Note de M. Marin Molliard, présentée
par M. Gaston Bonnier.
J'ai recherché quelle pouvait être l'action, sur la végétation d'une
Mucédinée, de la concentration du milieu de culture réalisée par une sub-
stance qui ne se comporte pas comme alimentaire; dans une première série
d'expériences j'ai établi des cultures, faites à 35°, sur le milieu nutritif
suivant :
Eau i5o^">"
Saccharose 7'''
AzO'AzM' "lAyi
S0''Mg+7ll-n o,oCo
PO'KH^ 0,142
SO''b"e +711^0 0,007
S0''Zn+7M-0 0,007
auquel était ajouté, à des doses croissantes, du chlorure de sodium pur.
Pour des teneurs de o,25 à 0,76 pour 100 la végétation reste sensiblement
normale, mais déjà, avec cette dernière concentration, les conidies se forment
plus tardivement et moins abondamment; elles n'apparaissent presque plus
en présence dune dose de i pour 100. Pour des concentrations allant de >.
à 5 pour 100, la vitesse de développement diminue rapidement : elle devient
très faible lorsque le liquide est additionné de 10 pour 100 de chlorure de
sodium et s'annule pour une concentration d'environ 12 pour 100; on
n'observe plus trace de conidies pour les doses supérieures à 3 pour 100.
Ce point établi, j'ai recherché si le chlorure de sodium intervenait dans
le rendement, évalué comme rapport du poids de substance sèciic élaborée
au poids tlu sucre utilisé; à cet ciTet j'ai comparé la marche du développement
cl (le l'utilisation du sucre dans des cultures effectuées en présence de o, de 4,
de 8 et de 10 pour 100 de chlorure de sodium; les résultais de mes recher-
ches sont consignés dans les Tableaux suivants où j'ai porté les poids M
des mycéliums desséchés vers 100° à io5°, les quantités S de sucre disparu
(évaluées en sucre interverti) el les nombres R exprimant les rendements :
SÉANCE DU 2 MAI I92I. il 19
Nil ( il. 1 poui' 100 Na( il.
3o,
r)53
1 1 56
0,
478
Î2l4
43o4
0,
5,4
2.J7.1
.)172
t>i
197
.3o,-)-
6634
",
482
:U78
678.5
0,
'168
3009
69(3
0,
,435
24.57
"
0,
355
2089
»,
3o2
1669
"
<),
■'■39
1 .559
0.
,225
pour iO(
, NaCI.
684
.7,3
0.
'399
806
2686
0.
, 3oo
897
3520
0
,258
1034
5oi7
0
.•2!0
1082
5842
0
, i85
I io3
6i4'i
0,
.'79
1097
6436
0
,170
'079
65 1 3
0
, .65
25,
3o,
i4o6
34S9
0,111
2481
7124
0,348
2397
7^47
0,322
2o85
7'|S8
0,278
20o3
»
0 , 267
2028
0, 271
'937
0, 259
■947
'■
0,260
,928
'■'
0,2.57
pour I
00 NaCI.
707
'792
0,393
821
372,
0,200
873
4672
0,186
927
5io3
0,181
93.
533 1
0,174
929
553o
0,168
962
5652
0, 170
Avec 4 pour 100 de chlorure de sodium on observe encore une autolyse
très nette, quoique moins accentuée qu'avec le liquide témoin; avec Sou
10 pour 100 de sel marin, le poids de substance sèche reste constant une
fois qu'il a atteint sa valeur maxima ; on voit que le temps nécessaire pour
que cette valeur soit acquise augmente avec la quantité de sel et que
d'autre part elle est d'autant plus faible que la dose de chlorure de sodium
est plus grande; de plus, les rendements sont fortement abaissés par la
concentration du milieu de culture; ceux qui correspondent aux époques
où les poids maxima de substance élaborée sont réalisés sont ainsi respec-
tivement égaux à 0,468; 0,348; 0,210 et 0,181.
En présence de 8 ou de 10 pour 100 de chlorure de sodium, du sucre
continue à être utilisé alors que le poids du mycélium se maintient cons-
tant; dans le premier cas il disparaît, du 10'' au 3o^ .jour, environ i5oo™*^
de sucre ; dans le second cas, du 10^ au So*^ jour, environ S^o'^s; le chlorure
de sodium réalise donc un état d'équilibre, et le sucre utilisé correspond à
une ration d'entretien.
J'ai déterminé pour les deux doses les plus élevées de chlorure de sodium
II20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les proportions des deux sucres restant dans les liquides de culture et il
résulte des mesures efl'ecluées qu'il n'y a plus que du lévulose au bout de
10 jours avec 8 pour loo et au bout de 20 jours avec 10 pour 100 de
ciilorure de sodium; enfin, alors que dans les cultures témoins il se forme
de petites quantités d'acide oxalique pendant la période d'autolyse, il ne se
produit ni acide oxalique ni acide citrique en présence du sel matin; mais
dans ce dernier cas le liquide de culture présente une acidité qui corres-
pond, comme valeur maxima, à environ 5"^™' de solution normale avec
/} pour 100 de sel, n""' avec 8 pour 100 et (i™' avec 10 pour 100; cette
acidité est due à l'acide azotique du nitrate d'ammoniaque.
On est alors en droit de se demander si l'absence des conidics ne serait
pas due à cette acidité libre et si l'action morphogétique exercée par le
cblorure de sodium ne serait pas ainsi indirecte; pour répondre à cette
question j'ai substitué à des cultures réalisées sur un liquide contenant
8 pour 100 de cblorure de sodium soit de l'eau pure, soit une solution de
sel marin à 8 pour 100, soit enfin une solution d'acide azotique à une
concentration telle qu'elle corresponde à 7™' d'une solution normale pour
i5o™'; les résultats sont des plus nets; il se produit une autolyse et il se
constitue des conidies dans les deux premiers cas, avec de petites diffé-
rences cjui ne nous retiendront pas ici, alors que sur l'eau acidulée le
mycélium reste d'un blanc pur et ne diminue que très lentement de poids.
On peut aussi observer que si l'on remplace l'azotate d'ammonium par du
tartrate d'ammonium, comme source d'azote, la formation des conidies ne
se trouve pas empêcbée, mais seulement retardée.
En résumé, le cblorure de sodium, à une concentration sulTisaiile,
diminue d'une manière très sensible la vitesse des réactions cbimiques de
la moisissure ainsi que le rendement ; il provoque en second lieu la stéri-
lité du mycélium, mais cela d'une manière indirecte, en déterminant l'accu-
mulation de l'acide azotique.
RIOLOGIE. — Contribution à téliidc de la répctrlition des zones biologiques sur
les dunes méditerranéennes du golfe du Lion. Note de M. (^astox Astrk,
présentée par M. (îuignard.
Dans sa Note présentée à l'Académie le 4 avril 1921, M. (î. Kiihnbohz-
Lordat apporte une intéressante contribution à la connaissance des condi-
tions biologiques des dunes maritimes du golfe du Lion. Ces dunes n'ont
SÉANCE DU a MAI 1921. II2I
que peu crimjxtrtance. parce que leurs causes d'accroissciuciU sont faibles,
grâce au voisin;ii;e d'une mer pratiquement sans marées, et leurs causes de
déinolilion sont au contraire très forlcs, grâce aux vagues qui ari'ivenl
parfois sur le h )rd de la côte à en aplanir la surface et surtout aux vents de
terre qui soufllent fiéquemmenl avec violence. Ces deux facteurs ont pour
résultat de faire disparaître la disposition régulière initiale des monlieulcs
de sable et de lui substituer un aspect chaotique particulier.
Ce régime très spécial, si différent de celui beaucoup plus homogène qui
règne d'ordinaire sur les rivages océaniques français, fait qu'on ne retrouve
pas évidente au premier abord, dans les dunes du littoral méditerranéen, la
grande sériation des associations biologiques en zones telles qu'on peut
les observer sur le littoral océanique. Cela explique aisément pourcjuoi
M, G. Klihnholtz-Lordal a pu ne pas croire pouvoir appliquer à la biogéo-
graphie de ces contrées les concei)lions que nous avons résumées dans notre
Note à rAcadémie le 11 octobre 1920 et que nous avons formulées dans
un autre Mémoire (') beaucoup plus étendu, au sujet de la répartition des
êtres vivants dans les dunes en quatre zones élémentaires que nous avons
dénommées abintique, oligobiolique, inésobiotique et plétstobiotiquc^ en
allant de celle où la vie est impossible à celle où la vie atteint au contraire
son maximum de développemenl.
Dans notre Note précédemment indiquée, nous ndvions eu en vue que les
dunes des bords de V Atlantique et de la Manche. Mais des éludes ultérieures
nous ont montré que nos conceptions pouvaient s'appliquer à toutes les dunes
maritimes, en particidier à celles de la Méditerranée, avec, comme seule diffé-
rence, un degré un peu plus grand de complexité, fait qu'il nous a été facile
d'établir par des recherches un peu minutieuses.
Il ne faut pas croire, en effet, que les zones biologiques des dunes soient
quelque chose de stable et de flxe. Les sables maritimes sont une des formes
sous lesquelles se prosentent les régions désertiques des pays tempérés.
Dans ces lieux, dont le régime est intermédiaire entre celui des grands
déserts tropicaux et celui des contrées tempérées ordinaires, le monde
vivant trouve des conditions qui, si elles limitent parfois la rapidité de son
développement, lui permettent toutefois d'exister. C'est là que l'on peut le
mieux observer les processus par lesquels les êtres vivants tendent à mettre
leur emprise sur le milieu physique. Il en résulte entre ces deux milieux,
(') CusroN AsTiiK, Bioloi^Le de% Mollusques dans les dunes mari limes francnises
et ses rapports avec la géographie botanique, 1920. Toulouse, lôS p. {Thèse de
Doctorat en Pharmueie).
II 22 ACADEMIE DES SCIENCES.
vivant el pliysique, un complexe plus variable encore que partout ailleurs,
puisque les condilions matérielles (sécheresse, vent, etc.) y sont particu-
lièrement changeantes. La distribution géographique des animaux et des
végétaux, (jui en est une conséquence, ne saurait donc être quelque chose
de stable dans les dunes, au moins tant qu'elles ne sont pas définitivement
fixées et qu'elles conservent le véritable faciès dunal. Loin de pouvoir
s'expliquer par une conception statique, la sériation des zones biologiques
des dunes entraîne au contraire, dès le début, une conception essentielle
ment dynamique. Les associations biologiques peuvent se succéder les unes
aux autres, suivant une progression de densité de vie qui peut être crois-
sante ou décroissante par rapport à un caractère déterminé, la xérophilie,
par exemple, selon que les agents atmosphériques modifient en plus ou en
moins le facteur physique correspondant, la sécheresse dans le cas parti-
culier.
Ce caractère essentiellement dynamique de la biogéographic de ces
contrées étant bien établi, il est facile de retrouver dans les dunes du lit-
toral méditerranéen, par exemple dans celles du golfe du Lion, les zones
biologiques qu'on observe sur celles des bords de l'Océan.
Au point de vue botanique en particulier, la zone abiotique est constituée
par les sables tout à fait nus; c'est celle où, par définition, on ne trouve
aucun végétal. Elle a dans son ensemble une tendance à diminuer d'impor-
tance, puisque peu à peu les vents de terre poussent les grains vers le bord
de la nier, el la surface, ainsi conquise par la végétation, peut augmenter
lentement.
Cette zone, sur laquelle prennent pied généralement les Oyats {.\inniu-
phila arenaria Link), d'abiotique qu'elle était, devient, par le seul fait de
la végétation qui commence à la fixer, une zone oligohiotiqite. C'est la
phase de premier arrêt du sable et d'accroissement consécutif de la dune.
Puis cette dune, créée en (juelque sorle par l'obslacle dû aux ( )yals. se
recouvre d'une végéiation plus variée, (|uoi(|ue encore 1res pauvre, et
commence à devenir mésobiolique. Tandis (|ue les végétaux (jui avaient pu
y vivre jus(|u'alors avaient eu pour elTel d'arrêter le sable marin et d'en
édifier les monlicules, ceux (|ui caraclériscni la zone més()bioli(|ue auront
surtout pour rôle de proléger la dune et d'évilersa dcslruclion par les venis
de lerre. C'est cecpie M. Iviilnihollz-Lordal appi>ile la phase de conservation
ol, pour nous en tenir seulement aux plantes qu'il mentionne, nous range-
rons Teucrium Politim L. et Ephedra t/islachya L. au nombre des espèces
caractérisant le débul de la zone mésobioli(|ue.
Kniin, pour lermiuer la progression dynamique, celle fornialion méso-
SÉANCE DU 1 MAI 1921. I I 2'i
bioli([ue finil par resseinhler à loules les formalions biologi(|iies de rinlérieiu'
des lerres el de\'ienl pléistobio/iqiie . Mais cette dernière étape ne se voil (|iie
dans les dunes inlernes de Piovcnce.
Sur les bords du golfe du Lion, la progression dynanii(|ue s'arrêlc géné-
ralement à la phase inésobiolique; elle suit môme souvent une évolution
régressive et parfois, lors(|ue le mistral souffle avec violence, elle peut
revenir à son point de départ; la dune est alors démolie par endroits, la
zone mésobioli(|ue ou oligobioti(|ue redevient en partie abioli(|ue, el ainsi
de suite. La con([uèle du sable par les êtres vivants recommence jus(|u'à une
nouvelle tempête atuiosphéri(pie, (|ui aura pour effet de rendre la dune
topographi<{uement et biogoograpbi(|uement cbaoiicjue.
Il en résulte (el c'est en cela ([ue la phytogéographie des dunes du golfe
du Lion diffère de celle du littoral océanique) que les zones bi<ilogif|ues,
initialement réparties en série plus ou moins régulière, sont morcelées à
l'extrême el présentent une tlisposition fragmentée ou chaotique, résultant de
lu persistance, dans les endroits les moins ravagés, de certaines portions d<' zones
originelles plus homogènes.
I-*ar suite de ce régime spécial (jui en I raîne une « lut te pour la vie » constante,
les dunes languedociennes ou provençales sont les plus aptes à laisser voir,
grâce à ta conception sériée de leur biogéographie fragmentée ou chaotique,
les processus de l'éfpiilibre essentiellement dynami<(ue qui s'établit entre le
monde vivant el le milieu pbysi([ue ([ui le supporte.
BIOLOGIE. — Sur le phototropisme de Leucoma ph;eorrhtea.
Note ( ') de M. M. Manquât, présentée par M. E.-L. Bouvier.
J. Loeb revendiijue justement l'honneur d'avoir, le premier, dès 1888,
compris que la théorie des Tropismes s'appliquait non seulement aux
plantes, mais aux animaux. Rejetant délibérément l'idée « d'instincts »
comme anthropomorphique, il a exposé une « conception mécanique de la
vie 1) (-) selon laque'le l'être vivant animal, comme le végétal, ne se meut
({ue sous l'influence d'attractions et de répulsions physico-chimiques
exercées par des stimuli d'origine externe (").
(') Séance du ibi a\ril 1921.
(-) J. Loeb, La Conception intenniqiie de la vie (Tiad. H. Mouton. Paris, Alcan,
i<)'-4)-
(^) J. Loeb, T/ie Dynamics of licing mcUler 1 Cokimbia Univ. l'nss. l\e\v-^ork,
I ()n6 I.
1124 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Bien cju'il ail éludié abondamment les divers tropismes qui peuvent, à
son avis, agir sur les animaux, il a donné des soins particuliers i\ Texamen
de leur, phototropisme. Ses conclusions sont que la lumière, de quelque
source qu'elle provienne, agit sur les animaux d'une façon absolument
impérative pour les orienter et les mouvoir dans le sens des rayons lumi-
neux (phototropisme positif) ou dans le sens opposé (phototropisme négatif),
par l'intermédiaire de son action sur les points symélri(jues du corps de
l'animal. Ces points ont une photosensivité égale, car il y a dans l'animal
une symétrie bilatérale cliimi<[ue aussi bien ([ue morphologique, d'où il
résulte (pie l'animal tend à se mettre en équilibre photosensitif en mainte-
nant sa position et par consé([uent sa direction sous la lumière, de telle
façon que ses points symétriques soient également illuminés.
Or, un des animaux qui répondent le mieux, selon Loeb, aux excitations
photolropiques est la jeune chenille de Leucoma phœorrhœa (' ) : « Je n'ai
jamais trouvé, dit-il, dans les conditions naturelles, d'animaux dont la sen-
sibilité héliotropique fùl plus forte que celle des jeunes larves de C/irysor-
rhœa. Mais dès que ces animaux ont une fois pris leur nourriture, leur
héliolroprisme disparait et ne se rétablit pas si on les affame à nouveau. »
\ oici un aperçu de ses principales expériences à leur sujet :
i( <juaiid les jdiines chenilles (|ui liivernent clans un nid, soni a|>portée5 pciidaiil 1 l)i\er
dans une chambre chaude, elles abandon n en l le nid (-). l^lacées dans un lube horizontal
dont le grand axe eslpeipendiculaire au plan d'une fenêtre, elles se dirigent toutes rapi-
dement à l'extrémité du côté fenêtre. Si ce lube est retourné de 180°, elles se dirigent
à nouveau du côté fenêtre. Si le lube fait un angle a\ec le plan de la fenêtre, elles se
rassemblent à l'extrémilc la plus proche de la fenêtre. Si ce tube est dans l'ombre du
côté fenêtre, el éclairé à l'autre extrémité, les chenilles rampent néanmoins jus-
qu'à cette extrémité assombrie, montrant, explique I^oeb, que leur orientation est
déterminée par la direction des rayons el non par les dill'érences d'intensité lumineuse,
l'^l. insoucieuses de leur conser\ alion, elles se laissent mourir à cette extrémité
plutôt (|Me de revenir en arrière à la recherche de quelque |i;'ilMre, n
.l'ai repris ces expériences sur des chenilles n'ayant jamais maiit^é et fait
les observations suivantes :
i" Ces chenilles se refusent résolument (^A. l'iclei l'avuil déjà ob-
(') J. I-UEH, l'oiiccpl. inécan. de ht lic. p. 61. l^'es|)èco utilisée par I.oeb el
dénommée par lui Porthesia chrysorrlura est sans aucun doute le Hombw cul-brun
el doit s'appeler correctement Leucoma phci'orrliœa (De .loannis).
('-) .1. LoKR, Dynaiii. nf liv. niallcr. p. 726, et Les Tropismes et la PsyclKiloqie
[Revue des Idées, n" 70, i5 octobie 1909, p. a'jg).
SÉANCi; DU 1 MAI 1921. 1123
serve) (' ) à sortir de leurs nids pendant l'Iiiver, quelle ijue soil la leiiipéra-
ture du milieu où on les conserve. Je n'ai, malgré des efforts réitérés,
obtenu aucun résultat en ce sons. Ilécollées vers le i5 novembre, mes
clienilles ne sont sorties de leurs nids que spontanément, à partir du
10 mars suivanl.
2" Placées dans un tube horizontal, les chenilles vont vers la lumière ou
vers plus de lumière. Leur marche est rectilignc dans l'ensemble, mais
sinueuse et hésitante dans le détail : il y a assez souvent plusieurs retours
en arrière avant la décision qui les conduit à l'extrémité du côté de la
lumière. Leur rapidité est très variable (de quelques minutes à plus de
8 heures pour couvrir 45*"") Quelle que soit l'extrémité éclairée du tube,
côté fenêtre ou côté chambre, il y a marche vers la source lumineuse, ce qui
semble favorable à la théorie des Iropismes. Mais si ce tube est ouvert à
l'extrémité côlé fenêtre, assez habituellement les chenilles en sortent et
divaguent, sur la table où est posé le lube, dans toutes les directions, y
compris en sens in\crse de la lumière.
3° Si le tube entre en partie dans une boite opaque du côté fenêtre, les
chenilles se refusent à y pénétrer, fait observé par Loeb et interprété par
lui dans le sens tropistique. Mais, maintenues dans un tube fermé placé dans
une obscurité complète continuelle, elles finissent par se mettre en mouve-
ment et par se répartir dans ce tube; quelques-unes même vont jusqu'à
l'autre extrémité.
4° Si elles sont placées dans la partie éclairée d'un tube parallèle au
plan de la fenêtre, tube à moitié éclairé, à moitié sombre, elles devraient,
selon Lo'b, demeurer dans la partie éclairée. Or elles rampent à l'autre
extrémité et en sortent en éventail.
5° Placées sur une surface horizontale en partie éclairée et en partie
sombre, elles accomplissent des trajectoires enchevêtrées et, souvent,
parties de la lumière, évoluent dans l'ombre, n'adoptant une marche
roctiligue que lorsqu'elles rencontrent une li^ne saillante du sol qu'elles
suivent.
C)" Des chenilles aveuglées par un vernis ne les blessant pas, se com-
portent comme des chenilles normales.
7° Dans la nature, au sortir du nid, elles montent d'abord vers la
lumière. Si elles ne trouvent pas de bourgeons, elles redescendent sur les
(') A. FicTET, A propos des Tropisines [Hall. Soc. Jaiidoise, vol. 31, n" 180,
SL'ptembre 191")).
I
1126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
branches éclairées, et si les bourgeons leur niaii(|iient encore, elles
grimpent dans les parties plus sombres.
Je conclus :
La jeune chenille de Leucuma pluvorrhœn ne semble pas subir une action
tropique de la lumière, n'est pas cumpelled lo mui-c ( ' ).
Les evpériences par tubes uniformisant la trajectoire de ces chenilles
donnent l'impression de mouvements d'ensemble, d'où l'illusion d'un
tropisme.
.l'estime que c'est la mémoire de l'espèce qui incite ces chenilles ayant
passé l'hiver dans des nids qui se trouvent à des intersections de branches,
à chercher au réveil leur nourriture au-dessus d'elles du cùlc éclairé. Si
elles ne l'y trouvent pas, elles redescendent et la cherchent sur d autres
branches, éclairées ou non éclairées. Si elles se trouvent dans une obscu-
rité complète et continuelle, après une attente plus ou moins longue, elles
s'élèvent cpiand même vers les bourgeons.
PHYSIOLOGIE GÉNÉKALE. — Contre les mfcclions microbiennes chez les Inver-
tébrés. Note de MM. E. Couvreur et X. Ciiahovitch, présentée par
M. Gaston Bonnior.
M. Paillot ayant fait connaître dans une Note à l'Académie des
Sciences (-) un mécanisme d'immunité humorale chez les Insectes, comme
nous avions fait nous-mêmes antérieurement des conslatalions du même
ordre, nous avons cru devoir signaler la chose (■'). M. Paillot prétend
actuellement (*) avoir indiqué des faits analogues dès i()i9. Il ne donne
pas l'indication biltliographiquc du travail où il aurait consigné ses
remarques; n'ayant pu retrouverce travail, nous ne saurions nous prononcer
sur le bien-fondé de la réclamation de M. Paillot.
Mais, dans la Note où il la formule, il fait la critique des expériences (jue
nous avons instiluées, cl nous sommes obligés de répondre à cette criticjue.
I. Il est bien entendu que nos recherches visent exclusivement Vini/nu-
nilé naliirel/r, il ne nous semble pas que l'on ait sulfisamment prou\é
l'existence chez les Invertébrés d'une immunité acquise; nous n'admettons
(') Dyiiam. of liv. mollir, p. i >(i.
(-) Comptes rendus, l. 172, 1921, p. 89-.
(') Comptes rendus, l. 172, 192 1, p. 711.
{' y Comptes rendus, t. 172, 1921. p. 876.
SÉANCE DU 2 MAI 1921. I I 27
donc pas, jusqu'à démonstralion plus probante, l'exislence chez eux
à^ anticorps . Nous ajouterons d'ailleurs que nos tentatives pour en provo-
quer l'apparition ont toujours été suivies d'insuccès.
II. Nous n'avons nullement prétendu avoir découvert la destruction
possible in vitro de micro-organismes par des humeurs, et nous n'ignorons
pas le pouvoir exercé par le sérum de quelques Vertébrés vis-à-vis de cer-
tains microbes. Nous avons simplement constaté que ce pouvoir existe dans
le sang et quelques autres liquides de certains Invertébrés.
III. Le mélange d'une culture de colibacille ou de bacille pyocyanique
avec du sang d'escargot en vie estivale ou avec d'autres liquides (sucs
digestifs) par nous expérimentés, est bien devenu stérile. Nous nous
sommes assurés que les microbes étrangers pouvant être apportés par les
liquides mis en usage et mélangés par conséquent à la culture des microbes
choisis, n'entravaient ni le virage du rouge neutre par le coli, ni la tluores-
cence du bouillon provoquée par la présence du bacille pyocyanique.
IV. Nous n'avons pas en elfet déterminé à quelle cause était due la des-
truction des microbes mis en contact avec le sang ou les autres liquides
essayés, ce sont des recherches qui sont encore en cours d'exécution, mais
ce manque de détermination n'infirme en rien la réalité des faits observés.
V. C'est parce que nous avions conslaté in vivo la résistance des escar-
gots et des vers à soie spécialement au stade de chrysalide, à certains
microbes, que nous avons été amenés à chercher quelle pouvait être la
cause de cette résistance et à découvrir que le liquide sanguin, et d'autres
liquides tels que les sucs digestifs, pouvaient jouer un certain rôle défensif.
Il ne nous semble pas que cette constatation soit aussi peu en rapport avec
la question générale de l'immunité que veut bien le dire M. Paillol.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur kl pression osmotiqiic d'arrêt de la divi-
sion cellulaire. Note ( ' ) de MM. F. Vi.ès et J. Dkagoiu, présentée par
M. F. Henneguy.
Au cours d'une étude sur l'arrêt de la division de l'œuf d'Oursin par
élévation de la pression osmotique extérieure, nous avons mis en évidence
toute une série de processus intéressants au point de vue biologique, et qui
relient et complètent les recherches classiques relatives à l'action des solu-
(') Séance du 25 avril 1921.
I
II 28
ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions hypertoniqiies sur les a?ufs (Loeb, Morgan, Lillie, Spaulding,
Herlant, etc.).
Les expériences ont été conduites conformément au type suivant :
[)es œufs d'Oursin fécondés sont suivis au microscope, et l'on attend l'étirement en
lialtère du diasler de première division. A ce moment, des lots de ces (Kufs sont
plongés dans djs solutions isoéleclrolyilques de condnctivité électrique pratiquement
constante, conlituées par des non-électrolytes (saccharose) dissous dans de l'eau de
mer, et présentant dus pressions osmotiques croissantes échelonnées en séries à partir
de la pression normale de l'eau de mer (aô"'"' environ). Concurremment avec
des témoins conlinuant leur évolulion dans l'eau de mer ordinaire, les lots
d'œufs immergés dans ces solutions expérimentales sont soumis périodiquement à des
numérations statistiques ayant pour but de déterminer les nombres moyens des o-ufs
avant achevé leur di\ ision, île ceu\ restés en roule, et le délail de ces deux catégories;
on construit ainsi des courbes donnant, par exemple, le pourcentage des œufs avant
achevé leur division en fonction de la pression osmotique de leur milieu extérieur.
Après expériences sur la pi'emière division, des expériences analogues sont re])rises
sur les divisions suivantes, jusqu'au stade de blastomères.
Rèsullats. — Une première série d'expériences faites entre 25^"° ot
environ loo"'"' nous a indiqué que les courbes stalisti(jues se divisaient
en trois régions de propriétés différentes :
1° Entre 25'''^"'-3o'''^™ environ, les perturbations par rapport aux témoins
sont négligeables, et la division, d'aspect normal, présente seulement un
léger relard.
2° La zone suivante, entre So"''" et 5o''''"-(io''"' (zone critique), comprend
au début une chute rapide jusqu'à zéro du pourcentage des œufs ayant
SKANCE DU 2 MAI 192I. I 1 29
achevé leur division, cl invrrscinciit le pourcentage des (tmiIs restés ou
redeveiius spliériques augmente el se fixe à 100 pour 100.
3° De 5o''''"-()0''"'" à loo""" {zone des grandes perliirlxitions) les œufs, qui
ne se divisent pas. ne restent plus spliériques et smil déformés en capsules
ou en tétraèdres; on |)araît avoir dépassé une certaine limite de compres-
sibililé au delà de laquelle la s])lière n'est plus une forme d'équilibre stable
pour le protoplasma ovulaire. Les deux premières zones sont visiblement
seules intéressantes vis-à-vis des processus physiologiques normaux de
ru'uf.
Arrêt de la division. — Les combes statistiques montrent que 10 j)0ur 100
des (l'ufs ont déjà leur division bloquée pour 33"^'°, et 90 pour 100 pour
39''"'"; il est probable que la prc^ssion arrêtant la division du cyloplasma de
la moyenne des œufs est voisine du chilïre de 36^''°, soit un l'xcès de ii^'™
environ sur le milieu normal des œufs. Cet excès de 1 1"'"' équilibre évidem-
ment la pression osmotique interne de la cellule en division; mais si pour
de telles pressions la division cytoplasmique est bloquée, il ne s'ensuit pas
que l'évolution intérieure de l'œuf soit immobilisée : sur le vivant les diasters
continuent à se modifier, on voit se former des asters accessoires, etc. Par
contre, eu dépassant la pression d'arrêt du cyloplasma d'une dizaine d'at-
mos|)hèr<'s de supplément, on ralentit puis ou parait arrêter définitivement
l'évolution nucléaire, dont les asters semblent figés. Ces phénomènes
nucléaifes ne peuvent d'ailleurs pas être éclaircis par le simple examen sur
le vivant, et l'examen histologique nous apportera sur ce point des jn-écisions
importantes. Divers phénomènes accessoires ont été observés au passage :
c'est ainsi que les statistiques conduisent à un certain moment à la notion
de refusiounement des blaslomères sous l'action de fortes pressions.
Travail d'arrêt de la division. — 11 est facile de calculer le travail que
nous avons fourni en élevant de tt^ à - la pression osmoti([ue extérieure et
qui équilibre le travail osmotique de la division cytoplasmique, si l'on a
pris soin de mesurer sur les œufs en expérience leurs volumes et les varia-
lions (V — ¥„) de ceux-ci. Or, en effet, T = tûV — "« V„. Dans ces condi-
tions la première division représente 4»09 ergs; la seconde 1,8; la troi-
sième o,85; la quatrième o,29('). 11 est intéressant de remarquer que le
( ' ) Ces chiffres sont un peu plus forts que ceux indiqués par Spaulding pour l'énergio
de la division A^Arbacia (par pression osmotique), et plus faibles que ceux, obtenus
pai- Fauré-Fremiet et sur Vœalà^ Ascaris (caiorimétrie, action des rayons ullra-violels),
mais qui ont d'ailleurs une signification différente puisqu'ils mettent en jeu des tra-
vaux autres que le tra\ail osmotique.
Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
travail d'arièl diminue à mesure (jue le nombre des blastomères augmente,
suivant une loi linéaire de première approximation T = an ' -\-b.
Si l'on met le travail en relation avec le volume du blastomère aucpiel il
correspond, on aboutit à une exponentielle V = t ('"^ "^ — i ) ( r Z "' ' -» ) '
qui représente les faits avec une bonne approximation. (Travail calculé à
partir du volume : première division : 4,02 ergs; deuxième : 1,66; troi-
sième : o,Hi; (juatrième : 0,28.)
En conclusion, l'augmentation de la pression osmoti([ne extérieure sans
variations sensibles des éléments de la dissociation éiectrolytique retarde
d'abord la segmentation de l'Oursin, puis, quand l'accroissement de pres-
sion est de II*'™, arrête la division cytoplasmique, mais sans altérer au
début l'évolution interne de l'appareil nucléaire; avec un supplément de
pression, on peut inhiber visiblement celle-ci.
Le travail d'arrêt de la division cytoplasmique externe est une fonction
simple du volume de l'élément cellulaire.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de ''émufsi/te sur le galactose en solution dans
des alcools propyliques de différents titres. JNole de M. AIarc Bridel,
présenlée par M. L. Guignard.
Em. Bour(|uelol, H. Hérissey el M. Bridel onl moniré que le galaclose
se combine à l'alcool propylique sous l'influence de l'éinulsine des amandes,
la réaction ayani élé observée dans une solulion de galaclose à i pour 100
dans l'alcool propylicjue à 20 pour 100 d'eau, en poids. Le propylgalac-
loside ^ formé a été obtenu à l'état cristallisé ( ' ).
Pour étudier syslémalicjuemenl la réaclion (|ui a lieu, sous l'influence de
l'émulsine, enire le galactose el l'alcool propylii|ue dans des alcools de
difTérenls lilces, on a opéré de la façon suivante :
On a préparé neuf mélanges renfermant, pour loo""', os, '|848 de galactose el los,
i5f, 25^, 35s, 45^. 555, 65«!, 708 et 75? d'alcool propylique pur, le volume de 100'''"' étant
complété avec de l'eau distillée. On a ajouté, dans cliaque mélange, |S d'énuilsine el
l'on a placé le tout à l'éluve à -f 3o°. On a suivi la marclie de la réaclion en dosant le
galactose. On a obtenu les ré>ullats suivants, les cliiflVes indiquant le galaclose libre
dans loo*^'"' :
(') Synthèse de galaclosides d'alcools à l'aide de l'émulsine. Propylgalactoside St
et bemylgalaclosidc |3 {Comptes renHiis, t. ISti. if)r3, p. 33o; .loiirn. Pharm. C/iiin..
-" série, l. 7, igiS, p. 286).
SÉANCE
DU 2 MAI
1921.
I
•lialarlose
••1 j.MIVS.
■:!1 jours.
Adjoins.
ll:Vionrs.
combine.
„
0,397s
0,3978
0,4o (0
0,0808
»
0,3893
0,8746
o,3(J9()
0, 1 132
»
0,3 i3o
0,3430
0,3227
0, 1621
,.
o,33i5
o.33oo
0,3,27
0, 1721
„
0,3357
0,3689
0,3299
0, 1549
,,
0.3260
0,3280
0,3 180
0,1668
0,257.0
0,2^60
0,2440
0,2274
0,2574
0,1992
0, 1901
»
0,1643
o,32o5
0, 1 293
0, 1 164
0,11 64
0, 101 1
0,3837
I i3i
Alcool
propyliqiir à I '1 ioius.
106 .. o,.'| 182
i5 0,4007
25 0,3893
35 0,3689
45 0,0978
55 0,3371
65
Dès les premiers'résullats, ce qui frappe, c'est qu'il y a moins de galac-
tose combiné, au i4'' jour, dans l'alcool à 45^ que dans des alcools plus
faibles à 2.^^ et à 35^ et dans un alcool plus fort à 55b. Ce fait anormal se
retrouve à chaque fois que l'on a essayé les liquides, et, quand on a arrêté
la réaction le ii3"" jour, il y avait 3i,95 pour loo de galactose combiné
dans l'alcool à l\b« et 33, /|3, 35,45 et 34, 4o pour lOo dans les alcools à 25»,
35*-' el 55*^ respectivement.
On a pensé que ce fait, contraire à la doctrine de la réversibilité, pouvait
être dû à une destruction plus rapide du ferment dans l'alcool à 45^ que
dans les autres alcools.
l'oLir xérifier cette supposition, le 25" jour, on a lecueilii séparément l'émulsine de
tous les liquides, on l'a lavée avec soin à l'alcool étiiylique à gS"^ et on l'a séchée dans le
vide. On a rerais à sa place oe,5o de nouvelle émulsine qu'on a recueillie de la même
façon à la fin de la réaction et qui est restée ainsi 92 jours en contact avec les alcools.
On a essayé ces émulsines sur une solution de galactose à 1 pour 100 environ dans
l'alcool élhylique à 8o% en utilisant op,i5 d'émulsiiie et 1 5™'' de celte solution. Au
bout de 4 jours,' on a dosé le galactose libie restant dans les solutions.
L'émulsine ayant séjourné 21 jours dauî les alcools propyliques à los, 35», 45°i ne
possède plus qu'une aciivilé très faible; celle qui a séjourné dans les alcools plus
forts agit mieu.\ el d'autant mieux que l'alcool est plus concentré. On a obtenu des
résultats comparables avec les émulsines ayant séjourné 92 jours dans l'alcool pro-
pylique.
(^es faits sont à rapprocher de ceux que nous avons signalés, Bourquelot
cl moi, en étudiant la résistance, à l'action de la chaleur, de l'émulsine en
contact avec les alcools éthyliques à '^o", 80*^, 90*", gb'^ et loo*^ ('). L'émul-
sine résiste d'autant mieux que le milieu renferme moins d'eau.
(M Joiirn. Phann. C/tim., 7* série, t. 7, I9i3, p. 65.
Il32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'éinulsine étant tuée dans les alcools faibles et jus(jiie dans l'alcool
à SS*-', on pouvait se demander si l'on avail bien atteint réquilibre dans ces
alcools. On a recommencé un essai sur les alcools à lo*-', 25^^, 35^, 45*"'
et 55s pour ioo'"'\ On a fait ajifir d'abord l'émulsine à + 3o° pendant
28 jours, puis on a filtré et l'on a remis une nouvelle quantité de ferment
qu'on a fait agir 46 jours à la température .ordinaire et qu'on a recueilli.
On a remis une nouvelle dose de ferment qu'on a fait agir 'i3 jours dans les
mêmes conditions. L'essai a donc duré i 1 7 jours.
Dans les alcools à lo^, i5s et 25*-', on est arrivé sensiblement aux mêmes
c{uantités de galactose combiné, respectivement 0^,0832; 0*^,1 152 et o*^, i6o5
au lieu de o",o8o8; os,i 1 52 et os,i62i dans le premieressai. Pour l'alcool
à 3.")*^, on est arrivé à un cliiffre un peu plus élevé : o"',i947 au lieu
de 0", 1721. Poui' les deux autres alcools, les quantités de galactose combiné
sont encore inférieures à celles que l'on a combinées dans l'alcool à 35^.
Les émulsines ayant séjourné, à la température du laboratoire, 4^ et
43 jours dans les alcools, ont été essayées comme on l'a vu dans la jiremière
expérience. Elles avaient conservé leurs propriétés synthétisantes sur le
galactose dans l'alcool éthylique à 8o^'.
Le ferment n'étant pas tué, à la température ordinaire, dans l'alcool
propylique à 45''', comment expliquer qu'on ne soit pas arrivé à combiner
plus de galactose en 1 17 jours? Cela tient à ce que la réaction est excessi-
vement lente, à la température ordinaire. Ainsi, du 74*' au 117'' jour, la
quantité de galactose existant dans 100""' d'alcool propylique à 45* n'a
baissé que de o''',oi i3. Il faudrait donc prolonger des mois et peut-être des
années l'action du ferment pour atteindre l'éiiuilibre dans ces alcools, on
admettant qu'on puisse y arriver.
l'.n résumé, la galactosidase [3, ferment contenu dans l'émulsine des
amandes, qui agit sur les galactosides |3, est tuée assez rapidement à -1- 3o°,
dans les alcools propyliques à lo^, iS*-', 25", 35^, 4"^'^ et résiste dans les
alcools plus forts. Elle conserve son activité, à la température ordinaire,
dans tous les alcools essayés. La galactosidase !!} combine le galactose à
l'alcool propylique, quel que soit le titre de l'alcool dans lequel elle agit.
La proportion de galactose combiné augmente d'abord avec le titre de
l'alcool, puis, à cause de la destruction du ferment, cette proportion dimi-
nue dans les alcools à 4'^" et 55**. Dans les alcools à ()5k, 70^ ci ^5*^, dans
lesquels le ferment résiste bien, !a proportion de galactose augmente de
nouveau avec le titre de l'alcool et l'on arrive à près de 80 pour 100 de
galactose combiné dans l'alcool à 75'*.
SÉANCE DU 2 MAI 19a T.
ii33
CIIIVIIE RIO' 0"ilQUE. — Inflai-nce des sels (V iirane sur h fixateur d'azo'e.
Note de M. E. Ivwseu, |)i-ésentée par M. P. Vialn.
Dans une Noie antérieure (') nous avons montré qu'à doses convenaMes
certains sels d'urane pouvaient agir comme stimulants sur le ferment alc.io-
li(|ue; Agulhon cl Sazerac ont reconnu que l'acétate et le nitrate d'urane
pouvaient activer (-) les phénomènes d'oxydation dus au ferment acétique
et à la bactérie du sorbose; Sloklasa a signalé l'action favorable du nitrate
d'urane sur certaines bactéries du sol et il trouve que l'action de ce sel sur
VAzotobacter chroococum est plus faible que pour les autres bactéries
étudiées (').
Nous avons voulu voir comment se comportait à cet égard VAzotobacter
agile qui a fait l'objet de nos précédentes Notes.
Le milieu minéral contenant les sels habituels a été additionné d'une part de
1,94 pour 100 de mannite, d'autre part de 2,06 pour 100 de glucose; les liquides
l'épariis entre des vases coniques furent ensuite additionnés d'acétate d'urane, sel
soluble, et de phosphate d'urane, sel considéré comme insoluble, dans les proportions
indiquées au Tableau suivant; l'ensemencement, après stérilisation, a été fait a\'ec une
génération maintenue à l'obscurité ; les vases furent placés dans des conserves blanches
ou jaunes à la température de 27°; l'analyse fut elfectuée au bout d'un mois.
Hydrate disparu Azote Azote fixé
Sel Dose -~ — ^^ — — total par gramme
Coloration. ajouté. employée, total. pour 100. assimilé, d'hydrate détruit.
Milieu inannité.
e ms mg
Blanc témoin - 2,23o 76,6 ii,5o6 5, 169
> acétate rsWif "'■ÀS)^ §5,6 11, 368 4,565
» acétate j^ 2,455 84,4 i3,2o5 5, 379
" phosphate fôVô 1,825 62,7 9,067 4,968
Jaune témoin - 2,33o 80,1 10,297 4,4i9
» acétate ^^ 2,n5 72,7 9,259 4,377
» phospliate j^',,^ i,5i5 52, i 6,629 4,^75
Milieu glucose.
Blanc témoin - 1,609 52, 1 8,828 5,176
acétate rdrîTô ',^90 61,2 12,268 6,488
On constate que pour les conserves blanches, les cultures mannilées,
(') Comptes rendus, I. 155, 1912, p. i85.
C^) Ibid., p. 1186.
(•■') Comptes rendus, t. 1.55, 1912, p. 1096; t. 150, 1918, p. i58; t. 157, 1918,
p. 879.
C. R., igai, I" Semestre. (T. 172, N' 18). 83
Il 34 ACADÉMIE DES SCIENCES-
additionnées d'acétate d'urane, ont fait disparaître plus de mannite que le
témoin et qu'avec la dose de -^ il y a une augmentation d'azote fixé;
l'action du phosphate a été contraire, la proportion de mannite détruite
atteint encore 62,7 pour 100.
Le phosphate ne gêne cependant pas la combustion de la mannite; une
culture d'azotobacter avec la dose de -^ de phosphate a fourni les résultats
suivants : -
A/.ote
Mannite Azole total par gramme
déiruite. Pour 100. (i\é. île mannite.
Après I mois 15,367 43,5 .5™?, 347 3'"s, i-o
Après 4 mois 2^,91^ y2,8 6"'s,376 2'"», iS.j
Nous remarquons que dans les conserves jaunes le témoin montre la plus
forte destruction, dépassant même le témoin blanc; les sels d'urane parais-
sent ici avt>ir contrarié l'assimilation d'azote avec les doses employées.
Dans le milieu glucose, l'addition d'acétate d'urane a été nettement favo-
rable; signalons que la proportion de glucose brûlé n'atteint pas celle de la
mannite piur une même dose d'azote fixé, le microbe a travaillé plus écono-
miquement.
L'uranium intervient-il comme composé chimique ou comme catalyseur
par son pouvoir radioactif?
Déjà, en 1912, G. Petit a émis (') l'hypothèse d'une action favorisante
de la radioactivité sur la fixation de l'azote gazeux; Stoklasa a remarqué
qu'une terre ensemencée d'azotobacter et soumise aux émanations radio-
actives s'eniichissait en azote. Il y a donc une grande probabilité (]ue le
pouvoir radioactif de l'uranium est le facteur dominant; il contribue à sti-
muler le microbe et il peut en résulter une augmentation de la production
végétale.
EMBRYOSÉME. — La forme reptilienne du spermnlozoïite du Pangolin et sa
signification. Note de MM. R. Anthony et Ch. (Jha.mpv, présentée par
M. Kd. Periier.
Les spermatozoïdes du Pangolin (Manis javanica Desm.) ont une forme
spéciale (-), identique à celle qu'on ohserve chez les Reptiles. C'est une
exception unique pai-mi les Mammifères (Monolrèmes exceptés).
(') Congrès iiilern,itioiial de Pathologie comparée, Paris.
(') Nous ignorons si cliez le I^angolin lu spermalogénèse subit des arrèls pério-
diques. Chez certains Edentés [Tatu novemcinctuin L.) el cliez l'Orvclérope, il s'en
produit cerlainemenl.
SÉANCE DU 2 MAI 1921. Il 35
Les spermatozoïdes des Reptiles, ainsi que ceux des autres Sauropsidés
(Oiseaux) ont une tête très allongée, cylindroconique et plus ou moins
enroulée en spire. Cette forme spermatique n'est d'ailleurs pas particulière
aux Sauropsidés : elle doit être fort ancienne, car on la trouve avec ses
caractères essentiels chez les Amphibiens, et même chez les Sélaciens. L'un
de nous (') a montré que dans ces groupes (*) se développe toujours, au
cours de la spermatogénèse, dans le noyau de la spermatide, un appareil
axial qui consiste en une sorte de baguette élastique tendue entre l'acro-
some et le centrosome postérieur; c'est de la torsion de cette baguette au
moment de l'allongement de la spermatide que dérive la torsion plus ou
moins accusée, suivant les espèces, de la tête spermatique définitive.
Cette torsion de la tête spermatique est parfois très atténuée et tend
à disparaître, soit chez des types isolés {Rana esculenta^ parmi les Amphi-
biens), soit dans des groupes d'une très vaste compréhension (Téléostéens).
Mais, même alors, on en observe constamment des traces plus ou moins
nettes dans l'évolution des spermatides.
Les spermatides des Mammifères sont caractérisées par une tèle courte
généralement sans symétrie axiale, mais zygomorphe, en forme de cuiller
légèrement tordue. L'appareil axial dont on retrouve parfois qut^lques
vestiges ne se montre bien développé à aucun moment de la spprmatogé-
nèse, du moins dans les formes où celle-ci est connue (nous possédons
nous-mêmes une importante série de documents sur la spermatogénèse des
Mammifères). Seul, le spermatozoïde de TEchidné présente au contraire
une tête longue et spiroïde ; il e?t nettement reptilien. G. Rctzius ('), qui
l'a figuré, a négligé de faire ce rapprochement. C'est là un caractère qui
s'ajoute à beaucoup d'autres, semblant indi(juer entre les Monolrèmes
et les Sauropsidés l'existence de liens étroits.
Les spermatozoïdes du Pangolin sont assez semblables à ceux de
l'Echidné. Leur tête allongée s'atténue progressivement en pointe, coupée
en biseau à sa base comme chez beaucoup de Reptiles et d'Amphibiens.
Elle forme une sorte d'hélice d'un tour à un tour et demi; à sa partie
(') Champy, Arcliù'es de Zool. exp., t. .o2, et C. R. Soc. bioL, igiS. — Voir aussi,
en ce qui concerne plus parliculièremenl les Reptiles, Bulliard, C. R. Ass. Aiiat.,
1921.
(') La spermatogénèse des Sélaciens est, il est vrai, inconnue; mais la forme de leuis
spermatozoïdes montre qu'ils doivent 1res probablement se développer suivant un
processus semblable à celui qu'on observe chez les Amphibiens et les Sauropsidés.
(^) G. Retzius, Biologisches Untersuchungen, t. 13, p. 7, pi. XXIX, fig. i.
^C^
ç^^
os H,
C
cP^
ii36
ACADÉMIE DES SCIENCES.
postérieure, on distingue le corpuscule central proximal et une courte
pièce intermédiaire. Au cours de la spermatogénèse on voit se développer
un appareil axial identique à celui des Reptiles.
1. Sperm itozoïfle du Pangolin ( ilanis /avanica Desm.) ; 2, 3. Formes d'allongement drs spermalides
de P.ingolin ( Uanis j avanica) avec appareil axial typique; 4. Spermatozoïde de l'EcliIdné (d'après
R'-tzius); 5 Spermatozoïde d'un Reptile [Testudo grœca); G. Spermatozoïde de Dasypus
(, Chœlophraclus) villosus (d'après Retzius).
Cette forme spermati(]ue, si nettement replilienne, du Pangolin doit-elle
être interprétée comme la persistance d'un caractère ancien ou bien con-
sidérée comme secondaire et attribuée à une simple convergence"?
On est tenté d'accorder rt/)/7'o/j' à la forme des spermatozoïdes, en général,
une signification pbylogénétique importante. C'est là un caractère sur
lequel on ne conçoit pas que l'action du milieu s'exerce facilement. Mieux
que tout autre, il paraît capable de rendre compte des affinités réelles des
groupes. S'il varie parfois rapidement (Rongeurs), on ne peut discerner
entre ces variations et des conditions possibles d'adaptation quelconques le
moindre rapport. Le groupe tout entier des Marsu[)iaux, oiî l'on observe la
même variété et la même multiplicité d'adaptations somatiques générales
que chez les Euthériens, est caractérisé par une forme de spermatozoïdes à
ce point homogène qu'elle peut servir de moyen de diagnose.
Cependant, en ce qui concerne le Pangolin en particulier, rien, à l'excep-
SÉANCE DU 2 MAI iq2I. Il37
lion de la structure nettement reptilienne de ses écailles (lesquelles
coexistent au surplus avec des poils), ne paraît pouvoir le rattacher aux
formes ancestrales dont on peut concevoir que dérivent les Mammifères.
L'ensemble de l'anatomie du Pang^olin dont, au surplus, on est encore inca-
pable de préciser les affinités, indique plutôt au contraire, et par les régres-
sions même qu'on y constate, une extrême spécialisation.
Si l'on attribue à la forme spermatique du Manis la valeur d'un caractère
ancestral, il faudrait alors admettre que le phylum, dont notre Manis actuel
est le type terminal, s'est détaché du tronc mammalien de très bonne heure,
conservant sans modification, et pour des causes que l'on ne peut connaître,
cette forme spermatique ancienne, alors que suivant un mécanisme éga-
'lement inconnu, le spermatozoïde se serait au contraire profondément
modifié dans tous les autres groupes de Mammifères aussi bien euthériens
que marsupiaux.
Peut-on admettre d'autre paxt que celte forme spermatique soit un
résultat de convergence? Si l'on conçoit que des facteurs externes puissent
modifier dans un certain sens la structure des écailles, il est plus difficile
d'adniettrequ'ilspeuventagirsur la forme du spermatozoïde. Pour l'attribuer
dans le cas particulier à un phénomène de convergence, il faudrait admettre
une certaine corrélation entre la structure des écailles et la forme sperma-
tique, faire dépendre celle-ci indirectement de celle-là.
L'hypothèse de la convergence est en outre ici difficile à admettre, car
on conçoit malaisément que l'appareil spiral ait réapparu tel qu'il était
après avoir disparu complètement.
Pour ces raisons, l'hypothèse d'une persistance ancienne paraît la plus
vraisemblable. Le spermatozoïde du Pangolin, de même que celui des
Monotrèmes, n'aurait pas varié dans sa forme au cours de l'évolution,
comme l'a fait celui de tous les autres Mammifères.
EMBRYOGÉNIE. — L'activation parthénogénétique des œufs de Grenouille
rousse (Rana temporaria L.) dans les milieux hypoloniques et hyperto-
niques. Note de ^L R. Hovasse, présentée par M. Henneguy.
Activation par Veau. — Bataillon a signalé, en igo4, chez le Crapaud une
activation des œufs vierges pris dans la cavité générale et placés dans l'eau
ordinaire. Il a remarqué de même que les œufs utérins de Grenouilles pré-
II 38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sentent parfois dans l'eau distillée une aclivation analogue. 11 a interprété
ces faits conime dus à une immaturité des œufs considérés. Une série de
recherches faite sur des œufs parfaitement mûrs vient de me donner des
résultats analogues, mais d'une interprétation différente.
Des œufs de Rana temporaria descendus dans l'utérus depuis plusieurs
jours (Grenouilles fraîches) ou depuis plus d'un mois (Grenouilles
conservées à la glacière), plutôt surmatures qu immatures ^ réagissant nor-
malement vis-à-vis du spermatozoïde ou du stylet, sont plongés dans l'eau
distillée. Après s'être ratatinés, et avec une heure ou deux de retard sur les
témoins fécondés ou piqués au sang, ils se segmentent en forte proportion.
Si la même expérience est faite avec des œufs analogues, mais débar-
rassés mécaniquement de leur gangue au sortir de l'utérus, la segmenta-
lion est générale dans feau distillée ou ordinaire.
Des œufs inlacts sont placés dans l'eau ordinaire, leurs gangues s'y imbibent. Au
bout de temps variables, on les dégangue par-petits lots qui sont alors placés dans
l'eau distillée ou ordinaire. On constate ainsi que le pourcentage des segmentations
diminue avec le temps, plus vite dans l'eau distillée que dans l'eau ordinaire. Il
devient nul dans l'un ou l'autre milieu pour les œufs dégangués après plus de 48 heures
d'imbibilion.
Si l'on suit sons le microscope les œufs dégangués et mis dans l'eau, on voit qu'ils
augmentent de volume. Puis, a()rès un maximum de taille obtenu en 3o ou 4o minutes
(T =: iS" à 16°) leur diatnètre diminue assez brusquement, d'une façon comparable à
la conlraction qui s'observe normalement après la fécondation ou la piqûre expéri-
mentale. Le volume croît ensuite jusiju'à l'apparition des premiers sillons irréguliers,
caractéristiques de la parlhénogenè-ie abortive. Chez les œufs munis de leur gangue
observés dans l'eau ordinaire, on ob-erve de même une augmentation, mais beaucoup
plus lente et dont le maximum n'est atteint qu'en plusieurs heures; l'aclivatiun n'en
résulte qu'exceptionnellement.
Il semble donc que l'activation soit liée ici à une contraction, réaction de
l'œuf causée par la pénétration brusque de l'eau dans son intérieur. On
peut, d'autre part, en induire le rôle de la gangue en temps normal : elle
paraît constituer un amortisseur, empêchant par son imbibition lente le
brusque contact de l'œuf et du milieu hypotonique.
Aclivation par les solutions. — Des œufs sont plongés non imbibés d'eau, dans
des solutions isotouiques de substances diverses : LiCI, NaCI, KCl, KBr, Kl, KCv,
CaCl^ MgCP, MgSO\ Na'SO', (AzII')2S0', Ga(AzO')-, sucres, urée, disposées en
séries de concentrations croissantes depuis o jusqu'à 2 pour 100 (calculées en IS'aCl).
Us y sont laissés à demeure, ou reportés ensuite dans l'eau ordinaire après 2 ou
3 heures de coniaci. Au bout de 6 ou 7 heures (T r= iS" à 16") les œufs se segmentent
dans un grand nombre de solutions, et en proportions variables suivant les substances
SÉANCE DU 2 MAI I921. II 89
considérées. Aucun rapport n'apparaît entre le pourcentage des segmenlalions et les
concentrations. L'influence de celles-ci n'est sensible que pour la toxicité de certaines
solutions salines, qui croît proportionnellement à leur litre : par exemple Kl, K Br,
Ca(AzO»)', NaCI.
Les résultats les meilleurs sont ceux obtenus avec les solutions hypoto-
niques de sels, les solutions hypo, iso, ou hypertoniques des non électro-
lyles employés, tout au moins pour ce qui concerne les œufs restés à
demeure dans les solutions. Le report des œufs dans l'eau ordinaire n'amé-
liore pas les résultats, abstraction faite des solutions toxiques pour l'œuf
dont le rôle se trouve atténué, sinon supprimé. L'enlèvement de la gangue
est presque toujours favorable.
L'étude des variations de volume de l'œuf donne les résultats suivants :
aux faibles concentrations, il y a toujours initialement une augmentation
de taille, suivie plus ou moins tôt d'une contraction à laquelle fait suite une
nouvelle augmentation lente et durable. Si l'on augmente le titre des solu-
tions, les choses se passent de même dans les non-électrolytes jusqu'à des
concentrations très hypertoniques : plus de 2^ pour 100 (en NaCl) pour
le saccharose; tandis que, à partir de o', i3 pour 100 (en NaCl) pour
Ca(AzO')'-, on voit l'œuf diminuer de volume, lentement pendant les
premières minutes, puis plus brusquement, après un minimum atteint en
une demi-heure, l'œuf se remet à croître lentement jusqu'à la division.
Si l'on s'en tient dans les deux cas au premier temps (augmentation de
taille avec le sucre, diminution avec le sel), la pression osmotique ne peut
rendre compte des faits. Il semble nécessaire de faire intervenir un autre
facteur physique, bien moins précis, sans doute parce que moins étudié,
l'imbibidon [Quellung) des colloïdes de l'œuf. Les substances qui amènent
le gonflement, même en solutions très hypertoniques, sucres ou urée, ont
été reconnues par les auteurs comme imbibantes. Ils qualifient de dèsimbi-
bantes celles dont l'action se montre inverse sur l'œuf de Grenouille :
Ca(AzO'j- et divers sels.
Le mécanisme de l'activalion semble différer suivant ces deux catégories.
Avec les substances imbibantes, elle est du même type qu'avec l'eau dis-
tillée qui n'en est qu'un cas particulier. Avec les autres, l'activation, qui est
plus rapide, paraît coïncider avec la diminution de volume de l'œuf, com-
parable ainsi avec une contraction et qui fait peut-être corps avec elle.
H y aurait donc ainsi dans les deux cas, activation liée à une contraction
de l'œuf, tantôt active, tantôt à demi-passive. La contraction apparaît donc
comme le phénomène général, dont Bataillon a fait ressortir toute l'impor-
tance théorique.
ll4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE EXPÉRiMENTAI-E. — Lfi Jîèvrr aphteuse bovine n'est pas Iransrnis-
sible à V homme; la stomatite aphteuse humaine n'est pas transmissible aux
bovins. Note de M. Char es Lkbaili.y, présentée par M. E. Leclainche.
Les traités classiques de médecine humaine et de médecine vétérinaire
enseignent, sur la foi d'expériences faites en Allemagne en i834, qne la fièvre
aphteuse se transmet des animaux à l'homme par l'intermédiaire du lait.
Périodiquement, on publie des observations qui semblent confirmer cette
donnée. Je me suis livré à une enquête sur le sujet et voici le résultat de
mes observations :
Au cours de Tépizootie de fièvre aphteuse qui sévit depuis 19 19 en Nor-
mandie, j'ai visité un grand nombre de fermes et je n'ai constaté aucun cas
de fièvre aphteuse humaine parmi les nombreuses personnes qui étaient en
contact avec les animaux malades.
J'ai observé, d'autre part, de juin 1920 à avril 1921, dix cas de stomatite
aphteuse sur des habitants de Caen. Les malades présentaient le même
tableau clinique : éruption d'aphtes très nombreux sur les bords de la
langue, à la face interne des lèvres et des joues, aux gencives, au palais;
leur température oscillait entre 38° et 39'',5. Ils avaient bu du lait non
bouilli à l'exception d'un seul cas (9* cas). La maladie ne s'est jamais pro-
pagée aux autres membres de la famille. Leurs âges étaient respectivement
de 4, 35, 3, 5, 49> ^5, 7, f\5, 9 et i4 ans. Les enquêtes sur l'état de santé
des vaches qui ont fourni le lait, faites par M. Berlin, vétérinaire dépar-
temental, n'ont pas donné de renseignements certains, sauf pour les 3*^ et
5" cas où le lait ne provenait sûrement pas de vaches malades.
Ce cinquième cas concerne un homme de 49 ans atteint de fièvre (39°)
et porteur d'une forte éruption aphteuse survenue 4 jours après l'absorp-
tion de lait cru. Son observation a la valeur d'une expérience : en elTet, le
malade reçoit depuis plusieurs années son lait d'une seule ferme, toujours
la même, et l'enquête a démontré que les vaches y étaient absolument
indemnes de fièvre aphteuse. Les cinq premiers cas ont été observés avant
janvier 1921, alors que la fièvre aphteuse sévissait dans de nombreuses
exploitations, les cinq derniers s'échelonnent de janvier à avril, période
peu lant la(|uelle ré[)idémie, en décroissance, n'existait plus que dans de
rares exploitations.
Les médecins de la région m'ont fait remarquer qu'ils observaient en
tout temps des stomatites semblables. Y a-t-il relation de cause à effet entre
ces éruptions buccales et l'ingestion de lait cru? on peut le supposer, mais
SÉANCE DL 2 MAI I921. Il4l
alors il s'agirait de tout autre chose que de la fièvre aphteuse des bovidés.
Au surplus j'ai fait les expériences suivantes :
Première série d'expériences ( essais négatifs de transmission de la stomatite
aphteuse humaine aux bovidés) :
Expérience 1 (7' cits). — Enfant de 7 ans, t. Sg", éruption buccale en voie
d'extension. On prélève du liquide des vésicules intactes, du produit de raclage des
aphtes, on recueilfe et l'on défibrine 10""' de sang. Ces produits ont été injectés sépa-
rément sous la peau d'un jeune bovin. L'animal, mis en observation pendant trois
semaines, n'a présenté ni troubles ni élévation thermique. Inoculé ensuite avec du
virus aphteux, il a contracté 5 jours après la fièvre aphteuse.
Expérience 2 (8" cas). — Femme de 45 ans en pleine poussée de stomatite
aphteuse, 38°, 8. Prélèvements de salive, sérosité et aphtes. On recueille et défibrine
So'^"' de sang. Ces produits sont inoculés séparément sous la peau d'une génisse.
Aucune réaction. Après un délai de 20 jours celte génisse inoculée avec du virus
apiUeux a présenté 4 jours plus tard les symptômes classiques de la fièvre aphteuse.
Expérience 3 (lo" cas). — Fillette de i4 ans, l'éruption avant débuté le matin même.
La sérosité des vésicules, des débris d'épilhélium et de la salive ont été inoculés sans
résultat à un jeune bœuf. Soumis i5 jours plus tard à l'épreuve du virus, l'animal a
contracté une fièvre aphteuse typique.
Deuxième série d'' expériences {essais négatifs de transmission de la fièvre
aphteuse bovine à l'homme) :
Expérience k. — Un demi-centimètre cube de virus aphteux buccal d'un bœuf est
inoculé sous la peau d'un singe du poids de i^^ (Macacus cynomolgus). Ni réaction
thermique ni lésions aphteuses.
Expérience 5. — Elle a trait à une inoculation accidentelle. Par suite du mou-
vement de défense d'un animal, un aide s'est enfoncé profondément dans la main
l'extrémité d'une pipette chargée de virus qui venait d'être recueilli dans un aphte. Il
n'en est résulté aucun trouble
Expériences 6, 7, 8. — Le virus utilisé a été le sérum d'un bovin ayant contracté la
maladie cinq jours après l'inoculation et dont la température alteignait4i'' au moment
de la saignée. Trois sujets d'expérience ont reçu respectivement sous la peau 8""', 3™',
S"^™' de ce sérum. En outre, chez chacun d'eux plusieurs centimètres cubes du produit
virulent ont été déposés dans la bouche. On a fait à la face interne des joues, des
lèvres et aux gencives de légères érosions au contact desquelles le virus aphteux a été
maintenu pendant au moins cinq minutes. Une génisse de 3oo''e a reçu en même temps
sous la peau 8""' de ce sérum. Cette génisse a présenté 72 heures plus tard une érup-
tion aphteuse buccale intense et 4'°. elle a succombé à la maladie le neuvième jour.
L'autopsie à été faite par MM. Bertin et Fréger. Les sujets humains sont restés com-
plètement indemnes.
Il me paraît légitime de conclure de ces observations et expériences que
la fièvre aphteuse bovine et la stomatite aphteuse de l'homme sont des
maladies absolument distinctes, puisque la première ne peut être transmise
expérimentalement à notre espèce ni la seconde aux bovidés.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N« 18.) ^4
Il42 ACADEMIE DES SCIENCES.
PATHOLOGIE. — Sur le Lalhyrisme ou intoxicntion provoquer par les
graines de Gesses. Note (') de M. .^Iarcel !IIira\de, présentée
par M. G. Guignard.
A la suite du médecin Cantani, de INaples, on a donné le nom de
lathyrisme à l'intoxication déterminée, chez l'iiomme et chez les animaux,
par l'alimentation au moyen des graines de certaines Gesses, notamment du
Lathyrus salivas et du L. Cicera.
Pendant la guerre, l'Administration militaire, obligée de faire entrer
dans l'aliuientation chevaline des substances qui n'y entrent pas habituelle-
ment, y a introduit, notamment, les graines de ces plantes. Des accidents
ayant été signalés de divers côtés, une décision du 8 octobre 1919 vint
mettre un terme à ce mode d'alimentation. Il y a quelques semaines,
M. le vétérinaire-major de i'"' classe Léger, de Grenoble, vint me faire
part de graves accidents survenus parmi les chevaux de la garnison de
cette ville, dans l'alimentation desquels était entrée une certaine quantité
de graines de Lathyrus salivas, et me demander mon avis à ce sujet; il avait
constaté, dans son service, de nombreux cas d'intoxication dont 16 mortels,
dans une période de temps assez courte.
Une première étude des graines de Lathyrus salivas et de L. Cicera m'a
donné les résultats suivants :
Les graines concassées, broyées, ou réduites en farine grossière el liumectées d'eau,
placées dans un récipient en verre, à la température de 33° à 4o", donnent, au l)ont
de quelques heures, une autofermentalion dégageant une assez grande quantili' d'an-
hydride carbonique et dV/ct'/e suif hydrique.
La substance, dont la déconoposition fournil ce dégagement de M'S, est contenue
dans les cotylédons et non dans le tégument séminal. Cette fermenlalion se produit
d'autant plus vile que le broyage est plus fin; une farine moyennement fine dégage
son H- S en 6 heures ou en 8 heures.
Si l'on fait une macération dans l'eau des graines broyées, la >ubstance mère de H-S
est contenue dans l'eau de macération; un lavage soigné est cependant nécessaire poui-
l'extraire totalement.
Les graisses, dép4)uillées ou non de leur tégument, mais laissées entières el mises
dans un peu d'eau, ne donnent pas lieu à ce dégagement d'hydrogène sulfuré; dessé-
chées ensuite, broyées et humectées, elles n'en dégagent pas non plus. I.e simple
début des phénomènes germinatifs subis par les graines entières a transformé la subs-
tance mère de IPS.
(') Séance du ?.5 avril 1921.
SÉANCE DU 2 MAI Iy2I. ri 43
La feriiieiilalion spontanée qui fournit ce dégagement de H'-S ne commence guère
qu'à 35°; elle est très active entre 35" et l[0°, température de la plupart des animaux
à sang chaud ; elle se produit aussi jusqu'à 60° environ, c'esl-à-dire jusqu'à la lenipé-
ratui-e moyenne de coagulation des matières albuminoïdes. A partir de celle tempé-
rature de coagulation, raulofermenlation ne se produit plus; mais par l'ébullilion
ou à l'auloclave (de 1 10° à 120°) on obtient la décomposition directe, mais parlielle
seulement, de la substance mère de II-S. Cette décomposition partiells est accrue
sous l'action des acides dilués.
Lautofernientalion sulfhydrique se fait par action lente de l'eau; elle ne semble |)as
être iiilUieiicée par quelque pliénomène d'oxvdation ou de réduction.
Je suis parvenu à e.vtraife de ces graines une substance qui, par la cha-
leur seule et encore mieux avec les acides dilués, dégage de l'H^S.
Cette Note a simplement pour but, en signalant, après bien d'autres,
le danger des graines de Gesse dans l'alimentation animale, de jeter
quelque lumière sur la cause du lalhyrisme et de susciter l'étude de cette
maladie sous un angle nouveau.
Cornevin (') et d'autres auteurs, plusieurs vétérinaires de l'armée et
notamment M. le major Léger, que j'ai cité plus haut, ont observé que si
les Gesses sont données aux chevaux après macération et rejet du macérât,
elles sont sans danger. Cornevin constate également que si les graines de
Gesse sont données aux animaux concassées ou réduites en farine, les
phénomènes morbides apparaissent plus rapidement qui si elles sont distri-
buées entières et sans avoir subi ces opérations. Mes expériences, citées
plus haut, donnent l'explication de ces faits.
L'empoisonnement semble bien causé par l'acide sulfhydrique qui se
dégage dans l'estomac de l'animal comme in l'euro. On connaît la puissante
toxicité du H- S gazeux qui altère le globule sanguin, s'empare de son
oxygène et y détermine la formation de sulfure de fer. Les animaux meurent
par asphyxie, parfois très rapidement, parfois après une période plus ou
moins longue. Dans ce dernier cas, ils succombent peut-être aux lésions
lentes produites sur les hématies.
M. Henri Kœchli\ présente un Mémoire intitulé sur V Élasticité plane.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
A 16 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
( ' ) Cornevin, Des plantes vénéneuses et des empoisonnements qu elles déterminent.
Paris, 1887, lib. Firmin-Didot.
"44
ACADEMIE DES SCIENCES.
COMITE SECHET.
La Section de Cliiiiiie-présenle, par l'organe de son Doyen, la liste sui-
vante de candidats à la place vacante par le décès de M. Em. Bowquelot :
En première ligne M. Georges Uubain
En seconde ligne M. Emile Blaise
1 MM. Marcel Delépixe
En troisième ligne, ex œquo et par ordre ) Paul Lekeait
alphabétique j Robert Lespieau
' Camille Matignon
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 17 heures et demie.
E. P
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI î) MAI J921.
PRÉSIDENCE DE M. GiiOROES LEMOINE.
MERIOIllES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGA.DÉMrE.
M. le PiiÉsiuEXT annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de la
Penlccôle la prochaine séance hebdomadaire aura lieu le mardi 17 mai au
lieu du lundi iG.
M. le Pkksidext souhaite la bienvenue à M. Lenxart Smitii, professeur
à l'Université de J^und, qui assiste à la séance.
MÉDECINE. — liechcrches cotnparalivcs sur le fonctionnement du foie à la
suite de l'anesthèsie c/niurificale par le chloroforme^ l'ét/ier, le protoxyde
d'azote ou la novocaïne. Note de iMM. F. Widal, P. Abrami et J.
Hi ri\Ei,.
Nous avons montré récemment, par une série de recherches, l'importance
de l'épreuve de l'iiémoclasie digestive, qui, par de simples numérations de
leucocytes, après absorption d'un verre de lait, permet de dépister en cli-
nique les moindres altérations fonctionnelles du foie. L'insuffisance protéo-
pexiquc, que cette épreuve met facilement en évidence, s'est en effet révélée
d'une extrême fréquence non seulement au cours des affections hépatiques
avérées les plus diverses, mais dans toute une série d'états patholoj^iques où
l'adultération cellulaire du foie ne pouvait être que soupçonnée. Le plus
souvent, cette insuffisance protéopexique coïncidait avec certains symp-
tômes urologiques d'insuffisance hépatique, tels que l'urobilinurie ou la
C. lî., ig2i, I'' Semestre. (T. 172, N* 19.) f^5
Il46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rélcnlion des sels biliaires; par coiUre. elle évoluait souxcnl aussi pour son
propre compte, constituant le seul témoin d'un liépatisme talent.
L'extrême sensibilité de l'épreuve de l'Iiémoclasie digestive nous a
engai^és à reprendre, à l'aide de ce nouveau procédé d'exploration, l'élude
du retentissement que peuvent avoir sur le fonctionnement du foie les dif-
férents anesthésiques couramment employés en chirurgie. Depuis longtemps,
les cliniciens ont insisté sur la fréquence des altérations hépatiques provo-
quées par certains de ces anesthésiques et notamment par le chloroforme.
Ces altérations se traduisent par toute une gamme de sympinmes, qui va de
l'ictère grave au subictère léger, et même à ces rétentions biliaires latentes
décrites par MiVl. Brûlé, Garban et Légal La Salle ('). Ces auteurs ont
montré (|ue, dans les narcoses prolongées, le chloroforma et l'éther pro-
voquent à peu prés constamment une rétention de sels liiliaires et d'urobi-
llne, qui persiste pendant plusieurs jours ; dans les narcoses de plus courte
durée, l'élher paraît moins toxique que le chloroforme : l'excrétion d'uro-
biline et de sels biliaires est moins fréquente avec le premier de ces anesthé-
siques. Il était intéressant de reprendre cette élude avec l'épreuve de l'Iié-
moclasie digeslive, non seulement dans l'aneslhésie par l'élher et le
chloroforme, mais dans l'anesthésie par le protoxvde d'azote, et compara-
tivement dans l'anesthésie locale par la novocaïne.
Les malades que nous avons examinés ont été choisis naturellement
parmi ceux qui ne présentaient aucune tare hépatique antérieure, réagis-
saient à l'épreuve de l'hémoclasie digestive comme des sujets normaux, et
n'excrétaient, par les urines, ni pigments, ni sels biliaires.
Les résultats auxquels nous sommes arrivés dilTèrenl, ainsi qu'il fallait
s'y attendre, suivant les anesthésiques emplovés.
Avec le chloroforme, même administré à faible dose, l'insuffisance pro-
léopexique s'est montrée constante et précoce. Sur les quatre malades
que nous avons observés et chez lesquels la durée de l'anesthésie a varié de
20 à 55 minutes, trois fois la ci'ise d'hémoclasie, provoquée par la simple
absorption d'un verre de lait, s'est manifestée déjà 24 heures après l'opéra-
tion, alors que les urines ne contenaient encore ni urobiline ni sels
biliaires. Une fois, elle n'ost apparue qu'au bout de '|8 heures, en même
temps qu'une nrobilinurie légère; il s'agissait d'une anesthésie peu intense,
(') lÎHL'Lfi, 11. Garbax el Lec.ai. La Salle. Lex retendons biliaires lalenles dans, cer-
taines lésions toxiques et infectieuses du J'oie {Revue de Cldrurgie, 10 juin 191 '11
SlUNCli nu () MAI If)'2I. ii/j;
la qiianlilé de chinrofoiiiie dcbilcc" piir l'appareil ilc Kicard n'ayaiil pas
excédé 1 1 ""'.
LY'volulioii de celle iiisaflisancc posl-cliIoroi'ormi(|ue a varié suivant les
malades; sa durée, cependant, n'a jamais excédé quelques jours. Dans un
cas, concernanl une ancslhésie de 2.6 minutes avec absorption de i/|"" de
chloroforme, l'hémoclasic digestive qni apparut 24 heures après ro|iéralion,
ne disparut que le sixième jour. Il n'y eut, à aucun moment, rétention des
sels biliaires; par contre, l'urobilinurie qui ne se montra que 24 heures
après rinsuflisance protéopexique se prolongea '|<S heures ajarès la dispa-
rition de celle-ci. Chez une autre malade, ayant inhalé ■)7""' de chloro-
l'orme au cours d'une anesthésie de 35 minutes, et qui, ■2\ heures
après l'intervention ne présentait, elle aussi, qu'une crise d'hémoclasic
digestive, sans urobilinurie, ni cholalurie, ces deux symptômes apparurent
simullanément au bout de '|8 heures. (^)uatre jours après l'opération, la
rétention des sels biliaires disparut, alors que l'épreuve de l'hémoclasic
digestive était toujours positive et que l'urobilinurie persistait. Ce n'est que
le sixième jour que ces deux signes d'insuffisance hépatique, dis])arurent à
leur tour. Dans un troisième cas, où la dose de chloroforme respirée fut de
I 1""', l'insulfisance protéopexique, qui apparut 48 heures a])rt'S l'opération
et qui persista jiendant <> jours, ne s'accompagna à aucun moment, ni
d'urobilinurie, ni de cholalurie. Elle constituait donc le seul témoin d'une
altération hépatique qui sans la recherche de l'hémoclasie digestive aurait
j)assé inaperçue. Enfin, chez une quatrième malade, qui absorba 1 4"" de
chloroforme, l'épreuve de l'hémoclasie digestive positive dès le lendemain,
resta positive pendant 5 jours. I^lle s'accompagnait seulement d'uiobili-
nurie, qui persistait encore 8 jours après l'opération.
L'aneslhésie par l'éther nous a fourni des résultats beaucoup plus
inconstants que ceux observés avec le chloroforme. Ici la question de la
dose de l'anesthésique absorbé semble revêtir une importance capitale.
Dans les petites anesthésies, la fonction protéopexique du foie reste,
semble-t-il, indemne. C'est ainsi que chez deux malades, anesthésies à
l'élher l'une pendant 10 minutes, l'autre pendant 18 minutes, l'épreuve de
riiémoclasic digestive a été coniplèteinent négative. 11 en a été de même de
la réaction de Hay, l'urobilinurie existait dans un cas en proportion très
notable et dans l'autre en faible quantité.
Dans les anesthésies plus prolongées, l'éther arrive à léser la fonction
protéopexique, mais d'une façon moins précoce et moins profonde que ne
le fait le chloroforme, .\iusi, chez une malade qui resta anesthésiée pcndan l
• l4'^ ACADÉMIli: DES SCIENCES.
26 minutes, la crise héiiioclasiqiie n'apparut qu'après 48 heures et disparut
2 jours plus tard : elle évolua parallèlement à une urobiliniirie légère, sans
cliolaluric. Chez une seconde malade, dont l'aneslhésie se prolongea pen-
dant 35 minutes, la crise d'hémoclasie digestive, qui n'apparut égaleiucnl
qu'après 48 heures, ne dura que 3 jours; de plus, elle était peu intense, et,
comuio il est l'réquent en pareil cas, s'effectuait en échelons; les chiffres des
leucocytes présentaient une série d'oscillations ascendantes et descendantes,
il n'y eut dans ce cas ni urobilinurie, ni excrétion des sels biliaires.
iMifin, nous avons effectué les mêmes recherches chez quaire lualades
endormis par un troisième aneslhésiquc : le prolnxyde d'azote. Dans deux
cas où l'anesthésie a été prolongée, l'iiémoclasie digestive existait; elle
apparut 24 heures après l'intervention. Le premier cas concerne une anes-
ihésie de 35 minutes; l'insufllsancc proléopexique dura 3 jours; elle coïn-
cidait avec une urobilinurie notable, sans cholalurie; dans le second, où
l'anesthésie dura 4o minutes, l'insuffisance protéopexique se prolongea
4 jours ; il y eut, parallèlement, excrétion d'urobiline et de sels biliaires.
l'ar contre, dans deux autres cas, ou l'anesthésie fut de courte durée
(17 et 24 minutes), nous n'avons observé ni insuffisance protéopexique,
ni rétention de sels ou de pigments biliaires.
Aux résultats qui précèdent, et qui tous concernent les anesthésies géné-
rales, il faut opposer ceux que nous a fourni l'élude d'un anesthésique
local : 1(1 niivucaïnc. D'après les constalalioiis faites dans les cas que nous
avons observés, cette substance n'exerce aucune action nocive sur le foie.
J'rois sujets ont reçu respectivement, par voie intrarachidienne, 8'^'"', 10"'''
et 12*^^°' de novocaïne, un quatrième a reçu la très forte dose de 2^ en
injection sous-cutanée; aucun d'eux n'a présenté le moindre signe d'in-
suffisance hépatique. La crise d'hémoclasie digestive recherchée les jours
suivants a fait défaut; il n'y eut, d'autre part, ni urobilinurie, ni rétention
des sels biliaires.
En résumé, les recherches qui viennent d'être exposées metlonl en relief
les deux faits suixants :
D'une part, les trois grands anesthésiques généraux couramment usités
en chirurgie : chloroforme, éther et protoxyde d'azote, touchent la cellule
hépatique. L'indice le plus sensible de celte altération cellulaire est linsuf-
lisance protéopexique qui apparaît frécpiemment avant tout autre signe de
lésion du foie, et peul même, dans certains cas, évoluer pour son propre
compte, sans rétention de sels biliaires, sans urol)ilinuric.
Avec le chloroforme, l'insuffisance protéoiiexique s'est montrée cens-
SÉ'ANCE DU () MAI HJSI. Il/jf)
lanle, même après l'eiuploi de faibles closes de cet anesthésiqiie. Avec
rétliei- et le protcxyde d'azote, riiisuflisanco hépatique, absente on cas
d'aneslhésie de courte durée, apparaît dès que la narcose se prolonge.
Au contraire. la cellule hépatique reste indemne au cours de l'ancslliésie
locale parla novocaïne. Les doses haljituelles de lo'i^ et 12''^ injectées par
voie rachidienne, et même la dose de 2" administrée par voie sous-cutanée,
ne produisent aucun trouble appréciable du foie, comme en témoigne
l'épreuve de l'iiémoclasie digestive, qui pci met pourtant de déceler les alté-
rations fonctioimelles les plus minimes.
Les résultats précédents ont leur importance dans la pratique.
Chez des sujets dont le fonctionnement hépatique est normal avant
l'opération, l'insuffisance protéopexique que détermine l'anesthésic géné-
ral' ne semble pas constituer une contre-indication à la narcose, il s'agit là
d'un trouble fugace qui a disparu en quelques jours, chez tous les opérés
que nous avons suivis et chez lesquels l'anesthésic a été prolongée
jusqu'à 3" minutes, l'ar contre, chez les sujets atteints d'une lésion du
foie, on risque de voir survenir, après l'anesthésic générale, des accidents
plus ou moins graves d'insuffisance hépatiqu(^; lors(|u'une indication
opératoire se pose chez de tels sujets, il est intéressant de savoir qu'un
anesthésique local, comme la novocaïne ne détermine, même aux doses
élevées que nous avons indiquées, aucune altération fonctionnelle du foie.
ÉLECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section de Chimie, en remplacement de M. Emile Boitrqurlot , décédé.
Le nombre de votants étant 09,
M. Georges Urbain obtient 36 suffrages
M. Camille Matignon » i.") »
M. Lmile Biaise » 4 "
M. Marcel Delépine » 2 »
M. Albert Colson » r suffrage
M. Robert Lespieau » i »
M. Georges Urbaix, ayant réuni la majorité absolue des suffl•a^es, est
proclamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
[5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
NOMlIVATIO^S.
M. G. BuiouKDAN csl désigné pour représenter l'Académie à l'inaug^ura-
tion d'un monument élevé à la mémoire de l'abbé La Caii.i.k. à Runiigny
(^Ardennes).
COMMISSIONS.
MM. les Membres de i.a Section de Piiysiqik, MM. A. d'Arso.vval,
J. Carpe\tier, Iîer«;oivié, formeront la Commission cliargée de contnMer
les expériences de M. Coi\TREMorLiN.s, sur \a portée des rayons A.
CORUE SPOND AIVCE .
M. Pait, Wi.ntrebert adresse un Rapport relatif à l'emploi de la sub-
vention accordée eu 1920 sur le Fonds Bonaparle.
M. le Mimsire de i.'I.^strtctio.n plblioue et des Beaux-Arts invite
l'Académie à désigner un de ses Membres qui fera partie de la Commission
tcrjinifjue de la Troisième Section de la Caisse des rec/ierc/irs scienti/i(/i/es.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° T//e éléments o fthe science o^ nutrition, by Graiiam Lisk.
2° Annales des Services tec/ini(jucs <riIyL:;i<'ne de la Ville de Paris. Tome 1 ;
Compte rendu des Iravaa.j- de i()i3 à iijh).
3° Essais de l'alcoconrhologie comparée, par M. Coss.man.n. (Présenté par
M. Douvillé.)
4° Deux fascicules du linlletin teclini(jae da Service leclmiijaede l' Aèronaa-
liqae.
S° Annexe du Tome second de la Description iiéomélrir/i/e détaillée des
Alpes françaises, |)ar Paui. IIi:i.i:uo!cnkk. (Présenté par M. P. Appell.) '
SÉANCE DU 9 MAI I921.
I i5i
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les polynômes (/r Lai^iiirre.
INole de M. Ffti.ix V.wkv, présentée par M. Ap[)ell.
I. Considérons les polynômes l'„('', a ) délinis par le dévelo|ipeni('nl
^1 ""y h"P„{a, or).
On voit, en employant les méthodes classiques, que ces polynômes,
liomogènes en x et en a, jouissent des propriétés suivantes :
/ (•"/(■./•) \\,{.r. «)r/.r = 0,
J{x) étant un polynôme arbitraire de degré inférieur à n. Si n et n' sont
des entiers différents,
Les polynômes Prt(.r, a) satisfont à l'équation différentielle
a X T^ 4- ( n + .?' ) ; /i r„ ( .r , « ) = o,
dx- d.v
et trois polynômes consécutifs sont liés par la relation
{n -h i) P„+,(.r, fl) — [.r + (2/( + i)rt] P„(.r, «) + /;«'- F-",,. ,(j:-, cr) =:r o.
L'expression générale de P„(''") ^') est
P„(.i-. a)=.a" -I f o"-' — r -(-
/( ( /( — 1) .,„■''■ "(" — ')(" — ■!"• , •'■'
Klle peut s'écrire sous la forme de déterminant
P„(x, a)
3«
(— 1)",^" (- 0"-' -«"-
I 02 ACADEMIE DES SCIENCES,
l'^iiliii, l*„(.'', a) se met sous l'orme de dérivée //"""'
Il \ ll.l"
Poura = i, les polynômes P„(.t, n) se réduisent, à un fadeur constant
près, aux polynômes de Laguerre ( ' ). l'.n faisant a ^ i qV en rcmplarnnt .r
par — X, ces polynômes se réduisent aux polynômes d'Abel ( - ).
2. Considérons maintenant les polynômes P„(^, ci) comme fonctions
de a. Ils satisfont alors à
'/=P„(.z-. a) r V -,dV„[.r.a\
a ■ p- kr -i- ( 2 /i — 1 ) rt 1 ; II- y ,A T , (i) z^ o
da- ^ da
et peuvent se mettre sous la forme de dérivée /('''""'
P„(.r. rt ) := I- II'
-1 _ _ ,/„
~da~„
En comparant cette expression à celle obtenue précédemment, on obtient
l'identité
j'^.nlin, les polynômes P„(a', a) vérifient la relation
dV„{.r, a)
da
= /;P„ ,(./■. a\
Ils appartiennent donc à la classe des polynômes de M. Appell ( ' ) : Icui'
fonction génératrice a pour expression
. , h X h- x'- h^ r' A" r"
' I ! I I 2 ! ■> ! û I j ! ' ' ' ~^ II'. ii\ ' ■ ■ ■ '
elle satisfait à l'équation difrérenticlle du second ordre
, r/'o do
''7ÏÏ? ' ^]-^'^~"'
et à l'écpiation aux dérivées partielles
à
Oh àx
= o 1 A , x).
(' ) Œittres de f^agtierre, t. 1, p. l\i^.
(-) Œuvres d'Abel, t. 2, p. 2<S.'i.
(■■ ) .S//r une clause de polynômes ( Annales de i Ecole Normale supérieure, iSSoK
SÉANCE DU 9 MAI 1921. Il53
."). D'une fjiron générale, 011 peut appliciiier aux polynômes l'„(-^", «)
loules les indications données dans le Ménioiie eilé de M. Appell. Gest ce
(pic nous montrerons dans un travail (jui sera pnhlié ailleurs.
ANALYSI-; MATHÉMA'l'l'^UE. — Sur une ri'pirspntdliiui des poly/io/ites
par lies in /('■ivraies. \ole de M. A. Ax«ei,rs«:o, présentée pai' M. Appell.
I. Vi(u) éld/it une fonclinn liurdanl Je même signe pour u compris dans
rintcrvallc {a, h), à tout polynôme P„(.r ), du degré n en .r, on peut faire
correspondre un polytiome II„( u ). et un seul, du degré n en u, (et qi/e l'on ail
(I) ¥„{x)=i K{u){,r-^ ii)"\\„{u)
du.
En effet, en identifiant les deux membres, on obtient un système de
// -+- I équations linéaires pour déterminer les n + 1 coefficients de n„( u).
Il ne peut y avoir indétermination, car si l'égalité (i ) était satisfaite aussi
par le polynôme n„( u), du degré n en », on déduirait que
f iv(«)"'[n„-n;,]^/// = o
pour? ^o. I, ..., n, ce qui est impossible, vu que Iv(h) ne change pas de
signe lorsque u varie de a à b.
'1. Si l'équation P„(j7) =^ o a p racines réelles et distinctes, toutes supérieures
à b ou toutes inférieures à a, {l) > o), Véqualion II„(.r ) = o aura p racines
réelles, comprises dans Vinterialle (a, b).
Soient i\,r^^ ...,/-^lcs p racines de P„(.r)^o. Nous les supposerons
toutes supérieures à b et ordonnées de telle faeonquc /•, > '■■_.> ... >/■/,> b.
De Féiialité
/'
K ( » ) ( r , — u )" II„ ( u ) du == o
on déduit que Hjj^//") doit clianger de signe lorsque u varie de a à b\
1F„(//) ~ oa donc au moins une racine dans cet intervalle, que nous dési-
gnerons par p,. Supposons que, aux i — i racines ?', , r.^, ..., r/_, de P„(a7) = o,
correspondent les i — \ racines p,, p^, ..., p,_i de IT„(^) = o comprises dans
l'intervalle («, b). Notre proposition sera démontrée si nous prouvons que,
à la racine /•,, correspond la racine p, de Ilnfa-") située dans le même
intervalle.
II 54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Considérons pour cela le polynôme du degré n en u
(2)
H(")-
("- '■■)"
(p.-'-i)"
yu — r.,)"
.-'•.)" (?
r,)"
(p,-_,— /•,/'
et cherchons le nomhre de racines de ce polynôme inférieures à h, ou, ce
qui est la même chose, le nomhre de racines positives de ll(/> — //) = o.
En développant le déterminant ( 2). l'équation précédente pourra s'écrire
(3)
/.i((/ + y.^Y + >..,(// ^ y.-:.)" + . . .^'l.,(a-\- cz,)" = o,
où a,, a^, .... X, représentent respectivement les (piantités i-, — h,
r., — />, ...,/•, — h, donc des (juantités positives dccroissantes^ et les coefficien ts
A|, A^,. .... A, résultant du déterminant (2). D'après le théorème de
Descartes, le nombre des racines positives de (3) ne peut dépasser le
nombre des variations de signes que présente la suite
(4) ),i +/., + .. . + >■„ ).,cz,h->.2»;î
l,y-i,
. , À, a'I -H X, 5;!; -h ... -t- À,»;'.
D'après des résultats établis par Laguerre (^'). relatifs au nombre des
variations de la suite (4), il résulte que le nombre des racines positives de
l'équation (3) est au plus i — i. Donc l'équation R(//) = o, qui a pour
racines les i — i quantités s,, Oj, ..., p,_, inférieures à h, ne. peut (noir
d'' autres racines inférieures à b. Posons
Alors
r(M) — (" — pi)(" — p.') ■■ • (" — p-i)-
(5)
[\(,/)=^{u)S{,i)
et n„(K) = r(//)cr(fO-
Lorsque // varie de n à /^,le polynôme S(//) garde un signe constant ; si le
polynôme 'y(ii) change de signe, il résultera que 1T„(//) admet encore une
racine p, dans cet intervalle. Mais des /égalités
/'
K ( // ) ( /•_, — a)" II,, ( (/ ) du = o
(y = '.-.',
il résulte que
f \\(ii)\\{ii ) n„ ( Il ) i/ii = o.
(') Sur lu lliciirie des é'jualions iiinurrii/iics [f >lùi\'res, l. 1. p. >-).
SÉANCE DU 9 MAI 1921. il55
En remplaçant, alors, R(//) et H„(«) par leurs valeurs (5) nous voyons
([ue celte égalilé ne peut avoir lieu (|ue si 7(«) change do signe clans l'inter-
valle (a, h).
Notre proposition se démontrera, de même, dans le cas des racines
/•,,/•.. .... r, toutes inférieures à et.
15. Prenons le polynôme P„(-r ) sous la forme
l'„(.r) =: a„.r" — C,',«,.r"-' -h Cj,(ux" --... + (— 1)"(/„.
Alors, de l'égalité (^i) il résulte
(G) / K(/0"' II,..(") <^''" = ^'' (('r^o, i, a, . , ., «)•
Donc, le polynôme U„{u ) généralise le polynôme orthogonal du degré n
correspondant an noyau K("), qu'on obtient en faisant
, = a,,_i = o.
Des égalités (G) on déduit facilement que. si /* est impair, on a
D'autres propriétés des polynômes n„(w) en rapport avec les polynômes
orthogonaux et les polynômes de la classe de M. Appell font l'objet d'un
Mémoire qui paraîtra dans un autre recueil.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence, des développements qui
expriment les racines de l'équation iilgèhrique générale par une somme de
fonctions hypergèométriques de plusieurs variables. Note de M. Richard
ItiRKELAXD, présentée par M. K. Goursat.
i. Dans une Note précédente! ') j'ai montré qu'on peut résoudre l'équa-
tion algébrique générale par une somme de fonctions hypergèométriques
de plusieurs variables. Nous allons généraliser les développements. Consi-
dérons l'équation générale du degré n :
(1) r„.v" + /•„_, jf"-'' + . . . + /■oa'-+ r,.r + /•„ = o.
Soient^ et q {p > q) deux des nombres o, i, 2, ..., n. Ecrivons (i) sous la
l'i Comptes rendus, l. 171. lyao, p. i3-o.
11.56 ACADÉMIE DES SCIENCES,
forme
H- /,,_, i-''-i + /,,>■!' + . . . -I- /„ . , l'" ).
Il siiflil. pour cela, déposer
et de diviser par — i), et par v'. Dans (2) nous posons
/, =■ /, />, = ///, ("/, > II.
Considérons l'équation de Lagrange 0 = 1' + a/'(0). Si nous introduisons
et " • .
n r 1 '/-' '/ + !
J{0) — 0 '■"'4' + A//'^'' + ...-f-/',,^''"''+ //,/^, (/''-'' -4-...
/'- I /' + ' n -|
l'équation de T^agrange devient l'équation (2), et en développant l^'iO")
suivant les puissances de / à l'aide de la série bien connue de Lagrange
nous obtenons, en introduisant /==/,, /«; =^ y> p — ij des racines de (2)
par les séries
P — • 7 ■^'^a a, ! o!j! . . . a,,_, ! ' -
(« = I, 2, . . ., y^ — y) la somme X, étant étendue à toutes les valeurs o, i ,
2, 3, ... de a,, a., .. , 7.„_, depuis zéro à l'infini; le système des valeurs
a, = ^2 = . . . = a„_ I = o excepté. Vm outre : nous avons désigné par v^,^^
une racine primitive de i'éf|uation v''~'' = i el posé r = a, + 7.0 + . . .+ se,,-,,
.« — (/> — -7 ) T — «2 + . . . + ( -7 — I ) ^,/ + ( 7 + I ) «./ + ! ~- • ■ •
H- (/J — 1)3:,,- 1 + (/■' + i)î< /. + ■•• — "^/. 1— '■'/ — /' -I- V -h I.
l'icrivons ^^ = /(''' el désignons par x> le resie positif de -/> moJ (/>—'/)î
donc a) = ■/.> -f- /'xÇ/^ — y )• Posons
(^' '^f:"?^ ■'--'= y
r ( T - 1 I . . . ( T — r -f- 2 )
la somme -;, étant étendue à toules les valeurs o, i, 2, 3, ... de /•,,
/io ^'n-f I^xaclement comme dans ma Noie précédente (/or. ci/.) nous
SÉANCE DU 9 MAI I921. llS;
déinonlicms que celle l'oiiclion est une fonction hypergéométri(|ue de
plusieurs vai'iables '^1, L, . . ., '^„_,. Si nous désignons par s„ le resle positif
de s mod{p - - y), les racines r,, c., .... i'/,_,, de (2) sont données par la
somme suivante de fonctions hyperjj^éomélriqucs
(;y) ,v=^v' „+— 1— - V v;:",/f./^.../^'^-^|
■/. 1 , X ,
la somme 1, étant élonduc à loules les valeurs o, i, 2, ..., p — t/ — i de
■/.,, x^, "'^„-i- Pour/> = «.(/ = !, nous retombons au cas traité dans ma
Note précédente; seulement les notations sont un peu changées.
2. Les conditions nécessaires el suffisaii les pour la convergence des séries
hvpergéoméiriques de plusieurs variables sont dans le cas général données
par M. Horn ('); nous allons pourtant directement donner une règle suffi-
sante de convergence car les conditions de M. Horn sont très compliquées
à appliquer. Désignons par m le plus grand des nombres n — q et q, et par a
et P.. les nombres "' el 1 -(' — 1). . .(t — /• + 2) 1. .Nous avons alors
p -q \ ^ ^ -^ I
It I < ( nir -h /) — r/ — i) < a/' + 1
p — q
et
!',.< {ar + \)(ar + 1) . . . {ar -^- r — 1) = («/■)'■
n 2 r - 1
P,.< («/•)'■ -'e''t'"'. . . c "'■ = iary-
La valeur absolue de la somme de tous les termes de (3), correspondant
à une valeur déterminée de /•, devient donc moindre que S,. — en posant
D = I /, I + j /_,| 4-. . .+ |/„_i ]. La série (3) converge donc si la série
converge, et cette série converge si
(6) D=- |/,| + I /,]-+-... + 1 /„_
/; — 'l-i
3. Les quantités Z,,/., ...,/„_, sont exprimées par les coefficients /•„,
(') Malheinatische Annalen, t. 'ik. p. ô44-
Il 58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/•„_,, ...,/•„ :
'' -- ;>. = (- " )''-'^' ':';;, (>• ->,'-' 7)-
' /' ' '/
,./'-'/, ."/-/■+i
On peut toujours cxpriiwr une fonction algébrique par une somme de
fonctions hypergéomètriques d'un certain not)d)ie de variables, car si Ton ne
peut pas, en choisissant convenablemenl les nombres/; et c/, obtenir des
développements convergents, nous posons
T, ^=- a„ + f/, .r, 4- '"'j.r; -\- . . .-\- a„ ^ i-*"/'^' ('' = i , '■') ...,«)■
D'après le théorème de Tschirnhausen, on peut, en choisissant convena-
blement les indéterminées a,,, «,, ..., «„_,, obtenir que les coefficients de
Tcquation en K soient des nombres quelconques. 11 est vrai qu'il faut pour
cela résoudre des équations de degré élevé, mais de cette possibilité il
résulte qu'on peut choisir les indéterminées «„, «,,..., a„^^ telles (|ue l'iné-
galité (6) soit satisfaite; pour cela, il n'est pas nécessaire de résoudre des
équations algébriques.
GÉOMl'yi'RlK INl-IMTKSIMALK. — Cour/n's /tlgéhriqucs réelles non unicursabs
(t torsion constante. Note (') de M. ItmiKANu Gamkifu, présentée par
M. (i. Kœnigs.
I. J'ai indiqué dans ma Note précédente (- ) des courbes algébriques -l,
imaginaires, à torsion constante. J'indique cette fois des courbes et réelles,
de degré et genre arbitrairement grands, correspondant birntionnellemenl à
la courbe plane d'équation v" = — •. m et n étant deux nombres entiers
r T .. I _^ ci.c'"
et a une conslante.
Je rappelle qu'au point de vue de la recherche des surfaces réelles appli-
cables sur le paraboloïde de révolution, il est indifféreiil que la courbe 4 à
torsion constante soit réelle ou imaginaire; on avait même semblé croire
{') St'aiice du 2 mai i(|2i.
(-) Comptes rendus, l. 17*2, 1921. p. yJo.
SÉANCE IJU 9 MAI t92I. II.')9
nécessaire (iiic ri, fût imaginaire, pour que la surface soit réelle; il n'y avait
là qu'une simple équivoque, tenant à ce fait que, si c1> est réelle, il faut
d'abord lui faire subir une homotbétie de rapport ± i poiir appliquer la
construction classique indiquée par Darboux (Théone des surfaces, t. .'{). Si
la courbe A- est réelle, la surface oblenuc possède un centre, tout au moins
si cl, est algébrique, et ceci explique pourquoi, en général, l'oblenlion de
courbes -l. réelles est plus difficile que si -1. est imaginaire.
Puisqu'il s'agit de courbes réelles, l'indicatrice m. des torsions sera définie
au moyen des coordonnées 7, [^ avec y. = _ „ et p = _ _„ ; les intégrales
/ — '-^^^ — . / — ^^-^ — , / ^ '^ ^' , prises le lonsr de m. doivent être algé-
briques.
"2. J'écris
(■)
_ _ ,. {{>/'" ^ »)!'(, +«7"')"-^'[v'^'"""'+ li,v'^'^^"" + .. .-f- H/,-i1
Ay/"''-+-A,v '■'-""• + . .. + A,,
„ I V ('/'"+ «)""''(' + ar/'")'' [i + B,v"' + . . .+ n/,_,7i'''-'""l
0=7 —
7' A + A, 7'" -H. . .-+- A;,7'""
Les entiers m, /-, n,p, n — p, h sont positifs; m et r premiers entre eux;
n et/> aussi. L'un des radicaux étant calculé, la détermination de l'autre est
choisie de façon que le produit donne ((/'" -\- a) (i -i- aq'").
Nous avons 2/1 -+- i inconnues A, A ,, . . . , A/,, B,, . . . , B^_|, a. L'identité
(2 ) (A.i-'' -H A,x''- ' + . . .+ \,, ) ( A + A,x + . ..-+ \,,x'')
+ (.r + n)(i ^ rt, f )(.(■''-' -^...+ B/,-,)(i-+-. ..-+- B/, _,.t''-'i = /.,r'',
OÙ A est une constante, fournit /i conditions pour que m. n'ait à l'infini que
lespointsr/=oeli'/ = 3c. En raison de la symétrie ;0j", il suffit que / - — — ^1
^soient algébriques, la première porte sur une fraclion rationnelle
/
(H-a,3
en X := g"\ dont le dénominateur esta*-''"', elle donne une seule relation.
Pour l'autre la dérivation donnant aisément
y. dfj " <l\'ih+\
où P^/,4.1 et Po/i-_i sont des polynômes entiers en x de degré ili + i et
■ih — r , on aura à écrire
/■('■I'5/,4-,+ '«.rP,/,_,)(i-+-B,.ï -+-...+ B,,_,.f" ')-"
V (a- 1- a)" ''(1 -4- ajcy dx
_ y (.r-+- a)-^"-/'(i -1- rt.t-)"" 'M^)(.<)
Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ (^) csl un pulynonic cnlicr en .r de degré l\h — •) qui vérifie Fidentilé
( 3 ) " ~ ■' I I 4- « .V ) (") + "^ ^ P (i._^f,Y^ + (x + (i){\~\a.t)<y\ ni X
L " /( I
- ('./ini-t-r ) { .r + a) (i + a .r ) (*
---- i/-l',/,Hi ~ 1)1. r\', ,,__,) (I -t- ]!,,r -+-. . . '- H/, ,.'■''-! )-.
1/éliniiiialion des coefficiciils de (^ fournil deux relations. Les -2//-^- 1
inconnues devant vérifier A + 3 relations, on peut espérer, si /i ^2. oblenir
des solutions k li — 1 arbitraires; la courbe A, obtenue correspond biration-
nellement à la courbe plane Q"= ^ ^^^ q u i n'est pas du type hypcrcllip-
tique, à moins que m ou n ne soient égaux à i ou 2.
.'}. Nous savons qu'un dénombrement d'inconnues et d'équations est tout
à fait insuffisant pour assurer Vexistcnce, puis la réalité des solutions,
lîemarquons d'abord que les deux équations déduites de (3) sont de la
forme X ^ o. («- — i) Y = o, où \ et Y sont certaines fonctions de
A, A , B|. .... a\ car
I\/,^,(— «,) = 0
et
P2/,-i(— «)=/■'(' — «')(B,-,^,— B/,_,« -!-.«..)( A/,— A/, ,«+...),
de sorte qu'en remplaçant x par ( — a) dans (3) on a bien le facteur a- — i
aux deux membres. Supposons /< > 3 de façon à nous réserver une arbitraire :
suivant qu'on égale à zéro le facteur à- — 1 ou \ , on a deux systèmes
distincts ; le premier fournit une famille F, de courbes unicursales ii
h — -2. arbitraires, qui ne consliluenl pas la vraie solution, mais (|ue nous
déterminerons néanmoins soigneusement : par exemple, pour /• =^ o, «2 = i ,
A = 3, ce calcul a été fait dans mon Mémoire de l'Ecole Normale (kjiç),
p. 33G); celle famille F, existe donc, avec une infinité de courbes réelles,
pourvu (|ue — soit suffisamment petit, lout au moins pour h = 3. Considé-
rons maintenant le facteur Y = o qui donne la vraie solution cherchée :
a étant supposé difTérent de ±: i, faisons tendre a vers -l- 1 ; dans la famille !•"
que nous éludions, nous obtiendrons alors un individu dégénéré, unicuisal.
appartenant évidemmeni à F, cette fois comme individu remarriiuihle. parce
qu'il satisfait, en plus des équations strictes de F,, à ré(|uati<)n limite de
V = o pour a = -h- I . Il s'agit, sans former Y, de trouver celle limite de ^
et de donner l'interprétation géométrique de cette condition. Substituons
dans ( 3) (— o) à .r, divisons par a'- — \ cl remplaçons ensuite a par + i ;
opérons de même en substituant On obtienl
'"-—^ (^^ - 0 = (B/,^, - B,_, + B,_3 ...)\\„- A;,_. + A/,-, ...) = ^„"J!"^^)'„ <J(-0-
SÉANCE DU 9 MAI I921. I161
Si l'on écarte le cas de « := 2,/; =^ i, la com[)araison donne () (— 1) = o;
d'autre part, l'identité ( 2) où ri tend vers + i et où l'on remplace x par — i
montre que A,, — A/^^, H- A/,_^, ... ne peut être nul, donc la limite de
l'équation Y = o est |)récisémenl B/,_, — B^_2+ B^-j— . . . — o qui exprime
que la courbe sphérique iinicursale \i!. obtenue en remplaçant a par i pos-
sède un point de rebroussement dans le plan zOx correspondant à ^ = - i .
( )r pour // = 3. r = o, /» = i , j'ai précisément déterminé celte courbe (loc.
cit., p. 340). L'existence et la réalité de cette courbe particulière suffit,
comme je l'ai déjà fait remarquer souvent, pour établir l'existence et la l'éa-
lité de la famille F (tout-au moins si h = î), pourvu que soit sufllsani-
ment petit. Il est même fort remarquable (jue la courbe particulière qui
établit la communication entre F et F, soit celle qui a déjà servi dans des
conditions analogues, entre deux familles, unicursales cette fois. Le genre
de la courbe -1. est (m — i){ii — i).
AVIATION'. — Etudes rx périment aies sur le vol à voile. Note de M. Iorac.
présentée par M. Deslandres.
Dans une Note parue aux Comptes rendus du 2 février 1920, nous expo-
sions nos différents travaux sur le vol à voile des vautours d'Afrique.
Poursuivant cette étude dans le courant de mars dernier, au Sénégal,
nous avons pu, grâce à l'emploi de cerfs-volants spéciaux et par un nou-
veau procédé, obtenir des enregistrements continus de la composante
verticale du vent.
Les résultats ont pleinement confirmé les conclusions de notre premier
voyage, à savoir que chaque fois que les oiseaux volaient à voile, et sans
exception ils se trouvaient dans une zone où le vent avait une composante
ascendante.
(]es zones se déplaçant sans loi apparente nous nous étions de plus pro-
posés (voir Comptes rendus du 5 juillet 1920) de rechercher si la cause
originelle de ces zones ne serait pas à chercher dans des difîérences de
température atmosphérique.
Il s'agissait donc de se rendre compte si, au voisinage des oiseaux volant
à voile, se produisaient des variations de température ou de pression en
relation avec la composante ascendante du vent.
Pour cela nous avons réalisé deux appareils servant à mesurer, l'un les
C. R., 1931, I" Semestre. (T. 172, N» 19.) ^^
Il62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variations de température et l'autre les variations de pression. Ces appa-
reils étaient supportés par le cerf-volant permettant de les placer au
voisinage immédiat du point d'évolution des oiseaux; au moyen de fils
électriques courant |le long du câble, on pouvait étudier du sol ce qui se
passait en l'air.
1° Mesure des terapéralures.
L'appareil employé est l)asé >ui' les vaiialions a\ec hi leinpéraliiie de la résistlbililé
du platine.
H se compose d'une spirale en til de plaline de quelques centièmes de millimètre
d'épaisseur. Cette spirale est fixée au cerf-volant et réunie au sol par des fils élec-
triques. Elle forme l'un des bras d'un pont de Wliealslone dont les autres bras sont en
conslantan. Toute variation de la température près du cerf-volant se traduit par une
\arialion de résistance de la spirale, donc par une déviation du galvanomètre branché
sur la diagonale du pont de Wheatstone.
Toutes dispositions ont été prises et vérifications faites pour que les indications de
l'appareil ne soient pas influencées par des causes secondaires (insolation, vitesse du
vent, etc. ).
L appareil était réglé de telle sorte qu'une petite division de la règle graduée du
galvanomètre correspondait à une dilTérence de température de ,_'„ de degré cenligratle.
De plus l'appareil, ainsi que nous l'avons vérifié au laboratoire, se met en équilibre df
température avec l'air ambiant en moins de 3 secondes à ^\ de degré près.
Cet appareil permet donc d'étudier avec beaucoup de précision les variations de la
température atmosphérique au point où se trouve le cerf-volant et par conséquent au
voisinage du vol à voile.
2° Mesure des pressions.
L'appareil se compose d'un récipient clos fixé au cerf-volant, thermiquement isolé
de l'extérieur (bouteille thermos). Il communique avec un manomètre à eau dont
les dénivellations sont fonction uniquement des variations de la pression atmosphé-
ri(|ue. Un procédé spécial, qui sortirait du cadre de celle Note, permettait, en élimi-
■ nanl l'influence de l'obliquité du manomètre, d'étudier du sol les indications de
l'appareil au moyen d'un galvanomètre dont les déviations étaient fonction de la
\ariation de hauteur du liquide dans le manomètre.
Nous avons obtenu les résultats suivants en observant simultanément la
marche du galvanomètre relié à un des appareils indicateur de température
et de pression, et l'inclinaison du vent sur l'horizon.
Les variations do température, faibles en général, ne deviennent impor-
tantes que quand le \ent ne reste plus régiilièremont horixcmtal. En parti-
culier, au moment du passage d'une zone à composante ascendante (indi-
quée par la montée du cerf-volant), on constate presque toujours une
augmentation de température quelques secondes avant la montée du cerf-
SÉANCE DU 9 MAI 192I, I l63
volant, puis une diminution de température au moment de la descente du
cerf-volant.
Nous avons reporté, sous forme de courbes (voir figure), une partie des
observations du courant des journées du 16 et du i; mars dernier : on
I
Temperefure ) ^
'emps t
CoiirliCs donniint en foiiclion du temps (abscisse) les variations de l'inclinaison 9 du vent
sur la verticale et les variations de température A/.
Les traits liaclnivés c. i', ... indiquent que des oiseaux évoluaient à voile à ce moment au voisinaj^'e
iiiimédiat du cerf-volant.
constate, particulièrement dans la deuxième figure, la netteté du phéno-
mène de l'élévation de température précédant immédiatement l'arrivée de
l'onde ascendante, souvent accompagnée d'un groupe d'oiseaux évoluant à
voile (v. V.).
Les élévations de température au passage des zones ascendantes étaient
de l'ordre de o°,5 à (",5. Nous avons trouvé, comme moyenne de vingt-
sept mesures, une valeur de o°.Ç). (La composante ascendante du vent
correspondant à celte moyenne était de l'ordre de i™ par seconde. )
Les variations de pression, au contraire, étaient insignifiantes ( inférieures
au -^ de millimètre de mercure), en regard des variations de température au
point de vue de la densité atmosphérique.
Remarquons aussi que, si dans les zones mêmes à composante ascen-
dante, la direction du vent est à peu près fixe, il y a généralement, au voisi-
Il64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nage de ces zones, de légères déviations du vent : au-dessous de la zone
d'évolution des oiseaux, le vent tend à converger vers cette zone; il tend
à s'en écarter à son niveau et au-dessus. C'est bien le sens qui est à |)ré\oir
dans le cas de la formation de tourbillons de convection comme ceux
obtenus au laboratoire et décrits dans la Note du 5 juillet 1920.
l'^iilin à ce dernier voyage nous avons eu par trois fois, dans la matinée,
par vent fori et régulier, l'occasion de voir les plages ascendantes, jalon-
nées par des centaines d'oiseaux (et généralement irrégulièrement distri-
buées), affecter la forme de bandes parallèles à la direction du vent, conime
dans les tourbillons de convection obtenus au laboratoire.
Ainsi donc se trouve confirmé le fait dont nous avons émis l'hypotbèse,
qne l'énergie cinétique du vent due à une composante verticale, qui était la
cause immédiate du vol à voile, avait son origine première dans des diffé-
rences de température, ("est donc indirectement à une source d'énergie
calorifique que l'oiseau fait ajipel pour se soutenir dans l'air sans dépenser
de force musculaire.
Ceci toutefois ne s'applique qu'aux voiliers des pays cliauds ou du moins
tempérés. En ce qui concerne l'albatros, qui vole en pleine mer dans des
régions froides, de nouvelles études sont nécessaires : elles sont particu-
lièrement intéressantes en raison du grand poids de cet oiseau, de la faible
surface de ses ailes et de sa grande vitesse de vol, qui le rapprocbe un peu
plus de nos avions actuels.
ASTROA'OMIE PHYSIQUE. — Étude de In radiation diffuse de la roule céleste,
comparée à la radiation solaire directe. Note ( ' ) de M. J. Vai.lot,
présentée par M. Deslandres.
La radiation solaire directe, admise à travers une petite ouverture, a
donné lieu à de nombreuses mesures, tandis que la radiation diffuse, fournie
par l'ensemble de la voûte céleste, n'a provoqué aucun travail précis, à
cause des difficultés instrumentales. Ayant réussi à graduer en calories
l'actinomèlre d'Arago ( -), j'ai pu entreprendre celte étude.
Les observations ont été faites à Nice, sur une terrasse découverte. Les mesures de
radiation directe ont élé e\éculées à l'aide d'un aclinomètre de Miclielson qui a servi
aussi à la graduation des actinomèlrés d'Arago. Ceux-ci ont été placés parallèlement,
pour les observations, les boules en linul. comme il convient pour la voûte céleste.
(') Séance du ■> mai 1921.
('-) Comptes rendus, t. 170, ig?'), p. 720.
SIlA.NCE UU f) MAI 192 1.
(le lii iMilialiiin snlaice diieclc; I, lii
iî65
linll liiUlIr; I,, la
adialioM nilléchie
.rappello l( l'iiilcnsji
radiation dilluse glolja'e; I, la radiation de la vuùte cùie^te ; I,
par le sol; I, la radiation totale diminuée de la radiation du sol.
On a I,,— I, — I;. On a aussi I,.= Ic — I., on I, =: I,/ — I,-.
l'iiur niosuroi' la léllexion 1,., on expose deux actinomètres, dont l'un donne I,, et
lautri', pourvu d'un écran noirci au noir de fumée placé sous les boules, donne I,-. On
a ainsi 1, = 1( — I, .
Valeurs moyennes et rapports des r/it'erses radiations.
ccLolire 1,1(1
jan\ ier (i,58
février o,().î
mars-a\ ril 1 ,01
juin-juillet r , o3
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juin-juillet I , jG
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jan\ ier o, 26
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niars-a\ ril o,3i
juin -juillet o, (3
octobre 11,21
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fé\ lier 0,21
mars-as .11 0,2/1
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octobre 1,2")
jan\ lei' ! 1 4^
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juin-juillet ' , 42
octobre o, nj
jan\ ier ... o,38
fé\ rier o ,23
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j u 1 11 - j u i 1 1 e t o . 3 2
été 0,07
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().()(i
1 i()6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ou trouve à la lin du Tableau le rapport de I,. à J, [lour chaque heure,
par ciel pui'. Les résultats montrent qu'au cours de la journée, rinteiisité
de la réflexion reste toujours faible. Elle est en rapport avec la hauteur du
Soleil et ne dépasse pas le dixième de la radiation totale.
Le Tableau donne la moyenne de la radiation, en calories par minute,
d'après trente belles journées à ciel sensiblement pur, réparties dans diverses
saisons.
La radiation directe I^ augmente en général jusqu'à midi, et diminue
ensuite. A ?sice, on n'observe pas la dépression de midi signalée par Crova
à Montpellier. Au cours de l'année, les moyennes et les maxima montrent
une augmentation de janvier à mars-avril, comme à Montpellier, avec affai-
blissement lent ensuite.
La radiation totale 1, suit la même marche diurne au cours de trois saisons,
mais, en été, elle présente une large dépression au milieu du jour, au lieu
d'un maximum, ce qui fait que les maxima se rencontrent en mars-avril,
tandis que les moyennes sont aussi élevées en été.
La radiation diffuse globale I,/ n'a qu'une faible variation diurne. Son
maximum est dans la matinée, au printemps, et dans l'après-midi, en
automne. En été, elle présente une notable dépression au milieu du jour.
La radiation de la voùle céleste I,. suit la même marche, mais avec dépres-
sion au milieu du jour toute l'année.
Au cours des saisons, les moyennes de I,/et de L présentent un minimum
très marqué en mars-avril, ce qui indique une pureté plus grande de lat-
mosphère au printemps.
Les radiations diffuses se forment par captation de la radiation directe 1,.
C'est donc à Ij que seront rapportées les autres radiations pour comparer
leurs grandeurs respectives. Le rapport de 1,^ à I, n'a pas été inscrit au
Tableau parce qu'il est le même que celui de I, à 1, en supprimant l'unité.
Par exemple, i,25 pour I, devient o,25 pour I,/,
En dehors de l'été, les rapports de 1,, l,, et I,. à L- n'ont qu'une faible
variation diurne, sans grande régularité, et suivent une marche sensible-
ment parallèle. En été, la courbe des valeurs présente, dans le jour, une
dépression étendue, avec minimum à midi. Pour I^, le rapport passe alors
de 32 pour loo à 1 1 pour loo, ce qui indique une grande pureté de l'atmo-
sphère au milieu du jour, puisque L et I» ne sont pas affectés dans le même
rapport.
En ce qui concerne les saisons, Tépoque du ciel le plus pur est mars-
avril, où la moyenne de la journée, pour I,., est de i5 pour loo.
SÉANCE DU 9 MAI 1921. II 67
Kii moyenne générale, le rapport de \,, à I, est de 3! ponr 100 cl celui de
I,. à 1,. est de 23 pour 100.
Le résultat le plus saillant de cette étude est que la radiation dill'use
globale I,/ est considérable, s'élevant à un tiers de la radiation solaire, et
que la radiation de la voûte du ciel pur I,., envoyée par des vapeurs invi-
sibles, atteint, à Nice, en moyenne un quart de la radiation solaire directe.
Par ciel nuageux, la radiation diffuse est encore plus grande, mais elle est
trop variable selon l'étal du ciel pour que je puisse donner des cbiffres
moyens.
'i'HKR.\lol)Yi\A.Ml(jl'E. — Nouvcflc équation d'étal des i^a:, J\)n(l('c sur la
connaissance des pressions internes. Note de M. A. Leduc, présentée par
M. Lippmann.
On sait que l'équation du type de Van der Waals, améliorée par l'intro-
duction du facteur r., dans la pression intérieure conduit aussi bien tjue
l'équation originale à la notion d'états correspondants, cl donne lieu à
réc|uation réduite
(•) (^'r+^^(3V)-i) = 8C.
Elle ne convient d'ailleurs pas Leile quelle aux grands volumes. En elïet,
aux pressions évanouissantes, l'expression ^ devrait tendre vers ^, et nous
allons voir que la limite est très différente (').
Il résulte, en effet, de mes expériences sur les densités etcompressibilités
des gaz, et de celles de P. Chappuis sur leur dilatation que l'expression ~~
tend, dans ces conditions, vers une limite commune à tous les gaz :
R = 83i9.io^C. G.S. (siM„,= 32).
L'accord des deux limites exigerait que
—j. — = gSSig.io»— 3i2.io%
Le calcul de celle expression, exécuté avec les données du Recueil de la
Société de Physique relatives aux gaz qui obéissent à la loi des élals corres-
pondant aux pressions de l'ordre de l'atmosphère (série normale), montre
qu'elle varie, d'une manière non systématique, entre 2o4 et 249.10^, avec
grande prépondérance des nombres \oisins de la moyenne 229. lo^
(') Voir E. Mathias, Le point critique des corps purs, p. 169.
Ii<)H ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si donc on se propose d'appliquer, comme je l'ai fail mainles lois, la
notion d'états correspondant à toute température ^ mais à des pressions
réduites ne dépassant pas o, i et d'utiliser une réduite du type (i), il faudra
remplacer dans le calcul de V' la valeur plus ou moins expérimentale L),
qu'on trouve dans les Tables par
M 1^
(2) De =
3i2.ic,' T,
f'ression interne et pression intérieure. — D'après la formule (ij on aurait
pour la pression interne :
(3) 5^'_a'=:^.
J'ai établi (|u'il en est tout autrement. En particulier, si l'on fait varier la
température à volume constant, la pression interne tend vers une limite Unie
lorsque r augmente indéfiniment, et non vers o, comme l'indique la for-
mule (3). Notons, en passant, que la même conclusion se retrouve si l'on
remplace G par 5", ce qui exclut aussi celte forme.
-l'ai proposé, pour représenter la pression interne réduite, la formule
/, F
et donné des valeurs provisoires des coefficients u et / telles que celte
formule reproduisît suffisamment les nombres calculés pour SO- et C< )-, à
des températures variant entre o° et kjoo", et à des pressions variant
de o''''"',5 à 2'''"' environ ( ' ).
Afin de confirmer cette forme et de fixer les valeurs de a et /•. je me pro-
posais de reprendre quelques expériences de comprcssibilité au moyen
d'un appareil déjà décrit (-), qui permet d'opérer entre r'''" et 5''''", et
d'atteindre une précision plus grande encore que par le passé. Mais, crai-
gnant de ne pouvoir réunir de sitôt le nombre d'assistants nécessaire, je ne
puis mieux faire que d'adopter le type d'équation (i), en donnant à la
pression intérieure une forme telle qu(^ la pression interne soit de la
forme (4), c'est-à-dire qu'on ait p
0 ) s -— y. = ; t/'- .
(') \. I.EDUc. Annales de l'Iirsù/ue, g" série, t. o, h)H'p. p. i()S!.
(-) Annales de Physique, 9" série, l. 9, 1918, p. .").
SÉANCE DU 9 MAI 1921. I1G9
Il suffit pour cela d'écrire
oV — r \'- l>oi; "
Or la coiislanle C ne peut être que — i ; car on ne peut admettre que la
pression intérieure soit ± oc pour c = -x.
Les valeurs de a et de /c sont alors lixées par la condition que le point
critique défini par les valeurs \') = i, g =: i, y? = i satisfasse à l'équation (G)
et aux équations
(7) et (8) ^ = 0, ^—^ = 0.
Ces deux dernières donnent bien t? = i quels que soient a et /c. Pour que
E = I et V' = I satisfassent à l'équation (7), il faut que k(a — i") = 3 Loga.
Enfin la même condition est nécessaire et suffisante pour que l'équation (6)
soit vérifiée par les valeurs 4' = 5 = x') = i .
Il semble tout indiqué de choisir pour a le nombre entier le plus voisin
de la valeur provisoire, c'est-à-dire a = 4. Alors k = Log-'i = i,386.
(_)r les tableaux calculés pour SO- et C< )- (loc. cit.) conduisent, en
prenant a = 4) à des valeurs de k comprises entre 1 ,45 et i,5o, dont l'excès
moyen sur Lg4 ne dépasse guère G pour 100.
( )n peut se déclarer satisfait, étant donné que le calcul des pressions
internes fait intervenir, non seulement les dérivées premières, mais aussi
(bien que dans une faible mesure ) les dérivées secondes de fonctions empi-
riques établies entre des limites de pressions trop restreintes.
On admettra donc pour l'équation d'état réduite, dans les conditions
stipulées plus haut :
(9) ['i'+|ï(4^-~i)J(3^''-.) = 85.
( )n remarquera que la pression intérieure et la pression interne tendent
vers la même limite — ^ lorsque la température s'élève indéfiniment.
Pour 'èO- chauffé en vase clos à partir des conditions normales, cette pression
interne réduite limite est 8,3. io~^ Pour CO', elle est de 4,G.io~". Ces
pressions s'expriment donc en unités usuelles par quelques millimètres de
mercure.
Applications et recoupement . — On tirera facilement de l'équation (9) les
divers coefficients déjà calculés au moyen de formules empiriques. Mais il
ne faudra pas oublier de tenir compte de la convention (2). Pour éviter tout
mécompte, lorsqu'un voudra exprimer l'un de ces coefficients en unités
II70 ACADÉxMIE DES SCIENCES.
ordinaires, il poui-ra être avanlageux d'introduire le volume nioUk-uliiire
relalif cp défini par l'équation Mjw :^ UTo.
Calculons, par exemple et à titre de recoupement, le coefficient de dila-
tation j3 dont voici l'expression débarrassée de -ç :
L'application à SO- dans les conditions normales donne bien ^ ^= 'J8().io-
déjà obtenu au moyen des formules empiriques.
TÉLKGRA.l'HIE. — Sur l'emploi (la télégraphe Baudol en lélégniphie sans fil.
Note de \1M. Henri AiiitAHAM et René Pi.axiol, présentée par
M. Lippmann.
A la suite d'une première série d'expériences à courte portée qui avaient
été faites, dans les premiers mois de 1920, entre la Tour Eiffel et ri^cole
Normale supérieure, nous avions entrepris une démonstration définitive
sur une distance d'au moins une centaine de kilomètres.
Ces expériences, qui viennent d'avoir lieu entre Paris et Nogent-le-Rotrou,
nous ont été grandement facilitées par une subvention de la Caisse des
Recherches scientifiques, mais elles n'ont pu aboutir que grâce à une
constante collaboration avec le Service d'Etudes et de Hecherches techni-
ques des Postes et Télégraphes, et avec ceux de l'Inspection générale et de
la Télégraphie militaire.
Nous nous étions proposé de réaliser la transmission des télégrammes
par sans-fil, avec réception imprimée directe, au moyen d'appareils
Baudol quadruples (') du type courant, fonctionnant à leur vitesse normale
(') On sait (jue. dans le Baudol quadruple, uii disliibuteur l'aisant trois lour? |i;ir
seconde partage chaque tiers de seconde en quatre inlervalies de temps égau\ qui
sont affectés successivement à autant de claviers de manipulation mis automatique-
ment en circuit au moment voulu. A chaque tour du distiibuteur, il est, en outre,
envoyé sur la ligne un courant spécial qui sert à synchroniser la rotation d'un distri-
buteur semblable, placé au poste récepteur, et qui a pour rôle de répartir entre les
quatre appareils iniprimanls les courants envoyés par les quatre claviers de mani-
pulation.
SÉANCE DU 9 MAI 1921. II71
de 7200 mois à l'iieure. Aucun changemoiU n'a donc été iippoi-té aux
appareils téléi^raphiques proprement dils, (jui sont utilisés comme en
télégraphie ordinaire.
Les claviers de manipulation actionnent par fil un relais Baudot placé
au poste émetteur de T. S. F., et ce relais commande les émissions de
l'anlenne. A l'arrivée, les ondes de T. S. F., convenablement amplifiées,
actionnent également un relais Baudot, (|ui commande à son tour le distri-
buteur et les quatre appareils imprimeurs, et tout se passe ensuite comme
dans la télégraphie avec fil.
Les émissions de T. S. F. se faisaient à Paris, et les appareils
récepteurs étaient installés à \o!;cnt-le-Rotrou. Nous avions complété
la démonstration en organisant ime retransmission automatique, par
fil, des télégrammes reçus par T. S. F. Pour la commodité du con-
trôle, la retransmission aboutissait à Paris, de telle sorte que l'on avait
instantanément sous les yeux, imprimés dans le poste transmetteur, les
télégrammes transmis par sans-fil à Nogent, où ils s'inscrivaient en
même temps, pendant qu'ils revenaient par le fil juscpi'à Paris.
L'antenne, très réduite, est constituée par une nappe à trois fils.
On l'actionne au moyen d'un poste à lampe, muni d'une seule lampe
d'émission et l'intensité efficace du courant dans l'antenne ne dépasse
guère 3 ampères. Le relais Baudot, qui commande la manipulation,
a uniquement pour rôle de changer la tension de grille d'une lampe
auxiliaire, intercalée dans les circuits de haute fréquence, et qui, sui-
vant la valeur de sa tension de grille, provoque ou supprime les émissions
de l'antenne.
A Nogent-le-Rotrou, la réception se fait sur un cadre fermé orienté dans
la direction de Paris. Deux circuits résonants consécutifs munis de bobines
de renforcement, et réglés à une résonance aiguë, éliminent dans une pro-
portion suffisante les brouillages et les parasites atmosphériques. L'ampli-
fication en haute fréquence, ]iar un amplificateur à résistance, est suivie
d'une détection, puis d'une nouvelle amplification des courants redressés.
Il n'est employé de battements avec une source locale de haute fréquence
que pour faciliter les réglages en suivant la réception à l'oreille, mais ces
battements ne sont pag suivis d'une nouvelle détection : le relais Baudot
récepteur est directement attaqué par les courants de haute fréquence
amplifiés, redressés, puis amplifiés de nouveau comme nous venons de le
dire. Des dispositifs de protection sont adaptésaux circuits réce[)teurs pour
II72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les protéger contre les induclions parasites dues, nolammeiil, aii\ ruptures
de courants produites par les relais.
Le relais Baudot utilisé pour la retransmission est simplement monté en
série avec le relais principal. Le même circuit contient encore un magnéto-
oscillographe Ix ]ilume, qui inscrit sur papier enfumé les courbes des cou-
rants envoyés dans les relais. Cet oscilloi^raphe suit correctement les cou-
rants, environ au millième de seconde; il est d'un grand secours, dans le
poste récepteur, pour surveiller la réception de sans-fil, et pour trouver
rajiidement les défauts de réglage des appareils télégraphiques proprement
dits. Un a[)pai'eil semblable est également installé dans le poste transmet-
teur pour surveiller les émissions.
La mise en route de la transmission se fait, comme en télégra()liie ordi-
naire, en envoyant pendant quelques instants rien que les courants de syn-
chronisation, et c'est vraiment une chose remarquable de voir avec quelle
p<M'fection la correction transmise par la T. S. F. maintient indéfiniment
le synchronisme des distributeurs de transmission el de réception.
La mise en service de lignes radiotélégraphiques de |)lusieurs cen-
taines de kilomètres de portée fonctionnant avec des appareils im|iri-
meurs Baudot paraît maintenant pouvoir entrer dans la pratique. Ces
installations fonctionneront à grand débit, à raison de 7200 mots à
l'heure, au moins, dans chaque sens.
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sw la biréfringence èleclriijue des liqueurs mixtes et
la structure crislalline. Note (') de M. Sr. Pkocopil', présentée par
M. (î. Lippmann.
11 résulte des travaux de Meslin, Chaudier, Cotton et Mouton ( - ) que les
liqueurs mixtes, liquides renfei-mant des poudres cristallines, deviennent
biréfringentes dans un champ électrique. Cette biréfringence est maxima
lors(|ue les indices du liquide et du cristal sont voisins. Je me suis proposé
de chercher s'il existe quelque relation entre la structure cristalline dos
fragments et la biréfringence électrique de la liqueur.
Dispositif expérimental . — l^a radiation jaune dun arc à mercure (01^,578)
(') Séance du ?. mai 1921.
(-) A. Cotton, Symétrie des cristaux el symiUric moléculaire { Les />roi;rc^ de ta
Physique moléculaire, ('on/. Soc.fr. Physique, igi^- P- l'^'i)-
SÉANCE DU 9 MAI 1921. II73
traverse successivement un nicol, le condeiiSciteur de Kerr (i i'^'"',5 longueur
et 3""", 3 écarlement des électrodes) et un analyseur à pénombre. La diffé-
renci' de potentiel, (pie l'on peut amener jusqu'à 2000 volts au moyen d'un
transformateur, est obtenue au moyen du courant alternatif du secteur
(ii3 volts). Le voltage est suffisant, puisque la saturation de la biréfrin-
gence des li(|ueurs est atteinte pour des champs faibles (quelques centaines
de volts) et pour ces champs faibles le phénomène de Kerr du liquide pur
n'inter\ient pas. Les cristaux sont broyés et leur poudre mêlée au liquide
étudié. Après décantation, on remplit le condensateur avec la liqueur
limpide.
Résultais. — I. Dans le toluène (« = i,49)etdanslebenzène(« = I, fie),
les poudres des cristaux suivants donnent une liqueur de biréfringence
électrique yjo57Vàr .• spath, quartz, azotate de sodium, sulfate de potassium,
sulfate de magnésium et ammonium, acide borique, acide citrique, acide
benzoïque, citrate de soude, benzoale de chaux, naphtaline, verre pilé; ou
néi^ativc : zircon, benzoate d'ammoniaque, yo-toluidine, sel de seignette.
Or, d'après la théorie électromagnétique, pour les cristaux optiquement
uniaxes, la constante diélectrique dans la direction de l'axe (K||) corres-
pond à l'indice extraordinaire, la constante diélectrique normale à l'axe
(Kj^) à l'indice ordinaire. Dans le champ électrique la direction déplus
grande constante diélectrique se dispose parallèlement aux lignes de force
et par suite l'axe optique d'un cristal positif (quartz) s'oriente dans la
direction de ces lignes et l'axe optique d'un cristal négatif (spath) norma-
lement aux lignes de force. Pour indiquer le signe de la biréfringence de la
liqueur, on a pris par convention, comme axe. la direction des lignes de
force; dans ce cas, les cristaux positifs ou négatifs, si c'est uniquement leur
biréfringence qu'on mesure, dans le toluène par exemple, produisent des
liqueurs positives.
Si, pourtant, les dissymétries optique et électrique du cristal ne se corres-
pondent pas, un raisonnement analogue nous montrera que la liqueur doit
être négative. C'est le cas du zircon (/î = i , 92 et 96), qui ne satisfait pas à
la loi de Maxwell et à la correspondance de /ietK('). Or, le zircon a
donné une biréfringence maxima de — o",5 dans l'éther de pétrole (n= i,38),
de — o°,6 dans le toluène {n = 1,49) et de — i°,2 dans le sulfure de car-
bone (/2 = i,64)- On peut présumer qu'il donnerait une biréfringence
négative encore plus grande pour un liquide de même indice 1,9.
2. On pourrait, en partant du cas précédent, expliquer pourquoi certains
{^ ) GwK^ii, Handbucli der ElektriziUil, I, igM' P- '97-
II 74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
liquides purs pn'-senU-nt une biréfringence électrique négative, en considé-
rant que dans les molécules les dissymétries optique et électrique ne
coïncideraieni pas.
On a vu que la naphtaline, l'acide benzoïque donnent des liqueurs posi-
tives et les cristaux de ;o-toluidine des liqueurs négatives. Ces substances
se dissolvent dans le toluène et dans le benzène et l'on peut donc mesurer la
constante de K.err de ces dissolutions (filtrées pour n'avoir pas de cristaux
en suspension). On trouve de-cette façon pour le toluène pur + 7.10"" et
pour les solutions toluène-ac. benzoïque (555*^ par litre) -t- 10; toluène-
yj-toluidine (80^ par litre) o et pour des solutions plus concentrées cons-
tante négative; benzène pur +3. 10" et solution benzène-naphtaline
('200S par litre) 4- 5.
Ainsi donc si les cristaux ont une telle syméirie que leur orientation dans
le champ donne une liqueur positive ou négative, les molécules conservent
la même symétrie dans les solutions et font augmenter ou diminuer la
constante de Kerr du solvanl. On pouvait prévoir que la constante de Kerr
serait positive pour la naphtaline, comme pour tous les hydrocarbures et
négative pour la p-loluidine, comme toutes les anilines.
3. Puisque l'orientation des particules cristallines dans le champ ne
dépend pas du milieu où elles sont plongées, la biréfringence électrique de
toutes les liqueurs constituées avec la même substance cristalline devrait
être la même. Or elle diminue pour des liquides de plus grand ou de plus
petit indice que ceux du cristal. Ainsi le spath, dans les solutions suivantes,
donne comme biréfringence de saturation, dans des conditions à peu près
égales :
CS-(n = 1,64) + 17°; alcool homobenzylique (i,;')4) -»- i V ; toluène
(1,49) + 5°; pétrole (i, 44) — o°-6; alcool o-butylique (1,39)— 1°; éther
de pétrole (i,38) — i"; acétone (i,36 ) — i",7.
Pour expliquer cette variation, sans faire intervenir une orientation
différente dans les divers milieux, on pourrail supposer que les particules
donneni des filets dans le champ. Et d'après Eord Rayleigh ('), un tel milieu,
contenant des cylindres parallèles, constitue un milieu biréfringent. En
calculant la constante diélectrique selon diverses directions et en rempla-
çant les constantes diélectriques par des indices de réfraction, on trouve
une biréfringence négative, qui dépend du carré de la différence des indices
du milieu et du cristal. (Les calculs seront publiés ailleurs.)
Ainsi donc la biréfringence électrique d'une liqueur mixte provient
(') I.ord HAYLKKiH, Phil. Mas^., t. 3V, iSg-?. p. 48i.
SÉANCE DU 9 MAI 1921. II75
d'une biréfringence positive due aux cristaux et d'une biréfringence néga-
tive due à l'arrangement en filets des parlicules. Les signes de ces biréfrin-
gences sont changés pour les crislaux pour lesquels la dissyméirie opticpie
cl électrique ne coïncideni pas.
La biréfringence électrique négative, constatée (')dans le cas des suspen-
sions (dans l'air) de chlorhydrate d'ammoniaque, formées probablement de
cristaux cubiques et par conséquent sans biréfringence propre, el des
fumées de cire d'abeilles, peut être exprujuée aussi par l'arrangement des
parlicules.
l'îLEC'IRO-OPTlQUE. — Sur les spectres d'absorption du chlore pour les rayons X.
Note de M. AxEi,-E. Linuii, présentée par M. E. Bouty.
Dans une Note précédente M. Bergengren (-) a rendu compte des résul-
tats de ses recherches sur les spectres d'absorption pour les rayons X des
différentes modifications allotropiques du phosphore. Dans ces recherches,
il a trouvé une différence de longueur d'onde pour les limites d'absorption
du phospliore noir et du phosphore contenu dans l'acide phosphorique
et le phosphate d'ammonium. Il est donc naturel de supposer que l'on
pourrait trouver, dans les spectres d'absorption des éléments pour les
rayons X, quelque influence de la manière dont ledit élément entre
dans une combinaison chimique. J'ai donc commencé des recherches sur
les spectres d'absorption, non seulement dans la série K, mais encore
dans la série L. Dans le cas du chlore, mon attente s'est vérifiée. Mes
recherches ont porté sur le gaz chlore et sur les combinaisons sui-
vantes : LiCl, NaCl, KCl, KCIO', KC10\ ThCl'( H^N^), SnCl%
[Cr(H^O') GI-] Cl. Pour le chlore gazeux et pour celles des combinaisons
indiquées plus haut, dans lesquelles le chlore a la valence i, on n'a pu
observer aucune différence entre la longueur d'onde de la limite d'absorp-
tion obtenue et celle du chlore dans la combinaison NaCl (4,384 U. A.)
déterminée par M. Fricke ('). Par contre, le spectre d'absorption du
chlore de valences 5 et 7, dans les combinaisons KCIO' et KCIO', montra
un déplacement de la limite d'absorption vers les longueurs d'onde plus
courtes. Ce déplacement se monte, pour le chlore de valence 5, à 0,006 U. A .
(') A. St.Procopiu, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. i445. et t. 171, igao, p. io55.
(-) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 624.
(■' ) Physical Review, vol. 16, 1920, p. 202.
II76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
environ et pour le chlore de valence 7, à 0,012 U.A. environ par rapport
à la longueur d'onde de la limite d'absorption du chlore de valence i.
Si l'on calcule à l'aide de la lelalion
AV pour les diverses limites d'absorption, on obtiendra pour le chlore df
valence 5, le potentiel 3,8 volts et pour le chlore de valence 7, le potentiel
7,7 volts, si la valeur de V^ pour la limite d'absor|ition de chlore dans ?sa('l
est la valeur normale.
Les poses ont été faites à l'aide d'un spcctrographc à vide avec une dis-
tance de ii8"'"\r)n entre le cristal et la plaque. Le cristal employé était le
gypse. Le gaz chlore fut produit à partir du cliloriire de chaux (daCl-O).
Pendant la pose, le gaz se tiouvait renfermé dans un tube de verre, fermé
aux deux bouts par des baudruches, placé entre la fenêtre et le cristal.
Pour ce qui concerne les dispositions générales, on a employé à [)eu près
les mêmes méthodes que celles décrites par M. Fricke dans le Mémoire
cité plus haut.
Un exposé plus détaillé de ces recherches sera incessamment publié.
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Le principe de combinaison et Ici loi de StoLes dans les
séries des rayons X. Note de M. I). Costeii, présentée par M. I".. Bouty.
Dans une Note des Comptes rendus du i i avril 192 1 , M. Dauvillier donne
les résultats de ses mesures relatives aux longueurs d'onde des rayons \ de
l'uranium. Il y a déjà quelque temps que les lignes [î de la série L de
l'uranium et du thorium ont été mesurées de nouveau par moi. J'ai
trouvé les nomlires suivants : uranium : rj8o2,f); ^^786, 56; (3i7/|:^,4;
p,736; ;3;-,724,i3; ^3708,4-, et thorium : '^,^-26, -2: (^,789; ^, - ^,-,762,59;
33752, 1, ce qui est en concordance avec les mesures de Dauvillier. La con-
naissance des limites d'absorption L, trouvées par Duane et l'atterson {')
et celles du domaine M (-) mesurées dans le laboratoire de M. Siegbahn, a
donné à ces mesures une plus grande importance.
(') Proc. Nal. Ac. Se. Washington, septembre 1920.
('^) Stenslriim a trouvé les disconlinuités M,, Mj et M,, de l'iiianiiirii et du llioiiuni,
et deux nouvelles discontinuités de plus courte longueur d'onde des nu'nies élouicnls,
tandis que les limites M,, Mj et M., du bismuth ont été mesurées par l'auteur.
SÉANCE DU <) MAI l()>l. II77
l>a Tal)le suivante (') montre (jue la fiMkjuencc des lignes/, -i], a,,a2, ^1,
^^, 'ji. peut se présenter couune la dilTérence d'une fréquence limite L et
d'une fréquence limite M :
1 1 3'| ,()5 1 13 1
/.
L,— \l,.
u..
855,8.',
855 . 1
Th .
819,19
818,8
Hi..
U
Tli. ,
. . . . 15
lîi... .
. . . . (
Ij. ï,.
I,,- M,.
ï,. I-,-M,.
8 ioo3,23
1002 . 17
990,37 989,21
955.78
954 ,80
9'i4,o8 9'|3,i5
79^ • ■">'<
797-43
790,20 789.35
?r l'.i-
M3- ?,■
F.j- M,.
286,29 la^S.
,78 l'!22,
53
1220,86
2 1 I , 67 1 209 ,
•77 "•'>5.
,00
ii5i,86
[\. L, -M,,.
269,08 1265.87
19'] ,94 1193,15
()59,93 958,16 973,85 975,86
La ligne p^ de uièine que ji. semble appartenir à L;,.
En comparant les valeurs des lignes [i-^, y., et v, pour les éléments W — U
et les fréquences limites, obtenues par Duane et Patterson, on voit ([ue
l'élément tungstène seul semble violer la loi de Slokes. Aussi M. Dauvillier
suppose-t-il que les lignes ^- et y- du W ont été identifiées faussement.
Cependant on pourrait aussi douter des mesures de Duane et l'atterson,
qui ont opéré avec un tube Coolidge et conséqueminent obtenaient simul-
tanément un spectre d'émission et un spectre d'absorption, ce qui pourrait
compliquer l'interprétation des résultats, l'our éviter cette difficulté, j'ai
répété ces expériences avec un tube à calbode d'aluminium et à anlica-
thode de fer, mais j'ai pu constater que les valeurs de Duane et Patterson
sont incontestables.
Il ne nous reste que l'bypotbèse de Dauvillier, à savoir que les
lignes [i^ ety.j du tungstène doivent être identifiées autrement, en faveur
de laquelle on peut donner un nouvel argument, non moins fort que celui
de Dauvillier. Pour la différence de longueur d'onde (îo — ^s o" trouve :
U 28,58; Tli28,5i; Bi 3o,6i ; Pb 3o,48; Tl 29,36; Au 29, .55; Pt 29,40;
Ir 29,87; Os 28,38; W 38,8 1. On voit que cette différence est à peu
près constante de l'uranium jusqu'à l'osmium. I^e tungstène seul montre
une beaucoup plus grande dilTérence. Si l'on prend ici pour la ligne [B;; la
valeur 1211,8, on obtient pour cette même Indifférence 3o,ii. Pour la
différence y, — y^ on trouve une relation analogue, de sorte qu'on pourrait
conclure, que la ligne 1072 est la y^ du tungstène. C'est pourtant une
cbose très remarquable, que les intensités des lignes y du tungstène semblent
(') Les fréquences ont élé calculées eu multiples de Ix constante tle Rjdberg
(fréquence limite de la .«érie de Lyman de l'hydrogène).
C. R., igai, I" Semestre. (T. 172, N° 19.) 87
117^^ ACADÉMIE DES SCIEN'CES.
être tout autres que chez les éléments pins lourds. La lij;ne 1072, (jui sérail y^.
est encore beaucoup plus faible que la ligne 1026,47 (v, ), pendant que la
ligne io65,84, jusqu'ici appelée -,%, est d'une intensité encore assez grande
comparée à celle de Yd chose qu'on trouve en général pour la ligne y^ f'^s
éléments plus lourds. On ne peut encore savoir si les lignes i2o3,i et
loGjjSi appartiennent an tungstène. La première par exemple pourrait
être la ligne y.) du thallium.
l'ji raison de ces faits, on commence à douter aussi de la classilication
des lignes y des terres rares proposée par l^Viman et lljalmar, qui ne
s'accorde pas avec les discontinuités L obtenues par Hertz. Des expériences
sont en cours pour étudier ces questions plus en détail.
RADIO l.OG IF,. — A propos du danger des instalUitions nidiologiques.
Note (') de MM. 3Iaxi>ie Menard et Pestel. présentée par M. d'Arsonval.
Tout le monde sait que, dans certaines conditions, l'exposition d'un
être vivant aux rayons X est dangereuse. Sans rappeler les accidents sur-
venus au début de l'application de ces rayons aux malades ou aux techni-
ciens, nous croyons devoir donner les résultats de nos expériences concer-
nant les dangers que pourraient courir des personnes se tenant dans une
pièce contiguë à une installation radiologique.
E.rpérience n° 1. — Tube l'ilon (_) M', 1 loooo volts max., -i') iiiilliaiiipùres. Teni[)s
de pose : i5 secondes.
Plaque e\lra-sensible placée dans un cli;"issis avec écran renfoiiateiif.
Cloison en lariqnes de 10""' d'épaisseur (revêtement de plâtre sur chaque face)
interposée entre le tube et la pla(|ue sensible.
Index de plonih mesurant 10 "" de côté et 7""" d'épaisseur ap[)liqué sur la plaque
sensible.
Le faisceau des rayons X est dirigé sur la cloison, lanticatliode est à i'°,5o de la
cloison.
Résultats : La silhouette de l'index de plomb est visible sur la plaque.
(jC même index n'est plus visible si l'on place un patient entre la cloison et le tube.
Expérience n" 2. — Le faisceau des rayons est dirigé sur un | lafond mesurant •1,5'""
d'épaisseur constitué par des briques et gravais, le tout recciuvert par des petites
dalles de i"",;") d'épaisseur et formant le parquet de la pièce située au-dessus.
Tube Coolidge, l,y[)e Standard, alimenté par une bobine ■>.■?"" d'étincelle entre boules
de 2'^'" de diamètre; 2,5 milliampères.
Temps de pose : 1 heure.
(') Séance du 2 mai 192 1.
SÉANCi; DU 9 MAI 1921. iinç)
FjH plaque sensible et l'index de ploinl), coiiinie poiii- l'expérience n" I.
Ki'sultat : la silhouelle de l'index de plomb n'est pas visible sur la pla(|ii('.
E.rpérience n" 3. — ^ Les conditions expérimentales sont les mêmes que pour l'expé-
rience n° 2 avec cette dilTérence qu'un mur mesurant 5o'^'" d'épaisseur est interposé
entre le tube et la plaque sensible. Le mur est constitué par des pierres meulières
a\ec revêtement de plâtre de 2'"' d'épaisseur sur les deux faces.
Résultat : la silhouette de l'index de plomb n'est pas visible.
Ces expériences n'ont un réel intérêt qu'au point de vue des locaux exa-
minés et ne peuvent que donner une indication générale sur l'absorption
des rayons \ par certains murs ou certains plafonds.
Sans attacher à ces expériences plus de valeur qu'elles ne le méritenl, il
convient de rappeler que le danger d'une installation radiologique est bien
plus évident pour les personnes qui se tiennent dans la pièce où est actionné
le tube que pour les personnes qui se tiennent dans la pi4ce voisine de cette
installation. C'est pourquoi les tubes à rayons X sont munis de cupules
S[)éciales dont le rôle est d'absorber les rayons nuisibles. Ces cupules pro-
tedtrices ont un pouvoir d'absorption des rayons X en rapport direct avec
la puissance même de l'inslallation. Tous les médecins radiologues avertis
savent que pour les installations actuelles les plus puissantes, celles utilisées
en France pour la radiothérapie profonde (200000 volts, /jo^'" d'étincelle
équivalente) une protection spéciale est établie. C'est ainsi que l'am-
poule est contenue dans une cuve de plomb élanche de 6™™ d'épaisseur et
remplie d'huile. Cette épaisseur de plomb, pour des rayons d'une longueur
d'onde donnée, ceux utilisés en radiothérapie profonde, ne laissent hltrer
que 36 millionièines de C inlensilé initiale. (^)uant aux rayons qui ne sont
pas absorbés par le patient, il suffit de fixer convenablement à la table
d'opération une lame de plomb d'épaisseur suffisante pour éviter le passage
des rayons à travers le plancher.
Notre conclusion est que les voisins immédiats d'une installation radio-
logique, même très puissante, n'ont pas à craindre les effets nuisibles des
rayons X.
CHIMIE PHYSIQUE. — Une théurie de l'hydrolyse lente des sels.
Note de M. A. Tian.
L'hydrolyse des sels est, comme l'on sait, une réaction d'ions. Cette
réaction devrait donc se produire dans tous les cas avec une vitesse extrê-
mement grande. H y a cependant de nombreux exemples de solutions
II Ho ACADÉMIE DES SCIENCES.
salines dont l'hydrolyse est lente : Foussereau (') a étudié des sels dont
l'hydrolyse se continuait encore après plusieurs mois. Or il se trouve que
les solutions présentant celte anomalie ne sont pas, suivant l'expression de
Spring, « optiquement vides » : elles renferment toutes en suspension colloï-
dale soit l'acide, soit la base. 11 semble donc qu'il y ait relation de cause à
effet entre la présence du colloïde et l'hydrolyse lente et que nécessairement
l'explication à donner de l'hydrolyse anormale doive tenir compte de l'état
colloïdal de l'un des produits de la décomposition du sel.
Aussi les nombreuses théories proposées qui négligent cette relation ne
sont pas satisfaisantes. En outre presque toutes font intervenir l'existence
de composés hypothétiques, et ne sont pas appuyées par les vérifications
expérimentales nécessaires.
G. Wagner ('-) est le premier à avoir émis une théorie vraiment générait»
et reliant le phétiomène à expliquer à la présence du colloïde. Malheureu-
sement, comme j'aurai l'occasion de le montrer ('), la théorie de Wagner
n'est pas en accord avec l'expérii-nce.
Je propose la nouvelle théorie suivante :
1° Le colloïde, d'abord en particules extrêmement fines, donnerait
spontanément par réunion de ces dernières des granules de plus en plus
gros qui, pour une masse donnée, auraient une surface de plus en plus
petite.
■2° En outre, l'hydrolyse du sel serait limitée par deux réactions qui,
toutes deux, reproduiraient le sel et l'eau aux dépens de l'acide et de la
base mis en liberté. La preftiière se passerait seulement dans la phase
aqueuse, ce serait une réaction effectuée uniquement entre ions, exactement
inverse de l'hydrolyse. La seconde, que l'on peut appeler « rétrogradation
supplémentaire », serait réalisée entre la phase insoluble et le liquide
aqueux par action de l'autre élément soluble du sel ; ce serait encore une
saturation de l'acide par la basi», mais effectuée mire deux phases. Cette
réaction se produirait donc avec une vitesse d'autant plus petite que la sur-
face de séparation serait plus limitée. Elle diminuerait par suite à mesure
que la solution colloïdale évoluerait et, l'hydrolyse étant de moins en moins
(') Ann. de Chiin. et de J'/iys., 16" série, l. 11, 1887, P* ^'^''•
(') Monalshejle f. Chetn., 1. ik, igiS, p. gS et g3i.
(^) Un Mémoire plus étendu paraîtra dans un autre recueil. Des communications
onl déjà été faites sur le même sujet au Congrès de Strasbourg (ig-îii) de l'Association
française pour TAvancemenl des Sciences et à la Société cliimique de France, section
de Marseille, 16 février igai.
SIUNCE du 9 MAI 192 1. I181
limitée, la ri (''composition du sel progresserait. T/liydrolyse serait lente
parce que l'évolution de la solution colloïdale serait elle-même lente.
( ontrôlc expérimental. — Il était donc nécessaire d'établir les deux points
suivants :
1° L'hydrolyse lente et liée à la « polymérisation » du colloïde.
On devait donc vérifier que rimniobilisation des particules colloïdales,
qui empêcherait leur réunion, arrêterait toute progression de l'hydrolyse.
La vérification expérimentale serait d'autant plus concluante que le moyen
uti'iisé pour immobiliser ces particules laisserait se mouvoir les molécules
et les ions présents dans le système, de manière à ne pas empêcher les réac-
tions auxquelles peuvent participer ces particules beaucoup plus petites.
Le problème a été résolu en utilisant les propriétés très intéressantes des
gelées qui empêchent seulement le déplacement des particules colloïdales.
Mes expériences prouvent qu'en un tel milieu solidifié par de la gélose, de
la gélatine animale ou de la silice, l'hydrolyse s'arrête; en outre elles éta-
blissent que ces substances ne jouent aucun rôle chimique (foi'mation pos-
sible avec le sel d'un composé qui serait inaltérable par l'eau).
2" Il existe effeclivement um- régénération du sel par une réaction à
laquelle le colloïde prend paît.
.l'ai constaté que l'hydrolyse lente est atténuée, ou même que la décom-
position du sel rétrograde, par l'addition d'un excès de colloïde (dont la
phase aqueuse était primitivement saturée); d'autre part qu'il y a au con-
tiaire accentuation de l'hydrolyse lente si l'on élimine une partie du colloïde
en suspension. Comme il est impossible d'admettre que la phase solide agit
à dislance \)Our TdXenÛT la réaction directe réalisée en dehors d'elle, il faut
nécessairement accepter qu'elle agit en sens inverse pour faire rétrograder
l'hvdrolyse : c'est là le deuxième point de ma théorie.
En terminant je veux faire remarquer l'intérêt présenté par l'hydrolyse
lente.
Celle-ci étant intimement l'ée à l'évolution de Thydrosol constitué par
l'hydrate ou l'acide peu soluble, on peut, en suivant sa progression, ce qui
est très facile, étudier les transformations du colloïde en suspension. En
particulier, la réversibilité de l'hydrolyse lente démontrera la réversibilité
des transformations de la solution colloïdale, phénomène très important à
beaucoup de points de vue.
IlHa ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — ■ Sur la révcrsihilili' (le laréaclion CO'Ca = (]0- -+- CaO.
Noie de MM. Pierre Jounois cl ItocviEit, présenlée par M. H. Lo
Chatelier.
Dans une Noie précédente (') l'un de nous a décrit un procédé qui
permet d'enregistrer la tension de dissociation d'un corps composé.
Nous avons appliqué cette méthode à l'étude des conditions dans les-
quelles il convenait de se placer pour obtenir la réversibilité de lu réaction
classique de la dissociation du carbonate de calcium.
Bien que la combinaison du gaz carbonique et de la chaux se fasse avec
un grand dégagement de chaleur, la réabsorption du CO^ par un fragment
de carbonate de calcium qui se refroidit après s'être dissocié est impossible
quantitalivemenl.
l^lle est loujours limitée.
Nous avons étudié rinfluence de l'étal physique du carbonate de calcium
sur la l'éversibilité.
Nous avons examiné de ce point de vue : i" le spath d'Islande en gros
fragments; i° le spath d'Islande finement pulvérisé; 3° le carbonate de chaux
précipité; 4" le marbre.
Dans aucun cas pour les vitesses de refroidissement que nous avons con-
sidérées, la réversibilité n'a été satisfaisante. L'absorption de CO- cesse
brusquement pour une température qui varie avec l'échantillon considéré
{rig.h\\,m).
Nous avons constaté ce fait en apparence paradoxal que la réversibilité
est moins bien réalisée pai- le carbonate précipité à giande surface (jue par
le spath d'Islande pulvérisé ou non.
Nous proposons l'explicalion suivante : La chaux donne facilement des
solutions solides à haute température, comme cela est constaté dans les
expéi'iences de phosphorescence cathodi(|ue.
Une solution solide de chaux dans le carbonate de calcium absorbera
d'autant moins bien le gaz carbonique qu'elle sera plus diluée en chaux.
Or dans la dissociation de morceaux volumineux de spath, le gaz est
uni(jucmcnt fourni par les couches extérieures comme on peut le voir après
refroidissement en cassant un cristal ayant subi une décomposition par-
tielle.
(^ ' ) ('(impies rcni/iis, I. 172, ny>.\, p. 8(19.
SÉANCE DU 9 MAI 1921. t r 83
Fies couches exlérieures sont donc de la cliaux sensiblenieiil pure ([ui
absorbe le gaz carbonuiiie avec plus d'énergie ([ue dans le cas précédent.
1
J
KclrnMlisscini'nl /
/
r.h,i„ir.i;n '^
" J
/
n
1
J 1
/
" J
Les abscisses sont proportionnelles aux températures.
Les ordonnées sont proportionnelles aux pressions.
Les interruptions de la courbo représentent lo minutes.
I. — Dissociation du carbonate précipité.
II. — Dissociation du spath d'Islande finement pulvérisé.
III. — Dissociation du inarbre.
IV. — Dissociation du CO^ Ca précipité en présence d'un e\cès de Ca O.
Pour vérifier cette manière de voir nous avons effectué la dissociation du
carbonate précipité en présence de cliaux pure provenant de la dissociation
du marbre; la réabsorption qui se fait en présence d'un excès de chaux
pure nous a donné une courbe de refroidissement très voisine de la courbe
d'échaufîement, ce qui est un critérium de la réversibilité {fig- IV).
Les nombres que nous avons trouvés dans ce cas sont voisins de ceux
qui ont été obtenus par Johnston (').
(') JoiiNSTON, J. Ain. clieni. Soc.., l. 32, 1910, p. 938.
Il 84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Contribution à L'étude des conslituanls acides de lu
gemme de pin maritime. Composition de l'acide pinuiriipie. INole de
M. (.EORCEs Dupont, présenter par M. A. Haller.
Dans une lécenle Nole(') nous avons indiqué un procédé niélhodique
permettant 4e retirei' de la gemme du pin maritime les acides dexlro-
pimarique et lévopimaiique.
Dans la présente Note, nous nous efforcerons de répondre aux questions
suivantes :
1° Les acides dextro- et lévopimariques pi éexistenl-ils dans l'acide pima-
riqu3 extrait des sels de soude cristallisables, séparés par la méthode de
Vesterberg?
2" Ces acides sont-ils les seuls constituants do ce mélange?
3° Quelles sont les proportions respectives de ces acides dans Tacide
pimaiique?
l*our cela, nous avons utilisé une méthode qui a déjà permis à
M. Darmois (-) de déterminer la composition do l'essence de térében-
thine, méthode basée sur l'étude de la disjiersion rotaloire.
Happelons hriévemenl en quoi consisle celle iiiélliode :
Si l'on détermine (iimr un corps quelconque les pouvoirs rolaloires pour diverses
longueurs d'ondes; si l'on porte sur deux axes coordonnés les longueurs d ondes
en abscisses, et en ordonnées les pouvoirs rotatoires correspondant?, on détermine
ainsi des points A. A', A", ..., qui définissenl la courbe de dispersit)n rotatoire du corps
considéré.
Si l'on considère divers mélanges de deux corps seulement, en veitn de la loi de
[iiot, les cordes A. A' relatives à deux radiations sont concourantes.
.Si iiiver.-ement toutes les cordes A, A' fournies par diverses fractions d'un mélange
forment un faisceau de droites concourantes, on est ei-. droit de dire (|uc le mélange
ne contient que deux constituants (3).
Appliquons celte méthode aux fractions obleiuies jiai' ciistallisalions successives de
l'acide piiuari<|ue dans l'alcool.
Pour les longueurs d'ondes X = 578, 54(3 et 436 (raies jaune, verte,
indigo du spectre de l'arc au mercure) les diverses valeurs trouvées sont
rassemblées dans le Tableau I.
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. giS.
(-) Darmois, Thèse de Doctoral, Paris, 1910.
(') Excepté, toutefois, le cas où un troisième constituant suivrait exactement la
même loi de dispersion rotatoire.
SÉANCE DU 9 MAI 192I. Il 85
'I'ahi.eau I. — Fraclionnemenl de l' acide piinarique par cristallisation dans l'alcool à 90".
l'riHiions crislallisées :
l'oint l'ouvoir rotaluiir.
Dési- (le — ■ — "^ ~ ^
^nation. Poids. fusion. (aij. i^}\- (x)l- Solution.
Acide pimariqiie ImiiI. Kh 83 00 ~'''3>'i " " Alcool à 5 °/;,
r''' crislallisaliDii . . . . L,, 43 160-170 — i36,o — i^g'l — S^o^o Id.
'.'■ » Mu 34 iG>,-i75 —101,2 —118,6 —'.54,8 Id.
3^' " \ii i4 1S5-191 — 27,4 — 32,7 ^ ~^û Cliloroforine 10%
4" .. 0„ 4,5 » +32,3 +36,7 " 'f'-
à' > Pu 3 190-215 + 58,6 + 67,3 +121,4 Id.
Fractions restées en solution :
l'ouvoir rotatùirf.
giiation. Poids. (ï).i. (a)v. (a)i. Solution.
Acide piiiiarifiue :
' ' go
I"" cristallisation L,'. 4o.5 —172,2 » » Alcool 5 "/o
2<' .. M'i, 18 -i83,3 » » "
3= » Ni) 19 — -142,7 — 167°.2 — 348"7 »
4» .. O'i, 8.5 —66,4 — 7«,5 —168,7
Longueur
d'onde.
V-V-
( a ).| ^ pouvoir rolaloire déterminé en lumière /«(/«(? (arc au mercure).... ?i = 578
(3c)v= il )' verte » .... 546
(a)i = >' » indigo » .... 436
Prenons, par exemple, les pouvoirs rotaloires donnés par le jaune et le
vert ; nous constaterons que loiilcs les cordes A, A', déterminées comme il vient
d'être indiqué, sont parfaitement concourantes. Le point de concours est
d'ailleurs le point de rencontre des droites relatives aux acides dextro- et
lévopimariques.
La même constatation peut être faite avec les lumières verte et bleue; toutefois, ici,
la précision est un peu moins satisfaisante, mais les écarts peuveut être imputés à
l'imprécision des déterminations fournie par la lumière bleue.
Nous sommes donc en droit de dire que V acide pimarique contient bien les
acides dextropimariqiw et lévopimarique, et est exclusivement formé de ces
deux acides.
Si l'on n'a pas soin d'éviter l'isomérisation que nous avons signalée de l'acide lévo-
pimarique. ces produits d'isomérisalioii viendront compliquer le mélange.
Il 86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ceci posé, il devient aisé de déterminer la composition centésimale de
l'acide pimaricjue.
Cet acide, tel qu'il est extrait des sels de soude, comme il a été indiqué
précédemment, a pour pouvoir rotatoire dans l'alcool
(ot)j = — i53<',4.
Si a? et I — X sont les proportions respectives d'acide lévopimarique
[(«), = - 282°,4J
et d'acide dextropimarique
[{^),,:^ + i63°.51 ('),
le pouvoir- rotatoire du mélange doit être
(a)j = — x282",/4 + (i — .r) 63°, 5 =— i53°,4-
On en déduit :
JC = 0,C2-,
I — .r =: 0,373.
L'acide pimarique contient environ 63 pour 100 (F acide Ihopiinarique
et Z'j pour 100 d'acide dextropimarique.
Nous avons signalé ((ue le procédé d'analyse ulilisé ci-dessus peut laisser subsister
un doute relatif, au cas, non improbable ici, oii un troisième constituant suivrait la
même loi de dispersion. Ce doute doit être complètement levé par l'étude de lisonié-
sation de ces corps, étude qui fera l'objet d'une prochaine Note.
Notons enfin que les résultats trouvés pour la composition de l'acide pimarique
concordent étrangement avec ceux trouvés par M. Darmois pour la composition de
l'essence de térébenthine de la même origine (62 pour 100 de pinène et 38 pour 100
de nopinène).
Il n'y a peut-être pas là un simple hasard, mais l'indice d'une relation d'orifjine.
Nous espérons avoir l'occasion de revenir sur ce point important.
Conclusion. — L'acide pimarique purilié par la méthode de ^'eslerber^■
est constitué par un mélange de 27 pour 100 d'acide dexli()|iiMiariqiie
et G3 pour 100 d'acide lévopimarique.
Rappelons que cet acide pimarique ne conslilue que la fraction la pins
faible des constiluanls de la gemme. L'autre fraction est constituée par les
acides sapinicpies souillés d'acides abiéticpies provenant de l'isomérisalion.
Nous nous atlacbons à présent à résoudre cette deuxième partie, la plus
délicate du problème de la constitution de la gemme.
(') La \aleur précédemment indi(|uée h- -r)", 4 se rapportait à une solution chlorofor-
iuii|ue; dans l'alcool, ce [iou\oir rotatoire devient -(- iG3'',5.
SÉANCE DU 9 MAI I921. I 187
CRISTALLOGRArHIE. — Sur l(( mesure du pouvoir rotatoire dans les cristaux
hitixes. .^ole de M. Louis Lonuciia.muo.v, présentée par M. Fied.
Wallerant.
La mesure du pouvoir rotaloire dans les cristaux biaxes présente une
difficulté spéciale du fait de la biréfringence qui intervient dès que le faisceau
lumineux n'est pas rigoureusement parallèle à l'axe optique du cristal; il
en résulte des écarts considérables entre les nombres qui ont été donnés
par dill'érents auteurs au sujet d'un même corps : pour le sucre en parti-
culier, Pocklington (') et Dufet (-) ont admis les valeurs + 64°, ±6° par
centimètre pourl'axe fort, et — 22°, ±: 2° pourl'axefaible; M.Wallerant('),
avec une métliode plus précise a trouvé -(-56° et — 12°.
Il était essentiel de calculer la perturbation correspondant à une certaine
inclinaison du faisceau lumineux sur l'axe, afin d'en déduire les conditions
expérimentales d'une mesure précise; le procédé de calcul a été indiqué
par Henri Poincaré {'') dans la Théorie mathématique de la lumière, au
sujet des propriétés optiques des piles de lames. Voici les résultats obtenus :
si un faisceau rectilignement polarisé traverse le cristal parallèlement à
l'axe, le plan de polarisation tourne d'un angle a; si le faisceau est légère-
ment incliné sur l'axe, la vibration émergente est elliptique, le grand axe
de l'ellipse faisant un angle [i avec le plan de polarisation primitif. L'angle a
est la rotation vraie, l'angle ^ est la rotation apparente due à la combi-
naison du pouvoir rotatoire et de la biréfringence. Le calcul montre
que dans le cas d'une lame de sucre de 5'"™ d'épaisseur, l'erreur [i-a
introduite par l'inclinaison du faisceau peut atteindre 32 minutes pour une
inclinaison d'une minute, et 2 degrés pour une inclinaison de 2 minutes.
Pour l'acide tartrique, dont la biréfringence est beaucoup plus élevée, il
suffira d'une inclinaison de 3o secondes pour que l'erreur atteigne déjà
2°, 5, soit le vingtième de la valeur vraie (la rotation est d'environ 5o° pour
une lame de 5°"° d'épaisseur).
Ces résultats numériques montreni combien la rotation apparente varie
rapidement avec l'inclinaison, d'où la nécessité d'employer de la lumière
(') l-'ocKLiNGTON, Pldlos. Magazine, 6= série, t. 2, 1901 p. 36 1.
(-) DuFiîT, Bulletin de la Société française de Minéralogie^ t. 27, 1904, p. lati.
(^) Wai.lerant, Comptes rendus, t. 1S8, igiAi P- 9'-
(') II. l'oiNtiARÉ, Tliéuric niatliéinati<jue de la lumière, t. 2, Cliap. Xll.
II 88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
très parallèle et très exactement orientée. Pocklington a proposé une solu-
tion théoriquement parfaite, consistant à recevoir sur une lentille les rayons
lumineux sortant du cristal : les rayons qui ont traversé le cristal parallè-
lement à l'axe optique convergent en un point unique; c'est en ce point que
doit se faire l'observation polarimélrique. Mais, en pratique, l'œil ne peut
observer un point et il intervient toujours des rayons légèrement inclinés
sur l'axe; aussi le minimum d'éclairemenl apprécié par l'œil est-il obtenu
pour une rotation de l'analyseur intermédiaire entre la rotation vraie due
au pouvoir rotatoire, et la rotation apparente des rayons les plus inclinés
admis sur la rétine. On peut calculer l'erreur ainsi introduite par le dia-
mètre de la surface d'observation; il convient donc de définir exactement
cette surface en plaçant un diaphragme dans le plan focal : le diamètre de
l'ouverture du diaphragme pourra alors être calculé de telle façon que l'er-
reur causée par les rayons les plus inclinés sur l'axe ne dépasse pas une
valeur donnée, un demi-degré par exemple. On trouve ainsi que, dans une
lame de sucre de 5""" d'épaisseur, le diamètre du diaphragme doit être infé-
rieur à /x 3. io~*, en désignant par/la dislance focale de la lentille.
Comme il est indispensable d'admettre suffisamment de lumière pour
que la mesure polarimétrique soit possible, on ne peut diminuer indéfini-
ment le diamètre du diaphragme ; il est donc nécessaire d'augmenter autant
que l'on pourra la dislance focale de l'objectif: avec un diaphragme de i""""
de diamètre et des lentilles de 5™ à lo'" de distance focale, suivant la biré-
fringence et l'épaisseur du cristal, on isolera un faisceau dont l'état de pola-
risation sera suffisamment homogène pour que l'on puisse l'étudier avec
un analyseur à pénombre.
Une antre cause d'erreur, également spéciale aux cristaux biaxes, réside
dans la dispersion des axes optiques en fonction de la longueur d'onde : il
en résulte que si la lumière n'est pas rigoureiiseiiienl monochromalique, le
diaphragme ne sera centré sur le pôle de l'axe que pour une seule radiation
et l'analyseur recevra de la lumière elliptique provenant des autres radia-
tions contenues dans la lumière incidente. Pour une dispersion des axes
de '2° pour l'ensemble du spectre visible, un écart de quelques unités Ang-
strôm entre les radiations extrêmes utilisées peut enhaîner une erreur de
o^jS sur la mesure du pouvoir rotatoire, dans les conditions oïdinaires de
biréfiingence et d'épaisseur des cristaux.
Dispositif expérimental. — La lumière piovienl d'un aie au mercure dont
les raies sont séparées |)ar un prisme à déviation constante ; le faisceau
approximativement parallèle traverse le polariseui', la lame cristalline,
SÉANCE nu 9 MAI IÇ)21. II 89
puis la Icnlillo de grande dislance focale. Dans !<■ plan focal de celle lentille,
lin banc d'optiqne su|)porle le diaphragme el l'analyseur à pénombre ; le
déplacement du diapbiagme permel d'étudier l'état de polarisation de fais-
ceaux dilléremment oi'ientés.
Rèsiiltats. — Pour le sucre, avec la raie jaune de longueur d'onde o"*, f)79,
j'ai trouvé +53°5o' pour l'axe fort, — i&'d' pour l'axe faible; l'erreur
commise ne semble pas dépasser 10 minutes. Le pouvoir rolatoire du sul-
fate de magnésie, qui a même valeur suivant les deux axes, est de i9"5o'
par centimètre au lieu de 26°, nombre donné par Dufel.
La sensibilité de cette méthode permettra de mettre en évidence des pou-
voirs rotatoires très faibles; j'ai déjà pu constater l'existence de celte pro-
priété dans le formiate de strontium cristallisé avec deux molécules d'eau
dans le système orthorhombique. Pasteur ('), à une époque où les idées
théoriques de Maliard n'interdisaient pas encore de croire au pouvoir rota-
toire des biaxes, avait supposé que ce corps, dont l'hémiédrie non superpo-
sable est si manifeste, pouvait présenter un pouvoir rolatoire analogue à
celui du quartz, c'est-à-dire dû à l'arrangement cristallin; il avait échoué
dans sa recherche. Dufet, enfin, malgré qu'il ait étudié des cristaux de près
de i*^" d'épaisseur, n'avait pu l'observer.
Le pouvoir rolatoire du formiate de strontium est faible : 7°3o' par cen-
timètre pour la radiation de longueur d'onde o"^, 579; je l'ai mesuré sur de
nombreux cristaux d'épaisseurs variables et provenant de diverses cristalli-
sations. J'ai, de plus, distingué les cristaux gauches et les cristaux droits au
sens cristallographique : ils présentent bien des pouvoirs rotatoires égaux
et de signes contraires.
LITHOLOGIE. — Rôle pétro graphique des Alcyonaires fossiles, dédiiil de
r analyse des minerais de fer jurassujues de France. Note de M. L. Cayeus,
présentée par M. H. Douvillé.
Les spicules d'Alcyonaires, que j'ai signalés dans les minerais de fer
jurassiques de France ('), y jouent un rôle pétrographique important, du
fait de leur fréquence et de leur composition chimique originelle.
Dans le domaine restreint où ils sont connus jusqu'à présent, les Alcyo-
(') Pasteur, Annales de Physique et Chimie, t. 31, i85i, p. 98.
(^) L. Gatkux, Exislence de nonibreu.v spicules d'Alcyonaires dans les minerais
de fer j urassiques de France {Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 987, 988).
I 1 QO ACADÉMIE DES SCIENCES.
naires à spicules doivenl être considérés comme des organismes construc-
teurs de dépôt, et là, où ils réalisent leur maximum de fréquence, les roclies
en sont essentiellement formées.
De plus, la composition chimique des spicules d'Alcyonaires vivants est
susceptible d'expliquer certaines particularités de composition des roches
sédimentaircs anciennes, dès l'instant que les formes fossiles comptent de
nombreux représentants. Il résulte, en effet, des recherches fort instruc-
tives de MM. F.-W. Clarke et W.-C. Wheeler (') que les spicules
d'Alcyonaires des mers actuelles contiennent du phosphate de chaux en
proportion notable. 22 analyses leur ont fourni, déduction faite de la
matière organique, depuis des traces jusqu'à iSjS.j pour 100 de phosphate
de chaux. En outre, sur ces 22 analyses, 11 accusent une teneur en phos-
phate de chaux supérieure à i pour 100. Et les auteurs de conclure avec
raison que la fossilisation des spicules d'Alcyonaires pouvait être une
source d'acide phosphorique pour les sédiments anciens.
Mais pour donner à cette conclusion toute sa valeur, il était nécessaire
de découvrir des spicules d'Alcyonaires en grande quantité, afin que la
source d'acide phosphorique qu'ils représentent ne soit pas dénuée d'in-
térêt. Maintenant que c'est chose faite, la question peut sortir du domaine
de l'hypothèse. Trois exemples, empruntés à des formations d'âge diflérent,
sont particulièrement démonstratifs à cet égard. Dans les galets du conglo-
mérat de base de l'oolilhe ferrugineuse de Bayeux, j'ai trouvé, ente à cote,
de nombreux spicules d'Alcyonaires et du phosphate de chaux amorphe,
eu forte [)roportion, épigénisant le ciment calcaire et une partie des
organismes. De même, certains minerais bathoniens de Privas renferment
du phosphate de chaux en grains, à raison de plusieurs dizaines d'éléments
par section mince, accompagnés d'une foule de spicules d'Alcyonaires.
Enfin, pareille association se retrouve dans un minerai de fer cullovien de
J^a Voulte, où spicules et grains phosphatés sont très répandus.
D'une manière générale, la présence de nombreux spicules d'Alcyo-
naires n'implique pas toujours l'existence d'une forte proportion de phos-
phate de chaux dans les dépôts où ils sont inclus. Mais par contre, lorsqu'il
revêt une fréquence exceptionnelle, le phosphate de chaux des dépôts en
question entraîne toujours l'existence de spicules d'Alcyonaires en grand
nombre. Bref, j'ai réuni assez de faits probants, en cette matière, pour
('; l\-W. Cr.AUKK iiiid W .-(;. \N'iikf,i,er, 1 hc imirganic Canxlltiicnls of Uic. Alcyo-
naria {Proc. Nat. Ac. 0/ Se, vol. 1, 1916, p. 552-.'):')6).
SÉANCE DU 9 MAI 1921. I I()I
affiniier sans réserve que les spicules des Alcyonaircs jurassiques conte-
naient, comme ceux d'aujourd'hui, de l'acide pliospliorique en proportion
très notable, et que le grand développement du phosphate de chaux dans
certains minerais de fer jurassiques est la conséquence de leur intervention.
Reste à savoir si la contribution des Alcyonaires à la phosphatisation des
sédiments anciens s'est étendue à la formation des gisements de phosphate
exploitables ou exploités. Sur ce point, notre ignorance est presque
enlière.
Tout porte à croire que le problème pétrograplii([ue, posé par la décou-
verte de nombreux spicules d'AIcyonaires, ne tardera pas à prendre de
l'envergure. Ainsi que le démontrent les analyses de MM. F.-W. Clarke
et W.-C. Whecler, les spicules d'AIcyonaires vivants renferment à la
fois du phosphate de chaux et du carbonate de magnésie. Pour plus de
précision, notons (jue ces auteurs ont trouvé de G, 18 à i5,73 pour 100
de carbonate de magnésie, matière organique déduite, dans les 22 analyses
susmentionnées. On voit par ces chiffres que non seulement les types
étudiés sont magnésiens, mais qu'ils le sont à grande échelle.
Ceci dit, la question se pose immédiatement de savoir si les spicules
anciens, eux aussi, engendraient du carbonate de magnésie, et partant,
s'ils ont joué un rùle appréciable dans les phénomènes de dolomilisation.
Tout ce (jue je puis répondre, jusqu'à plus ample informé, c'est que les
minerais de La Voulte, qui m'ont fourni une très riche faune de spicules
d'AIcyonaires, se signalent par une teneur en magnésie exceptionnelle,
s'élcvant jusqu'à 2,01 pour 100, proportion correspondant à 4,ao4pour 100
de carbonate de magnésie et à 9, 192 pour 100 de dolomie. Dans l'espèce,
l'influence des Alcyonaires est patente.
Pour traduire les faits, tels qu'ils se présentent aujourd'hui, on peut
dire : La preuve est faite que les Alcyonaires ont joué un rôle dans la
phosphatisation des dépôts anciens. Pour ce qui concerne la magnésie,
sans vouloir conclure du particulier ou général avec l'appui d'un seul
exemple, on est pour le moins fondé à supposer, en raison de la consti-
tution du minerai de La Voulte, que des phénomènes de dolomilisation
sont également imputables aux Alcyonaires fossiles.
En attendant d'autres précisions, il est de toute évidence, n'est-il pas
vrai, que la découverte de nombreux spicules d'AIcyonaires fossiles, fai-
sant suite aux analyses de MM. F.-W. Clarke et W.-C. Wheeler. ouvre
de nouvelles et intéressantes perspectives à la pétrographie des roches
sédimentaires.x,
II91 ACADÉMIE DES SCIENCES.!
GÉOLOGli:. — Sur un forage profond qui démontre Vexistencr d'une nappe
de charridge dans la Tunisie seplenlrionalc. iSote (') de M. L. .Ioleald.
présentée par M. Emile Haug.
M. Pierre Termier(-), puis M-. Louis (ientil el moiT') avons sitjnalc
l'evistence d'une nappe de charriage forniéo par les sédiments triasiques
dans la Tunisie septentrionale, en particulier dans la région de Bizertc.
J'ai depuis insisté à plusieurs reprises sur le rôle important joué par celte
nappe dans la tectonique du Nord de la Régence ( ' ).
Les observations sur le terrain, qui nous avaient guidés dans notre inter-
prétation, viennent d'être confirmées par un sondage profond entrepris par
la Compagnie industrielle des Pétroles à Aïn-lllielal, non loin de la station
du chemin de fer située- à mi-chemin entre Tunis et liizerle.
f^c terrain le plus développé au voisinage d'Aïn-Rhelal est le Miocène
moyen, qui est formé d'argiles, accompagnées de sables et de inarncs plus
ou moins calcaires. Au milieu de ces formations affleurent, en divers
points, les argiles irisées gypso-salifères du Trias, notamment au nord-esl
d'Aïn-llhelal, sur les rives de l'oued el Lil et sur les bords de la sebkha el
Mehalla, et au sud-ouest, dans le djebel Sakkak.
Le forage de recherches de pétrole, dont j'ai eu à examiner les échan-
tillons ramenés par la sonde, a été entrepris à 4'~"' au sud-ouest du lambeau
de Trias de Mehalla, versTAïn-Smara, dans rilcnchir el Lcgouf. (Commencé
dans le Miocène moyen, il rencontrait à i"',4o des sables grossiers;
entre [f^^%o et 8™, 40, des calcaires marneux très ferrugineux, vraisem-
blablement encore néogènes.
A 12"', il était déjà dans le Trias, formé de marnes gypseuses, et il se
maintint ainsi, dans des alternances de gypse et de marnes sans fossiles,
jusqu'à plus de 600'". A 624", il atteignait un calcaire doloniilifjue peut-
être encore triasique. Mais à G3o"'-645"', il rencontrait une marne ferrugi-
neuse, très riche en rhomboèdres microscopiques de calcite, renfermant
(') Séance du 3 mai 192 1.
(-) Comptes rendus, l. l'»3, 1906, p. iSt, el Bull. Soc. Géol. /■^ra/ice, '1' série,
t. 8, 1908, p. 102.
(^) Louis Gentil et Léonce Joleaii», Comptes rendus, i. KJ.'i, 1917, p. 305 el JoG;
i. 1()(), 1918, p. 1'! el 119.
(' ) !.. JoLUAUi), (Jomptes rendus Soc- Gêol. France, 1918, p. 61, el Uj'.i', p- 101.
SÉANCE DU (} MAI 192I. 119!^
aussi des coi[iiill('s de Foraminifères ( Tc.vtulni-ia, (î/o/jis^i'rina, Vi/ginularia),
et de pclils j,naiiis de inagnélile et de mica. Celle dernière roche, incontes-
lal)lemcnl crétacée, est tout à fait comparable, par ses caractères pétrogra-
{)lii(pies et paléonlologiqiies, aux marnes et calcaires schisteux scnoniens,
décrits par (i. Le Mesle ( ') de la zaouia Daouda, au nord de Bou Chaleur,
à rouest de IJizerle.
Ainsi le forage d'Aïn-Khelal, qui débute dans le Miocène moyen, est
arrivé rapidement dans le Trias, où il est resté sur une hauteur de plus
de Goo'", avant d'atteindre le Crétacé supérieur. La superposition, indiscu-
table à Ain-Uhelal, du Trias sur le Crétacé, ne peut s'expliquer que par
l'existence d'une nappe de charriage. Le forage a sans doute coupé les
assises triasiques sous un angle très faible, dans une zone où les strates
étaient assez redressées : celle situation explique l'épaisseur do Trias, rela-
tivement grande, traversée par la sonde.
Aucune trace d'hydrocarbures n'a été observée au cours du travail et
cependant un petit suintement de pétrole existe dans la localité : un son-
dage effectué en 1909 en avait révélé des traces jusqu'à 73'° de profondeur
dans le Miocène (^). Cet ensemble d'observations infirme la manière de
voir de M. Brives (^), qui conclut à une liaison entre le Trias et le pétrole
dans toute l'Afrique du Nord, et particulièrement dans la région de Bizerte.
J'ai, il y a 2 ans ('), appelé l'attention sur les données géologiques
fournies par les sondages de Tilouanet, en Oranie. Là aussi l'assise pétro-
lifère est le Miocène, comme j'ai pu m'en convaincre par l'examen de
nombreux échantillons. Le Trias, toujours stérile, a été allcinl, dans cette
région de l'Algérie, par plusieurs forages, qui l'ont rencontré, en relation
avec des brèches tectoniques cl en superposition anormale sur le Crétacé
supérieur.
Ainsi les sondages viennent conllrmcr l'existence, aussi bien en Algérie
( Tiiuuanel) qu'en Tunisie (Aïn-lîhelal), de nappes de charriage tria-
siques, qui se sont avancées dans les chaînes de l'yXllas riveraines de la
Méditerranée occidentale.
(') Comptes icndiis, t. 106, 1888, p. 6Si.
(-) L{i;itiii().\, /tcitii' Ciinisieniic, njii.
( ' ) liiill. Soc. Uisl. nul. Afriijue du Nord, t. 10, 1919, p. 1 l'j-
(') !.. Joi.KAiD, Comptes rendus, t. 1t)9, igi"), p. 728.
C. H., 1921, 1" Semestre. (T. \'l. N" 19.)
88
1H)'\ ACAUEiMlE IJES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Le Trias de la Kabylic des Bnliors ( Aliiérie).
.\()lo (') de M. F. ËiiK.MA.'VN, présentée par M. Ch. Dcpciet.
Le Trias seiilemenl signalé dans la Kabylic des Babors (^) présente sous
son faciès classique nord-africain (dolomies, cargneules, marnes irisées,
opliilc, yypse, sel geniinc, etc.) un développement considérable et une C(jn-
tinuilé insoupçonnée jusqu'ici. Des éludes de détail dans ce pays m'ont
permis de suivre un même affleurement anticlinal de Triassur une vingtaine
de kilomètres (l3abor, Tababort, etc.).
Le Trias autoclilone qui constitue le subslralum de toute celte région,
occupe, par suite de mouvements tectonicpies, dillérentes situations, olIVant
de remarcpiables solutions de continuité. I^es érosions profondes qui onlail-
Icnt ce pays permettent d'indiscutables constatations à cet égard. J'ai ainsi
pu observer le Trias :
1" /ùi siliialion normale^ à la base de la série liasiqiie cl jurassique (Heni-Sjliinan,
l'ieiii-Ismael, Heni-Hassein, Heni-hou-Voussel', Beiii-Seghoual. et ]ilus à i'esl, aux
djebels Hieclv el Meraila, elc. i ( *).
■y.° En inlrusion latérale, en continuité a\ec son gile originel. ;i travers la série
iMilière.: lias, jurassique (*) et crétacé, jusfjue dans le Séijonion (Kefridaii a M'sbali)
au sud de l'Oned Marsa (■').
o" t'/i Inlrusion ascendante, avec émission d'apophyses latérales plus ou moins
larges ou siniplcmenl filiforines, ou encore de véritaliles lames, dans les terrains
encaissants, el parfois inème avec; dé\'ersenienl sur les terrains plus récents. Ce Trias
est en rapport constant avec les failles verticales ou subverticales qui, dans plusieurs
cas, découpent en biseau la série continue du Lias au Crétacé (Djebel Mouley Ali,
Kjeliel bou Kouna. IJaiguinah, Issenseg, (Tued Kefridaii).
4" En situation d'apparence anormale dans le Crétacé (sud (Jued Marsa, Oued
Sidi Heliane. Oued Agriouii, etc.). La mise en place du Trias dans ses dillérentes silua-
(' ) Séance du 2 mai 1921.
(■-) Vj. l-'iniEun el Jacob, .\otice sur les Iroi-aux récents du Serxicc de la Carie
;^éol()gique de l' Algérie, igo'i.
(') A. BmvKS, Contribution à l élude des gilcs inelitUiJ'ères de l' Ugérie. \lger,
iii-S". 1918, p. 2") el -16, fig. S et 9.
(' ) !•". Emhmaxn, Le Jurassique moyen et supérieur dans la e/iaine des ISahors
{IJiimple rendu sommaire S. G. F.. - juin ujîio).
( ') .1. Savorniii, dans sa Thèse sur le llodna ( Tli. I-ac. Se. Lyon, ii|!0, p. \12-120,
jig. 35), cite un f.iit analogue à lîalna. où le trias est iiilriisif jusi|u'au \ alanglnien.
SKANCE DU () MAI 1921 I I<) )
lions 05t ici prise sur le vif et s'expliqiicniil par 1;» foriiiidal)ii' action C()mprcssi\e di-s
piiissanles niasbcs de sédiments inésozoïqiu's (|ui, dans les lîabois, reposent sur le sub-
slraluni lria>i(|ue.
D'autfe pari, le Trias algérien, en grande partie conslilué de marnes
irisées, est très plastique. Cette plasticité est d'autant plus grande (pic le
contact du Lias cl du Trias est un niveau aquifère.
Ce Trias n'a donc pu que s'insinuer, s'injecter dans les cassures et vides
des terrains de couverture, en englobant des éléments des divers terrains
traversés.
Le Trias a été ainsi entraîné à distance de son gitc d'origine, dans
des situations anormales que compliquent les rnouvemenls lecloni(jucs
ultérieurs. Dans le cas d'intrusion Iriasique (gypso-sa/in) dans les schistes
crétacés (sénonien), les dissolutions dans la masse triasi([ue cl le tasscmcnl
des schistes peuvent masquer ou même faire disparaître les cheminées ou
cassures par lesquelles il s'est insinué. J'ai ainsi pu reconnaître l'enracine-
ment du Trias, d'apparence anormale dans le Sénonien : (sud oued Marsa,
oued Sidi Rehanc) et sa liaison avec le Trias autochtone de Ivefridah.
Ces faits indéniables ( '), qui montrent d'une façon remarquable les
relations de continuité du Trias autoclilone et du Trias anormal dans ses
dilTérentes situations, permettent d'attribuer une origine profonde aux
nombreux pointemeuts de Trias gypso-salin d'apparence anormale si
répandus dans la Kabylie des Babors, surtout dans le Crétacé. Il semble
que la même inlerprétation puisse s'étendre sinon à tous, du moins à la
plupart des pointements triasique d'apparence anormale dans l'Afrique
du Nord.
BOTANiQUIi. — La rèsislance plaslidairc et ntilochomlrialc ci le parasilisme.
Note de W. J. Heaiiveiiie, présentée par M. Gaston Honnier.
Nous nous sommes demandé s'il existe des différences de résistance des
mitochondrics et des plastes entre les divers tissus d une même planlc,
entre les tissus homologues de plantes gppavtenant à des espèces ou à des
variétés différentes et entre les tissus normaux ou parasités d'une même
plante.
Nous pouvons seulement indiquer ici la méthode employée et les appli-
(') Une récente course faite en commun a permis à M. Savomin de les constater.
II9<J ACADÉMIE DES SCIENCES.
calions possibles; l'exposé de ces recherches, conmieiicées depuis phisieurs
années, tVia l'objel d'un Mémoire détaillé.
Après avoir ulilisé comme moyen d'épreuve les solutions liypeitoni(|ucs
et surtout hypoloniques et l'eau distillée, nous en avons reconnu l'insufli-
sance et avons choisi la saponiiie, (|ui conslilue un réactif bien autrement
efiicace (' ).
Nos observations ont été faites : ■"sur le vivant; 'j." après emploi des
méthodes mitocliondriales, en substituant souvent le formol du commerce,
très suffisant, aux autres lixaleurs. Fous les cas comportaient l'obseï valion
de témoins.
r° fiésislftnce (hiiis la [) la nie noniialc. — a. Acdun de l'eau distillée, rie soliitio/i.s
liypo- ou liypertonif/ues. — La vésiciilatioii des iiiltocliondiies et de ceriaiiis plasles
a déjà été décrite par les auteurs, nous l'avons vériliée, ainsi que la dégénérescence
ultérieure, sur un matériel particulièrement intéressanl : les cliromoplastes à xantho-
|)li)lie des pétales des Renonculacées; quant aux cliloroplastes, leur résistance e>t
remarquable et les réactifs en question ne sauraient donner de résultats prati(|ues.
b. La saponine produit, au contraire, des eiïets sensibles à la dose de ^ après une
heure ou deux. Les cliloroplastes se \ acuolisent en formant des chapelets pariétaux, les
ruitoclioiidries non plastidogènes (-) persistent autour des chloroplastes les moins
déformés. Les cliromoplastes à xantliophylle des Renonculacées (ex. : Ficaire) subis-
sent, en 2 ou 3 heures, une fonte complète dont nous avons analysé les diverses phases.
L'action sur une gemmule de blé permet de reconnaître, si l'on emploie une dose
limite inférieure, soit •j-ôoTû' ""^ inégalité de résistance des chondriomes des divers
tissus, ceux des méristèmes cédant les premiers; il se produit, dans les tissus atteints,
une fusion du chondriome, si riche en éléments, en vésicules peu nombreuses et
souvent volumineuses, très chromophiles; à la dose de i,',, le phénomène est général.
Il ruiilre dans ce plan d'étudier l'action de certains lixaleurs.
2° llésislance dans la piaille parasitée . — a. Obscn'ation sans réactifs. — Nous
avons étudié des cas nombreux ('), en observant comparativement les caractères cjto-
(') Parmi les autres réactifs à essayer, la lécitliine doit retenir particulièrement
l'attention. N.-H. Cowdry {Biol.-BulL, igîo) a signalé les curieux elîets déformants
de son action sur les divers éléments du chondriome.
(-) Nous appelons ainsi les mitochondries dites inactives dans la /irotosyiilltcse.
Nous iiirinlrons ailleurs pourquoi nous pensons, au contraire, qu'au moins la catégorie
de ces niitocliDiidries, qui auréolent remarquablement les cliloroplastes, doit être
considérée comme jouant un rôle actif dans la protosynthèse.
(■') Houilles sur Pulntonaria langifolia, Rbamnus Frangiila , l'icaiie, l',u|iliorljc,
Seigle, Blé, Taphrina aurea sur peuplier. Nous avons également poursuivi l'étude
de la dégénérescence du chondriome dans les lilamenls de champignon à l'étal de
inycorhize chez diverses plantes, ainsi que l'évolution progressive du chondriome
dans les i;alles de la fouille de 'l'ilia {Eriophyces Tilia- Pagenst. ); ces deux dei-niers
oa» méritent d'ètie traités à part.
SÉANCE DU 9 MAI I921. II97
Idiiiqip's des ilivei'scs zones en alliint clos piutles eiivaliics à (Milles reslées saines. Le
fail le plus saillant est la raréfaction très fré(|ueiilo des cliloroplastes et des mitoclion-
diies qui les accompagnenl. Un des eflets du païasile étant de modifier l'étal csnio-
liqiie des cellules de l'Iiftle, le cliondrionie-|)lastidonie doit y être sensible, et c'est là,
sans doute, une dos causes do sa laréfaction. Mais ces modificalions ne deviennent
visibles au microscope que lorsqu'elles sont suivies de nécrose, auquel cas on ^oit les
cliloroplastes, ayant perdu leur résistance, s'étaler et se fusionner en chapelets nioni-
liformes. 11 nous paraît chiuiéiique d'espéiei- retrouver des formes d'involution lors-
qu'il y a permanence des tissus, car leur persistance résulterait d'un déséquilibre
incompatible avec la vie. Si elles se produisent, ou bien c'est pour disparaître aussilôl,
ou bion pour l'eprendre, par réversibilité, un « équilibre soconci u avec leur forme
primitive, mais peut-être une fragilité plus ^raiule. C'est ce que nous voulions
rechercher.
h. Emploi de réaclij's. — Il y avait donc lieu il'obscrver comparativement la résis-
tance de ces oi-i;anites à divers réactifs dans la zoneenvahie, la zone inlormédlaire tt
la zone saine. L'eau distillée, les solutions hypo et hypertoniques ont donné des résul-
tats peu sensibles, les chloroplastes opposant toujours une grande résistance ('); la
saponine s'est montrée, au contraire eflicace.
Mous avons fait agir une solution à yoû» *'^"' ''' tis'-u de la tache païasilée de bicaire
attaquée pai' Uromyces Ficariœ. L'observation vitale permet de leconnaîlre, dès une
dixième de minute (et le phénomène va s'acccntuant quelque temps) que les cellules
de la zone envahie deviennent d'un vert diflus, il y a fonte aussi dans la zone iniermi'-
diaire, avec des retardataires, tandis que dans la zone ^alneles chloroplastes ont cim-
servé la netteté de. leur contour.
L'emploi des méthodes mitochondrialos permet do reconnaître la diflUunce des
plastes qui peu t aller ius(|u'à la fusion. Les niitochoudries non phislidogones ont dis-
paru autour (les grains difduenls; elles ont d(uic été égaleniont sensibilisées par le
parasite.
La saponino agit par la faible tension superlicielle île ses solutions enliaînant son
grand pouvoir de dillusion au niveau des tissus. L'action est d'autant plus sensible
sur les plantes et surtout les mitochondries que ces organites contiennent des subs-
tances lipoïdiques susceptibles de donner des corps dont l'abaissement de la tension
superficielle fac'lite la diffusion. Cette action s'accroît avec la concentration delà
solution de saponine à laquelle correspond un abaissement progressif de la tension
superficielle.
Nous potirstiivons réliide de ces fails doni il est possible dVnti-evoir les
applications; liàloiis-notis de dire qu'elles seront réalisées seulement
lorsque de liés nombreuses expériences nouvelles en auronl délerminé le
degré de généralilé, lorsque les cas particuliers : symbiose, cblorose, elc,
auront été examinés; lorsque la méthode aura acquis toule sa sensibililé.
Parmi ces applications, citons : méthode d'étude du mécanisme intime de
(') Malériauv d'éludé elle-; au renvoi précédeul.
II98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'aclion des parasiles et de cerlains ageiils pliysiologiqiies; moyen de
dépister l'infeclion dans des cas douleiix on difficiles, comme celui des
maladies à ultramiciobes; recherche des variélés les plus rcsislanles aux
maladies par essai de leur résislance plasiidaire, elc. Peut-êlre nn jonr
apparaîlra-l-il (pie Félude dn chondriome ne présente pas senleiMonl un
inlérèl spécnlalif ! Il y a sans doiile une voie nouvelle à ex|)lorer.
En résumé, dans les cas étudiés, les milocliondrics el les plasios pré-
senlenl des résistances variables suivant l'Age el les tissus; de plus, leur
fragilité se trouve accrue au niveau des tissus parasités; le parasite les sen-
sibilisant à l'action de réactifs tels que la saponine. On peut [)révoir l'appli-
cation dé ces faits, lorscpi'ils seront plus complètement connus^ à l'étude
du mécanisme du parasitisme et à la lutte contre les maladies des plante?.
BO'i'ANKJUI",. — La structure des (inthérozoules r/r.v Furucèes.
Note de M. G. MAXcEsor, présentée par M. L. Mangiii.
On a beaucoup discuté sur la structure des anthérozoïdes des Kucacées.
Deux théories sont en présence : d'une part, Behrens, Strasburger, Betziiis
soutiennent que le noyau constitue la totalité du corps de l'anthéiozoïde; le
protoplasme est réduit à une minCe enveloppe renfermant le chromatophore
ou point rouge et aussi, d'après Retzius, un corps particulier, formelle
quelques sphérules accolées, comparable au « nebenkern » de beaucoup de
spermatozoïdes animaux. D'autre part, Guignard et, récemment, Kylin
pensent (pi'une très notalde partie du volume de l'anthérozoïde est formée
par du cytoplasme; le noyau est un corpuscule assez petit, sphériquc,
ovoïde, situé près du point rouge; enfin, d'après Kylin, il n'existe pas de
nebenkern. Les défenseurs de ces deux conceptions s'accordent |)oui'
admettre que le chromatophore est directement issu des phéoidastos du
poil anthéridien primitif, lesquels se sont multipliés en changeant do
couleur.
Meves vient de reprendre cette étude (i()i(S);il se rallie aux idées de
lletzius et formule, quant à l'origine du point rouge, une jjypolhèse nou-
velle. Son Mérhoii'e nous était inconnu lorsque, dans une ^ole plibliée
l'année dernière, après avoir précisé rorigin6 du clirortialophore et indiqué
la présence de mitochondries autour du noyau des anthérozoïdes, nous
adoptions le point de vue de Guigiiaid. Nous regrettons cette ignorance.
SÉANCE DU f) MAI I92I. II99
car l'opinion de Meves ne peut ôlrc néglip.oc; comme elle dillère de la
notre, le problème se trouve remis en question.
Nous avons vérifié nos résultats précédents en ce (jui concerne rori<,nne
du point rouge. I>es phéoplastés se décoloreni el s'amincissent pendant une
première pliase du développement do l'anlliéridie; ils se mulliplient très
activement, puis s'allongent et s'épaississent légèrement en se chargeant de
pigment carotinien. Ces |)lastes, (jui sont des cliondriosomes à fonction
bien ilélinie, évoluent à côté d'éléments de même nature, mais de l'orme
invariablement granuleuse et sans fonctions précises; on suit parfaitement
tout ce processus. Si Aleves n'a pu déterminer l'origine du ])oint rouge,
s'il ne peut (pi'émettre l'iiypotlièse de sa dilVérenciation aux dépens d'un
giain mitochondrial, sans arriver à distinguer les phases successives de ce
phénomène, c'est qu'il n'a étudié que la période ultime du développement
de l'anlliéridie, celle du modelage délinilif de ranlhérozoïde. 11 faut ajouter
que le pigment orangé du chromatopliore est biréfringent comme le montre
l'examen en lumière polarisée : il forme, sur le plaste, un cristal aciculaire.
11 est probable que ce dispositif explique les aspects, observés par Mevcs
et retrouvés par nous, que présente le point rouge. sur les préparations
obtenues jiar la méthode d'Ahmann :il apparaît, en effet, dans beaucoup de
cas, sous forme d'une baguette noircie par l'acide osmicjue, ou d'un corps
plus ou moins vésiculeux et coifl'é d'un croissant osmiophile : il se peut
que l'aiguille de pigment réduise l'acide osmique (') et, comme lo plaste,
très altérable, se transforme, lorsqu'il est lésé, en une vésicule, la baguette
pigmentaire qui lui est adhérente se recourbe alors en arc. Meves ne semble
pas avoir saisi la vraie signification de ces aspects et il ne jiaraît ])as avoir
vu que, .sous la substance osmiophile, qui représente le pigment, c'est
à-dire une ségrégation inerte, se cache un plaste élaborateur, colorable
par la fuchsine et jouissant des propriétés générales des cliondriosomes.
A ce chroinatophore de l'anthérozoïde riiûr est accolé un corps arrondi
ou ovoïde qui fixe énergi(|uement les diverses teintures ( hématoxyline,
fuchsine): son aspect, lorsqu'il est bien coloré, est celui d'une vésicule
renfermant quelques croùtelles chromophiles; c'est évidemment le noyau.
Son diamètre transversal n'excède jamais la longùeui- du plaste; et, comhie
celui-ci n'occupe guère plus d'un tiers de la longueur de l'anthérozoïde
vivant, cette simple considération nous donne à penser que le corps de
(') La Caroline étant souvent associée à des corps gras (lipoclironie 1, il n'v a rien
d'étonnant qu'elle réduise, dans certains cas. l'acide osniique.
I2(H) ACADEMIE DES SCIENCES.
raiilhérozoïclc est loin d'èlie e.vcliisi\ciiienl composé de subslance nucléaire.
D'aillenrs, si l'on traite par Féosine des anlliérozoides colorés d'abord par
l'hématoxyline, on met en évidence, autour de charpie noyau, une auréole
proloplasmique colorée en rose clair. (Je cytoplasme est assez abondant pour
contenir un gros globule oléagineux, charge constante de tout anthéro-
zoïde, ainsi que souvent quelques petits grains de fucosane.
Dans le protoplasme il existe aussi des milochondries : ce sont de petits
grains arrondis qui prennent, avec une égale intensité, Thématoxyline et la
fuchsine; ils sont groupés au nombre de /( à 8 et parfois assez étroitement
pour donner l'impression, lorsqu'on colore par la fuchsine, qui détaille
moins bien que l'hématoxyline, d'une masse unique. Ce sont ces aspects (jui
ont fait dire à Meves qu'il existait, dans l'anthérozoïde niùr, un nebenlicrn
compact formé par la condensation des mitochondries préexistantes. Au
contraire, le nchcnkern granuleux, décrit par lîetzius, se rapproche beau-
coup, par son aspect, du groupement mitochondrial que nous avons
observé.
fj'anthérozoïde des Fucacées.nous apparaîtdonc bien, ainsi que Guignard
l'esquissait déjà en 1889, comme une masse protoplasmicpie allongée avec
un noyau globuleux. Sa structure n'a rien d'analogue à celle d'un sperma-
tozoïde animal; mais, si l'on veut rechercher des organismes semblable-
ment conformés, il suflil de considérer les gamètes et les zoospores des
Phéosporées, dont ils ne constituent évidemment qu'un type à peine
modifié : là il est indubitable qu'une grande partie de la cellule ciliée est
de nature protoplasmlque, puisqu'elle renferme, outre des inclusions
inertes (graisse, grains de fucosane, etc.), des phéoplastes souvent en
assez grand nombre. Leur structure est en rapport avec leur destinée :
chargés essentiellement de la fonction reproductrice, ces petits organismes
n'en sont pas moins appelés à mener une vie indépendante dans un milieu
sléiilc; ils gardent avec eux de quoi assurer leur subsistance. Les anthé-
rozoïdes des Fucus sont plus étroitement adaptés à leur rôle de gamètes:
is n'ont plus de phéoplastes; mais ils n'en conservent pas moins, avec leur
abondant protoplasme, leur graisse de réserve et leurs autres inclusions,
l'architecture générale dont nous \enons d'indi(pier la valeur fonction-
nelle.
SÉANCE DU 9 MAI 1921
CRYPTOGAMIE. — Sur l'emploi (rêcniiis colorés pour cumlxittrc les inaladics
cryptoi^a/nù/iies des règétau.v. Note de M. Uobkhi' FjAxce, i)résenléc
par M. l'idinond l'errier.
f/action des ra\ ons bleus et violets a été employée en médecine humaine
pour combattre avec succès certaines maladies de la peau (Finlzen).
( )n peut utiliser prali(pieiiient la même action dans le traitement des
maladies cryptogamiques des végétaux et particulièrement de la vigne en
créant à la surface des feuilles, tiges, Heurs, fruits, un écran coloré laissant
lillrer les ra\ons bleus, violets et ultraviolets.
Pour créer cet éciaii on projoUe en fines goiilletelles à la siirfaci' des ftmiili's, tige?,
Ilinirs, fruits ite-- végétaux à préserver une bouillie très claire, oljlenue en délavant
ilans l'eau un support, le! que sulfate de chaux, chaux, lîaolin, talc, etc., sur lequel
cm fixe au moyeu d'alumine fraîchement précipitée, des 'coioranls vert bleu, bleus.
indigos ou violets, ne nuisant pas h la végétation et particulièrement des outremers.
I>a composition suivante convient tout particuliéicmen t :
Bleu d'outremer 65o ■
\'erl )> 2 5o
^ inlet » 100
(In la ilélaic tians quelques litres d'eau, puis on y ajoute ','■" de sulfate île clianx
el i3.')o8 à 14008 de chaux vive en poudre.
I^orsque la masse est uniformément colorée on laque les coloiauls sui- le support,
en V incorporant l'iode sulfate d'alumine ou i''s, 5oo d'alun.
I^a chaux décompose le sulfate d'alumine ou l'alun en mettant en liberté l'alumine
qui fixe le colorant sur le support et rend en même temps ce dernier plus adliérent
aux végétaux.
Lorsque la réaction est terminée on porte le volume à ioc' et l'on procède à la pul-
vérisation par tous appareils ordinairement employés.
CRVP'l'OOAMlt^ — Sur ini produit (inticryptoganii(jiie .
ÎVole de M. IIobert Lance, présentée par M. Edmond Perrier.
Les sulfate et chlorure de zinc sont utilisés en médecine comme antisep-
tiques.
Certains produits zinciques peuvent également avec avantage être
employés comme agents anlicryptogamiques et supports de pigments en
I202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vue de réaliser les écrans colorés, destinés à comballre les maladies cryplo-
gainiques des végétaux.
Dans ces conditions Taclion anlisepliciue du zinc s'allie à l'action niicro-
bicide des rayons bleus, violets et ultraviolets.
Pour piépaier celte bouillie zinciquc, on f:iil liissoiulie dans loo' d'i'aii i'-^' de
siilfale de /.inc. On y ajoiile 5oos de ciiaux pulvérisée pour préci|)iler le zinc à
l'état d'iivdroxjde et décomposer ultérieurement la totalité du sel d'alumine employé
comme fixatif, puis dans la masse ainsi obtenue on incorpore de l^n" ù loo^' de colu-
ranl. Celrt fiiil. on ajoute 25ot' de sulfate d'alumine oil Sj^i" d'alun cl l'un agite très
fortement pendant un quart d'heure. La Ijouillie après filtrage esl alurs prèle à
l'enïploi.
CHIMIE VKGÉTAI>E. — Sur les f.'raines à aiilo/'ermenlalion sulf/iydrif/iif île la
fainille des Papiliohacèes. Note de M. Mahcul 3Iiraxde, |irésculée par
M. (iiuignard.
Dans une Note précédente ( '), j'ai montré que les graines de Lalhynis
sntwiis el de L. Cicera, qui provoquent l'intoxication connue sous le nom de
/al/irrisme, concassées et humectées avec un peu d'eau, produisent, an boni
do quelques heures, une aulofermenlalion se traduisant principalemeni par
un dégagement assez actif d'hydrogène sulfuré.
Je me suis assuré que ce fait n'est pas isolé dans la famille des l'apilio-
nacées. Voici quelques exemples pris dans des genres divers et qui montrent
que cette propriété doit être assez répandue : le Lathyrus odoratiis; tous les
Haricots. Phasroliis i^ulgaris ; les Pois, Pisiim sàtivum; les Fèves, Fahn rul-
f^avis et ses variétés, notamment le Fnba minor. vulgairemcill nommé AVcr-
role: diverses espèces de Vicia; le Pois cliiche, Cicer arielinum: la Luzerne,
Medicago saliva. Toutes ces espèces donnent, comme les Gesses, un déga-
gement actif de H'S.
D'autres espèces donnent aussi H-S, mais en moindre quaiilité : les
l^en tilles, Lens('sculenta;\e Sainfoin, Onohrychys saliva, -Tri foliiini hyhriditrn,
ErvumErvilid ; Anihyllis Vulneraria; Cylisiis I.dlnirnum ; Medicago Lapulinn:
liobinia Pseudo- Acacia: Lolus cornicu/aliis.
Parmi les Lupins, le Lupinus alhus donne une autofermentation siillhy-
cirique aussi intense qiie celle des Gesses, tandis que le L.litleus et le L. ra-
(') CoiUiitès rchdiis, i. 1/2, 1921, p. il.|2.
SÉANCE DU 9 MAI I92I. I2o3
D'autres Papilionacéosne produisent pas de li-S, tels soûl, par e\cui[)le :
Amorpha frutirosa^ (ienisla linctoria, Melilntiis officinalis, ('oiviiUl'i varia,
(laki(a officinalis.
J'ai recherché si des faits comparahles étaient déjà connus : en 1903,
(ioht(^' ) a constaté un jiliénomèue feruientalif, variant dans les détails avec
celui que j'ai cité, mais produisant éi^aleuienl IPS, dans les graines de
V Acacia Farncsiana et d'un assez grand nombre d'espèces du même genre
dans la famille des Mimosacées qui appartient, comme celle des Papiliu-
nacées, à l'ordre des Légumineuses.
Dans les graines intactes, la faculté fermentalivc suifhydriipie, loul en
s'atténuant par la durée, semble se conserver longtemps ; c'est ainsi que des
graines de Fève, vieilles d'une vingtaine d'années, onl donné encore un
dégagement faible, mais appréciable de II- S.
Si les vulgaires petits pois et haricots ne déterminent généralement pas
d'accidents chez l'homme, c'est que l'on n'a pas l'habitude de les manger à
l'état de graines sèches et crues. Mes expériences m'ont montré que pendant
la cuisson se produit un dégagement de H- S, et que l'eau d'éhuUilion
isolée Continue, encore chaude, puis refroidie, à dégager du H-S. Or, il
est de fail connu que des aliments, la soupe par exemple, préparés avec de
l'eau de cuisson de haricots, provoquent parfois des troubles digestifs. Les
pois, les petits pois cassés du commerce, sont dans le même cas.
La farine fraîche de haricot donne lieu à un dégagemeni de H'-S aussi
actif que celui des Gesses. En vieillissant, la farine perd beaucoup de son
activité sulfhydrique ; le simple contact de la vapeur d'eau de l'air provoque
l'autofermentation lente et la déperdition de H'-S.
Du pain, fait avec un mélange de farine de froment et et de farine fraîche
de haricot, m'a montré, malgré la cuisson du four, des traces encore
appréciables de. H'S. Par contre, avec du pain fait avec de la farine de
haricot déjà éventée, je n'ai plus trouvé de H'-S. Mais ces faits montrent que
l'alimentation avec du pain de haricot est susceptible de provoquer des
troubles digestifs.
Nous pouvons rapprocher les faits ci-dessus de ceux que cite Corucvin
( Des Plantes vénéneuses, 188-, p. 328), et relatifs aux graines des Gesses et au
latliYrisme provoqué par ces graines dont je viens de l'aire connaître la pro-
priété suiriiydrique : cet auteur a remarqué que la cuisson n'enlève pas la
V^
(' ) G. G01.A, Lo zolfo e i stioi compu.sti iwll' eco/iomia dette ijianle (.U(tt/iii,'/ii
iol. l(j, igo3, et vol. 18. U)o4 ). /C^'^-^'i^^ /
Lu L 1 3 R A R Y
>
I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vcnénosiLc d'un pain fait à la farine de (Jesse; qu'il en est de môme de la
cuisson de la bouillie. Des expériences lui ont montré que. parrébuUition. le
poison est abandonné en partie à l'eau, mais non 7:o/fl///Mcconiplèlemcnl, et
(pie l'injection de cette eau à un animal amène toujours la moit de ce dernier,
l'^n revancbe, dit encore cet auteur, les yraines cuites ou bouillies ont perdu
la plus grande partie de leur toxicité et ne j)roduisent pas d'accidents, si
l'eau de cuisson a étéjetée.
1?IOIjOG1E. — changement expérimental du sexe chez le Triton alpestris Laur.
Note de M. (]ii. (^hampy, présentée par M. l'Edmond Periier.
On peut, comme je l'ai montré dans une précédente iXole, supprimer,
cbez les tritons, la poussée annuelle de spermatogenèse en les soumettant
à un jeûne sévère au seul moment où elle peut se produire (été). On sup-
prime du même coup la possibilité de développement des caractères
sexuels extérieurs. L'animal retourne et reste à une sorte d'état neutre
correspondant à l'état babituel du mâle en biver. Il diffère de la femelle
par les caractères que j'ai précédemment indiqués et par la taille.
L'état neutre ainsi obtenu est caractérisé c^ tologiquement par la pré-
sence dans le testicule de gonocytes primitifs (cellules mèros indifférentes
de Hermann) et de spermatogonies secondaires (sans spermatocyles
ni spermatozoïdes). Les spermatogonies secondaires sont fréquemment en
voie de régression massive cbez des animaux à l'état neutre tués en
automne et biver. Cbez deux animaux tués au printemps qui suivait la
castration alimentaire, j'ai trouvé le testicule remplacé analomiquement
par une bande graisseuse longitudinale bien plus longue que lui. L'étude
bistologique a révélé qu'en debors de cette graisse, il existait encore des
groupes épars de gonocytes indifférents. Tous ces animaux avaient la mor-
pbologie du mâle en biver : crête absente remplacée par une ligne noire et
jaune, queue subcylindrique; cloaque plat, pas dcpigmeni Meu clair nu
blanc, dos bleu noir foncé.
.l'observai, cette année, que deux de mes tritons en expérience pré-
sentaient en biver une évolution spéciale, deux mois après qu'ils avaient
été intensément renourris. La teinte bleu foncé presque bomogène du dos
passait à un ton verdâtre avec marbrures nettes comme cbez la femelle. La
ligne jaune ponctuée dorsale s'atténua à partir du milieu du dos et plus
lentement vers la nuque et la queue.
SÉANCE DU 9 MAI I921. I2o3
Le [)reiiiRT fui tué à cet état (11 janvier) et je lui liouvai une Ijaiidc
adipeuse avec spermalogoiiics indin'éreiilos rares (') comme dans les cas
précédents, l'autre fut conservé, la lii^iie dorsale disparut peu à peu
complètement, les marbrures s'accentuèrent et l'animal grossit considéra-
blement. Il devint, vers le début de lévrier, totalement semblable, exlérieu-
remenl. à une femelle. Je possédais, d'ailleurs, l'histoire complèle de ses
antécédents, qui témoignait que, l'année précédente, c'était un mâle com-
plet et normal.
(liipUiié dans les X'osgesaii piinlemps kj^-o, il élail alors en pleine parure de noces.
Il fit partie, à cette époque, d'un petit lot de mâles i|ue je divisai, les mettant cliacun
avec une femelle pour obtenir des slailes du développement des œufs et des larves.
Les œufs de la femelle mise avec lui se développèrent noinialemenl comme les autres.
Je n'ai pas spécialement conservé les larves de ce couple, mais j'ai noté et je me
rappelle, d'ailleurs très nettement, ([ue tous les œufs provenant de ces couples ont été
examinés et suivis dans leur segmentation el leur développement jusqu'à des stades
souvent avancés. Tous se développèrent normalement. Les femelles pondirent pendant
plus d'un mois. Leur cohabitation avec les mâles ayant débuté en avril, elles ne
pondirent pas tout de suite, mais seulement de huit à quinze jours après, ce qui
exclut l'idée d'une fécondation antérieure.
Le fait que le premier triton du même lot ne m'avait rien montré d'inté-
ressant en janvier lit que je conservai celui-ci jusqu'au 8 avril. 11 fut alors
sacrifié. L'autopsie montra de chaque côté une large et longue bande
adipeuse, plus grosse que celle que j'avais vue chez les animaux précédents.
Imi dedans d'elle, se trouvait un organe allongé, d'aspect granuleux, et
plus en dedans encore un oviducte parfaitement caractérisé, reconnaissable
à sa couleur blanche el à son aspect llexueux. Examiné à la loupe binocu-
laire, l'organe situé enlre la trompe el la bande adipeuse me parut être un
ovaire. Le dispositif était le même des deux côtés.
Le tout fut lixé el je lis une coupe histologique d'un segment longi-
tudinal.
L'organe granuleux se monlra bien être un ovaire. Contrairement
aux ovaires des femelles normales de la même époque qui renfermeni
de gros œufs riches en vitellus, celui-ci est constitué par des ovocytes
jeunes oi'i la vitellogenèse est à peine commencée, état qu'on trouve chez le
jeune triton récemment métamorphosé, ou bien encore chez le triton
(' 1 11 est certain qu'il a été tué beaucoup trop tôt, l'évolution aurait probablement
continué comme chez son congénère.
I2o6
ACADEMIE DES SCIENCES.
reuiellc jicu après la ponlo, mais alors avec quelques gros ovocyles résiduels
en voie d'alrésie.
Ici on observe de nombreuses ligures de début de Iransloi uialioii de
gonocyles indifférents en ovocyles. i'.k et là quelques images de régression
d'ovoeytes isolés; en d'autres places, des cicatrices pigmentaires dont on
ne peut apprécier l'origine exacte.
En somme, nous avons chez un animal adulte l'étal ovarien d'une
femelle jeune. Etant donnée l'histoire antérieure de l'animal, il n'est pas
douteux que nous avons un cas d'interversion sexuelle totale.
Coupe (le la glarule géiiitalt; ilii liilou nlijcl île celle (■.niiiiiiunitiilion .
\ (Ir.iile, coupe (le TovidiK-le flcxuetix. \ sjJuclic cl en liiuil. o\oeUe eu vole île i-esoi|ilMin.
milieu, (Icgéuéral pigmcnlairc.
I!ruiai'i|ucr le Inuy du l)nr<l iuleiiie ilc l'maiie un !;nuiic\le iiiililléreiil !i uii\,ni pol\ moi plu
ileu\ rp\.M\Us liiul iiu ileliul do leui ev.duli.iu.
(2etle observation est nellement contraire à toutes les ihéoiies du pré-
déterminisme du sexe; elle est d'accord avec les laits nombreux qui
montrent riiidillerence sexuelle des gonocytcs primitifs, parliculièrçmenl
caractérisée chez les Amphibiens. ,
SÉANCE DU 9 MAI I92I. 17(17
L;i [)lace nous iiiiinquc poui- discuter la significalion lliépiique de celle
observation. I'',lle montre que le déterminisme cylo-sexucl esl accessible à
rexpériincnlalion. Nous réservons pour un Iravaii plus délaillé l'analyse
des conditions déterminanles facile à faire ici.
ZOOLOGIE. — Sur les Poissons de la funiUle des Direlmidcs el le w place dans
la classi/icalion. Noie de MM. Louis Uodlu el F. Axcki., présenlée par
M. Edmond Perrier.
Cette famille a été établie par Gill pour un remarquable poisson abyssal,
dont l'exemplaii'e unique, trouvé en mer dans les parafes de Madère, fui
(iccrit par Johnson (186)) sous le nom de Direimi/s argenteus ei classé par
lui parmi les Carangidés. Plus tard, en 1879, et sans faire allusion à la
découverte de Johnson, Campbell décrivit un autre individu peu différent,
pris à la Nouvelle-Zélande, el lui donna le nom de Discus aiireus. Quelques
années après, en 1887, Gunther mit le Discus aureus dans le genre Direlmus,
cl plaça provisoirement ce dernier auprès du genre Brama. D'autre part,
L. Vaillant décrivit un deuxième exemplaire de Diretmùs argcnteus recueilli
par le Travailleur devant Mazaghan. Les croisières du Prince de Monaco
ont augmenté le noml)re des individus capturés, en le portant à 8. Ayant
eu Toccasion d'étudier le plus petit de ces individus (station 1 177, à l'ouest
des lies du Cap-\ert) qui mesure 23""" de longueur totale, nous l'avons
comparé aux exemplaires plus développés C{ui proviennent des autres sta-
tions où l'espèce a été récoltée; nous avons pu compléter ainsi et préciser
la diagnose d'un Poisson abyssal des plus intéressants.
Le coips esl comprimé Luéraleineiit, élevé, discordai. I^'écaillurc n'est |kis encore
HppflreiUe sur le jeune de 20"""; elle commence à se montrer sur la face dorsale et les
lianes de deux individus mesurant 35"'"'; elle est complète sur les individus plus forts
et mesurant de 4V"'" à 7 i""" de longueur totale. Les écailles sont assez petites; leur
nombre, sur une ligne transversale, est de 47 sur l'exemplaire où elles se laissent le
mieux discerner (5o Johnson, 40 Zugmayer). Elles sont étranglées au milieu eu forme
de \),lason; la plupart pqrlent des spinules assez fortes, coniques, sur de^ix à quatre
rangées. Le bord veiUral est iiiuui décailles élargies, foriDant cliexrons. denticulées,
au nombre de 28 à 00, en avant des pelviennes.
I^a nageoire dorsale s'avance, chez le jeune, jusqu'à l'aplomb de l'opercule; elle
ri.'(ule quelque peu par la suite pour ne commencer (|u'én airiére de ce premier
niveau. Ses rayons antérieurs, peu dissemblables des autres chez le jeune, deviennent
quadrangulaires plus tard, el portent des spinules sur leurs angles latéraux. Les per-
forations interradiales de celte nageoire el de l'anale manquent au jeune individu, el
I2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne se inonlient (jue <lic/, les exeniplaiies plus développas. I >e iiirine, le l.irgt; appen-
dice plal du bord exleinc des nageoires pelviennes ns se reninnlie <|ue chez les
i;rands échantillons, et nianfjue à rexemplaiie de :!S"'"'. l'ar contre, celui-ci possède,
à l'angle supéiieur d inscilidii de l'opercule, une lotii;ue é2)ini' diilgéc ohliipu'uicnl en
airiére et en bas.
La ligne latérale est entière chez le jeune individu; elle coninience auprès du bord
operculaire supérieur, et s'étend jusqu'au pédoncule caudal en sui\ant de près le
profil du dos. Les écailles qui l'avoisinent ne dillèrenl pas des autres. Elle se raccoui •
cit dans sa partie postérieure chez les individus de 35'""', lout cji raïuiliant sa partie
antérieure, et diminue davantage chez les individus plus âgés, au point de s'inter-
rompre par pinces, du même de disparaître, .lusqu'ici les auteurs n'avaient menlioiinè
que l'absence de cette ligne.
En tenant compte des observations précédentes et se référant à la de--cri|>tion de
Disciis aureus donnée par (Campbell, on est conduit à présumer (|ue celle forme doit
se confondre génériqueuient avec Direlinus^ et peul-ètre spèciliquement.
L;i place naturelle des Dircimus est dan.s l'ordre des Scombrifornies. Cet
ordre comprend plusieurs sous-ordres, dont l'un, auquel on peut donner le
nom de Braminirm, se caractérise par un corps court, élevé, comprimé
latéralement, par la dorsale et l'anale simples, par l'absence de pinnulcs,
par le défaut ou le peu d'étendue de la protractilité buccale, enfin par la ligne
latérale privée de scutelles. C'est dans ce sous-ordre que se classe le genre
Dit-elmus, en admettant au surplus de créer pour lui une famille particulière,
selon la suggestion de Gill, qu'il convient dès lors de préciser.
Le sous-ordre des Scombrifoimes liraminii'ns comprendrait ainsi deux
familles :
1° Braiiiides. — Corps ovalairc, oblong. h]cailles grandes, lisses, cou-
vrant le tronc, la tète presque entière et les bases des nageoires impaires.
Dorsale et anale portant des rayons normaux, privées de perforations inler-
radiales. Carène ventrale du tronc sans écussons. ^ eux moyens. Ligne
latérale assez éloignée du profil du dos. (lenre principal : liinma Scbii.,
pélagique.
2" bireUnides. — Corps circulaire, discoïdal. Ixaillcs petites, spinulées.
ne couvrant que le tronc et la base des pièces operculaires. Premiers rayons
des nageoires impaires quadrangnlaires. spinulés. Dorsale et anale avec
perforations interradiales. Carène ventrale du tronc et du pédoncule caudal
avec écussons épineux. Yeux grands, non lélesc()])iqncs. Ligne latérale \oi-
sine du profil du dos. (ienre uni(|uc : Ihrctiints .lolins., batliypélagiquc.
Par rapport aux Brainidés, les Diretmidés représenteraienl un élatsecon-
daire, spécialisé, relatix ernenl éloigné du ly|)e normal des Sconibiil'ormes.
SÉANCE DU 9 MAI 1921. I 209
ZOOLOGIE. — Sur la distiibiilion gèograpliifjnc de quelques lannousles de
Madagascar et leur ejrploilalion industrielle. iNote de M. A. Giiuvel,
présentée par M. Louis Mangin.
J'ai eu l'occasion, ici inêuie(')de faire connaître cinq espèces de Palinu-
i-idœ ii\[i'\ se rencontrent sur les cotes de Madagascar, ainsi que leur distri-
bution géographique approximative.
Un très important envoi de ces Crustacés nie permet, aujourd'hui, de
préciser un certain nombre de points restés obscurs, sur la dispersion de
deux espèces plus particulièrement représentées dans cet envoi : Pauulirus
penicillalus Olivier et P. Burgeri, de Haan, ainsi que sur leur abondance
relative.
Il paraît, en effet, maintenant, très nettement démoptré que ces deux
espèces sont, de beaucoup, celles dont l'aire de dissémination est la plus
considérable. On les retrouve soit isolées, soit, le plus souvent, mélangées,
exclusivement, semble-t-il, sur la cote orientale où elles affectionnent les
cavités des récifs madréporiques, où leur taille relativement restreinte et
leurs antennes assez courtes, leur permettent de trouver un abri; l'eau
violemment aérée dans ces formations parait, aussi, leur convenir particu-
lièrement.
A ces deux espèces se trouvent mêlés quelques exemplaires de Panulirus
Jajjonicus, v. Siebold, var. indo-africaine, dont la présence sur la côte orien-
tale n'avait encore jamais été signalée jusqu'ici. ,Cette espèce, considérée
comme une forme très rare à Madagascar, semble être plus commune qu'on
ne le supposait, sans être, toutefois, très abondante.
Ces trois espèces, dont les caractères distinctifs sont cependant très nets,
ont une grande ressemblance de taille et d'allure générale.
L'abondance des deux premières paraît être considérable, maintenant que
l'on commence à appliquer, dans la Colonie, des méthodes de pêche plus
modernes.
C'est là un point qui présente un grand intérêt économique quand on
connaît l'effort accompli aujourd'hui, dans la plupart de nos Possessions,
pour assurer l'exploitation industrielle de leurs richesses maritimes, non
seulement pour assurer leur propre développement, mais, aussi, pour aider
au relèvement économique de la Métropole.
(') A. Gruvel, Sur les langousles de Madagascar (Comptes rendus, t. 1.57, njiS,
p. 6o3 ).
C. R., 1931, I" Semestre. (T. 17Î, W 19.) 89
I2 10 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'envoi auquel nous faisons allusion plus haut el qui contenait en outre
un lot important de crevettes (Palœmon dispar. v. Martens) et de poissons
appartenant, pour la plupart, au genre Diagramma, est d'autant plus inté-
ressant que tous ces animaux, placés en chambre froide au départ de Tama-
tave, le lo avril dernier, sont arrivés à Paris le 5 mai après un voyage de
25 jours, dont la traversée de la mer Itouge, dans un état de conservation
qui a fait l'admiration des spécialistes.
Notons que c'est la première fois qu'il arrive en France des poissons et
crustacés de Madagascar conservés en chambre froide.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Les conséquences cytologiques de V arrêt osmotique
de la dimion cellulaire. Note (' ) de MM. J. Dragoiu et F. Vi.ès, pré-
sentée par M. F. Henneguy.
Nous avons vu dans une Note précédente(-) qu'une élévation déterminée
de la pression osmotique extérieure bloque la division externe du cyto-
plasme, puis qu'un nouvel excès de pression inhibe, à son tour, l'évolution
nucléaire. L'examen cytologique va nous indiquer, parallèlement à ce que
nous a montré l'examen sur le vivant, les détails de ces diverses inhibitions.
D'une manière générale, et quel que soit le stade de la segmentation sur
lequel la pression inhibitrice a été appliquée, nous trouvons six groupes de
phénomènes représentant des altérations cytologiques progressives, dont
les apparitions se suivent régulièrement dans un ordre déterminé :
i" Retard de la division cytoplasmique (pression de première zone,
et début de la zone critique) pouvant aller jusqu'au blocage de celle-ci.
Dans ce cas, dans la cpllule restée indivise, le noyau continue à évoluer
normalement (comme l'avait vu Loeb, 1892), et sa division s'achève correc-
tement : on aboutit à une cellule polynucléée.
1° Changement d'aspect des asters principaux, qui se resserrent, devien-
nent compacts et s'atténuent, représentctnt simplement à la fin une zone
granuleuse non irradiée, autour de la région nucléaire.
3° Apparition d'asters accessoires à la périphérie du cytoplasme, venant
(') Séance du 2 mai hj'JI.
(^) F. Vlès el J. Dragoiu, Sur la pression osmotique d'' arrêt de la di^'ision cellu-
laire {Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 1127).
SÉANCE DU 9 MAI 1921. 121 I
interférer avec les asters principaux (phénomène classique : Morgan, Boveri,
Herlant, etc.).
4° Modification de la répartition des chromosomes, qui peuvent subir,
comme dans une pycnose, une sorte d'agglutination, et qui, à partir d'un
état de segmentation analogue à celui de l'anaphase, se rassemblent et se
fusionnent en un paquet chromatique unique et compact, autour duquel
se reforme une vacuole.
5° Apparition de grosses granulations vitellines.
6° Cylolyse en boule, intervenant après une immersion prolongée.
Les apparitions de ces divers processus se montrent suivant une succes-
sion régulièrement ordonnée dont la vitesse de déroulement dépend de la
pression : ils sont d'autant plus précoces que la pression est plus forte, et
aboutissent, dans les pressions élevées, à agglutiner et à figer en quelque
sorte l'appareil chromatique dans le stade où il a été surpris. Si l'on cherche
à déterminer en fonction de la pression iz le temps t de déclanchement de
telle ou telle de ces phases caractéristiques, on constate que les données
expérimentales l — /(v:) tracent grossièrement des familles d'hyperboles;
l'élément important dans l'apparition de ces processus est donc le produit
/-; en substituant à la pression osmotique une vitesse de diffusion t» qui
doit lui être proportionnelle d'après la loi de Fick, nous voyons que le
produit vl représente un débit : selon toute vraisemblance les divers stades
cytologiques jalonnent donc quantitativement un déplacement de substance
qui diffuse sous l'impulsion de la pression externe.
Cette évolution régressive nucléaire en division, dans laquelle les asters
se concentrent et s'effacent et où les chromosomes dispersés se rassemblent
et se fusionnent en un paquet unique autour duquel se reforme une vacuole
limitée, évoque l'idée d'une division inversée.
L'examen cytologique complète donc nettement les données statistiques
que nous avions indiquées dans notre travail précédent. L'augmentation
de la pression osmotique externe retarde, puis bloque la division du cyto-
plasme ; si l'on dépasse cette pression d'arrêt, l'évolution interne de la cellule
est, à mesure que la pression monte, progressivement altérée suivant une
marche bien déterminée, dont les phénomènes morphologiques sont proba-
blement sous la dépendance quantitative de transports moléculaires; la
marche de ces processus simule une sorte de régression de l'évolution
nucléaire.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
CllliMIE PHYSIOLOGIQUE. — Emploi du chloro forme pour la préparation de
nitcléo-protèides et d'' acides nucléiques actifs in vilio sur le sang. Complexité
de l'action des acides nucléiques in vitro. ÎSOle de _\I. Doyo\, présentée
par M. Charles Ricliet.
Dans des travaux antérieurs, j'ai montré qu'on peut extraire de tous les
organes chez les animaux une nucléo-protéido anticoagulante, active in ritio.
Dans les organes à l'état frais, cette substance est masquée par des sub-
stances coagulantes qui hâtent la coagulation dn sang surajouté in vitro.
Pour faire apparaître la nucléo-protéide active à l'état libre, il faut, pour
les organes autres que le foie du chien et du chat ('), soumettre ces organes
soit à la putréfaction, soit à iio"-i2o'' à l'autoclave, soit à l'aulolyse en
présence de chloroforme, soit à la dialyse chloroformique dans la cloche
à vide.
II. J'ai fait connaître la source de la nucléo-protéide active. Cette subs-
tance provient des noyaux cellulaires. En effet, tous les acides nucléiques
possèdent le pouvoir d'empêcher in ritio le sang de coaguler. Le pouvoir
de ces acides s'exerce aux mêmes doses, quel que soit l'organe dont ils pro-
viennent. Il suffit de I''» d'acide pour empêcher 20"^ de coaguler et pour
obtenir un plasma très stable, capable de résister à des quantités impor-
tantes de sérum.
(') t)ans le foie fin cliien el du rlial la nucléo-pi oléiiie anlicoai;iilanle est plu» faci-
iemenl mobilisable que dans le foie des autres animaux el que dans les autres organes.
J'ai montré avec A. Morel et A. Policaid qu'on peut extraire du foie du chien el du
chai, soil direclemeul de l'organe broyé, soit par une circulation artificielle, au
moyen d'une solution faiblement alcaline, une nucléo-protéide active. Le liquide qui
a été mis en conlact avec le foie n'est pas anlicoagulanl d'emblée; il possède, au
contraire, des propriétés coagulantes énergiques. l'our mettre en liberté la substance
active, il suffit de chaulTér ce liquide pendant quelques instants à la température du
bain-marie bouillant ou de l'abandonner 12 à 'i/i heures à la température de labora-
toire. La chaleur ou le vieillissement n'agissent bien que si le milieu est alcalin. Si
l'on fait circuler à plusieurs reprises à travers un foie préalablement lavé une solution
pliysiologi(|ue de chlorure de sodium, l'eau chlorurée sodique enlraine bien la nucléo-
|)roléide active, mais celle-ci n'est pas à l'état libre; les propriétés anticoagulantes ne
se manifestentquesi l'on alcali nise avant le chau liage le liquide ayant traversé le foie.
Si l'on ajoute à la solution chlorurée sodique destinée à passer à travers le foie du
chloroforme, le liquide possède d'emblée au sortir de la glande, après séparation du
chloroforme, des propriétés anticoagulantes.
SÉANCE DU [) MAI Ipai. 121 3
L'acide nucléique ihi llivtniis (de veau), obtenu dans les mêmes conditions (]ue les
autres acides, par la niélliode de Neumann, |)araissail cependant faire exception. Son
activité était moindre. L'exception n'est qu'apparente. On obtient un acide aussi
actif que les autres en soumettant le thymus, avant l'application de la méthode Neu-
mann, soit à la putréfaction, soit à l'autoclave, soit à l'autolyse en présence de chlo-
roforme.
La putréfaction diminue considérablement le rendement, même après quelques
heures. Après plusieurs jours, on ne trouve plus d'acide nucléique. J'ai constaté le
fait en partant de 4oos de thymus, après i5 jours d'étuve, même après addition d'une
quantité importante de thymol qui n'avait pas préservé l'organe broyé et délayé rlans
l'eau, de toute pullulation microbienne.
IH. Le procédé de choix potif obtenir un acide thynio-nucléique 1res
actif consiste à soumettre le thymus, avant l'application de la niétliodo de
Neumann, à l'autolyse en présence de chloroforme. Dans un cas j'ai mis à
l'étuve pendant 8 jours 280^ de thymus broyé dans 600""' d'eau addi-
tionnée de 5oS de chloroforme. J'ai obtenu près de 2''' d'un acide contenant
10, '] pour 100 de phosphore eteussi actif que les acides extraits du pancréas,
de l'intestin, du foie, d(?s gans^lions, etc.
IV. Injectés, ciiez le chien dans une veine les acides nucléiques ont une
action plus complexe quim^tro. Ils provoquent la sécrétion par l'organisme
d'une nucléo-protéide anticoagulante, à la manière de la peptone, de
l'atropine, de la morphine. Comme ces substances ils provoquent aussi la
narcose, une vaso-dilatation étendue et la baisse de la pression artérielle.
Exemple. — Chien de ii'<b, 5oo. Injection dans une saphéne de i», i d'acide (des
ganglions) dissous dans 55"°' de solution faiblement alcaline. 3 minutes après, prise
de sang. Isolement de 65'^"' de plasma et de la nucléo-protéide de ce plasma désulbu-
miné au bain-marie bouillant au moyen de l'acide acétique dilué. Après lavage à l'eau
distillée, la nucléo-protéide est dissoute dans lo"^™' de la solution alcaline faible; le
liquide est ensuite divisé; 5""' sont additionnés d'un égal volume de sang d'un chien
normal, le mélange est encore absolument liquide après 3 jours; 5'=™' sont utilisés pour
une nouvelle précipitation de la nucléo-protéide en vue du dosage du phosphore, on
trouve l,!^■2 pour 100 de phosphore. Une heure après l'injection nouvelle prise de
sang. On répète les opérations précédentes. 5""' de la solution de la nucléo-proléide
isolée du plasma sont additionnés d'un égal volume de sang dérivé de la carotide
d'un chien neuf, la coagulation se produit en quelques heures ; 5'^™' de la solution sont
utilisés en vue de reprécipitation de la substance active, on trouve o,63 pour 100 de
phosphore. 5 heures après l'injeclion, dernière prise de sang, la phase d'incoagula-
bilité du sang est terminée, l'échantillon coagule en quelques minutes.
Dans une seconde expérience j'ai injecté dans une saphène à un chien de lo^s
3= d'acide (extrait de ganglions) dissous dans loo'^"' de solution alcaline faible. Prise
de sang 5 minutes après. Isolement du plasma et préparation de la nucléo-protéide
I2ï4 ACADÉMIE DES SCIENCES-
de 80'^"' de plasma par le proc-édé habituel. Kedissolulion de la nucléo-proléide dans
iS"^™' de solution alcaline faible: -""' de liquide sont additionnés d'un égal volum* de
sang carotidien ilérivé d'un chien neuf, le mélange est encore liquide plusieurs jours
après; j""'' de la solution de la nucléo-proléide sont utilisés en vue de la reprécipi-
lalion, on obtient os, i5 d'une substance contenant i,V'- pour 100 de phosphore.
4 heures après l'injection on constate par une nouvelle pri>e que la phase d'incoagu-
labilité du sang circulant est terminée. Je me suis assuré que le plasma d'un chien
normal, séparé après addition d'oxalate au sang, puis désalbuminé, ne donne avec
l'acide acétique dilué qu'un faible précipité ne contenant que des traces de phosphore,
o, I pour 100 en moyenne.
L'injection d'acide nucléique détermine donc la sécrétion, probablement
par le foie, d'une nucléo-protéide active. Le phénomène fait songer à
l'action de la bile, qui est le meilleur agent excitateur de la sécrétion de la
bile.
MÉDECINE. — Efficacité de la cl' Arsonvatisation diathermique dans les plaies
atones (^ulcères variqueux, troubles trophiques cutanés, etc.). Note (' We
M. BoRDIER.
Cette Note a pour but de prendre date et d'établir la priorité de ma
méthode pour le traitement et la guérison des plaies atones.
La technique consiste à faire traverser les tissus où siège l'ulcération par
des oscillations électriques de haute fréquence non amorties (d'Arsonvalisa-
lion diathermique). Si l'ulcération occupe une région de la jambe, le
malade appuie le pied nu sur une feuille mince de plomb reposant sur un
coussin très souple de façon que le plomb épouse bien exactement la
forme de la plantç du pied. L'autre électrode, constituée par une lame
d'étain ou de plomb, est appliquée sur la cuisse ou mieux sur le mollet au-
dessus de l'ulcération, mais sans la toucher.
Le courant d'un appareil de diathermie arrive aux deux électrodes et
l'intensité est progressivement élevée jusqu'à i5oo ou 2000 milliampères;
la séance est prolongée jusqu'à ce que le malade accuse dans la région sus-
malléolaire une sensation de chaleur douloureuse, résultat qui se produit
habituellement au bout de 8 à 10 minutes.
Les séances, peu nombreuses, sont faites d'abord tous les jours pendant
(') Document retiré en la séance du aô avril 1921 du pli cacheté n" 8810 du i3 dé-
cembre 1920.
SÉANCE DU 9 MAI I921. 12 1 5
î jours seiilemenl; puis le malade se repose pendant 8 jours-, on fait alors
de nouveau une série de trois applications diathermolhérapiques, cl ainsi
de suite pendant 3 semaines.
Dans ma technique, la plaie atone n'est pas touchée directement : la
quantité de chaleur développée dans les tissus amène une rapide réparation
par suite des échanges nutritifs rendus très actifs par les courants de haute
fréquence de diathermie.
Les résultats sont vraiment surprenants : j'ai guéri plusieurs ulcères
variqueux datant de 3 ans et plus, après deux ou trois séries d'applications.
J'ai traité plusieurs autres cas de plaies atones, entre autres deux cas
d'ulcères de Rôntgen (troubles trophiques tardifs) survenus dans la région
abdominale après des irradiations insuffisamment filtrées : ces ulcères
remontaient à 6 mois et à 8 mois.
J'ai pu guérir aussi une malade atteinte de troubles trophiques spontanés
de la jambe et datant de plus d'un an ; chez cette malade il ne fut fait que
trois séances. La cicatrisation de l'ulcération qui mesurait ■7^"' sur 6'", était
complète et définitive i mois après les trois applications.
La d'Arsonvalisation diathermique avec la technique que je viens d'in-
diquer constitue le traitement le plus efficace dans les ulcérations atones.
M. Charles Boodakovitch adresse un Mémoire manuscrit intitulé :
Réserves houillères de la Pologjie actuelle.
(Renvoi à la Section de Minéralogie)
A 16 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures et demie.
A. Lx.
I2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN ItlItLIOCKAPlIIQUE.
Ouvrages reçus dans les séances de février ig^i {auite et fui).
Otto Lkhmann. Sonderdruck der P/iysi/ai/iac/ien Zeitsclirifl, loiiie 17, 1916 : Die
Oligen slreifen schleiinig- and tropfbarflussiger Krislalle; tome 19, 1918: Die
II luptsiitze der Lehre von den lliissis^cn Kristallen. Leipzig, von S. Hirzel;
2 fasc. 26"™.
Populdra Up/'satser l Velerinâr-veleiisLapen. par Henrik IIasselgken. Uppsala et
Stockholm, Almqiiisl et Wikselis, 1908 et 1910; 2 vol. iS"^"".
Om Kolik /loi /JâiC, par Hexrik Hasselgren. Uppsala et Stocklioim, Aimquisi et
Wikselis, 1908; I vol. iS'-.
Gotlands Fàglar Deras fôrekomst oc/i drag tir deras Biologi, par IIemiik Hassel-
gren. Uppsala et Stockholm, Almquist et Wikselis,' 1909; i vol. 18''"'.
Gol/ands Ddggdjiir Reptilier och Anijiliier^ par He.nrik Hasselgren. l'ppsala et
Stockholm, Almquist et Wikselis, 1910; 1 vol. 18""'.
Frân Vàrl Lands DJu.i-och Vàxlvârld, Andra Sandingen, mji.5; Tredje Samliri-
gen, 1918, IIenrik Hasselgren. Uppsala, Appelbergs; 2 vol. i8''S.
Fràii Vàrt Lands Djur- och VdxU'àrld, par Henrik Hasselgren. Stocklioim, Nor-
stedt, rgi I ; i fasc. 18'''°.
De vikligaste akuta., ej smittosanima Digeslions/ida/idena hos Mjolkkon^ par
Henrik Hasselgren. U[)psala et Stockholm, Almquist et Wikselis, 1920; i lasc. iS*"".
Evolution magnétique des Mondes et des Forces, par Stéfan Curistesco. Paris.
Alfred Gostes. igio; 1 vol. 18'-™.
British Aiitarctic Expédition 1910-1913 : Mctcorotogy, par G.-C. Simi'SON. \o\. 1
et II. Calcutta, Thacker, Spink, 1919; 2 vol. Si'".
Le potentiel logarithmique, par Henri Dii-ort. Paris, Gauiliiei-N'illars, 1921;
I fasc. 25'^"'.
Les applications de la télégraphie sans fil. Traité pratique pour la réception
des signaux horaires et des radiotélégrammcs météorologûjues. Paris, Berger-
Levraull, NaiicyParis-Slrasbourg, 1921; \ vol. 19'"', 5.
Cours de Physique professé à la Faculté des sciences de Nancy, par K. HoriiÉ.
Première Partie : Généralités, unités, similitude, mesure: deuxième Partie : 'l'hcr-
modynaniique. Paris, Gautliier-Villars, 1914 et 1917; 2 vol. aS'"'.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MVIIDI 17 MAI 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Gkorgrs LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce l;i présence à la séance de M." Sœuensex, Direc-
teur du Laboratoire de Carisberg, à Copenhague.
M. L. DE Lau.vay présente à l'Académie son Ouvrage, La Géologie ■de la
France. Cet Ouvrage, d'une forme toute nouvelle, est destiné à comblei' une
lacune dans notre enseignement, aucun livre antérieur n'ayant été consacré
au même sujet, depuis VExpHcntion de la Carie géologique de France par
Elle de Beaumont et Dufrénoy en iS'ji.
L'auteur y a tenté la synthèse d'innombrables monographies jus(|ue-là
disséminées en aboutissant à des conclusions personnelles. Bien que ce
travail s'adresse d'abord aux géologues, il a été écrit de manière à pouvoir
être lu, sans connaissances techniques antérieures, par tous ceux qui
s'intéressent à la structure du sol français et qui veulent en comprendre la
géographie physique, ou simplement les paysages. G^ photographies et
8 grandes cartes en couleurs hors texte, qui couvrent toute l'étendue de
notre territoire, facilitent la lecture du texte et le rendent plus vivant.
M. J. CosTAXTiN fait honiniage à l'Académie du Tome III, n°" I à 3, des
Annales des Sciences naturelles {à^\\\h.\\\ç,%Q\:'\c) : Botanique.
C R., igai, I" Semestre. (T. 172, N° 20.) 9^
I2l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDAIVCE .
L'Association des 1x«;i':meurs sortis des Ecoles spéciales de Gaxd prie
rAcadôinie de vouloir bien l'autoriser à inscrire son nom au Comitr
d'iionneur sous le patronage duquel sera organisée une nianilestalion i-n
souvenir de .Iiles Iîoulvix, ancien Correspondant de l'Académie.
M. le Secrétaike perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Hu'i'OLïTi: Di.sMU.iiT.s. (ommenl ilionuiic accroitra progressivement les
pluies des régions arides . . . en créant et en initllipliant les centres de coordina-
tion atmosphériques.
Mauuicf, LiiCAi". Hihliographie des séries trigonomctriqnes, avec un Appen-
dice sur le Calcul des variations.
ANALYSE MATHKMATIQUE. — Cxlcul des coefficients d'une série trigononié-
trique convergente quelconque dont la somme est donnée. Noie (') de
M. Au.vAUD De.yjuy, présentée par M. Hadamard.
Soit F(0) une fonction continue [premier caractère des fonctions réso-
lubles (2, 5) |. Posons
j ^ ^^ ^ V(0+ H) + V{(J-u\~>.V{u) _ Qi9, ») — Oi^. —m
On djt, d'après Riemann, (jiie l''(0) possède une dérivée seconde géné-
ralisée fi^) au point 0, si l!(^0,.«) tend vers /(O) quand u tend vers zéro,
0 étant indépendant de u. Nous poserons
On peut appeler, de même, nombres dérivés seconds généralisés de F
(') Séance du y mai 1921.
SÉANCE DU 17 MAI 1921. 121 9
(nous les désignerons par (l,A^) les valeurs limites ( exlrêmes ou médianes)
de 11(0, u) quand u - zéro. Si les ^..F sont toujours linis, 1'" possède,
évidemment, le second caractère des fonctions résolubles (2, s).
Même, si F'!, existe et est iini, la fonction F{(i) ne possède, généralement,
pas de dérivée première continue. Mais le raisonnement suivant (') met en
évidence certaines propriétés différentielles du premier ordre de F.
Supposons que |R(0, u)\ et |li(0 -h /i, u)\ soient iiiféi'ieurs à un même
nombre A quel que soit u. Kn prenant la succession des points images
de 0 -t- // par rapport au couple de points-miroirs 0, 0 + X-, c'est-à-dire une
suite de points dont le premier est 0 -+- // et dont chacun des autres est li-
symétrique du précédent par rapport à 0 et à 0 + /c alternativement, on
démontre la formule
• 0(5, //) = (^^9, /.') ~(-ôA-^ (o-<i,.i^ - S 2
Soit A,, /r,, ..., //„, ... une suite de nombres de signes quelconques
décroissant en valeur absolue et tendant vers zéro. Si \\((Lii)
et \\\{'i -\- /i, ii)\ sont, quel que soil u, inférieurs à un même .nombre A,
et, si le rapport j-^ est inférieur à un nombre a indépendant de n : d'une
part, ¥ possède une dérivée $(0) au point 0 (cette conséquence subsisterait
avec une autre hypothèse moins précise sur la suite //„); d'' autre part., on a
( 1 ) Q ( 0, // ) = A <I>( 6) 4- 4 ôa A h-,
quel que soit \ h \ inférieur îi | /<„ | = 3t | A , | .
Observons qu'en vertu du théorème de Baire, si les nombres '/, „F sont
Unis quel que soit 0 sur l'ensemble parfait P, ou bien |R(0, u')\ est borné
quel que soit 0 sur P et quel que soit u, ou bien il existe sur P un
ensemble Iv non dense sur P et tel que, à toute portion trr de P sans point
commun avec K, correspond un nombre A de façon que |R(0, «)|<^ A,
si 0 est sur cr, et quel que soit u.
Donc F(0) possède le troisième caractère des fonctions résolubles (2,5).
Mais, de plus, en tout point 0 de ro pour lequel existe une suite 0 4- //„,
appartenant à rrr et telle que i < U-^ < y. (l'ensemble P sera dit
posséder en 0 un indice au plus égal à a), on a la l'orniule (i)
pour I /i 1 <[ a| //, |.
( ') Académie des Sciences d'Anistcrdaiii, mai et juin 1920.
I220 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On déduit de là que. si les nombres r/, . !•' sont finis sur un ensemble épais E,
il existe une pleine épaisseur H de E telle que, eu tout point de\{: i" V possède
pour dérivée ordinaire 4>(0) ; '2° <P(f)) possède une dérivée approximative /"f 0) ;
'}" y (0) est la dérivée seconde généralisée de V. El même, plus précisément,
on a une identité de la forme
//'
F(5 -h /() = F( 61) + /; <I>( 0) -( |/"(&)-f-£] avec lim£ = o.
''■ ■ /, = o
Enfin, du continu retranchons les segments spéciaux de P, sauf un nom-
bre limité d'entre eux. les segments g'. Soient E(c7') et Pf^') l'ensemble
fermé restant dans P et son noyau parfait. Pour toute portion ôt de P sans
points communs avec K et contenant une portion mi/j') de E(a-'). il
existe un nombre n positif tel que
1" Pour tout point 0 situé sur cr, | R(0,i/)| est inférieur, quelque soit u. à
un même nombre A; 2" si 0 est sur rn( T')il existe une suite//,, /i.,, . . . , /i,, ...,
dépendant de 0, mais telle que [//, | >> Tj et de manière que i < I 7-^ > 3,
0 -+- /(^.„ étant sur cT.
Donc <1'(0) est continu et résoluble sur cî(a') [quatrième caractère des
fonctions résolubles (2,.v)J.
En résumé, si F(0) possède une déiivée seconde généra Usée /(()) | tout au
moins sur une épaisseur pleine, R(0, u) ayant en tous cas ses limites d'iiidé-
termination pour u = o finies en chaque point |, F( 0) est résoluble (2, ,9) et
l'on a F,, ., --=/(^0) sur une épaisseur pleine.
Donc,/(0) est inlégrable (T, ,).
Supposons que /(O) soit la somme d'une série trigonométrique partout
convergente :
«o-t- i((7„ cos/( ^ + A„sin&) = «n-t- — A„.
/"est la dérivée seconde généralisée de
•X ^^ n-
()n a
_ F(aH-27r) = F(c< — 9.7:)— o.F(a)
ou, sans quitter un champ de longueur 2-,
,. \Ha.)+ F(aM- 27:)— V(y. -+-//) — F(3! + 2- — // )
o„ '—. 1 1 m — :
/. -, 0 2 7: A
SÉANCE DL' 17 -MAI I()2I,
ddù
«„ = T.,,,(/, 5! — 2-, a, :z -4- 2 n)
Tj.J/, ^.a -4- //,3! + 2-) -f.T,.,(/, 3«,3(-4-an — A.a +îîr).
^r - — lini
/(
<t., el A„ sont donnés par la nK-ine formule où /'est remplacé respectivement
par /'cosnO et par /'sinnO.
La méthode se simplifie quand on l'applique à la détermination de la
variation F(/>) — F(a) d'une fonction F, sachant que celle-ci possède une
dérivée première généralisée donnée
/(■?■) = ''m ^ T^j (A>o).
11 esta remarquer que si
/,=»./.=« h — A-
et: I" si la relation vaut quand h et X- sont indépendants, mais toujours
distincts, et quel que soit x, alors <I>(j') est la dérivée continue de .r; 2° si le
rapporty = X 7^ i est indépendant de h et de X(il peut dépendre de./;),
alors $(.r) est la dérivée ordinaire de F au point .r, à moins que A = — i.
L'intérêt de ce genre de reclierches est de conduire, dans le domaine de
la théorie des fonctions, à des notions nouvelles, dont la réalité, l'efficacité,
le caractère peu artificiel se montrent à ce fait qu'elles s'imposent dans la
résolution de problèmes à la fois très généraux et très définis.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les contours d'encadrement.
Note de ^L Gustave Dumas, présentée par M. Paul Appell.
On sait l'importance, pour la théorie des fonctions algébriques, du
contour qui transforme une surface de Riemann T en une surface simple-
ment connexe T', contour auquel Riemann donne le nom de courbe d'enca-
drement.
Le but de cette Note est de donner une manière simple d'obtenir ces
contours d'encadrement sur une surface fermée quelconque, bilatérale ou
unilatérale.
Par une « triangulation » préalable, on transforme la surface donnée T
en un polyèdre II, dont on oriente les arêtes et les faces supposées en
nombre fini.
1222 ACADEMIE DES SCIENCES.
Ce pdlyèdrc II est constitué de la même manière que ceux qui ont été
considérés dans une préccdenle Note ('). Sur Jl, se trouvent les courbes C,
limitant les faces et les courbes Yj non bomologues à zéro. Les Tai)leau\
de Poincaré sont ici désignés comme Tableau A et Tableau B, le premier
?e rapportant aux sommets cl aux arêtes, le second aux arêtes et aux faces
de l[. Au l'ableau A se rattacbe aussi le système d'équations A.
a, ^, Y représentent les nombres respectifs de sommets, d'arêtes et de
faces; à = — a -+- j^ — y est la « caractéristique » de H.
Soit, maintenant,
C=V/.iv+V/.,c„
où, pour les surfaces bilatérales, p = A + 2, a = y — i, et, pour les
surfaces unilatérales. c = A-l-i, u. = y» l'ensemble des solutions entières
du système d'équations A, et, parlant, l'ensemble dos courbes fermées
susceptibles d'être tracées sur II.
En disposant convenablement des indicatrices des faces, on lire du
Tableau Lî, pour les surfaces hilatrniles, l'égalité
(') Vc,^V(^éro.r,),
1=1 /=!
et. pour les surfaces iinilatèi-dlcs, l'égalité
'=1 /=i
dans le premier membie desquelles toutes les faces de II se rencontrent.
Z est un contour fermé, liacé sur le polyèdre unilatéral II, et (jui, sur
celui-ci, donne lieu à une bomologie sans division. Les /» , sont des coeffi-
cients égaux respectivement à zéro, i et — i.
A cause de la forme des premiers membres de (i) et (2). on voit que les
seconds membres de ces mêmes égalités définissent sur II, avec adjonction,
s'il le faut, de « coupures » parcourues un même nombre de fois dans
chaque sens, un contour d'encadrement de II, et, par conséquent, de T.
Ce contour d'encadrement, si l'on ne choisit pas d'une manière spéciale
les Fy, détache sur II, soit une, soil, en général, plusieurs régions simplement
(') G. iJi.HAS et .1. <:ih:aiii), Comptes rendus, I. 171. 1920. p. iii3.
SÉANCE DU 17 MAI I921. 1223
connexes. Ceci comme conséquence du fait que tout contour fermé tracé à
l'intérieur de l'une de ces régions est nécessairement homologue à zéro,
ainsi qu'il résulte de l'examen de la structure du Tableau A.
Pour les surfaces bilatérales, les « zéros » au second membre de (i)
signifient que si l'on parcourt dans un même sens tout le contour d'enca-
drement, on parcourra, nécessairement, le même nombre de fois dans
chaque sens, chacune des courbes Tj.
Pour les surfaces unilatérales, le second membre de (2) indique que Z
serait parcouru deux fois de plus dans un sens que dans l'autre et qu'il en
serait de même des courbes Tj pour lesquelles le coefficient nij ne se réduit
pas à zéro.
Dans chacun des seconds membres de (i) et (2), le nombre des contours
constitutifs du contour d'encadrement est le même. Ce nombre est A 4- 2.
On reconnaît là le nombre que l'on fait intervenir dans la formule d'Euler
proprement dite et par lequel on peut fixer, sans aucune distinction, l'ordre
de connexion des surfaces bilatérales ou unilatérales.
ANALYSE iMATHÉMATIQUE. — Sur /es séries dont le terme général lend
vers zéro. Note de M. Bratu, présentée par M. Appell.
1. Etant donnée la série à termes constants
nous considérons, dans le plan de la variable complexe s, les points «„
et S„, qui correspondent aux affixes de même nom. Nous dirons indifTé-
remmenl point :; ou nombre z-.
Kn faisant la somme géométrique des vecteurs <>//,, <>'/^, ..., <*"„, on
obtient une ligne brisée ()S|So...S,,. Soient : E l'ensemble de tous les
points S„; E' l'ensemble dérivé de E cl supposons d'abord l'ensemble E
borné.
Nous convenons de dire que tout nombre S' de l'ensemble E' est une
valeur limite de la série (i). Si E' est formé d'un seul élément S', la série (i)
esl convergente. Si E' est formé de /> nombres S,, S^, ..., S^,, nous dirons
que la série a ces p valeurs limites. En général, le nombre p peut être fini ou
infini; l'ensemble E' peut être dénombrable ou avoir la puissance du
continu.
TiiÉouÈME. — si le terme général de la série l3nd rrrs zéro pour n — yz, il ne
peut arriver que ces deux cas extrêmes :
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
i" < >u hien 1(1 série a une seule râleur limite;
1" ()u bien l'ensemble des râleurs limites de lu série a la puissance du
continu.
2. Séries à termes réels. — En supposant rt^S„56, nous démontrons que
si «„ tend vers zéro pour « -^ oc et si c et rf sont deux points limites distincts
de l'ensemble de points S„, tous les points de V intervalle {c, d) sont des points
limites de cet ensemble.
Ainsi la série
où le nombre des fractions égales est égal à leur dénominateur commun,
a o et I comme valeurs limites extrêmes. Donc l'ensemble E' est tout l'inter-
vdlle (o, I ).
.3. Séries à termes complexes. — Posons S„ — a^„+M'„ et supposons
Par hypothèse on a, pour n > N,
|"«|-iS„-S„_,|<j
et a fortiori
I i-,, — .i-,,- , I < £ , 1,1 •„ — Vn - 1 ! < J.
Par suite, les deux séries à termes réels
\ "'■iH-(-'-o-.r,)-t-(.r,— ,?■,)+. ..+ (.r„-.r„_, )+...,
'■ Ji -I- (y-i - .1-, ) -..- (y,— y, )+...+ (.)•„ - j,,^, ) + . . .
rentrant dans la catégorie des séries étudiées plus haut. Les ensembles de
droites x = .r„ et y = y„ ont comme éléments limites : ou bien une seule
droite a; = ; ou v^=y], ou bien un ensemble continu de droites limites
compris entre deux droites extrêmes x rzz c, x = d ou r = y, y = o.
Si a; = ^ est une droite limite, entre ,r = ^ — h et x = ^ ■+- h il existe une
infinité de points S„, aussi petit que soit h. Il en est de même pour les deux
droites y =^ /j — h, y ^ r^-^ li si v ~ r, est une droite limite de la seconde
catégorie.
On voit facilement que :
1° Si chacune des suites x„ et v„ a un seul élément limite ? el r^. la suite
S„ a une seule valeur limite : ç + /rj.
2" Si la suite x„ a un seul élément limite x = ^, mais la suite v„ a comme
éléments limites tous les nombres d'un intervalle (y, o), la suite S„ a
comme valeurs limites les affixesdo tous les points du se^/nent x ^^, y^y^o.
SÉANCE DU 17 MAI 1921, 1225
3" De même, si l'on change .v en y et y en a\
'1" Si la suite x„ a comme limites tous les nombres d'un intervalle (r, d)
et la suite v„ tous les nombres d'un intervalle (y, 0) et si j: = H est une
droite quelconque comprise entre x = c cl .v = r/, nous démontrons que :
a. La ligne brisée L(()S| S^ . . . S„ . . .) coupe une infinilc de fois la
droite ^ = H.
h. Sia- chaque droite .v = H il e.vis/c dii moins un point limite S' de l'eti-
semble K(S,, So, .... S„, . . .).
( )n en conclut que, dans les trois derniers cas, l'ensemble K' (dérivé de E)
a la puissance du continu.
4. Remarques. — 1° Si tous les points S„ se trouvent sur une même
courbe continue F, tous les points limites S^', se trouvent sur celte courbe.
Si A et B sont deux points limites distincts, les valeurs limites de la série
sont les af/ixes de tous les points d'un arc A' 15' :" arc AB de la courbe Y .
Ainsi, les sommes S„, ^ -c -'' ' , où - sont les fractions
(o) , , ..., , , , , o
nii 2/1 2/1 :>.ii + i 2 /; -1- 1 2 /( H- 1
pour « = I, 2, 3, .. ., prennent une infinité de fois les valeurs o et /'. Tous
les points S„, se trouvent sur l'arc l\o, i) de la sjiirale p = '—■ et l'ensemble
des valeurs limites de la série correspondante est formé par les affixes de
tous les points de l'arc Y.
2" Si la ligne brisée L a une longueur déterminée, la série est absolument
convergente. Si la ligne L est infinie, mais si elle tend asymploliqnement
vers un point A pour n-^yz, la série est convergente sans être absolument
convergente.
3° Il peut arriver que l'ensemble des valeurs limites E' remplisse complète-
ment une aire d,. Considérons les points A(i''), B{i-i-i), C(i), D{i — i),
E( — ?'). En divisant les segments AB et ED en quatre parties égales, on a les
points équidistants AldlvB et EIIFJD. Prenons comme L la ligne brisée
OAHCDFGAOE11IGF,JKBC. . . ,
les côtés qui vont de O à C ou de C à O ayant respectivement les lon-
II I T . , , r' .^
gueurs I, -) —> .... — 5 .... La suite des valeurs c*,,, est
o '22- ' 2" ■
/ . I . I / I '■
(4) o. (, I-t-(, I, I ; I — ', 1, > 1 ' ■•••
1226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ce cas, l'a f/ixe de loul point du rectangle AIJDK est une valeur Umilr
(le la série considérée.
5. (as général. — Nous dirons qu'un point de l'infini est un point limite
de l'ensemble E, si l'on trouve une infinité de nombres entiers «,, /;,, ....
//,•, ..., pour lesquels on ait S„ > N et | S„ _ — S„|<;i. aussi grand qu'il
soit N et aussi petit qu'il soit t.
Si l'ensemble K n esl pas borné , le théorème rcslc vrai, à la condition de
remarquer que, si lim//„=o pour «— v:c, tous les points de l'infini, de
l'enseiuble, sont àes points limites.
La série harmonique a une seule valeur limite : ce. Elle est divergente. La
suite S„, du paragraphe 4, i°, où les numérateurs des fractions (3) sont
multipliés par \n, a comme points limites o et y^. L'ensemble E' de la série
correspondante est toute la spirale p — ^(oliO^x).
ANALYSE MATHKMATIQUF.. — Sur les fonctions entières d'ordre fiui .
Note de M. G. Vai.ibox, présentée par M. Emile Horcl.
Soient J{') = -<"„=" une fonction entière d'ordre fini p, /•„ le module du
//'*""' zéro, M(r) le maximum du module de la fonction pour | = | = /•. et ll„ le
rapport rectifié de | c„ | à |r„_, | tel que je l'ai défini dans ma Thèse. On sait
que l'exposant de convergence de la suite des nombres H„ est égal à p, celui
de la suite r„ est égal à p lorsque p n'est pas entier et est dans tous les cas au
plus égal il p (lîouKi., Leçons sur les fondions entières). Celte proposition
générale peut être complétée par la suivante qui se signale également par sa
simplicité et sa précision.
Lorsque p n'est i)as entier, les séries
et l'intégrale
logMCip)
./
fp+'
(5!>o;
sont à la fois com-ergentes ou divergentes.
Lorsque p est entier, l'intégrale et la première série convergent ou divergent
en même temps, et si elles convergent la seconde série converge également.
Dans ce dernier cas, la convergence de la première série entraine que; le
genre est p — i. A ce sujet, je signalerai que la proposition suivante :
SÉAXCI' DU 17 MAI 1921. 1227
« 5/ la série
(0 ^{\\^f
conit'eri^e^ et si l'on a m outre
Il m II ( V-''|'';i|)'' = O;
/(' genre est p — i » ,
que M. Liiideliif avait annoncée comme élant prohahlcmenl inexaclo, est
bien cITectivcment erronée. 11 résullc en efl'el des propositions démonlrées
ultérieurement par M. Lindelnf que la fonction
'/ = »= ,, .
"^[2p//Mos('*p7^)l^'/'
7 = 1
est de genre p ( ').
MÉGANIQUE. — Sur la tliéoi-ie de la relativité el le ntoinrment séculaire
(lu périhélie de Mercure. ÎNote (-) de M. J. Le Rou.v, présentée
par M. G. Kœnigs.
On a considéré comme une confirmation éclatante de la théorie de la
relativité la découverte d'une loi de gravitation susceptible d'explicjuer le
mouvement du périhélie de Mercure.
Une critique judicieuse constate que ce résultat a bien été obtenu
à propos de la théorie de la relativité, mais qu'il n'en est pas une consé-
quence et ne constitue même pas un argument en sa faveur.
Au point de vue strictement logique et mathématique, la question se
ramène à la forme suivante :
Einstein cherche à établir les équations du mouvement d'un point par la
considération d'une forme quadratique de différentielles à quatre variables
ds-=1cii,.d.ridxi; (en.z:^ C/,,-; /, /, = i, -i, 3,4)-
(') A rendroil cité ( Acia Soc. Se. Fe/i/iica', 1.31, 11° 1, p. 4>i}, M. Liiulclôf i-LMivoie
il la page îoS du Ménioiir coiironnt' de M. Iladaiiiaid. Mais M. Iladiuiiard pai Ir non
pas de la convei-q-ence de I 1 série (i), mais de celle de la série > , 'J(p) étant
i-'^a[ avec les nolalions actuelle-; à \ l«i.Ji_,. . . 1^^,. et la convergence de celle -ério
entraîne bien que le genre 0 — i. Celte proposition de M. lladaniard est lenfeiniée
dans celle donnée ci-dessus.
(-) Séance du 9 mai 1911.
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celle forme doit lendre comme limite, loisqiie l'intensité du champ tend
Yei'o zéro, vers la forme direclrice envisagée dans la théorie de rélcclro-
magnélisme
— dt- — (h- -^ dz^+dl'.
L'idée d'Einstein, réduite à ses éléments essentiels, rappelle donc le prin-
cipe de la moindre action et les écjualions de Lagrange.
La quatrième variable est appelée le leinps; mais il est évident que ce
[)scu(lo-iemps n'a, en général, que le nom de commun avec le temps ordi-
naire de la Mécanique. On sait, en effet, que le temps physico-mécanique
est déterminé directement ou indirectement par robservati(m du mouve-
ment diurne des astres. Rien ne permet de supposer (jue le pseudo-temps
d'Einstein ait une telle signification et, comme le sens physique de ce para-
mètre ne parait pas bien défini, il semblerait intéressant de le découvrir.
Il y a toujours inconvénient à désigner par le même mot des quantités de
natures diflerenles. De là naît ré(|uivoque constante qu'il importe de faire
cesser dans l'intérêt de la Science.
Einstein remarque que les formes quadratiques dont les coefficients
satisfont à des systèmes covariants d'é(|uations, déduils de la forme elle-
même, et subsistant pour une transformation jionctuelle quelconque,
forment une classe à part, douée de propriétés intéressantes au point de
vue des lois physiques; il parvient à former un pareil système de dix
équations.
C'est la solution de ce système c(ui fournit la loi de gravitation envisagée.
L'intégration des écjuations d'Einstein, pour le cas du champ de gravita-
lion engendré par une particule, a été effectuée par Sch\\arzschild. La
méthode que je vais indiquer est sensiblement plus simple et plus rapide.
Par raison de symétrie, on est conduit à cherchci', pour la forme direc-
trice f/.i-, une expression de la forme suivante :
- ~ (Is-— \{,ir'-+ li'</a-=— l'.V//^
où /• leprésenle la dislance à la particule, R, R', 11' des fonctions de r,
(h- l'clémcnt linéaire d'une sphère de rayon im el / le pseudo-leiiqis.
Exprimons (h- en coordonnées svmétri(iues : r/c;* = , ^' — ■--■
Nous pourrons alors écrire, par un changement de nolalion évident :
— f/.s-rr c\^(Lv] -(- e.,.>d.L-\ + iry^d.r.^d.r,.
Les coefficients r,,, e_,. dépendront de la seule variable .r,, el c.^.^ sera de
SÉANCE DU 17 MAI ig2I. 1229
la forme — ' '^ ' '., ■ Si la fonction o( t.) n'est pas conslanle, on pourra, par
un chanj^etnenl de variable effecLué snr .r,, ramener le coel'licicnl <', ., à la
forme e^, :=
Formant avec ces données les dix équations d'Einstein, on constate que
sept d'entre elles sont vérifiées idenli([uement. Les autres deviennent
I / 1 Oc,., Y I d- iog;r.,. I I de,, / i i àe,-, ■>. \
(1,1) 7— -T-^-* T-^r^" T"^ -r^" -1 ) =0,
4 \c,.. Ou-, I :>. ux- 1 <?,, ax^ \a e22 ôx, x,J
I d / I de,,"-. 1 /' I de,..i\ / I de-ii
'' " a dx^ \e,i 'àx, ) 2 \e,, àx, ) \e,, Ox,
I / I Oe,,, \ / 1 I Ot', I I I 06.22
2\e,, dx, / \a e,, Ox, 2 e,j Ox,
(3 ') ^ à / i Oe:,.,\ 1 / r Oe^A f 1 de^.^
2 Ox, \e,, Ox, 1 :>. \e,i Ox, I \e:n Ox^
(7-loge,,i I i Oe.,,, / 1 I de,, i i de.,'
d.j'jdXi 2 r,, Ox, \2 e,, d.rj 2 e.22 dx,
L'équation (2, 2) s'intègre immédiatement et donne
( ' ) ~i — — ; '
a.x, x;
r désignant une constante d'intégration. Tenant compte de ce résultat,
léquation (i, i) donne ensuite, par un calcul facile,
d\os;e,, d\o^e.j, ,,
— ; 1 , " = o. d OLi e,, £'.,, = const.
(i.r, (t.r,
Les hypothèses faites conduisent à prendre cette constante égale à l'unité.
L'équation (i) s'intègre ensuite et donne
e2)=c' I d'où ei,:=lc' —
Portant ces valeurs dans l'équation (3, 4), on trouve
Remplaçant maintenant .r, par r, dx', par — di- et prenant, pour l'élé-
ment linéaire de la sphère, les coordonnées polaires 0, cp, on a enfin l'expres-
sion de ds'- sous la forme de Schwarzschild
ds- — h /■- ( dO'^ -+- sin-0 do- ) — ( 1 ) dt-.
I23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
La solution trouvée semblerait unique, sauf la valeur de la constante
d'intégration c. Cette unité apparente semble avoir été une cause d'erreur
dans rinterprétation du résultat. En réalité, il y a une inlinité de solutions.
Nous en avons restreint le nombre par une série d'hypothèses : en partant
d'une forme initiale du ils- qui n'est pas assez générale, et en remplaçant
o(.i•^ ) par x]. Quoi qu'il en soit, le résultat est très intéressant. Il montre
l'utilité de l'introduction du pseudo-temps, dont il resterait à déterminer la
signification physique.
Quant à la relativité elle-même, elle n'intervient nullement dans la
question.
AS'IRONOMIE PHYSIQUE. — Amure boréale dans la nuil du i4 cm 1 5 mid 19'ii
et phénomènes magnétiques simultanés. Note de M. Bernard Lyot, pré-
sentée par M. Deslandres.
Ayant été chargé par M. Deslandres, d'organiser un nouvel appareil
magnétique, j'ai surveillé toutes les déviations de l'aiguille aimantée depuis
le 8 mai 1921, époque à laquelle un groupe imporlant de taches s'est
montre au bord est du Soleil.
L'appareil était encore en montage et non complètement organisé, mais
nous avons pu faire avec lui quelques observations intéressantes.
La tache compi'cnait deux groupes distincts qui ont varié notablement
jusqu'à leur passage au méridien central qui a eu lieu dans la journée du i '\
de 10'' à 23''.
Une perturbation isolée assez forte a d'abord été constatée le 12 mai,
da 8'' à 10''.
La nuit du i3 au i'\ a été marquée par un mouvement continuel de
l'aiguille qui a atteint 2') minutes d'amplitude, de i;)'' le i3 jiis(]u'à
environ 7'' le i_'|.
Comme les perturbations semblaient augmenter pendant la journée
du 14. j'ai passé la nuit cntièi'c suivante à l'Observatoire, avec l'idée
qu'une aurore boréale pourrait se manifester.
Or, un peu avant le coucher de la Lune, à o''i5"', le phénomène attendu
a commencé sous forme d'un rayon dans le méridien magnétique, et s'est
développé pour subir un premier maximum à i'' 4"'; un deuxième, le plus
intense à 2'' 10'" et im troisième, observable malgré l'aube naissante, à 3''.V".
i/aurore a aflecté la forme de rayons légèrement divergents on général
SÉANCE UU 17 MAI I921, I23l
vers le zénith et de niicTges grossièrement circulaires. Les (liffcrcntes
pallies émellaienl trois sortes de radiations distinctes.
Une lumière blanche, peut-être un peu verdàtre, une lumière rouge
intense et une lumière indigo violette. Au moment de la phase maxima,
les rayons atteignaient le zénith et semblaient y converger; par endroits,
la lumière de Fauiore était assez intense pour masquer les étoiles de
■y grandeur.
La courbe magnétique de la nuit du 14 au i5 montre des perturbations
d'une vingtaine de minutes à l'Est entre i"]"'' et 22'' le 1 4 et des écarts d'une
amplitude totale de plus de un degré à partir de ai''.
Des perturbations magnétiques intenses ont donc connaencé une ving-
taine d'heures avant le passage au méridien central du Soleil d'un groupe
de taches important, et ce passage a été suivi d'une aurore boréale remar-
(juable; les trois phénomènes sont donc en bonne concordance.
ASTlio>'OMlE. — Observation de la comète Pons-WinnecItC (1921 h), faite
à Céqualorial coudé de l'Observatoire de Lyun. Note de M. J. Guillaume,
transmise par M. B. Baillaud.
.Nombre
Date Temps moyen de Log. fact. Log. fact.
\'J'2\. (le Lyon. Aa. Aô. nniipar. a appareille. paiall. 5 apparente. parall.
Il m s m s , „ Il m s ^ o , „
Mui 10... i3.iô.>i — O. 7,o3 -+- 2.12,2 10:10 i-.3o.'|i.64 — 9,200 45. .58. 8.1 -i-S.gSj
Position des étoiles de comparaison.
■X moyenne, lîéduction ô moyenne, nétluclion
*■. 19-31,0. au jour. 1921,0. au jour. Autorité,
h m s s o , „ „
I :^ BD + 45", •i55o(g,o ). . 17.80.46,28 -1-2,39 4j-55.5g,7 — o ,'è A. G. Bonn, m25S
Renirnijne. — l^a coniél»! est vaguement circulaire, d'environ une demi-miniile
darc de diamètre, avec faible condensation centrale ; éclat total de i l'^.S.
CHIMIE ORG.VNlQLE. — Sur la transformation du phénol eu cyclohexanol.
Note de MM. G. V.vvon et J. Detkie, présentée par M. A. Ilaller.
Le phénol, agité dans une atmosphère d'hydrogène en présence de noir
de platine, se transforme partie en cyclohexanol, partie en cyclohexane ( ').
{') ^^'l^L^lAlTl■li, Berichle, t. k'ô, p. 1473.
1232 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
Ayant eu à préparer des quantités importantes de cyclohexanol, nous
avons eu à employer ce procédé de préparation et avons été amenés à en
faire l'étude.
(^)uand on fait varier les conditions expérimentales, la température
(entre — lo" et +60"), la nature du solvant (acide acétique, acétate
d'éthyle, éther, alcool), la concentration, la quantité et la qualité du pla-
tine, les rendements du cyclohexanol varient peu; ils coirespondent aux |
environ du phénol employé.
La vitesse d'hydrogénation est grande : avec iS^ de platine, en opérant
sur 400*'' de phénol dissous dans 3ooS d'acide acétique, nous avons pu fixer
jusqu'à 100' d'hydrogène à l'heure. D'ailleurs un même échantillon de pla-
tine peut servir à un très grand nombre d'opérations; quand son activité
diminue, il suffit, comme l'a montré l'un de nous ('), de la lavera l'éther
et de l'exposer à l'air (un échantillon préparé il y a i4 mois a servi à une
centaine d'expériences sur le phénol ou ses dérivés et possède encore une
activité notable quoique un peu affaiblie.
La fonction phénol rend l'hydrogénation du noyau aromatique plus
facile; cette influence disparaît si l'on bloque la fonction. C'est ce qui
résulte du Tableau suivant, où sont donnés les temps en minutes mis pour
fixer i' d'hydrogène sur différents corps, hydrogénés dans des conditions
identiques (i- de platine, 5o""' d'acétate d'éthyle, 10? de corps) :
Phénol I j
Aiiisol 3()
Pliénélliol 80
Oxyde de phényle el de bulyle 700
Acétate de pliénvle 55
Uenzène ' 33
ToluèiR' 61
Formation inlermèdiairc de cyclohexanone. — Si l'on arrête l'hydrogé-
nation du phénol avant qu'elle ne soit achevée, on peut déceler de la cyclo-
hexanone dans le mélange et la retirer pour l'intermédiaire de sa condji-
naison bisullilique.
Pour doser la cyclohexanone aux différents instants de l'expérience, il
est commode de la peser sous forme de dipipéronylidène cyclohexanone,
combinaison (jui se forme aisément et quantitativement en présence d'un
excès de pipéronal et d'éthylate de sodium.
(') \ AVON, Thèse de Doctnral, F^aris, kjk!, p. 22.
SÉANCE DU 17 MAJ 1921. 1233
Voici les résultais obtenus au cours d'une liydrogénation faite sur loo'^de
phénol dans 2")o""' d'alcool :
Xoluriies l'iiiils
d'Iiydi-ogi-iie absorbe. _ de ryclnliexanoiu-.
I ' s
o o
'" 7-7
20 10,9
00 12
4o Il), 4
DO 8,8
(55 5
79 o
La cycloliexanone augmenle donc, passe par un maximum et disparaît
totalement en fin de réaction. Ce maximum est d'ailleurs variable avec les
conditions expérimentales : il augmente si l'on emploie un platine plus
actif, une plus grande quantité de platine, ou si l'on opère dans l'acide acé-
tique. Une expérience faite sur 4o^' de phénol dans 200""' d'acide acétique
avec 17S de platine, a donné pour le maximum i4^' de cyclohexanone,
soit 35 pour 100.
La formation de cydohexanonc est-elle une réaction accessoire ou, au
contraire, tout le cyclohexanol passe-t-il par le terme cyclohexanone'^
Dans cette seconde hypothèse, au cas où le maximum de cyclohexanone
est faible, il faut admettre que la vitesse propre d'hydrogénation de la
cyclohexanone est, à masse égale, plus grande que celle du phénol, et
d'autant plus grande que le maximum en cyclohexanone est plus petit, car
au moment de ce maximum les vitesses de formation et de destruction de
la cyclohexanone sont égales.
On peut vérifier ce fait en hydrogénanl un mélange de phénol et de
cyclohexanone; celle-ci disparaît beaucoup plus vite que le phénol :
un mélange de 27^ de phénol et de 22^ de cyclohexanone, après fixation
de II' d'hydrogène, contenait encore 21" de phénol et seulement 4^' ^^
cyclohexanone.
Plusieurs expériences ont donné des résultats comparables, d'où il
résulte que, dans ces conditions, la vitesse propre d'hydrogénation de la
cyclohexanone est bien supérieure à celle du phénol.
Par suite le cyclohexahol provient, pour la plus grande partie au moins, de
la cyclohexanone et non directement du phénol.
A quel momenl apparaît la fonction cétone? Préexiste-t-elle dans le
phénol, apparail-elle après fixation de une ou de deux molécules d'hydro-
gène? C'est un point que nous n'avons pas encore étudié.
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 172, N» 20.) 9'
1234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'oxiine du chluml sur les aminés aroma-
tiques; synthèse d'isatines. JNolc de MM. Th. Martixet et P. Coisset,
pi'ésenlée par M. A. Haller.
Le cliloral se condense avec les aminés arotiiatiques par sa fonction aldé-
liydique, mais, sous forme d'oxime, c'est par le chlore qu'il réagit sur les
aminés. La rcaclioii peut s'orienter dans deux directions différentes. En
milieu neutre, deux molécules d'aniline enlrent dans la combinaison et l'on
obtient risouilrosoélbényldipliénylamidine (foi mule !)(').
En milieu faiblement acide, au contraire, un atome di' chlore seul s'éli-
mine à l'élat d'acide chlorhydrique, taudis que les deux autres atomes, par
suite d'une hydrolyse, se trouvent remplacés par un atome d'oxygène. On
arrive ainsi à l'isonitrosoacétanilide (formule II) (^).
II
I
^.
^ ^ \c - C<f" / \- \H - (0 - C/"
\ /
l'iJinuilt; I.
(>ette subslanée, traitée à chaud par l'acide sull'urique, donne l'isaline.
Ce procédé, mis au point, nous a [)ermis de préparei' un certain nombre
d'isatines connues. Il constitue, en |)articulier, un ]irocédé commode pour
l'obtention de l'isatine ordinaire. La préparation se fait en -i] heures, ce qui
fait de l'isaline une malièie première très accessible. Nous avons, en outre,
isolé une isatine nouvelle, la 4-chloro-7-méthoxyisatine. Le modeoj)cratoire
est le suivant : on dissout une molécule de chloi'hydrate de /j-chloro-w-
anisidine (orthoamino-yj-chloroanisol) dans iSoo""' d'eau, on ajoute à la
solution une molécule de chlorhydrate d'hydroxylamine et l'on porte à
l'ébuUitlon. On vei'se alors, par petites portions dans le liquide bouillant,
une solution d'mie molécule d'hydrate de chloral dans i3oo""' d'eau. On
maintient l'ébullilion pendant 5 ou lo minutes et l'on refroidit brusque-
ment; il se sé|)are le dérivé isonilrosé, b" = 190°, soluble dans l'alcool de
(') Brevet français de la Société pour l'Indiislrie cliiniique à BAle. 11° 29135)), du
!"■ août 1899.
{^) Brevet n" 501 153. de la Sociélé S.U. Oeigv, |niljiii' le G avril 1920.
SÉANCE DU 17 MAI 1921. 123')
foniiiile III :
OCIF
/ \_.Mi_œ-(:<"
\ / \iv_oii
I
Cl
Foniinle lU.
Cette substance dans l'acide suH'un'que donne une liqueur violette qui,
par cliauffage, passe au brun rouge et celte solution versée dans l'eau
fournit la 4-chlor()-7-Miétoxyisalirie. La coloration violette iiitermédiai-
rement observée semble devoir être attribuée, comme on le montrera plus
tard, à la formation de l'imésatine correspondante qui s'Iiydrolyse au sein
de l'acide sulfurique :
Cl
I
,C:N-11 /^i ^C:0
C : O \/\/C • O
r I
OCII'i
II
Une partie de la •2-métoxy-5-cliloroisonitrosoacélaiiilide est maintenue
à 75° pendant i5 minutes dans sept parties d'acide sulfurique concentré; la
solution lirun rouge, ainsi obtenue et refroidie, laisse précipiter j)ar un
excès d'eau la 4-chloro-7-méthoxyisaline. On la purifie par dissolution dans
une solution concentrée de soude; la cyclisatioii, par l'acide chlorhydriqui',
de l'isatate filtré ainsi obtenu donne la ''i-chloro-7-niélhoxyisatine, insoluble
dans l'eau, soluble dans l'acide acétique, l'alcool bouillant, d'où elle cris-
tallise, par refroidissement, en longues aiguilles rouges qui, par projection
sur le bloc Maquenne, fondent ii 255°.
Nous avons caractérisé cette isatine par sa pbénylhydrazone, aiguilles
jaunes soyeuses fondant à 2/(5°; son oxime fondant à 2'3o°, elle est soluble
dans l'alcool.
Sous l'action, des alcalis en solution alcoolique on obser\e, comme il
était prévu, une coloration violette fugace qui passe rapidement au jaune
en donnant l'isatate alcalin correspondant. Nous avons préparé l'isatate de
baryum en lamelles brunes probablement quadratiques, solubles dans l'eau,
insolubles dans l'alcool, cristallisant avec une molécule d'eau
(C"0'CI.MI")^«-^I150
et par double décomposition l'isatate de cuivre.
I23G ACADÉMIE DES SCIENCES.
En condensant celte isaline nouvelle avec l'indoxyle nous avons obtenu
la .'|-cliloro-7-niéthox\ indirubinc en aiguilles violettes peu solubles dans
l'alcool, donnant à riiydrosulfilc une cuve jaune vcit peu stable, se trans-
formant presque totalement en indigo ordinaire.
Nous avons dosé Thalogène en brûlant la substance avec du peroxyde de
sodium dans un creuset en acier; on amorce la combustion par introduction
d'une tige de fer rouge; si la réaction est trop vive on ajoute de la cbaux
anhydre et pure, le dosage se fait ensuite à la façon ordinaire. La méthode
est rapide et satisfaisante.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du prnpyléne dibromé-i.'j sur le bromure
(risopropvlmafinésium. Note de M. Lespieau, présentée par M. Ilaller.
Nous avons indiqué, M. Bourguel et moi (^'), comment on pouvait
arriver aux hydrocarbures acétyléniques vrais en utilisant l'action du
propylène dibromé CH- = CBr. CH-Br sur les dérivés magnésiens mixtes,
et, comme exemple, nous avons décrit la préparation du pentine
CHshC.CH-.CH-. CH' par ce procédé.
Il m'a paru utile, pour établir la généralité de la méthode, de l'appliquer
au dérivé magnésien d'un bromure secondaire, et, dans ce but, je me suis
adressé au bromure d'isopropylmagnésium. I>a réaction du propylène
dibromé sur ce corps étant liés vive, il convient d'opérer en présence de
beaucoup d'éther; on cesse d'ajouter du dibromure quand son addition
parait ne plus provoquer de dégagement de chaleur. On traite alors par
l'eau acidulée, puis on extrait à l'éther.
Après le départ de ce solvant on recueille d'abord, par distillation frac-
tionnée, le composé CH- = CBr. CH^. CH(CH' j-. liquide incolore bouillant
à i2G°-i27" sous la pression normale; sa densité à 18" égale 1,207; son
indice pour la raie D, à la même température, est 1,4627, d'où une réfrac-
tion moléculaire 37,17, la théorie exigeant 37,201. Le poids moléculaire
déduit d'une cryoscopie acétique a été trouvé égal à i()iS, la théorie vou-
lant iG3. On y a trouvé 49)-i pour joo de brome, au lieu de /i9.o8.
La fixalion de deux atomes de brome sur le composé précédent fournit
le lribromureCH-Br.CBr-.CH-.CH(CH=)%bouillant à 116-117" sous iG""",
ayant à 17° une densité de i.gBt) et un indice de i,5Gi. d'où une réfraction
moléculaire 52,G8, théorie 53,34. Poids moléculaire par cryoscopie acé-
tique 339, lliéorie 323. Brome pour 100, 74»23; théorie, 74>3o.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920. p. i5S4.
SÉANCE DU 17 MAI I921. 1237
L'allaque de ce tribromurc parTéthylate de sodium fournil avec de bons
rendements le dibromure CH lir = CBr. CH-. CH(CH')' bouillant à 7o"-7 1"
sous II""", ayant à 17° une densité 1,621 et un indice i,5i2, d'où une
réfraction moléculaire l^'[,ç), théorie 43,07. Poids moléculaire dans Facide
acétique 248, théorie 242. Brome pour 100, 66,32 au lieu de 66,1 1 .
On a maintenu le dibromure précédent avec de la poudre de zinc et de
l'alcool à 95" liède pendant quelques heures, après quoi on a distillé, au
bain-marie, puis rectifié en utilisant une colonne Dufton. Il est d'abord
passé un liquide entre 54", 5 et 55", puis le thermomètre est monté vivement
à 78°; à ce moment, ce qui distillait ne précipitait plus le nitrate d'argent
alcoolique.
Le liquide du début, malgré la constance de son point d'ébullilion,
n'était pas un produit unique, mais un mélange à point d'ébuUition
minimum formé par l'alcool employé et le carbure acétylénique
CH:=C.CH-.CH(CH')-. Pour isoler ce dernier, il suffit d'ajoutor du
chlorure de calcium fondu, de laisser quelques jours en contact, de
décanter ensuite le carbure qui surnage et de distiller celui-ci. Il passe
entre 61", 5 et 62° sous 760"""; sa densité à 0° est 0,7244- Son analyse
a indiqué, pour 100, 87,50 de carbone et 12,28 d'hydrogène; la théorie
voudrait 87,80 et 12,1g. Poids moléculaire cryoscopique 82, théorie 82
(pris dans l'acide acétique avec un abaissement de o°,(Ji).
Ce liquide est très volatil, il possède une forte odeur alliacée; il préci-
pite le nitrate d'argent alcoolique en donnant des paillettes brillantes,
solubles dans l'alcool chaud, et répondant à la formule attendue
CVg — CCtP. CHV.NOWs,
car on y a trouvé 09,71 pour 100 d'argent. Il précipite en jaune le chlorure
cuivreux ammoniacal.
L'attaque du dérivé magnésien par le propylène dibromé ne fournit
le composé CH" = CBr. CH-. CH(CH^)- qu'avec un rendement de
3o pour 100 environ, calculé à partir de l'épidibromhydrine employée;
on obtient simultanément des liquides colorés en violet, qui se décolorent
quand on les agite avec une solution de carbonate de potassium et dont il
est très difficile de tirer un composé défini. Cependant, après de nom-
breuses distillations sous pression réduite, j'ai pu extraire un liquide inco-
lore bouillant à 63° sous 11"^™, ayant à 24" pour densité 1,0942 et pour
indice i,456. Une cryoscopie acétique lui assigne un poids moléculaire
égal à 2x5; il contient 38, 10 pour 100 de brome. Ces données permettent
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de penser que Ton se trouve en présence d'un nonane brome, car le poids
moléculaire d'un tel corps serait 207, sa réfraction moléculaire 5i,'io5, en
accord avec les mesures faites, enfin il renfermerait 38.(1 { pour 100 de
brome.
La formation d'un tel corps proviendrait d'une fixation du dérivé magné-
sien employé sur le bromure CtP = Ci>r.CH-.CH( Cil')- à l'endroit de la
doui)le liaison, et probablement dans le sens qui conduirait au composé
CH^CH.CBr.Cll^CH.CH'.
I
CH'cii^^ cri'
CHlAin: ORGAMoiE. — Recherches sur le sulfure d'ê/hylc yi-dich/aré. Note
de MM. Delépi.ve, Fi.Eunv et Ville, présentée par M. Haller.
On sait que le sulfure d'éthyle [3^-dichloré S(CH*.CH-C1)^ a été préparé
industriellement par l'union de l'éthylène avec le chlorure de soufre ordi-
naire S- Cl- ou avec ce chlorure amené à la composition SCI- par une
addition convenable de chlore, ou enfin par éthérification du thiodiglycol
S(^CII-.CH-.< >H) au moyen de l'acide chlorhydrique. Ayant eu à examiner
de nombreux échantillons de ces préparations, nous avons fait des observa-
tions que nous désirons présenter succinctement.
I. Les produits préparés avec les chlorures de soufre ne sont jamais purs
d'emblée; ils contiennent toujours un excès de soufre, soit que celui-ci
reste en solution sous une forme indéterminée, soit qu'il se trouve com-
biné sous forme de S : S( CH'-.CH-Clj-, comme on l'a suggéré. Le sulfure
pur ou préparé avec le thiodiglycol se distingue des précédents parce que,
oxydé dans des conditions convenables par un mélange chromico-nitrique,
il ne donne pas d'acide sulfurique du tout, tandis que les autres fournissent
des doses de soufre oxydable en acide sulfurique allant de 3 à i/j pour 100,
suivant qu'on s'est servi du bichiorurc ou du protochlorure do soufre dans
leur fabrication.
II. (^uand on distille les produits industriels préparés avec les chlorures
de soufre, il se dégage toujours quelques centièmes d'acide chlorhydrique;
l'opération doit d'ailleurs être faite dans le vide si l'on veut la réussir.
Certains peuvent fournir jus(ju'i» 85 pour 100 d'un liquide cristallisant de
10" à 13", mais on n'a jamais d'emblée le sulfure d'éthyle Jijii-bichloré pur
qui fond à r4'',i-i4°?i5 ; le produit solide distillé est accompagné de parties
encore liquides à o". Nous avons réuni plus de i''*^ de distillât et extrait le
SÉANCE DU 17 MAI 1921. lîBg
liquide restant à o"; celui-ii fut re<listillé en fractionnant, ce qui a |)ermis de
séparer encure une forte proportion de sulfure d'éthyle Ji|i-bichlorc solide;
les nouvelles portions liquides ont été refroidies à — 1 j", essorées, et frac-
tionnées; elles ont pasré de loG" à i5o" sous 20'""' en diverses portions
indiquées dans le Tableau établi plus bas; certaines fractions cristallisaient
encore plus ou moins à — 10"; on a refroidi chaque fraction à — 23° et l'on
en a aspiré la partie liquide pour en reprendre la densité et en déterminer
la teneur en chlore et en soufre, ainsi que le chlore libéré par hydrolyse
à 80° après plusieurs heures.
Tableau.
Propriclés de la partie liquide à — 23"
venant des porlions précédentes.
D,„. S pour 100. Cl pour 101. Clliydrol.
1,323 20,24 44j64 27)3
1,335 '9,62 46162 28,0
1,338 19)44 47. 'o 29,0
1,34.5 19,50 46,45 26,6
Il 20, 36 46, 5o 26,6
37,0
» »> » »
Données relatives à S( CIl-.CH- .CI)- pur. . . 1,268 20,13 44)65 44)65
iNous avons été surpris de trouver pour les parties liquides, à peu de
chose près, les mêmes chiffres de soufre et de chlore que pour le sulfure pur.
Le chiffre de chlore obtenu après hydrolyse (action de l'eau à 80°) est
toutefois différent. Le soufre o.xydable en acide sulfurique est à peu près
nul (0,5 pour 100).
Il est vraisemblable qu'il s'agit d'isomères, tels que
Cl(:H-.(;ll^s.CHCl.CH^
ou, plutôt, de composés tels que
S(CH:CHCi)^ Cl.(;^l^(;ll^s.^.ll : ciici, CH^CHCi.s.cii : chci, ...,
dont la formation s'explique par la présence initiale de combinaisons plus
chlorées, comme
SiCIICI.CIPCljS S(CH-.CHC1*)S Cl-(:H.CIl^S.CiM,Cn-CI
qui perdraient de l'acide chlorhydrique, ainsi cju'on le constate à la rectifi-
cation du produit industriel.
Le poids moléculaire de ces liquides, pris dans le benzène, a été trouvé
Frac
tionnei
lient
du liciui
ide
essor
—
C
Température.
Poids
rist. —
106-108. . ,
1.3'
i>3>9
-+-
I08-I 10. . .
24
1 ,322
-1-
I lO-l 12. . .
16
1,328
^
II2-I l5. . .
2 5
1,328
abonc
1 l5-I20.. .
I 1
1)334
-+-
I20-I 3o. . ,
7
1,338
pas
i3o-i5o. . .
3
1,378
pas
I24o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(le l'ordre de celui de S(CH- . CH- CI)-. (( )bservê : 1 49-164 au lieu de iS;). )
Nous sommes portés à croire qu'ils contiennent encore du sulfure d'élhyle
3[5i-bicliloré, qui participe pour une certaine proportion à la formation de
l'acide clilorhydrique par hydrolyse.
IH. Nous avons enfin déterminé la constante cryoscopique du sulfure
d'éthyle ^^-bichloré, afin d'avoir une idée de la quantité d'impuretés qui
pouvaient correspondre aux abaissements constatés dans les liquides bruts
issus des distillations. La formule classique de llaoult St — KG : M donne
Iv = (Jo-62 environ, mais cette valeur diminue assez rapidement pour des
concentrations un peu fortes; on représente beaucoup mieux les phéno-
mènes par la formule de Louguinine et Dupont Af =; K/i : (n -1- N), n et N
désignant les nombres respectifs de molécules du corps dissous et du dissol-
vant ('); alors K = 38; la formule est valable jusqu'à K = io°-i5" pour le
benzène, le chlorobenzène, le tétrachlorure et le sulfure de carbone. Nous
doutons cependant qu'on utilise le sulfure d'élhyle ^^-bichloré comme
solvant cryoscopique, car ce n'est autre chose (jue l'ypérite; cela souligne
les minuties (ju'a exigées le présent travail.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses de l'acif/r cyanif/ue et de V urée par oxyda-
tion de cétones, d'acides et d'aminés, en présence d^ ammoniaque . Note
de MM. II. Fosse et G. Lauoe, présentée par M. A. Haller.
1. J/acidc cyanique, produit constant de l'oxydation ammoniacale des
protéiques, des acides aminés, des hydrates de carbone, de la glycérine,
de la formaldéhyde, de la formanide et de l'acide oxamique | R. Fosse (')|,
se forme aussi, lorsqu'on oxyde avec NH\ plusieurs représentants des fonc-
tions : alcool, phénol et aldéhyde [R. i^'ossc et (!. Laude ( ')].
2. Dans cette Note, nous établirons que la carbamide prend encore
naissance aux dépens de corps à fonction :
Cétone (acétone, acétophénone. cyclohexanone);
Acide monobasique (acétique, -[jropionique, valérianique, ciunaniique);
Acide bibasique (malonique, succinique);
(') W. l.oic.riMM; et (i. Dipom'. litill. Soc. cliini.. !\'' série, 1. Il, ii)i '• p- 90 '|.
(-) il. I'"ossE, Comptes rendus, t. 108, 1911), ]'• 32o, 90S cl 1 i(m ; '■ l<>!). 1919, p- 91 ;
t. 171, 1920, p. 635 el 722 ; t. 172, 19'. 1 . p. iGi ; Annales Insi. Pasteur. 19 în, p. ~\'t--(j}. ;
Bull. Soc. cliini., t. 2!). i9'.i, p. i58-'.o3.
(l) H. Fossn cl G. Laidi;, Comptes rendus, l, \~rl, u|M, ji. 084.
SÉANCE DU 17 MAI I92I. 1 2^ 1
Acide alcool (glycolique, lactique, tartrique);
Acide phénol (salicyliqiiej/j-oxybenzoïqiie);
Aminé (mélhyl et diméthylamine, élhylamine. aniline, w-pliénylène-
diamine).
3. La nature de la substance et les conditions de l'expérience exercent
une influence considérable sur les rendements en carbimide et carbamide.
Après taulomérisalion du cyanalc d'ammoniaque, la quantité d'urée
formée, très faible pour les acides monobasiques (o^, 3 pour 100 au maxi-
mum), s'élève pour les acétones (2 à i4 pour 100), les acides phénols
(i 1,07 à 19,9 pour 100), et les aminés (4 à 47 pour 100).
Tandis que l'éthylamine ne donne que 4,^ d'urée pour 100, l'aniline en
produit i5,5 pour xoo et la phénylènediamine 27,4 pour 100.
Mais les rendements augmentent encore avec les aminés susceptibles
d'engendrer la formaldéhyde par oxydation : la méthylamine conduit à
44- J' d'urée pour 100 et la diméthylamine à 47,9- Ces chiffres ne repré-
sentent nullement des valeurs que l'on ne puisse dépasser dans d'autres
conditions.
4. Ainsi que nous l'avons déjà signalé, l'addition de cuivre au milieu
oxydant l'avorise, dans certains cas, la formation de l'acide cyanique et de
l'urée.
."). On sait que l'urée passe à l'état d'acide cyanique par chauffage avec
la potasse en solution dans l'alcool absolu, à loo"' [A. Haller ( ' )|, ou même
avec l'eau bouillante [WalUer et Ilambly (")].
Est-il possible de penser que l'acide cyanique de nos expériences, loin
d'être le précurseur de l'urée, en dérive, au contraire, sous l'action de la
potasse, libérée par le permanganate?
Si cette hypothèse était fondée, il faudrait admettre que cet alcali, même
plus ou moins carbonate, en présence d'eau et d'ammoniaque et à la tempé-
rature ordinaire, serait capable de transformer l'urée en acide cyanique
inlégi-alement, sans que la réaction soil limitée, puisque dans nombre de cas
nos liqueurs d'oxydation renferment la carbimide sans trace d'urée.
Celle-ci n'apparaît que par chauffage avec NH' Cl. En outre, l'acide cya-
nique peut encore se former seul, sans urée, lorsqu'on provoque l'oxyda-
tion par le permanganate calcique ou par un mélange de lMn()'ls. el
de S()''(NH')^, incapables de donner de la potasse libre ou carbonalée.
(') A. IIallkr, Comptes rendus, t. 102, 1SS6, p. 97.5.
(-) \\Ai.KEn el IIambi.v. J. Clicm. Soc, t. G7, )). 7^7.
1242
ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'ropanone ocm'. i ,'|
l'ropanonc urm^S /,
Arélophénone o'm'.S .'(
Acélopliénone el cuivre. u"n,5 ^\
Cycloliexanone >""'.,') /,
('vcloliexan. et cuivre., of"'",.') ij
Acide acétique i*"'"' 4
.\cide propiouique i""' '(
Ac. propion, et cuivre.. 1^"' '\
Acide valértauique oi'n'\5 o
Ac. valérian. et cuivre, of"'',! o
Acide ciniianiique o'^.5 4
Ac. cinnaiiiin. et cuivre. oi>',5 4
Acide maloiiiquc o'.') 4
•Ac. inulon. et cuivre... o«, ') 4
Acide succinique >", i 4
Ac. succin. et cui\rc... o'^h '^
Acide salicylique "'•■.■'> 4
Ac. para-oxj'benzoïque. qk,.? 4
Ac. salicjl. et cuivre. . . i>".5 4
.Acide glycolique os, '| :•
I.actale (le zinc qb, > o
Acide tartri(]ue o", 'i ô
Acide tartriqueet cuivre, c", 'i >
Miitiiylaniine »=, •..'fsS .l
niinclliylamine ci«.->S ,5
Élliylumine o«, 3 .'>
Aniline ori"',.") 5
Aniline et cuivre oim'.') .',
/// -plièriylcnc-dianiiiie . . o'^. l 'm 5
llifs.
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SÉANCE DU 17 MAI I921. 1243
PALÉONlOLOGIE. — Sur la Jaune ichtyrdogiquc du Sahélicn
de 1(1 région d'Oran. Noie do M. C. Akambourg.
Le Miocène de la région d'Oran est connu depuis longtemps pour l'abon-
dance de restes de poissons que renferme l'un des riveaux du Sahélien, aux
environs immédiats de la ville.
Jusqu'ici sept espèces seulement avaient été distinguées dans ce gise-
nienl, et décrites par difTérents auteurs.
J'ai, depuis quelques années, entrepris de recueillir, à Oian même, et en
d'autres points du département, notamment à Saint-Denis-du-Sig, les
représentants de cette faune, beaucoup plus riche en réalité qu'on ne le
soupçonnait.
Je connais, en effet, actuellement environ 80 espèces déterminables,
dont l'élude m'a donné les résultats suivants :
Quatorze espèces sont connues, d'Oran ou de niveaux sjnchroniques européens :
Oxyrhina haslalis Ag., Odonlaspis açiitissima Ag., Carcluirodon megalodon Ag.,
Myliobatis meridionalis Gerv., Syngnalhtts Albyi Sauv., Cliipea nuinidica Sauv.,
Annpterus megislôsoma Sau\., Scoinbresox obliisiros/ris Sauv., T'odopteryx Bos-
niaskii Sauv., Capros Slcindachneii Kiamli., Diplodiis Jomnilnnus \n\., Diplodus
oranensis Woodw., Trigonodon Otveni Sism., Sparus cincltis Ag.
Douze sont des espèces .Tcluelles : Hexauclius griseiis Raf., Oxyrhina Spallanzanii
Ii|)., Carcharias {Prionodon) lanica Mul. et Heul., Serranus Cabrilla Lin., 5e/'-
rnniis scribci C. \'., Scomber Collas Lin., Trachiirus Irnchunis Lin., Lophius biide-
gassa Spinola, Batrachoides didactyliis Bi. Sclin., Capros aper Lin., Zens faber
Lin., Sparus aiiraliis Lin.
Di\ sont des espèces nouvelles, mais très affines à des types actuels : Scorpœna alT.
iistiilata, Clinus {Labrisomus) aflT. nucliipinnis, Tripterygiuni ail", iiasiis, Lepido-
piis aff. caiidalus, Neopercis aiï. allarilica, Parapristipoma aflT. ocloUiteatum.
Crenidens alT. Forsiiali, Myctophiiin alT. laternatum, Synodus afi". nllanticus,
Itulisles aff. caprisciis.
Quarante-cinq sont des espèces jiouvelles et appartiennent aux genres suivants :
(Carcharias {Prionodon), Holocentruni, Epineplieliis, Serranus (2 sp.), Cepola,
Scorpœna (3 sp.), Trigla, Gobius (9 sp.), Trichiunis, Caraiix, Naiicrales, Creni-
labrus (2 sp.), Mugil, Chœlodon, Ophidiiun, Spams (asp.), Pagelltis, /?o.r (2sp.),
Mti'na, A/osina, Spralelloides, Myctophnm^ Miirana. Achiriis, Microchir, Solea (?),
Synaptiira, et à trois genres nouveaux des familles suivantes : Sparidés, Scopc-
lidcs (2 sp.). Labridés.
On voit qu'il s'agit là d'une faune franchement marine, composée d'un
mélange d'espèces côtières dominantes, avec quelques formes bathyales ou
bathypélagiques.
1244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Rile comprend un certain nombre de genres récents qui sont signalés
pour la première fois à l'élal fossile; mais rintêrêl qu'elle présente réside
surtout dans l'existence d'espèces actuelles bien caractérisées, et de formes
très affines à des espèces vivantes, dont l'ensemble forme près du tiers de la
masse totale des espèces recueillies.
Ce fait très intéressant n'a cependant pas été mis en évidence jusqu'ici,
dans les divers travaux relatifs aux faunes ichtyologiques européennes,
synchroniques de celles d'Oran, et pour lesquelles de nombreuses espèces
ont été créées sans préoccupation, ainsi que l'a déjà indiqué IJassani ('),
de leur identité possible à des formes actuelles.
D'autre part, le caractère de la faune d'< )ran est déjà nettement médi-
terranéen, malgré la présence de quelques types tropicaux (") et de
quelques formes atlantiques communes à la côte occidentale d'Afrique et à
celles de l'Algérie et du Maroc (''). Quant au petit nombre de types pure-
ment atlantiques qui s'y rencontrent, comme d'ailleurs pour ceux de la
catégorie précédente, l'babitat de leurs représentants actu<'ls est entière-
ment localisé aux régions de l'Océan qui jalonnent le bord méridional de
l'ancien géosynclinal transverse : Synodiis atldjiticiis vit sur les côtes de
Madère; Ncnpcrcis atlanlica dans la région du cap Vert; Clinus {Lahri-
somus) nuchipinnis, aux Canaries et aux Antilles.
On peut, par conséquent, les considérer comme paléomédilcrninéens^ en
donnant à ce mot son sens géologique, et leurs formes actuelles ne sont que
Ivi relicies à\\nc faune plus ancienne s'étendant vraisemblablement à toute
la mésogée, et dont le gisement d'Oran nous fournit une trace ( ' ).
La présence, au Sahélien, d'un petit nombre de types tropicaux à afiinilés
indiennes, dans la région méditerranéenne, n'est également que le sou\enir
de faunes antérieures dont le caractère tropical est bien connu et qui ont
émigré vers le Sud-Est, probablement au début des temps néogènes, avant
(') Bassani, La ilhiofutina délie nrgillc marnone plistoceniche di Taranlo e di
Nardo (Alli délia fi. Accadeniia dcllc scie nze fis. c inalh., 2" si'iie, vol. \î, ig".")).
(-) Holocentruni, Clui'todon, Crcnidcns, Spratelloidcs.
(^) Parapristipoma. Batiaclioides.
(■•) Il esl très remarquable, à cet égard, (|ue les mers du Japon, et cei laines parties
du Pacilique Ouest renferment actuellement un pelil nombre d'espèces et de genres
dont on ne retrouve les équivalents ou les très proches parents que dans la Méditer-
ranée cl les parties voisines de l'Atlantique, à l'exclusion complète de la mer Houge cl
de l'océan Indien. L. Joleaud a d'ailleurs déjà attiré l'attenlion sur l'actuelle localisa-
tion, dans c.Mlaincs parties du I'acili(|uc, d'élasmobranclies européens de l'époque
mésczoïiiui'.
SÉANCE DU 17 MAI I92I. IS^S
ijuc la réunion des conlinci;ts asiatique d africain ne fût dénnilivcnicnl
efCecluée.
L'ciiscinhle de ces faits, d'ailleurs partait. 'ment d'accord avec ce quf l'on
sait déjà pour d'autres groupes zoologiqucs marins, a pour conséqui'ncf de
vieillir sensiblement notre faune ichtyologique actu<'lle en en reculant
la date d'apparition dans nos régions, et de montrer sa faible variation
depuis cette époque, conséquence de la fixité probable des conditions de vie
dans le milieu marin méditerranéen, à partir des temps néogènes.
.MORPHOLOGIE DYNAMIQUE. — Le rapport (le la surface alaire à la surface
caudale chez les Oiseau.r. Note de M. A. M.vg\ax, présentée par
M. Edmond l'errier.
Richet, dans son étude sur le vol des Oiseaux ( ' ), s'est préoccupé du rap-
])ort qui existe entre la surface alaire et la surface caudale. Pour calculer
ces surfaces, il a employé la méthode géométrique, c'est-à-dire qu il a com-
paré les ailes à des figures géométriques, rectangles ou triangles. Tout en
reconnaissant qu'il obtenait de celte façon des mesures assez incertaines, il a
estimé qu'il était possible de se contenter de ces approximations.
Il n'a retenu dans son travail que les rapports de la surface alaire à la
surface caudale des ()iseaux bons voiliers et éliminé ceux des Oiseaux
volant mal. 11 a trouvé des rapports variant de 2,8 à i3,9 et une moyenne
générale de G, 8, chiffre qu'il a jugé intéressant parce qu'il indique à peu
[irès quelle doit être, à son avis, la surface de la queue, envisagée unique-
ment comme gouvernail chez les grands et petits Oiseaux.
J'ai été amené, dans mes recherches organométriques sur les Oiseaux, à
étudier aussi le rapport qui existe entre la surface alaire et la surface cau-
dale. J'ai décalqué avec autant d'exactitude que j'ai pu les ailes de ])rès de
400 Oiseaux, déterminés par moi avec précision. Pour cela j'ai étendu les
ailes sur du papier millimétré de façon à donner aux rémiges l'écartement
copiant le mieux celui réalisé pendant le vol et j'ai dessiné alors leur con-
tour, y compris les espaces digités qui se rencontrent fréquemment à
l'extrémité de certaines ailes. J'ai pu avoir ainsi la surface réelle des ailes en
centimètres carrés. J'ai opéré de la même manière pour rechercher la sur-
face de la queue que j'ai étalée au maximum, en ayant soin que les reclrices
restent imbriquées comme dans la nature.
(') Cu. KiciiET el Ch. liiciiET, Obsi-rviUions rclalii'es ait vol des Oiseau.r {Arrliivio
(li Fisologia, \o\.l . 1909).
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les surfaces que j'ai trouvées sont donc aussi proches que possible de la
réalité.
Pour obtenir le rapport cherché, j'ai divisé la surface alaire, directement
mesurée en centimètres carrés, par la surface caudale mesurée de la même
façon.
Je résume dans le Tableau suivant les chiffres moyens que m'ont donné
les différents groupes d'()iseaux, ([ul sont caractérisés chacun par un
genre de vol particulier. Il est évident (jue la (paeue n'est pas uni(juemenl
un organe de vol chez les Oiseaux où elle constitue souvent un ornemenl.
Mais comme je n'ai étudié jusqu'ici (pie des espèces (pii ne sont pas dans ce
cas, les rapports ci-dessous j;ardent tout leur intérêt au point de vue
du vol.
l;a])|i'iit (li; la surface ohaie
ù la surface canclale.
iiiiiyen NUmbirs extrêmes.
lUi — — ««.— ~ _^ ^ Noinlire
corps. .Minlniiiiu. Maximum. iiinven.
, Corvidés 867,5 2,2 3,8 3,3
\ Passereaux 21,6 2,1 5,i 3,3
I Colombins 4oo, .5 2,6 4)4 ^>'^
i Râpa ces diurnes 1600,2 3. i 4,1 3,4
I Gallinacées 616, 5 3,8 4i9 4i '
' Hapaces nocturnes 703,5 3,5 5,5 4, G
t Petits Echassiers 226,4 5 9,8 6,8
\ Palmipèdes à grandes ailes. . . io33,7 6 8,6 6,8
i Grands Eoliassiers 3498,7 6,1 11,1 8,8
V Oiseau.v plongeurs 574,6 5,) 22.1 10, 3
11 ressort de ce Tableau qu'il existe deux séries d'Oiseaux.
1° La série A formée d'Oiseaux terrestres chez lesquels le rapport étudié
eft toujours inférieur à 5,5.
2° La série B constituée par des Oiseaux habitués à vivre dans les régions
aquatiques, et qui, de ce fait, ont souvent à supporter les eflets des grands
courants d'air. Chez ceux-ci. le rapport est toujours supérieur à 5.
C'est ainsi que se classent d'ailleurs ces divers groupes, comme je l'ai
déjà montré ('), lorsqu'on étudie l'acuité de l'aile, c'est-à-dire le rapport
de l'envergure à la largeur de l'aile, et la longueur de la queue. Les Oiseaux
de la série lî ont en effet une grande acuité et une petite longueur caudale :
La largeur de leur aile est très réduite comme celle de leur cpieue.
(') I". HorssAY et \. Mai;nan. L'envcr^'ii/e et la rjitcKe chez les Oiseaux {Comptes
rendus, t. l.'iV, 1912, p. iy) .
SÉANCE DU 17 MAI 1921. 12/17
Les Oiseaux plongeurs possèdent un rapport de la surface alaire à la sur-
face caudale très élevé parce que leur queue est extraordinairement petite,
plus petite que celle des autres Oiseaux fréquentant les rivages et les marais,
mais ne menant pas la vie aquatique et cela par suite du modelage exercé
par l'eau qui a réduit les rectrices en longueur et en poids comme je l'ai mis
récemment en évidence ( ' ).
Ces résultats, bien que présentés sous une forme dilTércnte, ne sont pas
en désaccord avec ceux fournis par Richet. Ils sont intéressants parce qu'ils
montrent qu'une machine volante construite sur le modèle d'un Oiseau bon
voilier comme un Rapace, devrait disposer, à certains moments du vol
et pour l'atterrissage en particulier, d'une surface caudale de 5"' pour une
surface portante de 20'"'. Un appareil conçu pour voler au-dessus de la mer
à la manière des Palmipèdes à grandes ailes, devrait, par contre, être
pourvu d'une surface caudale bien moins importante, celle-ci étant de 2'"', 8
au maximum, pour une surface alaire de 20™'.
HISTOLOGIE. — Uecherches hùlologiques el histochimiques sur l'atrophie
pigmcntnire du foie. Note de M. F. Ladreyt, présentée par M. L. Joubin.
Le foie de Scylliuin caluliis Cuv. qui fait l'objet de la présente Note pré-
sentait une coloration noir bleuâtre et une réduction des deux tiers de son
volume normal. L'examen histologique de l'organe révèle un ensemble de
lésions dont les unes sont aspéci/iques et se traduisent par la plasmoiyse des
constituants cellulaires; les autres sont spécifiques et sont caractérisées par
la transformation pigmentaire de la cellule hépatique. Ces deux ordres de
phénomènes ont une résultante commune, la formation de larges plages de
nécrose dans lesquelles les éléments plus ou moins fusionnés se ramènent
essentiellement à deux types : la cellule vacuolisée dont l'évolution est
conditionnée par la fonte de certaines parties du territoire cellulaire et la
chute du noyau dans le milieu ambiant, la cellule ocracéc ou noire caracté-
risée par des granulations individualisées ou fusionnées en un bloc pigmen-
taire plus ou moins compact. Au milieu de ces éléments, sont épars des
noyaux pycnotiques ou vésiculaires et des granulations de pigment dont la
situation extra-cellulaire est consécutive à la destruction des formations cù
s était accomplie leur évolution.
(') A. M.niXAX, De l'aclion laurbilloniKiire de Veini sur le an-ps. et la <]iieue des
Oiseaux plongeurs {Comples rendus, t. 172, 1921, p. 236).
I24S ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le pigmeiU jaune, successivement traité par l'alcool clilorhydrique ou
sulfurique et le ferrocyanure de potassium, présente les réactions caracté-
ristiques du fer : c'est une hémosidérine que, seule, sa forte liaison avec la
matière proléiquc ne me permet pas d'identifier avec la rubigine de
Lapicciue. Le pigment noir n'est ni un pigment biliaire, ni un pigment
ferrugineux : c'est une mélanine très comparable, par ses réactions, à
riiémofuscine de Recklinghausen. Tandis que l'iiémofuscine se différencie
aux dépens des dérivés hémoglobiqucs, la mélanine évolue tantôt à partir
du pigment ferrugineux, tantôt aux dépens des acides aminés accumulés
dans la cellule du foie pathologique. Nous pouvons donc considérer certains
éléments du foie atrophique comme des formations tout à fait comparables
au\ ainirio-acidopliores dont nous devons la notion récente (et nouvelle
dans l'histologie du pigment) à M. Verne ('); d'autre part, M. Prenant (■)
a signalé, chez les Batraciens, la mélanisation des xanthophores trans-
formés en cellules grises à pigment vraisemblablement amino-acide.
Je n'ai pas tenté d'isoler l'oxydase mélanisante; il m'a semblé que celte
recherche serait d'autant plus stérile que même si j'avais pu extraire ce
ferment, il m'aurait été bien difficile de déterminer si son activité ne relevait
pas d'autres agents. Du reste, pourquoi ne pas conclure plus simplement
que la mélanine représente le dernier terme des transformations que
l'oxygène du fer hépatique fait subir aux acides aminés? Provisoirement
on pourrait sciiématiser cette mélanisation dans la formule hypothétique
suivante :
( l'er -h o\ygène) + substance albumineuse (aiuino-acitles) = mélanine qui devien-
diail, ilans le cas de l'hémosidérine :
( l'er -h oxygène) -)- substance albumineuse (dérivés liémoglobiques) r= hémo-
fuscine. Feut-èlre existe-t-il entre le fer et les amino-acides ou les dérivés liémoglo-
biques certains intermédiaires qui préparent ou déclanclient la réaction, intermédiaires
qui formeraient avec le fer un couple catalytif|ue. Dans ce cas, le ftr représenlerail la
complémentaire active (substance pigmentative de J'renanl), l'intermédiaire (acida-
minase? liémoglobinase?), la complémentaire activante (substance pigmentante de
Prenant), les acides aminés et les dérivés liémiiglobi([ues, l'accepteur.
Dans le foie do notre Scylliiim, ja pigmcntogeiièsc parait reh'ver de deux
processus différents : la topographie, la forme et l'évolution des milochon-
dries et des chromochondries jaimes semblent m'autoriser à conclure que
l'hémosidérine et une partie de la mélanine se développent aux dépens
(') C. R. Soc. liiol., 1919, et 7/icse, Paris, 1921.
(-) C. H. Soc. liio/., 1920.
SÉANCE DU 17 MAI I921. I2/19
d'iia siibslraliuu chondiiosoinKiiic; une partie de riiémofusciiic provient,
au contraire, de la mélanisation des acides aminés. T'ans les éléments peu
niélanisés, en elYet, l'eau dissout une quantité relativement considérable du
contenu cellulaire; le phénomène inverse se produit dans les formations
contenant de nondjreuses granulations noires. Ces faits, suivis sous le mi-
croscope, sont confirmés par l'examen histochimique de certains éléments
(réactions xantlioprotéique et de Millon positives, réaction du biuret néga-
tive, etc. ) et la formation de beaux cristaux d'acides aminés (lyrosine et
leucine surtout) après évaporation sur lame des produits d'hydrolyse acide
des cellules hépatiques.
Conclusions . — A. Lo foie atrophique de ScYlUnm catuhts Cuv. présente :
1° de larges plages de nécrose, dont l'évolution relève de la plasmolyse ou
de l'homogénéisation des constituants cellulaires; 2° des cellules pigmen-
tées jaunes (hémosidérine) ou noires (hémofuscine). — B. Tantôt la mélanine
peut être considérée comme l'état définitif du pigment ferrugineux et recon-
naît, comme son générateur, une origine mitochondriale ; tantôt elle se
différencie aux dépens des acides aminés de certaines cellules hépatiques
(amino-acidophores de Verne). Dans aucun cas, mes observations ne m'ont
permis d'envisager la participation directe des éléments nucléaires à la for-
mation de l'hémosidérine ou de l'hémofuscine.
BIOLOGIE. — Recherches sur la toxicité du milieu intérieur des Ruiracicns
Urodcles vis-à-vis de leurs œufs. Note de M. A. Weber, piésentée par
M. Henneguy.
.l'ai déjà exposé comment les œufs de Triton alpestris, greffés dans la
cavité péritonéale d'adultes de même espèce, sont tués rapidement, s'ils
sont inoculés à des mâles, un peu moins vite chez les femelles [' ). J'ai
repris ces expériences et je suis arrivé à préciser certains points.
L'œuf de Triton se détache de l'ovaire et, après avoir passé dans la cavité
péritonéale, s'engage dans l'oviducte où il est fécondé et où il s'entoure
d'un liquide transparent et d'une coque élastique et résistante. L'œuf ne
se segmente jamais avant la ponte; il ne commence à se développer que
quelques heures après.
(') A. Weber, Gre/fes d'œu/s de Batraciens Urodèles dans la cai-ité péritonéale
d'adultes de la même espèce {Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 83, 1920).
C. R., 1931, i" Semestre. (T. 172, N» 20.) 9^
I2Jo ACADÉMIE DES SCIENCES.
.le n'ai pas encore pu déterminer à quel moment appaiail la sensibilité
de l'œuf vis-à-vis du milieu interne de l'adulte. Il est probable que celte
sensibilité à l'égard d'une substance tovique, qui existe même cbez la
mère, n'apparaît qu'après la fécondation.
Dans une Note qui paraîtra dans les Comptes rendus de l' Association des
analomisles de 1921, j'ai cherché à préciser le temps nécessaire pour
amener la mort de l'œuf de Triton cristatus greffé sur adulte. Ce temps est
d'environ 5 minutes chez le mâle, voisin de 10 minutes chez la femelie.^l.a
survie de l'd-uf est plus longue dans le péritoine du père ou de la mère ou
chez les Tritons à qui la rate a été extirpée.
J'ai observé également un phénomène curieux, l^n greffant successi-
vement des œufs sur le même adulte, Triton a/pestris ou Triton cristatus, la
toxicité vis- à-vis de l'œuf disparai t et ne réapparai t même pas après 24 heures.
Il semble que les œufs introduits dans la cavité péritonéale, puis retirés,
aient progressivement absorbé la substance toxique du milieu intérieur de
l'adulte.
■l'ai repris ces différentes expériences sur Triton cristatus et Triton alpes-
tris et j'ai constaté que le pouvoir toxique de l'adulte pour l'œuf diminue
très rapidement avec la vie en captivité. Ainsi un mâle de Triton cristatus,
qui a séjourné plusieurs mois eu aquarium, ne tue plus Foinf greffe dans son
péritoine au bout d'une heure, alors que nouvellement capturé il le lue en
5 minutes. J'ai fait des constatations identiques chez Triton a/pestris. La
toxicité de l'animal élevé en aquarium diminue; elle ne se manifeste plus
que par un retard apporté au développement.
Ainsi, des o'ufs fécondés, non segmenlés, de Triton alpestris sont greHés
successivement dans la cavité péritonéale de leur adulte, mâle ou femelle,
et retirés chacun après un séjour d'une heure. Les trois premiers œufs ino-
culés ont un retard de développement considéiable. tandis (pie les autres
évoluent normalement.
Alors que le premier de ces o^ufs se trouve au stade de quatre blasto-
mèrcs, incomplètement séparés, le cinquième montre déjà seize cellules de
segmentation. Le développement se continue normal pour tous ces œufs.
Les larves s'édifient; lorsque celles provenant des premiers œufs montrent
encore une plaque médullaire étalée, les dernières ont une gouttière ner-
veuse en voie de fermeture. ( )n constate une assez grande fragilité des
larves à développement ralenti, quchpios-uncs meurent duiaiit les premiers
stades de leur édification.
SÉANCIÎ DU 17 MAI 1921. I25l
La suhslaiice toxique du uiilieu iutérieur des Triions, capable de luer
lapidemenl les (luifs de leur espèce, s'atténue donc par la vie en captivité.
EWe possède alors une action retardatrice sur le développement, mais non
téralogène.
J'ai répété les mêmes expériencrs et obtenu les mêmes résultats en opé-
lant in ritro avec du sang do Triton prélevé au moyen d'une pipette dans
le ventricule cardiaque. En plongeant successivement plusieurs œufs dans
le plasma centrifugé, j'ai constaté que la substance toxique ou retardatrice
du dév(>loppement, lorsqu'elle est atténuée, existe dans le sang. Des
passages successifs d'onifs peuvent l'absorber totalement; les premiers
œufs sont tués ou retardés dans leur évolution, les derniers se développent
normalement. Le sang des Tritons femelles "agit toujours avec moins
d'intensité et de rapidité que celui des mâles.
Supposant que c'est cette substance toxique qui empêche les œufs de se
segmenter dans l'oviducte avant la ponte, j'ai procédé à des greffes d'œufs
de Tritons dans la cavité périlonéale d'un Batracien Urodèle ovo-vivipare,
Spelcroes fascus ; ces animaux étaient du leste en captivité depuis plusieurs
mois. La toxicité du milieu intérieur de Sprlerpcs pour les œufs de Tritons
est assez considérable, surtout en ce qui concerne les mâles; les œufs sont
tués chez ces derniers en moins d'une demi-heure; chez les femelles l'œuf
n'est tué qu'après une heure de séjour.
En greffant des œufs de Triton successivement sur des Spelcrpes adultes
mâles ou femelles, je suis arrivé facilement à amener la disparition de cette
toxicité.
A c.e point de vue, les Spelcrpes se comportent absolument comme des
Tritons.
Il est bien probable que leur toxicité vis-à-vis des œufs de ces derniers
provient d'une substance comparable et non pas simplement du fait de
l'introduction d'un œuf dans un milieu intérieur différent de celui de son
espèce.
Ou bien la substance en question est inoffensive pour les œufs de Spe-
lcrpes, ou bien elle est arrêtée par la paroi de l'oviducte dans lequel se
poursuit le dévelo[)pement.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Recherches sur In présence dans les Météorites, h-s
Pierres dures, les Minerais, le Quartz, le Granité, le liasalte, les Cendres et les
laves rolcani(jues, d'ori^anites susceptibles de reviviscence et sur leur résis-
tance aux hautes températures . Note de M. V. GalippecI M'""" G . Soufflaivu,
présentée par M. Henneguy.
Avant d'aborder la question des Météorites, nous devons revenir sur nos
recherches sur les fossiles. Bien qu'ayant répondu par avance aux objec-
tions relatives à l'introduction possible dans les fossiles de microrganismes
venant de l'extérieur, nous avons eu recours à des expériences démonstra-
tives en portant des fossiles à une température variant entre 200°et34o°C.
Il est évident qu'aucun microrganisme vivant ne saurait résister à de
pareilles températures et cependant les résultats obtenus ont été les mêmes.
Ces organismes ont pourtant vécu, édifié des tissus, des organes et assuré
leur fonctionnement. Au cours de la fossilisation, ils ont subi une sorte de
rétrogradation, identique à celle des tissus au milieu desquels ils vivaient.
Ils ont perdu leur eau et leur matière organique. Celle-ci a été remplacée
par des éléments minéraux. Ils ont suivi une marche inverse dans nos
expériences et ont récupéré ce qu'ils avaient perdu. Leur cycle est indéfini
et ils seront toujours capables de donner naissance à des êtres vivants.
Météorites. — Nos expériences ont porté sur 21 spécimens que nous devons à
raniabililé ùe M. Stanislas Meunier. En voici Ténumération : M. de /Vetv-Co/icord
d'h'risis/ieim, de Juvinas, de Chassigny, de lieusle de Tadjera, de Jelica: Fer del
Inca, Pierre de Kerillis, de Pultusk, de lowa, de huyiéné, de Rulham, de Sindré,
de Stanneru, d'Ornans, Teilletils, 1 riquerre Parnalée, Setier-Counly, Fer de
liendayo.
La techni<|ue suivie a été la même que celle appli(|uée aux fossiles. 1. 'examen
microscopi(|ue direct des météorites a prouvé qu'elles renfermaient sans exception
des corpuscules ovoïdes doués ou non de mouvements. Les ensemencements se sont
montrés constamment positifs. Nous avons perlé un certain nombre de ces météorites
à une température variant de 'Tioo" à 335° C. Cette élévation de température n'a eu
aucune influence sur les résultats obtenus. Ces expériences démontrent ((ue les
météorites, quelle que soit leur composition, renferment des organiles susceptibles
trôire revivifiés et de se multiplier.
Pierres dures. — Nos expériences ont porté sur les spécimens suivants : turquoise,
opale, agate, onyjc, marbre rouge; gris-veiné, obsidienne, pecfistein, /hiorure
de calcium (deux spécimens). Bon nombre de ces pierres ont été soumises ii plu-
sieui'S séries d'expéiiences. La leclinique employée a été la même cpie pour les
I
SÉANCE DU 17 MAI 1921. ia53
méléoriles. Nous avons jiorlé un certain nombre de ces pierres à des Lempéralures
variant entre 33i" et 335° C. Les examens miscroscopiques directs ont montré que
toutes ces pierres renfermaient des corpuscules ovoïdes doués ou non de mouvements.
Tous les ensemencements ont donné des résultats positifs. Ces expériences sont
absolument comparables aux précédentes.
Minerais. — Mos expériences ont porté sur les spécimens suivants : pyrite en
rognons., p. cristallisée, minerai de fer de Soniorostro, fer oligiste terreux et cris-
tallisé, hématite, stibine, wolfram, acerdèse, tourmaline, c/ialcosine, galène,
blende, cuivre natif. Le plus grand nombre de ces minerais a été porté à des tem-'
pératures variant entre 9.00° et 34o° G. avant d'être mis en expérience. Les examens
microscopiques directs ont constamment montré la présence dans ces minerais de
corpuscules ovoïdes doués ou non de mouvements. Les ensemencements ont tous
donné des résultats positifs.
Quartz. — A. été l'objet de nombreux e3sais,'les uns par la méthode antérieurement
décrite, les autres avec du quartz porté à 200° C. et enlin avec du quartz fondu à
1800° C. et porté par surcroît à la température de 3 10° C, avant d'être mis en expé-
rience. Tous ces essais nous ont donné des résultats positifs. Les examens microsco-
piques directs nous ont montré que, en dépit des hautes températures employées, la
poudre de quartz était douée d'une vie intense et renfermait un nombre considérable
de corpuscules ovoïdes ou arrondis et doués de mouvements très vifs.
Granité et basalte. — Technique habituelle avec résultats positifs. Puis le granité
et le basalte ont été portés à des températures variant entre aoo" et 800° C, sans que
les résultats aient été modifiés. Le basalte fondu à i3oo° C, d'après le procédé du
D'' Ribbe (de Mauriac) et porté par surcroît à 335° C, avant d'être mis en expérience,
a donné des résultats identiques. Les examens microscopiques directs nous ont tou-
jours montré un nombre considérable de corpuscules ovoïdes doués de mouvements.
La poudre de basalte, même fondue, renferme plus de corpuscules ovoïdes doués de
mouvements que celle de granité.
Cendres et laves du Mont-Pelé (don de M. le professeur Lacroix). — Nous a\ons
fait un très grand nombre d'expériences sur ces produits volcaniques, d'abord avec
nos procédés habituels, puis sur ces mêmes produits portés à une température variant
entre 120" et 323° G. Tous nos ensemencements nous ont donné des résultats positifs.
L'examen microscopique des cendres nous a permis de voir de nombreux corpuscules
ovoïdes doués de mouvements très vifs. 11 en a ét^ de même poui^ la lave. On peut
supposer que les cendres et la lave du Mont-Pelé ont subi une température de 1800°
à 2000° C.
On admet ojénéi'aleiiieiitqu<> la vie s'est d'aboi'd développée dans les eaux
sous la forme de microrganisines, ancêtres de tous les êtres vivants. Au fur
et à mesure que s'opérait le dépôt des sédiments, ces microrganismes ont
été entraînés avec eux et y sont restés inclus. Sous l'influence de pressions
violentes, les sédiments se sont solidifiés et ont subi une fusion partielle;
d'autres modifications se sont produites par l'action d'infiltrations gazeuses
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU liquides: les roolies ont pris Taspccl cristallin ou se sont luélamorplii-
sées. Toutefois, les microrganismes inclus dans ces roches n'ont point perdu
de leur aptitude à la reviviscence et ont conservé une vie latente. Us se sont
minéralisés, perdant leur eau et leur matière organique. C'est ainsi que nous
les retrouvons dans nos examens directs sous forme de corpuscules ovoïdes
généralement doués de iiiouvements, alors que souvent les particules miné-
rales les plus fines n'en préscnleni pas. Nous pensons que si la ihcoiie de
l'agitation moléculaire était absolue, elle n'aurait pas montré d'aussi nom-
breuses exceptions dans les conditions comparables de nos examens et nous
inclinons à considérer ces mouvements comme une manifestation de la
vie des organites. Quand il s'agit de sphérules d'origine organique, on
peut, à volonté, arrêter leurs mouvements par l'emploi de matières tincto-
riales. Quoi qu'il en soit, nous retrouvons ces corpuscules ovoïdes dans nos
cultures où ils se multiplient et se transforment. L'emploi comme déminé-
ralisateurs de réactifs chimiques favorise leur reviviscence et leur évolution,,
mais leur inicrvcntion n'est pas indispensable et l'on peut concevoir que. si
tous les êtres existant actuellement à la surface du globe venaient à dispa-
railrc, la vie pourrait renaître grâce aux organites que nous avons décr-its
el qu'elle demeurerait indestructible. La malièii- n'est pas inerte, elle con-
stitue, au contraire, un réservoir inépuisable de vie.
l'AlUSlTOi.OGlE. — Sur un lrYi»inosnme de la Chauve-soinis, \ esperugo
pipistrellus, à Jormes critiuiliennes intratissulaircs et crstigènes. Hypothèse
relative à rêtiologie du gott/v endémique. Note de MNL Ei)or.4iiD Cii.4ttox
et ItoBERT CocRRiEii, présentée par M. Laveran.
En Basse-Alsace, le Vesperugo pij)islre//u.<! esl assez fréipiemment parasité
par un trypanosome dont l'év^ulution rappelle celle jusqu'ici unique en son
genre du Schizotrypanurn Cruz-i, agent de la trypanosomiase humaine
américaine ou maladie de (^hagas. Nous le trouvons chez lo pour loo
environ des pipistrelles.
Sa forme sanguine est incapable de multiplication, et le parasite ne j)ro-
lifère qu'à l'état de formes crithidicnncs peu mobiles, sédentaiies inlratis-
sulaires. (.les crithidia constituent dans les organes des amas sphéri(|ues,
kystiques, volumineux, résullanl de la miillipllcalion sur place des llagellés.
Au terme de cette uailtiplication, une séi ie de scissions précipitées des cri-
SKANCE DU 17 MAI 1921. 1355
lliidiii [irodiiil de aoiubreiix Irypanosoiiics (jui se répandciil dans la ciicu-
lalioii où ils ne se divisent plus.
Nous avons obtenu la culture de ce trypanosome sur milieu Novy-Neal-
INicolle. Elle est remarquable et se distingue des cultures de Irypanosomes
réalisées jusqu ici par l'abondance, la prédominance des formes trypano-
sonies sur les critbidia ([ui sont les formes culturales normales. La puce de
la pipistrelle présente une infection intestinale à crithidia de deux types
dont l'un correspond à celui des critbidia intratissulaires des cbauves-
souris. Nos expériences en cours nous fixeront sur le rôle de cette puce
dans la propagation du parasite.
Précisons la description des principaux stades de son évolution cbez la
Pipistrelle :
1" Formes crithidiennes en amas enl;ysl<is. — Elles sont de forme aide dimensions
très constantes. Le centrosome anténiicléaire est toujours bacilliforme. La membrane
ondulante est très courte, mais fonctionnelle. Elle imprime aux parasites des mouve-
ments d'oscillation sur place, faibles mais faciles à coostater dans les amas kystiques
observés à l'étal frais.
2° Siège et slruclure des (Unis kysikjttcs. — Nous les trouvons dans les organes
suivants: estomac et intestin (muqueuse et sous-muqueuse), vésicule biliaire, rein,
\e3sie urinaire, rate, ovaire, utérus, èpididyme, toujours et exclusivement dans le
tissu conjonctif. Sphériques ou ellipsoïdaux, mesurant jusqu'à aoof- de diamètre, ils
sont circonscrits par une capsule fibreuse jamais épaisse et souvent très mince. Dans
ces kystes, mélangés aux parasites, se voient des blocs formés par un ou plusieurs
noyaux hypertrophiés appartenant à des cellules dont ie protoplasme a complètement
disparu. Cette constalalion l'ait présumer mais ne suffit pas à établir que le parasite
est il l'origine intracellulaire.
Des cellules circonscrites par l'infection peuvent être nécrosées sans être envahies.
3° Transformation des crithidia en trypanosonies dans les hysles. — Les Irypa-
nosomes ne se rencontrent que dans les plus gros des kystes. Ils sont beaucoup plus
grêles que les crithidia et bien plus tassés les uns sur les autres quoique l'esjjace dis-
ponible soit plus grand. D'où nous concluons que le passage de la forme crithidia à la
forme trypanosome s'accompagne d'une brusque prolifération des ilagellés. Le cenlro-
sonie, de bacilliforme, est devenu ponctiforme.
4° Trypanosonies du sang circulant. — Ils sont comme le Schisolrypaniim
Cruzi du type Lavisi, mais plus petits. Ils ne montrent aucune figure de division
dans le sang.
5" Relations de l'infection sanguine avec l'infection lissulaire. — Cette relation
est démontrée par les constatations suivantes ; Sui- 35 chauves-souris dont le sang
a été examiné et ensemencé, 3 seulement ont montré des trypanosonies à l'examen
direct et les ont aussi fournis en culture. Chez ces 35 chauves-souris, les kystes lissu-
laires avaient été recherchés dans les organes après la saignée. Seules les trois pipis-
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1256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trelles à Irypanosomes ont présenté des kystes à crilliidia et à livpanosonies. l'Ius
encore, la densilé de l'infection sanguine est en rapport direct avec le nombre des
kystes dans les organes. Des trois chauves-souris, deux n'avaient que de rares try-
panosomes et de très rares kystes, la troisième beaucoup de trypanosomes et de nom-
breux kystes. La coexistence de crilliidia et de trypanosomes dans certains kystes
est une autre preuve des liens génétiques qui unissent les deux formes.
L'existence de trypanosomes cliez les chauves-souris a été maintes fois
signalée. Sept auteurs difTorents en ont trouvé chez Vesprriigo pipistrellu.s.
Aucun d'eux ne fait allusion au cycle évolutif que nous décrivons ici, ni
même à l'existence de formes tissulaires.
Charles Nicolle et C. Comte (1909) qui à Tunis ont obtenu et entretenu
pendant très longtemps des cultures du Irypanosome de Vespertilio Kulili
n'ont jamais constaté les formes trypanosomes si abondantes dans nos cul-
tures. Mais nous ne croyons pas qu'il y ait là de raisons suffisantes pour
affirmer dès maintenant l'autonomie spécifique du parasite que nous
étudions.
Une autre question pour l'instant nous préoccupe davantage : le trypa-
nosome de la Pipistrelle est un Schizotrypanum, le seul connu après celui
de la maladie de Cliagas; on sait que les signes dominants et constants de
cette infection sont les signes thyroïdiens : goitre, myxti'dème.
Certes le goitre endémique banal n'est pas à confondre avec la maladie
de Chagas. Mais, entité morbide analogue, ne peut-il êtie attribué à une
cause analogue "? Son étiologie est encore des plus obscures.
Ses relations avec la constitution chimique des eaux, avec la physiologie
génitale varient avec les régions. Et loin d'exclure un facteur d'ordre topo-
graphique, elles l'imposent à l'alteiilion. Il y a des foyers de goitre (la
Basse-Alsace en est un), comme il y a des foyers de paludisme ou de
bouton d'Orient. Le goitre est géographiquement localisé comme ces
maladies dont le virus est en relation étroite avec la faune, qu'il y ait son
animal réservoir, ou son animal vecteur, ou les deux à la fois.
Il nous est permis de nous demander si les chauves-souris, tjui hantent
les habitations humaines et qui peuvent contribuer à entretenir certains
des parasites de l'homme, ne joueraient point ce rôle de léservoirde virus
du goitre, maladie parasitaire, schizotrypanose.
Il faudra rechercher d'ailleurs si, parmi les trypanosomes dos Mammi-
fères et spécialement des Insectivores, il ne s'en trouve point qui pré-
sentent les formes viscérales caractéristi(|ues des Schizotrypanums, et qui
SÉANCE DU 17 MAI 192I. 1257
ppuvenl conliihuer à cnlrelenir certains des parasites de l'iiomme, aptères
ou ailés.
La fréquence bien connue du goitre dans les régions humides et mon-
tagneuses du globe suggère le rôle probable, comme vecteurs, de diptères
à larves aquati([ues : culicides, chironomides, simulides, tabanides.
MICROBIOLOGIE. — Du poa\'uir a^g/uUnant du sulfate de thorium sur
les spores f/' Vspergillus fumigatus Fr. Note de MM. A. Sartouy et
P. Baillv, présentée par M. L. Guignard.
En étudiant les variations du pouvoir agglutinant du sérum sanguin en
présence des sels de terres rares, nous avons été amenés à rechercher
l'action directe de ces sels sur des éniulsions parfaitement homogènes de
spores àWspergilhis fumigatus Fr.
Nous nous sommes servis pour nos expériences de solutions de sulfate de
thorium dans l'eau bidistillée au -^j y^, ~, r^, 7^, ^, ^j-^, j^,-, ttstî
et Tiiw I' 6st important d'utiliser une eau très pure si l'on veut éviter en les
mélangeant des troubles et même des précipités pouvant gêner les réactions
d'agglutination.
Les émulsions des spores sont obtenues de la façon suivante. Une culture
àWspergillus fumigatus sur pomme de terre âgée de i5 à 20 jours est mise
dans un matras avec 5o""' d'eau bidistillée, on agite vigoureusement (au
moyen d'un agitateur mécanique) pendant i heure environ, de manière
à obtenir un mélange aussi parfait que possible. Ce résultat atteint, on filtre
sur un tampon de colon. ( )n obtient un liquide trouble contenant les spores
en suspension. La vérification est faite par l'examen microscopique.
Dans une série de luhes à liémolyse, nous déposons successivement i'"™' des solutions
titrées de sulfate de thorium, nous ajoutons ensuite dans chaque tube i'''"' d'émulsion
de spores. Four chaque série d'expériences figure un tube témoin qui contient 1""'
d'eau bidistillée et 1""' d'émulsion. Nous possédons alors une série de tubes dont les
dilutions sont les suivantes: (i) rsir» (2)âTo> (3) rJôi (4) tôW> (») jirôo> (6) ttooo.
(7) TT?oô> (8) jrôoo, (9) Tû-JoT)> (10) 5oiirû- Le tout est placé à l'étuve à .^7°.
Au bout de i5 minutes, nous oliser\ons dans les tubes (4) et (5) un louche
iilanchàtre formé par de petits llocons très ténus; les tubes (3) et (6) présentent aussi
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celle parlicularilé mais a\ec moins de nellelé. Après 3o mimiles, nous conslalons
que dans les lulies (4), (5) el (6), les (locons plus denses s'agglomèrenl el c|ue le
liquide s'éclaircil. Dans le tube (3), l'agglulinalion est moins caraclérislique. I'>nfin,au
lioul de 45 minules, l'agglulinalion esl lolale dans les lul)es (4 ), (5) el (6 1, el le licpiide
esl alors parfallement limpide, les llocons sonl Noiumineux el Inniiienl au fond. Dans
le tube < 3) l'agglulinalion n'est toujours que pa nielle et dans les tubes ( 1), (a), (7),
(''*)> (9) ^^ ('o) et le tube témoin, elle esl nulle. Nous conliniHuis il'cxaminei' de
i5 minules en i;") minutes l'ensemlile des tubes et nous conslatons, au licmi de 1 lnMire
i5 minules, une agglutination totale dans le tube (3) el une très faillie agglulinalion
dans les tubes (7 ), (8), (9), (10) qui \ a en augnienlaiil sans jamais de\ enir lolale.
A.près 2 heures le tube (2) présente également une faible agglutination fjui
malgré le temps restera partielle. I-.e lube (i) el le témoin restent identiques, c'est-à-
dire ne présentent pas de phénomènes d'agglutination même après 12 heures d'étu\e
à 37°.
Les flocons siml ensuite examinés au microscope, il> sont unii|uement constitués pai'
des spores englobées dans un fin réliculum formanl ainsi des paqi els plus ou moini;
\olumineu\. Les agglutinations microscopiques et macroscopiques sont donc des plus
nettes.
En résumé, de ces expériences nous pouvons conchiro : 1" que l'agglu-
lination est fort nctle du -~ au j^\ 1° qu'elle est maxiniuiu el rapide au
riTôV^'- ir;:?' 3° qu'au 7^ et aux taux supérieurs à n;^ elle esl très faible;
4" qu'elle esl nulle avec des soltilions très concentrées.
T^es expériences efTecluées dans les mêmes conditions avec des sels de
lanthane, erbium, yttrium, néodjiie et praséodyne ont toujours donné des
résultats négatifs, à savoir aucune agglutination. Jl est intéressant de
rappeler et do rapprocher ici les travaux de Frouin el Moussalli qui ont
montré que le pouvoir bactéricide el agglutinant du thorium était plus fort
que celui des autres terres rares sur le bacille pyocyanique el les bacilles de
la d\ssenterie.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Lésions du systciiie iicivcux dans Ir lypliii^
exiinthêmatique et leur rapporl avec la nèvrke ascendante. INole de MM. (î.
Marinesco el E. Cracu'x, présentée par M. Roux.
Dans les formes graves de typhus cxanthémaliqui' les lésions sont géné-
ralisées à tout 11' système nerveux central cl périphérique, aux ganglions
spinaux et à ceux des nerfs crâniens. Il existe dans tous les nerfs i)ériplié-
riques, mixtes, moteurs ou sensilifs, un processus de péri-endonévrite se
SÉANCE DU 17 MAI 1921. 1269
propageant de la péripliéiic vers la profondeur où il pénètre grâce aux alté-
rations des vaisseaux entre les fibres nerveuses. Ces lésions consistent dans
la multiplication des éléments cellulaires des gaines conjonctives et dans
l'iniiltration du tissu conjonctif péri et interfasciculaire. En dehors de ces
altérations on constate, de dislance en distance, la présence do nodules qui
alTectent des rapports intimes avec le trajet des vaisseaux. Ces nodules sont
de forme et de dimensions variables. Sur des coupes longitudinales ils
sont fusiformes et disséminés dans toute l'épaisseur du nerf; néanmoins ils
sont un peu plus nombreux à la surface.
Ils sont oonstilués d'habitude par des lymphocytes, des mononucléaires
basophiles, des polynucléaires et des cellules provenant de la gaine des
vaisseaux. Excepltonnellement nous avons trouvé des nodules constitués
exclusivement par de grosses cellules vésiculeuses; quelques cellules plas-
matiques et polyblaslcs, à la périphérie.
Au voisinage des nodules il peut se trouver des hémorragies et les globules
rouges forment des traînées qui s'infiltrent entre les fibres nerveuses, de
sorte que, sur des coupes transversales, les dernières paraissent plongées
dans une suffusion sanguine. F^es nodules dissocient et écartent les fibres
nerveuses, mais d'habitude on ne voit pas des fibres dégénérées. A leur
voisinage les cellules de la gaine de Schwann sont gonflées, leur proto-
plasme augmente de volume et sont riches en granulations pyroxinophiles.
Ces cellules ne jouent qu'un rôle tout à fait secondaire dans la formation des
nodules. Ceux-ci sont très abondants dans les nerfs sensitifs (brachial
cutané) et l'on peut les suivre sur tout leur parcours jusqu'aux ganglions
spinaux qui offrent des réactions inflammatoires accusées, que l'on peut voir
aussi bien à la surface que dans l'intérieur du ganglion. Il existe dans les
ganglions une infiltration des petits vaisseaux précapillaires, consistant
dans la présence d'un grand nombre de cellules plasmatiques et de lympho-
cytes, infiltration surtout accusée entre les cellules ni'rveuses, de sorte qu'il
se forme autour de ces dernières une espèce de nodule péricellulaire qui
comprime, à divers degrés, la cellule nerveuse.
En dehors de ces nodules péricellulaires il y en a d'autres qui ressemblent
aux nodules rabiques, à la formation desquels les cellules satellites prennent
une part importante. Des ganglions le processus vasculaire s'étend le long
des racines postérieures, se propage jusqu'aux méninges et dans la moelle
épinière. Le nombre des mast-zellen est augmenté dans les nerfs périphé-
riques, com me dans les ganglions. Le pi'ocessus inflammatoire des méninges
I26o ACADÉMIE DES SCIENCES,
est constitué par l'infiltration diffuse des gaines adventices et du tissu
propre de l'arachnoïde et de la pré-mère. Dans ces dernières on aperçoit
des mononucléaires basophiles, des lymphocytes, quelques polynucléaires
et des macrophages. Les lésions de la moelle épinière portent sur la subs-
tance grise et la substance blanche, mais elles sont plus accusées dans la
première. C'est surtout dans celle-ci qu'on voit un grand nombre de nodules,
très abondants dans les renflements lombaire et cervical ; leur structure
varie, dans une certaine mesure, suivant leur siège.
Dans la substance blanche ils sont plutôt lâches et constitués, pour la
plupart du temps, par des cellules névrogliques, presque exclusivement par
des astrocvtes, tandis que dans la substance grise, où ils sont compacts, ils
présentent une constitution histologique plus complexe-. A leur formation
prennent part des cellules à noyau oblong, recourbé, souvent en division
directe, des noyaux ronds et plus foncés, quelques cellules plasmatiques des
polynucléaires et des lymphocytes. Il n'y a qu'à la périphérie des nodules
compacts que les cellules névrogliques sont hypertrophiées ou même multi-
pliées. Toujours dans la substance blanche on voit des rosettes et des nids de
cellules névrogliques, autour des petits vaisseaux. L'infiltration des vais-
seaux précapillaires et pour la- plupart des veinules s'accuse à mesure qu'ils
se rapprochent de la substance grise. Dans le bulbe il y a les mêmes
lésions, mais les nodules siègent de préférence dans les olives.
Les lésions du cervelet, en dehors de la méningite, consistent dans la
présence des nodules, d'aspect arborescent, qui ont été si bien décrits par
Spielmeyer. Ils sont constitués par des cellules névrogliques, en bâtonnet
ou de forme triangulaire. Les nodules sont très nombreux dans les tuber-
cules quadrijumeaux. Ils sont plus rares dans la couche optique et les
corps striés, plus nombreux dans l'écorce cérébrale du lobe frontal, parié-
tal et temporal et fait défaut dans l'occipital où cependant il y a une ménin-
gite assez accusée.
L'analyse des lésions que nous venons de décrire nous autorise d'admettre
que le virus du typhus exanthématique véhiculé par la voie sanguine,
comme cela a été démontré par Ch. Xicolle, se propage aussi par voie
lymphatique, ainsi que le témoignent les altérations de névrite ascendante,
constituée par une phase de névrite intoislilielle, phase ganglionnaire, mé-
ningitique et médullaire.
SÉANCE DU 17 MAI 1921, 1261
MÉDECI.NE EXPÉRIMENTALE. — Conservation du virus aphteux par le froid.
Note de M. Chaules Lebaii.ly, présenlée par M. Roux.
L'étude expérimentale de la fièvre aphteuse est reprise périodiquenient
à l'occasion des épizoolies, mais les conditions sont alors défavorables,
puisqu'on est exposé à expérimenter sur des animaux qui possèdent pour
une raison ou une autre un degré souvent gênant de résistance (immunité
provenant d'une atteinte antérieure, immunité conférée aux jeunes par le
lait des animaux guéris).
Il y aurait grand intérêt à possédiT en tous temps dans les laboratoires
un virus actif de façon à expérimenter dans l'intervalle des épidémies sur
des animaux sans passé aphteux.
lyOeffler, Roux et Nocard ont conservé à la glacière la sérosité aphteuse,
soit pure, soit diluée dans l'eau salée physiologique. Ils ont constaté qu'elle
y gardait son activité pendant un mois ('). J'ai' répété ces expériences et
réussi dans les mêmes conditions à garder le virus généralement bien
qu'inconstamment actif pendant 26 jours au voisinage de 0°.
Etant donnés les résultats avantageux que l'on obtient en gardant la
pulpe vaccinale à basse température — iS^à 18°, on pouvait espérer allonger
considérablement de même la durée de conservation des produits aphteux.
J'ai tenté cette conservation avec un appareil fonctionnant entre — 4°
et — 8°; 800™' de sang d'un bovin en pleine période fébrile ont été recueillis
aseptiquement dans un llacon renfermant 5o""" d'une solution stérilisée de
citrate de soude à 10 pour 100 dans l'eau distillée, puis répartis en petits
llacons. La température n'étant pas suffisamment constante, le virus s'est
trouvé soumis à des alternatives fâcheuses de gel et de dégel.
Au bout de i5 jours cependant 10™' de ce sang ont conféré en "> jours
par inoculation sous-cutanée à deux bovins une fièvre aphteuse typique et
intense.
Le même virus s'est encore montré actif au bout de 72 jours à la dose de
10""' en inoculation sous-cutanée. L'animal d'expérience, un ba:'uf de
18 mois, a contracté le septième jour une fièvre aphteuse classique avec
symptômes très violents : aphtes buccaux énormes et multiples, aphtes des
espaces interdigités, dyspnée, température atteignant 4o°, 8.
(') Cosco et Agiizzi ont plus récemment gardé du sang aphteux virulent pendant
plus d'un mois au froid.
1262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
11 n'est pas douteux qu'à l'aide d'appareils l'rigorifif[ues lonclionnanl
régulièrement on puisse arriver à des résultats bien supérieurs et mes expé-
riences sont continuées dans ce sens. La congélation, emprisonnant le
microbe inconnu et les éléments du sang, paralyse les réactions humorales
et les oxydations qui ont pour effet d'atténuer, puis de faire disparaître la
virulence.
Il est à peine nécessaire de l'aire remarquer l'importance pratique de tels
résultats. Nous avons dit plus haut combien il était désirable de posséder en
permanence au laboratoire un virus aphteux actif. Celle condition indis-
pensable de l'expérimentation en dehors des périodes d'épidémi<' nous parait
à présent réalisée.
La séance est levée à iG heures.
ERRATA.
(Séance du il\ mars 1921.)
Noie de M. L.-E. Dickson, La composition des polynômes :
Page 63;, ligne /), au lien de \, . .., Y„, lire X,, .... \„ ; lignes 9, 21, 2G, au lieu
de (z), lire (2); ligne 3i, au lieu de opérations, /ire hypothèses; ligne 82, au lieu
de considérer, lire considérez.
Page 639, lignes 1 1 et 15, au lieu de q dans le dénominaleur. lire 9.
(Séance du 18 avril 1921.)
Note de M. A. Dubois, Sur la constitution du smalt :
Page 975, ligne 4i "" ^'^" '^^ l'impératrice IMarie-l.oiiise. lire rimucinlrice José-
phine.
(Séance du aï) avril 1921.)
Note de M. Delépine, Sur les racémiques actifs :
Page io5i, ligne 3o, intervertir les nombres ±93» et ±63°, 8.
SÉANCE UV 17 MAI 1021. 126'^
ltllM.KTI\ ItlIlI.IOCKAPIlIQlTE.
Ouvrages reçus dans les séances de mars iq"". i.
Calciilo de las Piobahilidades, par D. Manuel Velasco de Pando. Madrid, de For-
linel, 1920; I vol. So'-'"'.
Vector Calculas, bj' Durgaprasanna Biiattacharyya. Calcutta, Université, 1920;
I vol. 21'"'.
A new graphical Solution of llie Probleni, wliat position a train of concentra-
ted loads musl hâve in order to cause tlie greatest stress in any given part of a
bridge truss of girder, by Henry T. Eddy. Extrait des Transactions of the Ameri-
can Society of civil Engineers, 1920. (Présenté par M. le général Sebert.)
A New graphical Method of conslrucling the Entropy Température Diagram
of a gas or oil engine froni ils indicator card, by Henry T. Eddy. Extrait des
Transactions of the American Society of Mechanical Engineers, 1899. (Présenté
par M. le général Sebert.)
The Electromagnelic Theory and the Velouty of Lighl, by Henry T. Eddy.
Extrait de Physical Review, igoS. (Présenté par M. le général Sebert.)
The Properlies of Superheated Steam, by Henry T. Eddy. Extrait of The Min-
nesota Engineer, 1909. (Présenté par M. le général Sebert.)
The mechanical Principles of Brennans Mono-Rail Car, by Henry T. Eddy.
Extrait from the Journal of the Franklin Inslilule, 1910. (Présenté par M. le
général Sebert.)
Slab Defleclion and subsidence of Colunin supporto in a floor lest of interna-
tional Hall, Chicago, made seplember igiS, by Henry T. Eddy. Extrait from the
Journal of the Franklin Institute, 19 16. (Présenté par M. le général Sebert.)
J he Theory of tlie Flexure and Strength of Rectangular flat plates applied to
Reinforced Concrète Floor Slabù by Henry T. Eddy. Minneapolis, Rogers et C°,
1918; I vol. 28"=". (Présenté par M. le général Sebert.)
7 he graphical 7 reatment of Allernating Currents in branching Circuits, by
Henry T. Eddy, i9i4- (Présenté par M. le général Sebert.)
Steel stresses in fiai Slabs, Henry T. Eddy. Extrait des Transactions of the Ame-
rican Society of civil Engineers, i9i4' (Présenté par M. le général Sebert.)
A further Discussion of the Steel stresses in Flat-Slab Floors, by Henry T. Eddy.
Extrait des Transactions of the American Society of civil Engineers, 1914. (Pré-
senté par M. le général Sebert.)
On the Distribution of the Energy stored in reinforced concrète Beams and
column-supported, Flat-Slab Floors, by Henry T. Eodv. Extrait from the Journal
of the Franklin Inslilule, 1918. (Présenté par M. le général Sebert.)
1264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Aullagcndritckliii icii und Dcreii Eigensclial'ien, par voii II. T. Eddv. Berlin, von
Ernst et Korn, 1890. (Présenté par M. le général Seberl.)
Concrete-Steel Construction. Part I : Buildings, by Hiixnv T. I'^ddy. Allnneapolis,
1919; I vol. 23='".
La théorie de la relativité restreinte et généralisée (mise à la portée de tout le
monde), par A. Einsti:iî«, traduil par M"" .1. Piouvifciii:. Paris, Gaiilliier-N illars, 1921;
I vol. 18™.
L'élher et la théorie de la relativité, pir Albert Einstein, tia<luit par iMairice
SoLOViNE. Paris, Gaulliier-Villars, 1921; i vol. iZ"".
Hôpital de l'Institut de France. Chirurgie de guerre et d'après-guerre, par
AuciiSTE Broca. Paris, Masson, 1921; i vol. 25"'°. (Présenté par M. (Juéiiu.)
Vie d'Élie Melchnikoff (i8'i^)-ig^6), par Olga Metchnikoff. Paris, Hachette. 1920;
I vol. 21'^"'. (Présenlé par M. Roux.)
Conseil international de reclierclies. l :iion géodésique et géophv>ique internatio-
nale. Section d'océanographie physique. Bulletin n° 1. Venezia, Carlo Ferrari, 1921;
1 fasc. 29"".
Détermination des positions géographiques par les méthodes des hauteurs égales.
par F.J. DuARTE. Paris, J. llermann, 1920; i vol. 25"'".
\ . S. A. Congress. A Bill to fuc the metric System of weights and measures as
the single standard for weighls and measures, by Briptin. ^N'asiiinglon, 1920;
I fasc. 26'^'°. (Présenlé par M. Guillaume.)
Union internationale de la Cliimie pure et appliquée. Statuts et Règlement. Paris,
Secrétariat général, s. à.
The spiral Orbit in celestial Mechanics, by .1. G. U. Goedhart. \e\v-Vork, 192 i;
I fasc. 22'^'".
Typhus Fever ivith particular Référence to the Serhian Epidémie, by Hir.iiARi)
P. Strong, George C. Shattuck, A. W. Sellards, Hans Zinsser, J. Gardner Hoi'k;ns.
Cambridge (Mass.), 1920; i vol. 26'=°'.
ACADEMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 23 MAI 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Geouges LEiMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGA.DÉMrE.
M. le Mi.visTRE DE l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
amplialion du Décret en date du i4 mai 1921 portant approbation de
l'élection que l'Académie a faite de M. Georges Urbaus pour occuper, dans
la Section de Gliimie, la place vacante par le décès de M. E. Bouiquelot.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Georges Urbain prend place
pa
rmi ses confrères.
M. le Président annonce la présence à la séance de M. Tkowbridge,
professeur de physique à l'Université de Princeton.
M. Paul Appell donne lecture de la lettre suivante qui lui a été adressée
par M. Mittag-Leffler, Correspondant de l'Académie:
S. M. le Roi Gustave garde avec joie le souvenir du jour mémorable où
son auguste père, le Roi Oscar II, parvenu à l'âge de soixante ans, le 21 jan-
vier 1889, eut l'occasion d'accorder une haute distinction, dans un concours
institué par lui, en même temps au grand Français Henri Poincaré et à
vous, Monsieur le Recteur. Aussi Sa Majesté m'a chargé de vous adresser
en son nom une demande.
Lorsque la nouvelle tragique de la mort de Poincaré, qui était alors à
l'apogée de sa carrière, parvint dans noire pays, il fut décidé que les Actd
C. R., igîi, I" Semestre. (T. 172, N» 21.) 9^
I2G6 ACADÉMIE DES SCIEN'CES.
malhematica suédois, qui depuis leur fondation, il y a bienlùt quarante ans,
sont sous le patronage du Roi et qui ont été inaugurés par la publication
d'un des émincnts travaux de Poincaré pour ensuite en donner une série
ininterroriipue de vingt-quatre autres dus à sa plume, consacreraient un
volume spécial à l'étude des différentes parties de l'o'uvre du grand savant
qui a posé tant de fondemenls dans les diverses branches des sciences mathé-
matiques. Ce volume, qui s'ouvre par un compte rendu de Poincaré hii-
même sur ses propres travaux, vient de païaître, et Sa Majesté m'a chargé
de vous prier, vous l'intime ami de jeunesse et en tant d'occasions le colla-
borateur de Poincaré, de le présenter en Son nom à l'Académie des Sciences
qui, pendant vingt-cinq ans, a pu associer le nom immortel de Poincaré à
ceux de tant d'autres que la science compte parmi les plus grands.
M. Appeli. s'exprime ensuite en ces termes :
Le Tome 38 des Acta malhemalicd , que j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie des Sciences, est entièrement consacré à la mémoire de notre
confrère IIr.vri Poincaué.
Le volume s'ouvre par un compte rendu de Poincaré lui-même sur ses
propres travaux; vient ensuite un rapport sur la théorie des groupes et sur
les travaux de M. Cartan, que Poincaré a lu au Conseil de la Faculté des
Sciences de l'Université de Paris la veille de son opération; viennent
ensuite diverses lettres de Poincaré à M. Mittag-Leffler et à L. Fuchs,
suivies de lettres de L. Fuchs à Poincaré; le volume contient également un
bref article qui m'a été demandé par M. Miltag-Lefiler sur Henri Poincaré
en mathématiques spéciales à Nancy; une lettre de M. Pierre Boutroux à
M. Mittag-Lcftler, relative à la méthode de travail de son oncle. Après une
importante notice de notre confrère M. .lacques Hadamard sur l'œuvre
mathématique de Poincaré, vient une Note de M. Wien sur l'œuvre de
Poincaré en physique, une Note de M. Lorenz, relative à deux Mémoires de
Henri Poincaré sur la physique malhématicjue, un article de M. Zeipel sur
l'oeuvre astronomique de Henri Poincaré, ime Note de Planck sur Henri
Poincaré et la théorie des qucnita; une Note de notre confrère M. Paul
Painlevé.sur Henri Poincaré.
Ce Volume était à peu près imprimé il y a cinq ans, mais la guerre en a
retardé la publication. Il présente un très grand intérêt, comme hommage
à la Science franraise elcomme contribution à l'Histoire des mathématiques.
SÉANCE DU 23 MAI I921. 1267
CHIMIE ORGANIQUE. — Acide acrylique et ètliers acryliques. Acides et éllicrs
lialogcnopropioniquest Note de MM. Charles Moureu, Makcci. Mliiat
et Louis Tampiek.
Si l'acide acrylique CH- = CH — CO-H, le plus simple des acides non
satinés, n'a jusqu'ici lait l'objet que d'un nombre relativement restreint de
Lccherches, la raison en est, sans nul doute, dans les diUîcultés que présen-
tait sa préparation. DifTérents procédés ont été donnés (Redtenbacher,
Claus, Caspary et Tollens, Wisliceniis, Moureu, Biilmann, etc.). Celui
que l'un de nous a indiqué ('), consistant à soustraire les éléments de
l'acide chlorhydrique à l'acide [i-cbloropropioniqueCH-Cl — CH" — CO-II,
qu'on obtenait par l'oxydation nitrique du « chlorhydrate d'acroléine »
(CH-Cl — CH- — CHO)", rencontrait un gros obstacle dans la prépara-
tion de la matière première, l'acroléine CH- = CH -CHO, longue et
pénible à obtenir et d'une grande instabilité. Une telle difficulté n'existe
plus maintenant. Grâce à la découverte récente de procédés de l'abrication
industrielle et de stabilisation de l'acroléine (-), on peut se procurer aisé-
ment, aujourd'hui, des quantités quelconques de cet aldéhyde à l'état pur,
et nous nous bornerons à indiquer qu'au cours des expériences qui lont
l'objet de la présente Note on en a traité plusieurs kilogrammes.
Nous avons réussi à améliorer notablement la susdite méthode de prépa-
ration de l'acide acrylique, et il nous a été alors possible d'exécuter sur
l'acide acrylique une série de recherches, les unes d'ordre physico-chimique
et les autres d'ordre purement chimique, dont nous résumerons ici les
points principaux.
I. Préparation de l'acide acrylique. — Le « chlorhydrate d'acroléine »,
obtenu en saturant de gaz chlorhydrique sec l'acroléine refroidie à — i5°,
est oxydé par 2,3 parties d'acide nitrique de densité i,49 à i5°. L'attaque
étant très vive, on opère sur de petites quantités; on refroidit au début,
pour terminer sur le bain-marie. Après refroidissement, on étend d'eau et
l'on épuise à l'éther; la liqueur éthérée ayant été séchée sur le chlorure de
calcium et l'éther chassé par distillation, on distille le résidu dans le vide.
La fraction qui passe à iio°-i3o" sous 20""" ne tarde pas à se prendre en
{') Cil. MoLREU, Ann. de Chini. el de Phys.^ ■j'^ série, t. i, 189^, p. 191.
(-) Ch. Moureu et K. LiiPiPE, Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 885. — (ai. Moiniîi.
Cii. Dlfr.4!SSe, l^. Robin et J. t'ouGNEi, Coinpies rendus, t. 170, 1920, p. '26.
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une niasse de cristaux fondant à ^o''-^^", constitués par de l'acide f:J-cliloro-
propionique pratiquement pur.
Ce dernier est chauffé à reflux, pendant un qnart d'heure, avec 2'""'
de soude caustique en solution aqueuse (au ^ environ), on ajoute 0™°', G
d'acide sulfurique, on épuise la liqueur à Télher (bien exempt d'alcool),
et la liqueur éthérée, après lavage et dessiccation sur le chlorure de cal-
cium, est distillée. On sépare d'abord l'étber (à la colonne), et le résidu
est distillé dans le vide. ( )n recueille, passant à 'i7*'-52° sous i^""", l'acide
acrylique pratiquement pur.
Le rendement, à partir de l'acide ^-chloropropionique, est de 80 pour 100.
Calculé à partir de l'acroléine, il est de !^o pour 100. Il nous parait encore
susceptible d'amélioration.
II. Caractères et cimstatiti's physiques de l'acide acrylique. — L'acide
obtenu ci-dessus est d'emblée sensiblement pur. Kedistillé, il passe à 48°. 5
sous i5°"°. Déterminé sur un échantillon résultant d'une série de congéla-
tions Iraelionuées, le point de fusion était de 12°, 3 et le point d'ébullition
de \[\i°.(S sous 752™™. On a trouvé, en outre : D!r= 1,0600 (liquide en
surfusion); D'4?'= i,o5i i ; ÎNf" = i, 'l-24i d'où R.M. = 17,42 (cale. 17,22).
^ous donnerons encore ici les constantes suivantes [mesures récentes (')
de Moureu et Boutaric] : chaleur moléculaire de neutralisation (par la
soude en liqueur étendue) : i3'^'^',85; chaleur moléculaire de combustion :
327''-'', 9; conductivité moléculaire limite (à 18") : 35o mhos: constante de
dissociation (à 18°) : K = 5,6. io~".
III. Action des acides /lalo/ndriqties sur l'acide acrylique. — Linne-
mann a signalé que les acides halohydriques s'unissent à chaud (les autres
conditions ne sont pas spécifiées) avec l'acide acrylique en donnant les
acides [i-halogénopropioniques. et Wislicenus, en chauffant à 130° l'acide
acrylique avec la solution saturée d'acide iodhydrique, a obtenu l'acide
p-iodopropionique CH-I — CH- — CO'H.
Nous avons reconnu que les gaz HCl, HBr et III attaquaient à Iroid
l'acide acrylique en donnant, avec rendement inlégial, les acides p-halo-
génés. La réaction est très énergique avec le gaz iodhydrique : à partir
de /i^»4 d'acide acrylique, on a obtenu ii«,8 d'acide iodé (cale. i2«).
IV. Elhers de Vacide acrylique et des acides '^-halogénopropioniques. —
L'clhérilication directe de l'acide acrylique, avant nos recherches, n'avait
pas, à notre connaissance, été réalisée. Quelques élhers avaient été obtenus
(')./. de Chiin. phys., I. 18, ty.îO, p. 3^8.
SÉANCE DU 23 MAI I921. 1269
par voie détournée, nolaiiiment en traitant par le zinc les éllicrs dibron)o-
propioniques CH-Br — CHBr — CO-R (Gaspary ^n ToUens). Nous avons
réussi, sans difficulté spéciale, à préparer quelques étlicrs acryliques en
cliaullant l'acide avec l'alcool correspondant en présence d'acide sulfurique
(10 pour 100).
En second lieu, étant donnée la facilité générale avec laquelle les dérivés
3-lialogénopropioniqaes perdent les éléments des acides halohydriques sous
l'aclioii des alcalis, nous avons pensé qu'on pourrait obtenir les éthers
acryliques en traitant les éthers [3-lialoi;éno])ropioniques par une hase
tertiaire, comme la diéthylaniline, qui soustrairait les éléments de l'acide
halohvdrique en respectant la fonction éther-sel. ?Sos prévisions ont été
confirmées par l'expérience : l'élimination s'effectue à chaud d'après l'équa-
tion suivante :
CII^X— CtP-C02R+C'lIt>i(C-ll )- = CH^=:CH-CO^R + C"H'\(CMl)^HX.
Réciproquement, nous avons pu fixer aisément les acides halohydriques
sur les éthers acrvliques et former ainsi les mêmes éthers haloi;énopropio-
niqucs :
CIl^^CM— C0M^» + 11.V = CH-\-ClI^— CO-R.
Voici quelques-uns des corps obtenus. Plusieurs n'avaient pas encore été
préparés. Nos constantes s'écartent souvent de celles qui ont été données
par les différents auteurs.
Acrylate de mclliyle CFP== Cil — CO-Cll' : Mb. 8o»,5 sous 761"""; Dîf z= 0,9.558;
N{r= 1,4^7. — p-chloropropionate de mélhyle CIPCI — CH^ — CO^CIP : Eb. i/iS"-
1.50° sous 760™"; [)jr= 1,1874; N{r= 1,4319. — '•j-bromopropionale de métliyle
CIPBr— CIP— CO^'CII': Eb. 80° sous 27'""'; 1)1"= i,48So; Ni;'= i ,46o3.
Acrylate d'élhyle Cir^= CH — CO^C'-H^ : Eb. 99°. 8 sous 761"""; 01?'= 0,9288;
Nir= i ,liO-]i. — '^-chloropropionale d'élhy le CRiCi—Oi^—CÂy Cn\' : Eb. i62»,5
sous 761™"; Dlf = 1,1141; N{)'°=:'i ,4284. — P-iodopropionate d^éthyle CH-I — CFP
— GO- G- H° : Eb. n6°-i 17° sous 45™"; Dl'' =; i ,7040.
Acrylate de butyleCW'—Cn — CO-CH^— GH^— GH^— CH' : Eb. og° sous 25'""';
Djr^ 0,9117; No°^ 1,4254. — p-broniopropioiiate de butyle GH-Br — GH-
— GO^G'-H'-' : Eb. i22°,5 sous iS'"'"; \f:— 1,2778; N?;= 1,4577.
Acrylate d'isoamyle (Z\\'=^C\\ — CO-C/'H" : Eb. 7i°-72°sous 22™"'; Dir^o,907o;
N],-^ 1 ,4287. — <^-bromopropion(ite d'isoainyle Cll-I-!r — CH- — CO-C'H" : Eb. 1 to°-
iii" sous 11"'"'; D'.= 1,2020; NJ, =1 i,455G.
Acrylate de benzyle CH' = CH — GO-CM- — C" H' : Eb. iio''-iii° sous 8'^™;
0'!=: 1 ,0690; iN'o = 1 ,0282.
Ic/-j7a/erfe/He/t//ij/eCH-=:CH — CO-C'H''' : Eb. 128» sous t8'"'"; D!.r = 0,9810;
Nir= 1,4024.
ACADEMIE DES SCIENCES.
ÉLECTROTECHNIQUR. — Gènériililés de hi rcpréxcntation topoi^rapliiqur cirs
couples (les mnlears a courants alternatifs. JNole de M. Andrk IJloxdel.
J'ai exposé antérieurement à l'occasion des moteurs synchrones ( ') un
mode de représentation de la valeur du couple des moteurs fondée sur le
tracé de courbes de couples constants, dont l'ensemble peut être considéré
comme représentant une surface topographique; pour simplifier, j'appellerai
une épure de ce genre un tnpoi^ranmie des couples. J'ai montré également
que le même mode de représentation s'applique à la rcprésenlalion des
puissances transmises par des lignes électriques.
Plus généralement, on peut appliquer à tous les moteurs à courants
alternatifs la même représentation, grâce aux deux théorèmes suivanls :
Théorème I. — Quel que soit le type de moteur polypiiasé alimenté à
potentiel constant, la résultante du courant vectoriel du stator 1, et du
courant vectoriel du rotor l^ multiplié par un facteur vectoriel constant est
constante. (On distinguera ici les vecteurs par un trait horizontal.)
Désignons, en effet, par R, la résistance du stator, par !>, son coefficient
de self-induction, par Z, — R, -+-j^s>\^^ son impédance vectorielle, par M le
coefficient d'induction mutuelle entre le stator et le rotor (coefficient vec-
toriel dans les moteurs polyphasés M = M |a) et par U, la tension appli-
quée auv bornes du stator; tous les moteurs donnent lieu à une même équa-
tion vectorielle des forces électromotriccs.
(!) Z,r,+,/Âïr,= U,
qui, divisée par Z,, devient une équation vectorielle des courants
z, z,
Le second membre de (2) représente le courant vectoriel constant 1,
qu'on obtiendrait en supprimant le rotor. Le premier membre se compose
de deux vecteurs : le vecteur I, et le vecteur \., multiplié par le simple
coefficient vectoriel _!'" • Cela démontre la propriété énoncée.
Portons î, suivant une droite dirigée OA partant «le l'origine (*),
(') Ac? n(o/('H/-.v .«v/jc/i/o/fM (Gaulliier-\ illai's, l'ari-; 1889).
C) Le lecteur peiil faire iiisémenl la ligure lui-mênu-, en suixant le lf\le.
SÉAXCE DU 2 3 MAI I921. I271
et -1' L suivant un autre segment dirigé AS. La lésullante ( )S repré-
sente I, vecteur constant. Les points () et S étant fixes, on a ainsi un
diagramme bipolaire permettant, pour chaque point A, de déterminer F,
en fonction de L, ou réciproquement. Par exemple, si l'on se donne
OA = l|, L est donné en grandeur par AS : -^- Pour ramener ce courant
en pliase^ il faut le faire tourner, dans le sens des retards, de l'angle
constant y,, argument du facteur vectoriel -n- la -1- y,, c'est-à-dire
7: o,L, H,
(i) ."/i ^^ ''*'■'-' 1311 g -j— ^ arc lang — j— •
Théorème II. — Dans tout appareil composé de deux parties susceptibles
d'un mouvement de rotation de vitesse relative ù et agissant l'une sur
l'autre par induction mutuelle (coefficient M), le couple mécanique C a
pour expression générale, en désignant par 1, et L les courants dans
chacune des parties, et par 0 l'angle que font entre eux les enroulements
correspondants,
(.',) C = MI,I,MnO.
En effet, la considération de l'énergie montre que la puissance dépensée
pendant la rotation a pour expression générale :
(5) P = f„MI,I.,cos(^ — 0 ) =iMMl,l2sino.
L'expression (4) se rencontre, par exemple, dans la théorie du galvano-
mètre où, en né considérant que de faibles écarts, 011 remplace sino par
1 arc 0.
Dans le cas du moteur asynchrone ordinaire, 7. = 0; c'est ce qu'on
admettra dans la suite.
Le vecteur OA qui représente I, peut se mettre sous la forme suivante,
en désignant par .v et y ses deux composantes rectangulaires :
(f.) (JA=î, = ,r+,/r.
Désignons par a et h les deux composantes rectangulaires du vecteur
constant OS. Le vecteur AS qui représente L en grandeur pourra s'écrire
(7) ÂS=^L |^, = («-,r)+,/(6-v).
1272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le vecteur représentant 1^ en grandeur et en phase sera le vecteur AS tourné
de l'angle (x -t- y, ),
(8) A'S=: ^r2=[(« — ,r)H-y(^— j-)][cosy,— ysiny,]
ou, en développant,
{9) A'S — (rt — .r)cosy,+ ( i — y ) siiiy, +y[(/^ — j) co.-y,— (a — j-)siiiy,].
Pour effectuer le produit cherché à parti]- de (i) et de (9), il suffit de
calculer à l'aide des projections le produit
(10) ^— l,l,sino= i[(« — ./' ) cosy, H-( /y — r) siny,]
— ^-[(A— V)cosy| — (rt— ./■)siny,].
En ordonnant par rapport aux puissances décroissantes de x., et de y^ et
en posant
(11) — 1^ Ml, I., sin 0.
7
cette équation devient
M G
(12) jr--i- J-2+ x(/>colyi — rt) — j(a coly, + ^;) = 1
ou aussi
, ,, / icoly,— rt\= / rt coly,-|- /j\'^ M ('. LJ
V 2 y V 2 I L, <i 4cos-yi
Le centre de tous les cercles d'égal couple ' C = const.) a ainsi pour^coor-
données
a - b coty,
a cnly, J- b
et le rayon a pour expression
'^ V -|Cos-y, I
1 cos-y, l.,7
Pour C = o, le rayon est égal simplement à ;; — ^- Ce cercle passe par
l'origine O; donc le centre N des cercles du topogramme des couples sera
sur la perpendiculaire élevée sur OS en son milieu, et sur une droite faisant
avec OS 1 angle - •
SÉANCE DU l'i MAI 1921. 1 2'j'S
. On vérifie d'ailleurs que hi lieu de ces centres quand y, varie a pour
équalion
( 1 < I ) a.i\.-\- bVc — )
qui représente une droite normale au milieu de OS.
Le mode de représentation des couples par topogrammes est moins direct
que celui que l'on emploie ordinairement et qui consiste à mesurer la dis-
lance du cercle des diagrammes circulaires à une droite fixe. Mais il a le
grand avantage d'être beaucoup plus général et de s'appliquer mêrne quand
le diagramme des courants n'est pas un diagramme circulaire.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Visite of/îcielle
de S. A. S. LE Pai\t;E de Monaco aux Etats-Unis.
L'Académie nationale des l'^tats-Unis m'ayant décerné sa grande médaille
d'or pour l'année 1920, je viens de me rendre à Washington où devaient se
réunir pendant trois jours plus d'une centaine de ses membres qui appar-
tiennent à tous les Etats de la République.
L'accueil que j'ai reçu a été tel que je tiens, comme associé de l'Institut
de France, à vous le faire connaître avec le sentiment que me laisse, au point
de vue des intérêts du monde civilisé, un contact pénétrant avec l'élite du
peuple américain.
L'Académie nationale avait tenu à marquer son action personnelle vis-
à-vis de mon voyage, en donnant à l'un de ses membres les plus illustres,
Fairfield Osborn, président du Musée d'Histoire naturelle de New-York,
la mission de me recevoir à mon arrivée dans cette ville; et, pendant une
semaine, le savant paléontologiste m'accompagna dans les milieux intel-
lectuels les plus distingués. L'un d'eux, la Société de Géographie, décida
aussitôt de me donner sa grande médaille d'or pour 1921. Enfin la Société
américaine des Explorateurs m'associa, par la r<'mise d'un magnifique
diplôme, au groupe remarquable qui la constitue.
Huit jours plus tard, à Washington, dans une réunion solennelle de
l'Académie nationale où les progrès de l'Océanographie ont été célébrés
d'une façon superbe par le Président et par plusieurs orateurs, la médaille
d'or me fut remise.
Il intéressera sûrement mes Confrères de notre Académie de savoir que,
après avoir entretenu pendant un mois des rapports continuels avec l'élite
1274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des hommes de la Science,- de la politique et des alTaires. je suis revenu liés
confiant dans la résolution partout exprimée chez les Américains, de faire
participer les Etats-Unis aux efforts qui se produisent en ce moment pour
établir la paix du monde sur des bases solides et équitables, c'est-ii-dire
pour que la France et ses alliés n'aient pas à subir les conséquences rui-
neuses d'une guerre déchaînée par les ennemis de notre civilisation et pra-
tiquée sans aucun égard pour les engagements d'honneur ou pour les
mœurs de l'humanité moderne.
Dans les divers milieux de New -York et de ^Vashinglon. parmi les
hommes les plus distingués de l'activité américaine sous toutes ses formes,
je n'ai pas cessé d'entendre exprimer des sentiments conformes à lindigna-
tion ressentie par tous les peuples qui assistèrent dans la personne de leurs
combattants aux actes mille fois répétés de la barbarie allemande. Cons-
tamment j'ai entendu formuler par des hommes dont les qualités morales
atteignent la valeur intellectuelle, l'impossibilité, pour un peuple aussi
grand, de ne pas accompagner jusqu'au bout ceux qui défendent en ce
moment le droit, le progrès et la liberté. J'ai participé à des repas intimes
qui rapprochaient des hommes éminents auxquels on voulait faire pro-
noncer devant moi leurs vues sur la situation actuelle : partout j'ai reconnu
le même ton, le même ensemble; et si l'on pouvait remarquer des voix
timidement indulgentes envers les coupables, elles parlaient régulièrement
d'un milieu très spécial de la presse, connu de tout le monde. En somme,
l'impression que je rapporte est celle-ci.
Le culte de la Science est en grand honneur aux iàats-Unis, il monte
visiblement sous l'impulsion de beaucoup d'hommes remarquables étroite-
ment mêlés à toutes les classes sociales.
Après un mois de séjour dans ce pays, je suis imprégné d'un optimisme
que mont donné les sympathies et les tendances d'une majorité considé-
rable; optimisme qui, d'ailleurs, n'avait jamais été troublé que par les
malentendus rapidement dissipés ensuite par des missionnaires géniaux de
la France. Aujourd'hui, qu'ils soient républicains ou démocrates, les Amé-
ricains sont tous réunis dans une même pensée autour du souvenir vivant
de Lalayetle et des fondateurs de la République.
Si la guerre européenne recommençait, les Américains reviendraient-iis
chez nous? Oui, si la guerre était amenée par une mauvaise loi évidente de
l'Allemagne; alors c'est aussi la voix de leurs morts qui les appellerait.
SÉANCE DU 2^ MAI 1921. 11-5
GÉO.MÉTRIi: IMIMTKSIMALK. — Sur les systèmes 31 do/it loutes les droites
appartiennent à un complexe linénire. Note de M. C. Giiciiard.
Je suppose toujours; que l'axe du complexe coïncide avec le troisième axe
de coordonnées. Je considère un déterminant ( ) d'ordre \
A =
[Los notations sont celles de mon Ouvrage Sur les systèmes triplement
indéterminés et sur les systèmes triple-orthogonaux (Collection Scientia)\.
Soit maintenant G une droite qui décrit dans l'espace ordinaire un sys-
tème "îl, les paramètres directeurs de G pourront toujours être représentés
par
i. x' , x^.
Les coordonnées complémentaires qui rendent le système 31 sont
.;■' et .r-.
On a ici
Ou,
àr-_
On,
, ,. Ox'
<7"j
En se reportant aux résultats de ma précédente Note, on voit que si la
droite G décrit un système formant un complexe linéaire on devra avoir,
avec un clmix convenable des variables //,. u.^, u.^,
On voit que tout revient à trouver un déterminant A possédant les pro-
priétés (^i). De ces équations on déduit
Je p'ose maintenant
(3) X, = -
X,=
x.=
Le point M qui a pour coordonnées X,, X., X-, décrit un >ystème triple
orthogonal. Je désignerai par [/(,i les fonctions de Lamé pour le système M
1276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
el par ] p,v,|) '^s fonctions ^i,/, qui leur correspondent. On a
(t) 1/'.|=— ^^> |/'2l=--^' |/'3|= —
el, par suite,
Les formules
permettent de calculer les | ^3,^, j. En particulier on trouve
^21 I — r-ii— — — — T' I r'iîl — ^12 . , ,
( )n voit que l'on a
(6) 13,,1 = |?,,|.
( )n trouve des systèmes triples connus (hr. cil.. Chap. IX).
Quand on possède un système triple possédant les propriétés (6), il y a
parmi les systèmes parallèles une infinité de systèmes possédant la pro-
priété (5). Avec un tel système on pourra très simplement remonter au
déterminant A.
En partant du déterminant A on peut facilement former les systèmes
cherchés. Pour cela je forme dans un espace d'ordre !\ un système point < )
(X,. Xo, X., X. ) en prenant, pour les fonctions de Lamé, les valeurs
(7) fh=ç^, /i.= lh fh = il
qui satisfont hien aux équations
à/>, . ,
Dans ces condiliims les dérivées de X, sont les mômes que celles de ^r^;
je choisis la constante d'intégration de telle sorte que
(8; \,.= .r\
Je pose maintenant
(9) \-io, V,:-\,4-p.r', \,— \,-i-pr-, Y3=\, + pjr% Y. — \j + p.i-'.
Le point qui a [)Our coordonnées (V, Y,, '^ ,, Y.,, ^ ., ) dans un espace
SÉANCE DU 23 MAI 1921. I277
d'ordre (5) décrit quand p varie seul une droite; l'ensemble de ces droites
forme un système T. La projection d'un tel système sur l'espace ordinaire
forme un système 31. Il en résulte que la droite définie par les équations
(im) Z,= (p, Zi = X4-4- px*, Zjr^ X3-I- px"''
décrit un système 31; en tenant compte de la relation (8) on voit que celte
droite appartient à un compleve de paramètre i; par une homothétie on
obtiendra un système 31 dont 1rs droites appartiennent à un complexe de
paramètre quelconque.
(.)n sait qu'à un système droite 31 sont assemblées deux séries de systèmes
points O (systèmes triples orlbogonaux). On obtient ces systèmes O, en
donnant dans les formules ( ro) à p la valeur fixée par l'équation
(II) Y,±:jV,= C,
C étant une constante. Soient P le point qui décrit un tel système; A, B, C,
U, I'], F les centres de courbure des trois surfaces de Lamé. (Ces centres de
courbure sont placés comme l'indique la figure (i) de l'Ouvrage cité.] On a
alors les propriétés suivantes :
Lrs droites AD, BE, CF appartiennent au complexe. Parmi les svs/émes
droites assemblées au système V, il y a une infinité de systèmes appartenant an
complexe.
Il y a une infinité de systèmes V parallèles au système V et tels que les
droites analogues aux droites AD, BE, CF rencontrent l'axe du complexe.
Enfin, en cboisissanl convenablement les variables «,, u.,, u.^, on a les
relations
■-:t •: o ;:t o p --3 o p
-1 — r'2:l i-'-"l2- t3 — H31 |-'l:S' ^:l — Hl2 f'H
qui caractérisent la représentation sphérique des systèmes (P).
llEMAnniE. — On aurait pu se poser un problème plus général. Trouver les
couples de systèmes 31 tels que les droites correspondantes des deux systèmes
soient conjuguées par rapport au complexe. On est ramené à la recbercbe des
systèmes O opposés ilans l'espace ordinaire (loc. cit., Chap. IX).
M. Georges Urbain fait hommage à l'Académie d'un ( )uvrage intitulé :
Les disciplines d'une science. La Chimie.
M. Paui. Janet s'exprime en ces termes :
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie uu Ouvrage inti-
tulé : Problèmes et Exercices d'Électricité générale. Cet Ouvrage est destiné à
1278 ACADÉMIE DES SCIENCES.
domiei- aux étudiants l'occasion d'appliquei- correctemeiil les lois générales
de ri'^lectiicité et du Magnétisme sous des formes vaiiées, et à bien com-
piendie le sens physique des méthodes du calcul différentiel et intégral ; un
certain nombre d'applications mécaniques simples montrent le lien étioit
des deux sciences et donnent l'occasion de se seivii' à de fréquentes repiises
du principe de la Conservation de l'ICnergie.
Je dépose également sur le bureau le Tome 1 de la cinquième édition de
mes Leçons d' /ileclrotechnique générale.
M. Aimé Witz fait hommage à l'Académie d'un Ouvrage intitulé : Lrs
<>a~osèni's et l'économie du combustible.
ELECTIONS.
Par 36 voix contre 8 à M. G. de Toni et 3 à Sir David l'niin, M. Jea.\
Massaut est élu Correspondant pour la Section de Botanique, en rem-
placement de M. P/effcr, décédé.
Par la majorité absolue des suffrages, M. Charles ^Iouiiei: est élu
Membre de la Troisième Section de la Commission technique de la Caisse des
recherches scientifiques.
PLIS CACHETÉS (').
M. (jrEoiKiEs BoiRGuiG.vox demande l'ouverture d'un pli cacheté reçu
dans la séance du 9 octobre 191G et inscrit sous le n" 8317.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note intitulée :
La chronuxie dans les élals pathologiques chez l' homme.
(Renvoi à l'examen de M. A. d'Artonval.)
(') Séance du 17 mai 1921.
SÉANCE DU 23 MAI 192I. 1279
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie invite l'Académie a dési-
gner un de ses Membres qui la représentera au sein de la Commission per-
manente de Standardisation, réorgAnisèc par le Décret du 11 janvier 192 1.
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage posthume de M. NoisL Bernard, inlilnlè : Principes de
Biologie végétale. (Présenté par M. J. Costantin.)
2" Les fascicules 9 (2'' Partie), 17 et 18 (2"= Partie) des Études
de Lépidoptérologie comparée, par Ciiari.ks Ouerthijr. (Présenté par
M. E.-L. Bouvier.)
3° Faune malacologique terrestre et Jîuviatile des des Mascareignes, par
Loiis GrR.MAiN. (Présenté par M. L. Joubin.)
.\" L'élevage industriel des salmonidés, par Euc-kne Jlillkrat.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les discontinuités des solutions
de certaines équations de Fredholm. iSOli' de M. Gaston Jilia.
l. On envisage Téquation de Frcdliolni suivante :
(1) . /i.r)^l f^ia-, z)/{z)dz = o{x),.
ç.(a.-) est holomorphe dans une région A du plan des .r; C est une ligne joi-
gnant deux points a et h dans la région iK ; N(j7, =) peut s'écrire
-. , Gf.r,;)
(j et H étant holoaiorphes lorsque x et ^- sont dans Jl. Mais H(.r, :■) peut
s'annuler dans iil : ou, d'une façon précise, z décrivant C de a à ù, l'équa-
ti(m H(a:,r) = o admet des racines .t(:;) intérieures à A, et lorsque r décrit
une petite région ."H,, entourant C, aucune des racines cc(z) ncsl intérieure
à a,. Ceci écarte des noyaux intéressants tels que N(a7, 2)= _> qui
nécessitent une élude spéciale.
1200 ACADEMIE DES SCIENCES.
Soit r un(^ ligne, inlérioure à A, joignant a à !i, i-t telle que, lorsque a-
décrit r, de a à [î, l'équation H(jr. :■) = o ait une racine simple z(x) décri-
vant C de a k h {Y est extérieure à iR, ). Le but de cette Note est de montrer
cjue r est, pour la sohili'on f{x) de (i), une ligne de disconlijiuité arli/icielle
du type introduit par Hermite (coupures d'intégrales définies).
2. Soient \ un point de F, auquel correspond "C sur C; x„ et x\ voisins
de ; de part et d'autre de F, auxquels correspondent r„ et z„ voisins de Ç et
de part et d'autre de C.
Traçons la ligne F,, voisine de F, joignant y. à [i de façon que, lorsque .i-
décrit F,, :; décrive une ligne G,, intérieure à A,, joignant a à h.
Pour préciser, le contour j'-F^F, a, décrit dans le sens positif, contient .r„
et laisse x'^^ à l'extérieur; le contour f/C6C, « contient :;„ et laisse z[^ à Texté-
rieur. Envisageons les formules de l'Vedholm qui expriment la solution
de (i) par
(2) /(,r) = 9(x)-/. rX(^, z,l)o{z.)clz.
-'c
Le noyau résolvant )X,(x, z, X) est défini par deux séries d'intégrales
C0(.r, ;, l) et ®(/,)
où les intégrales sont toutes prises, z décrivant C.
Si X reçoit la valeur a"„ et ensuite la valeur .i:\^ ces intégrales ont un sens.
mais les valeurs de Œ){x, z, A) en x„ et x[^ ne sont pas voisines, bien que x„
et jr',| soient voisins. Au contraire, cO( A) ne dépend pas de x.
Appelons 5î,, (x, z, A) ce que devient DX,(x, z, A) lorsque les intégrations
sont faites sur C, et non plus sur C. On voit que {0( a) ne change pas et qu'on
a la relation
;rb,(.r„, z, /.) = 3X.(.r„ z, /.) + ■■'■'->■ m'//!" ''"l ■'^'(■^"o. -^ >■),
l"':(.-''o, -■o)
OÏ,,(,r;, z, l} — DZ{.r\,. z, /.).
Donc, si l'on désigne par
f,(.r) = ^{.r)-lf .JZ,(.r. z. ).) '^( z) dz,
ce que deviennent les formules de l'"redliolm quand toutes les intégrations
se font sur C, on a
C * ' ( ï"o " 1 )
ni ) /(■'■o)=/.(-'-û) — •^'■-'■■-pT— -— ■ /(--(,).
SÉANCE DU 23 MAI 1921. 1281
[Lorsque : est dans .A,, les formules de Frcdliolm définissent sans difli'
cultéy(j;), qui est holomorphe dans Ji,.J
Le terme ,.', ,' " "" , est le résidu de ' " ' pour le pôle ;„.
3. Lorsque x^ et x'^ tendent vers ^,
(^) (/(■^■o) tend vers /,(:)- 2,Va^^^/(?),
(/(^.;) tend vers /.(;).
Ory,(H) n'admet comme ligne singulière que F,, elle reste holomorphe en ^
sur F; on voit donc que f{x) est prolnngeable analytiqucinent au delà de F.
Mais suivant qu'on passe de a.-,, à x-^ eu traversant F ou en ne la traversant
pas, le résultat final n'est pas le même. F est une ligne de discontinuité artifi-
cielle pour laquelle
( 5 ) ^ I i"^ ^ [/( -K ) - A -r. )] .= 3 M. ^i|^ /C).
4. Le résultat (5) peut s'établir directement à l'aide de l'équation ( i)
définissant /(a-). On forme la difTérence /(a"„) — /(x„) dans laquelle on
transforme les intégrales prises sur C en intégrales sur C,, il vient
(6) /(■r„)-/(.r.,)
En passant à la limite on obtient (5).
Puis en formanty(.r„ ) -i- f(x'^) à l'aide de (i), et transformant encore en
intégrales prises sur C,, il vient
(-)/(-'-o)+/(^'„)
^_2,V/./(--o),^.^,"';' '':\ - / r/(: = } [N(.r- . .)+ \(^o, -^)] r/c + y(.ro)+ ?(:r,)
qui, à la limite, donne
lim[/(.rJ+/(^;)]=-2.VA/(0^^j + ■i?(c:)-2>.J^'(i:, =)/(--)^=
=-2.•T:>./(s^j|^+2/,(^).
On en déduit que /{x„) et f(x\^) ont séparément des limites données
par (4).
5. Ces considérations sont susceptibles de généralisations faciles rela-
tives au cas où "C n'est pas racine simple de H(£, 'C) = o, au cas où C est
fermée, etc.
c. R., 1951, I" Semestre. (T. 172, N° 21.) 9'^
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
AXALYSE MATlIÉMAl IQL'E. — Sur 1rs polynômes liypci-gèométricjucs.
Note (If M. Pierre Himbert, présentée par M. Appell.
Les intéressantes propriétés que vient d indiquer M. Félix Vaney pour
des polynômes analogues à ceux de Laguerre (*) ont attiré mon attention
sur une propriété du même genre, mais beaucoup plus générale, qui permet
de faire rentrer les polynômes hypergéomélriques dans la classe des poly-
nômes de M. Appell, et qui, je ciois, n'avait jamais été remarquée.
I . Considérons le polynôme d'ordre n en \ défini par
H„(;) = ;«I'(-«, 3, y, ^
où F est la fonction de Cîauss, !ii, y et X des constantes indépendantes de n,
11 est facile de voir que ce polynôme est de la classe de M. Appell : on a en
elTet
77r = "^ 2
___ï,V
.^_j ■^ ( — n, m ) ( 3, m ) (m — n )'/.'" -,i-i\'' ^ f-*' '") * — n -h 1 , m) }.'"
~' ' ■^^ (■/, /it )(l, m) >" ^ '■ Jm^ {y, lit) (i, m) ^"'
La même propriété appartient évidemment au polynôme
S„{;;) =z:"tl>(—n, y, l
OÙ <I> est la fonction de Ivummer (cas limite de la fonction de Gauss ) définie
par
( )r, le polynôme étudié par M. Vaney s'écrit précisément
P„(.<;, rt) = a"<I)(_„. I, — - ),
de sorte que', considéré comme fonction de «, il est du type ci-dessus et de
la classe de M. Appell : c'est lacuricuse propriété signalée par M. Vaney et
dont on comprend ici la véritable nature.
(') (uniples rendus^ t. 172, 1921, p. iiDi.
SÉANCE DU 23 MAI 1921. I28!i
"2. Les fonctions génératrices (au sens de M. Appell) des polynômes U
et S sont inléressanles; on verra aisément, par exemple, que la fonction
génératrice de II est
,i{li) =<I'l3, 7, —Ih).
a»(5, y, -/.//)e''«=::y ^H„(4)
de sorte que 1
l'on a
(')
et de même
(^)
où B est le second cas limite de la fonction de (îauss, défini par
r5(y, ./■):= lim via, i, 7.4-)- -
< >n sait d'ailleurs que B se ramène aux fonctions de Bessel, par la formule
I -y _
H(y, .r) = (y — l)('-T.r ^ J.._, fa i y'^).
La formule (2) n'est pas nouvelle : elle a été indiquée, sous une forme un
■f,eu différente et après de très longs calculs, par N. Sonine ('), dont le
polynôme T est, à un facteur constant près, égal au polynôme S ci-dessus.
3. Des considérations analogues s'appliqueraient à la plupart des poly-
nômes liypergéométriques à deux variables et à leurs cas limites.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques qurslions de calcul fonctionnel.
Note de M. Paul Lévy, présentée par M. Hadamard.
1. Soit U une fonctionnelle dépendant de la fonction a(/) dêlinie dans
l'intervalle (o, i), et assujettie à vérifier la condition
Nous dirons qu'elle est uniformément continue de degré /> si, quelque
petit que soit i, on peut déterminer q de manière que, dans le domaine (i),
(') Moih. Aiinalen, t. l(j, iSSo, p. 41
1284 ACADÉMIE DES SCIENCES,
rinégalité
/ \r(i) — ■'■{') \'' (il -^-nP
enUaînc linégalilc
(2) ||-|[^(ni|-U|[.r(0]||^-
Aous dirons qu'elle possède \ii propriété Ci,, dans un domaine si, quelque
petit que soit t, on peut déterminer it de manière que deux fonctions x(t)
et r(/)de ce domaine, ayant mêmes moyennes d'ordres i. 2 p dans
cliacuu des intervalles ( > -j, vérifient nécessairement Tinégalité (2).
Nous appellerons polynôme fonctionnel normal de classe p une somme
d'un nombre fini de termes de la forme
1 I ■•■j o(l„ t,. ..., /„).r=^'{l,).r^:(/,)....T='r((,.)dl,dt,...dt,.^
les exposants a, étant au plus égaux à p, et la fonction o élant telle que
cette expression ait dans le domaine (i) la conlinuité uniforme de degré p
définie ci-dessus.
On a le théorème suivant :
La condition nécessaire et suffisante pour (ju'une fonctionnelle soit repré-
sentable dans le domaine (i) par une série uniformément concergente de
polynômes fonctionnels normaux de classes p est quelle y soit uniformément
continue de degré p et y possède la propriété G,,.
Pouryj = I ce théorème se réduit, à une petite modification près dans le
domaine fonctionnel considéré, à un théorème démontré par Gâteaux ('").
2. Nous dirons que U possède \a propriété H dans un domaine si, quelque
petit que soit s, on peut déterminer 11 de manière que deux fonctions •»"(/)
et j'(/) de ce domaine ayant même foncliou sommatoire ( ■) dans chacun
des inlervalles ( > -j> vérifient nécessairement l'inégalité (2).
Celle propriété apparaît comme la limite de la propriété (j^, pour /j infini.
Elle caractérise sans doute les fonctionnelles représentables par des séries
uniformément convergentes de polynômes fonctionnels normaux de classes
(|uelcon(|ues. .le ne puis pour le moment donnera ce sujet un énoncé précis.
(') Ace. dei Liiicei, \>a décembre igiS.
('■') Au sens de M. Lebesgiie, la foncliou sommatoire y"(;) dejr(/') dans un inlervalle
esl la mesure de l'ensemlile des points de cel intervaiii^ pour lesquels v"^ i.
SÉANCE DU 23 MAI 1921. 1285
t*()ur les fonelionnelles représenlables par dr telles séries, la valeur de la
moyenne dans une sphère de l'espace fonctionnel se calcule aisémenl parles
formules données par Galeaux ( ' ).
Quoi qu'il en soit de la relation entre la propriété H et la représentation
par de telles séries, on a le théorème suivant :
Pour les fonctionnelles vérifiant la propriété H, la moyenne dans une sphère
a toujours une valeur bien déterminée.
3. C'est une circonstance connue que, dans l'espace fonctionnel, de deux
volumes donnés, l'un des deux est pres(|ue toujours négligeable devant
l'autre. En particulier, si Ton divise un volume V en deux parties, l'une voi-
sine de la surface extérieure S, l'autre intérieure à la précédente, la seconde
est toujours négligeable devant la première, et par suite, la movenne dans V
d'une fonctionnelle uniformément continue U ne dépend cjue de ses valeurs
sur la surface S. Cette remarque est précisée par l'énoncé suivant :
La moyenne dans le volume V d'une fonclionnelle uniformément continue
est éi>ale à sa moyenne, calculée sur la surface S qui limite le volume V, en
accordant à des éléments de smfaces égaux des poids proportionnels aux
rayons de courbure moyenne de ces éléments.
Il arrive d'ailleurs fréquemment que le rayon de courbure moyenne a
pres(]ue partout la même valeur; alors les moyennes dans V et sur S sont
égales.
D'une manière générale, il existe des catégories étendues de surfaces sur
les(juelles toute fonclionnelle uniformément continue est presque partout
égale à sa moyenne m, c'est-à-dire, en termes précis, comprise entre m — t
et m -h t, quelque petit (jue soit £, sauf dans une fraction négligeable de l'aire
totale. Tel est le cas pour les surfaces convexes pour lesquelles le rayon de
courbure des sections normales est toujours inférieur à un nombre fixe R.
Mais on peut aussi former des exemples de surfaces que l'on puisse diviser
en tranches d'aires comparables, et pour lesquelles Its valeurs de la cour-
bure moyenne soient différentes. Pour une telle surface, la moyenne d'une
fonctionnelle naura pas en général la même valeur sur la surface ou dans
le volume qu'elle limite.
(') Bull. Soc. iitalh., i(j2o.
UJ
ia86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Sur T aurore hon-ale du i\-i5mai H)iii ohsen'ée à Slrnshoiir^,
Noie de M. Ernest Esclaxgox, présentée par M. Deslandres.
L'aurore boréale exceplionnelle du t5 mai a pu être observée par un ciel
favorable à !'( )bservaloire de Strasbourg dans la nuit du i4 au 1 5 mai.
C'est après ruinuit et après le coucher de la Lune que sa visibilité s'est
fortenienl accentuée; la clarté de l'horizon iNord est devenue alors vrai-
ment trappante.
Vers i''3o"' (temps légal; o''3o"' t. m. Greenwich) ^L Rougier, astro-
nome à l'Observatoire, en a noté les limites septentrionales de la partie
brillante qui s'étendait depuis 0 Grande Ourse jusqu'à y Cassiopée se
perdant en ce point dans la Voie lactée, lia cherché à voir des rayons ou
des arcs auroraux, sans y réussir en raison de l'illumination du ciel par les
lumières de la ville.
Far contre, M. North, notaire à Hoclifeiden, observant en rase campagne,
a bien voulu nous communiquer les observations très complètes qu'il a pu
faire du phénomène entre i''3o"' et 3'' du matin.
Vers le Nord une immense lueur claire, jaune verdâtre, se détachait de
l'horizon et. sauf la couleur, aurait pu èlre comparée à une lueur
d'jncendie.
A côté de ce foyer, mais séparé de lui et plus à l'Ouest, d'immenses fais-
ceaux de rayons, couleur blanc d'argent, émergeaient de l'horizon et
montaient presque jusqu'au zénith. Ces faisceaux changeaient lentement
d'intensité et de forme, disparaissaient pour reparaître plus ou moins
nombreux, redisparaître, etc.
Tout à fait à l'Ouest, alors qu'avait disparu le foyer jaune verdâtre de
l'horizon Nord, la région des faisceaux lumineux s'évanouissait dans une
sorte de toufl'e lumineuse et étendue mais de couleur foncée (rouge chau-
dion).
A 3'' i5"', le phénomène était encore très apparent, mais à V' 1^ lever du
jour en avait fait évanouir la a isibililé.
SÉANCE DU 23 MAI I921. 1287
PHYSICO-CHIMIE. — Réactions cluiniqucs cl rayons de courlmrc.
Note de M. Luge, présentée par M. Lippmann.
Dans une Note précédente (' ) M. lleboul et moi avons indiqué (jue
l'action chimique d'un liquide sur un solide dépend de la forme de ce
dernier, qu'elle est plus vive aux points où la courbure moyenne est la plus
grande.
I. Voici les réactions que j'ai étudiées :
Action de dissolulions aqueuses très étendues de chlore, de brome, d'iode el d liy-
drogène sulfuré sur l'argent el le cuivre.
Déplacement réciproque de métaux : fer, dans dissolutions très étendues de sulfate
ou de chlorure de cuivre; zinc, dans les mêmes solutions et dans azotate et acétate de
plomb, azotate mercurique, chlorure de plaline; cuivre, dans chlorures d'or et de
platine, azotate d'argent. Dans tous les cas, le dépôt (couciies minces colorées, dépôt
pulvérulent, cristaux) commence aux points oii la courbure movenne est la plus
grande.
Attaque de métaux par solutions d'acides très étendues; les bulles de gaz se forment
lentement d'abord aux angles et sur les rayures accidentelles ou faites à dessein. Si le
polissage est imparfait, elles apparaissent partout à la fois; exemple zinc sur acide
clilorhydrique.
Action de dissolution de soufre (benzène, sulfure de carbone, essence de térében-
thine, alcool) sur le cuivre, le sulfure de cuivre (couche mince colorée ou dépôt noir)
a|)paraîl d'abord aux bords de la lame. L'influence de la courbure est particulièrement
nette en opérant avec une solution saturée de soufre dans le benzène. Si la lame est
parfaitement polie, le dépôt se fait instantanément aux bords et ne progresse que len-
tement vers le centre. Si la lame possède quelques rayures, elles noircissent en même
temps que les bords. Une lame grossièrement polie noircit immédiatement sur toute
sa surface.
Action de gaz ou de solutions extrêmement étendues sur des papiers imprégnés de
réactifs ajipropriés (tournesol, héliantine phtaiéine, acétate de plomb).
II. Quand l'attaque produit un sel transparent se déposant en lame
mince sur le solide, les colorations interférentielles de celte lame permet-
tent de faire des mesures. J'ai opéré de deux façons :
Première méthode. — J'immerge pendant le même temps dans des solutions aqueuses
d'halogène ou d'hydrogène sulfuré des (ils de cuivre ou d'argent à bouts paraffinés de
diamètres dilTérents. Les (ils retirés et sèches, je note la teinte de la lumière rénéchie
normalement à leur surface. Les tables de Werthein ou de Rollet permettent de
trouver l'épaisseur relative de la lame formée.
(') G. Reboil et R. Lice, Comptes rendus, t. 172, 1921. p. 197.
1288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Deuxième méthode. — ,1'iinineige un cône mélallique el je noie après l'allaque les
couleurs el les rayons de courbure correspondants, exemple : un cône d'argenl immergé
pendant sept minutes dans une solution d'hydrogène sulfuré a donné les résultats
suivants :
Teintes Épaisseurs
Uiamélres. (anneaux Iranîmis). ( unitcs arbitraires).
5,1 brun . 120
4,3"»..-.. rouge carminé i33,.5
4 violet i4o,5
3,5 indigo ij3 ^
3 bleu foncé 166
1,1 vert bleuâtre aTjo
0,4 orangé 332
J'ai cherché si ces nombres vérifiaieiil la formule donnée par M. lleboul
dans le cas des gaz :
b
a'i = — f- H- c,
2 l>
dans laquelle n, b, c sont des constantes, 2R le diamètre et q l'épaisseur
relative.
En prenant, dans le cas présont, pour constantes :
a=i,oi23, b = 2i,S>8-ji, c = o,35i9,
on obtient, en remplaçant les lettres par leurs valeurs, les identités
suivantes :
4,35=1,33; 5,i3= 5,i3; 5,59= 5,62; 5,52 = 5.47;
7,64 = 7,61; 21,39^21,36; 58,41=09,36.
La formule se vérifie donc de manière satisfaisante. 11 en est de même
dans tous les cas étudiés.
Jusqu'à présent, l'influence de la courbure d'un solide se manifeste dans
les liquides et les gaz de la même manière.
CHIMIE PHYSIQUE. — Application de la loi (/'action des masses aux résultats
obtenus dans la réaction de la guhtclosidase ^ sur le galactose en solution
dans l'alcool propylique. Note de M. 3I.\r<: Hkidel, présentée par
M. L. (juignard.
En interprétant les résultats nbtenus pai' Vaw. Bourquelot et Em. \ erdon
dans l'action de rémiilsine sur le glucose en solution dans des alcools
SÉANCE DU 23 MAI 1921, I289
mt'lhyliqu<\s de difféients litres, M. O. Bailly est arrivé à celle conclusion
que « la loi d'aclion des masses régil la réaction diaslasique de s\ ntlièse et
d'hydrolyse du luéthylglucoside ^ et que Tapplication de celte loi permet
de prévoir les résultats des expériences effectuées dans n'importe quel
mélange d'eau et d'alcool métliylique » (').
J'ai appliqué les formules indiquées par M. O. Bailly aux résultats
obtenus en étudiant laction de Fémulsine sur le galactose on solution dans
des alcools propyliques de différeiils titres ('-). Mon but était de savoir si
ces résultats s'accordaient avec la loi d'action des masses qui doit régir les
actions fermentaircs par le fait même qu'elles sont réversibles ( " ). Dans le
cas conlraiie, j'aurais acquis la preuve que l'équilibre n'a pas été alleinl et
l'on a vu que l'on a déjà montré expérimentalement qu'il on est ainsi dans
les alcools propyliques à '(5*^ et à 55^, à cause de la facile destruclion de la
galactosidase ^ à + 3o" dans ces alcools et de l'action oxcessivcmcnl lente
du môme ferment à la température ordinaire.
Ces formules sont les suivantes :
.T(c + a:) __,.-
{a — ■^) (b — a;)
_ lv(<7 + ^) -^ c± V^rivif? + /)) -t- c]-— 4(lv — I )Kc/A
(■'-) -''- .(Iv-i)
dans lesquelles a représente le nombre de molécules-grammes d'alcool,
h celui de molécules-grammes de sucre, c celui de molécules-grammes
d'eau et a; la quantité, en molécules-grammes, de sucre disparue au cours
de l'expérience, le tout dans 100""'.
K a été pris égal à 3,7, en le calculant d'après la formule (i) avec les
chiffres fournis par l'essai dans l'alcool à 35' pour 100™' ('').
Le Tableau ci-après résume les résultats des calculs :
(') La loi d'action des masses régit-elle les réactions diaslasiques? {Joiirn.
Pharm. Cliini.. 7" série, t. IG, 1917, p. 161).
(^) Comptes rendus, t. 172, 1921, p. ii3o.
(^) Em. Bourquelot el M. Mv^Knf.h, Synthèses de glucosides d'alcools à Vaidc de
l'éniulsine. La réversibilité des actions fermentaircs {Joiirn. Pharm. Cl:im.,
7" séiie, t. 0, J912, p. 16I).
(') On trouvera les cliilTres qui ont permis de calculer les valeurs de a. h, c, .c,
dans un Mémoire détaillé.
1290 ACADEMIE DES SCIENCES.
.r oli^ci vi- :
Titre de — ^ — -
l'alcool pi-opyliqiir. a. h. c. exp. 1. c\|i. II. J calculé.
10 0,166 0,00269 4,87' o,ooo44 0,00047 o,ooo3o
[5 0,200 » /|,53S o.oooG'i o,ooo6:t o,ooo45
25 (),4i6 » 3,871 0,00090 0,00089 (1,00076
35 o,583 » 3,2o5 0,00095 0,00108 0,0010!^
45 0,700 » 2j566 o.oooSG 0.00092 o,(ioi39
55 0,916 » I1843 0.00093 0,00101 0,00174
65 i,o83 » 1,1 5o 11, 00143 >. 0,00208
ro i,iG6 » OJ77I o,ooij8 » o.oo235
rô 1,200 » 0,400 0.0021 3 » o,oo'.47
En éliminant immédiatement les résultats obtenus avec les alcools à /p*-'
et à .55" dans lesquels on sait déjà, par l'expérienec, que l'équilibre n'avait
pas été atteint, on voit que les différences entre les valeurs expérimentales
do X et les valeurs calculées sont assez grandes, de près de 3o pour 100 dans
l'alcool à iD° et dans l'alcool à ()5% de 2.4 pour 100 dans l'alcool à 70', de
18 pour 100 dans l'alcool à 25' et de i3 à i 4 pour 100 dans l'alcool à 75'.
Dans les alcools à to^, i5- et 25', c'est-à-dire dans les alcools plus faibles
que celui avec lequel on a calculé K, les valeurs calculées sont plus faibles
que les valeurs observées, tandis cjue dans les alcools plus forts, à ()5', 70"
et 75% c'est l'inverse, la valeur calculée étant plus forte que la valeur
observée.
Il nous semble que l'on peut interpréter ces résultais de la faeon suivante :
Dans les alcools faibles, à lo», i5s et 20^, l'équilibre de la réaction a été
atteint, alors que dans les alcools forts, à 65°', 701; et 73^', il n'en est pas de
même, ainsi que dans l'alcool à 35** qui nous a servi à calculer la valeur
de R. C'est ce qui explique que les valeurs expérimentales de ./■ dans les
trois premiers alcools sont plus fortes que les valeurs calculées.
Le fait suivant vient appuyer cette interprétation :
On a vu que, dans l'alcool à 35°, il avait êlé combiné, en 1 17 jours,
o",if)47 de galactose pour 100""'. On a laissé la réaclion se conlinuer, à la
température du laboratoire, pendant encore 76 jours, soit une durée totale
de 193 jours. Dans l'espace de ces 76 jours, la quantité de galactose restée
libre a passé de o5>',290i à 0^,284(1, soit une diminution de o°,oo55 pour
100""'. La réaction s'est donc continuée lentenjeni vcrsrécjuilibre. Dans ces
conditions, l'éfpiilibre n'ayant pas été atteint dans l'essai fait dans l'alcool
à 35'-', la valeur de k que l'on a obtenue est trop faible, K augmentant dans
SÉANCE DU 2,3 MAI 192I. ISgi
ré({uali()n (i ) quand .r augmenle. Il s'ensuit que les écarts existant pour les
essais clans les alcools forts entre la valeur calculés de .r et la valeur expé-
rimentale sont plus grands que ceux qu'on a indiqués, .r augmentant dans
l'équation (2) quand K augmente.
L'application de la loi d'action des masses à l'étude de l'action de la
galact03idc'\se [i sur le galactose en solution dans l'alcool propylique a
montré qu'au moment où les essais ont été arrêtés l'équilibre n'était atteint
que dans les alcools faibles. Il l'audiait donc, dans les alcools à 35*^', 45», d.j*'',
65^, 70S et 75s, prolonger de longs mois, et peut-être des années, l'action du
ferment pour atteindre cet équilibre, en admettant même qu'on puisse y
arriver. < )n cnnçoil la difficidté de pareilles expériences.
ClIIMir: rilYSIQUE. — Sur tine cause de c/ispersion t/u colloïde dans une classe
imporlunte d'/iydrosols. Xole de M. A. Tian, présentée par M. Haller.
Par suite de l'hydrolyse, toute solution d'un sel dont la base est peu
soluble constitue un liydrosol : il faut cependant que la solution ne soit ni
trop étendue, ni trop acide pour que le produit de solubilité de la base
puisse être atteint. (_^,ette classe d'Iiydrosols comprenant toutes les solutions
de sels de métaux lourds, est particulièrement importante.
Il existe dans ces liydrosols une cause toute spéciale de stabilité, qui
permet, dans de très larges limites, la réversibilité de leurs transforma-
tions. Cette cause est due à la dispersion spontanée de l'bydrate métallicjue
colloïdal, qui résulte elle-même d'une action cliimique.
J'ai récemment montré (') que dans une pareille solution, le colloïde
participe par sa surface à une réaction, neutralisation de la base insoluble
par l'acide dissous, avec régénération du sel.
lien résulte qu'au contact immédiat du colloïde la rétrogradation de
riiydrolyse est assez accentuée, beaucoup plus que dans le reste de la phase
aqueuse. L'excès de sel reconstitué va donc, par diffusion, s'éloigner de la
couche génératrice, subir l'hydrolyse normale et abandonner l'hydrate
temporairement dissous. De nouvelles particules, évidemment plus petites
que la particule qui leur a donné naissance, vont se former, d'abord très
près de celle-ci. Puis par le même mécanisme ces particules seront divisées
et transportées plus loin. II y aura donc dispersion du colloïde.
Vérification expérimentale. — On peut par l'expérience prouver direc-
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 1179.
1-292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tement la réalité de celle action en prenant, ce qui est plus comiuodi' et
revient exactement au même, un sel dont l'acide et non Tliydrale est peu
soluble. J'ai utilisé l'oléate de sodium.
Soit une solution, nécessairement hydrolysée, d'oléate de sodium recou-
verte d'une couche d'acide oléiquc On constate, au bout de peu de trm|)S,
que la surface de séparation des deux liquides perd sa n<'lti'lô. Une dcini-
lieure après on voit une zone émulsionnce d'L|iriisscuf appréciable : elle est
surtout visible dans la partie supérieure du liquide aqueux qui se raccorde
aux parois, entre le vase et le ménisque d'acide oléique; après qui'lques
heures la couche blanch*^ et opaque tranchenettement sur l'excès de liquide,
elle a alors quelques millimètres d'épaisseur; le lendemain elle en a environ 4;
les jours suivants elle augmente très lentement et après plusieurs semaines
son épaisseur ne dépasse guère i'"\
l']n outre, au-dessous de cette couche visible et dont le contour, au moins
les premiers jours, est parfaitement net. se trouve une zone claire comme
le reste du liquide, où pourtant de l'acide oléique en suspension est en excès
sur la composition du liquide narmalement iiydrolysé. En eflet, si la solution
piimitive a été colorée en rose par addition d'une trace de phénol-phtaléine,
cette substance est non seulement décolorée dans la zone émulsionnée, mais
à quelque distance de celle-ci. La décoloration est due, dans celte région, à
l'excès notable des particules d'acide oléique, en sorte que la teneur <'n
soude libre n'est plus suffisante pour colorer en rose la phtaléine, comme
cela se produit dans la ]>artie inférieure, normalement hydrolysée, de la
solution. L'addition de piitaléine démontre, en outre, que la composition
chimique de la phase aqueuse n'est plus la même en tous les points.
J'ai montré ensuite par des expériences qui seront décrites ailleurs (|ue la
division et la dispersion de l'acide oléique sont bien le résultat d'une action
chimique et non le fait de la solution de savon agissant comme substance
émulsionnante, quoique la production spontanée d'une émulsion par
simple contact, à température constante, sans aucune agitation, soit bien
improbable.
Des phénomènes importants se trouvent expliqués parce mode de disper-
sion colloïdale.
Peplisdtion par les solutions Jiydrolysècs de sels de inèlaux lourds des liy-
dnites mélalliques précipités. — On sait (pi'il est généralement facile de
dissoudre les hydrates mélalliques dans les solutions salines de métaux
lourds : par exem|)le, l'hydrate ferrique se dissout sans difficulté dans une
solution pas trop étendue de perchloiure de fer.
SÉANCE DU 23 MAI 1921. 1298
Actiiin dclcrsive spontanée du sa\-on. — La délcision exercée par une solu-
tion de savon, sans aiiciino agitalion, propriété bien connue et souvrnl
utilisée, peut s'expliquer par le même mécanisme : les matières grasses,
surtout lorsqu'elles sont étendues sur une grande surface et à chaud, soni
d'abord dédoublées en glycérine et acides gras, lesquels sont ensuite pep-
tisés par la solution hydrolysée de leurs sels alcalins. Celle action du savon
(Nt, bien enlendu, tout à fail indépendante de celle qui procède pai- émul-
sion directe, déterminée par des moyens mécaniques.
CHiMllî PHYSIQUi:. — Floculation du suf/urc d'arsenic colloïdal. Principe
d'une méthode d'étude. Note de MM. A. lîotTARic et M. Vkillaume,
présentée par M. Daniel Berthelot.
Parmi tous les phénomènes que présentent les solutions colloïdales, la
floculation paiait un des plus propres à nous éclairer sur leur constitution.
Les nombreux auteurs qui l'ont envisagée se sont surtout préoccupés des
conditions à réaliser pour proxoquer unejloculation complète. Nous a\ons
pensé qu'il serait intéressant d'étudier le mécanisme de la floculation et
nous axons porté notre attention sur les modifications qui précèdent, dans
la solution, la séparation entre le gel et le liquide intermicellaire.
1. Principe dk la jiéïiiode. — Nous avons appliqué à l'étude de ces
modifications la méthode spectrophotométrique utilisée antérieurement
par l'un de nous pour suivre la formation des précipités (') et certaines
réactions en milieu coloré (-).
Sur l'un des faisceaux d'un spectrophotomètre de Féry, nous disposons
une cu\e en verre à faces parallèles, de Go""",(J d'épaisseur, contenant 5o""'
d'une solution colloïdale de sulfure d'arsenic, préparée par l'action d'un
courant d'hydrogène sulfuré sur une solution d'anhydride arsénieux à 2", 5
par litre.
a. A celte solution, on ajoute 5o™' d"eau et l'on note la position j-,, du
prisme absorbant qui réalise l'identité des plages pour les deux faisceaux
dans la région spectrale A = SyS"'^.
(') A. BoUTARic, Contribution à V étude des milieux troubles {Le Rudiuni, t. Il,
191 (, p. 74, et Annales de Physique, 9° série, l. 9, 1918, p. i83).
(-) A. BouTARic, Sur la vitesse de réduction du pernianganaLe de polassiun:. par
l'acide oxalique {Comptes rendus, t. 160, igiS, p. 711, el Journal de Physique,
.")^ série, t. 7, i9i7,p. i52).
I29i ACADÉMIE DES SCIENCES.
h. A 5o""" de la solution primili\e, on ajoute 5o""' d'une solution d'un
éleclrolyte de concentration convenable. L'opacité de la cu% e va en augmen-
tant; on rétablit l'égalilé d'intensité des plages en déplaçant le prisme
absorbant. Soit x la position de ce prisme à un instant quelconque /. Le
coefficient d'absorption dû à la modification réalisée dans la solution à
l'instant / par la présence do l'électrolyte est proportionnel à .r — x^.
2. Variation du coefficient d' absorption en Jonction du temps. — La
courbe de la figure i indique la variation du coefficient d'absorption en
fonction du temps, obtenue en versant 5o""' d'une solution de IvCl de con-
centration-r^N dans 5o""' du colloïde.
Jt-JC,
I l
/
/
fs>
Fig. I.
Le coefficient d'absorption croît d'abord très vite, puis de plus en plus
lentement, il tend vers une limite. La séparalion entre le gel et le liquide
intermicellaire se produit lorsque la limite est atteinte, sous l'influence de
causes très légères (agitation, fumée de tabac) témoignant d'une instabilité
particulière du colloïde assez comparable à une sursaluration (' ).
On remarquera l'analogie de forme entre la courbe d'absorption et les
courbes de magnétisme.
(') Si aucune cause exlérieure n'iiUervient, Va solulion colloïdale peul être con-
servée pendant un temps variable; ceci explique l'incei'tilude des résultais obtenus
sur la vitesse de lloculation par les méthodes consistant à mesurer le temps (]iii
s'écoule enlie l'inlroduclion de l'électrolyte et la lloculation complète.
SÉANCE DU 2Ji MAI I921. 1296
.'}. Influence sur la courbe d'absorplion de la présence, dans la solution
colloïdale, d'un e.rccs d' liydrogène sulfuré et d'un excès d'anhydride arsé-
nicux. — Kn étudiant, d.ins les iiicmes conditions de températuie et de
concentration, une même solution, on obtient des courbes d'absorption
identiques, aux erreurs de lecture près ( i à 2 divisions de l'éclielle du spec-
tropbotoaièlre), ce qui permet d'augmenter la précision de l'expérience en
la répétant un grand nombre de l'ois.
11 importe toutefois d'opérer sur des solutions tout à fait ïdentif/ucs.
a. En particulier, il est essentiel que la solution colloïdale ait été parfaite ni eut
débarrassée de tout evcès d'iiydrosène sulfuré.
. , . 3 'N
Ainsi la figure 2 reproduit les courbes obtenues avec une solution de lîadi- à — r —
s ir une solution colloïdale déi)arrassée d'hydrogène sulfuré (courbe a) et renfermant
un excès d'hydrogène sulfuré (courbe b). On voit que l'etcès d'hydrogène sulfuré,
dans ce cas, accélère la variation de l'absorption.
Des expériences analogues nous ont permis de constater que la présence d'un excès
d'hydrogène sulfuré exerce une influence variable sui\ant la nature de l'éleclrolyle.
i;ile relarde très nettement la floculation pour les chlorures alcalins et le cliloiure
d'aluminium. Elle l'accélère pour les chlorures de baryum, calcium, sirontuim.
L'influence est beaucoup plus faible, presque nulle, pour les chlorures de manganèse
et de magnésium.
b. La présence d'un excès d'anhydride arséiiieux a une influence Ires faible. Nous
avons constaté qu'elle accélère légèrement l'augmentation de l'opacité pour tous les
èleclrolytes étudiés. L'accroissement est parfaitement sensible, mais faible, pour un
excès d'anhydride arsénieux égal à iS.S par litre (la solution contient alors une
quantité d'anhydride arsénieux: libre égale à celle transformée en sulfure d'arsenic).
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En résumé, pour avoir des floculations parfailcmcnl comparables, il
importe que la solution colloïdale ne contienne ni hydrogène sulfuré libre
(le liquide inlermicellaire. après lillralion, ne doit pas noircir avec l'acétate
de plomb), ni anhydride arsénieux libre (le liquide inlermicellaire ne doit
rien donnei- avec l'hydrogène sulfuré); la présence d'un excès d'anhydride
arsénieux ayant d'ailleurs une influence beaucoup moins sensible que celle
d'un excès d'hvdrogène sulfuré.
CHIMIE A.\AT,YTIQUE. — Contribution à P étude des huiles de pépins de raisin.
Note de M. Emile A.xdrê, présentée par M. Ch. Moureu.
En France, l'extraction de l'huile contenue dans les pépins de raisin a été
l'objet de diverses études pendant la première moitié du xix*" siècle; elles
n'ont abouti à aucun résultat pratique ('). Vu cours de la dernière guerre,
la pénurie de matières grasses amena l'Intendance militaire à reprendre
l'étude de cette question; une usine installée à Villefranche-sur-Saùne a
extrait des quantités importantes d'huile de pépins de raisin; quelques
industriels des départements de l'Hérault et du Var s'y sont également
intéressés; mais, ces efl'orls méritoires n'ont pas réussi à vaincre l'indifTé-
rence des viticulteurs français qui négligent, comme par le passé, les prolits
qu'ils pourraient tirer de l'exploitation des sous-produits de la vigne.
Au point de vue chimique, l'huile de pépins de raisin est mal connue,
les données que l'on trouve dans les traités spéciaux et dans les diverses
publications périodiques sont assez nombreuses, mais elles sont à tel point
discordantes qu'elles paraissent contradictoires. La densité, l'indice de
saponification, l'indice d'iode, l'indice d'acétyle sont tellement variables
qu'il parait impossible de leur fixer aucune limite.
Dans le but d'éclaircir, s'il était possible, ce point particulier de la
chimie des matières grasses, nous avons entrepris quelques recherches
dont les premiers résultats font l'objet de la présente Note.
Nous avons examiné onze échantillons difl"érents d'huile de pépins de
raisin; six ont été préparés au laboratoire en épuisant par l'éther de
(') ISAsin.i.i.VT, Compte rendu di-s lni<,'<iii.c de tu Société des Ails et Sciences de
M'icon. iSi3. — Jllia I'omenelli:, Joiu/iat de CItimie médicale, 1827, p. 66. —
HoY, Rrcliercties sur ta nature physique et chimique de l'huile de pépins de raisin
( Thèse dr Ch'coti' supérieure de l'Iiurmacie de Paris, 1840.
SÉANCE DU 2 3 MAI 1921. I297
pétrole (') (les pépins de raisin récoltés par nous-nnènie; trois autres pro-
venaient des Huileiies Maurel et From à Marseille où ils avaient été
obtenus par pression de pépins de raisin noir d'origine italienne; les deux
derniers nous ont été fournis par les Services de Santé et de l'Intendance
militaires; ils provenaient de l'usine de Villefranche-sur-Saône.
On trouvera dans les deux Tableaux ci-dessous : 1° les renseignements
généraux (pie nous avons pu nous procurer au sujet de chacun de ces
échantillons; 2° les résultats que nous avons obtenus dans la détermina-
tion de leurs principales constantes physiques et chimiques.
•Annce
Teneur
.ilo la
l'a\^
•ri liuile
Couleur
lÀiiisin*.
\ciiihiiigc.
i|-orisinc.
"/„■
■ le riiuilc.
Observallon.s.
Ulancs
1918
Ton rai ne
i3 ,3
Jaune vert
clair
l'épins retirés du marc
après distillation
Id.
"J'9
Id.
•0,7
.laune
à peine vert
l'épins retirés de la cuve
après soutirage du vin
\oiis
,,,,8
Id.
7,0
V'erl clair
Id.
hl.
Id.
Id.
l'i.O
JaLine vert
Id.
IH.
Id.
Id.
.4,'i
Jaune clair
Id.
Id.
kl.
Id.
11,3
Vert foncii
I'é[>ins retirés du marc
après dislillaliou
Id.
Id.
Italie
"
\'erl clair
Huile de 1 '" pressimi
Id.
Id.
Id.
..
Id.
1 luile de ■?'" pression
Id.
Kjia
?
7
Jaune vert
Huile extraite
par pression en njiS
Id.
1 y 1 8
France
méridionale
"
Brun verl
•.'
Id.
?
»
Id.
Nota. — Le n° 2 provenait d'une vendange à cèpa;;e unique le Pineau: les n°* 3, k
et 3 provenaient d'une même vendange composée de 90 pour 100 Gamay et 10 pour 100
Grolleau: le n" 3 a été e.vtrait des petites graines (criblures); le n" 4 des pépins de
grosseur moyenne; le n" 5 des grosses graines. Les trois huiles difFéraient par leur
aspect (couleur) et par certaines de leurs propriétés plivsi(|ues et chimiques.
(') \ous avions pensé tout d'abord que ce dissolvant ne conviendrait pas pour
extraire une huile signalée comme contenant des glycérides d'acides-alcools; en fait,
les rendements qu'il fournit sont à peine inférieurs à ceux obtenus avec l'éther sul-
furique qui dissout des substances résineuse* et dciiine une huile moins pure.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N' 21.) 9^
lagS
ACADÉMIE
des SCIENCES.
Indices
de sapo-
nilication
W sapo-
de l'huile
d'aci-l>le (')
N".
Densité.
1
de rcfructiiin.
ificalion
(S),
d'iode
llauus).
ai'étylée
(S').
^-K-îè^)
1...
Dir=r 0,9216
/([;**— I ,4760
i83,7
1 35 , 0
201 ,7
20,9
■1 ..
05?-= 0,9193
"^=.,4-46
182,5
in-.o
194,0
1 3 , 3
a...
DJ?°= 0,9103
,»ir =1,4-23
180,0
1 •'. 1 , 3
'97>7
20,4
k...
D;f= 0,9180
«r=.,4739
180,0
iiî,5
2o5,6
29,6
5...
Di?" = 0 , 9'.j 1 0
«r= 1,4748
i83,o
116,0
201,7
21,4
6...
Dr= 0,9180
«r= 1,4733
184,0
127,5
212,8
33,4
7.. .
D?f= 0,9186
nr= 1,4733
171,0
io3,o
■89-7
21 ,4
8...
D3?'=o,9i70
«!r=i,47"8
'79'«
94,3
204 , 3
29,2
!». . .
DÔ?°= o,9''.5o
«D°=:l ,4706
191,1
126,0
206,6
18,1
10...
0^=0,9334
«l,'-= 1,477'^
189,5
1 22,2
23 1,8
49,3
11...
Dfz=o,92!6
«•!,''"= 1,47 28
186,7
129,0
'.10,5
27.7
Dans son Traité
classique sui-
es hui
es,
eraisses
et cires
Lewkowitscl
constate combien les données l'ournies sur l'huile de pépins de raisin sont
divergentes et considère comme très désirable une nouvelle élude de cetlo
huile (2).
Comme on peut en juger par l'examen des Tableaux ci-dessus, nos
recherches conlirinent tous les résultats qui ont été publiés auparavant.
11 n'est pas possible, croyons-nous, de lixer aucune limite pour les cons-
tantes physiques et chimiques de l'huile de pépins de raisin. C'est là un fait
qui, à la réflexion, ne paraît pas aussi extraordinaire qu'on pourrait le
croire. Le Vitis vinifera L. est une plante déformée par de nombreux
siècles de culture; c'est à peine si elle est capable de vivre lorsqu'elle est
privée des soins du viticulteur, le nombre de ses variétés est si grand et
celles-ci sont fixées depuis si longtemps que l'on ne peut guère s'étonner
que les huiles fournies par leurs graines puissent être si différentes.
(') )i^o,75 est une conslanle parliculière ;'i tous les étiiers acétiques (Comptes
/endiis, t. 172, 1921, p. 984)-
(-) 5" édition anglaise, vol. 2, pai;e 3S5 ot suiv.
SÉANCE DU 23 MAI 192I. 1299
CRISTALF.OGI'MiSlC. — Sur fa cohnt/ion tirti/irie/le des ciislan.r ohlentis j)nr
solidiflcalion d'une substance fondue et sur la diffusion eris/al/ine. iNolc
de M. Paui, Gaubert.
Los recherches sur la coloration artificielle des cristaux en voie d'accrois-
sement ont surtout été fail(>s par l'addition d'une matière colorante à leur
eau-mère. Il semble qu'il est plus facile d'arriver au même résultat ou
colorant la substance fondue qu'on fait ensuite cristalliser par refroidisse-
ment. Ce procédé, employé avec succès pour reproduire le rubis et le saphir,
réussit très rarement avec les autres substances. En effet, si la plupart des
matières fondues et surtout les corps organiques se colorent bien, au
moment de la cristallisation la matière colorante est rejetée et ce n'est ([ue
dans des cas exceptioiniels ([u'il se produit une véritable coloration par suite
de la formation d'une solution solide. J'en ai déjà signalé ([uelques-uns (')
et le but de cette Note est non seulement d'iMi indiquer de nouveaux, mais
de montrer que la diffusion dans les cristaux ainsi colorés est quelquefois
possible.
Les cristaux obtenus [)ar solidification d'une masse fondue contenant
uui> matière colorante sont toujours en apparence colorés, mais l'examen
microscopi([ue et l'étude du polychroïsme montrent qu'il s'agit d'inclu-
sions solides de la matière colorante dans le cristal, inclusions plus ou moins
petites, plus ou moins régulières, habituellement cristallines, dont le volume,
la forme et l'orientation dépendent de la nature de la matière colorante et
du cristal à colorer. Parfois, on a affaire à un mélange eutectique.
Après de nombreux essais, j'ai constaté que l'indophénol ou bleu de Java
permet de colorer les cristaux de vanilline, de terpine, de pipéronal ou
héliotropine, de benzine bibromée, de benzine quadrichlorée, de nitro-
chlorobenzile, de sulfunal, de trional, de codéine, de cinchonamine, etc. En
outre, j'ai observé que les cristaux ou sphérolites de vanilline et de terpine
se colorent par presque toutes les matières colorantes organiques.
Les résultats obtenus sont identiques à ceux que j'ai déjà observés avec
les cristaux produits dans une eau mère colorée, si l'on considère les pro-
priétés physiques des cristaux. Ainsi, pour chaque sorte de faces limitant le
cristal, la matière colorante pénètre d'une manière inégale, aussi les cristaux
(') I'. Gaubert, Comptes rendus, l. 167, 1918, p. 1073.
l3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'une mêm»^ substance peuvent-ils présenter des teintes très variées et
montrent fréquemment la structure en sablier.
La plupart des corps organiques présentent plusieurs modifications poly-
morphiques pouvant parfois se produire simultanément sur une lame de
verre porte-objet. Chacune d'elles prend une teinte particulière par suite
de l'inégalité de capacité d'absorption de la matière colorante et aussi parce
que possédant un ellipsoïde optique particulier, elles montrent un poly-
chroïsme spécial. Ainsi les quatre modifications de la vanilline, les deux du
benzoale de naplityle et de la cinchonamine ont des teintes diftérentes, ce
qui permet de les reconnaître facilement.
Un fait intéressant que peuvent montrei' parfois les cristaux obtenus par
le procédé étudié ici, est la diffusion de la matière colorante dans le réseau
cristallin sans que celui-ci soit détruit ( ' ). Le phénomène est facile à observer
avec les cristaux de pipéional et de benzophéuone (modification fondant
à48°,5).
Les cristaux de pipéroual se colorent eu rouge violacé avec l'indophénol,
mais seulement dans les secteurs limités par certaines faces d'accroissement;
les parties correspondant à l'accroissement d'autres faces peuvent cire
incolores ou colorées, mais alors par des inclusions cristallines d'indophénol,
qui parfois ont toutes une Orientation identique, ce qui donne à la plage
considérée un fort polychroïsme. Les secteurs colorés constitués par une
solution solide peuvent êlre tout à fait transparents, homogènes et sans
aucune trace d'inclusion. Mais au bout de quelques jours, si la préparation
n'est pas déplacée et, presque instantanément, si elle est chauffée ou si elle
subit des chocs répétés, la teinte s'ad'aiblit l)eaucoup et il se produit un grand
nombre d'inclusions cristallines d'indophénol, ayant toutes la même orien-
tation. Par conséquent, les molécules de la matière colorante, d'abord
réparties régulièrement dans le cristal de pipéronal, onl diffusé dans le
réseau de ce dernier pour former elles-mêmes de petits cristaux. La solution
solide primitive n'est donc pas stable, il y a pour ainsi dire sursaturation
cristalline.
Les cristaux de benzophénone présentent le même phénomène, mais
comme ils ne se colorent que si la vitesse de cristallisation est grande, on
peut attribuer la sursaturation à ce que les molécules de matière colorante,
(') M. \\ iilleiaiil [Ciitnptes rendus, l. li-2, 1906, p. i(io)a étudié la diilusion qui
se produit dans les crislaux niivle^ au nioiueiit des Iraiisforuialions pulvmoiphi(]ue^.
Le phénomène est donc dillérenl.
SÉANCE ïiV 'j/j MAI 1921, l3oi
si elles ne dépassent pas un ceiLain ncimbie, coriseivent avec les paiiiciiles
ciistalliiies les liaisons (ju'elles avaient avec les molécules du liquide.
La diiVnsion de la matière colorante dans le réseau du ciistal étant une
consé(juence de la sursaturation, il est tout naturel qirelle n'ait pas été
constatée dans les cristaux obtenus d'une cau-mèrc (').
La dilVusion des molécules de matière colorante dans un cristal et la
formation d'inclusions cristallines secondaires, de même orientation, per-
mettent de donner une explicalion de l'origine des inclusions lamellaires
d'ilniénite dans les cristaux d'hypersthène et de diallage.
Du fer titane existant dans le magma a dû former une solution solide
avec le pyroxène. Plus tard, par suite d'actions mécaniques et calorifiques
subies par la roche contenant les cristaux, la matière étrangère se trouvant
à l'étal instable dans le cristal s'est séparée sous forme d'inclusions orien-
tées. Le fait que des cristaux d'augite présentent la structure en sablier, qui
montre qu'ils contiennent une matière étrangère au cristal, vient ix l'appui
de cette explication.
GÉOLOGIE. — Kclu'lle slrali graphique delà Kahylic des liahnrs.
ÎVote (-) de MM. V . Ebkma\n et .1. Savornin, présentée par M. Cli. Depéret.
La Kabylie des Babors comprend tous les massifs côtiers qui forment à
l'admirable golfe de Bougie un décor grandiose.
Tissot et Brossard ont été longtemps les seuls géologues qui aient eu
l'occasion, il y a plus de quarante ans, d'y faire des recherches géologiques
suivies. Les documents qu'ils ont laissés ('') sont malheureusement fort
vagues. M. Ficheur a précisé divc^rs [)oints de détail, en 1890 (''), puis en
1904 ("), et dans l'intervalle a été publiée la troisième édition de la (]arte
géologique au j^^^j^ (1900). Cette carte montre plusieurs étages méso-
zoïques. Mais leurs superpositions paraissent comporter de telles lacunes
que des géologues n'ayant point vu le terrain ont cru pouvoir récemment
(') S. RuzicKA, Zeil. p/iys. Cli., t. 72, 1910, p. 38i.
(-) Séance du 17 mai 1921.
(') IMotes manuscrites de Brossard : Texte explicatif de la Carte géologique pi o~
iHsoire au soo'oôô du département de Constantine, par J. Tissot (Alger, 1881).
(') E. Ficheur, Description géologique de la Kabylie du Djurjura.
(') H. Jacob et E. Ficheur, Notice sur les travaux récents de la Carte géologique
de l'Algérie {Ann. des Mines, octobre 1904).
l3o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
écrire (^' ) que la slrucliue de celte région se résume en « unt- série de digi-
tations (d'une nappe de charriage) dont les lêles correspondent à des barres
calcaires liasiques chevauchant les marnes crétacées ».
L'un de nous a rétabli les faits en rappelant (-) que « la stratigraphie de
ces massifs est encore à faire, la tectonique suivra ». (irâce aux levés de
détail entrepris par F. Rhrmann, pour les caries au -7^, cette étude est
aujourd'hui assez avancée pour que nous en exposions les résultats géné-
raux, contrôlés par des observations faites en commun.
La série des formations reconnues est la suivante :
Permien. I^saimniles rouges classiques, formant noyiiu d'un vaste anticlinal dans la
vallée inférieure de l'oued Agrioun. Ailleurs, simples traces des mêmes roches embal-
lées dans le Trias.
Trias. Complexe habituel d'argiles bariolées et roches diverses avec gypse et sel
gemme. Situations variées, comme toujours, mais avec fréquence de la position nor-
male sous le Lias. Extension superficielle considérable.
Série liasique. L'Hettangien, tel qu'il est bien connu, dans les régions liddnéenncs
et autres, n'a pas été rencontré. Les faciès lithologiques du Lias inférieur et moyen
lessemblent à ceux du Djurjura ou du Bou-Taleb : calcaires massifs avec dolomies.
bancs oolilhiques, etc. Brossard y a recueilli Amallha'us spinalus et Lyluceras fini-
brialiim. qui caractériseraient le Domérien. Nous n'y avons point encore découvert
la zone à Pygope Axpaaia, si remarquable ailleurs et connue à Bougie. Nous attri-
buons au Lias supérieur une puissante série de calcaires marneux, réglés ou lilés,
même avec feuillets schisteux. Brossard et M. l'icheur en ont rapitorlé (jraïuiiioceras
radians et Lioceras complanaluni.
Oolithique inférieur. Concordant avec le groupe qui précède et formé de calcaires
en bancs nombreux, généralement riches en silex. De puissantes lentilles dolomi-
liques, fort étendues, s'y intercalent. On sait que ce groupe, inconnu au Djurjura, est
relativement peu épais au Sud de Sétif, où l'un de nous y a cependant signalé des
horizons fossilifères (').
Oolithique moyen. A l'inverse du précédent, ce groupe d'étages est lieaucoup
moins puissant qu'au Sud de Sétif et le contraste est frappant. Une faunule d'Amrao-
hoïdés, Lvtoceras, Rhacophylliles, encore insuffisante, pourra se compléter et servir
à le caractériser.
V la partie inférieure s'observe d'ailleurs V Argovien, aux colorations rouges, d'une
(') L. Gkktil et L. Joleaud, Lex nappes de charriage de l'Afrique du i\ord
(Revue générale des Sciences, i5 octobre 1918, p. 436).
(') J. SAVORNiN, liludes sur les nappes de charriage de V Afri(iuv du i\ord 1 /lull.
Soc. Ilisl. nal. Afr.du /V., i5 mars 1920, p. 44)-
(^) J. Savohnin, Etude géologique de la région du lludna et du Plateau Sétijien
(Bull. Carte géol. Alger., 2" sér., n" 7, p. i54).
SÉANCE DI -2^ MAI I921. l3o3
coiislitutidii icleiUii[iie ;'i relie iiu'il revêt ;'i Batiia el au lîou-Talel). m"i sa faune est
riche. Dans les Habors, on n'y \oit i]iie des Aplychits { ' ).
Nous n'avons pu identifier VOolilhique sapérieur : mais sa place, réduite, peut
aisément être marquée en plusieurs points.
Nous mentionnons à part le Berriasien, car il constitue, comme VArgovicn,
un repère précis permettant de faciles comparaisons lithologiques avec le
Bou-Taleb et Batna. Comme il arrive en cette dernière localité, on n'y
trouve généralement que des Aptychus. Il se rattache à toute la série ooli-
thique sous-jacente par continuité de sédimentation.
De nombreux épisodes détritiques, précurseurs de ceux signalés dans le
(>étacé ('-), sont marqués par des inclusions de petits galets épars à
différents niveaux depuis le Lias supérieur.
V Eocrétacifjue débute par la zone à Kilianella Roubaudi, qui, comme au Bou-
Taleb et à Balna, inaugure un ordre de choses nouveau, avec phénomènes de trans-
gressions locales et de discordances. Il est constitué par des marnes el calcaires
marneijx, fortement schisloïdes, avec inlercalalions fréquentes de conglomérats spé-
ciaux. On trou\e des céphalopodes de faciès balhyal jusque dans ces poudingues.
VHauteririen, le Barrêinien et V Ajtlieii oitrent les mêmes particularités litholo-
giques, avec variations de détail.
VAlbien el le Cénomanien, indépendants en général de tous les étages sous-jacents,
ressemblent à ce ([u'ils sont dans la chaîne des Biban. Toutefois, la zone à Morlo-
niceras injlaluin^ dont l'un de nous a montré l'importance dans ces régions méri-
dionales, ne paraît jusqu'ici représentée que par un horizon riche en Beleinnopsis
ultiniKs.
Les deux étages sont encore localement pourvus de bancs poudingui-
formes. Ils demeurent généralement groupés.
Le Sénonien, sous ses faciès septentrionaux de marnes noires à lentilles calcaires,
patinées d'ocre jaune, et de calcaires marneux k Jnocérames, se reconnaît aisément.
Il est largement transgressif, comme on sait, jusqu'au revers nord de la chaîne des
Biban.
Les étages tertiaires sont rares et mal conservés. Le Suessonien est relégué au Sud.
M. Ficheur a signalé des traces de, MésonumtnuUtique au Kef Roubba ('). Le
NéonummuUlique est reconnaissable à Ti/,i Kfrida. Mais c'est surtout à l'Ouest qu'il
se développe, comme le montre la carte.
(') F. Ehrmànn, Le Jurassique moyen el supérieur dans la chaîne des Babors
{Algérie) (Comptes rendus sonim. séances Soc. géol. de France, 7 juin 1920,
p. 117).
(■^ ) F. EIiiRMANN, Sur un important mouvement orogénique au début du Crélacique
dans la Kabylie des Bahors {Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 860).
(') H. .Iac.ob et E. Ficheur, loc. cit., page 34 du tirage à part.
j'io/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
Après M. Ficheiir, nous avons reconnu le Cartennien ('), donl l'un de nous a
découverl île nouveaux aftleui ements se reliant avec ceu\ de l'est et du sud du
Dj nid jura.
En i-ésuinè. ['('chelle slialigia)ilii(iue de la Kabylie des liabois comprend
presque tous les étages mésozoïques, délermiiiés soit par leurs faunes, soit
indirectement par leurs ressemblances avec leurs équivalents d'autres
régions.
Abstraction faite des particularités tectoniques, d'ailleurs très variées,
les séries se montrent concordantes, avec solutions de continuité locales,
donl la piemière est à la base du Valanginien, une autre sous l'Albien, la
troisième sous le Sénonien. Ces lacunes et discordances se multiplient et se
généralisent dans les séries tertiaires.
L'évolution orogénique de cette région est donc très comparable à celle
de la (Chaîne des Biban et des Monts du Hodna, qui portent les multiples
empreintes dp mouvements d'âge crétacé, nummulitique et néogène.
Ml'iTÉOROLOGIE. — Lcs oscillttlions simullnnérs de la pression et du vent au
sommet de ta Tour Eiffel el Icar relation a\'ec la surface de grain {s(/aall
siu'ûice de J. BjerLness) d'un", dépression. Note de M. R. I)on«;ikk.
présentée par M. Daniel Berlhclol.
Dans une iNole récente ('■) j'ai montré que les oscillations simultanées du
vent et de la température, observées dans certains cas au sommet de la Tour
Eilîel, [)ar pression barométrique sensiblement staliounaire, maripient le
passage de la surface directrice (slcering surface) qui. sur le front d'un
cyclone en mouvement, sert de limite au secteur cliaud.
I^es mêmes instruments fournissent le moyen de mettre en évidence le
passage de ce que M. J. Bjerkness appelle la surface de grain (squall
surface) qui sert de limite à la partie, non plus antérieure, mais postérieure
du secteur chaud.
A la suite du refroidissement déterminé par l'entrée en jeu des masses
froides de l'arrière du cyclone, il arrive parfois qu'on observe, à la Tour
Kiflel, par température sensiblement stationnaire, des oscillations concor-
dantes, d'amplitudes très notables, du vent et de la pression. De pareilles
(') 11. ,Iacob et M. FiCHEUR, toc. cit., page 39 du tirage à part.
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 699.
SÉANCE DU l'i MAI 1921. l3o5
coïncidences ni' se produisent pas fréquenunenl; dans les Mc-nioires annuels
sur les Orages en France ( i()otJ-i9io), je n'ai pu les signaler qu'un petit
nombre de fois; elles présentent néanmoins un grand intérêt, car elles
apportent un témoignage concret à la conception nouvelle de M. .1. Bjerk-
ness qui s'exprime ainsi à ce sujet : « L'air froid venant de gauche pénètre
sous l'air chaud en forçant celui-ci à remonter rapidement et en exécutant
srins doute ensuite des oscillations verticales » ( ' ).
Le cas que nous allons nienlionner s'est produit le i5 septembre i9o6('-).
La réi;ion parisienne se ti-ouvait alors sous l'influence d'une dépression
dont le centre cheminait du nord de l'Ecosse (i5 sept., à 7'') vers le Dane-
mark (16 sept., à 7''). Le refroidisseinenl s'est manifesté brusquement à
ii''2o"' (voir les diagrammes de la figure ci-dessous); l'abaissement de
Xi*. A'i> S.<u^i><XAv£-m 'l^oà Umim")
la température, de l'ordre de 5", a été observé simultanément à tous les
étages de la Tour Eiffel et au Bureau Central météorologique. Comme d'or-
dinaire en pareil cas, le baromètre a présenté une montée rapide atteignant
(') Ciel et Terre, 1920, p. 241 •
(-) R. DoNGiER, Les Orages en France en 1906 (Ann. du IL tj. M., i. 1, p. 829;
Gauthier-Villars, Paris. 1909).
l3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
o"^^,(), et le venl, de diivclion Ouest, a subi une saute vers le Nord, pour
revenir bientôt à sa direction initiale (').
Ainsi donc, dans les portions basses de l'alniosplière, les masses chaudes
ont été remplacées par des masses froides jusqu'à des hauteurs dépassant
le sommet de la Tour Eiffel. Il est naturel de penser que les masses chaudes
se sont élevées au-dessus des masses froides, el que rensemble a donné lieu
à des courants juxtaposés de vitesses, de températures et de densités diffé-
rentes. Ces courants ne se pénètrent pas notablement et ne cheminent pas
nécessairement dans la même direction; leur frottement mutuel entraine la
production de vagues dont les effets, si les amplitudes sont assez grandes,
peuvent être décelés par les oscillations concordantes de l'anémomètre et
du baromètre.
De l'examen des diagrammes, il ressort que le vent au sommet de la Tour
Eiffel el la pression jont présenté des oscillations simultanées entre i4''3o'"
et i8''; l'anémomètre a enregistré la composante horizontale, tandis que le
baromètre a accusé l'existence d'une composante verticale. Cette produc-
tion de mouvements ondulatoires dans le sens vertical est confirmée encore
par l'existence d'une température à peu près stalionnaire; le refioidisse-
ment dû à la détente adiabalique de l'air ascendant est alors exactement
compensé, quand l'air est descendant, par le réchauHcmenl dû à la com-
pression adiabalique.
Ces conclusions sont en accord avec les vues si ingénieuses émises par
M. J. Bjerkncss; il sérail désirable qu'elles pussent être contirmées par des
observations directes, au moyen de dispositifs adaptés à la mesure de la
composante verticale du venl.
BOTANIQUE. — Sur tes modifications de la forme cl de la slruclitre des Ilépti-
tiqiies niainleniies submer<^ées dans l'eau. Note de MM. Ad. Davy dk
ViRvii.LE et Robert Doiin, présentée par M. Gaston Bonnier.
Divers auteurs ont fait, incidemment, quelques observations relatives à
l'action du milieu sur les Muscinées. On trouvera de rares indications dans
(') Il iaiporlede remarquer que l'abaissement de température qui iiiar(iue le passage
de la (1 sqoall line ou ligne de grain )i de M. Bjerkness n'est pas toujours accompagné
des manifestations violentes qui se produisent dans le cas ordinaire des grains. Ce
ptiénoméne, si redouté des aviateurs, n'est d'ailleurs pas spécial à la limite postérieure
du secteur cliaud ; il se produit dans des conditions niétéorologi(|ues variées et se.
reconnaît sur la carte synopli(|ue par la structure en \ des isobares.
SÉANCE DU -l'i MAI 1921. l3o7
les travaux de Knv ( ' ) et de (lavers (-'). \lalieu ( ^), dans ses éludes sur la
llore des cavernes, Beau\ene('), puis Lîlnio ['), en faisant quekiues cul-
tures expérimentales, ont obtenu des résultats plus précis. Iléccmmenl, l'un
de nous (") montrait que le milieu aquatique pouvait modifier profondé-
ment les litiiscinées. Nos expériences mettent en évidence l'action de ce
milieu sur les Hépatit/ues.
Ces recherches ont porté sur un certain nombre de types que nous avons
cultivés dans des cristallisoirs sous une faible épaisseur d'eau qui était fré-
quemment renouvelée. L'immersion occasionne un arrêt momentané du
développement de l'appareil végétatif qui continue bientôt à s'accroUre, en
se modifiant, tandis que les parties qui s'étaient développées dans les
conditions habituelles se nécrosent peu à peu.
Riccia ciliala IlolTm. — Les thalles normaux, qui sont peu ramil'u-s, ont ir™,ri de
long sur o"",i de large el sont garnis sur leurs bords de nombreux cils blanchâtres.
Après trois mois de submersion, on observe une ramitication abondante (jusqu'à
cinq bifurcations successives) qui donne à la plante un port rappelant celui des
Riccia at|natiques. Ces pousses, moins riches en chlorophylle, ont •^"="' de longueur,
et les cils caractéristiques de l'espèce ont disparu. Les rhizoïdes, plus nombreux l't
plus longs, ne présentent plus que de rares épaississemenls, alors que d'ordinaire ils
sont tiès abondants.
Fc^atella coiiica Corda. — Cette espèce a donné des pousses subapicales dressées
et ramifiées, d'un vert pâle, atteignant 7'-'"' de longueur sur o™',4 de largeur, au lieu
de i"" comme c'est le cas normalement. La dorsiventralité, fait déjà observé parUlmo
{loc. cit.), n'est pas atténuée, mais les stomates sont très saillants, el leurs parois
sont fortement redressées, leur ouverture offrant un diamètre de lol*, alors qu'il n'est
habituellement que de 5l^. Dans les chambres aérifères, les cellules hyalines surmon-
tant les poils chlorophylliens ont disparu.
Nous avons observé des modifications du même ordre sur le Lunii/aria vulgalis
Mich.
Pellia calycina Nées. — Cultivé sous une faible couche d'eau, ce Pellia a donné
naissance à des thalles non ramifiées de 6""" de long sur o'^™,3 de large, à bords forte-
ment repliés longitudinalement. Par contre, en eau profonde de 20'^'", les pousses, après
un même temps de culture, ne mesuraient que 2"^°' de longueur et leurs bords n'étaient
pas repliés. La pression de l'eau entrave donc le développement lorsqu'elle devient
trop considérable. Ce nouveau facteur, dont on soupçonnait peu l'importance, doit
èlie pris en considération.
(') Kny, Bau und Enlwicklung von Marchantia polymorpha L., Berlin, 1890.
(^) Gavers, Annals of Bolany, t. 17, n" 69, igo/î, p. 87-120.
(') Mabei', C. fi. du Congrès des Sociétés savantes, 1906, p. 53-58.
(') Beauverie, Ann. Soc. Linn. de Lyon, t. kk, 1897, p. 67-69.
{') Ulmo, Recherches sur les Marchanliacées, igiS.
C) Ad. Davy de ViRViLLE, Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 168-170.
l3ô8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sph(eiocarpus terresirh Srii. — Dans l'eau, les llialles 9 se dressent el s'allongent
énormémenl. Ils ne présentent plus les nombreux lobes que l'on peut observer dans la
nature et se montrent sous l'aspect de lames assez étroites, longues de i'"" environ,
portant des involucres dressés plus longs que les involuci-es normaux el largement
éxasés; même, sur certains thalles, ces in>olucres se sont développés sous forme de
lames foliacées; ces résultats sont conformes à ceux signalés par Cli. et R. Douin (' ) à
propos de l'inlluence de l'humidité sur les Splueracarpus (involucres ouverts ou
fendus longitudinaleraent). Ces faits semblent aussi venir à l'appui des idées île cer-
tains auteurs qui considèrent les Iliella comme des Sphœrocarpiis adaptés à la vie
aquatique.
Calypogeia Trichomanis Corda. — Cette espèce a donné des pousses dressées
de a''™, 5 de longueur. Le Tableau suivant résume les diflérences observées :
Calypogeia Trichomanis Corda. 1 ype ncniiial. '.vpe aqiialuine.
Distance entre les feuilles 0,8 1 , .!
Cellules de la tige 0,070x0,035 o, i33 x o,o3.^)
Taille des feuilles 0,880 x 0,880 o,52 X o,.">2
Cellules des feuilles 0,049 ^ 0,0^0 o,o35 x o,o3i
On constate donc, loisqu'on a cultivé cette espèce dans l'eau, une élon-
galion de la tige, ainsi qu'une diminution de la taille des feuilles et de leurs
cellules dont les membranes sont moins épaisses. Dans la tige, les mem-
branes des cellules externes ne sont plus cutinisées.
Le Plagiochiln asplenioides Dum. et le Lophocolea biderUala \ees. ont
présenté des modifications analogues.
Il résulte donc de ces faits que les Hépatiques, cultivées dans l'eau, sont
susceptibles de s'adapter à leur nouveau milieu qui provoque des change-
ments remarquables dans le développement, la taille, la structure et aussi
dans la direction suivant laquelle se fait l'allongement de ces végétaux. Si
ces formes étaient rencontrées dans la nature sans qu'on en conm'it la genèse,
on n'hésiterait pas à les décrire comme des variétés ou même comme de
bonnes espèces.
BOTANIQUE. — Une nouvelte Asclépindacée aphyllc du nord-ouest de Mada-
gascar. Note de M. P. Ciioux, présentée par M. (îaston Bonnier.
On connaît aujourd'hui à Madagascar une trentaine d'espèces dAsclé-
piadacées aphylles, et c'est à partir de 190G que le nombre s'en est particu-
lièrement accru, grâce aux travaux de MM. Costantin, Gallaud, Bois,
(') Ch. et 11. DoLiJi, lie\>. gén. de Bol., 1917, u° 3V1. p. i23-i36 el 1 planche.
SÉANCE DU 23 MAI I92I. iSog
Jumelle el Perrier de la Bàthie. Nous-même, en i()i3-i9i4, avons l'ait
connaître plusieurs espèces qui nous ont paru nouvelles.
La liste n'en est pas cependant entièrement close, puisque nous avons
l'occasion de signaler aujourd'hui un genre nouveau.
La plante dont il s'agit a été récoltée en septembre 1920 par M. Peirierde
la Bàlhic dans des sables très secs de l'Ankarafanlsika, c'esl-à dire dans ces
parties sèches du Boïna on l'on a déjà signalé maintes Asclépiadacées
a ph y Iles.
Les tiges, dépourvues de feuilles, sont nombreuses, dressées, mais peu
raides. Si certaines s'allongent en s'appuyant sur les buissons d'alentour,
d'autres retombent sur le sol où elles s'enracinent. Remarquons déjà que
pai' son port notre plante s'écarte de la plupart des Cynanchinées aphylles
malgaches, qui sont surtout des lianes, et parmi lesquelles on ne connaît
que quatre es[)èces non grimpantes, le Plalykdeha insignis N. E. Br., le
Çynanduim macrolobiim Jum. et Perr., le C. Perrieri Choux et le C. corn-
paclitm Choux.
I^es enveloppes florales n'ont aucune particularité bien caractéristique.
Le calice, de petite taille, est à sépales ovales-triangulaires ou triangulaires
arrondis et, dans ce dernier cas, aussi longs que larges ou même plus larges
que longs. Leurs dimensions varient entre 1°"", i et i""",3 de longueur sur
o""",8 à i™°\6 de largeur. Au niveau de chaque sinus calicinal, se trouvent
deux à trois glandes, souvent inégales. La corolle est blanche, finement
lisérée de rouge à la gorge. Les pétales, soudés à la base sur 2""", 5 à 3""",
et d'une longueur totale de 8'"™, 5 à i*^^'", sont oblongs, à sommet obtus,
entièrement glabres, et mesurent 2'"'", 3 à 2'"'",:") de largeur.
Le principal intérêt est offert par la couronne, qui est formée de cinq
pièces vertes, linéaires, très aiguës, s'élargissant cependant un peu à la
base, et devenant par suite triangulaires dans cette région. Ces cinq lan-
guettes, aplaties dorsalemenl dans leur partie basilaire, sont soudées aux
étamines. Un mince pont aplati latéralement relie les premières aux se-
condes. En outre — et c'est là le caractère important — ces pièces coronaires
sont à peu près complètement indépendantes et nettement séparées les
unes des autres. Chacune d'elles s'unit bien à sa voisine sur une hauteur de
()'""', I à o""",2, formant même au point de jonction une minuscule pochette
qui fait très légèrement saillie à l'extérieur; mais, comme les filaments
coronaires ont une longueur totale de 4""") 2 à 4°""5 5) dépassant de 2"'", 5
le sommet du gynostège, on peut considérer ces pièces comme presque
complètement libres sur toute leur hauteur. De plus, si à leur extrême
base, ces pièces sont confluentes et ont de o™"', 7 à o"""', 8 de largeur, elles
l3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
s'écartent très rapidement les unes des autres et s'amincissent progressive-
ment jusqu'à devenir linéaires. A partir, cependant, du niveau de l'insertion
des rétinacles sur le plateau stigmatiquc, elles ne se rétrécissent plus que
fort peu jusqu'au sommet, où leur largeui- est de o^^joSj à o""",io5. La
couronne na donc point cette forme de coupe, d'anneau ou de tube, qui sert à
caractériser les plantes de la tribu des Cynanchinées, tribu à laquelle appar-
tiennent toutes les Asclépiadacées aphylles signalées jusqu'ici à Madagascar.
Les anthères sont surmontées par une membrane triangulaire, arrondie
ou rectangulaire, toujours munie d'une pointe aigui- au sommet. Cette
membrane, qui se rabat sur le plateau stigmatique, mesure de o™"',4o7 à
^mm 5g.^ de hauteur sur o""", 542 à o™'",665 de largeur.
Les poUinies elliptiques (o"'",35o à o"'°',385 de hauteur sur o""",2io à
o'"'",227 de largeur) sont pendantes à l'extrémité de caudicules obliques
(o"'",i92 de longueur) et un peu arqués, s'élargissant à leur insertion sur
les pollinics. Le rétinacle, rouge, court, est déforme ovalaire (o"™,i92 à
o"'"',2io de liauleur sur o"'",i48 à o""",i66).
Le stigmate se compose d'un court pédicelle qui supporte un plaleau de
coiitouf peiitagonal. Chacun des angles du pentagone présente une minime
dépression pour l'insertion des rétinacles ; et, dans l'intervalle de ces angles,
les bords sont fortement déprimés en arc de cercli'. Le plateau est surmonté
en sa partie médiane d'une portion conique très courte, qui ne dépasse
pas o""",5 de hauteui'. le plaleau lui-même ayant une hauteur sensiblement
égale.
En définitive, lous ces caractères peuvent être résumés dans la diagnose
suivante :
.4[>hylluin, lantis crec/is. niiillis, paititn lii^idis. F/m es nlbi, intiis Ic^dtef iiibri.
Sepalisovalis-lriaitgulis, i;landulosis, 1"'™, i-i'n^jS longis, i)'""',^-i""",6 latis. Pelalis
obtongisy npice obliisis, 8'»"', 0-1"" longis, 2'"", 3-2""", 5 laits, basi (2""", 5-3°"") con-
crescentibus. Corona viridi. 4"""i 2-4™"', ■"> fdia: lobis r/iiim/ue linearihiis, apice
acttlis, basi teriler triangulis, fere omnino liberis. gynosleginin niultuin (3'"'", 5)
siiperatitibus. Antherœ meinbraiia Iriangula vel roltindaia, apice acuta ((•""", 4117-
()""", r)y,^ rt//'7, o™"', 542-0""", 665 latn). Polliniis elliplicis. Stigmate apicr Icviler
coiiico.
,\olre espèce ne nous paraît pas pouvoii' rentrer dans la tribu des Cynan-
chinées, au sens où la comprend K. Schumann. iVIais elle se placerait parmi
les Asclépiadinées, (pii jusqu'ici ne sont représentées à Madagascar (jue par
deux espèces. Nous croyons, d'autre part, ne pouvoir la classeï- dans aucun
des genres de celte Iribu acluellemenl conIlu^. Nous créerons donc le genre
Nematostemnia el notre espèce sera le Xernatostenuna Perricn, que nous pla-
SÉANCE DU 23 MAI I92I. l3ll
cerions volontiers à côté du genre Metastelma R. Br., qui comprend égale-
ment (section Ampliistelrna K. Schum.)des espèces aphylles, telles que le
Metastelma aphylltim Dcne, mais dont tous les représentants sont exclusi-
vement de l'Amérique tropicale.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Contrihution à Vètude du rôle physiologique
(les anthocyanes. Note de M. Stain Joxesco, présentée par M. Gaston
Bonnier.
La question des anthocyanes, qui a été tant discutée dans ces derniers
temps, a reçu une solution presque définitive en ce (jui concerne leur
origine, leur formation et les conditions dans lesquelles elles se forment.
A ce point de vue il suffit de citer les récentes recherches de Raoul Combes.
Willstatter et ses élèves ont réussi à déterminer la composition et la for-
mule cliimi([ue de ces corps.
Si sur ce terrain on a abouti à résoudre la question des anthocyanes,
le problème reste complètement irrésolu au point de vue du rôle physio-
logi((ue (jue ces pigments jouent dans la vie intime des plantes.
D'après Pringsheim, les anthocyanes se trouvant en grande ([uanlilé
dans les feuilles, associées à la chlorophylle , elles auraient pour rôle de
protéger le pigment vert contre l'intensité li-op forte de la lumière. Les
recherches ultérieures de Reinke et d'Engelmann ont démontré que la
théorie de Pringsheim n'est pas fondée sur des faits rigoureusement établis.
Stahl, s'appuyant sur de nombreux faits observés dans la nature, leur a
attribué un rôle très important dans l'élévation de la température des
plantes. Enfin Palladine croit que les anthocyanes constituent des pigments
respiratoires et jouent le rôle de corps de transition dans l'oxydation des
matières qui servent dans la respiration.
Pour éclairer autant qu'il est possible le rôle physiologique de ces
pigments, j'ai entrepris une série de recherches dans une voie différente de
celle qui a été suivie par les auteurs dont il vient d'être question.
Il ne paraît pas convenable, dans l'état actuel de nos connaissances,
d'étudier les glucosides anthocyaniques seuls, lorsqu'on s'occupe de leur
rôle physiologique. Ces substances semblent tellement liées aux gluco-
sides flavoniques qu'il est indispensable d'étudier ensemble ces deux
groupes de corps. J'ai donc cherché à savoir ce que devient l'ensemble
des anthocyanes et des glucosides flavoniques contenus dans des plantules
rouges lorsqu'on place ces dernières à l'obscurité. J'ai dosé l'ensemble de
l3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ces corps en épuisant les tissus au moyen de Falcool à chaud, en préci-
pitant ces glucosides à l'état de combinaisons plombiques, hydrolysant ces
dernières et déterminant le pouvoir réducteur des produits dhydrolysf
obtenus. J'ai également déterminé la quantité de sucres réducteurs, sucres
non réducteurs, d'amidons et de celluloses dans ces mêmes plantules de
façon à établii' le rapport qui peut exister entre les variations des antho-
cyanes et celles des substances hydrocarbonées.
Mes expériences ont porté sur des plantules de Sarrasin et de Blé de Bordeaux
développées à l'obscurité. Dès que -les plantules avaient atteint une longueur de
3™ à 5=™, elles étaient exposées à la lumière. Après 48 heures d'insolation, le Sarrasin
et le Blé étaient fortement colorés par une anlhocyane ; le Sarrasin en rouge vif, le
Blé en rouge violacé. J'ai fait porter mes analyses sur une première série de plantules
s'étant pigmentées dans ces conditions et qui servait de témoin, tandis que deux
autres séries^étaient placées à l'obscurité dans une chambre noire, où je les laissais
pendant 6, lo ou i5 jours. Après 2 ou 3 jours de séjour à l'obscurité, les plantules ont
été observées, et j'ai constaté qu'elles se développaient assez bien, tandis que leur
coloration commençait à s'atténuer. Après 6 jours d'obscurité, lorsque la coloration
avait sensiblement diminué sans disparaître complètement, car la base des tiges était
encore colorée, j'ai fait, sur une série de plantules, une anaivse semblable à colle qui
avait porté sur le témoin. Après un séjour à l'obscurité de 10 jours pour le Blé et de
1.") jours pour le Sarrasin, c'est-à-dire lorsque la coloration avait à peu près complè-
tement disparu, j'ai fait l'analyse de la dernière série de plantules. Je réunis dans le
Tableau ci-dessoiis les résultats de l'une des expériences faites; ces résultats sont
rapportés à 100- de substance sèche.
lilé longe Sarrasin rouge
fi joni's 10 jouis i; joni-s l.S jours
Blc a a Sarrasin ."i à
rnuye. l'oliscurilé. j'obscurilé. roupe. l'oliscurilc. Idliscurilr.
Glucosides anllioc^ani- ' ? , -, '' n ■ ' , ' • " ■> .
(|ues et (lavoniques.. i ' -Q^'^ ".f^'^ o,323 2,471 '•7'"J "--^'m
Sucres réducteurs ■'>'97 7i'^>à8 8.1S8S 5. 608 3, 026 3,ii4
Sucres non réducteurs.. 1,079 1,002 0,762 0,734 0,279 "
Amidons 16, 234 '^^,79-5 14,200 ig,o8(i 8,700 S. 383
Celluloses 1,468 >,i86 4,5o3 0,876 1,228 i,6.i4
L'examen de ce Tableau permet de faire les constatations suivantes :
I" Chez le Sarrasin comme chez le Blé a\ant formé des pigments antho-
cyaniques à la lutnière, et maintenus ensuite à l'obscurité, les glucosides
antliocyaniques et flavoniqucs diminuent sensiblement à mesure que se
prolonge le séjour à l'obscurité. C^hez le Blé, nous voyons la ([uantité initiale
de 1*^,943 tomber à o''',423, après 6 jours, et à 0^^,323, après 10 jours. Chez
le Sarrasin, la quantité initiale de 2^,^\'^i tombe à 1*^,7^0, après G jours, et
à o^^jlfi^, après i "> jours. Une grande partie de l'ensemble des glucosides
anthocyaniques et flavouiques disparaît donc dans ces circonstances.
SÉANCE DU 23 MAI 1921. l3l3
2° Dans les inèiues condilions, les sucres réducleurs évoluent de 'manière
différente chez lo Blé et chez le Sarrasin. Ils augmentent dans la première
plante et diminuent dans la seconde.
3° Les sucres non réducteurs et les amidons diminuent.
4° Dans les deux plantes nous constatons une augmentation des cellu-
loses. Cette augmentation est expliquée par le fait que les plantulcs
continuent à croître à l'obscurité et forment, par conséquent, de nouveaux
tissus.
L'observation des plantules colorées par des pigments anlhocyaniques
au cours de leur séjour à l'obscurité permet de constater nettement la
diminution du pigment rouge. On pouvait supposer, ou bien que ces
pigments se transforment, repassant par exemple à l'état de glucosides
flavoniques, ou bien qu'ils sont détruits. Les analyses dont je viens de
résumer les résultats montrent que cette dernière hypothèse doit être
adoptée puisqu'une grande partie de l'ensemble des glucosides anlhocya-
niques et flavoniques disparaît à mesure que les plantules perdent leur
pigment rouge.
Il semble donc qu'on puisse conclure de ces faits que les glucosides
anlhocyaniques et llavoniques sont susceptibles d'être utilisés par les
plantes mainte iu2s à l'obscurité d uis 1 !s conditions où les expériences ont
été réalisées.
PHYSIOLOGIE PATiiOLOGK^LE. — l'anaphylaxie chez les végétaux.
Note de MM. Aitouste Loiière et Hexiu Coutcrier, présentée par
M. Roux.
L'état de sensibilisai ion qui est conféré, chez les animaux, par l'injection
d'une matière albuminoïde étrangère à leur organisme, est un l'ail dont le
caractère est si général que nous avons eu l'idée de rechercher si ce phéno-
mène pourrait aussi se manifester chez les végétaux.
/'/c/niète expérience. — A cet eflTel, nous avons choisi, sur une plante d'oseille
sauvage, quatre feuilles ayant les mêmes dimensions approximatives. Dans le pétiole
de deux de ces feuilles, nous avons injecté, le i\ janvier, -j-J^ Je centimètre cube de
sérum de clieval; au bout d'un mois, aucune dilTérence .de végétation n'est perceptible
entre ces quatre feuilles; nous injectons alors à l'une des deux feuilles ayant reçu
l'injection préliminaire, ainsi qu'à l'une des feuilles témoins, o'^™", 3 de ce même
sérum.
Pendant quatre jours, on n'observe rien d'anormal; mais à partir du cinquième, on
voit la feuille qui a reçu les deux injections, préparante et déchaînante, se flétrir peu
C. R., 1921, ." Semestre. (T. 172, N- 21.) 9^'
i3i4
ACADÉMIE DES SCIENCES.
à peu; au dixième jour, elle est complètement flétrie, alors que les autres feuilles
continuent à végéter normalement.
Fig. I. — - Photograpliie faite 6 jours après les injections massives.
Deuxième expérience. — Prenant ensuite trois jacinthes, plantées dans le même
pot et se trouvant par conséquent dans les mêmes conditions de vie, nous pratiquons
Avec injection préparunlo. Sans injection préparante.
V\f. 7.. — Les deux plaiHes uni reçu une injection massive,
l'holographie faite 6 jours après les injections massives.
dans le bulbe de deux d'entre elles, une injection de 3',; de centimètre cube de sérum,
(le clieval; trois semaines après, nous constatons que la croissance n'a pas été
SÉANCE DU 2,3 MAI 1921. l3l5
iiilliiencée parce Irailenienl : on injecte alors dans l'un des bulbes a^anl reçu l'injec-
tion préparante et dans le bulbe non encore traité | de centimètre cube du même
sérum. (Quatre jours après, la plante à laquelle on a administré les deux injections,
préparante et déchaînante, commence à dépérir : au onzième jour, elle est flétrie
complètement, alors que le développement des autres reste noimal.
Troisième expérience. — Le i5 mars, on injecte dans des bulbes d'oignons, plantés
8 jours auparavant, o^^^oi de sérum d'âne, d'autres bulbes étant conservés par ailleurs
comme témoins, dans les mêmes conditions ; i5 jours après l'injection préparante, qui
n'a en rien modifié la croissance, nous injectons dans l'un des bulbes préparés, ainsi
que dans le bulbe d'une plante témoin, o'^"'',8 du même sérum. Au quatrième jour,
les feuilles du témoin se plissent légèrement, en conservant cependant leur rigidité,
tandis que celles de l'oignon sensibilisé prennent une consistance molle. Au bout de
8 jours, l'état du témoin est demeuré stationnaire, tandis que la plante sensibilisée
s'est complètement affaissée.
Si l'on sectionne les tiges de ces deux plantes, on constate que celles du témoin sont
franchement vertes et de consistance normale, tandis que les autres sont ramollies, de
couleur gris verdeîlre et presque pourrie*.
Le bulbe témoin sectionné est normal, sans que l'on retrouve la trace de l'injection,
alors que, chez l'anaphylactisé, la place de l'injection est marquée par une cavité
remplie d'un magma brunâtre et la totalité du bulbe se trouve dans un état de pour-
riture déjà avancé.
Ces premiers résultats, superposables, montrent que l'état anaphylac-
tique peut être créé chez les végclaux".
Sans injection preparatUo. Avec injecuon préparante.
Fig. 3. — Injections massives dans les deux bulbes.
Des expériences actuellement en cours ont pour objet de rechercher
l'efTet des différentes matières albuminoïdes, végétales ou animales, le degré
de spécificité de la sensibilisation, la possibilité de désensibiliser les végé-
taux par l'administration de doses subintrantes et de comparer les carac-
tères de cette anaphylaxie à ceux que l'on observe chez les animaux.
l3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Glande inlerslititlle du testicule et caractères sexuels
secondaires chez les Poissons. Note de M. R. Coiruiku, ptéscnlée
parM.VVidal.
L'élude de la glande germinalive mâle de l'Epinoche (Gas/rostous acu-
lœtus) nous a permis d'observer les faits suivants. Au début de mars, le
testicule est en préspermatogenèse; des noyaux de Sertoli sont appliqués
contre la membrane propre des ampoules spermatiques, et la lumière de
ces canaux est occupée par les divers éléments de la lignée séminale : sper-
malogonies, spermatocytes, spermatides. Les tubes séminifères sont très
distendus; les espaces intertubulaires sont presque virtuels; on y distingue
de place en place quelques cellules conjonctives aplaties. La spermiogenèse
apparaît aux derniers jours de mars. Elle s'efTectue rapidement et bientôt
les tubes séminifères ne contiennent plus que des noyaux de Sertoli, des
spermatozoïdes et des spermalogonies. Tandis qu'a lieu celte évolution
dans les canaux spermatiques, certaines modifications apparaissent au
niveau des espaces intertubulaires. Ceux-ci s'agrandissent et se remplissent
d'un tissu conjonclivo-vasculaire. Les cellules conjonctives, d'abord petites,
grossissent considérablement; noyau et prolo[)lasme s'byperlropbienl
parallèlement et de nombreux capillaires s'insinuent entre les éléments
connectifs. Vers la mi-avril, les tubes séminifères sont moins dilatés; ils
contiennent des spermatozoïdes qui s'orientent autour des éléments serto-
liens. Il existe de très rares spermalogonies; spermatocytes et spermatides
font entièrement défaut. Si l'on a traité l'objet par une lecbnique spéciale,
les éléments intertubulaires révèlent des détails cytologi(jucs intéressants.
Les cellules conjonctives ont acquis un aspect glandulaire parfaitement
distinct; autour d'un noyau arrondi à gros nucléole central se trouve un
protoplasme de structure différente suivant les éléments considérés. Il est le
plus souvent foncé grâce à l'abondance de granulations extrêmement fines
qui sont des mitochondries. D'autres cellules possèdent des granulations
plus volumineuses et enfin quelques éléments renferment dans leur cyto-
plasme de gros grains de sécrétion. On a donc sous les yeux les didércnts
stades d'un cycle sécrétoiie. yVjoutons que ces cellules glandulaires
s'orientent autour des vaisseaux sanguins, devenus très abondants dans les
espaces intertubulaires. Celle description montre nettement que nous sommes
en présence d'une glande endocrine en activité : c'est la glande interstitielle du
testicui'e.
L'Epinoche présenle un caractère sexuel secondaire bien marqué au
SÉANCE DU 23 MAI I921. l3l7
moment de la reproduclion. Le mâle possède une paiiire de noces Jrès spé-
ciale, le dos est vert émeraude et la région ventrale devient ronge écarlale.
Nous avons pu constater que c'était an moment où se produisent les pre-
miers phénomènes sécrétoircs dans les cellules interstitielles qu'apparaît
la teinte rouge caractéristi(jue. Les travaux de Bouin et Ancel sur le con-
ditionnement des caractères sexuels secondaires chez les Mammifères ont
mis nettement en évidence qu'ils étaient sous la dépendance d'hormones
élaborées par les cellules interstitielles du testicule. Les faits d'observation
que nous venons de relater tendent à montrer qu'il en est exactement de
même chez des Vertébrés inférieurs comme les Poissons. Il ne peut s'agir
ici d'une action provenant des cellules séminales, car au moment où appa-
raît la couleur rouge, la spermatogenèse est terminée et les tubes semini-
fères ne renferment que des spermatozoïdes et des éléments de Sertoli. Il
parait impossible d'attribuer aux premiers un rôle endocrine; quant aux
seconds, les recherches des auteurs déjà cités les ont écartés de la question
chez les Mammifères en montrant qu'ils ne subissent pas l'hypertrophie
compensatrice dans la castration unilatérale et que les caractères sexuels
secondaires peuvent se développer et se maintenir en leur absence.
Nous croyons donc qu'il y a lieu d'établir, chez l'Epinoche, une relation
de cause à eiTet entre le fonctionnement de la glande interstitielle et l'appa-
rition de la parure de noces.
Conclusions'. — Il existe chez les Poissons (Epinoche) une glande inters-
titielle du testicule qui présente une évolution cyclique. Cette glande se
développe quand la spermatogenèse est terminée. Les caractères sexuels
secondaires se révèlent lorsque les cellules interstitielles sont en activité
glandulaire; ils paraissent conditionnés par les hormones sécrétées par ces
cellules.
Des recherches expérimentales sont en cours en vue de compléter ces
faits d'observation.
HISTOLOGIE. — Nouvelle technique pour les inclusions et les préparations
microscopiques des tissus végétaux et animaux. Note de M"'' Larbai'd,
présentée par M. Gaston Bonnier.
La méthode la plus généralement employée pour le traitement des pièces
anatomiques à inclure dans la paraffine consiste dans lepassagesuccessif de
ces pièces dans les huit bains suivants : 1 , alcool à So" ; 2, alcool à 60" ; 3,
alcool à 80° ; 4, alcool à 93° ; 5, alcool absolu ; 6, alcool absolu |, xylol ou
l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
toluène {; 7, alcool absolu i, xylol ou toluène ~\ 8, xylol ou toluène pur.
Les principaux inconvénients de celte méthode sont : l'impureté des pro-
duits employés, les traces d'eau que contient presque toujours l'alcool
étliylique dit absolu, la contraction du protoplasma et le durcissement des
tissus dans le xylol ou le toluène. Enfin, le prix de revient de ces produits
est toujours élevé.
J'ai cherché à supprimer ces inconvénients et à simplifier cette méthode
en réduisant le nombre de bains. Pour cela, j'ai employé l'alcool bulylique
normal qui est livré pur et absolument anhydre. Cet alcool est un produit
accessoire de la fabrication de l'acétone (procédé Fernbach); actuellement
on en fabrique annuellement plusieurs milliers de tonnes qui n'ont aucune
application industrielle. Ce produit a, sur l'alcool étliylique, l'avantage de
dissoudre la paraffine, ce qui supprime complètement le xylol ou le toluène.
C'est donc une simplification de la méthode, et les résultats ont prouvé que
c'était aussi une amélioration.
Traitement des pièces anatomiqiies et des préparations. — L'alcool bulylique
normal dissolvant très peu d'eau {^i ^^ son volume), on ne peut pas préparer direc-
tement, par addition d'eau, la série des alcools à So", à 60° et à 8o^ Mais le mélange à
parties égales d'alcool éthylique à 96° et d'alcool butjlique norm:il pur est un très
bon dissolvant de l'eau. J'emploie donc ce mélange pour les quatre premiers bains.
Les calculs montrent qu'à loo'^"" de ce mélange il faut ajouter : 225""' d'eau pour
obtenir de l'alcool à So" (i^' bain); 62'''"', 5o d'eau pour obtenir de l'alcool à 60° (2" bain);
21*^"°', 87 d'eau pour obtenir de l'alcool à 80° (3» bain), et 2'^™', 63 d'eau pour avoir de
l'alcool à 95° (4" bain).
C'est alors que s'introduit la simplification de la méthode. F.n elTet, il suffit de deux
bains successifs d'alcool bulylique normal pur pour achever le traitement des pièces
à inclure. Dans le second bain, on ajoute peu à peu de la paraffine, et l'on achève
l'inclusion comme d'habitude.
Pour les coupes montées sur lames porte-objet, on remplace la série des alcools
éthyliques par la série. des alcools éthyliques et butyliques emj)loyée pour le traite-
ment des pièces à inclure. Enfin, pour le traitement des coupes de matériaux non
inclus dans la paraffine, on remplace les alcools éthyliques à 95" et à 100° par les
alcools butyliques correspondants.
Rèsullats et avantages de cette méthode. — Les essais ont été faits sur des
tissus végétaux et sur des tissus animaux; fleurs développées avec leurs
divers tissus, jeunes boutons floraux, méristèmes de sommets végétatifs de
racines et de tiges, embryons de lapins.
Dans tous les cas j'ai observé la parfaite conservation du protoplasma
sans aucune rétraction. Les colorations en masse faites avant l'inclusion
n'ont subi aucune altération, ce qui n'est pas le cas pour les autres méthodes.
Au moment de l'inclusion, les pièces ne sont ni dures ni cassantes, comme
SÉANCE DU 23 MAI 1921. iSig
après leur trailomcnt avec le xylol ou le toluène. Enfin, à ces avantages, il
faut ajouter le gain de temps par la suppression de deux bains.
Ces résultats permettent de présumer que l'alcool butylique trouvera un
débouché dans les laboratoires pour les recherches histologiques.
BACTÉRIOLOGIE AGRICOLE. — Augmentation du nombre des Clostridium
Pastorianum ( Winogradski) dans des terres parliellement stérilisées par le
sulfure de calcium. Note de MM. G.Tuuffaut et N. BezssongI'F, présentée
par M. L. Maquennc.
Dans un travail précédent ('), nous avons basé l'évaluation du nombre
des Clostridium Pastorianum du sol sur le comptage des colonies symbio-
tiques de cet organisme se développant en profondeur dans l'agar des boîtes
de Pétri ensemencé par une dilution de terre au ^75775-
Un tel mode d'évaluation a l'inconvénient de nécessiter le contrôle de la
majorité des colonies se développant en profondeur; aussi, tout en conti-
nuant l'étude des colonies symbiotiques, nous avons cherché un procédé de
mesure plus rapide.
A cet effet, nous ensemençons des dilutions de terre en tubes d'agar glu-
cose (^) et, après pasteurisation, nous constatons ou non une fermentation ;
dans le cas d'une fermentation, nous établissons la présence du Clostridium
par des préparations, puis nous contrôlons le pouvoir de fixation d'azote
par des ensemencements en bouillon (').
Opérant ainsi, nous avons pu nous convaincre qu'un seul chauffage à 80"
pendant 20 minutes des tubes d'agar ensemencés était insuffisant pour
assurer des résultats constants; le développement d'anaérobies facultatifs
influence défavorablement la fermentation butyrique. La résistance du
Clostridium au chauffage est bien connue (Omelianski, 1917); cet orga-
nisme est susceptible de se développer, même après un chauffage à 110°
pendant 20 minutes; on pouvait donc s'attendre à ce que des chauffages
à une température plus élevée, en entravant le développement des anaé-
robies facultatifs, faciliteraient celui du Clostridium.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1278, et l. 171, 1920, p. 268.
s f
C) Peptone... 2,5 (') Peptone... 2,5
Liebig. ... 2 Liebig 2
Glucose. . . 10 Mannite. . . 10
Agar i5 Eau i'
Eau 1'
l320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cependant, nous avons constaté que deux chauflagcs à loo" pendant
20 minutes, répétés à il\ heures d'intervalle, diminuent considérablement
le nombre des germes de CLostridium pouvant se développer et produire la
fermentation butyrique; ainsi, en moyenne dans ce cas, sur dix tubes ense-
mencés avec I™' d'une dilution de terre au 775V01T' '"'cun ne feiinente ;
sur cinq tubes ensemencés avec une dilution au . J^,,, un seul tube fermente;
tandis que, en chauffant deux fois à 80° seulement une dilution au , ^ „',j „ „ de
la même terre, quatre tubes sur dix fermentent.
Nous avons donc cherché à déterminer un mode de chauffage qui, tout
en éliminant les anaérobies facultatifs, donne le plus grand nombre de
tubes fermentes; des essais comparatifs faits avec quinze terres de prove-
nance française, tunisienne et marocaine, nous amenèrent aux procédés
suivants :
A. Des dilutions de terre au 7^7^, , „ „'„ „ „ , ., ;,,]„„„ sont placées pendant
3o minutes dans une étuve à 5o°. Pour chacune de ces dilutions, i""' est
ensemencé dans un tube d'agar glucose liquéfié, maintenu entre 65° et 70°.
On chauffe tous les tubes ensuite à ^S" pendant 20 minutes et on les
refroidit brusquement dans un courant d'eau froide.
B. On peut introduire dans les tubes un tampon imprégné de pyro-
gallate de soude (procédé Wright-Burri), ce qui évite le refroidissement
brusque.
Quatorze heures après l'ensemencement on chauffe à nouveau les tubes
à 5o° pendant 3o minutes et l'on répète cette opération deux fois pour ceux
qui, maintenus dans une éluve à 35", n'auraient pas fermenté. En employant
un stérilisant à base de CaS (i5 pour 100) et de MgCO' (4,5 pour 100) à
la dose de 6^,66 par kilogramme de terre, dans des pots contenant 3'^'^' de
ce sol, on obtint les résultats suivants :
Tubes refroidis brusquement.
Huit jours .Seize jours
après traitement. apics traitement.
Nomljre de tuLics Nombre de tubes
DiliilicHis. ensemencés. fermentes. ensemences, fermentes.
Témoin ......
Terre IrailL-e.
I 0 0 0 u
ÏÛOOIIO
(
TTToTÔ
1
1 uuooo
SÉANCE DU 23 MAI 1921. l32I
Tubes (H'ec tampon île pyrogallale ensemencés 1(3 Jours après le Iraileiuent.
Nombre de tubes
Dilutions. ensemencés. feiriienlés.
Témoin -nfiôT ^ i
" i oooiiu 'O . '
Terre traitée TToTïr ^ 3
" " I 00(100 '" ^
Il e^l à noter que dans toutes nos expériences, nous avons toujours observé
une fermentation butyrique plus énergique dans les tubes ensemencés
avec des dilutions de terre partiellement stérilisée que dans les tubes
témoins.
Dans les tubes ayant fermenté on a pu constater la présence de formes
bactériennes correspondant à celle du Closlridiwn Pastorianum ; des bouillons
inoculés par des tubes fermentes donnèrent lieu à une fixation moyenne
d'azote de 4o™^ par litre de bouillon.
En outre, dans nos recherches précédentes faites sur plusieurs centaines
de tubes, nous n'avons constaté que deux fois une fermentation butyrique,
probablement causée par un spirille non déterminé.
On connaît la difficulté qu'éprouvent les spores bactériennes âgées à
germer dans des milieux solides. Nos chiffres ne doivent en conséquence
représenter que les Clostridium actifs ou venant de sporuler. Toutes choses
égales d'ailleurs, le nombre des Clostridium que nous avons trouvés dans un
sol se trouvant à une température basse est toujours nettement inférieur à
celui que nous constatons dans la même terre lorsque la température
dépasse i5°.
Conclusions. — L'influence de la stérilisation partielle sur |le dévelop-
pement du Clostridium est confirmée par ce fait que sur 10 tubes ensemencés
avec des dilutions de terre témoins, 3 fermentent, alors que 8 subissent la
fermentation butyrique dans le cas de terres partiellement stérilisées, et
cela 8 jours après ce traitement. Les rapports sont encore de 2 à i, 16 jours
après le traitement.
Ces méthodes nous ont donné des nombres de Clostridium voisins de
looooo au gramme, chiffres qui sont forcément bien au-dessous de la réa-
lité. Il est'intéressantcependant de constater que même en les adoptantiissont
de 10 à 100 fois supérieurs à ceux qui ont été donnés par Jones et Murdoch
pour les azotobacter. Les numérations maxima de ces auteurs sur 17 terres
indiquent 1800 organismes par gramme. Nos propres essais ne nous ont
pas permis d'en compter plus de 5oo.
G. R.,51931, i" Semestre. (T. t72, N- 2t.) • 97
l322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il nous semble donc que c'est le Clostridium Pastoiianum et non V Azoto-
bacter qui est l'agent principal de la fixation de l'azote dans le sol.
ENTOMOLOGIE. — Recherches sur le déterminisme de la perte de la faculté
du vol chez les Hémiptères aquatiques. ÎNote de M. R. Poisson, présentée
par M. E.-L. Bouvier.
On sait, d'après les recherches de Perrière (1914), que certains exem-
plaires de Ranatra linearis. L. possèdent des muscles vibrateurs longitudi-
naux anormaux. Ces muscles présentent des insertions défectueuses et,
d'autre part, ils sont formés de fibres striées beaucoup plus grêles que celles
des exemplaires à muscles normaux. Ces fibres sont entourées par des
cellules arrondies à gros noyaux entre lesquelles s'insinuent de nombreuses
trachées. Ranatra linearis nous montre le début d'un processus remarquable:
l'indice primitif d'une dégénérescence des muscles du vol (muscles vibra-
teurs longitudinaux) et la formation, à leur place, d'organes particuliers
connus sous le nom d'organes trachéo-parenchymateux .
Celle évolution régressive des muscles vibrateurs s'accentue chez Nepa cinerea L.
En eflel, les observations de Perrière (1914) el de Brocher (igiS) montrent que les
muscles vibrateurs longitudinaux dorsaux, latéraux dorsaux postérieurs et sternali-
dorsaux (vibrateurs transversaux de Janet) s'atrophient progressivement pendant la
vie larvaire. Chez l'adulte, sauf quelques rares exceptions, on trouve à la place des
muscles vibrateurs longitudinaux, deux organes trachéo-parenchymateux. Ces organes
sont constitués par des fibres non striées, entre lesquelles s'insinuent les nombreuses
Irachéoles musculaires. Les muscles latéraux dorsaux postérieurs et sternali-dorsaux
ont totalement disparu. D'après Brocher, ils seraient représentés par des lames de
tissus accolés aux sacs aériens.
Les muscles de vol faisant défaut, la Nèpe ne peut donc plus voler, quoique possé-
dant des ailes et des éivtres d'apparence normale.
" ♦
Dans le but d'établir le déterminisme cjui préside à la régression des
muscles du vol chez les Hémiptères a(juatiques, j'ai entrepris l'étude de ces
muscles :
1° Chez deux espèces affines ne volant pas, Naucons ciniicoides L. et Nau-
coris maculatus Fabr. ('), mais dont la première possède des élytres et des
(') L'expérience, tentée sur de nombreux exemplaires, a toujours été concluante.
Des Notonectes, des Corises, des Gerris macroptères, placées au voisinage d'une
source de chaleur d'où elles ne peuvent s'enfuir par la marche, ne lardent pas, sauf
quelques très rares exceptions, à s'envoler vers une fenêtre, lorsque la température
s'élève. Par contre, Nèpe et IXaiicorises ne s'envolent pas et cherchent uniquement à
s'enfuir par la marche; elles courent jusqu'il complet épuisement.
SÉANCE DU 23 MAI I921. l323
ailes normalement développées, alors que la seconde ne présente plus que
deux petits moignons aiaires.
2° Chez Gerris lacustris L., espèce qui vole sous sa fornie macroptère et
ne vole plus sous sa forme brachyptère (').
A. Cas de Naucoris cimicoïdes (forme ailée).
Les muscles vibraleurs longitudinaux, dorsaux onl disparu et ils sont remplacés,
ainsi que Perrière l'a déjà signalé, par deux petits organes iracliéo-parenchymateux
recouverts en partie par les sacs trachéens. Ces organes sont constitués par des fibres
régulières extrêmement minces, sans aucune trace de slrialion, qui possèdent de gros
noyaux de forme ovale, occupant toute la largeur de la fibre. Les fibres sont mélangées
à un réseau de tracliéoles dont certaines, lorsqu'elles sont pleines d'air, ont l'aspect
de petites vésicules.
B. Cas de Naucoris maculalus (forme à ailes rudimentaires).
Aucune trace des muscles vibrateurs du vol. Les organes trachéo-parenchymateux
eux-mêmes n'existent pas. Dans certains cas, cependant, on peut observer une mince
lame de tissu accolée au tronc trachéen correspondant.
C. Cas de Gerris lacustris.
\° Forme macroptère : Individus de 8""", ailes de 5"™.
Sur une coupe transversale du mésothorax, on observe une paire de muscles vibra-
teurs longitudinaux dorsaux et une paire de vibrateurs transversaux (^) parfaitement
bien développés et localisés. Latéralement, se trouvent les petits muscles de mise en
place des ailes et les muscles moteurs des pattes, dont certaines possèdent une inser-
tion dorsale située au voisinage de celle des vibrateurs transversaux.
3° Forme brachyptère : Individus de 8"™ de longueur; les élytres atteignent exac-
tement la moitié de la longueur de l'abdomen, elles ne se recouvrent pas. Les ailes
rudimentaires mesurent 2""°.
Les muscles vibrateurs du vol n'existent pas et Von ne trouve pas à leur place
d'organes -analogues aux organes trachéo-parenchymateux. Uemplacemenl laissé
libre par ces muscles est occupé : a. parles muscles dorsaux- ventraux moteurs des pattes
qui viennent prendre leurs insertions plus près de la ligne médiane dorsale que nor-
malement; b. par les réservoirs des glandes salivaires, par du tissu graisseux et, à
maturité sexuelle, par une partie des organes génitaux.
En résumé, cette étude noas montre qu'il n'y a pas parallélisme entre la
(') Guérin el J. Pénau {Faune enlomologique armoricaine, 191 o, in Bull. Soc.
se. et médicale de l'Ouest, t. 19, n" 2) [disent n'avoir rencontré qu'une seule fois
une femelle à ailes nulles et à hémélytres asymétriques. Cette forme brachyptère
paraît bien localisée dans certaines stations aux environs de Caen (Calvados).
(-) Chez G. lacustris, ces deux sortes de muscles apparaissent après la quatrième
mue larvaire. Au voisinage de la cinquième el dernière mue larvuire, ils ne sont pas
encore complètement développés.
l324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
disparition des muscles vibrateurs et celle des ailes, ainsi que Mercier l'a
déjà constaté chez Chersodromia hirln Walk et Apterina pedestris Meig ('),
D'autre part, Ranatre, Nêpe, Naucorises (N. cimicoïdes et A^. maculatus)
peuvent être envisagées comme formant une série où Ton assiste progressi-
vement à la disparition des muscles vibrateurs du vol. Cette série serait à
mettre en parallèle avec celle que donne la comparaison des Diptères pupi-
pares entre eux. Chez ces derniers, Massonnat (^) a montré que l'atrophie
des muscles du vol est de plus en plus complète suivant que les rapports du
Diptère parasite et de son hôte sont de plus en plus étroits. Aussi certains
voient dans la vie parasitaire menée par ces insectes, le déterminisme de
la perte de la faculté du vol; les muscles du vol ayant disparu par non
usage. Mais, pour les Ranatres, les Népes, N. cimicoïdes qui possèdent des
ailes normalement développées, la théorie du non usage ne paraît pas aussi
évidente que pour les Diptères pupipares.
A mon avis, l'étude de Gerris lacustris sous sa forme ailée et sous sa forme
brachyptère laisse place à une interprétation plus satisfaisante. En efl'et,
chez la forme brachyptère, la disparition des muscles du vol apparaît brus-
quement comme le ferait une mutation.
La séance est levée à i6 heures et demie.
A. Lx.
(') L. Mercier, Variation dans le nombre des fibres des muscles vibrateurs lon-
giludinaujc chez Cliersodromia hirla Walk. Perle de la faculté du vol {Comptes
rendus, t. 171, 1920, p. gSS). — Apterina pedestris Meig. Les muscles du vol chez
certains Diptères à ailes rudimentaires ou nulles {Ihid., t. 172, 1921, p. 716).
(^) Massonnat, Contribution à l'étwie des Pupipares (t/in. Université de
Lyon, fasc. ^8, 1909).
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 50 MAI 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Geouges LEMOLVE.
MEMOIRES ET COMMUi\ICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Emii.e Picard, en déposant sur le bureau le Tome III des OEuvres de
Georges Halphen, s'exprime comme il suit :
Je présente à l'Académie, de la part de M""^ Halphen, le Tome III des
OEuvres d'HALPHEx. Ce volume est à peu près formé uniquement des deux
grands Mémoires de notre regretté confrère : Sur ta réduction des équations
différentielles linéaires aux formes inlégrables et Sur la classification descourbes
gauches algébriques. Le premier de ces Mémoires fut couronné par l'Aca-
démie en 1881 dans un concours célèbre, auquel prit part Henri Poincaté
qui commençait alors à s'occuper des fonctions fuchsiennes. Dans ce travail
considérable, où toutes les applications sont poussées jusqu'à leur dernier
terme, les invariants des équations diflërentielles linéaires jouent un rôle
capital, et c'est de leur considération que Halphen déduisit la solution du
beau problème qu'il s'était posé sur les possibilités de réduction à des
classes étendues d'équations différentielles. Le second Mémoire est peut-
être l'œuvre la plus profonde d'Halphen, qui a été beaucoup plus loin que
ses devanciers dans la classilicalion extrêmement difficile des courbes
gauches algébriques. Il a appliqué ses méthodes générales à la classification
complète de ces courbes jusqu'au vingtième degré, et à celle des courbes
de degré cent vingt.
Un quatrième Volume terminera la publication des OEuvres de l'illustre
géomètre qu'une mort prématurée enleva à la Science, en 1889, à làge de
quarante-quatre ans.
C R., 1931, I- Semestre. (T. 172, N° 22.) 9^ A^^O^"" "^^O^i:^
L13R ARY)=D
^' /-^
l3-26 ACADÉMIE DES SCIEACES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur /'applicalifin de .suivoltrurs siatit/iics réparlis ou réglage
des lignes à haute tension. Noie de M. A. Bloxdel.
Dans une Note antérieure, j'ai comparé différentes solutions réalisables
pour les lij^nes de transport d'énergie à haute tension suivant les caractéris-
tiques de ces lignes. J'ai signalé, en particulier, la ligne sans déphasage, c'esl-
à-dire celle qui satisfait à la condition - = -. dans laquelle /•, /, c, g repré-
sentent respectivement la résistance, l'inductance, la capacité et la
perditance par unité de longueur.
On obtient actuellement un ellet correctif en disposant en dérivation sur
la ligne des moteurs synchrones dont on fait varier l'excitation de manière à
débiter ou à absorber du courant déwatté. On peut ainsi ramener le cou-
rant à être entièrement watté. Mais la chute de tension et le décalage n'en
restent pas moins augmentés par la force éleclroniotrice réactive w/1.
Et cette correction n'est obtenue quau prix d'une augmentation du cou-
rant total dans les câbles.
J'ai étudié dès 1919 d'autres méthodes, que je n'ai pas encore publiées,
dans le but d'annuler en même temps l'eflet de la réactance des câbles par
l'introduction en série dans la ligne de forces électromotrices supplémen-
taires. L'une de ces méthodes consiste à répartir des survolteurs statiques
dont les secondaires seront intercalés en série dans les fils de la ligne; les
circuits primaires montés en dérivation entre les câbles seront parcourus
par des courants correctifs capables de fournir dans les secondaires les
forces électromotrices égales et opposées aux forces électromolrices réac-
tives des lignes. Un cas particulièrement intéressant de cette solution est
celui où la compensation sera limitée à ce qui est nécessaire pour réaliser la
reliation de distorsion nulle rappelée plus haut (').
La théorie du transformalcar statique, appliqjé sous cette forme
déphasée, peut être faite aisément en introduisant des coefficients d'induc-
tion tournants, c'est-à-dire tenant compte des réactions mutuelles des
circuits de chaque enroulement primaire ou secondaire. On appellera .1^,
et s:^^ les self-inductions tournantes du primaire cl du secondaire, R, et \\.,
(') Depuis iiiie j'ai rédigé cet exposé el la théorie suivaiile. j'ni a|>|)iis de M. lîuii-
cherol qu'il a étudié jui-iiiéme par une autie inélliode un dispositif siinl^hilik' el iju'il
se réserve d'en faiie ultérieurement l'olijel d'une pulilicaticui.
SÉANCE DU 3o MAI I921, l3-2J
leurs résistances, t-, et i., les impédances vectorielles correspondantes (')
définies par
ï,= i!,H-yor„
(en désignant par y le symbole des imaginaires, et par il la pulsation du
courant) ; 311 j^- le coefficient d'induction mutuelle tournante, correspon-
dant au cas où l'axe des enroulemeuls secondaires est décalé de l'angle a
en avance par rapport à celui des enroulements primaires. On appellera
d'autre part ], le courant efficace dans chaque phase du primaire, L le cou-
rant dans chaque phase du secondaire, courant qui est en même temps
celui du fil du câble de la ligne mis en série avec cet enroulement secon-
daire; U| la difîérence de potentiel entre les conducteurs, E la force élec-
tromotrice supplémentaire que doit produire le secondaire dans les fils du
réseau.
Cela posé, les équations du survolteur statique peuvent s'écrire comme
il suit :
(2) ÏJ, + /<20IL|- ar, = — iï.
La résolution de ces équations se fera facilement par rapport aux in-
connues E et I,.
L'équation (i) donne directement I, en fonction des données U, a et lo
Portons cette valeur de l, dans (2); on obtient l'expression de E
On peut développer la parenthèse du premier terme du second membre,
en désignant par 1 un coefficient de fuites défini par la relation
(5) Oli-'^(i-cr) i^,.r,;
(') On distingue ici par des Irails au-dessus des lettres les quantités vectorielles,
'esl-à-dire variant en phase en même temps qu'en grandeur.
l328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'expression (4) devient alors
Le facteur de L au second membre de (7) prend, quand on néglige les
résistances des enroulements, la valeur
Ce l'aclcur, proportionnel au coefficient t, est généralement petit.
L'action de survoltagc est caractérisée principalement par le second
ternie et dépend, par conséquent, de l'angle a.
L'impédance résultante aux bornes du secondaire du transformateur
s'obtient, simplement, en faisant le rapport =^) 1.^ étant le courant dans les
feeders et E la tension survollrice définie par l'équalion ( '1) :
En introduisant le coefficient de fuite a-, comme on l'a défini précé-
demment, et en désignant par %^.^ = %:.^ |'|., l'impédance correspondant au
rapport ^j celte expression prend aussi la forme suivante :
ou, en séparant les parties réelles et les parties imaginaires,
(3) ^ =_,-)H^sin('j>:,— 'I;,— a)
1., -1
~ 1
-yTo01l|-^os('l;,,-^,-«)
^( '-:.R.+ ';Ji|)cos'.};| — (RiR,-crO^ r, r 2)5iM6|]
en désignant par ^^ l'angle de décalage de l'impédance vectorielle ï-;,.
Si l'on néglige les résistances H, et V\.,, celle formule prend la valei:r
ap|)rocbée suivante, d'une discussion plus facile,
„.„, ï,iî:..,i„(.,_î_,)_,[:ï.,c„.(.,-:-.)-..=it.].
SÉANCE DU 3o MAI I|)2I. l329
De inômc, le survolteur tnodilie, par sa présence, l'admitlance de fuite
mire les deux fils de ligne. Celte adiuiltance résultante se déduit du
rapport p-- qui a pour expression
ji = 1 - ■/ "'^'^ '- il — _L _ -f^^llif
Développons le second membre de celte équation pour séparer les parties
réelle et imaginaire; on obtient après réduction
^.^ ï, cosij;, n.TL . ^, , ^ Tsin'J;, il:)\l 1
(3) rr — ~^r^ r-^sin('L:;+'J;,-^)-./ —^ -h -—- cos ('];, + ■!;,— 3() .
U,
Si l'on néglige la résistance II,, on a l'expression approchée
^'^ tj; ^- ^^""('-'^ l ~ ") 'A^, ^ z^^'^'i:^'^ 1-°")]-
Le survolteur équivaut donc à la concentration en un point de la ligne :
a. En série, d'une résistance sensiblement égale à
L 1 V
et d'une réactance sensiblement égale à
b. En dèrivalion, entre phases, d'une conductance (ou perditance) sensi-
blement égale à
tj — T-^T- sin ( 'ï;; H a).
et d'une capacilance sensiblement égale à
ii L' = — -r-^ ^ cos 'i;j H a
Supposons que l'on dispose des survolleurs statiques semblables à celui
qu'on vient de considérer, en des points régulièrement espacés d'un inter-
valle le long d'une ligne x ayant poui- résistance, inductance, perditance et
capacité linéiques (c'est-à-dire par unité de longueur .r) respectivement /,
l, g, c. Les constantes apparentes de celle ligne par unité de longueur
deviendront respectivement
IV „ , L' , G' , C
ia3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
expressions dans lesquelles R', L, G', G' ont les expressions données
plus haut.
( )n peut en déduire la condition à remplir par les constantes du transfor-
mateur et par la distance ./■ de répartition pour obtenir une ligne sans
distorsion ( c'est-à-dire ne produisant pas de décalage de phase), au moyen
de la relatiçn connue
r'c' = g'l'.
dans laquelle i! suffit de substituer à r , /', g', c' leurs valeurs. La perditance
naturelle g n'est d'ailleurs pas une constante absolue; die varie dans de
très grandes limites suivant la tension de la ligne. Il en est de même par
conséquent de g'.
On voit ainsi qu'on peut toujours trouver, pour une valeur donnée det-,,
des constantes de transformateur, un espacements et un angle de calage a
permettant d'obtenir la compensation. Mais une fois que l'on a réalisé et
mis en place des transformateurs donnant cette compensation, le calage a
devra être modifié pour chaque valeur des courants L débités dans la ligne,
si l'on suppose le potentiel sensiblement constant à toute charge. Gela
conduit à employer des transformateurs pdlyphasés, formés de deux parties
mobiles l'une par rapport à l'autre, comme les survolteurs statiques, et dont
on puisse régler le calage en cours d'exploitation; il faut alors vaincre le
couple qui s'exerce entre le stator et le rotor, suivant les dispositifs connus.
Gette régulation des lignés par survolteurs statiques est soumise à cer-
taines limitations par le fait même qu'elle produit seulement un échange de
la puissance réactive prise en dérivation en une puissance réactive restituée
dans le circuit en série: il en résulte que l'on ne peut pas fournir de la puis-
sance réactive à la fois en série et en dérivation, et que, d'autre part, il y a
forcément équivalence entre la puissance réactive absorbée d'une part et la
puissance réactive restituée d'autre part, sans qu'on puisse faire varier le
rapport entre ces deux quantités.
ELECTIONS.
Par l'unanimité des suffrages, M. II. Le Giiatelier est réélu Membre de
la Commission permanente de standardisation.
SÉANCE DU 3o MAI IQ2I. l33l
CORRESPO^DA]\CE.
M. Jeax Massart, élu Correspondant pour la Section de Botanique,
adresse des remerciments à rAcadcmie.
M. le Seckétaire perpétuei, signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° L'effort du réseau du No/d pendant /■/ après lu guerre, par M. Javaiiy.
(Présenté par M. E. Tisserand.)
2° Les Tomes I et II de Fundamcnta m-jt/w/natica' (\a.rso\'ie), rédigés
par Stckan Mazukkiewicz et Waci.aw Sikisi-inski.
5° Théorie nmlhématiquc des phénomènes ihrrmiqurs produits par la radia-
tion solaire, par M. Milankcvitcii.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fondions de Bessel à deux variables.
Note de M. Be.\.jamj.\ Jekiiowsky, présentée par M. Appell.
Les fonctions de Bessel à plusieurs variables dont le type le plus simple,
après la fonction classique, est la fonction à deux variables, ont été consi-
dérées juscju'à présent sous forme d'intégrale ou sous forme de série
exprimée à l'aide des mêmes fonctions d'une seule variable. Je me propose
de donner l'expression de ces fonctions sous forme de séries entières conver-
gentes pour toutes les valeurs de la variable et indiquer quelques propriétés
qui en résultent.
a. En partant de la relation
on trouve
/'=-»-
h.{-r,y)
= 2
,,-^_
(ï)'
r(. + /. — 2/y)r(.-f/.) -
7=+" "=7
l332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec
o 1 = I , ( /> -h o ) 1 ^= I , ( /.■ 4- ?-/J + o ) ! = I :
d'où l'on déduit les propriétés suivantes de ces fonctions :
J/,( X, J) = (-!)'•■ J_,.( .'■.—.>•),
J/,( .r,v) = (-!)'' Jy,(-X. J),
Jt( -ï-, y)= J_/.(— X, — j),
vérifiées pour toutes les valeurs de l'indice / entier ( ' ).
b. Si, dans lexpression ( i ), on change ;/ en • > et si Ton multiplie cette
nouvelle expressi(jn par la primitive, puis on la développe, en égalant les
termes indépendants de «, il vient
A = + «
V (-,y|IJ,(x,_r)=J„(2x),
/, = - «
doù, on prenant la dérivée, on trouve
J,(2x)= 2 (-■)''•'■ J/.(-r, 7) J/,-.(.^-,,v),
A = - »
V^ , , . d i iAj:. y)
2^(~<)''J,(.r,.r)^^ =0.
l*lnfin si, dans rcxponenlielle de la relation (i), on remplace a- et v
pir 2x- et iy, puis qu'on identifie avec le carré de l'exponentielle, on
obtient
J:ï./,(2.r, ■}.r)r=iE,, ^ Jzp,:/+,,i(x, j) J^,,(.z-, r)
avec
formule qui, pour une variable, se réduit à la formule de M. Lonnnel | Hes-
se/.sche Fun/iL, p. 3i, '|8 (;5 12, 15)J.
(') On vérifie .lisémciil ces pio]ii'it''lés aussi \>,\r la formule il) que nous avons
donnée dans le lliillelin des Sci'jtices nuilliciiKiliqucs, ■>' série, l. VI, février 1917-
SÉANCE DU 3o MAI I92I. l333
ANALYSE MATHKMATIQUE. — Sur les développemeiUs de Ja :obi . Note
de M. EnwAXD Kocbeti.iantz, présentée par M. Appeli.
Les polynômes hypergéométriques de Jacobi 'j?„* '^ (a;\ orlliogonauxdans
( — I , +1), sont définis par la fonction génératrice
(i - 9.XZ + Z'') '^(1 4- ; +^/i — ixz + ;-=)"(l — : + \ \—kx z + z'-)'^, (^<i. ,5<i).
Supposons que /\x), sommable dans ( — i, + i ), ne devienne infinie aux
points IVontiers .r = — 1 et a; = 4- i que d'ordres moindres que i — a et
I — p respectivement. Le développement de f{x) en série de Jacobi
s'écrit :
(0 /(-r)-
'-+-.')"('— y )P
Pour a = ^ = À, (i) se réduit au développement ullraspliérique
de f{-v). Darboux, en étudiant la convergence de (i) aux points intérieurs
.r I <^ I , a établi ( ' ) que la série ( i) diverge partout, si les ordres d'infini-
tude de f(ir) aux points frontiers sont>7 ^et-r — -respectivement.
Par exemple, 1î développement (i) de (i -1- a;)'" diverge partout, si a < -
et I — a "> w > y ^^ ; c uoique cette fonction est à variation bornée et con-
tinue dans (i — i, i).
Mais en se bornant aux polynômes <f^'-^'(a-) avec a -i-JÎ<ocl|a — [^Ki,
on démontre le théorèmeque voici :
Pour 7. -h '^ <^ o et \ y. — '^ \ <C i ' ^" ^erie (1 ) uu point x = x„ est sornmable
(C, 0 > I — a — ^) avec la somme - [/(x„— o) -i-/(xo + o)] , si f{x) est
à variation bornée dans le voisinage de ce point intérieur x ^ x^'^la somma-
bilitè est uniforme dans tout intervalle de continuité de/(x), compris dans un
intervalle, où f(x) est à variation bornée.
Par exemple le développement divergent de la fonction (i + xY" avec
co > 7 est uniformément sommable (C, 0 > i — a — p) vers la fonction
développée dans l'intervalle i>a;^£ — i (£>o).
C) Journal de Lioiuttle, 3' série, l. k, 1878, p. ogS.
l334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La déinonslration est basée sur un llioorème de Chapiiian (') et sur la
sommabililé ( C. o > i — a — ^) de la série
/ ,,-t'-"^ /' ' — =< — h\ r( /i -H I ) r(« H- 1 — « — 3) ,,,, ,. , ,,,,,0, ,
^ ' ^\ ■>. / 1 (// -Hi — j:)1 (// +1 — ,:i) n \ ; ,1 ji
avec la somme zém pour x ^ y, si a -H Ji <^ o et | a — [i | <:^ i ; la soiuim-
bilité est unifoniie pour \x — r\^t (î>o). La reclierclie de la sonjiiia-
bilité (C. 0) de la série (2) se réduit à son tour grâce aux Ibrmules
'■(0'-(V--:) ,
(^) (,V...(.-.:^^'^'<-'
Y{p -h coVin -h \) J J ?-p
(COSO) COSy»- (C0?0 COS'jj)p-l'
^_ sin -) siii',)COi[(/i H- 0 19 — on] f/'j f/'..
r(fi-H;3)r(/iH-i) jfj X
(COS^ — COS'jj)- ''(cosr.l — COSO)''^*
OÙ X = cosO. 2; — I — a — [i, à Tétude de la série
l(" + p^r(2o)r(., + .)'^"^^^"^P^"-'°^1 (0 = "^-^^),
qui est somiuable (^C, 0 >> 23) et a zéro pour somme, si // ^ o, 2-, et l est
niéiiie uiiirormémenl dans ["intervalle ( 0, 2- — t).
La formule (3) n'est valable que si a + |3 < o et ^ — œ < i et d) n'est
valable que si a -f- ^ <| o et a — jî<Ci- H est très probable que les res-
trictions a -f- ^ <[ o et I X — i^ I <C ' "6 sont nulleiiii-nt nécessaires et (ju on
les lèvera en étudiant la série divergente (2) par une iiiélbo le directe.
Celle élude diiecle doit aussi diminuer l'index 0 > i — x — [il de la somma -
biiité de la série (2) jusqu'à 0 > pour | j:| < i et même juscpi à
o>o. si X et y se trouvent tous les deux à l'intérieur de l'intorvalle
(— I, -I- i). On prouve t'acilcmcnt ([ue la série (2) n'est pas sommable
(C, o2 ——7-—^) P*»"'' .v = ±t. a- 1 < I ri ne l'est pas non plus
(C, S5i — a — ]i) pour j- = — r = ± I .
(') (JititrliiU Jiiu/nal. t. i3, 191 !. p- i-J3, ^ 1, tliéorènic II, \.
SÉANCE DU 3o MAI 1921. l335
MÉCANIQUE. — Sur une conséquence des lois du froltrment.
Noie ( ' ) de M. Et. Demssus, présentée par M. G. KdMiigs.
I. Considérons un phénomène physique dépendanL de deux variables
X, V de telle sorte cpie le fait qui se produit pour un système de valeurs
de a-, / soit unique et varie d'une façon continue avec ces variables tant
(|u'elles resteront dans un certain domaine réel cy.
Supposons qu'on en propose une ihéorie mathémalirjue conduisant à faire
dépendre le fait ([iii se produit d'une inconnue :; le délerminant d'une façon
univoque et continue et (|ue celte inconnue s soit déterminée par une équa-
tion finie
?>{x,Y, -) = Q
du (juatrième degré dont les seules racines acceptables sont les racines
positives.
Admettons que l'hypotiièse suivanle soit réalisée : Il existe, à l'intérieur
du domaine uO du plan des xy, un point x„y„ pour lequel l'équation S
possède une racine triple positive z„ et une racine simple négative ;'„.
De l'existence de .r„,v„ réel donnant une racine Iriple résulte l'exislence
d'unecourbe -; passant par a;„V|,, réelle dans le voisinage de ce point et pour
les points de la([uelle l'équation a une racine double. Un petit cercle C
tracé autour de .r„ j,, sera parlagé par y en ^deux régions A et g\.' telles ([ue :
Dans A, l'équation S n'a ([ue deux racines réelles, l'une positive :;, voisine
de :•„, l'autre négative :;', voisine de 3^. La solution doit donc, d'après la
théorie, être fournie parla seule racine acceptable (jui est z^.
Dans A', l'équation S a trois racines réelles positives, voisines de :;„, et
(jue nous désignerons, rangées par ordre de grandeurs, par "(,, 'Ç.,, "(,; elle a
en plus une racine négative s' voisine de z\. La théorie indique alors (|iie la
solulion est fournie par l'une des tiois racines 'C,, 'C^, 'C^i et (|ue, pour lever
celte indéleimination en un point ç, •/) du contour de A , il n'y a qu'à partir
d'un point .vy du contour de U, point à solulion bien dctermincc ;,, puis
à déplacer le point. rv sur le contour du cercle de façon à l'amener en £,?)
tout en suivant la racine z, par continuité; on arrivera ainsi en i^r^ à une
racine bien déterminée fournissant la solution en ce point.
Or, en procédant ainsi on trouve en ^, r,, non une racine détci minée,
mais C, si l'on v/i de xy en \, Tj en marchant dans un sens et 'C^ si l'on marche
dans l'autre sens.
( ') Séance du 23 mai 19? 1 .
l336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous aboutissons donc à une singularité qui. élanl conséquence de la
simple notion de continuité, ne peut être écartée par aucune considération
auxiliaire. Si elle se présente, elle prouve qu3 la théorie mathématique pro-
posée n'a aucune valeur de représentation, même à titre d'approximation,
du phénomène physique étudié.
2. Le problème du contact d'un solide mobile el d'un solide fixe avec
frottement de glissement, conditions initiales de roulement et réaction du
roulement force extérieure au cône de frottement, conduit, pour déterminer
le mouvement de glissement qui va se produire au début, à une équation du
quatrième degré et nous devons nous demander si la singularité examinée
plus haut peut se présenter effectivement.
L'étude algébrique directe semble inabordable par suite des inégalités
très compliquées que doivent vérifier certaines quantités (coefficients
d'équation d'ellipsoïde d'inertie ) figurant dans l'cqualioii considérée.
Par contre, en appliquant des calculs du genre de ceux que j'ai déve-
loppés dans la théorie des liaisons unilatérales, on est conduit à l'interpré-
tation comme intersection de deux coniques à définitions simples. Utilisant
alors quelques propriétés élémentaires, on arrive à prouver, sans calculs
fastidieux, que la singularité />pm/ se présenter e(f'ecliveinenl et non seulement
avec la loi classique
l"=/N,
mais aussi avec des lois plus générales de la forme
F = 9(r)-H N/tri.
V étant la vitesse de glissement, de sorte que toutes ces lois, si approchées
qu'elles paraissent, sont indistinctement à rrjcter.
Sous cette foime, la conclusion pourrait donner lieu à fausse interpré-
tation.
En réalité, la théorie du frottement en un seul contact oblige à admettre
un certain nombre de faits considérés comme évidents, puis à déduire de
l'expérience la loi de grandeur de F. Or, comme je l'ai montré dans la
théorie de la réalisation des liaisons et dans la théorie des liaisons unilaté-
rales, ce sont toujours ces faits si évidents qui entraînent des absurdités;
dans la théorie actuelle, il en existe un tellement évident qu'on n'en parle
même pas, c'est Texistence d'une force de frottement bien déterminée cor-
respondant à des conditions données de pression normale et dexitessede
glissement.
C'est dans ces lois évidentes d'existence, de direction et de sens de F, et
non dans la loi dintensité, qu'il faut chercher la \ éritable origine des absur-
SÉANCE DU 3o MAI 1921. l337
dites. Certaines d'entre elles doivent être fausses et c'est d'ailleurs ce que
semblent déjà montrer certaines expériences que je poursuis actuellcnieni,
mais qui, vu les moyens de foi tune que je suis obligé d'employer par suite
de l'absence de laboratoire de Mécanique, manquent peut-être un peu de
précision et donnent des résultats plutôt qualitatifs que quantitatifs.
ASrROXOMiE PHYSIQUE. — La radiation diffuse au mont Hhinc. comparée à
celle des altitudes inférieures. Note de M. .1. Vallot, présentée jiar
M. Deslandres.
Dans une précédente Note, à laquelle je renvoie pour la nomenclature ('),
j'ai étudié les variations diurne et saisonnière de la radiation difl■u^:e
fournie par la voûte céleste, mesurée au niveau de la mer. Il reste à étudier
l'influence de l'altitude, et à rechercher le minimum observable de celle
radiation.
Les stations choisies sont les suivantes : Nice (5o"'), Chainonix ( 1 100'"),
Station du Funiculaire ('iDoo"'), Dôme du Goûter (/pSo), Observatoire
du mont Blanc (4'35o).
Le premier Tableau donne, en calories par minute, les valeurs moyennes
de plusieurs belles journées, des radiations et de leurs rapports, en
moyenne globale de 8 heures à 16 heures. Le deuxième Tableau donne les
valeurs horaires de ces radiations pour des journées où le ciel s'est montré
d'une pureté exceptionnelle.
Les valeurs moyennes montrent l'augmentation régulière bien connue de
la radiation solaire I, avec l'altitude; mais la radiation totale I, éprouve une
augmentation brusque à l'Observatoire du mont Blanc. La radiation dill'ufe
\,/ diminue d'abord jusqu'à '.joo"', ce qui témoigne de la pureté de l'alnios-
phère dans les hautes régions, pour éprouver ensuite un saut brusque qui
la double au mont Blanc. Celle augmentation insolite s'explique jiar la
réflexion intense de la radiation sur la neige, qui remplace la réflexion
infime sur le sol dans les régions inférieures.
En employant deux actinomètres d'Arago, dont l'un était soustrait à la
radiation de la neige par un écran noirci placé sous les boules, j'ai obtenu,
par dilTérence, une série de mesures de la réflexion I„ sur la neige. On
trouvera les résultats à la fin du deuxième Tableau. Ils montrent que l„
(') Comptes rendus^ t. 172, i<)îi, p. 1164.
l338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut atteindre près d'une calorie cl dépasser Go pour loo de la radiation
solaire I,. Cette intensité explique les accidents d'érythème qui atteignent
les alpinistes sur les glaciers malgré l'emploi de chapeaux à larges bords.
En retranchant I„ de I,/, on obtient la radiation I^ de la voûte céleste,
I^. moyen diminue très régulièrement lorsque l'altitude augmente, et se
réduit à zéro au mont Blanc, ce qui dénote, pour la moyenne des belles
journées, une pureté de l'atmosphère très favorable aux observations
d'astronomie physique.
Le deuxième Tableau fournit le détail lioraire de quatre journées d'été
où la pureté de l'atmosphère a été exceptionnelle, donnant sensiblement le
minimum de I,. dans chaque région. On voit qu'à Nice I^ peut (très
rarement) se réduire à zéro. Cette valeur indique une dillusion très faible,
juste égale à la radiation vers l'espace de l'appareil actinomélrique.
Dans les deux slalions du mont Blanc, au milieu de la journée, alors que
l'épaisseur atmosphérique devieni peu considérable, l'aclinomètre à radia-
lion solaire directe Ij qui esl soustrait par conslrudion à la radiation vers
l'espace, sauf pour une élroile ouverture, donne des chiffres plus élevés que
l'aclinomètre à radiation totale I, préservé de la réflexion de la neige.
Alors, la radiation de la voùle céleste I,. devieni négative. La voùle céleste
n'arrêle plus la déperdition; la radiation diffuse est devenue nulle et il y a,
en plein jour, radidlion vers Cespace de l'appareil actinoméliique. Cette
radiation peut atteindre -^ de calorie. Elle a pour effet de diminuer. la
radiation totale 1, qui devient alors plus faible que la radiation solaire
directe I^.
M'étanl servi de l'aclinomètre d'Arago, je dois indiquer ici la cause de
l;i variation diurne et saisonnière du coeflicienl de cet instrument, variation
que j'avais sii^nalèe, mais laissée inexpliquée ('). Toute mesure actinomé-
lrique dépend de la chaleur incidente et de la déperdition de l'inslrument.
Celle dernière varie avec la température ambiante, mais l'expérience de
refroidissement des actinomèlres dynamiques donne la correction pour
chaque mesure. Il n'en est pas de même pour les actinomèlres statiques,
où aucune opération semblable n'intervient. Les valeurs horaires cl saison-
nières obtenues expérimentalement pour le coefficient permettent d'y
remédier et d'oblenir des résultats très suffisants, en rapport avec la préci-
sion relative dont on a besoin dans les recherchesde méléorolo,i;ieet d'agri-
culture.
(') Comptes rendus^ l. 170, 1920, p. •^■Mt.
SÉANCE DU 3o MAI 1921 l339
Pour les expériences plus délicates de la présente Noie, les coefficients
ont été vérifiés ;i nouveau dans cliaqiie station.
Nice
Cliamonix. ...
i'uiiicul.iii e . .
( Mis r\ aloire . .
Altilmle
1, Mce 50
„ Cliamonix 1100
» Dnme 'r250
I (JbstM \ aloire . . '»3a0
I, Nice ."SO
Chanionlx 1100
.> Dôme 4250
I) Observatoire.. 4350
1,/ Mce o'.t
1 Chamoiiix .... IIOO
iJniue '1-250
( )bser\ aloire . . 'i3oO
I,, Nice oO
.) Cliamonix .... 1 100
Dùme 4230
B Observ aloire. . '»330
I, Nice 30
Cliamonix 1100
» Dôme 4230
» Obser\ aloire. . 4330
I,, ( lbser\ aloiie. . 4330
1
(1 leur s
niorennes de
8'' à
IC'.
Allilude.
l,.
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1,1-
I,
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Ir.
I^.
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1/
50
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0,3',
1 ,3o
I , 3.^
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1,20
0,20
1100
I , ■'. I
' ,-14
11, 2J
','9
I , 32
0,12
[ , 09
0, 10
2300
1,4'-
i,6û
0,19
I , i3
''4;
0,0 5
i,o4
",o4
4350
1 ,32
2,02
0 , 5 1
1 ,32
I , h>.
— 0,02
1 ,00
— 0 , 0 1
Délail des Journées excepUonnelles.
8''.
;)'■.
iO".
II''.
l-^.
13''.
l',^
l.î»'.
Ki''.
MoyeniK
i,.8
I , 23
,,2-
1 ,3(1
I ,32
1 ,3i
1 ,26
1 , 22
1 , I 5
1,23
1 ,38
1,38
1,38
' , '1 1
[,4(1
1 , 36
i,3o
i , 22
1,35
1 ,60
1,09
1,59
I ,65
1,66
I ,63
1,6(1
1,56
1 , 3 S
1,38
1 ,4i
'■47
1 ,.52
i,4'i
1,56
1 ,55
I ,56
I ,52
'.47
1 , .^0
1 ,54
I , .'j 3
1 ,53
' , '1 4
',44
! ,42
' ' '17
1 , 5i
1 ,5i
1 , 48
i..i3
1 ,.54
' -4;
',48
'■49
.,47
1,45
1,43
1,47
2,28
2,33
2,33
2.27
■2,19
2,09
■,6',
2,13
1,80
1 ,96
2,12
2,17
2,23
2,17
2,01
'•79
1 ,65
1,99
0,36
o,3i
0,23
0,14
( 1 , 12
0,11
0,20
0,29
,1,36
0,23
(1, iC)
o.i-
o,oS
0,08
(1,09
(1, 10
0, 1 5
0,20
0,13
0,69
0,68
0,67
0 , 64
(1,5:)
0,53
0, 26
0,37
0,39
0,49
0,60
0,71
0,6-
0.62
0,45
( j , 2 7
0,18
0,49
1,43
• ,4i
1,38
1 , 3i
i,3i
1 , 3 1
1,35
.,4o
1,4'^
1,37
1 , 4 1
[,42
.,34
1 ,35
1,3-
1,35
1.35
1 ,34
1,36
1,62
1,42
",39
1,46
1,56
1,65
1,43
1,.33
1 .5o
I , i4
1,46
1 ,26
' '^7
1 , 36
1 , 4o
1,56
I , |2
1,'.2
0, 25
0, 19
0, 1 1
0,01
— 0,01
(1,00
0,08
0,18
0,27
0,12
0,0',
0 , o3
— o,o5
— o,o3
— o,o3
—0,02
o,o5
0,11
0,01
(i,o6
o,o3
— (1,23
-0,19
— 0, 17
—0,02
0,09
o,o3
—0,03
0,09
— o,o3
-0,06
— (1,20
— 0,19
— 0, 19
— (i,i6
-0,17
—0,07
-0,11
.i,3o
0,.")2
0,66
",9'
0,86
0,81
( 1 , tj 1
0,44
0,20
0,39
Observatoire.. 4330 0,21 o,35 o,43 0,62 o,55 »i,52 0,39 0,29 0,16 0,39
l3/iO ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Obsnvalions de In comète Dulnago (1921 c), faites à l'éc/ua-
toriiil coude de l'Observatoire de Nice (o"',4o d'ouverture). Noie de M. A.
ScHAUMAssE, présentée par M. B. Baillaud.
Nombre
Dates. Temps moyen de Log. facl. Déclinaison Log. faet.
1921. de Nice. Ai. Ao. comp. H apparenlc. paiiill. apparente. parall.
h m s m s , „ li m s o , „
Miii •!4.... 9.19.4 -HO. 23, 9.3 -hio. 9., 3 iS:io 9.15.37,75 9,68'i +38.15.22,2 0,47?-
» i').... 8.55.8 -t-i.!3,o4 — 4-2 1,8 i5:io 9.21. 9,88 9,652 -i-38.43.4i >6 0,409
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
liéduclion
lî.
iduction
Gv.
M
moyenne
19Ï1,0.
au
jour.
Déclin, moyenne
19-21,0.
jour.
Autorités.
7.0
h
9-
1 5 . 1 0 , 66
+ 1,16
+ 38. 5.24,5
-
- i"6
A
.G. Liind 4'*7'
8,9
9-
19.45,68
+ 1,16
+37.48. 8,0
-
-4,6
-V
.G. Lund 46o5
Remarques. — Comète de grandeur 11, 5, présenlanl vers le centre une faible
condensation se fondant graduellement avec le reste de la nébulosité qui pai'aît arron-
die et de 2', 5 environ de diamètre.
OPTI(.)L'E. — Sur 1(1 frange noire de Lippieh et la précision des mesures jiolaii-
mètriques. Note de M. G. Bruiiat et de M"*" HI. IIa.not, présentée par
M. J. Violle.
On peut chercher à augmenter la précis^ion des mesures [lolariméti iques
de la pratique courante en augmentant l'éclat de la source et en réduisant
langle de pénombre. Nous avons constaté que dans ces conditions la frange
noire de Lippieh (') devient visible dans les polaiimèlres à pénombre
usuels : chacune des deux plages n"a pas un éclat uniforme, et légalité
déclal ne peut pas être réalisée dans tout le champ. 11 en résulte une limi-
tation de la précision de la mesure. Nous nous sommes proposé détudier
le phénomène de la frange noire à ce point de vue, en utilisant comme
source Tare au mercure; les radiations pouvaient être séparées par dos
écrans colorés convenables, et nous avons fait les mesures, piir l'observa-
tion visuelle, pour la radiation verte X = :")'|()0 et, parla phologra[)hie, pour
la radiation violette X = /i3(3o.
(') Liri'icii, \\ icn. lier., l. 85, 1S8'., p. 26S.
SÉANCE DU 3o MAI I921. l34l
Nous avons d"a.bord repris, dans un cas plus général et avec plus de pré-
cision, les calculs de Lippicli donnant la mobilité de la frange noire. Cette
mobilité est caractérisée par le rapport m = -' p étant la rotation qu"il faut
faire subir à Fanalyseur pour éteindre successivement deux points du cliamp
pris sur une perpendiculaire à la direction de la frange, et correspon-
dant à des rayons faisant entre eux l'angle %. Les formules générales que
nous avons obtenues, appliquées au cas de deux niçois, donnenl/n = o, (8 ;
différentes séries de mesures, pour des valeurs de a variant de 1" à 2", nous
ont donné des nombres compris entre 0,47 et o,5i, en bon accord avec la
valeur tbéorique.
La connaissance du nombre m permet de calculer la variation d'éclat
entre les différents points du cbamp. Si l'angle des deux niçois est 90" -i- o
(■p est dans un polarimèlre le demi-angle de pénombre), et si les rayons
extrêmes font un angle y. avec les rayons centraux, la variation relative
d'éclat, d'un bord à l'autre du cbamp, est i\m-- Pour y. = 3o' et o = 2",
cette variation atteint 5o pour 100 : on voit combien on est loin de pou-
voir atteindre l'égalité totale d'éclat entre les deux plages. Ce que l'on
cberche à réaliser dans les pointés, c'est un aspect caractéristique du champ,
et la précision des mesures dépend de la précision avec laquelle on peut
reproduire cet aspect.
Mais l'introduction entre les niçois d'une substance douce de pouvoir
rotatoire modifie l'orientation et la mobilité de la frange noire, et l'aspect
ne saurait être le même lorsque l'on prend le zéro de l'appareil et lorsque
l'on mesure une rotation. Si l'on ramène la frange au centre du cbamp par
une rotation p de l'analyseur, le calcul montre que la frange tourne d'un
angle - dans le sens de la rotation et que le nombre m est multiplié
par \ 2 . sin ( ^ ^ ~ ) ' ^^^ conclusions sont pleinement vérifiées par l'expé-
rience. Voici, par exemple, les résultats de quelques mesures de mobilité :
0 —38", 5. —li". 0. -1-^:;". -h3S",5.
ni calculé o,63 0,77 i i,i5 1,27
/»„ observé .- 0,66 0,79 i 1,18 i , 33
La modification correspondante de l'aspect du cbamp du polarimèlre à
pénombre dépend de la nature du système de plages et de l'orientation de
la ligne de séparation. Voici deux exemples :
1° Polarimèlre de Porniing. — I.es deux franges noires sont sensiblement paral-
C. R., 1921, i" Semestre. (T. 172, N- 22.) 99
l3.'|2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lèles: on peul olil-îiiir l\'i;alilé d'éclal en lous les points de la ligne de séparalion
en la plaçanL parallèlemcnl aii\ franges. L'introduction de la substance fait tourner les
franges, el si l'on réalise à nouveau l'égalité d'éclat au centre du champ, il apparaît,
aux autres points de la ligne de séparalion, des difTérences d'éclat entre les deux
plages. Pour a = 3o', o =: i° et o := 20°, ces difTérences atteignent 20 pour 100; avec
cette pénombre, la précision que l'on peut espérer de la mesure poiariniélrique est
de l'ordre de la demi-minute : il suffira de commettre une erreur de ,'„ de la largeur
apparente du champ dans l'appréiialion de la position du point où l'égalité d'éclat
cit réalisée pour introduire une erreur de cet ordre de grandeur.
2" Polaiimètre de Laurent. — Les deu.x franges noires sont rectangulaires; on
peut réaliser l'égalité d'éclal enlre les deux plages en tous les ])oinls de la ligne de
séparation si celle ligne est perpendiculaire à la section principale du polariseur.
Lorsqu'on introduit la substance, il n'est plus possible de réaliser cet aspect;
pour (B=:2a, p = 20°, si les éclats sont égaux au centre du champ, ils didèrenl
de i3 pour 100 aux extrémités, et les erreurs sont approximativement les mêmes que
dans le polarimètre de Poynling.
En résumé, nos calculs et nos expériences nous permetlenl d'énoncer la
conclusion suivante : même en choisissant (tu mieux l'orienlation de la ligne
(le séparation (' ), on ne peut pas. avec des niçois, espérer mesurer une rotation
de l'ordre de 20° a\>ec une erreur inférieure à i minute. Or l'emploi de sources
lumineuses monochromatiques intenses (arc au mercure), qui tend à
s'introduire dans la pratique polarimélrique courante, doit pei mettre
d'obtenir facilement une précision de l'ordre de la demi-minute. Il est donc
nécessaire d'éliminer le phénomène de la frange noire, en construisant les
polarimètres de précision avec des prismes à champ normal.
OPTIQUE. — Sur le problème de V achromatisme des systèmes centrés épais. .
Note de M. II. lîoui.oicii, présentée par M. J. \ iolle.
Dans l'approximation de Gaiis;:, on admet qu'il y a achromatisme, lorsque
le spectre axial d'un point luminciix-ohiet placé sur l'axe, est replié, les
radiations se superposant deux à deux. Il est aisé de voir que si l'on veut
établir un système achromaticjue, il faudra satisfaire à trois conditions; en
eiïet le point-objet et son image en lumière A décrivent deux divisions
liomographiques; dès lors deux images du même point forment également
deux divisions liomographiques; et, pour assurer la coïncidence de ces deux
(') A\L'<- un appiiiil 011 cett ; ligne est mal orientée, comme par exemple le nicc I
coupé de Gornu-,IelleU. les erreurs peuvent êlre i ou .") fois plus grandes.
SÉANCE DU 3o MAI I921. l'i^'i
divisions, il faut écrlro que trois images de longueur d'onde A coïnciileiil
avec trois images de longueur d'onde A'. Il peut être difficih; ou même
impossible de satisfaire à ces trois conditions; or dans un grand nombre de
cas, pour un objectif de projection par exemple, on n'utilise le système que
pour une seule position de l'objet, et dès lors il suffit que l'acbromalisme soit
réalisé pour ce dispositif. Les images À et A' formant deux divisions liomo-
grapliiques il existe nécessairement deux points doubles (réels, ou ima-
ginaires) où les deux images de couleur difîérente sont en coïncidence; il
suffira donc d'exprimer que le point utilisé est précisément l'un de ces
points doubles, et ce sera une condition unique bien plus facilement
réalisable.
D'ailleurs il sera facile d'expliciter ces conditions au moyen de la
méthode suivante; l'équation du premier dioplre s'écrit (origine au centre) :
"n-y,,
"l'Jl
I I ^
\ dn
7i Hi/ 'l't'/l "î'/î'
on peut exprimer les abscisses q„ et q, en fonction du rapport de conver-
gence Y, au point considéré r
"o'7o=='m(' — "/i)i "l'/i— '
nous formons ainsi une fonction C, que nous pourrons appeler la fonction de
chromatisine du système relative à la radiation A; pour le deuxième dioptre
on aura de même
ou, en posant y, y^ ^= T, rapport de convergence du système résultant,
/(„ a(/„ — l^/i, dq^_ = — \ '—L 1. — I
^•2(Vi— r)(/'iyi— n-J) /dn, 'fn,\
i'ii — 'ii) \ n, II, )
Or, si l'on désigne par K la constante du système résultant, telle que
/=- el y'=-'
l344 ACADÉMIE DES SClEiVCES.
on a
y.-r
K K
/., ^ /,-,
et dès lors
'/«o II \ d/i i du ,
/i(i clij^ =r 1 - //^ ilq, rz: f7„ H h //^ -
cia^ «,, r/^ étant des fonctions du second degré de F; on voit aisément que
l'élimination continuerait de la môme manière et que finalement on
obtiendrait
. , , . dn^ iln^ du,, , ^
/'„ d<i„ - -^-n,, dij,, = A„ — - + A, -— 4- . . . + A;, — !- = L d\,
"(1 " 1 '' /'
A„, ..., A/, étant des fonctions du second degré de y.
Nous pourrons donc écrire pour le système limité aux milieux d'indices n
et //'
C d). = n d.r — -f- n ' il.r={ M y - + N y + P ) ,//.,
les coefficients de la fonction de chromatisme étant des fonctions des
1 p -1 ■ d/i„ du, dn., . ,-, . r • ■
constantes de 1 appareil, y compris -T^, -^) ■••, —p^ qui y tigurent linéai-
rement :
i" Il y aura achromatisme au point de rapport de convergence a si
M ^'- + \ a + 1 ' ^ o ;
2° Cet achromatisme sera étendu aux points voisins, sur Taxe, si l'on a
les deux conditions
_ I^ _ 2?
3° Knfin, le système sera achromatique si
M = o, N = o, P = o.
Mais il est préférable, dans le cas particulier envisagé, même si l'on
dispose d'un nombre suffisant de constantes indéterminées, de réserver ces
constantes pour réaliser un achromatisme s'étendant aux points assez éloi-
gnés de l'axe, en écrivant que les diverses aberrations ont les mêmes valeurs
j)our les radiations A et A + d'k.
SÉANCE DU 3o MAI I921. l345
■lÉLKGRAPIIIE SANS FIL. — Radioi>oniornéliie et inJJuences altnosphériiiues.
Note de M. Uothé, présentée j)ar M. E. liouly.
Quelques mois avant la guerre, j'avais entrepris, à Nancy, l'étude des
influonces atmosphériques sur la propagation et l'absorption des ondes
hertziennes. La méthode consistait à recueillir par antenne '.des signaux
émis spécialement parla Tour Eiffel et à eu mesurer l'intensité au thermo-
galvanomètre de Duddell ( ' ).
Ces observations ont permis de constater fréquemment an cours de la
journée une absorption importante.
Pendant l'été dernier, an cours d'observations sur les orages dont j'indi-
([uerai ultérieurement les résultats, lorsqu'ils auront été complétés, je me
suis proposé de rechercher si les variations atmosphériques produiraient
aussi, par un effet analogue à la réfraction optique, nn changement notable
dans le repérage radiogoniométri(jue des stations d'émission, c'est-à-dire si,
suivant les conditions atmosphériques, la direction des ondes serait modifiée
en même temps qu'elles seraient plus on moins absorbées.
.l'ai nlilisé, à cet efl'el, une cabane radiogoiiioniétri([ue, type militaire dont le cadre
fut modifié et amené à une gamme de longueur d'onde convenable. Cette cabane était
établie dans un pré voisin de la station météorologique de Strasbourg et suffisamment
éloignée des bâtiments et des lignes télégrapliiques.
Les pointés furent faits régulièrement par un ingénieur électricien, AI. Larivière. Ces
mesures, faites avec toutes les précautions d'usage, d'après les méthodes de repérage
aujourd'hui bien connues, se sont étendues du 20 juillet au 10 octobre 1920. La station
de la Tour lîiffel fui pointée à trois heures difïérentes au moment des émissions de la
journée, (^'!\o^, 10^ [\b'", 16'' ; celles de Nauen et de l'oldhu furent pointées une fois par
jour, à C)^ et 9'' 3o'".
Pendant tout le temps que les obserxations ont duré, l'état de l'atmosphère fut très
variable : il 3' eut des jours de grande pluie, de ciel découvert ou brumeux, des tempé-
ratures diverses, des situations isobariques variées. Les divergences entre les pointés
n'ont dépassé 2° à partir de la valeur moyeone que dans-des cas exceptionnels, très
rares, et pour lesquels aucune particuUirité au point de vue météorologique n'apparaît
d'une manière manifeste.
(') E. RoTHÉ, Sur r in Ihience possible des radiations solaires sur la propagation
des ondes hertziennes (Comptes rendus, I. loi, 1912, p. i.'(54). — E. Rotiié et
R. Clarté, Influence de Vétalde C atmosphère sur 'la propagation et la réception
desondes hertziennes {Comptes rendus, t. 1.58. 191^, p. 699).
1,346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ainsi pour Nauen, sur 60 visées ou déterminations de la position du cadre
correspondent à Textinction du son au téléphone :
D (')... '^'>. 3o,5 3o sij,-.") 2Ç),5 29 28,75 28,5 28,20 28
N. P I I 2 4 18 n 2 i5 2 3
ce qui conduit à une moyenne voisine de 2(f.
Pour Poldhu, sur Go visées :
IJ ri 10,:") 100 99,5 99,25 99 98,75 98,5 98,25 98 97,0 97,25
N . 1' . . . . I 3 1 1 1 I o r 19 6 (5 I 1
Moyenne voisine de 99".
Pour F. L., à 9'' 45™, pour G3 visées :
D. ... 92,5 92 91,75 91,5 91,25 91 9", 75 90,5 90,25 90 89,5 89
N. 1' . 3' 26 17 3 9 '1 9 ' 81 1
Moyenne voisine de 91°.
Pour F. L., à 10'' 45'°, pour 56 visées :
D 92,5 92 Qii/'î 9')-^ 9' '25 91 90,75 90,5 90,20 90 89,5 89
N. 1'. ... 2 '1 5 19 3 4 1 9 ' '4 3
Moyenne : 91".
Pour 1*\ L., à 16'', sur 49 visées :
I) 92,5 92 91,75 91,5 91.20 91 90,75 90,5 90,25 90 89,5
N. IV ... 1 21 i3 I 32 20 I 22
Moyenne : 91".
Les écarts observés sont de l'ordre de un ou deux degrés; si l'on consi-
dère que les erreurs expérimentales atteignent aisément le degré, on voit
que la précision de la méthode- ne permet pas de tirer des conclusions cer-
taines sur la cause des petitrs variations observées.
Dans une Note récente intitulée l'itudcs de radiogonioniêlric ( -), MM. G.
Ferrie, R. Jouaust, W. Mesny et A. Perot ont publié les résultats d'obser-
vations faites à Meudon sur diverses autres stations : Lyon. Hanovre,
Rome, Nantes. Il est intéressant de remarquer que ces résultats sont d'ac-
cord avec ceux des observations faites à Strasbourg sur Paris, Nauen et.
(' ) [>. = degrés. — N. 1*. := noml)re île poinli'-.
(-) (1. l'ERinf:, R. .louAL'ST, R, Mksny ei \.I'i:hot, Comptes rendus, t. 17-2, 1921
p. 54.
SÉANCE DU 3o MAI I921. l347
Poldhu, en ce qui concerne les pointés de jour. Les dilTérences observées par
ces auteurs sont, en cfTet, de l'ordre du dei^ré.
Mais ils ont trouvé, le soir, après le coucher du soleil, un effet important,
très intéressant au point de vue cosmique.
Les situations atmosphériques ne semblent pas avoir eu ladiogonio-
raétrie une importance prépondérante, il est vraisemblable que cet effet
doit bien être attribué, pour la plus larj;e part à des variations dans l'ioni-
sation de l'atmosphère el que les condensations aqueuses ou variations
atmosphériques diverses qui se produisent au voisinai^e du poste de récep-
tion ne sont pas la cause principale des variations d'orientation.
Ces recherches seront poursuivies à Strasbourg' au cours de cet été, il
serait intéressant de pouvoir mesurer par une méthode thermi([ue l'énergie
reçue sur antenne et sur cadre pour des signaux de durée déterminée
(lo secondes par exemple), en même temps que l'énergie serait également
mesurée à la station d'émission. Les données météorologiques seraient
notées avec soin aux deux stations d'émission et de réception, en particulier
il serait bon de suivre les variations du champ électrique de l'atmosphère.
ÉLEGïRIcrrÉ. — Ionisation de Variion par des électrons lents. Note
de M. Georges Déjardin, présentée par M. E. Bouty.
L Le potentiel d'ionisation de l'argon, c'est-à-dire le potentiel corres-
pondant à la vitesse des rayons cathodiques les plus lents qui puissent
produire l'ionisation du gaz, a été l'objet d'un assez grand nombre de
déterminations ('). Les résultats obtenus, peu concordants, oscillent entre
12,5 volts (Stead et Gossling) et 17 volts (Rentschler).
Si l'on ne recherche pas une très grande précision, le potentiel d'ionisa-
tion d'un gaz peut être aisément déterminé au moyen d'une lampe à trois
électrodes, du type courant de la Télégraphie militaire, renfermant le gaz
considéré sous une faible pression. La grille et la plaque sont réunies
de manière à former une anode unique; une différence de potentiel pro-
gressivement croissante est établie entre cette anode et l'une des extré-
(') .McLennan, Physical Rd'iew, juillet 1917. — Uet^tschlek, .Physical Raiew,
l. \k. 1919. p. 5o3, et Journal of Franklin Inslitule, t. 188, 1919, p. 4"8. — Foum),
Pliysical Recien-, t. lo, 1920, p. iSa. — Horion el Davies, Proc. Roy. Soc, t. 97,
19-20. p. I. — ■ Stead el Gossi.ing, Philos. lUag-.. t. iO, 1920, p. 4i3. — Uodgso.n et
l'.iLMEii, Radio Reriety, août igao, p. 52.5.
l348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
miles du filament. Le polenliel crilique, coirespondanl à l'ionisation du
gaz, est atteint quand la courbe du courant produit par les électrons
se détache nettement de la courbe correspondant à la lampe parfaitement
vide.
J'ai repris par cette méthode simple, déjà utilisée par Stead et (ioss-
ling (et, dans un but un peu différent, par L. et E. Bloch) ('), la déter-
mination du potentiel d'ionisation de l'argon. La lampe employée,
préalablement vidée au moyen d'une pompe à mercure, renferme de
l'argon sensiblement pur sous une pression de o"™, lo ; une différence de
potentiel, réglable et mesurable à moins de o,i volt, peut être établie
entre l'anode unique et l'e.xtrémilé négative du tilament. Le courant
produit par les électrons émis par la cathode incandescente est mesuré
av^c précision au moyen d'un milliampèremètre intercalé dans le circuit.
Les courbes obtenues en portant en ordonnées l'intensité de ce courant
et en abscisses le potentiel accélérateur des électrons mettent en évidence
un potentiel critique voisin de id volts, pour un courant de chauffage de
4 ampères.
Le potentiel critique ainsi déterminé ne peut être considéré comme égal
au potentiel d'ionisation de l'argon. Des corrections importantes sont
nécessaires par suite de la chute de potentiel le long du filament (2, 5 volts
environ) cl de la vitesse d'émission des électrons. Le potentiel appliqué
représente, en effet, le voltage maximum entre les électrodes; le nombre
des électrons soumis à celte chute de potentiel est entièrement négligeable
à cause du refroidissement des extrémités du filament par les supports.
La correction négative à appliquer au potentiel limite observé est de
l'ordre de o,5 volt. Les électrons émis par un filament incandescent pos-
sèdent une distribution de vitesses donnée par la loi de NLix\\ell; l'énergie
cinétique moyenne de ces électrons correspond sensiblement à o,5 volt
pour une température absolue du filament égale à 2500°. La correction
additive relative à la vitesse d'émission des électrons compense donc à peu
près la correction négative précédente (^). Enfin, il y aurait lieu d'envi-
sager une troisième correction, relative à la dilTérence de potentiel de
contact entre le filament incandescent et l'anode placés dans un gaz à
basse pression; il est impossible d'évaluer avec certitude cette correction,
(') ('omptex rendus, l. 170, 1920, p. i38o.
■ (-) Cependanl, le potentiel ci'ili(|ue obseixé diminue légèrement (variations de
quelques dixièmes de volt) (|uand la température du filament séléve (courants de
haulfage de 4,3 et !\,-> ampères).
SÉANCE DU 3o MAI I92I. 1^49
dont rordre de grandeur est probablement le même que celui des correc-
tions précédentes.
En résumé, il résulte de Tétude du courant produit par les électrons que
le potentiel d'ionisation de l'argon est voisin de i5 volts (à o, 5 volt près).
Celte valeur est en bon accord avec celles indiquées par Ilorton et Davies
(i5,i volts) et Found (entre i5 et iG volts). La fréquence maximum
émise par l'argon, sous un potentiel de i5 volts, est donnée par la rela-
tion d'Einstein : eV = ^v; on obtient ainsi une fréquence limite corres-
pondant à une longueur d'onde voisine de 800 A. Or, au cours de ses
recherches sur l'ultraxiolet extrême, Lyman a trouvé que le spectre de
l'argon se termine au voisinage de cette limite (').
II. La discontinuité des courbes de courant n'est accompagnée d'aucune
luminosité visible dans la lampe. Quand le potentiel accélérateur atteint
une \aleur de iG,2\olls, on observe une déviation brusque du milliampère-
mètre et, simultanément, une luminosité très nette se produit. Elle
apparaît d'abord au voisinage de l'extrémité négative du filament, se dé\e-
loppe peu à peu si l'on fait croître lentement le potentiel et ne semble com-
plètement épanouie que ^ers 16, g aoUs. Si, après avoir dépassé cette
valeur, le potentiel accélérateur décroît progressivement, le phénomène
passe, en sens inverse, par les mêmes phases, mais toutefois avec un léger
retard, voisin de 0,1 volt.
Le potentiel critique correspondant à l'apparition de la luminosité, nette-
ment supérieur au potentiel d'ionisation, peut être appelé potentiel d'illu-
mination. 11 n'est pas, comme le potentiel d'ionisation, une constante spéci-
fique des atomes du gaz. Il dépend de la forme des électrodes et de celle du
tube, ainsi que de la pression (-). Far contre, il semble sensiblement indé-
pendant de l'intensité du courant de chauffage (entre 4 et 5 ampères), c'est-
à-dire de la température de la cathode.
En vue de compléter les observations précédentes, j'ai recherché quelles
étaient les radiations émises par le gaz pour différentes valeurs du potentiel
accélérateur des électrons. L'image de l'espace compris entre le filament et
la plaque est projetée, au moyen d'un objectif de 25'^'" de foyer, sur la fente
d'un spectrograpbe. L'appareil employé est muni d'un prisme composé de
Rulherford, associé à un collimateur de 2 V'" de foyer; il est assez lumineux
(') Aslrophysical Journal, 1916, n° 1, p. nu.
(-) Campbell et Ryde, Philos. Mag., t. 40, ig-io. p. 585.
l35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
et donne, sur les clichés, une dispersion moyenne de 20 A. par millimèlic
pour la région spectrale comprise entre Zjoooet 45oo A. Su ries clichés relatifs
à des potentiels accélérateurs de i(j,5, 17, 20, 23 et 3) volts, sont visibles
de nombreuses raies appartenant toutes au spectre rouge de l'argon (en par-
ticulier les fortes raies ; ^o[\^, 4'39' 4 19' » 4198, 4201, 4^59, 4272).
La lampe renferme, outre l'argon, de la vapeur de mercure sous une
pression extrêmement faible. En efTel, quand le voltage appliqué est
inférieur à i5 volts, on obtient sur les clichés, pour de très longues poses
(2 ou 3 heures), quelques raies du mercure (4047, 4o8o, 4358). La raie 'i35i^.
qui est la pins intense, apparaît pour un potentiel accélérateur minimum de
10,5 volts et, par conséquent, voisin du potentiel d'ionisation bien connu
de la vapeur de mercure (cette apparition n'est accompagnée d'aucune
discontinuité appréciable du courant produit par les électrons). Enfin, sur
certains clichés correspondant à un potentiel compris entre i j et 16 volts et
à une durée de pose de 3 heures, sont visibles, en même temps que les raies
du mercure indiquées précédemment, les raies les plus intenses du spectre
rouge de l'argon.
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur 1rs séries h de /'iirfiru'iim et le principe de combi-
naison dans 1rs spectres de rayons X. Noie de AL A. Dauvii.liek, présentée
par M. E. Bouly.
Dans une récente NoteC), nous avons présenté les piemiers résultats
de l'étude détaillée des séries L de l'uranium. Nous avons depuis acquis
un certain nombre de faits nouveaux.
L La série L, photographiée seule avec de très longues poses (i5 heures-
degré) a montré, outre les raies /, a^, a,, ,3,,, ^.2. '^- et [i.i, deux nouveaux
satellites de jîj : ^\ = 754. i • io~"cm et [5" = 7^7, ce dernier se confondant
avec p,. Le premier a été prévu théoriquement par A. Sommerfeld : il est
extrêmement voisin de ^^ et donne, avec y,, la vraie valeur du doublet L(').
En prenant sur le même cliché la série l^, et sa discontinuité d'absorption,
nous avons vu apparaître, grâce à de très longues poses, une raie blanche
très nette (raie d'absorption) juste au delà. de la discontinuité. Cette ligne
(') Comptes ifiidua, l. 172. i<)'-i. p. Qiô.
(■-) La raie %"., semljU; èlre pour W : i23<|..5; la raie 5^, sérail inséparal)le de jS,.
SÉANCE DU 3o MAI I921. I?5l
a la même largeur que les raies d'émission. La distance existant sur la
plaque entre la limite d'absorplion ( L, = 721,5 en accord avec Duane et
Patlerson ), et la raie j3 , étant voisine de o""",5 nous avons pu mesurer,
d'une faron précise, la difTérence de fréquence correspondante qui donne
l'énergie de l'anneau N, (voir plus loin). Nous trouvons ainsi, pour lon-
gueur d'onde de la discontinuité X,, la valeur A = 200 U. A. qui se place
dans l'ultraviolet extrême et qui correspond au potentiel d'excitation
de 61 volts. Il s'agit probablement là du second anneau garni d'électrons
de Bolir, de l'atome d'uranium, en venant de la périphérie.
H. Les potentiels criti([ues d'excitation des séries L., et L., sont, d'après
les chiffres de Duane et de Patterson, relatifs aux limites d'absorption, res-
pectivement de 20860 et de 2 1 720 volts. Nous avons pu, ,t;ràce à une pose
très prolongée, effectuée à 2i45o ± 5o volts, séparer photograpliiqncment
ces deux séries : Nous ne troin'ons clans la série h, que les raies Tj, [i,, y,, Yi.
Yi, e( -[., qui donnent le doublet L de Sommerfeld. Nous avons observé sur ces
clichés les quatre raies K du molybdène (') qui proviennent d'un film de
cet élément évaporé de la cathode Coolidge et déposé sur l'anlicathode.
Les raies y^ et [3., de U coïncident avec les raies Kj3, et Ka, de Mo, ce qui
pourrait introduira' une confusion dans le classement des premières. Cepen-
dant les rapports qui existent entre les intensités de Yi et y, de \j et de Ka,
et Ky-o de Mo sont tels, sous 21 et 3o kilovolts, que l'on peut conclure avec
certitude que ys appartient à L... et ^:, à L,. Par contre, la raie 711,8 que
nous avons signalée est certainement Ka, de Mo. Nous trouvons aussi la
limite d'absorption K du niobium (64 '1,7) q'ii semble exister dans le mica
constituant la fenêtre transparente du tube. Enfin les raies 679,7 ^' 685 qui
pouvaient être le doublet Ka, x^ de l'élément 43 sont de la série L., si elles
appartiennent à l'uranium. Elles sont excessivement faibh^s et seraient en
ce cas les homologues des raies i2o3, 1 et 1209 du tungstène (j3g et [i,,).
Cette question sera résolue par l'étude du thorium.
IIL La série L3 a été photographiée à 4^ kiiovolts de manière à faire
ap[)araitre les lignes faibles et à préciser les mesures dans le groupe y. Nous
avons ainsi trouvé une nouvelle ligne y» = 568,9 /'^"^ cojirlc que y,, et plus
faible que y^. Les noms des lignes 596,8 et ()o3,8 doivent être échangés : la
première est Y3 et la seconde Yf,. Nous trouvons de plus deux lignes très
( ' ) Ije doiiijlel \\. X, y., de cel élément fui visible sur uq cliché eiïeclué à 20600 volt»,
valeur comprise entre les potentiels d'excitation de la série Lj de U et de la série K
de Mo (ii)(j'3o volts).
t35s
ACADEMIE DES SCIENCES.
faibles: (124 et 608. Il est très difficile de din- laquelle est y,- ( ancienne
ligne Y^ intense de tungstène ot du groupe des terres rares). Sur le gra-
phique de Moscley, la ligne y, de L., est coupée pour l'élt-mcnt Pt par
la ligne y- de plus grande courbure. En même temps les intensités de
[3-, y. et y- changent pour un élément compris entre W et Pt; les deux
premières deviennent plus intenses pour les éléments lourds et la dernière
beaucoup plus faible. Il semblerait que y. doive être pour U la radia-
tion 608, la ligne 62 '| prenant le nom de y,,. Nous trouvons en somme
dans L., les raies y„, y., r,, y-, y,,, 3., 3,,. 3, et ,3..
IV. Ce classement esten outre en partie confirmé de deux autres manières
distinctes :
1" En calculant les écarts des raies homologues sur le graphique de
Moseley par les éléments W et U on obtient des valeurs qui varient régu-
lièrement dans les séries L, et L., mais non dans I.3 ;
2" En appliquant le principe de combinaison dans les séries L du
tungstène et de l'uranium, les anneaux d'arrivée étant alors connus-pour ce
dernier élémenl. Il est très remarquable de constater que l'on retrouve ainsi
les cinq discontinuités d'abscrption M de Stenstrôm, comme M. Coster Vu
récemment montré pour U l't Th, et sept limiles N qui dounenl la genèse des
raies M. Pour W on trouve cinq limiles M encore inconnues et se|iL
limites N qui permettent d'obtenir l'origine des laies M et même des
raies Iv3 en ulilisanl les chiffres de Duane. L'eiiseuible de ces résultats est
exposé dans le Tableau suivant :
Anncaiiv \iiiicaiix ilai i ivrc.
• Iip.irt. k. Ly Lj. L^. M
M-,-
M;.
M3.
M,.
M,.
\,.
Ne.
N;.
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No.
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SÉANCE DU 3o MAI 1921. l35i
La lii,nie y^, inlense pour \\ , donne un anneau \,., (|ui ne sert qu'à la
pi'oduclion de celle raie, les ligm-s Y5 et 3,, provenant de \;. Au contraire,
pour U. l'anneau N,; est commun pour ces trois lignes, ce qui expliquerait
la faiblesse de ^■-. Le Tableau permel en outre de trouver deux dillérences
de frc(|ueiice L., — L^ et des relalions d'addition comme cel'e de Costcr
(Lp, = Lx, + Mj3).
PIIYSIQIE APPLIQUÉE. — Sur lin appareil athuneiir-cxlincU'ur automatique
pour becs de gaz à veilleuse. Note de M. Alexandre Cabriek, présentée
par M. J. Violle.
J'ai établi, il y a quelque huit ans('), un appareil avec lequel l'allumeur-
extincteur de M^L Paul Bernard et Barbe (-) pi'ésente plus d'un point de
ressemblance.
Mon appareil se compose d'une Ijoîte cylindiique verticale, contenant
une cloche mobile, éi;alement cylindrique et verticale, que l'on peut tarer
à volonté avec des rondelles métalliques. Cette cloche, guidée dans son
mouvement vertical par une tige centrale, est elle-même munie intérieu-
rement d'un tube obturateur, coiffant le tuyau d'amenée du gaz. La cloche
mobile |)longe dans un bain de mercure, ainsi que le tube obturateur, pen-
dant la période de repos où il intercepte le passage du gaz. Relevé avec la
cloche, par une surpression à l'usine, le tube obturateur sort 'du meicure
et livre passage au gaz sous la cloche. Celle-ci, tout en continuant à plonger
dans le mercure, laisse échapper le gaz par un petit orifice latéral qui en
stabilise le débit; le ga2 se rend au bec où il s'enflamme à la veilleuse.
Pour l'éleindri', il suffit de provoquer, à l'usine, un abaissement de
pression correspondant au minimum que l'on s'est donné; le tube obtura-
teur vient alors plonger à nouveau dans le mercure, interceptant le passage
du gaz.
Tous les effets obtenus au moyen dr cet appareil (allumage, stabilité de
soulèvement de la cloche pendant la période totale consacrée à l'éclairage;
extinction) sont du domaine purement physique et n'exigent aucun méca-
nisme accessoire d'accrochage.
(') Brevet italien du i5 décemlîre 1912. vol. 91, 11° 129.'i.4o; brevet français du
8 novembre 1918. n° 4-64680.
(-) I'ai'L Bernard et Barbk, Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 3-2.
l354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'endanl la période de repos, la pression du gaz n'agil iiiie sur la petite surface de
l'obturateur; et tant que I action de cette pression, répartie sur cette petite surface,
ne devient pas supérieure au poids de la cloche, celle-ci ne se soulève pas suflisani-
ment pour permettre au gaz de s'échapper ; la formule d'équilibre est donc, dans ce
cas,
l'i£n — q (étal de re/tos).
P étant la pression du gaz, s la surface de l'obturateur, <^> le poids de la cloche,
(/ le poids du mercure déplacé par la plongée de la clociie. dans ce liquide.
I^'aliumage aura lieu au moment de la surpression, quand on aura
P* > Q — y ( allumage),
P' él inl la forte pression momentanée, [)rovoquée sous l'obturateur par la surpres-
sion à l'usine.
L'allumage obtenu, la surpression cesse et la pression rede\ient normale au choix;
elle agit pendant toute la période de l'éclairage sur une surface correspondant à la
totalité de la surface de la cloche; et la formule d'équilibre devient
( P — /-• ) S i- O — y {péit'ode d'éclairage),
I' étant la |)res^ion du gaz à l'intéiieur de la cloche, /* la pression du gaz à l'extérieur
de la cloche-dans la boîte, S la surface totale de la cloche.
Pour obtenir l'extinction il faudia que l'action des pressions répartie sur la giande
surface S devienne inférieure au poids de l'ajjpareil; ce qui exige un abaissement de
la pression à l'usine; la formule d'équilibre sera dans ce cas
(P' — l'")i<Q — 'J [e.iUinclion).
L'obturateur plongeant à nouveau, la pression nagiia |)lus que sur sa petite surface
et l'étal de rejios sera rétabli avec la formule d'éf|uilibre déjà indiquée au début.
L'examen de ces formules montre qu'entre les coups extrêmes de surpression pour
l'allumage et d'abaissement minimum pour l'extinction, choisis au moment de la mise
en service de l'appareil, les pressions intermédiaires [)euvent varier d'une façon quel-
conque sans rompre les efi'els physiques -lemandés; /'ac'C/oc//r/^'e de la cloche, c'c^t-
à-dire le miinlien de son soulè\ement )ieiidanl la période d'éclairage, est absolument
automatique.
Le constructeur peut faire varier à son choix le rapport des diamètres des surfaces
S et .s-, ainsi que le poids Q, pour satisfaire aux besoins de la pratique.
Tous accessoires mécaniques étanl évités par ce syslcme, l'appareil a des
dimensions 1res réduites qui lui permettent d'être placé immédiatement au-
dessous du bec, dans la lanterne.
Il est en usage sur les 4700 larilernes du réseau de Florence, depuis
191 3, a\ec e.vtinction partielle des lanternes à minuit, et le reste de
SÉANCE DU 3o MAI I()2r. l355
rextinction au malin. Des coups d'exlinclion cl de rallumage rapide cou-
ronnés de succès ont 'conlribué à conserver à la ville son éclairage public
au giiz duranl toiile la guerre.
c HIM I E mini': llA le . — Catalyse double de l'acile vanndique et de Veau oxygénés.
Noie M. V. AuGEH, présentée par M. G. Urbain.
On a, depuis longtemps, el à plusieurs reprises, observé que l'acide per-
vanadiquc donne naissance, par décomposition spontanée en solution acide,
il un mélange de sel de vanadyle et d'acide vanadique. En 1912, Gain et
Hostelter (') ont constaté qu'en solution fortemenl sulfurique, H^O^ dé-
compose les solutions vanadiques et les réduit ([uantilalivement en sulfate
de vanadyle VO(SO'H)-; ils ont expliqué cette réduction en admettant
que H-0'^ donne d'abord naissance à l'acide monopersulfurique de Garo,
qui joue le rôle de catalyseur vis-à-vis de l'acide vanadique.
Ayant eu l'occasion .d'observer que le passage du vanadium penlavalent
au lélravalent avait lieu, sous l'influence de IPO-, en présence de divers
acides, j'ai attribué cette réaction à la présence des ions 11"^ et j'ai poursuivi
l'analogie qu'elle semble présenter tout d'abord avec l'action de l'acide
cliromique sur l'eau oxygénée.
Les expériences qui suivent ont été exécutées en parlant d'un acide vana-
dique colloïdal, ne contenant que des Iraces de VO'NH', et les solutions
employées en contenaieni en général 2 pour 100.
Aci'le cltlorhydrir/iie. — Il n'y a pas lieu de faire ici des expériences quaiililalives,
car cet acide agit dtijà seul comme réducteur, en dégageant du chlore; mais en obser-
vant deux, solutions clilorliydrl(|ues également conceiitiées, dont l'une est additionnée
de It^O-,on constite que celte dernière vire au bleu en quelques heure?, alors que
l'autre possède encore une teinte jaune vert après plusieurs jours. La réduction a
donc été trè-i accélérée par suite de la formation provisoire d'acide pervanadique.
Acide sulfurique. — En faisant varier la concentration de 10 m. à 0,01 m., on cons-
tate qu'aussitôt après l'addition de II'O'^ à la soiulion sulfurique lo m. la coloration
rouge pervanadique fait place, en quelques secondes, à la couleur bleue du sulfate de
vanadyle; la réduction est totale. La solution 5 m. est catalysée en 24 heures et la
rédu:tion atteint gS pour 100; la stabilité de l'acide pervanadique est à son maximum
avec l'acide i m. et la réduction n'est terminée qu'après J2 jours environ; elle porte
sur 33 pour 100 de vanadium; enlin avec un acide o,of m. le taux de réduction est
tombé il 2,ô pour 100.
(') Journ. amer, cheni. Soc, l. 3i, 1912, js. 274.
l356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Acide iiilrir/iic. — Dans l'enseinljle. les pliérioniènes sont les même* qu'avec SO' 11-,
cependant on noie une stabilité plus grande de l'acide pervanadi<jue ipii n'est, en solu-
iion I m., décomposé qu'au bout de 3 semaines à la température ambiante. D'autre
part, on ne peut pas expérimenter avec des solutions plus concentrées que lo m. parce
que NO' Il agit à froid comme oxydant; ré(iuilibre final a lieu entre V", V^, NO'II et
NO- et se déplace, par élévation de température, en faveur de l'acide vanadique. Les
solutions nitriques lo m. et 5 m. ont été maintenues froides, et dans ces conditions la
réduction a porté respectivement sur loo et 8o pour loo de l'acide vanadique.
Acides faibles. — L'acide acétique, n'émetlanl des ions H"*" qu'à faible concentra-
tion, ne provoque presque pas la catalyse : la solution lo m., à peine colorée en rouge
par H^O', est catalysée en quelques heures avec une réduction de 12, 5 pour 100;
celle proportion tombe à 6 pour 100 avec un acide 2 m. et aux environs de zéro pour
une solution o,a m. Un acide du même ty[)e, mais beaucoup plus ionisé, l'acide tri-
cliloracélique, a provoqué une réduction beaucoup plus avancée, atteignant 34 pour
1011 avec une solulion 2 m.
Eulin, comme on pourrait alléguer que tous ces acides peuvent, avec
plus ou moins de faci'téj conr.er naissance avec H-0^, à un peracide qui
jouerait le rôle de catalyseur, que Gain et Hostetter attribuent à l'acide de
Caro, j'ai employé de Tacide perchlorique, qui ne doit guère a\oir de ten-
dance à s'unir à H'O" ; une solution acide 5 m., très fortement rougie par
11-0-, est décomposée spontanément en 24 heures et la réduction de
l'acide vanadique est totale.
Solution aqueuse. — La pseudo-solution aqueuse de l'acide vanadique
colloïdale, additionnée de H-0-, subit dos changemenls notables; son
dichroïsine disparaît, elle prend une couleur orangée qui passe au jaune
clair à mesure ([ue l'oxygène se dégage, et après quelques heures l'eau
oxygénée a été détruite sans que la réduclion ait porté sur plus de 2 pour 100
du vanadium; il est probable que celle-ci est due à l'action des ions H'*' émis
par l'acide vanadique lui-même.
Pour compléter cette étude, j'ai déterminé l'influence que peuvent
exercer les acides persulfurique, monopersulfurique, acide de Caro con-
centré, sur la solution vanadique; les essais ont montré que, bien loin de
faciliter la catalyse réductrice, ces acides r(Mnpêchent au contraire d'être
totale.
Les persulfates d'ammonium ou de potassium ne réduisent pas les solu-
lions vanadiques tant que la (|uantité d'acide sulfuri(|ue ne dépasse pas
20 pour 100, et d'autre part, une solution de sulfate de \anadyle est, dans
les mêmes conditions, oxydée totalement par ces sels.
L'acide monopersulfurique, versé dans la solulion vanadi(|ue sulfuri(jue.
donne une solution verte contenant des (luantités \ariables de sel de vana-
SÉANCE DU 3o MAI 1921. l357
dyle, sans (jne jamais la réduction soit totale. Avec l'acide de Caro con-
centré, et lorsque la concentration sulfurique totale atteint 92 pour 100,
le taux de réduction est de 85 pour 100 environ; le peracide est violem-
ment décomposé en dégageant de l'oxygène ozonisé, et cette réaction a
lieu avec des traces de sel de vanadium qui catalyse rapidement des quan-
tités ([uelconques d'acide de Caro. La réduction est de moins en moins
avancée lorsque la concentration de l'acide diminue; elle tombe à
70 pour 100 avec SO'H% à ()5 pour 100, et à 3 pour 100 avec SO'H^
à 45 pour 100. Les états finaux sont des états d'équilibre, car on les
retrouve en effectuant les réactions avec des solutions de sulfate de
vanadyle.
Les expériences précédentes permettent d'établir le parallélisme très net
des acides perchromiipie el pervanadique. Spitalsky (') a montré, en effet,
(|u'une solution de CrO' catalyse H-Q- en se réduisant, pour sa part,
dans la proportion de 28,3 pour 100 du CrO^ total; par addition d'acide
au système, l'état final correspond à une réduction de plus en plus consi-
dérable du CrO% qui devient totale pour une teneur suffisante en ions H^.
L'analogie, complète jusqu'ici, cesse lorsque nous comparons l'action
de H^O- sur les sels de cbrome et de vanadyle; la solution acide de Gr^"^"^
n'agit plus sur H-0', tandis que le sel de vanadyle est immédiatement
oxydé en acide pervanadique, de sorte qu'après un temps plus ou moins
long, la totalité de l'eau oxygénée introduite se trouve avoir été catalysée,
pendant que la solution vanadique a subi une réduction plus ou moins
profonde, suivant sa teneur en ions H"*", comme il a été montré plus haut.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le furftiralcamphre et quelques-uns de ses dérivés.
Note de M"*^ Woi.ff, présentée par M. A. Haller.
Dans une série de Communications, M. A. Haller (-), soit seul, soit en
collaboration avec ses élèves, a montré que le camphre sodé est susceptible
de se condenser avec des aldéhydes aromatiques pour donner naissance à
des combinaisons non saturées dont le type est le benzylidène ou benzal-
camphre. Il a également fait voir que le pouvoir rotatoire spécifique et la
{') Zeits. f. anorg. Chem., t. 69, 1910, p. 179.
(^) A. Haller, Comptes rendus, t. 113, 1891, p. 22-26; t. 128, 1899, p. 1270.
— A. Haller et E. Bauer, Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 1490.
G. R. ,1921, I" 5emes<re. (T. 172, N- 22.) lOO
l358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réfraction moléculaire de ces composés étaient plus ou moins exaltés suivant
la nature de l'aldéhyde employée dans la condensation. Il nous a paru
intéressant d'essayer si le furfurol se prêtait à la même réaction et si, d'autre
part, les composés résultant de la condensation possédaient des propriétés
analogues aux dérivés déjà décrits.
Far furylidène camphre. — i5o'^s de camphre bien sec dissous dans 400^
de benzène pur sont chauffés à l'abri de l'air, dans un ballon à réfrigérant
ascendant, avec [\çfi d'amidure de sodium jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus
d'ammoniac. On laisse refroidir le mélange et l'on y ajoute ensuite peu à peu
96s de furfurol sec dilué dans un volume égal de benzène. Le mélange
s'échauffe. On termine la réaction en maintenant le ballon au bain-marie
pendant quelques heures. Apiès refroidissement, le liquide est traité à
plusieurs reprises par de l'eau, séché sur du chlorure de calcium, et dis-
tillé pour chasser le benzène. Le résidu est fractionné sous pression réduite.
La partie principale passe à i7i*'-i75*' sous 11°"" et se prend peu à peu en
masse par le refroidissement. Soumis à une série de cristallisations le pro-
duit solide se présente sous la forme de cristaux jaunâtres fondant à 64",
très solubles dans l'éther, l'alcool et le benzène, mais peu solubles dans
l'éther de pétrole. L'analyse et ses propriétés permettent de lui assigner
la formule
O
C'll''< I
^co cm lien
Des essais en vue de transformer ce composé par réduction au moyen de
l'amalgame de sodium, en fuifurylcamphre, ne nous ayant pas donné do
bons résultats, nous l'avons hydrogéné en présence du nickel par la méthode
de M.NL Sabalier et Senderens modifiée par M. Brochet. Nous devons
toutefois remarquer que, dans cette opération, la réduction va au delà de
la formation du furfurylcain|)hre chelché, et qu'il y a fixation de G atomes
d'hydrogène avec fornulion de télrahydrofurfurylcamphre
C"!!"
i-i'analyse et les propriétés optiques du produit oblenu viennent à l'appui
de cette manière de voir.
0
CH-^
- CIP
— ch/\ch»
1
r.ti' v.w-
SÉANCE DU 3o MAI I921. l359
Le télraliydrofiirfurylcainplire cotislilue un liquide incolore el visi|ueux
bouillant à 166" sous 14'°™, soluble dans Talcool, Tétlier, le benzène el
l'élber de pélrole.
Préparation des Jury t-ary/camp/iomét/uines (' )
.CM - C
CMI''<^|
CO Cil
Ar
Cil
Cil
l'allé s'cffeclue comme celle des dipliényl, pliénylbenzylcampliomélhane
préparés par MM. A. Haller et Bauer (-). On ajoute à la solution del'orga-
nomagnésien dans l'étber une quantité de furfuralcamphre légèrement
inférieure à celle qu'exige la théorie. Le mélange est ensuite maintenu à
l'ébullition pendant quelques heures et, après refroidissenient, traité par une
solution de chlorure d'ammonium. Après décantation et distillation on
obtient le produit cherché qu'il suffit de faire cristalliser ou de distiller
dans le vide.
Nous avons ainsi obtenu :
yC H'
/Cil — Cil— CMPO
Lf phénylfurylcamphontélhane C'H'\ I sous la forme de
petits prismes rondaiit à 1 14°, très soiubles dans l'alcool, l'éllier el le benzène, peu
solubles dans lélher de pélrole. _,
/CH-CII-C'H'O
Le benzylfurylcampliomélane C*H'*s I huile épaisse de
couleur jaune très soluble dans l'élber, ralcool, le benzène, peu soluble dans l'élher
de pétrole.
yCMI'CIF
/CM - Cil -C'HMJ
Le p-toljlfurylcamphoinéthane C*H"\^ I qui distille à 234°
sous 17™™. Il forme une huile semblable à la précédente el de même solubilité.
O
CH|^"^,C-
(') Nous donnons au radical dérivé du furane, le nom de ftirylr pour
Ch! !cil
éviter toute confusion et aussi pour mettre les noms de nos dérivés en harmonie avec
ceux attribués par MM. A. Haller et Ed. Bauer aux composés qu'ils ont obtenus.
(-) A. Haller et Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 142, 1906, p. 971-97(3; t. 146, 1908,
p. 717-722.
l36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
/Cil— Clî — C'II^O
Le p-anisyljitrylcainphométliane C"H'\ ', dont le poinl
ti'ébullilion est 2j5° sous ij""". Le produit est semblable aux deu\ précédenlf el de
même solubilité.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du bromure d' t'thylmai^nésium sur lesdibenzvli-
dène cyrlnhencnnone et ^^-mèlhvlcvrlohr.ranonf. ^ote rie M. M.*\oi.iîsro,
présentée par M. A. Ilaller.
On sait, d'après les expériences de M. Koliler ('), de MINI. Haller et
Bauer (^), que lorsqu'on fait a^ir un composé organoniagnésien .sur les
dérivés henzN lidéniques de la p-méthylcycloliexanone, du camphre, etc.,
le radical hydrocarboné se fixe non sur le groupi-menl célonique, mais sur
le carbone de la chaîne benzvlidénique qui se trouve en [i vis-à-vis de ce
groupement.
Dans l'étude que nous avons entreprise sur ladibenzylidènecyclohexanone
nous espérions obtenir des corps semblables à ceux que M. Kohler avait
obtenus en étudiant l'action des combinaisons organoniagnésiennes sur le
dibenzylidène-[3-méthylcyc!ohexanone.
Cet auteur a, en effet, isolé : i° un composé résultant do Taddilion d'un
groupe phényle sur l'un des complexes benzylidéniques, composé qui existe
sous deux formes isomériques; 2° les mêmes composés avec 2^' d'oxygène
en plus et répondant à la formule C-'H"'0^; 3° deux composés C"H''-0
qu'on peut considérer comme des tétraphényl-trimélhylcyclohexanones
CH^ CIP
CH'/\cn - CM' CH^/N— GII — CIP
CG CO
I. ' II. m.
Nous sommes parti de la dibenzylidène cyclohexanone déjà préparée
pour la première fois par 1\I. Petrenko-Kritschenkoet Arzibascheff(^)etpar
(') Arneric. C/iem, Soc, I. 30, içjoG, p. 17-; t. 37, 1907, p. 070.
(-) Comptes rendus, t. I'i."2, igoti. p. 971.
(3) Ber. Ber., l. 2!), p. lo'ji.
SÉANCE UU io MAI 1921. l36l
M. Wallacli el de son dérivé [jaraïuélliylé, cl nous les avons traités parle
broMuircd'étliylniagnésiiun en solution éthéréc, d(! fa(.cn à obtenir, soit les
dérivés nionoélliylés, soit les dérivés diélhylés.
Avec les deux composés dil)enzylidétii(pics nous avons observé une
réaction et nous avons pu isoler dans clia(|ue cas un produit cristallisé, à
côté de (juantités notables d'huiles, incrislallisablesjuscju'à présent, et dont
nous poursuivons l'étude.
Ces deux produits cristallisés répondent respectivement aux formules
brutes C^^H-'O' et C^'H^O^; c'est-à-dire qu'ils forment deux peroxydes
des composés monoéthylés auxquels on peut attribuer la constitution
suivante :
CiP CH— CH3
,^'ît^CH — cul J— C — CH-CH^ ^''l'NcH-CIll Jc — CH~C"H'
co Y c^-* 0
Il II
o o
La fonction peroxyde de ces nouveaux composés a été mise en évidence
par l'action d'une solution d'iodure de potassium dans l'acide acétique : il y
a mise en liberté d'iode.
Pr'éparaliim du dérivé C-'^M^*0'. — A une solutiun étliérée de bromure d'élliyl-
niagnésium on ajoute peu à peu de la dibenzylidène cyclohexanone en poudre. La
réaction a lieu instantanément el est parfois très vive. Ouand tout le produit a été
ajouté, il convient de cliaiilTer encore une demi-heure au bain-marie.
On décompose le produit de la réaction par une solution saturée de chlorhydrate
d'ammoniac, les acides dilués donnent de mauvais résultats. En évaporant l'éther on
obtient des cristaux blancs fondant à 187°, o5 solubles dans le chloroforme, l'alcool
niéthylique, l'éther.
Cette réaction a été également eflectuée dans une atmosphère d'azote et les résultats
ont été les mêmes, ce qui semble prouver que l'auto-ovydation se fait après la décom-
position du produit par le sel ammoniac. Les rendements en peroxydes ont été environ
de 20 pour 100.
Une autre opération a été eflectuée en faisant barboter un courant d'air dans la
.solution éthérée qui jjiovient de la décomjiosition du magnésien et les lendements ont
pu de la sorte s'élever à j5-6o pour 100.
ftéduclion du peroxyde C"H'*0'. — Quand on ajoute une solution d'iodure de
potassium dans l'acide acétique à du perox.yde, on constate une mise en liberté
d'une quantité d'iode ( dosée au moyen d'une solution d'hyposulfite) correspondant
à 1" d'oxygène par molécule de produit avec formation subséquente d'un corn,
posé cristallisé blanc, fondant à 111°, corps auquel nous croyons devoir attribuer l»
formule
ACADÉMIE DES SCIENCES.
CIP
CIV'^^ VAV-
cm-'
>CH - CH
C-CH.CH'
CO
o
Action dti chlorure de benzovlc sur la so/ti/io/i ét/ieree du produit d'addition
du bromure d' élhylnuii^nésiurn et de lu dihenzyUdéne cyclohexanone. —
L'introduction du chlorure de benzoyle dans ladite solution doit se faire
peu à peu, en maintenant le ballon dans la glace pendant toute la durée de
la réaction. Ou chauffe ensuite une demi-heure et l'on traite la masse
comme à l'ordinaire.
On isole ainsi un produit fondant à io5°, très soluble dans l'éther et le
chloroforme, et dont l'analyse correspond à la formule C^'H^'O- qui est
celle d'un éther-sel auquel on peut attribuer la constitution suivante :
CH^/\CI1-^
Cll-G^ /C — CH.r/H»
C0.C0C«I|5
Saponifié par de la potasse alcoolique, ce corps donne naissance à du
benzoate de potassium et à une huile incristallisable et qui se décompose
quand on veut la distiller. L'alcoolyse nous a conduit au même résultat.
Si au lieu du chlorure de benzoyle on substitue du chlorure de cinna-
myle, on obtient un corps blanc cristallisé, fondant à i22°-i23", très peu
soluble dans l'éther, soluble clans le benzène à chaud, et dont la saponifica-
tion donne de l'acide cinnanii(|ue et la même huile incristallisable.
Préparation du dérivé C-'H-*0', en partant de la p-inéthyldibenzylidcne
cyclohexanone. — Obtenu dans les mêmes conditions que son homologue
inférieur, ce produit fond à ii9"-i2o°; il est très soluble dans l'éther et
dans le benzène. Il se comporte également comme un peroxyde. Nous en
poursuivons l'étude.
SÉANCE DU 3o MAI K^il- 1^63
CHIMIE ORGANIQUK. — De i'in/luerice t/u /lio/ylji/atc (rammonitique sur le pou-
voir rolaloire de quelques sucres. Noto de M. (ieorgf.s Tanriît, présentée
par M. L. Maquenne.
Depuis les travaux de Gernez (1891-1892) on connaît les modifications
de pouvoir rotatoire que subissent les alcools polyatomiques (mannile, sor-
bite, perséite) quand on additionne leur solution de molybdate acide d'am-
monium. On sait peu de chose en ce qui concerne les sucres réducteurs :
d'après Gernez, « ils n'éprouvent de la part des molybdates alcalins acides
que des effets d'une intensité généralement très faible » ; de leur côté, Rim-
bach et Weber (iQoS) virent le pouvoir rotatoire du glucose passer de
[a||,+ Sa" à -f- 55°, 8, tandis que celui du lévulose baissait de [a][, — 91", 9
à — 78°, -2. De nouvelles recherches m'ont amené à relever d'importantes
variations qui n'avaient pas été signalées jusqu'ici.
I. Dans tous les cas, la technique des expériences a été la même : dissolu-
tion du sucre à chaud, de manière à obtenir d'emblée le pouvoir rotatoire
stable en cas de multirotation, et, après refroidissement, addition de molyb-
date d'ammoniaque en quantité progressivement croissante; on complétait
ensuite à volume constant. Le poids de sucre employé était de i^, le volume
total de la solution de 3o™', porté parfois à iS™' ou Go™' pour étudier l'in-
fluence de la concentration. Les déterminations suivantes ont été faites à la
température de 12° et avec un molybdate bien pur.
Pentoses. — Four le .rylose, [a],, est passé de -1-19°, 2 à -+- 33°, 5. L'augmenlation
(71, 5 pour 100) est du même ordre que celle du rliamnose (io5 pour 100) déjà étu-
dié par Gernez et qui passe de -I- 9°, 7 à -i-i9'',9. Pour Varabinose, au contraire,
[a],, tombe de -+- io5' à.-i- 84", 9 (diminution : 19, i pour 100).
Hbxoses. — Le glucose m'a fourni des chillres légèrement plus faibles que ceux de
Rimbach et Weber, [«]„ passant de ■+- 52°, 5 à -t- 54°, i (augmentation : 3 pour 100).
Dans le cas du galactose, le pouvoir rotatoire subit une baisse importante et tombe
de -+- 82°, 5 à -t- 60° (diminution : 27, 2 pour 100).
Celui du sorbose passe de — 43°, 2 à ■— 36°, 3 (diminution : 16 pour 100).
Avec le lévulose^ la chute du pouvoir rotatoire est profonde et d'autant plus forte
que le titr-e de la solution sucrée est plus faible. C'est ainsi que, selon qu'on a aflfaire
à des solutions de lévulose à -J^, 15L ou ■^, [a]i) tombe de — 90° (valeur moyenne) à
— 60°, — 55° et — 5o°.
Quant au mannose, son pouvoir rotatoire change de signe et passe de ■+■ i4°à — 20°.
Sl'cres hydrolysables. — On a recherché l'action du molybdate d'ammoniaque sur
le pouvoir rotatoire des sucres en C'^ (saccharose, nialtose, lactose, tréhalose), des
sucres en C" (mélézitose, raffinose), d'un sucre en C'^' (siacliyose), sur celui de l'inu-
l364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
line : elle a élé nulle dans tous les cas, quelles que fussent les quanlilés de sel ammo-
niacal employé. Il en a été de même pour les sucres de la série cyclique : quercite,
/-inosite.
Influence du temps. — Les solutions de lévulose nddillonnéos do molyh-
date d'ammoniaque ne tardent pas, à IVoid, à se coloier en bleu par réduc-
tion du sel (réaclion de Pinoff) : le galactose donne aussi la même léaclion
au bout de plusieurs jours, quoique moins énergiquement que le lévulose.
En même temps, on constate pour tous les monoses réducteurs une baisse
sensible de pouvoir rolatoire et de pouvoir réducteur. C'est ainsi que pour
le lévulose (en solution à ^), [aj^ peut tomber à zéro au bout de six
semaines, le pouvoir réducteur«n'étant plus que de 60. Aussi une solution
de sucre interverti additionnée de molybdate devient-elle dextrogyre au
bout de quelques jours.
II. Dans les données numéiiques précédentes, on pourra trouver le prin-
cipe d'une méthode d'évaluation rapide de tel ou tel monose réducteur
mélangé à d'autres sucres déjà connus, réducteurs ou non, et sur lesquels
le molybdate n'a pas d'influence. Les variations de pouvoir rotatoire d'une
pareille solution, avant et après addition de molybdate, renseigneront sur
le pourcentage du sucre considéré. On trouvera dans un autre Recueil
quelques chifl"res obtenus au cours de différents essais poursuivis dans cette
voie.
III. Pour expliquer ces changements de pouvoir rotatoire, il est naturel
d'invoquer la formation de complexes organomolybdiqucs. Les faits sui-
vants viennent à l'appui d'une telle hypothèse.
On sait qu'il est loisible de dosera la phénolphtaléine les /) MoO'
faiblement engagés dans l'heptamolybdate. Or, si à un poids donné de
molybdate, dissous à volume constant, on ajoute des quantités croissantes
de l'un des sucres précédemment étudiés et optiquement actifs, on voit,
par un simple dosage alcalimétrique en présence de phtaléine, une partie
des 4 MoO' être progressivement saturée par ce sucre.
Ainsi, soit 6'"', 6 NaOH la quantité de soude normale nécessaire pour
neutraliser l'acidité de i*-' molybdate (dissous dans 4o™" ^au) : Il n'en
faudra que 5""', 7 après addition de o«,5o lévulose, que 5™', 3 après addition
de i^ et seulement 4™', 9 après addition de 1^,00 du même sucre. L'expé-
rience montre que c'est avec les sucres dont la variation polarimétrique est
la plus forte que la neutralisation de MoO'' est aussi la plus complète.
Le virage à la phtaléine est du reste assez fugace et s'efface au bout de
peu de temps, exigeant pour se reproduire l'addition de nouvelles quantités
SÉANCE DU 3o MAI 1921. l365
d'alcali, preuve que la comhinaisou oi'^anou>olybcli(|ue formée se dissocie
rapidement et tend vers un nouvel équilibre.
Dans l'étal actuel de nos connaissances, il serait peut-être prémaluré de
proposer une formule re[)résontant la composition de pareils complexes;
on pourra sans doute y arriver en employant une méthode d'investigation
plus sensible que la méthode polarimétriquc, ou mieux encore en isolant
à l'état cristallisé un des complexes envisagés. C'est dans cette direction
que nous poursuivons nos recherches.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la formation de chlorure de Julin dans la prépa-
ration du chlore èleclrolylicjue. Note de MM. F. Bourio\ et Ch. Courtois,
présentée par M. G. Urbain.
En examinant les tu^^aux en grès, collecteurs de chlore dans la prépara-
tion du chlore électrolytique (électrolyse d'une solution aqueuse de chlo-
rure de sodium), nous avons observé d'une façon constante un peu au
delà des cellules la présence d'aiguilles soyeuses, blanc jaunâtre, plus ou
moins abondantes, parfois au point d'obstruer presque complètement les
tuyaux : elles proviennent vraisemblablement de l'attaque par le chlore,
des charbons anodiques.
Afin d'être fixés sur la nature de la substance organique qui en constitue
la masse principale, nous l'avons séparée de la partie minérale qu'elle ren-
ferme toujours en faible proportion par dissolution dans la benzine bouil-
lante, et cristallisation, la substance blanc jaunâtre ainsi obtenue plus
légère, mais de même aspect que la substance primitive, fond à 220°; une
deuxième cristallisation dans la benzine fournit une substance aisément
sublimable, fondant à 223", et possédant une légère odeur aromati([ue. En
y dosant le chlore, nous avons trouvé :
Pmcédé BauLiignv et Cliavaiine.
— -_ -" - -<- Piir
1. '2. 3. 4. 5. G. hi cliaux.
Cl pour 100 73,39 73,82 73,74 78,32 72,92 78,56 72,90
Si l'on se rappelle que le chlorure de Julin C/'Cl" fond vers 225''-22G°, et
que sa teneur en chlore est 74,74 pour 100, il est naturel de penser que
l'on se trouve en présence de cette substance souillée par un peu d'impu-
retés mais riches en chlore.
H est impossible au reste d'en élever le point de fusion et la proportion
l366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de chlore par des cristallisations renouvelées dans la benzine bouillante.
Or Jungfleiscli ( ' ), en étudiant systématiquement l'action du chlore sur
la benzine, a pré|>aré et décrit les dérivés chlorés successifs du benzène, et
notamment le chlorure deJulin C"C1*; pour débarrasser ce composé des
dérivés de substitution chlorés plus ou moins avancés du benzène, et prin-
cipalement de C'HCl', cet auteur le traite par un mélange de benzine et
d'alcool, car l'alcool dans lequel le chlorure de .Julin est insoluble dissout
les autres dérivés.
Nous avons alors dissous à l'ébuUilion 8^ de substance impure, dans 260**
d'un mélange à poids égaux d'alcool et de benzène; les aiguilles obtenues
par refroidissement, après essorage, encore faiblement odorantes, soumises
au même traitement, ont donné une substance inodore, et plus blanche que
la substance primitive; le dosage du chlore par la chaux a donné :
observé Calculé
^ — pour C«C1«.
Cl pour 100 74,2" 74,47 74-7" • 74,7^
11 est dès lors naturel d'admettre que les aiguilles blanc jaunâtre que l'on
recueille à la suite des générateurs industriels de chlore sont formées en
majeure partie par du chlorure de Julin souillé par une faible proportion
de dérivés de substitution chlorés moins avancés du benzène.
11 eût été intéressant de pouvoir en déduire que ce chlorure de Julin
provient de l'attaque des charbons anodiques par le chlore naissant; mais
la présence des dérivés du benzène, moins riches en chlore, n'autorise
guère cette conclusion, et fait songer plulùt que ce composé a pris naissance
dans l'attaque des goudrons servant à agglomérer le coke et le charbon
pulvérisé, dans la fabrication des charbons anodiques, et que le chauffage
ultérieur n'a pas détruits complètement, spécialement lorsqu'il n'a pas été
suffisamment prolongé.
A la vérité, la présence de cette substance avait déjà été signalée, car
Foerster (^) dans son Traité d' Électrochimie ^ indique que lorsqu'il se dégage
du chlore sur des anodes en charbon amorphe, on peut y déceler des traces
de tétrachlorure de carbone, de chloroforme, d'hexachlorure de carbone,
d'hexachlorobenzol et combinaisons analogues, qui peuvent être séparées
par condensation; nous avons signalé sa formation, parce que, avec le
temps, il se dépose spontanément, ainsi que nous l'avons vu, et de façon
(') JuNGFLEiscH, Thcse, l'aris, Gaulliier- Villars, 1868.
(^) FuîRSTER, Eleclrocliemie wasscri:^cr Losii/i i;c/i, 190"), p. 370.
SÉANCE DU '^0 MAI 1921. I ;-567
massive, se séparant ainsi des antres produits plus volatils qui l'accon»-
pagnenl; nous avons constaté sa présence, non seulement dans les collec-
teurs d'appareils en activité, mais aussi dans des tuyaux hors d'usage, ayant
servi avant la guerre.
Il est probable que c'est à cette attaque des charbons par le chlore qu'est
due la présence du chloroi'orme signalée par l'un de nous( ' )dans la benzine
extraite des chlorobeiizènes industriels et dont l'origine n'avait pas été
expliquée. Le chloroforme se condense dans le chlorobenzène brut en même
temps que le chlore est intégralement absorbé.
Il conviendrait de faire une cotilre-expérience en montrant l'absence de
chloioforme dans des chlorobeiizèiies obtenus, à partir du chlore non
électrolytique, par exemple, résultant de l'action de l'acide chloi hydrique
sur le bioxyde de manganèse.
GÉOLOGIE. — Sur la structure de la chaîne des Alpines.
Note (-) de MM. F. Roman et P. de Bru.v, transmise par M. Ch. Depéret.
La chaîne des Alpines est un massif montagneux qui s'étend perpendi-
culairement au llhôiic, de Tarascon à Orgon, et surgit brusquement au
milieu des terrains tertiaires et quaternaires qui l'environnent de toutes
parts. Le Jurassique et le Crétacé inférieur ont pris part à sa formation.
Un peut distinguer liois termes dans le premier de ces terrains :
1° Des calcaires dolomiliques (J* de ia coupe) ;
2° Des calcaires en bancs minces (J°);
3° Des calcaires compacts ruiniformes (J*~*).
La rareté des fossiles ne permet [as de préciser les niveaux; le n° 2 païaîl corres-
pondre au Lusitanien; le n° 3 représente le Kiméridgien elle Titlionique.
L'Infracrétacé comprend :
I" Des calcaires à faune berriasienne (C,,) ;
2° Des marnes jaunes avec rares fossiles pyriteux (Valanginien inférieur) surmontés
par des calcaires en bancs minces ( Valanginieii supérieur, C,);
3° Des marno-calcaires jaunâtres (Haulerivien inférieur, C,vi) a"'"iuels se super-
posent des calcaires blanchâtres en gros bancs, devenant marneux au sommet (Haule-
rivien supérieur, C,,.,,)-
La faune du niveau inférieur a été signalée par M. Kilian, près de Saint-Elienne-
du-Grès,
(') F. BouRio.v, Comptes rendus, l 170, 192(1, p. iiSi. et Ann. de C/iim.jÇ)" série,
t. 14-, 1920, p. 2i5-32i .
(') Séance du 23 mai 1921.
l368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
'(" (Calcaires compacts en gros bancs à silex, sans fossiles (Rarrémien inférieur, G,„),
passant à la partie supérieure à des bancs à débris contenant la petite faune d'Orgon.
La série se termine par le Harréniien supérieur, récifal crayeux, niveau classique
d'<)rgon (Ursonieri, C„).
Au point de vue structural, la cliaiue est formée de deux anticlinaux
parallèles, E.-O. X^e pli septentrional, réduit à sa retombée nord, se suit de
Saint-Pierre-de-Vence à Saint-Étienne-du-Grès. 11 comprend tous les
terrains précités qui plongent vers le Nord. Très faiblement inclinées dans
la partie orientale du massif, les assises barrémicnnes se redressent presque
jusqu'à la verticale, vers le milieu de la chaîne.
.M'
Coupe transversale des Alpines passant par le signal des Alpilles.
(Eclielle : environ t-J;„„.)
Le flanc sud du pli est représenté par une surface de conlact anormal, sur
laquelle les assises poussées vers le Sud sont venues reposer contre le flanc
nord du pli méridional, dont les couches plongent aussi vers le Nord.
Cet accident, de première importance, passe sur le flanc sud du petit
chaînon aboutissant à la Patouillarde. Il met en conlact les calcaires en
plaquettes jurassiques avec le Berriasien, puis les calcaires ruiniformes
avec le Valanginien inférieur et, plus loin, ces mêmes calcaires avec l'Hau-
terivien inférieur, qui plonge sous le Jurassique.
Plus à l'Ouest, une boutonnière de ïilhonique sur la roule de Mouriès
indique la suite de ce même accident, et met ce terrain en contact avec
l'Hauterivien. On le relouve au delà, dans un vallon parallèle à celui du
château de Pieiredon, oti il fait apparaître un instant la série jurassique
depuis les calcaires doloiiiitiques. Au delà, l'axe du synclinal s'enfonce
et la surface de contact anormal longeant l'Hauterivien borde la dépression
occupée parle Danien des iiaux.
Le trajet de cette ligne de fracture se rapproclie dans son ensemble, mais non dans
SÉANCE DU 3o MAI I921. 1 369
ses détails, de la faille portée sut' la Carte géologique : à pailir di> la roule d'Aureille,
elle passe au sud du chaînon de la l'alouillarde el non au nord. Sur ce dernier point,
il y a un accident, de moindre importance, faisant seulement disparaître le Rerriasien
pai- écrasement.
'Le pli méridional forme le ch{\lnon culminant du signal des Alpilles (Les
Houpies) el son axe passe légèrement au sud de la crête formée par les
caicairos jurassiques en bancs minces dressés presque à la verticale. Au-
dessous, sur le versant sud, apparaissent les calcaires dolomitiques. On
iviroii\e plus à l'Est ce hr.mbement ;iiuieliiiai dans l;i mollasse vindo-
bonieiine d<- la montagm- du iJefiend, prt> de Laniaiioii. el vers l'Ouest on
le reconnaît dans le calcaire hauterivien, près de la roule d'Aureille, puis
dans la bande bauterivienne i\\n borne au Sud la dépression des Baux, près
de Maussane. On ne peut le suivre au delà.
On voit donc (|ue les efforts tangentiels (|ui ont produit ce massif sont
venus du Nord et ont tendu à rompre Fanticliiial principal en le déversant vers
le Sud et en faisant disparaître en profondeitr tout le flanc sud qui n'est
indiqué que par une surface de glissement. Ce fait est en opposition avec ce
que l'on observe en Provence, 011 la plupart des plis sont déversés et même
cbarriés vers le Nord. La cbaîne de Sainte-Victoire, comme les Alpines, fait
cependant exception à celle règle et se déverse vers la vallée de l'Arc, ainsi
que le montrent les coupes de Collot. Le Luberon, qui est le pli le plus
voisin, est peu dissymétrique; il offre cependant vers le Sud une ligne de
contact anormal indiquant un effondrement qui a permis l'établissement
du bassin miocène.
PALÉONTOI.OGIE. — 5»/' Ics variations individuelles de Psiloceras planorbis
Sosv. Note de M"*" G. Cousrx, présentée par M. Emile Haug.
On sait que Psiloceras planorbis Sow. caractérise lescoucbesde la base de
l'Hettangien dans l'Europe occidentale. Les observations que j'ai faites
portent sur des écbanlillons au nombre de 80 environ, dont M. le Profes-
seur Haug a bien voulu me confier l'étude, et qui proviennent tous d'un
même gisement : Nellingcr Miihle, au sud d'Esslingen (Wurtemberg).
Un premier classement sommaire établi d'après le caractère morpholo-
gique le plus apparent, c'est-à-dire l'ornementation, conduit à des séries
allant de types entièrement lisses, se ra|)portant à la forme classique de
Psiloceras planorbis, jusqu'à des formes diversement costulées, décrites par
I^70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelques auteurs (Waliner, Pompeckj, Holland ) comme espèces distinctes.
Ces variations dans rornementation, pour être les plus apparentes, ne
sont cependant pas les seules; d'autres modifications s'observent : dans
l'enroulement, dans l'épaisseur des tours, dans la ligne de suture, dans la
position du siphon.
A. Kn se basant à la fois sur les caraclercs de rorncmenlalion, de l'enroi^
fement, de l'épaisseur des tours, on peut établir plusieurs séries :
i" L'une pari de Ps. planorbis et conduit insensiblement à Ps. Johnsloni Sow.
(espèce pourvue de côtes marquées), par une série de formes de plus en plus coslulées
où la hauteur et l'épaisseur des lours reslenl sensiblement les mêmes.
2° Une autre série pas<e des formes listes à des formes coslulées, où la largeur du
tour diminue et où la hauteur croit. On arrive ainsi à des individus ayanl des côtes
droites, plus ou moins serrées, plus ou moins accusées. Chez certains /'i//oce/'a.$, elles
sont droites et rayonnantes; chez d'aulres, droites, mais afi'ectant une direction
oblique en arrière par rapport au rayon de la coquille; chez d'autres enfin, normales
au pourtour de l'ombilic, mais se recourbant en avant vers la région externe.
On a donc des formes qui dérivent insensiblemeni de Ps. planorbis par une série
de variations et qui présentent finalement l'apparence de Ps. subangiilare 0|)p. Les
caractères ornementaux de celle dernière espèce rappellent ceux des W'œlincroceras.
3° Une dernière séiie passe des formes lisses à des formes coslulées, où la largeur
du tour augmente et où la hauteur diminue. On aboutit ainsi à des individus ayant
l'aspect de Ps. hadroptychum, espèce de Wahner qui, avec d'autres voisines, établi-
rait, d'après cet auteur, le passage de Psiloceras auK Arictidœ.
B. En considérant ensuite la ligne de suture, on observe une très grande
diversité, sans relation avec les caractères morphologiques précédemment
décrits. Les variations portent sur le nombre et la forme des indenlalions
secondaires des éléments de la suture. Celle-ci se compose, chez Psiloceras,
d'un lobe siphonal divisé en deux par une toute petite selle médiane, d'une
première selle latérale généralement un peu moins haute que la deuxième,
celte dernière moins large que la [)iécédente. Puis, sur la partie du tour
restant visible, trois selles dont la hauteur et la largeur vont en décroissant
rapidement. Les selles sont légèrement étranglées à la base.
1" Si Ton considère des individus au même stade de développement, on remarque des
variations dans la découpure secondaire des éléments de la cloison. Chez certains, le
persillage est accentué, caractérisé par des indenlalions irrégulières faites de loliules
ovales, bien ai-rondis en avani, larges dans leur partie médiane, se resserrant à leur
base et se raccordant entre eux sous un angle aigu. Chez d'aulres, ces petits lobes
secondaires moins nombreux ne sont pas resserrés à la base, il arrive même que la
ligne de suture présente à peine quelques indenlalions sur ses éléments. Elle corres-
SPANCE DU 3() MAI I921. I'57I
pond cepeiicJanl toujours au pinn g^'néral nippelé ci-dessus, mais les selles, au lieu
d'èlre étranglées, sont largement ouvertes à leur base.
•>," Une autre variation, indépendante de la précédente, intéresse l'espacement des
lignes de suture sur des surfaces de dimensions identiques. Deux cloisons consécutives
peuvent être distantes de i"™ ou parfois de i™. Ce fait est peut-être en relation avec
raccroissemenl. Les individus à cloisons très espacées lénioigneraienl ainsi d'un
accroissement rapide, les autres d'un accroissement plus lent.
'i" Le plan de la cloison est également variable. Tantôt les cloisons suivent réguliè-
rement des rayons de la coquille; tantôt elles forment un angle aigu avec ces rayons.
Dans ce dernier cas, la ligne sulurale au voisinage de la région externe présente une
avancée très nette vers le péristome.
C. Le déplacement du siphon est également un caractère qui présente une
grande variabilité. — Rai^ementle siphon est médian; il est presque toujours
dcjelé soit à dfoite, soit à gauche du plan de symétrie de la coquille. Il peut
s'éloigner de i""" à 2°"" de la région externe, mais, entre ses déplacements
extrêmes, tous les intermédiaires sont possibles. Un échantillon particu-
lièrement intéressant [trésente à lui seul tous les déplacements possibles du
siphon. On en suit la trace d'une façon continue; d'abord à 1™'° à gauche
de la région ventrale, le siphon passe insensiblement dans le plan médian,
puis se dirige nettement à droite de celui-ci.
Chez ces Psiloceras, la position du lobe siphonal est liée à la place du
siphon. Il en résulte une répercussion sur le plan général de la ligne sulu-
rale. On remarque, en effet, une réduction de la largeur des lobes et des
selles sur le flanc où se porte le siphon. Cette réduction se traduit par une
diminution de largeur et non par une simplification des éléments de la
cloison, qui sont au contraire élargis sur le flanc opposé.
Il est à noter également cjue la présence du lobe siphonal sur un flanc
entraîne la première selle latérale à passer sur la région ventrale. Elle se
trouve, de ce fait, particulièrement élargie et déformée.
J'ai pu établir que toutes les variations envisagées ci-dessus sont abso-
lument indépendantes les unes des autres. Mais, d'autre part, toutes les
combinaisons, toutes les associations de ces variations sont possibles sur un
même individu ou sur des individus extrêmement voisins.
Ces constatations, jointes aux suivantes :
a. Provenance d'un gisement unique où l'on trouve associés des ([uantités
d'individus dans un même bloc;
b. Passage d'une manière insensible, par une série de variations morpho-
logiques, de la forme lisse plannrbis à des formes extrêmes diver-
sement costulées,
l^-jl ACADÉMIE DES SCIENCES.
permettent de supposer que ces formes extrêmes ne constituent pas des
espèces distinctes, mais de simples variations individuelles, comparables à
celles que M. Haug a signalées pour (ilyphinceras lieyricJiianitm Kon.,
dans ses Ktudes sur les Goniatites.
MAGNÉTISME TERRESTRE. — Forle perHirbation iiHii^nètique
dm i4-iT mni iq2r. Note de M. Fi.a.ioi.et, présentée par M. Baillaud.
Entre le 14 mai à i2''3o'" et le i.") à <S'' temps moyen local, le décli-
nomètre enregistreur de l'Observatoire de Lyon nous indique une pertur-
bation très forte et anormale. V.w effet, les variations sont importantes et
rapides; en quelques minutes leur amplitude atteint le degré et vers le
maximum la déclinaison a une forte tendance à se rapprocher du méridien
géographique. Malheureusement, à ce moment, les images sont sorties des
limites de l'enregistrement, c'est-à-dire dépassent dans ce sens 3o' par
rapport à la courbe moyenne.
Cette perturbation a été aQcompagnée de troubles importants sur toutes
les lignes télégraphiques. Nous nous bornerons ici à citer les heures et
grandeurs des principaux écarts, en prenant comme origine la courbe
moyenne diurne de la déclinaison.
Nous affecterons du signe 4- les oscillations tendant à augmenter la
déclinaison. Du cùlé des oscillations négatives le spot lumineux est fréquem-
ment sorti des limites de l'enregistrement et, par suite, à ce moment,
l'écart par rapport à la normale a nettement dépassé 3o'.
Le I '1 mai. Le lô mai.
16'' normal o''i5"' — 18'
i6''3o"' —16' ..''So"' normal.
17'' à ig'' sensiblement normal i''2ii'" oscillation — > 3o'
iy''2()"' — 16' '.''."lO"' iil.
2o''-;'.a''3o™ normal 1 coiitiiuiellemeiit
22''35"' — 31' 3''3o"' à VW"'- • • I en dehors
22'4n normal ' des limites — > 3o'
aS''"'" — 20' 5*^2.")'" -1-26'
23''5o"' -+-19' ,-,. . ,-..f .., ( en dehors
('>!' à (ii'.5()'"
S''3o"
( des limites — >> 3u
5o"'... id.
( sensiblement
) normal
SÉANCE bV 3o .MAI 1921. i3-]3
Depuis le 12 le déclinomèlre était agile, el, dans [ajournée du i6onnote
encore des [)erlurbations liés fortes.
Entre le 19 à 2'i''.")o'" et le 20 à o'':')o'" une forte perturbation magnéli(]ne
de 28' d'amplitude a été encore observée.
A la suite de la première perturbation des modilicalions ont été apportées
à notre mode d'enregistrement pour nous permettre d'enregistrer avecloute
leur amplitude les perturbations de la déclinaison magnétique; nous dis-
posons dès maintenant de près de 5° d'amplitude.
CUIMIE VÉGÉïAr.lî. - Coiilribulùm à Vèiude des consliliiants acides de la
gemme du pin ma ri lime. Isnmérisalion des acides pimariques. \ote(') de
M. Georges Dupont, présentée par M. A. Haller.
Vacille abiélifjue. constituant principal de diverses colophanes, n'est pas,
on le sait, un corps pur, mais un mélange complexe d'acides isomorphes,
dont un seul constituant pur a été, jusqu'à ce jour, isolé par Schultz (^).
Ces acides n'existant pas dans la gemme, mais étant le résultat de l'isoméri-
sation par la chaleur des acides pimariques et sapiniques, il est logique de
chercher à obtenir les acides abiétiques purs en partant de leurs acides
mères.
Dans une récente Note ( '), nous avons indiqué comment nous sommes
parvenus à dédoubler l'acide pimarique en ses deux constituants, l'acide
dextropimarique et l'acide lévopimarique. Nous allons étudier ici les pro-
duits d'isomérisation di- ce dernier acide.
1° Isoinérisalion peu la chaleur. — Vesterberg (') a signalé que l'acide dexlropima-
ri(|iie était exlrêmement stable vis-à-vis de la chaleur et pouvait même distiller sans
décomposition. Koiiler ('*) a montré que l'acide lévopimarique s'isoniérisait , au
contraire, à la fusion, en donnant un mélange d'acides abiétiques. En solution alcoolique
à 5 pour 100 bouillante, nous avons vérifié que cette isomérisation était très lente, le
pouvoir rota toi re variant de — 2820,4 à — 27.5°, 2 en 4 heures (pour le jaune).
1° Isoinérisalion par Vacide chlorhydrique. — L'intervention d'un catalyseur
comme l'acide chlorhydrique rend l'isomérisation rapide à fioid et permet aisément
de la suivre dans le tube polarimélrique lui-même.
(') Séance du 28 mai igar.
(■-) ScHULTZ, M cm leur scientifique, .")= série, t. 10. 1920, p. 102.
(') Comples rendus., t. 172, 1921, p. 928.
(') VftzEs, Moniteur scientifique, 4" série, t. 16, 1902, p. 355.
(^) Moniteur scientifique, 5" série, t. k, i9i4i p- 95-
C. R., jgji, I" Semestre. (T. 17Î, N" 22.)
1^7 'i
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau 1. — Isoinérisntinn par ■^^ d'acide c/ilor/nd/i'/iie (temp. t3").
Aciile
ilextri)-
pimariqni-
-63,5
Acid.-
Acide
Irvo-
(IcXtlD-
pimanque
pimariqu
Temps.
Il III
I«|..
I » li.
8. 5..
.. -83,6
+63,, 5
() . 3o . .
• • —79,0
»
^
.. -76,4
»
3 I . 3o . .
•• -77.8
II
O 1
.. -81,8
»
io6
.. —88,4
1)
i'i6
.. 1)0,2
»
1-6....
.. -9'>6
n
242.^0..
•• — 9'l.2
11
Aciilr
Icvo-
pimariquc
'l'emps. I == l'-
lnilialemeiil . . . — 282,4
Il III
0.10 —2.54,8
o. 25 — 237 ,6
0.37 —225,6
I — 2o4 , 2
1.32 -'79.2
2.5 — i59i6
5. '|0 — 96 ;0
Dr l'observation des résultats rassemblés dans le Tabb-au I, nous pouvons
conclure :
1" L'acide fh\rtropirnani/iir ne subit aucune isoinérisation dans les condi"
lions de l'expérience.
2° L'acide lévopi manque ■s.nh'xl^ au contraire, une vive transformation; le
pouvoir rotatoire. fortement négatif ( — 282°. 4), s'élève d'abord; au bout
de 24 heures, il passe par un maximum très net (^ — 7G°,4) puis redescend
pour se fixer au voisinage de —93".
Cette allure de la réaction montre que celle-ci a lieu en deux stades :
Premier stade . — Transformation de l'acide lévopimarique en un premier
isomère instable dont les pouvoirs rolatoircs sont voisins de
|^|.,=r— 76°,4; |5!K = -87».6; |5:|,^- r63",2 (M.
I>a forme cristalline de ce corps le caraclérise comme un acide aliii'ti(iiio : nous
appellerons ce corps acide a.-pimarahiélique.
L'élude phvsico-cliimique de ceUe première pailie de la réaction conlirme tout à
l'ail riivpolhèse d'une Isomérisation caliilvliqiie. La loi d'arliuii (11- niasse indique
qu'on doit avoir dans ce cas
K — 1_ Ino- I " l'L±_ZM
/-/„ "lai +76,4
\y.\„ élanl le pouvdlr rotatoire ;i l'instant /„, \y.\ à l'instant /, l'I K nne constante.
On vérilie aisément que :
i" (^etle formule est liés e\actement vérifiée avec K ^0,00288;
2" Celle constante K est proportionnelle à la concenlialion du calal\s -, car jiuur
une concentration double on trouve K=:ro,oo5G;
(') |5!|i,|3< |v, |3(||Sont respectivennnl les pouvoirs rolaloires pour les raies Jaune,
verte et indiiro de l'arc an mercure.
SÉANCE IJU io MAI 1921. 13; 5
3" Il s'af;il bien il'ime simple ailioii calalvlique, cai- les liriiiles restent les mêmes
(]iiaiiil 011 fait (lesceiulre la concentration du catalyseur à -,'77 (ce i|iii correspond
à I'""' de IICI pour 4'"°' d'acide lévopiniarifjue.
Deiixiènif stade. — Lacidc a-piinarabiétique n'est pas la forme stable; il
s'isomérise à son tour, dans les conditions mêmes de sa formation, et con-
duit à un nouveau stade de transformation. On peut isoler ce nouvel acide
qui, rccristallisé dans Falcool, donne de beaux cristaux ayant la forme si
caractéristique dns acides abiétiques et les constantes suivantes :
l'nlnt de fusion 172°- 170" : | a |j=r — 100°, 1 ; | a |\ = — 1 i5<',:!i.
Ce corps s'identi/ie parfaitement par ces constantes avec l'acide abiétique
par isolé par Sc/iii/tz (' ).
Pour rappeler son origine, nous appellerons cet acide abiétique Vacide
'^-piinaraliiéli(pie.
hoinrrisalioii par l'acide acèliqae. — Nous avons signalé déjà, dans nos pré-
cédentes ^otes. risomérisalion, par l'acide acétique, de J'acide lé\ opimarique, et
nous avons utilisé celle isotnérisation pour isoler l'acide dextropimarique. Nous
a\ons étudié ici l'isomérisation de l'acide lévopimarique pur eiv solution acétique
à 2,5 pour 100.
1° A froid, risomérisalion est lente mais sensible : en 2 heures, 1 3; |j tombe
de — 274°, 8 à — 261", 2 ;
2° A 100", la transformation est totale en '|o minutes, le pouvoir rolatoire se fixe
à I y. |.i= — 61", 6.
l'ar précipitation par l'eau et recristallisation dans l'alcool, on obtient de beaux
cristaux d'acide ^3-pimarabiétique.
Conclusions. — Dans celte Aote, nous avons montré que la chaletir,
l'acide acétique et surtout l'acide chlorhydrique isomérisent l'acide lévo-
pimarique, tandis qu'il laissent inaltéré l'acide dextropimarique.
Avec l'acide cblorbvdrique il est possible de saisir deux stades successifs
d'isomérisation : l'acide lévopimarique se transforme d'abord en acide
a-pimarabiélique, puis celui-ci en acide B-pimarabiétique qui est la forme
stable.
Cet acide [3-pimarabiétique a pu être isolé et identifié avec l'acide abié-
tique pur isolé par Schultz.
L'étude physico-chimique confirme qu'il s'agit là de simples réactions
d'isomérisation.
(M Loc. cil. Schultz indique le pouvoir rolatoire | y |n = — 96°, o, la valeur qui
correspond à environ — 101" pour la raie jaune du mercure.
li-jd
ACADEMIE DES SCIENCES.
ANATOMil': COMPARÉE. — Elude (inatuiiùque sur lu terminaison (trèlinicnnr
du nerf optique dans la série animale. Nolo de M. X.-A. Uarbiehi,
prcsenloe par M. Pcri'ier.
On ouvre au niveau du plan équalorial le globe oculaire d'un cheval, on
vide riîumour vitrée et l'on détache la rétine. Chez le cheval, la rétine
s'insère sur un disque blanchâtre, dépourvu de choroïde, et renfermé par
celle-ci comme dans un anneau. Afin d'isoler de la calotte sclérale le
segment relatif du nerf optique (longueur 3*^^'" à 4*"" )j on coupe la sclé-
rotique en suivant les contours de l'anneau choroïdien.
Après avoir dégagé le nerf optique du trou scierai, on constate la plus
parfaite intégrité de la dure-mère, laquelle, sans se continuer avec la
sclérotique, se termine en cul-dc-sac coiffant l'extrémité du nerf. Une petite
spatule triangulaire est alors introduite du côté libre du nerf, entre la
dure-mère et la pie-mère. On touiiie cette spatule à gauche et à droite en
parcourant le périmètre du nerf, on l'enfonce de plus en plus pour gagner
le cul-de sac durai sans toutefois le percer. Grâce à cette technique on brise
les fibres de Y arachnoïde (') qui relient la dure-mère à la pie-mère. On
retrousse alors la gaine durale, devenue libre, on la glisse d'abord le long
du nerf, ensuite sur une baguette en os ou en verre située au-dessus du
disque optique {/ig. i ).
I"'ig. 1. — • O, iipii(|iie couvert |)ur \;\ gaine piale ; CI', coupole
pialc;(^l', coupole liuralc: l>, (hire-niéic ; lî, bagueUc.
Kig. !.. — C I'', coupole piale
détachée (les faisceaux
nerveux.
Après le passage de la plus grande partie de la gaine durale sur la
baguette, des mouvements de llexion suivis de mouvements de traction,
réitérés avec soin, entre l'extrémité du n<'rf et la baguette, permettent de
rompre les dernières fibres de l'arachnoïde. Le nerf optique, libéré ainsi de
(') UMBiKni, h'iiide ana/omti/ue .sur la terminaison arélinienne du nerf optit/tic
{(Jiimptes reni/iis, I. l.'iV, i<)i''.. |>. i532).
SÉANCE DU 3o MAI 192I, li;/
sa cou|)oIc diiralc. se prcsenl(.' complèli'mcnt recouvert par la gaine piale.
Pour séparer celle gaine des faisceaux nerveux sous-jacenls, il esl néces-
saire de répéler la technique indiquée et détruire les nombreuses libres
conjonctixes, « fibres interpiales »'qui de la face interne de la pie-mère
pénètrent dans le nerf. On remarque alors que la pie-mère se termine aussi
en cul-de-sac el coiffe une lame conjonctive translucide au-dessous de
laipielN^ viennent se loger les tubes nerveux de l'optique groupés en
faisceaux. Chaque tube nerveux de l'optique présente un diamètre inférieur
à celui des fibres interdurales ou inlerpia'es. Les coupoles durales et piales
ne possèdent pas de trous, excepté ceux destinés au passage des vaisseaux
sanguins (fig- 2). Ces coupoles demeun^nl toujours translucides, même
après un séjour plus prolongé dans l'alcool, tandis que la cornée devient de
suite opaque au contact de l'alcool.
A. Disque opli(jiie. — Le plus souvent il a une forme circulaire qui coïn-
cide avec la surface d'insertion de la rétine; il possède un diamètre ou
V I! c
Kig. 3. — A. C. insertion lim'aire à<- In n-tine c;lic/, le ceif; li, nerf optique
(jiii se termine en niiissue.
supérieur (cheval ) ou inférieur (homme ) à celui du nerf optique, et il est
ou dépourvu (cheval) de choroïde, ou tapissé par celle-ci. La rétine
chez tous les cerfs (Ceivtts elaphus, C. capreohis. Dama vulgaris) prend
son insertion sur un(> surface linéaire trois ou quatre fois plus petite que la
surface terminale de l'optique (//V. 3) conformée en clavo et recouvert chez
le cerf uu'ile par une pic-mère pigmentée.
B. No-/ optù/uc. — Le nei f optique, qui est plus ou moins long chez les
Mammifères, se divise (bœuf, fias indiens, Bubalus buffalus) en deux parties
symétriques ; chez les Oiseaux, au contraire, il est très court et il se
termine {Jig.l\) au-dessous de la sclérolique en deux branches, dont l'une
robuste et l'autre faible qui chemine dans un petit canal. Ces branches
s'étendent sur une surface linéaire surmontée aussi par un peigne linéaire.
La rétine prend ses insertions en bas el autour du peigne selon un disque
t,'i7'*^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
oviilc eL Uanslucidc qui est situé en dehors du pliin (]ui couvre les branches
opticines. (^hez le crocodile, le peif^iic a la l'orme d'un cône dont la ba^e
couvre l'exlrémilé de l'oplique. Un profond sillon Iranslornie rexiréinilé
du nerf optique des Gadidés dans une lame très mince. Le nerf optique des
Mollusques céphalopodes n'arrive même pas à la sclérotique, puisqu'il se
termine dans un ganglion préscléral ( ' )•
(]. Rétine. — Le nerf optique (cheval, biHuf) subit ^4 ou .'i^^ heures
après la mort un ramollissement complet qui permet de le vider do tout
son nouroplasnia (-').
Malgré cela, la rétine présente toujours quelque résistance pour se faire
détacher de ses insertions ( fîg. ')).
»v\.*.
— Les(Jiu\ branches du nerf optique (NO)
ilu Jaljiiii l'ouvertes par le peigne.
rig. 5. — l'ace postérieure de la rétine du
Ijivuf avec l'insertion circulaire (CK).
La rétine est plus ou moins épaisse selon que l'humeur vilrée est plus
(bœuf) ou moins dense (cheval). Les Mollusques céphalopodes possèdent
une rétine très mince parce r[ue l'humeur vitrée est li(juide et est incoagu-
lable par l'alcool. La rétine disparaît lorsque l'humeur vitrée disparaît
(Crustacés, Orthopodes). On peut considérer la rétine comme une mem-
brane séreuse qui enveloppe le corps vitré jusqu'aux processus ciliaires.
L'anatomie ne doit pas, à mon avis, interpréter, mais seulement décrire
les formes.
Néanmoins, les résultats exposés de l'analyse anatomicjue me semblent
prouver l'indépendance complète et réciproque de la rétine et du nerf
optique dans la série animale. Ces résultats ouvrent la voie à des éludes
pour l'intervention chirurgicale possible dans la ehaujhre postérieure des
yeux, il peut se faire qu'on puisse soigner quelque forme de cécité (décol-
(') Haruif.ri, ■Sur le nerf oplùjue laminaire cl sur le nerf oplitiiic ^'ci/iffliimnaire
(Coiiip/e.s rcniliis, t. IC."i, 1917, |). 6j-).
(') BARniEKi, Ae neuroplasma est inohila {Comptes rendus, t. i'rl, 191 1. p. i-'.<i").
SÉANCE DU lio MAI I921. l'^7()
lomciildi" lii 1 r-liiii-, gliiucomî, épaississcmenl de la coupole diiralcj ju}^<''e
iiK'iirahle. .ladis, par crainte de la inorl,on n'oiivrail pas le crâne, lelliorax,
rahdomen; rien n'arrête aujourd'hui la main liahile du cliiruii^icn.
lllSTOl.OGIi:. — Sur (/in'/(/ues ail iliides fonctionnelles du chondrionic
de la cellule hèpatiijne. Noie de M. K. IVoEi,, présentée par M. Houx.
I.a cellule liépalique du rai constitue au point de vue du chondriome un
objet d'étude remarquable, grâce auquel nous avons pu retrouver chez les
mammifères uu processus cytoloi^ique identi(jue au cycle évolutif sécré-
toire du foie des Amphibiens.
Nous avons utilisé comme fixateurs, d'une |)art le mélange osmio-chro-
mique de Mcves, d'autre part le bichromate-formol di' Regaud, suivi d'un
mordençage, d'une durée moyenne de 2.) jours, dans le bichromate à
3 pour 100. Les coupes ont été colorées |)ar l'hémaloxyline ferrique de
Heidenhain. et, moins souvent, })ar la fuchsine acide, selon le procédé de
Kull. utilisé comme méthode de contrôle. Les [)ièces ont été prélevées,
immédiatement a|irès la mort, sur des animaux adultes normaux, sacrifiés
2 heures environ après un repas ordinaire.
L La cellule hépatique du rat apparaît botirrée de formations niito-
chondriales de types divers, dispersées dans toute l'étendue du cyto[)lasme
inlervacuolairo. Nulle part on ne note une tendance au groupement, à la
[)olarisation de ces éléments, sauf autour du noyau, ou l'on constate une
condensation nette des milochondries et des chondriocontes. Les chondrio-
contes, beaucoup plus abondants que les mitochondries à ce stade de la
digestion, sont en général rectilignes, rarement llexueux, quelquefois
bifur(jués. On peut voir à une de leurs extrémités, ou au niveau de leur
partie centrale, un renflement d'abord fusiforme, qui grossit peu à peu en
absorbant la masse chromatique du chondriome initial. On peut ainsi
saisir les dilTérenls stades successifs de la transformation du chondrioconte
en grain de sécrétion. Formes en raquette, formes en goutte d'eau, grains
à queue précédant le grain de sécrétion définitivement constitué, se
retrouvent ici avec la même netteté que chez la grenouille.
Nous avons montré dans un travail précédent (') que ces formations
( ' I or. II. Ni)i;(.. Sur l'élaboration de grains de sécrélion par le chondriome de
ta ccltale lii'pali(iHe chez la grenouille (Comptes rendus de la Société de Biologie,
l. 8'i-, p. 'loy, séance <lii 21 février 19'ii).
iJSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne peuvent être considérées comme des arlefacls relevant de la lixalion ou
de l'autolyse. Il existe donc, dans la cellule hépali(iup, un processus éla-
boraleur à subslratum mitochondrial.
>o.
.<'■-••"• :
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L-' 'J -«r
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.-1 gauche : l'"i^iiie infiTieui-e, cellule l]i'|i;ilii|uc ■lu liai 0. i^on). -
du cliondriome île la cellule liépaliijuc du liai.
A droite : Figure inférieure, cellule du parcncliyme corticale de la
supérieure, détail du cliondriome de la mcine cellule.
de courte. - Figure
II. A l'intérieur du cliondrioconle, s'accumulent certains matériaux,
issus du protoplasma et qui subissent des transformations menant en lin
de compte à deur subslances au moins, l'une représentée par des grains
entièrement teintés par rbématoxyline ferrique : grains sidèrophiles: l'autre
représentée par des grains- non sidéropitilcs, dont le centre, qui se montre
clair, est cerclé par uneécorce colorable par l'hématoxyline de lleidenhain.
Ces deux variétés coexistent le plus souvent dans la cellule hépatique
avec une prédominance plus ou moins mar(juéc de telle ou telle catégorie.
siUnce du 3o mai 1921. I J8i
IMus raies sont les cas où Ton ne constate qu'une seule calégorie à l'exclu-
sion de Taulre.
On est donc en droit de croire que le cliondrioconle initial peut évoluer
dans deux sens histochimiquement dilîérents, et donner naissance à deux
variétés de différenciations cytologiques. Il n'est pas possible, actuelle-
ment, de délinir la nature des produits élaborés par ce processus. Nous
poursuivons des recberches dans celte direction.
III. Un rapproclienient paraît devoir être effectué entre les faits observés
dans la cellule hépatique et les phénomènes du même type, décrits, en
particulier par (iuilliermond, dans la cellule véi;étale. L'amyloplaste
dérive du chondrioconte initial suivant une série de transformations suc-
cessives rigoureusement parallèles à celles observées dans la cellule hépa-
tique. Dans les deux cas, comme le montrent les ligures ci-dessus, on observe
des images identiques représentatives de processus élaborateurs sem-
blables. Il nous parait intéressant de souligner qu'il s'agit dans l'une et
l'autre alternative, comme le remarque Guilliermond, d'éléments cellu-
laires doués d'une activité synthétique particulièrement grande.
HÉMATOLOGIE. — Cellules à granulations éosinophiles d'origine histioule dans
le sang circuhml de r embryon. Note de M. L.-M. BÉTA^CES, présentée
par M. Henneguy.
La ])lupart des hématologistes ont constaté que les premiers granulocyles
apparaissent dans le foie et la rate embryonnaires avant que la moelle
osseuse soit constituée, et lorsque la cellule primitive du sang (Hémato-
gonie de Sabrazés, Hémocyloblaste de Ferrata, etc., etc.) qui donne
naissance aux cellules lymphocytaires dans les organes lymphoïdes et
granulocy taires dans la moelle osseuse, apparaît tout à fait différenciée.
J. JoUy n'a trouvé des cellules polymorphes à granulations éosinophiles
que lorsque la moelle osseuse est déjà formée, et, chez le Cobaye et le Rat,
seulement à une période proche du terme de la parturition (').
Il nous a semblé assez intéressant, tant au point de vue de l'étude de
l'hématopoïèse, qu'au point de vue de l'expérimentation, de signaler le fait
(') .1. JoLLY et AcuN'A, Archives d' Anatoinie microscopique, vol. 7, 1904-1905,
p. 267, 260 el 268.
l3S2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que nous avons constalé chez l'embryon de Cobaye de 27""", clicz Icijucl la
moelle osseuse n'est pas encore ébaucbée. Nous avons trouvé à cetlf période,
dans le sang circulant, des cellules éosinopliiles à noyau polymorphe tout à
fait nettes. Les novaux de ces cellules étaient constitués par un réseau de
chromatine lâche; ils étaient différents de ceux des granulocyles myéloïdes
et ressemblaient beaucoup à ceux des cellules hislioides. Les autres cellules
du sang étaient de grandes et moyennes cellules hémoglobinifères à cyto-
plasme déjà basophile, déjà polychromalique. ou déjà oxyphile ; il y en
avait plusieurs en division et des érythrocyles avec des restes nucléaires.
Dans le foie et la raie nous avons trouvé quelques cellules à granulations
basophiles et éosinopliiles qui avaient la structure hémohistoblaslique, et
des hémocyloblaslcs non complètement différenciés.
Cette constatation, que nous ne sachons pas avoir été faite et (jui parait
être rare, vient confirmer ce qui a été déjà constalé expérimentalement, et
à l'état pathologique, chez l'adulte, par Dominici, Sabrazes, Maxiinow,
Fcrrata, Pitlaluga, Franco, elc, et par nous, chez le fœtus de Souris et
chez la Souris adulte normale ('), c'est-à-dire la formation possible de
cellules à granulations éosinopliiles, par différenciation directe de la
cellule mésenchymateuse polyblastiquc, diffuse (-).
PHYSIOLOGIE GÉiVÉHALE. — Mutalio/is p/ivsio/ogir/ites brusques chez- les Jh--
ments lactiques par divergences individuelles. Note de M. il. Goitixi,
présentée par M. Charles Richct.
(jouimc je l'ai signalé dès iiS()2, il y a des ferments laclicpies. (juc
j'ai appelés aci<lopiolè~)lyliques^ qui sont capables de solubiliser la caséine en
milieu acide, d'où le rôle que je leur ai assigné dans la maturation des fro-
mages. Cette propriété n'est pas toujours de décèlemeiit facile : aussi a-t-ollc
été souvent méconnue.
Dans une série de travaux (' ) j'ai démonlré (|uc la duiilile fonction
saccharolytique et protéolylique de ces ferments présente variabilité et
(' ) L.-.M. Béiancks, Comptes rendus de la Soeiélé de Biologie, 16 avril 1921 , n" 11$.
(-) FiiANCO cl FiîiuiATA, Arclùvio per le Scienze incdicite, \o\. 42, fiisc. 'i-h, i<)i9.
— L.-M. HftTANciîS, Hœinalologica^ n" 2, 1920, p. 199. — A. Fkrrata el N. Kinaidi.
Hirinatologiea, n" 2, 1920. — A. (""eriiata, Ihvmatologica, n" 2, "vol. 2, 1921.
(') Ace. dei Lineei (1910 à 1921, passim).
SÉANCE DU 3o MAI 1921. 1 "583
iriogularilo selon les conditions de vie (Icmpéralure, aéiobiosc, qualité du
substratuiii et nolaiiiment du lait, etc.) : la caséolyse se manifeste surtout
dans des cultures à des tcinpératures basses (20" et 25° C), en présence
d'air el dans du lait qui a été stérilisé modérément (non pas autoclave,
mais plutôt tyiidalliséjdc manière à conserver sa teinle blanche.
Dernièrement, j'ai établi que. côté des variations transitoires liées aux
fadeurs extérieurs et au modas operandi, ces ferments présentent aussi des
miilatioiis brusques sponUinées cl Lransmissihles.
J'ai observé ceci : normalement les ferments lacticoprotéolytiques coa-
gulent le lait en un premier temps et ensuite redissolvent le caillot; mais
parfois, bien que assez rarement, une certaine variété de ferment peplonise
le lail loujours en réaction jicide, mais sans le cailler auparavant, el une
telle modification se perpétue par hérédité. Naturellement, je me suis assuré
que la culture se conservait parfaitement pure; il s'agit d'une atténuation
ou plutôt d'un raleulissemenl du pouvoir acidifiant, d'où le manque de coa-
iiulalion préalable à la pep'loiiisalion. Pour supplément de preuve, j'ai
ensemencé plusieurs tubes d'une même qualité de lait avec la culture mère
d'où provenait l'écart; j'ai constaté au contraire que les repiquages paral-
lèles, toutes conditions égales d'ailleurs, se comportaient normalement.
J'ai rencontré aussi des cas de rétroniutation, c'est-à-dire d'un retour
soudain de l'écart, après plusieurs générations, au comportement normal :
et même dans ces cas, les ensemencements parallèles poursuivaient au con-
traire leur comportement anormal. Partant, j'ai été amené à reconnaître un
fait inattendu : qu'il ne s'agissait point d'une modification globale de toute
la culture, mais simplement de la modification d'une partie de cette culture.
C'est pourquoi, pour expliquer ces phénomènes de mutation brusque,
j'ai eu recours au princi[)e de la divergence individuelle que Charles Richel
a invoqué pour justifier l'irrégularité d'un ferment lactique vis-à-vis des
toxiques. En effet, on doit admettre logiquement que, parmi des cellules
douées d'un double pouvoir saccbarol) tique et protéolytique, quelques-unes
soient surtout saceharolytiques et d'autres surtout [irotécly tiques; lorsque,
par hasard, la semence est constituée exclusivement ou presque de cellules
d'un seul ly[)e, on a l'écart soudain qui se per[iétue par hérédité jusqu'à ce
que, toujours par hasard, on tombe dans la semence sur un lot constitué
[)ar des cellules à facultés équilibrées.
J'ai observé aussi que les modifications sont d'autant moins apparentes
et fréquentes (jue les conditions de culture sont plus favorables, les repi-
quages sont plus nombreux el rapprochés, la semence plus abondante et
i;i84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tirée de toule l'c|)aisseur de la culture mère. Toutefois, uialgro toutes les
précautions, les mutations s'accomplissent fatalement, mênif dans des
conditions eugénésiques, et non pas seulement dans des conditions dysgé-
nésiques, comme voudraient certains auteurs pour expliquer les muta-
lions.
Le principe de la divergence individuelle vient aussi me donner raison
des incertitudes (pie j'ai lencontrées dans la détermination dé différents
types chez plusieurs bactéries du lait (Streptococcus lacticits, Coccus de la
mamelle, etc.); il amène, en effet, à substituer à la conception de la plura-
lité d'espèces, sous-espèces, races, types et variétés, la conception de l'uni-
cité de l'espèce avec des variations qui sont liées à des dillérences normales
des individualités cellulaires. On arrive par là à apporter une simplilicalion
dans la classification des ferments lactiques, qu'on tend à compliquer outre
mesure, l'^t il y a lieu de conclure avec Cbarles Richet que les variations
de l'individualité pour une même espèce prendront une importance crois-
sante dans la Physiologie.
MKDlîCINE Li'.GALE. — Procédé de diagnostic individuel du sang et du sperme.
ÏNolc de M. Dervieux, présentée par M. Edmond Perrier.
Continuant des recherches entreprises depuis lo ans et modifiant une
technique proposée en 1912 ('), j'ai, de la façon suivante, préparé, avec
du sperme humain, un sérum [)récipitant.
Un lapin a reçu, en injections sous-cutanées pratiquées Ions les 'i jours,
cinq doses de 2""' chacune, d'un même sperme humain pur, et employé
alors que les spermatozoïdes étaient encore vivants.
Au bout de 3 semaines, le lapin ainsi préparé a été saigné par la
carotide. Le sérum recueilli aseptiquement a été conservé en ampoules
scellées.
Ce sérum de lapin préparé au s|)erine humain a pour pro|iriétés fonda-
mentales de donner des précipitations avec le sperme humain et avec le
sang humain, alors que le sérum de lapin préparé au sang humain donne
di'S précipitations avec le sang humain mais n'en donne pas avec le sperme
humain.
(') l)i:ii\ ii;i:\ el I.E(::i.iîiic(,), Ae dingnoslic de.^ lâches en médecine Irgale, p. •>'!- cl
siiiv.
SÉANCE DU 3o MAI 1921. l'^85
J'ai, par iiiu' série d'expériences, déterminé conimenl ce sérum de lapin
préparé au sperme humain se comporte vis-à-vis du sperme humain, vis-
à-vis du sang humain, vis-à-vis du sang d'homme et du sang de femme,
enfin vis-à-vis du sperme et du sang de même origine que lui.
Les résultats obtenus ont été les suivants :
I. Le sérum de lapin préparé au sperme humain donne un précipité avec
le sperme humain, alors qu'il ne donne aucune réaction avec les spermes
des autres animaux.
II. Le sérum de lapin préparé au sperme humain a, vis-à-vis du sperme
originel, un pouvoir précipitant beaucoup plus considérable que vis-à-vis
du sperme d'autre provenance.
m. Le sérum de lapin préparé au sperme liuniain donne encore un pré-
cipité avec des dilutions très étendues de sang humain, alors que le sérum
de lapin préparé au sang humain n'en donne plus avec des dilutions beau-
coup plus concentrées. Il est par conséquent plus sensible; son pouvoir
précipitant est en outre plus stable.
IV. Le séi'um de lapin préparé au sperme humain donne encore un
précipité avec des dilutions très étendues de sang d'homme quand il n'en
donne plus avec des dilutions plus concentrées de sang de femme.
V. Le sérum de lapin préparé au sperme humain qui, ainsi que cela a été
dit plus haut, donne un précipité avec des dilutions d'un sang humain
quelconque, donne un précipité plus intense avec des dilutions beaucoup
plus étendues du sang de même origine que lui.
En résumé, ces expériences montrent qu'en utilisant un sérum préci-
pitant préparé avec du sperme humain, il est possible :
i" De diagnostiquer l'origine humaine d'un sperme;
2" De préciser que du sperme provient de tel individu et non pas d'un
autre;
3° De diagnostiquer l'origine humaine d'un sang;
4° De vérifier que du sang provient d'un homme ou d'une femme;
5° De préciser que du sang provient d'un individu donné.
En d'autres termes, le procédé permet de |)rouver l'origine humaine d'un
sperme ou d'un sang, de faire le diagnostic individuel du sperme, de faire
le diagnostic entre du sang d'homme et du sang de femme, enfin de faire
le diagnostic individuel du sang.
Il y a tout lieu de penser que l'on pourrait, de la même façon, préparer,
avec le sperme de différents animaux, des sérums précipitants ayant des
propriétés identiques. Le procédé aurait ainsi une portée générale.
l'i86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Illanl. donné que les sérums précipiunls onl une spécificilé d'espèce, le
l'ail qu'ils onl aussi une spécificité d'orj^ane el une spécificilé d'individu
donne à penser que la inélhode pourrait être utilisée dans mainles recherches
bioloiiiques, nolamiuenl pour résoudre certains |)roblènies de parenté entre
les espèces.
Ml':i)E(:iNE. — Anaplivlnrie aliinenlaire el sa ihérapeulique.
Note ( ' ) de M. W. Kopaczewski, transmise par M. d'Arsonval.
Rosenau et Anderson (-) ont établi ((u'on peut observer l'anaphylaxie
par ingestion des aliments. Cli. lîichet (') a conclu de ses expériences que
([uelquefois il y a anaphylaxie par ingestion de certaines toxines.
Toutefois les expériences de Rosenau n'ont |)as pu être reproduites et
avec des aliments tels ((ue le lait ou les œufs on ne peut presipie jamais
obtenir le choc anaphylacti(]ue expérimental. Or, en clini(|ue, on observe
souvent des « idiosyncrasies », terme qui n'explique rien, vis-à-vis de
certains aliments; Richet, Ilutinel, I>esné, etc. en citent plusieurs cas
excessivement nets et curieux, pour le lait, les œufs, crevettes, etc.
En somme, la (|uestion de l'anaphylaxie alimentaire n'a pas été défini-
tivement lianchée : pourtant elle doit nous intéresser au point de vue pra-
ti([ue, étant donné que les accidents du choc s'observent dans i4 pour loo
des cas d'injections, même premières, des sérums curatifs, et prennent
parfois une allure redoutable. Chez les individus soumis à l'alimentation
de la viande crue de cheval, pour une cause thérapeutique, des accidents
constants apparaissent après une première injection de sérum curatif de
cheval : cela a été observé par Risl et Ch. Ilichel lils ( '). Des cas mortels
ont été relatés par Langerhans, d'isar Aifodi, Mac (veen et (lOltstein (*).
En feuilletant les travaux de médecins russes, nous avons constaté (|u'ils
relatent très souvent des cas excessivement graves, survenant chez les tar-
tares après la première injection de sérum antidiphtérique de che\al. Or,
nous savons que les enfants des tarlares sont nourris avec du lait de cheval.
Nous avons eu l'occasion, nous-même, d'observer quatre cas d'accidents
(') Séance du 28 mai 1921.
(■-) Rosenau el Andbuson, Hull. Ilygien. Lnboratory, 1906. n" 29, et 1907, n" 3.
(') Gh. Kiciiet, Anapfiylaxic, p. 73-77, 218-219, 29.5. Alcan, Paris, 1912.
('•) HisT et Cil. UiciiKi- lils, in Cii. Richet, Anaphj ln.iic, p. 77.
(') fioTTSTEiN, Theiapeut. Monatsiiefte, 1896.
SÉANCE DU 3o MAI 192t. 1 )87
redout;il)les surveiiiinl i t jours après la [)reinière adminislralion sous-
cutaoée de 3o""' de sérum aali'Ji|)hléri(iue. Dans un cas la gravité des acci-
dents était exceptionnelle : loni|)érature de 39°, 9 C; arthralgic violente ^
face vullueuse; tachycardie, pression artérielle, max. = 9,(), niin. = 4,S
(à l'appareil de l>aubry-Va(iaez). l/entourage du petit malade, très im[)res-
sionné, a fait toutes les diflleultés pour [)ratiquer l'injection du sérum
curatif dans un autre cas de diphtérie ultérieure.
En cherchant la cause de cette gravité exceptionnelle nous avons eu
l'idée de demander si la- famille ne se nourrissait pas de viande de cheval.
La réponse a été affirmative.
Il est difficile de ne pas admettre, dans ces conditions, l'influence capitale
de l'alimentation et la sensibilisation préalable par la voie digestive.
Des observations analogues et plus remarquables encore ont été recueil-
lies par nous dans trois cas d'anémies graves (dilatation d'estomac, hémor-
ragies répétées hémorroïdales et hémorragie grave causée par un accident
de voiture) que nous avons soignés par les injections intraveineuses d'hémo-
plase de Lumière. Celte préparation est obtenue en dissohant les globules
rouges de mouton par l'action du froid et une centrifugation consécutive,
pour se débarrasser de débris de cellules; c'est donc le protoplasma globu-
laire. Les accidents que nous avons observés à la suite de la première
injection intraveineuse chez une de ces malades, ont été des plus redou-
tables. Nous donnons ci-dessous, avec plus de détails, celte observation
vraiment instructive :
M™° L..., 20 ans. Poids 4o''s. Hémoglobine =9,1 pour 100; les globules rouges
r=3,4 millions par centimètre. Après la première injection intraveineuse de 5'™
d'hémoplase surviennent, i5 minutes après, les tremblements violents avec cla-
quements de dents; sensation d'un froid intense; la température s'élève ensuite à
.Î;)'',8C.; puis la tacliycarJie et quelques mouvements convulsifs apparaissent. Ace
uioiuent la pression artérielle est de : max. :=8,5; min. ^z 1\,T) (à l'appareil Laubry-
\ aquez). Au bout de 4 heures, tout disparaît et il en résulte une migraine insup-
portable, des névralgies et faiblesse marquée des extrémités.
Deux jours aj)rès on réinjecte 2''"', .5 de la même préparation, considérant que la pre-
mière injection devrait établir l'état antianaphjlactique. Or, il n'en est rien: la crise se
répète avec la même violence. Une injection sous-cutanée de lo"^'"', pratiquée deux
jours après, a provoqué également des accidents les plus graves, n'apparaissant toute-
fois que 5 heures après l'injection; c'était une migraine terrible; des névralgies
diverses; un état de nervosité très marqué; des bourdonnements d'oreilles; tachy-
cardie; faiblesse consécutive et manque d'appétit absolu. Chacune de ces crises a été
accompagnée d'émission d'urines très abondantes et foncées, et de sueurs profuses.
En présence de ces accidents, nous avons appliqué la thérapeutique anti-
I )88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
anaphylactique, dont nous avons antérieurement {' ) tracé les i^randcs
lignes, et en occurrence nous avons employé les substances diminuant la
tension superficielle des humeurs : une injection sous-cutanée de 5""' de
l'huile camphrée pratiquée 3o à 4o minutes avant Tintroduction de Thémo-
plase, avait complètement raison de ces accidents.
Mais une question plus embarrassante était celle de Texplicalion de ces
piiénomènes, contredisant formellement les laits concernant Tanti-anaphy-
laxie. En (juestionnant minutieusement la malade, nous avons appris que
son médecin lui avait ordonné de se nourrir exclusivement de viande
haciiée de mouton et qu'elle continuait journellement cette alimentation.
Il est donc plausible d'admettre que l'organisme de cette malade se trou-
vait en état de sensibilisation continuelle.
Au point de vue général les cas que nous avons cru important de signa-
ler dès à présent, comportent une conclusion pratique capitale : la néces-
sité, de la part du corps médical, de s'informer de l'alimentation du sujet,
avant de pratiquer une injection de séruins curatifs ou de produits orga-
niques de nature similaire ( hémoplase, hémostyl, etc.). Cette indication
est de plus formelle, étant donnée la nécessité qui oblige la classe laborieuse
à se nourrir, par mesure d'économie, de viande de cheval, animal qui sert
aussi pour la préparation de sérnms curatifs. Dans ces cas, il faut faire
précéder l'injection des sérums d'une injection, soit d'huile camphrée, soit
de carbonates alcalins, ou bien l'additionner de quelques gouttes d'éther.
ou d'une solution à i pour loo d'oléate de soude.
MKDEGINlî ExrÉRlMEiNTALi;. — Emploi de /'o^fv^cne, addilionnè de i>(iz
carbonique, en injections sous-cuUmées, comme trailemeni du m<tl des
altitudes et de certaines dyspnées toxiques. Note de M. Iîaoui, Iîayeu.v,
présentée pai' M. Roux.
Les symptômes morbides du mal des altitudes afl'ectent deux formes bien
distinctes, trop souvent confondues dans les descriptions classiques : la
forme nsphyxique et la forme toxique. La première se caractérise par de
l'anhélation, de la cyanose, de la tachycardie, de l'arythmie respiratoire,
de l'insomnie et des troubles anorexiques plus ou moins accentués. La
seconde est constituée par un état nausée\ix avec ou sans vomissements,
(') W. KoPÀczEWSKi, Annales de Médecine, 1920, n° 4.
SÉANCE DU 3o MAI I921. 1889
céphalée violente, prostration des forces, frissons sans fièvre, refroidis-
sement progressif, respiration lente, superficielle, pouls ralenti, filiforme,
et raréfaction des urines.
Tous les ascensionnistes, môme les guides, souffrent plus ou moins de la
première forme, laquelle se déclare parfois à des altitudes peu élevées. La
forme toxique, au contraire, ne se manifeste généralement qu'à partir
d'environ 4000"", surtout dans les longues ascensions de neige comme
celle du mont Blanc, et particulièrement lorsqu'on séjourne dans les
cabanes ou les Observatoires très élevés. Les accidents qu'elle présente
peuvent se terminer par la mort, si les sujets qui en sont atteints ne sont
pas ramenés assez rapidement à des altitudes plus basses.'
Les inhalations d'oxygène, très efficaces contre les accidents asphyxiques,
sont sans action contre les accidents toxhémiques, comme l'ont reconnu
Mosso, Agazzotti et Kuss.
J'ai d'ailleurs montré (') que l'oxygène est alors aussi efficace en injec-
tions sous-cutanées qu'en inhalations : l'effet immédiat est peut-être moins
intense, mais, par contre, le bénéfice d'une inhalation de i5 minutes ne
dure guère que 3 heures, au lieu que celui d'une injection persiste pen-
dant 20 heures environ : la respiration redevient aisée en quelques minutes
et la toxicité urinaire même diminue (^). Cependant, pas plus que les
inhalations, les injections d'oxygène pur ne suppriment les grandes crises
toxiques.
Personnellement, pendant mes séjours au mont Blanc, les indispositions
que je ressens consistent seulement en anhélation, cyanose, insomnie et
perte radicale de l'appétit. Les injections d'oxygène pur m'ont toujours
soulagé, sauf en ce qui concerne l'anorexie, laquelle est déjà un symptôme
d'auto-intoxication. A deux reprises, cependant, j'ai été atteint des grands
accidents du mal de montagne : la première fois, ce fut en 1904, pendant
la nuit que je passai au sommet du mont Blanc (4810™) dans l'ancien
Observatoire Janssen; pendant plusieurs heures, j'eus de grands frissons,
une céphalée violente, des nausées, des crampes musculaires, un pouls fili-
forme et une respiration de Cheyne-Stokes. Ne disposant pas d'oxygène à
cette époque, je me hâtai de quitter le sommet au point du jour et, redes-
cendu avec de longs efforts jusqu'au Grand Plateau (4000"), je m'y trouvai
rétabli. Ma seconde atteinte se produisit en 1920, pendant l'une des deux
(') Comptes rendus, l. 172, 1921, p. 291.
(*) Comptes rendus, i. 169, 1919, p. ''79-
C. R., iqîi, I" Semestre. (T. n2, iN* 22 ) lO^
iSgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
expéditions que j'ai] pu effectuer cette année-là à l'Observatoire Vallot,
grâce aux ressources mises à ma disposition par la Société des Observatoires
du mont Blanc : le surlendemain de mon arrivée à cet Observatoire, et
pendant une nuit d'insomnie, je fus saisi d'un violent malaise avec vertige,
nausées, angoisse respiratoire, névralgie occipitale, sueurs froides, arythmie
et faux pas du cœur. Une injection de Soo"™' d'oxygène, suivie d'une longue
inhalation du même gaz, n'améliorant pas cet état, j'injectai, dans ma poche
sous-cutanée d'oxygène, de l'anhydride carbonique pur, à la dose de ipo™'
(ce qui faisait un mélange gazeux à 25 pour loo de CO^). 11 m'avait suffi
pour cela de remplacer, sur mon Oxygénateur de précision, le tube d'oxy-
gène de cet appareil, par un tube semblable chargé de CO^.
A la suite de cette opération, je me trouvai en proie à une espèce d'ivresse
analogue à celle que produirait l'absorption d'un vin mousseux; ma respi-
ration passa de iG à 28 par minute; mon cœur battait violemment, ses
battements s'étendant jusque dans les artères du cou. Au bout d'environ
20 minutes, tout se calmii, y compris mon malaise, et je dormis pendant
8 heures. A mon réveil, je constatai que la masse gazeuse était entièrement
résorbée, beaucoup plus vite, par conséquent, que ne l'eût fait de l'oxygène
pur.
J'ai repris à Paris cette expérience sur moi-même avec des mélanges
gradués de ces deux gaz. 11 m'est apparu que l'effet utile de l'adjonction
de CO^ à l'oxygène consiste dans l'activation de l'absorption plasmalique
de ce dernier gaz, comme Demarquay et Leconte l'avaient indiqué en 1869.
J'ai vu que l'addition de i5 pour 100 de CO- à une masse d'oxygène
injectée sous la peau suffit pour tripler sa vitesse d'assimilation sans qu'elle
soit plus douloureuse. C'est un mélange semblable que Mosso et ses colla-
borateurs ont recommandé de respirer contre le mal des altitudes.
Transportant dans le domaine de la thérapeutique les résultats de ces
expériences commencées au mont Blanc, j'ai remplacé l'oxygène pur par
mon mélange dans plusieurs cas de dyspnées toxiques où l'injection
d'oxygène pur n'agissait que faiblement (dyspnées azotémiques, grippales,
bacillémiques), et j'ai rendu le sommeil, en particulier, à des malades qui
ne l'obtenaient plus qu'à force d'hypnotiques. C'est là :un résultat qui me
paraît digne d'intérêt.
SÉANCE DU 3o MAI 1921. iSgi
MÉDECINE EXPÉRIMKNTALE. — Action dit bismuth sur la syphilis el sur la
trypanosomiase du Nngana. Noie de MM. U. Sazerac et C. Lkvaditi,
présentée par M. E. Roux.
Sauton et Robert ( ' ) ont montré que le bismuth possède une action pré-
ventive et, jusqu'à un certain point, curative, vis-à-vis delà spirillose des
poules. Ils ont annoncé également des résultats positifs en ce qui concerne
le traiteuient des trypanosnmiases par le même corps, mais sans donner de
plus amples détails. Nous avons entrepris de confirmer ces dernières
recherches et de les compléter par des expériences sur la syphilis expéri-
mentale du lapin.
1° Syphilis. — Nous avons employé le tarlrobismuthate de potassium et
de sodium, et, comme races de spirochètes :
a. Un virus dermotrope, provenant d'un cas de syphilis primaire
humaine, ayant subi des passages successifs sur le lapin ;
b. Un virus de paralytique général, entretenu depuis près de deux ans
sur la même espèce animale.
De plus, nous avons employé un virus de la spirillose spontanée du lapin
{Spir acheta cuniculi).
Les animaux ont été traités alors que leurs lésions étaient en pleine
évolution et contenaient de très nombreux Spirochètes. I/injection a été
pratiquée sous la peau ou dans les muscles du dos.
Expériences. — A. Virus dermotrope. — Le lapin 98-B, porteur de nodules scro-
taux, très riches en "tréponèmes, reçoit o', 100 par kilogramme du sel en solution
aqueuse et injecté dans le muscle. Disparition des Spirochètes dès le lendemain. La
lésion s'améliore dès le second jour et guérit le quatrième jour.
B. Virus neurotrope. — Lapin 32-M. Lésion prépuliaie et scrolale très riche en
Spirochètes. Même dose de médicament injecté sous la peau. Dispariiion des Spiro-
chètes el guérison complète le deuxième jour. Absence de récidive après 4 mois.
Mêmes résultats avec le lapin 71-C ayant reçu os,o5o par kilogramme sous la peau.
G. Virus cuniculi. — Lapin 70-O. Lésions prépuliales, très riches en Spirochètes.
Injection intramusculaire de os, 100 par kilogramme. Disparition des Spirochètes le
troisième jour. Guérison complète sans récidive (').
(') Annales rie Vlnstilul Pasteur, t. 30, 1916, p. 261.
(^) Nous avons tout lieu de croire que les doses inférieures que nous expérimen-
tons actuellement, en ce qui concerne les trois virus, donneront également des
résultats satisfaisants.
l392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Des essais lliérapeuliqiies sur l'homme sont en cours. Ils moiUrent déjà que les
tréponèmes disparaissent du chancre et des papules après la première injection d'une
dose inofîensive du sel; mais on sait que la guérison des accidents locaux n'est pas
celle de la syphilis et que l'efficacité d'un médicament antisyphilitique ne peut être
jugée qu'avec le temps.]
2° Trypanosomuse : Nagana ducobaye. — Le cobaye infecté supporte assez-
bien 0^,200 du sel par kilogramme en injections sous-cutannée. L'adminis-
tration de 0^,060 par kilogramme provoque la disparition des trypanosomes
circulant, après /j8 heures, et la dose de 0^,100 donne le même résultat
dans les il\ à 48 heures. Avec cette dernière dose, on constate une rechute
au bout de 12 a i5 jours. De telles rechutes n'ont pu être évitées que
difficilement, et l'action thérapeutique n'a pu être appréciée qu'en
tenant compte de la survie des animaux traités par rapport aux témoins
(20 à 60 jours).
Conclusions. — Il résulte de l'ensemble de ces recherches que le tartro-
bismuthate de potassium et de sodium exerce une action thérapeutique
curative incontestable sur la syphilis expérimentale du lapin (virus der-
motrope et neurotrope) et sur la spirillose spontanée de cet animal (Spiro-
chetacunicidi). Les effets curatifs dans la trypanosomiase du Nagana, tout en
étant manifestes, sont inférieurs aux précédents. Nous essayons d'obtenir,
par l'emploi de certains autres dérivés du bismuth, des résultats analogues
ou même plus satisfaisants, tout en diminuant la dose du corps actif à
administrer.
La séance est levée à 16 heures et quart.
E. 1».
ACADEMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI (î JUIN 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Geokges LEMOINE.
MEMOIRES ET CO»I»IUIVICATIOi\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
AI. le Pkésidext annonce le décès de M. Gaillot, Correspondant pour la
Section d'Astronomie, survenu à Chartres le 4 juin 192 i. et donne lecture
delà Notice suivante, rédigée par M. B. Baillaud :
Gaillot ( Jean-Iîaptiste-Amiable) débuta à l'Observatoire de Paris, le
i"' janvier i86i., à l'âge 27 ans. Attaché au Bureau des Calculs, il y
accomplit toute sa carrière. Astronome adjoint de première classe en 18G8,
il fut nommé titulaire en 1874. Sous-directeur en 1897, il se retira en ^9^^'^'
ayant près de 70 ans. Il fut nommé en 1908 Correspondant de l'Académie.
Pendant son séjour à l'Observatoire il a surveillé et dirigé la publication
d'un très grand nombre de volumes des Annales de I Obsetxatoire
consacrés aux observations. Il a dressé le plan et poursuivi l'exécution du
Catalogue d'étoiles de Paris, résultat de la réobservation des étoiles du
Catalogue de Lalande, et a assuré la publication des 8 volumes qui ren-
ferment la première partie de cette grande œuvre.
En dehors de ces travaux du service régulier, il a collaboré avec
Le Verrier dans ses recherches célèbres relatives aux planètes principales.
Celte collaboration est affirmée par Le ^ errier lui-même dans les Comptes
rendus du 21 décembre 1874, lors de la présentation de la théorie de
Neptune. Pendant la longue maladie de son illustre directeur, Caillot
construisit les Tables d'Uranus et de Neptune. Après la mortde Le Verrier,
Gaillot révisa entièrement les théories d'Uranus et de Jupiter. Ces dernières
furent terminées le 3o juin 1913, dix ans après l'admission de Gaillot à la
retraite.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N' 23.) Io3
17)94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En 1902 l'Académie lui avait décerné le prix Damoiseau; elle le lui
accorda une seconde fois en 1914 ; en 1907 il avait eu le prix Pontécoulant.
En 1914 il fut nommé, sur la proposition de la grande chancellerie, officier
de la Légion d'honneur.
D'une modestie extrême, son premier mouvement avait été de refuser le
titre de Correspondant de l'Académie; et plus lard sa promotion au titre
d'officier de la Légion d'honneur faillit être empêchée parce qu'il ne voulut
pas consentir à écrire une demande à cet égard. Lne lettre deM°"'LeA errier
écrite en 1877 à Gaillot, peu après la mort de son mari, contient le témoi-
gnage le plus éloquent de la haute estime et de la reconnaissance que
Le Verrier et les siens avaient pour lui. Otte lettre sera publiée prochai-
nement. Elle est reproduite dans le rapport de M. Uaillaud sur le prix
Damoiseau en 1914-
CRISTALLOGRAPHIE. — Sur le calcul de F inlensilè des rayons X diffractès par
les cristaux. Rectification. Note de M. Georges Friedel, présentée par
-M. l'ierre Termier.
J'ai montré (') comment la considération d'un train d'ondes régulier
moyen dont la longueur est petite par rapport à l'épaisseur intéressée et
par rapport à la largeur du faisceau permet de prévoir très simplement les
lois observées par W.-H. et W.-L. Bragg dans les inlensilés des rayons X
diffraclés par les cristaux.
Une erreur est à rectifier dans l'application que j'ai faile de ce principe
au cas dos radiogrammes de Laue. La formule indiquée est inexacte et doit
être remplacée par la suivante, les notations restant les mêmes :
V- Cl cos y '
De ce fait, les considérations relatives à l'exislence d'un maximum de I
en fonction de 0 tombent d'elles-mêmes, ainsi que la possibilité de lirer de
l'obscrvalion de ce maximum la connaissance de s.
Par contre, on voit que si l'on fait varier l'épaisseur E de la lame crislal-
line, l'intensité d'une tache variera comme la fonction E.- c~'''^ , el présen-
tera par suite un maximum pour
I;d
(') Comptes rendus^ l. 1C!>, 1911). ]>. i>47.
SÉANCE DU 6 JUIN 192I. l3g5
Ou peul ainsi, soit calculer d'avance ropliiaum d'épaisseur de la lame
cristalline pour une région du speclie doni le coefficient d'absorption / est
connu dans le cristal considéré, soit aussi Irouver là un moyen de mesurer /■
par l'observation de cel optimum.
Je rappelle que /■ est le coetlicienl d'absorplion massique défiii par
/ = /„e-'"". m éla\i[ la masse absorbante Iraversée par le rayon d'i ;le[.silé
iniliale /„ et de section i'"''.
L'expression que j'ai donnée de Tinlensilé dans la méthode Bragg es! à
rectifier également, mais ici cela est de peu d'importatice. La valeur cor-
recte est
De ce côté, toutes les conclusions subsistent.
CORRESPOND AIVCE .
M. le Ministre du Travaii. invite l'Académie à lui désigner U!i de ses
Membres qui occupera, dans la Commission supérieure des Maladies d''ongine
professionnelle, la place laissée libre par la démission de M. A. Lavcran.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" The scientific papers of the Honourable Henry CAVENbisii F. li. S.
Volume I : The electrical researclies. Volume II : Chemical and dynumical.
2° Gr.AHAM LusK. Somc influences of french science on medicin.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une équation intégrale dans le domaine
complexe. Note de M. S. Pincherle.
Dans une Note fort intéressante (Comptes rendus, 21 février 1921),
M. H. Wavre considère une é(|ualion intégrale dans le domaine complexe,
et met en relation la solution de cette é(]uation, du type de Fredbolm. avec
celle d'nn sxslème linéaire d'é(|nalions à une infinité d'inconnues. J'ai
r396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
exprimé la même idée, il y a (|uelqucs années, dans une Noie [)ubliée dans
les Rcndiconti delV Accademia délie Scienze di Bologna ( ' ), et il n'est peut-être
pas inutile de rapproclier quelques résultats qui se trouvent dans celte Note
de celui de M. Wavre.
.le désii^nc par (p) une circonférence a\ant son crntre à Torigine et z
comme rayon; par S,o) l'ensemble fonctionnel des séries de puissances
entières positives de la variable complexe .r. convergentes dans le cercle (p),
circonférence comprise. Soit un noyau de la forme
(i) y.[x. y)^= 2, y TjrzT: '
n=0 v=ll
OÙ les coefficients a,,,, sont différents de zéro; sup|iosons que le second
membre de (i) soit convergent pour
U'I-''- ljl>7l"^l- o </■,</•;
si z est plus petit (|ue /-, et si /'(j) est un élément de S^, l'expression
(2) T^^f y-{r,y)f{y)fly = K{f)
est une opération fonctionnelle dont le résultat est aussi un élément de S , .
Les opérations itérées A-(/'), A.^{f). ... donnent des éléments du même
ensemble, et la série
convergente dans un domaine de ^ = o qu'il est facile de préciser, est la
résolvante de Fredholm de l'opération A. On peut la mettre sous la forme
de rapport de deux fonctions entières de /•, dont les coefficients sont des
déler.minants analogues à ceux qui figurent dans les formules de Fredholm,
mais formés de la façon la plus simple avec les coefficients a,,.,,,..,. Les
, . • • III
nombres caractéristiques ne sont autres crue — . — > ■••,- — , •••; quant
aux fonctions caractéristiques w,„(r), ce sont des séries de puissances
de S,p, :
(.>,„( j:)z:z C,„,o-1- ''m.i'' -H C,„,.i.f--i- . . . ,
(' ) Ses>ioi!e ciel (j ii|)iile Mjili.
SÉANCE DU 6 JUIN 1921. l397
dont les coefficients sont déterminés par le système
... \ C„,,,(l —/.'/,,,) — /.C,„,. ,('1.0=0,
^^' \ I I I
j '^■«.2(1 — ''"2.2' ''Cm.\"i.\ ■ '''■/h.m'i'î.O ^^ 0,
.TVeC C,„,„ = I , C,„ „ = C,„ , = . . . = ''m.m-{ = " .
L'équation non homogène
(à) 9-/.A(9)^,/,
pour /■ différent des nombres caractéristiques - — , et /"(a;) élément de S,p),
a une solution unique en S,,j, c'est la solution régulière de M. Wavre.
L'équation homogène
16) . o — kh.{o) — o
a, pour A := ■> o = co,, (x) comme solution.
"n.ii '
Dans le cas particulier où le noyau a la forme _, — -, X(a7) étant un
élément de S^,, co, (.r) n'est autre que la fonction bien connue de M. Kumigs,
solution de l'équation de Schnxder à laquelle se ramène l'équation (G) dans
ce cas particulier.
Gl'OMÉTRlE INFINITÉSIMALE. — Sur les surfaces applicables et Véquaiion
(le Laplacc. Note (') de \L Beutraxd Gambier, présentée par M. (!.
Kœnigs.
l. On sail, qu'étant donné un réseau conjugué C sur une surface S, il
n'existe en général aucune surlace S' applicable sur S av(>c cette particula-
rité que C se transforme sur S'en un réseau C également conjugué ; on doit
intégrer une équation aux différentielles totales et l'on trouve trois cas :
impossibilité, ou possibilité avec une surface S' el une seule , ou possibilité
avec une inanité de surfaces S' à un paramètre se déformant d'une façon
continue à partir de S. Petei'son appelle ce problème déformation de S
suivant la hase C. Réciproquement, M. Kœnigs a montré que deux surfaces
a[iplicables S et S' étant connues et rapportées à leur réseau conjugué
(') Séance du 3o mai 1921.
1898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
commun, l(^urs coordonnées (a-, v, ;) et (.t', v', :■' ) satisfont à une mêmi'
équation de Laplacr adnicltant fncorc Irs solutions
.r^H- )'--t- ;'-— x'-— j'- -^'- el i.
Ri'])rcnons la même sur l'ace S et le même réseau C; on peut trouver ci-lle
l'ois une infinité de surfaces S, correspondant à S par plans tangents paral-
lèles avec celle particularilé que C se transforme sur S, en un réseau C,
également conjugué, les tangentes aux points homologues d'une courbe C.
et d'une courbe C, étant elles-mêmes parallèles :Peterson dit ipie S, est
parallèle à S suivant la base C. Cela lienl à ce qui- l'équation de Laplace
relative à S et C étant
(PO . , ^09 .^ <yj
Ou di' ()ii (Ji-
l'expression L(ii, v)-—du + M(ii,v) --dr esl une difTéreulielle totale
exacte, quand 0 est une solution (juckonqtic de (E), si L, M vérifient le
svslème
C) ;;;?=A(L_M,, '-;^'=H(M-L).
Le système ( i) peut être remplacé par l'une ou l'autre des deux équations
de Laplace, équivalentes entre elles :
(P\. ù\. / 1 ôy. ù\. _
■ ^ ^ du (Jv ' ()ii ~ \ ~ A TT^ ,' TTi"' " °'
^ ' ' 1)11 àv V ^ B Ov I Ou ,h- ~"'
Il en résulte aussitôt que s'il existe zéro, une, ou une infinité de surfaces S'
applicables sur S suivant la base C, il existera aussi zéro, une, ou une
infinité de surfaces S', applicables sur S, suivant cette base (//, c^ et, de plus,
parallèles suivant cette même base {11, e) à la surface S' correspondante.
i. Si ces propriétés sont déjà connues, leur rapprochement donne une
méthode que je crois nouvelle paur découvrir systématiquement de
nouNcaux couples de deux surfaces applicables ou de nouvelles familles
déformables à un paramètre. Nous parlons d'une équation (L') donnée
(I priori : cherchons parmi les surfaces S correspondant à ( E) celles qui sont
déformables suivant cette base (m, t'). Le choix de E pourra être guidé par
le désir que soit ( K), soit (E"), soit toutes deux puissent être intégrées pai"
la méthode de Laplace ou toute autre métliode. Il faut l)ien remarquer que
SÉANCE DU 6 JUIN 1921. ï^gp
rinlégration de (E') est tout à fait distincte de celle de (E). bien que la
donnée de (E) entraine la connaissance de (I'7).
à-O
.'5. L'équation ( K ) la plus simple est-; — r- =0. La méthode réussit et
* ^ ' ' OUOi'
fournit une surface mlnima quelconque avec la famille de ses associées, ou
bien une surface de translation engendrée par deux profils plans arbitraires
situés dans doux plans rectangulaires, surface déformable à un paramètre, ou
bien une surface de translation dont les deux protils générateurs admettent
pour cônes directeurs de leurs tangentes deux cônes homofocaux du second
degré, surface à laquelle correspond une surface déformée unique. J'ai
signalé ces deux dernières solutions aux Comptes rendus et aux Nouvelles
Annales en 1920.
4. L'énuation - — r^ = — —r^ où A est une fonction quelconque de a.
^ (Jx dp h. Op 11
donne précisément pour S et S' les surfaces que j'ai étudiées (') à propos de
mécanismes déformables ou transformables : elles correspondent aux for-
mules
(S)
X ^\b,— ffi.c/X,
y
= A i, ■
- 1 a,d\.
5 = A b, — fa, d\ ,
(S')
x'=:AH,— / A, ^/A,
y'-.
= AB,-
- f\,d\.
.'=:AB.-/a3.A,
où A, a,, «o, «3, A|, Ao, A.J sont certaines fonctions de a etù,, //.,, O^, B,,
Bj, B3 certaines fonctions de [i. Les surfaces S,, S',, que je n'avais pas songé
à déterminer et que j'indique aujourd'hui comme application intéressante
de cette méthode, s'obtiennent en ajoutant à a:, v, z, x' , y\ :■' les quantités
(\, c.,, C;,, C|, Co, C.,, fonctions de [î seulement obtenues par les quadratures
iil — iij— £i. — S. — ^ — !±L— >frM
b\ ~ b\_ "^ b:, ~ b; " n; ~ m, ^^''
où A est une fonction quelconque. Sur les trois mécanismes qui avaient été
retenus, deux fournissent un seul couple à chaque fois : ces couples (S, S'),
puis (S,, S,) sont nouveaux. Le troisième mécanisme fournit les surfaces S
que Peterson a signalées, susceptibles d'une déformation continue à un para-
mètre : la base (m, r) se compose d'une série de sections par des plans
parallèles à xOy par exemple et d'une série de sections par les plans pivo-
tant autour de O:^; les surfaces S,, que la méthode de cette Xote conduit à
former en même temps, sont précisément celles que M. (îoursat a étudiées
(') Comptes rendus, t. 172, 1921, p- 363 el 570.
l4oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
en iSç)2. (American Journal of Mat/tenuilics), cai'actérisées par ce fait qu'au
cours de la défonnalion les sections planes horizontales restent sections
planes horizontales : les lignes conjuguées sont les sections planes par des
plans tangents à un cylindre parallèle à Or..
5. On remarquera que les surfaces signalées aux n"' 3 et 4 comprennent
comme cas particuliers ou dégénérescences presque tous les exemples
connus jusqu'ici. Cela suffit pour justifier la méthode exposée qui permet
non pas seulement de constater, mais à\'X[)tl(iuer pourquoi on obtient des
surfaces applicables. Un choix judicieux de (K) permettra sans doute
d'obtenir des types nouveaux.
ALGÈBRE. — Sur la tJiéorie des nombres ali;ébriqucs idéaux.
Note de M. Auric.
Considérons une équation irréductible
f(x)=^ OiiX" -t- «,,r"~' -r . . . -^ ^/„_.| J- -+■ a„ = o
dont les coefficients «, appartiennent à un corps algébrique A et soit co,
une racine de cetle équation (|ue nous adjoindrons à A pour obtenir le
corps i2|.
Nous admettrons que A est un domaine holoïde complet, c'est-à-dire que
toul élément de ce corps peut être décomposé en nn produil de facteurs
premiers, et cela d'une seule manière; si nous appelons r,, c^, e„ les
unités fondamenlales de A (e, étant une racine ordinaire de l'unité) et
Pt, p., /';,. ... les facteurs premiers de ce corps, une unité quelconque c de A
s'écrira
,, _g/j,g/,, _ j,/,,,.
el un élément n sera de la forme
Dans le domaine des entiers réels e, == — i et les y>, sont les nombres
premiers successifs réels : dans le domaine des entiers complexes
<\ = ± \''- '
et les/>, sont les nombres premiers complexes.
En considérant l'ensemble des racines conjuguées co, ,«2, ...,0J„ elles corps
correspondants il,, 12., ..., ù^, nous obtiendrons par composition de ces
SÉANCE DU 6 JUIN 1921. l4oi
derniers un corps normal ou corps de Galois L de degré p et nous savons
que toute fonction rationnelle de co,, co^., ..., w„ pourra se mettre sous la
forme d'une fonction rationnelle d'une racine 0, choisie arbitrairement
parmi les p racines de la résolvante
G(S)=o.
Les corps Ll,. il.^, ■ ■ -, ii» sonl des sous-corps de L; il en résulte qu'un de
ces sous-corps considéré isolément ne sera pas en général un domaine
holoïde complet; on comprend, en effel, que deux éléments A,, c,, apparte-
nant à 12, et par conséquent à L puissent avoir un diviseur commun contenu
dans L, mais non dans il, ; ce diviseur, bien ([u'existani réellenienl dans L,
sera if/éal dans ii, .
Cette simple remar([ue montre la nécessité de remonter loujours au corps
normal d'un corps donné si l'on veut conserver au calcul algébri(|ue toute
sa généralité.
Dans le corps normal L nous savons ([u'il exisie des unités fondamentales
11,, II.,, II.,, ... (Il, étant une racine ordinaire de l'unité), mais en général la
norme de ces unités ne sera pas égale à une unité fondamenlale de A; de
même nous aurons dans L des nombres premiers y,, y^, q,, ... dont les
normes ne seront pas en général des nombres premiers de A; enfin le
corps L ne sera pas en général un domaine holoïde complet.
Ainsi, dans le corps des nombres quadratiques réels obtenu par l'adjonc-
tion de v^j il existe toujours des nombres t -h u \, \ dont la norme
t- — Au'- = -f- I ; mais la résolution de l'équation i'- — lu- = — i n'étant pos-
sible que pour certaines valeurs de A, il en résulte qu'en dehors de ces
valeurs il n'existera pas de nombre quadratique de norme — i; de même,
dans le domaine complexe, l'équation t'- — Azi^= -f- i a loujours des solu-
tions, tandis que la relation /- — A»- = ± \ — i n'est satisfaite que pour
certaines valeurs de A.
On comprend pourtant, au point de vue de la généralité des calculs, la
nécessité de rendre L domaine holoïde complet et d'établir une correspon-
dance univoque entre les nombres de L et ceux d(^ A; il suffit pour cela de
postuler l'existence réelle ou idéale de nombres entiers de L dont les normes
soient égales soit à chacune des unités fondamentales e, de A, soit à chacun
des facteurs premiers yj^ de ce corps et de poser
N(£,-) = e,, y(--)=pi.
A un nombre choisi -7 d'unités fondamentales ou de nombres premiers-
l402 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fie A correspondront, dans L. 07 unités l'ondameii laies ou nombr(^s premiers,
p étant le degré de la résolvante de (ialois; c'est l'n somme une générali-
sation du théorème de dWlendjeil sur l'égalité du nombre des racines e| du
degré d'une équation algébrique.
La liiéorie des idéaux algébriques ainsi introduits se développera comnn'
la théorie ordinaire avec la seule diiïérence que l'on aura un plus grand
nombre d'idéaux premiers; mais il en résultera plus d'harmonie dans
l'exposition et plus de géuéralilé dans les calculs pour la même i-aison que
l'inlroduction des racines complexes a constitué un progrès considérable
par rapport à l'élude exclusive des racines réelles.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur 1(1 Stabilité et la réversibilité des transformations
des hydrosols obtenus par hydrolyse des sels. Note de M. A. Tiax, transmise
par M. Haller.
J'ai en l'occasion de montrer, dans une Xole précédente ('), que ks
liydrosols constitués par les solutions hydrolysées de sels de métaux lourds
étaient le siège d'un phénomène très particulier : l'hydrate peu soluble, en
suspension colloïdale, est constamment divisé et dispersé par un processus
chimique.
C'est à cette cause cpie sont dues la grande stabilité et la réversibilité des
transformations de ces hydrosols.
Stabilité. — Un fait bien remarquable, et sur lequel il faut attirer l'atten-
tion, est la grande stabilité des solutions colloïdales complexes constituées
par des solutions salines hydrolysées.
Alors que les hydiosols d'hydrates métalliques sont en général peu
stables, puisqu'il sufiit de minimes quantités d'éleclrolytes pour les
détruire, il est tout à fait exceptionnel de voir les solutions salines de
métaux lourds qui conticuineut une projiortioir plus on moins grande de
leur base à l'état de suspension colloïdale, lloculer comme les hydrosols
purs. Ce fait est particulièrement remarquable pour des solutions telles
(jue les sidfates métalliques qui contiennent une forte proportion d'anions
polyvalents dont la moindre trace amène ordinairement la eoagidation des
hydiosols d'hydrates métalliques. Celle stabilité est si grande que, pendant
longtemps, on a ignoré l'existence d'hydrates libres dans de pareilles solu-
(') Comptes rendus, l. 17:i, igai, p. 1291.
SÉANCE DU 6 JUIN 192I. l4o3
lions; il n'\ a guère (jiic depuis une vini^taine trannées, depuis ipie Spring
eut montré l'impossibilitt' de les piéparrr « optiquement vides », que
l'attention des chimistes a élé atlirée sur leur nature complexe (' ).
La théorie que j'ai exposée expli(|ue très bien celte stabilité : tandis
que dans Thydrosol normal d'un hydrate métallique, les particules par
évolution plus ou moins lente et irréversible se réunissent entre elles sous
rinlluence des forces capillaires pour donner des particules de plus en plus
grosses, ici nous avons une cause de dispersion qui opère eu sens inverse.
L'expérience montrant cpie les sols normaux d'hydrates métalliques sont
peu stables, tandis (jue les solutions hydiolysées de leurs sels le sont à un
haut degré, cette cause de stabilité doit être relativement très efficace.
On a donc là un exemple de stabilisation des solutions colloïdales par un
processus chimique. Il n'est pas impossible que dans d'autres solutions col-
loïdales également très stables, il y ait dispersion du colloïde par un méca-
nisme analogue, grâce à une réaction réversible, comme l'hydrolyse saline,
à laquelle prendraient part le colloïde et la phase aqueuse ( '■ ).
Réi-ei-sibilùé des transjormations. — Prenons une solution saline présen-
tant l'hydrolyse lente. Elle peut être considérée, à chaque instant, comme
étant en équilibre chimique. Cet équilibre actuel est, comme nous l'avons
vu (•■'), transformé en équilibre définitif û l'on empêche, par gélification, la
modification du système due au phénom.ène, en quelque sorte accessoire,
de « polymérisation » du colloïde. En milieu non gélatine, l'équilibre défi-
nitif n'est atteint que si l'état définitif de l'hydrosol est lui-même atteint, et,
à la stabilité de cette solution, est liée la stabilité de l'équilibre chimique.
On \ient de voir, et pour quelle cause, combien cet hydrosol était stable :
il doit donc en être de même de l'équilibre chimique du système. Inverse-
sement, la réversibilité de la transformation chimique doit nécessairement
prouver la ré\ersibilité de la transformation de l'hydrosol.
(_)r, on sait depuis longtemps, qu'au moins entre certaines limites de
concentration, l'hydrolyse lente des solutions salines aboutit à des systèmes
(') On peul faire les mêmes remarques sur la stabilité des solutions de-; sels dont
l'acide est insoluble, tels que les silicates alcalins.
(-) La phase aqueuse pourrait participer à cette réacliun réversible, non seulement
par l'eau (comme dans l'Iiydroly>e saline), mais surtout par une matière étrangère
à riiydrosoi. La présence de cette « impureté » intéresserait essenlielleineni la stabi-
lité de la solution colloïdale : on sait, en elïet, que la purification de> liydrosols
diminue généralement leur stabilité.
(') Comptes rendus, i. 1T2, 1921, p. 1172.
l4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en équilibre à la suile de transformations réversibles. Foussercau (' ) a
montré, par exemple, que Ton obtient le même état limite que l'on aban-
donne à froid à l'iiydrolyse lente une solution récente de cblorure fer-
rique, ou la même solution, mais ayant subi une bydrolyse très complète à
chaud. Le premier système subit une décomposition hydrolytique crois-
sante, le second décroissante, chacun aboutit lentement à un équilibre
déterminé, qui est le même pour les deux.
Il existe donc des transformations colloïdales réversibles (-) : les parti-
cules colloïdales sont capables non seulement de s'unir, mais de se diviser,
comme l'explique et le préxoit la théorie.
Ce qui précède montre (ju'un h\drosol peut passer plus d'une fois par le
même état, et cju'il n'est pas exact de dire qu'un des caractères de révo-
lution des colloïdes est d'être irréxersible, comme les phénomènes de la vie
auxquels ils sont intimement liés.
CHIMIE PHYSIQUE. — Eludes sur la réfraction moléculaire et le pouvoir rota-
toire spécifique du furfurulcamphre et de quelques-uns de ses dérivés. Note
de M""" AVoLFF, transmise par M. Haller.
Dans une Note précédente, nous avons décrit la formation du furlural-
camphre, du tétrahydrofurlurylcampbre et de cjuelques aryllurylcampho-
mélhanes. Nous donnons ici un Tableau de leurs réfractions moléculaires
et de leurs pouvoirs rotatoires spécifiques. Les réfractions ont clé déter-
minées en solution toluénique 0,1-0, 3 normale, à des températures variant
entre ■2^",-2-2\°,n. Les nombres calculés sont donnés selon le Hefrakto-
metrisdics Hilfshucli de Rotli et Eisenlohr. Les pouvoirs lotatoires ont été
mesurés à des températures variées. Nous les indicjuons dans la colonne T (').
{ ') Ann. de Phys. cl de C/ii/ii., 16' série, t. il, 1887, p. 383.
(*) La réversibililé du phénomène de dissolution colloïdale ne prouve pas néces-
sairement la réversibilité d'une transformation du colloïde, car le départ de Peau n'a
pu altérer ni les dimensions, ni les propriétés des particules colloïdales.
(') Les nombres qui figurent dans ces Tableaux ronstituenl des moyennes; nous
nous réservons de donner, d'une façon plus détaillée, dans' un autre recueil, les
résultats obtenus.
SÉANCE DU 6 JUIX 1921. l4o5
Mlix. Ml:l>. Mlip. ? — ï-
de la sulistiiii(«. l'ormule. Ti'oiiM'. Caloiili-. Trouvé. Calculé. Trouvé. C.altuli:. Tr. Calr. \>-]u. 'I'.
I"iiifiiralrain|)lire. . . (l'^H'^O-i' ''g,*»^ 64,74 70, 2i 6.'3,i2 72,28 (5(5, oo ■<,(>(5 1.26 33() 18
'l'élralivdiofurfuryl-
camphiv C'H-'O^ 66. .58 66,2.', 66,82 66,52 68, 2^ 67,22 1,76 0,98 4?. 20
l'lii''n\ifiu"\ Icamplio-
iiiétliane ( !-' I l-M )-!-> 89,4!) 89,1.3 90,16 89,69 91,5» 90,97 2,o4 i,82 66 20
lieiizvKuivIcainpIio-
niflliane C--H-''0-|"' 9^,94 98i74 94i5o 94 . 3 1 96.2.'! 95,64 2.29 1.90 57 18
I al \ I f iii'\ Icampho-
niét liane C-'-lI-*0-|-'' 94,82 93,74 95, 5 1 94j3i 97,20 95,(54 2,38 1,90 5() 24
Anisvlfiirvlcanipliri-
inétliane C--H=*(3^l^-' 96,09 96,38 96,80 95,95 98,82 97,28 2,73 1,90 66 '.4
Les nombres que nous avons trouvés pour la réfraction moléculaire et le
pouvoir rotatoire spécifique sont en accord avec ceux qu'ont obtenus
MM. Haller et Muller ( ' ) pour les produits de condensations du camphre
avec des aldéhydes et leurs produits de réduction.
Le luri'uralcamphre a, comme les alcoylidènecamphres, de fortes exal-
tations de la réfraction moléculaire, du pouvoir rotatoire spécifique et de
la dispersion moléculaire, et ses exaltations disparaissent lorsque le pro-
duit est réduit, c'est-à-dire lorsque, outre la double liaison sur le novau
camphre, les deux doubles liaisons du noyau luranique ont disparu. Les
arylfurvlcamphométhanes n'ont que de faibles exaltations de la réfraction
et de la dispersion moléculaires. Leurs pouvoirs rotatoires restent plus
grands que celui du camphre, mais sont très inlérieurs à celui du furlural-
camphre.
CHIMIE PHYSIQUE. — Variétés nllotropiqucs d'oxydes.
Note de M"*^ S. Veil. présentée par M. G. Urbain.
L'élude (^-'), en fonction de la température, de la conductibilité d'un
certain nombre d'oxydes métalliques (oxyde de cérium CeO-, sesquioxyde
de chrome Cr-0'', oxyde de nickel INiO, oxyde cuivrique CuO. acide tita-
niqueTiO", oxydes de manganèse MnM)' et MnO, oxydes d'élain SnO-
etSnO, oxydes de fer Fe-0^ et Fe^O', oxyde de zinc ZnO et oxyde de
(') Comptes rendus, t. 128, 1S99, p. i370-i373; t. 129, p. ioo5-ioo8.
(-) S. \ i;ii,, A lliages d'o.iydes (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 939).
iAo6
ACADÉiMIE DES SCIENCES.
cadmium CdO). montre que de ce point de vue ils se comportent comme
les élecliolyles (') et comme le charbon. La conductibilité est une fonction
croissante de la température, la courbe représentative étant dallure para-
bolique.
Fig. I. — O-ryde de fer magnelit/ue. — Hi'gion du puinl de Cuiic.
En outre, certains oxydes montrent des particularités qu'il est possible
d'attribuer à des variations allotropiques.
La courbe conductibilité-température relative à l'oxyde niaj^nélique de
fer présente à la montée un changement d'allure entre Soo" et (Joo°. Ce
changement d'allure correspond au point de Curie, température à laquelle
le minéral naturel de magnétite perd son magnétisme. L'expérience a été
poussée jusqu'à ijoo"; à part le point de Curie, aucune singularité n'a été
observée. Au refroidissement, le puint de Curie n'est plus visible, le sys-
tème ne repasse pas par une suite analogue d'états, et la conduclibilité
reste plus grande.
Rappelons que Curie fixe cette température à 53j° par des mesures de
susceptibilités magnétiques et que \\ eiss la fixe à 080", à la fois par des
mesun'S de magnétisme et par des mesures de chaleurs spécifiques. La
méthode envisagée ici fournit des résultats moins précis, étant donnés les
phénomènes d'hystérésis et les irrégularités inhérenles à la conductibilité
d'oxydes agglomérés.
L'oxyde de cadmium est déjà très conducteur à la température ordi-
(') Nernst, Zellscli. fiir Elehtrocli., (6). 189g, p. /;i, et Nekkst et Reynolds, Gotlin ,
J\(ic/ir., 1900, p. 028.
SÉANCE DU 6 JUI.N I92I, 1407
naire. Lorsque la tenipératiirc s'élève, la conductibilité aug-mente noniia-
Icnient, suivant une courbe d'allure parabolique. Un peu au-dessus de -200°,
la courbe redescfiid puis rcuioiitc jusqu'à un second maxiinuiu vers 85o" et
Fig. 2. — Oxyde de cadmium. — CliaulTage.
redescend. Les observations ont été faites jusqu'à i3oo'\ La conductibilité
n'est plus alors qu'une très petite fraction de ce qu'elle est à la température
ordinaire avant le chauffage.
On peut interpréter ces résultats en admettant qu'il existe trois variétés
allotropi([ues, a, ^, y, d'oxyde de cadmium, dont les domaines de stabilité
se trouvent de part et d'autre des maxima, le domaine de la variété y. se
trouvant approximativement entre la température ordinaire et 200", celui
de la variété [i approximali\ ement entre 200*" et 85o" et celui de la variété y
aux températures plus élevées.
Les conductibilités des variétés a et j3 sont du même ordre de grandeur,
la \ ariélé y est relativement très peu conductrice.
Au refroidissement, on obtient, à partir de i3oo°, une courbe régulière-
ment descendante; à 1000°, la conductibilité n'est plus appréciable.
Les vitesses des transformations sont trop lentes pour que celles-ci se pro-
duisent au cours d'un refroidissement rapide. Après un reposprolongépc
l'ordre de quelques semaines à la température ordinaire, l'oxyde reprend
spontanément la forme a.
l4o8 ACADÉMIE DES SCIE^XES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la iririation de la réfraction spécifique des sels
dissous en solutions étendues. Note de M. C. Chê\eve.\i', présentée
par M. Paul Janet.
M. V. Posejpal a fait paraître dans le Journal de Physique (') un inté-
ressant travail sur la variation de la réfraction des gaz avec la pression,
au-dessous d'une atmosphère. Il arrive en particulier à cette conclusion
(|ue le pouvoir réfringent spécifique, — - — par exemple, d'un gaz, tel que
l'air ou l'anhydride carbonique, a\ant un indice de réfraction n pour la
raie verte du mercure et une densité </, diminue lorsque le gaz est soumis à
des pressions de plus en plus faibles.
J'ai montré, il y a quelques années ( -), que le pouvoir réfringent spéci-
fique, -^ — -, d'un sel dissous, ayant un indice de réfraction n^, pour la
raie D et une densité d, occupant le volume de la dissolution, restait
constant jusqu'à une limite très petite de la concentration équivalente, de
l'ordre de o.i équivalent-gramme par litre de solution : de sorte que l'on
pouvait conclure que l'ionisation, déjà très avancée, n'agissait pas, en deçà
de cette limite, sur la réfraction du corps dissous. Mais, après avoir corrigé
les résultats obtenus au delà de cette limite de l'influence possible de la
température, ce qui donnait des variations un peu moins rapides que celles
déduites des expériences de Dijken ('), j'ai reconnu qu'aux extrêmes dilu-
tions le pouvoir réfringent diminue ou augmente, suivant les cas, lors(iue
la concentration décroit.
Dans l'hypothèse, aujourd'hui admise, que le corps dissous en solution
très étendue est assimilable à un gaz, cela revient à dire que le pouvoir
réfringent varie lorsque la pression du corps dissous s'abaisse; en eflet,
puisque j'ai supposé que le sel dissous occupe le volume de la dissolution,
sa pi'ession est alors la pression osniotiquc. en kilogrammes par centimètre
carré, de la solution, proportionnelle à la concentration moléculaire
^- io-% si Y est la masse du sel. de masse moléculaire M, dans i' de solu-
tion. D'autre part, la solution saline étant un électrolyte, si l'on veut con-
( ' ) 6'' série, t. 2, n° 3, mars 1931. p. 85.
(-) Annales de Chimie et de Physit/iie. 8'' série, t. i\, seplemiire i()io. p. 36.
(') Zcitsclirifl fiir pliYsikalische C/ie/nie, t. ^'i. 1897. !'• ^'-
SÉANCE DU 6 JUL\ I921. 1409
naître exacteinenl la pression P du corps dissous, il faut tenir compte de
l'ionisation qui inlervient par un facteur /= n-(/- — 1)0, en appelant r le
nombre d'ions contenus dans 1'"°' du srl considéré et 0 le coefficient de dis-
sociation éleclrolytique qui est le rapport des conductivités équivalentes de
la solution étudiée et de la solution de dilution infinie.
Si R est la constante des gaz parfaits, à une température absolue T, la
formule de Van't HofT, ainsi corrigée, donne
,. 1000 M
V — -— =[• + ('•
■.)o]HT,
Supposant que la température centigrade est de lî", comme R = 84, 5
avec les unités adojîtées, ou peut donc, finalement, calculer la pression P
du corps dissous, en atmosphères, par la relation
I'=r
84,5 X 288 y\\ + (/■ — i)ô]
I ,o333 X 1000 M
Si l'on fait ce calcul, pour les solutions des trois sels KCl, \0-'_M-I%
0.330
1 Pouvoirs réfringer
T spécifiques
ifs
V^J
<
no'nh'- j
y^
Kn
/ ^
. (NO')'Mg
*
/
a2«
10 20 30 Atmosphé.
Pressions P du corps dissous
(NO')-Mg, que j'avais étudiées, et si l'on porte en ordonnées les valeurs
du pouvoir réfringent spécifique -^— — du corps dissous et en abscisses les
valeurs de P, on a les courbes représentées dans la ligure ci-dessus. On voit
immédiatement l'étroite analogie des courbes obtenues pour KCl et
C. R., 1921, i« Semestre. (T. 172, N- 23.) lo/f
l4lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
(N(_)')-Mg avec celles indiquées par M. Posejpal pour l'air et CO'; la
seule différence est que la diminution du pouvoir réfringent, lorsque
la pression décroît, se produit pour le corps dissous dans un domaine de
pressions un peu plus élevées que pour le gaz. Mais, alors que pour les
solutions de K Cl et (\0^)"Mg le pouvoir réfringent diminue comme la
pression, il augmente pour NO'NH' lorsque la pression s'abaisse.
Sans préjuger des résultats expérimentaux que doit publier sur l'hydro-
gène M. Posejpal, je peux faire remarquer que ce gaz, contrairement aux
autres, parait donner, entre i""'"' el 2"'™, un résultat assez analogue à celui
obtenu avec NO^MI'. En effet, si p est la pression :
Il — I ^ /.'/M I -i- 3/^), S = — 85.10^ I l'erreau 4' )],
rf= kp[\ ~ ZiiP), |3,; = — 80.10* I Loduc et Sacerdote (-)].
Donc le pouvoir réfringent spécifique est de la forme
—j- C[l-r (p — ,3,;)/j] =:C(l — 5. I0«/J'l,
cest-à-dire qu'il augmente quand p diminue.
Pour explicjuer la diminution du pouvoir réfringent avec la pi-ession,
M. Posejpal admet que dans l'expression de ce pouvoir réfringent
VJ — V-
où N est le nombre de particules par unité de volume, v„ la fréquence des
oscillations propres des atomes ou des molécules et v la fréquence de la
lumière qui traverse la matière, la fréquence v,, peut augmenter pour assurer
plus de stabilité, dans l'état dilué de la matière, aux divers états possibles
pour un même atome ou une même molécule.
Si la variation de R peut se produire en sens inverse de celle de />, cette
explication doit, probablement, être ainsi complétée. Le numérateur de 11
dépend, en réalité, du nombre \ de particules. Dans les solutions concen-
trées, on peut admettre que le nombre de particules et leur fréquence
d'oscillations propres ne varient pas sensiblement el R est constant. Dans
les solutions diluées, le nombre N de particules s'accroît; comme v„ croît
aussi, si la variation de \ est plus rapide que celle dev^% R peut augmenter;
c'est le contraire si \ augmente moins vite que v,^.
Quoi qu'il en soit, il m'a paru intéressant de rapprocher les résultats
obtenus dans deux cas assez analogues de raréfaction de la matière.
(') Table de t'onsUiitles de la Socictc française de Plirsù/ite, i;)i3. p. \\)0.
1^ = ) Ihid.. j). 18,).
SÉANCE DU 6 lUIX I921. l4ll
CHIMIE MINÉlîALE. — Sur le peroxyde de lilnnc.
N'oie de \I. MAriticE Bii.i.y, présentée par M. G. Lhbaln.
Lors(|u'on traite le sulfate de titane par l'eau oxygénée, on obtient une
liqueui- jaune orangé qui donne avec Famnioniaque, la soude ou la potasse
un précipité jaune solnble dans un excès d'eau oxygénée. L'oxygène s'est
fixé sur l'acide tilanique.
La composition de ce peroxyde a été déterminée par différents chi-
mistes (') qui admettent généralement que le degré d'ox\dation du titane
s'élève à TiO'.
Les composés obtenus sont des poudres jaunes amorphes contenant de
l'eau d'hydratation.
, 1 1 ,■ 1 titane
Les analyses onteupnur but fondamental de lixer le rapport : --;
or j'ai toujours obtenu avec les sels cristallisés des chiiïres d'oxygène actif
inférieurs à ceux qu'exige la formule TiO'. Par contre, les chiffres d'oxy-
gène actif sont supérieurs à ceux qui cori'espondent à TiO', avec les sels
insolubles amorphes.
Préparation du sulfate double de titaneet de potassium. — Ondissoutà cbaud 5og
d'acide titanique hydraté dans un mélange de 1 00'^'"' d'acide siilfurique concentré'ol
de 40""" d'eau. La liqueur, diluée jusqu'à ce qu'elle renferme 10 pour 100 de TiO'^
est traitée par une quantité de carbonate de potassium puhéiisé correspondant au
double de la quantité de sel nécessaire pour obtenir le composé (SO)'-Ti, SOMv-.
Enfin, à la li(|ueur claire, on ajoute le double de la quantité théorique d'eau oxy-
génée à 100'"', nécessaire pour transformer tout l'acide tilanique en oxyde pertita-
nique hypothétique TiO'.
Par évaporation au-dessous de lâ", il se dépose d'abord du sulfate de potassium
(|ui' l'on sépare; on obtient ensuite d'abondants cristaux orangçs, mélangés de cris-
taux blanc-jaunàlres.
La masse cristalline, pulvérisée et traitée par l'eau glacée, donne une iii|ueur
orangée et laisse des cristaux presque incolores qu'on lave rapidement à l'eau glacée;
ils admettent la formule SO'TiO, SO'*K=. '
(') A. WKLI.EH, /J^e/-., l. lo, 1S82. p. ■.^599 (Ti-Ô'''"). — Picci.ni, Gazz. ch. iiuL,
t 12, 1882, p. i5i (mélange d'acide titanique et de peroxyde de lilane variable). —
Glassen et ses collaborateurs, Ber., t. 21, 1888, p. 071 [Ti(OH)"]. — Li:vv, Conijiles
rendus, t. 108, 1S89, p. 284 (TiO'). — Fabiîii. Ztsc/i. /. anal. Client. . t. ?i.(i. 1907,
p. 277 (TiO'). — A. i\lAZZL'r.iii;i.L[ et E. Pantanelli, Atti R. Accad.. t. KL 1907,
p. ''J)'). 349 et i39'i; t. 17, 1908, p. 5i3; t. IS, 1909. p. 420, 5o5, 5iS et (io8 (TiO^).
l4l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans la liqueur orangée les dosages de titane et d"o\ygène actif corres-
pondenl à un oxyde de formule Ti-'O "'■' ou 2Ti-0'. i.5 H-0-.
.l'ai essayé de mettre en évidence Teau oxygénée qui figure dans la
formule précédente en admettant Tliypotlièse de Ti-'0\ Le sel orangé
étant dissous dans l'eau glacée et précipité aussitôt par l'alcool, la liqueur
(lécantée contient de l'eau oxygénée qui peut être mise en évidence en
développant sa coloration orangée par addition de sulfate tilanique.
Pour obtenir IVm/ra/e de prroxydedc titanrTvO'Ai\., je préconise le Irai-
temeni suivant :
Des quantilé;5 éqiiituoléculaires de sulfale de potassium SO'K' ei de sulfate
de titanyle SO''(Tir)) sont dissoutes séparément dans le moins possible d'acide sulfu-
rique au ' ; 0:1 les verse dans une solution d'eau oxygénée à 100'°'. employée en excès
(5o pour 100 environ) relativement à la quantité nécessaire pour faire TiO^. Le
mélange limpide, fait à froid, est précipité à la température ordinaire par l'alcool à 95°;
ce précipité armorphe, cannu de Mazzuclielli et l'antanelli, est lavé à l'alcool pour
éliminer l'excès d'acide sulfurique.
Le sel essoré est dissous sur (litre par l'eau glacée; une petite quantité de sel plus
clair, non pero^jdé, reste insoluljle: la lii|ueur orangée est étendue d'environ 10' d'eau
pour 2' de 'J'i<J-.
Après dix heures de re[)0s, la température restant de lo" à 20°, on peut recueillir
un abondant précipité d'hydrate de peroxyde de titane jaune clair, ne dégageant pas
la moindre bulle d'oxygène.
Pour l'analyse, ce précipité est lavé avec de l'eau pure jusqu'à ce que l'eau mère ne
décolore plus le iJermanganale ; oji le dissout alors dans l'acide sulfuri([ue au ;. et l'on
obtient une liqueur orangée.
-, , anhydride litaniciue
Le i\ipport — : : — J — est toujours compris entre 0,0 et 10, u.
^ ' oxygène actit •> <■ • ■'
Pour obtenir un [jliD.^phale pcrtilanùiue insol/ib/e. je mélange à froid des liqueurs
de sulfate acide de titane, de phosphate de sodium, d'eau oxygénée; le précipité se
forme quand on ajoute un excès d'acétate de sodium.
Le phosphate lavé i fond perd de l'oxygène; si on laisse le précipité dans la liqueur,
en dosant l'eau oxygénée non combinée, on trouve qu'il se fixe, sur l'acide litanique
du phos|ili;ite, une quantité d'oxygène actif correspondant à la formule :
TiO''"-' ou :>.TiM)'.3H-(t-.
J'^n résumé, alors qu'on ne connaissait aucun composé pertitani(iue cris-
talisé, j'ai obtenu un sulfate complexe cristallisé: d'autre part, j'ai pu pré-
parer l'hydrate de peroxyde; enfin, il résulte des analyses précédentes que
tous les hydrates considérés jusqu'ici comme des sels de l'oxvde TiC)^ sont
des complexes d'eau oxygénée et de sels pertilaniques correspondant au
jieroxyde Ti-0 '.
SÉANCE DU 6 JLIX ig^i. i4«3
CHIMIE AXAr.YTiQUK. — Conlrihiilion à T élude (les huiles de pépins de raisin.
Note de M. Emile Axdré, présentée par M. Cli. Mourcu.
Dans une précédente Note(' ) nous avons donné les principales cons-
tantes physiques et chimiques d'une série de 1 1 échantillons d'huile de
pépins de raisin et nous avons montré qu'il existe de telles ditîérences dans
leurs propriétés qu'il est impossible de les rapporter à un type déterminé.
Le cépage, le climat et la nature du sol influent sans doute sur la qualité de
l'huile contenue dans les |?raines comme sur la qualité du jus qui fournit le
vin par fermentation.
De toutes les propriétés chimiques de cette huile, c'est certainement
l'indice d'acétyle qui est la plus variable; nous avons enregistré dans nos
essais des valeurs allant de i3.'3 à 49)3, Ilorn (-) et Paris (') ont
indiqué i44.5 et i4 >, i, Fachini et Dorta ( ') ont trouvé des valeurs variant
de 23 à 23. Ces données discordantes permettent cependant de conclure
d'une façon certaine qu'il existe des glycérides d'acides-alcools dans l'huile
de pépins de raisin; aussi, tous les traités spéciaux la rangent-ils dans le
même groupe que l'huile de ricin. Nombre d'auteurs admettent même,
sans preuves suffisantes et par simple raison d'analogie, que l'indice d'acé-
tyle de l'huile de pépins de raisin est attribuable à l'acide ricinoléique. Les
analyses immédiates, assez peu approfondies, qui ont été faites, n'ont
cependant jamais permis d'isoler le ou les acides-alcools que contient cer-
tainement cette huile.
Nous avons essayé d'apporter une contribution à la solution de ce pro-
blème. Dans nos premiers essais, nous avons appliqué les méthodes que
l'on trouve décrites dans tous les traités spéciaux d'analyse des matières
grasses : séparation des acides solides et des acides liquides par différence
de solubilité de leurs sels de plomb dans Félher, précipitation fractionnée
des sels de Ba ou de Mg des acides solides, études des dérivés bromes
d'addition des acides liquides, étude de leurs dérivés d'oxydalion par le
permanganate de potasse en solution alcaline. 11 nous est bien vite apparu
(') Comptes rendus, l. 172, 192 1, p. 1296.
(-) IloRN, Mit/, techn. (ieirerbe Jhis. Wien. 1891. p. iSÔ; Client. Zeil., t. io,
1891, Report 28),.
(') G. Paris, Slaz. Sperimcnt. aL;rar. liai., t. 44, 191 1, p. (169; Jahresbericht
der Agrikullurchemle, l. oi. ign, p. 291.
(') Lewkowitscii, Chemical Icchnidagie of Oi/s, Fais and Wa.res, 5'' éclilion, t. 2,
1914. p. 387.
I4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'il n'est pas possible d'isoler les acides-alcools par celle lïîélhode qui
nous a seulement permis de déceler la présence des acides |)almilique,
sléarique, oléique et linoléique, constituants que l'on rencontre dans la plu-
part des matières grasses.
Après de nombreux tâtonnements, nous sommes parvenu à séparer les acides gra?-
de l'huile de pépins de raisin en trois groupes et à concentrer les acides-alcools dans
l'un d'eux. \ oici la description succincte du procédé que nous avons suivi :
12.5" d"liuile sont mélangés, dans un ballon de i', avec i5o3 d'alcool à 90"; dans ce
mélange, on verse une solution alcaline contenant 35s de ÎVaOH pure du commerce
dans quantité suffisante d'eau distillée peur obtenir loo"'"'"; on agite vivement le tout
pour maintenir l'huile en émulsion. Au bout de i5 à 20 minutes, le mélange, dont la
température atteint .40° environ par suite de la chaleur dégagée par la réaction, est
complètement liomogène et limpide; on constate que la saponification est complète en
versant une petite quantité "de ce liquide dans un grand volume d'eau : la solution
obtenue doit être limpide. On verse alors toute la masse dans 12.J0""' 4'eau et l'on
agite à trois reprises avec de l'éther dans une ampoule à décantation. Les solutions
éthérées réunies et lavées à l'eau distillée sont séchées sur du sulfate de soude
anhydre; la distillation de l'éther laisse comme résidu la matière insaponifiabie que
l'on met à part pour l'étudier ultérieurement. On ajoute à la solution savonneuse
i25k d'acide sulfurique dilué au ^. Les acides gras mis en liberté viennent surnager le
liquide, entraînant avec eux la majeure partie de l'éther et de l'alcool qu'il retenait en
dissolution; on les sépare, lave à l'eau distillée et sèche sur du sulfate de sodium
anhydre. On chasse l'éther et l'alcool par distillation et l'on obtient ainsi les acides
gras totaux exempts d'insaponifiable. On les dissout dans 3' d'alcool à 70° et Ton
ajoute à cette solution 40=' de carbonate de lithine; on fait bouillira reflux pen-
dant I heure et l'on abandonne ensuite en lieu frais pendant 2 ( heures. Les savons les
moins solubles cristallisent; on les sépare par filtration et essorage. La solution
alcoolique est distillée jusqu'à ce que le liquide restant dans le ballon donne une
mousse abondante qui empêche de poursuivre l'opération. Par refroidissement, il
fouinit en abondance des cristaux blancs nacrés que l'on sépare de leurs eaux mères
par essorage. Premiers cristaux, deuxièmes cristaux et eaux mères sont traités,
chacun séparément, pour extraction des acides gras qu'ils contiennent.
Les premiers crisl;iu\ fournisseiil des acides solides, fraction 1; les deuxièmes cris-
taux des acides liquides à peu près incolores très fluides, fraction II; les eaux mères
fournissent des acides li(|uides très \is(|ueux, fraction 111, assez fortement coloré^ pur
les substances entraînées a\cc m\\ dans les eaux mères. Les acides des fractions I ei II
sont entièrement solubles dan* l'éther de pétrole; les acides de la fraction III n'y sont
(|ue partiell(Mnenl soluble*. Le- •savons litlii(|ues des acide>-alcools, plus solubles.
s'accumuleni donc dans les eaux mère--, et e'est là un premier pas vers leur sépa-
ralion.
Nous avons ainsi opéré de nombrcu.x iVactionnemenls sur l'iuiilc n" lO('),
(') Coniplcs rend us, loc. cit.
SÉANCE DU 6 jri\ 1921. i4i5
que nous avions pu nous procurer en quanlité imporlanic grâce à la bien-
vcillanlr obligeance de M. le D'' Le Moignic, direcleur du Service du Lipo-
vaccin. Par un iieureiiv concours de cireonslances, cette huile était, de
toutes celles que nous avons eues entre les mains, la plus riche en glycérides
d'acides-alcools, comme l'indiquent sa densité (D^"'o,g334 ) «'t son indice
d'acétyle (49,3).
La moyenne des rendements pour loo" d'acides lotaux a été de 12, 5
d'acides solides, 62,3 d'acides fluides el 25,o d'acides visqueux. Nous
donnons ci-dessous les propriétés chimiques les plus importantes de
chacun di' ces trois groupes, que nous avons par la suit»- étudiés, chacun en
particulier, pour en extraire les acides qu'il contient :
*Inilice Poids
-- — ^ moléculaire
d'iode. de satuialion. moyen.
I. Acides solides. ., 32 199 ^.Si P. F. ^g'-So"
II. Acides fluides. .. i.3i igS 287 .
III. Acides visqueux. iii> 202 277
*Ces cliifTi-es sont la moyenne d'une série de déterminations.
On remarquera que le poids moléculaire moyen des acides visqueux est
relativement faible; cette première indication ne corrobore point l'hypo-
thèse de l'existence de l'acide ricinoléique ( poids moléculaire, 298") dans
l'huile de pépins de raisin.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouveaux dérkés sulfonés de Voxindnl et
de Visatine. Note de MM. J. 3Iartixet et O. Dorxier, transmise par
M. A. Haller.
On sait qu'il est possible d'obtenir des dérivés indoliques à partir de
l'acide phénylacétique orlhonitré, par réduction et cyclisation. Baeyer
prépara ainsi l'oxindol ('). La matière première s'obtient avec de très
mauvais rendements; car le groupe nitré qui entre dans le noyau benzé-
nique est orienté par le groupe CH- — COOH en ortho, mais surtout en
para. Par ce mode de formation l'oxindol est donc peu accessible.
Nous avons pensé qu'en occupant la position para par un autre substi-
tuant, puis en efîectuant ensuite la nitration, nous pourrions obtenir plus
facilement un dérivé nitré en ortho de la chaîne latérale. Ce corps réduit
(') \. Baeyer, Bciichle der deulsch. Gcs., t. 11, 1878. il 082; t. 12, 1879, p. 1764.
l4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et cyclisé conduirait à Foxindol correspondant dans de bonnes conditions.
Nous avons préparc dans ce but l'acide phényiacélique o-nitro-yj-sulfo-
nique (').
On cliaude an Ijain-inarie, pendant i heure, los,.") dacide pliénylacétiiiue et jmB
d'acide sulfurique à 66° B. A basse lempéraluie on ajoute un mélange de Cs, ."> d'acide
azotique fumant (D ^ i,5i) et i3s,5 d'acide sulfurique à 66°B. On verse la raas>e
ainsi obtenue dans de l'eau salée; au bout de 2] heures il s'est formé un abondant
précipité du sel de sodium de l'acide (/-nilro-/j-~ulfophénylacéti(|ue. Il se présente
après plusieurs cristallisations sous lornie de spliérolillies blancs a~>ez soluble> dan>
l'éau.
Ce sel i)osséde encore une fonction acide libre que l'on peut titrer en présence de
phtaléine. Son sel d'argent est insoluble et noircit rapidement à la lumière. La réduc-
tion du groupe nitré de cet acide peut s'eflTectuer sous l'inlluencede divers réducteurs,
tels que le zinc ou le fer et l'acide acétique, l'hydrosulflte de soude. Il suffit de traiter
la solution chaude du dérivé sull'oniiré par l'hydrosulflte, pour obtenir par concen-
tration et refroidissement un précipité du sel de sodium dé l'acide oxindol-('>-sulfo-
nique, soit sous forme de bâtonnets, soit sous forme de paillettes brillantes inco-
lores. Nous avons dès lors un ovindol facilement accessible. Nous l'avons transformé
en acide isaline-fi-sulforvique, qu'il était intéressant de comparer à son isomère sulfoné
en position 5, étudié dans une Communication précédente | - ).
Traité par l'acide nitreux. l'oxindol-G-suifonique donne un dérivé isoni-
Irosé : risatoxime-G-suH'onique. Son sel de sodium forme de longues aiguilles
jaune citron solubles dans l'eau. (Contrairement àl'oxime de l'acide isaline-
5-sulfoniqtie, celle de l'acide isatine-6-sulfonique donne avec la poudre de
zinc en milieux aqueux une coloration pourpre intense. Cette oxime a été
transformée en amino-oxindol par réduction au chlorure slanneux. On
obtient une combinaison chlorostanniquc (jui se présente en petits cristaux
blancs, isolubies dans l'eau.
Par oxydation, à l'acétate de cuivie. l'oxyde roui^e de mercure ou le
chlorure ferrique, elle donne l'acide isatine-G-sulfonique. Avec l'acétate
de cuivre, nous avons opéré comme il suit : on met en suspension la combi-
naison stannique de l'amino-oxindol dans l'eau bouillante; on y ajoute une
solution concentrée d'acétale de cuivre, immédiatement la solution prend
une teinte rouge vif, puis jaunit, et l'oxydule de cuivre précipite. Par addi-
tion de chlorure de potassium à la solution filtrée, le sel de l'acide isatine
sulfonique cristallise. Baeyer avait aussi observé une coloration rouge
(') Brevet allemand n" 289028.
C) .1. M.MiTiNKT et O. l>(i[iMi:ii, Ci'iii/ites reit</iis. t. 172. 19^.1, p. 3.îo.
SÉANCE DU 6 JUIN 192I. 1417
fugace dans l'oxydation de ramino-oxindol ordinaire ('). Il reste à en
élucider la nature.
Le sel de potassium de cette isatine sulfonée C'H'O-N, SO'K, H-O est
assez soluble dans l'eau et donne facilement la réaction de l'indophénine.
Le sel de baryum, poudre cristalline, jaune orangée, cristallise avec une
molécule d'eau. Ces sels monobasiques, traités par les alcalis, donnent une
coloration violette intense qui passe immédiatement au jaune : il y a ouver-
ture du cycle indolique et formation de sulfoisatales alcalins. Le sel diba-
rytique cristallise en aiguilles jaune pâle avec une molécule d'eau. De même
que les sels dibasiques de l'isaliue sulfonée 5, ceux de l'isatine sulfonée G
se cyclisenl sous l'inlluence des acides minéraux, lentement à froid, el rapi-
dement à chaud.
Par condensation du sol de potassium de cet acide sulfonique, avec l'in-
doxylc, en milieu acétique, nous avons obtenu l'indimbine en cristaux
violacés. Elle possède pour les fibres animales, qu'elle leint en violet, une
grande affinité. Cette même indirubine a été préparée par condensation en
milieu hydro-alcoolique de l'pxindol-G-sulfonique avec l'a-anilide de
l'isatine. Il est à remarquer que la couleur de cette indirubine est moins
profonde que celle de son isomère 5 sulfoné.
Le sel disodique de l'acide isoindigo-tj.ô'-disulfonique s'obtient, en ciis-
taux grenat, par condensation des sels de sodium des acides oxindol et
isatine-6-sulfonique en milieu aqueux, en présence d'une trace d'acide
sulfurique concentré.
CHIMIE ORGAMQUE. — Préparation (l''arnines fhènolicjues mixtes secondaires
et tertiaires. Noie (-) de MM. A. Mailhe et F. de Godon, transmise par
M. Paul Sabatier.
Nous avons montré, antérieurement ('), qu'il était possible de préparer
d'une manière commode et simple les aminés phénoliques mixtes secon-
daires et tertiaires de l'aniline et des bases homologues, toluidines et xyll-
dines, ainsi que des naphtylamines, par catalyse de ces bases en présence
d'alcool méthylique.
(') A. lliEYKR et Knoi'P, Liebigs Annalcn, t. IVO, p. 3;.
(-) Séance du 3p mai 1921.
(^) A. Mailhe et de Gonox, Comptes rendus, l. IGG, 1918, p. 467 et ofi^.
l/jlH ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous nous sommes proposé d'étendre la réaction à FélliyUnion de ces
bases, en utilisant comme catalyseur l'alumine qui était chauffée à des
températures \oisines de 35o''-38o°. La bonne marche de la réaction était
indiquée encore dans ce cas, par le faible dégagement d'éthylène, ce qui
indiquait que l'alcool échappait à la déshydratation éthyiénique; mais il
s'i'st formé copcndant uni' certaine quantité d'éther ordinaire, qui a pu
être isolé dans toutes les opérations que nous allons indiquer.
Uaniline a été mélangée à deux fois son volume d'alcool ordinaire à gV'.
Los vapeurs du liquide ainsi obtenu, dirigées sur l'alumine, fournissent un
produit qui se sépare en deux couches : l'inférieure, formée d'eau-alcool et
d'oxyde d'élhyle; la supérieure, constituée parmi liquide légèrement jaune
qui a été soumis à la rectification. Après enlèvement de léther, le thermo-
mètre est monté tout d'un coup à iqS" et de i()5" à 204°, il distille un
mélange d'aniline non transformée et de base éthylce. Dès que le liquide
condensé ne donnait plus de combinaison solide avec l'acide sulfuriquo
dilué, on a recueilli les bases éthylées, formées par un mélange de monoélhvl-
aniline et de diéthylaniline. C'est surtout la base secondaire C'H^ÎNIl C^H'
qui a pris naissance, ainsi que le montre l'étude de la nitrosation du pro-
duit obtenu. La fraction de liquide qui a distillé entre i95"-284" a été
mélangée à une nouvelle quantité d'alcool ordinaire, pour subir une
nouvelle action du catalyseur, afin d'éthyler complètement l'aniline.
Celle-ci n'a été transformée d'une manière totale en aminé secondaire
mélangée d'un peu d'aminé tertiaire, qu'après trois passages sur l'alumine.
On voit que la formation des anilines éthylées est hion moins aisée (|ue
celle des anilines méihylées, puisque dans les inèines conditions et avec
moins d'alcool niéthylique, nous étions arrivés du premier coup à la trans-
lormation inlégrale de l'aniline en mono et diméthylanilines.
Les Irois tohddines n'ont pas éprouvé la même résistance (jiie l'aniline à
l'éthylation. La Iransl'ormation en un mélange de monoinélliylloluidine et
de diélhylloluidine a été presque complète du premier coup. Il a suffi d'un
second passage des premières fraclions, mélangées à une nouvelle (pianlilé
d'alcool, pour avoir une éthylaiion totale des Irois bases primaires.
Les .rvlidines r,Q sont encore mieux comportées que les toluidines vis-à-vis
de l'alcool ordinaire. La métaxylidine, provenant de la réduction du nitro-
12-mélaxylène, mélangée à deux fois son volume d'alcool, a fourni sur l'alu-
mine un liquide catalysé qui s'est séparé en deux couches. La supérieure
a donné après dislillalion un mélange à'él/iylmêlaxylidine cl de diélliyl-
nirld.iYlidiin', hnuillant de 216" à 223". L'orl/ioxylidine et la pnraxylidirir
SÉANCE DU 6 JUIN I921. 1419
sont éj^alcment changées en bases élhylées. Un seul passage du mélange de
la base primaire avec deux lois son volume d'alcool, sur le catalyseur, a
suffi pour la faire dis])araîlre et la changer totalement en un mélange de
bases monoéthylée et diéthylée.
Les naphtylamincs a et fi, mélangées pour les dissoudre complètement
à un grand excès d'alcool ordinaire, l'ournissent du premier coup un
mélange à^étln'l et de diètlivlnaphtylamines. La transiormalion intégrale
des naphtylamincs en bases éthylées a été efîectuée dans un seul passage
sur le catalyseur.
Enfin nous avons essayé l'alcoylation de la dipliènylami ne . Celle base
secondaire se change eu présence de méthanol en mélhyldiphènylomine,
(C'''H'*)-.\ .CH'', bouillant à 282°, et au contact d'alcool éthylique, en
èthyldiphénylamine, (C°H"^)- . N . C-H*, qui bout à i%']°-i'6()". Dans chaque
cas, la transformation de la hase primitive en aminé tertiaire a été totale.
On voit que notre méthode catalytique de préparation des aminés phé-
noliques mixtes secondaires et tertiaires s'applique facilement à la prépa-
ration des bases éthylées.
.MLNÉRALOGIIC. — Sur la paliinénte du Vésuve et les minéraux
qui V accompagnent. Note ( ') de M. F'ÉRRrccio Zamhoxixi.
Sous le nom de pabniérite, M. A. Lacroix a décrit en ifjo'j un nouveau
minéral des fumerolles à haute température de l'éruption vésuvienne
commencée le G avril 1906 : il constitue de petites lamelles à contour
hexagonal, très biréfringentes, uniaxes et optiquement négatives, mais la
véritable composition et la forme cristaline de ce minéral sont encore
imparfaitement connues.
En effet, de l'analyse faite par M. Pisani, sur quelques décigrammes de
matière, M. A. Lacroix a conclu (-) comme formule probable (K, JNa)- S0\
PbSO'ou 3 (K, i\a)-S()''. 1 PbSO' : Grolh a admis comme probable une
autre formule (K, Na)'^ SO'. ■:>. PbSO\ Or, il est aisé de voir que si l'analyse
de M. Pisani est exacte, la seule formule que l'on puisse en déduire est
() SO'.u'i PbO.3 (Iv, l\a)- O, c'est-à-dire que la palmiérile serait un sel
basique : la quantité trouvée de SO' est de 5,2 pour loo plus petite que
celle nécessaire pour former avec PbO, Na-0 et K'O des sulfates neutres.
(' ) Séance du () mai i<)2i.
(-) Comptes rendus, t. lii, 1907, p. iSg.
l420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
De mon côté, j'ai pu mesurer un très petit cristal de palmiérite isolé dos
matériaux d'une fumerolle de la lave de 1868, dans lesquels A. Scacchi
avait trouvé une quantité notable de sulfate de plomb : mon cristal pré-
sentait la combinaison de la base avec un prisme hexagonal et un rhom-
boèdre incliné sur la base de 55°, ">. Ce rhomboèdre est très voisin de celui
que l'on prend comme fondamental dans l'aplithitalite, et je fus conduit
à penser que la palmiérite devait posséder des relations intimes avec
l'aphthitalite.
J'ai retrouvé la palmiérite dans des échantillons des produits formés
récemment sur les laves des petits cônes qui s'élèvent sur le fond du
cratère du Vésuve. M. Malladra, qui les a recueillis le 8 juin 1919, a
bien voulu m'en confier l'étude.
La palmiérite est bienrhomboédrique, comme je l'avais trouvé en 1910, et
ses formes cristallines peuvent être rapportées à une forme primitive très
voisine de celle de l'aphtliitalite; mais on obtient des symboles un peu plus
simples, si l'on prend pour c une valeur trois fois plus grande, c'est-à-dire
<7 : c =: I : 3,761 (3f =: 3,8d2 dans l'iiplaliitalile ).
Dans les 'deux orientations, les formes simples observées possèdent les
symboles qui suivent :
d' . e-, (I-. jl. f\ e-. (■■>.
(Jnentalion de j ^^^^ -^ ) :$0:5o 1 IIOU; ; 3032 ; ,'3031; ; 033:2 1
I aplillutalile. \
ri -.0=1 -.3,-61. 0001: |ioTo; ;ioTa; ;ioî3; ]\oi-2: ;ioTi; ;oiT-2;
A l'exception du rhomboèdre yo, tous les autres déterminés dans la palmié-
rite ne sont pas connus dans l'aphlliilalite. ce qui montre que la structure
cristalline des deux minéraux est différente et que l'orientation plus vrai-
semblable pour la palmiérite est celle avec 0^3,761. Avec cette orien-
tation on prend comme fondamental un rhomboèdre de ii5°7', ce qui est
très rare dans les substances rhomboédriques. La combinaison a' e' de la
palmiérite est assez voisine d'un octaèdre régulier.
Les combinaisons observées dans les cristaux de palmiérite sont les sui-
vantes : 1° a' <r ; 1° a' c' ; 3° a' e' e' ; 4° a' (i i'^ '•, 5° n' c'-p. Cette dernière a été
observée dans le cristal de la lave de 1868 fjue j'ai décrit en 1910 dans ma
Mineialogid rc\ini(ina ; ]cs autres ont été trouvées dans les nouveaux cris-
taux de 1919. Dans ceux-ci, la combinaison la plus fi-éqnentc est la
deuxième.
SÉANCE DU 6 JUIN I921. ILill
Les cristaux de palmiéiite sont toujours très tabulaires suivant la base;
leur épaisseur souveiil n'arrive pas à ^^ de millimètre. Les cristaux
englobés dans raplitbitalite sont toujours très petits; ceu\ que l'on trouve
libres très faiblement attachés à la roche sont un peu plus grands et ils
forment souvent des groupements réguliers très élégants, qui ressemblent
un peu à ceux de la glace, et qui peuvent même mesurer i '""',:") à 2""" dans
leur plus grande dimension. Sur les faces de la base, l'éclat est un peu
nacré, vitreux sur celles des rhomboèdres. Les mesures sont assez bonnes.
a'e-. «'e\ a'ji. a'a-. a'c'. e^e-.
Ani^Ies : o ' n ' o ■ <i 1 o ' o '
Mesurés.... 77. 2 G5.i^ 55.3oenv. 4i- 5 65.25 37.41
Calculés 77. 2 (35. 16 55.22 4^.59 65. 16 87.42
Calculés avec lescoiisUnles
de raphtliitiilile 77-2^) 65.47 ^*'- '^ 4' -39 65.47 36.53
La palmiérite nouvelle est o|)tiquement uniaxe, négative, sans anomalies.
Par la méthode de l'immersion, j'ai trouvé co = 1,712 (pour la lumière de
sodium).
La palmiérite est décomposée par l'eau, même à froid, avec une très
grande rapidité. Des essais chimiques ont montré qu'elle est un sulfate
double de plomb et de potassium, avec très peu de sodium, comme l'avait
déjà fait M. A. Lacroix, en s'appuyant sur une ancienne expérience de
Berlliicr; j'ai préparé artificiellement la palmiérite par fusion; j'ai chaufié
pendant une heure à 1000'' un mélange de 5° K-SO", 7^,5 PbSO%
9S Na^ SO' et laissé refroidir lentement la masse fondue. J'ai obtenu ainsi
des belles lames, quelquefois à contours hexagonaux, optiquement uniaxes,
négatives, avec co = 1,71 (Na), qu'il est aisé d'isoler, en traitant la masse
refroidie avec une solution de K-SO' au 2 pour 100, et en lavant ensuite
les lames avec une solution de K'SO' au 0,4 pour 100. lùifin les lames
furent essuyées entre le papier.
L'analyse de ces lames a donné :
SO'33,62.- I^b047,48; k-0 17,53; Na-0i,3i. Somme = 99,94.
Elles répondent à la formule (K,Na )-S0' .PbSO*, puis([ue l'analyse donne
se : l'hO : K-^0 -f- Na-0 = :>. : i,oi : 0,98.
La palmiérite représente donc le composé K-Pb(S()'')-, dans le(juel une
petite partie du potassium est remplacée par le sodium; les cristaux artifi-
ciels sont formés par 90 pour 100 Iv-Pb(SO')- el 10 pour 100 Na-Pb( SO^)-.
l422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Leur densité esl 4,5o; leur volume inolêculaire io5,/|, assez voisin de celui
de l'aphiliitiilile (i^3). En dépil de ce fait et des remarquables relalions
crislailographiques doni nous avons parlé, il semble que l'aplilhilalile et la
palmiérile ne donnent pas de cristaux mixtes.
La palniiérite se Irouve dans un échaniillon eng;lobé dans laphtliilalile
blancbe. qui est accompagnée par de i'apbtliilalile pluinbo-ciipiifère (' ) el
par de la ferronatrile. Ce dernier rninéial n'avait élé rencoulié au Vésuve
qu'en i<)i 'i par M. Washinglon. Dans un aulre échantillon, la palniiérite
esl accompagnée par de l'hématile, de l'aplitliilallle, des mélanges blancs,
verdàtrcs ou un peu jaunâtres, formés en bonne pailie par de la sùlice,
avec des sulfates et, très peu de chlorures, .l'y ai trouvé aussi la jarosite,
minéral nouveau pour le Vésuve. iMifin j'ai encore renconlié la palniiérite
avec l'euchlorine.
GÉOLOGIE. — Le litige des déplacements de lignes de rivage devant le
phénomène d' équidé formation. ISote de M. Ucmiecx, présentée par
M. IJourgeois.
Lorsqu'il s'agit d'interpréter les déplacements des lignes de rivage,
deux doctrines opposées se heurtent : l'une veut que les terres restent
immobiles et que ce soit le niveau des mers qui bouge, l'autre regarde
celui-ci comme fixe et les terres comme affectées de soulèvements ou
d'aflaisseinents. Les points de départ de l'une et de l'autre sont arbitraires,
car l'observation ne peut constater que des déplacements relatifs; chacune,
dans ce phénomène à deux variables, nie a priori la variabilité que l'autre
admet. De plus. Tune comme l'autre attiibuenL ces propriétés à une zone
superficielle dont elles laissent l'amplitude verticale indéterminée, et sans
se préoccuper de ce que les événements morpbogéniqucs dont celte zone
est le siège sont en liaison nécessaire avec ce qui se passe au-dessous, la
mobilité des terres avec le fait de la déformation générale du sphéroïde, le
niveau de l'océan avec la conformation que celle-ci donne au vase océa-
nique.
( ' ) .le montrerai dans un Mémoii'e plus détaillé que l'aplitliilalite piumljo-cupiiféie,
([ui s'est formée aussi au Vésuve en 1870 et dans queliiues autres occasions, conslitue
des cristaux liomogénes, et aussi des systèmes disperses solides. Au-dessus d'uue
certaine température, ces derniers se changent en cristaux homogènes : pendant le
refroidissement, on observe généralement des phénomènes de réarrangement, mais
il peut se faire qu'ils arrivent à l'état homogène jusqu'à la temjièralure ordinaire.
SÉANCE DU 6 Jl h\ 1921. 1/42J
Le principe il^équidéformatiun permet, cl permet seul, de rapporler les
deux variables à un même lernio de couiparaison qui soit indépendanl du
pliénomèue de la déformation, à savoir la surface du niveau d'èrpiidéforma-
tion. Car celle-ci représente à toute époque ce que serait devenu l'équini-
veau lilhospliérique original s'il avait pu se contracter uniformément à la
demande du nouveau rayon. La déformation a obvié à ce qu'il ne le
pouvait pas, en faisant passer de dessous au-dessus de lui une certaine por-
tion de la matière lithosphérique; d'où la conception morphologique d'un
déblai et d'un remblai équivolumes, moyennant substitution de la notion
de volume à celle de masse ('). Dès lors, ce qu'on observe, c'est la diffé-
rence algébrique de deux déplacements verticaux absolus rapportés à une
origine identique dans le temps : déplacement du niveau libre des mers,
forcément mondial; déplacements régionaux, théoriquement susceptibles
d'être mondialement uniformes, des repères continentaux (lignes de rivage
et systèmes de terrasses alluviales).
Associé à rbypcjlhèse inéluctable de la constance du volume des mers,
le principe d'équidéformation veut qu'acre toute variation infiniment petite
du niveau marin dans un sens coexiste une variation du moyen relief (rapporté
au niveau d'équidéformation) en sens contraire, et réciproquement.
Ainsi tout changement de forme du vase océanique a poui' effets :
1° Suivant ce qu'il est, descente (ou montée) absolue mondiale — M du
niveau libre;
2° Corrélativement, montée (ou descente) absolue du moyen relief,
assujettie à maintenir l'égalité des volumes déblai et remblai;
3" Suivant la façon dont il infléchit les formes déclives du bloc remblai
dans ses parties basses subaériennes ou néritiques, déplacements absolus
régionaux et de sens non nécessairement uniformes T', T", . . . des repères
continentaux.
Le seul moyen d'arriver à connaître les valeurs numériques des deux
premiers de ces effets serait de construire et de comparer à leur niveau
d'é([uidéformation les courbes géhypsographiques des deux époques. C'est
impossible quant au passé, quasi impraticable quant à l'avenir. Force est
d'en prendre son parti : tout ce dont on dispose, ce sont les résultats d'ob-
servation M H- T' , M -+- T", ....
(') C'est celle substitution d'une équivalence géométrique à une équivalence
cliimico-thermo-mécanique qui rend le problème de la déformation terrestre abor-
dable en première approximation par une loi simple {Comptes rendus, 23 juin kjio
et 14 février 1931).
1^24
ACADEMIE DES SCIENCES.
S'ils ne présentent [las une valeur numérique uniforiuc, c'est que T',
T", ... sont dilTérents; et celle conslalation suffit à prouver la réalité Je
déplacements rcrlicaiix relatifs entre les voussoirs régionaux.
Si M -+- T' = M 4- T' = . . . , c'est-à-dire si l'observation constate que, par
i'\eniple, les systèmes de terrasses sont mondialement parallèles, c'est que
T', T", ... ont une valeur uniforme ï. Laquelle"? Impossible de la savoir,
pas plus d'ailleurs que celle de M. Supposer nulle soit l'une, soit l'autre,
comme le font les géologues, est purement arbitraire. Tout ce (|ui est licite
de conclure des observations, c'est l'uniformité de T. Sa possibilité
esl-elle susceptible de se concevoir, et comment"?
De même que pour éludier l'évolution du dynamisme terrestre (Co/tip/rs
rendus, il\ février 1921), transportons sur la s])hère le schéma géhypsogra-
phique, mais cette fois sans ré([uiniveler. La calotte océani<|ue ollie le profil
d'une sorte de gobelet éi bords moins renflés que la sphère d' écjuidè formation
où il s'insère, sur lequel la calotte continentale repose et s'emboîte à la façon
d'un couvercle. Or ce couvercle, sur presque toute son étendue, sauf au
centre, à partir de la crête sous-marine | — a,, environ : voir Comptes rendus,
ï\ juin ("^ juillet) 191 3] de sa paroi plongeante, épouse de très prés la sphère
du niveati libre prolongée. Ainsi conformée actuellement, ce schéma montre
que, aux temps géologiques récents, toute cause, même régionale, de con-
traction du gobelet, a dû, en vertu du principe d'équidéformation, tendre
à soulever la portion tabulaire du couvercle et, ce, pres(pic parallèlement
vu sa (piasi-sphéricité.
Si l'on repasse du schéma au détail di's formes réelles (juil intègre, et
SÉANCE DU 6 jriN I921. l^lCi
qu'on réflécliisse ([u'il s'est agi d'absorber un surplus de volume en respec-
tant la suranipleur corticale survenue, on voit que d'un point à l'autre les
variations d'amplitude d'un tel soulèvement ont dû être très faibles, sauf
exceptions régionales : car pour une même surampleur^ un même accrois-
sement de volume comporte des déplacements verticaux d'autant moindres
que le rapport de l'ampleur superficielle à la dénivelée correspondante est
plus grand, et il était très grand, vu la conformation tabulaire d'ensemble,
11 y a donc lieu de s'attendre à ce que Ton constate, non une uniforniité
mondiale rigoureuse de T', 'V", ..., mais plutôt leur presque uniformité
habituelle; à celle-ci d'ailleurs les incertitudes d'observation pourraient
donner une certaine apparence d'uniformité réelle, illusion dont divers
épisodes régionaux ou locaux plus intenses du phénomène souligneraient
probablement par places le caractère véritable.
La méthode géhypsographique ne peut raisonner que sur les intégrales
des faits concrets. Mais elle doit à cela des facultés de généralisation et une
puissance d'abstraction qui la font propre à projeter des lumièies et à
suggérer des directives. La fécondité du principe d'équidéfonnation suffi-
rait à le prouver.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Relie f littoral et plateformes fluviales.
Note de M. Jovax Cvmu';, présentée par M. Pierre Termier.
Il est peu de régions de la Terre où l'ancien relief littoral soit aussi bien
développé et^onservé qu'à la limite méridionale du bassin pannonicn. Un
certain nombre de conditions ont favorisé son maintien.
La régression des mets iiéogènes n'a pas été suivie de transgressions;
donc, le relief littoral créé par les régressions successives n'a été ni anéanti
ni comblé par des transgressions ultérieures et leurs sédimentations.
Une grande partie des rivages n'a pas été alfeclée par des mouvements,
tectoniques récents, d'âge pliocène ou diluvial, susceptibles de bouleverser
les reliefs littoraux élaborés antérieurement.
Les glaciers quaternaires n'ont pas atteint le niveau du relief littoral
comme [)ar exemple sur le plateau suisse entre Alpes et Jura.
Cependant le relief littoral n'est pas également conservé dans toutes les
portions méridionales du bassin pannonien. C'est dans la Serbie d'avant 191 2
qu'il l'est le mieux. Il s'y observe de la gorge de Grdelica (Morava méri-
dionale) au sud de iNisch jusqu'à Belgrade, sur aôo'^'" en ligne droite. A
C. R., igai, I" Semestre. (T. 17Î, N° 23.) Io5
l/|26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'ouest de cette ligne, la zone qu'il occupe est moins large, car les montagnes
dinariques se rapprochent de la plaine pannonienne. Néanmoins elle
atteint iJo*"" de largeur entre Cajetina près d'Uzice et Belgrade. A l'est
de la Morava, dans toute la Serbie orientale, le relief lilloral prédomine;
ici, dans certains anciens bassins lacustres d'âge pliocène, il est aussi intact
que si le lac venait de se retirer.
Le relief littoral est aussi développé dans la Bulgarie septentrionale au
nord des Balkans. La plateforme dite de la Bulgarie du Nord, inclinée des
Balkans vers le Danube, oflVe eu l'espèce l'exemple d'une série de terrasses
d'abrasion reliées en une plateforme sous une épaisseur considérable de
lœss à certains endroits. Enfouies dans cette couverture, les formes du
relief littoral sont cachées en beaucoup de points.
Il est hors de doute que, dans la plastique do la Valachie et de la Mol-
davie, le relief littoral est de grande importance : j'ai vu en beaucoup
d'endroits de Munténie des falaises et des terrasses d'abrasion.
Cependant à l'ouest de la Serbie, quoique les couches pliocènes aient
été constatées par-ci par-lâ presque jusqu'à Ogulin, à l'ouest de Zagreb,
les traits du relief littoral sont beaucoup moins bien conservés. Déjà le long
de la Drina, au-dessous de Gucevo près de Loznica, les terrasses d'abrasion
sont fortement inclinées par suite de mouvements tectoniques. Aux environs
de Tuzla en Bosnie, les plissements s'étendent aux couches du Levantin.
En Slavonie, surtout dans le bassin de Pozega où j'ai cherché les traits du
relief littoral, les couches néogènes les plus récentes sont redressées presque
verticalement. Le même cas se présente dans les couches néiigènes à Jaska
au-dessous de Plesevica en Croatie.
Bien que j'aie observé le relief littoral dans toutes les régions meiilionnées,
j el'ai particulièrement étudié en détail en partant de la lisière du bassin
pannonique à Belgrade et en allant vers le Sud jusqu'aux hautes montagnes
dinariques, car c'est là qu'il est le mieux conservé, en Chumadija au sens le
plus large.
L'objet de ces études était :
1° D'identifier les séries successives du relief littoral, les anciennes ter-
rasses d'abrasion et les anciens rivages, souvent développés en forme de
falaises ;
2" De découvrir les relations (|ui existent entre chaque groupe de formes
littorales et les formes fluviales corres|)i)ndaules formées en même temps :
plateformes d'origine fluviale, phases du creusement successif des vallées et
leurs terrasses.
SÉANCE DU 6 JUIN I921. l427
Les reliefs Uuoraux. — Dans la région mentionnée plus haut, on constate
huit séries de reliefs littoraux, c'est-à-dire de terrasses d'abrasion, avec
leurs rivages ou falaises qui s'étendent successivement les unes au-dessus
des autres. Elles partent de l'altitude absolue de 1 10"' à 120'° à Belgrade et
s'élèvent jusqu'à 960" au sud d'Uzice. Je les ai désignées d'après les régions
ou les lieux où elles sont le plus développées. Ce sont, en commençant par
la plus élevée :
k. Plateforme de Mackat, au-de?sii'< d'Uzice à environ 960'".
B. Plateforme de Vlelaljka entre Uzice el Kosjeric à 780'".
C. Plateforme de Brezovac, d'après le village de Brezovac au-dessus de Vencac, au
centre de la Sumadija, à environ 600"'.
D. Plateforme de Kacer, d'après la région de Kacer à 4i""'"420™.
h;. Plateforme de Bipaiij, d'après le village de Ripanj à 20'"° ou vi^'^ de Belgrade,
à 3 i()°'-33o™.
F. Plateforme de Pinosava, d'après le village de Pinosava près de Belgrade à ■.310'"-
3:|0"'.
G. Plateforme de Belgrade, développée sur la croupe entre Save et Danube; la
limite inférieure de cette terrasse d'abrasion est à la hauteur de 120" à 140"'. Au-dessous
d'elle on remarque une rupture de pente qui correspond au rivage à la hauteur de
1 10" à 120™, stade dit de Biilbul Dere ( H. ).
L'examen des détails a permis d'établir que ces sept ou huit plateformes
ne sont autre chose que des terrasses d'abrasion de la mer ou des lacs panno-
niens d'âge pliocène qui se sont retirés en huit temps et ont marqué leur em-
preinte par des traits de relief littoral.
Voici les caractères principaux de ces plateforuies :
Elles sont séparées l'une de l'autre par des ruptures de pente douce ou
par des abrupts qui en beaucoup d'endroits ont la forme de falaises. Près de
Belgrade, les rivages sont tranchés dans les calcaires crétacés ou dans les
calcaires de Leitha et du Sarmatien. Ils sont clairement indiqués. Sur les
rivages se trouvent des cailloutis et des graviers littoraux; en s'éloigfiant de
la côte commencent les argiles du Pontien, les marnes et les sables.
Dans toute la région ces rivages et falaises sont perpendiculaires au cours
des rivières, donc sans aucune relation avec l'érosion fluviale.
Les terrasses d'abrasion sont souvent recouvertes de sédiments avec fossiles
du Pontien. C'est en parliculier le cas au centre de la Sumadija entre Kra-
gujevac et Gorni Milanovac,
C'est donc une région typique de relief fossile lacustre et marin.
1428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PAI.ÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Découverte d' une flore wealdienne dans les
environs dWvesnes (Nord). Note de M. A. Cakpextier, présentée par
M. Gaston Bonnier.
Au sad-est d'Avesnes (Nord), Jules Gosselet a indiqué sur la carte géo-
logique, feuille de Rocroi, des aflleuremeiits de sables et d'argiles (Aachénieii,
Civ). En l'absence de fossiles il était impossible d'en préciser l'âge. Deux
exploitations, entreprises pour extraire des sables el des argiles à poteries,
nous ont fourni récemment une série d'empreintes végétales en bon état de
conservation.
L'un de ces gisements est situé au flanc de la butte de Monifaux, à l'ouest
du territoire de Glageon. On y a découvert, sous une couclie d'argile glau-
conieuse de 0", 75, environ 6" de sables et grès quarizeux ferrugineux
avec lits minces d'argiles à slralificalion entre-croisée. L'autre gisement se
trouve près la halle de Féron-Glageoii, au lieudit « la Tape-Jean » ; c'est
une poche dans le calcaire frasnien. Au-dessus de quelques mètres de sables,
de grès ferrugineux avec passages argileux, on exploite actuellement de la
terre à poteries sous une épaisseur de i"\8o; plusieurs lits sont fossilifères.
Les grès ferrugineux contiennent aussi par places des déliris végétaux.
La flore est en majeure partie constituée par des Fougères el des Gymno-
spermes :
FiLiCALES ET PLANTES FiLicoïDES : Sagenopleris MantelU (Dunker); Sphenopleris
Cor(^a« Sclienli, rare; Gleichenites sp., fertile, commun; Hausmannia dicliolomn
Dunker, rare ; Weichselin Manicl/i (Hrongl.) Seward (' ), assez rare; cf. Tœniopleris
nov. sp.
GiNK(iOALES : GiiiAgoites pliuipiirlila {Schim^er)Se\\aid. assez rare ('); fragments
d'inllorescences mâles.
CoNiFERALES : Splicnolepidiii m Kurrianiim (Dunker) Seward, commun (^); Ela-
tides cun.if()lia (Dunk.) Seward ; tous deux fertiles.
Il faudra ajouter à celte liste plusieurs Fougères à l'étude, des organes
isolés (feuilles, écailles, cônes de Cycadnles ou de Coni/erales), dont l'attri-
bution reste à déterminer.
(') A.-C. Seward, CaCaloguc nf Ihe nicsozoic plants in ihc lirilish Musci/ni (Tht
Wealden Flora, I, 191^! P- l'-'i)-
(^) A.-C. Shward, f'ossil planls, vol. 4, 1919, p- 27.
(') A.-C. Sevvakd, Fossil plants, vol. 4, 1919, p. 364-
SÉANCE DU 6 JUIN 192I. lf\2()
Parmi nos empreintes, celles de Gleicheniles et de Sp/ienolepidium sont
les plus abondantes. Les quelques folioles, trouvées jusqu'ici, du Weicliselia
Mantclli paraissent avoir été tlottées et amenées d'une localité plus lointaine
que les i'rondes de Gleicheniles .
Conclusions. — La flore recueillie à Féron-Glageon est d'âge wealdien,
car elle ofl're plusieurs des espèces caractéristiques des dépôts wealdiens
d'Europe, d'après les études de M. Seward.
La fréquence de certains Coniferahs et des Fougères est un trait commun
de cette flore et de la flore wealdienne de l'Allemagne du Nord, que Schenk
a bien fait connaître ('). La prédominance des Fougères la rapproche de la
flore de Bernissart (Belgique), analysée par MM. Bommer et Seward (-).
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les systèmes nuageux.
Note de M. Ph. Schereschewskv, présentée par M. R. Bourgeois.
L'étude des aspects du ciel nous a conduit à envisager une notion nouvelle
qui est celle des « systèmes nuageux ».
On a cherché pendant longtemps à rattacher les divers aspects du ciel aux
particularités topographiques des cartes d'isobares. Ces eff'orts ont été
vains. En réalité, il faut commencer par étudier les rapports des nuages
entre eux, rapports des nuages existant à un même instant dans tout l'es-
pace, et rapports des nuages se succédant dans le temps en un même lieu.
On n'envisagera qu'ensuite les relations des nuages avec la pression atmo-
sphérique. Encore faut-il se garder de rapporter exclusivement comme on
l'a fait les nuages aux formes isobariques.
1° Moyens d'étude. — Il a été nécessaire de perfectionner l'instrument
d'étude des aspects du ciel.
a. Le réseau international des stations d'observation d'avant-guerre était
beaucoup trop espacé. Ses mailles laissaient échapper des phénomènes
caractéristiques de l'évolution nuageuse et ne saisissaient qu'un aspect, le
plus souvent grossier et trompeur. 11 a fallu d'une manière générale tripler
ou quadrupler le nombre des stations d'observations. L'expérience nous a
conduit à prendre au moins une station pour i5ooo'"°\
(') A.. Schenk, Bei/ragc ziir Flora der VoïKvelt {J'aUcoiilogiapInca, t. 19, 66 pages,
22 planches).
(^) A.-C. Seward. La flore svealdienne de Bernissart {Mém. Musée Royal Hisl.
JVat. de Belgique, t. 1, 1900, 33 pages 4 planches). — C. Bommer, Contribution à
l'étude du genre Weichselia {Bull. Soc. Boy. Bot. Belg., t. W, 1910, p. 296).
l43o ACAIJÉMIE DES SCIENCES.
h. I^a classificHtion internalionale créée il y a un quart de siècle est
devenue 1res insuffisfiute, tant au point de vue théorique qu'au point do
vue pratique. Il a fallu en augmenter iH en modifier les termes. Un tel
travail sera naturellement sujet à une révision constante au fur et à mesure
que se perfectionnera l'étude des nuages.
2° Définition des systèmes nuagcii.v. — l^'étude du ciel se fait au moyen
des cartes de nébulosité dont on complète les indications par un examen
minutieux du ciel dans une station centrale. Les cartes de nébulosité
s'obtiennent en traçant d'abord, à l'emplacement de chaque station, un
signe conventionnel représentant l'état du ciel et les groupant ensuite
dans des courbes spéciales.
Sur des cartes de nébulosité à réseau serré on peut faire les remarques
suivantes :
I^es aspects du ciel dans des lieux voisins ne sont |)as indépendants. Par
exemple, les points où il tombe simultanément de la pluie (et sous ce terme
il faut se garder de comprendre les averses ou les bruines) couvrent des
aires géographiques de forme généralement allongée. De plus, ces zones
de pluie sont bordées d'un côté par une bande assez étroite où le ciel est
couvert mais élevé; de l'autre, elles touchent à une région étendue où
l'aspect du ciel est très varié : les averses et les lambeaux de ciel couvert
y voisinent avec des éclaircies où la visibilité est excellente. A l'une des
extrémités de l'aire pluvieuse on trouve des nuages plus bas, peu pluvieux
et accompagnés de brume.
Si la carte synoptique figure une portion assez vaste de terre, on peut
retrouvera quelque distance des ensembles analogues de zones pluvieuses
précédées par des portions de ciel élevé et suivies par un ciel bigarré.
En examinant une carte de nébulosité tracée quelques heures plus tard,
on retrouve les mêmes ensembles, lueurs parties occupent les mêmes posi-
tions relatives, mais le système complexe qu'elles constituent a subi géné-
ralement un déplacement d'ensemble. On est ainsi amené à attribuer une
individualité à ces entités constituées par les ensembles de ciel couvert, de
pluie et de ciel bigarré. Elles font partie de celles que nous désignons sous
le nom de systèmes nuageux.
Une étude plus détaillée montre qu'il existe un autre type de système
nuageux. Il se compose de diverses variétés de ciel couvert et reste presque
immobile. Déplus, on peut observer la transformation des systèmes mobiles
en systèmes fixes.
En résumé, si l'on envisage les étals nuageux obserAés à un même instant
dans toutes les stations européennes, on peut y constituer un petit nombre
SÉANCE DU 6 lUIN 192I. 14^1
d'ensembles dits syslémes nuageux : hyslèmes mobiles, systèmes fixes ou
types de transition. Dans les intervalles de ces systèmes, le ciel est soit pur,
soit traversé de cirrus ou de cumulus de beau temps. Nous allons indiquer
maintenant, très sommairement, les propriétés des systèmes nuageux.
3° Description générale. — Un système nuageux mobile comprend une
nappe généralement allongée d'altitude moyenne (alto-stratus) qui se meut
perpendiculairement à l'allongement. Des cirrus et cirro-stratus ta pré-
cèdent. Des lambeaux d'alto-stratus la suivent. Des fracto-cumulus et des
fracto-nimbus courent au-dessus d'elle. Les lambeaux d'alto-stralus
dominent souvent des cumulo-nimbus. Des strato-cumulus et des cumulus
bourgeonnants suivent ces lambeaux.
Les systèmes fixes sont plus symétriques : ils se composent d'un ciel cou-
vert bas au centre, couvert haut sur les bords.
4° Aspects successifs du ciel en an même point . — Si les systèmes nuageux
mobiles passent au-dessus d'une station, on y observera successivement leurs
différentes parties et l'histoire du ciel dans la station sera pour ainsi dire la
coupe dans le temps des systèmes qui auront passé au zénith. Ces observa-
tions locales sont à l'étude des systèmes ce que la courbe du baromètre en
une station est à l'étude des cartes d'isobares. Bien que très insuffisantes elles
ne sont pas sans intérêt et elles ont conduit à la notion de succession nua-
geuse, cas très particulier du concept que nous exposons ici.
5" Les différents types de systèmes nuageux. — Nous distinguons des
variétés de systèmes mobiles d'après la nature de leurs nuages d'altitude
moyenne. Chacun d'eux se rattache à un trait caractéristique de la climato-
logie de la France. Ce sont : les systèmes dépressionnaires, les systèmes
à alto-cumulus, les systèmes orageux.
Le premier type, correspond aux grandes tempêtes, le deuxième corres-
pond au temps brumeux et le dernier aux orages. On observe naturelle-
ment des types de transition.
G" En résumé., les nombreux états du ciel observés à un même instant sur
une vaste étendue géographique se groupent autour d'un petit nombre
d'entités dites systèmes nuageux; ces systèmes nuageux doivent constituer
un concept nouveau et essentiel de la météorologie dynamique. Dans l'in-
tervalle de ces systèmes on ne rencontre d'autres nuages que quelques
cirrus errants et des cumulus de beau temps.
l432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉTÉOROLOGli: . — Influence du relief et de l èchaulJetnenl du sol
sur les renls de surface. Note de M. Octave Menuel, présentée par
M. R. Bourgeois.
La Note de M. Guilberl (') sur le rùle exclusif an vent de surface dans
la commande des variations de la pression barométrique, rôle dont je ne
conteste pas la valeur, m'incite à formuler quelques réserves sur l'emploi du
complexe dénommé rent de surface.
J'attirerai spécialement l'attention sur le régime de ce vent dans'lrois sta-
tions de l'extrémité orientale des Pyrénées : Perpignan (Sa"), Saint-
Féliu-de-Guiscols (20'") et Mont-Louis (iGoo'"). Les deux premières
situées sur le littoral, de part et d'autre de la chaîne, se trouvent englobées
dans la même zone de variations barométriques, en tant que soumises au
même régime de hautes pressions, continentales en hiver et maritimes en
été, avec régime de transition, également accusé pour l'une et pour l'autre,
en automne et au printemps. La station de Mont-Louis (M. Cave) placée
dans l'axe même de la chaîne n'est pas suffisamment éloignée des deux
autres pour qu'on puisse la regarder comme soumise à un régime général
notablement dilTérenl.
Or, je viens, par un calcul de moyennes portant sur les vingt dernières
années, pour les deux stations françaises, et en m'aidant des nombres
donnés par M. Patscot pour la station espagnole, de dresser sur une carte
de la région, un graphique permettant la comparaison immédiate du régime
et de l'amplitude des variations diurne et saisonnière de la direction du vent
(le seul facteur que je considère ici) dans les trois stations.
Le graphique de Mont-Louis révèle deux particularités curitMises. D'une
part, la rotation saisonnière du vent de midi dans le sens des aiguilles d'une
montre, d'autre part la rotation diurne du vent d'été en sens contraire du
déplacement du Soleil : le matin il souffle de l'W (remontant la vallée du
Sègre); à midi du SE (remontant la vallée de la Tet); le soir du N-NE
(remontant la haute vallée, vallée de l'Aude).
L'influence de la lopogiaphie et de l'exposition est ici de toute é\ idence.
Elle peut tout aussi bien donner les raisons des autres particularités sui-
vantes. Dans les trois stations, le vent du matin a une direction d'entre
(') Comptes renn'i/s, I. 172, 1921, p. à'i".
SÉANCE DU 6 JUIN I921. l433
W \\\ à N\\ . Celui du uillleu du jour est [)ar conlre notablement did'érent
comme régime et direction, et c'est là un des résultats les plus instructifs de
cette petite étude. Au\ stations de plaine, les directions sont sensiblement
symétriques par rapport à Taxe de la chaîne : N à NE à IVrpignan, S
à SK à Saint-Féliu-de-(iuiscols; fait que la pratique de la navigation à
voile, au droit du cap de Creus, a dévoilé depuis longtemps aux marins.
Les aéronautes ont déjà dû s'apercevoir également de cette particularité;
et qui sait si les récents naufrages de l'air qui se sont produits au passage
de l'extrémité de la chaîne ne seraient, en partie, imputables aux tour-
billons locaux qui résultent de la transition plus ou moins brusque entre
ces doux régimes? H y aura lieu d'en tenir compte dans la discussion du
projet du camp d'aviation des Pyrénées-Orientales. Dans tous les cas
l'exploration de l'atmosphère par des sondages aériens s'impose au-dessus
des Albères, du col du Perthus au cap de Creus.
A Perpignan le vent du soir, comme celui de la nuit et du matin, souflle
du NW. A Saint-Féliu, il rétrograde simplement vers l'W par rapport à
celui du milieu du jour, pour sauter pendant la nuit au N-NW . A Mont-
Louis il se trouve directement opposé à celui de Saint-Féliu.
Conclusions. — De l'aperçu qui précède il semble résulter qu'en un lieu
donné le vent de surface, qu'on peut dénommer le vent géographique, est la
résultante de deux composantes : l'une dépendant de la position relative
des aires de hautes et basses pressions par rapport à la station, c'est le vent
barométrique ; l'autre intimement liée à la topographie, c'est le i^ent topo-
graphique (brise, vent de vallée, etc.). La première seule de ces compo-
santes, à mon sens, est à utiliser dans l'application des règles de M. Guil-
bert, principalement pour ce qui regarde la considération des vents conver-
gents ou divergents. Dans les régions à topographie offrant de grands
contrastes d'altitude, d'exposition et d'échaulTement, l'influence de la
composante topographique est prédominante. C'est le contraire dans les
régions continentales de moyenne altitude où le vent barométrique, deve-
nant prépondérant, et par suite sensiblement égal au vent de surface, peut
théoriquement et pratiquement, conduire à la prévision du mouvement
de l'atmosphère. Dans les stations maritimes ou montagneuses, voisines
d'un relief profondément sculpté, de l'observation du veut de surface,
il faudrait pouvoir déduire de règles locales établies au préalable la
direction et la force du vent topographique. Il serait alors possible de
remonter à la valeur du vent barométrique : d'où prévision réalisable
par la méthode Guilbert.
l434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Bien que la prévision par Texanien de révolution des noyaux de varia-
tion ou par la méthode toute récente du Bureau météorologique militaire
soit d'application plus facile, parce qu'elle est plus rationnelle pour notre
région pyrénéenne, je vais essayer cependant de dégager du vent géogra-
phique à Perpignan, la composante topographique. Ce sera peut-être de
quelque intérêt pour la navigation aérienne.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur une méthode permettant F application, aux
végétaux, du procédé biochimique de recherche du glucose. Note de
MM. M. Bridei. et R. Arnold, présentée par M. L. Guignard.
Le procédé biochimique de recherche et de caractérisation du glucose a
été appliqué pour la première l'ois, en 1920, par Bourquelot et Bridei (').
Il est basé sur la propriété que possède l'émulsine de combiner, en solu-
tion alcoolique, le glucose à l'alcool qui le tient en dissolution. .lusquici, ce
procédé n'a été utilisé que pour caractéi-iser le glucose dans des mélanges
peu complexes. Le but de notre travail a été de trouver une méthode
permettant de l'appliquei' aux végétaux. Après de nombreux essais, nous
sommes arrivés à une méthode qui nous a donné satisfaction et qui est la
suivante :
On doit irailer d'abord la plante à essayer par l'alcool boiiiilanl afin de détruire les
ferments et de fixer sa coniposilion. L'extrait alcoolique ainsi obtenu est dissous dans
un volume déterminé d'eau distillée et la solution aqueuse est déféquée complètement
à l'extrait de Saturne. On essore et l'on précipite le plomb dans le liquide par l'hydro-
gène sulfuré. Le liquide, débarrassé du sulfure de plomb, est évaporé à sec, sous
pression réduite, sans dépasser -1- 5o", afin d'éviter l'action h jdroivsanle de l'acide
acétique sur les principes de l'extrait. On épuise cet extrait par l'éther acétique
liydralé qui élimine un certain nombre de produits pouvant entraver, par la ~iiite,
l'action de l'émulsine ou pouvant même fausser les résultats (glucosides).
L'extrait épuisé par l'éther acétique est traité, à plusieurs reprises, à l'ébullilion,
par l'alcool à gS"^. On doit suivre la dissolution des principes réducteuis dans l'alcool
en opérant des dosages dans chaque liquide alcoolique. Généralement, les sucres
passent dans le premier traitement et l'on peut limiter à trois le nond>re des reprises
par l'alcool à gS'. Il reste, néanmoins, loujouis un peu de produits réducteurs dans
l'extrait.
Les liqueurs alcooliques réunies sont distillées à sec, sous pression réduite, eu
présence de carbonate de calcium. L'extrait obtenu est repris, à froid, par l'alcool
(') Recherche et car actérisalion du glucose dans les vëgétau.r, par un procédé
biiichiinique nouveau {Comptes rendus, l. 170, 1920, p. 63i ).
SÉANCE DU h Jll.X 1921. l435
iiiéllivliqiie à .')o pniii- loo, Cil poids, en t|iiiintilé-- variables siii\aiiL la [noporlion de
produits réducteurs ayant passé dans l'alcool. Après liltration, le liquide est prêt pour
l'essai. On y dose les sucres réducteurs et l'on y ajoute de l'émulsine dans la propor-
tion de oK,5o pour 100'''"'. On abandonne le mélange vers -|- 20°, et on l'agile au
moins une fois par jour.
Tous les dix jours, on dose de nouveau les sucres réducteurs. S'il y a du
glucose en solution, on constate une diminution progressive de la quantité
des sucres réducteurs; puis cette diminution cesse. Cet arrêt de la réaction
n'implique pas forcément que l'équilibre est atteint. Il faut avoir recours à
plusieurs vérifications :
1° Renouvellement du ferment; 2° essai du ferment ayant agi; 3° addi-
tion de glucose.
1" Renouvellement du ferment. — On enlève, par filtration, l'émulsine
ayant agi dans le liquide et l'on remet une dose d'émulsine fraîche. Quand
le renouvellement du ferment n'amène aucun changement dans la quantité
des sucres réducteurs, c'est que l'équilibre est atteint. Généralement, on
constate que ce renouvellement provoque une reprise de la réaction, mais
peu marquée et de peu de durée.
Cette seconde addition de ferment suffit pour atteindre l'équilibre.
Toutefois, il a fallu, dans certains cas, procéder à de nombreux renouvelle-
ments du ferment dont l'aclion était paralysée dès les premiers jours de
contact et qui ne donnait lieu qu'à des synthèses faibles.
2° Essai du ferment ayant agi. — L'émulsine qu'on a recueillie par
filtration est lavée à l'alcool à pS'' et séchée à l'air. On l'essaie sur une
solution de glucose à 2 pour 100 dans l'alcool méthylique à 5o pour roo.
On suit la marche de la réaction au polarimètre.
De cet essai on peut tirer les conclusions suivantes : Une émulsine,
retirée d'un milieu où la diminution des sucres réducteurs était arrêtée ou
nulle, et gardant à l'essai une vitalité très appréciable, donnait la preuve
que l'équilibre était atteint dans le milieu ou qu'il n'y existait pas de glucose.
Une émulsine dont la vitalité était nulle ou très fortement amoindrie
indiquait que dans le milieu où elle avait agi il fallait renouveler fré-
quemment le ferment.
3" Addition de glucose. — Quand on suppose la réaction terminée, on
provoque une reprise de cette réaction par dissolution, dans le liquide,
d'une quantité connue de glucose qui doit se combiner dans les proportions
prévues (69 pour 100).
Mais la preuve irréfutable de la présence du glucose n'en reste pas moins
l4'^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
IVxtraction du mélhylglucosidc [i formé dans la réaction, et son oblontion
à l'état cristallisé. En efl'i-t, l'émulsinc des amandes renferme toujours à côté
de la giucosidase [î une certaine quantité de galactosidase [ï qui, dans les
condilions de l'cxpérienco, peut L'onibiner, à l'alcool méthylique, une faible
propoitioM de galactose, si ce sucre existe. Le pouvoir rotatoire du uiéthyl-
glucoside ]!J étant de a,, = — 32°, 5 et celui du mélhylgalactoside [ï étant
pratiquement nul (a,, = — o°,4i9), il est facile de distinguer ces deux
produits l'un de l'autre.
Pour extraire le produit de la réaction, on évaporera à sec, sous pression
réduite, le liquide de l'essai et l'on épuisera l'extrait pai- l'étlier acétique
hydraté et bouillant qui s'emparera du glucoside. Par concentration
convenable de l'élher acétique ou par reprise à l'alcool à qS*^ du résidu
d'éva])oration de l'élher acétique, le méthylglucoside [3 se séparera à l'état
cristallisé. On en déterminera le pouvoir rotatoire. Si la quantité obtenue
est trop faible pour faire celle détermination, le méthylglucoside [3 peut
être caractérisé, au microscope, par la forme de ses cristaux.
BOTANIQUE. — La détermination bol (inique des haricots exotiques.
Noie de M. NtiUVEiv Tiiasu Giu.\<;, présentée par M. Gaston
Bonnier.
On cultive et l'on consomme dans les pays tropicaux les plus divers ces
très petits haricots, le plus souvent verts, que les botanistes réunissent
ordinairement sous le seul nom général de Phasrolus Munf^o. Linné, cepen-
dant, avait admis deux espèces : Pliaseolus Mitngo et l'hascolus radiatus.
Roxburgh, ultérieurement, ajouta une troisième espèce, le Pliaseolus
aurcus. Mais c'est la très grande ressemblance que présentent, comme
forme et comme dimensions, toutes ces graines, qui fit considérer les trois
termes comme synonymes. Plus récemment seulement, en I9i4) M- Piper,
du Déparlement de l'Agriculture de Washington, révisant ces Pliaseolus,
a rétabli, à côté de l'espèce Pli. Miingo, l'espèce Pli. aureus Uoxb., et il
regarde le Pliaseolus radiatus L. comme l'ancêtre de ce Pli. aureus.
Il n'en reste pas moins difficile de distinguer trois sortes de graines aussi
voisines lorsque, dans les collections notamment, elles ne sont pas accom-
pagnées, ce qui est h- cas le plus fréquent, des autres parties de la plante.
Or, au cours d'une étude d'ensemble sur les téguments séminaux des
Légumineuses, nous avons eu l'occasion de constater que la structure de
SÉANCE DU 6 Jl IN 1921. lV^7
ces téguments offre, en général, d'une espèce à l'autre, de sensibles difl'é-
reiices, et nous avons, dès lors, cherché à reconnaître si, d'après des carac-
tères de cet ordre, nous ne pourrions pas séparer les graines de Ph. Mungo
et de Ph. aureiis.
Grâce à l'obligeance du Département de l'Agriculture de Washington,
qui nous a envoyé des échantillons types, d'authenticité bien incontestable,
puisqu'ils proviennent du Laboratoire où ces Phaseolus ont été étudiés,
nous avons pu constater que cette distinction est possible.
Tout d'abord, les téguments séminaux des deux Phaseolus Mungo e\ aureus
se séparent nettement des téguments des Phaseolus vulgaris et multijlorus
par le nombre des couches qui les constituent, et qui est de trois, au lieu
de cinq. D'autre part, les téguments de certains autres Phaseolus, tels que
le Ph. calcaratus, ont bien également trois couches, mais l'assise sous-
épiderniique est très différente.
Dans le tégument de la graine de Phaseolus Mungo, nous trouvons, de
l'extérieur vers l'intérieur :
1° Une assise épidermique formée de cellules dont la cavité cellulaire,
qui contient une matière verte, est en forme de massue, cette cavité, très
étroite supérieurement, devenant très large au contact de l'assise sous-
épidermique ;
2° Une assise sous-épidermique, dont les cellules, qui contiennent encore
une matière verte, sont en forme d'haltères à extrémités égales, ces cellules
laissant toutes régulièrement entre elle des méats hexagonaux;
3° Un parenchyme à cellules à parois minces, allongées tangentiellemenl,
celles des dernières assises étant très aplaties.
Dans le Phaseolus aureus, le nombre des couches est encore de trois, mais
les cellules de l'assise sous-épidermique, tout en présentant encore im
étranglement médian, ne sont plus aussi nettement en haltères, car les
parois latérales des cellules sont plus régulièrement concaves au lieu d'être
presque droites dans la partie rentrante. Les méats, par conséquent, en
section transversale, sont vaguement ovales et n'ont plus, comme dans le
Ph. Mungo, la forme d'un hexagone radialement allongé. Enfin la présence
de ces méats n'est plus aussi constante que dans le Ph. Mungo; ces méats,
cà et là, peuvent disparaître.
Nous basant sur ces caractères distinctifs, il nous a été possible de déter-
miner de nombreuses graines provenant soit du Musée Colonial de Marseille,
soit d'autres musées ou jardins. Avec les lots ainsi établis nous avons été
alors amené, en comparant les graines des deux catégories, à reconnaître
l438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que, en général, celles de la première {Ph. Mungo) ont un tégument vert
noirâtre, plus ou moins piqueté de jaune orangé, avec hile un peu saillant,
tandis que, dans celles de la seconde catégorie {Ph. aui-eus), le tégument est
plus uniformément vert, avec un hile non ou à peine proéminent.
Ajoutons en particulier que le dau xanh, ou haricot vert^ d"Indo-( Ihine
appartient bien, par les caractères do son tégument séminal, comme Font
déjà reconnu morphologiquement M. Merill et M. Chevalier, au Ph. aureits.
INous avons trouvé dans un lot du Tonkin la structure caractéristique de
cette espèce.
En même temps que toutes ces constatations confirment le bion-fondé de
la séparation établie par M. Piper, elles nous montrent le parti que l'on
peut tirer, dans certains cas difficiles ou douteux, de cette constitution ana-
tomique du tégument séminal pour la détermination et le classement des
graines de Légumineuses.
BOTANIQUE. — Sur les Graphidècs corlicoks. Note de M. G. Bioket,
présentée par M. Gaston Bonnier.
Les Lichens, de la famille des Graphidées, caractérisés par une apothécie
à croissance linéaire, ou lirelle. sont pres(|ue exclusivement représentés en
France par des lypes corticoles. La plupart des espèces, distribuées entre
les trois principaux genres Grapfiis, Opegraplia, Art/ioriia, se rencontrent sur
les écorces lisses; leur appareil végétatif, ou thalle, dit hypophlénde, se
confond plus ou moins avec les couches externes du substraluni.
La structure très simple de ce thalle n'a été l'objet f(ue de rares et
fragmentaires recherches de laboratoire; les relations du thalle avec le
substratum, riiitlucnce de l'écorce sur l'allure du thalle et de la lirelle ont
été de même presque complètement laissées de côté. Par ailleurs, les
auteurs systématiques ont multiplié, d'après les caractères extérieurs, les
noms d'espèces, de sous-espèces et de variétés.
J'ai été amené à me demander : d'une part, si le thalle, même très
simple, d'un Lichen hypophléode. tel qu'un Graphis, ne présentait pas
quelque caractère anatomique permettant de différencier une espèce d'une
espèce voisine, et, d'autre part, si les nombreuses espèces, sous-espèces ou
variétés des auteurs systématiques ne devaient pas leurs particularités à la
nature spéciale du substratum. Je résumerai ici les principaux faits qui
SÉANCE DU 6 JUIX 1921. I.'j39
ressortenlde ces recherches : j'ai l'inlention de les détailler et de les illustrer
par des dessins dans nn Mémoire prochain.
Le premier fait qui frappe, quand on étudie la structure d un Lichen
hypophléode, vivant sur une écorce lisse, c'est que le thalle tout entier est
renfermé dans les couches du liège : le phcUodcrme sous-jacent apparaît
comme impénétrable.
Eu second lieu, il est claii , comme l'avail déjà montré Lindau, que les
éléments du thalle, hyphes et gouidies, ne s'établissent pas dans le substra-
tum grâce à des actions perforantes ou dissolvantes : leur pénétration et
leur extension dépendent de déchirures ou de décollements dus à la
croissance de l'arbre ou à leur propre prolifération.
Il résulte de ces deux premiers faits que la profondeur de pénétration des
éléments du Lichen, et par consét[uent l'épaisseur du thalle, dépendent, en
grande partie, de la structure du substratum. Dans un liège tabulaire, à
parois tangentielles modérément épaisses et bien alignées, à parois normales
minces, on rencontre le maximum de pénétration et de régularité dans la
distribution : les fissures longitudinales des couches extérieures, produites
par l'épaississement de l'arbre, ouvrent aux éléments du thalle l'accès des
cellules du liège; en s'y multipliant, ces éléments provo(|uent l'étirement et
la rupture des cloisons normales, trop minces pour résister à la traction; le
liège est ainsi débité en feuillets, constitués par les parois tangentielles
restant adhérentes entre elles; entre ces feuillets s'étageni les éléments du
Lichen. Dans un liège mou, à parois tangentielles non alignées et de même
épaisseur que les parois normales, la résistance à la traction est plus grande
et la désorganisation irrégulière : en conséquence, la pénétration des élé-
ments du Lichen est moins profonde, et leur distribution moins régulière.
Le minimum de pénétration et de régularité de distribution est réalisé sur
les écorces rugueuses où les tissus phellodermi([ues ou ligneux sont mis
à nu.
La même espèce de Graphis peut donc présenter de grandes variations
de thalle, suivant l'écorce où elle végète : l'épaisseur du thalle peut varier
du simple au triple, par exemple.
Pour des raisons semblables, la forme extérieure de la tache lichénique
est sous la dépendance étroite des détails anatomiques du liège. Sur une
écorce lisse, cette forme est d'ordinaire celle d'une ellipse à grand axe
horizontal. Les auteurs qui ont cherché l'explication de ce fait l'ont
attribuée simplement à la croissance en épaisseur de l'arbre : celui-ci ne
s'accroissant que dans une direction, la tache lichénique est étirée dans
l44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
cette même direction. L'explication est certainement insuffisante : pour une
espèce donnée de Graphis, le rapport des axes de l'ellipse varie considéra-
blement avec les diverses écorces : il peut être voisin de i sur l'Erable et
atteindre lo sur le Cerisier, et la variation de ce rapport n'a aucune relation
avec la rapidité de croissance en épaisseur de l'arbre; mais les cellules de
liège de FKrable sont presque isodiamétriques, tandis que celles du Cerisier
sont dix fois plus longues dans la direction horizontale que dans la direction
verticale : la pénétration des éléments du Lichen dépendant de déchirures
el de décollements, l'extension est dix fois plus rapide dans la direction
où les obstacles, constitués par les cloisons, sont dix fois moins nom-
breuses.
La même explication vaut pour la lirelle. Celle-ci s'accroît seulement
par son extrémité et le point d'accroissement est enfoncé dans l'écorce :
dans un liège à cellules isodiamétriques, la direction de la lirelle est
quelconque et la lirelle est sinueuse; sur le Cerisier, au contraire, toutes
les lirelles sont droites, parallèles entre elles et parallèles au grand axe de
la tache Hellénique, qui marque la direction de moindre résistance du
liège. Les espèces ou variétés créées par les auteurs, d'après des caractères
semblables, Graphis recta, parallela, Opegrapha Cerasi\ ... ne sont donc pas
autre chose que des formes slationnelles.
Quand la tache lichénique est jeune et l'écorce assez facilement péné-
trable, les éléments du Lichen sont complètement recouverts pai' des
travées de liège, le thalle est lisse; mais avec l'âge, surtout sur un subs-
tratum peu pénétrable, les éléments se multipliant sur place font éclater
tôt ou tard la couche recouvrante de liège : les parties externes du Lichen
sont ainsi mises à nu. Le thalle, de lisse qu'il était, devient plus ou moins
pulvérulent. On a créé, sur de semblables caractères, des variétés /JM/i^rvu-
lenla, qui n'ont pas d'autre signification que celle de formes dues à l'âge et
au substratuni. Le Graphis abi etina ^ichar., décrit par les auteurs comme
épiphléode, n'est de même qu'une forme de Graphis scrinta, dont le thalle
est pulvérulent du fait que les couches externes du liège d'Epicéa sont
friables et se réduisent en miettes.
La variation considérable que subit le thalle d'une (iraphidée du fait de
l'écorce rend délicate la comparaison de deux thalles d'espèces difi'érentes :
pour établir cette comparaison, il faut éliminer l'inlluence du substratum
et s'adresser à des écorces aussi identiques que possible et même à une seule
écorce : c'est la méthode que j'ai suivie pour étudier l'anatomie comparée
des espèces de Graphis. Même dans un appareil végétatif aussi simple que
SÉANCE DU 6 .UJIN 1921. ïl^l^I
celui d'un Gni/t/u's, il est possible de déceler des caractères spécifiques,
maiiiués surtout dans Tallure de la couclie à gonidies : tandis, par exemple,
que chez G. .vc/7/>/(7 les gonidies sont distribuées dans toute l'épaisseur du
tiialle, chez G. dendrillca, elles forment un cordon presque superficiel,
au-dessous duquel s'étend une large méduUe, constituée exclusivement par
des hyphes.
CYTOLOGIE. — Fausse et vraie inyogénèsc chez les Copépodes pélagiques.
Erreur due à la méconnaissance de péridiiiiens parasites cœlomiques. Note
de M. EoorARn Ciiatton.
Dans un Mémoire de belle ampleur et abondamment illustré, paru
en 1912, Théodore Morofi"(') a décrit un mode de foi^mation du tissu mus-
culaire chez divers Copépodes pélagiques, dont la connaissance était de
nature à révolutionner les notions classiques relatives à la myogénèse. Il y
donnait en outre une importante extension à la doctrine chromidiale, selon
laquelle peuvent se former de la substance du noyau entier, ou préalable-
ment résolu en nébuleuse, les organes les plus divers et les plus complexes
de la cellule : no3'aux des gamètes chez les protozoaires (Schaudinn, Gold-
schmidt et toute leur école), trichocystes des ciliés (Tonniges), cnido-
cystes des coelentérés (Moroff), etc.
Voici brièvement résumés les faits relatés j)ar Moroflf. Cliez les jeunes Coj)épocles
pélagiques {Paracalanus parvus, Centropages lypicus, C. Krôyeri), même chez
les nauplius, il existe, à côté des muscles déjà formés, un tissu embiyonnaire myo-
gène qui, lout d'abord localisé au contact du tube digestif, eu une masse spliériquc
pluriaucléée, prolifère activement et se répand progressivement dans toute la cavité
générale. A. tous les stades de son développement ce tissu niyogène est syncjtial.
Ses noyaux diftèrent de ceux, des autres tissus du Gopépode. Au repos leur cliro-
maline est divisée en lins granules entourant un nucléole central. Mais cet état est
rare et la plupart d'entre eux sont en division. Les granules sont alors rangés en (iles
convergeant vers un centre.
Celui-ci se dédouble et les iiles de granuk'-s forment un fuseau qui linit par se couper
en son milieu.
L'auteur souligue l'analogie frappante ([ue présentent ces figures avec celles qu'il a
lui-même décrites chez les Aggregala {cocciA'uti).
(') Cylo-hislugeneLm-he Sludien, 2. Veber die Enhvickelung des Muskelgewebes
bei Cruslaceen (Zool. Ja/irbiic/ier, Aht. /'. An. u. Onlog., t. 31, p. 55ç)-62().
pi. 39-il).
C. R., 191 1, I" Semestre. (T. \n, N» 23.)
106
l442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au terme de celle inulliplicalion nucléaire, ce tissu embryonnaire cjui leinplil toute
la cavité générale esl prêt à si; muer en muscles. Chose inallendue : certaines de ces
parties peuvent aussi se diderencier en ovules, que l'on voit inclus dans le syncyliuni.
Les fibrilles musculaires se dillérencienl, soil directement aux dépens des noyaux,
par arraniçemenl de leurs (îles de granules en disques, soit avec interposil'on d'un stade
cliromidial résultant de la dispersion des granules dans loul le plasma environnant.
Cette métamorphose est si précipitée (|ue les images en sont très rares dans les prépa-
lions. Elle est cependant totale; elle porte sur tous les noyaux du svncytiuin embrvoi]"
naire, et il ne s'en trouve plus aucun dans la masse musculaire qui en résulte.
Si lu description et les figures de Moroff peuvent ne point suffire à con-
vaincre les cytologistes de la réalité de celle myogénèse, elles sont jtourtanl
assez fidèles pour me permettre d'affirmer qu'elles se rapportent toutes,
non au développement d'un tissu propre aux Copépodes, mais à l'évolution
dans leur cœlome de plasmodes de péridiniens parasites, les Syndinium que
j'ai fait connaître ici même en 1910 ('), et dont j'ai donné l'étude détaillée
en 1919(0-
Le jeune syncytiuiii embryonnaire accolé au tube digestif n'est autre ([ue le jeune
plasmode, tel que je l'a! figuré dans ma monographie. La structure et le mode decinèse
de ses noyaux ne laissent aucun doute quant à sa nature --yiidinienne. L'envahissement
total de la cavité générale du Copépode esl la conséquence constante, fatale, de la pro-
lifération du parasite. La présence de fibres musculaires el d'ovules dans le plasmode
s'expll([ue par l'infillration de celui-ci dans tous les interstices des tissus el par la désa-
grégation qu'il détermine dans leur masse.
Là où MorofT voit la transformation du plasmode en muscles, se place dans la réalité
sa résolution en spores. Loin de diffuser, la chromaline se condense, les granules se
lassent, les files deviennent des filaments, des chromosomes très nets, qui s'agencent en
candélabres à dix branches, (jue j'ai figurés. Chacun de ces noyaux esl le centre de
formation d'une spore gvmnodinienne. Moroll lui-même a assisté, à son insu, au début
de ce phénomène. La figure qu'il donne d'un Copépode plein du plasmode, correspond
au stade d'individualisation des spores, reconnaissable à l'orienlalion des noyaux en
files.
Après la mise en liberté de ces sj)Ores, le Copépode est mort, il est rèduil à un sac
de chitine. Toute celle évolution a été déjà relatée en détail dans ma Note de 1910.
Je ne veux point analyser ici toutes les causes de l'erreur commise, ni
(') Sur Texislcnce de dirioflageltés parasites cœlomiques. Les Svndinium cliez les
Copépodes liélai^uiiies {Comptes rendus, t. 102, 1861, p. 65/(-656).
(') Les péridiniens parasites. Morphologie, reproduction, étiiologie {Archiies de
Zool. expér. et gén,, t. 59, p. 1-473, pi. 1-18).
SÉANCE DU 6 ,iri,\ 1921. 1443
exposer les raisons de ne point s'égarer, ([iic l'auteur aurait [)u trouver dans
ses [)réparatioiis nicnies. On me permettra cependant deux coinnientaircs :
f'un de méthode, l'autre de doctrine.
Si l'auteur n'avait mis en œuvre du matériel fixé, sans l'avoir préala-
blement étudié sur le vif, la sporulation des plasmodes ne lui aurait point
échappé. Ne lui aurait point échappé non plus cet objet exceptionnellement
favorable à l'étude de l'histogenèse musculaire qu'est entre sa quatrième et
sa cinquième mue, le mâle du Paracalanus pan'us, de Tune des espèces
mêmes qu'il a étudiées.
II se produit chez lui à ce moment, en relation avec la maturation de ses
produits génitaux, une prolifération de son tissu musculaire telle que
celui-ci envahit en très peu de temps toutela cavité générale, et [)rovoque
la régression du tul)e digestif. C'est un phénomène de même ordre que celui
que l'on observe dans l'épitoquie des annélides polychètes. Je l'ai signalé
brièvement dans mon Mémoire de igi») comme cause possible d'erreur
dans l'élude des parasites de la cavité générale des Copépodes pélagiques.
MorolTl'a ignoré. Aucune partie de son étude ne peut s'y rapporter.
Le Mémoire de Moroff participe d'un ensemble de travaux qui ont tiré
leur origine de la doctrine chromidiale et qui n'ont eu comme raison d'être
que sa vérification, ce qui n'en est point à mes yeux une justification. Issue
d'observations exactes, d'une signification très précise, mais par là même
très limitée, la notion de chromidies (R. Hertwig) fut ensuite inconsi-
dérément étendue. De par la nature même de son objet, qui est le contraire
de toute structure définie, elle a introduit en cytologie et en prolistologie
une tolérance technique et critique tell? qu'une image défectueuse dans une
préparation insuffisante, une lacune documentaire, une faute de contrôle
peuvent donner l'illusion d'une découverte.
HISTOLOGIE. — Sur un prélcndu tissu interstitiel dans le testicule des
Batraciens Urodèles. Note de M. Charles Pérez, présentée par M. L.-F.
Ilenneguy.
Dans une Note récente (') M. (Christian Champy étudie le cycle
saisonnier d'un tissu prétendu interstitiel dans le testicule des Tritons;
(') Coinplea rendus, t. iTl, 1921, p. 48'..
l/,4'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'auteur renvoie à un travail antérieur ('), où il a signalé robservation de
ces éléments endocrines comme une découverte originale.
Je crois utile de faire remar(juer que, dès 190^, j'ai, par une Communi-
cation à la Société de Biologie ('), à la fois fait connaître l'existence de ce
tissu particulier, et décrit son mode de genèse, qui permet de dclinir sa
signification morphologique,
Le testicule des Batraciens Urodèles est conlitué, comme on sait, non de
tubes séminifères, mais de lobules globuleux appelés cystes, séparés les
uns des autres par de minces travées conjonctives, et délimités chacun par
une couche enveloppante, de signification folliculaire, à l'intérieur de
laquelle se fait l'évolution des cellules sexuelles. Après la période génitale,
toute une région du testicule subit un processus d'atrophie particulier, que
la captivité et le jeûne peuvent rendre plus manifeste, et qui consiste essen-
tiellement en une phagocytose du contenu spermatique de certains cysles
par les cellules de l'enveloppe folliculaire. Celles-ci se gonflent vers la cavité
du cyste, qu'elles envahissent peu à peu, en englobant les spermatozoïdes
pelotonnés sur eux-mêmes par une sorte d'agglutination; tout d'abord
parfaitement reconnaissables, les spermatozoïdes sont peu à peu fragmentés,
puis désagrégés.
On peut observer, par exemple, des vésicules prenant les colorants plas-
matiques qui, comme une ampoule soufflée sur un tube de verre, s'inter-
calent sur le trajet d'un lilament chromatique représentant un tronçon de
tête, ou se renflant comme une tète d'épingle à l'extrémité de ce tronçon.
Ce sont évidemment là des signes de digestion intra-cellulaire; et cette
digestion des spermatozoïdes donne naissance aux inclusions diverses,
lipoïdes, grasses, etc. qu'on observe dans le tissu phagocytaire, qui peu à
peu se substitue au cyste résorbé. Dans les stades avancés de cette atrophie,
les cystes résorbés, considérablement réduits de taille, bouri'és de graisse,
ont en effet un aspect de glande close, qui pourrait en imposer à un obser-
vateur non prévenu; mais il suffit d'avoir suivi pas à pas les étapes delà
iransformalion pour être bien convaincu qu'il s'agit uniquement là d'un
tissu dérivant directement de l'enveloppe folliculaire des cysles, et dont la
signification morphologique est par suite clairement définie. On peut
(') C. li. Soc. Hiol., t. 7'i, 1913, p. m-.
(') Cii. Pérez, Résorplion phagocytaire dex spcrmalozoïdi'n chez les Triloiix
(C. n. Soc. iSiol.. t. 56, 190',, p. 7S3).
SÉANCE DU 6 JUIN 1921. l445
d'iiilleiirs parfois déeeli-r encore par-ci par-là une inclusion clironiatique,
sous formr d'un filament pelotonné, fragment de spermatozoïde non encore
digéré et (pii marque indubitablement l'origine du tissu. Ultérieurement
CCS lobules bourrés de réserves sont colonisés par de nouvelles spermato-
gonies primitives, à noyau lobé polymorphe, qui donneront, à leur place,
naissance à de nouveaux cystes, en voie d'évolution progressive.
On voit que, par sa genèse, le ti-^su d'aspect endocrine du irsticule des
Urodèles fait en réalité partie intégrante du cycle évolutif de la partie
germinale de la glande sexuelle; il n'a donc rien de commun avec le tissu
que, dans le testicule dos Mammifères, on a appelé interstitiel parce qu'il
est précisément insinué dans les intervalles des tubes séminifères. L'em-
ploi d'une même désignation pour deux formations morphologiquement si
dilTéientes me parait ne pouvoir entraîner que des confusions regrettables.
PHYSIOLOGIE. — Foi(\ plasma sanguin et sucre protèidique.
Note de MM. II. lîiERKvctF. Uathery, présentée par M. E. Roux.
Les travaux de Cl. Bernard ont non seulement mis en lumière une fonc-
tion remarquable du foie qui est de fabriquer le sucre, mais ont révélé un
rôle capital du sang qui est de contenir et de transporter ce sucre, dont la
présence se maintient à travers les régimes et jusque dans l'inanition elle-
même.
he ghTogène représentait, pour Cl. Bernard, la seule forme sous laquelle
les hydrates de carbone s'incorporent aux tissus, et était par suite la source
unique du glucose sanguin. Cependant, à divers étals, chez l'animal — ina-
nition prolongée, diabète — le glycogène du foie, en particulier, peut faire
totalement défaut, alors que le sang peut conserver une teneur élevée en
glucose. Il y a là un point encore obscur qui nous a engagé à vérifier une
hypothèse, soulevée autrefois par Pavy, concernant un apport en sucre
possible par les albumines liématiques.
Les recherches relatives à l'élaboration ou à la disparition des matières
sucrée», dans les divers organe^ de l'économie, doivent reposer sur une
détermination exacte de ces substances, dans le plasma, à l'entrée et à la
sortie de l'organe. Or, on ne considère généralement qu'une substance
liydrocarbonée, le sucre libre; il existe cependant une deuxième forme de la
matière sucrée dans le plasma, ainsi qu'il ressort des recherches de l'un de
l446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous avec L. Fandard, puis avec A. liane, qui peut être égalo ou nettement
supérieure en quantité à la première, 4e sacre prolèidl que ; de sorte que si
l'on veut faire l'inventaire des matières liydrocarhonc(^s du sang, il faut éva-
luer non seulciiienl le sucre libre, mais encore le sucre proléidiquc
De ce point de vue nouveau, nous avons tout d'abord entrepris l'élude
du plasma sanguin à l'entrée et à la sortie du foie. Nous avons dans de pre-
mières recherches comparé, en ce qui concerne la teneur en sucre, le plasma
sus-hépatique aux plasuias de la veine porte, de la veine fémorale et au
plasma artériel, et nous avons constaté, touchant le plasma sus-hépatique,
d'une part une teneur plus grande en sucre libre, et d'autre part une teneur
plus faible en sucre protéidique, par rapport aux autres plasmas prélevés
simultanément. C'est ainsi que si les chilTres du sucre libre et du sucre pro-
téidique des diversplasmasoscillentrespectivemont autour de i*-' pour looo""'
de ces plasmas, le taux du sucre libre du plasma sus-hépatique correspon-
dant dépasse 2», tandis que le taux du sucre protéidique peut descendre
jus([u'à o', 35 par litre.
Nous avons été amenés à penser qu'il y a, au niveau du foie, un remanie-
ment du plasma sanguin et une mise en liberté du sucre protéidique. \\n
efTet, les difTérences constatées sont au moins de l'ordre de grandeur de
celles, trouvées par Chauveau, entre le sucre du sang artériel se rendant au
muscle et celui du sang veineux correspondant.
Voulant serrer le problème de plus près, nous avons dosé concurrem-
ment dans les divers plasmas : l'eau, le sucre libre, le sucre protéidique
et les albumines, l^tant donné que le sucre protéidique entre dans la consti-
tution moléculaire des albumines du plasma, il nous a semblé cpie le
rapport de ce sucre protéidique à la teneur en azote de ces protéines :
N proléidinue N,.
-r-î .. ,. ' — ou -=!- ,
^5 proleidique b,,
teneur qui sert à évaluer globalement ces substances, serait particulière-
ment instructif dans celte étude des divers plasmas.
E.vjji'ricnces. — Nous avons opéré sur de très gros chiens ( ■.î5''S à 3o''s) à jeun
depuis a.'i ou 48 heures. Les animaux étaient aneslhésiés dans la plus stricte limite;
on faisTil alors une laparotomie. On prélevait très rapidement et simullanément, le
matériel étant préparé d'avance et les intestins maintenus par des compresses chaudes,
du sang à la veine fémorale, à la mésenlérique supérieure, el à une veine sus-hépa-
ti(|ue. DeuK ligatures placées au dernier moment, l'une en amont, l'autre en aval des
veines sii>liépatif[ufîs. permellaieiit d'éviter un relliix du sang du cœur droit, des
SÉANCE DU 6 JUIN 1921. 144?
veines (llapliiai;inali(nie'. el Je la veine cave inférieure. On s'assurait à l'iuilopsie
(|ue les ligatures avaient bien été opérantes.
Le sang, reçu au sortir des vaisseaux dans le Ihiorure de i\a était centrifugé immé-
diatement. On évaluait ensuite l'eau, le sucre libre, le sucre proléidique (par des
méthodes déjà décrites par l'un de nous el L. Fandard) et les protéines. Les dosages
d'a/.ote étaient faits par la méthode de Kjeldhal (destruction en présence de SO*Cu
et SO'K'; distillation de l'ammoniaque à l'appareil de Schlœsing).
Résultats. — Voici, rapportés à 1000'''"'' d'eau, quelques résultats concernant les
N
plasmas sus-hépatique et porte, et relatifs au sucre protéidique el au rapport -^ :
Pliisiua
SUS-
hépali
que
Plasma
porl(
pour 100()>
"■'
' d'e;
au.
po
ur lOOO--
nv' cl',
'au.
Sucro
N;,
Sucre
"n^,
prolciaiq
|ue.
S,,
pi
;-olciflique.
S,,"
8
0,37
i3,3
I
s
.22
7-3
0,9.3
1 1
I
,23
8,2
0.61
i3,5
I
. 10
8,3
Chien n° 2
— n» .3
— n" 6
Conclusions . — De ces recherches, concernant la teneur en eau, en sucre
libre, en sucre protéidique, en protéines, en azote protéique, et le rap-
port-^^ des divers plasmas : sus-hépatique, porte, etc., nous nous croyons
autorisés à conclure que le plasma sanguin subit dans le foie un remanie-
mont qualitatif et quantitatif, et qu'il se fait, en particulier dans cet organe,
une libération de sucre aux dépens des protéiques plasmatiques. Ktant
donnée la circulation intense qui se fait à travers le foie (des centaines de
litres de sang pax 24 heures), une mise en liberté de sucre, de l'ordre
signalé, doit avoir un grand retentissement pour l'organisme.
Il y a là, croyons-nous, une fonction importante du foie qui n'avait pas
encore été signalée.
PHYSIOLOGIE. — Tapis roulant pour F élude de la marche el du travail.
Note de M. J.-P. Langlois. présentée par M. Charles Richet.
Le tapis roulant que nous avons installé est un perfectionnement de
l'appareil établi par Bénédict dans le laboratoire de Washington. Sa
construction est moins onéreuse, il peut donner des vitesses variant de
gkm ^ 26'"" à l'heure, el surtout il est susceptible d'offi^r une pente variable
permettant l'étude de la montée et de la descente à des vitesses différentes.
'448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il consisie e>senliellemeiU imi iiii iapi> de cuii' san> lin, entiainé par un moleur.
silon le système des lapis roulanl> des grands magasins, a\ec toutefois la diflerence
que ce lapis glisse en sens contraire de la inarclie, ayant pour but, non d"aider la pic-
gression de ceux qui l'utilisent, mais bien de maintenir en place un sujet qui marclie.
La longueur totale du tapis est de 8'" et sa largeur de Go"" ; il est tendu entre deu\
poulies de bois de 52™ de diamètre, l'une fixe, l'autre folle, distantes de 3'",i8 d'axe
en axe; sa longueur utilisable est de 2'",8o environ, ce qui permet d'y faire marcher
deux hommes portant un brancard. La tension du tapis est réglable au moyen de deux
VIS qui agissent sur la poulie folle pour l'écarter ou la rapprocher de l'autre. Kntre les
deux poulies, le lapis glisse sur un plancher de chêne soigneusement poli et talqué,
qui remplace les rouleaux en tubes d'acier de l'appareil de Bénédicl. La poulie lixe
est calée sur un arbre qu'entraîne le moleur par l'inlermédiaire d'un réducteur de
vitesse. Le tout est naturellement solidement encastré dans un bâti métallique en fer
à T entretoisé.
L'inclinaison variable de tout l'ensemble con>litue un imj.orlanl perl'ectionnemenl.
L'arbre sur lequel est calée la poulie lixe dépasse le bâti et es4. monté sur deux palieis
scellés dans le sol; c'est autour de cet arbre qu'oscillera tout l'appareil quand on
élèvera l'autre extrémité. Le système élévatoire est simple : deux fortes chaînes sont
boulonnées sur l'extrémité du bâti et passent sur les pignons d'un treuil scellé dans le
mur ,3"" plus haut. Au bout de chaque chaîne pend un contrepoids de 8o'-s^ qui
contre-balance en partie le poids de l'appareil soulevé. L'extrémité mobile du bâti
porte un gros ergot qui glisse dans un fer en II servant de guiile. L'appareil, même
levé, conserve donc une stabilité parfaite.
L'inclinaison maxima peut atteindre 35'^"' par mètre; l'adhérence du pied sur le
lapis est, ù ce moment, à peine suffisante pour maintenir le sujet. Le mouvement est
donné par un moteur électrique de 5 III*. Ne disposant du courant monophasé de
42 périodes sous 110 volts de tension, il était très difficile de modifier considérable-
ment la vitesse d'un moteur. On a dû recourir, pour obtenir les variations de vitesse
nécessaires, au décalage des balais. Ce dispositif présente un grave inconvénient : on
est obligé de partir en grande vitesse et de i-alenlir peu à peu jusqu'à la vitesse voulue.
Deux petites ban(|uettes, fixées sur le bâti à droite et à gauche du tapis, permettent
au sujet de ne commencer à marcher qu'au moment où la vitesse convenable est
atteinte. Enfin un dispositif de sécurité permet d'arrêter instaulanémenl l'appareil tn
tirant en arrière la rampe droite qui agit sur un disjoncteur.
Un ventilateur disposé à l'avant ou à l'arrière du marcheur permet, d'autre part,
d'atténuer les erreurs dues au déplacement de l'air et d'étudier l'intlueuoe de la \ ilesse
du vent sur les réactions du sujet.
Pour éludier les échanges fespiraloircs, le sujel porle un iiiiis(]iie Tissot
modifié, conimuiiiquaiit avec un spiroiiièlie eniei;islreur, récliaulillonnage
se faisant en dérivalion.
[.a pression artérielle est prise pendant la marche avec loscillographe de
l*aclion contrôlé par des mesures au Riva Rocci cl an Vaquez. La tempéra-
SÉANCE DU 6 .iriN 1921. 1^49
liire sera observée avec une sonde tlicrnio-électriquc donl le réglagf n'esl
pas lenniiié.
L'objection la plus grave qui ail clé faite à ces appareils est que le sujet
niarchaiil sur le tapis ne progresse pas et surtout ne monte pas, si le lapis
est incliné, il n'y a pas déplacemeni d'un poini à un autre. Cette objeclion
peut être réfutée par le calcul comme elle l'esl par l'expérience.
En vertu du principe d'inertie, on ne change rien aux forces d'un système
si l'on ajoute à l'ensemble de ce système un mouvement de Iranslalion à
vitesse constante, c"osl-à-dire un mouvement correspondant à l'équation
X= \ -{-ht. donl la vitesse -^ = h el donl l'accéléralion 7 dérivée seconde
al '
est = G.
On a donc le droil de supposer le trottoir et son passager entraînés d'un
mouvement de translation uniforme d'ensemble, ayant pour effet d'annuler
la vitesse de la partie supérieure du trol loir sur laquelle marche le sujel ; il
en résulte que ce deinier sera entraîné précisément avec celle vitesse de
translation uniforme, c'est-à-dire que tout se passe pour lui comme s'il mar-
chait sur un Irolloir immobile en progressant réellement, avec une vitesse
uniforme, dirigée dans le sens inverse de celle qui est donnée effectivement
au tapis. Le même'raisonnemenl peut être appliqué à la montée.
Les nombreuses observations de Bénédicl en marche horizontale, les
nôtres encore peu nombreuses en marche horizontale ou avec penle de 5 à
2 ) pour 100, démontrent que les résultats obtenus concordent avec ceux
des observateurs travaillant en marche sur piste fixe. Et même les obser-
vations du professeur Waller, les premières faites sur cet appareil, indiquent
un chiffre de dépense plus élevé que sur piste fixe, mais ceci s'explique
facilement, les premières marches sur le tapis roulant surprennent le mar-
cheur, qui a bes )in d'une adaptation.
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Hémopréi'eiition et liémovacci nation
anti-aphteuses. Note de MM. H. Vallée et Carré, présentée par
M. Leclainche.
Les propriétés spécifiques du sang des Bovidés guéris de la fièvre aphteuse
ont été mises en évidence, depuis de longues années déjà, par Lôffler et
Frosch, Perroncito, Roux, Nocard, Carré et Vallée.
Ll 3 R A R Y:rc]
l45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Devant riinposslbilité d'obtenir en quantité suffisante des sérums anti-
aphteux efficaces, divers auteurs furent tout naturellement conduits à
utiliser, dans la lutte contre la redoutable épizootie, le sang ou le sérum
d'animaux guéris (Perroncito, Kuypers, Beijers, Broersma, Aukenia,
Lebailly. Deslions, etc.).
Entièrement satisfaisants pour les uns, des plus discutables pour les
autres, les résultats rapportés dans les diverses publications françaises ou
étrangères devaient être comparés, opposés entre eux, soumis aussi à un
contrôle expérimental.
Reprenant nos premiers travaux, poursuivis avec Xocard et Roux dès
1902, nous formulons aujourd'hui une opinion ferme sur la valeur de la
méthode et les conditions de son utilisation. La voici sommairement
résumée :
I. De même que les producteurs expérimentaux de divers sérums théra-
peutiques, les bovins guéris de fièvre aphteuse ne fournissent point tous,
à conditions égales d'infection, des sangs également actifs.
Il est donc nécessaire, dans le but de régulariser les résultats de l'hénio-
thérapie, d'utiliser dans la plus large mesure possible un mélange homogène
de sangs citrates empruntés, à tout un groupe d'animaux, du douzivme au
quinzième pur après l'éruption résicii/ruse. On n'utilisera dans aucun cas
le sang recueilli chez un seul convalescent, si grave qu'ait pu paraître
l'infeclion qu'il a subie. Il y a lien d'ailleurs, dans l'appréciation de la
gravité de l'évolution de la maladie, chez un malade, de ne point confondre
ce qui revient à l'infeclion proprement dite et ce qui relève de compli-
cations diverses survenues sur les lésions de sortie du virus.
II. Additionné d'un antiseptique, le sang citrate peut être conservé au
frigorifique à + i" durant au moins trois mois sans rien perdre de ses qua-
lités utiles.
III. Va\ aucun cas, la dose employée, quelle que soit l'espèce animale
traitée, ne sera inférieure à i""' de sang par kilogramme du poids vif à
protéger ( ').
IV. Les conditions ci-dessus précisées étant satisfaites, les injections de
sang citrate provenant d'animaux guéris se révèlent très régulièrement
(') Nous avons signalé déjà, en 1908, que la dose efficace de sérum provenant d'ani-
maux guéris oscille entre Son'''"' et 1000™' {Revue générale de Médecine vétérinaire,
t. 1 , ipoS, p. 3-2).
SÉANCE DU 6 Jl IN I92I. '45l
pourvues de qualités préventives entières, qui permellent aux animaux qui
en bénéficient de résister victorieusement, tant à la contamination naturelle
qu'à l'inoculation sons-cutanée de doses massives de virus aphteux (lymphe
virulente, ^ de centimètre cube; sang virulent, 5™' et 10""').
V. La durée de l'immunité conférée n'excède pas i;") jours dans lu
plupart des cas. Elle peut être prolongée de temps égaux à la faveur d'une
seconde ou d'une troisième injection effectuées dans les mêmes conditions
que la première.
VI. Seuls sont prémunis les sujets encore indemnes au moment de
l'injection préventive. Pratiquée au cours de Tincubation de la maladie,
l'injection de sang d'animaux guéris n'entrave en rien la marche de l'in-
feclion qui, cependant, évolue sous une forme d'apparence plus bénigne.
Si fructueuse que puisse être l'utilisation pratique de l'hémoprévention,
surtout pour l'infaillible conservation des jeunes sujets, elle demeure d'un
intérêt limité au regard du bénéfice qu'on peut attendre d'une méthode
susceptible de conférer aux organismes à protéger une résistance d'une
plus longue durée.
Les tentatives réalisées dans ce but par Lôffler, Nocard, Roux et nous-
mêmes, Cosco et Aguzzi, etc.. sont bien connues. La plupart d'entre elles
tendaient à des essais de séro-vaccinalion.
Nous avons repris nos recherches en ce sens en utilisant le sang issu
d'animaux guéris, diversement associé au virus aphteux, représenté soil
par des lymphes aphteuses ou des broyages d'épithéliums filtrés sur
bougie, soit, de préférence, par du sang virulent défibriné.
Sous le couvert d'une injection de sang d'animaux guéris, efTectuée dans
les conditions ci-dessus précisées, on peut impunément inoculer aux bovidés
et au mouton des doses de 1""' à 10™' de sang virulent, soit au moment
même de l'injection du sang préventif, soit 5 jours plus tard.
Les animaux ainsi traités, éprouvés (alors qu'ils ont en toute certitude
éliminé le sang par eux reçu à titre préventif) soit par contact avec des
malades, soit par aphtisation, résistent à l'infection. En dehors du labora-
toire, ils traversent sans dommage toute une épizootie sans contracter la
maladie.
Des expériences en cours établiront la durée de l'immunité ainsi con-
férée, sa valeur au regard des virus aphteux de races ou d'activités diverses,
et s'il convient de donner la préférence à l'inoculation simultanée du sang
d'animaux guéris et du virus, ou aux inoculations successives de l'un et de
l'autre.
l452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lîn exécution des décisions de la Conférence internationale pour la lutte
contre les épizooties, récemment ouverte à Paris, il nous a paru indiqué de
livrer, sans plus de délai, des conclusions qui portent sur des centaines
d'animaux, au contrôle des expérimentateurs chargés, en divers pays, de
l'élude de la fièvre aphteuse.
MKDECINE. — La chronaxie dans la dcgénércscence WuUéiienne neuro-
musculaire^ chez F howme. Nole(')de M. Giioittiiis Bouiuiii«:No\, trans-
mise par M. d'Arsonval.
L. Lapicque appelle Chronaxie le tein|is di' passage du ooui-anl nécessaire pour
obtenir le seuil de la conlraclion avec une iiileiisité double de celle qui donne le seuil
avec une ferniel^ire prolongea de courant conitaul (courant de piles ou d'aeciimu-
ialeurs) : ce seuil est appelé Rhcobase. La clironaxie caractérise l'excitabilité.
Si la résistance du ciicuit est connue, on peut mesurer la chronaxie à l'aide des
décharges de condensateurs.
A l'aide des décharges de condensateurs, j'ai réussi à mesurer la chronaxie à travers
les téguments et j'ai donné la valeur de la chronaxie normale des muscles squelelliques
de l'homme et leurs nerfs, et ses lois (-). Depuis, j'ai simplifié la technique ('). Des
recherches de contrôle avec le pistolet de Weiss ont confirmé l'exactitude de la
méthode (').
En appliquant à la dégénérescence Wallérienne neuro-musculaire la
mesure de l'excitabilité par la chronaxie, j'ai obtenu des résultats qui ont
été consignés dans le pli cacheté déposé le 9 octobre 191 G et que je viens de
faire ouvrir.
Mes recherches actuelles ont porté sur /|00 sujets, dont 33o blessés de
guerre, qui réalisaient de véritables expériences, et ont confirmé mes pre-
miers résultats.
Les lésions des nerfs périphériques s'accompagnent de dégénérescence des muscles.
Quand les muscles striés dégénèrent, leur contraeiioii, normalement \ivi'. se lalentil
et devient d'abord galvanotoui(|ue (contraction toni(|ue pindant le passage du courant
constant) avec début brusque, puis franchement lente.
(') Séance du 3o mai 192 i.
(■•) Comptes rendus, t. 1G2, igid, p. o'iO, et 1. Ki:}. içjiC), p. (\S ; lUill. Soc. Hiol.,
17 juin et !'■'' juillet 1916.
(■■') liull. Soc. fiiol., 3o avril 19^.1.
('•) G. lîouRr.uir.NOx et II. L.iii(;iER. /iii/l. Soc. Biol.. ') mars i()).i.
SÉANCE DU 6 JIIN 1921. \f\5i
On (lil ([lie l;i (li'g('iiéresc('iici' r^t tolale qiuiiul il y a incvcilaliililé |)ai' le nerf, cl
pailii'lio quaiul ro\<italioii par le ncif esl encoie possible.
I. Dés^énérescence loldle. — Lachronaxie est sensiblemeiil la inrinc quelle
que soit la région du muscle excitée et dépasse rapidement o^oi. Elle peut
atteindre o'',07. (Les chronaxies normales de l'homme sont comprises
entre o\oooi et o%ooo7 suivant les muscles.) La contraction devient lente.
IL Dégéné?-escence parlielle. — A l'état normal, la chronaxic est sensi-
blement la même sur le nerf, au point moteur du muscle (point de péné-
tration du nerf dans le muscle) et par excitation longitudinale (électrode
active placée sur le tendon ou à l'union du tendon et du muscle).
Mes expériences sur la dégénérescence partielle caractérisée (3 semaines
à 6 mois après la blessure ou le début de la maladie) par excitation avec le
pôle négatif, ont donné les l'ésultats suivants :
i" La chronaxie est différente suivant le siège de l'excitation : sur le nerf
elle reste normale ou s'élève un peu : la contraction par le nerf est vive.
Par excitation longitudinale la chronaxie est grande : la contraction est
galvanolonique avec début brusque, ou franchement lente.
Au point moteur du muscle, la chronaxie est intermédiaire aux deux
précédentes et se rapproche davantage de celle du nerf ou de celle de l'exci-
tation longitudinale, suivant la forme de la contraction.
La chronaxie de la contraction vive est normale ou légèrement
augmentée, sans jamais dépasser i5 fois la valeur normale.
La chronaxie du galvanotonus à début brusque esl toujours supérieure
à i5 fois la valeur normale et inférieure à o%oi.
La chronaxie de la contraction lente dépasse toujours 5o fois la valeur
normale (au moins o%oi) et j)eut augmenter jusqu'à o'',07.
2" Dans certains cas favorables, on peut prendre successivement, au
point moteur, la chronaxie d'une contraction vive et la chronaxie d'une
contraction lente.
3° En faisant le rapport du temps utile (temps minimum de passage du
courant donnant le seuil avec la même intensité que la fermeture du courant
continu) à la chronaxie, on trouve un rapport plus grand qu'à l'état normal.
Si au lieu de mesurer directement la chronaxie on la calcule en cher-
chant le seuil avec deux capacités différentes, grandes (i™' à 4"') on petites
(o'"*^, I à o"'', 5), on trouve une chronaxie répondant au temps utile avec les
grandes capacités, et une chronaxie répondant à la chronaxie mesurée
directement avec les petites capacités.
l454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces faits i:ioiitrent que le muscle en dégénérescence partielle n'est pas
homogène. Il n'a pas une chronaxie, mais au moins deux citronaxies, et il
est composé de fibres vives el de fibres lentes. Le teime partielle doit
s'entendre comme désignant la répartition de la lésion à une partie des fibres ^
et non le degré de la lésicm.
Conclusions. — 1. Le muscle en dégénérescence totale est /lumogène,
composé exclusivement de libres lentes.
2. La contraction restée vive a une cbronaxie ne dépassant jamais lafois
la valeur normale. C'est ce qu'on trouve aussi bien flans le début de la
dégénérescence que dans les atrophies réflexes.
Le galvanotonus a une chronaxie comprise entre i5 lois la normale el
moins de o%oi; elle oscille en général entre o%ooi et o\oo8. La contrac-
tion lente a une chronaxie comprise entre o%oi et o-jO-.
3. Le muscle en dégénérescence partielle est hétérogène. Il n'a pas une
chronaxie, mais au moins deux cbronaxies, et est composé d'un mélange de
fibres vives et libres lentes.
La séance est levée à i6 heures.
A. Lx.
SÉANCE DU 6 Jl IN I921. 1455
BULLETIiN lilBLIOGKAPMIQUE.
Ouvrages reçus dans les séances d'avril 1921.
Fédération française des sociélés de sciences naturelles. Office central de faunis-
tique. Faune de France. I : Fcliinodernies, par H. Koehler. Paris, Paul Lechevalier;
I vol. 23"^"'. (Présenté par M. Bouvier.)
Mémoires concernant l'Iiisloire naturelle de l Empire chinois, par des Pères de
LA Co.MPAGNiK DE JÉSUS. Tome Vl. Premier Caliior : L'herbier de Zi-ka-wei. Herbori-
sations dans le Kiang-sou en 1918. Chang-IIaï, Imprimerie de la Mission catholique,
1920; I vol. 43'='". (Présenté par M. H. Lecomte.)
Bibliotlièque de culture générale. Histoire de la formation du sous-sol de la
France. Les anciennes mers de la France et leurs dépôts, par Léon Bertrand. Paris,
Ernest Flammarion, 1921; 1 vol. 19"=°". (Présenté par iM. Pierre Termier.)
Atlas météorologique de Paris, par Joseph Lévlne. Paris, Gauthier-Villars, 1921;
I vol. 34""". (Présenté par M. Bigourdan.)
MouK'eau traité des eaux souterraines, par E.-A. Martel. Paris, Doin, iy2i;
1 vol. 24"\
Actes dii Muséum d'histoire naturelle de Rouen. Discours sur l'évolution des
connaissances en histoire naturelle, par Georges Pennetier. IV" Partie, xviii"-
XLV siècles. Botanique. Rouen, Imprimerie administrative de la ville, 1917. i vol. 24'''".
Programme général des éludes de physique et de mécanique intéressant le
Service technique de l'Aéronautique. Ministère des Travaux publics. Sous-Secréta-
riat d'Etat de l'Aéronautique et des Transports aériens. Service technique aéronau-
tique. I fasc. 3i'=™.
Précis de médecine légale, par A. Lacassagne et Etienne Martin. Paris, Masson
et G"', 192 i; I vol. 19"". (Présenté par M. Widal.)
(.4 suivre.)
1456
ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 9 mai 1921.)
Noie de iM. St. Procopùi. Sur la biréfringence électrique des Liqueurs
mixtes et la structure cristalline :
Piige 1174, ligne 9, nu lieu de 5ô5s par litre, /ire 55^ par lilre.
(Séance du 3o mai 1921.)
Note de M"'' ^l'ol/f, Sur le iurluralcamphre et quelques-uns de ses
dérivés :
l^aye loTtg, lignes 5, i5, 18 et nole(')dii bas de la page, remplacer les forinulcs
suivantes :
Au lieu de
,CH - C
G«Hr
C"H"
en
^CO cil Ici!
( I
\co
/
cil"
c«
H'
\co
cil
cil
^ en -
0
— cil
c
H
()
Lire :
H Ar O
,CH - C - C
C»H'*:
CO lie
/CMl
CH
Cil
/CH — Cil -C'iiMj
(:-ii'< I
/'
c/11
/CM (fil— C-ll'U
\C()
o
CH/\,C-
CIliJ — "Cil
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 13 JUIN 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Appeli., en présentant à l'Académie un opuscule intitulé Elèmcnls de
la Théorie des vecteurs et de la Géométrie analytique, s'exprime comme il suit :
Avant la guerre, les Allemands avaient publié des collections nombreuses
d'opuscules portant sur des questions de littérature, d'art, d'histoire, de
philosophie et de science; il est très important, pour le rayonnement de la
pensée française, que des collections analogues se publient en France; la
librairie Payot en a commencé une : j'ai tenu à l'encourager en lui donnant
la matière de ce petit volume de 1/17 pages. Les formules fondamentales de
la Géométrie analytique s'y trouvent rattachées à celles de la Théorie des
vecteurs : projections et grandeur d'un vecteur ; angle de deux vecteurs ;
conditions de parallélisme ou de perpendicularilé de deux vecteurs.
S. A. S. Albert de Monaco fait hommage à l'Académie des Résultats
des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht : Fascicule LIX :
Antipathaires provenant des campagnes des yachts Princesse-Alice et Hiron-
delle II (igoS-iQiS), par Cn. Gra-vieu.
ELECTIO]\S.
Par la majorité absolue des votants. M, Widal est désigné pour faire
partie de la Commission supérieure des maladies d'origine professionnelle ,
en remplacement de M. .1. Laveran, démissionnaire.
C. R., igJi, 1" Semestre. (T. 172, N" 24.) IO7
i4j8 académie des sciekces.
CORRESPONDANCE.
Le Sous-DiRECTErR le i.'Ecole d'Anthropologie fait connaître à F Aca-
démie l'emploi qui a <!'té fait d'une partie de la subvention accordée en 1920
sur la fondation Loulreiill pour la publication de la Reiue ant/irojjologique.
Le Secrétaike du Comité d'exécution poir i.'ékection d'ux monument a
LA MÉnoiRE DE l'asthoxo.me Li\ Caille, A HuMUiNY (Ardennes). annonce
à l'Académie que l'inauguration de ce monument aura lieu le samedi
3o juillet prochain.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° P. CiiAnno.NNiiir,. Traite de Balistirjiie extérieure. Tome I : Balistique
exlériewe rdliofinelle. Les thèorénies généraux de la Balistique. (Présenté par
M. Sebert.)
2" M. Klii'PEl. L'évolution de l'organisme et la maladie. (Présenté par
M. Bazy.)
3" Léon IvAriAsiNSKi. W'ytrzymaioès livorzyw.
ANAI^YSE MA1'IIÉ.MATIQI:e. — Equations de Fredhobn ii intégrales principales
au sens de Cauc/iy. Noti' de M. Gaston Bertrand.
1. Certains problèmes de Physique malliémallque, notamment e<-lui des
marées, couduiseni à des équalimis inlégrales dans lesqiu'lles les intégrales
ordinairi'S soiil remplacées par iem- valeur principale au sens de Caucliy. Il
esl donc utile d'eu ap[)r()londir la ibéorie éban(lié<' par Poiiicaré. Dans ci'
(pii suit, on désignera la valeur principale par le signe siunnii' liabitui'l suivi
d'un accent.
Thi:oiu;mk L — Etant donnée une courbe 1 kii.mi 1: C à tangente uruijue sur
laquelle se meut la rcuiahle complexe x, et une fonction f(x') holomorphe dans
une bande tO à cheval sur C ; si l'on prend dans cette bande un contour fermé M
SÉANCE DU l'i JUIX I921. j/459
fnlérieiir à C el un contour fermé M' extérieur, un a
'f{y)'iy
r J\y)dy ^ 11 rf{y)dY ^ i A
y-
ce. qui ramène les intégrales de Cauchy aux intégrales ordinaires.
. Théorème II. — f{x) étant la fonction précédente, A.{x,y) el B(j.-, v)
deux fonctions des deux variables complexes x et y holomorphes dans la même
bande co, on a
Je y--^ ■'Je --J Je
en posant
Oi<, s'il y a lieu.
Je y-^' --y "
Celle formule fniidamenlale permet d'itérer les noyaux singuliers. Uu
cliaiigement de variables la rend applieablc au domaine réel.
TmionÈME 111. — Soient M (a;, y) et N(x,y) deux noyaux, admettant la
période O par rapport à x et ày, holomorphes dans de petites bandes à cheval
sur /es axes réels des x et des v, sauf au point y = x où l'on a
/'(j:) ayant la même péridde l'I le uième domaine d'hojomorpliie, on Uouvt>
Ç \{.v,r)dyf M{y,z)/{z)dz
= -7r^N,(a-)M,(x)/(^)+ r f{z)dzf \ (.r, j) M ( r, =) c//.
C'est la formule à'interversionôn^ Tordre des inlégralioiis dans u)ie intégrale
double avec valeurs principales.
2. Application à la théorie des marées. — La première question à résoudre
est la suivante : Trouver une Jonction z>{x^ y) harmonique à l'intérieur d' un
domaine tO et salisjaisanlsur son contour C à la relation
-Y- -\ cos y -p = 7 1 .$ ) .
on [1. Os
l46o ACADÉMIE DES SCIENCES.
w est la vitesse de rotation de la Terre, [j. une quantité réelle, 0 une fonc-
tion connue de s.
Si l'on pose
(!){x,y)r^i \o^- p{s')ds' .
on sera amené à considérer la dérivée langentielle d'un potentiel de simple
couche, dérivée qui a pour expression une intégrale dont on ne prend (jue
la valeur principale. On obtient ainsi, avec les notations habituelles,
réquation
r , ,, cosi"; ,, 2fjw'c()s5 r , , siri'L , ,
■Krjys)z=--/_is)-^ \ p{s)—-J-ds'^ / p{s)-—^ds.
Si la courbe C est règuliéirntent analytique ^ le noyau — ^ n"a pour toute
singularité qu'un pôle simple de résidu i , on peut appli<[uer le tliéorème IV
et l'itération donne
Si I '- — ; — ne s'annule pas, on a une é(|uation de Fredholm ordi-
naire;
Si I 5 s annule, 1 ecpialion obtenue rentre dans le type de
celles que M. Picard a appelées équations de troisième espèce.
3 . Application aux équations de première espèce :
Exemple I. — /(x) étant donnée, résoudre par des i'onclions holo-
morplies o(.r) ré(|ualion
On trouve aisément, en remarquant (|ue
' ny)dy
y — X
et cette l'orniule peut étie vériliéc en preiuint pour C une circonférence
et en leinplaeant y(.i') et ='(■») par leurs développements en série de
Laur( nt.
SÉANCE DU l3 JUIX 1921. l46l
Exemple II. — Trouver la dcnsilé g{y) d'une simple couche répandue
sur une circonférence de ravon i connaissant en chaque point de ceUe-ci hi
composante tangenlicUe de l'allraclion -J\x) (.r et y représentent l'arc).
L'é(|ualion du problème esl
" 2 tane
2
et l'application de la formule du théorème 11! donne immédialemenl
.<«, = -!/-'
" /(,'•)'(>'
c.
2 tant;'-
Pour une circonférence il y a donc une sorte de réciprocité entre la
densité de la simple couche et la composante taiigentielle de son attraction.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions qui (idniettenl un ihéorèine
d'addilion algébrique. Note de M. H. Misiecr.
I. Soit z = K-c; v) une fonction de deux variables possédant les pro-
priétés suivantes :
1° (^)uels que soient x., v, z, on a
2° Il existe un nombre a tel que
'^ [ a ; a- ] iz; j;, tj; [ .r ; i< ] = ,r
quel que soit x.
Posons
désignons par '-{^.(a;) la fonction inverse de ■|'„(-î?) et par '\/,.{^x^ la fonction
'l/'T'IiC^)!' définissons 'l^_„(^x') par la condition
'|i,j(x) se trouve définie pour toutes les valeurs du nombre rationnel n et
vérifie
I/JG2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. Supposons que la fonction considérée :; = ,J;(a-, r) soit une fonction
analytique holomorphe dans le voisinage de x = a, y = y.. 11 existe alors
une fonction analytique et une seule f{x, t), holomorphe lorsque x et t sont
voisins respccliveinent de a et de o, qui se réduit à '\'r(x) lorsque / est
rationnel. Nous poserons
Il résulte de la foimule
que 'K-^i '^') t-'st symétrique par rapport à a; et à y; cette ronction est dite
indéftnlmenl symétrique.
III. L'équation fonctionnelle
(') ^ /{-r+j) = ?[/(^-), /(y)]-
où cp(a7; y) ost indéfiniment symétrique et où f(x) est l'inconnue, admet
une infinité de solutions lioloniorplies dans le voisinage de a: = o el se
réduisant à a pour x = o. Elles sont toutes de la l'orme /(a-)— o.,.(C),
où G est une constante arbitraire.
Réciproquement, s'il existe une l'onction vérifiant cette équation fonction-
nelle, o(;r, )-) est indéfiniment symétrique.
<_)n peut en déduire que tout groupe continu à un paramètre est permu-
table et scndilable au groupe des translations à un paramètre.
IV. Etudions le cas où z =■ '^{x,y) est une branche de fonction algé-
brique définie par l'équation
(■-!) l'C'*"- y; ^) = o-
Les fonctions /(«) définies par (i) admettent le théorème d'addition
algébrique
(3) ■ «!>[/("),/(«•);/(" + <')]==o
et par conséquent rentrent dans l'un des trois types suivants : fonction algé-
brique; fonction algébrique de r'"'; fonction algébrique d'une fonction
ellipti(|ue.
Nous sommes donc conduits à étudier le théorème d'addition de ces
fonctions.
V. Le cas lo plus simple est celui o(\f(u) est uniforme :
Soity(«) une fonction elliptique et
(3) <!»[/(«),/( (•l;/(» -hOJnrO
son théorème d'addition, on démontre les résultats suivants :
SÉANCE DU l3 JUIN I921. 1403
1" L'élimination de l entre les équations $(0-, y; t) = o, «I>(/, c; Z) = o
conduit a une relation 0(a;, i', r; Z) ^ o symétrique en x,y, z.
2° 11 existe une valeur a et une seule telle que <!»( r, a; a;) == o.
3° Il existe une seule racine c = s(.r, y) de l'équation (2), liolomorphe
lorsque a? et y sont voisins de a, égale à a lorsque ce ^ ca, y == a, et symé-
trique par rapport à a; et à v; cette racine vérifie o(x', a) = .r.
VI. Réciproquement, supposons que *!> vérifie les conditions précé-
dentes, la racine z ^ (f{x,y), définie au 3° est indéfiniment symétrique,
la fonction /{u) = a»„(C), où C est une constante, est holomorplie dans le
voisinage de w = o et vérifie l'équation (3); il est facile de suivre son pro-
longement analytique et de voir qu'elle est uniforme.
Les conditions du paragraphe V sont donc nécessaires et suffisantes pour
qu'il existe une fonction uniforme vérifiant l'équation (3). On peut recon-
naître facilement si les fonctions ainsi définies sont rationnelles, ration-
nelles en c^" ou elliptiques.
VIL Soit
(3) $[X(«), X(r); X(« + ,•)] = o
le théorème d'addition d'une roiiclioii algébrique X d'une fonction ellip-
tique/(i<).
La condition 1° du paragraphe V est toujours vérifiée par <I>; il existe
n valeurs a,, a,, a„ telles que
'I>(.r, a,; .r) = o,
et pour chacun de ces nombres a, la condition 3" est vérifiée.
Récipro(juement, on démontre que si $(a', y, z) salisfait aux conditions
précédentes, il existe une infinité de fonctions X(i<) admettaiil n déterrai-
nalions dans tout 11' plan etvériliaiil ré(|ualion (3). Ce sont des l'onclions
algébriques de fonctions uniformes de u.
Le polynôme $ élanl donné, on peut former par des calculs rationnels
une relation algébri([U('
l-'(.r, \) = o
telle (.[ue les solutions X(;/) de l'équation (3) soient définies par une équa-
tion de la forme
F[/("),X(,0]=^o,
où/'(«) est une fonction uniforme; par élimination, ou pourra former le
théorème d'addition de /"(;/).
l4G4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions /ivpercylindriques.
Note de M. .1. Kampé de Fériet, présentée par M. Appell.
Les fonctions considérées récemn:ient par M. Pierre Humbert('). sous le
nom de fond ions hypcrcylindriqties. jouent par rapport aux fonctions har-
nioni({ues dans l'espace à un nombre quelconque de dimensions le même rôle
que les fonctions cylindriques de Bessel dans l'espace à trois dimensions.
Dans l'expression d'une fonction harmonique en coordonnées hypercylin-
driques, M. Ilumbert introduit, outre des fonctions à une variable, se
déduisant par dérivation des polynômes de Gegenbauer, une fonction
G(a, 8, y, X, j) qui est une dégénérescence de la fonction hypergéomélrique
de M. Appell F.,(cf., o'.','ji,[i',^^',x,y). Je voudrais montrer que l'on peut
donner de ces fonctions harmoniques une expression simple et symétrique, où
n'interviennent pas d'autres éléments que les fonctions hypersphériques à
n variables et les fonctions ordinaires de Bessel. Il suffit, dans ce but, de
substituer un système de coordonnées symétriques, aux coordonnées
polaires 0, ç,, ..., o,,^, employées par M. Ilumberl.
Considérons, dans l'espace à n + 3 dimensions où les coordonnées
rectangulaires sont ::|, ...,;„+.,, le système de coordonnées curvilignes
défini par
:^■^ rxt, z,z=zrx.2, .... :,iZ=r. rjc„,
j„_n nz /• y/X„ cos tp, j„^_,=: /■ y/\„ sin o, Zn+i= t,
(X„^i — x\ — ... — a;;, ^o, oiol'ii:. — oc;;/ 5 4- oc)
(le passage des variables a-,, . .. , x„ aux angles polaires 0, o,, . . . , ç>„_, est
immédiat).
Dans ce système, où les surfaces /• = const. sont des hypercylindres (C)
de révolution autour de l'axe des r„i;i) l'équation de Laplace s'écrit
I <) I .... ôv\ .^<r-\- I â'-v
dr\ Or j di- -\„ <)'J-
(') Pierre Humbert, Sur les fonctions /iy/>crcy/indriqiies [Comptes rendus, t. 171,
1920, p. 490); Les fondions hypercylindriques dans l'espace à « -H 2 dimensions
{Comptes rendus, t. 171. 1920, p. 587); J lie Conlhienl Hypergeonictric Funclions
of two variables [Proceedings of Ihe Itnyal Socictr of Edinburgli, vol. 'il. Part I,
n°9, 192.).
SÉANCE DU l3 JUIN 192I. l465
Clicrclions, par analo<;'ie avec la métliodo classique pour l'espace ordi-
naire, à déterminer une solution F de la forme
Fr=r-""P(,r,, .... J-„-)/(/-)*^°^/-»
(A constante arbitraire. /. entier positif).
Il est clair que l'équation de Laplace est satisfaite lorsque l'on a
(//■- /■ dr L ' J
Or, en supposant que u. est un entier positif supérieur à k, la première
équation est vérifiée (juand on prend pour P une fonction hypersphérique
de degré u. et d'ordre /:, V'^-'' {x^, . . . , x,^)\ on sait que ces fonctions se
déduisent très simplement des polynômes d'Hermite V„, „,„(^i > • • • j ^n) '•
P'M,(^„ ,„) = xJ^-_^ /«^, + ...^-^,„=:^, ^_
^ " à.r\^ . . . t)a-î," \ /. , + . . . + />•„ = /. , oi I; 5 p./
Quant à la deuxième équation elle est vérifiée si l'on prend
■2
J „ désignant une fonction cylindrique de Bessel.
Nous obtenons donc, pour la fonction harmonique, l'expression
(2) p,M)— c'"''P^!^-'"(.r, x,i)r~~-i Alr)'^''^ ko.
!J.+ - sin
Les entiers a et k étant donnés, il existe 2 , ' ^ — ^ fonctions harmoniques
' ( ' J ,"• — '■' )
de ce type linéairement indépendantes; exceptionnellement pour X- = o, ce
nombre s'abaisse à JhJL^^ et, comme la fonction hypersphérique zonale P'^''"
se réduit au polynôme d'Hermite, on a dans ce cas
¥'V:'') — e't\„,^ „,„(:.ri, ...,x„)r~~-i^ „(>■/•)•
En faisant n = o dans (2) on retrouve la formule classique^our l'espace
l466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à trois dimensions :
11 est à remarquer que, si la théorie des fondions liarmoniques à trois
variables ne conduit à considérer que des fonctions de Bessel à indices
entiers, au contraire la formule (2) introduit ces mêmes fonctions avec des
indices fractionnaires, chaque fois que le nombre des dimensions de Tespace
est pair; l'indice de J est alors un multiple impair de -; on sait que, dans ce
cas. J s'exprime par des fonctions élémentaires. ,
Les fonctions F'^' s'introduisent naturellement pour le développement
d'une fonction, harmonique à l'intérieur de l'hypercylindre (C) /• = i, dont
les valeurs sur (C) sont données. Pour un choix convenable de X, elles
forment un système de fonctions fondamentales de l'équation ( i); en ell'et,
si l'on prend pour A une racine de l'équation J „(>,)=:: o, la fonction F*^*
correspondanlc s'annule sur (C) et reste harmonique dans tout domaine
intérieur à ( C) ne s'étendant pas à l'infini.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Les résistances de roulement cl la méthode
optique du miroir. \ote de M. Jcles Andkade.
La méthode optique que j'ai indiquée pour l'étude expérimentale des
résistances de roulement par l'emploi d'un plan rouleur, roulant sur un
cylindre horizontal, avait l'inconvénient de confier au solide mobile le
porlage de l'équipage optique générateur d'un faisceau lumineux de rayons
parallèles dont un rayon passait par un point 'Cwc de l'espace.
(Jelte complication peut être évitée par un ajustage préalable et con-
venable du solide lié au plan rouleur et construit avec lui.
Le cylindre destiné à supporter le roulement est préalablement sectionné
sur sa longueur par une section transverse le partageant en deux cylindres
de longueurs à peu près égales; l'un de ces cylindres choisi pour supporter
le roulement est sectionné à son tour par um^ section longitudinale qui va
tailler le futur support en une lentille cylindrique dont le dessus convexe
supportera le plan rouleur; mais la lentille est posée par son plat sur la
base d'un étrier réglable parallèle aux génératrices du cylindre, dont la
direction a été repérée.
Le plan rouleur forme le dessous d'une règle dont deux talons ajustés en
SÉANCE DU l3 JUIX 1921. 1467
équerrc forment une entaille omerle qui permet au plan rouleur d'exccut(îr
SCS oscillations par roulement sur la surface convexe de la lentille cylin-
drique (plan convexe) dont les génératrices horizontales sont parallèles à
la base de Tétrier support; sur les deux talons enfin s'appuie en pont une
règle dont la face inférieure porte en son milieu une petite entaille rectan-
gulaire formant elle-même miroir ou fixant un miroir plan dont le plan
parallèle au plan rouleur est aussi parallèle aux génératrices de la surface
convexe de ce cylindre; or la distance de ces plans a été construite égale
au rayon du cylindre primitif conservé sur le demi-cylindre témoin et
utilisé pour le contrôle de cette construction et de ces ajustages.
Dans ces conditions, le plan du miroir possède la double propriété d'être
parallèle au plan rouleur et de passer pendant le roulement de celui-ci
constamment par l'axe géométrique de la surface cylindrique (conservée)
de la lentille.
C'est sur ce miroir mobile, ainsi axé par un ajustage formé préalablement
et maintenu par l'appui même du roulement étudié, que l'on envoie un
faisceau cylindrique de lumière, formé et dirigé sur des supports fixes du
laboratoire.
Ainsi la méthode du miroir tournant reste encore applicable dans
l'emploi d'un plan rouleur, comme dans la détermination pendulaire des
glissements.
MÉCANIQUE. — La loi de firavilalion ut ses conséquences.
Note (') de M. J. Le Roux, présentée par M. G. Kœnigs.
L'étude de la loi de gravitation de Schwarzschild et des conséquences
que Ton en a déduites est extrêmement instructive au point de vue de la
valeur logique de la théorie de la relativité.
Considérons la forme quadratique de différentielles
f I) (ls- = /-"-dh'-— r-i\n-Od'j)^'+ ( i ) dt''.
Les variables /•, 0, 0 qui figurent dans cette forme sont interprétées
comme des coordonnées [xilaires ordinaires. Je note, eu particulier, qu(> r
est le nombre qui mesure la longueur du rayon vecteur.
(') Séance du 3o mai ig'Jl.
l468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I^e systèijie des dix équations covariantes d'Einstein conserve sa forme
générale pour toutes les transformations ponctuelles effectuées sur les
quatre variables. Les transformations de ce groupe toutefois ne conservent
pas chaque solution individuellement, elles translorment les intégrales les
unes dans les autres. A la forme quadratique (i) correspondent donc toutes
celles qu'on en peut déduire par une transformation du gioupe général à
quatre variables.
Dans cet ensemble, la forme (i) joue le rôle d"une forme canonique carac-
térisée par les propriétés suivantes :
1° Elle jouit de la symétrie sphérique par rapport à lorigine;
2° Les trajectoires des mouvements quon en déduit sont planes et par-
courues suivant la loi des aires, quand on attribue à la variable s le rôle du
temps vulgaire de la Mécanique classique (.çesl \c temps propre, Eigrnzeit, de
Minkowski) ;
3° La variable t ne figure dans la forme que par le carré dl- de sa diffé-
rentielle.
Considérons, d'après cela, un ensemble de mouvements (M) rapportés à
un système de référence (S) et régis, dans ce système, par la forme quadra-
tique (i ).
Les mêmes mouvements rap[)orlés à un autre système ( S') seront régis
par une nouvelle forme quadratique ds'- se déduisant de la forme ( i) par la
même transformation qui établit la correspondance entre (S) et (S').
On pourrait imaginer que (S) el (S') correspondent, par exemple, à
deux systèmes d'axes ayant pour origine le centre du Soleil, l'un (S),
orienté par rapport aux étoiles fixes, l'autre (S' ), entraîné dans le mouve-
ment de rotation du Soleil par rapport à (S).
La nouvelle forme ds'- sera, en général, diiférente de la foime cano-
nique ds'-. L'emploi de la forme canonique suppose donc l'existence d'un
système de référence privilégié pour lequel les mouvements de l'en-
semble (M) présentent un caractère spécial de simplicité.
Nous ignorons évidemment, a priori, s'il existe d'autres ensembles de
mouvements (M') pour lesquels le système (S) correspondrait lui-même
à une forme canonique. Nous constatons simplement que l'expérience n'a
révélé l'existence que d'un seul système de référence privilégié; et cette
constatation a une importance scienlilique capitale.
Nous remontons ainsi, en partant de la théorie de la relativité, à l'un des
principes fondamentaux de la Mécanique classique, à ce système de réfé-
rence privilégié dont la théorie contestait l'existence.
SÉANCE DU l3 JUIN I92I. 1469
Il exislc quelques applications de la théorie de la gravilalioit qui
deuiaiideirl à être examinées avec une allenlioii spéciale.
Eiiisleiii considère la forme quadratique r/.v- comme correspondant, non
seulement aux mouvements des corps j^raves, mais aussi aux mesures géo-
métriques dans un pseudo-espace à quatre dimensions. De sorte que, dans
l'espace statique, pour lequel ou suppose dt =^ o. l'élément linéaire (h serait
donné par la formule
Ayant aiiisi /jréy«y>y>fW ridenlité de la forme directrice des mouvcmenis
avec la forme directrice des mesures de longueurs géoméiriques, il en
conclut que la gravitation est une conséquence de la structure de l'espace.
L'emploi du langage géométrique en cette matière est évidemmeni
permis, pourvu que l'on prenne la précaulion de réserver aux termes
employés la signification d'une simple image. Mais ici nous trouvons une
contradiction.
Nous avons, en effet, considéré précédemnienl le symbole r comme
représentant la mesure de la longueur du rayon vecleur. D'après la nou-
velle hypolhèse sur la conslilulion de l'espace, celle même longueur serait,
au coniraire, mesurée par un nombre p, tel que l'on ail
(3) df=^-
L'îs deux hypothèses soni coniradicloires et ne peuvent être utilisées dans
la même question.
De l'équation (3) on liie
f/o > (Ir.
Einsleiu en conclut que l'instrument de mesure subil une conlraclion dans
le sens du rayon \ecteur. Rien ne justifie une pareille affirmation.
Mi:cANlQUE. — Sur les phénomènes de résonance dans les turbines
à aspiration. Note de M. A. Focii, présentée par M. Râteau.
La masse liquide contenue dans le tube de succion d'une turbine à aspira-
tion, la turbine elle-même et la cbambre d'eau constituent un système où,
l470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans certaines conditions, peuvent prendre naissance des oscillations entre-
tenues du type des ondes de compression. S'il est, en raison de la com-
plexité des formes des parties de ce système, fort difficile de calculer a/Wo/i
ses périodes propres, il est néanmoins possible de montrer, en schématisant
les phénomènes, que, dans l'état actuel de la construction des turbines, on
peut s'attendre à rencontrer de tels entretiens d'oscillations, et d'indiquer
les conséquences qui peuvent en résulter.
I. .Soit une turbine que nous supposerons à axe verlical pour pouvoir
négliger l'inlluence de la pesanteur. La section de passage de Teau à
l'endroit du joint, entre le distributeur et le rotor, subit des étranglements
périodiques, dont la fréquence fondamentale j, est évidemment égale au
produit du nombre d'aubes par le nombre de tours du rotor par seconde.
Par suite, la vitesse au joint subira des variations périodiques, de faible
amplitude, que nous su[)poserons en première approximation sinusoïdales.
S'il est à peu près impossible de calculer exactement la période propre du
volume contenu dans le rotor d'une turbine Francis, on aura du moins une
idée de cette période en assimilant l'espace contenu dans le rolor à un
tuyau conique fermé à l'extrémité laige (c'est-à-dire à la sortie de la tur-
liine dans le tuyau d'aspiration) et ouvert à l'autre extrémité (c'est-à-dire
au joint de la turbine) où l'on impose de très petites variations de vitesse et
où la pression sera regardée comme constante.
.Soient / et ^ -(- L les distances des deux bases du tronc de cùnc au sommet.
On trouve pour expressions de la vitesse et de la pression à la dislance .i' du
sommet
A . / ri . .r - / 2- 27: , ,1
('= -Sm2 7lTj; -SIll!- ^j^ rpCOS-=; {x — l)\,
— « -^ 2- .,_/;,_•*'—'
Ces expressions donnent bien un nœud de pression ( v = o) à rcxlréiuité
étroite et fournissent une vitesse constante à l'extrémité large, pourvu que
l'on ait
(3) tan8.^ = ^(/-.L).
L'écjualion (3) nous fournit la période propre du volume d'eau compris
entre les aubes; on vérifie aisément que, si /et T sont donnés, la plus petite
valeur de L produisant la résonance est inférieure à —y-; pour les nouvelles
formes de turbines rapides, clic serait de l'ordre de — cl même moins.
(■)
SÉANCE DU l3 JlIN 1921. 147I
\u joint de la turbine, Tampiitude de la vai'iation de vitesse est
T ôT"
V la sortie de la turbine, où la vitesse vibratoire est nulle, l'amplitude de
la variation de pression est
« A 2- . L
r2=^ -, r — 7f sin i7i — ;p•
,A' / -t- L n T fl r
Par suite, pour une turbiiie où
"T
L ^= —- = / et (', = o™, 10
8
(négligeable, par suite, vis-à-vis de la vitesse d'entrée de l'eau dans la
turbine, qui est de plusieurs mètres par seconde), l'amplitude de la varia-
tion de pression au déboucbé dans le tuyau d'aspiration atteindrait 3'",5o.
Considérons, mainlenant, le tube d'aspiration, que nous supposerons
cylindrique : pour qu'un régime permanent d'oscillations de période T s'y
élablisse, il laut, puisque san exlréniité inférieure esl à la pression almo-
spbérique, et que, à son extrémité supérieure, l'amplitude de la vitesse
vibratoire est nulle, que la longueur A de ce tube soit égale à (2/- -f- 1) —^,
a' étant la vitesse de propagation des ébranlements dans ce tube (vitesse
qui tend vers i^iB m : sec, quand la paroi du tuyau devient de plus en plus
épaisse).
11. Précisons sur un exemple numérique les diverses grandeurs précé-
dentes :
Soit un rotor à 2.\ aubes tournant à SyS t:min; la longueur L, qui
serait sensiblement égale à la longueur moyenne des filels liquides dans le
rotor, vaudrait environ i'",2o; pour une turbine moderne, elle serait un
peu inférieure au plus grand diamètre du rotor. Le tube de succion anrail
donc i'",5o de diamètre environ. Admettons 1000 m : sec comme vitesse
de propagalion des ébranlements dans le tube de succion plein d'eau; la
première longueur de résonance sera A| = i'".66; la deuxième A^
sérail 5"'.
D'ailleurs, en raison des corrections aux extrémités, les longueurs
du tuyau d'aspiration pour lesquelles la résonance aurait effectivement
lieu seraient plutôt voisines de i*" et de 4™>5o | et monteraient à i'",5o et
6'", 20, si le tube de succion était noyé dans du béton (a'= i^aSm : sec.)J.
14/2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
III. Les données de l'exemple piécédenl (avec .\.j égal à trois (|uarts
d'onde) pourraient èlre les données d'établissement d'une turbine rapide
fournissant 960 chevaux sous 16"' de hauteur de chute. Quelles conséquences
entraînerait pour la turbine l'établissement d'oscillations entretenues ?
1° Si l'amplitude l'o devient telle que la pression à la sortie de la turbine
tombe à zéro, la colonne liquide remplissant le rotor et le tube se rompra au\
ventres de pression, d'où écoulement lumullueux de l'eau et baisse certaine
du rendement de la turbine.
2° Si l'amplitude j)'2 des variations de pression à la partie supérieure du
tube de succion est assez faible pour qu'à aucun moment la pression ne des-
cende au-dessous de la pression atmosphérique, il y aura à la sortie de la
turbine une série de surpressions rythmées. Si la portion de la bâche du
côté aval est de l'ordre du mètre carré, ces surpressions se traduiront par
des efforts de plusieurs tonnes, se répétant à la fréquence de 96 par seconde.
La dislocation des parties rivées est inévitable.
IV. Les dangers des phénomènes de résonance étant ainsi indi(|ués, les
mesures à prendre sont évidentes :
1° Le changement du rotor fournira parfois un remède, d'une applica-
tion toujours coûteuse et souvent difficile, si par exemple la vitesse de
rotation est imposée.
2." La modification du tube d'aspiration sera généralement plus aisée;
on pourra allonger ce tube, le remplacer par un tuyau d'épaisseur diffé-
rente, noyer dans du béton un tube libre, tous changements qui influeront
sur la période propre du volume d'eau contenu dans le conduit d'aspiration
et empêcheront par suite, dans le tube, l'établissement dun régime per-
manent en résonance avec les vibrations de la masse d'eau contenue dans
le rotor.
IVote de M. IIateav an sujet de la Communication précédente.
M. Foch, dans sa Communication, indique que la fréquence fondamentale
de la pulsation du courant d'eau dans la turbine est égale au nombre de
tours du rotor par seconde multiplié par son nombre d'aubes. Cela ne me
semble pas complètement correct dans le cas général. En elfet les à-coups
se pioduisent cha([uc fois qu'une cloison du rotoi' passe en face d'une
cloison du distributeur; la fréquence est donc égale au nombre de ces
coïncidences dans l'unité de temps. Oi' il est facile de voii' que, les aubes
SÉANCE DU l3 JLI-\ I92I. l^')^
étant tégulièrement esparées dans le rotor d'une paît et dans le distributeur
d'autre part, le nombre des coïncidences diiïcientes par tour est égal au plus
petit rnulliple dis nombres des aubes du rotor et du distributeur.
La fréquence du phénomène envisagé par M. Foch est donc, suivant moi,
égale à ce plus petit multiple multiplié lui-même par le nombre des lévolu-
tions du rotor dans l'unité de tem[)S.
ASTRONOMIE. — Contribution à l'élude des plages claires martiennes.
IVotc de M. R. Jarry-Desloces, préscnléc par "S\. Bigourdan.
En étudiant l'angle de position de la calollc polaire boréale de la planète
Mars, dans sa partie ccnlralc, par rapport à l'axe de rotation de celle
planète, d'après les observai ions faites à Sélif en 1920, M. G. Fournicr a
la
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V^'-^vA^""— ^
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Croquis de la ré|;ion boréale de Mars, pour monlrcr l'cxcentricilé de la calolte polaire.
(Les cercles en pointillé dojinent les positions des blanclieurs polaires aux dates
' marquées sur ces cercles.)
mis en évidence une excentricité très marquée de celle calotte par rapport
au pôle aréographique. Même le 20 avril 1920, moment où les matériaux
blanchâtres polaires étaient à une période de minimum, ce pôle était libre
de toutes blancheurs, mais en général l'exccnlricité était moins accusée.
C. R., igai, 1" Semestre. (T. 172, N» 24.) Itj8
l474 ACADÉMIE DES SCIE^'CES.
On verra d'après le croiiuisci-joinl que l'excenlricilé moyenne atteignait
plus de 4°- Elle était orientée approximativement vers 3o° de longitude.
Les cercles on pointillé donnent la position des blancheurs polaires aux
diverses dates envisagées.
■ D'un autre cô'té, il résulte des recherches faites d'après les documents
reiueillis à l'Observatoire de Sétif, en- iQiO, par M. P. Briault, que ]\ix
Olympica (ou tout au moins la blancheur dans laquelle elle est englobée;
aurait été nettement aperçue dès cette époque (5 janvier igit)), dans une
position assez voisine de celles où elle tut observée en 1918 et 1920.
CAPILLARITÉ. — Sur la râleur de la tension superficielle du mercure
ddiis des divers gaz. ^otc (') de M. Jeax Popesco. présentée par
M. Lippmaim.
Il résulte des travaux de M. Slôckle (-') que la valeur de la tension super-
ficielle du mercure décroit, lorsque la surface du liquide reste en contact
avec un gaz quelconque. Il a fait des mesures avec certains gaz : hydrogène,
air sec, anhydride carboiii(jue. etc., et a trouvé des variations de l'ordre
de o"'",G par millimètre au bout d'une heure.
Je me suis proposé d'étudier la marche du phénomène et de me rendre
compte des causes qui pouvaient l'engendrer.
Méthode et dispositif expérimentol . — J'ai employé la méthode de la large
goutte. On sait qu'entre la dislance v, du sommet de la goutte au ])lan
é(|uatorial, la densité du mercure, d, et la tension superficielle, x, du liquide
existe la relation
v/t'
En mesurant y on a immédiatement a. car d est connu.
La goutte repose sur la surface très polie d'un bloc d'acier; le tout est
sous une cloche, également en acier, dans laquelle on peut introduire les
gaz, après y avoir préalablement fait le vide. Deux fenêtres en verre, diamé-
tralement opposées, placées à la hauteur de la goutte, permettent de
l'éclairer par un faisceau de lumière j)arallèlc. et de faire les mesures. La
goutte apparaît dans le champ de la lunette du cathétomètre comme une
(') Séance da 3o mai 1921.
(-) \\ ieiemanns Annalen, 3"' série, 11" i)0, iSrjS, p. 49".) el ôio.
SÉANCE DU l3 .UIN 1921. l^-^S
lâche noire, donl 11' sommel est mar.jiic' |>ai- un grain de poussière délaché
du [ilafoud de la cloche, par un léger choc et le plan de Féqualeur, par
rimai;e rélléchie d'une petite source lumineuse quelconque, placée à 2"' de
distance, et sensiblement à la hauteur du plan équatorial de la goulle.
Les gaz employés étaient purifiés et bien desséchés.
RésuUals. — 1° Dans le vide j'ai trouvé, comme valeur moyenne et cons-
tante, la valeur trouvée déjà par M. Stockle, c'est-à-dire 44)4 mg '■ "l'ï»-» h\Gn
que je n'ai poussé le vide que jusqu'à quelques miitimètre^ de. mercure.
2" Pour l'air, l'ammoniac et l'anhydride sulfureux, j"ai trouvé les
valeurs indiquées dans les Tableaux suivants :
I._ — Tableau des ri'sullals pour /'air.
Teiiips en minutes.
0. 1. '2. 10. -Vi. 'lO. 5.3. 70. b.ï. -^i''.
\ aleur de la
tension... 5i,i3 4*^:98 47,*jS 46-49 45)'^3 45,28 44-98 44i47 44.-'--J 4'!i5.5
IL — Tableau des résiil/als pour l'aniDioniac cl l'anhydride suif ai eux .
Temps \\\\ S0-.
en minutes.
c 45,83 44; 60
1 44,49 4l-34
2 43,86 39,76
3 43,7^ 39,24
4 » 38,75
5 43, 5i 38,32
7,5 » 37,88
10 42,95 87,53
i5 42,86 37,19
20 42,68 36,97
3o 42,60 36,67
45 42,55 36, 4i
60 42,40 36 , 1 7
24'- .' 39,71 3i,33
On voit que la tension superficielle du mercure décroît 1res vile pendant
les dix premières minutes, plus lenlemenl ensuite, el qu'elle alleini des
valeurs inférieures à celle (jui correspond au vide, lorsque la goulle a
séjourné pendant 24 heures dans l'ammoniac, dans l'air ou dans l'anhydride
sulfureux.
3° Après avoir laissé séjourner pendant :i4 heures une goulle dans
l'un de ces gaz, j'ai voulu voir s'il ne sérail pas possible de faire évoluer le
1476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pliénomène en sens inverse. Pour cela j'ai fait le vide dans la cloche et j'ai
conslalc (jue la lension superficielle du mercure remontait et revenail à une
valeur sensiblement égale à celle qui correspond au vide, c'csl-à-dire
/|'l, 1 m g : mm.
"^/m.n
1 lanhydr-ide iulfui
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IP 20 30
*0 50 60 70 80 90 100 lîO MO
II semble donc que le phénomène nesl pas dû à une acliuii chimique qui
aurait modifié la surface du liquide, puisque la lension superficielle reprend
sa valeur initiale lorsqu'on fait disparaître le gaz.
La cause la plus probable du phénomène doit être Vadsorplion.
OPTIQUE. — Emploi de la lumière polarisée pour ie.ramen des (dhleinix
anciens. Note de M. Piicrke Lambeut, présentée par M. I.ippmann.
Ayant cherché à distinguer sur des tableaux anciens certains détails peu
apparents, je me suis rendu compte que. même dans les conditions d'éclai-
rage les plus favorables, la lumière rélléchie par la surface vient toujours
dans une certaine mesure atténuer et laver de blanc l'image diffusée par
les couleurs.
Ce phénomène ne se produirait pas si le vernis était parfaitenicnl plan
et ])oli et si l'observateur se plaçait, comme il cherche naturellement à le
faire, en dehors de la direction des rayons réfléchis; mais la surface est
généralement irrégulière, mamelonnée et crevassée, il est donc impossible
de se mettre complètement à l'abri de ces réflexions qui nuisent à l'effet
exprimé par le peintre.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. 1/177
Pour éviter cet inconvénient, j'ai éclaire le tableau au moyen de la
lumière polarisée et je l'ai examiné au travers d'un prisme de Nicol. Dans
ces conditions la lumière réfléchie par la surface, restant en très grande
partie polarisée, sera éteinte par un Nicol placé dans la position de l'exlinc-
tion, tandis que celle qui traverse le vernis se dépolarisant par diffusion à
la surface des matières composant les couleurs parviendra jus([u'à l'œil en
traversant le prisme.
L'appareil se compose donc d'une source de lumière intense, arc ou
lampe à incandescence à l>as voltage. Cette lampe est placée dans une
lanterne munie d'un condensateur suivi d'une lentille destinée à rendre
les rayons parallèles pendant leur passage au travers de l'appareil polari-
sateur ( iVicol ou'pile de glaces). Une lentille divergente vient ensuite (|ui
élargit le faisceau éclairant le tableau, dont le plan est pres(]ue normal à
l'axe.
Bien que celte position soit très désavantageuse dans les conditions
ordinaires, l'observateur regardant au travers d'un Micol pourra, en taisant
tourner cet instrument entre ses doigts, trouver une position pour laquelle
les reflets superficiels seront complètement supprimés. Kn fait, si l'on
opère ainsi, une peinture vieillie et d'aspect terne prend de la sigueur, sa
surface semble nettoyée, les couleurs deviennent plus intenses et des détails
<[ui n'attiraient pas l'attention semblent reprendre la valeur (ju'ils avaient
primitivement.
Quoique ce procédé ne soit que l'application d'un phénomène bien
connu des physiciens, il m'a semblé bon de signaler, persuadé qu'il peut
permettre de mieux juger certaines œuvres anciennes et de déterminer si
un tableau est susceptible d'être amélioré en modifiant son vernis.
OPTIQUE. — La biréfringence du verre comprimé.
Note de M. et M""" E. He\rii»t, présentée par M. J. Violle.
On admet généralement, à la suite d'expériences anciennes de Wer-
iheim ('), que la dispersion de biréfringence du verre comprimé est négli-
geable, c'est-à-dire que la dilTérencc n' — n" des deux indices principaux est
indépendante de la longueur d'onde.
Cette absence de dispersion sensibie serait tout à fait remarquable. \\n
(') Wkiitheim, Annales de Chimie et de Pliysi/jiie, 3'^ série, l. iO, i854, P- '''f'-
1478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
efl'et, dans les autres cas de biiélVingence artificielle, notaimiienl quand il
s'agit du phénomène de Kerr et du phénomène de Cotton et Mouton, il
existe une dispersion de biréfringence notable qui obéit à la loi d'Havelock.
D'après cette loi, le produit de n' — n" par ^_ doit rester constant.
IVous avons cherché si cette dernière loi est valable ou non dans le cas de
la biréfringence par compression. Nos recherches ont porté sur différents
échantillons de crown qui ont donné des résultats concbrdanis.
Les expériences sont plus délicates que lorsqu'il s'agit d'étudier la biré-
frijigenc.- de liquides soumis à des champs électriques ou magnétiques.
D'abord, il est impossible de trouver des verres rigoureusement exempts
de trempe; ensuite, il est très difficile de réaliser des déformations uni-
formes.
Nous avons été conduits, dans nos expériences, à utiliser des lames de
verre fortement comprimées, fournissant des retards atteignant une dizaine
de. longueurs d'onde. Les biréfringences du verre étaient déterminées en
^ mesurant le déplacement des bandes d'un spectre cannelé : ce spectre était
produit par une lame de gypse ou de quartz dont une direction principale
était parallèle à la compression. Le Tableau suivant montre que la dis-
persion de biréfringence obéit à la loi d'Havelock avec des écarts qui
n'excèdent pas les erreurs expérimentales possibles :
" ( " — "' )
•
*
(«■--■r-
6708
1 .-'ig''')
0.98',
0.9.58
6i38
I-I99'
0.995
0 . g.Mj
:)89;i
I ,5ooi
1
0.959
5 (6i
i.5oo3
1 . 0096
0.960
i9'''
1 ..")o.3()
1 .09.23
0 . 9 J8
43.-J-
1 , Ô 1 0()
I .o'iS.')
0.958
La biréfringence n' — n' inscrite dans ce Tableau est rapportée à la
valeur de la biréfringence pour la raie D, prise comme unité.
La vérification peut encon- se faire d'une manière différente : si l'on
prend la différentielle logarilhmicpie de l'expression qui doit rester cons-
tîinte en vertu de la loi d'Havelock, et si l'on calcule le quotient r de la
iiuanlité — -, r- l>ar ^' on trouve que r doit être éjral à l'exijres-
;i /; ■ -t- I
S ion —:,
n- — I
L'expérience donne pour cette dernière expression, dans les radiations
ntilisées, des valeurs comprises entre G,i5 et (),ao. D'autre part, si l'on
trace les courbes représentant respectivement rï — n et /;, en fonction
SÉANCE DU l3 JUI.X 1921. ^479
de —> l'I si l'on détermine le rapport /■, on trouve (|Lie la valeur moyenne de
ce rapport est (i, 18. Ces résultats montrent que. (/(tns /es cas étiu/iês, la
(lispcrsinn de birc fringence du croun peut êlre calculée par Vcxprcssion
d^lkneloc/c.
THi:aMOl)Yi\AMIQUi:. — Sur l'énoncé du Principe de l Equivalence.
Note de M. L. Décombk, présentée par M. E. Bouty.
Une Note récente de M. Leduc (' ) vient d'attirer l'attention sur le rôle
de la réversibilité dans l'application du principe de l'équivalence. On me
permettra de revenir sur cette question et de montrer qu'en introduisant la
notion de réversibilité dans l'énoncé même du principe, celui-ci se dédouble
en deux principes distincts dont rajiplicalion séparée permet une analyse
plus approfondie des phénomènes calorifiques.
1. Le principe de ré([uivalence s'exprime par la relation
où AvÇ' représente la variation d'énergie cinétique du système. Ad sa varia-
tion d'énergie interne, i?; le travail efTectué par les forces extérieures et (^) la
chaleur absorbée.
Imaginons une transformation auxiliaire conduisant réversiblement le
système du même état initial au même étal final (c'est-à-dire donnant lien
à la même variation d'énergie interne Ai:)). Dans cette transformation
auxiliaire la force vive du système est constamment nulle et l'on a AvÇ' = o.
Le travail s'y réduit d'autre part au travail F,, des forces nécessaires pour
assurer à chaque instant l'équilibre mécanique {travail compensé) et la
chaleur absorbée à celle Q,, nécessaire pour réaliser l'équilibre calorifique
{chaleur compensée). On a donc, pour cetle transformation auxiliaire,
(2) AV'=C,+ JQ<„
En soustrayant (2) de (i) et posant
c — (Te = e„ , *^ — Qf = Q„ , /
il vient
(3) A\t*' = (?„-t- JQ„,
où C„ représente le travail non compensé et 0„ la chaleur /io/i compensée. ..
(') Comples rendus, t. 172, i92i,p. ii6|.
l48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ainsi la relation (i) se dédouble en deux autres (2) et Ç]) enliéremcnt
distinctes : la première, où ne figurent (|uc les éléments réversibles de la
transformation, conditionne la variation d'énergie interne Ai»; elle est
complètement indépendante de la célérité du phénomène et constitue le
cadre statique dans lequel se déroule cincrnatiquement (en s'y moulant plus
ou moins exactement suivant son degré de vivacité) la transformation
réelle donnée; la seconde, où n'interviennent que les éléments irréversibles
de la transformation, conditionne la variation d'énergie cinétique Av*?'.
Elle dépend directement (explicitement pour Avv?', grâce aux propriétés de
la, chaleur non compensée pour Q„) de la célérité du phénomène, c'est-
à-dire de la vitesse de variation desparamèlresquiservcntà en définir l'état.
Il importe de remarquer que la relation (2) ne constitue pas seulement
la forme particulière à laquelle se réduit le principe de l'équivalence dans
le cas de la réversibilité, ni même simplement la forme approchée de ce
principe pour une transformation quasi révc.sible, mais (\\\ elle est toujours
rigoureusement applicable à la partie ré^rr.sihle d'une transformation réelle
quelconque. Des confusions de cet ordre paraissent s'être produites chez
divers auteurs. En particulier, l'hypothèse d'un courant infiniment petit
n'est nullement nécessaire pour obtenii' les formules classiques de la thermo-
électricité.
2. Le dédoublement impliqué par les relations (2) et (3) peut donner
lieu à de nouveaux énoncés.
En premier lieu, dans une transformation réelle quelconque, il y a équi-
valence séparée entre la chaleur et le travail eompe/isés, toutes les fois que la
variation d'énergie interne est nulle, alors même que la transformation
serait accompagnée d'une variation de Jorce vive. Ce sera, par exemple, le
cas d'un gaz parfait reprenant sa température initiale au cours d'une trans-
formation de vivacité finie. En second lieu, il y a aussi équivalence séparée
entre la chaleur et le travail non compensés, toutes les fois que la variation
de force vive est nulle, même si le système ne reprend pas son étal initial.
C'est pratiquement le cas d'un métal fortement tordu ou comprimé. Plus
généralement, c'est aussi le cas do la chaleur irréversible dégagée par le
frottement ou la viscosité lorsque l'expérience a lieu à vitesse constante, ou
qu'elle s'effectue avec une faible célérité ( ' ).
On voit qu'il est nécessaire, lors([u'on parle du reloiir d'un système à sou
( ' ) Celle propriété a été quelquefois utilisée sans démonstration (voir I*",.1I. AjuciAT,
Comptes rendus, 1908).
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. l48l
étal initial, de liieii préciser si Ton entend par là le retour à leurs valeurs
|)rimitives des variables d'étal (retour à Vélat statique) ou celui des célérités
(retour à l'étal cinématique), ou encore de ces deux retours envisagés simul-
tanément. C'est dans ce dernier cas seulement (|u'il peut être (jneslion
d'étpiivalence entre le travail loi al el la chaleur totale.
3. Si nous idenlilions la chaleur non compensée absorbée par le système
avec le travail essenliellemcnl négalif des forces de viscosité ( — £^) en
écrivant
(4) JQ„ = -s%
la relation (3) prend la l'orme
(5) 5„ = Aiffi -t-e'.
Le travail non compensé est donc employé pour partie à produire la
variation de force vive AvV" et pour partie à équilibrer exactement à chaque
instant le travail de la viscosité.
En ajoutant (/j) et (5) on retrouve la relation (3) avec élimination au
second membre du travail de viscosité. Celle circonstance souligne et précise
la façon remarquable dont se fait le passage de la réversibilité à l'irréversi-
bilité. La portion e- du travail non compensé ne fait en quchpie sorte que
traverser le système en y éveillant les forces de viscosité qui la transforment
en chaleur.
\. On peut encore observer qu'en fait, ce qui disparaît généralement
dans une expérience donnée (celles de Joule, Hirn, Violle, elc), ce n'est pas
le travail mais bien plutôt la force vive. Ainsi, dans l'expérience classi([uc
de Joule, le travail moteur des poids n'est nullement anéanti, il est le
même que le calorimètre soit vide ou plein : seule la force vive est moindre
dans le second cas. On est ainsi amené à envisager l'énoncé suivani :
Il y a toujours équivalence entre la perle de force vive du système relative-
ment à la transformation purement mécanique correspondante el la chaleur
dégagée par le système.
Cet énoncé, qui exprime sous forme très concrète la transformation d'une
partie de l'énergie cinéti({ue sensible du système en cette forme d'énergie
invisible que nous appelons chaleur, est applicable à une transformation
absolumenl quelconque, sans aucune restriction.
l482 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Evci/ntion des spectres de F argon par des cleciroiis lents.
Noie de M. GEOR«iEs Dïmaudix, présentée par M. E. Bouty.
Il existe trois diflérents spectres de Tiirgon : le spectre rouge et le spectre
bleu n'ont aucune raie commune, tandis que le spectre blanc embrasse les
deux autres. Au cours de leurs recherches sur les rayons positifs, Stark et
Kirschbaum (') onl été conduits à considérer les raies du spectre rouge
c^mine omises par des ious monovalents et les raies du spectre bleu par des
ions portant deux ou trois charges élémentaires. Leur Mémoire renferme
des tables de raies « bivalentes » et « trivalentes », comprises entre 4ooo A.
et 4^^oo A.
J'ai recherché les conditions d'excitation des spectres de l'argon par
chocs des atomes du gaz avec des électrons de faible vitesse. Le dispositif
employé est identique à celui utilisé j)our la détermination du potentiel
d'ionisation de l'argon ("). Il se comjiose d'une lampe à trois électrodes,
du type moyen de la Radiotélégraphie militaire, renfermant de l'argon
sensiblement pur sous une pression de o"^'°,io; une différence de potentiel
progressivement croissante peut être établie entre l'anode, constituée parla
plaque et la grille réunies, et l'extrémité négative du filament. Les radia-
tions émises sont analysées au moyen d'un spectrographe assez lumineux
donnant une dispersion de 20 A. par millimètre dans la région spectrale
/|Ooo-45oo. Les clichés n'ont été étudiés en détail que dans ce dernier inter-
valle. La plupart des observations sont relatives à un courant de chauffage
de 4 ampères, correspondant au régime normal de la lampe.
L'ionisation du gaz se produit lors(jiie le potentiel accélérateur des élec-
trons dépasse une valeur critique voisine de ij volts (potentiel d'ionisation),
mais une luminosité n'est visible dans la lampe qu'à partir d'une valeur du
potentiel dépassant légèrement iG volts (po.tentiel d'illumination). On
obtient sur les clichés correspondant à d(^s voltages appliqués de 16, 5, 17,
20, 23, 3o et 33 volts un grand nombre de raies appartenant toutes au
spectre rouge de l'argon. (Quelques raies intenses de ce spectre apparaissent
d'ailleurs faiblement sur les clichés relatifs à un potentiel accélérateur com-
(') AniKilen dvr l'Iiysik, l. V2, igiS, p. 25ô.
{■) C<>iii/>li'S rcnctiis, l. 172, ig'J-i, p. !■>')-.
SÉANCE DU l3 JUI.N I921. l483
pris enlre i5 cl 16 volts, lorsque ia duiée de poso est considérable (3 lieurcs,
au lien de 1 5 minutes pour tous les autres cliciiés (' ).
Le spi'clre bleu de l'argon n'est visible que pour un potentiel accéléialeur
beaucoup plus élevé. Un certain nombre de raies apparaissent d'abord,
v(^rs 3\ volts, dans la région 4^00- '(Soo, puis, vers 35 volts, dans la région
/|00o-V3oo. Celte particularité n'est probablement due qu'à la variation
de sensibilité des plaques entre les limites de fréquences considérées.
En fait, pres(|ue toutes les raies signalées par Stark comme « bivalentes»
(4072, 4i32, 4-28, ^\'2']S, 4'-83,43oq), ainsi (|u'un grand nombre d'autres,
sont visibles sur le clicbé relatif au potentiel accélérateur de 35 volts. La
comparaison de ce clicbé. avec celui correspondant à 33 volts, montre
nettement la modification du spectre et l'émission des radiations nouvelles.
De simples observations visuelles, faites avec un petit spectroscope à vision
directe, suffisent d'ailleurs pour constater l'apparition des raies du spectre
bleu.
Les raies « trivalenles » de Stark (4î5(i, 4-i9> 4233, 443 '1) ne sont
\isibles que vers 4o volts, c'est-à-dire pour un [)Otentiel accélérateur nette-
ment supérieur (de 5 volls environ) à celui qui correspond à l'apparition
des raies « bivalentes ». Seule, la raie « trivalenle » iioi semble déjà
visible à 35 ^ olls, mais cette raie est très intense et son apparition peut être
attribuée aux électrons les plus rapides (le faisceau cathodique est loin
d'être bomogène). La comparaison des clichés relalifs à 38 et à 1 1 volts
montre d'ailleurs nettement le caractère spécial de cette raie.
Enfin d'autres raies du spectre bleu, qui ne figurent pas dans les tables
de Stark, n'a[)paraissenl que pour un potentiel accélérateur supérieur à
35 volts. Ce sont, en général, quelques raies assez faibles, visibles sur les
clichés relatifs à 45, 5o, 55 et 80 \olts, auxquelles il con\ient d'ajouter les
raies 43G8 et 4384 (comparaison des clichés correspondant à 39 et 42 volls).
Toutes les raies obserxées figurent d'ailleurs dans les tables de.Kayser et
d'l<"der et Valeula, sauf un très petit nombre de raies faibles, visibles seule-
ment sur les derniers clichés (80 volts). Les raies du spectre bleu : 4i74)
4175, 4488, mentionnées dans les tables, n'ont pas été observées. Elles
n'apparaissent (^), dans le spectre des tubes à vide, qu'avec les plus fortes
décharges condensées.
( ') Ce résullat semble indiquer que l'apparition de la liiminosilé, pour un polei.-
liel voisin de 16 volts, ni» correspond pas à un nouveau mode d'ionisation des atomes
(J'argon, mais simplement à un accroisseraenl de l'ionisation relative au potentiel de
i5 volls.
(-) Ainsi que les raies 4'7^ et 4i83.
l484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le couranl produit par les électrons peut être mesuré au moyen d'un
milliampèremètre intercalé dans le circuit anode-filament. A partir de
i8 volts, ce courant augmente lentement et régulièrement sans qu'il soit
possible de déceler aucune discontinuité vers 35 volts, potentiel critique
correspondant à l'apparition du spectre bleu.
Les observations précédentes correspondent à un courant de chauirage
de l\ ampères. Si l'on élève la température du filament, en portant l'inten-
sité du courant de chaulTage à 4.5 et 5 ampères, les raies du spectre bleu
sont déjà visibles sur les clichés pour un potentiel accélérateur minimum
de 17 volts, mais elles sont alors considérablement plus faibles que les raies
du spectre rouge. Dans ces conditions, on ol)serve une discontinuité très
nette de l'intensité du spectre bleu en comparant les clichés relatifs à des
potentiels accélérateurs de 32 et 36 volts.
Ces résultats ne sont pas susceptibles d'interprétation théorique piécise.
Ils semblent cependant, dans une certaine mesure, confirmer les conclu-
sions obtenues par Stark au moyen de l'observation de l'effet Doppler dans
les rayons canaux. On peut, en effet, considérer les potentiels critiques
do 1 5 et 33 volts comme représentant l'énergie nécessaire pour arracher
un ou deux électrons à l'atome neutre, avec émission correspondante des
raies « monovalentes » et « bivalentes » du spectre de l'argon. L'émission
du s|)ectrc bleu pour un potcnliel inférieur à 35 volts, dans le cas d'une
température élevée du filament (et, par conséquent, d'un bombardement
électronique très nourri) peut être attribuée aux chocs des électrons avec
les atomes ionises, venant de subir un choc efficace et n'ayant pas encore
repris l'état normal. Celle hypothèse, déjà proposée par ^ an der BijI ('),
parait d'autant plus valable qu'il s'agit ici d'un gaz sous une pression assez
élevée parcouru par un llux d'électrons 1res intense. Enfin, l'émission
des raies « trivalentes » peut être interprétée au moyen d'hypothèses
analogues.
RADIOACTIVITÉ. — Méthode rapide de mesure de la dèperdilion piopic d\tn
électroscope en vue du dosage de rêiiianution du radium. Note de
M. P. LoiSEL, in'ésentée par M. Lippmaïui.
Lorsqu'on veut doser de l'émanalion du radium en se servant comme
instrument de mesure d'un électroscope, il est nécessaire de corriger l'in-
tensité du courant d'ionisation mesuré du courant de déperdition de
(') l'hysical /ierietv, t. 9, 191-, p. i-3, et t. 10, 1917, p. "i^tJ.
SÉANCE DU l3 JUIX I92I. l485
l'électroscope, dû à la fuite le long des isolaiils et à l'ioiusation par la
radiation pénétrante. Ce courani de déperdition subit, au cours de !a
journée, des variations importantes, surtout au voisinage des sources
radioactives, variations qu'il faut connaître à chaque instant. Dans le
dosage de l'émanation du radium par la méthode habituelle, on mesure le
courant de déperdition axant l'introduction de l'émanation dans le conden-
sateur et l'on calcule l'intensité du courant maximum, mesuré trois heures
après, en retranchant de l'intensité observée la valeur du courani de déper-
dition mesuré au début, ce qui entraîne des erreurs notables surtout si la
quantité d'émanation à déterminer est faible. La méthode suivante permet
de calculer le courant de déperdition au moment de la mesure du courant
maximum.
Le courant maximum est dû en partie à l'ionisation produite par le
rayonnement propre de l'émanation, en partie à celle due au rayonnement
des radium A, B, C en équilibre, la valeur de ce dernier courant consti-
tuant les jv^d^J courant total d'ionisation, indépendamment de la fuite de
l'électroscope.
On sait, d'autre part, qu'après exposition longue, le rayonnement a
d'une lame exposée à l'émanation du radium et retirée de l'enceinte acti-
vante décroît de moitié en i5 minutes environ.
Ceci posé, mesurons l'intensité du courani d'ionisation produit dans le
condensateur 3 heures après l'introduction de l'émanation; nous avons
1,„, courant maximum ;
li, courani mesuré à l'électroscope;
I,i^;p, courant de déperdition.
Faisons rapidement le vide dans le condensateur et remplissons d'air
inactif; l'émanation est enlevée, seule reste l'activité induite, el le courani
qu'elle provoque est égal à
0,571,,,.
Si nous mesurons alors, i5 minutes après avoir fait le vide, l'intensité du
courant d'ionisation, nous avons
C^) o,;!85I,„=I,-Ij,,„
I2 étant le courani mesuré.
Divisant (1) et (2) membre à membre, il vient
0,285(I,-I«p)=::l2-I.lép,
i486 académie des sciexces.
d'où
, _l,-o,2851,
Nous aJiiiellons que, pendant la courle durée de Texpérience, le courant
de déperdition n'a pas varié.
Remarque. — Le vide doit être fait aussi rapidement que possible, sinon
le coefficient o,285 de la formule (2) doit être pris légèrement inférieur.
D'ailleurs, pour des mesures très précises, il faut laver le condensateur avec
un courant rapide de gaz comprimé, Fair atmosphérique que Ton y intro-
duit contenant toujours un peu d'émanation.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les inolyhdo-mjhtles d'amnioniiun cl de sodiiiDi.
Note de M. E. Darmois, présentée par M. Ilaller.
Dans une Communication précédente ('), j'ai indiqué que j'avais pu
isoler, dans les mélanges d'acide malique et de molyhdate d'ammonium, un
composé cristallisé très actif auquel il faut attribuer les fortes rotations
droites présentées par certains de ces mélanges. J'ai obtenu également le
même com|)osé : i" dans l'action du molybdatc d'ammonium sur le malate
acide d'ammonium ; 2° dans l'action de MoO^ dissous sur le malate neutre
d'ammonium. Dans ce dernier cas, MoQ^ peut être indifl'éremment soit
l'acide jaune soluble, soit l'acide blanc peu soluble, soit l'acide très soluble
obtenu par action de SO'H- sur le molybdalc de baryum précipité. J'ap-
pelle provisoirement ce corps molybdo-malate d'aDinioniiiiti.
Pour étudier sa composition, j'ai fail les expériences suivantes : on réalise
une série de mélanges (M(iO^)"CMl''0" où n prend les valeurs i; 1,.'); 2,
2,5 ; 3, 4. 5. On pn^nd un de ces mélanges. On étudie les solutions obtenues
en ajoutant à une quantité connue du mélange des quantités croissanles
trammoniaipic et complétant au même volume aM'c de l'eau. Les rolalicuis
dès solutions sont mesurées sous 2''"' pour les trois raies du mercure .'>7<S,
.ï46, 4.36. On calcule le jîouvoir rolatoirc en divifanl la rotation hius r'"'
par la quantité totale de substance dissoute dans 100""'. Les résultats sont
les suivants :
i" [aj varie légèrement avec la concentration; on comparera, par
exemple, des solutions renfermant toutes le même poids d'acide malicpie
dans 100""'.
(') Comptes rendus, l. 171, 1930, p. 348.
SÉAXCE DU l3 JUl.N I921. 1487
2" Pour II doiiiié, |a| augmente d'abord avec la ([iiaiilité de MIP jiis(|ii'à
un maximum, puis décroît. La cour'oe [)résente uu coude extrêmement nd.
Il a lieu en inèine leinps pour toutes les couleurs.
Exemple : n = 3(-^MoO% ^C*H"0-'. Ou ajoute .r""' d'une solution
de NH' à i""'',i>5 ])ar lilre, mi complète à 5o""'):
X .. ■,', .'1. 1. 'i.ô. "1. 5,5. G. fi, 5.
[a].,;,... ii4,8 i34,^ i54,7 157,0 162,4 i46,3 i3i.2 ii3,5
3" La courbe pour 11 = 1 est licitement au-dessus de toutes les autres;
le coude sur cette courbe correspondant à 2"'"' de NH' pour 1"*°' d'acide
malique.
Maximum approximatif de ('A pour :
n 1. 1.5. -l. ?,5. 3. 4. 5.
[s!),y* 80 lf\b 220 190 160 i3(i iio
Le pouvoir rotatoire maximum obtenu est de l'ordre de 220", c'est-à-dire
précisément celui du molybdo-malate d'ammonium. La cristallisation de la
solution correspondante fournit, de nouveau, le même composé. 11 semble
donc probable que, dans celui-ci, Mo(3% G''H"0' et NH' entrent respec-
tivement dans les proportions 2, i et 2.
J'ai étudié, par le même procédé, le partage de la soude entre les acides
molybdique et malique; les résultats sont identiques. J'ai pu les utiliser
pour isoler le sel de sodium à l'état cristallisé : 1° par action directe de la
soude sur les deux acides; 2" dans l'action du molybdale acide de Na sur
l'acide malique. Gernez avait montré (') (jue cette dernière action est
absolument parallèle à celle du molybdate d'ammonium. Le sel obtenu
est, toutefois, plus difficile à purifier que celui d'ammonium, à cause de sa
grande solubilité dans l'eau. Son pouvoir rotatoire est, également, voisin
de 200" pour le jauni^.
Il est vraisemblable ((ue la méthode indiquée ci-dessus est générale et
qu'elle permettra d'étudier et de préparer les molybdo-malales correspon-
dant aux difïerentes bases. Je poursuis l'étude de celte question.
(') Comptes rendus, t. 111, iSyo, p. 792.
l488 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉUALE. — Action (lu carbonate de soucie^ sur les solutions d'alun
de chrome. Note (') de MM. L. Mecmer et P. Caste, transmise par
M. A. Hallei-.
Si l'on prépare Vapidement une solution d'alun de chrome à une tem-
pérature connue, que l'on maintient constante avec le temps, et si l'on déter-
mine les (|uantités d'une solution titrée de carbonate de soude, nécessaires
pour produire, dans un même volume de liqueur d'alun de throme, l'appa-
rition d'un précipité permanent., au fur et à mesure que la solution vieillit,
on est conduit aux conclusions suivantes :
1° Immédiatement après la dissolution du sel solide, on observe une
première période relativement courte pendant laquelle la quantité de car-
bonate de soude va en augmentant avec le \ieillissemenl, jusqu'à un
maximum \ariant avec la dilution et la température.
Cette première période est d'autant plus longue et d'autant plus accusée
que la solution est plus concentrée et la température plus basse.
2° Après ce maximum, ou constate l'existence d'une deuxième période,
relativement longue, pouvant durer plusieurs mois, et pendant laquelle le
volume de solution de carbonate nécessaire décroît lentement, au fureta
mesure que la solution vieillit.
3° A température élevée, et particulièrement à loo", les deux périodes
sont de durée tellement courte, que l'on est conduit immédiatement à la
lin de leur action combinée.
Par exemple, si l'on prend des prises d'essai de 5o""' d'une solution d'alun
de chrome à o,5 pour loo, préparée en /| minutes à la tempéiature
de i/i^jSj à partir du sel pulvérisé, et qu'on l'additionne d'une solution de
N .
carbonate de soude — jusqu'à apparition du précipité permanent, en pre-
nant toutes précautions utiles pour régler et maintenir constantes dans
toutes les expériences lu \ itesse d'addition, l'agitation et la température, on
constate que pendant la première période, qui dure environ 3G heures après la
dissolution du sel solide, les quantités de carbonate de soude vont en crois-
sant de 6"", () à io""',4 (maximum). Ces quantités \ont en décroissant
ensuite lentement pendant plusieurs semaines.
Avec une solution à 5 pour loo, préparée en une demi-heure à i5°C.,
(') Séance du 6 juin 1921.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. i/jSq
sur la([U('llf on effectue des prises d'essai de 10""', qu'on iidditionne d'une
solution à i pour 100 de carbonate de soude, la picniièiT période dure
environ '(8 heures et correspond à des quantités de caibonale de soude
croissant de 5""', 5 à 10""' (niaximutn). Ces quantités \ont en décroissant
ensuite lentement pendant plus d'un mois.
Interprétation des résultats. — Les résultats précédents semblent être la
conséquence de la superposition de deux phénomènes distincts, se dévelop-
panl simultanément pendant le vieillissement des solutions de sulfate chro-
mique; d'autre part, le minimum de conducli'vité électrique signalé par
Sénéchal (') pour ces solutions paraît correspondre exactement au
maximum que nous avons observé dans l'action du carbonate de soude.
1° Aussitôt dissous dans l'eau, le sulfate chromique subit une hydrolyse
partielle immédiate, conduisant à un écjuilibre provisoire. L'hydrate chro-
mique libéré est tout d'abord simplement peptisé par le sulfate chromique
normal non hydrolyse, qui le maintient en solution colloïdale.
Petit à petit, l'hydrate chromique et le sulfate chromique normal réa-
gissent l'un sur l'autre, pour donner naissance à un complexe moins ionisé
et dans lequel l'hydrate chromique est plus dissimulé vis-à-vis de l'action
alcaline du carbonate de soude.
Si ce premier phénomène se passait seul, l'ionisation diminuerait donc
avec le temps et, au contraire, la quantité de carbonate de soude nécessaire
pour déterminer le commencement tie précipitation irait en augmentant.
2° L'hydrolyse immédiate ci-dessus n'est pas définitive; elle progresse
et s'accentue petit à petit, en devenant plus profonde (-), ce qui augmente
la concentration ionique et, par conséquent, la conductivité. Les granules
d'hydrate chromique libérés par cette nouvelle hydrolyse progressive,
ainsi que ceux de la première hydrolyse immédiate, non entrés dans le
complexe, grossissent avec le temps et la solution colloïdale qu'ils cons-
tituent devient de plus en plus sensible à l'action du carbonate de soude
agissant comme électrolyte, agent de coagulation.
3° Les deux phénomènes analysés ci-dessus se produisent simultané-
ment, mais, au début, c'est le premier qui prédomine; aussi la conductivité
électrique commence par diminuer et les volumes de carbonate de soude
'par augmenter; il en est ainsi jusqu'à ce que le deuxième phénomène prédo-
( ' I Sénéchal, L'étude physico-chimique des sels ckromiques, p. 20. Paris, 191 3.
(-) D'après le mécanisme récemmenl indiqué par M. Tian {Comptes rendus, t. 172,
1921, p. 1179).
C. R., 1921, 1" Semestre. (T. 1T2, ^• 24 ) I09
î490 ACADÉMIP DES SCIENCES.
mine à son lour, cl alors la conduclivité électrique augmenlc, tandis que
les quantités de carbonate de soude diminuent.
4° La théorie que nous venons d'exposer e.-^t encore confirmée par les
faits suivants :
a. Si au lieu de limiter l'addition A\\ carbonate de soude à celle qui est
ijécessaire pour faire apparaître le début du précipité permanent on ajoute
la quantité néeessaire pour précipiter entièrement la solution, on constate,
en opérant sur unt; solution fraîchement préparée à froid, que le précipité
lavé à fond ne contient p^s trace d'acide sulfiirique.
h. En répétant le même essai sur iino solution doqt on détermine l'évo-
lution rapide immédiate par l'ébullition, le carbonaite (\ç soude précipite
un mélange d'hydrate chromique et d'un sulfate complexe; en effet, ce
mélange lavé à fond et décomposé par l'aciçie chlorhydrique chaud, s<'
dissout en fournissant de l'acide sulfurique en proportions notables.
CHIMIE PHYSIQUE. — La dissolution retardée et la précipitation prématurée
du carbure de fer dans les aciers et Pinfliience de Vétat iintial sur ces p/iéno-
jnènes. iNote de MM. A. Portevin et P. Cuevekard, présentée par
\l. Henry Le Cliatelier.
La trempe d'un acier au carbone cotnpreiid deux opérations :
1° A réchauffement, mise en solution solide dans le fer y du carbure de
fer l'e^C pu cémentite.
■À° Au refroidissement, conservation en solution solide hors d'équilibre
dans le fer a du carbure de fer ainsi dissous, y— >a.
Il y a donc grand intérêt à étudier le processus et les modalités de la
solubilisation du carbure de fer au chauffage et de sa précipitation ulté-
rieure au cours du refroidissement.
Nous nous bornerons ici à examiner le cas le plus simple de l'acier eutec-
tique au carbone; dans celui-ci en effet la solubilisation, ou inversement la
séparation, du carbure de fer ne s'ofTectue en principe qu'en une seule
période marquant l'accomplissement de la réaction unique réverr
sible Fea 4- Fe^C ^solution solide Fey — C.
Les courbes de dilatation ne devraient donc présenter qu'une seule ano-
malie très marquée, tant à réchauffement (Ac) qu'au refroidissement(Ar),
anomalie sé[)arant la courbe de dilatation de l'état stable à froid de celle de
l'état stable' à chaud (austénile). La dilatabilité à l'état stable à chaud
SÉANCE DU l3 JlIN 1921. 1/191
(élat y) étant d'ailleurs, pour les divers aciers, à peu près indépendante de
la teneur en carbone.
En fail, si l'on examine altenlivement une combe de dilalation dillé-
renlielle {fig-. i) d'un acier eutectiqui-, on remarque, en oulre des ano-
malies principales Ac et Ar, les particularités suivanles :
I" En fin de transformation des crochets parasites tels que celui marqué
Cr au refroidissement; ils sont d'origine purement thermique et lésullent
de la non-identité des températures de l'échantillon et de l'étalon, du fait
de la chaleur dégagée par la transformation ; ces crochets élroilement
localisés dans l'échelle des températures ne constituent qu'un incident
expérimental systématique de la méthode différentielle. INous ne nous en
occuperons pas dans ce qui suit.
°
5-^
•-,,.200
5 00
l'o
J 500
faoo y-Ol
) ^00
900
1
--
^7:^
■a.\.
^^^
'V
■5
if^
0
Fig. I. — Courhe fie dilatalion diU'érentielle d'un acier euteclique coalescé.
Intervalle des tirels : 5 minutes.
/Vu refroidissement, on oliserve la précipitation prématurée de la eénientite.
■1° Une période à forte dilatabilité à réchauffement coiiséculive à la
transformation Ac; elle est entièrement comparable à celle qui s'observe
dans les aciers hypereutectiques et qui marque, dans ces derniers, la rpise
en solution de la cémentite dans la solution solide y créée lorsqu'on franchit
Ac. Cette anomalie supplémentaire à réchauffement déjà observée par
divers auteurs (') a été interprétée par eux comme une manifestation du
retard à la dissolution de la cémentite.
Tout d'abord, il est aisé de montrer expérimentalement le caractère
irréversible de ce dernier phénomène. L'anomalie de dissolution retardée
présente une amplitude d'autant plus faible que la température croît moins
rapidement, bien qu'elle persiste, très atténuée, pour des chauffages
extrêmement lenls de Tordre de 10 degrés: heure. En outre, quand la durée
et la température de chauffage sont suffisantes, la loi de dilatation de l'acier
(') De Nolly el Verrey, P. Chevenard, Andrew, Rippon Aliller et Wragg.
1/192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
devient e.xaclcnienl réversible dans loul le domaine dv lenipératures
supérieures à Ar, avec une dilatabilité sensiblement égale àcolle du fer y, le
carbure de fer est alors dissous entièrement et d'une manière bomogène.
Mais, quand rhomogénéilé de la solution solide n'est pas réalisée, on observe
de même au refroidissement et peu avant le début de Ar une région à
forte dilatabilité (/ig. i) ; l'acier apparaît donc hypereutectoïde ; en d'autres
termes, il y a précipita/ion prématurée de la cémentile au refroidissement ;
par suite de la lenteur des diffusions à l'état solide, la teneur en carbone
dépasse 0,9 pour 100 en certaines régions de l'austénite et l'acier est
localcmenl hyjiereutectoïdc.
Si cette conception est exacte, l'bomogénéité de la pliase y (caractérisée
par la disparition du pbénomène de précipitation prématurée^ doit être
assurée, pour une vitesse de cliauffe donnée, a partir d'une température
d'autant plus faible que les particules de cémentite ont des dimensions plus
restreintes. Or l'expérience est venue confirmer entièrement cette con-
clusion.
Fig. 3. — Courbe de dilalalioii dillùienliellp du même acier régénéré.
Intervalle rjcs lirels ; .') minutée.
Au refroidissement, la dilalal)ilité est normale dans le domaine de l'austénite,
Les deux diagrammes {Jîg. i et 2) se rapportent à un même acier eutec-
toïde et ont été décrits dans des conditions identiques de cbauffage et de
refroidissement. Mais dans le premier cas (acier coalescé), le métal avait
été recuit préalablement de manière à renfermer la cémentite à l'état globu-
laire; dans le second, l'acier régénéré par plusieurs chauffages suivis de
refroidissements rapides était constitué par delà perlite en lines lamelles. La
précipitation prématurée, manifestée dans l'acier coalescé. n'apparaît pas
dans l'acier régénéré.
Ces constatations expliquent le riMe joué dans la trempe par la tempéra-
ture et la durée de chauffage, par les traitements préliminaires (trempe ou
recuit) que l'acier a subi antérieurement et par la trempe à température
SÉANCE DU I ) JUIN 1921. l493
descendante ('). On conroil, d'après ce qni précède, que l'influence de ces
facteurs est variable suivant les aciers et pour un même acier suivant l'état
initial (').
Si Ton n'oblienlpasTaustéuite homogène au chaulYage, la trempe ne pourra
fournir qu'un complexe de martensites à concentration inégale en carbone.
On s'explique ainsi les points multiples Ar" à basse température observée
dans les aciers pour lesquels la mise en solution du carbure est très lente
(aciers chrome-tungstène, aciers nickel-chrome).
CHIMIE ORGANK^UE. — Sur fa (lés/ivdratation du phényl-i-itiméthyl-
1.1-hutnnol-i et du diphènyl-\.?)-dimèthyl-'i.i-piopanol-\. Note de
M"*" Jeanne Apolit, présentée par M. A. Haller.
MM. Haller et Bauer ont donné une méthode générale de- préparation
des trialcoylacélophénones au moyen de l'amidure de sodium et des halo-
génures alcooliques (^). ils ont, entre autres, préparé diverses célones
répondant à la formule générale
C'II^— CO-C— R2,
\r,
R,, Ro, R3 étant des radicaux gras ou aromatiques.
La réduction de ces cétones, au moyen du sodium et de féthanol, donne
des alcools de la forme
/H.
C''H'-CH011-C— R2,
\R3
qui, par déshydratation, conduisent à des carbures dont la formation ne
peut s'expliquer que par la migration d'un radical.
M. Haller et M™" Ramart ont étudié les transpositions accompagnant la
(') On peut ainsi réaliser une auslènite homogène à haute température tout en ne
trempant qu'à température aussi basse que possible, ce qui oITre tous les avantaf^es au
point de vue tapures et déformation. L'écart entre les températures de chaullage et de
trempe peut être très grand dans les aciers spéciaux (600° pour des tôles minces en
acier nickel-chrome).
('-) Voir A. PoRTEViN et \ . Bernard, Rev. Mél., t. 12, 1916, p. 147.
(') Comptes rendus, t. Ii8, 1909, p. 70.
l494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
déshydratation du phéiiyl-i.diiiiéthyl-2.2-propanol-i
C«H^- CHOH - G— CHS
\CH'
et ils ont caractérisé le carbure
identique à celui que MM. Biaise et ( lourtot ont obtenu par une autre
voie (^).
Ayant à notre disposition ces méthodes générales de préparation des
cétones et alcools correspondants, nous envisageons le cas où les radicaux
il,, R.,, 1»3 sont différents, dans le but de voir quel est le radical qui émigré
de préférence au cours de la déshydratation.
fifude de CH^.CHOH - C-C=H'. - Le phény]-i-diméthyl-2.2-buta-
nol-i est un liquide obtenu par réduction de la diméthyléthylacéto-
phénone.
La déshydratation de cet alcool a été laite sous l'action de la chaleur, en
présence de terre d'infusoires, vers Soo". La distillation du produit obtenu
donne deux portions: l'une passant à i95°-i98'' à la pression ordinaire,
l'autre à 2o4°-2o6''. L'analyse de ces corps montre que l'on a deux isomères
de formule C'^* H".
Oxydation. — La portion qui passe à ao^^-aGG" a été traitée par CrO' en solution
acétique de façon à fournir a^^So par molécule de carbure. Ouand la totalité du CrO'
a été ajoutée, et que la solution est devenue verte, on cliauil'e à l'ébullition et l'on
i-ecueille les premières portions qui passent à la distillation.
Elles contiennent un liquide donnant de l'iodoforme avec une solution alcaline d'iode
dans Kl. Le reste de la liqueur verte, reprise par l'éther, est neutralisée par du car-
bonate de sodium, séchée et distillée.
Après élimination de l'éther, le liquide restant a donné par rectification deux
portions : l'une passant à igS^-aoc" et l'autre à 2io°-2i5°. Chaque portion est traitée
par du chlorhydrate de semi-carbazide et de l'acétate de soude. La première donne
la serni-carbazone de l'acétophènone,^ fondant à 20^»; la seconde donne la semi-car-
bazone de l'éthylphénylcélone fondant à 177°.
La porticn de carbure distillant à ig^^-igS" a donné les mêmes semi-carbazones avec
une quantité plus importante de semi-earbazone de réihyl])hénjlcétone.
(') Bull. Soc. chimif/ae, 4° série, i. 27, ign), p. ^Si.
(') Bull. SoCi chimique, '.i" série, t. 2.Ï, i;)ii6, p. 5S7.
SÉANCE DU li .WIN I92I. I^gS
Les deux carbures isomères, depuintsd'ébullilion très voisins, ne pouvant
pas être séparés, on conclut que la première portion (193"- 198°) contient en
majeure partie du carbure
et la deuxième du carbure
L'équation de déshydratation peut donc être exprimée
/CH' / CH3/^-^\cH3
C«H^-CHOH — G — C^H— H-0 <
\CH3 \ C»H'\ /CH3
.CH3
Déshydratation du C'H'^— CHOH - C— CH^-G^HS dip/ténvl-i.i-di-
mèthyl-i.i-propanol-\ . — MM. Haller el Bauer ont préparé la diméthyl-
benzylacétaphénine (-) dont la réduction donne un alcool cristallisant en
aiguilles groupées en petites liouppes. Ce corps est soluble dans l'éthaiiol
bouillant, dans l'éther et le benzène. 11 fond à 49°j5o (n. c). Déshydraté
à 240° au maximum, en présence de terre d'infusoires, il donne un carbure
qui distille à 170°- 172° sous 20™"'.
Oxydation du carbure. — L'oxydalion chroiiii([ue est dirigée comme dans le cas
précédent. On opère lentement, de façon que la température ne dépasse pas 60°.
Ap'rès addition totale de la solution chromique, quand la liqueur est verte, on chauffe
à l'ébullilion el Ion recueille quelques centimètres cubes de propanone, caractérisée
par la formation d'iodoforrae sous raction d'une solution d'iode dans Kl en milieu
alcalin. La solution de S0'*llg donne également un précipité blanc. Le reste de la
solution, repris par l'éther, a donné, après distillation de l'éther et rectification sub-
séquente du résidu, des portions passant à
lou'J-io")'', ior)°-i2o°, i2o"-i^5'', i75°-i85", sous 20"'™.
Chaque portion, traitée par du chlorhydrate de semi-carbazide et de l'acétate de
soude en milieu acétique, a permis d'obtenir les semi-carbazones suivantes, déter-
minées par leur point de fusion :
(') Kla,^es. C, 1904 (I), p. i5i5.
(*) Comptes rendus, t. 149, 1909, p. 5-
I^g6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Serni-caibazone de racélopliénone. de la niéthvlbenzylcélone el de la désoxyben-
zoïne. lin outre, on a décelé la présence de l'acide henzoïque.
Cette oxydation permet de montrer qu'il y a, dans la déshydratation,
migration du radical méthyl ou du radical benzyl, dans des proportions
sensiblement égales. Les deux isomères ont des points d'ébullition trop
voisins pour qu'on puisse les séparer.
Nous pouvons représenter le phénomène de déshydratation par l'équalion
suivante :
/CH» / CH^/^- \CH*— C'IP
C«[I'-CHOH-C — CH^C'H'— H^O /
\CH' C«H^\ /CH3
C«H~CH-/ \CI1^
c'est-à-diic (ju'il se lorine du diphéiiyl-i .3-méthyl-2-butène-2 el du
diphényl-i.2-méthyI-3-bulène-2.
ciu.MlE oliiiANlQUE. — Sur la composllion de l^essrnce de tèrêhenthine
française et sur le bromure d y.- pi ne ne. Note de M. Pari.selle, pré-
sentée |);ir M. Haller.
En éliidianl la dispersion rotatoire des diverses fractions de l'essence de
lérébenthinc française, M. Darmois (^) est arrivé à cette conclusion que
celle essence contenait 62 pour 100 de pinène a et 38 jiour 100 de pinène [i
ayani des pouxoirs rolaloires respeclivemenl égaux à — 44"î4 cl — 22", 6.
Dans le but d'éludier la fixation d'acide bromhydrique et de brome sur
des produits chimiquement définis, j'ai soumis à de 1res longs fraclionnc-
menls dans le vide, au moyen d'un luhe Ollo à 5 bnules, i5' d'essence de
térébenthine. .J'ai pu ainsi isoler les coiislituanls de l'essence française et
retrouver expérimentalement la plujiari des résultats relatifs au pouvoir el
à la dis|)eisioii rolatoires prévus par M. Darmois. Je donnerai les princi-
[)ales pmpriélés physiques de ces carbures, puis j'étudierai la fixation de
l'acide brondiydrique et du brome.
I'|M';>K z. — Tenipéraluif (réluillilldii ; [53°, 5-i5V', •'> sons ^60™"'; 62° sous 32'""'.
(/„=o.8748, (/6= ^V-7 ; /.,'■ = 0,000, q3. /,i''" = o,ooi;
i -h i<'J
Afi'i' ~ I . '|('90- lim=i'.''^5 (i-aliiilc : '|3,.54)-
(') l>AiiMois, Thèse rt<' dovloral. i()io, p. (k'i.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. ll^Ç)']
Coeflicii'iil (le viscosilo : rjr=o,oi4'-
l'iitivoir rotaloirc : [5:|,',"r= — '|3'',48.
Dispersion rolatoire : 1 (Àr^SSg); i,i85 (À = 546) ; i .^{'/. = !tÇj-2); 2{l^= yiô).
On peut remarquer que le pou\oir rolatoire du pinèiie « ainsi isolé est supérieur à
tous ceux que l'on avait obtenus jusqu'ici a\ec l'essence française. La plus ferle \;ilcur
obtenue par M. Aignan ( ' ) était de — 4i")9'J.
i>e plus, la dispersion égale à 2 pour la raie bleue '|3(') niontie (|ue ce corps est pra-
ti(|ucrncnl exempt de pinène jj.
I'okm: lÎ. — 'l'enipéralure débullition ; i63''-i(i4" sous j6o""". 71", 5 sous 34"'"'-
f/„— 0,8848, f/,3= 0,8728,
«,','= 1,479-
Coefficient de \iscosilé : r, = 0,0173.
f^apport des tensions superficielles de» pinènes {S et a : i ,o65 (').
Pouvoir rotaloirc : [<z]|',' =: — 19°, 80.
Dispersion rotatoire : t(>. = 589); i,i(/t=ô46); 1 , i5(>. = 492); 1 ,08 (A = 136).
Action de l'acidk bromhydrique. — 1° Pinènr x. — Une molécule de a-pinéne
absorbe à froid une molécule de gaz bromhydrique desséché en donnant une niasse
pâteuse renfermant de 60 à 76 pour 100 de cristaux.
Le bromhydrate solide, après une série de cristallisations dans l'alcool métbylique
bouillant, fond à 94° et bout sans décomposition à g4° sous 12°"".
Ces deux derniers nombres donnent approximativement les coordonnées du triple
point de bromure d'isobornyle.
Son pouvoir rotatoire pris en solution dans le toluène est [oi]l,' = 21" ,g^. La
partie liquide séparée des cristaux et distillée dans le vide, redonne encore une forte
proportion de bromhydrate solide, mais permet cependant d'isoler un bromhydrate
liquide isomère qui ne peut être considéré comme pur car il retient forcément en
dissolution l'isomère solide. Ce liquide bout à 96° sous 12'°"', a un indice de i ,5o6 et
un pouvoir rotatoire d'environ 3o°.
En opérant la fixation d'acide bromhvdriqne en solution acétique les résultats sont
analogues, mais la proportion d'isomère liquide est plus forte.
2» Pinène !3. — Les choses se passent de la même façon et l'on obtient encore deux
variétés. Le bromhydrate solide qui domine a les mêmes constantes physiques que
celui relatif à l'ot-pinène, en particulier la dispersion rotatoire est égale pour les deux
corps à 1,98 pour la raie bleue 436; seul le pouvoir rotatoire est différent et égal
à 3i°3o.
(^)uanl à la variété lii[uide elle a un pou\oir rolatoire égal à 22°.
Les résultats [trécédents conlirment ce fait que pat' fixation des hydra-
cidcs, les deux pinènes donnent les mêmes corps; mais, en outre, ils per-
(') AiiiNAN, Thèse de doctorat^ 1898.
(') Ce nombre a été déterminé en comptant le nombre de gouttes données par une
pipette.
l49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
mettent de déterminer le rapport outre le poids /j, d'y.-pinène dextrogyre
et le poids/>;2 d'a-pinène inactif qui se trouvent dans l'essence française.
iCn effet si Ton admet que le ^-pinène est une variété dexlrogyre pure
(hypollièse rationnelle, puisque le pou\ oir rotatoire est sensiblement indé-
pendant de la nature de lessence d'où on l'a extrait) et qu'il donne,
comme l'a-pinène dextro,i<yre, la variété dextrogyre pure de bromure
d'isobornyle, on aura
Pi-hp, 3r.,5
El l'a-pinène dextrogyre aura pour pouvoir rotaloire
43%48x -^4-4 = 480,80
27», 95
nombre qui correspond aux plus grandes valeurs obseivées (') et (-).
Actions du broMe sur le pinènè a. — J'ai fait agir du brome dilué dans le
tétracWorure (ïe carbone sur le pinène a dilué dans le mêrtie solvant et
refroidi à — 10". Kn versant la solution de brome goutte à goutte de
manière à éviter toute élévation de température, on n'observe aucun
dégagement d'acide bromhydrique, mais contrairement à ce qu'affirme
M. \^ allach (') il faut verser plus de deux atomes de brome ( ' ) par molé-
cule de pinène pour arriver à une coloration persistant d'une façon tem-
poraire.
Le produit, débarrassé du télrachlorure de carbone, esl distillé dans le
vide en plaçant un laveur à eau entre la trompe et l'appareil de distillation.
(.)n obtient d'abord du bronihydiiHc .solide (F. 94°) sans qu'il v ait trace de
décomposition. En chauffaftt davantage, on peut recueillir ensuite un
liquide, la température indiquée par le thermomètre montant de pô^à 160"
sous 12""". Cette deuxième distillation ne selTectue pas sans décompo-
sition, car on a constaté quil s'est dissout dans le laveur une forte propor-
tion d'acide bromliydrique (correspondant au tiers enxiron du brome
employé). Le licjuide la\é et rectifié à nou\eau, m'a donné un monobrc-
mure liquide et un dibfomure cristallisé (analyse Br pouf 100, 5/i,55;
calculé 54«o5) qui fond à iSo", mais commence à se décomposer légèrement
à i3()".
(') N'iiZFs, Bull. Soc. Ch., ^' série, t. 5, p. gSy..
(-) Smith, J. and Proc. 0/ fioy. Soc. oj N. S. Il alis^ 1. ;V2. p. 19"),
(') Wai-LACII, Licbigs Ann., l. '2&k. p. H.
('•) environ :>. et 4.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. l499
Quant au résidu non distillé de la première opération, il cristallise par
refroidissement et on peut en extraire un dihromure qui fond à iGS^-iGS"
(analyse Hr pour 100, 5/(,4g)f c'est le dihromure de Wallach {loc. cit.)
distinct du précédent. I.a formation de ce dihromure sous forme solide
a toujours été postérieure à la décomposition des bromures primitifs. Ce
fait, joint à l'existence d'un faible rendement et à l'inactivité optique du
produit, permet de conclure que, selon toute probabilité, ce dihromure n'est
pas un dérivé d'addition de l'a-pinène.
En résumé, l'action du brome sur le pinène, même lors(|u'elle ne donne
pas lieu à un dégageinenl d'acide biomhydrique, conduit à un mélange
complexe de produils d'addition et de substitution, l'hydracide étant
absorbé par le pinène au fur et à mesure de sa formation.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur Ics tétrahydronaphlol.s.
Note de MM. A. Brochet et R. Cornubert, présentée par M. A. Haller.
Des quatre létrahydronaphlols a et [ï possibles, trois ont été décrits
jusqu'ici; seul le tétrahydro-a-naphtol aticyclique n'avail pu être préparé.
L'hydrogénation des y. et 3-naphtols sous pression en présence d'un cata-
lyseur constitué par du nickel réduit, nous a permis d'obtenir les quatre iso-
mères ainsi que l'un de nous a déjà eu l'occasion de le signaler (').
1° Hydrogénation de V'i.-naphtol. — 200^ d'a-naphtol ont été hydrogénés
à iSo" environ sous une pression de iS"'" en présence de 25^ de nickel. Dans
le produit brut ainsi obtenu nous avons séparé les deux isomères, aroma-
tique et alicyclique, par battage à la soude, ce qui nous a donné i5 pour 100
de dérivé aromatique (1) et 85 pour 100 de dérivé alicyclique (11).
CH^ C-OH Cil CHOH
CH^ CH CH CH'
r. If.
Ces corps présentent les propriétés suivantes : nr-tétrahydro-y.-naphtol{\),
F. 68"; ac-létrahydro-y.-naphtol (II) liquide assez visqueux, brunissant len-
tement au contact de l'air, Éb.Ji,,, : i39''-i4o; fi?^= 1,0896; nî;^=î,567i;
(') A. lÎBOCHET, Hall. Soc. chini., 4' série, l. J3, 1910. p. 198.
lOOO ACADEMIE DES SCIENCES.
(H. M. )„ trouvée 4/1. 3;, calculée pourC" H" 01^14,10; (E. M.)„=^ + o,^7-
Cet alcool a donné très aisément une phényluréthane fondant à 121°.
2° Hydrogénation du ^-naphtol. — L'hydrogénation a été effectuée dans
les conditions indiquées pour risomère a. Elle a fourni 25 pour 100 de
dérivé aromatique (III) et 7.5 pour 100 de dérivé alicyclique (IV).
Cli^ CM
cii-^l^\<--^%: — OU
cii^l .Pv Jeu
m.
CH CH-
CH:/'\C/\CH0II
CH CH=
Ces corps ont présenté les caractères suivants : ar-tèlrahydro-'^-naplitol,
F. ^']°^^\ ac-tèti-aliYdro-'^j-naphtol, liquide excessivement visqueux, brunis-
sant au contact de l'air; Eb.JII,^ : il\[\°^S-\'\6°,3\ ^-J = IjO^iS; «j," : i,5523;
(R.M.)„ trouvée 44>i6, calculée 44» 'o; (E. M.)„= + o,o6. Cet alcool
nous a donné une phényluréthane fondant à 99°.
L'hydrogénation des naphtols, par la méthode mise au point par l'un de
nous ( ' ), conduit donc très aisément aux tétrahydrodérivés ; l'hydrogénation
se fait complètement sans qu'il y ait formation des décahydronaphtols
décrits par Leroux (- ).
CHIMIE ORGANIQUE. — De l'influence du molyhdatc d^ ammoniaque sur
le pouvoir rotaloire de la mannite. Note de M. (jeokges Tanket,
présentée par M. 1^. Maquenne.
On connaît les modilications apportées au pouvoir rotatoire des sucres
par l'addition de molybdate acide d'ammonium, modilications dont j'ai
rappelé quelques-unes et signalé de nouvelles dans une récente Communi-
cation (^) et qui sont vraisemblablement attribuables à la formation de
complexes organo-molybdiques.
Dans le but d'isoler un de ces composés, je me suis adressé, non pas aux
sucres réducteurs, plus ou moins altérables et de cristallisation souveni
(') A. Wv.ov.WKt , CoinjiU's rciithts, l. I5S, 191 i. p. i35i.
{-) Leroux, .(////. 67i., 8'' l^cl■i(^ t. 21. lyio, p. !\'i'6.
C) Cl. Tanhkt, Comptes rendus, l. 172, h)2), p. iS63.
SÉANCE bU l3 JUIN 1921. l5oi
dil'iicile, mais à un alcool polyal(niii(|iie slahlc et lelaliveiiieni |i('ii soliililc :
la mannite.
I. (Icrnez. en iH()i, a inoiilrc (jiie la iiiaiinilc, Itès l'aiblcment lévogyre
(|a|n=:— o",25), devient l'orlemeiit dexlrogyre sous l'mfluence de quan-
tités croissantes d'heptamolybdate d'ammoniaque : son pouvoir rotatoire
atteint un maximum et se met aussilôt à décroître. Mes déterminations
conlirment celles d^• Liernez. F.lles montrent de plus que la valeur de ce
maximum est variable selon la concentration en mannite des solutions,
passant de [a]„ + 39^,2 à + 45" pour des concentrations de -7- à -r- : elles
montrent aussi que la décroissance ultérieure de pouvoir rotatoire est beau-
coup plus profonde qu'elle n'avait été notée jusqu'ici, celui-ci tombant
à + 7°,5 et peut-être même plus bas.
L'expérience montre que le maximum est exactement atteint lorsqu'à ii^de
mannite on a ajouté -2^ de molybdate. Si l'on supposait qu'il s'est l'orme une
combinaison moléculaire entre la mannite et MoO' libre du molybdate, on
serait amené à conclure que ce maximum est obtenu lorsqu'à i™"' de man-
nite on a ajouté i"'°',i8 MoO', d'où la formule probable
6C"H'*0%7MoO^
Si, d'autre part, on s'atlachait à l'idée d'un simple composé d'addition, on
verrait qu'il faut 1'"°' de mannite pour — — de molécule de molybdate, pro-
portion qui se rapproche sensiblement de la fornnde
C^H-'O^ -^^Mo'02'•Am^ 4H-^0|.
.)
Aucune de ces deux formules ne paraît pourtant rigoureusement satis-
faisante.
II. Comme les sucres réducteurs, mais plus complètement encore qu'eux,
la mannite est capable de saturer l'acidité due, dans l'heptamolybdate d'am-
moniaque, aux 4 MoO' faiblement combinés de ce sel. Ainsi, tandis que
is molybdate, dissous dans 4o"°' eau, exige l'addition de 6™', 6 NaOH nor-
male pour être neutralisé à la phénolphtaléine, il ne faut plus, pour arriver
au début du virage rosé, que 4™°)2 lorsqu'on a ajouté os,25 de mannite,
que 2""" lorsqu'on en a mis o»,5o, etc.
Comme dans le cas des sucres, le virage s'efface du reste assez vite et
nécessite ultérieurement, pour se. reproduire, l'addition de nouvelles
quantités d'alcali. Il semble donc que la combinaison organo-molybdique
formée se dissocie ra|)idement et tend à un nouvel équilibre.
I$02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ni. Il est aisé d'isoler i'i l'étal cristallisé le complexe répondant au pou-
voir rotatoire maximum de la mannile.
Pour cela on fait une solution de iS*'' mannite et 3o'' molybdate dans
200""' eau. Au bout de peu de temps une abondante cristallisation se pro-
duit : on la recuiille, on lave à l'eau et l'on sèclie à l'air. La concentration
modérée des eaux mères fournit de nouveaux cristaux.
Le corps ainsi obicnu est blanc, cristallisé en fines aiguilles soyeuses.
Il se dissout à i5° dans 36 parties d'eau, dans 3'', 5 à 100". Sa solubilité
augmente en présence de molybdate d'ammoniaque ou de mannite. Son
pouvoir rolatoire, pour des solutions variant de /„ k ~, est constant et égal
à -f- 52°, 5.
Le dosage de \lo(V, de MH% de H-() et du carbone lui assigne la
composition [( i3MoO% 7NH', 7C«H'M )«) - 6H-0] + 3H-(). On voit
donc que, abstraction faite des 3™°' d'eau de cristallisation qui s"en vont
sur l'acide sulfurique, il s'agit d'un complexe formé de 7™°' d'un man-
nito-molybdate d'ammonium, dont les restes de mannite seraient à nou-
veau étliérifiés par 6\lo<)' avec élimination de GH^(). ( )n peut le repré-
senter par un scbéma tel que
MoCr^ Mo 02 Mo 02
CHOH C(On) CHOH
I I I
(CHOH)' (CHOH)» (CHOH)»
I II
xM r.,/GHOH „ ^,/CHOH „ _ /CHOH
Ce cumpk'xo, acide aux indicateurs, cl dont la neutralisation par NaOH
est lento et progressive, est remarquable par sa fragilité chimique. Il est
inaltérable par l'eau, mais les alcalis dilués le décomposent immédiatomenl
on mol>bdal(' neutre et mannite, d'où perle totale du pouvoir rolatoire.
Los aoidos minéraux le dédoublent à froid et, selon leur concentration, il
s'établit un équilibre (mannite + polymolybdale 4- complexe) variable
selon la masse de l'acide mis en œuvre et entraînant une baisse graduelle de
pouvoir rotatoire : ainsi i^ de ce corps, dissous dans 30""' SO'H^ à 3
pour 100, donne [a]D = +38°,3; avec SO*H- à 10 pour 100, on a
[a]„ = + i3°,3 et, avec SO^H" à 4o pour 100, [a]^ = + 2". On comprend
ainsi pourquoi la courbe primitive des pouvoirs rotatoires de la mannile,
telle qu'on peut la dresser sivec les chiffres de Gernez, présente une cassure
brusfjue et comment sa deuxième branche l<Mid vers zéro : un excès d'iiep-
SÉABfCJE PU l3 JCIX 1921. i5o:i
tamolybdatc, mis rn présenc<> du complexe étudié, agit en effet par son
M()< )■' lil)re et, par une série d'équilibres suecessil's, tend vers l'état final
I polymolN bdi)te -+- mannite | dépourvu de pojfvoir rotatoire.
E/i résumé, la mannite ofTre ainsi le premier exemple d'un alcool pojy-
atomiqne capable de donner, avec le molybdale acide d'ammoniaque,
un complexe bien défini, d(jué de pouvoir rotatoire et isolabb- par simple
cristallisation. Une telle reclierciie, qui complète celles de (îernez, appa-
raît, il va sans dire, comme susceptible de généralisation.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur In réduction du naphtoale d'éthyle et un cas de
réduction d'alcool en carlmre par le .sodium et V alcool absolu. iNote de
M. Hervé de Poh.mereau, présentée par M. Cb. Mouren.
MM. Bouveaull et Blanc ont montré (') que le benzoate d'étbyle n'est
pas réduit par le sodium et l'alcool absolu; je me suis proposé de voir s'il en
était (le même pour le naphtoate d'éthyle.
Le napbtoate d'éthyle a est réduit par le sodium et l'alcool al»solu, mais
il ne donne pas l'alcool correspondant, ainsi que cela se produit générale-
ment pour les éthers-sels. Cette réduction fournit un carbure qui bout
à 228" sous 760""°, et qui a été reconnu comme étant un dihydrométhyl-
naphtalène. En effel, ce carbure répond à la composition C" H'-, il fixe deux
atomes de brome pour donner un dibromure cristallisé C'H'^Br-, blanc,
fusible à 84"; de plus, il est identique au produit obtenu en réduisant
l'oc-méthylnaphtalène par le sodium et l'alcool absolu. Ce carbure ne donne
pas de picrate; c'est donc probablement un méthyldihydro-i .4-naphtalène,
car le dihydronaphtalène-i .4, provenant de la réduction du naphtalène par
le sodium et l'alcool absolu (-), ne donne pas non plus de picrate, tandis
que le méthyl-i-dihydro-3. 4-naphtalène obtenu par Auwers (^), en déshy-
dratant le méthyl-i-télrahydronaphtol-i par l'anhydride phosphorique,
formerait un picrate.
Ce résultat m'a conduit à rechercher si l'alcool a-naphtylique
C'"H'CH20H
est réduit par le sodium et l'alcool absolu. La réduction par le sodium de
(') Comptes rendus, t. 137, igoS, p. 60.
(-) Bamberc.er, Liebigs Ann-, t. -288, iSgS, p. 70.
(^) K. YON AuwEus, Liebigs Ann., t. 415, 1918, p. i63.
l5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tiilcool a-naplilylique a donné quiinlitativement le même diliydrométhyl-
naphlalène (;"'ir'CH\ Celle réduction d'un groupemeiil alcool primaiie
en groiipemeiil méthyle par le sodium et l'alcool absolu n'a pas encore, à ma
connaissance, été signalée.
L'acide naplitoïque a été préparé en oxydant l'alcool cz-naphtvlique. soil par le
mélange chromiqiie, soil par l'acide nitrique (D =; i, i3); celte dernière oxydation a
donné des rendements un peu plus élevés que la première.
L'a-mélliyinaplilalène a été obtenu un faisant agir le sulfate neutre de méthyle sur
le bromure de naphtylmagnésium, d'une manière analogue à celle indi(|uée par
Houben (') dans la série benzénique.
L'alcool a-naplitylique a été préparé suivant la méthode emplovée par \ohnar(-)
en faisant agir du trioxyméthylène sur le bromure de naphtylmagnésium.
.]'ai constaté que cet alcool a-naphlylique peut se décomposer partiellement ii l:i
distillation en l'éther-oxyde correspondant (C'H'CH- )-0, lequel forme de [)etils cris-
taux blancs fusibles à ii8°.
En résumé, le naphtoate d'éthyle a est réduit par le sodium et l'alcool
absolu, pour donner non pas l'alcool correspondant, mais un dihydromé-
thylnaphlalèue identique à celui que l'on obtient en réduisant de la même
façon le méthylnaphtalènc a. L'alcool a-naplitylique est également réduit
dans les mêmes conditions pour donner le inêmcdihydroiiiélliyinaphtalène.
Je me propose do poursuivre Fétudo de la conslitulion et des propriétés
de cel liydrocarbure, et d'étendre ces résultais à la série [i.
CHIMIE ORGANIQUI:;. — Décom/josiUun des alcoolatcs et des p/iénales nutal-
liq lies par la chaleur. Note ('] de M. J.-F. l)rn.%Ni). transmise par M,
P. Sabatier.
Les alcoolatcs. surtout ceux des métaux alcalins cX de l'aluminium,
réagissent sur un grand nombre de corps et ont été fréquemment utilisés,
à ce titre, en Chimie organique. Kn revanclie, il ne semble pas qu'ils aient
été beaucoup étudiés en eux-mêmes.
De Forcrand ( ') a indiqué la préparation des mélhylates et élhylales de
potassium et de sodium, exempts d'alcool en excès, et a calculé leurs
(') lIoLiinN, Bcr., i. 36, 1900, p. 3o83.
('-,) Voi.MAn, Thvse doc(, es Se. p/ivs., I^aris, ujiS.
(■') Séance du li juin 1921.
(') l)K l'ORCHAND, Annales de Chimie cL df l'liYsi<it(i\ 6'= séiie. t. il, 18S7. p. "iJ.")
et '162.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. l5o5
chaleurs de formation. Il résulte de ses recherches que ces alcoolatcs sont
stables jusqu'à 200° au moins. Je me suis proposé d'étudier la façon dont
se comportent les alcoolates, et aussi les phénates, sous l'aclion de la
chaleur.
I. Mi,TiiYL.vri,s. — Mélhylale (le sodium. — Lin poids connu de sodium métal-
li([ue est introduit dans un ballon en verre peu fusible, renfermant du
méthanol pur. L'excès d'alcool a été chassé par distillation et la température '
a été élevée progressivement.
La masse reste blanche jusque vers '^o^^°, où elle commence à noircir par
charbonnement, en même temps qu'il se dégage en abondance de l'hydro-
gène. Ce gaz est accomipagné de fumées difficilement condensables, formées
d'un hydrocarbure à odeur spéciale, rappelant un peu la menthe poivrée-,
ce corps ne se forme qu'en très faible proportion.
Quand le dégagement d'hydrogène a cessé, il reste dans le ballon une
masse noire, qui est pyrophorique à l'air, même à la température ordinaire.
Après refr.oidissemertt à l'abri de l'air, une addition d'eau fournit des quan-
tités importantes d'acétylène. Enfin, en ajoutant de l'acide chlorhydrique,
on détermine un abondant dégagement de gaz carbonique.
De la mesure des volumes des trois gaz et de la pesée du carbone restant
dans le ballon, il résulte que la décomposition du méthylate s'est faite à
peu près quantitativement suivant l'équation
eClP.ONa -y 9H-+G-Na-+2iVa'-C0'+2C.
Méthylate de potassium. — Ce corps se décompose par la chaleur comme
le précédent : on note seulement un déficit en acétylure métallique, (^e fait
semble lié à un curieux phénomène qu'on observe vers la tin du déga-
gement de l'hydrogène : à ce moment le ballon se remplit de vapeurs d'un
beau vert, qui sont constituées par du potassium libre, car elles se con-
densent à la partie supérieure du ballon, en formant un enduit métallique
brillant immédiatement détruit par l'eau.
Méthylate île baryum. — Ce corps a été préparé par l'action de la baryte
anhydre sur le méthanol. Un volume déterminé de la solution obtenue, et
dans laquelle on a dosé le baryum, est versé dans le ballon et l'alcool en
excès chassé par la chaleur. Vers 35o° la masse blanche commence à char-
bonner, en même temps que se dégage de l'hydrogène, avec un hydrocar-
bure liquide, ce dernier en très faible proportion. Après refroidissement,
l'addition d'eau détermine une forte élévation de température, sans déga-
gement gazeux. L'acide chlorhydrique donne ensuite un abondant dégage-
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N« 24.) I IC>
l5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment de gaz carbonique. On pèse enfin le carbone restant dans le ballon.
La décomposition se fait suivant l'équation
2(CH'.0)''Ba -^ (illM-BaO 4- BaCO'-hSC.
II. Ethylates. — Ethylate de sodium. — Ce corps se décompose sous
l'action de la chaleur, en donnant de l'éthylène, du carbone et de la soude.
La décomposition se fait suivant les deux équations
2C^H^()Na -> 2C2H*4-2NaOH.
aC/^H'.ONa -> 4 H' 4- NaOH + 4 G.
III. PiiKNATES. — l'hénate de sodium. — Ce corps a été préparé par
l'action du métal sur le phénol. Le phénale pur, sous l'action de la chaleur,
donne de l'hydrogène et un résidu formé de soude et de carbone :
C«H».ONa ^ 2H^+NaOH + 6C.
Je me propose de poursuivre l'étude de la découiposilion des^alcoolates
et des phénates métalliques sous l'aclion de la chaleur.
CRISTALLOGRAPHIE. — Sur ht plwlograpitie stérèoscopique des cristaux.
Noie ( ' ) de M. Maurice François, présentée par iSL Charles Moureu.
Les cristaux microscopiques étant des formes naturelles à reliiT considé-
rable, on no saurait en obtenir une image exacte qu'en en iaisanl une pho-
tographie stérèoscopique (hinnanl l'impressioii du relief. Mais il est bien
évident que. pour faire la photographie stérèoscopique d'un obj(>t micro-
scopique, il faut que cei objet ne soit pas éclairé par transparence, mais par
réflexion, en sorte que la photographie microscopique stérèoscopique devait
avoir pour base préalable le procédé d'examen des cristaux opaques par
réflexion que j'ai indiqué précédemment ('). Ce procédé comprend l'emploi
d'un miroir concave placé sous l'objectif ei, en outre, c<'lui d'un éclairage
électricpie placé dans l'axe qui, par sa constance, permet de régler les temps
de pose et d'arriver à deux clichés stéréoscopiques de même valeur.
On entre\oit la réalisation de la photographie stérèoscopique des cristaux
sous deux aspects :
On jieul photographier un groupe cristallin placé légèrement à gauche de l'axe du
(') Séance du () juin 1921.
(■-) Comptes rendus, t. 172, 1921, p. 967.
SÉANCE DU l3 JUIN I92I. iSoy
microscope, le déplacer d'une très petite ((iiaiilité pour le faire passer à droite de cet
axe et le photographier de nouveau. L'examen des deux photographies dans un stéréo-
scope devra donner l'impression du relief. Malheureusement ce procédé, si simple en
apparence, exigerait un appareil de grande précision pour produire le déplacement qui
devrait être réglé exactement et qui serait de l'ordre du centième de millimélre. I'".n un
mot, il faudrait construire une vis micrométrique horizontale très exacte.
11 est possible aussi d'employer un microscope binoculaire vrai, c'est-à-dire a deux
i>l)jeclifs. Ces microscopes, construits pour examiner les objets par réflexion, donnent
l'impression du relief d'une façon remarquable. Si donc on surmontait chaque oculaire
d'une chambre noire, prenait en même temps du groupe cristallin une photographie
vue de gauche et une photographie vue de droite et examinait au stéréoscope les deux
clichés rapprochés, on aurait une impression de relief. Quehpies difficultés appa-
raissent. C'est d'abord (|ue l'appareil n'est pas fait pour de forts grossissements ; c'est
ensuite que les deux tubes du microscope sont disposés obli(|uement par rapport à la
verticale, ce (|ui oblige à l'emploi de deux chambres noires distinctes ayant leurs
glaces dépolies dans des plans diderents et conduit à des difficultés pour rapprocher
dans les limites convenables les deux clichés en vue de l'examen au stéréoscope.
La préférence doit aller au microscope binoculaire, mais on arrive plus
facilement au but ciierché en parlBijeant l'opération pholographique en
deux phases et en se servant d'un microscope dont le tube unique, garni
d'une chambre noire, peut être incliné successivement à gauche et à droite.
Un groupe de cristaux microscopiques étant dans l'axe du microscope
ou dans son voisinage, on incline le microscope à gauche et l'on prend une
photographie des cristaux vus de gauche. Ou incline alors le microscope
d'une quantité égale à droite et l'on prend une seconde photographie des
cristaux vus de droite. L'examen des clichés positifs au stéréoscopique
donne une vue en relief des cristaux. Un dispositif, basé sur un principe
analogue, a été imaginé par MM. Quidor et Nachet ('); il ne comprend pas
d'appareil de réflçxion ni d'éclairage central uniquement pour l'étude de
l'anatomie animale.
Je me suis servi des plaques pour vérascope Richard, de format
44°*'" X 107°"°. Au moyen des deux clichés négatifs, on lire des |)ositifs
sur verre que l'on examine dans un stéréoscope Richard, en éclairant de
préférence le stéréoscope à l'aide d'une source lumineuse intense.
J'ai obtenu par ce procédé des clichés de deux sortes; ou bien la photo-
graphie par réflexion de cristaux opaques secs à facettes brillantes en pla-
çant les cristaux sur une tache opaque aussi blanche que possible, ou bien
la photographie par réflexion de cristaux transparents secs en les plaçant
(V) Comptes rendus, t. 1V4, 1907, p. go8.
l5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur une taclie opaque noire. J'ai en particulier obtenu de très beaux clichés
de cristaux de bimétaanlimoniate de soude et de tartrale de chaux. Ces
crislaux apparaissent avec un relief remarquable et montrent une transpa-
rence et un éclat qui approchent de ceux du diamant laiilé.
LITHOLOGIE. — Su?- quelques roches cristallines d' Albanie.
Note de MM. Jacques Iïourcari et René Abrard.
La pétrographie de l'Albanie moyenne est encore presque inconnue (');
au cours de trois années d'exploration de ce pays, l'un de nous (-) a récolté
des échanlillons de la plupart des roches cristallines qui affleurent dans ce
pays. l'allés se répartissent en deux groupes : les granités et granulites de
l'axe cristallin de la Péninsule (massif cristallin septentrionnal de Phi-
lippson)et les roches vertes des chaînes dinariques si largement représentées
dans l'Albanie moyenne.
Les roches du premier groupe ont été récoltées dans la Stara nerecka
planina, chaîne de montagnes qui s'étend du Peristeri de Monastir au \içi
Vrli, culminant au-dessus de Kastoria.
Cette chaîne, limite ancienne départage deseaux adriatiqueset égéennes,
forme la frontière naturelle orientale de l'Albanie moyenne.
Sur son versant occidental, les granités et granulites sont recouverts par
des calcaires crétacés à Rudistes; au sommet de la chaîne et sur le versant
oriental, des gneiss, micaschistes et schistes à sérielle recouvrent les gra-
nités.
Le long de la route de Florina à Kor(;a (col de Pisoderi) aftleun- le gra-
nité (pii constitue tout le massif du Peristeri; en ce point les carrières de la
route française ont permis de recueillir des échantillons frais.
I.,es échantillons examinés monlienl une roche à élémenls moyens, l'orlhose y est
visible à l'œil nu et présente la màcle de Carlsbad. Au microscope on aperçoit un
pavage de quartz souvent brisés, à crliitctinn rinilnntr, ortliose. microcline avec
veinules d'albite, oligoclase.
Mica pléochroïque : suivant iig, brun olivâtre; suivant np, jaune brun très pâle.
Un peu de hornblende s'est formée aux dépens du mica. Sphène à contours géonié-
(') A l'exception d'une Note de V. IIu.beh el J.-A. Ippen, Gesteine ans Nordgrie-
chenland and dessen tiirkischen GrenzUindcrn {Neues Jahrbuclt fiir minéralogie,
Meil. Band 18, p. i-56, "i pISnches, igoS).
(■) Jacques Hourcart.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. I $09
triques, apalile souvent en inclusion dans le mica. Un piui iri'pidole el de clinocldoie
foinu's secondairement, magnélile rarf.
Au monastère de Sv. Trolsi^a el sur la rive est du lac l'respa, les échantillons
recueillis, très écrasés, n'offrent plus à l'oeil l'aspect d'un granité, mais au micro^copc
montrent la même composition que le granité du col avec un peu plus de hornblende
verte, légèren)ent pléochroïque du vert bleuâtre au vert jaune. Le mica et la horn-
blende l'ornienl de petit-, nids, la roche contient en outre de l'oxjde de fer hydraté et
de la chlorite.
Un gisement important de pyrite, avec chalcopyrite, se trouve; dans ce granité au
pied de l'ancien monastère.
Au contact ruêiiie des calcaires à Rudisles, qui ne présentent aucune
trace du métamorpliisine, dans la vallée de la Zhelova, d'énormes masses
de uranuliles aflleiircnt; à Idnl nu la roche présente l'aspect d'une pro-
tot^ine.
Au microscope elle montre une structure en ciment, du quartz à extinctions rou-
lantes, de grands cristaux d'orthose, du microcline et de l'oligoclase.
Le mica blanc est très étiré. Un peu de chlorite et de magnétite.
La roche en s'altérant fournit des arènes grossières, en masses considérables.
Une granulite analogue, mais à éléments beaucoup plus fins, et contenant une grande
abondance de microcline, forme des filons un peu au sud du col.
Toutes ces roches ont dii subir des pressions considérables.
A l'ouest de la Nerecka planina. aucun granité ou granulite n'affleure en
Albanie moyenne. Les cailloux roulés des poudingues aquitaniens de la
Morova et de la Mokra, ainsi que les sables poiitiens de Çereva (cuvette
d'Ohrida) et les terrasses supérieures du Sbkumbi, nous ont donné un gra-
nité très altéré, oii le sphènc est fort abondant et qui paraît absolument
analogue au granité de Pisoderi.
Les roches vertes qui forment le second groupe se présentent presque
toujours sous forme de serpentines presque noires, à structure souvent
entièrement colloïdale; elles affleurent en masses énormes, constituant à
elles seules parfois tout un massif montagneux, en relation avec les calcaires
à Rudistes et avec les radiolarites jurassiques.
Elles sont continues, le long de tout l'axe montagneux central de l'Al-
banie moyenne qui court du Sud-Sud-Est, du col de Zygos du Pinde à la
Mirdita au Xord-Nord-Ouest, jusqu'à Scutari. Par là elles se continuent
avec celles de la Mclohija el du Sandjak de Novi-Pazar ( Rascie).
Quelques coupes naturelles profondes (Morava près de Korça, gorge du
Shkumbi, vallée du Fani Vogel à la cathédrale d'Oroshi en Mirdita) ont
permis de recueillir des échantillons dont la serpentinisation est moins
l5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
avancée et qui présentent à l'œil nu l'aspect d'un gabbro à éléments
fins.
\u microscope on reconnaît:
Une roclie très fraîche à éléments très lins avec anorthile màclée suivant les lois de
l'albite et de la péricline. diallage, olivine, quelquefois partiellement transformée en
anligorite (Morova planina); il s'agit d'un gabhro typique à olhine.
D'autres échantillons (Babia sur le Shkumbi, Nerfanina en Mirdila, Uroshi) sont
constitués par un gabbro à pyroœène ouralilisé en voie de serpenlinisation avec
anorthite, amphibole d'un vert pâle en lumière naturelle, résultant de la transforma-
tion du pyroxène, magnétile abondante.
Par contre, les serpentines du Lenja, de la Mokra planina, du Shebenikut
et de la Kaplina de Martanesh (Haut Mati) proviennent nettement de la
transformation de péridotites .
On observe tous les intermédiaires : olivine à peine fissurée, puis à un stade plus
avancé envahie par de l'antigorite aboutissant à une structure maillée. D'autres
échantillons montrent des restes d'amphibole d'ouralitisation et de l'antigorite à
structure calcédonieuse, ils passent à des serpentines colloïdes.
. A la base de ces massifs, on observe de la wehrlite dont la serpentinisa-
tion est assez avancée avec bastite épigénisant le (Hallage, olivine se trans-
formant en anligorite.
Les masses de serpentines semblent provenir indifféremment de gabbros
ou de péridotites. Les conglomérats helvétiens contiennent en abondance
des galets de ces deux roches; inais jamais de galets de serpentine.
On rencontre en abondance les minéraux suivants dans les serpentines :
crysotyle en rubans, asbeste en filons, anligorite en longues fibres, diallage
en cristaux de plusieurs centimètres, souvent transformé en bastite, magné-
tite. Des gisements importants de chromite avec magnétite et traces de
manganèse se trouvent à Mëmi-lishta sur le lac d'Ohrida et à Bulqiza
(vallée du Vito zezë. affluent du Drin noir).
GÉOLOGIE. — observations tectoniques dans la zone préri /aine du R'arh
septentrional {Maroc). Note de M. Léon Litaud, présentée par M. Emile
Haiig.
A la fin de Tété 1918, j'ai eu l'occasion d'étudier avec quelque détail la
région du R'arh septentrional située au nord et à l'est d'une ligne partant
du confluent de l'oued Sebou a\ec l'oued ()ucrrlia, pour aboutira la zone
SÉANCE DU 1? JUIN I92I. l5ll
espagnole, en passant par Mechra Bel Ksiri el le massif de I.alla /oiah.
Les conditions de sécurité m'ont empêché de dépasser, à Test el au nord,
une ligne reliant le djebel Kourt au poste de Rmel (o""™ à Test du camp de
Mzoufroun) et, de là, au versant nord du djebel Sarsar (').
Des circonstances indépendantes de ma volonté ne m'ont pas permis de
publier jusqu'ici mes obser\ ations. Mais les discussions récentes qui se sont
engagées au sujet de la tectonique du Nord Africain, m'incitent à exposer
aujourd'hui certains résultats de mon voyage relatifs à ce point de vue
spécial.
La stratigrapliie de la région n'esl pas encore bien précisée, certains niveaux étant
fort peu fossilifères. Cependant les éludes de M. le professeur Gentil et de divers
autres auteurs, ainsi que l'examen des fossiles que j'ai rapportés, permettent de
ramener à cinq formations principales les terrains que l'on rencontre ;
i" Le Trias, repiésenté par des argiles bariolées, souvent salifères, des cargneules,
des schistes et des marnes fétides, associés à des roches éruptives (syénites, ophites);
1° ]^e Numraulitiqiie, constitué par des grès compucls à grain fin, avec Nunniiulites,
et par des marnes cnicaires blanches à silex très caractéristiques;
3" Le Burdigalien, formé de grès grossiers, généralement roux et renfermant de
nombreux débris de Lamellibranches;
4° Un puissant ensemble d'argiles compactes homogènes, grises en surface (couleur
variant du gris bleu au gris brun, souvent noirâtres en profondeur) rapportées à
l'Helvétien ;
5° Un autre ensemble, formé de siibles jaunes, argileux à la base, localement
cimentés, et de galets bien roulés, certainement supéiieur à tous les termes précédents
et représentant très probablement le Sahélien.
Les relations stratigraphiques de certains de ces terrains soni tout à fail
anormales :
Los argiles iielvétiennes sont à la base de loute la série; nulle part je ne
les ai vues reposant nellement sur le Trias ou sur le Nummulitique. Par
contre, le Sahélien recouvre normalement tous les terrains plus anciens.
Le Trias ne donne que des affleurements réduits et morcelés, dans
lesquels règne un complet désordre. Ses éléments si divers s'y rencontrent
en lambeaux juxtaposés, écrasés et mélangés dans un ordre quelconque; on
ne peut y établir aucune succession stratigraphique el il est certain que cet
ensemble a subi l'effet d'actions mécaniques intenses de broyage et de lami-
nage.
(') Toutes ces indications géographiques, et celles qui suivront, sont données
d'après les caries provisoires du Service géographique du Maroc : feuilles d'Ouezzan
et de Larache au j^'ôoû el au sôoWô-
l5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le Trias se présente fréquemment à l'état d'îlots isolés à la surfaci' des
argilrs {prises helvétienn<'s; il ne saurait être question de considérer ces
lambeaux comme des pointemcnts en boutonnière d'un Trias normal sous-
jacent : leur morcelleiuent et leur confusion stratigraphique s'y opposent.
Le plus souvent ils formenl un léger relief au-dessus des argiles et appa-
raissent netteinenl comme reposant sur celles-ci. Dans quelques cas ces
masses triasiquos sont plus ou moins enrobées dans les argiles, sans qu'il
soit possible de considérer cet enveloppement comme un eniacinement.
Ces |)reniiers faits (observables notamment au nord-est de Souk el Arba,
dans la vallée de l'oued Tine, dans la haule vallée de l'oued Mda et dans
la dépression de l'oued Rercm) conduisent déjà à considérer le Trias
comme. foriuanl les restes écrasés el morcelés d'une nappe recouvrant les
argiles grises. Je dois ajouter, à l'appui de cette manière de voir, qu'en
deux points j'ai trouvé, mélangés au Trias, des lambeaux tout à fait isolés
de schistes métamorphiques, dont l'origine est inconnue et dont la présence
ne peut s'expliquer que par un transport mécanique.
Le plus souvent le Trias se trouve en liaison intime avec les marnes à
silex éocènes ou les grès burdigaliens.
Les marnes blanches à silex sont généralement plissées, parfois très
rediessées. avec des pendages à la fois variables et quelconques par rapport
aux argiles grises environnantes. Partout où j'ai observé le contact de ces
deux termes, j'ai acquis la conviction que le Nummulitique repose en dis-
cordance mécanique sur les argiles. Cette disposition est très nette dans le
massif situé à l'est d'Arbaoua, au sud du Dj. Sarsar et sur le pourtour du
massif de Sidi Amenr el Hadi, c'est-à-dire dans la partie nord et est de la
zone fjue j'ai étudiée. Au sud et à l'ouest l'I^ocènecst plus morcelé, en petits
dômes épars ou alignés, représentant les restes d'une couverture plus impor-
tante (Dahar Larbi, cotes 196-188, etc.). Le plus souvent ces lambeaux
reposent nettement sur les argiles grises et les dominent topographique-
ment. .\illcurs, il existe des affleurements isolés de marnes ou de grès
nummulitiques, coincés dans la masse des argiles et enrobés dans celles-ci.
L'érosion les a le plus souvent dégagés et mis en relief.
En outre, d'une manière très générale, il s'intercale au contact, entre le
Nummulilique et les argiles grises sous-jacenles, des lambeaux de poussée tria-
siques, écrasés et morcelés. C'est là mie disposition fréquente et caractéris-
tique.
Les grès burdigaliens, qui reposent soit sur les marnes blanches éocènes,
soit directement sur les argiles helvétiennes, présentent des faits du même
SÉANCE DU I ) .HUN 1921. l5l3
ordre : ils se Ironventcn discordance très nette, mais faiblement plissés. De
plus, on constate encore fiéquemment, au contact de ces grèseldes arj^iies,
des lambeaux cbaoliqnes de 1'rias.
l.e djeljcl El Aloiia, à lo'-'" à l'eslde Souk el Arba, est une caloUe de gi'és, soulevée
en dôme au-dessus des argiles grises, Au premier abord le peiidage des grès eb cer-
tains points et l'allure générale du dôme pourraient faire croire que ces grès s'e.i-
foncenl au nord et au sud sous les argiles; mais la distribution des sources à la péri-
phérie du massif est déjà peu favorable à cette interprétation; de plus, un vallon
entame au sud-est la carapace de grès et permet de constater que les argiles rentrent
assez loin, dans ce vallon, sous les grès et qu'un lambeau de Trias y est écrasé entre
les deux foi mations.
toute la région qui avoisine le camp de iMzonfroun, jusqu'au Rmel, est en grande
partie constituée par des grès roux, burdigaliens. A l'ouest et au sud-ouest ceux-ci
forment un vigoureux relief '^u-dessus des argiles lielvétiennes qu'ils recouvrent. Sur
le versant nord-est du massif, les argiles réapparaissent, toujours dominées par les
grès. En certains points, cependant, ces derniers semblent s'enfoncer sous l'Helvétien ;
mais il ne s'agit, là encore, que de lames enrobées ainsi qu'on peut le voir, en coupe
naturelle, dans un vallon profond creusé à l'est du camp.
Des faits que je viens d'exposer, il résulte que le Trias, le Nummulitique
et le Burdigalien sont charriés et reposent en discordance mécanique très
nette sur un soubassement d'argiles rapportées à l'Helvétien.
GÉOLOGIE. — Les minerais de fer wagnéticjite du Bassin de Longwy-Briey.
Note de M. L. Cayeux, présentée par M. H. Douvillé.
Il y a près d'un siècle que les propriétés magnétiques de certains minerais
de fer lorrains ont été reconnues pour la première fois. Berthier('), en 1827,
et après lui différents auteurs, Karsten, Beudant, Dufrénoy et Elie de
Beaumonl, Jacquot, Braconnier, etc., ont appelé l'attention sur le « minerai
bleu » d'IIayange, tout en rapportant par erreur à la berthiérine sa pro-
priété d'être altirable à l'aimant. L'emploi du microscope a montré que, si
la berthiérine est magnétique, elle l'est uniquement par des inclusions de
fer oxydulé, et non par elle-même. Contre toute attente, il y a en effet
du fer magnétique dans les minerais du Lias supérieur de Lorraine. Ce com-
posé ferrugineux, y a été signalé, notamment par Van Wervecke, Stein-
mann, Tabary, A. Lacroix, Hoffmann, etc. et toujours, à une seule excep-
(') P. BeiiTHiER, Sur la c<inipo<iition des minerais de fer en grains (Ann. Clnniic
et Physique, t. 35, 1827, p. a56-257).
l5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion près, dans la couche grise dHayange, où il s'est fixé dans les oolithes
(A. Lacroix, Van Wervecke). Notons encore que la plupart des géologues,
(|ui ont formulé une opinion sur le mode de formation de la magnétite, lui
ont attribué une origine sédimentaire, en rejetant toute idée d'action dyna-
momélamorphique.
On sait aujourd'hui que cet élément existe non seulement à Hayange,
mais à Oettange, où il était déjà connu avant 1870, dans le Luxembourg et
à Pienne (arr. de Briey). Partout où il a été observé, il est subordonné à la
couche grise. A Pienne, il forme un horizon, suivi sur i'^"' sans en atteindre
lii terminaison.
A Oettange, par contre, il s'agit d'un système de petites barres tout au
plus longues d'une dizaine de mètres et occupant plusieurs niveaux dans le
minerai gris. Dans les différents points où il existe, le fer magnétique s'est
développé indépendamment de toute influence métamorphique spéciale. A
lui seul, le fait qu'on le rencontre dans la même couche en des points très
distants, prouve à l'évidence qu'il faut renoncei- à faire intervenir un agent
métamorphique exceptionnel pour en expliquer la formation.
Au point de vue génétique, l'analyse des minerais de fer magnétique
lorrain fournit des précisions intéressantes, sur lesquelles l'attention n'a
jamais été appelée. En définitive, le fer magnétique des minerais de Lor-
raine revêt trois manières d'être principales : il prend part à la formation
des oolithes; il épigénise partiellement les débris organiques et il se déve-
loppe à l'état libre dans le ciment.
i" Lorsqu'il se concentre dans les corps oolithiques. le fer magnétique
engendre des oolithes dépourvues de structure concentrique, des couronnes
entières régulières ou non, des croissants, des amas irréguliers, et, enfin,
une sorte de poussière très fine dont les particules sont distribuées confu-
sément ou ordonnées en lignes concentriques. Le plus souvent, lorsqu'une
oolithe n'est (|ue partiellement envahie par le fer magnétique, c'est une
chlorite qui lui est intimement associée. Il importe d'ailleurs d'observer
(|ue la très grande majorité des oolithes ont une composition mixte, réalisée
pai la coexistence du fer magnétique et de la chlorite, du fer magnétique
cl de la sidérose, etc.
•.i" Tous les organismes en présence peuvent fixer du fer magnétique. Kn
fait, on rencontre quantité de restes de Mollusques partiellement épigénisés
par ce minéral, des articles de Crinoïdes au réseau transformé en fer
magnétique, etc.
■}" Enfin, cette substance s'est développée dans la gangue, où elle est en
SÉANCE DU l3 JUIX 1921. l5l5
moyenne très rare et inanijue complèteinentsiir de grands espaces; et, point
important, elle est associée dans le ciment à la même çlilorile que dans les
oolithes.
A s'en tenir à ces brèves indications on peut être tenté de simplifier le
problème posé et de dire : tout le fer magnétique a pris naissance, in situ,
dès l'instant qu'il s'en trouve dans la gangue. Or, il n'en est rien. Sur ce
sujet, l'anahse iiiicrographique fournit quelques éléments d'information
décisifs.
1° Dans tous les échantillons analysés et dans presque toutes les prépa-
rations qu'on en tire, il existe des oolithes brisées par les flots. Celles-ci sont
envahies par le fer magnétique de telle manière qu'il est évident que la
magnétite s'est fixée dans les morceaux d'oolithes, après la fragmentation
de celles-ci. En etl'et. dans les individus où le fer magnétique se borne à
dessiner un cadre superficiel, ce cadre se poursuit sur tout le pourtour de
l'oolithe tronquée, preuve qu'il est de formation postérieure à la fragmenta-
tion. En conséquence, le fer magnétique s'est substitué à un élément pré-
existant et les oolithes n'avaient certainement pas à l'origine la composition
qu'elles ont aujourd'hui. ?
2° Ditlérentes données démontrent que le fer magnétique des oolithes et
celui du ciment n'ontpas pris naissance en même temps et dans le même
milieu. L'une d'elles résulte de ce fait que le fer magnétique, en association
avec la chlorite, abonde^dans les oolithes, alors qu'en moyenne il est très
rare dans le ciment, pourtant constitué par le même type de chlorite. Ce
contraste est inexplicable, si l'on admet que le fer magnétique des oolithes
s'est développé, comme celui de la gangue, après la mise en place des ma-
tériaux.
Dans le même ordre d'idées, il est à signaler que le fer magnétique, épi-
génisant partiellement les oolithes, s'arrête à la limite des grains, sans
jamais empiéter sur la chlorite du ciment, alors que dans une foule d'indi-
vidus elle envahit irrégulièrement la chlorite qui en occupe le centre.
Bref, le développement de la magnétite dans les oolithes est antérieur à
leur mise en place.
Un dernier trait fait ressortir avec évidence l'indépendance des deux
types de magnétite. Dans le cas particulier où le fer magnétique se con-
centre de manière à remplir des espaces interoolithiques, il est toujours
séparé des uolilhes en magnétite qu'il cimente par un liséré de chlorite
(Pienne).
Deux enseignements découlent de la présente Note :
l5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Les oolithes n'ont [)as été constituées à l'oiit;inepai- le fer magnétique.
(]et élément s'est introduil dans les oolithes entre le moment précis où
elles ont été morcelées et celui où elles ont été incorporées définitivement
au sédiment.
2" Tout se passe comme si le fer magnétique des minerais s'était formé
en deux temps. A la première génération se rapporte l'épigénie des oolithes
et vraisemhlahlement celle des organismes. La seconde correspond au déve-
loppement du fer magnétique dans le ciment. En cela, l'histoire de la
magnétite en question reproduit, dans ses grands traits, celle de l'hématite.
J'ignore en quoi les conditions de milieu ont été modifiées au cours delà
formation de la couche grise, en difîérents points du Bassin, de manière à
engendrer du fer magnétique. Quoi qu'il en soit, la genèse de ce niinéral,
à grande échelle, dans les conditions ordinaires de température et de pres-
sion, nous met en garde contre la tendance hien naturelle à rapporter le fer
magnétique si répandu dans les minerais siluriens de l'Anjou, à des actions
métamorphiques, tout antres que celles qui peuvent s'exercer sur h-s fonds
sous-marins.
P.VLÉONTOLOGIE. — Sur /fi coirèlntion des fosses ulvéolaires, des inouvemenls
et de la structure des dernières molaires des mastodontes et des éléphants.
Note de M. Sabba Stefanescu.
J'ai étudié les dernières molaires des mastodontes et des éléphants, au
point de vue de la corrélation des fosses alvéolaires, des mouvements et de
la structure. Je vais exposer cette corrélation, que pas un des paléontolo-
gistes qui m'ont précédé n"a entrexue, mais je limite mes ohservations à la
dernière molaire et à la fosse alvéolaire inférieure de gauche, parce que les
molaires et les fosses alvéolaires du maxillaire, inférieur ou supérieur, sont
symétriques, et celles des deux moitiés du crâne, gauche ou droite, sont
inverses.
I. Les deux branches, horizontale et \erlicale, de la moitié de gauche du
maxillaire inférieur, ne se trouvent pas exactement dans un seul et même
plan vertical, car la branche \erticale est inlléchie \ers l'extérieur, par rap-
port à la branche horizontale, laquelle est infléchie vers l'intérieur de la
bouche. Cette doultle inflexion du maxillaire lui donne la direction d'une
sorte de S irrégulier, très allongé.
(I. lia fosse ahéolairi' suit la direction des deux branches du maxillaire;
SÉANCE DU l3 JlIN 1921 l5l7
sa partie pioximale est infléchie comme la hranche \erticale, et sa partir
distale est inflécliie comme la branche horizontale du maxillaire; ses deux
parois opposées, externe et interne, ne sont pas semblables, car la paroi
externe est convoxe, tandis que la paroi interne esl concave.
b. Là où finit la bianclie horizontale et où commence la branche verti-
cale, le maxillaire, dos deux côtés, inféro-externe et supéro-interne, esl
élargi. A l'intérieur de rélargissement du maxillaire, dans la partie proxi-
male de la fosse alvéolaire, est logé le germe de la dernière molaire, placé
dans une position oblique, la liasc dirigée \ers le côté inféro-exteriie et le
sommet vers le côté supéro-interne du maxillaire.
c. Pendant qu'il se dévelojipe et s'organise, le germe épouse la forme
de la fosse alvéolaire dans laquelle il est logé, et non seulement il garde la
position oblique, mais il se tord de sorte que les collines ou lames posté-
rieures soient beaucou)) plus inclinées que les collines ou lames antérieures.
II. Pour remplir la fonction de la mastication, la molaire ([uitle la partie
proximale et avance dans la ]>artie distale de la fosse alvéolaire; ses diverses
[larlies, collines ou lames et racines, s'organisent d'avant en arrière et |)ro-
gressenl d'arrière en avant. Ce mouvement de progression, le seul connu
par les paléontologistes qui m'ont précédé, est, d'après de Blainville, dû à
l'observation d'Adrien Camper.
a. Mais, pour passer de la position oblique à la position normale exigée
par la mastication, les collines ou lames, en commençant par l'antérieure
vers la postérieure, se redressent d'abord et se renversent ensuite vers
l'extérieur de la bouche. Simultanément donc, la molaire accomplit un
mouvement de progression et un mouvement de torsion.
b. Mais, pour suivre les inflexions et pour é[)0user la forme de la fosse
alvéolaire, au fur et à mesure que la molaire avance, elle se dé|)loie hori-
zontalement et verticalement, et c'est ainsi qu'en plus d(^s deux mou\e-
ments de progression et de torsion, la molaire en accomplit en même temps
encore deu-x autres, à savoir : un mouvement de déploiement horizontal et un
mouvement de déploiement vertical.
III. Pendant que la molaire accom[)lit ces quatre, sortes de mouvements,
la couroinie acquiert des caractères ([u'(4le garde, et qui nous révèlent les
mouvements qu'elle a subis; pour ainsi dire, les mouvements sont comme
gravés ou empreints sur la couronne, et c'est ainsi que :
a. La couronne non usée ou usée nous renseigne sur la position qu'occupait
la molaire dans la fosse alvéolaire .^ au moment de la mort de l'animal. La
couronne non usée, par exemple, appartenait à une molaire en germe ou
•l5r8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
très jeune, qui n'avait pas encore fonctionné, et qui était située dans la
partie proximale de la fosse alxéolaire. tandis que la couronne com])lète-
ment usée appartenait à une molaire très vieille, entièrement arrivée dans
la |)artie distale. Entn' les deux extrêmes il y a des intermédiaiies.
b. Les angles intèro-interne et postèro-externe (Al, PI'.) Je la couronne, plus
relevés que les aniiles antèro-exlerne et poster o-i ni erne (Al^, PI), nous ren-
seignent que la couronne est tordue suivant la diagonale AE-PI. Mais, puisque
la torsion des molaires très jeunes est moins accentuée que la torsion des
molaires de plus en plus âgées, il s'ensuit qu'au fur et à mesure que la
molaire avance dans la fosse alvéolaire, les collines ou lames se redressent,
en commençant par les antérieures vers les postérieures, et se renversent
vers l'extérieur.
c. Horizontalement la couronne est courbe, ses deux J aces latérales, externe
et interne, sont courbes, l'externe concave, l'interne convexe. Il est à
remarquer la corrélation inverse des faces latérales de la couronne et des
parois de la fosse alvéolaire.
Les collines ou lames de ht couronne ne sont pas parallèles; elles sont plus
espacées du coté du bord interne et plus serrées du côté du bord externe, exacte-
ment comme si elles étaient dirigées suivant les rayons d'un are de cercle situé
dans un plan liorizontfd, dont le centre serait en dehors de la bouche. Mais,
puisque la courbure de la couronne est plus accentuée lorsque la molaire
est plus près de la partie proximale que lorsqu'elle est arrivée entièrement
dans la partie distale de la fosse alvéolaire, il est évident qu'en même temps
que la molaire avance, la couronne se déploie lon.nitudinalement dans un
plan horizontal.
d. Verticalement la couronne est courbe; ses deux faces, radicale et tritura-
trice, sont courbes, concaves en haut, convexes en bas. 11 est à remarquer la
corrélation directe de la forme en bateau de la couronne et de la fosse
alvéolaire.
Les collines ou lames de la couronne ne sont ]>as parallèles ; elles sont plus
espacées du côté de la face radicale et plus serrées du côté de la face tntura-
trice, exactement comme si elles étaient dirigées suivant les rayons d'an- de
cercle situé longitudinalement dans un plan vertical, dont le centre serait
au-dessus de la couronne. Mais, puisque la courbure de la couronne est plus
accentuée lorsque la molaire est plus près de la partie proximale que
lorsqu'elle est arrivée entièrement dans la partie distale de la fosse alvéo-
laire, il est certain qu'en même temps (jue la molaire avance, la couronne
se déploie longitudinalement dans un plan vertical.
SÉANCE DU l3 JUIN I92I.
i5i9
ACI INOMÉTRIE. — Mesures (ictinométriques et polarimètiiqaeii aux altitudes
élevées. Note de M. A. Boutaric, présentée par M. J. \iolle.
J'ai élabli, parune nombreuse série d'observations faites à Montpellier('),
que rintensité du rayonnement solaire reçu à la surface du sol, pour des
épaisseurs atmosphériques traversées égales, varie dans le même sens qur
les polarisations. Je me suis proposé, en un séjour que j'ai fait à l'Observa-
toire du Pic du Midi de Bigorre (2859'"), du 1 1 août au if\ août 1919, de
vérifier si cette relation est applicable aux altitudes élevées.
I. Les courbes horaires des intensités de rayonnement solaire, relatives
aux observations faites les 12, i4 et i5 août, s'étagcnt bien dans Tordre des
])olarisations, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par l'examen du Tableau
où sont relevées les intensités i du rayonnement en cal-g par min et par cm'-
el les polarisations P aux diverses heures.
Les courbes relatives aux autres jours d'observation n'obéissent plus
d'une manière aussi régulière à la loi ci-dessus mentionnée. Ainsi la courbe
du 16 août est 1res nettement au-dessus des courbes des 12, i4 et i5 août,
bien que la ])olarisation ait une valeur plus faible.
Relevé horaire des intensités du ravonneinrnt solaire et des polarisations.
8
1 ,200
9
1 , 287
10
1,344
Il • .
1 ,071
12
■>377
i3
1,368
■4
1,346
1 . j
1 ,3o4
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1 ,238
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1 ,000
18
»
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0,937
0,49
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I ,223
0,66
• , 094
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'.'94
»
1,264
0,52
1 , 334
»
1,198
0,53
1,364
0,55
1,336
»
1,396
0,66
I>37'|
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1.3(8
0, 56
1,376
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1 ,43.">
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1,4.56
»
(1,356)
»
»
»
1 , 384
»
1 , IJ1
»
1 ,3i6
»
»
»
1 ,36o
<.,i4
i,43(i
«
1 ,3 4 i
))
»
»
I ,324
0, 45
1.400
0 , 54
1 , 1 60
0, Ji
»
»
1 ,262
0,01
1,346
»
I , oo4
»
»
.,
i,i36
»
I ,231
0.58
0,900
0 , 585
»
»
0,936
0,59
I , ogu
»
(') A. BouTARii:, Thèse. Paris, 1918.
l520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/ielrié horaire dix inlrnsilrs du rayanneinenl soltiire et dis polarisations (suite).
1S anùt. 19 aiiùl. 2> aortl. "23 amU. 21 août.
h. i. \\ i. V. i. I'. / P. /. p.
7 i)'-i34 o,(i6 i,23'| o,-i )> » i,(j.â6 o,58 » »
S 1,358 » i,3(îo 0,69 ijaS'i o,58 i,256 o,(3i 1,110 (i.5i5
9 1 .4''-6 o,()2 I 1 '|3o 0,70 1)334 0,55 i,35fi o,63 i,22() »
10 1,400 » i,4''2 » I .35(1 )) 1,426 o,(i2 i,28G 0.55
ri 1,4*^4 o,()0 I . '|68 0,1 )<) » « ';470 » 1,3 1(3 »
12 I . '187 o,5<) 1.4(18 » » » Il 479 o,()95 1,323 ))
i3 1,483 n I , '|(52 » » » 'j474 » ('j3i8) »
■ 4 '»469 0,09 ii443 0,67 » )) (i,'|52) » (i,3o4) »
i5 1,428 0,00 i,4o8 » » » ('îi^o) » (1,27(3) »
16 1,34(3 0,62 1,332 0,67 I) » (1,370) 0,57 (i,'i28) »
17 1 , 240 o , () 1 5 1 , 1 52 o , 67 » » 1,284 » 1 . 1 28 0 . (33
i7,45.--- 1,024 0,64 0,980 » » » 1.0(34 0,645 » )i
18 » » » « » » 1) » » »
Les courbes des 16, 17, 18 aoùl s'échelonnent dans l'ordre des polaiisa-
tions. Celles des 18 et 19 août sont sensiblement confondues quoique la
polarisation soit nellemcnt plus forte le 19. Celles des 22, 23, 24 août
s'échelonnent dans l'ordre des polarisations.
2. A partir du iG août s'est manifesté, avec plus ou moins d'intensité, le
curieux phénomène de la mer de niia<j:es^ formée d'une immense nappe de
cumulus quicouvrenl toute la plaine et s'élèvent à une hauteur variable sur
les flancs du Fie, laissant le sommet de l'Observatoire au-dessus des nuages.
C'est à cette mer de nuages qu'il faut sans aucun doiile attribuer les
écarts à la relation que j'ai signalée entre la transparence de l'atmosphère
et la polarisation de la lumière difTusée par le ciel. La mer de nuages cons-
titue, en elTel, une surface très difîiisante et la lumière qu'elle renvoie
suivant toutes les directions se superpose, dans l'atmosphère, à la lumière
des rayons solaires, diminuant ainsi la proportion de lumière polarisée. Il '■
y a là une cause d'affaiblissement de la polarisation qui est indépendante
de la transparence de l'atmosphère.
Notons que Kimball('') avait déjà observé qu'une couche de neige
répandue sur le sol entraine une diminution notable dans la polarisation de
la lumière diffusée par le ciel, ce qu'il attribuait à un accroissement de la
quantité de lumière diffusée par le sol. Mes observations confirment la
{') Knin.vi.l,, Bulletin of tlie Moiint ]]'eatlier Ohsrrvator}\ vol. 2, 2" Partie, et
,/. (if Franklin /nsliliit'-, iivril 191 i, p. 33(i.
SÉANCE UU lH n AN 1921. l52I
remarque do Iviniliall el la coinplètcnl : les mesures aclinomélriques éla-
blissent, en elTet, que la cause de rabaissement do la polarisation constaté
pendant les jours où s'ost manifesléc la mor de nuages ne réside pas dans
l'atmosphère, puisque son pouvoir de transmission pour le rayonnement
solaire n'est pas afl'aibli.
3. J'ai retrouvé sur les courl)es d'insolation les anomalies signalées
autrefois par Crova à Mont|)ellier : 1° les courbes présentent un aplatisse-
ment, parfois une dépression, au voisinage de midi où elles sont particu-
lièrement irrégulières; 2" elles ne sont généralement pas symétriques par
rapport à l'ordonnée de midi; les intensités observées après midi sont plus
faibles que celles du matin à égal éloignement de 12''.
BOTANIQUE. — CuUures cxpérùnenlales du Fegatella conica el de (quelques
autres Muscinées. Note de M. Pierre Lesage, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Je garde au laboratoire pendant des temps variables et je renouvelle,
quand il eîi est nécessaire, des cultures de Pellia epiphylla, de Lunutaria
vulgaris et de Fegatella conica que j'utilise dans les cours ou les mani|)ula-
tions et sur lesquelles je fais des expériences variées. C'est ainsi que j'ai fait
se développer, sur l'eau, le sporogone du Pellia epiphylla en dehors du
gamétopliyte, pour vérifier que ce développement est du à l'élongation des
cellules du pédicelle avec disparition de l'amidon de ces cellules, et que j'ai
été amené à constater que cette élongation se produit aussi bien quand le
sporogone est enti'^r que quand il est décapité, ou même réduit à un tronçon
de pédicelle plongé par un bout dans l'eau de source, et, enlin, qu'il y aurait
une période pendant laquelle ces expériences ne réussissent pas, août à
décembre, el après laquelle elles réussissent (' ). Ici, la vie indépendante et
la croissance du sporogone sont différentes de la vie indépendante des sporo-
g< )nes des Mousses (/'o/j/m7/«m/b/7/iOi7///2) que j'ai pu faire croître, pendant
trois mois, en longueur, en épaisseur, avec conmiencement de la formation
de la capsule, après les avoir isolés de la plante-mère (-).
(') PiERHE Lesagk, Croissance du sporogone en dehors de la plante- mère dans le
I^ellia epiphylla (6 mai igio); Notes biologiques sur /e Pellia epipliylla {Bull. Soc. se.
el niéd. de l'Ouest, 3 mars 1911).
(^) Pierre Lesage, Croissance comparée du sporogone du Polyti-iclium formosum
sur plante-mère cl en dehors de la plante-mère {Bull. Soc. se. et méd. de l'thiest,
■> juin 1910).
G. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N« 24.) I I *
13-22 ACADEMIE DES SCIENCES.
J'ai utilisé, dans mes expériences, le Fegalella conica dès i()09 pour le
substituer au Lumdaria vuli^aris qui fructifie beaucoup plus irrégulièrement
à Rennes. Far ces essais, j'ai cherché à montrer la possibilité d'un certain
balancement organique entre le pédicelle du sporogone et le pédicelle du
chapeau femelle, dans ces deux Hépatiques où le pédicelle du chapeau
femelle s'allonge très rapidement à la matuiation des spores (' ). Depuis
cette époque, ce FegatcUa \it au laboratoire dans des cultures qui sont
conservées le plus longtemps possible et qui sont renouvelées quand le
besoin s'en fait sentir.
Des variations assez considérables de forme, de taille, s'étant produites
dans certaines de ces cultures, j'ai continué ces expériences avec soin, en
notant attentivement le milieu et les conditions dans lesquelles elles se
poursuis aient : cultures dans des assiettes ou dans des cuvettes, sur terr£
humide seulement, sur terre très humide ou immergée, en plein air ou sous
des cloches, ou dans un aquarium recouvert d'une placjue de verre. J'ai
publié, en ipiS (-), une Note donnant la photographie de trois formes. A,
B, C, de ce Fegalella très modifié, avec quelques indications sur ces formes
et leurs dimensions : A, forme normale prise dans la forêt de Villecartier;
B, forme conservée depuis quelque temps sous un large cristallisoir, dans
une atmosphère saturée d'humidi,té; C, forme conservée depuis plusieurs
années sous une cloche, dans une atmosphère saturée d'humidité. Voici, en
millimètres, les dimensions données à cette épo(|iie :
Longueur. I.argrm. I^palsseur.
K 1 00 I o à 1 5 o , ■^5
B 8o à 1 00 2 à .'i o , 35
(] 5o 1 à 2 0,20
Depuis 191'), j'ai gardé dans les mêmes assiettes la forme C. sous trois
cloches, en utilisant son héliolropisme positif. Les thalles rampants sur la
terre humide, éclairés latéralement par une fenêtre, s'accroissaient progres-
sivement vers cette fenêtre jusqu'à déborder de l'assiette, pendant que leurs
(') FiERiiK Lesage, Sur le balancemenl organique entre le pédicelle du chapeau
J'ciucllc el le pédicelle du sporogone dans les Marclianliacées{Bull. Soc. se. el inèd.
de l'Ouest, 1=' juillet 1910): Balancement organùfue entre le pédicelle du chapeau
femelle et le pédicelle du sporugone dans le Lunularia vulgaiis {Comptes rendus.
l. 1(i(), i(ji5, p. 679).
(^) l'iERRE Lesage, Modifications dans la forme et les dimensions du l'egalclla
conica {liull. Soc. se. et méd. de l'Ouest, 3 décembre i9i5).
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. l523
parties poslorieuics, anciennes, mortifiées, disparaissaient, laissant la terre
recouverte de leurs débris. A ce moment, sur cette terre abandonnée,
j'ajoutai de nouvelle terre imbibée d'eau et même submergée, et je
tournais Tassiette de 180". La croissance continuant, il se faisait un
retournement dans un temps plus ou moins long, et la végétation, pro-
gressant toujours vers la fenêtre, recouvrait peu à peu cette nouvelle
terre. C'est ainsi que j'ai pu conserver les cultures dans les mêmes
assiettes.
La forme B s'est montrée une l'orme C ramenée vers la forme A.
Le retour de la forme B à la forme A m'a paru se réaliser à la longue
dans une cuvette en porcelaine contenant de la terre souvent immergée et
formant une boue à laquelle je faisais subir des alternatives de dessiccation
et d'immersion. La forme A du début avait donné des pousses subapicales
qui produisirent des formes B; c€lles-ci se conservèrent plus ou moins bien
en certaines places immergées; en d'autres places, elles se modifièrent peu
à peu en sens contraire et se rapprochèrent plus tard de la forme initiale,
particulièrement cc'les qui grimpèrent le long des parois obliques de la
cuvette.
La forme C est tellement différente de la forme normale A qu'on pourrait
la confondre, à première vue, avec un Ancura miifli/ùlaoïi un Riceiajhnlatis.
En ce moment, j'ai trois cultures où cette confusion pourrait se faire. Dans
un cas, c'est un gazon extrêmement touffu de formes B et C qui s'est
desséché, s'est mortifié; sur les débris, on voit actuellement se produire des
formes beaucoup plus réduites. Dans deux autres cas. des formes A avaient
recouvert deux cuvettes d'un gazon dense que j'ai fortement maltraité en
l'arrosant avec un liquide assez nocif, le gazon s'est mortifié; je l'ai lavé et
soumis à des alternatives de dessiccation et d'immersion et, maintenant, il
est sorti, des restes de ces cultures, des formes naines, courtes, étroites,
ramifiées, qui sont très éloignées de la forme normale et qui rappellent tout
excepté le Fegatetla conica.
11 y a là de nombreux motifs de recherches, tant au point de vue de la
biologie de ces Muscinées qu'à celui de leur détermination dans la nature.
l524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Modificalions des racines el des tiges par action mécanique.
Note de M""" E. Bloch, présentée par M. J. Costantin.
Nous avons donné antérieurement (') des indications sur les chan^ic-
nients que subit l'anatomie des racines et des tiges lorsque leur développe-
ment est modifié par emprisonnement dans un tube de verre étroit ou entre
deux plaques de verre.
Avant de compléter les résultats déjà obtenus, nous croyons utile de
donner queUjues reproductions des échantillons résultant de nos expé-
riences.
La figure ci-contre reproduit quatre racines (n"" 1, 2, 3 et4) et deux tiges
(n'^* 5 et 6) qui se sont développées dans les conditions indiquées. Les
figures i, 2 et 3 se rapportent à Ikiphanus sativus L. ; la figure 4 à Lat/iyrus
aphaca L. ; la figure 5 à Solanum nigrum L., et la figure 6 à Fagopyrum
esculenliim Moench.
Les écliantillons 1, 2 et 6 se sont dé\eloppés entre deux plaques de \erre carrées
de 2'="', 5 de côté, disposées parallèlement et immobilisées par un (il de laiton enroulé
autour d'elles, de manière que la jeune germination ne dispose pas d'un espace
supérieur à 2""" dans un sens. Dans l'autre sens, elle pouvait croître librement : l'échan-
tillon de la ligure 1 atteint dans ce sens i3""", celui de la figure 2, 7""° et celui de la
figure 6, 5""".
Les échantillons 3, 4 et "i se sont développés dans des tubes de verre de i"" de lon-
gueur et de i™"' ou 2""" de diamètre intérieur.
A l'inspection de la figure, on est d'abord frappé de voir que les racines
et les tiges ont pu se développer normalement au-dessus el au-dessous de
la région emprisonnée, et que des racines, comme celles de Rnphanus
salivas, se sont tubérisées au-dessous de la partie emprisonnée, comme les
témoins cultivés en même temps.
On note aussi la formation d'un bourrelet bien visible ijig. 5 et 6) dans
les tiges, au-dessus de la partie emprisonnée.
Certains des échantillons non représentés sur la planche ci-contre offrent
d'autres particularités intéressantes. Ainsi, dans les tiges de Impatiens
parvijlora D. C, on constate la formation de radicelles immédiatement
(') M""' E. Blocb,.Sh/- les modifications produites dans la structure des racines el
des tiges par une compression extérieure {Comptes rendus, t. 158, i()i4. P- '70')!
Modifications anatoniiiiue.i des racines par action mécanii/ue (Comptes rendus,
t. ICi), 1919, p. 195).
SÉANCE DU l'^ JUIN I92I. iSîS
au-dessous de la partie eiiipiisonuée. Dans d'autres espèces, moins charnues
et moins riches en eau (Ileliunlhus annuiis), de jeunes radicelles à peine
ébauchées ont commencé à devenir visibles tout autour de la tige au-
dessus du tube de verre, sans se développer complètement.
On peut prévoir, d'après l'aspect des figures reproduites, combien seront
profondes les modifications anatomiques et histologiques, quand on
passera des régions normales aux autres, dans les parties emprisonnées.
iSaG ACADÉMIE DES SCIE-NCES.
Comme résultais histologiqiies, nous ne signalerons aujourd'hui que la
petite taille des cellules et des vaisseaux, environ deux fois moindre que
dans les témoins pour la plupart des espèces considérées; les vaisseaux sont
non seulement plus petits, mais ils sont moins nombreux.
En plus de la lignification intense, indiquée précédemment, il est utile
d'ajouter que l'épaisseur des membranes lignifiées augmente jusqu'à
devenir double de l'épaisseur normale.
Au point de vue du développement anatomique, bornons-nous à signaler
la modification suivante due à l'emprisonnement de racines dans des tubes
de verre dont le calibre est de 2™™ (les racines ayant, à et- moment, un
peu moins de 2""" de diamètre) :
Dans différentes espèces {Raphanus salivas, Soja hispida, Fauopyrum
tataricum) on constate la conservation de l'écorce primaire avec son épi-
derme, dans la région de l'axe hypocotylé. Au contraire, dans les portions
de racines situées au-dessus et au-dessous du tube de verre, ainsi que dans
les témoins, on note la présence de formations subéro-phellodermiques très
importantes.
Tous les résultats indiqués sont obtenus sur des plantes ayant atteint
leur complet développement normal, ayant en particulier fleuri et fructifié.
PHYSIOLOGIE. — Ecli(ini;es niilrili f.s des animaua: en fonction
(lu poids corporel. Note de M. Louis LAPicyiE, présentée par M. Cli. Ilicliet.
Cliarles Ricliet, dans les recherches qui ont rendu classique la loi de
proportionnalité entre les échanges nutritifs et la surface corporelle, a
remarqué qu'il ne pouvait faire rentrer dans cette loi ni les bœufs
pesant 600''*'', ni les chardonnerets pesant 21*^; les uns comme les autres
donnent des chiffres trop élevés par rapport aux animaux de poids moyen.
(I n'est pas étonnant qu'avec un tel écart de grandeurs, les poids des ani-
maux étant ici dans le rapport de un à trente mille, apparaisse une diver-
gence. J'ai cherché à préciser cette divergence et à l'interpréter.
Je n'ai pas de documents nouveaux sur les grands herbivores, li
d'ailleurs, la nutrition de ces animaux comporte, par suite des fermen-
tations intestinales, des complications qui demanderaient de nouvelles
études. Mais j'ai systématiquement déterminé, autrefois ( '), avec M""" La-
('). Comptes rendus de la Société de Biologie, ao février, 17 mars et 3i juillet 1909.
SÉANCE DU l3 JUIN I921. 1627
picquo, les râlions d'entretien à diverses températures de petits oiseaux
de tailles diverses, depuis le pigeon jusqu'au bengali, qui ne prse que ']*^,5\
récemment, la souris nous a servi de sujet pour de nombreuses mesures do
la valeur alimentaire des farines. En combinant les renseignements ainsi
obtenus pour les petits homéotbermes avec les chiffres des auteurs, j'ai
pu représenter par une courbe empirique, en fonction du poids du corps,
les échanges nutritifs exprimés en calories par jour. Pour une si large
échelle de variations les coordonnées logarithmic[ues étaient tout indiquées;
ce système de représentation a, en outre, l'avantage de rendre nettement
sensible la divergence par rapport à l'approximation remarquable donnée
par la loi des surfaces. A travers les petits écarts ca|)ricieux tenant aux
indéterminations expérimentales de chaque auteur, comme aux conditions
variables de l'embonpoint et du pelage ou du plumage, même en se limi-
tant pour les poids corporels éle\és, au chiffre bien établi de l'homme, il
est manifeste que toute ligne continue capable de représenter la généralité
des expériences à /a température ordinaire apparaît concave vers l'axe des
poids et à peu près telle que je l'ai figurée ci-dessous {fig. i).
1 2î45e789
ik 10 100 k
POIDS DU CORPS
La loi des surfaces, d'une claire et élégante simplicité, se représenterait
ici par une droite inclinée à 06 pour 100; je l'ai figurée en pointillé, de
manière à satisfaire aux grandeurs des animaux de taille moyenne, usuels
l528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les laboratoires de Physiologie. Les animaux plus petits, et les ani-
maux plus grands ont une dépense supérieure.
Cette courbe a un certain intérêt prati(|ue; elle ])ermet d'olitenir avec
une valeur suffisamment approchée (par lecture directe en utilisant, au
moyen d'un compas, l'échelle logarithmi(|ue tracée en bas à droite) la
réponse à la r|uestion des besoins alimentaires pour un animal à sang chaud
de poids donné.
Au point de vue théorique, elle appelle une explication.
Il y a lieu de l'aire entrer en ligne de compte la variation des échanges
nutritifs en fonction de la température. Nos expériences ont montré,
conformément à des considérations évidentes, que celte variation est d'au-
tant plus importante que l'animal est plus petit. Mais, en outre, ces
échanges recalculés par unité de surface et représentés pour plusieurs ani-
maux de taille différente sur les mêmes coordonnées s'entre-croisent, les
jjetits animaux qui se placent au-dessus des grands pour les températures
basses passant au-dessous pour les températures élevées.
Toutes ces courbes tendent vers un minimum, qui correspond à des
températures différentes, d'autant plus voisines de la température propre
que l'espèce est plus petite. L'interprétation de ce résultat est facile et je
l'ai donnée dans mes publications antérieures; j'ai eu plus de peine à
admettre celui-ci : la liauleur de ces minima est sensibicnwnt la même, que/le
que soit la grandeur de l'espèce. Mais c'est un fait qui ressort directement de
nos expériences et qui s'accorde avec les résultats des autres auteurs,
notamment de Rubner.
15 20 25 30 - 55
TEMPERATURE AMBIANTE
40
I^a figure 2 ci-dessus monti e les courbes de la dépense en calories par
décimètre carré : i" chez un petit ihicn de ,'1''" étudié par Rubner; 2" chez
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. l52()
nos pigoons et chez des cobayes de Riibiier (les courbes de ces oiseaux et
de ces inanunirères de nièuie poids pouvant être confondues schématique-
ment); 3° chez les bengalis. Le minimum de 7'''' à 8''"' par décimètre carré,
pour ces trois poids corporels variant déjà de i à 5oo, se retrouve encore
chez l'homme, avec les valeurs rondes bien connues de 2'"' pour la surface
et 1600'"' pour la dépense minima.
C'est en ce point, à la température ambiante, variable avec chaque
espèce, où la perte de chaleur déterminée par les conditions physiques est
égale à la production de chaleur résultant de l'entretien même à la vie, que
s'applique exactement d'un bout à l'autre de l'échelle la loi des surfaces.
Si, au contraire, on prend toutes les espèces à une seule et même tempé-
rature extérieure, on voit que la loi est masquée par les différences dans la
mari>e de thcnnni>enèse qui s'ajoute à la dépense fondamentale pour équi-
librer la perte de calorique.
Mais alors cette loi des surfaces ne peut plus être expliquée par le besoin
de chaleur; d'ailleurs on la retrouve chez les animaux à sang froid; elle
repose sur quelque fait de physiologie générale plus profond et qui reste à
déterminer.
PHYSIOLOGIE. — Contribution à l'étude biologique des plongeurs.
Note(') de M. Alfred Thooris, présentée par M. R. Bourgeois.
I. Au cours de mes recherches sur les hommes d'élite de l'athlétisme,
j'ai été amené à étudier deux champions de la durée de séjour sous l'eau :
Pouliqucn et de Lalymun. Le phénomène est le même à quelques varia-
tions près. Comme tous deux sont capables de le reproduire à l'air libre,
j'ai pu en entreprendre d'autre part l'étude radioscopique. L'enregistrement
graphique permettait d'ailleurs de contrôler la fidélité de la reproduction.
Enfin j'ai pu imiter moi-même le procédé : l'exactitude de l'imitation a été
garantie par l'identité des tracés. La dernière épreuve, exécutée dans les
deux éléments : air et eau, complétait heureusement l'examen objectif des
faits par leur représenta.tion subjective.
Les deux sujets ont été armés de ceintures pneumographiques, d'olives
nasales et d'une ampoule laryngée.
(') Séance du (3 juin 1921.
l53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les engins explorateurs communiquaient leurs mouvements manomé-
triques à des tambours inscripteurs, avec ou sans réservoir amortisseur
intermédiaire. Vitesse du cylindre enregistreur : 3""".
Au moment de Timmersion, l'homme épure l'intérieur de ses poumons
par des mouvements respiratoires do grande amplitude, que Pouliquen
complique personnellement d'éructations. Il s'immerge ensuite sur une
inspiration d'amplitude deux fois moindre que l'inspiration dite de net-
toyage.
A priori, il semble qu'un homme immergé doive immobiliser son appa-
reil respiratoire pour éviter toute introduction de liquide dans la trachée
en inspirant. Le tracé thoracique devient en effet, dès l'immersion, sensi-
blement rectiligne et horizontal, comme la tenue d'un son vocal émis éco-
nomiquement pour qu'il dure. iMais au bout d'environ 3o secondes, s'établit
un nouveau régime du souffle dont les tracés thoracique, nasal et laryngé
montrent les événements. On reconnaît trois faits principaux : expansion et
retrait périodique du thorax, mobilité singulière du voile et déplacement
franc du larynx.
Pour étudier le synchronisme de ces mouvements, partons du moment
où l'inspiration se déclanche : le larynx s'ébranle, mais reste sur place. Le
tracé nasal accuse une dépression brusque, bientôt interrompue par une
pression qui commence avec l'excursion du larynx, se maintient pendant
sa tenue et cesse avec son retour. Celui-ci correspond à la lin de l'expansion
du thorax. Alors a lieu l'expiration; le tambour olivaire inscrit une pres-
sion brusque, signe manifeste d'un jeu d'air terminal.
En résumé, chaque période révèle : une inspiration initiale avec blo-
cage des choannes par le voile; une ascension du larynx avec constriction
glottique synergique; une expiration soulignant à la descente du larynx qui
est synergique avec la détente glottique. Toute communication avec lair
extérieur est interrompue à l'inspiration; une communication discrète et
fugace s'établit à l'expiration.
Les oscillations sont d'autant plus amples et rares que le régime tarde à
s'établir ou est établi depuis plus longtemps.
Par exemple, en 2™ 20* on compte 1 1 périodes. La durée de l'excursion
laryngée varie de 2*, 53 au début, à 3*. 20 à la fin de l'expérience. Son ampli-
tude était, chez Pouliquen. deux fois plus grande ]iar rapport à de Lalyman.
et quatre fois par rapport à moi. L'amplitude de la cage thoracique atteint
celle de la respiration normale et souvent la dépasse.
SÉANCE DU i3 luiN igai. i53i
Le plongeur sort de l'eau en expiration. 11 exécute alors quelques mouve-
ments respiratoires de grande fréquence (8 en 20*), et de faible am])litude
(7""") pour reprendre, au bout de ce temps, le rythme solennel et l'ampli-
tude (') normale (22""").
II. La radioscopie a donné lieu aux constatations suivantes : brusquerie
du mouvement d'ascension du cartilage thyroïde, expansion périodique du
thoiax afl'ectant l'ensemble de la cavité.
m. Le témoignage des plongeurs, le contrôle radioscopique et ma pra-
tique p(M'sonnelle m'ont permis de reconnaître dans les tracés thoracique,
laryngé et nasal, la traduction graphique de mouvements périodiques de
déglutition .
Il semble (jue le bi^soin de respirer sous l'eau ne devienne impérieux
qu'au bout de 3() secondes environ; le thorax, isolé do l'air extérieur,
accuse alors les mêmes mouvements d'ampliation et de rétraction qu'à l'air
libre.
Or, ces mouvements alternatifs ne peuvent être réalisés que de deux
manières : ou par des mouvements d'effort ou par des mouvements de déglu-
tition. Le premier procédé épuise le plongcnir, la ligne générale des retraits
thoraciques rejoint rapidement la ligne des r; le tracé des mouvements du
larynx n'a d'ailleurs pas l'instantanéité ni l'amplitude de ceu?i cjue four-
nissent mes champions. C'est en effet à des mouvements de déglutition
((u'ils recourent. On retrou\e dans l'exercice de cette fonction l'expansion
préparatoire du thorax, l'ascension du larynx et son letour au repos sui\ i
d'une ])rève expiration nasale.
Conclusions. — A. L'homme spécialisé est capable de séjourner plusieurs
minutes sous leau. Tout en faisant la part de l'élasticité individuelle, la
durée du séjour est liée à la manière dont le plongeur satisfera le besoin de
respirer qui le presse.
Ce besoin comprend, en fait, trois besoins, qui soni , par ordre d'urgence :
i" le besoin alternatif d'expansion et de rélraclion du thorax; 2° le
besoin d'éliminer l'acide carbonique; 3° le besoin d'oxygène, qui est
susceplible d'attendre le plus longtemps la reprise de contact avec l'atmo-
sphère.
(') Toutes les expériences ont été faites avec les mêmes appareils et dans les mêmes
conditions. Les chi lires énoncés représentent des moyennes.
l532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le premier besoin est mécanique et relève de la volonté, le second est
chimique et relève de l'aulomatisme.
B. Le procédé biologique du plongeur comporte trois temps : i° Inspi-
ration avec fermeture du voile faisant clapet; i° élévation du larynx
avec constriction synergique de la glotte; 3° expiration avec descente du
larynx et détente de la glotte et du voile. Le temps de détente du voile est
exactement mesuré pour assurer la sortie explosive d'une quantité d'air
conforme au régime. La fonction de débit du voile termine automati-
quement l'exercice de déglutition qui vient s'insérer tout entier dans le
moment iiispiratoirc du phénomène comme pour mettre au point l'explosion
expiratoire finale. La constriction synergique de la glotte et du voile semble
ainsi suppléer, chez l'amphibie humain, à la constriction des narines propre
par exemple à l'otarie.
C. La connaissance scientifique du mécanisme biologique permettant le
séjour sous l'eau facilite singulièrement son enseignement technique. L'exé-
cution du premier temps sera plus rapidement acquise avant tout essai
sous l'eau par le moyen pédagogique du manomètre et de l'olive
nasale.
D. Tout nageur augmentera considérablement sa sécurité en s'entrainant
méthodiquement au séjour sous l'eau, en appliquant la méthode dont
nous avons établi la démonstration graphique, radioscopique et pratique.
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Les effets du chroniatlsmr de ra-il dans la
lésion des couleurs complexes. Note de M. A. Polack, présentée par
M. J.-L. Breton.
Dans une Note antérieure ('), j'ai montré l'influence de l'état de réfrac-
tion de l'œil sur la vision des couleurs complexes :
Lorsqu'on observe à l'éclairage du jour des petites plages de couleurs
pigmentaires, en faisant varier légèrement la réfraction de Tn'il au moyen
de verres de lunettes, on constate que ces couleurs changent de nuance, sui-
vantjl'état de réfraction réalisé et suivant le fond sur lequel les petites plages
sont disposées.
Sur fond noir, l'ù-il rendu légèrement myope voit le rouge plus saturé,
(') Comptes rendus, t. 138, 1904, p- i538.
SÉANCE DU l3 JUIN I921. ib'Vi
le jaune un peu plus oraiii^c, le vert plus jaunâtre et le bleu plus gris vio-
lacé. Sur le môme fond noir, l'd'il rendu légèrement hypermétrope voit au
contraire le rouge prendre une nuance violacé grisâtre, le jaune devenir un
peu verdâtre, le vert plus bleuté et le bleu plus saturé. Sur fond blanc, le
phénomène est renversé, c'est-à-dire : l'd'il myope y voit à peu près les
mêmes modifications de nuance qu'un d'il hypermétrope observe sur
fond noir, et inversement. Sur fond coloré, le phénomène est plus com-
plexe.
Les changements de nuance sont d'autant plus marqués que les plages
sont vues sous un plus petit diamètre apparent, et s'accuse encore davan-
tage lorsqu'on dilate la pupille à l'aide d'un mydriatiquc.
Tel est le fait brièvement exposé.
J'en ai donné l'interprétation suivante :
L'œil humain est loin d'être achromatique. La distance entre le foyer des
radiations rouges et celui des radiations violettes est évaluée par les auteurs
à o™™,6 environ.
Dans ces conditions, un œil légèrement myope se trouve au point pour les
radiations rouges et reçoit sur la rétine les autres radiations, sous forme de
cercles de diffusion dont le diamètre croît avec la vitesse des vibrations.
La lumière rouge conservera donc dans l'image rétinienne, à peu près le
même éclat relatif qu'(>lle possède dans l'objel, tandis que l'éclat intrin-
sèque des autres radiations, plus ou moins diffusées, se trouvera affaibli en
raison même de cette diffusion. Au total, tout se passera comme si, dans
l'image rétinienne, on avait soustrait de la lumière complémentaire, contenue
dans l'objet rouge. Débarrassée d'une partie de cette lumière complémen-
taire, son image paraît évidemment d'un rouge ])lus saturé, plus [)ur.
Pour l'œil légèrement hypermétrope, ce sont au contraire les radiations
les plus réfrangibles qui forment une image nette sur la rétine et les radia-
tions rouges sont diffusées; il en résulte donc une diminution relative dans
l'éclat intrinsèque de celles-ci; dans ces conditions, la [)lage rouge paraît
moins rouge, plus grisâtre et plus violacée.
Dans tous ces cas, la mydriase augmente l'effet du chrumatisme et con-
tribue à accentuer le phénomène observé.
Cette interprétation heurte les idées classiques, car on considère générale-
ment que subjectivement l'œil se comporte à peu près comme un appareil
achromatique. Depuis plus de 100 ans, les savants s'efforcent d'expliquer
l'achromatisme apparent ou subjectif de l'œil humain, difficile à concilier
l534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec le chromalisnic [)hysique incoiili'stablc, mis l'ii évidence par les Ira-
vaux do Dollond.
L'explication piiremenl théorique que j'ai donnée jusqu'ici pourrait donc
paraître insuffisante, et il était nécessaire d'apporter une démonslration
expérimentale.
A cet effet j'ai fait construire un objectif pliotoj^raphiquf corrigé des
aberrations sphériques, mais pourvu d'un chromatisme suffisant.
Avec cet objectif on obtient facilement sur plaque autochrome les diffé-
rentes modifications de couleur que produisent les variations de l'état diop-
trique de l'œil.
Les expériences nous ont montré que. lorsqu<' la plaque sensible de
l'appareil photographique est amenée au point d'intersection des radia-
tions rouges, on obtient sur l'épreuve les effets de couleur de la myopie
légère, lorsque cette plaque est placée dans le plan d'intersection des rayons
bleus, on obtient la couleur qui caractérise la vue de l'œil hypermé-
trope.
On peut se rendre compte sur les épreuves que nous présentons à l'appui
de cette Communication avec quelle netteté se produit ce phénomène.
Je crois donc avoir démontré expérimentalement le fait que le chroma-
tisme de l'œil exerce une influence considérable sur la vision des couleurs
complexes.
ZOOLOGIE. — Sur un nouveau poisson abyssal (Scombrolabrax heterolepis,
«oc. gen. nui>. sp.) péché dans les eaux de l'île Madère. Note de M. Locis
Roule, présentée par M. Edmond Perrier.
Ce poisson a été capturé par des pêcheurs, le 20 janvier 1915, au sud de
Madère, par 800™ à 900'° de profondeur. Il fut remis au P. Jaime de
Gouvela Barreto, directeur du Musée du Séminaire de Funchal, qui cm fit
don au Musée océanographique de Monaco. Ce dernier me l'a transmis
dernièrement dans le but de l'examiner et de le déterminer. Nouveau
comme genre et comme espèce, ses principaux caractères sont mentionnés
dans les lignes suivantes :
L'individu unique est entier, en bon élal de conservation, sauf les angles de sa
nageoire caudale, qui ont été brisés et qui font défaut. Sa couleur est brun jaunâtre
sur la région dorsale du tronc et une partie des lianes, noire partout ailleurs. Il ne
SÉANCE DU l3 JllN 192I. l535
porte aucun oryaiie lumineux. Sa longueur totale égale aôg""" el sa plus grande hau-
teur 53'"™. Le corps est de forme régulière, assez élancée.
Les nageoires dorsales, au nombre de deux, se suivent sans intervalle. La première
comprend deux parties : l'une antérieure, triangulaire, soutenue par six rayons
minces et épineux.; l'autre, postérieure, composée de six épines grosses el courtes,
inclinées en arrière, privées de membrane inlerradiaire, à base élargie et di\isée en
deux brandies. La seconde dorsale, étendue jusqu'au pédoncule caudal, com-
porte i + i4 rayons mous et cirrhiformes, dont les trois derniers oiFrenl l'aspect de
petites pinnules cohérentes à la nageoire ; le premier raj on, mince et épineux, est court,
La nageoire anale est symétrique de la seconde dorsale; elle présente i 4- i5 rayons
mous. La nageoire caudale, falciforme et régulière, possède une vingtaine de rayons.
Le pédoncule caudal est libre, sans pinnules.
Les nageoires pectorales, étroites et longues, portent 17 fins rayons. Les nageoires
pelviennes, dont la longueur égale le tiers de celle des précédentes, sont munies
de I -f- 5 rayons. Leur insertion est thoracique.
La tête, allongée et effilée, plate en dessus, mesure 72™™ de longueur depuis le
bout du museau jusqu'au sommet de l'angle operculaire. Cet angle porte une épine,
plate et triangulaire, suivie de cinq autres épines de plus en plus petites placées
sur le bord postéro-supérieur de l'opercule. Le bord postéro-inférieur. finement strié
en travers, porte de fines denticulations; il en est de même pour la partie inférieure
du préopercule. Les yeux sont volumineux, non télescopiques; le diamètre orbilaire,
plus grand que l'espace préorl)itaire el que l'espace interorbitaire, égale sensiblement
les I de la longueur de la tête. Les ouïes sont largement fendues; le nombre des rayons
branchiostèges est de six, dont un peu apparent.
La bouche est assez vaste; ses commissures se placent à l'aplomb du tiers antérieur
des yeux. La mâchoire supérieure porte deux fortes dents symétriques, antérieures,
semblables à deux crocs recourbés en arrière; elle est armée en outre, sur la première
moitié de chacun de ses deux, bords, d'une douzaine de petites dents coniques. La
mâchoire inférieure, privée de crocs, est garnie sur chacun de ses deux bords d'une
quinzaine de dents trois à quatre fois plus fortes que celles de la mâchoire supérieure.
L'écaillure couvre tout le corps avec la majeure part de la tête, et engaine partielle-
ment les bases des nageoires impaires. Les écailles, lisses, minces, dilTèrent de dimen-
sions, les dillérences allant du simple au quadruple et au quintuple; elles s'associent
irrégulièrement sans ordre apparent, en s'imbriquant de manière serrée et confuse. La
ligne latérale s'étend de l'opercule au début du pédoncule caudal, suit de près le profil
du dos, et s'accompagne d'écaillés non dissemblables des autres, mais rangées plus
régulièrement, au nombre de 48 à 5o pour la longueur entière.
Le nom spécifique exprime la disposition remarquable de l'écaillure. Le
nom générique, rappelant à la fois celui des Scombres et celui des Labntx,
exprime à son tour la dualité des particularités offertes par ce poisson, qui
présente à la fois des caractères de Scombriformes et des caractères dePer-
ciformes. Les nageoires impaires reculées, la première dorsale comportant
l536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une série d'épines distinctes, la caudale fourchue et régulière, l'insertion
ihoracique des pelviennes, le rapprochent, parmi les Scombriforraes, d'un
certain nombre de Caraniiidés et de Thyrsilidès, (|in offrent des particiila-
rilés similaires. En revanche, son préopercule épineux, son préopercule
denticulé, l'éloignent de ceux-ci pour le ranger non loin des Perciformes.
Sa situation dans la classification est mixte.
Il semble, pour conclure, que l'on doive considérer ce genre comme un
type de transition, ainsi qu'il en est pour plusieurs autres poissons abyssaux.
On peut estimer, conformément aux vues de M. T. Regan (1909) que les
Perciformes, qui se relient déjà par quelques passages aux Salmonidés el
aux Mugilidés, se rattachent en outre aux Scombriformes par divers intermé-
diaires, dont les Tétragonuridés, les Chiasmodontidés feraient partie, et
dont I état le plus net serait celui du présent Scombrolabrax, qui compose-
rait à lui seul une famille spéciale. On peut ainsi entrevoir, comme consé-
quence dernière, la création d'un groupe nouveau, celui des Scombroperci-
formes, qui unirait étroitement entre eux les deux principaux groupes des
anciens Acanthoptérygiens ihoraciques de Cuvier.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action synthétisante de la méthyl-d-mannosidasc a.
Note de M. H. Hérissev, présentée par M. L. Guiguard.
J'ai publié récemment (') les résultats de recherches relatives au dédou-
blement du méthyl-(^/-maiinoside a par les ferments solubles; j'ai montré, à
celte occasion, que la source la plus avantageuse de c^-mannosidase a,
ferment qui réalise cette hydrolyse, paraissait actuellement constituée par
la semence de luzerne gerinée.
Il devenait dès lors possible d'aborder le problème de la synthèse biochi-
mique du méthyl-rf-mannoside a en faisant agir la f/-mannosidase a sur le
f/-mannose, en présence d'alcool méthyliqu<' déconcentration convenable.
Les essais que j'ai tentés dans celte direction m'ont conduit à des résultats
positifs, qui devront évidemment être étendus cl complétés, mais qui
apportent toutefois, dès maintenant, la preuve absolue de la nature réver-
sible des réactions produites par la (^/-mannosidase a.
(') Comptes rendus, l. [li, 1921. p. -66; Journal de l'/iarmacie el dr Cltiiiiie,
-'■ série, l. 23, igai, p- '109.
SÉANCE DU i3 juix igii. i537
J'ai préparé le mannose, qui m'était nécessaire, par décomposition de Ja
mannose phénylh^'drazone au moyen de l'aldéhyde benzoïque; le sucre a été
obtenu complètement pur, après de nombreuses cristallisations dans
l'alcool cthylique à gS''. L'alcool mélhylique à 99'', 5, qui a été utilisé, pro-
venait du commerce.
L'expérience m'a montré que, comme cela se passe pour la d-g\uco-
sidasea (')et larf-galactosidasea (-), l'ajction synthétisante de la^Z-mannosi-
dase a ne s'exerce que dans des milieux très aqueux, peu riches en alcool. Il
est facile de mettre en évidence cette action synthétisante, en opérant sur
des solutions contenant sensiblement 10''' d'alcool méthylique, pour 100""'.
On a préparé, par exemple, les trois mélanges suivants :
1.
Solution aqueuse de mannose, à i*, 92^4 pour 100"^'"' 5o''"''
Alcool mélhylique à 99'^, 5 los
Eau distillée q. s. pour loo"""^
Poudre de luzerne germée et sécliée (contenant la ^/-mannosidase a).. 4^
- Toluène i""'
2 (témoin).
Solution aqueuse de mannose, à 10,9244 pour 100'^™" 5o"°'
Alcool méthjlique à 99'^, 5 los
Eau q. s. pour loo"^™'
Toluène. i "»'
3 (témoin).
Alcool méthylique à 99*^,5 los
Eau q. s. pour 100'''"'
Poudre de luzerne geimée et séchée 4°
Toluène i*^""'
Au cours de l'expérience, qui a duré 106 jours, les mélanges ont été
habituellement maintenus à l'étuve, à la températuie de 32°; toutefois,
(') Comptes rendus, t. 135, 1912, p. i552; Journal de Pharmacie el de Chimie,
7" série, t. 7, 1913, p. iio.
{'^) Comptes rendus, t. 138, 1914) p. 204; Journal de Pharmacie et de Chimie,
'j" série, t. 9, 1914, p. 225.
C. R., igai, 1" Semestre. (T. 17Î, N- 24.) H2
l538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pendant 6 jonrs, ils ont été laissés à la température du laboratoire; ils
étaient agités à peu près une fois par jour. A trois reprises différentes, on
en a prélevé 2o'^°'',3 en vue de la détermination des rotations polarimé-
triques et des pouvoirs réducteurs des liqueurs respectives, après défécation
par i""" d'extrait de Saturne. On a constaté ainsi, pour le mélange 1, une
augmentation progressive de la rotation polarimétrique, en même temps
qu'une diminution corrélative du pouvoir réducteur. ^ oici les derniers
résultats numériques obtenus, rapportés par le calcul au volume primitif
des liqueurs :
1. 2. 3.
Rolalion (/^ 2) +i°i7'.7 -i-'7' -1-33', 6
Sucre réducleur, expiimé en manno-e, pour lou'''"' . ie,ii63 0^,9622 oe.^D^g
Ces valeurs sont tout à fait en accord avec l'hypothèse de la formation de
méthyl-r/-mannoside a, par synthèse biochimique, sous l'action de la
</-mannosidase a contenue dans la luzerne. D'une part, en effet, la dispa-
rition de o^,3oo8 de mannose («^^4- il\'\i) doit entraîner une diminution
de la rotation, pour / = 2, de
14,2 X 2 X o,3oo8 -^ ,
= -h 0° , 0804 ;
d'autre part, o%3oo8 de mannose (poids moléculaire : 180,096) corres-
pondent à
igi, I ta X o,3o 18
1 bo , 096
=r 06,3242
de méthylmannoside (ap = -t- 79°,2; poids moléculaire : 194,112), qui
donne une rotation de
79,2 X 2 X 0,324? „ c of
-!-^ =4- o''.5i35.
100
Il doit résulter finalement, de la formation de métliyl-r/-mannoside a, une
augmentation globale de la rotation, qui sera
o, 5i35 — 0,08.54 ^ o", 4-38 1 -=: 25', 6.
La rotation du mélange i devra donc devenir "
[-H 5o',6] (somme des rolalions des mélanges 2 et 3) -\-
[-1- 25',6] =r 4- 76',2 =4- 1° l6',2.
Or l'expérience a donné +\°i']\'j. La concordance est donc aussi satisfai-
SÉANCE DU l3 JUIN I92I. 1 539
santé que possible et bien en accord avec l'hypothèse de la formation de
niélbyl-rf-mannosido x.
D'autres expériences faites en utilisant, comme source de ferment, soit
encore la poudre de gjraine de luzerne germée, ainsi que dans l'expérii-nce
précédente, soit le macéré aqueux de cette poudre, nronl toujours conduit
à des résultats analogues, se traduisant par la diminution du pouvoir- réduc-
teur des solutions et par l'auginenlalion de leur rotation polarimélrique
droite.
L'isolement, à l'état pur, du méthyl-(/-maunoside formé, ne pourra être
réalisé qu'en opérant sur des quantités notables de mannose; elle présente
d'ailleurs quelque difficulté, du fait de la présence des impuretés apportées,
dans les solutions fermenlaires, par la graine de luzerne germée. Dès
maintenant, toutefois, je puis affirmer que les concordances relatées plus
haut correspondent effectivement à la formation de métliyl-r/-mannoside a,
par voie de synthèse biochimique. Par traitement convenable des liqueuTs
fermenlaires, j'ai pu obtenir, en effet, des extraits qui cristallisent sur
amorce de méthyl-c?-mannoside a et fournissent des préparations microsco-
piques tout à fait caractéristiques de ce dernier.
MICROBIOLOGIE. — Influence de la matière azotée élaborée par l' Azotobacter
sur le ferment alcoolique. Note de M. E. Kayser, présentée par
M. Lindet.
On admet que l'azote fixé par l' Azotobacter donne lieu à une matière
azotée, constituée en majeure partie par les dérivés de l'acide nucléique;
l'observation a montré que souvent cette matière n'est que très lentement
assimilée par les végétaux supérieurs, cependant, si les conditions du sol
sont favorables aux micro-organismes transformateurs, sa nitrification est
facile.
Lippmann a émis l'hypothèse que l'Azotobacter n'était utile aux végétaux
que par ses excrétions; pour Moler cet azote ne devient utilisable que grâce
au métabolisme azoté des amibes du sol.
J'ai pensé apporter une contribution à la solution de celte question en
recherchant l'action des produits de l'Azotobacter sur des cellules végétales
et j'ai choisi les cellules de levure. Les levures employées dans mes expé-
l5jO ACADÉMIE DES SCIENCES.
riences ont été d'une part des levures se re roduisant par bourgeonnement
(saccharoinyces de vin, cidre, distillerie), d'autre part des levures se
reproduisant par scissiparité (schizosaccliaromyces de rhum); cette matière
azotée compl3xe peut-elle être utilisée par la cellule levure dans sa multi-
plication, peut-elle gêner ou favoriser ses sécrétions diastasiques?
En ajoularU à du moùl de pommes, à des infusions de lonraillons intentionnellement
très diluées, pauvres en azote, riches en sucres, ^'j de culture d'Azolobac 1er comprenant
liquide et masse microbienne mise en suspension (soit environ i,f,„\i,(, d'azote), quantité
très minime qui ne peut exercer aucune influence sur l'alimentation de la levure, on
obtient un rendement alcoolique plus élevé, variant entre 2? à 12° par litre.
Réparlissons une infusion de louraillons à 2/17S pour 1000 en sucre interverti, à
raison de 200"°' par matras, ensemençons une levure de vin, une de distillerie, une de
rhummerie (schizosaccharomjces) ; trois matras (A) servent de témoin, trois (B) ont
reçu la culluie bactérienne avant stérilisation, les trois autres (C) l'ont reçue après
stérilisation ; la fermentation se déclare d'abord dans les ballons B ; ce sont les ballons C
qui partent les derniers; la fermentation s'eli'ectue à 27°. L'analyse a eu lieu après
\?. jours; les données suivantes se rapportent au litre :
Saccharoinyces
Schizosaccliaromyces
de distillerie de grains. de rhummerie.
IMalras A.. B. C. \. B. C. A. B. C.
Levure produite (gr.). . . i,58o 0,713 1,1 13 o,8i3 o,6i3 0,660 1,100 1,9,33 1,273
Sucre disparu 83, o 109,0 98,0 1/49 181 i85 109 198 117
Alcool (vol.)..' 4o 53,3 42,7 78,7 97,3 96 64 60 57,3
Pouvoir ferment 52,5 i52,9 880 iS3,2 293,2 280,2 99,1 io3,8 92
: Dans les ballons B et C les poids de levures de vin et de distillerie
(levures à bourgeonnement) sont plus faibles, la synthèse des protéines a été
pénible, gênée, sans doute, par les produits bactériens; le schizosaccliaro-
myces a été moins influencé; les levures sont inégalement sensibles; la
composition de l'infusion de touraillons, la proportion d'azote soluble
apportée par la culture bactérienne, celle de produits plus ou moins
toxiques peuvent occasionner certaines inégalités, amener certaines varia-
tions de poids pour une levure donnée dans un même essai, alors que pour
toutes les autres les poids varient dans le inême sens.
La proportion de sucre disparu c-t plu< faible dans le- témoins, le sucre
-esL. très inégalement utilisé, l'alcool n'est pas eu la^jpqrt avec le sucre
SÉANCE DU l3 JUIN 192I. I 54 I
disparu, les décliets dans le sens indiqué par M. Lindet (') sont souvent
élevés.
ElTront a déjà signalé (^) que le pouvoir ferment n'est pas toujours en
rapport avec le pouvoir d'accroissement, il peut y avoir production de
zymase sans multiplication notable.
Relevons encore que les ballons C, malgré une forte disparition du sucre,
contiennent moins d'alcool que les ballons B ; le taux alcoolique peut,
cependant, devenir inférieur à celui des témoins, comme le prouve l'expé-
rience suivante, contenant 252,4 pour 1000 en sucre interverti ; trois
ballons (C) ont reçu l'addition bactérienne après stérilisation du bouillon
de culture.
Saccharomyces
de distillerie Schizosaccharomyces
de vin. de grains. de rhummerie. ,
Alcool produit par litre en volume.
Témoin 56,8 79>2 73j9
C 52,8 76,6 71 ,3
Sucre disparu par litre.
Témoin i25,i i63,5 169,9
C 142,5 176,5 172,5
Pi oporlion centésimale de sucre disparu.
Témoin 49>5 64,7 66,9
C 58,8 69,8 68,3
L'addition d'une culture d'Azotobacter, en propoi tion même minime, à
une fermentation alcoolique, gêne, en général, la multiplication de la
levure, augmente la décomposition du sucre, peut stimuler la fonction
zymasique et augmenter le rendement alcoolique; la race de levure, l'âge
de la culture bactérienne, son mode d'emploi ont de l'importance.
On est donc eu droit de se demander si les Azotobacter du sol et leurS
produits ne sont pas susceptibles de diminuer la production des cellules
végétales en excitant la disparition des matières hydrocarbonées que ces
cellules trouvent à leur disposition'.
(') Comptes rendus, l. 164-, 1917, p. 58.
(*) C. R. Soc. Biol., t. 83, 1920, p. 19'!.
l542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Virulence pour riiomme du spirochêle de la
spirillose spontanée du lapin. Noie de MM. C. Levakiti, A. Marie et
S. Nicoi.AiT, présentée par M. E. Roux.
Nous avons étudié, au point de vue microbiologique, histologique et
pathogénique, une maladie spirochétienne du lapin, caractérisée par des
lésions papulo-croùteu=es intéressant les organes génitaux et les narines.
Cette maladie avait été signalée en Autriche, en Allemagne et en Hollande
par Arzt et Kerl ('), Schereschewsky (^), Jacobsthal (') et Klarenbeek (*).
Elle est provoquée par un spirochète ressemblant morphologiquement au
Treponema pallidum.
Nos recherches histologiques et les données concernant le mode de trans-
mission de cette maladie ont fait l'objet d'une Note présentée à la Société de
Biologie, en collaboration avec M. Isaïcu ('). Nous désirons insister, dans
la présente Communication, sur la virulence du Spirochœta cuniculi
(Jacobstal) pour l'homme. La question est intéressante à un double point
de vue. D'abord, il y aurait lieu de rechercher si l'infection est transmissible
à l'espèce humaine et si elle peut devenir le point de départ de contamina-
tion syphilitique chez les éleveurs de lapins. Ensuite, on peut supposer que
le spirochète du lapin se comporte, à l'égard du tréponème de la syphilis,
comme la vaccine vis-à-vis de la variole. Dans ce cas on tenterait la vacci-
nation de l'homme contre la syphilis, en ayant recours à l'inoculation pré-
ventive du virus supposé atténué de la maladie du lapin.
Expérience. — Le i8 mars 1921, deux d'entre nous (Levaditi et Nicolau) s'ino-
culent par scarification, à la surface externe du bras, du virus proveDant d'un lapin
infecté spontanément. Très nombreux spirocliètes mobiles dans le produit inoculé.
Réaction de Bordel-Wasserraann négativi; dans le sérum, le jour même de l'inocu-
lation. Les croûtes de sang coagulé qui couvrent les stries de scarification, se détacheut
vers le cinquième jour. Depjis, aucune réaction, ni locale, ni générale. La réaction
de Bordet-Wassermann reste négative.
En même temps que l'inoculation du virus à Thomme, ou pratique une scarification
(') Arzt et Kerl, Wiener Gesellsch. fiir Aerzie, aviil 1914; Wiener klin. Wocli.,
1914, no^O.
(') SniiiîRiîscnEWSKV, Berl. klin. Woch, 1920, n" iS, p. iijla.
(^) .lA(;onsTH\L, Dermatolog. Woch, t. 71, 11" 33.
(') IvL.tiiKNBEEK, Annales de l'Institut Pasteur, t. 3o, 192 1, 11° o, p. 826.
(') Levaditi, Marie et Isaicu, C. R.de la Société de Biologie, séance du 1 1 juin 1921.
SÉANCE DU l3 JUIN 1921. 1 543
infectante sur le Macaccus cynomolgus n" 11 et sur le lapin n" 54-. Le premier n'a
montré aucune lésion locale, tandis que le lapin a présenté, le treizième jour, des
altérations caractéristiques du prépuce, riches en spirochètes.
Il en résulte que le Spirochœta ctiniculi n'est pas pathogène pour l'homme
et les singes cathariniens inférieurs ('). Etant donné que son inoculation
à l'homme n'a été suivie d'aucune réaction locale, si minime fût-elle, et
qu'elle n'a modifié en aucune façon les propriétés humorales (absence de
réaction de Wassermann, même faiblement positive), nous avons considéré
inopportun de rechercher si les sujets humains inoculés étaient vaccinés
contre le Treponcma pallidum. Le contraire est plus que vraisemblable (*).
Conclusions. — Le spi rachète de la spirochélose spontanée du lapin (Spiro-
CH.BTA CUNICULI Jacobsthal) n'est pas pathogène pour V homme.
A 16 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à i6 heures trois quarts.
É. P.
ERRATA.
(Séance du 23 mai 192 1.)
Note de M. André Blondel, Généralités de la représentation topogra-
phique des couples des moteurs à courants alternatifs :
Les lignes 28 et 24 de la page 1271 sont à reporter à la suite de la ligne 2 de la
page 1272.
Dans les formules (4), (11)) (12), (i3) et (iS), M est à remplacer par — M.
(') Schereschewsky a inoculé sans succès un Cynomolgus.
('^) Le singe n° 11 vient d'être inoculé avec du virus syphilitique; le résultat de
cette inoculation montrera s'il est vacciné.
l544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULI^ETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans les séances d'avril 1921 {suite et fin).
Cours de physique générale à l'usage des candidats au certificat de physique
générale, au diplôme d'ingénieur-électricien et à l'agrégation des sciences phy-
siques, par II. Ollivier. Tome I : Unités C. G. S. et M. 7. S. Gravitation. Électri-
cité et Magnétisme. Ions et Électrons. Symétries; 1" édition. Paris, Hermann, 1921;
I vol. 25"". (Présenté par M. Violle.)
Cours de l'Institut électrotechnique et de mécanique appliquée de l'Université
de Toulouse. Cours de mécanique appliquée à l'usage des élèves de l'Institut élec-
trotechnique et de mécanique appliquée, par Louis Roy. Tome II : Statique gra-
phique et résistance des matériaux. Paris, Gaulliier-Villars, 192 1; i vol. 25"^™.
Union astronomique interm tionale ( U. A. J.). Commission de Vheure ( C . I. H .).
Rapport annuel sur Içs travaux effectués par le Bureau international de l'heure
{B. I. H.), en 1920 (i" année), par G. Bigourdan. Paris, Gauthier-Villars, 1921;
I fasc. 24"".
Investigation 0/ Metals with regard lo their Internai Friction, by Mishio Ishi-
MOTO (Extrait des Proceedings of the Physico-mathematical Society oj Jupan,
1919. (Présenté par M. Berlin.)
State of New-York-Department of Agriculture. Sturtevant's Notes on Edible
Plants, edited by U. P. Hedrick. Albany J.-B. Lyon, 1919; i vol. Si'^".
Meddelse fra det Anatomiske Institut. Del Anatomiske Institut, par II. Hopstock.
Christiania, iQiS; i vol, 27'^™.
Norsk Historisk Vidénskap i femtiàr i869-i9r9, utgitt ar den Norske Historiske
forening. Kristiania, Grondahl, 1920; i vol. 25"^"".
Studien i'tber die Polychàten-familie Spionidœ. Inaugural-Dissertation, par
A. SôDERSTRoM Uppsala. 1920; I vol. 32''"'.
Nirtls Ileurik Abel. Mémorial publié à l'occa-^ion du centenaire de sa naissance.
Kristiania, Jacob Dybwad, 1902; i vol. 29'"".
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 20 JUIN 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Geohges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Démonstration directe d'un théorème de Tisserand
relatif au développement de la fonction perturbatrice. Note de M. H.
AxDOYER.
Soit
cos H = a cos A -f- 13 cosB,
avec la condition
OU bien
z -] =1: J,' H + w,
^ X
en faisant
z^=e'^, ^:=e'*, jrrc'", tor=(3(r — -î") ( 1
On cherche le développement de cos «H en fonction linéaire des cosinus
des sommes des multiples de A et B.
Soit à cet effet
f(„ = j"+'-t- — ^ = 2 cos(« -1- i)n,
n désignant un entier positif ou nul, et adjoignons à ces quantités u^^, dont
la valeur sera l'unité ; u„ est fonction de //„, et
I du,,
; -j = "«-1+ "h-:î+ "«-5-i-- •-,
la suite du second membre se terminant à ?/„ ou u^^ suivant la parité de n
G. R., igai, i" Semestre. (T. 172, N' 25.) I l3
l546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'application répélée de cette formule donne sans peine
{Il -4- I)/.-l rfH*""
%■(■/•• ri.- .„
en désignant par C,'' le coefficient de x'' dans le développement de (i + j)'',
et en donnant à h toutes les valeurs entières de zéro à n — k.
D'autre part, le développement direct de <x>'' conduit à
/, - 7 -I- t k-il-
(o'-=i(-i)-<C;, ^ c,. ■' ..^yp'--,
la somme des valeurs absolues des entiers quelconques q ç\s étant inférieure
à /• et de même parité.
Soit alors
I dii„ sin(« J- i) Il
/« + 1 dlli, siii H '
la formule de Taylor donne immédiatement, en changeant n — k — ■>.h -+- s
en/),
■„=i(— j)-<x''j-7,5''C,. ' c, - C,Ua + ,,-.<C*
la sommation portant sur toutes les valeurs entières de /•. /j, q^ s qui vérifient
les conditions
o ^k II, \'/\ + \s\-_ /<% \p— s\^n — /,-,
les deux membres de chacune des deux dernières inégalités étant en outre
de même parité.
Faisons
et supposons p et q positifs ou nuls, puisque leur signe est indifîerent; leur
somme est d'ailleurs au plus égale à «, et de même parité.
En remplaçant k — s par /'. k -+- s par /', on a
ii'--j^ /.'-^ I."
k' vaiiaut de q k n — p, k" de q à /; -+- p, par degrés égaux à deux.
La séparation qui se manifeste entre les indices /' et k" nous montre
SÉANCE DU 20 JUIN 192Î. l547
que V;,"' est le produit de deux facteurs, et lUn a iminédi.Tlcnient d'après la
notation ordinaire do la série hypergéométrique
■ - - /' + 7 -4- '( H
\, fn — p-^q\
XF( P + 'l-\ r+^l + n-^^^^^^^^
Il +/)-+- (7
('-r-r-
n-h p~f/\ I n ~p—'j
Par raison de symétrie, on doit trouver le facteur a'' dans cette expression,
et en effet la formule connue
F(a, b, c, ^)=:(i — .r )'-«-'' F (c — rt' c— h, c, .r)
nous donne
c'est le théorème démontré pour la première fois par Tisserand.
Une autre formule connue, savoir
F((7, b, c, ./■) =; (1 — a-)-" F ( a, c — b, c, j,
permet encore d'écrire d'une façon peut-être plus élégante
/'S\'' ,„ /a + p — « <i — p — n 3
" " \ a y V 2 2 X
Remarque. — Si Ton fait
= ( 2 cos n )" = 'LT.'];'! xi' yi ,
m a directement, sans aucune peine, et avec les mêmes hypothèses sur les
entiers «, y>, q :
M = 'Il a" r^ ' F j'I^P-" , 9-p-n ^
On retrouve donc le même polynôme hypergéométrique que précédemment,
la variable étant —, au lieu de — -
l548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si, d'autre part, on fait
_ i
( , _ 2 y cos H ^ -/= ) ■ — l.<i„y"=l SM xPr-J y" ,
on sait que l'on a, toujours avec les mêmes hypothèses sur n,p, q
Si;;'l z^ bP;1 ai" i-\ Y (<] -^ p ^ Il . q — p — ll, iq-^l, —
avec
il suffît pour le voir d'utiliser l'équation différentielle linéaire du second
ordre que vérifie le polynôme de Legendre s„, considéré comme fonction
de (2C0S H).
On voit que l'on retrouve encore ici le même polynôme liypergéoniétrique
que dans l'expression de V;|'', en changeant «, p. q en 2/2, 2/j, iq.
GÉOLOGIE. — Sur la tectonique de lu région littorale entre Saint-Cvr
et Hyères ( Ven-). ÎNote de M. Emile Hau»;.
Bien que les recouvrements du Beausset et de Sicié aient fait, do la part
de Marcel Bertrand et de Ph. Zurcher, l'objet de publications classiques,
aucun travail d'ensemble n'a encore été consacré à la tectonique de la région
toulonnaise et cependant il est peu de contrées où se trouvent accumulées
des complications aussi multiples. Ayant consacré plusieurs campagnes à
lever la carte géologique au 7;;^ du littoral compris entre Saint-Cyr-sur-
Mer et Hyères en vue de la publication des feuilles de Toulon et de la
Ciotat de la nouvelle Carte au j^^,, j'ai été naturellement amené à entre-
prendre l'exécution d'un schéma structural des environs de Toulon, où
seraient figurées les lignes directrices de la région. Je me suis beurté. dans
cette tentative, aux plus grandes difficultés. La principale réside dans les
différences profondes qui existent dans la structure des pays situés à l'ouest
et à l'est du méridien de Toulon.
Le trait dominant dans la tectonique de la région occidentale est la
présence de deux grandes cuxettes synclinales d'inégale importance, celle
de Bandol, la moins étendue, au sud, et celle du Beausset, de dimensions
beaucoup plus considérables, plus au nord. Presque toute la largeur de la
région orientale est, par contre, occupée par l'extrémité occidentale de
SÉANCE DU 20 JUIN 1921. l5l^g
Taire anliclinale des Maures et par son manteau pcrmien. Cette importante
unité tectonique est située dans le prolongement des deux cuvettes syncli-
nales, elle les relaie en quelque sorte, d'où la profonde dissemblance des
deux régions.
A côté de ces éléjuents, donl la largeur est du même ordre de grandeur
que la longueur, ii en existe d'autres, qui présentent plutôt un dé\eloppe-
ment linéaire et qui sont, les uns, localisés à l'ouest, tandis que d'autres
peuvent être suivis sans peine à l'est du méridien de Toulon.
Après ces remarques préliminaires, l'énumération des éléments tecto-
niques de la région littorale et leur groupement en zones offriront moins
de difficultés. Je procéderai, dans cette énumération. du sud au nord.
I. La zone tectonique la plus méridionale est la :one du cap Sicié. Elle a
déjà fait l'objet, de la part de M. Ph. Zurcher, d'une étude magistrale, à
laquelle je ne pourrais ajouter que des observations de détail.
Je rappellerai seulemenl que le irait dominant de la tectonique de celte zone est la
présence d'une nappe de Phyllades antécarbonifères superposée à une série auto-
chtone comprenant le Permien et les trois termes du Trias en série normale, avec
quelques rares lambeaux renversés. Par suite d'un plissement postérieur au char-
riage, la nappe a été irrégulièrement entamée par l'érosion, de sorte que l'on peut
distinguer une bande méridionale de Phyllades (îles des Einbiez, cap Sicié, presqu'île
de Gien, îles d'IIyères), voisine de la racine, et une bande septentrionale en recou-
vrement, partiellement conservée dans un synclinal secondaire (collines de la Seyne,
lambeaux, de la Malgue, de Sainte-Marguerite et du Pradet). Ces deux bandes se
rejoignent à l'ouest, au sud de Six-Fours, et encadrent la fenêtre permienne et iria-
sique du Pas-du-Loup, donl font partie également la presqu'île de Saint-Mandrier et
la Golle-Xoire de Garqueiranne, jalonnant un anticlinal secondaire.
II. A défaut d'un terme plus approprié, je désigne sous la dénomination de
dépression de Bandol-Sanary la zone de faible relief, située entre la zone de
Sicié et les crêtes urgoniennes, que traverse la voie feiTee entre Saint-Cyr
et Toulon. Elle ne s'étend pas à l'ouest de cette ville et comprend, du sud
au nord, plusieurs éléments tectoniques :
1° Le massif des Playes, groupe de collines situé au nord de Six-Fours,
est formé d'un noyau de Phyllades, sur lequel s'appuient en succession
normale, au nord et à l'ouest, le Houiller et le Permien, débutant par un
beau conglomérat de base; puis, à la chapelle de Pépiole, en concordance
parfaite, le Trias inférieur et moyen. Cette série est certainement auto-
chtone et son contact avec les Phyllades charriés de la zone de Sicié ne peut
être tracé que d'une manière arbitraire. Cependant, deux lames de Phyl-
lades qui, au nord des Playes et sur le versant de Sanary, s'appuient sur le
ï55o ACADÉMIE DES SCIENCES
Houiller OU sur le Permien, peuvent être envisagées comme des lambeaux
de la nappe.
■i" Les deux cuvettes synclinales d'Alon et de Bandol. jumelles, mais de
dimensions inégales, toutes deux fortement entamées par la mer, sont
constituées par les différents termes du Trias et du Jurassique; mais, tandis
que dans la plus orientale, celle de Bandol, la série est complète et tout
à fait régulière, dans celle d'Alon, une surface de glissement coupe obli-
quement les couches inférieures et met en contact direct le Bathonien ou le
Lias supérieur avec le Trias supérieur ou ITlettangien. Les deux cuvettes
s'appuient sur un socle triasique commun, qui relie en profondeur les aflleu-
rements de Sanary et de Pépiole à ceux de l'unité tectonique qui fait suite
au nord aux deux cuvettes.
3" J'appliqui-rai à celle-ci la dénomination de zone triasique de Saint-Cyr
et d'Ollioules. On pi'Ut la suivre depuis la pointe Grenier, à l'ouest, jusqu'à
la darse de Missiessy, dans l'arsenal de Toulon, à l'esl. Elle comprend des
accidents multiples, qui donnent lieu à des répétitions de couches : imbri-
cations (à la poinle Grenier); plis normaux, droils ou déversés au nord (à
l'ouest cl à l'est d'Oilioulesj; et surtout brachyanticlinaux ou petits dômes,
faisant surgir les calcaires mésotriasiques au milieu de bandes de Trias
supérieur (nord de Bandol, est d'Ollioules et banlieue ouest de Toulon). V
2'"" à l'est d'Ollioules, les axes des plis, jusqu'ici à peu près W-E, s'inflé-
chissent au SW et s'abaissent de telle sorte que toute la zone triasique s'en-
noie sous la petite rade de Toulon, eu se raccordant en profondeur avec le
Triiis que recouvre la nappe de Sicié. Le bord septentrional de la zone pré-
sente un intérêt capital. Au sud d(> Saint-Cyr, il chevauche sur le bord
méridional de la cuvette synclinale crétacée du Beausset. Dans la colline
du Télégraphe, au sud de la Cadière, il forme une avancée aux contours
sinueux, qui corresponde une partie découpée par l'érosion dans une masse
triasique en recouvrement. Marcel Bertrand en a décrit en détail les parti-
cularités les plus importantes. 11 a établi en outre que l'îlot triasique du
Beausset est un témoin de la même nappe, épargné par l'érosion, et primi-
livement continu à la fois avec l'avancée du Télégraphe et, à l'est du val
d'Aren, avec le bord septentrional de la zone triasique de Saint-Cyr et
d'Ollioules. A partir du val d'Aren, ce n'est plus sur le bord méridional du
bassin du Beausset qu'est lefoulée cette zone triasique, car de nouvelles
zones tectoniques s'interposi-nt entre elh' et ce bassin.
4^" C'est d'abord une zone de terrains renversés, comprenant tous les
ti'rraes du .lurassique, depuis le Rhélien ou l'IIettangien jusqu'aux dolomks
SÉANCE DU 20 iri.x 192 1. i55i
néojurassiques, en succession inverse el plongcanl au sud sous le Trias. On
la suit sans iulcrruption, mais avec drs étircments fréquents, dçpuis le val
d'Aren, à Touest, jusqu'au Lançon, à Test. On peut lui attribuer ensuite un
petit lamlx-au de Lias et de Hhélien, qui, au nord-ouest d'Olliouies, s'inter-
cale entre le Trias et les dolomies néojurassiques d'une zone plus seplen-
trionale. A l'est d'Olliouies, ou n'en reirouve plus la moindre trace, et l'on
voit, à mi-cliemin d(?s Roules, les calcaires mésotriasiques s'appuyer direc-
temenl sur le Bathonien marneux de cette même zone.
Cette série renversée correspond manifestement au flanc inverse d'un
grand pli couché, dont le ilanc normal n'est autre que la zone triasique.
Elle n'existe que dans la région profonde du pli, au voisinage de sa racine,
d'où les interruptions et les étirements qu'elle subit. Plus haut et plus en
avant, le Jurassique manque dans le ilanc inverse, qui, dans le lambeau de
recouvrement du Vieux-Beausset, est constitué par l'Hettangien, le Rhétien
et le Trias supérieur.
II bis. A l'est du méridien de Toulon, on ne retrouve aucun des éléments
tectoniques de la dépression de Bandol-Sanaiy et la structure est ici géné-
ralement beaucoup plus simple. Au quartier des Ameniers, un affleure-
ment de Permien est entouré, au nord, à l'ouest et au sud, par une bande
de poudingues du Trias inférieur. Les plongements de ce Trias permettent
de reconnaître la terminaison périclinale d'un anticlinal, dont le noyau
permien va s'élargissant indéfiniment vers l'est. C'est Vanliclinal des Ame-
niers. Son ilanc nord-ouest se prolonge très loin vers le NE et constitue
la dépression permienne de Cuers. Son flanc sud est en partie masqué par
les lambeaux de recouvrement de la nappe deSicié. Entre les deux se trouve
la grande plaine quaternaire de la Garde et de la Crau. Plus à l'est se dressent
les collines du Fenouillet, des Maurettes et du château d'H vères, formées de
Phyllades. Avec le mont Redon et les collines Saint-Jean et de l'Estagnol,
de même composition, elles constituent la terminaison occidentale du
massif des Maures. Les Phyllades s'enfoncent au nord et au sud sous le
Permien de l'anticlinal des Ameniers et sont eiîserrés entre ses deux
branches divergentes. La terminaison occidentale tlu massif des Maures
peut donc être assimilée à la terminaison en pointe des « massifs amygda-
loides » des Alpes. L'hypothèse que les Maures sont en recouvrement doit
être définitivement rejetée et il est désormais certain que ce grand massif
n'a rien de commun avec la zone de Sicié, dont il est séparé par une large
bande de Permien.
L'anticlinal des Ameniers fait face, à l'est de Toulon, à la dépi'ession per-
/B R A Ry!?'
l552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mienne qui, à l'ouest, s'étend entre Sanary et la gare de la Seyne et au
milieu de. laquelle surgissent les collines des Playes et de Six-Fours.
Celles-ci, constituées par des Phyllades, peuvent être homologuées au
massif des Maures, dont elles sont en quelque sorte une réplique en minia-
ture. On peut invoquer en faveur de cette manière de voir, outre l'identité
de situation, la présence, aussi bien dans la colline de Six-Fours que dans
les Maureltes, de bandes de (juartzites orientées à peu près ■N-S.
La bande de Permien qui borde au sud la terminaison occidentale des
Maures sert de support à un vaste témoin de Trias, presque horizontal,
qui forme lui-même le socle des deux collines basiques et jurassiques situées
au sud-ouest d'Hyères, le Paradis et le mont des Oiseaux. Leur situation
est analogue à celles qu'occupent, par rapport au Permien, les deux cuvettes
d'Alon et de Bandol, mais elles se trouvent au sud du massif ancien, tandis
que l'axe commun aux deux cuvettes jumelles passe au nord du petit massif
des Playes. La tectonique des collines j massiques d'Hyères présente en
outre une assez grande analogie avec celle de la cuvette d'Alon. Dans les
deux cas, les terrains basiques et jurassiques sont décollés de leur substra-
tum naturel. Ainsi, dans la colline du Paradis, le Hhétien repose, au
sud de la Moutouue, directement sur le Permien. et l'Hettangien supporte,
plus au sud, une lame de Bathcmien marneux, recouverte elle-même soit
par l'Hettangien, soit par les dolomies néojurassiques. Sur le versant nord
du mont des Oiseaux, le Bathonien fait^suite immédiatement à l'Hettangien
et les Dolomies du sommet s'appuient soit sur le Bathonien marneux, soit
sur l'Hettangien. Sur le versant ouest du Paradis et sur le versant sud du
mont des Oiseaux, le Lias supérieur supporte directement le Bathonien
calcaire ou les Dolomies.
De pareils étirements, avec imbrications locales, dans une série en
succession normale, ne peuvent s'expliquer que par des poussées tangen-
tielles agissant dans une nappe superposée aux masses jurassicjues et
aujourd'hui enlevée par les agents de dénudation. 11 ne peut v avoir de
doute (|ue cette nappe n'est autre que celle de Sicié, dont le bord septen-
trional se trouvait sensiblement plus au nord (jue ne pourraient le faire
supposer les témoins actuels. 11 est manifeste (jue la même explication
s'applique également à la cuvette d'Alon et que, dès lors, on est en droit
d'admettre que la nappe de Sicié s'étendait bien plus loin à l'ouest qu'on ne
pourrait le croire d'après les racines conservées.
Si toute trace de dépôts basiques et jurassiques fait défaut entre la
cuvette de Bandol et les collines jurassiques d'Hyères et si l'on ne rencontre
SÉANCE DU 2() JUIX I921. l553
aucun lambeau de ces terrains dans le substratum de la nappe de Sicié, on
ist en (/roi/ de conclure que, dans ces reliions, le Lias et le Jurassicjue (noient
dis pur u par dèiiudation (intérieurement au. charriage des Phylhides.
III. Au nord des unités tectoniques dont il a été question juscpi'ici
s'étend une zone de véritables montagnes qui dominent le site de Toulon et
qui sont en partie constituées par les ternies inférieurs du système Crétacé,
entièrement absents dans les zones plus méridionales. L'Urgonien en forme
toutes les crêtes et cette zone urgoniennc méridionale comprend les
chaînons du (Jros-Cerveau, du Croupatier et du Faron, tandis que le
Coudon appartient à une zone plus septentrionale. Elle apparaît, à Touest,
dans le val d'Arcn, sous le Trias charrié qui s'élève vers le Télégraphe de
la Cadière, et elle s'intercale entre la zone triasique, au sud, et le bassin du
Beausset, au nord, sous la forme d'un anticlinal d'Aptien, dont l'axe se
relève rapidement vers l'est, de manière à laisser voir l'Urgonien, puis,
plus loin, les dolomies néojurassi({ues, qui constituent le noyau du pli.
Celui-ci, accidenté de deux anticlinaux secondaires, est d'abord droit et
presque symétrique; mais, à l'est du grand ravin qui descend de la pointe
du Cerveau, l'I rgonieii et l'Aplien du flanc méridional disparaissent et
les Dolomies, plongeant au sud, s'enfoncent directement sous le Bathonien
de la zone de terrains renversés. Au sud du Gros-Cerveau, les Dolomies de
cette zone recouvrent même entièrement les Dolomies autochtones et
viennent en contact avec l'Urgonien.
A l'est du Lançon, il n'existe plus aucune trace de la moitié sud du pli,
et la zone triasique s'appuie directement sur des Dolomies plongeant au
nord et appartenant donc au flanc septentrional. Al'estd'Ollioules, on voit
apparaître sous les Dolomies leur substratum normal, le Bathonien calcaire,
le Bathonien marneux et même le Lias. Mais, en outre, une large bande de
calcaires blancs portlandiens ou valanginiens s'intercale dans les Dolomies
et plonge, comme elles, au NW. C'est manifestement l'affleurement de la
région axiale d'un anticlinal déversé au SE.
11 est difficile d'expliquer l'absence de tout le flanc sud du pli droit du
Gros-Cerveau par un étirement complet du Jurassique supérieur, de l'L rgo-
nien et de l'Aptien. Par contre, si l'on suppose que ces termes ont été enle-
vés par dénudalion antérieurement au charriage de la zone triasique, leur
absence s'explique d'autant plus facilement qu'ils sont totalement inconnus
dans cette zone et dans les zones plus méridionales, où, sous la Véserve des
exceptions indiquées ci-dessus, les termes inférieurs du Jurassique et le
Lias font également défaut. Le démantèlement total ou partiel des régions
l554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
situées au sud de la zone urgouienne méridionale a transiornié celles-ci en
une zone de moindre résistance, vers laquelle — la contraction continuant
à agir après la formation de ranliclinal du Gros-Cerveau et après sa dénu-
dation partielle — la poussée au vide a donné naissance à un pli en retour,
déversé vers le SK.
Le l'ole tectonique des dénudations antérieures aux charriag^es n'a pas été
jusqu'ici pris suffisamment en considération. Il est très important en ['ro-
vence. On doit toutefois renoncer à faire le départ rigoureux entre les dénu-
dations antérieures au plissement principal et celles qui se sont produites
peu après cet événement et avant la transgression oligocène.
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Les alternances entre V accnutumance ri l ana-
phylnxie. (Klades sur le ferment lactifjiie.) Note (') de M. Charles
lliciiET, de M"'' EuDoxiE liAciiRAcii 61 de M. IIexuy Cardot.
I. Dans une série de recherches communiquées à l'Académie (-), nous
avons montré, par l'étude méthodique du ferment lactique cultivé pendant
plusieurs générations en milieux légèrement toxiques, qu'on pouvait suivant
les conditions observer soit raccoutumance, soit l'anaphylaxie (').
Ces conditions sont extrêmement variables. En effet, elles paraissent
dépendre, même si l'on ne s'adresse qu'à une seule espèce microbienne :
a. iJe la dose du poison ;
[3. De la nature de ce poison;
y. Du nombre des cultures successives, autrement dit de la durée de
l'intoxication.
II. Voici, en prenant pour exemple le bichlorure de mercure, une expé-
rience qui récapitule presque scliémaliquement nos nombreux essais à
ce sujet.
Un ferment lactique est ensemencé sur un milieu renfermant oB,ooi()par
litre de IlgCl-, et réensemencé toutes les 24 heures sur même milieu.
L'activité des fermentations effectuées sur ce milieu mercurique est com-
parée à celle d'une souche normale on milieu ordinaire.
(') Séance du i3 juin I9'JI.
(-) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. l'i'.yi, et t. 172, 1921, p. 5i2.
(■•) Il sem^)le que la consialation de ciUU; anapliylaxie sur les microbes conslilue la
première observation d'anapliylavie sur les \éi;élaux. M. Lumière vient de publier une
Note intéressante on il établit qu'on peut anapliylactiser les \é2;étan\ supérieurs
(^Comptes rendus^ t. 172, ig^r, p. i3i3).
SÉANCE DU 20 .ll'IN 1921.
On trouve alors, en [nenant comme mesure de l'activilé du
l'acidité développée en /nS heures, et en faisant égale à ion celle du
témoin, les cliiffres suivants :
Perment témoin
sur milieu normal.
100
ICO
Ferment t('mniii
snr niilien merciinque
i3,8
3,4
9'7
Ferment accoutume
sur milieu mercurique.
» (après un premier p;
21 (aprc's un deuviénie
2,:") (après un troisième
0,0 (après un quatrième
i555
ferment
ferment
issage)
passage)
passage )
[>assage )
La figure montre ces variations de l'accoutumance et d^ l'anapliylaxie.
Le trait plein indique le croît normal supposé égal à loo du ferment en milieu normal.
Les deux autres traits indiquent : celui du haut, les doses faibles de HgCI"; celui du bas, les
doses fortes. Ensemencements successifs sur même milieu mercurique.
On voit qu'il y a : pour les doses faibles, d'abord accélération, puis graduellement anaphylaxic
et dépérissement; pour les doses fortes, d'abord acrontuniance, puis dépérissement.
L' accélération jieut donc être considcréc comme une des modalités de l'accoutumance.
Ainsi le ferment, d'abord ralenti par l'action du poison, s'y habitue
successivement, passant de i3,8 à 49 '• mais cette accoutumance ne dure
pas, et bientôt il se sensibilise et périt.
.4 une première phase (f accoutumance fait suite une phase d'aiiaphylaxic.
m. Si l'on opère avec des doses plus faibles, indifférentes ou même
accélérantes, la sensibilisation se produit tout de même, de sorte qu'une
l556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dose qui a au début été accélérante finit par être d'abord ànapliylactisante,
puis mortelle.
Voici deux expériences, prises parmi beaucoup d'autres, qui le prouvent :
Ferment ensemencé
sur milieu mercuri(]ue
( doses faibles) (' ).
■ni témoin.
A.
i5o
'■'■<)
iM.
oj'enne.
i^io
P
assagc.
dose accélérante.
lOO
io6
1 15
I 10
2
>>
lOO
»
II 1
1 I 1
3
»
lOO
io3
1 1 1
107
4
>•
lOO
24
9*^
60
.')
phase d'anaplivlaxie,
loO
29
86
57
6
»
lOO
0
0
0
-
mort (lu ferment.
IV. Avec un autre toxique, le nitrate de thallium, si la dose est 1res
faible, il y a, comme nous l'avons montré, anaphylaxie. Autrement dit, le
ferment qui a ])Oussé sur de faibles doses île thallium résiste aux fortes
doses de thallium moins bien que le ferment témoin. Mais l'anaphylaxie
apparaît beaucoup plus lentement avec les sels de thallium qu'avec les
sels de mercure, et elle ne va jamais jusquà amener la mort du ferment.
Si la dose du thallium, plus forte, est ralentissante au début, c'est l'ac-
coutumance qu'on observe, et cette accoutumance est très forte, puisque
le ferment accoutumé depuis quelques mois peut supporter des doses
quatre à cinq fois plus fortes que celles qui arrêtent la croissance des
témoins. Cependant cette accoutumance n'est peut-être pas définitive. Au
bout d'une année de culture, le ferment du milieu thallique, sans avoir
complètement perdu son accoutumance, semble être devenu plus fragile, et
il se différencie moins du témoin quant à sa résistance aux doses fortes de
thallium.
Il semble donc qu'on arrive graduellement et lentement pour le thallium
à une sensibilisation comme pour le mercure. Dans les deux cas l'anaphy-
laxie succède à l' accdiilumaiicc. Il est \rai qu'avec le nitrate de thallium cette
(') Ces doses dites faibles ne sont faibles que relativement. En effet, comme nous le
montrerons dans un Mémoire ultérieur, on ne peut savoir exactement la quantité
de HgCI'' qui reste, après stérilisation, dans un milieu où il y a à la fois IlgCI-, lactose
et protéines. Tout se passe comme s'il y a\ait alors transformation d'une petite
quantité de HgCI- en Hg-CF. Dans l'expérience citée plus haut (avec 0^,0016) la
stérilisation de llgCl' et celle du bouillon de culture ont éli' faites isolément, de sorte
que la quantité de lli;(^!- indiquée est la i|uaiililf \raie.
SÉANCE DU 20 JUIN I92I. iSS"]
transformation, qni met plusieurs mois à s'établir, est bien moins facile à
constater qu'avec le biclilorure de mercure; car dans ce dernier cas elle se
produit en quelques jours.
V. On peut donc concevoir qu'il existe au moins deux phases successives
extrêmement variables comme durée suivant la nature ou la quantité du
poison (et sans doule aussi suivant rcs[)èce microbienne) : c'est d'abord
l'accoutumance, puis l'anajibylaxie.
Mais ce sont là des études trop nouvelles pour qu'on puisse prétendre,
d'après quelques exemples seulement, affirmer quelque loi générale. Il est
très possible qu'avec d'autres toxiques et d'autres espèces microbiennes les
résultats diffèrent notablement. Il n'en résulte pas moins un fait certain :
c'est la mobilité des caractéristiques biologiques d'un microbe dans une
série d'ensemencements successifs en présence d'un poison, une sorte de
polymorphisme fonctionnel.
GÉOLOGIE. — Sur le Sahèlicn de la Tunisie seplenlrionalc.
Note ( ' ) de MM. Cii. Depéhet et Marcel Sougnac.
A la suite de recherches géologiques, eflectuées par l'un de nous de 19 17
à 1920, pour le compte de la Société de Recherches et de Forages, dans la
région comprise entre les parallèles de Bizerte et de Tunis, la mer et le
méridien de Mateur(-), nous sommes amenés à modifier la classification
qu'Aubert (•') avait donnée du Sahélien et du Pliocène du nord de la
Tunisie.
Le Sahélien se rencontre : i" sur le flanc sud des collines de Menzel
Djemil. au nord et au sud de l'oued Tindja; 2° sur les deux flancs de l'anti-
clinal diapir du djebel Kechabta, dont il constitue la totalité de l'extré-
mité nord-est (dj. En Nadour, au nord de Porto-Farina) ; 3° dans l'anti-
clinal jalonné par les Djebel Besbassia, Douimis, Menzel R'oul; 4" dans
l'anticlinal de Galaat el Andeless.
Le substratum du Sahélien est encore mal connu : au djebel Kechabta et
à Galaat el Andeless, il repose en discordance sur le Tortonien (marnes
(') Séance du iSjuiii 1921.
(-) Voir Cartes de Bizerte, djebel Aclikel et Porto-Farina au -^ „ ', „ „ du Service
géographique de l'Armée.
(') F. Albert, E.cplication de la Carte géologique provisoire de la Tunisie, Paris.
1893, p. 6i à 73.
l558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grises alternant avec des grès durs ferrugineux et des grès à structure curvi-
corticale) ; entre le dj. Kecliabta et le dj. En iSadour, il surmonte un
complexe de marnes noires ou grises a\ec grès et bancs de gypse saccha-
roïde; ces marnes renferment des Huîtres naines du groupe d^ Oslrea cras-
sissima Lmk., rappelant 0. agincnsis Tourn. de l'Aquitanien. et une huître
piissée du groupe d'O. digitalina Dub., dont elle parait être une mutation
naine très ancienne, associée à un Pélécypode miocène et pliocène, Venus
fdsciata da Costa (bordj ruiné de Toued EnNeiiicha sur la feuille de Porto-
Farina). Ce subslratum, Vindobonien ou peut-être Burdigalien. a une
puissance de ijoo'"; il comporte trois discordances dans ces assises, et
c'est dans la plus élevée de celles-ci qu'ont été trouvés les fossiles précités.
La composition stratigraphique du Saliélien est la suivante de bas en haut :
a. Calcaires marno-gypseux, blancs, farineux, en plaquettes (en\iron oo") ren-
fermant, d'après Aubert (') : Oslrea Velaiui. La base est fréquemment conglomé^
ratii|ue avec éléments, de gi'ès et de gypse empruntés au subslralum; elle renferme
des Litliodomes et des radioles d'Echinides. On ne trouve cette assise que le long de
l'anticlinal Kecliabta En Nadour, ainsi que l'avait déjà remarqué Aubert.
b. Assise peu puissante et très irrégulière de sables jaunes et de grès tendres ren-
fermant des débris de Pectinidés (visible seulement dans le lit de l'oued Rommane au
djebel Kecliabta ).
c. Maines bleues compactes (environ loo'") très fossilifères.
Le faciès de ces marnes varie du Nord au Sud. A Menzel Djemil, le
faciès est assez littoral; elles sont moins pures et passent à des argiles
sableuses. Elles s'appuient directement, en l'absence des termes a et h, sur
les calcaires blancs à Foraminifèros (Crétacé supérieur) du dj. Iverrita et
du dj. Touila. Elles contiennent plusieurs espèces d'huîtres et notamment
Oslrea gingcnsis L. qui est abondamment représentée et s'y trouve associée
avec Chldinys l'cuius. Elles plongent sous un angle de 10° à i 5° vers le
Sud-Est.
Dans l'anticlinal Kechabta-En ISadour, notamment au conlluent de
l'oued Uommane et de l'oued Ez Ziloun, les mêmes marnes ont fourni de
nombreux exemplaires d'O. gingensis L., Tuiritella stibangulala Broc,
Cardila inlermedia Broc, Nalica sp., etc.
On les retrouve dans le synclinal qui sépare le dj. Kccliabla de la ligne
des djebel lîesbassia el Doiiïmis; elles devaienl occuper vraisemblablement
une partie de la plaine d'ellondrement située entre les hauteurs de Menzel
(' ) F. Albkrt, loc. cit., p. 6'.î.
SÉANCE DU 20 JUIN 1921. iSSg
R'oul-Ulique et le prolongement nord-est du Ivechalita, dans la direction de
Porto-Farina. Elles se relèvent ensuite en un anticlinal jalonné par le
djebel Bcshassia, le djeiiel Douïmis, le djebel Menzel R'oul, les collines
d'LHique et (pii s'ennoie, au Nord-Est sous les alluvions de la plaine quater-
naire et sous la mer. L'axe de cet anticlinal, de direction S^^ -Nl<],
présente, entre le dj. Douïmis et le dj. Menzel H'oul, un point d'intlexion
qui lui donne d'abord une direction à peu près NS, puis une direction
sensiblemeni parallèle à ia direction primitive. Grâce à cette particularité,
une fracture qui longe la bordure nord de la plaine de la Mabtouha et est
jalonnée par le petit aflleurement triasique d'Ain El ( irifa ( ' ) et la source
légèrement thermale (22°) et arsenicale d'Ain El Hammam (ruines d'Uti-
que), a abaissé le flanc sud-est du pli à l'ouest du point d'inflexion et le flanc
nord-ouest à l'est de ce même point. Celte faille qui tronque les djebel Bes-
bassia et Douïmis montre que ces reliefs sont entièrement constitués par
des marnes sabéliennes dont quelques niveaux sableux ont fourni O. crassis-
sima Lmk., 0. gingensis L., Cytherea pedemontana Ag. et un Flabellipecten,
mutation intermédiaire entre F. Bosniasckii àe St. et P. et F. Aimerai Dep.
et Rom. Au djebel Menzel R'oul, les marnes sabéliennes sont masquées
par des sédinK^nts pliocènes : un puits de reconnaissance de la Société de
Recherches et de l^'orages à la cote i55 les a recoupées à la cote 90 ; elles
ont fourni, en ce point, une faune de mer profonde caractérisée par la pré-
sence de pleurotomes du Tortonien d'Italie (Slazzano) tels que Clavatula
rugala^ Drillia substriata, Pleurotoma coronata, avec des espèces pliocènes :
Nassa semistriata Broc, Turritella siibangulata Broc, Chlarnys cf. bollenensis
Font.; à partir de la cote 90, jusqu'au fond du puits, poussé jusqu'à la cote
39, les couches bathyales précédentes ont montré qu'elles succédaient à
des alternances de marnes bleues et de grès durs à Cardiuin Daiwini.
Enfin, les marnes sabéliennes se montrent encore dans l'anticlinal de
Galaat el Andeless, dont l'axe est aussi i\E-SW, mais qui s'ennoie vers
le Sud-Ouest et est tronqué, au village même de Galaat, par une faille per-
pendiculaire à la direction du pli.
Une secondi» faille, parallèle à l'axe, a abaissé le flanc sud-est et une
partie du flanc nord-ouest entre le village et la cote 28. Le reste du pli a été
arasé à l'époque quaternaire jusqu'à la cote i5 par une terrasse d'abrasion
marine. Ici les marnes sabéliennes renferment le même Flabellipecten inter-
médiaire entre Bosniasclii et Aimerai el, en plus, Flabellipecten flabelliformis
(') Carte du djebel Acl)l<el à -TTr^^rr-
l56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Broc, Chlarnys varias L., 0. aassissima Lmk., Cytlicrea pedcmonlana Ag.
et une Turrilelle très voisine de Turritella Archimcdis Brongn., espèce
inconnue du Pliocène et qui a été déjà signalée du Sahélii-n de Carnot (')
(département d'Alger) et de Dar Bel Haniri (") (Maioc).
d. Grès et sables jaunes, considérés par Aubert comm<' Pliocènes marins
et auxquels les marnes précédentes passent par Tintermédiaire d'une assise
de sable riche en débris de Bryozoaires. La répartition géographique de
ces sables et grès est la même que celle des marnes; leur puissance maxima
est de 25o" au djebel En Nadour, tandis qu'ils sont réduits à une assise
de i"',5o d'épaisseur au djebel Menzel R'oul (puits n° 2 de la Société de
Recherches et de Forages). Leur pendage, perpendiculaire à la diieclion
nord-est-sud-ouest, des plis de la région, varie de i5°-20° à 42" (flanc nord-
ouest de l'anticlinal de Galaat), 45" (tlanc sud-est de l'anticlinal d'El
Nadour) et même 70° (anticlinal de Galaat vers le point coté ia). Au
djebel Biada ('), ils sont horizontaux.
Au point de vue paléontologique, malgré la présence d'une faune à cachet
pliocène, la coexistence des huîtres nettement miocènes (0. aassissima,
0. gingensis) avec des mutations de passage à des espèces de Mollusques
du Néogène supérieur est un argument que nous considéions comme décisif
en faveur de l'attiibution au Sahélien supérieur des couches qui les con-
tiennent. La plus intéressante de ces formes de transition est le Flahclli-
peclen, déjà mentionné, intermédiaire entre F. Aimerai Dep. et lîom. du
Vindobonien de Kio de Oro el F. liosniasckii de St. et P. du Pliocène ita-
lien; cette l'orme est de beaucoup la plus répandue dans les grès et sables
en question.
Nous avons pu reconnaître, en outre des espèces qui viennent d'être
citées : Flahellipccten Jlabcllifonnis Broc, Lissochhimys exrisus IJr., Chliimys
scahrel/usL., C/iiamvs, du groupe inœt/i/icostalis, Macroc/ilamys /atissimus Br.,
Pecten Jacobaeits L., de petite taille, P. cf. opercularis L., P. cf. Gentoni
Font., Cordiutn hians Br., Ec/iino/t///ipax HoZ/nuinni Des.. Cidaris ci. Miins-
teri, Scalpellum rulgare('') Leach., lialanus tulipiformis (''), dents de Cltry-
sophrys, Myliobatis, Foraminifères du genre Polystomelln, etc.
(') A. BitiVES, Les terrains le/liains du bassin du Cliélif it. du Ihilira. Aliter,
1897, p. 78.
(-) Cil. Dkpéret el L. Gextil, Sur une faune miocène supérieure marine {Sahé-
lien) dans le li'arb (Maroc occidental) (Comptes rendus, t. 1(34. 1917, p. 21).
{^) Carte du djebel Achkel à 50 Jo^.
(') Délerminalion de A. Joleaud.
SÉANCE DU 20 JUIN I921. l56l
Au point de vue i;énéral, le passage dans le nord de la Tunisie du syn-
clinal marin de la lin du Miocène supérieur constitue un fait nouveau inté-
ressant, servant à jalonner !<• trajet du bras de nier saliélien entre la vallée
du Chéliir(M. Brives) et l'île de Crête (^M. Cayeux).
HYDRAULIQUE. — Sur le rendement des turbines qui travaillent
sous une hauteur de chute variable. Note ( ' ) de M. de Si'akue.
Je désigne par H„ la hauteur de chute normale pour laquelle la vitesse
relative est, à son entrée dans la roue, tangente à l'aube, et par
I[ = H„(>+-o),
7] pouvant' être positif ou négatif, la hauteur de chute à un instant quel-
conque. Lorsque v) est différent de zéro, la vitesse relative de l'eau ;i son
entrée dans la roue nest plus tangente à l'aube; il en résulte, à l'entrée de
l'eau dans la roue, une zone de tourbillonnement ([ui produit une perte de
charge, en plus de celles considérées dans ma Communication du 7 mars
192 1. Après cette zone de tourbillonnement, la vitesse relative de l'eau
devient de nouveau tangente à l'aube et j'admets que l'on peut sensiblement
la regarder comme tangente à son premier élément; de plus, pour tenir
compte de cette nouvelle perte de charge, j'admets, avec Resal, que la force
vive perdue est égale à la force vive due aux vitesses variées.
Je conserve d'ailleurs, pour la turbine travaillant sous la hauteur de
chute normale H„, les notations de ma Communication du 7 mars. De plus,
pour le cas où la turbine travaille sous la chute H =: H„f i -i- •{]), je désigne
par w\ la vitesse relative de l'eau à la sortie de la roue, et je pose
en posant toujours (-)
(0
i.^Ho
(') Séance du 6 juin 1921.
(^) «0, «1, «0, |3n, |3,, To, /'i, ainsi que a, b, c\ conservant la même signification que
dans la Communication du 7 mars et [j. ayant également la valeur m =: — j (Vi étant la
'Ml
vitesse relative de l'eau à la sortie pour /) =; o, de sorte que, pour r, = o, on a /a:=i.
C. R., 1911, 1" Semestre. (T. 172, N» 25.) I l4
I 562 ACADÉMIE DES SCIENCES,
on arrive alors à la rolalion suivante :
i -^- -fl /•;' i -\- h I r a sin-3,,-!- c sin-au"| 2 sin (Sa cosJ3„
î' l'i I' '"/-'•" L sin-(_3„ — «(,) J >*-,!J-sin(^o — ^v)
on trouve d'ailleurs pour le rendement
. 2c- Tz-j/cOsS, \ sill3„COS3!n 1
Si Ton pose alors
(3) ,^l±^^^% 1 =
sin j,, cosaîri
(-1)
■/ =
sin (^j,| — a,, )
— I, ^ = :^(i--6),
sina„cos,3„
sin(p„ — a,,) sin-(3o — x„)
on aura, en éliminant A entre (i ) et (2),
{ 5) (// + qij.-)z- — in (i;j. + l)z — m ( i<j. + /)'-= o.
Si yj, et par suite la hauteur de chute, est donnée, cette équation, pour
une turbine déterminée, fera connaître :■ et par suite le rendement.
Réciproquement, si l'on donnait la valeur du rendement, on pourra en
déduire la valeur correspondante de r^. Pour cela, on tire de (3) et (4)
et portant cette valeur dans ( 5) on aura
((i) {p + g,j:')z^--?.{l^ ,j.,-) I „ -H i(/-4- ,j,n 1 -: -+- (/ -(- p-iy-ï'-j^ (^^i— I j -(- .1 =0,
équation qui, si s est donnée, fait connaître r et par suite v] au moven
deC3\
Si la hauteur de chute varie de H, — ll„(i + "/),) à H. = H„(i -+- r^.,).
Nous déterminerons alors p de façon que ïj, et iQo correspondent aux deux
racines z, et :-., de (G;, c'est-à-dire de façon que le rendement soit le même
pour la hauteur de chute minima que pour la hauteur de chute maxima
et nous en conclurons la hauteur de chute normale H„. Pour cela on déduit
SÉANCE DU 20 Ji;i.\ 1921. l56.i
de (3)
-, + ;., — -J^ ( 2 -i- -0, + -0,) -t- 2 -4 ^- -^ r- h 2 -I ,
1 2;- /•,- 2;- II,, /•-
l " 2-- " 2Ç- Ho
Si l'on pose alors
- +- _.^
(b) A— — - — , J>— Ti rr — — : : ' -^ — 7^
IL — Jli ij— ;, /f, i ■+■ [J-i
On déduit des relations entre les coefficients et les racines de (6)
(9) (H^_ .)\^_ 2(R^- .) A\ - A=- WHp + .j.j:^)(, -'-!) + n^ R^^ o.
On prendra pour X la plus grande racine, qui répond seule à la
question ('),
(10) X = A + Rt/^^(^^+,^
et l'on en déduira p par la relation (8), on obtiendra ensuite H,, par la rela-
tion suivante que l'on déduit de (6), (7) et (8 ) :
, \\ — J_ Hi+ H, p + <i\jr _ H| + H, p-^\j:-q
^"' "~4i;- X — A i-\-iJ.i ~~ .'u-x \ — a'
On peut remarquer que, dans les conditions indiquées, le rendement sera
maximum pour une valeur de H différente de Ho.
En effet, pour que les racines de (G) soient réelles, il faut
X \,.
X, étant la plus grande racine de l'équation
(12) X- — 2 AX — {p-^ 'IV-') ( ' ^ I -î- «-=- o.
Pour \ = X, les racines de (G) étant égales on aura pour la valeur corres-
(') On déduit en .-fiel de (0) et de (7)
-— - t(^— A)=-r^ p >o,
-'- ''f> P-^Ç'i-^
on doit donc a\oir X > A.
l564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pondante z,„ de z
(i3) ^„,= (X, + /0-'"^"'
p + qiJ-
el pour la valeur luaxima du rendement
X,
('4) p„
( )[i déduit d'ailleurs de (r2)
Si nous prenons par exemple H = i, p = iSy", 5'.,,= [î, = 20", ;•, = o,Sr„
en conservant pour a, b, c les valeurs a = /> = o,oG, r = 0.225 de la note
précédente ce qui conduit pour [j. à la valeur u. = 0,8472 et si de plus nous
prenons H, = 20'", Ho = 4o"\ nous déduirons des formules (10) et (8)
p = o,8ooT et ensuite par la formule (i i) H„= 21'", 98. On a de plus pour
la valeur maxima du rendement p,„=o,8i6G et pour la hauteur de chute
correspondante, déduite de (i3), H,„ = 28™, 44.
On voit que, bien que la hauteur de chute varie du simple au double, le
rendement ne varie que de i,5 pour 100 environ. On doit remarquer tou-
tefois que, s'il en est ainsi avec la valeur que nous avons déterminée pour H„,
et qui a été choisie de façon que l'on ait le même rendement pour les
hauteurs de chute II, et Ho, il n'en serait plus de même si l'on prenait
pour H„ une valeur quelconque. Si, par exemple, on prenait
11„:^ :=: 30'",
pour H =^ H, = 20™ on trouverait pour le rendement p = 0,682.
GEOLOGIE. — Sur la prèscitre d'une nappe sous-alluvionnaire d'eau thermale
et minéralisée dans le lit de la Lurunce^ à Serre-Ponçon (Ilautes-Mpes).
Note de MM. \V. Kiiian et F. IÎla\«:iiet.
Des travaux d'exploration, exécutés en I()i2-i9i3 dans une partie du
thalweg rocheux de la Durance. au droit de remplacement projeté pour
l'installation d'un barrai;e de retenue destiné à l'aménagement hydro-
électrique de ce cours d'eau, ont amené la découverte en profondeur à'eaux
ihernudes el minéralisées dans les circonstances suivantes :
SÉANCE DU 20 JUIN I921. l565
Ces travaux comprenaient un puits sur- la rive droite cl une galerie
transversale creusée à une profondeur de Go™.
A une dislance de nj" de la rive droite (point do départ de la galerie),
c'est-à-dire à environ j'" à 10™ de l'axe du thalweg, les recherches furent
interrompues par la rencontre de venues importantes à^eaux thermales ; ces
eaux salines, ferro-magnésiennes et sulfatées, devenant facilement sulfu-
reuses sous l'efTet de la réduction des sulfates par les matières bitumineuses
ou charbonneuses contenues dans les calcaires du Lias dans lesquels est
creusé en ce point le thalweg de la rivière, avaient une composition analogue
à celles de Brides, d'Allevard ou d'Uriage; leur température atteignait 47°
à [\cf lors de l'irruption au fond de la galerie, le 5 avril i<)i3, et le débit
pouvait être estimé de 4oo' à 420' à la seconde, mais il ne fut à ce moment
fait aucune tentative pour épuiser le puits et la galerie, ni pour se rendre
compte de la permanence de ce débit vraiment considérable.
A ce moment, l'un de nous, s'appuyant sur le fait étrange de l'apparition
de ces eaux au toit (en calotte) et non au mur ou dans la paroi latérale de
la galerie, ainsi que sur le débit anorm.al de ces venues d'eaux, débit qui
semblait tout à fait invraisemblable pour un griffon thermal, émit la sup-
position qu'il s'agissait d'une nappe d'eau thermale sous pression, empri-
sonnée sous les alluvions et dépôts fluvioglaciaires argileux et peu per-
méables qui occupent en ce point le thalweg l'ocheux de la Durance.
Depuis lors, des travauv exécutés pour le compte de l'Etat, sous la direction du
Service des I^onts et Chaussées, par la même Société qu'en igiS, ont donné les résultats
suivants, que nous avons vérifiés sur place au fur et à mesure de ravancemenl des
sondages :
Sondage n° 1 (rive gauche). — 1° Graviers et galets grossiers non striés : 10™.
2" tJépùt sablo-argileux, grés et petits galets non stiiés, de couleur noire vers le
bas (glaciaire?) : iS"".
3° Eau chaude (').
4° Roche en place (calcaire marneux noir du Lias).
Sondage 11° 2 (milieu du thalweg). — i" Graviers fluviatiles d'abord grossiers;
à 9"", caillou strié.
2° Graviers sableux nettement fluviatiles à galets subanguleux.
3° Gros galets gréseux vers ^g" (grès d'Annot) et galets de calcaire noir.
4° Bloc de calcaire noir de o"',9o.
(') La température de l'eau qui était pour chaque sondage de 33° au fond, a été
trouvée égale à [\'i" lorsque le thermomètre, au lieu d'être descendu au fond, était
descendu au niveau de la surface rocheuse.
l566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
5" Graviers grossiers jusqu'à une profondeur de 71'".
6° Eau chaude.
r" Roche en place (calcaire noir du Lias).
Sondage n" 3 (rive droite). — i" Graviers lluvialiles avec quelques faillies inlerca-
lations glaciaires : .14™.
>.° Eau cliautle.
3" Roche en place (calcaire noir du Lias).
Un sondage elfectué à 100™ en amont des précédents (sondage l'). en un point où
le thahveg de la Durance est- moins resserré, a conduit également à la découverte de
l'eau chaude à une profondeur de 17™. Les travaux d'aviincement ont permis de cons-
tater que la température de l'eau augmentait en profondeur et atteignait 4-3" à 33™; ce
caractère indiquait sinon le voisinage du rocher, du moins une profondeur du thalweg
beaucoup moins grande (ju'au sondage n° 2 et par suite l'existence d'une pente très
accentuée du lit rocheux. En fait, le rocher a été rencontié à 48''-.. jo. «
La piésence de Teiiu .chaude en diflérenls points à ht surface de la roche
en place et non pas au sein même de celte roche ou dans des fissures ou
diachises montre qu'il ne s'agit pas là de recoupements d'une fissure, uiais
d'une nappe ou « poche » d'eau sous pression, véritable cours d'eau souter-
riiin existant sur le fond du thalweg au contact du retnplissage de boues et
de graviers fluvio-glaciaires et du lit rocheux de la vallée. Cette « nappe »
est vraisemblablement alimentée par une source thermale à débit moins
considérable, dont l'eau, minéralisée dans le Trias, remonte sans doute par
une diaclase des calcaires basiques située bien en amont de Serre-Poncon.
Des sources plus ou moins fortement thermales, également minéralisées par le Trias
et ven;int au jour par des fissures ou diaclases des schistes ou calcaires du Lias,
e.xistent d'ailleurs en un certain nombre de points des Alpes françaises [La Motte-les-
lîaius, L riage, Allevard (Isère), Digne (Basses-Alpes), etc.]. La présence d'un grifl'on
de cette catégorie dans la région de Serre-Poiiçon n'a donc rien qui puisse surprendre,
mais il est intéressant d'avoir pu constater avec autant, de netteté, le chemineine/it
sous-alluviniiitaii e des eaux thermales en profondeur, au conlacl du lit rocheux de la
vallée (').
Les émergences d'eau d'une température anormale, signalées jadis par
David Martin (-) dans le lit de la Duiance en a\al et non loin de Serre-
(') l ne analyse de ces eaux a montré qu'elles reafermaient en dissolution les
mnnes éléments que ceu\ constatés dans les prélé\ements de igiS, mais dans des pro-
portions plus faibles; celte difTérence s'explique par h; fait (|ue les prélèvements nou-
veaux ont été elTectués dans les tubes où les eaux thermominérales étaient mélangées
à celles de la Durance.
(-). D.ivio-ALtmiN, La Nature, 10 mai 191.5, p. toS5; voir aussi Martel, Moui'cau
7 rai/é des /ùiu.i.\(}nlerrai/ies, l'arls, ( ). Doin, 19; 1. p. 6tj5.
SÉANCE DU 20 JUIN 1921. 1067
Poiiroii, s'expli([iieraient ainsi facilement et proviendraient vraisemblable-
ment de cette nappe sous-alluvionnaire dont l'eau remontait sans doulc en
des « points bas » grâce à des solutions de continuité du remplissage fluvio-
glaciaire, et par suite de la pression exercée par les eaux froides descen-
dantes de la Durance.
Cle seraient également les eaux de celte nappe qui auraient pénétré dans
la galerie exécutée en iQi'i, par un point faible de son plafond au moment
où cette galerie se serait trouvée trop rapprochée du lit mineur qui, vers le
milieu atteint une profondeur minimum de 71'" ainsi que l'ont établi, depuis
lors, les sondages récents.
Ces résultats sofit d'ailleurs remarquablement conformes aux prévisions
motivées, que l'un de nous avait émises en 191 7 dans un rap[)0rt géologique
officiel dans lequel la profondeur éventuelle du lit mineur était évaluée à 60"
on 80'" (on a vu plus haut que cette profondeur est en réalité de 71""!) et
où des doutes formels avaient été exprimés sur la rencontre d'un vériiable
grillon par la galerie de 191 3.
CORRESPOND AI\ CE .
M. le MixisTRK DE 1,'Iîivriircriox publique et des Beaux-Arts invite
l'Académie à lui présenter une liste de deux candidats pour la Chaire de
Mathématiques \acdiX\lQ au Collège de France.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Cathelin. Les principes directeurs de la c/tirnr^ie contemporaine.
2" M. MoLLiAUD. Nutrition de la plante. lic/iani^es d'eau et de substances
minérales. (Présenté par M. L. Mangin.)
3° L. Descour. Pasteur et son œuvre. (Présenté par M. E. lloux.)
4" GiovAXXi Battista de Tom. Mario Cerinenali per Leonardo.
l568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Défornidlinn des surfaces et équation de
Laplace. iSote de M. Bertr.wd Gamiiier, présentée par M. G. Kœnigs.
1. J'ai indiqué le 6 juin 1921 qu'une équation de La[)lace (E) peut
fournir soit deux surfaces S, S' applicables, soit une famille de surfaces
S, S', S", ... à un paramètre déformées de l'une quelconque d'entre elles.
L'intégration d'une autre équation de Laplace (E') déduite de (E) fait
correspondre à ce couple (ou cette famille) un groupe de couples (ou
familles) de surfaces, applicables dans chaque couple (ou chaque
famille).
Il s'agit maintenant de donner des exemples nouveaux déduits d'une
équation (E) judicieusement choisie. Les essais seront guidés par un
problème plus général, dont on connaît quelques solutions, encore trop
rares. Nous savons déformer complètement quelques surfaces (paraboloïde,
développées de surfaces minima, etc.). Soient deux surfaces S, S' déformées
d'une telle surface; à ce couple correspond une équation (E) du type
cherché. Le résultat est encore pins intéressant si S, S' apparticnrtent à une
famille de surfaces admettant un paramètre de déformation avec un réseau
conjugué restant conjugué au cours de cette déformation continue.
2. Bornons-nous à une surface S développée d'une surface minima M;
la déformée la plus générale de S est une autre surface S' de même défini-
tion. S admet une infinité d'auto-applications à un paramètre, obtenues
par les quadratures fournissant les lignes de courbure de M. Donc à
chaque couple de surfaces minima M et M', que M ou M' soient ou non
superposables, je peux faire correspondre une équation (E).
Bornons-nous à une auto-application de S : on voit aisément que, M et S
étant réelles, si la fonction #(«) de Weierstrass est de la forme Au'", où A
et m sont des constantes réelles, S possède un réseau conjugué, dont les
courbes s'échangent simplement entre elles au cours de raulo-a|)pIication ;
c'est donc un réseau conjugué persistant. Ces surfaces M sont celles qui
sont ou hélicoïdales ou applicables sur une surface de révolution. Si m est
commensurable {m =z — 2 excepté) on a même une surface S algébrique,
avec auto-application et réseau conjugué eux-mêmes algébriques. Chatjue
valeur de ni fait donc connaître une équation (E) du type annoncé et
chaque solution de l'équation (!'?) correspondante donne une famille de
surfaces à un paramèlie toutes applicables entre elles. L'une de ces équa-
tions (E) est particulièrement simple, c'est celle qui provient de la surface
SÉANCE DU 110 JlîIN 1921. 1369
d'I'lnnepei- : on a réqnation E ( — -, — -) avec les noiations classi(}iies(');
l'équation (E') est ré(juation E (-,-]• Ces deux équations s'intègrent
complètement pai- des quadratures convenables, cornuK^ l'a montré Poisson;
M. Appell a établi rigoureusement que le procédé de Poisson donne bien la
solution générale. J'indique les coordonnées (x, y, z) d'un point de S au
moyen de deux paramétres a, [3 ; la surface S' s'obtiendra <'n accen-
tuant .r, V, z, a, 3 :
,' .r =r 6 a + 6 3( (3- -(- 2 3('',
L'auto-application est, avec une constante arbitraire C, définie par
(1) a = oc'-l-2C, a°-+- {3-= «'-+ p'-.
Les courbes ayant pour image dans le plan a, p les paraboles homofo-
cales d'équation a- -4- p"^ (a — 2«)-, où a est une constante quelconque,
forment le réseau conjugué persistant. Pour rapporter S, S' à ce réseau
conjugué, on peul supposer x' , y' , z', d'abord exprimées en (a', p'), puis
en (a, [i) par les formules (i), et l'on pose ensuite
, , \ \/x--T-i-=:a — 2«=;2r — a. !X=zu-\-v, S"= — 4"''i
(2) '
( ds--— 36[i + (c — u)-]'- [(du -f- d^')--h (v — ii)-{dv — rf«)-].
Le seul ds'- suffit pour former (E) puis (E') qui ont les formes indiquées.
L étant l'intégrale générale de E ( -, ^ | , les quadratures
(3)
\ .r, = L — - du ^ L — - I M — (• ) -— -— dv,
y du I a dv ] dv
l^.r^ = L—du+^L--(u-n^,\^dr,
avec formules analogues pour }',, z,, v',, :', , fournissent une surface
S, (a-,, V|, "-,) et une déformée continue de S,, à savoir S', (x\ , y], z\ }.
Si L coïncide avec , -+- K., où K et K, sont constantes, les sur-
(u — (•)' ' '
faces S,, S| sont superposables, on obtient une seule surface, dont le <^/.v- est
(') Voir Darbolx, Jhcorie des surfaces, t. 2, p. 54 et suiv.
137° ACADEMIE DES SCIENCES.
de révolution, cl ses aulo-applicalions; les coordonnées .r,, v,, ;;, sonl des
combinaisons aljiébrico-logarilhmiques de u, r.
Pour une inl,éij;rale L aulre que celle-là, les surfaces S,, S', ne sonl plus
supcrposabies.
3. On aperçoil alséiuenL trois couples, dépendani de C, apparlenani
à l'êqualion E f — -, — "- j • Le procédé que j'emploie réussit très souvent
quand deu\ surfaces S, S' applicables admelleni loutes deux soil un plan,
soit un a\e de symétrie. Si C esl imaginaire pure, on peul s'arranger pour
(|ue y., fi, y.', [i' soieni tous imaginaires pures, les surfaces ( ia:', iv', z)
el (i.x, ly, :■') sont réelles et applicables. De même pour a, a', C imagi-
naires pures et p. [3' réels, on a le couple {i.v', y, :;) et (ir.y'. z' ) ; puis
pour a, a', C réels el |i, [î' imaginaires pures, le couple {x, iy', z)
et (.r', iy, z').
4. Il sérail intéressant de décider si E( — -, — -) possède d'autres
familles ou couples. Il sérail intéressan! de chercher les équations E(!i. 'i' )
qui définissent des familles ou couples; l'équation ( E' ) esl alors
El -- 5+ I, — l).
Un aulre problème inléressani esl le suivant : un ds- esl donné a priori.
Dans quel cas l'écjualion
.\{ii, i.')dii- — i\\{ Il ,\') du c/i- -1- C(«, i- ) c/i--rr o
délinil-elle un réseau susccplible de resler conjugué dans une déformation
particulière à un paramèlre ? Ce problème peut èlre résolu sans avoir cons-
truit de surface représentative du dx- \ celte Note a fourni de nombreux
exenqoles de tels réseaux pour le ds- particulier ir((lir -\- dv'- ).
BAUSTIQUE. — Déterininalion chranopliolonraphiquc coniplèlc des trajectoires.
Noie de M. L. UrvovEu.
On détermine généralement les Irajccloires des projecliles d'après l'ob-
servation des points de chute et des éléments initiaux du tir (angle de tir,
vitesse initiale). Des calculs, du reste assez ial)orieux, permettent de déduire
de ces données les propriétés géométriques de la trajectoire et celles du pro-
SÉANCE DU 20 Jl'IX I92I. 1571
jeclile. Aucune iiiélliode ne parait actuellement en usage permeilanl l'élude
directe et complète d'une trajectoire réelle.
L'adjonction au projectile d'une cartouche éclairante, soit dans l'ogive,
soit au culot, permet de rendre visible, la nuit, toute la trajectoire ou un
arc plus ou moins long de celle-ci. La pliolographie permet alors de la
déterminer complètement.
Ce procédé présente évidemment des avantages précieux. Il permet de
voir, sur une trajectoire déterminée, les irrégularités accidentelles qui
peuvent se pioduire. La méthode classique n'est applicable qu'aux résultais
moyens d'un certain nombre de coups; elle élimine par conséquent ces irré-
gularités dont l'étude, cependanl, peut fournir des renseignements inléres-
sanls sur la cause qui les produit, soit qu'elles proviennent des défauts
balistiques du projectile, soit qu'elles se produisent au passage de la zone
de séparation entre des vents conligus de vitesses el de directions tiès difïé-
rentes, comme il en exisie souvent.
Ce procédé esl aussi le seul applicable à l'étude expérimentale du tir en
aéronef, la détermination des éléments initiaux du tir devenant alors pra-
ti([uement impossible par les méthodes ordinaires. Les expériences dont il
s'agit ont précisément été elTeciuées en 1916, par des moyens de forlune,
en vue de satisfaire aux besoins d'un groupe de bombardemeni doté d'nvions-
canons (' ).
2. La méthode repose sur la comparaison des clichés obtenus en deux
stations munies de deux appareils photographiques exactement repérés
l'un par rapport à l'autre, au point de vue de leurs positions et de l'orien-
tation de leurs axes optiques. Ces appareils possèdent les organes néces-
saires pour rendre la plaque verticale et déterminer Tangle de l'axe optique
et de la ligne joignant les deux stations. Les objectifs étant démasqués
d'une manière permanente pendant le tir, la trajectoire s'inscrit sur cha-
cune des plaques.
La question est de savoir quels sont les points qui, sur les deux images,
correspondent à une même position du projectile dans l'espace. L'un de cef<
points est connu d'avance, c'est l'origine de la trajectoire. Pour pouvoir
déterminer les autres, on place devant les objectifs des disques à secteurs
(') M. Hadamard ;i signalé (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 444), àansson Bapporl
sur les travaux examinés et retenus par la Commission de balistique pendant la
durée de la guerre, le t^a^ail détaillé dont la pi-és-ente Note est le résumé. La publi-
cation de ce travail fut admise en principe par la Commission.
l5-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
obturateurs qui tournent à vitesse constante (' •) Siins qu'il soit aucunement
nécessaire que ces deux vitesses soient égales. Des mesures luicrométriques
faites sur les plaques permettent de déterminer les coordonnées photogra-
phiques de chacune des extrémités des petits arcs qui correspondent aux
intervalles de temps où l'objectif est démasqué (le choix de la vitesse
linéaire du bord des disques doit être fait de manière à donner à ces extré-
mités la ])lus lurande netteté possible ). On peut donc construire une courbe
en portant en abscisses, pour l'un des clichés, l'une des coordonnées pho-
tographiques et en ordonnées des longueurs arbitrairement proportionnelles
aux intervalles de temps "., 2t, 3-, .... si l'on désigne par t la durée pen-
dant laquelle l'objectif est découvert entre les passages de deux secteurs
obturateurs consécutifs. Cette courbe une fois tracée, il est jiossible d'y
placer, par la connaissance de sa coordonnée photographique, l'origine de
la trajectoire, et de fixer par conséquent sur les ordonnées du graphique
l'origine des temps. On peut ainsi connaître (par quatre graphiques ana-
logues, pour chaque cliché et pour chaque coordonnée) les coordonnées
photographiques de toutes les positions du projectile, ]iar exemple de o*"', i
en o"'', I. Il ne reste plus ensuite qu'à en déduire, par les formules trigono-
métriques très simples, les coordonnées réelles d'un point quelconque de la
trajectoire rapportée par exemple à trois axes rectangulaires (pii seront de
préférence : la projection horizontale de la tangente à l'origine, l'horizon-
tale perpendiculaire à celle-ci du côté des dérivations, et la verticale de la
bouche.
Pour effectuer les mesures micrométriques (" ) sur les clichés, il est
indispensable d'y marquer la trace du plan horizontal passant par l'axe
opti(]ue. Il sufllt pour cela d'allumer, en un point quelconque de ce plan,
un artifice lumineux et de faire tourner lappareil photograpliicjue autour
de son axe vertical : l'horizontale s'y enregistre ainsi automatiquement.
Bien que ces expériences aient été improvisées, elles ont montré que la
méthode peut fournir la description complète dune trajectoire, avec la
mesure des vitesses et des accélérations instantanées en chacun de ses
points avec une grande facilité et une remarquable précision. La discussion
(') La même tnétliode, employée dans le cas plus simple où un seul cliclié suflll. a
doni.é lécemmenl des résultais très intéressants à M. Camicliel pour litude du niou-
veiiient des lifpiides (/luUetin de la Direction des /nvertlions, tnars 19 m).
('-) (]es mesures ont été faites avec une machine Beaudoin à mesurer les spectres
qui m'a été donnée en 191a, pour des recherches bien différentes, sur le fonds
B(ina|i:ii tr.
SÉANCE DU 120 JllN 192I. 1373
montre que les durées de trajet ont été obtenues ci — près, les hauteurs du
projectile à ()'",5 prés et ses abscisses a moins de 10'" prés {^onv la fin de
la trajecloire. le début étant lieaucoup plus précis).
Il serait ciTtainenicnt possible de l'aire mieux encore avec des appareils
[)lus perfectionnés. Il conviendrait aussi, surtout pour la mesure des déri-
vations, de placer une troisième station photographique derrière la pièce, à
peu près dans le plan de tir.
Ajoutons que la comparaison directe de (ilusieurs trajectoires est parti-
culièrement rapide et facile. Il suffit de décalquer l'une d'elles, de préfé-
rence agrandie, sur une f(^uille de celluloïd et de reporter ce calque sur les
autres trajectoires. La comparaison des hauteurs du projectile se fait ainsi,
très aisément, à 2'" ou 3"' près.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'absorption des oxydes d'azote par les acides
nitrique et sulfurique. Note de M. A. Saxfourche, transmise par M. H.
Le Chalelier.
Lors de l'analyse des oxydes supérieurs de l'azote, on est conduit à les
faire absorber par l'acide sulfurique. Les transformations qu'ils subissent
au cours même de cette absorption ont provoqué des interprétations
diverses : les auteurs qui employaient les méthodes physiques, spécialement
les procédés manométriques, admettaieni le passage en un seul stade de i\0
à NO", et niaient la formation de l'anhydride azoteux gazeux, même en
présence d'un excès de NO. Au contraire, les expérimentateurs qui se
basaient sur l'analyse chimique constataient dans certains cas la présence
de N-0' et en faisaient l'intermédiaire de l'oxydation de l'oxyde azotique.
Cette contradiction, qui paraissait insoluble, sest trouvée éclaircie à la
suite des recherches de M. \\ ourtzel (' ); ila été établi que la décomposition
du gaz N-0' en NO -t- NO" n'est pas totale, et que de même, NO et NO-
peuvent se combiner partiellement pour donner N*0'; si bien qu'il peut
subsister une proportion de N'O^ allant jusqu'à 6 pour 100 sous la pression
atmosphérique, tresl cette faible quantité qui, grâce à sa grande aptitude à
réagir et à se régénérer rapidement aux dépens de NO et NO', donne
naissance en présence de réactifs absorbants aux dérivés nitreux. Cette
explication est bien plus satisfaisante que celle de Lunge. D'après ce savant,
(' ) tï. ^^0lRTZE(., Comptes rendus, t. J70. 1910, p. 109.
1374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en présence d'acide sulfuiique, NO- se dissoudrait d'abord, donnant :
(0 2.\()^-HS0-ll-=S()'IIi\(»-i-.\O'H,
puis NO réagirait sur Tacide nitrique formé :
(2) 2\0 + NO^H -H :^S()'II-=; iîSCt'ILM » 4- fll-o.
Pour expliquer une absorption extrêmement rapide, on admettrait donc
Fintervention superposée de deux réactions, dont la première est déjà plus
lente que la réaction totale. Quant à la seconde, les données font défaut,
car elle n'a pas été étudiée à ce point de vue.
Nous nous sommes efforcé de combler cette lacune en examinant l'action
de l'oxyde azotique sur un mélange sulfo-nitrique à 7,54 pour loo NO'^H.
lo™' de ce mélange, pesant 17"', 889, sont placés dans un clocz -maintenu
à i5°, et traversés ])ar un lent courant de NO à 96,5 pour 100 de gaz pur.
D'après l'équation (2 ), ils doivent fixer i», 283 de NO. Ils fixent :
prr:
S 45 m.
Après -2 1).
Après 3 11.
\[.n'-s 4 h.
Oi.
."5,32
0^,727
os, S06
os.Scjfi
Cet essai inonlre (|ue la réaction (2) est très lente, et que la ilxatinn
de NO est très imparfaite, car il en est passé de 6' à 7', pour moins
de o', 700 retenus.
La même expérience a été répétée à 100°; à cette température, la tension
de vapeur de l'acide nitricpie dans le mélange n'est plus négligeable et une
partie est entraînée, ainsi qu'on le constate par un essai préliminaire avec
un gaz inerte. La réaction est plus rapide qu'à i5", puisque l'augmentation
de poids est de o°,699 après 3o minutes.
Il se superpose en outre une action oxydante plus énergique de l'acide
nitrique, probablemeni :
( 3 ) iN'C) 4- 2 \0^' 1 1 = II-(:) 4- 3 i\0^
En effet, l'atmosplière du cloez se remplit de vapeurs nitreuses. La perte
de NO^H est supérieure à celle qui correspondrait à la réaction (2). La
réaction (3) doit avoir lieu entre gaz, grâce au NO'' H vaporisé.
La réaction (2) étant très lente, l'absorption rapide des vapeurs nitreuses
de composition NO -f- NO- ne peut s'opérer suivant le mécanisme décrit
par Lunge. Pour lever tout doute, nous avons comparé dans des conditions
identi(jues l'absorption de NO par le mélange sulfo-nilrique ci-dessus, à
celle du mélange gazeux NO -f- NO" par l'acide sulfuriijue. La première,
SÉANCE DU 20 JUIX 1921. l575
dans l'hypothèse de Lunge, aurait dû être pkis rapide que hi seconde,
celle-ci exigeant la superposition des réactions (i) et (2), tandis que
celle-là ne dépend que de la seule réaction (2). Or, au contraire, l'absorp-
tion de iSO exige un temps très long, alors que celle du mélange NO H- NO"
est sensiblement complète en un temps 12 à i5 fois plus court. Les deux
exemples suivants, pris parmi un bon nombre d'expériences, sont particu-
lièrement frappants :
I. 425""' oxyde azoticpie absorbé par i5""" mélange sulfo-nitrique.
Temps (en min.),.. U. 1. 2. 3. '1. i. " 11. '• ■ .S. 0.
P (en inillim.Ilg).. -40 7 '.g jiâ 702 6S9 67.5 662 648 G35 622
Temps (on iniii.)... Kl. 12. 14. 1«. liS. ■:!0. iî. -lô. 3(1. .35.
P (en millim. Hg ). . 609 582 557 ^3''- ■^°*^ ■^^^ ^^7 ^'^'^ '^^^ ^"^
Tcmps(en min,)... 41). 4ô. 50. 55. -61. 05. 70. IKI. 1.50.
P (en niilUni. Ilg). . 359 209 164 124 75 l\Ô 27 27 27
il. Le même oxyde azotique additionné d'oxygène jusqu'à correspondre
à la composition moléculaire : 40,20 pour 100 NO, 59, '70 pour 100 NO".
Absorbant : 10""' SO'H-.
Temps U. lO'. W. 30'. 40'. 50. 1'". 1"'1.5'.
!'(en millim. Hg).. .. . 610 4io 3io 2^0 iga 168 i5o i35
Temps 1-30'. i-45'. '^■. 2'" .30'. 3'". 4-. 5-. '"SO.
P ( en millim. Hg) 127 122 116 108 100 90 84 77
Temps lir. 15"'. ÎO'". 30-. (iO"'. 90"'. lîO"'.
P (en millim. Hg) 74 72 70 70 69 6g 6g
Les pressions résiduelles 27""" et 69""" sont celles de l'azote constituant
l'impurelé des gaz utilisés.
Les conditions de l'expérience ont été variées de plusieurs manières :
modification de la ([uantité d'absorbant, admission variable d'oxygène ou
d'air avec le NO, remplacement de l'acide sulfurique par le sulfo-nitrique
comme absorbant du mélange gazeux seul. Les résultats sont toujours du
même ordre. Notons seulement que si, au lieu de mettre NO en présence
d'un grand excès de sulfo-nitrique, on n'emploie qu'un excès de 25 [)Our 100
sur la (juantité calculée, la durée d'absorption s'élève à plus de 3 heures.
Conclusions. — Lors<[ue des gaz nitreux dont la composition d'ensemble
est voisine de \-0' réagissent sur l'acide sulfurique, ils ne se comjjortenl
pas comme le ferait un simple mélange de NO et de NO", bien que consti-
1576 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tués, en majeure partie, par ces deux corps. (^)uoique. contrairement à ce
que nous pensions tout d'abord, la proportion de N-0' réel y soit faible,
sa vitesse de réaction est telle qu'il sert d'intermédiaire à la dissolution,
étant reformé aussilôl qu'absorbé, jusqu'à ce que le mélange gazeux tout
entier ail réagi. De nianièro que l'on a
Ce mécanisme ne s'applique [)as seulement à l'absorption par l'acide
sulfurique, mais aussi à celle par l'acide nitrique, l'eau, les alcalis. 11 permet
d'expli([uer très simplement la formation exclusive de composés nitreux.
CIIIMIIl physique. -- Sur les points critiques dus à l'écrouissagc. Note (')
de M.\I. LÉox Guii.LEï et Maucei. Iîai.i.ay. présentée par M. Henry
Le Chatelier.
Aucune détermination systématique n'a été faite sur la position des
points singuliers que peuvent présenter les produits écrouis. ^ous avons
reclicrcbé les moyens qui permettent le mieux de les mettre en vue.
Nous avons essayé deux métliodes :
La méthode dilatomélrique avec l'appareil Clievenard utilisant le baros
comme métal de comparaison.
La variation de la résistance électrique en fonction delà température;
ici nous avons adopté un dispositif spécial que nous allons décrire succinc-
tement :
Le but est de comparer la résistance électrique d'un fd écroui au même
fil recuit; à cet effet, le circuit est constitué par le fd écroui sur une cer-
taine longueur et recuit par chauffage sur le reste de la longueur utilisée;
ce circuit est constitué de façon que le fil écroui se trouve en opposition
avec une partie du fd recuit, les deux parties intéressantes du fd étant pla-
cées dans la zone isotherme d'un four dont on peut faire varier la tempéra-
ture de façon connue; le courant fourni par une batterie d'accumulateurs
traverse le circuit. En dérivation se trouve branché, avec les boîtes de résis-
tance voulues, l'un des galvanomètres de l'appareil Saladin-Le Chatelier,
tandis que l'autre galvanomètre enregistre les températures par l'intermé-
(') Séance du iSjiiiii kiîi.
SÉANCE DU ao^.H l.\ 192I. 1577
diaire d'un couple therino-électricjue placé dans la zone isotherme du four
(//'i'. i). Celte méthode supprime les difficultés que l'on éprouve dans les
Accus
t' '.Région iaotherme:.
F'ig. I. — Montage pour renregistrement des courhcs dilli'renlielles de résistance électrique.
autres dispositions pour assurer les conlacis à température élevée ou pour
éviter les perturbations d'ordre thermo-électrique dans les parties exté-
rieures aux contacts d'amenée du courant.
Nous avons appliqué ces méthodes à un fil de laiton Cu = 67, Zii = 33;
à un fil de laiton Cu = Go, Zn = 4o; et à divers pioduits sidérurgiques.
Voici les résultats obtenus :
Fil de laiton Cu = 67, Zn =: o3. — Les caractéristiques sont :
\ l'état écroui
A l'étal recuit.
Illiai'ge de rupture
par millimètre carré
06 . 5
06,6
I^oids
spécifique.
8 . "lOi )
S , f) I '■!
llésisliviti'
miciolim.s : cm'-cm.
•'■99
6,61
La méthode dilaloinétrique ne donne pas <le résultais très nets :
La courbe dillerentielle de la résistance électrique fournit -des renseignements
précis (y?,i^ ',).0n voit notamment une chute brusque entre 365° et 4i"". Il apparaît bien
l<'ig. 2. — Courbe différentielle de résistance électrique sur laiton 1^7 x 33 écruul
que cette courbe permette de suivre les phénomènes qui accompagnent la perte d'écrouis-
sage, elle possède la même allure que les courbes classiques de la variation des pro-
priétés mécaniques d'un produit écroui en l'onclion de la température du recuit.
C. R., 1921, 1" Semestre. (T. 1T2, N* 25.) I l5
ïh-]S ACADÉMIE DES SCIENCES.
I les lésultals an;iloi;ues oui été obleii us avec le lailoii Cti =z (»), Zn = 4"-
Acier dur ((> r^ (1,8d environ ). — Le métal trempé, revenu et écroiii. dans l'étal
où il est livré dans le commerce sous le nom de corde à piano, n"a pas une couibe dif-
Jérenlielle de résistance électri(|ue qui soil nelle (la variation de résistance électrique
du fer par écrouissage esl bien moins élevée que pour le laiton); on n'aperçoit aucune
chute l)ru>(|ue; par contre, le même mêlai simplement trempé donne une courbe
nuinlrant une diminution progressive de la résistance en fonction de la température.
Conclusions . — En résiiiiié, la détermination do la courbe : température-
difTérence de résistance électrique d'un fil écroui et du môme fil recuit
obtenu par le montage indiqué, donne, pour difléronls alliages, notamment
les laitons, des résultats précis sur la variation de récrouissage en l'onction
de la température et paraît nettement supérieure aux autres méthodes. Elle
nous permet d'étudier actuellemenl l'influence des difl'érents facteurs qui
iutervienneni dans récrouissage.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Un nouveau ciment hydraulique magnésien. Noie
di' M. A.-Cii. VoïKXAzos, Iransmisc par M. II. Le Clialelifr.
La magnésie oblenue par la calcinalion du carbonale naluri'l à la leinpé-
ralure d'environ 900", qui suffi! pour provocpior le dégagemeni complel
de CO", conslilne à elle seule une niaiière hydraulique de peu de \aleur.
Aussi la magnésie anhydre n'a élé employée jus((u'ici que pour la prépara-
lion du cimenl Sorel el des divers mélanges qui en dérivcnl.
AyanI soumis, il y a quelque lemps, ii une élude spéciale certains échan-
tillons des magnésies gri'cques, j"ai examiné la (jueslion dhydraulicilé sur
des mélanges de celle-ci avec la ponce de Sanlorin don! l'agenl hydrauli(|ue
principal esl la silice amorphe Je suis ainsi parvenu à composer un nou-
veau cimenl hydraulique doni le conslilnanl essenlicl esl un hydrosilicale
de magnésie insolnblc
La magnésie employée a élé oblenne par la cuisson du carbonale de
magnésium extrait des gisements de l'île d'l<"ùbée. qui esl appelé sur place
Icucoliihc (pierre blanche). On arrèle la cuisson au premier degré suffisant
[)our chasser l'acide carbonique du minerai, el le causiifîe, sans pousser
cepcndani la Icrnpéralure jusqu'au poini de vilrificalion.
La magnésie cuile est soumise au brovage^ puis esl blulée au lamis
n" 80 el finalemenl mise en dépôt. Le produit ainsi préparé s'hydrate à la
longue et se transforme en hydroxyde de magnésium (jui exerce la même
action sur la silice amorphe.
SÉANCE DU 20 ji;i\ 1921. l579
La malicre pri^iniére qui conlii-nl celle derniorc suhsiancc osl la ponce de
Sanlorin : on eiilcnd sous ce nom la pouzzolane bien connue due aux déjec-
tions volcaniques ancieiines el élalée sur la surface presque enlière de l'île.
La ponce de Sanlorin se compose de 6') pour 100 de silice et 1 5 pour 100
d'alumine, le reste est formé par les oxydes de fer, de titane, de manga-
nèse, la chaux (3 pour 100), la magnésie el les alcalis. La silice esl
eu partie amorphe. En traitaiit la pouzzolane pulvérisée linemenl par
une lessive de potasse diluée, on dissout jusqu'à 18 pour 100 de silice
amorphe, qui représente la partie principalement active de la terre.
Cette silice est capable de former avec la magnésie el en présence de l'eau
un hydrosilicale magnésien cristallisé en finesaiguilles. Plusieurs recherches
quanlilativcs que j'ai exécutées en partant des matières conslituantes prises
à l'étal pur m'ont fait admettre que l'hydrosilicate en question répond à la
formule SiO-2Mg() -t-H=().
A partir de celte formule on peut calculer que, à 18 parties en poids
de silice amorphe correspondent 24 parties de magnésie cuite supposée
pure, ou autrement 3o parties de leucolithe calciné. J'ai ainsi préparé un
mélange constitué de :
Ponce de Sanlorin 100 punies.
Leucolillie calcinée 3u »
Les deux constituants doivent être pris sous forme d'une poudre qui
passe entièrement par le tamis n" 60; ils sont intimement mélangés à la
main ou à la machine, puis gâchés aveC 3o pour loo d'eau pure. La durée
de prise de la pâte ainsi préparée osl de 48 heures à l'air et de 90 heures à
l'eau douce.
Pour éviler l'alTaiblissemenl dû au retrait il faut ajouter du sable,
comme matière dégraissaiite; les recherches ex[)érimentales m'ont démon-
tré que la proportion de 2i,3."> pour 100 de sable est la plus convenable
pour obtenir un maximum de résistance. Le mélange qui m'a donné ainsi
les meilleurs résullals était composé de :
Terrfe de Sanlorin 100 (lai lies
Leucolilhe calciné 3o »
Sable 3"), 3 »
Les trois constituants du mortier sont inliniement mélangés, puis addi-
tionnés de 21, 7") pour 100 d'eau douce, el la terre humide qui en dérive esl
disposée dans des moules en huit et soumise à l'action du petit marteau-
pilon à i5o coups. Pour chaque briquette on emploie 11 5*5 de matière
l58o ACADÉMIE DES SCIENCES,
sèche. Voici les résultais de la résistance moyenne calculés en kilogrammes
par centimètre carré :
A l'air. A leau douce.
Hu mortier. Traction, ('.innpression. l'raclion. Compression.
7 jours 6,r)o Si 5,40 65
aS » 9i2.^) 11).")' 7)00 72
3 mois I '1 .5o i \!\ ■ 10,75 98
6 » 1 8 , 5o 1 8 1 I _'( , 20 118
12 » 21,20 201 17 '75 l'ii
Le maximum de résistance n'est pas atteint après un an, et le morlier
tant aérien qu'hydraulique reste absolument inaltérable.
Le ciment silicomagnésicn a la couleur grisâtre et le grain fin, il reçoit
facilement la peinture à l'eau et à l'huile et jieul être appliqué à nu pour la
construction des murs extérieurs ou intérieurs. 11 attaque le fer moins
encore que le ciment portiand et adhère sur ce métal aussi bien que ce
dernier. Son coefficient de dilatation linéaire est de o""",oi'3i, c'est-à-dire
presque égal à celui du fer; il peut alors être appliqué comme ciment
armé.
Leiicoci menl . — J>n remplaçanl, dansie mélange, la ponce de .^antorin par
la silice amorphe artiliciellement préparée, on obtient un ciment blanc de
marbre que j'appelle leucocimcnl. Pour la confection du morlier corres-
pondant, j'emploie 100 parties de leucolilhe calciné tout blanc, 60 parties
de silice amorphe et 70 parties de sable blanc ou de quartz broyé et passé
au tamis n° ;}U.
Le mortier fait prise dans /jo heures, il est extrêmement homogène el
possède un bel aspecl blanc qui le rend parfaitement propre pour imiter le
marbre, il est, comme le ciment silico-magnésien, inaltérableà l'air et sous
l'eau, mais sa résistance mécanique n'est pas supérieure à celle du mortier
préparé à base de ponce de Sanlorin.
CHIMII', INDWSTRIELLi;. - Conlrihitliori à l'étude de la cokêjdcllon des
c/Hirbons de la Sarre. Note de M. Baii.i.e-Barrelli:, présentée par
M. L. Maqiienne.
La mauvaise (pialité du coke de la Sarre est due à sa fissuration exagérée.
Nous avons indi(|ué. dans une élude préeédenle, (pi'elle provenait de l'im-
portance tlu retrait que subit ce coke entre la température à laipielle il se
SÉANCE DU 20 Jl'IX I921. l58l
forme et celle h laquelle il estporlé en lin do cuisson, cl de rintcnsité parli-
culière que prend, avec les cliarlions riches en matières \olatiles conden-
sables, le pliénomène dit de la zone écran. Nous avons indiqué é}j;alemenl
qu'en évitant la production de ce dernier phénomène, il était possible d'ob-
tenir du coke de très belle qualité, et que nous a\ ions, il y a déjà un an,
réussi il en fabriquer de petites quantités.
Depuis lors, nous avons pu préciser les conditions de cuisson qu'il con-
vient de réaliser pour obtenir ce résultat, et le procédé de carbonisation
auquel nous avons été conduit a reçu la sanction d'essais semi-industriels.
Il consiste :
1° A enfourner les tlnrs pilonnées dans un four dontla température est
maintenue en dessous de 3:io" (température à laquelle les Fellkohl com-
mencent à se décomposer) jusqu'à ce que l'écart de tempéralure entre le
centre elles parois du saumon de charbon ne soit plus que de T degrés;
2" V élever la température du four avec une vitesse uniforme de N degrés
à l'heure jusqu'à la température finale de cuisson ( ySo" environ) et à main-
tenir celte température lonstante jusqu'à ce que le saumon de coke soit
entièrement cuit.
Dans la première partie de l'opéralion, on réalise une lépartilion homogène de
température dans toute la masse de charbon, et si T et N sont suffisamment petits, il
ne peut, par la suite, se former de zone écran. Les phénomènes de fusion, d'agglo-
mération et de contraction intéressent alors simultanément, sinon tout le contenu du
four, du moins des tranches importantes de celui-ci, et il ne se forme que quelques
larges fissures, d'autant moins nombreuses ((ue, toutes choses égales d'ailleurs, T et N
sont plus petits. N ne peut toutefois décroître indéfiniment car un franchissement
trop lent de l'intervalle de température compris entre 320° et la température de
fusion des Fellkohl (4>o°) leur fait perdre toute faculté d'agglomération. Comme
d'autre part, plus les fours sont larges, plus, ils doivent être chauffés lentement si l'on
veut éviter que l'écart de température entre l'intérieur et l'extérieur n'augmente
suffisamment pour qu'il y ait formation de zone écran, l'existence d'un minimum
pour N entiaîne pour la largeur des fours l'existence d'un maximum au delà duquel
il est inutile de vouloir appliquer ce procédé.
Pratiquement, les conditions dans lesquelles a foiicliouné le four d'essais
sont :
Largeur du four 25'''"
Capacité .5oo''s
Température d'enfournement 'i>.n°
Durée totale de la cuisson 5o''
Le coke présentait les caractéristiques suivantes :
l582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
( SSo"^*-' : cm-
Résistance à la compiession j ,, •„ • . - i,„v
' " f ( (maximum exige 2J0'-s).
Cohésion (refus sur le lamis à mailles de ^o'"™ \ 80 à 8(i pour 100
après essais au lamboui) ) (minimum exigé 7") poui- 100)
c'esl-à-dirc qu'il était au moins comparable aux plus beaux cokes de la
Uubr.
Les rendements en sous-produits obtenus avec ce procédé sont 1res supé-
rieurs à ceux obtenus dans les fours à coke actuels; leur détermination pré-
cise, comme celle de la nature exacte de leurs constituants, n'est pas rncorc
terminée. Les résultats aujourd'liui acquis confirment ee qui a déjà été
publié à ce sujet, sauf loutefois en ce (jui concerne le rendement en sulfate
d'ammoniaque. Il est en eïïci admis, d'une faeon assez générale, qu'il se
forme d'autant plus de produits ammoniacaux volatils que le coke est cuit
à plus haute température, et alors que nous opérons à plus de 200" en des-
sous de la température moyenne des fours actuels, nous avons obtenu un
rendemeni de 22''*^ (Je sulfate d'ammoniaque par tonne de charbon
à 7 pour 100 de cendres, contre 10''^ a i^'"'' avec l'ancien procédé. Celte
anomalie lient d'ailleurs uniquement à ce que. grâce à la progressivité du
chaull'age, s'il se forme moins de composés ammoniacaux, ceux-ci sont
entièrement récupérables parce que produits et évacués en dessous de la
tempéi'ature à partir de laquelle ils sont susceptibles de se dissocier, landis
que, dans les fours à coke actuels, les gaz étant portés à plus de 700", les com-
posés ammoniacaux sont, de ce fait, en grande partie décomposés en azote
cl hydrogène, et par suite irrémédiablement perdue.
L'élude du four permettant la réalisation industrielle de ce procédé de
carbonisation est dès maintenant commencée; la mise au point de cet appa-
reil permettra sans doute aux forges lorraines, jusqu'ici tribnuires des
cokeries de la Ruhr, de se libérer en grande partie de ce joug si lourd,
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la décomposition catnlytique des hydrocurbures
aliphatiques polyhalogénés. Note ( ' ) de M. Alphonse Mailhe, transmise
])ar M. P. Sabatier.
Dans des Communications antérieures (- ). j'ai montré, avec M. Sabatier,
que l'hydrogénalion des dérivés halogènes de la série grosse, elfectuée en
(') Séance du iSjuin ig'.»!.
{') Sabatier el Mailhk, Comptes /cnJiis, l. 138, lyM, P- ^"^'t ^'' '• 1^1) "j'i-î. p. 238.
SÉANCE DU 20 JUIN 1921. l583
présence de nickel à 270", a\ ait lieu d'une manière (lilTérenle suivant que
l'on a afîaire ;\ un hydrocarbure ayant un, deux ou plusieurs halogènes.
Parmi ces deriiieis, en dehors du chloroforme et du tétrachlorure de car-
bone qui sont sans intérêt, nous avions étudié l'hydrogénation du sesqui-
chlorure d§ carbone qui perd ainsi deux atomes de chlore pour donner le
tétrabromoéthylènc.
J'ai examiné dans ce travail la façon dont les autres hydrocarbures poly-
halogénés se comportent vis-à-vis du nickel en présence d'hydrogène, ainsi
que, dans plusieurs cas, l'action du chlorure de baryum sur ces composés.
1° TétrachloroaçétYlène CHCPCHCI-. — Il est très peu attaqué au-des-
sous de 270", A 3oo°-32o", la réduction est beaucoup plus intense et les
vapeurs de H Cl se dégagent abondamment. On recueille par condensation
un |i(|uide qui commence à bouillir à 55"; on sépare ce (|ui distille jusiju'à
120". Au-dessus, le produit est formé par du tétrachloroacétylène non
modifié. Soumis à une nouvelle hydrogénation, il fournit une nouvelle
quantité de produit volatil, de telle sojte qu'après avoir ainsi hydrogéné à
quatre reprises ioo« de dérivé tétrachloré, on parvient à isoler par recti-
fication i5'''d'un liquide pur, bouillant entre "iS" et Go°. C'est le dkhloro-
eMy/r«eCHCI = CHCl.
Mais les gaz de la réaction ont emporté la majeure partie de ce produit
volatil. En les faisant barboter dans du brome sous l'eau, ils donnent une
quantité importante d'un composé qui bout à 192"- iqS"; c'est X %^^-dichlo} o-
%^-âihrQmoétl\ane CHCj Br.CHCl Br.
On voit que le tétrachloroacétylène perd, par hydrogénation au contact
du nickel à 3oo°-32o°, deux atomes de chlore, pour fournir le dérivé éthylé-
nique dichloré qui bout à 55" :
CHGr-CHC12-)-H-=2HCl + CHCl^CHCl.
2" Têtrabromure d' acétylène CHBr*. CHBr-. — Il se comporte comme le
précédent dans l'hydrogénation à 3oo''-320''. 11 fournit des vapeurs de HBr et
l'on condense un liquide qui bout à iio°-ii5°. C'est le dihromure d''élhy-
lène CHBr = CHBr. Les gaz entraînent également une partie importante
de ce composé, puisque, en le faisant barboter dans du brome, on reforme
du têtrabromure d'acétylène, bouillant à 239°.
Lorsqu'on catalyse directement ce dérivé tétrabromé sur du chlorure de
baryum chauffé à 4oo''-42o°, on constate un dégagement de vapeurs de
brome et de gaz bromhydrique. On recueille un produit rouge, qui se déco-
lore par un lavage à la soude et à l'eau. Sa rectification fournit d'abord un
l584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
licjiiide distillant de 110° k ii3", \edihromoét/iylc/>e, puis entre i5o°-i6o",on
recueille une fraction importante du produit, dont la densité prise à 25° est
égaie à 2,54i5; elle correspond au tribromoélhylène CHBr = CBr-, souillé
d'un peu de dibromure.
Ces résultats indiquent que la décomposition catalytique du létiabro-
niure d'acétylène, au contact du chlorure de baryum, se fait suivani les
deux réactions
GHBr^CHF5r^ = Br^ +CHI!r = CHBr,
CHBr^CHBi'i = HBr4-GHBr = CBr=.
3° Chlorodihroinnpropane CH'Br. CBrCl. CH\ — J'ai hydrogéné So^de
chlorodibromopropane, sur le nickel à 3oo°-32()". Il se dégage des vapeurs
acides qui donnent un précipité jaunâtre avec le nitrate d'argent, et l'on
condense un liquide qui abandonne déjà vers f[0° une petite quantité de pro-
duit absorbahle par le brome. D'autre part, les gaz traversant une couche
de brome, le décolorent et il se forme du ^^-rhloro-'/^j-dihromoftrojxuif.
bouillant à 170°.
On voit que l'hydrogénation du carbure chlorobromé fournit le '^j-cliluro-
propènc et que l'enlèvement du brome est le plus facile à réaliser.
4° Dichlorodihromnacptylène Cil CIBr . CH(]lBr. — Son hydrogénation
sur nickel, vers 3oo", fournit de l'acide biomhydrique el deVca^^-i/ir/doro-
éthylme (]HC1 = CHC1, doni une partie peut être recueillie sous forme
d'un liquide bouillant à 55"-(Jo°, et dont la plus grande qiianlilé entraînée
par les gaz va se combiner avec du brome sous l'eau pour redonner le pro-
duit primitif facile à isoler et à identifier.
5" Trichlorodibmmoacèlylme CHClBr . CCl-Br. — C'est un liquide qui
bout sans décomposition à 125"- 126° sous 85""°. Son hydrogénation sur
nickel, à ioo", fournit du gaz bromhydricjue et du frir/iloroéf/iy/ène,
CHCl = CGl^ qui bout à 88"-9o".
La catalyse directe sur du chlorure de baryum à 400" le dissocie en
brome et trichloroéthylène, sans qu'il se produise de réaction secondaire.
On voit que l'hydrogénation directe des dérivés polyhalogénés des hydro-
carbures aliphatiques a lieu d'une manière identique à celle du sesquichlo-
rure de carbone. Il se iormc \.o\i\ouvs un cnrl)ure éthylêniquc polyluilogi-nr.
Lorsqu'il y a des halogènes difl'érents, ce sont les plus lourds qui sont les
premiers entraînés par l'hydrogène. Enfin la catalyse directe sur chlorure
de baryum à '|00° conduit également à des carbures éthyléniques poly-
halogénés.
SÉANCE DU 20 lUIN I92I. l585
CHIMII'; OKGANiQUt:. — Di'axiiposilion ruUilyliquc des dcides hi-ormicéUqttcs et
des mélanges de hrninc et d'acide acétique. Note de MM. J.-B. SENnEiiEivs
et .1. Aboiti.evc, |>résentée |iar M. (.!. Ijcmoine.
I. Les acides hroiiuK-èlitiiics résislenl moins à l'iiction de la chali-ur seule
((lie les acides c/doiaeèliques, comme le montre le Tableau suivant qui
donne la température T, où commence le dégagemeni ,:;azeu\, et la compo-
sition des gaz recueillis :
Acides
oliloracétiqiies Acides broniacéliq\ies
mono. ni. mono. di. tri.
•l'empératiire T :l(:(l". lîdfl". :i'iO°. 'IXi'. '2.'il)".
Gaz carbonique 7,8 5^,2 34,5 60,6 93,8
Oxvde de carbone S(î,4 4 1 , ^- 68,:") 38,6 .'),(>
Pit'sldii inflammable... 5,8 3,6 7 0,8 0,6
Te liai 100,0 100,0 100,0 100,0 1110,0
Le rioif a/ti/na/ puviWè s'étant montré supérieur ii la tliorine et au kaolin
dans la catalyse des acides cliloracétiques ('), c'est uniquement avec ce
noir qu'a été étudiée la décomposition catalylique des acides bromacé-
liques.
Kn désignant toujours par T la température où commence ledégagemeiil
des gaz, on a eu pour leur composition :
Acides bioniacétiqnes
mono. di. tri.
Température T 2'25°. 2.35°. 250».
Gaz carbonique 62,8 64,;>. 94 1 2
Oxyde de carbone 36,4 35, o 5,2
Késidu inflamnnable 0,8 0,8. 0,6
Tolal 100,0 100,0 100,0
Les acides di el tribromacélique se décomposant déjà à l'ébullition, c'est-
à-dire vers 'a35° et 250°, on s'explique que le noir animal n'abaisse pas la
température où commence leur destruction parla seule action delà chaleur.
Jusqu'au voisinage de Soo", la composition des gaz reste à peu près la même
dans les deux cas; mais tandis que le dégagement gazeux produit par la
chaleur seule ne varie guère quand on élève la température, il augmente au
contraire rapidement en présence du noir, et à 280° il est très abondant.
(') J.-B. Senderens, tjompte.s rendus, t. 172, 1921, p. i55.
l586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est au voisinage de cette température que les trois acides biomacéliques
ont fourni, au contact du noir animal, les résultats suivants :
Acide mon<>bioin(icèli<jue . — Au.v j^az inscrits dons le second Tableau il
faut ajouter : i" du IIBr absorbé par l'eau d'un llacou laveur; u° du bro-
mure de méthyle, CH'Br, bouillant vers .5°, retenu par l'alcool niétbyli(|ue.
Kn dehors des produits gazeux, la réaction donne lieu simplement à im
dépôt de charbon et pourrait s'exprimer comme il suit :
(i) »:ii=Hi(;(>-ii = (:in!i+<;<)-.
(2) cii-iii (;().(»ii = iiisi- + ii=o-+-co + c.
Acide dihromafèli(juc. — Ici on a également production de 11 Br. Le
liquide recueilli, insoluble dans l'eau, est formé de •>"> pour loo environ de
bromure de méthylène, CH-Br'-, bouillant vers ioo°, et de 70 pour 100 de
bromoforme, CHBr% bouillant vers 1.^)0°. Avec ces deiniers produits et
les gaz inscrits dans le second Tableau on est conduit aux équations sui-
vantes :
(3) CHI'.r-CO-ll =: Cil- lir- + COS
(4) aCJll'.riCO.Ull = CllBr'+ linr+ 11^0 + COM-C().
Acide Iribromacétique. — Nous avons employé l'acide pur que l'on obtient
en oxydant le bromal. Cet acide, avec le noir animal, donne à peu près
exclusivement du bromoforme :
(5) CBrH:()MI = CHBr' + CO^.
La faible quantité de CO et de HBr provient d'une réaction secondaire
qui fournil, en même temps, le tétrabromure de carbone CBr', fondant
vers 90" et bouillant vers 190" :
(G) aCHi-sCO.OH = aCO -+- alIBr 4- CBr*-t- CO',
IL Mélanines de brome et d'acide acétique. — Les données précédentes
permettent d'expliquer l'action du noir animal sur ces mélanges.
D'après Damoiseau ( '), le mélange de i'""' de l'acide acétique et de 3'"°' de
brome passant sur le noir animal vers ^'io^'-'^ioo" donnerait simplement du
bromoforme:
(;i CH'COMi -)-,)Br- = CIlBr'-i- ûiiBr -t-CO-.
(') Comptes reiulits, I. 'J2, 1881, p. .'2.
SlUNCE DU 20 JUIN 1921. 1687
Kn réalité, la réaclion n'est pas aussi simple, et elle se complique d'autant
plus que la température est plus élevée. On a en ell'et :
reiiipih;iture.
■,'.')0'. m:.')". :!(ki°.
Gaz iarl)onli|iie <.|0, '. 8 '>.i'i 7*>,8
()\yde de carbone 9,'. i:),S ■?.■>. ,^>
Hésidu indammablo- o,(i 0,8 o,()
Total 1011,0 100,0 100,0
T^e bromolorme esl toujours accompagné d'une proportion notable de
liromure de métliylène (i3,:i pour 100 à 276"; 2J,8 pour 100 à 3oo") et de
tétrahromnre de carbone avec un peu de bromure de méthyle.
De l'ensemble de ces résultats on est amené à conclure que le premier
eft'et du brome, en présence du noir animal, est de se substituer à l'bydro-
gène pour former les acides tribromacétique et dibromacétique et un peu
de monobromacétique, lesquels donneront, comme on l'a vu plus liant,
CHBr% CH-'Br- et CH'Br. Le brome non utilisé par les substitutions
formera du CBr' avec les bromures précédents, et c'est ainsi que dispa-
raissent les 3Br- opposés à 1'"°' d'acide acétique et que l'on recueille un
liquide sensjblen^ent incolore.
GÉOLOGIE. — Observations sur le Patéozo'ù/iie de Rabat (Maroc).
Note (') de M. J. Savobniv, transmise par M. Ch. Depéret.
Les travaux du port de Rabat-Salé ont nécessité l'ouverture de grandes
carrières à 20'"" sud-est de Rabat. L'évacuation clés matéiùaux se fait pro-
visoirement par eau, sur l'oued BouRegreg, mais devra être prochainement
remplacée par une voie ferrée dont les tranchées toutes fraîches permettent
d'utiles observations au bord du fleuve.
On sait que le Néogène forme toute la hauteur des berges du Bou Regreg
(hauteur croissant de So"" à i5o'"), depuis l'embouchure jusqu'à 20'''" en
amont. U est formé de mollasses et de calcaires coquilliers pliocènes, avec
poudingues ou simples inclusions de galets, d'une puissance totale pouvant
atteindre 40™ à So"". La décalcification superficielle donne lieu à une for-
mation sableuse, à grains fins siliceux peu mélangés d'argile, qui joue un
rôle important sur tout le plateau. Un horizon inférieur, que l'on voittrans-
(') Séance du i3 juin 1921.
l588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gressif sur Ii- l^aléozoïque au four à chaux dit de VOurd Akrec/i, est riche en
dents de Squales {Carcharodon mc^alodon, O.ryrliitia, Odonlaspis'), et de
liajidés.
Les argiles miocènes, suhordonnées à celte première assise, épaisses en
a\al de Oo'" à 80"', sont progressivement réduites xei's l'amont et dispa-
raissent totalement sous la transgression pliocène. Elle> débutent pai une
assise calcaréo-mollassiqueà fragments de grandes lluitres.
C'est sous cette assise formant un re])ère très net, à pendage nord de
quelques degrés à peine, qu'apparaît le Paléozoïque à iS''™ sud-est du
Chella. En ce point précis commence à se dessiner la plaine alkniale du
Bou Regreg inféi'ieur.
Les premiers termes de la série primain- sont des conglomérats rouges
\ iolacés, à gros blocs souvent mal arrondis, ayant plutôt l'apparence d'une
formation fluviatile que marine. Je n'hésite pas à attribuer cette masse
détritique au Permien, en raison de son aspect caractéristique.
l)<'s schistes argileux, traversés par une roche filonienne non déterminéi'.
au contact de laquelle se voit un gisement recliligne d'oxyde de manganèse
prospecté par diverses tranchées, se présentent au-dessous des poudingues.
Les stratifications sont d'ailleurs sub\erticales.
A une centaine de mètres en amont du dyke minéralisat<'iir. la tranchée
du futur chemin de fera coupé une masse schisteuse à feuillets très réguliers
montrant, sur leur épaisseur, des bandelettes alteinativemi'nl grises cl blan-
châtres. Ces feuillets sont couverts d'empreintes île (îraplolithos. La
présence du genre Monogmpliis permet de les ra|i[)orter au (îothlandien.
Bientôt succède à la formation schisteuse, vers l'amont toujours, nue
zone de calcaires réglés ou feuilletés qui ne tardent pas à passer à un calcaire
massif, fortement cristallin, en très gros bancs. J'altribn(^ ce calcaire au
Carboniférien inférieur, en raison de son aspect (]ui, souvent, le rappi-oche
du « petit granit » de Belgique. La calcite dont il es! presque exclusivement
formé présente des facettes de clivagi' larges de 3""" à 4""" en moyenne.
C'est la roche destinée à la jetée du futur port. On l'emploie déjà comme
pierre d'ap|)areil pour quelques constructions monumentales de Rabat.
La masse calcaire es! nettement ployée en synclinal, de direction
03o°NL3o'^S environ. Le confluent de l'oued Akrech et i\n Bou Regreg, à
l'angle aigu de ce dernier, se fait dans le synclinal. Le Bon Regn'g emprunte
d'ailleurs cette vallée tectonique depuis ')'"" en amont et les carrières s'éche-
lonnent dans cette portion de la vallée.
On peut compter jusqu'à cinq bandes d'affleurement des calcaires dans
SÉANCE DU 20 JUIN 1921. l58()
Toued Akrrch et trois à 2''"' plus à Fl^sl. Ce sont les flancs de plis siibvcr-
ticiiux déciipilés pas Térosion iinlémiocène dans leurs boucles anliclinales.
Kii remontaut les vallées de Toued AUrrch cl du ( irou, qui sont normales
aux axes de ces plis, on trouve ensuite de petits congloniérats quartzeux et
des gi'ès grossiers grisâtres, que j'attribuerais volontiers encore au Carbo-
nifère. Les grès ne tardent pas à devenir très fins, à se charger de mica en
minuscules paillettes. Un prospecteur russe, M. Hoy, y a découvert un
gisement de Lepidodcndron et C«/w/;iVf,v ( ') que je n'ai pu retrouver. L'asso-
ciation de ces deux genres semble affirmer l'exislence du Rouiller eu ce
poinl.
Daus les proches environs du gisemeut j'ai observé une grauwacke à
articles de Ciinoïdes et à Spirifers \Spir. cf. Vei-neuilli ('?) et autres]. Je n'ai
malhcurcusenient pu arrivera des déterminations spécifiques précises. Mais
la roche et l'aspect géuéral des formes fossiles font songer au Dévonien
plulôt qu'au Carboniférien.
Il reste donc de nombreuses lacunes dans la connaissance des formations
primaires que l'érosion du Bou Regreg^ et de ses affluents a mises à nu sous
le plateau néogène jusque près de Rabat. Néanmoins, les faunes déjà ren-
contrées, la nature et la succession des roches observées, la direction géné-
rale des plissements qui les affeclent : à angle droit sur les direclious
habituellemenl constatées dans le pays Zaër, sont autant de faits qui méri-
taient d'être dès à présent signalés.
GÉOLOGIE. — Sur les éruplions volcaniques mêsocrélacées et leurs rapports
avec la distribution des faciès dans les géosynclinaux caucasiens. Note de
M. Pierre Bo\met, présentée par M. Kmile Haug.
Dans la description de la gorge de Djoulfa que j'ai publiée en 1912 (-),
j'ai signalé l'existence d'un amas de basaltes andésitiques de 600'" à 700"'
d'épaisseur interrompant la succession des couches crétacées, mais j'ai dû
remettre à une date ultérieure l'étude des conditions de leur mise en place.
.l'ai pu revoir en détail cette formation lors de ma di-mière Mission
en 1914- L'ensemble, formé d'une série alternante de coulées et de Lufs,
s'inlercale en concordance entre les couches du Turonien supérieur trans-
(') échantillons donnés à la colleclion du Service des mines de Raliat.
(-) Bull. Soc. Géol. Fr., \^\2, p. 3 12.
l5go ACADÉMIE DES SCIEIVCES.
gressif et le conglomérai que j'avais alors indiqdé comme « crétacé? » et
qui recouvre m discôrdanci' le JuraSsiqur inoven. La roupe provisoire que
j'ai donnée dans la Note précitée doit donc être modifiée en ce sens, ces
roches volcaniques y étani figurées à tori (omme coupant en fliscordancc
la série crélacée.
Je liie suis efforcé de délerminer l'âge de la sortie de ces roches; j'ai déjà
indiqué comme appaMenanl à la partie supériouro du Turonien la base des
couches à faciès de Gosau qui les recouvrent : tille est donc l'époque vers
laquelle les éruptions semblent avoir pris fin. (^uant à la date di- leur début,
on ne |)eut procéder que par approximation : je n'ai en elî'et trouvé, malgré
mes recherches, aucun indice paléontologique ni dans les tufs, ni à la base
de ces épanchements. Le conglomérat (jui les précède en concordance est
composé d'éléments empruntés aux formations sous-jacenles : Trias, roches
vertes basiques et Jurassique moyen. Il est donc simplement postérieur à
cette dernière formation; mais, d'aiilre part, êuint donné qu'il la surmonte en
discordance angulaire^ il ne peut êlrr aUrihnv à un àgf antérieur au Tit/io-
niffiiCj parce qu'en aucun point des géosynclinaux on n'a jusqu'ici observé
de mouvements orogéniques entraînant ilne discordance angulaire entre
deux termes de la séri<^ jurassique infra-tithonique. C'est la seule indication
que l'on puisse donner sur la limite inférieuio des éruptions crétacées à
Djouifâ.
Mais ces roches volcaniques ne sont pas localisées dans ce seul point. Je
les ai retrouvées, toujours surmontées par des couches de Gosau synclno-
niques de celles de Djoulfa, dans les chaînes de l'Araxe moyen, depuis les
abords du rebroussement dé l'Araral jusque <lans le massif dn Daralago-z.
I"^t, dansée dernier, elle sont précédées i-n concordance par toulè nn<' série
sédimentaire d'abord sans fossileSj puis ( ouronnée à son sommet par un
niveau fossilifère vraconnien à Ammonoidés : leur âge se précise donc
ici et se place entre la base du Génomanien et la partie supérieure dn
Turonii'u.
C<'s épanch(^nienls basalliqui's sont loin de montrer partolil uni" impor-
tance égale. Au nofd-esl île l'Araral, ils prennent un développement consi-
dérable ei remplissent de lenrs puissantes coulées (\i'^ vallées entières.
Moins importants à DjoulCa, ils se réduisent encore ilavaniage dans le
Daralagœz. Corrélalivemfnl à cet Hfl'aiblifesemenI des mnnifislalions volca-
niques, les formations sédimentaires du Mésocrétacé qui les aceompagnenl
subissent une modification dans le caractère de leurs faciès. Les couches de
(iosau des vallées du -\ord-( )uest témoignent d'une faible piofondenr, bien
SÉANCE DU 20 ,H IN 1921. l.'ipl
inar(|iié(- par I aliomlaiice des lluilrcs; à Djoult'a, il s'y ajouli' <li's Kiiilislcs:
dans le Daialagœz, ces deux groupes disparaissciil iM loiil place à des Ino-
ccraines. D<' plus, c'est seiilemeri'l dans ce dernier massif que l'yMbien, avec
Vraconnien balhyal, est représi>nté. J'ai donc ainsi pu retrouver, au Mcso-
erélacè, dans e<'lte terminaison de l'aie Iranien de Fl^^lliourz, la mènn'dis-
Ii'iljution des faciès qile J'ai déjà signalée pour le Tiiiis «i le Lias ( ' ). H y ;>
là <'ncoii' uni' aiignientalion dr la néritieité des dépôts, vers le rcbroussr'-
menl et vers le sud : le Daralagcrz demi-ure la partie la plus profonde, la
plus néritique se trouvant, aux abords ilu rebroussement de l'Ararat ; d la
région de Djoulfa continue à présenter des caraclèrcs inlprnlédiaires, parce
que, correspondant au Daralaga'z, elle fait partie de la bande méridionale
plus néritique.
L'examen des données que nous jiossédons sur la partie orientale du
grand Caucase, homologue si>plenlrional de la terminaison de l'arc de
l'Elbourz, m'a permis d'y reconnaître l'existence de phénomènes analogues
à ceux que j'ai observés en Transcaucasie. Près du rebroussement du
kazbelv, dans les vallées du Ksan et de l'Aragva, on trouve dans la série
crétacée néritique des coulées d'andésite augilii|ue, avec tufs de même
nature. Ces roches sont en relations stratigraphiques peu précises avec
ri{ocrétacé et le iNéoci'étacé; mais, étant donné l'absence du Mésocrélaeé
dans cette région i-t l'Age cénomanien-turonien des éruptions transcauca-
siennes, il parait vraisemblable de les attribuer à la même époque. Vers
l'est, dans la direction du centre de l'arc, les manifestations volcaniques
disparaissent totalement, et en même temps la série devient plus complète
et plus bathyale. C'est ainsi que, dans h^ Daghestan, s'accuse une simple
lluctuation régressive correspondant au Cénomanien-Turonien : au-dessus
de l'Albien, très riche en Ammonoïdés, viennent des couches à Végétaux
et à petits Lamellibranches, passant insensiblement au Sénonien balhyal.
A l'ouest du rebroussement du Kazbek, nous trouvons daus les mon-
tagnes Mesques, qui forment l'extrémité de la iiranche orientah' de l'arc
Ponlique, les premières indications symétriques d'une gradation analogue.
Sur le bord méridional des dômes de Tkvibouli et de la Dziroula, le Méso-
crétacé est entièrement représenté, luais néritique, et les dépôts du Céno-
uianieu et du Turonien sont interrompus par des coulées et des tufs andé-
sitiques et basaltiques; plus à l'Ouest, la série plus bathyale devient com-
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. i58S; t. 172, 19.'. i- p. iii4.
iSga ACADÉMIE DES SCIENCES.
parablr- à celle ilii Daghestan, sans inlercalation volcani(|ue, el manifesie
simplemeni une diniinulion de profondeur an Turonien.
En résumé, Vètude du Mcsocrétacé de l'isthme caucasien, basée, pour la
Transeaiieasie, sur mes observations personnelles, et, pour le giand Cau-
case, sur l'ensemble des travaux des divers auteurs qui l'ont étiidu-, m\i
révélé Vexislcncp. à celte époque, de phénomènes analogues à ceu.r que j'ai
déjà signalés au Lias : même constance dans les relations entre les rebrousse-
ments, les variations d'intensité des manifestations volcaniques, et les modifi-
cations progressives et concomitantes des faciès; même parallélisme entre les
deux arcs du Nord et du Sud, le /tremier apparaissunt toujours comme plus
profond que le second. H se [)rodMit de nouveau à celle époque, spéciale-
ment au GénoMumien-Tuionien, une tendance à l'émersion des géosyn-
clinaux caucasiens. C'est dans la région du rebroussement Ararat-Kazbek,
et surtout dans la partie méridionale de celui-ci, que ce phénomène est le
plus accentué : les fractures qui l'accompagnent donnent lieu à des épan-
cheuienls volcaniques correspondant à une interruption de durée variable
de la sédimentation. Kn même temps, les parties centrales des arcs sont
réduites à de simples oscillations. Mais, soit dans les parties néritiques,
soit dans les parties profondes, on ne voit pas que cette tendance à l'émer-
sion ait donné lieu à un mouvement orogénique susceptible d'engendrer
une discordance au cours de la série mésocrétacée, contrairement à ce qui
a été décrit dans plusieurs points des géosynclinaux alpins.
GlCOGRAPHlE PHYSIQUIl. — Plateformes fluviales et ressauts d'érosion.
Note de M. Jova.\ Cvmic, présentée par M. l'ieire Termier.
Si l'on part du rivage de la plateforme de Mackal à 960'", et si l'on exa-
mine le relief des montagnes dinariques en se dirigeant vers le Sud, on voit
le terrain s'élever par des escarpements qui marquent le passage dune
plateforme à une autre. Ces escarpements sont rarement abru|)ts cl tran-
chés : aussi faut-il un examen attentif pour déterminer la succession de
leurs séries. Entre eux, le terrain es! plus ou moins ondulé; il n'est jamais
aussi aplani que sur la plateforme de Mackal.
Le relief se présente de la même façon avec ressauls et plateformes en
remontant les vallées de direction dinarique : Uvac, Liiu, Drina (Piva et
Tara) vers le Sud-I']st.
SÉANCE DU 20 Jim 1921. 1593
Plateformes flmialcs. — Dans l'ensemble, on peiU remarquer quatre
grandes platd'ormrs. Je les ai désignées d'après les noms des montagnes
ou des régions où elles sont le plus étendues : plateformes de Bcla (r/),
Zlatibor (/>), Drobnajk (c), et Kopaonik {d), cette dernière d'après le
grand plateau ([ui fait partie du Kopaonik.
Ces hautes plateformes ont les caractères distinctifs suivants :
1. Extension dans la même direction que le cours des rivières auquel les terrasses
d'abrasion et leurs rivages sont perpendiculaires ou obli([ues.
2. Inclinaison vers le rivage de la plateforme A ou les suivants.
3. Ondulation relative à l'encontre des plateformes d'abrasion qui sont nivelées.
Entre de larges ondulations, en règle générale, se trouvent des vallées à fond plat et
peu profondes où les rivières coulent très lentement. Ces vallées datent de l'établis-
sement de la plateforme. D'autres, particulièrement aux lisières, sont profondes et
escarpées : plus jeunes, elles résultent de phases d'érosion plus récentes.
i. Absence de sédiments pliocènes constatés sur les plateformes d'abrasion. Les
hautes plateformes sont nues, à part l'éluvium, les cailloux non roulés et l'argile
qu'on rencontre rarement.
Donc ces hautes plateformes ne sont pas des terrasses d'abrasion comme
celles situées au-dessous de 960™. Elles représentent des plateformes d'ori-
gine fluviale. D'autre part, leur surface est ondulée, elles sont souvent
emboîtées l'une dans l'autre et séparées par des ruptures de pente bien
marquées; elles ne sont donc pas des pénéplaines. Ces plateformes fluviales
présentent des analogies avec les terrasses fluviales rocheuses, mais s'en
distinguent : elles sont beaucoup plus vastes, leurs lignes de rupture de
pente sont beaucoup plus éloignées des thalwegs que les escarpements des
terrasses fluviales.
Par suit ;, l'espace compris entre Belgrade et la ligne de partage des
eaux coulant vers le Danube et la mer Adriatique renferme douze plate-
formes. Les huit plus basses, au-dessous de 960'", sont des terrasses d'abra-
sion, les quatre plus hautes sont des plateformes fluviales. La plus haute
plateforme d'abrasion, dite de Mackat (A), départage les deux séries. Ses
falaises sont très bien conservées, particulièrement à Cajetina et à Gliza.
Sur sa largeur de 20''™ à So*^™, elle est en beaucoup d'endroits recouverte
de cailloutis et de sables quartzeux d'âge pontien.
Ressauts d'érosion. — Quoique les plateformes fluviales situées entre le
rivage de Mackat (A) et la ligne de partage primitive soient en général bien
développées et bien reconnaissables, il est souvent difficile d'attribuer à
l'une d'elles telle ou telle surface isolée.
C. R., igai, I" Semestre. (T. 172, N« 25.) Il6
l594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La hauteur al)solue de ces surfaces isolées n'est d'aucune aide : les plate-
fornîes fluviales sont des plateaux ondulés dont la surface primitive était
inclinée de la ligne de partage des eaux au rivage correspondant.
Mais on passe d'une plateforme à l'autre par des ruptures de pente souvent
iiclation i-nLrc les rivages plioccnes el le> ressauts d'crnsion.
1', Bassin pannonieii; A, B, C, D, K, F, G, H, rivages plioccnes; X, témoins de la surface pn'pon
tienne; a, b, c, d, plateformes fluviales correspondant aux rivages A, B, C, D; e,/,f;, /i. ter-
rasses fluviales correspondant aux rivages K, F, G. H: , prolongement des rivières sur
les terrasses d'abrasion; 1, 2, vallées épigéniques; a, p, y, soudure de deux ressauts d'érosion.
bien accusées. Pour les discerner des ruptures de pente d'autre origine nous
les appelons ressauts d'érosion. Si l'on fixe sur une carte leur répartition
SÉANCE UU 20 JILX 1921. 1393
géographique, on obtient une ligne très sinueuse qui limite deux plate-
formes successives.
Les ressauts d'érosion se forment sur le continent par l'érosion fluviale
correspondant à la régression d'un rivage d'une isoliypse à l'autre. Ce ne
sont pas uniquement des ruptures de pente dans le profil longitudinal d'un
fleuve et de ses affluents. |]n réalité l'érosion totale s'est développée à la suite
de la régression d'un rivage et s'est manifestée par la formation de nouvelles
courtes vallées et ravins, par le façonnement de leurs versants et par l'action
du ruissellement plus vive qui s'étend jusqu'à une certaine isohypse. Cette
limite supérieure de l'érosion correspondant à une phase de régression sera
marquée par le ressaut d'érosion.
Le ressaut d'érosion marque donc la limite supérieure d'une plateforme
fluviale. Mais il est incliné lui-même de la même façon que la plateforme
correspondante. Néanmoins il peut servir pour déterminer la hauteur d'une
plateforme flu^'iale. D'abord ses parties les plus hautes en représentent la
limite supérieure et les points où il passe dans son rivage en sont la limite
inférieure. Si l'on peut fixer ces deux limites, on déterminera le caractère
hypsométrique d'une plateforme. D'autre part, si l'on s'avance d'un point
d'un thalweg dans une direction déterminée vers le haut, on peut déter-
miner les hauteurs relatives des ressauts d'érosion successifs.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Les « frane » de la vallée de la Ccre.
ÎNote de M"*^ Y. Boisse de Blace, présentée par M. ICmile Haug.
Si le Cantal a été modelé par l'érosion fluviatile et glaciaire, comme l'ont
montré les travaux de Rames (') et de M. Boule (-), il me semble intéres-
sant de faire ressortir que d'autres agents ont contribué secondairement à
imprimer à ce pays sa topographie actuelle.
Le sol du Cantal est. en certains points, assez perméable, notamment sur les aflleu-
rements de conglomérats andésitiques, composés en grande partie de ponces vacuo-
laires, à travers lesquelles l'eau s'infiltre facilement. Ces conglomérats reposent parfois
sur l'Oligocène constitué, du sommet à la base, par des calcaires, des marnes, des
argiles et des sables. La partie inférieure des marnes forme un niveau étanche, corres-
pondant aux marnes vertes du bassin de Paris, oi'i s'établit également un niveau d'eau.
(') Topoi(raphic raisimnée du Cantal. Aurillac, Bouygues frères, 1879.
(-) Topographie glaciaire en Auvergne (Annalea de Géographie, \ "^ année,
Armand Colin, Paris).
l5g6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les plateaux situés à l'ouest du massif cantalien rei^oivent environ 2'" deau par an
au-dessus de 1000" d'altitude et l'on est surpris de constater la faible importance de
leur réseau hydrographique qui, avec l'altitude, les rend peu propres à la culture.
Une partie de l'eau qu'ils reçoivent est drainée par des ruisseaux, l'autre, la plus
grande, s'infiltre, traverse les conglomérats, les calcaires, le sommet des marnes et
s'arrête à la base de ces dernières dans la région du Pas du Lue. près de Vic-sur-Cère.
La nappe piézométrique est intercalée entre les marnes de base d'une part, le sommet
de r(.)ligocène et le conglomérat andésitique d'autre part. Elle est, en outre, favorisée
par le pendage de l'Oligocène vers la vallée; et, ainsi que l'a montré Emile Duclaux,
elle ressort à ce niveau au flanc nord-est sous forme de sources très abondantes, à
température et à composition constantes, ce qui confirme son unité.
L'Oligocène n'est visible que par de très petits affleurements sur les
flancs de la vallée de la Gère. Il est presque toujours masqué par un revê-
tement détritique dû aux éboulis des pentes; la nappe, au lieu de sourdre
à l'air lil)re, à liane de coteau, sinliltre en biseau sous les dépôts des pentes
et donne des émergences de pied de versant qui forment une doul)le ligne
de marais parallèles à la rivière. La nappe phréatique imbibe fortement les
éboulis au niveau piézométrique, et, si un orage ou une longue période de
pluie vient achever cette imbibition, il se produit d'abord ce que j'appellerai
une doline de pente, puis une Jrana.
L'infiltration de leau sur un sol plan, perméable, forme, par affaisse-
ment des couches superficielles, la doline. Si le même phénomène de disso-
lution et d'infiltration se passe sur un sol incliné, il se produit au début un
accident de relief identique, c'est-à-dire un affaissement circulaire du sol;
mais toute la partie de l'excavation tournée vers Taxai, fortement sollicitée
par la pente, finit par t'-tre arrachée Elle constitue sur le liane de la
\ allée un ressaut de terrain en forme de loupe, tandis que la partie amont
reste en place en donnant un escarpiment en arc de cercle plus ou
moins ouvert. Cet accident de terrain rappelle fidèlement le type II des
jrane de M. Almagia ('), minutieusement étudié dans les Apennins.
La vallée de la Gère, entre Vie et Arpajon, est formée de deux auges
glaciaires emboîtées, l'une rissienne, l'autre xviirmienne. La ligne de rup-
ture de pente entre l'auge supérieure et l'auge inférieure coïncide grossiè-
rement avec le contact de l'Oligocène et du conglomérat éruptif. Le long do
cette ligne se sont produites la plupart des frane qui découpent le palier
rissien de la façon la plus étrange et donnent à cette topographie son aspect
(') D"' RoiiimTO ALMA(iiA, Sludi geografici sitlli franc in /talia (Società geografica
ludiana^ i9"7; MeniDiie dclla Socielà geografica llaliana. 1910).
SÉANCE DU 20 JUIN I92I. 1597
caractéristique. Ces dolines de pente et les Jrane qui en résullenl sont nom-
breuses. Je me contenterai d'en décrire doux, la première nous donne
l'appareil complet qui vient d'être décrit, la seconde est remarquable par
ses grandes dimensions.
Au niveau du village de la Maisonblanclie (commune d'^ûiel), la vallée dessine un
replat de terrain : la plalefornie rissienne sur laquelle est bâli le village. Imniédia-
lemenl en dessous de cette terrasse s'est formée une frana. Tout le haut de cet arra-
chement est dans le conglomérat andésilique; à la base seule apparaissent les calcaires
blancs oligocènes. Son diamètre est d'environ ^o™, la distance du sommet de la frana.
à la loupa est aussi d'environ ^o™, la profondeur de l'escarpement de 13™ et la surface
d'arrachement de l^o"''. La source qui a produit le décollement n'apparaît pas entre
la loupe et le bord du fer à cheval, elle sourd à 5o™ plus bas dans un pré, les paysans
l'ont captée pour alimenter un réservoir.
La seconde //«/(rt est celle du Puy de Vaurs, situé à l'intersection de la vallée de la
Gère et de la vallée de Mamou. Cet accident est figuré dans le « Cantal miocène »
de M. Boule ('); il constitue \a frana la plus vaste et la plus nette que je connaisse
dans la région. Le talus qui la circonscrit forme un arc de cercle de 180° de dévelop-
pement. Très abrupt, il a une vingtaine de mètres de haut : le fond de la frana large
de 200"° est ici plat, avec une très légère pente vers Aurillac. Des infiltrations souter-
raines en rendent le centre humide. La loupe qui la prolonge vers l'aval commande un
petit ravin encfaissé, très rapide et bordé de saules. Sur le bord de la loupe s'est
produit un décollement secondaire.
Visible d'Aurillac, celle frana, creusée au sommet de la montagne, est si frappante
qu'elle a souvent été prise pour un cratère ébréché.
Les frane de ces régions continuent à se produire sous nos yeux, je
pourrais en citer plusieurs qui sont toutes récentes.
\u^% frane exposées au midi, ce qui est fréquent dans la vallée de la Gère,
offrent un excellent emplacement pour une habitation rurale. Les parois
de \^ frana abritent celle-ci contre les vents froids de l'esl, du nord et de
l'ouest, le fond constitue un sol admirablement approprié à un verger ou à
un jardin et enfin la source qui a provoqué le décollement sert à l'alimenta-
tion en eau potable de la maison. Ici encore la géographie humaine a été
conditionnée par la géographie physique.
(' ) Bulletin du Sen'ice de la Carte géologique de la France, n° 54-, t. 8, 1896-1897,
p. 6, fig. 4.
iSgS ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'HYSIQUE DU GLOBE. — Quelques nouvelles mesures de la densité de l'air
de Genève. Noie de M. A. Treuthardï.
Contrairement à ce qui est généralement admis, la densité- de l'air n'est
pas rigoureusement constante et identique à elle-même ; elle paraît subir de
faibles diminutions en un même lieu (quelques dixièmes de milligramme
par litre) dans les périodes de hautes pressions barométriques. Ce dernier
fait a été constaté pour la première fois en 1910 par MM. (luye, Kovacz et
Wourtzel, sur l'air de Genève à la suite de i3 déterminations moyennes
journalières et sur l'air du mont Salève (Haute-Savoie) pour une moyenne
de 4 observations le même jour. Il a été ensuite confirmé par M. A. Germann
en 1912 sur l'air de Genève (2 moyennes), puis par MM. (iermann et Boolli
(3 moyennes) en 1916, sur l'air de Cleveland (Ohio, U. S. A.).
En résumant ces résultats et en discutant leur interprétation, M. («uye a
signalé en 1917 le faitque les 7 observations faites en 1892 par Lord Rayleigh
sur l'air de Terling Place (Essex) présentent aussi des niinima de densité
en relation avec desi maxima barométriques; il en est de même d'une série
d'observations faites en 1916 à Neuchâtel par M. .lacquerod par la méthode
du flotteur (').
On trouvera dans cette Note les résultats de quel(|ues nouvelles mesures
eflectuées en 1917 sur l'air de Genève.
La méthode est celle des ballons, sous la forme i)rali([iiée à Genève à i'épo<|iie des
mesures de la densité du gaz Brll : les trois ballons, à parois relativement épaisses,
sont remplis simultanément à 0° d'air desséché et privé de gaz C0-. soigneusement
filtré à travers du coton; ils sont fermés sous une pression très voisine de ^fio"'™, et
non pas sous la pression barométrique ambiante; les corrections de compressibilité
entre la pression de fermeture et la pression de 760""" et celle de contraction des
ballons par le vide sont ainsi négligeables. Ces opérations seront décrites' dans un
Mémoire détaillé.
Dans le Tableau 1 sont transcrites dix \aleurs moyennes du |)oids du Ulre normal
d'air, résultant chacune de deux ou trois observations. La colonne 15,, donne la hauteur
du baromètre du laboratoire, réduite à zéro, au moment de la prise d'air. En regard
on a indiqué la caractéristique de la pression barométrique extérieure à 1 éjjoque de
chaque expérience, d'après les données de l'Observatoire de (lenève.
(') GuvE, Kovacz et Wouiitzel, Comptes rendus, t. Loi, 1912, p. \î\2\ et i58'i;
J. Clam, phys., 1. 10, 1912, p. 33?,. — A. Gehimann, /i/c^., t. 12, 191/I, p. 107. — Germann
et BooTii, Wesl. Res. Unh\ liulL, t. 19, 1916, p. 45. — Guve, ,/. C/iim. p/tys., t. lo,
1917, p. 561, ou se trouvent résumées toutes les observations antérieures.
SEANCE DU 20 JUIN
1921.
1599
Tt
BLEAU I
Oates.
Obser-
Séries.
1!)17.
v:ilions.
L.
B„.
1....
t6 février
3
I , 2934
73i,3
II...
2 mars
2
I , 3933
728,2
m. .
4 avril
3
1,29282
7'-3,7
IV...
28 avril
2
.,29>.6
728,6
V...
7 juin
3
1 ,292.5
731,6
VI...
20 juin
2
1,2924
732,0
VII..
5 juillet
2
1,2926
731 ,0
VIII.
7 juillet
3
1,29307
725 ,3
I\ . .
Kl juillet
3
1.29273
.26,9
\ ...
12 juillet
3
1.29253
734,.
Moyenne.
1 ,'Hr->.(>9
( à arro
Observations
sur la pression barométrique.
Maximum barométrique le 16 Cévr.
Régime de pressions décroissantes
du 25 février (734) au 7 mars {701 j,
min. exceptionnel pour Genève.
Régime de pressions faibles entre le
jer avril (719) et le 7 avril (721).
Maximum 25 avril {731); pressions
décroissantes jusqu'au 3o avril.
Hautes pressions, légèrement dé-
croissantes du 3 juin (734,0) au
1 1 juin ( 726,3) ; le 7 juin ( 73o,4 )
maximum relatif.
Maximum relatif le 25 juin.
Maximum le 4 juillet (730,6) ; pres-
sions décroissantes jusqu'au 8 juil-
let (724,0), croissantes jusqu'au
12 juillet (733,4).
Ces valeurs de L n'ont pas toutes la même précision; celles imprimées
en caractères gras peuvent seules être considérées comme définitives; leur
détail est reproduit au Tableau II. Pour les autres, je n'ai retenu que les
valeurs moyennes.
Tableau II.
Ballons
Séries. B,,. a. //. c. Moyennes.
III 723,7 1,29283 1,29287 1,29277 1,29282
VIII....... 725,3 1,29309 1,29804 1,29309 1,29807
IX. 729,9 1,29395 1,29272 1,29253 1,29273
X 734,1 1,29243 1,29276 1,29255 1,29253
Moyennes 1,29282 1,29285 1,29274 1,29280
Les valeurs de L inférieures à la moyenne 1,29269 (Tableau I) corres-
pondent soit à des niaxima barométriques, soit à des pressions encore
élevées suivant de près des maxima barométriques, soit à des périodes de
hautes pressions. Les valeurs de L supérieures à la moyenne correspondent
l6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit à des pressions décroissantes, voisines d'un minimum, soit à une
période dépressions basses.
En d'autres termes, les valeurs de L inférieures à la moyenne 1,29269
ont été obtenues alors que la pression barométrique était supérieure à la
pression moyenne à Genève, qui est de ^27""", i5.
La même constatation s'applique aussi aux quatre expériences les plus
précises III, VIII, IX, X considérées seules (Tableau II).
Cette nouvelle série d'observations apporte donc une conlirmalion de
plus à celles rappelées plus baut établissant une relation entre les minima
de densité de l'air et les maxima barométriques.
Quant à la densité moyenne de l'air de Genève, telle qu'elle résulte du
Tableau il, le seul à retenir, elle est L = 1,2928; cette valeur diffère
de-j-jj^ du nombre moyen i,2g3o trouvé à Genève en 1 910 et en 191 2.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l/i densité de l'air de Madrid et ses petites
vciriations. Note de MM. E. Moles, T. Iîauccas et M. Paya.
Nous avons effectué récemment une série de déterminations de la densité
de l'air de Madrid en vue de vérifier si celle-ci subit des variations dans le
sens prévu par l'hypothèse de Loomis-Morley que M. Guye (') a invoquée
pour expliquer ce phénomène.
Cette série est la plus étendue qui ait été publiée jusqu'à présent; elle
comprend 52 observations, réparties en 25 moyennes journalières, effec-
tuées entre le iG juillet et le 3o mai. Les expériences ont été exécutées au
Palacio de la Industria, situé sur une hauteur, à G80'" d'altitude, assez
éloignée de la ville, des fabriques et des grands centres de végétation, con-
ditions évidemment favorables pour les prises d'air. La méthode suivie est
celle des ballons, sous la l'orme pratiquée au laboratoire de Chimie physique
de Genève. Ceux-ci sont remplis à 0° et fermés sous une pression voisine
de 760""'"; l'air, fdtré à travers un tampon de coton, est privé de CO^ et
d'humidité. Les détails des expériences seront publiés ultérieurement.
Les résultats des aS séries d'observations sont consignés au Tableau
ci-après; L représente le poids du /i>e/io/wa/d'air (soit ramené à la pression
(') Pu. -A. (JuYE, Journal de Cliimie physiifiie, l. 15, 1917, p. 061. On trouvera
dans ce Méiaoiro le résumé des travaux antérieurs, ainsi que la discussion des
diverses interprétations possibles.
SÉANCE DU 20 JUIN I92I. 160I
de 70)0'"'", à 0°, au niveau de la mer el sous 45" de laliludc); la pression
indiquée esl la pression barométrique ambiante.
Séries.
1.
5.
().
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
16.
17.
20.
21.
22.
'2k.
2.3.
20.
27.
28.
30.
Dates,
juillet.
Nombre
octobre.
I no\eiiibre.
décembre ,
janvier. . . ,
février,
mars.. .
avril
mai.
Pression.
706,2
701 ,2
708 , '1
700,0
706,7
704.4
702,5
701 ,6
708 , o
699.5
707,0
705,0
689 , 5
«97.0
715
704,5
704,0
712
712,0
699
710,0
709,0
698,0
<597.o
708,0
L moyen.
Observateurs
I , 293 1 ',
lialuecas
l.-'-9-29'
"
1,29817
»
I ,29820
»
1,29297
»
I , 29826
»
1,29809
»
1,29294
))
I , 292S8
»
1 ,29826
Pavii
1 , 29262
»
1 ,29256
»
I , 29829
»
1 , 298 I 5
»
I , 29807
»
1 ,29258
»
1 , 298 I I
i>
1 ,2y33l
»
1,29277
»
I ,29881
»
I , 29889
»
I ,29285
»
I ,29294
»
I , 298 1 9
»
1 , 29800
1)
I , 29808
Moyennes 704,0
Chaque valeur de L est la moyenne de 2 ou 3 mesures isolées, dont
l'écart par rapport à la moyenne est en général de 0,00008 et atteint rare-
ment 0,00020, de sorte que les différences constatées d'un jour à l'autre
sont des différences réelles et non pas des erreurs d'observation ; les varia-
tions de la densité de l'air se trouvent ainsi incontestablement démontrées.
Dans la plupart des cas (surtout pour les mesures effectuées en automne
et au printemps), l'hypothèse de Loomis-Morley se vérifie. Ceci ressort
encore plus clairement du graphique dressé en prenant comme abscisses les
temps (en semaines) et comme ordonnées doubles les différences de pres-
sion ot les différences de densité par rapport au.x. moyennes. Quelques
i6o2
ACADÉMIE DES SCIENCES.
points cependant, marqués d'un astérisque, sont tout à fait anormaux; ils
correspondent à des mesures faites pendant des périodes de hautes pres-
sions et de beau temps, avec forte insolation. Dans ces conditions, on
pourrait admettre l'existence de traces appréciables d'ozone dans l'air, ce
qui produirait une légère augmentation de la densité. De fait, au cours
d'une de ces périodes, nous avons effectué les i"' et 3 mars deux séries de
mesures (n"'* 25 et 26) dans des conditions identiques, avec cette seule
différence que l'air recueilli le 3 mars avait été préalablement dirigé à
travers un tube garni d'amiante platinée, chaufTée à 400" environ, de façon
à détruire l'ozone; on a retrouvé ainsi une valeur normale de L qui norma-
lise (traits ponctués) le graphique des variations. Ce résultat devra cepen-
dant faire l'objet d'autres vérifications.
En résumé, nos mesures démontrent que les variations de la densité de
l'air, en un même lieu, et sur une longue période d'observations, peut
atteindre d= 0*^,0008 par litre; que ces variations se j)roduisent générale-
ment d'une manière conforme à l'hypothèse de Loomis-Morley, les minima
de densité correspondant aux maxima de pression et inversement; que la
moyenne de nos expériences a donné pour l'air de Madrid L= i«,293o3
que, dans ces conditions, il faut insister une fois de plus sur la nécessité
d'abandonner définitivement l'usage consistant à rapporter les densités des
gaz à celle de l'air. D'autres conséquences qui se dégagent de nos observa-
tions seront développées ailleurs.
SÉANCE DL 20 JUIN I921. l6o3
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le pollen du Lin et la dégénérescence
des variétés cultivées pour la fibre. Noie de M. L. JÎlaiunghem, pré-
senlée par M. L. Guignard.
On alU'il)ue géiiéralemeiil la dégénérescence des variétés de Lins à
longues libres à l'aclion du climal. Los observations résumées dans cette
Noie montrent ((ue la constitution génétique des lignées n'est pas négli-
geable; elles fournissent une méthode de sélecti(Mi nouvelle qui repose sur
le triage des lignées à pollen uniforme.
En mars 1918, j'ai entrepris l'étude d'une vingtaine de sortes. La sépa-
ration des descendants de plantes choisies dans les sortes cultivées pour la
graine m'a fourni immédiatement des lignées homogènes, précoces et
stables; les lignées Maroc, Bombay, Graines blanches, à caractères bien tran-
chés, n'ont présenté aucune altération durant xjualre générations. Les varia-
lions sont au contraire très marquées dans toutes les lignées, sauf une,
isolées dans les variétés cultivées pour la tîbre. Seule, la lignée EGIiKpvo-
venanl de Russie a conservé la haute taille, les ramilicalions secondaires
courtes et souples et la maturité précoce qui l'avaient fait remarquer.
Or j'ai observé en 1920, puis vérifié en 1921 sur un grand nond^re de
plantes cultivéeis à lîellevue (Seine-et-Oise), que le pollen des lignées homo-
gènes est uniforme, composé uniquement de grains réguliers (^Maroc, Bom-
bay, Graines blanches : 6o-5o X 5o-45ui.; EGBK : 55-5o X 45-42 [J-); on ne
trouve pas de grains avortés dans le pollen prélevé dès l'ouverture des fleurs;
ils sont très rares dans les anllièi'es desséchées.
Au contraire, on trouve un pourcentage délini, faible, de grains vides
dans le pollen des lignées irrégulières, qui atteint 5 à 8 pour la lignée fran-
çaise Centre en 1920 et 1921. De plus, chez tous les Lins à libres, sauf EGBK,
la taille et la forme des grains pleins sont 1res variables; les pores longitu-
dinaux, souvent au nombre de 2, peuvent être au nombre de 3, parfois 4-
Peu de prélèvements sont nécessaires pour constater ces altérations; cer-
tains individus les présentent à un haut degré; d'autres paraissent réguliers,
mais leur descendance est hétérogène; en fait, onze lignées sur douze se
comportent au point de vue du pollen comme les races instables de De Vries ;
elles sont sujettes à dégénérescence.
Soupçonnantque le croisement devait entraîner des altérations analogues,
j'ai réalisé de nombreux hybrides qui m'ont fourni des résultats inattendus,
continuant en partie mon hypothèse :
l6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a. Les liybrides directs et réciproques des J^ins Maroc, Bombay , Graines blanches
donnent un j)ollen ])arfait et uniforme en première et seconde généfalions ; il n'y a pas
d'avorlemenls, malgré les irrégularités de \igneur, de taille, des fleurs et des fruits;
toutefois, une plante à graines vertes, isolée dans le lot P>ombav initial, a entraîné
dans le croisement Maroc x Bombay vert des Aarlations de taille du pollen et des
avortements.
h. Les hybrides entre Maroc^ ou Bombay , on Graines blanclies et les Lins français
ou russes donnent en première génération des plantes \ariables, tantôt à pollen parfait
du type Maroc, tantôt à pollen irrégulier et partiellement avorté du type français ; les
qualités du pollen sont in(li\ iduelles et ne peu\enl être prévues d'après le port de
l'hybride. Le pollen de l'hybride EGBK x Bombay reste régulier.
c. J'ai obtenu des hybrides féconds en croisant toutes les lignées nommées ci-dessus
a\ec un Lin sauvage, lot issu d'une plante iinique récoltée en juillet 1918 à Porl-
ÎNavalo (Morbihan) ; c'est une forme naine, bisannuelle, à tiges couchées du L. angus-
lifoliiim Huds. à fleurs bleues, à pollen homogène (6o^X /i!)V-), à graines foncées
longues de 2""" sans bec. Les plantes F, sont intermédiaires entre les parents, à souche
ramifiée dès la base, à rameaux obliques ou dressés, dont la floraison est de longue
durée. Tous les hybrides dérivés de L. angustifolium présentent, sans exception et
beaucoup plus accusés, les a\ortements et les déformations du pollen constatés sur
les 1 1 Lins à fibres. La proportion des grains avortés oscille entre -j^ et |; la taille des
grains pleins est très \aiiable; quel(|ues-uns sont très petits, d'autres sont énormes;
par exemple :
Bombay yi angustifolium : moyenne, 5ol^-55l^ x 4ol^-45^'-; extrêmes, S^l'-x 3o!',
75H- X 551^;
Centre x angustifolium. : moyenne, 5oH- x li^^; extrêmes, 45i^X Zbv-, 60!^ X 55!^;
Graines blanches x angustifolium donne le maximum 701^ X 70!^.
En résumé ; 1° les hybrides de divers Lins cullivés annuels avec L. ansiits-
///b/à/w sauvage et bisannuel sont féconds, donnent des pollens parlicllemenl
avorlés el des grains pleins, 1res variables de contour ol de dimensions;
2" tous les Lins cultivés pour la graine, annuels, soni précoces, homogènes et
donnenl un pollen parfait, uniforme; 3° la plupart des Uns îi fibres sont hété-
rogènes; leur pollen, irrégulicrou même avorlé en faible proporlion, l'ail
supposer qu'ils ont une ascendance lointaine hybride ; /("j'ai isolé, dans le
Lin russe PJG/iK, une lignée régulière, précoce el bien stable; .son pollen
est parfait et très régulier.
La sélection des Lins à libres, par l'étude de la qualité des pollens de
pedigrees isolés et suivis pendant plusieurs générations, est un j)r(>cédé
recominandable pour atténuer, sinon l'aire totalement disparaître, la dégé-
nérescence des variétés connues.
SÉANCE DU 20 JUI^ 1921. l6o5
PHYSIOLOGIE. — La reparution des substunces salines et des éléments miné-
raux dans le lait. Note de MM. Ch. Porcher et A. Chevalmer, présentée
par M. E. Roux.
Le lait de vache renferme des matières salines dont on connaît qualita-
tivement et quantitativement les acides et les bases. Dans les bases, nous
trouvons : potasse, chaux, soude, magnésie; dans les acides : les acides
phosphorique, chlorhydrique et sulfurique qui sont minéraux, les acides
citrique et carbonique qui sont organiques.
Si nous laissons de côté les éléments minéraux qui ne sont dans le lait
qu'à l'état de traces : silicium, arsenic, fer, cuivre, zinc, bore, alumi-
nium, etc., nous devrons reconnaître qu'il en est deux, le soufre et le phos-
phore, qui se rencontrent en assez grande quantité en liaison avec des
édifices organiques, uniquement dans les matières protéiques, en ce qui
concerne le soufre, dans la caséine et les phosphatides, en ce qui concerne
le phosphore.
La calcination de l'extrait sec du lait entraîne des modifications pro-
fondes dans l'édifice salin-minéral originel du lait. Qualitativement, il y a
une déformation de cet édifice qui n'est pas sans conséquences pondérales;
les citrates (plus de 3") deviennent carbonates à la calcination (i*^'); le soufre
protéique de l'albumine et de la caséine se transforme partiellement en sul-
fates; quant au phosphore de la caséine et des phosphatides, il passe à l'état
phosphorique. Nous avons donc ici une minéralisation d'éléments antérieu-
rement liés à un complexe organique, ce qui tend à provoquer une augmen-
tation du poids des cendres; mais par ailleurs, notamment du côté des
citrates, nous avons une perte importante (de 2^ environ) engendrée par la
calcination. Dans l'ensemble, les pertes sont supérieures aux gains, et c'est
pourquoi le poids des cendres est toujours inférieur de 2s à 2^,5 au poids
des matières solides.
Il est difficile de remonter des cendres du lait aux matières salines et
minérales originelles, et un tel calcul d'interpolation demande à être 1res
serré pour ne pas s'écarter de la vérité. Les cendres nous disent qu'il y a dans
le lait : chaux, potasse, etc., acide phosphorique, acide chlorhydrique, etc. ;
mais comment toutes ces substances sont-elles réparties dans le lait, tel
qu'il est sécrété? Pour répondre à semblable question, il nous faut faire
intervenir cette fois les édifices que la calcination a détruits : caséine,
acide citrique, etc.
l6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour discipliner les opéralions qui nous permellront de tirer des cendres
la véritable physionomie des matières salines et minérales, telles qu'elles
existent dans le lait, nous devons faire appel à l'ensemble des données chi-
miques, physiques et physico-chimiques que l'analyse met à notre disposi-
tion. La comparaison des laits normaux avec certains laits apparemment
normaux tels que les lails de rétention, et certains laits palhologiqu<'s sera
également utile. C'est la dialyse qui nous décèlera dans le lait la présence
d'une |)etite quantité d'acide sulfurique. C'est la filtralion sur bougie de
porcelaine qui nous dira quelles sont les proportions de chaux, de magnésie
et d'acide phosphorique solubles et qui, par conséquent, fera la distinction
nécessaire entre la portion de ces composants qui se trouve à l'état colloïde
et celle qui, an contraire, alTecle l'état crislalloïde.
Mais ce ne sont pas là les seuls guides qui nous ont servi dans la conduite
de nos recherches. Sachant que le lait normal a un poini cryoscopique
précis, une résistance éleclrique et un indice de réfraction moyens bien
définis, nous devions, dans notre travail de reconstitution des éléments
salins el minéraux du lail, et tout en répondant aux données antérieurement
acquises, satisfaire étroitement aux indications physico-chimiques de l'ana-
lyse.
En résumé, nous avons cherché à faire un lait artificiel dans lequel toutes
les relations chimiques et physico-chimiques des composants du lait répon-
daient au lait moyen. Devant la difficulté de préparer de l'albumine du lait
pure, nous lui avons substitué de la gélatine, ou mieux encore de l'albu-
mine d'œuf bien séparée de sa globuline. ?Votre reconstitution synthétique
du lait n'est donc qu'une approximation, mais nous pensons qu'elle marque
un progrès important sur toutes les tentatives antérieures.
("elle Noie résume de longues el difiiciles reciiercFies qui seront plus largenienl
exposées dans un Mémoire à paraître plus lard ( ').
Nous sommes arrivés à la coniposilion suivante :
Chlorure de sodium '-09
» de potassium '^ -92
(Citrate tricalcique ' •7'^
1) trimagnésien o,7(>
» tripotassique 0.67
Bicarbonate de soude 0,26
(') Ce Mémoire paraîtra dans un autre Recueil.
SÉANCE DU 20 JUh\ 19a l. 1607
Phosphates alcalins :
Phosphate inonopotassique i ,00
» l)ipolassic|ue 1,10
Phosphate bicalcique 1 ,06
» bimagnésien 0,16
Sulfate (le potassium 0,18
Chaux de la caséine 0,61
5 1
L'abaissement du point de congélation (A = — CiSô) est dû pour les -rrr au lactose
et aux sels solubles, auxquels il faut ajouter les composants à azote non protéique
(urée, acides aminés, créatinine, etc.), dont le total n'atteint pas loin de 28 par litre.
La part des proléiques n'est pas négligeable, et la caséinatecalcique intervient dans A
pour — o°,o35 à — o°,o4.
Un lait composé tel qu'il vient d'être défini au point de vue salin avec, en plus, par
litre, 5o? de lactose hydraté, 3oS de caséine et /J'^ de gélatine ou d'albumine, la caséine
étant salifiée par la chaux, nous a donné une résistance électrique moyenne de 235 ohms
à 1.5°, et un indice de réfraction de i ,343o à la même température.
De pareilles recherches assignenl à chaque composant du lait la part
exacte qui lui revient dans le point cryoscopique (A), la résistance élec-
trique (/•) et l'indice de réfraction (n); elles nous montrent notamment que
si le groupe de matières salines envisagées isolément a une résistance élec-
trique moindre que le lait, l'intervention des éléments colloïdes a pour efTet
d'élever celle-ci et de l-'amener au chiffre moyen connu. Ces recherches nous
permettront également de définir avec exactitude ce que l'on entend par
constante moléculaire simplifiée. Nous pensons même peut-être que trans-
portées du lait sur le sang, elles seront capables d'apporter des éclaircis-
sements dans l'étude physico-chimique de ce dernier liquide.
PHYSIOLOGIE. — Le rôle compensateur des chlorures dans ses rapports avec la
composition chimique des humeurs. Note de M. W. 3Iestrezat el M"" S.
Ledebt, présentée par M. Roux.
Le produit de sécrétion des glandes différenciées mis à pari, la leneur en
chlorures des humeurs de l'organisme oscille entre le taux des chlorures du
plasma et celui d'un petit groupe de celles-ci, dont le liquide céphalo-
rachidien peut être pris comme type.
La constance relative de la tension osmotique des humeurs, l'abondance
l6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du chlore dans l'organisme, la grande difTusibililé des clilorures, la con-
naissance peut-être du jeu de ceux-ci à travers la muqueuse gastrique a
amené Winter à penser, dès i8g6. que ces sols interviennent comme
éléments « compensateurs « dans le maintien de la tonicité des sérosités
organiques (').
Le bien-fondé de celte conception, sa démonstration expérimentale
n'ont, toutefois, jamais été prouvés. Les faits suivants établissent la réalité,
la grandeur et le caractère relatif du rcMe compensateur des chlorures.
La séparation partielle ou totale des colloïdes, qui est à la base de la difTérencialion,
à partir du plasma, des diverses sérosités de l'organisme, a été réalisée par les auteurs
en filtrant, sous pression, du sérum sur coUodion (Cushny). ]-.e liquide intermi-
cellaire ainsi obtenu n'est plus, d'après nos conceptions modernes, en équilibre
pliysico-chiniique avec le milieu complet générateur. Si, donc, le filtrat formé demeure,
comme dans l'organisme, au contact du se[)tum qui l'a engendré, des échanges cristal-
loïdes « compensateurs » sont à prévoir, tout autant que la membrane filtrante n'est
pas polarisée, échanges qui aboutiront à un dialysat équilibré, seul assimilable aux
litjuides naturels.
Ce sont les conditions expérimentales de maintien prolongé du filtial au
contact du septum générateur que nous avons cherché à réaliser, en inver-
sant l'opérai ion ordinaire de la dialyse sur sac, suivant un dispositif imaginé
par M. Delezenne au cours de recherches antérieures.
Nos sacs formés de deux à trois couches d'un cojlodiort riche en cellulose, stéri-
lisés lo minutes à i m", d'une contenance de 4»™° à So*^"*', étaient remplis d'eau pure
ou d'eau salée à 5 pour lood et dialyses contre 700'"' à 800™° de sérum récent de
cheval.- Nous suivions par une méthode microchimique la teneur en chlorures du
li([uide du sac. Le sérum environnant était renou\elé jusqu'à ce qu'un équilibre défi-
nitif avec le sérum original soit établi.
Les « dialysats équilibrés » obtenus avec le sérum sont incolores, isolo-
niques, pour ainsi dire privés d'albumine. Le fait le plus frappant est,
toutefois, leur richesse en chlorures. Deux fois sui- quatorze, les différences
ont atteint ou dépassé i*^. Le Tableau suivant rend compte des résultais
observés :
(') J. Winter, Arch. de Physiologie, 5« série, t. 8, 1896, p. \i!\, 9.87, 296 et 029.
SÉANCE nu 20 JUIN 1921. . 1609
Ci fil gi iimnics de \\\('A par litre ( ' ).
Dialj^al Happurl :
Séniiii i-quilibré dialysal
rie cheval. (lO'C)- DIITcreiice. «i-rum
l''.\|)ériuiice u" I 5,72 6,53 +o,8t i , i '1
)) '1 ■").-! <i , 4o +0 , 69 1,11
» 5 ">.3."') 5,93 -f-i>,58 T.ii
» () r).o6 5.911 4-1', 8'| i,i(i
» 7 ■"'■'7 ■''•7'- +0.55 i,ii
1) 8 ^jJÔ 5,70 +1,1 4 i,-î5
» i) 5,-1 (),3a +o,()o i.ii
10 5.(33 (i.i3 4-0. 5o "
» 11 5 , 63 6,11 +0 , 48 "
» 12 5,38 6,38 4-1,00 1.18
)i 13 5,67 6.|« -1-0,94 '-'3
n IV 5 . 69 6 , 3 1 4-0 , Sg 1,1 3
Des constatations identiques peuvent être faites in vivo.
Le chien, le lapin, le cobaye supportent l'introduction dans la cavité abdominale,
sans enkyslement, quand l'asepsie a été parfaite, d'un système dialvseur, constitué piu-
un sac de collodion stérilisé, renfermant à son intérieur de l'eau. salée à 5 pour inoo.
L'animal est sacrifié 3, 6 ou i5 jours après l'intervention.
Le li(juide du sac présente une teneur en chlorures supérieure à celle du
plasma carotidien ( résultais en grammes de \aCI par litre) :
Dialysal
Sérum. équilibré. Dilléieiico. Kapport.
(lliien n" 1 6,7,4 7.i4 0,40 I , '.O
Chien n" V 6,38 ",25 0,87 "
Lapin n" 5 6 . 3(i 6 , 85 o , 55 '
Les taux trouvés de 7,14 et 7,26 sont tout à lait voisins de c<'ux que
présente le liquide cé[)halo-rachidien.
Les faits précédents constituent la première démonstration du rôle
(' ) Le dosage des cl dorures a clé elleclué pour le sérum par \,\ méthode Charpentier-
Volhard, suivant une technique rigoureuse, que nous donnerons et que nous avons
homologuée avec lincinération magnésienne el le procédé Mac Lean-Van Slyke. Dans
les dialysals cette détermination a été faite, soit de la même façon, soit par une micro-
méthode dont les résultats sont superposables aux précédents. Si une erreur s'était
glissée dans nos résultats, ce serait une erreur de quelques centigrammes par défaut,
ce qui ne saurait modifier nos conclusions.
C. R., tgai, 1" Semestre. (T. 17'2, N° 25.) I I7
l6lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
cornpi'nsiileur (|ue peuvenl jouer les clili)rures dans la gcnéraliiin, aux dépens
• lu sang, do liquides moins riches que lui on colloïdes, mais en équilibre
physico-chimique avec ce milieu.
I^e chlore ne parait pas intervenir seul, d'ailleurs, comme clément
compensateur, à en juger par les chiffres de calcium, de magnésium et
d'acide phosphorique trouvés dans les dialysats équilibrés.
Ces constatations laissent entrevoir l'origine de la chloruration variée di-s
sèrosiH's de l'oraranisme.
l'IlVSlOLOGlK. — Sur le « second soujjlc » des coin ans. Note (') de
MM. I*. (JHAiLi.EY-IÎEHr, II. Failliu et J.-I*. La.nci.ois, présentée
par M. Charles Uichet.
On oliserve souvent, chez les coureurs et les rameurs principalement,
après une première apparition de l'essoufflement, une amélioration remar-
(juable de la respiration, le rythme se ralentit, le malaise initial disparait.
C'est le « second wind » des sportifs anglais. Lagraiige a donné une pre-
mière explication de le second souffle. D'après lui, le second souflle serait
amené par une meilleure utilisation de l'appareil pulmonaire: un certain
nombre d'alvéoles, non ou mal utilisées, seraient dilatées par une plus
grande ampliation de la cage thoracique et le champ de l'hématose s<' trou-
verait ainsi augmenté, Il évoque, en faveur de cette conception, les modili-
cations de l'auscultation observées chez les coureurs.
Ijne autre théorie a été évoquée : le centre respiratoire bulbaiie pré-
sente au cours du travail des variations d'excitabilité, surtout au début.
Ces variations sont presque toujours dans le sens d'une byperexcilabilité.
provoquant une ventilation plus énergique, mais on peut admettre quil
peut se produire également de l'hypoexcitabililé par intervention des
centres supérieurs.
L'étiide poursuivie sur des coureurs marchant sur le tapis roulant, décrit
dans une Note précédente (-), avec des vitesses variables et suivant une
[)ente dillérenle, permet d'éliminer ces deux hypothèses. Déjà, en kjo.S,
l'embrey et Cooke, dans leurs recherches sur le « second wind ». mais
opérant pendant des intervalles d'arrêt, avaient signalé la chute du quo-
(' ) Séaiice du i.ijuiti 1921.
(•') Complus rendus, l. 172, lyai, p. lii-'i"-
SÉANCE DU 20 ,Iirii\ 1921. ifiir
liciil, respiratoire de l'air alvéolaire et la diminiilioti de la vciililalion pen-
dant le « second wind ». (iràre à notre tapis roulant, nous avons pu pour-
suivre le problème dans de meilleures conditions, en établissant, pendant
toute la durée de la course d'une heure, les courbes des échanges pulmo-
naires, de la ventilation et de la pression artérielle.
Ces courbes montrent presque toujours après une première période
d'hyj)eraclivité, une chute de la ventilation et des échanges, chute passa-
gère, pouvant se produire à une distance variable du début et d'autantplus
marquée que le sujet est moins entraîné au travail qui lui est demandé.
Tableau.
VeiUilalioii
Temps moyenne CD" élimine;
de l'expérience. par minute. par minute.
Expérience I.
min lit lin»
I à 10 II /isS
i5 à 28 8 3o.5
3o à 60 1 4 '1 3o
Expérience o.
là 19 85i)
10 à 30. ,...., 16 7(10
}.o à 3o, , 18 825
Expérience T.
1 à i5, T4 625
1.5 à 22. 1 3 .575
23à32... ..,,. = .. i4 64"
]1 paraît bien établi que l'apparition du second vent est amenée par une
diminution des échanges et <{ue cette diminution, le travail reslanl cons-
tant, est le résultat d'une meilleure adaptation du sujet, d'une amélioralion
du rendement de la machine humaine.
Les muscles actifs travaillent mieux el surtout les muscles antagonistes
cesseni de contrecarrer l'effet des premiers. Une preuve en est donnée par
ce fait qu'un sujet peu habitué à la marche sur le tapis roulant et, quoique
entraîné à la marche ordinaire, accusera un second wind très accentué dans
ces premiers essais et à peine esquissé dans les marches suivantes, et qu'il
suflit de modifier l'exercice, en accélérant la vitesse ou en modifiant la
pente pour voir réapparaître nettement le second vent. Nous espérons, dans
un travail ultérieur, montrer que le second wind coïncide avec une variation
dans la concentration des H-ions.
(^uant à la plus ou moins grande brièveté du second wind, elle s'explique
par les ell'ets d'accumulation de la fatigue.
l6l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE. — De Vimporlance de la phase pèri-
Ij/tériqur dans la marge de vaiialion des temps de latence sensorielle
en foiiclion dis intensités excitatrices. Noie ( ') de M. Henri Piérun,
présentée |iai' M. (~!liarlcs Richel.
l'Audiant, pour dillérentes calégories d'excitations sensorielles, la variation du
temps de la réaction motrice en fonction de l'irjtensité d'excitation, j'ai établi que la
décroissance de ces temps t (inscrits en ordonnée), pour une intensité croissante /
I inscrite en abscisse), dessinait une brandie d'hyperbole asymptote à une parallèle ;i
l'abscisse, et, soit à l'ordonnée, soit à une j)arallèle à l'ordonnée, avec une formule
d'interpolation générale du tvpe l --^ r + /, .
i — V
La constante /. représente la partie irréductible du temps; elle comporte primipa-
lemcnt la phase motrice, centrifuge, et la phase associative, sensori-motrice. en outre
elle comporte encore le temps de transmission centripète de l'influx nerveux, et le
résidu inéductible, de durée pratiquement ici négligeable, de la transformation péri-
phérique et de l'excitation sensorielle centrale.
• le n'est pas commettre une erreur notable que de considérer la valeur /., partie
irréductible (temps correspondant aux excitations submaximales ) comme représentant
la phase associati\ o-réactionnelle, et hi dillérence entre /. et le temps liminaire,
maximal (dillérence représentée par la constante a dans le cas le plus simple et le
plus fréquent où l> peut être négligé), comme représentant le temps de latence senso-
rielle, ou du moins sa partie réductible.
Celte partie réductible s'étanl montrée très variable suivant les sensations, j'en
avais tiré l'hypothèse que c'était la phase périphérique (transformation de l'excitation
en inilux nerveux) qui devait en constituer la presque totalité. Mais, dans la phase de
transmission et dans la phase centrale, il pouvait y avoir un retard réductible du fran-
chissement des synapses (excitation des neurones l'un par l'autre).
Une analyse était nécessaire, et c'est cette analyse que j'ai entreprise par diverses
mélhodes, dont les résultats permettront des recoupemeiils, en m'adressant tout
d'aboril aux sensations visuelles.
.l'ai tout d'abord rendu négligeable Finlluenie des temps d'action limi-
naires, en limitant leur variation à la marge d'une durée brève d'excitation
(9 à î8c:).
Or, dans ces conditions, la marge des variations des lemps de latence ne
s'est trouvée léduite que de 5oo ou 6000- à 1 ")0 environ, soit notablement
plus encore que la marge des temps d'action (^).
Seulement, en ce qui concerne la lujiiière, l'excitation de nerf se fait par
(') Séance du iSjuin 1921.
(-) (omplrs rendus Société de Itiiil^gic. jijuin ly,! i ,
SÉANCE DU 20 JlIN 1Ç)2I. 161)
riiilcr'iiiédiiiire dos prodiiils d'une réaction plioLodiimique. Dès lors le
temps d'action périphérique se dédouble (') : il y a d'abord le temps
d'action de la lumière pendant lequel la sommation au ( ours du temps,
jusqu'à une limite au delà de laquelle les fuites d'énergie l'emportent sur
les apports nouveaux, conduit le taux des produits de la réaction jusqu'à
une certaine valeur liminaire; et il y a ensuite le temps pendant lequel les
produits de la réaction accumulent leurs effets sur le nerl jusqu'à atteindre
le seuil de l'excitation. La deuxième phase déborde la première; mais nous
ne pouvons en limiter à notre gré la marge. Toutefois, si nous nous plaçons
dans des conditions telles que la réaction soit déjà amorcée, que les produits
de la réaction se trou\ent déjà accumulés, nous rendrons négligeable la
durée de ee supplément de latence impliqué par l'excitation indirecte du
nerf.
Ceci est réalisable dans l'état d'adaptation à !a lumière : une plage lumi-
neuse provoque une sensation durable dans une région donnée de la rétine;
elle est masquée et suivie aussitôt par une excitation brè\e d'une étendue
déterminée.
Dans ces conditions, la marge de variation est réduite à moins de 357.
En supprimant même le masquage, et en proNoquant les réactions à
l'auginenlation de luminosité partielle de la plage, à partir d'un seuil qui
est ici différentiel, la marge s'esl trouvée atteindre Soc environ. Si l'on
déduit les 1 87 qui repn'-senlent la marge du temps d'action de la lumière,
la partie réductible non périphérique du temps de latence a d(mc bien une
valeur minime.
\ oici queUiiies résultais movens (temps de réaction en millièmes de secmide) poni-
re\cilation lumineuse (') a(i\(|uels s'ajoutent ceu\ ([ui avaient été obtenus par e\cilu-
tion électrique cutanée :
(') S. liecht, dans ses expériences sur la variation des temps de réaction de la Mya
en fonction des intensités excitatrices, où il a retrouvé ma loi de la branche d'hyper-
bole, a été conduit à la même distinction (./. of gcn. Physiology, II, 1920, p. Sot).
('^) La variation des temps est toujours inlerpolalile par la même formule. Cepen-
dant, dans l'adaptation à l'obscurité, j'avais trouvé des décroissances de type plus lent.
I£n évitant, par une fixation oculaire préalable, l'inlcrvenlion de déplacements de
l'œil, je n'ai pas relrou\é ce Ivpe pour l'cvcltation fovéale. Mais, en excitation j)éri-
phériquR, il reste un écart systématique par ra)iport ;ni\ chifTres calculés même en
excitation brève. Je pense ijue cela tient à l'iiitliicnce de l'excitation du nerf par
les produits de la réaction photochimique des liàloimets. dillerente de celle des cônes.
En ce qui concerne^ la ré:\ciion pliotochiinif(ue elle-même, l'étude des temps d'action
a montré qu'elle ne pouvait intervenir ici.
l6l/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
\ aleur miiiima
Uuiée \aleur dans Marfie
(l'excita- limi- les conditions em-
tion. naiie. dexpérienie. piiique.
Excitation liiminnise i adaplation ;i liibscurilé).
Bùlonnels péripliéri(|ues ( lu- ( Saôo' S8o 240 G^o
mièi'e bleue) / ga 325 1S2 i '|3
,,, ,. , ( indéfinie 6iu iqS 421
Lunes tûveaux ■ '
( 10(7 i\6 170 ii\i
Excitation lumineuse (aciaptallon à la limiiére).
,,. ,, , . . ,.,-,,, / indéfinie o3o 17a S.'i.S
C-ones lo\eaux ( excilalion aille- I ' .
... ' 1 o ff ! 1 7 1 6ù 20
'■enlielle) / ' -
' 187 236 182 5^
Excitation eleetri(iuc.
Hépélée (courant inlerroinpu ). indélinie 37:) 161 2i4
Unique (fenneluie) brè\e à43 i55 88
Il ressort de ces chiffres que la varialion des temps de latence sensorielle,
pour la vision du moins, esl bien commandée en majeure partie par la
variation des temps périphériques d'excilalion du norl', pour des durées
indélinies d'e.\cilalion, 11 en est certaineiiioni de même pour les excilalions
guslalivi's (temps liminaires de 2 à 3 secondes), sonores (o'"'. )), iher-
miques cutanées (o'*'=,4 à i'*"'^ j, tactiles même (o''*'^,4) et électri(|ues prolon-
gées par courant interrompu. Dans tous ces cas, la marge non périphérique
représente à peu près de un quart à un centième de la marge totale de
varialion.
EMBRYOGÉNIE. — La question de hi spt-cifîcité crUulciirc cliez les Pkinairt's,
Note de M, A. Vanuel, présentée par M. Henneguy.
Les processus de la différ,enciation cellulaire, de même que ceu.\ du déve-
loppement tmtogénique auxquels ils font suite, ont été interprétés de doux
fa(;ons différentes : les uns admi-ltent ([ue rimtogcnèse n'est que le dérou-
lement d'un plan qui existe déji'i plus ou moins tracé dans l'œuf, et la
destinée de chaque hlastomère, et de chaque cellule en particulier. ("St
irrévocablement déterminée; c'est là l'idée maîtresse des théories corpus-
culaires de Niigeli, de De Vries, de Weismann, etc. D'autres, au contraire
SÉANCE DU 20 JUIX I92I. l6ir)
(Driescli, O. Herlwig, Loeb, (^liikl, de.) considèrent le développement
comme étant une épigenèse. c'est-à-dire la production d'une structure
diversifiée à partir d'un tout primitivement homogène; les cellules se
ditTérencient, non en raison de leur constitution initiale, niais à cause de
leur emplacement et des rapports réciproques (jui s'établissent entre elles.
Les faits de régénération sont une des preuves les plus fortes en faveur
de ce second groupe de théories. J'en ai étudié un cas tout à fait frappant
à cet égard chez certaines Planaires (Polycc/is cornula)\ il est relatif à la
régénération de la région postérieure du corps qui contient les organes
copulateurs et musculo-glandulaires. Plusieurs auteurs (Morgan, Pbacher,
Bardei'ii, Stoppenbrink) ont étudié la régénération de semblables fragments,
mais les processus très intéressants qui assurent la refonte de ces pièces
semblent leur avoir échappé. Seul, E. Schuitz (1904), dans ses lemar-
quables études sur la réduction à la suite de l'aftamemenl chez les Planaires,
a insisté sur les phénomènes de dédilîérenciation dont les organes copula-
teurs étaient le siège ( '), mais il n'a pas suivi le sort des cellules revenues
à l'étal embryonnaire.
Doux faits particulièrement intéressants ressorlent de l'examen de mes
préparations.
i" La disparition des organes copulateurs et musculo-glandulaires se fait
principalement par voie de déditîérenciation. Comme l'ont déjà noté
plusieurs observateurs, les processus de phagocytose sont extrêmement
réduits datts le parenchyme des Planaires; ils ne jouent, en tout cas, aucun
rôle dans la destruction des organes; la disparition des anciens tissus se fait
par dédifférenciation, c'est-à-dire par retour à une forme embryonnaire (').
Ces processus s'observent facilement sur les cellules épithéliales et muscu-
laires qui forment lapins grande partie des organes copulateurs et musculo-
glandulaires; les premières se transforment en cellules fusiformes, généra-
lement bipolaires, à gros noyau et à protoplasme réduit, semblables aux
(') E. Scliullz admet que la dédifTéreiicialioû suit exactement l'ordre inverse de la
ditTérenciation ; c'est là réduire des phénomènes très complexes à une vue un peu trop
schématique; il est, en réalité, toujours facile de distinguer les stades de réduction de
ceuK de développement.
(-) I^es causes de la dédifférenciation de ces organes, ayant perdu leurs corrélations
ordinaires, sont encore fort mal connues; on pourrait peut-ètie la comparer aux
phénomènes de retour à l'état embryonnaire qui se manifestent dans les tissus cultivés
en dehoi-3 de l'organisme (Champy).
l6l() ACADÉMIE DKS SCIENCES.
« cellules de régénéra lion » décrites par les iiuleiiis. (^)uaiil aii\ élénienls
musculaires, on sail depuis 1rs reclieiches de Blocliniann, de Beltendort'.
de .lander, de Bohniig, etc. qu'ils sont formés de deux constiluants bien
distincts : d'une pail de fibres musculaires, d'aiitie pari de « myoblasles ».
conlenant le noyau, .ces deux parties n'étanl réunies que par quel(|ues pio-
loni;emenls protoplasmiqiies. Dans les préparations en question, les libres
musculaires, qui se coloraient primilivement de ra(.on intense par Fliéma-
toxyline, s'allèreni et devienueni francliemenl éosinopbiles; puis elbîs
forment des masses amorphes el finisseni par disparaîlre; quant aux myo-
blasles. ils se Iransformeut, comme les cellules épiihéliales, en « cellules de
régénération ».
2" Dans le dé\eloppemenl des nouveaux organes, el en parliculiei' dans
celui du pharynx qui se forme jusie en a\anl de l'appareil copulaleur, on
est frappé de la rareté des caryocinèses ('). Les nouvelles parlies s'édilienl,
non à partir de cellules rmhr\ onnaires du parenchyme, mais aux dépens
de cellules dédiiTérenciées de l'appareil copulaleur. Le pharynx en forma-
lion aspire, en quelque sorte, les cellules des organes xoisins; sur des coupes
on ne peul assister à la migration eiïective de ces cellules, mais on peut
s'en rendre comple du fail qu'elles sont loules nettement orientées \ers les
régions de néoformation. Ces phénomènes de migiation ont pour résultai
de vider les organes copulateurs de tous leurs éléments cellulaires; il ne
resie plus sur leur emplacement (pi'un cauexas formé par les fibres muscu-
laires, mais dépourvu de noyaux; puis cette trame [elle-même s'estompe el
finil par s'évanouir. Les organes situés le plus près de la région de forma-
lion du pharynx sont les premiers à disparaîlre; c'est ainsi que le pénis,
organe de taille cependani considérable, n'est plus qu'un ludiment amorphe,
alors que les organes musculo-glandulaires, situés à hi partie postérieure
du corps, sont encore bien reconnaissables (-).
De l'étude de ce processus, dont on peul suivre l'ensemble sur une seule
préparation, se dégage donc avec netteté le fait suivant : les mêmes cellules
(') Sievftns (1911-) a diijà remarqué (|iie. clio/. les espèces oii la « détliirt'i-enciiilion >:
est très accentuée, les mitoses sont hraïu-oup moins nombreuses (|U(' ciie/. celles nu
prédomine la « régénération •>.
('-) Tous ces processus ont lieu erUre iS i^l iS jours après la section ; l'époque à
laquelle on rencontre les différents stades est un peu variable suivant l'état de déve-
loppement initial des organes copulateurs. Les spermatozoïdes mûrs sont très résistants
et subsistent très longtemps après la disparition complète de l'appareil génital.
SÉANCE DU 20 Jri.X 1921. 1617
i|ui onl servi à ioniicr rappaieil copiilaleur pcuxenl. apirs un retour
nioiuenlaiié à l'élal einl)rvonnaire, donner naissance à un piiarynx (' ). Ces
cellules ne sont donc pas préd<'slinées par l(^ur nature même à former un
organe délerminé ; il semble que, cliez les Planaires tout au moins, ce sont
l)ien pliitùt les rapports des cellules enlre {'lies que la structure de chaque
cellule en |iartic\ilier, (|ui déterminent leur évolution; les cellules consti-
tuent un matériel plastique, apte à former les productions les plus variées ;
cette lotipentence des éléments va de pair avec le grand pouvoir de régéné-
ration de ces animaux.
Cet exemple montre (|ue les théories de la préformalion sont trop rigou-
reuses et absolues, et ne sauraient s'appliquer à tous les cas; il serait, |)ar
contre, tout aussi fâcheux de généraliser les résultats obtenus sur les Pla-
naires; il est toujours dangereux détendre une conclusion tirée de l'étude
d'un seul groupe à l'ensemijle des êtres vivants; des cas de prédétermina-
tion et de spécificité cellulaire très étroite existent de façon indéniable ; là,
/Comme en bien daulres ([uestions de biologie, il semble difficile d'établir
une loi absolument générale ; il n'est guère possible que de préciser les
limites extrêmes d'une série qui comprend tous les inleimédiaires.
HIOI-OGIE. — Le défrr/tiinisnic de la ponte chez un Hymènoptère lérêbronl,
le Pimpla insligator L. Note de M. F. Picard, présentée par M. P.
Marchai.
Certains actes des Insectes, même parmi ceux qui semblent les plus com-
pliqués, peuvent être réduits à de purs réflexes : telles sont les manœuvres
des Hyménoptères paralysenrs, passant autrefois pour le type des instincts
inexplicables et merveilleux, et dont le détermisme est très simple, comme
l'ont fait ressortir les expériences de Rabaud(- ).
Le mécanisme de la ponle chez un Hymènoptère parasite comme le Piin-
pla instigdtor peut paraître aussi fort complexe. Cet Ichneumonide pond
dans les chrysalides de Pi'eris brassicœ et dans celles de quelcjucs autres
Lépidoptères. Il lui faut rechercher et reconnaître sa proie, distinguer les
(') Il est possible ((ue certaines cellules ainsi dédiflërenciées soient, dans
certains cas, à l'origine des éléments génitaux ; de nouvelles reclierches sont encore
nécessaires pour préciser ce point.
(-) E. Rabaud, Noies ski- rinslinct du Mellinu'^ iirxensis L. { Bull. biol. Fr. el
Belg.. t. 31, 1917 j.
l6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
clirysalides vivantes des mortes el des muscardiiiées, qui abondent toujours
au milieu des saines, des défroques vides dont le papillon est sorti, etc.
La nymphe n'est pas seulement utilisée pour le dépôt de l'œuf mais
encore pour la nourriture de l'Insecte qui, après y avoir enfoncé sa tarière,
se recule el lèche le sang ([ui s'écoule de la blessure. (îe dernier fait, observé
chez les Chalcidiens par Marchai, Dolen, Roubaud et d'autres, se remarque
aussi chez certains Braconides comme VHdbrohracon Jo/iannseni, ennemi de
la Teigne des pommes de terre, et se montre de plus en plus comme une
habitude très fréquente dans les familles de térébrantsentomophages. Mais,
chez les Pimpla, le mâle lui-même profite du perluis ouvert par l'arme de la
femelle et vient souvent s'y abreuver.
Ces actes variés dont la chrysalide est le sujet sont cependant sous la dé-
pendance d'un psychisme très rudimentaire. L'Hyménoplère est attiré,
uniquement sous l'influence de l'odorat, comme je le démontrerai, par
beaucoup de chrysalides, dont quelques-unes ne lui conviennent pas, Bom-
byx newilria, par exemple, dont sa tarière ne peut entamer l'épais tégument.
Alors qu'une nymphe de l'ieris |)i'ésentée aux Pirnpla est immédiatement
transpercée, c'est sans succès que ces Insectes s'acharnent sur les Pyra/ticis
co/'dui donl les soubresauts et les vibrations très rapides de l'abdomen les
roulent et les secouent en tous sens, rendant vaines toutes les tentatives de
ponte. Ce n'est qu'après plusieurs heures d'efforts qu'une nymphe de Pyva^
/neis, blo(|uée entre le fond du bocal et la paroi, put être enfin transpercée.
Une autre Pyrameis, suspendue par la (|ueue dans sa situation ordinaire,
vibre bien dasanlage an moindre fi(')lcmcnt et repousse victorieusement
pendant i heure les assauts obstinés d'une dizaine de Pimpla. 11 faut
admettre que, dans la nature, le Pimpla instipalor doit bien rarement par-
venir à pondre dans une Vanesse du Chardon.
Une vieille dépouille chrysalidaire de Pietis n'a pasd'ell'el ourles Pimp/a ;
la même dépouille, légèrement enduite de sang frais de chrysalide, les
excite an plus liant point. Toutes les femelles s'y précipitent à la fois, se
bousculent, y enfoncent fréuéti(iuement leur laiière. Puis le sang se sèche
et la peau de nymphe est délaissée.
Un cylindre de papier blanc, tordu auv extrémités, n'ayant pas la teinte,
ni même la forme d'une clnysalide, n'attir(> pas; mais il suflll d'étaler à sa
surface, avec un pinceau, ntu' gouttelette de sang de nymphe de Pieris pour
que l'excitation se produise. Les Pimpla, toutes vibrantes, embrassent ce
simulacre avec leurs pattes, y enfoncent leur taiièie toutes ensemble et
bientôt le jiapier est criblé de trous. Ses propiiélés altiaclixes égalent, si
SÉANCE DU 20 lULN I921. 1619
elles ne les dépassent, celles des chrysalides. Mais son attirance est fugace;
le sang se dessèche, les eftliives excitantes s'é\anouissent et, une demi-
heure après, il ne reçoit plus aucune visite.
Une feuille sur laquelle une nympiie de Picris est fixée est présentée à
une Piinpla par la face upposéc. Aussitôt la tarière, lra\ersantla feuille, est
plongée dans celte chrysalide invisible.
Ces ex[iériences démontrent que la vue ne prend aucune part dans l'acte
de la ponte. Le jeu de la tarière est un simple réflexe déterminé par une vio-
lente sensation olfactive. Mais la percée de la victime qui sera sui\ie,
tantôt du dépôt de l'œuf, tantôt de l'absorption du sang, n'est que te pre-
mier temps du phénomène, et le seul qui soit réglé par l'olfaction. Le second
temps, c'est-à-dire l'émission de l'œuf elle-même, dépend dune sensation
tactile, celle de vide et de plein. En elïet une chrysalide réduite à son en\e-
loppe, un cylindre de papier doni l'intérieur ne contient rien, peu\ent être
perforés de mille trous, jamais aucun œuf n'y sera déposé.
Le eomporlement du Pimpln, qui parait si bien combiné en vue d'un but
final, peut donc être décomposé en mou\ ements que l'on arri\ e à déclencher
indépendamment l'un de l'autre, et en dehors de toul profit pour l'Insecte
et sa descendance.
ENTOMOLOGIE APPr.lQUÉE. — De l'action des vapeurs de chtornpicrine sur
/'Argas reflexus Fahr. Note de M. P. Remy, présentée par M. P. Marchai,
VArgas rejlexiis doit être considéré comme préseiitaut un réerdanger tant
pour la grande mortalité qu'il cause dans les pigeonniers que pour les acci-
dents parfois graves que provoque sa piqûre hirsqu'il attaque l'Homme; cet
Acarien est un parasite d'autant plus sérieuv que sa destruction est très
difficile. On ne peut espérer le détruire par la famine, sa résistance au jeûne
étant extraordinaire : il en a été trouvé (') de bien vivants dans un colombier
de Nancy vide de ses Pigeons depuis 6 ans; l'un d'eux, que j'ai conservé en
boîte fermée, a encore vécu 10 mois après sa capture. Les insecticides
utilisés jusqu'à présent ne sont pas d'une efficacité absolue; en efTet, les
Argas ne sont visibles que l()rs(|u'ils piquent l'hôte, ce ([ui dure environ
23 minutes; ([uand ils sont repus, ils se tiennent cachés dans les tissures du
plancher et des murs, où tous ne peuvent être atteints par les agents
li(|uides : pétrole, formol, essence de térébenthine, eau bouillante, lait de
(,') I!. l.iÉNHART et ^^ 1»;my, C. fi. Suc. /Un/., i. 8:î, ii)2(), p. ii55.
lG20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaux, cliloruic de cliaiix <jui ont l'ié [Hoposés, el qui ne sont eliicaces t\n'ii
condition de toucher le corps de VArgas; la poudre de pyrèthre, le sublimé
en poudre, le gaz sulfureux, l'hydrogène sulfuré, le sulfure de carlxine, le
chlore, l'acide [ihénique, la fumée de cade vert sont iuefticaces (Pianchon ).
Les vapeurs de chlorcjpicrine ayant été reconnues 1res toxiques pour diffé-
rents animaux ( ' ). j'en ai fait re>sai contre l^s Argas.
Le mode upéialoire est oiialogiie à celui indiqué par (i. Herlrand : une (juantilé
connue de ililoropicrine est intr.oduile dans des flacons de l'ii l'aide d'une pipette
capillaire donnant de petites gouttes dont li- poids a été préalablement déterminé par
pesées; le flaeon est bouché hermétiquement et agité plusieurs fois; les animaux sont
introduits une demi-heure à i heure après, suivant la i|uantilé de toxique xersée; ils
sont enfermi's dans un morceau de tulle suspendu au bouchon par un fil; les animaux
retirés du llacon sont conservés dans des tubes non imuchés, placés dans un eudmil
sombre.
La marche de l'intoxication est la sui\ante : les Argas, pendant qu'on les enferme
dans le nouet, à l'air libre, replient leurs pattes, les appliquent snus le corps et « font
le mort » ; quelques minutes après leur introduction dans le flacon, ils sont très agités,
se déplacent sans arrêt; souvent, surtnut chez les animaux repus, il apparaît à droite
et il gauche, entre la première el la deuxième paire de pattes, au fond d'une invagi-
nation des téguments qui est à la base des coxas, une goutte de liquide transparent,
très réfringent, dont la signification sera étudiée dans une Note ultérieure. A la vive
agitation du début fait suite un ralentissement de plus en plus grand des mouvements,
puis, au bout d'un temps variable avec la teneur de l'atmosphère en ehloropicrine et
la vigueur des individus, \ei, Argas restent complètement immobiles, les pattes à demi
déployées; les jeunes sont immobilisés avant les adultes, les individus à jeun avant
ceux qui ont mangé depuis peu. Les animaux ainsi immobilisés ne sont pas morts :
alors que Aes Argas tués à coup sûr par immersion dans le sulfure de carbone liquide
sont desséchés au bout de 5 à 6 jours, ceux (|ui sont immobilisés par le séjour dans la
ehloropicrine restent mous pendant des semaines, parfois pendant des mois; un animal
sain, lorsqu'il est louché, ramène ses pattes sous le corps et « fait le mort «; si alors on
lechaufle sur l'étuveà 35''-42°, il agite vivement ses pattes el, souvent, laisse échapper
entre les coxas des première et deuxième paires de pattes, deux gouttes de liquide ;
si l'on continue à chaufl'er. les mou\emcnts se ralentissent, et la mort survient
vers .")',°, le temps mis pour passer de .55° à ')i° étant de i.5 minutes; VArgas immo-
bilisé par la ehloropicrine, au contraire, ne réagit pas au toucher; chaufTé lenlemenl
el progressi\ emenl de 35" à 55", il ne bougea aucun moment et n'émet jamais de
liquide coxal. Si l'animal est paralysé. la vie cellulaire cependant persiste : lorsqu'on
(') G. Bertrand, en collaboratiim a\ec M'"" H>osenb[,att. HRocy-liotissEï- et Dasson-
viLLE, Comptes rendus, t. 1()8, njig. p. -.\>. et 911; t. 1()9, 1919. p. 'i4i, '|8<>. 8S0.
loSg, i4*8; t. 170, rgao, p. 345. — A. Piutti, /bid.. t. 170. 1920, p. 854. — .1. Fev-
TAUD, Ihid., t. 171, i9^o, p. 44o. ~ 1*. N'AYSSifcRE. /iew llist. nat. appl., i''* Partie,
t. 1, i9!0, p. 339.
SÉANCE DU 20 ,IUli\ 192 1. 162 1
lui injecte dans la i:a\ili' caloiniijui- de lencie de Gliiiic. lus pailiculcs soli<les sont
l'iiplurét's |).ii des leuiotvles, comme clie/. un aiiiinal sain.
Les expériences ont eu lieu à une loinpérjitun' de i5" à 18", elles ont
porté sur plus de i5o Argtis ; les résultats numéricjues sont les suivants :
lin séjour de l'î licures dans une almosphère contenant io"'« de chloro-
picrine par litre détermine la paralysie de tous les individus, repus ou à
jeun; des animaux ([ui n'étaient pas paralysés après 10 heures d'exposition,
le sont devenus 2 jours après (prils étaient à l'air libre ; avec 20'"" par litre,
tous les Acariens sont paralysés en ~ lieui-es, mais les animaux à jeun le sont
hien avant, au bout de 3 à 5 heures; une dose de 3o'"s par litre produit la
paralysie de tous les animaux en (> heures; avec So^^^ |a paralysie est
obtenue en 4 heures i5 miimtes et avec 8o'"fi en 3 heures.
Cette paralysie est durable et se termine infailliblement par la mort; les
.4/-i,'aA paralysés sont donc définitivement irioffensils. La seule preuve cer-
taine et objective de la mort réelle est la dessiccation, mais cette mort doit
avoir lieu bien avant; la dessiccation se produit au bout d'un temps variant
de i5 jours à 4 mois, l'animal restant constamment immobile; je n'ai pu
reconnaître de relation entre ce temps, la dose de toxique et la durée d'ex-
position. Si r,4r^«5 traité était à jeun, il se dessèche sans changer de cou-
leur; s'il a\ait mangé depuis peu, la dessiccation est précédée d'un rougisse-
ment d'abord de la région voisine du tube digestif, |)uis des pattes; celte
coloration semble due au passage à travers la paroi du tube digestif du
liquide rose qui se trouve à ce moment avec des débris d'hématies dans
l'estomac de VAr^as, liquide qui résulte évidenmient de la lyse du sang du
Pigeon.
Donc, en résumé, VArga.s reflexiis |)eut être détruit par les va[ieurs de
chloropicrine à des doses assez faibles |)Our en permettre un emploi pra-
tique; des expériences de désinfection en grand n'ont pas été faites, mais
les doses de 20» à So*^ par mètre cube, qu'on laisse agir pendant une journée,
paraissent les plus convenables; les joints des ouvertures des locaux à
désinfecter seront bouchés avec du papier; si les fissures soni trop nom-
breuses (tuiles d'un toit), on pourra apposer des toiles imperméabilisées
par application dhuile de lin ou de paraffine, analogues à celles prescrites
pendant la guerre pour fermer l'entrée des abris; l'emploi de masques
rendra l'opération sans danger.
La durée de léclosion des œufs étant de 8 à i5 jours (Gibert), une nou-
velle opération sera nécessaire un mois après la première pour détruire les
animaux récemment éclos.
Ib22 ACADEMIE DES SCIENCES.
MICROBIOLOGli::. — Ohservaùom sur la culture du /nici/Ic pvocyunù/ue
sur milieux arliftcich définis. Note de MM. A. Gokis el A. Lior,
présentée par M. lîoux.
Une des propriélés principales du li. pyocyanique est son aptitude à pro-
duire une substance de nature spéciale, la pyocyanine (pigment bleu ), qui
présente les réactions analytiques des alcaloïdes.
(]e pigment peut, se produire sur les milieux albuminoïdes peptonés
comme sur les milieux exclusix ement minéraux additionnés de succinate
d'ammoniaque (dessard).
On sait que ce composé à chaîne linéaire
m\' — CO^— CM^— CH- — CO'— NH*
a la propriété de fermer sa chaîne avec perte de H-() et de NU ' pour don-
ner le succinimide; celui-ci par réduction conduit aux composés pyrroli-
diques. Nous avions espéré (ju'en suivant pas à pas le développement du
B. pyocyanique sur milieux artificiels définis renfermant du succinate
de NH% nous pourrions déceler le mode de formation d"un composé à
chaîne fermée, présentant des réactions alcaloïdiques.
Nos premières recherches ne nous ont pas donné les résultats espérés,
mais nous avons cependant pu faire quelques observations qui méritent
d'être relevées.
Nous avons cultivé ce microbe sur milieux solides (gélose sinqile et
gélose minéralisée), et sur milieux liquides (eau distillée el sohilion miné-
rale).
1° La gélose simple esl une SDliilioii a(|ui'use tie géloso à 2ci pour kidu lillrée el
siérilisée.
2° Pour la préparalion de la gélose minéralisée, on a stérilise séparénjenl : eau.
r>5^"'"; P0''UNa-,5s; eau, i2,ô'^'"'. SO'Mg, -.iSjSo. Ou a prélevé 7.00'^'"' d'une solution
gélosée à riôpour 1000 fillrée el siérilisée à lo.V', à lai|uelleon a ajouté avant refroidis-
semenl la solulion de l'<J'' il Na-. puis celle de SO'Mi;, eu ayant soin de bien agiter
après chaque addition.
3" L'eau distillée esl l'eau distillée oflicinale redislillée dans un ballon en verre.
/i" La solulion minérale esl obtenue par mélange à parties égales des deux solu-
tions aqueuses : PC>'lL\a- à m pour lono el SO'Mg à 5 pour 1000 stérilisées el
refroidies.
Ces milieux-supports ainsi préparés ont été répartis eu tube- par ii>""' el addi-
SÉANCE DU 20 JLIX Ipai. 1^23
lioiiiios ;iii iiioinenl ck' l'emploi de ii-,o.") de succinale de Nil' (10 goiilles d'une scdulion
à l'ii) correspond iiiil à oï,oi i de Ml'.
Le B. pyocyiinique cnseiiiencé sur ces milieux se comporte un [iru
difl'éremmenl.
Sur les milieux géloses contenant uniquement du succinale de Ml', la
culture est pen visible; mais au bout de /|8 à ^2 beures, toute la masse
prend une leinlr bleue 1res franche.
Sur les milieux j-élosés minéralisés, additionnés de succinate, on obtient
au bout de 24 beures des colonies peu abondantes, mais bien apparentes,
avec production d'un pigment de couleur veiie très nette.
Sur Tcau distillée, additionnée de succinate, le liquide reste linqjide,
sans développement de culture apparente, mais le liquide devient d'un
beau bleu.
Sur milieu minéral li(piide avec succinale, on constate la production de
pigment à la partie siqjérieure du liquide, au contact de l'air. En introdui-
sant dans l'atmosphère de ces tubes des papiers réactifs (tournesol et
réactif de Nessler), on constate un dégagement de INtP, qui très probable-
ment est en relation avec les phénomènes d'oxydation, car on voit se
former à la surface du liquide des cristaux de phosphate ammoniaco-
magnésien qui lombent bientôt au fond du tube.
On pouvait se demander si cette production de pyocyanine était parli-
culière au succinate de JNII'' et si le pigment ne pouvait se former, dans
les mêmes conditions biologi(jues, avec d'autres sels ammoniacaux orga-
niques. Nous avons refait les expériences parallèles avec les sels des divers
acides bibasiques de la série succinique : acides oxalique, malonique,
glutarique, sébacique, subérique; et des acides bibasiques à fonction éthy-
lénique : acides fumarique, maléique, mésaconique, itaconique, citra-
conique.
On prépare les sels ammoniacaux neutres de ces acides, on en fait des
solutions titrées telles (|ue 10 gouttes renferment o*', on de NH' (quantité
correspondant à celle contenue dans 10 gouttes de la solution de succinate
de NH'^). On ajoute ces sels aux milieux-supports au moment de l'emploi.
En ce qui concerne les sels des acides bibasiques de la série succiniqne,
on constate, après 24 beures, que :
1" Sur gélose pure, additionnée des sels ammoniacaux, il y a production
àe pii^me/it bleu;
1° Sur les milieux géloses minéralisés se manifeste une réaction analogue
à celle donnée par le succinate, avec coloration verte.
1624 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'o.valalc (ramiuoni;iqiie ne donne lieu à aucune coloration.
Avec les sels des acides bibasiques, à fonction élhylénique, le lésultal esl
ditrérent suivant les acides cl les milieux utilisés.
La production de pigment b/cii l'sl nette .sur gélose pure pour tous ces
sels.
Sur gélose minéralisée la production de pigment vert est intense avec les
sels (les acides fumarique, mésaconique (métliylène-succinique), itaco-
iiicpie ( mélhyl-fumarique). tandis qu'avec les sels des acides maléitjue et
cilr'aconiquc ( métbvl-maléiquc ) il y a culture sans production de pi|;meiit.
iiC bacille pyocyaniquc peut donc produire sa pyocyanine (pigment
bleu) aux dépens des sels ammoniacaux des acides bibasicjues en l'absence
de tout autre élément nutritif minéral ou organique. L'addition de phos-
phate de soude au milieu naturel a pour effet de modifier la couleur rlu
pigment qui de bleu passe au rcrt.
Il est intéressant de constater que parmi les acides à fonction éthylé-
nique, ce sont les acides en position Irons qui donnent le pigment, alors que
les acides en position cis ne le produisent [las sur le milieu gélose miné-
ralisé.
MICROBIOLOGIE. — Sur la nature inycosicpw cVune noinetlc //lahu/ic des
dattiers menaçant les oasis marocaines. iNote de MM. Ed>i. SKR«iE.\r it
M. Béguft, présentée par M. lioux.
Depuis une vingtaine d'années, les habitants de l'oasis de Figuig voient
avec elTroi une maladie nouvelle décimer leurs dattiers. Tout palmier atteint
est condamné et, dans le sol où il a poussé, aucun autre palmier ne peut
être planté sans se contaminer et périr à son tour. Chaque dattier mort
crée ainsi un champ maudit. Les oasiens de Figuig prévoient le moment
où cette épiphytie pourrait anéantir leurs palmeraies. Le comman-
dant l'ariel, qui adminisire les Hauls Plateaux du Maroi' oriental, parta-
L;eanl ces préoccupations, provoqua des tecln'rclies scientifiques sur les
causes du mal.
La maladie, appelée par les indigènes l>ai<iu<lli, serait, d'après eux, origi-
naire du Draa (sud-ouest du Maroc ). d'où elle a gagné le 'rafilalelt, puis,
vers i8(j8', Figuig. C'est dans cette dernière oasis que nous létudions
depuis un an et demi. î^a marche de l'épiphytie est assez lente, mais elle
est continue. La propagation ne s'opère pas en tache d'huile; elle laisse des
SÉANCE DU 20 JUIN Iijil. 162^
clairières indemnes : (^uand la maladie éclate dans un jardin, elle essaime
au voisinage, comme une colonies; puis elle peut sauter de là dans un autre
jardin qui n'est pas attenant au premier. C'est pendant la saison chaude
surtout qu'elle se développe.
Le premier symptôme apparent est le blanchiment des folioles; d'où le
nom de la maladie (abiod/i veut dire blanc en arabe). On voit en même
temps apparaître sur le pétiole de la palme, du coté des folioles blanchies
et desséchées, des veines brun-rouge foncé décelant la dégénérescence
gommeuse des faisceaux libéro-ligneux. On peut suivre ces veines brun-
rouge jusque dans le stipe.
L'infection sembla ascendante des racines jusqu'aux palmes. Toutes les
palmes ne sont pas atteintes à la fois. Il n'y a pas d'ordre régulier dans la
façon dont elles sont prises les unes après les autres sur un dattier. Quand
les jeunes palmes du cœur sont frappées les premières, la mort survient en
quelques semaines. Au contraire, lorsque le mal débute par les palmes exté-
rieures du bouquet, l'affection peut durer jusqu'à 3 ou 4 ans avant la
terminaison fatale.
La résistance des dattiers au baïoudh, se traduisant par un retard dans
la mort du palmier, diffère beaucoup d'une variété à l'autre. A Figuig les
races les plus résistantes sont Vossiane, et, à un degré moindre, la::iza.
Les moins résistantes sont la ghars et \e frouklidjeii.
Le baïoudh ne ressemble à aucune des autres maladies que connaissent
les indigènes : le doudn, le bou-qmech, etc. Les indigènes disent qu'ils
savent guérir toutes ces maladies ou en pallier les effets : seul le baïoudh
est sans remède.
Le baïoudh est propre au dattier; aucun des arbres fruitiers qui poussent
à l'ombre des palmeraies n'en est atteint.
I^a maladie, d'après nos renseignements, n'a pas encore dépassé le méri-
dien de Figuig vers l'est. File n'est pas connue dans le Sahara algérien ni
dans le Sahara tunisien.
On s'est demandé si le baïoudh était une maladie de la nutrition des
dattiers, due soit à un excès de calcaire, soit à un excès d'irrigation qui
causerait l'asphyxie des racines. L'étude comparative poursuivie sur place
nous a montré qu'à cet égard les palmeraies atteintes et les palmeraies
restées jusqu'ici indemnes sont placées dans les mêmes conditions. Les
hypothèses qui font du baïoudh une maladie de dépérissement manquent
de preuves. L'épiphytie présente au contraire les caractères d'une maladie
contagieuse.
C. R.. 1921, ." Semestre. (T. t7î, N" 25.) 1 18
1626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les indigènes le savent si bien qu'ils prohibent l'introduction, dans les
palmeraies encore préservées, d'un dattier atteint de baïoudh. fût-il mort et
à l'état de bois de construction.
Sur l'iniliative du commandant Pariel, M. P. Vayssière, directeur de
station entomologique, vint à Figuig faire une enquête, d'où il ressort
qu'aucun insecte ne peut être accusé déjouer un rôle prépondérant dans le
baïoudh (' ).
Jitudiant à noire tour la question, nous avons trouvé d'une façon con-
stante et à l'état de pureté un champignon dans les lésions de baïoudh. Ce
champignon n'existait jamais chez les dattiers sains ni chez les dattiers
morts par d'autres causes.
Les fragments de tissu malade brun rouge, immergés dans un liquide nutritif (le
meilleur est le bouillon glucose ), se couronnent au bout de deux jours de houpettes.
Celles-ci se réunissent bientôt en une masse spongieuse qui occupe parfois la moitié
du tube et présente l'aspect de coton hydrophile llottant dans l'eau. (Jette niasse gagne
la surface du bouillon et des filaments délicats s'étalent en étoiles multiples sur la
paroi du tube au-dessus du bouillon. A la surface du liquide se forme un voile qui
s'épaissit au point de former une calotte hémisphérique poudrée de rose. Les cultures
sur milieux solides ont aussi cette couleur rose caractéristique. D'après M. René
Maire, qui a bien voulu se charger de classer ce champignon, ses formes conidiennes
le rapprochent du groupe du P^cocosinospora vasinfecla, groupe bien connu comme
phytopalhogène.
liéstillats numériques des ensemcncenwnls de tissus malades de haïoud/t.
— Le matériel a été prélevé à des dates très éloignées (décembre 1919,
mai 1921) dans des palmeraies distantes les unes des autres. On ensemence
des raclages faits à la spatule de platine ou des fragments de tissu rouge
de o^'jS environ.
110 ensemencements ont donné, à l'élat de pureté, 107 fois le champi-
gnon rose.
Témoins : Ensemencemenls de tissus sains de dattiers livants ou de tissus
morts par une cause banale (seclion, etc.). — 60 ensemencements dî tissu
sain vivant ou en voie de dessiccation sont restés stériles, bien que le malé-
riel ensemencé ait dépassé parfois le volume de 1°°'.
La reproduction expérimentale de la maladie, qui ne serait pas al)solu-
mcnt probante en pays infecté, ne peut pas être tentée, en raison de ses
dangers, dans une oasis indemne. Nous l'essaierons au laboratoire, à Alger,
(M E. l'oEX et I'. Vayssièuk, ./onrn. d'Agric. Iropic., t. 19, 3o novembre 1919,
p. 33ti-;iS9.
SÉANCE DU 20 JUIN I921. 1627
sur des dattiers que nous élevons dans ce but depuis un an, à partir de
semis faits avec des noyaux provenant de pays sains.
En conclusion, le baioudh, maladie mortelle du dattier, qui menace de
ruine nos oasis occidentales, est dû à un champignon dont l'étude expéri-
mentale est poursuivie, en vue de trouver une médication pratique. Comme
mesure prophylactique, il y a lieu de contrôler Fexportation des rejetons
,de dattiers des oasis contaminées.
A 16 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures trois quarts.
A. Lx.
ERRATA.
(Séance du 7 mars 1921.)
Note de M. de Spaire, Sur le rendement maximum des turbines :
Fage 564, 'igné i5, au lieu de 4 = 0,9270, Pu^ i23°37', lire ^=: 0,8262, [3o = i33"37' ;
Ugne 18, au lieu de 25 pour 100, lire i5 pour joo.
(Séance du 17 mai 1921.)
Note de M. Gustave Dumas, Sur les contours d'encadrement :
Page 1222, remplacer l'alinéa des lignes 21, 22 et 23 par le suivant :
Z est un contour fermé, tracé sur le polyèdre unilatéral II. Les nij sont des coeffi-
cients égaux respectivement à zéro, i et — 1. La relation (2), sa forme l'indique,
constitue une homologie sans division.
1628 ACADÉMIE DES SCIENCES,
BULLETIN' BIBLIORRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans les séances de mai 192 i.
//C Rhin et le Rliâne, par L.-E. Bertin. Paris, Gaulhier-Villars, 1921; i fasc. 28'^".
7 lie Eléments of Itie Science of Nutrilion, by Graham I-Usk. Pliiladelphia, Saun-
ders, 1919; 1 vol. a^*^™.
Annales des Services techniques d'hygiène de la Ville de Paris. Tome 1 : Compte
rendu des travaux de igiS à 1919. Paris, Gaiithier-Villars, 1921; i vol. 25"=™.
Essais de Paléoconchologie comparée, par M. Cossmann. Paris, chez l'auteur, 1921;
I vol. 28'="'. (Présenté par M. Douvillé.)
Description géométrique détaillée des Alpes françaises, par Paul Melbronner.
Annexe du Tome second : Les origines iconographiques de l'œuvre géodésique.
Paris, Gaulhier-Villars, 1921; i allas 64^,5. (Présenté par M. Appell.)
Géologie de la France, par L. de Lau.nav. Paris, Armand Colin, 1921; 1 vol. 23'-'"'.
Comment Vhomme accroîtra progressivement les pluies des régions arides en
créant et en multipliant les centres de coordination atmosphériques, par Hippolvte
Dessoliers. Alger, Imprimerie algérienne, 192 1; 1 fasc. 2/4*^'".
Bibliographie des séries trigonométriques, par MauriOe Lecat. I^oiivain- Bruxelles,
chez l'auteur, 192 i; i vol. 25"".
Détermination en vol du point estimé, pai- L. Dunover. Extrait de la Technique
Aéronautique àe mars 192 i; i fasc. 26"^'".
Acta matheniatica. Journal rédigé par G. Mittag-Leffler. Tome 38 : Henri Poin--
caré in memoriam. Stockholm, Almquist et Wiksells, 1921; 1 vol. 28"™, 5. (Présenté
par M. Appell.)
Les disciplines d'une Science. La Chimie, par G. Urbain. Paris, Gaston Doin,
1921 ; I vol. 18"".
Leçons d' Electrotechnique générale professées à l'Ecole supérieure d'hleclricilé,
par P. Janet. Tome I : Généralités. Courants continus. Paris, Gautliier-Villars, 1921;
1 vol. 25'™.
( A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 27 JUIN 1921.
PRÉSIDENCE DE M. Georges LEMOINE.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MAT^É^LVTIQUE. — 5///' les furnilles complètes de figures intégrales
d'un système d'équations aux dérivées partielles du premier ûrdre. Noie ( ')
de M. RioriEB.
I. Dans l'espace [[a;, y. ...]], nous nomnwvon?, figure un ensemble de
points défini par un système d'équations reliant les n coordonnées, réelles ou
imaginaires, .f, ^', ...; \)0\n\. ordinaire d'une figure un point tel, que, dans
un voisinage suifisamment rapproché du point, la figure puisse être définie
à l'aide d'un système réduit d'équations normalement résolubles. Nous
bornant à la considération exclusive de ce voisinage, et supposant tour u
tour que le système réduit comprenne i, 2. 3, ... équations, nous dirons,
suivant le cas, que la figure est à « — i, n — 2, /i — 3, . . . dimensions. Deux
systèmes réduits numériquement é(juivalents, et, par suite, nécessairement
composés d'un même nombre d'équations, définissent deux figures iden-
tiques. Si, désignant par p et p' deux entiers difTérents, on suppose que
deux systèmes réduits, S et S', comprennent respectivement /j et p' équa-
tions, et que le premier. S, soit une conséquence numérique du second, S',
on a nécessairement yj <ip' > d'où n — p^ n — p', et la figure à n —//dimen-
sions que définit S' sera dite située sur la figure à n — p dimensions que
définit S; inversement, la ligure S sera dite contenir la ligure S'.
Une figure k n — p dimensions, définie par un système réduit de p équa-
tions, peut encore se représenter à l'aide d'un groupe de/? formules égalant
(') Séance du 20 juin 1921.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N» 26.) ï '9
l6 5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
les /; coordonnées ^,y, ... à /' fonctions analytiques ci régulièn-s de n — p
arbitraires, de telle façon que ji — p di' ces formules, convenablement
cboisies, soient résolubles par ra|)port aux arbitraires : de ces deux modes
de représenlalion, le premier sera qualilic de rrdiiit, le second de para-
mèiiique.
II. Considérons doux ligures ayant un point commun, ordinaire pour
chacune d'elles; désignons par // — /.», n — /• leurs nombres respectifs de
dimensions, et supposons n—p^n — r. Les doux ligures étant, dans le
voisinage de ce point initial, représentées, la première (celle à n —y; dimen-
sions), suivant le mode réduit, par le système desp équations
/,(,r,r, ...) = -, /,rr,r, ...) = ", ..., /,,(,r, r, ...) = o.
la seconde (celle an — /■ dimensions), suivant le mode paramétrique, à
l'aide des n formules
a; —£(.<,/,.. .)■ y = •/)(.?,/.. ..)- •••>
les yj fonctions composées
I J\{l(s, i, ...).n{s, /....)....],
^,^ ]./;[;(.. ^ ...), o(■s^ ■■•),'.. -1,
oui évidemment dc.'s valeurs iiiitiales nulles. Cela posé, et en désignant
|jar g un entier positif ou nul, si les fonctions (i) et toutes leurs dérivées
(relatives aux 71 — /• variables .v, '. . . .') jusqu'à l'ordre g inclusivement ont
des valeurs initiales nulles, sans que toutes celles d'ordre g' -f- 1 jouissent à
la fois de celte propriété, les deux ligures seront dites avoir au point
considéré un contact d'ordre g.
III. Soient ,r, V, ... du, c, ... deux groupes de variables, en contenant
respectivement h et / : si, dans l'espace à // + /r dimensions
Ir.r. ,r, .... Il, e, ...]],
deux ligures à h dimensions contiennent l'une et l'autre une même ligure à
h — (j dimensions i^o"î(i zh), et si, en tout point de cotte dernière, elles ont
L'une avec l'antre un contact proprement dit (c'est-à-dire d'ordre supérieur
à zéro), elles seront dites avoir l'une avec l'autre, suivant eelle (lornière. un
vaccordi'ment de genre h — q.
Supposons actuellement <]u"uiie famille, .t'a, de ligures à // dimensions,
SÉANCE DU 27 IL'IN 1921. liVU
dôpeiidaiil des </ paramètres «,, a.^, . . ., c/,^ soit dêliiiie à l'aide d'r système
do /• é(|ualions entre -i', y, ..., //, c, .... «,, ao, .... f/y(et que ce système,
soit, coirime de raison, résoluble par rapport à quelque groupe de & coor-
données, M, ç, ... par exemple). On peut se proposée de rechercher s'il
i'xiste quelque ligure fixe à /< dimensions avec laquelle chacune des iigures.f/,
présente un raccordeuient de genre h — q : ce pioblèiiie, qui dépend d'un
système de k(q + i) équations Finies à A -i- 17 fonctions iitC( nues, n'est pas
toujours possible; en supposant qu'il le soit, la ligure Nxe ol)tei ue se
nommera Venwhppe des ligures ,7/,.
l\ . Supposons qu'un système d'équations aux dérivées partielles du
premier ordre, impliquant les /" foncti(nis inconnues //, c, ... des /; variables
.indépendantes a.', r, ..., soit résolu par rapport à un gn upe de dérivées
(premières ) de «, r, .... Pour disposer nettement lesé<[uatif;sd'u 'système
de cette espèce, on peut les écrire dans les cases d'un quadrillag(^ rectan-
gulaire dont les lignes correspondent aux variables x, y, ... et les colonnes
aux incuinues u, r, ,.., en mettant l'équation qui aurait, {lar exemple,
j- pour premier membre, dans la case qui appartient à la fois à la coloime
(li) et à la ligne (,r) : on obtient ainsi une sorte de damier où les cases
pleines et vides peuvent oflrir des disposifions relatives variées. Si, pour
lixer les idées, on considère un système du premier ordre, S, imp'iiquant les
deux fonctions inconnues u, c des quatre variables indépendantes -v, y, :■, s,
et résolu par rapport aux trois dérivées -r-, -r-, -— , le damier dit il s'agit
contiendra trois cases pleines, correspondant à ces trois dérivées, et cinq
• , , . j ' • ■ , . '^" <^" <)■■' àv àc
cases vides, correspondant aux dérivées restantes -r-i --1 -—^ -—j -r- ; ces
' (); as ().r ôy Os
dernières figureront, avec x. y, ". s. 11, e. dans les seconds membres du
système.
Gela posé, nous dirons qu'une figure à 4 dimensinns, définie, dans
l'espace à 4^-2 dimensions ja^, r, :■, s, u, r] , par un groupe réduit de
deux équations finies, est wna figure intégrale du système S, si ce groupe
réduit est résoluble par rapport aux deux coordonnées ;/, c, el que, après
résolution, il fournisse un groupe d'intégrales particulières de S. La figii-rc
intégrale sera dite oïdinaire, si l'on peut assigner à (ï-, v, :■, y) quelque
' hamp de variation tel, que non seulement les intégrales dont il s-'agit y
soient analytiques et régulières, mais que, do plus, leurs valeurs, prises
eonjoinlement avec celles do leurs dérivées premières et des variables r.
V, z, s, restent toujours intérieures à quelque domaine où tous les seconds
lG32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
membres di> système S soient eux-mêmes des fonctions analytiques et régu-
lières. Une figure intégrale non ordinaire sera dite singulière.
\ . Le système S étant supposé complètement inlègrable, ajoutons au
nombre des cases vides de son damier celui des lonctions ^inconnues que le
système implique, ce qui donne le total 7; puis, en même ti-mps que le
système S, considérons les deux relations
( Im //. r, r, y. z, s, a. [t>. y, 0. 0, 1, /j.) = o,
( Ui II, V, .r, y, z,s, a, ^ti. y,ô, 0.'/.. iJ.j^o,
OÙ ^figurent, avec x\ v, :. s, m, c, les sept constantes arl)itraires x, jj, •■,
0, 0, X, u.. Les relations (2) étant supposées résolubles par rapport à 11, i,
exécutons sur elles les diverses différcntiations pi-emières relatives à x. y.
z. s, en triiilant ;/, r comme des lonctions de .r, y, z, s, a, [i, y, 0, 0, A, u.:
il vient ainsi
(3)
Cela olanl, les relations (2) seront dites définir une famille complète de
figures iiilégiales ordinaires du système S, si les deux conditions suivantes
se trouvent à la fois satisfaites : 1° En même temps que les relations (2) sont
résolubles par rapport aux inconnues u. <-, le système formé par les dix èqua-
s , .-.s . , » j I- • ■ du du 0\' r,
tions ( 2) et {S)esl résoluble par rapport au.v di.r quantités -^^ -r-j — i y., p, y.
0, 0, A, a; 2" par Valtrihution à a, p, y, 0, 0. A, [i. de toutes valeurs numé-
riques, les relations (2) donnent des figures intégrales ordinaires de S.
\l. Désignons par / un entier auquel on attribuera tour à tour les
diverses valeurs telles : 1° que /' soit supérieur à zéro; 2° qu'il soit au plus
égal au nombre des constantes arbitraires, c'est-à-dire à 7 ; 3° (ju'il soit au
moins égal à ce même nombre, diminué du nombre des variables indépen-
dantes, c'est-à-dire à >. Gela posé, et les relations (2) étant supposées définir
une famille complète de figures intégrales ordinaires du système S, il suffit,
pour avoir sans aucune figure étrangère toutes les figures intégrales ordinaires
de ce systèmi', d'effectuer de toutes les manières possibles l'opèra/ion consistant :
OF OF du OF dv _ ^
dr du O.r ' dv dx
dU
do-
^ dU du dU dv _
du d.r dv d.r
dF OF Ou ÔF dv _
dv du dv dv dy
OU
dy ~
^ dU du dU à _
du dy dv dy
OF . dF du ,)V dv _
dz du dz dv dz '
dU
'éh'
dU du d\l dv _
Ou dz dv dz ~~ '
dF dF du dF Ov _
Os du (|v ' dv ds
dU
ds ~
^ dU du dU dv _
du Os Ov Os
SÉANCE DU 27 JUIN 1921. iG^j
i" à n'fii/)liiccr, (/uns les re!a/io/is (->■), J dis ~ parantilns y., [i. y, 0, 0. A, 7.
par (lultint île fonctions <nhitrairfs des " -— j pctrainctres restants ; 1" à
prendre, chacpie fois quelle e.iiste, V enveloppe des figures de la sous- famille
ainsi obtenue.
L'entiery reccvaiiL tour à tour les cinq valeurs 7, G. "i. 'i, 3, on peut par-
tager en cinq groupes correspondants les ligures intégrales ordinaires de S;
ces groupes n'ont deux à deux aucune figure commune.
M. L. Bertix fait hommage à l'Académie d'une brochure intitulée : Le
l 'ieux .lapon .
NOMINATIOIVS.
La Faculté de Médecine de Montpellier invite rAcadéinlt à se taire
représenter à la célébration du septième centenaire de sa fondation qui
aura lieu le 5 novembre prochain.
MM. L. Gri'iXARD, Heaneguy, Yiala, Widal, lÎAZY sont désignés pour
représenter l'Académie.
CORRE SPOND AIVCE .
M. le Ministre des Affaires étravgèkes transmet une liste de G4 espèces
de tnoustiqu's découvertes jusqu'à ce jour au Costa-Hiea .
(Renvoi à l'examen de M. E. Bouvier.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, panai les pièces imprimées de la
Correspondance :
L. Stockhammep,. La sléréoscopie rationnelle.
l634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANAf^Y.siî MArilÉi\IAlI(^)UE. — Siif les sysl.cmes (Vèrjuiilions aii.r ilérnècs
partielle des fomiions /tYpirgèométriqucs les jiliis iiènèrales. Note
de M. J. Kampé de Férikt, préseiilée par M. \p[)(ll.
1. Dai.s des Notes récentes, M. R. IJirkeland (') a donné le dévelop-
peiiicnt dt^s r icines d'une équation ali^ébrique, en introduisanl comme élé-
nienl analytique des fonctions de n variables qu'il nomme, en élargissant le
sens habituel de ce mot : fonctions hyper géométriques . lui nous bornant au
cas de /; =2. soit
une telle fonction; elle est caractérisée par la condition que les rupports
'""^ '•" et -^^'— soirnt des fondions nilionncllcs de m et de n :
a, 11,1, «,„ ■■
0,„-^-^,f•. V(lll. Il) <'m.ii + \ ^}{"'- '>)
(0
\\{m. n)
W (), H, S désignant di'> polynômes en m et n. soumis seulement au\ res-
trictions Sidvantes : 1° les degrés de P et Q sont au plus égaux pes[>«ctive-
ment à ceux de 11 et S; 2° R et S ne s'annulent pour aucune valeur des
entiers positifs rn et n; J" la condition de compatibilité
! ( /« , /( -H I ) Q ( ifi. n] P ( »i , n ) Q ( /« + I , /() _
'.\( ■>! . /> -h I ) i{iii. Il ) \\(iii. Il ) S(iii -i- 1. n)
esl \ériliée quels que soieni m et n.
Ces fonctiorts n'ont, je crois, été l'objet d'une étude approfondie que dans
le cas où, le d 'gré de I', (>, W, S étant au plus égal à deux. l''(.r. y) se
ramène à Tune de- cjuatre fonctions bypergéoniélriques de M. Vppell ou à
leurs dégéné esci'nces. \u poini de vue général, M. Hj. Mellin (- ) a donné
(sous forme symbolique) un système de deux équations aux dérivées par-
lielles vériiiées par F(.'r, r)dansun cas étendu : celui ou les polynômes sont
décomposés en (acteurs linéaires, nm -+- l>r} -+- e. Je me jtroposc de montrer
(jiic. I', ^ ). R . > 'tiint donnés, on peut ( sons foin- d'hypothèse sur la [mssihi-
(') I!. lï'iiRF- AM'. Complet rendiK, t. 171, i<)'.o, p. kiju; l. 172, 19'!, p. J0<)
cl 1 I jfl.
(-) 1*1. Miai %, Comptes rendus, i. 172. ig.'.i, p. ('>.">8.
SÉANXE DU 17 JUIiN I921. l635
lilè de leur décomposillon en facteurs linéaires), former très simplement un
système d'équations aux dérivées partielles vérifiées par F(.r', y ), lors(nCon a,
au préalable, écrit ces polynômes sous une forme appropriée .
II. Un polynôme arbilrairi' lT(//c, «) peul loiijourssr incltre sous la forme
(2) II(/«, H) :^iA,,/,A,'„A;;,
A4 =^ 1)1 {ni — \) ... {/Il — ,/ + 1 ), A* — /i ( /* ■" I )...(/(—/. -H I ) ;
les coerficieiils 7.^ /, se détermineni par les lorniules
en outre, il est clair qu'on a l'idenlité
(3) ,r"'r" !!(/«, n ) =- i ).,,;, .r.'j-'' -^-^ (,r"'j" ).
Ceci posé, uietlons les polynômes donnés sous la l'orme (2) de la manière
suivante :
\'{m,n\ =ia^,4.A{,Af;, (Ji//;./(i — l^ij^,,\i,\f,,
]{{m — i. n) — lpjj,\{„A';„ Si m, n — i ) = i 7y,/. Af,, A^;.
11 est alors aisé de démontrer que ]''(.z% v) vérifie les deux équations
En cfTet. d'après l'identité (i), les coeffirients de ,/"' v" dans les crochets
de Cl) et de ( '1') onl pour expressions
et
«,„,„ S( m, n — I ) — Oiiin-x *J('"i " — • N
quantités identiquement nulles en vertu des conditions (i) (la première
pour m-^i , la deuxième [jour n-^ i).
L'ordre des équations (4) et (4') est respectivement égal au degré des
polynômes R et S augmenté d'une unité. Lorsque R et S contiennent en
facteur respectivement (/« + i) et (« + 1), ce qui entraine
Oo,/. = 0 ( /. 3Z o, I. -2, . . .), ^'■yJi^O 0 — O, I; a, . . .)i
l636 ACADÉMIE DES SCIENCES,
le système s'écrit simplement
en oulte réquali'in (5) est divisible par ^ el (5') par v.
III. Les l'onclioiis hypergéotuétriques de M. Appell et leurs dégénéres-
cences appartiennent à ce dernier type; pour F2(a, p, |îi'. y, y', x, v), par
exemple :
)'(«(, « ) = (:z -(- «j -(- /i ) ( 3 -H »i I, R( /«,/)) = (y ^ //( ) (I -i- //;,),
d'où
«0,0= a,Q, :(,.,jr= ^ -;- j3 -)- I. :z,i^,=r,3, yo.„=i, 3!,,,= i, z„,o=o,
Po,o=0, p,D=:y, p„_,=:0, o,.,i=:i, p, , =: O, p„,2=o;
ces valeurs, portées dans (5 ), redonnent bien la première équation de
M. Appell.
^ oiei un exemple où P et R s-uit de di-gré/?, (^) et S de degré q'
■*■» )'> P, (j)~ Tv r7 — / / z -, du dv
= 7 ; — - (o, q enliLM-s positifs).
-^ (i, mj (i, /n (m -t- !)'■ I /( -t- i)'/ ' •' ^ '
Cette fonelioii hypergéométriqui' vérifie le système
où les D^', son! des nombres entiers
IV = (/-M )/'--f (/)/>+ ■^^4^(y. -.)'■-....
o,
SÉANCE DU 27 Jl IN I921. 163-
AXALYSli MATHl':.\lA') KjUE. — Sur les syslèmes aiir dé ràées pnrliel/es compre-
nant autant d'èquatinns que de fonctions inconnues. Noie de M. Maurice
Janet, présentée par M. Iladaniard.
I. ()n possède des méthodes générales qui permetlcnt, élanl donné nn
système (|uelconque d'équations aux dérivérs partielles (analytique) :
1° de leconnaitrc s'il est possible; 2" dans l'affirmative, d'indiquer le degré
(le généralité de sa solution. Mais, en raison même de leur puissance, ces
méthodes sembleni souvent insulfisanles dans la pratique : on sait qu'elles
doivent aboutir « au bout d'un nombre fini d'opérations »; encore peuvent-
elles exiger un temps fort long et peut-on demander de les ^■o^■/• aboutir pour
un système de forme simple donnée. C'est à une question de ce genre que
nous nous proposerons do répondre pour certains systèmes assez généraux
dont létude semble s'imposer d'elle-même.
Soient A,/, des expressions différentielles linéaires ( ' ) ( «', /• = i , 2, . . . , N)
en nombre N". Nous dirons que les expressions
/. = N
/. = 1
sonl indépendantes ^'i\ n'existe aucun système B, d'expressions différentielles
linéaires (non touti'S identiquement nulles ) telles que Ion ait
I = 1
pour tout choix possible des fonctions //,, «o, . . . , Us..
Supposons que l'on égale les >« expressions U, respectivement à des
fonctions données J, des n variables indépendantes .r,, j^^, ..., a"„ ; on
obtient ainsi un système de N équations linéaires (E, ) aux N inconnues i/,;
dans le cas où les expressions U, sont indépendantes, nous dirons que les
équations E, le sont. Ln tel système est évidemment possible quelles que
soient lesy". (lue peut-on dire du degré de généralité de sa solution?
(') Une expression ilitTérenlielle linéaire Ai«) est une somme d'un nombre iiiii
^a,+a;-i-...-Mi„„
d'expres.sions de la forme Oi a n -: ; — ::: r— j '>ù les a sont des fonctions
données des variables indépendantes ^i, .i,, .... x,^. Une telle expression est dite
identiquement nulle -i tous les a qui v ligureiit sont identiquement nuls.
l638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. On peut se l)orner aux systèmes <lu preuiier ordre sans restreindre
la portée du problème posé. La réponse est alors presque immédialr
lorsque N == 2.
'Si le système n'est pas susceptil)le délre mi.- siuis la forme normale
de Cauchy (même en utilisant un changemcnl de variables), on s'assure
aisément qu'après un changement linéaire éventuel de foiictinns inconnues,
l'une des fonctions a satisfait à une seule équation (d'ordre i ou o),
l'autre, v, étant parfaitement déterminée en fonction de u et des dérivées
premières de //. I^n excluant le cas où les deux fonctions se trouvent entiè-
rement déterminées, la solution générale dépend (') donc soit de deux,
soit de une fonction arbitraire de n — i variables.
3. Nous considérerons ici un système quelconque de trois équations linèdircs
du premier ordre aux ti ois fonctions inconnues u, v, (r, en supposant seulement
que -ces équations S(ml indépendantes. Dans le cas (n'i les équations sont
résolubles (après changement éventuel de variables indépendantes) par
. , du 'h- Oiv . , , .. , , , , ■ f
rapport a -; — > - — , - — > on sait que la solution dépend de t/ois tondions
' i o,/-, o.r, Jti 1 '
arbitraires de « — i variables. Excluons ce cas, qui est classique. Excluons
aussi les cas dont l'étude est immédiate, oïi, par de simples combinaisons
linéaires des équations données et par un changement linéaire (éventuel)
des fonctions inconnues, on peul ramener le système donné à l'une des
formes (a), (b), (c) :
a. Un sysième de deux équations indépendantes du premier ordre en
//, r, et une équalion déterminant complètement n en fonction de u. c
(et (le leurs dérivées premières);
b. Une é(|uation d'ordre i (ou o) en f/ seul; une équation déterminant
complètement c en fonction de u (et de ses dérivées |)reniières ); une éijua-
ti(m d'ordre au plus i en u, v, <r, contenant efieclivement des termes en ^v
(d'ordre au plus i);
c. Deux équations déterminant respectivement u, c en fonction de o-
(et de ses dérivées premières); une équation du premier ordre en ;/. c, i< .
La fonction (r satisfait alors évidemment à une seule équalion dont l'ordre
est 2, I ou o.
(') Les lliéorèmes généraux d'existence jiermelleiil de donner à celle expression un
sens précis : d'une manière générale, en appelant genre d'uno arltilraire le nombre de
ses variables, on sait que le genre ma^iiinuin "/, des arbitraires, et le nombre [j. de?
arbitraires de genre niruimiini conservent la même \aletir quelles que soient la forme
<;anonique et les variables indépendantes choisies; le degré de généralité est carac-
térisé, à noire point de vue acUtel, par les deux nombres \, ;jl.
SÉANCE DU 27 jri.X 1921. 1639
Oti voit Iininéclialeiiieiit qw la soluliun d'un syslèine do l'une des l'orines
a, b, c peut dépendre de deux ou de une lonclion arbilrain.' de n — 1 va-
riabli'S, ou encore être enlièremeiil déterminée.
Les cas précédents étant exclus ( ' ), nous clèmonlnins quon jieiil toii/mirs,
jxir .\i//i/>les conihinaisons- linéaires d cqualinns cl c/i(i/iL;ernerU linéaire de
Jonctions inconnues, ramener le système i>roposé à la lorine
I Va II, i', ir) = Il(c) — Ql ir) + a II + h r -\- r ii' =r /,
(1) . I''i II. 1-, ir) ~ P(,ri — [î(h) -^a'ii + b' v + l' w — f\
I Gi II. r. ,r) - - <l(ii) — P ( r) H- a" u -h b" v ^ c'\v = J"\
OÙ I', (^>, Il sont trois expressions dilï'érentielles linéaires ne renlermanl que
des lermes du premier ordre el doni aucune n'esl combinaison linéaire des
deux autres (rt, h, ...,/" fondions connues).
La solution générale d'un tel système dépend soit de deux, soit de une fonc-
tion arbitraire de n — i variables; ou, plus corrcctenienl, le genre maxi-
mum \ des arbitraires dont dépend la solution est. dans tous les cas, n — i,
et le nombre u. de ces arbitraires de genre n — i esl, suivant les cas, 1 ou i .
4. L'élude précédente pose d'elle-même la queslion suivante : « LtanI
donné un système linéaire comprenanl autant déqualions que de Conclions
inconnues; si ces équations sont supposées iiidèiicndanles, peut-on allirmer
que la solulion, ou bien est entièrement déterminée, ou bien dépend deyo/jc-
tions arbitraires de n — i variables? »
ANALYSE MAïilÉ.MATlQUE. — Sur une classe de fondions transcendantes.
Note de M. Théodore Vaisopoulos, présentée par M. Hadamard.
L Soit II = o{x) une fonction de .i- ayant un nombre v fini de branches
satisfaisant à l'équalion
/(h, .r) = «■'-!- A,(.r)«''-'-l- \,{x)u'---\-.. .H- \.,{jc)—o.
OÙ A,(.r) désignent des fonctions entières. En vertu du théorème sui-
{') On rencoiilie dans la tlii-orie de la déroi-malion des surface- le système
où r, y, z sont des fondions inconnues el X, Y, Z, a. b, c des fonctions données de-
deux variables n. i ■; en prenant trois nouvelles fonctions inconnues, parmi lesquelles
S.rX„ el S.îX,,, on voit que ce système est du type (a).
l64o ACADÉMIE DES SCIENXES,
vant ( ' ) : Une Iranscendanle algébrohie qurkoiunw à v hninchcs prend dn/is
le domaine de Vin fini toutes les valeurs sauf, peut-être, i>v au plus, l'infini
roiiiprix. théorème qui est l'cxlension aux fonctions multiformes du célèbre
théorème de M. Picard, le nombre des valrurs iwceptioiniclles de la fonction
o(.r) ne surpasse jamais 2v.
2. Dans cette Note nous allons établir un théorème qui concerne le
nombre des valeurs exceptionnelles d'une classe, assez générale d'ailleurs,
<le fonctions du type précédent. C'est le théorème suivant :
'rnroni'.JiE. — Considérons la transcendante u ^ 'ù{x) définir par l'équation
suivante
f(ii, x) — 11''-+- Ai(. ;■)«•'-' + A.(j-)»''---T-. . .— .\v-i(j')" 4- A.,( .r) — i>,
\,(a;) étant des fonctions entières.
Si les fonctions A,( \r) (« = r , 2, / ) ont, nu moins, une racine cunintu/ir
.r = a et si ( v — i ) fonctions quelconques panni ces A,(.r ) ont aussi une racine
ronunune .r = ^ ^ rt, P ensemble des râleurs erceplionnelles de u = ofr") ne
surpasse jamais v + i , l'infini compris.
La démonstration du théorème que nous venons d'énoncer se fait par la
méthode d'élimination qui est devenue classique depuis les travaux de
M. lîémoundos sur les fonctions multiformes, et s'appuie sur le fait qu'on
ne peut pas avoir de valeurs de «, u, et //, pour lesquelles le rapporf-r — ^;^— —
est une constante.
L'importance de ce théorème réside dans le fait qu'ici le nombre 2v est
remplacé par v + i.
Enfin, nous signalons que nous pouvons en tirer des conséquences tout à
fait analogues à celles que nous avons déjà établies dans une Mole prété-
dente { - ).
CÉO.MÉTKIE. — Sur les li<^nes de eourhure des qundriques.
Note de M. d'Ocauxe, présentée par \L Hadamard.
Je ne suis si l'on a déjà formulé explicitemenl la remarque ([ue les faut
gênéralrice.s isotropes d'une quadrique constituent une solution singulière de
(') Tliésc (le M. lîémoundos, l'arls. ii(iô. )>. il.
(-) Comptes rendus, l. 17'2, 1921, p. i l'i.
SÉA>'CE DU 1^7 JLI.V 1921. 164 1
VvquaUon dlj/èirnllellc des lignes de courbure de celle (juatlriiiue. el, par siiile.
i[n elles forment r enveloppe de ces lignes de courbure.
On peut, en loul cas, établir lrè> simplement cette remarque par Ir rai-
sonnement purcmeni syntliéli(|ue (pie voici :
En tout point M d'une telle L;énératrice isotrope Ml, le plan tangent à la
quadrique contient : i" une secondr droite isotrope MJ ; i" la seconde
génératrice recliligne M( 1 de la surface.
■■ Les directions principales en M sont conjuguées par ra[)port aux géné-
ratrices MI et MG ; mais, puis(|u'elles sont rectangulaires, elles le sont aussi
par rapport aux droites isotropes MI et MJ; et, comme ces deux couples de
droites ont en commun la droite Ml. il n'en peut être ainsi qu'autani que
les deux directions principales se confondent avec cette droite Ml, ce ({ui
établit la proposition.
La projection, sur un plan principal, des buit génératrices isotropes se
composant des tangentes menées à la section principale correspondante par
les quatre ombilics qu'elle contient, il résulte de là que les projections des
lignes de courbure d'une quadrique sur un de ses plans principaux se con-
fondent avec les coniques inscrites élans le losange formé peir les tangentes à la
section contenue dans ce plan, menées par les ombilics qui appartiennent ii
celte section.
Toutes les quadri(jues pour lesquelles ces tangentes sont les mêmes cons-
tituent donc une famille pour laquelle les projections des lignes de courbure
sur un plan principal comnain sont les mêmes.
Soit, par exemple, dans le plan principal 0.i"; (où se trouvent pour
l'ellipsoïde de demi-axes a^ b^c, les ombilics réels), le losange l ^YU'^V'
dont les sommets U et U' sont sur ( )x, les sommets W et W sur < );.
Toutes les coniques inscrites dans ce losange sont, à la fois, les projec-
tions des lignes de courbure de toutes les quadriques ayant l'une quel-
conque d'entre elles pour section principale, el leurs ombilics réels aux
points de contact de cette section principale, avec les côtés du losange. Il
suit de là que le demi-diamètre déterminé par chacune de ces coniques sur
les parallèles aux cotés du losange menées par G est égal au demi-axe /; de
la quadrique correspondante, situé sur Oy.
l642 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHROXOMÉTRli:. — Le problciiie de V ncheminement
cl les mouvements pendulaires entretenus. >iole (' ) de M. Jules Axdkade.
Quelques écrivains horlogers, sous le nom A'acliennnemenl, désignent la
marclic plus ou moins régulière d'une machine horaire dont le balancier
vient d'être lancé, jusqu'à la réalisation à\tn lè'^ime pèiiod'Kjue limite, carac-
térise pour un instrument doinié par son amplitude de rèi>inie. liien que celle
comrrgencevevs un régime limite périodique paraisse un l'ait certain, sa réa-
lisation demeure liée cependant non seulement à l'action régulière de
l'échappement, mais encore à la spécialisalion de certaines hypothèses faites
tacitement sav \es lois du choc. Pour développei' celte remarque j'envisage
le cas d'un mouvement pendulaire entretenu par l'impulsion réparatrice de
l'usure d'énergie qui est due à un frottement constant.
Dans ces conditions, je me propose de discuter la convergence de réta-
blissement d'un régime limile lorsque le choc réparateur, instantané, se tra-
duit par un accroissement instantané d'une puissance constante p de la
vitesse; en d'autres termes, je suppose que la grandeur mécanique constante
se transmettant dans le choc réparateur soit de l'ordre d'homogénéilé d'une
puissance positive p d'une vitesse et je ne considère que les cas où la puis-
sance p est positive et supérieure à i. Pour plus de simplicité, j'envisage
un échappement à coup perdu, c'est-à-dire ne fonctionnant que toutes les deux
ribratiims simples, réchappement lonctioimera par exemple au\ oscillations
d: rangs i, i, 5, . . .; si ./"est le déc.ilage du point mort du au Irotlemenl
constant et si o est, par rapport au point mort décalé, la phase de la dislri-
huliondn choc de l'échappemenl, les semi-amplitudes initiales successives
//„, u.,, . . ., u.^„ ou plutôt leurs valeurs absolues se succéderont suivant la loi
(i) \{!i,n+ ■?, /Y - o-y — \{u.,^,^ jy — '/ Y ^- :\t - cou^iauW |,o-llive;
cette loi de récurrence définit inq)licilemenl une foncliou u.,„=^ <'("2"-^)-
D'après un élégant théorème de M. Kœnigs sur les suhslitutions répétées
el en envisageant la valeur de régime y. délinie par la relalion
'' '1
nous pourrons utiliser comme condition de convergence tissuréi' la condi-
( ' ) Séance du 2" juin ic)T i .
SÉAXCE DU a; Il IX 1921. i6/|3
lion |G\7.){<[i, cl cuinmo cnndiliini do (liicrgencc assurée \,\ condlllnii
i(^'(a)!>i! ,
< )r nous aurons ici
,3, .,.,=(^^y-/_jw^
(oe + 3/)-/
d'uù, pour ■- pelil, les couclusidiis suivanles :
1" Cnnvei'i^ence ccriaiiie pour /j \; 2;
2" l'our ^ el - de même ordre de pelilesse, convergence cerlaine si
I >
3° Pour "- <Ci) mais iiiodéréiiieni pelil, el ^ toujours pelil, convergence
certaine si
4" La condition 0 = 0 assure un isoclironisme rigoureux quand /?^i;
5" Ainsi donc un échappement instantané agissant non pas au véritable
point mort, mais au point mort décalé, assure à la fois un rigoureux isocliro-
nisme et un acheminement coiivergenl îcmtes les fois que ^ <?5/ .ra/^e'/ve;//' À i ;
6° Le cas de^ = i et de 'ù =/ donne toujours divergence ;
7° Le cas de p = I et de s = o produirait l'arrêt du mouvement, sauf
dans un cas sini^ulier inslable.
MÉCANI<)UE APPLIQUÉE. — Équilibre Cl stabilité des appareils élastiques.
Note de M. A. Thuloip, présentée par W. Bertin.
Dans sa Note Sur le Jkanbeinetit des poutres et des an/ieau.x' élastiques,
publiée en 191 2 [Bulletin de V Association technique maritime), ringénicur
en chef du Génie maritime Marbec a exposé succinctement les fondements
de la théorie du flambcmcnt des appareils élastiques. Dans une étude
récente dont voici un bref résumé, nous avons approfondi el complété les
indications de Marbce.
A. Considérons un appareil élastique, de potentiel élastique n soumis
l644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à un syôlème de forces i /.F) : "/. est un nombre variable, (F) un système
de forces dérivant d'un potentiel tn, fonction comme II des variables de
forme 7., j3, ... de l'appareil. Nous pouvons donner à la fonction
0 = n(a, }. ...)H-lvn{y.. l, .. .)
le nom de polen/ir/ total de ra|)par('il dans l'état (/.. a. [i, . . .).
Bornons-nous à considérer un appareil à état initial élasti(piemenl
neutre et à déformations réversibles.
En vertu du principe de Lagrangc-Dirichlet, un élat(A,. «,, [i,, . . . ) est
un état d'équilibre siablc si (-), est un minimum de (-).
B. Pour metire facilement en évidence les points ess<'ntiels du problème,
il est commode de s'adresser à des a[)pareils dépendant d'un petit nombre
de variables de forme. Nous avons étudié à ce point de vue les cloiiblels élas-
tiques : un tel appareil est constitué par un solide (supportant les forcesXF).
uni au repère fixe par des liaisons élastiques, lesquelles ne supportent aucune
charge.
Soit par exemple un doublet bivariant, c'est-à-dire dépendant de deuv
variables de forme a, [i. A chaque valeur A, de A correspond une position
d'équilibre (a,, p, ). Par rapport à trois axes Oa, O7., O'^, le point (A,, a,,
pi ) décrit, quand A, varie de — ce à + co , itnr courbe (f équilibre.
Celle-ci comporte en général une brunclie-nri'^ine passant par le point O
(étal initial) et des branches forcées., sur lesquelles l'appareil ne peut se
placer sans avoir subi transitoirement des Forces autres que ( "aF ).
Sur ces diverses branches se trouvent des points critiques (à distance
finie ou infinie), qui séparent les portions stables des portions instables.
Quand l'appareil traverse un point critique, il cbaniie de branche d'écpii-
libre, soit par bifurcation sur une branche croisant la première, soit par
chaviremenl sur une branche éloignée.
Le llambement est la règle sur les branches forcées; sur la branche-
origine, il exige des modes de chargement s|)éciaux. Si l'on appelle appa-
reils réduits ceux cju'on obtient en supprimant, dans l'appareil donné, les
liaisons élasticjues correspondant à une ou plusieurs des variables de forme,
c(^s chargements spéciaux sont ceii.r qui laissent sans défn/znalion un des appa-
reils réduits (critérium de Marbec généralisé).
C. Pour un doublet univariant, la considération de deux développées
SÉANCE DU 27 JlIX 1921. 1645
mélflcetitriques, l'une externe, l'autre inteine, permet d'exposer la question
géométri([uem('nt et de mettre eu é\ideiice une intéressante analogie avec
l(>s questions d'équilibre et de stabilité des navires.
Il est très facile de réaliser un dispositil' expérimental malérialisant tous
les cas possibles de flambement et d'enregistrer les résultats.
D. Le flambement des poutres droites sous l'action des forces debout
peut être étudié |>ar les mêmes procédés. Nous en avons traité un cas usuel
en tenant compte de l'exti'nsibilité : l'action de celle-ci est négligeable,
comme on le suppose habituellement sans démonstration.
Nous avons aussi étudié les conditions de flambement d'un ressort cylin-
drique, appareil pour lequel la simplification précitée n'est pas toujours
admissible.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Phdlo^raphies de la planète Vénus.
Note (') de M. F. Quémsset, présentée par M. H. Deslandres.
Les astronomes qui ont observé la planète Vénus >avent qu'on y voit très
rarement des taches et que sa surface paraît le plus souvent uniformément
éclairée, sauf au terminateur où existe toujours un assombrissement marqué,
indice d'une atmosphère épaisse. Quelquefois, cependant, on peut observer
des régions plus ou moins foncées, ainsi que des taches assez claires. Quand
nous les avons vues au télescope, nous avons cherché aussi à les photogra-
phier et nous y sommes parvenu pour la première fois le 29 juin 1911 (").
Celle année, le fait s'est encore produit, mais d'une façon plus marquée
qu'en 191 1 et la position de la planète, très favorable pour notre latitude,
facilitait beaucoup les observations.
Comme en 191 1 , je me suis servi d'un excellent objectif astrophotogra-
phique taillé par M. Viennet, de l'Observatoire de Paris, d'un diamètre
de o'",i6o et d'une distance focale de 2™, 90. Un système de lentilles permet
l'agrandissement direct de l'image focale Sur chaque plaque, nous avons
eu soin de faire plusieurs images à quelques secondes d'intervalle, de façon
à identifier plus sûrement les détails enregistrés et aussi pour faire la part
des défauts accidentels de l'émulsion employée.
Pendant les mois de février et mars de cette année, chaque fois que l'état
des images le permettait, nous avons fait un grand nombre de photogra-
(') Séance du 20 juin 1921.
(-) Comptes rendus, t. 133, 191 1, p. 120S.
C. R., 1921, I" Semestre. (T. 172, N* 26.) I20
l6/i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
phics de \ énus. Souvent on ne vovait rien au télescope «1 la photographie
n'enrciristrait aucun détail non plus. Quelquefois, des plages grises ou
blanchâtres étaient visibles dans la lunette d'observation et la plaque sen-
sible les enregistrait aussi. iNous avons l'honneur de présenter à rAcadémie
une des meilleures photographies obtenues, celle du 20 février 1921
à 18'' 20™ ( t. m. Greenwich). Ce jonr-là, une observation faite à l'é(|ua-
torial de o"',2'io nous avait révélé l'existence indéniable d'une tache gri-
sâtre très marquée sur le terminateur de la planète, près du centre. Aussi
nous prîmes immédiatement plusieurs clichés sur des plaques de sensibilités
dill'érentes. Les images n'étaient pas calmes, une légère agitation atmos-
])hériquc leur enlevait même une certaine netteté, mais celte tache était si
frappante que nous étions pour ainsi dire certain de l'obtenir sur les clichés.
Et, en effet, toutes les plaques exposées la montrent avec la plus grande
évidence. M. Iv-M. Antoniadi, qui est un spécialiste apprécié pour l'obser-
vation des planètes, a bien voulu exécuter un dessin, extrêmement lidèle,
d'après ces photographies et montrant tous les détails enregistrés. Nous le
donnons ici.
Les meilleures photographies ont été obtenues sur une plaque « Lanlern »
Easliiian, plaque lente donnant donc du contraste. Dix-sept images ont été
tixées entre i8''2o"'et î8''3o'", avec des poses variant de 2 à 10 secondes. Le
diamètre polaire de Vénus sur ces images mesure S'""",']. Deux de ces
images, exposées seulement 2 secondes, sont trop faibles, mais les quinze
autres sont excellentes et montrent, toutes, les détails suivants :
1° Terminateur très sombre et dégradé vers l'Ouest ;
1° Limbe occidental, tourné vers le Soleil, très Itrilhint;
']" Tache sombre très marquée (indi(juéeen // sur le dessin) vers le centre
du leruiinateur et s'avançant assez loin dans la partie intérieure du
croissant;
SÉANCE DU 27 JUIX 1921. ï6'{-]
4" Tadie sombre [a sur le dessin ) un peu moins marquée <j:ie hi jU'écé-
denle, mais bien visilile cependant, dans la partie aiisirale du terminaleiir,
un peu moins étendue que !a tache b;
5" Entre ces deux taches existe une /)lri^r paraissani très bhinclic, proba-
blemenl par effet de contraste.
Les laclies 3" el ')" ( marquées h cl d sur le dessin) snnt donc alisolument
certaines el leurs pholojîraphies apporlcnl une contribution importante à
notre connaissance de l'aspect physique de la planète \ énus. Elles viennent
confirmer nos observations visuelles. Quelle est leur nature ? Nous mon-
trent-elles un piMi de la surface delà planète et. dans ce cas, elles seraient des
éclaircies dans le voile nuageux qui recouvre la planète, 011 bien sonl-elles
des masses plus absorbantes dans l'atmosphère vénusienne?
Le lendemain ?.'[ février, à la même heure, nous avons repris un assez
grand nombre de photographies de Vénus (lii images"). Sur toutes ces
images on ne voit plus les taches a et b, mais d'autres tacfies, bien plus
faibles el plus vagues, et sensiblement à d'autres positions. Il faut donc
admettre cjue les détails photographiés le ii3 février étaient, ou bien
d'origine atmosphérique sur Vénus et que, datis un inlervalle de ■i'\ heures
terrestres, elles se sont modifiées considérablement, ou bien que ces mêmes
taches [louvaienl appartenir à la surface de la planète et que celle-ci a un
mouvement de rotation très diO'érent de celui de !a Terre.
Ces premiers résultats photographiques sont encourageants et nous
montrent que Ton pourrait peut-être arriver à élucider la question de la
rotation de la planète, en entreprenant sa photographie systématique,
dans un observatoire placé dans de bonne~ conditions au double [)oint
de vue atmosphérique et instrumental.
PHYSKjUE MATHÉMATIQUE. — Le ^ formules de Ficncl
pour un espuee de .1/. Weyl. Note de M. Jfvci . présentée par M. Hadamard.
M. ijlaschke a donné récemment (') les frmules de Frenel pour une
courbe tracée dans un espace (K„) à métriqu- riemannienne, où [\\n définit
le déplacement parallèle comme le fait M. L 'vi-Cività ( - t. En employant
les mêmes procédés de calculs que M. Blaschke, nous avons obtenu les
(') Math. ZciLiclirift, 1919, 13d 6.
(-) Rendicoiili del Circolo mal. di Palerino, t. h"-!. 1917.
l648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
formules de Freiiet pour une courbe /racée dans un espace (W„) à métrique de
WeyI.
Un espace de ^\ eyl (') ;i n diinensimis ( ^^ „) est une inulliplicilé à n
dimensions où la métrique est déiinie par les deux formes ( quadratique et
linéaire) :
ds-=^ ^ gii.d.tjd.ii. f/-j r= 2, O/dj:,:
dz, est un invariant pour toute transformation continue (T)de la forme
,Z', ^t 'i,( >•,, ...,)■„) (t = i.2. ...,n).
De plus, si l'on change d'étalonnage, c'est-à-dire si en chaque point
(;r, ..., x„) on prend une unité de longueur \ /. fois plus petite (/. = fonc-
tion continue de a-, .. ., .r„), les deux formes deviennent :
f/.v' - =z y "k gt/.- ffj-'i dXi, , d-j' TZ^ do ;— •
Les lois de la Géométrie doivent satisfaire aux deux conditions sui-
vantes :
i" Elles s'expriment par des formules qui sont invariantes pour toute
transformation (T);
2° Ces formules restent invariante.s si l'on change i,',/, i-n "/-^,a, s*- 9i
. ,)\
M. Weyl a défini le déplacement parallèledans cette nouvelle conception.
Soit un vecteur aux composantes(^', .. ., ;") attaché au point V{x, ..., a-,,),
nous dirons que sa niesiirc est
I I,
eu le dépla(;anl par congruence de P en l"(a', -h f/j;',). ses composantes
deviennent ^' -f- ^^', avec
1 n
,-, 1 V a r '^8'". é)gi,,- dgri , . „ ,. 1 -/
^ 2 .^ ^ I ().'■,. ().ri <te/, • j
dx,.
Soit une courbe C, dont les r(piations paramétriques soûl .r, = /',(-^): en
chaque point l'('')) imaginons ipie nous ayims fixé suivant une loi continue
(') Voir Wevl, /Icniiii, Zeil, Malerie, 4° édition, § 16.
SÉANCE DU 27 JUIN 192I. 164^
un vecteur 3, dont les composantes (^') sont des fonctions continues de v;
soient P(i) et P'(.v -f- «?*) deux points voisins, il leur correspond donc les
deux vecteurs S et 3' ; déplaeons H par congruence de P à P', on obtient
en P' un vecteur E* différent en général de 3'; la différence 3' — 3* est un
vecteur iniininient petit attaché à l'arc PI' ; formons
\ous obtenons ainsi un nouveau vecteui- 0(3) al Lâché au point P(.s) de
la courbe C, et dépendant du champ 3 d'une manière invaiiante ('). Soit
alors 3 = Z, aux composantes H', ^^ ~J^' Posons ensuite
5(ï,) T= E.2 aii\ composantes ç'^ ,
?(^„_i) = ^„ aux composantes ç'„
Le n-èdre Z,, Zo, ..., Z,^ n"est pas orthogonal en général. Orlhogona-
lisons-le suivant la méthode de M. Schmidl (- ) en déiînissant un n-èdre
formé par les /? \ecteurs
\ I »/.- i I-»,.
où l'on a posé
(1,1), (■•■^),
12, 1),
(p,i)^
',(p,p — '\ ^„
! ( I , I ) . . . ( I , /) j .
{p = i, 2, — n:
Do=i.
A- I (p. n...(/'. /;,)
Le «-èdre (\ ), H,, ..., H , est orthogonal et norme, c'est-à-dire que
2 S'n. -r/,, ■n\i —d,„i =
I SI p^ >],
o SI p ^ q.
Les formules de Frenct pour la courbe C sont les formules qui donnent
les valeurs de s :
M',,- II!.
/(H„)=r
(') Whyl. /oc. ci/., p. io3.
(- ). Iitlegralgleichungeii^ etc. {Matli. i/iii., BdOS).
l65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
On trouve, par des calculs simples :
-" î as o, -
• I ■ I ri., I
(i')
OU
, . f ,• I rfo , I ,
r. . ' ' O y / ^' ' ' r. / ^ < • *
V'D/. ,0,
Les Or, ,, >ont donc des fonctions linéaires et lioniOi;'ènes des r/ ; le
déterminanl des coeflicients de ces fonctions est synK'lriqtic fiai«he; les c,
sont les ( rt — \) rayons de miirburc de la courbe. Ce déterminant possède
uni' diasfonale jirincipale dont tous les lermes sont évaiicr à- -r^; pour un
espace (K„). les formules (F) sont les mêmes que celles que nous venons
de trouver, sauf à y faire tous les lermes de la diagonale principale égaux
à zéro (les p n'ayant pas la même valeur, ils dépendent des C/,). Si Ton
regarde le trièdre (N ) comme mobile sur la courbe C, on peut dire que l'on
passe d'une de ses positions à la position voisine en Ir drplaçiml par
congruence, puis en lui faisani subir une rotation définie par les coui-
hures — de (]. et. enlin, en le défoimnnt suivant une homothètie de rap-
9
cl.
po/l t H
PHV^l<,iUE. — Sur la structure éleclronique des aln/ucs lourds.
ÎNole de MM . L. DE lîi!o<;i.ii:el A. Dauvim.iek, présenlée par M. Dcsiandres.
L'objel di- celle Noie est de confronter les indications pliysico-chimitpies
concernant la sliiicluie éleclronique des éléments avec celles qui soni
fournies par Télude de leurs spectres de rayons X.
L'an de nou- ( ') a proposé la classification périodique des corps simples
basée sur leur -Iructure éleclroni(pie (p)i est roproduile ci-aprè> :
(') A. I>AH ii.i ii;it, Piiif. uc i^'énvralc de l'IUeclrieiliK t. 8, ili'CL'mliie ly^o, p. 7S7.
SÉANCE DU 27 JUIN I92I. l65l
Noiiihir (r,lc(li.iiis -niH-rlicliU.
1. 2. 3. 4. :;. (i. 7. 8.
1. iir (aile)
2. 3Li iG\ .1! GC 7\ XO 9I" io.\o
g-\ 3. iiNa lîiM- i3\l i1Si i5P iGS 17CI isA
4. rgK .oCa 2iSc iîTi Vj V Cr. Mii.Fe.Co.M
o. 'oCu 3oZu 3iGa 3>. Ge l'iAs 34 Se 3')lir 3(1 Kr
(î. 37RI) 3SSr 39Yt 4oZr 41 Nb Mo. 43. Ru. RI,. IM
^ ï 1 7. 47Air ISCd 49'i' 5oSn 5rSb 'n.'Yr VU i î \
t|8. ".5Cs ">6l!u SjLa .SCl Pr. ^d.6l . Sni . Eu Gd.Tb. D\ .Ho. Im
5|9. 69T1.1 7oYb 71I.U 72C1. 73Ta \V.75.0s.li .l'i
.ï 110. 79 Au 80H- SiTl HaPb 83l;i S4 l'o 83 HOKiu
'11.87 88Ra 71) Vc 90Tb 91 UX, 92U 93 94
Dans les quatre groupes de cinq éléments de propriétés ihiiuiques analogues, Félec-
tron additionnel ( oorrespondanl à Taugmentation d'une unité du nombre atomique)
s'ajoute non plus à la couche externe, mais à la couche électronique sous-jacente. Par
evemple, le chrome possède une couche Iv constituée par 2 électrons, une seconde
couehe L comptants corpuscules, une troisième M en renfermant 8 également et enfin
<) corpuscules superliciels de valence. Le nickel ne difTére, à ce point de vue, du chrome
(|ue par sa troisième couehe qui renferme rj corpuscules.
Les quatre séries horizontales incomplètes (n"* V, 6, 8 et 9) qui résultent de ces conden-
sations d'électrons et qui ne se terminent pas par un gaz rare se condi'nsent elles-mêmes
de la même façon dans les séries complètes qui les précèdent si liien que le nombre
des électrons des diverses couches définitives des éléments inertes peut être repré-
senté comme il suit :
Nombre d'élei-ti'oiis
clans les
couches électroniques coniplèle^r.
Nombre , -"^ — -
aloinique. Élément. K. L. M. N. 0. I'. O.
2 He 2 'r ,, u „ ,' „
10 "Ne 3 8 „ n '. // "
18 A 2 8 8
36 Kr 2 8 18 8
5A X 2 8 iS 18 S .
86 Em % 8 18 18 02 8
92 U 2 8 18 18 32 8 6
Ce schéma difft're de cçux. qui ont été publiés jusqu'à ce jour, notam-
ment (le ceux de Langmuir et de Sommerfeld.
Or Tun de nous, ayant récemment déterminé le nombre et la valeur des
niveaux d'énergie dans l'atome d'uranium par l'étude spectrographique des
séries L de cet élément, n'a* trouvé pour cet atome que cinq couches
l652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
distiiiclos K, L, M, N, < ) (' ^. La dispersion était dans ces expériences
suffisante pour qu'une raie faible dénotant un niveau P fût visible entre la
raie Ji^et la discontinuité d'absorption L,. Aucune raie de ce genre n'ayant
été observée, il s'agit d'expliquer ce désaccord apparent.
L'uranium constituant l'anticathode étant métallique, et par suite cris-
tallisé, apparaît tout d'abord exister sous forme d'ions (J-'-+++++ qui
occupent les nœuds d'un réseau. La couche optique Q est donc déjà dis-
sociée en électrons libres. Pour expliquer la disparition de la couche P,
nous proposons l'hypothèse suivante : les ions occupant le foyer anticatho-
dique doivent s'y trouver dans un état très particulier, par suite de la très
haute température locale qui y règne.
Lilienfeld (-) a récemment analysé au moyen d'un spcctrographe en
verre le rayonnement lumineux issu d'un tel foyer et a observé un spectre
continu prédominant dans le bleu dénotant une température locale extrê-
mement élevée. Le travail d'extraction des corpuscules P n'atteignant
sans doute que quelques dizaines de volts, nous pensons que ces électrons
sont expulsés de l'atome par les chocs dus à l'agitation thermique et que la
première couche conservant son intégrité est la dernière couche révélée
par le spectre X, dont le potentiel d'extraction est voisin de Go volts.
Un calcul rapide montre que la destruction de l'anneau P peut être expliquée par
une température locale de quelques milliers de degrés, compatible avec les obserxa-
tions de Lilienfeld et peu surprenante si l'on songe qu'en cet endroit se convertit en
chaleur une puissance de plusieurs lie('to\\alls dans une masse de matière de Tordre
du dixième de milligramme.
Suivant cette liypotlièse, on devrait voir apparaîtie des lignes faibles entre la
ligne j3- et la discontinuité 1., par exemple en excitant la série L, par fluorescence.
L'existence du ni\eau \ pour le calcium révélée par l'apparition de la ligne Ky
s'expliquerait en admettant que ce ni\eau normalement dépourvu de corpuscules
n'intervient que coin me niveau possible de Hohr, comme cela a lieu pour les spectres
optiques de l'hydrogène et des premieis éléments.
Dans sa théorie de l'équilibre des astres, M. Eddinglon (') a été amené
à formuler une hypothèse voisine de celle que nous venons d'énoncer.
(') A. DauvilliI'R, Comptes rendus:, t. 172, 1921, p. gij et i35o. — Erratum : Une
erreur de copie a fait attribuer à la ligne K,. l'origine Nj. C'est N.-, qu'il faut lire. De
plus, une élude plus complète nous a montré depuis que les ni\eau\ désignés par N,
et 1N2 sont en réalité des ni\eaux O.
(-) Phjs. Zeits., t. 20, juin 1919, p. 280.
(') Scienlia, t. 23, n" (>f), 1918.
SÉANCE DU 27 JUIN I92I. 1653
D'après celte théorie, il réi^^nerait à l'intérieur des étoiles une température
de quelques millions de degrés, température à laquelle l'intensité maxinia
de la radiation « noire » correspond à des longueurs d'onde de quelques
Angstrônis. Les coefficients d'absorption calculés par M. Eddington pour
ces longueurs d'onde sont très inlerieurs à ceux qui leur correspondent
à la température ordinaire. Le savant astronome a interprété ce lait eu
supposant qu'à des températures aussi élevées, les atomes constituant la
matière stellaireont perdu un très grand nombre de leurs électrons internes
et sont devenus incapables d'absorber les radiations, du moins dans le
domaine spectral des rayons X très mous.
Des calculs approximalils confirment cette manière de voir et montrent
<jue tous les anneaux périphériques, y compris les anneaux N, ne peuvent
résister aux chocs dus à une agitation thermique aussi intense. La corréla-
tion avec notre point de vue est évidente.
PHYSIQUE. — Sur une trompe à mercure d'cncoinhr.^meiil réduit. Note
de M. G. Raxqle, présentée par M. H. Le (Thatcher.
En vue de fournir aux laboratoires disposant de crédits restreints un
moyen de faire des vides de Tordre du centième de millimètre, nous avons
mis au point un appareil de faible encombrement, peu fragile, et n'uti-
lisant que 400° de mercure environ; cet appareil est de construction
relativement facile et fonctionne au moyen d'une trompe à eau ou d'une
machine pneumatique ordinaire, car il ne nécessite qu'un vide auxiliaire de
<Jo"'" à 80'"'" de mercure. A partir d'un vide préliminaire de 200°"° on
obtient en un quart d'heure environ le vide cathodique dans un récipient
de 5o™\
L'appareil esl consliUié par un réservoir cylindrique R, empli de mercure jusqu'au
voisinage de E, qui alimente par le robinet K et le tube Q, la cliule H de la trompe.
Le tube de chute P recourbé à sa base se termine' dans une ampoule D, qui commu-
nique en F avec le tube de remontage S. L'extrémité M de ce tube, munie d'un robinet,
sert de rentrée d'air et l'autre extrémité aboutit en E au réservoir R dans lequel on
fait le vide auxiliaire par l'ajutage C. Ce réser\oir a une longueur de 20''" environ
au-des-ous de \Z pour éviter l'entraînement de l'air par le mercure.
Le fonctionnement repose sur les différences de pression réalisées entre les points
H,E et F. La pression en H est inférieure de plusieurs centimètres à la pression en
E, ce qui permet l'écoulement du mercure par le tube O; la pression en F esl supé-
rieure à la pression en E grâce à la rentrée d'air M qui ell'ectue le remontage du
mercure par S, mais comme celte rentrée d'air est très faible celte pression ne dilTére
i654
ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la pression en II (|ue d'une dizaine de cenlimélres: il reste ainsi sur le tube P un
espace de ^5"" environ dans lequel se fail la chute rapide du mercure. On règle la
vitesse de circulation du mercure à l'aide des robinets K et M.
Pour vider un récipient on le soude en A. on ferme les robinets K et M. puis on fait
le vide par (.] aussi loin que le permet Inppareil employé. Jusqu'à ce que la pression
dans le récipient ait atteint une valeur voisine de celle du \ide auxiliaire, lesi;a/.
s'écliappent à travers le mercure de l'ampoule D: on ouvre alors le robinet K, puis un
peu le robinet M et l'on ferme lentement le robinet L; la pression monte dans la'
trompe jusqu'à réaliser les conditions du fonctionnement.
Le vide étant fait dans le récipient, pour le remplir d'un ga/ particulier, on amènr
ce gaz en M pendant le fonctionnement, puis on ferme K et L; le gaz rentrant en M
refoule le mercure de l'ampoule D dans l'ampoule O. puis traverse ce mercure pour
emplir le récipi('nt. ( hi remet ensuite en marclie comme il est indiqué ])récédemment.
Pour arrêter l'appaieil à un instant quelconque, il suffit de fermer les trois robinets
K . M, L dans cet ordre.
(3n peul Cacileiiient consLruire de tels appareils comportant plusieurs
cJuiles et un seul tube de remontag'e, ou en grouper plusieurs en paiallèle
pour obtenir plus rapidement le vide.
U importe de remarquer (]ue la forme dr la chute inllue beaucoup sur la
rapidité du fonctioiiueincnl : la forme adoptée {]) donne des cliapelels très
ré^^uliers entre de lariics limites de débil. taudis (pie la forme (II) ne possé-
derait celte régularité que pour un débit bien délini.
SÉANCE DU 27 JUIN I921. l655
CHIMIK PHVSKjUE. — Itelation mire lu dilatation anomale el la variation ther-
mique de r ai mantat ion des corpx ferromti gnèti (fues . Note de M. Cbeve.vard,
transmise par M. Le Cliatelier.
l'our interpréter Taction de la température sur les propriétés dun corps
ferromagnétique, j'ai déjà formulé l'hypothèse (') d'une transformation
progressive et réversible d'une forme a, stable au zéro absoUi, en une forme
.isomorphe ^, stable à chaud; à toute température 0, l'étal du corps peut
être caractérisé par la proportion r de la forme a.
Les données recueillies dans l'étude de la dilatation des ferronickels
réversibles m'ont permis de tracer la courbe x=f{<ï), pour les alliages à
grande anomalie totale ( voisins de Fe-Ni); et j'ai trouvé que la quantité x
est sensiblement proportionnelle au carré de P aimantation à saturation \- , dans
tout le domaine des températures inférieures au point de Curie. J'ai pu, ensuite,
vérifier indirectement la légitimité de cette loi pour la plupart des substances
ferromagnétiques.
Dans cette Note, je me bornerai à exposer les bases expérimentales de lu
relation .:c = (t-) ■> me réservant d'en étudier ultérieurement la significa-
tion physique.
.T'admets qu'à une température quelconque, les volumes spécifiques Y, V,^
et Vp du ferronickel et de ses deux composants a el 'i sont reliés par une
relation linéaire
\ = J-\ v.-^ (i — .'jV^j; don '^■=T} ï^-
Va — \ 'J,
Cette hypothèse est vraisemblable, car, au zéro absolu (.r — 1). les
volumes spécifiques des ferronickels réversibles, de Fe-Ni au nickel, suivent
très exactement la loi des mélanges.
La quantité V — Vr^ est représentée par la courbe différence r(voir la
figure); celle-ci est obtenue, comme je l'ai exposé {loc. cit. ), en rapportant
la courbe expérimentale de dilatation à une courbe hypothétique normale,
tracée par extrapolation de la première vers les températures basses. Au
zéro absolu, V — Vo et \ .^ — V.^ ont pour valeur commune V anomalie tot(de.
Si l'on peut évaluer la dilatabilité îles deux formes a et [i, on dispose
donc (le tous les éléments néci'ssaircs au calcul de ir, pour toutes les tem-
pératures.
(') 1^. Chevenard, Comptes rendus, t. 172. 1921, p. .jg^.
i656
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or la courbe normale représente précisément la dilatabilité do la forme 3,
qui subsiste seule à haute température Pour la forme x, il iaut faire une
hypothèse : j'ai admis que sa dilatabilité était peu différente de celle des
ferronickels irréversibles (o à 3o pour loo \i ) au-dessous du point allotro-
pique Ar; de o à 3o pour loo Ni, ces alliages, à l'état transibrmé, sont
V
s-"''
-V
x ■
"■f
• V\
5
o.}
y^
o.l
V
"■'
■ v_
-2oo
"'"" ° '™ -"° '^°° ^"°
"° '"^ '""
Les courbes V — V3(r), V„ — W^ et x sont relatives à un ferroiiicUcl à Jo,^ pour ino .M.
et les points expérimentaux à un alliage à 4^ pour loo Ni étuilié par Ilegs-
dépourvus d'anomalie réversible, et leurs coefficients de dilatation linéaire,
pour la température de o°, s'écarlciit peu de « = lo, "i. lo"" ; b = 4,3. io~'\
J'ai attribué la même dilatabilité à la forme a des réversibles compris entre
32 et /|5 pour loo de nickel. Comme l'anomalie de ces alliages esl considé-
rable, l'erreur commise sur la dilatation de a retentit peu sur la valeur
de y a— Vp, et le diagramme x peut être tracé avec assez de certitude.
Or, pour les températures inférieures au point de Curie, et moyennant
une réduction convenable de l'échelle des ordonnées, les «ourbes ,t- coïn-
cident sensiblement avec celles de la variation thermi(|ue du carré de
l'aimantation à saturation 1% établies par Ilegg (' ). Ainsi, dans la ligure,
les points expérimenlaux représentent les données qu'il a obtenues pour un
(') F. HbGi;, T/ièse, /.uricli. 1910. F.ii rcaliti
rapport ( -r- ) donné par Ilegg, car ( rlui-ci a extrapole
noiiilire c sénarlc sensililoiiieiil du
. „^ ,,„. --^„H' - ^ f" - courbes jusqu'au zéro
absolu il'iiprès une loi toute dillérente de celle que j'ai admise. Mais la concordance
s'établit si Ton restreint la comparaison de^ deu\ piopriélis an diunaiiic île lempéra-
tures réellement exploré.
SÉANCE Dr 27 JLI.N I92I. 1657
alliage sensihl.'ment identique par sa composition à celui dont j'ai étudié la
dilatation : seul le point relatif à la température de l'air liquide se dispose
à quelque dislance de la courlte j; mais cet écart s'explique sulfisamment
par l'inccrtitudi' du Iraré de la courbe normale aux très liasses tenqié-
ra turcs.
Pour les fcr;onickels à faible anomalie totale (plus de 5o pour 100 Ni),
les erreurs qui ailcclenl le calcul de .r prennent une importance relative
considérable, et il serait vain de cheicher une vérification quanlitalive de
la relation .r = ( j- ) ■ Mais il est possible d'en prouver indirectement la
validité.
En elîet, sauf au voisinage (lu zéro absolu, la dilatation d'une substance
normale peut être représentée, avec une grande approximation, par une
formule pa:abolique de la température 0. La différence V,^ — Vr. des volumes
spécili(|ues des deux formes normales y. et [i est donc une fonction du second
degré en 0, et // duil en être de même du (juolient (V — Vp) : ( =- j » 5? fo
relalion a? =; (-p ) est exacte. Or cette prévision se vérifie très sensiblement,
non seulement pour les ferronickels tenant plus de 5o pour 100 \i, mais
encore pour le fer a, la cémentite. la magnétite, les alliages fer-cobalt, fer-
chrome, nickel-cobalt.
Ainsi, malgré la diversité de leurs a>pects, les anomalies de dilatation de
la plupart des corps ferromagnétiques peuvent être interprétées à l'aide de
la même conception. L'anomalie est dite nei>r//iVe quand V, est constamment
supérieur à Vp:(Fe-i\i, Fe'C, etc.) et posilke dans le cas contraire
(Fe'O'', Ni, alliages \i-Co). Mais, pour certains corps à faible anomalie
totale (par exemple, ferronickel à G8,o pour 100), la différence des dilata-
bilités des doux formes x et ^ suffit à inverser le signe de V^ — V^ quand
la température s'élève : suivant la valeur de celle-ci, l'anomalie est donc
positive ou négative. Ces considérations font rentrer dans la loi généiale
des courbes d'anomalie dont l'allure semblait assez énigmatique de prime
abord.
l658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Action de l'acide hoiitfue sur la glycêi-ine et les alcools
polyvalen/s. Application d une nouvelle met /iode de rolumélrie physico-
chimique. Nole(')de M. IIexê Dlbrisay, présentée par M. H. LeCliatelier.
On sait qu'il est possible de titrer Facide borique par alcalimétrie si Ion
ajoute dans les solutions un excès d'alcool polyvalent (-) : il est naturel
d'attribuer cetle particularité à la formation d'une combinaison susceptible
de donner avec les alcalis des sels moins byd^ol^ sables que les borates.
Divers auteurs (^) ont cherché à vérifier celte hypothèse au moyen de
mesures physico-chimiques, en employant soit la méthode des conductibi-
lités électriques, soit la méthode <?ryoscopique. .l'ai pensé à appliquer à
l'élude de ce problème le procédé d'analyse basé sur l'observation des
phénomènes de miscibilité que j'ai décrit dans des Communications
antérieures ( ').
Dans ce but. je mêle en proportions \ariables des solutions à lilre connu
d'acide borique et de glycérine et, sur la liqueur ainsi préparée, je déter-
mine la température de miscibité avec le [)hénol. Les résultais sont con-
signés dans le Tableau suivant :
Tableai I.
Suliilions d acide boiiqiie cl de glycérine à ' de nwlécnlc pur litre,
jc =z volume de solution d'a(-ide.
100 — .r:;^ volume de solution de glycérine,
T„=r: température de miscibilité observée,
Tc= température calculée par la règle d"addili\ ilé,
e := '!",, — T,. : écart correspondant.
ar. T,,. T. e.
o 'JÎ^j^ ()!S,^o o
33,3 ()6,o ''3i93 -!-o,o-
ôo () 'i , tj '• 1 , 70 — 0,10
66,6 63,:") 63, '|6 -i-o,o4
70 62,9 6!,8.") -HO, 00
100 61,0 (ir ,00 o
(') .Séance du i 3 juin 1911.
I -) JoiKilîNSEN, Cent. Blall., 189.Ô. — C<i|'AI\, ( o/ii/i/cs rendus, 1898, cl ISiill. Soc.
c/iini., 1909.
(^) iMagnanim, (idz. Cliini. ital., 181)0 et 1891. ■ Hoesekicn, l!e\ite des Trai.au.r
vlùmiqiies des Pars-Bas, t. ;îO, 191 1 ; t. 3i-, i9i">; i. 'Xr>, i<)i(').
(') RenI- DiiiriiSAY, Comptes rendus, t. 170, nj'o, |). \j^?.; Ilull. Soc. cliini,
niiii iijK) et février 1921.
SÉANCE DU 27 JLI.N 1921. iGSp
Les écarts entre les lem|iéraliires nbsi'rvées et les températures calculées
sont nuls ou (lu moins ifil'érieurs aux erreurs d'ovpérieiice : aucune C(UTibi-
naison ne parait doue se former.
Il en va autrement dans le cas du système mannllc-acide borique, ainsi
qu'il ressort des chiffres du Tableau 1 1 :
TAntEAU II.
X. T„. T. e.
O 69 ,2 69 , 2 O
4o 6719 68,52 0,62
5o «'7,6 <i8,3.") 0,7.5
60 67,4 68,18 0,78
66,6 67,3 68, 06 .0,76
luo 67,5 67,5 o
Ici les écarts sont nets et laissent [)résumer la formation d'un composé de
T T
mannile et d'acide borique (') : mais la courbe ([ue Toii peut tracer pour
représenter les résultats n'a pas de points anguleux, ce qui indique que la
combinaison est dissociée.
(') Celte ('oncliision doil être lappiocliée du travail de Fox et Garge (Chciii. Soc.
of Lmidon, i9r i) qui décrivent uue combinaison d'acide borique et de niannite obtenue
en raiMant les solutions alcooliques des deu\ corps. Cette combinaison, qui contient
une molécule d'acide pour une de mannite, se décompose en solution aqueuse.
l66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai étudié ensuite l'action de l'acide borique <'t delà glycérine en pré-
sence de soude.
Pour cela, je mêlais à une solution de soude — des liqueurs tenant en
solution par lilre lo^ d'acide hori<|ne cristallisé et des proportions
variables de glycérine.
Les résultats sont consignés dans le l'ableau siiivanl et repiésentés sur
la figure.
Tableau III.
Action d'une solution de soude — sur les liqueurs contenant par lilre io=
y
d'acide Iwr/fjue cristallise et des proportions variables de i: Ircérine.
V = poids de glycéi'ine par lilre.
.( -- volume de solution de soudt',
100 — ' =: volume de snlulion acide.
(cour
be
1 1.
. ■ -— ~^
— -.
r.
'1'.
>..J
r>9,2
33,33
57,6
5o
54 , 6
66,66
49,0
7'>
46,5
GO
36, r>
1' =
:rGO
(coin
■l.e •.').
— . ■
- — — . .
.r.
T.
0
60,0
10
60, a
2.)
•">9>4
33,33
58,2
5o
55, 1
66,66
5o,5
7.J
47)7
00
36,5
1'
IIH)
(cour
l.e :;).
— _ -
— .— — -
.r.
T.
0
.53, S
•>.o
5 i > 9
33 ,33
54,''>
5o
5?. ,2
66.6(i
48,2
75
45,7
00
3(i . 5
L'allure de la courbe 2 et surtout de la courlje 3 concorde Itien avec
l'existence d'une combinaison de glycérine, d'acide et de soude. Toutefois,
puisqu'on n'observe aucun point anguleux, cette combinaison est certaine-
ment dissociée : sa formation n'apparaît même pas sur la courlje I.
.l'ai obtenu des courbes tout à fait analogues dans l'étude du système
inannite, acide borique, soude.
CHIMIE PIIYSlcu Ë. — Influence du corroyagc sur la rcsislivitv <lc l' ncirr.
Note de W. Er«ÈXE-L. Dupuy, transuiisc par \i. H. Le Cliatelier.
Lorsque l'on transforme en fil par étirage à froid une barre d'acier
laminé, on constate que la rési-lance électricjue décroît au fur et à mesure
que la section diminue
SÉANCE UU •!■] Jl'IN 1921. 1661
Nous 'avons ol)l<'nii. par eveinple dans une série de mesures, les valeurs
>uivantcs
Ki;>-i.>'livilù ( iiiicrnliiii
I...1IC
l;,uic ii.iliali:
i-ii
r mil.
1) = (i
1)
= 1
,00
•'.5 , ■'.
■M.. 8
'79
27 ,0
■>. i , 0
N.iliiie .1 it.il.
Acier iin-ilin
Acier dur 0,79
L'examen microscopique de la harre avant étirage montre qu'elle est
constituée par des zones de ferrite et de periite unitormémcnt réparties sans
orientation visible. Le passage par la filière provoque un alignement de ces
zones qui s'allongent et se transforment en longs filaments. A ce change-
ment de structure correspond, comme le calcul permet de le voir, une
diminution de la résislivité. En clTet, dans le premier cas, on peut admettre
que tout se passe comme si pour une moitié de la section les éléments de
ferrite et de periite étaient en série, et comme s'ils étaient en parallèle
pour le reste de la section; après étirage, ces éléments seront au contraire
tous en parallèle.
Cette explication n'est cependanl pas suffisante : en effet, si, par un
recuit à 800° suivi d'un refroidissement à vitesse convenable, on fait recris-
talliser le métal, l'alignement des grains de periite disparaît et l'on retrouve
une structure micrographique semblable à celle qu'avait la barre initiale.
Or, après ce traitement, la variation de résistivité persiste, quoique sensi-
blement atténuée.
Nous avons obtenu, pour les fils que nous avons cités plus haut, les varia-
lions suivantes :
Résistivilé après recuit.
Carboiu- _ ^ ,,,
Nature du métal. pour Iflll. Barre initialr. Fil.
Acier mi-dur. . o.S.ii 2 2 ,0 21 .6
Acier dur 0.79 2! .7 20,9
L'attaque par le réactif au cuivre d'une coupe longitudinale du fil
montre la persistancr après recuit des bandes colorées mises en évidence
par ce réactif et dues, comme l'a montré IVL H. Le Chatelier, à la présence
d'oxyde de fer en solution.
Une partie de la résistivité du métal serait donc due à la présence de
cet oxyde.
Cette hypothèse permettrait de comprendre pourquoi, alors que l'extra-
polation à l'origine des formules donnant la variation di- résistivité du fer
en fonction de la teneur en élément ajouté conduit à des valeurs peu
C. R.,}g2i,i" Semestre. (T. 172, N» 26.) 121
l(>62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
supérieuics à 7 inicrolims : ctn'. on oblieiil |)iali(|iieiiienl des résistivilés
sciisihleinciit plu> ùlevérs. Cel ccait sérail dû à la piéseiice de l'oxyde,
d'autant plus diflicilc à éliminer que le métal est moins carburé.
cniMii',. — Su/- le ciirhDiKile (/'a/-i^r/tt iiininoiuacdl. Note de MM. Dekvix
et Olmer. présontée par M. (J. l>emoiiie.
Le carbonate d'ari;enl ammoniacal n'a été sis^nalé que par Kern (') qui
l'obtint en pondre, de formule Co'Ag', 4 AzH', en précipitant par l'alcool
absolu la solution ammoniacale de carbonate d'argent. Plus tard, Bruni
et Lcvi (-) n'oni pas pu l'obtenir en faisant passer de l'ammoniac sur du
carbonate d'argent. Au cours de rechercbes actuellement en cours sur
l'argent fulminant et qui feront l'objet d'une Note ultérieure, nous l'avons
obtenu accidentelli-ment par l'action de l'anhydride carbonique de l'air sur
la dissolution de l'argent fulminant dans l'ammoniaque concentrée.
.Nous avions remarqué que l'argent fulminant obtenu par l'évaporation à
l'air de la dissolution d'oxyde d'argent dans l'ammoniaque se dissolvait
dans l'acide sulfurique étendu avec dégagement d'anhydride carbonique:
ce fait qu'il était facile de prévoir n'a pas été signalé par les auteurs qui se
sont occupés de l'argent fulminant.
La carbonatation lente à l'air atmosphérique de la solution ammoniacale
d'oxyde d'argent s'effectue a\ec une telle facilité que nous a\ons pu. par
dissolutions de l'argent fulminant dans l'ammoniaque, suivies d'évapo-
lations spontanées, transformer en carbonate ammoniacal ()4 pour 100 de
loxyde d'argent en quatre npérations seulement, les 6 pour 100 reslaiils se
trouvant à l'état d'argent métallique.
Ayant à notre disposition une assez grande quantité de celte solution,
nous en avons piolité pour étudier le carbonate ammoniacal insuflisamment
décrit. La dissolution, liltrée de l'argent métalli(jue, a été laissée à l'obscu-
rité dans une cloche contenant de la chaux vive et du sel ammoniac. Elle
nous a donné de beaux cristaux incolores, de forme hexagonab- très
régulière, transparents, de i""" à '|""" de lôté; les deux bases sont très
développées, le prisme très court avec en biseau les faces de la pyramide.
<^es tables sont formées d'associations complexes de cristaux optiquement
I ') ki:iiN. Cli,-in. N., t. 31, iS;.'), {>. "..ii.
M-j BitiM el Li;m. Giizz. c/iii». l'/n/.. i. -'>(>, i(|i(j.
SÉANCE DU 27 JtiN 1921. l663
|)i)silil's, ;'i lieux axes optiques i';lp[)rocliég, |trêsenlaiil une foiie (lis(»i'rsion,
avec : <^ V.
Ces ciislaux jaunissent à l'air. en perdanl tle l'eau et de ramniouiac cl en
donuaiil du carbonate il'argent, (jui garde la forme des crislaiiv de curlionalr
iimmo/iiaceil. Ils noircissent à la lumière. On peut les conserver à l'obscurilé
dans un petit tube scellé. Ils sont très solubles dans l'eau; la solution aban-
donnée à l'air perd de l'ammoniac cl le carbonate d'argent se dépose
cristallisé; à cliaud, la liqueur noircit et le carbonate d'argent est mêlé
d'argent métallique. De même la dissolution ammoniacale, évaporée lerite-
mcul à l'air atmospiiérique, donne de petits cristaux jaunes, transparents,
en forme d'aiguilles associées, de carbonate d'argent.
li analyse a été laite en dosant l'argent soit à l'élat de clilorure, soit à
l'état métallique, l'ammoniac à l'état de cbloroplalinate: la |)résence de l'eau
a été contatée; on l'a dosée par différence entre la perte dans le vide sulfu-
rique et le poids d'ammoniac; l'anliydride carbonique a été obtenu par
calcination du carbonate. Ces analyses conduisent à la formule CO'Ag-,
lAzH', HH):
Vrgent •'Qi^à
Ammoniac 18,61
(;0--4-0
99.97 100,00
CHlMli: (.l.NÉH \l.i:. — Sur //■ /■()/(■ (/c.v iiiipitrcU'S gnz-cusis dans riKvydiition
caUilyti(iuc du gaz anunoniar. >.ole de M. Et'CKxt: Decaiskiùke, présentée
par M. A. Ilaller.
La présente Noie fait suite à V Elude de l' orydation raLalYti(]ue de l' anu)ui-
nùi(/ue. faite en commun avec M. Pascal et [jarue au Bulletin de la Socié/c
r/ii/)Hi/ur de France du G janvier 19 ii) où l'on trouvera une description
succincte de la méthode et du dispositif employés; elle résume une première
série d'expériences relatives à rinlluencedes im})uretés gazeuses qui accom-
pagnent l'ammoniac obtenu indusirielleuient en parlant de la cyanamide
calcicpie.
Le cataUseur esl roiislilin'' piir is.gj tle l'euilles de plaline. lioissees en buuleltes,
foiiiuml à riiiléiieLir d'un Uilie dequarU de >/'"', .'(O de section un lampon de 1"",.") de
(.'.alcuk- puur
CM Af:', 4Azll'. H-0.
59,8-.,
5,, ,67
18.6S
18, 7X
16,35
.6,58
5,1-2
-1-97
l664 ACADÉMIE DES SCIE^■CES.
longueur, lifi peniifable aux gai. Le mélange d'air et d'aiiimoriiac renreriiianl eiivjioii
S, 3 jiour iipii de ce dernier gaz en \oluiiie reçoit I impureté gazeuse, dosée à I aide d'un
inbe capillaire étalonné, puis pénétre dans le tube de quartz à la vitesse de lo lities
111 11 minutes ou secondes, vitesse suftisamment faible pour qu'on puisse assister en
(|uel(]ue sorte à l'empoisonnement j)rogressif du calalv=cur. La température, réglée de
façon à atteindre son maximum, 70(S"-jio''. à l'endroit où se trouve le platine, est
déterminéi' de pai l et d'autre pai- un mode de chaulLage, toujours le même, qui permet
d'éviter les condensations dans le lube et d'obtenir (jue l'écliaufi'ement pnalabli' du
mélange gazeux soit sensiblement If même dans toutes les exiiériences.
L'action de riiydi^ogène stilfucé a été étudiée en premier lieu ; mais, ci'
gaz se dissociant parliellcineiit avant l'arrivée au catalyseur a\ec dépôt de
soufre et mise en liberté d'hydrogène qui s'oxyde en même temps que
l'Iiydrogène sulfuré restant, l'inlluence de l'hydrogène a été étudiée sépa-
rément dans la même série d'expériences. D'après les résultais qui sont
donnés ci-dessous et qui ont été fournis par deux échantillons de platine,
alors qu'une faible dose d'hydrogène (o,44 pour loo) accroît l'activité du
catalyseur, une dose beaucoup plus considérable (i à i, j pour loo) abaisse
le rendement en diminuant la proportion d'oxygène disponible pour l'oxy-
dalion du gaz amtnoniac.
'l'enip> (if- pa^^dl^e
de ce mélange H puur 10(1
Il |iniir 100'"' depuis l'expérience pendant Hendeiiieiil
du tiiélaii^e. piécédeiMi'. l'expéricncr. pnui 100-
Ec/iiintillun II" I .
') "•"" " <.)J-7
'J. 'li "1" "-M-i 1""
1,3 o. 111 1,3 y3,S
1,3 3 .1111 o ',P,3
lùliiiiililldii II" 2.
9*), 5 et 9G,;
1)5 , A
Dans le cas de l'aclioii de riiydrogènc sulfuré, les e.\|)éiiences ont été
faites sur un même échanlillon de platine pendant (pic la dose indiquée
d'impureté gazeuse était présente dans le mélange.
SÉANCIv nu 'l-] JIIN I921. lfi().^
lrn,|„ ,1,- I,.,-,,,;;,.
Il > l"Jiii- m-' lie CL- NuMungc ilcpiMs li,',Hloi„ei,l
(lu iii('-Li]igr. l'o\pr'rience pn-ri-fleiilL-. |iiiiii- 100.
h lu
'1 Cl. 11(1 ().T .3
"■ " "1" <)•'■ î
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I.li <.1.1(. 79.6
1.0 .;.,». 86,',
I." 3.(.., 90.3
1.0 (.3(1 90. Il
^■" 1 •'^ 79-1
" :i...(i 8'!,(i
-.3(1 87.8
o 7.3(1 86. .
.1 .ii.dd 87,,.
Les nombres du Tableau précédent, relatifs à une durée totale de fonc-
tionnemenl de plus de 60 heures, montrent que l'aclixité du catalyseur est
progressivement mais non définiti\ement amoindrie, puisqu'une diminution
de la dose d'bydri>gène sulfuré provoque un relèxement du rendement: et
Fou peut dire que la baisse finale de rendement, pour une dose donnée,
dépend beaucoup moins de la quantité absolue du gaz nocif qui a passé que
de la proportion actuelle de ce gaz.
Pendant les périodes d'into.Kicàtion à forte dose, à 2 pour 100 par
exemple, un peu moins de la moitié du soufre est transformée en acide
sulfurique; pendant les périodes de désintoxication par le passage du
mélange (air + NH'"), du soufre se dépose à la sortie du tube. Signalons
pour terminer que l'écliantillon de platine précédent, dont le rendement
n'avail pu être relevé que de -3.i à 87.0 pour 100 en présence de doses
dimiiuiécs puis nulles d'hydrogène sulfuré, a été tinalemcut soumis à
l'action de l'hydrogène à la dose i,25 pour 100 et a donné ()0.2etc)0.3
au bout de 3 heures. 91 , G après un nouveau passage de 3 heures, l'hydro-
gène n'étant pas présent dans le mélange pendant les expériences. On voit
que le soufre est mieux entraîné par l'hydrogène que par l'air et que, si
l'action d'une très forte dose d'hydrogène sulfuré se traduit par une fatigue
finale du catalyseur, ce gaz a des propriétés nocives considérablement
1(166 ACADÉMIE DES SCIENCES.
iiioiiuli es ([lie celles (|u'oii lui alliibiie irordinaire, sa piuporlioii élaiil au
maxiuium 0.002 pour 100 dans l'opération industrielle avec Teinploi de
cyananiides non préalablement mouillées.
Oti ne saurait eu dire aulaut d'autres iLii|>urelés gazeuses tout aussi
courantes doni la loxicité est partiçulièremeul i;rande.
(lÉOLOGIi:. -- liemarqiii's ^(■iiéniles sur lu icctoniijue de la zone pirri I aine
du n'arh seplenlrional [Maroc). Note de \l. Léox Ll'tai'd. présentée par
\l. h]mile Haug.
Dans une Note précédente ('), j'ai montré par quelques obseivahons
de délai! que le li'arb septentrional de\ait être considéré comme une région
de charriages. Cette conclusion est analogue à celle formulée déjà par
divers auteurs pour d'autres parties du Maroc septentrional et qui a été très
contestée. I^llc se heurte donc aux mêmes objections que je désire d'abord
discuter.
Il résulte de mes levés que tout un ensemble de terrains, formé de Trias,
de Nummulitique et de Burdigalien, repose en recouvrement anormal sur
un soubassement d'argiles grises que j'ai rapportées à l'Helvélien. Cette
attribution est à coup sur précaire, car elle ne s'appuie ici sur aucune
preuve paléontologique précise : elle est acceptée cependant par beaucoup
de géologues, en se fondant sur la continuité qui relie ces terrains à des
formations très semblables dont l'âge hclvétien a été reconnu. Au surplus,
depuis mon vo\age, des études de détail ont été poursuivies dans le H'aib
et apporteront bientôt, je l'espère, les* précisions désirables. Cepemlant
M. A. Brives a récemment rappelé ('-) qu'il considérait les argiles grises
comme suessonieimes et constituant la base normale des marnes blanches
à silex de ri']ocène. Celte opinion ne s'appuie pas davantiige sur des données
paléonlologiques : la discussion, sur ce point, ne peut donc aboutir pour le
moment.
L'attribution des argiles grises au Suessonien ne saurait en soi modilier
le problème, puisque, d'après mes observations. \v Trias les recouvrirait,
surmonté lui-même par les marnes blanches éocènes.
La position anormale et le brov âge mécanique du Trias étant incontes-
tables et a\ant déjà été signalés en d'autres points du Maroc, certains
(') Co/iip/cs rcin/(/s. t. 172, 19'.!, |). i:")iii.
{'') C . Il- Sdliiliu s. a. /■'., > in;ii i() 1 1 , |i. i ?S.
SÉANCE DU 27 JUIN I921. 1667
géologues, qui n(^ croient pas à l'exislencc de charriat^es dans la région, onl
pensé que le Trias se serait élevé de la profondeur à la laveur de failles et
de phénomènes de « diapirisnie » ( ' ).
La notion du Trias intrusif ne peut en aucune faron s'a|)pliquer à la
région que j'ai étudiée. La multiplicité des lambeaux triasiques et leur dis-
position supposeraient tout un réseau de failles nombreuses et complexes :
or je n'en ai jamais observé aucune qui fût en relation avec les affleure-
ments du Trias. De plus, on m- connaît pas le soubassement des argiles
grises : il se peut que le Trias existe en profondeur, mais il est probable
qu'une importante série sédimentaire le sépare de la surface, ce qui rend
tout à fait hy|)0thétiques les possibilités mécaniques de son intrusion ascen-
sionnelle.
A la vérité, le Trias est beaucoup plus donlinu sous les marnes blauclics
éocènes et le Burdigalien qu'on ne serait tenté de le croire à première vue.
Ses affleurements sont d'autant plus fréquents et plus importants que les
massifs éocènes et burdigaliens sont eux-mêmes plus nombreux et plus
étendus : ceci est déjà en faveur d'une relation directe entre l'existence de
ces trois termes. En outre, le Trias n'est pas seulement localisé à l'état de
lambeaux broyés sur la bordure de ces massifs, à leur contact avec les
argiles grises; il continue en profondeur, surtout sous les marnes et les grès
de l'I^ocène, et l'érosion, en de nombreux points (dans la région du djebel
Sarsar notamment), y a mis à jour le Trias sous-jacent; parfois même, sous
cf dernier, les argiles grises apparaissent localement en petites « fenêtres »,
Ikon le travail de l'érosion est poussé plus loin. Je demeure donc convaincu
que le Trias repose en nappe sur les argiles grises, que celles-ci soient
suessoniennes ou lielvétiennes.
J'ajouterai que l'existence du charriage n'est pas seulement l'ondée sur
l'étude stratigraphique et la position relative des dillérents terrains. Elle
résulte tout autant, à mes yeux, de la nature des phénomènes mécaniques
que l'on peut observer, et qui sont à tous égards analogues à ceux que l'on
connaît dans d'autres régions, où l'existence des charriages a été claire-
ment mise en évidence (brèches mécaniques, lambeaux de poussée, lîimes
enrobées, etc.).
Voici, en résumé, l'idée d'ensemble (|ue je me suis faite, dès 1911^, de la
structure du R'arb septentrional :
(") \oii- iiutamment, pour la région du IVarl). A. Brives, C. II. snmin. S. G. F.,
7 mars 1 921 , p. 56.
l668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I II soubassement continu et liomogènr d'aijuiles grises est recouvert par
une nappe complexe formée de Trias (à la hase), de Nummulitique et de
Burdigalien. Il existe une incontestable indépendance entre ces trois termes
charriés : le premier est complètement écrasé, broyé; ie second, moins
morcelé, est souvent énergiquenient plissé; le troisième, beaucoup plus
tranquille, est discordant sur les deux autres. Il est donc permis de consi-
dérer la nappe comme conslituée de trois unités tectoniques indépendantes,
probablement décollées, le Trias formant une nappe inférieure, que son
écrasement peut faire comparer à une véritable brèche mécanique de base.
La poussée est dirigée du Rif vers le S et le SW. Ce que l'érosion a
laissé subsister de la nappe permet de croire que le front de nappe suivait
assez exactement le mouvement d'incurvation vers le nord de l'arc Rifain.
N'ayant pu, en 1918, dépasser vers le nord et l'est la limite que j'ai
précédemment indiquée ('), j'éviterai d'émettre une hypothèse concernant
l'amplitude du phénomène de recouvrement et la zone des racines. L'âge
des charriages est évidemment postérieur à FHelvétien - s'il se confirme
que les argiles grises appartiennent à cet étage — et antéiieur au Sahélien,
donc nettement miocène.
Les terrains en recouvrenjenl forment des massifs importants dans le
nord etl'esl de la région que j'ai parcourue (Dj. Sarsar, Nador, Mzoufroun,
Sidi Ameur el HadiV Au sud el à l'ouest, c'est-à-dire dans la zone plus
externe, ils ne forment plus que de petits massifs isolés ou des klippes
(Dj. Kourt, Kl Aloua, lambeaux éocènes et burdigaliens de Souk el Arba,
cote 188, cote 196, etc.). Cette disposition est fonction -- mais en partie
seulement — de l'érosion.
Mes observations sur les phénomènes de chai liage dans la partie septen-
trionale du R'arb prérifain viennent à l'appui de l'opinion émise par \1. le
professeur (ienlil à la suite de ses explorations au Tselfatt, au Zerhoun el
au seuil de Taza(^V En ce dernier point, notamment, M. Gentil a montré
que des nappes, venues des régions inexplorées du Rif, étaient poussées
vers le sud sur les argiles helvéliennes du détroit Sud-Rifain. \\ avail
mên>e émis l'hypothèse que des nappes ])rérifaines devaient exister sur
toute la zone externe de l'arc Rifain, jusqu'au détroit de (îibrallar.
(') Complet rendus, t. 172. 19'u, p. ijio.
(') L. (jENTH., M. Lrr.EON et !.. .Ioi.eaid. Comptes rendus, 1. I(i(i. it)i8. p. ti-,
•'.90, /'17a el (>l4. — !.. riKM'U., l'oviiffe ffén/ni;ii/iir il Tiizd (H.S.H.i.. V *''iie, I. IH,
1918. p. 149-1771.
SÉANCE DU 27 .lUI.X 1921. 1669
h'iui iiuli'o cnlé, lÀ. Douvilli' cl Mcklès oui établi rexislence di-
nappes de cliariiage, poussées vers Ir ( iuada!(|uivir, dans la zon»' externe
de l'arc Bétique. Sans vouloir généraliser d'une manière prénialuréi', dans
un pays où les observations sont encore incomplètes et iinprécisées, il est
permis de penser qu'un même régime lectonique. caractérisé par la pré-
sence de napjies poussées veis la zone externe, doit exister tout le long df
rimporlant système orograpbi(|ue hélico-rifain.
r'ALi:ONTOLOGIE. — Sur la râleur iJiylogénèlique cl rvohitive des formules
laiiiellaircs des dernières molaires M-i M-> M-; des tnaslodonles et des
èlèpliants. Note (' ) de M. Sabba Stefa\escu.
IjCS paroles de Craudry (- ) : « Supposons toujours que les collines conti-
nuent à se multiplier, à s'oxhausser, VElephas meridionalis deviendra à son
tour un Elcp/ias niiliquus ou un éléphant du type de l'Inde ». précisent suffi-
samment la méthode suivie par les paléontologistes, pour établir la phylo
génie et l'évolution des maslndonles et des éléphants, f/augmenlaliofi du
nombre des collines ou lames, habiluellemenl rendue en formules lamellaires,
serait donc, pour tous les paléontologistes qui m'ont précédé, le critérium
qui indiquerait à la fois et la filiation et l'évolution de ces proboscidiens.
< )r, d'après mes observations, les formules lamellaires sont dénuées
d'importance phylogénétique, parce qu'elles ne nous renseignent pas sur
les caractères morphologiques qui nous révèlent, d'après l'étude des
molaires, la parenté des animaux en question. Quanta l'importance évo-
lutive de ces formules, elle ne saurait être mise ei: évidence que si la con-
dition sine qua non que le phylum des genres et des es|)èces qu'elles
représentent est connu.
I. Pour rechercher le phylum, nous pratiquons la méthode de la mor-
phologie phylogénétique, qui consiste à suivre la variation des caractères
morphologiques |ihylogéiiétiques, à savoir : la composition hituherculnire,
la différenciation dissemblable, et la disposition non alterne ou en apparence
alterne des deux tubercules congénères de diaquc colline ou lame.
Hue fois le phylum déterminé, pour repérer les genres et les espèces,
(') Séance du j 3 juin I9'2i.
( - 1 Les enchaînements du inonde aninint dans les temps grulogiqui-s, Mammifères
tertiaires, 1S7S, p. 1^9.
1670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c'esl-à-diie pour lixer leurs places dans le phylum, d'après leur degré
d'évolution, nous utilisons les formules lauiellaires.
D'ailleurs l'importance scienliliquc de ces l'ormules ncsl pas exempte de
toute objection fondée, du moment qu'une seule et même espèce peut être
représentée par deux ou trois formules différentes, d'après les auteurs,
comme par exemple Slegodoii insignis, dont les trois formules lamellaires
7 O 10 I 1 1, .1-11 / 1 —
»t-)5 , : — ^,a après talconer ('), ^—
-s — Mil — 10 ^ \"
8 10-
-i3
) d'après
Lydelvker ( -') et
S 7 - «
, d'après Andrews ( ").
. / ■ ^ — 1' 9 . i3 • •
II. Pour éviter la confusion qui peut résulter de l'emploi des diverses
formules lamellaires établies par divers auteurs, j'ai eu en vue uniquement
les formules d'un seul auteur: j'ai additionné les termes de chaque for-
mule, qui se l'éduisent à un seul nombre. F^es formules publiées par
Andrews forment alors la série que voici :
3 4-
TetrabeJodon angustidens
Mastodnn Cautleyi
Tclrahchxlou lougiroslris
Mdstodon lalidens
l''J('i>li((s ( Sicgodon) Clifti
h'/eij/ias (Sicgodon) Ixmdnfràiis
Eleplias (Stcgodon) insig/iis
l:7t'f)/ifis /i/ti/iifrc/is
7
_
— 6
5
— ()
4
i -
- 5
1
— (i
4-
- a
— (;
G
— 7
' (
'
7
— s
— 22.
— r 20.
Z7 l'i-
5 '-•
7 8.-9 10 13
III. Pour (pie cette série soit entièrement phylogénétitpie et évolutive,
il faudrait que tous les genres et toutes les espèces dont elle est formée
appartiennent à un seul et même phylum. Or, cette condition n'i'st pas
remplie, donc la série n'est pas pliylogénéti(|ue, et par conséquent pas
évolutive en totalité, et voilà pourquoi :
o. 1 )'après Lydekker ( '), Teirabclodon angustidens serait la souche ances-
(') Palaennlological Mcmoirs, vol. 2, 1868, p. 8().
('-) Paluronlologia Indica, 10'' série, vol.1, l'.irl.T, iSSo. p. 1-3-59'?.
('') A Ciiiidc II, thr lîlcplianis, 190S, p. '|('>.
(■•) Ofi. <ii., I..- -^-Tie, vol. :$, i8S',-i88G. !>. wiii.
SÉANCE nu 27 Jl IX 192I. 1671
Irale du pliyliiin : Tclidhelodon lorii^irnslris > Masiodon Vimllcyi ■ Md.s-
todon lalidcns. Mais los collines de Maslodon ('aitllcyi ne sont [las des
collines de Teiralieloilon /o/iiiimstri.s dill'érenciées t'égressiveinent; le jthy-
liint précité n est donc pas iKiliircl. Par suile, il ne peiil, être question de
l'évolution de ces espèces, et les formules lamellaires qui les représentent,
tant au point de vue de la phylogénie qu'à celui de l'évolution, sont sans
valeur.
h. D'après tous les paléontologistes, Masladoii idlideits et Mastodon
rlephantoides \ = Elephas (Stegodon) ('liùi\ seraient les espèces de pas-
sage de Mastodort à Elephas i^Sfegodoit). Mais le t'ait que les molaires de
Moslodon elephnntoidis \=^ Elephas [Stegodon) ('lifli\ ont des collines
plus nombreuses que les molaires de Maslodon lalidens n'est pas une preuve
décisive que ces deux espèces sont liées phylogénétiqueuient. Cette obser-
vation est il'aiitanl plus justifiée que, sur les figures des molaires de Mas-
todon tdephantoidcs publiées par Clift ('), 0\ven(-) et (îaudry ('), on
ne peut discerner la composition bituberculaire des collines, très mani-
feste sur les figures des molaires de Maslodon /titidens, publiées par Clifl,
Owen et Falconer ( *). Puisqu'il n'est pas certain que les collines de Mas-
lodon plephantoides soient des collines de Maslodon lalidens différenciées
régressivement, la filiation de ces espèces n'est pas rigoureusement démon-
trée. Vxi outre, la synonymie Maslodon elephanloides (^lift | = Elep/ms
{Strgodon) Clifti Falconer] est discutable, parée que. au point île vue des
caractères morphologiques phylogénétiques des collines ou lames, les
figures des molaires de Maslodon rlejilianloides publiées par Clift diffèrent
de celles à'Elephas (Siegodon) r/(/>/ publiées par Falconer (').
r. D'après tous les paléontologistes, Elephas {Stegodon) insignis
et Elephas planifions seraient les espèces de passage iVEIepIias (Stego-
don) a Elephas. Mais cette filiation n'est pas réelle, pour les motifs
suivants :
1° IJ Elephas (Stegodon.) insignis et VElephas planifions n'appartiennent
pas à un seul el même pliylum. Les lobes et les expansions des lames des
( ' ) On Ihe fossil fieniains of tno- A'cii' Species 0/ Maslodon { GcoUt^iccd Transac-
tions, 2" série, vol. 2, 1838, p, 369).
(') Odonlography, vol. 2. pi. l'i^o, iS^o-iS'p.
(') Ùp.ril., p. 176.
(') Fduni \iili(iua Sividfnsis, l'art '1, pi. "50, fig. G.
{') Ibid.. li.
1672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
"inolaiii'3 il' nie pi ni s planij'rons { ' ) n'i^xisleiit pas chez les hune-- i\'E/i/j/tu\
(Stegoe/on) insignis, de .--orle (jiie les latnes A^ lilephus planil 1 <ms ne sont pat.
(les lames iVEIephas ( Sirgndo/i ) insignis difTérenciécs régi-essivement.
2" Si vraiment VEIeplias planifrons descend (l(> VElcphas ( Sicgodon)
insignis, sa formule lamellaire devrait être progressive par rappoit à
celle à'Elcpliiis {S(egof/nn) insignis, et non régressive.
l'HYSlQlK DU GLOBi:. — Sur f'aufore horêule ilti \\ nuii n_)-io.
Noie ( -) de M. Caki, Storjikr.
Malgré la nuit d'été si courte, nous avons réussi, mes assistants et moi,
à prendra toute une série de photographies de l'aurore boréale du i3 mai
dernier. Les stations Bygdô, Kristiania, kongsberg et Oscarsborg furent
en action el, comme lésultat, nous avons une vingtaine de photographies
simultanées de deux stations pour déterminer l'altitude et la situation de
l'aurore et une dizaine de photographies de couronnes d'aurore pour déter-
miner le point de radiation des rayons auroraux.
\
X--»;
i'armi les photographies prises de deux stations, il y en a une qui mérite
une mentiim particulière : C'est un photogramme d'un long rayon auroral,
(') Faitnn An/i'/ua Sii'a/i'iisis, l'on I, |il. Il 1-2, el i';iil -2. pi. 1C i'(».
(') Séance du ■>.!< juin 1921 .
SÉANCE UL 27 JUIN I921. 167}
l)lioloi,^i-aphié siimillaiiéinenl par M. Tveler à Krisliauiii el M. bjerke
il < )scarsl)Oig, à ii^'.'\"''2l\\ temps de < Ireenu Icli. (Distance Krisliariiu-
< >scarsboi'g 27^^60'", l'azimut d'< )scarsboig- vu do Krisliania égal à i3"i'2o"
vers l'Ouest.) Sur la ligure ou voit la sii^alion de ce rayon parmi iesêloiles,
celle vue de Kristiania en traits pleins, celle d'Oscarsborg en Irails
pointillés.
Nous avons clioisi le long du bord gauche une série de points, marqués
par les n"" I. "2, 3, 4, 5 el G, dont les points correspondanis vus do l'autre
station sont marqués par les n°* 1'. 2', 3', ''1', 5', le point correspondant au
point ((étant en dehors du champ do la photographie prise d"( >scarsborg.
Voici les résultats du calcul de la hauteur et la situation de ces points :
N". //. ti. Il- I).
t 19,3 78,3 19', i8',
2 2Z1 , ') 76.1 ■>.'i'j i6(j
-3 •!9,."> 73,7 '80 44s
'1 34 , /) 7 ' : i 33.5 .'|43
o 39,2 68.4 4 • o 433
G 43.0 65,8 en\.470 env. 4r>o
Ici h et >i sont la hauteur et l'azimut du point, mesurés en degrés, et H
et D, qui sont donnés en kilomètres, sont l'altitude au-dessus de la surface
de la Terre et la distance de Kristiania au point ayant le point d'aurore au
zénith.
Ce qui est frappant ici c'est la grande altitude du pied du rayon ainsi
que le fait que Tauiore atteint presque le niveau de Sog""" au-dessus de la
Terre. Ce dernier fait a déjà été constaté par nos mesures pliotogrammé-
triques pendant l'aurore du 22-23 mars 1920; en efîet nous trouvâmes
alors pour les sommets des rayons des altitudes entre 5oo'"" et 600'''" (').
MÉTÉOl\OI.OGIE. — Sur une méthode noitvrlle de prévision des rariations baro-
métriques, Note (-) de MM. E. Dklcambre el Pu. Scheresciiewskv,
présentée par M. H. Bourgeois.
La mél hode que nous décrivons a pour but d'annoncer le sens et la valeur
numérique des variations barométriques. Elle est valable dans des cas bien
(') Voir Gcofyaiske l'tililikationer, \o\. 2, 11° 2. Ivristiania, K)-.! , à l'imprimerie
(inindahl el fils.
(■) Séance du 30 juin 19'.!!,
167/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
déleiluincs el cxtiêmcmcnl fiêquenls. Elle est foiidoc essenliellenieiil sur
l'examen d'uiie onlilé niétéoi ologique délinic plus bas : le noyau des nirui-
/ions haromctrif/ues qu'elle substitue à l'ancienne nolion de dépir.ssion. Elle
remplace l'étude des cartes isobariques par celle des cartes dill'érenlielles
où l'on porte les variations de la pression atmosphérique en cliacjue slalion
au cours de divers intervalles de tem])S.
La méthode consiste à rei^arder les variations de pression de lous les
points d'une carie météorologique comme élanl dus au déplacement ou.
d'une manière plus générale, à l'évolution des noyaux de varialions baro-
métriques.
1" Ih'/inition el existence des noyaux de rariaiio/is. — .Notons sur une
carie la valeur des varialions de la pression atmosphérique observées dans
chaque slation depuis un certain nombre d'heures, 12 par exenqile. et
traçons les courbes d'égale variation ou iscdlobares. On remarque que ces
courbes Iracentdes figures d'allure lopographique qui ressemblenl'dans une
certaine mesure aux dépressions et aux anticyclones des caries disobares.
Les ensembles de courbes affectent des formes généralement ellipticjues et
bien centrées autour des points où la pression a subi les plus grandes varia-
lions positives ou négatives. Ce sont ces groupes elliptiques que nous nom-
mons noyaux de variations. Comme les dépressions et les anlicvclones ils
conservent une individualité bien marquée sur les cartes successives. La
considération de tels systèmes de courbes nest pas absolument nouxelle;
les cartes d'isobares du Bulletin météorologique international français
contenaient, depuis fort longtemps, en pointillé, le tracé sommaire des
isallobares correspondant à un intervalle de 2/1 heures, mais elles se propo-
saient uniquement de rendre ainsi plus clairement compte des varialions
passées, sans en faire un instrument de prévision; d'au Ire part, M.MlsKelvholm
en Suède a envisagé, dès avant n)i 1, les isallobares correspondant à un
intervalle de 12 heures el a étudié leurs déplacements. l<'nfin le liureau
météorologique militaire a élé conduit pendant la guerre à tracer des cartes
de tendances, c'est-à-dire des cartes d'isallobares correspondant à un inter-
valle de 5 heures seulement.
Notre méthode systématise l'élude des no\aux de varialions et euqjloie
surtout des isallobares à 12'' <M à 3''. Elle se dislingue, notamment, par le
fait ([u'elle exige que le tracé des isallobares soit fait au moyen d'un grand
nombre de stations, deu\ ou trois fois plus nombreuses que dans les mélhodes
|)récédenimenl employées. Il ne s'agit pas là seulement d'une complication
d'imporlance secondaire, mais au contraire d'une question de principe :
SftANCK DU 27 JlilN 1921. 1^75
c'osl CM elVi'l [)ar ro.\;iiiu"ii miiuilieux de cetlaiiis délails des c.ii'tcs dilIV'icii-
liflles (|U(' la iiiélhodc se propose d'indiciucr le sens et la grandeur nuiiié-
ii(liie des variations baroméiriques.
■_>" Propriétés des noyaux de varidliom. Dijf'èrenls types d'évolution. —
Les noyaux de variations barouiélri(|urs peuxent évoluer de diverses
manières :
a. Ils sont animés souvent d'un mouvement général de translation,
parallèle au [lelit axe des ellipses, (^ctle translation peut être uniforme et n'être
accompagnée d'aucune évolution importante de la profondeur du noyau.
Il est alors beaucoup plus régulier que les mouvements analogues des
dépressions. Ce type, particulièrement simple d'évolution, avait déjà été
signalé par M. Nils l<]ckliolm; mais il est loin d'être le seul, et les autres
se prêtent comme lui à la prévision qualitative et quantitative des vaiiations
baromélriqucs.
h. Le mouNcmi'ut de translation peut être uniforme et accompagné
d'une décroissance ou d'un accroissement de la profondeur du noyau.
c. Il peut être uniforme et accompagné d'une dislocation du noyau qui
se décompose alors en deux éléments marchant dans des directions diffé-
rentes, parfois presque rcctangulaii'es.
Dans tous les cas précédents, les vitesses de translation sont com|»rises
entre 'iS'"'" et 70'"" à l'heure.
Enfin les noyaux [teuvcnt évoluer sur place en se créant ou en dispa-
raissant progressivement. Un même noyau de variations peut d'ailleurs
successivement évoluer suivant les différents types que nous venons de
décrire.
D'une manière générale, les mouvements nets de translation obéissent
à la loi sui\ant<' : Les noyaux de rariations se déplacent en laissant les anti-
cyclones, centres d action élevés, à leur droite.
3° Méthode de prévision. — Les obseivations précédentes ne sauraient
avoir de valeur pratique, en dehors de leur intérêt purement descriptif, que
s'il est possible dans cliaque cas de reconnaître quel va être h-, type d'évolu-
tion de chacun des noyaux qui figurent sur les cartes. A cet effet, on com-
pare les cartes de noyaux de variations à m'', et les cartes de noyaux de
tendances tracées à un même instant, (le son! la position, la valeur et la
forme relatives des noyaux de (endancts et des noyaux de variations qui
indiquent le genre d'évolution. (Quanta la vitesse de translation des noyaux,
elle est donnéi', lorsqu'il y en a une, par l'examen des positions succ<'ssives
d'un mêmi' noyau à quelques heures d'intervalle, par exemple (J Jieures.
1676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I.a prévision consiste alors à désigner !a position liiliire des noviiux de
variations ainsi (jue leur valeur et leur forme. Ceci élanl t'ait, on peul en
déduire qin'lle sera, en cliaqne slalion, Tainplitudr des vaiialiuns baronn'-
iriques et, par conséquent, le tracé fului des isobares el de la direclion des
vents. L'inlervalle de temps auquel s'applique celte méthode est de
12 lieures; dans certains cas, il peul s'éb'ver jusqu'à 2 '1 lieiires.
Au poini de vue général de la Méléorologie dynamique, Texistencc do
ces mouvemenis qui transportent les noyaux de variations semble prouver
l'existence dans l'atmosplière de grands courants d<' direction plus régulière
(jue les courants de surface, de vilesse parfois considérable elqui conservent,
au cours d'une même journée e| même parfois pendani plusieurs jouis, des
caractères fori conslanis.
Ajoutons que, comme un grand nombre de noyaux de varialions pro-
viennent de l'océan Atlanlique, il devii'Ut indispensable de recueillir les
obser\ allons des navires en mer.
BO TANIQU I',. — Siir/t's mlcrosomcsel Icsfurnintions Upoïdes de la cellule régélale.
Note ( ') de M. A. Giillierihond, présentée par \l. (iaston Bonnier.
Sous le nom de microsumcs, Uangeard a décrit de petits grains très
réfringents dont il fait un système spécial, le sphérome. Comme ces grains
nnl été confondus avec des mitocliondries, il nous a paru nécessaire
d'étudier leurs caractères é\olulifs et microchimiques encore peu connus.
A. Sur le vivant, il est très facile de distinguer les niicrosomes des milocliondrie? .
grâce à leur réfringence beaucoup plus accusée et à leurs déplacemenls plus rapides,
ainsi que par leurs dimensions et leur nombre beaucoup plus variables. Dans la plu-
part des cellules, les niicrosomes sont nettement plus petits que les mitocliondries
jçranuleuses; dans d'autres cas, ils peuvent oll'rir des dimensions variables : les plus
petits Kilt toujours un volume supérieur à celui des milochondries et les auln-s sont
plus ^rûs que ces dernières. Kniin. leur iiombii- varie infiniment et dépend de I élal
de développement des cellules. I.n général. 1res nombreuv dans les très jeunes, ils
deviennent rares dans les tissus iidulles. Souvent 1 ependant, ils sont capables de réap-
paraître en grande abondance dans les tissus adultes; en quelques cas, ils restent
très iibondiinls pendani toute la durée de la vie des cellules. Les microsonies ne
semblent pas être des éléments permanents du cvloplasme. ce sont des granulations
(') Séance du 1 3 juin igai
SÉANCE DU 27 JUIN I92I. 1677
(|iii |)(Hivenl a|i|)araîlic et dispaiiiîtie selon les circonslaiices. mais leur présence esl
excessivenienl fréinicnto rt II esl rare ((u'urie lelliile n'en lenfeirne pas au raoiiis
<|uel(iues-uiis.
l'ar leur tiNolulioii, les micmsiiiiies se couipdileiit donc cdiiiiiio île simples pioiluits
ilu métabolisme <-ellulairc.
I!. Les microsome'- iic picseiiteul pas de biréfringence. Ils ne prennenl pas le bleu
liu Nil, ni a\icun anlre coloranl vital. Dans une solution d'acide osmique, ils bru-
nissent toujours nettement, quoique rarement d'une manière intense. Sur coupes
il congélation ou sur fragments détachés d'épidermes lixés par le formol, les micro-
somes se colorent par le soudan 111 et le scarlacli. La méliiode de l'ichler, qui permet
de mettre en évidence les acides gras, révèle parfois la présence d'acides gras dans les
cellules végétales. Dans une coupe à congélalion d'un bourgeon iV/ris gcrmanim.
traitée p^r cette méthode, on aperçoit, par le simple examen microscopique, une~ colo-
lation nette, presque exclusivement localisée dans le méristème, qui parait indiquer la
jirésence, dans celte région, d'acides gras. L'observation microscopique de la coupe
montre que ces acides n'ont aucun rapport topographique avec les microsomes; ils
apparaissent à l'état dift'us dans le cytoplasme et parfois dans losplastides. La méthode
préconisée par Dietrich pour la détection des iipoïdes montre également la présence
de ces substances dans les cellules végétales. I>ans une coupe de bourgeon à' fris ger-
maiiica, les Iipoïdes [)résetitent microscopiquemenl la même localisation que les
acides gras, mais à l'examen microscopique, il est facile de constater qu'ils coires-
pondent aux microsomes, ainsi qu'aux granulations d'aspect graisseux, que conlien-
nenl les jeunes pla^lides. Les microsomes paraissent en grande partie insolubilisés
après lixation par la méthode de Regaud, car même sur coupes à la paraffine traitées
par cette technique, ils peuvent être mis en évidence par le Soudan et le scarlach
(méthode de Ciaccio).
Les microsomes présentent donc tous les caractères miirocliimi(|ues des Iipoïdes
(coloration par les méthodes de l)ielricli et de Ciaccio) et il semble qu'on puisse les
considérer comme tels. 11 ne paraît pas cependant que les microsomes aient partout
la même constitution. C'est ainsi que dans l'épiderme des pétales de la plupart des
variétés de Tulipe, on trouve dans chaque cellule un ou deux énormes globules,
d'aspect graisseux, qui paraissent résulter de la fusion des microsomes; dans d'autres,
on observe des microsomes de toutes les dimensions, depuis de très petits grains
jusqu'à de 1res gros globules. Or, à mesure que les microsomes grossissent, ils
réduisent beaucoup plus l'acide osmique, jusqu'à prendre une teinte noire. En trai-
tant la préparation fixée par l'acide osmique, par le Soudan ou par le scarlach, ou
constate que les petits microsomes faiblement brunis prennent le colorant, tandis que
les gros conservent leur teinte brun foncé, due à l'acide osmique. Les plus gros glo-
bulf^s sont aussi moins résistants à l'alcool après fixation par la méthode de Regaud et
se dissolvent partiellement, laissant à leur place une vacuole renfermant sur l'un de
ses pôles un résidu en forme de calotte qui continue à brunir par l'acide osmique et à
se colorer par le soudan et le scarlach. Cependant la méthode de Dietrich les colore
comme les petits. Us renferment donc également des Iipoïdes, mais joints à des graisses
neutres.
C. Examinons maintenant comment se comportent les microsomes par les techniques
C. R., 1921, I" Semestre. (T. ni, N- 26.) Ï22
1678 ACADÉMIE DES SCIENCES.
iiiilucliundiiales. I)niis les prépaiiilioiis fixées par la iniilliocle do Meves el colorées par
les ujélliodes de Hcnda, de Kull ou par riiéiiialoxyline i'eirique. les inicrosomes se
comporlent d'une iiianii're 1res variiible : souvent ils apparaissent Ibrtenient bruni>
pitr l'acide osmi(|ue el se distini^uenl facilement des niilocliondries. tlependanl souveni
aussi, le brunissement s'atténue dans le baume, de telle sorte ((ue les niicrosomes
n'appaiaisseiil pas. Il semble ([ue parfois, mais rarement, les niicrosomes. surtout les
plus petits, ([uand ils sont faiblement brunis, soient capables de se colorer pai- l'Iiéma-
toxvline el surtout par la fuchsine acide, mais en ce cas, ils ne sont pas difficiles à
distinguer des initochondries par leurs plus petites dimensions et leur coloration plus
faible. Pai- contre, après fixation par la méthode de Regaud, les microsomes ne se
colorent jamais, ni par riiémalnxjline ferri([ue, ni par la fuchsine acide. On peut les
mettre en évidence, en trailant la préparation colorée jiar l'Iiématoxyline par le
Soudan ou le scartac/i. .\insi il esl bien établi <[ue les microsomes ne se. colorent
pas électivement par les techni(|ue.s milochondriales et ne peuvent être eu aucun cas
confondus avec les mitocliondries.
h. Nos recherches antérieures ont montre que les cliondrioconles en voie d'é\oluei'
en amyloplasles ou en chromo ou en chloroplasles dans les cellules de jeune tissus
dV/7'5 gcrmanicii se remplissent de nombreuses petites goulteielles d'aspect graisseux
([ui ensuite se résorbent partiellement ou tolalement à la (in de l'élaboration de l'ami-
don el des pigments. Ces gouttelettes oll'rent les mêmes caractères microchimiques
(|ue les microsomes. On pourrait donc se demander si les microsomes ne sont pas éla-
borés par les éléments du chondriome. La présence de nombreux microsomes dans les
(champignons et dans certains l'hanerogames i(ui ne montrent jamais de granulations
lipoides dans les éléments de leur chondriome semble exclure cette hypothèse.
E. De l'ensemble de ces faits, il résulte que les microsomes sont do
'^impies produits de métabolisme cellulaire. Ils semblent constitués le plus
souvent par des lipoïdes, parfois joints à des yi-aisses neutres. Les termes
de microsomes cl de spbérome sont donc impro[)res et doivent être rempla-
cés par celui de granulations lipoïdes.
PHYSIOLOGIE GÉNÉKALE. — Sur le mode d'action des présures végétales.
Note de MM. E. Couvreur et P. Chosson, présentée par M. Gaston Bonnier.
L'un d'entre nous a établi, il y a longtemps déjà, que la présure ordinaire
(produit de la macération de la caillette du veau) n'exerce pas sur la
matière caséinogène du lait une action dédoiihlanic el que, quand on cons-
tate après coagulation du lait par cette présure des proléoses dans le pelll
lait, ces dernières sont le résultatd'une iritervenlion surajoutée {m\cvo\ic&) ('_).
( ') Action du lai) dans la caséljïculion (Comptes rendus de laSocicU: de lliologn:,
l.Jlo-ign).
SÉANCE DU 27 JUIX I92I. 1679
Il élail inléiessaiiL de savoir si d'auln-s présures^, aiiiinalcs 011 végétales, se
(•i>iii|)orLc raieiil de la même manière. A col ertel, nous avons insliuié lonl
d'abord un certain nombre de recherches sur des présures d'Invertébrés
(drustacés, Mollusijiies, Anuélidcs). Laissant de côté, pour le moment, ce
tjue nous a révélé cette étude, nous exposerons seulement dans celte Note
ce qui a trait aux végétaux.
On sait depuis longtemps que certaines plantes ou parties de piaules
broyées donnent un suc susceptible de faire coaguler le lait. Gerber a fait
de nombreux travaux sur cette question et on lui doit un moyen pratique
de préparer, d'isoler cl de conserver les présures végétales (' ).
( '.'est ce moyen que nous avons employé pour préparer les présures con-
tenues dans les racines du Solainau Diilcdmara. dans les liges et feuilles de
1 ' Hfllehorus Ja-lidus .
Ces présures, fort actives, ont provoqué à l'étuve à 35" très rapidement
la coagulation du lait, résultai d'ailleurs attendu, simple vérificalion de
constatations anciennes. Ce qu'il nous importait de savoir, c'était le pro-
cessus inlime de cette coagulation. Or, en opérant avec les précautions
indiquées par l'uu de nous dans les Notes que nous avons rappelées, nous
n a\ ons jamais pu déceler la présence de proléoses dans le pelit lait.
Nous devons donc conclure ([ue les présures végétales (au moins celles
du Solanitm Diilcamaid et de V HeUeborus fœtidus) se comportent comme le
lab des Mammifères et que, là non plus, le passage du caséinogène de l'état
soluble à l'état insoluble ne s'accompagne du dédoublement de cette subs-
tance.
Il seiail intéressant de savoir si les sucs présuranls de certains végétaux
ne sont pas également protéoly tiques. Nous étudions actuellement celte
question.
l'HYSlûLOiilE. — Le radiopuncluif microscopique des cellidfs mobiles.
Noie de M. Serge Tchaiiotixe, présentée par M. Koux.
J'ai décrit (-) il y a quelque lemps la méthode de radiopuncture micro-
scopique, qui permet d'appliquer la microviviseclion à des cellules isolées,
telles que les uiifs microscopiques, etc., en localisant un dard très lin de
{' I Mêlhude générale de préparation des présures végétales (Comptes rendus de
la Société de Biologie, séance du 2<S mai 1909).
(■) S. ToiiAUOTiNE, Comptes rendus, l. 171, i9'2o, p. 1237.
l68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
rayons ultraviolets sur le noyau et sur d'autres organes ou sur des points
clioisis à rinlérieur et à la périphérie des cellules. J'ai conmiuniqué (' i
aussi les résullats des premières expériences faites avec cette méthode pour
éclaircir certains problèmes de la c\ tologie expérimentale, devenues abor-
dables.
Les expériences tentées se reportaient à des cellules immobiles, telles que
les œufs d'oursins surtout. Mais une foule de problèmes importants se
pressent aussi, qui ont Irait à la vie des cellules isolées mobiles, telles que
les êtres unicellulaires, les protozoaires, parmi lesquels ce sont surtout les
infusoires, qui attirent notre attention en premier lieu. J'ai essayé donc
actuellement de résoudre avant tout le problème technique de la ladin-
|)uncture microscopique, appliquée aux cellules mobiles, comme les infu-
soires. Deux tâches se sont présentées ici : i° immobiliser ces êtres pour la
durée de la pi(|ùre; 2° avoir la certitude que la piqûre a atteint la cellule.
Dans le cas des œufs d'oursins j'ai décrit (-) le phénomène Indiquant que le
but a été atteint : on voit au point radiopiqué apparaître aussitôt une petite
échancrure ou une invagination.
Poui' l'iuiMiobilisatiou des infusoires, j'ai eu recours à deux procédés : à la
narcotisation et à la fixation mécanique.
La technique de la première je l'ai décrite ailleurs ('•').
Pour la technique de la fixation mécanique des infusoires pendant la
durée do l'irradiation localisée, je procède de la manière suivante :
Au moyen d'un tube capillaire en verre on pêche un infusoirc de la cul-
ture et, en soufllaul doucement, on expulse sur une lame le contenu formant
plusieurs gouttes miniines. dans une desquelles se trouve l'infusoire.
On l'aspire ensuile avec un tulje capillaire très lin cl l'on [)lace cette
goutte sur une lauielle, sur laquelle ou a tracé avec un diamant deux cercles :
un plus grand au milieu el un autre [)lus petit à côté. La goutte est déposée
au milieu du premier, mais du côté opposé de la lamelle, l'entre les deux
cercles, mais sur la face opposée de la lamelle, on trace avec le diamant une
petite ligne. Dans le petit cercle on place une autre petite goutte, contenant
une solution de lluorescéine. Ensuite avec un tube capillaire encore plus fin
on aspire doucement l'eau de la première goutte, en y laissant l'infusoire
dans très peu de liquiile; la couche mince d'eau l'aplatit. < >ii renverse ali)i>
(') S. 'l'riiAiiOTiNi;, C. H. Soc. lii<jl., I. SU. i()'.o, p. i:j().!; l. 8'i. ii|'. 1. |). i6.i.
(-) S. Tcii.vHOTiNB, C. /». Soc. Biol.. I. S4, 1921, p. )6i.
(') S. TcHAiioTiNE, c. R. Soc. liiol., i. 84, ly^i.
SÉANCE DU 27 JUIN 1921. l()8l
la lainello et on la |)lac<^ vite avec les deux ^oiiUes en dessous sur les hoids
d'une petite clianibie Immide, doni le fond est consliliié par une laine en
(|uartz. Cette clianibie est munie sui" le cote d'un luhe capillaire, par lequel
le liipiide peut s'éva|if)rer peu à peu. Tout le reste est clos au niOM'n dliuile
ou de vaseline.
I^es manipulation-- à suivie soni alors les suivantes :
1" ( >n met an point, axant Iniit. le <iiniiil nercle, tr.iré siu" le verre, el l'on elierclie
le point oii les deux cercles se lonclienl:
■'." < )n abaisse le liil>e jusqu'à voir la llyin', liacée iiii-clessoiis ;
■ '>" l'ar (les inùiivemenls de la plallne à rliarlot on liouve l'infusoire. on le niel hlen
au point el l'on noie la posillon du \ernler pour le repérage nliérleur;
4° On recule jusqu'à avoir au milieu la gontle avec la (luorescéine;
.">'! ( )n obscurcit le champ, en mettant un écran de\ant la lampe;
6" On met ;ui point le dard ultraviolet et en contact de celui-ci l'aiguille de l'oculaire
à indice ;
-° On éclaire de nouxeau le champ cl , en niann-iivraiit la platine à chariot, on repère
le point 011 se trouve rinfiisoire.
Les mouvements de ce dernier deviennent de plus en plus difficiles et
lents, le liquide s'évapore peu à peu, on attend encore et au moment otï les
mouvements sont plus ou moins arrêtés (il n'y a que le battement des cils et
la vacuole contractile qui continuent à donner des signes de vie), on
obture l'orifice du capillaire avec de la paraffine fondue. L'évaporalion est
aussitôt arrêtée, on passe le point à piquer sous la pointe de l'aiguille indi-
catrice et l'on radiopique. Ceci fait, on enlève doucement la paraffine et
l'on aspire par le capillaire une goutte d'eau, on soulève doucement la
lamelle el Ton ajoute vile une goutte d'eau à l'infusoire opéré.
Comme critère de l'efficacité de la radiopuncture dans le cas des infusoires,
je me sers d'une réaction caractéristique : en radiopiquant fortement un
infusoire, par exemple un Colpidium, à sa périphérie, on voit apparaître très
vite une contraction de tout le corps, à l'exception du point piqué; ici il se
forme une protubérance, qui ne tarde pas à éclater, à crever, sous la
pression exercée par la contraction de tout le corps sur l'intérieur; aussitôt
le cytoplasme sort par la blessure et de même le noyau, qui est presque
|)rojeté au dehors el reste gisant parfaitement isolé des restes du corps el
(les débris du cytoplasme expulsé, ayant son micronucleus à côté. Par celte
méthode, on peut tirer le noyau au dehors, pour l'avoir autant que possible
liliéré du cytoplasme, qui l'environne dans la cellule.
l68a ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. —Sur le mécanisme physiologique de la résistance du Lapin à
l'avitaminose. Note de MM. J. Lope/.-L«mba et Paix Portier, présentée
par le Prince de Monaco.
Dans un travail antérieur, l'un de nous, en collaboration avec M"" lïan-
doin, avait signalé le fait que les lapins adultes nourris avec un mélanine de
légumes stérilisés à haute lempéralure ne succombaient pas si l'on incorporait
à leur nourriture des déjections i[ui pouvaient d'ailleurs provenir de lani-.
mal lui-même. Nous en avions lire la conclusion qu'il pouvait y avoir,
dans ces conditions, créatioa de vitamines dans l'intestin du Lapin.
Nous avons, depuis lors, fait, sur cette même espèce animale, un grand
noml)re d'expériences dans le but d'élucider le mécanisme de cette lésislance
anormale à l'avitaminose.
Nos nouvelles recherches nous ayant montré (ju'il fallait tenir le plus
grand compte de l'âge des animaux d'expérience, nous présenterons nos
l'ésultats en les classant d'après ce l'acteur.
1° Jeunes Lapins pesant moinsde \^^. — Les très jeunes Lapins encore à la mamelle,
nourris avec du lait stérilisé à haute température, meurent en quelques jours.
Les l^apins déjà sevrés, mais pesant moins de &^, nourris avec un mélanj;ed<' légumes
(carottes, choux, son), stérilisés entre i r»,;")"-! So", meurent avec les svniplàmes ei les
lésions caractéristiques de l'avitaminose.
Lu durée de lii survie dépend du développement de l'aninifil au iléliut île l'expé-
rience. Les Lapins de ;joos ont survécu environ rj jours; ceux de jook, So jours, et
ceux de 85o6, 2 mois.
Les jeunes Lapins nourris à la viimde île ciiexal stérilisée |i expérience), au r'n
décortiqué stérilisé et même au riz décortiqué iiiil, succombent rapidement (10 jours
environ). En somme, nous retrouvons pour les jeunes Lapins les résultats classiques,
2° Lapins pesant plus de i''s. — (?est à partir de ce poids que le Lapin privé de
vitamines paraît se dillérencier des autres animaux de laboratoire.
Nous avons, en efifet. véi'ifié à nouveau que les Lapins de l'^eet au-dessus résistaient
à un réi;iniiu de légumes stérilisés à haute température non seulement lorsqu'on ajoute
:'i celle nourriture des déjections, mais aussi lorsqu'on piend toutes les précautions
pour éliminer autant que possible la coprophagie (animal maintenu sur un «lilliise à
larges mailles qui se laisse tra\erser par les déjections).
3° Mécanisme de la résistance à l'avitaminose. — C'est là le point le plus
importani à élucider, celui sur lequel ont porté nos principaux ell'orts.
Va d'abord la coprophagie spontanée, fréquente chez les rats soumis aux
expériences d'avitaminose, ne les préserve pas des accidents cl de la nioi 1 :
SÉANCE DU 27 JUIN 192I. l683
tout au plus peut-elle la retarder. Le Lapin présente donc vraiment une
résistance anormale. Il nous a semblé qu'on pouvait tenler de l'expliquer
par une parlicularilé physiologique très frappante signalée par Masson et
Regaud.
Ces expérimentaleurs ont montré en effet que le tissu lymphoïde de
rinleslin, et en particulier celui de l'appendice, est normalement le siège
(l'une culture abondante de bactéries de provenance intestinale.
(]es bactéries, phagocytées en masse dans le tissu lymphoïde, constitue-
raient pour l'animal une source abondante de vitaniinc.-s; elles pourraient
remplacer celles qui font défaut dans la nourriture.
Cette interprétation concorde d'ailleurs avec une série de faits analogues
que nous avons relevés chez de nombreux Invertébrés.
I']n effet, beaucoup d'Insectes, des Vers, des Molliis([ues, qui se sont
adaptés dans la nature à une nourriture atypique, hébergent constamment
dans leurs tissus des micro-organismes, Aariables d'un type à l'autre, qui
semblent bien remplacer les vitamines absentes dans les aliments.
Ce[)endanl, ces conee|)tions tirées de la Physiologie comparée, si sédui-
santes (|u'elles paraissent, doi\ent, toutes les fois que cela est possible, être
soumises à une vérification expérimentale. Celle-ci est pratiquement très
limitée lorsqu'on s'adresse aux Invertébrés, e'est pourquoi le La|)in est
jiréeienx dans la circonstance.
L'expérience consistera à s'efforcer d'éliminer les luicro-organismes du
tissu lym|ihoïde et à voir si la faculté normale de résistance à l'avitaminose
disparaît en même temps.
Pour cela, nous avons fait l'ablation de l'appendice à i3 Lapins d'âges
très différents supprimant ainsi la jjrincipale des masses lymphoïdes. Nous
avons ensuite additionné la nourriture stérilisée d'acides organiques (tar-
trique, lactique, oxalique). Nous espérions, |)ar ce moyen, cré<'r dans
l'intestin un milieu défavorable à la culture des micro-organismes dans les
amas lymphoïdes persistant le long du tube digestif.
Ces tentatives si' montrèrent inefficaces; l'examen histologique des
masses lymphoïdes du Lapin soumis à ce régime révélèrent de nombreuses
bactéries, et les animaux continuèrent à résister à ce régime privé de
vitamines.
Supposant que la neutralisation des acides organiques était due, en
grande partie, à la présence du suc pancréatique, nous avons réséqué le
canal de Wirsung à un de nos Lapins déjà privé d'appendice.
Sept jours après l'opéialion, l'animal présentait des symptômes graves
l684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'avilaminosc et mourait au bout de 12 jours. Celle expérience unique sera
reprise sous peu.
Kn résumé, les Ljipins adultes résistent indéfinimenl à une nourriture
■ stérilisée à haute température; il semble que ce soient les bactéries qui se
développent normalement dans le tissu lymphoïde qui fournissent les vita-
mines que la nourriture n'a pas apportées. Chez le jeune Lapin en période
de croissance, celte source de vitamines est insuffisante, el Tanimal succombe
d'aulanl plus rapidcmcnl qu'il est jeuni'.
C<'pcndaiit de nouvelles l'Xpériences sont nécessaires pour fournir une
preuve définitive du bien-fondé de cette interprétation.
CYTOLOGIE, — Lp mècanisnif de la mélaphase el de Vaiiaphasr somatiques el
SCS conséquences chez (loye\hv A pinmieornis. NoIedeM. Armaivi» Dehorxe,
présentée par M. Henneguy.
Les parliculaiilés, signalées dans nos \oles précédentes sur Corellira.
n'apparlionneni pas (pTà celle espèce. Le liavail de Melz (') peimel, en
(■(Tel, d'affirmer qu'on les reliouvera dans la mitose de tous les Diptères.
Chez Culex pipiens, cet auleur a décril des chromosomes identiques à ceux
de Coretliru : m&i?, 'i\ fournit de la mélaphase el de l'anaphase une descrip-
lion très parliculièie.
Pour lui, les Irois élémcnls de la fin de la prophase sont des paires de
chromosomes homologues paternels et maleinels, \u cours de la méla-
phase, les membres de chaque paire s'individualisent et se divisent pour
leur compte; de sorte que la mélaphase comporte la division longitudinale
de six chromosomes disposés dans le plan équalorlal. Puis, à l'anaphase,
les Irois paires se reconslilueraienl de part et d'autre du plan de divisiim.
Celle descriplion ne s'applique sùremeni pas à (orcthra^ el nous la tenons
pour inexacle. L'étude renouvelée de la mitose de grandes cellules de lépi-
derme abdominal dans des larves montées in loto nous per-mel d'êlr-e calé-
gori(|ue.
La mélaphase ell'anaphase soniati([ues se font e,\actcmcrrt comme celles
de la première mitose maluralive de beaucoup d'animaux (Salamandre,
'romoplère ). I^es trois chromosomes se présenlerri comme des dyades à
éléments plus ou moins éloignés; ceirx-ci se ra])prochenl ensuite élroite-
(') Cii.-\A'. Mr-T/,, Clironiosonies Siintics on ihe Diplira. Il iThr .Iniirnal nf E.rp.
Xoriln:^y, \ol. •1\, ri" "2, i()r(>).
SÉANCE DU 27 JUIX I921. l685
lueiil el ils se trouveiii en superposition dans la pla(|iie équaloiialc. Le
premier ell'orl d'écarlemcnl dicentriqiic se traduit par la transformation
des trois clironiosomes en des sortes de losanges ailés; puis, ces derniers,
par agrandissement de l'ouverlure losangique, deviennent des anneaux
élirés constilués par les moitiés en l'er à cheval complètement opposées,
(/existence de ces anneaux est éphémère, on les rencontre raiement dans
les préparations.
Lorsque les trois anneaux soni complètement développés, nous sommes
déjà à Tanaphase. Alors, les anses en fer à cheval, ou moiliés primaires,
qui les constituent ne montrent pas encore de clivage longiludinal. Puis, la
séparai ion définitive de ces anses et leur montée vers les pôles commence,
et c'est sculemeni au cours de celte montée (qu'elles se chvent et forment
chacune un groupe de deux moitiés secondaires hien détaché. Kn somme,
la fragmentation longitudinale des moitiés primaires est un phénomène
purement anaphasiquc et même tardif. Comme on voit, la mitose soma-
tique opère sur trois, el non sur six chromosomes.
ilya donc répartition, d'un côté et de l'autre du plan équatorial. de
moitiés primaires cnlicres. Si le clivage longitudinal de celles-ci se produi-
sait, au contraire, dès la métaphase, au sein même de la plaque équato-
riale, on pourrait invoquer des mouvements des moitiés si^condaires tels
que la mitose se ferait en définitive sur six anses. Mais la constitution
d'anneaux comme celui de notre préparation enlève toute possibilité à une
pareille interprétation.
Le fait que la fin de la métaphase somatique porte sur trois chromo-
somes seulement est d'une grosse importance. Les dyades prophasiques ne
sont donc pas trois paires de chromosomes homologues. Nier, ou affirmer,
à la suite de l'observation diiecte, la permanence des chromosomes est
également vain; car ce procédé est impuissant à fournir une démonstration
véritable. Mais des voies détournées conduiront peut-être à une certitude
plus scientifique. Ainsi, chez Corclhra, l'obseiAation directe des noyaux
quiescents est favorable à la notion de permanence. Cependant on arrive à
une conclusion opposée lorsqu'on envisage Tliistoire des chromosomes à
partir de la fécondation. V.n eflet, les spermatides renfermant trois anses
simples, il est logique de croire que le noyau de fécondation initial contient
six chromosomes simples. Mais, cette donnée étant admise, comme d'autre
part la mitose somatique opère sur trois chromosomes seulement de la façon
que nous avons indiquée, on est forcé de conclure que les chromosomes
paternels et maternels ne se sont pas conservés tels qu'ils se trouvaient
l686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les pronucléi. Ils ont dû se fusionner, et les trois chromosomes sont
alors formés d'une substance mixte, à la fois paternelle et maternelle.
Autrement dit, l'individualité des chiomosomes ne serait pas permanente
et les mitoses de maluralioii n'auraient aucun caractère qualitatif.
Une autre preuve que les dyadcs de la fin de la prophase sont bien
Irois chromosomes seulement, c'est qu'à la fin de l'état quiescent les
trois spirèmes grêles dojit elles dérivent se forment aux dépens de bandes
alvéolisées analogues à relies que décrivent Grégoire et ses élèves chez les
plantes; ces auteurs n'admettent pas, en eflct, que les bandes quiescentes
soient doubles dans la mitose sonialique.
Ouant à la perle de l'individualité des chromo.somes, elle a lieu en réalité
à chaque mitose à la fin de la télophase. En effet il n'est pas douteux
que. après l'anaphase, les moitiés secondaires sont nettement individualisées
et forment des anses achevées (consulter les belles figures de Metz ). dépen-
dant, après s'être rapprochées, un peu plus tard, d(>ux à deux, elles
s'unissent et donnent naissance à une seule bande ahéolisée. Kt de cette
bande persistant à l'état (piiescent sortira, au début de la prophase sui-
vante, un filament grêle, indivis, en zigzag, (le processus est même très
curieux, puisqu'il nous montre en somme que, chez les Diptères, le
nombre haploïde se trouve obtenu après chaque télophase somati(|ue par la
constitution d'une bande quiescente aux dépens de deux éléments chromo-
somiques. Mais cela montre aussi la disparition des chromosomes en tant
qu'unités morphologiques. Il v a conservation des bandes à travers la
période quiescente; mais la constitution de bandes entraîne la perte de
l'individualité des anses. Aussi convient-il de dissocier ici les deux notions :
conservation des bandes et conservation de l'individualité des anses.
De tout ce qui précède, il suit que le schéma héléro-homéotypique ne
convient pas à Corelhra, ayant été édifié à une époque où l'on croyait ([ue la
première mitose maturative ne ressemblait, dans aucun cas, aux mitoses
soniati(|ues qui la précèdent. Or, notre étude prouve que cette mitose I est
à tout le moins homéotypique. et peut même être considérée comme la der-
nière des mitoses somaliques. Le qualificatif de hétérotypi([ue devenant
libre, on pourrait le donner à la deuxième mitose. Mais les deux dénomina-
tions de b^lemming nous paraissent fortemetit usées par l'emploi (|u'on en a
fait depuis cet auteur. D'autre part, chez Coivllira. la mitose II. ne pouvant
être interprétée, non plus, comme amenant la disjonction de chromosomes
homologues, n'est pas chargée du rôle qu'on attribue à la mitose 1 dans le
schéma héléro-homéolypicjue. l'our nous, elle est caractérisée par son
SÉANCE DU 27 JUL\ 1921. 1687
anaphase à anses simples, c'est-à-dire à substance réduite, la réduction clu-/.
Corel/ira n'étant guère qu'une (|U(^stion de masse. Appelons-la mitose
liaploidique. Nous arrivons ainsi à formuler pour les Diptères, groupe
auquel appartient le genre Drosopliila., un schéma somatico-haploidique qui
répond aux seuls résultats de l'analyse microscopique et n'implique aucune
hypothèse téléologiqne.
BIOLOGIE. — (ircffrs d'œufs de Triions dans la cavi(é përitonéalc
de Salamandres. Note de M. A. Weber, présentée par M. Henneguy.
Les premiers résultats que j'ai obtenus en iniroduisani des œufs de Tri-
Ions {T. cn'slaius el T. alpestris) dans la cavité péritonéale d'I rodèles
adultes {T. crisfatus, T. alpcsiris et Spelcrpes fucus) semblent pouvoir
s'inlei'préler en admetlaul dans le milieu inléiieur de ces animaux une
substance qui tue les œufs el qui, lorsqu'elle est alténuée. retarde seule-
ment leur développemeni ('). L'action nocive se produit aussi bien sur des
œufs fécondés non encore segmentés que sur des œuls déjà avancés en
segmenlation. ou même sur des larves.
La manière dont se comporte le milieu inlérieur des hôtes adultes et
surtout de Triton crislatus, vis-à-vis de ces larves ou bien vis-à-vis d'œufs
arrivés au stade de blastula ou de gastiula, peut être comparée à ce qu'ont
observé l'écemment A. Drzewina et G. Bohn (-), qui foni agir sur de jeunes
larves de Grenouille des solutions faibles de métaux colloïdaux : les blasio-
mèies supeiliciels ou les cellules épidermiques sont rapidement lues ei se
détachent de la suiface du germe.
La premièie hypothèse (jui vient à l'esprit au sujet de l'existence, dans le
milieu des Urodèles adultes, d'une substance nocive pour les œufs ou les
larves, est sans doute insuffisante ou inexacte. Les phénomènes que j'ai
observés sont peut-être d'essence plus physique que chimique; mais dans
l'état actuel de mes recherches l'idée de substance agissant comme un
toxique traduit plus facilement leurs résultats.
(') Voir (Jomples rendus de la Société de Biologie, l. 83, lyo, el l. 81, iqni:-
Comptes rendus, t. 17'2. 1921, et Comptes rendus de l'Association des A/iatomistes,
Paris, igii .
(') A. DrziiWINa et G. Bohx, Variations dans le temps de la résistance au r agents
physiques et chimiques chez Raiia fusca {Comptes rendus de la Société dr Hialagie.
t. 8V, 28 mai 192 r).
l688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
< lliercliant à vérifier si cette substance existe cliez Ions les Urodèles et
(|iielles peuvent être les modalités de son action, j'ai introduit dans la
cavité péritonéale de Salamandres n(jires { Si//fi//itindr/i atro) récemment
capturées des œufs déjà sej^mentés de Triton alpestris. Dans l'ensemble, les
résultats obtenus sont les mêmes, quejagretre soit faite sur des Salamandres
mâles ou sur- des femelles; les phénomènes soni seulement un peu plus
rapides dans le péritoine des mâles.
SuivanI lo temps passé au contact du milieu intérieur de ces I rodèles
adultes, le développement de l'œuf de Triton est ralenti ou arrêté. Vu bout
de I heure et demie de séjour chez les Salamandres mâles, après -i lieiires
et demie cliez les Salamandres femelles, les processus de segmentation de
l'itMif de Triton sont inhibés.
Les germes ainsi obtenus sonttl'aspect parfaitement normal ; ils n'ont pas
ce dépoli léger de la surface qui traduit l'action toxique d\\ milieu intérieur
dans les greffes sur d'autres Urodèles. Du reste, l'œuf de Triton inoculé dans
la cavité péritonéale de la Salamandre n'est pas tué; il traverse ime période
de vie latente et, après cette inhibition passagère, il reprend le cours de sdn
développement.
Les blastomères de germes de Triton alpestris ayant séjourné i() heures
dans la cavité péritonéale ' de Salamandres noires recommencent à se
segmenter au bout de l\o heures si la greffe a été laite sur une Salamandre
femelle, après (io heures si l'inoculation a été pratiquée sur un mâle.
.le serais tenté de supposer que le milieu interne des Salamandres noires
renferme une sidjstauce agissant comme un narcotique sur les œufs Aw
Triton alpestre et que cette substance est capable d'être éliminée peu à
peu. Le développement reprenrj ensuite, mais pas immé<liatement normal:
en elTet, il semble que les blastomères sortent d'autant plus vite de leur
léthargie (ju'ils contiennent moins de vilellus. .l'ai obtenu ainsi des larves
diins lesquelles il y avait i\Q^ modilicalions de formes dues ii ce man(pic
d'ensemble dans l'évolution des blastomères. Mais progressivement, tout
rentre dans l'ordre et, malgré une assez forte mortalité portant principa-
lement sur les œufs greflés dans le péritoine de Salamandres mâles, on
observe finalement des larves de Triton incurvées en forme de croissant à
concavité ventrale et qui nagent en tourbillonnant, puis des têtards d'appa-
rence complètement normale.
SÉANCE DU 27 JILN 192I. 1689
BlOi.tHUE. — Le c)cfc'ei(>luti/dc DuïidVifWn saUim.
Note de M. Alphonse Labbë, pn-sentée par \T. Hennegux .
Kn suivant jour pac jour, corrélaliveiiieni, dans les salines du Croisic cl
dans les cultures expérimentales par passage de l'eau douce à Teau sursalée
el réciproquement, les diverses formes de DiinaUelln satina Dunal,j'ai pu
élablir le cycle évolutif de ce curieux l^Magellé ([ui détermine la couleur
rouge des marais salants.
Sans entrer dans les détails, voici brièvement comment je conçois ce
cycle complexe :
Au déliut de l'Iiivei'. c|uaiid la récolle du sel a élé faite, il ne reste dans les salines que
quelques individus ;
Oes zoospores rouyes {érylhrospores) colorées par riiémaloclirome;
Des zoospores vertes à stigma rouge {ehlonispores) de taille variable, mais toujours
très petites.
Pendant l'hiver, l'apport d'eau douce (lavage des (jeillets, pluies) tend à clahlir un
milieu de concentration saline faible, souvent presque nulle, l^es ér\throspores dispa-
raissent presque toutes, sauf quelques-unes qui forment des kystes de repos (hypno-
cystes rouges, crvlhrocystes). l'ar contre, dans ce milieu dilué, les chlorospores se
développent rapidement, seconjugueni, et forment de gros zygotes verts {c.hlurocvstes 1.
immobiles, qui se divisent d'autant plus activement que l'eau est plus diluée. D'où
dominance des formes vertes, comme dans mes cultures expérimentales ('). Vers
mars-avril, les œillets, remplis d'eau de mer fraiclie, sont au repos, el tout lété la
concentration saline se fait progressivument, en corrélation avec l'évaporation et la
température.
C'est alors que l'on commence- à observer chez certains individus l'apparition de
l'hématochrome, suivant le mode que j'ai indiqué dans une iVote précédente.
Peu à peu, les érylhrospores provenant de chlorospores prolifèrent, el leur domi-
nance est fonction de la concentration saline. Aussi, en juillel-aoùt, les érylhrospores
el les érythrocystes dominent, bien qu'il reste toujours avec eux un assez grand nombre
de très petites chlorospores. Il en va ainsi jusqu'au moment où les paludiers enlèvent
le sel. El le cycle recommence.
Il faut ici noter plusieurs points importants :
I" Les formes vertes, chlorophylliennes, coexistent toujours avec les
formes rouges à hématochrome, même dans l'eau sursalée. C est la forme
normale de propagation, puisqu'elle s'adapte à tous les milieux. Très grandes
(') Alphonse L.4BBé, Sur les inodifica lions adaptatives de Dunaliella salina Dunal
{('oinptes rendus, t. 172, 1921, p. 1074).
Dans l'eau douce, il n'v a plu> que des formes verles.
1690 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans leiiu douce, elles devieniienl 1res peliles dans l'eau bursalée, mais
persistent.
■1" La dominance de l'une ou 1 autre des deux formes est fonction de la
concentration saline, les formes rouges étant liées aux milieux de concen-
tration élevée.
3" Si les ehlorospores en milieu salé peuvent se transformer en érythro-
spores, la réversibilité n'est pas possible; la chloropbylle. une fois disparue,
ne se régénère pas de l'hématochrome. Si donc les ehlorospores sont la
forme normale, les érylhrospores ne sont qu'une forme ada|)tative, excep-
tionnelle, anormale, sans retour possible en arrière.
Ce cycle, avec des variantes et de curieuses formes intermédiaire'-, me
parait, dans ses grandes lignes, invariable, et il est peu probable que les
Dundliella des cbotts algériens ou des étangs salés non exploités passent
par des stades très différents.
Le déçlanchement de la transformation des formes vertes en formes
rouges est toujours le même : une plasmolyse partielle avec disparition de
Tamidon, formation de glycogène, apparition de cet hématochrome, qui est
probablement une anthocyanine; l'odeur de violette des Dunaliella que
possède aussi V Hwmulococcus plimalis (des neiges rouges), les réactions
phénoliques montrent une parenté avec les essences et les composés gluco-
sidlques.
Ouant à la cause du déçlanchement, qui ne parait pas eniapport avec la
lumière, elle se trouve peut-être dans l'influence de l'amphimyxie, comme
chez les Voho.r, si voisins des Dunalielhi, où l'ouf fécondé perd sa chloro-
phylle et se colore par un hématochrome. Mais il y a des causes physico-
chimiques plus nettes qui soni les conditions mêmes des salines : viscosité
et forte teneur en sels; chaleur et lumière intensives à cause de la grande
surface et du peu de profondeur; oxygénation faible. Le début de la trans-
formation est, en tout cas, un changement d'état physique, du à une tur-
gescence d'ordre osmotique, c'est-à-dire un apport d'ions dans la cellule :
d'où un changement dans l'état colloïdal ; puis vient une question chimique,
(pti ne pourra être résolue que quand nous connaîtrons la nature de riiénia-
tochrome.
En résumé : f'organùmc qui co/çi't' en vaiige les marais sala nts et à ijui
nous pouvons cousener le nom de Dunaliella salina n'est (/ue la phase ultime
de l^ évolution d' un Jlagellë chlorophvllien roisindex Vohovinées, trèseuriliyalin,
t/ui en eau siirsidèr donne des formes siénohyalines non rèversihhs ativ J ormes
chlorophylliennes^ el colorées par un hématochrome.
SÉANCE UU 27 H'IN Kjil. 1691
i;iOI.Oi;il",. — Ci)inliti(>ns(lu(lés'(l()()j)rrm'nl de I (ru / diirdhicche: les l'IiyHoinxles.
^olc di' M"'^' LuciEiviNii lÏEHoit.vE, présenU'c pai' M. \j. .loubiii.
î.es (liadocères poiidcnl comme on sail deux sortes d'œiifs : les uns
évoluenl rapidement aiissilôt après la ponle et se développent complète-
ment sans fécondation, les autres ne pourraient, d'après Weismann, se
développer sans avoir été fécondés. En outre, les œufs parthénogénétiques
accomplissent leur entier développement dans une cavité de la carapace
(chambre incubatrice) située dorsalement par rapport au corps de l'animal ;
l'iEuf lécondé séjourne aussi quelque temps dans celte eliambre, il y subit
sans doute les premières phases de son développement; mais il y est étroi-
tement envelo{)pé par une épaisse membrane provenant des parois de la
chambre incubatrice ( ') et l'œuf ainsi enveloppé est expulsé lors de la mue
avec la carapace qui l'enserre (Lubbock, iSS^). On sait que ces œufs
conservent longtemps la possibilité de se développer.
Les ovogonies dont dérivent ces deux sortes d'œufs sont primitivement
équivalentes et ne diffèrent entre elles que dans leur évolution; sous cer-
taines influences dont je parlerai ultérieurement, quelques ovogonies se
comportent en phagocytes, absorbent leurs voisines et se transforment en
ovules qui ne pourraient évoluer sans l'intervention de l'élément mâle,
l^e'ur présence dans l'ovaire suffirait à provoquer la préparation de la
sécrétion éphippiale dans la chambre incubatrice, si bien que ces ovules
spéciaux sont toujours logés dans une éphippie (-).
Ainsi le développement de l'œuf éphippial serait, suivant les auteurs,
étroitement conditionné par la nécessité de la fécondation; or, il résulte de
mes recherches que cette condition n'est peut-être pas nécessaire et que
néanmoins le développement de ces œufs est lié à des conditions telles
que, malgré l'apparence, ce mode de reproduction est extrêmement pré-
caire.
(') I.a formation de celle eineloppc ne parai'l pas avoir élé evacleiueiU comprise
par les diUéreiils auteurs. Il ne n'agii pas d'un épaississement partiel ou lolal de la
carapace, mais d'une séiîrélion qui remplit la cavilé de la cliamhre incuhalrioe. Mn
s'enfonçanl dans le sein de celle sécrélion, les toufs durables se trouvent du même
coup entourés par celle sul)slance qui durcit et forme une membrane d'enveloppe,
epliippium, exaclemeul moulée sur les œufs.
(■-) L'épliippie des Daplinies contient liaiiiuiellemenl deux o:ufs durables, celle des
Mot nu un seul œuf.
l6g2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si Tdn ahandoiiiie, «oinme je lai fait. les éphippies sur le fond d'un
hocal rempli d'eau, on conslale (jue, quelle que soit la lempéralure, quelles
que soient les qualités chimiques du milieu, aucune d'i-lles ne se développi-:
mais il suffit de les soumettre à une dessiccation prolongée puis dr les
remettre dans l'eau pour les \oir éclore.
Les OMifs éphippiaux des Cladocrres lentrent donc dans la catégorie
des œufs à coque dure des Apus et des lîranchipes dont l'éclosion nécessite
l'action préalable et prolongée de la séclieresse. ( )r Apus et lîranchipes
habitent des mares peu profondes, alimenlées par les pluies du piinleuips
et de l'automne, mais que les chaleurs <ie l'été assèchent: tel n'est pas
généralement l'habitat des Cladocères qui \i\ent surtout dans des lacs cl
des étangs permanents. La plupart du temps les œufs durables des Clado-
cères ne trouvent donc pas les conditions nécessaires à leur développe-
ment. Toutefois, à supposer que les bords d'un étang xiennenl à se
dessécher et que la vase contienne des éphippies, si, comme je l'ai maintes
fois constaté, ces éphippies ont été formées en l'absence complète de
mâles, aucune d'elles ne se développera du moment que la fécondation
est vraiment nécessaire. La formation de ces œufs devient donc inutile.
J'aurai du reste l'occasion de montrer que la reproduction des Clado<ères
est peut-être exclusivement parthéuogénétique.
De même (|ue les œufs éphippiaux des Cladocères, les <eufs des Apus el
Branchipus conservés dans leau ne peuveni se développer, il sensuil (|ue
ces l'byllopodes ne se perpélueronl pas dans des marcs qui ne soni jamais
à sec. Par contre, si le dcssèchemeni persisie, la vase pulvérisée esl dispersée
par le veni, el avec elle les u'ufs durables; en oulre l'expérience montre (jue
la dessiccation subie par les leufs ne peut être quelconque, car des (eufs
d'Apus, des a-ufs de Branchipus, des éphippies de Cladocères maintenus
dans une atmosphère dépourvue de toute humidité deviennent stériles au
bout de quelque temps. Des (cufs de ces l'byllopodes conservés à sec dans
mon laboratoire durant les mois d'été et à l'abri de toute iniluence humide
n'ont pu se développai'; inversement des i eufs provenant de mêmes cultures,
conservés à sec pendant les mêmes mois, mais dans un aquarium ouvert,
situé au voisinage d'une eau courante, se sont parfaitement développés une
fois mis dans l'eau; à une tempéiature moxenne de i(i"C. des naupliusdc
Branchipes nageaient déjà le cinquième jour, déjeunes Dap/uiia longisj>inii
le sixième jour. .L .Iézé(|uel laisse les petits aquariums, dans lescjuels il élève
depuis 17 ans divers Phyllopodes, dans une galerie spéciale où des courants
d'eau alimentent des bacs d'élevage. Cette galerie est largement exposée
SÉANCE DU 27 JUIN I921. lÔgS
aux rayons du Soleil el l'eau des bacs non alimenlés s'épuise d'elle-même.
Les aquariums restent à sec durant quelques mois; dans ces conditions, les
œufs de ces Crustacés y conservent toute leur vitalité et sont susceptibles
d'éclore à n'importe quel mois de l'automne ou de l'biver qui suit l'époque
de leur ponte; même, suivant Jézéquel, des œufs maintenus ainsi durant
trois ans ont pu cependant éclore.
Pour résumer, les œufs à éphippie des Cladocères sont inutiles puisque
la reproduction parthénogénétique suffit à conserver l'espèce et que d'ail-
leurs les conditions exigées pour le développement de l'œuf éphippial sont
très rarement réalisées.
Au contraire, si l'unique mode de reproduction des autres Phyllopodes
est constitué par les œufs durables, c'est un mode fâcheux, même nuisible;
on admet généralement en effet que la résistance des œufs à la dessiccation
est une propriété remarquable parce que l'espèce qui les forme vit dans des
eaux douces sujettes à s'épuiser rapidement; en réalité leur développement
exige des conditions telles qu'il supprime le plus grand nombre des chances
de survie.
PARASITOLOGIK. — Présence d' un Spirochètoïde nouveau, Cristispirella caviae
n. g., n. sp., à membrane ondulante très développée, dans l'intestin du
Cobaye. Note de M. A.-Ch. Hollande, présentée par M. Henneguy.
J'ai observé à diverses reprises en Savoie (C/iambéry) dans l'intestin de
plusieurs Cobayes morts d'infection indéterminée, un Spirochétoïde qui,
par ses caractères particuliers, s'écarte des espèces actuellement signalées.
Ce parasite, qui n'est peut-être pas pathogène, existait dans le contenu de
l'intestin grêle à l'état de culture pure, et se retrouvait également dans le
gros intestin.
Caractères. — Le parasite est essentiellement constitué par un fin filament
axial, non rectiligne, très llexible, décrivant deux ou trois larges courbures;
sur un des bords du filament, et dans un même plan, s'insère une membrane
ondulante bien développée et très visible i/ig- i et 3). Le corps du Spiro-
chétoïde mesure de 9!* à la"^; sa largeur (filament axial et membrane ondu-
lante compris), atteint i^^, 5o à i^] les courbures sont de 4"^ en moyenne.
Le filament axial (frottis desséchés fixésàl'alcool-éther ou frottis humides
C. R., igai, I" Semestre. (T. 172, N° 26.) 123
1694 ACADÉMIE DES SCIENCES,
exposés aux vapeurs d'acide osmique) se colore uniformément en rouge
violacé par les éosinates à la soude du bleu de méthylène ( ' ), comme la cliro-
matine des noyaux des Métazoaires; la substance chromatique (noyau?) de
ce filament est continue, non cloisonnée et ne décrit pas de lignes éche-
lonnées comme chez les Crislispira, Spirochétoïdes des Mollusques.
Divers stades de Cristhpi relia caviœ n. g.; n. sp. — 1, '2, 2', formes libres; 3, 4, 5, formes en
voie de division transversale; 6, 7, début de l'enkyslement ; 8, 9, deux stades de l'enkyslement;
10, kyste formé; c. cl. x 2,260.
Le filament axial est peu visible après coloration à riiématoxyline
ferrique ; je n'y ai pas \\x tout autour de membrane périplastique diffé-
renciée.
La membrane ondulante apparaît en bleu pâle après coloration (voie lente)
par les éosinates du bleu de méthylène; sa structure est homogène et formée
d'un plasma à grains colloïdaux très fins; elle ne renferme aucun myonème
ou autre différenciation striée; exceptionnellement, on peut y observer
quelques petites inclusions de substance chromatinoïde (métachroma-
tine?; fig. 2).
Les deux extrémités du parasite sont assez effilées; il n'y existe pas de
grains basaux; la membrane ondulante s'y termine par" un amincissement
(') Cf. Hollande, C. /?. Soc. Biol.;}.. 79, 1916, p. 746.
SÉANCE DU 27 JUIN 1921. lÔgS
progressif; je n'y ai vu aucun cil ou llagcUc ( ullra-microscope, mélhode
de Lôffler).
Le filament axial peut parfois être contourné sur lui-même et décrire un
ou deux tours de spire; la membrane ondulante suit alors ces déplace-
ments {Jig. 2).
Le parasite se déplace dans les deux sens, en avant et en arrière ; au cours
de sa progression, il décrit une rotation hélicoïdale, les ondulations de la
membrane se dessinent et s'incurvent suivant la flexion du filament axial
{fig. I et 2').
Multiplication. — On observe des individus de taille difîérente; les plus
petits dérivent des plus grands par division transversale et non longitudi-
nale. Précédant la division, on voit apparaître vers le milieu du filament
axial {fig. 3) un épaississement de la substance chromatique, celui-ci se
divise ensuite en deux granules {fig. 5), puis l'étirement de l'individu se
produit {Jig. 4); en ce point la membrane ondulante s'amincit et bientôt les
deux individus formés se séparent. Ce mode d« division est semblable à
celui de Spirochœta plicalilis .
Spores. — Je n'ai pas observé la formation d'éléments coccoïdes aux
dépens du filament axial qui puissent être interprêtés comme des spores.
Enkystement. — Le Spirochétoïde est capable de s'enkyster; son corps
prend alors la forme d'un C {Jig- 6), puis s'enroule comme un ressort de
montre {fig. 7); il sécrète en même temps une substance sidérophile d'où
naît la membrane kystique {fig. 8 et 9). Le kyste formé est circulaire et
mesure i^^, 5o à 2^^.
La morphologie de ce parasite rappelle celle des Crislispira des Mol-
lusques (sensu Gross, 1912) par le mode d'insertion de la membrane ondu-
lante; elle en diffère par l'absence de cloisonnement du filament axial et
des myonèmes de la membrane ondulante; son hôte, ses petites dimensions
propres (12'^ au lieu de 701^) l'en écartent également. Par ses processus de
division (formation de grains chromatiques) il présente des affinités avec
les Spirochœta (sensu Zuelzer, 191 i), mais s'en éloigne par sa membrane
ondulante flexible et non rigide.
Je propose de désigner ce Spirochétoïde du Cobaye sous le nom de
Cristispirdla caviœ, formant ainsi le nouveau genre Cristispirella, dont les
caractères se résumeraient ainsi :
l'etit Spii'ochéloïde à filameiil axial 1res fin, chromatique, (lexible, décrivant deux
ou trois larges courbures, ayant une membrane ondulante bien développée, déformable
lôgfi ACADÉMIE DES SCIENCES.
et non rigide, sans m^onèmes, située généralement dans le même plan que le filament
axial; absence de grains basaux. et de flagelles ou cils aux deux extrémités du corps;
division transversale précédée de la formation de granules chromatiques spéciaux;
enkystement possible.
Il semble que Ton doive ranger également dans le genre Cristispirella
l'espèce de l'intestin de l'Annelide marine /'o/ji/orayZapa Clpde, observée
et décrite par Mesnil et Cauliery (igi6) sous le nom de Cristispira poli-
dorœ (').
BACTÉRIOLOGIE. — Sur l' épuration baclérienne et colibacillaire au cours
du traitement des eaux d'éf;outs par le procédé des « boues activées n.
Note de MM. Paul Courmo.vt, A. Uociiaix et F. L.vupix, présentée par
M. Widal.
Dans une Note précédente (■), nous avons montré qu'en prolongeant
pendant longtemps l'aération des eaux d'égouts, en présence des boues
activées, en les soumettant à une aération prolongée, on obtient une dimi-
nution considérable du nombre total des germes.
I. Nous avons repris la question de l'épuration bactérienne au cours de
r épuration normale (temps strictement nécessaire à la dispaiilion de l'am-
moniaque); car les résultats indiqués par les auteurs sont contradictoires :
95 pour 100 de réduction du nombre total des germes (Russel et Bartovv);
97 pour 100 (Hatton);98 à 99 pour 100 (Ardern); 5o pour 100 (Die-
nert), etc.
Expériences. — De l'eau dégoût, en quantité variant de 1' à 6', est mise en contact
avec -j de son volume de boue activée; le mélange est aéré jusqu'à la disparition de
l'ammoniaque.
Une numération iiactérieiine est faite dans l'eau d'égout brute après repos, et une
autre dans l'effluent décanté après aération et sédimentation des boues.
Nous avons utilisé la méthode classique de numération sur gélatine en boites de
l'étri, après dilution à i pour looooo. Les numérations sont faites chaque jour, jus-
qu'au quinzième jour.
Si la li(iuéraclion de la gélatine se produit a\aiU ce terme, on utilise les tables de
Vincent.
Neus avons obtenu les résultats suivants :
(') Comptes rendus de la Société de biologie. i6 décembre 1916.
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 75.
SÉANCE DU 27 JUIN 1921. 1697
Nombre de germes aérobies
au centimètre cube.
Durée
d'aération.
Il
6
Sewage brut.
5480000
4600000
7400000
4 100000
17200000
Effluenl.
4620000
2600000
5
5
3 Sooooo
6
4300000
»
6
863oooo
Dans trois autres expéiiences, la niiinéralion a été rendue Impossible par l'envahis-
sement rapide de la gélatine par les germes liquéfiants.
Dans une expérience (exp. 4) 'a diminution des germes a été nulle. Dans les autres,
nous avons obtenu successivement les chiffres de 16, 46, 56 et 52 pour 100 de réduction
du nombre total des germes.
Conclusions. — L'épuration bactérienne du sewage traité par le procédé
des boues activées est un phénomène irrégulier. Elle n'est jamais poussée
très loin. On n'obtient une épuration bactérienne véritable qu'en prolon-
geant longtemps l'aération (plusieurs semaines) comme nous l'avons montré
précédemment ( ' ).
II. Disparition du colibacille. — Nous avions de même montré que
l'aération prolongée en présence des boues activées amenait la disparition
du colibacille.
Nous avons étudié le sort de cette bactérie dans les eaux d'égouts soumises aux
conditions normales d'épuration (jusqu'à la disparition complète de l'ammoniaque) et
d'autre part dans une eau d'égout soumise à l'aération prolongée en dehors de la
présence des boues activées.
La recherche et l'isolement du colibacille a été faite par le procédé au rouge neutre,
suivant la méthode de Rochaix. Les microbes isolés étaient caractérisés, outre leurs
caractères morphologiques et de coloration, par les réactions biochimiques suivantes :
réaction du rouge neutre, virage de la gélose lactosée et tournesolée, recherche de
l'indol.
1° Pour les eaux d'égouts aérées en présence de boues activées jusqu'à la disparition
de l'ammoniaque (conditions habituelles de l'épuration), nousavons obtenu les résultats
suivants :
(') Loc. cit.
1698 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nombre de colibacille? par litre.
Temps — ^ — ^^ — ^
d'aération. Sewage brut. Efflueiit.
h
I" expérience 6 800000 200000
2' i> 5 200080 2DO00O
3' » 5 oooooo 200000
4' » 6 5oooo 5oooo
.5° 11 6 200000 looooo
6'' » 6 100 000 100 000
7' » 5 aSoooo 200000
8" n 5 5ooooo 100 000
2° Pour les eau\ d'égouls, soumises à l'aération prolongée en dehors de la présence
des boues activées, le courant dair a passé pendant 82 jours, sans boues activées.
Le résultat a été le suivant :
Sewage brut. Eftluenl.
Colibacilles au litre looooo 5ooo
Conclusions. — La diminution du colibacille au cours de l'épuralion
normale par le procédé des boues activées est un phénomène essenlicUcment
variable.
Le maximum d'épuration colibacillaire, atteint dans rexpérience 8, a été
de 80 pour 100; dans d'autres, le nombre a été sensiblement égal avant et
après le traitement. La disparition du colibacille est donc un phénomène
irrégulier, souvent peu marqué. L'aération prolongée, sans boues activées,
produit une diminution beaucoup plus sensible : elle atteint 95 pour 100.
Pour obtenir la disparition complète du microbe, il faut utiliser l'aération
prolongée en présence des boues activées, comme nous l'avons montré
antérieurement.
A i5 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à iG heures et demie.
E, P.
SÉANCE DU 27 JUIN I921, 1699
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans les séances de mai 1921 {suite et fin).
Problèmes et exercices d'Électricité générale^ par P. Janet. Paris, Gaulliier-
Villars, 1921; i vol. aS'^™.
Les gazogènes de l'Économie du combustible, par Aimé Witz. Paris, J.-B. Bail-
Hère, 1921; I vol. 19"°.
Principes de Biologie végétale, par Noël Bernard. Paris, Félix Alcan, 1921; 1 vol.
19'™. (Présenté par M. Coslantin.)
Études de Lépidoplerologie comparée, par Charles Obgrthur. Fasciwile IX
(2° Partie), mai i9f4; fascicule XVII, novembre 1920; fascicule XVIII (i''* Partie),
mai 1921. Rennes, Oberthur; 3 vol. 25°™. (Présentés par M. Bouvier.)
Faune malacologique terrestre et fluvialile des îles Mascareignes, par Louis
Germain. Angers, Gaultier et Thébert, 1921; i vol. 25'="'. (Présenté par M. Joubin.)
L'élevage industriel des Salmonidés, par Eugène Juillerat. Paris, Delagrave, 1921;
I vol. 19'="'.
Œuvres de G.-H. Halphen, publiées par les soins de G. Jordan, H. Poincaré,
Emile Picard, avec la collaboration de E. Vessiot. Paris, Gaulhier-Villars, 1921»
I vol. 25™.
L'effort du réseau du Nord pendant et après la guerre, par M. Javary. Lille,
L. Danel, 1921; i vol. a5'=™. (Présenté par M. Tisserand.)
Fundamenta mathematicœ, rédigés par Stefan Mazurkiewicz et Waclaw Sierpinski.
Tomes I (1920) et II (1921). Warsawa, Université; 2 vol. 25"=™.
Théorie mathématique des phénomènes thermiques produits par la radiation
solaire, par M. Milankovitch. Paris, Gaulhier-Villars, 1920; i vol. 24'="'.
« Papyrus » et papier de « Papyrus », par P. Ammann, Q. Aribert, C. Chalot,
M. Denis, L. Vidal. Paris, E. Larose, 192 1; i fasc. 25'=".
Calcul des valeurs absolues, par D. Riabouchinskv. Copenhague, 1919; i fasc. 26'='".
Tourne-t-elle? ^?iT Gustave Plaisant. Paris et Liège, Ch. Béranger, 1921; i vol. 19'=°.
"Motion and hyperdimensions, by F. Tavani. Extrait de The Philosophical
Magazine, avril 1921; i fasc. 22'="'.
Electrical engineering, by T.-F. Wall. Londres, Methuen, 1920; i vol. 28'='".
Araldica ,Vicotianœ, pel G. Emilio Anastasia. Vol. I : Testo: vol. II : 7 ai oie
illustrative. Scafati, E. Fienga, i9i4i 2 vol. 27'=".
La classificazione dei Colori e délie Tinte col metodo di Ferraris Adolfo. Ales-
sandria, Tipografia l'Economica, 1920; i fasc. 24*=™.
1700 ACADEMIE DES SCIENCES.
Jac. Berzelius Bref, publiées, au nom de l'Académie royale des Sciences de. Suède,
par H. -G. SôDERBAUM. Tome VU : Lettres détachées (1809-1847). Uppsala, Almquist
el Wiksells, 1920; 1 vol. 2Z"^.
Opère matematiche di Eugenio Beltrami, publicate per cura délia Faculta di
scienze délia R. Università di Roma. Tome IV et dernier. Milan, Ulrico Hoepli, 1920;
I vol. 29'™.
ERRATA.
(Séance du 3o mai 1920.)
Note de M. N.-A. Barhieri, Etude anatoniique sur la terminaison aréti-
nienne du nerf optique dans la série animale :
Page 1877, ligne 12, au lieu de après un séjour plus prolongé, lire après un séjour
le plus prolongé.
(Séance du 20 juin 1921.)
Note de M. Emile Haug, Sur la tectonique de la région littorale entre
Saint-Cyr et Hyères (Var) :
Page i553, ligne 9 en remontant, au lieu de anticlinal, lire synclinal.
FIN DU TOME CENT-SOIXANTE-DOUZIEME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
TABLES ALPHABETIQUES.
.lANVIEU - JUIN 1921.
TABLE DES MATIERES DU TOME 172.
P.iges.
Académie. — Etat de l'Académio des
sciences au i^"" janvier 1921 0
— Errata relatifs à cet état a^S
— M. Henri Deslandres, président sor-
tant, fait connaître à l'Académie
l'état où se trouve l'impression des
recueils qu'elle publie et les chan-
gements siirvenus parmi les
membres et les correspondants
pendant le cours de l'année 1920. . i5
■ — Allocution prononcée par M. G. Le-
moine en prenant possession du
fauteuil de la présidence iS
— M. le Secrétaire perpétuel présente
« l'Annuaire de l'Académie des
sciences pour 1921 » 20
— M. Bigourdan remet à l'Académie
pour la bibliothèque un globe
céleste à latitude variable et à pôle
mobile aï),
— L'Académie des Sciences de Lisbonne
adresse des condoléances à l'occa-
sion du décès de M. Armand Gau-
tier 20^
— M. Mittag-Leffler adresse des condo-
léances à l'occasion du décès de
M. G. Humberl 354
C. R., jgji, 1" Semestre. (T. 172.)
Pages.
- M. lo Secrétaire perpétuel annonce que
le tome 167 (juillet-décembre 1918)
des Comptes rendus est en distribu-
tion au Secrétariat SSy
- M. le Président annonce un déplace-
ment de séance à l'occasion des
fêtes de Pâques 729
- M. le Président souhaite la bienvenue
à M. A. Michelson, Associé
étranger, qui assiste à la séance. . . 9^1
- Le Comité du centenaire de Napo-
léon i^'' invite l'Académie à se
faire représenter à la séance qui se
tiendra à la Sorbonnc en l'honneur
des Institutions civiles de Napo-
léon 952
Les membres du Bureau et
M. A. Mesnager sont désignés. . . . 952
M. Lacour-Gayet fait une lecture sur
« Bonaparte, membre de l,i pre-
mière classe de l'Institut national
des sciences et des arts » 932
Le Royal Sanitary Institute invite
l'Académie à se faire représenter
au Congrès qui se tiendra à Folkes-
tone du 20 au 23 juin 1921 953
M. le Président souhaite la bienvenue
124
c^tJJ^f
1703 TABLE DES
Pages,
à ï\r. Lciiiiiiil Siiiilli. professeur à
rUiiivcrsilé (!'• Liiuil, qui assisU-
à la séance 1 1 4 5
— M. le Président ïiiinouce un déplace-'
ment de séance en raison des fêtes
de la Pentecôte 1 1 4 j
— M. le y-'resirfenZ souhaite la bienvenue
à M. Sœrensen, directeur du Labo-
ratoire de Carlsbcrji;, à Copcnliajîuc. 1 2 1 7
— M. le Président souhaite la bienvenue
à IM. Trowbridge, professeur de
physique à l'LTniversité de Priii-
cetoii ! '.(0 )
— M. PaidApprll iUmw brturc dune
lettre qui lui a été adressée par
M. Mittag-Lef[!er, correspondant
de l'Académie li(yj
— M. Paul Appell présente à l'Académie
le tome 38 des « Acta matlnma-
tica » consacré à la mémoire de
Henri Poincaré \:>X>(>
— M. Emile Picard dépose sur le bureau
de l'Académie le tome III des
« Œuvres de Georges Halphen ». . l'^■l'^
— Voir Candidatures, Collège de France,
Commissions académiques. Com-
missions ministérielles. Décès, Elec-
tions, Fondation Loutreuiî, Fonds
Bonaparte, Histoire des Sciences,
Nécrologie, Notices biographiques.
Plis cachetés. Solennités scienti-
fiques.
Acoustique. — Sur la propagation du
son du canon à grande distance :
périodicité annuclli' ; par M.
Maurice CulUgnou 2 r 3
AcTi.No.MÉTRiE. — Sur les variations de
la radiation solaire jieridani
l'éclipsé de Soleil du S avril ni'i à
Bagnères-de-liigorre, station dr
l'Observatoire du Pic du Midi; )iar
M. Dort 1 1 1 (')
— Etude de la radiation diffuse de la
voûte céleste, comparée à la radia-
tion solaire directe; par M. ./.
1 allot I Uj J
— La radiation dillusi' au mont lilani-,
comparée à celle des altitudes infé-
rieures, par M. ./. Vallot 133"
— Mesures aciinoméiriqucs et polarimé-
Iriques au.\ altitudes élevées; par
M. A. Ilontaric l'inj
Al i!i)OV.N.\MiQLi:. - Sur les installa-
lions expérimc-ntales de n'cherehcs
MATIERES.
Pages,
aérodynamiques: ])ar M. .Ivan
1 illet/ 270
AiinONAUTiQUE. — Une série de vols
en hélicoptère libre monté effec-
tués les l5, 28 et 29 janvier 192 1
par M. Etienne Œhmichen 3(jG
— Sur les résultats des essais récents
d'un hélicoptère; par JL Pcscara.. H'ii
— Note sur la communication précé-
dente; par M. Paul Painla'é 847
— Etudes expérimentales sur le vol à.
voile: par M. Idrac 1 161
— ^'oir Tltérapculique.
AcitONOMiE. — Utilisation des liiirs de
diverses plantes annuelles en vue
de la production de l'énergie méca-
nique nécessaire aux travaux agri-
coles de la vallée du Niger ; par
M. Charles Audeheau Bey 7O4
— Voir Bactériologie, Chimie itidustriclle.
Algèbre. — La composition des
polynômes; par M. L. E. Dickson. 636
— Errata relatifs à cette communica-
tion 1 262
— Sur la position des racines des déri-
vées d un |)()lynome; par M. ./.-L.
ir,i/.v/i G62
— Noir Analyse mathématique. Equa-
tions, Fonctions, Géométrie infini-
tésimale. Séries, Théorie des nom-
bres.
At.iments. — Relations entre les pro-
priétés mécaniques des pâtes de
farine et la panification; par
M. Marcel Chopin 43o
Analyse mathématiqle. — Sur cer-
tains modes de détermination des
solutions de A » = m- u : par
M. Georges BouUgand 437
— Sur un calcul de totalisation à deux
degrés; par M. Arnaud Denjoy. . . . Gi3
- Sur un<> équation aux dérivées foiu-
tionnellcs analogue à rétpialion
de M. Hadamard; par M. Gaston
Julia 83 1
— Les polynômes \') dlIermile-Didon
et les fonctions de Laplace daits
l'hyperespaci'; par M. Pierre
Humbert 901
— Sur les polynômes di- Laguerre: par
JI. Fc-li.r l 'aney i i 3 1
— Sur une représentation des poly-
nômes par des intégrales: par
M. ^. Angelesco i i ")3
TABLE DES
P;i ges
— Sur la convcTgciicc des déVcloppi-
moiits qui oxprimpnt les racines <lc
l'i-qualiou algébrique géncrali'
par mic somme de fonctions hypcr-
géométriqups do plusieurs va-
riables; par M. Richard Birkeland . i i ) >
— Sur les contours d'encadrement; par
M. Gustave Dumas iau
— Erratd relalil.s à celle eoninniiiica-
tion iG)-
— Sur les ])olynomes liypergéomé-
triques; par M. Pierre Humbert . . . i,>,S)
— Sur quelques questions de calcul
fonctionnel; par M. Paul Lévy . . . . i-i'i'i
— Sur les développements de Jacobi;
par M. Envand Kogbelliantz i'î')3
— Voir Algèbre, Élasticilé, Équations,
Fonctions, Géométrie infinitési-
male, Séries, Théorie des nombres.
Analyse spectrale. — Principes de
l'analyse au moyen des flammes
réductrices; recherche do traces
de manganèse en présence du fer
ou autres substances; par M. Jean
Meunier G78
— Voir Spectroscopie.
Anaphylaxie. — Sur la nature du elioe
anaphylactique; par MM. Auguste
Lumière et Henri Couturier .i<j'i
— Désensibilisations et resensibilisa-
tions à volonté chez une malade
anaphylactisée à l'antipyrine; par
MM. Fernand Widal et Pasteur
Valtery-Radot 4 1 4
— Les phénomènes d'anaphylaxie chez
les microbes; par M. Charles
Richet, M"^ Eudoxie Bachrach et
M. Henry Cardot 5 1 2
— Tension superficielle et choc ana-
phylactique; par M. Auguste
Lumière 544i 1071
— Grossesse et phénomènes de choc
anaphylactique; par MM. Au-
guste Lumière et Henri Couturier . . 77^
— Tension superficielle et aiitiana-
phylaxie; par M. 11'. Kopaczewski . 956
— L'anaphylaxie chez les végétaux;
par MM. Auguste Lumière et Henri
Couturier 1 3 1 3
• — Anaphylaxie alimentaire et sa théra-
peutique; par M. W. Kopaczewski . i38()
— Les alternances entre l'accoulu-
mance et l'anaphylaxie. (Études
sur le ferment lactique); par
MATIÈRES. 1703
Pages.
M. Charles Richet, M"" Eudo:ric
Bachrach et M. Henry Cardot i554
Anatoimie coMPAitÉE. — Sur quelques
différences sexuelles dans le sque-
lette des membres supérieurs; par
M. ,4. -.4. Mendes-Corrêa 817
— Etude anatomiquc sur la terminaison
arétinicnne du nerf optique dans la
série animale; par M. A'. A. Bar-
bieri 1376
— Erratum rehilif à eelte communi-
cation 1700
Anatomie PATUoLouiyvE. — Sur la
transformation néoplasique des
fibres mtisculaires striées avec
métastases viscérales dans l'évolu-
tion du sarcome expérimental des
oiseaux; par MM. Alexander Paine
et Albert Peyron i o i
— Sur les tumeurs de la glande inters-
titielle du testicule du cheval; par
M. A. Peyron Ca'i
— Sur le mode de développement des
tumeurs dites mixtes et des cylin-
dromes de la région de la face; par
MM. Alezais et Peyron 781
— Sur le mode de développement et les
variétés des tumeurs de l'ovo-
testis; par M. A. Peyron looi
— Lésions du système nerveux dans le
typhus exanthématiquc et leur
rapport avec la névrite ascen-
dante; par MM. G. Marinesco et
E. Craciun 1 2 'jS
Anatomo-physiologie. — Etude aua-
tomo-physiologique d'un procédé
japonais de massage abdominal;
par MM. Léon Mac-Auliffe et
A. Marie 999
Anémométrie. — Sur la comparabilité
des anémomètres; par M. C.-E.
Brazier 84 3
Anthropométrie. — Etude et mensu-
rations de 117 Belges; par
MM. Léon Mac-Aulijle et A.
Marie 284
— Classement morphologique de
5o athlètes, champions. Vérifica-
tion métrique par la radioscopie;
par M. Alfred Thooris 718
Astronomie. — M. Bigourdan présente
un volume publié pour faciliter la
classification bibliographique des
questions relatives à l'Astronomie
1704
TABLE DES MATIERES.
tt aux Sciences connexes .!3
— Sur l'emploi des latitudes géoccn-
triques poui" faciliter l'identifica-
tion des petites planètes; par
M. Louis Fahiij '■/■'
— Sur la réapparition de l'anneau de
Saturne, observée le 22 février
1921, à l'Observatoire de Stras-
bourg; par MM. .4. Danjon et
G. Roiigier >'■>'>
■ — Sur le diamètre apparent de Bétel-
geuse ; par M. Charles yordmann . . ijoG
— Sur l'aplatissement du sphéroïde de
Saturne; par M. P. Slroohant 'ji 1
— Mesures de parallaxes stellaires à
l'Observatoire Dcarborn; pnr
M. Philippe Fox ini<'>
— V'oir Comètes, Cosmogonie, Eclipses.
Mécanique céleste, Relativité.
Astronomie puysique. — Observations
du Soleil, faites à l'Observatoire
de Lyon, pendant le troisième tri-
mestre de 1920; par M. J. Guil-
laume 48
— Id. pendant le quatrième trimestre,
par le même J 70
— Recherches sur l'atmosphère des
étoiles. Reconnaissance d'étoiles
qui ont les mêmes raies brillantes
Pages,
de l'atmosphère que le Soleil; par
MM. H. Deslanclres et V. Bursoii. . .\o'>
— .Mesure de la pression de l'atmosphère
solaire dans la couche du magné-
sium et vérification du principe
de relativité; par M. A. Perol 578
— Hypothèses sur la formation des
étoiles nouvelles; par ^L Alex.
Véronnel (JG6
— Recherches sur l'atmosphère des
étoiles. Reconnaissance de la
couche supérieure dans quelques
étoiles et comparaison avec li'
Soleil: par :\IM. //. Deslauitrcs et
Bwson 7'.i9
— Contribution à l'étude des plasics
claires martiennes; par M. H.
■larry-Desloges '47^
— Photographies de la planète Vénus;
par M. F. Quénissel iG45
— Voir Actinométiie, Cosmogonie,
Météorologie, Spectroscopie.
AviATio.\. — Moteur d'aviation admet-
tant une masse constante et effec-
tuant une compression constante
à toute altitude; par M. A. Witz. . . 6\i
— Voir Aérodynamique, Météorologie,
Thérapeutique.
Bactériologie. — Voir Anaphylaxie,
Chimie biologique. Épuration des
eaux. Immunité, Microbiologie, Pa-
rasitologie, Radioartivilc, Radium-
thérapie.
Bactériologie agricole. — Augmen-
tation du nombre des Closlridium
Paslorianum (Winogradsky) dans
des terres partiellement stérilisées
par le sulfure de calcium; par
MM. G. Trujjaul cl -V. Bezssonojj .
— Voir Cryplogamie.
Balistique. — Déterminutioii ehroiio-
photographiquc complète des tra-
jectoires; par M. L. Dnnoyer
B10GÉ0CHAP111E. — Phylogéogrupliir
dynamique des dunes du golfe du
Lion; par M. G. Kiihnholtz-Lordal .
— Contribution à l'élude de la réparti-
tion des zones biologiques sur les
dunes méditerranéennes du golfe
du Lion; par M. Gaston Astre
Biologie. — Recherches sur la présence
dans les météorites, les pierres
dures, les minerais, le quartz, le
granité, le basalte, les cendres ou
les laves volcaniques, d'organites
susceptibles de reviviscence et sur
leur résistance aux hautes tempé-
ratures; par M. V. Cidippc et
M""! G. Soufjland
— \'oir .inaphylaxie, Viticidlure.
BioLor:ii. animale. — Loi du n tout ou
rien » ou de conslanoe fonclion-
nelle, relalive à l'action du testi-
cule considéré comme glande
endocrine; par M. .1. Pézard
— L'amour maternel chez la Raie tor-
pille; par M. Raphaël Dubois
— ■ Temps de latence dans les expé-
TABLE DES MATIERES.
I':o5
riciici's il(- li-auspl;\alall<iii Irslicu-
lairc ot loi du « tovit ou rien >; par
M. A. Pèzarit i -(>
Sur la semi-perméabilité biologique
(les parois extérieures des Sipun-
eulides; par M. C. Dekliinjsen ^SS
Sur la croissance des poissons main-
tenus en milieu de température
constante: par M. P. Atidigé :>%-
L'instinct paralyseur des araignées;
par M. Etienne Rabaud aSg
Sur les corrélations entre les carac-
tères sexuels mâles et les divers
éléments du testicule chez les
Ampbibiens | Etude sur Triton al-
pestris) ; par M. Christian Champy. \ii
Variations de la susceptibilité aux
agents nocifs avec le nombre des
animaux traités; par M™^ Anna
Drzewina et M. Georges Bohn |85
Variations de l'instinct et leur déter-
minisme chez diverses araignées;
par M. Etienne Rabaud /ISy
Sur les réactions chimiotactiques du
flagellé Chilomonas; par M. E.
Fernandez Galiano 776
La défense des animavix groupés
vis-à-vis des agents nocifs; par
jVjme Anna Drzewina et M. Georges
Bohn 779
Prolongation de la vie chez les Gal-
leria mellonella ; par ^L Louis
Destouches 998
Biologie de la perche malgache: par
M. Jean Legendre loo'î
La régénération des glandes génitales
chez les planaires; par M. A.
}'andel 1072
Sur les modifications adaptatives de
Duiialiella salina Dunal; par
M. Alphonse Labbé 1071
Sur le phototropisme de Leucoma
phœorrhiea: par M. M. Manquât. . i lïi
Changement expérimental du sexe
chez Triton alpestris Laur; par
M. Ch. Champy 1 20 1
Recherches sur la toxicité du milieu
intérieur des batraciens L'rodèlcs
vis-à-vis de leurs œufs; par M. A.
Weber 1249
Contribution à l'étude biologique des
plongeurs; par M. Aljred Thooris. l529
Le déterminisme de la ponte chez
un Hyménoptère térébrant. le Pini-
l'iices.
pla instigator L; par J\L /•'. Picard. 1617
— Grcflcs d œufs de Tritons dans la
cavité péritonéalc de Salamandres;
par M. .1. ^Veber ir)S7
— Le cycle v\o\\\V\tApDunalieUa salina ;
jpar M. Alphonse Labbé lOSg
— Conditions du développement de
l'œuf durable chez les Phyllopodes ;
par M"^ Lucienne Dehorne 1(191
— Voir Biogéographie, Cytologie ani-
male, Embryogénie animale. Ento-
mologie, Histologie, Médecine, Mi-
crobiologie, Physiologie animale,
Spermatogcnèse.
Biologie végétale. — Les aberrations
do la symétrie florale; par M.
Paul Vuillemin 35
— Plantes salées et période des anoma-
lies ; par M. Pierre Lesage 82
— Sur les théories de la myrmécophilie;
par M. E. de Wildeman 124
— Modification de la forme et de la
structure d'une mousse [Hypnum
commutatum Hedw.) maintenue en
submersion dans l'eau; par M. Ad.
Davy de Virville 1 68
— Les végétaux inférieurs et les facteurs
accessoires de la croissance; par
M. Pierre Goy 242
— Observations sur une algue cul-
tivée à l'obscurité depuis huit ans;
par M. A.-P. Dangeard 254
— Sur la reproduction du Cliœloceros
Eibenii Meunier: par M. J. Pa^'il-
lard ' 469
— Sur des phénomènes tératologiques
survenant dans l'appareil floral
de la carotte à la suite de trauma-
tismcs; par M. M. Molliard 473
— A propos des greffes de soleil sur
topinambour; par M. Lucien
Daniel 610
— Erratum relatif à celte communi-
cation 783
— Influence de la température des eaux
thermales de Luchon sur leur
flore; par M. Jean Dujrenoy 612
— Variations et fertilité de l'hybride
Primula variabilis Goupil com-
parées à celles de ses parents Pr.
vulgaris Huds et Pr. o/pcinalis
Scop; par M. L. Blaringhem 992
— Sur l'origine mitochondriale des pig-
ments anthocyaniques dans les
I7o6
TABLE DES MATIEHES.
Pa
fiuits ; par :\[. ./. Polilis
— Sur les modifications de la forme cl
<Ie la structure des hépatiques
maintemies submergées dans l'eau;
l>ar MJI. Ad. Davy.de Viiville el
Robert Doitin
— Cultures expérimentales du Fega-
lella conica et de quelques autres
muscinécs; par M. Pierre Lesage. .
— Modifications des racines et des tiges
par action mécanique; par M™^ E.
liloch
— Sur le pollen du Lin et la dégénéres-
cence des variétés cultivées pour
la fibre; par M. L. Blaringhem ....
— Voir Bactériologie agricole, Biogéo-
graphie, Cliiinie biologique. Chimie
végétale, Cryptogamie, Cytologie
végétale. Embryogénie végétale,
Parasitologie.
gcs.
I oC, I
i3oG
rni
Pases.
l'oTANiQuE. • — Sur les « grains de tuco-
sanc » des Phéophycées; par M. G.
Mangeiwl 1 26
— Sur des croisements de pois h cosses
colorées; par M. Jacques de Vil-
morin y I J
— Une nouvelle Asclépiadacée apbylle
du nord-ouest de Madagascar: par
M. P. Choux i3o8
— La détermination botanique des hari-
cots exotiques; par JI. Sguyen
Thanh Giung l 'iSô
— Sur les Graphidées corticoles; par
M. G. Bioret I /l'ÎS
— \'o!r Biogéographie, Cytologie végé-
tale. Embryogénie végétale, Parani-
tologie. Viticulture.
Bulletins bibliographiques. — 728,
;84, 824, 884, 1084, 1216, 1265,
14 56, 1544,1628, 1699.
Calorimétrie. ■ — Voir Thermochimie.
Caps'didatures. — MM. Marcel Delé-
pine et Camille Matignon posent
leurs candidatures à la place
vacante, dans la section de chimie,
par le décès de M. Armand Gau-
tier ni
— M. Théodore Tiif/ier à la place va-
cante dans la section de médecine
et chirurgie; par le décès de
M. Guyon 115
— M. L. Lapicque à la place vacante,
dans la section d'anatomie et zoo-
logie, par le décès de M. Yves
Delage 20J
— M. Marcel Delipine à la place va-
cante, dans la section de chimie,
jiar le décès de JL Emile Bour-
quelot 9")û
■ — Liste des candidats à la place va-
cante, dans la section de médecine
et chirurgie, par le décès de
M. Guyon : 1° MM. Pierre Bazy,
Pierre Delhel; 1° MM. Jean-Louis
Faure, Henri Hartmann, Félix
Legueu, Théodore Tuffier 18;
— Liste des candidats à la place va-
cante, dans la section de chimie,
par le décès de M. Armand Gau-
tier : I" MM. Auguste Béhal et
Georges Urbain; 2" MM. Emile
Blai.'ie, Albert Colson, Marcel
Delépine et Paul Lebeau; 3° M. Ca-
mille Matignon
— Liste des candidats à la place va-
cante, dans la section d'anatomie
et zoologie, par le décès de M. Yves
Delage : i" M1\L Charles Gravier,
Louis Joubin; -1° MM. Raoul An-
thony, Maurice Caullery, Félix
Mesnil, Louis Roule
— Lisledcscandidats à la place vacante,
dans la scclion de géométrie, par
le décès de M. Georges llumhert :
1° M. Emile Borel; 2° M. Henri
Lebesguc;'i° MM. Elle Carlan, Jules
Drach, Claude Guichard. Ernest
Vcssiot
— Liste des cundidals à la place vacanle,
dans la scclion de chimie, par le
décès de 5L Emile Bowquelot :
1° M. Georges Urbain; 1° M. Emile
Biaise; 3° MM. Marcel Delépine,
Paul Lebeau, Robert Lespieau, Ca-
mille .Matignon
Capillarité. — Aplatissement suivant
l'axe polaire, par la tension super-
liiirlle, d'une goulle liquide, de
883
TABLE DES MAIIEIÎES.
Pages.
r(''volulioii i-l sans ]Hsaiiloui',
posscdani une viU'ssr, aiigulairc
donnée (o de rolalioa aulour de
cet axe; par M. J. lious.siiiesq ij j i
— Rcclificatiou et complément à la
note précédente; par M. J. Boussi-
iiesq 1 08 )
— Sur la valeur de la tension superfi-
cielle du mercure dans des divers
gaz; par M. Jean Pope.ico ' I7I
Catalyse. — Décomposition calaly-
tique des acides ehloracéliques;
par M. J.-'B. Senderens i î")
— Préparation catalytique d aminés
secondaires et essai d'alcoylation
de ces bases; par M. Alphoiiae
Mailhe 280
■ — Sur le rôle catalytique du mercure
dans la sultonation de l'anthraqui-
none; par M''^ .4. Roux et M. J.
Martine! , , , . . 385
— Hydrogénations cataly tiques sur le
cuivre; par MM. Paul Sabatier et
Bennosuke Kubola. , . 733
— Hydrogénation catalytique des phé-
nylhydrazones; par M, Alphonse
Mailhe 1 10;
— Catalyse double de l'acide vana-
dique et de l'eau oxygénée; par
M. r. Auger 1 35)
— Sur la décomposition catalytique des
hydrocarbures aliphatiques po-
lyhalogénés; par M. Alphonse
Mailhe i58:!
— Décomposition catalytique des acides
bromacétiques et des mélanges de
brome et d'acide acétique; par
MM. J.-B. Senderens et J. Abou-
lenc , 1 585
— Voir Chimie industrielle.
Chimie. — Sur les doubles décomposi-
tions salines et la loi des phases;
par M. Etienne Rengade 60
— Sur la concentration isothermique
d'une solution préparée à partir de
deux sels à ions différents; par
M. Etienne Rengade 218
— Sur les doubles décompositions sali-
nes et leur représentation géomé-
trique; par M. Henry Le Cha-
telier 3.1 5
— Sur le déplacement des métaux dans
les solutions salines; par M. Barlot. 3; 8
Chimie agricole. — Sur le rôle respectif
i;o7
l'aïcs.
lies trois bases : potasse, chaux,
magnésie, dans les plantes enl-
livécs; par M. H. Lagatu 119
CniMiF, analytique. — A propos d'une,
note de M. A. Bolland sur des réac-
tions mierochiniiques de l'acide
iodi([ue. Kéelamation de priorité;
par M. O. Denigés 62
— Critique des méthodes do dosage des
faibles quantités d'oxyde de car-
bone dans l'air et les gaz de fumées,
par MM. Daniel Florentin et //.
Vandenherghe Sgi
— Sur l'entraînement de la chaux et de
la magnésie par les précipités
d'oxyde chromique; par M. Er.
Toporescu 600
— Dosage du n^altose ou clu lactose
en présence d'autres sucres réduc-
teurs (emploi de la liqueur de Bar-
fœd) ; par M. LegranU, .......... 602
— • Voir Analyse spectro/le. Pouvoir
rotatoire, Viticulture.
Chimie piologique. — Sur le méca-
, nisme chimique de l'assimilation
du gaz carbonique par les plantes
vertes ; par M. P. Mazé i yS
— Influence de la chaleur sur l'activité
de la salicinase; par MM. Gabriel
Bertrand et Arthur Compten. ..... 548
— Sur l'hydrolyse du méthyM-manno- '
side x par les ferments solubles;
par M. H. Herissey 76G
— Sur les causes de variation de la
teneur en zinc des animaujç ver-
tébrés; influence cje l'âge; par
MM. Gabriel Bertrand cl R. Vla^
desco... 7G8
— Recherches sur l'Azotobacter; par
M. Kayser 93i)
— Application de la méthode biochi-
mique de recherche du glucose à
l'étude des produits de l'hydrolyse
fermentaire de l'inuline; par
MM. Eni. Bowquelot etM.Bridel, . 946
— xVction de l'émulsine sur le galactose
en solution dans des alcools pro-
pyliques de différents titres; par
M. Marc Bridel 11 3o
— Action synthétisante de la niéthyl-rf-
mannosidase a; par M. H. Herissey 1 536
— Influence de la matière azotée éla-
borée par l'Azotobacter sur le
ferment alcoolique; par M. E.
1708 TABLE DES MATIÈRES.
Pilles.
Kayser 1 'J'J)
— Voir Embryoghiie animale, Radiu-
aclit'ilé, Toxicologie.
Chimie industrielle. — La balance ihi
chlore pendant la fabrication du
sucre et la teneur de la betterave
en chlore; par M. Emile Saillant . . 'S !
— Fabrication de l'hydrogène pour hi
synthèse de l'ammoniaque; par
M. Georges Claude 971
- — Sur la composition de l'essence de
térébenthine française: par M. il/.
yèzes 977
— Sur la détermination de l'indice
d'acétylc des matières grasses; par
M. Emile André 98 i
— Un nouveau ciment hydraulique
magnésien; par M. A. -Cit. ^'otlr-
nazos 1578
■ — Contribution à l'étude de la cokéfac-
tion des charbons de la Sarre; par
M. Baille-Banelle 1 58o
— Sur le rôle des impuretés gazeuses
dans l'oxydation catalytiquc du
gaz ammoniac; par M. Eugène
Decarrière lôli'i
— Voir Chimie analytique, Physique
industrielle.
Chimie mi.nérale. — Sur les polymo-
lybdates tétrabasiques; par M. S.
Pasternak r i "l
■ — Réactions réversibles do l'oxyde de
carbone sur les oxydes de fer; par
M. Georges Chaudron i Vj
— Systématique et constitution des
oérivés de l'acide molybdique; par
M. L. Forsén 2i5, 327,681
■ — Réactions génératrices du magné-
sium; par M. Camille Matignon. . . !!Si
— Action de l'iode à froid sur différents
métaux. Procédé pour déceler la
présence du chlore dans l'atmo-
sphère ; par M. Camille Matignon . . 532
— Les bismuthobromocyanures; nou-
veaux complexes; par M. A.-Ch.
Vournazos 5 j j
— A propos d'une systématique des
molybdates; par M. S. Postenuik . . "97
— Sur la constitulion du smalt; par
M. A. Duboin 972
— Erratum relatif à cette eoiuniunica-
tion ' 1 2G2
— Sur le tétraiodure de tellure; par
M, -4. Daniiens i lo'J
Pages.
— Sur le peroxyde de titane; par
M. Maurice Bilhj 1 i 1 1
— Action du carbonate de soude sur les
solutions d'alun de chrome; par
MM. L. Meunier et P. Caste 1 |8S
— Sur 1 absorption des oxydes d azote
par les acides nitrique et sulfu-
rique: par iM. .4. .San/ourche i 578
— . Sur le carbonate d'argent ammonia-
cal; par MM. Dert'in et Olmer. . . . 16G2
— Voir Analyse spectrale. Catalyse,
Minéralogie.
Chimie organique. — Propriétés
et constitution du groupe-
ment (OCCP); par MM. André
Kling et Daniel Florentin 03
— L'isomérie éthylénique des styro-
lènes M bromes; par M. Charlei
Dujraisse C7
— Action des métaux alcalins sur les
éthers-oxydes; par M. J.-F.
Durand 70
— Sur deux homologues du sulfure
d'éthylène : le thiopropane et le
thiobutane-i .2; par MM. Marcel
Delépine et Pierre Jalfetuv i 58
— Synthèse de l'acide cyanique par
oxydation de la formamide et de
l'acide o.xamique; par M. H. Fosse. 160
— L'autoxydation du styrolène x bronié
par M. Charles Dufraisse 162
— Sur la G-méthylisatine; par M"'' ./.
Bonnefoy et J. Martinet 220
— • Dérivés des dicétones l-'i et ili' la
semicarbazide; par M. E.-I'l.
Biaise 221
— Nouvelle méthode générale di' pré-
paration des aminés à partir des
aldéhydes ou des cétones; par
M. Georges Mignonac 223
— Sur l'acide isatine-5-sulfonique; jiar
MM. J. Martinet cl O. Dornier. .. . 33o
— Sur quelques ~ transpositions rétro-
pinacoliqucs; par M"^ .Jeanne
Lé^'y 383
— Sur la nature pinacolique de quelques
transpositions dans la série du
|)hényldimélhylglycol; par MM.
M. Tijieneau et Orékhoji 38;
— Sur un nouveau sel de calcium; jjar
MM. Louis Gaucher l'I Georges
Bollin 390
— Sur les iodamidines; ])ar M.M. J.
Bougault et P. Robin 152
TAliLU: Dli:S MATIHKKS.
l-Oi)
- Synllirscs .le l'aciili' i-y^iiiiiiic ol de
l'urri' par oxydation, m luiliou
ammoniacal d'alcools, de phénols
et ilaldchydcs; par MM. H. /•o.v.sy
et (;. I.aiiile (>8'|
Sur (|uclquos dérivés dr la lliuya-
mcnlliorio; par M. Marrrl (indrhol . (")8G
Sur r.iction de l'épioldorliydrinc sur
le phosphate monoacide de sodium
en solution aqueuse et sur la stabi-
lité d'un diéther monoglycéromo-
nophosphorique; par M. Octave
Bailly O89
Préparation d aminés d'alcools secon-
daires; par M. Alplion.ie Mailhe. . . Oç)>,
Sur les cyanocampholates de crésyle
et lexir produit de réduction; par
M. L. Palfray 980
Oxydation pcrmanganique de 1 xa
méthylallylcyclohcxanone en mi-
lieu alcalin; par M. R. Cornuhert.. ()8a
Sur le diéthylmalonate acide d'éthylc
par M. Philippe Dumesnil lo43
Sur la substance organique fonda-
mentale de l'amylopectine; par
MM. Samec et Anka Mayer '"79
Sur la transformation du phénol en
cyclohexanol; par MM. G. Vavon
et ,/. Detrie 1 23 1
Action de l'oxime du chloral sur les
aminés aromatiques ; synthèse
d'isatines; par MM. ./. Martinet
et P. Coisset ri'ii
Action du propylène dibromé-2.3
sur le bromure d'isopropylmagné-
sium; par M. Lespieait 1236
Recherches sur le sulfure d'éthyle
pp-dichloré; par MM. Delépine,
Fleury et Ville 1 238
Synthèses de l'acide cyanique et do
l'urée par oxydation de cétones,
d'acides et d'aminés, en présence
d'ammoniaque; par MM. R. Fosse
et G. Laucle 1240
Acide acrylique et éthers acryliques.
Acides et éthers halogénopropio-
niqnes: par MM. Charles Moureu,
Marcel Murât et Louis Tainpier. . . 1 267
Sur le furfuralcamphre et quelques-
uns de ses dérivés; par M"<' Wolff . i357
Errata relatifs à cette communica-
tion i4"jG
Action du bromure d'éthylmagné-
sium sur les dibenzylidène-cyclo-
hexaiione; et Y-mélhylryelohe-
xanone par M. Maitolesro i
— Sur la formation de chlorure de .Julin
dans la préparation du chlore élec-
trolytique; par MM. F. Ilourimi
et Ch. Courtois i
— Sur de nouveaux dérivés sulfonés de
l'oxindol et de l'isatine: par MM. ./.
Martinet et O. Dornier i
— Préparation d'aminés phénoliqiies
mixtes secondaires et tertiaires;
par M. A. Mailhe et F. de Godon . . i
— Sur la déshydratation du phényl-i-.
diméthyl-2.2-bulanol-i et du dip-
hényl-l.3-diméthyl-2.2-propanol-i ;
par M"^ Jeanne Apolit i
— Sur la composition de l'essence de
térébenthine française et sur le
bromure de a-pinène; par M. Pari-
selle I
— Sur les tétrahydronaphtols; par
MM. A. Brochet et R. Cornuhert. . . i
— Sur la réduction du naphtoate
d'éthyle et un cas de réduction
d alcool en carbure par le sodium
et l'alcool absolu; par M. Hervé
de Pommereau I
— Décomposition des alcoolates et
des phénates métalliques par la
chaleur; par M. J.-F. Durand i
— Voir Catalyse, Pouvoir rotatoire.
CuiMIE PHYSIOLOGIQUE. L'aCtioU
d'arrêt du foie sur l'acide urique
exogène; par MM. Chauffard, P.
Brodin et Grigaut
— Influence de quelques bases orga-
niques et de leur chlorhydrate sur
l'activité de l'amylasc pancréa-
tique; par MM. A. Desgrez et R.
Moog
— Sur la formation de l'urée dans le
foie après la mort; par M. R. Fosse
et M'iiî iV. Rouchelman
— Le pouvoir réducteur des liquides
organiques et des tissus de
quelques animaux marins; par
M. Raoul Bayeu.r
— Emploi du chloroforme pour la pré-
paration de nucléo-protéides et
d'acides nucléiques' actifs in vitro
sur le sang. Complexité de l'action
des acides nucléiques in vitro; par
M. Doyon i
Chimie physique. — Application de la
■1 1 7
193
496
499
477
I7I0
TABLI- DES MATIERES.
loi d'iiyilrolysi' à la lii'trrmiiiatiun
(les poids moléculaires; par M. //.
Colin l't M"« .1. Chaudun
— Anomalie de dilatation des alliages
or-euivre: par MM. Albert Por-
tefiit el Jean Durand
— Sur la précipitation fractionnée; par
MM. Pierre Joliliois, Robert Bos-
snet et C'Iiet'ry
— Sur le mécanisme des échanges
d'énergie dans la vaporisation;
par M. liené Audiiberl
— Contribution à l'étude du système
iodc-lclluro. Etude de la vapori-
sation; par M. A. Damiens
— Solubilité de nilranilines isomères
dans le métaxylènc; par M. Chapns
— Sur les propriétés des diagrammes.
Courbes représentatives du dépla-
cement de l'équilibre des systèmes
chimiques; par M. Jean Barbaudy .
— L'action des additions sur l'anomalie
de dilatation des ferronickels;
applications aux alliages fer-nickel-
ciirome; par M. P. Ctievenard
— Sur les hydrates de pyridine; par
M. Pariselle
— Sur la quantité élémentaire d'énergie
mise en jeu dans la dissolution;
par M, René. Auduherl
— Retrait au séchage des kaolins cl
des argiles; par M. A. Bi«ol
— Sur une méthode d'enregistrement
par photographie des réactions
chimiques accompagnées d'une
variation de pression; par M. Pierre
Jolibois
— Kaolins, argiles, bauxites, etc. Varia-
tions de volume sous l'action do la
chaleur; par M. A. Bigot
■ — Sur les phénomènes électriques ac-
compagnant le déplacement des
métau.\ ; par M. Barlot
• — Influence de la forme géométrique
des corps solides sur les actions
chimiques qu'ils subissent; par
-MM. G. Reboul et R. Luce
— Ai)parcil enregistreur des variations
(l'une masse gazeuse avec le temps;
l)ar M. .4. -.4. Gunfz
— Sur le poids atomi(iue du chlore dans
quelques minéraux; par M"^ Irèn^e
Curie
— Principes de mcthoilcs nouvelles
■5-3
•J9i
(i-'l
755
8()i)
918
appliiahles à la délrrminalioii des
]ioids molécidaircs: par M. CiiiiiiUe
Miili'^non lo'iG
Sur la solubilité de divers sels de
potassium dans des mélanges
d'eati et d'alcool; par M. M. Pier-
ral if>ii
Les solutions saturées de deux ou
plusieurs corps. Application du
principe de Le Chatelier; par M. C.
Raveau 1 oy.)
Sur la dispersion spécifique des car-
bures d'hydrogène; par M. /•-'.
Dar/nois 1 loi
Une théorie de l'hydrolyse lente des
sels; par M. .4. Tian 1 1 79
'Sur la réversibilité de la réaction
CO^ Ca = CCI- -f- Ca 0
par MM. Pierre Jolibois et Hou-
fier ii?2
Réactions chimiques et rayons de
courbure; par M. Luce 19.87
Application de la loi d'action des
masses aux résultats obtenus dans
la réaction de la galaclosidaso [3 sur
le galactose en solution dans
l'alcool propylique; par M. Marc
Bridel ! laSS
Sur une cause de dispersion du col-
lo'ide dans une classe importante
d'hydrosols ; par M. A. Tian 1 «j 1
■ Floculation du sidfure d'arsenic
colloïdal. Principe d'une méthode
d'étude; par MM. ,4. Boularic et
M. Vuillaume 1993
- Sur la stabilité et la réversibilité des
transformations des hydrosols
obtenus par hydrolyse des sels;
par M. .4. Tian i i"-"
- A'ariétés allotropicpies d'oxydes; par
M"<^ 6'. Veil I |05
- Sur la variation de la réfracliou spé-
cihque des sels dissous en sohitions
étendues : par M. C. Chénefeau .... 1 4o8
- Sur les molyhdo-malates d'ammo-
nium et de sodium; par -M. A'.
Darinoi/i i ÎSO
- Ri'lation entre la dilatation anomale
cl la variation lliernii(]ue de l'ai-
mantation des corps ferromagné-
li(|ues; par M. Clie^'enard l655
- Aclion de 1 acide borique sur la
glycérine cl les alcools poly vali-nis.
Applicaliini d'une iiDiivrile nié-
TAlîl.E DES MATIEHES.
thoili- (le vohiinriiic i>liysii'o-clu-
mii|U(': par M. Ihni' Duhrisiii/
— ^'oil■ Mclaltiirgio, PliDspliorcwencc,
Physique inchistrictle. Pouvoir
rotaloire, Radioactivilr.
Chimie véoétale. — Sur la présence
d'acide quiiiiquo dans 1rs feuilles
de quelques conifères ; par
M. Georges Taniel
— Nouvelles recherches concernant
l'extraction des glucosides chez
quelques orchidées indigènes:
identification do ces glucosides
avec la loroglossine; par M. P.
Delaiiney
— Contrihutiou à l'étude des eonsli-
luauts acides de la gemme de pin.
Les acides dextropimariqiie et
lévopiniarique ; par M. Georges
Dupont
— Id. Composition de l'acide pima-
rique; par M. Georges Dupont. . . .
— Id. Isoniérisation des acides pima-
riques; par M. Georges Dupont. . . .
— Sur les alcaloïdes de la valériane; par
MM. A. Goris et Ch. Vischniac. . . .
— Sur les graines à autofermentation
sulfhj drique de la famille des
Papilionacces; par ]\I. Marvel
JMirande
— Sur une méthode permettant l'appli-
cation aux végétaux du procédé
biochimique de recherche du glu-
cose; par MM. M. Briflel et R.
Arnold
CiiRONOGBAPiiiE. — CliTOuographe à
pointage photographique pour la
mesure des durées brèves à mou-
vement harmonique, ou à mouve-
ment circulaire uniforme au moyen
des figures de Lissajous; par
M. A. GuilleC
Chuoxométhie. — Les déplacements
élastiques transverses du centre
de gravité du spiral cylindrique et
des doublets; par M. .Jules An-
drade
— Horloge mécanique à échappement
libre; par M. Ch. Féry
— Sur les écarts à la loi d'isochronismc,
produits par la lame de suspen-
sion du pendule; par M. Paul
Le Rolland
■ — Sur le mouvemi'iil du pendule à
9*5
118I
I0".>)
l'agcs.
suspension élaslic|ne: \y.iv M. Paul
Le Rolland 800
- Le ]>ri)lilènie de l'acheminement et les
inouveiuenls pendulaires entre-
t(-nus ; par M. Jules Andrade 1 0 i >.
Cinématique. — Méthode graphiqu.^
pour l'élude des trains épicye-
loi'daux; par M. Pal Ravigneaux . . . 'iGi
Climatologie. — ■ Les changements de
climat du Sahara pendant le qua-
ternaire; par M. R. Chudeau Go'i
Collège de France. — - M. le Ministre
de l'Instruction publique invite
l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats pour la
chaire de mathématiques I ÏO7
Comètes. — Eléments provisoires de la
nouvelle comète 1920 b (Skjel-
lerup) ; par MM. G. Fayet et A.
Schaumasse 1 1 ^
— Observations de la comète Skjel-
lerup (1920 6), faites à l'équato-
rial coudé de l'Observatoire de
Nice ; par M. .1. Schaumasse 1 1 ^>
— Observations de la comète Skjel-
lerup faites à l'Observatoire de
Bordeaux (équatorial de n™, 38) ;
par M. //. Godard ni
— (Jbservations de la comète Ilcid
laites à l'Observatoire de Bor-
deaux (Equatorial de o™, 38) ; par
M. H. Godard 81 1
— Observations de la comète. Keid
(igai- a], faites à l'équatorial coudé
de l'Observatoire de Besançon; par
M. P. Chojardet 8ia
— Observations de la comète Rcid,
faites à l'équatorial coudé de
l'Observatoire de Lyon; par M. J.
Guillaume 8^2
— Observations de la comète lieid
[1921 a] faites à l'Observatoire
de Marseille, Équatorial Eichens
de o™, 26; par M. Michkovitch. . . 911
— Observations de la comète Win-
necke (1921 b] faites à l'Observa-
toire de Bordeaux (équatorial
de om, 38) ; par M. H. Godard 1092
— Observation de la comète Pons-
■Winneckc (1921 b), faite à l'équa-
torial coudé de l'Observatoire de
Lyon; par M. J. Guillaume I23l
— Observations de la comète Dubiago
(1921 c) faites à l'équatorial coudé
171
TABLE DES MATIERES.
l'^qes.
clo J'( )bsorvaloii'(' de Nice (n™, -Jo
d'ouverture); par M. ^1. Scltcui-
masse il iO
Commissions académiques. — F.lec-
Vinns dej cDnimissions de prix. . . ï'i^
— MM. les membre; do la section de
physique. 3MM. \. .\rsonval, J. Car-
pentier. Ijergoiiin formeront la
commiîfion chargée do contrô!er
les expériences de M. Contremoii-
lins sur la portée des rayons X. . . i l'jo
Commissions MiNisTÉniEi-i.Es. — M. !e
Ministre de l'Agriculture invite
l'Académie à lui désigner trois de
ses membres pour occuper les trois
places vacantes dans le Conseil
supérieur des stations agrono-
miques et des laboratoires agri-
coles 119,
— MM. L. Guignard, G. Lemoine,
A.-Tli. Schlœsing, sont désignés. . if'î
— MM. ./. \'iolle et R. Bourgeois sont
élus membres du Comité consul-
tatif de l'OfTice national météo-
rologique au Sous-Secrétariat
d'Etat de l'Aéronautique i Î3
— M. le Ministre de l'Instruction publi-
que invite l'Académie à désigner
un de ses membres qui fera partie
(le la Commission technique de la
troisième section de la Caisse dcx
recherches scientifiques i i 5o
— M. Charles Moureu est désigné !9;y
— M. le Ministre du Commerce et de V In-
dustrie invite l'Académie à dési-
gner un de ses membres qui la repré-
sentera au sein de la Commission
permanente de Standardisation.... I5;9
— M. //. Le Chatelier est réélu 1 3'io
— .Al. le Ministre dn Tra^'ail invite l'Aca-
démie à lui désigner un de ses
membres qui occupera, dans la
Comrni.<ision supérieure des maladies
d'origine pro/essionnelle, la place
laissée libre par la démission de
M. A. Laveran iSgï
— M. ^Yidal est désigné i î 5/
Cosmogonie. — Constitution et forma-
lion des nébuleuses spirales: par
M. Alex. Véronnet ijjt
— \o'u A.itronomie physique, Relativité.
CiiiSTAi.i.oGE.NÈKi;. — Sur la coloration
artificielle des cristaux obtenus
par solidification d'une substance
Pases.
fondue et sur la diffusion cristal-
line: par M. Paul Gauhert 1299
Ci!isTALi.oGn.\pHiE. — Sur les couleurs
d'interférence produites par les
lames cristallines minces; par
M. Paul Gaubert 69 1
— Sur la photographie stéréoscopique
des cristaux; par M. Maurice
François i îoO
— Sur quelques roches cristallines
d'.Mbanie: par MM. Jacques Bour-
cart et René Abrard i loS
— Voir Electro-optique, Métallographie,
Microscopie, Minéralogie, Pouvoir
rotatoire, Rayons X.
Cryptogamie. — Sur l'emploi d'écrans
colorés pour combattre les mala-
dies cryptogamiques des végétaux;
par M. Robert Lance 1201
— Sur un produit anticryplogamique;
par M. Robert Lance i'.!Oi
— Voir Bactériologie agricole. Mycologie,
Parasilologie, V iticulturc.
Cytologie animale. — ■ L'hétérotypie
dans la mitose somatique de Co-
rethra plumicornis; par M. Armand
Dehorne 9^1
— Sur la pression osmotique d'arrêt de
la division cellulaire; par MM. /•".
Vlès et J. Dragoiu 1127
— Les conséquences cytologiqucs de
l'arrêt osmotique de la division
cellulaire; par MM. ./. Dragoiu el
F. Mes 1210
— Sur quelques attitudes fonctionnelles
du chondriome de la cellule hépa-
tique ; par M. R. J\oël I 179
— Cellules à granulations éosinophilcs
d'origine histioïde dans le sang
circulant de l'embryon; par
M. L.-M. Bétances 1 iSi
— Fausse et vraie myogénèse chez les
Copépodes pélagiques. Krreur due
à la méconnaissanc<' des péridi-
iiiens parasites cœlomiques; par
M. Edouard Chatton I i i 1
— La question de la spécilicilé cellu-
laire chez les planaires; par M. A.
Vandel l6i4
— Le radiopuncture microscopique des
cellules niobilc-s; par M. Serge
Tchaliotine iG;9
— Le mécanisme de la mélaphase el do
l'anaphase somatiques et ses con-
TABLE DES MATIERES.
1713
scqUL-ncos ihoz (iirrlliia iiluniicor-
iiis; par M. Armaiiil Dehonie 168 J
— Voir Histologie, Spernialogéiièse.
Cytologie végktai.k. — A propos ilr
l;i constitution morphologique (hi
cytoplasme; par M. .1. Guilliei-
rnond l' i
— Le dimorphisme des cléments chro-
mosomiques chez le Polypodiiiiii
Schneideri pendant les périodes de
télophase et d'interphase; par M.
R. de Lilardièrc Go 7
— Les phénomènes nucléaires de la
cinèse hétérotypiquc chez le Lobe-
lia ureris et chez cjuclqucs campa-
nulacées; par M. L. Armand ;G-.)
— Sur le Gymnodinium pseudonocli-
luca Pouchet; par M. J. Pai'il-
lard 868
L'évolution des grains (ralciu'oiie en
vacuoles ordinaires el hi l'ornia-
lion des tannins; par -M. Pii'i-n:
Dangeard lils \)\j'>
Sur la structure et l'évolution du
noyau dans les cellules du méris-
lème de quelques euphorhiacées;
par M. E. Licent loC) >
Remarque au sujet de quelques pro-
cessus chromosomiques dans les
noyaux diploïdiques du Podophyl-
litrn peltatuin L; par iM. H. de
L ilardière 1 06G
La structure des anthérozoïdes des
fucacées; par M. G. ]\Iangenol 1 198
Sur les microsomes et les formations
lipoïdes de la cellule végétale; par
M. A. Guilliermond 167G
DÉCÈS DE MEMBRES ET DE ConRESI'O.N-
DANTS. — De M. Georges Hiimherl,
membre de la section de géomé-
trie 189
— De M. Emile Boiirquelol. membre de
la section de chimie 2 iy
— De M. Pjeffer, correspondant pour
la section de botanique 3 J j
— De M. Vallier, correspondant pour
la section de mécanique 82!
— De M. Gaillot, correspondant pour
la section d'astronomie '^yj
Dynamique. — Voir Aérodynamique,
Electrodynamique , Hydrodyna-
mique, Thermodyniim ique.
Eaux. — Voir Epuration des eaux.
Eclipse du soleil du 7-8 avril 1991.
— Observations à l'Observatoire de
Paris; par M. B. Baillaud 886
— id. à l'Observatoire de Strasbourg;
par M. Ernest Esclangbn 908
— id. à l'Observatoire de Besançon;
parM. yl. Lebeuj goy
— id. à rObservatcire de Bourges;
par M. Moreux 910
— id. à l'Observatoire de Lyon; par
M. Jean Mascart y 12
■ — ■ id. à l'Observatoire de Toulouse;
par M. L. Montangerand y'^G
— id. à l'Observatoire astronomique
de l'Université de Valence (Es-
pagne) ; par M. /. Tarazona 101 >
— Voir Actinométrie.
Elasticité. — Sur le cas de Poincaré
dans la théorie de l'élasticité; par
M. E. Jouguet 3 1 1
— Equilibre et stabilité des appareils
élastiques; par M. A. Thuloup. . . . 1643
Elections de membres et de corres-
pondants. — M. Pierre Bazy est
élu membre delà section de méde-
cine et chirurgie 201
— M. Auguste Béhal est élu membre
de la section de chimie 26^
— M. Ernest IV. Brown est élu corres-
pondant pour la section d'astro-
nomie îGî
— M. Louis Joubin est élu membre de
la section d'anatomie et zoologie. . 353
— ^L Jules Bordet est élu correspondant
pour la section de médecine et
chirurgie 43l
171/i TABLE DES
Pages.
— Sir Eniesl Rutheiford osl élu corrcs-
pondanl pour la scclion de phy-
slcjuc générale i'^'
— Sir Oeorge Creenhill est élu corres-
pondant pour la section de méca-
nique 6 i î
— M. Emile Borel est élu membre de
la section de géométrie 900
— M. Georges Urbain est' élu membre
de la section de chimie 1 1 i9
— M. Jean Massart est élu correspon-
dant pour la section de botanitiue. i'2-y
Electricité. — Sur une nouvelle pro-
priété de corps faiblement conduc-
teurs de l'électricité; par M. G.
Beboul 210
— Interprétation, par la cohésion diélec-
trique, d une expérience célèbre de
Sir .J.-.J. Thomson; par M. E.
Bonlij 731
— Sur l'éclat de l'élincplle électrique;
parM. L.BkH 807
■ — Voir Chimie phyaique. Ions, Métal-
lurgie.
Electricité .vTJiosniÉRiQVE. — Voir
Météorologie, Radiogoniométrie.
Electricité industrielle. — Complé-
ment à la théorie de la réaction
d'induit pour les alternateurs
saturés; par M. André Léauté 27G
— Pile à dépolarisa lion par l'air; par
U.Ch.Féry ^17
— Généralités de la représentation
topographicjue des couples des
moteurs à courants alternatifs;
par M. André Blondel 1270
— Errata relatifs à cette communica-
tion I j4''>
— Sur l'appliealion de survolleurs sla-
tiques répartis au réglage des
lignes à haute tension; par M. A.
Blondel I j2G
— Voir Télégraphie.
Electricité médicale. — l^flicacilé de
la d'Arsoiivalisation diathermique
dans les plaies atones( ulcères
vari<iueux, troubles trojjhiques
cutanés, etc.) ; par M. Bordier 1214
Electrodvnamique. — Potentiels sca-
laire et vecteur dus au mouvement
de charges électriques; par M. Lié-
iiard ^ I
— Errata relatifs à celte eommunica-
lion 2,18
MATIERES.
Pages.
— Énergie éleelromagnétique et poten-
tiel thermodynamique d'un
système de courants; par M. .4.
Liénard 208, SaS
Electromagnétisme. — Actions mu-
tuelles (apparentes) d'aimants et
courants plongés dans un liquide
magnétique; par M. W. C/»'part. 58(), 750
— Voir JS'ai'igation.
I'i.ectro-optiqve. — Sur la biréfrin-
gence électrique des liqueurs
mixtes et la structure cristalline;
par M. St. Procopiu 11 72
- Erratum relatif à cette communica-
tion l45G
— Voir Physique, Spectroscopie.
i'^MBRYOGÉNIE ANIMALE. SuT TaCtion
cju'exerce l'acide sulfuricpie con-
centTé sur h'S œufs de Bombyx
niori; par M. .1. Lécaillon 718
— L'irritabilité aneurale de l'ecto-
deruLc décelé(! par le déplacement
ciliairc de l'embryon chez Rana
temporaria; par M. Paul Wintre-
hert . . . .• ij 34
— La forme rijïtilienne du spermato-
zoïde du pangolin et sa significa-
tion: par MM. R. Anthony et Cli.
Champy M 3 J
— L'activation parlhénogénétique des
œufs de Grenouille rousse (Rana
lenipoiraria L.) dans les milieux
hypotoniqucs et hypertoniques;
par M. R. Hovasse i ' '7
— Voir Cytologie animale.
Embryogénie végétale. — Embryo-
génie des serofulariacées. Déve-
loppement de l'embryon chez le
\'eronica arvensis L; par M. René
Souèges : 70 3
— Embryogénie des labiées. Dévelop-
pement de l'embryon chez le Meii-
tlia viridis L; par M. René Souèges. 10J7
l'.NTOMoLOGiE. — Utilisation des cocci-
nelles contre les insectes nuisibles
aux cultures dans le midi de la
Elance; par M. Paul Marchai 10 'j
— Un foyer de multiplication de la
mouche des fruits [Ceratitis capi-
tula Wied.) aux environs de Paris;
par M. Pierre Lesne lyo
— Morphologie générale et slruelure
de l'appareil digestif des lépidop-
tères; par M. L. Bordas ('>i 7
— Sur qni-l(|urs araisiiiiTs apiioumoncs;
par M. Louis Fai;e &.><>
— Aptrrina pedeslris Mois. Los musclos
(lu vol chez coitaius diptères à
ailrs l'udiinontairos ou iiullos; par
M. /.. Mercier 7 1 0
— Kolr du lapin domosticpio dans l'al-
tractiou pt la nulritioii à' Anophèles
inacidijyrniti.i: par MM. J. Lc^endre
ot A. Oliveaii 82-^,
— ru'génératioii de paltos à la placu
d antennes sectionnées, chez un
pliasme; par M. L. Cuénot 91',)
— Sur les différents modes de régénéra-
tion des antennes chez le phasnie
Carausius inorosus; par M. L. Cué-
not I onç)
— Recherches sur le déterniinisnie de
la perte de la faculté du vol chez
les hémiptères aquatiques: par
M. R. Poisson i j'22
— Voir Insectes.
Epidémiologie. — La fièvre aphteuse
hovine n'est pas transmissible à
l'homme; la stomatite aphteuse
humaine n'est pas transmissible
aux bovins; )>ar M. Charles
Lebailly 1 i jo
— Yoii Hygiène, Médecine expérimentnlc.
Epun.vTiON DES EAUX. — Sur l'épuration
bactérienne et colibacillaire au
cours du traitement» des eaux
dégoûts par le procédé des « boues
activées »; par MM. Paul Cour-
mont, A. Rochaix et F. Laupin. . . . i6ijG
Equations. — Sur certaines équations
différentielles linéaires complè-
tement intégrables; par M. -4/;-
gelesco Il)
— Sur une équation de Fredholm dans
le domaine complexe et son appli-
cation à la théorie des systèmes
d'équations linéaires à une infinité
d'inconnues; par M. Rolin ITorre. . '{yi
TABLE DES MATIERES.
l{és(.h.li.Mi ,lr léqualioM incléter
1715
Paccs.
/. X- V + q X3 — ;, XY- X -Y» =, I
jiar M. Boris Delauiiiui \'.>\
— Uésolution de l'équalion algébrique
générale à l'aide de la fonction 'i ;
par M. ///. Mellin 038
— Sur certains systèmes d'équations
de l'faff et les transformations des
équations aux dérivées partielles;
par M. G. Cerf 5i8
— Sur une classe d'équations intégralrs
à noyau asymétrique; par M. T.
Carlcman 05 5
— - Deux conséquences de l'équation aux
dérivées fonctionnelles qu ou tire
de la représentation conforme;
par M. Gaston Julia 7 38
— Sur les discontinuités des solutions
de certaines équations de Fred-
holm; par M. Gaston Julia 1279
— Sur une équation intégrale dans le
domaine complexe; par M. S. Pin-
cherle 139")
- Équations de Fredholm à intégrales
principales au sens de Cauchy; par
M. Gaston Bertrand i458
— Sur les familles complètes de figures
intégrales d'un système d'équa-
tions aux dérivées partielles du
premier ordre ; par M. Riquier .... 1 629
-- Sur les systèmes d'équations aux
dérivées partielles des fonctions
hypcrgéométriques les plus géné-
rales; par M. J. Kampé de Fériet. . i034
— Sur les systèmes aux dérivées par-
tielles comprenant autant d'équa-
tions que de fonctions inconnues;
par 5L Maurice Janet 1O37
— Voir Algèbre, Analyse mathématique.
Géométrie infinitésimale, Fonctions.
Errata. — I04, 188, 248, 3o4, 628, 783,
io83, laO-i, 1455, 1543, 1627, 1700.
Fonctions. — Sur certaines fonctions
se rattachant à des surfaces
fermées; par M. Emile Picard. . . .
• — Sur les fonctions ayant un nombre
fini ou infini de branches: par
M. Théodore Varopotilos
Sur li'S fonctions automorphes; par
M. Guida Fubini
Sur une classe de fonctions multi-
formes: jiar M. Théodore }'aropoii-
I7l(l TABLE DES
Pages.
los 265
— Résolution de l'équalion algébrique
générale par des fonctions hyper-
géométriques de plusieurs va-
riables; par M. Richard Birkelaiid . îoij
— Sur les fonctions aulomorphes; pur
M. Georges Giraud > >'\
— Variation de la fonction qui fournit
la représentation conforme d'une
aire sur un cercle, lorsque le con-
tour de l'aire varie: par M. Gaston
Jttlia Vis
— Sur les couples de fonctions algé-
broïdes d'une variable correspon-
dant aux points d'une courbe algé-
brique de genre supérieur à l'unité ;
par M. Georges-.I. Rémoundos G j )
— Sur les fonctions hyperelliptiques
singulières ; par M. C.-E. Traynard. (i j 7
— Sur quelques points de la théorie des
fonctions et de la théorie des
nombres; par M. Théodore Varo-
poulos G ') ;
— Sur les fonctions entières d'ordre
fini; par M. G. Valiron 7 1 1, i.) »G
— Sur l'approximation des fonctions
de grands nombres; par M. Alau-
rice Haniy 78')
— Sur la détermination des fonctions
présentant certain caractère com-
plexe de résolubilité; par M. Ar-
naud Denjoy 8 33
— Le théorème de M. Landau et les
fonctions multiformes; par
M. Théodore Varopoulos 8 5")
— Caractères de certaines fonctions
MATIERES.
Pages,
intégrablcs et opérations corres-
pondantes; par M. Arnaud Denjoy . 903
— Sur les fonctions de Bcsscl à deux
variables; par M. Benjamin Jek-
hoivsky I 'Î3 1
— Sur les fonctions qui admettent un
théorème d'addition algébrique;
par M. H. Alineur i^Gl
— Sur les fonctions bypercylinfWques:
par M. J. Kampé de Fériet i jG^
— Sur une classe de fonctions trans-
cendantes; par M. Théodore \'aro-
poulos 1 639
— Voir Algèbre, Analyse iiiiil/icniiiliiiuc
Equations.
l''ll.NL>ATIU.N- LonrtLLiL. — MM. C
Jordan. II. Le Chalelier, le prince
Roland Bonaparte sont réélus mem-
bres du Conseil de la Fondation
Loutreuil 900
— Rapports relatifs à l'emploi de suli-
ventions précédemmeut accordées :
— par M. Léon Guillet lOî
— par le Sous-directeur de
l'Ecole d'anthropologie i iîS
Fonds Bo.naparte. — MM. .4. Ilaller
et Mangin sont élus memllres de
la Commission du Fonds Bona-
parte en remplacement de MM. .-I.
Lai'eran et H. Lecointe loi.'j
— Kai)ports relatifs à l'emploi de sub-
ventions précédemment accordées:
— par M. E. Fauré-Frémiet . ... 112
— par M. Paul Winirebert . ... i lâo
GÉOCBAPHIE. — Le nouvel Atlas uni-
versel de Vivien de Saint-Martin
et Schrader; par M. Frantz Sclini-
der
— Voir Navigation. (Jcéanogra/ihie.
GlioGIlAIMIlF. PUYSIQLt. LoS BaS"
Cliamps de Picardie au sud de la
Somme; par M. A. Briquet
— Les Bas-Champs de Picardie au
nord de la Somme : la ligne de
rivage; par M. A. Briquet.. G97,
-- Sur la géologie et la géographie
physique de la dépression du Rio
(liKuliiilo (Sierra Morcna, bls-
92:
pagne) ; par M. Henry Joly 811
— Sur la dépression longitudinale du
(:iiîli; par M. de Monlessus de
Bnllnre 990
— Relief littoral et plate-formes llii-
viales; par M. .lovan Cvijic i.laj
— Plateformes fluviales et ressauts
d'érosion; par M. Jovan Cvijté. . . . i "92
— Les « franc » de la vallée de la Cère;
par M'": Y. Baisse de Black 1391
— Voir Géologie, Géophysique.
GÉoi.oGir:. — Sur l'âge des phénomènes
de charriage dans la région d'.Vvi-
gnon; par M. Pierre Terniier et
TABLE DES MATIÈRES.
Pages. ,
Léonce Joleaud j4
Observations sur les alluvions an-
ciennes de la Seine; par M. E.
Chapiu ::.":•
Sur un ancien lit glaciaire du Pdione
entre Léaz et le Pont-Houge des
Usses (Haute-Savoie) : par MM.
Maurice Lugeon et J. Vilkmagne. 109
Évolution minéralogiquc des mine-
rais de fer oolithique de France,
indépendante du facteur temps;
par M. L. Catjeiix 119
Sur l'âge des phénomènes de
charriage dans les montagnes
de Gigondas (Vaucluse) ; par MM.
Pierre Termier et Léonce Joleaud. 191
Les monts de la Margeride; leurs
éruptions porphyriques; leurs
cycles d'érosion et leurs glaciers;
par M. Ph. Glangeaud aaô
■ Notion d'un métamorphisme général
sous-marin, déduite du remanie-
ment des minerais de fer ooli-
thique jurassiques, contemporain
de leur dépôt; par M. L. Cayeu.r . . . 460
• Une faune saumàtre au sommet du
Crétacé inférieur, près de Bayonne ;
par M. H. Douvillé. . 63o
- Les terrasses alluviales de la Nive et
leurs rapports avec l'abri mous-
térien d'Olha (B.-Pyr.) ; par M. E.
Passemard 758
- Sur l'âge des formations à lignite de
l'île de Majorque; par MM. C.
Depéret et P. Fallot 790
- Sur nn nouvel exemple de striage du
lit fluvial ; par M. Maurice Lugeon . 828
- Existence de nombreux spicules
d'Alcyonaires dans les minerais de
fer jurassique de France; par M. L.
Cayeux 987
- Sur l'âge des couches les plus an-
ciennes du Massif armoricain ; par
M. F. Kerjorne 1 1 1 J
- Sur un forage profond qui démontre
l'existence d'une nappe de char-
riage dans la Tunisie septentrio-
nale; par M. L. Joleaud 1192
- Le Trias de la Kabylit des Babors
(Algérie) ; par M. F. Ehrniann . ... i ig4
- Sur la iaune ichthyologique du Sahé-
lien de la région d'Oran; par M. C.
Arambourg 12 Jj
- Sur le Sahélien de la Tunisie septen-
C R., 19J1, I" Semestre. (T. n^.)
trionale: par MM. Cit. Uei>êrct et
Marcel Solignac
— Observations sur le Paléozoïquc de
Rabat (Maroc) ; par M. ./. Savor-
nin
— Voir Climatologie, Géographie phy-
sique, Géopliysique, Ihjdrograplde,
Hydrologie, Lithologie, Paléonto-
logie animale et végétale, Sismo-
logie, Stratigraphie, Tectonique,
Vulcanologie.
GÉOMÉTniE IXFI.MTÉSIMALE. Sur
les couples de deux congruences Oi
polaires réciproques par rapport à
un complexe linéaire; par M. C.
Guichard
— Sur la détermination des congruences
de droites dont le plan moyen est
donné; par M. Axel Egnell
— Sur certains réseaux qui se pré-
sentent dans l'étude des congru-
ences qui appartiennent à un
complexe linéaire; par M. C.
Guichard
— Sur certaines surfaces hypcrellip-
tiques singulières; par M. C.-E.
Traynard
— Courbes algébriques non unieursales
à torsion constante; par M. Ber-
trand Gambicr 9'"'
— Sur les systèmes triplement indéter-
minés de droites et leurs conjugués
par rapport à un complexe liné-
aire; par M. Claude Guichard
— Sur une amélioration de l'inégalité
isopérimétrique du cercle et la
démonstration d'une inégalité de
Minkowski; parM. T. Bonnesen. . .
— Sur les systèmes 3 I dont toutes les
droites appartiennent à un com-
plexe linéaire; par M. C. Guichard.
— Sur les surfaces applicables et l'équa-
tion de Laplace; par M. Bertrand
Gambier
— Déformation des surfaces et équa-
tion de Laplace; par M. Bertrand
Gambier
— Sur les lignes de courbure des qua-
driques; par M. d'Ocagne
— Voir Analyse mathématique.
Géophysique. — Affaissement des côtes
méditerranéennes de la France;
par M. Ph. Négris
' — L'évolution du dynamisme Icrreslrc;
717
âges.
1557
l:")87
141
350
423
ioo5
1273
•397
i568
i64o
465
I7I8
TABLE DES MATIERES.
Pages.
par M. A. Romieux û'J ^
Voir Magnétisme terrestre, Météoro-
logie, Océanographie, Physique du
globe, Sismologie, Vulcanologie.
Gravitation. — Voir Physique, Rela-
tivité, Speclroscopie.
Pages.
H
Hélicoptèke. — Voir Aéronautique.
IIiiLiOTiiÉnAPiE. — • Quelques remar<|Ui'S
sur l'aclion des radiations lumi-
neuses et ealorifiques dans l'hélio-
lliérapie ; par M. E. Roux i>'^-^
Hématologie. — Voir Cytologie ani-
male.
Histoire des sciences. — Visite
officielle aux États-Unis; par
S. A. S. le Prince de Monaco 1 a-j
— Voir Navigation.
Histologie. — Rapport des neurites
avec les tissus dans la cornée; par
M. ,/. Nageotte <J 1
— Recherches histologiques et histo-
chimiques sur l'atrophie pigmen-
taire du l'oi(^ ; par M. F. Ladreyt ... i ■?.',-
— Nouvelle technique pour les inclu-
sions et les préparations microsco-
piques des tissus végétaux et
animau.x; par M"" Larbaud i >i 7
— Sur un prétendu tissu interstitiel
dans le testicule des batraciens
urodèles ; par M. Charles Pérez i M i
— Voir Cytologie animale.
Hydraulique. — Calcul du coup de
bélier dans une conduite alimen-
tant une turbine à forte réaction ;
par M. de Sparre '\'i'j
— Sur le rendement maximum des
turbines; par M. de Sparre 'Ah
■ — Errata relatifs à cette communiea-
lioii lOi-
— Sur le maximum de rendement des
turbines à libre déviation; ' par
M. de Sparre SgG
— Sur les phénomènes de résonance
dans les turbiiK'S à aspiration; jjar
M. .4. Foch I 1 1)1.)
— Note d(^ M. Râteau au sujet de cette
commuuiealion I 1 J'-*
— Sur le rendement des tuihines qui
travaillent sous uni' hauteur de
chute variable; par M. de Sparre. . i3Gi
Hydrodynamique. — Sur l'écouleinenl
initial d'un liquide par un orilice
brusquement ouvert; par M. Henri
Villal. . 1 iS
— ■ Sur le mouvement varié des lluides;
par M. L. Lecornu ! Jo
— Sur les mouvements cycliques d'un
fluide limité par un mur, et conte-
nant un solide; par M. Henri
Villat JJiJ
— Mouvement initial d'un liquide en
contact avec un obstacle à arêtes
vives; par M. Dimitri Riabou-
chinski 52 1
— Sur le mouvement périodique d uu
fluide; par M. Paul Appell «SJ
— Voir Aérodynamique, Capillarité, Hy-
draulique.
Hydrographie. — L'hydrographie
ancienne du Sahara; par M. R.
Chudeau .\')J
Hydrologie. — Sur la présence d'unu
nappe sous-alluvionnaire d'eau
thermale et minéralisée dans le lit
de la Durance, à Serre-Ponçon
(Hautes-Alpes) ; par MM. W.
Kilian cl F. Blanchet i j(.)4
Hygiène. — Le rôle des mouches dans
le transport des germes palhogèues
étudié par la technique des éle-
vages aseptiques; par M. E.
Wnllman ui)8
— Sur remploi des polysullures alcalins
pour neutraliser certains gaz
toxiques; par M. Desgrez, Guille-
niard et Labat o4''i
— lulluenee de la température sur le
nomlire de décès par diarrhée
infantile, à Paris; par M. Louis
IScs.wn , ioi
— Voir .l/i;/((7i/.v, Anatomo-physiologie,
/■épuration ites cau.i, \'ilaotincs.
TABLE DES MATIERES.
•719
Immlmti';. — Lo microlic baoloriophagi.',
asri'iit d'iniinunilo dans la poste et
lo barbono; par M. F. d'IIerelle. . . .
— Mécanisme tic l'immunité bumoralc
chez les insectes; par M. A. Paillol.
— Contribution à l'étude de l'immunité
humorale chez les insectes; par
M.A.PuilloI
— Sur un mode de défense naturelle
contre les infections microbiennes
chez les invertébrés; par MM. E.
Coinreur et X. Clialiovitrli
— Rôle des humeurs dans la destruc-
tion extracellulaire des microbes
chez les insectes ; par M. A, Pailloi.
— Contre les infections microbiennes
chez les invertébrés; par MM. E.
99
^97
546
876
P;iSes.
Couvreur cl .V. Clialtovilili i riO
— Voir Médeciuc vélérinaire,
I.NsiiCTEs. — De l'action des vapeurs de
chloropicrine sur VArjius rejlexus
Fabr.; par M. P. Remy iGig
— Voir Entomologie, Immunité.
Ions. — Sur le mécanisme des échanges
d'énergie dans le passage électro-
chimique d'un atome à l'état d'ion;
par M. René Audubert 753
— Emploi de la lampe à trois électrodes
pour la mesure des courants d'ioni-
sation; par M. ,7. Malassez 109?)
— Ionisation de l'argon par des élec-
trons lents; par M. Georges Déjar-
din i347
— \o\t Chimie, Hadionctivilé.
LiTiiOLOcii:. — Le caractère épisodiquc
des bancs du calcaire carbonifère
dans le Boulonnais et la dolomili-
salion de certains d'entre eux;
piu' M. Jacques de Lappareiil io5'2
— Rôle pétrographique des alcyonaires
fossiles, déduit de l'analyse des
minerais de fer jurassiques de
France ; par M. L. Cayeux i '89
— Voir Cristallogenèse, Cristallographie,
Optique.
M
Magnétisme. — Anomalie de dilatatioii
accompagnant la transformation
magnétique de la pyrrhotine et de
la magnétite; par M. P. Chece-
iinrd
— Sur les homologues d un aimant
permanent uniformément aimanté.
Loi de rellipsoïdc; par M. H. Chi-
part
— Voir Chimie physique, Électrornn-
gnétisme. Minéralogie, Radiogo-
niométrie.
Maonétisme terrestre. — Valeurs des
éléments magnétiques à l'Observa-
toire du Val-Joyeux au i^'' jan-
vier 1921 ; par M. Ch. Dufour
— Forte perturbation magnétique des
l/j-i 5 mai 195 1 ; par M. Flajolet. . .
C)()0
MÉCANiQirE. — Variation d'une trajec-
toire conique sous l'action d'une
résistance de milieu; par M. Alex.
Véronnet 267
— Sur les systèmes articulés défor-
mablcs ou transformables; par
M. Bertrand Gambier 363
— Détermination de l'axe de rotation,
de la vitesse de rotation d'un corps
solide et réalisation d'un corps
solide sans rotation; par M. G.
Lippmann 55/
— Systèmes articulés déformables et
couples de surfaces qui s'en dé-
duisent; par M. Bertrand Gambier. i'O
— Sur la détermination de l'axe de
rotation et de la vitesse de rotation
d'un corps solide; par M. Emile
1720 TABLE DES
Pafjes.
Picard 629
— Sur la déterminalion expérimentale
du mouvement d'un solide quel-
conque; par M. L. Lecorim 7 J 1
— Mouvement du centre de gravité
d'un solide symétrique par rapport
à un plan vertical se déplaçant
dans un milieu résistant; par
M. Alayrac 1 0)^9
— Sur une conséquence des lois du
frottement ; par M. Et. Delansiis . . . là!)
— Voir Cinémalique, Elasticité, Hydro-
dynamique, Relativité.
Mécanique appliquée. — Sur les chocs
dans les engrenages de change-
ment de vitesse des automobiles;
par M. A. Petot /l ?
— Au sujet de la détermination d'un
critère de fatigue générale des
moteurs à combustion interne;
par M. Dumanois îl
— Compresseur à membrane; par M. //.
Corblin i<i
■ — Sur le renversement des efforts dans
les barres de treillis des tabliers
métalliques à travées solidaires;
par M. A. Talon J7 J
— Sur les déterminations optiques des
résistances do roulement d'un
plan rouleur; par M. .fuies An-
drade 798
— Les résistances de roulcincnt et la
méthode optique du miroir; par
M. Jules Andrade 1 100
■ — Voir Aérodynamique, Aviation,
Chroiwmélrie, Cinématique, Élas-
ticité, Hydraulique, Mclfillurgic,
Oscillograplie.
Mécanique céleste. — Démonstralio]i
directe d'un théorème de Tisserand
relatif au développement de la
fonction perturbatrice; par M. //.
Andoyer i "> i ">
Mécanique physique. — Sur la loi
d'équilibre de grains solides dans
un courant d'eau vertical ascen-
dant; par M. R. Féret '>''i
Médecine. — L'élimination el la lixa-
tion des novarsenicaux Ihérapcu-
ti(iues; par MM. Kohn-Ahrcst.
Sicard et Paraj '"n
— Elude de quelques réaclions Icucu-
cytaires consécutives aux ini(<-
tions intraveineuses: par MM. //.
MATIERES.
Pages.
Grenet, H. Drouin et M. Gaillard. . 353
— Sur la recherche des vibrations tho-
raciques chez la femme et l'enfant
dans les pleurésies; par M. Henri
Frossard 556
— Modifications apportées au rythme
de l'imbibition du tissu muscu-
laire et de la peau par l'adjonction
de lijîoides à des solutions stan-
neuses ; par M. //. Drouin 721
— Vn appareil simple pour mesurer la
tension superficielle; par M. W.
Kopaczewski ~/ïi
— Action du bismuth sur la syphilis
et sur la trypanosomiase du
Nagana; par MM. R. Sazerac et
G. Levaditi 1^91
— La ehronaxie dans la dégénérescence
wallérienne neuromusculaire, chez
l'homme; par M. Georges Bour-
guignon I 4 'J2
— Voir Anaphylaxie , Anatomo-physio-
logie, Électricité médicale, Épidé-
miologie, Héliothérapie, Hygiène,
Microbiologie, Radiumthérapie,
Rayotis X, Thêrajieulique, Tuber-
culose, Vitamines.
MÉuECiNE LÉGALE. — Procédé de dia-
gnostic individuel du sang et du
sperme ; par M. Dervieux 1 384
MÉDECINE vétérinaihe. — Hémo-
prévention el liémovaccination
anti-aphteuses; par MM. //. l'allée
et Garré 1 J49
— Voir Microbiologie, Paludisme.
MÉTALLOGRAPiiiE. — L'emploi des
rcfroidissemeiils très lents pour
l'élude inicrograpliique des alliages
et la structure des aciers au tungs-
tène; par M. A. Porteviu 9G4
MÉTALLiKGiE. — Essai, à l'emboutis-
sage, des tôles minces; par
M. Gharles Erémont i JO
— Errata relatifs à celle communica-
tion •»-i8
— De la frai;ililé au bleu dans eerlaiiics
soudures d'acier; par !M. Charles
/•'rémont 368
— Sur la résistance éleclrii|ue des aciers
au nickel; par M. A. Portevin 445
— Sur la trempe des laitons à l'élain;
par M. Léo;i Guillet iojS
— La dissolution relardée et la précipi-
talion prémalui'ée du carbure de
TABLE DES MATIERES.
Pages,
for dans les aciers e( riiiflucncc de
l'état initial sur ces phénomènes;
par iMJI. .1. Poilenn et P. Chei'e-
nard ■ i 'jo
■ — Sur les points critiques dus à l'é-
crouissas^e; par MM. Lénn Cuillel
et Marcel Ballay 11711
— Influence du corroyagc sur la résis-
tivité de l'acier; par M. Eii^hte-L.
Diiptiij I fiGo
Météorologie. — Sur un cas d'anéan-
tissement d'une bourrasque; jiar
M. Gabriel Guilberl '\\i
— Les oscillations simultanées de la
température et du vent au sommet
de la tour Eiffel et leur relation
avec la surface directrice (Bjerk-
ness) d'une dépression; par M. R.
Dongier 6()9
— Sur un cas de comblement brusque
d'une dépression; parM. Delcamhre. 701
— Sur la brume sèche; par M. P/i.
Schereschewsky 7(10
— Observations du champ électrique
de l'atmosphère pendant léclipse
de Soleil du 8 avril 1921 ; par M. J.
Rouch 95,5
— Aurore boréale dans la nuit du l 'i au
i5 mai 1921 et phénomènes ma-
gnétiques simultanés; par M. Ber-
nard Lyot 19.30
— Sur l'aurore boréale du i4-i5 mai
1921 observée à Strasbourg; par
M. Ernest Esclangon 128G
— Les oscillations simultanées de la
pression et du vent au sommet de
la Tour Eiffel et leur relation avec
la surface de grain (squall surface
de J. Bjerkness) d'une dépression;
par M. if. Dongier i3oi
— Sur les systèmes luiageux; par M. Pli.
Sclierescliewsky I i''.9
— Influence du relief et de réchauffe-
ment du sol sur les vents de sur-
face; par M. Octave Mengel i'\'il
— Sur l'aurore boréale du l3 mai 192 1 ;
par M. Cari Stôrmer 1672
— Sur une méthode nouvelle qc prévi-
sion des variations barométriques;
par MM. E. Delcambre et Ph. Sche-
reschetvski i G73
— Voir Acoustique, Anémoméirie,
Hygiène, Pliysiijue dn globe,
Radwgon ioméirie.
I72I
Pilles.
.MÉTBOLOGiF. — L'adoption obligatoire
du système métrique par l'empiri'
du Japon; par M. Ch.-Ed. Guil-
laume 795
Microbiologie. — Sur l'adsorption du
virus aphteux; par M. //. Vallée
et H. Carré iS5
— Influence de l'état do division des
gouttelettes microbiennes surl'en-
semencement des terrains dç cul-
ture; par M. A. Trillat 339
— Erratum relatif à cette commimica-
tion C28
— Des leuco-agglutinines; par MM. ^1/.
Weinberg et Léon Kepinow 880
— l'echerches expérimentales sur le
virus de l'herpès; par M. Georges
Blanc 725
— Nouvelles acquisitions dans l'étude
expérimentale du trachome; par
MM. Charles Nicolle et A. Cuénod. loi l
— Du pouvoir agglutinant du sulfate
de thorixim sur les spores à'Asper-
gillus fumigatus Fr; par MM. A.
Sartory et P. Bailly 1257
— Conservation du virus aphteux par
le froid ; par M. Charles Lebailly. . . 1261
— Observations sur la culture du
bacille pyocyanique sur milieux
artificiels définis; par MM. .4.
Goris et A. Liât 1622
— Voir Anaphylaxie, Bactériologie agri-
cole, Biologie, Chimie biologique,
Épidémiologie, l'épuration des eaux,
Hygiène, Immunité, Paludisme,
Parasitologie, Pathologie, Stéréos-
copie.
MiCROScopiE. — Sur un dispositif mi-
croscopique pour l'examen des
cristaux opaques; par M. Maurice
François 9*^7
— Voir Métallo graphie.
MiNÉR.\LOGiE. — Sur l'existence de
plans différenciés équidistants
normaux à l'axe optique dans les
liquides anisotropes (cristaux liqui-
des) ; par M. F. Grandjean 71
— Contribution à l'étude de la silice
globulaire représentant l'argile à
silex au sud du Bassin de Paris;
par M. Randoin 10 i6
— Sur la palmiéritc du Vésuve et les
minéraux qui l'accompagnent;
par M, Ferruccio Zambonini , , . . , . l4'9
1722
TABLE DES MATIERES
Pages.
— Les minerais Je fer iua{;nétique du
bassin de Longrwy-Briey; par
M. L. Cayeiix
— Voir Criilalhgruijhic. Géologir.
Lithologie, MèUillographie.
Morphologie. — De l'action tourbilloii-
naire de l'eau sur le corps et la
queue des oiseaux plongeurs; par
Pages.
M. .1. Magnan 236
— Le rapport de la surface alaire à la
surface caudale chez les oiseaux;
par M. .1. Magnan 1245
— Xoir Aiilhropologie, Paléontologie.
Mycologie. — Sur un nouveau réactif
des lactaires et des russules à
saveur acre; par M. Barlot 87
Navigation. — Sur le guidage des
navires à l'entrée des ports et che-
naux par un câble électrique
immergé; par MM. L.-A. Ilerdl et
R.-B. Owens "m
— M. L. Fai'é fait hommage à l'Acadé-
mie de graphiques destinés à la
détermination des routes ortho-
dromiques 9,v>,
■ — Au sujet de l'île de .Jean Mayen; par
M. J.-B. Charcol 6C9
— Voir Aéronautique.
NÉCROLOGIE. — M. le Président annonce
la mort et rappelle les principaux
travaux de M. Georges Iliimherl,
membre de la section de géométrie. 1 80
— id. de M. Emile Boiirquelol,
membre de la section de chimie. 'i\<j
— id. de M. T 'allier, correspondant
pour la section de mécanique. . 825
— Voir Décès.
Notices biographiqles. — Vie d' Ëlie
Metchnikojl (iS'rj-iyiG) ; par M")"
Olga Metchnikojl 737
— Notice biographique de .M. Guillut;
par M. B. Baillaiid i SyS
o
Océanographie. — Caries de pèche;
par M. Ed. Le Danois 3c)6
— La circulation océanique et la den-
sité des eaux; par M. J. Thoidet. . . 80 1
— Densités et indices des eaux de mer;
par M. C. Vauraboiirg 80 )
— Voir Géophysique.
Optique. — Sur un théorème d'oplii|ur
géométrique, et son application
aux systèmes de prismes ; par M. G.
Gouy 196
— Sur les systèmes de prismes à arêtes
parallèles; par M. G. Gouy 3o5
— Sur l'aplanétisme ot la condition des
sinus; par M. G. Gouy 4 '9
— Sur l'aplanétisme imparfait et li;
calcul du coma; par M. G. Gouy... 632
— Sur le calcul du coma; par M. G.
Gouy 827
— Sur la frange noire de Lippich et la
précision des mesures polarimé-
triques; par M. G. Bruhat et
M"« M. Ilanot i34o
— Sur le problème de l'achromalisine
des systèmes centrés épais; par
M. R. Boulouch
— La biréfringence du verre comprimé;
par M. et M"" Ë. Henriot
— Voir Chimie physique, Cristallogra-
phie. Electro-optique, Mécanique
appliquée, Micro.icopie, Phospho-
rescence, Poui'oir rotatoire.
Rayons X, Spectroscopie, Stéréo.'t-
copie. Tableaux anciens.
OpTiQLE appliquée. — Triplct achro-
mali(|ue à grand champ; par
M. Pariselle
— Appareil projetant, en salle éclairée,
tout objet sur écran de S™ de côté
avec 3 ampères; par M. Dus.<iaud. .
Optique physiologique. — Les effets
du chromatisme de l'œil dans la
vision des couleurs complexes;
par M. A. Polack
— Voir Slêréoscopie.
Oscillographe. ■ — L'évolution de la
méthode graphique; par M. Ma-
1342
i't77
53o
i532
349
TABLE DES MATIERES.
723
PilgCS,
Paléontologie animale. — Sur des
ololillios suhfossilos de poissons
du Sahara méridional et leur
signification; par M. ■Jari/tirs Pellc-
grin 77 I
— Comment ont apparu eertaines
formes nouvelles : rudistes et
cliames, Mytihis et Dreissensia,
Anomia et Parnitoiiiia; par M. //.
Doiivillr '. 88;
— Sur l'asymétrie et sur les sections
longitudinales techniques de la
couronne des molaires des masto-
dontes et des éléphants; par
M. Sabba Stefaiiescu 929
— Sur quelques caractères morpholo-
giques de la couronne des molaires
des mastodontes et des éléphants;
par M. Sabba Slejancscn loî/i
— Sur les variations individuelles de
Psiloceras planorbis Sow; par
M"e a. Cousin rH69
— Sur la corrélation des fosses alvéo-
laires, des mouvements et de la
structure des dernières molaires
des mastodontes et des éléj^hants;
par M. Sabba Stefaneseu i nO
— Sur la valeur phylogénétique et
évolutive des formules lamellaires
des dernières molaires M-)M— ,
I 2
3
M -rj des mastodontes et des élé-
phants; par M. Sabba Slefanescit . . iGGg
— Voir Géologie.
Paléontologie végétale. — Décou-
verte du genre Plinlhiothcca Zeiller
dans le Weslphalien du nord de la
France ; par M. A Ijred Carpenlier . . 81 \
— Découverte d'une flore wealdicnne
dans les environs d'Avesnes (Nord) ;
par M. A. Carpenlier i'\'i.%
— Voir Géologie.
Paludisme. — Essais de vaccination
contre le paludisme des oiseaux
dû au Plasmodium relictum; par
AÎM. Etienne et Edmond Sergent . . 296
Parasitologie. — Sur la biologie de
l'altiso de la vigne {Hallica ampe-
lophaga Guér.) ; par MM. F. Pi-
Pages,
card et 7'. Pagliano 'Uy)
— Action d'un champignon parasite
sur Dilsea ednli.i .Stackhouse; ])ar
M. E. Chemin Gi 4
— La résistanc(^ plaslidaire cl mito-
chondriale et le parasitisme; par
M. J. Beauverie 119')
— Sur \vn trypanosome de la chauve-
souris, \'r\penigo pipistrellus, à
l'ormes crithidiennes iutratissu-
laires et cystigèncs. Hypothèse
relative à l'étiologie du goitre endé-
mique; par MM. Edouard Challon
et Robert Courrier I2')4
— Sur la nature mycosique d'une nou-
velle maladie des dattiers mena-
çant les oasis marocaines; par
MM. Edm. Sergent et .1/. Bégiiet. . . 1G24
— Présence d'un spirochétoi'de nou-
veau, Cristispirella caviœ n. g.,
n. sp., à membrane ondulante très
développée, dans l'intestin du
cobaye; par M. A. Cli. Hollande. . . 1C93
— Voir Cytologie animale, Épidemio-
logie, Microbiologie.
Pathologie. — Sur le lathyrisme ou
intoxication provocpiée par les
graines de gesses; par M. Marcel
Mirande il 4 2
— Virulence pour l'homme du spiro-
chèLe de la spirillose spontanée
<lu lapin; par MM. C. Levaditi,
A. Marie et iS'. JSicolau l'il\J.
— Voir Analomic pathologique. Méde-
cine.
Phosphorescence. — Action des rayons
rouges et infra-rouges sur les subs-
tances phosphorescentes; par
M. Maurice Curie 272
Photographie. — Voir Balistique,
Chimie physique, Chronographie,
Cristallographie, Tableaux an-
ciens.
Physiologie animale. ■ — Sur un
ensemble de phénomènes de l'ordre
expérimental et clinique permet-
tant d'étudier l'état fonctionnel
de l'appareil vestibulairc dans ses
rapports avec l'équilibration orga-
nique; par M. Etienne Lombard. . . iSa
1724
TABLE DES
— Action anlicoagiilaiitr' do l'afidi'
nucléique du pancréas. Staliililé
et caractères du plasma nucléaté;
par M. Doyon 1 3 ■!
— Le seuil de l'audition; par M. iMa-
rage i7?>
— Recherches expérimentales sur Ir
colostrum; par MM. Ch. Poirhci-
et L. Panisset i S i
— Le rôle de Ja tension superriciclle
dans les phénomènes du choc ; par
M. W. Kopaczewski 337
— Sur une double courhc représentant
très exactement les oscillations
sphygniométriques; par M. Henri
Harlé -i-^
— Propriétés physioloîjiques des acides
Jiucléiques des ganglions lympha-
tiques et du thymus. Conditions
pour obtenir un acide thymo-nu-
cléique très actif sur le sang; par
M. Doyon 820
— De la variation en poids des muscles
abaisseurs et releveurs de l'aile
suivant l'étendue de la surface
alaire chez les oiseaux; par M. A.
Magnan 1077
— Recherches comparatives sur le fonc-
tionnement du foie à la suite de
. l'anesthésie chirurgicale par le
chloroforme, l'éther, le protoxyde
d'azote ou la novocaïne: par
MM. F. Widal, P. Abmmi et ./.
Hulinel 1 1 1 '1
■ — Glande interstitielle du testicule et
caractères sexuels secondaires
chez les poissons; par M. R. Coiii-
rier Ti i G
— Mutations physiologiques brusques
chez les ferments lactiques ])ur
divergences individuelles; par
M. C. Goiini i3H'),
— Foie, plasma sanguin et sucre jirolél-
dique; par MM. JI. liierry el /''.
liaihery i i 1 5
— Tapis roulant ]ioiir l'élude de la
marche et du travail; par M. .I.-P.
Langlois i j 1 7
— Échanges nutritifs des animaux en
fonction du poids cor|)oiel; par
M. Louis Lapicque i V>0
— La répartition dis substances salines
et des éléments minéraux dans le
lail; par MM, Clu Porcher et .1,
MATIERES.
Pages.
C'hevaUicr ) Go '1
— I,e rôle compensateur des chlorures
dans ses rapports avec la compo-
sition chimique des humeurs; par
M. 11'. Mestrezat et M"« .S. Ledehl .. i G07
— Sur le ' second souffle » des coureurs;
par MM. P. Chailltnj-Bert, H.
Faillie et ,f.-P. Langloin iGio
— Sur le mode d'action des présures
végétales: par Mftf. E. Couvreur
et P. Chosson i G7S
— \ oir Anaphylaxie. Atuilnmo-physiolo-
gie. Chimie hiotogirpie. Chimie phy-
siologique. Cytologie animale. Ento-
mologie, Histologie , Immunité ,
Médecine, Optique physiologique,
Psycho-physiologie, Thérapeutique,
Vitamines.
PnvsioLOGiE PATHOLOGIQUE. — Dia-
bète et glycémie; par MM. H.
Bierry et F. Rathery 5^4
— Voir Anaphylaxie.
Physiologie végétale. ^- Contribu-
tion à l'étude du mécanisme de
l'action fertilisante du soufre; par
M. G. Nicolas 85
— Action de la chloropicrine sur la
faculté gcrminative des graines;
par M. E. Allège i 70
— Action nocive des feuilles mortes sur
la germination; par M. Auguste
Lumière 232
— Considérations sur rendodiTnie; par
M. //. Bouygues 33'2
— La zygomorphose endogène dans
les fleurs normalement actino-
morphes; par M. Paul ^'uil-
lemin 4-'8, '>\'\
— Sur une tige à géotropisme horizon-
tal ; par M. Henri Coupin G08
— Action de quelques alcaloïdes sur le
Botrytis cinerea Pers. ; par
M. Pierre Nobécourl 706
— Variation des acides organiques au
cours de la pigmentation antho-
cyanique; par M'i^De/n'i-eiio/Jer. . 709
— Iniluenee du chlorure de sodium sur
le développement du Slerigmato-
rystis nigra: iiar M. Marin Mol-
liard 11 iS
— Contribution à l'éludidu lôlc physio-
logique des anllioeyanrs; par
j\L Slan ■Ionesco , , , , • , . 1 3 1 1
TABLE DES
Pages.
— Voir Aii{ipli)ila.ric. CJiiiiiie vci!,i'lah\
Cfilohi'^ie vé'^étale.
l'iivsiQiE. — Sur le point de fusion do
riieptanp et la loi des points de
fusion ; par M. R. de Forcrand 3 1
— Erratum relatif à cet te communica-
tion ■>. i S
— Le diamètre rcctiligne de l'hydro-
gène; par MM. E. Malhias, C.-A.
CroiDineliii cl //. KaiiierlinsiU
Onnes '^('n
— Errata relalil's à celte communica-
tion Cy?fi
— L'influence de la luniièri' sur la con-
ductibilité des liijuides fluores-
cents; par M. //. Soiilaii 58 1
— Nouvelles applications de la mé-
thode des charges de très courte
durée et des éclairages instanta-
nés; par M. Pauthenier 583
— Sur quelques conséquences de la
contraction de Lorentz au point
de vue de la cohésion, de la gravi-
tation et de l'électromagnétisine;
par M. F. Giièry logi
— Sur la structure électronic|uc des
atomes lourds; par MM. !.. de
Broglie et A. Daiivillier iG5o
— Sur une trompe à mercure d'encom-
brement réduit; par M. G.Ranque. i653
— Voir Acoustique, Capillarité, Chro-
nographie, Chronométric, Elec-
tricité, Eleclrodynamique, Magné-
tisme, Mécanique physique.
Optique, Pouvoir rotatoirc. Radio-
activité, Spectroscopie, Thermody-
namique.
Physique appliquée. — AUumetir et
extincteur de becs de gaz des lan-
ternes publiques; par MM. Paul
Bernard et Barbe 872
— Procédé d'évaporation, de concen-
tration et de dessiccation de toutes
substances organiques ou miné-
rales; par MM. A. Sartory, L.
Sche/fler, P. Pélissier et C. Vaucher. ~!\ \
— Sur un appareil allumeur-extincteur
automatique pour becs de gaz à
veilleuse; par M. Alexandre Ca-
hier 1 3 5 3
Physique ou cloi:e. — Relations de
sismicité et de géotectonique dans
les Pyrénées; par M. Octave
Mengel 5^0
- (1uel(]Ui'S iHiuvrlIes mesures de la
densité de l'air de Cenéve; par
M. .4. Trcuthardt i 59S
— Sur la densité de l'air de Madrid et
ses petites variations; par MM. F.
Moles, T. Batuccas et M. Paya .... lOno
— Voir Actinométrie, Oéopliysiquc,
Magnétisme terrestre, Météoro-
logie, Océanographie, Sismologie,
Stéréoscopie, ^ 'ulcanologie.
Physique industp.ieli.e. — Sur l'étal
actuel de la synthèse de l'ammo-
niaque par les hyperpressions: par
M. Georges Claude 442
Physique mathématique. — Les for-
mules de Frenet pour un espace
de M. Weyl; par M. Juvet 1047
Pi.is CACHETÉS. — M. Jules Cesario
demande l'ouverture d'un pli
cacheté intitulé : « Recherches sur
le vol en général et ses applications
à l'aviation » Sg
— M. R. Bourgeois, au nom de MM. Del-
cambre et Schereschewski, demande
l'ouverture d'un pli cacheté inti-
tulé : « Etude et prévision de cer-
taines variations barométriques ». 6'14
— M. H. Bordier demande l'ouverture
d'un pli cacheté intitulé : « EfTica-
cité de la d'aisonvalisation dia-
thermique dans les plaies atones ». lOl 4
— M. Georges Bourguignon demande
l'ouverture d'un pli cacheté inti-
tulé : " La chronaxie dans les états
pathologiques chez l'homme i. . . . 1278
Pouvoir rotatoire. — Sur la varia-
tion du pouvoir rotatoire de l'acide
tartrique ; par M. R. de Mallemann. i 5o
— Sur les racémiques actifs; par
M. Marcel Delépine ioi9
— Erratum relatif à cette communica-
tion 1 2G2
— Sur la mesure du pouvoir rotatoire
dans les cristaux biaxes; par
M. Louis Longchambon 1 1S7
— De l'influence du molybdato d'am-
moniaque sur le pouvoir rotatoire
de quelques sucres; par M. Georges
Tanret 1 363
— Eludes sur la réfraction moléculaire
et le pouvoir rotatoire spécifique
du furfuralcamphre et de quelques-
uns de ses dérivés; par M"'^ Wolfj . 1404
— • Do l'influence du molybdate
1726
d'ammûniaquo sur le pouvoir rota-
foirc de la mannite; par M. Georiies
Tanrel
■ — Voir Optique.
Psychologie animale. — • Voir Biolo-
gie animale.
TABLE DES MATIERES.
Pages
Pages.
Psvciio-ruvsioLociE. — Dn l'impor-
tance de la ])hase périphérique
<lans la marge de variation des
temps de latenee sensorielle en
l'onction des intensités excita-
trices; par M. Henri Piéron 1G12
R
Radioactivité. — Influence des radia-
tions lumineuses sur razotobaetcr;
par M. Ë. Kayser ; . . . . i8'5
— Sur le rayonnement A et le dégage-
ment de chaleur du radium et du
mésothorium; par M™'' P. Curie. .
— Sur la mesure de la mobilité des ions
gazeux par la méthode de la roue
dentée; par M. Laporte
— Influence des sels d'urane sur le fixa-
teur d'azote; par M. E. Kayser . . . .
•— Méthode rapide de mesure de la
déperdition propre d'un électros-
cope en vue du dosage de l'émana-
lion du radium: par M. P. Loisel. .
— \'oir Aelinométrie.
Radiogoniométrie. — Études de radio-
goniométrie; par MM. G. Ferrie,
R. Jouaust, Ft. Mesny et .4. Perot. .
— Radiogoniométrie et influences
atmosphériques ; par M. Rolhé . .
Radiumthéhapie. — Action bactéricide
du rayonnement que donnent les
tubes radifères employés en ra-
diumthérapie; par MM. Cliizel,
Hocliaix et Kojman
Rayons X. — Absorption des rayons X
lie grande longueur d'onde. Liaison
cnlre les rayons X et !a lumière:
lOJ-A
10.? 8
ii-ÎS
par M. llolweck 1 3g
— Données expérimentales et balanee
pour le dosage des rayons X en
radiographie et radiothérapie;
^a.T^\M..F.Miramond de Laroquellc
et Slanida.1 Millot SaS
— A propos de la protection des tiers
contre les rayons X; par M. G.
Coniremoiilins lo3o, 1097
— Sur le fonctionnement du tube Lilien-
feld; par M. A. Dativillier lo'îS
— A propos du danger des installations
radiologiques; par MM, Maxime
Menard et Pestel 1 1 78
— Sur le calcul de l'intensité des
rayons X diffraetés par les cristaux.
Rectification; par ÎM. Georf^en
Friedel i '59/i
— Voir Antliropomélrie, Tdhleniir nn-
rienn.
Relativité. — Sur la théorie de la rela-
tivité et le mouvement séculaire
du périhélie de Mercure; par M. J.
Le Roti.v 1227
— La loi de gravitation et ses consé-
quences: par M. J. Le Roux 1 1^7
— Voir Astronomie physique. Physique
mathématique.
Séries. — Sur les développements en
série suivant les inverses de poly-
nômes donnés; par M. V. ,-lfcra-
mesco G iy
— Sur les séries de Diriclilet; par
M. Fritz Carlson 838
— Calcul des coefTicients d'une série Iri-
gonométrique convergente quel-
conque dont la somme est donnée;
par M. Arnaud Denjoy 1218
— Sur les séries dont le terme général
lend vers zéro ; par M. liralii i 22j
Sis.MoLOGiE. — Contribution à l'histoire
des tremblements de terre; par
JI. Eugène Mesnard
— Sur le tremblement de terre qui a
affecté, le 3 octobre l'jao, une
notable partie des régions volca-
niques du I\Iassif Central: par
M. Ph. Glauiicaïul
— Voir Physique du i;lohe.
Solennités scientifiques. — M. Auilré
Rlondel informe l'Académie (]u'une
cérémonie commémorative du ccii-
TABLE DES
l'imcs.
IrlKliri' (les (Iri-dUVrl'Ics Idllda-
iiK-iital(!S d'-lnipcrc t:n éli'Oli'o-
dynamiquc vient d'avoir lieu au
villaçe d'Ampère (Élals-Unis) H)!
— h' Université de ^'ivifiine invile l'Ins-
titut de Franee à se faire repré-
senter à la célébration du centième
anniversaire de sa fondation 5'")4
— Le Comité du six-centième annirev-
saire de la mort de Dante AUgliieii
invite l'Académie à se faire repré-
senter à la cérémonie commémora-
tive qui aura lieu le 27 avril 1921 . . ;)V.'
— Le Comité du centenaire de la mort
de Napoléon /''■ invite l'Académie
à se faire représenter à la séance
qui se tiendra à la Sorbonne eu
l'honneur des Institutions civiles
de Napoléon 912
— L'Académie désigne son Bureau et
M. A. Mesnager \)'>2
— M. le Prince Bonaparte est adjoint à
la délégation loS-
— M. Wurtz annonce à l'Académie que
l'inauguration du monument élevé
en souvenir de son père Adolphe
^Vurtz, aura lieu à Strasbourg. . . . 1014
— MM. A. Haller, Ch. Moureu et .1.
Béhal sont désignés pour repré-
senter l'Académie io8~
— 1j' Association des Ingénieurs sortis
des Écoles spéciales de Gand prie
l'Aeadémic de l'autoriser à inscrire
son nom au Comité d'honneur
sous le patronage duquel sera orga-
nisée une manifestation en sou-
venir de Jules BouU'in 121 8
— M. G. Bigourdan est désigné pour
représenter l'Académie à l'inaugu-
ration d'un monument élevé à la
mémoire de l'abbé Lacaille 1 1 io
— Cette cérémonie aura lieu le 3o
juillet 192 1 I i'jS
— MM. L. Guignard, Henneguy, Viala,
Widal, Bazy sont désignés pour
représenter l'Académie à la célé-
bration du septième centenaire de
la fondation de la Faculté de méde-
cine de Montpellier l663
Spectroscopie. — Sur les spectres cor-
pusculaires des éléments; par
M. Maurice de Broglie 27.4, 527
— Sur le modèle d'atome de Bohr et
les spectres corpusculaires; par
MATIERES. 1727
Pages.
MM. Maurice et Louis de Broglie. . 746
- Sur quelques spectres d'étincelle
dans l'ultraviolet extrême; par
MM. Léon et Eugène Bloeh 8o3
— Sur les spectres corpusculaires. Lois
de l'émission photoélectrique pour
les hautes fréquences; par M. Mau-
rice de Broglie 8f)G
— Spectres d'étincelle du fer et du
cobalt dans l'ultraviolet extrême;
par MM. L. et E. Bloch 8 ") l
— Sur l'utilité en astronomie physique
de la considération do sensibilité
des raies spectrales; par M. A.- de
Gramont 893
— Errata relatifs à cette communica-
tion io83
— Sur la structure d<^ la série L.; par
M. A. Dauvillier 91 5
— Spectres d'étincelle de l'or et dti
platine dans l'ultraviolet extrême;
par MM. Léon et Eugène Bloch .... 9G2
— Sur le déplacement des raies solaires
sous l'action du champ de gravi-
tation; par MM. H. Buisson et Ch.
Fabry m^o
— Sur les spectres d'absorption du
chlore pour les rayons X; par
M. Axel-E. Limlh 1 1 75
— Le principe de combinaison et la loi
de Stokes dans les séries des
rayons X ; par M. £). Cosler 1 1 7C1
— Sur les séries L de l'uranium et le
principe de combinaison dans les
spectres de rayons X; par M. .4.
Dauvillier 1 35o
— Excitation des spectres de l'argon
par des électrons lents; par
M. Georges Dé jardin i 482
— Voir Analyse spectrale, Astronomie
physique.
SrcRMATOGÉNÈSE. — Sur le processus
méiotique dans la spermatogénèse
do la salamandre et du triton;
par M. Armand Dehorne 4 80
— Spermatogénèse et chromosome
exceptionnel chez Naucoris macu-
latus Fab. ; par M. R. Poisson 873
— Voir Embryogénie animale.
SiÉRÉoscopiE. — Application de la
vision stéréoscopique au contrôle
des variations glaciaires; par
M. P.-L. Mercanton 582
— Principe d'une nouvelle méthode do
1728
TABLE DES MATIERES.
Pases.
roconslruclion ijrnpliiqup sléri'os-
copiquc d'ol)j(ts microseopiqufs
grossis; par!^t. G. Diibreiiil
— Voir Cristallographie.
STnATiGnAPiiiE. — Krliellp sfraliitia-
'.)G'.)
plii(|uc' tli' la Kaliylic fies Baliors;
par MM. F. Elirmniiii il ./. Sa-
l'orniii i3oi
Sucres. — Voir Pouvoir rolaloire.
Systf-me métrique. — Voir Méirolonie.
T.\ni.EAux ANCIENS. — Sur la ncoiis-
liliilion dp cprtaiiis détails invi-
sibles dps lablpaux aiicipiis: par
M. H. Parenlij '\\
■ — La radiograpliif des tableaux; ]iar
AL André Chéron 57
■ — Emploi de la lumière polarisée pour
l'examen des tableaux anciens;
par M. Pierre Lain berl i 1 7O
Tectonique. — Sur les oscillations
glaciaires des temps quaternaires
et les mouvements correspondants
de la lithosphère; par M. Pli.
Négris 7/1
• — Erratum relatif à cette communica-
tion 6a8
— Mouvements tectoniques intergla-
ciaircs et postglaciaires de l'extré-
mité orientale des Pyrénées; par
M. Octave Mengel i65
— Sur la répartition et l'allure des bas-
sins phosphatés dans le Maroc occi-
dental; par M. ./. Savornin 291)
— Le lambeau de recouvrement de
Propiac (Drôme), témoin d'une
vaste nappe, d'origine alpine,
poussée, avant le Miocène, sur la
vallée du Rhône; par MM. Pierre
Termier et Léonce Joleaud iix)
— Sur l'orlhogonalité des systèmes de
rides de l'écorep terrestre; par
M. A. Cuébhard , -, 1
— Sur un important mouvement oro-
génique au début du Crétaciquc
dans la Kabylie des Babors; par
I\L Ehrniann SOn
— Observations touchant une note sur
la tectonitpie des Pyrénées occiilin-
tales; par jM. Pedro Palacios i 1 ici
— Sur la sirnchii'p iW \:\ ehaîiic di^s
Alpines; p.ir .M.M. /•'. Uonian et
P. de liruu ilC;
— Le litige <|ps déplaceinpnts de lignes de
rivage devant le phénomène d'équi-
(Jéfoiinalion; par .M. ftoiiiieii.c. . . . 1 1^2
— Observations tectoniques dans la
zone prérifaine du R'arh septen-
trional (Maroc) : par M. Léon
Lutnuil. . . . I uo. i()66
— Sur la tectonique do la région litto-
rale entre Saint-Cyr et Hyères
(Var) ; par M. Emile Haug 1 548
— Erratum relatif à cette communica-
tion 1 700
— Voir Géologie, Physique du globe.
TÉLÉGRAPHIE. — Sur l'emploi du télé-
graphe Baudot en télégraphie sans
fil; par MM. Henri Abraham et
René Planiol 1 1 70
— Voir Radiogoniométrie.
— Tension superficielle. — Voir
Anaphyla.rie. Médecine, Physiolo-
gie animale.
Théorie des NOMnnES. — Sur quelqucà
points de la théorie des nombres;
par M. Théodore Varopoulos 355
— Sur les formes d'Hermitc ternaires
dans un corps quadratique imagi-
naire (champs y/ — i et J. — 2 ) ;
par M. G. Ilumbert 497
— Sur la théorie des nombres algé-
briques idéaux; par M. Auric i îoo
TiiÉnAPEUTiQUE. — L'insuflisance res-
piratoire aux très hautes altitudes
et sa correction par les injeclions
sous-cutanées d'oxygène; par
JL Raoul liayeux 291
— Emploi de l'o.xygène, additionné de
gaz carbonique, en injections sous-
cutanées, comme traitement du
mal des altitudes et de certaines
dyspnées toxiques; par M.'Raoïd
liayeu.r 1 388
— \'oir Héliothérapie, Médecine. Ra-
iliunilliérajiie. Rayons .V. Tuber-
TnFHMociii.MiE. — Sur l'emploi îles bom-
bes émaillées en caloriniélrie; par
!\L r. Matignon et .AI"^^ G. .Marchai. 92 1
TnEn.MODVNAMiQUE, — l^lude énerséT
TABLE DES MATIERES.
tique d un syslènio de courants;
par M. Félix Michaiid
Id. Conditions de stabilité de ré<|ui-
libre, par M. Félix Michaud
Le principe de l'équivalence et la
réversibilité; par M. ,1. Leduc. . . .
Nouvelle équation d'état des gaz,
fondée sur la connaissance des
pressions internes; par M. .1.
Leduc
Sur l'énonce du |)iMMcipc de I éi|uiv;i-
lencc; par M. />. Déconihc. .
1729
Cages.
Toxicologie. — Sur la toxicité des car-
bonates et cbloroearbonales dr
métliyle elilorés; par MM. André
Maijer, II. .Magne, L. Planle/ol
— Voir Pathologie.
Tuberculose. — Traitenn'ut de la tu-
berculose humaine; [lur M. Henri
Spahlinger
— La vaccination de la tuberculose;
par M. Rappin
— \'oir lléliolhcraiiie.
l'Jl
l'JJ
ViT.vMiNEs. — Sur l'action antiscorbu-
tique de la pomme de terre crue,
broyée et intacte; par M. Bezs-
sonojj 9î
— Ration alimentaire et vitamines; par
MM. A. Desgrez et //. Bierry i o()8
— Sur le mécanisme physiologique de
la résistance du lapin à l'avita-
minose; par MM. J. Lopez-Lomba
et Paul Portier 1 68 î
Viticulture. — De la non-toxicité du
cuivre pour le mildiou; par M. et
Mme G. Villedieu 335
— Sur les corpuscules bruns de la bru-
nissure de la vigne; par M. Jean
Politis ". 8;o
— Contribution à l'étude des huiles de
pépins de raisin; par M. Emile
André 1296, i4i3
Vol .NATUREL, A VOILE. — Voir Aéro-
nautique, Morphologie animale.
Vulcanologie. — La situation géolo-
gique des volcans d'Oudjda (Ma-
roc Oriental) ; par M. P. Russo . . . 989
— Sur les éruptions volcaniques lia-
siques et leurs rapports avec la
distribution des faciès dans les
géosynelinaux caucasiens; par
M. Pierre Bonnet mi
— Sur les éruptions volcaniques méso-
crétacées et leurs rapports avec la
distribution des faciès dans les
géosynclinaux caucasiens; par
M. Pierre Bonnet 1 389
— Voir Géologie.
Zoologie. — Sur la présence d'un
batracien urodèle en Afrique
intertropicale; par M. Paul Cha-
banaud
— Note préliminaire sur la notion
d'espèce et la variabilité chez les
épinoches ; par M. Léon Berlin
— Sur un ouvrage relatif à la faune
française; par M. E.-L. Bom'ier. . .
— Sur les poissons de la famille des
dirctmidés et leur place dans la
classification; par MM. Loui.s
1^9
62 3
8-26
Roule et F. Angel 1207
Sur la distribution géographique de
quelques langoustes de Madagascar
et leur exploitation industrielle;
par M. A. Gruvel 1209
Sur un nouveau poisson abyssal
(Scombrolahrax heterolepis, nov.
gen. nov. sp.) péché dans les eaux
de l'ilc Madère ; par M. Louis Roule, i 53 4
Voir Biologie, Cytologie, Entomo-
logie, Morphologie, Paléontologie,
Spermatogénèse.
TABLE DES AUTEURS.
I73l
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages
ABOULENC (J.). — Voir Seiiilerens
(J.-B.) et J. Aboulenc.
ABRAHAM (Henri) et René PLA-
NIOL — • Sur l'emploi du télé-
graphe Baudot en télégraphie sans
fil 1170
ABRAMESCO (N.). — Sur les dévelop-
pements en série suivant les in-
verses de polynômes donnés.... 649
ABRAMI (P.). — Voir Widal (F.),
P. Abraiiti et J. Hiiliiiel.
ABRARD (René). — Voir Bourcml
(Jacques) et René Abrard.
ACADÉMIE DES SCIENCES DE
LISBONNE. — Adresse des con-
doléaueis à l'occasion de la mort
do M. Armand Gautier 264
ALAYRAC. — Mouvement du centre
de gravité d'un solide symétrique
par rapport à un plan vertical se
déplaçant dans un milieu résis-
tant 1089
ALBBRT I" (S. A. S.), prince souverain
de Monaco, fait hommage de
fascicules des Résultats des cam-
pagnes scientifiques accomplies
sur son yacht Sg, 3oy, i457
— • Visite officielle aux Etats-Unis.... 1273
ALEZAIS et PEYRON. — Sur le mode
de développement des tumeurs
dites mixtes et des cylindromes de
la région de la face 781
AMPERE. — Le centenaire de ses dé-
couvertes fondamentales est célébré
au village d'Ampère (Etats-Unis) . hji
ANDOYER (Henri.). — Démonstration
directe d'un théorème de Tisserand
relatif au développement de la
fonction perturbatrice 1345
• — Fait partie de la commission de
MM. Pages,
prix Lalande, (Benjamin Valz,
Pierre Guzman, G. de Pontécou-
lant 565
ANDRADE (Jules). — Les déplace-
ments élastiques transverses du
centre de gravité du spiral cylin-
drique et des doublets 202
— Sur les déterminations optiques des
résistances de roulement d'un
plan rouleur 798
— Les résistances de roulement et la
méthode optique du miroir 1466
— Le problème de l'acheminement et
les mouvements pendulaires entre-
tenus 1 642
ANDRÉ (Emile). — Sur la détermina-
tion de l'indice d'acétyle dos
matières grasses 984
— Contribution à l'étude des huiles de
pépins de raisin 1 296, 1 4 1 3
ANGEL (F.). — Voir Roule (Louis)
et F. Aiigel.
ANGELESCO (A). — Sur certaines équa-
tions différentielles linéaires com-
plètement intégrables 4o
— Sur une représentation de polynômes
par des intégrales n53
ANTHONY (Raoul) est présenté en
seconde ligne pour la succession
de M. Yves Delage 344
ANTHONY (R.) et Ch. CHAMPY.
— La forme reptilienne du sperma-
tozoïde du Pangolin et sa significa-
tion I i 34
APOLIT (M'I'î.Ieanne). — Sur la déshy-
dratation du phényl-l-diméthyl-
a.2-butanol-l et du diphényl-i.3-
diméthyl-2.2-propanol-i l493
APPELE (Paul). — Sur le mouvement
périodique d'un fluide ^85
1732 TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
• — Donne lecture d'une lettre qui lui
a été adressée par M. A/iHag-Le//Zpc. 1265
— Présente à l'Académie le tome 38
des « Acta mathematica» consacré
à la mémoire de Henri Poincaré . . 1266
— Présente un opuscule intitulé «Élé-
ments de la théorie des vecteurs et
de la géométrie analytique» 'ta?
■ — Fait partie des commissions sui-
vantes :
— Prix Bordin, Francœur 564
— Prix Montyon de statistique 5C6
— Prix Binoux 5GG
— Prix Gustave Roux, Thorlct, Ion-
dation Lannelongue , Trémont ,
Gegner, Henri Becquerel 566
— Prix Petit d'Ormoy 566
— Prix Saintour 567
— Prix Henri de Parville ( ouvrages
de sciences ) 567
— Question de grand prix des sciences
mathématiques pour 1924 567
ARAMBOURG (C). — Sur la faune
ichthyologique du Sahélicn de la
région d'Oran 1243
ARMAND (L.). — Les phénomènes nu-
cléaires de la cinèse hétérotypique
chez le Lobelia urens et chez
quelques Campanulacées 762
ARNOLD (R.). — Voir Bridel (M.) et
R. Arnold.
ARSONVAL (Arsène d') lait partie des
commissions suivantes :
— Prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, Mège, Bellion, Larrey,
Argut 566
MM. Pages.
— Prix Montyon, Lallemand, Phili-
peaux, Fanny Emden 566
— Fonds Charles Bouchard 566
— Grand prix des sciences physiques. . 566
— Prix Jean Reynaud 567
— Commission chargée de contrôler les
expériences de M. Contromoulins. 1 1 jo
ASTRE (Gaston). — Contribution à
l'étude de la répartition des zones
biologiques sur les dunes méditer-
ranéennes du golfe du Lion 1 120
AUDEBEAU BEY (Cuaules). — Uti-
lisation des tiges de diverses
plantes annuelles en vue de la
production de l'énergie mécanique
nécessaire aux travaux agricoles
de la vallée du Niger 764
AUDIGE (P.). — Sur la croissance des
poissons maintenus en milieu de
température constante 287
AUDUBERT (Re.né). — Sur le méca-
nisme des échanges d'énergie dans
la vaporisation 875
— Sur la quantité élémentaire d'éner-
gie mise en jeu dans la disso-
lution 676
— Sur le mécanisme des échanges
d'énergie dans le passage électro-
chimique d'un atome à l'état
d'ion ^53
AUGER (V.). — Catalyse double de
l'acide vanadique de l'eau oxy-
génée 1 355
ALTRIC. — Sur la théorie des nombres
algébriques idéaux 1400
B
BACHRACH (M»» Eudoxie). — Voir
Richet (Charles), M"" Eudoxie
liachrach et Henry Cardot.
BAILLAUD (Benjamin.). — Observa-
tions dcréclipscde Soleil du 7 avril
1921 à l'Observatoire de Paris. . . .
— Notice nécrologique sur M. Gaillol . .
— Fait partie des commissions sui-
vantes :
— Prix Lalandc, Benjamin Valz, Pierre
Guzman, G. de Pontécoulant.. . .
— Prix Saintour
BAILLE-BARRELLE.— Contribution
SS6
à l'élude de la cokéfaction des
cliaibons de la Sarre 1 58o
BAILLY (Oct.we). — Sur l'action de
l'épichlorhydrine sur le phosphate
monoacide de sodium en solution
aqueuse et sur la stabilité d'un
diéther monoglycéromonophos-
phoritiuc 6S9
BAILLY (P.). — Voir Surlonj [A.) d
P. Bailly.
BALLAY (Mahcei.). — Wnv CuiHcl
[Léon) et Marcel lialldi/.
BARBAUDV (.Iea.n). — Sur Us pro-
TABLE DES
MM. Pages,
prîtes des diagraniitios. Courbes
représentatives du déplacement de
l'équilibre des systèmes chimiques. agi
BARBE. — Voir Bernard {Paul) et
Barbe.
BARBIERI (N. A.). -- Étude anato-
mique sur la terminaison aréti-
nicnne du nerf optique dans la série
amimale 1 376
— Erratum relatii à celte luiimuinica-
tion 1 700
BARLOT. — Sur un nouveau réactif
des Lactaires et des Russules à
saveur acre 87
— Sur le déplacement des métaux dans
les solutions salines 878
— Sur les phénomènes électriques
accompagnant le déplacement des
métaux 837
BARRÉ (E.). — Éléments déleclro-
technique générale (imp.) i44
BARROIS (Ch.\rles) fait partie de la
commission de prix Cuvier, De-
lesse, Victor Raulin, Joseph Labbé. 565
BATUCCAS (T.). — Voir Moles (E.),
T. Batuccas et M. Paya.
BAYEUX (Raoul). — L'insuffisance
respiratoire aux très hautes alti-
tudes et sa correction par les injec-
tions sous-cutanées d'oxygène.. 291
— Le pouvoir réducteur des liquides
organiques et des tissus de
quelques animaux marins 878
• — Emploi de l'oxygène, additionné de
gaz carbonique, en injections
sous-cutanées, comme traitement
du mal des altitudes et de cer-
taines dyspnées toxiques i388
BAZY (Pierre) est présenté en première
ligne pour la succession de
M. Félix Guyon 187
— Est élu 20 1
— Fait partie des commissions sui -
vantes :
— Prix Montyon, Barbier, Bréant, Go-
dard, Mège, Bellion, Larrey, Argut. 566
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie au septième centenaire de
la Faculté de médecine de Mont-
pellier i633
BEAUVERIE (J.). — La résistance
plastidaire et mitochondriale et
le parasitisme i l'jS
C. R., 192
Semestre. (T. 17'2.)
AUTEURS. 1733
MM. Pages.
BÉGUET (M.). — Voir Sergent (Edm.)
et M. Béguet.
BEHAL (Auguste) est présenté en pre-
mière ligne pour la succession de
M. Armand Gautier 247
— Est élu 264
— Son élection est approuvée 3o5
— Fait partie de la commission des
prix Montyon (arts insalubres),
Jecker, de la fondation Cahours,
des prix Berthelot, Houzeau.... 565
— Est désigné potir représenter
l'Académie à l'inauguration de la
statue de Adolphe Wurtz 1087
BERGONIÉ (Je.^n) fait partie de la
commission chargée de contrôler
les expériences de M. Contremou-
lins 1 1 5o
BERNARD (Noël). — Principes de
biologie végétale (imp.) 1279
BERNARD (Paul) et BARBE. — Allu-
meur et extincteur des becs de
gaz des lanternes publiques 872
BERTHELOT (Daniel) fait partie de
la commission des prix Gaston
Planté, Hébert, Henri de Parville,
Hughes, fondation Clément Félix. 565
— Fait partie de la commission char-
gée de contrôler les expériences
de M. Contremoulins i i5o
BERTIN (Emile) fait hommage de deux
volumes posthumes de M. Jules
Boulvin 481
— Présente un fascicule «Sur le Rhin
et le Rhône » 1089
— Fait hommage d'une brochure inti-
tulée « Le vieux Japon » i633
— ■ Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Montyon, Poncelet,
Boileau, Pierson-Perrin 565
— Prix Gay, fondation Tchihatchef . . 565
— Prix de six mille francs, Plumey.. 565
— Médailles Arago.Lavoisier, Berthelot. 566
— Prix Gustave Roux, Thorlet, fon-
dations Lannelongue, Trémont,
Gegner, Henri Becquerel 566
— Prix Henri de Parville (ouvrages de
science) 567
BERTIN (Léon). — Note préliminaire
sur la notion d'espèce et la variabi-
lité chez les Épinoches 628
BERTRAND (Gabriel) et Artuur
COMPTON. — Influence de la
chaleur sur l'activité de la salici-
126
1734
MM. Pages,
nase 5^8
BERTRAND (Gabriel) et R. VLA-
DESCO. — Sur les causes de varia-
tion de la teneur en zinc des ani-
maux vertébrés: influence de l'âge. 768
BERTRAND (Gaston). — Équations
de Fredholm à intégrales princi-
pales au sens de Cauchy l458
BERTRAND (Léon). — Histoire de la
formation du soiis-sol de la France.
I. Les anciennes mers de la France
et leurs depuis (inip.) 83l
BESSON (Louis).— Influence de la tem-
pérature sur le nombre de décès
par diarrhée infantile, à Paris.... /ioi
BÉTANCES (L.-M.i.— Cellules à granu-
lations éosinophiles d'origine his-
tioïde dans le sang circulant de
l'embryon i38l
BEZSSONOFF. — Sur l'action anti-
scorbutique de la pomme do terre
crue, broyée et intacte 92
— Voir Tnijlmit (G.) et iV. Bezssonojl.
BIERRY (IL) et F. RATHERY. —
Diabète et glycémie 244
— Foie, plasma sanguin et sucre proléi-
dique i ■145
BIERRY (H.). — Voir Desgrez [A.) et
H. Bierry.
BIGOT (Alexandre). — Retrait au sé-
chage des kaolins et des argiles. . 755
— Kaolins, argiles, bauxites, etc. Varia-
tions de volume sous l'action de la
chaleur 854
BIGOURDAN (Guillaume) présente un
volume sur la classification biblio-
graphique des questions relatives
à l'Astronomie et aux Sciences
connexes 23
— Remise à la bibliothèque de l'Ins-
tilul d'un globe céleste à latitude
variable et à pôle mobile aSa
— Fait hommage du n Rapport annuel
sur les travaux effectués par le
Bureau international de l'heure
(B. I. II.) en iijio (!'■"' année) ».. . Ioo5
— Est désigne pour représenter l'Aca-
démie à l'inauguration du monu-
ment de l'abbé Lacaille ii5o
- — Fuit partie des commissions sui-
vantes : Prix Lalande, Benjamin
Valz, Pierre (iuzmaii, G. de Ponté-
TABLE DES AUTEURS.
coulant. . .
— Prix Binoux.
565
5G6
MM. Pages.
— Prix Petit d'Ormoy 566
— Prix Parkin 566
— Prix Saintour 566
— Prix Henry Wilde 567
BILLY (Mauiiice). — Sur le peroxyde
de titane 1 4 1 1
BKJliET (G.). — Sur les Graphidées cor-
licoles 143s
BIRKELAND iRichard). — Errata re-
relatifs à deux communications
précédentes 1 88
— Résolution de l'équation algébrique
générale par des fonctions hyper-
géométriques de plusieurs va-
riables 309
— Sur la convergence des développe-
ments qui expriment les racines
de l'équation algébrique générale
par une somme de fonctions hyper-
géométriques de plusieurs va-
riables 1x55
BLAISE (Emile). — Dérivés des dicé-
tones 1-4 et de la semicarbazide. . 221
— Est classé en seconde ligne pour la
succession de M. Armand Gautier. 247
— Est classé en seconde ligne pour la
succession de M. Emile Bourquelot. 1 1 44
— Obtient des suffrages 1 149
BLANC (Georges). — Recherches expé-
mentales sur le virus de l'herpès. . 725
BLANCHET (F.). — Voir A"(7ia;i (ir.)
et F. Blanchet.
BLARINGHEM (L.). — Variations et
fertilité de l'hybride Primiila varia-
bilis Goupil comparées à celles de
ses parents Pr. i>ulgaris Huds et
Pr. offlcinalis Scop 992
— Sur le pollen du Lin et la dégénéres-
cence des variétés cultivées pour
la fibre 1 6o3
BLOCH (M°>e E.). — Modifications des
racines et des tiges par action
mécanique i524
BLOCH (LÉON et Eugène). — Sur
quelques spectres d'étincelle dans
l'ultraviolet extrême 8()3
— Spectres d'étincelle du fer et du
cobalt dans l'ultraviolet extrême.. }55l
— Spectres d'étincelle de l'or et du pla-
tine dans l'ultraviolet extrême.. 962
BL( )NDEL(ANDnÉ) informe l'Académie
de la célébration d'une cérémonie
eoinmémorative du centenaire des
découvertes fondamentalcB d'Am-
MM.
peie.
TABLE DES
Pages.
191
— Gcncralitos de la représentation topo-
graphiijuc des couples des moteurs
à courants altcrnatil's
— Errata relatifs à cette communica-
tion
— Sur l'application des survoltcurs sta-
tiques répartis au réglage des lignes
à haute tension
BOGDANOVITCH (Charles) adresse
un naémoire intitulé « Réserves
houillères de la Pologne actuelle ».
BOHN (Georges). — Voir Drzewina
(M"« Anna) et Georges liohn.
BOISSE DE BLACK (M»e Y.). — ■ Les
« francs » de la vallée de la Cère. . .
BOLLAND (A.). — Fait l'objet d'une
réclamation de priorité de M. G.
Denigès
BONAPARTE (le prince Roland) fait
partie des commissions suivantes :
Prix Gay, fondation Tchihatchef..
— Prix Desmazières, Montagne, Jean
Thore, de Coincy, Jean de
Rufz de Lavison
— - Prix Da Gama Machado, fondation
Savigny
— Prix Montyon de statistique
— Prix du baron de Joest
— ■ Réélu membre du Conseil de la fon-
dation Loutreuil
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à une séance qui se tiendra
à la Sorbonne en l'honneur des
Institutions civi'es de Napoléon. .
BONAPARTE (Napoléon). — M. La-
cour-Gayel fait une lecture sur
Bonaparte, membre de la pre-
mière classe de l'Institut national
des sciences et des arts
BONNEFOY (M"" J.) et Jn. MARTI-
NET. — Sur la 6-méthylisatine..
BONNESEN (T.). — Sur une améliora-
tion de l'inégalité isopérimétrique
du cercle et la démonstration d'une
inégalité de Minkowski
BONNET (Pierre). — Sur les éruptions
volcaniques liasiques et leurs rap-
ports avec la distribution des faciès
dans les géosynclinaux caucasiens.
— Sur les éruptions volcaniques méso-
crétacées et leurs rapports avec la
distribution des faciès dans les
géosynclinaux caucasiens
1326
I'2l5
iSgS
6a
565
565
565
566
567
900
1087
95a
220
1087
1589
AUTEURS. 1735
MM. Pages.
BONNIER (Gaston) offre à l'Académie
le tome -4 de la « Flore complète
illustrée de France, Suisse et Bel-
gique » 109
— Offre à l'Académie le tome 32 de la
«Revue générale de Botanique». . 952
— Fait partie de la commission des
prix Desmazières, Montagne, Jean
Thore, de Coincy, Jean de Rufz de
Lavison 565
BORDAS (L.). — Morphologie générale
et structure de l'appareil digestif
dos Lépidoptères 617
BORDET (Jules) est élu Correspondant
pour la section de médecine et chi-
rurgie 43i
— Adresse des remcrcînients à l'Aca-
démie 5 1 8
BORDIER. — Eiricacité de la d'Arson-
valisation diathcrmique dans les
plaies atones (ulcères variqueux,
troubles trophiques cutanés, etc.).
[I0l4], 1214
BOREL (Emile) est présenté en pre-
mière ligne pour la succession de
M. Georges Humherl 883
— Est élu 900
— Son élection est approuvée 941
BOSSUET (Robert). — Voir Jolibois
[Pierre], Robert Bossuel et Chevry.
BOUGAULT (J. ) et P. ROBIN. —
Sur les iodamidines 452
BOULUJAND (Georges). — Sur cer-
tains modes de détermination des
solutions de Am = w'm 43?
BOULOUCII (R.). — Sur le problème
de l'achromatisme des systèmes
centrés épais i342
BOL'LVIN (Jules). — Cours de méca-
nique appliquée aux machines,
professé à l'Ecole spéciale du
génie civil de Gand : Machines et
chaudières marines et leurs ap-
pareils auxiliaires; compresseurs.
Transmission du travail à dis-
tance. Appareils de levage (imp.). 43i
— L'Académie est invitée à la mani-
festation organisée à sa mémoire
à Gand 121 8
BOURCART (Jacques) et René
ABRARD. — Sur quelques roches
cristallines d'Albanie 1 5o8
BOURGEOIS (Robert) est élu membre
du Comité consultatif de l'Office
TABLE DES
565
565
644
1 Ît;-,
65
1736
MM. Pages,
national météorologiquo if\'i
— Fait partie des commissions de pri.\
suivantes : Prix Gay, fondation
Tchihatchef
• — Prix de six mille francs, Plumey. . . .
— Demande, au nom de MM. Delcambie
et Schereschewski, l'ouverture d'un
pli cacheté intitulé : « Étude et
prévision de certaines variations
barométriques »
BOURGUIGNON (Georges). — De-
mande l'ouverture d'un pli cacheté
contenant une note intitulée « La
chronaxie dans les états patho-
logiques chez l'homme » 127
— La chronaxie dans la dégénérescence
Wallérienne neuromusculaire, chez
l'homme
BOURION (F.) el Cu. COURTOIS. —
Sur la formation de chlorure de
Julin dans la préparation du chlore
électrolytiquc
BOURQUELOT (Emile). — Son éloge
funèbre est prononcé par M. G. Le-
inoine
— Son remplacement dans la section
de chimie
BOURQUELOT (Em.) et M. BRIDEL.
• — Application de la méthode bio-
chimique de recherche du glucose
à l'étude des produits de l'hydro-
lyse fermentaire de l'inuline y46
BOUSSINESQ (JosEPn). — Aplatisse-
ment suivant l'axe polaire, par la
tension superficielle, d'une aputte
liquide, de révolution et sans
pesanteur, possédant une vitesse
angulaire donnée tu de rotation
autour de cet axe
— Rectification et complément ù la
note précédente
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Bordin, Francœur.
— Pri.x Montyon, Poncelet, Boileau,
Picrson-Perrin
-^ Prix de six mille francs, Plumey ....
— Prix Gaston Planté, Hébert, Henri
de Parville, Hughes, fondation
Clément Féli.x 563
— Prix Petit d'tDrmoy 566
— Prix Saintour 567
— Question de grand prix des sciences
mathématiques pour 1924 56;
I1 19
AUTEURS.
MM. Page».
BtJUTARIC (A.). — Mesures actinomé-
triques et polarimétriques aux
altitudes élevées l5ly
BOUTARIC (A.) et M. VUILLAUME.
— Floculation du sulfure d'arsenic
colloïdal. Principe d'une méthode
d'étude 1293
BÛUTY (Edmond). — Interprétation,
par la cohésion diélectrique, d'une
expérience célèbre de Sir J.-J.
Thomson ~ il
— Fait partie de la commission des pri.x
Gaston Planté, Hébert, Henri de
Parville, Hughes, fondation Clé-
ment Félix 565
— Fait partie de la commission chargée
de contrôler les expériences de
M. Contremoulins i i5o
BOUVIER (Lovis). — Sur un ouvrage
relatif à la Faune française 826
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Demazières, Mon-
tagne, Jean Thore, de Coincy, Jean
de Rufz de Lavison 565
— Prix Da Ciama Machado, fondation
Sa vigny 566
— Prix Binoux 566
— Prix Petit d'Ormoy 566
BOUYGUES (IL). — Considérations sur
l'endoderme 3o2
BRANLY (ÉDOUAnD) fait partie des
commissions suivantes : Prix Gas-
ton Planté, Hébert, Henri de Par-
ville, Hughes, fondation Clément
Félix 565
— Prix Montyon, Barbier, Bréanl, Go-
dard, Mège, Bellion, Larrey, Argut. 566
— Fonds Charles Bouchard 566
— Fait partie de la commission chargée
de contrôler les expériences de
M. Contremoulins 1 1 jo
BRATU. — Sur les séries dont le ternie
général tend vers zéro 122J
BRAZIER (C.-E.). — Sur la eomparabi-
lité des anémomètres 84 J
BRETON (J.-L.l. — Son nom omis par
erreur parmi ceux des Membres
élus en 1920 est rétabli sur la
liste ". 248
— Fait partie des commissions sui-
vantes: prix Jean Rcynaud et du
baron de Joest 567
BRIDEL (Marc). — Action de l'émul-
sine sur le galactose en solution
TABLE DES
MM
dans dos alcools piopyliqiiis de
différents titres I
— Application de la loi d'action des
masses aux résultats obtenus dans
la réaction de la galaetosidase p sur
le galactose en solution dans l'al-
cool propylique I
BRIDEL (M.) et R. ARNOLD. ~ Sur
une méthode permettant l'applica-
tion, aux végétaux, du procédé
biochimit(ue de recherche du gln-
cose 1
— Yoir Bourquelot (Edm.) et A/. Biidel.
BRIQUET (A.). — Les Bas-Champs de
Picardie au sud de la Somme. . . .
— Les Bas-Champs de Picardie aii nord
de la Somme : la ligne de rivage
actuelle
— Les Bas-Champs de Picardie au
nord de la Somme : la ligne de
rivage ancienne
BROCA (Auguste). — Chirurgie de
guerre et d'avant-guerre (imp.). 736,
BROCHET (A.) et R. CORNUBERT.
— Sur les tétrahydronaphtols. . i
BRODIN {P.).— Yoh Chaiillard. P. Bro-
din et Giigaul.
BROtiLIE (L. de) et A. DAUVILLIER.
— Sur la structure électronique
AUTEURS. 1787
MM. Pages,
des atonies lourds l65o
BROGLIE (Maurice de). — Sur les
spectres corpusculaires des élé-
ments 9,7^, 527
— Sur les spectres corpusculaires. Lois
de l'émission photo-électrique pour
les hautes fréquences 806
BROGLIE (Maurice et Louis dei.
— Sur le moc'c d'atome de Bohr
et les spectres corpusculaires .... 74G
BROWN (Ernest W.) est élu corres-
pondant pour la section d'astrono-
nomie 264
— Adresse des remerciements à l'Aca-
démie 5 18
BRUHAT (G.) et M"" M. HANOT. —
— Sur la frange noire de Lippieh et la
précision des mesures polarimé-
triqucs 1 34o
BRUN (P. de). — Voir Roman (F.) et
P. de Brun.
BUISSON (H.) et Cii. FABRY. — Sur
le déplacement des raies solaires
sous l'action du champ de gravita-
tion 1020
BULL (L.). ~ Sur l'éclat de l'étincelle
électrique 807
BURSON. — Voir Deslandres (H.) et
Blason.
CARRIER (Alexandre). — Sur un
appareil allumeur-extincteur auto-
matique pour becs de gaz à veil-
leuse :353
GAILLARD (M.). — Voir Grenet IH..),
H. Drouin et M. Gaillard.
CARDOT (Henry). — Voir Eichct
{Gbarles), M'i<^ Eudoxie Baehrach
et Henry Cardot.
CARLEMAN (T.). — Sur une classe
d'équations intégrales à noyau
asymétrique 655
CARLSON (Frit-). — Sur les séries de
Dirichlet 838
CARPENTIER (Alfred). — Décou-
verte du genre Plinlhiotheca Zeiller
dans le Westphalien du nord de la
France 814
— Découverte d'une flore wealdienne
dans les environs d'Avesnes (Nord). 1428
CARPENTIER (Jules) tait partie des
commissions suivantes : prix Gas-
ton Planté, Hébert, Henri de Par-
ville, Hughes, fondation Clément
Félix....; 565
— Fait partie de la commission chargée
de contrôler les expériences de
M. Contremoulins 11 5o
CARRÉ (H.). — Voir Vallée [H.) et
H. Carré.
CARTAN (Élie) est présenté en troi-
sième ligne pour la succession de
M. Georges Humbcrl 883
CASTE (P.). — Voir Meunier (L.) et
P. Casie.
CATIIELIN. — Les principes directeurs
de la chirurgie contemporaine
(imp.) 1567
CAULLERY (Maurice) est présenté
en seconde ligne pour la succession
1738 TABLE DES
MM. Pages,
de M. Yves Delage 344
— Obtient des suffrages 3^)3
CAVENDISII (IIenuv). — The scien-
tific papers of the Honourable
Henry Cavendish vol. I : The
clcclrical rcsearches. Vol. II :
Chemical and dynamical (imp.)... . l'igî
CAYEUX (L.). — Evolution minéralo-
gique des minerais de i'cr oolithique
de France, indépendante du fac-
teur temps 1 1<)
— Notion d'un métamorphisme général
sous-marin, déduite du remanie-
ment des minerais de fer oolithique
jurassiques, contemporain de leur
dépôt /fio
— Existence de nombreux spiculcs
d'Aleyonaires dans les minerais de
fer jurassiques de France 1)87
— Rôle pétrographique des Alcyonaires
fossiles, déduit de l'analyse des
rainerais de fer jurassiques de
France 1 1 Sg
- — Les minerais de fer magnétique du
bassin de Longwy-Briey l'ji'i
CERF (G.). — Sur certains systèmes
d'équations de Pfafîetles transfor-
mations des équations aux dérivées
partielles 5 1 8
CESARIO (.Jules) demande l'ouverture
d'un pli cacheté qui contient un
mémoire intitulé : « Recherches
sur le vol en général et ses applica-
tions à l'aviation )i 39
CHABANAUD (Paul). — Sur la pré-
sence d'un Batracien Urodèle (^n
Afrique intertropieale 1 3g
CHAJIOVITCH (X.). — Voir Cou-
vreur (i'.) et A". Chahovi/ch.
CHAILLEY-BERT (P.), R. FAILLIE
et J.-P. LANGLOIS. — Sur le
i( second souffle >> des coureurs. ... iGio
CHAMPY (Christian). — Sur les corré-
lations entre les caractères sexuels
mAles et les divers éléments du
testicule chez les Amphibiens
(Etude sur Triton alpeslris] /,82
— Changement expérimental du sexe
chez Triton alpeslris Laur 1 204
— Voir Anthony (R.) et Ch. Champy.
CFIAPAS. — Solubilité des nitralinines
isomères dans le métaxylène 538
CHAPUT (E.). — Observations sur les
alluvions anciennes de la Seine. 77, 117
AUTEURS.
MM. Pages.
CHARBONNIER (P.). — Traité de
balistique extérieure. Tome I :
Balistique extérieure rationnelle.
Les théorèmes généraux de la
balistique (imp.) l458
CHARCOT (.I.-B.). — Au sujet de
l'île de .Jean Mayen 669
CHATTON (Ëdouadd). — Fausse et
vraie myogénèse chez les Copé-
podes pélagiques. Erreur due à la
méconnaissance de péridiniens pa-
rasites eœlomiques i 'i4 '
CHATTON (Edouard) et Robert COU-
RRIER. — Sur un trypanosome
de la Chauve-souris, Vesperugo
pipistrethis, à formes crithidienncs
intratissulaires et cystigènes. Hy-
pothèse relative à l'étiologie du
goitre endénii(jue 1254
CHAUDRON (Georges). — Réactions
réversibles de l'oxyde de carbone
sur les oxydes de fer 1 52
CHAUDUN (M"« A.). — Voir Colin (II.)
et M"« A. Chaudun.
CHAUFARD, P. BRODIN et GRI-
GAUT. — • L'action d'arrêt du
foie sur l'acide urique exogène.. 477
CHEMIN (E.). — Action d'un champi-
gnon parasite sur Dilsea edulis
Stackhouse Gl4
CHÉNEVEAU (C). — Sur la variation
de la réfraction spécifique des sels
dissous en solutions étendues. . . . i4o8
CHÉRON (A.NDUÉ). — La radiographie
des tableaux 5j
CHEVALLIER (A.). — Voir Porcher
[Ch.) et A. Chevallier.
CHEVENARD (P.). — Anomalie de
dilatalion accompagnant la trans-
iormalion magnétique de la pyr-
rholine et de la magnétite 320
— L'action des additions sur l'anomalie
de dilatation des ferronickels;
application aux alliages fcr-nickel-
ehrome Sg^
— lielation entre la dilatation anomale
et la variation thermique de l'ai-
mantation des corps ferromagné-
tiques if>55
— Voir Porlevin [A.) et P. Chevenanl.
CHi;VI'.Y. - Voir Joliboi.t (Pierre),
Hubert Bos.tuet et Chevry.
CIIIPART (IL). — Actions mutuelles
(apparentes) d'aimants et courants
TABLE DES AUTEURS.
MM.
ploiifjos dans un liquide magné-
liquo
— Actions mutuelles (apparentes) d'ai-
mants et courants plongés dans
un liquide niagnélique
— Sur les homologues d'un aimant per-
manent uniformément aimanté.
Loi de l'ellipsoïde
CHOFARDET (P.). — Observations
de la comète Rcid (1921 a), faites
à l'équatorial coudé de l'Observa-
toire de Besançon
CHOPIN (Marcel). — Relations entre
les propriétés mécaniques des
pâtes de farine et la panification.
CHOSSON (P.). — Voir Couvreur [E.)
et P. Chosson.
CHOUX (P.). — Une nouvelle Asclépia-
dacée aphylle du nord-ouest de
Madagascar
CHUDEAU (R.). — L'Hydrographie
ancienne du Sahara
— Les changements de climat du Sahara
pendant le Quaternaire
CLAUDE (Georges). — Sur l'état
actuel de la synthèse de l'ammo-
niaque par les hyperpressions. . . .
— Sur la fabrication de l'hydrogène des-
tiné à la synthèse de l'ammoniaque.
CLUZET, ROCHAIX et KOFMAN. —
Action bactéricide du rayonne-
ment que donnent les tubes radi-
fères employés en radiumthérapie.-
COISSET (P.). — Voir Martinet {Th.)
et P. Coisset.
COLIN (H.) et M"« A. CHAUDUN. —
Application de la loi d'hydrolyse
à la détermination des poids molé-
culaires
COLLIGNON (Maurice). — Sur la pro-
pagation du son du canon à grande
distance : Périodicité annuelle..
COLSON (Albert) est présenté en se-
conde ligne pour la succession de
M. Armand Gautier
— Obtient des suffrages
— id. au scrutin pour l'élection d'un
membre pour la section de chimie.
COMPAGNIE DE JÉSUS (Pères
DE la). — Mémoires concernant
l'histoire naturelle de l'Empire
chinois. Tome VI. Premier cahier :
L'herbier de Zi-ka-wei. Herbori-
sations dans le Kiang-sou en 1918
Pages.
5S9
730
ij6o
450
ijo8
457
604
442
974
97
247
264
[1I9
MM.
(imp.
■739
•âges.
COMPTON (Arthur). — Voir Ber-
trand (Gabriel) et Arthur Compton.
C0NTREM0ULINS(G.).— Aproposdo
la protection des tiers contre les
rayons X io3o, 1097
— Une commission est nommée pour
contrôler ses expériences sur la
portée des rayons X 1 1 'io
CORBLIN (H.). — Compresseur à
membrane 4^
CORNUBERT (R.). — Oxydation per-
manganique de l'aa-méthylallyl-
cyclohcxanone en milieu alcalin. . 98a
— Voir Brochet (A.) etiî. Cornuberl.
COSSMANN. — Essais de Paléoconcho-
logie comparée (imp.) 1 i5o
COSTANTIN (Julien) fait partie des
commissions de prix suivantes :
Desmazières, Montagne, Jean
Thore, de Coincy, Jean de Rufz
de Lavison 565
— Fait hommage des fascicules: « An-
nales des Sciences naturelles :
Botanique » 121 7
COSTER (D.), — Le principe de combi-
naison et la loi de Stokes dans les
séries de rayons X 1 17G
COUPIN (Henri). — Sur une tige à
géotropisme horizontal 608
COURMONT (Paul), A. ROCHAIX
et F. LAUPIN. — Sur l'épuration
bactérienne et colibacillaire au
cours du traitement des eaux d'é-
gout par le procédé des « boues
activées » 1696
COURRIER (R.). — Glande intersti-
tielle et caractères sexuels secon-
daires chez les Poissons i3i6
— Voir Chatlon (Edouard) et Robert
Courrier.
COURTOIS (CH.). — Voir Bourion (F.)
et Ch. Courtois.
COURTY (F.). — Observations des
orages de 1919 dans les départe-
ments de la Gironde et partie de
la Dordogne. Expériences des
paragrèles électriques (imp.) ao2
COUSIN (M"e G.). — Sur les variations
individuelles de Psiloceras pla-
norbis Sow 1 369
COUTURIER (Henri). —Voir Lii/«(èce
(Auguste) et Henri Couturier.
COUVREUR (E.) et X. CHAHOVITCH.
i74o
TABLE DES
MM. Pages.
— Sur un mode de défense natu-
relle contre les infections micro-
biennes chez les Invertébrés 711
— Contre les infections microbiennes
chez les Invertébrés 1 126
COUVREUR (E.) et P. CHOSSON. —
Sur le mode d'action des présures
végétales 1678
CRACIUN (E.). — Voir Maiinesco
( G.) et E. Craciun.
CROMMELIN (C.-A.). — Voir Ma-
Ihias [E.]. C.-A. Crommelin et
H. Kamerlingh Onnes.
CUÉNOD (A.). — Voir Nicolle {Charles)
et A. Cuénod.
CUÉNOT (Lucien). — Régénération de
pattes à la place d'antennes sec-
AUTEURS.
MM. Pages.
tionnées chez un Phasme 949
— Sur les différents modes de régénéra-
tion des antennes chez le Phasme
Carausius morosus 1009
CURIE(Mn"=p,ERRE). — Sur le rayonne-
ment Y et le dégagement de chaleur
du radium et du mésothorium .... 1022
CURIE {M"e Irène). — Sur le poids ato-
mique du chlore dans quelques
minéraux loaS
CURIE (Maurice). — Action des rayons
rouges et infra-rouges sur les sub-
stances phosphorescentes 272
CVIJIC (Jovan). — Relief littoral et
plate-formes fluviales i425
— • Plate-formes fluviales et ressauts
d'érosion l592
D
DAMIENS (A.). — Contribution à
l'étude du système iode-tellure.
Étude de la vaporisation 447
— Sur le tétraiodure de tellure iio5
DANGEARD (P.-A.). — Observations
sur une Algue cultivée à l'obscu-
rité depuis huit ans 254
— Fait partie de la commission des
prix Dcsmazières, Montagne, Jean
Thore, de Coincy, Jean de Rufz de
Lavison 565
DANGEARD (Pierre) fils. — L'évolu-
tion des grains d'aleurone en va-
cuoles ordinaires et la formation
des tannins 995
DANIEL (Lucien). — A propos des
greffes de Soleil sur Topinambour 610
— Erratum relatif à cette communica-
tion 783
DANJON (A.) et G. ROUGIER. —
Sur la réapparition de l'Anneau de
SaturiK^, observée le 22 février
jyai à l'Observatoire de Stras-
bourg 523
DANTE ALIGHIERI. — L'Académie
est inviléc à se faire représenter à
la cérémonie qui aura lieu en
l'honneur de son six-centième anni-
versaire 952
DARMOIS (E.). — Sur la dispersion spé-
cifique des carbures d'hydrogène. II02
- — Sur les niolvbdo-malales d'ammo-
nium et de sodium i486
DAUVILLIER (A.). — Sur la structure
de la série L giS
— Sur le fonctionnement du tube Lilien-
feld io33
— Sur les séries L de l'uranium et le
principe de combinaison dans les
spectres de rayons X i35o
— Voir Broglie (L. de) et A. Daiivil-
lier.
DAVY DE VIRVILLE (Ad.). —
Modification de la forme et de la
structure d'une Mousse {Hypiutm
comntutalum Hedw.) 168
DAVY DE VIRVILLE (Ad.) et Robert
DOUIN. — Sur les modifications
de la forme et de la structure des
Hépatiques maintenues sub-
iiiei irées dans l'eau 1 3oG
DECAl-vRlÈRE. (Eugène). — Sur le
rôle des impuretés gazeuses dans
l'oxydation cataly tique du gaz am-
moniac l663
DÉCOMBE (L.). — Sur l'énoncé du prin-
cipe de l'équivalence '179
DEFOUR (André). — Sur lutilisation
éleclromécanique des marées Sg
DEIIORNE (Armand). — Sur le pro-
cessus meiotique dans la spermata-
genèse de la Salamandre et du
Triton 480
— I/liétérotypie dans la mitose soma-
TABLE DES
MM. Pages,
tique de Corelhra plumicornis . ... 901
— Le mécanisme de la mélaphase et de
l'anaphase somatiques et ses con-
séquences chez Corethra plumicor-
nis 1684
DEHORNE (M"» Lucienne). — Condi-
tions du d^cloppement de l'œut
durable chez les Phyllopodes 1691
DÉJARDIN (Georges). — Ionisation
de l'argon par des électrons lents. i347
— Excitation des spectres de l'argon par
des électrons lents 1482
DEKHUYSEN (C). — Sur la semi-per-
méabilité biologique des parois
extérieures des Sipunculides 288
DELASSUS (Et.). — Sur une consé-
quence des lois du frottement. . . . i335
DELAUNAY (Boris). — Résolution
de l'équation indéterminée
/>X^Y-+-<7X3 _«\Y2-f-Y3= !.. 454
DELAUNEY (P.). — Nouvelles re-
cherches concernant l'extraction
des glucosides chez quelques Orchi-
dées indigènes ; identification de
ces glucosides avec le loroglossine. 471
DELBET (Pierre) est présenté en pre-
mière ligne pour la succession de
M. F. Guyon .*. 187
— Obtient des suffrages 201
DELCAMBRE . — Sur un cas de comble-
ment brusque d'une dépression. . 701
— Voir Bourgeois (R.).
DELCAMBRE (E.) et Pu. SCHERES-
CHEWSKY. — Sur une mé-
thode nouvelle de prévision des va-
riations brusques 1672
DELÉPINE (Marcel). — Sur les racé-
miques actifs io49
— Errata relatifs à cette communica-
tion 1 262
— Pose sa candidature à la succession
de M. Armand Gautier 112
— Est classé en seconde ligne 247
— Pose sa candidature à la succession
de M. E. Bourquelot 953
— Est présenté en troisième ligne 1 144
— Obtient des suffrages 1 149
DELÉPINE (Marcel) et Pierre JAF-
FEUX. — Sur deux homologues
du sulfure d'éthylène : le thiopro-
pane — 1.2 et le thiobutane — 1.2. i58
DELÉPINE, FLEURY et VILLE. —
Recherches sur le sulfure d'éthyle
aS-dichloré 1288
AUTEURS. 17/1!
MM. Pages.
DENIGÈS (G.). — A propos d'une
note de M. A. Bolland sur des réac-
tions microohimiques de l'acide
iodique. Réclamation de priorité. . 62
DENJOY (Arnaud). — Sur un calcul
de totalisation à deux degrés. . . . 653
— Sur la déterminatioon des fonctions
présentant certain caractère com-
plexe de résolubilité 833
— Caractères de certaines fonctions inté-
grables et opérations correspon-
dantes 903
— Calcul des coefficients d'une série tri-
gonométrique convergente quel-
conque dont la somme est donnée. 1218
DEPÉRET (Ch.vrles) fait partie des
commissions suivantes : Prix Cu-
vier, Delesse, Victor Raulin, Joseph
Labbé 565
DEPÉRET et P. FALLÛT. — Sur l'âge
des formations à lignite de l'île
de Majorque 790
DEPÉRET (Ch.) et Marcel SOLIGNAC
— Sur le Sahélien de la Tunisie
septentrionale l557
DERVIEUX. — Procédé de diagnostic
individuel du sang et du sperme. l384
DERVIN et OLMER. — Sur le carbo-
nate d'argent ammoniacal 1662
DESCOUR (L.). — Pasteur et son
œuvre (imp.) 1 567
DESGREZ (A.) et H. BIERRY. — Ra-
tion alimentaire et vitamines. .. . 1068
DESGREZ, GUILLEMARD et LABAT.
— Sur l'emploi des polysulfures
alcalins pour neutraliser certains
gaz toxiques 342
DESGREZ (A.) et R. MOOG. — Influence
de quelques bases organiques et
de leur chlorhydrate sur l'activité
de l'amylase pancréatique 55 1
DESLANDRES (Henri), Président
sortant, fait connaître à l'Aca-
démie l'état oîi se trouve l'impres-
sion des recueils qu'elle publie et
les changements survenus parmi
les membres et les correspondants
pendant le cours de l'année 1920. i5
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Lalande, Benjamin
Valz, Pierre Guzman, J. de Pon-
técoulant 565
DESLANDRES (H.) et V. BURSON.
— Recherclies sur l'atmosphère
1742
MM.
TABLE DES AUTEURS.
Pages.
des étoiles. Reconnaissance d'é-
toiles qui ont les mêmes raies
brillantes de l'atmosphère que le
Soleil 4o5
— Recherches sur l'atmosphère des
étoiles. Reconnaissance de la
couche supérieure dans quelques
étoiles et comparaison avec le
Soleil 729
DESSOLIERS (Hippolyte). — Com-
ment l'homme accroîtra progressi-
vement les pluies des régions
arides (imp.) 1218
DESTOUCHES (Louis). — Prolon-
gation de la vie chez les Galleria
melloiiella qg8
DETRIE (J.). — Voir Va^mi {G.) et
.7. Detrie.
De WILDEMAN (E.).— Sur les théories
de la myrmécophilie 124
DICKSON (L.-E.). — La composition
des polynômes 636
— Errata relatifs à cette communica-
tion 1262
DONGIER (R.). — Les oscillations
simultanées de la température et
du vent au sommet de la Tour
Eiffel et leur relation avec la
surface directrice (Bjerkncss)
d'une dépression 699
— Les oscillations simultanées de la
pression et du vent au sommet de
la Tour Eiffel et leur relation avec
la surface de grain [squall surface
de Bjerkness) d'une dépression. i3o/(
DORNIER (O.). — Voir Martinet (J.)
et O. Dornier.
DOPlT. — Sur les variations de la radia-
tion solaire pendant l'éclipsé de
Soleil du 8 avril 192 1 à Bagnères-
de Bigorre, station de l'Observa-
toire du Pic du Midi 1 1 1 6
DOUIN (Robert). — Voir Davij de
Viriiille (Ad.) et Robert Doutn.
DOUVILLÉ (Henri).— Une faune sau-
mâtre au sommet du Crétacé infé-
rieur, près de Rayonne 63o
— Comment ont apparu certaines
formes nouvelles : Rudistes et
Chames, Mylilus et Dreissensia,
Anomia et Paranomia 887
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Cuvier, Delesse, Vic-
tor Raulin, Joseph Labbé 565
MM. Pages.
— Grand prix des sciences physiques. . 566
— Prix Petit d'Ormoy 566
— Prix Parkin 567
— Question du prix Bordin pour 1924- 567
DOYON. — Action anticoagulante de
l'acide nucléique du pancréas.
Stabilité et caractères du plasma
nucléaté 1 34
— Propriétés physiologiques des acides
nucléiques des ganglions lympha-
tiques et du thymus. Conditions
pour obtenir un acide thymo-
nucléique très actif sur le sang. 820
— Emploi du chloroforme pour la pré-
paration de nucléo-protéides et
d'acides nucléiques actifs in vitro
sur le sang. Complexité de l'action
des acides nucléiques in vitro .... 1210
DRACH (Jules) est présenté en troi-
sième ligne pour la succession de
M. G. Humhert 883
— Obtient un suffrage 900
DRAGOIU. — Voir Vies (F.) et ,/.
Dra^oiu.
DRAGOIU (J.) et F. VLÈS. — Les
conséquences cytologiques de l'ar-
rêt osmotique de la division cellu-
laire 1210
DROUIN (H.). — Modifications appor-
tées au rythme de l'imbibition
du tissu musculaire et de la peau
par l'adjonction de lipoïdes à des
solutions stanneuses 721
— Voir Grenet. (H.), H. Drouin et H.
Gaillard.
DRZEWINA (M«ie Anna) et BOHN
(Georges). — • Variations de la sus-
ceptibilité aux agents nocifs avec
le nombre des animaux traités.. 485
— La défense des animaux groupés
vis-à-vis des agents nocifs 779
DUARTE (F.-J.). — Détermination des
positions géographiques par les
méthodes des hauteurs égales
(imp) 738
DUBOIN (A.). — Sur la constitution
du smalt 972
— ■ Erratum relatif à cette communica-
tion 1262
DUBOIS (Raphaël). — L'amour ma-
ternel chez la Raie Torpille 96
DUBREUIL (G.). — Principe d'une no\i-
vcllc méthode de reconstruction
graphique stéréoscopique d'objets
TABLE DES
MM. Pages,
microscopiques grossis 969
DUBUISAY (Renb). — Action de l'acide
boriqvic sur la glycérine et les
alcools polyvalents. Application
d'une nouvelle méthode de volu-
métrie physico-chimique iG58
DUCIIHSNE (Armand). —Obtient des
suffrages au scrutin pour l'élection
d'un correspondant pour la section
de mécanique (') i4
DUFOUR (Ch.). — Valeurs des éléments
magnétiques à l'Observatoire du
Val-Joyeux au l*'' janvier 1921 . . 167
DUFRAISSE (Ch.vrles). — L'isomérie
éthylénique des styrolènes 10 bro-
mes 67
— L'autoxydation du styrolène y. brome. 1 62
DUFRENOY (Jean). — Influence de
la température des eaux thermales
de Ludion sur leur flore 612
DUMANOIS. ^ Au sujet de la détermi-
nation d'un critère de fatigue géné-
rale des moteurs à combustion
interne 44
DUMAS (Gustave). — Sur les contours
d'encadrement 122 1
— Errata relatifs à cette communica-
tion 1627
DUMESNIL (Philippe). — Sur le dié-
thylmalonate acide d'éthyle.... io43
AUTEURS. 1743
MM. Pages.
DUNOYER (L.). — Détermination
chronophotographiquc complète
des trajectoires 1 370
DUPONT (Geouges). — • Contribution
à l'étude des constituants acides
de la gemme de pin : les acides
dextropiraariciuc et lévopimariquc. 923
— id. : composition de l'acide pima-
rique 11 84
— id. : isomorisation des acides pima- "~i
riques I SyS
DUPUY (Eugène.-L.). — Influence du
corroyage sur la résistivité de
l'acier iGGo
DURAND (Jean). — Voir Porlcvhi
[Alhert] et Jean Durand.
DURAND (J.-F.). — Action des métaux
alcalins sur les éthers-oxydes. ... 70
— Décomposition des alcoolates et des
phénates métalliques par la cha-
leur i5o4
DURGAPRASANNA BHATTACHA-
RYYA. — Vector calculus (imp.).. 568
DUSSAUD. — Appareil projetant, en
salle éclairée, tout objet sur écran
de 3™ de côté avec 3 ampères 808
DUTENS (Alfred). — L'acceptation
de son legs est autorisée par
décret 1014
E
ÉCOLE D'ANTHROPOLOGIE. — Son
sous-directeur fait connaître à
l'Académie l'emploi qui a été fait
d'une partie de la subvention
accordée en 1920 sur la fondation
Lou treuil i458
EDDY (Henry). — Adresse diverses
brochures relatives à la physique
mathématique et à l'art de l'ingé-
nieur 644
— Obtient des suffrages au scrutin pour
l'élection d'un correspondant pour
la section de mécanique 644
EGNELL (Axel). — Sur la détermina-
tion des congruences de droites
dont le plan moyen est donné... . 356
EHRMANN. — Sur un important mou-
vement orogénique au début du
Crétacique dans la Kabylie des
Babors 860
— Le Trias de la Kabylie des Babors
(Algérie) 1 194
EHRMANN (F.) et J. SAVORNIN. —
Échelle stratigraphique de la Ka-
bylie des Babors 1 3oi
EINSTEIN (Albert). — La théorie de
la relativité restreinte et généra-
lisée (mise à la portée de tout le
monde) (imp.) 644
— L'éther et la théorie de l'élasticité
(imp.) 644
ESCLANGON (Ernest). — Observa-
tions de l'éclipsé de Soleil du
8 avril 192 1 faites à l'Observa-
toire de Strasbourg 908
— Sur l'aurore boréale du i4-i5
mai 192 1 observée à Strasbourg. . 1286
1744
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
FABRY (Ch.). — Voir Buisson (//.) et
Ch. Fabrij.
FABRY (Lotis). — Sur l'emploi des
latitudes géocentriqucs pour faci-
liter l'identification des petites
planètes 27
PAGE (Louis). — Sur quelques Arai-
gnées apneumones G20
FAILLIE (R.). — Voir Chailley-Berl
(P.), R. Faillie et J.-P. Langlois.
FALLOT (P.). — Voir Depéret [Ch.] et
P. Fallût.
FAURE (Jean-Louis) est présenté en
seconde ligne pour la succession
de M. F. Giiyoïi 187
— Obtient des sufTrages aoi
FAURÉ-FREMIET (E.) adresse un
rapport sur une subvention accor-
dée sur le fonds Bonaparte en 1919. 1 12
FAVE (Louis) . — Graphiques destinés à
la détermination des routes ortho-
dromiques a'ja
— Fait partie des commissions sui -
vantes : Prix Gay, fondation
Tchihatchef 565
— Prix de six mille francs, Plumey. . 565
FAYET (G.) et A. SCHAUMASSE.
— Eléments provisoires de la nou-
velle comète 19206 (Skjelierup) . . ii3
FERET (R.). — Sur la loi d'équilibre de
grains solides dans un courant
d'eau vertical ascendant SjS
FERRIE (G.), R. JOUAUST, R.MESNY
et A. PEROT. — Études de ra-
diogoniométrie 54
FERY (Ch.). — Horloge mécanique à
échappement libre 2o5
— Pile à dépolarisation par l'air 817
FLA.K)LET. — Forte perlurbation
magnétique des l4-i5 mai 1921 . . 1872
FLEURY. — Voir Delépine, Fleunj et
Ville.
FLORENTIN (Daniel) et II. VAN-
DENBERGIIE. — Critique des
méthodes de dosage des faibles
quantités d'oxyde de carbone
dans l'air et les gaz de fumées. . 391
— Voir Kling {.4ndré) et Daniel Flo-
rentin.
FOCII (A.). - ■ Sur les phénomèm-s
MM. Pages,
de résonance dans les turbines
à aspiration 1469
FORCRAND (Robert de). — Sur le
point de fusion de l'hcptane et
la loi des points de fusion 3l
— Erratum relatif à cette communica-
tion 248
FORSEN (L.). — Systématique et cons-
titution des dérivés de l'acide
molybdiquc 21 5, 327, 'J^'
FOSSE (R.). — Synthèse de l'acide eya-
nique par oxydation de la forma-
mide et de l'acide oxyamique... iGo
FOSSE (R.) et G. LAUDE. — Syn-
thèses de l'acide cyanique et de
l'urée par oxydation, en milieu
ammoniacal, d'alcools, de phénols
et d'aldéhydes 684
— Synthèses de l'acide cyanique et de
l'urée par oxydation d'acétones,
d acides et d'aminés, en présence
d'ammoniaque 1240
FOSSE (R.) et M"« N. ROUCHELMAN.
— Sur la formation de l'urée dans
le foie après la mort 771
FOURNIER (Ernest) fait partie des
commissions suivantes : Prix Gay.
fondation Tcliiliatehef 565
— Prix de six mille francs 565
FOX (Philippe), — Mesures de paral-
laxes stellaires à l'Observatoire
Deadborn i o 1 6
FRANÇOIS (Maurice). — Sur un dis-
positif microscopique pour l'exa-
men des cristaux opaques 967
— Sur la photographie stércoscopiquc
des cristaux 1 5o6
FRÉMONT (Charles). — Essai, à l'em-
boutissage, des tôles minces i '|6
— Errata relatifs à cette coinnuinica-
tion, 248
— De la fragilité au bleu dans certaines
soudures d'acier 368
FREYCINET (Charles de) l'ait partie
de la commission du Prix Monlyon
de statistique 566
FRIEDEL (Georges). — Sur le calcul
de l'intensité des rayons X dif-
fractés par les cristaux. Heclifi-
cation i^9 i
MM. Pages.
FROSSARD (Henri). — Sur la rr-
chcrelic des vibrations thoraciques
chez la femme et l'enfant dans les
pleurésies 556
FROST (E. B.). — (11, lient un sulIVag,;
TABLE DES AUTEURS.
MM.
i7/',5
Pages.
au scniliu pour l'élection d'uu
correspondant i)Our la section
d'astronomie 264
FUBINI (GuiDo). — Sur les lonctions
automorphes 265
G
CAILLOT (,Ie.\n- Baptiste -Aimable).
— Notice nécrologique par M. B.
Baillaud 1 3g3
GALL\NO (Fernande?.). — Sur les
réactions chimiotactiques du fla-
gellé « Chilomonas » 776
GALIPPE(V.)etM°icG.SOUFFLAUD.
— Recherches sur la présence dans
les météorites, les pierres dures, les
minerais, le quartz, le granité, le
basalte, les cendres ou les laves vol-
caniques, d'organites susceptibles
de reviviscence et sur leur résis-
tance aux hautes températures.. laSa
GAMBIER (Bertrand). — Sur les sys-
tèmes articulés déformablcs ou
transformables 363
— Systèmes articulés déformablcs et
couples de surfaces qui s'en dé-
duisent 570
— Courbes algébriques non ui,iicursalcs
à torsion constante g53, 11 58
— Sur les surfaces applicables et l'équa-
tion de Laplace i397
— Déformation des surfaces et équation
de Laplace 1 568
GAUBERT (Paul). — Sur les couleurs
d'interférence produites par les
lames cristallines minces 694
— Sur la coloration artificielle des cris-
taux obtenus par solidification
d'une substance fondue et sur la
diffusion cristaline 1299
GAUCHER (Louis) et Georges ROL-
LIN. — Sur un nouveau sel de
calcium 890
GAUTIER (Armand). — Son remplace-
ment dans la section de chimie .... 264
GERMAIN (Louis). — Faune malaco-
logiquc terrestre et fluviatile des
îles Mascareignes (imp.) 1279
GIRAUD (Georges). — Erratum relatif
à une communication du 27 dé-
cembre 1920 : « Réponse à une
note de M. Fubiiii » 3o4
— Sur les fonctions automorphes 354
GLANGEAUD (Pu.). — Errata relatifs
à une eommunication du i3 dé-
cembre 1920 « Sur les traces lais-
sées dans le Massif Central fran-
çais » I o4
— Les monts de la Margcridc; leurs
éruptions porphyriques ; leurs
cycles d'érosion et leurs glaciers. . 226
— Sur le tremblement de terre qui a
affecté, le 3 octobre 1920, une
notable partie des régions volca-
niques du Massif Central 4*^2
GODARD (H.). — Observations de la
comète Skjellerup faites à l'Obser-
vatoire de Bordeaux (équatorial
de o'>^,38) u4
— Observations de la comète Reid
faites à l'Observatoire de Bordeaux
(équatorial de o™, 38) 841
— Observations de la comète Winncckc
(1921 b] faites à l'Observatoire de
Bordeaux (équatorial de o™, 38) . . 1092
GODCHOT (Marcel). — Sur quelques
dérivés de la thuyamenthonc . . . . 686
GODON (F. de). — Voir Mailhe (A.) et
F. de Godon.
GORINI (C). — Mutations physiolo-
giques brusques chez les ferments
lactiques par divergences indivi-
duelles i382
GORIS (A.) et A. LIOT. — Observa-
tions sur la culture du bacille pyo-
cyanique sur milieux artificiels dé-
finis 1 622
GORIS (A.) et Ch. VISCHNIAC. —
Sur les alcaloïdes de la valériane. io59
COURSAT (Edouard) fait partie des
commissions suivantes : Prix Bor-
din, Francœur 564
GOUY (Georges). — Sur un théorème
d'optique géométrique, et son
application aux systèmes de
1746 TABLE DES
MM. Pages.
prisnifs 196
— ■ Sur les systèmes de prismes à arêtes
parallèles 3o5
— Sur l'aplanétismc et la condition des
sinus 419
— Sur l'aplanétisiiie impartait et le
calcul du coma 63a
— Sur le calcul du coma 827
GOY (Piehbe). — Les végétaux infé-
rieurs et les facteurs accessoires de
la croissance 5 "î 2
GRAMONT (Arnaud de). — Errala
relatifs à une communication du
6 décembre 1920 : « Tableau des
raies de grande sensibilité» lo/î
— Sur l'utilité en astronomie physique
de la considération de sensibililé
des raies spectrales 898
— Errala relatifs à cette communica-
tion 108 j
GRANDIDIER (Alfred) fait partie des
commissions suivantes : Prix Gay,
fondation Tchihatchef '565
— Prix de six mille francs, Plumey. . . . 565
— Prix Da Gama Machado, fondation
Savigny 566
— Prix Binoux 566
— Prix Henri Wilde .' 567
GRANDJEAN (F.). — Sur l'existence
de plans différenciés équidistants
normaux à l'axe optique dans les
liquides anisotropes (cristaux li-
quides) 71
GRAVIER (CnABLEs). — Larves d'ac-
tiniaires (imp.) ^9
— Madréporaires provenant des cam-
pagnes des yachts « Princesse -
Alice » et «Hirondelle II» (iSgS-
191 3) (imp.) 309
— Est présenté en première ligne pour
la succession de M. YvesDelage. . . 344
— Obtient des suffrages 353
GREENHILL (Sir George) est élu Cor-
respondant pour la section de
mécanique 644
— Adresse des remercîmcntg à l'Aca-
démie 83o
GREGORY (Sir Rici.AnD). — Sir Nor-
man Lockyer : Obituary notice
(imp.) 20T
GRENET (H.), H. DROUIN et M. GAIL-
LARD. — Étude de quelques réac-
tions leucocytaires consécutives
aux injections intraveineuses.... 553
AUTEURS.
MM. Pages.
GRIGAUT. — Voir Chaitjtavd, P.BroJin
et Grigaut.
GRUVEL (A.).— Sur la distribution
géographique de quelques lan-
goustes de Madagascar et leur
exploitation industrielle 1209
GUÉBHARD (A.). — Sur l'orthogo-
nalité des systèmes de rides de
l'écorce terrestre 454
GL^ERY (F.). — Sur quelques consé-
quences de la contraction de
Lorentz au point de vue de la
cohésion, de la gravitation et de
l'éleclromagnétisme I094
GUICHARD (Claude). — Sur les couples
de deux congruences Oi polaires
réciproques par rapport à un com-
plexe linéaire i4l
— .Sur certains réseaux qui se pré-
sentent dans l'étude des con-
gruences qui appartiennent à un
complexe linéaire 423
— Sur les systèmes triplement indé-
terminés de droites et leurs con-
jugués par rapport à un complexe
linéaire ioo5
— .Sur les systèmes 31 dont toutes les
droites appartiennent à un com-
plexe linéaire 1275
— Est présenté en troisième ligne pour
la succession de M. G. Humberl.. 883
GUIGNARD (Léon) est élu membre
du Conseil supérieur des stations
agronomiques et des laboratoires
agricoles i43
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie aux fêtes de la Faculté de
Médecine de Montpellier i633
■ — Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Gay, fondation Tchi-
hatchef 565
— Prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, Mège, Bellion, Larrey,
Argut 566
— Fonds Charles Bouchard 566
— Prix Gustave Roux, Thorlet, fonda-
tion Lannelongue, Trémont, Gc-
gner, Henri Becquerel 566
— - Grand prix des sciences physiques. . 566
— Pri.x du baron de Joest 667
— Prix Lonchampt 567
— Prix Henry Wilde 567
— Question de prix Bordin pour 1924- 567
GUILBERT (Gabriel). — Sur un
TABLE DE
MM. Pages,
cas d'aiiéantissemuul d'une boui-
rasque 542
GUILLAUME (Ch.-Kd.). — L'adop-
tion obligatoire du Système mé-
trique par l'Empire, du Japon.. 7<j5
GUILLAUM1-: (J.). — Observations du
Soleil, faites à l'Observatoire de
Lyon, pendant le troisième tri-
mestre de 1920 48
-- id. pendant le quatrième trimestre
de 1920 370
— Observations de la comète Reid,
faites à l'équatorial coudé de
l'Observatoire do Lyon 842
— Observation de la comète Pous-
Winnecke (1921 6), faite à l'équa-
torial coudé de l'Observatoire de
Lyon I a3 1
GUILLAUMIN (A.). — Voir Schinz
{Hans) et A. Guillaumin.
GUILLEMARD. — Voir Desgrez, Guil-
lemard et Labat.
GUILLET (Amédée). — Cbronographie
SAUTEURS. 1747
MM. Pages,
à pointaj,'c pliotographique pour la
mesure des durées brèves à mouve-
ment harmonique, ou à mouve-
ment circulaire uniforme au moyen
des figures de Lissajous 3l4
GUILLET (Léon). — Adresse un rap-
port relatif à une subvention ac-
cordée sur la fondation Loutreuil
en 1917 202
— Sur la trempe des laitons à l'étain. . lo38
GUILLET (Léon) et Marcel BALLAY.
— Sur les points critiques dus à
l'écrouissage 1 576
GUILLIERMOND (A.). — A propos de
la constitution morphologique du
cytoplasme 121
— Sur les microsomes et les formations
lipoïdes de la cellule végétale. . . . 1676
GUNTZ (Antoine). — Appareil enregis-
treur des variations d'une masse
gazeuse avec le temps 918
GUYON (Jean-Casimir-Félix). — Son
remplacement à l'Académie 201
H
HADAMARD (Jacqies) fait partie des
commissions suivantes : Prix Bor-
din, Francœur 564
HALLER (Albin) présente ses deux
conférences intitulées : « l'Indus-
trie chimique pendant la guerre». 108
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Montyon des arts
insalubres, Jecker, fondation
Cahours, prix Berthelot, Houzeau. 565
— Prix du baron de Joest 567
— Question de prix Bordin pour iy24- 567
— Fait partie de la commission du
fonds Bonaparte 1014
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à l'inauguration de la statue
de Adolphe Wuriz, 5 juillet 1921. . 1087
HALPHEN (Georges). — M. Emile
Picard présente le tome III de ses
œuvres i326
HAMY (Maurice). — Sur l'approxima-
tion des fonctions de grands
nombres 785
— Fait partie des contmissions sui-
vantes : Prix Lalande, Benjamin
Walz, Pierre Guzman, G. de Pon-
técoulant 565
— Question du grand prix des sciences
mathématiques pour 1924 267
HANOT (Mlle M.). — \oiTBruhat (G.)
et Miii^ M. Hanoi.
HARLE (Henri). — Sur une double
courbe représentant très exacte-
ment les oscillations sphygmomé-
triques 47?
HARTMANN (Henri) est présenté en
seconde ligne pour la succession de
M. F. Giiyon 1 87
— Obtient des suffrages 201
HATON DE LA GOUPILLIÈRE
(Julien) fait partie des commis-
sions suivantes : Prix Montyon,
Poncelet, Boileau, Pierson-Perrin. 565
— Prix Montyon de statistique 566
HAUG (Emile). — Sur la tectonique de
la région littorale entre Saint-Cyr
et Hyères (Var) i 548
— Erratum relatif à cette communi-
cation 1700
— Fait partie de la commission des
prix Cuvier, Delesso, Victor Raulin
Joseph Labbé 565
1748
MM.
HEDRICK (U.-P.). — Slurtevants
notes on ediblc plants (imp.) . . . . loi
HELBRONNER (Paul). — Description
géométrique détaillée des Alpes
françaises (imp.) 1 1 i
HENNEGUY (Félix) fait partie
des commissions suivantes : Prix
Da Gama Machado, fondation
Savigny
— Prix Monlyon, Barbier, Uréant,
Godard, Mègc, Bellion, Larrey,
Argut
— Prix Montyon, Lallemaud, Pliili-
peaux, Fanny Emden 566
— Fonds Charles Bouchard 566
■ — Est désigné pour représenter l'Aca-
démie aux fêtes de la Faculté de
Médecine de Montpellier i63'3
IIENRIOT (M. et M™» E.). — La biré-
fringence du verre comprimé. . . .
HERDT (L.-A.) et R.-B. OWENS. —
Sur le guidage de la navigation à
l'entrée des ports et chenaux par
un câble électrique immergé
IlERELLE (F. d'). — Le microbe bac-
tériophage, agent d'immunité dans
la peste et le barbone
HÉRISSEY (H.). — Sur l'hydrolyse du
méthyl-rf-mannoside a par les fer-
ments solubles
— Action synthétisante de la méthyl-;/-
mannosidase a i536
HERRERA (A.-L.) adresse une note
intitulée : « Recherches sur la
pscudo-caryocinèse des cellules
TABLE DES AUTEURS.
Pages. MM. Pages
artificielles fluorosiliciques loo4
HOLLANDE (A.-Ch.).— Présence d'un
Spirochétoïde nouveau, Cristispi-
lella cavix n. g., n. sp., à membrane
ondulante très développée dans
l'intestin du cobaye iGgS
HOLWECK. — Absorption des
rayons X de grande longueur
d'onde. Liaison entre les rayons X
et la lumière 439
HOVASSE (R.). — L'activalion parthé-
nogénétique des œufs de Grenouille
rousse (Raiia temporariah.) dans les
milieux hypotoniques et hyperto-
niqucs 1 1 37
HUMBERT (Georges). -- Son éloge
funèbre est prononcé par M. G.
Lemoine 1 89
— M. Mitlag-Le/fter adresse des condo-
léances à l'Académie à l'occasion
de sa mort 334
— Sur les formes d'Hermite ternaires
dans un corps quadratique imagi-
naire (champs y/ — i et / — 2) .. 497
— Son rcniplacement dans la section de
géométrie 900
liUMBERT (Pierre). — Les poly-
nômes \'' d'Hermite-Didon et les
fonctions de Laplace dans l'hype-
rcspace 901
— Sur les polynômes hypei'géomé-
triques I aSa
IIUTINEL (.J.). — Voir Widal [F.], P.
Ahiaini et J. Jlulinel.
566
566
1477
99
766
IDRAC. — Études expérimentales sur
le vol à voile
ISIIIMOTO (MisHio). — Investigation
of luilals \vitli reg;ii(l tu Iheir
iiihiiKil rilclion (imp.) I0l5
J
JAFFEUX (Pierre). — Voir DcUpiiic
(Marcel) et Pierre Jajjeux.
JANET (Paul), présente un ouvrage
intitulé : « Problèmes et Exercices
d'Électricité générale i> 1277
— Fait partie de la commission du
prix Henri de Parville (ouvrages
de science) 567
JANET (Maurice). — Sur les systèmes
aux dérivées partielles compre-
nant autant d'équations que de
fonctions inconnues 1637
JAQUET (Maurice). — Contril)iilioii
à l'anatomie du Sinieiichelys para-
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
xilii.s ( mII (imp.)' oog
JAllRY-DESLUGES (H.). — Contribu-
tion à l'étude des plages claires
martiennes l473
JAVARY. • — L'effort du réseau du Nord
pendant et après la guerre (inip.) . . i3!5o
JEKHOWSKY (Benjamin). — Sur les
fonctions de Bessel à deux va-
riables l33i
JOLEAUD (Léonce). — Sur un forage
profond qui démontre l'existence
d'une nappe de cbarriage dans la
Tunisie septentriouale i '92
— Voir Termier {Pierre) et Léonce
Joleaud.
JOLIBOIS (Pierre). — Sur une mé-
thode d'enregistrement par photo-
graphie des réactions chimiques
accompagnées d'une variation de
pression 809
JOLIBOIS (Pierre), Robert BOS-
SUET et CHEVRY. — Sur la pré-
cipitation fractionnée jyS
JOLIBOIS (Pierre) et BOUVIER. —
Sur la réversibilité de la réaction
C<)'Ca= C0=+- CiiO 1183
JOLY (Henry). — Sur la géologie et
la géographie physique de la
dépression du Rio Guadiato (Sierra
Morena, Espagne) 811
JONESCO (Stan). — Contribution à
l'étude du rôle physiologique des
antocyanes i3li
JORDAN (Camille) fait partie du
Conseil de la fondation Loutreuil. 900
— Fait partie des commissions sui-
vantes ; Prix Bordin, Francœur. 564
— Prix Montyon, Poncelet, Boileau,
•749
MM. Pages.
Pierson-Pcrrln 565
— Prix Lalando, Benjamin Valz, Pierre
Guzman, G. de Pontécoulant. . . . 565
— Prix Petit d'Ormoy 567
— Prix Jean Roynaud 567
— Prix Saintour 667
— Question du Grand prix des sciences
mathématiques pour 1924 567
JOUAUST (R.). — Voir Ferrie (G.),
R. Jouausl, R. Mesny et A. Pérol.
JOUBIN (Louis) est présenté en pre-
mière ligne pour la succession de
M. IVes Delage 344
^ Est élu 353
— Son élection est approuvée 497
— Fait partie de la commission du
prix Da Gaina Machado et de la
fondation Savigny 566
JOUGUET (E.). — Sur le cas de Poin-
caré dans la théorie de l'élasticité. 3li
JUILLERAT (Eugi-ne). — L'élevage
industriel des salnionidés (imp.).. 1279
JULIA (Gaston). — Variation de la
fonction qui fournit la représen-
tation conforme d'une aire sur un
cercle, lorsque le contact de l'aire
varie 568
— Deux conséquences de l'équalion aux
dérivées fonctionnelles qu'on tire
de la représentation conforme .... ^38
— Sur une équation aux dérivées fonc-
tionnelles analogue à l'équation de
M. Hadamard 83i
— Sur les discontinuités des solutions
de certaines équations de Fre-
dholm 1 279
JUVET . — Les formules de Frenct pour
un espace de M. Weyl i647
K
KAMPE DE FERIET (J.). ~ Sur les
fonctions hypercylindriques l464
— Sur les systèmes d'équations aux dé-
rivées partielles des fonctions hy-
pergéométriques les plus générales. l634
KARASINSKI (Léon). — Wytrzyma-
tocs tworzyw (imp.) i458
KAYSER (E.). — Influence des radia-
tions lumineuses sur l'azolobac-
ter i83, 4g l
— Microbiologie appliquée à la fertilisa-
C. R., «921, I"' .Semestre. (T. 172.)
tion du sol (imp.) 3o9
— Id. à la transformation des produits
agricoles (imp.) 309
— Recherches sur l'azotobactor 939
— Influence des sels d'urane sur le
fixateur d'azote Ii33
— Influence de la matière azotée éla-
borée par l'azotobacter sur le fer-
ment alcoolique '539
KÉPINOVV (Léon). — Voir Weinberg
{M.) et Léon Képinow.
127
i75o
MM.
TABLE DES
Pages
KERFORNE (F.). — Sur l'âge des
couches les plus ancieanes du
Massif armoricain 1 1 1 3
KILIAN (Wilfrid) et F. BLANCHET.
— Surlaprésenced'une nappesous-
alluvioniiaire d'eau thermaleet mi-
néralisée dans le lit de la Durance,
à Serre-Ponçon (Hautes-Alpes).. i564
KLING (Andhé) et Damei. FLOIÎEN-
TIN. — Propriétés et constitution
du groupement (O CCI') 63
— Les progrès de la chimie en 1919
(inip.) 2O4
KLIPPRL (M.). — L'évolution de l'or-
ganisme et la maladie (inxp.) i4'i8
KŒCHLIN (Heniii) présente un mé-
moire intitulé : « Sur l'Elasticité
plane !> 1 1 •j 3
KŒNIGS (Gabriel) fait partie des
commissions suivantes : Prix Mon-
tyon, Poncelet, Boileau, Pierson-
Perrin 565
— Prix de six mille francs, Plumey.. 565
AUTEURS.
MM. Pages.
KOFMAN. — Voir Cluzet, Rochaix et
Kojinan.
KOGBETLIANTZ (Erwand). — Sur
les développements de Jacobi. . . . l333
KOHLER(M"^ Denise).— Variation des
acides organiques au cours de la
pigmentation anthocyaniquc. . . . 709
KOHN-ABREST, SICARD ET PARAF.
— L'élimination et la fixation des
novarsenicaux thérapeutiques. ... 3oi
KOPACZEWSKI (W.). — Le rôle de la
tension superCcielle dans les phé-
nomènes du choc 337
— Un appareil simple pour mesurer la
tension superficielle 723
— Tension superficielle et antiana-
phylaxie 936
— Anaphylaxie ahmentaire et sa théra-
peutique i386
KUBOTA (Bennosuke). — Voir Saha-
tier et Bennosuke Kubola.
KÛriNHOLTZ-LÛRDAT (G.). — Phy-
togéograpliie dynamique des dunes
du golfe du Lion 865
LABAT. — Voir Pesgrez, Guillemard et
Labat.
LABBE (Alphonse), — Sur les modifi-
cations adaptatives de Dunaliella
sallna Dunal 107'!
— Le cycle évolutif de iJtmaiJeHa sa/uifl. 1C89
LACAILLE (Abbé Nicolas-Louis de).
— Quelques notes sur la famille
Lacaille (inap.) y.oa
— M. P. -G. Bigourdan est désigné pour
représenter l'Académie à l'inaugu-
ration d'xin monument élevé à sa
mémoire 1 1 5o
— L'Académie est informée de la date
de cette cérémonie i458
LACASSAGNE (A.) et Etienne
MARTIN. — Précis de médecine
légale (imp.) 9-33
LACOUR-GAYET fait une lecture sur
Bonaparte, membre delà Première
Classe de l'Institut national des
Sciences et des Arts 952
LACROIX (Alfred) présente 1' « Aa-
nuairc de l'Académie des Seicuees
pour 1921 » 20
— Fait partie des commissions sui'
vantes: Prix Cuvier, Victor Raulin,
Joseph Labbé 565
— Médailles Arago,Lavoisier,Bcrthclot. 566
— Prix Gustave Roux, Thorlet, fonda-
lion Lannelongue, Trémont, Ge-
gner, Henri Becquerel 566
— Grand prix des Sciences physiques. 566
— Prix Petit d'Ormoy 567
— Prix Jean Reynaud 567
— Prix Parkin 567
— Prix Henri de Parville (ouvrages de
science ) 567
— Prix Henry Wilde 567
— Prix Bordin 567
LADREYT (F.). — Recherches histo-
logiques et histocliimiques sur
l'atropliie pigmentaire du foie.. I2i7
LAGATU (H.). — Sur le rôle respectif
des trois bases : potasse, chaux,
magnésie dans les plantes culti-
vées 129
LALLEMAND (Cuarles) fait partie des
commissions suivantes : Prix Gay,
fondation Tcliihalchef 565
TABLE DES
MM. Pages.
— Prix de six mille francs, Plumcy.. 565
LAMBERT (Pierue). — l-'.mplui do la
lumière polarisée pour l'examen
des tableaux aiieiciis 1 176
LANCE (Robert). — Sur l'emploi
d'écrans colorés pour comballre
les maladies cryptogamiques des
végétaux r-).oi
— Sur un produit anticryptogamique.. i''.oi
LANGLOIS (.J.-P.). — Tapis roulant
pour l'élude de la marche et du
travail 1 1 17
— Voir Chailley-Bert (P.), R. Faillie et
J.-P. Langlois.
LAPICQUE (L.) pose sa candidature à
la succession de M. Yi'es Delage. ao2
— (Jbtient des suffrages Sî'i
— Echanges nutritifs des animaux en
fonction du poids corporel i5>G
LAPORTE. — Sur la mesure de la mobi-
lité des ions gazeux par la méthode
de la roue dentée 1058
LAPPARENT (Jacques de). — Le
caractère épisodique des baiies du
calcaire carbonifère dans le Bou-
lonnais et la dolomitisalion de
certains d'entre eux 1032
LARBAUD (M"'=). Nouvelle technique
pour les inclusions et les prépara-
tions microscopiques des tissus
végétaux et animaux i3i7
LAUDE (G.). — Voir Foast [R.) et
G. Lande.
LAUNAY (Louis de) présente son ou-
vrage : La Géologie de la F-'ance. . 1217
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Cuvier , Delesse,
Victor Raulin, Joseph Labbé.... 565
— Prix Binoux 566
LAUPIN (F.). — Voir Courmont (Paul),
A. Rochaix et F. Laupin.
LAVERAN (Alphonse) présente le vo-
lume 13 du « Bulletin de la So-
ciété de pathologie exotique »... 351
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Da Gama Machado,
fondation Savigny. . . . .• 566
— Prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, Mège, Bellion, Larrcy,
' Argut 566
— Prix Montyon , Lalleinand , Phili-
peaux, Fanny Emden 566
— Prix Parkin 567
- — Prix Lonchampt 667
AUTEURS. i^Sl
MM. Pages.
LÉAUTE (Andrk). — Complément à
la théorie de la réaction d'induit
pour les alternateurs saturés.... 276
LEBAILLY (Ckarles). — La fièvre
aphteuse bovine n'est pas trans-
missible à l'homme, la stomatite
aphteuse humaine n'est pas trans-
missible aux bovins ii4o
— ■ Conservation du virus aphteux par
le froid 1 26 1
LEBEAU (Paui.) est présenté en troi-
sième ligne pour la succession de
M. A. Gautier 247
— Est présenté en troisième ligne pour
la succession de M. E. Bourquelol. 1144
LEBESGUE (Henri) est présenté en
seconde ligne pour la succession
de M. G. HurnberL 883
— (Jblienl des suffrages goo
LEBEUF (Auguste). — Éclipse de So-
leil du 7 avril 1921. (Résumé des
observations effectuées à l'Obser-
vatoire de Besançon.) 909
LÉCAILLON (A.). — - Sur l'action
qu'exerce l'acide sulfurique con-
centré sur les œufs de Bombyx
mort 718
LECAT (Maurice). — Bibliographie des
séries trigonométriques (imp.) .... 1218
LE CHATELIER (Henry). — Sur les
doubles décompositions salines et
leur représentation géométrique. 345
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Montyon des arts
insalubres, Jecker, fondation Ca-
hours, prix Bcrthelot, Houzcau.. 565
— Grand prix des sciences physiques. . 566
— Fait partie du conseil de la fonda-
tion Loutreuil goo
— ■ Est réélu membre de la commission
permanente de standardisation.. l33o
LECOMTE (Henri) fait partie des
commissions suivantes : prix Des-
mazières, Montagne, Jean Thore,
de Coincy, Jean de Rutz de La-
vison 565
LECOMTE DU NOÙY (P.) adresse un
mémoire intitulé : «Remarques sur
certaines séries homologues de la
série grasse » 72^
LECORNU (Léon). — Sur le mouve-
ment varié du fluide 35o
— Sur la détermination expérimentale
du mouvement d'un solide quoi-
Pages.
73i
564
1752 TABLE DES
MM.
conque
— Fait partie des commissions su
vantes : Prix Bordin, Francœur
— Prix Montyon , Poncelct, Boileau ,
Pierson-Pcrrin 565
— Prix de six mille francs, Plumcy . . . . 565
— Prix Petit d'Ormoy 566
— Question du Grand prix des Sciences
mathématiques pour lya»! 56;
hEBUBT [Wi«S.).~-\ohMestrez„l [n.]
et M"" .S. Leilebl.
LE DANOIS (Ed.). — Cartes de pèche. 396
LEDUC (Anatole). — Le principe de
l'équivalence elle réversibilité... 1018
— Nouvelle équation d'état des gaz,
fondée sur la connaissance des
pressions internes 1 1 67
LEGENDRE (Jean). — Bioloj^ie de la
Perche malgache ioo'3
LEGENDRE (J.) el A. OLIVEAU. ^
Rôle du lapin domestique dans
l'attraction et la nutrition d'Ano-
pheles maciâipennis 822
LEGRAND. — Dosage du maltose ou
du lactose en présence d'autres
sucres réducteurs (emploi de la
liqueur de Bartœd) 602
LEGUEU (Félix) est présenté en se-
conde ligne pour la succession de
• M. Giiyon 187
— Obtient des suffrages 201
LEMERCIER (H.) adresse un mémoire
intitulé : « Structure moléculaire
des nitriles et des carbylamincs». io'i
LEMOINE (Georges). — Allocution pro-
noncée en prenant possession du
fauteuil de la présidence 18
— Élu membre du Conseil supérieur
des stations agronomiques et des
laboratoires agricoles 1^3
— Eloge funèbre de : M. G. Hiiniherl. . . 189
— De M. E. Bowquelol 249
— De M. le colonel V allier 823
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Montyon des arts
insalubres, Jecker, fondation Ca-
hours, prix Berthelot, Ilou/.eau.. 565
— Médailles Arago, Lavoisier. Berthe-
lot 566
— Prix Gustave Roux, Thorlct, fonda-
tions Lannelongue, Trémont, Ge-
gncr, Henri Becquerel 566
— Prix Henri de Parville (ouvrages de
science) 567
AUTEURS.
MM. Pages.
LE ROLLAND (Paul). — Sur les écarts
à la loi d'isochronisme, produits
par la lame de suspension du pen-
dule 664
— Sur le mouvement du pendule à sus-
pension élastique 800
LE Roux (Jean). — Sur la théorie de
la relativité et le mouvement sécu-
laire du périhélie de Mercure. . . . 1227
— La loi de gravitation et ses consé-
quences 1467
LESAGE (Pierue). — Plantes salées et
période des anomalies 82
— Cultures expérimentales du Fegalella
conica et de quelques autres Mus-
cinées 1 52i
LESNE (Pierre). — Un foyer de multi-
plication de la Mouche des fruits
[Ceralilis capilata Wied.) 490
LESPIEAU (Robert) est présenté ense-
conde ligne pour la succession de
M. Emile Bowquelol 1 144
— Obtient des suffrages 1149
— Action du propyIènedibromé-2.3 sur
le bromure d isopropylmagnésium. 1236
LEVADITI (C), A. MARIE et S. NICO-
LAU. — Virulence pour l'homme
du spirochète de la spirilose spon-
tanée du lapin i 5 (2
LEVINE (Joseph). — Atlas météorolo-
gique de Paris (inip.) 83 1
LÉ'VY (Mlle Jeanne). — Sur quelques
transpositions rétropinacoliques... 383
LÉVY (Paul). — ■ Notice sur ses titres et
ses travaux scientifiques (imp.) ... i 44
— Sur quelques questions de calcul fonc-
tionnel 1283
LICENT (E.). — Sur la structure et
l'évolution du noyau dans les cel-
lules du méristème de quelques
Euphorhiacées io63
LIÉNARD (A). — Potentiels scalaire et
vecteur dus au mouvement de
charges électriques 5i
— £)7fl/arelatifs à cette communication. 248
— Énergie électromagnétique et poten-
tiel thermodynamique d'un sys-
tème de courant 208, 323
LINDET (Léon) fait partie des commis-
sions suivantes : Prix Montyon des
arts insalubres, Jecker, fondation
Cahours, Prix Berthelot, Houzeau. 565
— Prix Jean Reynaud 567
— Prix du baron de Joesl 567
TABLE DES
MM. Pages.
LINDH (AxKi.-K.). - Sur 1rs sp.-ctrcs
d'absorption «lu ililorc ])i)iir les
rayons X 1175
LIPPMÂNN (Gabhiki.). - Dclorinina-
lion do l'axe de rotation, do la vi-
tpsso de rotation d'un corps solide
otrcalisation d un corj)S solide sans
rotation ")57
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Lalande, Benjamin
■Valz, Pierre Guzman, G. de Ponté-
coulant 51)5
— Prix Gaston Planté, Hébert, Henri de
Parville, Huglios, fondation Clé-
ment Félix 5(i5
— Prix Saintour 567
— Prix Henry Wilde 567
— Fait partie de la commission cbargée
de contrôler les expériences de
M. Contremoulins i i5o
LITARDIÈKE (R. de). — Le dimor-
pliismc des éléments chromoso-
miques chez le Polypodium Schnei-
deri pendant les périodes de télo-
phase et d'intcrphase... 607
— Remarque au sujet de quelques pro-
cessus chromosomiques dans les
noyaux diploïdiques du Podo-
pliyllum peltatum L 1066
LOISEL (P.). — Méthode rapide de
mesure de la déperdition propre
d'un électroscope en vue du do-
sage de l'émanation du radium.. . I'i84
LOMBARD (Etienne). — Sur un en-
semble de phénomènes de l'ordre
expérimental et clinique permet-
fant d'étudier l'état fonctionnel de
l'appareil vestibulaire dans ses
rapports avec l'équilibration orga-
nique 1 3a
LONGCHAMBON (Loris). — Sur la
AUTEURS. 175.3
MM. Pages,
mesure du pouvoir rolaloiro dans
les cristaux biaxes 1 1 87
LOPKZ-LOMBA (.1.) et Paui. POR-
TIER. — Sur le mécanisme pliysio-
logi(|U(' <le la résistance du Lapin à
l'avitaminose l68i
LUGE (R.). — liéactions ehimiiiues et
rayons de courbure 19H7
- Voir Rebotd (C.) et R. Liice.
LUGEON (Mauiuce). — Sur un nouvel
exemple de striage du lit fluvial.. SaR
LUGEON (Maurice)' et ,1. VH^LE-
MAGNE. — Sur un ancien lit gla-
ciaire du Rhône entre Léaz et le
Pont- Rougi' des Usscs (Haute-
Savoie) 109
LUMIERE (Auguste). — Action nocive
des feuilles mortes sur la germi-
nation aSî
— Tension superhciellc et choc ana-
phylactique , S.'liî. '071
LUMIÈRE (Auguste) et Henri COU-
TURIER. — Sur la nature du choc
anaphylactique 294
— Grossesse et phénomènes de choc
anaphylactique 772
— L'anaphylaxie chez les végétaux.. i3i3
LUSK (Graham). — The cléments of
thc science of nutrition (imp.) .... I i5o
— Somc influences of french Science on
medicin (imp.) iSqS
LUTAUD (Léon). — Observations tec-
toniques dans la zone prérifaine
du R'arb septentrional (Maroc). i5io
— Remarques générales sur la tecto-
nique de la zone prérifaine du
R'arb septentrional (Maroc.).... 1666
LYOT (Bernard). — Aurore boréale
dans la nuit du i4 au i5 mai 1920
et phénomènes magnétiques simul-
tanés i23o
M
MAC-AULIFFE (Léon) et A. MARIE
— Etude et mensurations de
117 Belges 284
— Etude anatomo-physiologique d'un
procédé japonais de massage abdo-
minal 999
MAGNAN (A.). — De l'action tourbil-
lonnaire de l'eau sur le corps et la
queue des oiseaux plongeurs 236
— De la variation en poids des muscles
abaisseurs et releveurs de l'aile
suivant l'étendue de la surface
alaire chez les oiseaux '077
— Le rapport de la surface alaire
à la surface caudale chez les oi-
seaux 1245
[754
TABLE DES AUTEURS.
Pages.
280
I 117
MM.
MAGNE (H.). — Voir Maijer (Aiitlré).
H. Magne et L. Planlejol.
MAILIIE (Alphonse). — Préparation
catalytique d'amincs secondaires
et essai d'alcoylation de ces bases.
— Préparation d'aminés d'alcools secon-
daires 692
— Hydrosçénation catalytique des phé-
nylhydrazones 1 1 07
— Sur la décomposition catalytique des
hydrocarbures aliphatiques poly-
lialoffénés 1 382
MAILHE (A.) et F. de GODON. —
Préparation d'aminés phénoliques
mixtes secondaires et tertiaires.
MAILLARD (Loui?) adresse un mé-
moire intitulé : « Mise au point des
hypotlièses cosmogoniques nébu-
laires »
MAILLOUX. — A représenté l'Acadé-
mie à une cérémonie commémora-
tive du centenaire des découvertes
fondamentales d'Ampère
MALASSEZ (J.). — Emploi de la
lampe à trois électrodes pour la
mesure des courants d'ionisation.
MALLEMANN (R. de). —Sur la varia-
tion du pouvoir rotatoire de l'acide
tartrique
MANGENOT (G.). — Sur les « grains de
fucosanc i) des Phéophycées ....
— La structure des anthérozoïdes des
Fucacées
MANGIN (Louis) fait parlie des com-
missions suivantes : Prix Desina-
zières, Montagne, Jean Thore, de
Coincy, Jean de Rufz de Lavison.
— Prix Montyon, Lallemand, Phili-
peaux, Fanny Emden
— • Fonds Charles Bouchard
— Prix Petit d'Orraoy (sciences natu-
relles) 567
— Prix Lonchampt '167
— Fait partie de la commission du
fonds Bonaparte 1014
MANOLESCO. — Action du bromure
d'éthylmagnésium sur les diben-
zylidène-cyclohexanone ol ■■-mo-
thylcyclohexanone
MANQUAT (M.). ~ Sur le phototro-
pisme de Leucoma phieorrhipa . .
MAQUENNE (Léon) fait partie des com-
missions suivantes : Prix Montynii
des arts insalubres, Jecker, fonda-
"Ji
10'.)-
126
liuS
565
jGd
i:i(i()
MM. Pages,
tion Cahours. prix Berthelot. Hou-
zcau 565
— Prix Lonchampt 567
MARAGE. — Le seuil de l'audition 178
-^ L'évolution de la méthode graphique. 849
MARCHAL (Pail). — Utilisation des
coccinelles contre les insectes nui-
sibles aux cultures dans le Midi de
la France lo5
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Da Gama Machado et
de la fondation Savigiiy 566
MARCHAL (Mlle qj, _ Voir Mnli-
i'Hon (C.) et M"e G. Marchai.
MARIE (A.). — Voir Levadili (C),
A. Marie et S. Nicolaii.
— Xoir Mac- Aiili /Je {Léon} el .1. Marie.
MARINESCO (G.) et E. CRACIUN. —
Lésions du système nerveux dans
le typhus exanthématique et leur
rapport avec la névrite ascendante. I258
MARTEL (E.-A.). — Nouveau traité
des eaux souterraines (imp.) 900
MxVRTIN (Etienne). — Voir Lacas-
sagne (A.) et Etienne Martin.
MARTINET (J.). — Voir Bonnejoy
(M'ie ./.) et .J. Marlinet. — Voir
Houx (Mlle ,4.) et J. Martinet.
MARTINET (J.) et P. COISSET. —
Action de l'oxinic du chloral sur les
aminés aromatiques; synthèse
d'isatines 1234
MARTINET (J.) et O. DORNIER. —
Sur l'acide isntine 5-sulfonique. . 33o
— Sur de nouveaux dérivés sulfonés
de l'oxindol et de l'isaline 14/3
MASCART (Jean). — L'éclipsé de Soleil
du 7 avril 1921 à l'Observatoire de
Lyon 912
MASSALKI adresse une note relative
à un « baromètre à deux liquides
superposés i> 404
MASSA KT (Jean) est élu correspondant
pour la section de botanique 1278
— Adresse des remercîments à l'Aca-
démie i33i
MATIilAS (Emile), C. - A. CIIOM-
MELIN et II. KAMERLINGII
(INNES. — Le diamètre reetiligne
de l'hydrogène 261
— Errata relatifs à celte eommuniea-
tion 628
MATIGNON (Camille) pose sa candi-
dature à la succession de M. .4r-
TABLE DES AUTEURS.
MM.
innnd Cfiiitipi'
— Est adjoint A la liste de candidats. .
— Obtient des suffrages
— Est pr6sonté en seconde lipcne pour la
succession de M. E. Boxirqiwlol . .
— Obtient des suffrages
— Réactions génératrices du magné-
sium
— Action de l'iode à froid sur différents
métaux. Procédé pour déceler la
présence du chlore dans l'atmo-
sphère
— Principes de méthodes nouvelles ap-
plicables à la détermination des
poids moléculaires
MATIGNON (C.) etM'ie G.MARCHAL.
— Sur l'emploi dos bombes émail-
lées en calorimétrie
MAYER (André), H. MAGNE et L.
PLANTEFOL. — Sur la toxi-
cité des carbonates et chlorocar-
bonates de méthyle chlorés
MAYER (Anka). — 'Voir Saiiiec et Ankn
Mayer.
MAZÉ (P.). — Sur le mécanisme chi-
mique de l'assimilation du gaz car-
bonique par les plantes vertes ....
MAZURKIEWICZ (Stefan) et WA-
CLAW SIERPINSKI. — Fuda-
menta mathcmatica" tomes I et II
(imp.)
MELLIN (Hj.). — Résolution de l'équa-
tion algébrique générale à l'aide
de la fonction gamma
MENARD (M.\xime) et PESTEL. —
A propos du danger des installa-
tions radiologiques
MENDES-CORRÉA (A.-A.). — Sur
quelques différences sexuelles dans
le squelette des membres supé-
rieurs
MEXGEL (Octave). — Mouvements tec-
toniques interglaciaires et post-
glaciaires de l'extrémité orientale
des Pyrénées
— Relations de sismicité et de gcotec-
tonique dans les Pyrénées
— Influence du relief et de réchauffe-
ment du sol sur les vents de surface.
MERCANTON (P.-L.). — Application
de la vision stéréoscopique au
contrôle des variations glaciaires.
MERCIER (L.). — Aplerina pedestris
Meig. Les muscles du vol chez cer-
Pages.
H2
247
■>64
> I il
11 !'.)
II78
817
i65
540
I |32
582
I7:jd
MM. Pages,
lains Diptères à ailes nidinicntaires
ou nulles 71O
MESNAGER (Augustin) fait partie des
commissions suivantes : prix Mon-
tyon, Poncelet, Boileau, Pierson-
Perrin 565
— Des prix de six mille francs, Phimey. 565
MESNARD (Eugène). — Contribution
à l'histoire des tremblements de
terre 79
MESNIL (Félix) est présenté en seconde
ligne pour la succession de
M. YvesDelage 344
— Obtient des suffrages 353
MESNY (R.). — Voir Ferrie (G.),
R. .louatist, R. Mesny et A. Perot.
MESTREZAT (W.) etM"e S. LEDEBT.
— Le rôle compensateur des chlo-
rures dans ses rapports avec la
composition chimique des hu-
meurs 1 607
METCHMKOFF (Eue). — Sa vie par
Mme Olga Metchnikoff (iwip.) 737
MEUNIER (Jean). — Principes de l'ana-
lyse au moyen des flammes réduc-
trices; recherche de traces de
manganèse en présence du fer ou
autres substances 678
MEUNIER (L.) et CASTE (P.). —
Action du carbonate de soude, sur
les solutions d'alun de chrome.. 1488
MICHAUD (Félix) — Énergétique gé-
nérale (imp.) ...., 112
— Étude énergétique d'un système de
courants 580
— Étude énergétique d'un système de
courants. Conditions de stabilité
de l'équilibre 748
MICIIELSON (A.). — Son remplace-
ment comme correspondant 43 1
— M. le Président lui souhaite la bien-
venue 941
MICIIKOVITCH. — Observations de
la comète Reid (1921 n) faites à
l'Observatoire de Marseille, Équa-
torial Eichens de o'",26 911
MIÈGE (E.). — Action de la chloro-
picrine sur la faculté germinative
des graines 1 70
MIGNONAC (Georges). — Nouvelle
méthode générale de préparation
des aminés à partir des aldéhydes
ou des cétones 223
MlLANKOVITCH. — Théorie mathé-
[756
TABLE DES
MM.
mathique di'S phénomènes ther-
miques produits par la radiation
solaire (imp)
MILLOT (Stanislas). — Voir Mira-
moiid de Laroquelte {F.) et iSto-
nislas Millot.
MINEUR (H.). — Sur les fonctions qui
admettent un théorème d'addi-
tion algébrique
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN-
GÈRES transmet une liste de
64 espèces de moustiques décou-
vertes jusqu'à ce jour au Costa-
Rica
MINISTRE DE L'AGRICULTURE
invite l'Académie à désigner trois
membres du Conseil supérieur des
stations agronomiques et des La-
boratoires agricoles
MINISTRE DU COMMERCE ET DE
L'INDUSTRIE invite l'Académie
à désigner un membre de la com-
mission permanente de Standardi-
sation
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PU-
RLIQUE ET DES BEAUX-ARTS
adresse ampliation du décret ap-
prouvant l'élection de M. Pierre
Bazy
— id. de M. Auguste Béhal
— id. de M. Louis Jouhin
— id. de M. Emile Borel
— id. de M. Georges Urbain
— Adresse ampliation du décret qui
autorise l'Académie à accepter le
legs de M. Albert Dutens
— Invite l'Académie à désigner un
membre de la commission tech-
nique de la troisième section de
la Caisse des recherches scienti-
fiques
— Invite l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats pour la
Chaire de mathématiques vacante
au Collège de France
MINISTRE DU TRAVAIL invite l'Aca-
démie à désigner un membre de
la commission supérieure des ma-
ladies d'origine professionnelles . .
MIRAMOND DE LAROQUETTE (F.).
et Stanislas MILLOT. — Don-
nées expérimentales et balance
pour le dosage des rayons X on
radiographie et radiothérapie. . . .
Pages.
i33i
14G1
i633
1279
249
3o5
497
941
1265
ioi4
I i5o
1567
iSgâ
AUTEURS.
MM. Pages.
MIRANDE (Marcel). — Sur le Lathy-
risme ou intoxication provoquée
par les graines de Gesses 1 142
— Sur les graines à autofermentation
sulfhydrique de la famille des
Papilionacées 1202
MITTAG-LEFFLER (Gustaf) adresse
des condoléances à l'occasion du
décès de M. G. Humbert 354
— Adresse un tome des Acta luiillie-
matica consacré à la mémoire de
Henri Poincaré 1 263
MOLES(E.),T.BATUCCASetM.PAYA.
— Sur la densité de l'air de Ma-
drid et ses petites variations 1600
MOLLIARD (Marin). — Sur des phéno-
mènes tératologiques survenant
dans l'appareil floral de la Carotte
à la suite de traumatismes 473
— Nutrition de la plante. Échange
d'eau et de substances minérales
(inip.) ■■■ i567
— Influence du chlorure de sodium
sur le développement du Slerig-
malocystis nigra 1 1 1 8
— Nutrition de la plante. Échange d'eau
et de substances minérales (imp.). i5(')7
MONTANGERAND (L.). — Observation
de l'éclipsé deSoleil du 7 avril 1921,
faite à l'Observatoire de Tou-
louse 956
MONTESSUS DE BALLORE (Fer-
nand de). — Sur la dépression
longitudinale du Chili 990
MOOG (R.). — Voir Desgrez (A.) et
R. Moog.
MORAT (Pierre). — Son remplace-
ment 1 3 1
MOREUX. — Observation de l'éclipsé
de Soleil du 8 avril 1921 910
MOSÉRI (Victor M.). — Note sur la
purification et l'amélioration des
cotons égyptiens (imp.) 39
MOUREU (Charles) fait partie des
Commissions suivantes : Prix Mon-
tyon des Arts insalubres, Jccker,
fondation Cahours, prix Berthclot,
Ilouzeau 565
— Prix Henri de Parvillc (ouvrages do
science) 367
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à l'inauguration de la sta-
tue de Adolphe Wurlz, qui aura
lieu le 5 juillet 1921 1087
MM. Pages.
— Est élu mcinbrc de la troisième soc-
tion de la Commission technique
de la Caisse de recherches scienti-
fiques 1278
MOUREU (CuAHLEs), Marcel MURAT
et Louis TAMPIER. — Acide
TABLE DES AUTEURS.
MM.
i7>7
Pages
acrylique el élhcrs acryliques.
Acides et éthers halogénopropio-
niques 1 267
MURAT (Mahcel). — Voir Moureii
(Cluiiicf), Marcel Mwat et Louis
Tanipicr.
NAGEOTTE (.J.). — Rapport dos
neurites avec les tissus dans la
cornée 94
NÉGRIS (Pu.). — - Sur les oscillations
glaciaires des temps quaternaires
et les mouvements correspondants
de la lithosphère 74
— Errata relatifs à cette communica-
tion C28
— Affaissement des côtes méditerra-
néennes de la France 465
NGUYEN THANH GIUNG. — La dé-
termination botanique des haricots
exotiques i43G
NICOLAS (G.). — Contribution à l'étude
du mécanisme de l'action fertili-
sante du soufre 85
NICOLAU (S.). — Voir LevatUli (C),
A. Marie et S. Nicolau.
NICOLLE (Charles) et A. CUÉNOD.
— Nouvelles acquisitions dans
l'étude expérimentale du tra -
chôme, loi l
NORÉCOURT (Pierre). — Action de
quelques alcaloïdes sur le Botnjtis
cinerea Pers 706
NOËL (R.). — Sur quelques attitudes
fonctionnelles du chondriome de
la cellule hépatique l379
NORDMANN (Charles). — Sur le
diamètre apparent de Rételgeuse. 906
NUSRAUM-HILAROWOCZ (Joseph).
— Etude d'anatomie comparée sur
les poissons (imp.) Sg
o
ORERTI-IÙR (Charles). — Études de
lépidoptérologie comparée (imp.). 1279
OCAGNE (Maurice d) . — Sur les lignes
de courbure des quadriques 1640
ŒHMICHEN (Etienne).— Unesériede
vols en hélicoptère libre monté
effectués les i5, 28 et 29 jan-
vier 1921 366
OLIVEAU (A.). — Voir Legendre (J.).
et A. Oliveau.
OLLIVIER. — Cours de physique géné-
rale. Tome I : Unités C. G. S. et M.
T. S. Gravitation. Électricité et
magnétisme. Ions et électrons.
Symétries (imp.)
OLMER. — VoirZ)wiJin et Oliner.
ONNES (H.-Kamerlingh). — Voir Ma-
thias (E.), C.-A. Crommelin et H.
Kainerliiigh Onnes.
ORÉKHOFF. -- Voir Tifjetieau (M.) et
Orékhoff.
OWENS (K.-R.). — Voir flerdt (L.-.4.)
et K.-B. Owens.
953
PAGLIANO (T.). — Voir Picard (F.) et
T. Pagtiano.
PAILLOT (A.). — Mécanisme de l'im-
munité humorale chez les Insectes.
— Contribution à l'étude de l'immu-
nité humorale chez les Insectes. . . .
397
— Rôle des humeurs dans la destruction
extracellulaire des microbes chez
les Insectes
PAINE (Alexander) et Albert PEY-
RON. — Sur la transforma-
tion néoplasique des fibres mus-
876
1758
MM.
564
566
culaires striées avec métastases
viscérales dans l'évolution du sar-
come expérimental des oiseaux . .
PAINLEVÉ (Pavi). — Sur une com-
munication de M. Pescara
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Bordin, Francœur.
■ — Grand prix des sciences physiques.
— Question de grand prix des sciences
mathématiques pour 1924 567
PALACIOS (J.-Pedro). — Observa-
tions à une note sur la tectonique
des Pyrénées occidentales 1 1 lo
PALFRAY (L.). — Sur les cyanocam-
pholates de crésylc et leur pro-
duit de réduction 980
PANISSET (L.). — Voir Porcher (Cli.) et
L. Panisset.
PAPiAF. — Voir Kohn-Abrest, Sicard
et Paraf.
PARENTY (Henry). — Sur la recons-
titution de certains détails invi-
sibles des tableaux anciens 'Î4
PARISELLE. — Triplet achroma-
tique à grand champ 53o
— Sur les hydrates de pyridine 678
— Sur la composition de l'essence de
térébenthine française et sur h-
bromure d'a-pinène i 196
PASSEMARD(E.). — Les terrasses allu-
viales de la Nive et leurs rapports
avec l'abri moustérien d'Olha
(B.-Py.)
PATRIZI (L.). — Il Caravaggio e la
nova critica d'arte (imp.)
PAUTHENIER. — Nouvelles applica-
tions de la méthode des charges
de très courte durée et des éclai-
rages instantanés
PAVILLARD (J.). — Sur la reproduc-
tion du Chœtoceros Eibenii Meu-
nier ;
— Sur le Gymnodinium pseudonoc-
tiluca Pouchet
PAYA (M.). — Voir Moles {£.), T. Ba-
tuccas et M. Paya.
PELLEGRIN (Jacques). — Sur des
otolithes subfossiles de Poissons
du Sahara méridional et leur signi-
fication 7
PELLISSIER (P.). — Voir Sartonj [A,],
L. Sche/Jer, P. Pellissier et C. \'ai(-
cher.
PENNETIER (Gi-oncEs). — bisOours
TABLE DES AUTEURS.
Pages. MM. Pages.
sur l'évolution des connaissances
in histoire naturelle. Quatrième
partie : xviiT* et xix* siècles.
3. Botanique. 4. Zoologie (imp.) . . 900
PEREIRA DE SOUSA (F. L.). — Es-
boço geologico dn parte occidental do
Norte de Angola, 1916, et Esboço
geologico da parle occidental do Sul
d'Angola, 1913 (imp.) Sg
PEREZ (Chaules). — Sur un soi-disant
tissu interstitiel dans le testicule
des Batraciens Urodèles i443
PEROT (A.). — Mesure de la pression
de l'atmosphère solaire dans la
couche du magnésium et vérifi-
cation du principe de relativité.. 378
— Voir l^errié (G.), R. Jouaiist, /?.
Mesny et A. Pérot.
PERRIER (Edmond) offre son livre ;
« La Terre avant l'Histoire » 260
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Gay, fondation
Tchihatchcf 565
— - Prix Cuvier, Delesse, Victor Rau-
lin, Joseph Labbé 565
— Prix Desmazières, Montagne, Jean
Thore, de Coincy, Jean de Rufz
de Lavison 565
— Prix Da Gama Machado, fondation
Savigny 565
— Prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, Mège, Bcllion, Larrey,
Argut 565
— Prix Montyon, Lallemand, Phili-
peaUx, Fanny Emden 566
— Fonds Charles Bouchard 566
— Prix Binoux 566
— Prix Gustave Roux, Thorlet, fonda-
tions Lannelongue, Trémont, Ge-
gner, Henri Becquerel. .......... 566
— Grand prix des Sciences physiques... 566
— Prix du baron de Joest 567
— Prix Lonchampt ; . . . 567
— Question du prix Bordin pour 1924 . . 567
PESCAIÎA. ~ Sur les résultais des
essais récents d'un hélicoptère... 845
PESTEL. — Voir Menard (Maxime) et
Pestel.
PETOT (A.). — Sur les chocs dans les
engrenages de changement de vi-
tesse des auf omobiles f^'i
Pi".Ylt(lN (AiBEnT). — Sur les tumeurs
di' la glande interstitielle dtitcsti-
ciilr du cheval 6?.5
758
'|J2
58':;
469
868
MM.
TABLE DES AUTEURS.
MM
— Sur le niodr de dévoloppi'incnt et les
variétés des tumeurs di- l'ovoleslis. loni
— Voir Alezais et Peijroii.
— Voir Pfli;i<" [Ale.vnndi'f) et Alheii
Pei/ron.
PÉZAHD (A.). — Loi du « tout ou rien »
ou de constance fonctionnelle, rela-
tive à l'action du testicule, consi-
déré comme glande endocrine. ... 89
— Temps de latences dans les expé-
riences de transplantation testicu-
laire et loi du « tout ou rien » 1 76
PFEFFER (Wilhelm-Friedrich-Phi-
Lipp). — Sa mort est annoncée à
l'Académie 354
— Son remplacement comme corres-
pondant ! 278
PICARD (Emile). — Sur certaines
fonctions se rattachant à des sur-
faces fermées i 20
— Sur la détermination de l'axe de ro-
tation et de la vitesse de rotation
d'un corps solide 629
— Dépose sur le bureau le tome III
des Œuvres de Georges Halphen.. l325
— Annonce que le tome 167 (juillet-
décembre iÇfiS] des Comptes rendus
est en distribution au Secrétariat. 557
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Bordin, Francœur. . 564
— Prix Lalandc, Benjamin Valz, Pierre
Guzman, G. de Pontéeoulant. . . . 565
— Prix Gaston Planté, Hébert, Henri
de Parville, Hughes, fondation
Clément Félix 565
— Prix Montyon de statistique 566
— Prix Binoux 566
— Médailles Arago, Lavoisicr, Ber-
thelot 566
— Prix Gustave Roux, Thorlet, fon-
dations Lannelongue, Trémont,
Gegner, Henri Becquerel 566
— Prix Petit d'Ormoy 566
— Prix Jean Reynaud 567
— Prix Saintour 567
— Prix Henri de Parville (ouvrages de
science) 567
— Question de grand prix des Sciences
mathématiques pour 192 1 567
PICARD (F.). — Le déterminisme de
la ponte chez un Hyménoptère
térébrant, le Pimpla instigalor L. 161 7
PICARD (F.) et T. PAGLIANtl. —
Sur la biolocie de l'Altise de la
io4i
1395
I7S9
Pages
Vigne (llallicnanipelophagaGw.r.). Sgg
PICKERING. — Son remplacement
parmi les correspondants pour la
section d'astronomie 26 '(
PIÉRON (Henbi). — De l'importance
de la phase périphérique dans la
marge de variation des temps de
latence sensorielle en fonction des
intensités excitatrices 1612
PIERRAT (M.). — Sur la solubilité
de divers sels de potassium dans
des mélanges d'eau et d'alcool ....
PINCHERLE (S.). — Sur une équation
intégrale dans le domaine com-
plexe
PIVANO (SiLvio). — Annuario degli
Institute scientifici italiani (imp.).
PLANIOL (René). — Voir Abraham
{Henri) et René Planiol.
PLANTEFOL (L.). — Voir Matjer
{André), H. Magne et L. Plan-
tefol.
POINCARÉ (Henri). — M. Miltag-
Lefjler fait hommage du tome 38
des '< Acia mathematica » consacré
à sa mémoire
POISSON (R.). — Spermatogenèse et
chromosome exceptionnel chez
Naucoris maculalus Fab 878
— Recherches sur le déterminisme de
la perte de la faculté du vol chez
les hémiptères aquatiques 1 322
POLACK (A.). — Les effets du chroma-
tisme de l'œil dans la vision des
couleurs complexes l532
POLITIS (Je.\n). — Sur les corpuscules
bruns de la brunissure de la vigne. 870
— Sur l'origine mitochondriale des pig-
ments anthocyaniques dans les
fruits I061
POMMEREAU (Hervé de). — Sur la
réduction du naphtoate d'éthyle
et un cas de réduction d'alcool en
carbure par le sodium et l'alcool
absolu I 5o3
POPESCO (Jean). — Sur la valeur de la
tension superficielle du mercure
dans des divers gaz 1 474
PORCHER (Ch.) et A. CHEVALLIER.
— La répartition des substances
salines et des éléments minéraux
dans le lait i 6o5
PORCHER (Ch.) et L. PANISSET.
— Recherches expérimentales sur
1265
1760 TABLE DES
MM. Pages.
Ic^coloslruin 181
PORTEVIN (Albert). — Sur la résis-
tance électrique des aciers au
nickel /i 4 5
— L'emploi des refroidissements très
lents pour l'étude micrographique
des alliages et la structure des
aciers au tungstène 464
PORTEVIN (Albert) et P. CIIEVE-
NARD. — La dissolution retardée
et la précipitation prématurée du
carbure de fer dans les aciers et
l'influence de l'état initial sur ces
phénomènes i i^ijo
PORTEVIN (Albert) et DURAND
(Jean). — Anomalie de dilatation
des alliages or-cuivre 325
PORTIER (Paul). — Obtient un suf-
liM!;!' au scriitin pour l'élcclioii
(l'un niciiiliiT ili' la section d'analo-
AUTEURS.
MM. Pages,
mie et zoologie '.V)'i
— Voir Lopez-Lomha (•/. ) et Paul Por-
tier.
POSTERNAK (S.). — Sur les polymo-
lyhdates tétrabasiqucs 1 14
— A propos d'une systématique de mo-
lybdates 597
PRAIN (David). — Obtient des suf-
frages au scrutin pour l'éloclion
d'un correspondant pour la section
de botanique 1278
PISOCOPIU (St.). — Sur la biréfrin-
gence électrique des liqueurs mixtes
et la structure cristalline 1 172
— Erratum relatif à cette communica-
tion i/pG
PUISEUX (Pierre) fait partie de la
commission des prix Lalande,
Renjamin Valz, Pierre Guzman,
G. de Pontécoulant 5C5
o
QUENISSRT (F.). — Pholograplii.s de
la planète Vénus i('>'['>
(^>UENU (Edouard) présente un volume
de M. Auguste liroia, intitulé : « Chi-
rurgie de guerre e1 d'après-guerre». 7?)(j
Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Montyon, Rarbier,
Bréant, Godard, Mège, Rellion,
Larrey, Argut 5GG
Fonds Charles Bouchard ; . . 3GG
R
RABAUD (Etienne). — L'instinct
paralyseur des araignées 989
— Variations de l'instinct et leur
déterminisiiK^ chez diverses arai-
gnées '\^']
RANDOIN. — Contribution à l'étude
de la silice globulaire représentant
l'argile à silex au sud du Rassin de
Paris lo/JG
RANOUE (G.). — Sur une trompe
à mercure d'encombrement réduit. iG'i'j
RANVIER (Louis) fait partie de la
commission de j>rix Da (jama
Macbado et de la fondation Sa-
vigny 5G6
RAPPIN. — La vaccination de la luber-
lose 495
RATEAU (AugusteI. — Note au
sujet d'une eommunicalion de
M. A. Fnch 1-17)
RATllI'.RV (F.). — Voir Bicrry \U.] et
/■'. Ralheri/.
RAVEALI (Camille). — Les solutions
saturées de deux ou plusieurs corps.
Application du principe de Li' Clia-
teli<'r 1099
RAVIGNKAUX (Pol). — Méthode
graphique pour l'élude des trains
épicyeloidaux '5Ci
REBOUL (G.). — Sur une nouv.lle
propriété de corps faiblement 1011-
ductcurs de l'électricité 210
REBOUL (G.) et R. LUGE. — Influence
de la forme géométrique des corps
solides sur les actions chimiques
qu'ils subissent 917
RÉMOUNDOS (GEORGES-.I.). — Sur les
couples de fonctions algébroides
d'une variable correspondant aux
lioinls d'une eoni'be algébri(|ue
TABLE DES
MM. Pages,
de genre supérieur à l'unilé 6^5
■REMY (P.). — De l'action des vapeurs
de chloropicrine sur l'-lrgns rc-
flexus Fabr i^Ikj
REi\(;ADK (Etienne). — Sur les
doubles décompositions salines et
la loi des phases Oo
— Sur la concentration isothermique
d'une solution préparée à partir de
deux sels à ions différents 218
RIABOUCIIINSKI (Dimitri). — Mou-
vement initial d'un liquide en con-
tact avec un obstacle à arêtes vives. Sai
RICHET (Charles) fait partie des com-
missions suivantes: Prix Montyon,
Barbier, Bréant, Godard, Mège,
Bellion, Larrey, Argut 566
— Prix Montyon, Lallcmand, Phili-
pcaux, Fanny Emden 566
— Fonds Charles Bouchard 566
— Prix Lonchampt 567
RICHET (Charles), M»'' Eudoxie
BACI-IRACH et Henry CARDOT.
— Les phénomènes d'anaphylaxie
chez les microbes 5i2
— Les alternances entre l'accoutu-
mance et l'anaphylaxie étudiées
sur le ferment lactique l554
RIQUIER. — Sur les familles complètes
de figures intégrales d'un système »
d'équatiojis aux dérivées partielles
du premier ordre 1629
ROBIN (P.). — Voir Bougaull {J.) et
jP. Robin.
ROCHAIX (A.). — Voir Cluzcl, Ro-
chaix et Kofman.
— Voir Courmonl {Paul), A. Rochaix et
F. Laupin.
ROLLIN (Georges). — Voir Gaucher
{Louis) et Georges Rollin.
ROMAN (F.) et P. de BRUN. — Sur
la structure de la chaîne des
Alpines 1 367
ROMIEUX (A.). — L'évolution du dyna-
misme terrestre '393
— Le litige des déplacements de lignes
de rivage devant le phénomène
d'équidéforniation 1422
ROTHE. — Les applications delà télé-
graphie sans fd (imp.) 5i8
— Cours de physique professé à la fa-
culté de Nancy (imp.) 5i8
— Radiogoniométrie et influences at-
mosphériques ' 1345
AUTEURS. 1761
MM. Pages.
ROUCH (J.). — Le compas de naviga-
tion aérienne (imp.) 264
— Observations dvi champ électrique
de l'atmosphère pendant l'éclipsc
de Soleil du 8 avril 192 1 925
ROUCHELMANN (M"|= N.). — Voir
Fosse et M"^ Rouchelmann,
ROUGIER (G.). — Voir Uanjon (.1.)
et G. Rougier.
ROULE (Louis). — Est présenté en
seconde ligne pour la succession de
M. Yves Delage ■ 344
— Sur un nouveau poisson abyssal
{Scombrolabrax heterolepis, nov.
gen. nov. sp.) péché dans les eaux
de l'île Madère 1 534
ROULE (Louis) et F. ANGEL. —
Sur les poissons de la famille des
diretmidés et leur place dans la
classification 1 207
ROUVIÈRE (Mlle j_j, _ Adresse la
traduction d un ouvrage de M. A.
Einstein 644
ROUX (Mii« A.) et J. MARTINET.
— Sur le rôle catalytique du mer-
cure dans la sulfonation de l'an-
ihraquinone 385
ROUX (Emile) fait hommage à l'Aca-
démie, au nom de M^^ Olga Metch-
nikoff, d'un ouvrage intitulé : « Vie
d'Elie Metchnikofï (1845-1916) ». . 737
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Montyon, Barbier,
Bréant, Godard, Mège, Bellion,
Larrey, Argut 566
— Prix Montyon, Lallemand, Phili-
peaux, Fanny Emden 566
— Fonds Charles Bouchard 566
— Prix Petit d'Ormoy 667
— Prix Jean Reynaud 567
— Prix du baron de Joest 567
— Prix Parkin 567
— Prix Lonchampt 567
— Question de prix Bordin pour 1924. 567
ROUX (E.). — Quelques remarques
sur l'action des radiations lumi-
neuses et calorifiques dans l'hélio-
thérapie 1082
ROUX (Jean). — Voir Sarasin {Frilz)
et Jean Roux.
ROY (Louis). — Cours de mécanique
appliquée. Tome II : Statique gra-
phique et résistance des matériaux
(imp.) :.. 953
1762
MM. Pages
ROYAL SANITARY INSTITUTE. —
Invite l'Académie à se faire repré-
senter au congrès qui se tiendra à
Folkestone du j.o au 23 juin lyui . . ij V
RUSSO (P.). — La situation géologique
des volcans d'Uudjda (Maroc orien-
TABLE DES AUTEURS.
MM.
Pages.
989
tal)
RUTIIERFORD (Sir Ernest) est élu
correspondant pour la section de
physique générale i 3l
— Adresse des remcrcînienls à l'Aca-
démie. il S
SARATIER (Paul) etBENNOsuKE KU-
BOTA. — Hydrogénations cata-
Ijtiques sur le cuivre 7-33
SAILLARD (Emile). — La balance
du chlore pendant la fabrication
du sucre et la teneur de la bette-
rave en chlore 283
SAINT-AUBIN (Jacques de). — Eirala
relatifs à diverses communications
du premier semestre de igi3.... lo.l
SAMEC et AisKA MAYER. — Sur la sub-
stance organique fondamentale de
l'amylopectine I079
SANFOURCHE (A.).— Sur l'absorption
des oxydes d'azote par les acides
nitrique et sulfurique 1673
SARASIN (Fritz) et Jean ROUX. —
Nova Caledonia. Recherches scien-
tifiques en Nouvelle-Calédonie et
aux îles Loyalty : B. Botanique
(imp.) 144
SARTORY (A.) et P. BAILLY. — Du
pouvoir agglutinant du sulfate
de thorium sur les spores d'As/ier-
gilus jumigalus Fr 1257
SARTORY (A.), L. SCHEFFLER,
P. PELLISSIER et C. VAU-
CHER. — Procédé d'évaporation,
de concentration et dessiccation
de toutes substances organiques
ou minérales 744
SAVORNIN (J.). — Sur la répartition
et l'allure des bassins phosphatés
dans le Maroc occidental 22g
— Observations sur lé paléozoïque do
Rabat (Maroc) . 1687
— Voir Ehrinann (F.) et .1 . Savornin.
SAZERAC (R.) et C. LEVADITI. —
Action du bismuth sur la sypliilis
et sur la trypanosomiase du Na-
gana 1 3g i
SCIIAUMASSE (A.). — Observations
de la comète Skejellerup (ig2oi),
faites à l'équatorial coudé de l'Ob-
servatoire de Nice 1 1 3
— Observations de la comète Dubiago
(1921 c), faites à l'équatorial coudé
de l'Observatoire de Nice l34o
— Voir Fayet (G.) et A. Schaumasse.
SCHEFFLER [L.). —\oiT Sarlory {A.),
L. Schefjhr, P. PelUssier et C. Vau-
cher.
SCHERESCHEWSKY (Pu.). — Sur
la brume sèche 760
— Sur les systèmes nuageux l4'i9
— Voir Bourgeois (R.) .
— Voir Delcanibre {E.) et Ph. Scheres-
chewsky.
SCHINZ (Hans) et A. GUILLAUMIN.
— Recherches scientifiques en
Nouvelle-Calédonie et aux îles
Loyalty : Botanique (imp.) i44
SCHLŒSING (A.-Tn.) élu membre du
Conseil supérieur des stations agro-
nomiques et des laboratoires agri-
coles 143
— Fait partie des commissions sui-
vantes: PrixMontyondes arts insa-
lubres, Jecker, fondation Cahours,
prix Berthelot, Hou/.eau 5G5
— Question de prix Bordin pour 192 4 . . 367
SCHRADER (Frantz). — Le nouvel
atlas universel de Vivien de Saint-
Martin et Schradcr G70
SEBERT (Hippolytk) fait partie des
commissions des prix Montyon,
Poncelet, Boileau, Pierson-Perrin. 565
— Des prix de six raille francs, Plumey. 565
SECTION DE PHYSIQUE CÉNÉ-
RALE. — Fait partie de la com-
mission chargée de contrôler les
expériences de M. Contremoulins
sur la portée des rayons X i i5o
SENDKUENS (Jean-Bai-tistk). — Dé-
composition catalytiquu des acides
ehloraccliiiues l55
TABLE DES
l' il ses
MM.
SENDERENS (J.-lî.) ol .1. AliOU-
LENC. — Décoiuiiosilioii ciitaly-
tiquo dos aoidus l)rouiaccliquus el
des mélanges de brome et d'acide
acé tique 1 5S5
SERGENT (Edmond et Étienm;). —
Essais de vaccination contre le
paludisme des oiseaux dû au Plas-
modium relictum 296
SERGENT (Edm.) et M. RÉGUET. —
Sur la nature mycosique d'une
nouvelle maladie des dattiers me-
naçant les oasis marocaines 162/1
SICARD. — Voir Kohn- Abre.it, Skard
et Paraj.
SIERPINSKI (Wacl.wv). — Voir
Mazurkiewicz (Slephaii) et Waclaw
Sieipiiiski.
SIMON (Eugène). — Histoire natu-
relle des TrochilidiB {inrp.) 354
SMITH (Lennart). — Assiste à une
séance de l'Académie 1 1 45
SŒRENSEN. — Assiste à une séance
de l'Académie 1 2 1 7
SOLIGNAG (Marcel). — Voir Depéret
{Cil.) et Marcel Solii;imc.
SOLOVINE (Maurice). — Adresse
la traduction d'un ouvrage de
M. Einstein 644
SOUÈGES (René). — Embryogénie
des Scrofulariacées. Développe-
ment de l'embryon chez le Vero-
nica arvensis L 70 j
— Embryogénie des Labiées. Dévelop-
pement de l'embryon chez le Meii-
tha viridis L . io57
SOUFFLAND (M^e G.). — Voir Ga-
lippe {V.) et M"e G. Souffland.
SOULAN (H.). — L'influence de la
lumière sur la conductibilité des
liquides fluorescents 58 1
SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE
L'AÉRONAUTIQUE ET DES
TPuVNSPORTS AÉRIENS adresse
le programme général des études
AUTEURS. 1763
MM. Pages,
de physique et de mécanique inté-
ressant le Service technique et de
l'aéronautique '.)JJ
SPAHLINGER (Henri). — Traitement
de la tuberculose humaine 494
SPARRE (Maunus de). — Calcul du
coup de bélier dans une conduite
alimentant une turbini^ à forte
réaction , 4'^ J
— Sur le rendement maximum des
turbines J"l
— Errata relatifs à cette communica-
tion 1627
— Sur le maximum de rendement des
turbines à libre déviation **9'j
— Sur le rendement des turbines qui
travaillent sous une hauteur di^
chute variable i jb l
STEFANESCU (Sabra). ~ Sur l'asy-
métrie et sur les sections longitu-
dinales techniques de la couronne
des molaires des mastodontes
et des éléphants 929
— Sur quelques caractères morphologi-
giques de la couroime des molaires
des mastodontes et des éléphants. io54
— Sur la corrélation des fosses alvéo-
laires, des mouvements et de la
structure des dernières molaires
des mastodontes et des éléphants. l5i6
— Sur la valeur phylogénétique et évo-
lutive des formules lamellaires
des dernières molaires M-, M-,
2 2
M7 des mastodontes et des élé-
phants 1669
STOCKHAMMER (L.). — La stéréos-
copie rationnelle (imp.) i633
STÔRMER (Carl). — Sur l'aurore
boréale du l3 mai 1920 1672
STROORANT (P.). — Sur laplatisse-
ment du sphéroïde de Saturne... 91 3
STURTEVANTS. — Notes on edible
Plants (imp.). I0l5
TALON (A.). — Sur le renversement des
efforts dans les barres de treillis des
tabliers métalliques à travées soli-
daires
TAMPIER (Louis). — Voir Mourcn
[Charles, Marcel llurut et Louis
Tampier.
TANRET (Georges). — Sur la présence
1764
MM.
Pages.
(jacidc quinique dans les feuilles
de quelques conifères 234
— De l'influence du molybdate d'am-
moniaque sur le pouvoir rotaloire
de quelques sucres 1363
■ — • De l'influence du molybdate d'am-
moniaque sur le pouvoir rotatoire
de la mannite i5oo
TAKAZONA (I.). — Observation de
l'éclipsé annulaire de Soleil du
7 avril 1921 à l'Observatoire astro-
nomique de l'Université de Valence
(Espagne) ioi5
TCHAHOTINE (Serge). — Le radio-
puncture microscopique des cel-
lules mobiles 1679
TERMIER (Pierre) fait partie des
commissions suivantes : Prix Cu-
vier, Dclesse, Victor Raulin, Jo-
seph Labbé 565
— Grand prix des sciences physiques.. 566
— Prix Petit d'Ormoy 567
— Prix Parkin 567
TERMIER (Pierre) et Léo.nce JO-
LEAUD. • — Sur l'âge des phéno-
mènes de charriage dans la région
d'Avignon
— Sur l'âge des phénomènes de char-
riage dans les montagnes de
Gigoiulas (Vaucluse)
— Le lambeau de recouvrement de Pro-
piac (Drôme), témoin d'une vaste
nappe, d'origine alpine, poussée,
avant le Miocène, sur la vallée du
Rhône
THOORIS (Alfred). — Classement mor-
phologique de 5o athlètes, cham-
pions. Vérification métrique par la
radioscopie . . . . 71 3
— Contribution à l'étude biologique des
plongeurs 1 529
THOULET (J.). — La circulation océa-
nique et la densité des eaux.... 861
TIIULOUP (A.). — Étude sur les dou-
blets élastiques (inip.) 9 ) )
— Equilibre et stabilité des appareils
élastiques 16 i 3
TIAN (A.). — Une théorie de l'hydrolyse
lente des sels ' ' 79
— Sur une cause de dispersion du col-
loïde dans une classe importante
TABLE DES AUTEURS.
MM.
24
191
409
Pages,
d'hydrosols 1291
— Sur la stabilité et la réversibilité des
transformations des hydrosols
obtenus par hydrolyse des sels. . 1402
TIFFENEAU (M.) et ORÉKIIOFF.
— Surlanature pinacoliquc de quel-
ques transpositions dans la série du
phényldiméthylglycol 087
TIMOCENKO. — Obtient un suffrage
au scrutin pour l'élection d'un
correspondant pour la section de
mécanique 644
TISSERAND (Eugène) fait partie de
la commission du prix Montyon
de statistique 566
TONI (Giovanni Battista de). —
Obtient des suffrages au scrutin
pour l'élection d'un correspondant
pour la section de botanique 1278
— Mario Cermenati per Leonardo
(imp.) I 567
TOPORESCU (Er.). — Sur l'entraine-
ment de la chaux et de la magnésie
par les précipités d'oxyde chro-
mique 600
TRAYNARD(C.-E.). — Sur les fonctions
hyperelliptiques singulières 647
— Sur certaines surfaces hyperellip -
tiques singulières 797
TREUTHARDT (A.). — (,)uelques
nouvelles mesures de la densité de
l'air de Genève l598
TRILLAT (A.). — Influence de l'état
de division des gouttelettes micro-
biennes sur l'ensemencement des
terrains de culture 33g
— Erratum relatif à cette communica-
tion 628
TROWBRIDGE. — M. le Président lui
souhaite la bienvenue 1265
TRUFFAUT (G.) et N. BEZSSONOFF.
— Augmentation du nombre des
Clostridium Paslorianum (Wino-
gradski) dans des terres partiel-
lement stérilisées par le sulfure de
calcium iJiy
TUFFIER (Théodore) pose sa candi-
dature à la succession de M. /•■.
(luyon 112
— Est présenté en seconde ligne 187
— ■ Obtient des suffrages 201
TABLE DES AUTEURS.
I7o5
u
MM. Pages
UNION GÉODÉSIQUE ET OÉOPIIY-
S1()UE FNTERNATIONALE. ~
BTilIctin (împ.) :38
UNION INTERNATIONALE DE LA
CHIMIE PURE ET APPLI-
QUÉE. — Statuts et règlements
(imp-) ••• 796
UNIVERSITÉ DE VIRGINIE invite
l'Institut de France à se faire
représenter à la célébration du
centième anniversaire de sa fonda-
tion 3 54
MM. Pages.
URBAIN (Georges) est présenté en pre-
mière ligne pour la succession d<'
M. Armand GaïUier a47
— Obtient des suffrages 261
— Est présenté en première ligne pour
la succession de M. E. Bourquelot.. 1 144
— Est élu 1 149
— Son élection est approuvée 126')
— Fait hommage à l'Académie d'un ou-
vrage intitulée : « Les disciplines
d'une Science. La Chimie » 1277
VALIRON (G.). — Surlcs zéros des fonc-
tions entières d'ordre infini 741
— Sur les fonctions entières d'ordre
fini 1226
VALLÉE (H.) et H. CARRÉ. — Sur
l'adsorption du virus aphteux. . i85
— Héraoprévention et hémovaccination
antiaphteuses i449
VALLERY-RADOT (PASTEUR). —
Voir Widal (Fernand) et Vallery-
Radot-PaMeur.
VALLIER. — Son éloge funèbre est pro-
noncé par M. G. Lemoine. ........ 825
VALLOT (.1.). — Étude de la radiation
diffuse de la voûte céleste, com-
parée à la radiation solaire directe. 1 164
- — La radiation diffuse au mont Blanc,
comparée à celle des altitudes
inférieures l337
VANDEL (A.). — La régénération des
glandes génitales chez les Planaires. 1072
— La question de la spécificité cellu-
laire chez les Planaires i6i4
VANDENBERGHE (H.). — Voir Flo-
rentin {Daniel) et H. Vanden-
berghe.
VANEY (Félix). — Sur les polynômes
de Laguerre i i5i
VAROPOULOS (Théodore). — Sur
les fonctions ayant un nombre
fini ou infini de branches l44
— Sur une classe de fonctions multifor-
formes 265
<:. K., iqî Semestre. (T. 17'.!.)
— Sur quelques points de la théorie
des nombres 355
— Sur quelques points de la théorie des
fonctions et de la théorie des
nombres 65i
— Le théorème de M. Landau et les fonc-
tions multiformes !.. 835
— Sur une classe de fonctions transcen-
dantes 1639
VAUCHER. — Voir Sartory {A) , L. Schef-
fler, P. Pelissier et C. Vaucher.
VAURABOURG (C). — Densités et
indices des eaux de mer. ...:... 863
VAVON (G.) et J. DETRIE. — Sur la
transformation du phénol en cyclo-
hexanol I23i
VEIL (M"e S.). — Variétés allotro-
piques d'oxydes i4o5
VELASCO DE PANDO (D. Manuel).
— Calculo de las Prohabilidades
(imp.) -,68
VÉRONNET (Alex.). — Variation
d'une trajectoire conique sous l'ac-
tion d'une résistance de milieu.. 267
— Hypothèses sur la formation des
étoiles nouvelles 666
— Constitution et formation des nébvi-
leuses spirales 957
VESSIOT (E.) est présenté en troisième
ligne pour la succession de M. G.
Humbert 883
VÊZES (M.). — Sur la composition de
l'essence de térébenthine fran-
|-2«
1^66 TABLE DES
MM. Pages,
çaise -, 977
VIALA (PiERiiE) ist désigné pour repré-
senter l'Académie aux fêtes de la
Faculté de médecine de Montpel-
lier i633
VIALAY (Ai.FiiKu). — Contribution à
l'état des relations existant entre
les circulations atmosphériques,
l'électricité atmosphérique et le
magnétisme terrestre (imp.) i44
VIEILLE (Paul) fait partie des com-
missions suivantes : Prix Mou-
tyon, Poncelet, Boileau, Pierson-
Pcrrin 565
— Des prix de six mille francs, Plumey. 565
VILLARD (Paul) fait partie des com-
missions suivantes : Prix Gaston
Planté, Hébert, Henri de Parville,
Hughes, fondation Clément Félix. 565
— Fait partie de la commission chargée
de. contrôler les cxpéricncrs de
M. Contrcmoulins I l5o
VILLAT (Henri). — Sur l'écoulement
initial d'un liquide par un orifice
brusquement ouvert 1 48
— S«r les mouvements cycliques d'un
fluide limité par un mur, et conte-
nant un solide SSg
VILLE. — Voir Ddéiniu-, l' leur y et
Ville.
VILLEDIEU (M. et M<^« G.). — De la
non-toxicité du cuivre pour le mil-
diou 335
VILLEMAGM-: (J.). — Voir Lugeon
[Maurice) et J. Villemagne.
VILLEY (Jean). — Sur les installa-
tions expérimentales de recherches
aérodynamiques 270
VILMORIN (Jacques de). — Sur des
croisements de pois à cosses colo-
rées 8l5
AUTEURS.
MM. Pagci.
VIOLEE (Jules) est élu membre du
Comité consultatif de l'Office na-
tional météorologique l43
— Fait partie des commissions sui-
vantes : Prix Gaston Planté, Hé-
bert, Henri de Parville, Hughes,
fondation Clément Félix 565
— Prix Montyon de statistique 566
— Prix Henry Wilde 567
— Fait partie de la commission chargée
de contrôler les expériences de
M. Contremoulins 1 1 5o
VISCHNIAC (Cii.). — Vo.r Guris [A.]
et Cil. Viscliniac.
VLADESCO (R.). — Voir Berlraml
[Gabriel) et R. Vladesco.
VLÈS (F.). — Voir DragioH (./.) et
F. I7è.s.
VLÈS (F.) et J. DRAGOIU. — Sur la
pression osmotique d'arrêt de la
division cellulaire 1 1 27
VOIGT. — Son remplacement coiumu
correspondant pour la section de
mécanique 644
VOLTERRA (Vito). — Erratum relatif
à la mention de son remplacement
comme correspondant 248
VOURNAZOS (A.-Ch.). — Les bis-
muthobromocyanures ; nouveaux
complexes 535
— Un nouveau ciment hydraulique
magnésien 1 578
VUILLAL'ME (M.). — Voir UuiiUiric
[A.) et M. Vuillaume.
VUILLEMIN (Paul). — Les aberra-
tions de la symétrie florale 35
— La zygomorphose endogène dans les
fleurs normalement actinomorphes. l\'i.%
— La zygomorphose exogène dans les
fleurs normalement actinomorphes. 5l4
w
WALLERANT (FRioÉRic) fait partie
des commissions suivantes : Prix
Cuvier, Delesse, Victor Raulin,
Joseph Labbé 565
WALSII (J.-L.). — Sur la position des
racines des dérivéesd'unpolynome. 662
WAVRE (Rolin). — Sur une équation
de Frcdholm dans le domaine
complexe et son application à l.i
théorie des systèmes d équations
linéaires à une infinité d'inconnues. 43*
VVEBER (A.). — Recherches sur la
toxicité du milieu intérieur des Ba-
traciens Urodèles vis-àvis de leurs
œufs 1 249
— Greffes d'œufs de Triions dans la ca-
vité péritonéale de Salamandres. 1687
\VEINBi:iî(; et Lko.n KEPIiNOW. —
TABf.
MM.
Dus Ifuco-aggluliniiics
WIDAL (Ferna.nd) fait paitio des coiu-
missions suivantes : Prix Montyon,
Barbier, Bréant, Godard. Mège,
Belliou, Larrey, Argut
— Fonds Charles Bouchard
— Fait partie de la commission supé-
rieure des maladies d'origine pro-
fessionnelle
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie aux fêtés de la Faculté de
médecine de Montpellier
WIDAL (F.), P. ABRAMI et J. HU-
TINEL. — Recherches compara-
tives sur le fontionnement du foi ■
à la suite de l'anesthésie chirurgi-
cale par le chloroforme, l'éther, le
protoxyde d'azote ou la novocaïne.
WIDAL (Fernand) et PASTEUR
VALLERY-RADOT. — Désen-
sibilisations et resensibilisations à
volonté chez une malade ana-
phylactisée à l'antipyrine
WINTREBERT (Paul). — L'irritabi-
lité aneurale de l'ectoderme décelé
par le déplacement ciliaire de
l'embryon chez Rana lemporaria . .
— Adresse un rapport relatif à une
E DES AUThUKS.
l'ages,
880
566
566
1457
i633
1145
4i4
934
subvention accordée sur le fonds
Bonaparte
WITZ (Aimé). — Moteur d'aviation
admettant une masse constante
et eflectuant une compression cons-
tante à toute altitude
— Fait hommage d'un ouvrage inli-
tulé : « Les gazagènes et l'économie
du combustible ».
WOLFF (M'i"). — Sur le furfural-
camphre et quelques-uns de ses
dérivés
— Errata relatifs à cette communica-
tion.'
— Études sur la réfraction moléculaire
et le pouvoir rotatoire spécifique
du furfuralcamphre et de quelques-
uns de ses dérivés
WOLLMAN (E.). — Le rôle des mouches
dans le transport de germes patho-
gènes étudié par la technique
des élevages aseptiques
WURTZ annonce la date de l'inaugura-
tion du monument de son père . .
— MM. A. Haller, Ch. Moureu el
A. Béhal sont désignés pour repré-
senter l'Académie
'7^7
Pages.
li5o
64 1
1278
i357
14 56
1404
298
1014
1087
ZAMBÛNINI (Ferruccio). — Sur la
palmiérite du Vésuve et les miné-
raux qui l'accompagnent ■4iê
ZEEMAxN (Peter). — Obtient un suf-
frage au scrutin pour l'élection
d'un correspondant pour la section
de physique générale 43 1
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OAUTHIER-VILLABS, IMPBtUr'JB-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L' ACADEMIE DES SCIENCEa
Palis. — Quai des Grands-Augustms, 55.
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